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Full text of "Histoire de la poésie liturgique au moyen âge - les Tropes. I"

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University  of  Toronto 


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f.   LIBRARY 


Toronto 


HISTOIRE 


POÉSIE    LITURGIQUE 


AU  MOYEN  AGE 


HISTOIRE 


DE    LA 


POÉSIE  LITURGIQUE 


AU  MOYEN  AGE 


LES    TROPES 


LÉON    GÂUTÏER 


PROFESSEUR  A  LECOLE  DES  CHARTES 


PARIS 
VICTOR  PALMÉ  I      ALPHONSE  PICARD 


KUE    DES     SAINTS-PÈRES,    76 


RUE    BONAPARTE,     82 


1886 


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J   LIBRARY   !") 


V.,.      TV  - ,  ,  ' 


»JUL  2  2  1965 


xi^U^ 


PRÉFACE 


C'est  en  1853  que  j'ai  abordé  l'étude  des  Tropes ,  et 
leur  histoire  forme  une  partie  notable  de  la  thèse  que  je 
soutins  à  l'école  des  Chartes,  le  14  novembre  '1855^ 

En  18G6,  chargé  de  professer  à  la  même  école  un  «  Cours 
d'histoire  de  la  poésie  latine  au  moyen  âge  »,  je  consacrai 
aux  Tropes  plusieurs  de  mes  leçons,  et  j'eus  l'occasion, 
en  1873,  de  les  réimprimer,  avec  quelques  modifications, 
dans  les  colonnes  d'un  journal  quotidien  '-. 

Le  livre  que  je  présente  au  public  est  presque  absolu- 
ment nouveau  :  il  est  le  résultat  d'un  long  et  conscien- 
cieux labeur.  Je  m'étais ,  au  déljut  de  mon  œuvre ,  attaché 
spécialement  aux  Tropaires  de  la  Bibliothèque  nationale  : 
j'ai  voulu,  en  1878,  étudier  sur  place  ceux  de  Saint -Gall, 
qui  sont  les  plus  anciens  de  tous.  J'ai  pii  faire  venir  à 
Paris  quelques  manuscrits  des  bibliothèques  étrangères , 
et  me  procurer  les  copies  ou  les  analyses  de  beaucoup  ^  ^ 
d'autres.  Mes  idées  se  sont  modifiées  sur  plus  d'un  point  :  ^^^^^ 


•■^3 


'  Les  «  Positions  »  en  ont  été  publiées. 

2  Monde,  des  21 ,  29,  31  octobre,  4  et  7  novembre  187.3, 


VI  i'iîi:['Af;K 

ceux  (|iii  oui  (r;iv;iill(''  l()ii;4l('iii|)s  sur  iirio  rnc'ino  matière 
n'eu   scioiil    ni  sc;iiiil;tiisé.s,  ni  surpris  ', 

i'cndant  le  cours  d'un  ;!ussi  Ion»;  travail,  j'ai  eu  sou- 
vent besoin  de  recourir  à  l'ohligeance  d'un  grand  nomlji'e 
de  personnes  :  l)il)iiotli('caires  et  érudits,  confivres  de  tous 
))ays  cl  amis  di'  louh;  dalc.  Je  n'ai  |tas  une  seule  fois 
lriiuv('  leur  (h'vouenicnt  en  di-l'aul,  cl  je  liens  à  les  remer- 
eier  ici  ilu   l'nnd  de  mon  cspril  el  de  nidu   Cd'ur. 

.le  iciueicic  tout  d'ahord  flom  Pnthicr,  le  très  savant 
auteur  des  Mélodies  g  ré  tj  ariennes  cl  l'crudit  le  jilus 
compctcnt  en  nialièic  de  clianl  liturgique,  qui  a  l»ien 
voulu  rcvoii'  mon  (euvre,  comph'ler  mes  notions  inipar- 
l'ailes  et  se  faire  enlin  mon  guide  sur  un  cheniin  aussi 
difficile.  Dom  Potliior  ne  professe  pas  pour  les  Tropes 
celte  sévérité  dont  j'ai  fait  preuve.  Il  voudra  lùen  me 
pardonner  d'avoir  gardé,  à  ce  point  de  vue,  des  convic- 
tions (pii  sont  profondes  et  que  j'ai  dû  seulement  adoucir 
et  tempérer.  Les  meilleurs  conseillers  sont  ceux  qui 
ollVent  leurs  conseils  et  ne  les  imi»osent  i)as. 

Je  l'cmeicie  iM.  F.éopold  Delisle,  (pii  m'a  donné  toutes 
facilités  pour  analyser  chez  lui  les  manuscrits  si  libérale- 
ment envoyés  i)ar  les  liiMioliièques  étrangères;  --  M.  Paul 
Meyer,  directeur  de  l'école  des  Cliartes ,  qui  utilise  ses 
voyages ,  non  seulement  pour  faire  d'importantes  décou- 
veites,  mais  pour  se  rendre  utile  à  tous  ses  confi'ères,  et 
qui  a  plis  i)0ur  moi  de  précieuses  notes  sur  les  Tro- 
paires  de  Londres  et  d'Oxlonl;—  M.  l'alilM'  Durhesne,  qui 
s'est  empiessé  de  ré[)ondre  à  une  consultation  sur  une 
Vie  du  ]ia|ic  Adiien   II.   où  (>sl   soulevée   toute  la  question 


'  Le  seul  livre  qui  ail  li-s  Tropes  pour  objet  spécial  est  celui  de  l'abbo 
Heiners  {Die  Tropen-Prosen  Pràfations  Gesaïuje  des  feierUchen  Hochamies  im 
Millelalter,  l.uxembourjT  .  llarn,  188i,  in-8».  12i  pp.'i.  M.  l'abbé  Heinors  n'a 
pas  eu  l'orrasioii  de  connaître  nus  travaux  anlérii>ur>.  .*^on  livre  est  fort  inté- 
ressant, l't  j'y  ri^nvoie  mes  lecteurs. 


PREFACE  VII 

de  l'origine  des  Tropaii-es  et  des  Tropes;  —  le  très  aimable 
bibliothécaire  de  Saint-Gall,  M.  Idtensohn,  près  de  qui  j'ai 
passé  de  si  douces  heures  en  1878,  et  dont  la  complai- 
sance s'est  toujours  montrée  infatigable;  —  M.  Lœwen-  ■ 
feld,  qui,  à  Berlin,  a  copié  et  fait  copier  pour  moi  tout 
un  Tropaire,  et  m'a  par  là  donné  le  témoignage  d'un  admi- 
rable dévouement  aux  intérêts  de  la  science  ;  —  le  profes- 
seur R.  Béer,  de  Vienne,  qui  a  pris  la  peine  de  dé- 
pouiller les  Tropaii'es  de  la  Bibliothèque  impériale ,  et 
mon  ancien  élève,  ^I.  Millot,  ({ui  s'est  mis  à  ma  disposi- 
tion pour  compléter  d'aussi  utiles  renseignements;  —  le 
docteur  G.  Laubmann ,  directeur  de  la  bibliothèque  de 
^lunich  ,  qui  n'a  pas  craint  de  faire  voyager  deux  de  ses 
plus  précieux  manuscrits ,  et  m'a  ainsi  permis  d'en  faire 
une  analyse  complète  ;  —  les  bibliothécaires  de  Colmar, 
de  Zurich  et  de  Ratisbonne ,  qui  m'ont  si  habilement  mis 
sur  la  piste  de  manuscrits  déplacés  ou  peu  connus  ;  — 
l'administrateur  du  British  Muséum,  ^I.  Thompson,  qui, 
tout  accablé  qu'il  soit  par  la  direction  de  ce  vaste  dépôt, 
a  trouvé  le  temps  de  décrire  pour  moi  deux  manuscrits 
d'une  rare  valeur;  —  M.  Gustave  Masson ,  le  chroniqueur 
de  la  Revue  des  Questions  historiques ,  qui  s'est  créé  des 
loisirs  pour  compléter  les  analyses  de  M.  Thompson  ;  — 
mon  ancien  élève  et  ami,  M.  Ernest  Langiois,  membre  de 
l'école  française  de  Rome,  à  qui  je  dois  la  table  des  deux 
Tropaires  de  l'Angelica  et  de  la  bibliothèque  Victor- 
Emmanuel. 

Je  remercie  tout  particulièrement  M.  Edouard  Garnier, 
qui  a  bien  voulu  dessiner  les  plus  belles  lettrines  et  les 
plus  curieuses  miniatures  des  Tropaires  de  Paris  :  il  l'a 
fait  avec  cette  sûreté  de  sens  archéologique  et  cette  déli- 
catesse d'exactitude  qui  ont  toujours  distingué  euti-e  tous 
l'auteur  de  la  Céramique  et  de  VÉmaillerie.  J'associe 
M.  Sellier  à  ces  éloges  si  justement  mérités. 


VIII  im!i;fa(;h 

iM.  Depitiz  ;i  mis  à  mon  service  cette  complaisance  iné- 
|)iiisal)l(î  que  connaissent  tous  les  lialjitnés  du  départe- 
ment (les  manuscrits  à  la  ]Jil)liotliè({ue  nationale;;  mais  il 
■  m(;  fainliiiil,  pour  le  remei'ciei-  di'xnement,  me  monti-er  aussi 
;iiiii;il)l('  envers  lui  (|iril  Ta  loujoiirs  v[r  cnNcrs  mi)i  ,  (_'l  je' 
renonce  à  une  Inllc  (ii'i  je  me  sens  vaincu  (l'aviince. 

Je  ne  veux  pas  enlin  oublier  M.  \'iol ,  directeur  de 
rimi)rimerie  Marne,  qui,  en  vérilalde  ami,  a  ap{)orlé  des 
soins  exce[)tionnels  à  la  typofjraphie  d'un  livre  où  ahon- 
daieiil  les  diflicultés  de  toute  sorte,  el  autpid  il  a  voulu 
donner  le  caractèi'e  d'une  beauté  sévère  et  vf'iitabicnieni 
scient ilii^ue.  Mes  lecteurs  jugeront  s'il  y  a  réussi. 

C'était  un  devoir  pour  moi  de  témoigner  ma  reconnais- 
sance à  tant  de  coni'rères  et  d'amis  dévoués.  La  liste  en 
est  longue,  et  je  ne  suis  pas  certain  de  les  avoir  tous 
nommés.  Il  est  doux  de  penser  qu'il  existe  ainsi  une  vé- 
ritable confraternité  entre  les  savants  de  tous  les  pays. 
Quand  l'un  d'eux  —  si  humble  (ju'il  soit  —  réclame  un 
service  des  autres,  toutes  les  mains  se  tendent  vers  la 
sienne,  et  c'est  à  qui  mettra  à  lui  venir  en  aide  le  plus 
de  cordialité  et  d'empressement.  J'ai  été  heureux  d'en  faiie 
l'expérience.  , 

Léon  GAUTIER. 


19  novembre  1886. 


HISTOIRE 


POÉSIE  LITURGIQUE 


CHAPITRE  I 


DEFINITION  DU  TROPE 


Qu'est-ce  qu'un  Trope? 

C'est  l'iNTERPOLATiON  d'un  TEXTE  LITURGIQUE  :  inter- 
polation que  l'on  a  principalement  l'occasion  de  con- 
stater, depuis  le  ixe  jusqu'au  xiie  siècle,  dans  certains 
livres  de  chant  à  l'usage  des  églises  de  l'Allemagne ,  de 
l'Italie,  de  la  France  ^ 

C'est  l'intercalation  d'un  texte  nouveau  et  sans  auto- 
rité dans  un  texte  authentique  et  officiel;  dans  ce  texte 
même  dont  saint  Grégoire  avait  si  sagement  tracé  et 
fixé  toutes  les  lignes. 

1  Sauf  de  rares  exceptions,  ces  églises  sont  monastiques,  et  c'est  ce  qu'a 
fort  bien  vu  le  cardinal  Bona  en  son  beau  livre  que  Martène  appelle  un  Traité 
d'or:  Rerum  liturcjicarum  libri  duo  (Rome,  1671,  in-4o,  p.  296)  :  «  Quorum 
[troporum]  exstant  exempta  in  antiquis  monasteriorum  libris.  A  munacliis 
enim,  privala  quorumdam  abbalum  auctoritate,  ut  prisca  ferebant  tempora,  hœc 
additamenla  orisrinem  traxisse  puto,  qui  non  solum  introïlus,  sed  alias  etiam 
liturgicas  preces  eodeni  modo  interpolarunt.  »  Nous  y  reviendrons. 

I  —  1 


2  1IIST(HI{K    I)K    I.A    POKSir:   1.  ITU  l!  lil  O'-'E 

Qu'ost-cr  <|iriim'  «  \>\rci-  li'0{)éo  »? 

C'est  uni'  |ti<''C('  où  —  (\.ii\:<  le  liiit  pieux  (!<'  rciidic  une 
fùUi  plus  soleiiuelle  m  ;il|((ii^r,.;iiit  !'( )rfice  s.-iciv —  ^m  a 
intercalé  de  nouvelles  pai"(jles  visihlenient  destinées  à 
préparer  ou  à  (l('velo|)per  les  paroles  du  tlièiue  primitif. 
Les  Tropes,  eii  elVct,  jicnvciit  l.iul'M  [)récéder  les  textes 
préexistants  de  la  vraie  lilniiiie,  l;inl«M  les  suivie  tantôt 
enfin  se  *i;lisscr  entre  toutes  leurs  phrases  et  prendre 
place  entre  tous  leurs  mots'. 

Un  exemple  vaudr.i  mieiix  (|iie  |;iiii  dr  (L'-fini- 
tions. 

Nous  sommes,  si  vous  voulez  Meii ,  dans  la  Lelle 
et  radieuse  matinée  de  Noël,  et  voici  rintroït  de  la 
Messe  du  jour,  tel  (ju"on  le  chantait  avant  renvahisse- 
ment  des  Tropes;  tel  encore  qu'on  le  chante  aujourd'hui 
dans  cette  liturgie  romaine  qui  a  été  si  heureusement 
préservée  de  tant  dinnovations  dangereuses  : 

«  Puer  iialus  est  lujbis,  et  lilius  ilutus  est  nuLis,  cujus  im- 
perium  super  humerum  ejus,  et  vocabilur  nomen  ejus  magni 
consilii  angélus*.  Ps.  Cantate  Domino  c;mti(UMi  nuvuni,  ijuia 
mirabilia  fecit ''.  Gloria  Patii,  etc.  » 

'  «  Tropus,  in  re  lilurpica,  est  versiculus  quidam  nul  etiani  plures  ante, 
INTER  vel  posT  alios  ccclesiasticos  canlus  appositi.  »  (.Marlin  Gerbcrt,  De  canlu 
et  niiisica  sacra  a  prima  Ecclesiœ  ivtate  ustjue  ail  pricseiis  tempua ,  in  nionas- 
loriu  S.  Blasii,  i77'i,  I,  p.  iJ'iO.)  Celte  dolinition  est  plus  exacte  que  celle  de 
Guillaume  Durand:  «Tropus  est  quidam  versiculus  qui,  praccipuis  festivitatibus. 
lantalur  inmiediate  ante  Inlmïtuni,  (juasi  quoddam  prxanil>ulum  et  continuatio 
ipsius  Introïlus,  ut,  vi-rhi  irratia,  in  ft-sto  Nali\  italis.  Cuntinit  ault-m  tria  trupus. 
vidilicot  Antiphonani,  N'ersum  v[  (Uoriain  »  { Italionale ,  lib.  IV,  cap.  v,gi)). — 
Dom  (JULraML'er  (Institulunis  lifunjiijucs ,  1'  éd..  \'.  Palmé,  \b'it<.  I,  p.  2-49) 
expose  à  peu  près  la  même  doctrine  ijui^  Cierberl  :  «  Les  Tropes  étaient  une  sorte 
de  I'roloi:ue  qui  jiréparait  à  rintroït...  Plus  tard,  on  intercala  des  Tropes  dans 
les  pièces  de  chant,  dans  le  corps  même  des  Introït,  «-ntre  les  mots  Kijric  et 
eleison,  à  certains  endroits  du  Gloria  in  exeelsis,  du  Saiwtus  et  de  l*.4(/nu« 
Dei.  On  en  plaça  aussi  ù  la  suite  du  verset  .iUelnia...  ■• 

*  Isaïe,  i.\,  l>. 

3  Ps.  xcvii,  f>. 


DEFINITION  DU   TROPE  3 

Et  voici  maintenant  ce  qu'était  devenu  ce  même 
Introït  après  l'invasion,  après  le  triomphe  deê  Tropes^  : 

Gaudeamus  hodie  quia  Deus  descendit  de  cœlis,  et  propter 
nos  in  terris  Puer  natus  est  nobis,  quem  Prophetse  diu  vaticinati 
sunt.  Et  filius  datus  est  nohis.  Hune  a  Pâtre  jam  novimus  adve- 
nisse  in  mundum  Cujus  imperium  super  humerum  ejus,  po- 
testas  et  regnum  in  manu  ejus.  Et  vocabitur  nomen  ejus  Admi- 
rabilis,  consiliarius,  Deus  fortis,  princeps  pacis,  magni  consilii 
angélus.  Ps.  Cantate  Domino  canticum  novum,  quia  mirabilia 
fecit.  Gloria  Patri,  etc.  ^. 


i  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»  9  v»,  etc.  etc. 

2  Types  des  prinxipaux  tropes  de  la  messe  aux  x"=-xii'=  siècles  :  I.  Introït. 
(In  natale  sancti  Johannis  evangelistse)  :  Dilectus  i-ste  Domini  Juhannes  est 
apostolus,  scriptis  cujus  et  monitis  poUet  decus  Ecclesiee.  —  Quoniam  Dominus 
Je.sus  Christus  sanctum  Juhannem  plus  quam  cœteros  diligebat  apostolos,  In 
medio  Ecclesise  aperuit  os  ejus ,  Ut  Sacramentum  fidei  et  Verbum  cofeternum 
Patri  scriptis  pariter  et  dictis  prsedicaret.  Et  implevit  eiim  Doininus ,  Qui  eum 
in  tantum  dilexit,  ut,  incœna  sacralissima,  supra  pectus  suuni  ipsum  recumbere 
perniisisset,  S'^Jf'/'i^it  sapientice  et  inlellectus,  Quo  inspirante,  evangelizavit  dicens  ; 
«  In  principio  erat  Verbum,  et  Verbum  erat  apud  Deum,  et  Deus  erat  Verbum.  » 
Stolam  (jloriee  induit  eum.  Ps.  Bonum  est  confiteri  Domino,  et  psallere  no- 
mini  tuo,  Altissime.  Inde  nos  moniti ,  omnes  una  voce  collaudantes ,  tibi. 
Christe,  sanctoque  Johanni  psallimus,  dicentes.  In  medio.  Gloria...  Amen 
(Bibl.  de  Saint-Gall,  i\°  376,  pp.  42,  43,  etc.).  *  II.  Kyrie.  Cunctipotens 
genitor,  Deus  omnicreator,  eleison:  Kyrie,  eleison.  —  Fons  et  origo  Boni,  pie, 
Luxque  perennis,  eleison.  Kyrie,  eleison  :  —  Salvificet  pietas  tua  nos,  bone 
Rector  :  eleison.  Kyrie,  eleison  :  =;  Christe,  Dei  splendor,  virtus  Patrisque 
sophia,  eleison:  Cliriste,  eleison.  —  Plasmatis  humani  factor,  lapsi  reparator, 
eleison:  Cliriste,  eleison.  —  Ne  tua  dampnelur,  Jesu,  factura,  bénigne  eleison: 
Christe,  eleison.  =  Amborum  sacrum  spiranien,  nexus  amorque  eleison:  Kyrie, 
eleison.  Procedens  fomes ,  vita3  fons ,  purificans  vis ,  eleison  :  Kyrie,  eleison.  — 
Purgator  culpae,  veniae  largitor  opimœ,  —  Offensas  dele,  sancto  nos  munere 
reple,  —  Spiritus  aime,  Kyrie,  eleison.  (Nous  énumérons  plus  loin  tous  les 
manuscrits  où  nous  avons  trouvé  le  texte  de  ce  trope  célèbre.)  *  III.  Gloria. 
Gloria...  voluntalis.  Laudamus  Dominum  quem  laudat  cœlicus  ordo,  Laudamus 
te.  Nomen  et  imperium  cujus  est  semper  benedictum,  Benedicimus  te.  Cuncta 
poli  jubilatio  quem  veneranter  adorât,  Adoramus  te.  Gloria,  digna  tuis  qui 
confers  praemia  sanctis ,  Glorificamus  te.  Qui  pietate  tuis  sola  misereris 
alumnis,  Gratias  afjimus.  Machina  te  cœli,  te  laudat  spiritus  omnis.  Domine 
Deus  Bex  cœlestis.  «  Sanctus  »  ter  Seraphim ,  «  Sanctus,  »  resonent  tibi  «  Sanc- 
tus  »,  Deus,  Pater  omnipotens.  Plebibus  et  nostris  plus  esto  vocibus  istis, 
Domine  Fili  unitjcnite,  Jesu  Christe.  Pectora  noslra  tuo  confirma  numine  sancto, 
Domine  Deus.  Sordibus  a  cunctis  nos  munda,  Christe,  piacli,  Agnus  Dei. 
yElerni  Patris  ingcniti  splendorque  perennis  Filius  Patris,  Ut,  sceleris  sine 
labe,  tibi  placeat  tuus  orbis,  Qui  tollis.  Mentibus  ut  puris  valeamus  psallere 
tibi,  (Jui  loUis.  Priiicipium  siiii>  principio,  sine  lemporis  a^vo,  Qui  sedes.  Flec- 


4  IlISTolllK   I>K   I.A   l'OKSli;    1. 1  T  I   l<  (;  |n  I' bl 

Los    Tropf's    se    pi'c'sculciil   à    nous  sous  (]il]<'r<'iitcs 
formes. 

Certains  sont  en  prose,  d'autres  en  vers'. 
Nous  parler<tns  de  tous. 


lilur  (inino  >.'eiiu,  ciii  hulidilur  atquc  |)(ilo,-Ui.s,  Quimiatn  lu  soins  sandus.  Hex 
rapuiii  l)omiiius  rcsidoiiH  su|)er  anlrn  polorum,  Tu  soins  Dominus.  Cuncla  tcnens 
sunimoque  rcfrens  nioderainino  Verbi,  Tu  soins  AUissimus,  Jesu  Chrisle,  Qui 
rœluni  terramquo  lenes,  mare  ncciie  profuiidum  Cuni  saneto  Spirilii  in  (jloria 
Dei  Patris.  Amen  {Y .  ]>]»?,  loin  le  lablcau  do  tous  les  manuscrits  qui  contiennetit 
ce  Tropo).  *  IV.  Okfkrtoiiu;.  Cuncta  crean.s ,  cuncta  regens,  tibi  lius  :  Tui  srtnt 
rii-li,  et  hi(t  t'sl  terra.  Orhe>n  lerrarum  et  plenitud'tnem  ejus  tu  fundasti ;  quic/juid 
\cp|,it,  quirquid  natal,  quirqiiid  ro|)il.  Juslitia.  (Hcrlin,  Tbcol.  lai.,  n"  11,  ('"  '»  v", 
ij  r»,  etc.)*  \ .  SANCTLS.6an(7».v  iJcus  orbis,  Sanctus  l'aradytus,  ipse  est  f'Iirislus. 
Sandus  Dominus  super  Ihronos  angelurum,  iJeus  sahaotli  omniupKjue  virlulum. 
IHeni  sunt  tirli  et  terra  tua;  charitatis,  Gloria  tua.  Ilosanna,  qui  vonis  judicare 
in  die  Judicii  //(  c.ccctsis.  lieneclirtus,  etc.  (  Bibl.  do  Saint-Gall,  n*  'i8'i,  p.  239.) 
*  VI.  A(3NLS  Df.i.  Spes  niundi,  laus  atquc  salus,  iJous  et  humo  vcrus,  Aijnus 
Dei.  Morte  perire  dolens  hominem,  veiiis,  ipse  Creator,  Qui  tollis peccala  ntundi. 
Inducras  huniinem,  certans  cum  Principe  morlis  :  Miserere.  Juste  beiligerans 
Numen  celas  Deitatis,  eia,  Miserere.  Crucem  scamlis  homo,  maclaris  ho.«tia 
Patris:  Dona  nobis  pacem.  (Bibl.  nat.  lat.,  1flo(!8,  f»  126  v".  etc.)  *  Vil.  Com- 
munion (Pâques)  :  Laus,  bonor,  virtus  I)eo  nostro.  decus  et  im|)erium  Hepi 
noslro  qui  protium  redemptionis  Pasrha  nostruin  iunnolatus  est.  Peccala  noslra 
ipse  portavil,  et  propler  scelera  noslra  oblalus  est  Christus.  Alléluia.  Itaquc 
epulcmur  in  azipnis  siiweritatis  et  veritalis.  Alléluia,  alléluia.  Léo  de  tribu 
Juda  hodie  surro.xit  a  morluis  :  alléluia.  In  cujus  laude  dignas  voces  personate  : 
Alléluia,  alléluia.  (Bibl.  nal.  la!.,  'J'iW,  f"  38  v",  etc.)  =  A  l'occasion  de  ces 
textes  nous  sommes  ici  amené  à  l'ormuler  deux  observations  importantes  et  qui 
devront  trouver  leur  application  dans  tout  ce  volume  : 

1»  Nous  imprimerons  toujours  en  italique  le  texte  liturgique 
officiel,  afin  de  le  distinguer  nettement  des  Tropes  eux -mi^mes,  dont  le  texte 
sera  toujours  imprime  en  «  romain  ». 

2o  Nous  publierons  tous  nos  textes  d'après  les  principes  de  la 
notation  classique  avec  les  œ,  les  se  (qui  se  trouvent  en  un  certain  nombre 
do  tropaires);  avec  la  forme  Christus  au  lieu  de  Xpjs/iM,etc.  etc.  Nous  comp- 
tons d'ailleurs  publier  un  jour  les  variantes  précises  de  tous  no*  mamMcrils.  = 
Ces  deux  observations  sont  ici  faites  lne  fois  pour  toutes. 

'  Parmi  los  sept  typ\>i  qui  viennent  d'être  cités,  trois  sont  en  vers  :  le  Kyrie, 
le  (Uoria ,  V.Xynus;  quatre  en  prose  :  l'Introït,  l'Offertoire,  le  Sandus  et  la 
<i  CoiiMUUiiiun  ». 


CHAPITRE  II 


BUT  DU  PRESENT  LIVRE 


Il  semble,  au  premier  coup  d'œil,  que  ces  étranges 
interpolations  n'offrent  aucun  intérêt  vivant,  et  que 
c'est  seulement  affaire  de  petite  curiosité,  sans  lar- 
geur et  sans  horizons.  Mais  il  convient  de  s'élever  plus 
haut. 

Nous  nous  proposons,  dans  les  pages  qu'on  va  lire, 
de  montrer  comment  la  liturgie  catholique  a  traversé , 
aux  ixe-xic  siècles,  une  crise  fatale  et  où  elle  a  failli 
sombrer.  Or,  ce  danger  auquel  elle  a  victorieusement 
échappé,  c'étaient  ces  Tropes  mêmes  dont  nous  allons 
écrire  l'histoire.  Ils  avaient  fini,  vainqueurs,  par  tout 
envahir  et  tout  dominer.  Il  est  certain  qu'en  plus 
d'une  église,  ils  étaient  parvenus  à  se  confondre  très 
intimement  avec  la  liturgie  grégorienne.  Ces  œuvres 
de  rhétoriciens  de  second  ordre  étaient  transcrites, 
avec  l'antique  liturgie,  sur  la  blancheur  du  même  par- 
chemin. L'or  pur  de  saint  Grégoire  ne  se  distinguait 
plus  de  cet  alliage.  C'est  en  vain  qu'aux  yeux  des 
vrais    chrétiens  ces  Tropes  paraissaient  entachés   de 


6  iii.s'r<tii!i;  iii;  i.  \  im)i;sii;  i.i'rim;iMi'i-: 

vices  pi('si|ii('  iiKutcls;  c'est  en  sain  que  les  esprits 
sages  s'étoiinaii'iil  (|iic  lOn  tii|t|ài  ainsi  (|)Our  ne  i"ien 
dire  de  plus)  la  longueur  des  anciens  offices,  et  qu'on 
fatiguât  de  la  sorte  la  bonne  volonti'  ^\('y^  meilleures 
âmes;  c'est  en  vain  que  l'on  prononrait,  deux  ou 
trois  siècles  à  l'avance,  le  mot  charmant  de  Gautier 
de  Goincy  :  «  11  n'est  secpiencc,  n'ai  le]  ni»'  —  (Jui  trop 
n'ennuit,  s'ele  trop  dure  '.  »  G'est  en  vain  quL-  Wjh 
trouvait  ces  Tropes  médiocres,  encombrants,  dange- 
reux. Ils  avançaient,  ils  pi-ogressaient  toujours,  et  le 
jour  vint  où  l'on  put  voir  (c'était  à  l'auioiv  du 
xie  siècle)  l'abbé  d'une  des  plus  célèbres  abbayes 
de  l'Allemagne  se  diriger  solennellement  vers  Tau  tel 
entouré  de  courtines  rouges  et  dorées,  vers  Tau  tel 
au-dessus  duquel  était  suspendue  la  colombe  eucha- 
ristique, et  1^.  respectueux  et  grave,  déposer  officiel- 
lement sur  la  pierre  sacrée  un  livre  <{u<'  ses  moines 
venaient  d'achever,  un  chef-d'œuvre  de  calligraphie 
et  de  peinture,  une  incomparable  merveille,  un  Tro- 
paire.  On  n'aurait  guère  mieux  traité  la  Bible  *.  En 
d'autres  lieux  la  même  confusion  se  produisait  avec 
le  même  engouement;  le  même  enthousiasme  se  don- 
nait carrière,  et  les  Tropes  s'installaient  dans  la  li- 
turgie comme  chez  mx.  Giand  était  1<'  péril,  et  nous 
le  ferons  toucher  du  doigt.  Rome,  par  bonheur,  veillait 


>  Edit.  Poquot,  col.  twy. 

'  Prum,  Bibl.  nat.  lai.,  9iW,  I"  i"*.  "  iloilicoiD  istum.  r.iiitii-;  nuxiiilnniine 
|)loinim  ,  domni  Hilderici  .  voMcrnbilis  nbbati<  ,  Icmpuro  cju^quc  lic^iitia, 
Wickiiipi,  lidelis  monachi.  impensis  altjuo  precalu  scribcre  arpliim;  domni 
vcro  Stophani,  succcssoris  pracfati  ablx)ti.s,  lemporo  alque  l)cncdiclione  dili- 
penlissimc  ,  ut  ccrniliir,  con<iimniatiini  ;  s.vm;ti  s.\lvatoris  i>omim  no^tri  Jksc 
CiinisTi  AUTARi  iMTO.'SiTUM  ;  hiUc  Miicto  Priimieiisi  caMiobio  perhonni  memoria 
iioviimis  tradilum.  «  Cf.  .\d.  Heiiier?.  Dii'  Ti'open  -  Pi-osett ,  ctr.  (  I.uxemlHMirp, 
J.  Uarii,  18y'i,  p.  .^■>.) 


BUT  DU   PRESENT   LIVRE  7 

et  ne  se  laissa  pas  entamer.  Elle  eut  l'art  de  se  garer 
de  ces  nouveautés  et  de  n'en  conserver,  par  un  tri 
merveilleux,  que  quatre  ou  cinq  morceaux'.  La  liturgie 
fut  sauvée,  et  nous  verrons  comment. 

Si  médiocres  que  soient  ces  compositions  de  rhé- 
teurs, elles  reproduisent  à  tout  le  moins,  et  reproduisent 
exactement  les  doctrines  qui  avaient  cours  dans  les 
plus  illustres  monastères  de  ces  siècles  mal  jugés.  Il 
faut  bien  le  reconnaître  :  si  le  style  en  est  peu  relevé, 
les  doctrines  en  sont  hautes.  Ces  pauvres  vers  sont 
pleins  de  sursum,  et  nous  avons  eu  la  joie  fort  vive  de 
n'y  jamais  rencontrer  une  idée  vile  ou  fausse.  C'est  ce 
que  nous  essayerons  de  mettre  en  lumière,  et  c'est 
ce  qui  est,  suivant  nous,  d'une  véritable  importance.  Il 
n'est  pas  un  seul  esprit  vraiment  clairvoyant  et  profond 
qui  ne  fasse  quelque  cas  de  l'Histoire  du  Culte  chez  une 
race  civilisée;  mais  l'Histoire  des  Idées  durant  trois 
siècles  est  encore  d'un  plus  haut  prix.  J'ose  à  peine  indi- 
quer, d'un  coup  de  crayon  discret,  commentées  Tropes, 
si  méprisés  et  trop  souvent  dignes  de  l'être,  nous  ou- 
vrent une  éclaircie  sur  la  vie  monastique  et  nous  per- 
mettent de  constater  que,  grâce  à  ces  développements 
de  la  liturgie,  on  y  vivait  dans  une  fête  continuelle  de 
l'esprit  et  du  cœur.  Dans  ces  Tropes  joyeux,  «  c'est  le 
«  cœur  qui  parlait,  et  il  était  plein.  » 

Encore  moins  oserais-je,  en  un  chapitre  de  début, 
signaler  les  réels  et  grands  services  que  tant  de  Tro- 
pistes  inconnus  ont  rendu  à  l'art  musical,  en  consti- 
tuant dans  leurs  monastères  de  véritables  Conserva- 

•  Rome  n'a  conservé,  en  effet,  dans  le  Missel  réformé  de  Pie  V  que  quatre 
Proses  :  une  de  la  première  époque,  le  Viclimx  Paschali  laudes;  trois  de  la  se- 
conde :  Veni,  sancte  Spiritus ;  Lauda,  Sion;  Bios  irœ;  et  un  Planctus  :  le  Sta- 
bat  mater. 


8  lIISTrtlHI';  ItK   LA    IMJÉSIK    UT  H  I<  CIo  r  K 

toires  do  musique  sacrée.  Les  mélodies  de  nos  Tropes 
valent  iiiiciix  (jiir  Iciii's  paroles,  et  il  y  aiiiail  injustice 
h  séparer  ici  deux  éléments  qui  sont  si  étroitement 
liés.  «  Tel  Trope,  qui  semble  d'abord  insignifiant,  con- 
quiert avec  SCS  neumes  une  valeur  inattendue,  et  il  y  a 
là  des  mélodies  véritablement  [)opulaires  avec  je  ne 
sais  quelle  bonhomie  d'allure  qui  est  pleine  de  distinc- 
tion et  de  finesse.  »  Sans  doute,  il  ne  faut  lien  exa- 
gérer; mais  il  est  juste  de  tenir  compte  des  moindres 
efforts  vers  le  Beau,  et  de  savoir  en  lemercier  (jiii  de 
droit. 

Ce  n'est  pas  tout,  et  les  Tropes  nous  réservent  encore 
plus  d'une  surprise.  Transformés  au  xne  siècle  en  véri- 
'tables  chansons  rimées,  ils  peuvent,  aux  yeux  d"un 
érudit  qui  se  pique  de  remonter  aux  textes  originaux, 
être  considérés  comme  la  source  de  toutes  les  chansons 
latines  de  ces  Goliardi  des  xne  et  xnic  siècles,  dont 
la  verve  méchante  s'est  attaquée,  hélas!  à  toutes  les 
choses  sacrées,  surtout  aux  clercs,  surtout  au  Pape. 
Ces  Goliardi  ont  commencé  par  chanter  innocemment 
des  Tropes,  et  ont  fini  très  rapidement  par  chanter  des 
«  gauloiseries  »,  et  pis  encore. 

Mais  là  n'est  pas,  suivant  nous,  le  plus  haut  intérêt 
de  cet  humble  chapitre  de  notre  histoire  littéraire,  et  il 
convient  de  voir  dans  les  tropes  une  des  origines  du 
théâtre  moderne,  .le  n'ose  pas  dire  :  «  l'Origine,  »  et  je 
serais  cependant  tenté  de  le  croire.  Par  une  série  de 
transitions  dont  nous  essayerons  de  faire  saisir  toutes 
les  nuances,  les  Tropes  sont,  petit  à  i^etit,  devenus  des 
Mystères;  les  Mystères  sont,  petit  à  petit,  devenus  des 
«  Jeux  »,  et  les  «  .leux  »  enfin  sont,  j^etit  à  petit, 
devemis  des  Drames  en  langue  vulgaire.  Nation  folle 


BUT  DU   PRÉSENT  LIVRE  9 

de  théâtre  comme  nous  le  sommes,  nous  accorderons 
peut-être  quelque  attention  à  ces  origines  d'un  genre 
littéraire  qui  nous  passionne  presque  à  l'excès.  Ces 
pauvres  Tropes  du  xe  et  du  xie  siècle,  qui  nous  sem- 
blaient si  morts  tout  à  l'heure,  ils  vont  soudain  s'ani- 
mer sous  notre  regard.  Ils  deviennent  dramatiques; 
donc  ils  sont  vivants.  Et  voici  qu'enfin  nous  nous  pre- 
nons décidément  à  les  tenir  en  quelque  estime... 

Tels  sont  les  côtés  élevés  du  sujet  que  nous  abor- 
dons aujourd'hui...  et  qu'à  coup  sûr  nous  n'aurions 
jamais  abordé,  s'il  n'avait  point  de  ces  côtés. 


CHAPITRE  III 


LES  ORIGINES 


Si  nous  ouvrons  aujourd'hui  un  Missel  et  que  nous 
fixions  notre  attention,  entre  FÉpitre  et  l'Évangile,  sur 
la  pièce  appelée  Graduel^,  nous  nous  convaincrons 
facilement  qu'elle  se  compose  de  plusieurs  éléments, 
dont  il  est  nécessaire  de  faire  ici  la  distinction  l 

Prenons  pour  exemple  le  beau  Graduel  du  Missel 
romain  pour  la  fête  des  Saints  Innocents  : 

1°  Anima  nostra  sicut  passer  erepta  est  de  laqueo  venantium. 

jr.  Laqueus  contritus  est,  et  nos  liberati  sumus.  Adjutorium 
nostrum  in  nomine  Domini,  qui  fecit  cœliim  et  terram. 

2o  Alléluia,  alléluia,  i.  Laudate,  pueri,  Dominum  ;  laudate  no- 
men  Domini.  Alléluia^. 


'A  ce  moment  du  saint  Mystère,  FÉglise  primitive  chantait  un  Psaume. 
(Martène,  De  antiquis  Ecclesise  ritihus,  I,  37o.  ) 

2  Ainsi  qu'un  grand  nombre  de  liturgistes  modernes,  nous  envisageons  ici  le 
«  Graduel»  comme  une  pièce  unique  composée  de  divers  éléments,  que  nous 
avons  ci-dessus  énumérés.  Mais  il  va  sans  dire  qu'à  étudier  les  origines  et  l'es- 
sence des  choses,  «  le  Répons  Graduel  (notre  n»  1)  est  un  morceau  complet 
en  lui-même,  et  que  l'Alleluia  et  le  Verset  (notre  n»  2)  forment  un  autre  mor- 
ceau également  indépendant ,  et  qui  ne  tient  qu'accidentellement  au  premier. 
L'un  et  l'autre  avaient  primitivement  la  même  forme  :  celle  du  Répons.  » 

3  Le  Graduel  n'a  pas  reçu  de  modification  importante  depuis  la  constitution 


12  mSTnlUK  l>K   I.  A   ImjÉsII';   I.ITUHCloUK 

La  première  partie  est  ce  qu'on  appelle  proprement 
le  Répons.  Le  verset  Laudatc,  qui  se  trouve  précédé 
et  suivi  (le  V Alléluia,  a  reçu  le  nom  de  «  Verset  allé- 
luiatique  »  ou  «  Verset  de  V Alléluia  ».  Un  dernier  Allé- 
luia, comme  on  vient  de  le  voir,  clôt  dignement  cette 
petite  pièce,  ou  plutôt  cet  assemblage  de  petites  pièces 
liturgiques,  où  se  trouve  admirablement  condensé  tout 
l'esprit  de  chaque  fête  ^  C'est  sur  ce  dernier  Alléluia 
(ju'il  faut  porter  surtout  notre  regard;  c'est  là  qu'il  va 
se  passer  un  fait  important  et,  en  ce  qui  concerne  les 
Tropes,  décisif. 

A  une  époque  très  reculée,  et  que  la  science,  faute 
de  documents,  n'est  pas  encore  parvenue  à  déterminer 
assez  exactement,  le  dernier  Alléluia  du  Graduel  était 
suivi  d'une  série  de  notes  joyeuses,  de  vocalises  (jubili, 


de  l'Antiphonaire  par  saint  Grégoire  le  Grand.  Durant  tout  le  moyen  âge,  nous 
le  trouvons  substantiellement  composé  des  mêmes  éléments.  Il  est  presque 
inutile  d'ajouter  que  chacune  de  ses  parties  a  été  longuement  commentée  par 
les  nombreux  liturgistes  de  cette  époque  profondément  liturgique,  et  noLnm- 
ment,  au  xu"  siècle,  par  Honoré  d'Autun;  Rupert,  abbé  de  Tuy;  Robert  Pau- 
lulus,  etc.  Dès  le  ix*  siècle,  Rémi  d'Au.xerre,  en  son  Expositio  de  celebratione 
misses,  établit  clairement  toute  la  doctrine  que  nous  résumons  ici  en  quelques 
mots.  (Maxima  Bibliotheca  Patrum,  Lyon,  1677,  in-f°,  t.  XVI,  p.  914.) 
Quant  à  s'assurer,  d'après  les  manuscrits  eux-mêmes  (auxquels  tout  critique 
doit  remonter),  que  le  Graduel  était  dès  lors  composé  comme  il  l'est  aujour- 
d'hui, c'est  chose  trop  élémentaire,  et  l'étude  du  premier  Antiphonaire  sufl'irail 
à  le  prouver. 

'  Durant  le  Temps  pascal  (à  partir  du  Dimanche  in  albis)  on  dit,  aux  lieu  et 
jilace  du  Graduel,  le  Verset  précédé  et  suivi  de  ses  Alléluia  ordinaires;  puis  un 
second  Verset,  qui  est  lui-même  couronné  par  un  quatrième  et  dernier  Allé- 
luia :  le  tout  conformément  au  type  suivant,  que  nous  empruntons  à  l'office  de 
l'Ascension  ;  «  Alléluia,  alléluia,  y.  Ascendit  Deus  in  jubilatione,  et  Dominus  in 
«  voce  tubae.  Alléluia,  y.  Dominus  in  Sina,  in  sancto  :  ascendens  in  altum. 
Il  captivam  duxit  captivitatem.  Alléluia.  •>  =  Dans  les  temps  de  deuil  et  de  pé- 
nitence, l'Église  supprime  tous  les  Alléluia,  et  le  Verset  alléluiatique  est  rem- 
placé |iar  le  morceau  appelé  Tract  us,  qui.  le  plus  ordinairement,  consiste  en 
un  plus  long  fragment  du  Psautier.  Tous  les  liturgistes  ont  aisément  donné  la 
raison  de  ce  changement  :  «  In  diebus  luctus,  et  maxime  a  Sopluagesima  usque 
ad  Pascha,  non  dicitur  Alléluia,  quia  musica  in  luctu  est  importuna,  d  (Gui- 
bert  de  Tournai,  De  offirio  Kpiscopi  et  Earlesiœ  cferemoniis,  Maxima  Biblio- 
theca ratrunt,  Lyon,  1677.  in-f",  t.  XXV,  p.  408.)  Etc.  etc. 


LES  ORIGINES  13 

neumse),  que  l'on  chantait  sans  paroles  sur  la  dernière 
voyelle  a  du  mot  alléluia.  Ces  neumes  avaient  été  tout 
d'abord  d'une  étendue  modérée,  comme  nous  le  voyons 
dans  tous  les  manuscrits  grégoriens;  mais  ils  avaient 
fini  par  comporter  des  mélodies  assez  longues,  et  qui, 
dans  l'esprit  parfois  trop  subtil  des  liturgistes  du  moyen 
âge,  peignaient  par  leurs  balbutiements  l'impuissance 
de  l'homme  à  exprimer  la  louange  de  Dieu  et  ses  sou- 
pirs vers  la  Patrie  éterneUe'. 

1  Versus  Alléluia  tangit  cantorem  interius,  ut  cogitet  in  quo  debeat  laudare 
Dominum,  aut  in  quo  lœtari.  H^ec  jubilatiq,  quam  cantores  Sequentiam  vo- 
CAXT,  statum  illum  ad  mentem  nostram  ducit,  quando  non  erit  nécessitas  locutio 
verborum.  (Amalaire,  De  Offîciis  ecdesiasticis ,  lib.  HI,  cap.  xvi.  Patvolorjie 
de  Migne,  t.  CV,  col.  1123.)  =  Jubilatiq,  qvje  sequentia  vocatur,  significat 
illum  statum,  dum  necessaria  non  erit  locutio  verborum.  (Honoré  d'Autun,  Sa- 
cramentarium ,  cap.  lxxxii;  Migne,  CLXXII ,  col.  788.  Cf.  le  texte  d'Ama- 
laire).  =  Seçut'Mïi'a  ideo  dicitur  QUIA  neumam  jubili  sequitur.  Sequentiam  ideo 
jubilamus,  quia...  faciem  Domini  in  jubilo  videbimus.  (  Honoré  d'Autun,  Gemma 
animai,  lib.  I,  cap.  xcvi.  Migne,  CLXXII,  col.  o7o.)=  Alleluiatici  cantus  mo- 
dulatio  subsequitur,  quae  laudes  lidelium  dicatas  exprimit  et  gratiaruni  actiones 
Deo  devotas,  quibus  suspirant  ad  œterna  gaudia.  Verbum  est  brève,  sed  longo 
PROTRAHiTUR  PXEUMATE.  (Etienne  de  Baugé,  évùque  d'Autun,  Tractatus  de  Sa- 
cramento  altaris,  cap.  xii.  Migne,  CLXXII,  col.  1284.)  =  Canitur  ergo  allé- 
luia post  Graduale,  canticum  lietitise  post  luctum  pœnitentiœ...  Jubilamus 
magis  quam  canimus,  unamque  breveni  digni  sermonis  syllabam  in  plures 
neumas  vel  neumarum  distinctiones  protrabinius,  ut  jucundo  auditu  mens 
attonila  repleatur  et  rapiatur  illuc  ubi  «  sancti  exultabunt  in  gloria  et  laetabun- 
tur  in  cubilibus  suis  ».  (Rupert,  abbé  de  Tuy,  Be  divinis  officiis,  cap.  xxxv. 
Migne,  CLXX,  29,  30.)  =  Pneumata  quae  in  Alléluia  et  ceteris  cantibus  in 
paucitate  verborum  fiunt,  jubilum  significint  qui  fit,  cum  mens  aliquando  sic 
in  Deum  afficitur  et  dulcedine  quadam  inelîabili  liquescit,  ut  quod  sentit  plene 
effari  non  possit.  (Robert  Paululus,  De  officiis  ecclesiasticis ,  lib.  II,  cap.  xviii. 
Migne  ^CLXXVIl,  381.  Ce  chapitre  est  intitulé  :  De  Alléluia  et  pneumatum 
significatione.)  =  Alléluia  modicum  est  in  sermone,  et  multum  in  pneumate, 
quia  gaudium  illud  majus  est  quam  sermone  possit  explicari...  Sic  Eccle- 
sia,  pneumatizando  (dictu  mirabile),  expressius,  quodam  modo,  et  melius  sine 
verbis  quam  per  verba  innuit  quantum  sit  gaudium  Dei  ubi  verba  cessabunt. 
{Spéculum  de  Mysteriis  Ecdesisc;  traité  mis  sous  le  nom  de  Hugues  de  Saint- 
Victor,  cap.  vu;  Migne,  CLXXVII,  col.  359.  =  Cf.  B.  Hauréau,  tes-  Œuvres  de 
Hugues  de  Saint-  Victor,  2"  édit.,  1886,  pp.  199-201.)=  Verbum  hoc  modicum 
in  scrmune  pneu.matizando  protrauimus  ,  ut  mens  repleta  stupore  et  extasi  ra- 
piatur illuc  ubi  erit  perpétua  vita  sine  morte,  dies  sine  nocte...  Unde  in 
diebus  luctus,  et  maxime  a  Soptuagesima  usque  ad  Pascha  non  dicilur  Alléluia, 
quia  inusica  in  luctu  est  importuna.  (Guibert  de  Tournai,  De  ofjicio  Episcopi 
et  Ecclesiœ  cœrononiis ,  Maxiiua  Bihliothcca  Palnou  ,  Lyon,  1677.  in-fo,  XXV, 
408.  );=  Gaudium  autem  saiictoruni  iutiM'niiii.-diili'  cl   iiiriraiiili-  dicilur.  ([Uod  per 


14  iiisToiHK  m-;  I.  \  l'oKsii:  i.nuHGinUE 

S'il  ('luit  ])('i-mis,  apiL-s  le  stirstnn  i\'\in  U-\  syinho- 
lisme,  de  redescendre  un  peu  sur  la  terre,  nous  ajou- 
terions que  ces  vocalises  '  (que  Ton  ajjpelle  pittoresque- 
ment  la  sequela  ou  la  sequentia,  c'est-à-dire  le  cortège 
ou  la  (lucue  de  l'Alleluia*)  étaient  devenues  d'une 
exécution  difficile'.  Les  chantres  les  plus  lialjiles 
s'égaraient  dans  l<;  dt''(l;il('  de  ces  vocalises,  et,  s'ils 
n'avaient  i)()inl  de  livre  sous  les  yeux,  perdaient  tout 
à   fiiil    la   tête.  Encoi'e,  si  à  ces  iiitfiininahNjs  neumes 


pneunia  post  Alloluia,  dulcc  et  lutigum,  salis  proprie  declaralur.  ïfolemus 
enim,  loiigam  iioLnin  toiiando  (st'u  teneiido)  post  Alloluia,  ^uper  liane  litle- 
ram  A  prolixius  deainlarc.  (ï^aint  Boiiaventure,  Exposiiio  Hissœ,  en  ses 
Œuvres,  éd.  do  Lyon,  i&'iH,  ^  11,  p.  7'i.) 

1  Ces  vocalises  do  IWIIeluia  porlaii-nt  dilTérenls  nonio  :  juhili,  jubilatio; 
neutnœ,  neumata,  pneuniala ,  iicutnulutn  distinvtiunes,  tneUnlia:,  vantilenœ. 
Exécuter  ces  mélodies,  c'était,  suivant  les  auteurs  du  moyen  âge,  neumatizarc, 
jubilarc ,  ou  encore  prolrahere  alléluia.  (\'.  dans  notre  Histoire  abrégée  des 
proses,  Paris,  Julien,  Lanii-r,  Cosnard  et  Cie,  l8i>8,  p.  7,  les  textes  cités  à  rappui 
de  chacune  des  alfirmalions  précédentes.) 

*  C'est  ce  qu'a  fort  bien  exjrimé  le  cardinal  iîona  :  <>  Julùli  ab  aliis  setiuentia 
dicti  sunt,  quia  sunt  (jitwclain  veluli  sequela  et  appendix  cantici  alléluia,  qu2e 
sine  verbis  post  ipsuni  sequunlur.  »  (lietntin  lilurgicarum  libri  duo,\>.  3(>9.)  Le 

MOT  SKQl'KNTIA    EST  DONC   KSSENTHCI.LEMKNT   LN    TEUME  MlsIC.\L.    LcS    manUSCfitS   de 

Sainl-Gall  et  ceux  do  riaint-Martial  sont,  à  ce  point  de  vue,  également  significa- 
tifs. Dans  l'admirable  niaimscril  de  riaint-Gall,  Wi,  qui  est  du  \*  ^iécle,  ces  se- 
ijuenlix  (p.  2ij8- 497 )  nous  sont  ollertes  sans  j>arolcs;  dans  les  mss.  376,  381,  '<82 
de  la  mémo  abl)aye,  comme  aussi  dans  le  ms.  121  d'LinsiedeIn  (  lesquels  appartien- 
nent au  xi"  siècle),  on  indique  avec  soin  la  mélodie,  la  séquence,  l'air  enfin  sur  le- 
quel il  convient  de  chanter  chacune  des  proses  du  cycle  liturgique.  Il  est  aisé  de 
constater  les  mêmes  faits  à  Limoges.  Dans  lems.  de  la  Bibl.  nat.  lat.,  887^P»  »7r«) 
les  mots  ineipiunt  segtteutia:  sont  jdacés  en  tète  de  ces  mélodies  sans  |)aroles,  et 
on  les  oi>pose  aux  prosw,  dont  la  série  conmience onze  feuillets  plus  loin  ((*  'ù6r^). 
|)ans  le  ms.  1118(f''131  v°  )  on  peut.  lire,  en  tète  de  ces  mêmes  ju6i7i,  également 
sans  paroles,  ces  mots  à  peu  près  iilentiquos  :  Sequencias  de  loto  circitlo  anni. 
Cesl  l'équivalent  do  VInri])iiiut  ineUntie  animales  in  festivitalibus  dicemijr  du 
ms.  I(IK7  (f°  U\H  r»\  et  de  Vlnci})iunt  seguentiw  de  cirt'ulo  anni  du  ms.  1134 
(  f°  107  r").  En  d'autr.'s  manu>crils  de  même  origine,  on  a  tran.^crit  a  part  le» 
Se(iueliv  de  r.\lleluia  en  indiquant  seulement  le  premier  mot  de  cljacunc  de» 
proses  qui  en  sont  dérivées.  (  Hibl.  nal.  lat..  'MO,  f-  MO  v*;  IliSi,  (*>  197  \«;  1I'2I, 
l'ik<  r-;   1133,  f»  'M  r»;  IKio.  1-1  r>;  IVM.  P'y2;  1137,  P>  :W  r».  etc.) 

3  Cuni  adhuc  juvenculus  essom  et  MKi.i>i>i.t:  i  om.is«im.»;  s.Tpius,  memori.i-  roni- 
mendata",  instabile  corculum  aufug''renl...  cœpi  tacilus  nRvum  volvere  quonnni 
modo  cas  poluerim  colligare.  (l'rologuo  de  .Notker,  en  tête  de  son  LÀber  sequen- 
iiantm;  Migne.  C.XXXI,  col.  lINK^t,  collationnc  par  nous  sur  l'?s  mss.  de  Sainl- 
Gall  et  de  Munich.) 


LES  ORIGINES  15 

on  avait  eu  l'idée  d'attacher,  de  lier  quelques  paroles, 
la  mémoire  de  nos  pauvres  chanteurs  en  eût  été  heu- 
reusement rafraîchie,  et  ils  seraient  peut-être  parvenus 
à  retenir  ces  airs  malaisés  et  longs.  Mais,  pour  toute 
parole,  la  voyelle  a  :  c'était  trop  peu. 

On  ne  pense  pas  tout  d'abord  aux  plus  simples  re- 
mèdes, et  c'est  ce  qui  eut  lieu  pour  les  a  queues  »  de 
l'Alleluia.  Toute  la  musique  sacrée,  d'ailleurs,  souffrait 
alors  du  même  mal,  et  l'on  commença  par  tenter  une 
réforme  générale.  C'était  à  Rome  que  l'on  trouvait 
alors  les  chantres  les  plus  habiles  :  on  se  tourna  vers 
Rome. 

Grégoire  II  envoya  en  France  les  chantres  (nous 
dirions  aujourd'hui  les  maîtres  de  chapelle)  qu'on 
lui  demandait;  mais  ils  moururent  sans  avoir  formé 
de  bons  élèves,  sans  avoir  fait  école.  Les  années  cepen- 
dant succédaient  aux  années ,  et  le  mal  ne  faisait  que 
croître.  Gharlemagne  parut. 

On  connaît  l'amitié  très  tendre  qui  unit  entre  elles 
les  deux  âmes  du  pape  Adrien  et  du  roi  Charles.  Le 
souverain  pontife  n'avait  rien  à  refuser  au  Franc  victo- 
rieux, au  Patrice  de  Rome,  et  il  lui  adressa  sans 
retard  deux  maîtres  de  haute  valeur,  deux  musiciens 
consommés:  Pierre  et  Romaine 

Ils  partirent,  et  leur  voyage  fut  inégalement  heu- 
reux :  Pierre  ouvrit  à  Metz  cette  école  de  chant  qui 
était  destinée  à  jouir,  durant  tout  le  moyen  âge,  d'une 

1  Rom.'iin  avait  aiiporlé  avec  lui  une  copie  de  l'Antiplionaire  de  saint  Ciréiïoii'o, 
quod  ipse,  Romas  de  autlientico  tvanscrlptum,  attulerat.  Cet  Anliiihonaira 
de  Romain,  que  l'on  gardait  à  Saint- Gall  connne  une  relique,  est  encore  aujour- 
d'hui, sous  le  n"  3i39,  conservé  à  la  bibliothèque  de  la  célèbre  abbaye.  (Voy.  un 
fac-similé  de  ce  précieux  manuscrit  dans  les  So'i/ffojvs  de  Pertz,  II.  p.  201,  etc.) 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  réveiller  les  polémiques  relatives  à  la  date  et  à  la 
valeur  de  ce  texte. 


16  iii.-Toiiii:  itE  [.A  poK>ii:  i.rrrndouE 

incomparable  réputation.  (Jiiant  à  Romain,  pris  de 
fn';vre,  il  (lut  s'arnHer  en  route  dans  la  célèbre  abbaye 
de  Saint-(iall,  et  s'y  trouva  si  bien  qu'il  y  resta. 

Pierre  avait  fondé  l'École  de  Metz;  iiomain  créa 
l'Kcole  rivale.  l'Keole-sœur  de  Saint-Gall.  lleureu.se  ri- 
valité el  «lui  lu!  sin^ailièrement  profitable  au  cliant 
sacré. 

Les  deux  clianlies,  donc,  corrigent  à  l'envi  et  renou- 
vclliiil  les  mélodies  liturgiques.  Ils  composent  de  nou- 
veaux morceaux  et  en  font  composer  par  leurs  élèves. 
Et  quel  est  le  genre  où  ils  s'exercent  de  préférence? 
Ce  sont  précisément  ces  neumes,  ces  sequeîx  de  l'AUe- 
luia,  que  le  temps  avait  atteintes  et  déformées.  Pierre 
compose  des  Séquences,  (jui  con(juièrent  rapidement 
un  gland  succès  et  qu'on  appelle  «  Metenses  »,  les 
Messines;  Romain  compose  des  Romaines. 

Les  unes  et  les  autres  se  cbantent  toujours,  sans 
paroles,  sin-  la  dernière  voyelle  a  du  mut  .\lleluia  '. 

'  «  Qirolus  nosler,  Palricius,  re.xaulem  Francorum,  dissonantia  Homani  el  Gal- 
licnni  cnntus  Rom.T  oITensus,  (  uni  Gallorum  procacilas  cantuni  a  nostralibus  qui- 
liusdain  naïiiiis  arpunu'iilarelur  es.se  corrujitum,  no.«lrii|ue  e  diverso  authciitirum 
niitipliuiiariiim  |iri>l>abililer  ostcntaroiil,  iiilerropas.se  ferlur  quis  «  inter  rivuni  el 
«  foidi'iii  liiii|piilioiX'm  nqunm  conservaro  solerel  »?  I<es|ioiidoiitibiis  «  foidem  »,  pru- 
deiilor  adjei'il  ;  «  Krpo  ot  nos,  qui  do  rivo  corru|itani  lynii>bani  usque  hadenus 
"  bibinius,  ad  pcreiinis  fontis  necesse  est  fluonla  |irinci|>nlin  rerurranius.  »  Mox 
itatiuo  duos  suoruni  iiidustrios  clericos  Adrianu  lune  cpiscuiiu  deroliquit  :  quibus 
t.itideni  salis  elepantor  in^t^u^tis,  Mi-tensein  niotrii|iolini  ad  suavilateni  nuxlula- 
linnis  |pristiihT  ri'vocavit.  ji.t  «juani  illaiii  lot  un  rialliani  suani  correxil.  .'^■•d,  cum, 
niulla  posl  l(Mnpora,  di-funclis  his  qui  lUmia'  fuerant  educali.  cantuni  (iallicana- 

nuu  < b'siarum  a  .Motensi  discr.'pare  prudi'ulissinius  ri-cruni  vidissel,  ao  unum- 

i|U('niijue  ab  alterulru  vilialuni  cantuni  jaitantt-in  advertorel  :  a  Iteruin,  inquit. 
«  ri'deainus  ad  l'onteni.  »Tunc.  repis  precibus,  sicut  hodie  quidam  veridice  adsti- 
pulantur,  Adrianus  pa|>a  porniotus  ,  duos  in  Galliani  canlores  eniisit  :  quorum 
judiriii  rox  omiies  quideni  corrupisse  dulcvdinem  Homani  cantus.  b»vitali'  quadam. 
copiu)vit  ;  Mf'tens's  vcro,  sola  naturali  foritate,  ]>aullulum  «juid  dissonar'  |>er- 
vidit.  I  Ionique  usipie  quantum  Itomano  caidui  .Melensis  cedil,  taiduni  MotiMibi 
cedoiv  ("lallicananim  Gcrmaniarumqui'  cantus.  ab  bis  qui  meram  voritalem  dili- 
frunt.  comprobiitur.  Ila>c  erpo  per  anticipaliomMu  rclulerim.  ne  indiscussam  (îal- 
loruni  Ifvitatem  vidcar  pneteri.sse.  »  (  Vita  S.  (iregurii  /xi/w,  aucloro  Juliniinc 
IHacono.  lib.  U,  cap.  i  ;  Artn  SS.  ^hll•fii,  U.  I  i7.  I'i8.)=  n  Knrcdus  impomior. 


LES  ORIGINES  17 

Cependant,  en  dehors  de  Metz  et  de  Saint- Gall,  en 
dehors  de  ces  deux  nobles  foyers  de  la  science  litur- 
gique et  musicale,  les  vocalises  de  l' Alléluia,  défor- 
mées et  corrompues,  demeuraient  insaisissables  à  la 
plupart  des  chantres  effarés  ou  impuissants.  Il  semble 
qu'à  Saint -Gall  même  on  les  avait  rendues  plus  dif- 
ficiles en  les  faisant  plus  savantes  et  plus  longues, 
et  les  meilleurs  élèves  de  Romain  se  disaient  avec 
désespoir  :  «  Melodise  longissimœ,  ssepius  mémorise  com- 
mendatse,  instabile  corculum  aiifugiunt  ' .  »  C'était  le  cri 
de  l'impuissance. 

Bref,  les  gens  d'esprit  de  ce  temps -là  se  préoccu- 
paient de  trouver  un  moyen  mnémotechnique  pour  gra- 

cognomine  Magnus,  cum  esset  Romœ,  ecclesias  cisalpinas  videns  Romanae  eccle- 
siœ  multimodis  in  cantu,  ut  et  Johannes  scribit,  dissonare,  rogat  Papam, 
tune  secundo  quidem  Adrianum,  cum  defuncti  cssent,  quos  ante  Gregorius  mi- 
serat,  ut  iterum  mittat  Ronianos  cantuum  gnaros  in  Franciam.  ^littuntur,  secun- 
dum  régis  petitioneni,  Petrus  et  Romanus,  et  cantuum  et  septem  liberalium 
artium  paginis  admodum  imbuti,  Metensem  ecclesiam ,  ut  prières,  adituri.  Qui 
cum  in  Septimo  lacuque  Cumano  aère  Romanis  contrario  quaterentur,  Romanus , 
febre  correptus ,  vix  ad  nos  usque  venire  potuit;  Antiphonarium  vero  secum, 
Petro  renitente,  vellet  nollet,  cum  duos  haberet-,  unum  Sancto  Gallo  attulit.  In 
tempore  autem,  Domino  sejuvante,  convaluit.  Mittit  imperator  celerem  quem- 
dam,  quieum,  si  convalesceret,  nobiscum  stare  nosque  instruere  juberet.  Quod 
ille  quidem,  patrum  hospitalitati  regratiando,  libentissinie  fecit  :  Quatuor,  in- 
quiens,  inercedes  vos,  sanctiDomini,  in  me  une  acquisiistis.  Hospes  erat,  et  in  me 
eum  collecjistis ;  infirtaus ,  et  visitastis;  esurivit  in  me,  et  dedistis  niihi  in  eo 
manducare;  sitivit ,  et  dedistis  ei  hiberc.  Dein  uterque,  fama  volante,  studium 
alter  alterius  cum  audîsset,  emulabantur  pro  laude  et  gloria,  naturali  gentis  suse 
more,  ut  alterum  transcenderet.  Memoriaque  est  dignum,  quantum  bac  emula- 
tione  locus  uterque  profecerit,  et  non  solum  in  cantu,  sed  et  in  cœteris  doctrinis 
excreverit.  Fecerat  quidem  Petrus  ibi  jubilos  ad  sequentias,  quas  Metenses 
vocant;  Romanus  vero  romane  nobis  econtra  et  amcene  de  suo  jubilos  modula- 
verat:  quos  quidem,  post,  Notker  quibus  videmus  verbis  ligabat;  frigdorse  autem 
et  occidentanœ,  quas  sic  nominabat,  jubilos;  illis  animatus  etiam  ipse  de  suo 
excogitavit.  Romanus  vero,  quasi  nostra  prœ  Metensibus  extoUere  fas  fuerit, 
Romanse  sedis  honorem  Sancti  Galli  cœnobio  ita  quidem  inferre  curavit.  » 
(Ekkehardi  IV,  Casus  S.  Galli,  cap.  m.  Pertz,  Scnptores,  II,  p.  102.  Cf.  Vita 
B.  Notkeri  Balbuli,  auctorc  Ekkehardo,  decano  Sangallensi,  cap.  ii.  Acta  San- 
ctorum  Apt'ilis,  éd.  V.  Palmé,  I,  379,  580.  Ce  dernier  Ekkehard  n'a  guère  fait 
que  reproduire,  sans  aucune  critique,  les  deux  textes  précédemment  cités.) 

^  C'est  le  commencement  de  la  Préface  (Y.  pp.  14  et  20)  que  Notker  a  placée 
en  tète  de  son  Séquentiaire  et  que  nous  aurons  lieu  de  mentionner  plus  d'une  fois. 

I  —  ■}. 


18  IlISTOlIiR    DK  I.A    POKSIF.   L ITIJ  nOIQUE 

ver  enfin  ces  terribles  neumes  dans  la  mémoire  des 
((  ncuin.ili/.imts  »  aux  abois.  IMiis  diiii  iimine,  à  Saint- 
(lall,  en  avait  i'(;sprit  «obsédé  et  se  posait  ce  rude  pro- 
blème dans  ses  méditations  du  jour  et  même  de  la 
nuit  :  «  Ctr'pi  mecum  volrere  qiionam  modo  eas  {melo- 
dias\  jtotuerim  colllgarc  \  »  (le  cri  naïf  était  le  cri  de 
tous  ceux  (jui  avaient  alors  quelque  souci  du  chant 
sacré,  et  la  «  queue  de  l'Alleluia  »  était  certainement 
r()l)j<t  d'une  de  leurs  i)lus  vives  sollicitudes.  Gomment 
faire  ? 

C'est  du  Nord  que  vint  l.i  lumière. 

Un  jour  (c'était  vers  Tan  860)  un  étranj^^er  se  pré- 
senta à  la  porte  de  Tabbaye  de  Saint-dall  et  y  sollicita, 
d'une  voix  humble,  cette  hospitalité  que  les  abbayes 
bénédictines  ne  refusent  jamais.  Cet  étranger  était  lui- 
même  un  moine  et  portait  un  gros  livre  sous  son 
bras.  Quand  on  lui  demanda  d'où  il  venait  :  <(  J'arrive. 
«  dit -il.  de  l'abbaye  de  Jumièges,  qui  a  été  dévastée 
«  pai-  les  Normands.  Mon  livre  est  un  x\.ntii»honaire: 
«  le  voici.  » 

Les  moines  de  Saint-tlall  accueillirent  létranger,  et 
firent  à  son  livre  un  accueil  encore  meilleur;  mais  sou- 
dain ils  jetèrent  un  cri  de  surprise.  Les  sequela'  de 
rAlleluia,  ces  jubili  difficiles,  ces  vocalises  compliquées 
ne  se  chantaient  pas,  dans  l'Antiphonaire  de  Jumièges, 
de  la  même  façon  cpie  dans  les  livres  de  Saint-Gall  : 

ELLES  NE  s'y  CHANTAIENT  PAS  SANS  PAROLES  et  SUr  la 

dernière  voyelle  a  du  mot  alléluia.  Non,  non;  là-bas. 
en  Xeustrie.  on  avait  fait  un  pas  en  avant,  un  pas  dt*- 
cisif,  et  l'on  avait  remplacé  cette  voyelle  a  par  des  pa- 

'  C.0  sont  les  {«arolos  mêmes  (li>  Nulk^r,  l.c.  |>.  Jll.  iioli'  I. 


LES  ORIGINES  49 

rôles,  par  un  texte  «  suivi  »  et  qui  avait  pour  but  de  fixer 
dans  la  mémoire  les  complications  des  mélodies  allé- 
luiatiques.  A  chaque  syllabe  correspondait  une  note; 
à  chaque  note  une  syllabe.  Le  tout  formait  une  œuvre 
littéraire  servilement  calquée  sur  l'œuvre  musicale, 
mais  qui  était  intelligible  et  pouvait  devenir  vivante. 
Le  grand,  le  vrai  moyen  mnémotechnique  était  enfin 
trouvé,  et  c'est  là  ce  qui  excitait  l'étonnement  des 
moines  de  Saint- Gall. 

Or,  il  y  avait  à  cette  époque,  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Gall,  un  jeune  religieux  du  nom  de  Notker,  et  qui 
vers   840   y   avait   été  offert  tout  enfant  K   C'était  un 


1  Notice  sur  Notker.  a.  D'Achéry  et  Mabillon  ont  consacré  au  bienheureux 
Notker  une  excellente  Notice  en  leurs  Acla  Sanctorum  Ordinis  sancti  BenecUcti 
(Sœculuni  quintum,  p.  11  et  ss.).  Ils  commencent  par  distinguer  nettement  l'un 
de  l'autre  les  différents  Notker  dont  le  nom  est  parvenu  jusqu'à  nous,  et  la 
besogne  n'est  guère  moins  aisée  que  pour  les  Ekkehard.  D'après  le  Syllabus 
monachorum  Sancti  Galli,  il  y  en  aurait  eu  jusqu'à  douze.  =  b.  Notker  était-il 
de  Carolorum  génère  et  sanguine  Saxonum  ?  C'est  ce  qu'affirme  Ekkehard  V, 
le  crédule  auteur  de  la  Vita  sancti  Nolkeri.  L'auteur  plus  autorisé  des  Casus 
Sancti  Galli,  Ekkehard  IV,  se  contente  d'affirmer  «  qu'il  était  de  famille  illustre». 
On  Voffrit  à  Saint-Gall  en  840.  Il  y  eut  pour  maîtres  Marcel  et  cet  Ison  qui 
mourut  le  14  mai  871  ;  comme  condisciples  et  amis  Tutilon  et  Radpert.  =  c. 
Ekkehard,  qui  est  mort  vers  1040,  a  fait  de  lui  un  portrait  charmant  :  «  Notkerus. 
hominum  mitissimus.  »  (Ekkehard  IV,  Casus  S.  Galli,  cap.  m.  Perlz ,  Scripto- 
res,  II,  p.  93.)  «  Notker  corpore,  non  animo,  gracilis;  voce,  non  spiritu,  bal- 
bulus  ;  in  divinis  erectus,  in  adversis  patiens,  ad  omnia  mitis,  in  nostratium  acer 
erat  exactor  disciplinis;  ad  repentina  timidulus  et  inopinata,  prœter  dœmones 
infestantes,  erat;  quibus  quidem  se  audenter  opponere  solebat.  In  orando,  le- 
gendo,  dictando,  creberrimus.  Et  ut  omnis  sanctitatis  ejus  in  brevi  complectar 
dotes,  sancti  Spiritus  erat  vasculum,  quo  suo  tempore  abundantius  nulluni.  » 
{Id.,  ihid. ,  p.  94.)  =  d.  Charles  le  Gros  tenait  Notker  en  particulière  estime. 
Un  messager  de  l'empereur  trouva  un  jour  ce  poète  et  ce  savant  fort  humble- 
ment occupé  à  arracher  des  racines  et  à  faire  des  plantations  au  jardin  de  l'ab- 
baye. (Cf.  le  Thésaurus  anecdotorum  de  Pez,  t.  I,  3»  partie,  p.  570.)  = 
e.  D'Achéry  et  Mabillon  énumèrent  les  différents  livres  attribués  à  ce  Notker, 
qui  fut  véritablement  un  des  érudits,  et  surtout  un  des  «  saints  »  de  l'il- 
lustre monastère.  Il  avait  fait  sur  les  Epîtres  canoniques  en  langue  grecque  un 
travail  que  lui  avait  demandé  Tévêque  de  Verceil,  Liutward;  mais  ce  travail 
fut  à  moitié  détruit  par  un  envieux  :  «  De  Notkero ,  quœ  reliqua  sunt ,  au- 
denter narrabimus ,  quoniam  illum  Spiritus  sancti  vas  electum  ncquaquam 
dubitamus.  Remansit  ille  sanctissimus  uterinis  in  spiritu  viduus  et  orbus. 
Tandemque  malum  illi,  quu  dolore  cordis  intrinsecus  tactus  est.  accidif.  Episto- 


20  IIISTOIHK   DE   I.A   POKSIK   I.ITritr.lOl'E 

homme  d'étude,  et  qui  surtout  «'tait  IVrii  de  musique. 
Il  lut  lavi  à  la  vue  d(3  l'Aiitiplionaire  de  .luiuiAges; 
mais,  avec  son  goût  littéraire  qui  ne  manquait  pas 
d(3  fmesse,  il  comprit  rapidement  que  les  paroles 
du  crû  de  Jumièges  n';ivaient  aucune  valeur,  et  se 
l»rit  sur-le-chanqj  à  en  composer  de  nouvelles. 
Ce  furent  les  premières  proses  '. 


las  cnnonicas  grœcas  a  l^iulwardo  Vercollensi  episeopo  petitâB ,  mulli»  sudo- 
ribus  ille  oxcmplaveral.  Et  crxc  Siiidolfus,  mapriius  jam  et  iira-polens  in  loco, 
lit  (liximus  ,  codicern  illum  délicate  6cri|)tum  ,  casu  incurreris  ,  furatus  est  el 
sirigulas  qualernioiium ,  sicut  hodie  vidcre  opt,  cultro  excisas  discerpsil  atque 
depravavil.  »  (Ekkehard  IV,  Casus Sancli  Galli,  cap.  m.  Veriz ,  Scriptoras ,  H, 
p.  \()\.)  =  f.  Le  principal  litre  de  gloire,  l'œuvre  la  plus  célèbre  de  Notker,  fui 
le  «  Livre  des  Séquences  »  dont  nous  avons  parlé.  (  l'atrolofjic  de  Mipno ,  LXX.XI, 
roi.  993-1179,  etc.)  V  les  textes  précédents.  Cf.  (juiberl  de  Tournai,  De  of- 
fuio  Ephcopi  et  Ecclesix  cœretnoniis ;  Maxinia  Libliol liera  Palnim ,  Lyon, 
1677,  XXV,  'lOS;  saint  Bonaventure,  Expnsitio  Missw,  en  ses  Œuvres,  édit.  de 
Lyon,  lfi68,  t.  Vll,  p.  7'i;  Vita  li.  Notkeri  Jialhuli,  auctore  Ekkehardo.  decano 
Sanpallensi,  cay>.  iv,  Acta  S3.  Aprilis,  édit.  l'aimé,  I,  p.  oH'i;  œuvre  dont  il  faut 
se  délier  et  qui,  d'après  Mabillon,  L  c,  p.  M.  erralis  referta  est,  etc.  etc.  =: 
g.  D'après  les  Annales  Sanfjallenses  majores,  la  mort  de  N'otk<'r  peut  être  fixée 
à  912,  et  c'est  cette  date  qui  est  adoptée  dans  les  Scriplores  de  Pertz  (M. 
|i.  101  ,  note  33);  Mabillon  l'avait  |ilacée  en  9(»9.  Le  Necrolofjium  Nvlkeri  nous 
aide  à  aller  plus  loin,  et  l'on  jieut attribuer  au  liuit  des  ides  d'avril  l'obit  de  ce 
Notker  fjui  serjuentias  lotnposnit.  (Acta  Satulorum  Ordinis  sanrti  Benetticti , 
l.  c.,  17.)  =  /(.  Si  l'on  veut  connaître  l'écriture  même  de  Notker.  on  en  trouvera 
un  si)écinien  curieux  dans  les  Scriptores  Ae  l'ertz  (t.  Il,  en  repard  de  la  p.  101, 
n"  2,  a).  V.  sur  Notker  les  Notices  de  D.  Ceillier,  Histoire  yénérale  des  au- 
teurs sacrés  et  ccclésiastifjties ,  édit.  Vives,  Xll.  col.  9r>3,  et  de  Vllisloire 
littéraire,  VI,  p.  i:5'»  et  suiv. 

'  Tous  les  faits  qui  précèdent  sont  tirés  de  la  Préface  du  Liber  sefjuentiarutn 
de  Notker,  dont  nous  avons  eu  déjà  l'occasion  de  citer  les  premières  lipnes  : 
«  ("uni  adbuc  juvenculus  esseni,  et  melodiae  lonpissimse,  saepius  memoriae  com- 
mendata?,  inslabile  corculum  aufuperent,  cœpi  lacitus  mecum  volvere  quonam 
modo  cas  poluerim  collipare.  Intérim  vero  contigit  ut  presbyler  quidam  de 
Gimedia,  nupcr  a  Nordmannis  vastala,  veniret  ad  nos,  Antiphonarium  suum 
secum  deferens,  in  quo  aliqui  versus  ad  sequentias  erant  modulali,  sed  jani 
tune  nimium  viliali.  (Juorum,  ut  visu  delectalus,  ita  sum  pustu  amaricatus.  Ad 
imitationem  tamen  corum  cœjii  scribere  :  Laudes  Deo  conciliât  orbis  universus, 
qui  (jralis  est  libcratus,  et  infra  :  Coluber  Adœ  tnalesuasor.  (^Kios  cuni  nia- 
gistru  nieo  Ysoni  obtulissem  ,  ille,  studio  mec  conpralulitus  imperitis'que 
compassus,  quse  placuerunt  laudavit  ;  qujc  autem  minu*.  cmemlare  curavit, 
dicens  :  «  Singuli  motus  ranlilonn»  singulas  syllabas  debent  habere.  ••  Quod  au- 
diens,  ea  quidem  qUcT  in  ia  veniebant,  ad  liquidum  correxi.  Quœ  vero  in  le  vel 
lu  quasi  impossibilia  vel  altomperarc  neplcxi,  cum  et  illud  postea  vi.»u  farilli- 
nuim  deprehenderim,  ut  testes  sunt  Dominus  in  Sma  el  Mater.  Horque  modo 
iii^truilus,   secunda   niox   voce    diclavi  :    ■■  Psallat    Kcclesui    mater  in/i/xi/a.  » 


LES  ORIGINES  21 

A  vrai  dire,  ce  furent  les  premiers  tropes,  et  la 
prose  n'est,  en  effet,  que  le  trope  du  dernier  allé- 
luia DU  GRADUEL  '. 


Quos  versiculos,  cum  magistro  meo  Marcello  prœsentarem ,  ille,  gaudio  reple- 
tus,  in  rotulos  eos  congessit  et  pueris  cantandos  aliis  alios  insinuavit...  » 
(Patrologie,  CXXXI,  col.  1003,  collationné  sur  les  mss.  de  Saint-Gall  et  de 
Munich.  ) 

1  Cf.,  sur  cette  origine,  les  textes  suivants,  que  l'on  pourrait  aisément  multi- 
plier :  1"  Graduale  et  Alléluia  Ambrosius  composuit,  sed  Gregorius  papa  ad 
missam  cantari  instituit,  qui  etiam  in  festivis  diebus  neumam,  quae  jubilum 
dicitur,  jubilare  statuit.  Sed  abbas  Notkerus  de  Sancto  Gallo  sequextias  pro 
NEUMis  COMPOSUIT,  quas  Nicholaùs  papa  ad  missam  cantari  concessit.  »  (  Honorii 
Augustodunensis  Ge»i»m  animss,  Bibl.  nat.  lat.,  11579,  f'Sov",  etc.  etc.  —  C'est 
par  erreur  que,  dans  ce  texte  comme  dans  plusieurs  autres  ,  Notker  est  appelé 
abbé  de  Saint-Gall.) :=  2»  Quando  sequenti.\  sequitur,  posterius  alléluia  non 

HABET    PNEUMA  ;   SED    CHORUS   IN    LOCO    EJUS    SEQUENTIAM    CONCINIT    qUSG    idCm    sigui- 

ficat,  id  est  œternœ  vitae  gaudium  atque  delicias.  Unde  illa  nova  solet  habere 
verba  et  inusitata,  quia  cœli  gaudium  secretum  est...  Quidam  ecclesi.c  mystice 
pneumatizant  SEQUENTIAM  SINE  VERBis.  »  (Speculwii  de  MijsterUs  Ecdesiss,  attribué 
à  Hugues  de  Saint -Victor,  cap.  vu  ;  Migne,  CLXXVII,  col.  319.)  =  3°  Post 
responsorium  sequitur  Alléluia  gaudium  ineffabile  designans...  Alléluia  repctitur 
cum  pneumate,  et  significat  laudem  Patris.  Significatur  autem  per  sequen- 
TiAM  idem  quod  per  PNEUMA ,  uudc  iu  autiquis  sequentiis  sunt  verba  incognita  , 
quia  ignotus  est  nobis  modus  laudandi  Deum  in  patria.  (Bibl.  nat.  lat.,  14801: 
Tractatus  domini  Hugonis  cardinalis  «  De  ordine  missee  »,  f°  132  v°.  )  = 
4°  Additur  sequentia,  et  non  protrahitur  secundum  Alléluia,  sed  sequentia  loco 
EJUS  canitur,  per  quam  œterna  gaudia  et  sanctorum  laudes  designantur.  Unde 
scriptum  est  :  «  Beati  qui  habitant  in  domo  tua,  Domine;  in  saecula  saeculorum 
laudabunt  te.  »  Unde  et  sequentia  maxime  in  consecrationibus  et  dedicationibus 
ecclesiarum  dicitur,  verba  continens  laudabilia  et  dulcedine  cantus  plena,  in 
signum  sanctorum  igné  sancti  Spiritus^ardentium  et  dulciter  concordantium , 
ut  in  ista  sequentia  dicitur  :  «  Rex  Salomon  iacit  templum.  »  (Guibert  de  Tour- 
nai, Tractatus  de  officio  Episcopi  et  Ecclesise  cseremoniis;  Maxima  Bihliotheca 
Patrum,  Lyon,  1677,  XXV,  408. ):=5°  Antiquitus  enim  mos  erat,  ut  semper 
cantaretur  alléluia  CU.M  PNEUMA  ".  scd  postca  idem  papa  [Nicolaiis]  instituit, 
LOGO  iLLius  PNEUMA,  in  prœcipuis  festivitatibus,  sequentias  dici.  Quando  ergo 

NON    dicitur    alléluia,     NON    DEBET    SEQUENTIA     DICI,   QUONIAM    LOCO    PNEUM.E   EJUS 

dicitur,  et  idem  significat.  (Guillelmus  Durandi,  Rationale,  IV,  cap.  xxii;  éd. 
de  Lyon,  1574,  f»  124  r".  )  =  6°  Nocherius,  abbas  Sancti  Galli  in  Theutonia ,  primo 
SEQUENTIAS  PRO  NEUMIS  ipsius  ALLELUIA  COMPOSUIT,  et  Nicolaiis  papa  ad  missas 
cantare  concessit.  (Guillelmus  Durandi,  Rationale,  ibid.)  :=  7»  Quidam  ecclesi^ 
MYSTICE  pneum.itizant  SEQUENTIAS  SINE  VERBIS  aut  saltom  aliquos  versus  earum. 
(Guillelmus  Durandi,  Rationale,  ibid.  Cf.,  plus  haut,  le  texte  d'Honoré  d'Autun.) 
=  8»  Hodie  sequentiee  cum  voce  signilicativa  dicuntur.  (Guillelmus  Durandi, 
Rationale,  ibid.  =  9*  In  quibusdam  ecclesiis,  in  quibus  neuma  non  dicitur..., 

LOCO    JUBILl     et    NEUMiE   TROPIII    ET    SEQUENTIiE     DECANTANTUR...   (Ibid.,  V,    Cap.    Il, 

§  32,  éd.  de  Lyon,  1576,  i"  216  v,  217  r».)  Etc.  etc.  =  Ce  n'est  pas  ici  le 
lieu  de  relever  les  erreurs  évidentes  qui  sont  contenues  en  quelques-uns  des 
textes  précédents.  Nous  le  ferons  dans  notre  Histoire  des  Proses. 


22  MISTOIItK   I)i:   I  A    lM)i;<IK   I.ITUHGIOL'E 

Certes,  les  proses  ne  ressemljlent  pas  absolument 
à  ces  interpolations  liturgiques,  à  ces  tropes  qui  seront 
l'objet  particuli"'i-  d»-  ce  travail.  Mllfs  oui  uik-  imitor- 
tance  et  oflrent  un  développement  plus  considérables  ; 
elles  ont  été  écrites  (le  plus  souvent  du  moins,  à  l'ori- 
gine) sur  une  musique  préexistante;  elles  ont  d'abord 
présenté  un  caractrre  principalement  mnémoteclinique; 
elles  n'ont  eiilin  (pie  médiocrement  allongé  l'office 
divin. 

Mais,  malgré  tout,  c'est  là  une  addition,  et  une  addi- 
tion dangereuse,  aux  textes  vénérables,  aux  textes  pri- 
mitifs de  la  liturgie  catholique.  C'est  le  premier  outrage 
qu'on  ait  fait  subir  à  l'œuvre  auguste  de  saint  Grégoire; 
outrage  respectueux,  je  le  veux  bien:  outrage  pieux,  je 
l'accorde  encore,  mais  outrage  enfin,  et  qui  sera  suivi 
de  beaucoup  d'autres. 

Prosce:  tel  est  le  nom  qu'on  ne  tardera  pas  à  donnera 
ces  paroles  placées  sous  les  neumes.  sous  les  sequentiie 
de  ralloluia. 

Prosic  :  tel  sera  aussi  le  nom  (pie  l'on  donnera 
bientôt  aux  tropes  du  Kyrie,  de  l'Oirerloire,  du  Sanctus. 

L'exemple  est  donné  :  on  va  le  suivre. 


CHAPITRE  lY 


A  SAINT-GALL  —  LES    VERSUS  * 


C'est  à  Saint-Gall  qu'il  nous   faut  faire  halte;  car 
c'est  de  là  que  vont  tout  à  l'heure  sortir  les   tropes 


1  Notice  sur  les  Versus.  —  1"  Les  Versus,  qui  tiennent  de  l'hymne  plus  que 
de  la  prose,  ont  peut-être  eu  leur  premier  type  dans  l'hymne  Pange,  lingua, 
(jloriosi  lauream  certaminis,  attribuée  à  Fortunat ,  que  l'on  chante,  avec  un 
iiEFRAiN  {Dulce  lignum),  pendant  le  rite  ani^uste  de  l'Adoration  de  la  Croix  le 
jour  du  Vendredi  saint.  Leur  second  type,  plus  récent,  est  ce  Gloria,  laus, 
lionov,  de  Théodulfe,  qui  est  chanté,  depuis  dix  siècles,  durant  la  procession  du 
dimanche  des  Rameaux.  =  2»  Les  Versus  sont  toujours  chantés.  {Versus 
Ilartmanni  ante  Evangeliuni,  cum  legatur,  canendi,  Saint-Gall,  381, 
p.  23,  etc.)  Ils  sont  partout,  dans  les  manuscrits,  accompagnés  d'une  nota- 
tion musicale.  =  30  Les  Versus  ne  sauraient  être  confondus  avec  les 
Hymnes.  Ils  en  diffèrent  essentiellement  :  a  Par  leur  place  dans  l'office  divin. 
Les  Hymnes  ont  uniquement  leur  place  marquée  dans  les  Heures  canoniales, 
où  LES  Versus  n'ont  jamais  pénétré.  Ces  derniers,  comme  nous  le  verrons 
plus  loin  ,  se  chantent  principalement  aux  Processions,  b  Par  leur  refrain. 
Nous  établirons  tout  à  l'iieure  que  le  plus  grand  nombre  des  Versus  comportent 
un  double  refrain,  c  Par  la  doxologie,  enfin,  qui  fait  défaut  à  beaucoup  de  Versus. 
=  4"  Il  y  a  plusieurs  espèces  de  Versus,  et  rien  ne  saurait  être  moins  fixe  que 
ce  genre,  dont  le  nom  lui-même  est  si  général.  Mais,  à  tout  prendre,  on 
peut  diviser  en  deux  grandes  catégories  les  Versus  de  nos  manuscrits,  suivant 
qu'ils  olîrent  ou  n'offrent  pas  de  refrain.  (Sont  munies  d'un  refrain  les 
pièces  suivantes  :  Ardua  spes  mundi;  Aurea  lux  terrse;  Dumpietas  multi- 
moda;  Laudes,  omnipotens ;  Sacrata  libri  dogmata; Salve,  lacteolo  decoratmn 
sanguine  festum;  Salve  mirificiim,...  venisti;  Salve  mirificum,...  hoc  fecundata ; 
Volis  simplicibus.)  =  ÎJ»  Il  importe  de  se  faire  une  juste  idée  de  la  façon  dont 
est  agencé  le  refrain  des  Versus.  Ce  refrain  et-t  douislk.  Voii-i,  i)Our  prendre  un 


2',  msToiiii':  i)i:  i..\  poksii:  m'i  inciorr-: 

pour  laiif  le  loiir  «riiiif  Liiatid*-  jtartir  «le  la  clirf'liciilL' 
occidciilalc.    Si   nous    pouvions   dresser   une   carte   de 


cxiMiipl'!  cl.iir,  !<!?!  iliux  |priiiii<'r-  vurs  de  la  pièce  Aurca  luu-  li'rru-  :  «  Aurea 
lux  terrn?,  doiiiiiinlrix  iiirlyl.n,  wilve,  —  O»"'  «liirnilnis  noptris  nurir  Lenedicla 
vonis.  »  I>e  )»rcmi<'r  vers,  Aurea,  c<iinpoi«e  un  |treinicr  refraiit,  que  Ton  répète 
après  les  rouplets  2,  'i,  0;  le  second  vers,  (J\tiv  ilotnihux ,  eu  foriii'  un  aulrc, 
que  l'un  répèle  après  les  couplets  3,  5,  7.  (  PalroUxjie ,  LXX.W'II,  col.  ''il.) 
.\utre  exemple  (jue,  pour  |)lus  de  lucidité,  nou-  donnons  ici  m  extenso  (.Saint- 
Gall,38I,  |i.  23)  :  Sacrata  libri  dopmata  —  l'ortantur  evanpelici ,  —  Ci/sctib 
slupenila  genlibus  —  Kt  pra-ferenda  laudibus.  Sarrata  =  Mundcmus  omiics 
corpora  —  Sensusque  cordis  simplici  —  l'urfrantes  conscientia,  —  Verha  pen- 
scmus  inyslica.  Citnclis  =   ^'ullu   declini  jiariler  —  Clausa  lenenles  stomala. 

—  Stemus  inlonlis  aurihus,  —  L'I  decet  ante  iJominum.  Sacrala.  =  Ncc 
sat  videlur  soiiitus  —  Auditu  solo  capere,  —  Nî  cor  purfr-dum  teneal  — 
Faclisque  Jussa  cumpleat.  Cunclis.  (  Palruloffie,  LXX.Wll ,  col.  29.)  Kn 
somme,  il  y  avait,  comme  on  le  voit,  deux  refrains  alternativement  emprun- 
tés aux  deux  parties  de  la  première  strophe,  et  qui  sont  alternativement  ré- 
pétés à  la  fm  do  chacune  des  autres  stro[)hes.  Pour  les  distiques .  cliacun 
de  ces  refrains  consiste  en  un  seul  vers;  pour  les  ïamliiqucs,  en  deux.  = 
6°  Comme  l'indiquent  les  rubriques  mêmes  de  nos  manuscrits  (  .Saint -Gall, 
3<)0,   p.   1,     Versus    in   Nativilale,   in   prm'essionibus  vel  infra  ranendi),   les 

Versus  se  chant*Tient  surtout  i>ans  I-es  processions.  Mais,  tout  d'abord,  il  ne 
s'apit  pas  uniquement  ici  des  processions  «avant  la  .Messe  ».  Il  y  avait, 
par  exemple,  le  llivc  est  clam  (ties  (  Hibl.  nal.,  nouv.  acq.,  123o,  f"  76  v"),  qui, 
dans  certaines  CL^ises,  se  chantait  le  jour  de  IMques  in  reditu  fontiutn;  le 
liex  sanctonnn  Angeloruin ,  qui  se  chantait,  durant  la  nuit  de  la  même  fête, 
après  le  grand  Baptême  ;  VO  Redemplor,  sume  carnwn,  qui  remonte  au 
v«-vi"  siècle,  et  se  chante  encore  le  Jeudi  saint  «  ad  Chrisma  ».  Des  Ver- 
sus qui,  plus  que  les  autres,  ressemlilent  à  nos  tropes,  ce  sont  ceux  d'Hart- 
mann, qui  se  chantaient  avant  l'Evantrilo  :  Sacrata  libri  dorjmata.  Knfin,  il  y  a  à 
sitrnaler,  dans  un  dernier  irroupe ,  tous  ces  T'tvsi/s  ad  suscipiendum  retjent  que 
l'on  chantait,  en  dehors  do  l'oftlce,  lorsqu'on  allait  processionnellenicnl  au-devanl 
dos  souverains  qui  visitaient  î^aint-Gall.  Malgré  tout  et  somme  toute,  les 
Versus  sont  surtout  un  chant  proci'ssjonnai.  =  7"»  Un  certain  nombre 
de  Te»\sMs  manquent  absolument  de  doxolopie:  Carniina  nttnc  feslis;  Cutn  nalus 
essel  Dominus;  Jlumili  prece;  Jain  /idelis  turba  fratrutn;  Miles  ad  castnitn; 
Sacrata;  Salre,  lactcolo;  Votis  supplicibus;  Aurea  lux  lerrac;  Ave,  beali  fjer- 
uiinis;  Jniperatoruni  cjcninien  potenluin  ;  liex  benedicte,  reni ;  Sah'c,  (esta 
(lies:  Suscipe  rle»ienteiii.  Pour  ces  six  dernières  pièces,  consacrées  à  la  récep- 
tion des  rois  ou  des  reines,  l'absence  de  la  doxolopie  n'est  que  trop  naturelle. 

—  Quelques  Vt;»\«îi<s  ont  une  doxolopie  indécise  :  Annua ,  sonde  Dci  :  Chrislus 
ad  nostras.  —  D'autres,  enlwi,  ont  une  véritable  doxolopie:  Ardua  spes  ntundi  ; 
iMudes ,  nn}nipotens;  Mire  c\inclorinn  ;  Ilex  sanclunnn  a«f;«'/o»*N»«.=  H»  Mètres 
employés  dans  les  IVrsi/s  .•  a.  Distiques  :  .t>i;ii(n.  sancte  Dei  ;  Attiua  sfies  tnundi  : 
Jluniili  prece;  Laudes,  nniniiMtens;  Rex  l>enedirte ,  veni  ;  Salve,  fesia  dies ; 
Salve,  lactcolo;  Salve,  tnirifiniin...,  venisli ;  Salve ,  niirificunt...  Iioc  feeundala  : 
Suscipe  clenientetn...  — /;.  lambiques  dimètres  ;  .lie,  beati  genninis;  Cum  na- 
tus  esset  Dominus;  I)um  ])ielas  )nultimiHla;  Sacrala  libri  dogmala.  —  c  Se- 
ptenarii  trochaïques  :  Rex  sanctorum  angelontm...  —  d.  Strophes  saphiques  : 
Clirislus  ad   noxiras;   Iniperalonim    ijenimen    fHitenlutn  ;   Miles  ad   casiitim  ; 


A  SAINT-GALL  —  LES   VERSUS  25 

leur  itinéraire,   c'est  de  là  que  partirait  notre  tracé. 
Nous  le  dessinerons  ailleurs. 


Mire  cunctorum.  Ces  strophes  saphiques  sont  déjà  réduites  a  un  même  nombre 
DE  SYLLABES  1  Cliristus  ad  nostras  veniat  camœnas,  —  Christus  et  vocem  tribuat 
salubrem,  —  Christus  et  vitam  vehat  ad  i^erennem  —  Se  modulantes.  = 
9'  Assonance.  Le  goût  de  Tassonance  se  développe  dans  les  Versus  de  la  fin 
du  IX'  siècle,  du  commencement  du  x",  et  l'on  voit  que  ce  goût  était  déjà  uni- 
versel et  profond.  Quand  Salomon  (abbé  de  Saint-Gall,  890-919)  contraint  les 
écoliers  de  Saint-Gall  à  «  se  racheter  »  un  jour  d'un  léger  manquement  contre 
la  discipline,  ceux-ci  le  payent  à  coups  de  vers  latins,  voire  de  fort  mauvais 
vers.  L'un  lui  dit  :  «  Quid  tibi  fecimus  iale,  ut  nobis  facias  male9  —  Appellamus 
vegem,  quia  nobis  fecimus  let/em  »  :  et  voilà  qui  va  jusqu'à  la  rime.  Mais  il  n'en 
est  pas  toujours  ainsi,  et  c'est  ce  qu'attestent  les  vers  suivants  :  «  Non  nobis  pia 
s,pes  fuerat,  cum  sis  novus  hospes  —  Ut  vêtus  in  pe/!<s  transvert  ire  tute  velis 
JMS.  ))(Ekkehard  IV,  C'asKS  Sancti  Galli.  Pertz,  Scriptores ,  II,  p.  91.)  Cette  ten- 
dance se  manifeste  dans  tous  les  mètres  de  nos  Versus:  a.  Anmia  (distiques): 
Annua  sancte  Bei  celebremus  festa  diei  —  Qua ,  pater,  e  terrîs  sidéra ,  Galle , 
petfs. —  b.  Ardua  spes  nmndi  (distiques)  :  Aspice  nos  omnes,  clemens  Baptista 
Johannes^  —  Petreque  cum  Paulo^  nos  rege  doctiloquo.  —  c.  Cum  natus  esset 
Doininus  (ïambiques)  :  Completur  sœva  juss/o;  —  Mactatur  omnis  pus?o;  — 
^tatis  bimœ  parvuh',  — Vel  infra,  subduntur  nec(.  —  d.  Dum  pietas  (ïambiques)  : 
Dum  pietas  multimoda^  —  Deus  gubernans  omnia,  —  Per  virginem  puerjieraxi 
—  Formam  sumpsisset  carneatti.  —  e.  Laudes,  omnipotens  (distiques)  :  Angélus 
œthereîs  sanctus  descendit  ab  astris,  —  Purificans  corpus  cor  pariter  que  prius.  — 
f.  Salve,  mirificum...,  Venisti  (distiques):  Venisti  mundo  nova  gaudia  condere 
mœsto  —  Et  tibi  devotis pandere  te  famuh's.  —  g.  Salve,  mirificum...,  Hocfecun- 
data  :  En  Jesse  virgam  décorât  bene  flosculus  illam^  —  Vatis  ut  exorsa  prœci- 
nuere  sacra.  =  lO"  La  date  exacte  de  la  composition  des  Versus  est  difficile  à 
préciser.  II  en  est  cependant  qui  semblent  porter  leur  date  en  eux-mêmes  ;  mais 
là  encore  il  peut  y  avoir  matière  au  doute.  Telle  est  la  Litania  attribuée 
à  Notker  { Patrolog ie ,  LXXXVII,  col.  42),  où  nous  lisons  ces  vers  caracté- 
ristiques :  «  Ut  rex  noster  Chuonradus  et  exercitus  —  Hinc  inde  servetur.  » 
Cette  pièce  ne  peut  se  rapporter  à  Conrad  I  (912-918)  si  l'attribution  à 
Notker  est  véritable.  En  effet,  Conrad  est  monté  sur  le  trône  en  oc- 
tobre 912,  et  Notker  était  mort  en  avril  de  la  même  année.  Il  est  donc  plus 
que  probable  que  la  pièce  aura  été  retouchée,  que  le  mot  Chuonradus  est 
le  fait  d'un  scribe  du  xi"  siècle,  et  que  ce  vers  enfin  se  rapporte  à  Con- 
rad II  (1024-1039):  d'autant  que,  suivant  M.  de  Longpérier,  la  forme  Clmon- 
radus  se  réfère  particulièrement  à  ce  Conrad.  Comme  on  le  voit,  les  difficultés 
sont  grandes.  =  11»  Il  convient  de  se  défier  des  attributions  de  tels  ou  tels 
Versus  à  Radpert,  à  Hartmann,  à  Notker  le  Bègue,  à  Notker  le  Médecin 
et  à  Tutilon.  La  plupart  de  ces  attributions  n'ont  rien  qui  s'impose  à  la  cri- 
tique. On  peut  affirmer  que  V Ardua  spes  mundi  est  de  Radpert  et  Vllumili 
prece  d'Hartmann  (  Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli.  Pertz,  Scriptores,  II, 
p.  80);  mais  il  y  a  quelque  incertitude  pour  la  plupart  des  pièces  congénères. 
^  i2°  C'est  à  Saint-Gall  que  les  Versus  ont  reçu  leur  plus  complet  dévelop- 
pement. Peu  d'églises  sont  entrées  dans  celte  voie,  et  il  ne  nous  est  définiti- 
vement resté,  dans  la  liturgie,  que  le  Pange,  lingua  (à  refrain)  du  Vendredi 
saint,  le  Gloria,  laus ,  Itonor  du  dimanche  des  Rameaux,  et  l'hymne  0  iîec/ewp- 
tor  pour  la  consécration  du  saint  Chrême. 


26 


IIISTniIiK    |)K    I.A    l'OKSIK   UTUHriKtl  E 


Grûco  à  un  licaii  plan  du  ixe  siècle,  il  est  aisé  de  se 
représenter  auj()ui<riiui  ccl  illustre  monastère,  qui  lut 

13"  Type  dos  Versus  : 

Versus  in  Nat.,  in  processionibus  vcl  infra  canendi. 

Salve,  mirificnm  sompcr  Dcus  in  Paire  Vnrliutn, 

Mirilico  iiarlti  jaiii  caro  carne  satiini.  Salvi;... 
Venisli  miindo  nuva  f^audia  condere  niœsto 

Et  libi  dcvotis  pandcrc  te  fumulii^.  Mirifico... 
Pcrsultant  nostr.T  libi,  Virpo  Maria,  raniœna;, 

Quac  rutilas  lantis  conpTua  mystcriis.  Salve... 
Sed  qua:  condig-nas  libi  linfrua  rependere  laudes 

Praîvaict,  cxtollons  nomcn  ad  asira  luum?  Mirifico.. 
Quem  non  immcnsi  capiat  teres  orbila  niundi. 

In  tua  se  clausit  viscera,  factus  liomo.  Salve... 

Ad  crucem 
Cœlum  curvavil,  sola  fecit,  et  squora  fudil, 
Principii  princcps,  omne  quod  est  faciens. 

Ad  Sanctum- Othmarum 
Excrescens  lapis,  absque  manu  de  monte  revulsus, 
Mole  sui  niundum  obtinuit  stupidum. 

I.N    CUOIIO 

Scmper  cun»  Paire,  cui  virtus  et  gloria  consors, 
iliquipar  et  regnum ,  splendor,  honor,  solium  ! 

(Bibl.  de  Saint-Gall,  300,  xii-  siècle,  pp.  1  et  2,610.) 


1  i"  lablc  des  Versus  : 
.Viinua,  sanclc  Dei,  celebremus  fesla  diei. 


.\rdua  spcs  mundi ,  solidator  et  inclj te  cœli. 


.\udax  es,  vir  juvcnis. 


.\urea  lux  terra;,  doniinalrix  inclyta,  salve. 


Ave,  beali  germinis, 
clytc. 


Invicte  rcx  et  in- 


Vcrsus  Radperti  de  festivitate  sancti  Galli,  Bibl. 
de  Saint-Gall,  381,  p.  1-4.  Cf.  360,  p.  25,  etc., 
et  Palrologie  de  Migne,  d'après  Canisius, 
LXXXVII,  col.  35. 

Versus  Hadporti  ad  proce«<ionem  diebus  do- 
minici?.  Pibl.  de  Saint-Gall,  381,  p.  42, 
et  350,  p.  23.  .Munich,  lat.,  11083,  f»  3«  v  (  ms. 
de  Saint -Emmeran),  etc.  Dans  le  ms.  3C0, 
la  rubrique  est  la  suivante  :  Infra  Ocl.  Peu- 
tecotte» ,  etc.  Dans  le  ras.  de  Saint -Emme- 
ran, ces  vers  sont  mis  au  nombre  des  Domi- 
nicale» Utaniœ.  —  Cf.  Palrolotjxe,  LXXXVII , 
col.  30. 

Petit  [Mjème,  dont  les  vingt-trois  o'Uplfts  com- 
mencent par  .\,  B,  C...  II  a  pu  être  employé  pra- 
tiquement le  mercredi  des  Cendre?,  puisqu'on 
lui  a  donné  wmme  refrain  les  fameuses  pa- 
roles :  Attende,  Homo,  quia  putci*  e$,  et  in 
pxtlvrrem  recerlerit.  [Mono,  Hymni  lalini 
medii  ecvi ,  I,  p.  3»5,  no  288). 

Versus  Hadperli  ad  reginam  suscipiendam.  Bibl. 
de  Sainl-iiall,  3.^1.  p.  S8,  etc.  Cf.  Patro- 
logie,  LXXXVII,  col.  il. 

Ad  su^icipicndum  roî.'om '(  versus]  Nolkcri  ma- 
gislri.  Bibl.  de  Saint-Gall.  381.  p.  47.  Cf. 
Patrologif,  LXXXVII.  col.  40. 


A  SAINT-GALL 


LES    VERSUS 


27 


un  moment  le  centre  musical  du  monde  chrétien.  Je     | 
me  persuade  qu'aux  ixe  et  xe  siècles  tous  les  moines  y     S 


Carmina  nuncfeslis  psallamus  ritechoreis. 


Christus  ad  nostras  venial  camœnas. 


Cru;;  fidelis,  intor  omnes  arbor  una  nobilis. 


Cuni  natus  esset  Doniinus. 


Dum  pietas  multinioda,  —  Deus  gubcrnans 
omnia. 

Exornet ,    niundando   nostra   —    Clemen- 
tissime  pectora. 

Factor  orbis  angelorum  per  novenos  ordi- 


Feslum  sacratum  psallimus. 


Gloria,  laus  cl  honoi-  libi  sit,  rex  Chrisle 
redenipior. 


Hœc  est  clara  dies,  clararum  clara  dierum, 
Humili  prece  et  sincera  devotione. 


Imperatorum  genimen  potcntium. 


Inventer  rutili,  dux  bone,  luniinis. 


De  sancto  Magno  ,  auctore  Hartmanno.  Bibl. 
de  Saint- Gall,  381,  p.  101.  Cf.  Patrologie, 
LXXXVII.col.  47. 

In  Ascensione.  Aurtore  quodam  monaclio  Sancti 
Galli  anonymo.  Bibl.  de  Saint-Gall,  381,  p.  138,  et 

■    360,  p.  17,  etc.  Cf.  Patrologie,  L.XXXVII,  col.  33). 

Feria  sexta  hebdomadis  sacrœ  :  Fange  lingua 
gloriosi ,  etc.  Auctore  Venantio  Fortunato. 
(V.  Lettres  chrétiennes,  janvier- février  1882, 
p.  245  et  suiv.  CL  yione,  H ijmni  latinimedii 
aevi,  I,  p.  131 ,  n»  101 ,  etc.  etc.)  C'est  un  des 
types  les  plus  anciens  des  Versus  ;  mais  ce 
n'est  réellement  qu'une  hymne  chantée  en 
cette  circonstance  avec  un  refrain. 

Versus  [Hartmanni]  de  festivitate  Innocentiuni. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  381,  p.  27.  Cf.  Ilymni 
latini  medii  sévi ,  III,  p.  32,  no  640,  et  Patro- 
logie, LXXXVII,  col.  31. 

De  sancta  Maria  Magdalena  ;  auctore  sancto  .\ud- 
berto  episcopo?  Ms.  bisontin  du  xf  siècle.  Bibl. 
de  la  Propagande,  Borgia,  M  VI  27,  fo  236  v. 

In  Penlecoste.  Bibliothèque  de  Saint-Gall,  360, 
p.  21,  etc. 

?  In  festo  sancti  Michaelis.  Il  n'est  pas  certain, 
à  beaucoup  près ,  qu'on  ait  jamais  chanté  ces 
Versus  dans  les  processions.  —  Mené,  Ilymni 
latini  medii  wvi,  I,  p.  438,  no  306. 

In  festivitate  sancti  Othmari.  Auctore  ?  Rad- 
perto.Bibl.  de  Saint-Gall,  360,  p.  27,  etc.  Cf. 
Patrologie,  LXXXVII,  col.  33. 

In  ramis  Palmarum.  Auctore  Theodulfo.  Un  de 
nos  plus  anciens  types  des  Versus.  Bibl.  de 
Munich  lat.,  14083,  fo  85  ro.  Bibl.  nat.  lat., 
1121,  fo  143  vo,  et  1240,  fo  21  vo  (mss.  de 
Saint -Martial),  etc.  etc.  De  tous  les  Versus, 
c'est,  avec  le  Crux  fidelis  et  l'O  Eedemptor, 
le  seul  qui  soit  définitivement  entré  dans  le 
corps  de  la  liturgie. 

In  die  Paschae,  »  in  reditu  fontium  ».  Bibl.  nat., 
nouv.  acq.,  1235,  fo  76  vo,  etc.  etc. 

Versus  Hartmanni  ad  processionem  dominicis 
diebus.  Cette  lilania,  approuvée  par  le  pape 
Nicolas  m  y  est  l'œuvre  la  plus  célèbre  d'Hart- 
mann :  Bibl.  de  Saint-Gall,  381, p.  29;  Bibl.  de 
Munich  lat.,  14083,  fo  3  vo,  etc.  etc.  —  Dans 
le  ms.  de  Munich,  qui  vient  de  Saint -Emme- 
ran,  ces  vers  sont  placés  parmi  les  Dominica- 
les letaniœ.  —  Cf.  Patrologie,  LXXXVII,  col.  32. 

Ad  regem  suscipiendum.  Auctore  ?  Waldramno 
decano.  Bibl.  de  Saint-Gall,  381,  p.  loO,  etc. 
Cf.  Patrologie,   LXXXVII,  p.  44. 

In  sacro  Sabbato,  novum  lumen  ad  dcferendum  de 
sacrario  in  ecclesiam,  isti  versus  Prudentii canen- 
di  sunl  :  Berlin,  Theol.  lat.,  no  1 1,  fo  42  ro,  etc. 


2S 


in.-TOIHK    I)K    LA    l'OhlSlK    \AT\J  ÏH.Kji:]-: 


devaient  «'tre  musiciens;  mais  quatre  noms,  à  tout  le 
moins,  méritent  detre  arrachés  à  lOiihli  :  Notker, 
Ilarlin.iiiii.   Iiailpcrt .  Tutilnii. 


Jani  fidcli»  liirlin  fralrtim  voce  dulciïonct. 


I.auilcfi,  omnifiotens ,  forimus  tihi  doua  h 
renie». 


Miles  nd  caslrum  propcrcs  novclluiii. 

Mire  cunclorum  Deus  cl  crcalor. 

O  Hedemplor,  sumc  «armon  tomcl  (onci 
ncntiuin. 


Pangc,  lingua,  gloriosi.  (V.  Criix  fideliê.) 
P/ieumatis  aetcrni,  Deus,  assit  gratia  nobis. 

lîcx    bcncdicle ,    veni ,    visons  liabitacula 
Galli. 

Hex  sanclorum  angeloruni ,  loium  miinduni 
adjuva. 


Sacrnla  libri   dogmata  —  l'urlantiir    evan- 

goiici. 


