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Full text of "Will's Law relating to electricity supply"

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HISTOIRE 

D^E S C E LT E S, 

. ET PARTICULIEREMENT 

DESGAULOIS 

ETDES G^ RMAIN S, 

Depuis les Tems febuleux,jufqu'i la Prife 
de Rome par les Gaulois. 

F^r Si HON Pelloutjer, Pafleur de VEglife 
^ Fran^oift de Berlin y Membre & Bibliothecaire de 
. VAcadimit dcs Sciences , &BelUs'Lenres de Prujfe. 

KowEiiE Edition, Revue, Cork ictE et AuCMENTtE. 

D i D I E E 

A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. 
Tar M. DE Chiniac , Avocat auParUmtm; 

Aiuiquam cxquirice MacreiD yirg. JEneid. H. 9^, 

TOME TROISIEME, 




A P A R I S, 

ut'llmpasacne de Quillau, rue Ja Fouacte^ 



i 



M. DCC LXX. 

'itkee Jlfprohatiot &■ FririUge du Koi, 



• • 



I -'^ 






A- 






DISCOURS 
MSSERTATION 

T)E M. PELLOUTIER, 

hit a rcmporti It Prix dt C Academic 
\RoyaU dci Infcriptlons, & Sellesr. 
iLuire^ dt Paris tn ly^i*.. 

f,cA\t ^i\Afia%n§^ f^ TO^vfcee f6, IfoCrat. 
Si fu<ris fiudiofus , fes eriulijtus, 

A R G tJ M E N^ T. 

;lc Sojet propof^ Confide i' ^itcrta'\ner z 
'^jifRed itoUut Us Nations GaliL^ifis ^i s*i^ 
udirfit dans t Afic mineure fins /r nom dc 
i|Iatcs:.£/i tiud terns cUes y pajjirem : Quelle 
(fit Fetendue du Pays qu'elles y occupoient : 
melUs itoie'nf kurs Matus ^ Ictir Langue^ la 
orme,' dt Uur Gouvernement : en quel tenu 
es Gdlates cefferent d^ avoir des Chefs de leur, 
Nation , &formerent tin Etat independant. 

Lr £ pdiiage des Gaulois en A(ie eft 
wi ivArtement c6\6hre dans rHiC* 
toij'e.;ancienne« La terreur qulls 






<■? 



donnerenr'aux Mi^^^Stietii 
queiquesann6e$aupaR&faiit,a 

,fcit trembler rUnivcrs ,tb& cO 

"tes rapidcs qu'ils, firent danj 
mineure • ies contribiitibiw .q 
ipejpeat » pendant pribsM'up fie( 
tons Ies Peuples ^tablis en d 
Mont-Taurus, la valeur a vec ! 
le ils r^fifterent k plufieurs Pui 
qui s'^toient unies pour Ies ac( 

* lout cela-'leur donna une gra 
putatiomj, & fit qu^oh fe f 
long-temi: de Tarriv^e de ce 
vaux botes. U eft facheux qu 
ayons pi^U TOuvrage de 
tri^j^de^l^ au r 

de Eiiogene Laerce (i), avoit 
en treize Livres le paflage de 
!ois d^EuBOp^ en A&ek.ierfi^ 
pas qii0;l$s Hiftoriens qui nc 
tent , &: que j'aurai occafi' 
(Biter , n'euffent profite de/c 

^y^l i mais commells differen 

.•jo.-' 

^''miiii I . r « t \ ' , 

(t)l>iogcii. li^ttu lib. V. S* zg. . * 



"::?••* 
.^ 



SFR LKS GaLAT£S. ^ 
ma fur plufieurs articles eflentiels » 
lya touteapparence qu'ils ont pui- 
2 auffi dans d'autres fources* Sans 
sntreprendre de relever toiites let 
nexaditudes qui leur ont ^chappe p 
Sc de concilier plufieurs contradic- 
ions fenfibles oil ils font tomb^s , 
e me contenterai de rapporter ce 
)ue Ton peut dire de plus eflentiel 
k de plus certain fur le Sujet .pro- 
pof^. 
■■■ ■ — ■ ' u 

CHAPITRE PREMIER, 

\J N demande i ^. Quellcs iioicnt la 
Rations Gauloifcs qui s^itablircm 
igns CAfit ffunmn fouf U nom dt 

- Les Nations Gauloifes qui pa(^ 
' ferent dans TAiie mineure quarante- 
^ dnq k quarante-fix ansapres la inort 
■ f Alexandre-le-Grand , ^toient for- 
^ ties tout nouvellementdes Comtr^s 

- fufontau Midi du Danube U aa 

A2 



|. Dissertation 

^drd-Oueft de la Grece- EfFefti^ 
ment ce$ Contrees etoient rempl 
d'une infinite (i) de Peuples Gaulc 
,ou Galates, C'eft fous ce dernier n( 
^que les Grecs les defignoient ore 
jiairement ^ au lieu qu'iis fe dc 
fioi^t eux-mSmes le nom de C< 
tes (x). De.ce nombre etoient 
Sf ordifces , les Baftarnes , les Boiei 
Jes Taurifces , les Japodes & p. 
fieurs autres, Les Scordifces , q 
tons les Anciens reconnoiffent pc 
i;n Peupl^ Celfe (3) , ou Gaulo 
'itoient meles en plufieurs endrc 
•avec le3 Thraces & les lUyriens ( 
iCeux qui demeuroient dans Tilly 
jivoient leurs etabliflemens (5) 
c6t6 du Mont-Claude & de la Vi 
4e $egefte , le long du Noams & 

- (f) Strabe VI. p- itp. VII. p. 19C, 30^ 
.. (i) ?;iuAi'ti. Attic, cap. j.p, le. 

(«) ^trahp VU. 193. 115. Juftin. XXXII. 
^ (4)itrabo VII. 3T|. 3 IS. 
i;i5^f%.-lil. i;.p. 394. Stxabo VII. I If 



, SVR LES GaLATESI. f 

^^Iques autres petites rivieres. 
Ceux que Ton comptoit panni les. 
Thraces occup6ient les Tcfres (6). 
qui font au confluent du Danube &!> 
de la Save , & avoient pour voi«- 
fins les Mefiens , les Triballes & 
ks Dardaniens. Juflin aflure (7) que 
ces derniers avoient pris eux-mS- 
mes le nom de Scordifces. Je doute 
de la verite du fait ^ & j'ai beau* 
coup de penchant i croire qiie le 
nom de Scordifces etoit un fobri* 
quet que les Grecs leur donnoient 

P^^^i , parce qu*ils fentoieiit tous Tail 
dont lis faiioient un grand uiag^* 
oiqu'il en foit, les Scordifces 
cioient du nombre des Peoples Cel- 
les qui firent imiptiop dans la Gr^- 
* ce fous la conduite de firennus. }e ne 



{«) Juftin. XXXII. J. Appiao. Illjr. p. 1 195. 
krabo VII. 311.I1S. 
(7 Juftin. XXXII. I. 

(t}Herjrcluo8Lezic. Ifid. Hlfpal. GlofTar. p. j c 
(>^ FVjr. ci-dcflbus note (29) •- 

A3 



♦ D T SSERTATION 

doute pas qu'ils n'ayent mSme 6ti 
les Chefs de Texpedition. Apres la 
d^faite des Delphes, les uns tirerent 
du cote de la Thrace (lo) ; & le* 
autres, qui faifoient, felon les appa- 
rences, le plus grand nombre, re- 
toumerent (i i) dans le Pays qui eft 
au confluent de la Save Scdu Danu^ 
be , d'oii ilsmirent long-tenis k coti^ 
tribution toutes les Provinces voififlpf 
nes (ii). > 

Les Baftames ^toient un autre 
PeupleGaulois dela Contree. MS^ 
les en pliffietirs^ endroits ayec les 
Thraces (13)5 ik avoient cepea* 
daht la plupart de leurs ^tablifle- 
mens au-deli du Danube (i4)« Ti- 



(lo)Juftin.XXXn. 3. • 

(11) Juftin. XXXII. 3. Athen. VI. 174. 

(i2)Strab. VII. 31S. Athcn. VI. 174. Liviotf 
XLI. 19. Epitome $6, 63. Eutrop. IV. 10. tlou 
III. 4. Sext. Ruf. cap. 9. 

(13^ Strabo VII. 29<« 

(14) Excerpt, ex Diod. Sic. XXVI. pftg. 3^1^ 
€ltnarch. Paul. iEmil. Tom. I. pag. 259. Lifiu* 



4 

?r 
y - 
li 3 



SUR LES GaLATES. 7 

te-liveremarque (15; qu'ils avoient 
la mcine Langue & ksmSmes Cou<» 
fumes que les Scordifcfes : & 9 (elon 
les apparences ^ ils re^urent leui 
nom du grand nombre de chariots 
fur lequel ils trainoient apres eux 
leurs fenunes , leiirs enfans & leur 
kagage. 
^^^ . Les Boiens , les Taurifces & les 
Japodes (i6)^ient auffi des Peuples 
Gaulois qui avoient leur demeure 
dans rUlyrie. Les Japodes demeu^ 
foient (17) le long de la Mer Adria- 
tique entre les Carnes & les Ifiriens. 
Mab leur Pays s'^tendoit deli fort 
en avant dans les Terres. Les Tau- 
rifces (18) , qui refurent enfuite If 
nom de Noriciens , ^coient etablis 



o 

M 

c>e5 



r-a 



XLIV. 2tf. folyh. p. tti.StrabolI. lit. I2^ 
VU. S06. Orof. lib. IV. cap. XX. p. 23 j. 

ii>) Tic LiTios XL, 57. 

(16] Scrabo IV. 107. VI. iSp. VU. x^g.xftf* 
313. 115.Jaftin.xxx. a. 

(17'Fnn. III. 5.*+. 

(i«) Plin.IJI. 29. p«37tf. 

A4 



S DiSSERTATi O N 

jftu-deffus des Japodes , & fepar& 

des Scordifces (19) par une Monta- 

gne que Ton appelldit , dii teins de 

Pline , le Mont*Claude. Les Boien^ 

^io) etoient voifins des Taurifce^ 

& m^les avec eux en plufieurs en- 

idroits. Ceft de quelqu'un de ces 

Peuples qu'il feut entendre le pafla- 

ge de Strabon , qui dit : (ir) que, 

«^ pendant Texpedition qu'Alexan- 

» dre-le-Grand entreprit contre lej 

w Getes , ce Prince re^ut une Am 

M bailade des Celtes ^tablis pr^s d< 

n la Mer Adriatique qui lui deman 

•3 derent fon amide. « U en efl d 

«n6m€ du paflage de Diodore de Si 

cile y qui nous apprend (ii) » qu'A 

H lexandre-le-Grand j^tant arrive 

9^ Babylone, y trouva un grand non 

•» bre d'Ambaffadeurs envoyes pa 



{tp) Flin.III»2s.p 3^4Strab. VII. 315-31 
(£o) Plin. III. 24. p. 3 S4. Strabo V. z 1 3. 
(21} Strab. VII. 30 i. Arrtan. £zpcd. p. i|. 
(22,^ Diod. Sic. lib. XYil. p. <»a. 



SVR LES GaLATES. 9 

^les Carthaginois 9 les Grecs & les 

> lUyriens , par les Peiiples ^tablis 

♦ le long de la Mer Adriatique , par 

> les Thraces & par les Gaulois Icurs 

* voifins qui commencvent alors 
« d'Strc connus par les Grecs. « Aur 
tant que je puis en juger , les Gau- 
lois qui envoyerent cette double 
Ambaffade etoient lesScordifces. La 
premiere fut depechee par les Scor- 
difces de rillyrie , & la feconde par 
<eux qui etoient yoifins de la 
Thrace* 

Je ne doute pas que les Gaiilols 
qui allerent s'etablir dans I'Afie mi« 
neure ne fe fuflent detaches des di- 
verfes Nations dont je viens de par- 
ler. lis portoient cependant des 
noms tous di(£§rtns. II faut en dir^ 
la raifon. Nous verrons bientot qu^ 
Brennus raflfembla de tous cotes un 
grand nombre de Gaulois qui forti- 
rent avec lui de leur Pays pour fal- 
re irruption en Grece. Lorfque TAr- 

A 5 ., 



ro Dissertation 
mee fut parveniie aux frontii 
la Dardanie , il s'en fepara un 
de vingt mille hoinmes,qui 
rent du cote de Bylance & c 
Afie. II y'avoit dans ce corp* 
tnee des Troupes de trois di 
tes Nations Gauloifes , f(fav' 
Teftofages , des Trocmes & d 
lifloboiens. 

Le noih de Teftofages ou d 
tons etoit commun autrefois 
les autres Pieuples Celtes. lis 
toient en confideration.de lei 
gine qu'ils rapportoient au Die 
lis appelloienr ce Dieu Teuu 
ou T^uxar^ le Pere Teut , parc< 
le regardoient comme k Ci 
des hommes & des Dieux 
nommoient eux-niemes TeuL 
TeSofages (24); ils pretendoii 

(23; r*fcr,cft lenomduDicui Tad, 
Ten , dans la Langue Celtlque. 

(24) Teutfah ou Ttutfckn, (ignifie // 
^'eft de ces mots que les Grccs & les L 
fait ecus dc Teutones , Teutoja^es , 7 



SVR LES GaLATES. II 

priiner de cette mani^re la noblefTe 
de leur origine. Ainil il y avoit des 
Tedofages (15) dans le Languedoc: 
Volfca TeSofagts (i6,. II y en avoit 
en Allemagne (17). II y en avoit tur 
fin en Thrace & eh Illyrie. Ce$ der* 
niers foumirent la plus grande par- 
tic de TArffl^e que Brennus (18) 
conduiiit en Grece , & )e penfe qii'iis 
^ient le mdme Peuple que les 
Scordifces. Les Grecs les appelloieqt 

\ Scordifces (juji) , mangeurs d'ail , an 

4 ^u qu'ils fe donnoient eux-mSmes 
le nom de TeSofages. 
A regard des Trocmes & des Tho- 

il Uftoboiens, Strabon pretend (30) 
que ces deux i?euples portx>iQat Ip 
aom des G^n^raux qui les comm^nf 

^ 4oienc lorfqu'U^ pafferent en Afi^. 
■' ' • - - ■■ ■ • ■ ■ ' . " f 

(x$)Strabo'IV. it/. 

(if rK«/a. Peuple 

(17) C«far VI. 14. 

(21, StraboIV. xty. il«. Juftin. XXXII. |. 

(29) Du dec, 0icofo/9f ,«»/; » . 

A6 



II DlSSfeRtATTON 
La raifon fur faquelle il fe fonde 
c'eft (31) qii'on ne trowvoit, f 
en-d^ji , ni aii-del^ des Alpes , t 
dans les Alpes mSmes , aucun Peu 
pie qui portSt k nom de Trocme 
ou de Toliftpboiehs. Mais cette cor 
jedure eft detruite par une faifa 
bien plus forte : il eft fans exempl 
qu'aucun Peuple Gaulois fe foit ja 
mais approprie le nom de fes Gene 
raux.- 

Je crois pouvoir dire' quelqu 
chofe de plvis fatisfaifantfur la do 
mination de ces Peuples.. On voi 
dans Paufanias (3 1) que Brennus, qv 
bruloit d'envie de retourner en Gri 
ce , & qui comptoit d-enrapporte 
tin riche butin , fe riendit daiis ton 
tes les Aftembl^es generates des Gai 
lois pour les foUiciter a entreprendi 
nxne nouvelU expedition contre U 



(3x)Str4bolV. Il7, 

(j2) raufan. Fhoc. XIX. p. 1^4, 



suit LES Galates. I) 
Grecs. C«s r^pr^fentations flirent fi 
efficaces qu^l fojtic de fon Pays avec 
line Ann^e de plus de 1 50000 hom- 
ines de pied qui , affurement , n'a* 
voientpas eti tires de la feule Na- 
tion des Scordifces ou des Teftofa- 
ges. Les Scordifces avoient pour 
▼oifins, k l*Orient, les Thraces, &, h 
rOccident, les Boiens. Ce font 1^ les 
deux Peuples dont il fe joignit qiiel- 
ques Cantons i TArmee de Brcnniis. 
Les Ttocmes , qw'Etienne de By fan- 
4 ce nomme auffi Trocmcni & le Con- 
4 cile de Chalcedoine Trocmadcs (33), 
I ttoient des T braces. Effeftivement 
les Thraces etoient iin Pciiple Celte 
ou Gaulob. Florus riniiniie. II dit 
(34) que les Scordifces ttoient les 
phis feroces des Thrates. 11 ne me 
h feroit pas difficile de 4e prouver , 
\^ fi je ne craignois de paffer les bor- 

(13) Stcph. de Ufb. p. 719. Concil. ChjUced 
iii fuhfciifiionib. Ten. IV. p. &7«>. 
'J4> Floras III. 4, 



14 I>ISSERTATIO N 

nes prefcrites k cette difTertation. U 
iuffira de remarquer ici que le nom de 
Thraces que les Grecs pronon9oient 
par un ^ ^ Spj^neiei , ou Opi^'ijtf c 9 & les 
gens du Pays par un (?, Throkmy fig- 
nifioit les traineurs. lis portoient ce 
nom derive de celui de Treekentirer ^ 
trainer , parce que c'^toient ancien- 
nement des Nomades qui trainoient 
apres eux fur des chariots leurs feitt? 
mes & leurs enfans. Trocmeni^ Trockr 
Manner , fignifioit des hommes Thrar 
c^s i Trocmad o\x trocmag deiigne 
le Canton Thrace, ou,comme nous 
le dirions , le Diocefe de I'Eveque 
qui fouscrivit aux. decrets du Con- 
pie de ChalcecU>in^tf 
; Quant au nom de Thgl^fiobohns , 
Jho /i/?o-^*e/2(3 5) figni^^it les der- 
^iers Boienss. C'etoit /£elpn \t% ap- 



(35) 7^0, €ft rarticic /f^, tu pluriel iijt* oa 
A^«, <^ Allemand leti^t^ dcrniCf. Les Grecs oat 
rccenu ce mot de I'iapieAAC Lang^ > A*iVIm , 
dcrnlet. . . 



S9R LBS GALATES. iJ 

parences^ le nom d'un Canton que 
les Boiens avoient k Vextr&miti de 
leur Pays^ du c6te des Scordifces, & 
dont les Habitans 9 perfuad^s spar 
firennifs y le fuivirent dans Texp^di- 
tion qu*il entreprit centre la Gr^ce. 
Les Anciens conviennent aiTez g^* 
neralement que tous les Peuples Cel- 
teSj qui paflerent de la Pannonie en 
Grece & en Afie^fortoient original- 
rementdes Gaules (36). Partis des 
extr6niites.de TOc^an (37) , ils 
avoient paiTe dansta foret Hercynie 
(38) , d'oti ils etoient enfin defcen- 
dus en Pannonie (3 9;. La chofe n'eft 
pas impoifible. Des Peuples Nomar 
des , qui n*avoient point de demeu- 
re fixe^ ont pu pafler facilement d'un 



($4) Epic« lib. <!• 5uid.Tom. I. p, 4tf4.5teph* 
de Urb« p. 712. Ciceio pro Fonte). cap. za, 
Strabo fv. i«7- T. Liv. XXXVIII. 17. 

(97; Yaaian Phoc. XX p. 146, Jaftin. XXIY^ 
4.XXXII J 

(j») T Liv V. J 4. Cafti Vt 24» 

(39) Jttllili. XXIV. 4. 



is D ISSERTATI ON 
lieu ^ lin autre, & fe tranfporter, au 
bout de detix ou de trois liecles, de$ 
bords de la Mer Octane jufqu'aux 
cotes du Pont-Euxin. II y a cepen- 
dant deux raifons qui rendent le fait 
fort probldmatlque. 

La premiere , c*eft Tinexaftitude 
des Hiftoriens qui parlent de cette 
migration des Gaulois. En oppofi- 
tion les uns avec les autres, ils font 
fouvent en contradiftion avec eux- 
memes. i*'. Uopinion commune eft 
que les Teftof^es vinrent d'abord 
des Gaules dans la forSt Hercynie> 
& qu'ayant enfuite paffid le Danu- •. 
be, ils sV'tablirent en Pannonie. Ce- 
pendant Jules- Cefar aflure (40) que 
les Teflofages, quis'etoient etablis 
autour de la for8t Hercynie , n'a- 
Vpient jamais quitt^ cette Contree , ? 
qu'ils occupoient encore de fon ^ 
terns, x^. Juflin dit (4- ) que les 



(40) Ca:{\rt VI. 24, 
(4Xj Juftin. XXIV. I. 



H 



3VK LE$ GaLATE*. I7 
raiilois pirircnt tous dans la d^rou- 
e de Delphes & qu'il n*€n ^cha* 
m pas un feul homme de toutc 
nir Arm^e. Diodore de Sicile & 
^aufanias (41) confirment la m6me 
hofe. Juftin ne laiffe pas d'affu- 
er auili (43) qu'aprils la inort de 
Irennus, une partie des Gaulois paf- 
1 en Afie , & Tautre en Thrace , 
Toil ils retoumerent dans leur an* 
ienne Patrie, c*eft-4-dire f en Lan- 
uedoc 3^. JvL&iti remarque encore 
f4} que les Gaulois ne pureiit s'em- 
arer du Temple de Delphes qu*A- 
ollon d^fendit d'une maniere tou« 
e miraculeufe contre les Barbares. 
Cependant cet Hiftorien dit ailleurs 
[45) : que les richeffes immenfes que 

le Conful Cepion trouva dans im 

^ - 111 

(41) Excerpta ex l>iod. Sic. lib. XXII. ap« 
locTchel. in £xcerpc. Lcgit p. 1 5 7' Pauiiui. Af* 
mi, X. 6 to. 

(4l)Juftin. XX^II. I* 

(44 Jttftin XXIV t. 

(45)Jaftin«XXXlI. }. 



l8 DiSSERTATI O » 

Lac facf i de la Ville de Tou 
itoient le Trefor meme dc 
phes qu? les Teftofages avoi( 
t^ dans ce Lac pour fe deliT 
la maledidion qui y etoit ati 
J« fuis bien trompe fi ce ne 1 
ce trefor que Ton trouva k To 
dans tin Lac fans f9avoir co 
il y avoit ete apport6, ce qui i 
re que c'etoit un trefor maui 
Von avoit enley6 ^ ApoUon 
qu'il foit conftant que les C 
(46)9 quirendpientun culte re 
aux Genies quails pla^oient d 
lement deFeau, jettoient pa 
raifon, dans leurs Lacs facr es , 
& de Targent avec les prem 
tout ce qu'ils avoient de pli 
cieux. 

L'autre raifon qui rend la 
tion des Peuples Gaulois, doi 
git , fort problematique , c' 

(46) roflSdoniusap. Strabon.IV. iSt 
Tnton. de gU^ConfelT cap. a. 



5VR LES GALATCS. If 

les Anciens n'ont gu^res connu I'c- 
tendue des Pays que les Nations 
Celtiques 0u Gauloifes occupoient 
autrefois. Les Gaulois voiiins de 
Marfeille font les premiers quiayent 
it6 coiinus 9 tant par les Grecs, que 
par les Romains. La Germanie ^ qui 
founnilloit d'une infinite de Peu« 
pl€S Celtes 9 demeura parfaitement 
iaconnue jufqu'au terns de Jules-C^«> 
far & d'Augufle Ton iuccefleiur. 
Quand oh vit fortir de la Panno*^ 
nie des eflains de Gaulois » 09 yjf^^ 
gea qu'ils fortoient des Gaules vox* 
fines de Marfeille. Les noms de Tec- 
tofages & de Toliftoboiens fervi- 
rent k confinner cette conjefture^ 

Iparce qu'il y avoit dans le Languc« 
doc une Cite appellee Tolofa & un 
Peuple qui portoit le nom de Tec- 
tofages. Mais fi Ton ayoit f^u qu'il 
^ y avoit des Teutons 5 des Teuto- 
oaires & des Te^ofages en Atle* 
magne ^ en Italie , en Pologne, ea 



%0 DlSSERTATlO 
Hongrie, & jufques dans I 
Nord ; fi Von avoit f(f ii er 
Us Baftarnes qui occupoie 
tf!S Contrees au - dela du 
^toientlememe Pcuplequ 
lois Scordifces , on auroi 
que les Nations, Celtes 
loifes , rempliffant , autref< 
I'Europe , il n'etoit pas r 
feife fortir du Languedoc 
lois de la Pannonie qui et- 
blis dans ces Contrees c 
tems immemorial auquel 
de TEurope ne remonte p 
Quoiqu'il en foit de cc 
tion qu*il ne m'importe p 
cider 9 deux chofes font 
La premiere , c'eft que lej 
ges , les Trocmes & les 
boiens, qui allerent s'etabli 
fie mineure, etoientdes Pen 
lois. Diodore de Siciie i 
en font , k la verite , des 
mais Tun & Tautre recc 



dVK LES GaLATES. ^f 

que ces Cimbres ^toient un Peupltt 
Celte ou Gaulois. Le premier dit 
(47) ^^ ^ ^^^ P^^ ferocesdesGau* 
» lois font ceux qui demeiu-ent vert 
•> le Septentrion , dans le voiiinagc 
» de la Scythie : qu'il y en a qui pa(* 
w fent pour Aotropopbages, comme, 
» par exeniple,les Bretons quiocai* 
»• pent rirlande ; qu'on pr^end que 
• ce Peuple vaiUant & feroce avoit 
«> autrefois ravage TAfiefouslenom 
m de Cimmeriens, & qu*il re9ut en>- 
J* fuite le nom de Cimbre , parce 
s» qu'il etoit fort adonne au vol 8c 
1^ au brigandage, u II ajoute enfuite 
(48) : n Ce font ceux qui ont pris 
»Rome 9 pille le Temple de Del- 
»phes 9 impofd des tributs 4 une 
» grande partie de TEurope & de 
» Vkfte J oh s'etant etablis dans les 
)»Pay8 des Peuples qu'ils avoient 
» yaincus ^ ils re9urent le nom de 

, > l I ■» I ■ ■ ■ ■ ■ » II ■ !■ 

(47 ; Diod. Sic y . ft 14. 



M DlSSJERTATION 
If Gallo-Grecs/ a Appien dit auffi 
(49) ^^^ ^^^ Autariens, qui ^oieat^' 
un Peuple de rillyrie , encoururent* 
ritidignation d'ApoUon pouravoif) 
pille le Temple de Delphes fivec Its 
Celtes appelles Cimbres.L'aiitre fah^« 
qui eft audi cbnflant y c'eA que les!» 
Penples Gaulois , qui paflerent dai 
f Afie mineure, fortoient tout recei 
ment des Contrees qui font au Mi»' 
di du Danube & qui re^urent en-^] 
fuite le nom de Pannonie. II fuffit ^ 
pour s'en convaincre , de les fuivrc 
dans leur marche. Se tournant d'a^ 
bord vers legolfe de Venife ('50)1 
jUs tavagerent toutes les- Proviho 
de rillyrie qui s*etendent k long 
de la Mer jufqu'^ la Mac^doine^ 
fe r^pandirent enfuite dans la Peo«i 
pie & dans la Thrace* CeuxM^ei 
tre eux ( 5 1 ) qui retoumerent (vat A 



(4f ■ AppUD, Iliyr. p. 1196, 
(so) Jaftin. XXIV. 4. Paufan. Attic, cap. IVi^ 
f . xo. Tit. Liv. XXXVIII. 17. 

(5 Juii^B* XXXII. I* Athea. YI. 174^ 



SUR LES GaLATES. %^ 

eurs pas , allerent s'etablir au con- 
luent du Danube & de la Save. C'eft 
idk par conf^quent qu'ils ^toieut 
partis* 

II ne faut pa^ oublier ici^ <{u'ou« 
tre les Tedofages , les Toliftoboiens 
Be lesTrocmes, Pline & Solin (51) 
bnt encore mention de trob autres 
Peuples Gaulois qui ^toient 6tablia 
dans le milieu de rAfiemineure.Les- 
yoturi y les Ambitui & les Tcutobo' 
iiaci ; mab ce font U manifeftement 
les noms de trois Cantons ou de 
Irois Tribute desGaulois« Voturi^ en 
Tudefque Vour ou Vattr^ fignifie les 
^ttts 9 les Vieillards. Ceil le nonf 
ld*iin Canton'oii Ton avoit plac^ les 

kimmes dges &c . d^r^pits qui rC&- 
lent po^t propres pour la Guerre* 
0mHuu J Amb'Tui (53)9 Umb^Tuip 



^ (52} rlin. V. 3t* p. tfitf* Solio. tin. p. 114* 
(5j) L'ofc^ dcf Giccs fi^nifif la m^me chofe 
le le Am oa Vm det'Tuderijucf. (Aiemaoa* 



44 1>IS^ERTAT10^ 

fignifie le Canton voifin de 
Ville de Paphlagonie & all 
Caulois (54). Les Teutoboa 
foient partie des Teftbfagc 
JBadcn fignifie en Tudefque 
terroir , fond de Tcut. C'eft 
le nom d'un Canton que V 
pelloit ainii, foit parce qu' 
occupe par des Teftofeges , 
dire 9 par des enfans de Tt 
parce qu'il 6toit confacre i 
Tcut qui pouvoit y avoir u 
tuaire, avec des terres & de 
ves qui en. dependoient. 

CHAP ITRE 

1 L s'agit de determiner pi 
snent, dans quel terns Us Natio 
hifeSj dontjt vitns de parUr^ j 
dans FAju minturt. La chofe 

- (f 4) 'l^"^' 1^^' ^I* <^^P* ^- Pompon. 
I. cap. 19..P 34. Memnon. cap. 17* 2 
fjioc. Usbis Cpadits an. 475. Ante C 



ftXTR tES GaLATES. if 
tas difficile. Mais il faut expofer pre- 
ni^rement ce qui les obligea k for- 
ir de leur Pays, & comment ils coA- 
rurent le deflein de paffer en Afie. 

Les Gaulois, dont j'ai fait mention; 
e trou voient fort k Tetroit dans leur 
pays , & n'y pouvoient plus fubfif« 
ter k caufe du nombre des Habitans 
(i). lis voyoient la Macedoine ex- 
trdment afFoiblie, tant par les Armeef 
Liiombreufes qu'Alexandre-le-Grand 
m avoit tiroes pendant fa vie , que 
TOT les Guerres civiles (i) dont elle 
livoit ^t^ le Theatre depuis la mort 
S kce Prince. Ils fgavoient enfin que 

k$ Troupes Gauloifes (3) ^toient 



10 Lir. XXXVIIL id. Mcmnoa. ap. Fhotlam 

2t4. cap. 1$. 

[i) Ceft la remarque d'Eufebe. II dit que let 

ioU attaquctent fonvent la Macedoine & U 

. iKageiesit » parce que pluficurs Princes s'empa* 

It dans ce tems-Ude ce Royaume,& en fa- 

cha01^s peu de tems api^i 3 ce qui favoiifoifc 

»iiicuriiO«s des Bacbaxes. Mufilr. Cbron. Grdt, 

(i J Poly«ni Stticag. Ubr IV. cap. 6. f . & kq» 



9^ D I SS£RTAXI0N> 

techerchees par les fucceffeurs d*A^ 
lexandre , & leur rendoient de 
grands fervices. Par toutes ces rai^ 
fons Hs refolurent de tenter quelqiH 
^hofe par eux-memes, & fe rendirent 
aux ibllicitations de leurs Chefs qui 
les flattoient de Tefperance de fo}h 
^ettre la Mac^doine & la Gr^cCi 
on, au moins, de rapporter un butia 
f onfiderable d'un Pays qui s'etoit 
enrichi desdepouilles de TAfie. ReirH 
plis de cette efperance , ils fortoieot ^ 
de leur Pays avec des Armies nom« '. 
breufes, &c cela pendant trois ann^ ^ 
conf^cutives. Leur premiere exp^. 
dition tombe fur la derniere aan^ 
de la CXXIVe. Olympiade (4). ..Ill j^ 
» ibrtirent, dit Paufanias (5) , ^ 
^ leurs frontieres fous lajconduitedd 
n Cambaules. Arrives enThrace,Jll ^ 
n n^oferent pafler plus avant p; 

(4XAia d^ Kome 47a. a?aat J. C. 2fts. J 
^. Phoc. XIX. p. 85^. 857. 
.'^ i$)ImkiMSK. Phoc. XU. f. l4|« 



E 



SVR L£S CALA9fiS. if 

n qa% compiirent que leur Armee 
m etoit trop foibte pour fiure titt 
fl»aiix Peuples de la Grece. k Les 
Gaulois entrepiirent une feconde 
exp^tion Tann^e fuiyante qui fut 
b premiere de la CXXVe Olympian 
de (6). Paufanias la rapporte en ces 
•emes (7} : " Lcs Celtes rtfolurent 
m de porter de nouveau la Guerre 
JT dans les Pays dtrangers^ & its y 
i» fiirent furtout poufl^ par ceux 
9 qoi^ ayant &it la camps^e Tann^ 
» precedente fous Cambaules , fou- 
jthaitoient beaucoup d'avoir une 
» nottvelle occafic n de piller. 11 s'a(^ 
n lembla ik deffus une grofle Arm^ 
m dlfi&nterie & de Cavalerie. On 
mU, fartBfiea, en trois corps diffSS^ 
mtenSpScoaa&ff kchacundeces 
m corps fe Pays 1 devoit atta« 
' »qiier. Ceretluitts eut le comman^ 



|7) Fanfiui. fkoc XIX. 


F-»4I 


C. zto. 

, V^. anfi |«A 



4^. DrSSEHT ATION' 

» dement des troupes qui devolen* 
» marcher contra les Tbraces & les 
u Triballes. Brennus & Acichorius 
w comraanderent celles qui der oient 
». entrer dans la Peonie ( 8 )• La 
^ troifi^me Armee, commandee par 
» Belgius , fe tourna du cote de I'll- 
a> lyrie & de la Macedoiae oil re- 
»» gnoit alors Ptolomee appell^ Ce- i 
ai> raunus. fielgius lui livra bataille^ 
i> & Ptolomee perit avec un grand 
1^ nombre de Macedoniens (9). Dan» 

» ■ I ' I 1 M. Ill M »l g I . ■ ! II I ^ IW >. 

(s) Frideaux a mis aufli U Fan^onte pour la^ 
>^onie ^ui ^toit une Frovince VoiHne de la Ma- 
cedoine. D*ailleurs il ne diftfngue pas alTcs 
(laiiement cc^ce ei^p^dition 4^ ceUe de V^ni^^^ 
fuiyantc. Hifl' des fuifs Ih ?srt, lavrt L i9» 

(9)Le p. Fetau R«#. Temp, lih. III, f, 150, quf 
t auifi pris la Pannonie poui.la F^onie^prec^n^. 
^ue Ptolomee fu( tu^' Tan 4 de laCXXlVe. Olym- 
piade. Effcftivement Polybe, quHl cite, dit lib; U 
f^ xz^,& ijS. qi^e <|Ftoloii\^^ fils d^L^ttS* 
p Lyflmachus » Seleucus & Ftolom^e Ceraanai 
l> moururent tous vers la fin de la CXXIVc. Olym 
piade ». Mais le eatcul dePaufanias eft pins jufte 
Prolorae« Cerdunas contmenfa a t6gne£> feloi 
S^ft^be, Taiy 4 de la CXXIVe. Qlympiade. Il r^gni 
17 XDOif. Enftb^Qhrw* Gr4t.f.6g,li aepeut4ptt 



f 



St7 R LES GaIATES. 1$ 

ette feconde expedition , ajoutt 
"^aufanias ( lO) , non plus que 
lans la premiere, les Celtes n'ofe* 
ent pas attaquer la Grdce. Lorf- 
u'ils fiirent de retour dans leur 
ays, Brennus ne cefla de foHiciter 
) Peuple, dans les Affembl^es g^-' 
erales, & les Grands, dans les con- 
erfations particulieres , k eAtre- 
rendre une nouvelle expedition 
Dntre les Grecs. II leur reprefen- 
)it que la Gr^ce etoit hors d'^- 
It de faire lamoindre r^fiftance,' 
ue le Particulieryetoitopulent,& 
ue les Temples etoient remplis des 
re fens offertsaux Dieux du Pays.ir 
lioenus ajoute ici une particularity 
mdrite d'fitre rapportee (ii)«>> 
rennus produifit dans les AiTem* 
lees du Peuple des prifonniers 

• *_ , 

niort que raon^e fuivintc , cVft-i-dirc U 
aiere ann^e dc la CXXVe. Olympiadc. 
o; Paufan. Phoc. XIX. p. 841-S44.. 
11) Polyocnus Strjg lib. VIX. c XXXV. n. li 

B3 



JO Dissertation 

n Grecs , & , faifant tenir des Soldats 
» Gaulois qui etoient grands, de boH- 
w ne mine & bien arm^s, aupres de ces 
^ etrangers qui etoient petits ^ foi- 
H bles & mal h^billes, & q«i avaient 
»• la tSte rafee , il difoit ^ fes com* 
» patriotes : Nous qui fommes da 
» hommts fi grands & Ji farps ^ crdm 
a? drons-nous de fain la guerre a des 
H gens Ji petits & Ji foibles ? « Conti* 
nuons 4'ecouter Paufanias (ii)» 
JD Les Gaulois s'etant rendus aux re^ 
)f prefentations de Brennus , celui*^ 
I) cisWoeia pourle commandemenl 
>fde i'Arm^e Acichorius & plu* 
1^ fieiirs autres grands Seigneurs de la 
H Nation. lU leverent enfemble ime . 
i^Arm^e dans laquelle il y avoit 
J* 15x000 hommes d'lafanterie 
» 10400 Cavaliers (13). <4 La 



rie &| 
a plui L 



, (12} Piafan. Phoc. XIX. p 843-844. 

(i3).Diodore de Sicile ne met que ijeooft 
kommes d'Infanterie , xoooo de Cavalerie k 
90 90 chariots. (Bxcer^ta exDiod. Sic* Ub.JUUI« 



SUR LES GAlATES* 3! 

grande partie de cette belle Armee 
perit en Grece avec Brennus qui la 
commando t. Ce flit moins par ies 
mains de 1 ennemi , que par Tyvro- 
^nerie & le peu de difcipline du Sol- 
dat. Cette deroute que i'on appelle 
communement la difaitt dt Delphcs^ 
parce que ce fiit li que Ies Gaulois 
re^urcnt le plus grand cchec , arri** 
^a la feconde annee de la CXKVe 
Olympiade (14). 

Cc fut Tannee fuivante , la 3«-de 
}a CXXVc Olympiade r 1 5), que Ies 
GauioispaiTerent dans PAfie mineu- 
re 9 & il taut montrer prefentement 
comment ilsy fiirenr attires. Lorfque 
Jes Gaulois que Brennus condulibic 
fe furent avances dans Ies Pays des 
Dardaniens (16 , il s'eieva une ieds- 



ap. HocfceL in Excerpt.. Lcgat. p. i 57.^ Suidtt 
die jooceo hommcs. (snid Tom. I. p. 4^4.) . 

^14, Piafao. Fhoc. XIX. p. S56-S57. 

(iSjFaafan Phoc. Ibii 

(!*} Tit Lit. XXXVni. 16. SuM.T.I p 4^A 

B4 



31 DiSSERTA TION L 

tion dans TArmeeXes miitins s'en Hi ^ 
tacherent an nombre de loooo &.tti ^ 
rerent du cote de la Thrace rnarid-^ ,j. 
time , d'oti ils pafferent en Afie foui ,^ 
Us ordres de deux petits Rois nom- ;.^ 
m6s Leonorius & Lutarius. Dks ^ 
qu'lls eurent fait le trajet, ComoiV'i ^ 
torius (17) mena en Thrace \XDt\^ 
nouvelle Armee compofee de Gau»( ,- 
lois qui avoient ^chapp^ k la d^fiif j- 
te de Delphes. Cette Armee, qui de-i 3. 
:Toit etre confiderable ,mit^ contri-i . 
bution la Ville de Byfance &toutt 
la Thrace voifine du Pont-Euxm: s 
file demeura en poffeffion de ccs 
conquetes depuis le regne de Co- 
ihontorius jufqu'^ celui de Cavarus ^ 
qui fut extermine par les Thraces 
avec tous les Gaulois qui lui ob^if** 
foient. Comme cette feconde Ar- 
mee he fe mela point avec la pre 



(17) Polyb. lib. IV. p. 3x5. 31 4. Valcfii Ex- 
ke^ta ex Folyb. p. 26, ^ not. p. 4. 



5UR LES GaLATES. 33 

re ( 1 8),& qu^elle ne quitta point 
rope , il n'eft pas neceflaire que 
I'y arrSte. Je viens done aiix 
;t - mille Gaulois qui avoient 
r Chefs Leonorius & Lutarius. 
Faifant la. Guerre , dit Tite-Li-^ 
(19), aux Peuples qui leur re- 
loient , impofant des tributs k 
:ux qui demandoient la paix , ils 
rnctrerentjufqu'ii Byfanc^, & ti- 
rent des contributions de toutes 
s cotes de la Propontide, s'etant 
ndus Maitres des Villes de la 
>ntree. Se trouvant ainfi dans le 

', II paroitpar un palTage dc Polybc,citc nor. 
i., que Floras JI.it. Paufanias j4ti»(, cap. 4. 
, & Juftin XXXII. cap. 3. fc trompcnt lorf- 
fonc paffer en Ade les Gaulois qui avoienc 
•pc i la defaite de^Delphcs. Frideaux fe 
>c audi lorfqu'il dit Hift. des Juifs Part 11. 
r. p. 40. que « Leonor 5c Lucaire fe reodi- 
t maitres de Byfance >*. Il falloit dire que 
rfaniins fc rachetercnt du pillage de Icurs 
CO payant de grolTes contributions i Co- 
orius, car la Ville de Byfance ne fat poi|U 
par les Gaalois. 
OLiT.XXXYlII. Itf. 

B5 



E 



34 Dl SSERTATI ON 

>» voiiinage de I'Aiie, & ayant enti 
pp du vanter la fertility de fes terrefi 
» il leur prit envie d*y paflfer. G 
n envk augmenta , loffiq« 'ayant pi 
>5 par ftratageme la Ville de Ly 
» chia , & foumis toute la Cherfo^^ 
H nefe , ils fiirent defcendus jufqu'i '^ 
» THellefpont. Nefe voyantplusfjn ' 
» pares de TAfie que par un petK 's 
h detroit , & ayant ce beau ?9Jt ^ 
» fous les yeux , ils defirerent av« 
» ardeur d'y paffer & envoyer^ni i 
»» une deputation a Antipater cp '^ 
>> commandoit dans cette Contr^ ^ 
w pour trailer avec lui du paffage t 
if La negociation n'allant pas auii i 
» vite qu'ils Tavoient efpere , il s*i ir 
» leva une nouvelle fedition entw i 
» ces petits Rois. Leonorius retour* ie 
>» na fur fes pas, avec la plus grandl si 
w par tie de TArmee, & revint kBf r 
>f fance. Lutarius prit aux Macedk) k 
i» niens deux vaifl'eaux eouverts 
>ftroi3 barques : Antipater Us 



i 



SUR LES GaIATES* 35 

Lvoit envoyes Ibus pr^texte d' Am- 
Kiflade f mab leur miifion fe bor« 
loit ik Tepien Ayant embarqu^ 
liicceifivement fes troupes fur ces 
i)dtimens auxquels il faifoit &ire 
ie trajet jour & nuit ^ 'Lutarius 
mfla en peu de joui^ en fiithynie 
ivec tout fon oionde. Peu de 
terns apres 9 L^onorius pafia aufH 
la Mer k Byfance avec le fecours 
ie Nicom^e , Roi de Bythinie. 
les Gaulois fe rcunirent & pretc-i 
rent iecours i^ Nicom^de dans la 
guerre contre Ziboeas qui tenoit 
ine partie de la Bithynie. Ziboeas 
ne put ri&Aer k leursarmes: iL 
tut vaincu 9 &c toute la fiythinie 
pafla fous la domination de Naoo«* 
anede *t. 

On trouve dans le psffage de Ti«- 
•Live^ que je viens de rapporfer , 
ofieiirs particularity dont ks au- 
ts Hiiloriens ne font aucune mc'n« 
>a ; mais il avaqce auffi un f^t qui 
, B6 



36 Dl SSERTATIxON if 

eft contredit par Memnon , dont >'!>' 
Photius nous a donne des extmhs^ s 
Selon Tite-Live , les Gaulois paffe- if 
rent en Afie ^ deux reprifes. D V S- 
bordLutariuspaffarHellefpontaveC) * 
les Troupes qui etoient fous fon - 
commandemept; Enfuite L^onorius 
traverfa le Bofphore k Byfance fur 
line flotte que Nicomede avoit en- 
voy ee pous le recevoir avec fes Gau* 
iois. Memnon , au contraire , aflure 
(zo) que les Gaulois tenterent plu- 
fieurs fois de pafler en Afie , mais 
qu'ils en furent toujours empech^ 
par la flotte des Byiantins , jufqu'i 
ce que Nicomede les tranfporta en 
vertu d'un traite dans lequel les By- 
iantins furent compris. 

Je ne voudrois pas nier abfolu-' 
ment ce que dit Tite-Live du pre- 
mier trajet des Gaulois , d'autant. 
plus qu'il a fuivi dans cette occa^ 
* ' ■ I I I III' 

(zo) Memnon. cap. 20. 



SUR LES GALATES- ^f 

n Polybe dont Tautorit^ eft d*uii 
;s-grand poids. Paufanias dit ail- 
ITS (21) que les Gaulois paflerent 
Afie comme ils parent ; ce qui 
nvient au trajet de Lutarius^Sc non 
relui de Leonorius quis'embarqua 
r une flotte envoyee expres pour 
recevoir. Le meme Paufanias rap- 
ine encore un de ces oracles for- 
s apr^s coup (zi) qui fait pafTer 
X Gaulois k detroit de THellef- 
»nt, ce qui ne peut . s'appliquer 
ffi qu'^ Lutarius. Mais il y a toute 
parence que le premier trajet des 
aulois en Afie n'eut point de fuite , 
: que Lutarius , fe trouvant trop 
ible pour entreprendre quelqurf* 
ofe par lui-meme , revint en Eu- 
pe. Au moins eft-il certain qu'il 
t du nombre des dix-fept Chefs 
11 conclurent avec Nicom^de le 

jit^ en vertu duquel ce Prince 

■ III II I I 

(zi} Paofan Atbaic. VI. 597, 



38 DiSSERTAXlON 

tranfporta les Gaulois en Afie fur ii 
flotte. Vpyons done ce qui d^ter 
mina Nicomede k prendre les Gau 
lois k fa folde en qualite de Trou 
pes auxiliaires. 

Nicomede etoit fits de 2Libeas 01 
Zipetes (13) , Roi de Bylbinie , qu 
avoit eu des demeles , & m^me uni 
guerre ouverte , .avec deux fuccel 
feurs d'Alexandre-le-Grand , f$a 
voir Lyfimachus, Roi de Thrace^ & 
Seleucus , Roi de Syrie. Apres 1 
mort de Seleucus , Antiochus So 
ter (14) , fon fils & fon fucceffeur 
d^tacha Patrocles , Fun de fes Gene 
raux , avecune bonne Armee , pou 
hii affurer la poffeffion de cette pai 
tie de TAfie mineure qui eft en dej 
du Mont- Taurus. Patrocles^^ayan 
donne dans une ambufcade que Zy 
l>05as lui dreffa^ y perit avec toutes fe 
Troupes.. Zibeas lui - mfrme etafl 
*■ > - ■ — " — *— — ■ « ■ ' ' ' 

(23) Metvnon cap.i; - 

(24; Id. cap. 15. 



SVn LES Galates. j^ 
noTt (25), peu de terns apr^s, 3g^ de 
^6 ans , Nicom^de fe vit fur les bras 
m puiflant ennemi dans la perfonne 
rAntiochus (i6) qui faifoit despr6- 
>aratHs9 tant par Mer que par terre , 
>our attaquer la Bithynie. Outre ce 
fdoutable adverfaire 9 Nicom^de 
^en attira un autre par fa cruaut^* 
L'envic de regner feul , & d'empS- 
:her qu'onne le troublit dans la pof'* 
feffion de fes Etats , le rendit , pour 
ne fervir des tenpes de Memnon , 
le bourreau de (es freres qui etoient 
lu nombre de trois. II en fit affaffi* 
ner deux. Zibeas, qui etoit le plus 
jeune , lui echappa & fe rendit M»- 
tre d'une partie de la Bythinic : eo* 
(iiite il attaqua vigoureufement cel- 
le qui ^oit demeuree fous Tobeif- 
lance de ion frere. 

Pour r^fifter aux ennemis dont je 
iriens de parler, Nicou-.ede fit un 

(2$ ^ Memn, cip. zi. 
(26) Id. cap. 17. 



40 D I SSERTAt I OK 

traite (17) avec la.puiffante Colo- 
nie d'Heraclee k laquelle il ceda les 
Villes de Cierus , Tius & Thynis , 
^ en obtint im fecours de treize 
vaiffeaux de guerre.ll fe fortifia auffi 
de Talliance d'Antigonus Gonatas ^ 
(18) Roi de Macedoine, &, cqmmi 
les Gaulois paffoient alors pour lei 
meilleures Troupes de TUnivers , il 
fit folliciter (19) Leonorius & Lu* 
tarius , qui fe trouvoient avec leui 
Armee dans le voifinage de Byfan 
ce , de venir s'etablir en Afie fou; 
certaines conditions qui furent ac 
ceptees. Le Traite que Memnoi 
nous a conferve porte en fubftanc< 
(50): » Que les Gaulois entretien 
» droient une amiti6 perpetiieili 
» avec .Nicomede & fes defcendans 
>» qu'ils ne fourni^oient point d 

P ■ ■ ■ N .I I II 

(z7)Memnon cap. xS* 
(18) Id. cap. I p. 
{16 Id. cap. 20. 
(a o; Ibid. 



S17R LES GaLATES. 4I 

Troupes fans le confentement de 
Slicomede a ceux qui pourroient 
eur en demander , & qu'ils au- 
oient ayec lui les in8mes amis 6c 
es memes ennemis : que l^Villes 
le Byfance 9 d'Heraclee , de Tius, 
le Chalcedoine, deCiere, & quel- 
[ues autres allies de Nicom^de fe-; 
oient compris dans Talliance. a 
Traite ayant ct6 figne (31) par 
onorius , par • Lutarius & par 
inze autres Chefs de TArmee (3 1), 
comede re^ut les Gaulois fur fa 
tte^ & les tranfporta en Afie. Cela. 
iva Tan 3e. de la CXXVe Olym- 
ade, 278 ans avant J. C. D^mocl^ 
mt Arconthe k Athenes (33). 

' ■ ■ ■ ■ ■ ■< 

;3l]$crabo XII. $€6. 
(ii, Mcmnon. cap. 20. 
Iss.raufan. riioc. XIX. p. «5<-»57. 



4^ DlSSERTATI W 



J 



CHAP IT RE III. 



E dbis d^iterminer pr^fentemen 
riuntke dt Fays que Us Gaulois oi 
cuperent dans VAjit mineure. 

Les Gaulois qui pafferent en k\ 
^etoient au nombre de 20000 hon 
ines(i);jmais il y en avoit ^ peir 
dix mi He qui fuffent armes (i 
Memnon dans un paflage que VU 
terprete Latin n'a point compris,r 
marque (3; j^quelesHabitansd'H 
» raclee & lesBythiniens,quietoie 
» demeures fous Tabeiffance de ^ 
p comede , fournirent des armes 
» ceux qui en manquoient, « Apr 
avoir re^u ce renfort , Nicomede 
mit k la tete de fon Armee , b^ 
Zibeas , fit main-baiTe fur tout 
qui avoit fuivi fon parti , & foun 

(i) KtfjF, ci-dcflus, Cijap- II. note (i6). 
(2)T.Liv. XXXVIII. i6.Pluwch.T.I.p.4 
(1) Memnon, cap. zo. 



SVK LES GaLATES. Jff 
te la Bithynie. Comme il deroit 
ridoire k la valeur des Gaulois ^ 
^ur lai^a tout le hutin , & leur 
;na un etabliflement le long de 
Mer , dans cette partie de la By« 
lie dont il avoit fait maflacrer 
Habitans. Cefi ce que Juftin ex- 
ae aflez improprement , en di- 
: (4) que les Gaulois partagerent 
c Nicomede le Royaume de Bi- 
nie.Les Gaulois demeurerentpris 
40 ans dans cette Contr^e (5) , 
I ils infefterent toutes les Pro- 
res Maritimes de I'Aiie mineure ( 
1 paroit par un paflage de S. Je»^ 
le (6) que, dans une de leurs 
rfes, ils faccagerent la Ville de Mi- 
diftante deplus de 100 Heuesdu 
s oil ils etoient elablis. 
^uoique les Gaulois occupaflent 
des Pays les plus beaux & leS 

) Juftin. XXV. 2. 
• raufan. Attic, cap IV. p. ii. 
Hieron. adv. JcyIh. lib. h Tom. II. f . I f^ 



J|4 Dl SS E ftTATi OlT ' 

yliis fertUes de J'Afie miheure, ils 
^'accommoderent pas de ce premi( 
Metabliffement D'lin c6te ils y flirci 
jrigoureufementattaqu^s ('^)parA! 
. tiochus Soter, & enfuite par les R< 
de Pergame (8) qui , ayant d'aboi 
.confenti de leiir payer ijn tribut aifc-l 
^uel » le refuferent enfuite & remy 
porterent fur eux une viSoire fignfcj^ 
Jee* De I'autre , le voifinage d^ l^ 
:Mer les expofoit trop aux flottej( 
jennemies. Par ces raifons ils fouhafei 
terent de s'eloigner des cdtes. Le^ 
jRois deBithynie & de Pergame y 
confentirent de tres-bon coeur pour^ 
^e delivrer d'un voifin qui leur etoit; 
cxtremement incommode. Les Gau^ 
loisquitterent done la Bithynie aveC; ■ 
Tapprobation de fes Princes : ils s'a-.. 
yancerent dans le coeur du Pays (9), 

; - ■ • • • 

(7} Appian. Syriac Lucian. pro lapfu inltt 
Salt. p. 172 Zeuxi vel Antiochop. 3 34* J 

(8) Liv. XXXVIII. 16, 
{^) Livius ibid. Mcmnon. c. 20. Floras II.ii* 



SUR LES GaLATES. 4} 

y occupereat une partie de la 
rygie (lo). Cela arriva apres la. 
ioire qu'Attalus (11) remporta 

eux 24 c ans avant J. C. 37 ans 
:hs qu'ils eurent pafle en Afie# 
?ft ^ ce Pays, & non pas, comme 
din le pretend (I^)> ^ celui oil ils 
oient eu leur premier etablifle- 
^nt, que Ton donna le nom de 
italic , parce qu'il etoit occupe par 

Gaulois y ou qelui de G^Uo-Grice^ 
rce que les Gaulois y qtoientmS^ 
; 3vec des Gregs qui s'etoient au- 
fois empar^s de ces Contrees, 
res en. avoir chaffq le^ Scythes, 
ne s'ggit done plu^ que de fixer 
tendue du Pays que les Gauloig 
oiperent dans cette Contree. 
lis demeuroient entre la Bithynie 
la Capadoce ( » 3), & avoient po\ir 

tQ) FUn. V. a 2. Strabo XII. ^66, 

[\i) FaufaD. Attic, lib. 1. cap. 4. p, IX. (Z^ 

cap. t. p. 19* Sc^abo XII. 566. 

(iz) Jdilin. XXV.a. 

jiij Said. Tom. I. p. 4^4. JFlm. V. 1^. ^ Y^ 



4$ DlSSERTATIOK^ . 
homes au Midi la Phrygie &| 
Pamphilie ^ au levant une partiedi 
la Cappadoce avec les fleuves SA 
lyx & de Cappadox , au Nord Tai 
tre partie de la Cappodoce & enfuil 
la Paphlagonie , au couchant enfi 
la Bidiytiie , dont ils ^toient f^pA 
res par les Fleuves d'Hi^ras & d 
Sangarius. 

Apres s'Stre rendus Maitres dcti 
Pays les Gaulois le partagerent d 
trois parties (14). Les Trocmes s*im 
blirent vers le Nord (15) du cfll 
des Provinces de Pont , de Paphb 
gonie & de Cappadoce (* 17 ). U 
Tholiftoboiens eurent pour led 
portion les Contrees voifines dei 

^ 3. Solin. cap. 5*. 56. Livius XXXVlILiI 

9trabo XII. $66, Paufan. Attic. IV. p. 1 1. t», ^ 

' ( 1 43 MemnOD. cap. zo. ' 

(is) Strabo. XII. $67. Plin. V. }». 

(16) Plin. y. 3». die que les Tiocmef sVtabti 

tent on M^nie aufli biea qa'en Paphltgonie.] 

ciois que Fline fe trompe par rapport ^ It mA 

nie , qui ^toit voifioe d« Pays qae let Toliil 

iMtieM occapoienti ^' 



SVK LES GalATES. 4f 
thyme & dela Phrygie (17), & 
A dans leur tenitoiire que demeu* 
lent les Foturi & les Ambitui '; 1 8) 
at j'aiparle plus haut. Les Tec- 
iges enfin tirerent vers TOrient 
la Cappadoce ( 1 9) , & les Teuto- 
iiaciens demeuroient avec eux* 
>). Memnoa ajoute (21) que »> les 
^aulois Mtirent auffi des Villes 
ans le Pays qu'ils avoient ocupe. 
,es Troctnes batirent Ancyre , 
?s Toliftoboiens Tavium , & les 
["eftofages Peilin. « Cet Auteur 
mnet ici deux fautes. . ^. Ces Vil* 
iubiifioieat avant rarrivee des 
ulois ( 11 )• U falloit done dire 
Us les fbrtifierent (13) poiu: y 



17) Sciabo XII. 5^7. Plin. V. 32. LiviiM 
IVIII. 15. I ^. 
It Flia. V. ii. 

[if) Strabo XII. 5^7* Plin. V. 31. 
»o j FliD. y. 3 z. 

[2i| MefflOiOD. cap. zo. ^ 

xtyPtnlan. Attic. IV« p. ii« la^ 
[2i;StuboXU.5^7* 



4^ I> I S S E l( T A T 1 O If-' 

mettre en furete ce qu*ils pilloii 
fur leurs ennemis & fur leurs vow 
fins , ou qu'ils y ^tablirent des man 
ches oil ils alloient vendre kuni 
denrees & leur butin. i^. II fe trom-; 
pe dansle nom des Peuples auxqueli j^ 
ces tf ois Villes appartenoient. StrsH 
bon , qui etoit ne dans le voifinagfl 
de la Galatie , & qui la connoiflbhr ^ 
parfaitement, donne Tavium au3P ,p 
Throcmes (34)> Peflin aux Tho- |^ 
liftoboiens, & AncyreauxTefto^ , 
fages. Pline (15) eft d'accord fur cet - 
article avec Strabon , & leur temoi^ ,. 
gnage eft d'autant plus preferable i^ 
celui de Memnon que Tavium etoit^ . 
efFe£iivement fitue dans le Pays quo^ *J 
les Geographes affignent aux Troc^j 
mes , Peflin dans le Pays des Tho- j 
Jiftobo'iens , & Ancyre dans celuj 
des Teftofeges. 

Au refte les Gaulois , s'etant ex^ 
>■ 

(24> Strabo ibid, 
(ij)PUn.Y. 32, 

trSmement l- 



le 



R L£S Galates. 49 

at multiplies dans ce Pays ^ 
It de la terreur k tous les 
[x6) qui demeuroient en* 
iont-Taurus , & les mirent 
mtion , jufques l^que les 
nes des Scythes confenti* 
ur payer un tribut arnmeil. 
oil ^endu leurs conquStes, 
nrent entre eux de partager 
ro vinces qui leur payoient 
^sTrocmes eurentce qui 
le bord de THellefpont : 
ifloboiens choiiirent I'Ea- 
llonie : & les Tedofages 
lur leur part les autres Pro- 
u^esdans le coeurde TAiie 
Mont-Taurus. 

I ■ ■ ■ 'T 

1$ zxxvfu, i<. 27. Jadin. XXT. f* 



'^^ 



u. 



50 Dl S S E RTAT ION 

I 

C H A P I TRE IV. 

