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Full text of "Spatial analysis of childhood mortality in West Africa"

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%  Is 


REPERTOIRE 


DK.S 


CONNAISSANCES   USUELLES 


nSTE  DES  AUTEURS  QUI  ONT  CONTRIBUfi  A  LA  REDACTION 

DU    9«   VOLUME  DE  CETTE  EDITION. 


MM. 
Ariaod,  insp.  gto.  de  I'euieign.  prim. 
Aabert  de  Vitry. 

Andim>el(FI.)- 

Ballancbe,  d«  TAcad.  franqaise. 

Bandevllle  (Fabb^  % 

B«rdlii  ( le  g<SD^ral ). 

Barr«9  ( £douard). 

■artlieieiiiy  (I'abb^  J.). 

Bawr(Mad*de). 

Mllol. 

BiMlln(Mad«Caiuillc). 

Bollard. 

Bordat'DemoollD. 

Bor«aa  (Victor). 

BOBCliluC  (H.)>  recteur   4  PAcadtaiie 

d'Eure-et-Loir. 
Bonlllec,  anden  proTlseur. 
Bourdon  (D'  Isid.),  de  I'Acad.  de  inMedDe. 
Boys  de  Loary  (D^). 
Bradl  (oomtease  de). 
BreiOD,  de  la  Gautie  <Ui  Minauiux* 
Briclicieaa  (IF.). 
BrtfTaBK  (Eugtoe). 
Brunei  (Guauve),  4  Bordeaux. 
CamC  (cointie  Louis  de). 
Gastelnan  (IF.  U.  de). 
CaaUI-Blaxe. 
Gliakrol  (i^.  de). 


Gbarbonnler  (D'). 

Cliaslei  (Philaittc),  prafessenr  aa  College 

de  France. 
Ghanvel. 
GIbrarlo  (Louis),  de  I'Acad.  des  sdeoces 

de  Turin, 
GlennonC  (N.). 
CSolln. 

Qolomkat,  de  Vltkit  (Docteur).    * 
Goapin  (A.). 
qrakowSU  (Michel). 
Danjon  (F.). 
Darronx  (Victor). 
Delbare  (Tb.). 
Deieclnse  (B.-J.). 
Dcletcre  (J.-B.). 
Denne-Baron. 
Deadoxeaaz  (Ernest)  •  anden  secrtoJre 

g6n6ra1  du  minlst^  de  la  Justice. 

Des  Oenevex. 

^Hikard,  anden  procureur  g^n^ral. 
Da  Bols  (Loots),  anden  sous-pr^fet. 
Dachesne  (atn6),  conserraieur  de  la  Bi- 

blioib^oe  impMale. 
Doekeii  (W.-A.). 
Dafcy  (d«  TYonne). 


MM. 
DnUeaz  (L.}. 
Damas  (J.-B.),  de  TAcad^mie  des  sden- 

ces. 
Danalme  (Emile). 
Do  Bosoir  (Charles). 
FaTe(L),  oflQder  d*ordonnance  de  I'Em- 

pereur. 
Fayo  (Fr6d^ric). 
Ferry,  anden examlnsteur  A  l*Ecole  poly- 

technique. 
Flaaffcrgaes  (Pauline). 
Fondrelon(D'.). 
Forffci(D'.]. 
FossaU  (IF). 
Franfals  de  Nantes  (comte),  anden  pair 

de  France. 
Foamier  (^ooanl). 
Fresse-Monlval  (Alphonse;. 
Gallols  (Napoldoo). 
Gaaben  (IF.  Paul). 
Gaaliler  de  Glaabry. 
Genevay  (A.). 

Golbery  (P.  de),  anden  procureur  ^t%\^n\ . 
Gonpll  (IF.  Augusts^. 
Galxot  iF.),  de  l*Acad«nile  fran^alse. 
Hairy  (F.). 
Herieoart(A.d'). 
Haffiiler  (D'.}. 
Hnsson  (Augusts). 
lanin  (Jules). 
JoncMres  ()L). 
laMaal  (Achille). 
K«rairy  (de). 

Laloe,  anc  gtodalogiste  des  ordresdu  Rol. 
Laaglcr  (Adolphe). 
Laurent  (IF.  L.),  anc  chlrurgien  en  chef 

dc  la  marine. 
Laareotle. 
Lavlgne  (B.). 
Ledae. 

Leftbore  (L.). 
Lemolne  (£doaard^ 
Lemonnler  (Charles). 
Lenevenx  (Elise). 
Leroax  de  Llocy. 
Leverrler,  de  I* Acad,  des  sdeiices. 

Loavel  (L.) . 

Mac-GarlBy  (Oscar). 

Hanno  (Baron  Joseph),  de  l*AcadtaUe  des 

sdenoes  de  Turin. 
llantx(Paul). 
Marmler  (X.). 
Mariln  (Henri). 
Manitt  (P.-J.). 
Ilalles. 


MM. 

Maassloa  (Mme.  de). 

Meriieax  (Ed). 

Merlin. 

Mlllln,  de  I'lnsUtOL 

Moieon  (V.  de). 

Mojiglave  (Bug.  G.  de). 

Monk  (S.),  dels  Blbliotbique  imp^riale^ 

NIboyet  (Bugtoie). 

Rlsard  (Mslri),  de  l*Acad.  fran^alse. 

Blsard  (Charles). 

Ilodler  (Charles),  de  I'Acadtaiie  fran^se 

Nonrlns  (J.  de). 

Odolanl-Desnos. 

Olivier  (G.). 

OrUgne  (I.-D*). 

Oarry. 

Paffle  (C.-M.),  proCesaeur  de  pliilosopbie. 

Page  (Th.),  capitjune  de  Taisseau. 

Paillard  CAuguste). 

FaaCei  (Jules). 

Pee^aeor  (C). 

Felilasier. 

Feloaie  p^. 

Pongervllle,  de  TAcad^mie  fran^aise. 

Belffenberg  (baron  de). 

BleBer  (E.). 

BlensI  (G.  L.  IX  de). 

Blganil  (H.). 

Boland  (Paulias). 

Bomey  (Charles). 

Saint- Amoar  (Jules). 

Salnt-Frosper. 

Salnt-Frospcr  jenne. 

Sandras  (D'.). 

Saacerotte  (IF)«  A  Lnn^Yllle. 

Savagaer  (A.)b 

Say  (J.-B.),  de  Tlnsiilut. 

S«diU0C. 

Sleard. 

TeyssMre. 

Tiby  (Paul). 

TIssot,  de  TAcadfoile  Ann^ise. 

Toliard  aln£. 

Trlgoat  (Th.). 

Yatase  (Lfoo). 

Yaadoneoarl  (le  g6n<ral  G.  de). 

Yaaiabelle  (Achille  de),  anden  ministrr 

de  innstroctloo  pubUqoe. 
Telpcan,  de  PAcad.  des  sdences. 
YIennec  ,  de  PAcadteiie  fkraaQUss. 


Tirey  (J. -J.). 

Volarl  (^Use). 

Walcbenaer  (Baron),  de  rinsUtut. 

Wollls ,  de  la  Catelte  det  tribunaHJC, 


1'yiHigrapbiu  Finnin  Didot.  —  Mesnil  (Eure). 


DICTIONNAIRE 


DE  LA 


CONVERSATION 

ET  DE  LA  LECTURE 

INYENTAIRE  RAISONNfi  DES  NOTIONS  G£N£RALES  LES  PLUS  INDISPENSABLES  A  TOUS 

PAK  UNE  m\m  DE  SAYANTS  ET  DE  GENS  DE  LEHKES 

sous  LA  DIRECTION  DE  M.  W.  DUCKETT 


Seconde  edition 


ENTliBBMENT  BBFONDUB 
CORBMS^fi,    ET  4UGHBIITtE  DB  PLU8IBUBS  HILLIERS  D'ABTICLEB  TOOT  D'ACTOALITi 


Celui  qui  Toit  tout  abr^e  tout. 

MOHTBSQUIEU. 


TOME  NEUVlfeME 


PARIS 


LlBRAlftlE  DE  FIRMIN  DIDOT  FRtlRES,   FILS  ET  G" 

IMPRIHEURS  DB  L'lNSTmrr  DE  PRANCE 

ROE  JACOB,  SS 


M  DCCC  LXXIII 


.055 


9 


Los  lecteurs  sont  pr^venus  que  tous  les  mots  cspaces  (Inns  le  texte  couranl  (par 
exemple  :  Transsubstantiation,  Immortalile,  Cesar)  sonl  I'objet  d'articies 
sp^ciaui  dans  le  Dictionnaire,  ei  constituent  d^  lors  autant  (le  renvois  a  consulter. 


'^  """^'^  ^ "  ^'^DICTIONNAIRE 


DE 


LA  CONVERSATTOJN 


ET  DE  LA  LECTURE. 


fiSPAGNOLE  (  Langue  ).  Les  habitanto  aborigtoes 
de  rEBpagne,  au  inidi  les  Ib^riens  et  au  nord  les  Canta- 
bna,  parlaient  peut-Mre  iine  langoe  de  la  (limiUede  celle 
dct  C e  1 1 es ;  en  toot  cas,  lis  se  m^Uuigirent  de  bonne  heore 
avec  des  peuplades  celtes,  et  fiirent  dte  lort  ddsign^  sous 
le  DOfu  de  CeltUtMens.  Lear  principale  demeure  6tait  duis 
la  eontrte  qu*on  appello  aujoordtiui  TAragon,  le  bassin  de 
l*i;bfe.  Mais  ee  qu'il  y  avait  de  national  et  de  particulier 
dans  lear  langoe  dlsparnt  presqoe  complMeindit  ao  mllleo 
des  oonqu^tes  et  des  fanmigrations  romano-germaines.  Ce  fiit 
senlement  k  rexti^mit^  nord-ouest  de  TEspagne,  aux  abords 
des  Pyrtote,  qoe  qoelqaes  tribos  cantabres  porent  se  main- 
tenlr  et  prot^er  jascpfli  on  certain  point  leurs  mosors  et 
knr  langoe  contra  tout  mtiange  stranger.  (Test  d'eox  que 
descendeot  les  Basques,  qni  oot  conserve  en  partie  la 
langoe  de  leors  p^res,  k  laqodle  Us  donnent  le  nom  d*e5- 
Cttoro,  niais  qoe  les  strangers  dMgnent  sous  le  nom  de 
Uaiffue  basque f  de  mtaie  qa*IU  nomment  provinces  bas- 
ques les  trois  proyinces  od  on  la  parie  encore  aujoord^hui. 
Tootefoia,  \k  aussi,  le  basque  a  didiu  josqo*li  ne  pins  6tre 
qu'on  dialecte  popolaire;  et  voil^  d^jii  Men  longtemps 
que  toot  ce  qoi  dans  oes  contrte  appartient  k  la  classe 
instroite  et  ^dairte  parie  Fespagnol.  11  en  est  rtolt^qo'une 
litt^ratore  proprementdite  n'a  jamais  po  sed^velopper  dans 
cette  langoe.  On  ne  connalt  qu'an  petit  nombre  de  frag- 
ments de  ebants  populalres  datant  des  andens  temps,  et 
la  bante  antiqait^  qo*OB  leor  assigne  nous  paralt  fort  sus- 
pecte.  Tootefois,  I'andenne  langue  basque  s^est  conserve 
dans  quelqoes  noms  de  lieux ;  et  aojourd^ui  encore  le 
people  acoompagne  ses  danses  nallonales  de  chants  en 
eseuara.  Qodqnes  tentatiTes  ont  4X6  feites  par  des  Basques, 
qui  ayaient  d^ailleors  plos  de  patriotisme  que  de  discer- 
nement  critique,  poor  reoonstruire  grammaticalement  tear 
langoe  nationale,  poor  Pinventorier  lexicologiqaement  et 
^ymologlquement,  de  mtaie  que  pour  recueillir  des  chants 
populatres  basques.  Consaltes  k  cet  ^rd  le  catalogue  des 
moto  basques  dans  les  Reeherehes  sur  les  habUants  pri- 
mitifsderSspagne,^U.  A. de  Humboldt  (Berlin,  1821 ) ; 
In  grammaire  basque  pidiUte  par  Zarramendi,  sons  le  titre 
de  :  SI  imposible  Veneido  (  Salamanqne ,  1729  )  et  le 
IMctionnaire  hispano-basqoe  do  mtaie  auteur  (Saint-S^haa- 
tien,  174^);  Astartoa,  Apologia  del  Bascuense  (Ma- 
drid, 1803  );  J.- J.  de  Iztueta,  iSuipuzeoaeo  Dantsa  Gogo- 
angwniim  Condahra^  c^est-li-dire  Histoire  des  andennes 
Iianses  do  Goipuzcoa,  et  R^es  pour  les  bien  eitoter  et 
chanter  en  Ters  ( Satot-S^bastien,  1824  );  Snsealdun  an- 

HOT.  DB  U  COgfEBM,  —  T.  I&. 


cinaeo  ta  ara  ledabicico  elorquien ,  Collection  de  Clianl^; 
basques  nationaux(Saint-S^bastieo,  1826)* 

II  n'y  a  comparatiyement  qu*an  nombre  fort  restrdnt  do 
mots  (Forigine  basque  dans  la  langue  espagnole  aduello. 
Comma  toutes  les  langues  n^romanes,  die  eut  pour  point 
de  d^rt  la  lingua  romana  rustica.  En  elTet,  en  d6- 
pit  de  leur  defense  opiniAtre,  les  Romahis  ayaient  telUv 
ment  subjogu^  et  romanis6  les  habitants  de  la  Ptoinsule, 
que  de  tous  les  proyindaox  les  Espagnols  furent  cetix 
qui  par  leurs  mceurs  et  par  leur  langage  se  rapproch^rent 
le  plus  des  yainqueurs.  Us  en  yinrent  mtoie  jusqu'li  riyn- 
liser  ayec  eux  dans  ce  qui  dtait  du  domaine  des  lettre^,  et 
plosieors  des  meilleurs  empereurs  qu*ait  eus  Rome  ^talent 
n^  en  Espagne.  Mais  ind^pendamment  de  la  langue  ro- 
maine  terite  ( merino  urbanus  ),  11 8*^tait  Element  form^ 
en  Espagne  une  langue  des  rapports  sodaux,  one  langue 
populaire,  compost  de  proyincialismesparticullersydeyenue 
de  plus  en  plus  la  seule  en  usage ,  la  seule  g6n6ralenienl 
comprise ,  quand ,  k  la  suite  de  la  dtoidence  de  Tem- 
pire  et  de  Tinyadon  des  trilras  germabies,  les  rdation^ 
politiques  et  litt^raires  ayec  Rome  ailment  se  rdAchant 
diaque  jour  dayantage ;  d'oh  il  rfeulta  aussi  en  Espagne 
que  la  langue  synth^que  ^crite  deyint  pen  k  peu  une  langnn 
purement  sayante,  puis  enfin  une  langue  morte,  dont 
quelques  parties  seulement  se  consery^rent  dans  le  dialecte 
analyUqne  et  plus  commode  du  penple.  Ce  dialecte,  les  Yi* 
sigoths  qui  succ4d^rent  aux  Romains  dans  la  domination 
de  TEspagne,  Tadopt^nt  et  se  Tappropri^rent  d  bien,  sur- 
tout  quand  ill  eorent  abandonn^  I'arianisme  pour  le  catho- 
licisme  latin,  quils  oubliirent  leur  langue  matemelle,  dont 
ils  ne  consery^ent  et  ne  naturalis^rent  dans  le  romanzo- 
espagnol  que  les  mots  indlspensj^bles  pour  d^igner  les  ins- 
titutions politiques  et  militdres  qui  leur  ^taient  propres, 
ou  ceux  qui  manquaient  k  la  langue  romaine  ayec  les 
idto  quMls  repr6sentaient,  par  example,  les  mots  seryant 
k  d^si^ner  les  difCftrents  details  du  mtoinisme  de  laoonsti- 
tulion  fiMale,  ou  de  Torganisation  jodidaire  et  militairc 
des  Germains,  les  armes,  etc  Le  romonso-espagnol,  form^ 
compl^tement  d'^l^ments  romains  et  enrichi  seulement  d*un 
petit  nombre  de  mots  germains,  re^ut  de  nouyelles  additions 
des  Arabes,  contre  lesquds  les  Hispano-Goths  dorent  hitter 
pour  la  pcMsession  du  sol  pendant  prte  de  bait  cents  ana. 
Mais  les  Arabes  ne  oontribu^rent  k  enrichlr  la  langoe  qoe 
determes  relatirs  lirindostrie,  aoxsdenceB,ao  commerce* 
etc;  peut-^tre  bien  ausd  en  modifi^rent-ils  la  pronon- 
dation,  corome  TasinratloB  de  certaines  lettres,  6^]\  coni- 


:/ 


feSPACWOLE 


n.tnc4»  par  les  Goths,  mus  d'aatonn  eliAiigpr  eMentidto- 

iiMrnt  la  constracHon  orgmiiqiieet  ^mologiqoe  de  la  langne. 

