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HISTOIRE
D^E S C E LT E S,
. ET PARTICULIEREMENT
DESGAULOIS
ETDES G^ RMAIN S,
Depuis les Tems febuleux,jufqu'i la Prife
de Rome par les Gaulois.
F^r Si HON Pelloutjer, Pafleur de VEglife
^ Fran^oift de Berlin y Membre & Bibliothecaire de
. VAcadimit dcs Sciences , &BelUs'Lenres de Prujfe.
KowEiiE Edition, Revue, Cork ictE et AuCMENTtE.
D i D I E E
A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Tar M. DE Chiniac , Avocat auParUmtm;
Aiuiquam cxquirice MacreiD yirg. JEneid. H. 9^,
TOME TROISIEME,
A P A R I S,
ut'llmpasacne de Quillau, rue Ja Fouacte^
i
M. DCC LXX.
'itkee Jlfprohatiot &■ FririUge du Koi,
• •
I -'^
A-
DISCOURS
MSSERTATION
T)E M. PELLOUTIER,
hit a rcmporti It Prix dt C Academic
\RoyaU dci Infcriptlons, & Sellesr.
iLuire^ dt Paris tn ly^i*..
f,cA\t ^i\Afia%n§^ f^ TO^vfcee f6, IfoCrat.
Si fu<ris fiudiofus , fes eriulijtus,
A R G tJ M E N^ T.
;lc Sojet propof^ Confide i' ^itcrta'\ner z
'^jifRed itoUut Us Nations GaliL^ifis ^i s*i^
udirfit dans t Afic mineure fins /r nom dc
i|Iatcs:.£/i tiud terns cUes y pajjirem : Quelle
(fit Fetendue du Pays qu'elles y occupoient :
melUs itoie'nf kurs Matus ^ Ictir Langue^ la
orme,' dt Uur Gouvernement : en quel tenu
es Gdlates cefferent d^ avoir des Chefs de leur,
Nation , &formerent tin Etat independant.
Lr £ pdiiage des Gaulois en A(ie eft
wi ivArtement c6\6hre dans rHiC*
toij'e.;ancienne« La terreur qulls
<■?
donnerenr'aux Mi^^^Stietii
queiquesann6e$aupaR&faiit,a
,fcit trembler rUnivcrs ,tb& cO
"tes rapidcs qu'ils, firent danj
mineure • ies contribiitibiw .q
ipejpeat » pendant pribsM'up fie(
tons Ies Peuples ^tablis en d
Mont-Taurus, la valeur a vec !
le ils r^fifterent k plufieurs Pui
qui s'^toient unies pour Ies ac(
* lout cela-'leur donna une gra
putatiomj, & fit qu^oh fe f
long-temi: de Tarriv^e de ce
vaux botes. U eft facheux qu
ayons pi^U TOuvrage de
tri^j^de^l^ au r
de Eiiogene Laerce (i), avoit
en treize Livres le paflage de
!ois d^EuBOp^ en A&ek.ierfi^
pas qii0;l$s Hiftoriens qui nc
tent , &: que j'aurai occafi'
(Biter , n'euffent profite de/c
^y^l i mais commells differen
.•jo.-'
^''miiii I . r « t \ ' ,
(t)l>iogcii. li^ttu lib. V. S* zg. . *
"::?••*
.^
SFR LKS GaLAT£S. ^
ma fur plufieurs articles eflentiels »
lya touteapparence qu'ils ont pui-
2 auffi dans d'autres fources* Sans
sntreprendre de relever toiites let
nexaditudes qui leur ont ^chappe p
Sc de concilier plufieurs contradic-
ions fenfibles oil ils font tomb^s ,
e me contenterai de rapporter ce
)ue Ton peut dire de plus eflentiel
k de plus certain fur le Sujet .pro-
pof^.
■■■ ■ — ■ ' u
CHAPITRE PREMIER,
\J N demande i ^. Quellcs iioicnt la
Rations Gauloifcs qui s^itablircm
igns CAfit ffunmn fouf U nom dt
- Les Nations Gauloifes qui pa(^
' ferent dans TAiie mineure quarante-
^ dnq k quarante-fix ansapres la inort
■ f Alexandre-le-Grand , ^toient for-
^ ties tout nouvellementdes Comtr^s
- fufontau Midi du Danube U aa
A2
|. Dissertation
^drd-Oueft de la Grece- EfFefti^
ment ce$ Contrees etoient rempl
d'une infinite (i) de Peuples Gaulc
,ou Galates, C'eft fous ce dernier n(
^que les Grecs les defignoient ore
jiairement ^ au lieu qu'iis fe dc
fioi^t eux-mSmes le nom de C<
tes (x). De.ce nombre etoient
Sf ordifces , les Baftarnes , les Boiei
Jes Taurifces , les Japodes & p.
fieurs autres, Les Scordifces , q
tons les Anciens reconnoiffent pc
i;n Peupl^ Celfe (3) , ou Gaulo
'itoient meles en plufieurs endrc
•avec le3 Thraces & les lUyriens (
iCeux qui demeuroient dans Tilly
jivoient leurs etabliflemens (5)
c6t6 du Mont-Claude & de la Vi
4e $egefte , le long du Noams &
- (f) Strabe VI. p- itp. VII. p. 19C, 30^
.. (i) ?;iuAi'ti. Attic, cap. j.p, le.
(«) ^trahp VU. 193. 115. Juftin. XXXII.
^ (4)itrabo VII. 3T|. 3 IS.
i;i5^f%.-lil. i;.p. 394. Stxabo VII. I If
, SVR LES GaLATESI. f
^^Iques autres petites rivieres.
Ceux que Ton comptoit panni les.
Thraces occup6ient les Tcfres (6).
qui font au confluent du Danube &!>
de la Save , & avoient pour voi«-
fins les Mefiens , les Triballes &
ks Dardaniens. Juflin aflure (7) que
ces derniers avoient pris eux-mS-
mes le nom de Scordifces. Je doute
de la verite du fait ^ & j'ai beau*
coup de penchant i croire qiie le
nom de Scordifces etoit un fobri*
quet que les Grecs leur donnoient
P^^^i , parce qu*ils fentoieiit tous Tail
dont lis faiioient un grand uiag^*
oiqu'il en foit, les Scordifces
cioient du nombre des Peoples Cel-
les qui firent imiptiop dans la Gr^-
* ce fous la conduite de firennus. }e ne
{«) Juftin. XXXII. J. Appiao. Illjr. p. 1 195.
krabo VII. 311.I1S.
(7 Juftin. XXXII. I.
(t}Herjrcluo8Lezic. Ifid. Hlfpal. GlofTar. p. j c
(>^ FVjr. ci-dcflbus note (29) •-
A3
♦ D T SSERTATION
doute pas qu'ils n'ayent mSme 6ti
les Chefs de Texpedition. Apres la
d^faite des Delphes, les uns tirerent
du cote de la Thrace (lo) ; & le*
autres, qui faifoient, felon les appa-
rences, le plus grand nombre, re-
toumerent (i i) dans le Pays qui eft
au confluent de la Save Scdu Danu^
be , d'oii ilsmirent long-tenis k coti^
tribution toutes les Provinces voififlpf
nes (ii). >
Les Baftames ^toient un autre
PeupleGaulois dela Contree. MS^
les en pliffietirs^ endroits ayec les
Thraces (13)5 ik avoient cepea*
daht la plupart de leurs ^tablifle-
mens au-deli du Danube (i4)« Ti-
(lo)Juftin.XXXn. 3. •
(11) Juftin. XXXII. 3. Athen. VI. 174.
(i2)Strab. VII. 31S. Athcn. VI. 174. Liviotf
XLI. 19. Epitome $6, 63. Eutrop. IV. 10. tlou
III. 4. Sext. Ruf. cap. 9.
(13^ Strabo VII. 29<«
(14) Excerpt, ex Diod. Sic. XXVI. pftg. 3^1^
€ltnarch. Paul. iEmil. Tom. I. pag. 259. Lifiu*
4
?r
y -
li 3
SUR LES GaLATES. 7
te-liveremarque (15; qu'ils avoient
la mcine Langue & ksmSmes Cou<»
fumes que les Scordifcfes : & 9 (elon
les apparences ^ ils re^urent leui
nom du grand nombre de chariots
fur lequel ils trainoient apres eux
leurs fenunes , leiirs enfans & leur
kagage.
^^^ . Les Boiens , les Taurifces & les
Japodes (i6)^ient auffi des Peuples
Gaulois qui avoient leur demeure
dans rUlyrie. Les Japodes demeu^
foient (17) le long de la Mer Adria-
tique entre les Carnes & les Ifiriens.
Mab leur Pays s'^tendoit deli fort
en avant dans les Terres. Les Tau-
rifces (18) , qui refurent enfuite If
nom de Noriciens , ^coient etablis
o
M
c>e5
r-a
XLIV. 2tf. folyh. p. tti.StrabolI. lit. I2^
VU. S06. Orof. lib. IV. cap. XX. p. 23 j.
ii>) Tic LiTios XL, 57.
(16] Scrabo IV. 107. VI. iSp. VU. x^g.xftf*
313. 115.Jaftin.xxx. a.
(17'Fnn. III. 5.*+.
(i«) Plin.IJI. 29. p«37tf.
A4
S DiSSERTATi O N
jftu-deffus des Japodes , & fepar&
des Scordifces (19) par une Monta-
gne que Ton appelldit , dii teins de
Pline , le Mont*Claude. Les Boien^
^io) etoient voifins des Taurifce^
& m^les avec eux en plufieurs en-
idroits. Ceft de quelqu'un de ces
Peuples qu'il feut entendre le pafla-
ge de Strabon , qui dit : (ir) que,
«^ pendant Texpedition qu'Alexan-
» dre-le-Grand entreprit contre lej
w Getes , ce Prince re^ut une Am
M bailade des Celtes ^tablis pr^s d<
n la Mer Adriatique qui lui deman
•3 derent fon amide. « U en efl d
«n6m€ du paflage de Diodore de Si
cile y qui nous apprend (ii) » qu'A
H lexandre-le-Grand j^tant arrive
9^ Babylone, y trouva un grand non
•» bre d'Ambaffadeurs envoyes pa
{tp) Flin.III»2s.p 3^4Strab. VII. 315-31
(£o) Plin. III. 24. p. 3 S4. Strabo V. z 1 3.
(21} Strab. VII. 30 i. Arrtan. £zpcd. p. i|.
(22,^ Diod. Sic. lib. XYil. p. <»a.
SVR LES GaLATES. 9
^les Carthaginois 9 les Grecs & les
> lUyriens , par les Peiiples ^tablis
♦ le long de la Mer Adriatique , par
> les Thraces & par les Gaulois Icurs
* voifins qui commencvent alors
« d'Strc connus par les Grecs. « Aur
tant que je puis en juger , les Gau-
lois qui envoyerent cette double
Ambaffade etoient lesScordifces. La
premiere fut depechee par les Scor-
difces de rillyrie , & la feconde par
<eux qui etoient yoifins de la
Thrace*
Je ne doute pas que les Gaiilols
qui allerent s'etablir dans I'Afie mi«
neure ne fe fuflent detaches des di-
verfes Nations dont je viens de par-
ler. lis portoient cependant des
noms tous di(£§rtns. II faut en dir^
la raifon. Nous verrons bientot qu^
Brennus raflfembla de tous cotes un
grand nombre de Gaulois qui forti-
rent avec lui de leur Pays pour fal-
re irruption en Grece. Lorfque TAr-
A 5 .,
ro Dissertation
mee fut parveniie aux frontii
la Dardanie , il s'en fepara un
de vingt mille hoinmes,qui
rent du cote de Bylance & c
Afie. II y'avoit dans ce corp*
tnee des Troupes de trois di
tes Nations Gauloifes , f(fav'
Teftofages , des Trocmes & d
lifloboiens.
Le noih de Teftofages ou d
tons etoit commun autrefois
les autres Pieuples Celtes. lis
toient en confideration.de lei
gine qu'ils rapportoient au Die
lis appelloienr ce Dieu Teuu
ou T^uxar^ le Pere Teut , parc<
le regardoient comme k Ci
des hommes & des Dieux
nommoient eux-niemes TeuL
TeSofages (24); ils pretendoii
(23; r*fcr,cft lenomduDicui Tad,
Ten , dans la Langue Celtlque.
(24) Teutfah ou Ttutfckn, (ignifie //
^'eft de ces mots que les Grccs & les L
fait ecus dc Teutones , Teutoja^es , 7
SVR LES GaLATES. II
priiner de cette mani^re la noblefTe
de leur origine. Ainil il y avoit des
Tedofages (15) dans le Languedoc:
Volfca TeSofagts (i6,. II y en avoit
en Allemagne (17). II y en avoit tur
fin en Thrace & eh Illyrie. Ce$ der*
niers foumirent la plus grande par-
tic de TArffl^e que Brennus (18)
conduiiit en Grece , & )e penfe qii'iis
^ient le mdme Peuple que les
Scordifces. Les Grecs les appelloieqt
\ Scordifces (juji) , mangeurs d'ail , an
4 ^u qu'ils fe donnoient eux-mSmes
le nom de TeSofages.
A regard des Trocmes & des Tho-
il Uftoboiens, Strabon pretend (30)
que ces deux i?euples portx>iQat Ip
aom des G^n^raux qui les comm^nf
^ 4oienc lorfqu'U^ pafferent en Afi^.
■' ' • - - ■■ ■ • ■ ■ ' . " f
(x$)Strabo'IV. it/.
(if rK«/a. Peuple
(17) C«far VI. 14.
(21, StraboIV. xty. il«. Juftin. XXXII. |.
(29) Du dec, 0icofo/9f ,«»/; » .
A6
II DlSSfeRtATTON
La raifon fur faquelle il fe fonde
c'eft (31) qii'on ne trowvoit, f
en-d^ji , ni aii-del^ des Alpes , t
dans les Alpes mSmes , aucun Peu
pie qui portSt k nom de Trocme
ou de Toliftpboiehs. Mais cette cor
jedure eft detruite par une faifa
bien plus forte : il eft fans exempl
qu'aucun Peuple Gaulois fe foit ja
mais approprie le nom de fes Gene
raux.-
Je crois pouvoir dire' quelqu
chofe de plvis fatisfaifantfur la do
mination de ces Peuples.. On voi
dans Paufanias (3 1) que Brennus, qv
bruloit d'envie de retourner en Gri
ce , & qui comptoit d-enrapporte
tin riche butin , fe riendit daiis ton
tes les Aftembl^es generates des Gai
lois pour les foUiciter a entreprendi
nxne nouvelU expedition contre U
(3x)Str4bolV. Il7,
(j2) raufan. Fhoc. XIX. p. 1^4,
suit LES Galates. I)
Grecs. C«s r^pr^fentations flirent fi
efficaces qu^l fojtic de fon Pays avec
line Ann^e de plus de 1 50000 hom-
ines de pied qui , affurement , n'a*
voientpas eti tires de la feule Na-
tion des Scordifces ou des Teftofa-
ges. Les Scordifces avoient pour
▼oifins, k l*Orient, les Thraces, &, h
rOccident, les Boiens. Ce font 1^ les
deux Peuples dont il fe joignit qiiel-
ques Cantons i TArmee de Brcnniis.
Les Ttocmes , qw'Etienne de By fan-
4 ce nomme auffi Trocmcni & le Con-
4 cile de Chalcedoine Trocmadcs (33),
I ttoient des T braces. Effeftivement
les Thraces etoient iin Pciiple Celte
ou Gaulob. Florus riniiniie. II dit
(34) que les Scordifces ttoient les
phis feroces des Thrates. 11 ne me
h feroit pas difficile de 4e prouver ,
\^ fi je ne craignois de paffer les bor-
(13) Stcph. de Ufb. p. 719. Concil. ChjUced
iii fuhfciifiionib. Ten. IV. p. &7«>.
'J4> Floras III. 4,
14 I>ISSERTATIO N
nes prefcrites k cette difTertation. U
iuffira de remarquer ici que le nom de
Thraces que les Grecs pronon9oient
par un ^ ^ Spj^neiei , ou Opi^'ijtf c 9 & les
gens du Pays par un (?, Throkmy fig-
nifioit les traineurs. lis portoient ce
nom derive de celui de Treekentirer ^
trainer , parce que c'^toient ancien-
nement des Nomades qui trainoient
apres eux fur des chariots leurs feitt?
mes & leurs enfans. Trocmeni^ Trockr
Manner , fignifioit des hommes Thrar
c^s i Trocmad o\x trocmag deiigne
le Canton Thrace, ou,comme nous
le dirions , le Diocefe de I'Eveque
qui fouscrivit aux. decrets du Con-
pie de ChalcecU>in^tf
; Quant au nom de Thgl^fiobohns ,
Jho /i/?o-^*e/2(3 5) figni^^it les der-
^iers Boienss. C'etoit /£elpn \t% ap-
(35) 7^0, €ft rarticic /f^, tu pluriel iijt* oa
A^«, <^ Allemand leti^t^ dcrniCf. Les Grecs oat
rccenu ce mot de I'iapieAAC Lang^ > A*iVIm ,
dcrnlet. . .
S9R LBS GALATES. iJ
parences^ le nom d'un Canton que
les Boiens avoient k Vextr&miti de
leur Pays^ du c6te des Scordifces, &
dont les Habitans 9 perfuad^s spar
firennifs y le fuivirent dans Texp^di-
tion qu*il entreprit centre la Gr^ce.
Les Anciens conviennent aiTez g^*
neralement que tous les Peuples Cel-
teSj qui paflerent de la Pannonie en
Grece & en Afie^fortoient original-
rementdes Gaules (36). Partis des
extr6niites.de TOc^an (37) , ils
avoient paiTe dansta foret Hercynie
(38) , d'oti ils etoient enfin defcen-
dus en Pannonie (3 9;. La chofe n'eft
pas impoifible. Des Peuples Nomar
des , qui n*avoient point de demeu-
re fixe^ ont pu pafler facilement d'un
($4) Epic« lib. <!• 5uid.Tom. I. p, 4tf4.5teph*
de Urb« p. 712. Ciceio pro Fonte). cap. za,
Strabo fv. i«7- T. Liv. XXXVIII. 17.
(97; Yaaian Phoc. XX p. 146, Jaftin. XXIY^
4.XXXII J
(j») T Liv V. J 4. Cafti Vt 24»
(39) Jttllili. XXIV. 4.
is D ISSERTATI ON
lieu ^ lin autre, & fe tranfporter, au
bout de detix ou de trois liecles, de$
bords de la Mer Octane jufqu'aux
cotes du Pont-Euxin. II y a cepen-
dant deux raifons qui rendent le fait
fort probldmatlque.
La premiere , c*eft Tinexaftitude
des Hiftoriens qui parlent de cette
migration des Gaulois. En oppofi-
tion les uns avec les autres, ils font
fouvent en contradiftion avec eux-
memes. i*'. Uopinion commune eft
que les Teftof^es vinrent d'abord
des Gaules dans la forSt Hercynie>
& qu'ayant enfuite paffid le Danu- •.
be, ils sV'tablirent en Pannonie. Ce-
pendant Jules- Cefar aflure (40) que
les Teflofages, quis'etoient etablis
autour de la for8t Hercynie , n'a-
Vpient jamais quitt^ cette Contree , ?
qu'ils occupoient encore de fon ^
terns, x^. Juflin dit (4- ) que les
(40) Ca:{\rt VI. 24,
(4Xj Juftin. XXIV. I.
H
3VK LE$ GaLATE*. I7
raiilois pirircnt tous dans la d^rou-
e de Delphes & qu'il n*€n ^cha*
m pas un feul homme de toutc
nir Arm^e. Diodore de Sicile &
^aufanias (41) confirment la m6me
hofe. Juftin ne laiffe pas d'affu-
er auili (43) qu'aprils la inort de
Irennus, une partie des Gaulois paf-
1 en Afie , & Tautre en Thrace ,
Toil ils retoumerent dans leur an*
ienne Patrie, c*eft-4-dire f en Lan-
uedoc 3^. JvL&iti remarque encore
f4} que les Gaulois ne pureiit s'em-
arer du Temple de Delphes qu*A-
ollon d^fendit d'une maniere tou«
e miraculeufe contre les Barbares.
Cependant cet Hiftorien dit ailleurs
[45) : que les richeffes immenfes que
le Conful Cepion trouva dans im
^ - 111
(41) Excerpta ex l>iod. Sic. lib. XXII. ap«
locTchel. in £xcerpc. Lcgit p. 1 5 7' Pauiiui. Af*
mi, X. 6 to.
(4l)Juftin. XX^II. I*
(44 Jttftin XXIV t.
(45)Jaftin«XXXlI. }.
l8 DiSSERTATI O »
Lac facf i de la Ville de Tou
itoient le Trefor meme dc
phes qu? les Teftofages avoi(
t^ dans ce Lac pour fe deliT
la maledidion qui y etoit ati
J« fuis bien trompe fi ce ne 1
ce trefor que Ton trouva k To
dans tin Lac fans f9avoir co
il y avoit ete apport6, ce qui i
re que c'etoit un trefor maui
Von avoit enley6 ^ ApoUon
qu'il foit conftant que les C
(46)9 quirendpientun culte re
aux Genies quails pla^oient d
lement deFeau, jettoient pa
raifon, dans leurs Lacs facr es ,
& de Targent avec les prem
tout ce qu'ils avoient de pli
cieux.
L'autre raifon qui rend la
tion des Peuples Gaulois, doi
git , fort problematique , c'
(46) roflSdoniusap. Strabon.IV. iSt
Tnton. de gU^ConfelT cap. a.
5VR LES GALATCS. If
les Anciens n'ont gu^res connu I'c-
tendue des Pays que les Nations
Celtiques 0u Gauloifes occupoient
autrefois. Les Gaulois voiiins de
Marfeille font les premiers quiayent
it6 coiinus 9 tant par les Grecs, que
par les Romains. La Germanie ^ qui
founnilloit d'une infinite de Peu«
pl€S Celtes 9 demeura parfaitement
iaconnue jufqu'au terns de Jules-C^«>
far & d'Augufle Ton iuccefleiur.
Quand oh vit fortir de la Panno*^
nie des eflains de Gaulois » 09 yjf^^
gea qu'ils fortoient des Gaules vox*
fines de Marfeille. Les noms de Tec-
tofages & de Toliftoboiens fervi-
rent k confinner cette conjefture^
Iparce qu'il y avoit dans le Languc«
doc une Cite appellee Tolofa & un
Peuple qui portoit le nom de Tec-
tofages. Mais fi Ton ayoit f^u qu'il
^ y avoit des Teutons 5 des Teuto-
oaires & des Te^ofages en Atle*
magne ^ en Italie , en Pologne, ea
%0 DlSSERTATlO
Hongrie, & jufques dans I
Nord ; fi Von avoit f(f ii er
Us Baftarnes qui occupoie
tf!S Contrees au - dela du
^toientlememe Pcuplequ
lois Scordifces , on auroi
que les Nations, Celtes
loifes , rempliffant , autref<
I'Europe , il n'etoit pas r
feife fortir du Languedoc
lois de la Pannonie qui et-
blis dans ces Contrees c
tems immemorial auquel
de TEurope ne remonte p
Quoiqu'il en foit de cc
tion qu*il ne m'importe p
cider 9 deux chofes font
La premiere , c'eft que lej
ges , les Trocmes & les
boiens, qui allerent s'etabli
fie mineure, etoientdes Pen
lois. Diodore de Siciie i
en font , k la verite , des
mais Tun & Tautre recc
dVK LES GaLATES. ^f
que ces Cimbres ^toient un Peupltt
Celte ou Gaulois. Le premier dit
(47) ^^ ^ ^^^ P^^ ferocesdesGau*
» lois font ceux qui demeiu-ent vert
•> le Septentrion , dans le voiiinagc
» de la Scythie : qu'il y en a qui pa(*
w fent pour Aotropopbages, comme,
» par exeniple,les Bretons quiocai*
»• pent rirlande ; qu'on pr^end que
• ce Peuple vaiUant & feroce avoit
«> autrefois ravage TAfiefouslenom
m de Cimmeriens, & qu*il re9ut en>-
J* fuite le nom de Cimbre , parce
s» qu'il etoit fort adonne au vol 8c
1^ au brigandage, u II ajoute enfuite
(48) : n Ce font ceux qui ont pris
»Rome 9 pille le Temple de Del-
»phes 9 impofd des tributs 4 une
» grande partie de TEurope & de
» Vkfte J oh s'etant etablis dans les
)»Pay8 des Peuples qu'ils avoient
» yaincus ^ ils re9urent le nom de
, > l I ■» I ■ ■ ■ ■ ■ » II ■ !■
(47 ; Diod. Sic y . ft 14.
M DlSSJERTATION
If Gallo-Grecs/ a Appien dit auffi
(49) ^^^ ^^^ Autariens, qui ^oieat^'
un Peuple de rillyrie , encoururent*
ritidignation d'ApoUon pouravoif)
pille le Temple de Delphes fivec Its
Celtes appelles Cimbres.L'aiitre fah^«
qui eft audi cbnflant y c'eA que les!»
Penples Gaulois , qui paflerent dai
f Afie mineure, fortoient tout recei
ment des Contrees qui font au Mi»'
di du Danube & qui re^urent en-^]
fuite le nom de Pannonie. II fuffit ^
pour s'en convaincre , de les fuivrc
dans leur marche. Se tournant d'a^
bord vers legolfe de Venife ('50)1
jUs tavagerent toutes les- Proviho
de rillyrie qui s*etendent k long
de la Mer jufqu'^ la Mac^doine^
fe r^pandirent enfuite dans la Peo«i
pie & dans la Thrace* CeuxM^ei
tre eux ( 5 1 ) qui retoumerent (vat A
(4f ■ AppUD, Iliyr. p. 1196,
(so) Jaftin. XXIV. 4. Paufan. Attic, cap. IVi^
f . xo. Tit. Liv. XXXVIII. 17.
(5 Juii^B* XXXII. I* Athea. YI. 174^
SUR LES GaLATES. %^
eurs pas , allerent s'etablir au con-
luent du Danube & de la Save. C'eft
idk par conf^quent qu'ils ^toieut
partis*
II ne faut pa^ oublier ici^ <{u'ou«
tre les Tedofages , les Toliftoboiens
Be lesTrocmes, Pline & Solin (51)
bnt encore mention de trob autres
Peuples Gaulois qui ^toient 6tablia
dans le milieu de rAfiemineure.Les-
yoturi y les Ambitui & les Tcutobo'
iiaci ; mab ce font U manifeftement
les noms de trois Cantons ou de
Irois Tribute desGaulois« Voturi^ en
Tudefque Vour ou Vattr^ fignifie les
^ttts 9 les Vieillards. Ceil le nonf
ld*iin Canton'oii Ton avoit plac^ les
kimmes dges &c . d^r^pits qui rC&-
lent po^t propres pour la Guerre*
0mHuu J Amb'Tui (53)9 Umb^Tuip
^ (52} rlin. V. 3t* p. tfitf* Solio. tin. p. 114*
(5j) L'ofc^ dcf Giccs fi^nifif la m^me chofe
le le Am oa Vm det'Tuderijucf. (Aiemaoa*
44 1>IS^ERTAT10^
fignifie le Canton voifin de
Ville de Paphlagonie & all
Caulois (54). Les Teutoboa
foient partie des Teftbfagc
JBadcn fignifie en Tudefque
terroir , fond de Tcut. C'eft
le nom d'un Canton que V
pelloit ainii, foit parce qu'
occupe par des Teftofeges ,
dire 9 par des enfans de Tt
parce qu'il 6toit confacre i
Tcut qui pouvoit y avoir u
tuaire, avec des terres & de
ves qui en. dependoient.
CHAP ITRE
1 L s'agit de determiner pi
snent, dans quel terns Us Natio
hifeSj dontjt vitns de parUr^ j
dans FAju minturt. La chofe
- (f 4) 'l^"^' 1^^' ^I* <^^P* ^- Pompon.
I. cap. 19..P 34. Memnon. cap. 17* 2
fjioc. Usbis Cpadits an. 475. Ante C
ftXTR tES GaLATES. if
tas difficile. Mais il faut expofer pre-
ni^rement ce qui les obligea k for-
ir de leur Pays, & comment ils coA-
rurent le deflein de paffer en Afie.
Les Gaulois, dont j'ai fait mention;
e trou voient fort k Tetroit dans leur
pays , & n'y pouvoient plus fubfif«
ter k caufe du nombre des Habitans
(i). lis voyoient la Macedoine ex-
trdment afFoiblie, tant par les Armeef
Liiombreufes qu'Alexandre-le-Grand
m avoit tiroes pendant fa vie , que
TOT les Guerres civiles (i) dont elle
livoit ^t^ le Theatre depuis la mort
S kce Prince. Ils fgavoient enfin que
k$ Troupes Gauloifes (3) ^toient
10 Lir. XXXVIIL id. Mcmnoa. ap. Fhotlam
2t4. cap. 1$.
[i) Ceft la remarque d'Eufebe. II dit que let
ioU attaquctent fonvent la Macedoine & U
. iKageiesit » parce que pluficurs Princes s'empa*
It dans ce tems-Ude ce Royaume,& en fa-
cha01^s peu de tems api^i 3 ce qui favoiifoifc
»iiicuriiO«s des Bacbaxes. Mufilr. Cbron. Grdt,
(i J Poly«ni Stticag. Ubr IV. cap. 6. f . & kq»
9^ D I SS£RTAXI0N>
techerchees par les fucceffeurs d*A^
lexandre , & leur rendoient de
grands fervices. Par toutes ces rai^
fons Hs refolurent de tenter quelqiH
^hofe par eux-memes, & fe rendirent
aux ibllicitations de leurs Chefs qui
les flattoient de Tefperance de fo}h
^ettre la Mac^doine & la Gr^cCi
on, au moins, de rapporter un butia
f onfiderable d'un Pays qui s'etoit
enrichi desdepouilles de TAfie. ReirH
plis de cette efperance , ils fortoieot ^
de leur Pays avec des Armies nom« '.
breufes, &c cela pendant trois ann^ ^
conf^cutives. Leur premiere exp^.
dition tombe fur la derniere aan^
de la CXXIVe. Olympiade (4). ..Ill j^
» ibrtirent, dit Paufanias (5) , ^
^ leurs frontieres fous lajconduitedd
n Cambaules. Arrives enThrace,Jll ^
n n^oferent pafler plus avant p;
(4XAia d^ Kome 47a. a?aat J. C. 2fts. J
^. Phoc. XIX. p. 85^. 857.
.'^ i$)ImkiMSK. Phoc. XU. f. l4|«
E
SVR L£S CALA9fiS. if
n qa% compiirent que leur Armee
m etoit trop foibte pour fiure titt
fl»aiix Peuples de la Grece. k Les
Gaulois entrepiirent une feconde
exp^tion Tann^e fuiyante qui fut
b premiere de la CXXVe Olympian
de (6). Paufanias la rapporte en ces
•emes (7} : " Lcs Celtes rtfolurent
m de porter de nouveau la Guerre
JT dans les Pays dtrangers^ & its y
i» fiirent furtout poufl^ par ceux
9 qoi^ ayant &it la camps^e Tann^
» precedente fous Cambaules , fou-
jthaitoient beaucoup d'avoir une
» nottvelle occafic n de piller. 11 s'a(^
n lembla ik deffus une grofle Arm^
m dlfi&nterie & de Cavalerie. On
mU, fartBfiea, en trois corps diffSS^
mtenSpScoaa&ff kchacundeces
m corps fe Pays 1 devoit atta«
' »qiier. Ceretluitts eut le comman^
|7) Fanfiui. fkoc XIX.
F-»4I
C. zto.
, V^. anfi |«A
4^. DrSSEHT ATION'
» dement des troupes qui devolen*
» marcher contra les Tbraces & les
u Triballes. Brennus & Acichorius
w comraanderent celles qui der oient
». entrer dans la Peonie ( 8 )• La
^ troifi^me Armee, commandee par
» Belgius , fe tourna du cote de I'll-
a> lyrie & de la Macedoiae oil re-
»» gnoit alors Ptolomee appell^ Ce- i
ai> raunus. fielgius lui livra bataille^
i> & Ptolomee perit avec un grand
1^ nombre de Macedoniens (9). Dan»
» ■ I ' I 1 M. Ill M »l g I . ■ ! II I ^ IW >.
(s) Frideaux a mis aufli U Fan^onte pour la^
>^onie ^ui ^toit une Frovince VoiHne de la Ma-
cedoine. D*ailleurs il ne diftfngue pas alTcs
(laiiement cc^ce ei^p^dition 4^ ceUe de V^ni^^^
fuiyantc. Hifl' des fuifs Ih ?srt, lavrt L i9»
(9)Le p. Fetau R«#. Temp, lih. III, f, 150, quf
t auifi pris la Pannonie poui.la F^onie^prec^n^.
^ue Ptolomee fu( tu^' Tan 4 de laCXXlVe. Olym-
piade. Effcftivement Polybe, quHl cite, dit lib; U
f^ xz^,& ijS. qi^e <|Ftoloii\^^ fils d^L^ttS*
p Lyflmachus » Seleucus & Ftolom^e Ceraanai
l> moururent tous vers la fin de la CXXIVc. Olym
piade ». Mais le eatcul dePaufanias eft pins jufte
Prolorae« Cerdunas contmenfa a t6gne£> feloi
S^ft^be, Taiy 4 de la CXXIVe. Qlympiade. Il r^gni
17 XDOif. Enftb^Qhrw* Gr4t.f.6g,li aepeut4ptt
f
St7 R LES GaIATES. 1$
ette feconde expedition , ajoutt
"^aufanias ( lO) , non plus que
lans la premiere, les Celtes n'ofe*
ent pas attaquer la Grdce. Lorf-
u'ils fiirent de retour dans leur
ays, Brennus ne cefla de foHiciter
) Peuple, dans les Affembl^es g^-'
erales, & les Grands, dans les con-
erfations particulieres , k eAtre-
rendre une nouvelle expedition
Dntre les Grecs. II leur reprefen-
)it que la Gr^ce etoit hors d'^-
It de faire lamoindre r^fiftance,'
ue le Particulieryetoitopulent,&
ue les Temples etoient remplis des
re fens offertsaux Dieux du Pays.ir
lioenus ajoute ici une particularity
mdrite d'fitre rapportee (ii)«>>
rennus produifit dans les AiTem*
lees du Peuple des prifonniers
• *_ ,
niort que raon^e fuivintc , cVft-i-dirc U
aiere ann^e dc la CXXVe. Olympiadc.
o; Paufan. Phoc. XIX. p. 841-S44..
11) Polyocnus Strjg lib. VIX. c XXXV. n. li
B3
JO Dissertation
n Grecs , & , faifant tenir des Soldats
» Gaulois qui etoient grands, de boH-
w ne mine & bien arm^s, aupres de ces
^ etrangers qui etoient petits ^ foi-
H bles & mal h^billes, & q«i avaient
»• la tSte rafee , il difoit ^ fes com*
» patriotes : Nous qui fommes da
» hommts fi grands & Ji farps ^ crdm
a? drons-nous de fain la guerre a des
H gens Ji petits & Ji foibles ? « Conti*
nuons 4'ecouter Paufanias (ii)»
JD Les Gaulois s'etant rendus aux re^
)f prefentations de Brennus , celui*^
I) cisWoeia pourle commandemenl
>fde i'Arm^e Acichorius & plu*
1^ fieiirs autres grands Seigneurs de la
H Nation. lU leverent enfemble ime .
i^Arm^e dans laquelle il y avoit
J* 15x000 hommes d'lafanterie
» 10400 Cavaliers (13). <4 La
rie &|
a plui L
, (12} Piafan. Phoc. XIX. p 843-844.
(i3).Diodore de Sicile ne met que ijeooft
kommes d'Infanterie , xoooo de Cavalerie k
90 90 chariots. (Bxcer^ta exDiod. Sic* Ub.JUUI«
SUR LES GAlATES* 3!
grande partie de cette belle Armee
perit en Grece avec Brennus qui la
commando t. Ce flit moins par ies
mains de 1 ennemi , que par Tyvro-
^nerie & le peu de difcipline du Sol-
dat. Cette deroute que i'on appelle
communement la difaitt dt Delphcs^
parce que ce fiit li que Ies Gaulois
re^urcnt le plus grand cchec , arri**
^a la feconde annee de la CXKVe
Olympiade (14).
Cc fut Tannee fuivante , la 3«-de
}a CXXVc Olympiade r 1 5), que Ies
GauioispaiTerent dans PAfie mineu-
re 9 & il taut montrer prefentement
comment ilsy fiirenr attires. Lorfque
Jes Gaulois que Brennus condulibic
fe furent avances dans Ies Pays des
Dardaniens (16 , il s'eieva une ieds-
ap. HocfceL in Excerpt.. Lcgat. p. i 57.^ Suidtt
die jooceo hommcs. (snid Tom. I. p. 4^4.) .
^14, Piafao. Fhoc. XIX. p. S56-S57.
(iSjFaafan Phoc. Ibii
(!*} Tit Lit. XXXVni. 16. SuM.T.I p 4^A
B4
31 DiSSERTA TION L
tion dans TArmeeXes miitins s'en Hi ^
tacherent an nombre de loooo &.tti ^
rerent du cote de la Thrace rnarid-^ ,j.
time , d'oti ils pafferent en Afie foui ,^
Us ordres de deux petits Rois nom- ;.^
m6s Leonorius & Lutarius. Dks ^
qu'lls eurent fait le trajet, ComoiV'i ^
torius (17) mena en Thrace \XDt\^
nouvelle Armee compofee de Gau»( ,-
lois qui avoient ^chapp^ k la d^fiif j-
te de Delphes. Cette Armee, qui de-i 3.
:Toit etre confiderable ,mit^ contri-i .
bution la Ville de Byfance &toutt
la Thrace voifine du Pont-Euxm: s
file demeura en poffeffion de ccs
conquetes depuis le regne de Co-
ihontorius jufqu'^ celui de Cavarus ^
qui fut extermine par les Thraces
avec tous les Gaulois qui lui ob^if**
foient. Comme cette feconde Ar-
mee he fe mela point avec la pre
(17) Polyb. lib. IV. p. 3x5. 31 4. Valcfii Ex-
ke^ta ex Folyb. p. 26, ^ not. p. 4.
5UR LES GaLATES. 33
re ( 1 8),& qu^elle ne quitta point
rope , il n'eft pas neceflaire que
I'y arrSte. Je viens done aiix
;t - mille Gaulois qui avoient
r Chefs Leonorius & Lutarius.
Faifant la. Guerre , dit Tite-Li-^
(19), aux Peuples qui leur re-
loient , impofant des tributs k
:ux qui demandoient la paix , ils
rnctrerentjufqu'ii Byfanc^, & ti-
rent des contributions de toutes
s cotes de la Propontide, s'etant
ndus Maitres des Villes de la
>ntree. Se trouvant ainfi dans le
', II paroitpar un palTage dc Polybc,citc nor.
i., que Floras JI.it. Paufanias j4ti»(, cap. 4.
, & Juftin XXXII. cap. 3. fc trompcnt lorf-
fonc paffer en Ade les Gaulois qui avoienc
•pc i la defaite de^Delphcs. Frideaux fe
>c audi lorfqu'il dit Hift. des Juifs Part 11.
r. p. 40. que « Leonor 5c Lucaire fe reodi-
t maitres de Byfance >*. Il falloit dire que
rfaniins fc rachetercnt du pillage de Icurs
CO payant de grolTes contributions i Co-
orius, car la Ville de Byfance ne fat poi|U
par les Gaalois.
OLiT.XXXYlII. Itf.
B5
E
34 Dl SSERTATI ON
>» voiiinage de I'Aiie, & ayant enti
pp du vanter la fertility de fes terrefi
» il leur prit envie d*y paflfer. G
n envk augmenta , loffiq« 'ayant pi
>5 par ftratageme la Ville de Ly
» chia , & foumis toute la Cherfo^^
H nefe , ils fiirent defcendus jufqu'i '^
» THellefpont. Nefe voyantplusfjn '
» pares de TAfie que par un petK 's
h detroit , & ayant ce beau ?9Jt ^
» fous les yeux , ils defirerent av«
» ardeur d'y paffer & envoyer^ni i
»» une deputation a Antipater cp '^
>> commandoit dans cette Contr^ ^
w pour trailer avec lui du paffage t
if La negociation n'allant pas auii i
» vite qu'ils Tavoient efpere , il s*i ir
» leva une nouvelle fedition entw i
» ces petits Rois. Leonorius retour* ie
>» na fur fes pas, avec la plus grandl si
w par tie de TArmee, & revint kBf r
>f fance. Lutarius prit aux Macedk) k
i» niens deux vaifl'eaux eouverts
>ftroi3 barques : Antipater Us
i
SUR LES GaIATES* 35
Lvoit envoyes Ibus pr^texte d' Am-
Kiflade f mab leur miifion fe bor«
loit ik Tepien Ayant embarqu^
liicceifivement fes troupes fur ces
i)dtimens auxquels il faifoit &ire
ie trajet jour & nuit ^ 'Lutarius
mfla en peu de joui^ en fiithynie
ivec tout fon oionde. Peu de
terns apres 9 L^onorius pafia aufH
la Mer k Byfance avec le fecours
ie Nicom^e , Roi de Bythinie.
les Gaulois fe rcunirent & pretc-i
rent iecours i^ Nicom^de dans la
guerre contre Ziboeas qui tenoit
ine partie de la Bithynie. Ziboeas
ne put ri&Aer k leursarmes: iL
tut vaincu 9 &c toute la fiythinie
pafla fous la domination de Naoo«*
anede *t.
On trouve dans le psffage de Ti«-
•Live^ que je viens de rapporfer ,
ofieiirs particularity dont ks au-
ts Hiiloriens ne font aucune mc'n«
>a ; mais il avaqce auffi un f^t qui
, B6
36 Dl SSERTATIxON if
eft contredit par Memnon , dont >'!>'
Photius nous a donne des extmhs^ s
Selon Tite-Live , les Gaulois paffe- if
rent en Afie ^ deux reprifes. D V S-
bordLutariuspaffarHellefpontaveC) *
les Troupes qui etoient fous fon -
commandemept; Enfuite L^onorius
traverfa le Bofphore k Byfance fur
line flotte que Nicomede avoit en-
voy ee pous le recevoir avec fes Gau*
iois. Memnon , au contraire , aflure
(zo) que les Gaulois tenterent plu-
fieurs fois de pafler en Afie , mais
qu'ils en furent toujours empech^
par la flotte des Byiantins , jufqu'i
ce que Nicomede les tranfporta en
vertu d'un traite dans lequel les By-
iantins furent compris.
Je ne voudrois pas nier abfolu-'
ment ce que dit Tite-Live du pre-
mier trajet des Gaulois , d'autant.
plus qu'il a fuivi dans cette occa^
* ' ■ I I I III'
(zo) Memnon. cap. 20.
SUR LES GALATES- ^f
n Polybe dont Tautorit^ eft d*uii
;s-grand poids. Paufanias dit ail-
ITS (21) que les Gaulois paflerent
Afie comme ils parent ; ce qui
nvient au trajet de Lutarius^Sc non
relui de Leonorius quis'embarqua
r une flotte envoyee expres pour
recevoir. Le meme Paufanias rap-
ine encore un de ces oracles for-
s apr^s coup (zi) qui fait pafTer
X Gaulois k detroit de THellef-
»nt, ce qui ne peut . s'appliquer
ffi qu'^ Lutarius. Mais il y a toute
parence que le premier trajet des
aulois en Afie n'eut point de fuite ,
: que Lutarius , fe trouvant trop
ible pour entreprendre quelqurf*
ofe par lui-meme , revint en Eu-
pe. Au moins eft-il certain qu'il
t du nombre des dix-fept Chefs
11 conclurent avec Nicom^de le
jit^ en vertu duquel ce Prince
■ III II I I
(zi} Paofan Atbaic. VI. 597,
38 DiSSERTAXlON
tranfporta les Gaulois en Afie fur ii
flotte. Vpyons done ce qui d^ter
mina Nicomede k prendre les Gau
lois k fa folde en qualite de Trou
pes auxiliaires.
Nicomede etoit fits de 2Libeas 01
Zipetes (13) , Roi de Bylbinie , qu
avoit eu des demeles , & m^me uni
guerre ouverte , .avec deux fuccel
feurs d'Alexandre-le-Grand , f$a
voir Lyfimachus, Roi de Thrace^ &
Seleucus , Roi de Syrie. Apres 1
mort de Seleucus , Antiochus So
ter (14) , fon fils & fon fucceffeur
d^tacha Patrocles , Fun de fes Gene
raux , avecune bonne Armee , pou
hii affurer la poffeffion de cette pai
tie de TAfie mineure qui eft en dej
du Mont- Taurus. Patrocles^^ayan
donne dans une ambufcade que Zy
l>05as lui dreffa^ y perit avec toutes fe
Troupes.. Zibeas lui - mfrme etafl
*■ > - ■ — " — *— — ■ « ■ ' ' '
(23) Metvnon cap.i; -
(24; Id. cap. 15.
SVn LES Galates. j^
noTt (25), peu de terns apr^s, 3g^ de
^6 ans , Nicom^de fe vit fur les bras
m puiflant ennemi dans la perfonne
rAntiochus (i6) qui faifoit despr6-
>aratHs9 tant par Mer que par terre ,
>our attaquer la Bithynie. Outre ce
fdoutable adverfaire 9 Nicom^de
^en attira un autre par fa cruaut^*
L'envic de regner feul , & d'empS-
:her qu'onne le troublit dans la pof'*
feffion de fes Etats , le rendit , pour
ne fervir des tenpes de Memnon ,
le bourreau de (es freres qui etoient
lu nombre de trois. II en fit affaffi*
ner deux. Zibeas, qui etoit le plus
jeune , lui echappa & fe rendit M»-
tre d'une partie de la Bythinic : eo*
(iiite il attaqua vigoureufement cel-
le qui ^oit demeuree fous Tobeif-
lance de ion frere.
Pour r^fifter aux ennemis dont je
iriens de parler, Nicou-.ede fit un
(2$ ^ Memn, cip. zi.
(26) Id. cap. 17.
40 D I SSERTAt I OK
traite (17) avec la.puiffante Colo-
nie d'Heraclee k laquelle il ceda les
Villes de Cierus , Tius & Thynis ,
^ en obtint im fecours de treize
vaiffeaux de guerre.ll fe fortifia auffi
de Talliance d'Antigonus Gonatas ^
(18) Roi de Macedoine, &, cqmmi
les Gaulois paffoient alors pour lei
meilleures Troupes de TUnivers , il
fit folliciter (19) Leonorius & Lu*
tarius , qui fe trouvoient avec leui
Armee dans le voifinage de Byfan
ce , de venir s'etablir en Afie fou;
certaines conditions qui furent ac
ceptees. Le Traite que Memnoi
nous a conferve porte en fubftanc<
(50): » Que les Gaulois entretien
» droient une amiti6 perpetiieili
» avec .Nicomede & fes defcendans
>» qu'ils ne fourni^oient point d
P ■ ■ ■ N .I I II
(z7)Memnon cap. xS*
(18) Id. cap. I p.
{16 Id. cap. 20.
(a o; Ibid.
S17R LES GaLATES. 4I
Troupes fans le confentement de
Slicomede a ceux qui pourroient
eur en demander , & qu'ils au-
oient ayec lui les in8mes amis 6c
es memes ennemis : que l^Villes
le Byfance 9 d'Heraclee , de Tius,
le Chalcedoine, deCiere, & quel-
[ues autres allies de Nicom^de fe-;
oient compris dans Talliance. a
Traite ayant ct6 figne (31) par
onorius , par • Lutarius & par
inze autres Chefs de TArmee (3 1),
comede re^ut les Gaulois fur fa
tte^ & les tranfporta en Afie. Cela.
iva Tan 3e. de la CXXVe Olym-
ade, 278 ans avant J. C. D^mocl^
mt Arconthe k Athenes (33).
' ■ ■ ■ ■ ■ ■<
;3l]$crabo XII. $€6.
(ii, Mcmnon. cap. 20.
Iss.raufan. riioc. XIX. p. «5<-»57.
4^ DlSSERTATI W
J
CHAP IT RE III.
E dbis d^iterminer pr^fentemen
riuntke dt Fays que Us Gaulois oi
cuperent dans VAjit mineure.
Les Gaulois qui pafferent en k\
^etoient au nombre de 20000 hon
ines(i);jmais il y en avoit ^ peir
dix mi He qui fuffent armes (i
Memnon dans un paflage que VU
terprete Latin n'a point compris,r
marque (3; j^quelesHabitansd'H
» raclee & lesBythiniens,quietoie
» demeures fous Tabeiffance de ^
p comede , fournirent des armes
» ceux qui en manquoient, « Apr
avoir re^u ce renfort , Nicomede
mit k la tete de fon Armee , b^
Zibeas , fit main-baiTe fur tout
qui avoit fuivi fon parti , & foun
(i) KtfjF, ci-dcflus, Cijap- II. note (i6).
(2)T.Liv. XXXVIII. i6.Pluwch.T.I.p.4
(1) Memnon, cap. zo.
SVK LES GaLATES. Jff
te la Bithynie. Comme il deroit
ridoire k la valeur des Gaulois ^
^ur lai^a tout le hutin , & leur
;na un etabliflement le long de
Mer , dans cette partie de la By«
lie dont il avoit fait maflacrer
Habitans. Cefi ce que Juftin ex-
ae aflez improprement , en di-
: (4) que les Gaulois partagerent
c Nicomede le Royaume de Bi-
nie.Les Gaulois demeurerentpris
40 ans dans cette Contr^e (5) ,
I ils infefterent toutes les Pro-
res Maritimes de I'Aiie mineure (
1 paroit par un paflage de S. Je»^
le (6) que, dans une de leurs
rfes, ils faccagerent la Ville de Mi-
diftante deplus de 100 Heuesdu
s oil ils etoient elablis.
^uoique les Gaulois occupaflent
des Pays les plus beaux & leS
) Juftin. XXV. 2.
• raufan. Attic, cap IV. p. ii.
Hieron. adv. JcyIh. lib. h Tom. II. f . I f^
J|4 Dl SS E ftTATi OlT '
yliis fertUes de J'Afie miheure, ils
^'accommoderent pas de ce premi(
Metabliffement D'lin c6te ils y flirci
jrigoureufementattaqu^s ('^)parA!
. tiochus Soter, & enfuite par les R<
de Pergame (8) qui , ayant d'aboi
.confenti de leiir payer ijn tribut aifc-l
^uel » le refuferent enfuite & remy
porterent fur eux une viSoire fignfcj^
Jee* De I'autre , le voifinage d^ l^
:Mer les expofoit trop aux flottej(
jennemies. Par ces raifons ils fouhafei
terent de s'eloigner des cdtes. Le^
jRois deBithynie & de Pergame y
confentirent de tres-bon coeur pour^
^e delivrer d'un voifin qui leur etoit;
cxtremement incommode. Les Gau^
loisquitterent done la Bithynie aveC; ■
Tapprobation de fes Princes : ils s'a-..
yancerent dans le coeur du Pays (9),
; - ■ • • •
(7} Appian. Syriac Lucian. pro lapfu inltt
Salt. p. 172 Zeuxi vel Antiochop. 3 34* J
(8) Liv. XXXVIII. 16,
{^) Livius ibid. Mcmnon. c. 20. Floras II.ii*
SUR LES GaLATES. 4}
y occupereat une partie de la
rygie (lo). Cela arriva apres la.
ioire qu'Attalus (11) remporta
eux 24 c ans avant J. C. 37 ans
:hs qu'ils eurent pafle en Afie#
?ft ^ ce Pays, & non pas, comme
din le pretend (I^)> ^ celui oil ils
oient eu leur premier etablifle-
^nt, que Ton donna le nom de
italic , parce qu'il etoit occupe par
Gaulois y ou qelui de G^Uo-Grice^
rce que les Gaulois y qtoientmS^
; 3vec des Gregs qui s'etoient au-
fois empar^s de ces Contrees,
res en. avoir chaffq le^ Scythes,
ne s'ggit done plu^ que de fixer
tendue du Pays que les Gauloig
oiperent dans cette Contree.
lis demeuroient entre la Bithynie
la Capadoce ( » 3), & avoient po\ir
tQ) FUn. V. a 2. Strabo XII. ^66,
[\i) FaufaD. Attic, lib. 1. cap. 4. p, IX. (Z^
cap. t. p. 19* Sc^abo XII. 566.
(iz) Jdilin. XXV.a.
jiij Said. Tom. I. p. 4^4. JFlm. V. 1^. ^ Y^
4$ DlSSERTATIOK^ .
homes au Midi la Phrygie &|
Pamphilie ^ au levant une partiedi
la Cappadoce avec les fleuves SA
lyx & de Cappadox , au Nord Tai
tre partie de la Cappodoce & enfuil
la Paphlagonie , au couchant enfi
la Bidiytiie , dont ils ^toient f^pA
res par les Fleuves d'Hi^ras & d
Sangarius.
Apres s'Stre rendus Maitres dcti
Pays les Gaulois le partagerent d
trois parties (14). Les Trocmes s*im
blirent vers le Nord (15) du cfll
des Provinces de Pont , de Paphb
gonie & de Cappadoce (* 17 ). U
Tholiftoboiens eurent pour led
portion les Contrees voifines dei
^ 3. Solin. cap. 5*. 56. Livius XXXVlILiI
9trabo XII. $66, Paufan. Attic. IV. p. 1 1. t», ^
' ( 1 43 MemnOD. cap. zo. '
(is) Strabo. XII. $67. Plin. V. }».
(16) Plin. y. 3». die que les Tiocmef sVtabti
tent on M^nie aufli biea qa'en Paphltgonie.]
ciois que Fline fe trompe par rapport ^ It mA
nie , qui ^toit voifioe d« Pays qae let Toliil
iMtieM occapoienti ^'
SVK LES GalATES. 4f
thyme & dela Phrygie (17), &
A dans leur tenitoiire que demeu*
lent les Foturi & les Ambitui '; 1 8)
at j'aiparle plus haut. Les Tec-
iges enfin tirerent vers TOrient
la Cappadoce ( 1 9) , & les Teuto-
iiaciens demeuroient avec eux*
>). Memnoa ajoute (21) que »> les
^aulois Mtirent auffi des Villes
ans le Pays qu'ils avoient ocupe.
,es Troctnes batirent Ancyre ,
?s Toliftoboiens Tavium , & les
["eftofages Peilin. « Cet Auteur
mnet ici deux fautes. . ^. Ces Vil*
iubiifioieat avant rarrivee des
ulois ( 11 )• U falloit done dire
Us les fbrtifierent (13) poiu: y
17) Sciabo XII. 5^7. Plin. V. 32. LiviiM
IVIII. 15. I ^.
It Flia. V. ii.
[if) Strabo XII. 5^7* Plin. V. 31.
»o j FliD. y. 3 z.
[2i| MefflOiOD. cap. zo. ^
xtyPtnlan. Attic. IV« p. ii« la^
[2i;StuboXU.5^7*
4^ I> I S S E l( T A T 1 O If-'
mettre en furete ce qu*ils pilloii
fur leurs ennemis & fur leurs vow
fins , ou qu'ils y ^tablirent des man
ches oil ils alloient vendre kuni
denrees & leur butin. i^. II fe trom-;
pe dansle nom des Peuples auxqueli j^
ces tf ois Villes appartenoient. StrsH
bon , qui etoit ne dans le voifinagfl
de la Galatie , & qui la connoiflbhr ^
parfaitement, donne Tavium au3P ,p
Throcmes (34)> Peflin aux Tho- |^
liftoboiens, & AncyreauxTefto^ ,
fages. Pline (15) eft d'accord fur cet -
article avec Strabon , & leur temoi^ ,.
gnage eft d'autant plus preferable i^
celui de Memnon que Tavium etoit^ .
efFe£iivement fitue dans le Pays quo^ *J
les Geographes affignent aux Troc^j
mes , Peflin dans le Pays des Tho- j
Jiftobo'iens , & Ancyre dans celuj
des Teftofeges.
Au refte les Gaulois , s'etant ex^
>■
(24> Strabo ibid,
(ij)PUn.Y. 32,
trSmement l-
le
R L£S Galates. 49
at multiplies dans ce Pays ^
It de la terreur k tous les
[x6) qui demeuroient en*
iont-Taurus , & les mirent
mtion , jufques l^que les
nes des Scythes confenti*
ur payer un tribut arnmeil.
oil ^endu leurs conquStes,
nrent entre eux de partager
ro vinces qui leur payoient
^sTrocmes eurentce qui
le bord de THellefpont :
ifloboiens choiiirent I'Ea-
llonie : & les Tedofages
lur leur part les autres Pro-
u^esdans le coeurde TAiie
Mont-Taurus.
I ■ ■ ■ 'T
1$ zxxvfu, i<. 27. Jadin. XXT. f*
'^^
u.
50 Dl S S E RTAT ION
I
C H A P I TRE IV.