J E dois parler prefentement 
moeurs des Gaulois etablis en A£( 
ne differoient point de ceiixdes aul 
Peiiples Celtes , & il faudroit e( 
iin Livre entier pour trailer cett< 
tiere avec une jufte etendue. 
tentons nous de remarquer qi 
GauJois , n'ayant point d'autre 
tier que la guerre , & tenj 
deshonneur d'embrafler qiielquV 
tre profeffion , regardoient aui 
force , la valeur , Tintrepidit^^ 
mepris de la mort, comixie les fc 
vertus qui fuffent dignes de The 



me. lis fe glorifioient d'etre bi 
par reflexion. Cela etoit vrai 
un certain fens & k quelques ^gji 
lis couroient au combat coma ^ 
un feftin , parce qu'ils etoient 
Topinion que la gloire & la (ili 
duParadis n'etoieilt deitiaeesqu| 



^ 



5£ 



IE 



I LES GaLATES. 51 

{ui meurent fur un champ 
9 ou de quelqu'autre forte 
ioientl|& qu'au contraire 
: qui mouroient de vieil- 
e maladie en demeuroient 
^ais il faut avouer' qu'4 
^gards , leur valeur n'^oit 
lagee, & qu*elle n'etoit Ic 
cnt qu'une fureur aveugle 
ecipitoit dans le danger, au 
nrr feire prendre de jufles 
ic de iages precautioas , ou 
iter, oupourenlrionipher. 
ve dans THiftoire divers 
qui montrent jufqu'oli ils 
It la ferocite. Par exemple , 
rmarque (i) que les Gal- 
lur le point de donner une 
out les aufpices leur annon- 
perte , comraencerent par 
' leurs femmes & leurs en- 
rus raconte aufli ( i ) que 



yi DiSSERTATIO 

les Romaitas virent avec 
meat d^s Gallo-Grecs^u'ih 
fyil prifonniers, n^rdre le 
dont lis etoknt lies ^ &^rc 
gorge k leurs camarades 
feire etranglen 
. Comme la valeur etoit la ^ 
^ommes , la chaftet^ etoit 
fetmnes. Plutarque (3) en 
deux exemples memorable! 
mier efl celui de Chiomara 
d'Orgiagonte^qui itoit Roi. 
ttiarque de Galsde , dans 
que les Romains,apr^s ayoi 
Antiochus , attaquerentles 
q\ii lui avoient fourni des ' 
auxiliaires. Cette Dame , et; 
b6e entre les mains des R 
&t follicitee inutilement^ & 
yiol6e par le Centenicr q 
chaise de la gaarde des Prii 

{%) Plutarch, dip VicjuidHlkr. Tom. 
Livius XXXVIII* 24. Valer..M4jt.vi.i 
f lotus II. I X. Aurel. Via. de Vix. lUu 



SUR L£S CaLATES. JJ 

Eurier^apres avoir aflouYi fa pa£« 
» propofa k Ckiomara de la re^ 
)x moyenantune ran^on^ & la 
uiiit iecretement dans un lieu 
leux de its Parens devoient la 
iroir^.& pofter lafomme dont 
koit convenu* Pendant que le 
lenier comptoit Fargeat^ Chia« 
lordonna afes Parens de le tuer ; 
n fut ex^cut^ fur le champ» £11« 
eafuite la tete du Romain , Ten* 
pptk dans fa. robe y & dtant ar^ 
e 9upr^s de fon inari,elle la jet* 
(es piedsy & lui raconta la vio^ 
e qu'on lui avoit faite , & de 
le maniereelles'en^toit ven- 
Orgiag onte ^ plein d'admifa- 
;^ loua ia fAkXiti ; etle lui 
adit qu'aufiielles'applaadiflbh 
n'y eut qu'nn feui'homme an 
ie qui put fe vantet d'avoir es 
>mpagni£« Chiomara , que Po- 
avoit vueA Sardesfoutint, juf- 
la fin , par fa modefHe & par 
C3 



5^4 Dissertation 

fa chafteti, la gloife quecette 

lui avoit acquife. 

. Uautre exemple eft celui de Ci 

ma (4) , veuve de Sinatus, aufli 1 

trarque de Galatie. Ce Sinatusi 

des demelesavecuna^tregrafklS 

gneiir de fa Nation ^nomm^iSind! 

La querelle fut pouff(6e fi loin ( 

Sinatus petit par la main de fon A 

tagonifte. Quelque tems apres, 

norix rechercha en manage la vei 

de Sinatus. Camma comprit al 

pourquoi Sinorix avoit cherch^ 4 

relle h, fon mari. Elle ne laifla 

d'agreer la recherche, & fit femM 

d*accepter avec joie la main \ 

meurtrier. Les fiancailles fe celdi 

rent dans un Temple del Diaae^i 

Camma , felon la coutume des ( 

tes, prefenta ^ fon fianc^unecoi 

de vin. Elle en but la premi^ 



(4 ) Plutarch, dc Virt. Muticr. ZI. pa^i 
Abator. Tom. 11. p. 76». 



SUR LES GaLATES. 5^ 
I la remit enfuite a Sinorix qui 
rala gayement tout le vin qu'elle 
avoit laifle. Le breuvage ctoit 
ppoiTonne. Camma mourut avec 
ie lorfqu'on lui eut appris que 
I meurtrier de fon mari etoit 
Ifpir^. 

> = 

^CHAPITRE V. 

ITASsoNS^la Langue des Gala- 
fRr S. Jerome, dans la Preface du fe- 
l^dLivre de fon Comnlentaire fur 
^itre auxGalateSy remarque (i) 
ri quelque diflPerence pr^s, les Ga- 
^ avoient la meme Langue que 
^Habitans du Pays de Treves. Ce- 
lt Tacite affure (i) que les Tre- 

ens etoient Germains d'origine. 

fulte delk que la Langue des Ga- 



ff ] Hieronytn. Prxfiat. in lib. II. Commentr. 
k ad Galac. Tom. IX. p. 13^* 
p.) Tacit. Germ. cap. zs. 

C4 ' 



y6 DtssERTrkTionr. 

htes , qui etoit laGauknfe (j)9C0 

me Lucien Fa remarque^etoit la t 

mc Langiie que celk d&s Germai 

Quelque extraordinaife que paro 

ce feit , il eft c6nfirni^ par cTaul 

Auteurs. Par exemple , on troi 

dans Tite-Live (4) que les Scot 

ces, qui ^toient reconnus pour 

Peuple Gaulois , avoient la ml 

Langue que les Baftarnes. Les I 

tarnes etoient, felon Pline (5) > 1 

des cinq Peuples qui occupoientl 

cienneGermanie. Strabon {6) en 

aul£ dbes Germains , & Tacite 

ajoute que les Peucins,que quelqt 

uns appellent Baftarnes » parlen 

Langue de^ Germains. Quoiq 

femble y avoir de la contradi6 

•" — ■..>-■--,. - - 

fa) Lacicir dit q ue , de fon terns , les. G: 
parloient encore le Gaulois. ( Pfsndom. p. 4 
(4)Livius XL. 57. 

(5)Plin. IV. cap. li, p. 465. & 0.14. p. 
(6) Strabo VII. 306, 
(7; Tacit* Geimanor. cap. 46* 



aer k un Peuple Gaulois la 
df s Germains , tout cela ne 
IS de s'accorder parfaitement 
n Gaulois & Tancien Ger- 
oient des Dialedes de la Lack 
Itique qui , dans les terns le$ 
:ules 9 etoit commune k tous 
pies de I'Europe. Cette con* 
de la Langue des Gaulois 
file des Germains peut 8trc 
tree par deux preuves. 
remiere, c'eft que malgre les 
mens que vingt ou ving-cinq 
doivent avoir apportes natu- 
?nt k des Langues vivantes,le 
uc & \q Bas-Brcton^ qui font 
aleQesde la Celtique> ne laif- 
s d'avoir encore une infinite 
ts communs. En voici quel- 
xemples que j*ai choifis k Lir 
vert , dans dans le Didion- 
u Pere de Roftrenen. 



Allcmand. 


Franfo'is, 


Arm 
Banck 


I^as , Epaule 
Banc 

C5 



5^ .DrSSERTAflON 



^andcn 


Band 


Lien , Bancie 


BIcuu 


Blum 


Fleur 


Cus. 


Kuff 


un Batfec 


Croum 


Krum 


Couibe 


Coufl 


Ki^ 


Deptnfc , Co 
tancc 


Chucs 


Sckvfeis 


Sueur 


Duardcs 


Schwarti 


NoiD 


Dagei 


Degen 


Ep6c , DagDC 


Dura 


Daun 


Duvcc 


Forban 


Verhannet 


Bannt ' 


Frcfcq 


Frifih 
FdlUn 


Frais 


Fallot 


Tomber , Fai 


Foulina 


FulUn 


Eniplir, Entoi 


Fisf 


Feif.Pfeif 


Flfife 


Flodc 


Flou 


Flortc 


Fleut 


Fi6u 


Fluic 


Foreft 


Forfi 


Forfo 


Gols 


Got 


Dicu 


Guel . ' 


JFohl 


Bon , Bien 


Hdefv 


Herb 


Aigre , Acide 


Harnes 


Harnifch ' 


Cuiraffe 


Yaouadcq 


Jung 


JCUDC 


YllQ 


Ehn-Bogea 


Le Coude 


Lezr 


ledtr 


Du Cuir 


Lichezr 


Leker • 


Friand 


Mates 


Magd 


Scrvame 


Marz 


Mark 


Ma re he, Fi on 


^ Marchauzi 


Marchaus 


Ecjrie , Maifi 
chcvaux 


Nador 


Nadel 


Eguille 
Age , Age 


Oad 


Mt Alter 


Poul 


Pful 
Braut 


Bourbe , Mar 


Pryod 


Epoufe ^ 


Qiiaz . 


Kati 


Chat 


Stiitcn 


Stern 


Etoilc 


Scriget 


Schr'eien 


Crier 


Strifard 


Straat , Strajfe 


Chcmin 


Scad 


Staat , Stand 


Ecai , conditi 


(♦) Je n'ai Stocq 


Stooff 


Conflit 


lule Diction- Scram 


S chirm 


Ecraii 


nair J dc Ro(- Scum 


Schaum 


Ecume 


trencn que ScuMheia 


Schauren 


Ecurer 


jurtiuU la SqiMf 


Schlff 


B ucaii , Efiju 


Utuc T. Scaul. 


StaU 


Eubic. C) 



1 



^ suR Lxs^ Galates. 5^ 

I'autre preuve, qui eft encore plus 
hrte y c'eft que la pliipart des mots 
qui nous reftent de la Langue des 
Palates, trouvent leur explication 
(ans le Tudefque. Selon Paufanias 
8) , les Galates appelloient Murch^ 
n Cheval , & Trimarcijia , un Corps 
e Cavalerie , dans lequel chaque 
'avalier avoit, i la queue de TEf- 
adron , deux Valets bien montes , 
u pour le remplacer s'il etoit tue , 
u pour Temporter s'il etoit bleffe , 
u pour lui donner un cheval frais 
il perdoit le fien. March ( 9 ) , qui 
gnifioit un cheval dans Tancien 
i'udefque , k le mSme fens dans le 
tas-Breton. Try , ou Dry^ eft; auffi 
in mot commun aux deux Langues^ 
*es Galates donnoient le nom de 
^'UhaUum ( i o ) i un de leurs chd- 
*■ ■ ■ I ■ II ■ ■ — 

(t, Paufan. Phoc. XIX. 844. 

(9) L€g- Ba;uvar. ap. Lindenbrog, pag, 427, 
lemann. ibid p bSi. 

(10) Livias XXXVIII. 18. 

C6 



6o Dissertation 
teaux ^ fitue dans une Contr^ oil 
Ton bruloit du fuoiier de vache en 
place de bois. Kuk-WaU^ fig^ifie eo 
Tudefque, le rempart des vaches^ 
& Kuh'bally la balle ou la boufis 
de! vache. lis appelloient t KjSpc«TciV^ aa 
ifjtf^ftzrov y (i i) une foupe au vm oil 
I'on emiettoit du pain 5 & que lei 
Latins nommoienti/^/r//i^/w. LesAlle- 
mands ont eifcore aujourd'hui les 
mots de Broken, &c diEinbroken , qu^ 
£gnifient emietter. lis appelloieal 
Eingebrokt ce que les Galates appel- 
loient Embrckton. Sinorix 9 Sin-Riek^ 
nom d'un Tetraque de Galatky figni* 
fie> en Tudefque^ un homme rkhe el 
efprit. Solovertius (11), Saldvirtk 
efl un Capitaine qui gagne bien fei 
appointemens , fa folde* Oreilorii« 



(11) Hefychii Lexicon. Pc. de SpanKeipa, dan 
les notes qu*il a ecrites \ la marge de fon Exeni' 
plaiie d'Hcfychius , leinaiquc que Saumaifc li 

foit 6/Ui6/>£JtT0V. 

(12} LiviusXLV. 14. 



SVR L£S GaLATES. 6t 

} ) , Erfier , fignifie le premier, 
anus (14) Eman^ow Emmarty 
eul homme, le feul brave. Bren^ 
, Brtnntr , eft le Bruleur. Bel- 
s^Balger^ le querelleur. Enfin leS 
ns propresde Leonorius^ Z^A/2- 
dt ^ & de Lutarius , Lutur^ font 
ore en ufage dans la Langue Al- 
lande, Voici cependant quelques 
res mots de la Langue des Gala- 
dont je n*ai pu dechiffrer la figni- 
tion , & je doute qu'on y reuflif- 
[amais, parce que les Grecs & 
Latins , pour les accommoder ^ 
r prononciation , les defiguroient 
ne mani^re qui les rend m^con- 
flables. Bmullarii (15), Epof^ 

\%) Fattfan. Fhoc. XIX. 150. 
r4}Juftin XXIV. 7. 

5) Saidas , Tom, I. 444. dit que les Gallo^ 
rs ^toient Yuccellaircs , (i'dnOhtificL , dc 

la Galitie avoit re^it le «oin de Yajs det 
ell aires. M. VetnfdoxtE qoi , en 1742,3 
i^au Public une Hiftoirecomplectc des Ga- 

de VAde mineure , m'a averti que le mot 
tutdUfii eft ua teroM d« U iKifle Lacinit^f 



6i Dissertation 

fignatus , Comhoutis , Thtjfalorus 
Compulfus^ Combolomarus , Ortiago 
Chiomara.j Camma (16). Quoiqu'i 
en foit, puilqu'il y avoit vine fi gran 
de conformity entre Tancienne Lan 
gue des Gaulois & celle des Ger 
mains , il ne faut pas etre furpris qm 
S. Jer6me ait trouve que la Langui 
des Galates approchoit de celle de 
TriJviriens , au milieu defquels i 

qui defigne ceux qui avoient la garde des vi 
vies. (Conftantin.Forphyr. de Theinatib. c^p. % 
p. 16.) B. Vulcanius a retnaique que le mot d 
BuceclUtus {c irouvc dans Ic Code Th(^odo(ici 
Liv, XII. Tit. 3 S. [ Les Autcurs du Diftionnair 
deTrevoux, au mot BuccelUire , d^rivenr Sue 
cellarius de Bncca^ bouche , & BuccelU , bouchee 
BovHiM«p/oj. lis difent que les BuccclWm 
furcnt ainfi appellcs , parc<; que TEmpercur fai 
foit leur d^penfe de bouche. Les Bucccllaire 
^coit done une efpece de Soldats que les £m< 
pereurs Grecs entretenoient dans les Province: 
& dans les Campagnes. Les m^mes Auteurs di- 
fent qu'il y avolt encore une autre forte de But- 
telUires i'ous les Empereurs Grecs ; c'etoient dc! 
Grccs de Galatie qui fournifToient du pain aus 
Soldats. ] 

( 16 ) Suidas Tom. 1. 444. Livius XXXVIII 
It. PAufan. fhoc. XU. 850. JulUn. XXIY. 7. 



I 



st7R LES Galates. 6y 
avoif fait quelque fejour, & que 
d'autres ayentaflur^que lesScordif- 
ces &c les Baflarnes avoient la ni6me 
Langue. lis ^toient,les uns & les au- 
tres, des Peuples Celtes. 



CH APITRE VI. 

1 L s'agit de determiner pr^fente- 
ment la forme de gouverntment que 
les Galates fuivirent apres quails fe 
furent etablis dans TAfie niineure. 
Leur Gouvernemcnt ctoit demo- 
cratique comme celui de tous les 
autres Peuples Celtes , parmi lef- 
quels TautorittJ fouveraine refidoit 
toujours dans le Peuple. Mcmnon 
rinfinue , en remarquant que les 
Princes qtti avoient appelle les Gau- 
lois^fe flatterent d'abordde foumet- 
tre , par leur fccours , les Villes' 
libres dont TAfie mineure ^tait 
remplic , mais qu*ils fe trouverent 
trompcs dans leur efpcrance y les? 



64 01SSERTAT1 O N 

Gaulois 9yant fouteivu de tauf leur 
pouvoxr y ces Villes & le Gouver- 
aement qu*on vouloit y abolir. 
}^Oa cnit dans le commencement , 
•> dit Memnpn ( i ) , que le paffage 
» des Galates en Afie cauferoit dii 
»> prejudice aux Habitans dii Pays. 
^^ Pil-rrevenement, il leur fiit avan- 
^» tageux. Car-pendant que les Rois 
t» vouloient abolir la Democratie 
« dans les Villes les Galates 1 y af- 
>> fermirent, en refiftant de tout leur 
»> pouvoir aux entreprifes de ces 
» Princes. « - 

Mais il faut dire quelque chofe 
de pills particulier, & faire nos re- 
flexions fur un paffage de Strabon 
qui exprime avec beaucoup de net- 
tete &c de precifion de quelle ma" 
niere les Galates de TAfie mineure 
furent gouvernes auffi long - tenis 
qu'ils formerent un Peuple libre & 

(i) Memno. cap. lo. 



i SUR LCS GaLATES. 65 

I independant i» Les Galates^ dit ce 
' "Geographe (1) , font compofi^s 
» de trois Peuples ^ui ont tous la 
H mSme Langue ^ qui ont tous Us 
9» mSmes Coutumes. lis ont partag6 
» chaque Peuple en quatre portions, 
*» auxquelles ils ont donn^ le nom 
t^ de Triarchies. Chaque T^trarchie 
n avoit fon T^trarque partiailier , 
If un Juge & un Colonel,qui ^oient 
w tous ^eux foumis au T^rarque , 
ftoutrecela, deux Lieutenans-Co« 
If lonels. L'Aflembl^e des douze Ti- 
If trarques ^oit compof^e de trois 
>^ cem perfonnes qui s'affembloient 
>» dans un lieu appelle Dry noemetus. 
n Les caufes criminelles oh. ii s'agif- 
» foit de meurtre ^toient jugees dans 
>f rAflemblee. On laiflbit la d^cifion 
M des autres aux Juges & aux Ti-^ 
» trarques. Ceft li Tordrc que les 
n Galates obfervoient autrefois. De 



(>; Stiabo XII. 5^7* 



66 Dissertation 
»5 nos jours ilsont defere le gouvef- 
p nement k trois Chets , enfuite k 
w deux , & enfii^au feul Dejotarus. 
» Amintas lui a fuccede* Aujour- 
«* d'hui les Romains font Maitres de 
» la Galatie , & en ont fait une feule 
»» Province w. 

Ceux qui iiront avec attention la 
Germanie de Tacite fe convaincront 
facilement que les Galates avoient, k 
peu pres , la meme forme de Gou- 
vernement que les anciens Habitans 
de TAUemagne. Les trois Nations 
'Gauloifes qui s'etoient etablies dans 
FAfie niineure, jugerent k propos dc 
fe partager en douze Tetrarcliies , 
c'eft-a-dire , en douze grands Can- 
tons. C'eft ce que Tacite a appelle 
Pagos &c Civitates (3). Chacun de ces 
grands Cantons (4) etoit fubdivife 
en quinze ou feize petits ; c'eft ce 
que Tacite appelle Vicos, , & c'eft 

(3) Tacit. German, ii. 

(4) Quelques-uns vont chcicher r^tymologle 



SUR LES Galates. 6y 
de ces petits Cantons qu'il hnt en- 
tendre le paflage de Pline (5) qui dit 
que les Pcuples & les Tetrarchies 
des Galates montoient enfemble k 
195. Comme les Galates etoient tons 
Soldats un grand Canton formoit ce 
que nous appellons aujourdliui un 
Regiment, & les petits ce que nous 
nonmierions une Compagnie. Les 
douze grands Cantons des Galates 
^oient en quelquemaniere des Etats 
ind^pendan^ Chaqu'un avoit fes 
fiHa^&rztsfzrdailiers (6) qui ^oieiM^ 



4c nocre mot Franfois Canton jafques dans U 
Laogne Gxecqae. Us le dcrivcnt de Kemrit le 
coin de Tceil. U eft bien plus natuiel de laide- 
river da LatiA Centum. Tacite dit qae chaqne 
Canton fonxnifbit cent hommes^k qui Ton doa- 
■oit le nom de Centtnuires. T/uit, Germ, tf« II diC 
aillears qall appartcRoit lux AtmhUet %^i» 
tales de nommet les Chefs defti'aes I rendre 1« 
loftice dans cbaque Canton & dans les Villages 
qoi en d^pendoient , & qae cbacun de ces Cheft 
avoir cent Affefleuri choiiis patmi le Feaple. Vki 
f»frk CMf. 12, 

(5 Plin. y. 31. 

(6) Tacit. Germ. iz. 



^ Diss ertati on 

choifis dans rAflembl^e generate dil 

Canton oh tons tes hommes Jibres^ 

capables de porter les armes, ^bient 

obliges de ie rendre. Les Magiftrats 

etoient x^. leTetrarque. C'eftcelui 

que les Germains appelloient Kinin^ 

gus^ & auquel les AuteursLatm don* 

nent Ie nom de Rex , ou de Regulus 

(7), On Ie choiftfToit dans les &mil- 

lesles plus nobles du Canton x^, Le 

Colonel 9 que Tacke appelle Dwr 

(S). II dependoit du T^tararque > &: 

Gommandoit les Troupesdu Canton* 

dans toutes les M^xeditions MiU* 

taires. Les Germains Tappelloient 

Hert[og ou Hertog. On ddiferoit ce 

commandement ^ celui qui paflSoit 

pour le plus brave du Canton > & 

Ie Colonel avoit deux Lietitenans-* 

Colonels qui commandolent fous 

lui. 3^. Le Juge , que les Cjjprmains 

appelloient Gr<uf{<^^ Graphio^ con- 

(7) Tacit, Germ, cap^ 7, 

(«)Ibid.. 

{9] Ibid. cap. i>. 



SUR £es Galates. 6f 

noiflbit avec fes AflelTeurs toutes 

les affaires civiles. Comme ies Gala« 

tes etoient prefque toujours en guer* 

re avec quelqu'un des Peuples voi- 

iins , les douze Tetrachies pour 

mieux refifier k renhemi commun 

fe reuniflbient fouvent par les 

deputes qui formoient ce que 

nous appellerions le Parlement , 

la Diete ou le Confeil general de 

la Nation. Cette Aflemblee ie tenoit 

dans un lieu appelle DryrumetMis , 

Dry-vumt^hus y la maifon des troif 

nomsyou des trois Peuples. Elle ^oit 

compofee de 300 perfonnes, c'eft« 

i^-dire, que le Tetrarque , le Juge , 

le Colonel9& les deux Lieutenans- 

Colonek/le chaque Canton^s'y ren«» 

doientaccompagnesd'une vingtaine 

de Notables tir^s de la Nobfeffe , dn 

Clerge & du Peuple. Les afl&ires 

criminelks ne pouvoient fe decider 

que dans TAflemblee meme des 300 

perfonncsy parce qu'elles apparte^ 



yO . DiSSERTATIO N 

noient parmi les Galates,comme par- 
mi les Germains , k la haute Juftice 
(lo). Les aittres affaires etoient r€- 
fjiifes aux Tetrarques & aux Juge? 
qui formoient une efpece de Cham- 
f)re haute dans laquelie la voix d'un 
Juge etoit auffi confideree que celle 
duTetrarque (i i). Coinme t'Affem- 
bl^e f dont je viens de parler , itoit 
chargee de regler tout ce qui regar- 
doit le bien 6c I'int^rSt commun de 

. la .Nation , on ^tablifibit quelque 
fois trois, deux , ou m&ne un feul 
Chef pour commander les Trou- 
pes & pour diriger les affaires. 
Ainfi lorfque les Romains firent la 
guerre aux Galates ( 1 1 ) > ceux-ci 
Etoient gouvernes par trois Tetrar-» 

,ques, Combolomarus , Gaulotus 
& Orbiagon j & le dernier, qui etoit 

. ^'^'*— ^ I —1— II I ■ .1 I — m— i^» 

(xo) Tacit* Germ. 12. ^ 

(11) Livius XXXVIII. 25. Tacit Germ. I i-i 2. 
(11) Liv, XXXVIU. 1^. Pol/b. inEzcerpt* 
yaleCp. X14. 



SUR LES GaLATES* 71 
a J Tetrarque des Teftofages, n'epar- 
gnoit ni fbin, nicareffes,pour fe faire 
declarer Chef de toute la Nation. 



CHAPITRE VII. 

i L ne me refte P ^» ^"e de repon- 
dre k la derniere queflion propof(6e. 
On demande en quel terns les Galatcs 
ujferent cT avoir des Chefs de leur No* 
tion , & fotmerent un Etat indepen^ 
dant. C'eft ainfi que portent le Mer- 
cure de Paris , & la Gazette de Ley- 
den du 19 Novembre 1740. Je crois 
qu'il faut lire , en quel terns les Ga^ 
lates cejferent d^ avoir des Chefs de leur 
Nation & de former un Etat indlpen* 
dant , parce que les Galates ne tom* 
berent dans la dependance que IofP* 
qu'on leur ota les Chefs tir^s de leur 
propre Nation, au lieu qu'ils fiirent 
un Peuple. Souverain & indepen^ 
dant auffi long-tems qu'ils confeiv. 
y^rent ces Che6 (jui , bien-loia dq 



71 DlSSfiRtATIOK 
jouir d'un pouvoir illimit^ , ^oietf ^ 
refponfables au Peuple de leur acK 
miniflration. 

Quoiqu'il en foit , il eft conftant 

que Nicomede traita avec les Gala- 

t^s , comme avec un Peuple ind^- 

pendant. En les engageant pour le ^ 

fervir contre fes ennemis, il promit j 

de leur afligner des terres , de leur | 

payer un fubilde annuel & de leur 4 

laifTer la liberie de fe gouverner fe« \ 

Ion leurspropresLoix.il eft certaia 4 

encore qu'ils conferverent cette in- i 

dependance pendant des fiecles en- \ 

tiers fans avoir d'autres Chefs que ^ 

ceux qu'ils s'etabliftbient eux-mS» j 

mes. Au |ieu de payer des tributs 9 

lis en tiroient de tous les Peuples j 

voifins. Au lieu d'obeir, comme des f 

iujets^auxRoisdeBithynie^ilsr^iif^ ^ 

terent de tout leur pouvoir <i ces ^ 

Princes^orfqu'on voulut fe fervir de '^ 

leurs armes (i) pour opprimer les .gj 

(ij Mf mao. cap. i«. 4 

ViUei : 



SITR LES GaLX^TES. J^' 
lleslibres, & pour y abolir la for- 
degouvernement qu'ils fuivoient 
: m^mes , c'eft-i-dire, la D^mo- 
ie. II eft vrai qu'ils eurent pliu* 
:"sguerres k foutenir, & qu'ils re- 
nt, en difF^rentes occafions, des 
cs coniiderables. Mais ils ne per- 
tt pour cela ni leur liberte , nt 
fouverainete , & ils ne tombe<* 
dans la fervitudc que lorfque 
mpereurs reduifirent la Galatie 
•ovince Romaine. Pour Juftifier 
e je viens d'avancer, 'A fijffira de 
3rter ici les evenemens les plus 
orables deTHiftoiredesGalates 
is leur etabliffement en Afie. 
iviron trois ou quatre ans apr^s 
es Gaulois eurent pafl*6 en Afie ^ 
rent battus par Antiochus , Roi 
irrie, qui prit, pour pr^texte de 
lerre qu*il leur declara, les co^. 
ontinuelles qu'ils faifoient dans 
les Pays voifins. Je ne vour 
spasnier qu'Antiochusi n'eut ei| 



y^ Dissertation 

Pergame (5) , dont je viens def 
mention. Ce Prince, voyant lesC 
loi$ occupe5» Sc afFoiblis par la gu 
dans laqiielle ils avoient louteni 
Antiochus Hierak centre Selei 
Coilinicus Ton frere , profita de < 
occafion pour leur refiifer le ti 
qu'ils tiroient de fe$ Etats coi 
des autres Provinces de TAfie 
neure. » La fortune 9 dit Tite-l 
i>(7),favaril3, contre toute attc 
M une entreprife fi hardie , & A 
H lus eut le defTus dans la bat 
H que les Gaulois lui livrerent. 
ne doute pas que Ja perte des C 
lois ^'ait it6 coniid^rable dans c 
occafion. Ce fut apr^s qette de: 
(8) qu ils coufentirent de s'^loi| 
des cdtes de la Mer &(, du Royai 

( S ) Polyb. In Exc. V4ef. p. io|, & 
Yalef.p. 19. 

(«)Juftin. XXVIII. a. 
. (t) Livi us XXXVIII. K. 

(«) P^ufan. Attic, lib. I, cap. f. p. ii, ; 
Up* «. p. IB* Stxabo XU- S^^* 



J^ergame , & en mSme terns de 
tter la Bithynie , pour aller s'eta- 
dans le coeur de TAfie mineure. 
(r complaire au Roi de Bithynie^ 
'rent mourir Zielas-(9) fils d*urte 
tiiere femme de Nicomede que 
Foliftoboiens avoient foutenu 
Li'alors contre les enfans du fe* 
1 lit, auxquels le pere avoit laiflS 
Royaume. Attalus, de fon cote, 
>laudit fi fort de cette viftoire , 
•litre letitre de Ga[atonikcs{id)j 
les Grecs lui donnerent^il prit 
nSme celui de Roi (i i), que fes 
lecefleurs , Philiterus & Eum^- 
n'avoient point porte. U fit auifi 
er dans le chateau de Pergame 
ableau ( 1 2)oii fa viftoire etoit re- 
entee , & Ton montroit, dans le 



) Prol. Trog. Forap, xj Memno. cap. 23» 
o}Said. in Nikandro. Valef ubi fupr^. 
i) Polyb. in £xf« Valef. pag lOj. Livius 
III zi.Scrabo. XIII. 624. 
i2)Fanfan. Attic.p. 12. &Fhoc. XV.p. S9 3« 

D3 



7S DlSSERTATION 
jneme endroit , les riches depoi 
qu'il avoit gagnees fur Tennemi 
cette bataille. II femble que les 
lois eux-memes fe fuffent attei 
la perdre , puifqu*ils avoient 
(13) a leur arriere garde des 
mes , avec des facs d'or & d'ar 
leur ordonnant de femer des ef 
letong du chemin , au cas que 
fliee Gauloife fiit battue , afin q 
eut le terns de s'echapper pei 
que rennemi s'amuferojt a ran 
un butin dont le Soldat eft fi a 
La precaution etoit efFedivc 
des plus fages. Le ftratageme , 
Attalus s'etoit fervi pour donn 
courage k {es Troupes , n'ef 
moins curieux. On peut le voir 
Polyenus (14). Cependant il n« 
pas oublier ici ce que dit Tite 
(15) que w la viftoire d'Attalu 

(13) Frontin. Stratag. lib. II cap. 13 

(14) iPoIyaenus lib. IV. cap. 19. n. i. 
(li)Livius XXXVIII. i(J. 



SUR LES GaIATES. 79 

?>ta?tit pas le courage des Gaulois 
^jufqii'^ Icur-faire quitter rEmpire 
Indent lis etoient en poffeffion <<. 

Comme cet Hiftorien ajoute , itn- 
aediatement apres, qu'ils coniervfc- 
mt leur pouvoir jufqu'ii la guerre 
'Antiochus avec les Remains , je 
J {qais prefque oil placer hi defaite 
s Gaulois dontileft parl^ au Cha- 
rre VIII. (v. 10 ) du fecond Livre 
•s Machabees. Judas , pour ranirner 
jtroupes , leur rappelle » labatail- 
ie que les Juifs avoient donn^e 
contre les Galates en Babylone, 
^ns laqiielle les Macedoniens , 
qui etoient venus k lecir fecours , 
etant ebranles , fix mille d'entre 
eux feulement avoient tue fix 
mgt-mille homines, par le fecours 
qu'ils avoient re9U du ciel. » II y 
a dans ce rccit pluficurs difficuhcs 
le je ne fuis pas en etat de refou- 
e. i^. Les autres Hiftoriens affu- 
nt pofitivement que les Galates ne 

D4 



8o DlS€£RTATIOK 

pafferent I jamais le Mont - Taut 
xii dans leurs courfes, ni dans 1( 
expeditions Militaires* Le paffs 
qui vient d'etre rapporte , \ 
xe qu'ils p^netrerent jufques 
la Province de Babylone. i^. 
Prideaux (i6) croit devoir rap 
ter cette defait^ des Galates k 
It4i avant J. C. ( 17 }. Cela i 
pent, lis avoientbattu cette ann 
Seleucus , Roi de Syrie , & d'a 
apres cette viftoire , ils eiireni 
nouvelle guerre k foutenir c< 
Eum^nes^Roide Pergame, & c< 
Attalus, fon fucceffeur,Attaqu6s 

^ Id) (lideaux » Hid. dcs Juifs II. P. 

(17) D'autres croyentque ce fut fovt. 
gne d'Antiochus Socer , qui inoucut vei 
262 avant notre Ere vulgaire. Mais les 
difficnlt^s fubfiftenc tou jours LesGaulo 
avoient pafle en Afie au nombte de 
horames I'an 278 avant J. C., s'amufcrcnt 
des conqu^ces dans la Thrace & dans I 
circonvoifins. lis eurent enfuite dc c 
guerres I foutenir contie Antiochus Sou 
Icuc |ua beaucoup de monde. 



StTR.LES GaLATES. St 

!urs propres Etats , il n'etoit pas 
oflible qu'ils envoyaffent une Ar- 
i^e nombreufe dans des Pays eloi- 
nes. 3^. enfin la plus grande dif- 
iculte, c'eft que les Galates, pendant 
out le terns qu'ils ont form^ en Afie 
to Etat fepare & independant, n'ont 
imais pu mettre fur pied des Arr 
nees de 120000 hommesr 
[Laifiant done la cette defaite,qui re« 
prde^ peut-Stre , quelques Troupes 
Mixiliaires des Gaulois qui fervoient 
m Orient , & qui fe reyolterent 
lOntre le Roi de Syrie , difons un 
^t d'une autre defaite qui ruina 
lffe£livement FEmpire des Gaulois 
^ Afie, en affranchiffant de leur do- 
nation les Peuples qui leur etoient 
butaires. lis avoient fourni (18) 
; Troupes auxiliaires k Antiochus 
^Grand,dans la guerre qu'ilfoutint 
tttre les Romains, Tan 564 deRo- 

t(is) Livius XXXVII. «. IS. 3». ^0, Suid. T. 

D5 



St Dissertation 
me , 190 ans avant J. C. Vantt^ 
fuivante, Manlius, quiavoit (ucdP 
^ Scipion TAfiatique dans le CohfU 
lat 9 alia attaquer les Galates da!9 
leur Pays. II prit pour pretexte d 
cette guerre qu'il entreprit (19) far 
ordre du S^nat , le fecours que h 
Galates (10) avoient fourni au R< 
de Syrie contre la Republique. Ma 
on fent bien que ce n'etoit \k qu'i 
pretexte, puilque tousles allies d'A 
tiochus devoient Stre compris daj 
la paix qu'il conclut avec les Re 
mains. Le veritable motif de 
guerre (11) fut d'arrSter les courfc 
& de dompter la ferocite dcs Gali 
tes , qui n'avoient fait aucune foi 
miffion au vainqueur , & qui cont 
nuoient d'infefter les Provinces vo 
lines par leurs brigandages. La cho: 

( 19 ) Livius XXXVni. 45* Flor. II. it. At 
Via. de Vir. llluft. cap. 59. 

(20! Livius XXXVIII. 12. Floius II. 1 1. 
(xi) Livius XXXYIII. 11. 



SUR LES GaLATES. 8} 

uffit h Manlius. Les Gaiilois 6U« 
at (ii) , en diverfes rencontres , 
isde loooo hommes tues &c Von 
iireuxplus de 40000 prifonniers. 
>endant leur mine ne flit point 
le. D'un cdt6 le$ Romains ^par* 
-ent la T^archie d'Epoffognat 
qui avoit refufe des Troupes 
liaires k Antiochus. De Tautre ", 
Jius , en leur accordant la paiic 
s vinrentlui demander, ne tou- 
point k letir liberte , & ne leur 
>fa aucun tribut , fe contentant 
iger d*eux (24) qu'ils vivroient 
aix avec Eumenes , RoidcPer- 
2j &c qu'ils renonceroient k la 
ume de faire des courfes dans 
les Pays vohlns* Les clrcoriP- 
es devlnrent m^me bient-tot 
favorables aux Gaulois. Eume- 



App'tan. Syr. p. 185. Livius xxxriii. 47* 
Tom. I. 464. 
. ^-viu> jc XX VII I. IS. 
|.) U. xxxviii. 49. 

D6 



^4 Dl^S^EftTATIOJr 

nes s'etoit flatte que les Rom 

foumettroient la Galatle*jt,iadc 

nation : peut-etre le lui avoit-or 

cfp^rer. Maisilfe rendit lui-m 

fufped aux Romains. On I'ac 

tfavoir foutenu fecretement Pei 

Roi de Macedoine (25), dans lei 

qu'il faifoit la guerre k la Repi 

que. Pour punir Eumenes de < 

trahifon , le Senat envoya Lici 

^26) aux Gallo-Grecs, avecla c 

mifTion fecrete de les foulever 

tre le Roi de Pergame. Pour lej 

courager k la guerre, onleur pe 

d'occuper des terres (17) abani 

nics qui etoient k leur bienfeai 

on leur confirma le droit d'inde 

dance (x8) aux memes condii 

que Manlius leur avoit accord 



(2s) tolyb.Op. mum.ss.p. 9i«»n. ^5. 
ju 104. p. s»i2. 

{%6) Id n. 93. p. 91O' 

(27} Livitts XLV. 44^ 

(itj Polyb. a* 102. p par- * 



SVK LES GaLATES. Sf 

en tin mot , dit Polybe (19; , le Se« 
nat aopordoit tous les jours quel-* 
quesnouvelles faveursaux Galates^ 
& les aidoit de tout fon pouvoir k 
foutenirleurlibertc. LesGauIoiseu** 
rent fouveot le deflus dans cette guer- 
re avec Eum^nes (30). lis re^urent 
auffi divers echecs j auxquels il faut 
ra^porter ce que dit Diodore de Si* 
cile (3 1) qu'Eumenes , par fa bonne 
conduite, delivra fon Royaume des 
plus grands perils , & foumit toute 
la Nation des Gaulois. 

On voit dans Appien & dans Juf- 
tin (31} que les Gaulois foufFrirent 
beaucoup dans la guerre des Ro- 
mains avec Mitridates. lis demeure^ 
rent toujours attaches a la Rcpubli- 
que 9 & le Senat (3 3 ) leur laiiTa leurs 



(29', Folyb. n IC4. p. 932. 

(30^ Id, n. pj.p. 91*' ".$>7 p'9".9. 

'31, Diod. Sic. inExc. Valcf. p. lit. 

'32^ Appian. Mitbridat. Juftin. xixvil. x^^ 

(i 2/ Ciccco Ocao pto Kege Dejotaio. 



86 Dissertation 
Loix & leurs Tetrarques. Ainfi, du' 
tems^de Jules-Cefar (34), D^jotarus 
^toit Tetrarque d€ toute laGalatie; 
& nous avons vu que ce furent les 
Gaulois qui lui de^rerent ce com- 
mandement. Amyntas lui fucceda 
dans cette dignite (35) , & ^apresfa 
moft , la Galatie flit reduite en Pro- 
vince Romaine par TEmpereur Au- 
gufte. 

Je finis par une reflexion que j'ai 
oublie de placer en fon rang. Saint 
Jerome foutient que les Gaulois eta- ^ 
blis en Europe defcendoientdeceux j^ 
qui demeuroient en Afie , & il fe • 
fSche prefque contre Varron , ou ;- 
contre Laftance (3 6), qui avoient af :. 
fure le contraire. La raifon fur la* . 
quelle i4 fe fondc, c'eft qu'il efl conf- _ 
tant que ces Peuples ont pafle d'O- j 
rient en Occident , & non -d'Occi- I 

(34) SextiRuf. Brev.cap. T4.ScraboXII.5tf7. .^ 
{is J lidem. ibid. 

(36; Hieranyra. pratfat. in II. lib. Comment. 
Fpift ad Qalaus Ojcr. Tom. IX. p. i j j. 



SUR LES GaLATES. 8/ 

It en Orient. Cette raifon n'ell 
ucun poids. Je fuis perfuad<5 que 
premiers Habitans de TEurope y 
lent venus d'Afie. Mais ces an- 
tines migrations , qui remontent 
ucoup au-deli des tems connus 
THiftoire profane, empSchent- 
:s que , plufieurs fiecles aprcs , 
elques Peuples de TEuropC' n'a- 
it pu repaffer en Afie ? II eft cer- 
i/jue non-feulement les Galates ^ 
is encore les Phrygiens , les Bi- 
^niens , les Lydiens & plufieurs 
res Peuples de I'Afie mineure y 
>i?nt paife de TEurope. II faut 
ivenir, par confequent, queS. Je- 
ne combat mal a propos des faits 
nontres par une raifon de (imple 
lifemblance. Tout cc qui Texcufe 
, c'eft qu'il avoue lui-mSme tres^ 
;enuemcnf (37) *que ,'depuis plu- 
urs annees , il avoit abandonn^ 
genre d'etude , pour fe confacrer 
ies recherches^plus importantes* 

[if) Hicioiiym. abi fupci* 



18 D I s c o ir R s 

DISCOURS 

SurVEofpidition de Gyrus centre 

les Scythes (^), 

PAR M. PELLOUTIER. 

§. 1. 1 L y a dans Ammien-MarcelUn 
tin paffage qui m'a paru meriter 
qiielque attention. Parlant de la Mo- 
narchic des Perfes, il dit ( i ) que 
» cette Nation vidorieufe etendit k 
>> la verite fa domination jufqu'il la 
»^ Propontide & ^ la Thrace ; mais 
»• que par Tambition de ks Princes , 
» qui ne penfoient qu'i accumuler 
« conquete fur conquete , elle fouf- 
jp frit auffi plufieurs echecs. Elle re- 
» 9ut le premier du tems de Cyrus, 
» qui ayant pafK le Bofphoreavec 



{ ♦ ) Extrait dcs Mcmoircs de rAcad^mie de 
Berlin , Torn. X. Anncc i7 54« p. 47^-504. 
(1} Amm. Maic. lib. xkixi. \q6, p. 367. 



5UR L'Exp. de: Cyrus. 89 

ne Armee , dont le nombre ap- 
roche prefque de la Fable, fut 
>talement defeit par Tomyris ^ 
.eine des Scythes , qui vengea 
ruellement la mort de {es fils. •« 
'oflius parle de ce paffage , & 
(i) » qu'il ne fgait ce qui ^toit 
enudans I'efpritcL Ammien-Mar- 
*llin, pour ecrire que Cyrus paf- 
L le Bofphore , tous les Hiiloriens 
QTurant unanimement qu'il pafla 
Araxe , pour aller combattre les 
f aflagetes , au lieu que perfonne 
'a jamais dit qu'il eiit paiTe le Ba^ 
hore. a 

. eft bien vrai que la plupart des 
loriens font p^rir Cyrus dans une 
>edition contre des Scythes Mair 
etes, qui demeuroient dans le voi- 
ige de la Mer Cafpienne. Mais ^ 
Lir ne pas prendre le change^ il eft 
n de faire ici deux remarques* 

2} Yoffius ad Jaftin. lib. I. ca£. U 



i 



90 DiSCOURS 

La premiere , c'eft que Tautoritc de 
cette foule d'Hiftoriens que Voffius 
oppofe k Ammien fe reduit dans 
le fond au feul temoignage dUero* 
dote , que les Ecrivains pofterieurs 
ont fuivi & copie les uhs apres lest^^ 
autres. La feconde , c'eft qu'Am- 
mien-Marcellin , qui fait paffer le 
'Bofphore k Cyrus, pourattaquerdes 
Scythes etablis en Europe , n'a pas 
invente cette particularite comme 
Voffius femble Pen accufen II ecri* 
yoit fon Hlftoire fur la fin du IVe; 
fiecle. Philoftrate avoit dit deui 
-cents ans auparavant (3) que » Cy- 
» rus , ayant paffe le Danube , pour; 
» faire la guerre aux Maffagetes , & 
» aux Iffedons , fut tue par une fem- 
» me qui commandoit ces Barbares ¥* 
L'Hiftorien qui avoit fourni ce fait i 
Philoftrate , etoit, felon les apparen- 
'ces, le meme qui avoit appris k Jor- 1 



(j) Philoftrat. Heroic, p. 677. 



I 

.L 
I 



suR l'Exp. de Cyrus. 91 

d6s (4), que Tomyris, qui battit 
rus , etoit Reine des Getes , ou 
:hs , qui demeuroient au-deli du 
lube, & que Darius , fils d'Hyf- 
es, vint attaquer dans leurs Pays, 
Iques annees apres la mort de 
rus. 

I s'agit donf de f^avoir , fi Am- 
n-Marcellin, qui avoit lu & relu 
■odote , n*a pas eu de bonnes rai- 
s pour s'ecarter fur cet article de 
recit , & s'il ne Ta pas fait fur la 
de quelque ancien Hiftorien ^ 
I nous n'avons plus k la v^rite » 
s dont le temoignage lui a paru 
ferable k celui d'Herodote. C*eft 
que je me propofe d*examiner 
iS ce Difcours. On dit, commund- 
nt, que les tenebres de THiftoire 
ienne commencent k fe diffiper 
IS leregne de Cyrus. Celaeft vrai 
IS un fens. L'Hiftoire de ce Prince 

4} Jornand. Hift. Gothox. ca(p. lo.p. 6t^ 



91 DiscouRS r 

fournit quelques epoqufes qui 
roiflent fures. Mais Cela.n*emp6cl 
pas qu'il ne regne encore beaiicoiij 
d'obfcurite & d'incertitude dans 
qui eft rapporte des gtierres & 
la mort de ce Fondateur de la M(h 
narchie des Perfes. Les prelivess'd ^ 
prefenteront en aflez grand nombr^ ^^ 
pour faire conclure a tout Lefteurjtt* ^' 
dicieux, qu'au lieudecherchericiW '^ 
certitude , il faut fe contenter le pld ^ 
fouvent de la fimple probabiBlf J ^} 
& que le fentiment le plusre^u^iS^ '^ 
le plus accredite, eft quelque fois 1(? ^ 
moins probable de tous. Avant tou«^ ^) 
tes ces chofes , il eft A propos de'' ^: 
rapporter ici ce que les Hiftoriens 
dont les Ouvrages ont echapp^ aut 
injures du terns , racontent de Tex* 
pedition^ des Grecs contre les Scy- 
thes. * 

§. II. Voici en abrege ce qu'endit 
Herodote. h Apres avoir foumis la ^ 
f> Lydie , Cyrus n^gligea de poufr 



£3 






5UR l'Exp. de Cyrus. 9) 

T ies conquStes du cote de Ho* 
ie 9 parce qu'il fe propofoit d'at* 
quer premierement Babylone^ 
s Saces & Ies Egyptiens (5). 
yant done reduit Ies Babyloniens 
: leur Ville , il lui prit envie de 
umettre auffi Ies Maflagetes,que 
yn dit Stre une Nation nom* 
rcufe & vaillante , ^blie vers 
Orient 9 au'del^ de TAraxe, dans 
t Toiiinage des Ifledons. II y en 
qui pretendent que ces Maflag^* 
:s font un Peuple Scythe ( 6 )• 
^Araxe fort du Pays des Manti6- 
iens , & fe partage en 40 bran* 
ties qui vont fe perdre dans des 
[arais , k la referve d'une feule qui 
t decharge dans la Mer Cafpienne 
7). Cyrus fut poufTe par beaucoup 
le puiflantes raifons k attaquer Ies 
Aafl^etes ^ qui occupent la plus 

[^Herodot. lib. I. cap. 155, 
[f] JkU, cap. zoi. 
ij\^M. cap. ZQZ% 



94 DiscouRS 
» grande partie d'une vafte plaincij 
9> fituee k rOrient de la Mer Cafpien- 
» ne. La premiere etoit fa naiflance, ^ 
t> qui fembloit i'elever au-deffus d</- 
w la condition humaine : la feconde^ ^- 
*> I'heiireiix fucces qu'il avoit eu dans ^' 
w toutes (es guerres. De quelque corff- 
»> qu'il portat fes at- mes , il ne trou-»r 
•» voit aiicun Peuple qui fut capable/^ 
>* de lui refifter (8). Les Maffagetes, 
» qui avoient perdu leur Roi , etoient 
« gouvernes alors par la Reine Tor 
t> myris fa veuve. Cyrus, qui ne char* '< 
9> choit qu'un pretexte pour commen- 
»> cer la guerre , fit demander Tomyris 
» en mariage ; cette Princeffe comprit 
« qu'il en vouloit moins k fa perfonne 
»> qu'au Royaume des Maflagetes ; 
» elle rejetta fa propofition, & Cyrus 
»* marcha d'abord vers TAraxe avec 
p fon armee (9). Pendant qu'il ^toit • 



^5 



(i) Hcrodot. ikid, cap. 204. 



$UR l'Exp. de Cyrus. 95 

occupe k elever des tours fur des 
bateaux , & k jetter un pont fur le 
Fleuve , Tomyris lui fit dire par 
un H^raut , qu'il pouvoit s'cpargner 
tous ces preparatifs ; que s'il avoit 
une grande envie d'effayer {qs forces 
contre les Maflagetes , elle ofFroit de 
fe retirer avec fon arni^e , jufqu'i la 
diftance de trois journees de che- 
min , afin que les Perfes puffent paf- 
fer librement le Fleuve, exigeant la 
mSme chofe de Cyrus, s'il aimoit 
mieux que la bataille fe donnSt dans 
fes Etats ( 10). Le Roi de Perfe ac- 
cepta la premiere de ces propofi- 
tions contre le fentiment de fon 
Confeil , auquel il prefera I'avis de 
Crefus, qui lui difoit que fi les Perfes 
venoient malheureufement k etre 
battus en-^deqk de TAraxe toutes les 
Pravinces de leur Empire feroieat 
expofees aux incurfions des Batba- 
■ ■■ — i— ^ 

(xo)Hcrod<tf..W'^cap..4o^. • . , 



\ 



;5 



9$ BiscouRS 
•« res , aii-lieu que s'il avoit le boiMi' |£ 
»heurdebattrerennemiau-delkda. s 
4> Fleuve , tout le Royaume des Mat ' 
h fagetes feroit k fa difpofition (i i)»h' 
Ce qui fuit dans H^rodote n'eft 
ignore de perfonne, & il fuffirad^^* 
rindiquer en deux mots, a Cyrul ^ c, 
*» ayant paflK TAraxe avec fon ar^4 5 
li m^e, tira d'abord un avantage af-^ ji 
4* fez coniiderable d'un ftratagSmo 
h que le m6me Cr^fus lui avoit fug^ 
•i g^r6 avant que d'6tre renvoyi 
^ Perfe avec Cambyfe. II abandon-* 
•» na le camp qu'il avoit etabli k une 
* journce de TAraxe , n*y laiflant 
>»qu'une tres- petite garde, & fit' 
H mine de retourner vers le Fleuve 
navec fon arm^e. Les MafTag^tef i 
>> attaquerent ce camp ayecla.troi-^ 
H &6me partie de leur arm6e, & s'eii 
H emparerent facilement ; ils le trou- 
#verent rempli de provifions dcr- 

(1 1) llciodo^ lib. !• cap. lojr. 

Mtoat^f 



5 



JUR L*Exp. DE Gyrus. 97 
e forte , & f e gorgerenttelle- 
it de viandes & de boiffon 
Is tomberent tons dans un pro- 
I fommeil. II ne fut done pas 
:ile k Cyrus , qui revint 
fes pas, de les furprendre, & 
fs accabler. On en tua un grand 
ibre ; on fit encore plus de pri- 
liers , entre lefquels etoient 
gapife, fils de la Reine Tomy* 
qui avoit commande le d^ta-* 
nent des Maffagetes (12.). Ce 
ce ^tant revenu de fon y vreffe, 
e voyant charge de chaines ^ 
Cyrus de permettre qu'on le 
It , & auffi-tot qu'il eut les 
IS libres, il fe tua lui-m6me ( 1 3 }• 
Iques terns apres les chofes en 
ent a unebataille decifive, dans 
elle une grande partie de Tar* 
des Perfes fut detruite. Cyrus 

leme y perit,apres avoir regn^ 

■■ i I ■ ■ —— — — 

Eierodot. lib. I. cap. tix. 
Ibid, cap. 213* 

w IJL E 



9$ D I s c o u R s 

»vingt-neuf ans. Son corps a; 
»6t6 trouvd parmi les morts, 
}^myns lui fit couper la tete qu 
» fit plonger dans un vaifTeau { 
» de fang humain , en difant : 7 
ff/aie pcrir mon fils par un Jli 
^ gcmc , & je u rajfajjicrai dc fc 
y^ comme jc t'cn avois minacc {xi 
Apr^s avoir ainfi rapporte la 
faite de Cyrus , Herocjgte a la be 
foi d'aj outer qu'on wraconte, 
>> v^rite , en plufieurs manlere 
» mort de ce Prince , mais qu'il 
» tient ^ ce qui lui a paru plus \ 
» ftmblable ». Les Hiftoriens po 
rieurs qui ont fuivi , & le plus i 
vent copie Herodote , encherif 
jfur roriginal. Par ejcemple , h 
dit que « Tomyris rendit a C) 
» ftratageme pour ilratag8me,raj 
M attir^ dans un c^file , oil il p 

» avec ^ooooo Perfes , fans qu'il 



(<4) Heiodot, Ub. I, cap. 914. 



SUR l'Exp. db Cyrus. 99 
idiappSt un feul qui pfit porter 
bns fon Pays la nouvelle d^une fi 
rande d^faite (15) >>. Orofe en dit 
ant (16). Diodore de Sicile^ffure 
* « rarmee des Perfes fiit non- 
tilement battue & taillee en pi6- 
?s , mais que Cyrus lui-mSme , 
>rant ete feit prifonnier, fut mis 
1 croix par ordre de la Reine 

^our revenir \ Herodote , le d6- 
de la guerre de Cyrus avec les 
flagetes lui foumifTant roccafion 
dire un mot des moeurs & des 
itumes de ce Peuple , il ajoute : 
es Maflag^es font habilles k la 
19011 des Scythes,& ont auffi leur 
laniere de vivre. lis fervent h, che- 
al ayant pour armes Tare 9 la 
lace & la hache d'armes 9 actyifu^. 
\ts armes font toutes d'or, ou d'ai- 
j >" ' ■ ' * 

15) Juftin.Ub. I. cap. %. lib. xxxva.cap. 3; 

16) Orof lib. 11. cap. 7, 

17) Diod. Sic. Ub. II* cap. 44* 



100 D I S C O U R s 

H rain. lis fe fervent de Tairain 
nfaire des lances ^ des carqu< 
»des baches. Les cafques, 1( 
» raffes, & ce qui couvre les 6] 
»font enrichis d*or; lis nefe k 
.» ni de fer , ni d'argent , parc< 
,»ne s'en trouve point dam 
h Pays , au lieu que Tor & V 
uy abondent (i8). A T^ga 
>»ieurs Coutumes, ils epoufer 
>» cuh une femme , mais ils s\ 
»vent en commun. Car ce qi 
3> Grecs attribuent aux Scythe 
» cet article , eft propre aux I 
•i^getes , & non pas aux Sc 
» Quand une femme plait k ur 
»fagete , il n'y cherche point 
H tre fa^on que de la faire mont 
j» fon chariot audevantduquel i 
» fon carquois^pouravertirxju 
♦ifonne ne doit venir troubl 
i>plaifirs qu'irprend avei: eH 
'i^-~i — 1— ' 



sua l'Exp. de Cyrus, ioi 
nre de mort le plus comimin 
rmi eiix , c'eft que , quand ua 
aflagete eft accable de vieillefTey 
us les parens s'affemblent, & Te- 
rgent avec quelques brebis. lis 
It bouillir enfemble toutes ces 
airs & s'en r^galent. Cette forte 

mort paiTe parmi eux pour la 
IS heureufe de toutes. Au lieu 

manger ceux qui meurent de 
ladie, on les cnterre , & on les 
ime madheureux de n*etre point 
rvcrius k fitre immoles. Us n*en- 
aencent point leurs terres,& vi- 
it tant de leur betail , que du 
iflon que TAraxe leur fournit 

grande abondance. Le lait eft 
ir boiflbn ordinaire. Entre les 
eux , ik ne fervent que le So- 

, auquel ils immolent des che- 
ux , eftimant que le plus rapide 
5 animaux doit etre ofFert au 
IS rapide de tous les Dieux ( 1 9) »>. 

)) Herodot. lib. I. cap. 2 1 (S • . 

E3 



JOX D 1 S C O U R 5 

§• III. Qu'il me foit permis 
fentement de faire mes r^fle: 
fur le long paflage que je vie 
rapporter. H^rodote eft d'a( 
avec Ammien - Marcellin po 
fond m^me du fait qure je m 
propofe d'examiner. Ces Hiftc 
affurent Tun & Tautre que ( 
fut tue dans une bataille qu'il 
k la Reine Tomyris, Mais ib 
rent fur trois circonftances. Pr< 
renient Herodote pretend qu( 
myris ^toit Reine des Maffag 
au lieu qu'Ammien-Marcellii 
qu'elle (^toit Reine des Scythe 
fecond lieu , celiii-ci aflure qu- 
rus fit pcrir deux ou plufieu 
de Tomyris ; Hdrodote , au 
traire , ne fait mention qii 
feulSpargapife. Enfin ce qui e 
effentiel , Hdrodote pl«\ce le c 
de bataille , oil fe donna ce fi 
combat, au-del^ de TAraxe , a 
qu'Amien MarcelHn le tran 
au-deli du Bofphore , qu 



SUR L*Ex^ DE Cyrus, ioj 
iffer ^ Cyrus pour venir attaquer 
» Scythes en Europe. Mais , au 
efte , H^rodote merite-t-il beau- 
loup de foi dans ce qu'il raconte 
tettc expedition ? J'avoue que je 
:rois avoir de bonnes raif6ns d'en 
buter. Ce n'efl pas que je pretende 
ccufer cet excellent Hiftorien ni de 
lenfonge , ni de malignite , comme 
ont fait Ctefias & Plutarque. II 
ut lui rendre cette Juftice , qu*il 
oit» plein de probite & de bonne 
L II regrie dans fes r^cits une nai- 
te qui charme •, & qui prouve , k 
utLedeur equitable, qu'Herodote 
fe prevenoit pas en feveur de fes 
fros & des.Peuples qu'il afFeftion- 
it , jufqu'i deguifer leurs deftiuts , 
qu'i les combler d'eloges aux de- 
ns de la verite. La queftion fe r^- 
it uniquement k f9avoir fi Hero- 
ic a ^crit ici fur de bons Memoi- 
, s'il etoit inftruit de ce qui re- 
doit ies Scythes & les Perfes , au- 

E4 



104 D I s c o u R s 

tant qu'il I'^toit des affaires d'Egypte 

pu de celles de fon Pays, Straboi 

affur^ment ne le croyoit pas; Voic 

ce qu*il en dit au Livre XI de f 

Geographic (xo). « Les anciens Hii 

wtoriens ont appell^ Saces & Maffa 

» getes les Peuples qui font au-deli 

M de la Mer Cafpienne ; mais il n'd 

♦^toit pas poffible quails en diffen 

» rien d*exaft , quoiqu'ils foient en 

» tres dans un afTez grand detail d 

wla guerre de Cyrus avec les Mai 

wfagetes. lis n'ont pas trouv^ pk 

» de foi dans ce qu'ils rapportent de 

>} anciennes affaires des Perfes , tar 

» k caufe de leur {implicit^ , que d 

»plaifir qu'ils prenoient a debits 

» des fables. Comme ils remarquoier 

»que les fiftions des Poetes leu 

' » faifoient ^eaucoup d'honneur , il 

»ont cru rcndr^leurs propresEcri) 

wplus agreables aux Lefteurs, c 

(*©} Stiabo lib. XI. p. 507, 5 ol. 



svR l'Exp. de CyrDs. 105 
onnant pour vraies des chofes- 
u'ik n'avoient pas vues , ni feu- 
rment apprifes de perfonnes bien 
ifiruites. Auffi ajoutera-t-on foi 
lus fadlement h uir Homere , k 
n Hefiode , ou aux Poctes tragi- 
ueSydans ce qu'ils ^ent de leurs 
eros , qu'a un Ctefias , un Hero- 
ote ^ un Hellanicus, & k d'autres 
[ifloriens de cet ordren. EfFefti- 
nent les Perfes , qui avoient Id 
Ouvrages d'Herodote , Taccu-^ 
mt de s'etre etrangement coow 
; 9 en avan9ant fur leur fujet des* 
^{es auffi eloignees de la vraifem' 
ttce que de la verite. « De que' 
ont, difoient-ils ( a i ) , cet Hif^ 
wien ofe-t-ilavancerqueXerce* 
la des fleches contre le Soleil > 
tt*il fit enchainer la Mer comme 
n garroteroit un Crimihel } Ne 
;avoit-il done pas que nousrc*. 