Kn  eflel^  quoique  oea  dKnMBb  Mtdrogtees  arrlTte  directe- 

ment  o^  indirectenMOt  du  pikbiiden,  de  Pbdireo  et  do  srec 

dam  le  iiofieaiiso-«i|Nigpol,  sembleat  j  derofar  ftdre  domi- 

ner,  i  la  dilMranee  de  rttalieo,  les  origioes  ^trtngtevs  beau- 

coT/p  pias  qae  les  originet  latlnes,  cette  inflaenee  dtraog^re 

w,  t'^tend  pourtant  qa^k  la  prononctationeti  la  Taleur  des 

r  iioU.  Quant  k  la  formation  et  k  Vinflekion  de  oea  mtoies  motB, 

dies  aoDt  rest^  toutes  romanes  dans  cette  langne  si  sonore, 

et  plus  rapprodites  do  latin  que  lltalien  m^me.  Les  plus 

andennes  traces  Rentes  dePespagnol  adud  se  trouTent  dans 

les  Ori^ines  d*l8idore  de  S^fille. 

Le  dialecte  castillan  paralt  s'^tre  dev^  le  premier  k  T^tat 
de  langue  6crite,  comme  on  peut  le  Toir  dans  le  Poema  del 
Cidf  qui  date  du  milieu  da  douzi^e  dtele,  ddans  le  Fuero 
Jtago  ( la  mdlleure  Mitlon  est  celle  qa*en  a  donnte  en  1815 
TAcadtaiie  de  Madrid) ,  code  des  Vhigoths  traduit  en  langue 
▼ulgaire,  etc.  Les  CastillansdantderenaslecGBurdrditedela 
nation,  d  lenr  litt^ture  ayant  pris  le  d^vdoppement  le  plus 
populaire,  leur  didecte  arrlva  ausd  k  6tre  le  plus  r4|)andu , 
et  finit  mtaie  par  Atre  la  seule  langne  torite  de  I'Espagne^  d*oii 
U  r^ulta  que  le  nom  decedialecte^ulTalotli  cdui  de  langue 
espagnole,  d  que  ses  progrte  nlt^rienrs  colndd^rant  avec 
€eux  de  la  litt^rature  nationale  des  Espagnols. 

Antonio  de  Lebrija  ( 1493)  donna  le  premier  nne  gram- 
naire  et  un  dictionnaire  de  la  langue  espagnole,  laqadle 
ne  reconnatt  aujonrd^bui  d'aotre  autorit^  que  TAcadtoiie 
espagnole,  dont  la  gramnudre  et  le  dictionndre ,  publics 
ieulement  en  1 770,  ont  obtenn  depuis  de  nombreuses  Mitions. 
Le  dictionndre  de  T  Academic  ad^  Tobjet  d'une  Toulede  cor- 
rections d  d'additlons  de  la  part  de  Sdfa ,  it  qui  on  doit 
•nssi  la  meilleare  grammdre  espagnole  qui  ex  isle.  £n  Idt 
de  grammaires  oil  la  langue  soit  traits  au  point  de  tub 
hlstorique,  Tessd  le  plus  satisfalsant  qui  ait  ^t^  publid  jus- 
qn'^cejour  est  la  Grammaire  des  langues  romanes deDiez 
(en  dleinand).  Ck>varrubias  (1674)  et  Cabrera  (1837)  ont  public 
des  Basais  de  dictionnaire  ^tymologique  de  la  langue ;  Huerto, 
one  Synonymic  (Ydence,  1811);  et  TAcad^roie  espagnole  a 
donii^  un  traits  particulierd'OrUiograpbe  qui  fait autorit^.  La 
NomeneUUura  geografiea  de  Sspana,  de  Firmin  Cabdiero 
(1884),  conUent  de  prteieuses  remarques  dymologiques. 

La  langue  espagnole,  qui  joint  la  force  et  la  noblesse  k 
lliarmottie  et  k  la  richesse  de  Toydies  de  Titalten^  et  la  net- 
tet^ ,  la  dart^,  Tdastidt^  du  Ihm^ais  k  une  remarquable 
proprid^  d'expressions  po^tiques,  qui  possMe  la  douceur  et 
la  grAce  du  portogais,  sans  en  avoir  les  d^gr^bles  inflexions 
nazdes  et  sifllottantes,  s^est  r^pandue  dans  plus  de  la  moiti^ 
du  nonreau  mondeii  la  suite  de  laconqufite  deTAm^rique  du 
Sud  par  les  Espagnols.  Toutefols,  ind6pendamment  de  cette 
langue  espagnole,  on  pour  roieux  dire  castillane ,  ii  existe 
encore  en  Espagne  denx  didectes  principaux  :  le  galicien, 
qui  a  beaiicoup  de  rapports  aTeo  le  portugais,  et  le  Catalan 
parld  aussi  dans  le  royaume  de  Valence,  lequel  ofTre  beau- 
coup  de  resseroblance  avec  le  dialecte  proTcn^d.  L^un  et 
I'atitre  possMeut  une  litt^rature  particuliire. 

ESPAGNOLE  (Litt^rature).  Dans  sa,  premih-e  pi- 
riode ,  c'est-k-dire  depuis  les  premieres  orations  en  ro- 
manso-castiUan  jusqu'au  r^gne  de  Jean  II  de  Castille,  )a 
litt^rature  espagnole  fut  surtout  ^pique  et  didactique,  et,  plus 
qne  toute  autre  peut-^tre,  die  conGrme  la  y^rit^  de  cet 
axlome  d'histoire  litt^raire,  que  partoutia  po^ie  populaire 
pr^c^  la  po^ie  dev^  k  T^tat  d*art,  de  ro^e  que  par- 
tout  aussi  la  po^e  ^pique  ou  lyrico-^pique  pr^c^a  la  podsie 
pniement  lyrique.  En  effet,  bien  que  leplus  ancien  monu- 
ment de  la  lltt^rature  espagnole  parvenu  jusqu'ii  nous,  le 
Poema  del  Cid,  qui  date  de  la  moiti^  du  doudtoie  sitele, 
apparttame  64^  k  la  pofeie  rafting ,  d  bien  que,  en  ce  qui 
ed  de  la  forme,  ce  soit  une  imitation  encore  un  peu  gros- 
sly de  la  chanson  de  geste  frao^aise,  on  ne  saurait  ro6- 
connattra  ce  qo*dle  a  d^essentidlement  populdre,  d  dans  le 
dioix  du  so^  et  dans  la  glorification  du  li^ros  reprdsentant 


par  ekcellence  du  curact^re  national,  enlla  joaqne  dans  h 
forme,  oil ,  mdgrtf  rimHatlon  ndve  de  Tdranger,  apparatt 
toqionrs  la  forme  populdre  d  nationde  des  rdmoitces;  ce 
qui  ettt  d^  impossible  sMl  n'y  avait  pas  en  d^i  wm  potsie 
populdre  trto-d^vdoppte.  Nous  ignorons  qudles  ponvdent 
en  dre  les  formes,  de  mtoe  que  nous  D*en  possMons  point 
de  monuments  fort  anciens;  car  des  siteles  s'^ul^rent  pen- 
dant lesquds  dlen*exista  que  dans  la  bonche  du  peuple,  tou- 
joors  riyeunie  de  gditetien  en  gyration  i  d  en  nefongea 
k  en  recudlltr  les  monuments  que  lorsque  la  poMe,  plus  raf- 
fin4e  d  passte  a  Tdatd^art,  Jugea  ces  chants  ponulaires  di- 
gnes  de  son  attention ,  c*est-k-dire  au  coinmeitDement  do 
sdzitoie  sitele.  Cependant,  de  ces  productions  postdieures, 
de  ces  ronumees  devenues  d  cddnres,  il  est  permis  dlnl^er 
que  la  plus  andenne  poMe  popnUire  espagnole  avdt  un  ca- 
ractire  lyrioo-^ique,  d  que  sa  forme  primitive  diffdrdt  peu 
de  ce  <|u'dle  est  anJourdUmi.  O^  peut  afBrmer  que  ses  plus 
andennes  productions  ddent  des  diants  lyrioo-^ques  de 
la  nature  des  ronuiiices ,  dans  lesquds  le  gdiie  national 
cherdiait  k  se  manlfester,  tant6t  dans  la  personniOcation  du 
caract^  national ,  dans  des  h^ros  tenant  autant  de  la  1^ 
gende  que  de  Thistoire,  par  exemple  dans  Bernardo  del 
Carpio,  dans  leCid,  dans  Feman  Gonzalcii,  premier  comte 
de  Castillo;  tant^^t  dans  Texposition  idtelisee  et  Idgendaire 
des  ^vtoements  les  plus  importants  de  lliistoire  nationale, 
pv  exemple  la  mine  de  rempire  des  Goths  par  suite  de  la 
Mblesse  du  roi  Rodench ,  les  guerres  contre  les  Ifaores 
pour  la  possession  du  sol  d  pour  I'eiustenoe  nationde  die- 
mdne,  les  luttes  intestines  des  partis,  etc.  Quant  k  de  poren 
dpop^  telles  que  cdlesdes  Indiens,  des  Grecs,  des  Ger- 
mains,  ou  roemetdles  que  les  chansons  de  geste  des  Fran- 
fds,  les  Espagnols  ne  ponvdent  point  en  avoir,  paroe  qu'ils 
n'daient  point  une  nation  primitive,  paroe  qu*fl  n'y  avait 
point  de  continuity  dans  leiurs  mythes  primitifs,  parce  que 
iorsqu'ils  se  oonstitu^rent  en  nation  eepagnote  propremeni 
dite  (aprte  la  conqu^te  de  la  Pdninsule  par  les^habitants  des 
Asturies  an  ddriment  des  Arabes),  ils  v^rent  tout  de 
suite  dans  Tactnalit^  d  la  rtelitd  histonques,  d  qu'U  leur 
fut  d^sorroais  impossible  de  jouir  de  ce  calme  qui  seul  per- 
md  de  remonter  ^iquement  le  cours  des  siMes;  enfin, 
parce  que,  divis6i  pendant  longtemps  en  petits  £tats  et  en 
intdr6ts  diCE^rents,  ils  ne  porent  pas  m^me,  comme  les  Fran- 
cis, trottver  un  centre  ^pique  dans  une  monardiie  univer- 
selle.  VoUk  ce  qui  (ait  que  les  Espagnols  n'ont  pas  plus  de 
contes  populdres,proprement  dits  que  d'^popdes  naUondes, 
mais  aeulement  des  traditions  d  des  Idgendes  populaires,  ou 
des  chants  popnldres  tenant  tout  k  la  fois  de  la  l^ende  et 
de  Thistoire.  Cost  aussi  sur  cette  base  populaire  que  se 
ddvdoppa  leur  podsie  d'art  ou  raffinde,  d  seuleraent  encore 
sous  rinfluence  des  iddes  qui  avaient  gdidiilement  cours  en 
ce  temps-lit,  c'est-k-dire  sous  i'influence  des  iddes  cbeva- 
leresques  d  rdigieuses.  Ced  aind  qu'inddpendamment  de 
ce  poeme  moitid  Ugendaire  moitid  hjstorique  que  nous  avons 
d^jk  mentionnd,  Bl  Cid,  les  plus  anciennes  productions  de 
cette  poddesontles  Idgendesde  saints  dde  la  Vierge Marie  du 
prdtre  Gonido  deBerceo,  les  Idgendes  de  Marie  r£gyptienne 
et  des  Trois  Rois  Mages  ( treiddme  dtele ),  les  podmes  cheva- 
leresques  d*Alexandre  le  Grand  de  Juan  Lorenxo  de  Segura, 
des  Yotos  del  Pavon  (Vopux  des  Paons),  d*Apollonius  de 
Tyr  (encore  du  trdzidne  sidde),  et  le  podmede  Conde 
Feman  Gontalo,  qui  date  du quatorddme  si^e,  dqui  ddj^ 
alTede  davantage  la  forme  des  Cihroniqucs.  Sans  donte  dans 
tons  ces  po&nes  Tinfluenre  de  la  podsie  latine  d'dglise  du 
moyen  8ge  d  d^  la  podsie  chev^esque  fran^aise  apparatt 
visible,  d  pour  ee  qui  e^tdu  dioix  des  sujets  d  pour  ce  quft 
est  de  la  forme;  mais  du  moins  on  n*y  aper^oit  point  la 
moindre  trace  de  rinfluence  arabe,  et  le  cdoris  en  est  es- 
sentiellement  nationd.  Ces  poemes  sent  composes  tant6t 
en  filropbesd*alexandrins  monorimes,  k  IMnstar  des  ,poemes. 
franfais,  tant6t  dans  le  fbythme  fondamentd  et  national 
den  redoodilles. 
On  peut  encore  attdbuar  au  quatocddne  dtele  la  com- 


ESPAGINOLB 

fpofitioii  de  eet longueB  romances^  de  nature  ^pique,  dont 
Cliarlemagne  ef  ms  paladins  sonde  snjet^  etqui,  en  ce  qui  est 
du  fond  et  mtoie  de  la  forme,  proYiennent  peat  dtre.bien 
des  relations  que  les  joglares  espagnola  avi^nt  aTec  les 
jongleurs  du  midi  de  la  France.  Les  romances  de  Joglares 
different  encore  essentiellement  de  tootes  les  autrea  dans 
leur  forme  actuelle,  et  en  toua ,  cas  constituent  les  monu- 
ments les  plus  anciens  de  la  poesie  populaire  espagnole,  les 
premiers  du  moins  auxqneU  on  ait  pris  garde. 