J E dois parler prefentement
moeurs des Gaulois etablis en A£(
ne differoient point de ceiixdes aul
Peiiples Celtes , & il faudroit e(
iin Livre entier pour trailer cett<
tiere avec une jufte etendue.
tentons nous de remarquer qi
GauJois , n'ayant point d'autre
tier que la guerre , & tenj
deshonneur d'embrafler qiielquV
tre profeffion , regardoient aui
force , la valeur , Tintrepidit^^
mepris de la mort, comixie les fc
vertus qui fuffent dignes de The
me. lis fe glorifioient d'etre bi
par reflexion. Cela etoit vrai
un certain fens & k quelques ^gji
lis couroient au combat coma ^
un feftin , parce qu'ils etoient
Topinion que la gloire & la (ili
duParadis n'etoieilt deitiaeesqu|
^
5£
IE
I LES GaLATES. 51
{ui meurent fur un champ
9 ou de quelqu'autre forte
ioientl|& qu'au contraire
: qui mouroient de vieil-
e maladie en demeuroient
^ais il faut avouer' qu'4
^gards , leur valeur n'^oit
lagee, & qu*elle n'etoit Ic
cnt qu'une fureur aveugle
ecipitoit dans le danger, au
nrr feire prendre de jufles
ic de iages precautioas , ou
iter, oupourenlrionipher.
ve dans THiftoire divers
qui montrent jufqu'oli ils
It la ferocite. Par exemple ,
rmarque (i) que les Gal-
lur le point de donner une
out les aufpices leur annon-
perte , comraencerent par
' leurs femmes & leurs en-
rus raconte aufli ( i ) que
yi DiSSERTATIO
les Romaitas virent avec
meat d^s Gallo-Grecs^u'ih
fyil prifonniers, n^rdre le
dont lis etoknt lies ^ &^rc
gorge k leurs camarades
feire etranglen
. Comme la valeur etoit la ^
^ommes , la chaftet^ etoit
fetmnes. Plutarque (3) en
deux exemples memorable!
mier efl celui de Chiomara
d'Orgiagonte^qui itoit Roi.
ttiarque de Galsde , dans
que les Romains,apr^s ayoi
Antiochus , attaquerentles
q\ii lui avoient fourni des '
auxiliaires. Cette Dame , et;
b6e entre les mains des R
&t follicitee inutilement^ &
yiol6e par le Centenicr q
chaise de la gaarde des Prii
{%) Plutarch, dip VicjuidHlkr. Tom.
Livius XXXVIII* 24. Valer..M4jt.vi.i
f lotus II. I X. Aurel. Via. de Vix. lUu
SUR L£S CaLATES. JJ
Eurier^apres avoir aflouYi fa pa£«
» propofa k Ckiomara de la re^
)x moyenantune ran^on^ & la
uiiit iecretement dans un lieu
leux de its Parens devoient la
iroir^.& pofter lafomme dont
koit convenu* Pendant que le
lenier comptoit Fargeat^ Chia«
lordonna afes Parens de le tuer ;
n fut ex^cut^ fur le champ» £11«
eafuite la tete du Romain , Ten*
pptk dans fa. robe y & dtant ar^
e 9upr^s de fon inari,elle la jet*
(es piedsy & lui raconta la vio^
e qu'on lui avoit faite , & de
le maniereelles'en^toit ven-
Orgiag onte ^ plein d'admifa-
;^ loua ia fAkXiti ; etle lui
adit qu'aufiielles'applaadiflbh
n'y eut qu'nn feui'homme an
ie qui put fe vantet d'avoir es
>mpagni£« Chiomara , que Po-
avoit vueA Sardesfoutint, juf-
la fin , par fa modefHe & par
C3
5^4 Dissertation
fa chafteti, la gloife quecette
lui avoit acquife.
. Uautre exemple eft celui de Ci
ma (4) , veuve de Sinatus, aufli 1
trarque de Galatie. Ce Sinatusi
des demelesavecuna^tregrafklS
gneiir de fa Nation ^nomm^iSind!
La querelle fut pouff(6e fi loin (
Sinatus petit par la main de fon A
tagonifte. Quelque tems apres,
norix rechercha en manage la vei
de Sinatus. Camma comprit al
pourquoi Sinorix avoit cherch^ 4
relle h, fon mari. Elle ne laifla
d'agreer la recherche, & fit femM
d*accepter avec joie la main \
meurtrier. Les fiancailles fe celdi
rent dans un Temple del Diaae^i
Camma , felon la coutume des (
tes, prefenta ^ fon fianc^unecoi
de vin. Elle en but la premi^
(4 ) Plutarch, dc Virt. Muticr. ZI. pa^i
Abator. Tom. 11. p. 76».
SUR LES GaLATES. 5^
I la remit enfuite a Sinorix qui
rala gayement tout le vin qu'elle
avoit laifle. Le breuvage ctoit
ppoiTonne. Camma mourut avec
ie lorfqu'on lui eut appris que
I meurtrier de fon mari etoit
Ifpir^.
> =
^CHAPITRE V.
ITASsoNS^la Langue des Gala-
fRr S. Jerome, dans la Preface du fe-
l^dLivre de fon Comnlentaire fur
^itre auxGalateSy remarque (i)
ri quelque diflPerence pr^s, les Ga-
^ avoient la meme Langue que
^Habitans du Pays de Treves. Ce-
lt Tacite affure (i) que les Tre-
ens etoient Germains d'origine.
fulte delk que la Langue des Ga-
ff ] Hieronytn. Prxfiat. in lib. II. Commentr.
k ad Galac. Tom. IX. p. 13^*
p.) Tacit. Germ. cap. zs.
C4 '
y6 DtssERTrkTionr.
htes , qui etoit laGauknfe (j)9C0
me Lucien Fa remarque^etoit la t
mc Langiie que celk d&s Germai
Quelque extraordinaife que paro
ce feit , il eft c6nfirni^ par cTaul
Auteurs. Par exemple , on troi
dans Tite-Live (4) que les Scot
ces, qui ^toient reconnus pour
Peuple Gaulois , avoient la ml
Langue que les Baftarnes. Les I
tarnes etoient, felon Pline (5) > 1
des cinq Peuples qui occupoientl
cienneGermanie. Strabon {6) en
aul£ dbes Germains , & Tacite
ajoute que les Peucins,que quelqt
uns appellent Baftarnes » parlen
Langue de^ Germains. Quoiq
femble y avoir de la contradi6
•" — ■..>-■--,. - -
fa) Lacicir dit q ue , de fon terns , les. G:
parloient encore le Gaulois. ( Pfsndom. p. 4
(4)Livius XL. 57.
(5)Plin. IV. cap. li, p. 465. & 0.14. p.
(6) Strabo VII. 306,
(7; Tacit* Geimanor. cap. 46*
aer k un Peuple Gaulois la
df s Germains , tout cela ne
IS de s'accorder parfaitement
n Gaulois & Tancien Ger-
oient des Dialedes de la Lack
Itique qui , dans les terns le$
:ules 9 etoit commune k tous
pies de I'Europe. Cette con*
de la Langue des Gaulois
file des Germains peut 8trc
tree par deux preuves.
remiere, c'eft que malgre les
mens que vingt ou ving-cinq
doivent avoir apportes natu-
?nt k des Langues vivantes,le
uc & \q Bas-Brcton^ qui font
aleQesde la Celtique> ne laif-
s d'avoir encore une infinite
ts communs. En voici quel-
xemples que j*ai choifis k Lir
vert , dans dans le Didion-
u Pere de Roftrenen.
Allcmand.
Franfo'is,
Arm
Banck
I^as , Epaule
Banc
C5
5^ .DrSSERTAflON
^andcn
Band
Lien , Bancie
BIcuu
Blum
Fleur
Cus.
Kuff
un Batfec
Croum
Krum
Couibe
Coufl
Ki^
Deptnfc , Co
tancc
Chucs
Sckvfeis
Sueur
Duardcs
Schwarti
NoiD
Dagei
Degen
Ep6c , DagDC
Dura
Daun
Duvcc
Forban
Verhannet
Bannt '
Frcfcq
Frifih
FdlUn
Frais
Fallot
Tomber , Fai
Foulina
FulUn
Eniplir, Entoi
Fisf
Feif.Pfeif
Flfife
Flodc
Flou
Flortc
Fleut
Fi6u
Fluic
Foreft
Forfi
Forfo
Gols
Got
Dicu
Guel . '
JFohl
Bon , Bien
Hdefv
Herb
Aigre , Acide
Harnes
Harnifch '
Cuiraffe
Yaouadcq
Jung
JCUDC
YllQ
Ehn-Bogea
Le Coude
Lezr
ledtr
Du Cuir
Lichezr
Leker •
Friand
Mates
Magd
Scrvame
Marz
Mark
Ma re he, Fi on
^ Marchauzi
Marchaus
Ecjrie , Maifi
chcvaux
Nador
Nadel
Eguille
Age , Age
Oad
Mt Alter
Poul
Pful
Braut
Bourbe , Mar
Pryod
Epoufe ^
Qiiaz .
Kati
Chat
Stiitcn
Stern
Etoilc
Scriget
Schr'eien
Crier
Strifard
Straat , Strajfe
Chcmin
Scad
Staat , Stand
Ecai , conditi
(♦) Je n'ai Stocq
Stooff
Conflit
lule Diction- Scram
S chirm
Ecraii
nair J dc Ro(- Scum
Schaum
Ecume
trencn que ScuMheia
Schauren
Ecurer
jurtiuU la SqiMf
Schlff
B ucaii , Efiju
Utuc T. Scaul.
StaU
Eubic. C)
1
^ suR Lxs^ Galates. 5^
I'autre preuve, qui eft encore plus
hrte y c'eft que la pliipart des mots
qui nous reftent de la Langue des
Palates, trouvent leur explication
(ans le Tudefque. Selon Paufanias
8) , les Galates appelloient Murch^
n Cheval , & Trimarcijia , un Corps
e Cavalerie , dans lequel chaque
'avalier avoit, i la queue de TEf-
adron , deux Valets bien montes ,
u pour le remplacer s'il etoit tue ,
u pour Temporter s'il etoit bleffe ,
u pour lui donner un cheval frais
il perdoit le fien. March ( 9 ) , qui
gnifioit un cheval dans Tancien
i'udefque , k le mSme fens dans le
tas-Breton. Try , ou Dry^ eft; auffi
in mot commun aux deux Langues^
*es Galates donnoient le nom de
^'UhaUum ( i o ) i un de leurs chd-
*■ ■ ■ I ■ II ■ ■ —
(t, Paufan. Phoc. XIX. 844.
(9) L€g- Ba;uvar. ap. Lindenbrog, pag, 427,
lemann. ibid p bSi.
(10) Livias XXXVIII. 18.
C6
6o Dissertation
teaux ^ fitue dans une Contr^ oil
Ton bruloit du fuoiier de vache en
place de bois. Kuk-WaU^ fig^ifie eo
Tudefque, le rempart des vaches^
& Kuh'bally la balle ou la boufis
de! vache. lis appelloient t KjSpc«TciV^ aa
ifjtf^ftzrov y (i i) une foupe au vm oil
I'on emiettoit du pain 5 & que lei
Latins nommoienti/^/r//i^/w. LesAlle-
mands ont eifcore aujourd'hui les
mots de Broken, &c diEinbroken , qu^
£gnifient emietter. lis appelloieal
Eingebrokt ce que les Galates appel-
loient Embrckton. Sinorix 9 Sin-Riek^
nom d'un Tetraque de Galatky figni*
fie> en Tudefque^ un homme rkhe el
efprit. Solovertius (11), Saldvirtk
efl un Capitaine qui gagne bien fei
appointemens , fa folde* Oreilorii«
(11) Hefychii Lexicon. Pc. de SpanKeipa, dan
les notes qu*il a ecrites \ la marge de fon Exeni'
plaiie d'Hcfychius , leinaiquc que Saumaifc li
foit 6/Ui6/>£JtT0V.
(12} LiviusXLV. 14.
SVR L£S GaLATES. 6t
} ) , Erfier , fignifie le premier,
anus (14) Eman^ow Emmarty
eul homme, le feul brave. Bren^
, Brtnntr , eft le Bruleur. Bel-
s^Balger^ le querelleur. Enfin leS
ns propresde Leonorius^ Z^A/2-
dt ^ & de Lutarius , Lutur^ font
ore en ufage dans la Langue Al-
lande, Voici cependant quelques
res mots de la Langue des Gala-
dont je n*ai pu dechiffrer la figni-
tion , & je doute qu'on y reuflif-
[amais, parce que les Grecs &
Latins , pour les accommoder ^
r prononciation , les defiguroient
ne mani^re qui les rend m^con-
flables. Bmullarii (15), Epof^
\%) Fattfan. Fhoc. XIX. 150.
r4}Juftin XXIV. 7.
5) Saidas , Tom, I. 444. dit que les Gallo^
rs ^toient Yuccellaircs , (i'dnOhtificL , dc
la Galitie avoit re^it le «oin de Yajs det
ell aires. M. VetnfdoxtE qoi , en 1742,3
i^au Public une Hiftoirecomplectc des Ga-
de VAde mineure , m'a averti que le mot
tutdUfii eft ua teroM d« U iKifle Lacinit^f
6i Dissertation
fignatus , Comhoutis , Thtjfalorus
Compulfus^ Combolomarus , Ortiago
Chiomara.j Camma (16). Quoiqu'i
en foit, puilqu'il y avoit vine fi gran
de conformity entre Tancienne Lan
gue des Gaulois & celle des Ger
mains , il ne faut pas etre furpris qm
S. Jer6me ait trouve que la Langui
des Galates approchoit de celle de
TriJviriens , au milieu defquels i
qui defigne ceux qui avoient la garde des vi
vies. (Conftantin.Forphyr. de Theinatib. c^p. %
p. 16.) B. Vulcanius a retnaique que le mot d
BuceclUtus {c irouvc dans Ic Code Th(^odo(ici
Liv, XII. Tit. 3 S. [ Les Autcurs du Diftionnair
deTrevoux, au mot BuccelUire , d^rivenr Sue
cellarius de Bncca^ bouche , & BuccelU , bouchee
BovHiM«p/oj. lis difent que les BuccclWm
furcnt ainfi appellcs , parc<; que TEmpercur fai
foit leur d^penfe de bouche. Les Bucccllaire
^coit done une efpece de Soldats que les £m<
pereurs Grecs entretenoient dans les Province:
& dans les Campagnes. Les m^mes Auteurs di-
fent qu'il y avolt encore une autre forte de But-
telUires i'ous les Empereurs Grecs ; c'etoient dc!
Grccs de Galatie qui fournifToient du pain aus
Soldats. ]
( 16 ) Suidas Tom. 1. 444. Livius XXXVIII
It. PAufan. fhoc. XU. 850. JulUn. XXIY. 7.
I
st7R LES Galates. 6y
avoif fait quelque fejour, & que
d'autres ayentaflur^que lesScordif-
ces &c les Baflarnes avoient la ni6me
Langue. lis ^toient,les uns & les au-
tres, des Peuples Celtes.
CH APITRE VI.
1 L s'agit de determiner pr^fente-
ment la forme de gouverntment que
les Galates fuivirent apres quails fe
furent etablis dans TAfie niineure.
Leur Gouvernemcnt ctoit demo-
cratique comme celui de tous les
autres Peuples Celtes , parmi lef-
quels TautorittJ fouveraine refidoit
toujours dans le Peuple. Mcmnon
rinfinue , en remarquant que les
Princes qtti avoient appelle les Gau-
lois^fe flatterent d'abordde foumet-
tre , par leur fccours , les Villes'
libres dont TAfie mineure ^tait
remplic , mais qu*ils fe trouverent
trompcs dans leur efpcrance y les?
64 01SSERTAT1 O N
Gaulois 9yant fouteivu de tauf leur
pouvoxr y ces Villes & le Gouver-
aement qu*on vouloit y abolir.
}^Oa cnit dans le commencement ,
•> dit Memnpn ( i ) , que le paffage
» des Galates en Afie cauferoit dii
»> prejudice aux Habitans dii Pays.
^^ Pil-rrevenement, il leur fiit avan-
^» tageux. Car-pendant que les Rois
t» vouloient abolir la Democratie
« dans les Villes les Galates 1 y af-
>> fermirent, en refiftant de tout leur
»> pouvoir aux entreprifes de ces
» Princes. « -
Mais il faut dire quelque chofe
de pills particulier, & faire nos re-
flexions fur un paffage de Strabon
qui exprime avec beaucoup de net-
tete &c de precifion de quelle ma"
niere les Galates de TAfie mineure
furent gouvernes auffi long - tenis
qu'ils formerent un Peuple libre &
(i) Memno. cap. lo.
i SUR LCS GaLATES. 65
I independant i» Les Galates^ dit ce
' "Geographe (1) , font compofi^s
» de trois Peuples ^ui ont tous la
H mSme Langue ^ qui ont tous Us
9» mSmes Coutumes. lis ont partag6
» chaque Peuple en quatre portions,
*» auxquelles ils ont donn^ le nom
t^ de Triarchies. Chaque T^trarchie
n avoit fon T^trarque partiailier ,
If un Juge & un Colonel,qui ^oient
w tous ^eux foumis au T^rarque ,
ftoutrecela, deux Lieutenans-Co«
If lonels. L'Aflembl^e des douze Ti-
If trarques ^oit compof^e de trois
>^ cem perfonnes qui s'affembloient
>» dans un lieu appelle Dry noemetus.
n Les caufes criminelles oh. ii s'agif-
» foit de meurtre ^toient jugees dans
>f rAflemblee. On laiflbit la d^cifion
M des autres aux Juges & aux Ti-^
» trarques. Ceft li Tordrc que les
n Galates obfervoient autrefois. De
(>; Stiabo XII. 5^7*
66 Dissertation
»5 nos jours ilsont defere le gouvef-
p nement k trois Chets , enfuite k
w deux , & enfii^au feul Dejotarus.
» Amintas lui a fuccede* Aujour-
«* d'hui les Romains font Maitres de
» la Galatie , & en ont fait une feule
»» Province w.
Ceux qui iiront avec attention la
Germanie de Tacite fe convaincront
facilement que les Galates avoient, k
peu pres , la meme forme de Gou-
vernement que les anciens Habitans
de TAUemagne. Les trois Nations
'Gauloifes qui s'etoient etablies dans
FAfie niineure, jugerent k propos dc
fe partager en douze Tetrarcliies ,
c'eft-a-dire , en douze grands Can-
tons. C'eft ce que Tacite a appelle
Pagos &c Civitates (3). Chacun de ces
grands Cantons (4) etoit fubdivife
en quinze ou feize petits ; c'eft ce
que Tacite appelle Vicos, , & c'eft
(3) Tacit. German, ii.
(4) Quelques-uns vont chcicher r^tymologle
SUR LES Galates. 6y
de ces petits Cantons qu'il hnt en-
tendre le paflage de Pline (5) qui dit
que les Pcuples & les Tetrarchies
des Galates montoient enfemble k
195. Comme les Galates etoient tons
Soldats un grand Canton formoit ce
que nous appellons aujourdliui un
Regiment, & les petits ce que nous
nonmierions une Compagnie. Les
douze grands Cantons des Galates
^oient en quelquemaniere des Etats
ind^pendan^ Chaqu'un avoit fes
fiHa^&rztsfzrdailiers (6) qui ^oieiM^
4c nocre mot Franfois Canton jafques dans U
Laogne Gxecqae. Us le dcrivcnt de Kemrit le
coin de Tceil. U eft bien plus natuiel de laide-
river da LatiA Centum. Tacite dit qae chaqne
Canton fonxnifbit cent hommes^k qui Ton doa-
■oit le nom de Centtnuires. T/uit, Germ, tf« II diC
aillears qall appartcRoit lux AtmhUet %^i»
tales de nommet les Chefs defti'aes I rendre 1«
loftice dans cbaque Canton & dans les Villages
qoi en d^pendoient , & qae cbacun de ces Cheft
avoir cent Affefleuri choiiis patmi le Feaple. Vki
f»frk CMf. 12,
(5 Plin. y. 31.
(6) Tacit. Germ. iz.
^ Diss ertati on
choifis dans rAflembl^e generate dil
Canton oh tons tes hommes Jibres^
capables de porter les armes, ^bient
obliges de ie rendre. Les Magiftrats
etoient x^. leTetrarque. C'eftcelui
que les Germains appelloient Kinin^
gus^ & auquel les AuteursLatm don*
nent Ie nom de Rex , ou de Regulus
(7), On Ie choiftfToit dans les &mil-
lesles plus nobles du Canton x^, Le
Colonel 9 que Tacke appelle Dwr
(S). II dependoit du T^tararque > &:
Gommandoit les Troupesdu Canton*
dans toutes les M^xeditions MiU*
taires. Les Germains Tappelloient
Hert[og ou Hertog. On ddiferoit ce
commandement ^ celui qui paflSoit
pour le plus brave du Canton > &
Ie Colonel avoit deux Lietitenans-*
Colonels qui commandolent fous
lui. 3^. Le Juge , que les Cjjprmains
appelloient Gr<uf{<^^ Graphio^ con-
(7) Tacit, Germ, cap^ 7,
(«)Ibid..
{9] Ibid. cap. i>.
SUR £es Galates. 6f
noiflbit avec fes AflelTeurs toutes
les affaires civiles. Comme ies Gala«
tes etoient prefque toujours en guer*
re avec quelqu'un des Peuples voi-
iins , les douze Tetrachies pour
mieux refifier k renhemi commun
fe reuniflbient fouvent par les
deputes qui formoient ce que
nous appellerions le Parlement ,
la Diete ou le Confeil general de
la Nation. Cette Aflemblee ie tenoit
dans un lieu appelle DryrumetMis ,
Dry-vumt^hus y la maifon des troif
nomsyou des trois Peuples. Elle ^oit
compofee de 300 perfonnes, c'eft«
i^-dire, que le Tetrarque , le Juge ,
le Colonel9& les deux Lieutenans-
Colonek/le chaque Canton^s'y ren«»
doientaccompagnesd'une vingtaine
de Notables tir^s de la Nobfeffe , dn
Clerge & du Peuple. Les afl&ires
criminelks ne pouvoient fe decider
que dans TAflemblee meme des 300
perfonncsy parce qu'elles apparte^
yO . DiSSERTATIO N
noient parmi les Galates,comme par-
mi les Germains , k la haute Juftice
(lo). Les aittres affaires etoient r€-
fjiifes aux Tetrarques & aux Juge?
qui formoient une efpece de Cham-
f)re haute dans laquelie la voix d'un
Juge etoit auffi confideree que celle
duTetrarque (i i). Coinme t'Affem-
bl^e f dont je viens de parler , itoit
chargee de regler tout ce qui regar-
doit le bien 6c I'int^rSt commun de
. la .Nation , on ^tablifibit quelque
fois trois, deux , ou m&ne un feul
Chef pour commander les Trou-
pes & pour diriger les affaires.
Ainfi lorfque les Romains firent la
guerre aux Galates ( 1 1 ) > ceux-ci
Etoient gouvernes par trois Tetrar-»
,ques, Combolomarus , Gaulotus
& Orbiagon j & le dernier, qui etoit
. ^'^'*— ^ I —1— II I ■ .1 I — m— i^»
(xo) Tacit* Germ. 12. ^
(11) Livius XXXVIII. 25. Tacit Germ. I i-i 2.
(11) Liv, XXXVIU. 1^. Pol/b. inEzcerpt*
yaleCp. X14.
SUR LES GaLATES* 71
a J Tetrarque des Teftofages, n'epar-
gnoit ni fbin, nicareffes,pour fe faire
declarer Chef de toute la Nation.
CHAPITRE VII.
i L ne me refte P ^» ^"e de repon-
dre k la derniere queflion propof(6e.
On demande en quel terns les Galatcs
ujferent cT avoir des Chefs de leur No*
tion , & fotmerent un Etat indepen^
dant. C'eft ainfi que portent le Mer-
cure de Paris , & la Gazette de Ley-
den du 19 Novembre 1740. Je crois
qu'il faut lire , en quel terns les Ga^
lates cejferent d^ avoir des Chefs de leur
Nation & de former un Etat indlpen*
dant , parce que les Galates ne tom*
berent dans la dependance que IofP*
qu'on leur ota les Chefs tir^s de leur
propre Nation, au lieu qu'ils fiirent
un Peuple. Souverain & indepen^
dant auffi long-tems qu'ils confeiv.
y^rent ces Che6 (jui , bien-loia dq
71 DlSSfiRtATIOK
jouir d'un pouvoir illimit^ , ^oietf ^
refponfables au Peuple de leur acK
miniflration.
Quoiqu'il en foit , il eft conftant
que Nicomede traita avec les Gala-
t^s , comme avec un Peuple ind^-
pendant. En les engageant pour le ^
fervir contre fes ennemis, il promit j
de leur afligner des terres , de leur |
payer un fubilde annuel & de leur 4
laifTer la liberie de fe gouverner fe« \
Ion leurspropresLoix.il eft certaia 4
encore qu'ils conferverent cette in- i
dependance pendant des fiecles en- \
tiers fans avoir d'autres Chefs que ^
ceux qu'ils s'etabliftbient eux-mS» j
mes. Au |ieu de payer des tributs 9
lis en tiroient de tous les Peuples j
voifins. Au lieu d'obeir, comme des f
iujets^auxRoisdeBithynie^ilsr^iif^ ^
terent de tout leur pouvoir <i ces ^
Princes^orfqu'on voulut fe fervir de '^
leurs armes (i) pour opprimer les .gj
(ij Mf mao. cap. i«. 4
ViUei :
SITR LES GaLX^TES. J^'
lleslibres, & pour y abolir la for-
degouvernement qu'ils fuivoient
: m^mes , c'eft-i-dire, la D^mo-
ie. II eft vrai qu'ils eurent pliu*
:"sguerres k foutenir, & qu'ils re-
nt, en difF^rentes occafions, des
cs coniiderables. Mais ils ne per-
tt pour cela ni leur liberte , nt
fouverainete , & ils ne tombe<*
dans la fervitudc que lorfque
mpereurs reduifirent la Galatie
•ovince Romaine. Pour Juftifier
e je viens d'avancer, 'A fijffira de
3rter ici les evenemens les plus
orables deTHiftoiredesGalates
is leur etabliffement en Afie.
iviron trois ou quatre ans apr^s
es Gaulois eurent pafl*6 en Afie ^
rent battus par Antiochus , Roi
irrie, qui prit, pour pr^texte de
lerre qu*il leur declara, les co^.
ontinuelles qu'ils faifoient dans
les Pays voifins. Je ne vour
spasnier qu'Antiochusi n'eut ei|
y^ Dissertation
Pergame (5) , dont je viens def
mention. Ce Prince, voyant lesC
loi$ occupe5» Sc afFoiblis par la gu
dans laqiielle ils avoient louteni
Antiochus Hierak centre Selei
Coilinicus Ton frere , profita de <
occafion pour leur refiifer le ti
qu'ils tiroient de fe$ Etats coi
des autres Provinces de TAfie
neure. » La fortune 9 dit Tite-l
i>(7),favaril3, contre toute attc
M une entreprife fi hardie , & A
H lus eut le defTus dans la bat
H que les Gaulois lui livrerent.
ne doute pas que Ja perte des C
lois ^'ait it6 coniid^rable dans c
occafion. Ce fut apr^s qette de:
(8) qu ils coufentirent de s'^loi|
des cdtes de la Mer &(, du Royai
( S ) Polyb. In Exc. V4ef. p. io|, &
Yalef.p. 19.
(«)Juftin. XXVIII. a.
. (t) Livi us XXXVIII. K.
(«) P^ufan. Attic, lib. I, cap. f. p. ii, ;
Up* «. p. IB* Stxabo XU- S^^*
J^ergame , & en mSme terns de
tter la Bithynie , pour aller s'eta-
dans le coeur de TAfie mineure.
(r complaire au Roi de Bithynie^
'rent mourir Zielas-(9) fils d*urte
tiiere femme de Nicomede que
Foliftoboiens avoient foutenu
Li'alors contre les enfans du fe*
1 lit, auxquels le pere avoit laiflS
Royaume. Attalus, de fon cote,
>laudit fi fort de cette viftoire ,
•litre letitre de Ga[atonikcs{id)j
les Grecs lui donnerent^il prit
nSme celui de Roi (i i), que fes
lecefleurs , Philiterus & Eum^-
n'avoient point porte. U fit auifi
er dans le chateau de Pergame
ableau ( 1 2)oii fa viftoire etoit re-
entee , & Ton montroit, dans le
) Prol. Trog. Forap, xj Memno. cap. 23»
o}Said. in Nikandro. Valef ubi fupr^.
i) Polyb. in £xf« Valef. pag lOj. Livius
III zi.Scrabo. XIII. 624.
i2)Fanfan. Attic.p. 12. &Fhoc. XV.p. S9 3«
D3
7S DlSSERTATION
jneme endroit , les riches depoi
qu'il avoit gagnees fur Tennemi
cette bataille. II femble que les
lois eux-memes fe fuffent attei
la perdre , puifqu*ils avoient
(13) a leur arriere garde des
mes , avec des facs d'or & d'ar
leur ordonnant de femer des ef
letong du chemin , au cas que
fliee Gauloife fiit battue , afin q
eut le terns de s'echapper pei
que rennemi s'amuferojt a ran
un butin dont le Soldat eft fi a
La precaution etoit efFedivc
des plus fages. Le ftratageme ,
Attalus s'etoit fervi pour donn
courage k {es Troupes , n'ef
moins curieux. On peut le voir
Polyenus (14). Cependant il n«
pas oublier ici ce que dit Tite
(15) que w la viftoire d'Attalu
(13) Frontin. Stratag. lib. II cap. 13
(14) iPoIyaenus lib. IV. cap. 19. n. i.
(li)Livius XXXVIII. i(J.
SUR LES GaIATES. 79
?>ta?tit pas le courage des Gaulois
^jufqii'^ Icur-faire quitter rEmpire
Indent lis etoient en poffeffion <<.
Comme cet Hiftorien ajoute , itn-
aediatement apres, qu'ils coniervfc-
mt leur pouvoir jufqu'ii la guerre
'Antiochus avec les Remains , je
J {qais prefque oil placer hi defaite
s Gaulois dontileft parl^ au Cha-
rre VIII. (v. 10 ) du fecond Livre
•s Machabees. Judas , pour ranirner
jtroupes , leur rappelle » labatail-
ie que les Juifs avoient donn^e
contre les Galates en Babylone,
^ns laqiielle les Macedoniens ,
qui etoient venus k lecir fecours ,
etant ebranles , fix mille d'entre
eux feulement avoient tue fix
mgt-mille homines, par le fecours
qu'ils avoient re9U du ciel. » II y
a dans ce rccit pluficurs difficuhcs
le je ne fuis pas en etat de refou-
e. i^. Les autres Hiftoriens affu-
nt pofitivement que les Galates ne
D4
8o DlS€£RTATIOK
pafferent I jamais le Mont - Taut
xii dans leurs courfes, ni dans 1(
expeditions Militaires* Le paffs
qui vient d'etre rapporte , \
xe qu'ils p^netrerent jufques
la Province de Babylone. i^.
Prideaux (i6) croit devoir rap
ter cette defait^ des Galates k
It4i avant J. C. ( 17 }. Cela i
pent, lis avoientbattu cette ann
Seleucus , Roi de Syrie , & d'a
apres cette viftoire , ils eiireni
nouvelle guerre k foutenir c<
Eum^nes^Roide Pergame, & c<
Attalus, fon fucceffeur,Attaqu6s
^ Id) (lideaux » Hid. dcs Juifs II. P.
(17) D'autres croyentque ce fut fovt.
gne d'Antiochus Socer , qui inoucut vei
262 avant notre Ere vulgaire. Mais les
difficnlt^s fubfiftenc tou jours LesGaulo
avoient pafle en Afie au nombte de
horames I'an 278 avant J. C., s'amufcrcnt
des conqu^ces dans la Thrace & dans I
circonvoifins. lis eurent enfuite dc c
guerres I foutenir contie Antiochus Sou
Icuc |ua beaucoup de monde.
StTR.LES GaLATES. St
!urs propres Etats , il n'etoit pas
oflible qu'ils envoyaffent une Ar-
i^e nombreufe dans des Pays eloi-
nes. 3^. enfin la plus grande dif-
iculte, c'eft que les Galates, pendant
out le terns qu'ils ont form^ en Afie
to Etat fepare & independant, n'ont
imais pu mettre fur pied des Arr
nees de 120000 hommesr
[Laifiant done la cette defaite,qui re«
prde^ peut-Stre , quelques Troupes
Mixiliaires des Gaulois qui fervoient
m Orient , & qui fe reyolterent
lOntre le Roi de Syrie , difons un
^t d'une autre defaite qui ruina
lffe£livement FEmpire des Gaulois
^ Afie, en affranchiffant de leur do-
nation les Peuples qui leur etoient
butaires. lis avoient fourni (18)
; Troupes auxiliaires k Antiochus
^Grand,dans la guerre qu'ilfoutint
tttre les Romains, Tan 564 deRo-
t(is) Livius XXXVII. «. IS. 3». ^0, Suid. T.
D5
St Dissertation
me , 190 ans avant J. C. Vantt^
fuivante, Manlius, quiavoit (ucdP
^ Scipion TAfiatique dans le CohfU
lat 9 alia attaquer les Galates da!9
leur Pays. II prit pour pretexte d
cette guerre qu'il entreprit (19) far
ordre du S^nat , le fecours que h
Galates (10) avoient fourni au R<
de Syrie contre la Republique. Ma
on fent bien que ce n'etoit \k qu'i
pretexte, puilque tousles allies d'A
tiochus devoient Stre compris daj
la paix qu'il conclut avec les Re
mains. Le veritable motif de
guerre (11) fut d'arrSter les courfc
& de dompter la ferocite dcs Gali
tes , qui n'avoient fait aucune foi
miffion au vainqueur , & qui cont
nuoient d'infefter les Provinces vo
lines par leurs brigandages. La cho:
( 19 ) Livius XXXVni. 45* Flor. II. it. At
Via. de Vir. llluft. cap. 59.
(20! Livius XXXVIII. 12. Floius II. 1 1.
(xi) Livius XXXYIII. 11.
SUR LES GaLATES. 8}
uffit h Manlius. Les Gaiilois 6U«
at (ii) , en diverfes rencontres ,
isde loooo hommes tues &c Von
iireuxplus de 40000 prifonniers.
>endant leur mine ne flit point
le. D'un cdt6 le$ Romains ^par*
-ent la T^archie d'Epoffognat
qui avoit refufe des Troupes
liaires k Antiochus. De Tautre ",
Jius , en leur accordant la paiic
s vinrentlui demander, ne tou-
point k letir liberte , & ne leur
>fa aucun tribut , fe contentant
iger d*eux (24) qu'ils vivroient
aix avec Eumenes , RoidcPer-
2j &c qu'ils renonceroient k la
ume de faire des courfes dans
les Pays vohlns* Les clrcoriP-
es devlnrent m^me bient-tot
favorables aux Gaulois. Eume-
App'tan. Syr. p. 185. Livius xxxriii. 47*
Tom. I. 464.
. ^-viu> jc XX VII I. IS.
|.) U. xxxviii. 49.
D6
^4 Dl^S^EftTATIOJr
nes s'etoit flatte que les Rom
foumettroient la Galatle*jt,iadc
nation : peut-etre le lui avoit-or
cfp^rer. Maisilfe rendit lui-m
fufped aux Romains. On I'ac
tfavoir foutenu fecretement Pei
Roi de Macedoine (25), dans lei
qu'il faifoit la guerre k la Repi
que. Pour punir Eumenes de <
trahifon , le Senat envoya Lici
^26) aux Gallo-Grecs, avecla c
mifTion fecrete de les foulever
tre le Roi de Pergame. Pour lej
courager k la guerre, onleur pe
d'occuper des terres (17) abani
nics qui etoient k leur bienfeai
on leur confirma le droit d'inde
dance (x8) aux memes condii
que Manlius leur avoit accord
(2s) tolyb.Op. mum.ss.p. 9i«»n. ^5.
ju 104. p. s»i2.
{%6) Id n. 93. p. 91O'
(27} Livitts XLV. 44^
(itj Polyb. a* 102. p par- *
SVK LES GaLATES. Sf
en tin mot , dit Polybe (19; , le Se«
nat aopordoit tous les jours quel-*
quesnouvelles faveursaux Galates^
& les aidoit de tout fon pouvoir k
foutenirleurlibertc. LesGauIoiseu**
rent fouveot le deflus dans cette guer-
re avec Eum^nes (30). lis re^urent
auffi divers echecs j auxquels il faut
ra^porter ce que dit Diodore de Si*
cile (3 1) qu'Eumenes , par fa bonne
conduite, delivra fon Royaume des
plus grands perils , & foumit toute
la Nation des Gaulois.
On voit dans Appien & dans Juf-
tin (31} que les Gaulois foufFrirent
beaucoup dans la guerre des Ro-
mains avec Mitridates. lis demeure^
rent toujours attaches a la Rcpubli-
que 9 & le Senat (3 3 ) leur laiiTa leurs
(29', Folyb. n IC4. p. 932.
(30^ Id, n. pj.p. 91*' ".$>7 p'9".9.
'31, Diod. Sic. inExc. Valcf. p. lit.
'32^ Appian. Mitbridat. Juftin. xixvil. x^^
(i 2/ Ciccco Ocao pto Kege Dejotaio.
86 Dissertation
Loix & leurs Tetrarques. Ainfi, du'
tems^de Jules-Cefar (34), D^jotarus
^toit Tetrarque d€ toute laGalatie;
& nous avons vu que ce furent les
Gaulois qui lui de^rerent ce com-
mandement. Amyntas lui fucceda
dans cette dignite (35) , & ^apresfa
moft , la Galatie flit reduite en Pro-
vince Romaine par TEmpereur Au-
gufte.
Je finis par une reflexion que j'ai
oublie de placer en fon rang. Saint
Jerome foutient que les Gaulois eta- ^
blis en Europe defcendoientdeceux j^
qui demeuroient en Afie , & il fe •
fSche prefque contre Varron , ou ;-
contre Laftance (3 6), qui avoient af :.
fure le contraire. La raifon fur la* .
quelle i4 fe fondc, c'eft qu'il efl conf- _
tant que ces Peuples ont pafle d'O- j
rient en Occident , & non -d'Occi- I
(34) SextiRuf. Brev.cap. T4.ScraboXII.5tf7. .^
{is J lidem. ibid.
(36; Hieranyra. pratfat. in II. lib. Comment.
Fpift ad Qalaus Ojcr. Tom. IX. p. i j j.
SUR LES GaLATES. 8/
It en Orient. Cette raifon n'ell
ucun poids. Je fuis perfuad<5 que
premiers Habitans de TEurope y
lent venus d'Afie. Mais ces an-
tines migrations , qui remontent
ucoup au-deli des tems connus
THiftoire profane, empSchent-
:s que , plufieurs fiecles aprcs ,
elques Peuples de TEuropC' n'a-
it pu repaffer en Afie ? II eft cer-
i/jue non-feulement les Galates ^
is encore les Phrygiens , les Bi-
^niens , les Lydiens & plufieurs
res Peuples de I'Afie mineure y
>i?nt paife de TEurope. II faut
ivenir, par confequent, queS. Je-
ne combat mal a propos des faits
nontres par une raifon de (imple
lifemblance. Tout cc qui Texcufe
, c'eft qu'il avoue lui-mSme tres^
;enuemcnf (37) *que ,'depuis plu-
urs annees , il avoit abandonn^
genre d'etude , pour fe confacrer
ies recherches^plus importantes*
[if) Hicioiiym. abi fupci*
18 D I s c o ir R s
DISCOURS
SurVEofpidition de Gyrus centre
les Scythes (^),
PAR M. PELLOUTIER.
§. 1. 1 L y a dans Ammien-MarcelUn
tin paffage qui m'a paru meriter
qiielque attention. Parlant de la Mo-
narchic des Perfes, il dit ( i ) que
» cette Nation vidorieufe etendit k
>> la verite fa domination jufqu'il la
»^ Propontide & ^ la Thrace ; mais
»• que par Tambition de ks Princes ,
» qui ne penfoient qu'i accumuler
« conquete fur conquete , elle fouf-
jp frit auffi plufieurs echecs. Elle re-
» 9ut le premier du tems de Cyrus,
» qui ayant pafK le Bofphoreavec
{ ♦ ) Extrait dcs Mcmoircs de rAcad^mie de
Berlin , Torn. X. Anncc i7 54« p. 47^-504.
(1} Amm. Maic. lib. xkixi. \q6, p. 367.
5UR L'Exp. de: Cyrus. 89
ne Armee , dont le nombre ap-
roche prefque de la Fable, fut
>talement defeit par Tomyris ^
.eine des Scythes , qui vengea
ruellement la mort de {es fils. •«
'oflius parle de ce paffage , &
(i) » qu'il ne fgait ce qui ^toit
enudans I'efpritcL Ammien-Mar-
*llin, pour ecrire que Cyrus paf-
L le Bofphore , tous les Hiiloriens
QTurant unanimement qu'il pafla
Araxe , pour aller combattre les
f aflagetes , au lieu que perfonne
'a jamais dit qu'il eiit paiTe le Ba^
hore. a
. eft bien vrai que la plupart des
loriens font p^rir Cyrus dans une
>edition contre des Scythes Mair
etes, qui demeuroient dans le voi-
ige de la Mer Cafpienne. Mais ^
Lir ne pas prendre le change^ il eft
n de faire ici deux remarques*
2} Yoffius ad Jaftin. lib. I. ca£. U
i
90 DiSCOURS
La premiere , c'eft que Tautoritc de
cette foule d'Hiftoriens que Voffius
oppofe k Ammien fe reduit dans
le fond au feul temoignage dUero*
dote , que les Ecrivains pofterieurs
ont fuivi & copie les uhs apres lest^^
autres. La feconde , c'eft qu'Am-
mien-Marcellin , qui fait paffer le
'Bofphore k Cyrus, pourattaquerdes
Scythes etablis en Europe , n'a pas
invente cette particularite comme
Voffius femble Pen accufen II ecri*
yoit fon Hlftoire fur la fin du IVe;
fiecle. Philoftrate avoit dit deui
-cents ans auparavant (3) que » Cy-
» rus , ayant paffe le Danube , pour;
» faire la guerre aux Maffagetes , &
» aux Iffedons , fut tue par une fem-
» me qui commandoit ces Barbares ¥*
L'Hiftorien qui avoit fourni ce fait i
Philoftrate , etoit, felon les apparen-
'ces, le meme qui avoit appris k Jor- 1
(j) Philoftrat. Heroic, p. 677.
I
.L
I
suR l'Exp. de Cyrus. 91
d6s (4), que Tomyris, qui battit
rus , etoit Reine des Getes , ou
:hs , qui demeuroient au-deli du
lube, & que Darius , fils d'Hyf-
es, vint attaquer dans leurs Pays,
Iques annees apres la mort de
rus.
I s'agit donf de f^avoir , fi Am-
n-Marcellin, qui avoit lu & relu
■odote , n*a pas eu de bonnes rai-
s pour s'ecarter fur cet article de
recit , & s'il ne Ta pas fait fur la
de quelque ancien Hiftorien ^
I nous n'avons plus k la v^rite »
s dont le temoignage lui a paru
ferable k celui d'Herodote. C*eft
que je me propofe d*examiner
iS ce Difcours. On dit, commund-
nt, que les tenebres de THiftoire
ienne commencent k fe diffiper
IS leregne de Cyrus. Celaeft vrai
IS un fens. L'Hiftoire de ce Prince
4} Jornand. Hift. Gothox. ca(p. lo.p. 6t^
91 DiscouRS r
fournit quelques epoqufes qui
roiflent fures. Mais Cela.n*emp6cl
pas qu'il ne regne encore beaiicoiij
d'obfcurite & d'incertitude dans
qui eft rapporte des gtierres &
la mort de ce Fondateur de la M(h
narchie des Perfes. Les prelivess'd ^
prefenteront en aflez grand nombr^ ^^
pour faire conclure a tout Lefteurjtt* ^'
dicieux, qu'au lieudecherchericiW '^
certitude , il faut fe contenter le pld ^
fouvent de la fimple probabiBlf J ^}
& que le fentiment le plusre^u^iS^ '^
le plus accredite, eft quelque fois 1(? ^
moins probable de tous. Avant tou«^ ^)
tes ces chofes , il eft A propos de'' ^:
rapporter ici ce que les Hiftoriens
dont les Ouvrages ont echapp^ aut
injures du terns , racontent de Tex*
pedition^ des Grecs contre les Scy-
thes. *
§. II. Voici en abrege ce qu'endit
Herodote. h Apres avoir foumis la ^
f> Lydie , Cyrus n^gligea de poufr
£3
5UR l'Exp. de Cyrus. 9)
T ies conquStes du cote de Ho*
ie 9 parce qu'il fe propofoit d'at*
quer premierement Babylone^
s Saces & Ies Egyptiens (5).
yant done reduit Ies Babyloniens
: leur Ville , il lui prit envie de
umettre auffi Ies Maflagetes,que
yn dit Stre une Nation nom*
rcufe & vaillante , ^blie vers
Orient 9 au'del^ de TAraxe, dans
t Toiiinage des Ifledons. II y en
qui pretendent que ces Maflag^*
:s font un Peuple Scythe ( 6 )•
^Araxe fort du Pays des Manti6-
iens , & fe partage en 40 bran*
ties qui vont fe perdre dans des
[arais , k la referve d'une feule qui
t decharge dans la Mer Cafpienne
7). Cyrus fut poufTe par beaucoup
le puiflantes raifons k attaquer Ies
Aafl^etes ^ qui occupent la plus
[^Herodot. lib. I. cap. 155,
[f] JkU, cap. zoi.
ij\^M. cap. ZQZ%
94 DiscouRS
» grande partie d'une vafte plaincij
9> fituee k rOrient de la Mer Cafpien-
» ne. La premiere etoit fa naiflance, ^
t> qui fembloit i'elever au-deffus d</-
w la condition humaine : la feconde^ ^-
*> I'heiireiix fucces qu'il avoit eu dans ^'
w toutes (es guerres. De quelque corff-
»> qu'il portat fes at- mes , il ne trou-»r
•» voit aiicun Peuple qui fut capable/^
>* de lui refifter (8). Les Maffagetes,
» qui avoient perdu leur Roi , etoient
« gouvernes alors par la Reine Tor
t> myris fa veuve. Cyrus, qui ne char* '<
9> choit qu'un pretexte pour commen-
»> cer la guerre , fit demander Tomyris
» en mariage ; cette Princeffe comprit
« qu'il en vouloit moins k fa perfonne
»> qu'au Royaume des Maflagetes ;
» elle rejetta fa propofition, & Cyrus
»* marcha d'abord vers TAraxe avec
p fon armee (9). Pendant qu'il ^toit •
^5
(i) Hcrodot. ikid, cap. 204.
$UR l'Exp. de Cyrus. 95
occupe k elever des tours fur des
bateaux , & k jetter un pont fur le
Fleuve , Tomyris lui fit dire par
un H^raut , qu'il pouvoit s'cpargner
tous ces preparatifs ; que s'il avoit
une grande envie d'effayer {qs forces
contre les Maflagetes , elle ofFroit de
fe retirer avec fon arni^e , jufqu'i la
diftance de trois journees de che-
min , afin que les Perfes puffent paf-
fer librement le Fleuve, exigeant la
mSme chofe de Cyrus, s'il aimoit
mieux que la bataille fe donnSt dans
fes Etats ( 10). Le Roi de Perfe ac-
cepta la premiere de ces propofi-
tions contre le fentiment de fon
Confeil , auquel il prefera I'avis de
Crefus, qui lui difoit que fi les Perfes
venoient malheureufement k etre
battus en-^deqk de TAraxe toutes les
Pravinces de leur Empire feroieat
expofees aux incurfions des Batba-
■ ■■ — i— ^
(xo)Hcrod<tf..W'^cap..4o^. • . ,
\
;5
9$ BiscouRS
•« res , aii-lieu que s'il avoit le boiMi' |£
»heurdebattrerennemiau-delkda. s
4> Fleuve , tout le Royaume des Mat '
h fagetes feroit k fa difpofition (i i)»h'
Ce qui fuit dans H^rodote n'eft
ignore de perfonne, & il fuffirad^^*
rindiquer en deux mots, a Cyrul ^ c,
*» ayant paflK TAraxe avec fon ar^4 5
li m^e, tira d'abord un avantage af-^ ji
4* fez coniiderable d'un ftratagSmo
h que le m6me Cr^fus lui avoit fug^
•i g^r6 avant que d'6tre renvoyi
^ Perfe avec Cambyfe. II abandon-*
•» na le camp qu'il avoit etabli k une
* journce de TAraxe , n*y laiflant
>»qu'une tres- petite garde, & fit'
H mine de retourner vers le Fleuve
navec fon arm^e. Les MafTag^tef i
>> attaquerent ce camp ayecla.troi-^
H &6me partie de leur arm6e, & s'eii
H emparerent facilement ; ils le trou-
#verent rempli de provifions dcr-
(1 1) llciodo^ lib. !• cap. lojr.
Mtoat^f
5
JUR L*Exp. DE Gyrus. 97
e forte , & f e gorgerenttelle-
it de viandes & de boiffon
Is tomberent tons dans un pro-
I fommeil. II ne fut done pas
:ile k Cyrus , qui revint
fes pas, de les furprendre, &
fs accabler. On en tua un grand
ibre ; on fit encore plus de pri-
liers , entre lefquels etoient
gapife, fils de la Reine Tomy*
qui avoit commande le d^ta-*
nent des Maffagetes (12.). Ce
ce ^tant revenu de fon y vreffe,
e voyant charge de chaines ^
Cyrus de permettre qu'on le
It , & auffi-tot qu'il eut les
IS libres, il fe tua lui-m6me ( 1 3 }•
Iques terns apres les chofes en
ent a unebataille decifive, dans
elle une grande partie de Tar*
des Perfes fut detruite. Cyrus
leme y perit,apres avoir regn^
■■ i I ■ ■ —— — —
Eierodot. lib. I. cap. tix.
Ibid, cap. 213*
w IJL E
9$ D I s c o u R s
»vingt-neuf ans. Son corps a;
»6t6 trouvd parmi les morts,
}^myns lui fit couper la tete qu
» fit plonger dans un vaifTeau {
» de fang humain , en difant : 7
ff/aie pcrir mon fils par un Jli
^ gcmc , & je u rajfajjicrai dc fc
y^ comme jc t'cn avois minacc {xi
Apr^s avoir ainfi rapporte la
faite de Cyrus , Herocjgte a la be
foi d'aj outer qu'on wraconte,
>> v^rite , en plufieurs manlere
» mort de ce Prince , mais qu'il
» tient ^ ce qui lui a paru plus \
» ftmblable ». Les Hiftoriens po
rieurs qui ont fuivi , & le plus i
vent copie Herodote , encherif
jfur roriginal. Par ejcemple , h
dit que « Tomyris rendit a C)
» ftratageme pour ilratag8me,raj
M attir^ dans un c^file , oil il p
» avec ^ooooo Perfes , fans qu'il
(<4) Heiodot, Ub. I, cap. 914.
SUR l'Exp. db Cyrus. 99
idiappSt un feul qui pfit porter
bns fon Pays la nouvelle d^une fi
rande d^faite (15) >>. Orofe en dit
ant (16). Diodore de Sicile^ffure
* « rarmee des Perfes fiit non-
tilement battue & taillee en pi6-
?s , mais que Cyrus lui-mSme ,
>rant ete feit prifonnier, fut mis
1 croix par ordre de la Reine
^our revenir \ Herodote , le d6-
de la guerre de Cyrus avec les
flagetes lui foumifTant roccafion
dire un mot des moeurs & des
itumes de ce Peuple , il ajoute :
es Maflag^es font habilles k la
19011 des Scythes,& ont auffi leur
laniere de vivre. lis fervent h, che-
al ayant pour armes Tare 9 la
lace & la hache d'armes 9 actyifu^.
\ts armes font toutes d'or, ou d'ai-
j >" ' ■ ' *
15) Juftin.Ub. I. cap. %. lib. xxxva.cap. 3;
16) Orof lib. 11. cap. 7,
17) Diod. Sic. Ub. II* cap. 44*
100 D I S C O U R s
H rain. lis fe fervent de Tairain
nfaire des lances ^ des carqu<
»des baches. Les cafques, 1(
» raffes, & ce qui couvre les 6]
»font enrichis d*or; lis nefe k
.» ni de fer , ni d'argent , parc<
,»ne s'en trouve point dam
h Pays , au lieu que Tor & V
uy abondent (i8). A T^ga
>»ieurs Coutumes, ils epoufer
>» cuh une femme , mais ils s\
»vent en commun. Car ce qi
3> Grecs attribuent aux Scythe
» cet article , eft propre aux I
•i^getes , & non pas aux Sc
» Quand une femme plait k ur
»fagete , il n'y cherche point
H tre fa^on que de la faire mont
j» fon chariot audevantduquel i
» fon carquois^pouravertirxju
♦ifonne ne doit venir troubl
i>plaifirs qu'irprend avei: eH
'i^-~i — 1— '
sua l'Exp. de Cyrus, ioi
nre de mort le plus comimin
rmi eiix , c'eft que , quand ua
aflagete eft accable de vieillefTey
us les parens s'affemblent, & Te-
rgent avec quelques brebis. lis
It bouillir enfemble toutes ces
airs & s'en r^galent. Cette forte
mort paiTe parmi eux pour la
IS heureufe de toutes. Au lieu
manger ceux qui meurent de
ladie, on les cnterre , & on les
ime madheureux de n*etre point
rvcrius k fitre immoles. Us n*en-
aencent point leurs terres,& vi-
it tant de leur betail , que du
iflon que TAraxe leur fournit
grande abondance. Le lait eft
ir boiflbn ordinaire. Entre les
eux , ik ne fervent que le So-
, auquel ils immolent des che-
ux , eftimant que le plus rapide
5 animaux doit etre ofFert au
IS rapide de tous les Dieux ( 1 9) »>.
)) Herodot. lib. I. cap. 2 1 (S • .
E3
JOX D 1 S C O U R 5
§• III. Qu'il me foit permis
fentement de faire mes r^fle:
fur le long paflage que je vie
rapporter. H^rodote eft d'a(
avec Ammien - Marcellin po
fond m^me du fait qure je m
propofe d'examiner. Ces Hiftc
affurent Tun & Tautre que (
fut tue dans une bataille qu'il
k la Reine Tomyris, Mais ib
rent fur trois circonftances. Pr<
renient Herodote pretend qu(
myris ^toit Reine des Maffag
au lieu qu'Ammien-Marcellii
qu'elle (^toit Reine des Scythe
fecond lieu , celiii-ci aflure qu-
rus fit pcrir deux ou plufieu
de Tomyris ; Hdrodote , au
traire , ne fait mention qii
feulSpargapife. Enfin ce qui e
effentiel , Hdrodote pl«\ce le c
de bataille , oil fe donna ce fi
combat, au-del^ de TAraxe , a
qu'Amien MarcelHn le tran
au-deli du Bofphore , qu
SUR L*Ex^ DE Cyrus, ioj
iffer ^ Cyrus pour venir attaquer
» Scythes en Europe. Mais , au
efte , H^rodote merite-t-il beau-
loup de foi dans ce qu'il raconte
tettc expedition ? J'avoue que je
:rois avoir de bonnes raif6ns d'en
buter. Ce n'efl pas que je pretende
ccufer cet excellent Hiftorien ni de
lenfonge , ni de malignite , comme
ont fait Ctefias & Plutarque. II
ut lui rendre cette Juftice , qu*il
oit» plein de probite & de bonne
L II regrie dans fes r^cits une nai-
te qui charme •, & qui prouve , k
utLedeur equitable, qu'Herodote
fe prevenoit pas en feveur de fes
fros & des.Peuples qu'il afFeftion-
it , jufqu'i deguifer leurs deftiuts ,
qu'i les combler d'eloges aux de-
ns de la verite. La queftion fe r^-
it uniquement k f9avoir fi Hero-
ic a ^crit ici fur de bons Memoi-
, s'il etoit inftruit de ce qui re-
doit ies Scythes & les Perfes , au-
E4
104 D I s c o u R s
tant qu'il I'^toit des affaires d'Egypte
pu de celles de fon Pays, Straboi
affur^ment ne le croyoit pas; Voic
ce qu*il en dit au Livre XI de f
Geographic (xo). « Les anciens Hii
wtoriens ont appell^ Saces & Maffa
» getes les Peuples qui font au-deli
M de la Mer Cafpienne ; mais il n'd
♦^toit pas poffible quails en diffen
» rien d*exaft , quoiqu'ils foient en
» tres dans un afTez grand detail d
wla guerre de Cyrus avec les Mai
wfagetes. lis n'ont pas trouv^ pk
» de foi dans ce qu'ils rapportent de
>} anciennes affaires des Perfes , tar
» k caufe de leur {implicit^ , que d
»plaifir qu'ils prenoient a debits
» des fables. Comme ils remarquoier
»que les fiftions des Poetes leu
' » faifoient ^eaucoup d'honneur , il
»ont cru rcndr^leurs propresEcri)
wplus agreables aux Lefteurs, c
(*©} Stiabo lib. XI. p. 507, 5 ol.
svR l'Exp. de CyrDs. 105
onnant pour vraies des chofes-
u'ik n'avoient pas vues , ni feu-
rment apprifes de perfonnes bien
ifiruites. Auffi ajoutera-t-on foi
lus fadlement h uir Homere , k
n Hefiode , ou aux Poctes tragi-
ueSydans ce qu'ils ^ent de leurs
eros , qu'a un Ctefias , un Hero-
ote ^ un Hellanicus, & k d'autres
[ifloriens de cet ordren. EfFefti-
nent les Perfes , qui avoient Id
Ouvrages d'Herodote , Taccu-^
mt de s'etre etrangement coow
; 9 en avan9ant fur leur fujet des*
^{es auffi eloignees de la vraifem'
ttce que de la verite. « De que'
ont, difoient-ils ( a i ) , cet Hif^
wien ofe-t-ilavancerqueXerce*
la des fleches contre le Soleil >
tt*il fit enchainer la Mer comme
n garroteroit un Crimihel } Ne
;avoit-il done pas que nousrc*.