Salve,  crux,  salve,  niiindi. 

Salve,  festa  dies,  loto  vcncrabilis  aevo. 


Versus  ad  soleinnern  (lor  campos  et  montes  pro- 
ccA<<ion<-m  de  rcliquiis  sancti  (iallL  Auctore? 
Waldrainno  :  Palrologie ,  I, XXXVII,  o>\.  Vt. 

Vcrwu"  (Madpcrli?)  ad  Kucliaristiam  samt^ndam. 
liibl.  de  Sainl-Gall ,  3H0,  p.  104  et  3«t ,  p.  45. 
Ft.rliii ,  Theoi.  lat.,  n«  11,  f»  54  r».  Munich, 
lat..  liffr'a,  f«  85  vo,  etc.  etc.  Cf.  Palrologie, 
I-XXXVII.col.  40. 

Inviiatio  »ancli  Magni;  anonymi.  Patrotogif , 
LXXXVII,  col.  4«. 

I<adperli,dc  sancio  Mapno.  Bibl.  do  Sainl-Gall,  3«l, 
p.  151,  etc.  Cf.  Po<ro/o^i>,  LXXXVII,  col.  4i. 

Versus  ad  chrisma  canendi.  Berlin,  Theol.  lat., 
n»  11,  32  ro;  Londres,  Add.  manu?.  1976»*, 
fo37,  etc.  etc.  Cf.  .Mone,  /.  c,  p.  102,  n»  M),  c\n.  etc. 
Ce  chant  remonte  certainement  à  une  plus  haute 
antiquité  que  la  plupart  des  autres  Venu». 

In  Pentecoste.  Bibl.  de  Saint -Gall,  360,  p.  21, 

et  Ztii,  p.  14,  etc. 
Versus  Waidramni?  ad  suscipicndum  rcgem.  Bib!. 
de  Sainl-Gall,  3«l ,   p.   14,   etc.  Cf.  Palro- 
logie, LXXXVII,  col.  44. 

Bibl.  de  Sainl-Gall,  300,  p.  20;  381,  p.  49;  382, 
p.  14,  etc.  etc.  Il  Ad  desccnsum  fontis  •  (Bibl.de 
Sainl-Gall,  381).  «  Lelanix  ad  baplismum 
in  Sabbato  sancto.  ■>  (Munich,  lat.,  140x3, 
fo  83  ro).  I)  In  noctc  vcl  die  Pasch* ,  ad  bap- 
lismum,  in  fonte  sancti  baptismi  *  (Mone, 
Hymni  latini  fnedii  levi ,  I,  p.  183,  n»  138). 
Cf.  Palrologie.  LXXXVII.  col.  40. 

Versus  liartmanni  anlcEvangclium,  cum  lepalur. 
canendi:  Bibl.  de  Sainl-Gall,  3«<i.  p.  !i>l  ;  381, 
p.  22,  etc.  Cf.  Mi>no, //j/nini  latiui  medii  «ci, 
I,  p.  302,  cl  Palrologie,  LXXXVII,  col.  -29. 

Sur  la  croix  :  «  L)ulco  lignum  «  :  Echlernach,  Bibl. 
nat.,105I0,f°49,elc.  Cf.  Beiners,/.  c,  pp. 90,»!. 

Il  Versus  Forlunati  de  resurrectione  Domini.  • 
(Bibl.de  Sainl-Gall,  381,  p. 30.)  ■  In  ilie  Pas 
chx.  •>  (Bibl.  de  Saint -Gall,  360.  p.  5.  Berlin, 
Theol.  lat.,  n«  11,  46  r<>.  Muni.-h.  lai..  140».  f»  « 
v»,  etc.  etc.)  Cf.  Martène,  De  anliçui*  BecU- 
$iœ  rilibus,  III,  508,  etc.  elc.  —  On  répète  oc 
chanl  les  2«-5«  dimanches  après  Pâques,  mais 
avec  des  vers  Sf>ooiaux  pour  chaque  dimai>chc  : 
2»  dimanche  :  Chrisle,  decus  rcrum ,  bon«  con- 
dilor  alquc  redemptor.  Bibl.  de  Sainl-Gall, 
360,  p.  7.  —  3»  dimanche  :  Qui  cracifiia»  eml, 
Deus  ecrc  per  omnia  régnai.  Ibid.,  p.  8.  — 
4»  dimanche  :  Qui  pcnus  humanum  cernons 
mersissc  profundo.  Ibid.,  p.  9.  — >  dimanche  : 
Bex  sacer,  ecce  tui  radial  pars  ma^nui  trium- 
phi.  Ibid.,  p.  10. 


A  SAINT-GALL  —  LES    VERSUS  29 

Notk^r  n'a  pas  été,  il  est  vrai,  le  premier  inventeur 
des  Proses;  mais  il  les  a  si  visiblement  perfectionnées, 
qu'il  a  fait  oublier  les  pauvres  moines  neustriens,  dont 
l'œuvre  était  à  la  fois  si  ingénieuse  et  si  imparfaite. 

Tutilon,  qui  mourut  dans  le  premier  quart  du 
xe  siècle,  peut  passer  pour  le  véritable  créateur  des 
Tropes,  et  il  n'a  eu  que  trop  d'imitateurs. 

Enfin  son  contemporain  Hartmann  est,  avec  Rad- 
pert,  l'auteur  incontestable  d'un  certain  nombre  de 
pièces  en  vers,  qui  commencèrent  sans  doute  par 
être  modestement  extra -liturgiques,  mais  finirent,  à 
Saint- Gall  et  ailleurs,  par  revêtir  bientôt  un  carac- 
tère plus  officiel.  C'est  ce  qu'on  appelle  fort  simple- 
ment les  versus. 


Salve,  festa  dies,  laudabilis  atque  bcata.      In    susceptione    principis.    Auctore  ?    Tutilonc. 

Bibl.  de  Saint -Gall,  360,  p.  33.  Patrologie, 
LXXXVII,  p.  56. 

Salve,  lacleolo  decoratum  sanguine  festum.    Versus  Hartmanni  de  natali  Innocentium.  Bibl. 

de  Saint -Gall,  381,  p.  25,61360,  p.  2,  etc.  Cf. 

Patrologie,  LXXXVII,  col.  31. 
Salve,   mirificuni   semper   Deus   in  Pâtre    In  Xalivitate  Domini.  Bibl.  de  Saint -Gall,  360, 

Verbum;—  ...  Venisti  mundo.  p.  I,  etc.  Cf.  Patrologie,  LXX.XVII,  col.  55. 

Salve,  mirificuni,  etc..  —  Hoc  fecundata.     In   Epiphania  Domini.  Bibl.  de  Saint -Gall,  360 

p.  3,  etc.  Cf.  Patrologie,  LXXXVII,  col.  55.  ' 
Salve,  pater  regum  invictissimoruni.  Versus  Radperti  ad  regem   suscipiendum.  Bibl. 

de  Saint -Gall,  381,  p.  46,  etc.  Cf.  Patrologie. 

LXXXVII,  col.  40. 

Suscipeclementem,  plcbs  devotissima ,  re-  Versus  ad  suscipiendunn  regem.  Auctore  ?  Hart- 
gem.  manno.  Patrologie,  LXXXVII,  col.  43. 

Tellus  ac  astra  jubilent —  In  cœna  magni  «Versus  in  Cœna  Domini  ad  Mandatum»  (Mu- 
principis.  nich ,  lat.,  14083,  fo  86  ro.  Berlin,  Theol.  lat., 

no  11,  fo  37  vo.  Bibl.  Na'.,  1240,  fo  24,  etc. 
Cf.  Jlone , //j/mni  latini  medii  asvi ,  I,  p.  101, 
no  79.  (I  Versus  Fhivii.)  i>  Dans  le  nis.  de  Mu- 
nich, qui  provient  de  Saint-Eninicran ,  on  lit  la 
rubrique  suivante,  qui  a  son  importance  : 
(I  Versus  in  Cena  Domini  ad  refectorium  ca- 
nendi.  (  fo  86  vo.)  » 

Votis  supplicibus  voces  super  astra  fera-  Rhylmica  litania.  Auctore  ?  Notkero.  Palro- 
mus.  /o^ie,  LXXXVII,  col.  42.  Munich,  lat.,   14083, 

fo  4  vo  (ms.  de  Saint-Emmeran),  etc.  Dans  ce 
ms.  le  Votis  est  compté  au  nombre  des  Do- 
minicales lilanix. 

Cette  table,  que  nous  ne  donnons  pas  comme  complète,  sera  par  nous  tenue  au  courant 
et  complétée  dans  une  édition  ultérieure. 


30  HISTOIHI':   ItK   l,A   l'OÉSIK   LITITirilnlK 

;       Lo  l)ut  do   la    [tliipait    do   cos   entreprises  est  tou- 
j    jours  le  môino  :  «  iJoinier  à  TOffico  sacn'  i)lus  de  dé- 
veloppement avec  plus  de  solennité.  » 

Il  est  en  effet  certain  que,  dans  les  monastères 
carlovingiens ,  il  y  eut,  après  les  réformes  dues  à 
la  vigueur  et  au  génie  de  Charlemagne,  un  grand 
mouvement  de  piété  qui  n"a  pas  encore  été  assez 
remarqué.  La  liturgie,  dont  le  chant  venait  dtHre  si 
heureusement  restauré ,  passionnait  ces  populations 
de  moines  qui  habitaient  les  vastes  abbayes.  Les 
laïques  eux-mêmes,  dont  la  ferveur  était  encore 
toute  vive,  prenaient  part  à  cet  engouement,  et  quatre 
ou  cinq   heures  d'office  ne  leur  faisaient  pas  peur. 

Hartmann  et  Tutilon  se  proposèrent  donc  le  même 
dessein,  mais  employèrent  des  moyens  différents. 

Hartmann  composa  toute  une  série  de  petits  poèmes 
à  refrains  que  Ton  chantait  tout  dune  teneur,  en  cer- 
tains moments  de  l'Office,  mais  surtout  à  la  proces- 
sion ou  avant  TÉvangile.  Il  eut  un  émule.  Radpert. 
qui  employa  dans  le  même  cloître  la  même  méthode, 
et  auquel  nous  devons  plusieurs  de  ces  poèmes,  plu- 
sieurs de  ces  versus  doù  la  vraie  poésie  n"est  pas 
absente  et  qui,  avec  un  caractère  sévèrement  clas- 
sique, ont  toujours  un  certain  air  de  grandeur. 

Représentons  -  nous  ici,  d'une  laçon  vivante,  les 
longues  files  de  moines  se  développant  sous  les 
cloîtres  immenses  et  faisant  solennellement  leur  entrée 
dans  le  chœur  en  chantant  par  exemple  VHumili  prece 
et  sincera  devotione.  Encore  un  coup,  c'était  grand. 
Tutilon'  eut  recours,  lui,  à   un  autre  svstème  :  il  in- 


'  11  a  aussi  composé  dos  rc»>u.s  el  cultive  réollomen!  tous  les  penrcs  ;  mais 
nous  prenoiKs  ici  sa  «  doniinaiilo  >>. 


A  SAINT-GALL  —  LES    VERSUS  31 

terpola  les  textes  préexistants  de  la  liturgie  grégorienne. 
Il  prit  entre  ses  mains  un  Introït,  lui  composa  une 
sorte  de  petit  prologue;  prépara,  annonça,  commenta 
chacun  de  ses  membres  de  phrase,  et  fit  chanter 
toutes  ces  petites  additions  sur  des  mélodies,  sur 
des  cantilenx ,  sur  des  tro'pi,  qui  tantôt  avaient  une 
existence  antérieure,  et  qui  tantôt,  sans  doute,  avaient 
été  composés  par  lui  ou  par  quelques-uns  de  ses 
frères. 

Ce  furent  les  Tropes. 

Les  deux  systèmes  sont  loin  d'offrir  les  mêmes 
dangers ,  et  nous  n'hésitons  pas  à  préférer  celui 
d'Hartmann  et  de  Radpert.  Ces  poètes ,  à  tout  le 
moins,  ne  touchaient  pas  d'une  main  téméraire  aux 
textes  mêmes  des  livres  grégoriens,  et  rien,  après 
tout,  n'était  plus  aisé  que  de  faire  abstraction  de  leurs 
poèmes.  Ces  vers ,  plus  ou  moins  élégants  et  parfaits , 
étaient  simplement  parallèles  ou  juxtaposés  au  vieil 
Antiphonaire  pontifical  :  ils  n'étaient  pas,  comme  les 
Tropes,  soudés  et  collés  avec  lui. 

Les  Versus  n'ont  porté  réellement  aucune  atteinte 
à  la  beauté  de  la  liturgie  :  les  Tropes  ont  failli  la 
ternir. 

Il  est  temps  de  les  étudier  de  plus  près. 


CHAPITRE  Y 


A   QUELLE  EPOQUE  REMONTENT  LES  TROPES 


Plusieurs  opinions  ont  été  émises  sur  la  date 
originelle,  sur  l'antiquité  des  Tropes.  Elles  peuvent 
se  réduire  à  trois. 

Que  les  Tropes  remontent  «  plus  haut  que  le 
ixe  siècle  »;  qu'ils  aient  pris  naissance  à  Rome;  qu'ils 
aient  été  l'œuvre  de  saint  Grégoire  et  de  ses  premiers 
continuateurs,  c'est  une  thèse  téméraire  et  qu'on  ne 
saurait  véritablement  appuyer  sur  aucun  document. 
Le  cardinal  Bona  et  Martin  Gerbert  en  ont  fait  justice 
avant  nous  ^ 

Que  les  Tropes  n'aient  paru  dans  l'Église  que  vers 
les  dernières  années  du  xe  siècle,  aux  environs  de 
l'an  mille,  c'est  une  doctrine  qui  nous  avait  séduit^ 


'  «  De  quibus  [tropis]  nuUum  superest  moaumentum  tempore  Adriani  IL.., 
ne  quid  de  Gregorio  Magiio,  Adriano  I  et  Alcuino  dicani  a  quibus  cantilense  ha? 
festivales  constitutœ  dicuntur.  »  (Martin  Gerbert,  De  Cantu  et  Musica  sacra  a 
prima  Ecclesise  éclate  usque  ad  jirsesens  tempus,  in  monasterio  Sancti  Blasii,  1774,  . 
I,  p.  3'»L)   Dom  Guéranger  a  dit:  «  Les  Tropes  furent  comme   une   première   l 
ébauche  des    Séquences    qui    leur  succédèrent.  »  {Institutions    liturgiques ,    \       ., 
2»  édit.,   I,    pp.  248,249.)  C'est,   suivant  nous,  le  contraire  qui  est  la   vérité.    '  (\vl 

2  n  Essai  sur  la  poésie  liturgique  au  luogen  âge,  Proses,  Tropes,  Offices  rimes, 

I  —  3 


3/1  HISTnlKK   DE   LA   POÉi^IK   MTrRriIQT'E 

après  Bona  lui -môme  ',  et  nous  l'avons  défendue  jadis 
avec  d'autant  plus  de  vivacité  que  nous  ne  connais- 
sions encore,  à  cette  époque,  que  les  Tropaires  de 
Paris. 

Une  étude  attentive  des  Tropaires  de  Saint -Gall 
nous  permet  aujourd'hui  d'affirmer  que  les  Tropes  re- 
montent au  xe  siècle,  et  même  un  peu  [)lus  haut. 

Le  plus  ancien  des  Tropaires  de  Saint- Gall  est  celui 
qui,  dans  la  charmante  hibliothèque  de  l'antique  ab- 
baye, porte  aujourd'hui  le  n»  484.  C'est  un  minuscule 
manuscrit,  un  des  plus  petits  que  le  moyen  âge  nous 
ait  légués.  Un  joyau  ! 

Ce  Tropaire  est  du  xc  siècle. 

C'est,  notez-le  bien,  un  Tropaire  bien  constitué, 
complet,  régulier,  et  qui  nous  offre  de  précieux  élé- 
ments de  critique.  On  y  peut  lire  notamment  le  fa- 
meux Trope  de  l'Offertoire  de  saint  Etienne  :  Omnium 
virtutum  gemmis,  et  le  Trope  non  moins  célèbre  de  l'In- 
troït de  Noël  :  Hodie  cantandus.  Ce  ne  sont  pas  là  des 
documents  à  négliger  :  car,  dans  ses  Casus  Sancti 
Gain,  Ekkehard  attribue  nettement  ces  deux  mêmes 
pièces  à   Tutilon  -,  et  une   telle  autorité  est  décisive. 


suivis  d'une  Histoire  de  la  Versification  latine  à  la  même  épociue  :  »  positions 
de  la  thèse  soutenue  à  l'École  des  Chartes,  le  l 'i  novembre  Itôo.  —  Cours  pro- 
fessé à  l'École  des  Chartes,  1866.  —  Monde,  10  octobre  1873. 

'  «  Nullum  eorum  [Iroporum]  inveni  .npud  scriptores  (|ui,an(e  annum  Christi 
niillesimum,  libres  de  divinis  (ifliciis  ediderunt.  »  (licrum  lilurgicarum  Uliri  duo, 
Koiiia',  1671,  in-'i",  p.  2%.) 

*  «  Quœ  auteiu  Tuotilo  dictaverat,  siiipularis  et  apnoscibilis  nielodiae  sunt.  quia 
per  psalterium  seu  per  rothlam,  qua  potontior  ipse  erat,  iieumata  inventa  dul- 
ciora  sunt,  ut  apparet  in  Hodie  cantandus  el  Omnium  virtutum  gemmis,  Qt os 
QuiuEM  TROPos  Karolo,  ad  Oflerendam  quain  ii>se  rex  fecerat ,  obtllit  caxendos. 
nui  rex  etiam,  Viri  Galilivi  olTerendani  i  uni  diclasset,  Tuotiluni  versus  addere 
injunpit,  ut  aïunt  ;  Quoniam  Dominus  Je^us  Christus,  cum  esset ;  ihnniiMtens 
ijcnitor,  fons  et  origo,  cum  sequentibus,  Haudcte  et  cantate,  et  alios  quidem  ;  sed 
islds  proposuimus,  ut  quam  disjiar  ojus  nielodia  sit  ca'leris,  si  musicus  es.  noris.  • 
(  Kkkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli,  cap.  m.  Perlz,  Sa'iptores,  U.  p.  101.) 


A  QUELLE  EPOQUE  REMONTENT  LES  TROPES   35 

Quel  était  donc  ce  Tutilon  dont  nous  aurons  si 
souvent  à  prononcer  le  nom,  et  dont  la  biographie  va 
si  heureusement  nous  servir  à  fixer  la  date  des  pre- 
miers Tropes  '  ? 


'  Notice  sur  Tutilon.  Ekkehard  nous  a  tracé  de  Tutilon  un  «  crayon  »  très  ori- 
ginal. Après  avoir  parlé  de  Notker,  il  lui  oppose,  ainsi  qu'il  suit,  Tinventeur  pro- 
bable des  Tropes  et  l'auteur  de  ces  célèbres  vers  :  Salve,  mirificurn,  dont  nous 
avons  eu  l'occasion  de  parler  plus  haut  :  «  At  Tuotilo,  longe  aliter,  bonus  erat  et 
utilis.  Homo  lacertis  et  omnibus  membris,  sicut  Favius  atlhetas  eligere  docet; 
erat  eloquens,  voce  clarus,  celaturae  elegans  et  picturae  artifex;  musicus  sicut  et 
socii  ejus;  sed  in  omnium  génère  fidium  et  fiitularum  prœ  omnibus:  nam  et 
filios  nobilium,  in  loco  ab  Abbate  destinato,  fidibus  edocuit.  Nuntius  procul  et 
prope  sollers;  in  structuris  et  cœteris  artibus  suis  efficax;  concinnandi  in  utraque 
lingua  potens,  et  promptus  natura,  serio  et  joco  festivus  ,  adeo  ut  Karolus 
noster  aliquando  ei  maledixerit,  qui  talis  naturœ  hominem  monachum  fecerit. 
Sed  inter  hœc  omnia  (quod  pra3  aliis  est)  in  choro  strenuus,  in  latebris  erat 
lacrymosus  ;  versus  et  melodias  facere  prœpotens  ;  castus,  ut  Marcelli  disci- 
pulus  qui  feminis  oculos  clausit.  »  (  Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli ,  cap.  m. 
Pertz,  Scriptores,t.  II,  p.  94.)=  Ekkehard  raconte  ici,  avec  quelque  complai- 
sance ,  un  beau  trait  de  la  sévérité  de  son  héros  à  l'égard  d'un  moine  qui  avait 
été  sur  le  point  de  succomber  à  une  tentation  impure.  Mais  il  se  complaît  encore 
plus  vivement  dans  l'éloge  de  cette  belle  et  universelle  intelligence  de  Tutilon  : 
«  Tuotilo  vero,  abbatum  sub  quibus  militaverat  permissis  plerumque  et  prœceptis, 
multas  propter  artificia  simul  et  doctrinas  peragraverat,  ut  in  suo  capitule 
tetigimus,  terras.  Picturas  etiam  et  anaglyphas  carminibus  et  epigrammis  deco- 
rabat  singulariter  pretiosis;  tantœque  auctoritatis  ,  ubicunque  moraretur,  appa- 
ruit,  ut  nemo  illum  qui  vidisset ,  Sancti  Galli  monachum  dubitasset.  Erat  autem 
in  divinis  et  humanis  ad  responsa  paratissimus,  et,  si  quid  incondecens,  maxime 
in  monachis,  usquam  vidisset,  pro  loco,  tempore  et  persona,  zelator  erectus.  » 
(Ekkehard,  Casus  Sancli  Galli,  cap.  m.  Pertz,  Scriptores,  II,  97.)  =  Ce 
Tutilon ,  comme  Notker,  avait  partout  la  réputation  d'un  saint ,  et  Ekkehard  nous 
raconte  de  ses  miracles.  La  Vierge  un  jour  descendit  du  ciel  pour  aider  le 
moine-artiste  à  peindre  le  portrait  de  la  Mère  de  Dieu.  Son  biographe  nous  le 
montre  chassant  les  démons ,  et  prend  soin  d'ajouter  :  «  Sunt  vero  et  alia  quae  de 
illo  audivimus  multa.  »^  Quelle  fut  la  date  de  la  mort  de  Tutilon?  Il  est  malaisé 
de  le  déterminer,  et  ce  n'est  pas  le  témoignage  d'Ekkehard  qui  est  ici  de  nature 
à  nous  éclairer  vivement  :  "  De  obitu  autem  ejus  quia  nihil  constaxs  compe- 
RiMus,  hoc  solum,  quod  ad  gaudia  seterna  eum  migrasse  confidimus,  indubi- 
tanter  asserimus.  »  (Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli,  cap.  m.  Pertz,  Scrip- 
ptores,  II,  101.  Cf.  Ekkehardi  V,  VilaB.  Notkeri;  Acta  Sanctonun  Aprilis,  édit. 
Palmé,  I,  p.  187.)  Il  faut  donc  aller  chercher  nos  ressources  ailleurs.  Le  Codex 
traditionum  Sancli  Galli  {i\°  l'S,  ed.nov.  771)  nous  fait  connaître  un  diplôme  de 
l'abbé  Salomon,  en  date  de  912,  où  l'on  trouve  parmi  les  signa:  «  SignumTuo- 
tilonis  hospitarii.  »  D'un  autre  côté,  on  lit  dans  le  Necrologium  de  Saint-Gall 
(  v  kal.  maii)  ;  «  ObitusTuutilonismonachi  atque  presbyteri.  Doctoriste  nobilis  ce- 
latorque  fuit  »  (Bibl.  de  Saint-Gall,  n°91o.)  D'où  il  suit  que  Tutilon  existait  encore, 
selon  toute  apparence ,  en  l'année  912,  et  qu'il  mourut  le  27  avril ,  après  912,  d'une 
année  qu'il  reste  à  fixer.  Le  bibliothécaire  de  Saint-Gall,  qui  a  publié  dans  les 
Scriptores  de  Pertz  tous  les  manuscrits  relatifs  à  l'histoire  de  la  célèbre  abbaye. 


36  iiisTrJinr-:  dk  i.a  i-oksik  liturgique 

C'était,  avec  Radpcrt,  l'ami  liVs  tciidiv  de  ce  Notker 
qui  était  la  gloiiv  du  monastùrc  de  Saiiil-(iall.  Elèves 
des  mêmes  maîtres,  de  Marcel  et  d'Vsoii.  ils  aimaient 
d'un  môme  amour  les  belles-lettres  et  Dieu.  Ces  trois 
âmes  d'élite,  ces  trois  belles  intelligences  étaient  fra- 
ternellement unies,  et  un  historien  de  Saint-Gall  les 
appelle,  illi  très  inseparabiles.  On  vit  souvent  ces  trois 
moines  se  promener  sous  1(;  cloître  de  Icin  chère  ah- 
baye.  C'est  là  sans  doute,  ou  dans  le  silence  du  scrip- 
torium ,  qu'ils  se  montraient  leurs  œuvres  récentes, 
Notker  sa  dernière  prose,  Tutilon  ses  Iropi,  et  Uadpert 
ses  versus.  Hartmann  n'était  pas  loin. 

Tutilon  n'avait  pas  la  même  nature  que  Notker, 
lequel  est  qualifié  par  son  biographe  de  cette  belle 
épithètc  :  mitissimus  hominiwi.  Tutilon  était  plus  viril 
et  savait  môme,  à  l'occasion,  être  vigoureux  et  i  iule. 
Bel  homme  et  d'une  verve  si  entraînante,  que  l'em- 
pereur Charles  s'écriait  un  jour  en  le  voyant  :  «  Quel 
«  dommage  qu'il  soit  moine!  »  pieux  et  chaste  jusqu'à 
la  sainteté,  sachant  baisser  les  yeux  devant  les  dangers 
du  monde,  esprit  en  éveil,  homme  universel,  il  était 
à  la  fois  poète,  orateur,  musicien,  peintre  et  ciseleur; 
semblable  à  ces  artistes  de  la  Renaissance  qui  furent 


D.  I.  von  Arx,  ajoute  en  parlant  do  Tutilon  :  «  Scpultus  est  in  capella  sancta? 
Catharinœ,  quœ  postea  s^ancli  Tulilonis  pacellum  fuit  nuncu|>ata.  »  ( /.  c,  U, 
p.  101,  note  32.)  I/épiLiphe  du  saint  moine  nous  a  été  consen'ce  :  «  Vir- 
frinis  alniifica;  pictor  mira  arte  Tulclo,  —  E.xcollons  nierilis  et  piotate  |>oten<, 
=  Nemo  Irislis  abit  qui  te  colit  cl  veneralur;  —  Fors  cunctis  plarid<-)ni  <]uip|>c 
salutis  oi)eni.  »  Cf.  sur  l'ensemble  de  la  vie  de  Tutilon  :  ICkkehard  IV,  /.  r. 
—  Ekkeliard  V,  Vita  li.  Notkeri,  Aria  6'a»j<7ewi/m  ,  t.  I  .\prilis  ,  p.  58fi. — 
B.  Pez  ;  Anecdotorutn  lliesaurus,  Aujïu.>-ta'  Vindelicoruni,  ITil-IT'i».  I.  pars  m, 
p.i>72. —  Canisius,  édit.  Basnape,  t.  Il,  |>ars  m.  pp.  IS^,  !><*>.  —  DWchéry  et  .Ma- 
billon,  Acta  Sa)iclontm  Ordinis  sancii  Uenedicti ,  sa»c.  v,  p.  13.  —  Histohv  lillé- 
raire,  t.  V,  p.  071.  —  U.  Ceillier,  Histoire  des  auteurs  sacrés  et  ecrlèsiasttifues , 
édit.  Vives,  XU,  pp.  7(»:<,  70'..—  Vntmlntjic.  I.XXXVII .  roi.  5l-5f>.  .-t  C.XXIX, 
H(UJ,  S6f>,  otr.  .-le. 


A   QUELLE   EPOQUE   REMONTENT   LES  TROPES      37 

plus  tard  tout  cela,  et  qui  le  furent  d'une  façon  supé- 
rieure. Tutilon  était  illustre.  On  faisait  appel,  de  fort 
loin,  à  son  talent  de  peintre  et  de  ciseleur,  et  il  trou- 
vait le  secret  d'utiliser  dans  cet  art  son  talent  de  poète 
en  composant  lui-même  les  inscriptions  de  ses  images  : 
Ecce  polo  potior  solio ,  terraque  scabello^,  inscrivit-il 
un  jour  sur  un  autel  d'or  où  il  avait  peint  la  majesté 
de  son  Dieu.  Nous  ne  le  pouvons  aujourd'hui  juger  que 
comme  poète,  et  le  préférons  comme  ciseleur.  Les 
quelques  Tropes  qu'il  nous  a  laissés  ne  sont  pas  notable- 
ment au-dessus  de  tous  les  autres  ;  mais  enfin  ce  sont,  à 
notre  sens,  les  premiers  que  l'on  connaisse.  Ajoutons, 
en  réservant  ici  la  gloire  du  musicien,  que  Tutilon  eut 
l'honneur,  comme  tropiste,  d'être  le  collaborateur  de 
Charles  le  Gros.  Ils  échangeaient  leurs  compositions, 
et  ce  n'est  peut-être  pas  manquer  de  respect  à  l'em- 
pereur et  aux  Tropes  que  de  penser  que  Charles  eût 
pu  mieux  employer  son  temps. 

Les  meilleures  amitiés  sont  tôt  ou  tard  brisées  par  la 
mort.  Notker  mourut  en  912  et  Radpert  dès  902;  mais 
il  y  a  bien  plus  d'incertitude  sur  l'époque  où  le  der- 
nier des  «  trois  inséparables  »  quitta  son  cher  Saint- 
Gall  pour  «  le  monastère  du  ciel  ».  Scherer  se  fonde 
sur  un  diplôme  de  912  qui  porte  le  seing  Tutilonis 
hospitarii,  pour  prolonger  sa  vie  de  quelques  années. 
La  vérité  est  que  cette  date  avait  été  de  bonne  heure 
oubliée,  même  à  Saint- Gall,  et  Ekkehard  lui-même 
déclare  naïvement  qu'il  n'en  sait  rien  :  «  De  obitu  ejus 
nihil  accepimus.  »  0  gloire! 

Somme  toute,  Tutilon,  qui  fut  probablement  l'auteur 

*  Ekkehard  IV,  Casus  Sancli  Galli,  cap.  m.  Perlz ,  Scriptores,  H,  p.  98. 


38  HISTOIHE   DE   [.A   POÉSIE  LITURGIQUE 

des  premiers  Tropes,  a  vécu  à  la  fm  du  ixe  siècle,  au 
commencement  du  xc. 

Les  Tropes  «  avec  paroles  »  (les  autres  ne  sont  pas 
en  cause)  sont,  à  tout  le  moins,  aussi  vieux  que  lui. 

D'après  le  manuscrit  484  de  Saint-Gall,  d'après 
celui  de  Vienne,  qui  est  peut-être  plus  ancuen',  on  no 
peut  refuser  aux  Tropes  cette  antiquité  qui  est  scienti- 
fiquement assurée  ^ 


1  nil)l.  imp.,  n»  1609.  Nous  en  donnons  plus  loin  rnnalyse. 

2  La  date  que  nous  venons  d'attribuer  aux  premiers  Tropes  ne  saurait  être  infir- 
mée par  un  texte  que  l'abbé  Lebeufa  publié  dans  son  Traité  /iistori(jue  sur  léchant 
ecclésiastique  (p.  103),  que  dom  Gucranfrera  rcédilc  dans  ses  Institutions  litur- 
giques (2"  éàil.,  I,  p.  266)  et  que  l'abbé  Duchesne  a  transcrit  dans  son  Liher 
ponti/tcalis  (p.  CLxxxii,  note  1).  Il  s'açrit  d'un  supplément  au  Liber  pontifica- 
lis,  d'une  Vie  du  pape  Adrien  II  qui  nous  est  fournie  par  le  manuscrit  latin  2't(Ml 
de  la  Bibliothèque  nationale  :  «  A  la  différence  des  manuscrits  édités  par  Bianchini, 
Vignoli  et  Muratori,  la  vie  de  ce  pape,  que  ces  derniers  nous  présentent  tron- 
quée, offre,  dans  le  manuscrit  cité  par  Lebeuf,  des  particularités  curieuses  qui 
ne  se  trouvent  pas  sur  ceux  qu'ont  publiés  ces  auteurs.  »  (Dom  Guéranger,  /.  c.) 
Or  ces  particularités  ont  précisément  pour  objet  l'origine  des  Tropes,  et  voilà 
qui  nous  met  en  demeure  de  publier  nous -même  ce  texte  in  extenso  :  a  ÏVic 
[Adrianus]  constituit  per  monasteria  ad  Missam  majorera  in  solemnitatibus  prœ- 
cipuis,  non  soluni  in  hymno  angelico  Gloria  in  cxcelsis  Deo  canere  hymnos 
interstinctos  quos  Laudes  appellant  ;  verum  etiam  in  Psalmis  Daviticis  quos 
Introïtus  dicunt  interserta  canlic^a  decantare,  quaï  Bomani  «  festivas  laudes  », 
F'ranci  tropos  appellant  ;  quod  interpretatur  :  «  Figurata  ornamenta  in  laudi- 
bus  Domini.  »  Melodias  quoque  ante  Evangelium  concinendas  tradidit .  quas 
dicunt  Sequentias,  quia  sequitur  eas  Evangelium.  Et  quia  a  domno  papa  Gre- 
gorio  primo  et,  postmodum,  ab  Adriano  una  cum  Alcuino  abbate,  delicioso  ma- 
gni  impcratoris  Caroli,  hœ  cantilenœ  fostivales  constitutœ  ac  compositae  fuerant. 
niultum  in  bis  delectato  supradicto  Cresare  Carolo,  sed  negligentia  c«intorum 
jam  inlermitti  videbantur,  ab  ipso  almifico  pra"'sule  de  quo  loquimur  ita  cor- 
roboratai  sunt  ad  laudem  et  gloriam  Domini  Nostri  Jesu  Christi,  ut,  diligentia 
studiosorum,  cum  Antiphonario  simul  doinceps  et  Tropiarius  in  solempnibus 
diebus  ad  Missam  majorem  cantilenis  frequentetur  honeslis.  »  Quelques  remar- 
ques paraîtront  ici  nécessaires  sur  ce  texte  que  nous  avions  déjà  longuement 
discuté  en  18oo  et  \SC^  :  I"  Tout  ce  qui  concerne  les  Tropes  (et  ne  se  trouve 
pas  dans  les  autres  manuscrits  publiés  par  Bianchini,  Vignoli  et  Muratori)  est 
une  interpolation  évidente.  2°  En  admettant  l'authenticité  de  ce  document,  il 
n'irait  pas  rigoureusement  à  l'encontrc  de  la  date  que  nous  fixons  à  l'origine 
des  Tropes  :  Adrien  11,  en  effet,  est  monté  en  867  sur  le  siège  de  saint 
Pierre  et  est  mort  en  872.  3°  Depuis  les  mots  melodias  quoque  il  ne  s'agit 
visiblement,  dans  le  texte  du  ms.  2i(X)  (où  l'on  s'est  inspiré  du  texte  de  Jean 
Diacre,  publié  plus  haut),  que  des  sequela;  musiciles,  des  vocalises,  des  neumcs 
qui  accompagnent  le  dernier  alléluia  du  Graduel.  Il  ne  saurait  donc  y  êlre  ques- 
tion des  Tropes -parlés.    i°  Le  manuscrit  cité  par  Lebeuf  est  le  Parisinus  l-'ti^. 


A  QUELLE  ÉPOQUE  REMONTENT  LES  TROPES      39 

Selon  toute  probabilité,  ils  ne  sont  postérieurs  que 
de  quelques  années  à  ces  prosdB  que  Notker  écrivit 
vers  860  sur  les  queues  neumatiques,  sur  les  sequelx 
de  l'AUeluia. 

Ces  deux  intimes  et  fraternels  amis,  Notker  et  Tu- 
tilon,  ont  fait,  à  peu  près  vers  le  même  temps,  deux 
œuvres  que  l'on  peut  considérer  comme  analogues  et 
parallèles,  deux  œuvres -sœurs. 


provenant  de  Saint-Martial  de  Limoges.  Ce  manuscrit,  longuement  étudié  par 
l'abbé  Duchesne,  renferme  en  effet  (f»  138-151)  un  Abrégé  du  Liber  pon- 
tificalis  que  l'on  doit,  non  pas  à  un  auteur  romain,  mais  à  Adhemar  de  Cha- 
bannes,  moine  de  Saint -Cybar,  à  Angoulême,  et  champion  célèbre  de  l'aposto- 
lat de  saint  Martial  (f  103 'i).  Ces  dernières  observations,  que  nous  devons  à 
M.  l'abbé  Duchesne,  enlèvent  toute  valeur  au  témoignage  précité.  (V.  le  Liber 
pontificalis,  par  l'abbé  Duchesne,  pp.  clxxxii-clxxxv.) 


CHAPITRE  YI 


LE  MONASTERE  OU  L'ON  A  CHANTE  LES  PREMIERS  TROPES 


Il  y  aurait,  ce  me  semble,  un  charmant  tableau  à 
faire  de  cette  célèbre  abbaye  de  Saint -Gall  durant  la 
seconde  moitié  du  ixe  siècle,  où  il  faut  peut-être 
placer  l'apogée  de  sa  gloire.  Les  documents  ne  nous 
font  pas  défaut,  et  il  serait  presque  aisé  de  rendre 
la  vie,  pour  quelques  instants,  à  ce  grand  monastère 
d'où  sont  sortis  nos  Tropes.  Ce  ixe  siècle,  d'ailleurs, 
est  une  époque  qui  n'a  pas  encore  trouvé  son  peintre, 
et  l'on  y  sent  partout  je  ne  sais  quel  ressouvenir  en- 
core puissant  du  vieil  empire  romain.  L'influence  de 
Gharlemagne,  qui  s'est  éteinte  si  rapidement  dans  le 
monde  politique ,  a  persisté  plus  longtemps  dans  les 
cloîtres.  Les  abbés  de  Saint -Gall  nous  apparaissent 
comme  de  véritables  souverains.  Plusieurs  d'entre  eux 
ont  plus  vécu  à  la  cour  que  dans  le  cloître  ;  d'autres 
ont  été  évêques  en  même  temps  qu'abbés.  La  plu- 
part sont  les  amis  des  Césars,  et  nous  constations 
tout  à  l'heure  que  Charles  le  Gros  ne  craignit  pas 
de    s'abaisser   en    se    faisant    l'humble    collaborateur 


42  iiisToiRi-  i)f-  LA  i»op:sir:  (.ituhoique 

non  [)as  mémo  dos  abliés,  mais  des  moines  de  Saint - 
Gall. 

Une  discipline  rigoureuse  donne  à  ce  corps  mona- 
stique une  vigueur  qui  ne  durera  point  toujours;  mais 
c'est  principalement  comme  école  que  Saint-Gall  est 
célèbre  dans  tout  le  monde  occidental.  Qui  dit  alors 
«  moine  de  Saint-Gall  »  dit  «  un  savant,  un  poète,  un 
artiste  ».  On  était  fier  d'appartenir  h  ce  cloître,  et  Ton 
s'imaginait  volontiers  que  de  tels  religieux  étaient  plus 
intelligents  et  plus  actifs  que  tous  les  autres  moines.  A 
Saint-Gall,  la  musique  régnait;  l'Antiphonaire  de  Ro- 
main y  était  conservé  comme  une  relique',  et  l'on  n'y 
pouvait  faire  dix  pas  sans  entendre  des  bruits  de  psalté- 
rions  et  de  lyres,  ou  sans  voir  des  enfants  armés  de  ces 
longs  rouleaux  (pii  étaient  couverts  de  neumes.  C'était, 
pour  ainsi  parler,  un  concert  perpétuel;  mais  c'était  sur- 
tout une  fête  sans  fin.  Tous  les  jours  nouvelle  solennité  à 
la  basilique,  nouveaux  chants,  nouvelles  proses,  nou- 
veaux tropes.  On  ne  saurait  lire  ces  Tropaires  du  x^  siècle 
sans  envier  les  moines  auxquels  la  liturgie  donnait  tant 
de  joies  sans  cesse  renouvelées.  L'austérité  n'en  souffrait 
pas,  ni  la  piété,  ni  la  foi  ;  mais  on  aurait  tort  de  s'imagi- 
ner qu'on  s'y  ennuyait.  Sous  ce  cloître  sacré,  de  char- 
mantes amitiés  se  nouent,  et  qui  sont  durables  autant 
que  charmantes  -.  Les  «  trois  inséparables  »,  dont  nous 


•  C'est  aujourd'hui  le  n"  3o9  de  la  bibliothèque  de  Saint-Gall.  Romain  avait 
exposé  son  Anliphonaire  dans  la  basilique  de  Saint-Gall,  de  même  que  saint 
Grégoire  avait  jadis  exposé  le  sien  circa  aram  Apostolonun.  (Perlz,  Scrip- 
tot'cs,  n,  p.  103.) 

-  «  Hinc  de  Hisone  magistro  et  discipulis  ejus  N'otkero  Rilbuio,  Tuolilone, 
Ratperto  vilas,  ut  ita  dicam,  non  neglipendas  apprediar  scribendas.  »  (Ek- 
kehard  IV,  Casus  Sancti  Galli ,  cap.  ii.  Perlz,  Scriptores ,  t.  U,  p.  92.)  = 
«  De  Notkero,  Ratperto,  Tuotilone  discipulis  ejus  [Isonis]  et  Marcelli ,  quoxiam 
QuiDEM  COR  ET  ANI.MA  u.NA  ERANT ,  mixlim ,  qualia  tres  unus  fecerint,  quantum  a 
patribus  audivimus,  narrare  incipimus.  »  (  Ekkebard  IV,  Casus  Sancti  Galli, 


ou  A-T-ON  CHANTÉ  LES  PREMIERS  TROPES   43 

venons  de  parler,  Radpert\  Tutilon-  et  Notker  ^  sans 
parler  d'Hartmann  \  forment  un  de  ces  groupes  frater- 

cap.  m.  Pertz,  Scriptores ,  II,  p.  94.  Reproduit  et  délayé  par  Ekkehard  V,  Vita 
B.Notkeri,  Acta Sanctonun  Aprilis,  I,p.  o79  :  Très  isti  discipuli...  ita  unanimes 
in  omni  familiaritate,  virtutum  honestate  et  morum  conversatione  erantut  esset  eis 
cor  unum,  et  anima  una  esset.  Individui  in  amore  fraternœ  caritatis,  et,  sicut  ma- 
ter unicum  filium,  ita  amabiles  in  vita  sua  dilexerunt  se,  et,  cum  morte  sint  sepa- 
rati,  in  regno  tamen  Christi  in  unum  sunt  congregati.)  =  «  Hi  quidem  ab  Hisone 
cum  in  divinis  non  mediocriter  essent  praelibati,  Marcello...  sunt  conjuncti. 
Qui  in  divinis  œque  potens  et  humanis,  septem  libérales  eos  duxit  ad  artes; 
maxime autem  ad  musicam.»  (Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  GaUi,  cap.  m.  Pertz, 
Scriptores,  II,  p.  9i.)=  «  Erat  senatus  reipublicse  nostrœ  tune  quidem  sanctissi- 
mus.  Consuluntur  Hartmannus  consilio  magnus,  ille  quidem  qui  Humili  prece 
nielodiam  fecerat;  Xotkerus  qui  sequentias;  Ratpertus  qui  Ardua  spes  miindi; 
fuotilo  qui  Hodie  cantandus  est  et  pleraque  alia  dictaverant...  »  (Ekkehard  I\  , 
Casus  San<-ti  Galli.  Pertz,  Scriptores,  t.  11,80.  Reproduit  presque  littéralement 
dans  la  Vita  B .  Notkeri  d'Ekkehard  \\  Acta  Sanctoru m  Aprilis ,  I,  p.  o83.) 

1  Notice  sur  Radpert.  Ekkehard  nous  a  laissé  sur  Radpert  des  détails  tou- 
chants. Ce  poète  était,  avant  tout,  un  professeur  amoureux  de  son  métier.  11  avait 
succédé  à  Ison  comme  écolâtre  :  «  Ratpertus  autem  inter  ambos  quos  diximus  (Not- 
kerum  scilicet  et  Tuotilonem  )  médius  incedebat.  Scolarum  ab  adolescentia  magis- 
ter,  doctor  planus  et  benevolus,  disciplinis  asperior.  Raro  prœter  fratres  pedem 
claustro  promovens,  duos  calceos  annum  habens,  excursus  mortem  nominans  ; 
ssepe  Tuotilonem  itinèrarium,  ut  se  caveret,  amplexibus  monens.  In  scolis  sedu- 
lus,  plerumque  cursus  et  missas  negligebat  :  «Bonas,  inquiens,  missas  audimus, 
«  cum  eas  agi  docemus.  »  Qui  cum  labem  maximam  claustri  impunitatem  nomi- 
nasset,  ad  capitulum  tamen  nonnisi  vocatus  venit,  cum  sibi  officium  capitulandi 
et  puniendi  gravissimum ,  ut  ait,  sit  traditum.  »  (Ekkehard  IV,  Casus  Sancti 
Galli,  cap.  m,  Pertz,  Scriptores,  II,  p.  9o.)=  On  sait  qu'il  mourut  le  2o  oc- 
tobre, et  c'est  le  Necrologium  de  Saint-Gall  qui  nous  l'apprend  :  «  VIII  kal. 
Nov.  :  Obitus  Ratperti  magistri  atque  presbyteri.  »  Sur  l'année  on  n'est  pas 
d'accord,  et  l'on  hésite  entre  890  et  902.  (  Mittheilungen  der  Ziiricher  Anti- 
quarischen  Gesellschaft,  t.  XII,  p.  266.)  11  est  certain  seulement  qu'il  mourut 
avant  ses  deux  meilleurs  amis,  Notker  et  Tutilon.  Le  récit  de  sa  mort  est  des 
plus  émouvants  :  «  Ratpertus  vero  et  ipse  sanctus  circa  claustrum  Sancti  Galli 
cum  languidus  iret,  nec  tamen  docere  desineret,  quadraginta  discipulis  quon- 
dam  suis,  canonicis,  tune  quidem  presbyteris,  loeo  propter  festum  advenienti- 
bus,  animam  singulis  in  manibus  commisit,  quorum  quisque  ei  triginta  missas 
obituro  promiserat.  Sicque  ille  laetissinius,  Deum  uti  se  diutius  morbo  coque- 
ret  rogans,  panis  nitidus  factus,  inter  discipulorum  manus  in  Paradisum, 
ut  credimus,  transiit.  Pro  quo  Notker  et  Tuotilo  prœter  cœteros  fratres  dolentes 
qui  post  eum  relicti  sunt,  multa  fecerunt.  »  (Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli, 
cap.  m.  Pertz,  Scriptores,  II,  p.  100.  Cf.  Ekkehard  V,  Vita  B.  Notkeri, 
Acta  Sanctoriim  Aprilis,  I,  p.  586.  =  Voy.  Canisius,  l.  c,  p.  188;  d'Achéry  et 
}>lahi\ïon ,  Acta  Sanetoruni  Ordinis  sancti  Benedicti ,  l.  c,  pp.  16-17. —  Cf.  Pez, 
l.  c,  I,  3»  partie,  p.  o70.  La  fameuse  litanie  de  Radpert  Ardua  spes  tnundi  a 
été  chantée  dans  toute  l'Église  et  même,  si  l'on  en  croit  Ekkehard  V,  per 
totum  orbem. 

2  V.  plus  haut,  sur  Tutilon,  la  note  2  de  la  page  3b. 

3  V.  plus  haut,  sur  Notker,  la  note  1  de  la  page  19. 

*  Notice  sur  Hartmann.  —  11  v  a  eu  à  l'abbave  de  Saint-Gall  deux  Hartmann 


/,/i  iiis'ioiiii':  ni';  i  \  I'()K^ii;  i.rirucK.tri-; 

nels.  Sous  la  rohc  du  inoiiii'  !<■  caractùre  persiste,  et  rien 
ne  s'harmonise  moins,  par  exeini)l(',  qur  la  f'oii^'uc  de- 
Tutilon  et  la  doMcein-  de  Notker.  J'uis,  là  connue  }»ai- 
tout,  dans  la  réallN'  et  rlans  le  dianic.  il  y  a  le  Mal  qui 
lutte  avec  le  liien.  Le  Traître  nirme  Jic  manque  pas  au 
tableau,  et  il  nous  ap[)araît  à  Saint-Gall  sous  les  traits 
de  ce  méchant  et  sournois  Sindoll.  (|iii  s'est  lait  Tenncmi 
mortel  de  nos  tnjis  amis.  Il  laiil  lire,  dans  la  |ir(jse 
candide  d'Ekkehard,  l'histoiic  anmsante  du  châtiment 
que  lui  inflige  Tutilon.  Certaine  nuit,  Sindolf  commit  la 
grave  imprudence  de  se  cacher  derrière  une  fenêtre  du 
scriptorium  pour  épier  (espionner  serait  lu  vrai  mot)  la 
conversation  de  Tutilon  avec  Radpcrt  et  Notker,  conver- 
sation toute  scientifique  et  qui  avait  la  Bible  pour  objet. 
Tutilon,  cet  athlète,  s;iisit  l'espion  par  les  cheveux,  se 
fait  apporter  par  Radpert  la  verge  qui  était  dans  l'étuve 
des  frères,  et  étrille  Sindolf  de  la  belle  façon  :  «  Le 
«  diable!  le  diable!  s'écrie-t-il.  jr  viens  de  prendre  le 


qui  ont  ctc  poètes  ;  «  llartnmnnus  majur,  llarlniannu?  minor.  »  Le  premier 
c:?t,  à  coup  sûr,  le  plus  illustre  des  deux,  et  a  été  aljbé  de  Saint-Gall.  Esl- 
ce  à  lui  cependant,  ou  à  l'autre,  qu'il  faut  attribuer  les  Versus  dont  nous 
avons  parlé?  Ekkehard  IV  lui-même  n'ose  se  décider  :  «  Ulrius  sint  a'qui- 
voc^ntio  dubia  facil.  »  (Pertz,  l.  c,  p.  1(12.)  Nous  pencherions  pour  l'abbé; 
mais  il  est  difficile  de  se  montrer  ici  plus  affirmalif  qu'Kkkeliard.  Sur  llarl- 
nianii,  dont  les  deux  œuvres  les  jilus  connues  sont  Vllumili  prece  (le  plus 
|ii'pulaire  des  Versus)  et  le  Sacrafa  libri  dogtuala ,  cf.  les  textes  sui- 
vants :  «  Hartniannus ,  consilio  magnus ,  ille  qui  llmnili  prece  mclodiam 
fecerat...  »  (Ekkehard  IV,  Casiis  Sanrti  Galli.  Pertz,  ^Scriptores ,  t.  II. 
p.  8(1.)=:  «  Erant  illo  in  tcmpore  Sanclo  Gallo  et  alii  ctenobit»  quidem  sancti... 
Inler  quos  llarlinannus  et  ipse  doctissimus  abl)as  cœnobii  post  S.ilonionem  ; 
Waltramnus,  etc.  »  (W.,  itlib.,  j».  %.  )  :=  «  Wailrannius  autem,  quem  supra 
dixinius  ,  decanus,  sed  et  Ilartmannus  qui  abbas  noster  factus  est,  quas  fece- 
rant  laudes,  sua  nomina,  quia  pra^ferunlur  in  cantilenaruni  libellis,  studiose 
Iransimus...  Fecerat  et  Ilartniannu<  minnr  qua^dam  :  qua*  ulrius  sint,  n?qui- 
vocfltio  dubia  facit.  »  (/(/.,  ùiib.,  pp.  i01-10"2.)  —  Cf.  Per,  /.  c,  I,  3«  partie, 
p.  iJTO;  —  Uinisius,  éd.  Basnape,  t.  II,  partie  III,  p.  10(1; —  D.  Ceillier,  His- 
toire des  auteurs  sacrés  et  ecclèsiastiijues,  éd.  Vives,  XII,  p.  870;  —  et  surtout  la 
l'atrologie  de  l'abbé  Migne,  LXX.XVII,  col.  29-38,  où  l'on  trouvera  tous  les 
rtT>i<*-  qui  sont  attribués  ii  ilarimann. 


ou  A-T-ON  CHANTE  LES  PREMIERS  TROTES    45 

diable.  »  Les  frères  accourent  au  bruit,  et  vous  pouvez 
juger  de  la  confusion  du  traître,  quand  soudain  la 
lumière  éclaire  son  visage  et  qu'il  est  reconnu  par  tout 
le  couvent'.  D'autres  épisodes  sont  encore  plus  joyeux 
et  se  terminent  sur  un  spectacle  heureusement  moins 
rude.  C'est  le  jour  des  Innocents  :  les  élèves  des  écoles 
monastiques  sont  ce  jour-là  hors  la  loi,  exleges;  ils  ont 
le  droit  de  s'emparer  de  la  personne  des  «  hôtes  »  jus- 
qu'à ce  qu'ils  se  rachètent.  Or,  c'est  l'abbé  lui-même 
qui,  par  un  singulier  hasard,  tombe  le  premier  entre 
les  mains  de  ces  tyrans  d'un  jour.  L'abbé  s'appelle  Sa- 
lomon  :  c'est  un  grand  personnage  et  qui  est  en  même 
temps  évêque  de  Constance.  Tant  de  dignités  n'arrêtent 
point  nos  écoliers  ;  ils  le  font  prisonnier  :  «  Ce  n'est  pas 
«  l'abbé,  s'écrient -ils,  c'est  l'évêque,  c'est  l'hôte  que 
«  nous  prenons  »,  et,  de  vive  force,  ils  le  poussent,  ils 
le  juchent  dans  la  chaire  du  professeur.  Mais  ici  la 
scène  change;  Salomon  enfle  soudain  la  voix  et  leur 
dit  :  «  Voilà  qui  est  bien;  je  suis  votre  maître,  et  c'est 
«  moi  qui  vais  vous  infliger  un  juste  châtiment,  si  vous 
«  ne  vous  rachetez  pas.  »  Ils  baissent  la  tête  et  s'ap- 
prêtent à  recevoir  le  fouet,  mais  essayent  du  moins  de 
se  racheter  en  composant  de  méchants  vers  qui  font 
rire  et  désarment  l'évêque- abbé.  Et  tout  de  se  terminer 
par  un  éclat  de  rire  et  par  un  présent  de  l'excellent 
Salomon. 

On  en  pourrait  citer  bien  d'autres'-;  mais  les  murs 
mêmes  de  Saint -Gall  étaient  éloquents  à  leur  manière, 
et  rien  n'en  dit  plus  long  sur  ce  cloître  du  ixe  siècle 
que  le  beau  plan  du  ixe  siècle,  publié  naguère  par  Fer- 

1  Ekkehard  IV,  Casus  Sancti  Galli.   Pcrtz,  Scriptorcs,  II,  p.  96. 

2  Id.,  ibid.,  p.  91 . 


/»6  iiiRTOinr:  dk  i.a  I'Oesih  i.rrnr.oioT'K 

(linand  Keller'.  Il  seirible  qu'elle  passe  en  ce  moment 
sous  notre  regard  ravi,  cette  })asilique  immense*,  avec 
ses  deux  absides,  son  maître-autel  ({ui  est  consacré  à  la 
Vierge  et  à  saint  Gall  ;  les  sept  degrés  de  son  altarium 
et  ses  deux  analogia  ou  ambons,  l'un  pour  le  jour, 
l'autre  pour  la  nuit.  Il  me  semble  la  voir  avec  sa  biblio- 
tliùque  et  son  sacrarium,  avec  son  «  autel  de  la  croix  « 
devant  lequel  s'arrrtcnt  les  prcjcessions,  avec  ses  fonts 
où,  durant  la  nuit  du  samedi  saint,  un  nouveau  peuple 
était  enfanté  dans  l'eau  du  grand  baptême^;  avec  ses 
deux  colonnes  d'observation  au  dehors,  son  grand 
cloître,  ses  jardins  et  ses  vergers  où  méditaient  les 
moines.  L'abbé  Grimald  avait  donné  tous  ses  soins  à 
l'ornement  de  cette  basilique,  qui  était  une  des  plus 
belles  de  l'Occident  chrétien;  il  avait  fait  couvrir  de 
peintures  l'abside  qui  était  derrière  le  grand  autel';  il 
avait  surtout,  lui  et  son  successeur  Hartmot,  enrichi 
la  bibliothèque  de  nombreux  livres  dont  les  catalogues 
nous  ont  été  conservés  par  Radpert".  Des  châsses  d'or, 
renfermant  de  précieuses  reliques,  sortaient  parfois  de 
la  basilique  et,  sur  les  épaules  des  moines,  allaient 
bénir  tout  le  pays.  On  les  voyait  onduler  à  travers  les 


'  Bauriss  des  Klosters  Si.  Gallcn  von  Jahr  820,  Zurich,  bt-i  Moior  und  Kt'I- 
ler,  184'j,  in-4<».  Co  même  plan  avait  été  publié  d'une  façon  informe  |>.ir  Ma- 
billon.  (Annales,  II,  pp.  o71-o72.) 

2  La  basilique  do  Saint-Gall  a  été,  on  réalité,  commencée  en  830.  dédiée 
en  83a  et  entièrement  achevée  en  837.  Les  bâtiments  monastiques  n'ont  été  com- 
plètonionl  terminés  que  vers  8oj. 

'  «  Mitte  sanctum  nunc  aniborum  trpiritum  Paradituni —  In  hanc  plebem  quam 
recentem  Ions  baptismi  parturit.  n  (  lier  sanctoi'uni  Anijelontm.) 

*  «  Prœterea  coronis  arpenteis  aliisque  diversis  luminaribus  pariter.  cum  multi- 
modis  variorum  ornamentorum  splendoribus,  i|)sam  mapnupere  studuil  insiL'iiire 
basilicam.  Absidam  quoque  post  altarium  sancti  Galli  ila  honorincc  pictura 
deaurata,  sicut  in  pra-senti  vidomus,  ipso  [Grimaldus]  composait  temporc.  » 
(Radpert,  Casus  Sancti  Galli.  Pertz,  Scriptores,  II,  p.  70."! 

!"  Hadperl,  Casus  Sancti  Galli.  Pertz,  Scriptores,  II,  pp.  70  et  72. 


ou   A-T-ON  CHANTÉ  LES  PREMIERS  TROPES        47 

plaines  et  les  montagnes,  à  travers  les  vallées  et  les  bois, 
saluées  de  tout  ce  peuple  dont  elles  étaient  la  consola- 
tion et  la  gloire  ^  D'autres  fois  c'était  un  empereur,  un 
roi,  qui  venait  visiter  l'abbaye,  et  on  l'accueillait  avec 
de  beaux  vers  tout  fraîchement  composés  par  un  Hart- 
mann ou  un  Radpert  :  «  Puisse  le  Dieu  qui  fait  les 
«  rois,  lui  disait- on,  te  donner  la  force  qui  vient  du 
«  ciel'-.  »  Si  la  reine  était  là,  on  l'appelait  «  la  lumière 
«  dorée  de  la  terre  »,  et  on  se  plaisait  à  constater  que  le 
ciel  depuis  son  arrivée  semblait  avoir  un  plus  gracieux 
rayonnement.  «  Plus  de  nuages  :  la  lumière  partout  ^  » 
Mais  les  hommes  du  ixe  siècle  n'étaient  pas  plus  que 
nous  exempts  de  terreurs  sociales,  et  la  belle  abbaye 
connut  des  jours  bien  tristes  :  «  Chassez,  chassez  loin 
«  de  nous  les  païens  qui  approchent,  »  s'écriaient  alors 
les  moines,  et  ils  ravivaient  leur  foi  en  chantant  cer- 
tains versus  *  auxquels  ils  donnaient  volontiers  la  forme 
d'une  litanie.  Ils  saluaient  dans  la  Vierge  la  «  répara- 
trice illustre  du  monde  ^  «,  et,  pour  s'exciter  à  la  force, 
contemplaient  longuement  les  martyrs  rouges  de  leur 
sang,  ces  purpurei  proceres,  ces  invincibles  qui  avaient 
dompté  les  fureurs  du  démon  *'.  Puis  ils  se  disaient  en 


1  «  Jam  fidelis  turba  fratrum...  —  Dulce  pondus  et  beatum  in  lectica  deferens... 

—  Scandens  et  descendens  inter  montium  confinia ,  —  Silvarum  scrutando  loca 
valliumque  concava,  —  Nullus  oxpers  ut  locus  sit  istius  solaminis.  »  {Jmn 
/idelis.) 

2  «  Rex  Dominus,  regum  factor  rectorque  potentium,  —  Qui  te  terreno  prœtu- 
iit  imperio,  =  Hic  te  confortet  semper  virtute  polorum.  »  {Suscipe  clementem.) 

3  «  Aurea  lux  terrœ,  dominatrix  inclyta,  salve,  —  Quœ  domibus  nostris  nunc 
benedicta  venis.=  Plus  hodie  subito  radiât  sol  clarus  in  alto, —  Cunique  serena 
venis,  nubila  cuncta  teris.  »  {Aurea.) 

■*  «  Ut  sœviens  gladius  et  paganus  populus  —  Depellatur  a  nobis...  »  (  Votls 
suppUcibus.) 

s  «  Reparatrix  inclyta    mundi...  —  Perpétua  radias  cum   virginitate    pudoris 

—  Indignos  famulos,  Virgo  Maria,  tuos.  »  [Iluinili  prece.) 

0  «  0  vos,  martyrio  decorati  in  noniine  Christi,  —  Conspicui  testes,  purpurei 
proceres,  —  Qui,  bello  invicli,  superastis  da'iuonis  iras.  »  (Huniili  prcce.) 


48  HISTOIHE   DK   LA    l'OÉSlE   MTUU(U.jLE 

dépit  des  ruines  qui  s'amoncelaient  :   «  .Tatn    novitas 
«  régnât,  totus  et  orbis  ovat  \  » 

Tel  est  le  témoignage  des  versus;  tel  est  le  liK.nastere 
où  l'on  va  chanter  les  Ti-opes. 

.   l'ic.-c  Salve,  min(in»n...  Ilnr  frcundoU,... 


CHAPITRE  VII 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES 
ET  DE  LA  SIGNIFICATION  PREMIÈRE  DE  CE  NOM 


Ces  interpolations  de  nos  textes  liturgiques,  ces 
versiculi  ante,  inter  vel  post  alios  ecclesiasticos  can- 
tus  appositi,  ne  portent  pas  un  nom  unique  dans  les 
manuscrits  où  nous  nous  proposons  de  les  étudier  ; 
mais  enfin  il  est  un  de  leurs  noms  qui  est  beaucoup 
plus  fréquemment  employé  que  tous  les  autres,  et  qui 
s'est  communiqué,  pour  ainsi  parler,  aux  livres  où  ils 
sont  contenus.  Ce  sont  des  «  Tropes  »  :  tropi  ou 
trophi.  D'où  les  «  Tropaires  »  \ 


1  Trojn  canninum  :  Saint-Gall,  484,  p.  4;  376,  p.  39;  378,  p.  41;  381, 
p.  195,  etc. 

Tropus,  tropi,  tropos  :  Saint-Gall,  382,  p.  21  (et  les  mss.  qui  viennent  d'être 
cités);  Paris,  Bibl.nat.  lai.,  887,  f°»9  r°,  nv;  lat.,  1118,  f"  1  r°,  2r<',  16r<>,27  r", 
33  ro,  etc.  ;  lat.,  9448,  f"  75  r°,  etc.  ;  lat.,  10510,  f°  2  v»,  etc.  ;  lat.,  13252,  f"  3  r\ 
4  v°,  5  r»,  etc.;  Arsenal,  1169,  f"  1  v",  3  r°,  9  r°,  etc.  =  Le  genre  de  ce  mot 
était  si  peu  déterminé,  que,  dans  le  ms.  1118,  on  trouve  sur  le  même  feuillet 
(f»  85  r*  et  v°)  alios,  alia  et  alii,  se  rapportant  à  un  pluriel  masculin  ou 
neutre. 

Trophi,  trophos:  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  909,  1»  13  r%  18  r»;  lat.,  1119,  f»  47; 
lat.,  1120,  fo63  r-;  lat.,  1121,  f»  14  V;  15  v";  17  r°;  28  r";  51  v»,  etc.;  1134, 
fo  105  r»;  1240,  f"  18  v»,  19  r";  13252,  f»  3  r",  etc.  =  Trophum  se  trouve  dans  le 
ms.    lat.    1120,  fo  (j'i  v,  etc.  =  Au  f»  13   r»  du  ms.  lat.  1121 ,   le  scribe  avait 

I  —  4 


150  HISTOIRE   DE   EA   POESIE   LITUHOigUE 

Après  ce  mot,  il  en  est  un  autre  dont  la  fortune  a  été 
heureuse  et  qui  a  fait  quelque  concurrence  au  pre- 
mier. C'est  ce  mot,  c'est  ce  môme  mot  qui,  de  très 
l)onne  heure,  a  désigné  tout  naturellement  les  paroles 
que  Notker  et  les  notkériens  ont  écrites  sur  les  neumes 


T^.^ern  lukiLuntr  Afir^<^f  <v^ 
-^   i-  ~       i      .        ^      r       ^ 

/  //      ^  -      J^    ^    ^  ^  --r^ 

jjùte'  Smuffolr^vorefUfffcixUf 

furt"  jto*>r  ^^T^n-ihuf-^rc  errtr 
ék-Te  •  êgLyrtofifrime-re^rn 


sCt^^^W^ 


^ 


Tropes  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  216,  dernière  ligne.) 

du  dernier  Alléluia  du  Graduel  :  c'est  'prosa  '.  ou  son 
d  i  m  i  n  u  t  i  f  j9  rosida  - . 


d'abord  écrit  alla  [tropha],  mais  on  a  visiblement  rétabli  alios.  =  Le?  deux 
formes  tropi  et  trophi  se  trouvent  à  la  même  page  du  même  manuscrit  (lai.. 
132o2,  f<'3  r'). 

'  Prosx.  jo  Tropes  du  Kyrie  :  Hibl.  nat.  lat.,  l'2i(l,  f*  79  r*.  etc.  2"  Tropes  de 
rOffertoire,  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»  -'l'i  v».  Nouv.  acq.,  123o,  f»  9  V,  10  v»,  etc. 
3*  Tropes  de  la  Coninninion  :  Hibl.  nat.  lat..  9(19,  ^21  v».  4o  Tropes  des  Répons 
de  Noël  :  a.  Répons  Dcacciuiil,  Rilil.  nat.,  nouv.  acq.,  1235,  f"  19  r«  et  v: 
b.  Répons  Sancta  et  inunaculatix  Viryinitas,  ibid.,  f»  20,  eli". 

*  Pfosulœ.  lûTropesdu  Kyrie:  Ribl.nat.  lat.,  1119,  f*  ai  r»;  lat.,  1120,  f''C7r<'. 
2"  Tropes  (lu  Gloria  { lîeynutii  tioini   soliiium)  :  Ribl.  nat.   lat..   1121.  f*  iJO  V. 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES       51 

On  disait  couramment  au  xie  siècle  les  «  proses  » 
du  Kyrie,  de  l'Offertoire  ou  des  Répons,  et  l'on  disait 
alors,  tout  aussi  couramment,  les  «  petites  proses  », 
les  prosuîœ  du  Kijrie,  du  Gloria  et  de  l'intérieur  du 
Graduel. 


-t 


6.  Te.    ---•.     n  -^^  ^    .^^ 
A-  Te    - 

et  Te   -^:'-'  r^  /^  ^-^^^. 


1[  UA>ri 

-ctnC 


<Smyf 


rv  rtohif  tfoup 


Tropes  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint- Gall,  484,  p.  217.) 

On  remarquera,  comme  exception,  les  «  Tropes  avec  paroles  »  des  deux  dernières  lignes. 

(V.  la  note  des  pp.  39-60.) 


Le  vocable  laudes^,  lui,  n'est  guère  décerné  qu'aux 

3"  Tropes  de  Tintérieur  du  Graduel:  Bibl.  nat.  lat.,  903,  f"  1  r",  10  r»  et  v°,  etc. 
40  Tropes  de  l'Offertoire:  Bibl.  nat.  lat.,  903,  f»  2  r»,  3  r»,  etc.  5°  Tropes  de  la 
Communion  :  Bibl.  nat.  lat.,  909,  f»  24  r",  etc.  Cf.?  Prosellus  :  «  Post  ultimum 
responsorium,  sequitur  Prosellus  ^/mttw  te.»  (OrdinariumNarbonense,  in  die 
Paschœ;  Martène,  De  antiquis  Ecclesiae  ritihus ,  III,  483.) 

1  Le  premier  sens  du  mot  laudes  (ou  laus)  c'est  l'antique  Gloria  lui-même, 
sans  interpolation,  dans  sa  pureté  liturgique,  et  c'est  le  sens  qui  est  conservé 
en  plusieurs  de  nos  Tropaires.  (Bibl.  nat.  lat.,  1118,  ^4  v"  :  Laudes  cum  tropis. 
Cf.  ibid.,  fo  50  r»,  laus,  et  Arsenal,  1169,  f°l  v°  :  Incipiunt  tropi  cum  laudi- 
bus, elc.)  Le  second  sens,  celui  de  «  Tropes  du  Gloria  »,  n'a  pas  tardé  à  déri- 
ver du  premier  :  Incipiunt  Glorie  cum  laudes  (Bibl.  nat.  lat.,  1119,  f»  90  r"; 
lat.,  1120,  f»  82  r",  etc.).  Le  sens  reste  douteux  en  plus  d'un  manuscrit.  (Lat., 1121, 


rj2  IIISTOIHK   DK   LA   POESIE  LITURGIQUE 

Tropes  du  Gloria,  et  il  est  demeuré  très  significatif  en 
ce  sens.  Nous  y  reviendrons;  mais,  dès  h  présent,  nous 
pouvons  dire,  à  ce  sujet,  (|u'oii  doit  ici  se  mettre  en 
garde  cçntre  une  double  confusion.  Il  ne  faut  pas  ou- 
blier que  Laudes  a  d'abord  signifié  le  Gloria  lui-même, 


b 


-      /         ^     ^     ^^^^    ^    ^  ^ 
de  nunc  firnylo  aamtrto  cjinA— 


*nufe>i/%^-      Une  <tr 


m,^     '         '  - 

Tropus  sans  paroles.  (Hiljl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  45.) 
En  tôle  de  celte  page  on  lit  dans  le  manuscrit  les  mois  :  In  Dedicacione  eccl[tsie\. 


le  Gloria  non  tropé,  et  que  ce  sens  a  eu  plus  tard  un 
prolongement  dans  nos  livres  liturgiques.  Il  faut, 
en  second  lieu  et  comme  nous  le  disons  ci -dessous, 
ne  pas  confondre  ces  Laudes  avec  les  fameuses  Ac- 
clamations :  Christus  vincit,  Christus  régnât,  qui  ont 
porté  le  même  nom. 
Somme  toute,  le   mot   tropi  l'emporte  et  finit  vic- 


P  'lo  V;  S87.  f»  G9  i";  132o2,  f»  3o  r»,  36  r,  elc.1  Enfin  le  mol  laudes  con- 
serve liturgiqucment  une  dernière  sipnilîcalion  et  qui  nV^t  ni  la  moins  impor- 
tante ni  la  moins  ancienne  :  il  désigne  les  belles  Acclamations  solennelles,  le 
Christus  vincit,  Clirislus  régnât,  etc.  (  BihI.  nat.  lai.,  I'2  ii>,  f"  VU,  etc.  etc.) 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES       53 

torieusement  par  désigner  le  genre  tout  entier,  un 
genre  où  l'on  peut  légitimement  faire  rentrer  jusqu'aux 
grandes  proses  qui  suivent  le  Graduel  et  précèdent 
l'Évangile. 

Ce  mot  «  Trope  » ,  qui  a  fait  un  si  beau  chemin  dans 


Km-  - 


.."y-.r--" 


7  ^/vr^ 

1    nxaixraa^em' 


Tropes  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  46.] 

le  monde  liturgique,  a  une  physionomie  grecque  qui 
n'a  pas  échappé  aux  clercs  du  moyen  âge.  L'histo- 
rien officiel  du  concile  de  Limoges,  en  1031,  n'a  pas 
manqué  de  le  faire  observer  :  «  Tpo^i  grseco  nomine 
dicuntur  a  conversione  vulgaris  modulationis  *.  » 

Depuis  longtemps  le  mot  TpoTro;  était  passé  dans  la 
langue  latine.  C'était  un  terme   musical,  uniquement 

1  Labbe,  XI,  890,  etc. 


54  HISTOIHK   HK   LA   POKSIK   LITURGIQUE 

musical,  qui  signifiait  «mode»,  et  ne  tarda  pas  à 
signifier  «  mélodie  » ,  par  une  transition  facile  à  saisir  : 
«  Tropus,  dit  Forcellini,  id  est  cantus,  sonus.  »  Et  c'est 
dans  ce  sens  que  notre  Fortunat  l'a  plus  d'une  fois 
employé  :  «  Reddebantque  suos  pendula  saxa  tropos  '. 


Crrp 


»M  eu 


''*\  c.  >n-   ri/- 


L.  .L. 


O 


S 


.y'/y- 


Tropes  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  47.) 

Yox  erat    una   tropis  -.  Mulceat   atque    aures  fistula 
hlanda  tropos^. 

Nous  avions  cru,  dans  notre  première  rédaction,  que 
le  mot  «  Trope  »  exprimait  un  changement  de  voix,  une 
alternation  entre  deux  chœurs  *.  Le  premier  de  ces 
chœurs  aurait,  dans  cette  hypothèse,  chanté  le  texte 


1  X,  10,  5'â. 

î  Id.,  60. 

'  M.,  12,  4.  Ces  citations  sont  de  Forcellini,  etc. 

*  Nous  nous  fondions  principalement  sur  un  texte  de  Jean  Belelh ,  qui,  au 
chai>itre  i.ix  de  son  Exposilio  riiviiii  of/ïcii,  |)ropose  cette  ctyniolopie  ;  Tropi 
dicuntur,   quia  pri)num  canitur  versus  ac  poslca  Eleison,  et  iterum  verstu , 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES  oo 

liturgique  officiel,  tandis  que  le  second  lui  aurait 
répondu  en  chantant  l'interpolation,  le  Trope  avec  ou 
sans  paroles. 

Nous  avons  renoncé  depuis  longtemps  à  cette  inter- 
prétation compliquée. 

Çecunaum  Mmem 

Jjornau/^    Momcnqviodexxxr  ont 

ne- flippr*  Hijmmtyuoci /ùpemf 

^      ^       ./    ^  /     ^  .   ^  ^ 
^^crtrriunv  pcmfhcxxf  -vcrr^  d^tn  ^ 

ftrtiftiuod  Juàcrsate  d/trefi^UjT- 

I  arrrlftcrc '  jlin»  modo  cumder 
/"    -    ^  ^'  ^    - 1  ^   -    ^  ^^ 

fstt.éi/trtdeufimjierctxc 

Tropes  avec  et  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  6.) 

A  nos  yeux  donc,  tropus  est  et  demeure,  même  en 
liturgie,  un  terme  primitivement  musical  et  qui  est, 
à  l'origine,  le  synonyme  de  melôdix,  de  cantilenx,  ou 
de  moduli  et  de  cantus  rythmici.  Encore  ici,  Martin 
Gerbert  a  rencontré  la  vraie  doctrine,  lorsqu'il  a  dit  : 
«  Tropi  proprie  sunt  moduli   nomenque  retinuerunt, 

Eleison  deinde.  Le  même  liturgiste  confirme  ailleurs  le  même  système,  que 
nous  avions  jadis  adopté  :  Tropus  idem  est  ac  conversio,  quoniam  istic  fieri 
soient  qitœdani  conversiones.  (Cap.  xxv.)  Guillaume  Durand  dit  avec  encore  plus 
de  clarté  :  Hi  versus  tropi  diamtur  quasi  «  laudes  ad  antiplionam  convertibiles  "  ; 
■zp'j-Koz  enim  grœce ,  conversio  dicitur  latine.  (Rationale,  VI,  cap.  cxiv,  53.)  Cf. 
Martin  Gerbert,  De  Cantu  et  Musica  sacra,  I,  342. 


56  III>Tnii;K   DK   I.  A    POKSIK   \A'\V  UCKjVE 

ciim  illis  vcrha  sunt  substitula,  ut  postea  de  sequentiis 
dicemus  '.  »  Dans  cette  excellente  définition  un  seul 
mot  sonne  faux.  C'est  «  substiluta  »,  auquel  nous  pré- 
férerions ('  conjuncta  ».  Et  tout  alors,  suivant  nous, 
serait  au  mieux. 

k'  ^  ""  "^  H   "^r  'l'^   ^    ^    ■  ^ 
A^^^^      <kAui  -abi -crier e  Cl uh\- 

ho  cite  cummAgriA  Lice  <ie{c£nAi 

/'       /  y    //  ^/^  .  ji^.^/  ^  / 
mdicrce  dcmint  eiA       ir^jk- 

M  cumiummo  fArrrrtr  efcortdi 
y     /   /■/  -        .^  ^  ^  ^^ 
W  ui  Tum:  c^      0  f    Tui  /umr  c^ 

Tropes  avec  et  sans  paroles.  (Bibl.  de  Sainl-Gall,  i84,  p.  7,  première  ligne.) 

Mais  Gerbert  s'est  contenté  d'une  affirmation  et 
n'a  rien  prouvé.  Les  preuves  cependant  ne  manquent 
pas. 

Si  nous  ouvrons  les  plus  anciens  Tropaires  de 
Saint-Gall,  nous  y  trouvons  cette  expression  carac- 
téristique, qui  sert  de  titre  ou  de  rubrique  à  plu- 
sieurs de  ces    recueils    de  Tropes  :   Inc.ipiunt  tropi 

CARMINUM     IN     DIVERSIS     FESTIVIT.\TmUS     MISSARUM     C.\- 
'  De  Cantu  et  Musica  sacra,  I,  3i0. 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES       S7 

NENDi.  Ce  qui,  suivant  nous,  doit  se  traduire  ainsi 
qu'il  suit  :  «  Ici  commencent  les  mélodies  des  vers, 
des  compositions  poétiques  »  qu'on  lira  plus  loin; 
mélodies  qui,  «  les  jours  de  fête,  doivent  être  chantées 
à  la  messe  ». 


I  x^mvelletxiif-  i^em  fetrrcmf 

Tropes  avec  et  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  42.) 


La  synonymie  de  moàulus  et  de  tropus  est  en- 
core plus  clairement  établie  par  l'autorité  des  textes 
que  cite  Ducange.  Dans  un  vieux  glossaire  dont 
il  ne  donne  pas  la  date,  tropus  est  offert  comme 
exactement  synonyme  de  modulus  et  de  cantus.  Un 
autre  texte  est  encore  plus  explicite  :  «  Modulus  dici- 
tur  cantus  qui  praecinitur  in  principio  Missse  vel 
Horarum,  et  dicitur  etiam  tropus.  »  Rien  n'est  plus 
clair. 


88  niSTOIHK   r»K   I.  A    l'OHSII-    MTri{r;inUE 

En  tête  des  Tropes  sans  paholes  on  lit  le  nKjt  tropi, 
ou  Tropes. 

Nos  Tropaires,  qu'il  est  temps  d'ouvrir,  sont  encore 
plus  éloquents. 

^  haffirne-  ^crmiriA.  auocî  cflorr4J7i 
'    ^^  ^      ^,-  i^^     -  ^-^  -  S 

Jimen 
vX  Wi^Wmnrctciîm  ddeva  (\yeciAltcer- 

celei>rtmufcltccrmf-  hlkif^nf' 

/  y  .    /  v<      ^  ^  ^  /  ^ 

Tropes  avec  et  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  'iSi,  |>.  43.) 


Nous  avons  déjà  observé  que  le  manuscrit  484  de 
Saint-Gall  était  le  plus  ancien  Tropaire  de  cotte  biblio- 
thèque, qui  est  presque  sans  rivale  pour  les  manuscrits 
liturgiques. 

Dans  ce  manuscrit,  qui  est  du  xe  siècle,  nous  ren- 
controns des  mélodies  intercalaires,  des  Tropes  sans 
paroles  \ 

A  ces  mélodies  sans  paroles  on  donne  aussi  le  nom  de 
Tropi.  Mais  ne  sont -ce  pas  là  en  réalité  des  mélodies 
préexistantes?  ne  sont-ce  pas  là  des  mélodies  qui  ont 

<  V.  les  far-aiinile  des  patres  o<K  5t  ,  ii2,  10,  o'é.  62,  66,  etc. 


DU  NOM  QUE  PORTENT  LES  TROPES       59 

précédé  les  Tropes  parlés,  «  de  même  que  les  neumes 
«  de  l'Alleluia  ont  précédé  les  proses  »?  C'est  l'avis  de 
Gerbert,  c'est  le  nôtre,  et,  nous  le  répétons  à  dessein,  le 
mot  «  Trope  »  n'a  été,  à  l'origine,  qu'un  terme  musical  \ 

r\oÇ'  Icnedicxofiniiuic^ffecilh 
.   ^    ^^'  p'^  *■   " 

Tropes  avec  et  sans  paroles.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  224.) 
(V.  la  note  des  pp.  53,  60.) 


Si  ce  n'est  pas  la  certitude  absolue,  c'est,  à  tout  le 
moins,  la  probabilité  la  plus  plausible. 
Le  lecteur  décidera  -. 


^  C'est  l'opinion  de  M.  de  la  Fage  (Z)e  la  Reproduction  des  livres  du  plain- 
chant  romain),  que  le  mot  «  Trope  »  s'est  entendu  aussi  bien  des  mélodies 
que  des  paroles  ainsi  intercalées.  «  Les  Tropes,  dit  ce  savant,  se  composaient 
de  parties  intercalées  dans  une  pièce  de  plain- chant,  dont  chaque  période  se 
trouvait  ainsi  coupée  par  une  composition  différente.  L'habileté  des  tropistes 
consistait,  pour  les  paroles  comme  pour  la  musique,  à  faire  en  sorte  que  la 
pensée  s'enclavât  sans  effort  dans  le  texte  sacré  en  le  développant  ou  en  l'ex- 
pliquant. » 

2  Nous  réduirons  ici  tout  notre  système  à  trois  propositions,  appuyées  sur  des 
textes  :  Première  proposition.  Pour  les  Tropes  parlés  comme  pour  les  proses. 


00  IIISTOIKI':    I»K    I,  A    l'OKSIl-;    I.ITIIUJIQUK  ^ 

il  y  a  eu  une  musiqin;  prcexisUinte,  des  neumes  préexislauth  :  «  lu  quibusdaiu 
ccrlosiis  iii  quibus  iieuma  riuri  dicilur,  rnoriii  et  scquentim  decantantih.  »  (Guil- 
laume Durand,  ftaliimale,  V,  cap.  ir,  §  32,  édit.  de  Lyon,  1o70,  f*  216  v»  et 
217  r°.)  =  l)F.ixiKME  i-mjj-osrrioN.  Ces  Tropes  musicaux,  ces  mélodies  sans 
texte  se  trouvent  dans  quelques  Tropaires  anciens,  et  en  particulier  dans  le 
manuscrit  ■'i8'i  de  la  bibiiotiièque  de  Haint-Gall  :  elles  affectent  surtout  V Introït 
et  le  Gloria.  {Wt,  pp.  11,  13,  27,  38,  39,  /ifl,  43,  4G,  85,  m;  210,  217,  etc.; 
381,  p.  28'»,  etc.  Cf.  les  fac-similé  des  pajres  ljt)-'6't,  G2,  etc.)  =  Thoisikme  i-no- 
posiTioN.  Les  chantres  avaient  à  leur  disposition,  dans  le  même  Tropaire,  les 
Tropes  sans  paroles  et  les  Tropes  avec  paroles  (  '«84,  pp.  G,  7,  10,  23,  28,  42,  43, 
166,  22'»,  etc.  Cf.  fac-siinile  des  pages  5o-u9,  G'»,  etc.),  et  l'on  peut  ajipliquer 
aux  Tropes  ce  que  Martin  Gerbert  dit  excellemment  des  Séquences  :  «  Neque 
ideo  pneumata  sive  neumœ  cessarunt  postquam  Sequentiae  introduct*  sunt, 
c;uM  POTUERUNT  MUTUO  siDi  suBSTiTUi.  »  {De  Cantu  et  Musica  sacra,  I,  p.  '»fl8. ; 
—  La  démonstration  de  celte  troisième  proposition  peut  aisément  être  tirée  de 
deux  feuillets  du  manuscrit  de  Saint -Gall  n°  48'»  (sans  |)arler  des  autres). 
Entre  les  Tropes  «  avec  paroles  »  de  notre  page  of),  et  les  Tropes  «  sans  pa- 
roles »  de  notre  page  51,  il  y  a  une  corrélation  évidente.  Le  fac-similé  de  notre 
page  o9  est  encore  plus  concluant,  et  la  mélodie  y  est  la  même  pour  les  Tropes 
avec  et  pour  les  Tropes  sans  paroles.  Rien  ne  saurait  être  plus  décisif. 


CHAPITRE  VIII 


LES  PLUS  ANCIENS  TROPES  CONNUS 


Il  n'est  pas  absolument  c'ertain  que  Tutilon  ait  «  in- 
venté »  les  Tropes,  et  il  est  probable  qu'il  en  a  composé 
d'autres  avant  ceux  dont  nous  allons  citer  le  texte.  Mais 
nous  ne  voulons  mentionner  ici  que  des  œuvres  sur 
lesquelles  il  ne  puisse  y  avoir  aucune  incertitude,  et 
le  témoignage  d'Ekkehard  '  donne  aux  deux  pièces 
suivantes  un  caractère  d'authenticité  contre  lequel  il 
serait  difficile  de  s'élever.  Ajoutons  seulement  que  la 
solennité  avec  laquelle  Ekkehard  parle  de  ces  deux 
Tropes  tend  à  prouver  qu'il  s'agit  ici  d'un  genre 
tout  nouveau,  et    dont    on    cite  volontiers    les    pre- 


^  C'est  le  lieu  de  citer  une  seconde  fois  le  texte  si  important  d'Ekkehard , 
et  une  telle  répétition  est  rigoureusement  nécessaire  :  «  Quse  autem  Tuotilo  dic- 
taverat,  singularis  et  agnoscibilis  melodise  sunt,  quia  per  psalterium  seu  per 
rothtam,  qua  potentior  ipse  erat,  neumata  inventa  dulciora  sunt,  ut  apparet  in 
Hodie  cantandus  et  Omnium  virtutum  gemmis ,  quos  quidem  Tropos  Karolo, 
ad  Offerendam  quam  ipse  rex  fecerat,  obtulit  canendos.  Qui  rex  etiani,  Viri 
Galilœi  offerendam  cum  dictasset,  Tuotiloni  versus  addere  injungit,  ut  aiunt; 
Quoniam  Dominus  Jésus  Cltrislus  cum  esset,  Omnipotens  genilor,  fons  et  orir/o; 
cum  sequentibus,  Gaudete  et  cantate,  et  alios  quidem;  sed  istos  proposuimus, 
ut  quam  dispar  ejus  melodia  sit  ceeteris,  si  musicus  es,  noris.  »  (Ekkehard  IV, 
Casus    Sancti    Galli ,    cap.  m.   Pertz,  So-iptnyes ,   II,  p.  101.) 


62  IIISTDIHK   DH   LA   POÉSIE   LIT  LRGIQUfc; 

miôres  œuvres,  ou,  pour  parler  plus  juste,  les  pre- 
miers essais. 

L'une  de  ces  deux  pièces  est  le  fameux  Trope  de 
l'Introït  de  Noël,  VHodie  cantandus  est.  11  est  revêtu 
de  je  ne  sais  quelle  majesté  qui,  indépendamment  de 

Ji  mtytr 
-fl  nrnexuf 

_^^ /T /f //'^ /C  /.  «/T. /v  ..4 /•• 
Ij!J  omeiaf 


b 


ODli.  CKiiTKHT>\lS  IÇT  \\ 

^^.  -r^  ^  ^  x-^.  /-  /  ^  -  . 


Trope  de  Tutilon  :  //odie  canlandits.  (Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  13,  ligne  8  el  suiv. 

sa  place  dans  le  cycle  de  l'année  liturgique,  lui  a  fait, 
en  un  certain  nombre  de  Tropaires,  donner  la  place 
d'honneur.  Il  ne  paraît  pas  cependant  que  son  incon- 
testable et  merveilleuse  popularité  ait  dépassé  notable- 
ment les  limites  de  rAllemagne,  et  on  le  trouve  à 
peine  dans  un  ou  deux  Tropaires  français.  Mais,  dans 
l'Allemagne,  quelle  gloire!  Les  ornemanistes  décorent 
avec  amour  l'H  initial  de  ce  Trope  primitif.  On  le 
respecte  comme  un  ancêtre. 
En  voici   le  texte,  que  Ton  ne  jugera  peut-être  pas 


LES  PLUS  ANCIENS  TROPES  CONNUS      63 

digne  d'une  aussi  vive  célébrité;  mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  nous  le  voyons  ici  en  une  sorte  de  nudité 
pitoyable,  dépouillé  de  sa  mélodie,  froid,  mort  : 

Hodie  cantandus  est  nobis  puer  quem  gignebat  ineffabiliter  ante 
tempera  Pater,  et  eumdem  sub  tempore  generavit  inclyta  mater. 

-   ./  /  -     ^  /    /:  r-/-  ^ 
éjoandenx  {vAy-xemyorv-  q^p- 

M   ^^  r .-  ^     /-/-,     - 
^   /"    /r     y-  ^  /t  i^      y       z'       ^ 

^     /  /--  .^  -     r-j'^ 

n)fr3ryaannf  diariam  -uocifersL. 

/     /x^   ^/   .   c    r   - 

Tif'  apercer  noiytf  m:  colLtuctA^ 
-corW e/iTe  jyoffimuf-  Kt^? 
xc  enifh  efh  cfuem  jjyyiXguf  <V 

*f ^  /    ^   n  ■  y-  -^  ^  ^ 

tLeccaf  fymmifhc  dei  ^AarraJ 

Trope  de  Tutilon  :  Hodie  cantandus.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  i84,  p.  14.) 

Interrogatio.  Quis  est  iste  puer  quem  tam  magnis  prœconiis 
dignum  vociferatis?  Dicite  nobis  ut  collaudatores  esse  possimus. 
RESPONSio.  Hic  enim  est  quem  preesagus  et  electus  symmista 
Dei,  ad  terras  veiiturum  preevidens,  longe  ante  pnenotavit  sicque 
prasdixit  :  Puer  natus  est  nobis  absque  nascentium  ordine  pro- 
creatus  de  virgine  sine  viri  semine.  Et  filius  dalus  est  nobis, 
qui  nos  filios  sui  Parentis  adoptivos  fecit,  carnem  sumens ,  quos 
et  nominat  fratres  ^  Cujus  itnperium  super  humerum  ejus,  Deus 

1  Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  13;  381,  p.  199;  382,  p.  21.  Le  texte  de  484, 
reproduit  ci-dessous,  nous  offre  des  e  cédilles  dans  les  mots  preroniis,  pre- 
sagus,  previdens,  predixit,  prenotavit,  etc.  =■  Cf.  Berlin,  Theol.  lat.,  n»  11, 
fo  2  r».  Oxford,    Douce,    222,  f"   2  v».    Londres,    British    Muséum,   Cotton  : 


64  iiisTfiiHr:  DK  i.A  l'DKsii:  i.irri{(iif)UK 

quod  Pator  suo  iiiisso  in  iiiuiKium  Nalo  cl  incarnate  semper 
suum  dat  sccunduin  carncni.  El  vocabilur  nomen  ejus  nonicn 
quod  cxstat  onin(^  super  n(jni(,'n,  ((uud  supcrnaj  licniunt  polcsta- 
tcs,  terra  et  infcrus  (juod  adorant  et  trépidant,  Magni  consilii 
anyelus.  r*s.  Cantate  Dumino  canticum  novum,  quia  rnirabxlia 
fecil,  niiro  modo,  cuni  d(.'  Virginis  utero  ut  lumn)  prucessei^at  et  ut 
Deus  iiMperilal.   Gloria  Patri  et    FUio  et  Hpirilui  sancto.  Sicut 


^      .        ^    ^ 


i   uer-nÔb  A^lfc^iie  njifcermum 

^fdno^'  i^inoffiUof   fui 
..  /      -       .    y  ^    -      ^  -        r- 
XjArertdÇ âÀopdtxofÇ^cxc  oxr" 
^ .         ^       -         y    .^   ^    ^ 
nem  fumer) f  auofd'naTnirtTxr 

^  am  e%uf'  êetxfijuod  p.tzrer  ftu> 

cAjmAXD  ferriver"  funm  axp 

Trope  de  Tutilon  :  Hodie  cantandus  (  Bibl.  du  Saint-Gall,  484,  p.  15.)  — 
On  complétera  le  texte  manuscrit  nvec  notre  texte  (p.  Ci,  deuiiémc  ligne  cl  suiy. 


erat  in  principio  et  nunc  et  semper,  et  in  sœcula  sœculorun}. 
Amen.  Alléluia!  Laus  tibi,  Christe,  qui  hodic  cum  mafrna  luce 
descendisti.  Dicite,  eia  :  Alléluia! 

Le  second  Trope  de  Tutilon  est  loin  d'avoir  conquis 


Caligiila,  A,  XIV,  ("•!.  Vienne,  18io,  f»  ">8  rv  Pari?.  Bibl.  nat.,a4i8  (Prum). 
f"  2  r-;  KXilO,  f<>  1  v  (lÀ-hlernacli)  ;  \3-21il,  f*  3  V  (Paris),  etc.  =  Itans  le 
manuscrit  'i8i  de  ï^aint-Gall,  les  mois  du  texte  lilurpiijue:  S'obis,...  Et  filius... 
Nobis,...  Ejux,...  Sotncn  ejus,...  Amen,  ?onl  répétés,  et  accompagnés  cliacun 
d'une  série  de  neunies  ou  de  vocalises  sans  paroles.  =  C^  Trope  a  élé  l'objet 
d'un  remaniement  dont  nous  p,trli'rons  plus  loin. 


LES  PLUS  ANCIENS  TROPES  CONNUS       65 

la  même  célébrité,  et  ne  semble  pas  avoir  été  emporté 
très  loin  hors  de  son  abbaye  originelle.  Il  est  vrai  qu'on 
le  chantait  seulement  à  l'Offertoire,  et  que  ces  Tropes 
de  l'Offertoire  n'ont  jamais  été  appelés  à  la  même  «  po- 
pularité »  que  ceux  de  l'Introït.  Il  convient  cependant 

OiQtnnia*^  uifxrtxum  ^jvynmxf 
rtirn  fi/rniftnvopuLa  cvfuf 

-    y   '    V  'y  ^.  r     X ,. 

csrtcern  rt^Wnjn^'  mAt^mi 
irrcemtiui  domtni  iponcfuùu*7t 

q-tmhuf  fuvvUcrcer'  dçvtm  t> 
hLCinorrbufitjlofmrrt  ôr^karterh  * 

Trope  de  Tiitilon  :  Omnium  virlulum  gcmmis.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  33.) 

de  se  rappeler  qu"il  était  exécuté  le  lendemain  de  Noël, 
en  ce  jour  lumineux  où  l'Église  honore  la  mémoire  de 
l'illustre  Protomartyr,  qui  est  le  patron  d'un  si  grand 
nombre  de  nos  cathédrales,  et  que  les  imagiers  du 
moyen  âge  ont  représenté  la  tête  ceinte  d'un  nimbe 
de  pierres  (pierres  de  son  martyre,  devenues  les  pierres 
de  son  auréole)  : 

Omnium  virtutum  tïemmis  adornalum  atque  miraculorum  si^nis 
iii  populo  coruscaTitciii  p;ilinaqii(^  iii;u-tyrii  pro  Jesu  noiniiK^  co- 


06  lllS'IOllil-;   DK   I.A   l'UKSli:    MTLI'ililuLK 

njuaiidiiin  Elegerunt  [apostoli  Slephanurn]  /ei'i7a/vî.  Cdliiiiinam  in 
k'iiiplo  iJci  ponoiuluiii  ('ju.s(|ii('  iioiiiiiu'  CijM.si^Miaiuluin,  Plénum 
fide  \et  Spirilu  sancto,  qvem  lapidavcrunt]  Judœi,  lerrae  positis 
fîC'iiihus,  supplicilor  D(3um  pro  faciiiorilms  ipsorurn  oranlem  [et 
dicenlem  :  Domine  Jesii,  accipe  spirilummeum.  Alléluia  /'] 

Dans  ses   Casus  Sancti  Galli,  Kkkoliard  attribue  à 
' -r  f    -    -^//^      -  -  ^,/  ^ 

ô  rlj[unc  cogriofcxtnur  d/noiiorimuf 

/    ^  ^ yf/^'^  ti-    " 


\1. 


ILl6A.ULil- 


-  u.^-^-^'^"^-^' 


^  xt^JUvn  meAu.     '■> 

«     —  -^^■y,  fvt  /itJLK  if>- *■' y^ 

Trope  rm  GûWat.  ;  lîibl.  de  Saint -Gall,  i8i.  p.  121.; 

Tutilon  plusieurs  autres  Tropes  :  le  Gaudete  et  cantate, 
qui  est  rOffertoire  de  Pâques  -;  le  Quoniam  Dominiis 
Jésus,  qui  est  un  Introït  pour  la  f<Me  de  saint  Jean 
rÉvangéliste  ^;  et  VOmnipolens  gerdtor.  (jiii  est  un  des 
plus  beaux  Tropes  du  Kjirie  '. 

>  nil.l.  de  Saiiil-Gali,  'iS'i,  \k  33;  3Sl .  p.  206;  382,  p.  2o.  —  Berlin.  Theol. 
lat..  n»  11,  f»  0  V».  etc. 

2  Hibl.  de  Sainl-Gall,  iS'i.  p.  132;  381.  p.  2i'.>.  etc. 

3  Hibl.  de  t^aint-Gall,  370.  p.  i2;  381.  p.  21»'..  _  Berlin.  Théol.  lat..  n»  11. 
foy yo.  —  Vienne,  18'io.  f"  58  v".  —  l>an.s  ce  dernier  manuscrit, c'e*t  le  seul  Trope 
qui  soit  Consacre  à  saint  Jean.  —  Nous  en  avons  donné  le  texte  plus  haut  (p.  3). 

*  Hibl.  de  .STint-Gall,  W».  p.  21 ,  etc.  Nous  énumérons  ailleurs  tous  les  ma- 
nuscrit-; m'i  se  trouve  ce  Tropi^. 


LES  PLUS  ANCIENS  TROPES  CONNUS  j57 

Quant  à  l'Offertoire  de  l'Ascension,  Viri  Galil3ei\  les 
manuscrits  ne  nous  en  donnent  que  les  neumes,  qui 
sont  probablement  l'œuvre  de  l'empereur  Charles  ^ 

Un  Trope  composé  par  un  empereur,  c'est  un  fait 

OJt  yé^xx<iexx,  <S/cAîtcxzer  auuLhodie- 

^  //>   ^//  ^'  A^^^'tr 

Çurreycrt:  tiûfrttnuf  de-  'féjJuL<hr^ 

y-^/f   r     ^    <^   '    ^  '^  ^ 

f  ^  ^    ^  r-  -   -'"v;>r 

{xnctxsr^nx  furreycitrimi^DxLrefixi — 

"r  /^    ^//-     /    ^^'^''    -.'" 
nsnnn^  etA.-    f¥erTVt  -areratm:  • 

Trope  Gaudete  et  canlale.  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  pp.  132-133.) 


unique,    mais   qui,  somme  toute,  ne  justifie  pas  le 
genre. 

^  Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  125,  etc.  —  L'éditeur  moderne  des  Casus, 
D.  \.  von  Arx  (Pertz,  Scviptoves,  H,  p.  101 ,  note  41),  avait  reconnu  avant  nous 
que  nous  ne  possédions  que  la  musique  du  Trope  Viri  Galilœi. 

2  Ekkehard  V,  en  sa  Vita  B.  Notkevi  (qui  n'est,  en  général,  qu'une  copie 
sans  autorité  des  Casits),  donne  une  importance  plus  considérable  à  la  collabo- 
ration de  l'empereur  et  de  Tutilon:  Alla  etiarn  phi)-a  ad  invireiii  composuernnt. 


CHAPITRE  IX 


DES  LIVRES  QUI   NOUS  ONT  CONSERVE  LE  TEXTE   DES  TROPES 
—  LES  TROPAIRES 


Un  Tropaire  {troparium,  troparius ,  tropharius,  tro- 
ponarius,  trophonarius,  etc.  '),  c'est  le  livre  noté  qui 


1  1°  Troparium.  Duo  hymnarii  grossati,  octo  troparia,  duo  omiliarii  {Inven- 
tarium  Sancti  Martini  Pontisariensis,  ann.  1241;  cité  par  Ducange  au  mot  tropus). 
—  Troparium  ou  troparius.  Missalibus,  tropariis,  collectaneis  (In  Vitis  abba- 
tutn  Sancti  Albani ;  cité  par  Ducange,  l.  c.).  =  2°  Tropharius.  Plures  dulcisonos 
cantus  in  trophario  et  antiphonario  edidit.  (Orderic Vital,  III,  p.  485.  —  Cf.  Syn. 
Exon.,  ann.  1287,  cap.  xii.)  =  2°  Troponarius.  Troponarius  liber  continens 
xpÔTtoyç,  id  est  cantus,  etc.  Quidam  etiam  hune  librum  «  prosarium  »a  prosis 
appellant  (Johannes  BaXeÛï.,  Expositio  divini  Officii^cap.  i.ix;  Martin  Gerbert, 
l.  c,  p.  342). —  4"  Trophonarius,  trophonarium.  Est  autem  trophonarius,  in  quo 
continentur  ii  cantus  qui  cum  Introïtu  Misses  cantari  soient.  {Id.,  ibid.)  In 
parvis  trophonariis  (Ordinarium  Sancti  Pétri  Aurese  Vallis ,  cité  par  Ducange, 
verbo  trophonarium).  Cf.  troperium,  tropiarius,  etc.  =  Il  convient  d'observer 
que  les  dillërents  noms,  énoncés  ci -dessus,  ne  se  rencontrent  pas  en 
tête  de  nos  manuscrits,  mais  dans  les  textes  des  historiens 
ou  des  liturgistes,  dans  les  canons  des  synodes,  dans  les  In- 
ventaires, etc.  =  Autre  observation.  C'est  à  tort,  suivant  nous,  que  Jean 
BeIeth(£'irpos!^io  divini  Officii,  cap.  lix)  a  prétendu  que  certains  donnaient  au 
Tropaire  le  nom  de  Prosier,  à  cause  des  proses  qu'il  renferme.  Le  Prosier  peut, 
tout  au  plus,  être  considéré  comme  une  partie  du  Tropaire;  mais  il  ne  convien- 
drait pas  d'aller  scientifiquement  plus  loin.  =  Certains  Tropes  ont  porté  le  nom 
de  prosx  et  àeprosulas:  tels  sont  notamment  ceux  du  Kyrie,  de  l'intérieur  du 
Graduel ,  de  l'Offertoire ,  de  la  Communion  ,  du  répons  Descendit  (  Fabrice 
mundi)  et  du  répons  Sancta  et  immaculata  virginitas  (V.  plus  haut,  p.  t>0, 
notes  1  et  2).  Mais  ce  sont  là  des  cas  qui  peuvent  légitimement  passer  |iour 


7(1  IIISTniMK    l»['.    I.  A    l'OKSIK    I.  IT  I' Mfi  lO  T  K 

contient  les  interpolations  des  textes  liturgiques  ap- 
pelées «  Tropes  ».  Ces  interpolations  sont  tantôt  en 
prose,  tantôt  en  vers,  et  atteignent  à  la  fois  roffice  de 
la  Messe  et  celui  des  Heures. 

La  plupart  des  définitions  du  Tropaire  qu'on  a  don- 
nées jusqu'ici  sont  incomplètes  ou  fausses  :  fausses, 
parce  que  leurs  auteurs  n'avaient  pas  la  notion  précise 
du  Trope;  incomplètes,  parce  qu'ils  y  ont  seulement 
visé  certains  Tropes,  et  notamment  ceux  de  l'Introït. 

Ce  que  les  liturgistes  ont  vu  plus  nettement,  c'est  le 
caractère  monastique  de  la  plupart  des  Tropaires  qui 
sont  parvenus  jusqu'à  nous.  Les  Tropes,  comme  le  fait 
observer  Jean  Beleth.  «  ont  été  surtout  chantés  par  les 
moines  *  ».  Pour  un  Tropaire  séculier,  on  en  trouve 
neuf  qui  ne  le  sont  point.  Neuf  ou  davantage. 

Il  importe  de  ne  pas  confondre  le  Tropaire  avec 
l'Antiphonaire,  qui  est  ce  livre  liturgique,  —  officiel  et 
non  interpolé,  —  où  l'on  trouve,  accompagnées  de 
leur  notation  musicale,  toutes  les  parties  de  la  Messe 
qui  sont  chantées  par  le  chœur  (Introïts,  Graduels, 
Offertoires,  Communions,  etc.).  Cet  Antiphonaire  d'autre- 
fois correspond  au  livre  de  chant  qu'on  appelle  depuis 
longtemps  le  Graduel. 

Quant  au  Responsorial ,  qu'on  a  pu  légitimement 
considérer  comme  formant  la  seconde  partie  de  l'Anti- 
phonaire complet  -,  il  contient  les  chants  de  l'Office  ou 


exceptionnels;  elle  mot  prosariuin , que  l'on  trouve  dans  un  de  nos  manuscrits, 
ne  doit  s'entendre,  comme  le  français  prosier,  que  de  «  la  collection  des  proses 
qui  suivent  le  dernier  allchda  du  Graduel  ».  Cette  question  d-^  noms  a  une  vé- 
ritable importance. 

'  Est  autem  tro|>honarius  in  que  conlinentur  ii  cantus  qui  cum  Introïlu  Missae 
cantari  soient,  et  maximi;  qliuem  \  monaciiis;  cujusmodi  sunt  Iropi,  ^equenli». 
Kiirie  eleison  et  ncxima;.  (E.r]wsi(io  divini  ()/"/»Vii,  cap.  i.ix  ;  Gerberl,  l.c,  I.  3V2. ) 

-  Sur  rAuliplionaire  de  saint  Grégoire  et  sa  division  en  «  Graduel  »  cl  «  Rc- 


LES  TROPAIRES  71 

des  Heures,  et  ne  saurait  davantage  se  confondre  avec 
le  Tropaire. 

Il  faut,  à  ce  sujet,  se  tracer  une  règle  fixe  et  partir 
toujours  du  même  principe  :  «  Là  où  il  n'y  a  pas  in- 
«  terpolation,  il  n'y  a  pas  Tropaire.  »  Un  Tropaire, 
sans  doute,  peut  renfermer  certaines  parties  du  Gra- 
duel ou  du  Responsorial  ;  mais  il  ne  les  renferme 
qu'accompagnées  d'interpolations  ou  de  Tropes.  C'est 
une  loi  qu'il  est  aisé  de  comprendre. 

Il  semblera  peut-être  inutile  de  distinguer  ici  le 
Tropaire  d'avec  le  Sacramentaire,  lequel  n'est  pas  un 
livre  de  chant  et  contient  les  oraisons  et  préfaces  qui 
concernent  le  rite  auguste  de  la  Messe  durant  tout  le 
cycle  de  l'année  liturgique. 

Avec  le  Missel,  qui  est  principalement  dérivé  du 
Sacramentaire,  la  confusion  n'est  pas  moins  difficile. 
Même  observation,  d'ailleurs,  que  tout  à  l'heure  :  les 
Tropaires  peuvent  çà  et  là  offrir  telle  ou  telle  partie  de 
l'antique  Sacramentaire  ou  du  Missel;  mais,  encore 
une  fois,  de  tels  extraits  sont,  en  pareil  cas,  accompa- 
gnés d'interpolations  ou  de  Tropes.  Personne  ne  sau- 
rait s'y  tromper. 

Le  Tropaire  n'a  rien  de  commun  avec  l'Hymnaire; 
mais  on  n'en  saurait  dire  autant  du  Séquentiaire,  de 
ce  livre  de  chant  où  l'on  transcrivait,  avec  ou  sans  pa- 
roles, les  vocalises  ou  mélodies  neumatiques  qui  sui- 
vaient le  dernier  Alléluia  du  Graduel.  Le  Prosier,  à  tout 
prendre,   n'est  qu'un   Séquentiaire   «    avec  paroles   ». 


sponsorial,  »  voy.  Dom  Guéranger,  Institutions  lituvfjiques ,  2°  édit.,  I,  164  : 
«  L'Antiphonaire  de  saint  Grécoire  se  divisait  en  deux  parties  :  Tune  qui  con- 
tenait les  chants  usités  dans  la  Messe,  et  qui  est  connue  depuis  longtemps  sous 
le  nom  de  Graduel;  Tautre,  appelée  dans  l'antiquité  Responsorial,  et  contenant 
les  répons  et  les  antiennes  de  l'Office,  laquelle  a  retenu  le  nom  d'Antiphonaire.  » 


72  IIISTOllii;    \)\:    LA    l'OKSH-;    U'iriiClnlJE 

Que  ces  paroles  aient  été  écrites  sur  des  mélodies 
préexistantes  ou  sur  des  mélodies  nouvelles,  peu  im- 
porte :  il  y  faut  voir,  selon  nous,  de  véritables  interpo- 
lations et  qui  ont  un  rapport  intime  avec  les  Tropes.  Si 
donc  nous  considérons  les  pro^x  comme  un  véritable 
Trope,  nous  regarderons  aussi  les  «  Séquentiaires  avec 
paroles  » ,  ou  les  Prosiers,  comme  une  partie  intégrante 
ou,  à  tout  le  moins,  comme  un  supplément  du  Tropaire. 

L'I^jistolier  nous  offre,  avec  quelques  annexes,  le 
texte  de  toutes  les  «  Kpîtres  »  lues  à  la  Messe  depuis  le 
premier  dimanche  de  l'Avent  jusqu'à  la  fin  de  l'aimée 
liturgique  :  il  est  aisé  de  ne  pas  le  confondre  avec  le 
Tropaire,  où  l'on  trouve  aussi  le  texte  d'un  certain 
nombre  d'Kpitres,  mais  interpolées,  mais  tropées,  mais 
farcies.  La  différence  est  grande. 

Quelques  Leçons  des  Nocturnes  ont  été  suivies  de 
Tropes  ;  mais  il  n'y  a  rien  dans  cette  circonstance  qui 
puisse  nous  autoriser  à  prendre  jamais  le  Lectionnaire 
pour  un  Tropaire.  Nous  n'avons  pas  à  parler  ici  du 
Bréviaire,  qui  n'est  pas  un  livre  de  chant,  et  avons 
enfin  épuisé  la  liste  de  tous  les  livres  liturgiques  avec 
lesquels  le  Tropaire  pourrait  être  confondu.  Il  y  faut 
parfois  regarder  d'assez  près. 

Il  importe  de  ne  tomber  ici  dans  aucune  exagération 
et  de  ne  pas  s'imaginer  en  particulier  que  nos  biblio- 
thèques nous  offrent  souvent  des  Tropaires  <*  à  Tétat 
pur  ».  Rien  n'est  plus  rare  au  contraire  quun  manu- 
scrit contenant  iNinrKMKNT  un  Tropaire;  mais  rien 
n'est  plus  commun  (pic  de  rencontrer  un  Tropaire  dans 
le  même  manuscrit  où  nous  trouvons  déjà  un  Aiili- 
phonaire  ou  un  Prosier.  Ces  différents  éléments,  si 
rapprochés    iprils   soient,   si  mêlés   (pfils    paraissent. 


LES  TROPAIRES  73 

sont  nettement  distincts  l'un  de  l'autre,  et  il  faut  laisser 
ou  rendre  à  chacun  sa  vie  indépendante.  Cuique  suum. 

Certes,  on  a  pu,  d'une  main  plus  ou  moins  respec- 
tueuse ou  maladroite,  toucher  au  texte  plusieurs  fois 
vénérable  de  l'Antiphonaire  grégorien;  on  a  pu  lui  faire 
subir  de  regrettables  additions.  Mais  enfin  (et  sur  ce 
point  tous  les  liturgistes  sont  d'accord)  l'Antiphonaire 
grégorien  existe  et  persiste  comme  une  entité,  comme 
une  unité  indiscutable.  On  n'en  pourra  jamais  dire 
autant  des  Tropaires. 