Aprte  les  pofimes  populaires  plus  ou  moins  piques,  na- 
quit,  sous  rinfluence  surtout  d'A  1  p  li  o  n  s  e  X  de  CasUlle  on  le 
Sage,  nne  po^ie  savante  et  didactique,  une  po^e  par- 
venue  enfin  k  r^tatd^art.  En  effet,  AJphonse,  qui  r^nnissait 
^  sa  eour  des  /rovocfores  de  Galioa  et  de  ProTence,  et  jus- 
qu'k  dee  saTants  joifs  etarabes,  Alphonse,  qui  lui-m6me  cul- 
tiya  les  sciences  cabalistiques,  PastFonomie,  de  m6me  quil 
compose  aussl  qnelques  po^es  de  cour,  ne  flit  pas  settle- 
ment le  pretecteur  des  sdenceB,  des  saTants  et  des  partes , 
3*1  exer^  encore  sor  la  dTilisation  de  son  people  et  sur  le 
d^Teloppement  de  la  litt^ratnre  nationale  desCastillans  ime 
influence  autrement  pulssante,  par  le  zdle  arec  lequel  il 
ft*employa  pour  qu*on  cultiT&t  la  langue  du  pays  et  pour 
qu^on  l*appliqoAt  aux  sciences  et  k  la  po^ie.  Par  ses  or- 
dres  et  ayec  sa  cooptotion,  les  lois  du  pays  forent  r^ig^es 
dans  la  langue  nationale,  qui  rempla^  d^sormais  la  langue 
latine  comma  langue  judiciaire.  La  plus  cdl^re  de  ces  col- 
lections porte  le  titre  de  :  Las  stele  Partidas  ( dernl&re 
Edition;  Paris,  1^^7  J ;  fliaut  mentionner  ensuite  le Fuero 
raai  (meilleure  ^dman;  Madrid  17B1 ).  L'Acad^ie  espa- 
gnole  a  public  ses  autres  cBuyres  de  Jurisprudence  sous  le 
litre  de  :  Opusculos  legales  del  rey  Alonso  el  Sabio ; 
( Madrid,  1836 ).  Par  ordre  d'Alphonse  et  sous  sa  direction, 
on  compoea  en  langue  espagnole,  d'aprte  des  ouvraged 
latins,  une  clironique  universelle  et  une  biatoire  des  croi- 
sades;  le  premier  de  oes  oufrages  est  reste  manuscrit, 
le  second  a  dt^  imprim^  sous  le  Utre  de  la  gran  Con- 
quista  de  Ultramar  (Salamanque,  1503  ).  Ce  prince  fit 
en  outre  rMiger  en  langue  nationale  une  chronlque  g^n^- 
rale  d'£spagne  )usqu*k  la  mort  de  son  pdre;  c*est  la  Cro- 
nica  general  ( YalladoUd,  1604),  devenoe  si  c^l^bre  depuis. 
On  pent  done  consid^rerAlpbonse  Xcomme  le  v^tablecr^a- 
teur  de  la  prose  espagnole,  dans  laquelle  n'afaieiit  encore 
eu  lieu  avant  lui  que  d'insignifiantsessais,  tels  que  les  deux 
lettres  de  condol^ces  d*  Alexandre  le  Grand  nuiurant  k  sa 
m^re  Olympias,  jointea  an  po6me  d^Alezandre;  et  il  faut 
ajooter  qu'il  impqma  en  ontre  k  la  lititeture  nationale 
espagnole  une  direction  plus  didactique.  On  lui  attribue  en 
effet,  avec  beaucoup  plus  de  Traisemblance  que  le  Libro 
de  las  QuerelUu  ( dont  11  ne  reste  plus  d'aiUeurs  que  qnel- 
ques fragments  ),  un  poeme  didactique  sur  Tart  de  laire  de 
Tor,  le  LUnro  del  Tesoro  o  del  eandado,  qui  eut  cela 
irimportant  ponr  le  d^Tdoppement  de  la  po^ie  espagnole 
(levenue  un  art,  qu*il  n'est  plus  torit  en  stropbes  d'alexan- 
/inns,  forme  lonrde  et  ^trangdre,  mais  parde  en   coplas 
(le  arte  majors  partie  en  vers  de  buit  syllabes.  Par  la  me- 
Riire  plus  petite  de  Ters  dont  il  y  fait  usage,  de  m6me  que 
tians  les  cbants  galiciens  ( Cantigas),  dont  il  est  bien  plus 
certainement  encore  Pauteur,  on  pent  dire  qn'il  prepare  les 
voies  k  la  po4sle  lyrlque  espagnole.  Son  exemple  influa  aussi 
sur  ses  successeurs.  Cest  aicsi  que  son  fils  Sancbe  IV 
compose  El  Bravo^  onfrage  de  philosopbie  morale  ( rest^ 
mannserit),  qui  contient  en  49  diapitres  des  rigles  de  vie 
k  I'usage  de  son  ftis  Ferdinand  lY.  C'est  encore  alnsi  qn'on 
regarde  le  fils  dece dernier,  Alpbonse  XI,  leBon,  commel'au- 
teur  d'une  clironiqne  rimte,  en  stroplies  de  ledondilles ,  et 
qu*on  lui  attriboe  Element  le  m^rite  d^avoir  Ait  compo- 
ser en  pcoie  castillaiie  plusieura  ouvrages,  par  exemple  un 
regiitre  de  la  noblesse^  JBecerro,  un  livre  de  cliaaises,  Libro 
de  MonterUSf  et  diterses  cbroniques.  De  mftme,  le  recuell 
d^apologues  en  proae  de  Tinlant  don  Juan  Manuel  ( mort 
en  1247 ),  afec  les  proverbes  en  vers  qui  y  sent  joints,  re- 
cueil  conns  sons  le  titre  de  El  conde  iMcanor  ( public  par 


Afgote  de  Molina ;  ^villet  i67ft;  Madrid,  1643),  est  sur- 
tout i>Bmarquable  en  ee  qoH  y  fHrtente  sons  forme  de 
rteits  une  suite  de  Noatelles,  imitations  de  modules  orton- 
taux  et  en  partie  puista  aux  sources  orientales,  dans  lea- 
qnelles  on  troove  les  conseila  donn^  au  comte  Lucanor 
par  son  eonseiller  Patranio.  On  a  malbeureosement  perdu 
la  collection  de  potaes  compoete  par  ce  mdme  Infant  (£i- 
bro  de  los  Cantares  ). 

Le  po6te  le  plus  Important  du  qnatorzi^me  sitelefot  tr4a- 
certainement  rarchlpr^tve  de  Rita,  Juan  Ruiz,  mort  Ters 
la&l,  qui  compose  ^galement  toute  one  suite  de  NouTeUea 
en  strophes  d'alexandrins,  et  qui  a  foit  entrer  dans  ce  cadre 
see  poAke  lyriques  et  didactiqoes,  de  mtoie  que  des  chanta 
Arotiqaea  et  rellgieux,  des  pastorales,  des  fiibles,  etc. ;  toutes 
oeuTresd'une  importance  extreme  poor  Thistoirede  lalitt^ 
ratore  espagnole,  autant  en  raison  de  leur  valeur  po^qoe 
partiealttre ,  que  paroe  que  Tautear  s*y  4tait  express^ment 
propose  comme  bot  d^en  faire  un  modMe  de  toutea  les  eom« 
liinaisoos  ra^triques  alors  usitte  en  Espagne.  Ces  potaiee, 
de  m6me  que  les  prMdents,  dont  il  n*exiate  point  d'^ditiens 
particuU^es,  ont  ^  compris  par  Ochoa  dans  it  nouTolla 
Mitioa  de  la  Colecdon  de  poesias  casteiUmae  mUertoree 
al  siglo  XV  de  Sanchex  ( Paris,  1842 ).  Le  Rimado  de  Pa- 
lacio ,  livre  rim6  sor  Ja  vie  de  cour,  du  c^^re  chroniqoear 
Lopei  de  Ayala,  est  aussi  un  poSme  didactique  aoqnel 
se  trouvent  rattachte  quelques  digressions  ^piques.  La  di- 
rection qui  domina  k  la  fin  de  ce  sitele  apparatt  encore 
dans  les  ponies  de  Rabi  Saalo,  Juif  qui  toivit  en  vers,  k 
Tusagedu  roide  Castille  Pierre  le  Cruel,  des  oonseils  et  des 
r^les  ^e  vie;  dana  le  podne  de  la  Dense  des  Morts,  Dan%a 
general  de  la  Huerte;  dans  Timitation  espagnole  de  la  JNjmi 
Animss.  et  Corporis  do  latin  (aucun  de  ces  onvragea  n^ 
encore  M  imprim^),  ete.  Enfin  les  cbronkpies  d'Ayala 
et  de  Joan  Nunez  de  Villason,  la  chroniqne  en  pfose  da  Cid, 
le  r^tde  voyage  de  Ruy  Gonzalez  de  Clavijo,  etc.,  tteoi- 
gnent  dea  efforts  qu'on  tenta  dte  cette  ^poque  pour  cnltiver 
la  prose  espagnole.  C'est  anssi^  la  fin  de  cette preml4re  p^ 
riode  que  Ait  compost  VAmadis,  le  type  de  tant  de  re- 
mans espagnols  de  chevaleiie. 

lA  secondepMode  de  la  lltttoture  espagnole,  qui  s'6- 
tend  dn  r4gne  de  Jean  11  de  Castille  Josqu'l^  la  eonstitntion 
de  la  monarcble  universelle  espagnole,  sous  lea  rois  catho- 
Hqoes,  c*est-^-din  Jaaqu^k  la  fin  du  moyen  4ge,  bit  appa- 
raltre  la  direction  lyrique  en  premitoe  ligne  a^ec  la  direo- 
tion  didacHqne.  Lbl  formation  d'une  po6iie  lyrique  de  cour 
d'aprte  le  module  des  troobadours ,  pr^partedi^,  il  est  vrai, 
par  Alphonse  X,  mals  que  ce  prince  ne  put  r^aUser  qne  dans 
le  dialecte  de  la  Gallce,  ne  put  avoir  lieu  en  dialecte  cas- 
tlUan  qu'i^  la  cour  de  Jean  II.  Les  prte^dentes  tentatives 
de  venlfication  lyrique  y  avaient  rendu  propre  ce  dia- 
lecte ;  et  il  sufttt  alors  d'un  prince  anlm4  de  sentiments 
cbevaieresqnea  et  po^Uques,  comme  Jean  II,  pour  provo- 
quer  cette  esptee  de  resurrection  de  la  poteie  des  trouba- 
dours. II  en  rtalte  qne  cette  pe^ie  lyrique  castillane,  qui 
eut  une  oonr  poor  twrceau,  ressemble  beaucoup  k  la  po^ie 
proven^e,  surtout  k  celle  de  T^poque  la  plus  modernc , 
poor  ce  qui  est  du  ton  et  du  contenu.  C'est  une  po6sie 
de  conversation,  s'agitant  dans  le  cercle  ^troit  de  la  galan- 
terie  de  oonr  et  dans  les  Umites  du  bon  ton  dealers ,  dont 
la  monotonia  et  la  paovret6  didto  sent  le  grand  d^faut 
Elle  a  mtoie  d^jAqoelque  chuse  de  plua  lourd,  de  plus  rude , 
que  la  v^table  poMe  des  troubadours,  parce  que  d6j&  aussi 
le  prosalsme  et  Tascendant  de  plus  en  plus  marqu^  du  bon 
sens  sur  Timaginatlon  enlevaient  une  partie  de  leurs  forces 
k  la  cbevalerie  et  it  la  galanterie  id^es,  dteormais  rMuites  a 
rev^tirdes  formes  creuseset  vides.  II  est  impossible  toutefois 
de  m^eonnaltre  le  gtoie  national  mtoie  dans  ces  poMes  de 
cour,  oil  domine  Temploi  d'antitliisea  tantOt  finemcot  spi- 
ritueHes,  tantOt  ironiquea,  conune  ausai  dans  la  dialeetlque 
dont  le  sentiment  lait  usage  et  dans  lea  formes  populaires 
qu*elles  persistent  k  conserver*  Dans  cette  fbole  de  pontes 
,  de  coar,  ((ui  tous  se  ressemblent,  qui  n*ont  aucune  indivi- 

1. 


I 


mSPAGNOLE 


duality  pfopra^  et  <|iie  tedillftraiioedeleDiBiuiiiitpeiitNiito 
aider  k  ^^W^gMr  let  um  det  aotm  dana  lei  veeuBils  qa*0D 
a  puitfiids  de  lean  oenvna  aoua  le  tttre  de  Canekmenu  ( le 
ptaa  aaeieii est  celai de  Baena;  ^ient  eoaaite  eeloi  de  Fer- 
Daado  del  Gaitillo  [ VafladoUdy  1511  ]);  on  remaiqiieaurloiil 
lea  maiqaia  de  VilleBaetde  SantllUna,  et  Joan  de 
Mena,  doat  en  a  aosai  de  plus  grandas  compositioiiB  al- 
l^goriquea  et  dblaettquea,  oft  d^jA  Ton  Toit  lue  tendance  k 
luuter  lea  andena  mocttiea  elasaiqnea  et  lea  modules  italiena, 
le  Danle  aurtoot.  Nona  mentionnerona  encore  lea  troia  Man- 
rique  (Bodrigo*  Gomes  et  Jofge),  Maciaa,  Garci  Sancliei 
de  HadigoE,  Alonao  de  Carthagtee,  Diego  de  San  Pedro,  dont 
on  a  aiisst  deui  romana  d'amoury  moitl4  en  proae  moitid 
rini^s  {Careel  del  AmAr  et  Quettion  de  Amor)^  qui  aont 
lestte oeUA>re8,  et  enfin  Feman  Pem  de  Guaman ,  qui s'eat 
aus«i  foit  un  nom  comme  tdatorien.  Dana  aea  ouTragea 
histonques,  comme  dana  ceui  de  Hermando  de  Pulgar, 
on  aper^oit  d^  le  progrte  du  simple  stjle  de  la  ebroniqoe 
h  celui  de  I'eiposition  pragmatique.  II  existe  en  outre  de 
Pulgar  une  collection  de  lettres ,  qui,  atec  celle  de  Cindad- 
Real  9  peut  donner  une  id^  de  oe  qu*^tait  aloia  le  style 
^pistolidre.  On  trouTcra  on  choix  de  productlona  hlstori- 
qnes  de  oette 6poque  dana  la  CaUccion  de  Crcnieat  (Madrid, 
1779-1787);  et  plusieurs  ouTrages  dea  troia  toifains  que 
nous  Tenons  de  nommer ,  ont  ^.  imprimte  coUeetiTement 

( 1776). 

A  eette  pMode  appartiennent  encore  les  commencements 
du  drame  espagnol ,  qui ,  lui  aussi ,  eut  lea  solennitte  reli- 
gtenses  et  les  r^uissances  nationales  pour  berceau ;  et  on 
y  pent  ^galement  comprendre  les  dialogues  alMgoriques  et 
aatlriqaes  de  SantiUana  et  de  Rodrigo  de  Gota  I'ancien, 
qu*ontient  pour  Pautenr  d*un  dialogue  pastoral  intitule 
Mingo-Bebulgo  et  oontenant  une  peinture  aatirique  de  la 
ooiir  de  Henri  IV  de  CaaUlle,  les  Pastorales  de  Juan  de  la 
Enclna,  et  surtout  la  CeleeHnOf  ce  roman  draniatique  si 
c^iabre  de  Fernando  de  Eojaa,  ouvrage  consid^r^  k  bon 
droit  anjourd'hui  encore  comme  Tnn  des  mellleurs  de  la  lit- 
t^ratureespagnole,  aotant  k  cause  de  son  style,  Tiaiment  das- 
aique,qufrde  rhabilet^aTeclaquelle  les  mcsursy  son!  dtoites 
etdelaTMtAdescaract^res(l'*6iit.,  Medina  Campo,  1499; 
la  mdlleure  eat  celle  qui  fait  partie  de  la  Bibliueca  de 
tmtoree  eepahotet  ( Madrid,  ia4a).llaMtraduitdanstoutes 
les  langnes  (rdcemmeot  encore  en  francs,  par  Germond  de 
LaTigne;  Paris,  1844),  dem^nie  qu'il  proToqna  une  foule 
I'imitationa. 