11; Diogeo.Lalrt. Yit. rhUof. inTroxm.^ s^
tt>6 DiscouRs
»»gardons le Soleil &c la Met co
♦> des Divinites,& que ce Prince
Hfort attach^ k la Religion des
» {es , dont il fuivit les principi
» d^truifent les Temples & les
»tues des Grecs?» Puifque i
Hiftorien etoit fi mal informe <
<)ui s'etoit pafle parmi les Pe
prefque de fon terns ( 2li ) ? &
les yeux de la Grice , il eft ^
fumer qu'il n'etoit pas mieu:
truit des ev^nemens ant^rieurs
<lemi-fiecle au terns de X
(23) , je park des expeditions
lamort de Cyrus. Auffi ne en
pas trop me hazarder, en afl
^u'H^rodote n'a connu ni les
iag^tes, ni la Situation de leur 1
ni enfin la caufe & les fucces
»>■ i I I . ■
(a 2) Les Hiftoficna placcnt Tcxpedit
Xcret^scontte ta Gr^ce I la df iixi^me annt
UCXVe. Ol^nrpUde, 47P avant J. C. He
AYoic » daos ce tcins-li » cinq 1 fix, ans.
( 2 i ) Cyxui mourut^ ou fat tuc $ 2p tn
J.Cbiift.
SUR L*Exp. DE Cyrus. 107
erre qu'ils curent k foutenir con-
Cyrus. Commenjons par iafitua-
n de leur Pays.
1^. Notre Hiftorien affure done
e les Maffag^tes avoient leurs cta-
flemens dans ime vafte plaine qui
k rOrient de la Mer Cafpienne.
Ealloit, par confequent, que Cy-
5 paflat rOxus^ou le Jaxarte, pour
er les attaquer dans leur Pays.
I lieu de cela , Herodote lui fait
ffer TAraxe (24) , qui, fortant des
Dntagnes de TArmenie, coule k
>ccident de la Mer Cafpienne , &
' decharge du m8me cdte. C'eft
e bevue qu'on ne pent excufer
I'en difant , avec Strabon , qu'on
^oit foumi k THiftorien Grec de
»-mauvais Memoires d\in Pays
i etoit prefque inconnu de fon
ms. En voici une nouvelle preu-
j. Parlant de TAraxe, Herodote
(x4) Suahfi \ih, %1. p. 49I' $01 ic 5i7^W*
£6
la^ Discoufts
dit (15) que «ce fleuve fe partagia
>> en quarante branches qui vont fe
H perdre dans des Marais, k la r^ferve
»d'une feule qui fe decharge dans t
» la Mer Cafpienne »• Pour enten-^
dre ce paffage , il eft bon de remar- «
quer que les Geographes anterieurs ;
au terns d'Herodote , croyoient que |
la Mer Cafpienne etoit un golfe de s
rOcean Septentrional qui rentroit <
fort avant dans les terres de ce c6- '^•
te-1^. Us croyoient avec auffi peu j;
de fondement que TAraxe (x6) & i
partageoit en quarante branches dont (-
une feule fe dechargeoit dans la Mer . :
Cafpienne , au lieu que les trente- v
neuf autres avoient leur embou- <
chure dans TOcean SeptentriondL j|
Herodote etoit un peu mieux infer- ^
me. II avoit appris que la Mer Cafc ]^
pienne ( 17 ) ^toit un grand Lac^ \^
• ^[
(25) Hcrodot. lib. I, cap, 202. ^
{z€) Strabo lib. XI. p. 512. 513. ' *
(2 7 j Heiodot. lib. I. cap. xo 2 . fin.
suR l'Exp. de Cyrus. 109
jntour^ de tous cot^s par des terres
{ui n'avoient aucune communica-
ion avec la Mer Oceane. U avoit
ippris auiTi que TAraxe n'entroit
ians la Mer Cafpienne que par une
feule embouchure. Mais c'efl auili
tout ce qu'il en ii^avoit. Ne r9achant
jue feire de ces trente-neuf bran-
dies du Fleuve , dent les Geogra-
phes avoient parlc d'une maniere (1
pofitive , il prend le parti de dire
qu'elles vont fe perdre dans desMa-
rais. Peut-6tre auroit-il mieux fait
favouer de bonne foi que le Pays
8c le Fleuve qu'il decrit,etoient peu
connus de fon terns.
a^. Herodote n'apas mieux connu
les MafTag^tes mSme , qu^ les Pays
oil ils etaient ^tablis. II ignore s'ils
Potent un Peuple Scythe.. Plufieurs*
dit-il , Taffurcnt ; ils ont d'ailleurs la
mdme mani^re de vivre & de s'ha-
biller que les Scythes. Pour lui il
n'oib rien decider i ou plutot il de«
110 D I s c o ir R s
cide iformellement que les Grecs at-
tribiient mal-i-propos aux Scythes
ce qui eft propre & particulier aux
MafTagetes. J'aurai cependant occa-
fion de montrer dans la fuite que
les Maffagetes etoient indubitable-
ment un Peuple Scythe qui avoit
pafle d'Europe en Afie ; & par cela
meme qu'ils etoient Scythes , il faut
les decharger de cette odieufe im-
putation , » qn^k la verite ils pre-
» noient chacun une femme , mais
^ qu'ils s'en fervoient en commun)*,
Herodote convient qu'il n'oferoit
leur attribuer un pareil deborde-
ment , s'il etoit certain qu'ils fiiffent
Scythes. EfFeftivement les Loix du
mariage etoient fort feveres parmi
les Scythes , & Tadultere y ^toit or-
dinairemept puni de mort. A Tegard
de qe qu'on attribuoit aux Maffage-
tes d'egorger leurs Vieillards pour
les manger dans un feftin funebre
qu*oU(.celebroit k leur honneur , j*ai
SUE l'Exp. ve Cyrvs. Ilf
montre ailleurs (iS) que ce n'etoit,
ielon les apparences, qu'une &ble. H
eft vrai que la pKipart des Peuples
Scythes avoient la barbare coutume
de feire mourir leurs Vieillards de-
crepits; mais iis ne feifolent en cela
que (e rendre aux prieres & aux
infiances de ces Vieillards qui de-
mandoient avec le dernier empref-
fement qu'on les tirSt de la vie par
une mort yiolente , parce qu'ils
etoient dans Topinion que ceux qui
mouroient de mort naturelle n'e-
toient point re^us dans le Valhalla ,
c'eft-i-dire dans le fejour de la gloire
& de la felicite. Au refte , il eft
confhuit que ces Peuples briiloient
leurs morts. Comme les funerailles
d'un Scythe etoient une folemnite,
oil les parens & les amis du defimt
etoient invites & regales avec pro-
fefion pendant pluiieurs jours ^ ii
(it) Bi^ del Celt. Uy. II. CJk IV. £• stf'74%
112 D I S C O U R S •
ne faut pas etre furpris qu'onalt-
accufe les MaiTagetes de s'aflembleri
non pour enfevelir leurs morts , mais
pour les devorer.
3 ®. Enfin , &c c'eft-l^ ie principal ,
Herodote n*a connu ni la caufe , ni
le fucces de la guerre que Cyrus fit
aux Maffagetes. II dit que beaucoiip
de puiffantes raifons poufferent le
Roi de Perfe k entreprendre cette
guerre , & il donne poiu" les princi-
pales ; « premierement fa naiffance »
»qui fembloit Telever au-deffus de
>»la condition humaine; & en fe--
«cond lieu Theureux fucces qu*il
« avoit eu dans toutes (es guerres.
»De quelque cote qu'il portat fes
»armes, il ne trouvoitaucun Peuple
>>qui put lui refifter». De fembla-
bles raifons pouvoient eblouir un
Alexandre, un jeune etourdi qui,
dans la vigueur de Page , n*ayant pas
encore eprouve les caprices de la
fortune, acquiefcoit k tout ce que fes
suR l'Exp. de Cyrus. 113
ilateurs lui difoient desmerveilles
fa naiflance & de la force invin*
[e de fes armes. Mais Herodote
ce Texpedition de Cyrus contra
MafTagetes k la derniere annee
fa vie. Age de foixante & dix ans ,
Prince devoit fentir qu'il etoit
nme comme les autres, & fa for-
le, quelque grande qu'elle fut, n'a-
It pas ete fans revers. Au refte ^
is verrons dans la fuite que Cy-
eut une raifon beaucoup plus
te d'attaquer les Scythes. , C'eft
?, depuis un terns immemorial, ces
iples avoient toujours ravage les
)vinces dont ce Prince venoit de
re la conquete , je parle de la
•die & des Pays qui en d^pen-
ient. 11 n'y avoit que quelques
lees que les Scythes avoientaban-
tine la Medie, apres s'y Stre main-
lus durant 18 ans entiers. II etoit
tic tres-naturel que Cyrus , apres
oir conquis le Royaume des M^-^;
114 DiSCOURS
des, penfltaufli k s'enafTurer la poit:
feflioii , & a le mettre k couvertdd
incurfions d'un hote fi incommodei
On ne peut pas douter qu'ii n'ait j:
r^ujfli dans fon projet. D*un cbti^
Us Perfes avoient une grande iStc,'
oil ils celebroient la m^moire de la
defaite des Scythes; de Tautre, de-
piiis le regne de Cynis les Scytbd ?
fe tinrent en repos , & ne penferent ,j
plus k ravager TAlie , cotnme ils Fa- j.
voient fait fi fouvent; Je ne pr^
tend pas que Cyrus n'ait re$u quct
que echec dans la guerre qu'il ft
aux Scythes; mais je montrerai dans
la fuite qu'il s'en releva , & qu'il
n'eft pas poffible que les chbfes fe
foient paffees de la m^nierc rap-
portee par Herodote, L
§. IV. Quoiqu'il en foit , puifque [
cet Hiftorien avoue lui-m8me qu'on i
contoit la mort de Cyrus de difFid- i
rentes fa^ons , dont il n'a pas juge k \
propos de faire mention, voyons fi i
SVK VExp. D£ Cyrus. 115
lous ne pounions pas decouvrir
ians les autres Hiftoriens ce qu'il a
trouv^ bon de fupprimer. Ecoutons
pour cet effet ce qu'en difoit Ct^fiasy
qpii avoit ecrit une Hiftoire de Pcrfc
en XXIIL livres. Son Ouvrage eft,
k la verite, perdu depuis plufieiu^
fiedes ; mais Photius nous en a con«
Gnve des Extraits aiTez etendus , oil
Ton trouve enabrege les principauic
^eoemens de la vie de Cyrus. Je
Gpus que Ct^fias eft un Auteur fort
dl^crie, &qu'on Taccufe d'avoir d^
\nti y fans aucun jugement , les cho«
ks les plus incroyables. Mais outre
qu'Herodote n'eft pas exempt de ce
defeat, & qu'il a merite par-lA d'etre
appelle , non-feulement le Fere de
THiftoire , mais audi le Pere des
Fables, il eft certain d'ailleurs f 19)
(29' Ariftot. Hift. Animal, lib. II cap I. lib.
Till. cap. 2t & dcgencrat. Animal, lib 11. cap.
X Voyf^- aaili Photius si la £n 4c Ton Extiait de
rHi&oue dc Ctciias.
ii6 D- iscouRS
que les reproches qu'on a feit k Ct6c
fias tombent principalement fur foa
HiftQire des Indes , oh. il rapp.ortoit
plufieurs chofes fur la foi des te-
moins qui lui paroiffoient dignes de
creance, mais qui s'etoient joues de
lacredulite, ou quiavoient eteabu*^
fes les premiers. Je fjais encore <
qu'on Pa accufe d'avoir ecrit foa
Hiiloire avec beaucoup de partia-
lite. Mais, fans repeter ici tout ce ^
qu'Henri Etienne (30) allegue pour
le juftifier fur cet article , il eft
bon de remarquer que Plutar-
que , qui pretend que Ctefias etoit
trop prevenu en faveur des Lkce-
d^moniens , accufe Herodote d'un
defaut encore plus odieux, c'eft d'a-
voir parle de la plupart des Peu-
ples de la Grece avec une noire
malignite, Au refte , quand tous c^
reproches feroient fondes , il faudra
(3 0} Hcnr, Stcph. ad Calccm Hcrodoti p. 6 3 1 .
& prsfat. ad Fragra- Ctcfiae.
5UR l'Exp. de Cyrus. 117
-toujours convenir que Ctefias de-
-iroit coimoitre , au moins , Tan-
cienae Hiftoire de Perfe (} i). II avoit
demeure 17 ans h la Cour d'Ar-
taxerces, Roi de Perfe , qu'il fervoit
eo qualite de fon Medecin. Le cre-
dit oik il etoit aupres de ce Prince ,
III! avoh d'ailleurs procure la per-
miflion de fouiller dans les Archi-
ves & de confulter les Annales (3 2),
oil , en vertu d'une ancienne Loi ,
Fon ccrivoittout ce qui arrivoitde
plus remarquable dans TEmpire.
() I ] Celt eft vrai ; nuis on n'cn condura ;a-
fluU que Ct^as t ct^ on Hiftorien fidcle. Qu'on
ca jagc par le nombre (TEcrivains on pr^enas ,
•amecluBSy oa ignorans qui ^crivcnt i'Hiftoire
4e nos jean. Les ans ne Yoycnc que Icur ob/et,
les ancres n'ecment que ce qu'ils Teulent, fup-
ftuaent les faits oa en inventent qu'ils pnblient
avcc SB Ironc d'airain : ceuz-lsk coachcnc fur le
fopiefy fans aacon ezamcn, routes les Anecdote*
.ft toote* les Relations dont on leur fait pare...
H»tl cahos qoe THiftoire ! Sc combien la pof-
t^te n'eft-eUe pas ezpofee a ajonter foi aux
venTcniges des fbotbes accr^ites ?
^i z, Diod. Sic. lib. 11. cap. 3 2/
ii8 DiscouR*
Beaucoup mieux inftruit qu*H^rO<
dote, qu'ilavoit fouvent occafionde
relever , je ne vois pas que Gtefiai
put avoir aucune raifon de rappor-
ter les evenemens de la vie de Cy-
rus autrement qu'il ne les avok
trouves dans les Annales (33); &
cela d'autant plus qu*il s'agiflbitde
faits qui devoient etre encore de
notorietc publique parmi les Per-
fes(34).
§< V. Voici done en fubftance ce
que Ctefias rapportoit de la vie &
» > •
(a) Klen de plus concli^ant. Si Ctcfias ii'a<*
Toit aucun intec^t de trahii la verite, de la dii^
ilmuler , s*il a eu la liberte de fouillei dans Icf
Archives de la Nation , s'il etoit jvidicieux St
cclaire, s'il ne fc propofoit, en ecrivanc THif-
toiie, d*autre but que dMnftruiie la poiUrite de
ce qui s'etoic palTe, il eft hors de doute qn'oa
doic le regardet comme un Hiftoricn fidele.
(34) Cyrus mouruc $ 19 ans avanc J. C. Ct^
iias fuc fait prifonniet par le Roi Artaxerc^
Memnon, & entra jL Ton lervice 40 1 ans avant J*
C* Son Hifloire de Perfc fimfToic i I'an 19%
tvant J. C, & celle d*Herodote va jufqu'i I'aA
<4i| avant notre Ere Tulgaite.
svR l'Exp. DE Cyrus. 119
ies expeditions de Cyrus , fuivant
tExtiBit que Photius nous en a
doni^.
u U difoit (35) qu'Aflyage , qu*il
* appelle auili Aitygan, n'ctoit point
♦ parent de Cyrus. Apres qu'il eut
tete mis en fuite , &c qu'il fe fut
» rendu k Cyrus, ce Prince Jc tira
» au bout de quelque terns de la pri-
» fon , rhonora comme un Pere , &
» epoufa meme fa fiUe Amytis qui
»etoit veuve de Spitama. Enfuite
» Cyrus fit la guerre aux Baftriens,
f & dans une bataille quife donna.
If Tavantage fut a peu pres egal de
i»part& d*autre. Mais les Badriens,
If ayant appris dans ces entrefaites ,
If que Cyrus en\uibit bien avec Af-
f» tiage , & qu'il avoit meme epoufe
y ia fiile , fe foumirent volontaire-
lament k Amytis &c k Cyrus,
(3s) Phocii Biblioth. Sc^l. LXXII. p. lo6, ^C
kk Calcc Reiodoti p. ^37*
110 D I S C O U R s
>> Apr^s cela Cyrus tourna
^ armes contre les Saces ^ & d
»> cette guerre il fit prifonnier le ]
» Amorges ,mari de Sparethra. C<
h Prinreffe,ayant appris que fonn
» etoit entre les mains de Tenne;
»>aflembla une arm^e de 3oo<
» hommes & de looooo femmes
» marcha contre Cyrus,qui fut vi
» cu,& fait prifonnier (3 6), avec I
f^ mifes, frere d*Amytis , & troij
» fes fils. De cette maniere Amoi
yf obtint fa liberte, ayant et^ ^cha
pf contre les prifonniers Pe^j^es.
» Cette guerre etant termiiii
» Cyrus marcha contre Crefus ,
^ aifiegea la Ville de Sardes , Am
» ges Tayant fervi dans cette gu€
>> en qualite d'allie.
» La derniere expedition de (
V rus fiit celle qu'il entreprit coe
» les Derbices,qui avoient pour 1
(3^ ) Jc Tuis ici la vcrfion commune. >
Ic paiTage Gccc ci-deiTousj X. note (82).
wAmorrh
\
suR l'Exp. de Cyrus, m
T ^Amorrheus. Ces Derbices s'etant
i »niis en embufcade avec leurs ele-
^pfaans, batlirent la Cavalerie des
#Perfes : Cyrus lui-mcme fat ren^
i^verfe de fon cheval, & bleffe
9P daagereufeinent a la cuiffe par Tun
i»des Indiens qui etoient venus au.
i^fecours des Derbices , & qui leur
»avoient amene des clephans. Les
» g#»ns de Cyrus , I'ayant rele vc , le
» porterent au camp. II pcrit dans
|S» cechoc beaucoup de Perfes, & au-
» tant de Eflrblces , la perte ayant
ete de locoo hommes de chaque
cote. Amorges , informe de ce qui
etoit arrive a Cyrus, s'avan^a k
grand pas , menant avec lui loooo
hommes de Cavalerie Sace. II fe
donna l^-defTus une batailie entre
les deux armees. Les Perfes &c les
Saces y remporterent une vidoire
i^;nalee , Amorrheus ayant ete tue
\fsr£c deux de fes fils & trente mille.
tomclU. - F
m T> 1 s c o V R I
>f Derbkes , an lieu que I<
»ne perdirent que 9000
nDe cette maniere le P
n Derbices fut foumis k
f> Ce Prince , voyant appr
9^ fin , etablit Roi Cambyf(
f» aine. II declara Tanioxar
n fecond fils. Seigneur des E
H des Choramniens > des P<
»des Carmaniens, ordonn
» poffedat tous ces Pays
» payer aucun tribut. Les
n de Spitama , f^avoir Spitad
f^ gaberne furent nommes le
» Satrape des Derbices , & I
ndes Barcaniens. 11 ordon
» Princes d'obeir en toutes
» !eur Mere. Enfin il voul
donnaffent la main k Am<
»qu'ils fe la donnaffent
»pour marque d'une ami
w'proque, fouhaitant toute
H profperites k ceux qui Tei
1
5UR L*Exp. DE Cyrus, ii)
I »iT0itnty6c donnant famaledidion
r »k ceux qui entreprendroient de la
» vioJer. Ayant prononce ces paroles,
nH mourut le troifieme jour de fa
»bleflure , apres avoir regne trente
n ans. Cambyfe , etant ainii parvenu
i»i la Royaute , fit conduire le
» corps de fon Pere en Perfe par
^rcunuque Bagapates , & executa
f»tout de la maniere que Cyrus Ta*
:»voit ordonne>».
5. VI. Voili en abrege ce que
Itefias difoit des expeditions de Cy*
que j'examine, & de fa mort.
ne vojs rien dans fa narration
peche contre les Loix de la
iferftblance , & qui ne s*accorde
divers morceaux de lUifloire
Pcrfe qu'on trouve dans les Ou-
des Anciens , tant Geogra-
quHifloriens. Je vais le mon-
cn peu de mots, apres avoir feu-
averd que je n'ai pas cru
114 P I s <i o u B
4evoir donner ici un Ext
nophon , comme je Tai £
dote & de Ctefias. Apre
& relu la Cyropedie avec
d'attentfon , je n'y ai tro
beau Roman oii I'Auteur
de tracer le portrait d'ui
& d'un grand H^ros , ms
feut pas chercher , pour
des termes de Ciceron , 1
Hiftorique (38). Quand
autrement, Xenophon, qv
folt plus favorable que
ne me fournirolt cepends
lumiere pour decider les
que j'examine. II dit, h
dans une efpece de Prefat
voit a la tete de fon Hiftc
rus , que ce Prince fe rei
4e la B^ftriane , & du Pc
. /|«) Cicero Epift. ad quint. £
]Epift..i.
5uft t^Exp. DE Cyrus. 115
?5; mais , au refte , il ne fait au-
ine mention de ces expeditions
ns le cor]ps meriie de fon Ouvrage.
reviens prefentement k Ctefias.
5. VIL Cet Auteiir affuroit done
? Cyrus i apres avoir foumis Ici
des , fit h guerre k quelques Peu-
5 barbares qui etoient etablis au-
fus de la Medie, vers la Mer Caf-
ane. C'eft de quoi tous les autres
koriens demeurent d'accord. lis
lifFerent de Ctefias , & entre eux,
f par rapport au nom qu'ils don-
tt k ces Peuples. Juftin les appelle
thes (39). C'eft un nom com-
n que les Grecs donnoient k tous
Peuples du Nord. Ctefias lesap-
le Saces (40) , parce que les Per-
defignoientfous ce nom tous les
pies Scythes. Jomandes les ap-
^) JuHijt. lib. I. cap. S.
o Hrrodoc. lib. vii. cap. €j^,
- Fj
ii6 D I s c o u R s
pelle Getes C41) ; c'eft le nom qu^^
portoient en Europe , au-deli d\l
Danube,oii lis avoient leiirs ancicn-
nes demeures. Enfin Herodote lea
appelle MafTagetes; c'eft iin furnoa
qu'ils portoient en Afie, & oh leui
nom prppre de Getes entroit, feloi
Its apparences , pour quelque chofe
§• VIII. Si on me demande, apri
cela, quel Peuple etoient ces Sacc
^ qui Cyrus fit la guerre , felon Ct^
fias , je repondrai que c'etoient dc
Scythes qui avoient paflK d*Europ<
en Afie , oii ils avoient fait pliifieut
etablifTemens tres-confiderables. Jv£
tin le fuppofe ainfi. Parlant desScy*
thes, il dit (41) qu'ils ccontcon*
»traint Darius, Roi de Perfe, i
» s'enfuir honteufement de leur Payi
» oil il etoit verm les attaquer ; quil
»ont taille en pieces Cyrus ava
w toute fon armee ; qu*ils ont H
- I — ^
(41) Jornand. Getic. cap. X. p. ^24.
(42) juAin. lib. U. cap. i.U lib.xxxvii.M
S0R l'Exp. de Cyrus, iij
truit Zopyrion , General d'AIexan*
dre-le-Grand, avec toutes fes trou-
pes; qu'ils ont mis en fuite Phi-
ippe , Roi de Maccdoine ». II eft
nnu que les Scythes que Darius 9
; d'Hyftafpes , vint attaquer en Eu-
pe , etoient des Getes qui demeu-
ent au-del^ du Danube , fur le-
el ce Prince fit jetter un pont
ur porter la guerre dans leurPays.
i f9ait aufli ( 43 ) que Zopyrion,
i commandoit en Thrace pour
?xandre-le-Grand , ayant entre-
s. Vint expedition contre les G^-
, y perit avec toute fon armee^
Mais de peur qu'on ne m'objefte
que ce paffage de Juftin prouve,
I verite , que Cyrus , Darius Hyf-
pe , Zopyrion & Philippe de
icedoine furent tous battus & de-
ts par des Scythes , mais qu'il ne
oit , peut-etre , pas fur d'en con-.
\m) Q. Corcius lib, X. cap. i. fin.
F4
>i8 DiscouRs
dure que ces difFerens exploits dor
\ent Stre attribues k un feul 6cmif
me Peuple ; j'ajouterai que Scymniis
de Chio rapporte (44) , apres quel-
ques Auteurs plus anciens qu'il nc
nomme pas , qu'une partie des Scy-
thes Nomades , dont Anacharfis ^oit
iffu , avoient pafle & s*^toient ^ta-
blis en Afie,oii iis avoient re9u le nom
de Saces. Nicolas de Damas difoit
auffi (45) que les Scythes qui chat
ferent Darius de leur Pays , etoient
les memes de qui Anarcharfis tiroit
fon origine , & dont les femmes,
qu'on appelloit Amazones , avoienti
porte la guerre dans le Pays d*Ath^j
nes & en Cilicie. On ne contefte pai I
que le Philofophe Anacharfis ne fim
de la famille Royale des G6tes , que<
Darius Hyftafpes vint attaquerciu
(44^^ Scymnus Chius p. 37%. edente Th. Rye-*
kio ad Steph. Bizanc. Lugd. Batav.
(45) Nicol. Dlmafc. ap. Stob.
j^. I X t. ^ in Excerpt. Valcf. p.
. edente Th. Rye-*
atav. 1684. j
b. Serin. xxxvillJ
SIX* I
suR l'Exp. de Cyrus. 119
furope(46), & au-dela du Danube.
. Enfin Hcrodote avoue lui-mcme
(47) que le motif ou le prctexte de
h guerre que Darius fit aux Scy-
thes, fut de chatier dans leur propre
Pays des Peuples qui avoient en-
vahi la Mcdie & fubjuguc la plus
grande partie de TAfic mineure.
Pour eclaircir & pour confirmer
encore mieux ce que je viens de
r, U efl bon de remarquer que,
mis pluHcurs ficdes^ les Scythes >
il s*agjt ici , avoient pris la
lime de faire de fr<Squentes in-
'^on? en Afie , c'cft4-dire dans
IJO DiSCOURS
fiftance de leiirs troupeaux. N'
point de demeure fixe , ils fe
portoient continuellement
contree a Tautre , & tiroieni
nairement vers le midi. Apres
curent une fois paffe le Danul
s'avancerent infenfiblement
THellefpont, & vers le deti
Conftantinople. Decouvrant
im tr^s-beau pays, dont ils n'd
fepares que par un bras de m
^troit , & ^ont les habitans i
pen en etat de leur refifter ,
rent le trajet fur des barques,
des radeaux , & ravagerent t
qui fe trouva fous leuis pas.
que les premiers eurent un
paff6 , il en panit tous les )o
Bouveaux effains. Juftin preter
ks Scythes n'entrepfenoient d
peditions fi eloignees, que p<
luftrer leur nom. » Ils cherchc
99 dit-il (49) , la gloire , & nc
(47} Juliin. lib. I. cap. i. lib, II. cap.
suR l'Exp. de Cyrus. 131
•ffimpire n. Quand la chofe auroit
^evraie, les Scythes n'en eufTent
pas etc plus louables. N'efl - ce
JUS annoblir rmjuftice & !.i tu-
reur^que de pretendre qu'iin Gr'^r-
rier puiflfe acquerir de la glo-re,
ea ^ttaquant & en tuant des hom-
ines de qui il n'a aucun fujet de fe
plaindre ? Jufiin auroit bien plus ap-
proche de la veritc , s'il eut dit que
Ics Scythes etoient des brigands,
qui ne penfoient qu'^ piller & ^ fe
pourrir du travail d'autrui# Des Peu-
ples qui n*avoient point de demeure
fixe , & qui ne vouloient pas renon-
ccr k leur ancienne maniere de vi-
Tre , ne pouvoient avoir la penfee
^batir desvilles, de fortifier des
•(Mteaux , & d'y etablir des garni-
fens. Quand ils avoient tire d'un
pays tout ce qui pouvoit les ac-
commodet , des qu'ils yoyoient
que les habitans etoient ^uifes, ils
pcenosent le parti de s'en retourner
F6
X32. Dl SCOURS ^
d'oti ils etoient venus. II pare
pendant qu'ils ne fe retiroien
tous. II y en avoit plufieurs qui
commodant beaucoup du clin
TAfie mineure, & de Taboni
qui y regnoit , abandonnoient
compatriotes & leur maniere <
vre , pour fe fixer dans les coi
qu'ils trouvoient k leur bienfc
Ordinairement ils n'y renconti
pas de grandes difficultes >
que les anciens habitans du
n'^toient pas fSches d'avoir
Maitres des Guerriers, qui, po
. tribut tres-mediocre (50) ,
. gnoient & defendoient le pa]
ils s'etoient etablis , pendant
faifoient des courfes contini
dans toutes les Provinces voi
C*eft Torigine de plufieurs Sc
rainetds que les Scythes avoiej
Afie , & dont je parlerai dans
■ ' ' " i«^^"«««i»iw^i«ii^
(5<»)J«ftin. II. cap. !•
suR L*Exp. DE Cyrus. 13 j
fe.Difcours fuivans. Jc me con-
feme de dire ici un mot dcs Peuples
&ythes, auxquels Cyrus rit la guerre.
*Ctefias nomme les Badriens & les
5aces. Les Baflriens ctoient des Scy-
[ thes (51) , ou , comme Strabon les
appelle , des Saces (52) , qui s'etant
rendus maitres de la Baftriane ,
avoient pris, ou re9u , le nom du
Pays qu'ils avoient occupJ-. lis* de-
jneuroient au-defTus de la Medic ,
le long de TOxus (^5 3)' Les Saces
itoient d'autres Scythes quis'etoient
Aablis k rOrient de la Mer Cafpien-
ne , comme on le voit dans Strabon
(54). Eraftothene les plagoit (55)
ilans la meme contree , au-dela du
laxarle. II faut que ces Scythes euf-
feot pafle en Afie de fort bonne
(Sijjuftin. II. r. 3.
{szjSttaho XI. p. s 1 1-
(53) Ibtd p. 513. 514. 5 17.
{54; /W. p. J 5 1.
lis) Ibid, 2* 5*i* 5I4.5I7.
134 D 1 s c o u R s
heure , s'il eft vrai qu'ils y i
d6]k du tems de Niniis , Roi d
rie. Ceft un fait que J'exam
ailleurs. II me fuffira de par
de la derniere expedition de5
thes , qui tombe fur le comn
ment du regne de Cyaxare
des Medes (56).
Les Cimmeriens , chaffes de
rope par les Scythes, ayant p;
Afie, les Scythes conduits pa
dyes (57) fe mirent k leur
fuite, & les ayant manques,
terent fur la Medie qu'ils pc
rent pendant 18 ans. Au bout
terme > ( 5^ ) Cyaxare trou
moyen de chaffer les Scythes .
rentrer dans la poffeffion de fes
H^rodote(59) dit que Cyax
(56) 624 ans avant J. C. (Dcs Vignol
aol. dc THift. Saintc T. II. p. 2$%. 271.
(57) Herodot. lib. I. cap. 103. 106. ]
12. VII. 20.
(58) Avant J. C. 59^.
(5^) Hezodot.l. ca^. xotf. IV. u dc j{
suR l'Exp, de Ctrus. 135
ks Hides, ayant invite les princi-
pux des Scythes k un feilin, les
' JoafTacrerent pendant qii'ils etoient
dans Ty vreffe. Juflin ne fait aucune
.mention de cette particularite , &
dit feulement ( 60 ) que les Scy-
thes retoumerent dans leur pays,
oil lis eurent une nouvelle guerre k
foutenir centre leurs propres efcla-
ves. L*un & Tautre eft vrai. Les
Scythes ayant perdu leurs Chefs , la
plus grande partie de leur armde re-
tourna en Europe , comme Hero-
dote (61) le reconnoit lui-m8me,
pendant que I'autre partie fe refugia
chez les Saces , voifins de la Medie.
On peut le conclure affez natiirelle-
ment d'un feit rapporte par Hero-
dote dansun autre cndroit. II dit (6x)
que , dans iine fedition qui s'eleva
parmi les Scythes Nomades , un Ef-
(60) Juftin. lib. II. cap. 5.
(6 1) Hciodoc. lib. IV. cap. i . & 4*
^4 i; Id. lib. I. cap. 7 j*74.
•136 D I s t o V k
GSldron de ces Scythes s'ec
fe retira en Medie , oii Cy
re^ut favorablement. II s'c
ce paffage , des Scythes qi
roient fur les frontieres de
& non pas de ceux qui ct
tournes en Europe. Ce q
me la chofe, c'eit que Cya^
dans ce tems-Icl la guerre
Scythes ou Saces , fes voil
ce que Diodore de Sicile
apres Ctefias , au fecond
{on Hiftoire. On y lit (63)
Parthes, qui etoient auffi i
Scythe venu d'Europe ((
tant fouleves contre les N
mirent fous la pr^teilion d
qui les foutinrent de toi
forces ; & apres que la g\
dure plufieurs annces , la f
enfin , aux conditions que
suR l'Exp. de Cyrus. 137
Aes rentreroient foiis robeiffancc
de leurs anciens Maitres , & qu'il y
•auroit d^formais une paix & une
•alliance perp^tiielle entre les Saces
& les M^des. Ce fiit dans cette guerre
(65) de Cyaxare avcc les Saces >
^e ceux-ci perdirent leur Roi
Marmaris (66) , & que la Reine
Zarine , la veuve , eut a vec un Sei-
{oeur M^de, nommci Stryang^e,
les avantures que M. Boivin Tain^
raconte (67) d'une manicre fort ^tert-
due , mais qui tient beaucoup plus
dtt Roman que de THiftoire.
§. IX. On voit prefentement
qu'elle fut la caufe de la guerre que
Cyrus fit premi^rement aux Bac-
(i^) Diodorede Sicile, qui fuit ici Ctcfias,
rtppelle jirtihdrnat ou AJltbaras ; mais il remar*
^oe , qaelqoes lignes apres, que ctt Afliharat fut
pere d'jipdndat, que les Grecs nomment jiJiU^e,
(Diod Sic. lib. II. cap. 34.)
(66) Nicol. Damafc. in Excerptis ap. Valef. I.
{67) Mcmoirc; dc TAcad. dcs IWcrlut. T. II.
p. 14. 62. Vil. 42.8.
138 . D I s c o x; R 5
triens , & enfuite aux Sace^ ,
voifins. Tant que Cyriis fut fi
flient Roi de Perfe , il n'eiit
demeler avec les Scythes>qui ei
fort eloignes de fes Etats. Les ]
avoient leurs anciens etabliffe
dii cote de la Mer rouge (68).
ce Pnnce, qui n'etoit point j
d'Aftiage , ayant acquis la M
non piar droit de fucceffion,
par la force des armes , les Bai
qu'Aftiage avoit menages, &
lui etoient fort affeftionnds ,
niencerent^ remuer, & prin
armes pour le tirer de fa j
Dans les Batailles qu'ils livre
Cyrus , Ta vantage fiit h pei
egal de part & d'autre, M^
Baftriens ayant appris dans c
trefaites , que Cyrus en ufoi
avec Aftyage , & qu'il avoit-
{^«J HclBtot. I. 37. Strabo XI. p. j
718.
svR l'Exp. de Cyrus. 139
^u{6 Amytis, fille de ce Prince,
k. veuve de Spitama , fe foumircnt
rolontairement au nouveau Roi &
lion epoufe. Apres cela Cyrus fut
oblige de toumer fes armes contrc
Irs Saces, qui ayant un traite de
fux & d'alliance avec le Roi des
Mides , ne fe croyoient pas obliges
ikrobferver avec TUfurpateur de
ion Royaume. Le commencement
de cette guerre fut favorable k Cy-
lus. Ct^fias dit qu'Amorges , Roi
des Saces j fut fiiit prifonnier par les
Perfes , &, felon les apparences , ce
oalbc^u- lui afiiva par manque dc
pr^ution plutot que de bravoure*
On ie voit dans Strabon , qui ^ par-
hnt de la guerre de Cyrus contra
les Saces , rapporte (69) que n les
» Saces fe rejouiflbient & faifoient
» bonne chere , du butin qu'ils
» avoient gagne fur Tennemi : les
(ify Strabo Ub. XI. p. 5 <•
^40 DiSGOURS
» Generaux Perfes , qui etoie
» le voifinage , les attaquei
» detrviifirent entierement 1(
M mee. . . . D'autres , ajoute '
» (70) , racontent la jchofe (
» maniere* Cyrus ^ ayant e\
» une expedition centre les
» fut battu & contraint de ]
»la fuite. S'etant done reti
>> ie camp oil il avoit laiffe
» gage , & ou il y avoit abc
» de provifions , furtout de
» fit repofer fon Armee, Vei
» il fe remit en marche , faifa
»blant de fuir, & kiflant
» tes remplies de vivres & <
^>fons. Apres s'etre eloigne
»qu'il le criit neceffaire, il
» alte a fon Armee. Les Sace!
» mis a pourfiiivre leur enn<
» ayant trouve le Camp de
» abandonne & bien fourn
» * ""■- -.. . >^ , - - . ,. — ,
(70^ Id, ibid.
suR l'Exp. de Cyrus. 141
litres & de vin , (e gorgerent de
jii:es provifions. Cyrus etant revenu
nhr fes pas^ lestrouva plonges dans
llvreffe. Ainfi les uns fiirentmaf*
»fii€res , pendant qu'ils etoient enfe-
tvelis dans un profond fommeil j
n les autres, qui avoient quitte leurs
Hermes pour danfer & pour faire la
wie^anche , ne firent pas plus de
»refiflance k un ennemi arme, de
» forte que la plus grande partie de
»l'Armee des Saces perit dans cet
yendroit. Cyrus attribua cette vic-»
»tpire au fecours des Dieiix, &
»confacra le jour oil il Tavoit rem-
•portee k la Deeffe (71) qu'U fer-
tyoit a la maniere de fes peres ; il
» donna a la fete le nom de Sacxa.
i^On celebre cette fete dans tous les
»lieux , oil il y a un Temple de la
i» Deeffe. C'efl une efpece de folem-
il
(71; C'^oit la D^efle Aruutis , comme Stra-
^ \om I'aToic dit on pea plus haat. V§jez. fur cecce
Utgc le Livrt UJ, 4e Vmftoirt dn Ctltes , Clu«
^40 DiSGOURS
» Generaux Perfes , qui etoient dac
» le voifmage , les attaquerent t
» detruifirent entierement leur A)
M mee. . . • D'autres , ajoute Strabfi
» (70) , racontent la jchofe de cet
» maniere* Cyrus ^ ayant entrepfi
» une expedition centre les Saces
» fut battu & contraint de prend]
» la fuite, S'etant done retire dai
>> le camp oti il avoit laiffe fon b
» gage , & oil il y avoit abondan(
» de provifions , furtout de vin ,
» fit repofer fon Armee. Vers le lb
It il fe remit en marche , faifant fee
>>blant de fuir, &: ImfTant les tei
>> tes remplies de vivres & de boi
^>fons. Apres s'etre eloigne autai
» qu'il le crut neceffaire, il fit fail
» alte k fon Ai"mee. Les Saces s'et^
» mis k pourfuivre leur ennemi , i
» ay ant trouve le Camp des Perf
» abandonne & bien fourni de v
t^ " ■ ■ , . . — t
(70^ Id, ibid.
svR l'Exp. de Cyrus. 141
n^res & de vin , fe gorgerent de
•» ces provifions. Cyrus etant re venu
niuT fes pas^ lestrouva plonges dans
• rivreffe. Ainfi les uns fiirent maf*
»ia€res , pendant qu'ils etoient enfe""
yyelis dans un profond fommeilj
n les autres, qui avoient quitte leurs
)>3rmes pour danfer & pour faire la
i>(le})auche , ne firent pas plus de
^ f»r^flance k un ennemi arme, de
» forte que la plus grande partie de
i^PArmee des Saces peril dans cet
yendroit. Cyrus attribua cette vic-»
-* »tpire au fecours des Dieux, &
vconfacra le jour oii il Tavoit rem^
portee k la Deeffe (71) qu'U fer-
tvoit k la maniere de fes peres ; il
»> donna a la fete le nom de Sacxa.
i>On pelebre cette fete dans tous les
»lieux , oil il y a un Temple de la
i^Peeffe. C'efl une efpece de folem-
(71) C'^oit laD^efle ^ff4i(fi, comme Stra-
on I'avoic dit an pea plus haut. Vrfez. fur cecce
-Aiefle le Lhfrt UJ, 4e VHifioir^ da dltcs, Cha;
!i
141 DiscotirRS
f>nit6 bacchiqiie , qui dure un joftf
»& une nuit : pendant tout cc
n terns , les Perfes , tant hommes que
» femmes , habilles k la maniere del.
»» Scythes , bolvent enfemble & don* |
>» nent dans les jeux &c les plaifirs
n que le vin porte avec foi. » . . ^
On ne peut done pas douter qu^
Cyrus n'eut remporte d'abord de| ^
grands avantages fur les Saces , puif^ ■
que ces heureux fucces donnerent^ ,
lieu k rinftitution d'une fSte an« ■
nuelle , dont une foule d'Hiftorien^ ^
out fait mention , & pendant la* "
quelle les Perfes celebroient avec^ ,
de grandes demonftrations de joie ^
la memoire de la defaite des Sacei^ ;
par ce Prince. Ce fut , felon les ap-, j;
parences , dans le meme terns que^ f
Cyrus fit conftruire & fortifier fur, I
le bord du Jaxarte la ville de Cyflj .
(71) , pour couvrir les Frontieres dC| ^
(72) Strabo XI. 5x7. Airiaa. Exp» Alex. Xl« =
f, X41. a^J* I =
suR l'Exp, de Cyrus, 143
fon Empire centre les incur-
ns des Saces.
tl paroit , par ce que je viens
xpofer , que jufqu'ici le recit
Ctefias eft affez conforme k
que d'autres Hiftoriens ont rap-
rte de Texpedition de Cyrus
titre les Saces, Mais continuons
ntendre Ctefias. » La Reine Spa-
ethra , epoufe d'Amorges , ayant
ippris que le Roi fon mari avoit
:te fait prifonnier par les Perfes,af-
embla une Armee de 3 00000 hom-
nes, & de 100000 femmes, k la
:ete defquels elle niarcha contre
Cyrus , qui fut vaincu , & pris par
les Saces avec Parmifes , frere de
ta Reine Amytis , & trois de fts
fils, Des Prifonniers fi-diftingues ^
que Ton avoit fait de part & d'au-
tre , faciliterent un accommode-
■ment entre les deux parties belli-
^rantes , je Roi , Amorges ayant
^te mis en liberte , apres qij'aa eut^
X44 D I s c o u R s
j^relache les Prifonniers Pejrf
Cette Armee de trois cens r
hommes ^ que ies Saces avoient
fur pied, n'aura rien d'incroya
fi Ton vent cGnfiderer<}iie,parni
Peuples Scythes , tous les hoir
feits portojent les armes , & c
dans des cas de neceffite , les Nat
eatieres alloient k la guerre. I
dore de Sicile (73) remarque d
Ifurs expreijement que les Si
etoient une Nation puiffante ,
avoit reiifti pendant plufieurs
nees k touted les forces des Me
II n'eft pas plus ctonnant que c
grande aniie,e fut commandee
i\nePrincefle, &c qu'elle futforti
d'un corps de 200000 femmes,
montre ailleurs (74) que les f<
mes des Scythes fuivoient leurs 1
iris i^ la guerre , & que celles
(73) Diod. Sic. II. cap. 34.
(74) Hiftoiie des Celt. Liv. |. Ch. z. Liy
0^jf. 14.
Sarma
L l'Exp. de Cyrus. 145
fe battoient centre Tenne-
Scythes .etablis en Afie,"
burni des Armees enti^res
les ; & il n'y avoit encore
Iqiies annees qu'on avoit
ine Zariria (75), dont j'ai
tion (76) , commander les
des Saces, foutenir avec
la guerre contre Cyaxare ^
Medes, faire de grandes
?s fur les Peuples voifins i
Ter toutes les perfonnes de
, par fon courage & par
Fe. Diodore de Sicile, qui
ces faifs , ajoute expreffe-
) que les femmes des Saces^
& va.Ilantes autant que
om de Zarina, qui , fans aucun chin*
;nifie en Ruflien , une Princejfe , celui
, que poitoic la Ville Capicale def
Dtmafc. in Excerp. Valcf. I. p. 437-)
t prefque doutec qu'ils ^coicAC 11^
lace.
ci-deflus $. VIII. in fin.
d. Sic. lib. II. cap. 34*
^4^ D I s c o u R s
leurs maris , partageoient a^
tous les perils de la guerre.
§. X. Photiiis n'ayant dor
de courts extraits des Ouvr
Ctefias , il faut voirfi nous n
rions pas trouver ailleurs 1
des faits que ces extraits
qu'indiquer. Comme les Sa
voient tous a cheval ^ & q
Armee etoit fuperieure en
k celle des Perfes , je ne
point qu'il ne faille placer
que Diodore de Sicile rapp
Livre XVIL de fon Hiftoi
ff que dans Tune des expedit
» Cyrus , les Ennemis lui co
wles vivres, & le pouffere
» des deHles Sc dans un p
>>culte, oil ks troupes fo\
» beaucoup de la faim , &c <
)» auroient toutes peri , les
i^ ^tant dej^ reduits k fe mai
(78) Diod Sic«xvu. cap. 81.
SVR lExp, de Cyrus. 147
ns les autreSy fi im Peuple voi-
n , 'que Ton appelloit Arimafpes ,
*avoit trouve moyen deconduire
PArmee des Perfes un convoi
e 3000 chariots charges de bled
n confid^ration de cet important
irvice, Cyrus les d^chargea de
>ut impdt J leur fit de riches pr^-
ins 9 & leur donna le nom de
ienfaiteurs qu'ils portoient en-
>re du terns d'Alexandre-le-
rrand (79) ».
!^omme Quinte-Curce ajoute que
Arimafpes , qu'il appeHe Agriat
(80) p foumirent non-feulement
vivres aux troupes de Cyrus,
is qu'ils leur ouvrirent encore
rs propres maifons, il y a appa-
ce que ce Prince , apres que fon
nee eut 6t6 un peu retablie par
79)S€raboXV. 7*4,
lo) Curcins , lib. yi. cap. 3.) Arrien les ap«
€ aalG AS<i>^P^« ( Arlan. £zp. Alex, ii^
Gx
<t4S DiSCOURS
les provifions qu'on>lui avoit am
n^es f fe mit en marche pour t
tourner en Medie , & qu*il travel
le pays des Arimafpes , oti les S<
dats fe remirent pleinement de tc
ce qu'ils avoient foufFert de la fa
& du froid. Ce fut vraifemblab
ment pendant cette niarche , qi
fe donna un cHoc , ou vine batailj
d^s laquelle les Sace$ eurent
deffus , 6c prirent , finon Cyrus 1
mSme^ aumoins quelques Seignei
diftingu^s de fon Arm^e (8i). I]
eut apr^s Qeh des pourpat^krs ,
popfequence defqu^ls les Prifc
piers furent rel^ches de part §c d'j
(s i) Le Grec pone.... xai yiKx Kvfoy ,
wWafiCuyu f ftfiaif , ^itcc koU ctAAcdY wAiiV'
Xletpf^fffnl T« Til 'A^i/Tiof a<riA(po>,>tai Tpi?f a
KeLKvw d (ftih^cui, (Excerpts c^ Ccefii in O
Herodoti p. tf 3 S. ) Antant que |e puis en jug
U fauc traduiie de cette o^ani^re ; JEtCywumvi
mivofque fsfitfpr4tn pluru tUios, Psrmifem An
fr^trem , ^ tret film fjus , proftir qnot pofiti jfy
ju Ohfr^tHf^ quQd & iffi UkirAfifMiJfenf,
SVK l'Exp. de Cyrus, 149
e 5 & le Traite que Cyaxare avoit
mclii autrefois avec les Saces , re-
3uvelle & confirme, Ce Traite
bfiftoit encore du terns de Darius*
odomannus ^ qui , felon la remar-
le d'Arrien (8i) , avoit , dans TAr-
ee qu'il oppofa a Alexandre-le*
rand , un corps de Troupes Saces,
id fervoient en qualite des confe-
eres & non pas en qualite de fujets«
§. XI. Ctefias ajoutc » que la
guerre avec les Saces ayant ete ter-
minee de cette maniere , Cyrus
marcha contre Crefus , Roi de Ly-
die 9 & aili^gea la ville de Sardes ;
Aniorges , Roi des Saces , Tayant
accompagne dans cette expedition
en qualite d'allie^ ». On voit par-li
ue la guerre de Cyrus contre les
aces doit 6tre plac^e non pas k la
n de fa vie , comme Ta fait Hero-
ote , mais dans Tefpace de terns qui
(«2) Ariian. Exp. Alex. iii. p. 17 x*
G3
IJO D 1 S C O U R
s'ecoula depuis la defaite i
& la conquete de la Medie
foumife par Cyrus Tan di:
fon regne (83) , 5 50 ans av
jufqu'a la guerre de Lydie ,
lin (84) rapporte. k la LVIII
piade , c'ett-^-dire, k Tan 5
TEre Chretienne,
§• XIL La derni^re con
Cyrus fut , felon Ct^fias ,
Derbices , Peuple voifin de
mais il fut blefTe dans cetu
tion , & mourut au bout
jours, comme je Tai rapp
haut* II y a ici deux raifons
firment le recit de Ctefias ,
rendent beaucoup plus prol
celui d'Herodote.
I . Si Cyrus avoit peri
Armee dans une expeditio
(83) L*an4i64 dc la P^riodc Ju
DCS Vignolcs Chronol. de THiftoi
11. p. J 51.
(i^jSolin. cap. i.p. i.
suR l'Exp. de Cyrus. 151
s Scythes , on auroit de la peine k
>fnprendre qu'aucun des Peuples
i*il avoit foumis pendant un regnc
r 30 ans, n'eut remue aprcs famort^
que Carobife , fon fils & fon fiic-
ffeur y au lieu de penfer a repouf*-
r les Scythes , eut forme , des le
mmencement de fon regne, le
ojet de foumettre I'Egypte.
2, La feconde raifon efl encore
us forte^ Les Perfes mcntroient
5) i Paffargada lefepulcre de C^-
s , magnifiquement orn^. Deux
ns & quelques annees apres la
ort de Cyrus , Alexandre-le-Grand
It la curio lite de faire ouvrirfon fe-
iilcre. On y trouva le corps dece
rince couche dans un cercueil d'or
86 ) , qui etoit pofe fur une ftrade
u m8me . metal. Ces particularites
le peuvent fubfifter avec le recit
(85) Scl-D. LV. p. 62. Plin. VI. cap. 26.
(«6) Arrian. Exp. Alex, v i. p. 43;-. 43 7* Strabb
X^.p. 730. Plutarch. Alcj. p. yc^J.CuTciusJJp.f .
G4
151 D I S C O U R s
dUdrodote , mais elles s'accc
parfaitement avec celiii de Cl
qui dit que Cambyfe fit condi
corps de fon pere en Perfe , p
^tre enfeveli , & qu'il execut
ce que Cyrus lui avoic ordon
mourant.
§. XIII. Apres ce qui vient
expofe , il fera facile de detei
s'il y a quelque chofe de vrai <
paffage d'Ammien-Marcellin
porte au commencement de c
cours. Nous avons vu que Cy r
tit les Saces, & fut battu par eu
tour, dans des Pays fitues c\ Vi
de la Mer Cafpienne. Autant q
poffible d'en juger , ce Prino
d'abord I'Oxus & le Jaxarte ,
.fit les Saces dans leiir propre
apres quoi il s'en retourna , (
nant avec lui le Roi Amorges
avoit fait prifonnier dans u
taille , ou par flratagcme. La
Sparethra , ayant promptemc
suR VExp. DE Cyrus. 153
r pied ime nouvelle arm^e de Sa«
s qui fervoient tous k che val , paila
; jn&mes Fleuves , & atteignit Us
rfes dans unecontr^e deferte , voi-
e des Arimafpes & de la Dran-
ine , qui eft un Pays connu. Am-
en-Marcellins'eft done trompe en
(ant paffer le Bofphore h Cyrus ,
mme Herodote s'cft m6pris en lui
(ant pafTer I'Araxe. U eft facile de
couvrir ce qui a tromp^ le premier
ces Hiftoriens. Ammien favoit que
Saces , k qui Cyrus fit la guerre ^
>ient des Scythes venus dTurope.
favoit que Darius , fils d'Hyftafpe ,
oit paffe le Bofphore , & enfuite
Danube , pour attaquer dans leur
opre Pays desPeuples qui avoient
itrefois envahilaMedie&unepar-
ede TAfie Mineure. Regardant la fe-
mde de ces guerrescomme une fuite
: tine continuation de la premiere,
a era devoir fuivre Topinion des
ttteurs qiu leur donnoient le mSmc
1^4 Discourse Sec:
th^tre^ Voil^ ce que j'avois k din
de Texp^^tion de Cyrus contre leu
Scythes. Dans un autre Difcours jc
parlerai plus au long 6es migratioiis
des Peuples Scythes qui avoient
paff^ en Afie , & des difFerentes So*
verainetes qu'ils y avoient etablies*
C'efl: un fujet qui , autant que je k
puis faroir , n*a pas encore etc trait^
& qui ne laiffe pas d'etre intereffaut
par la liaifon qu'il a avec ce qui noui
refte de Tancienne Hiftoire de VM
fie Mineure.
»55
5SERTATION
Origine des Romains {^) ^
I M, PELLOUTIER.
faut pas etre furpris que TO-
les plus grands Empires foit
rement obfcure , & incer-
-es premiers commencemens
ete petits , & prefque imper-
es. La valeur , Ja prudence ,
5 , la temperance , tirent les
s de la poufliere , & les ren-
gnes & capables de comman-
X autres. Mais elles ne le
ue par des progres infenfi-
lu lieu que le luxe , la moU
a violence , font capables de
fer dans le terme de quelques
;, ce que la Vertu n'avoit pro-
,ie dans une longue fuite de fu-
-xtiait des Memoircs dc TAcademie dc
Tom. Vlt. Annee 175 x. p. ^03. ii>,
G6'
UfS. DiS S.ERTAT tON
£le$. Ce que je viens de dire fe ren
que particulierement dans THiftc
de I'Empire Remain. La mine
cet Empire , & les caufes qui !'(
attirec, ne font ignorees de perf(
ne. Son origine , fans remonter *
tems fabuleux , ne laiffe pas d'e
des plus incertaines.
Ilfaut avouer cependant que
tenebres , qui couvrent les-f
miers fiecles de THiftoire Romaii
n'empSchent pas qu'on ne pu
dire de Torigine de cette Republic
quelque chofe de plus proba
que ce qui en a ete dit jufqu'i
pourvu qu'on life les Anciens a
un efprit critique , & qu'on fa
feire ufage de plufieurs monum
inconteftables , qui fuppleent au
faut d'une bonne Hiftoire,
Mon deffein n'eft point de
terminer le tems oil la Ville
Rome fut fondle , ni de recherc!
qui en a ete le Fondateur. Les p
sua LES ROMAIKS. 157
^ja^denx des HHloriens Romains
conviennent que tout ce qu*on pu-
ilioit de la naiflance de Romulus ,
de la maniere dont il fut eleve , &
^ dela fondation de la ville de Rome 9
itoit fabuleux & deftitire de toute
r Traifemblance. Servius , Tun des plus
t iavans hommes de TAntiquite, apres
^ avoir lii tout ce qu*on avoit ccrit
. fur ces differens fujets , conclut en-
( £n de cette maniere : ( i ) ^S"^ voirs
examine^ la chofc avtc attention , vous
' TU trouvere[ jamais deux Hifloriens
qui fount d* accord fur les Fondateurs
its y tilts dont Us font mention ^juf
fucs Ik quon neptut rien dire dc cer^
4ain de Forigine de la Ville mime dc
^ Rome.
' Je foufcris de bon coeur \ fon fen-
tunent.Mais je crois qu*en s'arretant
i A,^ generalites , & fans rien de-
tenniner , ni fur le Fondateur de
cette celebre Ville , m fur Taimee
. » ■ ^
{1} Scmos ad. JEncid. lib. Yii« p* 4P5« ^7^
ijj Dissertation
de fa fondation , on peut , au
dire quelque chofe de cert
rOrigine des Remains ; & «
que je me propofe de montri
ce Difcours.