Il  n'y  a  pas  un  Tropaire  qui  soit  le  prototype  de 
tous  les  autres. 

Les  plus  anciens,  qui  sont  ceux  de  Saint- Gall,  ont 
été  reçus  et  adoptés  un  peu  partout;  mais  n'allez  pas 
croire  qu'on  s'en  soit  contenté  longtemps.  On  s'est  mis, 
de  très  bonne  heure,  à  fabriquer  de  nouveaux  Tropes, 
et  peu  de  fabrications  ont  été  aussi  actives.  Quant 
aux  anciens  Tropes,  il  en  est  parmi  eux  qui  «  ont  eu 
la  vie  dure  »  et  se  sont  énergiquement  défendus;  mais 
combien  ont  disparu  pour  faire  place  à  de  nouvelles 
productions  qui  ne  valaient  pas  les  anciennes  !  Cette 
production  incessante  ne  dura  guère  moins  de  deux 
siècles. 

Parmi  les  églises  qui  ont  été  ainsi  atteintes  de  la 
passion  des  Tropes,  il  en  est  qui  l'ont  été  plus  ou 
moins  gravement.  Saint-Martial  de  Limoges  a  certaine- 
ment dépassé  toutes  les  autres ,  et  personne  ne  saurait 
lui  contester  le  premier  rang. 

C'est  dans  les  monastères,  disons-nous,  que  ce 
mouvement  a  été  le  plus  vif.  Nous  nous  persuadons 
que  les  Tropes  ont  été  alors,  })ar  certains  côtés,  ce 
que  nous  appellerions   aujourd'hui    des   exercices  de 


74  IIISTMllil':    l)K    I.A    l'OKSIi;   LITIliClnl  K 

rhétorique.  Les  moines  en  composaient  volontiers  de 
nouveaux  et  en  feisaient  composer  aux  élèves  des  scolie 
interiores  et  aux  novices.  De  là  cette  sin^nilière  at)on- 
dance  et  variété. 

Voilà,  pour  le  redire  en  passant,  ce  <jiii  jnoiivc  que 
les  Tropaires  n'ont  jamais  été,  dans  toute  la  force  de  ce 
mot,  un  livre  véritablement  liturgirpie  et  officiel,  '[jos 
Papes  ont  pu  approuver  et  encourager,  en  certains  mo- 
nastères, cette  forme  nouvelle  de  la  piéti';  mais  ils 
n'ont  pas  été,  mais  ils  ne  pouvaient  aller  plus  loin  que 
cette  approbation  et  cet  encouragement.  Tous  ces  faits 
sont  à  peser. 

Nous  ajouterons  une  dernière  considération  :  c'est 
que  le  plan  des  Tropaires  parvenus  jusqu'à  nous  est 
loin  d'être  le  même.  Nous  aurons  lieu  tout  à  l'heure 
de  constater  trois  ou  quatre  dispositions  notablement 
différentes  dans  l'économie  de  ces  livres,  qui  n"ont 
jamais  eu  de  caractère  officiel  ni  de  vérital)le  unité.  Est- 
ce  que  l'Antiphonaire  de  saint  Grégoire  a  jamais  subi 
d'aussi  nombreuses,  d'aussi  profondes  modifications? 

Un  de  nos  plus  anciens  Tropaires  est  celui  qui  fait 
aujourd'hui  partie  d'un  précieux  manuscrit  de  la  bi- 
bliothèque impériale  de  Vienne',  dont  on  peut  fixer 
la  date  au  commencement  du  xe  siècle.  Rien  n"est  plus 
simple,  rien  n'est  plus  bref:  cinq  feuillets!  Le  système 
de  l'interpolation  n'est  encore  appliffué  ([u'à  l'office  de 
huit  fêtes  :  Noël,  saint  Jean  TÉvangéliste,  les  saints 
Innocents,  l'Epiphanie,  Pâques,  TAscension,  la  Pen- 
tecôte et  l'Assomption.  Comme  nous  l'avons  dit  jilus 
haut    (mais     nous    ne     saurions    en    administrei'    la 

'  Vioiiiio,  Bilil.  iini>.,   KVl'.t.  I"-   !-".•. 


LES  TROPAIRES  7o 

preuve  mathématique),  ce  Tropaire  représente,  à  nos 
yeux,  les  premiers  essais  des  Tropistes  de  Saint- Gall. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  Tropiste  est  encore  timide;  il  ne 
se  répand  pas,  il  se  contient.  Que  n'en  est-on  resté  là! 

Un  Tropaire  à  l'état  pur,  un  Tropaire  remplissant  à 
lui  seul  tout  un  manuscrit  !  Nous  avons  dit  que  le  cas 
était  des  plus  rares;  mais  il  est  indispensable  de  signaler 
ici  un  type  véritablement  classique,  et  ce  sera  cet  in- 
comparable manuscrit  de  Prum ,  qui  est  à  coup  sûr  un 
des  plus  beaux  Tropaires  connus  ^  L'ordre  de  l'année 
liturgique  y  est  rigoureusement  suivi,  et  chaque  fête 
y  est  à  sa  place,  munie  de  tous  ses  Tropes.  Nous  ne 
pensons  pas  qu'on  ait  jamais  rien  fait  ni  de  plus  ré- 
gulier, ni  de  plus  achevé. 

Pour  bien  saisir  ce  qui  va  suivre,  pour  comprendre 
les  trois  plans  auxquels  on  peut  réduire  tous  les  Tro- 
paires qui  sont  parvenus  jusqu'à  nous,  nous  devons 
tout  d'abord  établir  une  distinction  entre  les  grands 
Tropes  {Kyrie,  Gloria,  Sanctus,  Agnus)  et  les  petits 
(Introït,  Offertoire,  Communion,  etc.).  On  voudra  bien 
ne  pas  attacher  ici  un  sens  trop  absolu  à  ces  deux 
mots  «  grands  »  et  «  petits  »,  qui  vont  nous  être  si 
utiles  pour  établir  une  classification  raisonnée. 

Étant  donc  admis  ce  point  de  départ,  trois  cas 
peuvent  se  présenter,  et  l'on  peut  distinguer  trois 
classes  de  Tropaires. 

Un  certain  nombre  de  manuscrits  nous  offrent, 
nettement  séparés  l'un  de  l'autre,  en  deux  catégo- 
ries distinctes,  les  «  grands  »  Tropes  d'une  part,  et  les 
«  petits  »   de  l'autre.  Entre  ces  deux  groupes  il  y  a 

ï  Bibl.  nat.  lat.,  9448. 


76 


iifsToiiM':  hi;  I.  \  i'(ti;sii-;  i.n  riirii(ii-|-: 


commo  une  ligne  de  démarcation   qu"(jn   no  veut  pas 
franchir  \ 

D'autres  Tropaires,  dont  les  auteurs  se  sont  peut-r-tre 
montrés  plus  logiques,  sont  divisés  en  autant  de 
tranches  qu'il  y  a  de  fêtes  dans  l'année  liturgique  -. 
Dans  chacun  de  ces  chapitres  (celui  de  Pâques  par 
exemple),  l'ordre  adopté  est  celui  des  différentes  parties 
de  la  Messe.  Après  les  Tropes  de  l'Introït  Resurrexi , 
viennent  immédiatement  ceux  du  Kyrie  et  du  Gloria, 
qui  précèdent  directement  ceux  du  Graduel  et  de 
l'Offertoire.  Après  ceux-ci   on   lit  ceux  du  Sajictus  et 


M» 

Saint -Gall. 

2<. 

— 

3'» 

— 

4. 

— 

5» 

— 

fio 

— 

70 1 

^ari^.Iiibl.ii.il.l 

8" 

— 

9» 

— 

10» 

— 

H» 

— 

12» 

— 

13* 

— 

l'i» 

Berlin, 

lo» 

Munich, 

16» 

— 

17- 

Londres . 

18- 

N'iennc, 

1<> 

Home, 

M»! 

'aris.  Hil.l.n.il. 

2" 

— 

3» 

— 

/,• 

— 

l3- 

— 

6» 

Arsenal, 

7" 

Home . 

8» 

Oxlonl, 

370, petits  tropes,  pp.  39  et  puiv.;  grands  tropes,  Giiet  suiv. 
378,  même  disposition  que  dans  le  manuscrit  précédent. 
380,petitstropes,  pp.28ct  suiv.;  grands  tropes,  83  et  suiv. 
381,  petits  tropes.  pp.1'.)o  et  suiv.;  grands  tropes,  2'.io  et  suiv. 
382, petits  tropes, pp.  21  et  suiv.;  grands  tropes,  o7  et  suiv. 
'i8'i,  petits  tro|ies,  pp.  iiet  suiv.  ;  grands  tropes.  2(l2  et  suiv. 
lai.,  887.])etits  tropes,  f» 8 r° et  suiv.;  grands  tropes.  f^Wr' et  suiv. 
9(19.  petits  tropes,  l'°9ro  et  suiv.;  grands  tro[>es,  foS^ir"  et  suiv. 
inSi.  petits  tropes,  f" 39 r°  et  suiv.;  grands  tro|>es.f<'92r'' et  suiv. 

1119,  petits  tro|>es,  f»  'ir°et  suiv.;  grandstropes.  f°84r»elsuiv. 

1120,  petits  tropes,  l"!  r«etsuiv.;  grands  tropes,  f"  fur»  cl  suiv. 

1121,  petits  tropes,  f" 2 r» et  suiv.;  grands  tropes,  f»  i2r''etsuiv. 
13252.  petits  tropes.  f°  3  r»et  suiv.;  grands  tropes.  f"  20  r» et  suiv. 

Theol.  lat..  n"  11  :  prlit~  trojx-s.  f <>  1  v"(t>uiv.:  grands  tropes, 

l'o  7y  ro  et  suiv. 
Lat., l'»08,3, petits  tropes.  f»80v°et  suiv.; grands Iropes.  foUVI 

r"  et  suiv. 
Lat.,  14322,  petits  tropes, f»108r<'etsuiv.;grands  tropes,  f*  |(Y) 

r»  et  suiv. 
Hrit.  Mus.,  Cottonien,  Caligida.  .\  Xl\  .  j-etits  tropes.  f»  1  r* 

et  suiv.;  grands  tropes ,  f*  37  t°  et  .-«uiv. 
Bibl.  imp. ,  18 'lii,  petits  tropes,  f*  58  V»,  suivis  des  grands  l^ope^ 

qui  ne  se  confondent  pas  avec  eux. 
Bil)l.  Vitlorio  Lmmanuele,  13ii,  petits  trope.-,  f»  li^  r»et  suiv.; 

grands  tropes,  f"  I  r"  et  suiv.  Etc. 

lat..  1118,  1°  1  r'  et  suiv. 

12'i0,  1»  18  V»  et  suiv. 

9'i'i8,  f"  7  v'  et  suiv. 

9<J'»9,  f"  7  r»  et  suiv. 
1(»510,  f°  1  V  et  suiv. 

1109,  I-  i  v»  et  suiv. 
Bibl.  Angelica  B.,  3  18,  f»  iiSi  v°  cl  fuiv. 
Bodléienne,  Douce,  n*  222.  f*  0  r*  et  suiv.  Etc. 


LES  TROPAIKES  77 

de  VAgniis,  qui  sont  eux-mêmes  suivis  de  ceux  de  la 
Communion  et  de  Vite  Missa  est.  Même  il  arrive  que 
les  proses  sont  là,  à  la  place  qu'elles  doivent  réguliè- 
ment  occuper  en  leur  qualité  de  Tropes  du  Graduel. 

D'autres  Tropaires  enfin  ne  renferment  que  les 
grands  Tropes  \  Car,  il  faut  bien  le  dire,  on  avait 
fini  par  se  lasser  des  autres,  qui,  décidément,  allon- 
geaient trop  impertinemment  l'antique  et  bel  office  et 
obscurcissaient  la  lumière  du  texte  liturgique.  Il  y  a 
certainement  eu,  dès  la  fin  du  xie  siècle  et  au  siècle 
suivant,  un  mouvement  de  dégoût  et  de  réaction  contre 
les  anciens  Tropes.  On  en  avait  assez  ;  on  n'en  voulait 
plus. 

Telles  sont  les  trois  grandes  familles  de  Tropaires. 

Ce  que  nous  tenons  à  constater,  c'est  le  caractère 
éminemment  pratique  de  ces  différentes  conceptions 
d'un  même  recueil. 

Le  Tropaire  était  un  livre  de  chant  que  les  moines 
emportaient  à  l'office.  Certains  religieux  trouvaient  plus 
commode  d'avoir  à  part  les  Tropes  du  Kyrie  et  du 
Gloria  :  ils  marquaient  cette  place  avec  je  ne  sais  quels 
sinets  et  s'y  reconnaissaient  mieux.  Certains  autres ,  au 
contraire,  préféraient  ne  pas  avoir  à  tourner  les  feuil- 
lets de  leur  Tropaire  et  à  trouver  en  quelques  pages 
«  d'une  seule  et  même  teneur  »  tout  ce  qui  concernait 

»  l°Pans,Bim.nat.  lat.,  1086,  f»  18  r»  et  123  r  et  suiv. 


2° 

— 

1087,  fo  98  r»  et  suiv. 

30 

— 

1132,  fo  110  v»  et  suiv. 

40 

— 

1133,  fo  43  i-o  et  suiv. 

5" 

— 

113'i,  fo  102  roet  suiv. 

6» 

— 

1135,  f  Sro;  175  r;  177  r. 

7» 

— 

1136,  f»  96  r»  et  suiv. 

8» 

— 

1137,  fo  29  v°;  34  r». 

9" 

— 

10518,  fo  6  r»  et  suiv". 

Kl» 

— 

Xouv.  acq.,  1177,  f»  '1  i-o  et  suiv. 

Etc. 

78  IIISTOIIU-:   r)K   LA    POKSIK   1. 1 T  I' HGIQUE 

la  mcme  fête.  Nous  n'avons  pas  à  i)arler  de  l'époque  où 
l'on  ne  chanta  plus  guère  que  les  grands Tropes;  mais, 
quant  au  reste,  il  ne  faut  point  disputer  des  goûts,  et 
tous  les  plans  se  peuvent  comprendre. 

Il  nous  reste  à  indiquer  des  manuscrits  qui  puissent 
être  scientifiquement  considérés  comme  les  types 
exacts  de  ces  trois  grandes  catégories  de   Tropaires. 

Le  type  du  premier  groupe  —  grands  et  petits  Trojjcs 
formant  nettement  deux  séries  indé|)endantes  —  est  le 
vénérable  manuscrit  de  Saint -Gall  484,  le  plus  ancien 
des  Tropaires  que  l'on  peut  aujourd'hui  consulter  dans 
la  bibliothèque  de  l'antique  abbaye. 

Le  second  groupe — tous  les  Tropes  se  suivant  dans 
l'unité  d'une  seule  et  même  fête  —  est  caractérisé  par  le 
Tropaire  si  régulier  de  Saint-Martial,  qui  est  aujour- 
d'hui conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  sous  le 
no  1118. 

Le  troisième  enfin  —  pas  de  i)etits  Tropes  —  est 
représenté  par  le  beau  Tropaire  de  Saint -Évroult  ',  dont 
nous  ferons  plus  loin  le  portrait. 


Nous  disions  tout  à  l'heure  que  le  Tropaire  «  à  l'état 
pur  »  est  chose  rare  ;  mais  de  quels  autres  éléments  se 
composent  les  manuscrits  où  l'on  rencontre  les  Tro- 
paires? Il  importe  d'autant  plus  de  le  savoir,  que  ces 
éléments  doivent  avoir  une  étroite  connexion  avec  les 
Tropes  eux-mêmes.  Dans  un  seul  et  même  volume 
on  a  dû  réunir  les  morceaux  de  clinnt  qui  t'taient  exé- 

'  Bil.l.  n,U.  Int..  IO0O8. 


LES  TROPAIRES  79 

cutés  en  même  temps  que  les  Tropes.  C'est,  en  effet,  ce 
qui  a  eu  lieu. 

Entre  tous  ces  éléments,  l'Antiphonaire  d'une  part, 
et,  de  l'autre,  le  Prosier,  tiennent  la  première  place. 
C'est  l'Antiphonaire  et  le  Prosier  que  l'on  trouve  le  plus 
souvent  accouplés  au  Tropaire,  et  rien  ne  semblera  plus 
naturel.  L'Antiphonaire  %  en  effet,  est  le  texte  liturgique 
qui  a  été,  aux  ixe-xie  siècles,  la  matière  de  presque  tous 
les  Tropes ,  et  le  Prosier  -  nous  offre  la  collection  de  ces 
prosœ  que  d'illustres  liturgistes  ont  pu  légitimement 
assimiler  aux  Tropes  du  Graduel.  Il  en  faut  dire  autant 
de  ces  sequelai^,  de  ces  jtihili  du  dernier  Alléluia  du 
Graduel ,  de  ces  mélodies  enfin  que  certaines  églises 
«  neumatizaient  »  sans  paroles,  et  dont  les  phrases 
musicales  étaient,  en  d'autres  lieux,  chantées  alterna- 

1  Saint-Gall,  376,  pp.  82-312.  -  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  9(13,  H  1-133  r»;  1087, 
fos  i_98;  1132,  f"^  5-107  v";  lOolO,  f"^  73  ro-117  v».  —  Rome,  Bibl.  Angelica, 
pp.  117-184  r»,  etc.  etc.  =  11  va  sans  dire  que  ces  indications  se  rapportent  uni- 
quement à  cette  partie  de  l'antique  Antiphonaire  qui,  «depuis  longtemps  déjà, 
a  reçu  le  nom  de  Graduel  ». 

2  Saint-Gall,  376,  pp.  312-432;  378  (ce  ms.,  jusqu'à  la  p.  345,  offre  la  même 
disposition  que  le  ms.  376)  ;  380,  p.  125  et  suiv.  ;  381 ,  p.  182  et  suiv.  ;  382,  p.  94 
et  suiv.  — Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f''96  r"  et  suiv.;  903,  fol80roet  suiv.  (le  mot 
prosarimn  s'y  trouve);  1084,  f"  221  r»  et  suiv.;  1086,  f"  27  r»  et  suiv.  (la  plus 
grande  partie  des  proses  appartiennent  à  la  seconde  époque);  1087  (les  Prosse 
annuales  in  festivitatibus  dicendse,  f°  101  v°  et  suiv.,  sont  opposées  aux  Melo- 
dise  annuales  in  festivilalibus  dicendse,  t"  108  r"  et  suiv.);  1118,  f"  144  r»  et 
suiv.;  1119,  f"  140  et  suiv.  (le  Prosier  est  à  sa  place  normale  après  le  Kyrie  et 
le  Gloi'ia,  avant  le  Sanctus  et  VAgnus)  ;  1120,  f»  106  r"  et  suiv.;  1121  (frag- 
ments de  Prosier),  f"  196  r°,  200  r"  ;  1132,  f"  113  v«  et  suiv.;  1133  (très  in- 
complet), fo  50  \°  et  suiv.;  1136  (peu  étendu),  f"  17  et  suiv.;  1137,  f"  51  \°  et 
suiv.;  1240,  f»  40  V  et  suiv.;  1338,  i°  9  r»  et  suiv.;  9449,  f»  85  r»  et  suiv.; 
10508,  fo  44  vAM  v;  10510,  f"  23  v''-72  r»;  13252,  fo  39  r»  et  suiv.;  nouv. 
acq.,  1177,  f»  53  r''-89  r";  nouv.  acq.,  1235,  f>J  177  v  et  suiv.;  —  Arsenal, 
1169  (mêlé  intimement  au  Tropaire),  f»  1  r"  et  suiv.  —  Munich,  14083,  f°  7  v°, 
et  14322,  fo  16  r».  —  Berlin,  Theol.  lat.,  n»  11,  f»  14'i.  —  Londres,  British  Mu- 
séum. Add.  mss.  f"  55  et  suiv.  Etc. 

3  Saint-Gall,  484,  p.  258.—  Paris,  Bibl.  nat.,  887,  fo  87  ro;  909,  fo  110,  r»; 
1084,  fo  197  r";  1087,  f°  108  ro  {Melodise  annuales  in  festivitatibus  dicendœ , 
opposées  aux  Prosse  annuales  in  festivitatibus  dicendœ,  f*  101  v");  1118, 
fo  131  vo  ;  1121,  fo  58  r»  ;  1133,  f»  59  ro  ;  1134,  fo  107  r"  ;  1135,  fo  1  r-  ;  1136,  |o  92;  1137, 
fo  39  ro.  Etc. 


80  MISÏOIHK  1)K   I.A    l'OKSIK   I.II  r  li  (il  n  I  K 

tivement  avec  ou  sans  les  paroles  des  proses.  Ces 
sequehr  se  trouvent  dans  la  plupart  des  'rroi)aires  de 
Saint- Martial. 

Que,  pour  leur  plus  grande  commodité  et  avantage, 
les  moines  de  cette  même  abbaye  et  quelques  autres 
aient  encore  commandé  à  leurs  scribes  d'insérer  dans 
les  Tropaires  les  Graduels  ^ ,  les  Traits  -,  les  Versets  al- 
léluiatiques '^  il  ne  convient  pas  de  s'en  étonner.  Ce  sont 
là  autant  de  pièces  liturgiques  qui  faisaient  naturelle- 
ment partie  de  l'antique  Antiphonaire,  et  qui  ont  avec 
les  Tropes  d'évidentes  affinités  de  voisinage.  Le  Graduel 
et  son  Verset  alléluiatique  ont  été  violemment  tropés,  et 
le  Trait  (qui  ne  l'a  jamais  été)  remplace  l'Alleluia  du 
Graduel  durant  les  temps  de  pénitence,  et  alors  que  le 
Tropaire  est  muet.  L'Offertoire  *  alors  n'était  point 
aussi  simple  qu'il  l'est  aujourd'hui,  et  se  composait 
primitivement  d'une  suite  de  Versets  auxquels  nos 
pères  attachaient  une  grande  importance.  Le  moine 
était  heureux  d'avoir  sous  la  main  ses  Offertoria 
cum  versibus,  en  même  temps  que  ses  Graduels,  ses 
Traits  et  ses  Versets  alléluiatiques.  Tous  ces  élé- 
ments se  complétaient  l'un  par  l'autre,  et  le  religieux 
n'avait  pas  besoin  d'emporter  deux  livres  au  chœur  : 
ce  bienheureux  Troi)aire  suffisait  à  tous   ses  besoins. 

1  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  113'.,  f»  8r->;  1136,  f-39;  1137,  f»  110  v»  ;  nouv.  acq.. 
1177,  f"  18  ro  et  43  i-.  Munich,  lat.,  I'i083,  f"  39  r»  et  l'i322,  f-  'k.  r». 

î  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  909,  i»  126  r";  1121,  f"  73  r";  113'i,  foBr»;  1135,  n>lu9r  ; 
1136,  i°  1  r»;  nouv.  acq.,  1177,  f"  18  r»  et  'i3  r».  Munich,  Int.,  l'iOS;^,  f"  39  r". 
et  14322,  fo  45  r°. 

3  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  909,  i'»17'i  r";  1121,  fo  INI  r";  113i.  f"  39  r»;  \iX'>. 
f°  97  r»;  1136,  f°  76  r°;  1137,  î»  1  r";  132o2,  fo  81  r»;  nouv.  acq..  1177,  28  r<>.  Mu- 
nich, lat.,  14083,  fo  63  v»,  et  1 'i322,  f"  77  r»,  etc. 

■*  V.  les  Offertoria  cum  l'ersibus  dans  les  manuscrits  suivants:  Saint-Gall, 
380,  p.  270;  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  909,  fo  206  r»;  1121 ,  fo'go  ro;  1134,  fo60r«; 
113o.  fol4  vo;  1136,  fo  i;o  ro;  1137,  fo  118  r»;  nouv.  acq..  1177.  f"  9  v".  Munich. 
lat.,  ri083.  fo  m  v".  ol  r.322,  fo  1-Jl  r. 


LES  TROPAIRES  81 

C'est  à  Limoges  que  tout  cet  ensemble  a  été  conçu  et 
exécuté. 

A  Limoges,  c'est  à  Limoges  encore  qu'on  a  fait  entrer 
dans  ce  recueil  les  Antiennes  des  Heures  et  en  parti- 
culier celles  des  Vêpres,  et  qu'on  a  réservé  une  place 
spéciale  à  ces  Antiphonae  de  Evangeliis  sacrosanctis  * 
qui  étaient  uniquement  composées  avec  le  texte  évan- 
gélique  et  se  chantaient  durant  l'office  des  dimanches 
après  l'Epiphanie  et  après  la  Pentecôte. 

A  Limoges ,  c'est  à  Limoges  surtout  qu'on  a  fait  une 
place  d'honneur  aux  grandes  Antiennes  procession- 
nales  -. 

A  Limoges,  c'est  à  Limoges  qu'on  a  fait  entrer  fort 
naturellement  le  Tonarium  -  dans  le  corps  de  ce  même 
recueil. 

On  ne  s'étonnera  pas  sans  doute  de  lire  en  quelques 
Tropaires,  limousins  ou  autres,  YOrdo  des  rites  de  la 
semaine  sainte  \  et  le  texte  de  ces  deux  admirables 
Antiennes  ad  sumendum  corpus  Christi  %  le  Venite  d'une 

1  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  909,  f»  260  r»;  1121,  f»  178  r»  (après  l'Epiphanie),  et 
187  r°  (après  la  Pentecôte),  etc.  Cf.  les  Antiphonse  per  hebdomadem,  ad  Horas; 
1135,  f°  10  v°;  les  Antiennes  de  Vêpres,  1121,  fo  185  \°  (elles  sont  seulement 
annoncées);  les  AUehda  des  Antiennes,  909,  f°268  v°,  etc.  etc. 

2  Bibl.  nat.  lat.,  903,  f<>  133  r»;  909,  f»  150  r»;  1086,  f»  2  r°;  1121,  fo  138  r";  1136, 
f-  99  v°,  etc. 

3  Bibl.  nat.  lat.,  909,  f'»251  r»;  1084,  f»  155  r»;  1118,  f°104  r".  Cf.  13252,  fo71  r». 
Ce  dernier  manuscrit  n'est  pas  limousin ,  «  mais  à  l'imitation  de  Limoges.  »  =  Le 
Tonarium  n'est  autre  chose  qu'un  Traité  de  chant  élémentaire. 

<  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  1240,  f°  21;  Berlin,  Théol.  lat.,  n»  11,  f»  26  r»;  Mu- 
nich, lat.,  14083  (intercalé  dans  la  série  des  petits  Tropes),  f°  80  v°  et  ss.; 
Londres,  Add.  mss.,  19768,  f»  44  v»,  etc. 

s  Paris,  Bibl.  nat.  lat.,  1086, f»  15  v»;  1121,  f"  4  r»,  etc.  etc. 

Voici  le  texte  de  ces  deux  beaux  morceaux  : 

I.  Emitte  Spiritum  sanctum  tuum,  Domine,  et  dignare,  sanctificando,  mundare  corda  et  cor- 
pora  nostra  ad  percipiendum  corpus  et  sanguinem  tuum. 

DiACONUs.  Nos  frangimus,  Domine  :  tu  dignare  tribuere,  ut  immaculatis  nianibus  illud 
Iractemus. 

Chorus.  0  quam  beatum  pectus  illud  quod  Christi  corpus  meruerit  digne  percipere  ! 

Ad  altare.  0  quam  pretiosa  hujus  escœ  comestio,  quœ  esurientem  satiat  aninuim! 

Chorus.  0  quam  beati  viri  illi  qui  Christuni  nierucrint   suslinere,  oui  Angeli  et  Archan- 

I  -  6 


82  HISTOIRE   DE   LA  POESIE   LITURGIQUE 

part,  et  VEmitte  de  l'autre,  que  l'on  chantait,  lo  jour 
de  Pâques  et  le  jour  de  Noël,  dans  les  basiliques  éclai- 
rées de  mille  cierges,  alors  que  tous  les  fidèles  s'avan- 
çaient en  longues  files  vers  la  table  eucharistique. 
Le  Venite  du  jour  de  Pâques  est  resté  célèbre  jusqu'au 
dernier  siècle  :  il  avait  une  incomparable  majesté  et 
sentait  sa  belle  antiquité  liturgique. 

Ce  même  jour  de  Pâques,  à  la  grand'messe,  on 
voyait  après  la  Collecte  un  grand  mouvement  se  pro- 
duire soudain  dans  le  chœur.  Plusieurs  frères,  qui 
avaient  été  choisis  pour  l'étendue  et  la  beauté  de  leur 
voix,  se  détachaient  des  autres  et  s'avançaient  grave- 
ment jusque  devant  les  corps  des  saints  martyrs.  Puis, 
tout  à  coup,  au  milieu  du  silence  universel,  ils  enton- 
naient les  fameuses  Acclamations  connues  sous  le  nom 
de  Laudes  :  Christus  vincit,  Christus  régnât,  Christus 
imperat.  Cette  première  Acclamation  était  répétée  trois 
fois.  Après  un  Exaudi  Christe  également  répété  trois 
fois,  on  priait  alors  pour  l'Église  :  Ecclesia  sancta  Bei, 
salus  perpétua;  puis,  pour  le  pape  régnant  :  Johanni 
pontifici  et  universali  papx  vita;  puis,  pour  le  roi  : 
Ugone  rege  serenissimo,  a  Deo  coronato,  magno  et  pa- 
cifico,  vita  et  Victoria!  Nous  citons  à  dessein  un  exemple 
tiré  d'un  de  nosTropaires,  et  il  s'agit  ici,  comme  on  le 
voit,  d'Hugues  Gapet  et  de  Jean  XVI. 


geli  munera  offerunt,  immortali  et  jeterno  Rcgi!  Allcluia  (version  du  manuscrit  de  Saint- 
Martial.  Dibl.  nat.  lat.,  1121 ,  f"  4  ro).  La  profonde  beauté  et  le  caractère  dramatique  de  celte 
Antienne  n'échapperont  à  personne. 

II.  Venite,  populi,  ad  sacrum  et  immortaie  mystorium  et  libamen  agondum.  Cum  timoré  et 
fide  accedamus  manibus  mundis.  Pœnitenlia;  niunus  communicemus,  quoniam  proptcr  nos 
Agnus  Dei  Palris  sacrificiuni  proposilum  est.  Ipsum  solum  adoremus,  ipsum  glorificemus, 
cum  angelis  clamantes  :  Alléluia  ! 

C'est  de  cette  dernièi-e  Antienne  que  le  plus  illustre  lilurcisie  de  notre  temps  a  pu 
dire  :  «  Enfin  le  moment  où  la  foule  de»  fidèles  va  jvirticiper  au  divin  banquet 
est  arrivé.  L'antique  Eglise  des  Gaules  faisait  retentir  alors  un  appel  sublime 


LES  TROPAIRES  83 

Ces  Acclamations  ^  formaient  avec  le  Venite  une  sorte 
d'Office  exceptionnel  qui  avait  tout  naturellement  son 
droit  d'entrée  en  un  recueil  de  Tropes.  Ce  que  ces  vieux 
livres  ne  nous  disent  pas,  ce  que  nous  avons  appris 
ailleurs,  c'est  que,  dans  les  églises  cathédrales,  les 
chantres,  après  avoir  achevé  les  Laudes,  montaient 
lentement  jusqu'au  trône  de  l'évêque,  qui  leur  donnait, 
avec  sa  bénédiction,  plusieurs  pièces  de  belle  et  bril- 
lante monnaie  l  Quel  charmant  sujet  de  tableau  ! 

Les  moines  de  Saint- Gall  connaissaient  ces  Accla- 
mations, et  nous  en  possédons  un  texte  qui  provient 
d'un  de  leurs  Tropaires;  mais,  en  général,  les  manuscrits 
de  ce  vieux  monastère  ne  renferment  que  des  Tropes 
et  des  proses.  Presque  toujours,  presque  partout,  c'est  le 
Tropaire  commencé  par  Tutilon,  accompagné  du  Sé- 
quentiaire  de  Notker.  Il  y  faut  joindre,  pour  être  com- 
plet, un  certain  nombre  de  ces  Versus  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  et  qui,  par  plus  d'un  côté,  avaient 
quelque  peu  le  caractère  des  Tropes.  CesVersus,  comme 
nous  l'avons  dit,  se  chantaient  surtout  aux  processions 
et  parfois  au  dehors  du  monastère,  quand  les  moines 
allaient  solennellement  au-devant  d'un  empereur,  d'un 
roi  ou  d'un  évêque.  Les  chantres  alors  emportaient 
avec  eux  leurs  Tropaires,  qui  étaient  de  petite  taille. 


qu'elle  adressait  à  toute  cette  multitude  avide  du  pain  de  vie.  Cette  Antienne 
lyrique  se  conserva  dans  nos  cathédrales,  même  après  l'introduction  de  la  liturgie 
romaine  par  Pépin  et  Charlemagne.  ))(Doni  Guéranger,  Année  liturgique,  le 
Temps  pascal,  1,  p.  201.  Cf.  les  Voijages  lilurgiques  du  sieur  de  Moléon, 
pp.  17  et  29.) 

1  Sur  les  Acclamations  ou  Laudes  en  général,  voy.  Martène,  De  antiquis 
Ecclesiœ  ritibus,  I,  369-371;  De  antiquis  Monachorum  ritibus,  424.  Cf.  les 
Voyages  liturgiques  du  sieur  de  Moléon,  pp.  323,  325.  =  A  Vienne,  c'étaient  deux 
chevaliers  qui  entonnaient  le  Christus  vincit;  à  Lyon,  sex  équités  sen  advocati 
seu  capituli  consiliarii. 

2  A  Reims,  deux  sous;  à  Laon,  duodeciin  nuiiuni  boniv  nwnetie. 


84  HISTOIRE  DE  LA  POESIE  LITURGIQUE 

et,  dès  que  le  souverain  ou  le  prélat  paraissait,  en- 
tonn aient,  de  leur  plus  belle  voix,  les  hexamètres  ou 
les  distiques  d'Hartmann  et  de  Radpert. 

Les  Versus,  comme  on  le  voit,  avaient  leur  place 
toute  marquée  dans  les  manuscrits  (jui  nous  occupent, 
et  c'est  par  eux  que  nous  terminerons  l'énumération 
de  tous  les  éléments  d'un  Tropaire. 


Les  premiers  Tropes,  comme  nous  l'avons  montré 
plus  haut,  remontent  sans  doute  à  la  fin  du  ixe  siècle 
ou  au  commencement  du  xe.  Leur  diffusion  a  été  rapide 
et  ne  semble  pas  s'être  ralentie  durant  tout  le  cours  du 
xe  siècle.  C'est  pendant  la  première  moitié  du  xie  siècle 
qu'il  faut  peut-être  placer  ce  que  nous  n'oserions 
appeler  leur  gloire;  mais,  à  coup  sûr,  leur  décadence  a 
commencé  dès  la  fin  de  ce  même  siècle.  Au  xiie  sièclo, 
les  nouveaux  Tropes,  les  Tropes  rimes,  les  Tropes- 
motets,  les  Tropes-chansons  sont  à  peu  près  les  seuls 
qui  soient  véritablement  à  la  mode;  mais,  au  xiii*^,  tout 
semble  écroulé,  sauf  quelques  morceaux  de  choix  qui 
résisteront  au  temps.  Tels  sont  ces  très  anciens  Tropes 
du  Kyrie,  du  Sanctus  et  de  VAgnus,  que  nous  trouvons 
dans  le  Missel  romain  de  Paul  III  et  on  d'antres  Mis- 
sels encore  plus  modernes.  C'est  tout. 

D'après  ce  qui  précède,  on  peut  d'une  façon  géné- 
rale soupçonner,  d'ores  et  déjà,  quelle  est  la  date  de  nos 
Tropaires. 

Il  n'en  est  parvenu  jusqu'à  nous  qu'un  assez  petit 
nombre  du  xe  siècle,  et  je  n'hésite  pas  à  donner,  parmi 
eux.  la  place  d'iK^niour   au  manuscrit  484  do  Saint- 


LES  TROPAIRES  85 

Gall.  Martin  Gerbert,  qui  est  bon  juge,  s'est  cependant 
trompé  en  décernant  le  même  brevet  d'antiquité  à 
ceux  de  Saint- Emmeran.  Quant  au  magnifique  manu- 
scrit de  Prum,  il  a  certainement  été  commencé  durant 
les  toutes  dernières  années  du  xe  siècle,  et  achevé 
durant  les  premières  heures  du  xie.  Le  Tropaire  d'Echter- 
nach  et  celui  qui  est  aujourd'hui  conservé  à  la  biblio- 
thèque Victor- Emmanuel  ne  sont  pas  beaucoup  moins 
anciens.  Mais  il  y  a  peut-être  quelque  exagération  dans 
le  sentiment  de  l'éditeur  des  Casus  Sancti  Galli,  qui  ne 
craint  pas  d'attribuer  au  xe  siècle  les  manuscrits  376, 
378,  381  et  382  de  la  bibUothèque  de  Saint-Gall.  Nous 
ne  les  pensons  pas,  en  leurs  meilleures  parties,  anté- 
rieurs au  xie  siècle.  Le  xp  siècle  est  la  grande  époque 
de  la  production  des  Tropaires,  et  nous  n'en  comp- 
tons pas  moins  de  trente,  dont  la  moitié  ont  été 
exécutés  à  Saint-Martial  de  Limoges.  C'était  là  le  centre 
réel  de  la  fabrication,  et  l'on  «  exportait  ».  Quatre  Tro- 
paires du  xne  siècle!  C'est  peu,  mais  c'est  un  chiffre 
qui  est  éloquent  à  sa  manière,  et  atteste  la  décadence 
de  l'institution.  Nous  ne  parlerons  ici,  d'ailleurs,  que 
des  Tropaires  et  Tropes  de  la  première  époque  :  les 
Tropes  rimes  ont  duré  plus  longtemps. 

Les  dates  que  nous  venons  d'établir  ne  sont  pas  tou- 
jours sans  donner  lieu  à  quelques  doutes,  et  il  y  a  ici  plus 
d'une  difficulté  à  résoudre.  Les  éléments  de  critique  sont 
moins  nombreux  et  moins  sûrs  qu'on  pourrait  le  croire. 

Entre  les  écritures  minuscules  de  la  fin  du  x^^  et 
celles  du  commencement  du  xie  siècle,  la  distinction 
n'est  pas  toujours  aisée.  Il  y  a  bien  l'emploi  de  Vae  et  de 
Voe,  de  l'e  cédille  ou  de  Ve  simple  qui  peut  nous  fournir 
quelques  lumières  ;  mais  on  a  singulièrement  exagéré 


86  IlISTOITΠ  lΠ  I.  A   l'OKSir:  TJTUHr.IQTJE 

la  précision  «  mathématique  »  de  cos  données,  et  il  y 
a  eu,  à  ce  point  de  vue,  des  pays  ou  des  scribes  qui 
ont  été  plus  ou  moins  en  retard. 

Par  bonheur,  nous  avons  de  meilleures  ressources, 
et  telles  sont  les  Acclamations,  tel  est  ce  beau  Christus 
vincit  où  l'on  crie  tour  à  tour  :  «  Vive  le  pape  !  Vive 
«  le  roi  !  Vive  l'évêque  !  »  mais  en  prenant  soin  de  les 
nommer  par  leurs  noms.  De  tels  noms  valent  des 
dates. 

Le  Tropaire  de  Saint-Martial,  qui  porte  le  n»  1240 
dans  le  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale,  ren- 
ferme des  Acclamations  au  pape  Jean  (c'est  Jean  XI, 
qui  a  vécu  sur  le  trône  pontifical  de  933  à  936),  au  roi 
Raoul  (923-936),  à  l'évêque  de  Limoges  ïurpion  (905- 
958).  Voilà  un  Tropaire  qu'il  n'est  pas  impossible  de 
dater  (si  l'on  se  convainc  scientifiquement  que  tous  ses 
éléments  sont  réellement  de  la  même  date),  et  l'on  ne 
saurait  hésiter  qu'entre  les  années  933-936.  Notez,  au 
reste,  qu'il  pouvait  s'agir  ici,  non  pas  de  ce  manuscrit 
lui-même,  mais  d'un  original  sur  lequel  il  aurait  été 
servilement  copié*. 

Un  autre  Tropaire  de  Saint-Martial,  l'un  des  plus 
importants,  contient  de  belles  laudes  où  figurent  les 
noms  d'Hugues  Gapet,  rege  serenissimo ,  et  de  Jean  XVI, 
universali  papa.  C'est  entre  les  années  987  et  996  qu'il 
faut  placer  ce  manuscrit,  s'il  remplit  réellement  toutes 
les  conditions  que  nous  venons  de  préciser  plus  haut  *. 

I  «  Incipiunt  laudos  in  Pascha  sive  in  Pentecosten  :  «  Clirij^tu:*  vincit,  Cliriî-tus 
régnât,  Christus  imperat.  Exaudi,  Christe,  johanm  summo  roNTiFici  (en  marpe, 
d'une  main  postérieure,  Honorio);  Hopulko,  hege  serenissimo  (en  marpe.PAi- 
Uppo  et  Ludovico,  MCCXXIII  )\  TinrioM  pontikici  et  omm  plebi  (en  marge, 
Joharmi  et  Bcrnavdo,  MCCXVIII }.  »  Bil)!.  nat.  lat.,  l-2'iO.  f»  60. 

-  «  Christus  vincit,  Christus  régnai,  Christus  imperat  {Jllvicibus].  —  Exaudi, 
Christe    (  III  vicibus  )  :  Ecclesia   sancta    Dei  ,    salus   rEnPETi'A.    Redemptor 


LES  TROPAIRES  87 

Le  Tropaire  de  Berlin  est  du  xie  siècle;  mais  on  peut 
arriver  à  le  dater  plus  exactement,  grâce  à  ses  Accla- 
mations, où  figurent  notamment  des  vivats  en  l'honneur 
du  pape  Jean  XIX  (1024-1033),  du  roi  des  Romains 
Conrad  (1024-1039),  et  de  l'évêque  Sigebert*.  Ce  der- 
nier est  un  évêque  de  Minden,  qui  a  occupé  son  siège 
épiscopal  depuis  1022  jusqu'en  1037.  De  tous  ces 
chiffres ,  combinés  avec  plusieurs  autres  mentions 
dont  nous  donnons  ci- dessous  le  détail,  il  résulte  que 
notre  Tropaire  n'a  pu  être  écrit  ni  avant  1024  ni 
après  1033. 

Nous  avons  gardé  pour  la  fin  ce  gracieux  petit  Tro- 
paire de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal ,  qui  est  enfermé 
et  comme  blotti  dans  un  bel  ivoire  du  nie  siècle.  Ses 
Acclamations  ne  nous  sont  pas  d'un  moindre  secours. 
Avec  ce  bel  et  grave  enthousiasme  liturgique  que 
vous  connaissez,  on  y  prie  pour  le  roi  Robert  (996-1031) 
et  pour  l'évêque  d'Autun,  qui   s'appelait  alors  Gautier 

mundi,  tu  illam  adjuva.  Sancta  Dei  Genitrix,  tu  illam  adjuva.  Sancte  Michael, 
tu  illam  adjuva.  Sancte  Gabriel,  tu  illam  adjuva.  —  Exaudi,  Christe  {III  vici- 
bus)  :  JoHANNi  poNTiFici  ET  uNivERSALi  PAP^  viTA.  Sancte  Petre ,  tu  illam 
{sic)  adjuva.  Sancte  Paule,  tu  illam  adjuva.  Sancte  Clemens,  tu  illam  adjuva. 
Sancte  Silvester,  tu  illam  adjuva.  —  Exaudi,  Christe  {III  vicibus)  :  Ugone, 

REGE  SERENISSIMO,   A  DeO  CORONATO  ,   MAGNO  ET  PACIFICO,  VITA  ET  VICTORIA.   SaUCta 

Maria  ,  tu  illum  adjuva.  Sancte  Johannes  ,  tu  illum  adjuva...  »  (  Bibl.  nat.  lat., 
1118,  f°38v"). 

'  «  Christus  vincit,  Christus  régnât,  Christusimperat.  —  Exaudi,  Christe  (to-)  : 
JoiiANNi  suMMO  PONTIFICI  ET  UNIVERSALI  PAPE  VITA.  Rcdemptor  muudi ,  tu 
illum  adjuva  {ter).  Sancte  Petre.  Sancte  Andréa.  Sancte  Clemens.  Sancte  Sixte. 
—  Exaudi,  Christe   {ter)  :  Heinrico,  Romanorum  imperatori  augusto,  a  Deo 

CORONATO,  MAGNO  ET  PACIFICO,    VITA  ET  VICTORIA    {ter).  ChÔNRADO  REGI  NOSTRO  ,  A 

Deo  CORONATO,  magno  et  pacifico,  VITA  ET  VICTORIA  {ter).  Salvator  mundi,  tu 
illum  adjuva.  Sancta  Maria.  Sancte  Michael.  Sancte  Gabrihel.  Sancte  Raphahel. 
Sancte  Johannes.  —  Exaudi,  Christe  {ter)  :  Chunigunde  imperatrici  auguste 
A  Deo  coronate,  salus  et  vita.  Gisèle  regine  nostre  a  Deo  coronate,  salus 
et  vita.  Sancta  Félicitas  {ter),  tu  illam  adjuva  {ter).  Sancta  Perpétua.  Sancta 
Cecilia.  —  Exaudi,  Christe  {ter)  :  Nobilissime  proli  regali  salus  et  vita. 
Sancte  Stéphane,  tu  illum  adjuva  {ter).  Sancte  Laurenti.  Sancte  Pancrati.  — 
Exaudi,  Christe  {ter):  Piligrimo  archiepiscopo,  a  Deo  electo  ,  salus  et  vita 
PERPETUA.  Sancte  Gereon,  tu  illum  adjuva.  Sancte  Pantaleon.  Sancte  Séverine. 


88  IIISTOIKK   DE   LA    IMJÉSIE   LITUKfilOUE 

(977-1024).  Concluez  et  dites  avec  nous,  servatis  ser- 
vandis,  que  ce  charmant  manuscrit  a  dû  être  exécuté 
entre  les  années  996  et  1024'. 

Il  y  a  bien  çà  et  là  quelque  obscurité  dans  ces  mon- 
tions chronologiques,  et  nous  ne  voudrions  pas  nous  y 
perdre;  mais  on  conviendra  qu'elles  sont  parfois  de 
nature  à  donner  aux  dates  des  Tropaires  une  heureuse 
et  désirable  précision. 

Un  autre  critérium  existe,  mais  qui  est  seulement 
applicable  aux  manuscrits  de  Saint-Martial.  On  sait 
qu'un  concile  fut  célébré  à  Limoges  en  1031,  touchant 
la  grosse  question  de  l'apostolicité  de  saint  Martial. 
Pouvait-on,  devait-on  lui  décerner  le  titre  d'Apôtre? 
C'est  ce  qui  fut  l'objet  de  débats  passionnés  et  reten- 
tissants. Le  concile  se  prononça  pour  l'affirmative,  et 
personne  n'applaudit  plus  vivement  à  cette  décision 


—  Exaudi,  Christe  (ter)  :  Sigeperto,  hujus  ecclesi.«  episcopo,  salus  et  vita 
PERPETUA.  Sancte  Gorgoni ,  tu  illum  adjuva  (ter).  Sancte  Dionif^i.  Sancte  Eleu- 
theri.  —  Exaudi,  Christe  (ter)  :  Omnibus  jldicibus  et  clncto  exebcitli 
CHRisTiANORiM  VITA  ET  VICTORIA.  Sanclc  Maupici,  tu  illus  adjuva.  Sancte  Kiliani. 
Sancte  Hommeramne.  (Berlin,  Théol.  lat.,  n»  11,  f»  111.) 

1  "  Chrislus  vincit,  Clirislus  rognât,  Christus  imperat.  R.  In  choro,  simililer  Hl. 
Exaudi,  Christe.  Illi  slmmo  pontifici  et  u.niversali  pap.«  vita  (ter).  — 
Sancte  Petre.  R.  Tu  illum  adjuva. —  Sancte  Paule.  R.  Tu  illum  adjuva. —  Sancte 
Gregori.  R.  Tu  illum  adjuva.  —  Exaudi,  Christe.  Rodpf.rto  magxo  et  paci- 
Fico  REGE  VITA  ET  VICTORIA.  Sanctc  Dionisiï,  tu  illum... —  Sancte  Cornelii,  tu 
illum...  —  Sancte  Medarde,  tu  illum...  —  Exaudi,  Christe  :  Walterio   hl'jus 

ECCLESI.E    pontifici    ET  OMNI    CLERO    ET    PÙPlLO    SIBI    C0MMIS50.    SALUS    ET   VITA. — 

Sancte  Nazarii,  tu  ill[os]  ad...  {une  ligne  effacée)...  vasii,  tuillo8î»djuva,etc.etc. » 
(  Bibl.  de  l'Arsenal ,  1 160,  f»  22  v.)  =  Cf.  le  Tropairc  de  .Nevers ,  avec  ses  éléments 
chronologiques  :  «Christus  vincit,  Christus  rognât,  Christus  imperat  (tribus  vi- 
cibus).  —  Exaudi,  Christe  (111).  —  Summo.pontifici  et  u.niversali  pap.ï,  vita. 
Salvator  niundi,  tu  illum  adjuva.  Sancte  Petre,  tu  illum  adjuva.  Sancte  Paule, 
tu  illum  adjuva.  Sancte  Andre[al. —  Exaudi,  Christe.  Hiconi,  pontifici  nostro, 
SALUS  ET  VITA.   Sancte  Cyrice,  tu  illum  adjuva.  —  Henrico  rege,  Filippo  rege 

SERENISSIMO,  A  DeO  CORONATO.  MAGNO  ET  PACIFICO,  VITA  ET  VICTORIA...  »  (  Bibl.  nat. 

lat.,  94i9,  f"  30  r».)  Cf.,  dans  le  manuscrit  de  Saint -Emmeran  (aujourd'hui 
conservé  à  la  bibliothèque  de  Munich  sous  le  n»  1 1322),  les  Acclamations  qui 
nous  donnent  le  nom  de  Gebbard,  évoque  de  Hatisbonne.  11  ne  peut-être  ici 
question  que  de  Gebbard  II  ou  de  Gebbard  III,  et  le  manuscrit  a  dû  être  cié- 
culé  entre  les  années  102'»  et  1036.  Nous  discutons  le  cas  plus  loin. 


LES  TROPAIRES  89 

que  les  moines  de  Saint -Martial.  Vite,  ils  mirent 
leur  liturgie  au  courant.  Jusque-là  on  avait  chanté 
pour  la  fête  de  saint  Martial  la  Messe  Statuit  des 
Confesseurs;  mais  vraiment  cette  Messe  n'était  plus 
de  mise,  et  on  la  remplaça  par  une  autre  Messe  dont 
l'Introït  commençait  par  le  mot  :  Probavit.  On  n'hésita 
pas  à  opérer  sur  les  Tropaires  des  grattages  plus  ou 
moins  intelligents  et  qu'il  est  trop  aisé  de  constater 
aujourd'hui. 

Tous  les  Tropaires  où  ces  grattages  ont  été  pratiqués 
sont  visiblement  antérieurs  à  1031  :  tels  sont  notamment 
les  manuscrits  1120  et  1121. 

Tous  ceux  où  figurent,  sans  grattages,  les  indications 
de  la  Messe  nouvelle  sont  postérieurs  à  1031  :  tel  est 
le  Tropaire  909;  tel  est  ce  curieux  manuscrit  1119,  où 
l'on  a  écrit  en  toutes  lettres  :  In  festivitate  sancti  Mar- 
tialis  APOSTOLi  '. 

Mais  ce  sont  là  d'heureuses  fortunes  que  le  critique 
n'a  pas  toujours  l'occasion  de  rencontrer.  Il  est  donc 
astreint  à  une  grande  prudence,  quand  il  date  un  Tro- 
paire. Au  reste,  ces  manuscrits  pseudo -liturgiques  vont 
bientôt    devenir    moins   nombreux,  puis    disparaître. 


1  a.  Tropaires  de  Saint-Martial  qui  ont  subi  des  grattages,  après  le  concile 
de  1031,  en  vue  de  changer  la  Messe  Statuit  en  la  Messe  Probavit,  et  qui, 
par  conséquent,  sont  antérieurs  a  1031  :  1084,  f°  47...  ;  1120,  f"  46  r»  et 
suiv.  (un  autre  mot  a  été  gratté,  f»  47  v,  dans  la  phrase  suivante  entre  les  mots 
advenit  et  hic:  «  Sedibus  hesternis  advenit...  hic  almus  »  );  M21,  i°  28  v"  et 
suiv.  (La  correction  est  surtout  très  visible  au  f»  30  r°.  —  Dans  ce  même  ma- 
nuscrit (?)  on  a  inséré  le  mot  apostolutn  au  lieu  d'un  autre  mot  gratté,  et  l'on  a 
ajouté  les  mots  Galliam  cunctam  deduxit,  etc.  —  Au  neuvième  Trope  de 
l'Introït ,  le-  correcteur  s'est  fatigué  (  f»  30  v»)  et  a  cessé  de  changer  statuit  en 
2)yobavit.) 

b.  Tropaires  de  Saint- Martial  qui  ne  présentent  aucune  trace  des  grattages 
ci-dessous  mentionnés.  Ces  textes  sont  postérieurs  à  1031.  Ce  sont,  comme 
nous  le  disions  plus  haut,  les  manuscrits  de  la  Bibl.  nat.  lat.,  909,  f"  42  v, 
et  1119  (["54  v),  etc. 


90  niSTOÏRt:  DK  LA   POKPIK  LirrRoiorK 

Cette  évolution,  sans  doute,  ne  s'est  pas  faite  en  un 
jour.  Aux  anciens  Tropaires  du  xp  siècle  ou  a  fait  subir 
un  certain  nombre  d'additions,  auxquelles  les  xiiie  et 
xiv^  siècles  ont  mis  la  main;  mais  enfin,  mais  malgré 
tout,  le  vieux  texte  était  mort,  et  c'est  sur  les  marges 
d'un  des  Tropaires  de  Saint-Martial  qu'on  a  commis 
l'irrévérence  d'écrire  un  jour  la  chronique  de  Bernard 
Ithier'.  Est-ce  qu'on  aurait  osé,  aux  x«  et  xic  siècles, 
commettre  une  telle  «  profanation  »? 
Décidément ,  le  vieux  Tropaire  est  mort. 


L'origine  des  Tropaires  est  parfois  aussi  difficile  à 
établir  que  leur  âge.  La  question,  d'ailleurs,  n'est  pas 
moins  importante,  et  mérite  également  tout  l'effort  de 
notre  attention. 

QuelesTropes  aient  été  inventés  à  Saint-Gall  -,  dans 
ce  véritable  conservatoire  de  musique  religieuse;  qu'ils 
soient  partis  de  là  pour  commencer  leurs  voyages  dans 
l'Europe  chrétienne ,  le  fait  ne  semble  pas  douteux.  Les 
Tropaires  de  Saint-Gall  ont  véritablement  ser^i  de  type 
à  tous  les  autres.  Au  reste,  ils  ne  sont  pas  difficiles  à  re- 
connaître :  la  place  importante  qu'y  occupent  le  culte 
de  saint  Gall  et  celui  de  saint  Othmar,  les  vers  de  Rad- 
pert  et  d'Hartmann,  tout  nous  met  dans  l'impossibilité 
de  les  attribuer  à  aucune  autre  église.  J'imagine  que  le 


t  Bernard  Ithior  a  vécu  entre  les  années  1163-1223.  Le  manuscrit  en  question 
est  celui  de  la  Bibl.  nat.  lat.  1338. 

*  Le  manuscrit  '»84  de  Saint-Gall  est  le  plus  ancien  (peut-être  après  celui  de 
Vienne,  n»  1600).  Cf.  376,  378,  38(),  381,  382;  Vienne.  18^1:  <">xt"..rd  ■  \\nirc . 
222);  Londres  (Add.  rass.  19768). 


LES  TROPAIRES  91 

petit  Tropaire  aujourd'hui  conservé  à  Vienne*  est  un 
des  plus  anciens  parmi  tous  ceux  qui  sont  sortis  de  la 
célèbre  abbaye.  Quelques-uns  sont  aujourd'hui  dissé- 
minés dans  cette  même  bibliothèque  de  Vienne-  et 
dans  celles  de  Londres  \  d'Oxford  *  et  de  Berlin  ^  ;  mais 
presque  tous  les  autres  sont  restés  dans  la  bibliothèque 
de  Saint -Gall,  et  en  particulier  ce  minuscule  et  pré- 
cieux manuscrit  484,  où  abondent  encore  les  Tropes 
sans  paroles,  et  qui  a  par  là  un  vrai  parfum  d'anti- 
quité. 

De  Saint- Gall  à  Einsiedeln  il  n'y  a  pas  loin,  et  ce  fut 
là  sans  doute  la  première  conquête  des  Tropes.  Mais  ils 
étaient  appelés  à  faire  un  plus  beau  chemin  dans  le 
monde. 

C'est  sans  doute  du  côté  de  l'Allemagne  qu'ils  jetèrent 
leurs  premières  ramifications;  puis,  en  France  et  en 
Itahe.  Tel  est  là  leur  triple  itinéraire,  qui  n'est  pas 
toujours  une  traînée  de  lumière. 

En  Allemagne,  une  des  premières  haltes  a  été  Saint- 
Emmeran'^,  près  de  Ratisbonne;  puis  Reichenau.  Mais  je 
ne  vois  aucune  raison  pour  croire  que  Prum  et  Echter- 
nach"  n'aient  pas  reçu  presque  immédiatement  l'in- 
fluence de  Saint-Gall.  Les  deux  Tropaires  de  ces  abbayes 
sont  les  plus  beaux  qu'ait  produits  l'art  latin  :  deux 
chefs-d'œuvre.  Ils  sont  presque  trop  beaux,  et  nous 
aurions   voulu  qu'un  luxe  de  si  bon  aloi  fût   unique- 


«  No  1609. 

2  No  1845. 

3  British  Muséum,  Add.  mss.  19768. 
*  Douce,  222. 

^  Théol.  lat.,  in-4o,  n»  M. 

8  Ces  manuscrits  sont  aujourd'hui  conserves  à  la  bibliothèque  royale  de  Mu- 
nich sous  les  no«  14083  et  14322. 
7  Echternach,  Bibl.  nat.  lat.,  10510,  cl  Pram,  9448. 


92  HISTOIRE   DE   LA   POE?IE   MTÎ'nniOUE 

ment  consacré,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  entendre, 
à  l'Antiphonaire  de  saint  Grégoire  ou  au  Sacramen- 
taire. 

Cependant  le  mouvement  tropistique  allait  son  train. 
Il  est  certain  qu'à  Nuys  les  Séquences,  à  tout  le  moins, 
ont  eu  un  épanouissement  exceptionnel,  et  nous  avons 
un  manuscrit  de  Londres  '  qui  nous  Tatteste  vivement. 
Saint  Quirin  y  est  à  deux  reprises  l'objet  d'une  préoc- 
cupation liturgique  qui  n'a  pas  lieu  de  nous  sur- 
prendre, car  rien  n'égalait  à  Nuys  la  popularité  de  ce 
martyr,  dont  les  reliques,  en  l'an  1050,  étaient  venues 
de  Rome.  Les  haines  religieuses  s'acharnèrent  plus  tard 
sur  ces  restes  glorieux,  et  les  calvinistes  les  jetèrent 
au  vent. 

Pour  déterminer  l'origine  du  beau  Tropaire  de  Berlin, 
nous  avons  deux  traits  qui  ne  sauraient  nous  induire 
en  erreur.  Dans  les  Acclamations  déjà  citées  plus  haut, 
et  dans  certaines  rubriques  encore  plus  précieuses ,  on 
y  trouve  en  toutes  lettres,  comme  nous  l'avons  vu.  le 
nom  de  Sigebert,  évéque  de  Mindon  (1022-1037),  et 
l'on  y  peut  lire  un  peu  plus  haut  une  hymne  en  l'hon- 
neur de  saint  Gorgonius,  qui  est  le  propre  patron'  de 
cette  même  cité  épiscopale  de  Minden,  dont  l'évéque 
était  suffragant  de  Cologne.  C'est  ici  que  se  termine 
notre  voyage  en  Allemagne,  et  nous  n'avons  pas  de 
textes  qui  nous  permettent  d'aller  plus  loin. 

Revenons  sur  nos  pas,  et  faisons  rapidement  une 
pointe  en  Italie. 


1  Manuscrit  de  Londres,  British  Muséum.  .\dd.  mss..  n»  19768.  Cf.  les  Arta 
Sanclonun ,  au  3(1  mars. 

*  P.  Cahier,  Caractéristiques  des  Saints,  p.  6o7.  — Ce  manuscrit  de  Berlin, 
en  ce  qui  concerne  le  Tropaire  proprement  dit,  vient  de  Saint-Gall  :  It%  festi- 
vitate  sancli  patroni  nostri  Galli  (p.  69),  etc. 


LES  TROPAIRES  93 

Il  est  certain  que  les  Tropes  ont  pénétré  de  bonne 
heure  en  Italie,  et  les  deux  Tropaires  de  Rome  nous 
en  fournissent  la  preuve.  Celui  de  la  bibliothèque  An- 
gelica  consacre  une  place  d'honneur  au  culte  de  saint 
Synèse  et  de  saint  Théopompe  \  qui  sont  les  patrons 
de  Modène^;  aux  saints  Hippolyte  et  Gassien^,  dont  le 
premier  est  honoré  à  Rome  et  le  second  à  Imola;  aux 
saints  Vital  et  Agricola  \  qui  sont  particulièrement  po- 
pulaires à  Rologne.  Quant  au  Tropaire  de  la  bibho- 
thèque  Victor- Emmanuel,  on  y  voit  figurer  aussi 
solennellement  les  saints  Théopompe  et  Synèse,  et  son 
origine,  par  là,  ne  saurait  demeurer  obscure.  Mais  il 
nous  est  permis  de  dépasser  Modène,  Rologne,  Imola, 
Rome,  et  de  descendre  bien  plus  au  midi.  Les  Tropes  ont 
fleuri  ou,  si  vous  aimez  mieux,  ont  sévi  au  Mont- Cas - 
sin.  Les  Ordinaires  publiés  par  D.  Martène  ^  ne  laissent 
aucun  doute  à  cet  égard.  Il  nous  serait  doux  d'aller 
plus  loin  et  de  débarquer  en  Sicile;  mais,  jusqu'ici  du 
moins,  rien  ne  nous  y  autorise,  et  force  nous  est  de  ne 
point  passer  le  détroit. 

En  France,  il  s'est  trouvé  une  abbaye  privilégiée 
qui  a  fait  des  Tropes  sa  chose,  son  domaine,  sa  gloire, 
et  dont  le  nom  est  désormais  inséparable  de  leur  his- 
toire. Saint-Gall,  je  le  veux  bien,  n'a  pas  été  éclipsé  par 
Saint-Martial  de  Limoges;  mais  peu  s'en  est  fallu.  Les 
Tropaires  limousins^  représentent  encore  aujourd'hui  la 

1  Bibl.  Angelica,  B.  III,  18,  f»  265  r". 

2  3  janvier.  —  Les  saints  Synèse  et  Tiiéopompe,  martyrs  à  Nicomédie  sous 
Dioclétien,  sont  honorés  tout  particulièrement  à  Rome.  (V.  Acta  Sanctorum,  I, 
127,  et  les  Addenda  de  l'édition  Victor  Palmé,  p.  723.  Cf.  les  Caractéristiques 
des  Saints,  du  P.  Cahier,  p.  657.) 

3  13  août. 

<  4  novembre. 

5  Martène,  De  anliquis  Monachorum  ritihus,  col.  276,  423,  etc. 

6  Saint- Martial,  S87,  909,  1084,  1087,  1118.  1119,  1120,  1121,   1132,  1133, 


94  HISTOIRE   DE   EA  POÉSIE  LITURGIQUE 

moitié  de  tous  ceux  qui  sont  parvenus  jusqu'à  nous:  ce 
sont  aussi  les  plus  compliqués  et  los  plus  Ioïv^h.  Saint- 
Martial  doit  beaucoup  à  Saint-Gall;  mais  on  lui  doit 
plus  encore.  Saint-Martial  a  rayonné.  Nul  doute,  sui- 
vant nous,  que  de  Limoges,  à  travers  certains  inter- 
médiaires que  nous  ignorons,  les  Tropes  n'aient  été 
^  transportés  jusqu'à  Nevers.  Notez  (le  cas  est  rarissime) 
qu'il  s'agit  de  la  cathédrale  de  Nevers  S  consacrée  à 
saint  Gyr,  et  qu'enfin  nous  avons  affaire  à  un  Tropaire 
séculier.  De  Nevers  à  Fleury-sur-Loire  il  n'y  a  pas  loin, 
et  voici  que  nous  avons  sous  les  yeux  le  beau  Tropaire 
de  Fleury-sur-Loire*.  Par  un  autre  chemin,  les  Tropes 
étaient  un  jour  venus  faire  leur  apparition  à  Autun  et 
s'étaient  victorieusement  installés  dans  la  cathédrale 
de  cet  illustre  diocèse  \  Mais  ne  jetons  pas  ce  regard 
en  arrière.  Ne  nous  arrêtons  pas  :  marchons  encore, 
marchons  toujours. 

Paris,  où  viennent  se  manifester  toutes  les  modes 
nouvelles,  Paris  ne  pouvait  échapper  à  celle  des  Tropes. 
Il  l'a  subie,  comme  l'atteste  à  tout  le  moins  un  de  nos 
plus  précieux  manuscrits  *.  Mais,  après  Paris,  il  ne  nous 
reste  plus  guère  qu'à  aller  entendre,  le  jour  de  Noël, 
un  Office  tropé  à  l'illustre  abbaye  de  Saint-Denis  en 
France^,  et  à  nous  permettre  (ce  sera  la  dernière)  une 
échappée  en  Normandie,  jusqu'à  Tabbaye  de  Saint- 
Évroult^  où  l'on  va  nous  mettre  entre  les  mains  un 


1134,  113S,  1136,  H37,  1138,  1240.  — Cf.  1086,  qui  e?l  de  Saint -Léonard,  etc. 
—  Sainl-Yrieix  est  représenté  par  903. 

>  Biljl.  nat.  lat.,  94/i9,  et  noiiv.  acq.,  1235. 

»  Bibl.  nat.  lat.,  nouv.  acq..  n»  1177. 

3  Bibl.  de  l'Arsenal,  1169. 

'  Bibl.  nat.  lat.,  13252. 

''  V.  Marlène,  De  antiquis  Monathonim  rilibus,  cul.  425. 

<>  Bibl.  nat.,  lat.  10508  (ancien  Supplément  latin  1017).  Sur  l'activité  litur- 


LES  TROPAIRES  93 

Tropaire  merveilleusement  écrit  et  tout  à  fait  classique. 
Restons -y. 

Voici  cependant  que  notre  «  tour  du  monde  »  est  fini, 
et  il  serait  trop  aisé  d'en  dresser  la  carte.  Mais  nous 
n'avons  pu  nous  servir  que  d'un  certain  nombre  de 
Tropaires  découverts  par  nos  devanciers  ou  par  nous. 
Demain  peut-être  on  en  trouvera  de  nouveaux  qui 
nous  donneront  de  nouvelles  idées  et  nous  permet- 
tront  d'aller  plus  loin. 

Nous  le  désirons  vivement. 


gique  qui  régnait  dans  ce  monastère  de  Saint -Evroult,  cf.  Ordéric  Vital  : 
«  Prœfatus  monachus  [Witniundus]  granimaticœ  artis  et  musicae  peritissimus 
erat  :  quod  nobis  adhuc  testantur  Antiphonœ  et  Responsoria  quœ  ipse  condide- 
rat.  Plures  enim  dulcisonos  cantus  in  Trophario  et  Antiphonario  edidit.  » 


CHAPITRE  X 


SUITE  DU  PRECEDENT  —  LES  TROPAIRES 


Les  Tropaires  ont  une  forme  qui  est  essentiellement 
variable.  Il  en  est  qui  sont  des  manuscrits  de  luxe  : 
d'autres,  au  contraire,  ne  sont  que  des  livres  à  bon 
marché.  Il  est  facile  de  comprendre  la  coexistence  de 
ces  deux  types.  Ils  répondent  à  deux  idées,  à  deux 
courants,  à  deux  besoins. 

A  Saint- Gall  on  s'est  tenu  dans  le  juste  milieu.  Ces 
vieux  Tropaires  ont  bonne  mine,  mais  on  n'y  saurait 
signaler  aucun  excès.  A  Prum  et  à  Echternach  on  ne 
s'est  pas  montré  si  modéré,  et  les  Tropaires  de  ces 
deux  abbayes  peuvent  passer  pour  des  chefs-d'œuvre 
de  calligraphie  et  de  peinture.  Nous  ne  saurions  nous 
en  plaindre  au  point  de  vue  de  l'art;  mais  nous  esti- 
mons, encore  une  fois,  qu'un  tel  luxe  était  déplacé 
et  que  les  Tropes  ne  méritaient  pas  un  tel  honneur. 
11  y  a  plus  :  cette  magnificence  était  dangereuse  et 
pouvait  contribuer  à  mettre  en  trop  vive  lumière  ces 
longues  et  médiocres  interpolations  du  texte  litur- 
gique.  Les    moines    de    Saint- Martial   ont  été    plus 

I  -  7 


\)S  HISTOIRE  DI-    LA    l'OKSli:    MÎT  liClnUP: 

<«  i»ratiques  »,  et  ont  surtout  considéré  les  Tropairos 
comme  des  livres  d'un  usage  fréquent  et  qu'il  fallait 
souvent  emporter  au  chœur  avec  soi.  11  est  vrai  que 
deux  ou  trois  moines  pouvaient  chanter  en  se  servant 
du  même  volume;  mais  c'était,  je  pense,  le  maxi- 
mum. De  là,  dans  un  chœur  assez  nourri,  la  nécessité 


irem 


me 


Q  arrt  LttjiJitur  tr>t3trVc4erTxre{ 

.     >    ^  -     r     -^    ^    / 


Fac-similé  des  principaux  Tropairos.  — Le  plus  ancien  Tropaire  de  la  bibl.de  Saiiil-Gall 
(i8'i,  p.  32).  Fragment  d'un  Tropc  de  l'Introït  de  saint  Ktienne. 


de  posséder  un  certain  nombre  de  Tropaires.  Beau- 
coup, sans  doute,  ne  sont  pas  parvenus  jus([ii"à  nous  '; 
mais,  parmi  ceux  qui  nous  sont  restés,  il  en  est  peu 
qui  soient  d'apparence  luxueuse.  La  plupart,  s'il  t.iul 
tout  dire,  sont  l'œuvre  de  scribes  médiocres.  Nous  au- 
rons lieu  de  le  constater  tout  à  l'heure. 

En  revanche,  quehpies  églises  ont  été  hantées  de  la 


1  En  lèle  du  ms.  lat.  de  la  Bibl.  nat.,  1138  (f"  I  v),  il  y  a  un  feuillel  de 
garde  qui  est  composé  avec  le  feuillet,  jilié  en  deux,  d'un  Trojxiire  du  xi*  siècle 
(Trope  du  Kyrie...  Descender,'  voluisli  iiropler  liominem). 


LES   TROPAIRES  99 

même  idée  que  les  monastères  de  Prum  et  d'Echternach, 
et  ont  voulu  donner  à  leurs  Tropaires  une  parure  artis- 
tique que  le  seul  Sacramentaire  eût  vraiment  méritée. 
Le  Tropaire  d'Autun,  qui  est  aujourd'hui  conservé  à  la 
bibliothèque  de  l'Arsenal  \  a  été  orné  de  miniatures 

-lAndeffiTenuc  eux.'   tufhirttcp 

1 1  ^     ^     /-     /       y       /*  /  v<      /-  /T 

fnvLftliiLxucLeTetA    lluilufirrp 
n^^^  '^ f^ •   ^    ^   "^ r'^   '^'^t/ 

ne;  eu;    PUrrattuf- 
— c&r/er»  iXnujtm  euifcmem  AmAhxcr 

Fac-similé  des  principaux  Tropaires.  —  Le  plus  ancien  Tropaire  de  la  bibl.  de  Saint-Gall 
(484,  p.  42).  Fragment  d'un  Trope  de  l'Olïertoirc  de  saint  Jean  l'Évangéliste. 

d'un  caractère  original,  et  l'on  s'est  donné  la  peine, 
hélas!  de  scier  un  bel  ivoire  du  me  siècle  pour  lui  com- 
poser une  reliure  qui  fût  digne  de  lui.  Peut-être  y 
a-t-il  là  quelques  excès.  On  nous  alléguera  que  l'Anti- 
phonaire  grégorien  de  Saint-Gall  a  été  revêtu  d'une 
parure  analogue;  mais  nous  n'en  sommes  aucunement 
scandalisé,  et  maintenons  ici  la  différence  profonde  que 

1  N'o  1169.  On  trouve  dans  ce  même   manuscrit  des  cordelettes  servant  de 
sinets  pour  indiquer  les  fêtes  de  la  Purification  (f«  12)  et  de  l'Epiphanie  (M 4), 


100  IllSTOItii:    DK  LA   POÉSIE  LITURGIQUE 

nous  avons  toujours  établie  entre  l'œuvre  vénérable  de 
saint  Grégoire  et  ces  Tropaires,  qui  sont,  maljz:ré  tout, 

rnotbb  rtuoc^ftz 
^PiCTflllSON 


^cctv  cxim  njcro  noftri  mi 


ytUiLlîSohj' 

sans  autorité  et  sans  valeur.  Nous  préférons  à  ce  luxe 
déplacé  le  système  intelligent  des  moines  normands  de 

^^    f^     /"    y  r    y       f>  ,         /■ 

(JO  Inie^  onfcA^  Xq-nuTclcT  Je 

/    /       ^r  /■  '   r    -        //'/' 
tninurvTjrfururTtufpronolyif 

r  -    r^    ""  \-  \^'  ^   ' 

Uicmce^  fu rp&nfu/'.nadie^ Xlcén 
délier sAcciof  vêito  frxtr^fl^ 

Fac-similé  <ics  principaux  Tropaires.  —  I.e  plus  ancien  Tropaire  do  la  bibl.  de  Saint -G«ll 
(484,  pp.  '216  el  125).  Cos  fac-similé  ofTrcnl,  le  premier  un  fragment  du  Tr«»pe  du  Kyrie . 
le  second  un  Trope  de  la  Communion. 

Saint-Evroult  :  ils  oui  voulu  avoir  un  Tropaire  bien 
lisible,  bien  propret,  bien  net,  et  y  ont  i^arfaitoment 
réussi.  Est  modus  hi  rcbus. 


,^   LIBRARY 


O'I 


LES  TROPAIRES  101 


6 


lon^  ineaccelnf  dcD  *  fx:  TTrcrrrapaa* 
hominibufhone^  uolunzanf- luiiiaa. 
muATCr  ■  D  m  etli  c  i  rrvurœr-  KAo  ra Truif-ter- 
Glvrvfic^Lmufré  -     Gr3X>iAf  Acrimuf-abt 

tmf-'OomtnerfiU.vniçreTUTCr  iVru  ^fcrper-no 

^    ^  -  •   •    .^  ^--    ^*<  ^--  ^^     ^    -T 
miner  dc^ufA^ufdeifi  Uufpjcmrqui 

'ivVhfpecx:^cc^rTiundLrritfer^rt  nohi^- 

\uwvlU.fytcc^a^  nuinatfufoi'pe^de'prer 

cdvioncmnofrrsirrv'  n^uxicoJti'^ciàjejcver 

r^mYy^^mfrmfejTr'  re^nohif-cfuonxânv 

/t    *   é^      j^,      ^       ^    *^  j     j^   ^  ^^ 
ru  fptuf  /an  (5hx^  -W  folvifcLo  mxraxfva 

foiuf^CbciffimvLS  iî5v  ^srçicr  cuTnfktiéîlp 

|y|c?rTe  redempTDrnfdum  tondrc^cjucc^ 
fhuperrntrrôre  rrixAcnfciu^  repA 

Fac-similé  des  principaux  Tropairos. —  Le  Tropairc  d'Echlernach  (Bibl.  nat.  lat.,  lO.")!!), 
M3  V")  :  ce  fac-similé  offre  la  fin  d'un  Trope  d'un  Kyrie,  le  commencement  d'un  Trope 
de  l'Offertoire,  et,  entre  les  deux,  un  Gloria  non  tropé. 


102         iiisTOiin-:  i)K  F, A  iM)i:siK  uïcncioiTE 

Le  luxe  (lu  moillciir  aloi  pour  un  manuscrit,  c'est  la 
correction  de  son  texte.  Cette  condition  si  désirable  est 

J    /      ,.^        J      ^   , 

[■ne    cJirrcvcu.Tn 


rtûuum^  ctiXxA.  rrvira. btUJ^   fcctzz  •  I      ttcf  ' 

fJ    /        ^      4      /       J      ^ 
UCT*"*    Î3    ictnr  CT2rr  vnVl'tncvjPlc*  £^ryur\c 

icmvvTT   JTf  O  exif  vJrvr   /nU^tm  iZtitm 

■  ■/-^      '•  ,    ^   .  -    /   '-^  - 

yfc4iv>.rrrxirt^  xryrnun ciuyri     £iv.j1u(3   "U^^ 

y  /      -  n  -<     -'      ^    -    ,-j  '     'i  '   ^   ' 

-tyo-^'--        


f 


Fac-similé  des  principaux  Tropaircs.  —  Le  Tropairc  de  Prum  (Dibl.  nal.  lai.,  9448,  fo  7  v"^; 
fragment  d'un  Trope  de  l'Introït  de  Noël.  —  La  page  n'es",  pas  compicle  :  on  en  trouvera 
la  partie  inférieure  au  chapitre  sur  les  Tropes  du  A'yrie  (p.  235). 

heureusement  réalisée  dans  les  Tropaires  allemands  et 
italiens;  mais  on  n'en  saurait  dire  autant  de  tous  les 
Tropaires  français,  et  en  particulier  de  ceux  de  Saint- 


LES  TROPAIRES 


103 


—  Suspensus  ^'^^'^^i^-^'nCcLfU{,l<cf'm,^.^ 
out  est  à  peu     ',' ■>  '''* '^7' .C    /,^.  .J 


Martial,  qui   ont  eu   une  si  grande  influence   sur   le 
développement   de  la  littéra-     .v,  j   a,  .,  '     f/*^'-r' 
ture  tropistique.  Il  en  est  plu-     .         r       ^  r 

sieurs  qui  sont    d'une   incor-    y^^^^^.çd;^  X^,  J^Uf. 
rection  scandaleuse  ',  et   rien 

ne  peut  à  ce  point  de  vue  se  i3*"^«':r.iii«rAi;fior.^„.fvçrjpArt 

comparer  au  manuscrit  1118,  1  i   j  1    p    •  ,•  ,'.j-. -v  / 

qui,    ayant    à    reproduire    le  [f^^<^^r\c^àAnUf\;^X.u(fX 

Vexilla  Reqis,  nous  offre  dès     '  rcj-'   •     '"  '  •   1',' 
la  première  strophe  :  Qiio  car-         ^^t- 

nîs  conditor  —  Suspendit  pa-  aa»m)(hVo?r*c.^rJivnmifli^r:Vp 
tibulum ,  au  lieu  de  :  Qiio  carne   ,    ,-      j.  i*     .      ,» 
Garnis  conditor 
est  patibulo  ^  Tout 
près  de  cette  force  ^ 

Il  ne  faut  donc  pas  s'éton- 
ner si  l'on  est  souvent  dans  la  ,    , 
nécessité  de  corriger  le  texte    yr,xm1^^^^^u^frr'y^u*^cAi 
ou  la  notation  musicale  de  ces     .    ,  '  ,     -^    1  ^  ^'  \   J 
Tropaires  qui  étaient  parfois   fcrxxu^uv^l,uàeç'X^Xa>  '0 

écrits  trop  vite  et  singulière-  .h  "^ J    J  ^  -^  1'  '   '  '' 
ment   négliges.    Maigre  tout,  j     V 

certains  scribes  ont  pris  plai-  «i^^fp^'.    Q^l^cu^jj^.. 

sir  à  se  nommer,  même  en  des  ,  ,    ,    ,  "  *         / 

œuvres  qui  ne  sont  pas  d'un  rc»*pr444fvT75utia.\jTTrin.»fnjr^«- 

Fac-simile  des  principaux  Tropaires. —  LcTropaire  d'Autun  (hibl.de  l'Arsenal,  llG'J,f'>34  ro): 
fragment  d'un  Trope  du-  Gloria. 

'  On  peut  cependant  en  signaler  de  tort  beaux  ;  tels  sont  les  mss.  lllU,  1240,  etc. 

2  F-  174  v».  Cf.  1338,  f"  3't  r-,  î-  21  v»,  etc.  etc.  Il  y  en  a  par  centaines.  De  telles 
incorrections  ont  frappé,  avant  la  nôtre,  l'attention  des  clercs  du  xi»  siècle,  et  l'on 
trouve  la  trace  des  corrections  qu'ils  ont  faites.  Voy.  notamment  1120,  f°  26  v" 
(à  Pencre  rouge);  887,  f«  121  v°,  122  r",  etc.  etc. 

3  Ailleurs,  le  notator  a  oublié  d'écrire  les  neumes  au-dessus  des  paroles. 
Voy.  1119,  f"»  r»,  13,  19,  3û,  o2;  1120,  f"  26  v°,  32  v°,  33  v»,  43  r»,  44  r\  etc. 
Il  resterait  à  déterminer  les  circonstances  auxquelles  sont  dues  toutes  ces  lacunes. 


[j-»r»i  *»*-•* 


I0/|  HISTOIRE  DE  F, A   POÉSIE  [.ITI'KCInrE 

ir TT^ T  '       ' 


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"- Ll-lid% 7.  _7    . 


Vurnenfftobtf  .vflif  ibefu  t?onr«rMiu.iTnurinTc: 


\-— ;j[._,;4.^ x^ 


S       yt* 


Fac-timile  des  principaux  Tropairos.  —  l..-  1r..p,iir.>  i|.>  S.iinl  -  KvimuII 
(Bibi.  nat.  lat.,  lOôOti,  f»  lu  v»,. 


LES  TROPAIRES 


lo; 


caractère  très  relevé,  et  nous  savons,  par  exemple,  que 
le  Tropaire  1121  est  l'œuvre  de  deux  moines,  dont  le 
premier  s'appelait  Adhémar,  et  l'autre  Daniel'.  Je  com- 
prends mieux  la  rulirique  un  peu  solennelle  du  magni- 


Illustration  des  Tropaires.  Cinq  frises  et  dessins  d'enroulement. 
(Bibl.  nat.  lat..  1087,  f»  65  v».) 


tique  Tropaire  de  Prum,  où  l'on  nous  apprend  l'époque 
exacte  où  ce  manuscrit  a  été  exécuté  et  le  nom  du 


•  Bibl.  nat.  lat.,  1121,  fj  58  r»  :  «  Ademarus  moLiiachus]  Sancli  Marcialis  » 
(en  lettres  rouges);  f»  60  r"  :  «  Ademarus  monachus,  Danihel  nionachus;  » 
f"  72  v»  :  «  0  Danihel  monachus,  pra'lucens  dogniate  Christi,  —  In  mirabili- 
busque  bonis  tu  sis  Ademari  —  Pertractans  actis  qui  hune  biblum  rite  notavit.)y 
Il  ne  faut  pas  oublier  que  «  notare  »  signifie  :  «  Notas  musicas  libris  ecclesiasticis 
adscribere.  »  L'un  des  deux  scribes  avait  écrit  les  paroles,  et  l'autre  la  notation 
musicale.  (V.  Ducange,  au  mot  Nota,  éd.  Didot,  IV,  G43.) 


106  IIISTOII^K    l'K   I.A    l'OKSlK   LITT  HOIQU  F. 

moine  .ini  doit  d.-in.'iiivr  attaché  à  une  exécution  .IHn 


goût  aussi  parfait'.  On  serait  fier  à  moins. 


Illustration  .les  Tropaires.  Un  jongleur  (lùlisle  cl  un  ..jongleur  jonglant  ... 
;nil.|.  n.M.  lat.,  1HK.  follivo.) 

.  ..Codicem  isunn  ..u.tu^  nH.,l,.l.nHno  plonum,  .iomni  Milderici  abbatis  tem- 

pore  eiusqtie  licnlia.  Wickinp  lUloli.  mon.ich.  inpet.sis  .nt.i«e  precilu.  «rnbere 

œptuni;  domni  vero  Sloph.u.i,  succes.oris  pr.Tfnli  abl^li-  lompore  atque  bene- 


LES  TROPAIRES 


107 


L'illustration  des  Tropaires  mérite  toute  notre  atten- 
tion. On  y  trouve  rarement  des  compositions  aussi  ma- 
gistrales que  celles  duTropaire  de  Prum  :  véritables  ta- 


Illustralion  des  Troppires.  Une  jongleresse.  (Bilil.  nat.  lat.,  1118,  f»  Iti  r») 


ictione  diligentissime  ,  ut  cernitur,  consummatum  ;  sancti  Salvatoris  Domini 
ostri  Jesu  Christi  altari  impositum  ;  huic  sancto  Prumiensi  cœnobio  perhennis 
mémorise  novimus  traditum.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  94^8,  fo48  v">.)  —  Immédiatement 
après  cette  note  on  en  trouve  une  autre  qui  complète  la  première  et  est  d'une 
lecture  plus  malaisée  :  «  Ast  nota  hune  sanctum,  doctum,  lidelem  monachum, 
islum  librum  non  suis  sumptis  scripsisse,  sed  suc  impenso  labore  ac  sintrulari 
indu  stria,  »  etc.. 


11(8 


IIIST(»lliK    l)K    I.  A    |M»KS1K    1. 1  I  I  H  CI  O  IJ  K 


l)lcaux  et  pouvant  IfV'itinieriiciit  (Mrv  iT-'^^anlés  coiinnc  Je 
ly|)L'  (le  la  iniiiiaLiiic  loiu-iiic  m  la  fin  du  xe  siècle  Le 
Tropairc  do  l'Arsenal,  celui-là  lurinr  (juj  est  revôtu  de 
celle  licllc  cnveloi)!!!'  d'ivoire  païen  jauni  pai-  le  tenni»s, 
ce  pelil  manuscrit  long  est  oiné  de  miniatures  dont  la 
naïveté  n'est  pas  le  seul  mérite.  Aux  moines  de  Saint- 
Martial  il  ne  faudiait  pas  tant  demander,  et   les  seides 


lllustratiun  des  Tropaires.  Leilrc  Q  (Mibl.  nal.  lat.,  UI'J,  f"  i  r-  . 


miniatures  vraiment  curieuses  qu'on  trouve  en  ces  nom- 
breux Tropaires  sont  peut-être  celles  du  manuscrit  1 1 18, 
où  nous  voyons  défiler  toute  la  «jent  des  jongleurs  et  des 
jongleresses,  avec  cabrioles  diverses  et  instruments  de 
musique  fort  lieinvuscmeiit  vai'iés.  Les  lettrines,  par 
bonheur,  nous  dédommagent,  à  Limoges,  de  la  rareté 
des  miniatures  proprement  dites.  Elles  y  sont  nom- 
l)reuses,  fantaisistes,  osées,  charmantes,  et  peuvent 
rivaliser  avec  celles  de  tous  autres  pays.  Quelle  en- 
tente de  Fornement!  quelle  verve!  quel  esprit! 

Ce  que  j'estime  encore  le  plus  dans  l'exécution  des 
anciens  Tropaires,  c'est  le  respect   qu'on   y  a  parfois 


LES  TROPAIRES 


109 


témoigné  pour  le  texte  liturgique.  Dans  certains  manu- 
scrits de  Saint-Gall,  ce  texte  auguste  a  été  écrit  en 
lettres  capitales,  tandis  que  l'on  se  contentait  de  faire 
aux  Tropaires  les  honneurs  de  la  minuscule  \  Dans 
certains  autres  -,  on  a  souligné  le  texte  liturgique  à 
l'encre  rouge,  comme  pour  marquer  bien   nettement 


Illustration  des  Tropaires.  Lettre  Q  (Bibl.  nat.  lat.,  1119,  f»  21  r^). 

sa  supériorité  sur  les  interpolations  dont  on  le  sur- 
chargeait. Les  scribes  du  xie  siècle  ont  exprimé  par  là 
l'idée  même  qui  nous  a  animé  durant  tout  ce  travail  ;  ils 

sont  nos  auxiliaires  et  nos  témoins. 

< — 

'  Tels    qu'ils    sont,    nos    Tropaires    méritent    d'être 

étudiés  de  plus  près  qu'ils  ne  l'ont  encore  été  et 
à   d'autres    points    de   vue  l   Qu'ils   nous    fournissent 


1  Ms.  376,  p.  39;  380,  pp.  29,  31,  33,  58,  Go,  etc. 

2  Ms.  382,  pp.  21-23. 

2  II  faut,  à  tout  le  moiiiri,  noter,  en  passant,  que  les  scribes  prennent  soin 
d'indiquer  le  ton  des  tropes  (1118,  f"  33,  etc.  etc.)  et  les  «stations»  lilurdques 
de  Rome  {ibid.,  f"  6  r",  etc.  etc.).  Une  «  patrination  »  qui  n'est  pas  spéciale  à 
nos  Tropaires,  mais  qui  mérite  cependant  d'élro  relevée,  est  celle  qui  consiste 


no 


IlISTOIlii;    Di:    l,.\    IMjKSIi:   IJTUKGIOUK 


tiles  renseignements  sur  certains  rites  liturgiques  au- 
jourd'hui disparus  '  et  sur  la  popularité  de  tels  ou 
tels  saints  dans  telle  ou  telle  région-,  on  n'en  sera 
pas  surpris.  Mais  il  ne  faut  pas  craindre  de  leur  de- 
mander davantage,  et  de  les  interroger  en  particulier 
sur  la  vie   privée,   l'ameublement  ou    le  costume  de 


lllustrntiun  dos  'l'ropaires  :  Icllrc  Q  (Bibl.  nal.  lat.,  tllO,  f"  G<J  r"  et  70  vo). 


à  donner  le  même  chifîre  à  un  reclo  de  feuillet  et  au  verso  du  fecillet  précé- 
dent (1132). 

'  V.,  par  exemple,  l'extrait  suivant  d'un  de  nos  plus  curieux  Tropaires  de 
Saint- Martial  sur  la  veille  de  la  Saint- Matthieu  :  «  Coitibus  angelicis  gaudium 
sil  in  cœlis,  in  terris  omni  populo  celebris  exuUalio,  quia  hodie  vigilia  sancti 
Matthaei  fulgida.  Pellitur  nebuluni  omne  gemitus  et  tristitise  ab  amicorum  inti- 
mis  cordis  duorum  socrelis...  Firmatur  fœdus  integrœ  ac  fortis  amicitiae,  etc.  » 
(H20,  f°220  et  dernier,  v";  ajouté  au  xi'siècle  parun  autre  scribe.) — Cf.  VOrdo 
du  manuscrit  de  Berlin,  oij  nous  voyons  que,  le  jour  des  Rameaux,  on  faisait 
un  sermon  au  peuple  après  le  chant  duPueri  Hcbraiomm ,  et  que,  durant  cette 
dernière  Antienne,  les  clercs  des  sfo/œ  monastiques,  d'une  part,  et  les  petits  en- 
fants laïques,  de  l'autre,  jetaient,  comme  jadis  les  petits  Juifs  à  Jérusalem, 
leurs  vêtements  par  terre  avec  des  rameaux  :  «  Scolastici...  jaclanles  in  terram 
cappas...  adorent  Crucifixum  in  similitudine  Hebrœorum  puerorum;  simililer  et 
ipsi  laïci  pueruli  jaclent  veslimenla  sua  raniosque  palmarum.»  (Berlin,  f »  29  p" 
et  30  V.) 

*  C'est  dans  nos  Tropaires  qu'on  peut,  une  fois  de  plus,  constater  jusqu'à 
quoi  point  saint  Pierre  était  alors  i*lus  populaire  que  saint  Paul.  Onze  Tropes 
de  rinlroït  sont  consacrés  à  saint  Pierre  dans  le  Tropaire  1120 (f«»  41  vo-4o  v»). 
deux  seulement  à  saint  Paul  (45  v°et 'iôr").  Dans  le  ms.  1121.  cinq  sont  donnés 
àsaint  Pierre  (fo26r<')  et  deux  à  saint  Paul  (28  r").  Pans  le  petit  Tn..paire  13252. 
nous  trouvons  six  Tropes  qui  ont  saint  Pierre  (12  r>)  et  un  seul  qui  a  saint 
Paul  pour  objet  (12  v").  —  Il  est  à  peine  utile  d'attirer  l'attention  sur  la  popu- 
larité de  saint  Martin  dans  tous  ces  monastères  des  x»  et  xi*  siècles  (1121) 
f"  41  r»  et  v,  etc.  etc.),  et  de  rappeler  que  les  véritables  patrons  de  notre 
France  à  celle  époque  étaient,  avec  saint  Martin,  saint  Ptiiis  et  saint  Hémi 
(9449,  fo  36  v).  Ktc.  etc. 


LES  TROPAIRES 


lil 


nos  pères  '  et  sur  certaines  «  actualités  »  de  leur  his- 
toire l 

^  Quelque  médiocres  qu'ils  soient  littérairement,  nous 

ï  Jam  dulcis  arnica,  venito,  quani  sicut  cor  meum  diligo;  intra  in  cubiculum 
meuni.  Ibi  siint  sedilia  strata  absque  velis...,  floresque  in  domo  spavgnntur, 
herbœque  flagrantes  miscentuv.  (Bibl.  nat.  lat.,1118,  f''247  v.) — Dorsum  illius 
quasi  scutum  scidptile,  omatum  gemmis  undique.  (Saint-Gall,  546;  cité  par 
Gall-Morel,  p.  176,  n»  288  :  Dilectus  Deo ,  etc.). 


Illustration  des  Tropaires  :  lettres  0,  A,  E  (Bibl.  nat.  lat.,  1119,  f»s  G8  vo  et  71  ro). 


2  II  est  difficile  de  préciser  en  quelle  heure  d'angoisse  a  été  composé  le  chant 
suivant,  qui  est  véritablement  un  cri  de  douleur: 

0  Maria,  puellarum  homnium  sanctissima, 
Quaî  Tonante[m]  inter  sacra(s)  bajulasti  viscera. 
Vide  clades  famulorum  atque  contumelias 
Quas  pro  vita  criniinosa  patimur  assiduis  [sic). 
...  Gentibus  credimur  undique  nos  opprimentibus; 
Barbaris  manibus  captivali  dislrahimur... 
Argue,  increpa,  tanta  sanes  ut  vulnera... 

(1084,  fo  317  ro  et  vo.  ) 

2  TADLE    DES    TROPAIRES    DONT    LE    TEMOIGNAGE    A    ÉTÉ    UTILISÉ 

DANS    LE    PRÉSENT    LIVRE 

l»  (Paris,  Bibl.  nat.  lat.)  Lat.  887.  —  Tropaire  suivi  d'un  Séquentiaire 
et  d'un  Pr osier. 

Fo  1  ro.  Petits  Tropes  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique,  depuis  la  Sainte -Lucie  (13  dé- 
cembre) jusqu'à  la  Saint-André  (30  novembre).  —  Fo  47  ro.  Grands  Tropes  {a.  du  Kyrie, 
47  ro;  b.  du  Sanclus ,  61  vo;  c.  de  VAgnus  Dei,  65  vo;  d.  du  Gloria,  69  ro;  e.  Regnutn , 
84  vo).  —  Fo  87  ro.  Mélodies  ou  Sequelœ  de  l'AUoluia.  Dans  les  Sequelx  des  grandes  fêtes, 
quelques  phrases  musicales  sont,  par  exception,  accompagnées  des  ciausi/te,  des  paroles 
correspondantes  de  la  Prose.  Cette  particularité  s'explique  par  ce  fait  qu'en  certaines  églises 
les  clercs  ou  les  moines  se  partageaient  en  deux  demi -chœurs,  qui  chantaient  alternative- 
ment, l'un  les  paroles  de  la  prose,  l'autre  les  neumes  de  la  séquence.  D'autres  fois,  comme 
aujourd'hui,  l'orgue  alternait  avec  le  chant  des  paroles.  (Cf.  le  texte  d'Ekkehard  V  en  sa 
Vita  B.  Nolkeri  :  u  Jubilus,  id  est  neuma,  quem  quidam  in  organis  judilant.  »  Acla 
SS.  Aprilis,  édit.  V.  Palmé,  I,  585.)  —  Fo  96  ro.  Prosier. 

xio  siècle. —  Parch.,  151  feuillets,  275  sur  IQOmm.  Quelques  belles  lettrines  de  style  roman. 
Voir  la  lettre  Q  du  fo  19  ro,  et  la  lettre  F  du  fo  59  vo.)  — Bel.  maroquin  bleu  aux  armes  de 
France. 

Saint- Martial  de  Limoges. 

2°  Lat.   903.  —  Tropaire   précédé   d'un  Graduel    (avec  les  Prosulœ 
de  l'Offertoire)  et  d'un  Processionnal;  suivi  d'un  Prosier. 
Feuille  de  garde  :  «  Privilegium  de  Arnaro.  »  —  Fo  1  ro.  Graduel  avec  Tropes -proswia?  de 
roiVertoire  depuis  le  premier  dimanche  de  l'A  vent  (on  remarquera,  au  fo  95  ro,  la  rubrique; 


H2  lIISTOIliK   l>n   LA  POÉSIE  LITURGIQUE 

n'hésitons  pas,  après  les  avoir  lus  très  longuement  et 
la  plume  à  la   main,   à  attester  ici   qu  ils  r.nf.Tin.-nt 


Illustration  des  Tropaircs  :  lettre  Q  (Bibl.  nat.  lat.,  1121 ,  t»  2  r 


f    un  ro   I.-.Q   mole  •   •(  Sancli   Aredii  abbaiis  »  etc./. 
„  Nat.  saneti  Medard.  ...  '^''^ZLLl^t^^',:..  Tro,"aire  :  Incipiunl  tropi  de  Nali- 
Fo  117  ro.  Ant.phona:  proccssionalcs,  a..  -  h     ^  *  ^^^y 

vilate  Domini  :  «  Quom  qua.r.l.s  -,  etc.  Au  f»  «•'9.  ^" ''^ '^  T  7r"nd"  cla-és  suivant  leur 
obbatis  ...  -  Après  la  série  do,  pCts  Tr^l-J.  -en^^ent  Ic^  g  a^ds^  a  ^^^  ^^  ^_ 
ordre  le  plus  ro^^ulicr  :  les  Kyrie  iropes,  fo  63  r»,  .'"  G'*'"f  '  '^  7^;  ,.g  ,.,  ^^  ^uiv.  ).  où 
et  les  aIuus  Hei .  179  ro.  -  Le  tout  est  couronne  pa    un  ProMor  (f    1-3  ^ 

Saint-Yri'eix  (comme  le  prouvent  les  rubriques  ci-dessus  mcnt.onnec. 


LES  TROPAIRES 


113 


parfois  d'originales  et  véritables  beautés;  qu'ils  ont  tou- 
jours un  certain  air  de  grandeur  avec  une  chaleur  de 

3°.  Lat.  909  —  Tropaire  suivi  d'un  Séquentiaire,  d'un  Tonaire 
et  de  fragments  d'Antiphonaire  et  de  Graduel. 

Fo  9ro.  Tropaire:  1° Petits  Tropes  (saint  Austreclinien,  fo 59  r»;  saint  Justinien,  60  r» etc.). — 
Fo  62  vo,   Office  de  saint  Martial.  — F»  86  ro,  2"  Grands  Tropes  :   Gloria  et  «  Regnum  ».  — 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  fo  1  r"). 


Fo  110  po.  Mélodies  ou  sequelse  de  l'Alleluia,  avec  les  premières  paroles  des  Proses  qui  en 
sont  dérivées.  —  Fo  126  ro.  Traits.  —  Fo  150  ro.  Antiennes  processionnales ,  etc.  —  Fo  174  ro. 
Versets  alléluiatiques.  —  Fo  206  ro.  Offertoires.  —  Fo  251  ro.  Tonaire.  —  Fo  260  ro.  An- 
tiennes <(  in  Evangeliis  ».  —  Fo  268  vo.  <i  Antiennes  avec  l'Alleluia.  »  =r  Ce  manuscrit  offre  un 
rapport  frappant  avec  le  1121. 

XI»  siècle.  —  Postérieur  à  1031,  ce  manuscrit  offre,  sans  grattages,  l'Introït  de  la  Messe 
Probavit.  —  Parch.,  277  feuillets;  268  sur  15omm.  —  Lettrines  remarquables  au  point 
de  vue  de  l'originalité  plus  que  de  la  facture  (au.x  î»^  150  ro  et  154  ro,  deux  D  ;  au  fol58r", 
un  V  très  curieux,  etc.).  Rcl.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

I  —  8 


114 


IIISTOIIîK   DE   I.A   POÉSIE  LITURGIQUR 


vei'vc  «jui  110  se  rcfi'oidit  j)oint,  et  qu'enfin  nous  n'avons 
jamais  eu  la  douleur,  comme  nous  le  disions  plus  haut, 


h°  L.l.   1084. 


—   Trfiiinire  accompagné  d'un  Séqucntiaire, 
diiii  l'rosier  et  d'un  Tonai  re. 


Recueil  mal  con(;u  et  iiiinlellifçenimcnl  exécuté.  En  tôle  se  trouve  [  f"  4  r")  cette  série,  si 
intéressante,  et  qui  a  toujours  sa  place  à  part,  des  Tropes  qui  suivent  le  dernier  verset  de 


Illustration  dos  Tropaires  (Pilil.  nal.  lat..  f»  8  vo  . 


l'Oflertoire  cxim  versibus,  A  ces  Tropes  de  l'Offericire  sont  mOlés,  comme  en  d'autres  ma- 
nuscrits, les  Trojtes  qui  accompagnent  le  Verset  alléluialique  avec  quoiques-ims  decesTr»>pcs 
(1  de  fabrice  mundi  i<  dont  nous  aurons  ailleurs  a  délorminor  la  nature  et  la  place  :  ce  sont  là 
des  pit'ccs  do  la  même  famille.  Après  quoi  (  f »  3U  r°)  commencent  les  petits  Tropes  deNo«-l. 
avec  quelques  inlercalations  de  Proses.  Il  semble,  au  reste,  que  tout  ait  été  bouleversé  dans 
ce  singulier  manuscrit.  Les  Tropes  du  Kyrie  (  f»  92  r"  )  sont  directement  suivis  de  ceux  du 
Sanclus  (f«  9i  vo)ct  de  VAgnus  Dei  [f»  90  vo);  mais  on  comprend  moins  bien  la  place  qu'on 
a  faite  à  ceu.\  du  GloHa  (  f-  99  r«  ;  et  do  l'Introït  (  f»  127  r») ,  et  au  Regnutn  (  f»  H9  n>  ).  La  fin 
du  manuscrit  oITre  du  moins  quelque  apparence  de  Uigiqu^.  Après  le  Tonaire  {{<>  155  r» 


LES  TROPAIRES 


115 


d'y  rencontrer  une  idée  qui  fût  basse  ou  exprimée  bas- 
sement, «  Une  telle  poésie  ne  saurait  sans  doute  être 


viennent  les  mélodies,  les  sequelae  de  l'Alleluia,  dont  quelques-unes  sont  entrecoupées  de 
paroles  (fo  197  r"),  et  enfin  le  Prosier  (fo  221  r»),  précédé  de  son  prologue  Precamur. 

xi=  siècle.  —  Antérieur  au  concile  de  1031 ,  comme  le  démontrent  les  grattages  opérés 
(fo  39  ro  et  suiv.)  sur  le  mot  Statuit.  —  Parch.,  335  feuillets,  223  sur  138mm.  Lettres  ornées, 
d'un  goût  primitif  ou  bizarre  (  Voy.  l'I  du  f»  4  v»;  le  Q  du  f»  o3  v»,  etc.}.  —  Rel.  maroquin 
bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  fo  6  vo). 

5°  Lat.  1086.  —  Tropaire  précédé  d'un  Recueil  d'Antiennes 
et  accompagné  d'un  Prosier. 

Le  manuscrit  débute  (fo  2  ro)  par  ces  «  Antiennes  processionnales  »  qui  étaient  si  solen- 
nelles et  tenaient  dans  la  liturgie  une  si  grande  place.  Puis  vient  le  texte  de  ces  deux  magni- 
fiques Antiennes  eucharistiques  qui  furent  si  populaires  en  France  parmi  les  innombrables 
communiants  de  ces  âges  de  foi  :  l'Emitte  spirilum  de  Noël  et  le  Venile  populi  de  Pâques 
(fo  -15  vo).  On  aborde  alors  la  série  des  grands  Tropes  :  ceux  du  Kyrie  (fo  18  ro)  et  du  Glo- 
ria (fo  24  ro);  mais  on  ne  considérait  souvent  les  Proses  que  comme  un  «  grand  Trope  », 
et  l'on  place  ici  très  logiquement  (fo  27  r»)  le  Prosier  tout  entier  précédé  de  son  pro- 
logue Precamur.  Il  est  à  peine  utile  d'observer  que,  vu  l'âge  du  manuscrit,  un  certain 
nombre  de  Proses  de  la  seconde  époque  y  ont  envahi  la  place  jadis  rés^vée  aux  seules 
nolkériennes  [Anni  nobia  circulus  rénovât  solemnia ,  fo  104  r»;  Exullel  vox  sonora, 
folûovo).Les  grands  Tropes  du  Sancius  (fo  123  ro)  et  de  l'yl  jnus  (fo  126  vo)  complètent  cet 
ensemble,  auquel  viennent  s'agréger,  d'une  façon  très  irrégulière,  deux  Épîtres  tropées  qui 
sont  là  tout  à  fait  hors  de  leur  rang  (fo  128  ro  et  129  vo).  On  remarquera  au  fo  32  ro  la  pruse 
Mundus  heri  lœtabalur,  qui  nous  offre  une  autre  version  de  VHeri  niundus  exxdtavit  d'Adam 
de  Saint -Victor.  (Voy.  nos  Œuvres  poétiques  d'Adam  de  Saint-Victor,  2»  édit.,  p.  80.) 

Fin  du  xn»  siècle.  —  Parch.,  132  feuillets,  2Go  sur  180n>m.  —  Rel.  maroquin  bleu  aux 
armes  de  France. 

Saint -Léonard. 

6°  Lat.  1087.  —  Tropaire  précédé  d'un  Antiphonaire, 
d'un  Séquentiaire  et  d'un  Prosier. 
C'est,  jusqu'au  fo  98,  un  simple  Antiphonaire.  Au  fo  98  commencent  les  Tropes  du  Kyrie. 
suivis  de  quelques  Gloria  (fo  100  ro)  et  de  quelques  Agnus  Jo  loi  ro)  notés.  Viennent  alors 


110 


IIIÏ^TOTRF,   DE   LA    POÉSIE   ElTErUliniJE 


étudiée  au  microscope  :  elle  ne  mérite  jj;is  un  tel  exa- 
men et  ne  saurait  le  subir  à  son  avantage;  mais,  prise 

dfiux  séries  d'une  iinporlancc  considérable  et  qui  se  complètent:  1»  i';S  Protie  annualei  [in] 
reslivitalibua  dicendx  (f"  101  vo).  et  2°   les  lielodiœ  annualen  in  festivilattlms  dxcendai 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  f »  28  r»). 


(fo  lu«  r'>).  Quelques-unes  de  ces  mélodies  sont  entrecoupées  de 
clausulœ.  Le  plan  de  ce  manuscrit  n'a  rien  de  compliqué  :  il  en  est 
peu  d'aussi  simples. 

xi"  sitcle.—  Pareil.,  118  feuillets,  233  sur  IGO-"".  Un  débris  informe 
de  grande  miniature  (  f o  75  6i«);  cinq  frises  assez  élégantes  (fo  65  vo), 
et  toute  une  suite  de  lettrines  remarquables  (Voy.  notamment  le  P 
du  fo  111  r«  cl  le  D  du  fo  51  V",  etc.  etc.).  — Bel.  anc.  ;  peau  blanche. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

7"  J.ot.  1118. —  Tropaire  accompagné  d'un  Tonaire, 
d'un  ricquentiaire  et  d'un  Prosier. 
C'est  d'abord  un  Tropaire  complet  (fo  t  r",  103  vo],  cl  d'après  l'ordre 
exact  de  l'année  liturgique,  depuis  la  Sainle-Lucie  (13  décembre)  jus- 
qu'à la  Saint-André  (30  novembre).  Les  petits  Trof>cs  ne  font,  povr 
CHAQUE  FÊTE,  qu'unc  seule  et  même  série  avec  les  grands,  série  com- 
plète et  fort  bien  ordonnée.  11  est  peu  de  Tropaires  d'un  aspect  aussi  ré- 
gulier et  d'un  usage  aussi  commode. —  Fol04,ro  Tonaire. —  FollSvo; 
131  ro.  Tropes  de  <i  l'Offertuire  avec  versets  »  ;  de  l'intérieur  du  Graduel 
avant  le  Verset  alléluiatique,  et  Fabrice  mundi.  Cette  série,  si  cu- 
rieuse, s'étend  depuis  le  premier  dimanche  de  l'.Avent  jusqu'à  la  Saint- 
André.  11  est  évident  que  les  moines  de  Saint -Martial  attachaient  à 
cette  famille  de  Tropes  une  importance  toute  particulière,  et  c'est  ce 
qui  est  attes'.é  par  un  grand  nombre  de  leurs  manuscrits.  —  Vien- 
nent ensuite  (  f  o  131  v»,  li3  vo)  \cs  aequelw ,  les  mélodies  de  l'Alleluia 
avec  certaines  intcrcalalions  de  paroles  que  nous  avons  expliquées 
plus  haut.  —  F»  144  ro-248  ro,  Prosier  complet.  Hemarquczau  fo2i7  vo 
une  pièce  amoureuse  en  prose:  «  Jam,  dulcis  amica,  venito,  etc.» 

XI"  siècle  (?  commencement  du  xii«).  —  Les  «  Acclamations  ■•  du 
fo  38  vo  renferment,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  les  noms 
d'Hugues  Capet  et  du  pape  Jean  XVI  ;  mais  ce  fait  permet  seulement 
de  supposer  que  l'original  de  celle  partie  du  manuscrit  1118  était  de  la 
lin  du  x»  siècle.  Parch.,  249  feuillets,  245  sur  148"»n>.  —  Miniatures 

barbares  dans  le  Tonaire,  mais  1res  intéressantes  pour  l'histoire  de  la  musique  instrumenUle  ; 

Fo  104  ro,  Diivid  avec  une  vielle;  105  vo,    Dùte  ;  106  v»,  llùte  de   Pan;    107  V",  autre   fliite. 

jongleur  jonglant  ;  108  r-,  jongleur  dansant  ;  110  ro,  décacordc;  111  ro;  olifant  et  psallérion  ; 

113  vo,  lUite  double,  jongleur  jonglant;    114  ro,  jongleresse  dansante.—  Belles  lettrines 

(Voy.  l'A  du  fo  132,  le  Q  du  fo  8  vo,  etc.).  —  Ilel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 
Saint -Martial  de  Limoges. 

8°  Lat.  1119.  —  Tropairc-Prosicr. 

Fo  4  ro,  petits  Tropes.  —  F»  b\  r».  grands  Tropes  :  a.  du  Kyrie  et  h.  du  Gloria  — 
Fo  l-iO  vo,  Prosier  précédé  de  la  préface  Pre-camur.  —  Fo  244  ro,  grands  Tropes  :  e.  du 
Sanctus  et  d.  de  VAgnuê.  Ordre  remarquable.  La  Prose,  considérée  comme  un  grand 
Trope,  est  placée  au  rang  qu'elle  occupe  dans  l'Office  sacré. 