La  Iroisi^me  pMode,  qui  a^^tend  de  la  premiere  moilid 
du  seiiitene  sitele  jusqu^it  la  moiti^  du  dix-hnititoie,  com- 
prend  le  d^veloppement  de  la  Utt^rature  espagnole  dans 
loutes  les  directions  et  son  ^poque  la  plus  brillante,  puis  sa 
dteadence,  aiors  qu'elle  eut  attaint  son  apogte  dans 
TAge  d'or  des  Philippe  et  qu*elle  s'effor^  de  rem^ier  k  la 
diminution  de  ses  forces  par  Tenflure  et  I'exag^ratioo,  enfin 
Miu  complet  ^uisement.  EUe  suit  par  cons^uent  pas  i  pas 
ii»>  d^veloppements  de  I'^t  politique  et  social  de  la  mo- 
iiarcliie  espagnole.  Que  si  en  efTet  la  reunion  des  couronnes 
de  Castille  et  d'Aragon  sur  la  t^te  des  rois  catlioliques,  la 
•  conquate  du  royaume  de  Grenade,  dernier  d^ris  de  la 
pulasance  roaure  en  Espagne,  la  d^uverte  d*uii  noiivcau 
monde  et  la  domination  sur  une  grande  partie  de  i'ltalie, 
s.)r  les  Pays*Bas,  sur  le  Portugal,  transforroirent  les  pelits 
rcyaumes  espagnols,  dont  la  Castille  ^tait  le  coMir,  en  unemo- 
njKchie  unirerselle;  en  rerancbe,  la  langue  et  la  litl^rature 
tastnianea  non-senlement  se  transform^rent  aussi  en  langue 
el  litt^nAnra  eapagnoles  proprement  dites,  mais  encore  de- 
▼inrant  dea  pins  influentes  qu*il  y  eAt  alors  an  monde; 
l*euig6fition,  pais  la  dissolution  de  la  puissance  politique, 
durent  natnrellement  r^r  sur  la  litt^ratnre.  Ge  qui  se 
pr^paraH  dans  la  p4§riode  prMdente  se  d^veloppa  com- 
pl^tement  dans  celle-ci,  par  Tunion  plus  intime  qui  s'o- 
pira  aiors  entre  PEapagne  et  Tltalie;  k  savo'v  :  Tadop- 
tion  par  la  po^e  espagnole  des  formes  des  anciens  mo- 
uses cl^ssiqu^  e^  if»  modules  italiens,  pouss^  jusqu'^ 


aTasaimiler  dea  rhythmea  pvHcotea  n  gMe  Mfen,  la 
Teia  de  aepC  et  eefari  de  onw  syDabea,  et  lea  fbrmea  font 
itaUenaea  dea  aomieta,  dea  ottave  rime^  des  ierzine^  dea 
eanxume.  Xoutefoia,  rindividnalit^  dn  gteie  national  na 
dispamt  paa  plua  aous  cette  imitatkm  des  Itattena  que  oe 
n^Tait  ^  le  caa  lonque  svift  prMdemment  ea  Hen  l^ni- 
tatkm  des  Proten^anx,  attendu  que  la  poMe  espagnole 
Avail  des  basea  essentiellemeni  populalres.  On  peut  mane 
dire  querto>le  Ualienne,  dont  lea corypbte  AneBl  Boseaa, 
qd  avail  suifi  le  due  d*Albe  en  Italie,elqnldans  lasod^t 
surtout  de  renvoy^  vteitien  Navagero  avail  acquis  une 
connaissance  approfondle  de  la  tttttetoreitalleane,  Garei- 
laso  de  la  Vega,  Diego  Hnrtado  de  Mendoia,  etc.,  en 
vint  sous  Gastillejo  k  former  m  parti  stricteneni  attach^ 
anx  andennea  formea  nationales,  juaqu'k  ce  que  de  la 
ftiskm  qui  s'opte  entre  rUnitatioo  wkfin  dea  fwmea  plna 
oondses  et  plus  ^Mgantes  des  daaaiqnes  et  le  respect  so- 
perstf tienx  pour  le  gteie  populaire  et  le  carad^  national 
r6aulla  la  bean  monvement  litlfralra  signaM  par  Tapparition 
des  poesies  de  Hernando  de  Herrera,  de  Luia  Ponce  de 
L^on,  de  Hernando  de  Acuna  ( morl  en  1580 ),  Tun  dea 
premiers  qui  alt  su  marier  beoreusemenl  le  style  national 
el  le  sty  le  italien,  el  Jorge  de  M  0  n  le  m  a  y  o  r.  C'est  ce  dernier 
qui,  avec  son  compatriote  le  Portugaia  Sade  Miranda, 
Introdoisil  le  roman  pastoral  moitM  vera  moitM  pnise. 
La  si  cd^bre  IHana  de  Monlemayor  Cut  dignemenl  oontinute 
par  Gil  Polo.  Dans  la  ibole  de  pottos  qui  se  rattacbeni 
immMiatemenl  k  ceux  que  nooa  venona  de  nommer,  on  dis- 
tingue Francisco  de  Rioja,  Baitaxar  de  Alcazar,  aous  Pbl- 
llppe  II,  poete  extrftmement  gracieux  et  spirituel ;  Vicente 
Espinel,  les  deux  Figueroa,  Pedro  Soto  de  Rojas, 
Cristoval  de  Mesa,  Agustin  de  T^jada  et  Luia  Barabona  de 
Soto. 

Aprte  cetle  esp^  de  oonciUation,  Pantagonisme  entre 
limitation  classique  et  le  gtoie  national  se  produiait  encore 
une  foia  dans  cette  mtoie  pMode,  quand  limitation  eut 
perdu  Pattrait  de  la  nouveaut^,  et  lorsque  le  gdnie  national, 
en  rattacbant  plus  ^troitement  la  po4aie  d'art  k  la  podsie  po- 
pulaire ,  eut  gagD^  de  la  force.  A  ce  moment,  lea  «leux  direc- 
tions furent  pousste  k  rextrtene,  et  souvent  mAne,  clioae 
bixarre,  furent  suivies  par  le  mtaie  ^crivain.  iUnsI  lea 
frferes  Argensola  ne  se  contentfereni  pas  d'imiler  le  das- 
sidsme  temp^  dans  Titalien  par  Tddmenl  modeme,  mala 
vis^rent  aussi  k  iraiter  Horace.  Cost  ainsi  qu'Eatevan  de 
Vi  1  legas  compose  ses  Brotieas  d'aprte  le  modde  d*Ana- 
crton ,  en  se  servant  mtaie  de  formes  mMqnes  tout  k  foil 
empruntte  aux  anciens  dassiqaes;  et  que  Juan  de  Jau- 
r  e  g  u  i  traduisit  non-seulement  VAminta  du  Tasse  d  le  Pastor 
Ado  de  Guarini ,  mais  encore  la  Pbarsale  de  Lucaln.  D*nn 
autre  c6t6,  Gongora  et  Quevedo  s*e(foro^rent  dlntro- 
duire  el  de  cultiver  dans  la  po^le  d'art  le  style  particulfer 
aux  rovMOieeSf  tout  en  cliercbant  k  d^passer  encore  les  Ita- 
liens  d  k  introduire,  k  I'instar  des  Marinistes,  nn  prdendu 
style  d^gant,  d  ing^nieux,  qui  d^didv  tout  au^sitdt  en 
cuUorisme.  Toutefois,  11  est  vrai  de  dire  que  raitention 
toute  particuli^e  accord^  dte  lors  k  la  po^ie  populaire  par 
la  po^e  d*art,  eut  pour  la  premiere  fois  des  r^ltats  fort 
utiles.  Sans  doule,  IMpoque  ddt  depuls  loogtemps  passee  od 
la  poMe  populaire  brillait  do  plus  vif  telat  dans  les  romaneet 
lyrico-^piques;  car  k  la  suite  de  rantagonlmie  toujour:^ 
plus  pronono6  qui ,  dans  la  pMode  pr^^c^dente  avail  aurgi 
entre  la  podsie  d'art  d  la  po6sie  populaire ,  et  en  raison  de  la 
ligne  de  demarcation  de  plus  en  plus  trancbte  qui  s*dabltl 
entre  lea  daasea  instruites  et  le  peuple,  la  po^sie  popoldre 
se  trouva  dte  lors  toujonrs  plus  limits  aux  basses  classes 
de  la  society  d  sans  importance  politique,  en  mtaie  temps 
que  ses  cbants,  r^uits  k  n'avdr  pour  aujets  que  des  int^rda 
purement  bumains  ou  encore  spdciaux  d  locaux,  ne  com- 
prirent  plus  que  les  molndres  genres  lyriqnes  (leirillas, 
seguidUloMf  do.)»  consacr6i&  cd^brerramour,  la  dense,  etc. 
Mais  lors  de  la  r6surredion  du  g^nie  national,  ceux  qui 
cultivaient  la  po^ie  d'art  en  vinrent  bientOI  ^tiouver  un  tai> 


ESPAGNOLE 


lAM  UilonqiM  et  cith^tfqiie  aux  andennes  romances  po- 
putadrw.  Oa  let  nmH  ilors  en  iamitee,  on  les  ncneiUH; 
let  ^adlU  et  left  pottee  liTalisirent  poor  les  imiter,  poor 
left  coltiTeTy  chaemi  k  sa  b^on;  en  on  mot,  poor  les  Airer 
Jnsqn'ii  lenr  sphto,  ainsi  qu'ils  se  Plmaginaient  tons  tite- 
sinci^rement  CTest  de  la  sorte  qae  furent  entreprises  depob 
le  miiiea  da  seizi^me  fti^cle  jusqu'au  milieu  do  dlx-septiteM 
laplupartdes  eoUectioiisde romancef,  lesqaeUes,  &  yrai 
dire,  k  cM  d'andennes  et  autbentiqaes  rmnances  piques 
populaires,  oontfennent  one  foole  de  rmnances  apocrypfaes 
en  forme  de  chroniqoes  oa  encore  purement  lyriqoes, 
OBUTres  de  savants  ou  bien  de  pottea  d'art.  EUea  4taient  done 
nioinft  propreft  qu'li  TorigSne  de  la  littMtnre  espagnole  k 
doter  TEspagne  d*ane  T^ritable  poMe  ^plque,  et  dans  le 
grand  nombre  d*^pop£es  ainsi  bbriqudesd'aprte  les  modules 
clasaiqaeftet  italieos,  II  nV  a  toat  an  plus  que  le  Bernardo 
de  Balbnena,le  Monserrate  de  Viroes,  la  Betica  de 
CueTa,  la  Cristiadadts  Padre  Hojeda,  qui  s^^iyent  au- 
dessna  de  la  mAdiocrit^  VAraueana  d*  Br  cilia  seule  nous 
olfre  le  TMtablegfoie  de  r^p6e,  parce  qae  les  bases  en  sont 
Tdritablement^qoes.  Le  contraste  existent  entre  ces  dlTers 
efforts  poor  crter  one  T^ritable  ^popte  et  les  drconstances 
an  mflien  descpielles  on  les  tentait  donna  nalssance  anx 
cbefe-d'oBorre  de  V6pop6e  comiqne,  les  pofimes  bdrol-comi- 
qaes  de  Lope  de  Vega  (Gaimnaqfiia)^  de  VillaTldosa 
( Mosguea)  et  de  Qnevedo.  Mais  ces  ^Uments  ^ques  des 
andennes  romoiiees,  onis  k  une  lyriqoe  ^Tte  k  T^tat  d^art, 
Inflnirent  d*ane  manito  beurense  sor  le  d^Tdoppement  do 
drame  national  d*art,4e  la  comedia. 

La  po^sie  dramatique,  devenae  aossi  en  Espagne,  ayec  les 
d^Tdoppements  multipli^  et  llnstniction  de  plus  en  plus 
grande  des  masses,  un  besoin  de  la  nation  et  Pexpression  la 
plus  Trale  de  sa  Tie  intellectuelle,  avait  tout  d*abord  troav^ 
dans  Nabarro,  Gil  Vicente  et  Lope  de  Rueda  des  re- 
prtentantft  poor  lee  prindpales  directions  qo'elle  snivit 
depuis.  An  premier  semble  appartenir  llnTention  des  oeurres 
id^ales  et  d'imagination,  des  pitees  k  intrigaes  et  complica- 
tionft  (comedias  de  ruido,  comedias  de  eopa  y  espada). 
Danft  left  denx  demiers  on  peat  Toir  les  prteorseurs  des 
pdntures  de  caradtees  fiddes  k  la  yMlA  et  li  la  nature , 
genre  auqod  se  rattachent  les  anteurs  de  pitees  dites  pr^ 
ludes  et  IntermMes  ( loas,  pasos,  /arsos,  entremeses^ 
sainetes  et  comedias  dejlguron ). 

A  c6t^  de  ces  genres  oontinate«nt  faidubitablement  d*exi8ter 
left  pitees  religieuses,  qui,  en  Espagne  comma  partout  all- 
leurs,  ftirent  le  point  de  depart  du  drame,  et  qai  par  la  suite 
arrlTirent  k  eonstituer  deux  genres  difliirents;  les  autos 
sacramentaleSf  c'est4*dire  pitees  de  la  Pasdon,  et  les  autos 
al  nacimienio^  pitees  de  Noel,  k  la  manite  des  morality 
alMgoriqoes  do  moyen  Age;  et  les  comedias  divlnas  et  de 
Santos ,  on  reprtentations  dont  les  scyets  ^talent  emprunt^ 
k  THlstoire  Sainle  et  aux  I6gendes  de  saints,  asset  semblables 
aux  myst^res  et  anx  miracles.  Dans  oe  domaine  de  Tart,  les 
partisans  da  clasddsny  aTaient  essays,  an  moyen  soit  de 
traductions  soit  dioiitations,  de  donner  an  drame  espagnol 
lea  formes  des  rooddes  antiques,  par  exemple  Boscan, 
Feman  Perei  de  Oliya,  Joan  de  Malara,  vers  le  milieu  du 
•dzi^me  sitele,  et  plusieurs  poi&les  de  I'^cole  de  Sdrille, 
tels  que  Geronimo  Bermudea,  mort  Ters  15S9,  qui  compose, 
aous  le  nom  d*Antonio  de  Silva,  denx  tragMies  ayec  chceurs; 
maiSy  pas  pins  que  les  essals  critiques  postMeurs  de  Rey 
de  Artieda,  de  Gascales,  de  Cristoval  de  Mesa, de  Villegas, 
d^Argenaola,  eto. ,  ils  ne  rfosdrent  k  entravcr  le  ricbe  et 
complet  d^vdoppement  de  la  comMie  nationale. 

Cette  brillante  pM>de  du  drame  espagnol  s'^tend  depois 
la  commencement  dn  seixitaie  sitele  Jasqu*li  la  fin  du  dix- 
sepCitae  sitele;  et  lea  nombreux  pontes  dramatiqaes  de  ce 
temps-Ui  se  divisent  en  denx  grands  gronpea,  an  centre  de 
cbacon  desquds  brillent  Lope  de  Vega  et  Calderon.  On 
pent  done  oondd^rer  et  comme  prtearseurs  et  comme  suc- 
eesseurs  du  premier  Cueva  et  Vlrues,  qai  tout  deux  se  sont 
fdt  on  aom  coamepoetoa  ^ilqaeti  CenranteSi  qui  tontefoia 


dans  ce  genre  est  restA  infdrieor  ALope;GiiiOen  deCaatro, 
mort  en  1631,  dent  le  dd  aerrit  de  modde  k  la  |rftee  de 
Comdile;  Loia'^elei  de  Guerara,  Juan  Perei  de  Mon- 
talYan;  Gabrid  Tdlez,  connn  sous  le  nom  de  TIrao  de 
Molina;  Juan  Ruyx  de  Alarcon,  etc  Tons  ces  pottos,  et 
aurtont  Lope  de  Vega,  se  distlnguent  par  one  grande  ri- 
cbesse  dlnvention,  par  roriginalit^  de  leors  conceptions,  et 
par  lenr  babOet6  k  saldr  la  nature  sor  le  ftit  et  ii  la  repro- 
duire  dana  toote  aa  T^rit^  On  pent  lea  eondddrar  comme 
les  crteteors  dn  drame  espagnol;  ceuTre  poor  laqodle  fla 
employ^rent  des  dements  essentiellement  natlonanx,  en 
mteae  temps  qu'ils  ttdent  inspirte  par  nn  enthondasrae 
tout  populdre  et  par  Hmaginatton  la  plus  ardente  et  la  plna 
fralcbe,  et  que  d^parent  seolement  qodqaelbis  Texagtetioa 
du  ton,  Tabsence  de  formes  et  on  travail  beancoup  trop 
pr6dpit^.  Cbex  Calderon ,  la  rdlexion  modtetrice  et  one 
exteution  pins  soignte  duis  les  ddails  s'assodent  k  cette 
originality  et  k  cette  exubtence  d*imagination;  ansd  nooa 
repr^sente-t-il  le  dernier  degr6  de  perfedlon  anqnd  le  drame 
espagnol  soit  arrive.  II  agit  k  P^gard  de  Lope  de  Vega  et  de 
ses  pr^d^cesseors,  qu'il  d^paase  de  plndeora  condta,  comme 
nn  habile  jardinSer  k  T^gurd  d'une  terre  gMreuse,  dont  0 
profite  sagement,  ijoutant  par  I'art  k  sea  qnalitte  natnreUes, 
les  id^alisant  et  les  portent  an  comble  de  la  perfection.  De 
ses  socoessenrs  les  plus  cdd)rea  ftirent  Frandsoo  de  Rojas , 
AgOBtin  Moreto,  Rragoso,  qnl  Tivalt  vers  1650 » J.-B.  Dia- 
mante, dont  le  Cid  serrit  anssi  beaucoop  k  Comdile,  An- 
tonio Hurtado  de  Mendoza,  Juan  de  la  Hoa,  mort  vera  la 
fin  do  dix-septitaie  sitele;  Antonio  de  Soils,  dont  la  repu- 
tation est  pittt6t  fondte  sor  ses  oovragea  liistoriques,  et 
Agustin  de  Sdaiar  y  Torres,  mort  en  167&,  qnl  dana  sea 
(Euvres  lyriqoes  et  dramatiques  indine  d^JA  vers  VesiUo 
culto,  mala  qui  dans  ses  dramas  fait  preuve  de  imagination 
la  plus  puissante  et  la  plus  fteonde.  Alora  mAme  qoe  vera 
la  fin  de  cette  pMode  la  po^sie  espagnole  se  troova  r6- 
duite  k  un  ttat  d'^puisement  complet,  par  suite  de  la  d6g6- 
n^rescenoe  que  lui  fit  subir  le  cult^raniame,  la  po^ 
dramatique  ne  laissa  paa  que  de  Jeter  encore  de  VMsi  dans 
qadques  ceuvres  od  respire  le  g^nie  nationd,  par  exemple 
dans  celles  de  Bances  Candamo  ( mort  en  1709 ),  de  CaiU- 
zares  ( mort  vers  1750 )  et  de  Antonio  de  Zamora  (  mort  en 
1721 ),  leaqods  peuventr^tre  oonsidMs  comme  lescr^ateurs 
de  la  comedia  de  Jlguron.  L'opte  de  Moiart  a  rendu 
oddMre  le  Don  Jttan  du  dernier.  Panni  les  autres  poetes, 
dont  le  nombre  immense  ne  prouve  que  la  ddcadence  de 
Tart,  on  pent  tout  an  plus  mentlonner  les  romanders  Es- 
quillache  et  Arteaga  (mort  en  16S3),  Bemardin  de  Re- 
bolledo  (mort  en  1676),  et  Ines  de  la  Craiy  rdi^ense 
mexicabie,  morte  vers  1700. 