11; Diogeo.Lalrt. Yit. rhUof. inTroxm.^ s^ 



tt>6 DiscouRs 

»»gardons le Soleil &c la Met co 
♦> des Divinites,& que ce Prince 
Hfort attach^ k la Religion des 
» {es , dont il fuivit les principi 
» d^truifent les Temples & les 
»tues des Grecs?» Puifque i 
Hiftorien etoit fi mal informe < 
<)ui s'etoit pafle parmi les Pe 
prefque de fon terns ( 2li ) ? & 
les yeux de la Grice , il eft ^ 
fumer qu'il n'etoit pas mieu: 
truit des ev^nemens ant^rieurs 
<lemi-fiecle au terns de X 
(23) , je park des expeditions 
lamort de Cyrus. Auffi ne en 
pas trop me hazarder, en afl 
^u'H^rodote n'a connu ni les 
iag^tes, ni la Situation de leur 1 

ni enfin la caufe & les fucces 

»>■ i I I . ■ 

(a 2) Les Hiftoficna placcnt Tcxpedit 
Xcret^scontte ta Gr^ce I la df iixi^me annt 
UCXVe. Ol^nrpUde, 47P avant J. C. He 
AYoic » daos ce tcins-li » cinq 1 fix, ans. 

( 2 i ) Cyxui mourut^ ou fat tuc $ 2p tn 
J.Cbiift. 



SUR L*Exp. DE Cyrus. 107 
erre qu'ils curent k foutenir con- 
Cyrus. Commenjons par iafitua- 
n de leur Pays. 

1^. Notre Hiftorien affure done 
e les Maffag^tes avoient leurs cta- 
flemens dans ime vafte plaine qui 
k rOrient de la Mer Cafpienne. 
Ealloit, par confequent, que Cy- 
5 paflat rOxus^ou le Jaxarte, pour 
er les attaquer dans leur Pays. 
I lieu de cela , Herodote lui fait 
ffer TAraxe (24) , qui, fortant des 
Dntagnes de TArmenie, coule k 
>ccident de la Mer Cafpienne , & 
' decharge du m8me cdte. C'eft 
e bevue qu'on ne pent excufer 
I'en difant , avec Strabon , qu'on 
^oit foumi k THiftorien Grec de 
»-mauvais Memoires d\in Pays 
i etoit prefque inconnu de fon 
ms. En voici une nouvelle preu- 
j. Parlant de TAraxe, Herodote 



(x4) Suahfi \ih, %1. p. 49I' $01 ic 5i7^W* 

£6 



la^ Discoufts 

dit (15) que «ce fleuve fe partagia 
>> en quarante branches qui vont fe 
H perdre dans des Marais, k la r^ferve 
»d'une feule qui fe decharge dans t 
» la Mer Cafpienne »• Pour enten-^ 
dre ce paffage , il eft bon de remar- « 
quer que les Geographes anterieurs ; 
au terns d'Herodote , croyoient que | 
la Mer Cafpienne etoit un golfe de s 
rOcean Septentrional qui rentroit < 
fort avant dans les terres de ce c6- '^• 
te-1^. Us croyoient avec auffi peu j; 
de fondement que TAraxe (x6) & i 
partageoit en quarante branches dont (- 
une feule fe dechargeoit dans la Mer . : 
Cafpienne , au lieu que les trente- v 
neuf autres avoient leur embou- < 
chure dans TOcean SeptentriondL j| 
Herodote etoit un peu mieux infer- ^ 
me. II avoit appris que la Mer Cafc ]^ 
pienne ( 17 ) ^toit un grand Lac^ \^ 
• ^[ 

(25) Hcrodot. lib. I, cap, 202. ^ 

{z€) Strabo lib. XI. p. 512. 513. ' * 

(2 7 j Heiodot. lib. I. cap. xo 2 . fin. 



suR l'Exp. de Cyrus. 109 

jntour^ de tous cot^s par des terres 
{ui n'avoient aucune communica- 
ion avec la Mer Oceane. U avoit 
ippris auiTi que TAraxe n'entroit 
ians la Mer Cafpienne que par une 
feule embouchure. Mais c'efl auili 
tout ce qu'il en ii^avoit. Ne r9achant 
jue feire de ces trente-neuf bran- 
dies du Fleuve , dent les Geogra- 
phes avoient parlc d'une maniere (1 
pofitive , il prend le parti de dire 
qu'elles vont fe perdre dans desMa- 
rais. Peut-6tre auroit-il mieux fait 
favouer de bonne foi que le Pays 
8c le Fleuve qu'il decrit,etoient peu 
connus de fon terns. 

a^. Herodote n'apas mieux connu 
les MafTag^tes mSme , qu^ les Pays 
oil ils etaient ^tablis. II ignore s'ils 
Potent un Peuple Scythe.. Plufieurs* 
dit-il , Taffurcnt ; ils ont d'ailleurs la 
mdme mani^re de vivre & de s'ha- 
biller que les Scythes. Pour lui il 
n'oib rien decider i ou plutot il de« 



110 D I s c o ir R s 

cide iformellement que les Grecs at- 
tribiient mal-i-propos aux Scythes 
ce qui eft propre & particulier aux 
MafTagetes. J'aurai cependant occa- 
fion de montrer dans la fuite que 
les Maffagetes etoient indubitable- 
ment un Peuple Scythe qui avoit 
pafle d'Europe en Afie ; & par cela 
meme qu'ils etoient Scythes , il faut 
les decharger de cette odieufe im- 
putation , » qn^k la verite ils pre- 
» noient chacun une femme , mais 
^ qu'ils s'en fervoient en commun)*, 
Herodote convient qu'il n'oferoit 
leur attribuer un pareil deborde- 
ment , s'il etoit certain qu'ils fiiffent 
Scythes. EfFeftivement les Loix du 
mariage etoient fort feveres parmi 
les Scythes , & Tadultere y ^toit or- 
dinairemept puni de mort. A Tegard 
de qe qu'on attribuoit aux Maffage- 
tes d'egorger leurs Vieillards pour 
les manger dans un feftin funebre 
qu*oU(.celebroit k leur honneur , j*ai 



SUE l'Exp. ve Cyrvs. Ilf 
montre ailleurs (iS) que ce n'etoit, 
ielon les apparences, qu'une &ble. H 
eft vrai que la pKipart des Peuples 
Scythes avoient la barbare coutume 
de feire mourir leurs Vieillards de- 
crepits; mais iis ne feifolent en cela 
que (e rendre aux prieres & aux 
infiances de ces Vieillards qui de- 
mandoient avec le dernier empref- 
fement qu'on les tirSt de la vie par 
une mort yiolente , parce qu'ils 
etoient dans Topinion que ceux qui 
mouroient de mort naturelle n'e- 
toient point re^us dans le Valhalla , 
c'eft-i-dire dans le fejour de la gloire 
& de la felicite. Au refte , il eft 
confhuit que ces Peuples briiloient 
leurs morts. Comme les funerailles 
d'un Scythe etoient une folemnite, 
oil les parens & les amis du defimt 
etoient invites & regales avec pro- 
fefion pendant pluiieurs jours ^ ii 

(it) Bi^ del Celt. Uy. II. CJk IV. £• stf'74% 



112 D I S C O U R S • 

ne faut pas etre furpris qu'onalt- 
accufe les MaiTagetes de s'aflembleri 
non pour enfevelir leurs morts , mais 
pour les devorer. 

3 ®. Enfin , &c c'eft-l^ ie principal , 
Herodote n*a connu ni la caufe , ni 
le fucces de la guerre que Cyrus fit 
aux Maffagetes. II dit que beaucoiip 
de puiffantes raifons poufferent le 
Roi de Perfe k entreprendre cette 
guerre , & il donne poiu" les princi- 
pales ; « premierement fa naiffance » 
»qui fembloit Telever au-deffus de 
>»la condition humaine; & en fe-- 
«cond lieu Theureux fucces qu*il 
« avoit eu dans toutes (es guerres. 
»De quelque cote qu'il portat fes 
»armes, il ne trouvoitaucun Peuple 
>>qui put lui refifter». De fembla- 
bles raifons pouvoient eblouir un 
Alexandre, un jeune etourdi qui, 
dans la vigueur de Page , n*ayant pas 
encore eprouve les caprices de la 
fortune, acquiefcoit k tout ce que fes 



suR l'Exp. de Cyrus. 113 

ilateurs lui difoient desmerveilles 
fa naiflance & de la force invin* 
[e de fes armes. Mais Herodote 
ce Texpedition de Cyrus contra 

MafTagetes k la derniere annee 
fa vie. Age de foixante & dix ans , 
Prince devoit fentir qu'il etoit 
nme comme les autres, & fa for- 
le, quelque grande qu'elle fut, n'a- 
It pas ete fans revers. Au refte ^ 
is verrons dans la fuite que Cy- 

eut une raifon beaucoup plus 
te d'attaquer les Scythes. , C'eft 
?, depuis un terns immemorial, ces 
iples avoient toujours ravage les 
)vinces dont ce Prince venoit de 
re la conquete , je parle de la 
•die & des Pays qui en d^pen- 
ient. 11 n'y avoit que quelques 
lees que les Scythes avoientaban- 
tine la Medie, apres s'y Stre main- 
lus durant 18 ans entiers. II etoit 
tic tres-naturel que Cyrus , apres 
oir conquis le Royaume des M^-^; 



114 DiSCOURS 
des, penfltaufli k s'enafTurer la poit: 
feflioii , & a le mettre k couvertdd 
incurfions d'un hote fi incommodei 
On ne peut pas douter qu'ii n'ait j: 
r^ujfli dans fon projet. D*un cbti^ 
Us Perfes avoient une grande iStc,' 
oil ils celebroient la m^moire de la 
defaite des Scythes; de Tautre, de- 
piiis le regne de Cynis les Scytbd ? 
fe tinrent en repos , & ne penferent ,j 
plus k ravager TAlie , cotnme ils Fa- j. 
voient fait fi fouvent; Je ne pr^ 
tend pas que Cyrus n'ait re$u quct 
que echec dans la guerre qu'il ft 
aux Scythes; mais je montrerai dans 
la fuite qu'il s'en releva , & qu'il 
n'eft pas poffible que les chbfes fe 
foient paffees de la m^nierc rap- 
portee par Herodote, L 

§. IV. Quoiqu'il en foit , puifque [ 
cet Hiftorien avoue lui-m8me qu'on i 
contoit la mort de Cyrus de difFid- i 
rentes fa^ons , dont il n'a pas juge k \ 
propos de faire mention, voyons fi i 



SVK VExp. D£ Cyrus. 115 
lous ne pounions pas decouvrir 
ians les autres Hiftoriens ce qu'il a 
trouv^ bon de fupprimer. Ecoutons 
pour cet effet ce qu'en difoit Ct^fiasy 
qpii avoit ecrit une Hiftoire de Pcrfc 
en XXIIL livres. Son Ouvrage eft, 
k la verite, perdu depuis plufieiu^ 
fiedes ; mais Photius nous en a con« 
Gnve des Extraits aiTez etendus , oil 
Ton trouve enabrege les principauic 
^eoemens de la vie de Cyrus. Je 
Gpus que Ct^fias eft un Auteur fort 
dl^crie, &qu'on Taccufe d'avoir d^ 
\nti y fans aucun jugement , les cho« 
ks les plus incroyables. Mais outre 
qu'Herodote n'eft pas exempt de ce 
defeat, & qu'il a merite par-lA d'etre 
appelle , non-feulement le Fere de 
THiftoire , mais audi le Pere des 
Fables, il eft certain d'ailleurs f 19) 



(29' Ariftot. Hift. Animal, lib. II cap I. lib. 
Till. cap. 2t & dcgencrat. Animal, lib 11. cap. 
X Voyf^- aaili Photius si la £n 4c Ton Extiait de 
rHi&oue dc Ctciias. 



ii6 D- iscouRS 
que les reproches qu'on a feit k Ct6c 
fias tombent principalement fur foa 
HiftQire des Indes , oh. il rapp.ortoit 
plufieurs chofes fur la foi des te- 
moins qui lui paroiffoient dignes de 
creance, mais qui s'etoient joues de 
lacredulite, ou quiavoient eteabu*^ 
fes les premiers. Je fjais encore < 
qu'on Pa accufe d'avoir ecrit foa 
Hiiloire avec beaucoup de partia- 
lite. Mais, fans repeter ici tout ce ^ 
qu'Henri Etienne (30) allegue pour 
le juftifier fur cet article , il eft 
bon de remarquer que Plutar- 
que , qui pretend que Ctefias etoit 
trop prevenu en faveur des Lkce- 
d^moniens , accufe Herodote d'un 
defaut encore plus odieux, c'eft d'a- 
voir parle de la plupart des Peu- 
ples de la Grece avec une noire 
malignite, Au refte , quand tous c^ 
reproches feroient fondes , il faudra 

(3 0} Hcnr, Stcph. ad Calccm Hcrodoti p. 6 3 1 . 
& prsfat. ad Fragra- Ctcfiae. 



5UR l'Exp. de Cyrus. 117 
-toujours convenir que Ctefias de- 
-iroit coimoitre , au moins , Tan- 
cienae Hiftoire de Perfe (} i). II avoit 
demeure 17 ans h la Cour d'Ar- 
taxerces, Roi de Perfe , qu'il fervoit 
eo qualite de fon Medecin. Le cre- 
dit oik il etoit aupres de ce Prince , 
III! avoh d'ailleurs procure la per- 
miflion de fouiller dans les Archi- 
ves & de confulter les Annales (3 2), 
oil , en vertu d'une ancienne Loi , 
Fon ccrivoittout ce qui arrivoitde 
plus remarquable dans TEmpire. 

() I ] Celt eft vrai ; nuis on n'cn condura ;a- 
fluU que Ct^as t ct^ on Hiftorien fidcle. Qu'on 
ca jagc par le nombre (TEcrivains on pr^enas , 
•amecluBSy oa ignorans qui ^crivcnt i'Hiftoire 
4e nos jean. Les ans ne Yoycnc que Icur ob/et, 
les ancres n'ecment que ce qu'ils Teulent, fup- 
ftuaent les faits oa en inventent qu'ils pnblient 
avcc SB Ironc d'airain : ceuz-lsk coachcnc fur le 
fopiefy fans aacon ezamcn, routes les Anecdote* 
.ft toote* les Relations dont on leur fait pare... 
H»tl cahos qoe THiftoire ! Sc combien la pof- 
t^te n'eft-eUe pas ezpofee a ajonter foi aux 
venTcniges des fbotbes accr^ites ? 
^i z, Diod. Sic. lib. 11. cap. 3 2/ 



ii8 DiscouR* 

Beaucoup mieux inftruit qu*H^rO< 
dote, qu'ilavoit fouvent occafionde 
relever , je ne vois pas que Gtefiai 
put avoir aucune raifon de rappor- 
ter les evenemens de la vie de Cy- 
rus autrement qu'il ne les avok 
trouves dans les Annales (33); & 
cela d'autant plus qu*il s'agiflbitde 
faits qui devoient etre encore de 
notorietc publique parmi les Per- 
fes(34). 

§< V. Voici done en fubftance ce 
que Ctefias rapportoit de la vie & 
» > • 

(a) Klen de plus concli^ant. Si Ctcfias ii'a<* 
Toit aucun intec^t de trahii la verite, de la dii^ 
ilmuler , s*il a eu la liberte de fouillei dans Icf 
Archives de la Nation , s'il etoit jvidicieux St 
cclaire, s'il ne fc propofoit, en ecrivanc THif- 
toiie, d*autre but que dMnftruiie la poiUrite de 
ce qui s'etoic palTe, il eft hors de doute qn'oa 
doic le regardet comme un Hiftoricn fidele. 

(34) Cyrus mouruc $ 19 ans avanc J. C. Ct^ 
iias fuc fait prifonniet par le Roi Artaxerc^ 
Memnon, & entra jL Ton lervice 40 1 ans avant J* 
C* Son Hifloire de Perfc fimfToic i I'an 19% 
tvant J. C, & celle d*Herodote va jufqu'i I'aA 
<4i| avant notre Ere Tulgaite. 



svR l'Exp. DE Cyrus. 119 

ies expeditions de Cyrus , fuivant 
tExtiBit que Photius nous en a 
doni^. 
u U difoit (35) qu'Aflyage , qu*il 

* appelle auili Aitygan, n'ctoit point 

♦ parent de Cyrus. Apres qu'il eut 
tete mis en fuite , &c qu'il fe fut 
» rendu k Cyrus, ce Prince Jc tira 
» au bout de quelque terns de la pri- 
» fon , rhonora comme un Pere , & 
» epoufa meme fa fiUe Amytis qui 
»etoit veuve de Spitama. Enfuite 
» Cyrus fit la guerre aux Baftriens, 
f & dans une bataille quife donna. 
If Tavantage fut a peu pres egal de 
i»part& d*autre. Mais les Badriens, 
If ayant appris dans ces entrefaites , 
If que Cyrus en\uibit bien avec Af- 
f» tiage , & qu'il avoit meme epoufe 
y ia fiile , fe foumirent volontaire- 
lament k Amytis &c k Cyrus, 



(3s) Phocii Biblioth. Sc^l. LXXII. p. lo6, ^C 
kk Calcc Reiodoti p. ^37* 



110 D I S C O U R s 

>> Apr^s cela Cyrus tourna 
^ armes contre les Saces ^ & d 
»> cette guerre il fit prifonnier le ] 
» Amorges ,mari de Sparethra. C< 
h Prinreffe,ayant appris que fonn 
» etoit entre les mains de Tenne; 
»>aflembla une arm^e de 3oo< 
» hommes & de looooo femmes 
» marcha contre Cyrus,qui fut vi 
» cu,& fait prifonnier (3 6), avec I 
f^ mifes, frere d*Amytis , & troij 
» fes fils. De cette maniere Amoi 
yf obtint fa liberte, ayant et^ ^cha 
pf contre les prifonniers Pe^j^es. 

» Cette guerre etant termiiii 
» Cyrus marcha contre Crefus , 
^ aifiegea la Ville de Sardes , Am 
» ges Tayant fervi dans cette gu€ 
>> en qualite d'allie. 

» La derniere expedition de ( 
V rus fiit celle qu'il entreprit coe 
» les Derbices,qui avoient pour 1 

(3^ ) Jc Tuis ici la vcrfion commune. > 
Ic paiTage Gccc ci-deiTousj X. note (82). 

wAmorrh 



\ 



suR l'Exp. de Cyrus, m 

T ^Amorrheus. Ces Derbices s'etant 

i »niis en embufcade avec leurs ele- 

^pfaans, batlirent la Cavalerie des 

#Perfes : Cyrus lui-mcme fat ren^ 

i^verfe de fon cheval, & bleffe 

9P daagereufeinent a la cuiffe par Tun 

i»des Indiens qui etoient venus au. 

i^fecours des Derbices , & qui leur 

»avoient amene des clephans. Les 

» g#»ns de Cyrus , I'ayant rele vc , le 

» porterent au camp. II pcrit dans 

|S» cechoc beaucoup de Perfes, & au- 

» tant de Eflrblces , la perte ayant 

ete de locoo hommes de chaque 

cote. Amorges , informe de ce qui 

etoit arrive a Cyrus, s'avan^a k 

grand pas , menant avec lui loooo 

hommes de Cavalerie Sace. II fe 

donna l^-defTus une batailie entre 

les deux armees. Les Perfes &c les 

Saces y remporterent une vidoire 

i^;nalee , Amorrheus ayant ete tue 

\fsr£c deux de fes fils & trente mille. 

tomclU. - F 



m T> 1 s c o V R I 

>f Derbkes , an lieu que I< 
»ne perdirent que 9000 
nDe cette maniere le P 
n Derbices fut foumis k 
f> Ce Prince , voyant appr 
9^ fin , etablit Roi Cambyf( 
f» aine. II declara Tanioxar 
n fecond fils. Seigneur des E 
H des Choramniens > des P< 
»des Carmaniens, ordonn 
» poffedat tous ces Pays 
» payer aucun tribut. Les 
n de Spitama , f^avoir Spitad 
f^ gaberne furent nommes le 
» Satrape des Derbices , & I 
ndes Barcaniens. 11 ordon 
» Princes d'obeir en toutes 
» !eur Mere. Enfin il voul 
donnaffent la main k Am< 
»qu'ils fe la donnaffent 
»pour marque d'une ami 
w'proque, fouhaitant toute 
H profperites k ceux qui Tei 



1 



5UR L*Exp. DE Cyrus, ii) 
I »iT0itnty6c donnant famaledidion 
r »k ceux qui entreprendroient de la 
» vioJer. Ayant prononce ces paroles, 
nH mourut le troifieme jour de fa 
»bleflure , apres avoir regne trente 
n ans. Cambyfe , etant ainii parvenu 
i»i la Royaute , fit conduire le 
» corps de fon Pere en Perfe par 
^rcunuque Bagapates , & executa 
f»tout de la maniere que Cyrus Ta* 
:»voit ordonne>». 
5. VI. Voili en abrege ce que 
Itefias difoit des expeditions de Cy* 
que j'examine, & de fa mort. 
ne vojs rien dans fa narration 
peche contre les Loix de la 
iferftblance , & qui ne s*accorde 
divers morceaux de lUifloire 
Pcrfe qu'on trouve dans les Ou- 
des Anciens , tant Geogra- 
quHifloriens. Je vais le mon- 
cn peu de mots, apres avoir feu- 
averd que je n'ai pas cru 



114 P I s <i o u B 
4evoir donner ici un Ext 
nophon , comme je Tai £ 
dote & de Ctefias. Apre 
& relu la Cyropedie avec 
d'attentfon , je n'y ai tro 
beau Roman oii I'Auteur 
de tracer le portrait d'ui 
& d'un grand H^ros , ms 
feut pas chercher , pour 
des termes de Ciceron , 1 
Hiftorique (38). Quand 
autrement, Xenophon, qv 
folt plus favorable que 
ne me fournirolt cepends 
lumiere pour decider les 
que j'examine. II dit, h 
dans une efpece de Prefat 
voit a la tete de fon Hiftc 
rus , que ce Prince fe rei 
4e la B^ftriane , & du Pc 



. /|«) Cicero Epift. ad quint. £ 
]Epift..i. 



5uft t^Exp. DE Cyrus. 115 
?5; mais , au refte , il ne fait au- 
ine mention de ces expeditions 
ns le cor]ps meriie de fon Ouvrage. 
reviens prefentement k Ctefias. 
5. VIL Cet Auteiir affuroit done 
? Cyrus i apres avoir foumis Ici 
des , fit h guerre k quelques Peu- 
5 barbares qui etoient etablis au- 
fus de la Medie, vers la Mer Caf- 
ane. C'eft de quoi tous les autres 
koriens demeurent d'accord. lis 
lifFerent de Ctefias , & entre eux, 
f par rapport au nom qu'ils don- 
tt k ces Peuples. Juftin les appelle 
thes (39). C'eft un nom com- 
n que les Grecs donnoient k tous 
Peuples du Nord. Ctefias lesap- 
le Saces (40) , parce que les Per- 
defignoientfous ce nom tous les 
pies Scythes. Jomandes les ap- 



^) JuHijt. lib. I. cap. S. 

o Hrrodoc. lib. vii. cap. €j^, 

- Fj 



ii6 D I s c o u R s 

pelle Getes C41) ; c'eft le nom qu^^ 
portoient en Europe , au-deli d\l 
Danube,oii lis avoient leiirs ancicn- 
nes demeures. Enfin Herodote lea 
appelle MafTagetes; c'eft iin furnoa 
qu'ils portoient en Afie, & oh leui 
nom prppre de Getes entroit, feloi 
Its apparences , pour quelque chofe 
§• VIII. Si on me demande, apri 
cela, quel Peuple etoient ces Sacc 
^ qui Cyrus fit la guerre , felon Ct^ 
fias , je repondrai que c'etoient dc 
Scythes qui avoient paflK d*Europ< 
en Afie , oii ils avoient fait pliifieut 
etablifTemens tres-confiderables. Jv£ 
tin le fuppofe ainfi. Parlant desScy* 
thes, il dit (41) qu'ils ccontcon* 
»traint Darius, Roi de Perfe, i 
» s'enfuir honteufement de leur Payi 
» oil il etoit verm les attaquer ; quil 
»ont taille en pieces Cyrus ava 

w toute fon armee ; qu*ils ont H 

- I — ^ 

(41) Jornand. Getic. cap. X. p. ^24. 

(42) juAin. lib. U. cap. i.U lib.xxxvii.M 



S0R l'Exp. de Cyrus, iij 
truit Zopyrion , General d'AIexan* 
dre-le-Grand, avec toutes fes trou- 
pes; qu'ils ont mis en fuite Phi- 
ippe , Roi de Maccdoine ». II eft 
nnu que les Scythes que Darius 9 
; d'Hyftafpes , vint attaquer en Eu- 
pe , etoient des Getes qui demeu- 
ent au-del^ du Danube , fur le- 
el ce Prince fit jetter un pont 
ur porter la guerre dans leurPays. 
i f9ait aufli ( 43 ) que Zopyrion, 
i commandoit en Thrace pour 
?xandre-le-Grand , ayant entre- 
s. Vint expedition contre les G^- 
, y perit avec toute fon armee^ 
Mais de peur qu'on ne m'objefte 
que ce paffage de Juftin prouve, 
I verite , que Cyrus , Darius Hyf- 
pe , Zopyrion & Philippe de 
icedoine furent tous battus & de- 
ts par des Scythes , mais qu'il ne 
oit , peut-etre , pas fur d'en con-. 

\m) Q. Corcius lib, X. cap. i. fin. 

F4 



>i8 DiscouRs 

dure que ces difFerens exploits dor 
\ent Stre attribues k un feul 6cmif 
me Peuple ; j'ajouterai que Scymniis 
de Chio rapporte (44) , apres quel- 
ques Auteurs plus anciens qu'il nc 
nomme pas , qu'une partie des Scy- 
thes Nomades , dont Anacharfis ^oit 
iffu , avoient pafle & s*^toient ^ta- 
blis en Afie,oii iis avoient re9u le nom 
de Saces. Nicolas de Damas difoit 
auffi (45) que les Scythes qui chat 
ferent Darius de leur Pays , etoient 
les memes de qui Anarcharfis tiroit 
fon origine , & dont les femmes, 
qu'on appelloit Amazones , avoienti 
porte la guerre dans le Pays d*Ath^j 
nes & en Cilicie. On ne contefte pai I 
que le Philofophe Anacharfis ne fim 
de la famille Royale des G6tes , que< 
Darius Hyftafpes vint attaquerciu 



(44^^ Scymnus Chius p. 37%. edente Th. Rye-* 
kio ad Steph. Bizanc. Lugd. Batav. 

(45) Nicol. Dlmafc. ap. Stob. 
j^. I X t. ^ in Excerpt. Valcf. p. 



. edente Th. Rye-* 

atav. 1684. j 

b. Serin. xxxvillJ 

SIX* I 



suR l'Exp. de Cyrus. 119 
furope(46), & au-dela du Danube. 
. Enfin Hcrodote avoue lui-mcme 
(47) que le motif ou le prctexte de 
h guerre que Darius fit aux Scy- 
thes, fut de chatier dans leur propre 
Pays des Peuples qui avoient en- 
vahi la Mcdie & fubjuguc la plus 
grande partie de TAfic mineure. 

Pour eclaircir & pour confirmer 
encore mieux ce que je viens de 
r, U efl bon de remarquer que, 
mis pluHcurs ficdes^ les Scythes > 
il s*agjt ici , avoient pris la 
lime de faire de fr<Squentes in- 
'^on? en Afie , c'cft4-dire dans 




IJO DiSCOURS 

fiftance de leiirs troupeaux. N' 
point de demeure fixe , ils fe 
portoient continuellement 
contree a Tautre , & tiroieni 
nairement vers le midi. Apres 
curent une fois paffe le Danul 
s'avancerent infenfiblement 
THellefpont, & vers le deti 
Conftantinople. Decouvrant 
im tr^s-beau pays, dont ils n'd 
fepares que par un bras de m 
^troit , & ^ont les habitans i 
pen en etat de leur refifter , 
rent le trajet fur des barques, 
des radeaux , & ravagerent t 
qui fe trouva fous leuis pas. 
que les premiers eurent un 
paff6 , il en panit tous les )o 
Bouveaux effains. Juftin preter 
ks Scythes n'entrepfenoient d 
peditions fi eloignees, que p< 
luftrer leur nom. » Ils cherchc 
99 dit-il (49) , la gloire , & nc 

(47} Juliin. lib. I. cap. i. lib, II. cap. 



suR l'Exp. de Cyrus. 131 
•ffimpire n. Quand la chofe auroit 
^evraie, les Scythes n'en eufTent 
pas etc plus louables. N'efl - ce 
JUS annoblir rmjuftice & !.i tu- 
reur^que de pretendre qu'iin Gr'^r- 
rier puiflfe acquerir de la glo-re, 
ea ^ttaquant & en tuant des hom- 
ines de qui il n'a aucun fujet de fe 
plaindre ? Jufiin auroit bien plus ap- 
proche de la veritc , s'il eut dit que 
Ics Scythes etoient des brigands, 
qui ne penfoient qu'^ piller & ^ fe 
pourrir du travail d'autrui# Des Peu- 
ples qui n*avoient point de demeure 
fixe , & qui ne vouloient pas renon- 
ccr k leur ancienne maniere de vi- 
Tre , ne pouvoient avoir la penfee 
^batir desvilles, de fortifier des 
•(Mteaux , & d'y etablir des garni- 
fens. Quand ils avoient tire d'un 
pays tout ce qui pouvoit les ac- 
commodet , des qu'ils yoyoient 
que les habitans etoient ^uifes, ils 
pcenosent le parti de s'en retourner 

F6 



X32. Dl SCOURS ^ 

d'oti ils etoient venus. II pare 
pendant qu'ils ne fe retiroien 
tous. II y en avoit plufieurs qui 
commodant beaucoup du clin 
TAfie mineure, & de Taboni 
qui y regnoit , abandonnoient 
compatriotes & leur maniere < 
vre , pour fe fixer dans les coi 
qu'ils trouvoient k leur bienfc 
Ordinairement ils n'y renconti 
pas de grandes difficultes > 
que les anciens habitans du 
n'^toient pas fSches d'avoir 
Maitres des Guerriers, qui, po 
. tribut tres-mediocre (50) , 
. gnoient & defendoient le pa] 
ils s'etoient etablis , pendant 
faifoient des courfes contini 
dans toutes les Provinces voi 
C*eft Torigine de plufieurs Sc 
rainetds que les Scythes avoiej 
Afie , & dont je parlerai dans 
■ ' ' " i«^^"«««i»iw^i«ii^ 

(5<»)J«ftin. II. cap. !• 



suR L*Exp. DE Cyrus. 13 j 
fe.Difcours fuivans. Jc me con- 
feme de dire ici un mot dcs Peuples 
&ythes, auxquels Cyrus rit la guerre. 
*Ctefias nomme les Badriens & les 
5aces. Les Baflriens ctoient des Scy- 
[ thes (51) , ou , comme Strabon les 
appelle , des Saces (52) , qui s'etant 
rendus maitres de la Baftriane , 
avoient pris, ou re9u , le nom du 
Pays qu'ils avoient occupJ-. lis* de- 
jneuroient au-defTus de la Medic , 
le long de TOxus (^5 3)' Les Saces 
itoient d'autres Scythes quis'etoient 
Aablis k rOrient de la Mer Cafpien- 
ne , comme on le voit dans Strabon 
(54). Eraftothene les plagoit (55) 
ilans la meme contree , au-dela du 
laxarle. II faut que ces Scythes euf- 
feot pafle en Afie de fort bonne 



(Sijjuftin. II. r. 3. 
{szjSttaho XI. p. s 1 1- 
(53) Ibtd p. 513. 514. 5 17. 
{54; /W. p. J 5 1. 
lis) Ibid, 2* 5*i* 5I4.5I7. 



134 D 1 s c o u R s 

heure , s'il eft vrai qu'ils y i 
d6]k du tems de Niniis , Roi d 
rie. Ceft un fait que J'exam 
ailleurs. II me fuffira de par 
de la derniere expedition de5 
thes , qui tombe fur le comn 
ment du regne de Cyaxare 
des Medes (56). 

Les Cimmeriens , chaffes de 
rope par les Scythes, ayant p; 
Afie, les Scythes conduits pa 
dyes (57) fe mirent k leur 
fuite, & les ayant manques, 
terent fur la Medie qu'ils pc 
rent pendant 18 ans. Au bout 
terme > ( 5^ ) Cyaxare trou 
moyen de chaffer les Scythes . 
rentrer dans la poffeffion de fes 
H^rodote(59) dit que Cyax 

(56) 624 ans avant J. C. (Dcs Vignol 
aol. dc THift. Saintc T. II. p. 2$%. 271. 

(57) Herodot. lib. I. cap. 103. 106. ] 

12. VII. 20. 

(58) Avant J. C. 59^. 

(5^) Hezodot.l. ca^. xotf. IV. u dc j{ 



suR l'Exp, de Ctrus. 135 
ks Hides, ayant invite les princi- 
pux des Scythes k un feilin, les 
' JoafTacrerent pendant qii'ils etoient 
dans Ty vreffe. Juflin ne fait aucune 
.mention de cette particularite , & 
dit feulement ( 60 ) que les Scy- 
thes retoumerent dans leur pays, 
oil lis eurent une nouvelle guerre k 
foutenir centre leurs propres efcla- 
ves. L*un & Tautre eft vrai. Les 
Scythes ayant perdu leurs Chefs , la 
plus grande partie de leur armde re- 
tourna en Europe , comme Hero- 
dote (61) le reconnoit lui-m8me, 
pendant que I'autre partie fe refugia 
chez les Saces , voifins de la Medie. 
On peut le conclure affez natiirelle- 
ment d'un feit rapporte par Hero- 
dote dansun autre cndroit. II dit (6x) 
que , dans iine fedition qui s'eleva 
parmi les Scythes Nomades , un Ef- 



(60) Juftin. lib. II. cap. 5. 

(6 1) Hciodoc. lib. IV. cap. i . & 4* 
^4 i; Id. lib. I. cap. 7 j*74. 



•136 D I s t o V k 

GSldron de ces Scythes s'ec 
fe retira en Medie , oii Cy 
re^ut favorablement. II s'c 
ce paffage , des Scythes qi 
roient fur les frontieres de 
& non pas de ceux qui ct 
tournes en Europe. Ce q 
me la chofe, c'eit que Cya^ 
dans ce tems-Icl la guerre 
Scythes ou Saces , fes voil 
ce que Diodore de Sicile 
apres Ctefias , au fecond 
{on Hiftoire. On y lit (63) 
Parthes, qui etoient auffi i 
Scythe venu d'Europe (( 
tant fouleves contre les N 
mirent fous la pr^teilion d 
qui les foutinrent de toi 
forces ; & apres que la g\ 
dure plufieurs annces , la f 
enfin , aux conditions que 



suR l'Exp. de Cyrus. 137 
Aes rentreroient foiis robeiffancc 
de leurs anciens Maitres , & qu'il y 
•auroit d^formais une paix & une 
•alliance perp^tiielle entre les Saces 
& les M^des. Ce fiit dans cette guerre 
(65) de Cyaxare avcc les Saces > 
^e ceux-ci perdirent leur Roi 
Marmaris (66) , & que la Reine 
Zarine , la veuve , eut a vec un Sei- 
{oeur M^de, nommci Stryang^e, 
les avantures que M. Boivin Tain^ 
raconte (67) d'une manicre fort ^tert- 
due , mais qui tient beaucoup plus 
dtt Roman que de THiftoire. 

§. IX. On voit prefentement 
qu'elle fut la caufe de la guerre que 
Cyrus fit premi^rement aux Bac- 



(i^) Diodorede Sicile, qui fuit ici Ctcfias, 
rtppelle jirtihdrnat ou AJltbaras ; mais il remar* 
^oe , qaelqoes lignes apres, que ctt Afliharat fut 
pere d'jipdndat, que les Grecs nomment jiJiU^e, 
(Diod Sic. lib. II. cap. 34.) 

(66) Nicol. Damafc. in Excerptis ap. Valef. I. 

{67) Mcmoirc; dc TAcad. dcs IWcrlut. T. II. 

p. 14. 62. Vil. 42.8. 



138 . D I s c o x; R 5 
triens , & enfuite aux Sace^ , 
voifins. Tant que Cyriis fut fi 
flient Roi de Perfe , il n'eiit 
demeler avec les Scythes>qui ei 
fort eloignes de fes Etats. Les ] 
avoient leurs anciens etabliffe 
dii cote de la Mer rouge (68). 
ce Pnnce, qui n'etoit point j 
d'Aftiage , ayant acquis la M 
non piar droit de fucceffion, 
par la force des armes , les Bai 
qu'Aftiage avoit menages, & 
lui etoient fort affeftionnds , 
niencerent^ remuer, & prin 
armes pour le tirer de fa j 
Dans les Batailles qu'ils livre 
Cyrus , Ta vantage fiit h pei 
egal de part & d'autre, M^ 
Baftriens ayant appris dans c 
trefaites , que Cyrus en ufoi 
avec Aftyage , & qu'il avoit- 



{^«J HclBtot. I. 37. Strabo XI. p. j 
718. 



svR l'Exp. de Cyrus. 139 
^u{6 Amytis, fille de ce Prince, 
k. veuve de Spitama , fe foumircnt 
rolontairement au nouveau Roi & 
lion epoufe. Apres cela Cyrus fut 
oblige de toumer fes armes contrc 
Irs Saces, qui ayant un traite de 
fux & d'alliance avec le Roi des 
Mides , ne fe croyoient pas obliges 
ikrobferver avec TUfurpateur de 
ion Royaume. Le commencement 
de cette guerre fut favorable k Cy- 
lus. Ct^fias dit qu'Amorges , Roi 
des Saces j fut fiiit prifonnier par les 
Perfes , &, felon les apparences , ce 
oalbc^u- lui afiiva par manque dc 
pr^ution plutot que de bravoure* 
On ie voit dans Strabon , qui ^ par- 
hnt de la guerre de Cyrus contra 
les Saces , rapporte (69) que n les 
» Saces fe rejouiflbient & faifoient 
» bonne chere , du butin qu'ils 
» avoient gagne fur Tennemi : les 

(ify Strabo Ub. XI. p. 5 <• 



^40 DiSGOURS 

» Generaux Perfes , qui etoie 
» le voifinage , les attaquei 
» detrviifirent entierement 1( 
M mee. . . . D'autres , ajoute ' 
» (70) , racontent la jchofe ( 
» maniere* Cyrus ^ ayant e\ 
» une expedition centre les 
» fut battu & contraint de ] 
»la fuite. S'etant done reti 
>> ie camp oil il avoit laiffe 
» gage , & ou il y avoit abc 
» de provifions , furtout de 
» fit repofer fon Armee, Vei 
» il fe remit en marche , faifa 
»blant de fuir, & kiflant 
» tes remplies de vivres & < 
^>fons. Apres s'etre eloigne 
»qu'il le criit neceffaire, il 
» alte a fon Armee. Les Sace! 
» mis a pourfiiivre leur enn< 
» ayant trouve le Camp de 
» abandonne & bien fourn 
» * ""■- -.. . >^ , - - . ,. — , 

(70^ Id, ibid. 



suR l'Exp. de Cyrus. 141 

litres & de vin , (e gorgerent de 
jii:es provifions. Cyrus etant revenu 
nhr fes pas^ lestrouva plonges dans 
llvreffe. Ainfi les uns fiirentmaf* 
»fii€res , pendant qu'ils etoient enfe- 
tvelis dans un profond fommeil j 
n les autres, qui avoient quitte leurs 
Hermes pour danfer & pour faire la 
wie^anche , ne firent pas plus de 
»refiflance k un ennemi arme, de 
» forte que la plus grande partie de 
»l'Armee des Saces perit dans cet 
yendroit. Cyrus attribua cette vic-» 
»tpire au fecours des Dieiix, & 
»confacra le jour oil il Tavoit rem- 
•portee k la Deeffe (71) qu'U fer- 
tyoit a la maniere de fes peres ; il 
» donna a la fete le nom de Sacxa. 
i^On celebre cette fete dans tous les 
»lieux , oil il y a un Temple de la 
i» Deeffe. C'efl une efpece de folem- 



il 



(71; C'^oit la D^efle Aruutis , comme Stra- 
^ \om I'aToic dit on pea plus haat. V§jez. fur cecce 
Utgc le Livrt UJ, 4e Vmftoirt dn Ctltes , Clu« 



^40 DiSGOURS 

» Generaux Perfes , qui etoient dac 
» le voifmage , les attaquerent t 
» detruifirent entierement leur A) 
M mee. . . • D'autres , ajoute Strabfi 
» (70) , racontent la jchofe de cet 
» maniere* Cyrus ^ ayant entrepfi 
» une expedition centre les Saces 
» fut battu & contraint de prend] 
» la fuite, S'etant done retire dai 
>> le camp oti il avoit laiffe fon b 
» gage , & oil il y avoit abondan( 
» de provifions , furtout de vin , 
» fit repofer fon Armee. Vers le lb 
It il fe remit en marche , faifant fee 
>>blant de fuir, &: ImfTant les tei 
>> tes remplies de vivres & de boi 
^>fons. Apres s'etre eloigne autai 
» qu'il le crut neceffaire, il fit fail 
» alte k fon Ai"mee. Les Saces s'et^ 
» mis k pourfuivre leur ennemi , i 
» ay ant trouve le Camp des Perf 
» abandonne & bien fourni de v 
t^ " ■ ■ , . . — t 

(70^ Id, ibid. 



svR l'Exp. de Cyrus. 141 

n^res & de vin , fe gorgerent de 

•» ces provifions. Cyrus etant re venu 

niuT fes pas^ lestrouva plonges dans 

• rivreffe. Ainfi les uns fiirent maf* 

»ia€res , pendant qu'ils etoient enfe"" 

yyelis dans un profond fommeilj 

n les autres, qui avoient quitte leurs 

)>3rmes pour danfer & pour faire la 

i>(le})auche , ne firent pas plus de 

^ f»r^flance k un ennemi arme, de 

» forte que la plus grande partie de 

i^PArmee des Saces peril dans cet 

yendroit. Cyrus attribua cette vic-» 

-* »tpire au fecours des Dieux, & 

vconfacra le jour oii il Tavoit rem^ 

portee k la Deeffe (71) qu'U fer- 

tvoit k la maniere de fes peres ; il 

»> donna a la fete le nom de Sacxa. 

i>On pelebre cette fete dans tous les 

»lieux , oil il y a un Temple de la 

i^Peeffe. C'efl une efpece de folem- 



(71) C'^oit laD^efle ^ff4i(fi, comme Stra- 

on I'avoic dit an pea plus haut. Vrfez. fur cecce 

-Aiefle le Lhfrt UJ, 4e VHifioir^ da dltcs, Cha; 



!i 



141 DiscotirRS 

f>nit6 bacchiqiie , qui dure un joftf 
»& une nuit : pendant tout cc 
n terns , les Perfes , tant hommes que 
» femmes , habilles k la maniere del. 
»» Scythes , bolvent enfemble & don* | 
>» nent dans les jeux &c les plaifirs 
n que le vin porte avec foi. » . . ^ 

On ne peut done pas douter qu^ 
Cyrus n'eut remporte d'abord de| ^ 
grands avantages fur les Saces , puif^ ■ 
que ces heureux fucces donnerent^ , 
lieu k rinftitution d'une fSte an« ■ 
nuelle , dont une foule d'Hiftorien^ ^ 
out fait mention , & pendant la* " 
quelle les Perfes celebroient avec^ , 
de grandes demonftrations de joie ^ 
la memoire de la defaite des Sacei^ ; 
par ce Prince. Ce fut , felon les ap-, j; 
parences , dans le meme terns que^ f 
Cyrus fit conftruire & fortifier fur, I 
le bord du Jaxarte la ville de Cyflj . 
(71) , pour couvrir les Frontieres dC| ^ 

(72) Strabo XI. 5x7. Airiaa. Exp» Alex. Xl« = 
f, X41. a^J* I = 



suR l'Exp, de Cyrus, 143 
fon Empire centre les incur- 
ns des Saces. 

tl paroit , par ce que je viens 
xpofer , que jufqu'ici le recit 
Ctefias eft affez conforme k 
que d'autres Hiftoriens ont rap- 
rte de Texpedition de Cyrus 
titre les Saces, Mais continuons 
ntendre Ctefias. » La Reine Spa- 
ethra , epoufe d'Amorges , ayant 
ippris que le Roi fon mari avoit 
:te fait prifonnier par les Perfes,af- 
embla une Armee de 3 00000 hom- 
nes, & de 100000 femmes, k la 
:ete defquels elle niarcha contre 
Cyrus , qui fut vaincu , & pris par 
les Saces avec Parmifes , frere de 
ta Reine Amytis , & trois de fts 
fils, Des Prifonniers fi-diftingues ^ 
que Ton avoit fait de part & d'au- 
tre , faciliterent un accommode- 
■ment entre les deux parties belli- 
^rantes , je Roi , Amorges ayant 
^te mis en liberte , apres qij'aa eut^ 



X44 D I s c o u R s 

j^relache les Prifonniers Pejrf 

Cette Armee de trois cens r 

hommes ^ que ies Saces avoient 

fur pied, n'aura rien d'incroya 

fi Ton vent cGnfiderer<}iie,parni 

Peuples Scythes , tous les hoir 

feits portojent les armes , & c 

dans des cas de neceffite , les Nat 

eatieres alloient k la guerre. I 

dore de Sicile (73) remarque d 

Ifurs expreijement que les Si 

etoient une Nation puiffante , 

avoit reiifti pendant plufieurs 

nees k touted les forces des Me 

II n'eft pas plus ctonnant que c 

grande aniie,e fut commandee 

i\nePrincefle, &c qu'elle futforti 

d'un corps de 200000 femmes, 

montre ailleurs (74) que les f< 

mes des Scythes fuivoient leurs 1 

iris i^ la guerre , & que celles 

(73) Diod. Sic. II. cap. 34. 

(74) Hiftoiie des Celt. Liv. |. Ch. z. Liy 
0^jf. 14. 

Sarma 



L l'Exp. de Cyrus. 145 

fe battoient centre Tenne- 
Scythes .etablis en Afie," 
burni des Armees enti^res 
les ; & il n'y avoit encore 
Iqiies annees qu'on avoit 
ine Zariria (75), dont j'ai 
tion (76) , commander les 
des Saces, foutenir avec 
la guerre contre Cyaxare ^ 

Medes, faire de grandes 
?s fur les Peuples voifins i 
Ter toutes les perfonnes de 
, par fon courage & par 
Fe. Diodore de Sicile, qui 

ces faifs , ajoute expreffe- 
) que les femmes des Saces^ 

& va.Ilantes autant que 



om de Zarina, qui , fans aucun chin* 
;nifie en Ruflien , une Princejfe , celui 
, que poitoic la Ville Capicale def 
Dtmafc. in Excerp. Valcf. I. p. 437-) 
t prefque doutec qu'ils ^coicAC 11^ 
lace. 

ci-deflus $. VIII. in fin. 
d. Sic. lib. II. cap. 34* 



^4^ D I s c o u R s 

leurs maris , partageoient a^ 
tous les perils de la guerre. 

§. X. Photiiis n'ayant dor 
de courts extraits des Ouvr 
Ctefias , il faut voirfi nous n 
rions pas trouver ailleurs 1 
des faits que ces extraits 
qu'indiquer. Comme les Sa 
voient tous a cheval ^ & q 
Armee etoit fuperieure en 
k celle des Perfes , je ne 
point qu'il ne faille placer 
que Diodore de Sicile rapp 
Livre XVIL de fon Hiftoi 
ff que dans Tune des expedit 
» Cyrus , les Ennemis lui co 
wles vivres, & le pouffere 
» des deHles Sc dans un p 
>>culte, oil ks troupes fo\ 
» beaucoup de la faim , &c < 
)» auroient toutes peri , les 
i^ ^tant dej^ reduits k fe mai 

(78) Diod Sic«xvu. cap. 81. 



SVR lExp, de Cyrus. 147 
ns les autreSy fi im Peuple voi- 
n , 'que Ton appelloit Arimafpes , 
*avoit trouve moyen deconduire 
PArmee des Perfes un convoi 
e 3000 chariots charges de bled 
n confid^ration de cet important 
irvice, Cyrus les d^chargea de 
>ut impdt J leur fit de riches pr^- 
ins 9 & leur donna le nom de 
ienfaiteurs qu'ils portoient en- 
>re du terns d'Alexandre-le- 
rrand (79) ». 

!^omme Quinte-Curce ajoute que 
Arimafpes , qu'il appeHe Agriat 
(80) p foumirent non-feulement 
vivres aux troupes de Cyrus, 
is qu'ils leur ouvrirent encore 
rs propres maifons, il y a appa- 
ce que ce Prince , apres que fon 
nee eut 6t6 un peu retablie par 

79)S€raboXV. 7*4, 

lo) Curcins , lib. yi. cap. 3.) Arrien les ap« 

€ aalG AS<i>^P^« ( Arlan. £zp. Alex, ii^ 

Gx 



<t4S DiSCOURS 
les provifions qu'on>lui avoit am 
n^es f fe mit en marche pour t 
tourner en Medie , & qu*il travel 
le pays des Arimafpes , oti les S< 
dats fe remirent pleinement de tc 
ce qu'ils avoient foufFert de la fa 
& du froid. Ce fut vraifemblab 
ment pendant cette niarche , qi 
fe donna un cHoc , ou vine batailj 
d^s laquelle les Sace$ eurent 
deffus , 6c prirent , finon Cyrus 1 
mSme^ aumoins quelques Seignei 
diftingu^s de fon Arm^e (8i). I] 
eut apr^s Qeh des pourpat^krs , 
popfequence defqu^ls les Prifc 
piers furent rel^ches de part §c d'j 

(s i) Le Grec pone.... xai yiKx Kvfoy , 
wWafiCuyu f ftfiaif , ^itcc koU ctAAcdY wAiiV' 
Xletpf^fffnl T« Til 'A^i/Tiof a<riA(po>,>tai Tpi?f a 

KeLKvw d (ftih^cui, (Excerpts c^ Ccefii in O 
Herodoti p. tf 3 S. ) Antant que |e puis en jug 
U fauc traduiie de cette o^ani^re ; JEtCywumvi 
mivofque fsfitfpr4tn pluru tUios, Psrmifem An 
fr^trem , ^ tret film fjus , proftir qnot pofiti jfy 
ju Ohfr^tHf^ quQd & iffi UkirAfifMiJfenf, 



SVK l'Exp. de Cyrus, 149 

e 5 & le Traite que Cyaxare avoit 
mclii autrefois avec les Saces , re- 
3uvelle & confirme, Ce Traite 
bfiftoit encore du terns de Darius* 
odomannus ^ qui , felon la remar- 
le d'Arrien (8i) , avoit , dans TAr- 
ee qu'il oppofa a Alexandre-le* 
rand , un corps de Troupes Saces, 
id fervoient en qualite des confe- 
eres & non pas en qualite de fujets« 
§. XI. Ctefias ajoutc » que la 
guerre avec les Saces ayant ete ter- 
minee de cette maniere , Cyrus 
marcha contre Crefus , Roi de Ly- 
die 9 & aili^gea la ville de Sardes ; 
Aniorges , Roi des Saces , Tayant 
accompagne dans cette expedition 
en qualite d'allie^ ». On voit par-li 
ue la guerre de Cyrus contre les 
aces doit 6tre plac^e non pas k la 
n de fa vie , comme Ta fait Hero- 
ote , mais dans Tefpace de terns qui 

(«2) Ariian. Exp. Alex. iii. p. 17 x* 

G3 



IJO D 1 S C O U R 

s'ecoula depuis la defaite i 
& la conquete de la Medie 
foumife par Cyrus Tan di: 
fon regne (83) , 5 50 ans av 
jufqu'a la guerre de Lydie , 
lin (84) rapporte. k la LVIII 
piade , c'ett-^-dire, k Tan 5 
TEre Chretienne, 

§• XIL La derni^re con 
Cyrus fut , felon Ct^fias , 
Derbices , Peuple voifin de 
mais il fut blefTe dans cetu 
tion , & mourut au bout 
jours, comme je Tai rapp 
haut* II y a ici deux raifons 
firment le recit de Ctefias , 
rendent beaucoup plus prol 
celui d'Herodote. 

I . Si Cyrus avoit peri 
Armee dans une expeditio 

(83) L*an4i64 dc la P^riodc Ju 
DCS Vignolcs Chronol. de THiftoi 
11. p. J 51. 

(i^jSolin. cap. i.p. i. 



suR l'Exp. de Cyrus. 151 
s Scythes , on auroit de la peine k 
>fnprendre qu'aucun des Peuples 
i*il avoit foumis pendant un regnc 
r 30 ans, n'eut remue aprcs famort^ 
que Carobife , fon fils & fon fiic- 
ffeur y au lieu de penfer a repouf*- 
r les Scythes , eut forme , des le 
mmencement de fon regne, le 
ojet de foumettre I'Egypte. 
2, La feconde raifon efl encore 
us forte^ Les Perfes mcntroient 
5) i Paffargada lefepulcre de C^- 
s , magnifiquement orn^. Deux 
ns & quelques annees apres la 
ort de Cyrus , Alexandre-le-Grand 
It la curio lite de faire ouvrirfon fe- 
iilcre. On y trouva le corps dece 
rince couche dans un cercueil d'or 
86 ) , qui etoit pofe fur une ftrade 
u m8me . metal. Ces particularites 
le peuvent fubfifter avec le recit 

(85) Scl-D. LV. p. 62. Plin. VI. cap. 26. 
(«6) Arrian. Exp. Alex, v i. p. 43;-. 43 7* Strabb 
X^.p. 730. Plutarch. Alcj. p. yc^J.CuTciusJJp.f . 

G4 



151 D I S C O U R s 

dUdrodote , mais elles s'accc 
parfaitement avec celiii de Cl 
qui dit que Cambyfe fit condi 
corps de fon pere en Perfe , p 
^tre enfeveli , & qu'il execut 
ce que Cyrus lui avoic ordon 
mourant. 

§. XIII. Apres ce qui vient 
expofe , il fera facile de detei 
s'il y a quelque chofe de vrai < 
paffage d'Ammien-Marcellin 
porte au commencement de c 
cours. Nous avons vu que Cy r 
tit les Saces, & fut battu par eu 
tour, dans des Pays fitues c\ Vi 
de la Mer Cafpienne. Autant q 
poffible d'en juger , ce Prino 
d'abord I'Oxus & le Jaxarte , 
.fit les Saces dans leiir propre 
apres quoi il s'en retourna , ( 
nant avec lui le Roi Amorges 
avoit fait prifonnier dans u 
taille , ou par flratagcme. La 
Sparethra , ayant promptemc 



suR VExp. DE Cyrus. 153 
r pied ime nouvelle arm^e de Sa« 
s qui fervoient tous k che val , paila 
; jn&mes Fleuves , & atteignit Us 
rfes dans unecontr^e deferte , voi- 
e des Arimafpes & de la Dran- 
ine , qui eft un Pays connu. Am- 
en-Marcellins'eft done trompe en 
(ant paffer le Bofphore h Cyrus , 
mme Herodote s'cft m6pris en lui 
(ant pafTer I'Araxe. U eft facile de 
couvrir ce qui a tromp^ le premier 
ces Hiftoriens. Ammien favoit que 
Saces , k qui Cyrus fit la guerre ^ 
>ient des Scythes venus dTurope. 
favoit que Darius , fils d'Hyftafpe , 
oit paffe le Bofphore , & enfuite 
Danube , pour attaquer dans leur 
opre Pays desPeuples qui avoient 
itrefois envahilaMedie&unepar- 
ede TAfie Mineure. Regardant la fe- 
mde de ces guerrescomme une fuite 
: tine continuation de la premiere, 
a era devoir fuivre Topinion des 
ttteurs qiu leur donnoient le mSmc 



1^4 Discourse Sec: 
th^tre^ Voil^ ce que j'avois k din 
de Texp^^tion de Cyrus contre leu 
Scythes. Dans un autre Difcours jc 
parlerai plus au long 6es migratioiis 
des Peuples Scythes qui avoient 
paff^ en Afie , & des difFerentes So* 
verainetes qu'ils y avoient etablies* 
C'efl: un fujet qui , autant que je k 
puis faroir , n*a pas encore etc trait^ 
& qui ne laiffe pas d'etre intereffaut 
par la liaifon qu'il a avec ce qui noui 
refte de Tancienne Hiftoire de VM 
fie Mineure. 




»55 

5SERTATION 

Origine des Romains {^) ^ 
I M, PELLOUTIER. 

faut pas etre furpris que TO- 
les plus grands Empires foit 
rement obfcure , & incer- 
-es premiers commencemens 
ete petits , & prefque imper- 
es. La valeur , Ja prudence , 
5 , la temperance , tirent les 
s de la poufliere , & les ren- 
gnes & capables de comman- 
X autres. Mais elles ne le 
ue par des progres infenfi- 
lu lieu que le luxe , la moU 
a violence , font capables de 
fer dans le terme de quelques 
;, ce que la Vertu n'avoit pro- 
,ie dans une longue fuite de fu- 

-xtiait des Memoircs dc TAcademie dc 
Tom. Vlt. Annee 175 x. p. ^03. ii>, 

G6' 



UfS. DiS S.ERTAT tON 

£le$. Ce que je viens de dire fe ren 
que particulierement dans THiftc 
de I'Empire Remain. La mine 
cet Empire , & les caufes qui !'( 
attirec, ne font ignorees de perf( 
ne. Son origine , fans remonter * 
tems fabuleux , ne laiffe pas d'e 
des plus incertaines. 

Ilfaut avouer cependant que 
tenebres , qui couvrent les-f 
miers fiecles de THiftoire Romaii 
n'empSchent pas qu'on ne pu 
dire de Torigine de cette Republic 
quelque chofe de plus proba 
que ce qui en a ete dit jufqu'i 
pourvu qu'on life les Anciens a 
un efprit critique , & qu'on fa 
feire ufage de plufieurs monum 
inconteftables , qui fuppleent au 
faut d'une bonne Hiftoire, 

Mon deffein n'eft point de 
terminer le tems oil la Ville 
Rome fut fondle , ni de recherc! 
qui en a ete le Fondateur. Les p 



sua LES ROMAIKS. 157 

^ja^denx des HHloriens Romains 
conviennent que tout ce qu*on pu- 
ilioit de la naiflance de Romulus , 
de la maniere dont il fut eleve , & 
^ dela fondation de la ville de Rome 9 
itoit fabuleux & deftitire de toute 
r Traifemblance. Servius , Tun des plus 
t iavans hommes de TAntiquite, apres 
^ avoir lii tout ce qu*on avoit ccrit 
. fur ces differens fujets , conclut en- 
( £n de cette maniere : ( i ) ^S"^ voirs 
examine^ la chofc avtc attention , vous 
' TU trouvere[ jamais deux Hifloriens 
qui fount d* accord fur les Fondateurs 
its y tilts dont Us font mention ^juf 
fucs Ik quon neptut rien dire dc cer^ 
4ain de Forigine de la Ville mime dc 



^ Rome. 