Je fuis fermement perfuai
les Remains etoient Grecs <
ne ; & je conjeflure que ]
de Rome etoit originaireme
Fortereffe que les Grecs etab
la grande Grece , ou dans le
me de Naples, avoient batie
bords du Tibre , pour arri
courfes des Hetruriens , (i)
dire , des Barbares qui deme
au-deli de ce fleuve. C'eft
marquoit le nom Grec de Pj
que les Latins rendoient p;
de VaUntia. Cette Origine <
mains n'etoit pas conteftee
tems de la' prife de Rome
(i) Servios. ibid, p 598.675.
(s; Martian. Heracleot. p. 230. Soli
SUR LES ROMAINS. 15^
raulois. H^raclide de Pont ^ qui
crivit peu de terns apr^s cet ^v^-
ement , le rapportoit en ces ter«
es : (4) La nouvdle arriva (TOc-
Unt qu'une armie , venue du pays
f Hyperboriens , avoit pris une villt
'ccque , nommie Rome , Jituie prls
la grande Men Effe^^ivement y fi
n veut fe donner la peine d'exa-
ner (-5) les Loix,]a Religion^
abillement , la Langue , la manicre
vivre des anciens Romains , on
doutera pas qu'ils ne fiiffent
CCS d'origine. Leurs Loix ^toieht
ipruntees des Grecs. Quand ils
nferent k les reformer, a les aug-
?nter , & peut-6tre k avoir des
►ix ecrites , ils s'adrefferent pour
a aux Grecs (6) : ils envoierent k
henes des Deputes y qui en rap^
4) Heraclid. Pont. lib. de Animi ip. Pt»#
;h. Camill. Tom. I. p. 14.0.
5) Voyez, ci-deflbus note fi2\
6) T. LiviU9 III. a I. Dionyf. Hal. X. tf7«»
i:6o Dissertation
porterent une coUeftion de !
que Ton redigea d'abord en di:
bles. Dans la fuite , on en i
encore deux autres ; & c'eft ce <
appfelloit la (7) Loi des XII Ta
Leurs Rois etoient aufli Gre
chofe n'eft pas conteftee pai
port aux ( 8 ) Tarquins , qu:
toient originairement de Cori
d'oii lis avoient pafle en Tof
& de 1^ a Rome. Si Romulus
mais exifte , le nom meme qu'i
toit , ne permet gueres de c
qu'il nefut Grec d'origine. Lei
ligion etoit aufli celle des Gre
adoroient Jupiter , Junon , Nep
Apollon 5 Minerve , Ceres, \
Pan , & meme Hercule qui
un Dieu nonveau parmi les (
On peut voir dans Denis d'Ha
nafle (9) la conformite de leui
(7; Dionyf. Hal. X. 684. Diod. Sic. xi
(8j Dionyf. Hal. III. 184. Strabo viii.
{9) Dionyf. Halic, lib. I. p. 17.3 »•
SUR LES ROMAINS/ l6l
, & de leurs Ceremonies ^ avec
lies des Grecs. Strabon fournit ici
ux particularites remarquables. La
rniiere , c'eft (lo) que Caecilius^
dorien Romain , jugeoit que la
le de Rome devoit avoir 6t6 fon-
* par des Grecs , parce que , de
ite anciennete , on y avoit fervi
rcule 9 de la meme ipaniere &
ec les m6mes Ceremonies qui
)ient re9ues en Grece. La fecon-
, c'eft (i i) qu'^ Phoebe , k Mar-
Ue , a Rome , &C dans Tide de
lio , la Deeffe Minerve etoit re- .
efentee aflife , ce qui paroiffoit
traordinaire aux autres Grecs. La
fon de cette conformite fe deve-
pera bientot d'elle-mSme. Les Ro-
lins tenoient encore des Grecs
ir manicre de vivre & de s'habil-
*• lis portoient des cheveux courts.
I o) Strabo lib. V. p. 1 3 o.
^i i) Suabo lib. xin. p. 601.
i6% Dissertation?
au lieu que les anciens habitans
ritalie etoient diftingues par
chevelure longue. La Robe que
Romains appelloient Toga , venoi
aufli de Grece , au lieu que les Pei
pies qui leur Etoient voifins ,
toient des Brayes , 6c un Manteai
court , qu'ils appelloient Sa^
Enfin , ce qui eft decifif ^ les R
mains parloient anciennement
Langue Grecque. A la r^ferve
quelques mois empnintes des Pei
pies voifins , tels qu'etoi^nt les Lafr
tins , les Hetrufces , & les Celtes-i
le refte de la Langue eft purement
Grec. La chofe eft avouee partem
les Anciens (ii) qui fe font donn<
la peine d'examiner & de Compaq
rer les deux Langues ; &,quand ellc
ne le feroit pas , il feroit facile dc
prouver que la plus grande partii
(72) Quincilian. Inft. lib. I. cap. s.ColomeCi
dd hunc locum. Servius ad £neid. I. $. it8.p<
187. Suidas in Naha, Pionyf. Hal. I. ;««
I
SVR LES ROMAINS. l6j
-acinesde la langue Latine font
s du Grec que Ton parloit en
► Je pourrojs ajouter encore
Ton a pris de THiftoire Grec-
jufqu'aux Romans & aux Fa-
que la Nobleffe Romaine avoit
utume d'inferer dans ce qu'on
lloit les Memoires domeftiques
families , pour donner un nou-
1 luftre k fes Anc6tres:par exem-
» le combat des Horaces avec
Curiaces , Taftion de Mutius
ru$ , qui lul acquit le furnom
coBVola , celle de Q. Curtius qui
-ecipita dans un gouffre qui s'e-
ouvert dans la place publique
. Mais , comme cette preuve
' Le combat des Horaces &c des Cariaces
rapporte fous d*autrcs noms, mais avec
ircondances parfaitemenc femblablcs pac
crate au Livrc II. de Ton Hiiloire d*Arca-^
dpud Stolfdum Serm CLVll. p. $ $ i. L'ac«
e Scoevola ^toit attribtiee I Agedlaus , frcr«
bemiilocle , par Agathyrfides de Sainos.
Fnfu. lib, IV. nf St0h^Hm Sam. XtVLll ^
t64 Dissertation
demanderoit des difcufiions qi
font pas de ce lieu , je fte m'y a;
point. Je crois d'aiiieurs en a
dit aflez pouf montrer que les
mains tiroient leur origine
Grecs , d'autant plus que toute
anciennes Traditions , qui font
port^es fort au long par D
d'HalicarnaiTe j s'accordent k le
re fortir originairement , ou <
Theffalie , ou du P^loponnefe
«n particulier de TArcadie.
11 faut feulement remarquc
que la Tradition m6me , qui fai
cendre les Romains des Troy
& que Salufte (14) regarde co
la plus accr^ditde de toutes ,
171. Celle dc Curtius ^ un fils du Roi
par Callifth^ncs h ftcundd trAntformur, Stoi
XLVllL p, 172. La trahifon de la fiUe (
pejus <ftoit rapport«^c fous Ic nom d'unc;
qualit^ , nomiiK^e D^moniquc , qui livra !
d'Epht^fe a un Koi des Galates, ou Gallo*
par Clicophon. Rtr, Italic, iiif, V, ttp, Stok
LllU fA^ 2ao.
(14; Salluft. Catllin. cap. 6,
R LES ROMAINS. l6^
>ntraire k ce que je viens de
s Troyens font ceux qu'Ho*
prefente dans fon Iliade. Us
Grec. Leur Religion eft cellc
ecs. Leurs noms propres f
Priam, Laomedon , Ale*
, & les noms des famille$
mes , qui pretendojent avoir
agne Enee en Italie , etoient
ecs. Ces families fe difoient
ues de Mnefthee, de Cloan*
le Gyas , de Sergeftus , de
On verra dans la fuite fur
oit fondee cette Tradition ,
en loin de combattre moa
nt, me fournira tout au con*
me preuve pour le con*
linons pr^ifentement de quel
de la Grece les fondateur^
lie de Rome avoientpafle et\
ic dans quel terns ils etoient
;'y etablir. Je ne m'arrSteraf
Lix anci^nnes migrations d«|
w66 Dissertation
Peiafges , que Von fait pafler ]
mer en Italie 9(15) I'an de la 1
riode Julienne J 1869 ou 15182
ayant J. C. ni k celles des An
diens que Ton y fait venir ( i
vingt-deux ans apres ^ fous la c(
iduite d'Oenotrus ; & cnfuite fc
celle (17) d'Evandre , 60 ans avi
la prife deTroye, c'eft-^-dire,ran
laPeriode Julienne 3470 , ou 12
ans avant TEre Chretienne. On p<
dire de toutes ces migrations ,
que Strfibon ^ Tun des Ecrivains
plus judicieux de TAntiquite , a
de la derniere; (18) c'eft qu'el
fontfabuleufes. Je ne voudroispo;
jiier que les Grecs , qui fondere
la Colonie de Rome, ne fuffent f<
1^ ■ ■ ■■■■■! j I I II ■— — —
(15) Je fuis ici li Table Chro^ologique
Kyckius p. 403. Denys d'Halicaxnafle lib. I,
p. 49. II. p. 77-
(itf) Kyckius , ibid. p« 40 j. Dipnyf. Halic
jag- 77.
(17) Dionyf. Halic. I. p. 24. 49, II, p. 77,
1% %} $twbo lib. Y. p. »|o.
$UR LES ROMAINS. 167
originairement de TArcadie ; mais
nVft pas aflurement de 1^ qu'ils
pifroient pafle en Italie , & ils y
M¥oieat pafle beaucoup plus tard
npe ne le porte le caleul comman.
}f£)n n'en doutera pas y riFon veut
j^£ire attention aux preuves fui*
■nraotes.
-: I. U n'etoit pas poflible que les
jGrecs euflent envoye par mer des
r£olonies j ni en Italie , ni dans des
rPayspluseloignes^ avant la guerre
ib4le Troye* lis n'avoient dans ce
terns* la aucune connoiflance de la
navigation , ou, au moins, ils n'a-
i Toient pas encore appris k conflnii*
[ fe des Vaiflieaux capables de vo-
I ^gaer en pieine mer,& de foutenir des
voyages de long cours. Diodore de
. ' Sidle remarque expreflement ^ (19)
^'avant Texpcdition de Troye les
^ Grecs ne navigeoient que fur de pe-
tits canots.
j[i#y Diod. Sic lib. IT. p. 17 1*
i68 Dissertation
2. Thucydide , qui avoitfeit be
coup de recherches fur les mig
tions des Grecs , reconnoit que
Colonies qu'ils envoyerent en
cile & en Italie , (lo) n*y avoii
paffe qu'apres la Guerre de Tro]
3 . Herodote dirquelque chofe
plus. II affure (21) que les Gri
^tablis en Afie , fiirent les premi
de leur Nation , qui entreprirent
longues navigations , & qui decc
Vrirent les Pays fitues le long de
mer Adriatique ,1a Tofcane , & Tl
pagne. Encore y a-t-il toute apf
rence , qu'ils n'entreprirent ces n
vigations que long-tems apres s'et
€tablis en Afie. Homere etoit de (
Grecs. II fuffit d'ouvrir rOdyfle<
& d'examiner ce que le Poete (
des voyages d'Ulyffe , pour coi
prendre qu'il connoiffoit Tltalie ,
(20) Thucyd. lib. I. p. 9,
{3.1) Kfzodot^ I. caf . xtf9«
SUR LES ROMAINS. t6^
la Sialej k peu pr^ autant que nous
Bonnoiflbns aujourdliui les Terrei
^lOBflrales*
4* Enfin , ce qui merite d'Stre bien
Kmarqu^ , le Dialede Grec , au«
qoel la langue Latine devoit Ton
pr^ne , etoit rEolique. Denys
pHalicarnafle Taflure polGitivement.
It**) ^^ Romains , dit-il , parUnt
fBuLnnguc qui n*efi ni tntiircmtm bar^
kre , m parfaiummt Grccqut. ElU
W^un melange dc Grec & de Barbare.
%Aplus grande partie de leur Langtu
cepfndant tiree dc PEolique. Lc
linconvenient qu*a produit le com*
idt tarn dt peuples , qui fe font
lis avu eux , c*efi quails nc pronon*
I pas tons les mots comme il Ufiut^
/• Au refie , entre toutes les Colo*
que les Grecs one fondles , il n*y
% a auame qui ait conferve des traces
isfcf^les defon orient qiu celle- a«
(xi) Diosyf. Halic« lib. I. p. ^e.
}yO DlSSERTATl
II ne fera pas jdifficile
que Denys d'Halicarnal
Le Dialefte Eolique etc
Grecs ^tablis dans TEol
).m pialefte rude & gro
ine Tefl: ordinairement
des gens de mer. lis mett
&C des o^ ou les autres
ploient des e & des i. i
par exemple , difoient <
Au Jieu de cela les Ec
]Elomains pronon9oient j
nommee , roma la forc<
wne machine , anchora
fagus un hetre , ou un ^
fuo , je demeiire , lauo
clxe. (23) Cell done pa
liens qu'il faut cherch
des Romaifts. Voyons d
* X'i.i) Les EolierH difoicnc c
«^> -t^ii pour ^^w, FofVoT pc
ics Lacins ont fait leg oiots 4e i>
SWt IE$ RGMA1N5. I7f
llQi^nt , & de quelle maniirre iU
•Sdrent s'etablir en Itaiie.
^ Lcs Peuples "Grccs ctablis dans
Mfie Mineure^ etoient les Eoiiens ^
ftles loniens. Les Eoiiens etoient
les GrecsDoriens , qui ayant qnit-
KfArcadie , (24) foixante ou qua-
wk-Yingt ans apres la prife de Troy e,'
■kis la condutte de Penthilus , fils
IPOrefte , pafferent en Thrace , &
Ik dans TAfie Mineure j, d'oii
It depoflede les Peuples Scy-
, qui occiipoient le Pays de
jyc 9 ils s'y (6tablirent, & y fon-
plufieurs Villes , 0*5 ) ^^^^®
'celles de Cumes & d'Elee*
i toniehs ^ qui etoient fortis du
ire d'Athenes , pafferent en
(1^) quatre generations plus
(14) Strabo xiii. 5 > a. Ilycicios Can. Chionol.
'•aJf. ad Solia p. $a.
as) Herodot. lib.'i. cap. 149. Sciabo. zui*
||9a. tfoo* tfii.tfii.
[m) Scxabo XIII. St a. Petav* Rat. Temp. I^
^ Sit Bickiiu Can. Chcon.
^"P""^'f '"fix rent icurdemeu^
fie Mine"'. <="',.„ ,84 te
^«e to 1» " j?Hermus , (*•
5 U R L E S R O M A I N S. I7)
in que dans quelques autres Villes
Plonie , que les Eoliens avoieift
ifledees » (30) & dont ils avoient
fiiite ^te chaffes par les loniens.
crodote remarque (31) que Us
lUes d*Ephefe , dc Colophon , dc
Ifedus , de Teos , di Cla^omintj & dc
\ocit , avoient la mime Languty c'efl-
iire , le meme Dialefte , qui difi'^
't cependantde cdni dzs autns villes
rionie. Ce Dialede eft celiii des
aliens , comme on peut le prou-
r par un paflage de Timee , qu^
itoit ( 32. ) que les Phoceens
tnn^rent \ la Colonie de Marfeille
nom tirede PEolique. C'eft peut-
rela raifon pour laquelle Ptolomee
•t la ville de Phocee ^u nombre
% villes de TEolie , ("3 3) parce que
- • ■ ■
io)Heiodot. L I4f. 1 50. plin. v^ 19, Sua-
xui. ^00. 647.
jt) Herodot. I. 141*
fs) Scephan. in MaiCllia p. 534. EuftathiiM
Dionyf. Peiieg. p. 21.
\i) Prolem. lib. Y. p« 14%*
H3
174 Dissertation
la pliipart de fes habitans et<
Eoliens , & en avoient le Dia
Les Phoceens , foit qiie les 1
qu'ik cultivoient fuffent ing
& fteriles ? (34) comme Juf
pretend , foit que les conquSti
Rois de Lydie , qui foumirer
fenfiblement la plus grande par
TAfie Mineure , les empechaffe
s'etendre en terre ferme , 01
leur ville fe trouvSt meme fui
gee d'habitans par le grand
bre d'Eallens qui s'y retiroiei
mefure que les (3 5 ) Lydiens
foient leurs conquetes , foit
que la Mer , fur laquelle ik av
iin tres-bon Port , les invitSt i
fiter de cet avantage pour
cher au Commerce ; le« Phoc
(34) Juftin. XLiii. 3.) VofliM fouti
Juftin confond ici la Phoci-ie , qui ^roit
dc la- Gthct avec le territoire de la
Phoc^c en A fie , qui ^toit des plus ferti
(3jj Hefodot. I. <. 15. li. 24. z%.
SUR LES RqMAINS. I75
s-je , prirent le parti d'equiper de
ands Vaiffeaux , & de s'appliquex
tierement k la Navigation. lis y
iiSrent fi bien qii'au bout de
IX outrois fiecles , ils atiirerent k
: tout le Commerce qui avoi^
jufqu'alors entre les maias des
niciens. Maitres (le la Mer Me-
rranee par le grand nombre de
Ofeaux qu*ils entretenoient , (36)
?ntreprirent , comme le dit Hero-
; , des voyages de long cours : ils
>uvrirent TEfpagne ,1a Tofcane,
Pays (pii bordent la Mer Adria-
ie^ nae-de-Corfe,& ils etablkent
Coloflies dans toutes ces diflfe*
:es contrees. On doit prefumer
irellement qu'ils eavoyereot
■s premieres Colonies dans les
s les plus voifins de I'Afie ; on
ranfplante plus fecitement dans
contrees voifines , que dans des
■ <
li J Vtytz, ci-deirnf note (21).
H4
ae la al v e. uiympiaae , <
599 avant I'Ere Chretiei
done apparence que ce f
commencement des Ol)
qu'ils etablirent les Color
ques ^ue Tonvoyolten
dont on rapportoit la fonc
Pelafges : par exemple , ce
(38), celle d'^gy/la,
portoit auffi le nom de C
de Spinetum , (40) & enfi
(3 7) Martian. Hcracl. p. 210. ) ]
Salamine fe donna la deuxi^me
LXXVe. Olympiade, & , felon ce :
ionic de MaifcUlc fut fondle la
nee de la XLVe. Olympiade. (£ul
124. Solin. cap. II. p. iz. Salmaf.
Marc. lib. XL. cap. 9- p- 97* }
* (ii) Dionyf. Halic. I. 16. Tuftir
^Vm LES ROMAIKS* I77
^a^ ec li rs autres , dont
dTHalicarnafle nous a con-
re les noms. Ma conjedure ne
le point fur cet article du
conumin dei» Hifioriens 9 qui
ffaoent la Fondation de Rome (41)
Vers lecommencement desOlympia-
ies. EUe eft d'aiUeurs confirmee par
loe particularite que Juftin foumit.
I Jit (4% ) que , du terns it Tarquin
fandcn , urn jeurujjc ^ qui venoU de
Houe ^rtmonta It Tibre , fa alliance
^ec Ics Romains y & aUaenfuiufon*
mr dans les Gaules la Colonie de
MarfuUe. On voit bien quel etoit
b motif & le but de cette vifite.
Cette jeuneile alia fe delafler aupr^
pefes Gompatriotes des £ttigues d'ua
bfl|; Yoyage , & prendre langue fur
(41) T>nei% d'Halicirnain^ rappoitc la fbmli*
Sm it B^ine \ la picmUic annce dc la viie*
NjBipiade & Poljbe \ la fscondc. (DMnjrif
Idic I. f . tf o.
Hi
Tjf DlSSERTATXOI^
le nouvel etabiifiement qu'elle
ditoit. Coimsie , oiitre le nego
Mer ,'les Phoceens faifoient ei
Ic metier de Pirates , (45) qu:
voit rien de honteux. dans ce
U^on fentbien que ces difl
^tabliiTemens leur etoient,ui
psfetnierement pour placer leur
c^iandiles ^ & , en fecond lieu .
£e de&ire fans bruit & fans ec
leurs priies.
. A la. fin , la crainte de tc
ibus ta domination des Perfes
gea lesPhoceens k abandonnei
Ville pour fe retirer ailleurs
voit. dans Herodote(44) qu
fus , premier Rod de Perfe ,
avoir conquis le Royaume d
die y fit marclier une partie d(
Armee contre les Eoliens qi
4^ient voifinsb Ces Troupes
(43) Juftin. XLlii. 3'
(44) Herodot. h i6i. t4u^
SCTR E.ES ROMAINS. 179
$ le fiege devant la vilk de Pho-
e , & etant fur le point de Tem-
rter d'aflaut , Ics Phoceer.s de-
nderent aux Perfes un feiil jouf
treve pour fe confulter fur le
ti qu'ils avoient k prendre. Har-
us , qui coi^andoit les Perfes ,
nt confenti h la fufpenfion d'ar-
; , les Affieges en profiterent
ir s'embarquer avec leurs fem-
; , leurs enfens , & tout ce qu'ilg
ent emporter , & (45) pafferent
s J'Ifle de Corfe , oii ils avoient
de , vingt ans auparavant , lar
e (46) d'AIalia , qui leur fervit
retraite. Cela arriva deux ou trois
apresla'prife de Sardes, 545 ou>
i arts avant Jefus-Chrift.
-es Phoceens demeurerent pen-^
it cinq ans k Alalia , dans Pl^e d^
<) Hemdtt.-l. leJs*
^yu fcmhlc (\i\r ec (ok la mcme x^ ct\h^
Diodoie dc Sicilc a^^eUc Cj^aiis.j^D.iod*
lib.V.p. 20J.) '^ ' "'
H6
iSo Dissertation
Corfe. Mais , comme dans ce n
vel ^tabliflement ils continue
toujours leurs Pirateries (47) ,
rant fus k tous les vaifleaux q
trouvoient en mer , les Cart)
nois & les Etrufces r^folurem
fin d'unir leurs fo^s pour lei
cabler. Les chofes en vinrent t
tdt k upe bataille d^cifive , qi
donna dans la merde ^ardaigne
dans laquelle les Phoc^ens t>pp
rent une flote de foixante
feaux k un pareil nombre de '
feaux ennemis. H^rodote dit
les Phoceens remportefent
cette occafion ce que les Grecs
pelioient ViSoriam Cadnmam , <
ii-dire , une vifloire qui coute
tant & plus au vainqueur q
vaincu. EfFeflivement ils y p<
rent quarante Vaifreaux9& les vi
autres furent mis hors d'etat de
ff?) Heiodoc. !• i<<.
^ I SVa LES ROMAINS* z8t
^ Vt* Cette bataille fe donna vers le
m cofmnencement de la LX' Olym*
L j^iade, 540 ou 541 ans avant I'Ere
f Oir^nne. Affoiblis par cette ba»
faille f & fentant bien quils ne pou-
▼oient plus fe maintenir k Alalia ^
1^ Phoc^ens radouberent, comme ils
parent, leur flotte^ & plierent de
nouveau armes & bagages , pour
diet chetcher un ^tabliflement ail-
[ kiirs. Une partie tira du cote de
rOccident , & alia fonder la Colo*
aie (48) d'Emporium en Efpagne , -
Ott renforcer celle de Marfeille (49)
dans les Gaules. Uautre partie tira
du c6t^ de Tltalie , & alia debar*
(4$) An|our4'hui Emfcutm, (Livias xxxiy. 9»)
(4f j C'cft de cette maniere qa'il faat expli«
^•er left Auteivs qoi difent que la Colonie de
Mtfieitle fat fond^ par des Phoci^ens qtsi-
iiyoient la domination du grand Roi. (Ifocrat.
is Archidamo p. m. 409. Harpocration Maaffaci
f. 190, Axiftot. ap. Atben. xiii. cap. 7- Flat, in
folonc cap. |. Seneca conColat. ad HeUiam cap*
S. p« <|Ot fioftatk* ad Dioinyf. Pccieg. p. 74. )
l8» I>I S SERTATION
apxer k Regium , dans le voifir
de laquelle ils fonderent la Col<
d'Hyela ^ ou d'Elea (. 50 ) , que
Romains appelloient Velia , ej
ajcnitant un Digamma, lis choifi
^:et endroit pour s'y toblir , y i
invites par la grandeur 6c pa
commodite du Port , qui , etan
pable de contenif un gtattd non
de Vaiffeaux, ^toit d'ailleurs 1
d'une mani<^re fort avantageufe {
des gens qui faifoient metier
•commerce & de Piraterie. Goi
cette nouvelle Colonic ^toit c(
liuellement renforcee par des Gj
^iii abandonnoient TEolie &
nie , a mefure que les Perfes y p
foient leurs conquetes , les 1
ceens s'etendirent bientot dan
Royaume de Naples. D'abon
(50) Hcrodot. I. i67.SrrJil»o vii. is2. ^
Marccll. XV. cap. y. p. p^.. Ex Hygino A.
X. cap. X ^ .
SUR L£S ROMAINS« l8)'*
mparerent des Ifles d'Enaria (ft)
des Pith^cufes , c'eft-i-dire » dc
fte d'Ifchia & des Ifles voifines.
e-lk lis pafferent dans le Conti«
int , oil ils fonderent les villes de
Limes , de Pal<^olis & de N^apolis^
Naples, ) & s'emparerent infenfi-^
ement de la plus grande partie de
talie 9 qui efl au-deU du Tibre..
eft la remarque de JuiHn. Parlant
Denis le Tyran (5 2) , il dit, que,
fon terns , les Grecs ^toient mai^
IS k peu prfes de toute Tltalie. Ajou*
nis que ces Grecs fuivoient le m&me
ialede , duquel la langue des Ro-
iins avoient 6i6 tir^e. De-Ik vient
le les Fragmens que Diogene
lerce &C Jainblique nous ont.
Hifervi de quelques Philofophear
ythagoriciens^ qui enfeignoient ea
(51) Li¥ia» viif. 2 2r Mtfcian. HeiacleM. iv
37* 247« Strabo V. 248.
i5 2J JuftinXX. X.
11*4 DiSSERTATlbH
Italie, font tous Merits; d^ms ce ]
lefte Eolkjue.
Comme les Phoceens , apres
tre ^tablis en Italie & dans les (
les 9 continuoient toujours d'eni
les vai(&aux Hetrufces & Cai
ginois (53) qu'ils trouvoien
tner , il en refiilta une noir
guerre , dans laquelle les Cart!
nois eurent du deffous (54) > &
rent reduits, apr^s la perte de <
ques batailles > k demander la
ii leur ennemi. Ce qu'il y a i
particulier , & qui merite d'etre
remarqu^ , c'eft que dans ce n:
terns les Romains etoient en- gii
avec les Carthaginois & les He
^es , & , felon les apparences , ]
tin fujet tout pareil. La chof
certaine , au moins par rapport
Carthaginois. Polybe , rappoi
($3) Herodot. VI. 17,
(S4) Jttftin. XUII. 5*
■., lUR L£S ROMAINS, %B^
fodhrersTrah^que les Romains
iFoient £ut avec les Carthaginois
f y) 9 ^ ^^ ^'^'^ voyoit au Capi-
lie graves fur des tables d^airain
^6) dans uh Latin qifil ^oit tr^
ifficiie d'expliquer , parce que la
angue avoit beaucoup chang^ de-
lis ce tems-li^ » Polybe^ dis-je^
marque (57) que le premier
raite des Romains avec les Car*
aginois fiit conclu fous le Confu-
t de Junius Brutus 9 & de ( 58 )
[arcus Horatius ^ qui fiirent Ie$ prer
liers Confuls que Ton etablit apres
npulfion des Rois , dans la m^e
mee oii le Temple de Jupiter Ca-
(5S)Yol7b. UI. It I.
(f«J?olyb.in. 176. 17 J.
(57}roiyb. IIL I7tf.
(5 1) Eatrope met M. Horttias PalTillot in
ivahie dtt Confuls de cette ann^e , miis il die
I'Hoiace n'obtinc cette dignit^ qa'apr^s It
9ft de Bratus U mcme de Spartof Lncretios
icipttiBiis qoi fat d'aboid f«bro|^ ^ Brotst*
Uttop. I. cap. f . }
i$6 DiSSERTATIOK
pltolin flit confacr^ , & vingt-h
auis avant rexp^dition de Xen
Par ce Traxt6 les Romains proft
tent (59) , pour eux & pour le
Allies ^ de ne fe pas avancer a
yaiffeaux au-del^ du Cap qui
au-defTus de Carthage , &: que 1
appelloit (60) le Beau Promonu
LesCarthaginois, de leur cote ,f
mettent de faire ceffer(6i) tc
hoflilit^ contre ks habitans d'
(dee 9 d'Andum , de Laurentuta .
Circeja^de Terracina^ & coi
les aiUres Latins foumis ^ la Ki
blique* On voit par ce Trake
les Romains s'appliquoient ^ la!
vigation & au Commerce ; ce
donna lieu k une guerre , qui
terminee par la paix dont il s'a
On y voit que les Romains fii
eomprendre dans le Traite difFei
. (59'PoIyb.III. 17^7.
{60) my. 171.
{€i) Ihid. ITJ. ,
SUR LIES Ho MAINS, if/
* Villes qui leur ^toient foumifes
a alliees , Ardea , Antium , Lauren-
m , Circeja, Terracina , qui etoient
s Ports de Mer , & des nids de
•ates , dont les habitans avoient
uip^ des Vaiffeaux , ecum^ les
irs , & fiiit des prifes fur les Car-
iginois.
Depuis ce tems-1^ les Remains ,
. , ail moins , leurs Sujets & kurs
li^s, continuerent toujours de n^
cier , & de pirater fur la Mer Me«
tvrahe^ Diodore de Sicile rap--
ate ^ par exemple (62^), que la
yi&&aie annde de la LXXVII^
lymptade , (qui eft Tan 474 avant
fttS-Chrift) Hidroff, Roi dte Sira-
ifc , enroya pluficurs Vaiffeaux
IX Ciim^ens , pour les foutenir
►ntre les Hetnifces qui leur fai-
ient la guerre. Avec ce fecours les
fees gagnerent une bataille , qui
(6z) Diod* Sic. XI. 2it.
Roi d'Epire , que les WiAorl
fondentici (63) mal-i-prof
Alexandre - le - Grand fon
comme M. Bayle Fa ( 64 ) (
Le Roi d'Epire ayant paffe
lie vers Tan 339 avant Jefu
( 65 ) , pour fecourir les T
contre les Barbares 9 c'eA
contre les Samnites & le:
mens ^ enroya des Ambail;
Rome 9 pour fe plaindre d
tans d'Antimn, qui s'^tant (6
aux Pirates H^trufces , avc
plufieurs prifes fur les allies
I—' ' ' ■
l6i) Cliurchas avoic faitcctcef<
Hift. Nat. III. s.)
SVfR LfiS KOMAIKS. 1$^
tes Romains lui renvoyerent la*
A^W (67) une Ambaflade 9 qui f\it
charg^e , ieloa les apparences , de
lui £ure des excufes cle ^e qui s'etoit
paff(^ y & de Taflurer que la chofe
is*etoit ^te ^ Tinf^u , & fans ravou
,du S^nat J'en juge ainfi par la r^«
reponfe d'Alexandre (68) , qui ecri-
vit aux Romains de fe faire obeir
, s'ils ^oient en etat d'exercer rEm-
pire^ ou de le ceder k des Mai-
tres plus pui^ans &c plus capables
(le fe ^re^,r^fpe^er ; furquoi le Se-
. nat 9 qui ne voulojit pas fe brouiller
^vec ce Prince , prit l^ p^uti de Tap*
paifer par de$ prefen^ 9 ^ d^ lui en-
vayer une <;our9nne d'or, du poids
.4e plufienr$ t^ens* Quplques an**
. p^es apreSy P^metrius Poliorcetes^
. qui s'etoit rendu maitre 9 vers Tsia
3^95 avant Jefus-Chrift > 4e la Mac$«
(57) C'eft pelle doat U eft pari^ ci-deflii^
• ■ot. (6f ).
^« t) Esc. ex Mcmii* a|. Phot. |i. ^94. ft 97^^
190 Diss ERTATioir , \
doine , & cl'une partie de la GreceJ '
en renvoyant aiix Romains qu^l- .'
qiies Pirates d'Antimn , qui ^oieot
ttfmbes entre fes mains , fit dire ca^^
mSme terns au Sinat qu^ilavoit^^
felt grace de la vie k ces gens-l^ 9 6C\ ^
^u'il les rendoit aux Romains 9 en
confideration de leur parent^ avec j
les Grecs : mais qu'au refte il lui pa*
roiflbit honteux que la R^publique
voulut commander^ toute Wtalie, .
& qii*en tn^me terns elle envoySt ,
des Vaiffeaux pour Maimer les Mer5.
F'ous avei , leur dit-il , irigi dans
un€ dc vos Places publiquts f un Ttm-
pU a Vhonncur dts Diofcures j qu$
Fan rtgardc par^tout comme dcs Dieux
Sauveurs , 6* vous envoyei cependant
dts gens en Gricc pour pilltr h pa^.
trie de ces Dieux (6^). II ne paroit
pas que depuis ce tetns-l^ les Ro-^
mains ayent continue d'ayoir des
^€9) Scrabo y, %}%•
SVR LES ROMAINS. 191
'aifleaux , ni de negoder ou de piW
tr fur Mer. lU tournerent toutes
furs forces du c6t6 de la terrefer^
\e ,foumirent Tltalie, & les Colo-
tes <^recques qu'ils avoient traitees
ifqu'alorsen amies Sc enalli^es; 6c
t ne fvtt que pendant la premiere
lerre Punique (70), qu'ils com-
lencerent de nouveau 4 equiper
es Vaifleaux , & k difputer auit Caiv
laginois r£mpire de la Mer.
Voal^ma peniee fur rorigine des
omains. Je ne me flatte pas d'avoir
puif6 la matiere. Je he pr^tens point
uffi faire ps^erines conje&ures pour
es d^monftrations. Mais je crois|eii
voir dit aflfez pour montrer , pre^
Bierement, que les Romains deicen«»
bientdes Ckecs, & , en iecond lieu^
Iju'iis etoieoit de ces Grecs lonieni
^ Ill I n
iifl*e , la troificme tnn^e de ta QX^ViUe. QjjnK*
)iade, c'eft-ii-dire 266 avanc J. C. (Bionyd
lattc.likl.f.7« ' 'V
ipi Dissertation
& Eoliens , qui, etant prefi<£s par les ]
Rois de Lydie , quitterent I'Afie Mi* I
neure , pour aller chercher de nou- j
veaux ^tabliflemens en Italic & dam I
les Gaules. C*efl: tout ce que je pr^ ]
tens donner ici pour certain, ou , att 1
moins^pour tres probable. Je V2b$&
nir par quelques reflexions g^n6»
rales ^ qui , en repandant du jour to
les commencemens de THiftoireRo-
mame j ferviront d'ailleiu's k Eclair- •
xir & a confirmer ce que f ai ayanc6
dans ce Difcours. i
I. Les Romains ^toient Grecs d'o- i
rigine. Mais ces Grecs s'^tant m^Hsr
infenfiblement avec les anciens Ha-
bitans du pays , formerent bien-tdt ;
un nouveau Peuple, quitenoit quel- ^
que chofe des uns & des autres* J'ai j
^ontre ailleurs ( 71 ) qu*on vojroit*
ce melange dans la . Langue des Ro*''
jaains , dans l^ur Religion, & danf
jfl) HiSU des Celt. 1. 10. p. i$€. dc fair.
tou^
3
SUR LES ROMAINS. t^f
te leur maniere de vivre ; ainfi
em*y arrSterai qu'un moment
>lupart des mots de la langue La«
viennent du Grec ; mais elle a
endant retenu plufieurs mots f
^oient tires de la Langue des
bns f des Opiciens , Sc des CeU
La Religion des Romains, leur^
lux y leurs Ceremonies facrees^
t cela ^toit manifeftement em-
ntedesGrecs. Mais le culte (71)
ds oflEroient fur de hautes mon«^
les au DUis Pater ^ la*fSte que
Dames Romaines ( 73 ) alloient
^brer dans la ForSt d'Aritia k
mneur de la Diane Royale i
lent des reftes de Tancienne Re-
on du Pays. Je ne doute point
li que les Romains ne tinflfent de^
i>ares del'Italie la coutumequ'ils
nent anciennement de fe faxce
72) Hiftoirc des Celt. Liv. I. p. 1 9 3. Liv. Hi;
p. 6. $■ II.
73)1|m<.III. chap. t. $ 10
Tome III. \
194 Dissertation
fuivre k Tarm^e , & dans les
tallies , par des Efclaves charge*
tricots 9 oil plutdt de maffues.
les lan^oit contre Tennemi , &
Valet en prefentoit une nouvell
fQQ Maitre^ quand il s'etoit dc
de la iienne. Comme on appel
ces tmf[\xes Colas y les goujats qu
portoient en re9urent le nom de (
Calones. Les Grecs qui vinrent
tablir en Italic , avoient quitte
puis long-terns ces maffues , p
prendre •des epees , & des hj
bardes.
II. Ce qiie j'ai dit dans ce I
cours fert a eclaircir & <\ jufti
toutes les; anciennes traditions
couroient fur Torigine des Roma
Pn les faifoit defcendre des Pe
ges. Cela eft exaftement vrai , pi
que les Pdafges fbnt les and
>i ■ I ■ I ■ I.
, (74)Scmu$ ad ^ncid. VI. i. p. 412.]
Geimainsappelloientces mafTues Keule ou /
Ic les Gaulois Cdtej^, ( liidox. x viii. cap. 7.
SUR LES ROMATNS. 195
Srecs. On difoit quails etoient une
^lonie d'Arcadiens , ou de Theffa-
tens 9 & on le difoit avec fonde-
lent 9 parce que les Eoliens quipaf-
hrent dans TAfie Mineure , & de-U
n Italie , fortoient originairement
75) de TArcadie ou de la (76)
7heflalie. On difoit encore qu'ils
toient venus de Troye. Cela eft
rrai aufii , puifque les Eoliens , qui
bnderent les Colonies Grecques
*Italie , avoient ete etablis (77) >
>endant plufieurs fiecles , dans le
>ays de Troye. Les anciens Troy ens
toient un peuple Scythe , qui ,
yant paffe de TEurope dans TAfie
ifineure , y fonda le Royaume de
t*roye, Je ne pretens ni foutenir ,
Ucontefler ici la prife de Troye par
bs Grecs. C*efl une Epoque qui
(75) Vej, ci-deiTas not, (14).
{y€) Strttro Y. ii.
(77) Pomp. Mela Ub, I. p. xS. 8c cI-deflTm
ne fe ^aintinrent point dans
fefflon de la Ville & du Pa
Troye. Leiirs Chefs fe difpei
apres la prife de la Ville , 8^ s
touri\ereht chez euj^ (78) , c
le dit Str^bon ^ en fuy?\rds ,
qu'en vainqueurs. Hom6re , c
|es Auteurs poft^rieurs ont tiri
que tout (je quails; difent desTrc
^ffure bien pofitivement qi
r^gna k Troye , & qu*U la
Roywme ^ fesl^nf^ns, CePoi
troduit Neptune , difai^t (79 ^
Jupiter (Idiefie la famille, dt^ t
au defimi d^ (aquclf^ Ic vaiUan*
risrura fur li$ Troytns , lui ,
%t3K LES ROMAINS. 197
q) En^e r^gna k Troye ; il y moii-
t : on y voyoit fon tombeau. Af-
nius 9 fon Als & fon AiccefTeur ,
dit dans le terfitoire une Ville qui
*toit Ic nom de fon Fondateur ; il
fla le Royau'me k (es enfans. Mais
poft^rit^ d'En(5e fiit enfuite de-'
»i£6d^e par des Grecs Eoliens, qui
iflerent en Afie 60 ou So ans
^rhs la prife de Troye , & qui,
effis k leur tour par les Lydiens
par les Perfes , envoyerent de
idantes Colonies en Italie & dans
5 Gaules. II fe peut fort bien que le
tef de la migration, dont il s^agit
I, portSt le nom d'En^e ; &, en ce
s , la Tradition ne p^chcr a que fur
I feul article , c'eft d*avancer , au
oins de quatre fidcles, Tarriv^e
IS Troyens en Italie%
■ II I ■■ ■■ ■ i#
[to.) Tzetzei ad Lycoph. p. 107. Voy, U§ paf-
;e« cicef par Bochart danf la DiiTcrtacion :^
m JBntMi un^Msm fitirit in ItMia ^ a4 Calccui
Oft. 5aci«.
13
198 D I SS E RTATIOH
III. Puifque les Romains defceii^
doient des Grecs Eoliens & Ioniea$|
qui venoient s'embarquer k Phoceefe
pour aller chercher un etabliflement
dans les Pays etrangers , il ne £iut
pas etre fupris de la conformity que
Ton remarque entre ies Romains;
& les premiers Fondateurs de leur
Ville. A Phoebe , a Marfeille , ih
Rome , k Chio, & ailleurs^^ la Deefle i^
Minerve etoit reprefentee afIife»Les z
Phoceens avoient des etabliffemens b
dans tous ces difFerens endroitSi
Comme its etoient des gens de Mer,
lis reprefentoient leur Deeffe com-
battant affife dans un Vaiffeau , &
non pas courant 9a & 1^ dans un
champ de bataille : & Ton fait que j:^
les Colonies fe faifoient une afiaire
de Religion (8: ) de retenir invio-
lablement le Culte , les C^r^monies
(Bi)Spanbem de Ttsft. Num. ft« 1« Viff* IX«
SVR L£S Ro MAINS. 199
I les Coutumes de leurs Metropo-
'S. La ville de Phocee avoit pour
sfeigne (81) un veau , ou iin loup
larin , & celle de Rome une louve
111 allaite deux enfans fur le bord
'un fleuve. Ces enfeignes, qui fe
jflemblentaffez, convenoient^ des
illes qui tiroient leur fubdftance
e la navigation , & des prifes qu'el-
is faifoient fur men II ne faut pas
^tonner aufli de ramitie etrolte &
itime qui^oit toujours fubfifte en-
re les villes de Rome & de Mar-
sille (S}). Leur alliance , dit Juftin ^
emontoit pnfque jufqu^a la Fonda-
ion de Rome* Depuis ce terns les
Marfeillois Vont toujours obfervec in--
fiolablement , & nont jamais man-
juc defecourir leurs Allies dans tou'
us les guerres quils avoient afoute-
■ ■ ■ I. " ■ ^
(ti) ^wx"- C'eft rorigine dtt nora dc U
rille. (Steph. de Uib. p. 746.)
{}l\ Juftin. XLiix. 5.
U
I
I
it
10b DlSSERTAtlON p.
nif. Diodof e de Sicile remarque (fifj ^i-
qu'une Coupe d'of > que les Ro-
mains envoyerent srDelphcs vers la
quatriemeanneede laXCVbOlym-L
piade 5 3 93 ans av. TEre Chretienne,
y fut depofee dans ce qu'on appel
loit le Trefor des Marfeillois (8y>
Lorfque la nouvelle de la prife de ^
Rome par les Gaulois eut 6t6 por-
tie k Marfeille 9 les habitans decetteL
iVille en prirent un deuil public;
&^ ayant appris que les Romaini
avoient achet^ la paix moyenoaiit
line certaine fomme d'argent » Us ra«
mafferent ce qu'il y avoit d'or &
a*argent dans la Caifle publique , & L
<ians les bourfes particulieres , pour ^
fournir ce qui manquoit k la fomme j
dont on ^toit convenu. Tout cela
irouve fa raifon dans ce qui vient
d'etre expofe. Les deux Colonies ,
(S4)Dioil. Sic.Xi7.445.
(•s) JttftiJi«xuxx. 5.
s
I
iVK tES ROMAINS. 101
mat les mSmes fondateurs , ve-
\xtpt long-terns dans une efp^ce
confraternity.
rV. J'ai declare au commence-
mtdeceDifcours que je ne vou-
is rien determiner fur le terns pre-
; de la Fondation de Rome , &
nc m'en retrace pas. S'il m'etoit
mnis de communiquer au Public ,
ne dis pas mes conje&ures , mais
ilement mes foup^ons ^ il me fern-
t qu'elle ne doit pas etre tout-i-
t auffi ancienne que le porte TE-
que ref ue.Il eft aflez ordinaire aux
ftoriens,qui ecrivent I'Hiftoiredes
lies celebres , de leur donner une
ti<{uit^ qu'elles n'ont point. II n'y
prefque point de Villes, ni d'Evfi-
^ , en Allemagne , qui ne puflent
en fournir des exemples. L'illuf-
t Chevalier Nevton , fe fondant
r cette reflexion y a d'ailleurs fait
L calcul , fuivant lequel il ne lui
roit pas probable que fept Rois
15
Eoliens , qui avoient etal
comptoirs fur toutes les c6
ils faifoient leur commerce ,
voyerent de fortes Colonies c
Pays Strangers , que lorfqu^il
mencerent k etre inqui^tes &
fcs dans leurs demeures par 1(
de Lydie ; & , autant que je
f^avoir , le Roi Gyges , qui
rut vers la fin de la XXV Ol
de,futle premier qui entre
faire des conqu6tes fur les
(86). D*un autre cot^ , j'a
geine k comprendre qiie ces <
qui etoient des gen5 de Mer ,
eu la penfee de s'eloigner ^
SUR LES ROMAINS. 203
coetir du Pays ^ dans un teins oh
n'avoient encore aucun ivdhUf-
aent dans I'e voifinage. Cepen-
jt je n'affirme rien fur ce fujet ,
rce que je con>preiis qu'une fi6-
ion^ une bataiile perdue , la crain-
d^un ennemi fuperieur par les for-
; de mer , ont pu obliger les Grecs
[uitter les cdtes , pour s'etablir
IS Hnt^rieur du Pays.
V« Enfin ma dernicre reflexion
^rdera les Hiftoriens Jlomams,
i ne font aucune mention de h
i^art des &its que je yiens de du-
ller 9 6i qui aflurent prefque tous
aaimement que la premiere flot-
que les Romains ei^iTent jamais
ife en met , fut celle qu'ils equi-
rrent contre les Carthaginois pefl-
mt la premiere guerre Punique.
L dc Beaufort a public un Trait6
or rincertitude qui regne dans Us
anq premiers fiecles de THiftoire
Ilomaine. Je fuis de fon fentiaient.
16
jl04 DtSS fe AtAtXON
Mais je ne voudrois pas 6i
cette incertitude k cinq fi^cl
tiers. Par exemple ^ Texpulfic
Rois f les divers Trait^s de
mains avec les Carthaginois
port6s par Polybe , me par
des faits conflates. Je dis la
chofe de la prife de Rome p
'Gaulois ^ quoique les Latins
gSti THiftoire de cette guerre
merveilleux qu'ils y ont ajou
ddpens de la verit6 , & m6me
Traifemblance. Au refte il y a
cela une autre queftion qui
teroit d'etre bien examinee. Li
toriens Latins font - ils toujo
bonne foi ? Rapportent-ils to
les chofes telles qu'ils les f^av
<Ju'ils les croyent ? Ne leur ar
il pas quelquefois de fupprin
faits certains , & averts , ou
feuver rhonneur du Peuple Re
ou pour ne pas s'ecarter des
mons re9ues ?Tite-Live avoit.
Wk LES ROMAINS. 29f
le cite quelquefois : il le co^
•uvent fens le nommer. D'au-
>is on diroit que Tite^Live n^a
; coimu Polyl>e , cTet excellent
ien. Polybe raconte la lev^e
;e que les Gaidois avoient mis^
t le Capitole cTune mani^re
I toute naturelle (8/). Lt9
iSy inform^s que les Vini"
prroikant de leur abfence ^
It fait irruption dans leur pays^
nt de fe retirer^pourvuqur'oit
bnnSt quelque argent Les
ions ayant it6 acCept^es , ht
It conclue , & les Gaulois s'eif
nerent tranquiltemenc dans
ays (88). Tite-Live^ au con-
y donne dansle merveilleirz Si
e fabuleux^ parce quexetle
e, gagn^e par Camille au mi<f
es mafures de la ville de Ro-
^oit pour im article de foi
■ — -^
•olyb. I. 5. H. io#,
Liviuf y. cap, 40,
2o6 Dissertation
parmi les Romains. Mais ^ comme il . ^
fe defie lui-meme de fa narration^
il n*a garde de citer Polybe, ni de k
refiiter. Ceft par une femblable rii-
fon que Tite-Live ne feit aiicune
mention du Traite que les Romains
conclurent avec les Carthaginois ,
foils le Confulat de Jkinius Brutus,
& de M. Horatius (89). Le fait^toit
affez important pour m^riter une
ample difcuffion de fa part, yil n'a
pas cru le Traite autentique , pour-
quoi n'allegue-t-il pas les raifons
qu'il avoit de le tenir pour fufpeft?
II y a certainement de TafFeftation
de fa part. II n'a pas voulu cohvenir
que les Romains avoient fait pen-
dan^ long-terns le beau metier de Pi-
rates.
Je f^ai bien qu*on m'objeflera
que Polybe lui-meme reconnoit
au Livre I. de fon Hiftoire (90),
(Sp) Ci-dciTus not. \^S7J.
(90^ Pol^b. I. 20.
SUR LES ROMAINS. 207
Lie les Romains ne commencerent
bdtir des Vaifleaux que pendant la
remi^re guerre Punique. J'en con-
iens. Mais , puifque nous avons
mrni plufieurs preuves du con-
raire,& que Poly be lui -meme
ite un Traite qui dement ce qu'il
vroit dit dans fon premier Livre , Te-
uite veut qu*on tache de le conci-
er avec lui-meme & a^ ec la veri-
: , en difant qu'aprcs avoir fuivi au
Dmmencement de {on Ouvrage la
>ule des Hlftorieds , il s*eft enfuite
»pris & corrigi dans fon troifieme
ivre fur des Memoires plus ffirs ^
*As que Tctoient des Traites publics
ue Ton voyoit graves au Capitole
ir des tables d'airain. Peut-ctre auffi
ue lorfqu'il dit , que ce fiit pendant
1 premiere guerre Punique que les
Lomalns equiperent pour la pre-
liere fois des Vaiffeaux , il entend
ar-1^ ce que nous appellerions au-
:)urd'hui des Vaiffeaux de guerre ,
ttA blSSEkTAtlO ^
qucnmeSy & triremes ,) dont o
s'etoit pas fervi jufqu'alors ei
lie J & qu'aucuh Charpeiitie:
pays n'avoit encore appris k
quer. Peut-Stre enfin que les
mains , apres s'efre lohg-tems i
qu6s k la navigation y Tavoien
fuite negligee & abandonnee ,
me cela eft arriv^ ^ plufieurs d
iVilles Anfeatiques.
Je m'ima gine qu'on poufroit i
)efter encore que le Traite , d(
s'agit, fait mention des etablifle
(91) que les Carthaginois av
en Sicile , au lieu qu'il paroit
unpaflagede Tite-Live (93)
|e cite en note , que les Can
nois firent pafler ^ pour la prei
fois , une armee en Sicile , Ts
Rome 315 , c'eft-a-dire, 8
»— — — ^—i — — I—— ^>—— ^—
(*x) Polyb. I. 20.
(pijPolyb. III.p. 177.
{p%) T. LiTiuis lib. lY. cap* 19.
Sl/R Its ROMAINS. i6^
es le Traite ; circonflance qui
t naturellement le rendre fort
>e£l. Mais y fi Tite-Live a voiiKi
; que les Carthaginois paflereilt
ir la premiere fbis en Sicile Tan
; de Rome ^ il %idra convenir
il s'eft tromjp^ fur cet article
Dine furbeaucoup d'autres. Thu-
lide aflure fOrmellement (94)
t les Pheniciens & les Carthagi-'
s ^oient en Sicile , & y avoient
etabliflemens avant les Grecs ,
il y fait pafler vers le commen-
dent des Olympiades* : & il me-'
^ d'autant plus d'en etre cru , qu'il
conftant & reconnu que les Phe-
iens etoient maitres de la Mer ,
int que les Grecs euffent penfe k
ir leur premier Vaiffeau. Ce fut*
rgo , qui leur parut une fi grande
rveille, qu'ils la oiirent au noni-
', des Dieux«
•4) Timcyd* lib. VI. cap. x. p. 449,
110 Diss ertation
Si je pr^voyois les zutr.es &
cultes par lefquelles on pour
combattre mes conJQ^iures , je
. cherois de les pr^venin Aii refte
me trouvera toujours difpofe k
examiner avec attention & avec
cilit^ 9 & mSme ^abandonner i
ientiment , des que Ton me mont
que je me fuis tromp^.
jf iji- ■ ■ » k ^ ■ '^
Ill
E X T R A I T
fMemoirefde M. G i B ert pour
crvir a rHiJloire des GauUs & de
'tfi7vz/u:^,p. 8-13. 41-44. 134-I70.
[. 1 L ne fera pas hors de propos
rapporter ici en entier un pailage
Diodore , au fujet des Peuples
It nous parlons, que Ton a beau*
ip critique , peut-etre fans trop
fondement. » II eft important, dit
Hiftorien Grec, de remarquer une
lofe que pluiieurs ont ignoree :
on appelle Celtes les Peuples qui
emeurent au-deffus de Marfeille ,
u milieu des terres pres des Alpes ,
^ jufqucs a la droite des Pyrenees :
a donne le nom de Galates k ceux
ui demeurent au-deflbus de cette
eltique , foit vers le Midi , foit
ers rOcc^an , ou vers les Monts
ercyniensy & jufque$ a laScythie«
»Mais lesRomaih^9 cotiiprei
d» uns & les autres fous un
M nom> les appellant tous 6gd
^ Galates ( i).» M. Pellputier,
. tr«t« yff§ vnfi{ Matfff^Xicf iatfixirlat «v t» fif
Tit *<f< TOK AVxkc > tr/ /• Kdu r3t ««ti r« /
<n T* jrjU »0TO» «VO»T« /U({V »«{« Tl TOf ^*X
Ef k»mv CMC xai&«/|i/ufra xoi ;tarra< r«< t^r
ir«rT« raur« ra \^u cv}^^>if fAia Ttf^twyi^i^
■ ff«#i> oN/u<a^orr<t T^Aarat a««frat>
Opcrz pretium eft rem explicate qu
ignoiatur; eos oempe qui fupr^ Ma0il
'tant in Mediteiraneis & circa Alpcs
dextram Fyrcneorum montium Celtas
<qui verb inix'a hanc CeltiCim five ad
• vergentes terras five jUxtd Ocean am H<
que montem iltas incolunt ac cnn£los
adScythiam ufque Galatas-vocari. Ro
turfus has genres uni omnes appell
fumma comprehtndunc & Gal.itas ( G
cant. Died* Sic. lib. 5. />. 214. initio ^ .
rici Stef/hani,
(*) C*^ft ainfi qu'bn lit d^ns un
conferve dans la Bibliotheqiie de 5
main-des-Prez, 5c non pas, comme da
Hons, trt /i rsit irl rd «^| t«v, ob il eft c'
|IE M. GiBERT. M^
elle HiJloir§ des Cfiltcs , foutient
y a trois fiiiites dans ce paflage*
yiodony met^ dit-il, (c Midi pour
ytcntriQU. i^. // fait dt la fork,
//lie utu montagnc dc at nom. 3 %
iund que Us FmpUs , qui dcmm^i
t autour 4^ cfs Montagnes &jnf-'j
i la Scyehic yportoient It nom^ dc
oisj ou , coifi^e difint Us Grccs^ dc
us. Examinon^ pes tcois pr^
ues &utes Tune apr^s Tautre.
premiere efl , que Qiodore a
i Midi pour le Septentrion. Dio-i
dit qu'au^-deflTQus de ceux qu*il
^ ■ -, ■■' ■■ *
I pag. faivanfe dans fes {mprini^ , 8c qui
irraflV les Tradu^otics : on l^t , dans les
aes , qne les Lufitains font Ics pins braves^
mbres. Rhodoman f. cth qu'il falloi^ lire,
cltiberiens. M. TAbb^ Teriaflbn le le-
& veuc qu*on laifle Cimbres } |e ne ffais-
o^^q\loi , puifqu'il n'eft point <|a tout
>n d^s Cimbres en cet endroit : on 11^
e Minurciic, des Ib^iens l€»pi»i pour-
iVS j^, en effet, quelqoca (igncs apx^s ^
re m^t f laizemenc les Lafitains au noni-»
Ui iberieq^i m^me .dans les Imprimis:;
i
214 MiMOlRES
appelle Celtes^ les autres P.euples qui
demetrfent oil vers le Midi , ou vers
rOcean , &c. fe nomment Galates:
or cela eft exaftement vrai , & je ne ,
vois pas qu'il prenne une pofition
pour Tautre ; car il ne donne le nom
de Celtes , comme Polybe & Cefar,
qu'i ceux k qui il etoit propre; c'eft-
^•dire , k une troiiieme partie de la
Gaule , rjenfermee dans U milieu da
urns y entre la Garonne & la Seine ^
depuis les Alpes jufqu*au commen-
cement des Pyrenees; au dejfous d'tux
vers le Midi ^ etoient les Aquitans;
vers TOcean ou le Septentrion , les
Beiges & les Germains : or les Aqui-
tains 9 aufii-bien que les Beiges & les
Germains , font compris par notre
Hiftorien fous Le nom de Galates f
& egalement diftingues des Celtes;
il a par confequent raifon , dans foa
(endment » de placer les Galates au- ^
deflbus des Celtes y vers le Midi ^ com^
fnc vers le Septentriontt
deM. Giber T. 115
ieconde faute tombe fur ce
parle des Monts Hercyniens ; U
dit-on , deja forh Hcrcynic unt
tagnc dc cc nom : comment M,
>utier ignore-t-il qu'il y a en efFet
iontagnes Hercyniennes, & fui-
les Anciens , & fuivant les Mo-
es ? Comment ne Ta-t-il pas ap-
9 je ne dis point des Scholiaftes
lolloniiis de Rhode , & de De-
le Peri^gete , ou de Denis lui-
le ( 2 ), je ne dis point de Pline
1 9 tnais d'Ortelius dans fon Die-
naire , ou de Cluvier dans fon
oduftion ^ la G^ographie 9 /• 3.