La  prose  eut  dans  cette  p^riode  le  mtoe  sort  que  la  po^ 
sie.  Ul  aussi  deux  directions  prindpdes  apparaissent  blea 
▼isibles  :  la  tendance  k  la  conddon  et  k  Pd^gance  de  la 
forme  d'aprte  les  moddob  dntiqoes,  et  le  d^doppement  dn 
style  national  La  premi^  de  cea  tendancea  se  manifesto 
d'abord  chei  les  liistoriens  qui  dte  lors  abaodonntoent  en 
parfdte  oonnalssance  de  cause  Panden  style  deft  chroniqoes, 
et  cherch^rent  k  ft*approprier  les  formes  et  ]es  proportions 
savantes  des  Grecs  et  des  Romains.  On  la  remarqne  d^^k 
dans  les  ourrages  de  Phistorien  de  Cbarles-Qnint,  Antonio 
de  Goeyara  ( mort  en  1546 ),  de  Pedro  M<jia  ( roorten  1552 ), 
etde  J.-B.  SepolToda  (mort  en  1574),  et  surtout  dans  VBis- 
ioria  de  la  Guerra  contra  los  MoirUcos  de  Mendoza,  dont 
Pouvrage  a  M  continud  par  le  comte  Portdegre  (mort 
en  1601 ),  lequd,  il  tkut  le  dire,  est  resid  inf<6rieur  k  son 
roodde.  Cette  Toie  fut  suivie  par  lea  autenrs  d'HIaloirea  oni- 
versdles  d*Espagne,  Fl.  de  Ocampo  et  Ambiosio  Moffilea 
(mort  en  1594),  par  Hiistoriograpbe  de  la  cooronna  d*Ara- 
gon  Zurita  et  par  son  continuateur  le  po6te  B.-L.  de  Argen- 
sola,  d^k  nomm^,  par  Fr.-M.  de  Mdo,  conm  ^gdement 
comme  po6te,  mais  bien  plua  cdd>re  par  son  Hialoira  de 
PInsurrection  de  Catalogue,  par  Francisco  de  Moncada,  par 
le  marqais  dd  Esplnar,  autenr  d  une  hiitiiire  de  la  giorra  do 


ESPAGNOLE 


I^f-8aft  ae  iMa  k  1699,  ^lans  bqaeUe  il  joua  un  r6ie,  et 
ooinmeg^^raL  el  comme  diplomate,  par  Antonio  de  Iler- 
rera  et  par  Antonio  de  Solis;  tandis  queens  Thistoire  de 
sa  patrie,  toite  en  espagnol  par  Mariana,  le  style  natio^ 
nal,  aoobli  par  I'i^tude  des  modeles  de  l*antiquit6,  parYient 
a  autant  d'originalit^  que  de  perfection.  La  tendance  k 
ia  didactique  et  li  la  reflexion,  qui  d6}k  se  manifestait 
dans  la  {M^riode  prMdentei  trouya  alors  dans  une  prose 
mieux  formte  une  expression  plus  conyenable.  On  en  a  la 
preoTe  dans  lea  dissertatious  morales  et  philosophiqoes  de 
PerqadeOliva  et  dans  son  oontinuateur,  Francisco  Cenrantes 
de  Salaxai  (mort  en  1546),  dans  le  prosateur  Guevara,  d^j^ 
mentioim^  parmi  les  hi^riens,  dans  Mejia,  auteur  des  Jte- 
loj  de  jprineipei ,  du  Menospreeio  de  la  eorU^  de  la  Silva 
de  varia  leceUm  et  da  Dialogos  eruditos ,  etc.,  de  m6me 
que  dans  les  toils  politiques  de  Saated  ra  y  Faxardo, 
dans  les  correspondanees  eotretenues  ayec  tant  de  finesse 
diplomatique  par  le  secretaire  Intime  de  Philippe  II,  Antonio 
Perex  (oiras  yreladonei;  Paris,  1598),  dans  les  medi- 
tations philosophiques  de  Juan  Huarte.  Cependant  il  y  a 
encore  autrement  de  chalair  et  d'origlnalit6  dans  les  ou- 
vrages  niS^mx  et  aso^tiques  si  parfaitement  conformes  k 
>*e8prit  national  des  doe  Lutses,  le  poete  Fr.  Luis  de  L^on 
et  le  c^ebre  orateur  sacrA  Fr.  Luis  de  Granada;  de  Soeur 
Santa  Teresa  de  Jesus,  laqueUe  a  trouy^  un  digne  bio- 
grapheen  Fr.  Diego  y  Yepes  (mort  en  1613),  c^iebre  aussi 
comme  toivain  asc^tique ;  dans  ceux  de  S.  Juan  de  la 
Crux  (mort  en  1592)  et  de  Pedro  Melon  de  Gbaide  (mort 
en  1618 ),  poetes  et  prosateurs  non  nioins  cd^bres  par  leurs 
poestes  religieuses.  Le  digne  LasGasas  d^fendit  ayec  la 
dialeur  d^entbousiasme  qa*inspire  l*amour  deses  semblables, 
et  avec  l*eieganced*un  style  dipinemmentclassique,  Thuma- 
nit^  opprim^e  en  Amdrique. 

La  prose  se  d^yeloppa  encore  d*uue  mani^  plus  carac* 
Ufristique  dans  les  ouyrages  d'imagination.  G'est  ainsi  que 
les  fijtaies  epioo-prosaiques  du  roman  et  de  la  nooyelle,  qui 
seules  aujourd*hui.tepondent  encore  k  une  ciyilisation  avan- 
o^e ,  fiirent  aussi  cultivees  ayec  soin  en  Espagne.  A  la  ve- 
rity le  roman  de  cheyalerie,  en  raison  de  nd^e  morte  depuis 
longtemps  qn*il  repr^aentait,  en  raison  du  contraste  de  plus 
en  pins  frappant  qu^il  offrait  ayec  la  r^allie  dans  les  nom- 
breuses  imitations  de  VAmadis,  les  Palmerins,  Prima- 
MoD,  etc.,  etait  depuis  longtemps  deyenu  une  caricature  sans 
port^e;  et  sans  doute  aussi  la  nouyelle  etait  une  nouyelle 
forme  littAiire  yenue  dUtaUe  en  Espagne,  qni  fut  d'abord 
iroitee  ayec  asses  pen  dliabilete  par  Juan  Timonoda,  yers 
1576,  et  par  Nunea  de  Reinoso,  \ers  1550,  etc«  Maisle  con- 
traste existant  dans  le  roman  de  cheyalerie  ayec  la  reality 
Alt  ironiquement  parodie  ayec  I'uniyersalite  et  la  profondeur 
du  g^nie  par  Timmortel  Geryantes  dans  le  Don  (H<(/o/e, 
regard^  en  m6me  temps  comme  le  module  inimitable  de 
la  prose  espagnole ;  et  le  m6me  Geryantes,  dans  ses  Novelas 
tjemplaree^  ainsI  que  dans  ses  Trabajos  de  Persiles  y  Si- 
giemunda^  sot  si  admirablementnatlonaliser  la  nouyelle  et 
le  roman  d*amoar,  que  ces  genres  deyinrent  toot  k  fait 
popuiaires,  et  quMleotbeaucoupdMmitateors,  sans  qu^m 
seal  d'entre  eux  pOf  d*ailleors  T^galer.  Les  satires  de  Cer- 
yantejt  semblent  avoir  ete  moins  pr^judiciablesau  roman  pas- 
toral, introduit  par  Montemayor,  et  qni  appartient  aussi  en 
partle  k  la  prose,  qu^au  roman  de  cheyalerie ;  car  Geryantes 
Iui-m6me  est  Pauteur  de  Galatea ,  Tune  des  meilleures  pro- 
ductions de  ce  genre,  qui  fut  encore  cultivi  pendant  long- 
temps par  Lope  de  Vega,  Montalvo  et  autres.  Mais  les  plus 
dminents  prosateurs  espagnols  s^appliquirent  dte  lors  k  la 
pdnture  des  mooura  nouvelles  et  des  rapports  sociaux  du 
temps  du  ils  viyalent  Gest  ce  qni  fut  fait  tant6t  dans  de 
petites  nouvelles,  genre  dans  lequel  Gervantea  foumit  des 
modules  sufvis  par  Montalvan,  Mariana  de  Garavajal  (Ao- 
Mtos;  Paris,  1646),  etc.,  tant6t  dans  lea  c^l^bres  romans 
eonsacrM  li  la  peintore  des  miBors  et  des  pratiques  des  f  ri- 
pons,  k  I'inslar  du  LoMarillo  de  Tormes  de  Mendoza ,  par 
example  dans  le  Gwuman  de  Al/araehe  de  Mateo  Aleman , 


dans  le  Gran  Taeatio  de  Quevedo,  ^t  dans  Marcoi  pbregem 
d'Esphiel. 

Les  recits  burlesques  dont  Quevedo  donna  la  premier 
l*exempiedans  ses  Suenos,  imit^  avec  le  plus  grwad  succ^ 
par  L.-P.  de  Guevara  dans  son  JHdblo  cqjuelp^  puis  en 
dernier  lien  par  Saavedra  Faxardo  avec  une  grande  liberty 
dans  sa  Mqmblica  lUeraria ,  et  qni  out  pass^  ensulte  dans 
presque  toutes  les  litt^ratures  de  I'Europe ,  forment  une  trol- 
sitoe  s^rie  de  peintures  dela  vie  espagnole.  Le  roman  hls- 
torique  d^buta  aussi  k  cette  <$poque  en  Espagne  dans  la 
c^l&bre  Historia  de  las  Guerras  Hviles  de  Granada  de 
Gmes  Perex  de  Hita  (mort  vers  1590)  et  dans  VBisteria 
de  los  Incas  del  Peru  de  Juan  Garcllaso  de  la  Vega  (mort 
en  1620).  Bfais  vers  la  fin  de  cette  ^poque  la  prose  ne  souf- 
frit  pas  moins  que  la  po^le  de  rinfluence  exercte  par  les 
gongoristeSf  et  tomba  de  son  classidsme  dans  les  bizar- 
reries  de  Vestilo  culto  (  voye%  Ccltorishe).  Le  j^uite 
Ballasar  Gradan  est  Tun  des  dcrivalns  les  plus  distingue 
de  cette  tole ,  quoique  la  recherche  et  U  manii^re  nuisent 
singuUtoment  k  son  talent. 

La  qwUrihiie  pMode,  qui  commence  au  mAieu  du 
dix*hulU&me  si^e  et  se  continue  Jusqu'li  nos  jours,  est 
caract^ris^  par  rirrupUon  en  Espagne  de  la  civilisation 
modems,  et  surtout  de  la  civilisation  fran^se,  par  ses  luttes 
et  ses  triomphes  partiels  sur  Tancien  dement  national,  d^k 
6tem%  sous  beaucoop  de  rapports ,  enfin  par  la  tendance  k 
r^4n^rer,  oonform^ment  k  Tesprit  de  notr^sitele,  ce  qn*on 
peutiencoreconserver,  et  k  le  fondre  avec  les  6l|6ments  euro- 
pdens  modernes.  La  mort  du  dernier  et  du  plus  incapable 
des  princes  de  la  maison  de  Hapsboorg,  de  Cliarles  II,  fut, 
dans  la  litt^tnre  espagnole,  le  signal  d*un  temps  d*arr6t 
ressemblant  beaucoup  k  une  lethargic.  On  retrouva  bien  la 
tranquillity  n^cessaire  aux  orations  litt6raires,  quand   la 
guerre  de  succession  fut  terming  et  lorsqoe  la  domination 
de  la  maison  de  Bourbon  se  trouva  consolidde ;  mais  un  es- 
prit nouveau ,  Tesprit  francs  moderne ,  avail  francbi  les 
Pyr6n6es  en  m6me  temps  que  la  nouvelle  dynastie;  et  en 
raison  de  la  d^dn^rescence  et  de  r<$pulsement  de  I^cien 
gofit  national ,  il  dut  bientdt  acquerir  une  grands  influence 
et  m6me  6tre  consid^r^  comme  un  moyen  de  r^^dration. 
II  ne  fallait  qu'un  novateur  hardi  et  plein  de  tact  pour  le 
faire  admeitre  partout;  et  Use  trouva  en  Lazan,  qui, 
aprte  avoir  d'abord  combattu  rab&tardissement  do  Tesprit 
national ,  essaya  ensulte  dMntroduIre  les  principes  classiques 
fran^is.  Mais  alors  encore  se  rdp^ta  la  reaction  du  gtoie  na- 
tional contra  T^l^ment stranger,  ruction  qui  cut  dans  Garcia 
de  la  Huerta  un  d^fenseur  plus  th^rique  que  pratique.  La 
htt^raiure  espagnole  ^  ce  moment  pent  6tre  compar^e 
k  TAnt^de  la  Fable,  qui  lorsquMl  dtait  renvers^  n'avait 
besoin  que  de  toucher  la  terre   pour  trouver  des  forces 
nouvelles.  II  ne  tarda  done  pas  k  se  former  une  to)le,>dit6 
de  Salamanque,  du  lieu  od  r^idaientses  principaux  adep- 
tes,  assez  seos^pour  ne  pas  rosier  aveugle  ralativement 
aux  besoins  et  aux  exigences  des  temps  et  pour  reconnaltre 
les  d^fiiuts  de  T^l^ent  antique,  mais  en  m^me  temps  assez 
patriotique  pour  tenir  compte ,  surtout  en  ce  qui  est  de  la 
langue  et  du  style ,  non  pas  seulement  des  modules  stran- 
gers modernes,  mais  aussi  des  modules  nationaux  deTAge 
d'or  de  la  littSrature  nationals  A  la  tftte  de  ces  rSformateurs 
modSres  et  aprte  Luzan  se  placent  Nicolas  Fernandez  de 
Moratin,  Gailalso,  Tomas  de  Irlarte,  Samoniego, 
fabuilste  plein  de  grdce  et  de  talent ,  mais  qui  tous  furent 
surpass^  par  Melindez  Valdes,  poSto  veritable,  qui  aut 
enUiousiasmer  de  nouveau  la  nation  et  qui  tuik  bien  dire  le 
chef  de  Vacate  de  Salamanque.  Des  amis  partageaient  leurs 
idto,  el,  non  moins  heureusement  douSs  sous  le  rapport 
del'esprit,  Iglesias,  Norofia,  Quintana,  Cienfuegos,  Ar- 
riazaet  Gallego,  prirent  comme  eux  pour  rood^es,  non  pas 
les  Francis  seuls,  mais  aussi  les  Itaiiens  et  let  Anglais. 
Tout  en  subissant  I'influence  de  Tcsprit  des  tem.ps  moder- 
nes, ils  demeurteent  d^allleurs  espagnols  et  pour  les  idto  et 
pour  le  coloris.  Le  triomphe  qui  couronna  la  guerre  d*in- 