' Je foufcris de bon coeur \ fon fen- 
tunent.Mais je crois qu*en s'arretant 
i A,^ generalites , & fans rien de- 
tenniner , ni fur le Fondateur de 
cette celebre Ville , m fur Taimee 
. » ■ ^ 

{1} Scmos ad. JEncid. lib. Yii« p* 4P5« ^7^ 



ijj Dissertation 
de fa fondation , on peut , au 
dire quelque chofe de cert 
rOrigine des Remains ; & « 
que je me propofe de montri 
ce Difcours. 

Je fuis fermement perfuai 
les Remains etoient Grecs < 
ne ; & je conjeflure que ] 
de Rome etoit originaireme 
Fortereffe que les Grecs etab 
la grande Grece , ou dans le 
me de Naples, avoient batie 
bords du Tibre , pour arri 
courfes des Hetruriens , (i) 
dire , des Barbares qui deme 
au-deli de ce fleuve. C'eft 
marquoit le nom Grec de Pj 
que les Latins rendoient p; 
de VaUntia. Cette Origine < 
mains n'etoit pas conteftee 
tems de la' prife de Rome 



(i) Servios. ibid, p 598.675. 
(s; Martian. Heracleot. p. 230. Soli 



SUR LES ROMAINS. 15^ 

raulois. H^raclide de Pont ^ qui 
crivit peu de terns apr^s cet ^v^- 
ement , le rapportoit en ces ter« 
es : (4) La nouvdle arriva (TOc- 
Unt qu'une armie , venue du pays 
f Hyperboriens , avoit pris une villt 
'ccque , nommie Rome , Jituie prls 
la grande Men Effe^^ivement y fi 
n veut fe donner la peine d'exa- 
ner (-5) les Loix,]a Religion^ 
abillement , la Langue , la manicre 
vivre des anciens Romains , on 
doutera pas qu'ils ne fiiffent 
CCS d'origine. Leurs Loix ^toieht 
ipruntees des Grecs. Quand ils 
nferent k les reformer, a les aug- 
?nter , & peut-6tre k avoir des 
►ix ecrites , ils s'adrefferent pour 
a aux Grecs (6) : ils envoierent k 
henes des Deputes y qui en rap^ 



4) Heraclid. Pont. lib. de Animi ip. Pt»# 
;h. Camill. Tom. I. p. 14.0. 

5) Voyez, ci-deflbus note fi2\ 

6) T. LiviU9 III. a I. Dionyf. Hal. X. tf7«» 



i:6o Dissertation 

porterent une coUeftion de ! 
que Ton redigea d'abord en di: 
bles. Dans la fuite , on en i 
encore deux autres ; & c'eft ce < 
appfelloit la (7) Loi des XII Ta 
Leurs Rois etoient aufli Gre 
chofe n'eft pas conteftee pai 
port aux ( 8 ) Tarquins , qu: 
toient originairement de Cori 
d'oii lis avoient pafle en Tof 
& de 1^ a Rome. Si Romulus 
mais exifte , le nom meme qu'i 
toit , ne permet gueres de c 
qu'il nefut Grec d'origine. Lei 
ligion etoit aufli celle des Gre 
adoroient Jupiter , Junon , Nep 
Apollon 5 Minerve , Ceres, \ 
Pan , & meme Hercule qui 
un Dieu nonveau parmi les ( 
On peut voir dans Denis d'Ha 
nafle (9) la conformite de leui 

(7; Dionyf. Hal. X. 684. Diod. Sic. xi 
(8j Dionyf. Hal. III. 184. Strabo viii. 
{9) Dionyf. Halic, lib. I. p. 17.3 »• 



SUR LES ROMAINS/ l6l 
, & de leurs Ceremonies ^ avec 
lies des Grecs. Strabon fournit ici 
ux particularites remarquables. La 
rniiere , c'eft (lo) que Caecilius^ 
dorien Romain , jugeoit que la 
le de Rome devoit avoir 6t6 fon- 
* par des Grecs , parce que , de 
ite anciennete , on y avoit fervi 
rcule 9 de la meme ipaniere & 
ec les m6mes Ceremonies qui 
)ient re9ues en Grece. La fecon- 
, c'eft (i i) qu'^ Phoebe , k Mar- 
Ue , a Rome , &C dans Tide de 
lio , la Deeffe Minerve etoit re- . 
efentee aflife , ce qui paroiffoit 
traordinaire aux autres Grecs. La 
fon de cette conformite fe deve- 
pera bientot d'elle-mSme. Les Ro- 
lins tenoient encore des Grecs 
ir manicre de vivre & de s'habil- 
*• lis portoient des cheveux courts. 



I o) Strabo lib. V. p. 1 3 o. 
^i i) Suabo lib. xin. p. 601. 



i6% Dissertation? 

au lieu que les anciens habitans 

ritalie etoient diftingues par 

chevelure longue. La Robe que 

Romains appelloient Toga , venoi 

aufli de Grece , au lieu que les Pei 

pies qui leur Etoient voifins , 

toient des Brayes , 6c un Manteai 

court , qu'ils appelloient Sa^ 

Enfin , ce qui eft decifif ^ les R 

mains parloient anciennement 

Langue Grecque. A la r^ferve 

quelques mois empnintes des Pei 

pies voifins , tels qu'etoi^nt les Lafr 

tins , les Hetrufces , & les Celtes-i 

le refte de la Langue eft purement 

Grec. La chofe eft avouee partem 

les Anciens (ii) qui fe font donn< 

la peine d'examiner & de Compaq 

rer les deux Langues ; &,quand ellc 

ne le feroit pas , il feroit facile dc 

prouver que la plus grande partii 



(72) Quincilian. Inft. lib. I. cap. s.ColomeCi 
dd hunc locum. Servius ad £neid. I. $. it8.p< 
187. Suidas in Naha, Pionyf. Hal. I. ;«« 



I 



SVR LES ROMAINS. l6j 

-acinesde la langue Latine font 
s du Grec que Ton parloit en 
► Je pourrojs ajouter encore 
Ton a pris de THiftoire Grec- 
jufqu'aux Romans & aux Fa- 
que la Nobleffe Romaine avoit 
utume d'inferer dans ce qu'on 
lloit les Memoires domeftiques 
families , pour donner un nou- 
1 luftre k fes Anc6tres:par exem- 
» le combat des Horaces avec 
Curiaces , Taftion de Mutius 
ru$ , qui lul acquit le furnom 
coBVola , celle de Q. Curtius qui 
-ecipita dans un gouffre qui s'e- 
ouvert dans la place publique 
. Mais , comme cette preuve 

' Le combat des Horaces &c des Cariaces 
rapporte fous d*autrcs noms, mais avec 
ircondances parfaitemenc femblablcs pac 
crate au Livrc II. de Ton Hiiloire d*Arca-^ 
dpud Stolfdum Serm CLVll. p. $ $ i. L'ac« 
e Scoevola ^toit attribtiee I Agedlaus , frcr« 
bemiilocle , par Agathyrfides de Sainos. 
Fnfu. lib, IV. nf St0h^Hm Sam. XtVLll ^ 



t64 Dissertation 

demanderoit des difcufiions qi 
font pas de ce lieu , je fte m'y a; 
point. Je crois d'aiiieurs en a 
dit aflez pouf montrer que les 
mains tiroient leur origine 
Grecs , d'autant plus que toute 
anciennes Traditions , qui font 
port^es fort au long par D 
d'HalicarnaiTe j s'accordent k le 
re fortir originairement , ou < 
Theffalie , ou du P^loponnefe 
«n particulier de TArcadie. 

11 faut feulement remarquc 
que la Tradition m6me , qui fai 
cendre les Romains des Troy 
& que Salufte (14) regarde co 
la plus accr^ditde de toutes , 

171. Celle dc Curtius ^ un fils du Roi 
par Callifth^ncs h ftcundd trAntformur, Stoi 
XLVllL p, 172. La trahifon de la fiUe ( 
pejus <ftoit rapport«^c fous Ic nom d'unc; 
qualit^ , nomiiK^e D^moniquc , qui livra ! 
d'Epht^fe a un Koi des Galates, ou Gallo* 
par Clicophon. Rtr, Italic, iiif, V, ttp, Stok 
LllU fA^ 2ao. 

(14; Salluft. Catllin. cap. 6, 



R LES ROMAINS. l6^ 
>ntraire k ce que je viens de 
s Troyens font ceux qu'Ho* 
prefente dans fon Iliade. Us 
Grec. Leur Religion eft cellc 
ecs. Leurs noms propres f 

Priam, Laomedon , Ale* 
, & les noms des famille$ 
mes , qui pretendojent avoir 
agne Enee en Italie , etoient 
ecs. Ces families fe difoient 
ues de Mnefthee, de Cloan* 
le Gyas , de Sergeftus , de 

On verra dans la fuite fur 
oit fondee cette Tradition , 
en loin de combattre moa 
nt, me fournira tout au con* 
me preuve pour le con* 

linons pr^ifentement de quel 
de la Grece les fondateur^ 
lie de Rome avoientpafle et\ 
ic dans quel terns ils etoient 
;'y etablir. Je ne m'arrSteraf 
Lix anci^nnes migrations d«| 



w66 Dissertation 

Peiafges , que Von fait pafler ] 
mer en Italie 9(15) I'an de la 1 
riode Julienne J 1869 ou 15182 
ayant J. C. ni k celles des An 
diens que Ton y fait venir ( i 
vingt-deux ans apres ^ fous la c( 
iduite d'Oenotrus ; & cnfuite fc 
celle (17) d'Evandre , 60 ans avi 
la prife deTroye, c'eft-^-dire,ran 
laPeriode Julienne 3470 , ou 12 
ans avant TEre Chretienne. On p< 
dire de toutes ces migrations , 
que Strfibon ^ Tun des Ecrivains 
plus judicieux de TAntiquite , a 
de la derniere; (18) c'eft qu'el 
fontfabuleufes. Je ne voudroispo; 
jiier que les Grecs , qui fondere 
la Colonie de Rome, ne fuffent f< 

1^ ■ ■ ■■■■■! j I I II ■— — — 

(15) Je fuis ici li Table Chro^ologique 
Kyckius p. 403. Denys d'Halicaxnafle lib. I, 
p. 49. II. p. 77- 

(itf) Kyckius , ibid. p« 40 j. Dipnyf. Halic 

jag- 77. 

(17) Dionyf. Halic. I. p. 24. 49, II, p. 77, 
1% %} $twbo lib. Y. p. »|o. 



$UR LES ROMAINS. 167 

originairement de TArcadie ; mais 
nVft pas aflurement de 1^ qu'ils 
pifroient pafle en Italie , & ils y 
M¥oieat pafle beaucoup plus tard 
npe ne le porte le caleul comman. 
}f£)n n'en doutera pas y riFon veut 
j^£ire attention aux preuves fui* 
■nraotes. 

-: I. U n'etoit pas poflible que les 
jGrecs euflent envoye par mer des 
r£olonies j ni en Italie , ni dans des 
rPayspluseloignes^ avant la guerre 
ib4le Troye* lis n'avoient dans ce 
terns* la aucune connoiflance de la 
navigation , ou, au moins, ils n'a- 
i Toient pas encore appris k conflnii* 
[ fe des Vaiflieaux capables de vo- 
I ^gaer en pieine mer,& de foutenir des 
voyages de long cours. Diodore de 
. ' Sidle remarque expreflement ^ (19) 
^'avant Texpcdition de Troye les 
^ Grecs ne navigeoient que fur de pe- 
tits canots. 

j[i#y Diod. Sic lib. IT. p. 17 1* 



i68 Dissertation 

2. Thucydide , qui avoitfeit be 
coup de recherches fur les mig 
tions des Grecs , reconnoit que 
Colonies qu'ils envoyerent en 
cile & en Italie , (lo) n*y avoii 
paffe qu'apres la Guerre de Tro] 

3 . Herodote dirquelque chofe 
plus. II affure (21) que les Gri 
^tablis en Afie , fiirent les premi 
de leur Nation , qui entreprirent 
longues navigations , & qui decc 
Vrirent les Pays fitues le long de 
mer Adriatique ,1a Tofcane , & Tl 
pagne. Encore y a-t-il toute apf 
rence , qu'ils n'entreprirent ces n 
vigations que long-tems apres s'et 
€tablis en Afie. Homere etoit de ( 
Grecs. II fuffit d'ouvrir rOdyfle< 
& d'examiner ce que le Poete ( 
des voyages d'Ulyffe , pour coi 
prendre qu'il connoiffoit Tltalie , 



(20) Thucyd. lib. I. p. 9, 
{3.1) Kfzodot^ I. caf . xtf9« 



SUR LES ROMAINS. t6^ 

la Sialej k peu pr^ autant que nous 
Bonnoiflbns aujourdliui les Terrei 
^lOBflrales* 

4* Enfin , ce qui merite d'Stre bien 
Kmarqu^ , le Dialede Grec , au« 
qoel la langue Latine devoit Ton 
pr^ne , etoit rEolique. Denys 
pHalicarnafle Taflure polGitivement. 
It**) ^^ Romains , dit-il , parUnt 
fBuLnnguc qui n*efi ni tntiircmtm bar^ 
kre , m parfaiummt Grccqut. ElU 
W^un melange dc Grec & de Barbare. 
%Aplus grande partie de leur Langtu 
cepfndant tiree dc PEolique. Lc 
linconvenient qu*a produit le com* 
idt tarn dt peuples , qui fe font 
lis avu eux , c*efi quails nc pronon* 
I pas tons les mots comme il Ufiut^ 
/• Au refie , entre toutes les Colo* 
que les Grecs one fondles , il n*y 
% a auame qui ait conferve des traces 
isfcf^les defon orient qiu celle- a« 

(xi) Diosyf. Halic« lib. I. p. ^e. 



}yO DlSSERTATl 

II ne fera pas jdifficile 
que Denys d'Halicarnal 
Le Dialefte Eolique etc 
Grecs ^tablis dans TEol 
).m pialefte rude & gro 
ine Tefl: ordinairement 
des gens de mer. lis mett 
&C des o^ ou les autres 
ploient des e & des i. i 
par exemple , difoient < 

Au Jieu de cela les Ec 
]Elomains pronon9oient j 
nommee , roma la forc< 
wne machine , anchora 
fagus un hetre , ou un ^ 
fuo , je demeiire , lauo 
clxe. (23) Cell done pa 
liens qu'il faut cherch 
des Romaifts. Voyons d 



* X'i.i) Les EolierH difoicnc c 
«^> -t^ii pour ^^w, FofVoT pc 
ics Lacins ont fait leg oiots 4e i> 



SWt IE$ RGMA1N5. I7f 
llQi^nt , & de quelle maniirre iU 
•Sdrent s'etablir en Itaiie. 
^ Lcs Peuples "Grccs ctablis dans 
Mfie Mineure^ etoient les Eoiiens ^ 
ftles loniens. Les Eoiiens etoient 
les GrecsDoriens , qui ayant qnit- 
KfArcadie , (24) foixante ou qua- 
wk-Yingt ans apres la prife de Troy e,' 
■kis la condutte de Penthilus , fils 
IPOrefte , pafferent en Thrace , & 
Ik dans TAfie Mineure j, d'oii 
It depoflede les Peuples Scy- 
, qui occiipoient le Pays de 
jyc 9 ils s'y (6tablirent, & y fon- 
plufieurs Villes , 0*5 ) ^^^^® 
'celles de Cumes & d'Elee* 
i toniehs ^ qui etoient fortis du 
ire d'Athenes , pafferent en 
(1^) quatre generations plus 

(14) Strabo xiii. 5 > a. Ilycicios Can. Chionol. 
'•aJf. ad Solia p. $a. 

as) Herodot. lib.'i. cap. 149. Sciabo. zui* 

||9a. tfoo* tfii.tfii. 

[m) Scxabo XIII. St a. Petav* Rat. Temp. I^ 
^ Sit Bickiiu Can. Chcon. 



^"P""^'f '"fix rent icurdemeu^ 

fie Mine"'. <="',.„ ,84 te 
^«e to 1» " j?Hermus , (*• 



5 U R L E S R O M A I N S. I7) 

in que dans quelques autres Villes 

Plonie , que les Eoliens avoieift 

ifledees » (30) & dont ils avoient 

fiiite ^te chaffes par les loniens. 

crodote remarque (31) que Us 

lUes d*Ephefe , dc Colophon , dc 

Ifedus , de Teos , di Cla^omintj & dc 

\ocit , avoient la mime Languty c'efl- 

iire , le meme Dialefte , qui difi'^ 

't cependantde cdni dzs autns villes 

rionie. Ce Dialede eft celiii des 

aliens , comme on peut le prou- 

r par un paflage de Timee , qu^ 

itoit ( 32. ) que les Phoceens 

tnn^rent \ la Colonie de Marfeille 

nom tirede PEolique. C'eft peut- 

rela raifon pour laquelle Ptolomee 

•t la ville de Phocee ^u nombre 

% villes de TEolie , ("3 3) parce que 
- • ■ ■ 

io)Heiodot. L I4f. 1 50. plin. v^ 19, Sua- 

xui. ^00. 647. 

jt) Herodot. I. 141* 

fs) Scephan. in MaiCllia p. 534. EuftathiiM 

Dionyf. Peiieg. p. 21. 

\i) Prolem. lib. Y. p« 14%* 

H3 



174 Dissertation 
la pliipart de fes habitans et< 
Eoliens , & en avoient le Dia 
Les Phoceens , foit qiie les 1 
qu'ik cultivoient fuffent ing 
& fteriles ? (34) comme Juf 
pretend , foit que les conquSti 
Rois de Lydie , qui foumirer 
fenfiblement la plus grande par 
TAfie Mineure , les empechaffe 
s'etendre en terre ferme , 01 
leur ville fe trouvSt meme fui 
gee d'habitans par le grand 
bre d'Eallens qui s'y retiroiei 
mefure que les (3 5 ) Lydiens 
foient leurs conquetes , foit 
que la Mer , fur laquelle ik av 
iin tres-bon Port , les invitSt i 
fiter de cet avantage pour 
cher au Commerce ; le« Phoc 



(34) Juftin. XLiii. 3.) VofliM fouti 
Juftin confond ici la Phoci-ie , qui ^roit 
dc la- Gthct avec le territoire de la 
Phoc^c en A fie , qui ^toit des plus ferti 

(3jj Hefodot. I. <. 15. li. 24. z%. 



SUR LES RqMAINS. I75 
s-je , prirent le parti d'equiper de 
ands Vaiffeaux , & de s'appliquex 
tierement k la Navigation. lis y 
iiSrent fi bien qii'au bout de 
IX outrois fiecles , ils atiirerent k 
: tout le Commerce qui avoi^ 
jufqu'alors entre les maias des 
niciens. Maitres (le la Mer Me- 
rranee par le grand nombre de 
Ofeaux qu*ils entretenoient , (36) 
?ntreprirent , comme le dit Hero- 
; , des voyages de long cours : ils 
>uvrirent TEfpagne ,1a Tofcane, 
Pays (pii bordent la Mer Adria- 
ie^ nae-de-Corfe,& ils etablkent 

Coloflies dans toutes ces diflfe* 
:es contrees. On doit prefumer 
irellement qu'ils eavoyereot 
■s premieres Colonies dans les 
s les plus voifins de I'Afie ; on 
ranfplante plus fecitement dans 

contrees voifines , que dans des 
■ < 

li J Vtytz, ci-deirnf note (21). 

H4 



ae la al v e. uiympiaae , < 
599 avant I'Ere Chretiei 
done apparence que ce f 
commencement des Ol) 
qu'ils etablirent les Color 
ques ^ue Tonvoyolten 
dont on rapportoit la fonc 
Pelafges : par exemple , ce 
(38), celle d'^gy/la, 
portoit auffi le nom de C 
de Spinetum , (40) & enfi 

(3 7) Martian. Hcracl. p. 210. ) ] 
Salamine fe donna la deuxi^me 
LXXVe. Olympiade, & , felon ce : 
ionic de MaifcUlc fut fondle la 
nee de la XLVe. Olympiade. (£ul 
124. Solin. cap. II. p. iz. Salmaf. 
Marc. lib. XL. cap. 9- p- 97* } 
* (ii) Dionyf. Halic. I. 16. Tuftir 



^Vm LES ROMAIKS* I77 

^a^ ec li rs autres , dont 
dTHalicarnafle nous a con- 
re les noms. Ma conjedure ne 
le point fur cet article du 
conumin dei» Hifioriens 9 qui 
ffaoent la Fondation de Rome (41) 
Vers lecommencement desOlympia- 
ies. EUe eft d'aiUeurs confirmee par 
loe particularite que Juftin foumit. 
I Jit (4% ) que , du terns it Tarquin 
fandcn , urn jeurujjc ^ qui venoU de 
Houe ^rtmonta It Tibre , fa alliance 
^ec Ics Romains y & aUaenfuiufon* 
mr dans les Gaules la Colonie de 
MarfuUe. On voit bien quel etoit 
b motif & le but de cette vifite. 
Cette jeuneile alia fe delafler aupr^ 
pefes Gompatriotes des £ttigues d'ua 
bfl|; Yoyage , & prendre langue fur 



(41) T>nei% d'Halicirnain^ rappoitc la fbmli* 
Sm it B^ine \ la picmUic annce dc la viie* 
NjBipiade & Poljbe \ la fscondc. (DMnjrif 
Idic I. f . tf o. 

Hi 



Tjf DlSSERTATXOI^ 
le nouvel etabiifiement qu'elle 
ditoit. Coimsie , oiitre le nego 
Mer ,'les Phoceens faifoient ei 
Ic metier de Pirates , (45) qu: 
voit rien de honteux. dans ce 
U^on fentbien que ces difl 
^tabliiTemens leur etoient,ui 
psfetnierement pour placer leur 
c^iandiles ^ & , en fecond lieu . 
£e de&ire fans bruit & fans ec 
leurs priies. 

. A la. fin , la crainte de tc 
ibus ta domination des Perfes 
gea lesPhoceens k abandonnei 
Ville pour fe retirer ailleurs 
voit. dans Herodote(44) qu 
fus , premier Rod de Perfe , 
avoir conquis le Royaume d 
die y fit marclier une partie d( 
Armee contre les Eoliens qi 
4^ient voifinsb Ces Troupes 



(43) Juftin. XLlii. 3' 

(44) Herodot. h i6i. t4u^ 



SCTR E.ES ROMAINS. 179 
$ le fiege devant la vilk de Pho- 
e , & etant fur le point de Tem- 
rter d'aflaut , Ics Phoceer.s de- 
nderent aux Perfes un feiil jouf 

treve pour fe confulter fur le 
ti qu'ils avoient k prendre. Har- 
us , qui coi^andoit les Perfes , 
nt confenti h la fufpenfion d'ar- 
; , les Affieges en profiterent 
ir s'embarquer avec leurs fem- 
; , leurs enfens , & tout ce qu'ilg 
ent emporter , & (45) pafferent 
s J'Ifle de Corfe , oii ils avoient 
de , vingt ans auparavant , lar 
e (46) d'AIalia , qui leur fervit 
retraite. Cela arriva deux ou trois 

apresla'prife de Sardes, 545 ou> 
i arts avant Jefus-Chrift. 
-es Phoceens demeurerent pen-^ 
it cinq ans k Alalia , dans Pl^e d^ 



<) Hemdtt.-l. leJs* 

^yu fcmhlc (\i\r ec (ok la mcme x^ ct\h^ 
Diodoie dc Sicilc a^^eUc Cj^aiis.j^D.iod* 
lib.V.p. 20J.) '^ ' "' 

H6 



iSo Dissertation 

Corfe. Mais , comme dans ce n 
vel ^tabliflement ils continue 
toujours leurs Pirateries (47) , 
rant fus k tous les vaifleaux q 
trouvoient en mer , les Cart) 
nois & les Etrufces r^folurem 
fin d'unir leurs fo^s pour lei 
cabler. Les chofes en vinrent t 
tdt k upe bataille d^cifive , qi 
donna dans la merde ^ardaigne 
dans laquelle les Phoc^ens t>pp 
rent une flote de foixante 
feaux k un pareil nombre de ' 
feaux ennemis. H^rodote dit 
les Phoceens remportefent 
cette occafion ce que les Grecs 
pelioient ViSoriam Cadnmam , < 
ii-dire , une vifloire qui coute 
tant & plus au vainqueur q 
vaincu. EfFeflivement ils y p< 
rent quarante Vaifreaux9& les vi 
autres furent mis hors d'etat de 

ff?) Heiodoc. !• i<<. 



^ I SVa LES ROMAINS* z8t 

^ Vt* Cette bataille fe donna vers le 

m cofmnencement de la LX' Olym* 

L j^iade, 540 ou 541 ans avant I'Ere 

f Oir^nne. Affoiblis par cette ba» 

faille f & fentant bien quils ne pou- 

▼oient plus fe maintenir k Alalia ^ 

1^ Phoc^ens radouberent, comme ils 

parent, leur flotte^ & plierent de 

nouveau armes & bagages , pour 

diet chetcher un ^tabliflement ail- 

[ kiirs. Une partie tira du cote de 

rOccident , & alia fonder la Colo* 

aie (48) d'Emporium en Efpagne , - 

Ott renforcer celle de Marfeille (49) 

dans les Gaules. Uautre partie tira 

du c6t^ de Tltalie , & alia debar* 



(4$) An|our4'hui Emfcutm, (Livias xxxiy. 9») 
(4f j C'cft de cette maniere qa'il faat expli« 
^•er left Auteivs qoi difent que la Colonie de 
Mtfieitle fat fond^ par des Phoci^ens qtsi- 
iiyoient la domination du grand Roi. (Ifocrat. 
is Archidamo p. m. 409. Harpocration Maaffaci 
f. 190, Axiftot. ap. Atben. xiii. cap. 7- Flat, in 
folonc cap. |. Seneca conColat. ad HeUiam cap* 
S. p« <|Ot fioftatk* ad Dioinyf. Pccieg. p. 74. ) 



l8» I>I S SERTATION 
apxer k Regium , dans le voifir 
de laquelle ils fonderent la Col< 
d'Hyela ^ ou d'Elea (. 50 ) , que 
Romains appelloient Velia , ej 
ajcnitant un Digamma, lis choifi 
^:et endroit pour s'y toblir , y i 
invites par la grandeur 6c pa 
commodite du Port , qui , etan 
pable de contenif un gtattd non 
de Vaiffeaux, ^toit d'ailleurs 1 
d'une mani<^re fort avantageufe { 
des gens qui faifoient metier 
•commerce & de Piraterie. Goi 
cette nouvelle Colonic ^toit c( 
liuellement renforcee par des Gj 
^iii abandonnoient TEolie & 
nie , a mefure que les Perfes y p 
foient leurs conquetes , les 1 
ceens s'etendirent bientot dan 
Royaume de Naples. D'abon 



(50) Hcrodot. I. i67.SrrJil»o vii. is2. ^ 
Marccll. XV. cap. y. p. p^.. Ex Hygino A. 
X. cap. X ^ . 



SUR L£S ROMAINS« l8)'* 
mparerent des Ifles d'Enaria (ft) 
des Pith^cufes , c'eft-i-dire » dc 
fte d'Ifchia & des Ifles voifines. 
e-lk lis pafferent dans le Conti« 
int , oil ils fonderent les villes de 
Limes , de Pal<^olis & de N^apolis^ 
Naples, ) & s'emparerent infenfi-^ 
ement de la plus grande partie de 
talie 9 qui efl au-deU du Tibre.. 
eft la remarque de JuiHn. Parlant 
Denis le Tyran (5 2) , il dit, que, 
fon terns , les Grecs ^toient mai^ 
IS k peu prfes de toute Tltalie. Ajou* 
nis que ces Grecs fuivoient le m&me 
ialede , duquel la langue des Ro- 
iins avoient 6i6 tir^e. De-Ik vient 
le les Fragmens que Diogene 
lerce &C Jainblique nous ont. 
Hifervi de quelques Philofophear 
ythagoriciens^ qui enfeignoient ea 



(51) Li¥ia» viif. 2 2r Mtfcian. HeiacleM. iv 

37* 247« Strabo V. 248. 
i5 2J JuftinXX. X. 



11*4 DiSSERTATlbH 

Italie, font tous Merits; d^ms ce ] 
lefte Eolkjue. 

Comme les Phoceens , apres 
tre ^tablis en Italie & dans les ( 
les 9 continuoient toujours d'eni 
les vai(&aux Hetrufces & Cai 
ginois (53) qu'ils trouvoien 
tner , il en refiilta une noir 
guerre , dans laquelle les Cart! 
nois eurent du deffous (54) > & 
rent reduits, apr^s la perte de < 
ques batailles > k demander la 
ii leur ennemi. Ce qu'il y a i 
particulier , & qui merite d'etre 
remarqu^ , c'eft que dans ce n: 
terns les Romains etoient en- gii 
avec les Carthaginois & les He 
^es , & , felon les apparences , ] 
tin fujet tout pareil. La chof 
certaine , au moins par rapport 
Carthaginois. Polybe , rappoi 



($3) Herodot. VI. 17, 
(S4) Jttftin. XUII. 5* 



■., lUR L£S ROMAINS, %B^ 
fodhrersTrah^que les Romains 
iFoient £ut avec les Carthaginois 
f y) 9 ^ ^^ ^'^'^ voyoit au Capi- 
lie graves fur des tables d^airain 
^6) dans uh Latin qifil ^oit tr^ 
ifficiie d'expliquer , parce que la 
angue avoit beaucoup chang^ de- 
lis ce tems-li^ » Polybe^ dis-je^ 
marque (57) que le premier 
raite des Romains avec les Car* 
aginois fiit conclu fous le Confu- 
t de Junius Brutus 9 & de ( 58 ) 
[arcus Horatius ^ qui fiirent Ie$ prer 
liers Confuls que Ton etablit apres 
npulfion des Rois , dans la m^e 
mee oii le Temple de Jupiter Ca- 



(5S)Yol7b. UI. It I. 
(f«J?olyb.in. 176. 17 J. 
(57}roiyb. IIL I7tf. 

(5 1) Eatrope met M. Horttias PalTillot in 
ivahie dtt Confuls de cette ann^e , miis il die 
I'Hoiace n'obtinc cette dignit^ qa'apr^s It 
9ft de Bratus U mcme de Spartof Lncretios 
icipttiBiis qoi fat d'aboid f«bro|^ ^ Brotst* 
Uttop. I. cap. f . } 



i$6 DiSSERTATIOK 

pltolin flit confacr^ , & vingt-h 
auis avant rexp^dition de Xen 
Par ce Traxt6 les Romains proft 
tent (59) , pour eux & pour le 
Allies ^ de ne fe pas avancer a 
yaiffeaux au-del^ du Cap qui 
au-defTus de Carthage , &: que 1 
appelloit (60) le Beau Promonu 
LesCarthaginois, de leur cote ,f 
mettent de faire ceffer(6i) tc 
hoflilit^ contre ks habitans d' 
(dee 9 d'Andum , de Laurentuta . 
Circeja^de Terracina^ & coi 
les aiUres Latins foumis ^ la Ki 
blique* On voit par ce Trake 
les Romains s'appliquoient ^ la! 
vigation & au Commerce ; ce 
donna lieu k une guerre , qui 
terminee par la paix dont il s'a 
On y voit que les Romains fii 
eomprendre dans le Traite difFei 

. (59'PoIyb.III. 17^7. 

{60) my. 171. 

{€i) Ihid. ITJ. , 



SUR LIES Ho MAINS, if/ 

* Villes qui leur ^toient foumifes 
a alliees , Ardea , Antium , Lauren- 
m , Circeja, Terracina , qui etoient 
s Ports de Mer , & des nids de 
•ates , dont les habitans avoient 
uip^ des Vaiffeaux , ecum^ les 
irs , & fiiit des prifes fur les Car- 
iginois. 

Depuis ce tems-1^ les Remains , 
. , ail moins , leurs Sujets & kurs 
li^s, continuerent toujours de n^ 
cier , & de pirater fur la Mer Me« 
tvrahe^ Diodore de Sicile rap-- 
ate ^ par exemple (62^), que la 
yi&&aie annde de la LXXVII^ 
lymptade , (qui eft Tan 474 avant 
fttS-Chrift) Hidroff, Roi dte Sira- 
ifc , enroya pluficurs Vaiffeaux 
IX Ciim^ens , pour les foutenir 
►ntre les Hetnifces qui leur fai- 
ient la guerre. Avec ce fecours les 
fees gagnerent une bataille , qui 

(6z) Diod* Sic. XI. 2it. 



Roi d'Epire , que les WiAorl 
fondentici (63) mal-i-prof 
Alexandre - le - Grand fon 
comme M. Bayle Fa ( 64 ) ( 
Le Roi d'Epire ayant paffe 
lie vers Tan 339 avant Jefu 
( 65 ) , pour fecourir les T 
contre les Barbares 9 c'eA 
contre les Samnites & le: 
mens ^ enroya des Ambail; 
Rome 9 pour fe plaindre d 
tans d'Antimn, qui s'^tant (6 
aux Pirates H^trufces , avc 

plufieurs prifes fur les allies 

I—' ' ' ■ 

l6i) Cliurchas avoic faitcctcef< 
Hift. Nat. III. s.) 



SVfR LfiS KOMAIKS. 1$^ 

tes Romains lui renvoyerent la* 

A^W (67) une Ambaflade 9 qui f\it 

charg^e , ieloa les apparences , de 

lui £ure des excufes cle ^e qui s'etoit 

paff(^ y & de Taflurer que la chofe 

is*etoit ^te ^ Tinf^u , & fans ravou 

,du S^nat J'en juge ainfi par la r^« 

reponfe d'Alexandre (68) , qui ecri- 

vit aux Romains de fe faire obeir 

, s'ils ^oient en etat d'exercer rEm- 

pire^ ou de le ceder k des Mai- 

tres plus pui^ans &c plus capables 

(le fe ^re^,r^fpe^er ; furquoi le Se- 

. nat 9 qui ne voulojit pas fe brouiller 

^vec ce Prince , prit l^ p^uti de Tap* 

paifer par de$ prefen^ 9 ^ d^ lui en- 

vayer une <;our9nne d'or, du poids 

.4e plufienr$ t^ens* Quplques an** 

. p^es apreSy P^metrius Poliorcetes^ 

. qui s'etoit rendu maitre 9 vers Tsia 

3^95 avant Jefus-Chrift > 4e la Mac$« 

(57) C'eft pelle doat U eft pari^ ci-deflii^ 
• ■ot. (6f ). 

^« t) Esc. ex Mcmii* a|. Phot. |i. ^94. ft 97^^ 



190 Diss ERTATioir , \ 

doine , & cl'une partie de la GreceJ ' 

en renvoyant aiix Romains qu^l- .' 

qiies Pirates d'Antimn , qui ^oieot 

ttfmbes entre fes mains , fit dire ca^^ 

mSme terns au Sinat qu^ilavoit^^ 

felt grace de la vie k ces gens-l^ 9 6C\ ^ 

^u'il les rendoit aux Romains 9 en 

confideration de leur parent^ avec j 

les Grecs : mais qu'au refte il lui pa* 

roiflbit honteux que la R^publique 

voulut commander^ toute Wtalie, . 

& qii*en tn^me terns elle envoySt , 

des Vaiffeaux pour Maimer les Mer5. 

F'ous avei , leur dit-il , irigi dans 

un€ dc vos Places publiquts f un Ttm- 

pU a Vhonncur dts Diofcures j qu$ 

Fan rtgardc par^tout comme dcs Dieux 

Sauveurs , 6* vous envoyei cependant 

dts gens en Gricc pour pilltr h pa^. 

trie de ces Dieux (6^). II ne paroit 

pas que depuis ce tetns-l^ les Ro-^ 

mains ayent continue d'ayoir des 

^€9) Scrabo y, %}%• 



SVR LES ROMAINS. 191 

'aifleaux , ni de negoder ou de piW 
tr fur Mer. lU tournerent toutes 
furs forces du c6t6 de la terrefer^ 
\e ,foumirent Tltalie, & les Colo- 
tes <^recques qu'ils avoient traitees 
ifqu'alorsen amies Sc enalli^es; 6c 
t ne fvtt que pendant la premiere 
lerre Punique (70), qu'ils com- 
lencerent de nouveau 4 equiper 
es Vaifleaux , & k difputer auit Caiv 
laginois r£mpire de la Mer. 
Voal^ma peniee fur rorigine des 
omains. Je ne me flatte pas d'avoir 
puif6 la matiere. Je he pr^tens point 
uffi faire ps^erines conje&ures pour 
es d^monftrations. Mais je crois|eii 
voir dit aflfez pour montrer , pre^ 
Bierement, que les Romains deicen«» 
bientdes Ckecs, & , en iecond lieu^ 
Iju'iis etoieoit de ces Grecs lonieni 
^ Ill I n 

iifl*e , la troificme tnn^e de ta QX^ViUe. QjjnK* 
)iade, c'eft-ii-dire 266 avanc J. C. (Bionyd 
lattc.likl.f.7« ' 'V 



ipi Dissertation 

& Eoliens , qui, etant prefi<£s par les ] 
Rois de Lydie , quitterent I'Afie Mi* I 
neure , pour aller chercher de nou- j 
veaux ^tabliflemens en Italic & dam I 
les Gaules. C*efl: tout ce que je pr^ ] 
tens donner ici pour certain, ou , att 1 
moins^pour tres probable. Je V2b$& 
nir par quelques reflexions g^n6» 
rales ^ qui , en repandant du jour to 
les commencemens de THiftoireRo- 
mame j ferviront d'ailleiu's k Eclair- • 
xir & a confirmer ce que f ai ayanc6 
dans ce Difcours. i 

I. Les Romains ^toient Grecs d'o- i 
rigine. Mais ces Grecs s'^tant m^Hsr 
infenfiblement avec les anciens Ha- 
bitans du pays , formerent bien-tdt ; 
un nouveau Peuple, quitenoit quel- ^ 
que chofe des uns & des autres* J'ai j 
^ontre ailleurs ( 71 ) qu*on vojroit* 
ce melange dans la . Langue des Ro*'' 
jaains , dans l^ur Religion, & danf 



jfl) HiSU des Celt. 1. 10. p. i$€. dc fair. 

tou^ 



3 



SUR LES ROMAINS. t^f 
te leur maniere de vivre ; ainfi 
em*y arrSterai qu'un moment 
>lupart des mots de la langue La« 

viennent du Grec ; mais elle a 
endant retenu plufieurs mots f 

^oient tires de la Langue des 
bns f des Opiciens , Sc des CeU 
La Religion des Romains, leur^ 
lux y leurs Ceremonies facrees^ 
t cela ^toit manifeftement em- 
ntedesGrecs. Mais le culte (71) 
ds oflEroient fur de hautes mon«^ 
les au DUis Pater ^ la*fSte que 
Dames Romaines ( 73 ) alloient 
^brer dans la ForSt d'Aritia k 
mneur de la Diane Royale i 
lent des reftes de Tancienne Re- 
on du Pays. Je ne doute point 
li que les Romains ne tinflfent de^ 
i>ares del'Italie la coutumequ'ils 
nent anciennement de fe faxce 

72) Hiftoirc des Celt. Liv. I. p. 1 9 3. Liv. Hi; 

p. 6. $■ II. 

73)1|m<.III. chap. t. $ 10 

Tome III. \ 



194 Dissertation 
fuivre k Tarm^e , & dans les 
tallies , par des Efclaves charge* 
tricots 9 oil plutdt de maffues. 
les lan^oit contre Tennemi , & 
Valet en prefentoit une nouvell 
fQQ Maitre^ quand il s'etoit dc 
de la iienne. Comme on appel 
ces tmf[\xes Colas y les goujats qu 
portoient en re9urent le nom de ( 
Calones. Les Grecs qui vinrent 
tablir en Italic , avoient quitte 
puis long-terns ces maffues , p 
prendre •des epees , & des hj 
bardes. 

II. Ce qiie j'ai dit dans ce I 
cours fert a eclaircir & <\ jufti 
toutes les; anciennes traditions 
couroient fur Torigine des Roma 
Pn les faifoit defcendre des Pe 
ges. Cela eft exaftement vrai , pi 

que les Pdafges fbnt les and 

>i ■ I ■ I ■ I. 

, (74)Scmu$ ad ^ncid. VI. i. p. 412.] 
Geimainsappelloientces mafTues Keule ou / 
Ic les Gaulois Cdtej^, ( liidox. x viii. cap. 7. 



SUR LES ROMATNS. 195 
Srecs. On difoit quails etoient une 
^lonie d'Arcadiens , ou de Theffa- 
tens 9 & on le difoit avec fonde- 
lent 9 parce que les Eoliens quipaf- 
hrent dans TAfie Mineure , & de-U 
n Italie , fortoient originairement 
75) de TArcadie ou de la (76) 
7heflalie. On difoit encore qu'ils 
toient venus de Troye. Cela eft 
rrai aufii , puifque les Eoliens , qui 
bnderent les Colonies Grecques 
*Italie , avoient ete etablis (77) > 
>endant plufieurs fiecles , dans le 
>ays de Troye. Les anciens Troy ens 
toient un peuple Scythe , qui , 
yant paffe de TEurope dans TAfie 
ifineure , y fonda le Royaume de 
t*roye, Je ne pretens ni foutenir , 
Ucontefler ici la prife de Troye par 
bs Grecs. C*efl une Epoque qui 

(75) Vej, ci-deiTas not, (14). 

{y€) Strttro Y. ii. 

(77) Pomp. Mela Ub, I. p. xS. 8c cI-deflTm 



ne fe ^aintinrent point dans 
fefflon de la Ville & du Pa 
Troye. Leiirs Chefs fe difpei 
apres la prife de la Ville , 8^ s 
touri\ereht chez euj^ (78) , c 
le dit Str^bon ^ en fuy?\rds , 
qu'en vainqueurs. Hom6re , c 
|es Auteurs poft^rieurs ont tiri 
que tout (je quails; difent desTrc 
^ffure bien pofitivement qi 
r^gna k Troye , & qu*U la 
Roywme ^ fesl^nf^ns, CePoi 
troduit Neptune , difai^t (79 ^ 
Jupiter (Idiefie la famille, dt^ t 
au defimi d^ (aquclf^ Ic vaiUan* 
risrura fur li$ Troytns , lui , 



%t3K LES ROMAINS. 197 

q) En^e r^gna k Troye ; il y moii- 
t : on y voyoit fon tombeau. Af- 
nius 9 fon Als & fon AiccefTeur , 
dit dans le terfitoire une Ville qui 
*toit Ic nom de fon Fondateur ; il 
fla le Royau'me k (es enfans. Mais 
poft^rit^ d'En(5e fiit enfuite de-' 
»i£6d^e par des Grecs Eoliens, qui 
iflerent en Afie 60 ou So ans 
^rhs la prife de Troye , & qui, 
effis k leur tour par les Lydiens 
par les Perfes , envoyerent de 
idantes Colonies en Italie & dans 
5 Gaules. II fe peut fort bien que le 
tef de la migration, dont il s^agit 
I, portSt le nom d'En^e ; &, en ce 
s , la Tradition ne p^chcr a que fur 
I feul article , c'eft d*avancer , au 
oins de quatre fidcles, Tarriv^e 
IS Troyens en Italie% 

■ II I ■■ ■■ ■ i# 

[to.) Tzetzei ad Lycoph. p. 107. Voy, U§ paf- 
;e« cicef par Bochart danf la DiiTcrtacion :^ 
m JBntMi un^Msm fitirit in ItMia ^ a4 Calccui 
Oft. 5aci«. 

13 



198 D I SS E RTATIOH 

III. Puifque les Romains defceii^ 
doient des Grecs Eoliens & Ioniea$| 
qui venoient s'embarquer k Phoceefe 
pour aller chercher un etabliflement 
dans les Pays etrangers , il ne £iut 
pas etre fupris de la conformity que 
Ton remarque entre ies Romains; 
& les premiers Fondateurs de leur 
Ville. A Phoebe , a Marfeille , ih 
Rome , k Chio, & ailleurs^^ la Deefle i^ 
Minerve etoit reprefentee afIife»Les z 
Phoceens avoient des etabliffemens b 
dans tous ces difFerens endroitSi 
Comme its etoient des gens de Mer, 
lis reprefentoient leur Deeffe com- 
battant affife dans un Vaiffeau , & 
non pas courant 9a & 1^ dans un 
champ de bataille : & Ton fait que j:^ 
les Colonies fe faifoient une afiaire 
de Religion (8: ) de retenir invio- 
lablement le Culte , les C^r^monies 



(Bi)Spanbem de Ttsft. Num. ft« 1« Viff* IX« 



SVR L£S Ro MAINS. 199 

I les Coutumes de leurs Metropo- 
'S. La ville de Phocee avoit pour 
sfeigne (81) un veau , ou iin loup 
larin , & celle de Rome une louve 
111 allaite deux enfans fur le bord 
'un fleuve. Ces enfeignes, qui fe 
jflemblentaffez, convenoient^ des 
illes qui tiroient leur fubdftance 
e la navigation , & des prifes qu'el- 
is faifoient fur men II ne faut pas 
^tonner aufli de ramitie etrolte & 
itime qui^oit toujours fubfifte en- 
re les villes de Rome & de Mar- 
sille (S}). Leur alliance , dit Juftin ^ 
emontoit pnfque jufqu^a la Fonda- 
ion de Rome* Depuis ce terns les 
Marfeillois Vont toujours obfervec in-- 
fiolablement , & nont jamais man- 
juc defecourir leurs Allies dans tou' 
us les guerres quils avoient afoute- 
■ ■ ■ I. " ■ ^ 

(ti) ^wx"- C'eft rorigine dtt nora dc U 
rille. (Steph. de Uib. p. 746.) 
{}l\ Juftin. XLiix. 5. 

U 



I 



I 



it 



10b DlSSERTAtlON p. 

nif. Diodof e de Sicile remarque (fifj ^i- 
qu'une Coupe d'of > que les Ro- 
mains envoyerent srDelphcs vers la 
quatriemeanneede laXCVbOlym-L 
piade 5 3 93 ans av. TEre Chretienne, 
y fut depofee dans ce qu'on appel 
loit le Trefor des Marfeillois (8y> 
Lorfque la nouvelle de la prife de ^ 
Rome par les Gaulois eut 6t6 por- 
tie k Marfeille 9 les habitans decetteL 
iVille en prirent un deuil public; 
&^ ayant appris que les Romaini 
avoient achet^ la paix moyenoaiit 
line certaine fomme d'argent » Us ra« 
mafferent ce qu'il y avoit d'or & 
a*argent dans la Caifle publique , & L 
<ians les bourfes particulieres , pour ^ 
fournir ce qui manquoit k la fomme j 
dont on ^toit convenu. Tout cela 
irouve fa raifon dans ce qui vient 
d'etre expofe. Les deux Colonies , 



(S4)Dioil. Sic.Xi7.445. 
(•s) JttftiJi«xuxx. 5. 



s 



I 



iVK tES ROMAINS. 101 

mat les mSmes fondateurs , ve- 
\xtpt long-terns dans une efp^ce 
confraternity. 

rV. J'ai declare au commence- 
mtdeceDifcours que je ne vou- 
is rien determiner fur le terns pre- 
; de la Fondation de Rome , & 
nc m'en retrace pas. S'il m'etoit 
mnis de communiquer au Public , 
ne dis pas mes conje&ures , mais 
ilement mes foup^ons ^ il me fern- 
t qu'elle ne doit pas etre tout-i- 
t auffi ancienne que le porte TE- 
que ref ue.Il eft aflez ordinaire aux 
ftoriens,qui ecrivent I'Hiftoiredes 
lies celebres , de leur donner une 
ti<{uit^ qu'elles n'ont point. II n'y 
prefque point de Villes, ni d'Evfi- 
^ , en Allemagne , qui ne puflent 
en fournir des exemples. L'illuf- 
t Chevalier Nevton , fe fondant 
r cette reflexion y a d'ailleurs fait 
L calcul , fuivant lequel il ne lui 
roit pas probable que fept Rois 

15 



Eoliens , qui avoient etal 
comptoirs fur toutes les c6 
ils faifoient leur commerce , 
voyerent de fortes Colonies c 
Pays Strangers , que lorfqu^il 
mencerent k etre inqui^tes & 
fcs dans leurs demeures par 1( 
de Lydie ; & , autant que je 
f^avoir , le Roi Gyges , qui 
rut vers la fin de la XXV Ol 
de,futle premier qui entre 
faire des conqu6tes fur les 
(86). D*un autre cot^ , j'a 
geine k comprendre qiie ces < 
qui etoient des gen5 de Mer , 
eu la penfee de s'eloigner ^ 



SUR LES ROMAINS. 203 

coetir du Pays ^ dans un teins oh 
n'avoient encore aucun ivdhUf- 
aent dans I'e voifinage. Cepen- 
jt je n'affirme rien fur ce fujet , 
rce que je con>preiis qu'une fi6- 
ion^ une bataiile perdue , la crain- 
d^un ennemi fuperieur par les for- 
; de mer , ont pu obliger les Grecs 
[uitter les cdtes , pour s'etablir 
IS Hnt^rieur du Pays. 
V« Enfin ma dernicre reflexion 
^rdera les Hiftoriens Jlomams, 
i ne font aucune mention de h 
i^art des &its que je yiens de du- 
ller 9 6i qui aflurent prefque tous 
aaimement que la premiere flot- 
que les Romains ei^iTent jamais 
ife en met , fut celle qu'ils equi- 
rrent contre les Carthaginois pefl- 
mt la premiere guerre Punique. 
L dc Beaufort a public un Trait6 
or rincertitude qui regne dans Us 
anq premiers fiecles de THiftoire 
Ilomaine. Je fuis de fon fentiaient. 

16 



jl04 DtSS fe AtAtXON 

Mais je ne voudrois pas 6i 
cette incertitude k cinq fi^cl 
tiers. Par exemple ^ Texpulfic 
Rois f les divers Trait^s de 
mains avec les Carthaginois 
port6s par Polybe , me par 
des faits conflates. Je dis la 
chofe de la prife de Rome p 
'Gaulois ^ quoique les Latins 
gSti THiftoire de cette guerre 
merveilleux qu'ils y ont ajou 
ddpens de la verit6 , & m6me 
Traifemblance. Au refte il y a 
cela une autre queftion qui 
teroit d'etre bien examinee. Li 
toriens Latins font - ils toujo 
bonne foi ? Rapportent-ils to 
les chofes telles qu'ils les f^av 
<Ju'ils les croyent ? Ne leur ar 
il pas quelquefois de fupprin 
faits certains , & averts , ou 
feuver rhonneur du Peuple Re 
ou pour ne pas s'ecarter des 
mons re9ues ?Tite-Live avoit. 



Wk LES ROMAINS. 29f 
le cite quelquefois : il le co^ 
•uvent fens le nommer. D'au- 
>is on diroit que Tite^Live n^a 
; coimu Polyl>e , cTet excellent 
ien. Polybe raconte la lev^e 
;e que les Gaidois avoient mis^ 
t le Capitole cTune mani^re 
I toute naturelle (8/). Lt9 
iSy inform^s que les Vini" 
prroikant de leur abfence ^ 
It fait irruption dans leur pays^ 
nt de fe retirer^pourvuqur'oit 
bnnSt quelque argent Les 
ions ayant it6 acCept^es , ht 
It conclue , & les Gaulois s'eif 
nerent tranquiltemenc dans 
ays (88). Tite-Live^ au con- 
y donne dansle merveilleirz Si 
e fabuleux^ parce quexetle 
e, gagn^e par Camille au mi<f 
es mafures de la ville de Ro- 

^oit pour im article de foi 

■ — -^ 

•olyb. I. 5. H. io#, 
Liviuf y. cap, 40, 



2o6 Dissertation 
parmi les Romains. Mais ^ comme il . ^ 
fe defie lui-meme de fa narration^ 
il n*a garde de citer Polybe, ni de k 
refiiter. Ceft par une femblable rii- 
fon que Tite-Live ne feit aiicune 
mention du Traite que les Romains 
conclurent avec les Carthaginois , 
foils le Confulat de Jkinius Brutus, 
& de M. Horatius (89). Le fait^toit 
affez important pour m^riter une 
ample difcuffion de fa part, yil n'a 
pas cru le Traite autentique , pour- 
quoi n'allegue-t-il pas les raifons 
qu'il avoit de le tenir pour fufpeft? 
II y a certainement de TafFeftation 
de fa part. II n'a pas voulu cohvenir 
que les Romains avoient fait pen- 
dan^ long-terns le beau metier de Pi- 
rates. 

Je f^ai bien qu*on m'objeflera 
que Polybe lui-meme reconnoit 
au Livre I. de fon Hiftoire (90), 



(Sp) Ci-dciTus not. \^S7J. 
(90^ Pol^b. I. 20. 



SUR LES ROMAINS. 207 
Lie les Romains ne commencerent 
bdtir des Vaifleaux que pendant la 
remi^re guerre Punique. J'en con- 
iens. Mais , puifque nous avons 
mrni plufieurs preuves du con- 
raire,& que Poly be lui -meme 
ite un Traite qui dement ce qu'il 
vroit dit dans fon premier Livre , Te- 
uite veut qu*on tache de le conci- 
er avec lui-meme & a^ ec la veri- 
: , en difant qu'aprcs avoir fuivi au 
Dmmencement de {on Ouvrage la 
>ule des Hlftorieds , il s*eft enfuite 
»pris & corrigi dans fon troifieme 
ivre fur des Memoires plus ffirs ^ 
*As que Tctoient des Traites publics 
ue Ton voyoit graves au Capitole 
ir des tables d'airain. Peut-ctre auffi 
ue lorfqu'il dit , que ce fiit pendant 
1 premiere guerre Punique que les 
Lomalns equiperent pour la pre- 
liere fois des Vaiffeaux , il entend 
ar-1^ ce que nous appellerions au- 
:)urd'hui des Vaiffeaux de guerre , 



ttA blSSEkTAtlO ^ 

qucnmeSy & triremes ,) dont o 
s'etoit pas fervi jufqu'alors ei 
lie J & qu'aucuh Charpeiitie: 
pays n'avoit encore appris k 
quer. Peut-Stre enfin que les 
mains , apres s'efre lohg-tems i 
qu6s k la navigation y Tavoien 
fuite negligee & abandonnee , 
me cela eft arriv^ ^ plufieurs d 
iVilles Anfeatiques. 

Je m'ima gine qu'on poufroit i 
)efter encore que le Traite , d( 
s'agit, fait mention des etablifle 
(91) que les Carthaginois av 
en Sicile , au lieu qu'il paroit 
unpaflagede Tite-Live (93) 
|e cite en note , que les Can 
nois firent pafler ^ pour la prei 
fois , une armee en Sicile , Ts 

Rome 315 , c'eft-a-dire, 8 

»— — — ^—i — — I—— ^>—— ^— 

(*x) Polyb. I. 20. 

(pijPolyb. III.p. 177. 

{p%) T. LiTiuis lib. lY. cap* 19. 



Sl/R Its ROMAINS. i6^ 

es le Traite ; circonflance qui 
t naturellement le rendre fort 
>e£l. Mais y fi Tite-Live a voiiKi 
; que les Carthaginois paflereilt 
ir la premiere fbis en Sicile Tan 
; de Rome ^ il %idra convenir 
il s'eft tromjp^ fur cet article 
Dine furbeaucoup d'autres. Thu- 
lide aflure fOrmellement (94) 
t les Pheniciens & les Carthagi-' 
s ^oient en Sicile , & y avoient 
etabliflemens avant les Grecs , 
il y fait pafler vers le commen- 
dent des Olympiades* : & il me-' 
^ d'autant plus d'en etre cru , qu'il 
conftant & reconnu que les Phe- 
iens etoient maitres de la Mer , 
int que les Grecs euffent penfe k 
ir leur premier Vaiffeau. Ce fut* 
rgo , qui leur parut une fi grande 
rveille, qu'ils la oiirent au noni- 
', des Dieux« 

•4) Timcyd* lib. VI. cap. x. p. 449, 



110 Diss ertation 

Si je pr^voyois les zutr.es & 
cultes par lefquelles on pour 
combattre mes conJQ^iures , je 
. cherois de les pr^venin Aii refte 
me trouvera toujours difpofe k 
examiner avec attention & avec 
cilit^ 9 & mSme ^abandonner i 
ientiment , des que Ton me mont 
que je me fuis tromp^. 



jf iji- ■ ■ » k ^ ■ '^ 



Ill 

E X T R A I T 

fMemoirefde M. G i B ert pour 
crvir a rHiJloire des GauUs & de 
'tfi7vz/u:^,p. 8-13. 41-44. 134-I70. 

[. 1 L ne fera pas hors de propos 
rapporter ici en entier un pailage 
Diodore , au fujet des Peuples 
It nous parlons, que Ton a beau* 
ip critique , peut-etre fans trop 
fondement. » II eft important, dit 
Hiftorien Grec, de remarquer une 
lofe que pluiieurs ont ignoree : 
on appelle Celtes les Peuples qui 
emeurent au-deffus de Marfeille , 
u milieu des terres pres des Alpes , 
^ jufqucs a la droite des Pyrenees : 
a donne le nom de Galates k ceux 
ui demeurent au-deflbus de cette 
eltique , foit vers le Midi , foit 
ers rOcc^an , ou vers les Monts 
ercyniensy & jufque$ a laScythie« 



»Mais lesRomaih^9 cotiiprei 
d» uns & les autres fous un 
M nom> les appellant tous 6gd 
^ Galates ( i).» M. Pellputier, 



. tr«t« yff§ vnfi{ Matfff^Xicf iatfixirlat «v t» fif 
Tit *<f< TOK AVxkc > tr/ /• Kdu r3t ««ti r« / 

<n T* jrjU »0TO» «VO»T« /U({V »«{« Tl TOf ^*X 

Ef k»mv CMC xai&«/|i/ufra xoi ;tarra< r«< t^r 

ir«rT« raur« ra \^u cv}^^>if fAia Ttf^twyi^i^ 
■ ff«#i> oN/u<a^orr<t T^Aarat a««frat> 

Opcrz pretium eft rem explicate qu 
ignoiatur; eos oempe qui fupr^ Ma0il 
'tant in Mediteiraneis & circa Alpcs 
dextram Fyrcneorum montium Celtas 
<qui verb inix'a hanc CeltiCim five ad 
• vergentes terras five jUxtd Ocean am H< 
que montem iltas incolunt ac cnn£los 
adScythiam ufque Galatas-vocari. Ro 
turfus has genres uni omnes appell 
fumma comprehtndunc & Gal.itas ( G 
cant. Died* Sic. lib. 5. />. 214. initio ^ . 
rici Stef/hani, 

(*) C*^ft ainfi qu'bn lit d^ns un 
conferve dans la Bibliotheqiie de 5 
main-des-Prez, 5c non pas, comme da 
Hons, trt /i rsit irl rd «^| t«v, ob il eft c' 



|IE M. GiBERT. M^ 

elle HiJloir§ des Cfiltcs , foutient 
y a trois fiiiites dans ce paflage* 
yiodony met^ dit-il, (c Midi pour 
ytcntriQU. i^. // fait dt la fork, 
//lie utu montagnc dc at nom. 3 % 
iund que Us FmpUs , qui dcmm^i 
t autour 4^ cfs Montagnes &jnf-'j 
i la Scyehic yportoient It nom^ dc 
oisj ou , coifi^e difint Us Grccs^ dc 
us. Examinon^ pes tcois pr^ 
ues &utes Tune apr^s Tautre. 

premiere efl , que Qiodore a 
i Midi pour le Septentrion. Dio-i 
dit qu'au^-deflTQus de ceux qu*il 

^ ■ -, ■■' ■■ * 

I pag. faivanfe dans fes {mprini^ , 8c qui 
irraflV les Tradu^otics : on l^t , dans les 
aes , qne les Lufitains font Ics pins braves^ 
mbres. Rhodoman f. cth qu'il falloi^ lire, 
cltiberiens. M. TAbb^ Teriaflbn le le- 
& veuc qu*on laifle Cimbres } |e ne ffais- 
o^^q\loi , puifqu'il n'eft point <|a tout 
>n d^s Cimbres en cet endroit : on 11^ 
e Minurciic, des Ib^iens l€»pi»i pour- 
iVS j^, en effet, quelqoca (igncs apx^s ^ 
re m^t f laizemenc les Lafitains au noni-» 
Ui iberieq^i m^me .dans les Imprimis:; 



i 



214 MiMOlRES 

appelle Celtes^ les autres P.euples qui 
demetrfent oil vers le Midi , ou vers 
rOcean , &c. fe nomment Galates: 
or cela eft exaftement vrai , & je ne , 
vois pas qu'il prenne une pofition 
pour Tautre ; car il ne donne le nom 
de Celtes , comme Polybe & Cefar, 
qu'i ceux k qui il etoit propre; c'eft- 
^•dire , k une troiiieme partie de la 
Gaule , rjenfermee dans U milieu da 
urns y entre la Garonne & la Seine ^ 
depuis les Alpes jufqu*au commen- 
cement des Pyrenees; au dejfous d'tux 
vers le Midi ^ etoient les Aquitans; 
vers TOcean ou le Septentrion , les 
Beiges & les Germains : or les Aqui- 
tains 9 aufii-bien que les Beiges & les 
Germains , font compris par notre 
Hiftorien fous Le nom de Galates f 
& egalement diftingues des Celtes; 
il a par confequent raifon , dans foa 
(endment » de placer les Galates au- ^ 
deflbus des Celtes y vers le Midi ^ com^ 
fnc vers le Septentriontt 



deM. Giber T. 115 
ieconde faute tombe fur ce 
parle des Monts Hercyniens ; U 
dit-on , deja forh Hcrcynic unt 
tagnc dc cc nom : comment M, 
>utier ignore-t-il qu'il y a en efFet 
iontagnes Hercyniennes, & fui- 
les Anciens , & fuivant les Mo- 
es ? Comment ne Ta-t-il pas ap- 
9 je ne dis point des Scholiaftes 
lolloniiis de Rhode , & de De- 
le Peri^gete , ou de Denis lui- 
le ( 2 ), je ne dis point de Pline 
1 9 tnais d'Ortelius dans fon Die- 
naire , ou de Cluvier dans fon 
oduftion ^ la G^ographie 9 /• 3. 
• oil il dit, apres Pline » quec'^-* 
int les plus c^lebres montagnes 
[a Germame : Montium nobilijjl^ 
n jugum Hercynium Boikamum 
yens qui & Sudcti monies : &C^ ii M. 



t) Schollatt. in lib. 4. Argon. ApoU. ILko^l. 
nyf* Pefieg* v. z8 6. dc ibi Schol, 
1) Malli inferiuf nobilitace Hcccytiium jtt* 
I. tlifh lib,j^t4if, 14. 