• oil il dit, apres Pline » quec'^-*
int les plus c^lebres montagnes
[a Germame : Montium nobilijjl^
n jugum Hercynium Boikamum
yens qui & Sudcti monies : &C^ ii M.
t) Schollatt. in lib. 4. Argon. ApoU. ILko^l.
nyf* Pefieg* v. z8 6. dc ibi Schol,
1) Malli inferiuf nobilitace Hcccytiium jtt*
I. tlifh lib,j^t4if, 14.
%i$ M I; M o I R c «
jPelloutier avoit mSme ^te <
cle conno^tre dayantage ces j
gnes^ Conradms Celtes lui en
fpurni des defcr^tions ajQTez
en profe & en yers ( 4 ) : ainl
^ encore ici rien k criticjue
Piodore de $icilej.
Enfin la troifieipei&ute, rep
k cet Hiftojrien^ confifte en c
pretend que Jes Peuples qu:
toieiit jie nom de Galates on
lois^demeuroient autour de cei
lagnes. life trompt , dit M. P
trier : Us Gaulois itQunt en d
Rhin ; Us PcupUs qui itount c
dt ufimvtfunntd*abor4apptU
thcs ou Cdus , &r cnfin GtrmaU
luu qu^ U nom dt Gaulois Uur 5
nitrisTrarcmtm. M^isplutot W
loi^jtier fe trompe luirmeme c T
pas appelle les Peuples d'au-d
W In ad4. dc Hcrc/n. f/Ivi, & xu a
fit. U, mor. Germ.
Vt M. Gib ERT. %tf
\, Scythes ou Celtes , que par
>rance , oii par erreur , &c dans
'ems oil Ton n'avoit pas encore
itre dans ces contrees, & oti Ton
ouvoit par confciquent favoir
veritable nom. Si Appien &
1 Caflius , ou d'autres , les ont
lis appell^s Celtes, c'eft en fe
brmant, comme Tavoue Dion ,
: ufage tr^s-ancien , '^mu <x^x**^<^
qu'ils auroient peut-Stre moins
i 9 s'ils eufient fait attention
n mati^re de G^ographie les
velles decouvertes que font des
^ageurs exa£b font plus fures que
ieilles opinions ^ qui ne naiflent
de rignorance , ou qui ne font
\s que fur des conjeftures. A Te-
du nom de Germains, c'eft un
ipropre & particulier comme ce-
e Celtes ou de Beiges, &c. qui
clut en aucune fa9on le nomge-
Dioa. CflflTJib. 19.
%iS M i: M o I R c s
nerique ; ainil celui de Tedofaj
n'exclut point celui de Voices,
celui-ci celui de Celtes ; celui de i
tiates n'exdut point celui d'Aq
tains , ni celui-ci celui de Galat
enfm il n*eil pas etonnant que 1
trouve rarement le nom de (
lates applique iingulierement ;
Germains ; puifque c'eft un n
generique 9 &c que Ton n'enipl<
pas communement le nom du ge
pour deiigner Tefp^ce en parti
lier; par exemple, le nom d1
ropdens , pour d^figner les Fi
9ois ; celui d'Orientaux , poiir <
gner les Perfans^
III. Obfirva$ionsfurunpaffagt£
rodoUy Uplus ancicn ou les Ci
foient nommis.
Je ne connois point d'Auti
Grecs qui aient nomm^ les C(
avant Herodote , qui ^rivoit
ans avant Jefus-Chrift. » Le Dam
>»dit-il, /. 2. afon cours depui
o£ M. GiSE Rf. aif
s des Celtes & la Ville de Pyiv
le ..•• Les Celtes demeurent au^-
Us desColonnes d'Herculc, &c
finent aux Cyn^tes , qui font le
lier Peuple que Ton trouve k
:cident de TEurope. » Ce font
eltes mSme que M. Pelloutier a
u'Herodote pla9oit k Textr^mi-
xidentale de TEurope 9 &c non
;s Cyn^tes; mais il s'eft tromp^ ;
it de Jetter les yeux fur le texte
pour $"^11 con vaincre ( 6 ) : oil
Cynefiens ; je crois qu'il fkut le
ger par un autre paflage du qua.
le Livre 9 ou notre Hiftorien les
lleCynetes, & oiiil rdpete que
eltes font^apxes eux^ lesPeuplei
lus Occidentaux de TEurope ;
' I I J ■ ■ i I I m
lA<H' • • • • • iJ^ KiXrM ii#< «^«» H*«4iiAM'iir r<Afvr
y|««« KcrtfM^fwr.lilex enim ei Celris Sc Fyi«
orbe orfiifl fluit . . . Celts vero funt extia
a^$$ HetcttUt finitimi Cunecibut qui ul^
'ant omniifm in Eucopa ad folU occafuoi
(atiiun, Heiod. lib* a«
^X9 M^MOlIlEll
cepeodant Etienne de Byzance s
^ue Ton dit Tun & Tautre (7 ).
Les Cynetes etoient les dei
Peuples qui fiiffent etablis k Vi
dent de TEfpagne & de TEurop
comme nous Tapprend Trogue
p^e dans Juftin.(8), c-etoici
anciens Habits^ns de TartefTe ;
nom meme s'y eft long-tems e<
Ve dans celui des Cuneens, ^ d
yille celebre de Cuniftorgis, q
pien place au m^me endvoit
auiH-bien que dans celui du
toire Cuneus, le plus Occiden
TEurope , comme le difent
& Strabon : mais ce dernier
tromp^ y ce me fem];)le , loi
fijoute que ce mot eft Latin 5
•voulu dire par-li,que le no
(7) Stephf Byzant. in verbo Kvfvmtw,
(t) SzUns Tarteripiam in quibus
belliim advcrfus Deos geflSfle pxoditux
loere Cunetcs. lib. XLIV. cap. 4*
(9) Appian, in Ibesic.
DC M. GiBEkt. lit
^ Peuples , ou de cette contr^e
itoit pris du mot Latin qui lui ref«
PbnbleOo).
Ir M.Pelloutier(ii)s'efttroppreff(S
pt confondre la Ville de Pyrrene ^
bii H^rodote place la fource du Da-
nbe avef lesMonts Pyrenees, qui
■jMitdt les Gaules des Efpagnes*
r H&rodote parle 9 comme on voit f
nne Ville & non d'une Montagne :
Danube fe forme de deux; ruii*
> dont Tun, dit Villichius ( 1 2) ^
lappelle Prygen , & Tautre fort au-
i d'une Ville appellee Fcnn^Bach
urce dc Ftrcn ) , noms qui ne font
(fi eloignes de celui de Pyrrhine ,
Ton puifle decider qu'ils n'ont
\ iti defigncs fous ce nom par He*
lote.
^ t ". II y avoit une Montagne Pyre-
Ik^ dans les Alpes Rhetiqucs , fur
\
bo) Scxab. lib III. init.
X 1) Hift. ^cs Celtet, lib. I. pap« l.
(i 2J| In Com. Taa Geim. lib. I. cap. a*
K3
nom meme s'eft conferve, & 1
lemans Tappellent encore P;
pii Brenner dans le Tyrol ( i
IV. Exarrnn du Chapitri 1
Livre premiir de tHifioirc dcs C
M. Pdloutier.
Entre les Peuples que M. I
tier met aii nombre des Cel
n'y en a point que j'aie iii pi
pris d'y rencontrer que les i
Habitans de la Grece ; mais
pas ^te moins etonne de ne t
(13) Poll hos auceiu (GermanosJ
xnons & domicilla Ccltarum prope fo
criflui £ridani. Dionyf. Pcrieg. v. 288
cnfuitc d«s Monts Pyr«^n^€s d'Efpagne
338. TarteiTus araxna divitiis atHucntii
DE M. GidERT. 11|
* conjefture aiiffi nouvelle foil-
ue que par des conjeftures encore
s hafard^, par des citations
: entendues, ou mSme tronquees ,
>ar des raifonnemens peu folides :
t s'en convaincra aifement , ii Ton
It me fuivre dans Texamen que je
s fairedu Chapitre IX.defon pre-
T Livre : puifqu'il promet de ne
arder les Critiques que Ton fera
fon Ouvrage , que comme des
uves de Fattention avec laqbelle
Taura lu , je me flatte qu'il me
Lira bon gre de mes obftrvatioiisv
A. Pelloutier fe propofe d'ctablir
I les ancicns Habitans de la Greet
€711 Scythes ^ & U mime Peuple ,
il , qui re^ut enfuitt le nam de Celtts,
on lui, cesanciens Habitans furent
partie chafles, en partie foiimis
• les Colonies que les Egy ptiens &
Pheniciens y en voy erent, enforte
II s'y forma une nouvelle efpece
labitans ^ compofee d'Egyptieas.^
K4
I
124 MEMaiKES
de Ph^niciens & de Scythes ^ & (
Ton reconnut pendant long-temsdi
traces de ce melange dans leur Lai
gue & dans toutes leurs coutumd
Voilk Vid6e g^nerale que M. Pd
loutier nous donne lui-meme de fo
iyfleme : il femble s'embarrafierdEi
peu de Taccorder avec rEcritum
Sainte , qui fait defcendre les Gra
de Javan (16); une conje&urefii
guliere, qui fe trouv e > ou, du moiil
qui paroit oppofee au texte des L
vres Saints, devoit 6tre propo/i
avec un peu plus de circonfpefiii
C'eft une premiere obfervation
Iaquell6 j'en ajouterai une fecom
fur ce pafTage de Denis d'Halicai
nafTe , qui eil cite au bas de la p,
( *). 11 s'agit du terns oil les Pheniciei
& les Egyptiens paffer«nt pour
(15) Daniel ippclle la Gr<^cc lePaysdc Jivaii
J>dH. VIIL 2 r. Hirtus cMprdrum Rex GrscU , iuti
THcbrcu , Rex Javan, |
( *) Voy, ci-dcffiis Liv. I. Chap. IX. note (ij
deVHifi.dtsCth.
d B M. G I B E R t. 11^
ere fois en .Grece; k ce fujet M.
itier pretend qufe Denys d^Jfa^
tfft dit^ que Its Filafgesi qui
\ Its auckns Habitans dc la Uri-t
mcnctnnt tPiuc inqitictes par hs
\aux y deux geuiraiions avdnt la
dc Troyt. M. Pelloutiern'a pas
sirde qu.'il ne s'agifToit dans le
e de rHiilorien Grec , ni des
tienSy ni des Pheniciens , ni de
enue en Gr ece, ni enfin des P^-
de la Grece ^ mais des Pelafges
.e9& dela famine^de la pefte cm
itresmalheurs qui lesobli|^renl:
brtir, & de retourner dans la
?,ou dans d'autresContrces( 1 7)1
Pelloutier entre dans rexplicas-*
ie fon fyfteme , qu'il appuie 9
LrFHiftoire des Eelafges,!?.
nf Religion ,3*'. fur leurLaiii-
4". fur la Mythologie Grecqud
■ " ■ . 1 ■ ^« ^ ^-"^p"
%i\ XV^% ^v «r TO niKeuytM x«xSriu ^{f«r» »
mpa& autcm quo res PeUfgocum deficexc
nt.(lib. I. p. 20. Edit. Leipficf. C'cft cettCt
I ^nc noos ciiOns tQDJoors.
ai^ M £ M O I RE s
II faut le fuivre danstoutes fesi prea4
yes : il foutient d'abord que Uspn^
mitrs Habitans dt la Grict itoitnt
Pmplt Bariare & Nomade , qtd p^ :
ioie Unomd^ Pilaffs ylathofi^zfM c
tt^t-W^eJireconmuparluplus'ciMA t
Hijloriens^i qui ofureMqUtl^ ^^^^%-
gis occupoUnt anciennifMnt non^fm t
kment U Peloponnife , U ierritoin ^A \
theuis avec Us IJlcs voifin^s ^ pMrtic$ ^
lUremcntxelUs dc Lemnos , dc Scyfu$^ >
d^Eubic , ^iii portoit autrefois U nd ^
dc Pdafgik y mais en gimural MUak g
Grec^ .1
i^ Les Pelafges, il eft vrai, itoiti
unPeuple barbare> &c dont lecarad i
"tere principal eft d'avbir loiig^teini -_
erre pour fe chercher des demeum
fans en trouver oil ils puftentfefi .
xer ( i8) ; mais )% ne f9ais fur qi
fondement on pent les appeller
mades : on f^ait en efFetque le
fi 8) Herod, tib. ][, 9(«^. pliulbiis ia lA^h
DE M. Giber T. 217
te effentiel de$ Nomades ^toit de
avoir d autres biens que des trou-
saux, ni d*autre occupation que de
s conduire d'un paturage k un au-
e, comme le reconnoit M. Pellou-
cr lui-meme : del^ leur avoit 6t6
onne le nom fous lequel ils dtoient
onnus , qui a pour racine le mot
free ff fjitd qui {\p{\fit pahrcyOW celui
c fcfAn qui lignifie pdtun ou pdtU"
^ : ^ permutandispabulis ; quiafa^
i untantes agros alia atqiu alia loco,
uivtrant. Cc fonf les raifons que
iallufte & Pline donnent de ce nom ,
Ikui dans fon Jugurtha , Tautre dan$
bn Sift, nau L 5. c. 3, Or nous ne
*4qos nulle part que les Pelafges euf-
kot aucune coutume de cette ef-
P^e 9 ou fe mSIaffent du foin des
Imipeaux : au contraire , fuivant
l^kore , cfains Strabon , /• y c'etoient
ki homoies qui s^etiHent adonnes
piquement ^ la Guerre; &9 ^ivant
K6 ^
Xli M i M O I R E !
Denys d'Halicarnaffe ( 19]
rent eux qui y en fe melant
'Aborigenes , lespolicerent ^
prirent k bStir des Villes , &
tirer; & en efFet , s'ils n'av<
de demeure fixe , ce n'eft p
qu'il etoit dans leur moeui
de Pays en Pays , & d'etre
pour ainfi dire ambulans, n
ou parce qu'ils ne trouvoie
terresvuides oiiils puffent \
ou parce qu'ils etoientcontj
quelque force majeure di
celles oil ils s'etabliffoient, <
refulte de leur Hiftoire ; ai
/quitterent la Theffalie qi
qu'ils en furent chaffes pa:
l^ges^ & ils n'abandonnerej
que parce qu'ils y furent f(
les triftes effets de la pefte &
mine ( 20 ). Les Scythes au (
D £ M. G I B £ R T. 11^
r & les Nomades paflbient d'un Pays
(s ik iin autre par coutuitie & fans au-
- cun deflein de s'y fixer ; ainii Tepi*
r thite de Nomades peut etre appU*
'^ -quee aux Pelafges.
» 2^. X^ette propoiition que les an*
t^ ciens Habitans de la Grece ^oient
^ Pelaiges , me paroit trop g^n^rale ;
|t car il s'en fiiut, ce me femble , de
hi beaucoup que Ton doive r^duire les
. premiers Peuples de la Gr^ce aux
^ieuls Pelafgesy & THiAoire nous ap«
b prend^au contraire^ que fi les Pelaf^
P S^ ^V ^^^^^^ <^s quelques en*
^ droits 9 ou ils en cbafTerent des Habi-
^lans quiy demeuroient auparavant,
i ou ils s'unirent avec eux ( 2 1 )• Auffi
I je conviendrai ^ avec M« Pelloutier ,
|4)ue 9 fuivant les Auteurs qu'il cite
^ en cette occafion 9 prefque toutes
^ies contrees ^ dont il ^t ici Tenume-
i (si) Heiod. lib, U. PioDjrf. HaUcaxQ. lib. J^
-. Scnb. lib. V^
230 M£moires
ration, ont ete occupies en different
terns par les Peiafges , qui paflbient
de Tune k Tautre ; mais ces Auteurs
ne difent nuUe part qu'ils les occu-
paffent originairement : le prdtendu
paflage de Thucidide , rapporte en
lettres italiques, qu*ayani It urns
d'HelUn y fils dc DeUcalion , la Nation
Pelafgiquc etoit ripandut dans tome la
Greet , quand on Tadmettroit , ne
prouveroit en aucune fa9on que les
Peiafges en etoient les premiers &
les feuls Habitans : mais^de plus, c'eft
un paflage que Ton prSte tout entier
^ Thucydide , qui ne dit rien de fem-
blable : voici en efFet les paroles de
cet Hiftorien, dans Tendroit qui eft
indique ( 12 )*
» Le nom d'Hellenes ne fiit point
5» originairement commun ^ tous les
^►Peuples deces Contrees; ii n'exif-
»toit point meme du tout avant Hel*
(z2) Libtl.cap. 3.
DE M. Giber T. 251
n , fils de Deucalion ; mais cha*
je Nation , & fur-tout entre au-
*s celle des Pelafges , avoit fon
>m propre & particulier : » k quoi
krholiafte ajoute qiidlts rCtn
cm aucun quifut commun a tonus.
\ facile de voir que non-feule-
t Thucydide ne dit pas que les
fges occup^ent toute la Grece ^
leme qu'ils y fuflent repandus
tout , mais qu'il refulte^ au con-
e^ neceflairement de ce qu'il dit>
lie etoit peuplee de hieix d'autres
ions que les Pelafge$«
nfin y il n'y a aucune indu^on i
• de ce que les Poetes out quel-
fois compris tous les Grecs fous
?m de Pelafges : ils ont parle en
tes & non en Hifioriens 9 ou en
iques , & Ton n'en peutpas con-
e davantage qu'ils avoient ete
inairement Pelafges, que Ton
rroit conclure qu'ils etoient tous
Acheens ( 13 ) , Dolopes (14) , Do-
liens (3 5) > ou Argiens (16) , de (X
que les Poetes les comprennent quel
quefois fous ces noms particiilier;
Je ne puis m'empecher d'ajoute
encore ici que le Scholiafle d'Apol
lonius efl cxt6 m^ k propos , poi
montrer que Tlfle d'Eubee fut oca
pee par les Pelafges, & qu'elle s'a;
pelloit Pelafgie , ce Comnientatei
lie dit autre chofe , finon que f(
.Pdete appelle Pelafgique ^leMarsc
MacronUns , parce que les Macr
niens ^toient une Colonie venue •
VEubit , Ijlc voijine du Pilopponij
lequel ^oit appelle autrefois PcL
£^ : en efFet, Strabon qui fait Ten
(23) Se quoque principibus permiztnm ag
vit Achivis.
(24) £t gemini Atiids Dolopumque exerc
omnis.
(25). • . • • Juvac ire & Dqxka caftia
Defertofque videie locos.
'(16) • . • . Noa hoftem iiiixnicaque Ci
Argivum , veilias fpes uiitis.
DE M. Giber T. 131
Aeration des anciens noms de ^u-
liee^ nelui attribue point celui de
Pda^e ( 17 ) , & je ne me fouviens
^ pasd'avoir lu y nulle part, que les
^ Pelafges s'en foient jamais empares.
Chajlcs iu Filoponnifc y dit M. Pel-
lovsheTypar Us CadmitnSy c^fi-a-^rc >
U-f^r Us Oricntaux y Its Pilafgts fi
, mmnni dans la TkcffalU , ou lis ft
wuundnrcnt pendant un affi[ long ef^
pMC€ iU terns ypulf que utu Pravinur€»
pa £tttx U nom dt PiLASGlA.
Denys d'Halicarnafle , qui nous
i^^nd cette migration des Pelafges
tn Theflalie (18) 9 ne dit point quel
en fiit le motif, & comme il la pla*
joit trois ou quatre generations au
\ moinsavant Cadmus, iln'aeu garde
de dire qu'elle fut occafionnee par
(17} Ellc s'etoit appellee MMtris^ Ahjkntii^
OAe/jElUfU [Stnb. Hb. X. ) Hcfychius Tap-
feUe aaffi JBmm. ( Boch. lib. L dc PoxnicQim
Coloa.)
(ztj Ant. lib. I,
de plus dans Herodote, que dc
nys d'Halicarnaffe , quoique I
loutier en cite les Livrcs II. c,
c. 57. FII. c, 93. &f^q>
U n'a pas mieux reulfi dar
plication d'un paflage du chap
dnLivn L de cet Hiftorien , d<
fert qiielques lignes plus bas
montrerque les memes Ca<
inqui^terent encore les Pelafg
la Theffalie ; car Herodote, da
droit cite , n'attribue aux Ca(
qued'avoir chafleles Pelafge
ti^otide (ou Eftieotide ) , Pi
fitiie vers les Monts Olympe
oil ils fe retirerent en fortar
Theffalie , & non pas de la T
I
DE M. Giber T. 25^
Mcens que les P^lafges furent inqui^-
tis dans la Theffalie; c'eft plutde^ dit-
jl,par U now can P tuple , form^ du
sdlange de ces Orientaux dvec les
aociens Habitansde la Grece. Denys
cPHalicarnafle fera cette fois fon ga-
rant au /. 1; dtfcs Antiq. Cependant
cet Hiftorien ne nomme en cette oc-
cafion que les Curates , les lileges ,
les Habit ans du ParnafTe. OrM, Pel-
loutier ne prouve point que ces Na*
lions fuflent le nouveau Peuple eft
queftion, qu'il compofe d'Egyptiens,
& de Ph^niciens & de P^lafges , ou
quelles en fiflent partie : je ne f9ais
ti^me fi leur Hiftoire pourra s'ac-
commoder aifement \ cette origine ;
qnoiqu*il en foit , Jufqu'i ce que M.
Pelloutier ait ^tabli c^ point , je ne
vois pas ce que feit icipour lui Tau**
torit^ de Denys d'Halicarnaffe.
Mais laifTons toufes les migrations
dcs P^lafges : & voyonsplutot com-
nent ii en concl^ra enfin que lesPe-^
Grece , en Italic , &c. ) itou
r opinion que Us Pelafgcs , qui
roitntcn Grece , en Italie^ dans .
ce^ dans tAJie mineure, etoient
me Peuple : comnte il cjl conj
les Pelafjges des aiures Pro\
JP Europe , etoient les anciens v
fui vicurent dans lafuitt fou
de Ceites^ ta cdnfequence tfi/a
rer^ c^eji quHlfaut dire la mi
de ceux qui etoient en Grece.
II eft bien difficile de fe pr
premier raifonnement ; car c
qu'il entend par les Pelafges
vinces di f Europe ^ k Tegard (
il eft conftant qu'ils font S
Jufqu'ici, il n*a parle que de
conilant qu'ik fuffent Scythes ;
: ce qui eft en queftion : il ne nous
r 4n a pas non plus montr^ d'autres ;
1 4(f apres tout, j*ai beau relire les Au«
tears, j'ai beau feuiUeter fon Livre ,
|e ay trou ve que ces P^la^es Grecs ;
; on s^l ^end ce nom quelque part k
; d'autres , c'eft fans citer ni autorit^s ,
HI raifons qui Vy fondent : ii done il
tn connoit veritablement (i'autres^
& qu'il foit aiTur^ qu*ils font Scy-^
Aes , qull nous les d^couvre clairie-
: jaent & pr^cifi^ment ; fur-tout quil
I Bous communique les preuves qu'il
a de leur origine Scythiqug ; autre-
t ment le raifonnement qu'il ^t ici
pfte fera concluant que pour luL
[' II continue : Ccpmdant jfipouffani
tflus loin nos rechcrchcs^ nous fouhah*
Uon$ defgavoir encore plus particiUii*
Hmcnt , quel Pcuple itoicni ^ apropre^
ment purler^ ces Pelafges; les Poetes
nous diront dans leur Jfyle figuri que
fugient dfs (^ian^^ i ^ffi U nom m*9ll
ftjS M i M O I R C S
donnoit au£i axiJi^Ctltts , parct oj^'i
itoitnt (Tune grandeur inomu.
M. Pelloutier ne nous cite malhe
reufement aucun Poete qui ait doni
le nom de Geant aux Pelafges ,
aucun Auteur qui i'ait appliqu^ a
Celtes. De ce que les Anciens <
place les Geans dans quelques-i
des Pays qui fiirent occup^s par
Pelafges,on ne peut pas conclure fi
doute que les Pelafges font la m§i
chofe que les Geans ; c'eft pourtani
1(eul argument dont il appuie une al
gation fi finguliere. Voy. la Note qi
met (*) au bos de la page 7 1 .fous (<
II n'eft pas mieux fonde , lorfqi
ajoute que les Poetes les ont auffi i
pellesTitans,& Tendroit d'Hoihei
oil il croit Ta voir lu,ne dit rien moi
que cela. Ce Poete , en effet , y n
^ la tete des Pelafges , venus au
cours de Troye, Hippothous & F
leus, enfans , dit-il , du Pelafge I
(*) Cl-<kirits Torn/ L p. iij, note {J^)%
BE M. GiBERT. ^3^
i%yfils dc Ttutamt : car c'eft uni«
ement ce que iignifie le nom pa-
niroique Ttutamidc , & non pas
'ilfut un Titan. Apiis tout, fur
i\ fondement M. Pelloutier veut-
[ue Ton croye que Ttutamidc ^oM
uamc & Titan font la m6ine chofe?
rtainement il y aflez de difference
Te ces deux noms , pour ne pas
»r cette confequence de leur feule
Temblance , fans quelque temoi«
age^ians quelque principe qui Pap-
ie. Enfin, il me femble que fi les
lafges etoient la meme chofe que
; Geans , on ne doit pas y dans Te-
ditude de la Critique, les con«
ndre avec les Titans, ni au con*
aire ; car , pour peu qu'on f^ache
; Mythologie, Ton connoit la diffe*
mce des uns & des autres; les Ti-
ns font les premiers Auteurs de la
mille des Dieux de la Grece ; les
eans font des monftres que la terre
roduifit, pour venger la defaite d^
V40 M £ M o t R fi J
& le malheur des Titans I 4etr6i
par leurspropres enfiins (i9)-
II n'eft pas encore terns d*exai
ner fi M. Pelloutier prouve mie
que les Titans, ou les Geans, ne f
autre chofe que les Celtes, & il
fuffit d'avoir montre , quant k p
fent , qu*il prouve mal , ou pli
qu'il ne prouve point du tout^ <
les Pelafges fuffent la m8me ch
que les Geans ou les Titans.
. Qu'ileflQcheuxqu'unLivreci
xne le fien, joigne fipeu de Lc
que a tant d'erudition ! II s*eft ii
gine que les Thraces <5toient Celt
&,fur ce fQndement, il entreprenc
prouver que les Pelafges etoient
Thraces , parce qu'il s'en fuivra
turelletnent qu'ils etoient auffi C
tes : examinons comment il exec
ce qu'il fe propofe.
Herodote dit , k ce qu'il pr6tei
\i9) ApoUod. lib. I. •
DE M. GlB£RT. 241
.^. 5 1. Que Us Pelafges occupoitnt
ienntment Cljle dc Samothracc , &
ceJliTcux que Us Thraus ontpris
lyfieres dts Cabires; il trou ve dans
a^ige une premiere preuve que
Pelafges etoient de$ Thraces ;
r moi ^ il me femble qu^il en au-
du conclure tout le contraire ^
que de ce que les uns re9oivent
autres des ufages particuliers j ii
fuk n^eflairement quli^ avoit
e euz^ au moins ^ quelques diffSf «-
:es de ceutume^^auffi-bien qu^
lom y 6c qull n'eft pas poffibl^
itrcr de ces differences m^me$
Is ^ient im m^e Peuple^ un$
De Nation.
urefle, iln'eft parle des Thraces
undent en cet endroit quedan^
tadttdiOn Latine de Valla 9 & le
ic ne dit autre chofe , finon que
Samofhraces re9urent des Pi^iaf*
ipa s*6tzV&Tent dans leur Ifle, lei
i^es des Cabires^
'me in, h
24J. M §: M O I R E S^
M. Pelloutier tire line fe
preuve de ce que les Thraces e
aiifli-bien que les Pekfges (
dans laGriicede.toutjs ancienr
de te^T^ immemoria,! : je pot
qu'il en refult^ op effet qjiielqu
formite entr.e les Thraces & 1
lafges k cet egard ; mais cela p
d'a^itant moins qu'ils font le
Pcuple , qu'il y avoit d'autre
tions cjjaf le.s Pclafges , qxii d
roient ,ponim.e eux, de toiit^ a
net^ dans la Grcce. JCe n'eft p^
& je lui d.emanderpi^ volonti
il a trouve que les Thraces y
^tablis dfi Urns inwiejjiorial. 1
dide dit/^ la vcrite (3 o), qu*ih
.poient la Phocide (iu<eiins de T
ft: lors du nieurtre d'I.ds par les
d'Exechlee j mais ce tf ivs n'ef
i:epul^ dans rJ^iilQir^.de Tan.
Grece, (8f Ae remc^Ue qu'^ ci
^"' M- . : rr- a;.. ...i r .J .» ' . ' v
(|o) Thucyd. lib. I,
DE M, GiBERT. %4J
;en(Srationsau plus avant laguer.
B Troye ( 3 1 ) , an lieu que I'on
(ve les P^lafges dans le Pclopon*
t phts de dix-huit generations au->
rirant (31). Enfin la Phocide n'eft
Kne Province de la Grece y &c
ne peut pas conclure du parti-
er au g^n^ral ; ainii , quand les
aces auroient demeur^ de tout
( dans cette Contrce, cela ne&«
rien pour le refte de la Gr^ce^
letroifi^me preuve ieprendde ce
les P^lafges demeuroient pr^s du
tt Athos, oti habitoient audi left
bes 9 les Creftones 9 les Edones ,
pies Thraces \ II y a toutc appa^
f , <tit M. Pelloutier , qtu Us Pi^
cy ne sUtoicnt ruirls clu[ mx que
' hte cnfuntl aupris dc Uurs Com*
i) iJitOtU t C€fcopi II. fzuA'tom II. Eg^J
k^ Mneplmy qui ie uou$9l au iU^ 4%
^
) DitfojC Wditum, lib. L
Li
Z44 M £ M o I R £ s
. Cette apparence I^ eft d'^uta:
.foiJ>le,que,par la m6aie raifon.
guires de Nation 4ont on j
mettre les Pelafges, qui, prefqi
Jours errans , fe logeoient oii i
vpient, tantot pres des Alpc
tot pres de THellefpont ; auffi
loutier a bi^n fenti le peu d-i
fion que pouvoient feire de
raifonnemeps , c'eft pourqu^
joint un paiTage de Strabon qu
plus decifif : Nous avous yu j
qiu Pljle de Lemmas itQiB aceuj
les Pelafges, Cependant Strahon
qiu que les premiers Habitans <
IJle koient des Thra^es , appell
piens , quiyavoientpajfidu Cw
L'Hiftorien'des Geltes eft
ki bien eloigne de fon cpmp
Sintiensfont, il eft vrai, lesp
ciens Hsibjtans que Ton coj
^ns PIfie de Lemnos ; & \
inSme , dans Homere , dit qm
ffm cux qui ryrefun^t hrfyu'U
D E M. G I B E R t. 14)
\du Cicl ( 33 ) : mais c'eft par cette
ifon 1^ mgme qu'ib font difFerens
sP^Iafges, qui he Toccuperent que
;des terns, bien pofterieurs^ car
iP^lafges ^toient des Pelafges Tyr-
aiens , qui , ay ant quitte Tltalie ,
^viron deux generations avant la
re de Troye ^ s'etoient d^abof d
\ dans TAttique^d'oii ils avoieAt
I enfuite chafles , foit juflement ^
: 4 tort 9 par les Atheniens , &
:>ient paff^ dans Tlile de Lemmos.
t[ H^rodote a la fin du Liv. 7.
fdide^ dans U quatrUmc Livrcp
,32^, dc la xe. idition ifHenri
le. Li Commemairc d^EuJlkau ,
rle vers Szo. de Denis le Periigiti^
m dllalicafnaffe , Livrt i.p. 20.
.deLdipfic(^'^4).
?$ Pelafges , qui occuperent Tlfle
iLemnos^ ne doivent done pas 6tre
4
[ti> mud. a. cicet finem.
14) Lp'oo pottrroit ajoucer qae Ton tronve
Apellonius la diftin^ion In pliis caraAc-
L3
%46 Me. MOitiES
confondus avec les Sintiens y (
confdquent , que les Sintiens 1
.Thraces , ou fimplement des Pi
ou qu'ils aient eii telle autre o
qu*on voudra , cela ne dicid
pour Porigine des Pelaf^es.
Je ne vois pas que M. Pell
tire de rHiftoire des Pelafges,
Celtes , d'autres argiimens qu(
que je viens de r^futer ; je dou
qu'il y en ait un qui puifle feul
jrifee entre les Sintiens 6c let P^lafges
aien</qui les chafTereni de leur Mcs jc
' tciai les vets de ce Foete :
•1 fffvr /utmorf ^m 2<rrr«/a Mfxrir XtmMt
lis font rendus en Latin par ceui-ei «
chart. (Chanaanr. lib. I. cap. sa*)
Siji^Z'w StntUdisfuerdt Jfrius ineola-lim
HiLne mutare tofi fuhes ^jrrhtna toe^i^
Le Scholiafte nous tpprend m^me \
dans qUel tems les P^Iafges chaflferent
fiens de Lemnos , ce fut lorfque Th<^re
maternel d'Eurifth^ne fe Proclus , prem!
de Laced(fmone dans la troiljeme gd
•pr^s la guerce de Troye, alia s'«cablix
UE M. GidERT. 147
itt Ii€u de foupfdnner c(iie fes
;^sfttfeAf Celtes : ainfi paflbns
qu'il tife de leur Religion.
^Les P^Iafg^ avoient ^abli I'OVa^
de Dodone , le pkis ancien de
Bte la GtiQt. C'^foit aiiffi la ma-
desScytft^ ^ dit M. Felloutitr ,
' def Oracles ^ de dtf<irer beaii.
|iux pl^fages : c'^toit , difons
k, lainanie de tous les Peuples
Brftftiett?t : par exemple, c'^toit
f manie desEgyptiens comme ceile
iScytkes : Herodote mSme affiire
rks Oracles nedevoient feur ori-
qu'aux Egyptien* ( 3 5 ). II y a
1 9 c'etoit Hn point ^galemenf re-
in par les Egyptiens & par les
leeliSy que celui de" Dcdoirt
fokiti ^tabli par une Egypticnne;
ktPr6tT^9 de tkebes Tavoient ainfi
fit^ k Herodote ; ceux de Do-
hetffit
f (l J ) f ri /f neu rSff tptfi i fiarriK'^ *t* A'o vt t V,
Iqnc diviAandi ratio al> iEgypto afcita. Hciod.
L4
done lui en avoit dit autant (36) ;
je ne vols pas ce que Vofi peut op
fer k une tradition fi pofitive i
uniforme: en eflfet c^ qu*Eph6re
dans>Strabon^ que cet Oracle e
iJ^fu/xu rZvvnXctry€oif J nepeut^ ce
femble 9 fignifier qu'il euc et^ k
par les P^lafges : i«rpufue dans le 6
de Strabon ( J^oyei Us pnmienstii
du Liv. 6. ) fe dit de la conftru&<
de la fondation d'an Temple 9 <
BAtiment, & nes'appUque poin
dinaircment au fens figure y i 11
tution , retabMement d'une c
^onie , d\ine fuperftition ,
Oracle en un mot; ainfi il fei
qu'il faille Texpliquer ici de la
dation du Temple mSme qui ^t
Dodone , & qui avoit en effe
conftruit par Deucalion , qui
Pelafge ( J7), ou dire queps
mots Ephore n'a entendu ;
{16) Ibid.
(37) Plutarch, in rirrho. init.
PE M. Giber T. 149
tofe f finon que cet Oracle etoit le
*a facte & le iiege de la Religion »
iculte des Pclafges. Apres tout , le
moignage , peut-etre hafardc d*E-
lore tout feul , prevaudra-t-il ^ ce-
id*Hcrodote , qui avoit voyage fur
5 lieux \&ck une Hiftoire bien cir*
^nflanciee, confirmee egalement
If tons ceux qui y avoient quelque
ut?
Ainfiy d'un cot^ , il eft peu proba*
e que TOracle de Dodone dut fon
rigine aux Pelafges , & , d'un autre
itc , quand il la leur devroit, Tu-
^ des Oracles n'etant point plus
irticulier aux Scythes qu*i d'autres
ations , il devient une preuve fort
[uivoque de la conformite de la
eligion des Scythes & desP^lafges»
Selon M. Pelloutier, en premier
n , les Pelafges n'avoient point de
emples ; en fecond lieu , ils con-
nmicient Tufage des Idoles; c'e-
ient deux points effentiels de la
L5
150 M^MOIRES
Religion des Scythes on Celtes
fe fonde , quant aiix Pelafges , ft
^ue leiir Oracle de Dodone n'
qii'un Chene , qii'un Hetre.
v\ Je lui r^pondrai, en gem
que ces deux points effentiels i
Religion des Scythes Tetoient
de la Religion de No^ & de ks
miers defcendans, & que plus
monte versl'origine desPeuples.
on remarque qu'ils conlervoien
core dans ces premiers terns le5
ces de cette Religion fainte &
mitive , qu'ils tenoient tous ei
ment de leur fource commune ,
fi la conformite de la Religion
Pelafges , dans les points dont ii
git , avec celle des Scythes , en
terns & recules , quand elle i
conftante , pourroit , pcut-etre .
Vir k prouver qu'lls venoient d
ni6me tige ; mais elle n'etablit p
que les Pelafger fuffent des Scyt
ni les Scythes des Pcla%es.
DE M. Gl BERT. 151
1^. 11 feroit difficile que Ton exit
kn des Statues, ou des Temples, dans
In terns , oil les Arts , qui les ont
pour ainfi dire cr^^s , ^toient encore
^ores ; ainli que les Petafges n'cn
htflent point originairement , cela
le pronveroit pas qu*ils fuffent in-
^dits par leur Religion.
3^. L*Hiftoire leurdonneun Tem-
^t (38) d^s le terns de DeucaHon ;
i'ils n'avoient point de Statite , une
^lombe placee fur un ch6ne ^toit
fcir JfJoie ; & en Italie y Denys d'Ha-
icamafie remarque qu'ik conful-
teent un Pivert pof6 fur une co-
Dinne de bois : qui ignore que les
pres 9 les colomnes , les pierres
Kane , cquivalurent loog-tems zxVx,
QoWs & aux figures plus pariaites
pie FArt n'avoit point encore ap-
Ws i trouver dans !a pief re & dans
k bois ^ Ajoutons entin que , loin
L _
(it) Plataicfai. ubi fupcl.
L6
1^% ' 'M i ;M O I ft £rS
d*abhorrer Ics Idoles , ce fiirenf li
Pelafges de qui les Atfab^niens a]
prirent les premiers des Grecs
confacrer certaines Statues inf^mi
i Mercure (39).
» Les facrifices > dii M. Pdloutw
>> Sr'ofFroient ^ Dodone , &> para
» les Pelafgiens en general y par I
» feule invocation du nom de Diei
» C'etoit aufli un ufage des Perfe
» des Scythes , des Celtes ; ils n'er
» geoient point d'Autels ; ils necod
^ noiiToient point les libations^nilc
» aiitres ceremonies que les Grec
M pratiquoi^nt dans leurs facrifices*
Je ne f^ai fi ce que M. PellouW,
nous affure des Pelafges eft bifl
vrai ; ce que je fjai , c'eft qu'ilni
nous en cite aucun garant ; carpouj
le paflage du fecond Livre d'Herflj
dote qu'il tranfcrit en Grec dansli
Notes , s'il croit qu'il attribue ft
(ap) Hciod. lib. XI. cap. j i.
1)£ U. ClBERr^ .lyj
fage 9 dont il parle , aux Pelafges , ii
ne Ta pas entendu. Il ne fignifie au*
tre chofe , finon que les Pelafges fa-
crifioient originairement dans tou-
les les occafions , en adreflant leurs
|)rieres aux Dieux , mais fans leur
lonner k aucun ni nom, m furnom
>articulien e'^w? /i 5 »i»T« wf-tt^t %, utxacyj
j^»« i^riiw. Aufli apres avoir dit com-
nent dans la fuite ils leur donnereat
les noms , U coaclut que , depuisce
terns , lorfqu'i!s facrifient , ils em-
ployent les noms des Dieiuc i^m t«w<
Je n*examinerai point apres cela
5 , parce que les Perfes n'avoient
point d'Autel, M. Pelloutiereftbien
Ebnde k en refufer aux Scythes Sc
lux Celtes : je remarquai feule-
ment que Ton en trouva dans le
bois des Gemiains parmi les trifles
reftes de la defaite de Vamis (40>.
(40) Tac, I. cap. 61, .
%X4 MiMOlRES
Lucain en met dans im bois aiipre
de Marfeille ^ qui n'etoient arrofi
que de fang humain (41) : les Scj
thes en corifacroient , aufli-bien qii
des Temples , & mSme'des Statues
au Dieu Mars > quoiqu*its en refi
faiTcntaux autres Dieux ( 41 ).
Je viens maintenant k la Langi
des P^lafges ; je trouve d'abord i
tine lifte d*environ cinquante mo
Grecs , compares k autant de mo
Tudefques qui ont la liieme figni
catic n , ou , au moihs , unelignific
tion analogue ; fi on en veut d
vantage , on nous renvoye ai
GlofTaires, & Ton foutl^nt que da
ces mots hx conformite de laLangi
Grecque avec la Tudefque , i
des Dialedts de Fancicin Scythe ,1
peut etre Teffet d'un niir hafarc
cette conjefture , ajoute-t-cn , (
(41) Lucan.
(4i) Herod, lib. IV.
DE M. GiBERT. 255
particuliere au Grec & au Tudef*
^e 9 & on ne f^auroit gu6res goiH
ter la penfee de ceux qui rattri-*
Suent k une Langue coounune , qui
itoit en ufage avant la difperfion
ies Peuples. On ne peut pas dire,
lufli 5 ajoute-t-on , que Ies Scythes
ant emprunte ces mots de la Langue
C^recque ; Ies Grecs dtoient un Peu*
pie nouveau en comparaifon des
Scythes. De ces raifonnemens enfin
on nous laiiTe k condure que ces
mots etoient des refles de la Langue
des anciens Pelafges , refles qui
prouvent qu'elle ^toit la m^e que
celle des Scythes ou Celtes ; & par
confequent , &c. Je r^ponds dV
bordavecHerodote que Ton igno-
re entierement quelle Langue par<»
loient en effet Ies anciens Pelafges.
Cet Hiftorien, qui vivoit il y a plus
de 1 1 50 ans , dansun terns oil il exif-
toit encore des Pelafges , conjeftu-
roit qu'clle etoit Barbarc ; je ne
ijrrf M * M 6 1 ft k s
doute point, puifqu'il adroit exami
ne la chdfe avec foin ^qu'il ne noi
eut dit qu'elle avoit quelque rel;
iion avec la Scythique , ii cela et
^t6 ; il penfoit auffi que les Pela
ges , qui s'etoient meles avec 1
Grecs , avoient perdu leur premie
Langue pour prendre celle desGrec
& je ne puis mie perfuader que , s'i
en' avoient conferve quelques mol
il foit poflibic de decouvrir dans
Grec quels font ces mots , pour L
pouvoir enfuite comparer avec di
mots Tudefques , ou Celtes , & i
conclure une conformite de Langi
entre les anciens Pelafges & I<
Celtes.
2**. <2uoi qu'il en foit , la confo
mite qjiie Ton trouve dans quelqui
mots de deux Langues de Peuple:
qui ont ete voifms , & qui fe foi
fouvent m81es enfemble par des m
grations ou des Colonies , ne proi
ye point toute feule Tidentite de c
•'-
DE M. GlB^Rt. 157
deux Peuples dans leur origine , lii
que Tun d'eux ibit venu de Tautre :
ces mots ont pu pafTer dans un ufa-
ge coomnin par les liaifons du com-
merce ou da voifinage 9 ou par le
mSlange des Peuplades: or il eft cer-
tain que les Scythes & les Grecs s*a*»
voifinoient beaucoup ; il y avoic
meme au terns de Darius , fils d'Hyf-
tapes (43)9 des Nations Grecques
entieres parmi les Scythes ( 44 ) »
comme les Callipides fur le bord du
Boriilhene (45 ) 9 les Galons parmi
les Budins vers des lacs y qui ^toient^
£ je ne nie trompe , ceux qu'on
trouve dans leDuch^ de Rezan vers
lafourceduDon.
Ce n'eft done point par Tanalogie
de quelques mots Grecs & Tudef-*
ques , que Ton pourroit prouver
que les anciens Grecs parloient la
(43) Entiron 510 ans avnt J. C.
(44..^ Herod, lib. IV.
^45 j Aujourd'hui le Dnfepcs.
Langue des Scythes , & ^toient Scy-
thes ou Celtes : mais diirinoins fi iine
preuve de cette efp^ce pduvoit fei-
re quelque impreffiotb , 41 feudroit
que cette analogie ftit fi paiticuli^rc
k ces deux Langues , que Ton ne
put la retrouver daiiS un^ auti'e ab*
folument difF<^rente ; & k cet egard
M. Pelloutier a ^6 affet mafheu*
reux pour ne rencontrer prefque
que des mots communs k plofieurt
Langues , tths - differentes certaiac-
m^nt de la Scythique & de la Grec-
que ; quHl me fuffife de lui eit citef
ici cinq ou fix exemples qui m^ont
paru plus frappaiis. Je mettrai d*a-
bord , comme lui , le mot Grec , en-
fiiit^ le mot Tudejfque ^ leur figni-
fication en Francois & leur analo-
gie, ou leur racine dans THebrcu, ou
dans le Chaldaique.
«p« , crdcyla terre. En Hebreu c'efl
eres.
D E M. G I B E R T. 159
^?yfciur^ U fcu^ eft pris de THe-
breu -Tp taar^ il a bruU.
cfx^f 9 Volcx^UptupU^ fignifie pro-
prement unt multitude ajfemblU ,
:oinme I'Hebreu ^np cahal , dont
D^x^^i n'eft qu'une tranfpofition.
fit^a , M/;«r, la pone , c'eft la fignifi^
ration du ^^i *; /A^ra , dans la Langue
[Ihaldaique.
Stnt , axt , w/2e hache : THebreu atfJ
lans la m&me fignification auroit
>ien autant de rapport au mot Grec
{ue le mot Tudefque. II paroit
]u'on pourroit tirer plus comaiod^«
nent le mot Grec de ly^n afcn ou
fffcn y qui fe dit de toute forte dW*
ncs en general > fuivant quelques-
ms. Guichard eke le mot Chaideen
ftji^ dtjinay dans la mdme fignifi*
ration qaViivf.
K«Cct\o5 9 kobaUj nn ludn. %i^tOi^ en
[jrec 9 fignifie un impojhury un trom^
7cur. En ce fens, Guichard le derive
le V^n prononce cabal ^ qu'il inter-
1^0 M £ M d 1 k £ s
prete aftutia ingenitim : fuivacit \t
Scholiafte d'Ariftdphane in ranis ^
c'etoient proprement des voieurs ar-
mts de majfuts ^ en ce eas il feroit
pris par tranfpofition de nV3 taUp
malleus injlrutfitntum ad percutieh*
dwn y ad pcrdendum ; d'oti Voffius
derive en efFet clava , une maffue. Je
pourrois prouver la meme origine ,
& les mSmes rapports dans VlHi^
breU ^ regard de ir«T>ip, fiirt>f, rvydn^,
Ki(pa\ii, &. Mais je crois itn avoir dit
aflez pour etablir combien ces con-
ibrmit^s de quelques mots dans les
Langues 9 font peu concluantes pat
elles-mSmes , & je cfaindrois de fa*;
tiguer le Lefteur par T^talage d*une
^nidition inutile fi je pouiTois ces
recherches plus loin» Ainfi il ne me
refte plus qu'a voir fi M. Pelloutier
\ aura ete plus heureux k prouver
Torigine Celtique des P^lafges par
la Mythologie Grecque.
D s'arretera , dit-il > k la fable des
Q E M. G I B £ R T. l6t
Giants, les Poetes les appellent quel-
(jiies fois Gcants 8^ d'autres fois Ti-
l^ns : j'ai deja montre qu'il confond
nal-i-propos les Giants & les Ti-«
ans ; mais il £iut lui pafler ce point
your abreger : il n'en fem gu^res
)Ius ayanc^ : il ra(:onte que les
;?eants voulu^ent efcalader le Ciei.
H>ur defroner les Dieux ; qu'ils fe«
:oient venus k bout d'un deflein fi
jnpie ^ slls n'avoient et^ foudroy^s
^ Jupiter , on affomm^ y on perch
^e flechespar les autres Pieux; que
Macrobe pr^t^n4 qu^ ces Grants
(toient une troupe de geiK impies
qui nioient Texiflence de la Divi-»
vati , & que Ton ^^cuf^ pour cette
taifon de vouloir detroner lesDieux«
sfPour moi , fontinue-t'U , je ne
)tdoute point que ces pr^endus
^ Grants ne fiiflent les Pelafges, que
9 les anciens nous reprdfentent com^
n me des hommes d'une taille gigan*
w tefque ; on les ^ppelloit Titans >
» parce qii'ijs fe difoient defcendm
f
%6v M i M O I R' E «
*> du Dieu Tis ou Tent. lis entre-
H prirent de detroner les Dieux :
» cela eft vrai k la lettre , pourvu
» qu'on Tentende des Dieux etran-
M gers dont-on voulut leur impofer
» le culte : la Reli^on que les Phd-
>f niciens & les Egyptiens trouve-
H rent en Grece , differoit effentiel-
» lement de celle qu*ils y avoient
M etablie.LesPelafges, adorant avec
» les Scythes & les Celtesdes Dieux-
M fpirituels a^cufoient d'im-
» pi^te & d'etravagance ceux qui
» fe figuroient des Dieux corpo-
» rels . . r • Etant dans ces idees , iIs
» s'oppoferent de tout leur pouvoir
» k rintroduftion de la Religion que
» les Orientaux avoient apport^e en
» Grece ; par-tout oti ils etoient Ie$
» maitres , ils brifoient les Idoles ,
w detruifoient les Temples . • . . Ceft
» la raifon. pour la quelle on les ac-
H cufoit de vouloir detroner Jupi*
H ter d'entafler montagne fur
D 1& M. Gib e rt. i6|^
ntagne. \Jne autre chofe con-
ma k conHrmer cette accufa^
1 ; c'eft que les Pelafges te-
ent ordinair^ixwent leurs Af-
i}^lees religieufes fur les plus
ites montagnes. »
ille eft la conjefture de M. Pel-
er , elle eft digne aiTurement
J imagination egalement vive
nee , il ne lui manque qu'une
cation jufte &c folide. J'ai deja
tre en eff^t qu'on ne voit dans
n J&crivain le nom de Titans ou
leants attribue au Pelafges ; on
t non plus dans aucun ^ que ies
fges fu^nt des hommes d'une
^twde ftat-ure que les autres ^
ten ne porte k le prefumer ; en-
loin rpie les Pelafges ayent les
tlcres d'impi^te pretendiie qu'oa
reprocbe , ^ qu'ii$ fe loient
ofes k Ywitro'duclion de la Reli-
V^xHi du culte que les Egyptiens
[^ Pheaijci^n; ^pportoient dans
%64 M i M o I R E i
k Grece , ce fiirent eux qui s'y foih
mirent les premiers , & de qui les ■
Grecs tinrent les Rits & les Doms '
mSrne de leurs Dieux^ n«p«(ri UiXath
jfMwm «VjgotvT8 vV«p«i. Herod. L 2. tf.i/.
II ne proiive pas davantage que
ks Geants & les Titans fuffent des
Celtes ; il n*eft point vrai que Id
Celtes ou Scydies fuiTent phis grands
que les Pheniciens ou les Egypdens
qui paflerent dans la Grece : on (^ait
au contraire tr^s-certainement ( pui&
que c'efl par le t^moignage de r&
criture ) que les Pheniciens paru*
rent redoutables aux Hebreux par
leur grandeur , & que les v^rit^bles
Geants m8me n'^toient point origh
Bairement une diofe rare parmi eui.
Voyez k ce iiijet Bochart , /. /, A
Phe^nic. Coloniis , c. /,
Les Egyptiens ne peuvent pas noa
plus 8tre confideres comme ^tant' ^
moins grands que les Celtes ou les .
jScythes^ Ariflp^e , dans un d$ fei
problSmeSi
DE M. Giber T. 16$
blSmes, demande pourquoi ^ foit
; Us Pays froids, foit dans les
s chauds , les hommes font
nairement plus grands ? & il
la Grece entre ces deux ex*
les ; cnforte que TEgypte etant
les Pays qu'il appelle chauJs ,
doit juger que les hommes y
ent aufli grands que dans la Scy«>
9 qui eft au nombre des Pays
£^» Mais on a quelque chofe de
\ precis encore ; c'eft que le$
LOpiens^qui pratendoient que les
rptieos ^toienf ime de If^rs Co*
ces > Ott qui ^toient eux <- xn&mes
Colonie d'£>gyptiens 9 etoient
plus grafids 4e tous les horn**
In&n , fi , fuivwt Ariftote, c'eft
U temperature du Ciel que d^
kd U taille ^es hommes , &c non
4^im caia^re piropre k chaqi«t
■ ■ ■ ^
1^) Hctod. lib. !• Plinllibf ^« c. 7 1.
%66 M i M O I R E $*
Nation , les Scythes qui ^toienl
la Grece . ne devoient point
d'une flature aurdeiTus de la m
ere , ni s'attirer par leur taiile le
de Grants ^ & la reputation d'l
n\€S d'une grandeur extraordin
puifqu^ils ctoient fous un Cie
ne devoit produire que de? hor
dp mediocre grandeur,
La preuve tir^e de la confoi
du nom de Titans avec celui de
tons , eft tirop equivoque pou
appuyer , ainfi je ne xn'y arr€
pas. M. Pelloutier auroit fans d
trouve des raifons plus appan
& mieux etablies dans le Pere
ron , qui a raffemble tout ge qu
lumieres & les forces de fqn j
ont pu rencontrer de plus fp^<
en fait de conjeftures , pour r
trer que les Titans font les prei
Celtes. Je dqute fort malgri
gn'il eutpcrfu^d^ beaucoup de j
D E M. Gibe r,t. 167
[ue de f^avans homines (47)
uge que 9 pour refuter le fyftS-
iu Pere Pezron 9 il fuffifoit de
ofer ; d'ailleurs il refteroit tou-
5 k M. Pelloutier k nous prou*
[jue les Pelafges etoient ou Cet
u Titans ; car y comme je crois
>ir demontre , il n'a prouye ni
Di Tautre.
. 1 ■,' i , . ■ ' ■ ' ■ .
^i^E'dc M. Pelloutier a
f. Jordan , ConfcilUr-Privi du
oi (de Pruffe), & Vict-Prifidtnt
: rAcadimit RoyaU des Sciences
Berlin (i).
ONSIEUR:^
gft fort iiaturel qu'ayant lu mon
nre des Celtes , vous fouhaitiez
avoir ce que je penfe des objec-»
r
f\ L«s Auteuis de - la nonvellc Co\U6t\on,
j^licns de Fpanpe^ Fxef.* di» Ton. L p. 26,
. On troiivc ccttc Lettic dans la BibliothU
ifmt^ijh He 4ikUiuut , Tom. XL. f. (o-j^j^,
.Mi
%6S Prbmirre Lettri
tiion$ qui m*ont 6ti feites dans i
]LivTcqui a paru f|OuvellemeQt
Paris f fous le titre de M^omsfi
fervir iT'IRfioirt des Gaules & A
f^anec^pc^ M* Gi^crty ( Paris, 17^1
/»-I2, )
J -aurai Fhonneur de vous dir
Monfieur , qiic j'avois d'abord rfl
lu (le repondre en deux mots h
Gibert dans h Pre&ce 4u troifii
livr« 4e m^n Ouvragc , qiil^ii
prime aauellcmeot f« {{c>lilad
mdi$^ comi^e ce vqIuiki^ ne pcM
voir le jour que dai^ le jjours
Tannee prophaine, 8c qu? VQVSi
^ites la graee de m'ayertir que
femblerois convenir en qifelquen
niere de la folidite des objeftionsi
M. Gibert, fili^ny repoiidois pasi
cttkmmefit , jeme h4te de&tkUn
f e que vqus r^^z fie moV
AvaM tOHtes choies^ jc doif t
piercier M. pibert de llionneilrqrf
£ U. I^ELLODTtlfiR. 1^0
-s qu'il a entrepfis deleter
>ti Ouvrage. L'un eft M« le
e 9 M&i'quis de SaiM^AitbiR ;
, M, rAbbe du Bos» que la
a perdu dans le cours de Tan*
[flee. Quand M. GU^eit ne
it mis k la tSte de ces Mef*
que pour infiniter que je fuis
^ trois qui me fuis le plus ^-
CetOit toujours une confola-
5ur moi d'apprendre que fe
s egare en fi bonne cOm-
t Vral <|ue rh^nneur que M«
me fiut 9 en me joignaitt de
e n^uiief e que ce foit & de ii
bommesy eft »:ccmipagn6 de
coiiipltmensy quiite vouspa*
It pas obligeans, & qui fern-
ementxr h poHt^e , dont oa
le tant k Paris. II vous dira ,
-mple (x) 9 qu'i/ n*tjl gains ju-
' ■ ■■ ■ ■ I ■*
bctt p. I.