ESPAGNOLE 


d^MAdanee  amtre  I'asurpatioii  fran^aise  eut  pour  r^ultat 
de  donnef  eodumr  inte  Tie-  Boikvelle  aa  aenttmeDt  national, 
ansal  bioi  dans  les  matldm  politiques  qoe  dans  les  mati^rea 
UlKraiffw;  el  la  paiiicipiMim  k  la  diredfon  Huts  alfaires  pa* 
bUquea  qnefirent  prendre  k  la  Nation  lee  boolairersemeote  fo- 
Mean  auxqnels  eUe  liit  en  proie  contriima ,  en  d^it  des 
luttes  de  partis  et  des  guerres  dviles,  k  imprimer  nn  carac- 
Ulre  plus  ind^pendant  et  pins  multiple  k  son  d^velopement 
intellectual ,  en  nitaie  temps  qu^dte  redonha  k  la  Utt^rature 
une  attitude  plus  ind^pendante  et  plus  nationale.  C'est  ainsi 
que  les  ann^  1812,1820  et  18S4  slgnalent  autant  d'^poques 
nouYelles  dans  la  production.  Les  fruits  de  ce  mouvement 
apparalssent  dans  les  aeuvres  po^tiques  de  Xerica,  de 
Lista,  de  Martinez  de  la  Rosa,  deJose  Joaquin  de 
More,  d'Angel  de  Saavedra,  de  Breton  de  los  Herre- 
ros;  et  hi  aombie  des  pontes  de  T^poqoe  la  plus  r^cente 
estd^  si  considerable,  qnit  nous  suffira  dMndiquer  id  les 
noms  des  plus  c^lttires,  tds  que  Tapia, Maury,  Juan  Bau- 
tista  Alonso  (Poesias;  Madrid,  1834),  Jadnto  de  Salas  y 
Quiroga  (Poesias,  1834 ),  B.  de  Campoamor  (Poesku,  i  840 ), 
Espronceda,  Serafin  Calderon,,  Zorrila,  Hartzen- 
bosdi ,  et  parmi  les  fenimes ,  Gertndls  Gomez  de  Aydla- 
neda(Poesi4»,  1824). 

En  ce  qui  louche  particulf^rement  la  po^le  #pique  et 
lyrieo-^piqiie,  T^oque  o6  nous  lirons,  on  le  con^it  sans 
pdncy  ne  detait  pas  plus  qu'aucune  de  eeUes  qui  Ton  pr^- 
oWe,  fttreftiTorable^  la  conception  d'une  Tdritable  ^pop^. 
Les  esaais  tenite  en  ce  genre  par  les  'deux  Moratin,  par 
Escoiquia,  Rdnoso,  Maury,  Saavedra,  etc.,  manquent  de 
veritable  g6oie  6ptque ,  comme  la  plupart  des  productions 
lopdemea  en  ce  genre.  Mais  11  est  remarqnaUe  que  les 
Espagnols  atent  enfin  *  commenc^^  k  comprendVe  que  c'^tait 
seolemeat  dans  la  remise  en  luml^re  de  la  po^e  de  ro* 
^nances  et  de  l^endes  qu*on  poutait  anjourd'hul  esp^rer 
lie  reneontrer  les  elements  ^piques  contenables  k  la  nation 
et  k  f^poque.  Ge  fut  Saayedra  qui  donna  rimpulsion  pre- 
iMn  k  ce  nouYean  mouTement  litt^raire,  dans  lequel  il 
aeu  po«r  iroitateurs  Mora,  Zorilla,  Gregorio  Romero  y 
Larranaga  ( Cuentos  historicas  legendas  antiguas  y  tra- 
didoneS populares  [Madrid,  1841- ],  et  Historias  cabal* 
ierescQs  espanolai  [  1843  ]),  Manuel  de  Santa-Ana  (Ro- 
maneesy  legendas  andalucas  [  Madrid,  1845  ] ),  etc. 
Le  drama  espagnol  de  cette  p<Sriode  souflTrit  beaucoud 
des  luttes  de  I'ecole  dassique  fran^aise  et  du  parti  national. 
La  sctee  eapagnole  offril  et  offre  encore  en  partie  aujour- 
d'hul  une  fdritable  ella  padrida  de  contrastes.  Ainsi  les 
plus  mof  siffuettx  produits  d*une  4oole  vidllie  et  sans  Yiguenr 
a>  maintinrent  longlemps  k  c6\A  des  avortons  fenns  a?ant 
lerroe  des  gallldstes.  En  effet,  pendant  longtemps  encore 
le  public  espagnol  pr^fi^ra,  ind^pendamment  des  chefs- 
d'ceuvre  de  T^poque  dassique,  dont  qudques-uns  se  sont 
loaintenus  sur  la  sctee  jusqu*aujourd'hui,  les  pAles  imita- 
tions qu*en  donnirent  on  Gerardo  Lobo,  un  Scoti  y  Agoiz, 
un  Valladares,  etc.,  les  pieces  faeries  les  plus  sotles  d*an 
Hidalgo,  d'ttoFrumento,  d'un  Bustamente,  etc.,  les  farces 
triviaiea  et  lea  mauvais  m^lodraroes  d*un  Cornelia  et  de 
tant  d'autrea,  ,aux  pieces  dassiquemeni  ennuyeoses  et  sans 
couleur  d'un  Montiono  y  LuyanJo,  d'un  Trigueros,  et 
nitae  aux  csnTresun  peuroeilleures,  mais  to^jours  fort  insi- 
pidea,  tfe  Moratin  I'atn^ ,  de  JoYdlanos,  de  Lopez  de  Ayala , 
dlriarte,  etc.  Ce  fut  Ltendro  Fernandez  Moratin  qui  le 
premier ,  par  ies  combes  Writes  avec  beauooup  de  talent 
<)aaa  le  genre  fran^ais  le  plus  rarfin^,  d  eependaot  tonjours 
aTCC  unegrande  timidity,  rdussit  ii  donner  pendant  qudque 
tempa  drdt  de  bourgeoisie  s«r  la  seine  espagnole  au  goOt 
et  aux  id^s  dassiques ,  et  m^me  k  lea  laire  si  bien  dominer 
parmi  lea  classes  telairte ,  qu'^elies  en  vinrent  k  roufdr  de 
J'ancien  godt  national.  Des  poSies  4)*autant  de  talent  que 
Cienfueges, 'Quintana,.Gorosttza,  Martinez  de  la  Rosa, 
Salvedra,  Breton  de  loa  Herreros,  etc.,  portirent  enx- 
ittdmea  pendant  qudque  temps  les  diatnes  du  das^icisme; 
ct  ceae  Cut  que  daaa  lea  piqoantes  et  spiritudles  Sainetes 


de  Ramon  dela  Cruz  (mellleure  Mition,  Madrid,  1»47  ) 
qu*on  fconsentit  k  entendre  I'expressIoU  du  veritable  et  an- 
den  g^e  national.  Quand  les  Fran^,  k  leor  lonr,  eurent 
aussi  brOie  ces  diatnes,  leor  exemple  (rotiva  sur  la  seine 
espagnole  des  imttateurs,  dont  tea'plus  ftensis  retlnrent  aux 
andennes  formes  nationales  en  essayant  de  les  accommoder 
aux  exigences  de  Tesprit  des  temps  mod^mes.  Les  moins 
pmdents,  et  malheureusement'ce  fut  le  plus  grtod  nombre, 
c^kent  au  vertige  de  l'6cole  rom^ntique  fran^tse;  et 
toutea  les  stopides  atrodtte,  tons  les  tm^ro^lio  mdodra- 
matiques  dela  Porte-Saint  Martin,  furent  transport^  sur 
la  seine  de  Madrid,  au  moyen  soil  de  traductions,  soil  d*i- 
mitations  encore  plua  liideuses.  Qudques  poites  donnant 
des  esp^rances ,  on  les  ayant  mime  d^ji  realtM^ ,  s'^ile- 
▼irent,  il  est  Trai,  au-dessus  de  cesemim  imitatot'um 
pecusy  par  exemple  Breton,  Martinez  dela  Rosa,  Tapia  et 
Saavedra,  que  nous  a^ons  d^jii  nonimis,  qui  dis  lore  avaient 
fait  preore  dMndipendance  et  d*originalit6,  et  aux'quds  se 
ratlacliirent  des  talents  plus  jeuhes,  tds  que  Gil  y  Zaraie 
Hartzenbusch,  Mariano  Jose  de  Larra/  Antonio  Garcia 
Gutiemez,  Patrido  de  la  Escosura,  Zorilla  Moral,  Tnieba, 
plus  cdd)re  encore  parmi  les  pontes  comlques  anglais 
que  parmi  les  poetes  comiqnes  espagnols ,  "Ventura  de  la 
V^,  Campoamor,  RUbi,  etc.  On  troutera  leurs  plus  r^- 
centes  piices  dans  la  Oaleria  dramdtiea.  Teairo  fnoderno, 
qui  diji  necompte  pas  moins  de  cinquante  Tolomes. 

Au  commencement  de  cette  mime  piriode ,  la  pro^ ,  sin- 
gutiirement  dichue,  die  aiissi,  par  suite  d'im  retour  de  la 
manie  du  cultorisme ,  ridamait  une  Mlbrme  k  likpidle  tra- 
yatlla  d^abord  le  binididtn  Fey]oo,  qui  le  pretoter  revinl 
k  la  simplidti  des  modiles  dassiques.  On  remarque  en- 
suite  le  jisiiite  Isla,  qui  dans  son  roman  satirlque  Fray 
Campazas  ridicullsa  la  tririalit4  et  TenAure  des'  orateurs 
sacris  de  son  temps;  les  historieus  Ulloa,  Munor,  Cap- 
many,  Ferreros,  Quintana^  Nairarrete,  Clemencin,  Tor- 
reno,  Mofioz  MalJonado(  Uistoire  de  la  Guerre  d'fn- 
dependance  [Madrid,  1883]';  les  hommes  d'lttat  Cam- 
pom  a  nes,  Clavijo,  et  surtout  le  Clciron  espagnol, 
JoTcllanos,  et  le  cAibre  orateur  et  polHiqoe  Agbstin 
Arguelles.  D*ailteurs,  la  tribune  derie  au  milieu  des  as- 
semble nationales  rdtablles  donna  ^  la  prose  plus  d*^nergie 
et  une  dialectique  plus  pulssante.  II  n'est  pas  rare  de  Toir  les 
passions  politiques  inspirer  de  I'doquence ,  et  on  en  a  la 
preuYcdans  les  ouvrages  de  Minano,  de  Marina,  de  Laro 
( Figaro  )f  d*Acala  Galiano,  de  Don o so  Cortes,  et 
dans  les  discours  de  Martinez  de  la  Rosa  et  atitres.  Les 
traTaux  de  philologle  critique  de  Gallardo ,  de  Sahra ,  tie 
Lists,  d^Hermosilla ,  de  Mardiena,  etc.,  n*y  contribuireut 
pas  peu ,  de  mime  que  la  foule  de  Joumaux  politiques  et 
littiraires  qui  commencirent^  paralfre  vers  la  mime  ipoqne, 
tds  que  la  Revista  espanola,  VArtista,  etc.,  of)  Ton 
trouvait  de  piquantes  esquisses  de  mo^urs  et  des  tableaux 
satiriquesiie  la  Tie  de  tons  les  jours,  par'Mesonero  y  Ro- 
manos,  Larra,  etc.,  ou  bien  dM  siries  d*artldea  en  forme 
d'onvrageet  dus  k  la  collaboration  de  plosienrs  icrivalns, 
par  exemple :  les  Tipas  espaiUtles  et  Los  BspaHoles  pin* 
tados  por  si  mismos  (Madrid,  1643  et  annies  suWantes). 

Apris avoir  longtemps  n«^glig4  la  forme  dn  roman,  les 
Espagnols,  imns  des  succis  obtenus  dans  ce  genre  par  les 
Anglais  et  les  Fran^ais ,  ont  oommenci  dans  ces  demiers 
temps  a  le  cultiver  avec  pridilection.  1)8  dibotireot  par 
des  traductions  et  des  imitations  d*orlginaux  fran^is  et  an- 
glais, etTrueba  composa  mime  plosienrs  de  see  romans  en 
langue  anglaise.  Mais  il  y  eut  eosuite  an  tel  dibordement 
de  romans  originaux,  qo^l  est  exact  de  dire  qo'en  Eapagne 
aussi cetle  ipopie  des  temps  modemes  est  devenoe  une  forme 
favorite  et  a  iti  trattie  des  fa^ns  les  plus  diverses.  II  faut 
surtout  dter,  en  fait  de  romans  bistoriques  et  de  romans  de 
moeurs,  ceux  de  Humaray  Salamanca  (Los  Amieos  ene- 
mifhs  [Madrid,  1834]),  d'Escosnra  {Bl  tonde  de  Can- 
despina  et  iVl  Rei  ni  Rogue),  de  Martinez  de  la  Rosa 
(/la^el  de  Soiis)^  d^Esproneeda  (Saneho  Satdana),  de 


BSPA6N0LE 


lam  ( Macias)^  de  Job^  de  ViUatta  (SI  Golpe  en  va(fo), 
da  SerafiB  Ctldenm  ( Maroi  y  Cristianos),  et  de  Gertrude 
deATeUaneda  ( Dot  Mugerei ),  etc.  Enfln,  les  EaipaffuAa  se 
toot  aiiMi  mis  k  cultiTer  de  nouyeaa  le  genre  de  la  Noa- 
yelle ,  polB  ils  sent  rereniis  li  rimitatioD  dee  cbefo^'cBUTre 
de  Plge  d*or  de  leor  litt^atare.  (Test  ainsl  qo'on  a  tu  anc- 
eeeaiTenient  parattre  une  Colecekm  de  Novelas  tspaSMa» 
(Madrid,  183S )»  oft  Ton  troure  d*eieellents  moroeanx;  et 
lea  S9C8na$  eontemporaneas  de  la  reeohulion  espaSMa, 
depnia  184S»  aooa  le  titre  de  Jardin  Uteraho,  En  mi  mot, 
telle  eat  TactiTit^  dont  la  jeone  teole  a  dit  proare  dana 
toutea  lea  dlrectioiiSy  k  PeffiBt  d^opdrer  la  fusion  de  r^Uroent 
enropta  aTec  Tanden  espagnd,  qnH  y  a  lien  d'esp^rer 
Toir  la  Uttdratnre  espagnole  oceoper  de  nonyean  one  des  pre- 
miiies  places  parmi  cdlea  de  I'Eorope.  Consultei  Puibos- 
qae^.JSrix^oire  eomparie  des  lUUratures  espagnole  et 
yWmpsiM  ( Paris ,  1842). 