%i$ M I; M o I R c « 

jPelloutier avoit mSme ^te < 
cle conno^tre dayantage ces j 
gnes^ Conradms Celtes lui en 
fpurni des defcr^tions ajQTez 
en profe & en yers ( 4 ) : ainl 
^ encore ici rien k criticjue 
Piodore de $icilej. 

Enfin la troifieipei&ute, rep 
k cet Hiftojrien^ confifte en c 
pretend que Jes Peuples qu: 
toieiit jie nom de Galates on 
lois^demeuroient autour de cei 
lagnes. life trompt , dit M. P 
trier : Us Gaulois itQunt en d 
Rhin ; Us PcupUs qui itount c 
dt ufimvtfunntd*abor4apptU 
thcs ou Cdus , &r cnfin GtrmaU 
luu qu^ U nom dt Gaulois Uur 5 
nitrisTrarcmtm. M^isplutot W 
loi^jtier fe trompe luirmeme c T 
pas appelle les Peuples d'au-d 



W In ad4. dc Hcrc/n. f/Ivi, & xu a 
fit. U, mor. Germ. 



Vt M. Gib ERT. %tf 

\, Scythes ou Celtes , que par 
>rance , oii par erreur , &c dans 
'ems oil Ton n'avoit pas encore 
itre dans ces contrees, & oti Ton 
ouvoit par confciquent favoir 
veritable nom. Si Appien & 
1 Caflius , ou d'autres , les ont 
lis appell^s Celtes, c'eft en fe 
brmant, comme Tavoue Dion , 
: ufage tr^s-ancien , '^mu <x^x**^<^ 
qu'ils auroient peut-Stre moins 
i 9 s'ils eufient fait attention 
n mati^re de G^ographie les 
velles decouvertes que font des 
^ageurs exa£b font plus fures que 
ieilles opinions ^ qui ne naiflent 
de rignorance , ou qui ne font 
\s que fur des conjeftures. A Te- 
du nom de Germains, c'eft un 
ipropre & particulier comme ce- 
e Celtes ou de Beiges, &c. qui 
clut en aucune fa9on le nomge- 

Dioa. CflflTJib. 19. 



%iS M i: M o I R c s 

nerique ; ainil celui de Tedofaj 
n'exclut point celui de Voices, 
celui-ci celui de Celtes ; celui de i 
tiates n'exdut point celui d'Aq 
tains , ni celui-ci celui de Galat 
enfm il n*eil pas etonnant que 1 
trouve rarement le nom de ( 
lates applique iingulierement ; 
Germains ; puifque c'eft un n 
generique 9 &c que Ton n'enipl< 
pas communement le nom du ge 
pour deiigner Tefp^ce en parti 
lier; par exemple, le nom d1 
ropdens , pour d^figner les Fi 
9ois ; celui d'Orientaux , poiir < 
gner les Perfans^ 

III. Obfirva$ionsfurunpaffagt£ 
rodoUy Uplus ancicn ou les Ci 
foient nommis. 

Je ne connois point d'Auti 
Grecs qui aient nomm^ les C( 
avant Herodote , qui ^rivoit 
ans avant Jefus-Chrift. » Le Dam 
>»dit-il, /. 2. afon cours depui 



o£ M. GiSE Rf. aif 

s des Celtes & la Ville de Pyiv 
le ..•• Les Celtes demeurent au^- 
Us desColonnes d'Herculc, &c 
finent aux Cyn^tes , qui font le 
lier Peuple que Ton trouve k 
:cident de TEurope. » Ce font 
eltes mSme que M. Pelloutier a 
u'Herodote pla9oit k Textr^mi- 
xidentale de TEurope 9 &c non 
;s Cyn^tes; mais il s'eft tromp^ ; 
it de Jetter les yeux fur le texte 
pour $"^11 con vaincre ( 6 ) : oil 
Cynefiens ; je crois qu'il fkut le 
ger par un autre paflage du qua. 
le Livre 9 ou notre Hiftorien les 
lleCynetes, & oiiil rdpete que 
eltes font^apxes eux^ lesPeuplei 
lus Occidentaux de TEurope ; 

' I I J ■ ■ i I I m 

lA<H' • • • • • iJ^ KiXrM ii#< «^«» H*«4iiAM'iir r<Afvr 

y|««« KcrtfM^fwr.lilex enim ei Celris Sc Fyi« 
orbe orfiifl fluit . . . Celts vero funt extia 
a^$$ HetcttUt finitimi Cunecibut qui ul^ 
'ant omniifm in Eucopa ad folU occafuoi 
(atiiun, Heiod. lib* a« 



^X9 M^MOlIlEll 

cepeodant Etienne de Byzance s 
^ue Ton dit Tun & Tautre (7 ). 
Les Cynetes etoient les dei 
Peuples qui fiiffent etablis k Vi 
dent de TEfpagne & de TEurop 
comme nous Tapprend Trogue 
p^e dans Juftin.(8), c-etoici 
anciens Habits^ns de TartefTe ; 
nom meme s'y eft long-tems e< 
Ve dans celui des Cuneens, ^ d 
yille celebre de Cuniftorgis, q 
pien place au m^me endvoit 
auiH-bien que dans celui du 
toire Cuneus, le plus Occiden 
TEurope , comme le difent 
& Strabon : mais ce dernier 
tromp^ y ce me fem];)le , loi 
fijoute que ce mot eft Latin 5 
•voulu dire par-li,que le no 



(7) Stephf Byzant. in verbo Kvfvmtw, 
(t) SzUns Tarteripiam in quibus 
belliim advcrfus Deos geflSfle pxoditux 
loere Cunetcs. lib. XLIV. cap. 4* 
(9) Appian, in Ibesic. 



DC M. GiBEkt. lit 

^ Peuples , ou de cette contr^e 
itoit pris du mot Latin qui lui ref« 
PbnbleOo). 

Ir M.Pelloutier(ii)s'efttroppreff(S 
pt confondre la Ville de Pyrrene ^ 
bii H^rodote place la fource du Da- 
nbe avef lesMonts Pyrenees, qui 
■jMitdt les Gaules des Efpagnes* 
r H&rodote parle 9 comme on voit f 
nne Ville & non d'une Montagne : 

Danube fe forme de deux; ruii* 
> dont Tun, dit Villichius ( 1 2) ^ 

lappelle Prygen , & Tautre fort au- 
i d'une Ville appellee Fcnn^Bach 

urce dc Ftrcn ) , noms qui ne font 

(fi eloignes de celui de Pyrrhine , 
Ton puifle decider qu'ils n'ont 

\ iti defigncs fous ce nom par He* 

lote. 

^ t ". II y avoit une Montagne Pyre- 
Ik^ dans les Alpes Rhetiqucs , fur 



\ 



bo) Scxab. lib III. init. 
X 1) Hift. ^cs Celtet, lib. I. pap« l. 
(i 2J| In Com. Taa Geim. lib. I. cap. a* 

K3 



nom meme s'eft conferve, & 1 
lemans Tappellent encore P; 
pii Brenner dans le Tyrol ( i 

IV. Exarrnn du Chapitri 1 
Livre premiir de tHifioirc dcs C 
M. Pdloutier. 

Entre les Peuples que M. I 
tier met aii nombre des Cel 
n'y en a point que j'aie iii pi 
pris d'y rencontrer que les i 
Habitans de la Grece ; mais 
pas ^te moins etonne de ne t 

(13) Poll hos auceiu (GermanosJ 
xnons & domicilla Ccltarum prope fo 
criflui £ridani. Dionyf. Pcrieg. v. 288 
cnfuitc d«s Monts Pyr«^n^€s d'Efpagne 
338. TarteiTus araxna divitiis atHucntii 



DE M. GidERT. 11| 

* conjefture aiiffi nouvelle foil- 
ue que par des conjeftures encore 
s hafard^, par des citations 
: entendues, ou mSme tronquees , 
>ar des raifonnemens peu folides : 
t s'en convaincra aifement , ii Ton 
It me fuivre dans Texamen que je 
s fairedu Chapitre IX.defon pre- 
T Livre : puifqu'il promet de ne 
arder les Critiques que Ton fera 
fon Ouvrage , que comme des 
uves de Fattention avec laqbelle 
Taura lu , je me flatte qu'il me 
Lira bon gre de mes obftrvatioiisv 
A. Pelloutier fe propofe d'ctablir 

I les ancicns Habitans de la Greet 
€711 Scythes ^ & U mime Peuple , 
il , qui re^ut enfuitt le nam de Celtts, 
on lui, cesanciens Habitans furent 
partie chafles, en partie foiimis 

• les Colonies que les Egy ptiens & 
Pheniciens y en voy erent, enforte 

II s'y forma une nouvelle efpece 
labitans ^ compofee d'Egyptieas.^ 

K4 



I 



124 MEMaiKES 

de Ph^niciens & de Scythes ^ & ( 
Ton reconnut pendant long-temsdi 
traces de ce melange dans leur Lai 
gue & dans toutes leurs coutumd 

Voilk Vid6e g^nerale que M. Pd 
loutier nous donne lui-meme de fo 
iyfleme : il femble s'embarrafierdEi 
peu de Taccorder avec rEcritum 
Sainte , qui fait defcendre les Gra 
de Javan (16); une conje&urefii 
guliere, qui fe trouv e > ou, du moiil 
qui paroit oppofee au texte des L 
vres Saints, devoit 6tre propo/i 
avec un peu plus de circonfpefiii 

C'eft une premiere obfervation 
Iaquell6 j'en ajouterai une fecom 
fur ce pafTage de Denis d'Halicai 
nafTe , qui eil cite au bas de la p, 
( *). 11 s'agit du terns oil les Pheniciei 
& les Egyptiens paffer«nt pour 

(15) Daniel ippclle la Gr<^cc lePaysdc Jivaii 
J>dH. VIIL 2 r. Hirtus cMprdrum Rex GrscU , iuti 
THcbrcu , Rex Javan, | 

( *) Voy, ci-dcffiis Liv. I. Chap. IX. note (ij 
deVHifi.dtsCth. 



d B M. G I B E R t. 11^ 
ere fois en .Grece; k ce fujet M. 
itier pretend qufe Denys d^Jfa^ 
tfft dit^ que Its Filafgesi qui 
\ Its auckns Habitans dc la Uri-t 
mcnctnnt tPiuc inqitictes par hs 
\aux y deux geuiraiions avdnt la 
dc Troyt. M. Pelloutiern'a pas 
sirde qu.'il ne s'agifToit dans le 
e de rHiilorien Grec , ni des 
tienSy ni des Pheniciens , ni de 
enue en Gr ece, ni enfin des P^- 
de la Grece ^ mais des Pelafges 
.e9& dela famine^de la pefte cm 
itresmalheurs qui lesobli|^renl: 
brtir, & de retourner dans la 
?,ou dans d'autresContrces( 1 7)1 
Pelloutier entre dans rexplicas-* 
ie fon fyfteme , qu'il appuie 9 
LrFHiftoire des Eelafges,!?. 
nf Religion ,3*'. fur leurLaiii- 

4". fur la Mythologie Grecqud 

■ " ■ . 1 ■ ^« ^ ^-"^p" 

%i\ XV^% ^v «r TO niKeuytM x«xSriu ^{f«r» » 

mpa& autcm quo res PeUfgocum deficexc 
nt.(lib. I. p. 20. Edit. Leipficf. C'cft cettCt 
I ^nc noos ciiOns tQDJoors. 



ai^ M £ M O I RE s 

II faut le fuivre danstoutes fesi prea4 
yes : il foutient d'abord que Uspn^ 
mitrs Habitans dt la Grict itoitnt 
Pmplt Bariare & Nomade , qtd p^ : 
ioie Unomd^ Pilaffs ylathofi^zfM c 
tt^t-W^eJireconmuparluplus'ciMA t 
Hijloriens^i qui ofureMqUtl^ ^^^^%- 
gis occupoUnt anciennifMnt non^fm t 
kment U Peloponnife , U ierritoin ^A \ 
theuis avec Us IJlcs voifin^s ^ pMrtic$ ^ 
lUremcntxelUs dc Lemnos , dc Scyfu$^ > 
d^Eubic , ^iii portoit autrefois U nd ^ 
dc Pdafgik y mais en gimural MUak g 
Grec^ .1 

i^ Les Pelafges, il eft vrai, itoiti 
unPeuple barbare> &c dont lecarad i 
"tere principal eft d'avbir loiig^teini -_ 
erre pour fe chercher des demeum 
fans en trouver oil ils puftentfefi . 
xer ( i8) ; mais )% ne f9ais fur qi 
fondement on pent les appeller 
mades : on f^ait en efFetque le 



fi 8) Herod, tib. ][, 9(«^. pliulbiis ia lA^h 




DE M. Giber T. 217 
te effentiel de$ Nomades ^toit de 
avoir d autres biens que des trou- 
saux, ni d*autre occupation que de 
s conduire d'un paturage k un au- 
e, comme le reconnoit M. Pellou- 
cr lui-meme : del^ leur avoit 6t6 
onne le nom fous lequel ils dtoient 
onnus , qui a pour racine le mot 
free ff fjitd qui {\p{\fit pahrcyOW celui 
c fcfAn qui lignifie pdtun ou pdtU" 
^ : ^ permutandispabulis ; quiafa^ 
i untantes agros alia atqiu alia loco, 
uivtrant. Cc fonf les raifons que 
iallufte & Pline donnent de ce nom , 
Ikui dans fon Jugurtha , Tautre dan$ 
bn Sift, nau L 5. c. 3, Or nous ne 
*4qos nulle part que les Pelafges euf- 
kot aucune coutume de cette ef- 
P^e 9 ou fe mSIaffent du foin des 
Imipeaux : au contraire , fuivant 
l^kore , cfains Strabon , /• y c'etoient 
ki homoies qui s^etiHent adonnes 
piquement ^ la Guerre; &9 ^ivant 

K6 ^ 



Xli M i M O I R E ! 

Denys d'Halicarnaffe ( 19] 
rent eux qui y en fe melant 
'Aborigenes , lespolicerent ^ 
prirent k bStir des Villes , & 
tirer; & en efFet , s'ils n'av< 
de demeure fixe , ce n'eft p 
qu'il etoit dans leur moeui 
de Pays en Pays , & d'etre 
pour ainfi dire ambulans, n 
ou parce qu'ils ne trouvoie 
terresvuides oiiils puffent \ 
ou parce qu'ils etoientcontj 
quelque force majeure di 
celles oil ils s'etabliffoient, < 
refulte de leur Hiftoire ; ai 
/quitterent la Theffalie qi 
qu'ils en furent chaffes pa: 
l^ges^ & ils n'abandonnerej 
que parce qu'ils y furent f( 
les triftes effets de la pefte & 
mine ( 20 ). Les Scythes au ( 



D £ M. G I B £ R T. 11^ 

r & les Nomades paflbient d'un Pays 
(s ik iin autre par coutuitie & fans au- 
- cun deflein de s'y fixer ; ainii Tepi* 
r thite de Nomades peut etre appU* 
'^ -quee aux Pelafges. 
» 2^. X^ette propoiition que les an* 
t^ ciens Habitans de la Grece ^oient 
^ Pelaiges , me paroit trop g^n^rale ; 
|t car il s'en fiiut, ce me femble , de 
hi beaucoup que Ton doive r^duire les 
. premiers Peuples de la Gr^ce aux 
^ieuls Pelafgesy & THiAoire nous ap« 
b prend^au contraire^ que fi les Pelaf^ 
P S^ ^V ^^^^^^ <^s quelques en* 
^ droits 9 ou ils en cbafTerent des Habi- 
^lans quiy demeuroient auparavant, 
i ou ils s'unirent avec eux ( 2 1 )• Auffi 
I je conviendrai ^ avec M« Pelloutier , 
|4)ue 9 fuivant les Auteurs qu'il cite 
^ en cette occafion 9 prefque toutes 
^ies contrees ^ dont il ^t ici Tenume- 



i (si) Heiod. lib, U. PioDjrf. HaUcaxQ. lib. J^ 
-. Scnb. lib. V^ 



230 M£moires 
ration, ont ete occupies en different 
terns par les Peiafges , qui paflbient 
de Tune k Tautre ; mais ces Auteurs 
ne difent nuUe part qu'ils les occu- 
paffent originairement : le prdtendu 
paflage de Thucidide , rapporte en 
lettres italiques, qu*ayani It urns 
d'HelUn y fils dc DeUcalion , la Nation 
Pelafgiquc etoit ripandut dans tome la 
Greet , quand on Tadmettroit , ne 
prouveroit en aucune fa9on que les 
Peiafges en etoient les premiers & 
les feuls Habitans : mais^de plus, c'eft 
un paflage que Ton prSte tout entier 
^ Thucydide , qui ne dit rien de fem- 
blable : voici en efFet les paroles de 
cet Hiftorien, dans Tendroit qui eft 
indique ( 12 )* 

» Le nom d'Hellenes ne fiit point 
5» originairement commun ^ tous les 
^►Peuples deces Contrees; ii n'exif- 
»toit point meme du tout avant Hel* 

(z2) Libtl.cap. 3. 



DE M. Giber T. 251 
n , fils de Deucalion ; mais cha* 
je Nation , & fur-tout entre au- 
*s celle des Pelafges , avoit fon 
>m propre & particulier : » k quoi 
krholiafte ajoute qiidlts rCtn 
cm aucun quifut commun a tonus. 
\ facile de voir que non-feule- 
t Thucydide ne dit pas que les 
fges occup^ent toute la Grece ^ 
leme qu'ils y fuflent repandus 
tout , mais qu'il refulte^ au con- 
e^ neceflairement de ce qu'il dit> 
lie etoit peuplee de hieix d'autres 
ions que les Pelafge$« 
nfin y il n'y a aucune indu^on i 
• de ce que les Poetes out quel- 
fois compris tous les Grecs fous 
?m de Pelafges : ils ont parle en 
tes & non en Hifioriens 9 ou en 
iques , & Ton n'en peutpas con- 
e davantage qu'ils avoient ete 
inairement Pelafges, que Ton 
rroit conclure qu'ils etoient tous 



Acheens ( 13 ) , Dolopes (14) , Do- 

liens (3 5) > ou Argiens (16) , de (X 

que les Poetes les comprennent quel 

quefois fous ces noms particiilier; 

Je ne puis m'empecher d'ajoute 

encore ici que le Scholiafle d'Apol 

lonius efl cxt6 m^ k propos , poi 

montrer que Tlfle d'Eubee fut oca 

pee par les Pelafges, & qu'elle s'a; 

pelloit Pelafgie , ce Comnientatei 

lie dit autre chofe , finon que f( 

.Pdete appelle Pelafgique ^leMarsc 

MacronUns , parce que les Macr 

niens ^toient une Colonie venue • 

VEubit , Ijlc voijine du Pilopponij 

lequel ^oit appelle autrefois PcL 

£^ : en efFet, Strabon qui fait Ten 



(23) Se quoque principibus permiztnm ag 
vit Achivis. 

(24) £t gemini Atiids Dolopumque exerc 
omnis. 

(25). • . • • Juvac ire & Dqxka caftia 
Defertofque videie locos. 
'(16) • . • . Noa hoftem iiiixnicaque Ci 
Argivum , veilias fpes uiitis. 



DE M. Giber T. 131 

Aeration des anciens noms de ^u- 

liee^ nelui attribue point celui de 

Pda^e ( 17 ) , & je ne me fouviens 

^ pasd'avoir lu y nulle part, que les 

^ Pelafges s'en foient jamais empares. 

Chajlcs iu Filoponnifc y dit M. Pel- 

lovsheTypar Us CadmitnSy c^fi-a-^rc > 

U-f^r Us Oricntaux y Its Pilafgts fi 

, mmnni dans la TkcffalU , ou lis ft 

wuundnrcnt pendant un affi[ long ef^ 

pMC€ iU terns ypulf que utu Pravinur€» 

pa £tttx U nom dt PiLASGlA. 

Denys d'Halicarnafle , qui nous 
i^^nd cette migration des Pelafges 
tn Theflalie (18) 9 ne dit point quel 
en fiit le motif, & comme il la pla* 
joit trois ou quatre generations au 
\ moinsavant Cadmus, iln'aeu garde 
de dire qu'elle fut occafionnee par 

(17} Ellc s'etoit appellee MMtris^ Ahjkntii^ 
OAe/jElUfU [Stnb. Hb. X. ) Hcfychius Tap- 
feUe aaffi JBmm. ( Boch. lib. L dc PoxnicQim 
Coloa.) 

(ztj Ant. lib. I, 



de plus dans Herodote, que dc 
nys d'Halicarnaffe , quoique I 
loutier en cite les Livrcs II. c, 
c. 57. FII. c, 93. &f^q> 

U n'a pas mieux reulfi dar 
plication d'un paflage du chap 
dnLivn L de cet Hiftorien , d< 
fert qiielques lignes plus bas 
montrerque les memes Ca< 
inqui^terent encore les Pelafg 
la Theffalie ; car Herodote, da 
droit cite , n'attribue aux Ca( 
qued'avoir chafleles Pelafge 
ti^otide (ou Eftieotide ) , Pi 
fitiie vers les Monts Olympe 
oil ils fe retirerent en fortar 
Theffalie , & non pas de la T 



I 



DE M. Giber T. 25^ 
Mcens que les P^lafges furent inqui^- 
tis dans la Theffalie; c'eft plutde^ dit- 
jl,par U now can P tuple , form^ du 
sdlange de ces Orientaux dvec les 
aociens Habitansde la Grece. Denys 
cPHalicarnafle fera cette fois fon ga- 
rant au /. 1; dtfcs Antiq. Cependant 
cet Hiftorien ne nomme en cette oc- 
cafion que les Curates , les lileges , 
les Habit ans du ParnafTe. OrM, Pel- 
loutier ne prouve point que ces Na* 
lions fuflent le nouveau Peuple eft 
queftion, qu'il compofe d'Egyptiens, 
& de Ph^niciens & de P^lafges , ou 
quelles en fiflent partie : je ne f9ais 
ti^me fi leur Hiftoire pourra s'ac- 
commoder aifement \ cette origine ; 
qnoiqu*il en foit , Jufqu'i ce que M. 
Pelloutier ait ^tabli c^ point , je ne 
vois pas ce que feit icipour lui Tau** 
torit^ de Denys d'Halicarnaffe. 

Mais laifTons toufes les migrations 
dcs P^lafges : & voyonsplutot com- 
nent ii en concl^ra enfin que lesPe-^ 



Grece , en Italic , &c. ) itou 
r opinion que Us Pelafgcs , qui 
roitntcn Grece , en Italie^ dans . 
ce^ dans tAJie mineure, etoient 
me Peuple : comnte il cjl conj 
les Pelafjges des aiures Pro\ 
JP Europe , etoient les anciens v 
fui vicurent dans lafuitt fou 
de Ceites^ ta cdnfequence tfi/a 
rer^ c^eji quHlfaut dire la mi 
de ceux qui etoient en Grece. 

II eft bien difficile de fe pr 
premier raifonnement ; car c 
qu'il entend par les Pelafges 
vinces di f Europe ^ k Tegard ( 
il eft conftant qu'ils font S 
Jufqu'ici, il n*a parle que de 



conilant qu'ik fuffent Scythes ; 

: ce qui eft en queftion : il ne nous 

r 4n a pas non plus montr^ d'autres ; 

1 4(f apres tout, j*ai beau relire les Au« 

tears, j'ai beau feuiUeter fon Livre , 

|e ay trou ve que ces P^la^es Grecs ; 

; on s^l ^end ce nom quelque part k 

; d'autres , c'eft fans citer ni autorit^s , 

HI raifons qui Vy fondent : ii done il 

tn connoit veritablement (i'autres^ 

& qu'il foit aiTur^ qu*ils font Scy-^ 

Aes , qull nous les d^couvre clairie- 

: jaent & pr^cifi^ment ; fur-tout quil 

I Bous communique les preuves qu'il 

a de leur origine Scythiqug ; autre- 

t ment le raifonnement qu'il ^t ici 

pfte fera concluant que pour luL 

[' II continue : Ccpmdant jfipouffani 

tflus loin nos rechcrchcs^ nous fouhah* 
Uon$ defgavoir encore plus particiUii* 
Hmcnt , quel Pcuple itoicni ^ apropre^ 
ment purler^ ces Pelafges; les Poetes 
nous diront dans leur Jfyle figuri que 
fugient dfs (^ian^^ i ^ffi U nom m*9ll 



ftjS M i M O I R C S 

donnoit au£i axiJi^Ctltts , parct oj^'i 
itoitnt (Tune grandeur inomu. 

M. Pelloutier ne nous cite malhe 
reufement aucun Poete qui ait doni 
le nom de Geant aux Pelafges , 
aucun Auteur qui i'ait appliqu^ a 
Celtes. De ce que les Anciens < 
place les Geans dans quelques-i 
des Pays qui fiirent occup^s par 
Pelafges,on ne peut pas conclure fi 
doute que les Pelafges font la m§i 
chofe que les Geans ; c'eft pourtani 
1(eul argument dont il appuie une al 
gation fi finguliere. Voy. la Note qi 
met (*) au bos de la page 7 1 .fous (< 

II n'eft pas mieux fonde , lorfqi 
ajoute que les Poetes les ont auffi i 
pellesTitans,& Tendroit d'Hoihei 
oil il croit Ta voir lu,ne dit rien moi 
que cela. Ce Poete , en effet , y n 
^ la tete des Pelafges , venus au 
cours de Troye, Hippothous & F 
leus, enfans , dit-il , du Pelafge I 

(*) Cl-<kirits Torn/ L p. iij, note {J^)% 



BE M. GiBERT. ^3^ 

i%yfils dc Ttutamt : car c'eft uni« 
ement ce que iignifie le nom pa- 
niroique Ttutamidc , & non pas 
'ilfut un Titan. Apiis tout, fur 
i\ fondement M. Pelloutier veut- 
[ue Ton croye que Ttutamidc ^oM 
uamc & Titan font la m6ine chofe? 
rtainement il y aflez de difference 
Te ces deux noms , pour ne pas 
»r cette confequence de leur feule 
Temblance , fans quelque temoi« 
age^ians quelque principe qui Pap- 
ie. Enfin, il me femble que fi les 
lafges etoient la meme chofe que 
; Geans , on ne doit pas y dans Te- 
ditude de la Critique, les con« 
ndre avec les Titans, ni au con* 
aire ; car , pour peu qu'on f^ache 
; Mythologie, Ton connoit la diffe* 
mce des uns & des autres; les Ti- 
ns font les premiers Auteurs de la 
mille des Dieux de la Grece ; les 
eans font des monftres que la terre 
roduifit, pour venger la defaite d^ 



V40 M £ M o t R fi J 

& le malheur des Titans I 4etr6i 
par leurspropres enfiins (i9)- 

II n'eft pas encore terns d*exai 
ner fi M. Pelloutier prouve mie 
que les Titans, ou les Geans, ne f 
autre chofe que les Celtes, & il 
fuffit d'avoir montre , quant k p 
fent , qu*il prouve mal , ou pli 
qu'il ne prouve point du tout^ < 
les Pelafges fuffent la m8me ch 
que les Geans ou les Titans. 
. Qu'ileflQcheuxqu'unLivreci 
xne le fien, joigne fipeu de Lc 
que a tant d'erudition ! II s*eft ii 
gine que les Thraces <5toient Celt 
&,fur ce fQndement, il entreprenc 
prouver que les Pelafges etoient 
Thraces , parce qu'il s'en fuivra 
turelletnent qu'ils etoient auffi C 
tes : examinons comment il exec 
ce qu'il fe propofe. 

Herodote dit , k ce qu'il pr6tei 

\i9) ApoUod. lib. I. • 



DE M. GlB£RT. 241 

.^. 5 1. Que Us Pelafges occupoitnt 
ienntment Cljle dc Samothracc , & 
ceJliTcux que Us Thraus ontpris 
lyfieres dts Cabires; il trou ve dans 
a^ige une premiere preuve que 
Pelafges etoient de$ Thraces ; 
r moi ^ il me femble qu^il en au- 
du conclure tout le contraire ^ 
que de ce que les uns re9oivent 
autres des ufages particuliers j ii 
fuk n^eflairement quli^ avoit 
e euz^ au moins ^ quelques diffSf «- 
:es de ceutume^^auffi-bien qu^ 
lom y 6c qull n'eft pas poffibl^ 
itrcr de ces differences m^me$ 
Is ^ient im m^e Peuple^ un$ 
De Nation. 

urefle, iln'eft parle des Thraces 
undent en cet endroit quedan^ 
tadttdiOn Latine de Valla 9 & le 
ic ne dit autre chofe , finon que 
Samofhraces re9urent des Pi^iaf* 
ipa s*6tzV&Tent dans leur Ifle, lei 
i^es des Cabires^ 
'me in, h 



24J. M §: M O I R E S^ 
M. Pelloutier tire line fe 
preuve de ce que les Thraces e 
aiifli-bien que les Pekfges ( 
dans laGriicede.toutjs ancienr 
de te^T^ immemoria,! : je pot 
qu'il en refult^ op effet qjiielqu 
formite entr.e les Thraces & 1 
lafges k cet egard ; mais cela p 
d'a^itant moins qu'ils font le 
Pcuple , qu'il y avoit d'autre 
tions cjjaf le.s Pclafges , qxii d 
roient ,ponim.e eux, de toiit^ a 
net^ dans la Grcce. JCe n'eft p^ 
& je lui d.emanderpi^ volonti 
il a trouve que les Thraces y 
^tablis dfi Urns inwiejjiorial. 1 
dide dit/^ la vcrite (3 o), qu*ih 
.poient la Phocide (iu<eiins de T 
ft: lors du nieurtre d'I.ds par les 
d'Exechlee j mais ce tf ivs n'ef 
i:epul^ dans rJ^iilQir^.de Tan. 
Grece, (8f Ae remc^Ue qu'^ ci 

^"' M- . : rr- a;.. ...i r .J .» ' . ' v 

(|o) Thucyd. lib. I, 



DE M, GiBERT. %4J 

;en(Srationsau plus avant laguer. 
B Troye ( 3 1 ) , an lieu que I'on 
(ve les P^lafges dans le Pclopon* 
t phts de dix-huit generations au-> 
rirant (31). Enfin la Phocide n'eft 
Kne Province de la Grece y &c 
ne peut pas conclure du parti- 
er au g^n^ral ; ainii , quand les 
aces auroient demeur^ de tout 
( dans cette Contrce, cela ne&« 
rien pour le refte de la Gr^ce^ 
letroifi^me preuve ieprendde ce 
les P^lafges demeuroient pr^s du 
tt Athos, oti habitoient audi left 
bes 9 les Creftones 9 les Edones , 
pies Thraces \ II y a toutc appa^ 
f , <tit M. Pelloutier , qtu Us Pi^ 
cy ne sUtoicnt ruirls clu[ mx que 
' hte cnfuntl aupris dc Uurs Com* 



i) iJitOtU t C€fcopi II. fzuA'tom II. Eg^J 

k^ Mneplmy qui ie uou$9l au iU^ 4% 

^ 

) DitfojC Wditum, lib. L 

Li 



Z44 M £ M o I R £ s 

. Cette apparence I^ eft d'^uta: 
.foiJ>le,que,par la m6aie raifon. 
guires de Nation 4ont on j 
mettre les Pelafges, qui, prefqi 
Jours errans , fe logeoient oii i 
vpient, tantot pres des Alpc 
tot pres de THellefpont ; auffi 
loutier a bi^n fenti le peu d-i 
fion que pouvoient feire de 
raifonnemeps , c'eft pourqu^ 
joint un paiTage de Strabon qu 
plus decifif : Nous avous yu j 
qiu Pljle de Lemmas itQiB aceuj 
les Pelafges, Cependant Strahon 
qiu que les premiers Habitans < 
IJle koient des Thra^es , appell 
piens , quiyavoientpajfidu Cw 
L'Hiftorien'des Geltes eft 
ki bien eloigne de fon cpmp 
Sintiensfont, il eft vrai, lesp 
ciens Hsibjtans que Ton coj 
^ns PIfie de Lemnos ; & \ 
inSme , dans Homere , dit qm 
ffm cux qui ryrefun^t hrfyu'U 



D E M. G I B E R t. 14) 

\du Cicl ( 33 ) : mais c'eft par cette 
ifon 1^ mgme qu'ib font difFerens 
sP^Iafges, qui he Toccuperent que 

;des terns, bien pofterieurs^ car 
iP^lafges ^toient des Pelafges Tyr- 

aiens , qui , ay ant quitte Tltalie , 
^viron deux generations avant la 

re de Troye ^ s'etoient d^abof d 
\ dans TAttique^d'oii ils avoieAt 
I enfuite chafles , foit juflement ^ 

: 4 tort 9 par les Atheniens , & 
:>ient paff^ dans Tlile de Lemmos. 

t[ H^rodote a la fin du Liv. 7. 
fdide^ dans U quatrUmc Livrcp 

,32^, dc la xe. idition ifHenri 
le. Li Commemairc d^EuJlkau , 
rle vers Szo. de Denis le Periigiti^ 

m dllalicafnaffe , Livrt i.p. 20. 

.deLdipfic(^'^4). 

?$ Pelafges , qui occuperent Tlfle 

iLemnos^ ne doivent done pas 6tre 



4 



[ti> mud. a. cicet finem. 
14) Lp'oo pottrroit ajoucer qae Ton tronve 
Apellonius la diftin^ion In pliis caraAc- 

L3 



%46 Me. MOitiES 
confondus avec les Sintiens y ( 
confdquent , que les Sintiens 1 
.Thraces , ou fimplement des Pi 
ou qu'ils aient eii telle autre o 
qu*on voudra , cela ne dicid 
pour Porigine des Pelaf^es. 

Je ne vois pas que M. Pell 
tire de rHiftoire des Pelafges, 
Celtes , d'autres argiimens qu( 
que je viens de r^futer ; je dou 
qu'il y en ait un qui puifle feul 

jrifee entre les Sintiens 6c let P^lafges 
aien</qui les chafTereni de leur Mcs jc 
' tciai les vets de ce Foete : 

•1 fffvr /utmorf ^m 2<rrr«/a Mfxrir XtmMt 

lis font rendus en Latin par ceui-ei « 
chart. (Chanaanr. lib. I. cap. sa*) 

Siji^Z'w StntUdisfuerdt Jfrius ineola-lim 
HiLne mutare tofi fuhes ^jrrhtna toe^i^ 

Le Scholiafte nous tpprend m^me \ 
dans qUel tems les P^Iafges chaflferent 
fiens de Lemnos , ce fut lorfque Th<^re 
maternel d'Eurifth^ne fe Proclus , prem! 
de Laced(fmone dans la troiljeme gd 
•pr^s la guerce de Troye, alia s'«cablix 



UE M. GidERT. 147 

itt Ii€u de foupfdnner c(iie fes 
;^sfttfeAf Celtes : ainfi paflbns 
qu'il tife de leur Religion. 
^Les P^Iafg^ avoient ^abli I'OVa^ 
de Dodone , le pkis ancien de 
Bte la GtiQt. C'^foit aiiffi la ma- 
desScytft^ ^ dit M. Felloutitr , 
' def Oracles ^ de dtf<irer beaii. 
|iux pl^fages : c'^toit , difons 
k, lainanie de tous les Peuples 
Brftftiett?t : par exemple, c'^toit 
f manie desEgyptiens comme ceile 
iScytkes : Herodote mSme affiire 
rks Oracles nedevoient feur ori- 
qu'aux Egyptien* ( 3 5 ). II y a 
1 9 c'etoit Hn point ^galemenf re- 
in par les Egyptiens & par les 
leeliSy que celui de" Dcdoirt 
fokiti ^tabli par une Egypticnne; 
ktPr6tT^9 de tkebes Tavoient ainfi 
fit^ k Herodote ; ceux de Do- 



hetffit 



f (l J ) f ri /f neu rSff tptfi i fiarriK'^ *t* A'o vt t V, 
Iqnc diviAandi ratio al> iEgypto afcita. Hciod. 

L4 



done lui en avoit dit autant (36) ; 

je ne vols pas ce que Vofi peut op 

fer k une tradition fi pofitive i 

uniforme: en eflfet c^ qu*Eph6re 

dans>Strabon^ que cet Oracle e 

iJ^fu/xu rZvvnXctry€oif J nepeut^ ce 

femble 9 fignifier qu'il euc et^ k 

par les P^lafges : i«rpufue dans le 6 

de Strabon ( J^oyei Us pnmienstii 

du Liv. 6. ) fe dit de la conftru&< 

de la fondation d'an Temple 9 < 

BAtiment, & nes'appUque poin 

dinaircment au fens figure y i 11 

tution , retabMement d'une c 

^onie , d\ine fuperftition , 

Oracle en un mot; ainfi il fei 

qu'il faille Texpliquer ici de la 

dation du Temple mSme qui ^t 

Dodone , & qui avoit en effe 

conftruit par Deucalion , qui 

Pelafge ( J7), ou dire queps 

mots Ephore n'a entendu ; 

{16) Ibid. 

(37) Plutarch, in rirrho. init. 



PE M. Giber T. 149 

tofe f finon que cet Oracle etoit le 
*a facte & le iiege de la Religion » 
iculte des Pclafges. Apres tout , le 
moignage , peut-etre hafardc d*E- 
lore tout feul , prevaudra-t-il ^ ce- 
id*Hcrodote , qui avoit voyage fur 
5 lieux \&ck une Hiftoire bien cir* 
^nflanciee, confirmee egalement 
If tons ceux qui y avoient quelque 
ut? 

Ainfiy d'un cot^ , il eft peu proba* 
e que TOracle de Dodone dut fon 
rigine aux Pelafges , & , d'un autre 
itc , quand il la leur devroit, Tu- 
^ des Oracles n'etant point plus 
irticulier aux Scythes qu*i d'autres 
ations , il devient une preuve fort 
[uivoque de la conformite de la 
eligion des Scythes & desP^lafges» 
Selon M. Pelloutier, en premier 
n , les Pelafges n'avoient point de 
emples ; en fecond lieu , ils con- 
nmicient Tufage des Idoles; c'e- 
ient deux points effentiels de la 

L5 



150 M^MOIRES 
Religion des Scythes on Celtes 
fe fonde , quant aiix Pelafges , ft 
^ue leiir Oracle de Dodone n' 
qii'un Chene , qii'un Hetre. 

v\ Je lui r^pondrai, en gem 
que ces deux points effentiels i 
Religion des Scythes Tetoient 
de la Religion de No^ & de ks 
miers defcendans, & que plus 
monte versl'origine desPeuples. 
on remarque qu'ils conlervoien 
core dans ces premiers terns le5 
ces de cette Religion fainte & 
mitive , qu'ils tenoient tous ei 
ment de leur fource commune , 
fi la conformite de la Religion 
Pelafges , dans les points dont ii 
git , avec celle des Scythes , en 
terns & recules , quand elle i 
conftante , pourroit , pcut-etre . 
Vir k prouver qu'lls venoient d 
ni6me tige ; mais elle n'etablit p 
que les Pelafger fuffent des Scyt 
ni les Scythes des Pcla%es. 



DE M. Gl BERT. 151 

1^. 11 feroit difficile que Ton exit 
kn des Statues, ou des Temples, dans 
In terns , oil les Arts , qui les ont 
pour ainfi dire cr^^s , ^toient encore 
^ores ; ainli que les Petafges n'cn 
htflent point originairement , cela 
le pronveroit pas qu*ils fuffent in- 
^dits par leur Religion. 
3^. L*Hiftoire leurdonneun Tem- 
^t (38) d^s le terns de DeucaHon ; 
i'ils n'avoient point de Statite , une 
^lombe placee fur un ch6ne ^toit 
fcir JfJoie ; & en Italie y Denys d'Ha- 
icamafie remarque qu'ik conful- 
teent un Pivert pof6 fur une co- 
Dinne de bois : qui ignore que les 
pres 9 les colomnes , les pierres 
Kane , cquivalurent loog-tems zxVx, 
QoWs & aux figures plus pariaites 
pie FArt n'avoit point encore ap- 
Ws i trouver dans !a pief re & dans 

k bois ^ Ajoutons entin que , loin 

L _ 

(it) Plataicfai. ubi fupcl. 

L6 



1^% ' 'M i ;M O I ft £rS 

d*abhorrer Ics Idoles , ce fiirenf li 
Pelafges de qui les Atfab^niens a] 
prirent les premiers des Grecs 
confacrer certaines Statues inf^mi 
i Mercure (39). 

» Les facrifices > dii M. Pdloutw 
>> Sr'ofFroient ^ Dodone , &> para 
» les Pelafgiens en general y par I 
» feule invocation du nom de Diei 
» C'etoit aufli un ufage des Perfe 
» des Scythes , des Celtes ; ils n'er 
» geoient point d'Autels ; ils necod 
^ noiiToient point les libations^nilc 
» aiitres ceremonies que les Grec 
M pratiquoi^nt dans leurs facrifices* 
Je ne f^ai fi ce que M. PellouW, 
nous affure des Pelafges eft bifl 
vrai ; ce que je fjai , c'eft qu'ilni 
nous en cite aucun garant ; carpouj 
le paflage du fecond Livre d'Herflj 
dote qu'il tranfcrit en Grec dansli 
Notes , s'il croit qu'il attribue ft 



(ap) Hciod. lib. XI. cap. j i. 



1)£ U. ClBERr^ .lyj 

fage 9 dont il parle , aux Pelafges , ii 
ne Ta pas entendu. Il ne fignifie au* 
tre chofe , finon que les Pelafges fa- 
crifioient originairement dans tou- 
les les occafions , en adreflant leurs 
|)rieres aux Dieux , mais fans leur 
lonner k aucun ni nom, m furnom 
>articulien e'^w? /i 5 »i»T« wf-tt^t %, utxacyj 

j^»« i^riiw. Aufli apres avoir dit com- 
nent dans la fuite ils leur donnereat 
les noms , U coaclut que , depuisce 
terns , lorfqu'i!s facrifient , ils em- 
ployent les noms des Dieiuc i^m t«w< 

Je n*examinerai point apres cela 
5 , parce que les Perfes n'avoient 
point d'Autel, M. Pelloutiereftbien 
Ebnde k en refufer aux Scythes Sc 
lux Celtes : je remarquai feule- 
ment que Ton en trouva dans le 
bois des Gemiains parmi les trifles 
reftes de la defaite de Vamis (40>. 

(40) Tac, I. cap. 61, . 



%X4 MiMOlRES 
Lucain en met dans im bois aiipre 
de Marfeille ^ qui n'etoient arrofi 
que de fang humain (41) : les Scj 
thes en corifacroient , aufli-bien qii 
des Temples , & mSme'des Statues 
au Dieu Mars > quoiqu*its en refi 
faiTcntaux autres Dieux ( 41 ). 

Je viens maintenant k la Langi 
des P^lafges ; je trouve d'abord i 
tine lifte d*environ cinquante mo 
Grecs , compares k autant de mo 
Tudefques qui ont la liieme figni 
catic n , ou , au moihs , unelignific 
tion analogue ; fi on en veut d 
vantage , on nous renvoye ai 
GlofTaires, & Ton foutl^nt que da 
ces mots hx conformite de laLangi 
Grecque avec la Tudefque , i 
des Dialedts de Fancicin Scythe ,1 
peut etre Teffet d'un niir hafarc 
cette conjefture , ajoute-t-cn , ( 



(41) Lucan. 
(4i) Herod, lib. IV. 



DE M. GiBERT. 255 

particuliere au Grec & au Tudef* 
^e 9 & on ne f^auroit gu6res goiH 
ter la penfee de ceux qui rattri-* 
Suent k une Langue coounune , qui 
itoit en ufage avant la difperfion 
ies Peuples. On ne peut pas dire, 
lufli 5 ajoute-t-on , que Ies Scythes 
ant emprunte ces mots de la Langue 
C^recque ; Ies Grecs dtoient un Peu* 
pie nouveau en comparaifon des 
Scythes. De ces raifonnemens enfin 
on nous laiiTe k condure que ces 
mots etoient des refles de la Langue 
des anciens Pelafges , refles qui 
prouvent qu'elle ^toit la m^e que 
celle des Scythes ou Celtes ; & par 
confequent , &c. Je r^ponds dV 
bordavecHerodote que Ton igno- 
re entierement quelle Langue par<» 
loient en effet Ies anciens Pelafges. 
Cet Hiftorien, qui vivoit il y a plus 
de 1 1 50 ans , dansun terns oil il exif- 
toit encore des Pelafges , conjeftu- 
roit qu'clle etoit Barbarc ; je ne 



ijrrf M * M 6 1 ft k s 

doute point, puifqu'il adroit exami 
ne la chdfe avec foin ^qu'il ne noi 
eut dit qu'elle avoit quelque rel; 
iion avec la Scythique , ii cela et 
^t6 ; il penfoit auffi que les Pela 
ges , qui s'etoient meles avec 1 
Grecs , avoient perdu leur premie 
Langue pour prendre celle desGrec 
& je ne puis mie perfuader que , s'i 
en' avoient conferve quelques mol 
il foit poflibic de decouvrir dans 
Grec quels font ces mots , pour L 
pouvoir enfuite comparer avec di 
mots Tudefques , ou Celtes , & i 
conclure une conformite de Langi 
entre les anciens Pelafges & I< 
Celtes. 

2**. <2uoi qu'il en foit , la confo 
mite qjiie Ton trouve dans quelqui 
mots de deux Langues de Peuple: 
qui ont ete voifms , & qui fe foi 
fouvent m81es enfemble par des m 
grations ou des Colonies , ne proi 
ye point toute feule Tidentite de c 



•'- 



DE M. GlB^Rt. 157 

deux Peuples dans leur origine , lii 
que Tun d'eux ibit venu de Tautre : 
ces mots ont pu pafTer dans un ufa- 
ge coomnin par les liaifons du com- 
merce ou da voifinage 9 ou par le 
mSlange des Peuplades: or il eft cer- 
tain que les Scythes & les Grecs s*a*» 
voifinoient beaucoup ; il y avoic 
meme au terns de Darius , fils d'Hyf- 
tapes (43)9 des Nations Grecques 
entieres parmi les Scythes ( 44 ) » 
comme les Callipides fur le bord du 
Boriilhene (45 ) 9 les Galons parmi 
les Budins vers des lacs y qui ^toient^ 
£ je ne nie trompe , ceux qu'on 
trouve dans leDuch^ de Rezan vers 
lafourceduDon. 

Ce n'eft done point par Tanalogie 
de quelques mots Grecs & Tudef-* 
ques , que Ton pourroit prouver 
que les anciens Grecs parloient la 

(43) Entiron 510 ans avnt J. C. 

(44..^ Herod, lib. IV. 

^45 j Aujourd'hui le Dnfepcs. 



Langue des Scythes , & ^toient Scy- 
thes ou Celtes : mais diirinoins fi iine 
preuve de cette efp^ce pduvoit fei- 
re quelque impreffiotb , 41 feudroit 
que cette analogie ftit fi paiticuli^rc 
k ces deux Langues , que Ton ne 
put la retrouver daiiS un^ auti'e ab* 
folument difF<^rente ; & k cet egard 
M. Pelloutier a ^6 affet mafheu* 
reux pour ne rencontrer prefque 
que des mots communs k plofieurt 
Langues , tths - differentes certaiac- 
m^nt de la Scythique & de la Grec- 
que ; quHl me fuffife de lui eit citef 
ici cinq ou fix exemples qui m^ont 
paru plus frappaiis. Je mettrai d*a- 
bord , comme lui , le mot Grec , en- 
fiiit^ le mot Tudejfque ^ leur figni- 
fication en Francois & leur analo- 
gie, ou leur racine dans THebrcu, ou 
dans le Chaldaique. 

«p« , crdcyla terre. En Hebreu c'efl 
eres. 



D E M. G I B E R T. 159 

^?yfciur^ U fcu^ eft pris de THe- 
breu -Tp taar^ il a bruU. 
cfx^f 9 Volcx^UptupU^ fignifie pro- 
prement unt multitude ajfemblU , 
:oinme I'Hebreu ^np cahal , dont 
D^x^^i n'eft qu'une tranfpofition. 

fit^a , M/;«r, la pone , c'eft la fignifi^ 
ration du ^^i *; /A^ra , dans la Langue 
[Ihaldaique. 

Stnt , axt , w/2e hache : THebreu atfJ 
lans la m&me fignification auroit 
>ien autant de rapport au mot Grec 
{ue le mot Tudefque. II paroit 
]u'on pourroit tirer plus comaiod^« 
nent le mot Grec de ly^n afcn ou 
fffcn y qui fe dit de toute forte dW* 
ncs en general > fuivant quelques- 
ms. Guichard eke le mot Chaideen 
ftji^ dtjinay dans la mdme fignifi* 
ration qaViivf. 

K«Cct\o5 9 kobaUj nn ludn. %i^tOi^ en 
[jrec 9 fignifie un impojhury un trom^ 
7cur. En ce fens, Guichard le derive 
le V^n prononce cabal ^ qu'il inter- 



1^0 M £ M d 1 k £ s 
prete aftutia ingenitim : fuivacit \t 
Scholiafte d'Ariftdphane in ranis ^ 
c'etoient proprement des voieurs ar- 
mts de majfuts ^ en ce eas il feroit 
pris par tranfpofition de nV3 taUp 
malleus injlrutfitntum ad percutieh* 
dwn y ad pcrdendum ; d'oti Voffius 
derive en efFet clava , une maffue. Je 
pourrois prouver la meme origine , 
& les mSmes rapports dans VlHi^ 

breU ^ regard de ir«T>ip, fiirt>f, rvydn^, 

Ki(pa\ii, &. Mais je crois itn avoir dit 
aflez pour etablir combien ces con- 
ibrmit^s de quelques mots dans les 
Langues 9 font peu concluantes pat 
elles-mSmes , & je cfaindrois de fa*; 
tiguer le Lefteur par T^talage d*une 
^nidition inutile fi je pouiTois ces 
recherches plus loin» Ainfi il ne me 
refte plus qu'a voir fi M. Pelloutier 
\ aura ete plus heureux k prouver 
Torigine Celtique des P^lafges par 
la Mythologie Grecque. 
D s'arretera , dit-il > k la fable des 



Q E M. G I B £ R T. l6t 

Giants, les Poetes les appellent quel- 
(jiies fois Gcants 8^ d'autres fois Ti- 
l^ns : j'ai deja montre qu'il confond 
nal-i-propos les Giants & les Ti-« 
ans ; mais il £iut lui pafler ce point 
your abreger : il n'en fem gu^res 
)Ius ayanc^ : il ra(:onte que les 
;?eants voulu^ent efcalader le Ciei. 
H>ur defroner les Dieux ; qu'ils fe« 
:oient venus k bout d'un deflein fi 
jnpie ^ slls n'avoient et^ foudroy^s 
^ Jupiter , on affomm^ y on perch 
^e flechespar les autres Pieux; que 
Macrobe pr^t^n4 qu^ ces Grants 
(toient une troupe de geiK impies 
qui nioient Texiflence de la Divi-» 
vati , & que Ton ^^cuf^ pour cette 
taifon de vouloir detroner lesDieux« 
sfPour moi , fontinue-t'U , je ne 
)tdoute point que ces pr^endus 
^ Grants ne fiiflent les Pelafges, que 
9 les anciens nous reprdfentent com^ 
n me des hommes d'une taille gigan* 
w tefque ; on les ^ppelloit Titans > 
» parce qii'ijs fe difoient defcendm 

f 



%6v M i M O I R' E « 

*> du Dieu Tis ou Tent. lis entre- 
H prirent de detroner les Dieux : 
» cela eft vrai k la lettre , pourvu 
» qu'on Tentende des Dieux etran- 
M gers dont-on voulut leur impofer 
» le culte : la Reli^on que les Phd- 
>f niciens & les Egyptiens trouve- 
H rent en Grece , differoit effentiel- 
» lement de celle qu*ils y avoient 
M etablie.LesPelafges, adorant avec 
» les Scythes & les Celtesdes Dieux- 

M fpirituels a^cufoient d'im- 

» pi^te & d'etravagance ceux qui 
» fe figuroient des Dieux corpo- 
» rels . . r • Etant dans ces idees , iIs 
» s'oppoferent de tout leur pouvoir 
» k rintroduftion de la Religion que 
» les Orientaux avoient apport^e en 
» Grece ; par-tout oti ils etoient Ie$ 
» maitres , ils brifoient les Idoles , 
w detruifoient les Temples . • . . Ceft 
» la raifon. pour la quelle on les ac- 
H cufoit de vouloir detroner Jupi* 
H ter d'entafler montagne fur 



D 1& M. Gib e rt. i6|^ 
ntagne. \Jne autre chofe con- 
ma k conHrmer cette accufa^ 
1 ; c'eft que les Pelafges te- 
ent ordinair^ixwent leurs Af- 
i}^lees religieufes fur les plus 
ites montagnes. » 
ille eft la conjefture de M. Pel- 
er , elle eft digne aiTurement 
J imagination egalement vive 
nee , il ne lui manque qu'une 
cation jufte &c folide. J'ai deja 
tre en eff^t qu'on ne voit dans 
n J&crivain le nom de Titans ou 
leants attribue au Pelafges ; on 
t non plus dans aucun ^ que ies 
fges fu^nt des hommes d'une 
^twde ftat-ure que les autres ^ 
ten ne porte k le prefumer ; en- 
loin rpie les Pelafges ayent les 
tlcres d'impi^te pretendiie qu'oa 
reprocbe , ^ qu'ii$ fe loient 
ofes k Ywitro'duclion de la Reli- 
V^xHi du culte que les Egyptiens 
[^ Pheaijci^n; ^pportoient dans 



%64 M i M o I R E i 
k Grece , ce fiirent eux qui s'y foih 
mirent les premiers , & de qui les ■ 
Grecs tinrent les Rits & les Doms ' 
mSrne de leurs Dieux^ n«p«(ri UiXath 
jfMwm «VjgotvT8 vV«p«i. Herod. L 2. tf.i/. 

II ne proiive pas davantage que 
ks Geants & les Titans fuffent des 
Celtes ; il n*eft point vrai que Id 
Celtes ou Scydies fuiTent phis grands 
que les Pheniciens ou les Egypdens 
qui paflerent dans la Grece : on (^ait 
au contraire tr^s-certainement ( pui& 
que c'efl par le t^moignage de r& 
criture ) que les Pheniciens paru* 
rent redoutables aux Hebreux par 
leur grandeur , & que les v^rit^bles 
Geants m8me n'^toient point origh 
Bairement une diofe rare parmi eui. 
Voyez k ce iiijet Bochart , /. /, A 
Phe^nic. Coloniis , c. /, 

Les Egyptiens ne peuvent pas noa 
plus 8tre confideres comme ^tant' ^ 
moins grands que les Celtes ou les . 
jScythes^ Ariflp^e , dans un d$ fei 

problSmeSi 



DE M. Giber T. 16$ 

blSmes, demande pourquoi ^ foit 
; Us Pays froids, foit dans les 
s chauds , les hommes font 
nairement plus grands ? & il 

la Grece entre ces deux ex* 
les ; cnforte que TEgypte etant 
les Pays qu'il appelle chauJs , 
doit juger que les hommes y 
ent aufli grands que dans la Scy«> 
9 qui eft au nombre des Pays 
£^» Mais on a quelque chofe de 
\ precis encore ; c'eft que le$ 
LOpiens^qui pratendoient que les 
rptieos ^toienf ime de If^rs Co* 
ces > Ott qui ^toient eux <- xn&mes 

Colonie d'£>gyptiens 9 etoient 
plus grafids 4e tous les horn** 

In&n , fi , fuivwt Ariftote, c'eft 
U temperature du Ciel que d^ 
kd U taille ^es hommes , &c non 
4^im caia^re piropre k chaqi«t 

■ ■ ■ ^ 

1^) Hctod. lib. !• Plinllibf ^« c. 7 1. 



%66 M i M O I R E $* 

Nation , les Scythes qui ^toienl 
la Grece . ne devoient point 
d'une flature aurdeiTus de la m 
ere , ni s'attirer par leur taiile le 
de Grants ^ & la reputation d'l 
n\€S d'une grandeur extraordin 
puifqu^ils ctoient fous un Cie 
ne devoit produire que de? hor 
dp mediocre grandeur, 

La preuve tir^e de la confoi 
du nom de Titans avec celui de 
tons , eft tirop equivoque pou 
appuyer , ainfi je ne xn'y arr€ 
pas. M. Pelloutier auroit fans d 
trouve des raifons plus appan 
& mieux etablies dans le Pere 
ron , qui a raffemble tout ge qu 
lumieres & les forces de fqn j 
ont pu rencontrer de plus fp^< 
en fait de conjeftures , pour r 
trer que les Titans font les prei 
Celtes. Je dqute fort malgri 
gn'il eutpcrfu^d^ beaucoup de j 



D E M. Gibe r,t. 167 
[ue de f^avans homines (47) 
uge que 9 pour refuter le fyftS- 
iu Pere Pezron 9 il fuffifoit de 
ofer ; d'ailleurs il refteroit tou- 
5 k M. Pelloutier k nous prou* 
[jue les Pelafges etoient ou Cet 
u Titans ; car y comme je crois 
>ir demontre , il n'a prouye ni 
Di Tautre. 
. 1 ■,' i , . ■ ' ■ ' ■ . 

^i^E'dc M. Pelloutier a 
f. Jordan , ConfcilUr-Privi du 
oi (de Pruffe), & Vict-Prifidtnt 
: rAcadimit RoyaU des Sciences 
Berlin (i). 

ONSIEUR:^ 

gft fort iiaturel qu'ayant lu mon 
nre des Celtes , vous fouhaitiez 
avoir ce que je penfe des objec-» 

r 
f\ L«s Auteuis de - la nonvellc Co\U6t\on, 
j^licns de Fpanpe^ Fxef.* di» Ton. L p. 26, 
. On troiivc ccttc Lettic dans la BibliothU 
ifmt^ijh He 4ikUiuut , Tom. XL. f. (o-j^j^, 

.Mi 



%6S Prbmirre Lettri 

tiion$ qui m*ont 6ti feites dans i 
]LivTcqui a paru f|OuvellemeQt 
Paris f fous le titre de M^omsfi 
fervir iT'IRfioirt des Gaules & A 
f^anec^pc^ M* Gi^crty ( Paris, 17^1 

/»-I2, ) 

J -aurai Fhonneur de vous dir 
Monfieur , qiic j'avois d'abord rfl 
lu (le repondre en deux mots h 
Gibert dans h Pre&ce 4u troifii 
livr« 4e m^n Ouvragc , qiil^ii 
prime aauellcmeot f« {{c>lilad 
mdi$^ comi^e ce vqIuiki^ ne pcM 
voir le jour que dai^ le jjours 
Tannee prophaine, 8c qu? VQVSi 
^ites la graee de m'ayertir que 
femblerois convenir en qifelquen 
niere de la folidite des objeftionsi 
M. Gibert, fili^ny repoiidois pasi 
cttkmmefit , jeme h4te de&tkUn 
f e que vqus r^^z fie moV 

AvaM tOHtes choies^ jc doif t 
piercier M. pibert de llionneilrqrf 



£ U. I^ELLODTtlfiR. 1^0 

-s qu'il a entrepfis deleter 
>ti Ouvrage. L'un eft M« le 
e 9 M&i'quis de SaiM^AitbiR ; 
, M, rAbbe du Bos» que la 
a perdu dans le cours de Tan* 
[flee. Quand M. GU^eit ne 
it mis k la tSte de ces Mef* 
que pour infiniter que je fuis 
^ trois qui me fuis le plus ^- 
CetOit toujours une confola- 
5ur moi d'apprendre que fe 
s egare en fi bonne cOm- 

t Vral <|ue rh^nneur que M« 
me fiut 9 en me joignaitt de 
e n^uiief e que ce foit & de ii 
bommesy eft »:ccmipagn6 de 
coiiipltmensy quiite vouspa* 
It pas obligeans, & qui fern- 
ementxr h poHt^e , dont oa 
le tant k Paris. II vous dira , 
-mple (x) 9 qu'i/ n*tjl gains ju- 
' ■ ■■ ■ ■ I ■* 

bctt p. I. 