Mj
^JO PREMlfiRt LlEtTK
dicieux .de fuppofer <5e qu*il j
que j'ai fuppofcb II Vous'din
parlantde mes recherchesfur
ciens habitans de la Gr^c€ , »
>>.^tonn6 de ne trouver iine
» ture auffi nouvelle , foutei
n par des conje^res encore ]
H fardees, par des citations ma
>» dues , ou meme tronquees
y> des raifonnemens peu folid
vous dira , en un mot ( 4 ) , q
Mfacheux qu'un Livre , co:
»mien9 joigne fi peu de Lo{
f^ tant d'^rudition ». Mais d'u
M. Gibert, qui ne traite pas pi
geamraent MM. le Gendre &
ne laifle pas de me louer ^ fa s
II m'attribue, par exemple (5
» erudition capable d'impof
approuve plufieurs de mes
ques ; tout ce qui liii deplai
»■' . ■ ■
(3) Gibcrt p. X14.
(4;pag. 149.
(sjPa^ Yii.de la Prt^f.
DE M. PeLLOUTIER. 1^1
lyantramafle tant de materiaux^
'aye pais appris k les ihettre mieu^t
x>fit. De Tautre , il m*avertit ( (5 )
» j'ai promis de regarderles cri-
ues que Ton fera de mon Ou-
age, comme ime preiive de Tk-
ition avec la quelle on Taura lu >».
>nfent d'ailleurs (7) que » les Au«
ITS dont il a combattu les fenti-
ns , & qu'il a tente de rappro-
?r de la verite , lui rendent le
me fervice». Si j*ufe de cette
liilion, ce ne fera affurementpas
• lui dire des chofesdefobligean*
mais uniquement pour lui faire
prendre qu'un Auteur , qui ne fe
pas exempt de fautes , auroit du
rer, avec plus de modeftie,celles
a cm remarquer dans les autres.
• Gibert m^rite encore ma re-»
oiffance par un autre endroit.
Pag. 135.
Pap. 243. not«
M4
%yi Premiere Lettre
Ay ant entrepris de me refuttr^ ilkV
vertit effedivement d*une faute ({i ^
m'eft ^happee , & que je fuis incjH
pable de deravouer. » Je ne fais 9 difi^
i*il ( 8) , oil M. Pelloutier a trouvi
n que , du terns d'H^rodote, les Vc*
»> netes fe difoient defcendus des Mi* ^
i#des. Herodote, qu'il cite, ne di ^
>» rien de fembtable >9. La remarqai ^
eft jufte', & je conviens de bonne fol fe
que je me fuis trompe. Selon Hero* •
dote (9), c'etoient les Sigynes , tt -
non pas les Venetes , qui fe difoicflll ^
defcendus des Medes. La verfion Lv' '
line de cet Auteur , que j'ai fuivie^ ^
porte mal-k-propos , Eos qu»ft^ =
( fcilicet Venetos ^fc colonos Mtdo^ =
rum dicere. J'ai fait cette bevuc pouf
n'avoir pas eu fous les veux, oufoui i
la main , le Grec d'Herodote. J'a >
coutume s quand je mets au netmei
I
(«) Ibid. \
(9) Hctodot. V. p. '
E M* PELLOtTTIlt. I7J
i 9 de r^oir fur les originaux
s paflages que faiciti^ La re-
e de M. Gibert iki'avertit qu'il
(l ecbappe quelques'-uns. Ainfi
lui avoir uhe double obliga-
remierement, parce qu*il m*a-
d'une faute que j'fti &ite ; 6c ,
>nd lieu , parce que Tavis qu'il
me ^ me rendra plus attentif
'en plus conmettn de fern-
>uhaiterois de pouvoir profi-
la mdme maniere des autres
• M. Gibert, & de lui ddnnef,
, des preuves de ma par&ite
6 pour tous ceftix <|ui entre-
*nt de me remettrte dansle hoti
a. Mais puifqu'il me tttA^ptt^m
la Prif. la juftice de croiitB
la cherche la verity , il me per*
I de lui expofer les raifons qui
^Schent d'acquiefc^r ii fes rS-
ie$. . . . , .
ai prouY^ au long ^ dan$ xxtffii
M5
» tous ces Peuples fuffent on
» ou Celtes ; mais le pen de
» fance que Ton avoit de le
9f & d'eux-memes , feifoit <
H donnpita touslenom desf
»> que le voifinage , le comm
i»la reputation avoit fait co
H comme Taffure difertem<
» ban( lo ). C'eft aiafi que
)» fons femblables font don
)» les Turcs le nom de Fran
» les E^ropeens . . . .JHerod
^^noiiToit deji des Peuples ]
>f cidentaux que les Celtes d
(lo) J'air ttow6.U m^me ob|e£li
jlntiqmtet d* /« J^tuioH C^ 4e /« M»n
BE M. Pellovtier. 27J
ope. Arifiote les diftingiioit des
beriens. Enfin , Polybe les ren-
ermoit entre les Alpes & lesPyre-
ees,comme ont fait,apres lui,Ce-
ir , Diodore , Tite -Live , Pompo-
lius Mela ^ Pline . • • Sur la foi de
es garans , Ton ne doi( pas douter
[u'il ne faille reftraindre le nom de
!^eltes k une portion des Peuples
les Gaules , renfermee entre la
•eine & la Marne d'un cote , & la
raronne de Tautre ».
f e reponds k M. Gibert que s'ii
oit bien lu les Auteurs qu'il alle-
?, il y auroit trouve tout ce qu'il
conte/le ici. Son objedion a le
&ut que les Logiciens appellent
loratio EUnchi. Jules-Celar ( 1 1 )
>t que y de fon terns , Les Latins
ppelloient Gaulois les Peuples
xii demeuroient entre la Garon-*
e , la Marne & la Seine , & qui ,
1 1) Cxfai L !•
176 Premiere Le^^re
H dans leur Langue ^ pottoient le
>» nom de Celte^ h. Tai fait , fur ce
paffage , plufieurs rdflexiOns''(ii)
auxquelles je pourrois renvoycr
le Lefteur. Je pourrois ajouter que
Jules-Cefar , ni les Latins ^ nt fe
font pas affujettis exadement k cette
diftindiion ; lis donnent fouvent le
nom de Gaiilois k des Peuples qui|
conftamment , ne demeuroient paA
cntre la Garonne & la Seine. Powr
abreger , je laiffe tout cela. Je coa^
viens que , du terns de Jules-C^far,
en donnoit le nom de Celtique i
une certaine contree des Gaules, &
le nom de Celtes aux Peuples qui
demeuroient dans cette Contr^.
Tite-Live (13), Pomponius Uik
& Pline TaiTurent, auffi-bien que
JulesXefar. Mais s'enfuit-ii de-tii|
qu'il n'y eut auffi des Peuples Celtei
* I . I I ^
(12) Hiftoite des Celtes LiVi J.pig«49«54'
S5. 2«5. 309. &fuiy.
Ci3)Tit.Liv. V. 3^.
D£ M. PfiLLOVTIER. I77
I plufieurs autres Pays ; & , fi les
Liteurs que cite M. Gibert^ s'accor^
ntken placer dai^ d'autres Con-
^^ ma preure ne demeurera-t-
Icpas dans toute fa force ? Voyons
mc ce que difent ces Auteurs.
Quoiqu'en penfe Mr Gibert, Po-
be ne connoiflbit point les Celtes
; Jules-Cefar. II avoue y do bonne-
i (14) ,que » tout le Pays quis'e*
tend au Nord , depuis Narbonne
jufqu'au Tanais , etoit inconnu de
(on terns. II declare nettement que
ceux qui en parloient autrement
etoient des ignorans & des impof-
teurs. Les Celtes , dit il ^ font eta-
blis dans le voifinage de Narbon-
ne , & leur Pays s'etend jufqu*aux
Monts-Pyrenees >>. Ariftote dit la
hne chofe dans un paifage ^ oil il
it mention tks Ciltes ^ui font au>-
Diodore de Sieile Ci}<) d
les Celtes demeurent au-del^ d
feille, dans le coeur des terr
que leur Pays s'etend de 1^ jui
Alpes & aux Pyrenees. Mais,
apres , il park auffi des Cel
^oient en Efpagne; & il t
toit , au vingt-cinquieme Li
fonHiftoire(i9), qu'Amilcar
pafli6 ea Efpagne avec une
de Carthaginois , y battit Id
& fon frere , qui , tous deux
miandoient les Celtes ^tabli
te Pays-li.
(k) CeltM ouk futit 1 >tt Ibcriain.
DE M. PeLLOUTIER. 17f*
Pomponius & Pline (lo) difent
que les Celtes & la Celtique s'e^
tendent depuis la Garonne jufqu'a la
Seine. Mais le premier , parlant da
Cap de Finifterre , que Ton appel-
loit alors le Promontoire Celtique ,
ne dit-il pas auffi que toute cette
contree eft occupee par des Peuples
Celtes : Totam i e/fici colunt ? Le fe-
cond neplace-t-il pas.des Celtes dans
TAndalouiie , dans le Portugal , &
dans la Galice (ii)/" II me femblc
€{ue ces deux Auteurs ont du con-
noitre TEfpagne , un- peu mieux que
les Turcs ne connoiflent les parties
Occidentales de TEurope. Pompo-
nius Mela etoit Efpagnol , & Pline
nous a laifle une defcription de I'Eu-
Tope, qui fait encore aujourdlim
f admiration des Geographes.
(zo) Pomp Mela III. x. Plifl. HUl. Nat. IV*
cap. 17. p. 4$ 1.
(ti;PlMi.m. l.XV. lo*
i8o Premiere LETtfts |
Enfin je trouve dans Strabon (ii) y
que » Ton appelle Cdtes les Pcu-
»pies qui demeurent depuis les
» Monts Pyrenees jufqu'i la Mfir
» Yoiiine de Marfeille St dt NarboA-
» ne > & quis'etendent d^-la jufqu'i
» une partie des Alpes »• Quelques
pages apr^s (13) ^ je trouve encore
que « Ton appelloit autrefois Cd-
»tes les Gaulois de la Province
» Narbonnoife , & qu'il y a appa-
X rence que c'eft de-1^ que le nom
H de Celtes pafla^ tous les Gaulois 9
w k qui les Grecs donnerellt , k Ti-
imitation des Marfeillois, le nom
» du Peuple le plus connu , & te
ff plus celebre desContreesit. Mais^
au refle,le meme Stra^son avoit beau-
coup de penchant k croire que les
Celtes , les Beiges y & in6me les Ge^
mains y etoient originairement 1«
(la) Strabo IV. itf, 177^
DE M. P£LL0VTI£1U i8l
D&ne Peuple (14). II pla^oit 5 d'ail'«
eurs , des Celtes en Efpagne y le
oi^ de la met Adriatique (25) 9 &
ians tous les Pays qiii font au Midi
lu Danube (16).
Je crois avoir r^pondu fufETam-*
ment i la premiere objedion de NL
Gibert. Voici le precis dema repon-
fe. Du terns d'Ariftote & de Poly*
be 9 on donnoit le nom de Celtes
aux Peuples de la Province qui »
dans la fuite , fut appellee la Gaule
Narbonnoife. Du tems de Jule^
CUax^ on le donnoit auic Peuples
qui demeuroient entre la Seine > la
Mame & la Garonne. Mais les An-
tears les mieux infbiuts^ nelaiflenf
pas de reconnoitre qu'il y avoit des
Celtes dans un grand nombre d'au-
ties Contrees. Je ne ii^ ^ au reile,
fi M. Gibert a fuivi les regies d'une
(14) Vcj. Hift. dc$ Celt. Liv. I. p. 60. 61.317.
(25' Strabo VII. 310.
(K^ Ibid, Z9€.
iSi Premiere Ltttftfi
bonne Logique , en all^guant , pour
me r^ftiter^ un paffage d'Herodote ,
t[ui^ dans cet endroit, ne f^avbit
abfolument ce qu'il difoit. n Herd*-
^' dote , s'il en faut croire M. Ci-
»bert, connoilToit dejA dts Peu-
» pies plus Occidentaux que les Cel-
» tes dans TEurope »• Ce _paffage
fait-il quelque chofe contre mon
fentiment? M. Gibert pretend-ilen
conclure que les Geltes d'Herodotc
demeuroieht k TOrient d^ PEfpa-
gne, entre la Garonne & la Seine?
Si cela eft , il eft bien loin de fon
conipte. Faites-moi la grace , Mon-
fieur , de jetter les yeux fur les pa-
roles d'Herodote , que vous trouve-
rez au bas de cette page (17). Vous
(27) Ifter enim fluere incipiens ^ Celtis, at-
que Pytene urbe , mediara fcindit Euiopam.
Celts autem funt extr^ columnat Herculis , Cjr*
jiefiis finitimi, qui omnium in EuropI ad oc-
cafum habitantium ultimi funt. Herod$t JL ih
Ifter totam petfluit Europam , incipiens I CeltiSi
Ijui ultimi omnium in Euiopd ad polis occtfaiB
t)£ M. PELLOUTlfiU. l8j
.rouerez que fi j*etois capable de
'en prevaloir, je pourrois itt'en
rvir aufli pour montrer que les
eltes demeuroient k TOrient de la
at onne & de la Seine , puifque les
airces du Danube etoient dans leur
lys. Je pourrois en tirer encore une
erveilleufe induftion pour la vafte
tendue de la Celtique , puifque les
eltes etablis autour des fources du
►anube , demeuroient en meme*
ms au-deli des Colonnes d*Hercu-
' , dans le voifinage des Cynefiens,
ui avoient leurs etabliffemens au-
)urdu Sacrum Promontorium^ c*eft-
•dire, autour du Cap de Saint-Vin-
snt , dans le Royaume des Algar*
es. Comme je ferai oblige de reve-
ir encore k ce paffage d'H^rodote ,
ourrelever d'autres bevuesque )'y
i remarqiiees , & dont M. Gibertfe
^clare le defenfejir , vous trduve-
abitant poft Cynetas , totamque permetifttS
urdpam , & tranrvcxfo ingredittti Scychia^
isrodvt, iy.j^9*
i84 PREMl£il£ LEttRfi
rez bon que je ne m'yarrctepasid
II. Je nVi qu'un mot k dire firf
tout Ce que M. Gibert femarqucj
/^^^ 4 9 P^f rapport ^ l^^tendue da
nom de Gaulois oude Galates 9 noA«
feulement parce qu'il ne me com*
bat pas dire&ement dans cet endroit^
mais aufli parce qu'un paflfage de
Paufanias eclairtit tout tela beau-
coup mieux que M. Gibert ne le fait
ici. Paufanias pofe en fait (i8) que
les noms de Galatts &t de Cilies Ai»
figneilt Uh feul & mSme Peuple^
avec cette difference 9 qu^ le nom
de Ccltes efl Tancien nom de la Na*
tion 9 au lieu que Celui de Gaulois
eft beaucoup plus moderne. U r^
fulte necefiairement de*lA que le
nom de Galatts doit avoir une eten«
due beaucoup phis gt^nde que celui
de Ccltes. Dans les terns les plus re-
cules , on ne connoiffoit qu'un pe*
tit nombre de Peuples Celtes ; par
*■ ' ' -- ■ -
{1%) raufan. Attic. III. p. lo.
t>E M. Pelloutieh. i8y
xcmple , ceux qui demeuroientau^
our de Marfeille , du Gu^diana ^
\es fpurces cju Danube. Dans le$
tm$ pofterleurs , on en d^couvrit
Jufieurs autres dans les Gaules , en
talie , en Illyrie, & on les appelU
?aulois ou Galates , parpe que ce
louveau nom avoit fuccede k celui
le Celtes, Polybe s'affujettit k cef
fege, II employe plus fouvent le
lom de (Palates que celui de Cehes }
nais il confond auffi quelqpefoisles
leux noms. II dit (29) qu^Annibal
ftfelTiivcrdans la Cekique , c'eft-r
Hfrre, dan^ le Pays desGaulois te-
)Bs en halie, Je ne f9ais, au refte ^
A M; Gibert a trouye ce qu^ dit ^
fo^e 6y quje » \es ]Latins n'^tenr
rdoienty tout au plus, le nom ^?
f Galfi I qu'^ux Peuples qui font
centre le Rhin §f les Pyrenees,
^ufids jamais k d^autres >»• II me
m^U que )e$ G^iiIoi$ ^^ (^alli |
(??} ?oljrb. Ui^. U. {p 1 20. lib, lU. f. »a|«
x8($ Premiere Lettri?
dpnt il eft tant parle dans rHiftoIre
Romaine , ceux qui prxrent Rome
$C centre lefquels la Rppublique four
tint de fi crueller guerres jufqu'au
t^ms d'Annibal , ne deipeuroient pas
fntre I^ Rhin & les Pyrenees, noQ
plus que c.euj^ que Cn, Manlius vain?
quit en Afie , & qu*il appelle tou-j
jpurs Gaulois, G alios (30}*
III. La troiiieme objef^ion de M(
Cibert , page 8 , regarde un paffag?
de Diodpre de Sicile, dans lequel
j'^i releve troi$ fautes fort mal 4
propos, s*il laut en croire jnon Cen-
feur. Voypns s'il a raifon , & afia
qw'il ne m'accufe pas de chicaner ,
rapportons le paflage tel que M^
Gibert le retablit lui-meme fur m
Manufcrit de la Biblioth^que de St
CJermain d^es Pres. ^ U eft bon d'a-
19 y ertir ici d'une chofe que plufieurs
>i ignorent. On appelle Cclus lej
' • ■ -7 . r y . i ■ ; ■ ! ■ ■•
DE M. Pelloutier. i9y
^euples qui demeurent au-deiTus
le Marfeille , danj le coeur du
^ays , pres des Alpes , & encore
lu cote droit des Pyrenees (3i)«
>n donnc, au contraire, le nom
le Galates aux Peuples qui de-
neurent au*deflbus de la CcUique
3 1) , vers le Midi , du c6t6 do
'Ocean & du Mont Hercynien^
\c en general ^ tous les Peuples
|ui s'etendent de-li jufqu'i la Scy-
hie. Cependant les Romains don-
lent en communed tous ces Peu«
)les le nom de Galates »,
Tai dit (33) qu'il y avoit , dans co
ffage de Diodore de Siciie , trois
ites. n Premierement il met le Mi-
li pour le Septentrion , k moins
jue ce ne foit, comme je le foup*
[1 1} M. Gibert Yraduit juffu^a U dreire, mais
Grec ne dit pas ceia hi rd ii^td,
[32) M. Gibert tiaduit , foit vers le Midi , maif
disjonftWe n'cft pas dans le Giec,
tSS Premiere Lettre
90iuie f une faute de Copifte >9*
fiiute me paroat des plus palpabl
Piodorc de SicUe d^teroune la fit
tion de la Cekique pair les bor
^u'elk avoit au-dcflus &: aa-deffc
^u Midi & au Sepftentrion. 11
v^u'elle ^toit fituee au-deflbu5
t> Marfeiile , dans le coeur du Pa)
JpUe avait done au-deffous , vei
Midi ^ la Ville & le Territtone
Marfeille^ & outre cela ies A
i*un cote S( Ies Pyrenees de Tan
^ela eft exadement yrai^. EUe ai
au deffus , vers le Septentrion .
Provinces qui font du cote de i
;Cean , la For^t Hercynie (8c plufii
Peup^es Gaulois y dont le Pays
tendoit jufqu'a la Scythie. ^'eft
core ce que perfonnene conteft
Si rHiftorien a mis ici le defl
pour le deffus, le Midi pour le J
^entrion , il eft clair que c'cft
&ute y & ^ comme je le crois^ <
^'^ft>ae ^t€ ^Cpj^e,
E'M. Pelloutier. i8f
n'eft point cela , repond M.
ypagc 10. »' Diodore nedon-
nom de Celtes , coinme Po»
& C^far, qii^ c^ux k qui U
propre , c'eft-i-dire , ^ une
?me partie de la Gaule ren*
>e dans le milieu dfes terres ^
la Garonne & la Seine , de-
les Alpes jufqu'au commen-
nt des Pyrenees. Aud€#>us
, vers le Midi , etoient les
tains ; vers TOcean , ou le
ntrion, les Beiges & les Ger-
ponds deux chofes i M. Gi-
Vemierement , s'il ^toit vrai
odore de Sicile eut voulu ex-
ce que M. Gibert lui fait
: Taide de hs Supplemens , il
decrit la fituation de laCelti-
me maniere qui tie convient
>as k un Hiftorien & k un
iphe , & que Ton pardonne-
peihe k un Ecolier. Apr^
c III. N
paffe, d'un plein f^u
avertir, au-deffus, an Sc
la For8t Hercy nie , a TC
affur^ent , une confiij
pas pjirdonnable , §c qi
de d'imputer k un Hiftoi
prime , partout ailleurs
cpup de fl^rte & de pi
Jp repond^ , en fecor
n'eft pas po^Iible que D;
cile ait voylu fiire ce qi
lui ^ttribue. Selon cet h
Celtes occupoient le Pj
Iji droite des Pyrenees.
done au Midi . non oas le
OE M. Pelloutier. 19f
>e f c'eft-i-dire , les Peuples de
ule Narbonnoife. C'^ftpourne '
r pas apper^u , que M, Gibert
:|it ici fiir la (ante de rHiAo-.
[u'il a entrepris de defendre.
feconde faute que j'avois re-
(34) dans le paflage dont il
leftion , c'eft que n Diodore de
le fait de la Foret Hercynie
i Montagne de ce nom ». Ici M;
t pretend m'accabler tout en-
bus le poids de fa vafte ^rudi-
f^ Comment , dit-il page 1 1 , Kf •'
k)utierignore-t-iI qu'ily a, en
t^ des Montagnes Hercynien-
, & ^vant les Anciens , &C
rant les Modernes ? Comment
Ta-^-il pas appris, je ne dis
int des Scholiaftes d'Appollo-
s de Rhodes, &deDenysle
i^g^te , ou de Denys lui-m8-;
; je ne dis point de Pline 9 maii
—, ■■■ "f
I Hiftotf e det Celt. ](iif • !• p. 5 5- ' ,
1^1 Premiere Le
» d'Ortelius , ctens fon E
.» ou de Cluvier , dans i
->) iionala Giogrofhie^ Li
j> oil il dit , apTQS Plin
» toient jes plus celebre
jt¥ de la Germanie , Moi
V^fimumjugum Hcrcyniu
^ cingens , qui & fudeti .
p M. Pelloutier avoit n
j» rieiix de connoitre d
i>Montagnes, Conradu
> en avoit fourni des de
p fez amples , en profe
/•> ainfi il n'y a encore i
> tiquer dans Diodore <
Je montrerai , tout
M. Gibert que je f^a
.qu'il a crii m'apprendn
fjavois auffi plufieurs <
auxquelles ce S9avant n
iention , & dont il eft j
^ruire.
. 11 y a dans notre v<
cdte de la Priacipaute de
OE M. Pellovtier. 19J
haine de Montagnes , que les
hi Pays appellent /« Harti^Sc
es Geographes Modernes ont
a propos de nommer Monies
nios. Je f9avois cela pour Ta-
vu. Mais je ftfavois auffi, i^.
>iodore de Sicile devoit don-
our limites k la Celtique , ou ,
mieux dire , aux Gaules , ufte
qui commenjoit au- Pays des
hiens , des NeiAtes &c des
iques (35)5 & non pas des
:agnes fitu^es dans le coeur de
inagne. M. Gibert ne s'apper*
Q pas de la contradiction oil il
e lui-mSme ? II reHferm^ d'a^-
les Celtes entre la Garonne &
ne. Enfuite , pour excufer Dio-
de Sicile 5 il les tranfporte au-
lu Rhin , & jufqu'en Saxe.
fefjavois, en fecond lieu, qu^
ore de Sicile n'a pu faire men-
Cxfai VI. 25.
N3
moires , dans tout ce q
pretendu Mont Hercyn
»x:ean , .dit-il (36) , qu
» Gaules , vis-a-vis des
» Gyniens , tft rempli <
^ lies , dont la plus cor
M celle de la Grande-Bre
la eft-il vrai , foit qu'c
oudela Foret Hercynic
Monts Hercyniens? Dioi
qu'il y avoit , le long
Oceane , du cote de la '.
de la Picardie & de la I
chaine de Montagnes q
nom de Mont Htrcym
J>E M. PELlOOTlfill. 195
s Pimagination de rHiftorien, on,
^ous voiilez , dans celle d'Arifr
- (3 7) ^^^^^^ ^ copie dans cet en-
it ? Diodore ajoiite que » les
lonts Hercynicns font les plus hau-^"
s Montagues de TEurope »>. Cela
il plus vrai que le refte ? J'ai vu
Alp^s' , & les Montagues da
t^y qui ne font, affur^ment,que
Collines en comparaifon despre*
reSi M, Gibert doit done me (a^
' g^^ 9 q^^'^^ li^^ dc relever toju^
ces fautes , en parlant du Moru
ynien , je n'en aye^touche qu'u*
eule.
>ur la farete du fait , ecoutons i
jntement, les Anciens & les Mo*
es , que M. Gibert appelle k (on
ITS 9 pour defendre la bevue
il s'agit , & voyons qui de
deux y gagnera. Conunen9ons
es Anciens.
) Ariftor, Metcorolog. lib I. c.x3.p.3a^«
N-4
Daaiibe qui fe jette da
Enfiiite ces celebresNavi
treat dans le P6 , & toi
dans le Rhone , qui comr
P6 par Tuae de fes branch
c[u*ils voguoient fur le B
s'en fallut qull ne leur
grand malheur. lis toml
Tune des branches du F
les auroit conduits ^ la M
d'ou lis ne feroient jama
Mais , heureufement , J
cria de VEcueil Hercynier.
leur vaiffeau dans le bra
qui traverfe le Pays de
des Ligures (39). Le Sc
ce merveilleux Geograpl:
M, Pelloutier. 297
?r un dementi a fon Auteur j
la-deffus , comme chat fur
c dit (40) que cet EaicU
I eft une Montagne des
u une Foret. Vbili done la
autorite de M. Gibert. Le
d'ApoUonius de Rhode ,
lel le Mom Hcrcymtn etoit
itagne de Tltalie^ comme
ie VEtymologicum magnum
li-bien qu'Etienne de By-
1, Tont fort bien remarque.
le Periegete (43) parle de
Hercynie, autour de la-
5 Peuples Germains volti-
: le Scholiafte dit li-dediis ,
Sermains deaieuroient au-
i Foret Hercynie , pres de
Septentrional. U eft vrai
1. Apoli. p. 44^.
i.Mag.p. 37|.
Ii. dc Uib. p. i$v,
/f, Fcficg. fj >»«•
N5
19$ Premiere Lettre
que le m8ine Scholiafte remarqi)
ailleurs (44) que les Grecs &kxi
au fingulier & au pluriel^ le Mfl
Pynnk & les Monts PyrtniiSy
qu'ils en ufent encore de lamS
maniere , par rapport aux mots d*
pe & diHtrcynie. Mais tout ce <
cela prouve , c^eft que le Scholi
de Denys , f9avoir Euftathius,
chevSque de Theflalonique ,
^crivoit dans le douzi^me fie(
croyoit encore , fur la foi de I
dore de Sicile, qu'il y avoit pr6
rOc^an Septentrional une Foi
ou une chatne de Montagnes ,
Ton appelloit HercynUnnes.
Mais Pline > au moins , nVt-il
dit (45) que » les plus ceM
^ Montagnes de la Germanie ^to
^ les Hercyniennts » ? Je rep<
que M. Gibert n'a traduit de (
^44) Schol. Dionyf. Pcrieg. p. 5$.
I45) Plia» lY. 14*
BE M. Pelloutier. 299
tUere le paffage de Pline, que pour
^oir examine trop fuperficielle-
nt. Pour abreger , jc renvoye au
mmentaire meme de Pline, qui
ipprendra que le mot de Jugum^
fignifie pas ici une chaine de
[itagnes, mais une chaine d'ar-
, de racincs & de brouffailles.
adem Septcntrionali plag4 y Her'*
ajylva roborurn vafli^as ^ intaBa
, & congenita mundo , prope 4m^
*ali forte ^ mir acuta excedit. Ut alia
taruurfide caritura , conjlat attol^
Ills occurfantium inter feradicum
cujfu , &c. Plin. XVI. 1.
oU^ ce que j'avois a remarquer
rapport aux anciens G^ographes
[M. Gibert m'oppofe. A Fegard
Modernes , vous avez remar-
y Monfieur , que je n'en ai pref*
cite aucun dans mon Livre , non
ni8me Fexcellent Ouvrage de
arius , parce que je me fuis fait
loi de puifer dans les fourcesi
N6
300 Premiere Lettre
Ainfi je pourrois lesi abandonnerto
a M. Gibert Cependant , comme
digreffion lie fera pas longu
voyons ce qu'Ortelius , Cluviei
Conrad Celtes , auroient pu m
prendre.
Je ne fais de quelle Editior
DiSionnaire d'Ortelius s'eft i
M. Gibert : la mienne dit pofit
ment le contraire de ce que :
Ce^feur attribue a ce Geogra
Yoici fes propres paroles (.
»Diodore place dans les Gai
it vis- ^- vis de Tile de la Gra
» Bretagne , des Monts Hcrcynl
f> mais je les tiens pour fabuleux
Cluvier, dans Tendroit cite
M, Gibert (47), parle, preini
snent , de la Fora Hcrcynie , qui <
trroit autrefois la plus grande pj
de la Germanic. II pretend q\
U^) Ortel. Thef. Gcogr. Edit. Ha.nov i
(47) CluvcT, Intiodu^* Oeogr. UB, in,-«
f. 2a«, 20^.
DE M. Pelloutier. 301
ionnoit furtout ce nom k la Foret
qui entouroit la Boheme. C*eft de
quoi il ne s'agit point ici. Enfuite il
fait mention des celebres Moots H:r
ynUnSy qui environnent toute la
Joheme , & que I'on appelle auffi
IS Moms Sudius. Ces Monts Sudi-
es fiiparent la Boheme de la Sil6-
e. Ainfi voila affurement une belle
utorite, pour juftifier Diodore de
idle. Au refte , pour connoitre k
>nd le fentiment de Cluvier , il ne
dloit pas citer fon Abrege , ou plu-
eurs ont mis la main^ mais fon
rand Ouvrage dt Germanid antiqud
48}, oil la matiere eft traitee tx
rofejfoy mais auffi d'une maniere
ui ne favorife point Topinion de
L Gibert.
Enfin Conrad Celtes (49) dij(^
ngue formellement la Forct Hercy^
(4S) Cluvci. Germ. Ant. 1. III. c. 47. P- ?«>*•
(49) Ap. Schard. in fcript. Rcr. Gcom. T. I
|oi Premiere Lettre
nic , qui commen9oit dans le voifi-
nage des Alpes , du Mont Hercy-
hien qui etoit dans le co^ur de la
Germanie:
Sed nemus Uercynium , montes 6c ab Alpibna
oxci ,
Cum ramis totam fe ditfudere per oram. ...
Heicyniumque jugum medio Germania ttaAa,
JBiigit, dc maltis difpergic cornua teriis.
Quoiqu'il en foit , tout cela ae
felt rien k mon fujet. J*avois uni-
quement 4 prouver que Diodore
de Sicile pla^oit mal-^-propos des
Monts Hercyniens le long de la Mer
Oceane , & que par confequent ma
cenfure etoit jufte.
S'il feUoit , apres cela , decider
entre les Modernes , je m*en tien-
drois k Ortelius , & ^ M. de la Mar-
tiniere , qui dit , au mot Htrcymm
Saltus , que les Montagnes d'Hercy-
nie , repandues dans toute I'Aller
inagne , font une chim^re.
Void la trpifi^me feute que j'ar
^ois relevee daos le pafiage de Dio;;
DE M. PELLbUtlEft. 50}^
re de Sicile , qui fait le fujet de
te difcuffion. » II pretend , difois-
e , (Hijl. dcs €du$ , pag. 55) que
es Peuples qui demeuroient autour
ie cette Moatagne^ & jufquesdans
a Scythie , portoient le nom de
iraulois J ou > comme difent les
Srecs , de Galates. II fe trompe, Les
]?aulois etoient en de9a du Rhin.
les Peuples qui etoient au-dela de
e fleuve , furent d'abord appelles
Icythes , enfuite Celtes , & enfin
jennains , au lieu que le nom de
^aulois leur eft donne tres- rare-
nent. «»
M. Gibert ne convient pas de la
lidite de cette remarque. «> Mais
plutdt y ^it-W pag. 12 , M. Pellou-
ier fe trompe lui-men>e.<iCeIa eft
rt po£Gble.Mais,pour me refuter,&
^urfaire voir que je me fuis trom-
\ , M. Gibert aiiroit du prouver
le les Auteurs.plus anciens que
iedor^: fie, Si^jIq ^ 9^ tw]<^^
304 Premiere Lettre
donne , ou au moins fort fouvent
aux Peuples de la Germanie , le non
de Galates, & point du tout , ou ai
moins fort rarement , celui de Cel
tes. Quand il Taura fait , je lui don
nerai gain de caufe ; &C en atten
dant fes preuves , je le prierai feu
lement de cotter les pages^ ou le
Chapitres des Auteurs qu'il allegnc
ra. II faudroit etre bien de loifi
pour verifier les citations^ d*un S^a
vant , qui vous renvoye au IV *^ Li
vre de Strabon , au 111*^ Livre d
Poly be , & ainfi des autres. Au lie
de me refuter de cette maniere , qi
etoit la feule naturelle , M. Gibe;
employe des raifonn emens , qui, a
lieu de combattre mes fentimens
femblent au contraire les confirme
»Mais plutot , dit-il , pag. 12. ft
» Pelloutier fe trompe lui - meme
9» Ton n'a appelleles Peuples d*au-d(
»» 1^ du Rhin , Scythes ou Celtes, qii
»*■ par ignorance, ou par erreur , i
DE M Pelloutier. 305
» dans des terns oil Ton n*avoit pas
» pas encore penetre dans ces con-
» trees , & oil I'on ne pouvoit par
» confequent f^avoir leur verita*
» ble nom. « Ceft done k dire que
:e n'eft pas moi qui me fuis trom-
f6 9 mais les Anciens, qui, par igno-
ance ou par erreur , ont donne le
lom de Celtes aux Peuples de 1ft
i^nnanie. Continuous d'entendre
ii.Gibert« « Si Appien, & Dion*
• Caffius 9 ou d'autres ^ les ont de*
» puis appelles Celtes y c'efi en fe
conformant, comme Tavoue Dion,
k cet ufage tres -''ancien <* n«eni
)>:«ir. Voili precifement ce que
ai dit; L'ufage le plus ancien etoit
le les appeller Celtes & non pas
ralates ^ comme Diodore de Sicile
avance mal-^-propos. » Mais , dit-
on , Appien , Dion-Caffius & les
autres , auroient peut-etre moins
gout^ cet ufage , s'ils eujQTent fait
attention , qu'en matiere de Geo^
fiv^i^i « gnorance, ou qui ne foi
'ti<^ »3 que fur des conjeflures.
'•'■| tela fera tres-vrai, quan
gira de determiner le coi
.1 Fleuve j la hauteur d\ine
gne 9 la pofition ou la ^
d'une yille* Mais un Geo
tin Voyeur moderne peut-
frendre fous quel nom on d
j Its Germains avant le terns c
Cefar 6c de Biodore de
M.Gibert a grande raifon de
je fuis Un maUVais Logici(
j j*avoue de bonne foi que
compreftd rien k toutcela.
i IV. Je paffe k une autre
! Oue de M. Gibert , aui ne m
M. PeLL0UT4£R. JOf
.t-il plus judicieux de lui
line chofe k laquelle il n'a
nfe ? Cet Auteur indique
: Tufage re^u de fon terns.
►pellons, en notre Langue^
les Peuples qui, dans h
snnent le nom de Celtes «,
t un fait dont je ne difcon- '
nt. Mais c'eft audi , a mon
:-ce qu'on peut tirer de ce
!^ , au refte , ce grand per-
(s.qui paffe pour un des plus
^des Romains dans la Lan-
\c qui avoit vecu dix ans
fc Celtes w (5 1) , n'etoit pas
i. fe meler de difciiiTions
tie du mot de Galli , pour
1 etoit Latin ou Celte. En
crois que Jules - Cefar
■ornie on atoujours parle,
;• Gibert lui fait dire des
;l!
M
308 PREM?IERE LeTTRE
jedion que vous trouverez k la
page 16 de/bn Livre. » Quant au
w nom de Gaulois , Galli , il femble
w que Tion ne doive enchercher Fe-
» tymologie que dans le Latin , puif*
» que Cefar nous dit encore que ce
9> nom leur etoit donne par les Ro-
»> mains en leur Langue: Nojira Gal*
w li appMantun II n'eft gueres judi-
>? cieux de fupgofer que Gefar a
a» avan^6 9 au haiard , que ce non]
a? ^toit Latin , ou a juge , fan<
« connoiflance de caufe,qu'il n etoi
•3 pas Celtique cc«
Tout ce que j'ai dit fur cet arti-
jCle y (Hift* dcs Cdt^ Liv.L pag, 265/
»• c'eft que Jules -Cefar ne decidoi
»> pas fi le nom de Gaulois etoit ei
»> lui-meme Grec , Latin, ou CeJtec
le fuis encore aujourd'hui dans le
memes idees. II eft vrai encore qu'i
- pe feroit gueres poffible de nier c
que Jules-Cefar pofe ei^ fait , com
me etant de notoriete publique
DE M, PeLL0UT4£R. 30f
nais feroit-il plus judicieux de lui
aire dii'e une chofe k laquelle il n'a
imais penfe ? Cet Auteur indique
n paflant Tufage re^u de fon terns.
» Nous appellons,en notreLangue^
> Gaulois les Peuples qui , dans h
> leur, prennent te nom de Celtes e«.
[50) Ceft un fait dont je ne difcon- *
^iens point Mais c'eft aufli , a mon
ivis, tout ce qu'on peut tirer de ce
paflage. Car , au refte , ce grand per* ,
Tonnage *> qui paffe pour un des plus
»> Igavans des Romains dans fa Lan-
ce gue ^ &c qui avoit vecu dix ans
^ chez les Celtes ♦♦ (5 1) » n'etoit pas
homme k fe m61er de difcuflions
fur I'origine du mot de Galli , pour
decider sll etoit Latin ou Celte. En
un mot , je crois que Jules - C^far
parte , comme on atoujours parle,
& que M. Gi^ert lui fait dire des
(^o) Cafar 1. 1.
3X0 Premiere LETTUfi
chofes auxquelles nous ne penfe^
rions point ., fi nous nous expri*
xnions ,dans les propres termes de
Jiiles-C6far, Quand les Auteurs La-
tins difent ^ » qu'ijs appellent ^ dans
V leur Langiie., Grecs , les Peuples
»> qui^dans la leur, prennent .1^ nom
»> ^HelUnes^ ee pretendent -ils pour
cela que le nojni de* Grecs foit Latin
d'origine ? Si M. Gibert difoit que
Jes Francois appellent ^Uemands les
Peuples , qui, dans J^eur Langues , fe
nomment Tcutfchcn ou Tudefqius ,
fau4roit-il conclure de-l^ que i'ori-
gine du nom ^"Mkmand doit Stre
cherchee dans la Langue Franjoife ,
plutpt que dans la Germanique ? Si
je difois que nous nommons Mof^
covins des Peuples , qui , dans leur
Langue , fe nonunent toujours Ruf'
fis J ^'enfuivroit - il de - li que le
nom de Mofcovitc eft AUemand on
Fr:ari9ois ?
yL VOffi,Monfieur, une nouveilQ
DE M. Pelloutier. 311
]e€tion qiii paroit avoir d'abord
IS de fondement que les pr^ceden-
;• Je vab la rapporter dans les pfo^f
es termes de M. Gibert , pag. 41^
Lc Danube , ditHerodote ( 52.) 9
I fan cours dcpuis U Pays dcs Ccl^
ics & la Villc dc Pyrrhlnt . , . • Les
Ctltcs denuurtnt aW'dt^us dcs Co^
^^nncs d*HcrcuU , & confinent aux
Cynitts , qui font U dernier PeupU
jut Con trouve a VOccidentde CEu*
rope. Ce font les Celtes m8me
que M. Pelloutier a cm qu'H^ro*
iote pla^oit k Textremite occiden**
tale de TEurope , & non pas les
Cynetes. Mais il s'eft trompe. 11
fuffit de jetter les yeux fur le texte
Grec pour s'enconvaincre ¥.
Four eclaircir le fait , commen-*
»ns par rapporter les deux paflages
Herodote que j'ai cites (53) daa^
[%%) Hetodot. lib. i, cap. 3 J. lib. IV. cap.^|j|
(s l) Hfjt. dfu Celt. LiVf /. f . I5f
jii Premiere Lettre
Tendroit que M.Gibert juge k propo*
de critiquer, Le premier porte (54):
H Les fources du Danube font dans
n les Pays des Celtes , pres de la
» Ville de Pyrrhe^te. Ce fleuve cou'
^ pe TEurope en deux parties ega-
»les. Les Celtes demeurent (55)
»>au-delides Colonnes d'Hercule,
» & confrnent aux Cynefiens , qui
» font le dernier Peuple de TEuro-
*> pe du cote de TOccident. Le fe-
» cond pafiage dit que le Danube
H travcrfe toute TEurope , & que
H fes Iburces font dans le Pays des
» Celtes , qui font, apres ^es Cy-
» nefiens , le dernier Peuple de
>>rEurope du cote de TOccident
» ( 56 ). En fondant enfemble ces
deux paflages d'Herodote , j'ai
dit (Hi/ioire des Celus , Livrc u
(54) Hcrodot. II, 3 1.
(^ s) f ?<» au-dela , 6c non pas ao-delTus com-
me M, Gibert a traduit.
(i^JHcrodot. IV. 4P.
©E M. Pelloutier. 31J!
jr. 19.) que >>, felon cet Hiftorien,
es Geltes demeuroient au-del^
les Colonnes d'Hercule , qu*ils
toient voifins des Cynefiens 8c
!e demia- des Peuples qui flit ^ta«
)li en Europe du cote de TOcci^
lent c€. J'avoue que , pour plus
inde predion, j'auroisdu ajouter
ris les Cynijuns. Si je ne I'ai point
t jjc'eft que je ne vQulois pas re-
irer une petite inexactitude qui
t echapee ^ THiftorien , & qui
rate une efpece de contradidion
itee les pafTages que vous venez
J lire.»Le premier dit que » les Cel-
tes demeurent au-del^ des colon-
nes dUercuIe. <♦ Cela eft vrai,
c Peiipk, dont il s'agit , avoit fes
6iblHemen$ vers Tembouchure du
rtvidiana ^ au lieu que les An*
iens placent les Colonnes , d'Her-
ife.au £>^ttoit de <7ibraltar ou a
kAe.de Cadix. » Ces Celtes etoient
▼oifins d^ Cynefiens , qui fontl^
Tome 111. O
cent dans le Royauoae de^
ves. Le fecqnd paffage pc
H les Celtes font le derniei
p de rEurope du cote de
V dent )U6T<!f Kuvj^Tfli^ y a^T^s It
Jicn^^n Nefalloitril pas dii
Us Cynifitni , ou fi l\x^ep
Cynifitns ; 8f ces mot^ ,
Cynifiin^ , ne font r ils pas
fens } Si je difois en fubftii
i}puv?aux now ?yx anci^
TAudalpHfie eft k denser
TEurope du c^t^ ifi I'O^od
^i Jlgarvfs , c^la fignig^rg
I'And^loufxe eft plus Qrif i^^
^e? Algarves J J*ai 4o|ic yoi
er an Lpi iir rptt/» n^»t*fi
DE M, Pelloutier. jrj
I y je r9ayois fort bieti oil
ydote pla^oit les Cekes & les
eiiens , 6c je f^ayois encoce
les paflages d'Herodote , ddm il
ty^oient remplis des bevues les
graffieres que faurai occafion
pofcr totft k rheure. Si M. Gi-
n'eft pas content de cet eclair^
ment , je liii promets qii'au cas
Ton fafl*e jamais une feconde
on de mon Ouvrage , je no
querai pas d'ajouter ces mots »
f les CynifienSy6ssi^ I'endroit oil
lanquent.
u'il me foit permis k mon tour
aire prefentemei^ deux que&
s ^ M. Gibert.
iiles Celtes,doat ils'agit^demeur
nt entre les Colonnes d'Hercu^
c le Royaume des Algarvcs ,
rquoi M. Gibert renfcnne-t*il
: les CeUe$ entre la Garonne &r
sine ? Ces Fleuves font-ils done
)f eident de$ Colonnes d'HerciV!
0*
cheri fur la bevue qu'il re
donn^ encore plus 4e ch
Lefteur ? Lifez^ je vous prie
roles (57): » Le Pays des
j^ en efFet, etoit fitue k Te
i» de TEurope, du cote du o
H^ioTTn (58), II en etoit
>» ne 9 & celui oil tous le
i» aboutiflbient pour ainii d
m'imagine que M. Gibert a i
ble Logique pour relever
autres 4es fautes qvi'il comi
mime ; &, quand il devroit
fer cent fois d'etre un mau\
(57) Gib. P.;
(58) Cc (on
font Ics paroles d'Hcrod(
& M. Glbetc a omis les deux mots ^(
flf^i r^ircnt agth cclui-ci d^ (Tt/^^i «y
I^E M. PfiLLOUTlER.' ^tf
en , j'avouerai toujours bonn^-
It qu'il me fembleque M. Gibert
>it du ou ne pas me copier , ou
>as me critiquer.
II. En examinant les paiTages
^rodote , dont j'ai donne la ver-*
, j'avois dit {Hijl.des Celt. p. 19.)
» cet Hiflorien fait des Monts
jrrenees une ViUe de ce nom ,
: qu'il confond ces Montagnes
ec celles des Alpes , d'oii les
iciens faifoient defcendre le Da-
be. « M, Gibert ne me paffepas
J remarque. Elle lui fournit la
ere d'une autre objedKon (59)-
. Pelloutier s'eft trop prefle de
nfondre la Ville de Pyrrhcne, oil
rodote place la foiirce du Danu#
avec les Mont Pjrrenees , qui
parent les Gaules dos Efpagnes.
rodote parle, commeonvoit,
ne Ville & non d*une Montagne.
I Libert p. 4j.
03^
}l8 PRCMIERE LfiTTRS
H Le Danube fe forme de deux ml*
n feaux , dont I'un , dit Villichiusv
n eft appell^P/yirw, & Tautre fort
M aupr^s d*une Ville appellee Fau
^Backy (^fourcc dc Fcrcn^ noms,
n qui ne font pas fi eloignes de t
.» celui de Pyrrhene que Ton puiffe
n decider qu'ils n'ont pas ete defi"
» gnes fous ce nom par Herodote. «:
Mais M. Gibertne s'eft-il pastrop
prefle de me critiquer ici ? Ne {(^^
voit-il pas , ou plutot n'avoue*t-il
pas lui-mSme ( pag. 207. ) que,
du terns d'Herodote,& plufieurs fi^
cles apres fous I'Empire de Maxi^
min , les Germains n'avoient encore
ni Ville ni Village ? Comment veut-
on que THiftorien d^fignSt une Ville
qui n'exiftoit pas encore, & que^
par une revelation etymologique,il
prit la feconde fyllabe du mot Fcnn
& la premiere du mot Pry gen pour
en faire , avec le fecours d'une tranP
pofition , le nom de Pyrcn ? On a CD*
DE M, Pelloutier. 319
u^ H^rodote fur bien des articles
( peuvent itre defendus. II a f^
que bien d'autres Ont ignori
At & apr^s lui , comme , par
mple , que le Tarnais fort d'un
6c non pas des Monts Riph^ens,
la Mer Cafpienne eft un v^ritst-
Lac & non un Golfe de lX>c^an
rentrionaL Ici il faut paffer con^
ination de bonne grace ^ parce
Herodote parloit en Fair , ou ,
moins 9 fur de tres-mauvais Me-
ires. Je vais , Monfieur , vous
K>ier en deux mots les bevues
il fiut dans les deux paflages dont
ft queftion. Si mes nnfons ne per-
dent pas M. Gibert , il fera aflu*
aent tout feul de fon fentiment.
H^odote avoit out dire que Pyr-
me itoit dans le Pays des Cehes.
tos la Langue Grecque les Mod-
ifies font ordinairement du genre
iculin^ou du neutre , & ks Villes
genre {^mimn ; THiftorien avoit
04
le nom d'une Ville 5c non p
Montagne. II avoit appris
que les fources dii Danube
dans le Pays des Celtes ,
tres avoient affure que le
Jemeuroient entre les C
d'Herciile & le Pays des C]
Toutes ces particularites
trouve place dans fes Recu
tout cela etoit vrai k un fe
/pres,f9avoir quePyrrhene n
une Ville , mais une chaine
tagnes. Voici prefentemen
vue. Quand Herodote a vo
ufag^ de fesRecueils ,&mett]
vre les materiaux qu'ils lu:
loient , il s'eft exprime d
t>E M. Pelloutier. jil
nes y de Thebe , ou de Lac^d^*
ne , & qu'ainfi Pyrrhlnt , ks
rces du Danube & les Celtes
finsdes Cyn^fiens ^ n'^oient pas
ne diAance plus grande qile Pa^
peut rgtre de Verfaillef. Dam
e idee il a dit que le Danube a
3urce dans le Pays des Celtes ^
; de la Ville de Pyrrh^oe ; que
Celtes font voifins des Cyn^
s ; que le Danube traverfe tou«
Europe depuis le fond de TOcr
nt & les Colonnes d'Hercule i
u'au Pont-Euxin/ Si M. Gibert
pas aper9u tout cela , on peut
r^ent lui appliquer ce que faint
ifois de Sales difoit de la Mar*
e de Saluces : Jc Cai hicn viu ,
% jc 7U I'm pas rcgardic. Ce
i pas aflez de lire un Hiftorien ,'
lut Texaminer , le dig^rer , dtf*
uer les chofes quil a vuf s^ourap-
^es fur de bons M^moires ^ dc
rs qull raco0te fur im oui direj
322 Premiere Lettre
Sf, ne fe ptevenir jamais telleme
f n fa fiiveur qu'6n veuille le fou
fir lorfqu'il eftvifiW^ quHl s'
txompe. Sails cela on ecrira eterr
^ment &r I'Hiftoire ancienne,i
^ lieu de Teclaircir , on ne fera (
Veoibfouijler davantage , com
I'qnt fek plufi^urs Auteurs mod
UQ$^ qm Oi^t donn^ dans un fi gn
xxombre de vifions fur rorigine
Peuples en fuivant ApoUodore
d'aiutefi Hiiioriens de cette trem
que Ton ne fifait plus a quoi j
tenir. P^ns le fond les etranges i
t^$ qu'Herodote fait ici peuvent (
^xcufees par un endroit. II de
voit \m Pays qui , de fon terns , €
^nti^rement inconnu. Arijftote ,
4toit un tout autre honune , &
^tait pofterieur k Herodote d'uc
de plus ou moins (60) , n'en
{60) H^rbdote naquit ^ HalicarnafTe , d
Carle, 4S4 mis a^nt J. C. Ariftote ii4(
Sttgyrc/VilU 4e JAfa«Ml9W> 3«^ MS
feE M, Pelloutier. 515
>it gueresplus que lui fur le fujet
nt il eft queftion. Vous en juge^
I par ces paroles ( 61 ) : Ex Py-
It qui Mons cfl Celtiat vtrftis oua-
n ctquinoSuiUm ^profluunt Ifitr ac
'jttjfus (62), luc cqu'uUm txtra jco-
nnas , illc verb ommm Europxtm
Ttunfus inEuxinum Pontum cxUns.
lis que des Auteurs^qui devroient
ppercevoir du preniicr coupr
eilqii'Herodote & Ariftote avan-
ot id des cbofes infoulenables,ne
flt0t pas de les defendre > c'eft ce
e ^ He pub comprendre.
VIII. Je oe f9ais quel eft le but
me autre reinarque que M. Gi«
rt^oute/^. 44« i foQ Apotogie
^ieitpddte./;!^ II y Bvoit one Moori
^glte Pynnh dans.]^ Alpes Rfa'il
tic|iies fy^ les coofins de la Gei»
manie. C'dl ce qui eft egad^ment
— ^wyy^^w^^w ■■■■i>^>^i»>»i>«i 11 > III M %
324 Premiere Lettrm
f^ attefte Par les Anciens & recon
^ nu par Rhenanus , Cluvier , Oi
^ telius* Son nom mSme s'eft coi
^ ferve ^ & les AUemands Tappe
>» lent encore Prenncr ouBrcnner dai
» le Tyrol «•
Si cette obfervatlon me regard
parce que j'ai dit qu'Herodote cob
fond les Monts Pyrenees avec le
Alpes d'oii les Anciens ^ifoientfoi
tir le Danube , je repondrai i^. qu(
fuppofe m&me qu'il y eut autrefoi
dans les Alpes Rh^tiques une Mon
tagne qui portSt le nom de Pyre
nee, Herodote ne fe feroit pas moin
tromp6 pour cela. II met ks four
ces du Danube pr^ de la Ville &
non de la Montagne de PyrrWnc
D'ailleurs les fources de ce Fleuv
ne font ni dans les Alpes Rheti
ques , ni dans le Tyrol*
2. Je crois qu'il eft tres-permis d
douter de ce que M. Gibert ayanc(
ici. Rhenanus, Cluvier , Ortiliuj
^e me periuaderont jamais qu'il }
OE M. PELLOlTTrEIt. Jt^
efit dans les Alpes uite Montagne
*qui portdt le nom de Pynnit , k
moins qu'ils ne le prouvent par de
bons tembignages des anciens Geo-
graphes. Je renvoye M. Gibert au
Didionnaire G^ographiqae de M«
Bnizen de la Xfartiniere , oii il trour
vera qu'Ort^lius & ceux qui I'ont
fuivi fe font evidemnient tromp^s
fur cet article.
A regard des Anciens^ h qui ont
H ^galemeut attefi^ qu'il y avoit une
w Montagne Pyrexi^ dans les Alpes
w Rh^iques fur ks confins de la
w Germanie^ 4< M. Gibert ne produit
jue.Denys le P^rieg^te, qui dit(63.)
i# qu'apr^ les Germains on trouve
ii le Mont Pyren^e & les habitations
i» des Celtes pr^'s des fources da
»> P^ «» Mais , qui a dit ^ M. Gibert
que Denys le Voyageur doitStr^
Biis au nombre des anciens G^ogra-^
phes?U dn^i^m^Brctanoi (64jlesPeu-
HP . ' . ■ II wmmmmmtmt^
(fit) DionyC Pciieg. T« atl-
tes font pres des fources c
n'eft pas 1^ qu'il faiit cherc
Celtes de M» Gibert , ni
Rhetiques , ni la Ville , o
de Pyrrhene , qui avoit
voifinage ks fources dti
En^ii je fuis perfuade que
Voyageur 5(*eft tromp^ fu
cle comme fur plufieurs
fuffit de lire ce qu'il dit de
ces Occidentales de TEur
fe cOhyaiiKr^ qn'il n'etor
inform^ , fton plus qu'Eui
Scholiaite' , qitoiqu'il vi
le idourieme fiecle de !'£
DE M. Pelloutier. 317
tn ecrirai encore deux autres. Dans
a feconde , je rcpondrai fuccin&e-
nent k une foule d'objeftions paf
efquelles M. Gibert pretend ren-
rerfer toiites mes conjeftures fur les .
inciens habitans de la Gr^ce. Dans
a troifieme , j'examinerai les decou-
irertes , les conjeftures , & les ety-
nologies que M. Gibert communi-
que au Public dans fon Ouvrage ,
5c,en meme tems,je repondrai,pour
M. TAbbe du Bos , k une Critique
qui me paroit mal fondee dans ce
qui fiut TefTentiel de la queftion. M. le
Marquis de Saint-Aubin efl plein de
vie : il ne manquera pas de fe de^
^ndre s^il le juge neceflaire,
J'aiFhonneur d'etre, &c*
Monsieur,
Votre tres-hnmble & tr^
obeifent Serviteur ,'
PEil^OUTISR^
ji Bcilin U 1 J Acdt 1744.