La  lUUraiure  s^entifi^pm^  oomme  on  doit  bien  le  pres- 
seBtir,  n*a  pas  brill6  en  Espapie  d*an  anasi  yif  telat  que  la 
Iitl6ratnre  Bationale»  car  la  premito  a  autrement  besoln 
que  Tautre  de  la  prateelion  d^an  gouTemement  telair6  et 
libtal.  n  ne  loi  fiint  paa  seulement  des  ^tablisscments  d*ms- 
tmction  premlte,  d^initiatioB »  eonyenablement  organises, 
maia  encore  lea  resaonrces  mat^riellea  aana  lesqoeUes  die  est 
rMoite  k  llnaetion.  Tootea  les  lois  qna  ces  ocmditions  se 
sent  troufte  rtenies  en  Espagne,  on  a  m  les  sdences  y 
prendre  le  plus  rapide  essor,  eonune  sous  les  rois  catholi- 
qoeSySOosCharlea  HI ,  et  mtee  depute  1834.  Lea  Espa- 
gnola  oat  malntes  foia  proor^  qn^Ua  avaient  tout  ce  quMI 
fiuit  poor  faire  de  grandea  chosea  dans  eette  direction  de 
llnteDiienee.  IMJifc  sous  la  domination  romaine  la  Ptolnsnie 
oe  produlsit  paa  aenlement  des  pontes  tels  que  Lucain,  Mar- 
tial et  Sillos  Italicna»  maia  des  pbik»opbes  et  des  historiens 
conmie  Sterne.  Qointilien,  Columelle,  Florus,  Pompo- 
nios  Mebiyetc.  Aussi,  aprte  la  conqu^te  dea  Visigoths,  TEs- 
pagne  ne  Jooit  paa  plus  t6t  d*un  pen  de  calme  et  de  tran- 
quiUit6,  qu'elle  put  t*enorgueiilir  d'aToir  produit  un  savant 
td  quisidore  de  Seville.  La  longue  domination  des  Arabes 
eot  encore  une  infloanoe  autrement  importante,  et  peut'6tre 
ploa  grande  encore  snr  le  d^Tdoppement  scientlfique  que 
anr  le  d^doppement  litt^raire  de  TEspagne.  Les  Arabes 
en  efTet  y  fondirent  one  Toule  d'acaddmies  et  d^^Ies;  lis 
propag^roit  an  moyen  de  traductions  la  connalssance  d*on 
grand  nombre  d'auteurs  grees,  et  furent  liTrai  dire  les 
institnteara  du  penple  espagnol  en  ce  qui  est  des  sciences 
mMicdes  et  math^matiques.  Les  travaux  ex^nt^  sous  le 
rftgne  d'Alphonse  le  Sage  prourent  que  les  d^ves  ayaient  pro- 
III6  dea  lemons  de  leurs  mattres.  Quand,  sous  les  rois  catho- 
Uquea  et  leurs  premiers  successeurs,  des  rapports  plus  in- 
times  s*dablirent  entre  TEspagne  et  lltdie,  renseignement 
de  la  philologie  et  des  lettres  y  fit  de  notables  progi^.  Mais 
qodque  I'Espagne  poss^dAt  sdze  uniyersit^,  dont  trois  de 
premier  rang  (Salamanqne,  fond^  par  Alpbonse  X;  Valia- 
dolid  et  Alcala  de  Henarte,  par  le  cardinal  Xlmen^s),  les 
sdenoes  pliilosopbiques  ne  purent  jamais  s*y  d^yelopper  ii- 
bremeoty  paroe  que  le  despotlsme  ecd^asiique  et  tempord 
B*y  toMrait  tout  an  plus  qu'une  loglqne  et  une  didecUque 
scolastlques  k  I'nsage  de  la  tbtelogie  et  de  la  jurisprudence. 
L'ensdgnement  primaire  y  fut  organist  d^ne  mani^re  bien 
antrement  d^ectueuse  encore,  et  les  acadtoies  fondto  sous 
ks  Bourbons  pour  T^tudede  la langue  et  de  Thistoire,  de 
mteoe  que  lea  grandea  Mblioth^ques  de  TEscurid  et  de  Ma- 
drid, aeryiient  tout  an  plus  de  centre  de  reunion  et  d'ac- 
tioB  k  on  petit  nombre  de  savantasses^  tandis  que  le  goo- 
Tomement  se  garddt  de  rien  fdre  pour  r^pandre  le  pdn 
de  llnteUigence,  rinstruction ,  dana  lea  dasses  inf(6rieures 
delanatioo« 

La  philosopMe  est  demeurte  jusqn'ii  nos  jours  au  degr6 
le  plua  inime  d'une  yaine  acolastique.  Ensdgnte  exclusi- 
yement  par  des  prttres,  die  est  toi^ours  la  trte-buiM>le  et 
Ma-sooraiae  serwmU  de  la  tbdolo^ ,  et  n'est  cnltiyte  que 
poor  appreodre  k  ddiandreau  moyen  dela  logique  et  de  la 


dialectiqne  qodqoea  sobtflites  dogmatiqoes.  Cast  alnd  qm 
pendant  longtemps  la  DIalectiqoe  et  l*Eii^dopMie  dlsidore 
de  Seville  fiieot  antorit^.  Lea  tenUtiyea  isoltes  Idtes  poor 
francUr  les  limites  soolastiqnes  par  qaelquea  penaeora  oiigi- 
nanx ,  tels  qoe  Viyte,  Sepolyeda  et  Oaorio,  m  trooykmt 
point  dimitatenrs.  Oe  ne  Itat  paa  moina  InutOement  qoe  le 
moine  de  Pordre  deClteaux,  Caramod,  (mort  en  C682)  es- 
aaya,  ayec  beaucoop  de  timldit6  d^aillears,  quelques  rdbnnei 
dana  latn^bode  en  usage  dana  lea  ^odea.  On  ne  poaVdt  at- 
tendre  des  j^suites  qn'un  empirisme  nn  pen  raffing.  Quaad 
lea  idte  fran^aises,  et  notamment  cdle  dea  encydopMistes, 
p^n^trftrent  en  Espagne  an  adndei  dasses  priyil^tes,  cette 
direction  nouydle  donndeii  nntdUgoMse  dans  les  baotes  sph^ 
res  de  la  nobleise  et  du  derg6  n'aboutit  qn*li  on  mat^rldiuDe 
mdang^  de  anpematurdisme,  et  demeora  Infteoode  poar 
la  speculation  sdentifique.  (Test  de  nos  jours  senlemeDt 
qo'on  a  yu  apparattre  en  Eapagne  un  pbilosopbe  dana  la  t^ 
ritable  acception  de  oe  mot,  Jaime  Batanea,  rtoniasant  na 
remarquable  tdent  d*expodtion  k  nne  grande  profondenr 
ro^taphysiqoe;  et  encore  ^ii-ce  un  tbfologien. 

II  ya  sans  dire  que  la  tb^dogie  sdentifique,  par  suite  du 
blocus  rigourenx  ^tabli  autour  de  la  spteolatlon  pbiioso- 
phiqne  par  rinquisition,  ne  put  jamaia  lleurir  en  Espagne. 
Elle  se  boma  done  a  un  dogmatisme  rdde  et  ^trdt,  md6  d'as 
c^tisme  d  de  casuistiqoe.  Ausd  est-ce  en  ydn  que  la  litte- 
rature  tbtelogique  espagnde  a  produit  dea  montagnes  de 
yolumes;  la  science  n*y  a  absolument  rien  gagn^.  laidofe 
de  S^yllle  rteuma  pendant  tout  le  moyen  8ge  toute  la  sagesse 
et  toute  la  sdence  scolastlques.  An  doudteM  sitele,  le  joif 
conyerti  Petrua  Alfond,  d  an  treidtee  dtele,  le  Mm  pr6- 
cbeur  Raym.  Martini  s'occup&rent  bien  moins  des  progrte 
de  la  sdence  que  de  ceox  de  la  foi.  Au  quinsltaie  et  au 
sddtaie  sidles,  le  cardind  Torquemada,  grand-inquidtenr, 
et  le  cardind  Ximente ,  regent,  sembl^rent  k  la  y^rit^  yoo- 
loir  ravoriser  T^tude  de  la  Bible ;  et  Philippe  II  lul-mtoie 
contribua  par  ses  secours  k  assurer  rach^yement  de  la  po« 
lyglotte  entreprise  k  Anvers  par  l*E8pagnol  Arias  Montanus 
( mort  en  1627 ).  Mds,  comme  cdle  qui  futpubli^e  par  ordre 
Ximente  k  Alcala  de  Henarte  (vHle  dont  le  nom  latin  est 
Complutum)^  cette  polyglotte  ^tait  une  aflDdre  de  luxe,  et 
le  prix  excessif  de  Touyrage  garantissdt  d^j^  quil  ne  pour- 
rait  ayoir  qu'une  drcolation  extr^mement  restrdnte.  La 
tentative  fdte  pour  rendre  la  parole  de  Dten  plus  accesdble 
au  y^table  pcuple,  par  un  pr6tre  ausd  rigidement  attach^ 
k  Torthodoxie  que  T^tait  Luis  de  Leon,  son  auteur  Texpia 
dans  les  cachots  de  inquisition ;  et  les  efforts  fdts  dans  to 
mtoie  but  par  Furius  (mort  en  1592)  ne  furent  paa  moina 
inutiles.  Melchior  Cano,  moine  dominicafai  (mort  en  1560) 
qui  ayait  des  lettres,  r^sdt  seul  k  traiter  la  dogroatlque 
d*une  mani^re  plus  ing^ieuse.  II  n*y  a  que  dans  les  bran- 
ches de  la  thtologie  pratique,  oii  le  sentiment  rdlgieux  so 
donne  libre  carri^ ,  dans  Tasc^sme  mystique  d  dans  Ttio- 
mil^tique ,  que  rentiiousiasnte  croyant  des  Espagnols  a  pa 
produire  qudques  livres  remarquables,  tels  que  ceux  d'An- 
tonio  de  Guevara ,  de  Luis  de  Granada ,  de  Juan  de  la  Cms 
( mort  en  1591 ),  d  de  sainte  ThMse  de  J^us.  (Test  Unit 
rdcemment  seulement  que  les  thtologlens  espagnola  se  sent 
basard^  k  rendre  la  Bible  accessible  an  peuple,  d  qo^ont 
paru  les  excdlentes  traductiona  de  ce  llvre  dei  livres  foites 
par  Torres  Amat,  auteur  d'une  ff Maria  Sceleskutiea 
( 13  voL;  Madrid,  1806),  par  Fdipe  Sdo  de  San-Miguel 
et  par  Gonzalte  Carvigal ;  traductions  qui  ne  ftirent  pour 
leurs  autenrs  la  source  d*aucun  ddsagrteient,  d  qaV>n 
compte  m6me  ai]yourd*bui  au  nombre  dea  moddes  de  la 
langue.  Qudques  eccKsiastiques,  k  la  vMt^  revenus  la  plo- 
part  d*exil  k  l*6tranger,  ont  m6me  public  anr  l*hiatoire  et  le 
droit  ecd^iastiques  des  dissertations  od  la  tel^noe  reti- 
gieuse  et  Tind^pendance  de  l^ise  espagnole  aont  d^fen- 
dnes  avec  talent,  comme  dans  les  toils  deVi  I  la  nuey  a,  de 
Blanco  White  (Leueudo  Doblado),  de  Jos6  Maria  Laviii 
( Del  CrUtkmismo  en  sas  relaeUmes  eon  la  lihertad  p 
la  civUizaeion  [Seville,  1834]),  de  Rome  ( independemcitk 


ESPAGNOLE  —  ESPA6N0LES 


9 


eciuiante  d$  la  IgUsia  hispana,  f  neeuiiad  de  un  nuevo 
concortfato  11846]),  Snsayo  solnre  la  it^uenekt  del  Imt 
teranismo  if  GalieaniMmo  en  la  poUliea  de  la  Corte  de 
SspaHaiMedrid^  1S44). 

La  science  du  droit  el  la  polUiqtie,  par  suite  des  entrayes 
mises  k  I'esprit  de  discuasion,  devaient  n^cessairement  rester, 
Tone  k  rdtat  de  simple  science  de  la  jurisprudence ,  et  Pantre 
k  r^tat  de  routine.  L*Espagne  n*a  jamais  manqu6  de  recueils 
de  lots.  Les  plus  andens,  tela  que  le  Fiiero  Juzgo^  datent 
d<34  de  r^poqoe  des  Goths.  Dans  Tordrehistoriquey  nous  de- 
Tons  ensoite  rappeler  les  traraux  l^slatifs  d'Alphonse  X ;  11 
en  a  d&ik  M  fait  mentioa  k  Phistoire  de  la  langue  et  de  la 
litt^rature.  Jos.  Finestres  ( moit  en  1777 ),  Gregorio  Mayans 
(mort  en  1777),  et  JuanSala  {Digesto  ronuino'espahol 
'nouT.  MlUt  1844  ] ),  ont  traits  doctrinalement  le  droit  re- 
main, d<^j^  adopts  pour  base  desa  Illation  par  AlpblbnseX. 
L*toblissement  du  gouTemement  repr^sentstif  en  Espagne 
a  eu  pour  r^ultat  de  proyoqner  quelqnes  bons  esprits  k 
^tudier  les  bases  bistoriques  du  droit  poiitiqiie;  et  c'est  k 
cette  direction  d'iddes  que  Ton  doit  la  publication  de  la  Co- 
leccion  de  Cortes  de  Leon  y  Costilla  ( 1836-4.3 )  par  I'Aca- 
dtolede  l^Histoire,  de  VHistoria  de  los  tres  Derechos,  ro- 
mano,  eanonieo  y  CastHlano  ( 1831 )  de  Garcia  de  la  Ma- 
drid, du  Compendio  historico  de  la  jurisprudeneia  de  la 
corona  de  Costilla  de  Znasnavar  y  Francia,  des  Leyesfun- 
damentales  de  la  Monarquia  esp,  segwnjkseron  anHgucb" 
mente  y  segun  convenie  que  sean  en  la  epoea  actual 
Barcelone,  1842)  de  Blagin  Ferrer,  etc,  etc.,  etc 

Le  droit  national  a  dt^,  dans  ces  demiires  annto,  sden- 
tiOquement  traits  par  AlTarez,  Fernanda  de  la  Rua  et 
Ramon  Sala;  le  droit  public  et  le  droit  des  gens,  par  D  o- 
noso  Cortes,  Andrto  Bello  et  Agustin  Letamendi,  ie 
droit  administratil,  par  Pedro  Gomez  de  la  Sema  et  Ma* 
riano  Ortiz  de  Zui&iffi;  le  droit  constitntionnel,  par  Tomas 
Soler,  F.  Corradi;  la  pliflosophie  du  droit,  par  ie  ceittre 
d^put^  am  cortte  Alcala  Galiano  (Maxtmas  y  Prineipias 
de  la  Legislacion  universal  [Madrid,  1834}  et  De  fo  re- 
vision  de  nuestras  leyes  [1837 1),  ainsi  que  par  Donoso  Cor- 
tes. L*^conomie  politique,  qm  d^jii,  an  sitele  dernier  el  au 
commencement  de  oelai-ci ,  avait  M  Tobjet  des  traraux  de 
quelques  pubUcistes  dont  le  nom  est  devenu  europ^m,  tels 
que  Gampomanes,  Jovellanos,  Cabarrus,  a  ^t^  tralt^  de 
noejoursayecup  remarquablesucote  parCanga  Arguelles 
et  L.  Florei  Estrada,  noms  auxquels  11  but  ijouter  ceux 
deYalleSantoro  (J72emeii<05  (feeeonomiapo^l/ica  [1842]), 
Ramon  de  la  Sagra  (la  Industria algodonera  y  los  obre- 
ros  en  Cataluna  [  1841  ] ),  et  Manuel  de  Marliani  (De  la 
i^fluendadel  sistemaprohibUivo  en  la  agricultural  in- 
dustrial comercio  y  rentas  publicas  [1842]). 

Les  Arabes  et  les  Joifs  espagpols  ont  laiss^  nne  grande  et 
^latante  reputation  dans  les  sciences  midicales.  Les  chr^ 
tiens  en  Espagne  ne  comroenc^rent  k  les  cnltiyerqiie  lors- 
qu'au  moyen^  le  clergy  s'en  fut  occupy.  Parmi  Ics^crivains 
mMicaux  du  sitele  dernier,  11  faut  citer  Piquer,  Vi  ves,  Luzu- 
riaga,  Hernandez,  Ortb  et  Miguel  Lopez;  et  parmi  ceux  de 
notre  <poque,  Villalba,  Sampedro,  Llorca  y  Ferrandfz, 
Alfaro,  EduardoCbao,  etc  line  mention  toute  particuii^re 
est  due  &  VHisloria  hihliografica  de  la  medieina  esp,  (4 
yoK  1843 )  de  Fernandez  Morej<m. 