Mj 



^JO PREMlfiRt LlEtTK 
dicieux .de fuppofer <5e qu*il j 
que j'ai fuppofcb II Vous'din 
parlantde mes recherchesfur 
ciens habitans de la Gr^c€ , » 
>>.^tonn6 de ne trouver iine 
» ture auffi nouvelle , foutei 
n par des conje^res encore ] 
H fardees, par des citations ma 
>» dues , ou meme tronquees 
y> des raifonnemens peu folid 
vous dira , en un mot ( 4 ) , q 
Mfacheux qu'un Livre , co: 
»mien9 joigne fi peu de Lo{ 
f^ tant d'^rudition ». Mais d'u 
M. Gibert, qui ne traite pas pi 
geamraent MM. le Gendre & 
ne laifle pas de me louer ^ fa s 
II m'attribue, par exemple (5 
» erudition capable d'impof 
approuve plufieurs de mes 
ques ; tout ce qui liii deplai 
»■' . ■ ■ 

(3) Gibcrt p. X14. 

(4;pag. 149. 

(sjPa^ Yii.de la Prt^f. 



DE M. PeLLOUTIER. 1^1 

lyantramafle tant de materiaux^ 
'aye pais appris k les ihettre mieu^t 
x>fit. De Tautre , il m*avertit ( (5 ) 
» j'ai promis de regarderles cri- 
ues que Ton fera de mon Ou- 
age, comme ime preiive de Tk- 
ition avec la quelle on Taura lu >». 
>nfent d'ailleurs (7) que » les Au« 
ITS dont il a combattu les fenti- 
ns , & qu'il a tente de rappro- 
?r de la verite , lui rendent le 
me fervice». Si j*ufe de cette 
liilion, ce ne fera affurementpas 

• lui dire des chofesdefobligean* 
mais uniquement pour lui faire 
prendre qu'un Auteur , qui ne fe 
pas exempt de fautes , auroit du 
rer, avec plus de modeftie,celles 
a cm remarquer dans les autres. 

• Gibert m^rite encore ma re-» 
oiffance par un autre endroit. 



Pag. 135. 
Pap. 243. not« 

M4 



%yi Premiere Lettre 

Ay ant entrepris de me refuttr^ ilkV 

vertit effedivement d*une faute ({i ^ 

m'eft ^happee , & que je fuis incjH 

pable de deravouer. » Je ne fais 9 difi^ 

i*il ( 8) , oil M. Pelloutier a trouvi 

n que , du terns d'H^rodote, les Vc* 

»> netes fe difoient defcendus des Mi* ^ 

i#des. Herodote, qu'il cite, ne di ^ 

>» rien de fembtable >9. La remarqai ^ 

eft jufte', & je conviens de bonne fol fe 

que je me fuis trompe. Selon Hero* • 

dote (9), c'etoient les Sigynes , tt - 

non pas les Venetes , qui fe difoicflll ^ 

defcendus des Medes. La verfion Lv' ' 

line de cet Auteur , que j'ai fuivie^ ^ 

porte mal-k-propos , Eos qu»ft^ = 

( fcilicet Venetos ^fc colonos Mtdo^ = 

rum dicere. J'ai fait cette bevuc pouf 

n'avoir pas eu fous les veux, oufoui i 

la main , le Grec d'Herodote. J'a > 

coutume s quand je mets au netmei 



I 



(«) Ibid. \ 

(9) Hctodot. V. p. ' 



E M* PELLOtTTIlt. I7J 

i 9 de r^oir fur les originaux 
s paflages que faiciti^ La re- 
e de M. Gibert iki'avertit qu'il 
(l ecbappe quelques'-uns. Ainfi 
lui avoir uhe double obliga- 
remierement, parce qu*il m*a- 
d'une faute que j'fti &ite ; 6c , 
>nd lieu , parce que Tavis qu'il 
me ^ me rendra plus attentif 
'en plus conmettn de fern- 

>uhaiterois de pouvoir profi- 
la mdme maniere des autres 
• M. Gibert, & de lui ddnnef, 
, des preuves de ma par&ite 
6 pour tous ceftix <|ui entre- 
*nt de me remettrte dansle hoti 
a. Mais puifqu'il me tttA^ptt^m 
la Prif. la juftice de croiitB 
la cherche la verity , il me per* 
I de lui expofer les raifons qui 
^Schent d'acquiefc^r ii fes rS- 
ie$. . . . , . 
ai prouY^ au long ^ dan$ xxtffii 

M5 



» tous ces Peuples fuffent on 
» ou Celtes ; mais le pen de 
» fance que Ton avoit de le 
9f & d'eux-memes , feifoit < 
H donnpita touslenom desf 
»> que le voifinage , le comm 
i»la reputation avoit fait co 
H comme Taffure difertem< 
» ban( lo ). C'eft aiafi que 
)» fons femblables font don 
)» les Turcs le nom de Fran 
» les E^ropeens . . . .JHerod 
^^noiiToit deji des Peuples ] 
>f cidentaux que les Celtes d 



(lo) J'air ttow6.U m^me ob|e£li 
jlntiqmtet d* /« J^tuioH C^ 4e /« M»n 



BE M. Pellovtier. 27J 

ope. Arifiote les diftingiioit des 
beriens. Enfin , Polybe les ren- 
ermoit entre les Alpes & lesPyre- 
ees,comme ont fait,apres lui,Ce- 
ir , Diodore , Tite -Live , Pompo- 
lius Mela ^ Pline . • • Sur la foi de 
es garans , Ton ne doi( pas douter 
[u'il ne faille reftraindre le nom de 
!^eltes k une portion des Peuples 
les Gaules , renfermee entre la 
•eine & la Marne d'un cote , & la 
raronne de Tautre ». 
f e reponds k M. Gibert que s'ii 
oit bien lu les Auteurs qu'il alle- 
?, il y auroit trouve tout ce qu'il 
conte/le ici. Son objedion a le 
&ut que les Logiciens appellent 
loratio EUnchi. Jules-Celar ( 1 1 ) 
>t que y de fon terns , Les Latins 
ppelloient Gaulois les Peuples 
xii demeuroient entre la Garon-* 
e , la Marne & la Seine , & qui , 



1 1) Cxfai L !• 



176 Premiere Le^^re 
H dans leur Langue ^ pottoient le 
>» nom de Celte^ h. Tai fait , fur ce 
paffage , plufieurs rdflexiOns''(ii) 
auxquelles je pourrois renvoycr 
le Lefteur. Je pourrois ajouter que 
Jules-Cefar , ni les Latins ^ nt fe 
font pas affujettis exadement k cette 
diftindiion ; lis donnent fouvent le 
nom de Gaiilois k des Peuples qui| 
conftamment , ne demeuroient paA 
cntre la Garonne & la Seine. Powr 
abreger , je laiffe tout cela. Je coa^ 
viens que , du terns de Jules-C^far, 
en donnoit le nom de Celtique i 
une certaine contree des Gaules, & 
le nom de Celtes aux Peuples qui 
demeuroient dans cette Contr^. 
Tite-Live (13), Pomponius Uik 
& Pline TaiTurent, auffi-bien que 
JulesXefar. Mais s'enfuit-ii de-tii| 

qu'il n'y eut auffi des Peuples Celtei 

* I . I I ^ 

(12) Hiftoite des Celtes LiVi J.pig«49«54' 
S5. 2«5. 309. &fuiy. 
Ci3)Tit.Liv. V. 3^. 



D£ M. PfiLLOVTIER. I77 

I plufieurs autres Pays ; & , fi les 
Liteurs que cite M. Gibert^ s'accor^ 
ntken placer dai^ d'autres Con- 
^^ ma preure ne demeurera-t- 
Icpas dans toute fa force ? Voyons 
mc ce que difent ces Auteurs. 
Quoiqu'en penfe Mr Gibert, Po- 
be ne connoiflbit point les Celtes 
; Jules-Cefar. II avoue y do bonne- 
i (14) ,que » tout le Pays quis'e* 
tend au Nord , depuis Narbonne 
jufqu'au Tanais , etoit inconnu de 
(on terns. II declare nettement que 
ceux qui en parloient autrement 
etoient des ignorans & des impof- 
teurs. Les Celtes , dit il ^ font eta- 
blis dans le voifinage de Narbon- 
ne , & leur Pays s'etend jufqu*aux 
Monts-Pyrenees >>. Ariftote dit la 
hne chofe dans un paifage ^ oil il 
it mention tks Ciltes ^ui font au>- 



Diodore de Sieile Ci}<) d 
les Celtes demeurent au-del^ d 
feille, dans le coeur des terr 
que leur Pays s'etend de 1^ jui 
Alpes & aux Pyrenees. Mais, 
apres , il park auffi des Cel 
^oient en Efpagne; & il t 
toit , au vingt-cinquieme Li 
fonHiftoire(i9), qu'Amilcar 
pafli6 ea Efpagne avec une 
de Carthaginois , y battit Id 
& fon frere , qui , tous deux 
miandoient les Celtes ^tabli 
te Pays-li. 

(k) CeltM ouk futit 1 >tt Ibcriain. 



DE M. PeLLOUTIER. 17f* 
Pomponius & Pline (lo) difent 
que les Celtes & la Celtique s'e^ 
tendent depuis la Garonne jufqu'a la 
Seine. Mais le premier , parlant da 
Cap de Finifterre , que Ton appel- 
loit alors le Promontoire Celtique , 
ne dit-il pas auffi que toute cette 
contree eft occupee par des Peuples 
Celtes : Totam i e/fici colunt ? Le fe- 
cond neplace-t-il pas.des Celtes dans 
TAndalouiie , dans le Portugal , & 
dans la Galice (ii)/" II me femblc 
€{ue ces deux Auteurs ont du con- 
noitre TEfpagne , un- peu mieux que 
les Turcs ne connoiflent les parties 
Occidentales de TEurope. Pompo- 
nius Mela etoit Efpagnol , & Pline 
nous a laifle une defcription de I'Eu- 
Tope, qui fait encore aujourdlim 
f admiration des Geographes. 



(zo) Pomp Mela III. x. Plifl. HUl. Nat. IV* 
cap. 17. p. 4$ 1. 
(ti;PlMi.m. l.XV. lo* 



i8o Premiere LETtfts | 

Enfin je trouve dans Strabon (ii) y 
que » Ton appelle Cdtes les Pcu- 
»pies qui demeurent depuis les 
» Monts Pyrenees jufqu'i la Mfir 
» Yoiiine de Marfeille St dt NarboA- 
» ne > & quis'etendent d^-la jufqu'i 
» une partie des Alpes »• Quelques 
pages apr^s (13) ^ je trouve encore 
que « Ton appelloit autrefois Cd- 
»tes les Gaulois de la Province 
» Narbonnoife , & qu'il y a appa- 
X rence que c'eft de-1^ que le nom 
H de Celtes pafla^ tous les Gaulois 9 
w k qui les Grecs donnerellt , k Ti- 
imitation des Marfeillois, le nom 
» du Peuple le plus connu , & te 
ff plus celebre desContreesit. Mais^ 
au refle,le meme Stra^son avoit beau- 
coup de penchant k croire que les 
Celtes , les Beiges y & in6me les Ge^ 
mains y etoient originairement 1« 

(la) Strabo IV. itf, 177^ 



DE M. P£LL0VTI£1U i8l 

D&ne Peuple (14). II pla^oit 5 d'ail'« 
eurs , des Celtes en Efpagne y le 
oi^ de la met Adriatique (25) 9 & 
ians tous les Pays qiii font au Midi 
lu Danube (16). 

Je crois avoir r^pondu fufETam-* 
ment i la premiere objedion de NL 
Gibert. Voici le precis dema repon- 
fe. Du terns d'Ariftote & de Poly* 
be 9 on donnoit le nom de Celtes 
aux Peuples de la Province qui » 
dans la fuite , fut appellee la Gaule 
Narbonnoife. Du tems de Jule^ 
CUax^ on le donnoit auic Peuples 
qui demeuroient entre la Seine > la 
Mame & la Garonne. Mais les An- 
tears les mieux infbiuts^ nelaiflenf 
pas de reconnoitre qu'il y avoit des 
Celtes dans un grand nombre d'au- 
ties Contrees. Je ne ii^ ^ au reile, 
fi M. Gibert a fuivi les regies d'une 

(14) Vcj. Hift. dc$ Celt. Liv. I. p. 60. 61.317. 
(25' Strabo VII. 310. 
(K^ Ibid, Z9€. 



iSi Premiere Ltttftfi 
bonne Logique , en all^guant , pour 
me r^ftiter^ un paffage d'Herodote , 
t[ui^ dans cet endroit, ne f^avbit 
abfolument ce qu'il difoit. n Herd*- 
^' dote , s'il en faut croire M. Ci- 
»bert, connoilToit dejA dts Peu- 
» pies plus Occidentaux que les Cel- 
» tes dans TEurope »• Ce _paffage 
fait-il quelque chofe contre mon 
fentiment? M. Gibert pretend-ilen 
conclure que les Geltes d'Herodotc 
demeuroieht k TOrient d^ PEfpa- 
gne, entre la Garonne & la Seine? 
Si cela eft , il eft bien loin de fon 
conipte. Faites-moi la grace , Mon- 
fieur , de jetter les yeux fur les pa- 
roles d'Herodote , que vous trouve- 
rez au bas de cette page (17). Vous 

(27) Ifter enim fluere incipiens ^ Celtis, at- 
que Pytene urbe , mediara fcindit Euiopam. 
Celts autem funt extr^ columnat Herculis , Cjr* 
jiefiis finitimi, qui omnium in EuropI ad oc- 
cafum habitantium ultimi funt. Herod$t JL ih 
Ifter totam petfluit Europam , incipiens I CeltiSi 
Ijui ultimi omnium in Euiopd ad polis occtfaiB 



t)£ M. PELLOUTlfiU. l8j 
.rouerez que fi j*etois capable de 
'en prevaloir, je pourrois itt'en 
rvir aufli pour montrer que les 
eltes demeuroient k TOrient de la 
at onne & de la Seine , puifque les 
airces du Danube etoient dans leur 
lys. Je pourrois en tirer encore une 
erveilleufe induftion pour la vafte 
tendue de la Celtique , puifque les 
eltes etablis autour des fources du 
►anube , demeuroient en meme* 
ms au-deli des Colonnes d*Hercu- 
' , dans le voifinage des Cynefiens, 
ui avoient leurs etabliffemens au- 
)urdu Sacrum Promontorium^ c*eft- 
•dire, autour du Cap de Saint-Vin- 
snt , dans le Royaume des Algar* 
es. Comme je ferai oblige de reve- 
ir encore k ce paffage d'H^rodote , 
ourrelever d'autres bevuesque )'y 
i remarqiiees , & dont M. Gibertfe 
^clare le defenfejir , vous trduve- 

abitant poft Cynetas , totamque permetifttS 
urdpam , & tranrvcxfo ingredittti Scychia^ 
isrodvt, iy.j^9* 



i84 PREMl£il£ LEttRfi 

rez bon que je ne m'yarrctepasid 
II. Je nVi qu'un mot k dire firf 
tout Ce que M. Gibert femarqucj 
/^^^ 4 9 P^f rapport ^ l^^tendue da 
nom de Gaulois oude Galates 9 noA« 
feulement parce qu'il ne me com* 
bat pas dire&ement dans cet endroit^ 
mais aufli parce qu'un paflfage de 
Paufanias eclairtit tout tela beau- 
coup mieux que M. Gibert ne le fait 
ici. Paufanias pofe en fait (i8) que 
les noms de Galatts &t de Cilies Ai» 
figneilt Uh feul & mSme Peuple^ 
avec cette difference 9 qu^ le nom 
de Ccltes efl Tancien nom de la Na* 
tion 9 au lieu que Celui de Gaulois 
eft beaucoup plus moderne. U r^ 
fulte necefiairement de*lA que le 
nom de Galatts doit avoir une eten« 
due beaucoup phis gt^nde que celui 
de Ccltes. Dans les terns les plus re- 
cules , on ne connoiffoit qu'un pe* 
tit nombre de Peuples Celtes ; par 
*■ ' ' -- ■ - 

{1%) raufan. Attic. III. p. lo. 



t>E M. Pelloutieh. i8y 
xcmple , ceux qui demeuroientau^ 
our de Marfeille , du Gu^diana ^ 
\es fpurces cju Danube. Dans le$ 
tm$ pofterleurs , on en d^couvrit 
Jufieurs autres dans les Gaules , en 
talie , en Illyrie, & on les appelU 
?aulois ou Galates , parpe que ce 
louveau nom avoit fuccede k celui 
le Celtes, Polybe s'affujettit k cef 
fege, II employe plus fouvent le 
lom de (Palates que celui de Cehes } 
nais il confond auffi quelqpefoisles 
leux noms. II dit (29) qu^Annibal 
ftfelTiivcrdans la Cekique , c'eft-r 
Hfrre, dan^ le Pays desGaulois te- 
)Bs en halie, Je ne f9ais, au refte ^ 
A M; Gibert a trouye ce qu^ dit ^ 
fo^e 6y quje » \es ]Latins n'^tenr 
rdoienty tout au plus, le nom ^? 
f Galfi I qu'^ux Peuples qui font 
centre le Rhin §f les Pyrenees, 
^ufids jamais k d^autres >»• II me 
m^U que )e$ G^iiIoi$ ^^ (^alli | 

(??} ?oljrb. Ui^. U. {p 1 20. lib, lU. f. »a|« 



x8($ Premiere Lettri? 

dpnt il eft tant parle dans rHiftoIre 
Romaine , ceux qui prxrent Rome 
$C centre lefquels la Rppublique four 
tint de fi crueller guerres jufqu'au 
t^ms d'Annibal , ne deipeuroient pas 
fntre I^ Rhin & les Pyrenees, noQ 
plus que c.euj^ que Cn, Manlius vain? 
quit en Afie , & qu*il appelle tou-j 
jpurs Gaulois, G alios (30}* 

III. La troiiieme objef^ion de M( 
Cibert , page 8 , regarde un paffag? 
de Diodpre de Sicile, dans lequel 
j'^i releve troi$ fautes fort mal 4 
propos, s*il laut en croire jnon Cen- 
feur. Voypns s'il a raifon , & afia 
qw'il ne m'accufe pas de chicaner , 
rapportons le paflage tel que M^ 
Gibert le retablit lui-meme fur m 
Manufcrit de la Biblioth^que de St 
CJermain d^es Pres. ^ U eft bon d'a- 
19 y ertir ici d'une chofe que plufieurs 
>i ignorent. On appelle Cclus lej 

' • ■ -7 . r y . i ■ ; ■ ! ■ ■• 



DE M. Pelloutier. i9y 
^euples qui demeurent au-deiTus 
le Marfeille , danj le coeur du 
^ays , pres des Alpes , & encore 
lu cote droit des Pyrenees (3i)« 
>n donnc, au contraire, le nom 
le Galates aux Peuples qui de- 
neurent au*deflbus de la CcUique 
3 1) , vers le Midi , du c6t6 do 
'Ocean & du Mont Hercynien^ 
\c en general ^ tous les Peuples 
|ui s'etendent de-li jufqu'i la Scy- 
hie. Cependant les Romains don- 
lent en communed tous ces Peu« 
)les le nom de Galates », 
Tai dit (33) qu'il y avoit , dans co 
ffage de Diodore de Siciie , trois 
ites. n Premierement il met le Mi- 
li pour le Septentrion , k moins 
jue ce ne foit, comme je le foup* 

[1 1} M. Gibert Yraduit juffu^a U dreire, mais 
Grec ne dit pas ceia hi rd ii^td, 
[32) M. Gibert tiaduit , foit vers le Midi , maif 
disjonftWe n'cft pas dans le Giec, 



tSS Premiere Lettre 
90iuie f une faute de Copifte >9* 
fiiute me paroat des plus palpabl 
Piodorc de SicUe d^teroune la fit 
tion de la Cekique pair les bor 
^u'elk avoit au-dcflus &: aa-deffc 
^u Midi & au Sepftentrion. 11 
v^u'elle ^toit fituee au-deflbu5 
t> Marfeiile , dans le coeur du Pa) 
JpUe avait done au-deffous , vei 
Midi ^ la Ville & le Territtone 
Marfeille^ & outre cela ies A 
i*un cote S( Ies Pyrenees de Tan 
^ela eft exadement yrai^. EUe ai 
au deffus , vers le Septentrion . 
Provinces qui font du cote de i 
;Cean , la For^t Hercynie (8c plufii 
Peup^es Gaulois y dont le Pays 
tendoit jufqu'a la Scythie. ^'eft 
core ce que perfonnene conteft 
Si rHiftorien a mis ici le defl 
pour le deffus, le Midi pour le J 
^entrion , il eft clair que c'cft 
&ute y & ^ comme je le crois^ < 
^'^ft>ae ^t€ ^Cpj^e, 



E'M. Pelloutier. i8f 
n'eft point cela , repond M. 
ypagc 10. »' Diodore nedon- 
nom de Celtes , coinme Po» 
& C^far, qii^ c^ux k qui U 
propre , c'eft-i-dire , ^ une 
?me partie de la Gaule ren* 
>e dans le milieu dfes terres ^ 
la Garonne & la Seine , de- 
les Alpes jufqu'au commen- 
nt des Pyrenees. Aud€#>us 
, vers le Midi , etoient les 
tains ; vers TOcean , ou le 
ntrion, les Beiges & les Ger- 

ponds deux chofes i M. Gi- 
Vemierement , s'il ^toit vrai 
odore de Sicile eut voulu ex- 

ce que M. Gibert lui fait 
: Taide de hs Supplemens , il 
decrit la fituation de laCelti- 
me maniere qui tie convient 
>as k un Hiftorien & k un 
iphe , & que Ton pardonne- 

peihe k un Ecolier. Apr^ 
c III. N 



paffe, d'un plein f^u 
avertir, au-deffus, an Sc 
la For8t Hercy nie , a TC 
affur^ent , une confiij 
pas pjirdonnable , §c qi 
de d'imputer k un Hiftoi 
prime , partout ailleurs 
cpup de fl^rte & de pi 
Jp repond^ , en fecor 
n'eft pas po^Iible que D; 
cile ait voylu fiire ce qi 
lui ^ttribue. Selon cet h 
Celtes occupoient le Pj 
Iji droite des Pyrenees. 
done au Midi . non oas le 



OE M. Pelloutier. 19f 

>e f c'eft-i-dire , les Peuples de 
ule Narbonnoife. C'^ftpourne ' 
r pas apper^u , que M, Gibert 
:|it ici fiir la (ante de rHiAo-. 
[u'il a entrepris de defendre. 
feconde faute que j'avois re- 
(34) dans le paflage dont il 
leftion , c'eft que n Diodore de 
le fait de la Foret Hercynie 
i Montagne de ce nom ». Ici M; 
t pretend m'accabler tout en- 
bus le poids de fa vafte ^rudi- 
f^ Comment , dit-il page 1 1 , Kf •' 
k)utierignore-t-iI qu'ily a, en 
t^ des Montagnes Hercynien- 
, & ^vant les Anciens , &C 
rant les Modernes ? Comment 
Ta-^-il pas appris, je ne dis 
int des Scholiaftes d'Appollo- 
s de Rhodes, &deDenysle 
i^g^te , ou de Denys lui-m8-; 
; je ne dis point de Pline 9 maii 
—, ■■■ "f 

I Hiftotf e det Celt. ](iif • !• p. 5 5- ' , 



1^1 Premiere Le 
» d'Ortelius , ctens fon E 
.» ou de Cluvier , dans i 
->) iionala Giogrofhie^ Li 
j> oil il dit , apTQS Plin 
» toient jes plus celebre 
jt¥ de la Germanie , Moi 
V^fimumjugum Hcrcyniu 
^ cingens , qui & fudeti . 
p M. Pelloutier avoit n 
j» rieiix de connoitre d 
i>Montagnes, Conradu 

> en avoit fourni des de 
p fez amples , en profe 
/•> ainfi il n'y a encore i 

> tiquer dans Diodore < 

Je montrerai , tout 
M. Gibert que je f^a 
.qu'il a crii m'apprendn 
fjavois auffi plufieurs < 
auxquelles ce S9avant n 
iention , & dont il eft j 
^ruire. 

. 11 y a dans notre v< 
cdte de la Priacipaute de 



OE M. Pellovtier. 19J 
haine de Montagnes , que les 
hi Pays appellent /« Harti^Sc 
es Geographes Modernes ont 
a propos de nommer Monies 
nios. Je f9avois cela pour Ta- 
vu. Mais je ftfavois auffi, i^. 
>iodore de Sicile devoit don- 
our limites k la Celtique , ou , 
mieux dire , aux Gaules , ufte 
qui commenjoit au- Pays des 
hiens , des NeiAtes &c des 
iques (35)5 & non pas des 
:agnes fitu^es dans le coeur de 
inagne. M. Gibert ne s'apper* 
Q pas de la contradiction oil il 
e lui-mSme ? II reHferm^ d'a^- 
les Celtes entre la Garonne & 
ne. Enfuite , pour excufer Dio- 
de Sicile 5 il les tranfporte au- 
lu Rhin , & jufqu'en Saxe. 
fefjavois, en fecond lieu, qu^ 
ore de Sicile n'a pu faire men- 

Cxfai VI. 25. 

N3 



moires , dans tout ce q 
pretendu Mont Hercyn 
»x:ean , .dit-il (36) , qu 
» Gaules , vis-a-vis des 
» Gyniens , tft rempli < 
^ lies , dont la plus cor 
M celle de la Grande-Bre 
la eft-il vrai , foit qu'c 
oudela Foret Hercynic 
Monts Hercyniens? Dioi 
qu'il y avoit , le long 
Oceane , du cote de la '. 
de la Picardie & de la I 
chaine de Montagnes q 
nom de Mont Htrcym 



J>E M. PELlOOTlfill. 195 
s Pimagination de rHiftorien, on, 
^ous voiilez , dans celle d'Arifr 
- (3 7) ^^^^^^ ^ copie dans cet en- 
it ? Diodore ajoiite que » les 
lonts Hercynicns font les plus hau-^" 
s Montagues de TEurope »>. Cela 
il plus vrai que le refte ? J'ai vu 
Alp^s' , & les Montagues da 
t^y qui ne font, affur^ment,que 
Collines en comparaifon despre* 
reSi M, Gibert doit done me (a^ 
' g^^ 9 q^^'^^ li^^ dc relever toju^ 
ces fautes , en parlant du Moru 
ynien , je n'en aye^touche qu'u* 
eule. 

>ur la farete du fait , ecoutons i 
jntement, les Anciens & les Mo* 
es , que M. Gibert appelle k (on 
ITS 9 pour defendre la bevue 
il s'agit , & voyons qui de 
deux y gagnera. Conunen9ons 
es Anciens. 



) Ariftor, Metcorolog. lib I. c.x3.p.3a^« 

N-4 



Daaiibe qui fe jette da 
Enfiiite ces celebresNavi 
treat dans le P6 , & toi 
dans le Rhone , qui comr 
P6 par Tuae de fes branch 
c[u*ils voguoient fur le B 
s'en fallut qull ne leur 
grand malheur. lis toml 
Tune des branches du F 
les auroit conduits ^ la M 
d'ou lis ne feroient jama 
Mais , heureufement , J 
cria de VEcueil Hercynier. 
leur vaiffeau dans le bra 
qui traverfe le Pays de 
des Ligures (39). Le Sc 
ce merveilleux Geograpl: 



M, Pelloutier. 297 
?r un dementi a fon Auteur j 
la-deffus , comme chat fur 
c dit (40) que cet EaicU 
I eft une Montagne des 
u une Foret. Vbili done la 
autorite de M. Gibert. Le 
d'ApoUonius de Rhode , 
lel le Mom Hcrcymtn etoit 
itagne de Tltalie^ comme 
ie VEtymologicum magnum 
li-bien qu'Etienne de By- 
1, Tont fort bien remarque. 
le Periegete (43) parle de 
Hercynie, autour de la- 
5 Peuples Germains volti- 

: le Scholiafte dit li-dediis , 
Sermains deaieuroient au- 
i Foret Hercynie , pres de 
Septentrional. U eft vrai 

1. Apoli. p. 44^. 
i.Mag.p. 37|. 
Ii. dc Uib. p. i$v, 
/f, Fcficg. fj >»«• 

N5 



19$ Premiere Lettre 
que le m8ine Scholiafte remarqi) 
ailleurs (44) que les Grecs &kxi 
au fingulier & au pluriel^ le Mfl 
Pynnk & les Monts PyrtniiSy 
qu'ils en ufent encore de lamS 
maniere , par rapport aux mots d* 
pe & diHtrcynie. Mais tout ce < 
cela prouve , c^eft que le Scholi 
de Denys , f9avoir Euftathius, 
chevSque de Theflalonique , 
^crivoit dans le douzi^me fie( 
croyoit encore , fur la foi de I 
dore de Sicile, qu'il y avoit pr6 
rOc^an Septentrional une Foi 
ou une chatne de Montagnes , 
Ton appelloit HercynUnnes. 

Mais Pline > au moins , nVt-il 
dit (45) que » les plus ceM 
^ Montagnes de la Germanie ^to 
^ les Hercyniennts » ? Je rep< 
que M. Gibert n'a traduit de ( 



^44) Schol. Dionyf. Pcrieg. p. 5$. 
I45) Plia» lY. 14* 



BE M. Pelloutier. 299 
tUere le paffage de Pline, que pour 
^oir examine trop fuperficielle- 
nt. Pour abreger , jc renvoye au 
mmentaire meme de Pline, qui 
ipprendra que le mot de Jugum^ 
fignifie pas ici une chaine de 
[itagnes, mais une chaine d'ar- 
, de racincs & de brouffailles. 
adem Septcntrionali plag4 y Her'* 
ajylva roborurn vafli^as ^ intaBa 
, & congenita mundo , prope 4m^ 
*ali forte ^ mir acuta excedit. Ut alia 
taruurfide caritura , conjlat attol^ 
Ills occurfantium inter feradicum 
cujfu , &c. Plin. XVI. 1. 
oU^ ce que j'avois a remarquer 
rapport aux anciens G^ographes 
[M. Gibert m'oppofe. A Fegard 
Modernes , vous avez remar- 
y Monfieur , que je n'en ai pref* 
cite aucun dans mon Livre , non 
ni8me Fexcellent Ouvrage de 
arius , parce que je me fuis fait 
loi de puifer dans les fourcesi 
N6 



300 Premiere Lettre 
Ainfi je pourrois lesi abandonnerto 
a M. Gibert Cependant , comme 
digreffion lie fera pas longu 
voyons ce qu'Ortelius , Cluviei 
Conrad Celtes , auroient pu m 
prendre. 

Je ne fais de quelle Editior 
DiSionnaire d'Ortelius s'eft i 
M. Gibert : la mienne dit pofit 
ment le contraire de ce que : 
Ce^feur attribue a ce Geogra 
Yoici fes propres paroles (. 
»Diodore place dans les Gai 
it vis- ^- vis de Tile de la Gra 
» Bretagne , des Monts Hcrcynl 
f> mais je les tiens pour fabuleux 

Cluvier, dans Tendroit cite 
M, Gibert (47), parle, preini 
snent , de la Fora Hcrcynie , qui < 
trroit autrefois la plus grande pj 
de la Germanic. II pretend q\ 

U^) Ortel. Thef. Gcogr. Edit. Ha.nov i 
(47) CluvcT, Intiodu^* Oeogr. UB, in,-« 
f. 2a«, 20^. 



DE M. Pelloutier. 301 
ionnoit furtout ce nom k la Foret 
qui entouroit la Boheme. C*eft de 
quoi il ne s'agit point ici. Enfuite il 
fait mention des celebres Moots H:r 
ynUnSy qui environnent toute la 
Joheme , & que I'on appelle auffi 
IS Moms Sudius. Ces Monts Sudi- 
es fiiparent la Boheme de la Sil6- 
e. Ainfi voila affurement une belle 
utorite, pour juftifier Diodore de 
idle. Au refte , pour connoitre k 
>nd le fentiment de Cluvier , il ne 
dloit pas citer fon Abrege , ou plu- 
eurs ont mis la main^ mais fon 
rand Ouvrage dt Germanid antiqud 
48}, oil la matiere eft traitee tx 
rofejfoy mais auffi d'une maniere 
ui ne favorife point Topinion de 
L Gibert. 

Enfin Conrad Celtes (49) dij(^ 
ngue formellement la Forct Hercy^ 

(4S) Cluvci. Germ. Ant. 1. III. c. 47. P- ?«>*• 
(49) Ap. Schard. in fcript. Rcr. Gcom. T. I 



|oi Premiere Lettre 
nic , qui commen9oit dans le voifi- 
nage des Alpes , du Mont Hercy- 
hien qui etoit dans le co^ur de la 
Germanie: 

Sed nemus Uercynium , montes 6c ab Alpibna 

oxci , 
Cum ramis totam fe ditfudere per oram. ... 
Heicyniumque jugum medio Germania ttaAa, 
JBiigit, dc maltis difpergic cornua teriis. 

Quoiqu'il en foit , tout cela ae 
felt rien k mon fujet. J*avois uni- 
quement 4 prouver que Diodore 
de Sicile pla^oit mal-^-propos des 
Monts Hercyniens le long de la Mer 
Oceane , & que par confequent ma 
cenfure etoit jufte. 

S'il feUoit , apres cela , decider 
entre les Modernes , je m*en tien- 
drois k Ortelius , & ^ M. de la Mar- 
tiniere , qui dit , au mot Htrcymm 
Saltus , que les Montagnes d'Hercy- 
nie , repandues dans toute I'Aller 
inagne , font une chim^re. 

Void la trpifi^me feute que j'ar 
^ois relevee daos le pafiage de Dio;; 



DE M. PELLbUtlEft. 50}^ 

re de Sicile , qui fait le fujet de 
te difcuffion. » II pretend , difois- 
e , (Hijl. dcs €du$ , pag. 55) que 
es Peuples qui demeuroient autour 
ie cette Moatagne^ & jufquesdans 
a Scythie , portoient le nom de 
iraulois J ou > comme difent les 
Srecs , de Galates. II fe trompe, Les 
]?aulois etoient en de9a du Rhin. 
les Peuples qui etoient au-dela de 
e fleuve , furent d'abord appelles 
Icythes , enfuite Celtes , & enfin 
jennains , au lieu que le nom de 
^aulois leur eft donne tres- rare- 
nent. «» 

M. Gibert ne convient pas de la 
lidite de cette remarque. «> Mais 
plutdt y ^it-W pag. 12 , M. Pellou- 
ier fe trompe lui-men>e.<iCeIa eft 
rt po£Gble.Mais,pour me refuter,& 
^urfaire voir que je me fuis trom- 
\ , M. Gibert aiiroit du prouver 
le les Auteurs.plus anciens que 
iedor^: fie, Si^jIq ^ 9^ tw]<^^ 



304 Premiere Lettre 

donne , ou au moins fort fouvent 
aux Peuples de la Germanie , le non 
de Galates, & point du tout , ou ai 
moins fort rarement , celui de Cel 
tes. Quand il Taura fait , je lui don 
nerai gain de caufe ; &C en atten 
dant fes preuves , je le prierai feu 
lement de cotter les pages^ ou le 
Chapitres des Auteurs qu'il allegnc 
ra. II faudroit etre bien de loifi 
pour verifier les citations^ d*un S^a 
vant , qui vous renvoye au IV *^ Li 
vre de Strabon , au 111*^ Livre d 
Poly be , & ainfi des autres. Au lie 
de me refuter de cette maniere , qi 
etoit la feule naturelle , M. Gibe; 
employe des raifonn emens , qui, a 
lieu de combattre mes fentimens 
femblent au contraire les confirme 
»Mais plutot , dit-il , pag. 12. ft 
» Pelloutier fe trompe lui - meme 
9» Ton n'a appelleles Peuples d*au-d( 
»» 1^ du Rhin , Scythes ou Celtes, qii 
»*■ par ignorance, ou par erreur , i 



DE M Pelloutier. 305 
» dans des terns oil Ton n*avoit pas 
» pas encore penetre dans ces con- 
» trees , & oil I'on ne pouvoit par 
» confequent f^avoir leur verita* 
» ble nom. « Ceft done k dire que 
:e n'eft pas moi qui me fuis trom- 
f6 9 mais les Anciens, qui, par igno- 
ance ou par erreur , ont donne le 
lom de Celtes aux Peuples de 1ft 
i^nnanie. Continuous d'entendre 
ii.Gibert« « Si Appien, & Dion* 
• Caffius 9 ou d'autres ^ les ont de* 
» puis appelles Celtes y c'efi en fe 
conformant, comme Tavoue Dion, 
k cet ufage tres -''ancien <* n«eni 
)>:«ir. Voili precifement ce que 
ai dit; L'ufage le plus ancien etoit 
le les appeller Celtes & non pas 
ralates ^ comme Diodore de Sicile 
avance mal-^-propos. » Mais , dit- 
on , Appien , Dion-Caffius & les 
autres , auroient peut-etre moins 
gout^ cet ufage , s'ils eujQTent fait 
attention , qu'en matiere de Geo^ 



fiv^i^i « gnorance, ou qui ne foi 

'ti<^ »3 que fur des conjeflures. 

'•'■| tela fera tres-vrai, quan 

gira de determiner le coi 

.1 Fleuve j la hauteur d\ine 

gne 9 la pofition ou la ^ 

d'une yille* Mais un Geo 

tin Voyeur moderne peut- 

frendre fous quel nom on d 

j Its Germains avant le terns c 

Cefar 6c de Biodore de 

M.Gibert a grande raifon de 

je fuis Un maUVais Logici( 

j j*avoue de bonne foi que 

compreftd rien k toutcela. 

i IV. Je paffe k une autre 

! Oue de M. Gibert , aui ne m 



M. PeLL0UT4£R. JOf 
.t-il plus judicieux de lui 
line chofe k laquelle il n'a 
nfe ? Cet Auteur indique 
: Tufage re^u de fon terns. 
►pellons, en notre Langue^ 

les Peuples qui, dans h 
snnent le nom de Celtes «, 
t un fait dont je ne difcon- ' 
nt. Mais c'eft audi , a mon 
:-ce qu'on peut tirer de ce 
!^ , au refte , ce grand per- 
(s.qui paffe pour un des plus 
^des Romains dans la Lan- 
\c qui avoit vecu dix ans 
fc Celtes w (5 1) , n'etoit pas 
i. fe meler de difciiiTions 

tie du mot de Galli , pour 

1 etoit Latin ou Celte. En 
crois que Jules - Cefar 

■ornie on atoujours parle, 
;• Gibert lui fait dire des 






;l! 



M 



308 PREM?IERE LeTTRE 

jedion que vous trouverez k la 
page 16 de/bn Livre. » Quant au 
w nom de Gaulois , Galli , il femble 
w que Tion ne doive enchercher Fe- 
» tymologie que dans le Latin , puif* 
» que Cefar nous dit encore que ce 
9> nom leur etoit donne par les Ro- 
»> mains en leur Langue: Nojira Gal* 
w li appMantun II n'eft gueres judi- 
>? cieux de fupgofer que Gefar a 
a» avan^6 9 au haiard , que ce non] 
a? ^toit Latin , ou a juge , fan< 
« connoiflance de caufe,qu'il n etoi 
•3 pas Celtique cc« 

Tout ce que j'ai dit fur cet arti- 
jCle y (Hift* dcs Cdt^ Liv.L pag, 265/ 
»• c'eft que Jules -Cefar ne decidoi 
»> pas fi le nom de Gaulois etoit ei 
»> lui-meme Grec , Latin, ou CeJtec 
le fuis encore aujourd'hui dans le 
memes idees. II eft vrai encore qu'i 
- pe feroit gueres poffible de nier c 
que Jules-Cefar pofe ei^ fait , com 
me etant de notoriete publique 



DE M, PeLL0UT4£R. 30f 

nais feroit-il plus judicieux de lui 
aire dii'e une chofe k laquelle il n'a 
imais penfe ? Cet Auteur indique 
n paflant Tufage re^u de fon terns. 
» Nous appellons,en notreLangue^ 

> Gaulois les Peuples qui , dans h 

> leur, prennent te nom de Celtes e«. 
[50) Ceft un fait dont je ne difcon- * 
^iens point Mais c'eft aufli , a mon 
ivis, tout ce qu'on peut tirer de ce 
paflage. Car , au refte , ce grand per* , 
Tonnage *> qui paffe pour un des plus 

»> Igavans des Romains dans fa Lan- 
ce gue ^ &c qui avoit vecu dix ans 
^ chez les Celtes ♦♦ (5 1) » n'etoit pas 
homme k fe m61er de difcuflions 
fur I'origine du mot de Galli , pour 
decider sll etoit Latin ou Celte. En 
un mot , je crois que Jules - C^far 
parte , comme on atoujours parle, 
& que M. Gi^ert lui fait dire des 



(^o) Cafar 1. 1. 



3X0 Premiere LETTUfi 
chofes auxquelles nous ne penfe^ 
rions point ., fi nous nous expri* 
xnions ,dans les propres termes de 
Jiiles-C6far, Quand les Auteurs La- 
tins difent ^ » qu'ijs appellent ^ dans 
V leur Langiie., Grecs , les Peuples 
»> qui^dans la leur, prennent .1^ nom 
»> ^HelUnes^ ee pretendent -ils pour 
cela que le nojni de* Grecs foit Latin 
d'origine ? Si M. Gibert difoit que 
Jes Francois appellent ^Uemands les 
Peuples , qui, dans J^eur Langues , fe 
nomment Tcutfchcn ou Tudefqius , 
fau4roit-il conclure de-l^ que i'ori- 
gine du nom ^"Mkmand doit Stre 
cherchee dans la Langue Franjoife , 
plutpt que dans la Germanique ? Si 
je difois que nous nommons Mof^ 
covins des Peuples , qui , dans leur 
Langue , fe nonunent toujours Ruf' 
fis J ^'enfuivroit - il de - li que le 
nom de Mofcovitc eft AUemand on 
Fr:ari9ois ? 

yL VOffi,Monfieur, une nouveilQ 



DE M. Pelloutier. 311 
]e€tion qiii paroit avoir d'abord 
IS de fondement que les pr^ceden- 
;• Je vab la rapporter dans les pfo^f 
es termes de M. Gibert , pag. 41^ 
Lc Danube , ditHerodote ( 52.) 9 
I fan cours dcpuis U Pays dcs Ccl^ 
ics & la Villc dc Pyrrhlnt . , . • Les 
Ctltcs denuurtnt aW'dt^us dcs Co^ 
^^nncs d*HcrcuU , & confinent aux 
Cynitts , qui font U dernier PeupU 
jut Con trouve a VOccidentde CEu* 
rope. Ce font les Celtes m8me 
que M. Pelloutier a cm qu'H^ro* 
iote pla^oit k Textremite occiden** 
tale de TEurope , & non pas les 
Cynetes. Mais il s'eft trompe. 11 
fuffit de jetter les yeux fur le texte 
Grec pour s'enconvaincre ¥. 
Four eclaircir le fait , commen-* 
»ns par rapporter les deux paflages 
Herodote que j'ai cites (53) daa^ 

[%%) Hetodot. lib. i, cap. 3 J. lib. IV. cap.^|j| 
(s l) Hfjt. dfu Celt. LiVf /. f . I5f 



jii Premiere Lettre 
Tendroit que M.Gibert juge k propo* 
de critiquer, Le premier porte (54): 
H Les fources du Danube font dans 
n les Pays des Celtes , pres de la 
» Ville de Pyrrhe^te. Ce fleuve cou' 
^ pe TEurope en deux parties ega- 
»les. Les Celtes demeurent (55) 
»>au-delides Colonnes d'Hercule, 
» & confrnent aux Cynefiens , qui 
» font le dernier Peuple de TEuro- 
*> pe du cote de TOccident. Le fe- 
» cond pafiage dit que le Danube 
H travcrfe toute TEurope , & que 
H fes Iburces font dans le Pays des 
» Celtes , qui font, apres ^es Cy- 
» nefiens , le dernier Peuple de 
>>rEurope du cote de TOccident 
» ( 56 ). En fondant enfemble ces 
deux paflages d'Herodote , j'ai 
dit (Hi/ioire des Celus , Livrc u 



(54) Hcrodot. II, 3 1. 
(^ s) f ?<» au-dela , 6c non pas ao-delTus com- 
me M, Gibert a traduit. 
(i^JHcrodot. IV. 4P. 



©E M. Pelloutier. 31J! 

jr. 19.) que >>, felon cet Hiftorien, 
es Geltes demeuroient au-del^ 
les Colonnes d'Hercule , qu*ils 
toient voifins des Cynefiens 8c 
!e demia- des Peuples qui flit ^ta« 
)li en Europe du cote de TOcci^ 
lent c€. J'avoue que , pour plus 
inde predion, j'auroisdu ajouter 
ris les Cynijuns. Si je ne I'ai point 
t jjc'eft que je ne vQulois pas re- 
irer une petite inexactitude qui 
t echapee ^ THiftorien , & qui 
rate une efpece de contradidion 
itee les pafTages que vous venez 
J lire.»Le premier dit que » les Cel- 
tes demeurent au-del^ des colon- 
nes dUercuIe. <♦ Cela eft vrai, 
c Peiipk, dont il s'agit , avoit fes 
6iblHemen$ vers Tembouchure du 
rtvidiana ^ au lieu que les An* 
iens placent les Colonnes , d'Her- 
ife.au £>^ttoit de <7ibraltar ou a 
kAe.de Cadix. » Ces Celtes etoient 
▼oifins d^ Cynefiens , qui fontl^ 
Tome 111. O 



cent dans le Royauoae de^ 
ves. Le fecqnd paffage pc 
H les Celtes font le derniei 
p de rEurope du cote de 
V dent )U6T<!f Kuvj^Tfli^ y a^T^s It 
Jicn^^n Nefalloitril pas dii 
Us Cynifitni , ou fi l\x^ep 
Cynifitns ; 8f ces mot^ , 
Cynifiin^ , ne font r ils pas 
fens } Si je difois en fubftii 
i}puv?aux now ?yx anci^ 
TAudalpHfie eft k denser 
TEurope du c^t^ ifi I'O^od 
^i Jlgarvfs , c^la fignig^rg 
I'And^loufxe eft plus Qrif i^^ 
^e? Algarves J J*ai 4o|ic yoi 

er an Lpi iir rptt/» n^»t*fi 



DE M, Pelloutier. jrj 
I y je r9ayois fort bieti oil 
ydote pla^oit les Cekes & les 
eiiens , 6c je f^ayois encoce 
les paflages d'Herodote , ddm il 
ty^oient remplis des bevues les 
graffieres que faurai occafion 
pofcr totft k rheure. Si M. Gi- 
n'eft pas content de cet eclair^ 
ment , je liii promets qii'au cas 
Ton fafl*e jamais une feconde 
on de mon Ouvrage , je no 
querai pas d'ajouter ces mots » 
f les CynifienSy6ssi^ I'endroit oil 
lanquent. 

u'il me foit permis k mon tour 
aire prefentemei^ deux que& 
s ^ M. Gibert. 

iiles Celtes,doat ils'agit^demeur 
nt entre les Colonnes d'Hercu^ 
c le Royaume des Algarvcs , 
rquoi M. Gibert renfcnne-t*il 
: les CeUe$ entre la Garonne &r 
sine ? Ces Fleuves font-ils done 
)f eident de$ Colonnes d'HerciV! 
0* 



cheri fur la bevue qu'il re 
donn^ encore plus 4e ch 
Lefteur ? Lifez^ je vous prie 
roles (57): » Le Pays des 
j^ en efFet, etoit fitue k Te 
i» de TEurope, du cote du o 

H^ioTTn (58), II en etoit 
>» ne 9 & celui oil tous le 
i» aboutiflbient pour ainii d 
m'imagine que M. Gibert a i 
ble Logique pour relever 
autres 4es fautes qvi'il comi 
mime ; &, quand il devroit 
fer cent fois d'etre un mau\ 



(57) Gib. P.; 

(58) Cc (on 



font Ics paroles d'Hcrod( 
& M. Glbetc a omis les deux mots ^( 
flf^i r^ircnt agth cclui-ci d^ (Tt/^^i «y 



I^E M. PfiLLOUTlER.' ^tf 
en , j'avouerai toujours bonn^- 
It qu'il me fembleque M. Gibert 
>it du ou ne pas me copier , ou 
>as me critiquer. 
II. En examinant les paiTages 
^rodote , dont j'ai donne la ver-* 
, j'avois dit {Hijl.des Celt. p. 19.) 
» cet Hiflorien fait des Monts 
jrrenees une ViUe de ce nom , 
: qu'il confond ces Montagnes 
ec celles des Alpes , d'oii les 
iciens faifoient defcendre le Da- 
be. « M, Gibert ne me paffepas 
J remarque. Elle lui fournit la 
ere d'une autre objedKon (59)- 
. Pelloutier s'eft trop prefle de 
nfondre la Ville de Pyrrhcne, oil 
rodote place la foiirce du Danu# 

avec les Mont Pjrrenees , qui 
parent les Gaules dos Efpagnes. 
rodote parle, commeonvoit, 
ne Ville & non d*une Montagne. 

I Libert p. 4j. 

03^ 



}l8 PRCMIERE LfiTTRS 

H Le Danube fe forme de deux ml* 
n feaux , dont I'un , dit Villichiusv 
n eft appell^P/yirw, & Tautre fort 
M aupr^s d*une Ville appellee Fau 
^Backy (^fourcc dc Fcrcn^ noms, 
n qui ne font pas fi eloignes de t 
.» celui de Pyrrhene que Ton puiffe 
n decider qu'ils n'ont pas ete defi" 
» gnes fous ce nom par Herodote. «: 
Mais M. Gibertne s'eft-il pastrop 
prefle de me critiquer ici ? Ne {(^^ 
voit-il pas , ou plutot n'avoue*t-il 
pas lui-mSme ( pag. 207. ) que, 
du terns d'Herodote,& plufieurs fi^ 
cles apres fous I'Empire de Maxi^ 
min , les Germains n'avoient encore 
ni Ville ni Village ? Comment veut- 
on que THiftorien d^fignSt une Ville 
qui n'exiftoit pas encore, & que^ 
par une revelation etymologique,il 
prit la feconde fyllabe du mot Fcnn 
& la premiere du mot Pry gen pour 
en faire , avec le fecours d'une tranP 
pofition , le nom de Pyrcn ? On a CD* 



DE M, Pelloutier. 319 
u^ H^rodote fur bien des articles 
( peuvent itre defendus. II a f^ 
que bien d'autres Ont ignori 
At & apr^s lui , comme , par 
mple , que le Tarnais fort d'un 
6c non pas des Monts Riph^ens, 
la Mer Cafpienne eft un v^ritst- 
Lac & non un Golfe de lX>c^an 
rentrionaL Ici il faut paffer con^ 
ination de bonne grace ^ parce 
Herodote parloit en Fair , ou , 
moins 9 fur de tres-mauvais Me- 
ires. Je vais , Monfieur , vous 
K>ier en deux mots les bevues 
il fiut dans les deux paflages dont 
ft queftion. Si mes nnfons ne per- 
dent pas M. Gibert , il fera aflu* 
aent tout feul de fon fentiment. 
H^odote avoit out dire que Pyr- 
me itoit dans le Pays des Cehes. 
tos la Langue Grecque les Mod- 
ifies font ordinairement du genre 
iculin^ou du neutre , & ks Villes 
genre {^mimn ; THiftorien avoit 

04 



le nom d'une Ville 5c non p 

Montagne. II avoit appris 

que les fources dii Danube 

dans le Pays des Celtes , 

tres avoient affure que le 

Jemeuroient entre les C 

d'Herciile & le Pays des C] 

Toutes ces particularites 

trouve place dans fes Recu 

tout cela etoit vrai k un fe 

/pres,f9avoir quePyrrhene n 

une Ville , mais une chaine 

tagnes. Voici prefentemen 

vue. Quand Herodote a vo 

ufag^ de fesRecueils ,&mett] 

vre les materiaux qu'ils lu: 

loient , il s'eft exprime d 



t>E M. Pelloutier. jil 

nes y de Thebe , ou de Lac^d^* 
ne , & qu'ainfi Pyrrhlnt , ks 
rces du Danube & les Celtes 
finsdes Cyn^fiens ^ n'^oient pas 
ne diAance plus grande qile Pa^ 
peut rgtre de Verfaillef. Dam 
e idee il a dit que le Danube a 
3urce dans le Pays des Celtes ^ 
; de la Ville de Pyrrh^oe ; que 
Celtes font voifins des Cyn^ 
s ; que le Danube traverfe tou« 
Europe depuis le fond de TOcr 
nt & les Colonnes d'Hercule i 
u'au Pont-Euxin/ Si M. Gibert 
pas aper9u tout cela , on peut 
r^ent lui appliquer ce que faint 
ifois de Sales difoit de la Mar* 
e de Saluces : Jc Cai hicn viu , 
% jc 7U I'm pas rcgardic. Ce 
i pas aflez de lire un Hiftorien ,' 
lut Texaminer , le dig^rer , dtf* 
uer les chofes quil a vuf s^ourap- 
^es fur de bons M^moires ^ dc 
rs qull raco0te fur im oui direj 



322 Premiere Lettre 

Sf, ne fe ptevenir jamais telleme 

f n fa fiiveur qu'6n veuille le fou 

fir lorfqu'il eftvifiW^ quHl s' 

txompe. Sails cela on ecrira eterr 

^ment &r I'Hiftoire ancienne,i 

^ lieu de Teclaircir , on ne fera ( 

Veoibfouijler davantage , com 

I'qnt fek plufi^urs Auteurs mod 

UQ$^ qm Oi^t donn^ dans un fi gn 

xxombre de vifions fur rorigine 

Peuples en fuivant ApoUodore 

d'aiutefi Hiiioriens de cette trem 

que Ton ne fifait plus a quoi j 

tenir. P^ns le fond les etranges i 

t^$ qu'Herodote fait ici peuvent ( 

^xcufees par un endroit. II de 

voit \m Pays qui , de fon terns , € 

^nti^rement inconnu. Arijftote , 

4toit un tout autre honune , & 

^tait pofterieur k Herodote d'uc 

de plus ou moins (60) , n'en 

{60) H^rbdote naquit ^ HalicarnafTe , d 
Carle, 4S4 mis a^nt J. C. Ariftote ii4( 
Sttgyrc/VilU 4e JAfa«Ml9W> 3«^ MS 



feE M, Pelloutier. 515 
>it gueresplus que lui fur le fujet 
nt il eft queftion. Vous en juge^ 
I par ces paroles ( 61 ) : Ex Py- 
It qui Mons cfl Celtiat vtrftis oua- 
n ctquinoSuiUm ^profluunt Ifitr ac 
'jttjfus (62), luc cqu'uUm txtra jco- 
nnas , illc verb ommm Europxtm 
Ttunfus inEuxinum Pontum cxUns. 
lis que des Auteurs^qui devroient 
ppercevoir du preniicr coupr 
eilqii'Herodote & Ariftote avan- 
ot id des cbofes infoulenables,ne 
flt0t pas de les defendre > c'eft ce 
e ^ He pub comprendre. 
VIII. Je oe f9ais quel eft le but 
me autre reinarque que M. Gi« 
rt^oute/^. 44« i foQ Apotogie 
^ieitpddte./;!^ II y Bvoit one Moori 
^glte Pynnh dans.]^ Alpes Rfa'il 
tic|iies fy^ les coofins de la Gei» 
manie. C'dl ce qui eft egad^ment 

— ^wyy^^w^^w ■■■■i>^>^i»>»i>«i 11 > III M % 



324 Premiere Lettrm 

f^ attefte Par les Anciens & recon 
^ nu par Rhenanus , Cluvier , Oi 
^ telius* Son nom mSme s'eft coi 
^ ferve ^ & les AUemands Tappe 
>» lent encore Prenncr ouBrcnner dai 
» le Tyrol «• 

Si cette obfervatlon me regard 
parce que j'ai dit qu'Herodote cob 
fond les Monts Pyrenees avec le 
Alpes d'oii les Anciens ^ifoientfoi 
tir le Danube , je repondrai i^. qu( 
fuppofe m&me qu'il y eut autrefoi 
dans les Alpes Rh^tiques une Mon 
tagne qui portSt le nom de Pyre 
nee, Herodote ne fe feroit pas moin 
tromp6 pour cela. II met ks four 
ces du Danube pr^ de la Ville & 
non de la Montagne de PyrrWnc 
D'ailleurs les fources de ce Fleuv 
ne font ni dans les Alpes Rheti 
ques , ni dans le Tyrol* 

2. Je crois qu'il eft tres-permis d 
douter de ce que M. Gibert ayanc( 
ici. Rhenanus, Cluvier , Ortiliuj 
^e me periuaderont jamais qu'il } 



OE M. PELLOlTTrEIt. Jt^ 

efit dans les Alpes uite Montagne 
*qui portdt le nom de Pynnit , k 
moins qu'ils ne le prouvent par de 
bons tembignages des anciens Geo- 
graphes. Je renvoye M. Gibert au 
Didionnaire G^ographiqae de M« 
Bnizen de la Xfartiniere , oii il trour 
vera qu'Ort^lius & ceux qui I'ont 
fuivi fe font evidemnient tromp^s 
fur cet article. 

A regard des Anciens^ h qui ont 
H ^galemeut attefi^ qu'il y avoit une 
w Montagne Pyrexi^ dans les Alpes 
w Rh^iques fur ks confins de la 
w Germanie^ 4< M. Gibert ne produit 
jue.Denys le P^rieg^te, qui dit(63.) 
i# qu'apr^ les Germains on trouve 
ii le Mont Pyren^e & les habitations 
i» des Celtes pr^'s des fources da 
»> P^ «» Mais , qui a dit ^ M. Gibert 
que Denys le Voyageur doitStr^ 
Biis au nombre des anciens G^ogra-^ 
phes?U dn^i^m^Brctanoi (64jlesPeu- 

HP . ' . ■ II wmmmmmtmt^ 

(fit) DionyC Pciieg. T« atl- 



tes font pres des fources c 
n'eft pas 1^ qu'il faiit cherc 
Celtes de M» Gibert , ni 
Rhetiques , ni la Ville , o 
de Pyrrhene , qui avoit 
voifinage ks fources dti 
En^ii je fuis perfuade que 
Voyageur 5(*eft tromp^ fu 
cle comme fur plufieurs 
fuffit de lire ce qu'il dit de 
ces Occidentales de TEur 
fe cOhyaiiKr^ qn'il n'etor 
inform^ , fton plus qu'Eui 
Scholiaite' , qitoiqu'il vi 
le idourieme fiecle de !'£ 



DE M. Pelloutier. 317 
tn ecrirai encore deux autres. Dans 
a feconde , je rcpondrai fuccin&e- 
nent k une foule d'objeftions paf 
efquelles M. Gibert pretend ren- 
rerfer toiites mes conjeftures fur les . 
inciens habitans de la Gr^ce. Dans 
a troifieme , j'examinerai les decou- 
irertes , les conjeftures , & les ety- 
nologies que M. Gibert communi- 
que au Public dans fon Ouvrage , 
5c,en meme tems,je repondrai,pour 
M. TAbbe du Bos , k une Critique 
qui me paroit mal fondee dans ce 
qui fiut TefTentiel de la queftion. M. le 
Marquis de Saint-Aubin efl plein de 
vie : il ne manquera pas de fe de^ 
^ndre s^il le juge neceflaire, 
J'aiFhonneur d'etre, &c* 

Monsieur, 

Votre tres-hnmble & tr^ 

obeifent Serviteur ,' 

PEil^OUTISR^ 
ji Bcilin U 1 J Acdt 1744. 