LES  TROPAIRES 


117 


et  jugée  dans  son  ensemble,  elle  est  souvent  haute  et 
grande,  et  il  y  a  telle  Séquence  notkérienne  qui  a  vrai- 


xi"  siècle.  —  Postérieur  au  concile  de  1031.  La  rubrique  Probavit  s'y  trouve  sans  aucune 
trace  de  grattage.  Cf.,  au  f»  54  v,  la  rubrique  :  In  festivitate  sancli  M[arlialis]  apostoli 


Illustration  des  Tropaircs  (Bibl.  nat.  lai.,  1121,  f"  24  vo] 


Parch.,  251  feuillets,  230  sur  135in">.  Plusieurs  lettrines  ont  été  enlevées  au  canif  (f»  47  r», 
54  vo,  etc.).  La  série  des  lettres  ornées  présente,  malgré  ces  lacunes,  un  véritable  intérêt. 
Voy.,  fo  4  r",  un  Q  très  curieux  (poisson  mangé  par  quatre  monstres)  ;  fol3  vo,  un  H  (lance 
et  gonfanon)  ;  fo  17  vo,  un  0  (Présentation  de  Notre -Seigneur  au  Temple);  fo  21  r",  un  Q  ; 
fo  39,  un  I  (gonfanon)  ;  fo  42  ro,  un  Q  ;  fo  54  ro,  un  X  ;  fo  58  vo,  un  S  ;  fo  68  v»,  69  ro,  70  ro 
toute  une  suite  de  désossés  et  de  grotesques;  fo  140  ro,  un  P,  etc.  —  Rel.  maroquin  bleu 
aux  armes  de  France. 
Saint -Martial  de  Limoges. 

9»  Lat.  1120.  —  Tropaire-Prosier. 

C'est  l'ordre  liturgique  qui  est  très  régulièrement  suivi  dans  ce  Tropaire,  où  le  scribe  a 
seulement  pris  soin  d'intercaler  {cl  rien  n'est  plus  logique)  un  Ordo  pour  le  dimanche  des 
Rameaux  et  toute  la  Semaine  sainte.—  Fo  1  ro,  petits  Tropes  depuis  l'Epiphanie  jusqu'à  la 
Saint-André  (30  novembre).  L'Ovdo,  dont  il  vient  d'être  question,  figure  aux  f"'  Il  ro.20ro. 


118  IIISTDIMI-:    DK   I.  A    POÉSIE   M  TI' lUil  O  CE 

ment  la  majr.'sté  dune  cathédrale  romane  Je  compare- 
rais volontiers  nos  Tropistes  à  ces  peintres  des  pre- 


—  Fo  67  r»,  grands  Tropes  :  a.  du  Kyrie;  b.  du  Sanctus ;  c.  de  \'Agnu$  Dei ;d.  du  Gloria; 
e.  negnxim.  —  F"  106  ro  ProBxer  :  très  étendu. 

XI»  siècle. —  Antérieur  au  roncile  de  1031.  I, 'indication  do  la  .Mc««o  Slaluit  a  été  Irc»  visi- 
blement grattée,  et  on  y  a  sulistitué  l'indication  de  la  Messe  Probavil  f (■•  -40  r",  vo,  etc.); 
220  feuillets,  230  sur  lUO""".  Lettres  ornées,  d'assez  médiocre  facture.  Quelques-unes  mé- 
ritent cependnnt  d'être  signalées  comme  curieuses  (f»  39  r»,  41  r»,  46  r»,  etc.}.  —  Hcl. 
maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

10°  Lnt.  1121.  —  Tropaire  accompagné  d'un  Hoquenliairf, 
d'un  Graduel  (incomplet)    et  d'un  l'rosier,  etc. 

l'o  2  ro,  Tropairo  complet  (petits  Tropes),  depuis  le  Quem  quxriti»  in  prxaepe  de  Noël 
jusqu'à  la  Paint-André  (30  novembre).  —  La  place  est  ensuite  laissée  aux  grands  Tropes:  à 
ceux  du  Gloria  (  f  «  42  r»)  et  aux  Hegnum  (  f ■>  liO  v).  Puis  viennent  (f';>«  ro)  les  ttqutlae, 
les  «queues  »  neumatiques  do  l'AlIcluia.  Quelques-unes  sont  entrecoupées  de  paroles 
(  Gloriosa ,  f»  59  ro  ;  Organicis ,  f»  !J9  vo  ;  Fulgens  prœclara,  f»  60  v»  ;  Benedicla,  l->  62  r»  ; 
Obscrvanda ,  fo  09  v»).  Celte  première  série  est  accompagnée  de  quelques  alise  teqmnlix 
quw  non  sunt  vatde  in  ««u  (  fo  70  ro).  Le  reste  du  manuscrit  mérite  d'attirer  l'atlention,  et 
forme  un  ensemble  qui  répondait,  comme  livre  de  chant,  aux  principaux  besoins  litur- 
giques d'un  moine  de  ce  temps  :  a.  fo  73  ro  :  les  Tractus  usités  dans  les  temps  de  pénitence; 
(au  lieu  de  Iraclus,  une  première  main  avait  écrit  tracti)  ;  b.  fo  90  ro  :  les  Offertoires  cum  ver- 
sibiis;  c.  fo  138  ro  :  les  Antiennes  processionnales  ;  d.  {°  174  r"  :  les  Invitatoires  {vitatoria); 
e.  fo  180  ro  (cf.  210  vo  cl  suiv.)  :  les  Versets  alléluiatiques  per  annum  ;  f.  f»  178  r»  :  les  An- 
tiennes de  Evangeliis  sacrosanciis,  qui  étaient  tirées  uniquement  du  texte  évangélique  et 
n'étaient  chantées  que  les  dimanches  après  l'Epiphanie  (f»  178  fo)  et  les  dimanches  après 
la  Pentecôte  (f"  187  vo)  ;  g;  les  Antiennes  de  Vêpres  (seulement  annoncées),  et  enfin 
h.  fo  218  ro  :  les  Alléluia  qui  suivent  les  Antiennes  des  Heures  dans  les  fêles  joyeuses.  Le 
tout  se  complète  par  des  fragments  de  Prosier,  où  il  faut  remarquer  (fo  200  ro]  les  [PtxMte] 
domiyiicales  pour  les  dimanches  après  la  Pentecôte,  etc.  etc. 

XI»  siècle.  —  Antérieur  au  concile  de  1031,  comme  le  démontrent  les  grattages  opérés  sur 
le  mol  Staluil  (fo  28  v»  et  suiv.).  La  notation  ae,  qui  égale  à  la  fois  ae  cl  oe  (cf.  cependant 
coetus  au  fo  44  vo),  est  très  fréquente.  Quelques  e  cédilles  (fo  41  vo,  etc.);  lettres  enclavées 
(fo.  28  vo,  32vo,  etc.). 

Parch.,  247  feuillets,  270  sur  170n>"'.  Lettrines  de  grand  style.  Voy.  notamment  Q,  fo  2; 
H,  fo  5  ro  ;  E  oncial  (paon),  fo  6  v»;  H  oncial,  fo  8  vo;  0,  fo  10  ro;  q",  fo  H  v«;  C,  fo  17  vo; 
Q,  fo21  vo;  F,  fo  24  vo;  E  oncial  (autre  paon),  fo 26  vo  ;  M  oncial  magnifique  (un  homme  entre 
deux  paons),  fo  28  vo.  Cf.  fo  34  ro  ;  35  vo;  36  vo;  39  vo;  41  vo;  73  ro  ;  90  ro,  etc.  Au  fo42r«, 
une  belle  frise  carrée  (feuillages  et  labyrinthe).  —  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

\l°  Lat.  1132.  —  Pftit  Tropaire  préccdc  d'un  Graduel 

et  suivi  d'un  Pro?ier. 

Fo  5  ro.  Graduel.  (On  y  remarquera,  comme  ailleurs,  la  Miua  prima  et  la  major  Mitaa 

pour  la  fête  de  saint   Jean  l'Evangéliste  (  fo  13),  et  les  deux  Messes  pour  les  fêles  de  saint 

Jean-Baptiste.) —  (Fo  110  vo);  Tropaire  contenant  uniquement  quelques  Tropes  du  Sanciiu 

(fo  110  vo)  et  de  VAgnus  (fo  112  vo).  —  K"  113  vo;  Prosier. 

Fin  du  xi«  siècle. —  Parch.,  146  feuillets, 2.'>(J  sur  162"'»'.  Lettrines  très  simples  et  d'une  seule 
couleur  (rouge),  mais  d'un  dessin  assez  élégant. —  Bel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 
Saint -Martial  de  Limoges. 

12°  Lat.  1133.  —  Tropaire  précédé  des  Offertoria  cum  versibus 
et  suivi  d'un  Prosier  et  d'un  Séquentiaire  incomplet. 

Fo  1  ro,  Offertoria  cum  versibus. —  Fo  42  vo,  Kyrie  non  tropes. —  Fo  43  r«,  Gloria  Iropés. 
—  Fo  44  vo,  Gloria  et  Agnu»  tropé*.  —  Fo  M  \«,  Prosier,  où  l'on  ne  lit  qu'un  peljl 
nombre  de  Proses.  —  Fo  59  ro,  Sequelw  de  l'.Mleluia  (avec  les  premiers  mots  de»  Proses 
auxquelles  elles  se  rapportent  ).  Certaines  Sequelm  sont  accompagnées  de  quelque?  dau- 
sulai  de  la  Prose  correspondante. 


LES   TROPAIRES 


119 


mières  écoles  de  Sienne,  de  Venise  et  de  Florence,  qu'on 
appelle  aujourd'hui  les  «primitifs  ».  Ces  «primitifs  », 


Hluslralion  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lai  ,  1121,  fo  28  v 


XI"  siècle.  —  Parch.,  69  feuillets     220  sur  140'nm.  _  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de 
France. 
Saint -Martial  de  Limoges. 

13»  Lat.  1134.  — Tropaire  précédé  d'un  Graduel  (incomplet) 
et  suivi  d'un  S é q u e n t i a i r e . 

Fo  8  ro,  Graduel  et  Traits.  —  F»  39   ro,  Versets  alléluiatiques.  —  Fo   60   ro,   Offerloria 
cum  versibus.  —  Fo  100  V",   Kyrie  et  Gloria  non  tropés.  —  Fo  102  ro.   Sancliis  cl  Agnus 


•20 


IMSTOlIiK    l)K    LA    l'CiKSlK    LITT  H  (ilOT'I-: 


ils  n'ont  pas  la  perfection  d'un  Raphaël  ou  d'un   Léo- 
nard; mais  ils  sont  plus  prime-sautiers,  plus  originaux, 


Iropés.  —  Fo  107  r°,  Sequelx  iJo  l'Allcluia  (comme  dans  le  manuscrit  1133,  avec  lequel 
celui-ci  offre  de  grandes  analogies  1. 

xi«  siècle  (?).  —  Parch.,  118  feuillets,  210  sur  128'»'".  —  Hel.  maroriuin  bleu  aux  armes 
de  France. 

Saint- Martial  de  Limoges. 


Illustration  dos  Troiiaires  (liihl.  nal.  Int.,  1I'2I,  fu  .Ti  r» 


l^"  Lit.  1135.  —  Tropairo  précède  d'un  Séquentinire  et  d'un 
(îraduel  inconijvlet. 

V"  1  r»,  Scquentiairc  :  Sequelx  ou  mélodies  nlliMuiatiqucs  avec  le?  premières  paroles  des 
proses  correspondantes.  Quelques  intercalations  de  claïuulte  on  prose  dans  les  S^uonces 
det  grandes  /êtes.  —  F»  10  v»,  Anliphonœ  per  hebdomadam  ,  ad  Primam.  etc.  —  F»  M  v», 
Offerloria  cum  vrsibus.  —  F»  97  r»,  Versets  alléluiatiquos.  —  F"  I.''i0  r».  Tractus.  —  F»  172  r«. 
mélanges  de  tiraduel  et  de  Tropairo  (fragments].  —  Nous  ne  placerions  pas  ce  manuscrit 
au  nombre  des  Trupaires,  si  nous  n'y  Irnuvions  :  a.  un  h'yri«  tropo  [Cunclipotent  grniior. 
fo  t<  r")  ;  6.  Deu.x  Agnits  tropés  (  Omnipolen*  aeterna  Dei  lapientia  ,  et  Qui  Patrii  ad  dex- 
teram,  fo  17;>  ro  et  v»);  c.  un  Sanclu*  Iropé  {Sanctuê,  admirabih't  splendor,  {»  177  r»); 
d.  les  Sequelw  accompagnées  de  quelques  fragments  de  ces  Proses  que  l'en  peut  considérer 
Comme  les  Tropes  du  (îraduel. 

XI"  siècle.  —  On  trouve  à  la  fois  daos  ce  manuscrit  Jes  ae,  des  e  cédilles  et  des  e.  Parch., 


LES  TROPAIRES  121 

moins  conventionnels ,  plus  vivants.  Il  en  est  ainsi  des 
auteurs  de  nos  meilleurs  Tropes  et  Séquences,  avec 

178  feuillets,  242  sur  lOO'nm.  Quelques  lettrines  originales  (V.  notamment  fo  14  v  et  f°  97). 

—  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 
Saint -Blartial  de  Limoges. 

15°  Lat.  1136.  —  Tropaire  précédé  d'un  Graduel  (incomplet), 
d'un  Prosier  et  d'un  Séquentiaire,  et  suivi  d'un  Processionnal. 
Fo  1  ro,    Traclus.  —  Fo  17  r»,   Prosier.  —  Fo  39  vo,   Graduels.  —  F»  50  ro,   Offertoires. 

—  Fo  76  ro,  Versets  alléluiatiques.  —  Fo  92.  Quelques   sequelœ  ou   mélodies  de   l'Alleluia 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  f"  90  ro). 

avec  les  premières  paroles  des  Proses  correspondantes  et  quelques  intercalations  de  clau- 
sulx.  —  Fo  96  ro,  Tropes  du  Sanctus  et  de  VAgnus.  —  Fo99  vo.  Antiennes  processionnales. 

xp  siècle.  —  Parch.,  111  feuillets,  200  sur  135ram.  —  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de 
France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

16°  Lat.  1137.  —  Tropaire  accompagné  d'un  Graduel, 
d'un  Séquentiaire  et  d'un  Prosier. 

Fo  1  ro.  Versets  alléluiatiques  (depuis  le  premier  dimanche  de  l'Avent).  —  F°  24  vo, 
Graduel  avec  fragments  de  Tropaire  [Sanctus  tropé,  fo  29  ro;  Agnus  tropé,  fo  34  vo).  — 
Fo  35  ro.  Grandes  Antiennes  eucharistiques  de  Noël,  Einitle,  et  de  Pâques,  Venile.  — 
Fo  39  ro,  Sequelx,  mélodies  de  l'Alleluia  avec  les  premières  paroles  des  Proses  correspon- 
dantes et  quelques  intercalations  de  clausulse.  —  Fo  51  vo,  Prosier.  —  Fo  110  vo,  Graduels. 
-  Fo  118  ro.  Offertoires  cum  versibus. 

xie  siècle. —  Parch.,  1C7  feuillets,  203  sur  130"'m. —  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

17°  Lat.  1138.  —  Tropaire  accompagné  d'un   Obituaire 
et  d'un  Prosier. 

Ce  manuscrit  n'est  en  réalité  qu'un  Prosier  (  f o  7  ro)  avec  la  Préface  ordinaire  Precamur 
(fo  7  ro)  et  les  prosse  dominicale»  { fo  129  v»),  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  chantées 
les  dimanches  après  la  Pentecôte.  Si  nous  le  faisons  rentrer  dans  la  série  des  Tropaires, 
c'est  à  cause  du  Trope  du  Kyrie  qui  se  lit  au  fo  1  vo,  et  du  Trope  «  ad  rogandum  episco- 
pum  i>  du  fo  136  vo.  Entre  les  fos  2  ro  et  6  vo,  Obituaire  précieux. 

XI"  siècle.  —  Parch.,  140  feuillets,  200  sur  IIO""».  —  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  do 
France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 


122 


HISTOIRE  riK  I. A  l'OKSii;  i.n  riu;i(»rK 


moins    de    naturel   et   de   simplicit*'.    On    regrette    la 
surabondance    de   hiurs    (îpithètes  et  la  préciosité   de 

18°  Lat.  1240.  —  Tropniro  accompagné  de  VOrdo 
pour  la  Semaine  sainte  et  d'un  Prosicr. 

1'"  l.s  vo,  Tropairc  complot  depuin  Noël  jusqu'à  la  Toussaint.  Les  grands  Tropes  (qui  sont 
rares)  ne  font,  poun  ciiaole  fête,  qu'une  seule   et  même  série  avec  les  petits  Tropes.  Au 


Illustralion  fies  Tropaires  (Bibl.  nat.  lai.,  9448,  fo  62  r»). 


f°  21,  VOrdo  du  dimanche  des  Rameaux,  du  jeudi  saint,  etc.,  et,  au  fo  40,  un  choix  de 
Proses. 

XI»  siècle. —  On  y  trouve  (f»  6.t)  des  Acclamations  en  l'honneur  de  «  Jean,  pape  [Jean  XI, 
t  936),  de  Raoul,  roi  (f  936),  de  Turpion,  évoque»  (•{•  944),  et  ce  sont  ces  laudt*  qui  ont 
fait  allrihuer  au  x«  siècle  l'exécution  de  ce  Tropaire;  mais  il  ne  faut  peut-être  voir  dan»  cette 
partie  de  notre  manuscrit  que  la  copie  d'un  manuscrit  plus  ancien.  —  Parch.,  194  feuil- 
lets, 230  sur  16î)'nin.  —  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes  de  France. 

Saint -Martial  de  Limoges. 

19°  l.at.  1338.  —  Tropaire-  Prosier. 
Ce  manuscrit  se  divise  en  deux  parties  qu'il  est  facile  de  distinguer  l'une  de  l'autre:  !•  un 
Prosier  (f«  9  r»,  85  v»),  où  l'on  prend  soin  do  distinguer  les  anciennes  Proses  (  série  com- 
plète depuis  Noël  jusqu'.i  la  Saint-Martin,  f»  9  r>'-69  v»)  des  fada»  novat  prota»  ,f«69  vo), 
c'est-à-dire  des  Proses  nouvellement  composées  ou  connues  depuis  peu;  '-•  un  Tropaire  spé- 
cial :  «  Tropes  de  l'intérieur  du  Graduel  et  de  la  fin  de  l'Offertoire,  •  qui  ont  été  particulière- 
ment en  honneur  à  Sainl-.Marlial  (f»  85  r»,  138  r"). 


LES  TROPAIRES  123 

leurs  images;  mais  comme  on  sent  la  foi,  l'entrain,  la 
vie,  la  joie! 


XI»  siècle  (?).  —  Parch.,  253  feuillets,  187  sur  115™™.  _  Rel.  maroquin  bleu  aux  armes 
de  France. 
Saint -Martial  de  Limoges. 

20»  Lat.  9448.  —  Tro paire. 
Dans  ce  magnifique  manuscrit,  type  d'un   tropaire  a  l'état  pur  et   sans  mélange, 
on  a  groupé,  pour  chaque  fête,   les  grands  et  les  petits  Tropes  dans  un  seul  et  rBèmc 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  lat.,  9449,  fo  14  ro.) 


groupe.  C'est  ainsi,  —  pour  prendre  un  exemple  décisif,  — que  pour  Noël  nous  avons,  d'une 
seule  teneur  :  a.  VHodie  canlandus  est  de  l'Introït  (fo  7  vo);  6.  c.  les  Tropes  du  Kyrie  [Te, 
Christe  rex,  supplices,  i"  7  vo),  et  du  Gloria  [Laits  tua,  Deus,  resonet,  t°  8  ro);  rf.  un 
Offertoire  cum  versibiis  non  tropé  (9  r»);  e.  le  fameux  Emilie  [ad  corpus  Domini  siimen- 
dum),  qui  correspondait  au  Venite  de  Pâques  (fo9  vo),  et  enfin  les  Tropes  de  l'Agnus  [Rex 
regum,  gaudium  angelorum)  et  de  la  Communion  (  fo  10  ro).  Il  en  est  ainsi  pour  les 
autres  fêtes,  et  rien  n'est  plus  net  qu'un  tel  plan.  (V.  l'ouvrage  de  l'abbé  Reiners  :  Die 
Tropen  Prosen  und  Prdfations  -  Ges'ànge  des  feierlichen  Hochamtes  itn  Miltelalter. 
Luxembourg,  J.  Harn,  1884,  in-8o,  124  pp.) 

Fin  du  x»  siècle,  commencement  du  xi^.  —  Parch.,  91  feuillets,  323  sur  155m™.  Œuvre 
d'un  calligraphe  de  premier  ordre,  qui  en  a  fait  l'un  des  plus  beaux  manuscrits  de  cette 
époque,  le  Tropaire  de  Prum  a,  en  outre,  reçu  la  parure  d'une  u  illustration  i>  qui,  pour 
ce  temps,  est  presque  sans  pareille. — V.,  fo  54  vo  et  55o  ro,  quatre  miniatures  sur  l'histoire 
et  la  légende  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  où  Simon  le  magicien  joue  un  grand  rôle; 
fo  60  vo,  une  Assomption  très  curieuse,  et  fo  62  ro,  une  belle  «  Vierge  dans  la  gloire  »  ; 
fo  71  ro,  saint  Michel  ;  fo  73  ro,  un  baptême  par  immersion  ;  fo  76  vo,  un  superbe  saint  Mar- 
tin; fo  81  ro,  un  très  beau  saint  André  et  une  tombe  avec  le  mort;  fo  83  ro,  une  jeune  fille  en 
larmes  {à  cause  de  l'air  Virgo  plorans  sur  lequel  on  a  écrit  une  Prose  De  uno  martyre), 
et  une  autre  jeune  fille  à  laquelle  le  peintre  s'est  efforcé  de  donner  une  apparence  agitée 
(à  cause  de  l'air  Puella  turbata  sur  lequel  on  a  écrit  une  Prose Z)e  sanclis  virginibus).  Etc. 
—  Rel.  maroquin  rouge. 

Abbaye  de  Prum. 

21°  Lat.  9449.  —  Tropaire-Prosier. 

Chaque  fête  possède,  en  ce  Tropaire,  tous  ses  Tropes  (y  compris  la  Prose),  qui  se  suivent 

d'une  seule  et  même  teneur.   C'est  ainsi  que  pour  Noël  (Messe  du  jour),  nous  y  lisons 

(  fo  7  ro  et  suiv.)  :  a.  le  Quem  quieritis  et  d'autres  Tropes  de  l'Introït  ;  6.  le  Trope  du  Kyrie 

[Te  Chrisle,  supplices] \  c.  celui  à.\x  Gloria  [Pax  sempilerna]  ;  d.  la  Prose  Cselica  résonant; 


I2'<  IIISTOII{K   IiK   I.  A    r'OKSIK    I.  IT  I*  H  GIOUF 

La  joie  !  telle  est  en  eiïet  «  la  dominante  »  de  toute 
cette  poésie  :   Dominum  veneremur,  cia  et  eia,  laudes 


e.  le  Trope  de  l'OITerloiro  Dcxtera  L/ei;  f.  celui  du  Sanclu*,iumme  Paler ,-  g.  idui  de  VAynu», 
Quem  Johanne»,  et  enlin  :  h.  celui  de  la  Communion,  Radix  Jetée.  Au  f-  hô  r»,  un  [>elil  l'rosier 
sans  imporlancc.  C'est  dans  ce  précieux  manuscrit  [(•>  17  v)  qu'on  lit  le  fameux  OfGc«  de 
l'Étoile  [Vertus  ad  tlellam  faciendam),  mis  en  lumière  par  M.  Léopold  Dclisie,  et  qui  est 
l'un  des  monuments  primitifs  do  l'histoire  de  notre  théâtre. 

Pecond  tiers  du  xi«  siècle. —  Les  Acclamations  du  f»  30  sont  consacrées  aux  rois  Henri  (1) 
et  Philippe  [I].  Or  Philippe  I»'  n'a  été  associé  à  la  couronne  que  le  '23  mai  loM  ,  et  Henri  I"  est 
mort  le  7  août  lOGO.  —  Parch.,  100  feuillets,  '/.l'i  sur  13'in>ni.  I^etlrines  intéressante»  :  f»  I  r», 
un  scribe;  f»  14  r»,  un  N;  f»  67  vo,  un  bel  H  oncial  ;  f»  70  r»,  un  autre,  moins  beau; 
fo  76  vo,  un  S.  La  plus  curieuse  de  ces  «  illustrations  »,  c'est,  à  coup  sûr,  celle  du  t»  34  vo, 
qui  représente  des  jongleurs -musiciens.  —  Hel.  moderne,  maroquin  rouge. 

Église  cathédrale  de  Nevers  (comme  le  prouve  la  large  place  donnée  à  l'office  de  saint 
CjT,  qui  depuis  le  ix«  siècle  est  le  patron  de  celle  cathédrale;  GcUtia  chrittiana,  H,  p.  791  ; 
Acla  Sanclurum ,  édil.  V.  Palmé,  tome  IV  de  .luin,  p|).  17,  1«,  etc.  elc.j.  C'est  l'un  des  très 
RAitEs  TuopAinES  qui  ont  été  en  usage  en  des  églises  séculières. 

22°  l>.it.  10508.  —  Tropaire-Prosier. 

C'est,  de  tous  les  Tropaires,  celui  qui  offre  peut-être  le  plan  le  plus  régulier:  a.  f»  6  r», 
Tropes  du  Kyrie  pour  toutes  les  fêles  de  l'année  ;  b.  f»  17  vo,  Tropes  du  Gloria;  c  fo  44  r», 
Prosier;  d.  fo  117  vo,  Tropes  du  Sanctu$;e.  fo  125  vo,  Tropes  de  VAgnus.  Comme  on  le  voit, 
le  manuscrit  10;X)8  ne  contient  que  les  grands  Tropes,  parmi  lesquels  il  admet  la  Prose. — 
On  a  relié  avec  ce  Tropairc  (fo  130  ro  et  suiv.)  le  célèbre  traité  de  Gui  d'Arczzo:  De  Mutioa. 

XII"  siècle. —  Parch.,  159  feuillets,  205  sur  121  mm.  Manuscrit  d'une  belle  exécution  et  qui  peut 
passer  pour  un  type  presque  achevé.  Traits  verts  et  rouges  au-dessus  de  chaque  ligne  de  la  nota- 
tion neumatique  (V.  les  lettres  T  au  fo  6  ro;  N  au  fo  46  vo,  etc.).  —  Hel.  moderne,  veau  fauve. 

Abbaye  de  Saint -Lvroult,  en  .Normandie. 

23°  10510.  —  Tropaire-Prosier-Graduel. 

Manuscrit  d'une  exécution  incomparable  et  d'une  division  très  normale  :  a.  un  Tropaire 
(fol  vo.  —  22  vo);  b.  un  Prosier  (  fo  23  vo.  —  72  ro);c.  un  Graduel  (fo  73  ro.  — 117  vo.  C'est  une 
trilogie  facile  à  saisir.  Ce  Tropaire  est  un  de  ceux  où  tol's  les  tropes  d'i'ne  fête  se  suivent 
d'une  seule  et  même  teneur.  C'est  ainsi  que  pour  Noël  on  y  lit  d'abord  (  fo  1  ro)  les  Tropes 
de  l'Introït;  puis  (fo  3  ro)  ceux  du  Kyrie;  puis  (fo  3  yo)  ceux  du  Gloria;  puis  encore 
(fo  4  vo)  ceux  du  Sanctu»,  et  enfin  (fo  4  vo)  ceux  de  l'Agniu.  On  y  fait  entrer,  pour  des 
fêtes  très  solennelles,  les  Offertoires  avec  versets.  (V.  l'ouvrage  de  l'abbé  Reiners  :  Di» 
Tropen-Prosen  und  Priifation»  -  Get'ànge  de»  feierlichen  Ilochamtea  im  Miltelaltfr. 
Luxembourg,  J.  Ilarn,  1884,  in-8o,  124  pp.) 

Tin  du  x«  siècle,  commencement  du  xi«.  —  Parch.,  127  feuillets,  214  sur  OS"»..  Minuscule  de 
luxe.  Une  magnifique  miniature  occupe  toute  une  page  (fo  000).  —  Rel.  ancienne,  peau  rouge. 

Echternach. 

240  Lat.  13252.  — Tropaire  accompagné  d'un  Prosier,  et  suivi 
d'un  Tonaire  et  de  fragment?  de  Graduel. 

Fo  3  ro,  Trophi  in  Nali  vitale  Domini  :  Hodie  canlandut ,  etc.  Les  petits  Tropes  sont  grou- 
pés ensemble  pour  chaque  fête  de  l'an.née  liturgique,  depuis  Noël.  —  Fo  20  ro,  grands 
Tropes  :  a.  du  A'yrie  (  fo  20  ro,  26  ro  )  ;  6.  du  liloria  (fo  26  ro.  —  28  ro  ).  —  Fo  39  r»,  Prosier.  — 
Fo  67  ro,  Sanctiu  tropes.  —  Fo  69  ro,  Agnuê  tropes.  —  Fo  71  ro,  Tonaire.  —  Fo  81,  Ver- 
sets alléhiiatiques,  etc. 

XII»  siècle.  —  Parch.,  95  feuillets,  200  sur  95'ni".  Lettrines  charinaniê~  ;  ali.hal^-t  i  repro- 
duire. (V.  le  superbe  G  du  fo  19  ro,  etc.)  —  Rel.  parchemin. 

Paris,  abbaye  des  SS.  Magtoire  et  Barthélémy  (?). 

Ce  manuscrit  a  appartenu  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  («Ex  liLris  faiicti  Ger- 
mani  e  Pratis  »;  note  du  xviii»  siècle  au  fo  1  vo).  Le  fonds  du  Tropaire  a  été  composé,  suivant 
nous,  avec  un  Tropaire  de  Saint- Martial,  comme  permet  de  le  supi-tiser  la  Prose  à  saint 
Martial  (  V'alde  lumen,  U  49  ro);  mais  on  y  a  ajouté  tout  un  «  F"'r«>pre»  important,  comme 
l'atteste  la  place  qu'y  occupent  saint  Barthélémy  (17  ro' ,  saint  Magloire  [fo  19  [roT,  uiol 
Denis  et  saint  Germain,  etc. 


LES  TROPAIRES 


125 


persolvamus ,  canentes  :   Eia.  Ce  cri  eia  retentit  mille 
fois  dans  chacun  de  nos  Tropaires;  il  en  est,  en  quelque 


23°  Bibl.  nat.  :  nouvelles  acquisitions,  1177.  —  Tropaire- 
Prosier-Antiphonaire. 

Le  Tropaire  ne  commence  qu'à  la  feuille  4.  Grands  Tropes  :  a.  du  Kyrie  (f"  4  ro);  b.  Re- 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  nat.  laU,  9449,  f»  34  v 


gnum  (f»  4  ro  et  v»),  etc.  Mélanges  sans  suite  :  Proses  de  saint  Benoît  (  Sancli  mérita  ]  ;  de 
saint  Pierre  [Pollet  aima],  fo  5  ro  ;  un  nouveau  Regnum  pour  la  fête  des  saints  Pierre  et 
Paul  (fo  6  ro);  le  Verset  alléluiatique  de  la  Saint -Benoît  :  l^ir  Domini  Bénédictin  (fo  6  ro) 
(ici  plusieurs  feuillets  ont  été  perdus);  une  Prose  de  Pâques  (7  ro);  la  fameuse  Antienne 
eucharistique  Venile  (7  v»);  un  Agnus  Dei  tropé  :  Omnipolens  œierna  Dei  sapientia 
(7ro)  ;  une  Prose  de  saint  Martin  (8  ro);  le  Graduel  de  l'Assomption  (8vo)  et  deux  AUetuia 
de  l'Avent  (9  ro).  —  Fo  9  vo,  Offertoires  cum  versibus.  —  F»  17  ro-27  vo  et  43  vo-o2  vo, 
Graduels  et  Traits.  — F"  28  ro,  Versets  alléluiatiques. —  Fo  53  ro,  Prosier. 

Fin  du  X16  siècle,  avec  quelques  additions  de  la  fin  du  xii»  et  du  xnp  siècle.  —  Parch., 
89  feuillets,  290  sur  126"ini.  —  Demi-rel.  maroquin  rouge. 

Fleury- sur -Loire  (comme  il  appert  notamment  d'une  Prose  de  la  deuxième  époque  en 
riioiineur  de  saint  Benoit  :  Sit  in  donis  benedictus  —  Per  quem  pater  Benedictus  —  Nostra; 
datur  gloriae.  —  Isto  flore  floret  pictus  —  Floriacus  locus  dictus  —  Sua;  donc  gratiae  (fo  87  vo). 

26»  Bibl.  nat.:  nouvelles  acquisitions,  1235.  —  Trupaire-Prosier. 
Fo  177  vo,  244  vo,  Tropaire -Prosier  complet,  précédé  de  l'éloge  ordinaire  de  saint  Gré- 
goire, e;c. 


126 


HisToinr:  nr  la  porrsiE  MTfnoioT'E 


maniùrc,   le  résumé  et  l'essence.  C'est  \r.ir  là,  c'est  par 
cette  constatation  équitable  que  je  veux  c(jrriger  et  atté- 


xii«  siècle.  —  Pareil.,  '202  feuillets ,  277  sur  185'»™.  Lellrines  (  Voy.  l'A  el  le  G  du  f»  U  r",  etc.). 
—  Demi-rel.  maroquin  rouge. 
Nevers. 

27"  Biljj.  de  l'Arsenal,  1169.  —  Tropaire  suivi  de  fraprnenls 

de   Prosier. 

Ce  manuscrit  peut  passer  pour  le  type  de  ces  Tropaires  où  les  «  pclits  »  et  les  «  grands  » 

Tropcs  nn  forment,  pour  chaque  fkte  de  l'année  LiTunciQUE,  qu'une  seule  cl  même  série 

(  y  compris  la  Prose,  que  l'on  considère  comme  un  Trope).  Chaque  fi'-lc,  en  d'autres  termes, 

y  forme  un  tout  complet,  et  est  munie  de  tous  ses  Tropes.  Les  Tropes  de  l'Offertoire  el  ceux 


llluslralion  des  Tropaires  (Bibl.  de  l'Arsenal,  1109,  f"  3  %••). 


de  la  Communion  ny  apparaissent  qu'exceptionnellement;  ceux  du  Gloria  y  sont  nombreux. 
—  Fo  1  vo,  Incipiunt  tropi  cum  laudibus.  Les  Tropes  sont  groupés  très  régulièrement 
par  fêtes,  depuis  Noël  (f"  1  v")  jusqu'à  la  Saint -Michel  (48  r»),  et  nous  n'aurons  a  noter, 
dans  ces  quarante -huit  feuillets,  que  les  éléments  véritablement  dignes  d'une  attention  spé- 
ciale. —  Fo  18  vo,  Répons  et  versets  qui  étaient  chantés  durant  la  Procession  à  l'Office  do 
sépulcre.  Cet  Office,  tout  primitif,  consistait  uniquement  dans  le  Quem  quwritiê. —  F«22  v», 
Acclamations  très  précieuses  et  qui  nous  permettront  tout  à  l'heure  de  dater  le  manuscrit 
(ces  Acclamations  s'adressent  à  Hobert,  roi  de  France,  996-1031,  et  à  l'évèque  d'Autun, 
Gautier,  971-1024).  —  Fo  39  ro.  Hunes,  etc.  —  Fo  49  ro,  Fragments  de  Prosier  (Proses  en 
l'honneur  de  la  Vierge,  de  «  tous  les  saints  »,  de  saint  Etienne;  Proses  de  la  Pentecôte 
et  de  Noël).  —  Fo  55  vo,  Prose  Adett  namqtie  dits  aima,  etc.  En  trois  endroits  de  cette 
l'rose  (lignes  8,  15,  Ifij.on  a  gratté  le  nom  d'un  saint  jiour  y  substituer  le  mol  Latart.  Celle 
prose  était  visiblement  consacrée  à  un  aulre  saint,  el  le  mot  Lazarty  a  été  sans  doute  intro- 
duit au  xu»  siècle,  quand  le  culte  de  saint  Lazare  de  Béthanie  prit  une  extension  plus  con- 
sidérable à  Auiun,  et  peut-être  alors  que  (le  13  des  calendes  de  novembre  1147)  on  transféra  le 
corps  du  saint  dans  une  église  superbe  qui  fut  l'une  des  deux  cathédrales  d'Auiun.  L'aulre 
était  consacrée  à  saint  Nazaire  et  à  saint  Celse.  On  remarquera  au  f"  39  ro  un  fragment  qu'on  peut, 
suivant  M.  Omont,  rapprcchor  du  De  musica  d'.Mcuin  :  ••  Autenttu  dicilur  <•  autoritas  »  sive 
<i  testaincntum  »  ;  prolus  dicilur  «  primus  «  ;  autentus  protus,  autoritas  prima  dicilur,  etc.  • 
Ce  fragment,  très  curieux,  est  écrit  selon  un  double  syslènie  cryptographique:  !•  Emploi 
de  lettres  grecques  corres|Mndant  aux  lettres  latines  ;  2o  voyelles  a,  »,  o,  u,  remplacées  par 
les  lettres  g,  ,1;,  g,  :. 

XI»  siècle.  —  Grâce  aux  Acclamations  du  f»  22  vo,  il  esl  permis  de  dater  plus  exaclemenl 
ce  précieux  manuscrit.  Après  celle  qui  est  adressée  au  pa|)c,  dont  le  n«m  n'csl  \*as  donné 
[llli sutnmo  pontifici  etuniver$ali  papx,  vila,  etc.;,  viennent ,  comme  toujours,  celles  dont 
le  roi  e>l  l'objet  :  llodbtrlo  maijno  et  pacifico  rege  viUi  el  Victoria.  Il  ne  peut  «'agir  ici 
que  de  Itobert  II  (9%- 103!  ]  ;  le?  ."^ainls  auxquels  on  le  recommande  spécialement  soni  ;  saint 
Denis,  que  l'on  peut  regarder  à  celle  époque  comme  le  patron  de  la  monarchie  française,  el 
saint  Corneille  et  saint  Médard,  patrons  de  deux  abbayes  presque  aussi  célèbres,  a  Cam- 


LES  TROPAIRES  12' 


nuer  certaines  sévérités  contre  les  Tropes  que  j'ai  crues, 
et  que  je  crois  encore  autorisées  et  légitimes. 


piègne  et  à  Soissons.  La  mention  de  l'évèque  est  plus  précieuse  :  Wallerio  hujus  ecclesise 
ponliftci  et  omni  clero  el  populo  sibi  commisse,  salus  et  vita.  Le  seul  Gautier  auquel  con- 
vienne cette  acclamation  est  Gautier,  qui  fut  évèque  d'Autun  depuis  977  jusqu'à  1024.  Il  y  a 
eu,  à  la  même  époque,  un  autre  Gautier  sur  le  siège  de  Besançon  (1016-1031  )  ;  mais  il  ne  saurait 
être  ici  question  de  lui,  puisque  le  saint  auquel  on  recommande  notre  Walterius  (sancte  Na- 
zarii,  luiUiim  adjuva)  est  précisément  le  patron  de  la  cathédrale  d'Autun.  Donc  le  doute 
n'est  pas  permis,  et  notre  Tropaire  (dont  l'écriture  concorde  parfaitement  avec  ces  données) 
peut  être  placé  entre  les  années  996,  date  de  l'avènement  de  Robert,  et  1024,  date  de  la 
mort  de  Gautier.  —  Pa/cli.,  167nim  de  long  sur  GO  de  large  (  f»  12,  pris  pour  type),  56  feuil- 
lets. —  Illustration  très  intéressante,  de  facture  primitive  et  originale  :  fo  3,  v».  Nati- 
vité de  Jésus -Ciirist;  f"  4,  adoration  des  bergers  ;  fo  6  vo  et  ro,  lapidation  de  saint  Etienne  ; 


Illustration  des  Tropaires  (Ribl.  de  l'Arsenal,  1169,  f»  3  vo 


saint  Paul  garde  les  vêtements  des  bourreaux;  fo  9,  saint  Jean,  sur  le  point  de  mourir,  dit 
adieu  à  ses  frères  et  descend  lui-même  dans  son  sépulcre  (c'est  ce  que  la  liturgie  mozarabique 
a  énoncé  en  ces  termes  :  a  Johannes,  diem  recessus  sui  antea  praesciens,  efludi  ipse  sibi  prae- 
cepit  locum  sepulcri.  In  quo  valedicens  fratribus ,  sine  ullo  mortis  dolore,  ingressus , 
requiescit,  usque  ad  adventum  Domini,  incorruptus.  »  V.  le  P.  Cahier,  Caractéristiques  des 
saints ,  426 ,  note  5 ,  et  Monographie  des  vitraux  de  Bourges,  p.  275  et  suiv.  )  ;  f>i  11  ro,  mas- 
sacre des  Innocents  ;  fo  1 1  vo,  le  vieillard  Siméon  ;  fo  13  vo,  l'adoration  des  Mages  ;  fo  14  vo,  mar- 
tyre de  saint  Vincent  :  les  ongles  de  fer  ;  fo  15  ro,  martyre  de  saint  Vincent  :  le  feu  ;  fo  16  vo, 
trois  saints  (types  des  autres  Bienheureux  pour  la  Toussaint  )  ;  fo  22  ro,  résurrection  de 
Notre-Seigneur  ;  fo  40  r».  Ascension;  fo  41  vo,  Pentecôte;  fo  44  ro,  Zacharie  à  l'autel  des 
parfums;  fo  44  vo,  délivrance  de  saint  Pierre;  fo  46  ro,  martyre  de  saint  Paul.  —  Reliure 
très  remarquable.  Ivoire  attribué  au  uio  siècle  :  une  femme,  jouant  de  la  lyre  avec  le  plectrum, 
est  assise  entre  deux  hommes  qui  l'écoutent.  Il  n'est  pas  étonnant  qu'une  telle  pièce  ail  été 
trouvée  à  Autun.  On  l'a  sciée  très  maladroitement  pour  en  composer  les  deux  ais  de  celte 
reliure,  et  une  bande  notable  d'ivoire  sculpté  a  été  perdue.  Cet  ivoire  a  été  reproduit  et  com- 
menté dans  les  Mélanges  archéologiques  des  PP.  Cahier  et  Martin,  20  série,  t.  II,  p.  75. 

Cathédrale  d'Autun.  Cette  origine  ne  saurait  être  douteuse.  L'évèque  Gautier,  acclamé  au 
fo  22  vo,  a  gouverné  l'église  d'Autun,  dont  saint  Xazaire  est  le  patron  principal  avec  saint 
Celse.  Après  son  nom  (fo  22  vo)  on  a  gratté  toute  une  ligne,  laquelle  pourrait  être  en  partie 
restituée  ainsi  qu'il  suit  :  [Sancte  Celse,  tu  illum  adjuva.  Sancte  Ger]vasii,  tu  illum  adjuva. 
Le  but  de  ce  grattage  était,  sans  doute,  d'insérer  dans  ces  laudes  le  nom  de  saint  Lazare, 
dont  le  culte  reçut  à  Autun  une  si  grande  consécration  au  xii'  siècle. 

28°  Saint-Gall,  376.  —  Tropo  ire-Graduel-Prosier. 

Le  plan  de  ce  manuscrit  est  des  plus  simples,  si  l'on  veut  bien  en  défalquer  les  trente- 
huit  pages  qui  sont  consacrées  au  Comput.  C'est  une  trilogie  dont  la  première  partie  est 
donnée  aux  Tropes  (pp.  39-81),  la  seconde  au  Graduel  (pp.  82-311),  la  troisième  au  Prosier 
ou  Liber  sequentiarum  do  Notlter  (pp.  312-432).  Le  Tropaire,  oii  l'on  suit  l'ordre  de  l'année 
liturgique  (depuis  Noèl  jusqu'à  la  Saint-.\ndré) ,  se  divise  lui-même  en  deux  parties:  lo  pe- 
tits Tropes  (Introït,  Offertoire,  Communion,  pp.  39-65);  2o  grands  Tropes  {Gloria,  p.  05; 
Kyrie,  p.  72;  Sanclus ,  p.  75;  Agnus,  p.  76). 

XI"  siècle  (quoique  l'éditeur  des  Casus  Sancti  Galli,  Pertz,  Scriplores,  II,  p.  101,  note  45, 
et  p.  102,  note  53,  le  considère  comme  du  x»  siècle).  —  Pareil.,  434  pages. 


128 


lIISTOinF    OK   I.  A    POK^IF   I,  FTT  lUlFOr  F. 


Mais  c'est  surtout  au  point  de  vue  théoIogi(jiic  (jue 
les  Tropes  inéritent   dV'tre   étudiés.    Leur  orthodoxie, 


Saint -Oall,  comme  ratlcsle  la  [ilnre  qui  y  est  occupée  par  le  culte  de  Bainl  Gall  (pp.  2M, 
308,  etc.)  cl  de  saint  Otlunar  (p.  2r.2,  etc.).  C'est  dans  ce  manuscrit  qii'csl  la  mention  déjA 
signalée  par  nous:  u  VIII  id.  aprilis,  obitus  Nolkeri  qui  Scqucntias  c<>ni|>osuit  (p.  17^.  ■ 

29»  Saint-Gall,  378.  —  Tropairo-Graduel-Pros ier. 
Môme  plan  que  le  manuscrit  37G,  avec  lequel  il  offre  de  grandes  ressemblances  (les  qua- 
rante premières  pages  y  sont  consacrées  au  Compul)  :  1»  Tropaire  divis/;  en  deux  («arties  : 


lllustrnlion  des  Tropaircs  (Hibl.  de  l'Arsenal,  1163,  f»  11  r») 


a.  petits,  et  b.  grands  Tropes  (p.  42)  ;  |2o  Graduel  ;  S»  Prosier  ou  Liber  Sequentiarum  de 
Notker  divisé  en  deux  parties  (p.  154).  —  Quelques  notkériennes  {Quid  tu  Virgo  maler, 
plorai,  Prompla  mente,  etc.)  se  trouvent  dans  378  et  ne  sont  pas  dans  376.  —  P.  345, 
Proses  qui  ont  été  ajoutées  par  une  main  du  xiii»  siècle,  avec  quelques  Tropes  du  Kyrie 
(p.  367),  et  du  Gloria  (p.  375). 

xi«  siècle  (Mone,  Hymni  lalini  medii  xvi,  I,  303;  III,  p.  265,  etc.,  le  date  do  x*  siècle.) 
—  Parch.,  4011  pages. 

Saint-Gall.  Même  observation  (jue  pour  le  ms.  376. 

30o  Saint-Gall,   380.  —  Tropaire  suivi  d'un   rro^ier 
et  d'un   Ant iphonaire. 

Ce  manuscrit  débute  par  (|uelques  feuillets  [pp.  3-20)  qui  n'en  ont  pas  toujours  fait  partie 
et  qui  sont  complétés  par  un  cahier  placé  un  peu  plus  loin  (pp.  41-52).  Ces  feuillets,  qui 
ont  été  écrits  vers  le  milieu  du  xi»  siècle,  renferment  les  principaux  éléments  du  Compul 
ecclésiastique  (p.  4,  calendrier  :  «  In  nomine  Domini  incipit  martyrolofrium  per  circulum 
anni  ;  »  p.  7  :  «  Incipit  compotus  Gr.tcorum;  »  p.  8:  "  Re|rul.  conourrentium,  re^l.  epartc  ; 
p.  20:  Ciclus  jiascalis;  »  p.  41:  Concurrents;  p.  45  :  Tableau  offrant  sur  six  col'.:  ■  • - 
lo  l'année  ;  2»  l'indiction  ;  3"  les  concurrents;  4»  le  cycle  lunaire;  5o  la  date  du  j"  ' 
Pâques,  et  6»  la  luna  ipsius  [diei\.  I.e  point  de  départ  es  l'année  1054.  D'autres  éUn,.  :.'. - 
ont  été  ajoutés  au  xn»  siècle  :  p.  21  :  "  Celsa  lux  Sjon;  »  Prose  en  l'honneur  de  saint  l'an- 
taléon;  p.  22  :  Antienne  et  Prose  pour  la  fête  dos  Onze  mille  Vierges;  p.  24  ;  "  De  sancta 
cruce.  Salve,  crux  sancta;  salve,  lignum  Iriumphale  ••.  (l'.f.  Mone,  I.  p.  137.  n»  103.)  A  la 
même  date  appartiennent  la  <c  Sequentia  de  sancta  Afra  :  Laudes  Dco  perenni  "  (p.  48),  et 
une  autre  Prose  en  l'honneur  de  saint  Thomas  Decket ,  qui  a  dû  élre  écrite  peu  de  temps 
après  le  martyre  de  l'archevêque  de  i;anlorlH>ry  :  "  In  festo  TlK>m«  archiepiscopi  cl  msrtj- 
ris  :  Spes  mercedis  et  corons,  »  etc.  On  remarquera  l'absence,  sans  doute  fortuite,  du  mol 
sancti.  La  canonisation  île  saint  Thomas  (mercredi  des  cendres  1173)  n'a  été  que  de  trois 


LES  TROPAIRES 


129 


pour  être  imagée  et  rythmée,  n'en  est  pas  moins  d'une 
exactitude  absolue  et  d'une  élévation  constante.  »  Nous 


ans  postérieure  à  sa  mort.  Avant  d'arriver  au  Tropaire  proprement  dit,  il  faut  encore  si- 
gnaler la  Prose  en  l'honneur  de  sainte  Marie  Madeleine  :  «  Laus  tibi,  Cliriste,  »  qui  a  joui 
d'une  vogue  extraordinaire,  et  celle  en  l'honneur  des  Apôtres  :  «  Cœli  enarrant  gloriam  Dei  » 
(p.  26).  Tropaire:  l»  petits  Tropes  (p.  28);  2o grands  Tropes  [Gloria,  p.  83;  Sanc/us,  p. 99, 
Agnus  Dei,  p.  100;  Kyrie,  p.  106).  On  y  a  intercalé  quelques  Versus  :  les  k  Versus  ante 
Evangelium  cantandi  :   Sacrata   libri  dcgmata ,  »   et  le  <i  Laudes,  omnipotens,  ferimus  n.  — 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  de  l'Arsenal,  1169,  fo  13  vo). 

P.  113,  Tropes  de  l'Introït  pour  la  fête  de  saint  Remacle  et  pour  celle  de  saint  Nicolas  :  textes 
introduits  après  coup.  —  P.  116,  Trope  Fabrice  mwidi; El  veriiale ;  Vox exullationis  (écri- 
ture du  xiK  siècle).  —  P.  118,  commencement  du  Liber  Sequentiarum  de  Notker.  Le  luxe 
calligraphique  que  l'on  a  dépensé  pour  en  écrire  le  prologue  montre  assez  cloquemment 
l'importance  qu'on  lui  attachait  :  il  est  écrit  en  capilales  roujïts  ombrées  d'or  :  <(  Summœ 
sanctitatis  merito,  summi  sacerdolii  décore  sublevato,  domino  dilectissimo  Liutwardo,  incom- 

parabilis    viri  Eusebii   Vercellensis  episcopi  dignissimo  successori  , Notker,   cueullario- 

rum  Sancto  Gallo  novissimus.  »  —  P.  24,  ((  In  Chrisli  nomine  incipit  liber  Ymnorum  i\ot- 
keri  Balbuli,  »  etc.  Suivent  les  prétendues  Hymnes,  qui  sont  des  Séquences.  Elles  sont  au 
nombre  de  71,  tandis  que  la  môme  collection  ne  se  compose,  dans  le  nis.  do  Munich  14322, 
que  de  37  Séquences.  C'est  le  cas  de  faire  remarquer  que  la  composition  de  ce  célèbre  recueil 
n'est  à  peu  près  la  même  dans  aucun  manuscrit,  et  qu'il  reste  à  faire  un  travail  critique  pour 
déterminer  nettement  quelle  est  exactement  l'œuvre  de  Notker.  —  Dans  le  présent  manuscrit,  le 
Liber  Sequentiarum  est  divisé  par  la  fête  de  Pâques  en  deux  parties  d'inégale  étendue,  et  l'au- 
teur a  écrit  un  Prologue  spécial  pour  la  seconde  partie  :  <(  Pars,  Liutwarde,  pr.or  linitur  calle 
sub  arto,  n  etc.  {P.  160,  lignes  alternativement  écrites  en  noir  et  en  rouge.)  Les  Séquences 
sont  partout  écrites,  comme  en  d'autres  manuscrits  de  Saint-Gall,  avec  leur  notation  neuma- 
tique  dans  la  marge  de  droite.  —  P.  370,  «lOlîertoria  cum  vcrsibus.  » —  P.  369,  Premiers  mots 
des  Introïts  et  des  Communions  per  circulum  anni.  —  Pp.  387,  388,  addition  du  xii»  siècle  : 
«I  Alléluia  i>  de  Pâques;  Prose  en  l'honneur  de  la  sainte  Trinité  :  <i  Henedictio  trinae  Deita- 
tis,  I)  etc. —  P.  389,  additions  du  xiu"  siècle.  Prose  de  sainte  Catherine  :  <i  Digna  Deo  Catharina...» 

I  -  9 


VU) 


iii^Tdiiii:  FΠ i.A  rni':?ii-  MiTTiniori-: 


consacrerons    ailleurs    un    Inu;/    cxaun'ii    ;"i    r''lt'ui<'nt 
philosopliiquf!  (le  nos  'rr()[)iiires,  el  Tou  y  liouvera  une 


xi«  siècle  (sauf  les  aildilions  ci-dessus  énuméréc»,  cl  sauf  la  fameuse  Prose  Veni ,  iancte 
Spiritus,  p.  2«,  (]iie  IJ.  (Jui  ranger  estimait  avoir  élé  coiii|M)s<e  durant  la  (fuerrc  rontrc  le» 
Albigeois,  et  qui  n  été  ajoutée  ici  par  un  scribe  du  conirneri'x-niciit  ilu  xiii*  siècle).  I.e  manu- 
scrii,  en  sa  forme  aotuello,  a  clé  constitué  avec  deux  manuscrits  :  le  pn.inier  ((x>m[>ut  ecclé- 
siastique) a  été  écrit  vers  l'année  iOii'i  et  est  représente  par  les  p(>.  3-20  et  MH'i;  le  second 
(p.  tl3  cl  suiv.  )>  tl"i>t   il   est   moitjs  aisé  de  prériser  la  d;itc,   niai»  <)ui  est  certainement  du 


llluslrntion  dis  Tropaires   (Hibl.  de  l'.\r?enal,  llf.O,  f-  17  r"  . 

xi«  siècle,  est  Celui  qui  renferme  presque  tous  les  autres  éléments  dont  nous  avons  donné  la 
liste.—  Parchemin,  390  paffcs  ;  hauteur,  177  ccntim.  ;  largeur,  88  millim.  Dcmi-reliurc  veau  fauve. 
Saint -Gall    (comme    le    prouvent    les   Tropcs  »  de   sancto  Galle..  [[>.  2V,    "de  sancto 
Olhmaro  ..  (p.  78),  etc.) 

31»  Saiiil-Gnii,  381.  —  Tropairo   précédé    de    Vt*>-«u« 
fl  d'un  1* rosier. 

Pp.  !),  Il  cl  12,  Acrlnm  liions  :  "  Auxilium  nostrum ,  Christus  vincit,  ••  etc.  —  P.  C.  lettre 
do  Nolker  à  son  «  frère  »  Lambert  sur  la  signification  musicale  de  certaines  lettres. 
P.  '22  Versus  destinés  i\  être  chantés  durant  les  Processions  (œuvres  d'Hartmann,  de 
Hadpert,  deTutilon.  etc.).  —  P.  182,  Prosier  incomplet  (quelques  notkerienncs).  —  P.  195, 
Tropaire  :  a.  petits  Tropes,  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique,  depuis  No«?l  (p.  iVi); 
b.  grands  Tropes  :  Kyrie  tropés  {i'iï>)\  Gloria  (-•97);  Sanctua  (309);  Agnui  Dei  (310).— 
P.  32a  Prosier  ou  Liber  Sequentiarum  de  Nolker.  —  .\  la  p.  307,  on  peut  lire  quelques 
Tropes  do  l'intérieur  du  Graduel. 

XI»  siècle  (L'éditeur  des  Coêui  Sancti  Galli ,  Portz.  Scriplor^,  II,  p.  102,  note  M,  le 
considère  comme  du  x»  siècle).  —  Parch.,  S"»  pages  :  11.")-.!»  sur  117. 

Saint -Goll.  Môme  observation  que  pour  les  mss.  376,  378,  380. 

32-  Saint-riall,  382. —  Tropa  ire-I'rosicr-ri rail iiel . 
Après  les  Versus  des  |pro.o-'si..iis ,  mmmcnce  (p.  21 }  le  Tropnire  proprement  dit  :  a.  polit» 
Tropes,  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique,  depuis  Noël  (p.  21  );  6.  tçrands  Tropes,  ajoutés 
par  une  main  du  xiii»  siècle  (  p.  Tû  )  ;  c  Tro|*s  du  Te  Deum  (  p.  71  ;  d.  Kpllres  IropAes  (p.  73) : 


LES  TROPAIRES  131 

«  Exposition  complète  de  la  foi  »  telle  qu'elle  était  com- 
prise dans  ces  cloîtres  des  xe  et  xie  siècles  où  reten- 


c.  Sanctus  et  Agiius  (p.  70).  —  Le  manuscrit  se  termine  par  un  Prosier  notlcêrien , 
où  alternent  les  éléments  du  xi»  et  du  xiiie  siècle  (pp.  94  et  suiv.),  et  par  un  Graduel  du 
XI»  siècle  (pp.  219-270.) 

Les  parties  de  ce  Tropaire  qui  ne  sont  pas  du  xiii»  siècle:  pp.  1-56;  94-218  (avec  de 
nombreuses  intercalations);  219-270,  sont  attribuées  au  x»  par  l'éditeur  des  Casus  Sancti 


Illustration  des  Tropaires  (Bibl.  de  l'Arsenal,  1169,  f»  46  v). 

Gain  (Pertz,  Scriptores,  11,102,  note  53);  nous  les  croyons  du  xi».  —  Parch.,  270  pas-es  : 
184™m  sur  135. 
Saint-Gall.  Même  observation  que  pour  les  mss.  376,  378,  380,  381. 

33°  Saint-Gall,  484.  —  Tropaire  suivi  des  Mélodies  iiriinitives 
de  l'Alleluia. 

Ce  manuscrit  est  le  plus  ancien  et  le  plus  précieux  des  Tropaires  qui  soient  conservés  aujour- 
d'hui à  la  bibliothèque  de  Saint-Gall.  C'est  celui  où  l'on  trouve  les  Tropes  musicaux  sans 
TEXTE  que  nous  regardons  comme  antérieurs  ;i  la  plupart  des  autres.  Rien  d'ailleurs  n'est 
plus  simple  que  le  plan  de  ce  précieux  Recueil  :  lo  Tropaire  divisé  en  deux  parties  :  a.  petits 
Tropes  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique  depuis  Noël  (pp.  5-201)  ;  b.  grands  Tropes 
du  Kyrie,  du  Gloria  et  Regnum  (pp.  202-257);  2o  Mélodies,  sequelui  ou  queues  neuma- 
tiques  de  l'Alleluia,  d'où  les  Proses  ont  tiré  leur  origine  (pp.  258  et  suiv.). 

x»  siècle.  (M.  Weale,  dans  son  Catalogue  des  livres  liturgiques  qui  ont  été  exposés  à 
Londres  en  1885  (p.  3),  le  regarde  comme  du  commencement  de  ce  siècle.  —  Parch., 
318  pages.  C'est  le  plus  petit  des  Tropaires  connus  :  lOo""»  de  hauteur  sur  90  de  largeur. 

Saint-Gall. 

34"  Berlin,  Bibl.  roy.  ms.;  Théol.  lat.,  n"  11.  —  Tropaire  suivi  de 
Versus  et  d'un  Prosier. 
Ce  Tropaire  (décrit  imparfaitement  dans   VArcfiiv  de  Pertz,  XVHI,844,  et  dont  nous 
avons  sous  les  yeux  une  copie  complète  due  à  l'extrèmo  obligeance  du  docteur  Liiwenfeld  et 


\3-2  IIISTMlHl'.    DK   I.  \    l'OKSlE   I.lTriiGlnl   K 

tissait  I;i  lans  perennis.  Ce  sera  it(Mil-rtic  la  i.ailJL'  de 
notre  (l'iiviv  <ini  ollViia   à   nos  lecteurs   le   plus   d'nti- 

do  ses  élèves)  se  divise  en  deux  (larlies  disliriclcs.  I.a  première  ((»»  1  v»;  74  v»)  con»Ul« 
dans  la  série  régulière  des  peliln  Tro|.es  (Iiitroil,  (Jfferloirc,  Oiiiifiiunioii),  distribués  fort 
exaclement,  fêle  par  fêle,  suivaiil  l'ordre  régulier  de  l'année  liturgiiiue  d'-pui»  Noël  jusqu'à 
la  Saiiil-Aiiilré.  L'Ofdo  il:  la  semaine  sainte  (f»  iC  ro-i'J  v)  coinplrle  «et  insemble  sans  en 
Irùubler  riiarniuiiic.  —  An  1"  "ij  r",  comnienn;  la  siionde  partie,  qui  se  conip<j»e  d'- dix  Troj»c« 
du  Kyrie:  O  thcoa  critis,  etc.,  suivi»  du  Carmen  angelicum  ou  du  Gloria  seize  fois  ré- 
|)élé,  etc.  La  lin  de  ce  précieux  volume  esl  loin  d'offrir  la  même  régularité,  cl  nous  n'avons  à 
y  signaler,  en  ce  qui  concerne  la  présente  élude,  que  les  Act^'lamalions  ( f»  111)  qui  vont  nous 
aider  tout  à  l'iiouro  à  dater  lo  manuscrit,  quelques  VerMii»  (fo  ll'i),cl  surloul  (f'  144)  le  l'ro- 
sier  ou  Liber  sequenliarum  de  .Nolker,  où  la  notalion  musicale  (comme  dan»  les  mcillcura 
manuscrits  de  Sainl-Gallj  ne  se  trouve  point  placée  au-dessus  du  lexle,  mais  en   marge. 

XI»  siècle. On  peut  arriver  â  une  date  plus  précise  en  se  référant  aux  AccLimations  du  f"  111. 

(Cf.  Ici  <i  Litanies  »  ou  Laudes  d'un  manuscrit  de  Wolfenbultel  llelmstad,  n<>  Hxim,  f»  •iOT; 
Pertz  Neues  arch.,  I,  -iiO,  et  celles  que  les  Hollandistes  ont  publiées  ,  Acl.  83.  Julii,  III ,  7:iV, 
et  qui  ont  été  réimprimées  dans  la  Palrologie  de  Migne ,  CXL ,  col.  54.)  Ces  A<rlamations  de 
notre  manuscril  nous  offrent  successivemenl  les  noms  du  pape  Jean  XL\  (  1024-1033),  de 
l'empereur  Henri  II  (tl024)  et  de  sa  femme  sainte  Cunégonde  (•{•  lO'iO)  ;  de  Conrad,  roi 
des  Itomains  (1024-1030)  et  do  sa  femme  Gisèle  (f  1043);  de  l'arclicvéque  de  C<->logne,  Pili- 
giim  (1021-103G),  cl  de  l'évèqucde  Minden,  Sigeberl  (1022-1036).  Ce  dernier  est  même  nommé 
dans  une  autre  partie  du  manuscrit  et  qui  n'est  pas  de  la  même  main ,  el  on  lit  c<'tte  mention 
dans  le  Prosior  :  «  Hune  codiccm  ex  studio  Sigeberli,  pra'sulis  almi,  —  Conscriptum,  Cbristo 
laus  ut  canlelur  in  islo,  — Aspiciat  ipiisquis,  rogo,  verbis  valdc  benigiiis: — Fili  Celsithroni, 
dicat  miserere  patranli.  »  Il  résulte  do  toutes  ces  mentions  (f»  143)  que  noire  manuscrit  a 
sans  doute  élc  (en  tout  ou  en  i)arlie)  exécuté  entre  les  années  1024  el  1033.  —  Parch., 
2IO"'i"  do  hauteur  sur  137  de  largeur.  —  226  folios.  —  Écriture  magnifique  ;  manuscril 
très  orné.  V.  notamment  au  f»  l'i4  une  miniature  décrite  par  Bcthmann  (Fcrli,  .-IrcAio., 
VIII,  «45),  etc. 

Manuscrit  exécuté  à  Minden,  comme  ratteslenl  le  nom  de  l'évéque  Sigeberl  cl  l'hymne  en 
l'honneur  de  saint  Gorgonius,  patron  de  Minden  (f»  85  v»);  mais  évidemment  copié  sur  un 
manuscril  de  Saint -Gall  (au  moins  pour  la  plus  grande  partie).  C'est  ce  que  prouvent  les 
Tropes  M /"e*<tui(a/e  sancti  Galli  :  «  Hodie  sanclissimi  patrosi  nostui  anima,  clioris  supcr- 
nis  juncta,  jubilai  »  (f»  09),  et  ceux  en  l'honneur  do  saint  Olhmar  (f»  73  ro).  Cf.,  fo54  v»,  les 
Versus  de  Uadperl  ad  communicandu7n ,  etc. 

35°  Vienne,  Bibl.  iinporialo,  1609  —  Tropaire. 

Le  Tropaire  n'occupe  dans  ce  manuscril  que  cinq  feuillets,  mais  qui  ont  une  importance 
considérable  (f»  4  r»;  8  vo).  Huit  fêtes  seulement  sont  ici  malière  ii  Tr«pes  :  lo  .Noël  ;  2o  saint 
Jean  l'Kvangéliste;  3»  les  saints  Innocents;  4»  l'Épiplinnie;  5»  Pâques;  6»  l'Ascension;  7o  la 
Pentecôte;  8»  la  sainte  Vierge.  Il  n'y  a  la  que  de  petits  Tropes,  mais  qui  forment,  cunime 
on  lo  voit,  un  tout  assez  com[ilet.  C'est,  suivant  nous,  le  Trof>aire  primitif. 

Fin  du  ix«  ou  commencement  du  x°  siècle.  —  Parch.,  ISfi  sur  185""».  —  60  folios. 

Saint- Gall. 

36»  Vienne,  Bibl.  iin]icriale,  1845. —  Tro|iaire  précéilo  d'un  (iraduel 
cl  d'un   Prosier,   suivi  d'un    ï^acra  mon  taire  el  d"nn    Martyrologe. 

Le  Tropaire,  qui  est  en  effet  précédé  d'un  Graduel  (f'«  1-42)  et  d'un  Prosier  (f»  47- 
58),  et  suivi  d'un  Sacramentaire  et  d'un  Martyrologe  (f<»  Cl -75),  ne  commence  qu'au  f* S8  r*  : 
7ncipiu>il  Iropi  carminutn  de  Nativitate  Domini  :  llodie  cantandu*  ut ,  el  ne  s'étend  que 
jusipi'au  f"  60  v».  Les  fêles  dont  l'iifiice  a  été  iropé  sont  les  suivantes:  1»  .Nucl;  2»  saint 
Ktieimo  ;  3»  saint  Jean  ri-vangêlisto  ;  4°  les  saints  Innocents  ;  .""r»  l'Lpiphanic  ;  C»  la  Purilica- 
lion  de  la  Vierge;  7»  Piques;  8"  la  Penlecùto  ;  9»  saint  Jcan-flnplislc  ;  loo  jtainl  Pierre; 
11o  saint  Laurent  ;  12"  r.\ssompliou  ;  13»  la  Nalivilc  do  la  Vierge  ;  1 4o  la  Toussaint  ;  15»  la 
Dédicace.  — Ce  très  polit  Tropaire  se  subdivise  in  deux  parties:  1»  pclil»  Tro|ies  (M  v»- 
59  V");  2»  Tropes  :  du  Kyrie  (O  iheos  crilis,  Canamus  cuncli  laudes  (hlymnilicas ;  O  cun- 
ctipotens  genilor),  suivi  de  trois  Gtoria  et  du  Symbole  de:»  Aixllrcs,  etc. 

Fin  du  XI»  ou  commencement  du  xn»  siècle.  —  Parch.  — 273  folios,  173""  sur  232"".  Sli- 
niatures  (notamment  dans  le  S.icramcnlaire.  f»  75  cl  suiv  ). 

Sainl-Gall. 


LES  THOPAIRES 


133 


lité  scientifique;  mais  ce  sera,  à  coup   sûr,  celle  qui 
donnera   à    tout   notre   livre   le   plus   de    ce  sursum 

37o  Munich,  14083.  —  Tropaire  précédé  d'un  Prosier 
et  accompagné  d'un  Graduel. 

Fo  1  yoj  Gloria  non  tropé.  —  «  Alléluia  »  de  sainte  Marie  Madeleine  :  »  Hœc  est  illa 
Maria,  i>  etc.  —  Fo  2  ro,  Prose  en  l'honneur  de  la  même  sainte  :  «  Laus  tibi,  Christe.  »  Au  vo, 
on  lit  la  célèbre  Supplication  qui  est  encore  chantée  de  nos  jours,  mais  avec  quelques  va- 


V>'  Y 


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^ÎTïKéjz. 


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Reliure  des  Tropaircs  :  du  \w  siècle,  servant  de  reliure  au  Tropaire  d'Autun 
(l'.ibl.  do  l'Arsenal,  1169). 


riantes  :  <i  Miserere,  miserere,  miserere  populo  tuo  quem  redemisti,  Christe,  sanguine  tuo, 
ne  in  aeternum  irascaris  nobis.  »  —  F»  3  r»,  <(  Dominicales  letaniœ.  »  Ce  sont  les  FersKS 
déjà  cités  :  »  Humili  prcce,  i>  ci  Ardua  »  et  ((  Votis  supplicibus  ».  —  F»  4  v,  Dencdictio 
cerei.  Cest  VExultel  du  samedi  saint.  —  F»  7  v,  Prosier  ou  Liber  Sequenliarum  attribué 
à  Notker.  On  observera  que  ce  recueil  (qui  contient  71  Séquences)  n'est  pas  le  même 
que  celui  des  manuscrits  de  Saint-Gall,  du  manuscrit  de  Munich  14322,  e'.c.  etc.  Remar- 
quer la  Prose  qui  a  saint  Emmcran  pour  objet  :  «  Gaudens  Ecclesia  banc  dieculam,  etc.» 
Le  Prosier  est,  d'ailleurs,  disposé  ici  comme  dans  les  meilleurs  manuscrits  de  Saint-Gall, 
et  la  notation  neumatique  y  est  en  marge.  —  Fo  39  ro.  Graduels  et  Traits.  —  Fo  Cl  vo, 
Prose  de  saint  Denis:  «  Exultemus  in  ista,  fratres,  solemnitate,  »  avec  un  renvoi  qui  cor- 
respond à  cette  note  marginale  :  »  In  cœnobium  istud  transtulerat  —  Mortalium  re.\  in- 
virlissimus  regum  Arnolfus  —  Sanctissimi  thesaurum  corporis  Dionisii.  »  La  Prose  elle- 
même  renferme  les  deux  clausxdx  suivantes  :  <i  0  quam  felix  Parisius  civitas  qua  tanti  mar- 
lyris  sepulta  noscuntur  ossa  corporis,  —  Sed  non  minus  Ratispona  bcata,  qua^,  nutu  su- 
pero,  translata  nunc  ossa  tenet  cadem  !  »  —  Fo  63  ro,  Versets  alléluiatiques.  —  Fo  80  v", 
Tropaire  :  a.  Petits  Tropes.  On  a  intercalé  dans  cette  série  les  Antiennes  et  Répons  pour  la 
procession  du  dimanche  des  Rameaux  et  les  Versus  qui  se  chantaient  durant  la  semaine 
sainte  et  le  jour  de  Pâques.  On  notera  les  »  Versus  in  cœna  Uomini  ad  refeclorium  ca- 


(loiil  aiiciiiio  œnvi'<!.  iiiriiio  ('niditr'.  iio  >;iiirail  se 
passer. 

ncmli  :  Tellus  ne  rnllira.  m  —  ]■'•>  H»)  r»  :  h.  CthwU  Trûpcn  :  KyrU  '  f"  UtO  r"),  Gloria 
(fo  103  V"),  Sancluê  (f«  lOH  v"),  Annus  (  f"  110  t-].  —  V-  111  r»,  Offertoire»  oum  vtrti- 
bus.  —  Vo  128  r",  Tropcs  tli;  VUe  Mitsa  e»l  <;l  du  Ueo  gralioê. 

XI»  siècle.  —  rarchciniii.  —  VlH  f"«.  —  .'{JO""»  du  hauteur  i-ur  143""»  de  largeur. —  Reliure 
curieuse  en  parchemin  gaufTn:. 

Saint- Emmeran.  C'est  ce  qu'altegle  l'imiiorlancc  donni'-e  au  culte  de  saint  Kmmeran.  Au 
fo  98  r»,  on  fait  précéder  la  Prose  qui  lui  est  consacn-e  d'une  lettrine  aussi  solennelle  que 
pour  les  fcMes  de  Pâriucs  et  de  la  l'entecôti'.  Dans  li;s  iMucte»  du  f'  'J3  r»,  le»  mots  SancU 
Emmeramne  sont  écrits  en  (,'raiiilcs  It-ltres.  Cf.  le  Sancle  Emmeramue ,  ora  pro  noMs  du 
fo  88  V»,  cl  le  Verset  all<'luiali(|tii;  'le  sancl')  Kmmcramno  du  f'  70,  etc. 

38»  Munich,  Int.,  14322.  —  Tropaire  précédé  d'un  Prosier 
cl  accunijinpiié  d'un  (Jraduel. 

l'"o  1  r»,  «  Angelicuni  carnicn  secundum  Gra;co3  :  »  Doxn  en  ipsistis,  etc. —  F»  1  v«,  •  Hc- 
gale  Carmen  :  «  ce  sont  les  Acclamations  ou  Laudet,  et  on  leur  donne  ici  un  nom  que  nous 
n'avons  pas  trouve  ailleurs.  Il  est  très  évident,  du  reste,  qu'on  a  voulu  établir  un  contraste 
entre  VAngelictim  et  le  Régale  carmen.  iJans  ces  Acclamations,  rien  de  sf)écial  :  le»  noms 
cnt  été  effacés.  —  Fo  4  vo,  Symbole  et  Sanclu»  en  grec.  —  F»  5  v»,  Tropcs  de  l'inli-ricur  du 
Graduel.  Ces  Tropcs  sont  do  deux  sortes  :  il  y  a  celui  de  V Alléluia  qui  précède  le  Verset 
alleluiatiquc  cl  n'est  qu'une  invitation  à  la  louange,  a  la  joie.  Puis  il  y  a  relui  du  Verset 
alloluialique  lui-même.  (\'oyez,  au  f»  10  r»,  le  Vox  ejcultalionit ,  et  .lu  f»  11  r«,  le  JuMius 
ul  palma.)  —  Fo  13  ro.  Prose  de  sainte  Marie  Mad'leine  :  Laué  Ixbi ,  Chrisie,  qui  et  Crea- 
tor. —  Fo  15  ro,  Préface  du  Liber  Sequentiarum  de  Notker  ,  «  Cum  juvenrulus  essem,  "  etc. 
—  Fo  16  r«,  Soquentinirc  ou  Prosier  avec  la  notation  neumatique  sur  la  marge  de  droite, 
comme  dans  les  Tropaircs  de  Saint-Gall.  Indépendamment  d'une  Prose  en  l'honneur  de  saint 
Emmeran  :  n  Gaudcns  Ecclesia  hanc  dieculam,  i-  etc.  (f"  32  ro),  on  remarquera  la  Prose  de 
saint  Denis:  «  In  natale  sancti  Dionisii  Areopagitœ  et  cpiscopi  sociorumque  ejus  :  Exullemus 
in  isla,  fratres,  solcmnitalo  »  (fo  iZ  ro),  qui  est  accompagnée  dans  la  marge  supérieure  de 
cette  même  note  que  nous  avons  déjà  trouvée  dans  le  manuscrit  1-H>i3  :  •■  In  crrnohium  istud 
Iranslulerat,  n  etc.  La  seule  variante  à  noter  dans  le  texte  de  la  Prose  c'est  la  forme /?ada«- 
pona  au  lieu  de  Ralifpona  du  manuscrit  11083.  —  F»  45  r».  Graduels  et  Traits  (d'une  autre 
main,  avec  des  ae  plus  fréquents).  —  F»  77  ro.  Versets  alléluiatiques  (pour  la  plupart  non 
tropés).  —  F«  98  v»,  autres  ,\cclamations  :  on  a  effacé  le  nom  du  roi  des  Romains;  mais  il 
est  possible  de  lire  C[huonra]iio.  En  revanche,  on  n'a  point  effacé  le  nom  de  l'évéque  de 
Ratisbonne,  qui  est  Gebehardxit.  —  Fo  10(J  ro,  Kyrie  tropés  (V.  f»  102  vo,  le  Kyrie  avec 
mélodies  sans  paroles).  —  Fo  10-4  r»,  Gloria  tropés.  —  Ici  (f»  108  r»)  finit  la  première  série 
des  grands  Tropés,  et  commencent  les  petits  :  <i  Incipiunt  tropi  in  natale  Domini  :  Hodie 
cantanrlus  est.  »  Par  exception,  deux  ou  trois  grands  Tropés  du  Kyrie  (f«  108  v»;  et  du  Oto- 
ria  (  fo  109  ro)  ;  mais,  en  général,  on  ne  trouve  ici  que  des  Tropcs  de  l'Introil  en  petit  nontbrc 
et  peu  développés.  —  F»  118  r«,  seconde  série  des  grands  Tropcs  :  Sanclu*  tropés  (f»  118  r»), 
Agnus  tropés  (fo  119  ro).  —  Fo  121  ro.  Offertoires  cum  vertibu*.  —  F«  H7  r»,  n  Grcfrorins 
pr.Tsul  meritis  et  nominc  dignus ,  i>  etc.  C'est  le  célèbre  éloge  de  saint  Grégoire  qui  se 
trouve  en  tête  de  r.\ntiphonairo.  Or  il  ne  s'agit  pas  ici  de  l'Anliphonsire,  mais  simplement 
de  ces  Tropcs  de  l'Offertoire  cum  versihu»  sur  lesquels  ni^us  aurons  lieu  d'attirer  plus 
d'une  fois  l'attention  de  nos  lecteurs.  Nous  en  exjiosons  ailleurs  tout  le  mécanisme,  et 
un  exemple  ici  nous  suffira.  Donc,  la  fin  de  l'Offertoire  »  avec  versets  ■•  du  second  dimanche 
de  l'A  vent  se  termine  pnr  ces  mots  :  Jutlilia  de  ceelo  protpexil,  cl  voici  oc  qu'en  a  fait  le 
tropistc  du  manuscrit  1S322  :  «  De  ccrlo  ex  le,  Domine,  Verbum  cxiit,  corpus  assompsit, 
Virgo  pcperil,  nos  redemil,  regnum  suum  nobis  gaudere  dédit.  Laudc*  sibi  ferte  cuncti,  qui 
nos  ubique  intuendo  prospexil.  >•  Les  tropistes  ont  simplement  placé  des  paroles  sous  les 
notes  grégoriennes  de  la  vocalise  du  mot  ca-to;  mais,  quoi  qu'il  on  soit,  on  voit  par  U  que 
les  vers  sur  snint  Grégoire  peuvent  être  ici  considérés  comme  un  l>cau  jortiquc  indi^ment 
plaqué  contre  une  pauvre  maison.  Les  Tropcs  de  l'Offertoire  répondent  mal  au  •  Grego- 
rius  pr.TSul   ».   Peainit  in  piêcem. 

xi«  siècle.  Ce  manuscrit  n'est  pas  homogène,  et  ily  faut  voir,  suivant  nous,  l'œuvre  de  plusieurs 
mains.  Deux  scribes,  à  tout  le  moins,  y  ont  travaillé  :  celui  qui  a  écrit  les  Graduels  (f»  W  r« 
cl  suiv.),  et  qui  employait  encore  assez  volontiers  la   notation  a  e,  etc.;  celui  qui  a  écrit  la 


LES  TROPAIRES  133 

La  Poésie  religieuse  dans  les  cloîtres  des  ixe-xie  siècles  : 
tel  sera  le  titre  de  cette  étude   destinée  à  compléter 


plus  grande  partie  du  livre,  en  se  servant  surtout  des  c  cédillos.  La  date  du  manuscrit 
(pour  la  plus  grande  partie)  semble  établie  par  les  Acclamations  du  f»  98,  où  nous  lisons  le 
nom  de  l'évêque  de  Ratisbonne,  Gebbard.  Mais  il  y  a  ici  plus  d'une  difficulté  :  trois  Gebbard 
ont  successiveitient  gouverné  l'église  de  Ratisbonne  :  Gebbard  I,  mort  en  1023;  Gebbard  11, 
mort  en  1036;  Gebbard  111,  mort  en  1060.  Par  bonheur,  il  est  encore  possible  de  lire  aujour- 
d'hui le  nom  effacé  du  roi  des  Romains  qui  vivait  au  moment  de  la  rédaction  de  ce  Tro- 
paire  :  Chuonrado.  Il  s'agit  évidemment  de  Conrad  II  (1024-1039),  et  notre  manuscrit  n'a 
pu  être  écrit  que  sous  l'épiscopat  de  Gebbard  II ,  ou  au  commencement  de  celui  de  Geb- 
bard m,  c'esl-à-dire  entre  les  années  1024  et  1036.  —  Parcliemin  ;  156  folios,  283  millim. 
sur  118.  —  Manuscrit  d'une  exécution  très  soignée. 
Saint-Emmcran  (comme  le  prouve  les  places  données  à  ce  saint  dans  le  Prosicr,  fo  32  r",  etc.) 

39»   Rome,    Bibl.   Angelica,  B,  3,   18.  —  Tropaire   précédé 
d'un  calendrier,  d'un  comput  et  d'un  Antiphonaire. 

Le  Tropaire  commence  au  f»  184  v.  Il  est  précédé  :  1"  d'un  calendrier  (fus  1  ro-4  r»)  qui, 
s'étend  de  1039  à  1120;  2o  d'un  comput  fort  intéressant  (fo  5  r",  16  vo)  ;  3o  de  l'Antipho- 
nairede  saint  Grégoire  per  ciculum  anni  (fo  17  ro  et  suiv.).  —  Le  Tropaire  lui-même,  qui 
est  très  complet ,  commence  à  Noël  et  s'achève  à  la  Saint  André.  Chaque  fête  y  est  munie 
desesTropes,  petits  et  grands.  Ces  derniers  sont  rares. 

XI"  siècle.  —  D'après  le  Calendrier  cité  plus  haut,  et  qui  a  l'année  1039  pour  point  de  dé- 
part, on  peut  supposer  que  ce  manuscrit  a  été  exécuté  en  1039,  et  c'est  à  quoi  ne  con- 
tredisent ni  l'écriture  ni  les  miniatures.  —  Parch.,  265  feuillets.  —  252mm  de  hauteur  ; 
177mm  de  largeur.  —  Nombreuses  miniatures,  très  grossières.  Voy.  en  particulier  celle  du 
fo  17  ro,  qui  représente  la  Visitation  avec  ce  vers  :  «  Elisabeth  Régis  matrem  tenet  ccce 
percnnis.  » 

L'origine  du  Tropaire  est  évidemment  italienne.  C'est  ce  que  prouvent  les  Tropes  consacrés 
à  saint  Hippolyte  (qui  est  honoré  d'un  culte  particulier  à  Rome)  et  à  saint  Cassien,  qui  est 
le  patron  d'Imola  (fo  247  ro);  aux  saints  Vital  et  Agricola,  qui  sont  les  patrons  de  Bo- 
logne (fo  256  ro);  aux  saints  Synèse  et  Théopompe,  qui  sont  les  patrons  de  Modène,  suf- 
fragant  de  Bologne  (fo  265  ro).  Les  lieux  où  sont  spécialement  honorés  ces  saints  déterminent 
la  région  où  le  Tropaire  a  été  exécuté. 

40"  Rome,  Vittorio-Emmanuele,  1343  —  Tropaire-Prosier. 

lo  Grands  Tropes  [Kyrie,  fo  1  ro-3  vo;  Gloria,  i°  4  ro-13  vo;  Sanclus,  fo  14  ro-15  vo; 
Agnus  Dei,  fo  16  ro-17  vo).  2o  Petits  Tropes,  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique,  depuis 
le  premier  dimanche  de  l'A  vent  (fo  18  v»)  jusqu'à  la  Saint-André  (fo  47  r»).  Rien  n'est  donc 
plus  élémentaire  que  le  plan  de  ce  Tropaire,  qui  est  très  nettement  divisé  en  deux  parties, 
dont  nous  venons  de  donner  les  titres. 

XI»  siècle.  —  Parchemin,  81  feuillets;  2o8mm  sur  I72mm. —  Lettrines  dans  le  style  du 
Mont-Cassin  (l'écriture  n'offre  pas  le  style  de  cette  école  et  n'est  pas  en  caractères  lom- 
bards). Musique  sur  une  portée  de  trois  lignes;  barres  verticales,  etc. 

D'après  la  place  qui  est  faite  dans  ce  Tropaire  (fo  32  vo)  aux  saints  Synèse  et  Théo- 
pompe, patrons  de  la  ville  de  Modène  (dont  l'évêque  était  suffragant  de  Bologne),  on  peut 
déduire  aisément  la  région  à  laquelle  il  convient  d'attribuer  ce  Tropaire. 

'il"  Londres,   British  Muséum,  Coltonien,  Caliguln,  A,  XIV.  —  Tropaire. 

Fo  1  ro,  Tropaire:  a.  Petits  Tropes,  depuis  Noèl  jusqu'à  la  Dédicace  (fo  36).  b.  Grands 
Tropes  :  Kyrie  (fo  37  r"),  Gloria  (fo  41  ro).  —  Fo  43,  Prosier,  depuis  l'A  vent  :  Balus 
selerna  indeficiens,  mundi  vila,  etc. 

xi«  siècle  pour  les  trente-six  premiers  feuillets;  fin  du  xiioou  commencement  du  xiii» siècle, 
pour  les  feuillets  37-92.  Les  quatre-vingt-douze  premiers  folios  sont  les  seuls  qui  se 
rapportent  à  notre  sujet.  —  Parchemin;  225  sur  730mm.  —  Miniatures  intéressantes  aux 
fo»  3  vo,  20  vo,  etc.  Ces  images  sont  encadrées  de  vers  hexamètres.  C'est  ainsi  qu'autour  de 
l'image  de  saint  Etienne  on  lit  ces  quatre  vers  au  fo  3  vo  :  k  Florigera  vita  Stephanus  patet 
ipse  levita  —  Albo  vestitus  stolaque  rubente  vcnustus  —  Palmam  victricem  vegetans 
seseque  felicem  (V).  —  Hujus  nos  precibus,  nos  protège,  Christe,  rogamus.  » 

Origine  incertaine. 


136  IIISTOllîl-;    l)i;    LA    l'CiMsiK    IJTI'lîGini'I-: 

celle  (|iH'  nous  avons  jadis  consacrée  à  Vfdée  religieuse 
dans  les  chansons  de  geste. 


hl"  I^oiidrori,  iSiili^li  Miisciiiii ,  A<lil.  lu.inu-if.,  19768.  —  1  ropaire 
accompagné  d'un  Prosier  et  suivi  d'un  Ordo  de  la  Semaine  mainte. 

Le  inariuscrit  roinmenco  par  un  l'rositT  notk^^ricn,  cl  c'csi  «oulcmcnl  au  f»  24  qu'on 
rencontre  li;  Tropairc  suivant  l'ordre  de  l'anni^e  liturgique  depuis  Nool  (De  Satioitate  Do- 
mini  :  Ilodic  salvalor  inundi)  jus(iu'ù  la  h^aint-Martin.  —  F«  40  v»,  Ordo  de  la  scniaine 
sainte.  —  I'»  5.'i.  Second  Prosier. 

xi«  siècle.  —  Pareil.,  HO  feuillets. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  liomo^rène,  el  l'on  observe  aux  f-"  "Ji  et  M  un  cliaM^enionl  de  main. 

Saint-Gall  ( comme  le  prouve  la  Prose  du  f"  10  vo,  In  Natale  $ancti  Galli  confeêtoriê. 
Cf.  au  f"  14  vo  :  De  nanclo  Olhmaro).  Une  partie  de  ce  manu'irit  a  /•(/;  (H'culcV  a  .Nuy«. 
Nous  l'avons  affirmi';  iilus  haut  en  fondant  |>rineipalemcnt  notre  argumentation  sur  le  cullc 
de  saint  (Juirin,  etc. 

43"  Oxford,  Bodléienne,  iJoucc,  n°  222.  —  Tropairc. 

Le  plan  de  ce  Tropairc  ressemble  à  cjlui  d'un  ^rrand  nombre  de  ceux  que  nous  avons  dé- 
crits plus  haut.  Les  petits  et  les  jçrands  Tropcs  y  sont  mêlés  dans  l'Office  inlcrfxjli' df  rhaquc 
fôte.  C'est  ainsi  que  yiour  Noël  on  a,  d'une  seule  el  m!'mc  teneur,  les  Irojic»  de  l'Inlroii 
(Quem  quœrilis,  fo  G  r"  ;  llodie  cantandui,  0  vo)  ;  ceux  du  Kyrie  (  Te,  Chriele,  rex,  $up- 
plxces,  fo  7  vo);  du  Gloria  [Par  scmpiterna,  f»  7  vo);  du  Graduel,  de  l'Offertoire  et  de  la 
Communion  {8  V",  9  r»).  —  Ce  Tropairc  s'étend  deiuiis  rAvcnl('2  v»)  jusqu'à  la  Saint- André 
(34  vo),  avec  une  nouvelle  série  de  prands  Tropes  :  a,  du  Kyrie  (f«  36  v»)  cl  6  du  Gloria 
(fo  42  ro),  etc.  Au  fo  83  ro,  commence  le  Prosier. 

xi«  siècle.  —  Parch.,  207  feuillets. 

Saint-Gall  (?). 

44»  Oxford,  Bodléienne,  775.  —  Tropairc. 

En  tclc,  se  lisent  les  prand^  Tropes  (ceux  du  Kyrie,  Te  Chritie  rex  supplice*,  f»  2  r<>  ; 
Thcoricam,  fo2  ro;  Kirrie,  rex  genilor  ingenite,  f-  2  vo;  Paler  crealor  omnium,  fo2  v»; 
Clemens  rector,  fo  3  ro  ;  Kirrie,  rex  regum ,  Domine  Deut  Sabaoth,  f'  3  v  ;  Cunclipoten* 
genili)r,  f»  3  vo  ;  Piissime  rex,  Kirrie,  rector,  f"  4  ro;  Kirrie  salve  temperque ,  f«  4  vo; 
Conditor  Kyrrie  omnium,  ("  ">  t"  \  O  Pater  excelse,  h  S  vo  ;  Lvx  et  origo  lucit,  f"  6  r»  ; 
Kyrrie,  rex  sempiteme,  huic  caterve,  ("  C  vo.  —  Les  n  petits  Trop^'s  »  commenconl  au 
f"  8  ro  :  <i  Incipiunl  tropi  de  :  dvenlu  Domini  .Ihcsu  Chrisli  :  0  bencfida  luis  assis  protcclio 
servis»  (Premier  dimanche  de  r.\venl  ).  L' llodie  canlanduâ  se  lit  au  fo  10  v«.  Sur  ce  manu- 
scrit de  la  Bodléienne,  V.,  dans  VAcademy  du  23  octobre  itwG,  une  lellre  très  imporlanlc 
de  M.  F.  E.  Warren. 

Origine  douteuse. 

OBSEnvATiON  GKNtRALF..  —  1.  Lcs  Tropaircs  que  nous  venons  d'énumérer  ne 
sont  pas  les  seuls  qui  existent  aujourd'hui,  el  il  en  est  d'autres  dont  nous  n'a- 
vons pas  encore  pu  utiliser  le  témoignage.  Dom  Pothier  nous  en  signale  au 
mont  Cassin  et  au  presbytère  de  Gladbach,  etc.  Nous  tiendrons  notre  liste  au 
courant. 

11.  C'est  à  dessein  que  nous  n'avons  pas  fait  figurer  dans  cette  énumèralion 
les  Tropaires  de  la  deuxième  époque,  tels  que  les  niss.  lat.  de  la  Bibl.  nat. 
lat.,  1139,  3719,  etc.  Nous  les  énumérerons  ailleur.-». 


CHAPITRE  XI 


DE  CERTAINS  CARACTÈRES  QUI  SONT  COMxMUNS 
AUX  TROPES  DE  TOUS  LES  TEMPS 


Durant  les  premiers  temps  de  leur  courte  histoire, 
les  Tropes  gardaient  encore,  vis-à-vis  du  texte  litur- 
gique, une  sorte  d'infériorité  bien  marquée.  C'est  ce 
qu'il  est  facile  de  constater  dans  les  Tropaires  de  Saint- 
Gall. 

Dans  l'un  d'eux',  on  a  réservé  au  texte  liturgique 
le  privilège  des  lettres  capitales  :  c'est  topique.  Dans 
un  autre,  le  texte  liturgique  est  écrit  en  lettres  rouges, 
et  cet  honneur  n'est  pas  décerné  aux  Tropes  -.  C'est 
plus  concluant  encore. 

Par  malheur,  cette  distinction  si  naturelle  et  si  légi- 
time ne  fut  pas  d'assez  longue  durée,  et  l'on  en  vint, 
comme  dans  les  splendides  volumes  de  Prum  et  d'Ech- 
ternach,  comme  dans  les  Tropaires  plus  modestes  de 
Saint -Martial,  à  confondre  partout  le  texte  avec  la 
glose.  Supposez  un  instant  que  certains  commentaires 

'  Bil.l.  rlc  Saint-Gall,  37fi,  j).  39.  (V.  le  fac-similé  de  la  p.  130.) 
2  Bibl.  de  Saint-Gall,  332,  p.  21. 


138  IIISTOIIU':   I)K    I.  A    l'OI-;?!!-,   MTfnr.inT'E 

de  l'Évangile  soient  arrivés  à  faire  corps  avec  lÉvan- 
ç^Wc  lui-même,  et  vous  aurez  quelque  idée  de  ce  que  la 
liturgie  eut  alors  à  soufirir. 

Cette  confusion  a  été  de  natun-  à  impressionner 
vivement  les  âmes  pieuses  du  moyen  âge,  à  en  atliis- 
ter  quelques-unes,  à  en  scandaliser  quelques  autres; 
mais  un  trop  grand  nombre  s'y  sont  laissé  prendre,  et 
ont  accepté  le  mélange. 

C'est  contre  un  tel  état  de  choses  que  l'érudition  est 
en  droit  de  protester.  Nous  ne  cesserons  de  le  répéter  : 
les  Tropes  sont  avant  tout  des  documents  extra-litur- 
(jiques  et  qu'on  a  fait,  un  peu  par  contrebande,  entrer 
dans  les  Antiphonaires  et  les  Graduels.  Quelques  églises 
les  ont  admis  :  l'Église,  non  pas. 

La  dévotion  mal  entendue  (suivant  nous)  de  cer- 
tains moines  les  a  introduits  dans  l'usage  liturgique 
de  certains  monastères.  C'est  tout;  mais  c'est  trop 
encore. 

«  Certains  moines,  »  disons-nous,  et  «  certains  mo- 
nastères )).  C'est  qu'en  effet,  à  fort  peu  d'exceptions 
près',  les  Tropes  offrent  ce  premier  caractère  détre 
une  institution  monastique.  Jean  Beleth  la  dit  au 
xiie  siècle  :  Cantari  soient  maxime  quidem  a  mona- 
chis.  Le  cardinal  Bona,  ce  liturgiste  de  premier  ordre 
et  qui  était  remonté  aux  sources,  est  le  premier  qui, 
fort  vigoureusement,  ait  mis  ce  fait  en  l)onne  lu- 
mière :  A  monachis  hœc  addimenta  originem  traxisse 
piito  -.  On  ne  saurait  mieux  dire. 

'  Les  plus  importantes  sont  celles  qui  se  réfèrent  au  Trojviire  de  la  cathé- 
drale de  Nevers  (BiM.  nat.  lat.,  9449)  et  au  Tropaire  de  la  cathédrale  d'Autun 
(Arsenal,  H69). 

ï  Renim  Uturgicaruni  lihri  duo,  etc.,  p.  296.  Texte  déjà  cité,  comme  le  pré- 
cédent. 


CARACTÈRES  COMMUNS  A  TOUS  LES  TROI'ES      139 

y^.-^^v  r-       ^         /        ^       y  /i    /J 

JO  !-£     CA,>r  TAi^DTJ^  £5r  I^OBIS 

_  ^     _  /   /     .    /  /     .         /      •/     -  /t  /-./>/•  /J^  X^_  /      y^  y 
porx^'pxixi^ â^extntlem  {xJoTcrrrpoTe-  ^vnermun::^  inclxrr^ 

/  /       /  /i  /  j  /-..s/     /      /      f   .     / .  /. .   r  _^ 

rnxc^r''   Qvir^/î^  tfh&jfVL&r'  quem-r^im  mAfrnrfprcco^  i/c>ic^a 

ucyci'fhrXPlf'C>iCTt:&  .nohif^vn:^cx>rLLuzcbcaype^efj^  pafYîmizf  • 
1 1  /   z^^'.  j   /f-    .  J  n  /)    /  j-  /    ^     j  ^    /--.      y.  f    r 

jtlic  £!— ntm  efhcpj^rnjyreiX^zr^^etecTuffyrnTnifhx^  deiAclrœr' 

/)     /     /'A-       /    /  f      .     .    F   -^^■-^.    .    y  /7    J>,, 

.  /  / •  .       ./././      /  r   /  /    .     / '  - 

yvwroniTri  conflxcuzvinem.  Jetxvr^ne^  procr^^u^ttT  - 

TîTittm  fernprx::eTrircza:^  uero  confhb/èarrTnAltf  deo^jy/ctri  ' 

-      /  /  /      o       /         /       .      //         /-.        ///--      //*-' 
JErifOCABlTlfîV.-  Ptnuif^o  pxmffiUifh^ni'  tfOM-rtf 

^  fl  /     A         /       /       /    .  /  /        /    -  -^    r     '^        yl/î    "^ 

F  >IJ5  •   \uAexf  Acnrrvibrif  AAnvLTmAnr fê- deum  •  ivl A. 

Trcipaircoù  lo  texte  liturpiquc  est  écrit  en  capil;ih;s  et  le  Tropc  on  miiuisculcs  (  Bibl.  de  Saint- Uall ,  376,  p.  39). 

—  Cet  Hodie  canlandxis  oiTre ,  n  partir  lio  la  lipnclO,  une  version 

(lui  ne  concorUe  pas  avec  le  manuscrit  iSi  précédemmcnl  cité  (p.  62). 


l'iO  [IISTOIIU';    l>K    LA    l'OKSIE    ]ATV\U\\(jVE 

Les  Tropes,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  ne  sont  pas  dori- 
ginc  romaine:  car  il  n'est  pas  un  livie  ponlificalemont 
romain  qui  en  porte  la  trace  authentique.  J'admets  que 
certains  papes  ont  pu  donner  quelque  encouragement 
à  cette  dévotion,  mais  il  y  a  loin  de  là  fi  l'adopter 
officiellement.  Sous  le  pontificat  de  Paul  III  \  on  trouve 
dans  le  Missel  romain  imprimé  à  Lyon  quelques 
Tropes  du  Kyrie,  du  Sanctus  et  de  VAgnus  Dei  -;  mais 
ces  Tropes  sont  précédés  de  cette  rubrique  extrêmement 
précieuse  et  dont  tous  les  mots  méritent  d'être  sou- 
lignés :  «  Sequuntur  devota  verha  super  Kyrie  eleyson, 
Sanctus  et  Agnus  Dei,  ibi  oh  nonnullorum  sacerdotum 
pascendam  devotionem  posita,  licet  non  sint  de  ordi- 
NARio  RoMAN.E  EccLESLE.  »  Et  notez  quc  cotto  rubriquo 
significative  est  antérieure  à  la  grande  réforme  de  la 
liturgie  romaine  qui  suivit  le  concile  de  Trente. 

Si  mince  d'ailleurs  qu'ait  été  cette  tolérance  du  sou- 
verain pontife,  les  liturgistes  de  Rome  ne  tardèrent  pas 
à  se  la  reprocher.  Dans  le  Missel  romain  approuvé  par 
saint  Pie  V,  ces  Tropes  furent  décidément  supprimés 
comme  n'ayant  pas,  dit  Martin  Gerbert,  le  goût  et  la 
saveur  de  l'ancienne  liturgie  romaine  \ 

Non,  non,  les  Tropes  n'ont  jamais  été  admis  par 
l'Église  universelle  :  les  preuves  abondent  et  sura- 
bondent. 

La  meilleure  de  toutes,  ce  sont  les  manuscrits  eux- 

'  lo3'i-1oSn. 

2  Kyrie,  fous  honilatis;  Kyrie  omnipotens  genitor,  etc.  Ce  fait  n'est  pas 
unique  ,  et  plus  d'un  Missel  renferme  les  nu-mes  éléments. 

3  «  Tropi  inler  Kyrie  eleison,  Gloria  in  crcehis ,  Sanctus  et  Agnus  Dei m\^eri 
soliti,  in  Missnli  lîomano  jussu  Pii  V  edito,  ablati  sunt.  quod  priscam  Homanae 
ecclesire  liturgiam  minime  sapèrent.  »  {De  Cantu  et  Musira  sarra ,  I,3-'i6.) Ce- 
pendant il  y  a  certaines  éditions  du  Missel  romain  postérieur,--  à  saint  Pie  V, 
et  môme  à  Clément  VIU,  où  l'on  trouve  encore  les  Tropes  du  Kyrie,  mais 
toujours  avec  la  rubrique  restrictive  que  nous  avons  citée  plus  haut. 


CARACTERES    COMMUNS  A  TOUS   LES  TROPES     141 

mêmes.  Pour  mener  à  bonne  fin  le  travail  que  nous 
offrons  aujourd'hui  au  public,  nous  avons  dû  tenir  entre 
nos  mains  et  analyser  une  cinquantaine  de  Tropaires. 

Sauf  deux  ou  trois,  tous  sont  monastiques.  C'est  le 
cas  de  s'écrier  pour  conclure,  avec  un  de  nos  meil- 
leurs liturgistes  :  «  A  monachis  hic  mos  est  derivatus.  » 

Une  seule  objection,  quelque  peu  spécieuse,  pourrait 
être  opposée  à  la  doctrine  qui  vient  d'être  exposée,  et 
il  importe  ici  d'en  tenir  compte  ou  plutôt  d'en  faire 
justice. 

Il  existe,  à  la  suite  du  Liber  jwntificalis ,  une  Vie  du 
pape  Adrien  II,  qui,  dans  un  seul  manuscrit,  signalé 
par  l'abbé  Lebeuf,  nous  offre,  sur  l'origine  des  Tropes, 
des  particularités  qui  peuvent  à  tout  le  moins  passer 
pour  singulières  K 

Il  n'y  a  que  deux  mots  à  répondre  aux  allégations  qui 
sont  contenues  dans  ce  texte  dont  on  a  exagéré  l'im- 
portance; deux  mots,  mais  ils  sont  décisifs.  Cette  ré- 
daction de  la  «  Vie  du  pape  Adrien  »  n'est  pas  l'œuvre 
d'un  auteur  romain.  Ce  n'est  pas  une  œuvre  du  ixe  ni 
du  xe  siècle.  On  en  doit  la  contexture  et  la  façon  à 
Adhemar  de  Chabannes,  qui  écrivait  au  xie  siècle.  Elle 
n'a  donc  aucune  valeur,  et  l'objection  cesse  d'être  une 
oljjection. 

Mais  même    en    admettant  que    cette  rédaction  fût 


•  Voici  ce  texte  que  nous  avons  dû  citer  ailleurs:  «  Adrianus  papa  C\TI, 
sedit  ann.  V;  natione  Romanus,  pâtre  Julio.  Hic  constituit  per  monasteria  ad 
Missam  niajorem,  in  solemnitatibus  prœcipuis,  non  solum  in  Hynmo  anirelico 
Gloria  in  excelsis  Deo  canere  hyninos  interstinctos  quos  Laudes  appellant,  ve- 
runi  etiam  in  psalmis  Daviticis,  quos  Introïtus  vocant,  interscrta  canlica  de- 
cantare,  quae  Homani  feslivas  laudes,  Franci  tropos  appellant;  quod  interpre- 
talur  fiyuntki  ovnamenta  in  laudibus  JDomini.  »  (V.  l'abbé  Duchesne,  Liber 
potilificalis ,  p.  CLXxxii  et  ss.)  Le  manuscrit  en  question  est  le  Parisinus  2400. 
(Cf.  Lebeuf,  Traité  hislorique  et  pratique  sur  le  chant  ecclésiastique,  1741, 
p.   103  et  ^uiv.;  D.  Guéranirer,  TnstituHons  liturgiques,  2"  cdit..  1.  p.  2G6.) 


14-2         iiisTOiiM':  ni':  la  poksU';  UTUp.iiiQui-: 

authentique,  il  n'en  résulterait  rien  de  contraire  à  la 
thèse  que  nous  avons  soutenue. 

Il  y  est  dit  qu'Adrien  encoin^'igea  les  tropistes  et  les 
Tropes  :  Hic  constituit  per  monaderia  ad  Missam  ma- 
jorem ,  in  solemnitatibus  prœcipuis,  etc.  Le  mot  capital 
est  ici  PKR  MONASTERIA,  et  toute  l'action  du  pape  au- 
rait consisté  à  autoriser  le  chant  des  Tropes  dans  les 
seules  églises  monastiques,  dix  ou  vingt  ibis  par  an, 
ù  la  grand'messe.  Rien  de  plus. 

Mais,  encore  une  fois,  ce  texte  no  mérite  aucune 
créance,  et  il  le  faut  rejeter. 

Les  Tropes,  au  reste,  ont  eu  leur  temps  de  vogue; 
puis  ils  ont  un  jour  disparu  comme  ils  étaient  venus. 
La  véritable  liturgie  ne  les  avait  pas  reçus;  les  véri- 
tables liturgistes  ne  les  regrettèrent  pas.  Mais  les  vieux 
livres  grégoriens  résistèrent  :  ils  vivront  toujours. 

Nous  regrettons  que  d'éminents  érudits  n'aient  pas 
vu  ces  choses,  et  aient  été  jusqu'à  attribuer  à  la  Papauté 
une  large  part  dans  Tinstitution  des  Tropes. 

Le  gardien  de  la  liturgie,  c'est  le  Pape.  Il  n'aurait 
véritablement  pas  été  fidèle  à  sa  fonction,  s'il  avait  laissé 
ces  nouveaux  venus  pénétrer  dans  le  corps  officiel  de 
l'Office  divin. 

La  sentinelle  aurait  laissé  l'ennemi  pénétrer  dans  la 
place. 

Elle  n'a  pas  manqué  à  son  devoir  :  elle  a  veillé. 


Un  second  caractère  distinctif  des  Tropes  est  l<'ur 
allure  et  physionomi(^  joyeuse,  et  c'est  par  là  qu'ils  res- 
seml)lent  aux  «  Séquences  »  de  rAlleluia.  Ils  apparais- 


CARACTÈRES  COMMUNS  A  TOUS  LES  TROPES     143 

sent  toujours,  dans  la  liturgie,  comme  un  signe  de  joie. 
On  les  interrompt,  tout  comme  les  Proses,  durant  les 
époques  de  pénitence,  et  c'est  à  peine  si  l'on  découvre 
alors  dans  nos  Tropaires  quelques  pauvres  neumes 
sans  paroles. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  qu'on  les  appelle  cantilenœ 
f estivales,  et  cette  expression  est  juste  de  tout  point. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  les  plus  anciens  Tro- 
paires de  Saint-Gall  annoncent  clairement,  en  leur 
rubrique  première,  que  les  tropi  carminum  sont  faits 
pour  être  chantés  les  jours  de. fêtes,  «  in  diversis  festi- 
vitatibus  canendi';  »  et  je  ne  serais  aucunement  surpris 
que  les  plus  anciens  eussent  été  tout  spécialement  com- 
posés pour  la  fête  très  joyeuse  de  Noël,  et  pour  la  so- 
lennité non  moins  joyeuse  de  l'Epiphanie,  en  pleine 
allégresse  de  la  crèche,  des  bergers  et  des  mages. 
Ce  que  l'on  peut  affirmer  à  coup  sûr,  c'est  que  les 
Tropes  de  cette  époque  de  l'année  liturgique  sont,  à 
beaucoup  près,  les  plus  nombreux  dans  la  plupart  des 
Tropaires.  On  ne  saurait,  h  tout  le  moins,  leur  com- 
parer que  ceux  de  Pâques  et  de  la  Dédicace. 

En  revanche,  depuis  la  Chandeleur  jusqu'à  la  Ré- 
surrection, on  fait  un  bond,  et  un  bond  qui  est  énorme. 

C'est  que  la  Septuagésime  est  venue,  et  avec  elle  les 
adieux  à  l'Alleluia.  Plus  d'AUeluia,  plus  de  joie,  plus 
de  Tropes. 

Et  désormais  l'on  n'en  entendra  plus  jusqu'à  l'ex- 
plosion de  la  grande  joie  pascale,  jusqu'à  ce  cri  so- 
lennel :  Salve,  festa  dies,  toto  venerabilis  sevol 

On  ne   saurait   demander  aux    Tropes   d'être  aussi 

1  Bibl.  de  Saint-Gall,  376,  p.  39.  Ce  manuscrit  est  regardé  par  M.  Weale 
comme  étant  du  x'  siècle. 


l/|/i  IIISÏOIUK    Iii-:    I.  \    l'OKSIK    [.n  CliClOl   K 

alléluiatiques  «lue  les  Séquences,  lesquelles  sont  le 
propre  commentaire  et  la  glose  naturelle  du  rnot 
Alléluia.  Mais  ils  ne  sont  pas  loin  dT-tre  aussi  joyeux, 
et  c'est  d'eux,  comme  des  Proses,  (jue  parle  sans  doute 
le  bon  Gautier  de  Coincy  rjui  vivait  sous  le  règne  de 
Philip[)e-Auguste  : 

Chantons,  chantons,  clers  et  clergesses, 

Les  délicieuses  kirieles, 

Les  séquences  plaisans  et  helles^ 

Cette  règle,  à  la  vérité,  est  comme  toutes  les  autres, 
et  admet  certaines  exceptions  dont  il  faut  faire  estime. 

Les  Tropes  du  A'i/ne  ne  sont  i)as  des  cris  d'alli'gresse; 
mais  on  respire,  dans  ces  chants  de  déprécation,  cette 
certaine  joie  que  l'on  éprouve  à  espérer  le  pardon  de 
Dieu. 

Les  Tropes  de  l'Avent  *  ne  sentent  pas  l'Alleluia  de  la 
Naissance  ni  celui  de  la  Résurrection;  mais,  après 
tout,  l'Avent  n'est  qu'à  moitié  un  temps  de  pénitence, 
et  l'attente  du  Rédempteur  y  donne  à  tous  les  cœurs 
une  joie  contenue  qui  éclatera  dans  la  nuit  de  No('I. 

Le  dimanche  des  Rameaux  ^  est  le  premier  jour  de 
la  grande  semaine  de  deuil;  mais  ce  n'est  pas  une  fête 
uniquement  triste,  et  YHosanna  y  retentit  tout  près  du 
Crucifige  eum. 

Il  ne  reste  donc   à  signaler   (pie  les  tropi  lidjubres 


1  Ediliuii  lVu[ucl,  Oui.  Go7  ou  Go9. 

-  Ms.  d'Oxford,  Douce.  222,  f'  3  r»,  etc.  Ces  Tropes  «ont  rares  et  iraiïeclenl 
guère  que  le  |ircinier  dininuche  lie  l'Avent,  le  dimanche  .!</  le  Icravi.  Il  faut. 
d'ailleurs,  observer  qu,'  le  temps  de  l'.Vvenl  a  comporté  des  Proses  (Sains 
sctcnia  y  Reynanlcm,  Qui  fegis,  JttbiU'itms).  Ces  Proses  sont  courtes  et  res- 
semblent aux  Tro|)es  comme  facture  de  texte  et  de  chant. 