^iS SECOKDE LETTRr£
Seconds Iettre dc M. Pfir
LouTJER a M. Jordan^.,,
pour ftrvir dc riponft aux Objec
lions qui lid ont ki faitcs parM*
G J BERT (l).
Monsieur,
J E m'acquitte de la promefle que
je vous ai faite de repondre dans une
Lettre particuliere aux objeflions
par lefquelles M. Gibert pretend ren-
verfer mes conjeftiires fur Torigine
des Grecs. J'avois dit (i) que »> les
» plus anciens Habitans de la Gr^e
» etoieiit les Pelafges , & que j'e-
fk tois dans ropiniori que ces Pelaf-
>f ges ^toient le meme Peuple qui
» occupoit les autres Provinces de
( I ) Vcyex. Ic Tome XU. dc la Jtfibliotbijut
]prsn{cife, p. 5 a- 1 1 5,
(*) Hift. 4€s Cflu Liv. L €b^. iX. f. X 15, 55 <|
Oe M, Pelloutieu; ji^
^Europe , & qucf Ton defigna de-
puis fous le noAi de Scythes & de
Celtes. Dans la fuite il paiTa en
Grece pkifieurs Colonies d'Egyp-*
iens & de Ph^niciens^ qui, s'^nt
brtifies dans ce Pays , chaflerenf
line partie des anciens (Habitans ^
X foumirent les autres k leur do-^
mination. De ce melange , il fef
forma un nouveau People', ({ui na^
Curellement devoit ^enir quelque
chofe des Pheniciens , des Egyp-
tiens & des Pelafges. Le Vain-
queur introdui(it,autant qu'il etoit
en fon pouvoir , (es Cbutitmes , fk
Langue , fa Religion ; mais il ne
put empecher qu'on ne remarquSt
pendant long-terns parmi les Grecs
des traces bien fenfibles de la Laiv*
gue & des Coutumes des P^laf-
gf s , qui , autant que je puis en
juger , ne difFeroient en rien des
Thraces & des Scythes,^ qui leur
etoient voifins du cote du Nori h
)36 Secokde LlTf r1
Voil^ le precis de maconje&ure c}ul
)'ai juftifi^e par plufieurs refl«xioiiS|
qui , ^ la verite ^ ne ferment pas
un« d^onfiration ^ des matieres 4k
cet ordre n'en etant pas fufceptibles) .
inais- cesreflexions > au mains y nc
font pas deilituees de Vraifemblan*
ce. }'ai montre par Thiftoire despre*
miers Habitans de la Grece ^ paf
leurs Coutumes , par leur Religion ^
par leur Langue ^ &c mSme par leun
Fables , qu'ils etoient Scythes.
Cette conjefture n*eft point da
gout de M» Gibert* Je n'en fuis
. point furpris : fa maniere de penfer
ne s'accorde point avec la mienne ;
& , dans le fondj, commeil ne s'agit
que d'une conjefture , je ne dels
pas me flatter qu'elle foit gen^rale-
ment approuvee. Cependant M. Gi-
bert ne difconvient point que les
Pelafges ne iufTent les anciens Habi-
tans de la^ Grece : il ne nie pas que
ies Egyptiens Sc les Pheniciens
DE M. PEtLOVtJElL ^^t
'ayent envoy^ des Colonies to
lit des ^tabliflemens dans ce Pays*
a critique tombe principalement
or ce que j'ai dit que les Pelafges
ne paroiflent avoir ete un Peuple
Jcythe ou Celte. Voyons done it
A. Gibert etoit fonde k dife (3) que
non fentiment, par rapport aux Pe-*
afges , >» n'eft foutenu que par de^
p conje^res hafardees , par des ci<*
t tations mal entendues ^ ou mdme
p tronquees , par des raifonnemens
# peu folides « (4) 9 qu'il peche en
Lin mot contre toutes- les regies de
ta Logique. Suivons , pour cet efFet ,
pied A pied les remarques de mon
Aotagoniile ^ dont je rapporterai
toujours les proprestermes: » M.Pel-
nloutier femble s'embarrafler peu
n d'accorder fon fyftSme avec TE-
H criture-Sainte > qui £axt defcendre
^3) Gibert p. 134.
,W) ?«g- M9.
|J2 SeCONDE LETfRE
n les Grecs de /^y^/i ; mne conjeci'^
n ture fingaliere qui fe trouve , ou i
ft du moins , qui paroit ofppofte ari
>» texte des Livres faints 3 devroit
>> 8tre propofee avecun peu plus de
n circonfpeftion. a
VoilS ^ Monfieur ^ urt debut quJ
femble infinuer que M. Gibert vou-*
loit prevenir le Public & contre
ma perfonne & contre man Ou-
vrage- II commence par m'attribuer
des cbofes auxquelles je n'ai point
penfe,& qui font mSme direde-
ment oppofee^^ mes fentimens ; en
un mot , il m'intente Taccufation
d'Hetet^odoxicrf J'avout que j'ai dit
fort ingenument ce que je penfob
des difFerens fujets que j'ai eu oco-
fion d'examiner ; les matieres que
j'ai traiteesjn'etantpasdes articles dc
foi , fur lefquek on ne puiffe s'e*
carter des opinions revues , fans don-
tier du fcandale. Mais ai-je dit quel-
que part que je n^ajoutois aucune
D£ M. Pelloutier. 33f
i ii I'Hiftoire fainte , & que je
embarrafTois peu d'accorder mon
ftSoie avec celui des Livresfacr^s?
'eft-il ieulement arrivji d'hifinuer
lelfue chofe de femblable ? Si 'f6p
is en Pays d'Inquiiition , je com-
endrois parfaitement que eft le but
ine femblable imputation. Par la
ace de Dieu je fiiis en Pays de li-
rt6,^y par celameme^on ajoutera
us de foi k la declaration que je
lis faire : c'eft que j^ reconnois
bs-finc^rement la Divinite de TEr
iture , & que mon intention n'a
tnais 6li de m'ecarter en quoique
:foit de fes decifions. Auffi n'eft-il
oiais forti , ni de ma bquche , m
J ma plume , rien de contraire k ce
jte je viens de declarer. J'ai dlt (5)
xe Us Pelafges etoient un Peuple
:ydie , que les Scythes n'etoient
\$ Indigeles , qu'ils venoient in*
|}^4 Secokde Lettre
ponteftablement d'Afie , qu'ils f(
ibient dcfcendus d'un homme
$ivoit trois ^ Dans tout eel
a-t-il quelque chofe qui foit op]
fiu fyfidme de rEcritur^ , m^
cmpSche que les Scythes ne f ui
llefcendus 4e Noe ? Je crois fer
inent qu'ils tiroient leur origin<
i:e Reftaurateur du genre hum
Mais 9 comment , & par lequei
fes trois fils , en font-ils iffus ? <
ce quej'ignore , parce que TEcri
n'en 4it rien , & que THiftoire
Scythes ne remonte pas fi haut. E
le fond , ne vaut^il pas autant
j'avoue mon ignorance fur cet
jticle , qup fi je difois , avec M.
J^ert ( 6 ) , qpe les Grecs defcenc
4e Javan , parce qu'il eft feit m
tion dans le Prophete Daniel (•;
flu bouc dcs chhns ^ qui cfi U Ro
(5) Giberr. p. rjtf.
px M. Pelloutier. 33f
favan , c'eft-i-dire , de la Gr^c. Je
f(ais que M« Bochart (8) a cm que
|es Grec$ etoient iflus 4e Javan. I)
\t prouve par un paiT^ge 4e la Ge<f
nife (9) 9 qui porte que h les fils de
ft Jmvan iuirent Elifa , Tarfis , Kit«9
» tim & Dodanim , defquels les Ifle^
m des Nations fiirent divifi^s. « Mai^
1 ^«La Grece n'eft pas une Ifle. i^.L^
^vant Nf. Brochart avoue , de
iH>ime foi (10)9 que Ton pIa9oit
aufli la poA^rit^ 4e Javan dans I'A"?
labie heureufe. 3^. Enfia les Grecsi
ibutenoient formellement que le
fidm 4'Ioiiiens ou 4e Jaoniens qu'on
}eur dcmuoit en Orient ^ du terns dii
Proph^te Dai^el , etoit fort modern
ne. lis le tenoient d'lon , fils 4e Xui^
0IUS , petit«fils d'Hellen , & arri^e^
pe^-^fits 4e Deucalion. Avant ce
m f % \ \ % n\ ■■ MW
•. C*) *^*^- ^^W- ^' ^^- ?"• "?; ^- P* *7iw
(9^ Genef. X. 2. f. 5*
' (lo) Bochart. ad. Bzech. XXVII. 19. Geogn
lace. $ o. lib. III. cap. 3» p^ * 7t*
^y6 Seconpe Lettb
tems-t^ on les appelloit 1
Comme mon plan jie m^i
pas k parler de tout cela , y
£ut aucune mention , & je
^e bon coeur de laiffer k W
luie conjedhire qui^ie hii
•particuliere ; pourvii qu'il i
cufe pas d'Heterodoxie , p;
jiC li'ai pas cm deyo'ir x:on
Vffifioirc dts Scythes ou des (
peluge , OXL k la cpnfiiiion x
gues.
nCefl, ditM. Gibert(i
i> premiere obfervation k
#» j*en ajouterai une feconde
» paffage de Denys d'Halic
v^ qui «fl cite au bas de ia pc
» il s'agit du terns oti les Pb
^ & les Egyptiens pafferent
j^ mi^re fois en Grece. A ce
^ M. Pelloutier pretend que
^(PHalicarnajJe dit que les .
ff [ ' " ' '
1>E M. Pelloutier. 33^
bient Us ancicns Habitans dc U
reu y commcnccnnt iTitre inquU"
's par Us Onentaux deux genera*
ons avant la guerre de Troye;
\. Pelloutier n'a pas pris garde
u'il ne s'agiffoit dans le paffage
e THiftorien Grtt , ni des Egyp-
ens^ ni des Ph^niciens , ni de
nir .venue en Grece , ni enfinr
es Pelafges de laGrece ,niais des
^elafges d'ltalie , de la famine > de
1 pefle 9 ou des autres malheurs
[ui les obligerent d'en fortir.j.Sc
e rjetQumerdanslaGrece>ou dans
I'autres Gentries, a
fe.repond i^. Que dans Tendroit
tique par M. Gibert , il ne s*agit
intdu terns oti les Egyptiens &
Bhenigiiens.pa{rerent poiurla pre-
ere fqis en Gr^ce. ( it) J*ai dit
»n clairement ( i} ) que. Cad-
is , felon Topinion commune ,
[%i) Hift. dcs^Cclt. Liv. I. chap. IX. p. I t^i
ij)J«<<. tiv. n. chap, XI.p. 2 5 3. .
TomeJII. .. R ,
)3^ SE80NDE LeTTRB
^fiaflk dteis ce Pay« i ie la I^. .
3 191. U s*agit I lems oil les ?&d
ffis comm«ncer m 4'4tx« inquiittel
Cela luriva, <i >n Denys d'Haliml
fiaffe (14)^ tie g^4irat|ons asfttV
la guerre de Tt y«, e^eft^^-dire, fii
4e la P« 1. 34; > ^ ou , $ Ton yeut^
}46o , < ^ifuril finir les 4euz g^
ti^ra s ; < mmenMfoent f)e 1|
fuerre , &c a ; pas ^ la prife it%
VUle. U 7 ay done 3.65 \ xj) m
^pie les Ph6ni< ns avDient cMuneft
c^ i pafler en Gr^ce , loifqu^ pel
;^ent 4 chaiTer les P^afges*
2^ U fuffitile Ure Penys d%B
tcamaife , pour y trouver que {ty
ie$ P^lafges ^toient kiqiii^^ en It*
He^ en Crece, ^paitout ailleuM
« Ch^r^nt nn afyle en Gr^ , i
» mdme parmi les Barbares ^ lis 11
fi le trouyoietit nuUe part, ce qa
(t^\ Dt«nyr. Halic. lib If. 9.
J>« M. PELLOUTitR- 33f;
»obligeoit k fe difpelfer piur tou«
( la terre h, Notre Hiftoden ne
il pas bien exprdSiment :(fl6)
iVftviron foixaoce aot avaat la
lerre de Trojre 9 une ft^tion Jo*
sftique ameoa des Anoadtetas ea
lie 9 £>u$ la <onduile dTvaih-
t 0. VoiU done des Pda%es
ne fyBdon fup^rieure ihaSk dfi
ki^, deux g^m^raitons avant
tfe^Troye (17). N'^eib-UpaS
laii^ , d'ailleurSf que c*^ dans
tms4i^ que les Pelafges ^toieut
us inqiu^t^ ea Gr^e ? Ne £xt*
as peu ^mm6t$ avant ce t;^!^-
ri^ 9 que 1^ Ath^measithafli&y
les Pelages , pour rapevoirles
Krlules(i«)?
« Enfin > M. Gibert n'a.pas jugi
i^os de fe fouveinr deSa reae»r«*
^qua j'ai &Ue (^9)^ at^elaa
f)l»«i.lib.I p«24.II.77.
r) F07. £iAacl>.a4pioiiyr.1PfBtkS.fetf^l47«
) F^.Masim.Tyt. xiil. p. I5P*
Hia. 4csCeltr U?. }. ehap.X. fr%f^%
J40 SecOnde Lettb
» Peuples de la Grece , avo
>i en Italic beaucoup plus t
n le commun des Auteurs i
H tend h. Je ne crois poin
P^lafges ayent pafle en Ita
fept generations (20) avar
re de Troye , ni feulement
celebre Siege. Denys d'Ha
ne me dementira pas. II
comme une chofe fort i\
(ii), ce que P. Caton & C
nius avoient ecrit d'une
d'Arcadiens qu'O^notrus a
duite en iltalie. Si M. Gil
iyft6me bien lie, il feiit q
crive k mon fentinient. I
(12) » qu'k peine les Gr
» men9oient-iis, du terns de
>> cule , k fabriquer de lo
ff feauxjde forte qu'il n'eft
H ble qu'ilsayent pu armer
m '
(to) Diopyf. Halic. lib. I. p. 9.
{21) Dionyf. Halic. lib, Z. p. ^. |
^ziVGibcitp. J27.
- Pt M. Pelloutier. 3ifi
P puiflapte , & paffer, par met ,
4ws le$ paiijes , & dans les Efpa-
{Bes ^ fivec des Anpees nombreur
^ H Si cette reflexipn eft bonne
>uf le terns d'Hercule, elle lefera
r conf<^qu«nt pour un terns plus an-
n de quinze generations. Le pre-
Br Vaiffeau que le$ Grecs conftrui-
M flit Vj4rgo y fur lequel Jafon ,
rcule, & les autres Argonautes
nbarquerent , deux generations
int le fiegc de Troye. Ce Vaif-
|i parut une ii grande merveille
K Grecs , qu*ils en firent une Divi-
i : qu'oa life ce qu'Homere a
it de ritalie , trois cens ans plus
moins apres la prife de Troye ,
verxa que ce Pays etoitcomui de
I terns , c^ peu-pres autant que le$
res Auflrales le font aujourd'huL
la feroit-il poilible , fi depuis plu-
Lirs fiecles les Pelafges n'avoient
: que paflTer & repafler de Grece
Italie , & d'ltalie en Grece ? I^es
P3
Lydie , & enfuite par cei
^itterent TAfie mineure
feire dc nouveaux ^tabt
Sicile^ dans te Royaume
^am le Fays Latin & a
nys d'Halicaniaffe ( 13
aux Pelafges la fondatk)
de y^lia ; cependant il
M^rodote ( €4), que 1(
1b fonder ent dtt terns de <
dtePetie, &, comme le t
nus ( 1 J ) , phis defix cei
qil^nde eut pafl^ en ItaU<
feroiril ddiic poifible que
euffenr ^£ inquiet^s en I
g^tt^rafionsayant fe guen
. puHqu^ ny font venu
\^e M. Pi.ttovr\tLK. )4^
^fi^desapf^cMtt gtrntelV^e^
fas iFxiible que Denys dllaficiti>
ifle a ^ige dp terns oh ik Aorienf
iqui^t^seitltsdiey psrcekttoil ili
oient eit Gr^e I Si j'^criirois «ii
irre^ je ii^androis avec la mdme
tiidiieatDcautre»d»)edioii» 4e Kff.
bert Elkf me fbumiroieiit nnt och
km tr^-ntatiirelte dtichirtif di^*
fs points de THkloire aiicieime ,
e plufieitrs Critiques moderaes
ibrotiiUent ^trangeoietrt^ pour kt
rommoder k leurs opiiuoas fbf
ngust des Peuples; mais f ai tiklvi
me renfermer dans les bomes
me Inettre ; ainfi ]e rms abrdger
tant'qu^ me fera poffible (if).
m Jif. PeUoutier eatn dans fexpli^
m60m6e ion fyft^oif qu^itappuye^
iMiir iliiilaire des Piblges. ^«'.
iar kur Religion. 3 ^. Sitr leur Lan^
;ue. 4^. Sur la Mythologie Gfec«
P4
« Us plus ciUbrcs Hijlorien
H rent que Us Pelafges occi
» cUnnefntnt y non-feuUnu
^ponnift 9 U urritoirc iPA
mUs failles yoijints ^ pam
nwdUs dtljifnnos^ dt Scyr
nMi^-^pofioit wurcfois
mfUaf^f mais en ginh
m.M-es P^la%es,il eft V
9» UA Peuple barbare , &
mirad^te principal eft d'a
n temps drr^ 9 pour fe cht
>» 4emeufie^t{aiis trouvei
i#.feitt>fe 6xef : mais je j
"*>£ M. Pelloutier. 34^g
icff^, que le carafiere eflentiel des
•»Noinades etoit de n'avoir d'autres
» Hens que des troupeaux , ni d'au-
» fre occupation que de les conduire
»<run paturage k un autre , conune
Ic reconnoit M. Pelloutier lui-mf -
me ; de-la leiu- avoit ete donne le
nom fous lequel ils etoient con-
mis , qui a pour racine le mot Grec
T^ug , qui fignifie paitr4 , ou celui
de Tcjjn , qui fignifie pdturt owpd-
turagc. Apcrmutandis pabulis ; quia
fopt ttntanus agros , alia atqiu alia
loca puivtrant. Ce font les raifons
que Sallufle & Pline donnent de
ce nom , Tun dans fon Jugunha ,
Tautre dans Ion Hijl. Nat. Liv. V.
c. J. Or nous ne Itfons nulle part
que les Pelaf^^ euiTent aucune
coututne de cette efpece , ou
fe tnelaiTent du foin des trou-
peaux : au contraire , fiiivant
Ephore , dans Strabon , Liv. V. c'e-
toient dos lioqune^ qui s'etoieot
P5
n s^ls n'avoient pas de d(
»cen1eftpas parce qu'
itteurs moeurs d'eiter
It Pays, & d'etre touj
n ainfi dire» ambulans, n
» puree qu'fls ne trowy
» terres yuides oil ils p
'irblir,ou parce qulls <
i^traint$ par quelque fo
licte.quitter celles oil i
»fdiem 9 comme it rif\
»Wi&oire i ainil ils ne i
I $^ TheflkUe que parce qu
•W dii£tei par les L^l^ges
»lMmtonnereftt Htafie
i>E M. P£lLOtfTIfiK» 147
• effets d la pefte & de h fiunme.
tLes Scythes 9 au contraire^&les
w Nomades , paflbienl d*uii Pays ii
m un autre » par coutume & ians au*
» €ua deflein de s'y fixer ; aiafi f ^
itpitliete de Noma ne peut dtre
f» appliquee aux P^ ;es« *t
Toute r^ditic que M. Gibert
dtaieici^ pourm« trer que les Pe-
lages n'etoient pas i Peuple No-
made , eft parfaitei it hors d'oeu*
▼re. Les P^lafges n oient point de
demeure fixe, ils pa it cootinuel-
lement d'un Pays i h re. De-li
▼kotque les Grecs les loient ^
pff ddriikm y PelA , i Gygo*
gttes»Voili^uncara^ < ; marqu4
^nn People Nofiia.de. M; . dit*oa y
Ephortf afluroit qu'ilsfuivoieattoui
h ^ofeffioBr des h Ven coa-
▼ieMy mais cela ei ^trU qur'ils
aefuflieMNoiMdi ?C » )ua-
iitesfiMt-ettes.doi] ; oo^ }
|i«S6vthes^kgG
P6
Fort bien ! cependant ces
menoient line vie vagabo
fixer en aiKun lieii , ne vi
de Fair : ils etoient tons 1
peaux : ne tloit-on pas e
qii*ik noiirriffoient du bet
tiroient , non-feulement
pour fe couvrir , mais enc<
mens pour fubfifter ? M. <
tend encore que» files P
» voient point de demeu
n^^n'etoit pas qu'il fut i
» moeurs d'errer de Pays e
» d*6tre toujours , pour ;
>»ambulans ; mais c'etoit
» qu*il9 ne trouvoient poir
M Vii5dp<Q nh iIq* nnfTpnt «'p
»E M. Pe'lloutier. '^
NCcdles oh ils s'etabliffoient. *> Dif-»
liflguons les terns que M, Gibert con-
tibndici, & on verra qii'il fe trompe
Banifeftement. Avant Tarriv^e des.
I>rientaux^ les Pelafges etoient mai-
rfesdttoutelaGrece; ils en avoient.
'Empire ( 29 ). Qu'eft-ce done qui
es empSchoit alors de b^tir des mai-,
bns, de fortifier des villes, de culti'-
^er des terres, de planter des jar-,
lins ? Y avoit-il quelque ennemi
(ui ks empSchat de fe fixer dans un
?aysdontils etoient les maitres.fou-
^erains? Cependant ils ne !e 6ifoient
x>int. Au lieu de femer du bled pour
tn faire du pain ^ ils en faifoient avec
hi gland. Ceft parce qu'ils n'etoient
)as Laboureurs, mais Noniades..Cela
koit dans leurs moeurs , ou , fi Tom
ireut , c'^oit Tancienhe barbarie que
es Scythes & les Celtes ont quitteq,
>eaucoup plus tard que ks autre*
■ ■■ . . 1 ■■■ <
(ip) Stub. VII. 3*7.
luciii y pAi vc ^uc j <si rciiidn
a qu*un moment. Ce flirent
qui policerent les Habitant
de ritalie , 6c non pas les 1
qui ny mirent jamais le pie
nuons d'entendre M. Giber
>»^i^.Cettepropo{ition, q
n ciens Nabitans de la Gr6c<
H Plilafges , me paroit trop g
M car il sVn faut , ce me fei
9f beaucoup que Ton doiv4
^ les premiers Peuplesde
n aux feuls Fi^tafges , 8c \
n nous apprend, au contratv
If les Pi61a%e^ s'y ^ablirenr
ll^.iBiMMeJta^ti^vftr #%tfl «ta AM ^
»i M. Peliovltcr. jff
W les Habitans qui y demeuroieni au«
UpartiTant , ou ils s'unirent avec
ntnx (31). Auffi )e conviendraiy
# avec M. Pettontier, qii€, fuivant lei
iiAuteurs qu^t cite en cette occa«
m fion 9 prefque tautes les Contr^es »
^ dont il £ut ici T^num^ration , oat
'n it6 occupies en difF^rent terns par
9> les Pelafges'qui paflbienc de Tune
i» & Tautre; mais ces Auteurs ne difent
n nuUe part quits les occupaffent ori*
j» ginairement. ^
Faudra-t-il que je montre k M*
Gibert que ies Pilafgts occupount la
Grlct driginairement , qulls ^toient
Indig^tes, Aborigines, Autochtone^
Les PSajrenis avoient fur cet Article
des id^es qui ne font pas plus du gout
de M. Gibert que du mien ( }x)- Us
appelioient Indtig^es des hommes
m' • ■■
(ft) HcTMlMi hb. h BmbtT. Htlir. lib li
Stiab.V.
(1 %) Gibert p. 5 1. Hiftoire def^clcet, Li^ I*
Cbap. xiii*p*m*
35^ Secqnde Lettrk
qui pretendoient etre fortis du limon
de la terre, comme des champignons,
Ainfi le Poete Afius difoit, enparknt
de Pelafgus (33): DUs jimiltm autm
Fdafgum in alticomis montibus una
nigra produxit ut mortalium genus fo»
ret. Mais en prenant le mot ^Indigius
dans un fens pi us. general , & d'une
maniere qui puiffe s'accorder avec
nos principes , il fignlfiera tout an
moins que les Pelafges font les plus
anciens Habitans de la Grece ; que
THiftoire ne fait mention d*aucun
Peuple qui Tait occupee ayant eux J
que Ton ignore abfolument d'oii ils
etoient venus ; que leur origine eft
inconnue ; qu'elle remonte au terns
fabuleux , & c'eft ce que les Hifto-
riens difent formellement. Denys
d'Halicarnaffe ( 34 ) , par exemple ,
affure que » Pelafgus & Phoronee
(33) Paufan. Arcad. init,
(34)Dionyf.Halic. I. p.
BE M. Pelloutier. 353f
bnt les premiers Rois du Pelopoii'
lefe qui foient connos dans I'Hif^
Dire ;.que lesPelafges etoient an-
:ienneinent un Peuple Grec , ori-
;inaire du Peloponefe (3 5) ; qu'ils
lemeuroient au commencement
m Achaie^au tour de la Ville d'Ar-
los 9 & que plufieurs les croyoient
ndigetes de ce Pays 1^ ^ Heiiode
6) remarquoit auili que Pelafgus
^u Indigctc du Pcloponncft ; & d'au*
!S pretendoient que ce Pelafgus
>it le meme qu'Argos, duquel les
pens fe ditbient defcendus. Per*
one n'ignore que les Atheniens fe
>rifioient d'etre Autochtones ; ils
laiflbient pas de reconnoitre les
bi%es pour leurs fondateurs (37) ;
avouoient que leuris ancetresde-
smoienti la campagne, & avoient
irs habitations djfperfees dans tout
S 5) DioDvd Halic. I. 14.
36) Apollodoras I. 59. "*
37) Maib* UciacL^.^st.
„. ...,„. ...... I
leterritoireyjafqu'ice que Th&Ot
l«Ur perfiiada de fe i^^umr dawune
feule&m6m«ViIle(38>
Dois*je montra^ encdtfct k M. Gh
bert que les Pelafges tvoiext anitre^
ibis TEmpxre de la Gr6ce^ tpahis tot^
tupoienttoute enti^re? raid^a€it({
un paffage de Strabbal(39)y qui p(M^
te » qu'entre les Peuples qui om ea
n rEmpire de la Cr^ce , les P^h^o
n font ks plus ancieos^. » Le mbit
G^ographe dit ailleurs ( 40 ) qat
n c'eft ttoe diofe reconnue , k pea*
$^pths par tous lesHiAorienSy que
» les Pelafges occupoient autbefius
i» tottte la Grece. >» Strabon^ au itAei
n'a &it que fuivre Herodote^ qui di«
foit auiS (41 ) que » le territoired'A^
»» tb^ni^s ^toit occup^ par hsVikf-
» geSy dans le terns qu'ils ^toicnt mai-
ffS) Pluurch. Thcf cafi. at.
(iP^Strab. VII. 127
(4o)Strali. V. lao.
(41J Herodot. yiii. 44.
ftE M. PELLOtJf lift. 55f
n tresde la Gr^ce.n Par furabondan«
ce de droit , ajoutoiis encore tin feiil
paflage dTHerodote (42): » Lcs priit-
f» cipBVX Peuples de la Grdce ^6ieitt
n anckfinenient les P^lafges & le$
s» Gtecs ( UeMnes ). n £t d*oiii ve«
fioient ces Grecs ^ Vous zUtt enten-
dre qu'fls etoient Pelafges d*origine
i( 43 )* H La Nation des Grecs , lorf-
m qii*eWe fe d^tacha de celle des P^*
n lafges , ^toit un Peuple pen confi*
j> nible , qui, ayant eu de trfe*petits
m commenceinens, s*accnitbeaucoup
n dans b &ite par le grand nombre
# de Peuples, & fur-tout de Barbares
n ^i fe joigmrent h euSo^Voil^donc
les Auteurs m^es 9 cjoe M. (nbert
n'op^fe 3 q^ difent que lcs Pilaf-
gesoccupoient la GrUt originairemenf^
& ft^Us Im unoieni teutt entiire. lis
J^entent par conf^quent Ija Thefe
m I I I i>
(4s)Hero<lot. I. 5f« ^
(43) Hciodot. I, $1.
^^6 SeCONDE LtTTftE
de M. Gibert , qui pretend que, »» fi
»les Pelafges ,s'4toient,4tabUs':eft
» quelques endroits'd«:la.Grece5,ils
#» en chaflerent des Habitaas qui y
>f demeuroient auparavant , ou s'u-
f> nirent avec.eux, w Les Loix d'une
bonne critique permettent-elles done
que Ton brOuille & que Tcfn con-
fonde , comme on le juge Apropos jr
des chofes que ces Hiftoriens diftin-
guent fi clairement ? S9a.voir ks
terns les plus anciens oil les Pelafges
etoient paifibl^ ppfle^eurs de la
Grece , & des terns fort pofterieurs
oti ils commencerent d'etre inquie-
tes, poufles & chaffes de leurPays
par des Etrangers.
Mais, ajoute M. Gibert (44), » le
"pretendu paflage de Thucydide,
» rapporte en lettres italiques, (qu'a*
» vant le terns d'Hellen , fils de Deu-
»> calion, la Nation Pelafgique etoit
(4i^j Gibert p. 140.
DE M. Pellowtier. 357
M repandue dan^ tout^ la Grece ) ,
p> quand oh radmettroit ^ ne ptouve^
»> roit en aucune fk^on que les P61a£>
H ges en etoieiit les premiers & les
«> feuls Habitans : mais , de plus , c'eft
n un pa^ge que Ton prete tout en-
»» tier k Thiicydide qui ne dit rien de
»>femblable : void , en efFet, le$ pa»!
» roles de cet Hifioriea dans Tendroit
•»quieilindique(45 ).Lcnomd}Hd';
•t Uncs mfut point Qtiginaiumtnt com'-
» nmb^ i tousle Pmplcs dcccsContries;
^ iln^cxijioit point mime dutoiu avant
t» Heilcn ^fih dc Deucalion ; mais chat
ft qtu tfation ^& fur-tout entrautres ,
>i^ccJle^s Pilafges avoitfon nompropfe
y^ & particuUer. A.quoi le Scholiafle
n^QVLi/^ yqu'clles rien avoieru aucun
. n qui jut commun a toutes. U eft fecile
> n de voir que non-feulement Thu-y
.» cgrdide ne dit pas qiie les Pelafge^
: p^ odcupaffent toute UlGv^QQ , ni mSr
' ^ . ■ . ■ I i ' w
- ^5)Tjmcjrd.Ub.I.cap.|,
158 Seconqe JLetitrk
j» ioe qu'ilsfuffent r^pandos par^totit^
»mais qu*U refulte^ au eontraire, de
^ i^e qu*il dh ^ qu'elle ^toit peupl^
f^ de bien d'aiitre^N^tipns que les P^
Jf m'im^gine que^'eft i<^ one de
ces citations mal entendues, ouindr
tne tronqu^es 9 que M* Gibeit me rer
proche. S'ii faut Ten qtoiteyJeprtH
unpajfa^t tout mfi^rd T^ucryJufe^ fij
fu dii run iUffmlUabU, Ua pedt not
d'^lairciffementmoiitrei^ ^ lapen^
fure eft juftcp
Je ne doute pas que M. Gibert
p'entende le Grec^ p^tfqu'il enore^
prendde retablir plufieurs pafl>f
des Auteurs qui ont ^rit dans ^tte
Langue, £( de corriger les verfions
qu'on en a donni^es. Mais U me per*
"^ettra de lui £re , avec tout le tefv
pedquejeluidois^ qu'iln^ipasefiv
iendu le paiage dofit ii s^agit^ Quoi (
Tliucydide , ce grand liomme, que
guintiUen piff^roij A tow i& Hift^
DE M. PfiLLOVTIERt 359
sGrecSji & que D^mofth^n^
it pris pour foti mo^le, par r^p«
t au Ay^ J auroit dt^ capable d?
! desxihofes qui n? forment nucuq
f ? II aura vouhi nou5 apprepdr©
^vatit |e tem$ d'fiellen , fils de
ucalfon 9 chaque Nation de bt
kpe avoit ion fioippropre & parr
dier ^ 6^ fm^imi tmr'autr^s cdk
P^^fgf^ ^ Qu'eft-ce don? que lei?
afj^esf pouvoieqt aypir 4e phis >
*avoient?ilt;yi<rri0i/i cntr*aiares , ^
ique Peuple de la Grcce ^oit fon
n propre (Sf partt^ulier^ Thucy-i
e (4<$ ) 31 quiescprimoit en peu de
<s Vaiucoyp de frhofcs , a youlu
e (#7 J » que , dans les terns le$
his ^oict^ns 9 on ne ^onnoiflbit.
K>i^ de noi)» connnun quifervjt
. d^g^er en general tou5 les Peu^
At^^ k Gr^. Le nom Txiha^
4#) QviMil.'Iib. X.«tF-«^
360 Seconde LetTre
•» d'Hellenes , fous lequel on les dd-
>>flgnadans la fuite, n'exiftoit pas
^ encDre avant Hellen y fils de Deu-
»calIon. Les Peuples de la Grece
>> portoient chacun fon nom proprf
» & particulier, & ils portoient fur-
» tout celui de Pilafges , qui fsifoi^
>> le plus grand nombre. Ce nom
»propre qu'ils portoient euxrind-
» mes^ ils le donnoi^tauffi au Pays
» oh ils .etoieot itablis. » C'eft de
pette maniere qu'Henri Etienne a
entendu le paffage de Tbucydide;
en confervant la veriion que j'ai fui»
vie, il y ajoute une note , qui porte
l|[ 48 ) que le nom de Pelafges avoit
autrefois une tres-grande etendue »
n'y ay ant pr^fque ppiiit de Pays oh
les Pelafges n'euffent pafle. Cafaubon
avoit vu aufli dans ce meme paflage
(49)31 qu^ le nom de Pelafges etoil
(48) H. Steph. ad Tbucyd. lib: h ctp. |«
^4P^ Cafauboa. Cpmmont. «d Suabon. p. xo^tj
commui(|
D£ M. Pelloutier. 36<
mmun autrefois k un grand nom-»
e de Peuples de la Grece, Comme
;iui Etienne & Cafaubon jetoient
lis. grand Grecs que ni M. Gibert ,
moi 9 oe le ferons jamais , je m'en
ns ^ la verfion qu'ils ont approur
e , & que M. Waffe a cm auffi de-
•ir retenir dans le beau Thucydide
i*U nous a donne tout nouvelle-
mt. II eft vtai que dans ret en^.
jit y 4iomme dans plufieurs autres ^
eerfion Latine de T^hucy dide tient
elcpjue cfaofe de la Paraphrafe. Mais
ut-onprctndred'autre partly quaad
. veut rendre fidelement toutes les
jes d'un Auteur auffi concis que
ft Thficydide? On le rendroit inin-;
Higible , fi on vouloit le traduire
at entier de la maniere dont M«
J>ert a tourne le paffage dont il s*a-
: ici. Dans le fond , la verfion La-
le en eft tres-Jufte. Que Ton feffe
:e k THiftorien que , parmi les Peu^
zs dc la Gricc , UsPilafgcsfaifoUnj^
Tome III ' Q
56i Seconde Leittre
autrefois U plus grand ncmbre ,
qu'on lui feffe dire que les Pelaj
eccupoicnt la plus grandc panic JL
Greet ^ n'eft-ce pas tou jours la mi
chofe ? Je ne vols pas , au refte, (
le.Scholiafte.de Thucydide ajo
rien au recit de THiftorien. Voic
. remarque : » T Auteur veut dire i
n les Peuples de la Grece ne p
* »toientqu'unnompropre;pare»
It pie , on le&appelloit feulement
t> lafges , Boeotiens , & non pas
w commun Hellenes. » • Je foufcr
. cette remarque , & j'ajouterai i
lement que les Pelafges etoient
anciens Habitans de la Grece , au 1:
que les Boeotiens etoient des Phe
ciens que Cadmus avoit menes
Grece , & qui re^urent le nom
Boeotiens , parce qu'un boeuf le
avoit montre la Contree oil ils d
voient s'etablir.
» Enfin , dit M. Gibert (50) , iU'
^50) Gibcitp,i4i, 142.
1}E M. Pelloutier. 3(Jj
aucune indudion k tirer de ce
[ue les Poetes ont quelquefois
rotnpris tous les Grecs fous le nom
leP^lafges ; ils ont parle en Poetes ,
\c non en Hifloriens & en Criti-
pies y & Ton n'en peut pas con-
:lure davantage quails avoient
H^ originairement tous Pelafges,
|ue Ton pourroit conclure qu'ils
koient tous Ach^ens 9 Dolopes ,
Doriensy ou Argiens, de ce que les
Poetes les comprennent quelque-
foisfous ces noms particuliers. >f
J'avoue que je raifonnerois tres-
lal y fi je voulois prouver que les
elafges ^toient les premiers Habi->
ins de la Grece , par cette feule rai-
)n que les Poetes defignentfouvent
IS Grecs en general fous le nom
e P^lafges. Ils peuvent avoir parl6
I Poetes, & non m HifiorUns & w
ritiques. J'en conviens. Mais Hero-
>te , Denys d'Halicamaffe & Stra-
>n ne difent-ils pas que les Pelafges
ks Poetes?
appuytf ifid
pu prevoir q
cniffcitfpa^
id
•I
H M. PELtOUTIEIt. 3(Jy
meuroient fur la cote, pour les
;uer de ceux qui etoient etablis
e coeur du Pays. Les Eoliens
53 ) portoient anciennement
n de Pelafges. Les Doriens,
etoient des Pelafges, (54) qui ,
ete chaffes de la Theffalie, paf-
dans le Peloponn^fe , oil ils
ent leur ancien nom , pour
•e celui de Doriens. Puifque
liens & les Doriens ^defcen-
des Pelafges , il en refultera
ts deux plus celebres Peuples
rrece , f^f avoir les Atheniens &
:edenioniens, avoientla meme
e.Les premiers etoient loniens^
: feconds Doriens : fi la chofe
leceflaire , il me feroit facile de
er que la plupart des autres
es de la Grece , defcendoient
es Pelafg^. Par exemple, lesr
-—
Hcrodot. VII. 9 5- Eofiath. ad DionyC
/. 347- P- 57.
Hcrodot. I. 5tf.
Qj
366- Seconde Lett
Acheens (55), les Argiens
Theffaliens ( 57 ) , les Ma
( 58) , les Arcadiens (59)
rotes (60), mais il faut
car j'ai encore k repondre ;
objef^ions.
» Je ne puis m'empScher
5> M. Gibert, d'ajouter enc<
>!• l_e Scholiafte d'Appollon
5> mal-i-propos , pour mc
>^ rifle d'Eubee fut occup
»P^lafges , & qu'elle
» Pelafgie, Ce Commen
» dit autre chofe , finon ,
f> Poete appelle Pelafgiqu
» des Macroniens , parce q
{55) Dionyf. Halic. I. I4. Strab.
(5<5) Euripid. Fragm. Archela'j
Apoll<^n. Argon, lib. I. p. 58. S
Xuftath. ad Dionyf. Pcrieg. v. 3 47
Sic. V. 23p. *
(57) Apollon. Argon, lib. I. p.
(5 8)Juftin. VII. I.
(spj Dionyf. Halic. I. s>. Stiab.
(5oj$irab. V. *Ji,
BE M. PELLOUTieil- 3^7
if croniens etoient une Colonie ve*
m nue de I'Eubee , Ifle voifine du P^
pioponnefe 9 lequel ^toit appell6
i».autrefois PelafgU. En effet , Stra-
f bon, qui fait Tenumeration des an*
9* ciens noms de TEubee , ne lui attri*
j^bue point celui de Pelafgie y &c je
iMie me fouviens pas d'avoir lu nulla
p part que les Pelafges s'en foyent
1^ jamais empares. >>
^ Puifque M. Gibert ne pent s'em-
D^her d'ajouter cette objedion aux
l^cedentes , je ne f9aurois me dif^
jpenier auffi de le prier tres-humble-
I^Bient de vouloir bien ajouter k I'en-
^oit qu'il critique deux mots qui
^nquent dans rimprime, & de lire
le paflage de cette maniere ( 61 ) ;
kles Pelafges occupoient ancienne-
^«> ment , non-feulement 1« Pelopon*
»n^fe,le territoire d'Athenes , avec
(6 1) Hiftoirc des Ccltes Liv. I. Chap, IX.
^. XX 8-1 19.
Q4
3^8 Seconde Lettre; '
les Ifles voifiiies, particuli^rement '
^ celle de Lemnos , de Scyrus , d'Eu-
>> bee & de Lefbos , qui portoit au-
» trefois le nom de P61afgia:n moyen-
nant cette addition des mots de Ltf-
bosy tout fera pleinement redreffe;
car les plus cel^bres Hifloriens aflii«-
rent efFefti vement ( 61 ) que cette Ifle •
portoit autrefois le nomde Pelafgia.
M. Gibert ne fe fouvient pas , an
refte', d'avoir lu nuUe part que les
P^lafges fe foient jamais empares de
rifle d'Eubee. Mais fi fa memoire Fa
mal fervi , il me femble que je ne {m%
pas oblig^ d'en repondre , d*autant
plus que j'ai cite un paffage de De-
nys d'Halicarnaffe ( 63 ) , qui porte
que >>les Pelafges, chaflcs de la Thef-
» falie , pafferent dans la Beotie, dans
» la Phocide & dans I'lfle d'Eubee ,
»pendantqu'une autre partie de la
(<52) Strab. V. 221. Di«d. Sicul. V. 239.
Plin. V. 31.
(«3) Dionyf. Halic. lib. I, p, 14,
DE M. Pelloutier. 369
ion pafla dans TAfie mineure;f&
npara de pluiieurs Pays , fitu^
ong de rHellefpont » Le paf-
mfime d'AppoUonius & de
^ommentateur , que M. Gibert
fous les yeux en me r^futant ,
It du lui rappeller un £ait qu'il
fouvient pas d'avoir lix nulle
Poete dit (64) que» les Argo-
xts^ etant revenusde nuitiur la
s des Doliens , ceux-ci ne les
onnurent point, &c crurentque
Piilafges Macriens venoient les
quer. >f Le Scholiaftc remarque
ffus >f que, felon Denys de Chal-
», ces Macriens que Ton appel*
: auffi Macrons, etoient une Co-
lie venue de I'lile d'Eub^e, qui
toit aufrefois le nom de Ma-
;, & que c'eft de-li qu'eft pris
li de Macrons. >^ A regard de
\A29iLAx$. lib. I. Y* 1013^2' <^^*
370 Seconde Lettre
cehii de Pelafges , ou de P^afgiqui)
le mSme Commentateur dit que>»les
» Macrons font appelI6s Pilafges (6 j),
» parce qu'ils fortoient de Tlfle d'Eu-
^ b6e. » U fallpit done qu'il y eutdes
P^laiges dans cette Ifle. II dit encore
(66) que » les Habitans de Tlfle d'Eu-
vi hit font appell6sP^lafges,parce que
w cette Ifle eft voifine dii Pelopon-
H n6fe , qui portoit autrefois le nom
» de Pelafgia , ou de P^Iafgis. » Ceft
la curieufe remarque que M. Gibert
juge ^ propos de rapporter , & que
je lui laiffe de tres-bon coeur. Selon
mes petites lumi6res , il me femble I
qu'un Hiftorien & m8me un Poete,
fe feroit fifHer, s'il s'avifoit jamais de
defignerles Anglois fous le nomde
Picards, parce que leur Ifle eft voifine
de la Picardie. Revenons aux objec-
tions de M. Gibert. J'avois dit (67)
{t 6) Ibid,
(6 7) Hift. dcs Celt. Liv. J. Chap. IX. p. uh
DE M. Pelloutier. 371
ue » les Pelafges , chafKs du Pelo-
ponn^fe par les Cadmeens, fere-
tirerent dans la Theffalie , ou ils fe
maintinrent , felon les apparences,
pendant im affez long efpace de
terns , puifque cette Province re9iit
d'eux le nom de Pelafgia : » M.
Jibert ( 68 ) fait 1^-deffus plufieurs
em^rques qu'ilfaut examiner. Rap-
>orton5,avant toutes chofes,fes pro-
»res paroles; »Denys d'Halicarnaffe,
qui nous apprend cette migration
des Pelafges en Theffalie , ne dit
point quel en fiit le motif, & ,
comme il la pla^oit trois ou quatre
generations au moins avant Cad-
mus , il n'a eu garde de dire qu'elle
•l^t occafionnee par ce Prince , fes
compagnons ou leurs defcendans ,
jes feuls. que les Grecs entendent
fous le nom de Cadmeens ; je ne
trouye k ce fujet rien de plus dans
Q6
fage qu'il juge k propos de c
1^, J'ai dit que les Pelafge
chaffes du Peloponnefe par
meens , au lieu que Deny*
carnaffe , qui parle de cette
lion , n'en determine pas h
Pen conviens. Mais, fi Den;
carnajflTe , ou quelqu'autre I
digne de foi , affuroit cl<
& formellement que des Ph
& des Egyptiens , ayant al
Grece & s'y etant etablis ,
ferent infenfiblement les P(
mes remarques , que je n'ai <
que pour une conjefture (6<
meroient une veritable der
DE M. Pelloutiek. 37}
6on. Demande-t-on autre chofe ,
pour fe rendre h, une conjedure , fi
ce n*eft qu'elle foit probable & fon-
dee fur des faits qui y conduifent na**
tureilement ? D'abord je voisles P6»
[aigesmaitres de toute la Gr^ce. En-
fuite je remarque qu'ils quittent les
cotes > pour fe retirer vers le Nord y
dans des Pays ^loignes de laMer. Ne
dois-je pas conclure naturellement
leliL qu'ils fureat chafles de leur
Pays par des Etrangers qui avoient
6tabli des Colonies fur les c6tes
iu Pelopon^fe & des Contrees voi-
&nes ? Qui pouvoient etre ces Etran-
gers que des Egyptiens & des Phe-
oiciens , les ieulsPeuples qui s'appli-
quaflent alors k la Navigation? N'efi-
il pas coafiant & reconnu que Ce*
crops , Cadmus & Danaus paiTerent
eife&iyement en Grece , & y fon*
derentde puiiTantes Colonies?
2.^. Mais au moins ai-je fait ici uii
^nacroniOne bien marque ; puifque
374 Seconde Lettre
9f^ Denys d'Halicarnaffe pla9oit cette
emigration des Pelafges en Theffa-
» lie , trois ou quatre generations au
yy moins avant Cadmus. » II n'eft pas
de ma connoiffance que Denys d Har
licarnaffe ait fait aucune mention de
Cadmus , ni qu'it ait determine le
terns oil ce Prince pafla en Grece
avec fes Pheniciens. D'autrescepen-
dant Font determine , & c'eft fans
doute fur leur calcul , compare avec
celui de Denys, que M. Gibert fonde
fon objedion. Pour epargnerauLec-
teur une difcuflion chronologique^
developpons en peu de mots ce que
M. Gibert a iSiffe deviner. Selon De-
nys d'Halicarnaffe ( 70 ), Oenotnis
paffa en Italic dix-fept generations
avant le fiege de Troye (71), c'eft-
i-dire, environ 1750 ans avant Je-
(70) Dionyf. Halic. lib. I. p 9. 14.
(71) Troye fut prife Tan de la Periodc Ju-
lienne 3530 & X 184 avant J. C. enyaj.ouuct
566 ans pour dix-fept generations , il rcTuItc(»
c^u*Oenotrtts palTa en Italic 1750 an$ avant J.C
DE M. Pelloutier. 37^
is-Chrift , en comptant trois gene-
itions pour un fiecle. Lycaon , pere
e cet Oenotrus, ^toit le cinquieme
epuis Phoronee,qui vivoit par con-
*quent ving-trois generations avant
i fiege de Troye ,1950 ans avant
. C. Suivant le meme Hiftorien , les
'elafges pafferent du Peloponnefe
n Theflalie , fix generations apres
* regne de Pelafgus,petit-fils de Pho-
onee,c'eft-^-dire, 1684 ans av, J. C
u lieu qu'il eft reconnu que Cad*
lus n'arriva en Grece que 1 5 19 ans.
vant J, C. & par confequent 165
ns , ou cinq generations apres la
rugnttion des Pelafges, dontil s'agit
cir Voili robjeftion de M. Gibert ;
|ue je crois avoir propofee dans
oute fa force. Elle feroit aiTurement
ans replique, fi je convenois qu'Oe-
lOtruspaiTa en Italie dix-fept genera-
•ations avant le fiege de Troye , &
^ue Phoronee ou Pelafgus , fon pe«
it-fils, font audi anciens que Denysi
^7^ SeCONDE LfiTfRE
d'Halicarnafle le pretend. Mais j'^
avert! (71) que je n'en croyois rien,
& je fuis perfuad6 que les Grecs don-
nent k leur Hiftoire une antiquite
qu'elle n'a pas ? Comme M. Gibert
n'eft pas difpofe k m'en croire fur
ma parole , il faut lui en fournir des
preuves qui foient tirees du fujet
meme que nous traitons. Niobe ,
mere de Pelafgus ( 7} ) , fut la pre-
miere femme que Jupiter connut ,
comme Alcmene , mere du grand
Hercule , fot la derniere. Depuis ce
^ems-1^ ce Dieu changea d'inciinar
tion , & dedaigna le commerce des
Mortelles. II faut done que Satume,
pere de Jupiter , Phoronee , pere de
Niobe , Eleftrion , pere d' Alcmene,
fuffent Contemporains ; il faut que
Cadmus vecut aufli dans le meme
tems , puifqu'Europe fa foeur , & Se-
(72) Hift. des Celt, Liv. I. Ch, X. P«I74.X75'
flc Liv. II. Ch. XI. p. 254.
. i73}Diod, Sic, IV. ISS.
de M. Pelloutier. 377
616 fa fille , eurent iucceffivement
lonneiir d'etre Maitreffes de Jfupi-
r. Et , de peur qu'on ne m'oppofe
la vaine defaite desMythologifles,
ivoir , que les Dieux engendrent
LIS long-tems que les hommes , at-
idu qu'il y a feize generations (74) *
puis Niobe jufqu'a Alcmene , j'a-
titerai que cette defaite eft parfeite-
?nt inutile , non-feulement , parce
e Jupiter n'exiftoit point encore
ns le fiecle oil Ton place Niobe ,
lis encore parce que Pelafgus , fiis
Niobe , & le grand Hercule , iils
^lmene,etoient effedivement con-
nporains. En voici la preuve. Le
leteEfchyle (75 ) affure que Pe-
fgus regnoit k Argos ( 76 ) Icrfque
'* Danaidesy arriverent. II y avoit.
■ ■ ' ■ ■ ■ I » \ m
{y^f Diod. Sic. IV. 15S,
(75* Efchyl. Sapp V. 2 5«.
(76; Quclqaes-uns faifoient Pelafgus fib de
piter & dc Niobe : d'autres le croyoicnt In-
;e'tc , c'cft-a-dire , fils de la Tcrre. Efchyle Ic
t fill de FaleAhcoflc^ Indigete.
J78 Seconde Lettre
alors , felon le calcul commun , huit
ou neuf ans que Cadmus avoit eta-
bii hi Colonic de Thebes. Diodore
de Sicile (77) remarque auffi qu'Her-
cule vivoitdans le mSme tems:wli
» nus , dit-il , Precepteur d'Hercule ,
>» inventa le premier parmi les Grecs
»la mefure & les .vers. Cadmus
%> ayant enfuite apporte de Phenicie
» les Lettres de TAlphabet , Linus
>^les accommoda k la Langue Grec-
» que, donna des noms ^ ces lettres^
»& en tra9a les carafteres. De-li
♦>vientqueles lettres qui portoient
>>d*abordle nom de Pheniciennes,
» parce qu'elles avoient ete appor-
» tees de Phenicie , re^urent enfuite
» le nom de Pelafgiques , parce que
» les Pelafges s'en fervirent les pre-
» miers. »
Je confeillerai done c^ M. Gibert
de ne pas m'oppofer des difficultes
(77) Diod. Sic. III. 140.
DE M. Pelloutier. 379
onologiques , par rapport ikTHif-
-e Grecque , qui precede la prife
Froye , & meme les OJympiades.
ft un Pays perdu oil Ion marche k
)ns. Aw refte , fi Ton examine at-
ti vement le paffage de Diodore de
lie que je viens de rapporter , oa
rouvera que les Pelafges etoient
itres de la Grece , lorfque Cadmus
rriva ; au lieu que , felon le cal-
de Denys d'Halicarnafle,ils quit*
mt le Peloponnefe fix genera-
IS , & la Theffalie onze genera-
ns apresPelafgus. Ces onze gene-
ons finiflent, fuivant fon compte,
regne de Deucalion , qui chafla
Pelafges de la Theffalie , avec le
ours des Curetes & des Leleges.
e fait etoit vrai,commentDanaiis,
i ne vint en Grece qu'apres la
rt de Deucalion, trouvera-t-il
:ore des Pelafges dans le Pelopon-
Te ? Pourquoi les lettres des Grecs
leur maniere d'ecrire , re^urentr
Jgo SeCONDE LETtR*
elles le nom de Pelafgiques ? N*e
ce pas k caufe que les Pelafges, q
etoierit encore dans le Pays 5 s*en f<
virent les premiers? lis introduifire
Tufage d'ecrire de gauChe a droii
& , par cette raifon , ils renverfen
les lettres Pheniciennes , comi
i*ai eii occafion de le montrer a
leurs ( 78 ).
3°^ La troifieme remarque de
Gibeft, c'eft que j'ai cite ici mal
propos diivers paffages d'H^rod<
( 79 ) , qui ne dit rien de plus k
fujet que Denys d'Halicarnafle. J
cite ce paffage k la fin d'une note (8
pour prouver qii'il avoit paffe
Grece difFerentes Colonies d'Egi
tiens & de Ph^niciens. Si le LeSti
veut fe donner la peine de veril
les citations , il verra fi elles port
•(* ♦
(7«) Hift. des Celt. Liv. II. Ch. XI. p. 25:
(79)Herodot.II. 91.V. 57. VII. 93.
(80) Hift.^dcs Cell. Liv. I. Chap. IX. p. I
not. (6\
DE M. Pelloutier. 3^1
'aux3& fi elles n'etabliffent pas
in clairement ce qu^ je tfte pro*
fois de prouver.