^iS SECOKDE LETTRr£ 

Seconds Iettre dc M. Pfir 
LouTJER a M. Jordan^.,, 
pour ftrvir dc riponft aux Objec 
lions qui lid ont ki faitcs parM* 
G J BERT (l). 

Monsieur, 

J E m'acquitte de la promefle que 
je vous ai faite de repondre dans une 
Lettre particuliere aux objeflions 
par lefquelles M. Gibert pretend ren- 
verfer mes conjeftiires fur Torigine 
des Grecs. J'avois dit (i) que »> les 
» plus anciens Habitans de la Gr^e 
» etoieiit les Pelafges , & que j'e- 
fk tois dans ropiniori que ces Pelaf- 
>f ges ^toient le meme Peuple qui 
» occupoit les autres Provinces de 

( I ) Vcyex. Ic Tome XU. dc la Jtfibliotbijut 
]prsn{cife, p. 5 a- 1 1 5, 

(*) Hift. 4€s Cflu Liv. L €b^. iX. f. X 15, 55 <| 



Oe M, Pelloutieu; ji^ 

^Europe , & qucf Ton defigna de- 
puis fous le noAi de Scythes & de 
Celtes. Dans la fuite il paiTa en 
Grece pkifieurs Colonies d'Egyp-* 
iens & de Ph^niciens^ qui, s'^nt 
brtifies dans ce Pays , chaflerenf 
line partie des anciens (Habitans ^ 
X foumirent les autres k leur do-^ 
mination. De ce melange , il fef 
forma un nouveau People', ({ui na^ 
Curellement devoit ^enir quelque 
chofe des Pheniciens , des Egyp- 
tiens & des Pelafges. Le Vain- 
queur introdui(it,autant qu'il etoit 
en fon pouvoir , (es Cbutitmes , fk 
Langue , fa Religion ; mais il ne 
put empecher qu'on ne remarquSt 
pendant long-terns parmi les Grecs 
des traces bien fenfibles de la Laiv* 
gue & des Coutumes des P^laf- 
gf s , qui , autant que je puis en 
juger , ne difFeroient en rien des 
Thraces & des Scythes,^ qui leur 
etoient voifins du cote du Nori h 



)36 Secokde LlTf r1 
Voil^ le precis de maconje&ure c}ul 
)'ai juftifi^e par plufieurs refl«xioiiS| 
qui , ^ la verite ^ ne ferment pas 
un« d^onfiration ^ des matieres 4k 
cet ordre n'en etant pas fufceptibles) . 
inais- cesreflexions > au mains y nc 
font pas deilituees de Vraifemblan* 
ce. }'ai montre par Thiftoire despre* 
miers Habitans de la Grece ^ paf 
leurs Coutumes , par leur Religion ^ 
par leur Langue ^ &c mSme par leun 
Fables , qu'ils etoient Scythes. 

Cette conjefture n*eft point da 
gout de M» Gibert* Je n'en fuis 
. point furpris : fa maniere de penfer 
ne s'accorde point avec la mienne ; 
& , dans le fondj, commeil ne s'agit 
que d'une conjefture , je ne dels 
pas me flatter qu'elle foit gen^rale- 
ment approuvee. Cependant M. Gi- 
bert ne difconvient point que les 
Pelafges ne iufTent les anciens Habi- 
tans de la^ Grece : il ne nie pas que 
ies Egyptiens Sc les Pheniciens 



DE M. PEtLOVtJElL ^^t 
'ayent envoy^ des Colonies to 
lit des ^tabliflemens dans ce Pays* 
a critique tombe principalement 
or ce que j'ai dit que les Pelafges 
ne paroiflent avoir ete un Peuple 
Jcythe ou Celte. Voyons done it 
A. Gibert etoit fonde k dife (3) que 
non fentiment, par rapport aux Pe-* 
afges , >» n'eft foutenu que par de^ 
p conje^res hafardees , par des ci<* 
t tations mal entendues ^ ou mdme 
p tronquees , par des raifonnemens 
# peu folides « (4) 9 qu'il peche en 
Lin mot contre toutes- les regies de 
ta Logique. Suivons , pour cet efFet , 
pied A pied les remarques de mon 
Aotagoniile ^ dont je rapporterai 
toujours les proprestermes: » M.Pel- 
nloutier femble s'embarrafler peu 
n d'accorder fon fyftSme avec TE- 
H criture-Sainte > qui £axt defcendre 



^3) Gibert p. 134. 
,W) ?«g- M9. 



|J2 SeCONDE LETfRE 
n les Grecs de /^y^/i ; mne conjeci'^ 
n ture fingaliere qui fe trouve , ou i 
ft du moins , qui paroit ofppofte ari 
>» texte des Livres faints 3 devroit 
>> 8tre propofee avecun peu plus de 
n circonfpeftion. a 

VoilS ^ Monfieur ^ urt debut quJ 
femble infinuer que M. Gibert vou-* 
loit prevenir le Public & contre 
ma perfonne & contre man Ou- 
vrage- II commence par m'attribuer 
des cbofes auxquelles je n'ai point 
penfe,& qui font mSme direde- 
ment oppofee^^ mes fentimens ; en 
un mot , il m'intente Taccufation 
d'Hetet^odoxicrf J'avout que j'ai dit 
fort ingenument ce que je penfob 
des difFerens fujets que j'ai eu oco- 
fion d'examiner ; les matieres que 
j'ai traiteesjn'etantpasdes articles dc 
foi , fur lefquek on ne puiffe s'e* 
carter des opinions revues , fans don- 
tier du fcandale. Mais ai-je dit quel- 
que part que je n^ajoutois aucune 



D£ M. Pelloutier. 33f 

i ii I'Hiftoire fainte , & que je 
embarrafTois peu d'accorder mon 
ftSoie avec celui des Livresfacr^s? 
'eft-il ieulement arrivji d'hifinuer 
lelfue chofe de femblable ? Si 'f6p 
is en Pays d'Inquiiition , je com- 
endrois parfaitement que eft le but 
ine femblable imputation. Par la 
ace de Dieu je fiiis en Pays de li- 
rt6,^y par celameme^on ajoutera 
us de foi k la declaration que je 
lis faire : c'eft que j^ reconnois 
bs-finc^rement la Divinite de TEr 
iture , & que mon intention n'a 
tnais 6li de m'ecarter en quoique 
:foit de fes decifions. Auffi n'eft-il 
oiais forti , ni de ma bquche , m 
J ma plume , rien de contraire k ce 
jte je viens de declarer. J'ai dlt (5) 
xe Us Pelafges etoient un Peuple 
:ydie , que les Scythes n'etoient 
\$ Indigeles , qu'ils venoient in* 



|}^4 Secokde Lettre 

ponteftablement d'Afie , qu'ils f( 
ibient dcfcendus d'un homme 
$ivoit trois ^ Dans tout eel 
a-t-il quelque chofe qui foit op] 
fiu fyfidme de rEcritur^ , m^ 
cmpSche que les Scythes ne f ui 
llefcendus 4e Noe ? Je crois fer 
inent qu'ils tiroient leur origin< 
i:e Reftaurateur du genre hum 
Mais 9 comment , & par lequei 
fes trois fils , en font-ils iffus ? < 
ce quej'ignore , parce que TEcri 
n'en 4it rien , & que THiftoire 
Scythes ne remonte pas fi haut. E 
le fond , ne vaut^il pas autant 
j'avoue mon ignorance fur cet 
jticle , qup fi je difois , avec M. 
J^ert ( 6 ) , qpe les Grecs defcenc 
4e Javan , parce qu'il eft feit m 
tion dans le Prophete Daniel (•; 
flu bouc dcs chhns ^ qui cfi U Ro 

(5) Giberr. p. rjtf. 



px M. Pelloutier. 33f 

favan , c'eft-i-dire , de la Gr^c. Je 
f(ais que M« Bochart (8) a cm que 
|es Grec$ etoient iflus 4e Javan. I) 
\t prouve par un paiT^ge 4e la Ge<f 
nife (9) 9 qui porte que h les fils de 
ft Jmvan iuirent Elifa , Tarfis , Kit«9 
» tim & Dodanim , defquels les Ifle^ 
m des Nations fiirent divifi^s. « Mai^ 
1 ^«La Grece n'eft pas une Ifle. i^.L^ 
^vant Nf. Brochart avoue , de 
iH>ime foi (10)9 que Ton pIa9oit 
aufli la poA^rit^ 4e Javan dans I'A"? 
labie heureufe. 3^. Enfia les Grecsi 
ibutenoient formellement que le 
fidm 4'Ioiiiens ou 4e Jaoniens qu'on 
}eur dcmuoit en Orient ^ du terns dii 
Proph^te Dai^el , etoit fort modern 
ne. lis le tenoient d'lon , fils 4e Xui^ 
0IUS , petit«fils d'Hellen , & arri^e^ 
pe^-^fits 4e Deucalion. Avant ce 



m f % \ \ % n\ ■■ MW 



•. C*) *^*^- ^^W- ^' ^^- ?"• "?; ^- P* *7iw 

(9^ Genef. X. 2. f. 5* 
' (lo) Bochart. ad. Bzech. XXVII. 19. Geogn 
lace. $ o. lib. III. cap. 3» p^ * 7t* 



^y6 Seconpe Lettb 

tems-t^ on les appelloit 1 
Comme mon plan jie m^i 
pas k parler de tout cela , y 
£ut aucune mention , & je 
^e bon coeur de laiffer k W 
luie conjedhire qui^ie hii 
•particuliere ; pourvii qu'il i 
cufe pas d'Heterodoxie , p; 
jiC li'ai pas cm deyo'ir x:on 
Vffifioirc dts Scythes ou des ( 
peluge , OXL k la cpnfiiiion x 
gues. 

nCefl, ditM. Gibert(i 
i> premiere obfervation k 
#» j*en ajouterai une feconde 
» paffage de Denys d'Halic 
v^ qui «fl cite au bas de ia pc 
» il s'agit du terns oti les Pb 
^ & les Egyptiens pafferent 
j^ mi^re fois en Grece. A ce 
^ M. Pelloutier pretend que 
^(PHalicarnajJe dit que les . 
ff [ ' " ' ' 



1>E M. Pelloutier. 33^ 

bient Us ancicns Habitans dc U 
reu y commcnccnnt iTitre inquU" 
's par Us Onentaux deux genera* 
ons avant la guerre de Troye; 
\. Pelloutier n'a pas pris garde 
u'il ne s'agiffoit dans le paffage 
e THiftorien Grtt , ni des Egyp- 
ens^ ni des Ph^niciens , ni de 
nir .venue en Grece , ni enfinr 
es Pelafges de laGrece ,niais des 
^elafges d'ltalie , de la famine > de 
1 pefle 9 ou des autres malheurs 
[ui les obligerent d'en fortir.j.Sc 
e rjetQumerdanslaGrece>ou dans 
I'autres Gentries, a 
fe.repond i^. Que dans Tendroit 
tique par M. Gibert , il ne s*agit 
intdu terns oti les Egyptiens & 
Bhenigiiens.pa{rerent poiurla pre- 
ere fqis en Gr^ce. ( it) J*ai dit 
»n clairement ( i} ) que. Cad- 
is , felon Topinion commune , 

[%i) Hift. dcs^Cclt. Liv. I. chap. IX. p. I t^i 
ij)J«<<. tiv. n. chap, XI.p. 2 5 3. . 

TomeJII. .. R , 



)3^ SE80NDE LeTTRB 
^fiaflk dteis ce Pay« i ie la I^. . 
3 191. U s*agit I lems oil les ?&d 
ffis comm«ncer m 4'4tx« inquiittel 
Cela luriva, <i >n Denys d'Haliml 
fiaffe (14)^ tie g^4irat|ons asfttV 
la guerre de Tt y«, e^eft^^-dire, fii 
4e la P« 1. 34; > ^ ou , $ Ton yeut^ 
}46o , < ^ifuril finir les 4euz g^ 
ti^ra s ; < mmenMfoent f)e 1| 
fuerre , &c a ; pas ^ la prife it% 
VUle. U 7 ay done 3.65 \ xj) m 
^pie les Ph6ni< ns avDient cMuneft 
c^ i pafler en Gr^ce , loifqu^ pel 
;^ent 4 chaiTer les P^afges* 

2^ U fuffitile Ure Penys d%B 
tcamaife , pour y trouver que {ty 
ie$ P^lafges ^toient kiqiii^^ en It* 
He^ en Crece, ^paitout ailleuM 
« Ch^r^nt nn afyle en Gr^ , i 
» mdme parmi les Barbares ^ lis 11 
fi le trouyoietit nuUe part, ce qa 



(t^\ Dt«nyr. Halic. lib If. 9. 



J>« M. PELLOUTitR- 33f; 
»obligeoit k fe difpelfer piur tou« 
( la terre h, Notre Hiftoden ne 
il pas bien exprdSiment :(fl6) 
iVftviron foixaoce aot avaat la 
lerre de Trojre 9 une ft^tion Jo* 
sftique ameoa des Anoadtetas ea 
lie 9 £>u$ la <onduile dTvaih- 
t 0. VoiU done des Pda%es 
ne fyBdon fup^rieure ihaSk dfi 
ki^, deux g^m^raitons avant 
tfe^Troye (17). N'^eib-UpaS 
laii^ , d'ailleurSf que c*^ dans 
tms4i^ que les Pelafges ^toieut 
us inqiu^t^ ea Gr^e ? Ne £xt* 
as peu ^mm6t$ avant ce t;^!^- 
ri^ 9 que 1^ Ath^measithafli&y 
les Pelages , pour rapevoirles 
Krlules(i«)? 

« Enfin > M. Gibert n'a.pas jugi 
i^os de fe fouveinr deSa reae»r«* 
^qua j'ai &Ue (^9)^ at^elaa 

f)l»«i.lib.I p«24.II.77. 

r) F07. £iAacl>.a4pioiiyr.1PfBtkS.fetf^l47« 

) F^.Masim.Tyt. xiil. p. I5P* 

Hia. 4csCeltr U?. }. ehap.X. fr%f^% 



J40 SecOnde Lettb 
» Peuples de la Grece , avo 
>i en Italic beaucoup plus t 
n le commun des Auteurs i 
H tend h. Je ne crois poin 
P^lafges ayent pafle en Ita 
fept generations (20) avar 
re de Troye , ni feulement 
celebre Siege. Denys d'Ha 
ne me dementira pas. II 
comme une chofe fort i\ 
(ii), ce que P. Caton & C 
nius avoient ecrit d'une 
d'Arcadiens qu'O^notrus a 
duite en iltalie. Si M. Gil 
iyft6me bien lie, il feiit q 
crive k mon fentinient. I 
(12) » qu'k peine les Gr 
» men9oient-iis, du terns de 
>> cule , k fabriquer de lo 
ff feauxjde forte qu'il n'eft 
H ble qu'ilsayent pu armer 

m ' 

(to) Diopyf. Halic. lib. I. p. 9. 
{21) Dionyf. Halic. lib, Z. p. ^. | 
^ziVGibcitp. J27. 



- Pt M. Pelloutier. 3ifi 
P puiflapte , & paffer, par met , 
4ws le$ paiijes , & dans les Efpa- 
{Bes ^ fivec des Anpees nombreur 
^ H Si cette reflexipn eft bonne 
>uf le terns d'Hercule, elle lefera 
r conf<^qu«nt pour un terns plus an- 
n de quinze generations. Le pre- 
Br Vaiffeau que le$ Grecs conftrui- 
M flit Vj4rgo y fur lequel Jafon , 
rcule, & les autres Argonautes 
nbarquerent , deux generations 
int le fiegc de Troye. Ce Vaif- 
|i parut une ii grande merveille 
K Grecs , qu*ils en firent une Divi- 
i : qu'oa life ce qu'Homere a 
it de ritalie , trois cens ans plus 
moins apres la prife de Troye , 
verxa que ce Pays etoitcomui de 
I terns , c^ peu-pres autant que le$ 
res Auflrales le font aujourd'huL 
la feroit-il poilible , fi depuis plu- 
Lirs fiecles les Pelafges n'avoient 
: que paflTer & repafler de Grece 
Italie , & d'ltalie en Grece ? I^es 
P3 



Lydie , & enfuite par cei 

^itterent TAfie mineure 

feire dc nouveaux ^tabt 

Sicile^ dans te Royaume 

^am le Fays Latin & a 

nys d'Halicaniaffe ( 13 

aux Pelafges la fondatk) 

de y^lia ; cependant il 

M^rodote ( €4), que 1( 

1b fonder ent dtt terns de < 

dtePetie, &, comme le t 

nus ( 1 J ) , phis defix cei 

qil^nde eut pafl^ en ItaU< 

feroiril ddiic poifible que 

euffenr ^£ inquiet^s en I 

g^tt^rafionsayant fe guen 

. puHqu^ ny font venu 



\^e M. Pi.ttovr\tLK. )4^ 
^fi^desapf^cMtt gtrntelV^e^ 
fas iFxiible que Denys dllaficiti> 
ifle a ^ige dp terns oh ik Aorienf 
iqui^t^seitltsdiey psrcekttoil ili 
oient eit Gr^e I Si j'^criirois «ii 
irre^ je ii^androis avec la mdme 
tiidiieatDcautre»d»)edioii» 4e Kff. 
bert Elkf me fbumiroieiit nnt och 
km tr^-ntatiirelte dtichirtif di^* 
fs points de THkloire aiicieime , 
e plufieitrs Critiques moderaes 
ibrotiiUent ^trangeoietrt^ pour kt 
rommoder k leurs opiiuoas fbf 
ngust des Peuples; mais f ai tiklvi 

me renfermer dans les bomes 
me Inettre ; ainfi ]e rms abrdger 
tant'qu^ me fera poffible (if). 
m Jif. PeUoutier eatn dans fexpli^ 
m60m6e ion fyft^oif qu^itappuye^ 
iMiir iliiilaire des Piblges. ^«'. 
iar kur Religion. 3 ^. Sitr leur Lan^ 
;ue. 4^. Sur la Mythologie Gfec« 



P4 



« Us plus ciUbrcs Hijlorien 
H rent que Us Pelafges occi 
» cUnnefntnt y non-feuUnu 
^ponnift 9 U urritoirc iPA 
mUs failles yoijints ^ pam 
nwdUs dtljifnnos^ dt Scyr 
nMi^-^pofioit wurcfois 
mfUaf^f mais en ginh 

m.M-es P^la%es,il eft V 
9» UA Peuple barbare , & 
mirad^te principal eft d'a 
n temps drr^ 9 pour fe cht 
>» 4emeufie^t{aiis trouvei 
i#.feitt>fe 6xef : mais je j 



"*>£ M. Pelloutier. 34^g 
icff^, que le carafiere eflentiel des 
•»Noinades etoit de n'avoir d'autres 
» Hens que des troupeaux , ni d'au- 
» fre occupation que de les conduire 
»<run paturage k un autre , conune 
Ic reconnoit M. Pelloutier lui-mf - 
me ; de-la leiu- avoit ete donne le 
nom fous lequel ils etoient con- 
mis , qui a pour racine le mot Grec 
T^ug , qui fignifie paitr4 , ou celui 
de Tcjjn , qui fignifie pdturt owpd- 
turagc. Apcrmutandis pabulis ; quia 
fopt ttntanus agros , alia atqiu alia 
loca puivtrant. Ce font les raifons 
que Sallufle & Pline donnent de 
ce nom , Tun dans fon Jugunha , 
Tautre dans Ion Hijl. Nat. Liv. V. 
c. J. Or nous ne Itfons nulle part 
que les Pelaf^^ euiTent aucune 
coututne de cette efpece , ou 
fe tnelaiTent du foin des trou- 
peaux : au contraire , fiiivant 
Ephore , dans Strabon , Liv. V. c'e- 
toient dos lioqune^ qui s'etoieot 

P5 



n s^ls n'avoient pas de d( 
»cen1eftpas parce qu' 
itteurs moeurs d'eiter 
It Pays, & d'etre touj 
n ainfi dire» ambulans, n 
» puree qu'fls ne trowy 
» terres yuides oil ils p 
'irblir,ou parce qulls < 
i^traint$ par quelque fo 
licte.quitter celles oil i 
»fdiem 9 comme it rif\ 
»Wi&oire i ainil ils ne i 
I $^ TheflkUe que parce qu 
•W dii£tei par les L^l^ges 
»lMmtonnereftt Htafie 



i>E M. P£lLOtfTIfiK» 147 

• effets d la pefte & de h fiunme. 
tLes Scythes 9 au contraire^&les 
w Nomades , paflbienl d*uii Pays ii 
m un autre » par coutume & ians au* 
» €ua deflein de s'y fixer ; aiafi f ^ 
itpitliete de Noma ne peut dtre 
f» appliquee aux P^ ;es« *t 

Toute r^ditic que M. Gibert 
dtaieici^ pourm« trer que les Pe- 
lages n'etoient pas i Peuple No- 
made , eft parfaitei it hors d'oeu* 
▼re. Les P^lafges n oient point de 
demeure fixe, ils pa it cootinuel- 
lement d'un Pays i h re. De-li 
▼kotque les Grecs les loient ^ 
pff ddriikm y PelA , i Gygo* 
gttes»Voili^uncara^ < ; marqu4 
^nn People Nofiia.de. M; . dit*oa y 
Ephortf afluroit qu'ilsfuivoieattoui 
h ^ofeffioBr des h Ven coa- 

▼ieMy mais cela ei ^trU qur'ils 

aefuflieMNoiMdi ?C » )ua- 
iitesfiMt-ettes.doi] ; oo^ } 
|i«S6vthes^kgG 

P6 



Fort bien ! cependant ces 
menoient line vie vagabo 
fixer en aiKun lieii , ne vi 
de Fair : ils etoient tons 1 
peaux : ne tloit-on pas e 
qii*ik noiirriffoient du bet 
tiroient , non-feulement 
pour fe couvrir , mais enc< 
mens pour fubfifter ? M. < 
tend encore que» files P 
» voient point de demeu 
n^^n'etoit pas qu'il fut i 
» moeurs d'errer de Pays e 
» d*6tre toujours , pour ; 
>»ambulans ; mais c'etoit 
» qu*il9 ne trouvoient poir 

M Vii5dp<Q nh iIq* nnfTpnt «'p 



»E M. Pe'lloutier. '^ 

NCcdles oh ils s'etabliffoient. *> Dif-» 
liflguons les terns que M, Gibert con- 
tibndici, & on verra qii'il fe trompe 
Banifeftement. Avant Tarriv^e des. 
I>rientaux^ les Pelafges etoient mai- 
rfesdttoutelaGrece; ils en avoient. 
'Empire ( 29 ). Qu'eft-ce done qui 
es empSchoit alors de b^tir des mai-, 
bns, de fortifier des villes, de culti'- 
^er des terres, de planter des jar-, 
lins ? Y avoit-il quelque ennemi 
(ui ks empSchat de fe fixer dans un 
?aysdontils etoient les maitres.fou- 
^erains? Cependant ils ne !e 6ifoient 
x>int. Au lieu de femer du bled pour 
tn faire du pain ^ ils en faifoient avec 
hi gland. Ceft parce qu'ils n'etoient 
)as Laboureurs, mais Noniades..Cela 
koit dans leurs moeurs , ou , fi Tom 
ireut , c'^oit Tancienhe barbarie que 
es Scythes & les Celtes ont quitteq, 
>eaucoup plus tard que ks autre* 
■ ■■ . . 1 ■■■ < 

(ip) Stub. VII. 3*7. 



luciii y pAi vc ^uc j <si rciiidn 

a qu*un moment. Ce flirent 
qui policerent les Habitant 
de ritalie , 6c non pas les 1 
qui ny mirent jamais le pie 
nuons d'entendre M. Giber 
>»^i^.Cettepropo{ition, q 
n ciens Nabitans de la Gr6c< 
H Plilafges , me paroit trop g 
M car il sVn faut , ce me fei 
9f beaucoup que Ton doiv4 
^ les premiers Peuplesde 
n aux feuls Fi^tafges , 8c \ 
n nous apprend, au contratv 
If les Pi61a%e^ s'y ^ablirenr 

ll^.iBiMMeJta^ti^vftr #%tfl «ta AM ^ 



»i M. Peliovltcr. jff 

W les Habitans qui y demeuroieni au« 
UpartiTant , ou ils s'unirent avec 
ntnx (31). Auffi )e conviendraiy 
# avec M. Pettontier, qii€, fuivant lei 
iiAuteurs qu^t cite en cette occa« 
m fion 9 prefque tautes les Contr^es » 
^ dont il £ut ici T^num^ration , oat 
'n it6 occupies en difF^rent terns par 
9> les Pelafges'qui paflbienc de Tune 
i» & Tautre; mais ces Auteurs ne difent 
n nuUe part quits les occupaffent ori* 
j» ginairement. ^ 

Faudra-t-il que je montre k M* 
Gibert que ies Pilafgts occupount la 
Grlct driginairement , qulls ^toient 
Indig^tes, Aborigines, Autochtone^ 
Les PSajrenis avoient fur cet Article 
des id^es qui ne font pas plus du gout 
de M. Gibert que du mien ( }x)- Us 
appelioient Indtig^es des hommes 

m' • ■■ 

(ft) HcTMlMi hb. h BmbtT. Htlir. lib li 

Stiab.V. 

(1 %) Gibert p. 5 1. Hiftoire def^clcet, Li^ I* 

Cbap. xiii*p*m* 



35^ Secqnde Lettrk 

qui pretendoient etre fortis du limon 
de la terre, comme des champignons, 
Ainfi le Poete Afius difoit, enparknt 
de Pelafgus (33): DUs jimiltm autm 
Fdafgum in alticomis montibus una 
nigra produxit ut mortalium genus fo» 
ret. Mais en prenant le mot ^Indigius 
dans un fens pi us. general , & d'une 
maniere qui puiffe s'accorder avec 
nos principes , il fignlfiera tout an 
moins que les Pelafges font les plus 
anciens Habitans de la Grece ; que 
THiftoire ne fait mention d*aucun 
Peuple qui Tait occupee ayant eux J 
que Ton ignore abfolument d'oii ils 
etoient venus ; que leur origine eft 
inconnue ; qu'elle remonte au terns 
fabuleux , & c'eft ce que les Hifto- 
riens difent formellement. Denys 
d'Halicarnaffe ( 34 ) , par exemple , 
affure que » Pelafgus & Phoronee 



(33) Paufan. Arcad. init, 
(34)Dionyf.Halic. I. p. 



BE M. Pelloutier. 353f 
bnt les premiers Rois du Pelopoii' 
lefe qui foient connos dans I'Hif^ 
Dire ;.que lesPelafges etoient an- 
:ienneinent un Peuple Grec , ori- 
;inaire du Peloponefe (3 5) ; qu'ils 
lemeuroient au commencement 
m Achaie^au tour de la Ville d'Ar- 
los 9 & que plufieurs les croyoient 
ndigetes de ce Pays 1^ ^ Heiiode 
6) remarquoit auili que Pelafgus 
^u Indigctc du Pcloponncft ; & d'au* 
!S pretendoient que ce Pelafgus 
>it le meme qu'Argos, duquel les 
pens fe ditbient defcendus. Per* 
one n'ignore que les Atheniens fe 
>rifioient d'etre Autochtones ; ils 
laiflbient pas de reconnoitre les 
bi%es pour leurs fondateurs (37) ; 
avouoient que leuris ancetresde- 
smoienti la campagne, & avoient 
irs habitations djfperfees dans tout 

S 5) DioDvd Halic. I. 14. 

36) Apollodoras I. 59. "* 

37) Maib* UciacL^.^st. 



„. ...,„. ...... I 

leterritoireyjafqu'ice que Th&Ot 
l«Ur perfiiada de fe i^^umr dawune 
feule&m6m«ViIle(38> 

Dois*je montra^ encdtfct k M. Gh 
bert que les Pelafges tvoiext anitre^ 
ibis TEmpxre de la Gr6ce^ tpahis tot^ 
tupoienttoute enti^re? raid^a€it({ 
un paffage de Strabbal(39)y qui p(M^ 
te » qu'entre les Peuples qui om ea 
n rEmpire de la Cr^ce , les P^h^o 
n font ks plus ancieos^. » Le mbit 
G^ographe dit ailleurs ( 40 ) qat 
n c'eft ttoe diofe reconnue , k pea* 
$^pths par tous lesHiAorienSy que 
» les Pelafges occupoient autbefius 
i» tottte la Grece. >» Strabon^ au itAei 
n'a &it que fuivre Herodote^ qui di« 
foit auiS (41 ) que » le territoired'A^ 
»» tb^ni^s ^toit occup^ par hsVikf- 
» geSy dans le terns qu'ils ^toicnt mai- 

ffS) Pluurch. Thcf cafi. at. 
(iP^Strab. VII. 127 
(4o)Strali. V. lao. 
(41J Herodot. yiii. 44. 



ftE M. PELLOtJf lift. 55f 
n tresde la Gr^ce.n Par furabondan« 
ce de droit , ajoutoiis encore tin feiil 
paflage dTHerodote (42): » Lcs priit- 
f» cipBVX Peuples de la Grdce ^6ieitt 
n anckfinenient les P^lafges & le$ 
s» Gtecs ( UeMnes ). n £t d*oiii ve« 
fioient ces Grecs ^ Vous zUtt enten- 
dre qu'fls etoient Pelafges d*origine 
i( 43 )* H La Nation des Grecs , lorf- 
m qii*eWe fe d^tacha de celle des P^* 
n lafges , ^toit un Peuple pen confi* 
j> nible , qui, ayant eu de trfe*petits 
m commenceinens, s*accnitbeaucoup 
n dans b &ite par le grand nombre 
# de Peuples, & fur-tout de Barbares 
n ^i fe joigmrent h euSo^Voil^donc 
les Auteurs m^es 9 cjoe M. (nbert 
n'op^fe 3 q^ difent que lcs Pilaf- 
gesoccupoient la GrUt originairemenf^ 
& ft^Us Im unoieni teutt entiire. lis 
J^entent par conf^quent Ija Thefe 

m I I I i> 

(4s)Hero<lot. I. 5f« ^ 

(43) Hciodot. I, $1. 



^^6 SeCONDE LtTTftE 
de M. Gibert , qui pretend que, »» fi 
»les Pelafges ,s'4toient,4tabUs':eft 
» quelques endroits'd«:la.Grece5,ils 
#» en chaflerent des Habitaas qui y 
>f demeuroient auparavant , ou s'u- 
f> nirent avec.eux, w Les Loix d'une 
bonne critique permettent-elles done 
que Ton brOuille & que Tcfn con- 
fonde , comme on le juge Apropos jr 
des chofes que ces Hiftoriens diftin- 
guent fi clairement ? S9a.voir ks 
terns les plus anciens oil les Pelafges 
etoient paifibl^ ppfle^eurs de la 
Grece , & des terns fort pofterieurs 
oti ils commencerent d'etre inquie- 
tes, poufles & chaffes de leurPays 
par des Etrangers. 

Mais, ajoute M. Gibert (44), » le 
"pretendu paflage de Thucydide, 
» rapporte en lettres italiques, (qu'a* 
» vant le terns d'Hellen , fils de Deu- 
»> calion, la Nation Pelafgique etoit 

(4i^j Gibert p. 140. 



DE M. Pellowtier. 357 
M repandue dan^ tout^ la Grece ) , 
p> quand oh radmettroit ^ ne ptouve^ 
»> roit en aucune fk^on que les P61a£> 
H ges en etoieiit les premiers & les 
«> feuls Habitans : mais , de plus , c'eft 
n un pa^ge que Ton prete tout en- 
»» tier k Thiicydide qui ne dit rien de 
»>femblable : void , en efFet, le$ pa»! 
» roles de cet Hifioriea dans Tendroit 
•»quieilindique(45 ).Lcnomd}Hd'; 
•t Uncs mfut point Qtiginaiumtnt com'- 
» nmb^ i tousle Pmplcs dcccsContries; 
^ iln^cxijioit point mime dutoiu avant 
t» Heilcn ^fih dc Deucalion ; mais chat 
ft qtu tfation ^& fur-tout entrautres , 
>i^ccJle^s Pilafges avoitfon nompropfe 
y^ & particuUer. A.quoi le Scholiafle 
n^QVLi/^ yqu'clles rien avoieru aucun 
. n qui jut commun a toutes. U eft fecile 
> n de voir que non-feulement Thu-y 
.» cgrdide ne dit pas qiie les Pelafge^ 
: p^ odcupaffent toute UlGv^QQ , ni mSr 
' ^ . ■ . ■ I i ' w 

- ^5)Tjmcjrd.Ub.I.cap.|, 



158 Seconqe JLetitrk 
j» ioe qu'ilsfuffent r^pandos par^totit^ 
»mais qu*U refulte^ au eontraire, de 
^ i^e qu*il dh ^ qu'elle ^toit peupl^ 
f^ de bien d'aiitre^N^tipns que les P^ 

Jf m'im^gine que^'eft i<^ one de 
ces citations mal entendues, ouindr 
tne tronqu^es 9 que M* Gibeit me rer 
proche. S'ii faut Ten qtoiteyJeprtH 
unpajfa^t tout mfi^rd T^ucryJufe^ fij 
fu dii run iUffmlUabU, Ua pedt not 
d'^lairciffementmoiitrei^ ^ lapen^ 
fure eft juftcp 

Je ne doute pas que M. Gibert 
p'entende le Grec^ p^tfqu'il enore^ 
prendde retablir plufieurs pafl&gtf 
des Auteurs qui ont ^rit dans ^tte 
Langue, £( de corriger les verfions 
qu'on en a donni^es. Mais U me per* 
"^ettra de lui £re , avec tout le tefv 
pedquejeluidois^ qu'iln^ipasefiv 
iendu le paiage dofit ii s^agit^ Quoi ( 
Tliucydide , ce grand liomme, que 
guintiUen piff^roij A tow i& Hift^ 



DE M. PfiLLOVTIERt 359 

sGrecSji & que D^mofth^n^ 
it pris pour foti mo^le, par r^p« 
t au Ay^ J auroit dt^ capable d? 
! desxihofes qui n? forment nucuq 
f ? II aura vouhi nou5 apprepdr© 
^vatit |e tem$ d'fiellen , fils de 
ucalfon 9 chaque Nation de bt 
kpe avoit ion fioippropre & parr 
dier ^ 6^ fm^imi tmr'autr^s cdk 
P^^fgf^ ^ Qu'eft-ce don? que lei? 
afj^esf pouvoieqt aypir 4e phis > 
*avoient?ilt;yi<rri0i/i cntr*aiares , ^ 
ique Peuple de la Grcce ^oit fon 
n propre (Sf partt^ulier^ Thucy-i 
e (4<$ ) 31 quiescprimoit en peu de 
<s Vaiucoyp de frhofcs , a youlu 
e (#7 J » que , dans les terns le$ 
his ^oict^ns 9 on ne ^onnoiflbit. 
K>i^ de noi)» connnun quifervjt 
. d^g^er en general tou5 les Peu^ 
At^^ k Gr^. Le nom Txiha^ 



4#) QviMil.'Iib. X.«tF-«^ 



360 Seconde LetTre 
•» d'Hellenes , fous lequel on les dd- 
>>flgnadans la fuite, n'exiftoit pas 
^ encDre avant Hellen y fils de Deu- 
»calIon. Les Peuples de la Grece 
>> portoient chacun fon nom proprf 
» & particulier, & ils portoient fur- 
» tout celui de Pilafges , qui fsifoi^ 
>> le plus grand nombre. Ce nom 
»propre qu'ils portoient euxrind- 
» mes^ ils le donnoi^tauffi au Pays 
» oh ils .etoieot itablis. » C'eft de 
pette maniere qu'Henri Etienne a 
entendu le paffage de Tbucydide; 
en confervant la veriion que j'ai fui» 
vie, il y ajoute une note , qui porte 
l|[ 48 ) que le nom de Pelafges avoit 
autrefois une tres-grande etendue » 
n'y ay ant pr^fque ppiiit de Pays oh 
les Pelafges n'euffent pafle. Cafaubon 
avoit vu aufli dans ce meme paflage 
(49)31 qu^ le nom de Pelafges etoil 

(48) H. Steph. ad Tbucyd. lib: h ctp. |« 
^4P^ Cafauboa. Cpmmont. «d Suabon. p. xo^tj 

commui(| 



D£ M. Pelloutier. 36< 
mmun autrefois k un grand nom-» 
e de Peuples de la Grece, Comme 
;iui Etienne & Cafaubon jetoient 
lis. grand Grecs que ni M. Gibert , 
moi 9 oe le ferons jamais , je m'en 
ns ^ la verfion qu'ils ont approur 
e , & que M. Waffe a cm auffi de- 
•ir retenir dans le beau Thucydide 
i*U nous a donne tout nouvelle- 
mt. II eft vtai que dans ret en^. 
jit y 4iomme dans plufieurs autres ^ 
eerfion Latine de T^hucy dide tient 
elcpjue cfaofe de la Paraphrafe. Mais 
ut-onprctndred'autre partly quaad 
. veut rendre fidelement toutes les 
jes d'un Auteur auffi concis que 
ft Thficydide? On le rendroit inin-; 
Higible , fi on vouloit le traduire 
at entier de la maniere dont M« 
J>ert a tourne le paffage dont il s*a- 
: ici. Dans le fond , la verfion La- 
le en eft tres-Jufte. Que Ton feffe 
:e k THiftorien que , parmi les Peu^ 
zs dc la Gricc , UsPilafgcsfaifoUnj^ 
Tome III ' Q 



56i Seconde Leittre 

autrefois U plus grand ncmbre , 
qu'on lui feffe dire que les Pelaj 
eccupoicnt la plus grandc panic JL 
Greet ^ n'eft-ce pas tou jours la mi 
chofe ? Je ne vols pas , au refte, ( 
le.Scholiafte.de Thucydide ajo 
rien au recit de THiftorien. Voic 

. remarque : » T Auteur veut dire i 
n les Peuples de la Grece ne p 

* »toientqu'unnompropre;pare» 
It pie , on le&appelloit feulement 
t> lafges , Boeotiens , & non pas 
w commun Hellenes. » • Je foufcr 

. cette remarque , & j'ajouterai i 
lement que les Pelafges etoient 
anciens Habitans de la Grece , au 1: 
que les Boeotiens etoient des Phe 
ciens que Cadmus avoit menes 
Grece , & qui re^urent le nom 
Boeotiens , parce qu'un boeuf le 
avoit montre la Contree oil ils d 
voient s'etablir. 

» Enfin , dit M. Gibert (50) , iU' 

^50) Gibcitp,i4i, 142. 



1}E M. Pelloutier. 3(Jj 
aucune indudion k tirer de ce 
[ue les Poetes ont quelquefois 
rotnpris tous les Grecs fous le nom 
leP^lafges ; ils ont parle en Poetes , 
\c non en Hifloriens & en Criti- 
pies y & Ton n'en peut pas con- 
:lure davantage quails avoient 
H^ originairement tous Pelafges, 
|ue Ton pourroit conclure qu'ils 
koient tous Ach^ens 9 Dolopes , 
Doriensy ou Argiens, de ce que les 
Poetes les comprennent quelque- 
foisfous ces noms particuliers. >f 
J'avoue que je raifonnerois tres- 
lal y fi je voulois prouver que les 
elafges ^toient les premiers Habi-> 
ins de la Grece , par cette feule rai- 
)n que les Poetes defignentfouvent 
IS Grecs en general fous le nom 
e P^lafges. Ils peuvent avoir parl6 
I Poetes, & non m HifiorUns & w 
ritiques. J'en conviens. Mais Hero- 
>te , Denys d'Halicamaffe & Stra- 
>n ne difent-ils pas que les Pelafges 




ks Poetes? 

appuytf ifid 
pu prevoir q 



cniffcitfpa^ 

id 



•I 



H M. PELtOUTIEIt. 3(Jy 
meuroient fur la cote, pour les 
;uer de ceux qui etoient etablis 
e coeur du Pays. Les Eoliens 

53 ) portoient anciennement 
n de Pelafges. Les Doriens, 
etoient des Pelafges, (54) qui , 
ete chaffes de la Theffalie, paf- 
dans le Peloponn^fe , oil ils 
ent leur ancien nom , pour 
•e celui de Doriens. Puifque 
liens & les Doriens ^defcen- 

des Pelafges , il en refultera 

ts deux plus celebres Peuples 

rrece , f^f avoir les Atheniens & 

:edenioniens, avoientla meme 

e.Les premiers etoient loniens^ 

: feconds Doriens : fi la chofe 

leceflaire , il me feroit facile de 

er que la plupart des autres 

es de la Grece , defcendoient 

es Pelafg^. Par exemple, lesr 

-— 

Hcrodot. VII. 9 5- Eofiath. ad DionyC 

/. 347- P- 57. 
Hcrodot. I. 5tf. 

Qj 



366- Seconde Lett 

Acheens (55), les Argiens 
Theffaliens ( 57 ) , les Ma 
( 58) , les Arcadiens (59) 
rotes (60), mais il faut 
car j'ai encore k repondre ; 
objef^ions. 

» Je ne puis m'empScher 
5> M. Gibert, d'ajouter enc< 
>!• l_e Scholiafte d'Appollon 
5> mal-i-propos , pour mc 
>^ rifle d'Eubee fut occup 
»P^lafges , & qu'elle 
» Pelafgie, Ce Commen 
» dit autre chofe , finon , 
f> Poete appelle Pelafgiqu 
» des Macroniens , parce q 

{55) Dionyf. Halic. I. I4. Strab. 

(5<5) Euripid. Fragm. Archela'j 
Apoll<^n. Argon, lib. I. p. 58. S 
Xuftath. ad Dionyf. Pcrieg. v. 3 47 
Sic. V. 23p. * 

(57) Apollon. Argon, lib. I. p. 

(5 8)Juftin. VII. I. 

(spj Dionyf. Halic. I. s>. Stiab. 

(5oj$irab. V. *Ji, 



BE M. PELLOUTieil- 3^7 
if croniens etoient une Colonie ve* 
m nue de I'Eubee , Ifle voifine du P^ 
pioponnefe 9 lequel ^toit appell6 
i».autrefois PelafgU. En effet , Stra- 
f bon, qui fait Tenumeration des an* 
9* ciens noms de TEubee , ne lui attri* 
j^bue point celui de Pelafgie y &c je 
iMie me fouviens pas d'avoir lu nulla 
p part que les Pelafges s'en foyent 
1^ jamais empares. >> 
^ Puifque M. Gibert ne pent s'em- 
D^her d'ajouter cette objedion aux 
l^cedentes , je ne f9aurois me dif^ 
jpenier auffi de le prier tres-humble- 
I^Bient de vouloir bien ajouter k I'en- 
^oit qu'il critique deux mots qui 
^nquent dans rimprime, & de lire 
le paflage de cette maniere ( 61 ) ; 
kles Pelafges occupoient ancienne- 
^«> ment , non-feulement 1« Pelopon* 
»n^fe,le territoire d'Athenes , avec 



(6 1) Hiftoirc des Ccltes Liv. I. Chap, IX. 
^. XX 8-1 19. 

Q4 



3^8 Seconde Lettre; ' 
les Ifles voifiiies, particuli^rement ' 
^ celle de Lemnos , de Scyrus , d'Eu- 
>> bee & de Lefbos , qui portoit au- 
» trefois le nom de P61afgia:n moyen- 
nant cette addition des mots de Ltf- 
bosy tout fera pleinement redreffe; 
car les plus cel^bres Hifloriens aflii«- 
rent efFefti vement ( 61 ) que cette Ifle • 
portoit autrefois le nomde Pelafgia. 
M. Gibert ne fe fouvient pas , an 
refte', d'avoir lu nuUe part que les 
P^lafges fe foient jamais empares de 
rifle d'Eubee. Mais fi fa memoire Fa 
mal fervi , il me femble que je ne {m% 
pas oblig^ d'en repondre , d*autant 
plus que j'ai cite un paffage de De- 
nys d'Halicarnaffe ( 63 ) , qui porte 
que >>les Pelafges, chaflcs de la Thef- 
» falie , pafferent dans la Beotie, dans 
» la Phocide & dans I'lfle d'Eubee , 
»pendantqu'une autre partie de la 

(<52) Strab. V. 221. Di«d. Sicul. V. 239. 
Plin. V. 31. 

(«3) Dionyf. Halic. lib. I, p, 14, 



DE M. Pelloutier. 369 

ion pafla dans TAfie mineure;f& 
npara de pluiieurs Pays , fitu^ 
ong de rHellefpont » Le paf- 

mfime d'AppoUonius & de 
^ommentateur , que M. Gibert 

fous les yeux en me r^futant , 
It du lui rappeller un £ait qu'il 

fouvient pas d'avoir lix nulle 

Poete dit (64) que» les Argo- 
xts^ etant revenusde nuitiur la 
s des Doliens , ceux-ci ne les 
onnurent point, &c crurentque 
Piilafges Macriens venoient les 
quer. >f Le Scholiaftc remarque 
ffus >f que, felon Denys de Chal- 
», ces Macriens que Ton appel* 
: auffi Macrons, etoient une Co- 
lie venue de I'lile d'Eub^e, qui 
toit aufrefois le nom de Ma- 
;, & que c'eft de-li qu'eft pris 
li de Macrons. >^ A regard de 

\A29iLAx$. lib. I. Y* 1013^2' <^^* 



370 Seconde Lettre 

cehii de Pelafges , ou de P^afgiqui) 
le mSme Commentateur dit que>»les 
» Macrons font appelI6s Pilafges (6 j), 
» parce qu'ils fortoient de Tlfle d'Eu- 
^ b6e. » U fallpit done qu'il y eutdes 
P^laiges dans cette Ifle. II dit encore 
(66) que » les Habitans de Tlfle d'Eu- 
vi hit font appell6sP^lafges,parce que 
w cette Ifle eft voifine dii Pelopon- 
H n6fe , qui portoit autrefois le nom 
» de Pelafgia , ou de P^Iafgis. » Ceft 
la curieufe remarque que M. Gibert 
juge ^ propos de rapporter , & que 
je lui laiffe de tres-bon coeur. Selon 
mes petites lumi6res , il me femble I 
qu'un Hiftorien & m8me un Poete, 
fe feroit fifHer, s'il s'avifoit jamais de 
defignerles Anglois fous le nomde 
Picards, parce que leur Ifle eft voifine 
de la Picardie. Revenons aux objec- 
tions de M. Gibert. J'avois dit (67) 

{t 6) Ibid, 

(6 7) Hift. dcs Celt. Liv. J. Chap. IX. p. uh 



DE M. Pelloutier. 371 

ue » les Pelafges , chafKs du Pelo- 
ponn^fe par les Cadmeens, fere- 
tirerent dans la Theffalie , ou ils fe 
maintinrent , felon les apparences, 
pendant im affez long efpace de 
terns , puifque cette Province re9iit 
d'eux le nom de Pelafgia : » M. 
Jibert ( 68 ) fait 1^-deffus plufieurs 
em^rques qu'ilfaut examiner. Rap- 
>orton5,avant toutes chofes,fes pro- 
»res paroles; »Denys d'Halicarnaffe, 
qui nous apprend cette migration 
des Pelafges en Theffalie , ne dit 
point quel en fiit le motif, & , 
comme il la pla^oit trois ou quatre 
generations au moins avant Cad- 
mus , il n'a eu garde de dire qu'elle 
•l^t occafionnee par ce Prince , fes 
compagnons ou leurs defcendans , 
jes feuls. que les Grecs entendent 
fous le nom de Cadmeens ; je ne 
trouye k ce fujet rien de plus dans 



Q6 



fage qu'il juge k propos de c 
1^, J'ai dit que les Pelafge 
chaffes du Peloponnefe par 
meens , au lieu que Deny* 
carnaffe , qui parle de cette 
lion , n'en determine pas h 
Pen conviens. Mais, fi Den; 
carnajflTe , ou quelqu'autre I 
digne de foi , affuroit cl< 
& formellement que des Ph 
& des Egyptiens , ayant al 
Grece & s'y etant etablis , 
ferent infenfiblement les P( 
mes remarques , que je n'ai < 
que pour une conjefture (6< 
meroient une veritable der 



DE M. Pelloutiek. 37} 
6on. Demande-t-on autre chofe , 
pour fe rendre h, une conjedure , fi 
ce n*eft qu'elle foit probable & fon- 
dee fur des faits qui y conduifent na** 
tureilement ? D'abord je voisles P6» 
[aigesmaitres de toute la Gr^ce. En- 
fuite je remarque qu'ils quittent les 
cotes > pour fe retirer vers le Nord y 
dans des Pays ^loignes de laMer. Ne 
dois-je pas conclure naturellement 
leliL qu'ils fureat chafles de leur 
Pays par des Etrangers qui avoient 
6tabli des Colonies fur les c6tes 
iu Pelopon^fe & des Contrees voi- 
&nes ? Qui pouvoient etre ces Etran- 
gers que des Egyptiens & des Phe- 
oiciens , les ieulsPeuples qui s'appli- 
quaflent alors k la Navigation? N'efi- 
il pas coafiant & reconnu que Ce* 
crops , Cadmus & Danaus paiTerent 
eife&iyement en Grece , & y fon* 
derentde puiiTantes Colonies? 

2.^. Mais au moins ai-je fait ici uii 
^nacroniOne bien marque ; puifque 



374 Seconde Lettre 
9f^ Denys d'Halicarnaffe pla9oit cette 
emigration des Pelafges en Theffa- 
» lie , trois ou quatre generations au 
yy moins avant Cadmus. » II n'eft pas 
de ma connoiffance que Denys d Har 
licarnaffe ait fait aucune mention de 
Cadmus , ni qu'it ait determine le 
terns oil ce Prince pafla en Grece 
avec fes Pheniciens. D'autrescepen- 
dant Font determine , & c'eft fans 
doute fur leur calcul , compare avec 
celui de Denys, que M. Gibert fonde 
fon objedion. Pour epargnerauLec- 
teur une difcuflion chronologique^ 
developpons en peu de mots ce que 
M. Gibert a iSiffe deviner. Selon De- 
nys d'Halicarnaffe ( 70 ), Oenotnis 
paffa en Italic dix-fept generations 
avant le fiege de Troye (71), c'eft- 
i-dire, environ 1750 ans avant Je- 

(70) Dionyf. Halic. lib. I. p 9. 14. 

(71) Troye fut prife Tan de la Periodc Ju- 
lienne 3530 & X 184 avant J. C. enyaj.ouuct 
566 ans pour dix-fept generations , il rcTuItc(» 
c^u*Oenotrtts palTa en Italic 1750 an$ avant J.C 



DE M. Pelloutier. 37^ 
is-Chrift , en comptant trois gene- 
itions pour un fiecle. Lycaon , pere 
e cet Oenotrus, ^toit le cinquieme 
epuis Phoronee,qui vivoit par con- 
*quent ving-trois generations avant 
i fiege de Troye ,1950 ans avant 
. C. Suivant le meme Hiftorien , les 
'elafges pafferent du Peloponnefe 
n Theflalie , fix generations apres 
* regne de Pelafgus,petit-fils de Pho- 
onee,c'eft-^-dire, 1684 ans av, J. C 
u lieu qu'il eft reconnu que Cad* 
lus n'arriva en Grece que 1 5 19 ans. 
vant J, C. & par confequent 165 
ns , ou cinq generations apres la 
rugnttion des Pelafges, dontil s'agit 
cir Voili robjeftion de M. Gibert ; 
|ue je crois avoir propofee dans 
oute fa force. Elle feroit aiTurement 
ans replique, fi je convenois qu'Oe- 
lOtruspaiTa en Italie dix-fept genera- 
•ations avant le fiege de Troye , & 
^ue Phoronee ou Pelafgus , fon pe« 
it-fils, font audi anciens que Denysi 



^7^ SeCONDE LfiTfRE 

d'Halicarnafle le pretend. Mais j'^ 
avert! (71) que je n'en croyois rien, 
& je fuis perfuad6 que les Grecs don- 
nent k leur Hiftoire une antiquite 
qu'elle n'a pas ? Comme M. Gibert 
n'eft pas difpofe k m'en croire fur 
ma parole , il faut lui en fournir des 
preuves qui foient tirees du fujet 
meme que nous traitons. Niobe , 
mere de Pelafgus ( 7} ) , fut la pre- 
miere femme que Jupiter connut , 
comme Alcmene , mere du grand 
Hercule , fot la derniere. Depuis ce 
^ems-1^ ce Dieu changea d'inciinar 
tion , & dedaigna le commerce des 
Mortelles. II faut done que Satume, 
pere de Jupiter , Phoronee , pere de 
Niobe , Eleftrion , pere d' Alcmene, 
fuffent Contemporains ; il faut que 
Cadmus vecut aufli dans le meme 
tems , puifqu'Europe fa foeur , & Se- 

(72) Hift. des Celt, Liv. I. Ch, X. P«I74.X75' 
flc Liv. II. Ch. XI. p. 254. 
. i73}Diod, Sic, IV. ISS. 



de M. Pelloutier. 377 

616 fa fille , eurent iucceffivement 
lonneiir d'etre Maitreffes de Jfupi- 
r. Et , de peur qu'on ne m'oppofe 
la vaine defaite desMythologifles, 
ivoir , que les Dieux engendrent 
LIS long-tems que les hommes , at- 
idu qu'il y a feize generations (74) * 
puis Niobe jufqu'a Alcmene , j'a- 
titerai que cette defaite eft parfeite- 
?nt inutile , non-feulement , parce 
e Jupiter n'exiftoit point encore 
ns le fiecle oil Ton place Niobe , 
lis encore parce que Pelafgus , fiis 
Niobe , & le grand Hercule , iils 
^lmene,etoient effedivement con- 
nporains. En voici la preuve. Le 
leteEfchyle (75 ) affure que Pe- 
fgus regnoit k Argos ( 76 ) Icrfque 
'* Danaidesy arriverent. II y avoit. 

■ ■ ' ■ ■ ■ I » \ m 

{y^f Diod. Sic. IV. 15S, 

(75* Efchyl. Sapp V. 2 5«. 

(76; Quclqaes-uns faifoient Pelafgus fib de 

piter & dc Niobe : d'autres le croyoicnt In- 

;e'tc , c'cft-a-dire , fils de la Tcrre. Efchyle Ic 

t fill de FaleAhcoflc^ Indigete. 



J78 Seconde Lettre 
alors , felon le calcul commun , huit 
ou neuf ans que Cadmus avoit eta- 
bii hi Colonic de Thebes. Diodore 
de Sicile (77) remarque auffi qu'Her- 
cule vivoitdans le mSme tems:wli 
» nus , dit-il , Precepteur d'Hercule , 
>» inventa le premier parmi les Grecs 
»la mefure & les .vers. Cadmus 
%> ayant enfuite apporte de Phenicie 
» les Lettres de TAlphabet , Linus 
>^les accommoda k la Langue Grec- 
» que, donna des noms ^ ces lettres^ 
»& en tra9a les carafteres. De-li 
♦>vientqueles lettres qui portoient 
>>d*abordle nom de Pheniciennes, 
» parce qu'elles avoient ete appor- 
» tees de Phenicie , re^urent enfuite 
» le nom de Pelafgiques , parce que 
» les Pelafges s'en fervirent les pre- 
» miers. » 

Je confeillerai done c^ M. Gibert 
de ne pas m'oppofer des difficultes 



(77) Diod. Sic. III. 140. 



DE M. Pelloutier. 379 
onologiques , par rapport ikTHif- 
-e Grecque , qui precede la prife 
Froye , & meme les OJympiades. 
ft un Pays perdu oil Ion marche k 
)ns. Aw refte , fi Ton examine at- 
ti vement le paffage de Diodore de 
lie que je viens de rapporter , oa 
rouvera que les Pelafges etoient 
itres de la Grece , lorfque Cadmus 
rriva ; au lieu que , felon le cal- 
de Denys d'Halicarnafle,ils quit* 
mt le Peloponnefe fix genera- 
IS , & la Theffalie onze genera- 
ns apresPelafgus. Ces onze gene- 
ons finiflent, fuivant fon compte, 
regne de Deucalion , qui chafla 
Pelafges de la Theffalie , avec le 
ours des Curetes & des Leleges. 
e fait etoit vrai,commentDanaiis, 
i ne vint en Grece qu'apres la 
rt de Deucalion, trouvera-t-il 
:ore des Pelafges dans le Pelopon- 
Te ? Pourquoi les lettres des Grecs 
leur maniere d'ecrire , re^urentr 



Jgo SeCONDE LETtR* 

elles le nom de Pelafgiques ? N*e 
ce pas k caufe que les Pelafges, q 
etoierit encore dans le Pays 5 s*en f< 
virent les premiers? lis introduifire 
Tufage d'ecrire de gauChe a droii 
& , par cette raifon , ils renverfen 
les lettres Pheniciennes , comi 
i*ai eii occafion de le montrer a 
leurs ( 78 ). 

3°^ La troifieme remarque de 
Gibeft, c'eft que j'ai cite ici mal 
propos diivers paffages d'H^rod< 
( 79 ) , qui ne dit rien de plus k 
fujet que Denys d'Halicarnafle. J 
cite ce paffage k la fin d'une note (8 
pour prouver qii'il avoit paffe 
Grece difFerentes Colonies d'Egi 
tiens & de Ph^niciens. Si le LeSti 
veut fe donner la peine de veril 
les citations , il verra fi elles port 

•(* ♦ 

(7«) Hift. des Celt. Liv. II. Ch. XI. p. 25: 
(79)Herodot.II. 91.V. 57. VII. 93. 
(80) Hift.^dcs Cell. Liv. I. Chap. IX. p. I 
not. (6\ 






DE M. Pelloutier. 3^1 

'aux3& fi elles n'etabliffent pas 
in clairement ce qu^ je tfte pro* 
fois de prouver. 