3  Londres.  Cotlonien,  Calivrula,  A  xiv,  f»  12  v;  Home.  Victcr- Emmanuel, 
13i3,  f"  28  r". 


CARACTÈRES  COMMUNS  A  TOUS  LES  TROPES      145 

dont  parle  Rupert  S  et  quelques  Tropes  sans  paroles 
dont  on  a  égayé,  mais  fort  rarement,  les  rudes  austé- 
rités de  l'antique  Carême  K 

Ici,  comme  partout,    les   exceptions   confirment  la 
règle. 

>  «  Qui,  exstinctis  luminaribus,  in  ipsis  tenebris,  prœcmentibus  cantoribus  et 
choro  respondente,  flebili  niodulatione  decantantur,  incipientibus  a  Kyrie,  elei- 
son. ^^  {De  cUvinis  Officiis,  lib.  V,  cap.  xxvii.)  =  Il  convient  ici  de  n'excéder 
en  rien,  étant  donné  le  sens  très  général  de  trophi ,  qui  signifie  cantiis,  me- 
lodise. 

2  Bibl.  de  Saint-Gall,  381,  p.  243,  etc. 


I  -  lU 


CHAPITRE  XII 


DEUX  PÉRIODES  DANS  L'HISTOIRE  DES  TROPES 
—  LEURS  CARACTÈRES  DISTINCTIFSi 


L'histoire  desTropes  se  divise  en  deux  époques,  dont 
chacune  a  ses  caractères  propres,  et  que  l'on  peut  aisé- 
ment distinguer  l'une  de  l'autre. 

t  ÉTAT  COMPARATIF  DES  TROPES  DE  LA  PREMIÈRE 
ET  DE  LA  SECONDE  ÉPOQUE 

I.  Tropes  de  l'Introït.  —  Première  époque.  —  L'Introït  est  alors  interpolé 
phrase  par  phrase,  tantôt  en  hexamètres  (type  A)  qui  sont  rarement  assonan- 
ces; tantôt  en  prose  (type  B).  —  Pour  chaque  Introït  il  existe  deux,  trois, 
cinq,  dix  Tropes  diirérents.  Cette  abondance  est  tellement  remarquable,  que 
les  anciens  liturgistes  s'y  sont  trompés  et  ont  été  jusqu'à  regarder  les  Tropes 
EN  GÉNÉRAL  commc  l'intcrpolation  du  seul  Introït.  C'est,  en  réalité,  la  partie  de 
l'Office  sur  laquelle  les  anciens  tropistes  se  sont  le  plus  volontiers  exercés.  = 
Deuxième  époque.  —  Les  Tropes  de  l'Introït  sont  alors  très  rares.  On  les  a  rame- 
nés au  système  rythmique,  et  l'on  a  principalement  eu  recours  aux  combinaisons 
du  septenarius  trochaïque. 


Pectore  lauditluo  decantct  mysticusorrtorSu- 
scepimus. 

Cum  te  proferret  Simeon  senilibus  iilnis  In 
medio. 

Virgo  te  gremio  portât  queni  nuindus  ado- 
rat  Secundtim. 

Nam  sicul  est  libi  virtus,  honor,  œtcrna  po- 
testas,  Ha. 

Omnia  quae  constant  tua  sunt,  Dominator,  et 
indc  Juslilia.  (fiibl.  nat.  lat.,  112Û,  f"  3,  vo. 
Purification  de  la  Vierge.) 


Cantemus  omnes  mellifluum  carnien,  fi- 
brarum  ore  psallentes  :  Gaudeamus.  Quia 
hodie  sola  innupta  virgo  Maria  coeios  con- 
scendit,  exultemus  Diem.  Quœ  sola  digna 
est  Regem  cœli  gignere  et  post  partum  virgo 
innupta  manere:  De  cujus,  Cantica  prœdulcia 
summo  Régi  persolvanuis  ovanter  Sub  ho- 
nore, Benedictam  conlaudantes  dominam 
quam  universae  machinœ  niundi  benedicunl 
Etcollaudant.  (Bibl.  nat.  I,it.,  lliO,  fo  54  V". 
Assomption.) 


l/i8 


HISTOIRE  DE  LA   POKSIK   fJïriMilnrE 


La  première  de  ces  deux    ix'riodos  s'étend   ciiviion 
jusqu'aux  années  1070-108U,  et  telle  est  aussi  la  fiatc 


Ecce  regum  Hex  cl  lator 
Lcgis,  virginum  amator, 

Vonict  cum  gaudio:  Ad  te  levavi. 
Hcx ,  dignarc  visitare 
Corda,  mentes,  cl  inundarc 

Tuo  cum  auxilio:  Vias  luas. 


(Ju'\  pir  Flamcn  obumbravil 
Matrem  et  illurniiiavit, 

Sil  laus  l'atri  i-um  l'ilio  :  Gloria  l'alri. 
Virginaliit  aiila:  fructu'*, 
Uui  de  l'atris  arl  nos  ductus 
Ms  regali  •■olio,  Ad  te  levavi. 
[F.ngelberg,  */j5,  fo  bH  ,  xiv«  sR-cle  ;  Gall- 
Morul,  n"  7,  p.  ^.) 


II.  Tropes  du  Kykie.  —  PniiMiÈRE  ÉPOQUE.  —  Chacune  des  neuf  Supplications 
est  alors  précédée  ou  accompa},'née  d'unTrope  très  court,  suit  en  prose  (type  A), 
soit  en  vers,  lesquels  sont  presque  toujours  des  hexamètres  et  qui  sont  rare- 
ment assonances  (type  H).  =  Deuxik.me  époouk.  l'ius  de  Tropes  en  prose. 
Les  hexamètres  sont  rimes,  et  parfois  on  consacre  deux  de  ces  vers  à  chaque 
«cri»  liturgique  (type  G).  On  emploie  volontiers  le  rythme  au  Vu-u  du  mètre, 
et  notamment  le  décasyllabe  rythmique  (type  D),  ou  certaines  combinaisons 
de  plusieurs  rythmes  (ty|)e  K)  qui  donnent  auTrope  du  Kyrie  un  développement 
de  jjIus  en  plus  considérable.  11  est  à  peine  utile  d"ajoutt.'r  que,  durant  celle 
deuxième  époque,  tous  ces  vers  sont  strictement  assujettis  à  la  rime. 


Ttieoricam  praclicamquc  vitam  rcgcns ,  Ueiis 

Pater,  eleison.  Kyrrieleison. 
GeniteqiieCliriste,  qui  es  l'atri  carus,  eleison, 

Kyrrieleison. 
Spiritusque   Paracijlc,    liic    nobis    psallcn- 

tibus  eleison,  Kyrrie. 

Vindex  es  in  malis  cl  largitor  boni,  eleison  : 

Chrisle ,  eleison. 
Tuquc  (|ui,  cum  Paire,  veriia?  ciincla,  Chrisle, 

eleison,  Chrisleleison. 
Cunclorum  es  factor  et  pius  adjutor,  eleison, 

Christe. 

Eia,  nunc,  calcrvalim  dicite  nobis  :  Christe 
eleison.  Kyrrie,  eleison. 

IJl  Dco  piaceamus  nus  modo  canenlcs  eleison, 
Kyrrie,  eleison. 

Cœlicis  sulTragari  gaudiis  œstuans,  plcbs  pro- 
clamai :  Kyrrie. 

Ul  suis  deiiclis  indulgeal  Dcus  Dci  Filius 

El    ul   queal    cœli    gaudia     adipisci ,    dical 
eleison  ,  eleison. 

(Ribl.  nal.  lai.,  10308,  f»  12  v,  13  r".) 


0   Pater   exccise  ,  sinccra    mente    colcnde  , 

eleison.  Kyrrieleison. 
Ingenitus     genitor,    quoquc    pacis  amator, 

eleison.  Kyrrie. 
Parce  luis,  usion,  pie  conditor  orbi*,  eleison. 

Kyrrie. 

Christe,   Palris   genite,   famulorum   rriniina 
terg«,  eleison.  Christe.  eleison. 


C 

Hex  Deus  œlerne,  sine  principio,  sine  fine, 

Kyrie. 
Ordinc  qui  reriim  cursum  facis  cssc  liiennn, 

Kyrie. 
Fons   vita;,  menti  dans  pocula   le  silienM', 

Kyrie. 

Christe ,  sophia   Pain»  et   forma  suae   Dci- 

lalj"«; 
Ipsius  et  verbum,  quod  pro  nobis  caro  fac- 

Uim,  Christe. 
In  le  cum  maci</a  pcccati  non  foret  uUa, 
Legem  sanxi8<t.  lcgis  sancila  subi«(«,  Christe. 
Morle  nccans   morlem,   dcvinccns  in  cruce 

fortem , 
Vitam  dona«/»,  surgens,  el  ad  aslra  IcvoiM*. 

Christe. 

Sacrum  Spiramen,  pcccatorumque  levamm, 

Kyrie. 
Puritica  mentes,  procul  hoslcs  pelle  noom- 

tes  :  Kyrie. 
l'npoquc    pectora,   dcslrue   vincula,   gaudia 

doiut 
In   Paire  Proleqiie    qua  juslis  datur  jcqua 

coTona, 
Ul,  vitœ  munia,  videatur  Trinus  cl  Unuê: 

Kyrie. 

(Bibl.  de  Sainl-Gall,  378,  p.  36-2,  Cf.  une 
autre  version  d'après  un  autre  manuscrit , 
Gall-Morel ,  p.  57,  n»  W.) 


?ummc  Palcr,  summum  Principium,  e. 
Non  nb  ullo  sumens  exordium,  e. 
Crcans  lucem  el  noctis  spatium,  t. 


TROPES  DE  LA  l'"  ET  DE  LA  2''  ÉPOQUE 


149 


que  l'on  peut  scientifiquement  attribuer  au  commence- 
ment  de  la  seconde  époque.   Rien  ne  semblera  plus 


Purifica    mentes,  ceisi  Patris  unica  proies. 

Chrisle. 
Ut    te    laudantes  nitcant    virtutibus  onincs. 

Chrisle. 

Nec  genitus,  nec  ingenilus,  lu  Spiritus  al- 

niiis,  eleison.  Kyrrie,  leison; 
Sed  Patris  et  genitt  vera  communio,  nostrt 

eleison.  Kyrrie. 
Suscipe    devofe  clamantes,  Spiritus,  ad  le, 

eleison.  Kyrrie. 

(Bibl.  nal.  lat.,  10508,  fo  9  v»,  10  ro). 


Christe,  lumen  cœlestis  luminis,  e. 
Christe,  lapsi  redemplor  hominis,  e. 
Mundans  noxas  per  partum  Virginis,  e. 
Ab  utroque  Spiritus  exiens,  e. 
Cum  utroque  cuncta  perficiens,  e. 
Lux  justorum  nunquam  deficiens ,  e. 

(Bibl.  nat.  lat.,  3719,  fo  33  r»  v».) 

E 

Kyrie,  —  Rex  pic,  —  Da  nobis  hodic,  —  Vcniae 

—  Munus  et  gratiœ  :  Eleison. 
Omnia  —  Noxia  —  Depelle  crimina  :  —  Tur- 

pia —  Deterge  vitia  :  Eleison. 
Te  sine,  —  Domine,  —  Caremus    lumine; 

—  Sustine  —  Pro  tuo  nomine  :  Eleison 
Christe,  rector  pr£eclare,  —  Lumen  singulare. 

—  Nos  velis  juvare  :  —  Lumine  —  Nos  tuo 
protège  :  Eleison. 

Jesu,  mundi  lucerna,  —  Tu,  Salus  aeterna, 

—  Duc  nos  ad  superna  —  Gaudia;  —  Nos 
tibi  socia.  Eleison. 

Tu  qui  Patris  es  Verbum,  —  Quicquid  est 
superbum,  —  Quicquid  est  acerbuni , — 
Remove;  —  Nos  tuos  refove  :  Eleison. 

Kyrie,  Spiritus  —  Sacer,  Paraclitus,  — 
Assis  non  invitus,  —  Cœlitus  —  Nobis 
exhibitus  :  Eleison. 

0  rex  clementiae , —  Ignis  justitiœ,  —  Nobis 

.  in  bac  die ,  —  Prospère  —  Da  in  te  gau- 
dere  :  Eleison. 

Flamen  vivificans  ,  — Mentes  mundificans  — 
Et  has  inhabitans ,  —  Gratia  —  Qua  re- 
ples  omnia,  eleison.  Kyrie. 

(Bibl.  nat.  lat.,  1086,  21  bis  \o.) 

IH.  Tropes  du  Gloria.  —  Première  époque.  —  Le  Gloria  est  alors  interpolé 
phrase  par  phrase,  et  ces  interpolations,  généralement  brèves,  sont  tantôt  en 
prose  (type  A,  Laiis  tua),  tantôt  en  vers  (type  B,  Omnipotens  pie).  Nous 
n'avons  pas,  d'ailleurs,  à  entrer  ici  dans  le  détail,  ni  à  signaler  les  Tropes  du 
Gloria  en  distiques  (Laudat  in  eœcelsis)  ou  en  vers  plus  ou  moins  régulière- 
ment assonances  (Bex,  tibi  laits  celsis),  etc.  Ce  ne  sont  là,  à  vrai  dire,  que 
des  exceptions  ou  des  raretés  sur  lesquelles  nous  aurons  à  nous  étendre  dans 
le  chapitre  spécial  consacré  aux  Tropes  du  Gloria.  =  Deuxième  époque.  —  On 
n'a  pas  écrit,  à  la  seconde  époque,  de  Tropes  du  Gloria.  Ceux  de  la  première 
période  ont  alors  continué  de  jouir  de  la  faveur  des  monastères  ou  des  églises 
séculières.  On  n'a  pas,  en  d'autres  termes,  éprouvé  le  besoin  d'en  composer 
de  nouveaux. 


Gloria  in  exKUis  Deo ,  el  in  terra  pax  hominibus  bonx  voluntatis.  Laus  tua,  Dcus, 
rcsonet  coram  te,  Rex;  laudamus  te.  Qui  venisti  propter  nos,  Rex  angelorum,  Deus,  Bene- 
dicimus  te.  In  scde  majeslatis  tuœ,  Adoramiis  te.  Gloriosus  es,  Rex  Israël:  in  tlirono 
Patris  lui,  Glorificamus  te.  Qui  unus  idemque  es,  veneranda  Trinilas,  Gro/ias  agimus 
tibi,  propter  magnam  gloriam  tuam.  Propter  miindum  redimendum  et  hominom  digna- 
tus   fuisli  de  cœlis  in   terris  descendere.  Domine  Deus.  Redemplor  Israël,  Qui  tollis.  Par- 


150  IIISTOIHK    l>K    LA    l'OKSli;    I,  I  T  T  li  (  i  I  n  I  '  K 

clair.  Mais  quoi  est  donc  IV-véncmeiit  iinpoituul,  au 
point  de  vue  littéraire,  (|ui  s'est  produit  en  France 
durant  ces  dix  années  1070-1080? 

vulus  nalus  in  orlin,  qiiani  mnpniis  es  in  poli  nri-c!  Qui  tollxt.  Orinstiiim,  torrci^lrium  et  in- 
fcrnoriiin  rex ,  Qui  scdeg.  (Jiii,  i)ictal(;  polli^ns  ,  (ll.•^>f•(;nllis^i  ail  n)i«iTi>s  Qxioniavi.  Omnifio- 
Icns  fillissimc,  Vcrbimi  l'alris  i:t  ^i-iiilc,  aiixiliaro,  l><im\u<'.  Je  tu.  fllro  inorUli  iJominutn 
indulum  carne  prcccniur  Cum  sancto  Spiritu.  (Bibi.  nal.  Iat.,11'^0,  f"  83  v",  8i  r»,  clc.  elr.) 

B 

(imnipotnns  |iie  rox ,  qncm  laiidal  spiritus  omni? ,  iMudatnu*  te. 
Coni[)laciiil  tit)imct  mortem,  rox,  jure  pubire  :  Denedicitnus  le. 
Ablalo  lelo,  vitam  porfundis  lioncslam  :  Adoramus  te. 
Glorificant  Icmct  mites  in  tcniporc  voccs  :  Gloriflcamxis  <«. 
Qui  régis  aclus  sempcr  pratantor  liuniano?  :  Gratias. 
Cœloruni  sislis  factor,  tclluris  cl  aiiclor,  Domine  Dcus. 
Es  tu  principium  cunclariim  congrue  rcruni,  Domine  fiti. 
Tu  rcctor  milis  per  saecula  cuncta  niancbis,  Jesu. 
Quem  cecinil  Johannes  in  clauso  viscère  niatris,  Agmis. 
Tu  nobis  aperis  cœlestia  régna,  redemplor.  Qui  toUis. 
Protège  servorum  ciementcr  corda  tuorum.  Qui  sedes. 
Cuncta  régis,  o  lu,  pie  rex,  cl  cuncta  gubcrnas,  Quoniam. 
Poscimus  ecce,  paler;  pcllas  delicla  potentcr,  Jesu. 
In  deitatc  niancns  procciarus  ubiqiic  redemplor,  Cum. 

f  nibl.  nat.  lat.,  Ill«,  f»  71,  1120,  f»  88  r»  et  v.  , 

IV.  Tropes  «  Hegnum  ».  —  I'remièue  lii-oyiE.  —  Ce  Trope  n'est,  comme  on  le 
verra  plus  loin,  que  l'interpolation  d'une  phrase  du  Gloria:  on  en  peut  donner 
le  type  ci-dessous.  ^  Seconde  époque.  —  A  la  seconde  époque,  ce  Trope  a 
complètement  disparu. 

Regnum  tuum  solidum,  —  o  summe  Bone,  prolem  tuam  qui,  indutam  corpore,  — nostra 
salute,  crucifixam  dcvexisli  in  .\rce.  —  Ab  omni  nos,  pie,  delue  crimine,  —  ei  fac  cum  eo 
resurgere,  —  ut  potens   es   in  œternum. 

(Bibl.  nat.  lat.,  1120,  f»  %roet  v».  Le  manuscrit  nous  donne  les  leçons  piœ,  deliue,elc.). 

V.  Tropes  des  Acclamations  (Litaniœ  ou  Laudes).  —  Première  époque.  — 
Ce  n'est  pas  sans  une  très  vive  hésitation  que  nuu>  nous  hasardons  à  voir  dans 
la  pièce  suivante  une  amplification,  une  interpolation,  un  Trope  du  Chrislus 
vincit.  Il  nous  semble  cependant  qu'il  faut,  à  tout  le  moins,  y  voir  une  addi- 
tion qui,  TRÈS  anciennement,  a  été  faite  aux  Litanix,  et  nous  ne  voulons  point 
nous  enciraper  plus  avant  ; 

Auxilium  nosirum,  Christus  vincil.  Forlitudo  nostra,  Cliristu»  vincit.  Prudcntia  cl  tcm- 
perantia  nostra,  Christus  vincil.  Liberalio  et  rcdemplio  nostra,  Christus  vincil.  Murus 
noster  inexpugnabilis ,  Christus  vincit.  Victoria  nostra,  Christus  vincit.  Dcfcnsio  et  rialtatio 
nostra,  Christus  vincit.  Ipsi  soli  imperiuni,  gloria  et  poicstas  por  infinila  sccula  sœculorum. 
Amen.  Ipsi  soli  laus,  honor  et  jubilatio  per  infinila  s.TCula  sœculoruni.  .\nicn.  Ipsi  soli  vir- 
lus  et  fortiludo  et  Victoria  ])er  omnia  ssecula  sœculorum. 

Christus  vincit,  Chrislus  rcgnat,  Christus  imperal  (Iri6u*  vicibu*]. 

Christc,  audi  nos. 

Kyrie,  eleison.  Chrisle, eleison.  Kyrie,  eleison.  {Lilaniir  anonymi  cujutdam  palrit  Sancti 
Gain,  publiée  par  Canisius,  d'après  un  nis.  de  Saint-Ciall  cl  reproduites  dans  la  Patrolo- 
gie,  LXXXVII,  col.  31.) 

Le  manuscrit  dont  il  est  ici  question  n'est  autre  que  le  ms.  331  (p.  5).  Dans 
le  curieux  Tropaire  d'Autun  (Bibl.  de  l'Arsenal.  116U,  f" 22  v)  on  retrouve  ce 
même  dcvelopj>ement  des  Laudes,  avec  quelques  variantes  et  quelques  Accla- 


TROPES   DE  LA  V°  ET  DE   LA  2°  EPOQUE 


151 


Cet  événement,  c'est  le  triomphe  de  la  rime,  qui 
pénètre  alors  presque  tous  les  mètres,  presque  tous  les 
rythmes  de  la  versification  latine. 


mations  de  plus,  au  début  :  Rex  regum,  Christus  vincit,  Christus  re(jnat.  — 
Gloria  nostra,  Christus  vincit,  Christus  régnât.  —  Misericordia  nostra,  Chri- 
stus vincit,  Christus  régnât. — Spes  nostra,  Christus  vincit,  [Christus  régnât], 

—  Auxilium  nostrum,  etc.  Ces  mêmes  amplifications  sont  soudées  au  Christus 
vincit  dans  un  certain  nombre  d'autres  Tropaires.  Encore  une  fois,  ce  ne  sont 
pas  là,  d'une  façon  assurée,  des  Tropes  proprement  dits.  =^  Deuxième  époque. 

—  Rien. 

VI.  Tropes  de  l'Epître.  —  Première  époque.  —  Les  Epîtres  sont ,  à  la  pre- 
mière époque,  interpolées  en  prose,  avec  «  prologues  »  et  «  finales  »  en  clau- 
sulse  ou  en  vers  rythmiques  assonances  (type  A).  =  Deuxième  époque.  —  Les 
Épîtres  tropées  deviennent  rares;  elles  sont  alors  interpolées  en  vers  rimes 
(type  B).  11  est  bien  connu  qu'on  a  été  jusqu'à  les  farcir  en  roman.  V.  no- 
tamment Revue  des  langues  romanes,   II,  p.  133,  etc.  etc. 

A  B 

Epistola  in  feslo  sanctorum  hinoccntium. 

Omnis  Chrisli  actio 
Nostra  sit  instrucU'o/ 
Ergo  pangat  haec  \ectio 
Quae  sit  Joliannis  visio. 
Lcclio  libri  Apocalypsis  Johannis  apostoli. 
Qui  mentis  vidil  acic 
Cœlcstis  numen  cur»«. 
In  diebus  illis, 

Dum  quod  ab  œvo  latuil 
Per  Johanncni  paluil 
Revelantem  cœlicà 
Voce  evangalica, 
Vidi,  supra  monlem  Syon,  Agnum  stan- 
tem  : 

Immunem  ab  omni  peccato, 
Communi  sub  peccato  nalo. 
Et  cnm   eo  cenlum  quadraginla  quatuor 
millia,  habentcs  nomen  ejus ,  et  nomen 
Patris  ejus  scriplum  in  fronlibus  suis, 
Qui,  hercdes  Christi  constituai, 
Legcm  sui  calicis  sunt  consecuii. 
Et  audivi  vocem  de  cœlo,  tanquam  vocam 
aquarum  inuUarum. 

Sanctimoniam  Diviniiah's 
Vociferan/em 
In  sedeque  Tiailatis 
Agnum  magnificaniem. 
Et  vocem  quam  audivi,  sicut  citharxdo- 
rum  citharizantium  in  ciiharis  suis, 
Quia  cœlesti  muncrc  (vcli 
j'Etcrno  gaudio  sunt  rcplcti. 
Et  canlabanl  quasi  canticum  novum  ante 
sedem ,  et  anle  quatuor  animalia,  et  se 
niores 

Hymnum  et  glortani, 
Salutcm  et  victortam. 


Epistola  in  Natale  Domini  vel  in 
Circumcisione, 
Laudcm  Deo  dicam  per  sœcula, 
Qui  me  plasmavit  in  manu  dextera 
Et  rcformavit  cruce  purpurea 

Sanguine  nati. 
Ab  ortu  solis,  orbis  per  ciimata, 
Usque  ad  mundi  partes  occiduas. 
In  laude  ejus  clamorem  excitot 

Leclio  Ysaiee  prophètes,  In  qua  Christi 
lucida  valicinatur  nativitas.  Haec  dicit  Domi- 
nus  Pater,  Filius,  sanctus  Spiritus  :  Popu- 
lus  gentium  Qui  ambulabat  in  tenebris, 
Quem  creasti,  quem  fraude  subdola  hostis 
expulit  Paradiso,  Vidil  lucem  magnam. 
Fulserunt  et  immania ,  nocte  média ,  pasto- 
ribus  lumina  Habitantibus  in  regione 
umbrcB  mortis.  Lux  sempiterna  et  redemp- 
tio  vere  nostra  Orta  est  eis.  0  mira  geni- 
tura!  0  proies  gloriosa!  o  stupenda  nativi- 
tas !  Parvidiis  enim  natus  est  nobis , 
Magnus  hic  erit  Josus,  Et  Filius  Patris 
summi  Datus  est  nobis  Ab  arce  summa, 
Et  factus  est  principalus  super  humerum 
ejus  Ut  cœlos  régal  atque  arva.  Et  vocabi- 
tur  nomen  ejus  :  Messias,  Sothcr,  Emma- 
nuel, Sabaoth,  Adonay,  Admirabilis ,  Radix 
David,  Consiliarius  Dci  Patris  qui  creavit 
omnia,  Deus  forlis  ,  Pulchre  dœmonum  cas- 
tra purimens  tcterrima,  Pater  futur i  sœculi , 
Rex  omnipotens,  Princeps  pacis.  Per  sœ- 
cula sempiterna  AluUiplicabitur  ejus  impe- 
rium,  In  Jérusalem,  Judaca,  sive  et  Sa- 
maria;  Et  pacis  non  erit  finis  Hic  cl  in 
aevum.  Super  soliuvi  David  et  super  re 
gnum  ejus  sedebit,  Et  regni  meta  sui  non 
erit  aliqua,  Ut  confirmet  illud  et  corroboret 


lo2 


HISTOIRE   DE   F. A    l'OKSIK    I,  I  T  nuilOIJ  K 


Qu'est-ce  donc  à  proprciiuiit  jiarlci-  (jiic  lu  rime  dans 
les  documents  latins?  C'est  une  consonance  qui  atteint 
non  seulement  toute  la  dernière  svllahe,  mais  encore 


In  fidci  pignorc,  In  judicio  el  jiulitia, 
.ludcx  cum  vcncrit  judicarcsacculum.  Amodo 
illi  dcbctur  gloria  ,  laus  el  juldlalio  El 
usque. 

Scmpcr,  o  pic,  succurre  calervas 
Noslrœ  in  laude,  lîcx ,  lui  conjuncla;, 
Qui  virginc  in  lomporc  maire, 
Complcxibus  nalus  maris  absque, 
Morlis  dodisli  prclio  lua;,  nos  i)Ossc 
Cœlicolarum  inessc  dignos  glorifls, 
Quorum  vcre  es  in  sempilernum. 

(Bibl.  nat.  lai.,  1086,  fo  128  r».  —  Le  texte 
ainsi  interpolé  est  d'Isaïc,  ix  ,  2-7.) 


A'<  nemo  paierai  dicere  canlicum ,  ni»i  iUa 
cenlum  r/uadraginta  qualuor  millia,  t/ui 
empli  êunl  de  lerra, 

Quorum  corj^ra ,  morte  cruentafa , 
Sacriflcium  Dco,  sunt  immolata. 

Kl  qui  de  terra  empli 
Sanguine  ipsius  suiil  rciiempli. 
lia    sunl    qui    cum    mulieribut    non   êuul 
coinf/uinali  :  virgineê  enim  tunl. 
Hii  sunl  qui  raslitalis  norem  ab  illcrcbris 
mundi  cl  deliciis  crebris  convcrtcrunl  in  di- 
vinitatis  amorem. 

Iliiècculisunl  ('^\r]Agnum  quocumque  ieril. 
Animi  inlcgrilale 
Perferla  carilaU 
Ac  corfioris  sinrcritale. 
lia  empti   iunl  ex   hominibut ,  primilix 
Deo  el  Agno; 

llos  sibi  dcxtcra  Patri* 
Uelegit  pugiles  Ecclesiac  ma(ri«; 
Et  in  ore  ipiorum  non  esl  invenlum  men- 
dacium , 

Quia,  gralia  Dei  amplcia(«, 
Ipsius  monilis  ncqucunl  cssc  fruslro/t. 
Sine  macula  enim  sunt  anl«  Ihronum  Dei. 
0  dulcis  conlemp<aJio, 
.Miranda  Tclatxo! 
Slupcl  nalurx  rad'o 
Quod  Deitali*  aciio 
In  carne  sil  loçalio. 
Hujus  a[iproba<io 
Esl  Agni  reveiad'o. 
Hinc  Dei  incarnaMVj 
Nostra  sit  salvad'o.  Amen. 
(Bibl.  de  SainlCall ,  382,  xiii«  siècle,  p.  93. 
—  Le  texte  ainsi  interpolé  esl  de  VApo- 
calxjpte    de  saint    Jean,    xiv,    1-5.   A    la 
25«  ligne,  Divinilalit  est  douteux.) 

VII.  Tropes  de  l'intérieur  du  Graduel.  —  Première  époque. —  a.  Les  pro- 
sulx  de  l'intérieur  du  Graduel  (nous  donnons  à  ce  dernier  mot  le  sens  que  nous  lui 
avons  attribué  p.  H)  remontent  aux  premiers  temps  de  rinvention  des  Tropes. —  b. 
C'est  à  Saint-Gnll  que  l'on  en  a,  sans  doute,  conçu  la  première  idée. —  r. .\.Saint- 
Gall,  et  surtout  à  Saint- Martial,  ils  forment  un  groupe  à  part  avec  cou.\  de  l'OITer- 
toire  «  à  versets  ». —  d.  C'est  le  mot  «  Alléluia  »  qui  nous  permet  do  les  dislinpuer 
sur-le-champ  de  ces  Tropes  de  l'OITerloire,  avec  lesquels  ils  sont  presque  tou- 
jours mêlés  en  une  série  spéciale.  — e.  Les  Tropes  de  l'intérieur  du  Graduel  .lont 
de  deu.x  sortes,  ou,  pour  parler  jdus  net.  il  y  en  a  deu.\  qu'il  faut  savoir  distinguer 
l'un  de  l'autre.  — f.  Le  premier  de  ces  deu.\  Tropes  était  chanté  immédiatement 
après  cet  Alléluia  qui  précède  le  Verset  alléluiatique  ;  le  second  est  une  interpo- 
lation de  ce  verset  alléluiatique  lui-même,  dont  il  reproduit  en  effet  el  com- 
mente tous  les  mots.  —  g.  Nous  donnerons  ici  comme  exemple  le  Verset  allé- 
luiatique du  troisième  dimanche  après  Pâques  : 

Alléluia,  y.  Dicito  gfntibxts  quia  Dominus  regtiavit  a  ligno. 


ÏROPES  DE  LA  1"=  ET  DE  LA  2"  ÉPOQUE     lo3 

la  voyelle  de  la  pénultième  syllabe  et  «  tout  ce  qui 
suit  cette  voyelle  ». 
Avant  la  rime ,  les  vers  avaient  conservé  la  physio- 

El  voici  maintenant  le  même  Verset  tropé.  Ici  encore  le  tropiste  n'a  fait  qu'ajouter 
des  paroles  aux  vocalises  grégoriennes.  La  théorie  des  mélodies  préexistantes  trouve 
son  application  non  seulement  dans  les  Séquences ,  mais  dans  un  certain  nombre 
deTropes,  et  Ton  peut  aller  jusqu'à  dire  que  c'est  un  système  prt'S(/i<e  général. 

Alléluia.  Laudetur  omnis  tibi  caterva  a  cunctis,  potens  qui  condidisti  cœlorum  asira  et 
régnas  per  saecula.  Dicile  genlibus  quia  Dominus  regnavit  a  ligno.  Dicite ,  concuncti 
et  psallite  in  genlibus  quia  mngna  Doniini  clementia,  suis  respiciens  ovibus,  regnavit 
omnia  et  imperavit  a  ligno,  proprio  Filio  suo  crucifixo  qui  surrexit  et  sedet  in  trono,  de- 
conculcalo  Zabulo.  (Bibl.  nat.  lat.,  1338,  fo  107  ro.  Cf.  117  ro  :  texte  détestable.) 

Après  quoi  l'on  chantait  le  dernier  Alléluia  du  Graduel  et  la  Prose. 

De  ces  deux  Tropes,  le  premier  {Laudetur)  est  toujours  un  commentaire  de 
l'AUeluia  ;  le  second  {Dicite, concuncti),  qui  est  souvent  précédé  de  cette  rubrique  : 
Ad  versum,  n'est  autre  chose  que  le  Verset  alléluiatique  interpolé  ou  «  farci  ». 

La  théorie  qui  précède  va  nous  aider  à  comprendre  le  sens  exact  de  quelques 
pièces  fort  anciennes  que  nous  trouvons  dans  nos  Tropaires  (même  dans  ceux  de 
Saint-Gall),  et  qui  pourraient  embarrasser  un  jour  les  historiens  de  la  liturgie.  Il 
s'agit  notamment  de  cinq  pièces  qui  sont  simplement  intitulées  :  1°  Vox  exulta- 
lionis;  2°  In  ve)'itate;3°  Sicut  cedrus;  4°  In  lomjitudineni  dienun;^°  Et  Veri- 
tas ejus.  Deux  de  ces  pièces  (n«  1  et  4)  sont  des  Tropes  de  l'OfTertoire,  et  nous 
y  reviendrons  tout  à  l'heure;  mais  les  trois  autres  (n«  2,  3  et  5)  sont  des 
Tropes  de  l'intérieur  du  Graduel,  et  nous  allons  le  faire  voir. 

1°  Vox  exxdtationis...  in  tabèrnaculis  n'est  autre  chose  que  le  Verset  alléluia- 
tique du  jour  de  la  Dédicace.  Ce  Verset  a  été  particulièrement  célèbre  et  a  servi 
de  thème  à  un  Trope  non  moins  connu.  Voici  tout  d'abord  le  Verset  lui-même: 
«  Alléluia.  Vox  exultationis  et  salutis  in  tabernaculis  justorum.  »  Sur  la  voyelle  a 
du  mot  tabernaculis,  on  exécutait  un  jubilus  ou  des  vocalises  très  étendues.  Et 
maintenant  voici  le  Trope  :  «  Vox  exultationis ,  et  salutis,  et  lœtse  jucunditatis, 
eeternœ  juventutis.  In  tabernaculis  justorum  pax,  [lux]  jucundaque  lœtitia.  Gau- 
dentes  lœtentur  omnes.  Jubilant  juvenes,  senes,  sedulo,  dulcibus  cantibus,  in  habi- 
tationibus,  in  tabernaculis  justorum.  i)  (Bibl.  nat.  lat., 1118,  fo  126  \°.  Cf.  le  ms. 
de  Saint-Gall,  378,  p.  373,  xin«  siècle,  qui  ofTre  des  variantes  notables.)  Etc.  etc. 

2»  7/1  veritate.  Au  Graduel  du  mercredi  des  Quatre  -Temps  après  le  3«  di- 
manche de  l'A  vent,  on  dit  le  verset  suivant  :  «  Prope  est  Dominus  omnibus 
invocantibus  qui  invocant  eum  in  Veritate  »  (avec  des  vocalises, -avec  un  jubi- 
lus fort  développé  sur  ce  dernier  mot).  De  là  la  pièce  intitulée:  «  Super  jubi- 
lum  In  veritate:  Quem  œthra.  »  (Saint-Gall,  360,  p.  30;  381,  pp.  493-496,  etc.) 

3°  Sicut  cedrus.  C'est  le  Verset  alléluiatique  «  in  natale  unius  martyris  seu 
confessons  ».  —  «  Alléluia.  Justus  ut  palma  florebit,  et  sicut  cedrus  mul- 
li|)licabitur.  »  Un  long  jubilus  était  chanté  sur  l'e  de  cedrus.  Voici  le  Trope 
qu'on  avait  ajouté  à  ce  verset  :  «  Alléluia.  Et  sicut  liliorum  candor  in 
gloria  splendebit  coram  Chrislo  beato,  —  Et  ceu  rosarum  pulchritudo  rutilât 
in  magno  décore  ,  —  Et  sicut  arbor  odorem  —  Quse  vocitatur  nomine  ce- 
drus. »  (Einsiedeln,  121,  x«-xr  siècles,  à  la  suite  des  Séquences  de  Not- 
ker.  Dans  ce  manuscrit,  ce  même  Trope  est  accompagné  de  deux  autres  : 
Omnes  gentes  et  Lœtemur  gaudiis,  que  Gall-Morel  a  imprimés  avec  le  pré- 
cédent, sans  les  distinguer  l'un  de  l'autre;  p.  30,  n»  49.)  =  Deuxième 
Éi'OQLE.  Les  prosulai  «  de  l'intérieur  du  Graduel  »  sont  alors  presque  uni- 


i:;'i  IIISÏOIHK   I)K   I,  \    l'OKSIi:   I.ITri!(i|nIJE 

nomic  antique  :  louL  au  plus,  (Haieut-iJs  sfjuiui.s  à  ia 
loi  de  l'assonance.  Or,  l'assonance  atteint  seulement  la 

vcrsollcment  abandonnées.  Néanmoins,  à  Hainl-Gall,  on  en  fabriquait  encore, 
au  XIII"  siècle,  on  vers  rimes.  Telle  est  la  prosula  suivante,  à  l'honneur  de 
saint  Jean- Baptiste,  que  nous  citons  ici  sous  toutes  réserves  : 

[AlUiluia].  Aurcolain  irinam  fers:  a-gris  fi;r  incdicinam.  Allcliiia. —  Saiirti  Johannis  Hap- 
listre  —  Coffla  nfislra  niundi:t  [lettd'o —  Kl  ad  ti:  [lordiiral,  CUriatir ,  —  Al)<»f|uc  pecoati  vi7io, 

—  V^gua.  L'l)i  roKii.'i';  ciiiii  j-'loria.  a.  —  y.  'l'ilii  d<rii>i,  laiis,  honor,  |>')te«la>< ,  viclorta.  a. 

—  y.  Feslum  recolen/es  —  Tui  l'rœcursorig  —  y.  El  le  runiilenUs  —  A  via  erron»  a.  — 
y.  Duc  sine  siipplicio,  a. —  Chorus.  Absquc  peccali  vt7to.  (tJilii.  de  Saint -Gall,  382, 
xiii»  siècle,  p.  78.  En  lèle  on  lit:  »  Priiisquam,  etc.  Super  Alléluia.  »  Le  manuscrit  porte  : 
«  Et  ad  le,  Christe,  pcrducat,  »  cl  plus  loin  :  «  Suplucioi».  ) 

VIII.  TiioPES  ad  ou  ante  scqucnliam. —  Piucmière  kpooi'e.  —  L'n  Trope  aphès 

l'aLLEI.UIA    qui    l'IllîCÈDE    LE     VEHSET     AIXÉl.UIATIQUE  ;     UU      autre     Trope     IiANS     CE 

VERSET,  et,  enfin,  ce  vaste  Trope,  la  Séquence,  ouï  vient  après  le  dernier  Allé- 
luia du  Graduel  :  c'était  beaucoup,  ce  semble.  Les  Iropistes  cependant  ne  se 
sont  pas  tenus  pour  satisfaits,  et  ont  imaginé  un  Trope  avant  i.a  séquence, 
ante  ou  ad  sequentiam.  Ils  ont  eu,  du  moin>,  la  |)udeur  de  le  faire  très  court. 
=  La  place  de  ce  Trope  est  facile  à  déterminer.  On  le  chantait  avant  le  dernier 
Alléluia  du  Graduel.  =  On  peut  se  demander  si  ce  Trojie  n'est  pas  le  même  que 
le  Trope  ad  t'ersum  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  La  différence  est  sensible. 
Le  Trope  ad  version  n'est  autre  chose  que  le  Verset  alléluialique  interpolé  presque 
mot  par  mot,tropé,  farci;  tandis  que  le  Trope  ad  sequentiam  est  une  introduc- 
tion à  ce  dernier  Alléluia  du  Graduel  qui  va  servir  de  thème  et  de  préle.\te  à 
la  Séquence. =  Types  duTro[)e  ante  sequentiam.  »  Ante  sequencia  {sic)  :  Christus 
surrexit  a  mortuis,  mortis  confractis  vinculis  ;  gaudentes  angeli  vocem  in 
altissimis  proclamant,  diccntes  Alléluia.  »  (IJibl.  nat.  lat.,  H20,  f">  22  v«;  1240, 
f"  31.  Le  même  se  trouve  dans  le  ms.  1121,  f»  13  v°,  avec  les  mots:  Ad 
seq[entiam];  ce  qui  prouve  que  ad,  ici,  égale  a«<e.)  =  Autre  :  .1'/  sequentiam. 
«  0  dux  Magorum,  tibi  sit  laus,  gloria,  jucunditas  sempiterna.  .Nos  quoque, 
omnes  dicamus  :  Lia.  Alléluia.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  f»  9  \°.)  =  .\u  lieu  des 
mots  ad  seq.,  on  emploie  ]iarfois  le  mot  ad  prosa'jn].  Ex.:  «  Ad  prosai  m].  Christus 
apostolico  Martialeni  culmine  compsit  :  —  Laudibus  angelicis  nos  inde  canamus 
ovanter.  Alléluia.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  1119,  f"  GO  r».)  Ce  dernier  Trope,  comme 
on  le  voit,  est  en  vers.  —  Deuxième  époque. —  Ce  Trope  n'a  point  persisté. 

IX.  De  la  Prose  ou  Séquence  considérée  comme  un  Trope. —  Première  époque. 

—  Nous  avons  l'intention  de  consacrer  aux  Proses  tout  un  volume  de  notre 
Histoire  de  la  poésie  liturgique,  et  ne  voulons  indiquer  ici,  d'une  façon  très 
sommaire,  que  les  grandes  lignes  du  sujet.  =  n.  La  corrélation  évidente 
entre  les  Proses  et  les  Tropes  a  frappé  les  liturgistes  du  moyen  âge,  et  c'est 
ainsi  que  Guillaume  Durand  a  pu  dire  :  «  In  quibusdam  ecclesiis...  in  quibus 
neunia  non  dicilur,...  loco  jubili  et  neumœ  tropiii  et  skquenti.*:  de<-anlanlur.  ■ 
{Balionale,  V.  cap.  ii,  ï?  32,  édit.  de  Lyon,  1576,  f"  216  v»,  217  i-<>.)  =  b.  Un 
certain  nombre  de  Tropes  (ceux  notamment  du  Kijrie ,  de  l'inlérifur  du  Graduel, 
de  rOlîertoire  avec  versets  et  des  répons  de  .Matines)  ont  porté  le  nom  de  prtis<T 
ou  de  prosulx,  et  offrent  encore  une  plus  profonde  analogie  avec  les  Séquences. 
=^c.  A  un  grand  nombre  de  Tropes  (Introït,  Kyrie,  Gloria,  c\.c.)  on  a,  en  outre, 
appliqué  le  système  des  clausulœ,  qui  ont.  deux  par  deux,  le  même  nombre  de 
syllabes,  les  mêmes  pauses,  la  même  notation  musicale.  C'est  une  ressemblance 
de  plus,  et  qu'on  n'a  |)as  encore  ob-ervée,  entre  les  Tropes  et  les  Proses.  =  rf.  Les 
Proses  peuvent  être  considérées  comme  les  Tropes  du  dernier  Alléluia  du  Gra- 


TROPES  DE  LA  V   ET  DE  LA  2"  ÉPOQUE      155 

voyelle  de  la  dernière  syllabe,  «  sans  qu'on  ait  à  tenir 
compte  de  la  consonne  ou  des  consonnes  suivantes.  » 

duel.  =  e.  Elles  n'ont  été  à  l'origine  que  des  paroles  écrites  dans  un  but  mné- 
motechnique, sur  les  mélodies  jubiliques,  sur  les  vocalises  compliquées  de  l'Al- 
leluia,  que  les  chanteurs  ne  pouvaient  graver  dans  leur  mémoire,  mais  qu'avec 
ces  paroles  ils  ont  plus  aisément  retenues  et  plus  correctement  exécutées.  = 
f.  Notker,  moine  de  Saint- Gall,—  le  Notker  qui,  Spirltu  sancto  procul  dubio 
inspirante  (Ekkehard  IV;  Pertz,  Scriptores ,  II,  394),  composa  les  premières 
Proses  parvenues  jusqu'à  nous ,  —  naquit  à  Eligowe ,  aujourd'hui  Elgg,  en  Tur- 
govie.  Il  mourut  dans  son  monastère,  en  912.  =  g.  Les  mélodies  employées  par 
Notker  n'ont  pas  été  empruntées ,  toutes  ,  à  des  sequelie  préexistantes  de  l'Al- 
leluia  :  il  en  a  composé  lui-même  de  nouvelles  ou  s'est  servi  parfois  de  celles 
que  composaient  ses  contemporains.  =  h.  Parmi  les  mélodies  préexistantes 
dont  Notker  s'est  servi,  il  y  en  a  certaines  qui  n'étaient  pas  des  sequelfB  ou  des 
queues  de  Y  Alléluia,  mais  fort  probablement  des  chants  profanes,  tels  que: 
Virrjo  plomns ;  Puella  turhata,  etc.  =  i.  En  résumé,  les  cinquante  mélodies 
de  Notker  peuvent  être  réparties  en  quatre  groupes  :  1"  mélodies  alléluia- 
tiques  préexistantes^  antiques  sequelm  de  l'Alleluia,  ou  j»fe(7f  plus  ou  moins 
modifiés,  avec  l'indication  précise  du  Graduel  auquel  ils  se  rapportent  :  Justus 
ut  palma;  Beatus  vir;  Niniis  honorati,  etc.;  2o  Mélodies  alléluiatiques  où  il 
faut  voir  une  œuvre  nouvelle  de  Notker  ou  de  quelqu'un  de  ses  contempo- 
rains :  elles  sont  généralement  désignées,  dans  les  Tropaires,  par  des  termes 
essentiellement  musicaux;  3"  Mélodies  alléluiatiques  qui  ont  servi  pour  d'autres 
Séquences.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  VEia  recolamus  est  chanté  sur  l'air  de 
VEia  turma  (Saint-Gall,  376,  p.  322,  etc.  etc.);  4»  Mélodies  préexistantes,  mais 
non  alléluiatiques,  comme  Vinjo  plorans,  etc.  =  j.  Si  l'on  étudie  le  texte  d'une 
«  notkérienne  »,  ou  Prose  de  la  première  époque,  on  s'apercevra  tout  d'abord  qu'elle 
est  composée  d'un  certain  nombre  de  paires  de  clausul^  ou  versiculi.  =  k.  Cet 
ensemble  de  clausulse  peut  être,  dans  chaque  Prose,  précédé  d'un  prologue  ou 
entrée,  Qi  suivi  d'une  finale.  =  1.  Les  dausulae  sont,  deux  par  deux,  composées 
d'un  même  nombre  de  syllabes  et  chantées  sur  les  mêmes  notes  :  «  Versus  se- 
quentiarum  bini  et  bini  sub  eodem  cantu  dicuntur,  quia  (ut  plurimum)  bini  et 
bini  perrhytmos  sub  paribus  syllabis  componuntur. »  (Guillaume  Durand,  Ratio- 
nale,  IV,  cap.  xxi,  édit.  de  Lyon,  1574,  f"  123  v».)  =  m.  Un  exemple,  mieux 
que  toutes  les  définitions,  fera  saisir  l'économie  de  ces  Proses  de  la  première 
époque  et  comprendre  pratiquement  ce  que  c'est  qu'une  entrée,  une  finale,  une 
paire  de  clausulse  : 

SABBAT O    ANTE    SEPTUAGESIMAM 

Prologue  ou  entrée.  —  Nostra  tuba 

j  Regatur  fortissime  Dei  dextra  et  preces  audiat  1"?. 

(  Aure  placalissima  et  serena  :  ita  enim  nostra  l"?. 

i  Laus  erit  accepta,  voce  si  quod  canimus,  canal  pariter  et  pura  conscientia.  26. 
■  I  Et,  ut  liœc  possimus,  omnes  divina  nobis  semper  flagitemus  adosse  auxilia.  26. 


Illo  namque  sine  valet  mens  nulla  dignum  sibi  cogitare  et  medilari  liuniana.  27. 
Asta  nobis:  est  via  prœposita;  relinquentes  lalam  quœ  ducit  ad  loca  tarlarca,  î". 


j^    l  Christi  vestigia  scquamur  clara,  et  non  caduoa  gaudia.  19. 
(  Hic  quia  est  vita,  illic  mors  atra,  et  sempiterna  tornienta.  19. 
(0  bonc  Rox,  pie,  juste,  misoricors,  qui  es  via  et  janua,  20. 
(  Portas  regni,  quœsunius,  nobis  rcseres,  diniitlasquc  facinora,  20. 
Finale.  —  Ut  laudemus  Nonien  nunc  luum  atque  per  cuncta  sœcula. 
(Saint-Gall,  37G,  p.  349.  Les  petits  chiffres  placés  à  la  fin  des  clausulx  indiquent  le  nombre 
de  syllabes  dont  elles  sont,  okux  par  »i;ux  ,  composées.  —  Cette  môme  Proso  se  trouve, 
avec  de  notables  variantes,  dans  les  mss.  de  Saint-Martial,  1118,  f»»  201,  887,  etc.) 


loG  IIISTOIHK    DK    I.A    l'OKSlK    M  T  I  "  K  (  i  I  n  T  K 

Mais  de  bons  exemples  vaudront  mieux  que  le  vague 
ou  l'obscurité  de  tant  de  définitions. 

n.  I>a  répctilion  dos  clausulx  n'ÉTAirrAs  u'unk  MÎCK8Hrri';iiiG0L'nF.U8E, et  il  est  un 
cerlain  nombre  de  Séquences  où  l'on  ne  ji^ut  en  consUilfr  la  |)r(!;i^r'ncc.(V.  liartsch, 
p.  18,  et  le  cha|iitre  du  iiiènie  érudit  intitulé  :  Mi'luilicH  sann  rt'ju'tition ,  \>.  20  el 
suiv.)  Guillaume  Durand  dit  que  lu-^  clausulx  vont  ut  plurintuin  deux  {virdeux; 
mais  il  ne  dit  pas  souper  ni  nhifjue.  =  o.  On  peut  signaler  des  Proses  brèves  qui 
ne  présentent  pas  de  rci)Ctition  de  clausulœ  :  Jmus  tibi  sit  (Hchubigcr,  17);  Tu 
rcfjnator  (18);  0  quant  mira  (22),  etc.  =p.  Le  prologue  et  la  finale  sont  quel- 
quefois redoublés;  d'autres  fois,  il  n'y  a  ni  prologue  ni  finale.  (Barlsch,  1.  c, 
p.  29.)  =  r.  Il  existe  quelques  Proses  à  refrain.  (liartsrh,  p.  140.)  =  «.  Les  plcb 
ANCIENNES  Séquenccs  n'étaient  pas  assonancées,  et  Nolker  n'en  a  fait  de  telles 
que  ver.s  la  fin  de  sa  vie  (Bartsch,  p.  130)  ;  mais  l'habitude  s'établit  bientôt  de  les 
assonancer,  principalement  en  a  (à  cause  du  mot  nlleluia).  Suivant  une  loi  qui  est 
jiresque  générale,  la  consonne  qui  .'^uit  Ta  ne  détruit  pas  l'assonance  ([«otentia»/!, 
salvandas,  Bibl.  nal.  lat. ,11:32,  f»  116  v°  :  dixera<,  cognoscam,  ibul.,  116  r';  nuptia*, 
tencbras,  ib.,  f"  121  v";  exultai,  dexlera»i,  1138,  f"  37  v;  vivificas,  furia»,  ib., 
21,  yo;  malitiajH,  ib.,  22  r";  régnai,  ib.,  83,  r»,  etc.  etc.).  =  t.  Les  prosac  do- 
minicales, qui  occupent  dans  nos  Tropaires  une  place  spéciale,  ne  sont  pas, 
comme  on  a  pu  le  croire,  les  Proses  des  dimanches  ordinaires,  mais,  d'une 
fanon  plus  spéciale,  «  celles  des  dimanches  après  la  l'entecôte».  (Bibl.  nat.  lat., 
H21  ;  Deusjiulex,  f"  198  r";  Ornnes  yentes,  ibid.;  Te  decct  Injnmus,  198  v";  In 
te,  Domine,  speravi,  199,  r»;  De  alléluia  l'aratuni  cor,  201  r";  Coacf]ualis,2flO  r. 
Cf.  Bibl.  nat.  lat.,  1138,  f"  129  v»  et  suiv.,  f"  64  v»,  etc.)  =  r.  On  exécutait 
les  prosœ  de  plus  d'une  façon  :  1°  On  chantait,  en  certaines  églises,  la  Sequen- 
lia  toute  seule  et  sans  paroles  d'aucune  sorte  :  c'était  le  système  où  Ton  se 
montrait  le  plus  respectueux  de  la  véritable  antiquité  liturgique.  —  2»  On 
chantait  (et  tel  fut  parmi  nous  le  cas  le  plus  fréquent)  tolte  la  Sequenlia 
avec  TOUTE  la  Prose.  —  3°  On  chantait  enfin  la  Sequentia,  la  Scquela  musicale 
ou  les  vocalises  de  l'Alleluia,  en  y  intercalant  certains  fragments  de  la  Prose. 
Un  demi-chœur,  en  ce  cas,  exécutait  un  fragment  de  la  Sequela  »  sans  paroles  », 
et  l'autre  demi-chœur  lui  répondait  en  chantant  un  fragment  de  la  Scquela  «avec 
paroles».  C'est  d'ailleurs  ce  qui  résulte  très  clairement  d'un  texte  de  Guillaume 
Durand:  «  Quœdam  ecclesia;  pneumatizant  Sequentias  sine  verbis,  alt  saltkm 
AMQuos  VERSUS  EORUM.  »  {Rationalc ,  IV,  cap.  xxii,éd.  de  Lyon,  1574,  (*l20v*.) 
Ces  mots  de  Guillaume  Durand  sont  justifiés  par  la  présence  .  en  nos  vieux 
Tropaires,  de  Mélodies  alléluiatiques  où  l'on  a  intercalé  certains  fragments  des 
Proses  correspondantes.  (Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»  89  v»;  1087,  f-  109  f;  1118, 
f°  133  v»;  1121 ,  f»  Wl  V;  113'i,  f"  107  r»;  lI3o,  f»  o  r*;  1137.  f-  37,  etc.)  Ces  in- 
tercalalions  se  produisent  })rincipalement  dans  les  Séquences  que  l'on  chante  le 
jour  de  Pâques  ot  les  jours  des  grandes  fêtes.  —  4»  On  en  vint,  dans  un  cer- 
tain nombre  d'églises,  à  chanter  alternativement  une  clausnla  avec  les  nf'umes 
el  l'autre  avec  les  paroles  de  la  l'rose.  —  5°  Quand  on  chante  toute  la  Prose, 
elle  est  chantée,  en  certaines  églises,  par  tout  le  chœur  (Sequentia  ab  omni- 
bus decantatur  :  Guillaume  Durand,  Rationale ,  V,  cap.  u,  Jî  32,  éd.  de  Lyon, 
11)76,  {'  267  r°);  en  d'autres  églises,  jvir  deux  chœurs  alternativement  (  Pangai 
chorus  Ai.TERNATiM  clara  modulamina  :  Epislolier  de  Besançon,  Bibl.  de  la  Pro- 
pagande, Borgia,  M  VI,  27,  f»  234).  On  peut  enfin  supposer,  avec  Bartsch, 
que  Yentrcc  et  la  finale  étaient  chantées  jwir  tous  les  exécutants,  el  les  clau- 
sulw  alternativement  par  deux  demi-chœurs:  l'un  d>»  moines,  l'autre  d'enfants. 
—  6"  Nous  n'avons  pas  trouvé  de  document  qui  nous  permette  d'établir  à  quelle 


TROPES  DE  LA  1'"'=  ET  DE   LA  2''  ÉPOQUE  lo7 

Voici  des  vers  assonances  :  «  0  Pater  excelse,  sin- 
«  cera  mente  colende.  —  Ad  casum  {endit  quidquid  na- 

époque  précise  l'orgue  a  exécuté  la  musique  d'une  claimtla  tandis  que  le  chœur 
chantait  la  clausuïa  correspondante.  Nous  avons  un  texte  d'Ekkehard  V,  qui, 
dans  sa  Vita  B.  Notkeri  {Acta  Smictorum ,  t.  I  d'avril,  p.  587),  constate  ce  fait 
important:  «  Jubilus  quem  quidam  in  organis  jubilant;  »  mais,  sur  I'alterna- 
TiON,  l'argument  principal  est  l'usage  actuel,  qui  remonte  à  une  époque  ancienne, 
mais  encore  indécise.  —  y.  On  a  pu  citer  quelques  Proses  en  langue  vulgaire, 
et  l'exemple  le  plus  souvent  invoqué  est  la  célèbre  «  cantilène  de  samte  Eu- 
lalie  »,  où  des  érudits  ont  pu  constater  les  mêmes  lois  que  dans  la  Séquence 
latine 'correspondante.  Dans  le  manuscrit  de  Saint-Gall  o46  (xv  siècle)  on  lit 
deux  Proses  allemandes  :  l'une  (p.l)  sur  l'air  Comjaudent  angelorum;  l'autre 
(p.  29)  sur  l'air  :  Ave  pvseclara.  Mais  ni  la  cantilène  de  sainte  Eulalie,  m  les 
Proses  allemandes  que  nous  venons  de  mentionner,  n'ont  été  chantées,  sui- 
vant nous,  nTCRGiQLEMENT,  ct  l'ou  pcut  les  assimiler,  comme  emploi,  aux  can- 
tiques actuels  de  nos  catéchismes  ou  de  nos  missions.  =  ;.  On  a  fait  des  not- 
kériennes  très  tard;  on  en  a  composé  de  nouvelles  jusqu'au  xv  siècle.  Mais 
on  a  conservé  les  anciennes  plus  longtemps  encore,  et  encore  aujourd'hui  l'Eglise 
chante  le  Victimm  paschali  laudes.  =  Deuxième  époque.  —  A  la  place  du  sys- 
tème des  doubles  dausulx,  qui  est  le  caractère  de  la  première  époque  : 

(  1.  Nunc  gémit  Pharao  sibi  raptos  plaga  mortis  quos  afflixit  vernaculos.  2«. 

I  2.  Nos  autem  referamus  supremo  grates  Régi  qui  nos  redemit  barathro.  2ï. 
on  a  recours  alors  au  système  de  la  versification  rythmique.  — Plusieurs  vers,  plu- 
sieurs combinaisons  rythmiques  (trochaïque,  ïambique,  etc.)  sont  concurremment 
employées  pour  remplacer  l'antique  clausuïa;  mais  la  première  et  la  meilleure  de 
toutes  ces  combinaisons  consiste  dans  l'emploi  du  septenari  «s  trochaïque  rythmique  : 

1.  Ad  honorem  tuum,  Christe, 

Recolat  Ecclesia 

2.  Prœcursoris  et  baptistœ 

Tui  natalitia. 
dont  le  premier  hémistiche  (huit  syllabes  à  pénultième  longue)  a  été  un  jour  très 

heureusement  redoublé  :  ,    ,     ,     . 

i  Sic  de  Juda  leo  fortis , 
(  Fractis  portis  dirœ  mortis, 

Die  surgens  tertia, 
(  Rugiente  voce  Patris , 
"■    \  .\d  supernae  sinum  malris, 
Tôt  revexit  spolia. 
C'est  ainsi ,  c'est  par  ces  paires  de  septenarii  que  les  paires  de  clausulai  ont 
été  principalement  remplacées.  Au  besoin  on  triplera,  on  quadruplera  le  pre- 
mier hémistiche  du  septenarius,  et   l'on   obtiendra    de  la  sorte  des  strophes 
qui  sont  presque  aussi  variées  et  aussi  étendues  que  les  anciens  vcrsiculi. 

—  Les  versificateurs  corrects  de  cette  époque  ont,  dans  le  premier  hémi- 
stiche de  ces  septenarii  trochaïques ,  accentué  les  syllabes  impaires  (1 ,  3,  5,  7) 
et  se  sont  imposé  la  loi  d'établir  toujours  une  pause  après  la  quatrième  syllabe. 

—  La  combinaison  trochaïque  n'est  pas ,  à  beaucoup  près ,  la  seule  qu'aient 
adoptée  les  prosistes  et  même  les  tropistes  de  la  seconde  époque  ;  ils  en  ont 
employé  vingt,  trente  autres  que  nous  aurons  lieu  d'énumérer  ailleurs.  = 
Nous  aurons  peut-être  achevé  de  dire  ce  qu'il  est  indispensable  de  savoir,  en 
ajoutant  que  les  Proses  de  la  seconde  époque  n'ont  conservé  que  bien  irrégu- 
lièrement Ventrée  et  la  finale  antiques,  et  que  l'absence  de  finale  est  le  cas 
le  plus  fréquent.  (Bartsch,  p.  174.)  =  Pour  se  faire  une  idée  juste  des  carac- 
tères qui  sont  particuliers  aux  Proses  de  la  seconde  époque  et  permettent  de  les 


158 


IIISTOIHK    Iti:    I.  A    l'OKSIK   LITIJUmorK 


«  tura  creavi^.  —  ffiiic  lacrymai  manant,   liinc  juste 
«  gaudia  surinant.  » 


distinguer  nettement  d'avec  celles  de  la  première^  douk  allons  placer  en  regard 
deux  des  plus  célèbres  compositions  du  moyon  âge,  consacrées  au  mtîme  sujet  et 
que  l'on  peut  considérer  comme  les  types  fort  exacts  des  deux  «  in-inières  »: 
Type  d'une  Prose  de  la  1"  époque  :        Type  d'une  Prose  de  la  2'  époque  : 

l'^NiUKi:.  Sjiiicli  Spirilus  assit  iiobis  grali.i  , 

l  OuîB  corda  nosira  sibi  facial  haijitn- 
culum,  IM. 
Exfiulsis   indo  cunctia  viliis   .s|)irila- 

iibus.  15. 
Spirilus     alnic ,     illustrator     lionii- 

num,  1*. 
Horridas   noslrœ  mcnlis   j)iirj<a  tonc- 
{     bras.  lî. 

;  Anialor    sancle    scnsatoriim    semper 
\     co^^italuum ,  i*. 

(Infunde  unclioneni   tuani ,   cicmcns  , 
noslris  sensibus.  16. 
Tu    purificator  omnium  flagiliorum, 

Spirilus,  17. 
Purifica  iiostri  oculuni  iiiterioris  lio- 

minis  :  17. 
Ul  vidcri  supremus  Genilor  possil  a 

nobis,  1^. 
Mundicordes  quem  soli  cerncre  pos- 

sunl  ocuii.  la. 
Prophelas  lu  inspirasti ,  ut  praeconia 

Christi  prœcinuissent  inciyla  ;  ïS. 
Apostolos    conforiasli    uli  Irophaeum 

(Christi  per  lolum  mundum  vehe- 
runt.  23. 
/  Quaiido  maciiiiiam  per  Vcrbum  suum 
\  fccit  Deus  cœli,terrae,  marium,  -l. 
J  Tu  super  aquas,  folurus  cas,  numcii 
\     tuum  expandisli ,  Spirilus.  -K 

(Tu  aiiimabus  vivificandis    aquas  fe- 
cundas;  15. 


I. 


II. 


III. 


IV. 


V. 


VI. 


VII. 


VIII 


iTu  aspi 
mines 


rando  das  spirilales  esse  lio- 


IX. 


Tu  divisum  per  linguas  mundum  et 

rilus  adunasli,  Domine;  19. 
Idolâtras  ad  cullum  L)ei  revocas,  ma- 

gistrorum  optinie.  19. 
Ergo  nos,  supplicanles  tibi,    exaudi 

propilius  sancle  S|)irilus,  *i. 
Sine  quo  preces  omnes  cass.-e  credun- 

tur  et  indignœ  Uei  auribus,  il. 
Tu  qui  omnium  sa.Tulorum  sanclos 

lui   numinis   docuisti  inslinclu  am- 

pleclendo,  Spirilus,  30. 
Ipse  hodie  apostolos  Christi  donans 

nuincre  insolito  et  cunctis  inaudilo 

sa;culis,  30. 

Finale.    Hune  diem  gioriosum   fecisli. 
(Mono,  I,  '2J>4,  Reiuers,  1.  c.,  p.  87,  etc.  etc.; 
revu  sur  le  manuscrit  de  Sainl-Gall,   376, 
p.  373,  etc.) 


XI. 


I 
Qui  jiri-KTdis  ab  uiroque» 
Cenitorc  Cenitoque 

l'aritcr,  l'araclilc, 
Kcddc  linguas  éloquentes, 
Fac  ferventes  in  te  mentes 
Flamma  tua  divile. 
II 
Amor  l'atris  Filiiquc, 
r*ar  amborum  et  utriquc 

Com[iar  el  consimilis, 
Cuncta  repies,  cuncta  foves, 
Astra  régis,  ca-Ium  movcs, 
Permancns  inmiobilis. 
III 
l.umcn  carum,  lumen  clarum, 
Internarum  tenebrarum 

Effugas  caligincm; 
Per  te  mundi  sunt  mundati; 
Tu  peccatum,  tu  pcccati 
I)estrui3  rubiginem. 
IV 
V'eritalem  notam  facis 
Et  ostendis  viam  Pacis 

Et  iter  Justitix. 
Perversrifum  corda  vitas 
Et  bonorum  corda  dites 
Munere  scienliœ. 
V 
Te  docente  nil  obscurum  ; 
Te  prœsente  nil  impurum; 

Sub  tua  prxsenlia 
Ciloriatur  mens  jocunda; 
Per  te  laeta,  perte  munda 
Gaudet  conscientia. 
VI 
Tu  commutas  cicmenta; 
Per  te  suam  sacramenla 

Ilabcnt  effioaciam; 
Tu  nooivam  vim  repolli». 
Tu  confulas  et  refellis 
ilostium  nequitiam. 
VII 
Quando  venis 
Corda  lenis  ; 
Quando  subis, 
Atrx  nubis 
ElTugit  obscuritas. 
Sacer  ignis, 
Pcclus  ignis  ; 
Non  comburis, 
Sed  a  ctiris 
Purgas,  quando  visitas. 


TROPES  DE  LA  F"  ET  DE  LA  2"  ÉPOQUE     lo9 

Et  voilà  maintenant  un  vers  rimé  :   «  Vis  cessare 
metum;  sed  mortis  sentio  \etum.  » 

VIII  XI 

Mentes  prius  imperitas  Tu  qui  quondam  visitasti, 

Et  sopitas  et  oblitas  Docuisti,  confortasti 

Erudis  et  excitas  ;  Timentes  discipulos, 

Foves  linguas ,  formas  sonum  :  Visitare  nos  digneris  ; 

Cor  ad  bonum  facit  pronum  Nos,  si  placet,  consoleris 

A  te  data  caritas.  Et  credentes  populos. 

IX  XII 

0  juvamen  oppressorum,  Par  majestas  personaruni; 

0  solamen  miserorum,  Par  potestas  est  earum, 

Pauperum  refugium,  Et  communis  deitas; 

Da  conteniptum  terrenorum  ;  Tu  procedens  a  duobus 

Ad  amoreni  supernorum  Coœqualis  es  ambobus  : 

Trahe  desiderium.  In  nulle  disparitas. 

X  XIII 
Consolator  et  fundator,  Quia  tantus  es  et  talis 
Habitator  et  amator  Quantus  Pater  est  et  qualis, 

Cordium  liumilium,  Servorum  huniilitas 

Pelle  niala,  terge  sordes,  Deo  Patri,  Filioque 

Et  discordes  fac  concordes,  Redemptori ,  tibi  quoque 

Et  affer  prcesidium.  Laudes  reddat  débitas  ! 

(Adam  de  Saint -Victor,  Œuvres  poétiques ,  2e  édit.,  p.  56.) 

X.  Tropes  «  ANTE  EvANGELiuM  »  (appelés  aussi  Conductus).  —  Les  conduc- 
tus  étaient  chantés  pendant  que  l'on  conduisait  solennellement  le  Diacre  vers 
Tainbon,  oîi  il  devait  chanter  l'Evangile.  Ce  Trope,  généralement  à  refrain, 
paraît,  à  première  vue,  une  invention  qui  appartient  à  la  seconde  époque  de 
l'histoire  de  ces  interpolations  liturgiques  ;  mais  il  convient  toutefois  de  se 
rappeler  que  les  antiques  Versus  ante  Evangelimn ,  notamment  ceux  d'Hart- 
mann :  Sacrata  libri  doijmata  (à  refrain),  ont  été,  dès  le  ix»  siècle,  la  véri- 
table origine  des  conductus.  Nous  donnons  ci -dessous  deux  types  très  caracté- 
ristiques et  qui,  bien  qu'appartenant  tous  deux  à  l'époque  de  la  rime,  offrent 
une  physionomie  bien  différente  : 

Type  A  (Noël). 
Laetitiae  studeat  pie  noster  conventus , 
Preecipue  laudibus  summi  Régis  intentus, 
Cui  prœsidens  Artifex  cœlorum  virtutibus 
Visibilem  tcrreis  se  dédit  obtutibus. 

Chorus. 
0  res  alla  nimis,  o  res  mirae  novitatis  ! 

Sufficiens  hominum  salvationi  causa, 
Nascitur  ex  virgine  quae,  porta  semper  clausa, 
Angelicae  titulis  discipliiiae  referla, 
Deo  soli  creditiir  et  signalur  aperta. 

Chorus. 
0  res  alla  nimis,  o  res  mirœ  novitatis  1 

Solempniis  Steplianus  hiis  digne  coaptatur; 
(Juondam  slomachantibus  Judœis  obluctavit. 
Jaclibus  lapidœis  ad  solum  consternatus, 
Orat,  eis  macula  ne  sit  ulla  reatus. 

Chorus. 
0  res  alta  nimis ,  o  res  mirœ  novitatis  ! 


100  IIISTOIHK   DP,    LA    POKSIK   LIT  IJ  FifilO'*  H 

On  nous  demandera  peut-tîtro  où  nous  avons  i)U 
trouver,  pour  la  naissance  de  la  rime,  une  date  aussi 
rigoureusement  précise.  A  dix  ou  vingt  ans  près,  nous 


Tcxlus  cvan(?clicus  in  nobis  confirmclur, 

Et  scdulc  bomino  quœ  placent  o|icrelur. 
Corporis  ac  animx  sic  (lc|)crit  omne  gravamcn  ; 
Cum  soniore  tencr  clangat  dcvolior  :  Amen. 
Chonu. 

0  res  alla  nimis,  o  res  mirae  noviialis  ! 

(Bibl.  de  Sainl-Gall,  382,  p.  '23.  Ce  ms.  est  du  xi»  siècle.  Il  ne  faut  pas  s'étonner  d'y  trou- 
ver des  vers  rimes,  puisque  la  rime  a  paru  en  Allemagne  dès  1020  ou  1030.) 

Type  B  (Pâques). 

Unicornis  caplivatur; 
Aulae  regum  prœsentalur 

Venalorum  laqueo. 
l'alo  serpens  est  levalus; 
Mcdicalur  sauciatus 

Vnncni  impcrio. 
n.  Alléluia  canite 
Agno  niorienli  ; 
Alléluia  pangiln, 
Allcluia  proniilc 
Lconi  vincenti  ! 
Pelicano  vulnerato, 
Vita  redit  pro  peccato 
Nece  stratis  misera. 
Phos  phœnicis  est  eiusta 
Concremanturque  velusta 

Macrocosmi  scelera. 
R.  Alléluia  canite 
Agno  niorienli  ; 
Allcluia  pangite, 
Alléluia  promite 
Leoni  vincenti  ! 
Idrus  intrat  cocodrillum, 
Extis  privai,  nccat  illum 

Vivus  inde  rediens. 
Tris  diebus  dormilavit 
Léo ,  quem  rcsuscilavit 

Basileos  rugiens. 
|{.  Allcluia  canite 
Agno  moricnti; 
Alléluia  panpilc. 
Allcluia  promitc 
Lconi  vincenti  ! 
(Call-Morcl,  p.  43,  noTi,  d'après  un  manuscrit  d'Engelbcrg,  du  xiv»  siècle). 
Ce  Conductus  est  d'une  toute  autre  physionomie  lilléraire  que  le  précédent, 
avec  lequel  il  forme  contraste.   Il  est  notablement  moins  ancien.  On  voit  assez 
qu'il  consiste  en  un  emprunt  aux  Besliaires  des  .\ii'-.\iii'  siècles. 

XII.  Tropes  de  l'Offertoire.  —  Première  époole.  —  Les  Tropes  de  l'Offer- 
toire offrent,  durant  cette  première  époque,  une  importance  exceptionnelle.  11  y 
en  a  de  deux  sortes  :  ad  Offercndam  et  i>ost  Offertorium.  Pour  les  Tropes  ad 


TROPES  DE  LA  1'°  ET  DE  LA  2°  ÉPOQUE     161 

avons  jadis  indiqué,  pour  la  France,  le  troisième  quart 
du  xie  siècle.  D'où  vient-elle?  Comment?  Pourquoi? 
Les  manuscrits  sont  rarement  datés,  et  les  inscrip- 

Offerendam ,  qui  sont  les  plus  anciens  et  ont  été  pratiqués  à  Saint-Gall  dès  le 
ix"  siècle,  il  n'existe  aucune  difficulté,  et  en  voici  les  trois  types  principaux  : 

1"  Hodie  Redemptor  mundi  ascendit  cœlos,  mirantes  apostoli,  Angélique  eis  locuti  sunt, 
dicentes  :  ViriGalilœi.  (Bibl.  nat.  lat.,  9i49,  fo  48  ro,  etc.) 

2o  Qui  es  sine  principio  cum  Pâtre  et  Filio  et  Spiritu  sancto,  Fili  Dci,  Tiii  su7it.  Nobis 

hodie  natus  de  Virgine,  Deus  Homo  ab  initio,  et  nunc  et  in  sœculum,  Juslitia.  Prxparalio. 

(Bibl.  nat.  lat.,  U19,  fo  6  ro). 

„     „    ,  f  Tibi  soli  dati,  Petrc,  fundamenli  constanti,    !•"> 

i°  Beatus  es.  !  t    i    •  ti      ■  .•  .•  ■.  i  ■\     4- 

(  Imbrmm  nuUa  vi  perpcli  rucnti  nocuit  [sic).    l-> 

(  C.œlesti  donc  tuti  '? 

l  Karismatum  sacrati    "^ 

Fulgore  sacre  pectoris  tui;    lo 

Sed  Pater  meus  te  cœlestis  docuit  Deus    i'» 
(  Qui  est  persistens  lux  indeficienter,    12 
(  A  quo  bona  sunt  omnia  quœque  vigent.     12 
(  Cœlitus  conlaudantes    7 
\  Alque  benedicentes    ■?. 

iQui  gubernat  mare,   tellureni,  altim  résidons  in  cœlesti  virtute  ful- 
gentis.     2-4 
Ante  Deum,  Petre  beale,  intercessor  existe  plebi,  comnioda  poscens 
cuncta.    24.     (Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  44  vo,  45  r".  Texte  incorrect.) 

Ce  dernier  Trope,  appelé  prosa,  se  compose,  en  efl'et,  comme  une  notké- 
rienne,  de  plusieurs  couples  de  clausulss  égales,  et  offre  à  l'intérieur  d'autres 
versets  «sans  verset  similaire  et  avec  musique  spéciale  ».  Mais  il  y  a  bien  plus 
de  difficultés  pour  les  «  Tropes  2^ost  Offertorium  » ,  qui  ont  été  sans  doute  in- 
ventés à  Saint-Gall,  comme  le  prouvent  Vin  longitudinem  dierwa  et  VEt  Ve- 
ritas ejiis ,  attribués  à  Notker.  Pour  les  bien  comprendre,  il  faut  tout  d'abord 
se  rappeler  que  l'Offertoire  était,  a  l'origine,  composé  de  plusieurs  ver- 
sets, ET  non  d'un  seul.  Prcuons  pour  exemple  l'Offertoire  du  second  dimanche 
de  l'Avent,  tel  qu'on  le  lit  aujourd'hui  dans  le  Missel  romain  : 

Deus,  tu  convertens  vivificabis  nos,  et  plcbs  tua  lœtabitur  in  te.  Ostende  nobis  niiseri- 
cordiam  tuam ,  et  salutare  tuum  da  nobis. 

Voici  le  même  Offertoire  «  avec  versets»,  tel  qu'on  le  chantait  primitivement: 

)■.  Deus,  tu  conversus  vivificabis  nos,  et  plebs  tua  leetabitur  in  te.  Ostende  nobis  mise- 
ricordiam  tuam ,  et  salutare  tuum  da  nobis. 

y.  Benedixisti,  Domine,  terram  tuam  ;  avertisti  captivitatem  plebi  tuae. 

^.  Misericordia  et  Veritas  obviaverunt  sibi;  Veritas  de  terra  orta  est,  et  Justifia  de  cœlo 
prospexit.  Ostende  nobis. 

Puis,  enfin,  voici  le  Trope  du  précédent  Offertoire.  On  observera  qu'au  com- 
mencement et  à  la  fin  dudit  Trope,  «  on  répète  les  derniers  mots  du  dernier  ver- 
set de  l'Offertoire  liturgique,  et  que,  le  Trope  fini,  on  reprend  la  seconde  par- 
tie du  premier  verset  de  ce  même  Offertoire  »  : 

De  cœlo  plebem  hanc  miserere  qui  es  et  clemens  et  omnipo::ens,  juste  videns,  juste  alque 
regens,  et  cuncta  cœli  juste  tcrraeque  disponens,  qmo.  JuslUia  de  cœlo  prospexit.  Os- 
tende nobis.  (Bibl.  nat.  lat.,  903,  fo  3o  ro,  etc.) 

Un  dernier  mot  est  ici  nécessaire.  Dans  l'Antiphonaire  grégorien,  les  Offer- 
toires étaient  déjà  très  riches  en  vocalises,  et  il  existait  sur  la  dernière  voyelle 
du  mot  cœlo  une  suite  des  vocalises  sur  lesquelles  ont  été  écrites  plus  tard  les 
paroles  qui  ont  constitué  notre  Trope.  C'est  encore  là  une  application  de  la 
grande  loi  des  mélodies  préexistantos. 

~  l  —  Il 


162  HISTOIRE  DE  LA   POKSIK   MTl'nflIOTJE 

tions  funéraires  n'ont  parfois  (Hl'  rédigées  qiw  viii^t  on 
trente  ans  après   la  mort   de   celui    qu'elles  célèbrent. 

Il  y  a  f'u,  d'ailleurs,  plusieurs  autres  comljinaisons,  |  lusif^urs  autres  types 
de  ceTropo  de  rOllerloiro,  et  nous  eu  j)arlerons  plus  loin;  mais  c'est  là  le  type 
plus  important,  et  la  théorie  qui  iirécède  va  nous  aider  à  comprendre  le  sens 
de  quelques  pièces  que  nous  trouvons  dans  les  plus  anciens  Tropaires.  Nous 
en  avons  déjà  parlé,  au  sujet  des  Tropes  de  l'intérieur  du  (iraduel,  et  ce  sont 
les  morceaux  qui  sont  intitulés  :  1°  Vox  exullationis;  2°  In  veritale ;  ii"  Sicul 
cednis;  h"  Jn  longilutlineia  (Uetnun;  îi"  Kl  verilas  i\jus.  Les  pièces  1 ,  2,  3 
sont  des  Tropes  du  Graduel,  et  les  pièces  4  et  tj,  comme  nous  allons  le  voir, 
des  Tropes  de  roilerloire.  =  Jn  Uimjiludinctn  dienitn.  L'Offertoire  avec 
versets  de  la  Messe  de  Noël  In  ijalli  canlu  se  termine  ])ar  ce  verset,  qui  de- 
vint |)articulièrement  célèbre  j)armi  les  musiciens  de  l'école  de  Saint- Gall  : 
«  Mirabilis  in  excelsis  Dominus;  testimonia  tua  credibilia  facUi  sunl  nimis  ; 
donium  tuam  décent  sancta,  Domine,  in  longitudinem  dierum.  »  Or,  sur  la 
voyelle  edece  dernier  mot  il  y  avait  originellement  à  exécuter  un  \on\'  jubilua , 
d'interminables  vocalises.  C'est  sur  cette  fin  d'Oiïertoire  que  Notker  a  composé 
une  Prosida  (Saint-Gall,  381  ,xi«s.,  p.  496;  Gall-Morel,  n°  107)  :  «  Lœtemurgau- 
diis  quos  redemit  Verbum  Patris —  A  rçatus  laqueo  primi  parentis  Dei  jussa  sper- 
nenlis,  —  Artem  perhostis.  heu!  quando,  Paradisum  deserens,  —  Exsul  venit  in 
exitiales  rnundi  istius  labores. —  Posthunia  hinc  proies  omnis  rueret — Nisi  hanc 
in  carne  Chrislus  nalus  levaret  —  Et  firima  corona  vestirct, —  Atque  rursus  in 
cœlo  coUoGiret.  »  (Cf.  Sainl-Gall,  5  i6,  p.  318;  et  surtout  Einsiedein,  121,  pp.o93, 
î)94,  sans  musique.)  =  Et  i^eritas  ejiis.  Ce  sont  les  derniers  mots  de  rOHertoire 
cimi  versdnts  du  premier  dimanche  après  l'Epiphanie,  et  voici  le  dernier  verset 
de  cet  Oflertoire  :  «  Laudatc  nomen  ejus ,  quoniam  suavis  est  Dominus  ;  in  aeternum 
Misi'.ricordia  ejus  et  usque  in  sajculum  sœculi  Veritas  ejus.  »  Sur  la  syllabe  tas 
uwjulnlitii  sans  fin.  C'est  ce  qui  a  fourni  la  matière  du  Trope  suivant,  qui  n'est 
autre  en  effet  qu'un  Trope  de  l'Offertoire  :  «  Verilas  istam  salvando  turmam  bé- 
nigne regat,  sola  sua  misericordia  interveniente,  soluta  pessima  hostis  catena 
quamconteratnobispietase/us.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  9449,  f<'20  r».  Cf.  1338,  f*  94  r*.) 

Xll.  Tropes  du  SANcras. —  Première  époque.  —  Les  Tropes  du  Sanctus  (qui 
font  essentiellement  partie  du  même  grouiie  que  ceux  du  Kyrie,  du  Gloria  et  de 
VAgniis)  ont  été  d'abord  composés  en  prose.  Rien  n'est  plus  bref  à  l'origine 
(type  A)  que  cette  interpolation,  où  l'on  a  sur-le-champ  et  fort  naturellement 
fait  pénétrer  l'idée  de  la  Trinité.  Peu  à  peu  le  type  s'allonge  (B,  puis  C,  D),  et 
l'on  adopte  un  jour  l'hexamètre  (K),  qui  est  parfois  assonance.  =  Deuxième 
ÉPOQUE.  —  On  fait  subir  aux  Tropes  du  Sanctus  le  système  des  léonins  rimes 
intérieurement  (F);  puis  on  leur  applique  successivement  tous  les  .«ystèmes 
rythmiques,  rasclépiadicn  (G)  et  les  autres  (H,  1).  On  remarquera  l'attribution 
à  saint  Thomas  d'Aquin  d'un  rythme  du  Sanctus. 

A  F 

Sanclus,  Dcus  fortis.  Sanctua  Verbo  nianilavit,  per  Verbum  cun- 

Sanclus ,  Films  exceisus.  cta  creavil; 

i-anctiis  Dominus  Spiritus  sanctus  qui  re-  Sanclu*.  qucm  sine  virgo  viro  pnxluxerat 

gnas  il)  Triiiitale  Devs  Sabaolh,  etc.  ordiiie  miro. 

(BILI.  de  Sainl-C.ail,  4.si,  .\-  siècle,  p.  '210.'  Sanc/u»,ignisdivine,  flammasconsumeruin». 

Dominus  Deus  Sabaoth.  l'ieni  aunl  cceii  et 


B 


terra  gloria  tua. 


Sanctus,  antc  sxcula  Dcus  pater.  Sanctiu  Dominus  Patris   Natique  Spiritus 

Sunc<us,  in  princi[iiocum  Paire  mancnsNatus.  cl  ipse  . 


TROPES  DE  LA  1'°  ET  DE  LA  2*^^  ÉPOQUE 


103 


OÙ  sont-ils?  où  sont  les  documents  qui   soient  datés 
de  l'année,  du  mois,  du  jour,  presque  de  l'heure? 


Deus  Sabaoth,  Plenisunl  cœli  et  lerra  glo- 
ria  tua. 

Hosanna  in  excelsis.  Nos,  cernui  lui  fa- 
niuli,  de  tuo  adventu  gratulantes  dicinius: 
Benedictus  qui  venit  in  nomi7ie  Domini. 
(Bibl.  de  Saint-Gall,  37fi,  p.  75.) 

C 

Sanctus  admirabilis  splendor ,  inaccessabi- 
lisque  lux,  Pater  Deus. 

Soncfws  Va rbu m  quod  erat  in  principio  apud 
Deuni. 

Sanctus  Dominus  Paraclilus  utriusque  Spi- 
ritus,  Deus  Sabaoth. 

Pleni  sunt  cœli  et  terra  gloria  tua.  Ho- 
sanna in  excelsis. 

Cui  omne  flectitur  genu,  et  oninis  lingua  pro- 
clamât dicens  :  Benedictus  qui  venit  i7i 
nomine  Domini. 

(Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  62  vo.) 

D 

Sanctus,  Sanctus,  Sanctus,  Dominus  Deus 

Sabaoth.     Conlaudemus    Dominum  ,    eia. 
Pleni  sunt  cœli  et  terra  gloria  tua.  Onines, 

tua  gralia  quos  a  morte  redemisti  perpétua 
Morte  tua,  jus  mortis  cum  principe  procul- 

cans,  vitœ  nos  reparans, 
Dec  Patri    dans    carum    te  pro  nobis  pre- 

tium  et  vivam  hostiam, 
Tecum  nos  resuscitans,  lecum  in  cœlis  collo- 

cans  et  regni  largiens  consortia. 
Te  ergo  deposcimus  ut ,  cum  Judex  advene- 

ris  cunctorum  discernere  mérita  , 
Nos  cum  Angelis  et  Sanctis  socies,  cum  qui- 

bus  tibi  canamus  :  Hosanna  in  excelsis. 
Gloria,  Victoria  et  salus   œterna  sit  Dec  no- 

slro  !  Benedictus  qui   venit    in    noininc 

Domini.  Hosanna  in  excelsis. 
(Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  61  vo,  62  ro.  Cf.  10508, 

fo  118,  qui  offre  des  variantes  importantes 

avec  lesquelles  nous  avons  pu  corriger  le 

texte    précédent.    La  pièce  est    écrite    en 

clausulx.  ) 

E 
Sanctus,  Sanctus,  Sanctus,  Dominus  Deus 

Sabaoth.  Omnipotens,  nostris  tua  da  medi- 

camina  mortis. 
Pleni  sunt  cœli  et  lerra  gloria  tua  :  Condi- 

tor  insignis,  nam  verbo  cuncta  creasti. 
Hosanna  in  excelsis.  Benedictus  qui  venit 

in  nomine  Domini.  Passim  salvificet  cui 

nos  modo  psallimus  omnes  :  Hosanna  in 

excelsis. 

(Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  118  vo.) 


0  Ueus,  aspice  mitis  et  accipe  vota  precan- 
tum.  Hosanna  in  excelsis.  Benedictus 

Qui,  sine  delicto,  crucis  addictus  maledicto, 
qui  venit  in  nomine  Domini. 

Solveque  vincula,  pelle  pericula  ,  solve  rea- 
tus.  Hosanna  in  excelsis. 


(Bibl.  de  Sain;-Gall,382,xiue 
64.) 

G 


siècle. 


pp. 


Sanclus.  Pater  ingenite,  creator  omnium. 
Este  propitius  choris  canentium. 

Sa7ictus.  Verbum    factus    caro  qui  niortem 
superas, 
Emitte  Spiritum,  sicut  promiseras. 

Sanctus.  Adsis,  Paraclite,  fidelibus  tuis, 

Ut  nos  illumines,  dum  sordes  abluis. 


Lux  indeficiens,  beata  Trinitas, 
Summum  vere  Bonum,  fons,  lumen, 
charitas. 


Procédant  igitur  Hebrœi  pueri: 
Sequantur,  jubilent    fidèles  ceteri. 
In  excelsis. 

(Bibl.  nat.  lat.,  3719,  88  vo.) 
H 

Sanctus,  fons  viviis  vitas, 
Quo  vivunt  Israelitse. 
Sanclus,  panis  adultorum, 
Fidei  mel,  lac  puerorum. 
Sanctus,  solamen  mentis 
Mundum  calcare  volentis. 
Dominus  Deus  Sabaoth.  Pleni  sunt  cœli  et 
terra  gloria  tua.  Hosanna  in  excelsis  ; 

Vires  énerves 
Hostiles,  et  tua  serves  : 
Benedictus ,  etc. 

(Bibl.  nat  lat.,  1086,  fo  123  vo  ;  3710,  fo  89  vo.) 


Divinum   niysterium  , 

Sempt'r  declaratur, 
El  mens  infidelium 

Tumens  excœcatur  : 
Firma  spes  credentium 

Fide  roboratur,  etc.  etc. 

Attribué  à  saint  Tiiomas  d'Aquin?  par  le 
cardinf  '  ''na,  Rerum  liturgicarum  libri 
duo  y  édit.  de  1671,  p.  3i7.) 


XIH.Tropes  de  l'Agnus  Dei.  —  Première  époque.  —  Ces  interpolations,  d'abord 
en  prose  (type  A  et  B),  ont  été  de  bonne  lieiire  soumise^^  à  la  lorme  méti-ique 


Kl'i 


iiisT(tii;i;  iti'i  [.A  l'OKsii-:  i.niiu.iocK 


Ces  textes  précieux,  nous  Jes  avons  sous  la  main,  et 
ce  sont  les  Rouleaux  des  morts. 


de  l'hexamètre,  sans  assonances  (C).=:  Dkuxikme  i'.I'ooue. —  I^  rime  pénètre 
dans  rhexamètre  (D),  et  les  rythmes  rimes  remplacent  les  mètres  (E). 

A 

Agnus  Dei,  qui  toUis  peccala  mundi,  qui 

sedes  ad  dexteram  l'atris,  tfolus  invisiliilis 

rex,  Miserere  nobis. 
Agnus  Dei,  qui  loUis  peccala  mundi.  Itox 

rejîuni,  gaudiunion;<eluruiii,A/iserererjo6i8. 
Agnus  Dei,  qui  toUia  peccala  mundi.  Lux 

iiidi'lii'ii'iiS  ,  pax  porpclua,   oniiiiiiinque  re- 

deinplio  sancta ,   [  Dona  nobig  pacem.  ] 
(Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  243.  Cf.  370, 

p.  76,  etc.) 


B 


D 

I)aiÉielis  proplietia 

ijuctn  pra-dixit,  liunc  Maria 

Vir}.'0  iJeurn  gcnuit. 
Jam  descendit  ut  inactctur  : 
riebs  fidelis  jocuiidctur, 

Kccc  Chriï-tUii  sumitur. 
Vilam  (.'Oiiferl  Apims  ille 
Cui  canunt  cliori  mille  : 

Il  Verum  corpus  sumite.  » 

Dibl.  de  Saint-Gall,  382,  p.  54  ;  d'une  main 
du  XIV»  siècle  dans  un  manuscrit  du  xi«. 
Cf.  Mone,  n°2K,  I,  p.  309,  d'après  un 
autre  manuscrit.) 


E 

Cujus  in  /Eg)-ptuni  salval  cruor  Israélites, 

Miserere  nobis. 
Qui  propriae  carnis  dape  corda   fidelia  dites. 

[  Miserere  nobis.  ] 
Integer,  immunis,  vivens    cibus  atqnc  j)er- 

cnnis,  Dona  nobis  pacem. 

(Bibl.  nat.  lat.,  lOst"..  f»  |-J7  vo.'i 


I'nr:xiiKHF.   ki'OQle.  —  Le  Trope  de   la 
que  nous  allons,  pour  l<i  première  fuis, 


Qucm  Jolianncs  iii  Jordaiio  ba|ilizavil  ovan?, 

et  diccns  :  Eccc  Agnus  Dei. 
Qui  gratis  niodcraris  cuncta  som|it'r  indcli- 

ciens  rex ,  Miserere  nobis. 
Lumen  sine  nocte,   virlus    angelorum,  ma 

neiis  scmpcr,  piissime,  eia,  Miserere. 
Tu  adc's,  corona  confitentium,  Deus  :  Dona 

nobis  pacem.. 
(Bibl.  nal.  lat.,  10508,  f'  125  v<^,  126  r».  ) 

C 

Agnus  Dei  qui  tollis  peccata  mundi,  onini- 
polens  reterna  Dei  sapienlia,  C'Iiristus,  Mi- 
serere nobis. 

V'orum  subsistens  vero  ('e  lumine  lumen. 
Miserere  nobis. 

Optimal  perpétua  concedens  gaudia  vitœ, 
Dona  nobis  pacem.  [Ibid.,  f»  126  v».) 

XIV.  TiiOPEs    DE  LA   Communion.  — 
Communion  a  revêtu  plusieurs  lurm 
essayer  de  mettre  en  lumière. 

1°  Type  simple,  en  forme  de  préface  : 

Corncre  quod  Verbum  Domini  merucrc,  canamus.  Eia.  ]'iderunt  omnes  fines  lerrx 
salulare  Dei  noslri.  (Bibl.  de  Saint-dall,  484,  pp.  lU,  20.  —  Noil ,  Messe  du  j  'Ur.) 

iNuntii  superni  Christum  ascendonleni  super  astra  )polorum  clara  voce  praediierunt  :  Ptal- 
lile  Domino  qui  ascendil  super  cœlos  cœlorum.  (Bibl.  nal.  lat., 'J449,  f»  48  v. —  .\scen9ion.) 

2°   lype  simjile,  en  forme  de  finale  (rare)  : 

Vidcrutit  omnes  fines  ierrss  salutare  Dei  noslri.  Eia!  laus  tibi,  Cliriste.  Alléluia,  eia,  oie, 
et  eia,  eia  !  (Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  20.  —  Noël.  Messe  du  jour.', 

3"  Type  à  double  interiiolatiun  : 

a.  Corpus  quod  nunc  in  terra  siiniinius,  jani  sedet  ad  doxtoram  l'atris  in  i-.iluni,  il  idco 
ronsona  voce  Psallite  [Domino  qui  ascendil  super  calos  cirlorum].  Vf.  Exturgal  Deu*. 
Date  gloriam  Dco  nosiro,  magnilicenlia  et  virlus  ejus  in  nubibus.  Ad  orientem.  Alléluia. 
(Bibl.  nat.   lat.,  1120,  f»  36  ro  et  vo,  etc.  el<'.  —  .\scension.  ) 

b.  Dum  esscnl  discipuli  propter  mclum  Jtida;orum  in  unum  congreirali,  factu*  est  rtpenlt 
de  coelo  sonus,  lanquam  advenienlis  spiritus  veliementit  ubi  erant  sedente*.  .itleluia. 
Et  apparuerunt  eis  dispertilae  lingux  tanquani  ignis,  sedilque  supra  singulos  eorinn.  Et  rt- 
l'ieli  sunl  omnes  Spiritu  saucto ,  loquenle*  magnolia  Dei.  Alléluia,  Alléluia.  ,  Ibid., 
fo  38  vo,  39  ru.  —  Pontorô'.e.)  11  n'est  pas  besoin  d'observer  que  le  Trope  est  iri  emprunté 
presque  textuc^lloment   aux  Acle«  des  .ipôlres.  «'ap.  ii. 


THOPES   DE   LA   1'=  ET  DE   LA  2°  EPOQUE  16S 

Lorsqu'une  abbaye  avait  perdu  quelques-uns  de  ses 
frères,  l'abbé  faisait  écrire  leurs  noms  sur  un  long  rou- 

4"  Type  à  double  interpolation  et  avec  le  Gloria  Patri  : 

Félix  qui  potuit  promissum  cernere  Cliristum.  Eesponsum  accepit  Simeon  a  Spirilu 
sancio  no7i  visiirum  se  mortem ,  nisi  videret  Chtislian  Domini.  El  venit  in  Spiritu  in 
Templum.  Gloria  [Patri  et  Filio  et  Spiritui  sancto.  Sicut  erat  in  principio  et  nunc  et  senipcr, 
et  in  saecula]  saeculorum.  Amen.  (Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  19  ro.  —  Purification.) 

S»  Type  complexe  et  très  solennel,  avec  répétition  de  l'Antienne  de  la  Com- 
munion, un  verset  de  psaume  et  le  Gloria  Patri  : 

Cœlos  apertos  cernens  Steplianus  clamavit  ore  henigno  :  Video  cœlos  aperlos  et  Jesum 
slantem  a dextris  virliUis  Dei.  Intratus  cœlum,  beatus  Steplianus  ait:  Video,  etc.  Grandino 
lapidum  mox  morituru?  ,  sanctus  Steplianus,  spe  vitœ  nianenlis  laetabunclus  ,  ita  dicebat  : 
Video,  etc.  Positis  autem  genibus  beatus  Stephanus  orabat,  dicens  :  Domine  Jesu ,  accipe 
spiriium  tneuni,  et  ne  statuas  iUis  hoc  peccatum.  Gloria  Patri...  sœculorum.  Anicn. 
Magna  est  gloria  ejus  in  salutari  tuo  ;  gloriam  et  magnum  decorem  impones  super  eum. 
(Ps.  XX  :  Domine  in  virtute  tua.)  Gloria...  saeculorum.  Amen.  (Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  14.) 
Cf.  dans  le  manuscrit  de  la  Bibl.  nat.  lat.  909  les  Prosulse  de  la  Communion  (fo  24  r»  et  vo). 

Seconde  époque.  —  Pas  de  Tropes  de  la  Communion. 

XV.  Types  de  lTte  Missa  est.  —  Première  époque.  —  I.  Interpolations  en 
prose:  i»  type  simple  (A);  2°  type  solennel  (B).  —  H.  Interpolation  en  vers 
(type  C).  =Deuxième  époque.  —  Le  Trope  de  Vite  Missa  est  tombe  alors  en  dé- 
suétude et  ne  devient  pas,  comme  tant  d'autres,  l'objet  d'une  rénovation  rythmique. 


Ite  pabulo  refecti  dextraque  Doniini  benedicti,  missa  est. 

Deo  qui  nos  ad  patriam  ,  per  mortem  propriam ,  revocavit  gralias.  (Bibl.  nat.  lat.,  887, 
fo  69  ro;  bibl.  de  Saint-Gall,  382,  p.  70,  partie  écrite  au  xm»  siècle,  etc.  etc.) 

Ile  sine  dolo  et  lite.  Pax  vobiscum  :  Missa  est.  ^.  Deo  semper  agite  in  corde  gloriam  et 
gratias.  (Bibl.  de  Saint-Gall,  378,  p.  392,  xui»  siècle.) 

B 

Qui  régis  astra,  corda  sedula,  corpora,  mentes  et  niundum.  Lux  qui  es  tt  Vita,  deduc 
nos  in  seniita  recta  quae  ducit  ad  régna  supera.  Deinde  dicat  Diachonus  :  Ite  Missa  est. 
Noxia  crimina  laxare  digneris  in  aeternum,  haec  et  prœniia...  [sic]  :  Deo  gralias.  (Bibl.  nat. 
lat.,  1118,  fo  17  ro.  Le  texte  porte  mentis,  etc.  Sedula  est  "?  pour  sxcxda.) 

C 

lie  ;  sit  Rex  cœlestis  vester  protector  ubique.  Amen. 
Omnibus  atque  horis  vos  muniat  ex  inimicis.  Amen. 
Salvos  vosque  regat  sua  quousque  potentia  régnât.  Amen. 
Nunc  illi  dignas  simul  omnes  pangite  laudes.  Missa  est. 
^.  Deo  qui  nos  ad  patriam,  per  mortem  propriam,  revocavit  gratias/ 
(Bibl.  de  Saint-Gall,  382,  p.  70;  partie  écrite  au  xni=  siècle.  Le  Répons  est  en 
prose,  comme  dans  le  type  A.) 

XVI.  Tropes  du  Deus  in  adjutorium.  —  Prenuère  époque.  —  Tout  l'effort 
des  tropistes  de  la  première  époque  s'étant  principalement  porté  sur  les  pièces 
liturçriques  du  Missel,  il  ne  faut  pas  s'étonner  que  le  Deus  in  adjutorium  n'ait 
alors  donné  lieu  à  aucune  interpolation.  =  Deuxième  époque.  —  Les  tropistes 
alors  se  donnent  carrière  et  rythment  ce  Trope  suivant  plusieurs  systèmes, 
parmi  lesquels  il  faut  principalement  signaler  les  ïambiques  trimètre  ou 
dimètre  (A,  B). 

Ce  même  Trope  se  retrouve,  avec  des  variantes  notables,  dans  im  précieux 
manuscrit  de  Saint-Martial  de  Limoges  qui  remonte  au  xir'  siècle,  et  est  au- 


100  IllSTOIIiK    ItK    l,A    l'fiKSli:    1. 1  T  I"  li  (  IIQU  E 

leaii  do  parchemin  qu'il  adressait  aux  autres  monastères 
par  un  porteur  spécial,  par  un  rotuliger.  Sur  ce  parche- 

jourd'hui  conservé  à  la  Bibliotht'qiie  nnlionale  (lat.,  ll.'W,  f<>  ^2  r"  v<>).  Nous  avons 
emprunté  à  ce  manuscrit  la  leron  Natuni  du  second  vers  au  lieu  de  Deuin,  etc. 
De  siipcrnis  affero  nuntium 
Naluni  esse  Consiliariuni , 
Deutn  foricin,  principem  genlium. 

O  qiiam  fesla  dies  ! 
0  lu,  canlor,  qui  debes  cancre, 
Aut  incipc,  vel  fac  incipere  : 
Jam  lenipus  est  psallcndi  vespere: 

O  quam  fesla  dies  ! 
Nullum,  fralcr,  libi  sil  taedium; 
Rumpe  moras,  runi[)e  silentiuni , 
El  die  :  Deu»  in  adjutorium. 
0  quam  festa  dies  ! 
(Engelberg,  */î5r  ^°^'->  xiv»  siècle;  Gall-Morel,  n-  104.) 

XVII.  TrOPES   du    RtPONS   DE   NoEL    «    DESCENDIT   »   ET  QCI    SONT  CONNUS    SOUS  LE 

NOM  DE  «  Fabrice  mundi  ».  —  Première  éi'OQue. —  Le  troisième  ou  le  quatrième 
répons  du  troisième  Nocturne  de  Noël  était,  en  certaines  éelises,  le  suivant  :  <'  De.— 
cendit  de  cœlis  missus  ab  arce  l'atris.  Introïvit,  per  aurem  Virginis,  in  retrionom 
nostram,  indutus  stola  purpurea.  Et  e.xivit  per  auroam  portam,  lu.x  et  decus 
universœ  fabricas  mundi.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  17296,  f*  21  v°;  nouv.  acq.,  1233, 
f°  19  y».  Cf.  99'i9,  fo  5  r",  etc.  etc.)  C'est  sur  les  deux  derniers  mots  de  cet  étrange 
répons  qu'on  a,  dès  le  ix»  siècle  sans  doute,  compo.sé  un  Trope  appelé  à  une 
singulière  fortune,  qui  a  reçu  parfois  le  nom  de  prosa  (Nouv.  acq.,  1535, 
fo  19  V"),  et  que  l'on  trouve  enfin  dans  un  nombre  considérable  de  manuscrits. 
{Super  jubihwi  Fabrirse,  Saint-Gall,  360,  p.  30;  380,  p.  116,  etc.)  Les  mots 
fahricsd  mundi  étaient  liés  primitivement  à  un  chant  très  simjile.  Amalaire  [De 
Ordine  antiphonarii ,  cap.  xviii)  raconte  comment  on  a  substitué  aux  notes  pri- 
mitives des  traits  mélodiques  sur  lesquels  on  a  plus  tard  écrit  des  paroles.  Ce 
Trope  a  été  fort  j>rubabiement  inventé  à  Saint-Gall  par  un  notkérien,  peut-être 
par  Notker  lui-même,  en  même  temps  que  les  Tropes  de  l'intérieur  du  Graduel 
(  Vox  e.vidtalionis ,  In  verilate^Sicut  cedrus)el  en  même  temps  aussi,  sans  doute, 
que  les  Tropes  de  l'Offertoire  avec  versets  (In  lomjitudinem  dicrunt ,  Et  veritas 
ejus).  Il  y  a  entre  ces  diverses  compositions  une  corrélation  évidente.  (  Bibl.  nat. 
lat.,  1084,  f»»  7  r°,  9  r°,  etc.)=  De  Saint-Gall,  les  Fabricae  mundi  ont  été  trans- 
portés en  d'autres  monastères;  mais  ils  ont  surtout  prospéré  à  ."^aint- Martial 
(Bibl.  nat.  lat.,  1084,  1.  c;  1118,  1°  117  v  et  suiv.,  etc.1,  comme  au«si  à  .Nevers 
(9443,  fo  i)  r»)  et  à  Kleury-sur- Loire  (.Nouv.  acq.,  1235,  f'29  v*).—  Il  y  avait 
des  Fabri((c  majores  (Fac,  Domine  Deus,  Bibl.  nat.  lat.,  1118.  f«  118  r*  et  v») 
et  des  Fabricœ  ))ùnores  (Felicia  angclorum ,  ibid.,  f"  118  v-").  Mais  ce  qu'il  im- 
porte le  plus  de  connaître,  c'est  le  type  primitif  des  Tropes  du  Fabriae  mutuii. 

l"  Auscultate,  onincs  ubique  fidèles  : 
Propagator  nosler  et  Auctor  aeternus, 
Dolens  malc  nosmcl  pcriisse 
Et  patria  lonpe  exsulasse  , 

CoîElernum  sibi  filiuni  misil  ut  eriperct  homincni. 
Idcirco  jubilel  Domino  circus  universalis  fabriox   mundi... 

(Saint-Gall,  380,  p.  116;  360,  p.  30.) 
2o  Prosa.  Familiam  cuslodi,  Cliriste,  tuam,  quam,  nalus  aima  de  Virginc,  redcmisti  morte 
tua,  ut  cofrnoscal  te  ronditorem  fabricœ  mundi.  dloria  Patri  et  Filio,  etc.  Lux  et  decus  uni- 
vers»; fabrica;  mundi!   (  tMbl.  nat.  lai.,  9Si9,  f»  'o  ro.  Cf.  nouv.  acq.,  1235,  f»29v».; 


TROPES  DE   LA  r°  ET  DE   LA  2°  EPOQUE 


167 


min,  les  religieux  de  ces  différentes  maisons  écrivaient 
tour  à  tour  les  noms  de  leurs  propres  défunts ,  avec  des 


3°  Fabricator  extra  polum  conditor  ex  astra  (sic)  vegit  (sic),  ut  desccndat  splendidaque 
regionis  introeat  gloriosus  rex  fabricœ  mundi  (1084,  fo  8  r»,  et  1118,  fo  117  v».  Dans  ce 
dernier  manuscrit,  ce  Trope  est  accolé  à  trois  autres  qui  se  chantaient  sur  le  même  air. 
—  Le  texte  de  ces  Tropes,  en  ces  différents  manuscrits,  est  toujours  défectueux  et  sou- 
vent incompréhensible.  ) 

Quant  au  répon?,  Descendit ,  qui  avait  donné  lieu  aux  Tropes  Fahricsc  mundi, 
il  a  un  jour  blessé  certaines  susceptibilités  et  délicatesses  peut-être  exces- 
sives. En  de  certaines  églises  on  prit  le  parti  de  troper  à  sa  place  un  autre 
répons,  le  Conditor  mundi  (Oxford,  Douce,  222,  f°  3  v°,  etc.),  dont  l'exécu- 
tion très  solennelle  précédait  immédiatement  la  Messe  de  minuit.  En  certaines 
autres  églises  on  se  contenta  de  le  modilier  ainsi  qu'il  suit  :  «  Descendit  de  cœlis 
Deus  verus  a  Pâtre  genitus.  Introïvit  in  uturum  Virginis,  nobis  ut  appareret  visibi- 
lis,  indutus  carne  humana,  protoparente  édita,  et  exivit  per  clausam  portam, 
Deus  et  homo,  lux  et  vita,  creator  mundi.  »  (Bibl.  nat.  lat. ,  1410,  fo24,  et  1411, 
f°  23.)  Enfin  le  Descenc/zï  disparut  complètement.  =  Deuxième  époque. —  Durant 
la  seconde  époque  de  l'histoire  des  Tropes,  Xd  Fabricie  «îUMrfi  disparaît,  lui  aussi, 
en  même  temps  que  le  répons  qui  lui  avait  servi   de  prétexte  ou  d'excuse. 

XVIII.  Tropes  des  répons  autres  que  le  «  Fabrice  mundi  ». 


Première  époque.  —  Ces  interpola- 
tions, assez  rares,  sont  toujours  en 
prose.  C'est  ainsi  que  le  célèbre  répons 
des  Matines  de  Noël  :  Sancta  et  im- 
maculata  Virginitas,  quibuste  laudibus 
efferam  nescio,  quia  quemcœli  capere 
non  poterant ,  tuo  rjremio  contulisti,  a 
donné  lieu  au  Trope,  à  la  prosa  suivante 
qui  est  le  pendant  du  Fahricse  mundi  : 

Prosa.  —  Beata  es,  Virgo,  et  gloriosa  in- 
ter  omnes  mulieres  et  benedicta.  Gabriel  hœc 
dicens  attulit  affata  :  «  Paries  filium,  virgo 
(I  intacta;  Jésus  erit  nomen  ejus  cuncta  per 
(I  sœcla.  Perfecta  suntinte  jamque  sunt  perac- 
«  ta.  I)  Hodieex  te  Christus  natusest  in  terra. 
Ex  te,  mater  casta,  processit.  Maria.  Ave,  spe- 
ciosa  in  cœlis  regina  et  benedicta,  inter  omnes 
sancta.  Laus,  honor,  potestas,  majestas  et 
deilas  sit  Dec  Palri,  Nato,  Spiritui  sancto. 
(Bibl.  nat.,  nouv.  acq.,  1235,  f»  19  vo.) 

Cf.  dans  le  même  manuscrit  (f^lOl  r») 
le  Trope  ou  la  prosa  du  sixième  répons 
de  saint  Loup ,  archevêque  de  Sens  : 
Insignis  de  Christo ,  et  surtout  le  ré- 
pons ou  la  prosa  de  saint  Nicolas  : 
«  Clementem  te  prœbe,  rex  Sabaoth,  Ec- 
clesiœ;  turbines  amove  tempestatesque 
Sathana),  pro  Nicholao  prcesule  dans 
indulgentiam  "  (f"  5  r°  et  v"),  etc. 

Ces  prosse,  comme  il  est  facile  de 
s'en  assurer,  sont  généralement  conçues 
selon  le  système  des  clausulœ. 


Deuxième  époque.  —  Les  Tropes  des 
répons  deviennent  alors  de  petites 
pièces  lyriques  soumises  au  rythme  et 
à  la  rime.  Le  huitain  suivant  nous  ser- 
vira de  premier  type  : 

Prosula  de  sancto  Benigno   EngoUsinensi 
-martyre,  in  fine  responsorii  noni: 

Virginis  filium  quem  praedicaverat , 
Pro  cujus  noniine  tôt  pœnas  tuleral, 
Benignus  hodie  ad  caelos  properat, 
Visurus  Dominum,  sicut  optaverat. 

Robustus  belliger,  devictis  hostibus  , 
Triumphat,  angelis  secum  ovantibus; 
Psallaraus  igitur  plausu  laetifico, 
Dum  martyr  inclitus  scandit,  angelico 
Comitante  choro. 

(Bibl.  nat.  lat.,  3719,  fo26  r».  ) 

Ces  Tropes  des  répons  ont  pris,  à 
Saint- Martial,  une  importance  considé- 
rable. On  en  jugera  par  le  type  suivant  ; 

Proso  (après  les  répons  d'un  office  rimé  de 
la  Vierge)  : 

Pater  per  sœcula 
Sponsam  ad  oscula 
Invitât  Virginem. 
Adolescentula , 
Confestim  credula, 
Gignit  propagineni. 