Voyons fi une autre obje&ion de
Gibert a plus de fondement. Psm
is dit (8 1) que » les Pelafges, in-,
[uietes dans leurs nouvelles habitat
ions par les memes Cadmeens^ ou
lutot par le nouveau Peuple qui
etoit forme en Grece , fe difper-?
erent de tous cotes. » Voici la re-
irque que M. Gibert feit forces pa-
les ( 82 ) : » M. Pelloutier n*a pas
nieux reufil dans I'application d'un
>airagedu chap. 56. du liy, I. de cet
■liftorien , dont il fe fert quelque$
ignes plus bas , pour montrer que
es memes Gadmeens inquieterent
jncore les Pelaiges dans la Thefla-
ie ; car Herodote , dans Tendroi^
nte , n-attribue aux Gadmeens que
(ti) Hifi. des Celt. Liv. I. p. I2i» ^
^Sz; Gibert p. 143, «
dote (83). » Dii terns de D
» les Pelafges occupoient
» tide ; fous Dorus , fils d^F
» demeuroient dans les Co
» font autour des Mont
>^ Olympe , & que Ton aj
» tieotide. Chaffes del^ pa
n meens , ils aJIerent s^etat
♦> du-Mont Pindus. » Ce j
dit-il done pas que les Pclai
inquietes dans leurs. nouv
tations ? Ne dit-il pas que
ges fiirent chaffes par les '
de riftieotide ? Cette Iftie
toit-elle pas une Province i
DE M. Pelloutier. 38)
partenoient-ils pas aulTi k la Theffa-i
lie ; & n*ctoit-ce pas entre ces deux
Montagnes que Ton voyoit cette
belle vallee que les Anciens appel-
loient Thcjfalica Tempt } Je ne lijais
fi je ne me trompe , mais il me lem-
Jble qu'une objeftion aufli frivole ne
devoit pas etre propolee avec cet
air de confiance que M.Gibert aiFefte
icu M. PdloutUr napas mitux riufft
dans C application £un paj/age £Hi»
rodote. Je conlens de bon coeur que
le Lef^eur juge qui des deux a le
mieux reuffi , ou THiftorien , ou le
Cenfeur. » Mais non , ajoute M. Gi-
>fbert(85) , en continuant toujoiu«
H fur le meme ton , ce n*eft pas » fe-
>^ Ion notre Critique , par les memes
» Cadmeens que les Pclalges furent
^H inquietes , ctfiplutot^ dit-il ^par U
*» nouvcau Peuplc, forme du melange
^}f de gss Orientaux avec les anciens
(«5) Cibcic. p. X44t
384 SfiCONDE LeTTRE
Habitans de la Grece. Penys d
» carnafle fera cette fois fon garar
^ au liv. I. de fes Antiquk^s. Gej
»dant cet Hiftorien ae nomme
i(> cette occafion que les Curates ^
»L^leges 9 les babitans du Pam;
» Or M. Pelloutier n'apptouve p<
^que pes Natifwis.fuflent le nouv
>>PeupIe en queftion, qu'il comp
d'Egyptiens, de Pheniciens &
» JP^lafges , ou qu'elles en fiffent j
» de : je ne f^ais mSme fi leur Hiftc
» pourra s'accommoder aifemen
» cette origine ; quoiqu'il en fc
» jufqu'^ ce.que M. Pelloutier ait i
»bli ce point; je ne vois pas ce c
» fait ici pour lui Fautorite de Der
f> d'Halicarnaffe. » Voil^ affurem*
bien des paroles pefdues. Puifque
Pelafges demeurerent dans la The:
lie pendant cinq generations, les E
nemis qui les chafferent de la The!
lie ne pouvoient etre les mSmes q
^eux quiles avoknt chafT^s du Pd
ponn^
PE M. Pelloutier. 38J
i6(e. Ce ne parent 6tre que leiirs
;ndans , & les gens du Pays qui
mt entr^s dans le parti de ces
ngers^qui inqui^erent les Pelaf-
aos leurs nouveiles habitations.
a Denys d'Halicarnaffe ( 86 ) .,
?n furent chaiT^spar les Curetes
par les Lel^ges 9 qui re9urent
>Uia le nom d'Etoliens & de Lo-
eM^yf Mais ces Curves n'etoient*
as lesminiftres & les adorateurs
Fupiter , dont les Pheniciens
lent introduit le cuke ? Les Lo-
tis & les Etoliens n'^toient-ils pas
lilies du H6ros qui flit le grand
rufteur des Pelafges & de leur
igion ? Je parle d'Hercule. Epa-
, Roi des Locriens 8e des Eto
s (87) , ayant ^e chaffe de fes
ts , Hercule r^blit ce Prince ,
en cette confid^ration choiiit le
4) Dionyf. Halic. J. p. t^t
7)Strab.IX.p.4»7»
^$< Second E Lett re
fils aine d'Hercule pour lui fucce(
Je fens , Monfieur , que j'abufi
vptre patience & de celle du I
teur. J^ vais dope paffer leg^ren
fur plufieurs autres objeflionsde
Gibejrt , qui , etant peu importai
^n elles^memes , rpuknt d'aille
fur des fujets dont la difcuffion n'
j-oit rien d'int^rejg^ntt M. Gifcc
pour fe preter a mpp r^dfonricme
v^ut (88) que jf lu; dife »> ce c
>» j'entends p^r les Pelafges des Pj
».vincQS de TEurope ? » II me fern
que je Tai dit (89) affeaj d^remi
en rejnarquant que Ton pla9oit^
Pelafges en Grcce , en Italie , d«
les Gaules , dans TAfie mineure ,
en nomipantlesPeuples que je cr-
Pelafges. En tout cas j'explique
ma. penfee ayec plus d'etendu
f|uand je piarlen^ij di?$j,njigration5 ci
P^uples Celtes , & j'aurai occafii
»- -. ■ ■ ... ^
(««) Gibcrt. p. 1^5^. .
DE M/Pelloutier. 3?7
ie montrer alors que les Pelafges ne
Jjflferoient pas des anciens Scythes-
En rapportant un paffage d'Hero-
dote (90^, dont j'ai fait ufage , & qui
porte que >> les Pelafges occupoient.
9f anciennement Tlfle deSamothrace ,
» & que c'efl d'eux que les Thrates.
^,(91) ont pris les myfteres des Ca-
lU^ires , » M. Gibert m'avertit ( 92 )
que j'aurois du en conclureque les
Pelafges , qui introduifirent la cere-
monie , etoient difFerens des Samo^'
tliraces qui la re9urerit. II n'y a ce- .
pendant rien k changer dans ce que
j*ai dit icL . I
'' .Les Grecs faifoient de Dardanus .
3) un Prince Pelafge ,' qui , ay<int
iffe de TArcadie dans Tlfle de Sa-
:hrace, y inftitua les n)yfteres
flbot Herodote &it mention dans le
»r ^,^^^__
K*T — : ' ' ' ^ ■ - ■^ -
■ • (90) Hcrodot. 11. 5 1,
■^ {91) V\Cc,S4Hnothraces.
{92 Gibert. p. 149^
l^p) PionyC HgUc. 1» $ |< 5ccab. viii. %^$^
R »
388 Seconde Lettre
paffage qui vient d'etre cite. Si
prouve , comitie je m'y engaj
d'un cote que Dardanus etoit
Prince Thrace , qui , ayant paffe
Afie avec des troupes de fa Natio
y fonda le Royaume de Troye ;
de Tautre, que les myfteres, dont <
attribuoit llnftitution k Dardanii
appartenoient k la Religion des Pe
pies Scythes & Celtes, qui avoie
leurs fanfhiaires les plus renomme
& qui c^l^broient leurs f^tes les pli
folemnelles dans les Ifles voifines d
Continent, k celles de Gades en E
pagne,de Sayne dans les Gaules
d'Heiligelandt en Germanic , de S
mos en Thrace ; il me femble qu
ma preuve demeurera dans toute i
force, & que je ferai en droit dV
conclure que les anciens Pelafgc
etoient le m8me Peuple que le
Thraces.
J'avois dit que, felon Thucydide
l^s Thraces occupoient le territo.r«
: M. Pelloutier. 389
ia 9 dans ces terns fabuleux
ommes etoient changes en
, &c- . . . Ce terns- Ik , dit M.
94) n'eft pas immemorial :
fionte qu'^ cinq ou fix gen^-
ivant la guerre de Troye.
IS comment M. Gibert Ten-
me femble qiAm tems,dont
ivons point de bons Me-
& dont il ne refte que des
ft un terns immemorial. Dil-
ans ces tems-1^ une fuite de
)ns , ce feroit k peu-pres
i Ton vouloit marquer un
2 dars les efpaces imaginai-
nt k ce que M. Gibert ajoute
iocide,ou la Ville de Dau-
fituce , n'etoit qu'une par-
Grece , il trouvera la re-
ns un paffage de Strabon ,
Dte(95).
rt. p. 150.
►. VII. III.
Rj
f90 Secokde Lettri
J'avois dit encore qu'il y a toutt
;«pparence que les P^lafges chafles de
Ja Gr6ce fe retirerent chez les Th»
.ces 5 pour Stre en furef6 aupris de
•leurs Compatriotes. C'eft , dit M.
*Gibert (96 ) , une foible apparency
Des Peuples errans fe logeoient oi
ils pouvoient. Je ne f9ais fi M. Gi-
bert fe feroit pr^te a men raifonn©-
ixient , fuppofe que j'euffe ^t^cap*
ble de dire que les Pdafges prefe-
roient de chercher une retraite pitf* 1
mi des Peuples etrangers & ennef !
mis : s'il en etoit ainfi, je le prle trcftJ i
humblement de me pardonner lafau* |
te que j'ai faite de fui vre Deny s d'H* !
-licarliafle , qui difoit : SeJ dm
maxima Pclafgorum pars per loca MA^
diurranea fe contulijfet ad DodoJUtA t
fuos cognatos. Dionys Halic. lib.! u
pag. 13.
Enfin , M. Gibert convient avfl
(96) Gibert p. 151.
t>t U. PELLOUtlf R. 3^t
loi que les Sintiens (97),qui etoi^nt
n Peuple Thrade , ^toienc les phis
ticiensHabitans de Tlfte de Lemn6s#
[ais il ne vent pas que cfes Sintrehs
iflent en mSme terns irn PeuplePe-
(ge : » c'etoit cependant ropinion
d'Anticlides, cite par Strabon (9^)2
c'eft celle du Scholiafte d*App61-
lonius (99) J qni dit que les pre-
niiers Habkans de Tlfle de LemnOs
^toient les Tyrrh^niens, (c'</? /^
memechofe^que les PtiafgeSj) & qtie
le nom de Sintiens eft une ejJi*
th^te qu*ofh leur donnoit, parte
qu'ils etoient de grands: brigands.»
Mais , dit M. Gibert ( 100 ) , -on
■ouve dans AppoUonius la diftint-
on la plus caraft^rif^e entrelesSih-
Ctts & lesPelafges Tyrrh^niins,
ui les cfhafferem de'leuirIfl6;M. <3El-
'**^*-*- —-...,.» »— ^«^— ~ ~ . - - -
\97)$tTah. VH/3-3 i.'Stcf?h; dc \3ib.\i. 'sA*.
(^8) Strab. v: 221.
(99; Schol ad'ApoU. Arg.'I p. <i.
(100) Q\bcrt.'p. F53. not. (^). -' *'
R4
39i Seconde Lettre
bert me permettra de lui repond
avec tout le refpeft que je lui dc
qu'il confond etrangement les ti
& les faits. AppoUonius ne ditp(
que les Pelafges aient chaife lesl
tiens de Tlfle de Lemnos : les Pela
en chafferent ( i oi ) la poft^rite d'
phemus> c*eft-i-dire , des Grecs
fe difoientdefcendusdes Argonai
(loa) , & par-1^ ils rentrerent c
la pofleflion d'une lile qui leur a^
appartenu autrefois. Peut-etre a
que M. Gibert ne fe' feroit p<
trooipe s'il avoit diftingue les 1
rheniens de Tltalie (lo}) , qui]
loient une Langue barbare, de c
de la Grece qui avoient la mi
Langue que les Atheniens (104).
Je finirai , Monfieur , cette le
par trois reflexions qui ferviron
(10 1; Apoll. Arg. IV. V. 17^0. p. 53«.
(102' Hcrodot. IV. cap. 145.
(103) Dionyf. Halic I. 24.
(104^ Ko/ra; ci-dciTous , RcScx.IL
BE M. Pelloutier- 395
onfe generate k difFerentes objec-
is par lefquelles M. Gibert prc'r
d attaquer ce que j'avois dit des
iens Habitans de la Gr^ce.
. La premiere regardera Texplica*
1 que j'ai donn^e de la fable des
ans & des Geans. Apr^ avoir
ntre (105) que lesPelafges ^toient
anciens Habitans de la Gr^ce 8c
Provinces voifines^ oil Ton pr^
d qu'ils fe retirerent en quittant
r Pays natal , j'ai remarque, com-
une chofe digne d'attention, qus
I trouvoit des Titans & des G^ans
s la plupart des Pays oil les An-
IS ont place des Pelafges ; en Gr6-
en Italic , en Thrace ^ en Arca-
.dans les liles de Crete & d'Eub^e.
I , par exemple , dit ( 1 06 ) que
cadie s'appelioit autrefois Pelaf'
5c Gigantism que le territoire d'A»
os) Hid. de&CeU. LHr. I. p 124.147*
otf; Euftath. ad llM. II v. 603. p. 300,
la Vilfed'Eretria(io9)avoi
nom d'un d^s Titans ; que
res flefcendoient de la fille
^Titans ( I to }. La raifon en
ma conjedure , queles Pel
Titans & les Geans font I
perfonnes designees fou
Vioms; C^^ient les ancient
de PEurope 5 les Partifans
cieniie Religion , qu'Hercu
Jupiter , & grand d^fenfei
CuheJ eut k combattre pa
la faWe le fait paffer. li en 1
^^^ne: ceuxli devoient
(107} Suid. Tom. III. p. 479.
'#.11 eii troti\^a dafe tes Gaules:
SiftJieht des^Ligurieiis j & par cort-
f M. Libert , qui fait defcendre let
eltes des Liguriens. 11 eh trouva eii
ilie',^ui poi^voietit itft desAbO^
jines , d» Sahimites -^ bu 'des Skah
lfe'ddflina:>U e^#£^ ba^ilte d»
ilegr2;'^p^eei£^em ictems le ten*
I te Pefii%i^s •s't^toient iretires
r'ia *Gr^ce V^ & dans la Coifttr^*
Sihe o^'ils etbient €fah]is. On les
rpelterde^ <?6aiif5 v^^&rce* qtie le«
mplles Scythes & Cekes^toient ^x-
^ement grands, en ^otoparaifoit
rsWicilicie'ns & dfefsBgyptierfs qui
ifferem enEurope.OMes appelioit
itani y {**<* ^u^ ifeur lAyt^otegte
s faifo$f^efte»d^'^u1>ieik1r^ul^
d'Opis fa kiritht. L'aneienn? my^
ologie des Grecs ne differoit poiWt
r cet article dk cell? d^'fcslte;. lis
ifoient les Titans fils dvliCieb]^
R6
39^ SeCONDE LETTRfi
de la Terre. Les noms de Teutamus j
Tuiilon ^ Teutomal , Teutomati
Tayfan , que plufieurs Princes P^
lafges 9 Scythes ^liguriens & Gau*
lots ontporte; ces noms ont ^ felon
moi 9 la m6me origine que celui des
Titans. VoilcL ma conjedure , & ^ i
certains ^gards , celle duP. Pezron,
qui dit ( 1 1 1 ) auffi que les Gaulois
^oient de la race des Titans.
Voyons pr^fentement ce que M
Gibert oppofe a ma conjedure.
>>Elle eft , dit-il (i ii) , affurtoent
H digne d'une imagination egalement
^ vive& ornee.«C'eftune petite po-
Jiteffe dontje le remercietres-hum-
blement , quoique je ne le merite
point. Au refte , il ne manque k ma
conjeSure qu'une application jufie
&(, folide. M. Gibert le croit ainU
(>i 3) Le Public jugera fi les raifons
— , ■ . ■ _
(hi) Ant. desGauloisp. xii.i3s.K40.1t7.
(iil)Gibwtp. 1^7.
15E M. Pelloutier, 59^
font M. Gibert s*efl fervi pour com-
lattre ma conje^ire y font plus fo-
ides que les preuves que j ai em-
)Ioyeespour Tetablir. Void les rai-
ons de mon Cenfeur (i 14),
I ^. « On ne peut pas conclure de ce
> que lesAnciens ont place lesGeans
I dans quelques-uns aesPays qui fu-^
rent occupes par lesPelafges ^ que
I lesPelafges fontlamdme chofei<Je
ronviens de tres-bon coeur que mes
remarques ne fonnent pas une d^-
nonftratien. Mais^puifqu'il eft conir
ant que TArcadie ^toit appellee
xigantis ^ le Pays des Geans 9 dans
m terns oil elle etoit occup^e par
e$ Pelafges, n'etoit-il pas natiu-et
fen conclure que les Pelafges paf«
bient pour des Geans ?
2^. » Le nom deTeuiamUes iigni*
> fie uniquementque celui qui le por-'
> toit etoit fils de Teiaam.»» C'eftpre^
■ III — — iw— 1^— — — — — m
(ii4)Cibcitp. 147, , .
'^98 SECONbE Lettrb
*cifement ce que j'ai dit ; mais jj
pretends encore que les noms de
Tcutam o\x de Titan , qui figni-
fient un fils de Tcut^ 6toient don-
nes aux Princes Scythes & Pe!af-
ges , parce qu'ils fe difoient def-
cendus du Dieu Teut. Par la meme
taifon plufieurs Princes Thraces
ont porte le nom de Cotis ou de
Cotifon , c'eft-^dire d'e jQs du DieU
%t Tis , qui eft lie mSrtye qu^irodo-
te^( 115) appelle Merctlre. » Lcis
« Kois de Thrafce fervent principa-
i> kment Mercure, *ne jtir^nt que par
>> lui & pretendent en tirer leur
» origine. «
• 3 '^. a II femble k M. Gibert ( 1 16 )
W que , dans'l'exaftitude de la Criti-
M que , je ne devois pas confondre
» les Geans avec les Titans, Car,
» pour peu qu'on f9ache de Mythoi
(115) Herodor. V. 7.
(i x6; Gibert p. i4». *^^
DE M. PE'LLOUtlER. f^ ^
► logre, on connoit la difference des
> uns &c des autres. «
Je ne doute point que M. Gibert
I'entende beaucoup mieux que mo!
a Mythologie , qui eft la fcience
les Fables- U me permettra ceperf-
lant de lui rcprefenter qu*il me fem-
>le que les Geans & les Titatifi
^oient les ennemis jures de Jupiter,
jui ne fut paifible poffeffeur de fon
^oyaume , que lorfqu'il eut fou*-
Iroye les uns & les autres. U me
reiiy>le d'ailleurs que les Geans 6c
« Titans ctaiens fils du mSme pere
Sc de la meme mere , c'eft-4-dire da
Ciel & de la Terre (117)- H eft vrai
que la g^nealogie paternelle des
ies G^afis paroit un peu fufp^efte ^
parce que la terre ne les mit au mon*
de que quelques annees apr^s que
fon mari eut perdu la faculte d*en«
g^endren Mais Heiiode leve la diffi-
(117) Sctol. Pindaii. jag. 37S. ApoUo;^r.
lib. I. p. 14.
1
i#00 SeC'ONDE LETtRK
Ciilte en habile Mythologifte , &
prouve fort doftement dans un pat
£ige cite en note (i » 8) , qu'ils n'en
dtoient pas moins legitimes.
4^. M. Gibert m'avertit encore
{119), » qu'il n'eft point vralque
# les Celtes ou Scythes fuflent plus
iM grands que les Pheniciens & les
>> Egyptiens qui pafferent en Gre-
» ce <t ; foit parce que I'onlrouvoit
Jies Geans en Phenicie &c en Ethyo-
pie , foit parce qu'Ariftoteremarque
que dans les Pays froids & dans Us
Pays chauds , les hommes font or-
dinairement plus grands , d'oii il re-
fulte que TEgypte etant un pays
chaud 5 les hommes y etoient auffi
grands que dans la Scythie qui eft
au nombre des Pays froids.
Voil^ affurement d'excellentes rai-
fons pour detruire ce que j*ai dit
(n«) Hcfiod. Thcol. V. 1 80. Sec
(iiSjGibeic. p. itfS. I $9*
i^E M. Pelloutier. 401
(i 20) de la grande taille des Peuples
Celtes. Vous m'avouerez , Mon-
fieur , qu'il y a des Ledeurs bien
difEciles h contenter. IJn Obfcrva*
tturfurUs Ecrits modernes n'approu^
ve pas que j'aye entaffe preuve fur
preuve , paflage fur paflage , pour
montrer que les Scythes & les Celw
tes etoient d\me grandeur enorme^
en comparaifon des autres Peuples*
Voici un autre Obfervateur qui mc
dit fort poliment que tout cela ri'efi
pas vrai.
5^, Enfin pour abreger,M. Gi^
bert me confeille de lire le P. Pez*
ron , *» oil j'aurois trouv^ des rai-;
i#fonsplus apparent^s & mieux eta«
>» blies .... pour montrer que les Ti-:
if tans font les premiers Celtes* #f
M. Gibert a bien raifons de m'enr
voyer k une Ecole oti il a tant pr<>«
£te. J'ai averti que )e n'avois lu te
(ixo) Hill. lies Celc Ur. U. Cb* U.p. C-t»^
461 SeCoinUe LEttrftf
P. Pezron qu'apres avoir achev6le
premier Livre de rriOti Ouvrage.
Quand f ai enfuite IQi ce Traite , ma
' mauvaife Logique m'a fait juger
qu*il n^etoit rerttpli qii6 de chiiti^es
& de raifons , que je devois aban*
donner ^ ceux qui donn^rtt dans la
TtfyiKblogie tant^aitcienhe que mo-
•derne. Quoi qull en foit , puifqii'il
•feut que j'etudie encore le Livre du
P. Pezron , pourquoi M. Gibert m'a-
vertit-il (m) quede fgavanshom^
fties 6nt juge que , pour rdftttet le
lyfteme du P. Pezrbn , ilfuffifoit de
1'expofer ? N'eft-ce pas revolter
^ar un trait de plume le Difciple
tontre le Maitre & cohtre Tinftrnc-
tion qu'on voudroit lui faire goiitef?
• II. Ma feconde reflexion regarde-
'ra I'origine de Langue Grecque , qui
IsVft formtJe , felon ma conjefture ,
duf melange de trois autres Lan-
*' ' ' ■ ■ 11 ■■ ■ m
*' (i2i) Gibert p. 170,
DE M. Pelloutier. 46}
^6S, f^avoir I'Egyptienne , laPhe-
nicienne & la Langue Scythe que
les Pelafges parloient anciennement.
Pour le prouver, je me fuis (m^
prevalu i^. du temoignage de M.
Founnont , » qui reduit les mots
» priimtifs de la Langue Grecque i
..» moins de 300 vocables qiill prou-
i> ve Stre tires les uns desThraces &C
n des Peuples voifins , les autres des
>»Pheniciens , ou , en general, des
» Langues orientates. ».
2^. J'ai produit une Lifte d'eiivi-
roa cinquante mots , qui font ea
mSrne tems Grecs & Tudefques. Sk
]e n'en ai pas allegue davanta^
ge , comme il m'auroit ete facile dc
le faire , c'eft parce que je n'ecri*
Yois pas un GlofFaire , &: que ;e
ne voulois pas porter la faucille daas
lamoifTon d'autrui« D'un cote M^
Founnont a promis de publier fon
■■ ■ — — — ^— ^
(i2z) Hill, des Celt. Liv. I. Ch. IX. p. 14^
.404 Seconde Lettre
£>i£^ionnaire : de I'autre f ai vu le
Manufcrit d'uh S9avant qiii a r^
cueilli p^us de looo mots qu'il pre-
tend Stre les m6mes en Grec qu'en
Allemand.
Void les objeftions de M. Gibcit
^113) qui regardent cette mati^re.
» Je reponds d'abord, avec Herodo-
»te (124) 9 que Ton ignore enti^
>»rement quelle Langue parloient
M en efFet les anciens Pelafges. »
M. Gibert me permettra de lui r^-
pondre qu'il fe trompe & qu'il fe
contredit pour avoir fuivi & copi6
fans reflexion Herodote, quiavan-
ce lui-meme des chofes contradic-
toires. Herodote ne dit-ilpas(ii5)
» que les Pelafges appellerent les
H Dieux OittV^ on KooTfjua ftvrt^ &C? H
Cette Etymologie n'eft - elle pas
(123) Gibert p. t6i.
(ii4)Herodot. I. ST-
^izsJHciodot. XL |S.
DE M. PELLOUTIEJI. 405 -
?cque ? Ne ditilpas (iz6) que
Foniens , les Eoliens &-les Do-
ts defcendoknt des Pelafges ? Et
trois Peuples ne parloicnt - ils
Grec } De f^avoir, apres cela^fi
"odote pcut Stre concilie avec
meme 9 & s'il a voulu dire feu*
lent que Ton ignore quel Dis^-*
e des Grecs les Pelafges fui-
ent , c*eft ce qu'il ne m'importe
d'^xaminer. Ce qu'il y a
conflant , c'eft que les Pelafges
loient Grec. Thucydide (117)
ire que ^ les Habitans des liles de
nnos &d*Imbrosavoient la m6me
igue & les memes Coutumes que
Atheniens-w Les Pelafges avoient
ide , felon Denys d'Halicarnaffe
l8) , la Ville d'Agylla. La mepri-
> par laqueHe cette Ville re9ut le
iztf.Hcrodot.I 56. VII. 94.95.
117) Thucyd. VII. 5 7-
fiz%) Dionyf. Htlic I. p. l^^
4o6 Seconde Lettre
horn (119) de xaps , ne prouve-
t-elle pas qu'on y parloit Grec?
Le in6me Hiftorien(i3o) ne pofe-
t-il pas en feit que ces Pelafges
iavoient porte en Italic la Langue &
les Ceremonies des Grecs ? M. GI-
bert veut-il que je lui prouve pjur
{on propre temoignage que les Pe-
lafges fe fervoient de' la Langue
Gi'ecque ? lis avoient ^tabli une Co-
lonie^ Velia (131). » Ceft , dit
pfM. Gibert (131) 9 le nom d'une
» Ville fituee dans deslieux mareca-
4> geux dppelles en Grec ^BXua i#.
Une nouvelle objeftion de mon
Cenfeureft (133 ^,>>quelaconfornl^
» te que Ton trouve dans quelques
ffmots des deux Langues de Peu-
» pies qui ont ete voifins , & qui
(iZ9 Hift. des Celt. Liv. I. Ch. X. p. i;!.
(130, Dionyf. Hahc. |. i6. ij,
;i 3 1^ Id. ii^id,
(1 32 Gibcrr p. 78.
(133) Gibcjcp. i6z^
D£ M* PeLLC5^UTIER. 407
« font fouvent m816s ^nfemble
)ar des migrations oiidesColonies^
le prouve point toute feule Fir
lentite de ces deux Peuples. h
Fort bien. Mais , sll eft vrai,
mme je le prete^s ave.c NL Four-r
»nt , que les Thraces 5( les Pe-
ges eufTent abfolument la meme
ngue avant que les d^niers eufr
It adopte des mots Egyptiens^ £(
iniciens , il en rcfultera done une
juve de I'identite 4e ces deux
uples,
Mais il faudrolt » que (134 ) Ta-r
lalogie fut (I particuU^re aux deux
-angues , que Von ne pui la re-
rouver dans une autre* **
C'eft precifement ce que je fou»
ns 9 & ce qui refulte aufll de la
juve de M* Founr.ont*
Cependant >p M* Pelioutier a 6t^ i
iffez malheureux pour ne rencouT
n \ — '
4og Secon1>e Lettre
»trcr prefque que des mots com-
>»muQS k pliiiieurs Langues tres-
f> difF(6rentes certainement de la Scy-
H thique & de la Grecque (135).
Mais pouquoi de cinquante mots
que j'ai allegue n'en rebute-t-il que
fix qui lui paroiflent de mauvals
aloi , & qu'il croit pou voir deriver
plus naturellement des Langues He-
braique & Chaldaique , felon les
regies de fon Etymologie que j'au-
rai occafion d'examiner dans la Let*
tre fuivante. Pour contenter en at-
tendant M, Gibert , je vals imiter
les bons payeurs , & mettre fix ai|-
tres mots k la place de ceux qu'il
trouve bon de rejetter. Bx»;t^ bala-
tus, ay^ciyyco fdno^ yfxc-ocv herb a cCreti
mamma 9 ^(pixa^ fcabellum axp«m
monus alt'u Ces mots font les mSmes
tant en Allemand qu'en Grec.
m. Ml
DC M. PELLDUTIEft. 409
III. Ma troifi^me & derni^re r^*
flexion roul^ra fur le c^l^bre ora-
cle de Dodone^ Commenfons par
rapport^r fuccinftement ce que fen
ai dit (130) ; ce fera Je moyen de
JMger fi les objeftions par lefquelles
M. Gibert pretend renverfer mes
conjedures font fondles.
Ce que Ton appelloit FOrade ds
Podone etoit une forSt , ou un bo-
irage confacr^ > dans lequel il y
avoit(i37) plufieurs aarbres dou^s
du don de proph6tie. On voyoit y
fur-tout au milieu de la forSt (138)^
un grand chgne que Ton appelloit
le ch^ne (139) de Jupiter, $c qua
Ton confultoit preferablement k
tons les entries 9 parce qu'il 6toit
^n reputation de prononcer . les
pracl^js le$ plus ^Isiis 6c les plus
( I a i) Hift.des Celt.Liv. I. Ch. IX. p.1 3 1-1 9 It
(137) Servius ad Gcorg. If r v. ] #. f . 1 bo*
( I S S ) Id^in ad JBneid. UI. 4€4,
{^39 Odyir.XIV.3a7.XIX. i^tf.
7>w ///. s
410 Se'conde Lettre
iurs. Quand quelqirun venoit con-
fulter la Divinite C 140) , la Pre^
treiTe le pla^oit k une certaine dif-^
tance dse TArbrej &, apres avoir ob^
ferve pendant quelqUe terns le mou-
vement des feuiiles que le vent agi-
^ toit 8c le bruit fourd qui refultoit
de ce mouvement , ejle interpretoit
^ fa mani^re ce langage de 1^ natu^^
re ou de la Divinity , & difoit au
Confultant ; f^oi^i ^ ^ue ripond Ju*
fiur^ &e. A a pied de TArbre il y
avoit une fontaine (141) qui partii-
cipoit aufli au don de Proph^tie,
c'eft-i-dire , que quand le terns etoit
Calme , & que Ton nie voyoit au-
cune agitation dans les feuiiles du
ch6ne ^ ceux qui venoient conful-
ter rOracle n'itoient pas pour cela
renvoy^s fans r^poufe. ILa Pffitreffe
(i4i)*ecotiroit alors au murmurc
(140} Sui4. ia Dodon,
(141) Servius ad JBncid. JIIi 4$^,
(ifij Seivius. i^ii^.
DE M. Pelloutier. 411
des eaiix de la Fontaine. On voit ,
par cet expof^, que TOracIe n'etoit
pas anciennement dans un Temple
proprementainfinomme. Le chSne
de Jupiter auroit ^te muet ,il auroit
m6me peri , ii , au lieu de le laifler
en plein air , on avoit voulu le ren-
fermer dans des murailles. Apres que
les Pheniciens & les Egyptiens eu-
rent porte en Grece la coutume d'6-
riger des Temples &; des Idoles k
rhonneur de la Divinite , on bMt k
Dodone un Temple 9 dont Vitruve
fait quelque part la defcription. Je
ne f^aurois dire dans quel tems ce
Temple , qui exiftoit deja du tems
dH^rodote , avoit ete fond^. Plu-
tarque (14 j) dit , i la verite , qu'il
paiToit pour etre Touvrage de Deu-
calion (144). Comme Deucalioa
(14$) Pluutcli. Pyrrho initio.
(J44) Hygious dit que le Temple aToic 6ti
hid patTheflaiufFab. z£5«CeTheiIalasptflbit
pool ^ue fils de JafoA fc 4c Ai^d^e.
41^ §5C0NPE LET5fRE
itoit r^nnemi diclari des P^l^fgej
iqu'il chaila 4'une part^e ^e la Thef-
falie 3, il ne feroit pas impoflible qu'il
si'eutdonn^ dans le$ nouyelles id^es
& Mti des Temples k l?^ m^ni^re de$
Egyptiens, Au refte , U eft ^onftant
<j[ue le Tempi? de Podone etoif
beaucoup plus moderne i Homere
^145) infinu? bien clairement qu'il
n*y avpit , de fon terns , ni Temple p
iu Malfoi^ dans la for^t de JQ!odone.
Les P^lafges ^voief^t fond6 TOrar
cle de Dodone. C'gft un feitqve k$
^nciens atti^f^ent unaniipement. Hor
mere , H^rodote , Hefiode ^ Ephor
rus , Martien 4'P^raclf e 9 Strabon
(146), font tpus d*^ccord fur cet arr
ride. Denys d'Halicarnaffe (147)
ajoute qu'i la feveur de TOracle ,
les P^lafges fe m^intinrent long^
(i45)Iliad. XVI.v. 233.
(X46) Iliad. XVI. ▼. ij|. Hef9aot. II, 5*^
J$trab.VII|i7. IX 402.
(147) Dion^r. ^alic. lib. I. v, 1 j.
f eiiis dans le territoire de Dodone*
» Perfonne n*ofoit les y attaquer ,
>» parce t{u'on les regardoit comnfie
n des perfonnes (air6es. « II y a bien
des fables & des tontrzdiBtiohs dans
te quTi^rodote faconte du mSme
Oracle. Rapportons cependant ce
qu'il en dit , & voyons s^il eft vrai
que mes cbnjedures foient renver-
f^es par le t^moignage de cet Hif-
torien. ■
ff J'ai apptis (148) k Dodone que
ff dans les terns les plus andens les
n P^lafges immoloient leurs vidimes
ff en invoquant les Dieu^ aidcqu^ls
^ ib ne donnoient ni notn ni furnom^
nattendu qu'ilsleur ^toient enti^re-
ff ment inconnus. lis les appelloient
netiJi^pdTce qu'ils avoient tout difpo-
n fe avec ordfe.Apr^s un long inter*
n valle,ils apprirent qu*on avoit ap-
n porte d'Egypte les noms des autreS
- (14!) Hetodot. II. Ji. 51* 54- 5«. »7»»
53
4i4 Seconde Lettre
M Dieux,& ce ne fiit encore que
>» long terns apres qu'ils entendirent
H parler de Bacchus. An bout de
H quelque terns ils confulterent fur
M le fujet de ces noms TOracle de
» Dodone , qui paflbh pour etre le
M plus ancien de toute la Grece ^ &
>>qui etoit alors le feul. L'Oracle
» leur permit de fe . fervir de ces
» noms , qui venoient des Barbares.
» Depuis ce tems-la ils exprimerenc
» dans leurs facrifices les noms de
*> ces Dieux , & les Grecs les reju-
» rent enfuite des Pelafges . • . c^eft:
»> ce que difent les Pretrefles deDo-
» done. Voici ce que les Egyptiens
»> racontent des Oracles etablis en
» Grece , & de celui qui eft en Ly-
» bie. Les Pretres de Jupiter Th^-
» bain me difoient que deux PrS-
» treffes fiirent emmenees de leur
M Ville par des Pheniciens. Qu*iU
» avoient oui dire que Tune de ces
H femmes fiit vendue en Lybie , &
DE M. PELLOtJTlER* 4tf
n Taiitre en Grece , & que cefurent
» ces deux PrStreffes qui fonderenf
» les premieres des Oracles ^ au mi*
n lieu des Peuples dont je viens de
»» parler. Leur ayant demande quelte
9f certitude ils avoient de la chofe,
>t.i]s me repondirent qu'ils avoient
9f feit de grandes rechcrches tou«*
f9 chant cesfemmes^ & qu'ils avoient
^ appris nouvellement ce qu'ils ve-
i^noient de me dire. VoilA cc
ff que }*ai appris des Prfitres de
» Thebes. Mais les Pretrefles de
» DodQne me dirent que deux co»
>> lombes noires s'etant envol^esde
n Thebes en Egypte , Tune pafla ea
>» Lybie & T^utre k Dodone.' Celle-
H ci s'etant po(6e fur un hStre , pro*
n non9a en langage humain que le
>t deilin portoit que Ton devoit ^a-
^ blir ]k vn Oracle de Jupiter :
H qu'ayant conje^hu'e deAk que cet
n avis leur etoit donn^ par la Divi-
H mti J elles avoient commence, de^
S4
{^16 S£CONI)£ LtTtR£
$i puis ce tems-1^,^ proph^tifer. C'eft
H ce que rae dirent les PrStreffcs it
pfDoAone^ & les autres Dodon6en$
i» me confinnerent la mdme chofe.).
On devine k peu pr^s de la m6mi
^ maniere k Thebes, en Egypte & k
» Dodone. La Coutume de devinef
f> dans des Temples vient des Egyp-
> tiens , defquels les Grecs ont auffi
» emprunte plufieurs autres cere^
i> monies de la Religion .... Le$
•» myfteres que les Grecs appellent
i> Thefmophoria fiirerit enfeignes
^ aiix femmes des Pelafges- par Jes
n fiUes de Danaiis. «
De tout cela j'ai conclu que les
Pelafges , qui ^toierit Tes Fonda-
teurs de TOracle de Dodone & les
premiers Habitans de la Grece,
avoient une Religion toute difFe-
rente de celle que les Phenicienis
..& les Egyptiens y apporterenl
depuis. lis n'avoient ni Temples /ni
Jdoles. lis tenoient leurs aflemblees
DE M PELtOUTl£R. 417
teligieufes dans des forSts. Un chene
etoit le fymbole & TOracle de la
Divinite. Us devinoient par le mur-
mure des eaux , par le mouvement
des feiiilles d'un arbre. lis ne con-
noiflbient aucun des Dieux ( 149 )
qu'-Homere & Hefiode ont celebre ,
& dont le nom , audi bien que le
culte 9 avoient ete apportes d*ail-
leurs. lis offiroient leurs facrifices en
invoquant les Dieux , fans y cher-
cher d*autre ceremonie. Dans la
fuite les fuperftitions etrangeres
prevalurent infenfiblement enGre-
ce, Une partie des P^lafges , & mSme
les PrStres de Dodone , confenti-
rent de les adopter pendant que ceux
qui refiifoient d'embraffer la nou-
velle Religion , fiirent chafl<6s de
leur Patrie , ou en fortirent voloh-
tairement. Ecoutons preferitemen^
ce que M. Gibert oppofe k ma con-
jeGbxre.
(149) HcXOdoi« II. so. 51.
S 5
4i8 Seconde Lettre
/. Objection. ( 150) >» H6rodote
n meme affure que les Oracles ne
» devoientleur originequ'auxEgyp-
f) tiens. «♦.
Je reponds premierement que fi
Herodote difoit ce que M. Gibert
lui attribue , il feroit feul de fon
fentiment. Les deux Oracles les plus
anciens &c les plus celebres de la
Gr^ce , etoient celui de Delphes &
celui de Dodone. On rapportoit
rinftitution du premier (151) aux
Hyperbor^ens, & je viens de mon-
trer par une foule d'Auteurs que ce-
lui de Dodone avoit ete. etabli par
les Pelafges.
En fecond lieu , rHiftorien fe
contrediroit vifiblement lui-m6me ^
puifqu'il fuppofe que TOracle de
Dodone fubfxftoit deja lorfque les
fuperftitionsetrang^res commence*
(150) Gibert p. 154.
D£ M. Pelloutier. 419
rent k s*introduire. N*eut-il pas etd ,
ridicule de demanded k une Prdtreffis
Egyptienne qui avoit apport^ de
Thebes le cuke de fes Dieux , qm
devinoit par leur infpiration 9 s'il
falloit aufli exprimer dans le feryicd
le nom de fes Dieux ?
Enfin H^rodote ( 1 5 1) dit ce qu*il
devoit dire , f9avoir que » la cou*
» tume de deviner dans des Tem^
» pies venoit des Egyptiens. << C*eft
ce. que porte le Grec , & ce que
M. Gibert ne devoit pas fupprimei;
dans la verfion Latine de ce pa^.
{age.
//. Oijeclion. {' 53) H y plus , c'A-:
» toit un point egalement reconnu
n par les Egyptiens & par les Do-
>» doneens , que celui de Dodoiie
p avoit ete etabli par une Egyptienr
>i ne. Les PrStres de Thebes T^
(152) HcKodot. IL p* I o 5 • ^
{x^j) Gibert p. XJ4« »5 5.
S6
4X0 Se CO NDE LATTRIS
>»voient ainfi raconte k Herodote';
>» ceux de Dodone jiii en avaient
n dit autant , & je ne Vois pas cc
» qu*on peut oppofer k une tradi-
V tion fi pofitive & fi unifdrme. ^
On peut y oppofer une reflexion
qui eft decifive. M* Gibert fup-
pafe ce qui eft en queftion. La tra-
<lition n'eft pas uniforme. Demen-
tie par les Auteurs que j'ai cites , &
qui rapportent aux Pelafges la fon-
dation de TOracIe de Dodone ^elle
n*eft pas* uniforme merae dans He-
Todote. Les Egyptiens en attribuent
rinftitution k une femme , & le^
j^retrefles de Dodone k une colom-
jbe. La tradition auffi n'eft pas po-
idve. Les Pretres Egyptiens difent
qu'apres bien des recherches ils
-n'ont rien decouvert touchant la
route qu*avoient prife les deux Pre-
ireffes que des Pheniciens avoient
emmenees , & que la fource oil ils
ont puife eft un oui-dire , un bruit
Dfe M. PELLOtJtlilt. 41f
fjiii s*eft repmdu tout nouvelle-'
merit. On voit bien que les PrStreS
de Thebes, ayant appris lliifloire
des deux Colombes noires , en cu-*
rent honte , & que , pour rendre li
chofe plus croyable , ils tranfor-
jnerent ces colombes en femmes^
ians vouloir garantir cependant que
ces femmes eufTent pafle Tune en
Lybie & Tautre en Grece, II eft
vrai que les Prfitreffes de Dodone
prirent un ton plus affirmatif , 6c
raconterent gravement k rHiftorien
la Fable de la Colombe. Les horn*
jnes qui fervoient dans le Temple
de Dodone appuyerent la chofe de
leur t&noignage , & aflurerent que
les Pr4treffes avoient dit la pure v^-
liti. Pouvoit-il en Stre autrement ?
Falloit^il que ces bonnes gens defk**
Touaflent une Fable qui les faifoit
lubfifter ? Tout ce que je trouve de
bien pofitif , c'eft la cr^dulit^
dUerodote & de ceujf qui fe laif-
411 Seconde Lettre
fent bercer par de femblables for-
nettes.
3^ ObJeSion. (154). <• Ce qu'E-
n phore dit dans Strabon > que cet
M Oracle etoit /cTpu/Aat rSv tmtXaTyivjne
» peut , ce me femble , fignifier qu'U
^ y eut ete etabli par les Pelafges :
nlJ'fvfjLci dans le ftyle de Strabon^
>f (Voy. les premises lignes du Liv.^
•t 6. ) fe dit de la conftruftion ,de la
n fondation d'un Temple , d'un bati-
«ment, & ne s'appliqvie point or-
» dinair^ment au fens figure y k Tinf-*
H titution , Tetabliflement d'une ce^
» remonie , d'une fuperftition , d\in
» oracle , en un mot ; ainfi j1 femble
y> qu'il faille Texpliquer ici de la fon-
» dation du Temple meme qui etoit
w k Dodone , & qui avoit , en effet,
H ete conftruit par Deucalion , qui
>f etoit Pelafge, ou dire que, par ces
» mots , Ephore n'a entendu autre
"" — ' . I
ii54)Gibcxt£. 155.
DE M. Pelloutier. 42J
¥ chofe 9 finon que cet oracle ^toit
» le lieu facre & le iiege de la Reli-*
^ gion^ du culte des Pelafges. Apr^s
^tout^ le temoignage d'Epbore ^
> peut 8tre hazarde , prevaudra-t-il
nont feul a celui d'H^rodote , qui
>avoit voyage fur les lieux, & k
f une Hiftoire bien circonftanciee ,
y confirmee 6galementpar tousceux
♦ qui y avoient quelque part » ?
J'ai de)^ montre que TOracle de
Dodone avoit ete fonde par les Pe-
lafges , de Taveu meme d'Herodote ^
& que le Temple qu'on y voyoit,
etoit poficrieur au tems de Deuca-
lion* J'ajouterai feulement ici 9 qu'il
s'en £iiEt de beaucoup que la remar-
que Grammaticale de M. Gibert
foit conforme ^ux regies d'une bon«-
ne critique. Les mots cilcTpuw &
d^fUfM doivent Stre expliques »
comine on le ditdans les £coles>
pro fubjiSd maundy Par exemple ^
!;|.i4 SccoKbt LtrtRt
Strabon dit (155) qu^^il y avoi
Celtes ^tablis le long de la Pre
tide iJ^vfjiiym ; le mot Grec ne
fie pas ici quails y ctoicnt bdtis ,
plus que darts Procope , lor
dit que les Toringiens 6toien
blis k rOrient des Afbomdhes
ireeVrs ( 156)1 Ainft quand St\
(157) fetnarque qu'iin T<
(/fpcV) de Junon , que Ton voyc
Italie , ^toit Touvrage de
CJcTpujua) il eft certain que le
Grec peut & doit fignifier ici
Jafon avoit fait Mtir le Te
Mais , au contraire , quand Epl
difoit-que TOracle (^ uenr/io
Dodone eft une fondation dej
lafges , comment veut-on que 1
me dVpt/tfce marque ici un
ment? L^Oracle etoit un C
Pou voit-il venir dans Tefprit ^I
> ■ ■ '■ I «■ — p— — —
(iss) Strabo VII. 123.
^ (156) Gibcrt. p. 2S2.
(i5 7jSttabo VI, 252,
ttfe U. ttLtdvriEK. 4if
fus que ce Ch8ne avoit iti b^tipaif
les Pelafges ? Si on nle difoit que W
nlot tfOrade iMWfTuw , peut cepen^
dant defigner un Teriiple , la repom
fe ferbit facile J c'eA qit'on ne peut
abfoliinient Tenteiidre ici de cett^
mani^re , parte qii'Il eft conftant
qu'il ri*y eut point de Temple iDo^
done j auffi long-tems que les Pelaf-*
ges y fuferit les mahres , & qu'ils
conferverent Tancien ufage de de*
Vinet* par le ChSne de Jupitei*.
4c. Objt3ion (158). » Selon M;
» Pelloutier , les Pelafges n'avoient
»» point de Temples. lis condam*
» ndient Tufage des Idoles. C'^toit
If deux points effentiels de la Reli*
y> gion des Scythes & des Celtes. Je
ft lui f^pondrai , en general , que ceS
n deux points effentiels de la Reli*
t> gion des Scythes , Fetoient aufli
%j de la Religion de Noe & de {ei
n premiers Defcendans «.
(15S) eibcrtp. u6«
J|l6*S£C0ND£ tETttit
Fort bien ! Mais ce n'etoit pas I^
Religion desPhenicieris & des Egyp*
tiens qui cotiimuniquereiit aux GreCs
I'ufage etabli dans letur pays , de
confacrer aux Dieux des Temples,
des Autels & des Idoles (159). Au
refie , il n'eil pas. de ma connoiflan-
ce que les Defcendans de Noe devi-
naflent par le murmure des eaux, ni
par le nK>iiyement des feuilles d'un
arbre.
5 . ObJeSion. (160) >^ II feroitdifc
>> ficile que Ton eut eu des Statues, ou.
M des Temples dans un terns oh les
wArtSjqui les ont pour ainfi dire crees
» etoient entierement ignores. Ainfi
» que les Pelafges n'en euflent point
yf originairement, cela neprouveroit
>* pas qu'ils fuffent interdits par leur
>f Religion. >»
I,es Pheniciens & les Egyptiens
avoientdej^ des Temples 6c desSta*
(i5P) Herodor. II. 4.
(160) Gibcrt p. 157.
DE M. Pelloutier. 417
es du terns de Moyfe. En parlaitt
' la Religion des Pelafges & des
ytheSyje prouverai qu'elle leur in-
rdifoit Tufage des Temples & des
atues f & qu'elle les portoit m6me
d^truire les Temples & les Idoles
iS autres Pay ens.
6\ ObjiSion. n L'Hiftoire donne
aux Pelafges un Temple des le terns
de Deucalion. >»
J'ai dej^ examine ce £ut. Ainfi il
e fera pas necei&ire que j'y re-
ienne.
7-^ Objeaion. ( 161 ) » S'ils n'a-
voient point de Statue , une co-
lombe » plac^e fur un chene ^ etoit
* leur Idole, & en Italie Denys dlia-
licamaife renuffque qu'jds conful-
toient un Pivert pofe fur une colon-
ne de bois# Qui ignore que les arr
breSyles colonnes^ les pierres meme
^uivalurent long-tems aux Idoles
(itfi)Gibtrtp. 157. i|t.
9$-8i^^xaL figures phis pzrSaa
ifPAitifilyok point encc
»ii[ tfoutef d^ la pieite I
- -Je etsixA qufe M. Gibert
YaUI6 id d'lmaginatioxu J
bien, k la verit6, (i6i) f^
IcMiiBe yitahte avdit prob
liu^lge humain $ qu^on d<
tlir un Oracle i^ Dddone. .
*Mdre(iff3)q*i'ilyaVo
€li6Ae de Dodone des cdk
y^levoient leurs petits <
iftret^^ que les PrStrefles d<
par le vol de ces oifeaust
i^and le chSne fut abbata p
gand Ulyrien , il en fortii
lee de coloitabes. Denys i
naffe (164) m'apprend tan
Pie I enVOyc divinement , ;
•'<f«*) Rerodot.lt. fi. sj. 54*
(1 «i) Seryius ad Georg. I. v. t. pi
i^oeid. III. 46tf .
(iH) Dionyf. H«lk. I. p. 11.
D£ M. Pelloutier. Aid
«
t aux Aborigines fur iine colonne
bois , & pronon93it des oracles
lamSpie m^ni^re qu'ime colombef
rchee fur un ch^ne coniacre | en
6it autrefois pfpnonce i Dor
oe, Mai$ outre que de$ Auteurs
licieux , comme Penys d'Halir
mafle & Strabon ( 1615 ) > tr^tent
at cel^ de fables 9 il me femble
lilleurs qu'on n'en peut conclur^
tre chof^ f fi ?? ^'^^ H}^^ ^^ P^r
g^s & les Aborigines d<^vii^oien^
tie vol des oifeaux, &c non que
s o^feaux vivans fufljsnt des Idole^
4es Statues,
8% Obje^ion. (166) » Ajoutons
tnfin ijue^loin d'abhorr^r lesldoles^
:e furent les Pelafges dc^ qui les
^tfaemens apparent les premier^ '
1^ Grecs k ponfacrer cert^nes Sto-
nes in&me; k Mercuret >»
Ce qu'Hppdote dit ici eft tre^r
\%^S) Diooyf. Halk. I. p. t2. SxizhoV\l.%%t\
i|3o Second'e LkriRB '
Vnif & obnfitme moh fent^^
Les Pila%es que ramour de hM
trie aroit retenus en Crdce^ ^jranl
%ine feis iref^ to hottis des' Diral
Egypdens^ adiptetrent infenfiUe^
ment le culte & les cAii^oiiiel dell
^eiHe Religion ; &n$ i^n ezeeptei
tii6me le Phallus qu'Us approprierart
% lettr Mercure , c*eft-i-dire» an
Piea fuprfime ^ qu'ik reganktieni
'coflBne PAut^r ^^tdutes lespio-
duAions de la Ntnire.
-9. Objaiion. Les-iairifites^ i& 16
PeUatuiery s^offiroiedt i Dodone^ &!
paritni les P^laiges en ^ininl^ parh
feule invocatioa du nom de Dieo.
C^i^toit auili un ufa^e de$ Perfes, des
Celtes & des Scyd^es: ils n'^rigeoiot
jpoint d'Autels : ils ne connoi^iest
pas les libadons , ni les autre^ c^i^
monies que les Grecs prad^oient
dans leurs facrifices. >» Je ne ffais i
If pe que M. Pellouticx nous aifiiic
91 d«s P^lafges eift biea yiait Ceque
DE M, Pellqutier. 431
je f9ais , c'eft qu'il ne nous en
cite aucun garant; car, pour le paf*
fage du fecond Livre d^Herodote^
qu'iltranfcrit en Grec dans fes no**
tes , s'il croit qu'il attribue Tufage
dont il parle aux Pelafges p il ne Ta
pas entendu. »
J^aurai occaiion d'expliquer & de
rouver plus amplement ailleurs cc
ue je n*ai fajt qu'indiquer ip, A V6'
ard du pa0age d'H^rodote que je
I'ai point entendu ^ felon la deciiion
le M, Gibert, il permettra que je le
envoye h Te^ccellent ouvrage de M,
^aumier de GrSntemefnil ( 1 67), que
e fuis bien fich^ d'avoir connu ft
ard. Get habile homm^ explique le
lafTage de la tn^tne mani^re que je
*ai entendu & qu*on doit Teiltendre
laturellement , en faifant attention
i ce qu'Herodote venoit de dire des
ibations des ^g^ptiens^ de leurs f%n
«■■ ■ . »* ' ^ ' ■■■ in
(id/j Gr«cU Antigua f. 3 1« 47* ^h
J^'^1 JECONPS LettRE I
piiiacres & des noms qu'ils io^ ?
noienti leurs Pieujc, \
i6\ Obje3ion. H )e n*eita|nmerai
W point apres cela > fi> parcequeles
>»Perfes.n'^voient point 4' Artels |
>i M.' Pelloufier eft bien fond^ 4 en
\> refufer aux Scythes & aux Celte^)i
Regardant les Perfes comiq^ un
Peuple Scythe , je ppuypis bif n k^
ijiarquer qu'il y avoit fur cet arrid?
line parfaite fopfonnit^ entre le;
Perfes & Jies Scythes. U me fembfe
que M. Gibert auroitdu d'autaift
i?ioins critiquer cette r^inarque;^qu'i|
fait lui-meme (i$8) defpendre Ics
Germalns des Perfes , & qu'il ave^
tit expreflement que U Religion dc?
Germains reffembloit parfeitement
k celle d^3 Perfes, qui adoroient DieiJi
fans Temple , fans Images & f^
Autels.
11^. OhjcSion. ( 169 ) w Je remarr
" fc' ' • ' ^ ' » ■■
(i5S)Gibcrt p. 237.
j[x6y}ffibcrtp. 159. . ^
^(jueni
ftfA, PELiouriER. .455.
^i feuleitient q\\e Von troiiva
Autels da us les bois des Gcr-
is Q|rmi It's trifles f dies de la
it^e Vants. LuCjain €n met
iix^ois aupres de Marfeillc ,
i*£j*ient arrof^s qu^^de fang
ai'n^ia * 1
'eiimiinerai point ici fi , pour
le Mufir de me contredire, M,
r p^e contredit p^s lui-mSme*
Kht3a Religion de3 Germains
blo^-Wlle parfaitement k celle
•rfes ,|fi les premiers avolent
iitels r All refte , ma repojh^.l .
? 1^ daiilois & les <7e|mams
ent rfi Temple, ai*5&}telsy
^menff ainfi nomm^^^j^eurs
^toi^t une pierre tf^^.un
\terri amoncelee , & (lir^yisiy
f>r^s Ijue Ton arrofoit du fang "^
'jbbjcUion. ( 1 70) i»Les Scythes
. >J^r
•7
I
leJIL
.* "^^
434 Seconde Lrttre /
» confacroient des Autels aufltlifen
>» qiie desTemples^S^ meme desSta-
>» tues au Dieu Mars y quoiqu'ils ea
f> refufaffent aux autres Dieux. >»
Je voiis avoue, Monfi0ur,que
je perds patience de me v<>ird!i}ig6
de repondre ^ dje femblables dif&cut
tis. Herodote dit (171) expj*iffeiftent
que les Scythes n^avoientm viHes y
ni murailles , que kursc' in&l^iils
itoientdes chariots. Comment veuf!-
on que d^s Peuples *Namades.yq«*
couroient cantimiellement d'unPais
k Tautre , batiffem des Temples ? II
eft vrai que le meme ^iflorienfait
mention (172) ailleurs d'un Temple
que les' Scythes erigcoifeiit a Maril,
& d'une Idole qu'ilslui cpnlacrolent*
Ceft fans doute tout ce ;que M. Gi-
bert a trouve dansfesR^ueils* Car
s'il s'etoit donne la pein* de confiit
ter les paffages memes, ii y auroitlii
, , \ ;i' ,^
(171) HcrocTot. IV. 4<»
p^
D£ M. PeLLOUTIE-R. 4Jf
& propre condamnation.Le Temple
ftoit une forte de Montjaye que Toil
pbintoit au milieu de cette elevat-
tion.
J'ai repondu 4 toutes les object
[ioq^ de M. Gibert. C'eft 4 vous ,
Mohfieur, de juger prelemement
$^l y a autant de folidite dans fes re-
marques, qu'il y a dc confiance dans
Ul maniere dont il les propofe.
II me refte encore de repondre
pour M. I'Abbe du Bos , h une cri-
tique que je crois mal fondee, &
d'examiner k mon tour les decoi^
vcrtes , lesconjeflures, les etymo-
logies qfte .M. Gibert communique
au Public d^ns Ton Ouvrage. Ce fera
le &jet de Ja troiiieme Lettre que je
Vous ai ptiomife.
)efuis>&c*
MpASIEUR,
Votre,&c.
Pellov^^e^
1
T A B L E 1
Dcs Chapitrts & dts Matihcs contt^ I
/zttw dans ct Volume.
JL/ 1 s s E R T A T I o N /ur /«5 Galaus. Argtment.
Fa^c I.
Chap. I. Quelles etoienc Jcs Nations Gaul'ciies
qui s'ecablirenc dans TAfie Miacure , fous Je ncm
de Galates- 3
C H A i>. II. Dans quel terns ce$ Katicns Gauloifes
palTerenc dans TAiie Mineufe. 24
Ci< A P. III. Qudle £cendue de Pays ies Gauloit oc*
cuperent dans I'Afie Mineure. 42
Chap. IV Quelles ecoient Ics Moeur^ d« cei Na-
tions, so
C H A p. V. QujcI etoit Icur Langage. 5 5
Chap. VI. Quel etoit leur Gouvernement dans
cctte paitie de TAfie. 6|
Chap. VII. En quel tcms les Galates ceflerenc
d'avoir iies Chefs de leur Nation, & de former un
Etac ind^pendanr. .71
DiSCOURS fur I* Expedition dt Cyrus contrc Its
Scythes, S8
Dissertation^ fur VOrigine dts Romains.
E X T R a I T des Memoires de M. Gibert. r 1 1
Premiere Lett RE </tfitf./*£i.£ai/ri£ii
a M. J ORD AN. 157 !
JECONDE L^IIK'E de M. P ELLOUT ILK
a Af. JoRDAW , pour fervir de R^poiul .lux Ob-
)cdions qui lui one ctciaitcs pv M. Gilert. 31 J ,
-Fin de la Tabic du Tome troifcmc* i- '
/^.-•-
THE NEW YORK PUBUC
RBFBRBNGB DBPARTK
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This book is under no oiroami
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