Voyons fi une autre obje&ion de 
Gibert a plus de fondement. Psm 
is dit (8 1) que » les Pelafges, in-, 
[uietes dans leurs nouvelles habitat 
ions par les memes Cadmeens^ ou 
lutot par le nouveau Peuple qui 
etoit forme en Grece , fe difper-? 
erent de tous cotes. » Voici la re- 
irque que M. Gibert feit forces pa- 
les ( 82 ) : » M. Pelloutier n*a pas 
nieux reufil dans I'application d'un 
>airagedu chap. 56. du liy, I. de cet 
■liftorien , dont il fe fert quelque$ 
ignes plus bas , pour montrer que 
es memes Gadmeens inquieterent 
jncore les Pelaiges dans la Thefla- 
ie ; car Herodote , dans Tendroi^ 
nte , n-attribue aux Gadmeens que 



(ti) Hifi. des Celt. Liv. I. p. I2i» ^ 
^Sz; Gibert p. 143, « 



dote (83). » Dii terns de D 
» les Pelafges occupoient 
» tide ; fous Dorus , fils d^F 
» demeuroient dans les Co 
» font autour des Mont 
>^ Olympe , & que Ton aj 
» tieotide. Chaffes del^ pa 
n meens , ils aJIerent s^etat 
♦> du-Mont Pindus. » Ce j 
dit-il done pas que les Pclai 
inquietes dans leurs. nouv 
tations ? Ne dit-il pas que 
ges fiirent chaffes par les ' 
de riftieotide ? Cette Iftie 
toit-elle pas une Province i 



DE M. Pelloutier. 38) 
partenoient-ils pas aulTi k la Theffa-i 
lie ; & n*ctoit-ce pas entre ces deux 
Montagnes que Ton voyoit cette 
belle vallee que les Anciens appel- 
loient Thcjfalica Tempt } Je ne lijais 
fi je ne me trompe , mais il me lem- 
Jble qu'une objeftion aufli frivole ne 
devoit pas etre propolee avec cet 
air de confiance que M.Gibert aiFefte 
icu M. PdloutUr napas mitux riufft 
dans C application £un paj/age £Hi» 
rodote. Je conlens de bon coeur que 
le Lef^eur juge qui des deux a le 
mieux reuffi , ou THiftorien , ou le 
Cenfeur. » Mais non , ajoute M. Gi- 
>fbert(85) , en continuant toujoiu« 
H fur le meme ton , ce n*eft pas » fe- 
>^ Ion notre Critique , par les memes 
» Cadmeens que les Pclalges furent 
^H inquietes , ctfiplutot^ dit-il ^par U 
*» nouvcau Peuplc, forme du melange 
^}f de gss Orientaux avec les anciens 

(«5) Cibcic. p. X44t 



384 SfiCONDE LeTTRE 

Habitans de la Grece. Penys d 
» carnafle fera cette fois fon garar 
^ au liv. I. de fes Antiquk^s. Gej 
»dant cet Hiftorien ae nomme 
i(> cette occafion que les Curates ^ 
»L^leges 9 les babitans du Pam; 
» Or M. Pelloutier n'apptouve p< 
^que pes Natifwis.fuflent le nouv 
>>PeupIe en queftion, qu'il comp 
d'Egyptiens, de Pheniciens & 
» JP^lafges , ou qu'elles en fiffent j 
» de : je ne f^ais mSme fi leur Hiftc 
» pourra s'accommoder aifemen 
» cette origine ; quoiqu'il en fc 
» jufqu'^ ce.que M. Pelloutier ait i 
»bli ce point; je ne vois pas ce c 
» fait ici pour lui Fautorite de Der 
f> d'Halicarnaffe. » Voil^ affurem* 
bien des paroles pefdues. Puifque 
Pelafges demeurerent dans la The: 
lie pendant cinq generations, les E 
nemis qui les chafferent de la The! 
lie ne pouvoient etre les mSmes q 
^eux quiles avoknt chafT^s du Pd 

ponn^ 



PE M. Pelloutier. 38J 
i6(e. Ce ne parent 6tre que leiirs 
;ndans , & les gens du Pays qui 
mt entr^s dans le parti de ces 
ngers^qui inqui^erent les Pelaf- 
aos leurs nouveiles habitations. 
a Denys d'Halicarnaffe ( 86 ) ., 
?n furent chaiT^spar les Curetes 

par les Lel^ges 9 qui re9urent 
>Uia le nom d'Etoliens & de Lo- 
eM^yf Mais ces Curves n'etoient* 
as lesminiftres & les adorateurs 
Fupiter , dont les Pheniciens 
lent introduit le cuke ? Les Lo- 
tis & les Etoliens n'^toient-ils pas 
lilies du H6ros qui flit le grand 
rufteur des Pelafges & de leur 
igion ? Je parle d'Hercule. Epa- 
, Roi des Locriens 8e des Eto 
s (87) , ayant ^e chaffe de fes 
ts , Hercule r^blit ce Prince , 
en cette confid^ration choiiit le 



4) Dionyf. Halic. J. p. t^t 
7)Strab.IX.p.4»7» 



^$< Second E Lett re 

fils aine d'Hercule pour lui fucce( 
Je fens , Monfieur , que j'abufi 
vptre patience & de celle du I 
teur. J^ vais dope paffer leg^ren 
fur plufieurs autres objeflionsde 
Gibejrt , qui , etant peu importai 
^n elles^memes , rpuknt d'aille 
fur des fujets dont la difcuffion n' 
j-oit rien d'int^rejg^ntt M. Gifcc 
pour fe preter a mpp r^dfonricme 
v^ut (88) que jf lu; dife »> ce c 
>» j'entends p^r les Pelafges des Pj 
».vincQS de TEurope ? » II me fern 
que je Tai dit (89) affeaj d^remi 
en rejnarquant que Ton pla9oit^ 
Pelafges en Grcce , en Italie , d« 
les Gaules , dans TAfie mineure , 
en nomipantlesPeuples que je cr- 
Pelafges. En tout cas j'explique 
ma. penfee ayec plus d'etendu 
f|uand je piarlen^ij di?$j,njigration5 ci 
P^uples Celtes , & j'aurai occafii 
»- -. ■ ■ ... ^ 

(««) Gibcrt. p. 1^5^. . 



DE M/Pelloutier. 3?7 
ie montrer alors que les Pelafges ne 
Jjflferoient pas des anciens Scythes- 
En rapportant un paffage d'Hero- 
dote (90^, dont j'ai fait ufage , & qui 
porte que >> les Pelafges occupoient. 
9f anciennement Tlfle deSamothrace , 
» & que c'efl d'eux que les Thrates. 
^,(91) ont pris les myfteres des Ca- 
lU^ires , » M. Gibert m'avertit ( 92 ) 
que j'aurois du en conclureque les 
Pelafges , qui introduifirent la cere- 
monie , etoient difFerens des Samo^' 
tliraces qui la re9urerit. II n'y a ce- . 
pendant rien k changer dans ce que 
j*ai dit icL . I 

'' .Les Grecs faifoient de Dardanus . 
3) un Prince Pelafge ,' qui , ay<int 
iffe de TArcadie dans Tlfle de Sa- 
:hrace, y inftitua les n)yfteres 

flbot Herodote &it mention dans le 

»r ^,^^^__ 

K*T — : ' ' ' ^ ■ - ■^ - 

■ • (90) Hcrodot. 11. 5 1, 
■^ {91) V\Cc,S4Hnothraces. 

{92 Gibert. p. 149^ 

l^p) PionyC HgUc. 1» $ |< 5ccab. viii. %^$^ 

R » 



388 Seconde Lettre 

paffage qui vient d'etre cite. Si 

prouve , comitie je m'y engaj 

d'un cote que Dardanus etoit 

Prince Thrace , qui , ayant paffe 

Afie avec des troupes de fa Natio 

y fonda le Royaume de Troye ; 

de Tautre, que les myfteres, dont < 

attribuoit llnftitution k Dardanii 

appartenoient k la Religion des Pe 

pies Scythes & Celtes, qui avoie 

leurs fanfhiaires les plus renomme 

& qui c^l^broient leurs f^tes les pli 

folemnelles dans les Ifles voifines d 

Continent, k celles de Gades en E 

pagne,de Sayne dans les Gaules 

d'Heiligelandt en Germanic , de S 

mos en Thrace ; il me femble qu 

ma preuve demeurera dans toute i 

force, & que je ferai en droit dV 

conclure que les anciens Pelafgc 

etoient le m8me Peuple que le 

Thraces. 

J'avois dit que, felon Thucydide 
l^s Thraces occupoient le territo.r« 



: M. Pelloutier. 389 
ia 9 dans ces terns fabuleux 
ommes etoient changes en 
, &c- . . . Ce terns- Ik , dit M. 
94) n'eft pas immemorial : 
fionte qu'^ cinq ou fix gen^- 
ivant la guerre de Troye. 
IS comment M. Gibert Ten- 
me femble qiAm tems,dont 
ivons point de bons Me- 
& dont il ne refte que des 
ft un terns immemorial. Dil- 
ans ces tems-1^ une fuite de 
)ns , ce feroit k peu-pres 
i Ton vouloit marquer un 
2 dars les efpaces imaginai- 
nt k ce que M. Gibert ajoute 
iocide,ou la Ville de Dau- 
fituce , n'etoit qu'une par- 
Grece , il trouvera la re- 
ns un paffage de Strabon , 
Dte(95). 



rt. p. 150. 
►. VII. III. 



Rj 



f90 Secokde Lettri 

J'avois dit encore qu'il y a toutt 
;«pparence que les P^lafges chafles de 
Ja Gr6ce fe retirerent chez les Th» 
.ces 5 pour Stre en furef6 aupris de 
•leurs Compatriotes. C'eft , dit M. 
*Gibert (96 ) , une foible apparency 
Des Peuples errans fe logeoient oi 
ils pouvoient. Je ne f9ais fi M. Gi- 
bert fe feroit pr^te a men raifonn©- 
ixient , fuppofe que j'euffe ^t^cap* 
ble de dire que les Pdafges prefe- 
roient de chercher une retraite pitf* 1 
mi des Peuples etrangers & ennef ! 
mis : s'il en etoit ainfi, je le prle trcftJ i 
humblement de me pardonner lafau* | 
te que j'ai faite de fui vre Deny s d'H* ! 
-licarliafle , qui difoit : SeJ dm 
maxima Pclafgorum pars per loca MA^ 
diurranea fe contulijfet ad DodoJUtA t 
fuos cognatos. Dionys Halic. lib.! u 
pag. 13. 
Enfin , M. Gibert convient avfl 



(96) Gibert p. 151. 



t>t U. PELLOUtlf R. 3^t 

loi que les Sintiens (97),qui etoi^nt 
n Peuple Thrade , ^toienc les phis 
ticiensHabitans de Tlfte de Lemn6s# 
[ais il ne vent pas que cfes Sintrehs 
iflent en mSme terns irn PeuplePe- 
(ge : » c'etoit cependant ropinion 
d'Anticlides, cite par Strabon (9^)2 
c'eft celle du Scholiafte d*App61- 
lonius (99) J qni dit que les pre- 
niiers Habkans de Tlfle de LemnOs 
^toient les Tyrrh^niens, (c'</? /^ 
memechofe^que les PtiafgeSj) & qtie 
le nom de Sintiens eft une ejJi* 
th^te qu*ofh leur donnoit, parte 
qu'ils etoient de grands: brigands.» 
Mais , dit M. Gibert ( 100 ) , -on 
■ouve dans AppoUonius la diftint- 
on la plus caraft^rif^e entrelesSih- 
Ctts & lesPelafges Tyrrh^niins, 
ui les cfhafferem de'leuirIfl6;M. <3El- 
'**^*-*- —-...,.» »— ^«^— ~ ~ . - - - 

\97)$tTah. VH/3-3 i.'Stcf?h; dc \3ib.\i. 'sA*. 
(^8) Strab. v: 221. 
(99; Schol ad'ApoU. Arg.'I p. <i. 
(100) Q\bcrt.'p. F53. not. (^). -' *' 

R4 



39i Seconde Lettre 
bert me permettra de lui repond 
avec tout le refpeft que je lui dc 
qu'il confond etrangement les ti 
& les faits. AppoUonius ne ditp( 
que les Pelafges aient chaife lesl 
tiens de Tlfle de Lemnos : les Pela 
en chafferent ( i oi ) la poft^rite d' 
phemus> c*eft-i-dire , des Grecs 
fe difoientdefcendusdes Argonai 
(loa) , & par-1^ ils rentrerent c 
la pofleflion d'une lile qui leur a^ 
appartenu autrefois. Peut-etre a 
que M. Gibert ne fe' feroit p< 
trooipe s'il avoit diftingue les 1 
rheniens de Tltalie (lo}) , qui] 
loient une Langue barbare, de c 
de la Grece qui avoient la mi 
Langue que les Atheniens (104). 
Je finirai , Monfieur , cette le 
par trois reflexions qui ferviron 



(10 1; Apoll. Arg. IV. V. 17^0. p. 53«. 
(102' Hcrodot. IV. cap. 145. 
(103) Dionyf. Halic I. 24. 
(104^ Ko/ra; ci-dciTous , RcScx.IL 



BE M. Pelloutier- 395 
onfe generate k difFerentes objec- 
is par lefquelles M. Gibert prc'r 
d attaquer ce que j'avois dit des 
iens Habitans de la Gr^ce. 
. La premiere regardera Texplica* 
1 que j'ai donn^e de la fable des 
ans & des Geans. Apr^ avoir 
ntre (105) que lesPelafges ^toient 
anciens Habitans de la Gr^ce 8c 
Provinces voifines^ oil Ton pr^ 
d qu'ils fe retirerent en quittant 
r Pays natal , j'ai remarque, com- 
une chofe digne d'attention, qus 
I trouvoit des Titans & des G^ans 
s la plupart des Pays oil les An- 
IS ont place des Pelafges ; en Gr6- 
en Italic , en Thrace ^ en Arca- 
.dans les liles de Crete & d'Eub^e. 
I , par exemple , dit ( 1 06 ) que 
cadie s'appelioit autrefois Pelaf' 
5c Gigantism que le territoire d'A» 



os) Hid. de&CeU. LHr. I. p 124.147* 
otf; Euftath. ad llM. II v. 603. p. 300, 



la Vilfed'Eretria(io9)avoi 
nom d'un d^s Titans ; que 
res flefcendoient de la fille 
^Titans ( I to }. La raifon en 
ma conjedure , queles Pel 
Titans & les Geans font I 
perfonnes designees fou 
Vioms; C^^ient les ancient 
de PEurope 5 les Partifans 
cieniie Religion , qu'Hercu 
Jupiter , & grand d^fenfei 
CuheJ eut k combattre pa 
la faWe le fait paffer. li en 1 
^^^ne: ceuxli devoient 

(107} Suid. Tom. III. p. 479. 



'#.11 eii troti\^a dafe tes Gaules: 
SiftJieht des^Ligurieiis j & par cort- 

f M. Libert , qui fait defcendre let 
eltes des Liguriens. 11 eh trouva eii 
ilie',^ui poi^voietit itft desAbO^ 
jines , d» Sahimites -^ bu 'des Skah 

lfe'ddflina:>U e^#£^ ba^ilte d» 
ilegr2;'^p^eei£^em ictems le ten* 
I te Pefii%i^s •s't^toient iretires 
r'ia *Gr^ce V^ & dans la Coifttr^* 
Sihe o^'ils etbient €fah]is. On les 
rpelterde^ <?6aiif5 v^^&rce* qtie le« 
mplles Scythes & Cekes^toient ^x- 
^ement grands, en ^otoparaifoit 
rsWicilicie'ns & dfefsBgyptierfs qui 
ifferem enEurope.OMes appelioit 
itani y {**<* ^u^ ifeur lAyt^otegte 
s faifo$f^efte»d^'^u1>ieik1r^ul^ 
d'Opis fa kiritht. L'aneienn? my^ 
ologie des Grecs ne differoit poiWt 
r cet article dk cell? d^'fcslte;. lis 
ifoient les Titans fils dvliCieb]^ 
R6 



39^ SeCONDE LETTRfi 

de la Terre. Les noms de Teutamus j 
Tuiilon ^ Teutomal , Teutomati 
Tayfan , que plufieurs Princes P^ 
lafges 9 Scythes ^liguriens & Gau* 
lots ontporte; ces noms ont ^ felon 
moi 9 la m6me origine que celui des 
Titans. VoilcL ma conjedure , & ^ i 
certains ^gards , celle duP. Pezron, 
qui dit ( 1 1 1 ) auffi que les Gaulois 
^oient de la race des Titans. 

Voyons pr^fentement ce que M 
Gibert oppofe a ma conjedure. 
>>Elle eft , dit-il (i ii) , affurtoent 
H digne d'une imagination egalement 
^ vive& ornee.«C'eftune petite po- 
Jiteffe dontje le remercietres-hum- 
blement , quoique je ne le merite 
point. Au refte , il ne manque k ma 
conjeSure qu'une application jufie 
&(, folide. M. Gibert le croit ainU 

(>i 3) Le Public jugera fi les raifons 

— , ■ . ■ _ 

(hi) Ant. desGauloisp. xii.i3s.K40.1t7. 

(iil)Gibwtp. 1^7. 



15E M. Pelloutier, 59^ 
font M. Gibert s*efl fervi pour com- 
lattre ma conje^ire y font plus fo- 
ides que les preuves que j ai em- 
)Ioyeespour Tetablir. Void les rai- 
ons de mon Cenfeur (i 14), 
I ^. « On ne peut pas conclure de ce 

> que lesAnciens ont place lesGeans 
I dans quelques-uns aesPays qui fu-^ 
rent occupes par lesPelafges ^ que 
I lesPelafges fontlamdme chofei<Je 
ronviens de tres-bon coeur que mes 
remarques ne fonnent pas une d^- 
nonftratien. Mais^puifqu'il eft conir 
ant que TArcadie ^toit appellee 
xigantis ^ le Pays des Geans 9 dans 
m terns oil elle etoit occup^e par 
e$ Pelafges, n'etoit-il pas natiu-et 
fen conclure que les Pelafges paf« 
bient pour des Geans ? 

2^. » Le nom deTeuiamUes iigni* 

> fie uniquementque celui qui le por-' 

> toit etoit fils de Teiaam.»» C'eftpre^ 

■ III — — iw— 1^— — — — — m 

(ii4)Cibcitp. 147, , . 



'^98 SECONbE Lettrb 
*cifement ce que j'ai dit ; mais jj 
pretends encore que les noms de 
Tcutam o\x de Titan , qui figni- 
fient un fils de Tcut^ 6toient don- 
nes aux Princes Scythes & Pe!af- 
ges , parce qu'ils fe difoient def- 
cendus du Dieu Teut. Par la meme 
taifon plufieurs Princes Thraces 
ont porte le nom de Cotis ou de 
Cotifon , c'eft-^dire d'e jQs du DieU 
%t Tis , qui eft lie mSrtye qu^irodo- 
te^( 115) appelle Merctlre. » Lcis 
« Kois de Thrafce fervent principa- 
i> kment Mercure, *ne jtir^nt que par 
>> lui & pretendent en tirer leur 
» origine. « 

• 3 '^. a II femble k M. Gibert ( 1 16 ) 
W que , dans'l'exaftitude de la Criti- 
M que , je ne devois pas confondre 
» les Geans avec les Titans, Car, 
» pour peu qu'on f9ache de Mythoi 



(115) Herodor. V. 7. 
(i x6; Gibert p. i4». *^^ 



DE M. PE'LLOUtlER. f^ ^ 

► logre, on connoit la difference des 

> uns &c des autres. « 

Je ne doute point que M. Gibert 
I'entende beaucoup mieux que mo! 
a Mythologie , qui eft la fcience 
les Fables- U me permettra ceperf- 
lant de lui rcprefenter qu*il me fem- 
>le que les Geans & les Titatifi 
^oient les ennemis jures de Jupiter, 
jui ne fut paifible poffeffeur de fon 
^oyaume , que lorfqu'il eut fou*- 
Iroye les uns & les autres. U me 
reiiy>le d'ailleurs que les Geans 6c 
« Titans ctaiens fils du mSme pere 
Sc de la meme mere , c'eft-4-dire da 
Ciel & de la Terre (117)- H eft vrai 
que la g^nealogie paternelle des 
ies G^afis paroit un peu fufp^efte ^ 
parce que la terre ne les mit au mon* 
de que quelques annees apr^s que 
fon mari eut perdu la faculte d*en« 
g^endren Mais Heiiode leve la diffi- 

(117) Sctol. Pindaii. jag. 37S. ApoUo;^r. 
lib. I. p. 14. 



1 



i#00 SeC'ONDE LETtRK 

Ciilte en habile Mythologifte , & 
prouve fort doftement dans un pat 
£ige cite en note (i » 8) , qu'ils n'en 
dtoient pas moins legitimes. 

4^. M. Gibert m'avertit encore 
{119), » qu'il n'eft point vralque 
# les Celtes ou Scythes fuflent plus 
iM grands que les Pheniciens & les 
>> Egyptiens qui pafferent en Gre- 
» ce <t ; foit parce que I'onlrouvoit 
Jies Geans en Phenicie &c en Ethyo- 
pie , foit parce qu'Ariftoteremarque 
que dans les Pays froids & dans Us 
Pays chauds , les hommes font or- 
dinairement plus grands , d'oii il re- 
fulte que TEgypte etant un pays 
chaud 5 les hommes y etoient auffi 
grands que dans la Scythie qui eft 
au nombre des Pays froids. 

Voil^ affurement d'excellentes rai- 
fons pour detruire ce que j*ai dit 

(n«) Hcfiod. Thcol. V. 1 80. Sec 
(iiSjGibeic. p. itfS. I $9* 



i^E M. Pelloutier. 401 
(i 20) de la grande taille des Peuples 
Celtes. Vous m'avouerez , Mon- 
fieur , qu'il y a des Ledeurs bien 
difEciles h contenter. IJn Obfcrva* 
tturfurUs Ecrits modernes n'approu^ 
ve pas que j'aye entaffe preuve fur 
preuve , paflage fur paflage , pour 
montrer que les Scythes & les Celw 
tes etoient d\me grandeur enorme^ 
en comparaifon des autres Peuples* 
Voici un autre Obfervateur qui mc 
dit fort poliment que tout cela ri'efi 
pas vrai. 

5^, Enfin pour abreger,M. Gi^ 
bert me confeille de lire le P. Pez* 
ron , *» oil j'aurois trouv^ des rai-; 
i#fonsplus apparent^s & mieux eta« 
>» blies .... pour montrer que les Ti-: 
if tans font les premiers Celtes* #f 
M. Gibert a bien raifons de m'enr 
voyer k une Ecole oti il a tant pr<>« 
£te. J'ai averti que )e n'avois lu te 

(ixo) Hill. lies Celc Ur. U. Cb* U.p. C-t»^ 



461 SeCoinUe LEttrftf 
P. Pezron qu'apres avoir achev6le 
premier Livre de rriOti Ouvrage. 
Quand f ai enfuite IQi ce Traite , ma 
' mauvaife Logique m'a fait juger 
qu*il n^etoit rerttpli qii6 de chiiti^es 
& de raifons , que je devois aban* 
donner ^ ceux qui donn^rtt dans la 
TtfyiKblogie tant^aitcienhe que mo- 
•derne. Quoi qull en foit , puifqii'il 
•feut que j'etudie encore le Livre du 
P. Pezron , pourquoi M. Gibert m'a- 
vertit-il (m) quede fgavanshom^ 
fties 6nt juge que , pour rdftttet le 
lyfteme du P. Pezrbn , ilfuffifoit de 
1'expofer ? N'eft-ce pas revolter 
^ar un trait de plume le Difciple 
tontre le Maitre & cohtre Tinftrnc- 
tion qu'on voudroit lui faire goiitef? 
• II. Ma feconde reflexion regarde- 
'ra I'origine de Langue Grecque , qui 
IsVft formtJe , felon ma conjefture , 
duf melange de trois autres Lan- 

*' ' ' ■ ■ 11 ■■ ■ m 

*' (i2i) Gibert p. 170, 



DE M. Pelloutier. 46} 
^6S, f^avoir I'Egyptienne , laPhe- 
nicienne & la Langue Scythe que 
les Pelafges parloient anciennement. 
Pour le prouver, je me fuis (m^ 
prevalu i^. du temoignage de M. 
Founnont , » qui reduit les mots 
» priimtifs de la Langue Grecque i 
..» moins de 300 vocables qiill prou- 
i> ve Stre tires les uns desThraces &C 
n des Peuples voifins , les autres des 
>»Pheniciens , ou , en general, des 
» Langues orientates. ». 

2^. J'ai produit une Lifte d'eiivi- 
roa cinquante mots , qui font ea 
mSrne tems Grecs & Tudefques. Sk 
]e n'en ai pas allegue davanta^ 
ge , comme il m'auroit ete facile dc 
le faire , c'eft parce que je n'ecri* 
Yois pas un GlofFaire , &: que ;e 
ne voulois pas porter la faucille daas 
lamoifTon d'autrui« D'un cote M^ 
Founnont a promis de publier fon 
■■ ■ — — — ^— ^ 

(i2z) Hill, des Celt. Liv. I. Ch. IX. p. 14^ 



.404 Seconde Lettre 
£>i£^ionnaire : de I'autre f ai vu le 
Manufcrit d'uh S9avant qiii a r^ 
cueilli p^us de looo mots qu'il pre- 
tend Stre les m6mes en Grec qu'en 
Allemand. 

Void les objeftions de M. Gibcit 
^113) qui regardent cette mati^re. 
» Je reponds d'abord, avec Herodo- 
»te (124) 9 que Ton ignore enti^ 
>»rement quelle Langue parloient 
M en efFet les anciens Pelafges. » 

M. Gibert me permettra de lui r^- 
pondre qu'il fe trompe & qu'il fe 
contredit pour avoir fuivi & copi6 
fans reflexion Herodote, quiavan- 
ce lui-meme des chofes contradic- 
toires. Herodote ne dit-ilpas(ii5) 
» que les Pelafges appellerent les 

H Dieux OittV^ on KooTfjua ftvrt^ &C? H 

Cette Etymologie n'eft - elle pas 

(123) Gibert p. t6i. 
(ii4)Herodot. I. ST- 
^izsJHciodot. XL |S. 



DE M. PELLOUTIEJI. 405 - 
?cque ? Ne ditilpas (iz6) que 
Foniens , les Eoliens &-les Do- 
ts defcendoknt des Pelafges ? Et 
trois Peuples ne parloicnt - ils 
Grec } De f^avoir, apres cela^fi 
"odote pcut Stre concilie avec 
meme 9 & s'il a voulu dire feu* 
lent que Ton ignore quel Dis^-* 
e des Grecs les Pelafges fui- 
ent , c*eft ce qu'il ne m'importe 
d'^xaminer. Ce qu'il y a 
conflant , c'eft que les Pelafges 
loient Grec. Thucydide (117) 
ire que ^ les Habitans des liles de 
nnos &d*Imbrosavoient la m6me 
igue & les memes Coutumes que 
Atheniens-w Les Pelafges avoient 
ide , felon Denys d'Halicarnaffe 
l8) , la Ville d'Agylla. La mepri- 
> par laqueHe cette Ville re9ut le 



iztf.Hcrodot.I 56. VII. 94.95. 

117) Thucyd. VII. 5 7- 
fiz%) Dionyf. Htlic I. p. l^^ 



4o6 Seconde Lettre 
horn (119) de xaps , ne prouve- 
t-elle pas qu'on y parloit Grec? 
Le in6me Hiftorien(i3o) ne pofe- 
t-il pas en feit que ces Pelafges 
iavoient porte en Italic la Langue & 
les Ceremonies des Grecs ? M. GI- 
bert veut-il que je lui prouve pjur 
{on propre temoignage que les Pe- 
lafges fe fervoient de' la Langue 
Gi'ecque ? lis avoient ^tabli une Co- 
lonie^ Velia (131). » Ceft , dit 
pfM. Gibert (131) 9 le nom d'une 
» Ville fituee dans deslieux mareca- 
4> geux dppelles en Grec ^BXua i#. 

Une nouvelle objeftion de mon 
Cenfeureft (133 ^,>>quelaconfornl^ 
» te que Ton trouve dans quelques 
ffmots des deux Langues de Peu- 
» pies qui ont ete voifins , & qui 



(iZ9 Hift. des Celt. Liv. I. Ch. X. p. i;!. 
(130, Dionyf. Hahc. |. i6. ij, 

;i 3 1^ Id. ii^id, 

(1 32 Gibcrr p. 78. 

(133) Gibcjcp. i6z^ 



D£ M* PeLLC5^UTIER. 407 

« font fouvent m816s ^nfemble 
)ar des migrations oiidesColonies^ 
le prouve point toute feule Fir 
lentite de ces deux Peuples. h 
Fort bien. Mais , sll eft vrai, 
mme je le prete^s ave.c NL Four-r 
»nt , que les Thraces 5( les Pe- 
ges eufTent abfolument la meme 
ngue avant que les d^niers eufr 
It adopte des mots Egyptiens^ £( 
iniciens , il en rcfultera done une 
juve de I'identite 4e ces deux 
uples, 

Mais il faudrolt » que (134 ) Ta-r 
lalogie fut (I particuU^re aux deux 
-angues , que Von ne pui la re- 
rouver dans une autre* ** 
C'eft precifement ce que je fou» 
ns 9 & ce qui refulte aufll de la 
juve de M* Founr.ont* 
Cependant >p M* Pelioutier a 6t^ i 
iffez malheureux pour ne rencouT 

n \ — ' 



4og Secon1>e Lettre 
»trcr prefque que des mots com- 
>»muQS k pliiiieurs Langues tres- 
f> difF(6rentes certainement de la Scy- 
H thique & de la Grecque (135). 

Mais pouquoi de cinquante mots 
que j'ai allegue n'en rebute-t-il que 
fix qui lui paroiflent de mauvals 
aloi , & qu'il croit pou voir deriver 
plus naturellement des Langues He- 
braique & Chaldaique , felon les 
regies de fon Etymologie que j'au- 
rai occafion d'examiner dans la Let* 
tre fuivante. Pour contenter en at- 
tendant M, Gibert , je vals imiter 
les bons payeurs , & mettre fix ai|- 
tres mots k la place de ceux qu'il 
trouve bon de rejetter. Bx»;t^ bala- 
tus, ay^ciyyco fdno^ yfxc-ocv herb a cCreti 
mamma 9 ^(pixa^ fcabellum axp«m 
monus alt'u Ces mots font les mSmes 
tant en Allemand qu'en Grec. 



m. Ml 



DC M. PELLDUTIEft. 409 
III. Ma troifi^me & derni^re r^* 
flexion roul^ra fur le c^l^bre ora- 
cle de Dodone^ Commenfons par 
rapport^r fuccinftement ce que fen 
ai dit (130) ; ce fera Je moyen de 
JMger fi les objeftions par lefquelles 
M. Gibert pretend renverfer mes 
conjedures font fondles. 

Ce que Ton appelloit FOrade ds 
Podone etoit une forSt , ou un bo- 
irage confacr^ > dans lequel il y 
avoit(i37) plufieurs aarbres dou^s 
du don de proph6tie. On voyoit y 
fur-tout au milieu de la forSt (138)^ 
un grand chgne que Ton appelloit 
le ch^ne (139) de Jupiter, $c qua 
Ton confultoit preferablement k 
tons les entries 9 parce qu'il 6toit 
^n reputation de prononcer . les 
pracl^js le$ plus ^Isiis 6c les plus 

( I a i) Hift.des Celt.Liv. I. Ch. IX. p.1 3 1-1 9 It 

(137) Servius ad Gcorg. If r v. ] #. f . 1 bo* 
( I S S ) Id^in ad JBneid. UI. 4€4, 
{^39 Odyir.XIV.3a7.XIX. i^tf. 

7>w ///. s 



410 Se'conde Lettre 
iurs. Quand quelqirun venoit con- 
fulter la Divinite C 140) , la Pre^ 
treiTe le pla^oit k une certaine dif-^ 
tance dse TArbrej &, apres avoir ob^ 
ferve pendant quelqUe terns le mou- 
vement des feuiiles que le vent agi- 
^ toit 8c le bruit fourd qui refultoit 
de ce mouvement , ejle interpretoit 
^ fa mani^re ce langage de 1^ natu^^ 
re ou de la Divinity , & difoit au 
Confultant ; f^oi^i ^ ^ue ripond Ju* 
fiur^ &e. A a pied de TArbre il y 
avoit une fontaine (141) qui partii- 
cipoit aufli au don de Proph^tie, 
c'eft-i-dire , que quand le terns etoit 
Calme , & que Ton nie voyoit au- 
cune agitation dans les feuiiles du 
ch6ne ^ ceux qui venoient conful- 
ter rOracle n'itoient pas pour cela 
renvoy^s fans r^poufe. ILa Pffitreffe 
(i4i)*ecotiroit alors au murmurc 

(140} Sui4. ia Dodon, 

(141) Servius ad JBncid. JIIi 4$^, 

(ifij Seivius. i^ii^. 



DE M. Pelloutier. 411 
des eaiix de la Fontaine. On voit , 
par cet expof^, que TOracIe n'etoit 
pas anciennement dans un Temple 
proprementainfinomme. Le chSne 
de Jupiter auroit ^te muet ,il auroit 
m6me peri , ii , au lieu de le laifler 
en plein air , on avoit voulu le ren- 
fermer dans des murailles. Apres que 
les Pheniciens & les Egyptiens eu- 
rent porte en Grece la coutume d'6- 
riger des Temples &; des Idoles k 
rhonneur de la Divinite , on bMt k 
Dodone un Temple 9 dont Vitruve 
fait quelque part la defcription. Je 
ne f^aurois dire dans quel tems ce 
Temple , qui exiftoit deja du tems 
dH^rodote , avoit ete fond^. Plu- 
tarque (14 j) dit , i la verite , qu'il 
paiToit pour etre Touvrage de Deu- 
calion (144). Comme Deucalioa 



(14$) Pluutcli. Pyrrho initio. 

(J44) Hygious dit que le Temple aToic 6ti 
hid patTheflaiufFab. z£5«CeTheiIalasptflbit 
pool ^ue fils de JafoA fc 4c Ai^d^e. 



41^ §5C0NPE LET5fRE 

itoit r^nnemi diclari des P^l^fgej 
iqu'il chaila 4'une part^e ^e la Thef- 
falie 3, il ne feroit pas impoflible qu'il 
si'eutdonn^ dans le$ nouyelles id^es 
& Mti des Temples k l?^ m^ni^re de$ 
Egyptiens, Au refte , U eft ^onftant 
<j[ue le Tempi? de Podone etoif 
beaucoup plus moderne i Homere 
^145) infinu? bien clairement qu'il 
n*y avpit , de fon terns , ni Temple p 
iu Malfoi^ dans la for^t de JQ!odone. 
Les P^lafges ^voief^t fond6 TOrar 
cle de Dodone. C'gft un feitqve k$ 
^nciens atti^f^ent unaniipement. Hor 
mere , H^rodote , Hefiode ^ Ephor 
rus , Martien 4'P^raclf e 9 Strabon 
(146), font tpus d*^ccord fur cet arr 
ride. Denys d'Halicarnaffe (147) 
ajoute qu'i la feveur de TOracle , 
les P^lafges fe m^intinrent long^ 

(i45)Iliad. XVI.v. 233. 
(X46) Iliad. XVI. ▼. ij|. Hef9aot. II, 5*^ 
J$trab.VII|i7. IX 402. 

(147) Dion^r. ^alic. lib. I. v, 1 j. 



f eiiis dans le territoire de Dodone* 
» Perfonne n*ofoit les y attaquer , 
>» parce t{u'on les regardoit comnfie 
n des perfonnes (air6es. « II y a bien 
des fables & des tontrzdiBtiohs dans 
te quTi^rodote faconte du mSme 
Oracle. Rapportons cependant ce 
qu'il en dit , & voyons s^il eft vrai 
que mes cbnjedures foient renver- 
f^es par le t^moignage de cet Hif- 
torien. ■ 

ff J'ai apptis (148) k Dodone que 
ff dans les terns les plus andens les 
n P^lafges immoloient leurs vidimes 
ff en invoquant les Dieu^ aidcqu^ls 
^ ib ne donnoient ni notn ni furnom^ 
nattendu qu'ilsleur ^toient enti^re- 
ff ment inconnus. lis les appelloient 
netiJi^pdTce qu'ils avoient tout difpo- 
n fe avec ordfe.Apr^s un long inter* 
n valle,ils apprirent qu*on avoit ap- 
n porte d'Egypte les noms des autreS 



- (14!) Hetodot. II. Ji. 51* 54- 5«. »7»» 

53 



4i4 Seconde Lettre 
M Dieux,& ce ne fiit encore que 
>» long terns apres qu'ils entendirent 
H parler de Bacchus. An bout de 
H quelque terns ils confulterent fur 
M le fujet de ces noms TOracle de 
» Dodone , qui paflbh pour etre le 
M plus ancien de toute la Grece ^ & 
>>qui etoit alors le feul. L'Oracle 
» leur permit de fe . fervir de ces 
» noms , qui venoient des Barbares. 
» Depuis ce tems-la ils exprimerenc 
» dans leurs facrifices les noms de 
*> ces Dieux , & les Grecs les reju- 
» rent enfuite des Pelafges . • . c^eft: 
»> ce que difent les Pretrefles deDo- 
» done. Voici ce que les Egyptiens 
»> racontent des Oracles etablis en 
» Grece , & de celui qui eft en Ly- 
» bie. Les Pretres de Jupiter Th^- 
» bain me difoient que deux PrS- 
» treffes fiirent emmenees de leur 
M Ville par des Pheniciens. Qu*iU 
» avoient oui dire que Tune de ces 
H femmes fiit vendue en Lybie , & 



DE M. PELLOtJTlER* 4tf 
n Taiitre en Grece , & que cefurent 
» ces deux PrStreffes qui fonderenf 
» les premieres des Oracles ^ au mi* 
n lieu des Peuples dont je viens de 
»» parler. Leur ayant demande quelte 
9f certitude ils avoient de la chofe, 
>t.i]s me repondirent qu'ils avoient 
9f feit de grandes rechcrches tou«* 
f9 chant cesfemmes^ & qu'ils avoient 
^ appris nouvellement ce qu'ils ve- 
i^noient de me dire. VoilA cc 
ff que }*ai appris des Prfitres de 
» Thebes. Mais les Pretrefles de 
» DodQne me dirent que deux co» 
>> lombes noires s'etant envol^esde 
n Thebes en Egypte , Tune pafla ea 
>» Lybie & T^utre k Dodone.' Celle- 
H ci s'etant po(6e fur un hStre , pro* 
n non9a en langage humain que le 
>t deilin portoit que Ton devoit ^a- 
^ blir ]k vn Oracle de Jupiter : 
H qu'ayant conje^hu'e deAk que cet 
n avis leur etoit donn^ par la Divi- 
H mti J elles avoient commence, de^ 

S4 



{^16 S£CONI)£ LtTtR£ 
$i puis ce tems-1^,^ proph^tifer. C'eft 
H ce que rae dirent les PrStreffcs it 
pfDoAone^ & les autres Dodon6en$ 
i» me confinnerent la mdme chofe.). 
On devine k peu pr^s de la m6mi 
^ maniere k Thebes, en Egypte & k 
» Dodone. La Coutume de devinef 
f> dans des Temples vient des Egyp- 
> tiens , defquels les Grecs ont auffi 
» emprunte plufieurs autres cere^ 
i> monies de la Religion .... Le$ 
•» myfteres que les Grecs appellent 
i> Thefmophoria fiirerit enfeignes 
^ aiix femmes des Pelafges- par Jes 
n fiUes de Danaiis. « 

De tout cela j'ai conclu que les 
Pelafges , qui ^toierit Tes Fonda- 
teurs de TOracle de Dodone & les 
premiers Habitans de la Grece, 
avoient une Religion toute difFe- 
rente de celle que les Phenicienis 
..& les Egyptiens y apporterenl 
depuis. lis n'avoient ni Temples /ni 
Jdoles. lis tenoient leurs aflemblees 



DE M PELtOUTl£R. 417 

teligieufes dans des forSts. Un chene 
etoit le fymbole & TOracle de la 
Divinite. Us devinoient par le mur- 
mure des eaux , par le mouvement 
des feiiilles d'un arbre. lis ne con- 
noiflbient aucun des Dieux ( 149 ) 
qu'-Homere & Hefiode ont celebre , 
& dont le nom , audi bien que le 
culte 9 avoient ete apportes d*ail- 
leurs. lis offiroient leurs facrifices en 
invoquant les Dieux , fans y cher- 
cher d*autre ceremonie. Dans la 
fuite les fuperftitions etrangeres 
prevalurent infenfiblement enGre- 
ce, Une partie des P^lafges , & mSme 
les PrStres de Dodone , confenti- 
rent de les adopter pendant que ceux 
qui refiifoient d'embraffer la nou- 
velle Religion , fiirent chafl<6s de 
leur Patrie , ou en fortirent voloh- 
tairement. Ecoutons preferitemen^ 
ce que M. Gibert oppofe k ma con- 
jeGbxre. 

(149) HcXOdoi« II. so. 51. 

S 5 



4i8 Seconde Lettre 

/. Objection. ( 150) >» H6rodote 
n meme affure que les Oracles ne 
» devoientleur originequ'auxEgyp- 
f) tiens. «♦. 

Je reponds premierement que fi 
Herodote difoit ce que M. Gibert 
lui attribue , il feroit feul de fon 
fentiment. Les deux Oracles les plus 
anciens &c les plus celebres de la 
Gr^ce , etoient celui de Delphes & 
celui de Dodone. On rapportoit 
rinftitution du premier (151) aux 
Hyperbor^ens, & je viens de mon- 
trer par une foule d'Auteurs que ce- 
lui de Dodone avoit ete. etabli par 
les Pelafges. 

En fecond lieu , rHiftorien fe 
contrediroit vifiblement lui-m6me ^ 
puifqu'il fuppofe que TOracle de 
Dodone fubfxftoit deja lorfque les 
fuperftitionsetrang^res commence* 

(150) Gibert p. 154. 



D£ M. Pelloutier. 419 
rent k s*introduire. N*eut-il pas etd , 
ridicule de demanded k une Prdtreffis 
Egyptienne qui avoit apport^ de 
Thebes le cuke de fes Dieux , qm 
devinoit par leur infpiration 9 s'il 
falloit aufli exprimer dans le feryicd 
le nom de fes Dieux ? 

Enfin H^rodote ( 1 5 1) dit ce qu*il 
devoit dire , f9avoir que » la cou* 
» tume de deviner dans des Tem^ 
» pies venoit des Egyptiens. << C*eft 
ce. que porte le Grec , & ce que 
M. Gibert ne devoit pas fupprimei; 
dans la verfion Latine de ce pa^. 
{age. 

//. Oijeclion. {' 53) H y plus , c'A-: 
» toit un point egalement reconnu 
n par les Egyptiens & par les Do- 
>» doneens , que celui de Dodoiie 
p avoit ete etabli par une Egyptienr 
>i ne. Les PrStres de Thebes T^ 

(152) HcKodot. IL p* I o 5 • ^ 

{x^j) Gibert p. XJ4« »5 5. 

S6 



4X0 Se CO NDE LATTRIS 

>»voient ainfi raconte k Herodote'; 
>» ceux de Dodone jiii en avaient 
n dit autant , & je ne Vois pas cc 
» qu*on peut oppofer k une tradi- 
V tion fi pofitive & fi unifdrme. ^ 

On peut y oppofer une reflexion 
qui eft decifive. M* Gibert fup- 
pafe ce qui eft en queftion. La tra- 
<lition n'eft pas uniforme. Demen- 
tie par les Auteurs que j'ai cites , & 
qui rapportent aux Pelafges la fon- 
dation de TOracIe de Dodone ^elle 
n*eft pas* uniforme merae dans He- 
Todote. Les Egyptiens en attribuent 
rinftitution k une femme , & le^ 
j^retrefles de Dodone k une colom- 
jbe. La tradition auffi n'eft pas po- 
idve. Les Pretres Egyptiens difent 
qu'apres bien des recherches ils 
-n'ont rien decouvert touchant la 
route qu*avoient prife les deux Pre- 
ireffes que des Pheniciens avoient 
emmenees , & que la fource oil ils 
ont puife eft un oui-dire , un bruit 



Dfe M. PELLOtJtlilt. 41f 
fjiii s*eft repmdu tout nouvelle-' 
merit. On voit bien que les PrStreS 
de Thebes, ayant appris lliifloire 
des deux Colombes noires , en cu-* 
rent honte , & que , pour rendre li 
chofe plus croyable , ils tranfor- 
jnerent ces colombes en femmes^ 
ians vouloir garantir cependant que 
ces femmes eufTent pafle Tune en 
Lybie & Tautre en Grece, II eft 
vrai que les Prfitreffes de Dodone 
prirent un ton plus affirmatif , 6c 
raconterent gravement k rHiftorien 
la Fable de la Colombe. Les horn* 
jnes qui fervoient dans le Temple 
de Dodone appuyerent la chofe de 
leur t&noignage , & aflurerent que 
les Pr4treffes avoient dit la pure v^- 
liti. Pouvoit-il en Stre autrement ? 
Falloit^il que ces bonnes gens defk** 
Touaflent une Fable qui les faifoit 
lubfifter ? Tout ce que je trouve de 
bien pofitif , c'eft la cr^dulit^ 
dUerodote & de ceujf qui fe laif- 



411 Seconde Lettre 
fent bercer par de femblables for- 
nettes. 

3^ ObJeSion. (154). <• Ce qu'E- 
n phore dit dans Strabon > que cet 

M Oracle etoit /cTpu/Aat rSv tmtXaTyivjne 

» peut , ce me femble , fignifier qu'U 
^ y eut ete etabli par les Pelafges : 
nlJ'fvfjLci dans le ftyle de Strabon^ 
>f (Voy. les premises lignes du Liv.^ 
•t 6. ) fe dit de la conftruftion ,de la 
n fondation d'un Temple , d'un bati- 
«ment, & ne s'appliqvie point or- 
» dinair^ment au fens figure y k Tinf-* 
H titution , Tetabliflement d'une ce^ 
» remonie , d'une fuperftition , d\in 
» oracle , en un mot ; ainfi j1 femble 
y> qu'il faille Texpliquer ici de la fon- 
» dation du Temple meme qui etoit 
w k Dodone , & qui avoit , en effet, 
H ete conftruit par Deucalion , qui 
>f etoit Pelafge, ou dire que, par ces 
» mots , Ephore n'a entendu autre 
"" — ' . I 

ii54)Gibcxt£. 155. 



DE M. Pelloutier. 42J 

¥ chofe 9 finon que cet oracle ^toit 
» le lieu facre & le iiege de la Reli-* 
^ gion^ du culte des Pelafges. Apr^s 
^tout^ le temoignage d'Epbore ^ 
> peut 8tre hazarde , prevaudra-t-il 
nont feul a celui d'H^rodote , qui 
>avoit voyage fur les lieux, & k 
f une Hiftoire bien circonftanciee , 
y confirmee 6galementpar tousceux 
♦ qui y avoient quelque part » ? 

J'ai de)^ montre que TOracle de 
Dodone avoit ete fonde par les Pe- 
lafges , de Taveu meme d'Herodote ^ 
& que le Temple qu'on y voyoit, 
etoit poficrieur au tems de Deuca- 
lion* J'ajouterai feulement ici 9 qu'il 
s'en £iiEt de beaucoup que la remar- 
que Grammaticale de M. Gibert 
foit conforme ^ux regies d'une bon«- 
ne critique. Les mots cilcTpuw & 
d^fUfM doivent Stre expliques » 
comine on le ditdans les £coles> 
pro fubjiSd maundy Par exemple ^ 



!;|.i4 SccoKbt LtrtRt 

Strabon dit (155) qu^^il y avoi 
Celtes ^tablis le long de la Pre 
tide iJ^vfjiiym ; le mot Grec ne 
fie pas ici quails y ctoicnt bdtis , 
plus que darts Procope , lor 
dit que les Toringiens 6toien 
blis k rOrient des Afbomdhes 
ireeVrs ( 156)1 Ainft quand St\ 
(157) fetnarque qu'iin T< 
(/fpcV) de Junon , que Ton voyc 
Italie , ^toit Touvrage de 
CJcTpujua) il eft certain que le 
Grec peut & doit fignifier ici 
Jafon avoit fait Mtir le Te 
Mais , au contraire , quand Epl 
difoit-que TOracle (^ uenr/io 
Dodone eft une fondation dej 
lafges , comment veut-on que 1 
me dVpt/tfce marque ici un 
ment? L^Oracle etoit un C 

Pou voit-il venir dans Tefprit ^I 

> ■ ■ '■ I «■ — p— — — 

(iss) Strabo VII. 123. 
^ (156) Gibcrt. p. 2S2. 
(i5 7jSttabo VI, 252, 



ttfe U. ttLtdvriEK. 4if 
fus que ce Ch8ne avoit iti b^tipaif 
les Pelafges ? Si on nle difoit que W 
nlot tfOrade iMWfTuw , peut cepen^ 
dant defigner un Teriiple , la repom 
fe ferbit facile J c'eA qit'on ne peut 
abfoliinient Tenteiidre ici de cett^ 
mani^re , parte qii'Il eft conftant 
qu'il ri*y eut point de Temple iDo^ 
done j auffi long-tems que les Pelaf-* 
ges y fuferit les mahres , & qu'ils 
conferverent Tancien ufage de de* 
Vinet* par le ChSne de Jupitei*. 

4c. Objt3ion (158). » Selon M; 
» Pelloutier , les Pelafges n'avoient 
»» point de Temples. lis condam* 
» ndient Tufage des Idoles. C'^toit 
If deux points effentiels de la Reli* 
y> gion des Scythes & des Celtes. Je 
ft lui f^pondrai , en general , que ceS 
n deux points effentiels de la Reli* 
t> gion des Scythes , Fetoient aufli 
%j de la Religion de Noe & de {ei 
n premiers Defcendans «. 

(15S) eibcrtp. u6« 



J|l6*S£C0ND£ tETttit 

Fort bien ! Mais ce n'etoit pas I^ 
Religion desPhenicieris & des Egyp* 
tiens qui cotiimuniquereiit aux GreCs 
I'ufage etabli dans letur pays , de 
confacrer aux Dieux des Temples, 
des Autels & des Idoles (159). Au 
refie , il n'eil pas. de ma connoiflan- 
ce que les Defcendans de Noe devi- 
naflent par le murmure des eaux, ni 
par le nK>iiyement des feuilles d'un 
arbre. 

5 . ObJeSion. (160) >^ II feroitdifc 
>> ficile que Ton eut eu des Statues, ou. 
M des Temples dans un terns oh les 
wArtSjqui les ont pour ainfi dire crees 
» etoient entierement ignores. Ainfi 
» que les Pelafges n'en euflent point 
yf originairement, cela neprouveroit 
>* pas qu'ils fuffent interdits par leur 
>f Religion. >» 

I,es Pheniciens & les Egyptiens 
avoientdej^ des Temples 6c desSta* 

(i5P) Herodor. II. 4. 
(160) Gibcrt p. 157. 



DE M. Pelloutier. 417 
es du terns de Moyfe. En parlaitt 
' la Religion des Pelafges & des 
ytheSyje prouverai qu'elle leur in- 
rdifoit Tufage des Temples & des 
atues f & qu'elle les portoit m6me 
d^truire les Temples & les Idoles 
iS autres Pay ens. 

6\ ObjiSion. n L'Hiftoire donne 
aux Pelafges un Temple des le terns 
de Deucalion. >» 

J'ai dej^ examine ce £ut. Ainfi il 
e fera pas necei&ire que j'y re- 
ienne. 

7-^ Objeaion. ( 161 ) » S'ils n'a- 
voient point de Statue , une co- 
lombe » plac^e fur un chene ^ etoit 
* leur Idole, & en Italie Denys dlia- 
licamaife renuffque qu'jds conful- 
toient un Pivert pofe fur une colon- 
ne de bois# Qui ignore que les arr 
breSyles colonnes^ les pierres meme 
^uivalurent long-tems aux Idoles 

(itfi)Gibtrtp. 157. i|t. 



9$-8i^^xaL figures phis pzrSaa 
ifPAitifilyok point encc 
»ii[ tfoutef d^ la pieite I 

- -Je etsixA qufe M. Gibert 
YaUI6 id d'lmaginatioxu J 
bien, k la verit6, (i6i) f^ 
IcMiiBe yitahte avdit prob 
liu^lge humain $ qu^on d< 
tlir un Oracle i^ Dddone. . 
*Mdre(iff3)q*i'ilyaVo 
€li6Ae de Dodone des cdk 
y^levoient leurs petits < 
iftret^^ que les PrStrefles d< 
par le vol de ces oifeaust 
i^and le chSne fut abbata p 
gand Ulyrien , il en fortii 
lee de coloitabes. Denys i 
naffe (164) m'apprend tan 
Pie I enVOyc divinement , ; 



•'<f«*) Rerodot.lt. fi. sj. 54* 
(1 «i) Seryius ad Georg. I. v. t. pi 

i^oeid. III. 46tf . 

(iH) Dionyf. H«lk. I. p. 11. 



D£ M. Pelloutier. Aid 

« 

t aux Aborigines fur iine colonne 
bois , & pronon93it des oracles 
lamSpie m^ni^re qu'ime colombef 
rchee fur un ch^ne coniacre | en 
6it autrefois pfpnonce i Dor 
oe, Mai$ outre que de$ Auteurs 
licieux , comme Penys d'Halir 
mafle & Strabon ( 1615 ) > tr^tent 
at cel^ de fables 9 il me femble 
lilleurs qu'on n'en peut conclur^ 
tre chof^ f fi ?? ^'^^ H}^^ ^^ P^r 
g^s & les Aborigines d<^vii^oien^ 
tie vol des oifeaux, &c non que 
s o^feaux vivans fufljsnt des Idole^ 
4es Statues, 

8% Obje^ion. (166) » Ajoutons 
tnfin ijue^loin d'abhorr^r lesldoles^ 
:e furent les Pelafges dc^ qui les 
^tfaemens apparent les premier^ ' 
1^ Grecs k ponfacrer cert^nes Sto- 
nes in&me; k Mercuret >» 
Ce qu'Hppdote dit ici eft tre^r 

\%^S) Diooyf. Halk. I. p. t2. SxizhoV\l.%%t\ 



i|3o Second'e LkriRB ' 
Vnif & obnfitme moh fent^^ 
Les Pila%es que ramour de hM 
trie aroit retenus en Crdce^ ^jranl 
%ine feis iref^ to hottis des' Diral 
Egypdens^ adiptetrent infenfiUe^ 
ment le culte & les cAii^oiiiel dell 
^eiHe Religion ; &n$ i^n ezeeptei 
tii6me le Phallus qu'Us approprierart 
% lettr Mercure , c*eft-i-dire» an 
Piea fuprfime ^ qu'ik reganktieni 
'coflBne PAut^r ^^tdutes lespio- 
duAions de la Ntnire. 
-9. Objaiion. Les-iairifites^ i& 16 
PeUatuiery s^offiroiedt i Dodone^ &! 
paritni les P^laiges en ^ininl^ parh 
feule invocatioa du nom de Dieo. 
C^i^toit auili un ufa^e de$ Perfes, des 
Celtes & des Scyd^es: ils n'^rigeoiot 
jpoint d'Autels : ils ne connoi^iest 
pas les libadons , ni les autre^ c^i^ 
monies que les Grecs prad^oient 
dans leurs facrifices. >» Je ne ffais i 
If pe que M. Pellouticx nous aifiiic 
91 d«s P^lafges eift biea yiait Ceque 



DE M, Pellqutier. 431 
je f9ais , c'eft qu'il ne nous en 
cite aucun garant; car, pour le paf* 
fage du fecond Livre d^Herodote^ 
qu'iltranfcrit en Grec dans fes no** 
tes , s'il croit qu'il attribue Tufage 
dont il parle aux Pelafges p il ne Ta 
pas entendu. » 

J^aurai occaiion d'expliquer & de 
rouver plus amplement ailleurs cc 
ue je n*ai fajt qu'indiquer ip, A V6' 
ard du pa0age d'H^rodote que je 
I'ai point entendu ^ felon la deciiion 
le M, Gibert, il permettra que je le 
envoye h Te^ccellent ouvrage de M, 
^aumier de GrSntemefnil ( 1 67), que 
e fuis bien fich^ d'avoir connu ft 
ard. Get habile homm^ explique le 
lafTage de la tn^tne mani^re que je 
*ai entendu & qu*on doit Teiltendre 
laturellement , en faifant attention 
i ce qu'Herodote venoit de dire des 
ibations des ^g^ptiens^ de leurs f%n 

«■■ ■ . »* ' ^ ' ■■■ in 

(id/j Gr«cU Antigua f. 3 1« 47* ^h 



J^'^1 JECONPS LettRE I 

piiiacres & des noms qu'ils io^ ? 
noienti leurs Pieujc, \ 

i6\ Obje3ion. H )e n*eita|nmerai 
W point apres cela > fi> parcequeles 
>»Perfes.n'^voient point 4' Artels | 
>i M.' Pelloufier eft bien fond^ 4 en 
\> refufer aux Scythes & aux Celte^)i 

Regardant les Perfes comiq^ un 
Peuple Scythe , je ppuypis bif n k^ 
ijiarquer qu'il y avoit fur cet arrid? 
line parfaite fopfonnit^ entre le; 
Perfes & Jies Scythes. U me fembfe 
que M. Gibert auroitdu d'autaift 
i?ioins critiquer cette r^inarque;^qu'i| 
fait lui-meme (i$8) defpendre Ics 
Germalns des Perfes , & qu'il ave^ 
tit expreflement que U Religion dc? 
Germains reffembloit parfeitement 
k celle d^3 Perfes, qui adoroient DieiJi 
fans Temple , fans Images & f^ 
Autels. 

11^. OhjcSion. ( 169 ) w Je remarr 

" fc' ' • ' ^ ' » ■■ 

(i5S)Gibcrt p. 237. 

j[x6y}ffibcrtp. 159. . ^ 

^(jueni 



ftfA, PELiouriER. .455. 

^i feuleitient q\\e Von troiiva 
Autels da us les bois des Gcr- 
is Q|rmi It's trifles f dies de la 
it^e Vants. LuCjain €n met 
iix^ois aupres de Marfeillc , 
i*£j*ient arrof^s qu^^de fang 
ai'n^ia * 1 

'eiimiinerai point ici fi , pour 
le Mufir de me contredire, M, 
r p^e contredit p^s lui-mSme* 
Kht3a Religion de3 Germains 
blo^-Wlle parfaitement k celle 
•rfes ,|fi les premiers avolent 
iitels r All refte , ma repojh^.l . 
? 1^ daiilois & les <7e|mams 
ent rfi Temple, ai*5&}telsy 
^menff ainfi nomm^^^j^eurs 
^toi^t une pierre tf^^.un 
\terri amoncelee , & (lir^yisiy 
f>r^s Ijue Ton arrofoit du fang "^ 

'jbbjcUion. ( 1 70) i»Les Scythes 



. >J^r 



•7 






I 



leJIL 






.* "^^ 



434 Seconde Lrttre / 
» confacroient des Autels aufltlifen 
>» qiie desTemples^S^ meme desSta- 
>» tues au Dieu Mars y quoiqu'ils ea 
f> refufaffent aux autres Dieux. >» 

Je voiis avoue, Monfi0ur,que 
je perds patience de me v<>ird!i}ig6 
de repondre ^ dje femblables dif&cut 
tis. Herodote dit (171) expj*iffeiftent 
que les Scythes n^avoientm viHes y 
ni murailles , que kursc' in&l^iils 
itoientdes chariots. Comment veuf!- 
on que d^s Peuples *Namades.yq«* 
couroient cantimiellement d'unPais 
k Tautre , batiffem des Temples ? II 
eft vrai que le meme ^iflorienfait 
mention (172) ailleurs d'un Temple 
que les' Scythes erigcoifeiit a Maril, 
& d'une Idole qu'ilslui cpnlacrolent* 
Ceft fans doute tout ce ;que M. Gi- 
bert a trouve dansfesR^ueils* Car 
s'il s'etoit donne la pein* de confiit 

ter les paffages memes, ii y auroitlii 

, , \ ;i' ,^ 

(171) HcrocTot. IV. 4<» 



p^ 



D£ M. PeLLOUTIE-R. 4Jf 

& propre condamnation.Le Temple 
ftoit une forte de Montjaye que Toil 
pbintoit au milieu de cette elevat- 
tion. 

J'ai repondu 4 toutes les object 
[ioq^ de M. Gibert. C'eft 4 vous , 
Mohfieur, de juger prelemement 
$^l y a autant de folidite dans fes re- 
marques, qu'il y a dc confiance dans 
Ul maniere dont il les propofe. 

II me refte encore de repondre 
pour M. I'Abbe du Bos , h une cri- 
tique que je crois mal fondee, & 
d'examiner k mon tour les decoi^ 
vcrtes , lesconjeflures, les etymo- 
logies qfte .M. Gibert communique 
au Public d^ns Ton Ouvrage. Ce fera 
le &jet de Ja troiiieme Lettre que je 
Vous ai ptiomife. 
)efuis>&c* 

MpASIEUR, 

Votre,&c. 
Pellov^^e^ 



1 



T A B L E 1 

Dcs Chapitrts & dts Matihcs contt^ I 
/zttw dans ct Volume. 

JL/ 1 s s E R T A T I o N /ur /«5 Galaus. Argtment. 

Fa^c I. 

Chap. I. Quelles etoienc Jcs Nations Gaul'ciies 
qui s'ecablirenc dans TAfie Miacure , fous Je ncm 
de Galates- 3 

C H A i>. II. Dans quel terns ce$ Katicns Gauloifes 
palTerenc dans TAiie Mineufe. 24 

Ci< A P. III. Qudle £cendue de Pays ies Gauloit oc* 
cuperent dans I'Afie Mineure. 42 

Chap. IV Quelles ecoient Ics Moeur^ d« cei Na- 
tions, so 

C H A p. V. QujcI etoit Icur Langage. 5 5 

Chap. VI. Quel etoit leur Gouvernement dans 
cctte paitie de TAfie. 6| 

Chap. VII. En quel tcms les Galates ceflerenc 
d'avoir iies Chefs de leur Nation, & de former un 
Etac ind^pendanr. .71 

DiSCOURS fur I* Expedition dt Cyrus contrc Its 
Scythes, S8 

Dissertation^ fur VOrigine dts Romains. 

E X T R a I T des Memoires de M. Gibert. r 1 1 

Premiere Lett RE </tfitf./*£i.£ai/ri£ii 

a M. J ORD AN. 157 ! 

JECONDE L^IIK'E de M. P ELLOUT ILK 
a Af. JoRDAW , pour fervir de R^poiul .lux Ob- 
)cdions qui lui one ctciaitcs pv M. Gilert. 31 J , 

-Fin de la Tabic du Tome troifcmc* i- ' 



/^.-•- 



THE NEW YORK PUBUC 
RBFBRBNGB DBPARTK 


LIBItA 
«BNT 

tunoet 1 
ling 


This book is under no oiroami 
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1