Bes  mira  gcritur  : 
Vilibus  tegiiur 
Hic  infans  vestibus, 
Quo  solo  tegitur 


I()8  IIISTOlIîK    I)K    I,  A    l'OKSIi;    \.\T\U(j\(jVi: 

réflexions  on  prose  ou  en  vci-s  siii-  lu  vanit»'  dos  choses 
humaiiKJS,  sin-  los  vertus  de  leurs  chers  moils,  sur  les 
prières  dout  ils  devaient  leur  payer  lo  liihut. 

Oiiii-quiii  <'i)ii('i|iiiiir  Matrcm  et  filiani 

In  mundi  liiiibiis.  Fiilcli!<  iX)pulu8! 

Mostis  perfiiliani,  AuTeral  hmc  molom  Tranganlque   prccamina 

Non  per  irijiiriani,  Prolem. 

Ilio  frc'il  paiviilus.  ''•  ^*  Maria,  ne  limcas,  invcnisti,  clc. 

l'rcoelur  Maiiani  (Bibl.  nat.  lat.,  113'J,  fo  121  vo,  122  r-.; 

l  II  troisième  et  ilernior  type  mérite  de  (ixer  notre  .ntlention.  Le  répons  des 
Saints  Innocents  {posl.  seci(ncla>n  lectionem)  est  acconiftapné,  dans  un  manu- 
scrit do  Saint-Marlial,  d'une  sorte  de  polit  drame  dont  il  faut  faire  estime  comme 
d'un  document  notable  dans  l'histoire  dos  origines  de  notre  tliôdtr.^.  Je  dois 
ajouter  que  je  ne  suis  pas  absolument  certain  que  le  dialogue  suivant .  entre 
l'Ange  et  Rachel,  doive  être  considéré  comme  le  J'rope  du  répons  Hub  allure; 
mais  je  suis  très  porté  û  le  croire,  et  soumets  la  question  aux  juges  compé- 
tents. Donc,  voici  le  répons  et  son  Tro]  e  «  présumé  »  : 

Sub  allare  Dci  audivi  voces  occisorum,  diccntium  :  «  Quarc  non  défendis  sanguincm 
nostrum?  i>  Et  acceperunl  divinum  responsum  :  <i  Adliuc  suslinete  niodicum  tcmpus,  donec 
iniplcatur  niinicrus  fralrum  veslrorum.  »  ^.  Vidi. 

C'est  après  le  mot  Vidi  que  vient  immédiatement  la  Lamcnlatiu  JUu/tcl  : 

0  dulces  filii,  quos  nunc  progenui , 
Olim  dicta  mater,  quod  nomen  tcnuiV 
Olim  per  pignora  vocor  puerpcra  : 
Modo  siim  misera  natorum  \Hdua. 
Heu!  mihi  miseree,  cum  possim  vivere. 
Cum  natos  coram  me  video  perdere 
Alque  lacerare,  parum  detruncare. 
Herodes  impius,  furore  repletus, 
Nimium  siiperbus  perdit  mecs  partus  1 
A  N  G  E  L  i-  s 

Noli ,  l^aclicl ,  deflere  pigiiora  : 

Cur  tristaris  et  lundis  peclora  ? 

Noli  flere,  sed  gaude  potius  : 

Tui  nati  vivunt  felicius. 
Ergo  gaude  ! 

Sunimi  Patris  œterniFilius, 
Hic  est  illc  quem  quxril  perdere 
Qui  vos  facit  œterne  vivere. 

Ergo  gaude  !  (Ribi.  nat.  ial..  IK'.O,  f»  32  v.) 

XIX.  Tropf.s  avant  les  leçons.  —  PRE.Mif:RE  lipoofE.  —  On  ne  connaît  pas  encore 
ce  genre  d'interpolation.  =^  Seconde  époque.  —  Ces  Tropes  (que  l'on  chantait 
sans  doute  avant  la  première  Leçon)  ont  été  inventés  par  les  tropistes  de  la  lin 
du  xr  ou  du  .mi»  siècle.  Ce  sont  de  petits  poèmes  que  l'on  a  pu,  en  quelques 
manuscrits,  confondre  avec  les  Benedicamus,  mais  qui  en  sont  nettement  dis- 
tincts. Nous  avons  hésité,  pour  en  donner  un  type,  entre  trois  pièces  égale- 
ment remarquables  :  le  Nunc  clencorutn  vonrio,  qui  se  termine  i>ar  ces  mots 
signific^ntifs  :  Modo  dicaliir  leclio,  et  a  pour  refrain  :  Gaudeat  /lonio  (Bibl. 
nat.  lat.,  1139,  f"  33  v"»);  VHomo  gaude  —  Nova  lande,  pièce  sans  refrain  et 
qui  s'achève  })ar  ce  tercet  ;  Ergo  lege,  —  Die  de  rege,  —  Lector,  testimonia 


ÏROPES  DE  LA   1'-  ET  DE   LA  2°  ÉPOQUE 


169 


Ces  vers  sont  datés  du  jour  même  ou  ils  ont  été 

COMPOSÉS. 

Nous  les  avons   étudiés   de  près,  et  n'avons  guère 


(BibL  nat.  lat.,  3719,  f"  19  r-'-V),  et 
préféré  aux  deux  autres,  et  dont  voici 

I. 

Plebs  Domiiii, 
Hac  die  lœtaniini, 

Et  pie 

Laus  Virgini  Mariae 

Et  cordibus 

Et  vocibus 

Et  actibus 

Promatur  ! 

Befr.  Mariam  vox,  Mariam  cor, 

Mariani  sensus,  mens,  vigor, 
Proclament  hac  in  die, 
Et  Filium  Mariœ. 

II. 

Homo  Deus  est  natus, 
Homo  Deus  renalus, 
Judaeus  est  csecatus  ; 

Rex  servulus , 

Vas  figulus, 

Fons  rivulus 
Creatur. 

Mariam  vox... 


Refr 


m. 


Rcs  agitur  novella  : 
Sol  oritur  de  Stella, 
Nec  laeditur  puella. 

Puella  est 
Quae  mater  est. 
Quod  est  non  est 

Natura. 
Refr.    Mariam... 

IV. 

Infans  subest  papilla; 
Sed  Deus  est  et  ille; 
Rex  puer  est  ancillae 

Rex  aetheri? 

Sub  pauperis 

Mulieris 
Est  curn. 

Refr.    Mariam... 


enfin  le  Plebs  Domini,  que  nous  avons 
le  texte  : 


Sol  nuncius  diei, 
Qui  Filius  est  Dei, 
Et  radius  par  ei 
Quo  tegitur, 
Detegitur. 
Sit  igitur 
Res  mira. 
Refr.     Mariam... 
VI. 
Dum  gralia  subvenit, 
In  propria  rex  venit; 
Opprobria  invenit; 
Omnipotens 
Fil  impotens. 
0  pia  mens , 
Respira. 
Refr.    Mariam. 

VII. 

Hoc  zabulus  explorai , 

Hoc  œmulus  ignorât , 

Hoc  angélus  adorai. 

Hoc  omnium 

Ingenium 

Non  nimium 

Miratur. 
Mariam... 


Refr. 

VllI. 
Hoc  sobrie  décanta , 
Slirps  graliœ ,  gens  sancta  ; 
Materie  de  lanta , 
Cum  gaudio 
Fit  menlio. 

JaM    LECTIO 

Legatlr. 
Refr.  Mariam... 
(Bibl.  nat.  lat.,  3719,  f"  40  r».  Le  texte  porte, 
au  couplet  VII,  labulus.  Nous  avons ,  au 
couplet  IV,  quelques  doutes  sur  le  mol  pa- 
piUœ.  Le  manuscrit  semble  indiquer  pre- 
piUe  {fpupillx).  Il  y  a  d'autres  difficultés.) 


X\   Tropes  du  «Tu  auïem  ».  -  A  la  fin  de  chaque  leçon,  le  lecteur  dit  :  Tu 
autem,  Domine,  miserere   nobis,  et  on  lui   répond  :   ^'-  3^-«;;«J-  ^^ 
Tu  autem  que   l'on   a   tropé  en  langue  romane  dans  un  de.   plu.  précieux 
^^nuscrits  de  Limoges,  dans  un  de  ces  singuliers  ^vres  d'etud.a.Us  qut      n 
tiennent  principalement  des  Tropes.  Il  va  sans  dire  que  le  Irope  Tu  autem  a 


n<»  IIIST(tlHI-:   DE   LA    l'OKSIK   I.  IT  i:  1{  (  ;i  n  T  K 

trouvé  avant  1070  les  prouves  manifestes  «l'une  intro- 
duction sérieuse  de  la  rime.  On  pont  même  ajouter 
qu'il  n'y  a  encore  à  cet  égard  rien  de  décisif  avant  1095, 

clé  inventé  à  la  seconde  époque,  cl  on  observera  qu'il  était  chanté  par  le  seul 

lecteur  : 

Ue  deu  hoimais  finir  noslra  razos  : 

Un  pauc  soi  las,  que  trop  fo  aut  lo  sos. 

Lcveii  iloi  cler,  que  dejcn  lo  rei<f>os. 

Tu  autem,  Deu»,  qui  est  paire  glorios, 

Nos  ti;  prciam  que  t'  rcmcnibrc  de  no^ , 

Quant  triaras  los  mais  d'antre  los  Los.     (Bild.  nat.  lat.,  U3'J,  f"  ii  ; 

XXI.  TiiOPEs  DU  «  Te  Deum  ».  —  pREMiiatE  époque.  —  G'e.*l  alors,  fort  sim- 
plement, un  Trope- Préface,  un  Trope  invil<Ttoire,  qui  varie  suivant  chaque 
fête,  et  dont  je  n'ai  encore  constaté  l'existence  qu'à  Saint-Gall.  I£n  voici  le  type 
en  vers  : 

De  Rcsurrectione  Domini.  llœc  est  aima  dies  in  que  spolialur  Avernus  ;  —  Hesurrcxil 
Homo  Deus:  exsultatc,  redcmpti.  Te  Deum.  (Saint-Gall,  376,  p.  76.  Cf.  382,  pp.  71  et  73.) 

Deuxième  époque.  —  Ce  Trope  a  été  supprimé  de  bonne  heure  et  n'a  jamais 
été  ni  rythmé  ni  rimé. 

XXH.Tropes  avant  l'Invitatoire  de  Matines.  —  Nous  n'en  connaissons  que 
peu  d'exemples.  Il  est  d'ailleurs  difficile  de  préciser  à  quelle  époque  se  rap- 
porte le  Trope  suivant,  publié  par  Gall-Morel,  d'après  un  manuscrit  du 
xv»  siècle.  Ce  texte  est  évidemment  monastique,  et  je  nie  persuade,  malgré 
sa  rubrique,  qu'on  le  chantait  avant  l'Invitatoire  des  très  solennelles  .Matines 
do  Pâques  : 

De  sancla  Magdelena. 

Slellam  Christum  matutinam 
Cum  Maria  pr.-çstolantes  ; 
Haec  sola  stat  foris  plorans  : 
Nos  cum  ea  vigilemus  ; 
Ut  per  noclem ,  quem  in  somnis 

Queerendû  dilexerat, 
Hune  inventum,  simul  una, 

Procidentes  adoremus. 

(Einsiedeln,  92,  p.  2Vi;  Gall-.Morel.  no  483,  p.  272.) 

X.XIII.  Tropes  avant  le  Magniiicat.  —  11  n'en  existe  que  de  la  seconde 
époque,  et  ils  sont  rares  : 

Qua;  commisit  fcmina 
Luit  mundus  crimina; 
Sed  redcmplrix  Domina, 
Vitae  via , 
Casta  parens  est  Maria, 
Quod  leslatur  Prophelia. 

Ad  Mariam  nuncius, 
TanUc  roi  conscius, 
Venions  quam  citius , 

Inquit  ci  : 
(I  In  te  fiel  Verbuni  Dci  : 
«  Sic  exquiril  ordo  rci.  " 

ErgO  ,   PSALI.ENDO  CASTICIM 

Hic  chorus  fidelium 


TROPES  DE  LA  1'°  ET  DE  LA  2^  EPOQUE     171 

avant  le  rouleau  de  Foulques,  abbé   de  Corbie  :  «  0 
M  major  mundo ,  clamamus  corde  profu^do.  » 
Les   épitaphes  ne   nous    offrent   également  rien  de 

Qui  est  salus  hominum 

Corde  pio, 
Benedicat  altissimo 
Régi  regum  Domino. 
(Saint-Gall,  383,  p.  142,  xiii"-  siècle;  Mone,  ii"  313,  H,  p.  45.) 

XXIV.  Tropes  des  grandes  Antiennes  a  la  Vierge.  —  Les  Antiphonœ  beatse 
Mariae,  qui,  encore  aujourd'hui,  sont  dites  in  fine  Officii  post  Completorkim ; 
après  Laudes,  si  tune  discedendum  sit  a  chovo ,  alioquin  in  fine  uUimae.  Horse; 
ces  grandes  Antiennes  ont  donné  lieu  à  des  Troiies  de  la  seconde  époque, 
dont  nous  donnons  ici  le  type  : 

Salve  Regina.  O  flos  virgiiiitatis , 
Candor  caslitatis , 
Vena  pietalis. 
Nos  junge  bealis. 

0  spes  peccatoruni, 
Mater  orphanorum , 
Nobis  regem  cœloruni 
Plaça  et  angeloruni. 

0  Maria,  virga  Jesse, 
Te  precamur,  ut  interesse 
In  extremis,  nec    abesse 

Velis ,  mater  glo'riœ. 

Virgo,  parens  Chrisli,  paritura  Deum  genuisti. 

Uum  paris  et  gaudes,  tibi  canunt  agmina  laudes.  0  pia. 

Fulgida  Stella  maris,  nos  protège,  nos  tuearis.  0  dulcis  Maria. 

(Engelberg,  n"  V25,  f°  51.  —  Gall  Morel,  no  166,  p.  101.  Cf.  les  Tropes  sur  l'Aima  redcmp- 
toris,  il).,  no  204;  sur  VAve  regina,  no208',  etc.  etc.). 

XXV.  Tropes  du  «  Benedicamus  Domino».  —  Première  époque. —  Cette  inter- 
polation, une  des  plus  importantes  de  nos  Tropaires,  n'a  pas  été,  comme  on  l'a 
cru,  une  invention  des  tropistes  de  la  seconde  époque.  Dès  la  première  on  avait 
jugé  nécessaire  de  Iroipev  ce  Benedicamus  Domino  et  ce  Deo  dicamus  cjratias  qui 
terminent  toutes  les  Heures  canoniales,  sauf  Matines;  ce  Benedicamus ,  disons- 
nous,  dont  le  chant  est  surtout  solennel  après  Laudes  et  après  Vêpres,  comme 
aussi  (par  une  exception  unique  dans  l'année  liturgique)  après  les  Matines  de 
Noël.  —  Rien  n'est  plus  simple  ni  plus  href  que  les  plus  anciens  Tropes  du  Bene- 
dicamus. Ils  sont  en  vers  (type  A)  ou,  plus  souvent,  en  prose  (B  et  C).  = 
Deuxième  époque.  —  Les  Tropes  du  Benedicamus  prennent  alors  une  importance 
considérable  et  se  changent  en  petites  pièces  oîi  l'on  conserve  d'abord  l'asso- 
nance (D),mais  où  la  rime  pénètre  bientôt  en  victorieuse  (E,  F).Ils  deviennent 
innombrables,  ils  envahissent  tout,  il  y  en  a  pour  toutes  les  fêtes,  et  nous  pou- 
vons prendre  ici  pour  type  le  Benedicamus  sanctse  Marisa  (G).  Certains  se  chan- 
tent à  deux  parties  (H).  11  convient  d'ajouter,  à  un  autre  point  de  vue,  qu'on 
peut  les  diviser  en  deux  groupes,  suivant  que  l'on  trope  à  la  fois  (A,  B,  C,  E) 
le  Benedicamus  Domino  et  le  Deo  dicamus  gratias  (ce  qui  est  le  plus  ancien 
système),  ou  qu'on  interpole  le  seul  Benedicamus  (D,  F,  G,  H).  Bref,  les  Benedi- 
camus deviennent  en  quelque   sorte  toute  une  littérature,  et  ils  partagent,  avec 


17  2 


iiiSToiin-:  iti:  i,  \  poksii:  uTinriinri-: 


définitif  avant  1077  :  «  Hic  jacet  X'mardus,  redolons 
ut  pistica  nardus.  »  Mais,  depuis  lors,  ow  a  marché,  et 
la  linu'  a  abusé  de  son  triomphe. 

Eh  l)i('n!  c'est  également  vei's  l;i  lin  du  \ie  siècle 
qu'il  faut  i)lacer  la  limite  enti-e  les  deux  p/riodes  de 
cette  histoire  des  Tropcs. 

Il  s'agit  maintenant  de  [)réciser  lucidement  les  carac- 
tères de  ces  Tropes  durant  chacune  de  ces  deux  phases. 


lesProscsdela  secundc  époque,  le  triste  liuimciir  irnvuirili.iiné  ii;iis>.Tiire  à  la  poéfie 
goliardique. 

A 

Benedicamrts  Domino    De  supcro  qui  nos 

solio  henedical  in  hymno. 
Dca  (jralias  innumcras,  pie,  crcdulitas  ferai 

vcncranda. 


(BiM.  nat.  lat.,  887,  fo  f,Y,  yo.) 

B 

Odas  débitas  nempe  solvaniu?  tilii,agie, 
rex  optinie.  nosterquc  cliorus  rcsultet  in 
allis,  cia  :  Benedicatnus  Domino. 

Deo  rhytmica  dicamus  cantica  jugiter  in 
hac  ailla,  vocis  in  jubilo,  quae  nostra  concio 
canatani  laHa.  Pcmpertibi,  rex,  gralias! 

{  Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  '15  v».) 


Benedicamus  Domino,  Deo  gralias. 

Benedicamus  Domino. 

Angélus  sedens  ad  scpulcrum,  et  ccce  1res 
niulieres  qua;  qua?rebanl  Dominum. 

Dei  angélus  dixit  mulieribus  :  u  Quem  qua;- 
ritis?  Jesum  Nazarcnum  ?  Surrexit;  non 
est  hic.  Gralias  !  » 

Benedicamus  Domino,  Deo  dicamus  gra- 
lias (  trois  fois). 

Benedicamus  Domino  [deux  fois). 

Alléluia,  alléluia. 

Benedicamus  Domino  ! 

(liibl.  nat.  lat.,    1139,  fo  62  r".) 


D 

Itex  omnia  tcnens  imperio, 
Mac  in  die,  labentc  saeculo, 
Egrcssus  est  de  niatris  utero 
Sponsus  uti  fulgcns  de  tlialamo. 
Kl  quasi  sol  surgens  dilueulo 
Dansque  lueeni  ubique  radio; 
Sic,  prœdietum  uro  proplietico, 
Exortum  est  lumen  in  populo. 
Nos  igitur,  voce?  in  jubilo, 
Benedicamus  corde  Domino.' 
(Bibl.  nat.  lat.,  3"1'J,  7.".  r».  : 


6  V. 


l'atholicorum  concio  summo,  sumnio,  summo 
cum  gnudio. 

In  hoc  sacro  solempnio  solval,  solvat,  solval 
laudes  Deo  ! 

Puro  corde  et  animo  bene  Benedicamut  Do- 
mino. 

Laudifluas  atque  pias  Deo,  Deo  dicamus  gra- 
liaf.       {Bibl.  nat.  lat.,  1139,  f»  44  v».) 

F 

Mundus  ovans  replctur  gaudio, 
.\gni  Dei  quem  immolatio 
Expiavit  ab  .\da;  vitio. 
Non  merili?,  sed  sola  gralia, 
Infernoruni  abstulit  spolia  : 
Tulil  Christus  crucis  supplicia. 
Infernorum  abstulit  spolia 
Et  surrexit  in  die  tertia. 
Mors  illius  est  rcsurrectio: 
Nos  rcddidit  cœli  palatio. 
Bcnedicant  redenipti  Domino. 

(Bibl.  nat.  Int..  3719,  fo  Jt  v. 

G 

Benedicamus  sanct»  .Varir. 
Jubilemus, 
Exultcmus, 
Intonomu» 
Cantirum 


TROPES  DE   LA   1>°  ET  DE   LA  2"  ÉPOQUE  173 

Les  Tropes  de  la  première  époque  sont  tantôt  en 
vers  S  tantôt  en  prose-;  ceux  de  la  seconde,  sauf  des 
exceptions  très  rares,  sont  toujours  en  vers. 

Redemptori,  Cum  ingenti  gaudio 

Plasmatori,  Conlaudantes, 

Salvalon  Exultantes 

*^"^"'"'"-  Benedicamus  Domino.' 

Hoc  natali  (Bibl.  nat.  lat.,  1139,  fo  41.) 
Salutari 

Omnis  nostra  H 

'^"'■"^"''»  Virga  Jesse  noruit, 

Deum  laudal  :  g^^^^  ^^^^^^  ^^^^^.^ 

S'I^i  Plaudat  Plog  „ojjig  eondoluit 

P^f  «=tf  "^  Dura  in  ligno  marcuit. 
Saecula. 

r,   ■  ,     ,•  Sol  in  alvo  Virginis 

Qui  hodie  „              .  .       °.  . 

DeMariœ  Expers  vm  seminis, 

,T,     „              ,.  Tulit  quod  est  lioniinis 

Utero  progrediens ,  c„.„,l  .....  ^,.,„,;.,.v 


Servans  esse  Numinis. 
Benedicamus  Domino. 


Homo  vivus 
Rex  atque  herus 

In  terris  apparuit.  (Avec  des    vocalises    interminables    sur   la 

Tam  beatum  ,  voyelle  o,   Bibl.   nat.  lat.,   3719,   fo  45  r», 

Virgo,  natum  46  vo.) 

1  II  y  a  peu  de  Tropes  en  vers  dans  les  manuscrits  de  Saint-GalL  Quant  aux 
Tropes  rimes,  la  plupart  sont  d'origine  française  (bien  que  la  rime  ait  paru  on 
Allemagne  cinquante  ans  plus  tôt  qu'en  France  ). 

2  Un  certain  nombre  de  Tropes  en  prose  (mais  un  certain  nombre  seulement) 
ont  subi  le  système  des  dausulss,  dont  nous  aurons  lieu  de  parler  plus  loin, 
et  qui  n'avait  été  tout  d'abord  appliqué  qu'aux  Proses  notkériennes.  Ces  dau- 
sulee  ou  versiculi  ont,  deux  par  deux,  le  même  nombre  de  syllabes  et  se  chan- 
tent, deux  par  deux,  sur  la  même  phrase  musicale.  Un  tel  système  Con  le 
comprend)  ne  pouvait  s'appliquer  qu'à  des  Trop3s  d'un  certain  développement, 
comme  à  ceux  de  l'Oirertoire,  etc.  Nous  allons  en  donner  deux  exemples  : 

i  Patris  sapientia    "' 

\  Per  quem  vivunt  omnia,    7 
..    I  Cum  Pâtre  qui  régis  omnia    9 

(Rutilans,  simplex  Substantia,    ^ 

f  ^qualis  est  cum  gloria,    s 

(  Majestas  et  coseterna.     8. 

I  Olim  qui  pro  nobis  natus  es  ex  Maria,     I3 

i  Non  linquens  supera  venisti  in  infinia    13 
.,     (  Heparare   perditum  vita  hominem  a  morte  perpétua.     li' 

(  Tibi  cuncti,  voce  publica,  cananuis  cum  plèbe  Davitica.     la 

(Bibl.  nat.  lat.,  1080,  f"  I2i  r-.) 

.    )  Ab  ortûdoxa  et  catliolica    10 

'.  Plèbe  bcnigna  atque  devota,    10 
..     (  Maria,  cœli  regina,     " 
*  Impctra,  tu,  cœlestia    *. 
^  Régna  beata  ac  sempiterna;     i<> 
(  Da,  per  tcmpora,  clemens  mundana     10 
IV.     Cuncta  prospéra  nobis. 
(Trope  (le  l'Offertoire:  Ribl.  nat.,  nouv.  arq.,  2495,  f"  109  vo,  ajouté  à  la  fm  du  xnic  siècle.) 


17'»  insToiiir:  lu:  i..\  itjksik  MTi'nnioi'E 

Lorsqu'ils  sont  en  vers,  les  'l'roj)es  de  la  promièrc 
époque  ne  sont  même  pas  assonances,  ou  ne  le  sont 
que  fort  rarement  '.  Tout  au  contraire,  ceux  (!<•  la 
seconde  sont  rimes,  toujours  rimes. 

Durant  la  première  époque  les  Troi)es  en  vers  *  ne 
nous  offrent,  neuf  fois  sur  dix,  que  des  hexamètres. 
Quelques  distiques  %  quelques  quatrains  eu  ïamhiques 
dimètres^;  mais  c'est  à  peu  près   toutl  (lliose  digne 


1  L'assonance  est  assaz  rare  dans  les  Tropaires  de  la  iirernifre  ^[mque.  ot  on 
ne  la  trouve  qu'EXCRi'TiONNELLKMENr  dans  reux  de  Saint-Gall  et  de  Saiut-Martia! 
(  Voy.  cependant  1120.  f"  44  v°).  Les  deux  Tropaires  de  Paris  (Bibl.  nat. 
lat.,  13252)  et  de  Saint- Évruult  (Bibl.  nat.  lat.,  lOîktS)  nous  en  ofl"r.;nt,  au  con- 
traire, des  exemples  a.^sez  nombreux  :  «  Laudemus  Domini<m  cujus  re|  b't  ordine 
mundio/i...  —  Vox  Domino  laud(?;/(,  ferat  actio  sancta  decorem...  —  llis  coMum 
geminis  scandit  Laurentius  ali's...  —  Qui  cœlique  mnr/s  Deus  est  et  conditor 
orbis...  —  Gloria  cum  su|ier(S  ipsi  debetur  et  omnis  »  (13252,  f»  13  r").  =  «  l'ra-- 
sulis  insignis  Niiholaï  vocibus  altis...  —  Annua  pacidcf,'  jubilentur  canlira  ; 
namque...  —  OlTicio  dieriuo/t  qui  sanxil  pra??ulis  illior?...  —  Ac  sibi  per|ielui<»;i 
concessit  ab  hoste  triumphum  »  {IbiiL,  f"  16  r°,  etc.).  =  «()  Pater  excelst»,  pmi- 
cera  mente  colendf...  —  (>liriste,  Patris  genite,  famulorum  crimina  terpe...  — 
Purilica  mcntt's,  celsi  Patris  unica  proies...  —  Ut  te  laudantes  nileanl  virtu- 
tibus  omnes  »  (10i)08,  f-*  9,  etc.  etc.). 

2  L'emploi  des  mètres  antiques  nous  semble  indiqué  dans  ce  versintlus 
d'un  de  nos  Tropaires:  «  Dicat  nietra  Dec  laudes  hœc  concio  sacra.  »  (Bibl. 
nat.  lat.,  887,  fo  40  r».) 

3  Les  distiques  sont  assez  fréquents  dans  les  Tropaires  de  la  première 
époque,  et  particulièrement  parmi  les  Tropes  du  Gloria  :  «  Laudat  in  excelsis 
cœlum  terramque  regentem,  —  Angelicus  cœtus  laudat  et  omnis  lionjo  (Bibl. 
nat.  lat.,  1121,  l'°  44  v°).  Qui  de  morte  tuum  voluisti  surgere  Natuni  —  Kt 
mortis  vincla  solvere  morte  sua  »  (10508,  f«  30  r").  Etc.  =  Les  distiques  ont 
pénétré  plus  rarement  dans  les  autres  Tmpes;  mais  cependant  on  les  trouve 
dans  ceux  du  Kyrie:  «  In  tridui  spatio  »  (887,  f°  57  r")  et,  —  bien  plus  rare- 
ment, il  est  vrai,  —  dans  ceux  de  la  Séquence  :  «  Hegi  immortali  laudes  nunr 
(licite  celsas;  —  .Mleluia  canens  nostra  caterva  sonet  »  (1121.  f"  20  v"),  et  de 
la  Communion  :  «  Gaudia  mente  geris  ;  cœlos  attendis  aperlos  —  Qui  Chrii^ 
lum,  Stéphane,  cernis  in  arce   Dei  »  (Saint-Gall,  4Hi,  |.  29.  etc.  t-tc.K 

*  Lxsurge,  rector  gentium. 

Nec  moriturus  amplius 
Orbemque  totum  posside 
Tuo  redemptum  sanguine. 
(Patrologie,  LXXXVll,  52.  d'après  un  manuscrit  de  Saint-Gall.  Etc.) 

'^  Les  Tropes  en  vers  de  la  première  époque  offrent  certaines  incorrections 
ou  «  licences  »  métriques  qui  étaient  [wssées  dans  l'usage  commun.  L'une  des 
plus  fréquentes  consiste  à  considérer  comme  longue  une  brève  en  césure  :  «  Bex 
l)eus  immensf,  quo  consl.it    inarliina    niundi   (^Bibl.   nal.  lai..   1120.    f*  93  n); 


TROPES  DE  LA  1''^  ET  DE  LA  2"^  EPOQUE     175 

d'attention,  tout  change  durant  la  seconde  période,  et, 
depuis  l'introduction  de  la  rime,  on  ne  trouve  dans  les 
Tropaires  que  des  vers  rythmés  appartenant  au  sys- 
tème ïambique  ou  asclépiadien ,  aux  dérivés  du  septe- 
narius  trochaïque  *,  ou  à  vingt  autres  combinaisons 
rythmiques.  Quelques  hexamètres  apparaissent  çà  et  là. 
Tout  a  pris  un  autre  aspect ,  et  ce  n'est  ni  la  même 
origine  ni  la  même  nature  de  poésie.  Voulez -vous  en- 
core ici  des  exemples  frappants,  décisifs?  Nous  les 
emprunterons  à  cette  fête,  à  cette  belle  fête  des  Saints 
Innocents,  qui  avait  donné  lieu,  chez  nos  pères,  à  de  si 
beaux  transports  liturgiques. 

Donc,  voici  le  texte  de  l'Introït  pour  cette  très 
joyeuse  solennité  :  «  Ex  ore  infantium,  Deus,  et  lacten- 
«  tium  perfecisti  laudem,  propter  inimicos  tuos.  » 

Durant  la  première  époque  on  avait,  très  simple- 
ment, interpolé  en  prose  ce  verset  si  touchant  et 
si  bien  approprié  :  «  Ex  ore  infantium,  Deus,  fecisti 
laudare  nomen  tuum,  et  lactentium  perfecisti  laudem. 
Triumphantes  de  hoste  vipereo,  florem  aeternae  virgi- 
nitatis,  eos  in  cœlesti  gloria  suscepisti  propter  ini- 
micos tuos.  » 


Mortificando  sua  propter  te  corpora  Sancti  (112i,  i'»  17  r°,  etc.);  Genlilium 
doctor  et  sacri  spermatis  auctor  (13252,  f»  12  v»);  0  Pater  egregie,  nostrorum 
vincula  solve  (1120,  f»  46  v");  Sanctificas  cuncta  censés  quœ  jure  sacranda 
(9449,  f°6  v°);  Et  mortis  vincla  solvere  morte  sua  »  (10508,  f"  30  r»);  etc.  etc. 
=  Les  brèves  deviennent  longues,  même  en  dehors  de  la  césure  :  «  Sancttis 
en  veniens  sanctorum  pectora  lustrans  »  (1121 ,  f"  23  V»),  etc.  etc.  =  Il  n'est 
pas  besoin  de  signaler  d'autres  licences  moins  justifiables,  et  qui  fourmillent. 

'  Les  septenarii  sont  très  rares  à  la  première  époque.  Cependant  nous  trou- 
vons dans  un  manuscrit  de  Saint-Gall  un  «  Invitatoire  »  ou  «  Prologue  »  du 
Trope  de  l'Introït  pour  l'Octave  de  rE;iiphanie,  qui  visiblement  consiste  en 
deux  septenarii  trochaïques  :  «  Rege  nostro  carne  tecto,  voce  patris  prodito,  — 
Hac  die,  nos  ejus  omnes  immoremur  laudibus  »  (Saint-Gall,  376,  p. 47).  Mais 
le  fait  peut  passer  pour  une  exception ,  et  c'est  dans  les  Tropes  de  la  seconde 
époque  que  les  septenarii  sont  appelés  à  triompher. 


17G  IllSTOiriK   I)i:   I.  A    l'OHSIK   MT  f  I!  C  in  IJE 

Ce  même  verset  luL  (l;iiis  I*'  inrino  temps,  interpolé 
en  vers  avec  une  simplicité  (|ui  ik-  manque  j)as  de 
charme  :  «  Panf^ite  jam,  pur-ri,  laudes,  et  |jromite 
Christo.  Ex  ore  infanlimn,  Deiis,  nalc  iJei  cl«'nn'ns, 
parvorum  snscii)e  laudes  et  luctentium  perfeciati  lau- 
deyn,  (pii  tibi  jam  nati  certanmt  sanguiiK-  [»uro  }>ropter 
inimicos  tuos  \   » 

Tels  sont  les  deux  types  auxciuels  on  peut  laiiirucr 
tous  les  Tropes  depuis  la  lin  du  ixe  siècle,  pendant 
près  de  deux  cents  ans.  Il  est  aisé  do  se  les  firavci'  dans 
sa  mémoire. 

Au  xue  siècle,  on  chantait  encore  à  Saint-Martial  les 
deux  Tropes  que  nous  venons  de  citer;  mais  on  en 
fabriquait  de  nouveaux  qui  n'étaient  pas  taillés  sur  le 
môme  modèle  et  n'étaient  point  destinés  à  la  niéme 
partie  de  l'Office:  «  In  laudes  Innoceiitium  —  Qui  passi 
«  sunt  martyrium,  —  Psallat  chorus  infantiinn  —  Al- 
«  leluia-!  »  Ces  jolis  vers  rythmiques,  lestes  et  so- 
nores, seront,  si  vous  le  voulez  bien,  le  type  des  Tropes 
de  la  seconde  époque;  mais  ce  n'est  pas  là  leui-  seul 
caractère,  et  il  faut  arriver  aux  autres. 

Nous  parlions  tout  à  l'heure  de  la  idace  qu'occupiut 
les  Tropes  dans  l'Office  sacré  :  le  plus  «iraiid  ctïort  des 
tropistes  de  la  première  époque  a  porté  siu'  la  Messe 
et  sur  les  différentes  parties  de  ce  livre  tle  chœur 
qu'on  appelle  aujourd'hui  le  Graduel.  Le  })lus  ^rand 
effort  des  tropistes  de  la  seconde  période  a  porté,  au 
contraire,  sur  les  Heures  et  sur  les  différentes  parties 
de  cet  autre  livre  ([u'on  nomme  aujourd'hui  l'Antipho- 

'  Bibl.   iint.    l.il..    1121.    r»  s   i-o;   887.   I"»   li)   v;    llli*.    f»  2»'.  v:    {«   13252, 
I''  7  r».  etc.  .'te. 
î  nilil.  nnt.  lat..  1139.  1'  -'lO  r. 


TROPES  DE   LA   1'°  ET  DE   LA  2°  ÉPOQUE  117 

naire.  Telle  est  la  seconde  distinction  qu'il  convient 
de  faire  entre  les  œuvres  de  ces  deux  époques.  Elle 
est  capitale. 

Que  trouvons -nous,  en  effet,  dans  les  Tropaires  de 
la  première  époque?  Des  interpolations  de  l'Introït,  du 
Graduel,  de  l'Offertoire,  de  la  Communion,  comme 
aussi  des  Tropes  du  Kyrie,  du  Gloria,  du  Sanctus  et 
de  VAgnus.  C'est  à  peine  si  nous  y  rencontrons  çà 
et  là  quelques  lignes  consacrées  à  l'Office  canonial, 
quelque  Benedicamus  Domino  en  vingt  mots.  Il  n'y 
a  guère  qu'une  exception  à  cette  règle  et  qui  est  jus- 
tifiée par  l'extraordinaire  solennité  de  la  fête  de  Noël  : 
ce  sont  les  trop  célèbres  développements  du  répons 
Descendit,  ce  sont  ces  Fabricx  mundi  dont  nous 
avons  eu  plus  haut  à  expliquer  l'origine  et  à  détermi- 
ner le  sens. 

Que  trouvons -nous,  au  contraire,  dans  les  Tropaires 
de  la  seconde  époque?  D'innombrables  Tropes  du  Bene- 
dicamus Domino,  dont  chacun  forme  un  petit  poème; 
des  interpolations  du  texte  liturgique  avant  le  Deus  in 
adjutorium  et  avant  l'Invitatoire ,  avant  les  Répons  et 
les  Leçons,  avant  le  Te  Deum  et  le  Magnificat,  et  entre 
les  Heures  canoniales.  C'est  à  peine  si  l'on  y  découvre 
quelques  Introïts  en  vers  rimes,  quelques  Kyrie  de 
même  nature,  quelques  -Sandws  et  quelques  Agnus  Dei 
des  xne  et  xnie  siècles.  Pas  de  Gloria. 

Ici  les  exemples  sont  inutiles,  ou,  pour  mieux  dire, 
il  faudrait  tout  citer.  Cela,  d'ailleurs,  se  comprend  de 
soi,  et  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  insister  plus 
longuement;  mais  il  nous  sera  peut-être  plus  malaisé 
de  faire  saisir  le  troisième  et  dernier  caractère  qui  va 
nous  permettre  d'éta])lir  une  si  grande,  une  si  décisive 

I  -  i2 


178  IIISTOIRK   DK    I..\    POKSIK   LITURGIQUE 

différence  entre  les  Tropes  dr  l;i  i)r<'iiii<''i('  et  ceux  de 
la  seconde  manière. 

L'idée  des  premiers  tropistes  était  bien  simple  :  ils  se 
regardaient  uniquement  comme  des  interpolateurs,  et 
leur  zèle  se  born;iit  à  intercaler  quelques  m(jts  de  leur 
crû  entre  les  différents  membres  de  phrase  qui  compo- 
saient le  texte  primitif,  le  texte  auguste  de  la  liturgie. 
Toute  leur  ambition  eût  été  d'interpoloi-  le  texte  mot 
par  mot;  mais  ils  n'avaient  pas  de  plus  liautes  visées. 

Quand,  le  jour  de  Pâques,  vers  dix  heures,  l'évoque, 
précédé  d'un  cortège  superbe,  faisait  son  entrée  dans 
la  cathédrale  éblouissante  alors  de  la  clarté  de  millf 
cierges,  le  chœur  entonnait  ce  bel  Introït  que  con- 
naissent encore  tous  les  chrétiens  de  nos  jours.  «  Re- 
«  surrexi,  et  adhuc  tecum  sum.  Alléluia.  Posuisti  super 
«  me  manum  tuam,  Alléluia.  Mirabilis  factaest  scientia 
«  tua.  Alléluia,  Alléluia.  » 

Sur  ce  noble  canevas  nos  premiers  tropistes  ont 
brodé  vingt  ou  trente  de  leurs  Tropes  en  vers  ou  en 
prose.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  ils  serraient  de  très  près 
le  texte  interpolé,  et  ne  le  perdaient  pas  de  vue  un  seul 
instant.  Écoutez  plutôt  :  «  Ego  autem  constitutus  sum 
«  Rex  prœdicans  prœceptum  tuum,  et,  Morte  devicta, 
«  Resurrexi,  et  adhuc  tecum  sum,  Alléluia.  Dormivi, 
«  Pater,  et  surgam  diluculo,  et  somnus  meus  dulcis 
«  est  mihi.  Posuisti  super  me  manum  tuam,  Alléluia. 
«  Ita,  Pater,  sic  placuit  ante  t(^  ut.  moriendo,  niortis 
«  mors  fuissem,  morsus  inferiii  ot  mundo  vita.  Mira- 
(t  bilis  farta  est  scientia  tua,  qui  abscondisti  hcec  sa- 
«   pientibuset  rovclasti  parvulis.  Alléluia,  Alléluia*.  » 

»  Bibl.  nat.  lai.,  1121.  1"  '21   v\  otc.  etc. 


TROPES  DE  LA  r°  ET  DE  LA  2°  ÉPOQUE  179 

Toute  autre  est  la  méthode  des  tropistes  de  la  se- 
conde époque.  Ils  prennent  prétexte  d'une  partie  de 
l'Office,  comme  par  exemple  du  Benedicamus  qui  ter- 
mine les  Heures,  pour  entonner  une  sorte  de  chanson 
pieuse,  qui  a  ses  proportions  et  ses  lois,  et  où  il  sub- 
siste à  peine  quelque  trace  du  texte  liturgique.  Ne 
quittons  pas  ce  beau  jour  de  Pâques,  ce  dies  dieriim, 
et  suspendons-nous  à  la  voix  d'un  tropiste  du  xiie  ou 
du  xme  siècle  commentant  le  Benedicamus  : 

Adplaudamus  Christi  victorise , 
Modulantes  carmen  laetitiae  : 
Mortem  enim  damnavit  hodie 
Pacis  princeps  et  Sol  justitise. 

Summi  Régis  visa  potentia, 
Judœorum  arsit  invidia; 
Résurgente  Christo  cum  gloria, 
Consolata  fuit  Ecclesia. 

Ergo  mecum  quidquid  est  hominum 
Resurgentem  conlaudet  Dominum , 
Vita  cujus  ignorât  terminum. 

Telles  sont  les  deux  méthodes.  Avec  les  yeux  de  l'es- 
prit, placez  en  face  l'un  de  l'autre  Y  Ego  autem  consti- 
tutus  sum  de  la  première  manière  et  V Adplaudamus  de 
la  seconde,  et  vous  embrasserez  d'un  coup  d'œil  tous 
les  caractères  des  Tropes  de  l'une  et  de  l'autre  période. 
C'est  vivant. 

Ce  que  nous  allons  maintenant  mettre  en  lumière, 
c'est  la  série  de  transformations  étranges  et  réelles  qu'a 
subies  le  type  Adplaudamus.  Nous  allons  faire  voir 
qu'à  force  de  le  transformer,  ou  plutôt  de  le  déformer, 
on  est  arrivé  à  le  changer  en  un  simple  Motet;  puis  en 

1  Bibl.  nat.  lat.,  1120,  f»  104  v". 


■18(»  IIISTOIliK    l)K    LA    l'OESlK   Ll  TT  HCIOIJE 

unn  pièco  morale  on  d'actualité;  puis,  un  peu  jdiis  laid, 
en  nne  pièce  «  léj^ère  »;  puis  culin,  avec  les  Goliardi, 
en  de  très  grossières  satires,  ou  en  des  obscénit('s  plus 
révoltantes  et  plus  scandaleuses  encon*. 

Tout  cela  se  suit,  hélas!  et  tout  cela  s"ciicliaîne. 


Donc,  le  point  de  départ,  c'est  le  Trope  de  ce  Bcnc- 
dicamus  que  l'on  chante  encore  aujourd'hui  à  la  fin  (!•• 
toutes  Heures,  sauf  Matines,  Là- dessus  on  s'est  donné 
carrière,  et  le  mal,  le  lléau  a  commencé  par  là.  Que  dans 
certains  de  ces  Tropes  on  ait  conservé  les  mots  Denedi- 
camus  Domino  et  Deo  dicamiis  gratias;  que  l'on  n'ait 
conservé  qu'une  seule  de  ces  deux  formules;  qu'on  les 
ait  remplacées  toutes  deux  par  des  équivalents,  et  qu'on 
ait  même  fini  par  les  supprimer  presque  aljsolument, 
peu  importe.  Les  petits  poèmes,  dont  cette  exclamation 
finale  a  été  le  prétexte,  sont  arrivés  fort  naturellement 
à  prendre  je  ne  sais  quelles  proportions  et  quelle  am- 
pleur, et  l'on  n'a  pas  tardé  à  s'y  permettre  d'assez  vives 
libertés.  Mais  enfin  et  pour  n'excéder  en  rien,  choisis- 
sons un  type  moyen.  Voici  ce  qu'on  chantait,  le  jour  de  la 
Dédicace,  à  la  fin  d'une  de  ces  Heures  que  l'on  sait,  et 
n'oublions  pas,  en  lisant  ces  strophes  enthousiastes,  que 
cette  solennité  de  la  Dédicace  était  une  des  plus  joyeuses 
et  des  plus  fêtées  de  toute  l'année  litur<ii([ue  : 

Iliec  testiv.i 
Transit  iva 
Dedicatio 
Infinilain 
Si^Miat  vilam 
Plenain  ijraudio. 


I 


TROPES  DE  LA  l"''  ET  DE  LA  2"  EPOQUE     181 

Nos  hanc  vitam 
Contemnentes , 
Infinitam 
Appetentes , 
Benedicamus  Domino  '. 

Ce  type  est  des  plus  simples,  et  il  ne  faudrait  pas 
s'imaginer  qu'on  s'en  soit  tenu  là.  Il  y  a  des  Benedica- 
mus qui  sont  autrement  étoffés,  et  c'est  ce  qui  a  donné 
aux  poètes  monastiques  de  petites  bouffées  de  liberté. 
Il  était  visible  qu'on  irait  beaucoup  plus  loin. 

Le  Benedicamus  terminait  les  Heures;  mais  il  y 
avait  entre  elles  un  espace  qui,  par  bonheur,  demeu- 
rait libre.  Nos  poètes  s'en  emparèrent,  et  s'affran- 
chirent ici  de  la  contrainte  que  leur  faisaient  encore 
subir  les  formules  Benedicamus  Domino  et  Deo  gratias. 
Liberté,  liberté.  Bref,  le  Trope  du  Benedicamus  va  tour- 
ner au  cantique,  j'allais  presque  dire  à  la  chanson.  Ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'en  ces  vers  de  plus  en  plus 
indépendants,  on  a  souvent  à  constater  la  présence  d'un 
refrain  plus  ou  moins  bref,  plus  ou  moins  vif.  En  réalité 
ce  refrain  est  une  indication  précieuse  et  nous  révèle  un 
nouvel  état  de  choses.  Nous  en  offrons  ci -dessous  un 
exemple,  et  ce  sont  ces  vers  joyeux  et  prestes  où  l'on 
a  conservé  le  système  antique  de  l'assonance  : 

Régi  nato  Domino 
Utero  virgineo, 
Gaudeat  omnis  homo  ! 

Angeli  de  puero 
Nuiitiant  cum  gaudio  : 
Gaudeat  oiniiis  homo  ! 

1  Mone,  Hyinni  latini  mcdii  œvi,  I.  p.  328,  n»  257. 


182  HISTOIRE   I»K  LA   l'OKSIE   IJTIHCIQIJE 

Gandiiim  paslorihiis 
Nuntiavit  Angélus  : 
Gaudeat  omnis  hoino  ! 

Qui  sine  principio 
Est  in  matris  gremio  : 
Gaudeat  otniiis  hoino  ! 

De  cœli  sidereo 
Ad  nos  venit  solio  : 
Gaudeat  omnis  homo  '  ! 

C'est  surtout  aux  fêtes  joyeuses  de  Noël  et  do  l'Epi- 
phanie que  ces  vers  éclataient  comme  des  fusées,  et 
le  temps  de  Noël  est  en  effet  celui  qui  se  prétait  le 
mieux  à  ces  charmantes  et  dangereuses  fantaisies.  Mais 
il  y  a  plus  :  cette  époque  de  l'année  liturgique  où  Ton 

1  Bibl.  nat.  lat.,  1139,  f"  41  v°.  —  Cf.  la  pièce  suivante  : 

Fulgel  in  tencbris 
Dies  percelebris, 
Efficax  Mcdicus, 
Unice  Unicus. 
Oritur  hodic, 
Summa  laetitia' , 
Mundi  principium 
Kt  finis  omnium. 

Ergo  rongaudcat  plcbs  vilae  reddita 
Parvuli  Filii  gratia  prfedila  ! 

Nova  puerpcra 
Sud  dat  ubera 
Patri  et  Filio 
Consiliario. 
Virginis  gremio 
Egct  cibario 
Qui  pascil  infera 
Solus  et  supera. 

Ergo  congaudeat  plebs  vit.T  reddita 
Parvuli  Filii  gratia  prrcdila. 

Paslor  fideiium 
Pastorum  omnium , 
Ovem  centesimam 
Invcnit  perdilam. 
Ercptam  vcpribus , 
Muilis  criminibus, 
Gralulans  ,  gerulas 
Levai  in  scapulas. 
[Ergo  congaudeal,  etc.]. 

(Bibl.  nal.  Int.,  3851,  45  v»;  commenccmenl  du 
XII»  siècle.) 


TROPES  DE   LA   1'°  ET  DE   LA  2°  EPOQUE  183 

honore,  où  l'on  chante  l'enfance  de  Jésus,  ce  «  temps 
de  Noël  »,  était  considéré  comme  appartenant  spéciale- 
ment aux  enfants.  Ils  étaient  alors  les  rois,  et  ces 
chants  nouveaux,  ces  Versus  de  la  seconde  époque 
étaient  souvent  chantés  par  les  seuls  enfants  de  chœur  : 
«  Gratulentur  parvuli ,  —  Nato  rege  parvulo  ' .  »  Et 
ailleurs  :  «  In  laudes  innocentium  —  Psallat  chorus 
infantium  '.  »  Et  ailleurs  encore  :  «  Sint  infantes  — 
Festivantes,  —  Et  sonorus  —  Psallat  chorus  ^  »  Vous 
les  entendez  d'ici,  ces  voix  fraîches  du  xiie  siècle,  qui 
réjouissaient  les  cloîtres. 

Voici  cependant  que  nous  avons  déjà  assisté  à  deux 
phases,  à  deux  transformations  de  la  poésie  qui  nous 
occupe.  Voici  qu'après  les  Tropes  du  Benedicamiis,  nous 
venons  d'entendre  chanter  ces  nouveaux  Versus  entre 
les  Heures.  Au  reste,  il  n'y  a  pas  entre  ces  deux  types 
une  différence  aussi  profonde  que  l'on  pourrait  le  croire. 
Les  Tropes  du  Benedicamus ,  que  l'on  exécutait  à  la 
fm  de  certaines  Heures,  ont  donné  fort  naturellement 
naissance  à  ces  Versus  qui  leur  ressemblent  de  si  près , 
moins  la  formule  finale.  Mais,  en  vérité,  c'était  beau- 
coup que  de  se  défaire  de  cette  formule.  Allégée  de 
ce  poids,  cette  poésie  allait  pouvoir  marcher  plus  vite 
et  toute  seule.  On  observera  cependant  qu'elle  n'est 
pas  sortie  de  l'église.  Elle  y  va  encore  rester  quelque 
temps. 

Les  Versus  ont  engendré  les  Motets  de  la  même  façon 
que  les  Tropes  du  Benedicamus  avaient  engendré  les 
Versus.  Le  mutetus  est  une  pièce  à  une  ou  plusieurs 


1  BibL  liât,  lat.,  H39.  l»  40  v". 

2  Bibl.  nat.  lat.,  1139,  f"  40  r». 

3  Bibl.  nat.  lat.,  3719,  1'»  43  v°. 


18^1  iiisïninK  ])]■:  I.  \  l'oKsii:  i.iTriKiinri-: 

voix  (jui   se  cliaiitc.   (Tiiik'   l";ir()ii   iii(l('')tcinl;iMt('.  A  TKL 
OU    TEL    M0MP:NT    DK    L'nl'I'KlK.     Il     laill     iri     >r     iiiOIltni- 

largo,  ol  comprendre  sous  cette  (h'iioiiiiii.itiMn  tontes 
les  pièces  lyriques  de  laiif^iic  laliix'  (jiii  ont  un  carac- 
tère pieux  sans  avoir  de  place  df'teriiiiiiée  dans  la 
journée  liturgi(pie.  Comme  nos  Motets  (raujourd'luii 
qui  sont  exécutés  par  les  maîtrises,  ces  Motets  d'autre- 
fois se  chantaient  ad  libitum.  La  phqiart  sont  Itrefs, 
mais  quelques-uns  sont  ornés  d'un  refiain,  et  il  en  est 
d'autres  qui  ont  plusieurs  couplets  et  olFrent  un  cer- 
tain développement.  Le  «  déchant  »,  qui  est  l'harmonie 
du  moyen  âge,  y  trouve  fréquemment  son  emploi,  et 
il  y  a  de  ces  pièces  à  plusieurs  parties,  il  y  en  a  par 
centaines  dans  les  manuscrits  musicaux  des  xnc  et 
xnie  siècles.  J'en  veux  citer  une  dont  les  paroles, 
empruntées  plus  ou  moins  textuellement  aux  écrits 
plus  ou  moins  authentiques  de  saint  Bernard,  sont 
véritablement  dignes  d'attention.  C"est  le  Christ  rpii 
parle  à  l'homme  du  haut  de  sa  croix  : 

Homo,  vide  quce  pro  te  patior, 
Si  est  dolor  sicut  (pio  ciueior. 
Ad  te  clamo  qui  \)vo  te  nmi'ior  : 
Vide  pœnas  quil)us  afticim", 
Vide  clavûs  quibus  confodior. 
Cum  sit  tant  us  dolor  exterior, 
Interior  planctus  est  gravior, 
Tam  ingratum  te  dum  experior  '. 

La  musique  de  VHomo  vide  est  médiocre,  mais  il  n'en 
est  pas  de  même  pour  un  autre  Motet  à  une  voix, 
pour  VHomo  considéra,  dont   nous  ne   pouvons  fran- 

>  Bibl.  liai,  lat.,  8i33,f«  ^o  v°. 


ÏROPES  DE   LA  1''=  ET  DE   LA  •2''  ÉPOQUE           185 
.  .     1^  - : — 


-au -^ J m • m Il( 3 , a 

Ê "Tc^îà f ccoiif ^  Cqtialtmf  t^tm'ato'^ DiUcq2i&- ^ôvti\îîu\^â  uapozis  ftiUtq 

— —. Il  -  ■  -^^  .     -T^-^ 


4! 


'^I-^-'    -^1       ■<      ^     ' "    ,     ^ ^    "~J^J'    _    ^J       .      -     ^     4     T    ^        ^ 


Imtgrhmoiié  moi^f  ^r  tu|J^  ÇïchiU^  ucxpam  àXcçoiii*  ^  ^tx^tgf 


Jtetim  ^'^mVix^^^uàfiO  odi  ûOtCf^  ctu^'rio  00111^6  ^mctnoi  c«lm5  ^Ic^^jtîS'a/ 
T^tn<^c?g— Hrg- ^^ '■ — — 


Tyiie  des  Motets  (Bibl.  iiat.  lat.,  8433,  1"  45  vo) 


186  HISTOIRE  DE  LA  POÉSIE  LITURGIQUE 

scrire  ici  que  les  derniers  vers,  alambiqués  et  lourds, 
et  qui  est  accompagné  d'une  mélodie  véritablement 
remarquable  : 

Vido  ne  difTeras  ; 

Vide  ne  (léseras, 
Oblitus,  creatorem. 

Culpam  dum  itéras, 

Tuiim  exaspéras, 
Ingratus ,  redernptorem. . . 

Humilem  eligas 

Vitam,  quam  dirigas 
Per  viam  altiorem. 
Dum  attendis  iiltoreni, 
Redimas  te  per  timorenn. 

Duniiniim  diligas; 

Te  totum  colligas 
Amantis  in  amorem  ^ 

11  nous  serait  trop  facile  de  multiplier  les  exemples; 
mais  nos  lecteurs  ont  déjà  compris  ({uel  est  le  carac- 
tère distinctif  des  Motets.  On  s'y  permet  des  privautés 
avec  la  pensée  et  avec  le  rythme  ;  mais  enfin  on  y  est 
toujours  chrétien,  toujours  pieux,  et  le  Motet,  ne  l'ou- 
blions pas,  se  chante  près  de  l'autel.  C'est  un  ciiant 
extra- liturgique,  mais  c'est  encore  un  chant  d'église. 

Un  pas,  un  seul  pas  de  plus,  et  nous  allons  franchir 
la  porte  du  temple.  Nous  venons  d'étudier  les  trois  pre- 
mières formes  de  ce  genre  littéraire  (|ui  dérive  do  nos 
Tropes  ;  mais  il  nous  reste  encore  à  examiner  cin(j 
autres  formes,  ou,  pour  mieux  parler,  cinq  autres 
groupes  de  chants  qui  ne  sont  plus  exécutés  entre  les 
murs  sacrés  de  la  basilique. 

1  Bibl.  nat.  laf.,  8433 ,  f»  45  v ;  à  la  même  pape  que  la  pièce  précédcnlo.  Voy. 
le  fac-simih  çi-coi)lro. 


TROPES  DE  LA  V   ET  DE  LA  2"  ÉPOQUE     187 

Supposez  donc  un  moment  que  vous  assistiez  à  la 
fin  d'un  Office  dans  une  église  abbatiale.  Les  moines 
sortent  en  silence,  mais  il  n'y  a  pas  là  que  les  moines: 
il  y  a  la  scola,  il  y  a  les  enfants  de  chœur.  Or  nous 
sommes,  si  vous  le  voulez  bien,  le  premier  jour  de 
l'an,  et  voici  que,  pendant  la  récréation,  sous  le  cloître 
et  dans  la  bibliothèque,  ou  bien  encore  en  plein  air, 
dans  les  cours  et  dans  les  jardins,  on  organise  de  petits 
chœurs.  Que  vont  chanter  ces  enfants?  Que  chantent- 
ils?  Vous  n'avez  qu'à  ouvrir  l'oreille  : 

Annus  novus  in  gaudio 
Agatur  in  principio. 
Magna  sit  exultatio 
In  cantoris  tripudio  \ 

A  ce  solo  succède  le  refrain  :  «  Ad  hsec  solemnia  — 
«  Goncurrunt  omnia  —  Voce  sonantia,  —  Cantoris 
«  gratia  —  Et  vitae  spatia  —  Per  quem  laetitia  —  Fit 
«  in  ecclesia.  »  Puis,  le  soliste  entonne  le  deuxième 
couplet  :  «  Anni  novi  principium  —  Vox  celebret  psal- 
lentium.  »  Et  la  chanson  (car  c'est  une  vraie  chanson) 
est  enlevée,  de  verve,  jusqu'au  dernier  vers. 

Elles  ne  manquaient  pas  dans  les  abbayes  du  moyen 
âge,  les  occasions  de  ces  concerts  monastiques,  et  il 
y  avait  là  tout  un  petit  monde  qui  avait  besoin  de  se 
divertir.  Véritables  collégiens,  étudiants  de  première 
année,  ils  aimaient  la  pointe,  les  jeux  de  mots,  une 
certaine  petite  impudicité  mal  voilée.  Ils  s'en  don- 
naient à  plein  gosier.  Pendant  tout  le  temps  de  Noël, 
ce  n'étaient  que  chants  :  «  Ergo,  gaude,  gaude,  juve- 

*  Bibl.  nat.  lai.,  1139,  l»  36  v°.  Le  texte  porte  agnus  au  lieu  d'annus,  et  plus 
loin  anni  novi  principio. 


188  lIISTOITiK   DK  LA   priKSH-    f,nr|i(;|urE 

«  nilis  concio '.  *>  Le  jour  de  lu  Saiiil-M.iitiii.  ^n-;iii<l  la- 
pa^(!  :  «  Fc'slivetiir  lucc  cleiicis,  —  Si.mI  niMxime  sco- 
«  lasticisl  ')  On  miilti[)liait  ces  fûtes.  11  est  d'ailleurs 
aisé  de  comprendiv  qu'en  pai'fils  cas,  ces  jeunes  gens  ne 
se  maintenaient  jjus  L(jiij(>u]s  dans  les  limites  de  la  sa- 
gesse cléricale  et  de  l'austérité  monacale.  De  là  ces 
chansons  troj)  libres,  ou  iiiênie  tout  à  fait  scandaleuses, 
aux(iue||('s  nous  allons  arrivei-  tout  à  l'iieure,  et  que 
l'on  est  joui  f'ionné  de  rencontrer  dans  les  Tropaires. 
Ces  Tropaires  de  la  seconde  époque^  n'étaient  en  réa- 
lité que  des  livres  d'étudiants. 

De  ces  chants  sur  la  Saint-Nicolas  ou  sur  le  jour  de 
Fan  on  en  vint,  par  une  pente  inévitable,  à  glisser  en 
des  chants  d'un  caractère  décidément  trop  «  laïque  ». 
Passe  encore  pour  ces  pièces  morales,  d'où  s"exhal<.' 
un  si  profond  ennui  :  «  Mordax  detractio,  —  Livoris 
filia,  —  Plena  versutia,  —  Pungis  ut  scorpio,  —  Frémis 
ut  bestia.  —  Dente  nefario .  —  Gorrodis  omnia.  » 
Passe  encore  pour  ces  centaines  de  prétendues  Mora- 
lités auxquelles  on  n'a  pas  toujours  eu  le  courage  d'ap- 
pliquer une  notation  musicale;  mais,  si  nous  allons 
seulement  un  peu  plus  loin  dans  cette  voie  oii  Ton  ne 
saurait  s'arrêter,  nous  tombons,  hélas!  de  la  morale 
dans  la  politique,  et,  pardon  du  mot,  dans  «  l'actua- 
lité ».  Si  fermés  que  fussent  les  murs  d'un  monastère, 
les  nouvelles  y  pénétraient  avec  une  ra{)idité  qui  est 
parfois  de  nature  à  nous  surprendre.  C'étaient  surtout 
les  pèlerins  qui  colportaient  ainsi  les  événements  nou- 


1  Bil.l.  liât,  lat.,  1139,  i'o  ol. 

î  Bibl.  liât,  lat.,  1139,  t°  'i9. 

'  Les  deux  types  de  ces  Tropaires  de  la  décadence  sont.  |»ar  excellence,  les 
deux  manuscrits  de  la  Bibl.  nal.  lat.  1139  et  371'.».  tin  no  saurait  assez  les 
étudier. 


TROPES  DE  LA  V   ET  DE  LA  2"^  ÉPOQUE     189 

veaux,  et  il  arriva  de  bonne  heure,  de  trop  bonne  heure 
peut-être,  que  nos  poètes  de  couvent  s'en  inspirèrent. 
On  trouve  dans  le  précieux  recueil  d'Edelestand  Du- 
méril  un  certain  nombre  de  chansons  latines  qui 
doivent  être  classées  dans  cette  intéressante  catégorie. 
Si  l'on  en  désire  un  type,  on  lira,  non  sans  quelque 
émotion,  les  vers  suivants  qui  ont  pour  sujet  les  graves 
événements  dont  la  Terre  Sainte  venait  d'être  le  théâtre. 
Il  n'y  avait  pas  alors  de  plus  poignante  actualité,  et 
tous  les  yeux  étaient  cloués  sur  le  saint  Sépulcre. 

Exultemus  et  lœtemur 

GanticLim  laetitiœ , 
Ac  reddamus  quas  debemus 
Laudes  Régi  glorige, 
Qui  salvavit 
Urbem  Davit 
A  paganis  hodie. 

Festum  agitur, 

Dies  recolitur 
In  qua  Dagon  frangitur 
Et  Amalec  vincitur. 
Natus  Agar  pellitur, 
Jérusalem  eripitur 
Et  Christianis  redditur. 

Diem  colamus  igitur,  etc.  '. 

Telles  sont  ces  «  actualités  »  que  nous  sommes 
amenés  à  considérer  en  ce  moment  comme  la  sixième 
transformation  de  nos  Tropes. 

Jusqu'ici,  cependant,  nous  avons  pu  supposer  que 
toute  cette  production  poétique  était  due  à    la  seule 

1  Bibl.  not.  lat.,  3719,  l»  42  V. 


190  lIlSTOIlîK    I)K   LA   POÉSIE  LITURGIQUE 

activité  des  moines,  et  il  est  très  probable,  en  effet, 
que  la  plupart  de  ces  Motets  et  de  ces  chansons  pieuses 
ont  eu  pour  auteurs  des  religieux  ou  des  novices;  mais 
voici  venir  un  nouvel  élément,  et  dont  il  convient  de 
tenir  le  plus  grand  compte. 

En  1227,  le  concile  de  Trêves  lança  un  sévère  ana- 
thème  contre  les  écoliers  vagabonds,  les  truands  et  les 
goliards  qui  se  présentaient  dans  les  églises  séculières 
et  monastiques  «  sous  prétexte  d'y  chanter  des  vers 
sur  le  Sanctus  et  YAgnus  Dei  '  ».  Chacun  de  ces  mots 
est  à  peser  longuement,  et  il  n'y  a  peut-être  pas  de  texte 
qui  montre  mieux  l'influence  dangereuse,  mais  consi- 
dérable, de    ces  Tropes  dont  nous  écrivons  l'histoire. 

Donc  il  a  existé,  dès  le  xe  siècle  à  tout  le  moins 
(puisqu'il  en  est  question  dans  les  règlements  de  Gau- 
tier, archevêque  de  Sens,  en  915),  il  a  existé  toute  une 
séquelle  de  clercs  errants  qui  ont  été  la  honte  de  la 
cléricature  et  le  fléau  de  l'Église.  Ils  avaient  l'audace 
de  porter  la  corona,  et  c'est  en  vain  que  les  conciles 
indignés  ordonnent  de  les  raser  pour  faire  disparaître 
une  tonsure  qui  était  décidément  par  trop  compromet- 
tante. C'étaient,  à  vrai  dire,  de  mauvais  sujets  qui 
avaient  manqué  leur  vocation  et  s'étaient  fait  ignomi- 
nieusement chasser  des  monastères  ou  des  églises.  Il  y 
avait  là  de  ces  méchants  écoliers  qui  avaient  dû  aban- 
donner les  bancs,  et  que  nous  pouvons  assimiler  à  nos 
étudiants  de  dixième  année.  Comment  vivait  toute  cette 
bohème?  Elle  vivait  d'aumônes  et  }tayait  en  chansons. 


^  «I  Prœcipimus  ut  omnes  sacerdoles  non  permiltant  trutannos  et  alios  vagos 
scolares  aut  çruliardos  cantare  Versus  super  Sanctus  et  Aijnus  Dei.  n  (  ^!arl^ne 
et  Durand,  Amplissiina  Collectio,  VII,  p.  117;  Ducange,  au  mot  TnUaiums. 
VI,  p.  G90,  et  surtout  Reiners,  /.  /.,  p.  17.) 


TROPES  DE  LA  l'"  ET  DE  LA  2''  ÉPOQUE     191 

Comme  tous  les  déclassés  de  tous  les  temps,  ils  étaient 
aigris  contre  la  société,  mais  surtout  contre  l'Église,  qui 
les  nourrissait.  Ils  connaissaient  assez  le  cœur  humain 
pour  savoir  que  les  petits  sont  toujours  heureux  des  ou- 
trages qu'on  jette  aux  puissants,  et  avaient,  eux,  ces 
trutanni,  déclaré  la  guerre  à  la  Papauté  et  à  l'Épisco- 
pat,  qu'ils  couvrirent  d'injures  pendant  plus  de  deux 
cents  ans.  Ils  faisaient  rire  d'un  mauvais  rire  et  qui 
ressemblait  à  une  grimace;  mais  enfin  on  les  croyait 
sur  parole,  et  l'on  s'indignait  avec  eux.  A  leur  arc  ils 
avaient  une  seconde  corde,  qui  était  la  luxure,  et  s'en 
servaient  habilement.  Ils  exploitaient  la  plus  abjecte 
des  passions,  et  y  mêlaient  un  amour  malsain  de  la 
nature  et  du  printemps,  qui  mettait  les  âmes  en  rut. 
Un  grand  nombre  de  ces  chants  nous  sont  restés,  et 
on  peut  les  lire  dans  la  collection  de  Flacius,  dans 
les  Carmina  Burana,  dans  le  recueil  des  œuvres  at- 
tribuées à  Gautier  Map.  On  ne  serait  pas  sincère  (et  il 
faut  toujours  l'être)  si  l'on  n'avouait  pas  qu'il  y  avait 
alors  de  véritables  abus  à  Rome  et  dans  toute  l'ÉgUse; 
mais  il  convient  d'ajouter  que  les  goliardi  les  ont  sin- 
gulièrement ampUfiés.  C'étaient  les  pamphlétaires  de 
ces  siècles  sans  journaux  ^ 

Eh  bien!  c'est  grâce  aux  Tropes  qu'ils  se  faufî 
laient  parfois  dans  les  meilleurs  monastères  :  «  Nous 
«  savons,  disaient -ils,  de  beaux  Tropes  du  Sanctus 
«  et  de  VAgnus.  »  Ils  les  chantaient,  en  effet,  mais 
de  telle  façon  que  le  prêtre  à  l'autel  en  était  trou- 
blé et  les  assistants  scandalisés.  Après  l'Office  ils  ré- 
citaient  sous  le    cloître    leurs    sempiternelles   satires 

1  Ou  trouvera  les  preuves  de  toutes  les  propositions  précédentes  dans  le  Glos- 
saire de  Ducange,  à  l'article  Goliardi,  etc. 


102  IIISTOIHK   DE   ].\   POÉSIE  MïTIiClQUE 

contre  Rome,  et  se  faisaient  ccoulf-r.  Ils  ravageaient  les 
âmes. 

Les  Tropaires  de  la  seconde  époque  portent  la 
trace  de  leur  passage,  soit  que  les  moines  aient  écrit 
sous  leur  dich'c  quelques  -  unes  de  ces  obscénités 
goliardifiucs ,  soit  que  les  jeunes  religieux  aient 
adopté  ce  genre  et  imité  ces  «  maîtres  »,  en  se  ser- 
vant du  moule  commode  des  anciens  Tropes  ou  des 
Motets. 

Toujours  est-il  «pic  dans  [»lus  (Fun  Tropaire'  nous 
lisons  des  chants  d'amour,  et  même,  pour  lont  dire, 
des  chansons  véritablement  obscènes.  Encore  un».' fuis, 
ce  sont  là  îles  livres  d'étudiants,  et  |)arf()is  d'étudiants 
en  goguette. 

Je  n'en  veux  pas  citer  long,  et  suis  obligé  cependant 
d'en  donner  quelque  idée. 

Que  dire  cependant,  que  dire  de  ces  jeunes  clercs 
qui  pleurent  sur  la  mort  d'une  jeune  femme  (elle  s'ap- 
pelait Dulcia,  et  c'était  tout  simplement  une  courtisane 
de  la  dernière  espèce)  et  lui  consacrent  tout  un  petit 
poème  mêlé  de  passion  et  de  piété  : 

Pauperum  et  divituiii, 
Clericoi'uin,  inilitum, 
Ciaudium  est  perclitum... 
l'ro  illius  requie 
Clerici  quotidie, 
Quorum  erat  proprie, 
Dicant  :  «  Rex  propicie , 
Miserere  ^.  » 

Encore    y   a-t-il    là    quclipic    tempérament,   j'allais 

1  Bibl.  liai.  Int.,  3719,  i<"  37  v».  38  r».  23  r  et  v».  de;  1139.  jmssitn ,  etc. 
»  Bibl.  liai,  lat.,  3719,  l»  87  \°. 


TROPES  DE   LA  r°  ET  DE   LA  2°  ÉPOQUE  193 

presque  dire  quelque  grâce;  mais  ailleurs  c'est  l'explo- 
sion de  la  passion  brutale  et  qui  va  jusqu'au  blasphème  : 

Nutritur  ignis  osculo 
Et  leni  tactu  virginis  ; 
In  suo  lucet  oculo 

Lux  luminis. 
Non  est  in  toto  sœculo 

Plus  numinis  '. 

Il  faut  s'arrêter  et  renvoyer  pour  le  reste  aux  poésies 
de  Gautier  Map  et  de  ses  congénères. 

«  Ces  poésies  sortent  de  nos  Tropes,  »  c'est  là  ce 
que  nous  nous  étions  proposé  de  démontrer. 

La  source  était  à  peu  près  pure  :  le  ruisseau  est 
sale. 

1  Bilil.  nat.  lat.,  3719.  f°  4L 


13 


CHAPITRE  XIII 


LES  TROPES  DE  LA  PREMIERE  EPOQUE 
ET  TOUT  D'ABORD  CEUX  DE  LA  PROCESSION 


La  Procession  est  un  rite  auguste,  et  que  l'on  re- 
trouve chez  tous  les  peuples  qui  ont  été  doués  du  sens 
artistique  et  surtout  du  sens  religieux.  Les  théories 
de  la  Grèce  n'étaient  que  des  processions,  auxquelles 
il  nous  est  permis  de  supposer  aujourd'hui  je  ne  sais 
quelles  physionomie  et  allure  incomparables,  sous  la 
splendeur  d'un  tel  ciel  et  avec  ces  beaux  êtres  humains 
qui  savaient  si  bien  se  draper.  Mais  il  n'est  que  juste  de 
le  proclamer  :  c'est  à  l'Église  catholique  qu'il  a  été 
donné  de  pousser  jusqu'à  la  perfection  un  rite  aussi 
naturel  et  aussi  imposant.  «  Procedamus  in  pace,  »  dit  le 
diacre  au  début  de  la  marche  sacrée,  et  tout  le  chœur 
lui  répond  :  «  In  nomine  Christi.  »  Tout  l'esprit  de  nos 
processions  est  dans  ces  quelques  mots. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  de  processions.  Les  plus 
antiques,  les  plus  célèbres  sont  celles  qui  ont  pour 
objet  la  Supplication,  et  c'est  par  là  que  le  mot  Sup- 
plicationes    est  liturgiquement    deveim    svnonvme   de 


106  HISTOIHK    I)K   LA    l'OKSlE    1.  ITI'lU;iOlJE 

Processiones.  Ces  marches  graves  sont  empreintes 
d'une  tristesse  i)rofonde  et  divine,  et  il  faudrait 
plaindre  celui  qui  ne  se  sentirait  pas  ému  jusqu'au 
fond  de  l'âme  par  le  spectacle  de  la  Procession  du 
Vendredi  saint,  alors  qu'elle  s'avance  silencieusement 
vers  le  tabernacle  lointain  où  l'on  a  déposé  l'hostie 
sacrée.  Sans  doute  il  y  a  certaines  Processions  qui 
sont  joyeuses  :  il  y  a  des  Processions  «  de  triomphe  »  : 
telle  est  celle  de  Noël  vers  la  crèche  '  qu'on  a  dressée 
derrière  le  maitre-autel;  telle  est  celle  du  dimanche 
des  Rameaux,  de  ce  jour  unique  dans  le  cycle  litur- 
gique, qui  s'ouvre  dans  l'Alleluia  et  s'achève  dans  la 
douleur^;  telle  est  encore  celle  de  la  nuit  pascale,  au 
sortir  de  ce  baptistère  où  t.mt  de  catéchumènes  viennent 


*  Cette  Procession  de  Noël  a  pris  de  bonne  heure  un  cirmltM-r-  dr.-iin.'itique . 
comme  on  en  ])Ourra  juger  par  le  type  suivant  : 

(I  Prœsepe  sit  paraUim  relro  allarc,  et  imago  sanclœ  Maria;  sit  in  co  posita.  Inpriinis  qui- 
dam puer  antc  cliorum,  in  excelso,  ad  similitudinem  Angeli,  nativilalem  Domini  nunlians, 
ad  quinque  canonicos  quindecim  niarcarum  et  libraruni,  vcl  ad  eorum  virarios  de  secunda 
sede;  Pastores  inlrantes  per  magnum  ostium  cliori,  por  modum  chori  transeunles  ad  locum 
in  quo  paraluni  est  praesepe,  afcrdant,  canlanlcs  hune  versuin  Pax  in  terri».  Salutent  Pasto- 
res Virt'inem...;  tune,  viso  puero,  Pastores  adorent  eum.  »  (Ordinariuin  /lolhomngense ,  Mar- 
tène,  De  anliquia  Ecclciiœ  rilibus,  III,  9C.) 

Cet  Office  ad  prœsepe  avait  lieu  aiirès  Maline?.  Moléon,  dans  ses  Voyages 
liturgiques,  en  constate  encore  la  célébratinn  à  Clermont  (p.  76),  à  Angers 
(p.  91),  etc. 

2  «  Ordo  processionis  in...  ramis  Palmarum...  Conveniant  canonici  Sancli  trte- 
phani  de  Monte  cuni  i)rocessione  et  omni  décore  ad  majoreni  ecclesiam.  Conve- 
niant et  coter»  congrcgationes,  excepta  iSancti  Pauli...  [Onines;  eant  adSanclum 
l'aulum...  Primuni  aqua  beuedicta  ;  deliinc  vexilla  ;  tune  candelabra  sicque 
Ihuribula.  Debinc  cruces.  Tune  subdiaconi  cuni  Evangeliorum  iibris.  Tune  fere- 
truni  cum  reliquiis;  sicque  duo  acolilhi  eum  candelabris ,  duo  cum  thuribulis 
aureis.  Infer  hos  niedios  diaconus  indulus  dalnialica,  porlans  brachium  donini 
Stephani.  Post  hoc  exeat  scola  cum  timoré  Pei  et  reverenlia,  sicque  seniores 
incipientes  a  majoribus  usque  ad  minores,  iucedcnles  bini  et  bini.  Dominas 
autem  Pontilex  veniat  ultimus  omnium,  quem  pra?cedat  crux.  sicut  solito  vcxillo 
apposito.  Post  hune  lurba  populorum.  C-anlores  aulem  non  incedant  in  ordine 
cum  aliis;  sed,  tenentes  virgas  in  manibus,  muniant  processionem  ex  utraque 
parle  incedenles,  nunc  ante,  nunc  relro,  comiirimentes  tumultum.  monenle? 
clerum  ut  cum  Dei  timoré  cuncta  liant  hones^le.)»  {Processionnal -Epistolier  de 
Besançon.  Borgia .  M.  \  i.  27,  f"»  39,  'i2.  'iS;  à  la  bibl.  do  la  Pro|tagande.  à 
B..me.") 


LES  TROPES  DE  LA  V  ÉPOQUE  —  LA  PROCESSION    197 

d'être  plongés  '  ;  telle  est  enfin ,  telle  est  surtout  celle  du 
Corpus  Christi ,  qui  est  demeurée  la  plus  populaire.  Il 
arrive  aussi  que,  dans  les  monastères  et  dans  les  cathé- 
drales, on  annonce  un  jour  l'arrivée  d'un  souverain  et 
que  l'on  va  processionnellement  à  la  rencontre  de  cet 
empereur  ou  de  ce  roi,  et  c'est  encore  là  un  rite  où  la 
douleur  n'a  point  de  part  '.  Il  en  était  de  même  pour 
l'arrivée  d'un  évêque  et  la  réception  d'un  abbé.  Mais 
les  vraies  et  primitives  Processions  sont  avant  tout 
«suppliantes,  »  et  leur  véritable  type  est  celle  des 
Rogations,  qui  remonte  à  une  si  haute  antiquité.  Ce 
sont  encore  celles  de  la  Saint-Marc,  du  mercredi  des 
Gendres  %  du  mercredi  saint  et  in  jejuniis  Pente- 
costes.  La  plupart  se  font,  ou  plutôt  se  faisaient  pieds 
nus,  et  je  ne  sais  pas  si  l'on  s'accommoderait  aujour- 
d'hui d'une  telle  rudesse  \  Le  premier  jour  de  Carême, 


'  La  Procession  ad  fontes  se  renouv^elait,  comme  on  sait,  le  jour  de  Pâques  : 
«  Post  Vesperas  fiebat  processio  solemnis  ad  fontes,  »  et  devint,  sous  cette 
forme,  d'un  usage  presque  généraL  (Martène,  l.  c,  UI,  497  E,  499  G,  503  B, 
b09  C.)  A  Bayeux,  cstte  procession  avait  lieu  à  cinq  heures,  très  solennelle,  et 
avec  le  Corpus  Christi  porté  sous  le  baldaquin  {l.  c,  498  A).  A  Chalon-sur- 
Saône,  le  même  rite  était  répété  tous  les  jours  de  la  semaine  pascale,  etc.  etc. 

2  Sur  les  Processions  ad  regem  suscipiendum ,  voy.  Martène  {l.  c,  801  E, 
802  A).  Chanoines  ou  moines  allaient  au-devant  du  roi  deux  par  deux,  en 
chappes,  précédés  de  la  croix,  silencieusement.  On  offrait  l'eau  bénite  au  roi, 
et  le  chœur  chantait  :  Ecce  mitto  anrjelum  meitm.  S'il  s'agissait  de  la  reine,  ce 
n'était  plus  VEcce  mitto,  mais  le  Cum  sederit.  =  Cf.  les  Processions  ad  susci- 
piendum episcopum  (Martène,  l.  c.,  802  E,  803  A)  et  ad  abbatem  suscipien- 
dum (I&/rf._,803  B),  et  surtout  les  Versus  usités  à  Saint-Gall  pour  la  réception 
d'un  roi  :  Salve,  proies  reijum  (Patrologie,  LXXXVll,  col.  40);  Ave,  beati  ger- 
minis  {Ibid.,  col.  40);  Suscipe  clementem  [Ibid.,  col.  43)  ;  Rex  benedicte,  veni 
(Ibid.,  col.  44);  Imperatorum  genimen  (Ibid.,  col.  44),  etSalve,  festa  dies  lau- 
dabilis  atque  beata  {Ibid.,  col.  56);—  ou  d'une  reine  :  Aurea  lux  lerrse  {Ibid., 
col.  41). 

3  Martène,  Z.  c,  III.  161. 

■*  Sur  les  Processions  nuclis  pedibus,\OY.  Martène  {De  antiquis  Ecclesias  riti- 
bus,  III,  127  E,  128  A,  161  B,  226  B,  379  D,  518  B,  532  B;  De  antiquis  Mo- 
nachorum  ritibus,  310  A,  314  E,  430  C,  468  D,  550  C,  537  A,  808  D).  Ce  rite 
existait  encore  au  xviir  siècle,  comme  le  constate  le  sieur  de  Moléon  en  ses 
Voyages  liturgiques  (pp.  30,  74,  111,  112). 


198  IIISTOIIIL:   de   la   l'OESlE   MTIJH(ilni;E 

le  papu  lui-mùmc  allait  pieds  nus,  avec  les  cardinaux, 
jusqu'à  l'église  Sainte -Anastasie  ad  Sanctam  Sabi- 
namK  A  Besançon,  le  mercredi  saint,  l'évoque  et  tout 
son  clergé  allaient,  pieds  nus,  visiter  les  malades*.  La 
Supplication,  toujours  la  Supplication.  Un  fléau  s'abat- 
tait-il sur  un  royaume,  sur  une  ville  ;  la  peste,  la 
guerre  ravageaient-elles  ces  peuples  croyants,  vite  ils 
demandaient  une  Procession  avec  tous  les  reliquaires 
de  leurs  cités,  et  l'on  se  souvient  encore  à  Paris  de 
celles  de  Sainte-Geneviève.  Un  monastère  avait- il  vu 
ses  murs  renversés  et  ses  biens  pillés  %  les  moines, 
deux  par  deux,  allaient  processionnellement  conjurer 
Dieu  de  pardonner  de  tels  crimes,  et  demander  aux 
hommes  de  les  réparer.  Les  pèlerinages  eux-mêmes 
avaient  leurs  théories  sacrées  qui  se  déroulaient  au  flanc 
des  montagnes,  et  c'était  ici,  comme  ailleurs,  la  forme 
solennelle  de  la  Supplication. 

Il  n'en  est  pas  ainsi  de  la  Procession  (pii.  chaque 
dimanche  ou  chaque  jour  de  fête,  se  met  en  marche 
AVANT  LA  MESSE.  Ce  u'cst,  à  Vrai  dire,  ni  un  rite 
triomphal,  ni  un  rite  de  pénitence  ou  de  réparation. 
Comme  Martène  l'a  établi,  cette  Procession  est  essen- 
tiellement liée  avec  l'Aspersion,  et  n'a  même  été  in- 
stituée (jue  pour  accompagner  dignement  le  prêtre 
«  asperseur'  ».  Dans  les  cathédrales  et   dans  les  mo- 

1  A  la  station  on  apportait  de  Peau  chaude  pour  rcrliaufTer  les  pieds  du 
pape. 

*  Martène,  /.  <•.,  UI,  226.  Cette  procession  avait  lieu  avant  Tierce. 

'  «  Processionesreliquiarum  adversus  invasores  bonorum  monasterii  »  (Mar- 
tène, De  antiquis  Monarhorutn  ritihus,  807  C);  «  Processiones  ad  obtinendas 
eleemosynas  pro  roparamlis  monasterii  c-ediliciis  »  (/6iVf.,  811  A).  —  Cf.  les  Versus 
ad  soletnneni  per  campos  et  montes  professione»)  de  veliiniiis  sancti  Galli  : 
«  Jam  lidelis  turba  fratrum,  etc.,  «dans  les  Hunini  antiijuorutn  jHitnttn  mona- 
sterii Sanvti-Galli  {Patrolorjie,  LX.XW'M,   col.  'i6). 

*  Après  l'imposition  de  IWntienne  Asperges  me,  le  prêtre  asperge  successi- 


LES  TROPES  DE  LA  1'°  EPOQUE  —  LA  PROCESSION  199 

nastères,  cette  fonction  était  à  la  fois  plus  solennelle 
et  plus  longue  que  de  nos  jours,  et  l'on  jetait  l'eau 
bénite  sur  la  maison  de  l'évêque,  sur  les  cloîtres,  sur 
tous  les  bâtiments  et  dépendances  monastiques  ^  De  là 
la  nécessité  pour  le  chœur  de  s'arrêter  plusieurs  fois, 
ou,  pour  parler  un  langage  plus  liturgique,  de  faire 
quelques  «  stations  »  en  attendant  que  le  célébrant  eût 
achevé  de  parcourir  toutes  les  parties  de  l'édifice  reli- 
gieux. Ces  stations  avaient  lieu  soit  dans  le  cloître,  soit 
dans  l'église.  A  Saint-Gall  il  y  en  avait  trois  :  l'une  ad 
crucem,  l'autre  ad  Sanctum  Othmarum,  et  la  dernière 
m  choro.  Grâce  au  plan  de  820,  il  est  aisé  d'en  déter- 
miner la  place  l 

Pendant  ces  diverses  Processions,  qui  duraient  un 
assez  long  temps,  il  fallait  chanter  et  chanter  sans 
cesse.  Mais  que  chanter? 

Le  système  des  Antiennes  s'imposa  fort  naturellement 
dans  un  certain  nombre  d'églises  %  et  c'est  celui  qui 

vement  tous  les  autels  et  les  cimetières.  Le  chœur  chante  tour  à  tour  le  Mise- 
rere rnei  Deus,  le  Salve  Regina  et  l'Antienne  Beprecetnur  (ou,  au  temps  de 
Pâques,  Christus).  La  Procession  fait  le  tour  du  grand  cloître  :  plu-ieurs  sta- 
tions sont  assignées  aux  chantres  et  à  la  scola,  tandis  que  le  prêtre  continue 
l'aspersion.  Après  la  récitation  des  Collectes,  le  rite  se  termine  par  le  répons 
Gloriosissimiun ,  chanté  par  tout  le  clergé  qui  rentre  dans  le  chœur.  (  Viennensis 
Ecclesise  ritus ,  Martène,  De  antiquis  Ecdesise  rilibus ,  IH,  col.  65.) 

1  a  De  scola  aliqui  eligantur  qui,  cuni  uno  presbytero  et  cruce  una,  aquam 
benedictam  per  omnia  officina  aspergant,  etc.  »  (Ordo  Cameracensis  et  Atrebatensis 
Ecclesise,  Martène,  De  antiquis  Ecclesiac  ritibus ,  UI,  col.  66.)  Martène  ajoute  : 
«  Hic  ritus  diu  viguit  in  monachorum  cœnobiis.  »  Au  temps  du  célèbre  béné- 
dictin, ce  même  rite  pouvait  encore  être  constaté  dans  certaines  cathédrales,  no- 
tamment à  Lyon  :  «  Chorus...  aliquod  responsorium  concinens,  claustrum  cir- 
cuibat,  ad  januam  ecclesiœ  subsistons  atque  exspectans,  donec  sacerdos  ab 
officinarum  perlustratione  rediret  orationem  decantaturus.»  C'est  de  ces  attentes 
du  chœur  qu'ont  fort  naturellement  dérivé  les  stations  des  Processions,  les- 
quelles ont  lieu  «  sive  in  rlaustro ,  sive  in  navi  ecclesise  ».  — Cf.  Moléon, 
Voyages  liturgiques:  Saint -Maurice  de  Vienne,  p.  12;  Saint-Jean  de  Lyon, 
]i.  50;  Fontevrault,  p.  119;  Saint-Aignan  d'Orléans,  p.  211  ;  le  Mans,  p.  221  ; 
Rouen,  p.  228,  etc. 

2  Voir  plus  haut  le  Salve  nnrificion,  p.  26. 

3  «  Antiphonœ  processionales.  »  V.  les  mss.de  la  Bibl.  nat.  lat.,  1120  (xi« siècle), 


•200  HISTOIHK    |)K    LA    |M)K<|K    I.  IT  IJ  RCI  O  (J  E 

lut  notamment  adoj)t('  à  Saiiit-Marlial.  Dans  les  Ti'o- 
paires  de  l'illustro  aljhayo,  nous  jjoiivoms  lire  tmilc  une 
suite  cVAntijjhonag processionales (\()]ï\  nous  n'avons  ici  à 
déterminer  ni  l'antiquité  ni  le  caractère  \  A  Saint-r,;ill 
avait  prévalu  un  autre  système,  celui  dea  Versus,  dont 
nous  avons  déjà  (;u  lieu  de  nous  occuper  longuement. 
Il  n'y  avalait,  d'ailleurs,  qu'à  applaudir  à  ces  vers  so- 
lennels, corrects  et  parfois  colorés,  s'ils  ne  pnHaient 
vraiment  à  trop  de  longueur.  Mais,  après  tout,  ces 
œuvres  de  Radpert  et  d'Hartmann  ne  sont  ni  sans 
piété,  ni  sans  mérite,  et,  encore  aujourd'liui .  nous 
prenons  quelque  joie  à  les  entendre,  en  nous  transpor- 
tant par  l'esprit  sous  les  vastes  cloîtres  de  Saint-dall, 
devant  les  reliques  de  saint  Othmar.  La  fête  de  Pâques 
étant  l'axe  de  toute  la  liturgie,  c'est  le  Salve,  festa  (lies 
toto  venerabilis  œvo,  ce  sont  les  Versus  de  Pâques  qui 
sont  restés  les  plus  célèbres;  mais  on  ne  saurait  oublier 
ni  ces  vers  charmants  d'Hartmann  adressés  aux  Inno- 
cents :  Salve,  ladeolo  decoratum  sanguine  festum ,  ni  ce 
Christus  ad  nostras  veniat  camœnas  de  l'Ascension,  ni 
cette  hymne  à  refrain  de  Radpert,  où  il  demande  à 
r«  seternum  Pneuma  »  Mansor  ut  ipse  cordium  —  Velit 
esse  fidelium;  ni  enfin  ces  distiques  du  même  poète  oii 
l'on  célébrait  le  patron  de  la  grande  abbaye:  Annua, 
sancte  Dei,  celehramus  festa  âiei  —  Qua,  pater,  e  terris 

1°  lo4:«  Incipiuiit  Anliphonœ  processionales;  »  lat.,  il21  (w  siècle),  l'<*  138  r»: 
«  Antiphona;  processionales,  »  et  1°  17'»  r»  :  «c  Expliciiinl  oinnes  Antiphona? 
processionales;  »  lat.,  1136  (xi"  s.),  f°  99  r"  ;  «  Incipiunt  Antiphonae  pro- 
cessionales; »  lat.,  903  (xi"  s.),  f»  137  v°  et  suiv.  ;  lai.,  909  (\i*  siècle), 
f»  150  et  suiv.  Ces  mss.  (sauf  le  903  qui  e^t  do  Saint-Yrieix)  sont  de  Saint- 
Martial. 

1  11  en  est  que  j'estime  anciennes  ;  «  .\nti|)hon.T  in  Pascha  ad  pruce?sionem  : 
Cum  rex  gloria}  Christus  infernum  debellaturus  intrarot,  et  chorus  angelicus, 
anio  faciem  ejus,  porta-  principum  toUi  prœciperet  ,  etc.  »  (B'M.  nat.  lat., 
lOiilO,  f»  11  v°.) 


LES  TROPES  DE  LA  1'°  EPOQUE  -  LA  PROCESSION    201 

sidera,  Galle,  petis  '.  Ces  compositions,  où  il  est  per- 
mis de  signaler  plus  d'une  faute  contre  la  métrique 
et  contre  le  goût  -,  sont  généralement  touchantes  et 
dignes  '\  On  aurait  dû  s'en  tenir  là. 

Dédaignant  le  système  des  iVn tiennes,  qui  est  correct, 
et  celui  des  Versus,  qui  est  approuvable,  certaines  églises 
en  adoptèrent  un  troisième  qui  est  plus  périlleux,  celui 
des  Tropes.  Et  c'est  par  là  que  nous  rentrons  directe- 
ment en  notre  sujet. 

L'idée  originale  consista  ici  à  relier  très  étroitement 
entre  eux  les  Tropes  de  la  procession  et  ceux  de  l'In- 

'  C'est  cette  dernière  pièce  que  nous  alluns  ici  donner  pour  type  : 

Annua,  sancte  Dei,  celebremus  festa  diei  —  Qua,  pater,  e  terris  sidera,  Galle,  pctis.  ^ 
Ecce  dies  populis  micat  hœc  sanctissima  noslris  —  Quorum  tu,  princeps,  auctor  ad  astra 
meas.  =:  Finibus  Occiduis  abicns,  succedis  Eois,  —  Dans  lucem  plebi  dogmatis  igné  lui. 
=  Quœ  tenebrosa  fuit  fidei  nec  luce  refulsit  —  Per  te  cœlestem  cœpit  habere  diem.  =  Hic 
ubi  noclicolae  tenuere  cubilia  larvae ,  —  Ad  laudem  Christi  psallit  ubiquc  chorus.  =  Hic  fuit 
ecce  feris  statio  gratissima  saevis  ;  —  Nunc  scdes  sanctis  te  résonante  manet.  =;  Tu ,  pater, 
liuc  vcniens,  fers  tecum  pacis  lionores,  —  Hinc  totum  pellens  quiquid  adesse  nocet.  =  Ex- 
puleras  nocuuni,  complens  dulcedine  totum, —  Quo,  corpus  linquens,  spiritus  astra  petit.  =i 
En  liodic  meritam  tu  post  certamina  palmam  —  Sumpsisti,  Galli;  protège  nos  liodie  =  Jani 
super  astra  nitens,  famulorum  suscipe  laudes  —  Qui  tibi  devoto  nunc  jubilant  module.  = 
Aspice  propitius  vénérantes  nobile  pignus  —  Corpus  prœclarum.  Galle  béate,  tuum.  := 
Aspice  quœ  canimus  ;  expugna  corda  bcnignus,  —  In  rébus  cunclis  rector  adesto  tuis.  = 
Hinc  Domino  trino  laeti  pangîmus  et  uno  —  Qui  nos  nunc  talem  fecil  habere  patrem.  Amen. 
[Palrologie,  LXXXVH,  col.  35,  36.)  Cf.,  comme  un  second  type,  le  Salve  mirificum  que 
nous  avons  publié  plus  haut  (p.  26),  d'après  le  manuscrit  360  de  Saint-Gall  (p.  11. 

-  Un  de  leurs  principaux  défauts,  c'est  leur  longueur  excessive,  mais  qui  était 
peut-être  nécessaire  pour  la  durée  de  la  Proce~,èion.  VHutnili prece  d'Hartmann 
n'a  pas  moins  de  80  vers  [Patrologie ,  LXXXVII,  col.  32)  et  était  cependant 
d'un  Usage  fréquent  {ad  processionem ,  dominicis  diehus). 

3  Voici,  d'après  le  ms.  de  Saint-Gall  360  (xii»  siècle),  la  liste  de  ces  Versus 
processionnels  :  1°  Noël  :  Salve  mirificum...  Venisti,  mundo  (p.  1); —  2"  Saints 
Innocents:  Salve,  lacteolo  (p.  2);  —  3°  Epiphanie:  Salve,  riiirificum...  Hoc 
fecundata  (p.  3)  ;  —  4»  Pâques  :  Salve,  festa  dies  toto  venerabilis  mvo  (p.  o); 
—  5°  Deuxième  dimanche  après  Pâques  :  Salve,  festa  dies...  Christe,  decics 
rerum  (p.  7);  —  6°  Troisième  dimanche  après  Pâques  :  Salve ,  festa  dies...  Qui 
crucifixus  erat  (p.  8);  —  7°  Quatrième  dimanche  après  Pâques  :  Salve,  festa 
dies...  Qui  genus  humanum  (p.  9);  —  8°  Cinquième  dimanche  après  Pâques  : 
Salve,  festa  dies...  Rex  sacer  (p.  10);  — 9"  Ascension  :  Cliristus  ad  nostras 
veniat  camœnas  (p.  17);  —  10"  Pentecôte  :  Pneumatis  seterni  (p.  21);  — 
11° Octave  de  la  Pentecôte  et  dimanches:  Ardua  spes  mundi{p.  23);  —  12» Fête 
de  Saint-Gall  :  Annua,  sancte  Dei  (p.  23); —  13°  Fête  de  saint  Othmar  :  Festum, 
sacratum  psallinius  (p.  27).  —  Nous  ne  citons  ici,  à  dessein,  que  les  Versus 
susceptibles  d'être  chantés  à  la  Procession  qui  précède  la  Messe.  11  y  faut 
joindre  Vllumili  prece.  {Patrologie,  LX.XXN'll,  col.  32.)  Etc. 


202  mSTOIHK   ItK   l..\    l'nKSiK   I.  IT  I' I{(;  |  n  r  K 

troït,  ot  à  ]i"('M  faire,  poiii-  parlcj-  plus  claijcjiicnt, 
qu'une  seule  et  môme  pièce. 

Donc,  on  chantait,  durant  la  Procession,  la  préface 
plus  ou  moins  développée  du  Tropf;  de  l'Iiilroït. 

Puis,  quand  la  Procession  était  finie  et  (jue  les 
chantres  étaient  revenus  au  chœur,  un  commençait 
l'Jntroït  lui-môme  avec  tous  ses  autres  Tropes.  Rien  de 
plus  simple. 

Un  exemple,  un  type  fera  mieux  comprendic  tout  cet 
agencement. 

Le  jour  de  la  Saint-Jean-l'Évangéliste,  la  Procession 
se  mettait  en  marche,  chantant  à  pleine  voix  : 

«  Hodie,  caiididali  clioii  sacciddliini ,  ceiileni  et  milleni,  conju- 
bilant  Clirish»  dilcctoiiue  siki  .hiliamii , 

«  Queni ,  stola  gloi'iic  iiiduliim,  lindir  Ipse  in  conviviimi  susce- 
pit  îeternum. 

«  0  vere  sanclum,  laudabilem  in  terra ,  cœli  arce  splendentem 
in  gloria  magna  ! 

«Alléluia!  Saccrdotes ,  eia,  jubilemus  Deo  in  beato  Juhanne 
Iheologo,  celsa  voce  et  humili  corde,  eia,  dicite  '...  » 

C'est  alors  que  commençait  l'Introït,  qui  parfois 
était  orné  d'une  seconde  préface. 

Que  ce  système  ait  été  fort  répandu,  c'est  ce  que 
nous  ne  pensons  pas,  et  le  système  plus  sain  des  An- 
tiennes, des  Répons  et  des  Hymnes  a  heureusement 

1  Bibl.  nnt.  lai.,  13252.  f"  G  r\  —  Autre  exemple  : 

(I  En  adstat  candida  concio  oninisquc  expcclal  calcrva  dare  vores  in  cxcelso.  —  Oplamus 
Régi  regum  diccrc  udas  qui  sic  in  suo  milite  triumphat  liodic.  —  Laudabilc  c?t  Chrislo  psal- 
lere  :  mine  jiibilandi,  paraplionisia,  die,  domnc  :  — «  Alléluia  nunc,  levila"  exultante*,  jubilemus 
Stopliano  qucm  elegil  sumnius  Apex  in  sepleno  numéro.  —  Kia  dicite... "(Bibl.  nat.  lai.,  132r>2, 
4  vo,  5  ro.  Fè:c  do  saint  Etienne.)  Cf.  Bibl.  nat.  lat.,  iOt<i ,  f»  40  ro;  lat.,  909,  f»  12  v  ;Rctro 
allare,  de  sancto  Slepliano);  lat.,  9449,  f»  10  r». 

On  remarquera  que  les  deux  premières  CInusnhv  de  la  pièce  citée  ci-dessus 
sont  «  parallèles  »  et  ont  chacune  vingt -six  syllabes. 


LES  TROPES  DE  LA  l'"^  ÉPOQUE  —  LA  PROCESSION   203 

fini  par  l'emporter.  Mais  enfin  les  Tropes  ad  proces- 
sionem  ont  eu  leur  place  et  leur  heure. 

Il  est  bon,  à  tout  le  moins,  de  constater  l'emploi, 
dans  ce  Trope  peu  connu,  de  ces  doubles  clausulds,  de 
ces  versiculi  qui  ont  deux  par  deux,  comme  dans  les 
Proses,  le  même  nombre  de  syllabes. 

Nous  aurons  lieu,  bien  souvent,  de  le  constater 
ailleurs. 

Les  Tropes,  comme  nous  l'avons  dit,  ne  sont  que  de 
petites  Proses,  et  il  n'est  pas  étonnant  de  les  voir  sou- 
vent assujettis  aux  mêmes  lois. 

A  Echternach  et  ailleurs,  les  vers  Salve,  festa  dies 
ne  suffisant  pas  à  la  durée  de  la  Procession,  on  y  avait 
joint,  avant  l'Introït,  une  pièce  liturgique  en  prose  et 
à  refrain,  un  répons  fort  connu  et  fort  ancien  qui 
ne  manque  pas  en  effet  d'une  certaine  beauté  presque 
antique  : 

«  Sedit  Angélus  ad  sepulchrum  Domini ,  stola  claritatis  cooper- 
tus.  Videntes  eummulieres,  nimio  terrore  perteiTitœ,  astiterunt  a 
longe.  Tune  locutus  est  Angélus  et  dLxit  eis  : 

«  Nolite  metuere  :  dico  vobis  quia  ille  quem  quseritis  mortuum 
jam  vivit,  et  vita  hominum  cum  eo  surrexit. 

i.  Crucifixum  in  carne  laudate,  et  sepultum  propter  nos  glori- 
ficate,  resurgentemque  a  morte  adorate.  Nolite,  etc. 

y.  Recordamini  quomodo  prœdixit,  quia  oportet  Filium  hominis 
crucifigi  et  tertia  die  a  morte  suscitari... 

Ce  répons ,  dans  l'admirable  Tropaire  d'Echternach , 
est  intitulé  :  In  Introilu  monasterii  \ 


«  BibL  nat.  lat..  10510.  fo  12  r";  Reiners,  l.  c,  p.  74.  —  V.  le  même  texte 
avec  variantes  et  sans  le  dernier  verset,  Arsenal,  1169,  f"  18  \°. 


204  lllsToiiîi-   DK  LA  l'OKsii-;  i.iTi-m.inrE 

Peut-etro  était-il  chanté  devant  cette  représentation, 
(levant  ce  (li'-cor  du  Sépulcre  ({ui  attin-  ici  notre  l'egard 
et  va  bientôt  nous  arrêter  quel(iues  instants. 

En  tout  cas,  ce  n'est  pas  un  Trope. 


CHAPITRE  XIV 


LES  TROPES  DE  LA  PREMIERE  EPOQUE 
—  V  INTROÏT 


Tandis  que  le  prêtre  et  ses  assistants  se  revêtaient 
dans  le  Sacrarium  de  la  splendeur  des  vêtements  litur- 
giques, les  psallentes,  divisés  en  deux  demi-chœurs, 
chantaient,  dès  les  premiers  siècles,  un  ou  plusieurs 
psaumes  dans  la  basilique  peuplée  de  clercs  et  de 
fidèles.  Le  premier  demi -chœur  chantait  le  premier 
verset;  l'autre  demi -chœur  chantait  le  second,  et  ce 
chant  alterné  donnait  au  prêtre  le  temps  d'arriver  au 
pied  de  l'autel'.  A  une  époque  qu'il  est  assez  difficile 
d'établir  scientifiquement,  ce  psaume  ou  ces  psaumes 
étaient  accompagnés  d'un  refrain  de  la  même  partie  tiré 
du  psautier  et  qui  reçut  le  nom  d^Antiphona.  C'est  cet 
ancien  refrain,  c'est  cette  Antiphona  ad  Introïtum  ou  ad 
Ingressum  qui  chez  les  Romains  a  été  appelée  plus  briè- 


'  Le  moment  précis  où  le  célébrant  doit  arriver  à  Faute!  n'est  pas  déterminé 
partout  d'une  façon  uniforme.  Généralement  il  semble  que  cette  entrée  ait  eu 
lieu  au  moment  où  le  chœur  entonnait  le  Gloria  de  l'Introït.  (Martène.  De  an- 
tiquia  Monachorum  ritibus,  146  B,  147  P.)  Aujourd'hui  on  ne  conmience  pas 
rintroït  avant  que  le  prêtre  soit  à  l'autel. 


200  HISTOIRE   T)K   l..\   l'OKSIE   IJTURfilQUE 

vement  Introïtus,  chez  les  amhrosiens  Ingressa,  chez 
d'autres  Officium.  L'Introït  existe  dans  les  Antijphonarii 
a  sando  Gregorio  ordinati  :  c'est  tout  ce  que  l'on  peut 
ici  affirmoF  de  plus  sûr.  Mais  quel  en  a  él»'  le  premier 

Hobif 

\y^huriJiaf  \nu\C\mier  xn\rn\cof 
^  AJTtxcr>  fccrv  ■  iycfe  rLvcum  fm& 

,  -  r  .  .  /.  ■■   ^  ^ 

mjxre'  ejcrruar^  fkcienftfrvdt 

fvr  fine  V  jtcrc-é^m 

A   L  I  T    L      fL 

ODU  NATVS  i$T  XVICTUS 
-       u^      S      -     <  ^  -^Z  ^  - 

Type  d'un  Tropc  de  l'Inlroil  (Bibl.  de  Saint -Gall,  i8i,  pp.  C  et  7). 

inventeur?  C'est  ce  que,  faute  de  documents,  on  ne  sau- 
rait établir  d'une  façon  suffisamment  critique  '.  Enfin,  et 

1  L'attribution  à  saint  Grép-oirc  est  commune  dans  nos  'l'ropaires  :  «  Sanctis- 
simus  namque  Gregorius,  cuni  procès  fundcrot  ad  Dominum  ut  musica»  do- 
num  ei  dosuper  in  carniinihus  dedisset,  tune  descendit  Siiiritus  sanctus  super 
eum  in  spocie  columb;e  et  inlustravit  cor  cjus.  et  tune  demum  exorsus  est  canere, 
ita  dicens:.4</  lelevavi.»  (Oxford,  Douce,  ms.  222,  f"  3  r».  etc.  etc.)  On  a  trans- 
lornié  en  un  Prologue  de  l'Introït  (pour  le  premier  dimanche  de  l'Avent)  deux 
petits  jioèmes  hexamétri([ues  en  Tlionneur  de  saint  Grégoire,  qui  commencent  tous 
deux  par  ce  vers  ;  Gregorius  prœsul  )neritis  et  twniine  tiignus.  Le  premier  n'a  que 
cinq  vers;  l'autre  en  a  quatorze,  et  son  introduction  dans  la  liturgie  a  été  attri- 
buée au  pape  Adrien  II  par  l'auteur  d'une  Vie  de  ce  pape  qui  fait  suite  au 
Liber  ponti/iialis,  mais  qui  n'a  réellement  aucune  autorité.  (Lebeuf,  Traite 
historiijite  et  pratique  sur  le  chant  ecclèsiastifiue ,  p,  103;  D.  Guéranger.  Insti- 
tutions liturgiques,  2»  édit.,  I,  p.  2(56.)  On  trouvera  dans  ce  dernier  ouvrage 
(/.  c.,  pp.  250  et  104)  le  texte  de  ces  deux  petits  poèmes,  qui  se  trouvent  en  léte 
de  nos  plus  vieux  Anliphonaires  et  ont  joui  d'une  véritable  célébrité  liturgique. 


h 


LES  TROPES  DE  LA  l^"   ÉPOQUE  —  VINTROIT     207 

quoi  qu'il  en  soit,  VAntiphona  ad  Introïtum  ou  Vlntroïtus, 

une  fois  entré  dans  le  corps  de  la  liturgie,  n'en  est  plus 

sorti  et  y  restera  sans  doute  jusqu'à  la  fin  des  temps'. 

Il  importe  ici  de  se  faire  avant  tout  une  idée  exacte 

_      r   //   S  -       ///*        J  y 

^     ^     ^      ' ^  '       .    ^- 
mtxndij/  effer  Çkcruf  depArre* 

um  iern^rcernivrn  jaxhfuvernujTt 
u*r  cfiuccjiud  cfUfxrerrtfhue-  caj^t 

Type  d'un  Trope  de  Vlnlroïl  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  pp.  6  et  7). 

de  V Introït,  de  sa  constitution,  de  sa  charpente,  des 
différents  éléments  qui  le  composent. 
Ces  éléments  sont  au  nombre  de  quatre  : 
Une  «  Antienne  »  (c'est  ainsi  que  l'appellent  les  plus 
anciens  manuscrits  de  l'Antiphonaire),  dont  les  pre- 
miers mots,  très  caractéristiques,  servent  encore  au- 
jourd'hui à  désigner  un  certain  nombre  de  fêtes  et  ont 


'  Martèae  signale  quelques  particularités  relatives  à  l'Introït,  dont  quelques- 
unes  seulement  méritent  d'être  notées.  L'Introït  de  Noël  était,  en  certaines 
églises,  répété  jusqu'à  cinq  fois.  [De  antlquis  Ecdesiss  rilibus ,  III,  pp.  103, 
104.)  A  Tours,  en  cette  même  fête,  avant  l'Introït  de  la  troisième  Messe,  deux 
enfants  criaient  soudain  :  Accendite.  Tous  les  assistants  alors  allumaient  leurs 
cierges,  et  on  entonnait  le  Puev  nains.  [IbicL,  1.  c.)  Etc.  etc. 


208  IlISTOinK   DK   I.A   l'OKSIE  MTUHr.IQUE 

servi,  durant  tout  le  moyen  âge,  ù  dalcr  des  milliers 
de  chartes  ; 

Le  verset  (Tim  psaume,  (jidiiiairciiK'iil  If  |)ieiiii<'r.  et 
qui  était  désigné  sous  le  nom  de  psalmus  '  ; 

Une  doxologie,  qui  est  celle  des  psaumes  ; 

Et  enfin  une  seconde  exécution,  une  rejirisr  de  l'An- 
tienne initiale.  C'est  cette  reprise  que  les  rultiiquis  des 
Tropaires  spécifient  par  ces  deux  mots  :  Ad  repeten- 
dum  ■-. 

Tels  sont  les  quatre  éléments  constitutifs  de  rintioïl; 
mais,  si  nette  que  soit  cette  énuméialion,  un  exemple 
vaudra  mieux.  Voici  donc  l'Introït  de  l'invnilion  de  la 
sainte  Croix  avec  l'indication  pj-écisc  (\('>  (|ii;ili(' jculics 
dont  il  est  formé  : 

1°  Antipiiona.  Nos  autem  gloriari  oportet  in  (Irucc  J)(.iiiiiii 
nostri  Jesu  Christi  in  quo  est  salus,  vita  et  resuirectiu  iKistia, 
per  quem  salvati  et  liberati  sumus.  Alléluia,  alléluia. 

2°  Psalmus.  Deus  misereatur  nostri  et  benerlicat  nnhis.  lllunii- 
net  vulluin  smuii  sii|)er  nos,  et  niisereadir  ikoIii. 

>  DoxoLOGiA.  Gloi'ia  l'ali'i  et  Filio  rt  S|iiiiliii  saneto.  —  Sicut 
erat  in  pi'incipio,  et  mine,  cl  srnipcr.  »■(  in  sa'cnla  sicculoruin. 
Amen. 

•4°  Ad  hepetendum  (reprise  de  VAntipliona].  Nos  autem  glo- 
riari oportet  in  Cruce  Domini  nostri  Jesu  Christi  in  quo  est  salus, 
vita  et  resurrectio  nostra,  por  rpioni  salvati  o\  liberati  sunius. 
Alléluia,  alléluia. 

Rien  de  plus  sagement  compris  ni  de  mieux  propor- 
tionné que  cette  pièce  liturgique.  Les  dilTi'rt'nls  textes 

'  «  Priiiiitivemerit  un  coiiliiiuait  une  partie  de  ce  p>.Tunie  vu  répctanl  IWm- 
lienne  à  chaque  verset,  ou  bien  encore  «  tou^  le?  ileu.x  ver.^elî'  ». 

2  «  Apre:;  le  Gloria,  qui  devait  se  chanter  par  toit  le  chœur,  les  chantres 
ajoutaient  iiriniitivement  un  versus  ad  rrpi'lcniltnn  qui  était  d>^-tino  à  laisser 
reposer  le  clneur  avant  qiw  celui-ci  répétât  VJutroîl.  ■> 


LES  TROPES  DE  LA  V°  ÉPOQUE  —  VINTROIT    209 

qu'on  y  a  fait  entrer  sont  heureusement  choisis  ;  leur 
lien  n'a  rien  que  de  naturel  ;  l'ensemble  est  excellent. 

Voyons  maintenant  ce  que  les  tropistes  en  ont  fait, 
et  observons  tout  d'a])ord  qu'ils  ont  aimé,  tout  particu- 
lièrement, à  travailler  sur  l'Introït.  C'est  par  un  Introït 
et  par  un  Offertoire  que  le  premier  tropiste  connu, 
Tutilon,  s'est  principalement  imposé  à  notre  attention, 
et  les  Tropes  de  l'Introït  ont  joui  d'une  telle  célébrité, 
que  bien  des  liturgistes  n'ont  admis  que  ceux-là. 

Les  Tropistes  ont  touché  a  toutes  les  parties  de 
l'Introït. 

Ils  ont  —  parfois  mot  à  mot  —  tropé  l'Antienne  initiale, 
qu'ils  ont  en  outre  ornée  d'un  prologue  plus  ou  moins 
développé  et  dont  il  nous  est  resté  plusieurs  types  '  ; 


'  Tropes -Préfaces  de  l'Introït.  —  1"  Type  développé  (Tropus  antequam  di- 
catiir  officiu»))  :  «  Jam  venit  lux  vera,  et  qualis  sit  ipse,  Domine,  nuntia  nobis  : 
ille  qui  illuminât  omnem  hominem  venientem  in  hune  mundum.  Deo  gratias 
semper  !  In  Bethléem  natus  est,  Jérusalem  visus  est,  et  in  omnem  terram  ho- 
norificatus  est  rex  Israël.  Deo  gratias  !  Amplilicare  carmina  laudis,  dulcis  amator 
melodiœ,  et  die  :  Lux  fulgebit.  »  (Bibl.  nat.,  1118,  f"  6  r"  et  y°.)  Dans  le  texte 
qui  précède,  officmm  signifie  Introït.  —  Cf.  plus  haut  (p.  200)  les  Tropes  ad 
processionem ,  qui  sont  de  même  ordre. 

2°  Type  avec  Invitatoire.  Cet  Invitatoire  est  en  vers  ou  en  prose,  a.  En  vers: 
<i  Rege  nostro,  carne  tecto,  voce  Patris  prodito,  —  Hac  die  nos  ejus  omnes 
immoremur  meritis.  »  (  Ici  finit  ITnvitatoire  en  vers  et  commence  immédiate- 
ment le  Trope-Préface  en  prose)  :  <i  Gaudendum  est  nobis,  fratres  carissimi,  in 
hac  sacra  solemnitate,  laude  decenti,  in  qua  summo  puero  Stella  micat  splendore 
novo.  Cui  omnes  pangamus  dicentes  :  Ecœ  advenit.  »  (Octave  de  TÉpiphanie. 
Bibl.  de  Saint-Gall ,  376 .  )  =  &.  En  prose  :  «  Hodie  cantandus  est  nobis  puer  queni 
gignebat  inelTabiliter  ante  tempera  Pater,  et  eumdem  sub  tempore  generavit  in- 
clyta  mater.  »  (  Ici  finit  Tlnvitatoire  et  commence  la  Prélace  )  :  «  Quis  est  iste  puer 
quemtam  magnis  prœconiis  vociferatis?  etc.»  (Noël.  Bibl.  de  Saint-Gall,  ■iS^, p.  13. 
C'est  le  fameux  Trope  de  Tutilon  publié  plus  haut,  pp.  63,  64.)  »  Infirma  mundi 
eligis  —  Ut  fortia  confunderes,  —  Nec  plene  membris  prseditos — Triumpho  dans 
idoneos.  »  (Ce  qui  précède  est  ITnvitatoire  écrit  en  capitales;  ce  qui  suit  est 
la  Préface):  «  Hodie  parvulorum  cunulœ  pretioso  perfunduntur  sanguine;  sed 
Christus,  qui  quœritur,  potenter  evasit  inlsesus.  Ideo,  fratres  devoti,  etc.  » 
(SaintsInnocents.Bibl.de  Saint-Gall,  376,  p.  44.)  — Cf.  bibl.  de  Saint-Gall,  381, 
p.  221  :  Hodie  pro  Domino;  376,  ]>.  48  :  Forma  speciosissinms  féliciter,  etc. 

30  Type  bref  :  <(  Adest  nunc  celebranda  sollempnitas  constantissimœ  virginis 
Lucite,  quam  Propheta  dudum  intuens  féliciter  conlaudat  dicens  :  Dilexisti.  » 
(Sainte  Lucie;  Bibl.  nat.  lat.,  1118.  f»  1  r°.)  .■  Jam  fulget  Oriens.  jam  praecur- 

I  —  14 


210  IIISTOIHK   DE   LA   POESIE  LITIIlUilOUE 

Ils  ont  tropé  le  Psaume  ^  ; 

Ils  ont  tr()})é  le  Gloria^ ; 

Ils  ont  tropé  la  reprise  de  l'Antienne  l 

runt    8itrna  ;    j;mi     v'.'iiil    l)iiniiiius    visiUnro    nos.    Allfliiin.  "   fHC9.)     a   Queni 
vales  cecinerunt  jain    in   ulcru   Virginis   deBceiidil.    iJnuiinus  di.vit.  »  (Noi-I, 
Messe  de  la  nuil;  Hiljl.  nat.  lat.,  887,  ï"  8  v».) 
''("  Type  moyen.  Il  y  a  i  nlic  le  type  développé  et  le  tyjje  lirel'  un  modèle  in- 

i^  om  eiuf  •  '  AL 

\ltVi.'Uû3l9-    SlxnurvJif  efi:  ho 
die-  pXnxcor\f  munAx- 

^  um  etuf*  éuiuf^ote-flAf  efir 


p 


^^'^A-^  ^    ''  /'^^r'^A 


A  L  I  T    £  K 


] 


3  tuf  {^(bffxcer-  fxxzxir^  ffcuir 


Type  d'un  Trope  de  i'Introïl  (l5iljl.  de  Saint-Uall ,  Aai,  p.  l'.i  (Noël).  Voir  plus  haut,  p.  62, 
la  suite  de  ce  dernier  morceau,  qui  esl  le  type  d'un  Trope  sans  paroles). 

lermédiaire  dont  nous  devons  donner  un  exem])Ie  :  ..  Hodie  Hej-'i  ma<ïno  Maci 
munera  oblulerunt;  hodie  Filius  Dei  a  Johanne  baplizari  voluil;  hodie  Jésus 
r.hrislus  aquani  nuilavit  in  vinuni.  Onnies,  una  voce,  eanlenius  (Urentcs  : 
Ecce.  »  (Epiphanie.  Hild.  nat.  lat.,  887.  I»  10  r».)  Ce  dernier  Tri>pe  ••.-l  un  véri- 
table modèle  de  concision  et  de  doctrine. 

1  Type  des  Trojjcs  ad  Pmhninn  :  «  Agmina  jam  codica  dent  libi  laudes  p.?r- 
henni  :  Exaudi.  »  (Bihl.  nat.  lat.,  &87,  l"»  17  v.  ) 

s  Type  des  Tropes  ad  Gloria  :  «  Hodie  indytus  martyr  Stephanus  Paradisum 
laureatus  ascendit.  Nunc,  omnes,  gloriam  pangite  Triniliti  sumnue.  Gloria.  <> 
(Bibl.  nat.  lat.,  H18,  I»  19  r°.)  Dans  ce  manuscrit,  les  Tropes  ad  Gloria  de  l'Introït 
sont  placés,  comme  une  série  distincte,  ajirès  les  Tropes  de  l'Introït  lui-même. 

3  Type  des  Tropes  ad  repelendum  :  «  Gaudeamus  omnes  in  Domino  qui  leni- 
tam  gratiam  sancto  Stéphane  demonstravil  ut  cœlos  viderel  aperlos  et  Filium 
honiinis  staidem  ad  de.vterain  Patris.  Eia,  dicite  ;  Etenitii.n  (Saint  Etienne. 
Hibl.  nat.  lat.,  1118,  1"  l'.l  r".)  Même  observation  que  pour  les  Tropes  ad  Gloria. 
—  CI'.  Homo,  Angelica.  f"  |'.)0  v\ 


LES  TROPES  DE   LA   l'°  ÉPOQUE  —  VINTROIT    211 

Rien  enfin,  rien  n"a  pu  se  dérober  à  leur  dange- 
reuse activité ,  et  voici,  pour  continuer  l'exemple  pré- 
cédent et  donner  une  idée  plus  claire  des  choses,  ce 
qu'ils  ont  fait  de  l'Introït  Nos  autem  : 

■1"  Glorientur  cuncti  fidèles  Christi  in  Inventionis  die  ligni  pre- 
liosi.  Nos  autem  gloriari  oportet  in  eo  qui  nos  proprio  redemit 
cruore,  in  cruce  Domini  nostri  Jesu  Christi,  cujus  complexu  Deus 
Pater  régit  undique  mundum;  in  quo  est   salus,  viia  et  resur- 

^UCTAT  VUlSiû  VtCTùKi 
^if^       -     ^-^^/-.-^^ 

Type  d'un  Trope.  —  Préface  de  l'hilroït,  484,  p.  35.  (Saint  Jean  rÉvangéliste.  ) 
Le  premier  mol  est  [e]ructul. 


rectio  noslra;  per  ipsum  indiiti  stolam  immortalitatis ,  per  queni 
salvali  et  liberali  sumus.  Alléluia,  alléluia. 

2-5  Ad  Psalmum.  Se  ipsum  offerens  hostiam  inimaculatam  Deo 
Patri  pro  nobis,  Deus  misereatur  nostri  et  benedical  nabis.  Illu- 
minet  vullum  suurn  super  nos,  et  misereatur  noslri. 

*3o  Ad  Gloria.  Gloria  nostra  cruels  est  Victoria  et  paradisi 
janua.  Gloria  Palri  et  Filio  et  Spirilui  sancto.  —  Sicut  erat  in 
principio,  et  nunc,  et  semper,  et  in  sœcula  sœculorum.  Amen. 

¥  Ad  repetendum.  Gœlestem,  Cln-iste,  Largire  benedictionem, 
pro  noljis  fundens  in  cruce  sanguinem.  Nos  autem  gloriari  opor- 
tet in  cruce  Domini  nostri  Jesu  Christi,  in  quo  est  salus ,  vita  et 
resurreclio  noslra,  per  quem  salvali  et  liberali  sumus.  Alléluia, 
alléluia  ' . 

Cet  exemple  paraîtra  sans  doute  décisif,  et  montrera 

1   I5il)l.  uni.  lat.,  1120,  1"  28  r  et  v". 


212  HISTOIRE   Di:   I,  A    POKSIE   LITURGIQUE 

jusqu'à  quel  degré  les  tropistcs  ont  possédé  l'art  d'al- 
longer l'Office  divin. 

Rien  de  régulier,  d'ailleurs.  Un  grand  nomlirc  (riii- 
troïts  n'ont  subi  les  interpolations  des  troiiislcs  (pie 
dans  leur  première  partie,  dans  leur  Antienne  initiale. 

D'autres  ne  sont  tropés  que  dans  cette  Anli<'inie  et 
dans  le  Psaume,  et  il  est  à  remarquer,  pour  épuiser 
ce  sujet,  que  les  Tropaires  nous  offrent  plus  rarement 
les  interpolations  ad  Gloria  et  ad  repetendum. 

D'autres  Introïts  n'ont  qu'une  préface'. 

Certains  sont  longuement  tropés,  et,  pour  ainsi  par- 
ler, phrase  par  phrase  -,  tandis  que  d'autres  le  sont 
d'une  façon  plus  brevet 


'  "  Eia,  caiioiulo  sonos  supplici  inodiilaininc  dulces,  Gai«/t.'a>Hiis.  »  (Toussaint. 
Bibl.  liât,  lat.,  1118,  f»  93  r".)  «  VA  sodeat  in  tlirono  David,  palris  sui,  in  a-ler- 
num,  Ecce.  »   (Epiphanie.  Bibl.  nat.  lat.,  1120,  1°  1  v°.) 

2  «  Dilectus  iste  Doniini  Johaniies  est  apostoius,  scriplis  cujus  et  monilis  pollet 
decus  Ecclesiee.  —  Quoniam  Dominus  Jésus  Christus  sanctum  Johannem  plus 
quam  cœteros  dilisrebat  apostolos,  In  medio  Ecclesix  aperuit  os  ejus,  L't  Sacra- 
mentum  fidei  et  Verbum  coœlernum  Palri  scriptis  [lariter  et  dictis  prœdicaret. 
Et  hnplevit  eum  Boui'tnus,  Qui  cum  in  tantum  dilexit  ut  in  ccena  sacralissima 
supra  pectus  suum  ipsum  rocunibere  permisisset,  Spivitu  sapienliœ  et  intellfi- 
ctiis.  Quo  inspirante,  evangelizavit,  dicens  :  In  Prini.ipio  eral  \'erbum,  et  Ver- 
bum erat  apud  Deum,  et  Dous  erat  Verbum,  Slolam  yloriw  ixcluit  eum. 
Ps.  Bonum  est  confitcri  Domino,  et  psaUere  nomini  tua,  Altiss'nne.  Inde 
nos  moniti,  omnes  uiia  voce  collaudantes  tibi,  Chrisle  ,  sancloque  Jolianni  psal- 
limus,  dicentes  :  In  'medio  Ecdesiee.  Amen.  »  (  Saint  Jean  rËvangéliste.  Bibl.  de 
Saint-Gall,  376,  pp.  ^i2,  43.  —  Attribue  à  Tutilon  et  déjà  cité  par  nous,  p.  3; 
mais  c'est  un  type  tellement  complot,  que  nous  avons  jugé  nécessaire  de  le  ci- 
ter une  seconde  fois.)^  «Domine  Jesu  Christe,  summe  princeps,  quia  te  pra?- 
dicabam  et  colui,  et  in  tuo  nomine  multa  operatus  sum  miracula,  Etcnim.  Oui 
se  exigtimabant  legis  esse  peritos  suisque  mendaciis  me  vincero  cupientes  Et 
advei'siim.  Me  scductorem  legisque  Mosaïca?  blasphematorem  esse  dicenles,  Et 
iniqiii.  Cum  lapidibus  interlicientes  comniunemque  cunctis  sepulturam  mihi 
denegantes.  Adjuva  me  In  quo  omnem  s|),^m  nieam  llducianique  positam  ha- 
beo,  Quia  servus.  Ps.  Beati  immaculali!  ijuam  iste  adeo  servavit  ut  niorli  pro 
ipsa  succubuerit.  Glovia.  l'ro  qua  vonerandus  Stephanus  usque  ad  morlem 
viriliter  disputando  certavit.  Etenim.v  (Saint  Etienne,  Tropairo  dy  Saint -Emnie- 
ran,  etc.) 

'  «  llodie  in  terra  pax  est.  Puer  nalus  est  uobis.  Deus  de  cœlo  dédit  nobis 
unicum  Filium  suum.  Et  Eilius  dalus  est  nobis.  Poteslas  ejus  in  cœlo  et  in 
terra.  Cujus  imperium  super  humerum  ejus,  Et  regnum  in  mami  ejus.  Et  voea- 
bitur  nomen    ejus,  Magiius  et  metuendus,  et  pius  super  omne~,  Magni  consilii 


LES  TROPES  DE   LA   V°  ÉPOQUE  —  VINTROIT     213 

Il  est  des  Tropes  de  Tlntroït  qui  sont  en  prose,  et  il  y 
en  a  qui  sont  métriques  ;  d'autres  enfin  sont  mêlés  de 
prose  et  de  vers.  Ces  vers  sont  parfois  des  ïambiques , 
mais  le  plus  souvent  des  hexamètres  ^ 

Nous  aurons  tout  dit-  en  ajoutant  que  le  plus  ancien 
Tropaire  de  Saint- Gall  nous  offre  des  Tropes  de  l'Introït 
SANS  PAROLES  et  Uniquement  composés  de  vocalises. 

Ces  mélodies  sans  paroles  ne  sont  pas,  comme  nous 
l'avons  dit,  sans  offrir  quelque  difficulté. 

Nous  estimons,  encore  un  coup,  qu'il  faut  entendre  ces 
Tropes  musicaux  dans  le  sens  que  Guillaume  Durand 


angélus.  »(Noël.  Bibl.de  Saint-Gall ,  484 ,  pp.  8,  9.)=  «  Cœlitus  instrucli  Gau- 
deamus.  Stirpe  David  fulsit  rais  hœc  stemmate  cslsi  De  cujtis.  Spiritus  œthe- 
rei  pro  qua  pia  cautica  solvunt  Et  conlaudant.  »  (Nativité  de  la  Vierge.  BibL 
nat.  lat.,  1084,  f»  49  r°.)  =  «  Puer...  nobis.  Nativitas  est  hodie  Salvatoris 
niuiidi.  Hnmevum...  ejus.  Cujus  potestas  est  in  hoc  sœculo...  Nomen  ejus  Deus 
fortis,  Pater  futuri  sœculi.  »  (NoëL  Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  12.)  =  «  Cœ- 
lica  cœlestem  décantent  verba  Johannem  :  In  medio ,  Aurea  pro  meritis  sus- 
tollens  régna  polorum.  Et  itnplevit,  Principium  reserans  trinum  Deitatis  et 
unum.  Stoîam.  Ad  Gloria.  Summœ  Trinitati  et  unicœ,  supplici  modulatione, 
canamus  Gloria.  »  (Saint  Jean  l'Évangéliste.  BibL  nat.  lat.,  887,  f"  14  v".) 

^  Il  serait  inutile  de  citer  ici  un  type  des  Tropes  de  l'Introït  en  hexamètres  : 
il  y  en  a  par  centaines.  On  trouve  çà  et  là  quelques  distiques  :  «  Nunc  meino- 
rare  tuse,  prsesul,  super  œthera  turmœ  —  Quo  valeat  summo  cantica  ferre  Deo» 
(1120,  fo  6H  ro-v");  mais  les  ïambiques  sont  beaucoup  plus  rares,  et  je  n'en 
connais  que  peu  d'exemples  :  «  Laudemus  omnes  Dominum  — Qui,  Virginis  per 
uterum,  —  Parvus  in  mundum  venerat,  —  Mundum  vincens  quem  fecerat. 
Puer.  »  (Noël.  Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  5;  Vienne,  1609,  f°4r°.)  «Exsurge, 
rector  gentium  —  Nec  moriturus  amplius,  —  Orbemque  totum  posside  —  Tuo 
redemptum  sanguine»  {TroY)Uf,  Be  resurrectione  Domini.  Berlin,  fo52  r",  etc.). — 
Cf.  le  même  ms.,f°  12  v°  :  «  Inlirma  mundi  eligis  — Utfortia  confunderes  —  Nec 
plene  membris  preeditos  —  Triumpho  dans  idoneos.»  Et  plus  loin  :  «  Nato  novo 
principe  —  Viso  novo  sidère,  —  Urbe  Magi  regia  —  Ipsum  vadunt  queerere.  » 
(15  v°.)  Ces  ïambiques,  comme  on  le  voit,  sont  le  plus  souvent  assonances. 
F'ius  rares  encore  sont  les  septenarn  trochaïques  :  «  Rege  nostro,  carne  tecto,  » 
déjà  cité  plus  haut.  (Berlin,  f»  17,  etc.  etc.). 

2  II  y  a  cependant  deux  mots  qui  restent  encore  à  expliquer  dans  la  partie  de 
nos  Tropaires  qui  est  relative  à  l'Introït.  C'est  d'abord  le  mot  ad  sufficiendum 
(Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»»  8  v»,  10  v°).  Ce  mot  me  paraît  signilier  à  peu  près 
«  prout  placuerit,  ad  libitum,  à  volonté».  (V.  Ducange,  éd.  Didot,  t.  VI,  p.  426, 
col.  2,  lignes  14,  15.)  Les  mots  ad  offichun  (887,  f-'  11  r")  sont  plus  faciles 
à  expliquer.  Officium,  en  effet,  a  le  sens  précis  d'Introïtus.  Ducange  en  cite 
des  exemples,  et,  aujourd'hui  encore,  le  Missel  et  le  Graduel  dominicains  don- 
nent à  l'Introït  ce  môme  nom. 


21/i  IIISTOIUK    l»K   LA    i'OÉSIK    L  I  T  f  lidi  (j  IJE 

attriliue  au  chant  des  Séquences  sans  paroles  :  «  Dans 
certaines  églises,  dit-il,  on  neumatizk  l'aik  des  sé- 
quences SANS  EN  PRONONCER  LES  PAROLES '.   » 

C'est  à  dessein  que  nous  citons  ici  ce  texte  jjour  la 
seconde  fois.  Il  est  d'une  importance  capitale,  et  lira  ne 

Type  d'un  Tropc  de  Vlntroïl  snns  paroles  (Ribl.  de  Saint -Gall,  'i8i,  p.  100). 

s'oppose  à  ce  qu'on  l'applique  à  nos  Tropes,  surtout  à 
ceux  de  l'Introït  l 


1  RathmaJc,  I\',  cap.  xxii,  éd.  de  Lyon,  1574,  1'"  124  v  :  «  (Jua-dam  eccle- 
siiT  niyslice  pneumalizant  Sequentias  sine  verbis,  aut  snltem  aliquos  versus 
earuiii.  »  Cf.  Téd.  Ch.  Barthélémy,  U,  127.  —Le  le.xte  suivant  n'est  pas 
moins  précieux  :  «  In  quibusdam  ecclesiis,  in  quibus  nouma  non  dicitur...  loco 
jubili  et  neuma)  Trophi  et  Sequentiœ  decantantur.  »  (Guillaume  Durand,  /.  c, 
V,  cap.  Il,  §  32,  éd.  de  Lyon,  1576,  f"'  216  v»,  217  r'.) 

*  Dans  tous  les  Tropaires  que  nous  avons  analysés,  le  seul  qui  nous  olTre 
des  Tropes  <i  sans  paroles  »  c'est  le  ms.  484  de  Saint -Gall.  En  voici  l'énuméra- 
tion  :  .Noél,  pp.  10,  11,  12,  13;  saint  Etienne,  pp.  27,  30;  saint  Jean,  pp.  38. 
39,  40;  Dédicace,  pp.  45,  47;  Messe  Prote.cisti  pour  un  Martyr,  \>.  46;  In- 
troït Multx  Irilndationes ,  p.  46;  premier  dimanche  du  C-Trèm*.  j».  47;  Ha- 
meaux, p.  47;  Messe  Staluit  pour  un  Martyr  ou  pour  un  Confesseur  Poulif;, 
p.  47;  Messe  Osjusli  puur  un  Confesseur,  i>.  48;  Messe   Iiilrct  j'our  plusieurs 


LES  TROl'ES  DE   LA   1''=  ÉPOQUE  —  VINTBOIT     21o 


Nous  nous   persuadons,    comme    nous    l'avons    dit 
ailleurs,  que  le  chœur  avait  à  choisir  entre  les  Tropes 
*  —  r 


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ftr  montai  àn^rchcxixti  ,-/TLdcf>  Kxc  p^r  owLiAum 


Type  d'un  Trope  dramatique  de  l'Introït  (Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f»  8  v  i) 


Martyrs,  p.  48;  Sainte  Innocents,  pp.  54,  56;  Epiphanie  (six  Tropes  sans 
paroles),  pp.  83,  86,  87;  Purification,  pp.  91,  92;  102;  Pâques,  pp.  109,  HO, 
114;  lundi  de  Pâques,  p.  116;  mardi  de  Pâques,  p.  116;  mercredi  de  Pâques, 
p.  117;  Octave  de  Pâques,  p.  117;  Ascension,  pp.  122, 125;  saint  Jean-Baptiste, 
pp.  146,  147;  saint  Pierre,  pp.  151,  152;  saint  Laurent,  p.  153;  Assomption, 
pp.  161 ,  168,  170;  Nativité  de  la  Vierge,  pp.  172,  175;  Messe  d'un  Confesseur, 
pp.  178,  179;  saint  Michel,  pp.  181 ,  185,  198,  200,  etc.  —  Quelques  Tropes  sans 
paroles  de  Tlntroït  (en  dehors  de  ceux  que  nous  venons  d'énumérer)  sont  pré- 
cédés d'un  Invitatoire  parlé.  En  voici  un  type,  qui  est  emprunté  à  l'Office  de 
saint  Jean  l'Évangéliste  :  «  Laudes  dicamus  Greatori  nostro.  »  C'est  tout,  et  les 
autres  Tropes  du  même  Introït  sont  purement  musicaux.  (Bihl.  de  Saint-Gall, 
/:84,  p.  38.) 

1  Ce  fac-similé  est  le  seul  qui ,  dans  le  présent  livre ,  ne  soit  pas  dû   à   la 
photographie. 


216  IIISTOIHK    DE   I.A   POKSIE   E  IT  (' lUilO  C  E 

parlés  et  ces  mélodies  sans  paroles  qui  ont  été'  an- 
térieures aux  paroles  elles-mêmes.  C'est  ainsi  qu'à 
Saint- Gall,  aux  ixc  et  xc  siècles,  on  pouvait,  le  joui- 
de  Pâques,  chanter  le  Trope  Resurrexi,  principe  in- 
ferni  devido,  claustris  ac  reseratis,  etc.,  ou   hien,  ad 

^   "^   1-  Q  ti  *^  /    -   ^  ''    - 

^  ^'-^  f    -   -"^    ^.      */"  . 
3I(  orie/r  \i\c  iurmcrc  (icinrvrtxii 

y  f    *^'-    f  •/*/•    ^  y    S 
pcerar-  |re  nxxntvxzt,  <faiA.  {tiv 


P: 


At 


C^TOA/AMiACTUi-HOMOru^ 
*^     .    ^     /    /i    J^  -     - 

Type  d'un  Trope  dramatique  de  Vlntroïl  JVûA.  de  Saint -Gall,  484,  p.  110). 

libitum,  exécuter  seulement  les  mélodies  sans  paroles 
intercalées  dans  l'ancien  Introït'.  Il  en  était  de  même 
pour  d'autres  fêtes  -. 

Bref,  il  y  avait  alors  des  interpolations  avec  paroles  et 
des  interpolations  sans  paroles,  entre  lesquelles  il  fut 
longtemps  permis  de  faire  un  choix.  Mais  les  Tropes 
parlés  finirent  par  l'emporter  sur  les  autres,  dont  il  ne 
reste  que  peu  de  traces  dans  les  Tropaires  du  xie  siècle  \ 

'  Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  pp.  106,  109.  Voy.  le  fac-simUe  de  la  p.  ili. 
*  Voy.  un  autre  type,  tout  aussi  important,  dans  le  même  ms.  484  :  «  Hodie 
natus  est  Christus,  etc.»  (Noël,  pp.  6,8.)  Etc. 
'  Les  Tropes  parles  sont  eu.\-nicnies  ornés  de  jubili,  de  ncunics  ou  de  voca- 


LES  TROPES  DE  LA   T"  ÉPOQUE  —  VINTROIT     217 


Il  résulte  de  là  que ,  —  si 
du  Kyrie  et  les  Séquences, 
—  les  Tropes  de  l'Introït 
sont  ceux  qui,  au  point 
de  vue  musical,  ont  eu  le 
plus  de  solennité  et  d'im- 
portance. Mais  ce  n'est 
point  là  le  seul  intérêt 
qu'ils  présentent,  et  nous 
allons  montrer  qu'il  y  faut 
chercher  l'origine  pre- 
mière du  Drame  litur- 
gique, et  par  conséquent 
du  théâtre  moderne. 

La  question  est  vivante, 
et  rien  ne  peut  être  plus 
intéressant  que  de  sui- 
vre à  travers  les  temps 
le  progrès,  la  marche,  la 
transformation  d'unTrope 
dramatique  de  l'Introït  en 
un  véritable  Mystère,  en 
un  Drame  complet. 

Nous  possédons  un  cer- 
tain nombre  de  ces  Tropes 
dramatiques  de  l'Introït  : 
ils  se  rapportent  aux  fêtes 
de  Noël,  de    Pâques,  de 


l'on  en  excepte  les  vocalises 


3' 


'  ej  Œ-An  «;ilu.r  aJ  fVj>  ut  c  rV  «  <L>7n»  n» 

/  n/j"''^    /   ^         J    J    f'k^    ,  ^.C 
faXx  âAroa.  xiXca  itxuA  \xiAirrtee\  evt.n\\i!uf 

^    1 1 J ,  i  I'^ J  y   //  .    j  <^  ^--- 

j       I  fl     J'   ^/  /      J    i  1^   I    J 

^         s  SI    '  .   '^  '/./ 
K  ''  '^  i  '  ^*     '  '  'l 


TVWO  t7 


ovtyttx 


C-x^wUuc  Cicliipr'i-*-acLjTaAnr(i 


l 


tCmm 

Jf 


Type  d'un  Tropc  dramatique  de  V Introït 
(Bibl.  de  l'Arsenal,  1169,  f"  11  vo). 


lise»  INTÉRIEURES  doiit  il  ne  semble  pas  que  les  érudits  se  soient  encore  assez 
occupés.  Voy.  notamment,  comme  type,  le  Trope  pascal  Factus  liomo  dans  le 
manuscrit  de  Saint- Martial  du  xi»  siècle,  qui  est  aujourd'hui  conservé  à  la 
Bibliothèque  nationale  sous  le  n°  1121  (f"  13  r°).  Etc.  etc. 


218  HISTOIRE   DE   l..\    l'OÉSlE   LITURCIOIJE 

l'Ascension  et  de  la  Saint- Pierre.  Fêtes  populaires,  s'il 
en  est. 

Le  plus  ancien  Trope  connu,  le  fameux  Hodie  can- 
tandus,  nous  apparaît  dans  les  plus  anciens  Tropaires 
sous  une  forme  visiblement  dramatique  :  Interrogaïio. 
Qiiis  est  iste  puer? —  Responsio.  Hic  enhn  est,  etc.*. 
C'est  le  premier  germe  d'un  futur  théâtre;  c'est  l'em- 
bryon qu'il  faut  presque  étudier  au  microscope.  Mais 
un  autre  Trope  de  Noël  révèle  un  nouveau  progrès 
et  a  exercé  une  plus  profonde  influence  siii'  l;i  for- 
mation du  drame  :  «  Quem  qiixritis  in  prœsepe,  pas- 
tores,  dicite?  —  Respondent.  Salvatorem  Christum 
Dominum,  infayitem  pannis  involutum ,  secund)(m  ser- 
monem  angelicum.  —  Respondent.  Adest  hic  parvulus 
ciim  Maria,  matre  sua,  de  qua,  vaticinando,  Isaïas 
Propheta  :  Ecce  Virgo  concipid  et  pariet  filium.  Et  nun- 
tiayites,  dicite  quia  natus  est.  —  Respondent.  Alléluia, 
alléluia.  Jam  vere  scimus  Christum  natum  in  terris,  de 
quo  canite,  omnes,  cum  Propheta  dicentes:  Puer  natus 
est  *.  »  Ces  derniers  mots  sont  le  commencement  de 
l'Introït  pour  la  troisième  Messe  de  Noël,  et  l'on  con- 
clura de  là,  comme  des  citations  suivantes,  que  ces 
Tropes  dramatiques  dont  nous  faisons  ici  l'histoire  ap- 
partiennent à  la  famille  des  Tropes-Préfaces,  des  Tropes- 

»  Saint -Gall,  484,  p.  13;  Ribl.  nat.,  nouv.  acq.,  1235,  f»  205  v»,  etc.  — 
Cf.  10510,  fo  2  r»,  où  le  mot  Interrogatio  est  remplacé  par  Infjuisilio,  etc. 
Dans  le  ms.  de  Vienne,  1845,  f'  53,  ces  doux  mots  Interrogatio ,  Responsio 
sont  en  capitales  rouges. 

2  Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f°8v,etc.  Dans  le  ms. d'Oxford  (Douce,  222.  fo6  v»), 
la  mise  en  scène  de  ce  même  Trope  est  plus  précise  encore?  :  «  In  natale  Do- 
mini ,  ad  Missa»!  (Messe  du  jour)  sint  p.vrati  duo  diacom  inpiti  dalmaticis, 
RETRO  ALTARE  DICENTES  :  «  Qucm  qucCritis  )) ,  etc.  Respondeanl  duo  cautores  in 
choro  :  «  Salvatorem  »,  etc.  Item  diaconi  :  «  Adest  »,  etc.  Tune  cantor  dical 
excelsa  voce  :  «Alléluia,  alléluia.  Jam  vere  scimus,  etc.  Puer  natus  est.  »  Tous 
ces  Tropes  dramatiques  aboutiront  un  jour  au  mystère  ou  au  dr.\me  des 
PASTEURS.  (Einsiodeln,  366,  etc.  etc.) 


LES  TROPES  DE   LA   l'*"  ÉPOQUE  —  VINTROIT     219 

Invitatoires  de  rintroït.  Il  n'en  pouvait  guère  aller  au- 
trement. 

Nous  aurons  lieu  de  revenir  sur  le  Trope  de  l'Ascen- 
sion :  «  Quem  creditis  super  astra  ascendisse,  o  christi- 
colse?  —  Respoxdent.  Christum  qui surrexit  desepulcro, 
0  cœlicolse,  etc.  ',  »  et  sur  celui  de  la  Saint-Pierre:  «  Quis 
es,  domine?  —  Respondet.  Adsum  Petrus,  «  lequel  est 
précédé  d'une  sorte  de  petite  indication  de  mise  en 
scène:  Petrus,  ad  ostium  pidsans,  occurrit ;  puella 
illum  interrogans  hocius  -. 

Nous  avons  réservé  pour  la  fm  les  Tropes  drama- 
tiques de  l'Introït  de  Pâques  ^  Cette  fête  prêtait  au 
drame  plus  encore  que  celle  de  Noël.  L'Introït  lui- 
même  avait  depuis  longtemps  ce  caractère  :  Resur- 
rexi  ;  mais  les  Tropes  l'ont  encore  accentué  plus 
vivement  :  «  Exsurge ,  dit  le  Père  d'en  haut,  exsurge, 
gloria  mea,  fili.  »  Et  le  Fils  répond  :  «  Exsurgam  dilu- 
culo,  pater  \  »  Il  y  a  là  tout  un  petit  drame  céleste  et 
vivant.  Néanmoins,  c'est  au  fameux  Trope  Quem  quœri- 
tis  qu'il  était  réservé  d'agir  le  plus  efficacement  sur  les 
développements  du  drame  chrétien. 

L'histoire  du  Quem  quseritis  '  n'est  rien  moins  que 

»  Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f»  57  v»  (Saint- Martial) ;  1121,  f>  21  v»  (Saint-Mar- 
tial); 9449,  f»  46  (Nevers),  etc. 

2  Bibl.  nat.  lat.,  1 118,  f»  73  r».—  Cf.  le  manuscrit  de  Rome,  Victor-Emmanuel , 
1343,  f"  33,  etc. 

3  II  convient  ici  de  tenir  en  éarale  estime  le  Victitnse  paschali  et  de  peser 
scientifiquement   son  influence  dramatique,   qui  a  été  considérable  a  côté  de 

CELLE    DE    NOS    TROPES. 

*  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»  20  r». 

^  Les  textes  évangéliques  d'où  ce  Trope  est  tiré  sont  les  suivants  : 

lo  Saint  MaUliieu,  xxvni,  o,  6.  o  Respondens  auteni  Angélus  mulieribus  :  Noiite  tinicre 
vos  ;  scio  enim  qiiod  Jcsum,  qui  crucifixus  est ,  quseritis.  —  Non  est  hic;  surrexit  enini,  sicut 
dixit.  Venile,ct  videte  locum,  ubi  posi'us  erat  Dominus...  i.  =  20  Saint  Marc,  xvi,  6  :  «  No- 
iite cxpavescere  :  Jesum  quaeritis  Nazarenum  crucifixum;  surrexit,  non  est  hic;  ecce  locum 
ubi  posuerunt  euni.  »  =  3o  Saint  Luc,  xxiv,  5,  6:  <(  Quid  quœritis  viventem  cum  mortuis? 
Non  est  hic,  sed  surrexit.  » 

On  remarquera   que   ces  textes   ne  sont  ni   littéralement    ni    littérairement 


220  iiisToiin':  f»!']  I.  \  l'oKsii';  i.ni'Hiiini'E 

l'histoire  des  origines  du  théâtre  sacré,  et  nous  allons 
essayer  de  le  montrer  en  (jii('|(|iics  ]i|,mes. 

Voici  d'abord  le  Trope  en  son  état  pi  iiiiitif.  d  td  que 
nous  roffrc  le  j)lus  ancicii  manuscrit  de  Sainl-lJall  : 

«  Qiiem  qi(ieriiis  in  aepidchro,  \o\  chrldicolui?  —  Je- 
sum  Nazarenum  crucifixum,  o  vœlicohr.  —  Son  esl  hic: 
surrcxit,  sicut  priedixerat.  lie,  nuuliate  quia  surrexit 
de  sepulchro.  liesurrexi  '.  » 

Dans  les  manuscrits  de  Saint-Martial,  on  peut  (|('jà 
constater  un  développement  nouveau.  Le  mot  respon- 
dent,  (Fahord,  y  indique  plus  constamment  les  rôles 
des  personnages-,  leur  dialogue,  leur  jeu;  mais  surtout 
quelques  lignes  y  sont  ajoutées  aux  précédentes  et 
semblent  continuer  discrètement  une  rubrique  de  mise 
en  scène  :  Respondent  :  Alléluia.  Ad  sepulchrum  re- 
sidens  Angélus  nuntiat  resiirrexisse  Christ um  :  «  En 
ecce  completum  est  illud  quod  olim  ip^e  per  Prophetam 
dixerat,  ad  Patrem  taliter  inquiens:  Resurrexi  l  » 

«  Mise  en  scène,  »  avons-nous  dit.  C'est  qu'en  effet  il 
y  eut  mise  en  scène  de  fort  jjonne  heure,  et  sans  doute 
dès  le  ixe  siècle.  Oui,  sur  l'autel  même,  ou  derrière 
l'autel,  ou  à  l'entrée  de  la  basili(iue,  on  dressa  la  figura- 


réquivalent  e.\act  de  notre  Trope;  et  celt3  observation  s'oppli(jii''.  ^^u^toul  à 
son  début  qui  est  si  nettement  dialogué,  à  l'opposition  entre  cliristicoUc  el 
cœlicolsc,  etc. 

'  Bibl.  de  Saint-dall,  ''i8A.  p.  111  :  Jcsioii  est  écrit  eu  caractères  grecs. 

2  Cf.  Berlin,  f»»  45  v%  48  r»:  «  lNTEnR(5GArLa  :  Que  m  (|uaritis?  Responsio: 
Jesum  Nazarenum,  etc.  » 

3  Bibl.  liât.,  1H8,  fo4n  v°.  Dans  le  ms.  9449  (f»  34  r"),  ce  Trope  dramalicjue  ne 
fait  plus  partie  de  ITntroït,  et  il  se  prés  Mite  sous  la  forme  suivante,  qui  a  persisté 
dans  quelques  Mystères  :  «  QHem  quœritis,  etc.  Jesum,  etc.  Non  est  hic, 
surre.xit  sicut  prœdixerat.  Ite  ;  nuntiate  quia  surrexit.  Alloluia.  —  Hosurrexit 
Dominus  hodie,  resurrexit  loo  fortis,  Christus  Filius  Dei.  l»icite  Eya.  Te 
Deum,  etc.  Dicant  nunc,  etc.  Qui  sunt  hi  si'rmones?  etc.  Vidi  aquam,  etc.Anl. 
Sedit  Angélus  ;  Ante  Crucilixum  :  Egosum  A  et  Ù;  Kgosum  vestra  redemplio.  » 
Après  quoi  l'on  chante  le  «Salve  fesla  dies  »  et  enfin  l'Introït. 


LES  TROPES  DE  LA   1'°  ÉPOQUE  —  VINTROIT     221 

tion  d'un  tombeau,  comme  on  y  avait  dressé  à  Noël  la 
représentation  d'une  crèche.  C'est  devant  ce  tombeau 
qu'on  chanta  le  Trope  dramatique  dont  nous  venons  de 
donner  le  texte.  Le  moment  où  on  le  chantait  a  pu 
varier;  mais  c'était  le  plus  souvent,  sans  doute,  à  la  fin 
de  la  procession  et,  comme  le  dit  un  de  nos  plus  pré- 
cieux manuscrits  \  ante  officium,  avant  l'Introït. 

Sur  ce  fait  de  la  construction  d'un  sépulcre  simulé, 
près  duquel  on  chantait  ainsi  le  Qiiem  quxritis  de 
Pâques,  nous  avons,  à  tout  le  moins,  deux  témoignages 
que  l'on  ne  peut  récuser.  L'incomparable  Tropaire 
d'Echternach,  qui  fut  terminé  vers  la  première  année 
du  xie  siècle,  nous  offre  cette  rubrique  précieuse  :  «  Ad 
visiTANDUM  SEPULCHRUM.  Interrogatio  :  Quem  quxri- 
tis-, »  et  un  manuscrit  de  Saint-Gall,  au  xn^  siècle, 
nous  dit  d'une  façon  tout  aussi  explicite  :  «  In  visita- 
TiONE  SEPULCHRi,  VERSUS:  Quem  quxritis '.  » 

Un  grand  pas  vient  d'être  fait,  mais  ce  n'est  pas  le 
dernier.  Les  esprits  travaillent  sur  le  Quem  quxritis; 
on  lui  donne  de  plus  en  plus  une  forme  dramatique;  on 
lui  impose  même  une  autre  place  dans  l'Office  sacré; 
on  ne  le  soude  plus  à  l'Introït;  on  le  chante  à  Matines 
après  le  dernier  répons  et  avant  le  beau  chant  du  Te 
Deum  qui  devra  un  jour  clore  dignement  tant  de  Mystères. 

Encore,  encore  un  pas,  et  nous  aurons  sous  les  yeux 
un  véritable  drame.  Écoutez. 

Nous  sommes  à  Laon  :  c'est  le  matin,  le  beau  matin 
de  Pâques.  Les  deux  grandes  cloches  sonnent  en  même 


1  Bibl.  nat..  1118,  1°  8  v". 

2  Bibl.  nat.  lat.,  10510,  f"  H  r».— V.  également  Berlin,  f-'  45  v",  46  r°  :  «  In 
die  sancto  Paschae,  ad  visitandum  sepidchnun  Domini.  » 

3  Bibl.  de  Saint-Gall,  360,  p.  31 .  —  .Cf.  le  ms.  1139,  f»  53  r  :  «  Ubi  est  Christus, 
meus  Dominus  et  Fiiiusexcelsus.  Eamus  viderepepulchrum  :  Quem  quaM'itis.  » 


222  HISTOIRE  DE   LA   POÉSIE   LITI  li'iinUE 

temps,  et  la  Procession  se  met  en  marche  vers  le 
Sépulcre.  En  tête,  les  petits  clercs  avec  les  cierges 
et  les  «  enseignes  »;  d'autres  clericuli  cliargt's  de 
chapes  de  soie  et  portant  des  croix  d'or;  puis  le 
chantre  et  le  sous-chantre,  bâtons  d'argent  en  main, 
escortés  de  deux  diacres  en  chapes  et  de  quatre  sous- 
diacres  en  tuniques,  soutenant  sur  leurs  hras  le  poêle 
dont  on  aura  lieu  de  se  servir  tout  à  l'heure;  puis 
enfin  la  longue  file  des  autres  clercs,  marchant  deux 
par  deux,  cierges  allumés.  On  arrive  Icnlciucnl  au  hut 
de  la  procession.  Les  deux  diacres  chantent  Ardens 
est  \  et  un  petit  clerc,  qui  a  été  d'avance  logé  dans  le 
Sépulcre,  prenant  à  partie  les  deux  diacres  qui  se  sont 
arrêtés  :  Quem  quiiritis?  leur  demande- 1- il  d'une  voix 
claire.  Jtsum  Nazarenum,  répondent-ils.  Et  le  petit  clerc 
de  leur  crier  :  iYon  est  hic.  Le  chantre  et  le  sous-chantre 
continuent  le  Surrexit  Dominus  vere,  suivi  du  Victimie 
paschaii  laudes,  et  se  dirigent  en  chantant  vers  le 
crucifix  qui  est  au  milieu  de  l'église.  Le  célél)rant,  en 
chasuble  blanche,  portant  sur  sa  poitrine  le  calice  d'or 
avec  le  corps  du  Christ,  sort  alors  du  sépulcre  et  se 
place  sous  le  poêle  que  quatre  sous-diacres,  en  tuniques 
blanches,  étendent  avec  des  bâtons  au-dessus  de  sa 
tête.  La  procession  s'ébranle  de  nouveau  au  chant  du 
répons  Christiis  resurgens  et  du  verset  Dicaiû  nunc 
Judxi"-.  L'évêque  cependant  est  là- bas  dans  sa  chaièrc, 
mitre  en  tête,  attendant  que  le  prêtre  ait  déposé  sur 
l'autel  son    précieux  fardeau,  et.   d'uue    voix  reteiitis- 


1  Cet  Ardens  est  est  entré  dans  le  corps  de  plusieurs  Mystères  :  o  Ardens 
est  cor  nieum;  dosidero  videre  Dominum  meum.  Quœro,  et  non  invenio  ubi 
posuerunt  eum.  »  (Coussemaker,  Drames  liturgitiues,  pp. -io,  183,  26-i.) 

-  V.  le  texte  du  Dicant  nunc  Juiln-i  dans  le  nis.  do  la  bibl.  de  Saint-Gall 
360,  p.  31;  dans  le  ms.  de  la  Bibl.  nat.  laf.  9449,  l-  3'i  r»;  etc.  etc. 


LES  TROPES  DE  LA  1'''=  ÉPOQUE  —  VINTROIT    223 

santé,  il  s'écrie  alors  :  Domine,  labia  mea  aperies.  C'est 
le  commencement  des  Matines  '. 

A  Soissons  le  rite  est  à  peu  près  le  même;  mais 
l'évêque  y  prend  place  dans  la  procession.  L'élément 
dramatique  est  d'ailleurs  plus  visible  ici  qu'à  Laon.  «  A 
la  fenêtre  du  Sépulcre  »  se  tiennent  deux  diacres  en 
dalmatiques  blanches,  qui  représentent  les  Anges.  L'un 
est  à  droite,  l'autre  à  gauche,  et  tous  deux  en  même 
temps  :  Quem  quxritis  in  sepulchro ,  o  christicolse? 
disent-ils,  et  deux  prêtres  en  chapes,  qui  figurent  les 
saintes  Maries,  leur  répondent:  Jesum  Nazarenum  cru- 
cifixum,  0  cœîicolœ.  Les  deux  diacres -anges  de  s'écrier 
alors  :  Non  est  hic,  surrexit  sicut  prœdixerat ;  ite,  nun- 
tiate  quia  surrexit,  et  les  deux  Maries  d'ajouter  sur  un 
ton  plus  élevé  :  Alléluia,  surrexit  Dominus  hodie;  re- 
surrexit  leo  fortis,  Christus,  Filius  Bei.  Deo  gratias. 
Amen.  Du   fond  du   sépulcre  alors,  le    chapelain  de 

^  «  In  die  Paschse  ad  Matutinum  duœ  magiiae  campanœ  de  miraculis  insimul 
pulsantur.  Processio  vadit  ad  Sepulchrum  ordinata  iu  moduni  qui  sequitur. 
Primo  preecedit  clericulus,  aquam  benedictain  deferens  ;  hune  sequuntur  duo 
clericuli  ferentes  insignia  ;  duo  alii  clericuli  ferentes  cereos  ;  duo  alii  clericuli 
cappis  sericis  induti,  ferentes  duas  cruces  aureas;  ho3  sequuntur  clericuli; 
deinde  cantor  et  succanlor  cappis  sericis  induti,  portantes  baculos  deargenta- 
tos  in  manibus;  deinde  duo  diaconi  similiter  cappis  sericis  induti,  et  quatuor 
subdiaconi  canonici,  albis  tunicis  induti,  pallium  supra  brachium  ferentes;  se- 
quuntur alii  combinati,  unusquisque  cereum  accensum  deferens.  Prœdicti  vero 
diaconi  ad  ostium  Sepulchri  venientes  incipiunt  :  Ardens  est.  Clericulus  stans  in 
Sepulchro  respondet  :  Quem  Qu^Rrns?  Diaconi  :  Jesum  Nazarenum.  Clericulus  : 
Nox  EST  HIC.  Postea  cantor  et  succentor  incipiunt  :  Surrexit  Dominus  vere. 
Alléluia.  Deinde  psal.  Victimse  paschali  laudes.  Et,  sic  cantando,  procedunt 
ante  Crucifixum  in  medio  ecclesiee.  Sacerdos,  alba  casula  vestitus,  portans  cali- 
cem  cum  corpore  Christi,  egrediens  de  Sepulchro,  reperit  ante  ostium  quatuor 
subdiaconos  albis  tunicis  indutos,  pallium  super  baculum  toUentes,  et  illo  pro- 
tectus,  incedit  in  fine  Processionis,  prœcedentibus  duobus  clericulis  cum  cereis, 
et  aliis  duobus  juxta  ipsum  cum  thuribulis.  Dum  autem  Processio  pervenerit  in 
medio  ecclesiœ ,  cantor  et  succentor  incipiunt  responsorium  :  Christus  resurgens. 
Duo  diaconi  cantant  versum  Dicant  nunc.  Quo  cantate,  Processio  intrat  chorum 
cautando  ;  Quod  enim  vivit.  Sacerdos  calicem  super  altare  doponit.  Intérim 
campanae  simul  pulsantur;  episcopus  stans  in  cathedra,  mitra  et  cappa  prœpara- 
tus,  incipit  :  Domine,  labia  mea  apeWes.  »  (  Martène .  De  antiquis  Ecclesiœ  riti- 
bus,  III,  482.) 


224  lîISTOiriE   DE   LA   POÉSIE   MTCRGIQUE 

révoque,  en  surplis,  tend  aux  diacres  le  calice  avec  le 
corpus  iJomini.  Aussitôt  toutes  les  sonnettes  tintent, 
toiUos  les  cloch(3S  retentissent.  La  sainte  Eucharistie 
s'avance  sous  un  dais  que  les  sous-diacres  soutiennent; 
la  procession  entre  dans  le  chœur,  le  prêtre  y  pénètre 
après  elle,  et  dépose  l'hostie  sainte  sur  l'autel  dont  on 
vient  de  fermer  les  grilles.  Il  ne  reste  plus  qu'à  chanter 
le  Te  Deum  '. 

Le  Quem  quœritis  cependant  parcour.iit  victorieuse- 
ment toutes  les  églises.  On  le  trouve  au  noid  et  au 
midi,  à  Strashourg-  et  à  Narbonne '.  Dans  le  nord,  il 

'  «  Tune  cat  processio  ad  Sepulchrum  i^ic.  l'uor  primuni  l'oreiir;  tinliniinljula,  cl 
alii  cuni  vexillis;  deinde  candelabra,  thuribula,  crux,  quatuor  subdiacoiii  in  aibi*. 
Hos  sequuntur  duo  presbyteri  cum  cappis  de  pallio;  ca-leri  quoque  in  ordine 
suo.  Ad  ullimum  episcopus,  cum  baculo  pastorali  et  niitra  et  cappa  do  pallio; 
cum  ipso  veio  capellanus.  Et  cum  perveiitum  fuorit  ad  sepulchrum,  invenian- 
tur  ii)i  duo  diacones,  aibis  simplicibus  [et  in]  capitibus  auiictis  cuoperli,  uiveis 
dalnialicis  t^uporinduti.  Hi  in  similitudine  angelorum,  ad  fenestram  stanle»  Se- 
pulchri,  unus  ad  dextrani  et  alius  ad  ?ini»trani,  voce  humillima  rt  capitibu»  in- 
clinatis  versisque  ad  Sepukrum  :  (Jlem  ofEruTi»  in  Si:r'LLCiiiio,  o  ciU:^rii.0L.*:? 
Duo  presbyteri,  in  cappis  d.3  pallio,  in  loco  Mariarum  :  JesLM  Nazarenlm 
CRUCiFixuM,  0  CŒLicoL/E.  Duo  diaconcs-angeli  :  Non  est  hic;  suhrexit  sicut 
pr^dixekat;  ite,  nuntiate  quia  surrkxit.  Presbytiri,  qui  et  Mari»  dicunlur. 
voce  altiore  respondeant:  Alléluia.  Resurrexit  Dominus  iiodie;  resurrexit  leo 
FORTis,  Christus,  filius  Dei.  Deo  gbatias.  Dicite  eia.  Tune  capellanus  de  Se- 
pulchro,  ab  intus  in  superpelliceo  stans,  porrigat  diaconis-angelis  va.-culum  cum 
Corpore  dominieo.  Et  slatim  pulsentur  tintinnabula,  et  omnia  signa  ecclesiae. 
Cantor  autem  incipiat  :  Clnuslus  resiirgens.  Tune  extendalur  vélum  quoddam 
super  Corpus  dominicum  a  subdiaconis  quatuor.  Cerei  quoque  cum  vexillis. 
thuribulo  et  crucibus  prœcedant...  Ferra  circa  altare  claudnntur. »  (Martène,  /V 
anliquis  EcclesiiB  rilibus,  HI,  pp.  500,  oOl.) 

-  «Ad  Matutinum...  linito  responsorio  ultimo.  denuo  repelatur.  :^ed  intérim, 
dum  cantatur,  duo  diaconi  canonici  vt?l  alii  prœbMidarii,  albis  cappis  induti.  ad 
Sepulcrum  venientes,  unus  ad  caput,  alter  ad  jiedes  s>.^debit,  e.\speclantes 
visitatoros  Sepulcri.  Finito  autem  responsorio,  1res  sacerdoles  quibus  cantor 
injunxerit,  cappis  induti,  singuli  thuribulum  cum  plurimo  incensu  portantes, 
ad  Sepulcrum  procédant,  quos  astantes  diaconi  canlanles  interrogant  :  Qlem 
Qu^Riris  IN  Sepulcro,  0  CRisTicoL.c?  Respoudeiit  sacerdotes  :  Jeslu  Nazarenum 
CRUCIFIXU.M,  o  CŒLicoi-.E.  Dicuut  diacoui  :  Non  est  hic  :  surrexit  siclt  phje- 
uixERAT.  Ite,  nuntiate  ouia  surrexit  de  Sepulcro.  SuperjRisitum  danl  ois 
sudarium,  canentes  Antiphonam  :  Venite  et  viilete  loruin  itbi  positus  erat  Do- 
minus. AUeluia,  alléluia.  Quo  acceplo,  redeunl  in  choro,  canlanles  hanc  .\nli- 
phona m  :  Dicn/i/  nunv  Judwi ,  eic.^i  {Ordinariunt  Fccli'xiir  Animlina' .Warlbno. 
l.  c,  III,  col.  b07.) 

3  «  Post  ultimum  responsum  sequilur  prosellus  Almum   If.  (Juo  linilo.  suit 


LES  TROPES  DE  LA   V'°  EPOQUE  —  VINTROIT    225 

est  encadré  dans  une  fonction  liturgique  qui  est  encore 
d'une  grande  simplicité  et  austérité.  A  Narbonne,  le 
rite  tourne  davantage  au  drame;  on  y  voit  des  cos- 
tumes, de  vrais  costumes;  les  enfants  qui  jouent  le 
rôle  des  anges  ont  des  ailes  aux  épaules,  et  cet  Office 
enfin  renferme  de  véritables  couplets  ou  vers ,  que 
l'on  retrouve  dans  la  Résurrection  de  ce  fameux  ma- 
nuscrit de  Tours  d'où  M.  Luzarche  a  tiré  le  Drame 
cVAdam  '. 

Ce  dernier  fait  nous  servira  de  transition  pour  en 
arriver  aux  Drames  proprement  dits;  à  ceux  qui  ne 
sont  plus  formés  avec  les  seules  paroles  de  la  liturgie; 
à  ceux  enfin  qui  sont  de  véritables  compositions  ori- 
ginales sorties  du  cerveau  de  certains  clercs.  Là  aussi, 
le  Quem  quœritis  fait  son  entrée  dès  le  xiie  siècle.  On 
le  trouve  textuellement  dans  la  Résurrection  du  manu- 
scrit de  Tours  ^  et  dans  les  Saintes  Femmes  au  tombeau 


parati  très  clerici  cum  cjppis  albis  et  amictibus  in  capitibus  eorum,  portantes 
quilibet  eorum  in  manibus  ampullatam  argenti,  et  ille  qui  fungitur  officie 
Magdalenœ  vadat  in  medio  et  introïtu  chori.  Incipiant  cantando  insimul  primum 
versum  :  Omnipotens  Pater  altissime,  et,  in  fine  ipsorum  versuum,  flexis  ge- 
nibus,  dicant  :  Heu!  quantus  est  dolor  noster  !  Deinde  procédant  ad  pulpitum, 
et  coram  eo  dicant  versum  :  Amishnus  enim  solatium.  Postea  accédant  ante 
altare  et  ibi  dicant  alium  versum:  Sed  eamus  unrjuentum  emere.  Quibus  dictis, 
sint  duo  pueri  super  altare,  induti  albis  et  amictibus,  cum  stolis  violatis  et  sin- 
done  rubea  in  faciès  eorum  et  alis  in  bumeris,  qui  dicant  :  Quem  qu^ritis  in 
Sepulcro?  Quo  dicto,  omnes  Maria)  insimul  respondeant  :  Jesum  Nazarenum. 
Deinde  pueri  dicant  :  Non  est  hic.  Lèvent  cum  filo  pannum  qui  est  super  libres 
argenti  super  altare  in  figura  Sepulcri,  et,  facta  responsione  a  pueris,  omnes 
Mariée  insimul  vertant  se  versus  chorum,  et  Magdalena  cantet  sola  versum 
Victimss  paschali  laudes,  etc.  [Onlinarkon  Narbonense,  Ibid.,  col.  483,  484.) 

1  «Omnipotens  Pater  altissime,  —  Angeiorum  rector  mitissime,  —  Quid  faciant 
iste  miserrime? —  Heu!  quantus  est  noster  dolor!  =  Aniisimus  enim  solatium 
—  Jesum  Christum  ,  Mariae  filium. —  Ipse  erat  nobis  consilium. —  Heu!  quan- 
tus est  noster  dolor!  =  Serf  eamus  unguentum  emere,  —  Ut  hoc  corpus  possi- 
mus  ungere —  Quod  non  vermes  possint  ccmedere. —  Heu!  quantus  est  noster 
dolor!  »  (  Cous&emaker,  Drames  liturgiques,  pp.  37,  38,  d'après  le  ms.  de 
Tours  237,  du  xii°  siècle.) 

-  Coussemaker,  Drames  liturqiqitcs,  p.  41,  d'après  le  même  manuscrit  de 
Tours. 

I  —  15 


•22G         iiisTiJiin-;  i)i:  la  i'oksik  LiTi,i{(ii(ji;i-: 

du  manuscrit  de  Saint-Bonoit-siii-Loiic '.  (Jii  le  tivjiivo, 
sous  la  môme  forme,  dans  les  Drames  manuscrits  du 
XIII''  siècle*  et,  sous  une  forme  ('riiiivalcMlc  dans  ceux 
du  xive  siècle^,  dans  ceux-là  luèim:  «lui  sont  mêlés 
d'éléments  latins  et  d'éléments  romans*.  Nous  renon- 
çons dès  lo)"s  à  suivi*.'  sou  histoire;  car  nous  ne  vou- 
drions excéder  eu  rien,  et  craignons  déjà  d'avoir  été 
trop  loin  •'. 

Ce  Quemqmeritis,  qui  n'était  qu'un  Trope,  avait  pris 
une  telle  importance,  qu'on  avait  oiiMié  son  ori^nix-.  et 
qu'on  s'avisa  un  jour  de  le  troper  lui-même  ou,  à  tout 
le  moins,  de  lui  imposer  une  préface,  un  prolojiue  : 
Mora  est,  psallite.  Jiiba,  dompnus,  cancre.  Eia,  eia, 
dicite  :  Quem  quxritis  °. 

Le  Trope  d'un  Trope! 


1  Coussemakcr,  l.  c,  p.  189,  d'nprès  le  ms.  de  Saint- Benoit-. -ur- Loire, 
Liibl.  d'Orléans,  n»  178. 

*  V.  la  Nuit  de  Pàryues,  d'après  le  ms.  de  la  BIIjI.  nat.  Iat.,90'i,  f»  11  ;  ("ous- 
semaker,  l.  c,  p.  23'i. 

3  Oriijny- Sainte- Benoîte,  bibL  de  Saint-Quentin,  75.  (Coussemakîr,  i.  c, 
p.  275.  ) 

*  V.  le  Sépulcre,  ibid.,  p.  304,  d'après  le  Processionnal  A  du  x\\*  siècle  con- 
servé au.\  Archives  du  chapitre  de  Cividale,  et  le  Jour  de  la  Bésurrcclion, 
p.  309,  d'après  un  ms.  du  xiv  siècle  marqué  tvii  au  Trésor  de  l'église  de 
Cividale.  L'un  et  l'autre  de  ces  deux  textes  (dont  on  peut  rapprocher  celui 
d'EinsiedeIn,  366)  nous  offre  la  version  suivante  :  «  Quem  quœrilis,  o  tre- 
mulx  mulieres,  in  hoc  tunndo  ploranlcs'-?  Omnes  .Maria'  respondenl  simul  : 
Jesum Nazaremon  crucipxuiti  ijuœriitnts. n^On  pourrait  multi|)lier  ces  exemples 
d'après  les  autres  Mystères  du  même  ordre  ;  les  précédents  sont  des  types  et 
sullisent. 

s  «  La  procession  «  avant  le  jour  »  du  matin  de  l';îcju<s  avec  le  dialogue 
Quoti  (juœritis  est  encore  indiquée  et  décrite  dans  le  Liber  sacrrdolalis  ap- 
jtrouvc  i>ar  le  pape  Léon  X  en  1520  et  qui  est  demeuré  le  livre  ofllciel  de  liome 
jusqu'à  la  publication  du  Riluel  par  Benoit  XIV.  » 

*'  Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f"  40  v".  Juba  et  do)n))iius  sont  d -ux  leçi.n»  qu'il  est 
aisé  de  corriger. 


CHAPITRE  XV 


LES  TROPES   DE  LA  PREMIÈRE  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE 


Voici,  entre  tous  les  Tropes,  ceux  qui  sont  certaine- 
ment les  plus  naturels,  les  plus  légitimes,  les  plus 
approuvables.  Ce  sont  aussi,  entre  tous,  ceux  qui  ont 
dû  avoir  et  ont  eu  en  effet  la  plus  longue  destinée  et 
la  vie  la  plus  dure.  On  les  a  pieusement  conservés  dans 
certaines  éditions  du  Missel  romain  au  xvie  siècle;  et, 
quand,  au  xvnie,  le  sieur  de  Moléon  fit  en  France  ces 
Voyages  liturgiques  où  l'on  trouve  aujourd'hui  tant 
de  détails  précieux,  il  put  se  donner  la  joie  d'entendre 
les  Tropes  du  Kyrie  à  Saint- Lô  de  Rouen  et  à  la 
cathédrale  de  Sens  :  «  C'est,  dit- il,  ce  qui  se  pratique 
«  encore  à  Lyon,  à  Soissons  et  ailleurs,  w  Et  l'excellent 
liturgiste  a  pris  la  peine  d'énumérer  ces  Tropes  qui 
étaient  si  obstinément  restés  en  usa^e  :  c'était  le  Fons 
hoyiitatis,  Pater  ingenite;  c'était  le  Ciinctipotens  geni- 
tor;  c'était  le  Clemens  rector.  Ils  remontent  aux  ixe  et 
xe  siècles  '. 

•  «  A  Saint-Etienne  de  Sens...,  le  premier  choriste  ou  chapier,  tourné  du  côté 
du  clergé,  coininence   le  Kyrie.  Si  c'est  une  lète  annuelle,  semi-annuelle  ou 


228  IIISTOIRF.   DE   l.A   POÉSIE   LITERniorE 

Nous  avons  dit  tout  à  Flieuie  que  ces  Tropes  sont 
«  natinx'ls  »,  et  avons  l)osoin  «le  le  prouver'.  Il  est  cci-- 
tain  que  ces  deux  mots  Kyrie  et  eleison,  avec  les  voca- 
lises qui  les  séparaient  l'un  de  l'.iiitn',  prêtaient  singu- 
lièrement à  l'interpolation,  ils  la  sollicitaient,  })0ur 
ainsi  parler.  Les  Tropes  du  Kyrie  sont  ceux  tpii  res- 
semblent le  mieux  à  ces  Proses  qu'on  a  jadis  écrites  sur 
les  sequelx,  sur  les  queues  de  l'Alleluia  du  (iiadiiel. 
Nous  avons  vu  plus  haut,  nous  aurons  lieu  de  consta- 
ter à  nouveau  que  les  Proses  ont  été,  à  rori<i,ine,  un 
moyen  mnémotechnique  inventé  par  un  homme  d'esprit 
pour  retenir  plus  aisément  des  vocalises  difficiles.  Je 
me  persuade  que,  toutes  proportions  gardées,  il  on  a 
été  de  même  pour  les  Tropes  intérieurs  du  Kyrie.  Eux 
aussi,  ils  ont  eu  leurs  mélodies  préexistantes. 

Lorsqu'on  eut  attaché  ces  paroles  mnémotechni({ues 
aux  plus  anciennes  vocalises  du  Kyrie;  lorsque,  plus 
tard,  on  eut  composé  des  mélodies  spéciales  pour  ces 
interpolations  en  prose  ou  en  vers,  il  fut  permis,  en 
certaines  églises,  de  chanter  ad  libitum  soit  les  paroles, 
soit  les  neumes.  Bref,  on  appliqua  aux  Tropes  du 
Kyrie  ce  que  Guillaume  Durand  a  si  bien  observé  au 
sujet  des  Séquences-  :  «  En  quelques  lieux,  dit-il.  on 

duublo,  on  y  njoute  les  Tropes  Fdiis  bonilatis,  Patvr  hnienite;  Cuncli))oten.'i 
(jenitor  ou  Clemens  rector  :  ce  qui  se  j)ratique  encore  à  Lyon,  à  SoisFons  et 
ailleurs.  »  {Vo)ja<jes  litiirfjiqucii  du  sieur  de  Moloon,  p.  107.  Cf.,  p.  ^Oi,  le  Kyrie 
qu'on  chantait  aux  quatre  l'êtes,  avf.c  les  Tropes,  dans  l'êtrliso  ."^nint-Lô  de  Hou^n.) 

1  11  ne  faut  pas  s'étonner,  étnnt  donnés  ces  deux  mois  ktjric  et  eleyson,  ?i 
l'on  affecte  da  parler  grec  dans  les  Tropes  mêmes  du  Kyrie:  «  Kyrie,  o  Iheos; 
kritis,  o  dischios;  iskyros  ke  at/ianatos,  ymas  eleison  »  (Bibl.  nat.  lat.,  10510, 
f°  3;  Ueincrs,  Le,  26).  — «  Jesu,  Hedemptor  omnium,  lu  t/ieos,  yitton  pic  cley- 
sorDti  (Bibl.nat.  lat.,  13252,  f*23  V,  etc.). —  «  Condilor  kyriie  omnium  j/ma«...» 
(IbiiL,  fo  22  V).  Etc. 

*  «Quœdam  ecclesiœ  mystice  pneumatizant  sequenlias  sine  vcrbis,  aut  saltem 
aliquos  versus  carum.  »  (Guillaume  Durand,  lialiunale,  IV,  cap.  xxii,  êdil.  de 
Lyon,  lo7i,  f''124  V.)  Les  nécessités  de  notre  exposition  nous  ont  obligé  à  citer 
ce  texte  plus  d'une  fois. 


LES  TROPES  DE  LA  1'"  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     229 

les  neumatise  sans  paroles.  »  C'est  du  moins  ce  qui 
semble  résulter  de  quelques  manuscrits  très  précieux 
où  l'on  trouve  des  Kyrie  uniquement  neumés,  mais  où 
ces  neumes  sont  accompagnés  très  visiblement  des 
premiers  mots  du  Trope  parlé  auxquels  ils  se  rap- 
portent :    Theoricam  practicamque  vitam  ;  Rector  cos- 


^ 


xncxxifc^j  aui  orrtniJL  rr^rtv 


k. 


A  L  /  T    £   K. 


A 


c/>     6J  [xLcxf  o-ngp 

Type  d'un  Tropc  du  K\jrie  :  u  Omnipotcns  gcnitor  (1).  »  (  Bibl.  de  Saint- Gall,  i8i,  p.  211.) 

mi,  etc.  ^  Nous  n'irons  pas  toutefois  jusqu'à  ajouter, 
avec  Moléon  :  «  C'est  ce  qui  a  donné  lieu  à  ces  longues 
traînées  de  notes  qui  nous  sont  restées  au  Kyrie,  lors- 
qu'on a  retranché  nos  Tropes.  »  La  question  est  bien 


1  Bibl.  nat.,  nouv.  acq.,  1177.  Dans  ces  K\jr\e,  uniquement  neumés,  les 
Kyrie  et  les  Christs  ne  sont  marqués  que  par  des  K  et  des  X  ;  mais  en  tète  de 
chaque  Trope  musical  on  lit  le  premier  mut  du  Trope  parlé  auquel  il  corres- 
pond (f»  14  v°,  Clemens,  etc.).  Cf.  le  ms.  de  la  Bibl.  nat.  lat.  1087,  f-^OS  r°,  99  r». 
Après  des  Kyrie  non  tropés  (98  ro)  on  y  trouve  les  Kyrie  musicaux  avec  l'indi- 
cation des  Tropes-paroles  auxquels  ils  se  rapportent  :  Clemens  rector  (98  r»); 
Jesu  redemptor  omnium  (98  v);  Theoricam  practicamque  vitam  (98  v");  Rex 
magne  (99  v°)  ;  Cunctipotens  genitor  (99  r"). 


230  HISTOIRE   DK   LA   FOÉSIK   IJTIlHilnl'K 

plus  comploxo  que  ne  paraît  lo  croiro  !<•  liturgiste  du 
xviiie  siècle,  et  il  y  a  très  certainerneiil  de  ces  «  tr.iî- 
nées  »  qui  sont  antérieures  aux  ïropes  ou  qui  en  oui 
toujours  été  indépendantes  ^ 

Les  Tropes  du  Kyrie  ne  sont  pas  sans  i)réscnlrr  en- 
core d'autres  ressemblances  avec  les  Séquences  ou  les 
ProseSj  et  ce  n'est  pas  sans  raison  qu'on  jrur  a  imposé 
le  nom  de  prosuUe,  petites  Proses  -.  S'ils  méritent  cette 
appellation,  c'est  principalement  5  raison  de  leur  éten- 
due ;  mais  il  y  a  plus,  et  on  leur  a  appliqué  le  système 
de  ces  clausulœ  qui  ont  le  même  nombre  de  syllabes  et 
sont  exactement  chantées  sur  les  mêmes  notes.  Un 
exemple  semble  ici  nécessaire  ^  : 

j    ..    ;       ,     i  Orbis  factor,  rcx  œterne,  eleison.  Kyrrie. 

de  huit  syllabes.   Pietatisfons  immense,  eleison.  Kyrrie. 

(Memcnuiation  / Noxas  omnes  nostras  pelle,  eleison.  Kurrie. 
musicale.)       \  i         i  o 

/Christe,  qui  lux  es  iiuindi,  dator   vita?,  eleison. 

-P    .    ^l-      ,     i      Christe. 
Irois  claiisulx    \ 

de  onze  syllabes. /  Ai'te  Ifosos  Dsemonis  infuero,  eleison.  Christe. 

(ilenie  notation  /  Qonfirmans  te  credentes  cuiiservaiisque,  eleison. 
musicale.  )  ^      ' 

V     Christe. 

111.  /  Patrem  tuum,  teque  Flamen  utriusque,  eleison. 


Deu.x  ctausidx    V      Kyrrie 
de  douze  svllabes.  <, 

(Même notation  i Deum  scimus  uiîum  atque  trinum  esse,  eleison. 
musicale.)       '      Kyrrie. 


'  «  Dans  les  niss.,  on  écrit  parfois  les  kyrie  sans  paroles  à  la  suite  des  Tropes, 
parce  qu'on  chantait  tantôt  «  avec  »  et  tantôt  «  sans  paroles  »,  tantôt  enfin  des 
deux  manières  à  la  fois.  » 

2  Prosulœ  ad  Kirricleison  (Bibl.  nat.  lai..  1 1 10.  f»  5i  r»)  ;  Incipiunt  prosulsc  de 
Kyrie  (1120,  f»  07  v"),  etc.  La  notation  orlhocraphique  du  mot  Kyrie  a  donné 
lieu  d'ailleurs  à  d'étranges  fantaisies  de  nos  scribes  :  Kirie,  Kirrie,  Kirrielei- 
son,  etc.  elc. 

3  UOrbis  factor  est  sans  doute  sorti  de  Saint-Ciall  [Bibl.  do  Sainl-Gall, 
378,  p.  368).  Il  a  été  admis  à  Saint-Martial  (Hibl.  nat.  lat.,  mS6,  f»  19  r«), 
à  Nevers  (Bibl.  nat.,  9i'i9,  f"  1),  à  Saint- livroult  (Bibl.  nat.  Int.,  10508, 
f»  16),  etc.  etc. 


LES  TROPES  DE  LA  F"  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     231 


IV.  /Clemens  nobis  assis,  Jesu  bone,  iit  vivamus  in  te. 

Deux  clausulse    \       „ 
de  seize,  dix-sept)      Kyrrie. 

syllabes.        'jEt,  cum  sanctis  tuis,  assidue  simus  in  requie. 

(Même  notation  f  ,   . 

musicale.)      '      Eleison ,  ekison  ' . 

Le  texte  précédent  nous  amène  fort  naturellement  à 
une  observation  que  nos  lecteurs,  sans  doute,  auront 

VlCti       VhlSÔN 

^    ^    ^      /•     ^    .  ^       y- 

A  âcpium  -rerry  tniffiif ^^nt ^ 

"txirif  xbArvc 

Type  d'un  Tropo  du  Kxjric  :  «  Omnipotens  genitor  (2).  »  (  Bibl.  de  Saint -Gall,  485,  p.  212.) 

faite  avant  nous.  C'est  qu'on  a  profité  de  l'allure  ter- 
naire du  Kijrie  pour  en  faire  l'application  aux  trois  per- 
sonnes de  la  Trinité.  Il  est,  en  effet,  un  grand  nombre 
de  Tropes  du  Kyrie  où.  les  trois  premières  clausulse  sont 
consacrées  au  Père,  les  trois  secondes  au  Fils,  les  trois 
dernières  au   Saint-Esprit-.  11   s'y  fallait  attendre,  et 


1  Cf.,  comme  répétition  de  clausnlœ,  le  ms.  lOoOS,  f"  8,  9,  11,  etc.  —  Dans 
certains  Tropaires,  chaque  clausida  des  Kyrie  tropés  est  précédé  du  mot  Versus 
en  abrégé  :  y.  (Bibl.  nat.  lat.,  9449,  f"  10  v",  etc.) 

2  V.  comme  type,  Bibl.  naf.  lat.,  887,  fo  36  r^,  etc.  etc. 


232         msTOiHi':  in-:  la  toksie  i.rriiHfiiQUE 

cette  disposition  n'a  rien  en  soi  que  de  très  légitime  et 
de  fort  simple. 

Il  y  a  eu,  d'ailleurs,  plusieurs  manières  de  concevoir 
l'agencement  des  Tropes  (pii  nous  occupent.  Tantôt  on 
a  placé  l'interpolation  avant  les  mots  Kyrie  eleison; 
tantôt  on  l'a  placée  aphks;  tantôt  enfin,  on  l'a  inter- 
calée ENTRE  le  mot  Kyrie  et  le  mot  eleison.  Ce  sont 
là  les  trois  modes  piMucipaux;  m;iis  ce  ne  sont  pas  les 
seuls. 

Si  l'on  veut  se  faire  une  idée  nette  du  premier  de  ces 
deux  systèmes,  il  faut  lire  ce  beau  Trope  solennel  que 
lant  de  manuscrits  nous  ont  conservé'  et  que  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  de  citer  comme  un  type. 

Cunctipotens  genitor,  Deus  omnicreator,  eleison.  Kyrie,  eleison. 
Fons  et  origo  Boni,  pie,  Luxque  perennis,  eleison.  Kyrie,  eleison. 
Salvificet  pietas  tua  nos,  bone  rector,  eleison.  Kyrie,  eleison. 

Christe,  Del  splcndor,  virlus  Patrisque  sophia,  eleison,  Chrisle 

eleison. 
Plasmatis  humani  faclor,  lapsi  reparator,  eleison,  Chrisle,  eleison. 
Ne  tua  dampnetur,  Jesu ,  factura,  henïgne eleison,  Chrisle,  eleison. 

Amborum  sacrum    Spiramen ,  nexus   amorque ,  eleison ,  Kirie 

eleison. 
Procedens  fomes,  vitœ  tons,  purificans  vis,  eleison,  Kine,  eleison. 

1  Le  Cunclipolens  rjenilor,  écrit  peul-ôlro  à  Sainl-Gall  (Bibl.  de  Saiiil-GaU, 
378,  p.  36o),  a  été  très  guùlé  à  Saint- Martial  (BibLnat.  lat.,  887,  f'oGr';  1086, 
l"  18  v»;  1087,  f"  99  r";  113'i,  f»  G  v";  1135,  f»  8  r»)  et  san^,  doulî  transporté 
de  là  à  Nevers  (9'i49,  f»  39  r°),  à  Saint- Benoît-sur-Loire  (Nouv.  acq., 
1177,  f°  4  r"),  à  Paris  {132o2,  f-  2'i  r»),  à  Saint-Évroult  (IO0O8,  f°  10  r»),  etc. 
—  Gail-Morel  a  édité  le  Cunctipotens  genilor,  n»  90,  p.  56  (d'après  un  ms. 
d'Engelbsrg,  xu"  s.). —  Mone  en  a  publié  les  l",  i'  et  8*  vers  {Hymni  latini , 
I,  302,  H"  236)  d'après  un  manuscrit  du  .\iv«  siècle  conservé  à  Karisruhj 
(S.   Peter,  n°  16,  p.  278).  L'éditeur  allemand  en   a  cjupé.  ainsi  qu'il  suit,  son 

dernier  hexamètre  : 

Purpalor  culpaD, 

N'enise 
Largilor  oplimc  {aie). 

Reiners  [l.  L,  p. 28)  en  a,  d'après  Sinner,  publié  intépralemeni  le  t'xt**.  qui 
offre  qu'^lquos  variantes. 


LES  TROPES  DE  LA  1'°  ÉPOQUE  —  LE  AT/Î/E      233 

Purgator  culpse ,  veniœ  largitor  opima3 , 

Offensas  dele,  sancto  nos  munere  reple,  —  Spiritus  aime  :  Kjrie, 
eleison  \ 

Si  l'on  veut  un  type  du  second  mode,  il  convient 

[Tc^  mundi  ctitpAjn  munaJ^ 
fU  fArurume  fitfo- 


k 


y 


-     / 


y^ 


fpxrrcuf  Almuf 

yïLi£  L£  z      '  s  ON- 

Type  du  Trope  d'un  Kyrio  :  «  Omiiipotens  genitor  (  3  ).  p)  (  Bibl.  de  Sainl  -  Gall ,  484 ,  p.  213.) 

d'ouvrir  un  des  Tropaires  de  Saint-Gall  et  d'y  lire  ce 
Trope  bref  : 

1  On  peut  rapprocher  du  type  précédent  le  Trope  Clemens,  qui  est  celui  que 
l'on  trouve  dans  lo  plus  grand  nombre  de  manuscrits,  et  qui  est  qualifié,  dans 
un  manuscrit  de  Saint-Martial  (887,  f'^  47  v°),  de  pulcher  par  excellence  : 

Clemens  rector,  œlerne  Pater  immense,  eleison. 

Nostris  necne  vocibiis  adsis,  benedicte  Domine,  Kyrie. 

j^îter  stellifer  noster,  nosiri  bénigne  eleison,  Kyrie. 

Plebi  tuœ  Sabaolh ,  agie,  semper  rege,  eleison. 

Trine  et  une,  sedulas  noslras  procès,  rcx,  su?cipc,  eleison. 

Fidem  auge  his  qui  credunt  in  te;  tu  succurre,  eleison. 

Respice  nobis  omnibus,  inciyte,  fer  opem  de  excelsis,  et  noslras,  redemptor  orbis 
terrae,  voces  vocibus  angelorum  adjunge  :  eleison. 

Cunclipotens,  sophiœ  tuœ  lumen  nobis  infunde,  elfison. 

Tripertite  et  une  Domine,  qui  mânes  in  œternum  cum  Paire;  te  cre,  te  corde 
atquc  mente  psallimus.  Nunc  tibi,  o  béate  Jesu  bone,  te  precamur  omnes  assi- 
due: Eleison.  (Texte  établi  d'après  les  mss.  cités  plus  loin,  p.  240.) 

«  On  observera  que  la  partie  du  Trope  correspondant  au  dernier  Kyrie  est 
plus  longue  à  cause  delà  répétition  de  la  mélodie  à  ce  dernier  Kyrie ,  répétition 
qui  se  pratique  encore  de  nos  jours.  » 


234  HISTOIHK   DK   I.  A   l'()i;siE   LITURGIQUE 

Kirie,  eleison,  pater  infantium. 
Kirie.  eleison,  releclio  lacteiitiuiii. 
Kirie,  eleison,  consolatio  pupillorum. 
Chrisie ,  eleison,  imago  Genitoris. 
Chrisle,  eleison,  abolifio  Carinoris. 
Christe,  eleison,  restauratio  plasmalis. 
Kirie,  eleison,  fomos  carilatis. 
Kirie,  eleison,  pleniludo  probilalis. 
Kirie,  eleison  '. 

Souhaite-t-uii  eiiliii  de  su  •^qaver  dans  l'esprit  un 
type  facile  du  troisième  et  dernier  système,  il  n  y 
aura  qu'à  lire  ce  Trope  si  populaire ,  et  encore  usité  au 
xviiie  siècle  : 

Kirie,  tons  bonitatis,  Pater  ingeiiite,  a  <|Uû  bona  cuncta  proce- 

dunt,  eleison. 
Kirie,  qui  pati  Natum,  iiiumli  pio  criniine,  ipsum  ut  salvaret, 

misisti,  eleiso7i. 
Kirie,  qui  septiformis  das  dona  Pneumatis ,  a  quo  cœluin ,  terra 

replentur,  eleison,  etc.  "-. 

Il  est  une  autre  division  qui  s'applique  aux  interpo- 
lations du  Kyrie  comme  à  la  plupart  de  nos  Tropes. 
Les  uns  sont  en  prose,  les  autres  en  vers  : 

En  prose,  comme  \c  Fons  bonitatis  et  le  Pater  infan- 
tium qu'on  vient  de  lire  ^  ; 

1  Bibl.  de  Saiiil-Gall.  378.  p.  363;  376.  p.  -io.  V.  le  fac-siinile  de  la  p.  IM. 

2  V.  plus  bas  la  liste  des  manuscrits  où  l'un  trouve  ce  Trope.  Cf.  notamment 
les  Tropes  de  Saint-Évroult  :  A'j/n-jt»,  rex  celsc  (i(KJ08,  f»  13  v»);  Kyrrie,  res- 
plendens  co:U  arce  (f»  l'i  v°);  Ki/rrie,  »r,r  gcnilor  ingenite  (f<>  11  v*),  elf.  etc. 

3  Cf.  les  Tropes  suivants  : 

Deus  solus  et  immon^ii?,  K.c.  K.c. 

Plasmator  lioniinuni  et  cuncl.T  creaturcP  luae.  K.c. 
(  Qui,  de  siipernis  noliis  conip.T?«us,  ad  inia  vcni«li  X.e.  .\.c. 
il  Alque  homineni  pcrditum  do  morte  rcvocasti  X.e. 

Ipsumquc  in  p.itria  copli  looasti.  K.c. 

Palcr  cum  Nato,  nnsiris  miserlus  maneto  K.c. 

Paiiclu«qiic,  qui  omnia  régit,  nobis  scm[ier  Spirilus  adsil. 

(Ril.l.  nat.  lai.,  lit;',  f»  19  r«.) 

K\rri,  urbs  ciclestis  ita  est  facta  Hierusalcm,  eleiton.  h'ijrrie,  f letton. 
Priniuni  jaspis ,  sapliirus  et  calccdonius,  eleison.  Kyrrie.  eleison. 


r^rii- 


LES  TROPES  DE  LA  l'"  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     235 

En  vers,  comme  le  Cunctipotens,  comme  VOrbis  fac~ 
tor  ou  comme  le  Trope  suivant  : 

Kyrie,  omnipotens  genitor  lumenque  et  lucis  origo,  eleison. 
Kyrie,  de  nihilo  ,  jussu  Verbi,  qui  cuncta  creasti;  eleison. 

-     J  /       /      /         ,     ,  ,       ^  ^\    ,  ^^w5. 

l^   iTneXer ~y{hn  .- 

TJ     -       '    '        '       '      '    '   '    /    ,    J 

i    .  .    /  -,       ^  -  -/^?. 

J^<  tJ^tAje: y  {on. 

k\,  rr^^- ■         yfjn  - 

Type  d'un  Trope  du  Kyrie  :  «  Te  C.hriste  supplices.  »  (Bibl.  nat.  lat.,  10310. 
Tropaire  d'Echternach,  f»  13  ro.  ) 

Kyrie,  humano  generi  peccati  pondère  presse  :  eleison. 
Christe ,  ad  cœnum  terrœ  missus  Genitoris  ab  arce  :  eleison. 

Hinc  smaragclus,  sardonix  sextus,  sardiusque,  eleison,  h'yrrie,  eleison. 
Grisolitus,  beriUus;  est  nonus  topazius.  Christe,  eleison,  Christe,  eleison. 
Decinuis  chrysoprasius  ;  jacinctus  deinde.  Christe,  eleson.  Christe. 
Duodicimus  anielistus  :  isti  sunt  lapides.  Christe,  eleison.  Christe. 
Duodecim  portae  sunt,  duodccimquc  margaritse.  h'yrrie,  eleison,  h'yrrie,  eleison. 
Et  singula;  portœ  ex  margaritis  sunt  singulis.  h'yrrie,  eleison,  h'yrrie.  dosun. 
Et  plateee  ejus  lucidum  aurum  est,  niundum  quoque,  tanquam  auruni  perluridum 
clarumque.  Kirrieleison,  Kirrieleison. 
[1120,  fo  72  ro-vo.  La  noie  porte  GrisoUprassus.  —  Cf.  887,  fo  14  r»  ;  un  autre  texte  avec 
quelques  variantes.] 


236  lUSTUlUE  bïù   LA  l'OESlL   LlïUIlCinUI-: 

Clirisle,  indueras  carnom,  casta  de  Virginc  natus,  eleison. 
Christe ,  et  miiiidi  culpain  rnuiidasti  saiiguiiif  fuso  :  eleison. 
Kiric,  îpqualis  l'.ilii  seu  Nalo,  S))irilus  aliiius,  eleison. 
Kiric,  U'iiiLis  pcrsoiiis  Dcus  ,  iii  I)oilal(;  sod  iiiiiis,  elcison\ 

Suivant  kl  soloiinitc  do  la  IcHo  liliirgi(|iio  à  laijiicllc 
ils  étaient  spécialement  consacrés*,  les  Tropes  du  Kyrie 
offraient  plus  ou  moins  de  développement  et  d'am- 
pleur, et  il  y  a  encore  là  le  fondement  d'une  nouvelle 
et  dernière  classification.  Le  CuncHpotens  genitor,  poiu- 
prendre  un  exemple,  était  un  Trope  employé  in  magnis 
festivitatibus:  il  méritait  bien  cet  honneur  ^ 

La  place  qu'occupent  dans  les  Tropaires  les  Tropes 
du  Kyrie  n'est  point  partout  la  même,  et  il  n'est  pas 
superflu  de  la  connaître.  Tantôt  ils  ne  forment  qu'une 
seule  et  même  nomenclature,  pour  chaque  fête  litur- 
gique, avec  les  autres  Tropes  de  cette  fête,  quels  qu'ils 
soient*;  tantôt  ils  font  «  bande  à  part  »,  s'il  est  permis 


1  Bibl.  de  Sainl-Gall,  '.S'i,  pp.211-213  [V.  le  fac-similé  des  pp.  229-233).— 
Cf.  Reiners,  l.  c,  p.  52. 

2  Que  chaque  fêle  ait  eu  son  Trope  spécial  du  Kyrie,  c'est  ce  qui  est  attesté 
à  toutes  les  pages  de  nos  Tropaires.  C'est  ainsi  qu'on  chantait  à  Noël  le  Te, 
Christe,  supplices  (Bibl.  nat.  lat.,  9i49,  f»  7  \°)  ou  le  Christe  Redemplor  (1118. 
fo  12  r");  le  jour  de  saint  Etienne,  le  Deiis  sohis  et  inunensus  [Ibid.,  f"  19  r»)  ou 
le  Clemens  reclor  (9i49,  1°  10  v»);  le  jour  des  saints  Innocents,  le  Bex  ruagnc 
Domine  {Ibid.,  f»  27  r°);  àl'Oclave  de  Noël,  le  Jesu  Redcmptor  omnium  (9449. 
f"  16  v»);  le  jour  de  Pàquos,  le  Kyrie,  rex  sœclorum  {Ibid.,  f»35  v»),  etc.  etc. 
Certains  Tropes  servaient  à  plusieurs  fûtes,  comme  le  CumUipotens  genitor, 
qui,  à  Nevers,  se  chantait  le  lundi  de  Pâques  et  le  jour  de  la  Ponlccôte  (t/i'i9. 
f"  3'J  r"  et  49  v");  comme  le  Clonens  rector,  qui,  à  Saint-Martial,  était  exécute 
le  jour  da  la  Chandeleur  et  le  lundi  de  Pdques  (1118,  f  «37  r»  et  50  r»),  etc.  etc. 
A  Echternach,  on  chantait  à  Noël  et  à  Pàque»;  les  mêmes  Trupes  (  Reiner-, 
l.c.,~\î).  De  même  que  les  fêles  Ai  Jésus-Christ  avaient  leurs  Tropes,  c?rlainr^ 
autres,  comme  \e Re.vviryinum  amator,  étaient  consacrés  au.\  fêles  de  la  Vierge 
(1086,  f"  22  r).  Enfin,  des  Tro|ies  étaient  réservée  au  chint  des  dimanches  or- 
dinaires ,  comme  VOrbis  faclor  (  1086,  f"  19  r°,  etc.;  H.'iners,  /.  c,  p.  30^. 

3  10b6,  fo  18  v,  etc.  La  rubrique  «  in  magnis  festivitatibus  »  se  rapporte 
éfralemenl  au  Kyrie,  rex  sœchrum  (f»  21  r"),  etc. 

■'  Tel  est  le  cas  des  Tropaires  de  Saint- Martial  (Bibl.  nal.,  1118),  que  nous 
proiulrons  ici  jiour  type,  et  de  Novi-rs  (Bibl.  nal.  Int.,  9419),  elc.  etc. 


LES  TROPES  DE  LA   l'°  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     237 

de  parler  de  la  sortes  et  la  série  de  tous  les  Kyrie  tro- 
pés  figure  en  tête  ou  au  milieu  de  nos  manuscrits, 


pîoe        X^vi>\3  mîtmi.t^M  tsaâ^vî^t 


Type  d'un  Troiie  du  K\jr\e  :  »  Paler  infanliir.n.  j.  (Ribl.  do  Saint-Goll,  378,  p.  305.) 

avant  la  série  de  tous  les  Gloria  tropés,  avant  les  Tropes 

1  Tropaires  de  Saint-Martial  (  Hil>l.  nnt.  lat.,  1087,  1'°  98  r»);  de  Saint-Évroult 
(Bibl.  nat.  lat.,  10508,  f «  6  r"),  etc.  etc.  =  La  série  des  Tropes  du  Kyrie  prend 
place  après  la  série  complète  des  petits  Tropes  (Introït,  Offertoire,  Commu- 
nion, etc.)  dans  les  Tropaires  de  Saint -Martial  (Bibl.  nat.  lat.,  887,  f"  47  r», 
et  1119,  f"  67);  de  Paris  (Bibl.  nat.  lat.,  13232,  f»  20  ro),  etc.  etc. 


238  IIISTOIIM':    Dl']   LA    l'OKSli:   MT  l' iMilnlJ  K 

du  Sandus  et  de  VAgnus*  .-car  ce  sont  là  (juutre  groupes 
plus  solennels,  plus  augusU.'S,  plus  impoilants  (pu-  tous 
les  autres. 

La  statistique  exacte  des  Tropcs  du  Kijric  ne  serait 
pas  sans  offrir  éfialemcnt  quelqu<3  iidéret,  et  il  est  trop 
évidcnl  (piils  ont  rlr  moins  coûtés,  <■!  par  conséquent 
moins  varies,  moins  nondiiciix  qn»-  ceux  <lii  (îloria.  Le 
plus  ancien  manuscrit  de  Sainl-(  l.ill  '  ne  nous  en  olTrc 
(pic  deux  à  côté  de  treize  Gloria  tro[)('s;  à  Saiiit-Mai- 
tial,  à  Saint-Evroult,  à  Paris,  l'inégalité  n'est  pas  moins 
sensible  -.  Mais  il  n'en  faudrait  tirer  aucune  conclusi(jn 
excessive.  Les  Tropes,  chants  de  joie,  étaient  mieux  faits 
pour  la  louange  que  pour  la  supplication  mêlée  de 
pleurs. 

Ils  ne  prêtaient  guère  au  drame',  les  Tropes  du  Kyrie, 
et  cependant  nous  trouvons,  en  un  des  plus  anciens 
manuscrits  de  Saint-Martial,  une  sorte  de  dialogue 
entre  le  diacre  et  les  chantres  *.  Ce  n'est  pas  encore 
un   drame,  mais  c'est  bien  près   d'en  être   le  crayon 

1  Bibl.  de  Saint-Gall,  484. 

2  A  Saint- Martial,  le  Tropaire  qui  e>t  aujourd'hui  à  la  IJibl.  rial.  iat.  (1H9 
renferme  dix -neuf  Gloria  tropes  et  quatre  Trope»  du  Kyrie;  le  ms.  887  nou« 
offre  dix-huit  Gloria  et  quinze  Kyrie.  Etc.  etc.  ^  A  Sainl-Evroult  (Iat.,  103(>5), 
il  y  a  vintït-huit  Tropes  du  Gloria  et  seize  du  Kyrie.  =  A  Paris  (Iat.,  13232) 
liuit  Kyrie  seulement  et  vinçrl-sciit  Gloria,  etc.  =  A  celle  règle  pènérale  il  y  a 
eu  quelques  exceptions  (Bibl.  nat.,  1086.  etc.)  que  nous  aurons  lieu  dVxpliquer. 
=  11  est  certain,  dailleurs,  que  le  besoin  de  nouveaux  Tropes  du  Kyrie  s'est 
fait  assez  vivement  sentir;  car  on  a  ajouté,  dans  certains  manuscrits,  un  cer- 
tain nombre  de  Tropes  de  la  première  époque  ou  de  la  seconde.  (Bibl.  nat. 
Iat.,  132u'2,  887,  etc.)  Les  doux  listes,  qu'on  trouvera  plus  loin,  des  Tropes  du 
Kyrie  et  de  ceux  du  Gloria  dunnerunt  fort  exactement  la  proportion  que  nous 
iiidi([Uons. 

'  11  faut  observer  cependant  que  le  Kyrie  lui-m»'me  se  chantait,  dès  l'origine. 
à  deux  chœurs:  u  Kyrie  eleison  autem  nos  neque  dicimus,  sirut  a  Gra-cis  dicilur; 
quia  in  Graîcis  slml'l  omnes  dicunt  :  apud  nos  autem  a  clkiucis  dicitir,  a  i-o- 
l'i  Lo  RESPONDKTLU,  et  tulidcm  vicibus  etiam  C/iriste  eleison  dicitur.  ijuod  apud 
Grœcos  nullo  modo  dicitur.  »  (Saint  Grégoire,  lib.  VU.  e|>ist.  37,  citée |>ar  Mar- 
tènc.  De  anlirjiiis  Knlesiic  rilihus.  I.  'M'6.) 

<  Bibl.  nat.  iat.,  1118.  I"  12  r". 


LES  TROPES  DE  LA  l'<'  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     239 

OU  l'esquisse.  On  n'a  pas  été  plus  loin  dans  cette 
voie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  Tropes  du  Kyrie  furent  tou- 
jours plus  solennels  que  la  plupart  des  autres.  On  n'en 
confiait  pas  l'exécution  au  premier  venu;  mais,  dans  les 
grands  monastères,  on  choisissait  à  cet  effet  les  plus 
belles  voix.  A  Saint -Denis,  quatre  bene  cantantes 
entonnaient  ensemble  le  Clemens  rector.  Nos  Tropes  — 
ceux-là  en  particulier  —  constituaient  alors  ce  qu'on 
appellerait  aujourd'hui  une  «  Messe  en  musique  ».  Les 
assistants  étaient  tout  oreilles'. 

Si  beaux  cependant  que  fussent  ces  développements 
nouveaux  et  poétiques,  et  quelque  supériorité  qu'il  con- 
vienne d'accorder  aux  Tropes  du  Kyrie  -,  —  lesquels  sont 


'  «AdMissam  très  cantores,  in  rubeis  cappis,  in  choro assistant,  et  incipiant 
officium  Etenim  sederunl  ;  Kyrie  Clemens  a  quatuor  bene  cantantibus ,  etc.  » 
{Consuetudines  San-Dionysianse;  Martène,  De  antiquis  Monachormn  ritibus, 
col.  282.) 

2  Nous  donnons  ci-dessous  une  table  des  Tropes  du  Kyrie  que  nous  sommes 

LOIN  DE  CONSIDÉRER  COMME  COMPLÈTE,  ET  QUE  NOUS  PRENDRONS  SOIN  DE  TENIR  AU 

COURANT.  Nous  n'y  avons  lait  figurer  que  les  Tropes  de  la  première  époque  ; 
c'est  pourquoi  on  n'y  trouvera  point,  entre  autres,  le  0  Pater  ingenite  ni  leRex 
Deus  œterne  du  ms.  116  d'Einsiedeln.  (Gall-Morel,  n'^  91,  92,  p.  57,  etc.  etc.) 

TABLE    DES    TROPES    DU    KYRIE 

Canamus  cuncti  laudes  hymnificas.  BerIin,Theol.  lat.,  no  H,fu76r<'.  Saint-Gall. 

—  —  Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343  fu  1  vo.      Romagne,etc. 

—  —  Vienne,  1845,  fo  60  ro.  Saint-Gall. 

—  —  Munich,  lat.,     14083,  fo  100  vo.        Saint-Emmeran. 

—  -                                     —              1432^,  fo  103  ro.  _ 

—  —  Oxford,  Douce,    222,  fo  39  ro.  Saint-Gall. 
Christe,  cœlitus  nostris  assis  precibus.     Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  2  ro.  Saint-Évroult. 
Christe  redeniptor,  miserere  nobis.                       —                887,  fo  47  ro.  Saint-Martial. 

—  —                                     —             1084 ,  fo  90  yo.  — 

—  —                                       —              1118,  fo  44  ro.  _ 

—  —                                     —             1119,  fo  84  ro.  _ 

—  —                                       —              112U,  fo  67  ro.  _ 

—  —     .                                  —                903,fo66vo.  Saint- Yriei.\. 

—  —  Arsenal,  1169,  fo  3.  Autun. 
Christe,  unice  Dei  patris  genite.  Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  1  yo  (ajouté 

postérieurement  ).  Saint-Évroult. 

Clemens  rector.  Saint-Gall,  378,  p.  367. 

—  Bibl.  nat.  lat.,      887,  fo  47  vo.  Saint -Martial. 

—  —  1084 ,  fo  93  yo.  _ 

—  —  1086,  fo  18  ro.  _ 


240 


IIISTOIKH   DK   LA    F'OKSIE  LITITUlIQUE 


plus  Ihéologiques  et  plus  littéraires  que  les  autres,  — 
nous  les   considérerons,   eux   aussi,  comnne  un   délit 


Clcnicns  rcctor. 


r.lenienlissimc  rcdoniplor. 
Coiiditor  Kyrie,  (Jimiiuiii  ymas. 

f!unilitor  rerum  almo. 

(limctipotcns  dominalor  cœli. 


Cunclipotens  genilor. 


Cunctipolens  orbis  far.tor 

Deiis  rcdeniptor,  miserere  nobis. 

Iléus  soins  cl  immensus. 


Dominalor  Deus  piissime... 
Firmator  snnctc  lirmamcnti. 
Fons  bonilalis. 

Fons ,  origo  lucis  perpétua. 
InefTabilis  et  iiilcrminabili?. 


liibi.  nal.  lai.,     10«7,  f-  'JH  t". 

—  111«,  f"  37  ro. 

—  III'J,  fo  m  ro. 

—  IIUO,  f"  07  vo. 

—  1130,  fo  'Jl  r». 

—  IKJ'J,  fo  108  vo. 

—  903,  fol 03  vo. 

—  a^W ,  fo  10  vo. 

—  io:;o8,  fo  7  ro. 

—  132r,2,  fo  2\  ro. 
Arsenal,  1100,  f»  7  ro. 
Oxford,  liodbMenne,  77.';,  fo  3  r». 
bibl.  nat.  ial.,  10:^W,  fo  13  T". 

—  lonoH,  fo  7  vo. 

—  13252,  fo  22  vo. 

—  887,  fo  Kl  ro. 
Oxford,  Bodléienne,  77u,  fo  5  r". 
Saint- Gall,  370,  p.  7i. 

—  37H,  p.  303. 

—  380,  p.  100. 

—  382,  p.  57. 
Berlin,  Théol.  Ial.,  no  11,  p.  77  ro. 
Munich,  lat.,  iVm,  fo  101  ro. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  37«,  p.  305. 

—  382 ,  p.  58. 

Bibl.  nal.  lat.,    887,  fo  50  ro. 

—  1080,  fo  18  vo. 

—  1087,fo90ro 

—  1134,  fo  0  V". 

—  1135,  fo8  ro. 

—  1139,  fo  112  ro. 

—  903,  fo  107  VO. 

—  9119,  fo  39  ro. 

—  10508,  fo  10  ro. 

—  13252,  fo  2i  ro. 

—  Nouv.  acq.,  1177,  fo  4  r 


Saint-Martial. 


Sainl-Yrieix. 

Never». 

Painl-fcvroult. 

l'arig. 

Autun. 

? 

Paint-Kvroult. 

Paris. 

Saint-Martial. 

? 

Saint-Gall. 


Saint-Emmeran. 


Saint-Martial. 


Sainl-Yrieix. 

Never«. 
Sainl-Évroull. 
Paris. 
S.-BenoU- 
sur-Loire. 
Saint-Gall. 

? 
Saint-Gall. 
Romaime. 
Saint-Gall. 


Oxford ,  Douce,  222,  fo  30  vo. 

—       BodI.,  775,  fo  3  yo. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  378,  p.  309. 
Rome,  Angelica,  fu  2'i0,  r>  et  2i5  vo. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  4x4 ,  |..  2iM. 

—                381,  p.  293.  — 

Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f»  19  ro.  Saint-Martial. 
Munich,  14083,  f»  103  vo.                  Saint-Emmeran. 

Berlin.  Théol.  lat.,  no  M ,  fo  78  vo.  Saint-Gall. 

Bibl.  nal.  lat.,  903,  fo  105  vo.  Saint -Yrieii. 

Home,  Vilt.-Emmanuele,  1343.  fo  2  vo.  — 

Bibl.  de  Saint-Gall,  378,  p.  370.  Saint-Gall. 

—              382,  p.  01.  — 

Enpelberp  (Gall-Mortl,  no  89,  p.  76).  1 

Bibl.  de  Saint-Gall,    382  p.  59.  Saint-Call. 

Bibl.  nat.  Int.,  3719,  f»  33  yo.  Saint-Martial. 
—             10508,  fo  1  vo  (ajouté 

postérii  urcment  ).  Sainl-Évroull. 

Bibl.  nat.  lat.,  9448,  fo  11.  Pruni. 

Londres,  Cotlonien,  Calipula  A  XIV.  T 

Bibl.  de  Saint-Gall,  378,  p.  378.  Saint-Call. 


LES  TROPES  DE  LA  1'-'=  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     241 

anti-liturgique,  comme  une  sorte  de  profanation  du 
texte  saint. 


Ineffabilis  et  interminabilis. 


Tn  tridui  spatio  solis. 

In  onini  verbonostro  laudemus  Dominum, 

Jesu  redemptor  omnium. 


Kirie,  eleison,  pater  infantium. 


Kirrie,  salve  semperque. 
Kirri  (sic),  rex  reguni  Domine   Deus 
Sabaoth. 

Kyrie,  aime  rex,  Domine,. 
Kyrie,  Deus  sempiternae  vitœ. 


Kyrie,  fons  pietatis. 

Kyrie,  logos,  Patri  Pneumatique. 

Kyrie,  omnipotens  Pater. 
Kyrie,  o  theos,  kritis. 


Kyrie,  qui  baptizatus  in  Jordanie  unda. 

Kyrie,  resplendens  cœli  arce. 
Kyrie,  rex  celse,  tibi  laudes. 
Kyrie,  rex  genitor  ingenite. 


Kyrie ,  rex  pie. 
Kyrie,  rex  saeclorum. 


Kyrie,  Sabaoth  judex. 

Kyrrie,  rex  senipitcrne,  huic  catervse. 

Kirri   {sic),   sapientia,   virtus   quoque 

Dei  summa. 
Lux  et  origo  lucis  summe  Deus. 


Bibl.de  Saint-Gall,  380,  p.  109.  Saint-Gall. 

—  381,  pp.  304,  316.  — 

Berlin,  Théol.  lat.,  n»  11,  fo  82  r-»  et  v».  — 

Munich,  lat.,  14083,  fo  102  v".  Saint-Emmeran. 

Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  57  r". 

—  887,  fo  53  ro. 

—  1087,  fo  98  vo. 

—  13252,  fo  23  vo. 

—  9449,  fo  16  vo. 
(y.  Pater  infantium.  Observation  qui 

s'applique    à   un    certain    nombre 
d'autres  Tropes.) 
Oxford,  Bodléienne,  773,  fn  4  vo. 


Saint-Martial 


Paris. 
Nevers 


Saint-Gall. 
Saint-Martial. 


Saint-Yrieix. 

Nevers. 

Paris. 

Saint-Gall. 

Saint-Emmeran. 


Saint-Gall. 

Echternach. 

Saint-Gall. 

Autun. 

•?. 

Saint-Emmeran. 


Oxford,  Bodléienne,  775,  fo  3  v" 

—  Douce,  202,  fo  39  vo. 

—  —       887,  fo  54  ro. 

—  —       887,fo56ro. 

—  —     1086,  fo  21  bis  ro. 

—  —       903 ,  fo  166  ro. 

—  —     9449,  fo  39  ro. 

—  —    13252,  fo  25  vo. 
Saint-Gall,  378,  p.  369. 
Munich,  lat.,  14G83,  fo  94  V". 

—  14322,  fo  108  vo. 
Londres,  Cottonien,  Caligula  AXIV. 
Saint-Gall,  376,  fo  73. 
Bibl.  nat.  lat.,  10510,  fo  3. 
Berlin,  Théol.  lat,  no  11,  fo  75  ro. 
Bibl.  de  l'Arsenal,  1169,  fo  19  vo. 
Vienne,  1845,  f»  89  vo  et  60  v. 
Munich,  lat.,  14083,  fo  100  ro. 

—  14322,  fo  100  ro.                         — 
Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  2  vo  (ajouté 

postérieurement).  Saint-Évroult 

Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  14  vo.  — 

—  10508,  fo  13  vo.  — 

—  10508,  fo  11  vo.  — 
Oxford,  Bodléienne,  775,  fo  2.  ? 
Londres  ,  Cot'.onien,  Caligula  A  XIV.  ? 
Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343,  f»  3  vo.     Romagne. 
Bibl.  nat.  lat.,  1086,  fo  21  Ws  vo. 

—  1086,  f   21  ro. 

—  1139,  fo  114  ro 

—  903,  fo  166  ro. 

—  9449 ,  fo  35  vo. 

—  10508,  fo  23  vo. 

—  13232,  fo  20  ro. 
Munich,  lat.,  14083,  fo  103  vo. 
Oxford,  Bodléienne,  773,  fo  6  vo. 


Saint-Martial. 


Saint-Yrieix. 

Nevers. 

Saint-Évroult. 

Paris. 

Saint-Emmeran. 


Bibl.  nat.  lat.,  13252,  fo  23  ro.  Paris. 

Berlin,  Théol.  lat.,  n"  11,  fo79  ro.  Saint-Gall. 
Munich,  lat.,  14083,  fo  102  ro.          Saint-Emmeran. 

—            14322,  fo  101  ro.  — 

Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343,  fo2ro.  Homagne. 

—        Angelica,  fo  196  ro.  — 

Oxford,  Bodléienne,  773,  fo  6  ro.  ? 

1   —  1(J 


242 


HISTOIRE   DE   LA    l'OK-lE    UïriUilOlJE 


Ces  neuf  beaux  cris  vers  Dieu,  dépouillés  de  tout 
artifice  oratoire,  ces  neuf  eleison  très  simples,  sont 
plus  éloquents  que  tous  les  Tropes  du  inondr*. 


Mis^f^rero,  I)oiiiiiie;  voce,  corde. 
Miserere,  rex  oiiiniuni. 
0  Deus  oninicreator. 
Omnipotens  geriilor  liimoiiqiu-  cl  fontis 
()ri''o. 


C)  l'ater  excelse. 

O  Pater  immense,  nù  scmper  idem  ma- 

nel  esse. 
0  Paler  piissime. 


Orbis  faclor,  rcx  a-terne. 


O  Uex  clemcns. 


0  Theos  agie. 

0  Theos  aime,  tilii. 

Paler,  creator  omniiiin. 

Paler  cuncla  qui  guburnas 


Paler  infanlium. 


Piissime  rcx  Kirrie  rector. 
Princeps   aslrigeram   geiiitor    quia    lu 
régis  aulam. 


Pro  nobis  qui  dedisti    unicum  lilium. 
Qui  de  limo  formaveras  (?). 
Kcgnorum  rector  mundi. 
Hcgum  sumnic  Domino. 

Hcx  Ueus  a>terne,  sine  |)rincipio. 


Mibi.  nat.  lai.,  'J'i-iU,  fo  i:(  r».  .Xcvcrs. 

—  1H«,  f"  4  r".  ?^aiiil  Maniai. 
Londres,  Cottonien,  Caligula  A  XI\'.  Y 

fiibl.  de  i^.iinl-flall,  /i8/i,p.  211.  '    Saint-Oall. 

—  370 ,  p.  72.  — 

—  380,  p.  108.  — 

—  381  ,  (1.  2%.  — 
Hibl.  nat.  lai.,  9448,  f»  15.  Prum. 
Herlin,  Théo!,  lai.,  n-  M,  fo  81  vo.  Saint-Gall. 
Munich,  lat.,  Ii083,  f»  101  v».  Sainl-Emmeran. 

—            ri322,  fo  100  vo.  — 
nome,Vitl.-Kmmaiiuelc,  1343,  fo  1  v".    Homagne,  el''. 

Vienne,  iH'iï,,  f"  GO  r".  ï 

l^ibl.  nat.  lat.,  10.-508,  f-  'J  r».  Sainl-F-:vroult. 

Dxford,  Bodléienne,  775,  f»  5  vo.  ? 

Munich,  14083,  fo  02  vo.  Sainl-Kmmeran. 

Bibl.  dcSainl-Gall,  380,  p.  110.  Saint-Gall. 

—  381,  p.  317  (ajoute 
postérieurement  ).  — 

Berlin,  Théol.  lat.,  noll,fo83ro.  — 

Bibl.  de  Saint-Gall,  378 ,  p.  368.  — 

—  382,  p.  60.  — 
Bibl.  nat.  lat.,   1080,  fo  19  r».  Sainl-Martial. 

—  1139,  fo  113  ro.  — 

—  9449,  fo  1.  Nevers. 

—  10508,  fo  16.  Sainl-Évroult. 

—  13252,  fo93  ro  {ajouté 

poslérieuremenl).  Paris. 

Londres.  Coltonien,  Caligula,  A  XIV.  ? 

Bibl.  nat.  lat.,  903,  fo  164  ro.  Saint-Vrieix. 

—  887,fo48vo.  Saint-Martial. 

—  10508,  fo  8  vo.  Sainl-Évroull. 
Oxford  ,  Bodléienne,  775,  fo  2  vo.  t 
Bibl.  de  Saint-Gall ,  378,  p.  368.  Saint-GalL 

—  382,  p.  61.  — 
Bibl.  nal.  lat.,  1086,  fo  19  ro.  Saint-Martial. 

—  1139,  fo  115  vo  — 

—  378,  p.  365.  Saint-Gall. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  376,  p.  45.  — 

—  381 ,  p.  218.  — 

—  382,  p.  -2».  — 
Berlin,  Tliéol.  lat.,  no  11,  fo»4  vo.  — 
Oxford,  Bodléienne,  775,  f»  4  r".  't 

Munich,  14083,  f»  102  vo.  Saint-Emmeran. 

—        14322,  fo  102  vo.  — 

Berlin,  lai.,  no  11,  fo  80  vo.  Saint-Gall. 

Bibl.  nat.  lat.,  9449,  fo  18  ro.  Nevers. 

Saint-Gall,  376,  p.  74.  Saint-Gall. 

Munich,  lat.,  143-22,  102  ro.  Saiul-Eniracran. 

Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  10  vo.  Saint-Èvroult. 

Londres,  Cuttonien,Cali);ula,  .\  XIV.  Y 

Bibl.   de  Saint-Gall,  378,  p.  36-2.  Saint-Gall. 

—  382,  p.  57.  — 


LES  TROPES  DE  LA  1'-°  ÉPOQUE  —  LE  KYRIE     243 

Il  n'est  pas  besoin  de  tant  de  mots  pour  dire  à  Dieu  : 
«  Pitié.  » 


Rex  magne,  Domine,  quem  Sancti. 


Rex  magne,  genitor. 
Rex  regum,  Domine,  rector  cœlorum  ac 
terrœ. 


Rex,  virginum  amator. 


Suavis  tu,  Deus,  rex  noster  verus  es. 

Summe  Deus,  qui  cuncta  créas. 

Summe  Pater  a  quo. 

Te  (on  tibi),  Christe,  supplices  (Va- 
riantes: Te  Pater,  supplices,  10508; 
Te,  Christe  rex,  supplices.  Vitt.-Em- 
manuele  ). 


Bibl.  nat.  lat. 
Nouv.  acq., 


Theoricam  practicamque  vltam. 


Theos  bénigne.  Domine,  eleyson. 

Unice  Christe  qui  es  lux. 

Unus  omnipotens  creator. 

Urbs  cœlestis. 

Virginitatis  amator.  (Cf.  Rex  virginum. 


Bibl.  nat.  lat.,     1118,  f"  27  r». 

—  1139,  fo  110  xo. 

—  903,  fo  164  ro. 
Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343,  fo3ro. 
Bibl.  nat.  lat.,  10508,  fo  8  t». 

—  887 ,  fo  49  ro. 

—  1084 ,  fo  91  ro. 

—  1119,fo85vo. 

—  1120,  fo  68  ro. 
1086,  fo  22  ro. 
2194,  fo  106  ro. 

Londres,  Cotlonien,  Caligula,  AXIV. 
Bibl.  nat.  lat.,     887,  fo  52  ro. 

—  1086 ,  fo  20  ro. 

—  10508,  fo  11  ro. 


Bibl.  nat.  lat.,  9448,  fo  7. 

—  1084,  fo  90  vo. 

—  1120,fo67ro. 

—  1119,  fo  84  ro. 

—  1240,  fo  79. 

—  903 ,  fo  163 ,  ro. 

—  9449,  fo  7  vo. 

—  13252,  fo  20  ro. 

—  10508,  fo  6  ro. 
Oxford,  Bodléienne,  775,  fo  2  ro. 
Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343,  fo  i  r". 

—  8S7,  fo  50  ro. 

—  1087,fo98vo. 

—  1139,  fo  111  ro. 

—  903,  fo  165  ro. 

—  13252,  fo  21  vo. 

—  10508,  fo  12  vo. 
Oxford,  Bodléienne,  775,  fo  2  ro. 

—        Douce,  222,  fo  37  vo. 
Bibl.  nat.  lat.,  1084,  fo  144  vo. 
Bibl.  nat.  lat.,    887,  fo  55  ro. 

—  887,fo52vo. 

—  887,  fo  54  vo. 

—  1120,  fo  72  vo. 


Saint-Martial. 

Saint-Yrieix. 
Romagne,  etc. 
Saint-Évroult. 
Saint-Martial. 


•? 

Saint-Martial. 

Saint-Évroult. 


Prum. 

Saint-Martial. 


Saint-Yrieix. 
Nevers. 
Paris. 
Saint-Évroult. 

Romagne,  etc. 
Saint-Martial. 


Saint-Yrieix. 

Paris. 

Saint-Évroult. 

Saint-Gall. 
Saint-Martial 


CHAPITRE  XVI 


LES  TR0PE3  DE  LA  PREMIERE  EPOQUE 
AD  ROGANDUM  EPISCOPUM 


L'évêque  a  encensé  l'autel,  assisté  par  son  archi- 
diacre; il  a  donné  le  baiser  de  paix  aux  diacres,  aux 
prêtres  assistants,  à  son  chapelain.  Puis  il  s'est,  à  pas 
lents,  dirigé  vers  son  trône,  qui  est  disposé  contre  la 
muraille,  derrière  l'autel,  au  milieu  et  au  fond  de  l'ab- 
side. Il  en  a  gravi  majestueusement  les  quatre  degrés 
et  s'est  assis.  Le  Kyrie  vient  de  s'achever  :  il  se  fait  un 
grand  silence  :  on  attend'. 

Encore  aujourd'hui,  c'est  un  spectacle  grandiose  que 
celui  de  l'évêque  sur  son  trône,  les  mains  sur  ses 
genoux,  grave  et  immobile.  Mais  il  faut  avouer  qu'au 
moyen  âge  c'était  bien  autre  chose.  L'évêque  alors  était 
une  sorte  de  potentat,  de  souverain,  et  sa  cathedra 
était  vraiment  un  trône. 

Au  seul  évêque,  pendant  longtemps,  il  fut  permis 
d'entonner   le    Gloria    in    excelsis  \    Cette   discipline , 

^  V.  les  Voyages  liturgiques  du  sieur  de  Moléon,  p.  16,  etc. 
2  «  A  Rome,  au  ix" siècle,  les  prêtres  ne  pouvaient  chanter  le  Gloria  in  ex- 
celsis, même  quand  ils  remplaçaient  le  pape  empêché,  si  ce  n'est  le  jour  de 


246  HIPTOlIiK   |)K   LA   pOKSIi:   MTT'F.GIOÏIE 

établie  par  saint  Grégoire,  fut  sans  doute  respectée 
jusqu'à  l'époque  où  l'on  chanta  les  |)remiers  Tropes.  Il 
n'y  avait  d'exception  que  pour  la  l'rtc  de  Pâques,  et  le 
plus  humble  des  prêtres  pouvait,  ce  jour- là,  aborder  la 
grande  Doxologie  tiiomphale.  Mais  une  telle  rigueur 
ne  tarda  point  à  s'adoucir,  et  les  souverains  pontifes 
accordèrent,  pour  le  chant  de  l'Hymne  angélique,  des 
autorisations  plus  ou  moins  nombreuses  à  des  prêtres 
séculiers  ou  réguliers.  L'antique  Règle  de  saint  Gié- 
goire  :  «  Gloria  in  excelsis  a  presbyteris  minime  diri- 
tur,  »  fut  peu  à  peu  effacée  de  l'usage  liturgique.  On 
n'en  a  même  pas  gardé  le  souvenir. 

Il  n'en  était  pas  ainsi  aux  xe  et  xi*^  siècles. 

Ce  qu'on  attend  dans  l'église  où  nous  venons  de 
transporter  nos  lecteurs,  c'est  que  l'évéque  entonne  le 
Gloria,  et  voici  qu'on  l'en  vient  prier. 

Pour  une  telle  circonstance,  un  nouveau  Trope  a  été 
jugé  nécessaire,  et  le  ton  en  est  très  solennel  :  Sinnrne 
sacerdos,  emitte  vocem  tuam  et  recita  nohis  Angelonim 
cantica  qiiœ  prœcinuerunt  Régi  nato  Domino.  Eia, 
die,  domne,  eia\ 

Ce  Trope,  d'ailleurs,  ne  fut  pas  le  seul,  et  les  Tro- 
paires  nous  offrent  ici  une  seconde  formule  :  Sacerdos 
Dei  excelsi,  veni  ante  sanctum  et  sacrum  altare,  et, 
in  laude  Régis  regum,  vocem  tuam  emitte.  Supplices 
te  rogamus  et  petimus.  Die,  domne  -. 

Pâques.»  (Ordo  )-0)iianus,  1;  Mahillon  ,  Muséum  ilalinon ,  (.  U.  ]>.  17.  cilé 
par  Tabbé  Duchesno,  Liber  poiiti/icatis,  p.  130.  —  Cf.  Mnrtène,  De  n/iM'/uis 
Ecelesix  ritibus,  I,  3G6.  ) 

'  Bibl.  nat.  lai.,  909,  fo  H  r»;  1118,  fo  13  r»;  lO&i,  f'  39  r;  887.  f<>  69  v». 
Après  le  Summe  sacerdos,  ce  dernier  manuscrit  nous  offre  le  le\te  suivanl, 
qui,  un  jour  sans  doute,  a  été  appliqué  aux  simples  prêtres  :  Domxe  s.vcer- 
Dos,  etc.  (887,  f"  69  \°.)  Ce  dernier  Tropaire  ajoute  une  variante  de  ce  même 
Trope  qui  convient  à  la  loto  do  Pâques:  «  Resurgenli  Domino,  rogi  macrno,  «etc. 

2  Bibl.  nat.  lat.,  1120,  f°  03  V;  887,  f»  69  v;  1118,  f*  19  v»;  12'iO,^  f»  37  v»; 


LES  TROPES  DE  LA  T"  ÈP.—AD  ROGANDUM  EPISCOPUM  247 

On  a  pu  se  demander  si  le  Sacerdos  Dei  excelsi 
n'était  pas  destiné  aux  simples  prêtres,  et  le  Summe 
sacerdos  aux  évêques.  Mais  nous  avons  lieu  de  croire 
que  les  deux  formules  s'adressaient  également  au  pon- 
tife, et  il  y  a,  à  cet  égard,  des  rubriques  qui  sont  déci- 
sives. 

Il  y  avait  dès  lors  une  tendance  à  faire  cet  honneur 
au  prêtre  comme  à  l'évêque.  Mais  un  rite  aussi  solen- 
nel ne  convenait,  à  l'origine,  qu'à  un  personnage  con- 
stitué en  dignité,  et  de  telles  invitations  ne  se  faisaient 
que  devant  un  trône. 

13252,  ^26  r.  —  V.  Gall-Morel,  n»  93,  p.  58,  d'après  le  ins.  55  de  Rhei- 
nau,  p.  105,  et  Gerbert,  De  Cantii  et  Miisica  sacra,  I,  463.  —  Cf.  la  forme 
suivante  qui  offre  certaines  variantes  assez  importantes:  aPastor  bone,  veni  ante 
sacrum  et  sanctum  altare,  et,  in  laude  Régis  regum,  vocem  tuam  prior  emit- 
tere  digneris;  supplices  te  rogamus.  Eia  die,  domne  :  Gloria.  »  (  Bibl.  de 
l'Arsenal,  1169,  fo  3  V.) 


CHAPITRE  XYII 


LES  TR0PE5  DE  LA  PREMIERE  ÉPOQUE 
—  LE  GLORIA  IN  EXCELSIS 


On  connaît  la  charmante  légende  qui  s'est  attachée 
aux  origines  du  Te  Deum.  Dans  le  premier  enthou- 
siasme où  la  conversion  de  saint  Augustin  avait  jeté 
l'âme  de  saint  Ambroise,  le  convertisseur  s'écria, 
presque  affolé  de  joie  :  Te  Deum  laudamus.  En  proie 
au  même  lyrisme,  le  converti  lui  répondit  soudain  : 
Te  Dominum  confitemur.  Saint  Ambroise  lui  répliqua 
par  cette  exclamation  ardente  :  Tibi  omnes  Angeli, 
que  saint  Augustin  accompagna,  sans  plus  tarder,  du 
Tihi  Cheruhim  et  Seraphim.  Il  en  fut  de  même  pour 
la  composition  de  tout  ce  cantique  sublime,  et  c'est 
ainsi  que  ces  deux  nobles  âmes,  formant  à  elles  seules 
deux  demi -chœurs,  en  improvisèrent  tous  les  versets. 
Encore  une  fois,  c'est  charmant;  mais  ce  n'est  qu'une 
légende. 

Les  origines  du  Gloria  in  excelsis  ne  sont  guère  plus 
précises  que  celles  du  Te  Deum.  Avant  le  commence- 
ment du  vit  siècle,  il  n'en  est  question  que  deux  fois  : 


2o0  Ilis'l'niiii;  hi;  i,  \   l'Oi;-!!';  litiiicique 

dans  les  Con>itUif lions  apostoliques  '  <it  dans  le  (ùodex 
Alexandrinus  de  la  Bible  grecque  *.  Encore  le  texte  du 
G^/ona  nous  apparaît-iL  dans  ces  deux  documents,  sous 
une  ioi-nie  très  dlfff'rente  de  la  loimc  latine  -.  Le  Liber 
pontificalis  attribue  au  pape  Télesphore  '  l'adoption  de 
ce  beau  cantique  j)()ur  la  seule  solennité  de  Noël,  et  il 
est  trop  visible  qu'il  a  été  spécialement  composé  pour 
cette  fête.  Le  mrme  chroniqueur,  dans  cette  Notice  du 
pape  Symmaque^  qui  est  certainement  Toeuvre  d  un 
contemporain*^,  nous  apprend,  en  termes  fort  clairs, 
que  ce  pape  étendit  l'usage  du  Gloria  à  l'Office  de  tous 
les  dimanches  et  de  toutes  les  fêtes  des  saints  martyrs  \ 
Quant  à  Fauteur,  il  faut  renoncer  à  le  découvrir,  et 
tenir  pour  non  avenue  l'opinion  de  Jean  Beletli,  cpii  en 
fait  honneur  à  saint  Hilaire  de  Poitiers  \ 

Nous  disions  tout  à  l'heure  que,  pendant  longtemps, 
le  pape  à  Rome  et  chaque  évêque   en   sa  basilique 


'  vu,  47. 

2  v°  siècle. 

3  Liber  pontipcalis,  éd.  de  l'abbé  Duchesne,  ]>.  130. 

■^  «Hic  Tele?;phorus ]  constituil  ut...  ante  sacrificium  Hymnuo  diceretur  an- 
gelicus,  hoc  csl  Gloria  in  excelsis.)>  {Liber pontificalis ,  éd.  de  l'abbé  Duchesne. 
p.  129.)  Cette  Notice  de  Télesphore  appartient  à  la  première  partie  du  Liber 
pontificalis,  laquelle  a  été,  d'après  l'abbé  Duchesne,  rédigée  au  temps  des 
Goths.  =  La  première  édition  du  Liber  pontificalis  limitait  à  la  nuit  de  Noël 
l'usage  de  chanter  le  Gloria  in  cxcelsis.  Sous  le  pape  frymmaquc,  il  fut  permis 
de  le  chanter  tous  les  dimanches  et  jours  de  l'êtes.  Le  second  éditeur  n'a  pas 
senti  le  besoin  de  conserver  (à  l'article  Télesphore)  la  formule  tantum  noctu 
natale  Domini  qui  marque  la  difTérence  d'usage  avant  et  après  l'ordonnance  de 
Symmaque.  Tout  cela,  d'ailleurs,  doit  s'entendre  seulement  de  la  Messe  épis- 
copale.  (Abbé  Duchesne,  Liber  pontificalis,  p.  130.) 

s  '.89-iii'i. 

6  Ce  contemporain,  d'après  l'abbé  Duchesne,  termina  son  travaM  par  la 
Notice  di  Féii.\  IV  (o26-o30). 

7  «  [SymmachusJ  constituil  ut  omne  die  dominicum  vel  natniicia  martyrum 
Gloria  in  excek/symnus  diceretur.  »  {Liber  pontificalis,  éd.  de  l'abbé  Duchesne, 
p.  263.)  —  «Antérieurement  à  Symmaque.  le  Gloria  in  cjrcelsis,  comme  nous 
l'avons  dit,  ne  se  chantait  qu'à  Noël.  Ce  décret,  donc,  est  l'extension  d'un  usage 
ancien  plus  restreint.  »  {Ibid.,  p.  268.) 

?  Martène,  De  antiquis  Eivlesix  ritibus,  I,  366. 


LES  TROPES  DE  LA  1'°  ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    2ol 

avaient  seuls  le  droit  de  chanter  le  Gloria.  «  Chanter  » 
semblera  peut-être  excessif:  «  entonner  »  serait  le  vrai 
terme.  Ce  qu'il  y  a  d'assuré,  c'est  qu'à  l'exception  de 
ses  premiers  mots ,  l'Hymne  angélique  était  en  cer- 
taines églises  chanté,  d'un  bout  à  l'autre,  par  tout  le 
clergé  et  par  tout  le  peuple,  mais  que  presque  partout 
il  était  alternativement  exécuté  par  deux  chœurs.  Il 
y  avait  là  un  grand  effet  musical  que  l'adoption  des 
Tropes  ne  détruisit  pas.  Un  des  deux  chœurs,  sans 
doute,  fut  chargé  de  chanter  ces  Tropes;  l'autre,  le 
texte  \  Encore  ici,  d'ailleurs,  nous  nous  trouvons  en  pré- 
sence de  ces  Tropes  sans  paroles  qui  ont  déjà  attiré 
notre  attention  dans  la  contexture  des  interpolations  de 
l'Introït  et  du  Kyrie.  C'est  dans  le  plus  ancien  manu- 
scrit de  Saint -Gall,  et  c'est  là  seulement  que  nous  ren- 
controns, pour  le  même  Gloria,  une  série  double  de 
«  Tropes  parlés  »  et  de  «  Tropes  sans  paroles  »  entre 
lesquels  nous  nous  persuadons  que  les  chanteurs 
avaient  la  permission  de  faire  un  choix-.  On  renonça 
d'assez  bonne  heure  à  cet  ad  libitum,  et  les  Tropaires 
de  Saint -Martial  ne  nous  présentent  plus  que  des  Tropes 
avec  paroles.  Il  faut  ajouter  qu'ils  sont  souvent  char- 
gés de  vocalises  interminables  ^,  surtout  à  la  fm   du 


'  V.  les  Voyages  Utiirrjiques  du  sieur  de  Moléon ,  p.  17  (deux  cliœurs); 
pp.  53,  56,  157,  167  (un  seul).  =  Le  liturgiste  du  xviii"'  siècle  ajoute  :  «  Le 
jour  de  Noël,  à  Saint-Maurice  de  Vienne,  on  chantait  le  Gloria  in  excelsis  à 
trois  chœurs,  dont  l'évoque  et  les  assistants  faisaient  un.  »  {Ibid.,  p.  17.) 

2  Exemples  de  Gloria  avec  ou  sans  paroles,  ad  libitum:  Bibl.de  Saint-Gall, 
484,  pp.  219,  221 ,  etc.  etc.^  Exemples  de  Gloria  tropes  sans  paroles  :  Bibl.  de 
Saint-Gall,  484,  pp.  216,  218,  219,  etc.=  Cf. le  ms.  381  de  la  même  bibliothèque. 

3  V.  notamment  Bibl.  nat.  lat.,  1121 ,  f"»  47  v°,  46  r»  ;  10508  (Saint-Évroult), 
fos  26  r",  34,  .36,  etc.  Au  f°  26  r"  de  ce  dernier  manuscrit  on  lit  :  «  Christe  cœ- 
lorum  rex  aime,  voces  nostras,  inchte,  vocibus  Angelorum  adjunge.Cwm  sancto 
Spiritu.  »  Avant  le  Cum  sancto  il  y  a  deux  séries  de  vocalises,  Tune  brève, 
l'autre  développée,  entre  lesquelles  les  chantres  pouvaient  choisir.  C'est  ce 
qu'indique  le  mot  aliter. 


2;j2  iiistoihk  |)K  I. a  i'oksik  UTiiuiiMi  i; 

Gloria;  mais  il  y  a  loin  de  là  aux  deux  séries   com- 
plètes du  plus  antique  Tropaire  de  Saint-Gall. 

Ces  interpolations  du  (Jloria  lunnt  [tlus  populaii-es 
que  la  plupart  des  autres;  on  les  aimait,  ces  laiides  (tel 
était  leur  nom  le  i)lus  ordinaire'  );  on  ne  les  trouvait  ni 
trop  prétentieuses  ni  trop  longues.  Elles  eurent,  elles 
conservèrent  longtemps  un  Iteau  succès,  dont  nos 
manuscrits-  nous  permettent  .lujourd'hui  de  mesurer 
l'intensité.  L'un  d'eux  ne  leur  consacre  pas  moins 
de  cinquante  feuillets,  de  cent  pages.  C'est  presque 
trop  l 


'  Le  mot  laudes,  comme  nous  Pavons  dit  plus  haut  (chap.  vu,  p.  51),  offre 
ces  deux  sens  :  l»  le  Gloria  lui-même,  et  2°  les  Tropes  du  Gloria.  Lorsqu'on 
lit  dans  le  ms.  1118  :  Item  laudes  cum  tropis,  nous  avons  évidemment  affaire 
au  jiremier  sens  (  f<"  3  v»  et  4  r°);  tout  au  contraire,  le  second  est  clairement 
établi  par  les  mss.  1119  (f»  90  r")  et  1120  (l'o  82  r»)  :  Incipiunt  Glorite  mm 
laudes.  Dans  beaucoup  de  textes,  le  sens  reste  douteux  (887,  f"8  et 9).  Etc.  — 
Cf.  le  mot  laus  au  singulier  (1118,  f»  50  r"  et  passim).  =  Il  ne  faut  pas  s'éton- 
ner si  les  mots  laus  et  laudare  se  trouvent  au  commencement  de  la  plupart  de 
ces  Tropes  du  Gloria;  c'est  leur  esprit,  c'est  leur  essence  : 

1.  Laudemua  Dominum  quem  laudat  cœlicus  ordo  (10508,  t»  17). 

2.  Queni  voro  jiia  laus,  ?olum  quem  condoccl  liymnus...  (18  vo). 

3.  Quem  laudant  humana  agmina  (2o  strophe,  19  v). 

4.  Quem  cives  cœlesles...  laude  fréquentant  (23  r»). 
'o.  Latis  tua,  Ueus,  resonet  (25  ro). 

6.  Rector  ab  arce  polens,  te  laudat  cœlicus  ordo  (26  r»}. 

7.  Laus  tibi.  Domine,  celsa  potestas  (28  r»). 

8.  Quem  jugi  voce...  agmina  cœlestium  laudant  (31  ro). 

9.  Quem  dominum  rerum  collaudant  omnia  verum  (32  r»;. 

10.  Sit  tibi  laus  trina  (33  r»). 

11.  Angelica  jam  Pater  laude  (33  r»). 

12.  Quem  cuncla  lawianl  (36  r»). 

13.  Nulia  qui  laude  indiges  (36  V"'. 

14.  0  laudabilis  rex  (37  ro). 

15.  0  gloria  sanctorum  /ausque  Angeloruni  (38  r»). 

16.  Quem  vere  pia  laus  (41  v»).  Etc. 

2  Les  Gloria  tropes,  comme  les  Tropes  du  Kyrie,  peuvent  occuper,  dans  les 
Tropaires,  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  places  :  tantôt  ils  forment,  tols  en- 
SE.MBLE,  un  proupe  à  part  après  le  proup:*  d^s  Tropes  du  Kyrie  (type  :  Bibl. 
nat.  lat.,  1119  et  10508);  tantôt  ils  sont  relégués,  pour  chaque  fête,  à  leur 
place  normale,  parmi  les  petits  Tropes  de  la  Messe;  Inlroïls,  Offertoires,  etc. 
(type  :  lat.  1118,  etc.). 

3  Le  manuscrit  de  Saint-Gall  484  (x*  siècle)  r.^nferme  treize  Gloria  tro|>és  el 
le  ms.  381  onze.  Le  manuscrit  de  Saint-Martial  887  nous  en  offre  dix-huit; 
1121.  vingt-quatre;  1084,  trente  et  un;  1119,  trente-trois.  Le  Tropniro  de 
Saint-Évroult  (10508)  en  présente  trente  et  un,  et  celui  de  Paris  (  13252  jvingt- 


LES  TROPES  DE  LA  V'°   ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    253 

Ces  Tropes  du  Gloria  avaient  le  don  d'attirer,  plus 
vivement  que  tous  les  autres,  l'attention  du  peuple  et 
des  clercs.  On  les  chantait  avec  une  solennité  presque 
extraordinaire;  on  s'estimait  heureux  de  les  faire  en- 
tendre aux  «  profanes  ». 

là/Tf       .   y  /^^    . 

xiS'  ILtur  t^*^  ^^f  r^ 


qt. 


1  \  y    /^ .  -'^  y  Y*" .ut/  "     f 

K  "Te--  iljH  uernih^ortcer-  riof 

Type  des  Tropes  du  Gloria  (Bibl.  de  Saint-Gall,  48'j,  p.  225]  : 
Lans  tua,  Deus,  resonet  coram  te,  Rex  (1). 

Le  18  novembre  1031,  à  Limoges,  lorsqu'on  ouvrit 
ce  célèbre  concile  où  fut  proclamée  l'apostolicité  de 
saint  Martial,  l'historien  anonyme  du  concile  ne  man- 
qua pas  d'observer  que  le  Gloria  fut  chanté,  devant  les 
Pères,  avec  ces  tropi ,  avec  ces  festivse  laudes  qui 
avaient  reçu,  dans  l'abbaye  de  Saint-Martial,  un  si 
merveilleux  développement.  Beaucoup  de  ces  prélats 
ne  connaissaient  pas  encore  ces  ornements  dangereux 


sept.  Pour  le  seul  Temps  pascal,  un  des  manuscrits  de  Saint-Martial  ne  con- 
tient pas  moins  de  six  Gloria  tropes  (1121 ,  1'°*  45  v»,  49  r°).  Etc.  etc. 


254  HISTOinE   DE   LA   POÉSIE   MTrRr.IOUE 

du  texte  liturgique,  et,  sans  doute,  en  prirent  le  goût 
qu'ils  répandirent  autour  d'eux.  Mais  la  mod»;  en  passa'. 
On  ne  s'étonnera  pas  qu'on  puisse  diviser  en  i)lii- 
sieurs  espèces  un  genre  aussi  alKjndant.  Nous  ne  nous 
attarderons  pas  longtemps  à  la  division  qui  résulte 
du  ton  sur  lequel  est  écrite  la  musique  du  texte 
tropé,  ou  de  la  solennité  plus  ou  moins  grande  des 
fêtes  auxquelles  les  Tropes  sont  consacrés  -.  On  inter- 
p{jlait  de  préférence  les  Gloria  des  grandes  fêtes.  Parmi 
les  laudes  du  Gloria,  il  en  est  qui  sont  spéciales  à  tel 
ou  tel  jour  de  l'année  liturgique ';  il  en  est  d'autres,  au 
contraire,  que  l'on  chante  ad  libitum  et  qui  conviennent 
à  toutes  les  fêtes*.  Mais  il  y  a  à  signajci-  ici  hien  d'autres 


'  «  Angelico  hymno  cuii  tropis,  idestFESTivis  laldibus,  ornatissitne  expleto... 
Iiiter  LAUDES  autem  ( quaî  xpôuoi  grœco  nomine  dicuntur  a  conversione  vulgari» 
modulationis),  dum  versus  Trinitatis  a  cantoribus  exclainarelur...  »  (Labbe, 
IX,  890.) 

-  Les  G/o*va  non  tropes  sont  divisés  en  deux  groupes  ;  a. /«  magnis  festivita- 
libiis  (1086,  f"  24  r°);b.  In  festis  privalis  {Ibid.,  25  r°),ou  De  minoribits  fesli- 
vitatibus  {1133,  l"  9  r").  ^  11  en  est  natureilenient  ainsi  pour  les  Gloria  in- 
terpolés :  Incipiunt  laudes  de  circulo  auni,  Majontm  Festuruni  (Bibl.  nat. 
lat.,  887,  (fo  fi9  r»)  ;  De  minore  {Ibid.,  1»  83  r»).  —  Cf.  le  nis.  1121  :  De  se- 
cundo Gloria  (f"  53  r°);  De  Gloria  minore  (f»  56  r»),  et  1120,  f°  99:  De  se- 
cundo Gloria.  Etc.  etc. 

3  Dans  les  Tropaires,  [•'■s  interpolations  du  Gloria  sont  ordinairement  classées 
suivant  l'ordre  de  Tannée  liturgique,  avec  l'indication  précise  des  fôtes  au.x- 
quelles  elles  se  rapportent  (Bibl.  nat.  lat.,  887,  l»  70  r<»  et  suiv.;  1118,  f»  2  r 
et  suiv.;  1120,  f"  82  et  suiv.  ,  etc.  etc.).  A  Noél  on  chante  VOninipotens  alti^- 
simeverbum  {Bibl.  nat.  lat.,  1118,  fol3  r°;  1119,  fo90;  1121 ,  f»  42r%  etc.),  ou  1.- 
Paxsempiterna  (Saint-Gall,  484,  p.  214,  etc.).  Le  jour  de  saint  Etienne,  à  .Sainl- 
Gall,  on  entonne  le^lua  i>tcp/tanus  ( Saint- Gall,  484,  p.  215)  et  à  la  Saint-Mar- 
tial l'O  laudabilis  rex  (Bibl.  nat.  lat.,  1121,  43  v»).  A  Pâques,  c'était  lo  Ghriste, 
salus  mundi  (1119,  10  99  r»;  1121,  f»  4dv°);  à  l'Ascension,  le  Prudentia  pru- 
dentium  (887,  1"  79  v»;  1118,  f"  45  r»,  etc.)  ;  à  la  Toussaint,  le  Laits  tibi  sumitte 
Deus  (1118,  l'o  93  V).  Etc.  etc. 

<  «  Ubi  volueris,  laudes  :  Qui  indiges  nuUius  laude.»  (1121,  f»  44  f.)  —  «De 
quolibetlesto  :  Angelico  alTalu.  »  (887,  f»  81  v".)=  Parmi  les  Tropes  ■■  communs  d 
on  peut  citer  le  Laiis,  honor,  Ghriste  (1118,1°  97  r"),  qili  se  chante  le  jour  de 
la  Saint-Martin  et  n'a  aucun  rajiport  avec  celte  fêle.  Tel  est  encore  lo  Protège 
verum  Pascha  {Ibid.,  102  v"),  qui  a  été  évidemment  composé  pour  Pâques  et 
qui  est  indiqué  pour  la  lète  de  saint  André.  =  C'est  peul-ètro  ici  le  lieu  d\>b- 
server  que  Ton  luisait  entrer  dans  certains  Tropes  du  Gloria  quelques  phrases 


LES  TROPES  DE  LA  T"  ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    255 

particularités  qui  ont  donné  lieu ,  parmi  les  Gloria  tropés, 
à  des  groupes  distincts.  Nous  allons  les  faire  connaître. 
Aux  laudes  du  Gloria  on  a  jugé  I)on  de  donner  quel- 
quefois une  préface,  à  ce  petit  temple  un  portique.  Le 
jour  de  Noël,  pendant  la  Messe  de  minuit,  à  la  cathé- 

J  «v^cpi  -iominertitxifretler^ 

tir  u/I?  xaki/îtTrïNT.  A^Krnurn 

rtuim  fo     uAum  ^      ^^ 

Types  des  Tropcs  du  Gloria  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  225)  : 
Laus  tua,  Deus,  resonet  coram  te,  Rex  (2). 

drale  de  Nevers,  dans  celle  d'Autun  et  en  d'autres 
églises,  une  voix  faisait  entendre  ce  cri  très  solennel  '  : 
Lœtentur  cœli  cœlorum,  et  exultei  omnis  orbis  terra- 

qui  avaient  déjà  élé  utilisées  dans  certaines  autres  interpolations  du  même 
morceau  liturgique.  C'est  ainsi  que  dans  le  ïrope  Laus  tibi,  Domine,  celsa 
potestas,  le  verset  Cœlestium  (après  le  Suscipe)  se  retrouve  (1121,  f»  49  r») 
après  le  second  Qui  tollis  du  Trope  de  Noël  Laus  tua  [Ibid.,  43  r°);  c'est  ainsi 
que  le  verset  Héros  poli  de  Cœlestium  se  retrouve  dans  VOmnipotens  altissime 
(après  le  Tu  solus);  c'est  encore  ainsi  que  la  même  phrase  :  Parvulus  natus 
in  orbe,  quam  magmis  es  in  poli  arce!  se  retrouve  :  1°  dans  le  Trope  Omni- 
potens,  après  le  Domine  /ili  (1121,  f^^-Zv»),  et  2»  dans  le  Trope  Lans  «UO;,  entre 
les  deux  Qui  tollis  (f»  43  r").  Etc.  etc. 

1  Bibl.  nat.  lat.,  9449,  t'°  5  r".  —  Cf.  I)il)l.  de  l'Arsenal,  11G9,  1»  5  v"  (Messe 
de  la  nuit  de  Noël). 


•2uG  IIISTOIHK    l)i;    I    \    l'UKSIK   I.  IT  (' IU;i  OI'H 

mm,  quia  hodie  Cliristus  de  Virylne  Maria  natus  est. 
Jiibilemus  omnes  cmn  Arajelis,  clamanles  et  dicentes. 
Alors  rév(3que  entonnait  le  (Horia. 

Le  jour  d(;  Pâques,  à  Limoges ^  à  Nevers,  à  Aiitun, 
à  Rome  et  ailleurs,  même  proloj^ue,  nirni*;  cri  :  Cii^es 
superni  hodie  suam  simid  et  nostram  nunliant  mundo 
festivitatem.  Gloriam  Deo  resonemus  omnes. 

Le  lendemain,  à  Saint-Martial,  m^mo  invitatoiie.  qui. 
comme  les  précédents,  a  sa  place  et  sa  vie  à  part  dans 
l'économie  de  nos  Tropaires  :  Sarrexit  Christ  us  a  mor- 
tuls,  mortis  confractis  vinculis  ;  gaudentes  Angeli  in 
altissimis  résonant  dicentes  :  FAa-.  Il  y  en  ;iiM;iit  plus 
d'un  autre  exemple  à  citer. 

Cette  préface,  réduite  à  de  moindres  proportions, 
faisait  corps,  d'autres  fois,  avec  le  Gloria  lui-même  et 
n'en  était  pas  séparaMe.  D'autres  fois  encore,  cette 
même  préface  ne  s'appliquait  qu'aux  mots  laudamas  te, 
et,  dans  ce  cas,  les  premiers  mots  du  Gloria  étaient 
sous- entendus  ou  n'étaient  pas  tropés. 

Or,  suivant  que  le  Trope  du  Gloria  commence  après 
le  mot  Deo  ou  après  le  mot  voluntatis--,  nous   avons 


1  Bibl.  nat.  lat.,  108'i,  f»  101  v»,  cl  H18,  f»  51  r»  (Saint-Martial)  ;  y'iW, 
l'o  30  i-o  (Nevers);  Arsenal,  1069,  f»  20  r»  (Aulun);  10508  (Saint-ÉvrouU)! 
fos  26  r"  ;  Rome,  Vittorio-Enimanuele,  1343,  f°  9  v°  (Romagne),  etc. 

2  Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f»  51  v,  etc.  etc. 

3  Ces  deux  groupes  (après  Deo  et  après  voluntalis)  sont,  en  particulier, 
très  nettement  distincts  dans  le  ms.  13252,  t'"  26  v°  et  suiv.  Le  second  groupe 
est  de  beaucoup  le  plus  important.  A  ces  deu.x  groui>es  répondent  les  relatifs 
quanij  etc.  (se rapportant  à  Gloria)  et  quem,  etc.  (se  rapportant  à  Deo).  =  Il 
y  aurait  lieu  de  créer  un  troisième  groupe,  avec  un  Trope  qui  suit  le  mol  terra, 
si  l'usage  en  avait  été  plus  répandu:  «  Gloria  in  excelsis  Deo,  qui  Deus  et 
rector  mundi  manet  atque  creator,  Et  in  terra  quem  laudant  humana  agmina  : 
Paxhominibus  bonœ  voluntatis.))(liM.  nat.  lat.,  1119,  f''128v*.'i  Mais  ce  mode 
est  des  plus  rares.  Il  en  est  de  même  pour  ces  Gloria  qui  ne  sont  pas  tropés 
avant  le  mot  ^^de  Laudamus  te  :  «  Gloria  in  excelsis  Deo,  et  in  terra  pax  ho- 
niinibus  bona>  voluntalis.  Laudamus  le:  Angelica  jain ,  Pater,  laude  v  (Bibl. 
nat.  lat.,  909,  l-  102  v°;  1121.  l-  55  r»,  etc.). 


LES  TRUPES  DE  LA  1"=  EPOQUE  —  LE  GLORIA    257 

affaire  à  deux  séries,  à  deux  groupes  distincts,  mais 
dont  les  différences,  comme  on  le  voit,  n'ont  rien  de 
bien  grave. 

■  Ici  encore  nous  trouvons  le  type  «  développé  »  et  le 
type  «  bref  ». 

Le  type  en  vers  et  le  type  en  prose  -. 

A  L    i   T    £     iV. 
CtiA^'TlS-  fh-jfoffimufconfei^m 

'  y/f    /-       ^      y^  y  '■'^ 

Voc  deufpr^Oi^vLf  Aeucnrif 

,  y    /i   -     -  //  ^  ^  ^  -"'" 

f  Te--  ^em  \ifnedicxc  mArt~  <5i^ 
^     ^^ ^    ^  ^     -^  -     ^    ^ 

Type  des  Tropes  du  Gloria  (Bibl.  de  Saint -Gall,  484,  p.  227)  : 
Laus  tua,  Deus,  resonet  coram  te,  Rex  (3).  Ce  Trope  se  termine  par  un  Regnum. 

1  1°  Type  développé.  V.  plus  bas  le  Laudat  in  excelsis ,  qui  est  en  vers;  mais 
ce  type  existe  aussi  en  prose.  =  2'»  Type  bref  : 

a.  Sit  tibi  laus  trina,  sunime  Deus  :  Laudamus  te. 
Cuncta  bonus  benedicis ,  héros  :  Benedicimus  te. 
Quem  omnis   adorât  usia  supplex,  Adoramvs  le. 
Glorificanl  mare,  terra,  polusque  :  Glorificamus  le. 
Nos,  Deus,  ut  tibi  gratifiées,  Gralias. 

Ima  Deus,  homo  celsa  petens,  Qui  sedfs. 

Cui  per  eon  demus  omne  melos  Cttm  sanclo  Spirilu.  (Ttxtc  établi  d'après  le  ms.  1120 
et  les  autres  Tropaires  énumérés  plus  loin.) 

b.  0  gloria  sanctorum  lausque  angelorum,  quam  secutus  est  sanctus  Johannes,  Lauda- 
mus le. 

0  decus  et  virtus,  lausque  bcata  Sanctorum  quam  benedicit  sanctus  Johannes,  Benedici- 
mus te. 

Cantemus  tibi  laudes  de  pectorc  toto  tcque  cum  sancto  adoramus  Johanne:  Adoramus  te. 

Angelicus  tibi  adslat  clarissimus  ordo  cum  (juo  te  semper  glorilicat  sanctus  Johannes  : 
Glorificamus  le.  (Texte  d'après  le  ms.  1120  et  les  autres  Tropaires.) 

2  \o  Type  en  vers.  Les  Gloria  tropés  en  vers  sont  assez  nombreux,  comme 
on  en  pourra  juger  d'après  le  tableau  ri-après,  où  il  est  aisé  de  recunnaître 

I  —  17 


258  IIISTOIHI-;    l»K   I.A    |M)|>S||-;   IJTri^(.|(jlJE 

C'est,  sans  doute,  chose  plus  ran.'  (jnim  Gloria  tri- 
plement ou  (piadruplement  tropé.  Le  type  existe  ce- 
pendant, et  nous  le  plaçons  sous  les  yeux  i\c  notre 
lecteur  *. 


les  Tropes  métriques.  Il  faut  sipnaler  ceux  qui  sont  écrits  en  distiques  et  dont 
voici  lo  type  d'a|)rès  le  ms.  1118  (1"  00  r»  )  cl  les  autres  manuscrits  dont  nous 
(Idiiiiiiiis  plus  loin  la  liste  : 

LauJal  in  cxcolsis  cœlum  tcrramquc  regenlcm 

Angclicus  cœtus,  laudat  et  oinnis  liomo.  Laudamus  te. 
Te  bencdicit  ovans  angclorum  celsa  polestas , 

El  iinmorlalis  homo  te  henedicil  ovans.  lienedicimus  le. 
Te  veneranler  adorai  cuncla  caterva  poloruni; 

Te  tellus,  pulagus ,  laudal,  adorai,  amal.  Adoramu»  le. 
Glorificanl   L>oniifium  rulilantia  pidcra  cœli; 

Glorificanl  le,  rex,  cuncta  tTuata  lua.  GtorificamuB  le. 
Qui   solila   pO[]uliim   tua,  rcx  ,  ]iietate  giibernas  , 

Sempcr  in  œlcrnuni    protogis  atquc   rogis.  Gratiaa. 
Qui  régis  imperio  terram  i)clagusque  polumque, 

Tu  voluisli  sciri  nomen  in  orhe  tuum.  Domine  Deus,  rex. 
Qui  genus  humanum  clementer  ab  hosle  maligno 

In  crucc  jam  moriens  carne  lu,  rex,  redimis.  Domine  fili- 
Angelicis  iwlus  conjunctus  noster  calervis  {sic) 

Adsislil  jugiter  vultibus  ecce  luis.  Jeiu. 
Regnorum  pie  rcx  Cliriste  et  domine  dominorum , 

Gloria,  lux,  virtus,  laus,  honor  atque  salus.  Qui  tollis. 
Qui  super  aslra  sedes  ad  dextram  l'alris  in  alto, 

Rcx  cœli ,  faniulis  tu  miserere  tuis.  Qui  sedes. 
In  te  vera  quidcm  fulgel  sapienlia,  Cliriste, 

In  te  vila,  salus,  gloria,  divitia;.  Quoniam  lu. 
Cujus  est  regnum  solius,  vicloria,  virlus  ; 

Tu  faniulis  cunclis,  tu  miserere  luis.  Jesu. 

2"  Tyi'e  en  ritosE  : 

Pax  scmpiterna,  Christus,  illuxit;  gloria  tibi ,  Pater  cxcelse. 

Nativilatem  tuam,  Cliriste,  qui  rccolunt  visita  :  Laudamus  le- 

Hyinnum  canenles  hodie,  quem  terris  angeli  fuderunt,  Christo  nascenti  , 

Quod  Vcrbum  caro  factum  mater  in  ])raesepe  posuit  Maria  ,  Denedicimus  te. 

.Nalus  est  nobis  hodie  Salvalor,  in  Trinitate  semper  colcndus, 

Quem  bencdicit  chorus  cœleslis,  gloriam  pangeiis  Domino  in  altissimis  :  Adoramus  le. 

Quem  vagientem  intor  angusta  antra  praescpis  angelorum  cœlus  laudal  excellens, 

Qiiiïni  convenlus  adorai  pastoralis,  angelo  commonenlc,  venit  :  Glorificamut  te. 

Ullro  mortali  lioilie  iiidutum  carne  precamur. 

0  dccorala  proies  subliniis,  liodic  mundo  nasci  digneris;  ex  utero  prodisti  Virgini?  :  Grattas 

agimus  tibi. 
Cujus  a  sede  lux  benedicla  caliginoso  orbi  refuUil , 
O  iiieffabilis  rex  cl  admirab  li?,  rex  Virginc  nalus  hodie  prodisti,  mundoque  subvenisli  Qui 


Cujus  honor  sine  fine  manel  sceptrumque  gloria;,  eia,    Cum  sancto  Spiritu. 

le,  trina  Deitas  et  una,  i>oscimus  ut  culpas  abluas,  noxia  subtrahas.  ba  luis  paccm  famulis, 
nubis  (|uoque  gloriam  pcr  cuncta  sa;cula  sœculorum.  Amen.  (D'après  les  Tropoires  cil6â 
plu*  loin.  =  Le  Pax  sempilerna  est  un  des  plus  anciens  Tropes  du  Gloria.) 

1  Laus  tua,  l)>ius,  resonel  coram  te,  rex.  iMiidantus  te.  0  laudabilis  rex. 
Domine  Deus.  Laudamus  /<•.  Qui  indijres  nullius  laude.  Deus  trine  et  une  Do- 
mine, Laudamus  ti>.  Omnipolens  pie  rex,  quem  laudat  spiritus  omnis.  iMuda- 
mus    If.   .\donaï   beiiedicti-   Deu<.  HvutuUcimus   h',   tj"'-'"  benidicunl    mare    et 


LES  TROPES  DE  LA  l"'^  ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    289 

Mais  il  est  une  autre  dassification,  et  qui  est  toute 
particulière  à  ces  laudes  du  Gloria.  Certaines  de  ces 
interpolations  nous  offrent  le  Trope  intérieur  qui  est 
appelé  Regnum  tuum  solidum,  et  dont  nous  parlerons 
tout  à  l'heure.  Certaines  autres  ne  le  renferment  pas. 

Il  semble  enfin  que  nous  aurons  tout  dit  en  obser- 
vant que  certaines  laudes  se  terminent  (le  cas  est  fort 
rare)  par  un  Trope  assez  développé  de  VAmen. 

Aime  Dell  s  altissime, 
Qui  régnas  potentissime, 
Nostrorum  sordes  ablue 
Et  indulge  peccamina  K 

Pauvres  vers  sans  doute,  mais  qui  avaient  droit  à  une 
mention  -  ! 


aquœ,  sol,  luna,  terra,  stellae  cœli  lucidœ.  Benedicimus  te.  Te  benedicit  ovans 
angelorum  celsa  potestas.  Et  mortalis  homo  te  benedicit  ovans.  Benedicimus 
te.  Cœlorum  factor  clemens  et  conditor  aime.  Benedicimus  te.  Etc.  etc.  (1119, 
1-  113  v».  On  a  mélangé  et  fondu  ensemble  les  Tropes  Laus  tua,  0  laudabilis, 
Qui  indicés,  Omnipotens  pie  rex,  etc.) 

1  Trope  Berum  conditor,  Bibl.  nat.  lat.,  1121,  i."  47.  —  Faut-il  considérer 
comme  une  prière,  après  le  Gloria  tropé,  les  quelques  lignes  suivantes  qui 
accompagnent  le  Laudabile  tribuens  et  sont  consacrées  au  grand  thaumaturge 
Martin  :  «  Sancte  Martine,  confessor  Christi,  amicus  D^ji,  una  cum  angelis  Dei 
exorare  pronobis  precamur.  Alléluia  !  »  (Bibl.  nat.  lat.,  1084,  f»  121  r».) 

2  T.A.BLE  DES  TROPES  DU  GLORIA.  Il  conviont  ICI  de  répéter  ce  que  nous  avons 
dit  1  lus  haut  au  sujet  desTropes  du  Kyrie.  Nous  ne  présentons  pas  ceï.4.bleau 
CO.VME  COMPLET,  ct  nous  uous  proposous  de  le  tenir  au  courant. 

Aime,  mundi  hodie  incœlumvictorredisti. 
(  Pâques  )  ou  «  Ascendisti  »  (Ascen- 
sion). Rome,MUorio-Emnianui,'le,1343,  folûvo.Romagne,  etc. 

Angelica  jam ,  Pater,  laude,  cum  Prol j 
et  procedontc  Pneumate. 


Angelicj  alïalu  jungentes  carminé  vota. 


Ribl.  nat. 

lat.,  909,  fo  102  ro. 

Saint-Martial. 

— 

1119,  fo  lz3  ro. 

_ 

— 

1120,  fo  102  ro. 

_ 

— 

1121,  fo  55  ro. 

— 

— 

lo2o2,  fo  31  ro. 

Paris. 

— 

1050Î,  fo  33  ro. 

Saint-Évroult. 

— 

887,  fo  81  vo. 

Saint-.Marlial. 

— 

909 ,  fo  94  ro. 



— 

1084,  fo  118  ro. 



— 

IIIJ,  fo  111  ro. 



— 

1120,  fo  94  lo. 



— 

1121,  lo  49  vo. 

— 

260 


HISTOIHK   DK    LA   POÉSIK   LIT  U  HGIO  U  K 


Quant  à  l'osprit  des  Tropes  du  Gloria,  il  est  ;iisé  de 
le  déterminer,  et  nous  avons  essayé  de  le  faire  ailleurs 


Ave,  Deus,  summa  Trinitas,  in  jji.'iso- 
nis  indivisa. 


Carminé  digno  pronianius  Chrislo. 
Ciiristc ,   salus  mundi ,  bone   coiidilor 
atque  redemplor. 


Clii'islus    surrexit  :   dulcibus    hymnis 
onmiiiotenli  modulemus,  eia. 

Cives  superni  liodie  (Préface). 


Crctiimus  le,  una  cum  Filio  tuo,  ubique 

regnantem. 
Cui  canit    iiymniloguni  cœleslis  turba 

melodum. 

Decus  œterni  Palris. 


Deus  invisibilis,  rex  Angelorum. 
Hanc,  quœsumus,  nobis  iiropilius  lar- 
giaris. 


llinc    laudando    Patrem ,  Je?ii  ,    cum 

l'iKumale  sanclo. 
liodie  natus  est  Dominus  Jésus  Cliristus  ; 

liodie  jocundcmur  cum  illû,  eia. 
liigenilum  genili  Geniluris  voce  fideli. 


Lfftenlur  cœli  (Préfape). 

Laudabile    tribuens    regnum  (sine    O 
laudabile). 


Laudat   iii  excelsis  cœlum    lerramque 
regenlem. 


13ibl.  nal. 

lai.,   90'J,  f"  101  vo. 

Saint-Marlial. 

_ 

lliSO,  f»  122  ro. 

— 



1121,  fo  55  ro. 

— 

_ 

0449,  fo  66  ro. 

Ne  ver». 

- 

903,  fo  173  y. 

Saint- Yrieix. 

887,  fo  76  vo. 

Saint-.Martial. 



903,  fo  170  vo. 

Saint  -  Yrieix. 



909,  fo  89  ro. 

Saint-Martial. 

_ 

1084 ,  fo  106  ro. 

— 

_ 

1118,  fo  50  ro. 

— 

— 

1119,  fo99  ro. 

— 

_ 

1120,  fo  86  vo. 

— 

— 

1121,  fo/i5  vo. 

— 

._ 

132o2  ,  fo  27  r". 

Paris. 

_ 

10508,  fo  29  ro. 

Saint-Kvroull. 

— 

1084 ,  fo  107  v". 

Saint-Martial. 

_ 

1118,  fo  51  ro. 

— 



9449,  fo  36  ro. 

Nevers. 

_ 

10:i08,  fo  28  ro. 

Saint-tvroult. 

Arsenal, 

1169,  fo  20  ro. 

Aulun. 

Rome,ViUorio-Emmanuele,1343,fo9 

vo.  Romagne,elc. 

Bibl.  nat. 

lat.,  1119,  f>  130  ro. 

Saint-.Martial. 

Munich, lat.,  14083,  fo  lOi. 

Saint-Emmeran. 

_ 

14322,  f"  109  vo. 

— 

Bibl.  nat. 

.  lar.,  909,  fo  99  vo. 

Saint-Marlial. 

_ 

iOUà,  i'>  104  vo. 

— 



1118,  fo2ro. 

_ 

_ 

1119,  f"  109  ro. 

— 

— 

1121,  fo  53  v... 

— 

— 

1240,  fo  80. 

— 

— 

10508,  fo  4o  vo. 

Saint-Évroull. 



13252,  fo  35  vo. 

Paris. 

— 

9449,  fo  45  ro. 

Nevers. 

- 

10508,  fo  22  ro. 

Sainl-Évroult. 

- 

1084,  fo  117  ro. 

Saint-Martial. 



887,  fo  70  ro. 



— 

13252,  fo  38  ro. 

Paris. 

— 

9449 ,  fo  53  ro. 

Nevers. 

Arsenal, 

1169,  fo  31  ro. 

Autun. 

Munich, 

lat.,  14083,  fo  106  vo. 

Saint-Emmeran. 

_ 

14322,  fo  111  vo. 

— 

Bibl.  nal, 

,  lai.,  9449,  fo  5  vo. 

.Nevers. 

Arsenal, 

1169,  fo  1  ro 

Autun. 

Bibl.  nal 

.  lai.,  887,  fo  79  vo. 

Saint-Martial. 

1184 ,  fo  121  ro, 
1240,  fo  41  vo. 

887 .  fo  75  vo. 
903,  fo  172  ro, 


Sainl-YrieLx 


LES  TROPES  DE  LA  1'^  ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    261 

d'après  nos  seuls  Tropaires  fort  simplement  cités.  «  La 
Laus  perennis,   avons -nous   dit,  n'a  pas  suffi  à  ces 


Laudat   in  excelsis  cœlum  terramque 
regentem.  — 


Bibl.  nat.  lat.,     90a,  fo  88  ro. 

—  1084 ,  fo  109  vo. 

—  lM8,fo60ro. 

—  1119,  fo  87  ro. 

—  1120,fo86ro. 

—  1121 ,  fo  44  vo. 

—  1240,  fo  39  vo. 


Saint-Martial 


Laudemus  Dominum  quem  laudat  cœ- 
licus  ordo. 

Laudibus  eximiis,  boue  rex,  te  corde 
colentes. 

Laus  Angelorum,  salus  et  vita,  redeni- 
ptio  nostra  (qualifié  de  pulcras  lau- 
des dans  887,  fo  82  ro). 


Laus,  honor,  Christe,  coram  te  reso- 
net,  aeterne  Rex. 


Laus  tibi,  Christe,  decus. 
Laus  tibi,  Domine,  celsa  potestas,  in 
aeternum. 


—            9448,  fois. 

Pruni. 

—          10310,  fo  6. 

Echternach. 

Arsenal,  1169,  fo  13  vo,    32  ro. 

Autun. 

Oxford,  Douce,  222,  fo  11  vo. 

Saint-Gall. 

Bibl.  nat.  lat.,  9449,  fo  13  ro. 

Nevers. 

Rome,  Angelica  (entre  les  fo»  240  ro 

et  243  vo  ). 

Romagne,  etc. 

Rome,  Vitt.-Emmanuele,  1343,  fo  12  rc 

— 

Bibl.  nat.  lat.,  13252,  fo  62  vo. 

Paris. 

—          10508,  fo  17  vo. 

Saint-Évroult. 

-          13232,  fo  30  ro. 

Paris. 

-         10308,  fo  35  ro. 

Saint-Évroult. 

—             8S7,  fo  82  ro. 

Saint-Martial. 

—             909 ,  fo  100  ro. 

_ 

—           1118,  fo  90  vo. 

— 

—           1119 ,  fo  120  ro. 

— 

—            1120,  fo  100  vo. 

_ 

-           1121 ,  fo  54  ro. 

— 

—             887,fo79ro. 



—            1118,fo97vo. 

— 

—            1084,  fo  114  vo. 

— 

—            1240,  fo84  vo. 

-            1084,  fo  121  vo. 

— 

Laus  tibi,  summe  Deus,  quem  laudant 
œthere  Sancti. 


887,fo77vo.  — 

903,  fo  171  ro.  Saint-Yrieix. 

1084,  fo  108  vo.  Saint-Martial. 

1118,  fo58  6isvoet87ro.  — 

1119,  fo  105  vo.  — 

1120,  fo  90  ro.  — 
H21,  fo  48  vo.  — 
1240,  fo  40  vo.  — 
9449,  fo  36  ro.  Nevers. 

10308,  fo  28  ro.  Saint-Évroult. 


887,  fo  80  ro. 

903 ,  fo  173  ro. 

909,  fo  94  ro. 

1084 ,  fo  112  ro. 

1118,  f"  93  ro. 

1119 ,  fo  112  ro. 

1120,  fo  95  ro. 

1121 ,  fo  50  ro. 
9449 ,  fo  70  vo. 

13252,  fo  32  ro. 


Saint-Martial. 

Saint-Yrieix. 

Saint-Martial. 


Nevers. 
Paris. 


•2fi2 


lllSTOlliK   ItK   LA    I-riKSIL;   LITIHGIOUE 


poètes  de  bonne  volonté  :  il  leur  a  fallu  quelque  chose 
de    plus  vif,   do    plus    omportf'.    et    c'est    à    V Alléluia 


Laus  tua,  Dcus,rcsonct  coram  In,  Kcx. 


Mundi  regnansantc  principium. 
Nativitatem  tuam,  Christe,  qui  rccolunl 
visita. 

Nos,  tenantes  vocibus,  regem  polorum. 
Nulla  laude  qui  indiges.  (Voy.  Qui  in- 

diges  nuUius  laude.) 
Odas  pangamus  tibi. 


0  gloria  sanclorum. 


O  laudabile  Iribuens.  (Voy.  Laudabilc] 
0  laudabilis  rex,   Domine  Dcus. 


liihl.dc  hfainl  0.-)il,/ihi,  p.  2-j;.  Saint-Gall. 

—  370,  p.  65.  — 

—  380,  p.  85.  - 

—  381,  p.  301.  — 

—  9448,  f"  8  ro.  Prum. 

—  10510,  {■>  'i.  F>litfrnach. 

—  8«7,f«71v".  Saint-Martial. 

—  'J03,  fo  16'J  ro.  f-ainl-Yrieii. 

—  10n4,  HO'Jroet  118vo.Sainl-.Marlial. 

—  1118,  fo  28  r".  — 

—  lU'J,  fo.02vootll3vo.       — 

—  Il;i0,  fo  83  vo.  Saint-Martial. 

—  lui,  fo  /i3  ro.  — 

—  'Ji'iO,  fotl6voet5ovo.  Ncvers. 

—  13252,  fo  26  vo.  Pari». 
Dibl.  nat.  lat. ,  10508,  fo  25  ro  (avec des 

variantes  notables).   Sainl-Évroult. 
Arsenal,  1169,  lo»  9  ro  et  vo,  33  r».  Autun. 

Munich,  lat.,  Ii083,  fo  103  vo.  Saint-Emmeran. 

—  I'i322,  fo  104  ro.  _ 

Rome ,  Angelica  (entre  231  ro  et  235  vo).    Homagne. 

—     Vittorio-Emmanuele,  1313,  fo  8  vo.    — 
Londres,  Coltonien,  Caligula  A.XIV.  ? 

Bibl.  nat.  lat.,  1084,  fo  123  ro.  Saint-Martial. 

Arsenal ,  1169,  fo  2  ro.  Autun. 

Bibl.  nat.  lat.,  1084,  fo  120  ro.  Saint-Martial. 


Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  228.  Saint-Gall. 

—  376,  p.  66.  — 

—  380,  p.  88.  — 

—  381 ,  303.  — 
Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  73  vo.  Saint-Martial. 

—  903,  f>  169  vo.  ■      Sainl-Yrieix. 

—  909,  fo  86  vo.  Saint-Martial. 

—  1084,  fo  102  ro.  — 

—  1118,  fo23.  — 

—  1119,  fo  95  ro.  _ 

—  1120,  fo  84  vo.  _ 

—  1121,  fo  44  ro.  — 

—  1240,  fot  39  vo,  40  r«.  — 

—  13252,  fo  29  vo.  Paris. 

—  9449,  fo  73  ro.  Nevers. 

—  10508,  fo  38  ro.  Saint-Évroult. 
Rome,  Vittorio-Emmanuele  ,  1343,     Itomagi>:,  etc. 

fol3ro.  — 

Bibl.  nat.  lat.,  887,  fo  73  ro.  Saint-Martial. 

—  903,  fo  172  V.  Sainl-Yrieii. 

—  909,  fo  86  ro.  Saint-.Manial. 

—  1084,  fo  110  vo.  _ 

—  1118,  fo.  79  ro,  93  vo.  _ 

—  1120,  fo  84  r".  — 

—  1121,  fo  43  vo.  — 

—  1240,  fo  42  r"  ou  40  ro.  — 

—  9449,  fo  47  r»  Nevers. 

—  ia;08,  f"  .36  ro.  Saint-Évroult. 


LES  TROPES  DE  LA  1'°  ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    263 

perenne  qu'ils  ont  visiblement  aspiré  :  Omne  quod  nunc 
spirat,  Pater,  te  laudat  canendo,  Alléluia.  Tel  est  le 


0  laiidabilis  rex,  Domine,  Deus. 


"Omnipotens  altissime  Verbum  Patris 


Oranipotens  pie  rex,  quem  laudat  spi- 
ritus  omnis. 


Omnipotens  rex  Sabaoth,  cujus  laude 
plena  est  omnis  terra. 

0  siderum  auclor,  angelorum  creator 
(  avec  la  variante  Siderum  rec- 
tor,  1084  ). 


Pax  sempiterna  Christus  illuxit. 


—        132o2,  fo  36  v».  Paris. 

Arsenal,  1169,  fo  18  r».  Autun. 

Rome,  Vittorio-Enimanuele,  fo  11  r».   Romagne, etc. 
—    Angelica  (entre les  fos  248  et  254).         — 


Protège  verum  Pascha. 
Prudentia  prudenlium. 


Qua  discipulos,  Christe,  tues  roboras 
Quae  cœlicolas  et  terrigenas. 


Bibl.  nat. 

lat., 

,      903, 

,  fo  168  ro. 

Saint-Yrieix. 

_ 

1084, 

fo  100  ro. 

Saint-Martial. 

_ 

1118, 

fo  13  ro. 

— 

_ 

1119, 

fo  90  vo. 

_ 

_ 

1120, 

fo  Hl  vo. 

— 

— 

1121 , 

fo  42  ro. 

— 



UO'J , 

fo  91  ro. 



_ 

1084, 

fo  113  v°. 

— 

_ 

1118, 

fo  71  vo. 

_ 

_ 

1119, 

fo  103  vo. 

— 

— 

1120, 

fo  88  ro. 

— 

— 

1121, 

fo  47  ro. 

— 



903, 

fo  175  vo. 

Saint-Yrieix. 

— 

1119, 

fo  138  vo. 

Saint-Martial. 

1084, 

fo  120  vo. 

— 

13252, 

fo  28  vo. 

Paris. 

— 

9449, 

fos  24  vo  et  75 

vo.    Nevers. 

Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  214. 

Saint-Gall. 

— 

381, 

p.  297. 

— 

Bibl.  nat. 

lat., 

,    9448, 

fo  24. 

Prum. 

— 

9449, 

,  fo  8  ro. 

Nevers. 

— 

10508, 

fo  23  vo. 

Saint-Évroult. 

— 

13252, 

fo  26  ro. 

Paris. 

Arsenal, 

1169, 

fo  4  vo. 

Autun. 

Oxford,  1 

Douce,  222, 

fo  7  vo. 

Saint-Gall. 

Rome,Vitt.-Ei 

mmaniK 

;le,1343,fo6vo. 

,  Romagne,  etc. 

Bibl.  nat. 

lat. 

,    1118, 

fo  102  vo. 

Saint-Martial. 

— 

887, 

fo  79  vo. 

_ 

— 

909, 

fo  93  vo. 

— 

— 

1084, 

fo  105  vo. 

— 

— 

1118, 

fo  45  ro. 

— 

— 

1119, 

fo  107  ro. 

— 

— 

1120, 

fo  91  vo. 

— 

— 

1121, 

fo  49  ro. 

— 

— 

9448, 

fo  46. 

Prum. 

— 

13252, 

fo  29  vo. 

— 

— 

9449, 

fo  22  ro. 

Nevers. 

Arsenal, 

1169, 

f"  8  ro. 

Autun. 

Bibl.  de  Saint-Gall,  4 

84 ,  p.  309. 

Saint-Gall. 

— 

484, 

p.  230. 

— 

— 

380, 

p.  86. 

— 

— 

381, 

p.  305. 

— 

Bibl.  nat. 

lat., 

10510, 

fo5. 

Echternach. 

— 

9448. 

,  fo  10. 

Prum. 

_ 

9449, 

,  fo  64  ro. 

Nevers. 

— 

13252 

,  fo  34  ro. 

Paris. 

— 

10508 

,  fo  21  vo. 

Saint-Évroult. 

Munich,  lat.. 

14083, 

,  fo  107  vo.       ! 

saint-Emmeran. 

— 

14322 

,  fo  104  vo. 

— 

Rome,  Vitt.-Ei 

Timanuele,  1343,  fo  13  v 

.    Romagne,  etc. 

264 


iiisT(»ii;i-;  m;  la  imiksik  i.n  ri;(.i<jit: 


cri  universel.  Les  tropistes,  qui  consacraient  leur  vie  à 
clianter  le  Psautier,  aimaient  d(.'  pi'éfV'rence  les  Psaumes 


Qua;  Deo  mancl. 


QucT,  Deus,  summa  Trinitas  in  pcrsonis. 

Qua  jugi  voce  alTantes  agmina  cœlc- 
Ftiumclamant.  (Avrc  la  variante Quem 
jugi.  Qua  se  rapporte  à  Gloria  et 
Qiiem  it  Deo.  ) 


Qualem  Spiritu  solet. 
Quani  Cliristus  trailidil. 

Quain  ministri  Doniini,  Verbe  incarnalo 

terrenis  promiserunt. 
Quando  régis  cunctos  semper  gratanler 

homones. 

Qua  Stephanus  repletus. 

Quem  cives  cœlestes  sanctum  clamantes. 


Bil.l.  dcSainl-Gail,  4«^,  p.  210. 

—  3W),  p.  ><f). 

—  381 ,  p.  -J^fJ. 
nihl.  nat.  lat.Jll'J,  foli-ir". 


—  W7,  fo  44  r-. 

—  'J09,  fo  103  v. 

—  1084,  f"  117  vo. 

—  lllî»,  fo  120  T". 

—  1120,  f"  57  ro. 

—  903 ,  fo  170  v. 

—  13-262,  fo  34  ro. 

—  10508,  f»  31  r». 
Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  221. 

—  381 ,  p.  300. 

—  484,  p.  223. 

—  381,  p.  301. 


.'^airil-Oall. 


Saint-Martial. 


Saint-Martial. 


Saint-Yrieii. 

Paris. 

Saint-Évroult. 

Saint-Hall. 


Quem  cuncla  laudant  ul  bona. 


Quem  Dominum  rcrum  collaudant  oni- 

nia  verum. 
(Juem  glorincant  sanoti  Angeli. 


—  380,  p.  87. 

Hibl.  nal.  lat.,  10508,  f»  30  r». 
Arsenal,  1169,  fo  16  v». 

Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  215. 

—  380,  p.  83. 

—  381 ,  p.  298. 

—  484 ,  p.  232. 

—  381,  p.  316. 
Bibl.  nal.  lat.,    0448,  f»  22. 

—  10510,  fo  0. 

—  909,  fo  104  r». 

—  1084 ,  fo  103  ro,  122 1 

—  1118,  f»  4  vo. 

—  1119,  fo  127  ro. 

—  1121,  fo57  vo. 

—  903.  fo  175  r<'. 
9449,  fo  63  ro. 

—  13252,  fo  36  ro. 

—  10508 ,  fo  23  ro. 
Arsenal,  1169,  f»  40  v». 
Munich,  lat.,    Ii083,  f»  107  r». 

—  14322,  fo  106  ro. 
Home,  Vitt.-Emmanucle,  1343.  fx  r 

—      .\ngelica,  235  yo;  2S0  r». 
Bibl.  nat.  lat.,   1084,  fo  ll.n  v». 

—  1118,  fo  100  vo. 
1240,  fo  43  ro. 

—  903,  fo  174  v". 

—  10508,  fo  36  ro. 

—  13-252,  fo  31  r». 

—  9449,  fo  57  ro. 

—  10508,  fo  31  yo. 

—  887,  fo  83  vo. 

—  909 ,  fo  103  ro. 

—  1119,  fo  129  vo. 

—  1121,fo56vo. 


Sainl-Evroult. 

Autun. 

Saint-Gall. 


Prom. 

Echlernach. 
Saint-Martial. 


Saint-Yrielx. 

Nevers. 

Paris. 

Sainl-Érroult. 

Autun. 

Saint-Emmeran. 

.  Romagne,  etc. 

Saint-Martial. 


Saint- Yricix. 

Sainl-Évroult. 

Paris. 

Nevers. 

Saint-ÉvroulL 
Saint-Martial. 


LES  TROPES  DE  LA  l"""  ÉPOQUE  —  LE   GLORIA    265 

qui  sont  plus  particulièrement  joyeux  et  alléluiatiques. 
Ce  sont  là  ceux  qu'ils  commentent  le  plus  volontiers  : 


Quem  glorificant  sancli  Angeli. 
Quem  novitate  sideris. 

Quem  Patris  ad  dexlram  conlaudant 
omnia  Verbum  (  avec  la  variante 
Quod  Palris). 


Bibl.  nat.  lat.,  10308,  f»  32  vo.  Saint-Évroull. 

Rome,Vitt.-Emnianucle,  1343,  foO  ro.     Romagne,  etc. 
Oxford,  Douce,  222,  f»  12  r».  Saint-Gall? 


Quem  vere  pia  laus,  solum  quem  coii- 
decet  hymnus. 


Qui  barathri  fractis    voluisti  surgere 
claustris. 


Qui  cœlicolas.  (Voy.  Qux  cœlicolas.) 
Qui  de  morte  tuum. 
Qui  Deus  et  rector  mundi  manet  atque 
Creator. 


Qui  indiges  nuilius   laude,  Deus  trinc 
et  une. 


Qui  poium  et  arva  creavit. 

Qui  pro  cunctis  de  sede  de?cendi?ti. 


Bibl.  nat.  lat., 

,  9448,  fo  56. 

Prum. 

_ 

887,  fo  83  ro. 

Saint-Martial. 

— 

909 ,  fo  102  vo. 

— 

_ 

1084,  fo  116  vo. 

— 

_ 

1118,  fo  7  ro. 

— 

— 

1119,  folio  r^ 

_ 

_ 

1120,  fo  93  vo. 

— 

— 

1121,  fo  56  ro. 

_ 

— 

1240,  fo  41  ro  ou  39 

ro.            — 

— 

13232,  fo  33  vo. 

Paris. 

— 

9449,  fo  13  vo. 

Nevers. 

Arsenal, 

1169,  fo  12  ro. 

Autun. 

Oxford,  Douce,  222,  fo  10  ro. 

Saint-Gall. 

Rome,Vitt.-Emmanuele,  1343,  fo  7  V" 

'.    Romagne,  etc. 

—      Angelica.  f«  196,  198? 

— 

Bibl.  nat.  lat 

.,  9448,  fo  49. 

Prum. 

— 

9449,  fo  68  ro. 

Nevers. 

— 

13252,  fo  28  vo. 

Paris. 

— 

10508,  fo  18  vo. 

Saint-Évroult. 

Arsenal, 

1169,  fo  26  ro. 

Autun. 

Bibl.  nat.  lat 

.,  9448,  fo  33. 

Prum. 

_ 

13252,  fo  27  ro. 

Paris. 

Arsenal, 

1169,  fo  27  ro. 

Autun. 

Munich,   lat.. 

14322,   fo  113  vo. 

Saint-Emmeran. 

Bibl.  nat.  lat. 

,  10508,  fo  30  ro. 

Saint-Évroult. 



10310,  fo  14. 

Echternach. 

— 

1119,  fo  128  vo. 

Saint-Martial. 

— 

903,  fo  176  ro. 

Saint-Yrieix. 

— 

9449,  fo  79  ro. 

Nevers. 

— 

13232,  fo  36  vo. 

Paris. 

— 

10308,  fo  19  ro. 

Saint-Évroult. 

Arsenal, 

1169,  fo  26  ro. 

Autun. 

Munich,  lat., 

14083,  fo  106  ro. 

Saint-Emmeran. 

— 

14322,  fo  105  vo. 

— 

Bibl.  nat.  lat 

.,  887,  fo  74. 

Saint-Martial. 

— 

903,  fo  170  ro. 

Saint-Yrieix. 

— 

909,  fo  87  vo. 

Saint-Martial. 

— 

1084,   fo  101  v". 

— 

— 

1118,  fo  19  vo. 

— 

— 

1119,  fo  95  yo. 

_ 

— 

1120,  fo  85  ro. 

— 

— 

1121,  fo  44  ro. 

— 

— 

1240,  fo  43  ro. 

_ 

— 

9449,  fo  14  vo. 

Nevers. 

— 

10308,  fo  36  vo. 

Saint-Évroult. 

— 

1084,  fo  119  vo. 

Saint-Martial. 

— 

1118,  fo  67  ro. 

Saint-Martial. 

— 

9449,  fo  11  ro. 

Nevers. 

206 


nisioiin:  di-:  la  i'ni;sii-;  litikcioik 


Te  henedicunl  mare  et  aquœ,  sol,  luna,  terra,  stellae 
cœli  lucid.i'.  fis  divisent  le  iiiorKh-  en  [ilusicnrs  rh^r-iirs 


Qiiid   tihi    niinc,   Iioniiiio,   qiiiil  dioTi: 
possumus  apte. 

Quod  Patris  ad  dcxtraiii.        — 
Quorum  mens  Christo  semper  jubilai 
rcsonando(avec  la  varianto  reboando). 

Hector  ab  arec  potons,  te  laudnt  crplicus 
ordo. 


Hil.l.  ii.-it.  I;ii.,  'Jii'j,  fo  S  v.  Nevcrs. 

MuMiih,  la!.,  liOM3,  f-  105  r".  Saint-KrnmiTan. 

—        (Voy.  Quem  Patrie.  ) 


Bibl.  nal.  laf.,  13252,  fo  35  r«. 
—  im)H,  fo  20  vo. 


Pari». 
Sainl-Évroull. 


Hcnim  rreator,  qui  piclatc  motus  im- 
mensa. 


Pcx  tibi,  laus  cclsis  qui  gloria  pax  es 
et  imis. 


Siderum  rector.  (Voy.  0  sidernm.) 
Sil  tibi  laus  Irina ,  summe  Deus. 


Sponsus  Eccicsia;  quam  tibi  sociasli. 
Surrexit  Christus  a  mortuis  (  Préface) 
Te  consonant. 

Terrea  lempnentis. 

Te  unum  Dcum  colenles. 

Ut  possimus  conscqui. 


—  lOKi,  fo  103  vo.  Sainl-Marlial. 

—  111«,  fo.31  vo,ct76vo.  — 

—  lll'J,  fo  105.  — 

—  1120,  fo  80  r«.  — 

—  1121 ,  fo  48  ro.  — 

—  13-252,  fo  2a  ro.  Pari». 

—  10508,  fo  26  ro.  Sajnl-Évroull. 

Bibl.  nal.  lat.,    W/J,  fo  'jo  ro.  Saint-Marlial. 

—  IIIH,  fo  102.  — 

—  lll'J,  fo  loi  ro.  — 

—  1120,  fo  W  vo.  _ 

—  1121,  f"  iC  r".  — 

—  WJ ,  fo  02  vo.  — 

—  1084,  fo  111  vo.  — 

—  1118,  fo81  ro.  _ 

—  1110,  fo  104  y.  — 

—  11-20,  fo  80  ro.  — 

—  1121,fo47vo.  — 

—  1240,  fo  42  vo.  — 

—  0440,  fo  77  ro.  Nevers. 

Bibl.  nat.  Int.,  887,  fo  86  ro.  Saint- Martial. 

—  OUO,  fo  103  ro.  — 

—  1084,  fo  117 /am  ro.  — 

—  1118,  fo  55  ro.  — 

—  1110,  fo  110  vo.  — 

—  1120,  fo  04  ro.  — 

—  1121 ,  fo  56  vo.  — 

—  1-240,  fo  42  V".  — 

—  13252,  fo  34  VO.  Paris. 

—  10508,  fo  33  ro.  Sainl-Évroull. 

—  10508,  fo  40  r".  — 

—  1118,  fo  51  ro.  Saint-.Martial. 

—  1084,  fo  n7W«  ro.  — 

—  1118,fo44ro.  — 

—  13-252,  fo32  V.  Paris. 

—  0448,  fo  30.  Prum. 

—  lOolO,  fo»  14,  i;..  Echtcrnach. 
Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  -2'27.  Saini-Gall. 

—  376,  p.  66?  — 

—  380,  p.  86.  — 

—  381 ,  p.  302.  — 

—  0448,  fo24.  Prum. 

—  10510,  fo  0.  Echtcrnach. 

—  13-252,  fo  31  vo.  Paris. 

—  0440 ,  fo  74  vo.  Nevers. 

—  10508,  fo  34  ro.  Sainl-Évroulu 
Arsenal.  1169,  fo  43  ro.  Aulun. 


LES  TROPES  DE  LA  V'   ÉPOQUE  —  LE  GLORIA    267 

qui  chantent  Dieu  avec  la  même  vivacité  de  reconnais- 
sance et  d'amour.  Il  y  a  tout  d'abord  le  chœur  des 
Anges  :  Virtutes  cunctse  swperse  te  tremunt,  laudant, 
adorant;  il  y  a  le  chœur  des  constellations  qui  gravitent 
autour  de  la  terre  :  Laiidibus  cujus  astra  matutina  insi- 
siunt;  il  y  a  le  chœur  terrestre  des  créatures  sans  rai- 
son :  Te  telliis ,  pelagus ,  laudat,  adorât,  amat;  et  il  y  a 
enfin  le  chœur  humain  :  Quem  laudant  humana  agmina. 
Tous  ces  chœurs  s'unissent,  se  fondent,  éclatent  en 
une  seule  harmonie  :  «  Omnia  quem  sandum  benedicunt 
condita  regem.  » 
Voilà  qui  n'est  pas  sans  grandeur. 


CHAPITRE  XYIII 


LES  TROPES  DE  LA  PREMIERE  ÉPOQUE  —  LE  REGNUM 


L'ordre  suivant  lequel  se  développent  les  différentes 
parties  de  la  Messe  est  bien  digne  de  fixer  l'attention. 
Si  le  Confiteor  est  le  culte  d'aveu,  si  le  Kyrie  est  le  culte 
de  déprécation,  le  Gloria  doit  être  considéré  comme  le 
culte  de  louange.  Tout  y  respire  l'enthousiasme  et  la 
reconnaissance  de  l'homme,  l'amour  et  la  glorification 
de  Dieu.  De  là  ces  mots  laus  et  laudes  qui  ont  été  à  la 
fois  attribués  au  Gloria  et  à  ses  Tropes. 

Parmi  tous  les  titres  de  Dieu,  il  en  est  un  qui  a 
tout  particulièrement  frappé  l'esprit  des  tropistes  du 
ixe  siècle:  Jésus-Christ  leur  est  surtout  apparu  comme 
Roi.  Et  cette  idée  de  la  royauté  du  Christ  a  hanté  leur 
intelligence  au  point  de  les  amener  à  la  création  d'un 
Trope  nouveau,  inattendu,  important,  qu'ils  ont  inséré 
dans  le  Gloria,  mais  qui,  de  très  bonne  heure,  a  conquis 
une  sorte  d'indépendance  et  a  mérité  le  nom  deprosula. 

Quel  est  le  passage  du  Gloria  où  s'est  produite  cette 
singulière  et  unique  interpolation?  Il  n'est  pas  inutile 
de  le  connaître. 


27U  IIISTOIin:   l»K    LA    l'ni;sii-;   l.n  i.iiiiiniK 

Quoniamtu  solus  sunctus,  tu  soluft  Dominus,  tu  soIuh 
altissimus,  Jesu  Chrlste  :  tels  sont  les  mots  que  les  tro- 
pistes  ont  accompagné  d'un  commentaire  plus  ou  moins 
développé  sur  la  royauté  du  Verbe  incarné.  Écijutez 
plutôt  : 

Te  regom    iiia^Miuui    uuljis    IhmUc  naluin   aduiunlcs  liiimili    voce 

laudamus  ' . 
Gujus  honor  sine  fine  manet  sceptrumquc  refulget  '. 
Cujus  potestas,   virtiis  et  honor,  scoptrum  d   iv^'muii  pcrmanct 

scniper  K 
Ciiriste,  cœli  rex  etterrœ,  voces  nostras  piissiin(;  vocibus  Angelo- 

ruin  atlju'nge  *. 
Qui  slas  in  levuni,  rex  unigenite  '. 
Cujus  est  regnum  solius,  Victoria,  virlus;     -  Tu  famulis  cunctis, 

tu  miserere  tuis«. 
Omnium  dominantium  cunctorumque  rex  regum  % 
Tibi  regnanti  imnc  et  in  œternum  omnes  clamemus  :  Salus  sit  et 

honor  ». 
Rox  sacer,  occe  tui  radiât  pars  ina^aia  tiiuiii|ilii  \ 

On  le  voit,  il  y  a  lA  une  idée  fixe.  Et  la  place  que  l'on 
a  choisie  pour  lui  donner  son  expression  et  sa  foruuilr. 
cette  place  est,  à  peu  de  chose  près,  toujours  la  même. 

1  Biljl.  nat.  iat..  f^s7.  I>  71  i";  Wll.  f»  'i2  v%  etc.  (Tropo  du  Gloria  :  Omni- 
potens  aUissi)ne.)  C'eèt  ajirès  cutte  iiivocfllion  (lu'on  lit  le  Sceplruni  nijus  ntt- 
bile,  ce  Trope  liegnion  dont  il  t^era  question  |:lus  loin. 

2  1H8,  f"'  Tù  v»,  7(1  fo;  1121 ,  fo  ',9  v»;  10u08,  fo  2lj,  etc.  (Trope  Pa,c  sempi- 
terna.  ) 

5  1121,  f"  54,  etc.  (Trope  Laits  aurjcloru»}.) —  Cf.  «  Cujus  polestas  et  virlus 
manet  in  ;eternum,  »  1121,  l'"  Vi  v»  (Trope  Lautlat  in  e.vcelsis;  avec  «Ic^  vnr.i- 
lises  développées  entre  les  syllabes  tes  et  tas  du  mot  potestas).  Etc. 

^  1121,  W  r»  et  Y",  etc.  (Tropa  Pnidentia  prudentium.) 

8  10508,  1»  35  r»,  etc.  ( Trope Dews  invisibilis,  rex  Angelorum.) 

6  1118,  f"  61  r»,  etc.  (Trope  Laudal  in  excelsis.)  Cf.  1I2I,  f»  \o  r*-V. 

7  10308,  f»  23  r";  13252,  1»  36  r»,  etc.  (Trope  Hanc  quwsumus.) 

8  1121,  f"  'il  r»,  etc.  (Trope  Rerum  conditor.) 

"  1121,  f"  46  r»,  etc.  (Trope  Christe  sahts  )nundi.]  —  Nous  ne  prétendons  pas 
dire  ici  que  l'idée  de  la  royauté  soit,  dans  nos  Tropaircs,  antérieure  à  la  plus 
ancienne  l'orme  du  Begnuni.  Mais,  à  tout  le  moins,  elle  est  coexistante,  et  le 
Regnion  en  a  élé  l'expression  la  plus  adéquate  comme  la  plus  durable. 


LES  TROPES  DE  LA  l'''  ÉPOQUE  —  LE  REGNUM    271 

C'est  après  le  Quoniam  tu  solus  et  avant  le  Jesu  Christe 
ou  le  Cmn  sancto  Spiritu  '. 

Or,  un  jour  (de  très  bonne  heure  et  dès  le  ixe  siècle 
sans  doute),  le  début  de  ce  Trope  se  condensa  en  une 
forme  définitive,  et  cette  forme  consista  en  ces  trois 
mots  qui  sont  peut-être  expliqués  ici  pour  la  première 
fois  :  Regnum  tuum  soUdiim. 

Tel  est  donc  le  Trope  Regnum  tuum  solidum,  telle 
est  cette  célèbre  prosula  -  du  Gloria  dont  on  ne  sau- 
rait contester  l'importance ,  puisqu'elle  remplit  nos  Tro- 
paires  et  que,  dans  la  plupart  de  ces  manuscrits,  on 
lui  réserve  une  place  spéciale  après  les  Tropes  du 
Gloria.  Il  y  en  a  jusqu'à  dix- sept  dans  un  seul  Tro- 
paire. 


Les  Tropes  Regnum  nous  offrent  plus  d'un  type. 

Il  y  a  tout  d'abord  le  mode  bref,  qui  est  certaine- 
ment le  plus  ancien,  comme  il  est  aussi  le  meilleur  de 
tous.  C'est  la  source  et  l'origine  de  tous  les  autres,  c'est 
celui  que  nous  trouvons  dans  le  plus  antique  Tropaire 
de  Saint-Gall  :  «  Regnum  tuum  solidum  permaneljit  in 
teternum  ^  »  Sur  la  syllabe  jjer  de  permanebit,  imaginez 


1  On  peut  le  constater  aisément  dans  le  premier  Tropaire  venu.  (V.  surtout 
Saint-Gall,  376,  p.  6u;  48i,  p.  226.  —  Bibl.  nat.  iat.,  1121,  f-uOvet  Huiv.;  1240, 
fos  33  yo^  40  v,  etc.  etc.) 

2  Tel  est,  en  effet,  le  nom  précis  de  ce  Trope  :  «  Prosula  in  Gloria  in  excel- 
sis.  »  (Bibl.  nat.,  1121,  f»  50  v».) 

3  II  paraît  évident  que  ce  Trope  a  été  «  inventé  »  à  Saint-Gall.  11  ligure  dans 
le  plus  ancien  Tropaire  de  ce  monastère  (48'i,  x°  s.,  p.  226.  V.  le  fac-similé, 
pp.  2o6,  257),  où  il  fait  partie  intégrante  du  Trope  Laus  tua  Deus.  Cf.  376,  1118, 
p.  65,  etc.  —  De  là  il  est  sans  doute  passé  à  Saint-Martial  (Bil)l.  nat.  Iat., 
fo  98  r"),  où  il  fait  partie  du  Trope  Laus,  honor,  Christe,  etc.  —  Cf.  Bibl.  nat. 
iat.,  10510,  f''4  v°;  bibl.  de  l'Arsenal,  IIGO,  i°  U  v»,  etc. 


•272  IIISTOIHK   1)K   LA   POÉSIE   MTURGIQUh: 

deux  li}^nes  de  vocalises,  et  vous  aurez  l'ensemlile  de 
ce  petit  morceau.  Que  n'en  est-on  resté  là! 

On  ne  s'est  point  contenté  longtemps  de  cette  IjcIIl' 
brièveté,  et  la  tendance  fatale  à  l'allongement  s'est  ac- 
cusée de  plus  en  jtius  dans  nos  Tiojiaires  : 

Uegnuin  luuin  soliduin,  o  summe  Bouc,  prulem  luain  qui,  iii- 
dutam  coipore,  nostra  sainte  crucifixam,  devexisli  in  arce,  ab 
omni  nos,  j)ic',  dehic  cririiine  et  fac  curii  eo  resurgere,  Jesu 
Christe  ' . 

r\egniim  tu  uni  solidum 

Per  te,  Christe,  sistil ,  uninipotentissime. 

Qui  in  cruce  signum  nobis  dedisti  vivifiée. 

Te  laudamus,  rex  clementissime. 

Tibi  laus  et  honor 

Permanebit  in  a3teinuin,  Jesu  C/irisle  -. 

Regnunn  ejus  solidum  et  potestas  illius  alla 

Per  quem ,  sublimatum  semper  tenens  princii)atuni , 

Qui,  per  lignum   crucis,  signum  nobis  ostL-tniisti  lriiiin|iliMni  . 

Te  laudamus,  o  rex  cœlorum, 

Tijji  laus  et  imperium  ! 

Semper  régnas  in  œternum.  Cum  sanclo  Spirilu  ^. 

Et  il  y  en  a  de  bien  plus  longs  encore  :  il  y  a  en  qui 
semblent  interminables. 

Chose  curieuse,  ce  Trope  eut  tant  de  succès,  qunn 
vint  bientôt  à  en  faire  un  véritable  genre,  ayant  sa 
vie  à  part',  et  que  l'on  put  à  la  tiii  se  [casser  de  sa 
formule  initiale. 

1  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f"  8'i  v%  déjà  cilé;  etc. 

*  Bibl.  nat.  lat.,  887,  ('  78  v°;  etc.  etc.  (fait  partie  du  Trope  Imus  tua). 
3  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f"  8o  r». 

*  Certains  Bcfjnii») ,  qui  ont  conquis,  en  un  jrrand  nt>n)bre  de  Tropair..'s, 
cette  vie  indépendante .  ont  continué,  in  quelques  autres,  à  èlr^',  pour  ainsi 
parler,  «  incrustés  »  dans  les  Tropes  du  Ctinria.  Tel  est  le  Sceplrutn ,  glaria 
sanctorutii  (9iVJ,  f»  70  v»  ;  lllo<)8,  1^  38  r»),  etc.  Mais,  même  dans  ce  cas,  une 
majuscule,  une  H  énorme,  annonce  encore  le  commencement  d'un  Trope  sp«Vial. 


LES  TROPES  DE  LA  1'"  EPOQUE  —  LE  REGNUM    273 

Cette  formule,  on  la  remplaça  tout  d'abord  par  une 
formule  à  peu  près  équivalente,  et  l'on  eut  les  fameux 
Tropes  :  Regnum  ejus  magnum,  Regniim  celsi  decus; 
puis,  avec  un  peu  plus  de  hardiesse  :  Sceptrum  cujus 
nobïle,  Sceptrum  gloria  sandorum,  etc.  '. 

Une  fois  dans  cette  voie,  on  se  décida  bientôt  à  se 
passer  de  ces  équivalents  eux-mêmes ,  et  l'on  arriva  au 
Celsi  démens  Olympi,  à  VAlma  cujus  potestas,  au  Salve 
Virgo  virginum,  au  Rex  apostolorum  Deus\  Telle  est, 
suivant  nous,  la  marche  qu'on  suivit. 

Un  exemple  est  nécessaire  pour  représenter  chacune 
de  ces  grandes  espèces  qui  se  sont  produites  dans 
l'ordre  précédemment  indiqué  : 

I.  Sceptrum  cujus  nobile 

/Tuum    beniûne    dominantem    cœli    terrseauc 
Deux  dausulai      \  . 

de  dix- sept  syllabes,  j      machinfB  |. 

(Même  notation     j  Natus  hodie  nobis  maire  qui  semper  es  de 
musicale.)  f      ,.. 

V     \u'gine5, 

Deux  dausulai  de    i  AttoUens  extende ,  protège  ab  hoste , 
douze  syllabes.  (Même  <  ^  ,      ,       , 

notation  musicale.)  I  Quo  nos  te  laudare  mereamur  vere  c 

Cujus  nomen  permanebit  in  seternum.   Cum 

sancto  Spiriiu  ^. 

IL  Celsi  clemens  Olympi,  —  Manens  tu  perhenni  servator  in 
tempore,  —  Qui  sacrato  mortis  letum  sumpsisti  in  corpore,  —  Te 
precamur  omnes  dulcissime  :  —  Tergas  nostrorum  maculas  pec- 
caminum,  Jesu  Chrisle  ^. 

III.  Rex  apostolorum  Deus, 
^        ,       ,        /  Qui  Ecclesiœ  veritatem  tuse  revelasti  aposto- 

Deux  clausulai        i 
de  vingt-trois  syllabes.)      bco  dogmate; 

(Même  notation      jQuam,  prsedicante  Martiale,  luce  inlustrasti 
musicale.)  f       .  .       .        ,. 

V     tua3  misericordiœ. 

'  V.  plus  bas,  p.  27G,  la  bibliographie  de  chacun  de  ces  Tropes. 

2  Même  observation. 

3  Bibl.  nat.  lat.,  1118,  f»  14  v°;  1121,  f<"  42  v,  /i3  r". 

<  Bibl.  nat.  lat.,  887,  f»  84  v»;  1121,  f»  Dl  r°;  13252  (inséré  dans  le  Trope 
Hector  ab  arce  potens). 

I  —  18 


21^1  IIIST(JI1U:   l)i:   l.A   l'OKSIE  LITIJHGIOIJE 

Deux  '/«|<s»/,7'(|.'  <iu.i-(rji;„„antc's  ad  te,  exaudi,  rodcinplor  rcx  pie, 

torzij  svll.ilii's.  (  Mi-iiii!/  '  ' 

Moi.iiioïi  musicale.)     (  Qui  régnas  liia  virtult'  iiiuirabililer, 

Splendor  gloria.',  benedicte,  vivens  in  a.'tei- 

II  II  m  Jesu  Ckiisle  '. 

C'est  à  dessein  (|ii<.'  nous  avons  clioisi  plusieurs  tvpes 
où  l'un  VL'iia  (lairenicnl  (jue  l'on  a  parfois  appliqué  à 
ces  prosulœ  du  Gloria,  à  ces  Troipenliegnum,  le  système 
des  doubles  clausuhe,  écrites  parallèlement  sur  le  même 
air  et  olTrant  deux  par  deux  le  même  nombre  de  syl- 
labes. L'exemple  est  frappant,  et  ce  n'est  pas  le  seul 
que  nous  pourrions  citci-.  Un  fait,  tant  de  fois  constaté, 
s'élève  décidément  à  la  hauteur  d'un  système  «xénéral. 

Nous  disions  plus  haut  (|uc  le  Gloria  est  un  chant 
de  triomphe,  et  donnions  à  entendre  que  rien  n'y  est 
plus  triomphal  que  ces  Tropes /?e^nuî/i  où  éclate  Tamour 
de  la  Royauté  du  Vcriie.  C'est  ce  qui  explique  |)ni]i(jii(.i 
l'on  se  livre,  en  ces  Tropes  si  mal  connus,  à  une  sorte 
de  dévergondage  de  vocalises  intérieures  : 

Regnuni  tuuni  .soliduin. 
\)Q\i%dausulx(Q  rex  glorise  qui  es  splendor  ac  sponsus  Ecclesiîe.    e 
seize  syllabes.  (Quam  decorasti  tuo  quoiiue  pretioso  sanguine,    e 


'  Il  IV»,  f»  00  r».  Ce  Trupe  du  Gluria  se  termine  aiii<i  qu"il  suit  : 

<i  Dextcra,  majestas,  lumen  Patris,  Deus  aime,  sit  tibi  ubiquc  decus,  rex  qui  régnas  sine 
fine,  cttm  sancto  Spiritu.  Te  laudamus,  rex  gloriosissime,  cujus  regnum  el  im|>crium  pcr- 
manet  per  immortalia  sxcula  sxculorum.  Amen.  » 

Cf.  les  formes  suivantes  du  Rcrjniun  : 

<i  Sceplruni  gloria  sanctorum,  —  Ueus  a;terne,  rex  clemenlissimc  otque  misericordissimc  : 
—  Regnator  aime  cui  cuncta  famulantur  creata  vere;  —  Tu,  pie  cxnudi  procès  clamantium 
ad  te;  —  Tu  qui  es  virtus  et   luimcn,  lux  indcficiens,  decus  atquc  |>alernum.  Jttu  Chrùle.» 

(Ribl.  nal.  lai.,  1325J,  fo  3i  v.  ) 
Salve,  VIrgo  virginum  ! 
Deux  c/a<m./«  de  seize    (  ^j^^j^  ^.j^^^^  intercède  pro  nostra  familia . 
^Mcmc  noialion  musicale.)  (  Et,  pia  vote,  roga  Ucum  i^tcntcm  |H.'romni.T, 
L'i  det  nobi?,  florigera  sede 
Frui  cum  eo  Jesu 
Il  [(olens  est  in  aternum.      (>*î<7,  f»  85  v».) 


LES  TROPES  DE  LA  V  ÉPOQUE  —  LE  REGNUM    27o 

Deux  claimdse  f  Ylanc  rege  semper,  piissime ,    e 
neuf  stuabes.  j  Q»-"  ^s  fons  misericordiœ.   e 
Permanebit  in  seternum  '. 

Cette  petite  pièce  est  plusieurs  fois  intéressante.  On  y 
retrouve  le  Regnum  tuum  primitif,  représenté  par  le 
prologue  et  la  finale,  et  qui  lui-même  est  interpolé  par 
deux  paires  de  clausulœ;  mais  ce  même  Trope  est  prin- 
cipalement digne  de  remarque  à  cause  de  ces  e,  qui  dans 
l'original  sont  écrits  en  rouge  et  suivis  de  jiibili  ou  de 
vocalises  dont  Tétude  tentera  sans  doute  les  historiens 
de  la  musique  au  moyen  âge  -. 

Il  est  à  peine  utile  d'ajouter  que,  parmi  les  Tropes 
Regnum,  il  en  est  qui  ont  été  spécialement  composés 
pour  telle  ou  telle  fête  (Pâques,  Noël,  l'Ascension  ou  la 
Saint-Martial),  et  qu'au  contraire  il  en  est  d'autres 
d'une  tournure  moins  précise  et  que  l'on  peut  chanter 
à  peu  près  quand  on  veut  ^ 

'  10308,  f»  38  v°.  Les  e  en  rouge  sont  suivis  de  vocalises  qu'on  chantait 

SANS  PAROLES    SLR  CETTE  VOYELLE  6. 

Cf.  les  deux  Tropes  suivants,  qui  sont  similaires  : 

(  Johannes  Baptista  interpellât  pro  nostro  facinore,    e- 
\  Et  pia  prece  obtineat  omnibus  in  munere,    e. 
(  Ut  det  nobis,  florigera  sede,    e. 
\  Frui  semper  tecum  in  aethere    e. 
Qui  potens  est  in  aeternum,  Jcsu  Christe.      (10508,  f»  39  v.) 

Sceptrum  regni  nobile, 
i  Lumen  aeternum  qui  splendor  es,  sed  de  tuo  lumine    e- 
{  Sacrœ  Ecclesiae  sociasti  admirabili  dote.  e. 
i  Dignare,  proies,  absolvere,  dilecte,    e. 
(  Sponsae  tuœ  divo  pianiine.    e. 

Permanebit  in  œternum,  Jesu  Christe.      (10508,  f»  38  r».  ) 

Encore  ici  les  e,  en  rouge,  sont  suivis  de  vocalises  chantées  sur  la  voyelle  e. 

*  Les  vocalises  intérieures  du  Regnum  ne  sont  pas  moins  dignes  d'attention. 
C'est  ainsi  que  des  jubili  très  développés  séparent,  dans  le  Trope  0  summe 
bone,  la  syllabe  gau  des  syllabes  dia  dans  le  mot  gaudia  :  «  Et  grege  de  niveo 
gaudia  pastor  habes  »  (887,  f»  77  v),  etc.  etc. 

3  11  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  un  Tropairo  pour  constater  que  les  Regnum 
étaient,  d'ordinaire,  composés  pour  telle  ou  telle  fête  spéciale.  A  Noël  on  chan- 
tait le  Regnum  «  Conditor  »  ;  le  jour  de  saint  Etienne,  l'un  des  Scepli'um  ;  aux 
fêtes  de  la  Vierge,  le  Salve  Virgo  virginum;  à  la  Saint-Pierre,  le  Regnut» 
«  Apostolorum  princeps  ».  (1121,  i'<»  oO  vo-o2  v»,  etc.  etc.  Cf.  1120,  f»  96  et 


276  IIISTOIUE   l)K   LA   l'OKSlK   IJ  ï  U  KG  J  (J  C  E 

Cependant  le  chant  du  Gloria^  vient  de  î=e  terminer; 

le  célébrant  a  l'écité  la  (Collecte,  et  la  voix  claire  du 

suiv.  ;  887,  f"  8'i  et  huiv.)  —  A  côté  de  cck  liefjnuni  B|)Ociaux  il  y  en  avait  de 

«  communs  »,  tel  quo  Je  suivant  :  «  Hex  omnis  gratiœ,  pohcimus  te  cunctjB  tus 

dos  ut  Ecclesiic  fraudere  nunc  et  sempor  de  le.  »  (1121,  f»  52  v°.  Cf.  le  ma- 
nuscrit 1120,  f"  98  V»  ;  In  natale,  nbi  volucris ,  etc.)  =  Le  nomhre  des  Tropes 
RL'ijnuin  a  été  considéral)|i;,  bien  que  très  inférieur  à  ceux  du  Cloria.  Le  ma- 
nuscrit de  Saint-Martial  lllii  (f"  132  v°,  138  v")  renferme  dix-sept  Uetjnuni ; 
le  108G  en  a  douze  (f»  IW  et  suiv.);  le  1121,  dix-sept  (f"  'M  v,  53  v«). 

*  TABLE  DES  TROPEs  «   HEOM  M  ».  .Mèmo  obsorvatiou  quc  (lour  les  Tropes  du 
Kyrie  et  du  Gloria. 

Aima  cujus  polcalas,  l'alcr,  Domine.       Uibl.  nal.  lai.,  8x7,  fo  85  yo.  Saint-Martial. 

—  —  —              yO'J,  fo  97  yo.  — 

—  —  —            1110,  f"  135  yo.  _ 

—  —  —            1120,  fo  'J«  ro.  — 

—  —  -            1121,  fo  5.;  f.  — 
Celsi  clemens  Olympi.  —             887,  fo  8i  vo.  _ 

—  —  WO,  fo  %  yo.  _ 

—  —  1119,  fo  134  T".      .  — 

—  —  Il20,fo97ro.  — 

—  -  1121,  fo  51  ro.  _ 
Johannes  Baplista  inlerpclial.  —          10508,  fo  39  yo.  Sainl-Évroult. 
0  rex  gloriœ  qui  es  spicndor.  —           1139,  fo  77  yo.  Saint-Martial. 
Qui  sacrolo  morlis.  —            1084,  f»  151  yo.  — 
Hegni  celsi  decus  honorificandum.  —            1084,  f"  151  r".  — 

—  —  —1121,  fo  53  r«.  — 
Regnumejus  magnum  cl  poieslas  illius 

alla.  (.\vcc  les    variantes  solidum, 

S»l ;  regnum  ctijus,  illO.)  —             887,  fo  85  ro.  — 

—  —  —             909,  fo  96  r°.  - 

—  —  —            1084,  fo  149  y.  — 

—  —  —            1119,  fo  133  vu  — 

—  —  —            1120,  fo  90  vo.  _ 

—  —  —           1 121 ,  fo  51  ro.  — 
Hcgnum  tuum   solidum ,  Apostolorum 

princcps.  —             887,fo86ro.  — 

—  —  —             909,  fo  98  ro.  — 

—  —  —           1084 ,  fo  150  yo.  _ 

—  —  —            1119    fo  13f.  V.  _ 

—  —  —            1120,  f>  98  r-.  — 

—  —  —            1121,  f"  ;.2  vo.  _ 
Rognum  tuum  solidum,  Condilor  gene- 

ris  humani.  —             909,  fo  96  r».  — 

—  —  —            10«4,  fo  149  r-.  — 

—  —  —            1119,  f"  133  T".  — 

—  -  —            1120,  fo  96  \".  — 

—  —  -            1121,fo50v".  — 
Regnum  tuum  solidum,  decusVirginum.  Uibl.  nat.  lat. ,  887 ,  fo  85  v^.  — 

—  —  —              909,  fo  97  yo.  — 

—  —  —            1084,  fo  1.-X1  r-.  — 

—  —  —            1119,  fo  135  V  .  — 

—  —  —             1l2<t,  fo  98  f.  — 

—  —  —            1121,  fo  52  r>  — 
Regnum  tuum  solidum,  lumen  xterne.  —            887,  fo  85  r.  — 

—  —  —             909,  f»  97  ro.  — 

—  —  —     1084,  fo  149  v".  — 
—  —     1119,  fo  134  v.  — 

—  —  —     1120,  fo  97  yo.  — 


LES  ÏROPES  DE  LA  1'"  PÉRIODE  —  LE  REGNUM   277 

SOUS -diacre  vient  de  s'élever  dans  la  basilique  :  Lectio 
Epistoldd  beati  Pauli  ad  Thessalonicenses. 


Regnum  tuum  solidum,  lumen  aeterne. 

Regnum  tuum  solidum ,  manens  in 
œternum. 

Regnum  tuum  solidum,  o  rex  gloriae  qui 
es  splendor  ac  sponsusEcclcsiœ,  qui 
decorasti. 


Regnum  tuum  solidum,  o  summe  Bone. 


Regnum  tuum  solidum  permancbil  in 
œternum,  Jesu  Christe. 


Regnum  tuum  solidum,  per  te,  Christe, 
sislit. 


3ibl.nat.lat., 

1121, 

fo  51  vo. 

Saint-Martial. 

Arsenal , 

1169, 

fo  34  V". 

Autun. 

Bibl.   nat.  lat 

.,  909, 

fo  99  ro, 

Saint-Martial. 

— 

1121, 

fo  53  ro. 

— 

Bibl.  nat.  lat 

.,  887, 

fo  85  ro. 

Saint-Martial. 

— 

909, 

fo  96  vo. 

— 

_ 

1084, 

fo  150  ro. 

— 

— 

1119, 

fo  134  vo. 

— 

— 

1120, 

fo  97  vo. 

— 

— 

1121, 

fo  51  vo. 

— 

— 

10508, 

fo  38  vo. 

Saint-Évroult, 

— 

887, 

fo  84  vo. 

— 

— 

909, 

fo  95  vo. 

— 

— 

1084, 

fo  149  ro. 

— 

— 

1119, 

fo  132  vo. 

— 

— 

1120, 

fo  96  ro. 

— 

— 

1121, 

fo  50  vo. 

— 

Arsenal 

,  1169, 

,  fo  5  ro. 

Autun. 

Bibl.  de  Saint-Gall,  484,  p.  225  (fait 

—  partie  du  Trope  du 

—  Gloria:  Laïcs  tua).        Saint-Gall. 

—  376,  p.  76.  — 


Regnum  tuum  solidum,  Unigenite  qui 
semper. 


Rex  apostolorum  Deus. 

Rex  cœlorum,  maris  atque  terrœ. 


Rex  omnis  gratice ,  poscimus  te. 
Salve,  Virgo  virginum. 

Sapicntia  Dei  Patris. 

Sceptrum  cujus  nobile ,  —  Tuum  béni- 
gne dominantem. 


Bibl.  nat. 

lat. 

, ,  887,  fo  78  vo. 

Saint-Martial. 

— 

909 ,  fo  96  vo. 

— 

— 

1118,  fo  45  vo  et  88 

vo.               — 

— 

1119,  fo  134  ro. 

— 

— 

1120,  fo  97  ro. 

— 

— 

1121  ,  fo  51  ro. 

— 

_ 

9449,  fo  1. 

Nevers. 

— 

10508,  fo25  vo. 

Saint-Évroult. 

Arsenal 

,  1169,  fo  5  ro. 

Autun. 

_ 

909,  fo  98  vo. 



— 

1119,  fo  138  ro. 

— 

_ 

1121,  fo  52  vo. 

— 

— 

1119,  fo  60  vo 

— 

_ 

1084,  fo  150  vo. 

— 

— 

1119,  fo  136  vo. 

— 

— 

1120,  fo98  ro. 

— 

— 

1121 ,  fo  52  vo. 

— 

_ 

909 ,  fo  98  vo. 

— 

_ 

1119,  fo  138  v". 

— 

— 

1121 ,  fo  52  vo. 

— 

_ 

887,  fo  85  vo. 

— 

_ 

909,  fo  97  vo. 

— 

— 

1084 ,  fo  150  vo. 

— 

— 

1119,  fo  136  ro. 

— 

— 

1120,  fo98  ro. 

— 

— 

1121,  fo  52  ro. 

— 

Munich , 

lat., 

14083,  fo  104  ro. 

Saint-Emmeran, 

— 

14322,  fo  104  vo  (en  marge).      — 

— 

909,  fo  97  r^. 

Saint-Martial. 

278 


HISTOIIU:   l>K    I.  \    I'(i|;.-IK   IJTURGIQUE 


Les  tropistes  auraient -ils  osé   toucher  au  texte  de 
l'Kpître? 


tîceplruni  cujus  nobilc,  —  Tuuni  l>erii- 
gnc  dominarilcm. 


Sccpirum,  gloria  saiictorum. 


Sccpiruin  cujus  nobilc  rncruil. 

Sccplrum  rcgni  nobilo  ,  o  rex  gloriac 
qui  os  spicndor  ac  sponsus  Eccicsis, 
—  Tcrge  iioslrorum.  (  Cf.  plus  haul 
/legnuin  luum  lolidum,  o  rex  glo- 
riie ,  V  )  — 


unich,  1 

m.,  IIIH, 

,    f«    li    V. 

Saint-Martial. 

— 

Ul'J, 

,  fo  137  vo. 

— 

— 

11,^1 , 

fo  42  v  430. 

— 

— 

003 , 

f«  If.'J  r». 

PainlYricix. 

_ 

'J<lO, 

f«  'j;;  V". 

Sainl-Marlial. 

— 

il9, 

137  r». 

_ 

— 

13252, 

fo  37  vo. 

Pari». 

— 

108-i, 

fo  101  ro. 

Sainl-Martial 

887 ,  f"  86  r». 
1084 ,  fo  L-XI  ro. 
lirj,  fo  ur,  ro. 
1121,  f'.  51  vo. 
lÛoOtf,  fo  38  ro. 


Sainl-Évroult. 


TABLE   DES   MATIÈRES 


Préface  v 

Chapitre  I.  —  Défiiiitioa  du  Trope 1 

—  II.  —  But  du  présent  livre 5 

—  III.  —  Les  Origines 11 

—  IV. —  A  Saint- Gall. —Les  FersMs 23 

—  V.  —  A  quelle  époque  remontent  les  Tropes 33 

—  VI.  —  Le  monastère  où  Ton  a  chanté  les  premiers  Tropes.  41 

—  VII.  —  Du  nom  que  portent  les  Tropes  et  de  la  si^-nifica- 

tion  première  de  ce  nom ■ 49 

—  VIII.  —  Les  plus  anciens  Tropes  connus 61 

—  IX.  —  Des   livres    qui   nous  ont   conservé   le   texte  des 

Tropes  :  les  Tropaires. 69 

—  X.  —  Suite  du  précédent 97 

—  XL  —   De  certains    caractères  qui  sont   cominuiis  au.\ 

Tropes  de  tous  les  temps. 137 

—  XII.  —  Deux  périodes  dans  Thistoire  des  Tropes  :  carac- 

tères qui  les  distinguent 147 

—  XIII.  —  Les  Tropes  de  la  première  époque,  et  tout  d'abord 

ceux  de  la  Procession 19o 


1  Une  (I  Table  méthodique  par_ordre  alphabétique  des  matières  »  sera  publiée  à  la  fin  du 
second  et  dernier  volume. 


280  TAHLK   I)i:s   M  AT  IK H  ES 

Chapitre  XIV.  —  Les  Tropcs  de  la   pn-mière  époque  :  l'Iiilroït   .    .  205 

—  XV.  —  L(;  Kyrie 227 

—  \\l.  —  Ad  7'or/a7i(lum  t'inacopum 24u 

—  X\  II.  —  Le  Gloria 249 

—  XVlli.  —  Le  Rccjnum 209 


17445. —  Tours,  irapr.  Marne. 


^7 


Gautier,  Léon  -  Histoire  de  la 
poésie  liturgique. 


PONTIFICAL   irxw.  .  .  wVe 
OF    MEDiAEVAi.  STUOIES 

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Toronto  b.  Canada'  .' 

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