Dans  les  sciences  naturelles  et  mathimatiques  ^  les  £s- 
pagnols  occupent  depuis  longtemps  une  place  dlstlngu^  Si 
an  dernier  sitele  les  noms  de  CaYsnilles  (mort  en  1804), 
auteiir  d*une  Flore  d*Espagne;  de  Ruiz,  auteur  d^une  Flore 
du  P^u ;  de  Ri^as  Clemente,  du  yoyagcur  Ajjra,  etc,  sent 
panrenus  k  une  juste  c^l^brit^,  on  peut  de  nos  jours  citer 
les  botanlstes  Lagssca  et  Ruiz  y  Payon  comnie  ayant  rdussi 
k  se  faire  un  nom  europtoi.  Nous  mentionneitms  aussi 
Manuel  Blanco,  auteur  d*une  Flore  des  Pliilippines  ( Manille, 
1837  ),et  Miguel  Colroeiro,  auteur  d*un  Essai  mr  les  progr^s 
dela  Botaniqoe  (Barcelone,  1834).  La  mln^^ralogie  a  et^ 
trait6edans  ces  demicrs  lcmp»  nvot:  hcniir.onp  de  siicc^  par 
Alyarado  dc  la  Pena,  J.-M.    rania!:ii.'i»  Novella  (Cnno 

PICT.   UK  l.A  CONVtHs.    —  T.    IX. 


eompleto  de  geologia),  Garillo  Laso  (Tratado  dedas 
mimis  antiguas  de  BspaSka)  et  Cisoeroa y  Lanuza  ( Lee- 
ciones  de  nUneralogia  [  1844  ] ).  Dans  les  sciences  math^- 
matiqaes,  qni  toujuurs  furent  traitto  ayec  succte  en  Es- 
pagne,  on  remarque  aujounPhul  les  noms  de  Mariano  Val- 
1^0,  Nararrete,  Alberto  LIsta,  Jose.  Reguero  Arguelles, 
etc,  etc 

Les  trayaux  rdeents  de  Pons,  de  Tofino,  d^Andllon,  de 
ClayQoy  Viera,de  Miiiano  (Diceionario  geogrt^/leo  de  Bs'^ 
paSia  [1 1  yolumes,  1826] )  de  Teidejo  Paez,  de  Cean  Uermu- 
dez,de  Serafin  Calderon ,  de  Caballero  {Manual  geogrejleo* 
ad-nUnistraiivo  de  la  Monarquia  Esp,  [Madrid,  1844]), 
t^moigncnt  de  Tlmportance  qu'ont  prise  de  nos  Jours  en 
Espagne  la  gtograpbie  et  la  statistique. 

Mais  detous  les  genres  de  litterature  sdentifiquep  ks 
sciences  historiques  rant  inoontestablement  celles  qui  ont 
6t^  cultlyto  ayec  le  plus  de  succte  dans  la  Ptoinsule,  sur- 
tout  lliistoire  nationale  e(  riiistoire  des  pays  conquiii  par  les 
Espagnols.  Les  premiers  onyrages  de  ce  genre  fiireni ,  il  est 
yrai,  ^Mitsen  latin,  par  exemple  par  Isidore  de  Seville,  par 
RodriguedeTol6de,  etc  Maisli  parlir  du  r^ne  d'Alplionse  X, 
on  trouve  d^jk  une  suite  de  cbruniques  en  langue  natiunale, 
dont  beaucoup,  comma  nous  I'afons  d^jA  dit,  sVl^ent  fort 
au-dessns  du  m^te  ordinaire  de  ces  sortes  d'ouyrages. 
Parmi  les  toivains  modemes  qui  ont  su  le  plus  lieureiise- 
ment  exploiter  ces  sources  iteendes  et  prteieuses,  il  faqt 
citer  Florez,  Conde,  Ascargota,  Capmany,  Barauda,  Mas- 
deu,  Tapia,  Miranda,  Mascaro  et  Gonzalo  Moron  (Curso 
de  IJistoria  de  la  CiviUzacion  de  Espafia  ( Madrid,  1842 ). 
Ajoutons  encore  que  lliistoire  particuU^re  des  provinces  et 
des  yilles,  on  encore  de  certaines  ^poques,  a  donn^  lieu  r6- 
cerament  k  un  grand  nombre  de  trayaox  estimables,  et  qni 
ne  peuyent  que  contribuer  li  r6pandre  de  plus  en  plus  la 
connaissance  de  Hiistolre  nationale  dans  les  masses.  Nous 
dterons  entrp  autres  VHistoria  de  Felipe  U  d'Evariste  dr 
San-Miguel,  La  Espafia  de  Los  Borbones  de  Goasalez  Ctar 
yajal,  VHistoria  de  la  Regencia  de  Maria'Crisiina  de  Pa- 
cbeco  (Madrid,  1844 ).  Les  rodmolresparticuliers  public  par 
des  bommes  ayant  figur6  dans  les  afTaires  publiques  sont 
nombieux :  une  mention  partlculi^  est  due  k  ceux  de  To- 
reno,  du  marquis  de  Miraflores,  de  Juan  Van  Helen,  etc 

La  philologiep  gen^ralement  trop  ndgligte  en  Espagne, 
ne  laisse  pourtant  pas  que  de  nous  olfrir  aussi  qnelqnes 
noms  auxquels  se  rattacbe  le  souvenbr  de  trayaux  reoom- 
mandables,  par  exemple  ceux  de  Francisco  Sancliez,  dit  el 
Brocense  (voyez  Sanctius),  dont  la  grammaire  latlne  jooit 
pendant  tout  le  dix-septitoie  sitele  d*une  grande  et  Juste 
reputation  en  Europe ;  du  j^uite  La  Cerda  ( mort  en  1643 ) ; 
de  Gonsalez  de  Sales  ( mort  en  1644 ),  etc  La  pbilologie 
orlcntale  peut,  die  aussi,  s'enorgueilUr  de  noms  comme  eenx 
de  Casiri,  de  Conde  et  de  Pascual  Gayangos.  Les  travaux 
bibliograpbiqnes  de  Salva,  de  Fuster,  de  Torres  Amat  et 
d'Ochoa  assignent  k  lean  atiteurs  un  rang  distingu^  dans 
cette  sdence. 

ESPAGNOLE  (£cole).  Voyez  £oolbs  db  PEnmmi, 
tome  Yin,  p.  315. 

ESPAGNOLCS(Peintnre,  Sculpture  et  Architecture). 
Malgr^  des  drconstances  ext^rieures  d<^foyorables,  malgrd 
toot  ce  qu*eut  de  p^nible  et  de  douloureux  renfantement  de 
TEspagne  modeme  au  milieu  de  guerres  quidur^rent  plus  de 
cinq  rents ans;  endepit  aussi  desentraves  do  despotisme,  et 
roeme  de  son  appauvrissement,  toujours  croissant  depuis 
Philippe  II ,  la  gto^reuse  nation  e^pagnole  s'est  constam- 
ment  montr^Se  dans  le  domaine  de  Tart  la  digue  rivale 
des  Franks, des  Italiens  et  des  Allemands.  C'est  elle  qui, 
vers  le  milieu  du  dix-eeptieme  si6cle,  tenait  le  sceptre  de  la 
peintnre  en  Europe,  et  ses  monuments  sont  au  nombre  des 
plus  magnifiques  que  le  moyen  Age  ait  produitn.  Tout  son 
d<^ve]oppement  artistique  ofire  k  Pobseirateur  le  curieux 
spectacle  d'une  production  meridlonale  modeme  od  Tin- 
fliience  de  Pantique  est  presqne  imperceptitile,  c>5t-&'dir« 
pr6ci<;enient  le  eontraire  de  Tltalie. 


10 


WfAmoaa 


In  ce  qui  tooehe  I'Aiicnnciinui,  on  pent  pourtaai  «d^ 
luettf  6  que  l«8  MiflfiM  jroiDiiiii8»  cei.ooii<tiiiclloii$  fr^odioi^ 
qui  survteiureiit  encore  plunevrft  sitelatii  la  putanpe  de 
Rouie,  stiitout  celles  qui  diteot  il«  U  fin  de  I'empiM^  du^^ 
rentsemrpeiidaiill«agteiiip8de  modMes  a«x-pro<locUoiif  de 
oet  art  en  l^spegpe.  Ainsi»  ai^onrd'liui  enQore,  ^vor^iniss^e. 
un  temple  d*ordre  oorintliieD  parfaitement  coDfenr^,  Tarra^ 
gone  un  iiaJais  et  des  mun  qrcioptaMi  Sagoote  vniii^tre 
et  iin  cirque,  S^vie  un  bek  aqoedoCv  Capara  an  arc  dft 
triompbe,  Alcantara  un  temple,  Meiida  diters  ^mples, 
UiMtreb^  amphiUidatrea,  elc.  11  n^eKiste  poor,  ainsi  dire  plua 
rten  des  iimneiues  Milioea  4A»f^  par  lea  r^ia*.  ^JHaigptba,. 
tandis  que  tant  et  de  si  magniiiquei  d^ri^  de  rapnumenta 
sont  la  encore  pour  lanoigner  de  L'^dat  de  rancieonc  do- 
mination aralie  (711  - 1493).  Cea  monuments  i^taieat  sans 
douie  moins  fiintastiques  que  ceoa  que  rislamUme  a  cont- 
tnilla  en  Syrie  et  en  l^pte  i  on  n^y  Toit  ni  coupoles  ni  mi- 
narets; mais  le  style  des  dtotts  n'en  est  que  plus  arr^t^  ft 
plus  ferme,  et  il  semble  qaUl  sesoit  iiiApli^  d«  la  iuddit^ 
de  pens4^  dn  gtaie  . occidental.  Le  plus  vas((:«  des  anciens 
tiiiioes  de  eegenrB»dalaiitien  partie  duliuiti^nie  si^e,  eatla 
granderoosqute  de  Cor  d  o  n e,  aveo  ses  dix-neuf  nefs reposant 
snr  d^innombraiiles  edonnesdisposta  en  fer  k  clieTal.  Mal- 
gf€  son  extrftroe  magnificence,  rornementation  en  est  encore 
s^T^re  et  m^m^  simple  quand  on  la  compare  k  oeile  d'6dl- 
fioea  plus  rfeents.  4J  exiale  k  Girone  de  charmants  bains 
msuresqnes,  et  on  en  yoit  aossi  k  Baroelone  et  k  Valence. 
II  n*existe  roalhenreusement  plusrien  du  raagnifique  palais 
d*Analira,  bAtI  Ters  Tan  950,  aux  environs  de  Cordoue,  et 
qui  ^talt  omd  de  4312  colonnes.  £n  reTanclie,  lec^^bre 
cbatean  des  rois  de  Grenade,  1' At  ham  bra,  ouvrage  de  la 
secoiide  moiti^  de  P^poqoe  roanreaqne,  «st  encore  debout  en 
partip.  A  Text^ieur  il  n'offre  que  des  murailles  unles  et  irrtS 
gtili^res ,  mats  il  Pint^rieur  la  magaiAoenoe  en  est  extrtane. 
On  y  voit  des  coars  et  des  jaidinaorn<^  de  footainea  jaillis- 
cantes  et  de  sveltes  colonnades,  de  vastes  salles  et  appar- 
f ements  avec  des  basslns.  des  baignoires,  dea  balcons,  etc. ; 
le  tout  endnit  des  plus  ridies  omements  en  moMique  ti- 
treuse  de  coiilenr,  donnant  aux  OMirailles  Tapparence  de 
modMes  de  tapisseries ;  de  mtaie  que  les  ToDtes  en  sont 
omte  de  mille  caprlcieux  dessins.  La  Cow  dea  lAont  et  la 
SalU  d€i  Ambauadewn  en  sont  les  parties  les  plus  c^l6- 
bres.  A  Seville  on  yoH  le  grandiose  palaia  d'Alcazar,  et  la 
partie  toftHrienre  de  la  tour  Geralda,  de  construction  man- 
resqne.  L'arcliitectnre  romane,  qui  s'^lendit  insensiblement 
vers  le  sud  avec  les  royaumes  Chretiens,  ne  nous  olTre  que 
fort  peu  d^Milices  de  qudqiie  importance;  |iar  example  la 
catli^lrale  deTarragone,  oonsistant  en  unebasiliqiie  voOtte; 
qiielquei  constructions  k  Barcelooe,  etc.  L'Espagne,  en  re- 
vanche, n'en  est  que  plus  riclieen  constructions  gothiques  dc 
toole  beauts,  encore  bien  qu'elles  datent  pour  la  pliipart  de 
la  seconde  moiti^  du  quatonltae  slteie,  par  cons^uent  de 
I  ^poque  de  la  dteadenoe  du  goM  golhique,  et  qu'ellcs  ne 
soient  point  exemptes  de  llnlluence  mauresque.  Ln  catli^- 
dnie  ds  TolMe  (commence  en  1227)  en  est  Tune  des  plus 
anciennas  etdes  plus  magnifiques;  il  y  a  d^^  qudqjue  chose 
de  plus  capricieux  dans  les  catliMrales  de  Burgos  (1099)  et 
de  S^vie.  Lea  cathMrales  de  Barceloneetde  Seville,  et  la 
roagnifiqne  ^lise  de  Los  Reyes  k  TolMe  ( 1494  •  149i),  da- 
tent  de  la  fin  de  cette  p^riode;  romementafion  en  est  sur- 
cliargte  €L  confuse,  mals  I'efret  total  ne  laisse  pas  que  d^en 
aire  imposant  et  pittoresqoe.  II  y  a  d*adniirables  cloitres 
gothiques  k  Guadetupeet  chez  les  DominicafnsdeVallado- 
lid,  de  magnifiques  bourses  gothiques  de  commerce  k  Va- 
lence et  k  Palma,  dans  Hie  de  Majorqoe.  Eat  Portugal,  V^ 
glisede  Batalha,  constniite  en  IS83,  est  d'une  purely  et 
d^une  richesse  de  forrnes  surprenanles,  tandla  que  la  cba- 
pelle  dn  oouvent  de  Belem,  \Mt  en  1499,  paralt  presque 
barbare  en  di^it  de  loute  sa  magnificence.  L'Espagne  n'a 
conserve  qu'on  tr6s-pclil  nomhre  d*Mifices  de  la  p:irtie  du 
seiri^mc  si^clc  o(i  Pimilalion  de  Tantique  dtait  encore  dans 
la  bonne  voie.  L'  Es c  u  r  i  a  1,  ociivre  de  Juan  de  TolMo  o(  de 


;Jiiap  daHerr^,..esf  iii(.^difioedlaiM.|oinbre4  (MiimDls 
gnixitii,.  maia  qoi  n'a  rien  4e  bean'  |ii  d'a0f^Ue.,Ces  deux 
qoalii^.nianqnnntconpiaeiDeQtjAsal  ao  cb^^a  d*4roa^ 
jueZf  oonstruit  par  le  mitoie  Juan  de  Ueraera.  ^  partir  da 
ce  moment  r.EfV>8iM  aubit  le  JPfug,  de .  rarchitectura  Ita- 
liennn ;  seulei)i^eiil»  aes  roonqmenJa  devieonent  ak>rs  plot  m6- 
dioqspf  (Dpcore  qunks  monumenii  Italiens  qui  leur  serrsot 
de  modules.  Quelqoes  archilect^a  d|on  talent  v^tahle^  tsls 
que  Filippo  IviB^  (168^  -  MZb),  ne  p,wn^t  point  empteber 
la  decadence  deTart,  Lea  monuments  lea  plua  jr<^cenU  pe- 
cbent  auasi.beauco^p  sous  le  rappoit  de  U  decoration  int4- 
rieum.  Cepend^nt  il  Caut  encore  menlionner  hooorableiQeBt 
Mariano  Lopea  Aguado,  Custodio  Teodoro  Morenq^  Tardil- 
tecte  du  tb^ti:e  oe  la  PUua  de  OrienUf  Joan  Mfguel  da 
Indan  Valdes,  aoteMra  de  quelque  bons  onvragas  awr  aon  art, 
et  Anntbal  Alvareip 

Danaie  domaine  dela  Sculptorb,  TEapagne,  pauvreen 
modules ,  n'a  qu^nn  petit  nombre  d'artistes  k  ^(er ;  et  jus- 
que  dana  ces  demieratempa,  ce  aont  le  phis  soovent  des 
strangers  qu*on  y  voit  exercer  cet  art.  C'est  seul^ent  k 
partir  du  dix-baitj^nM  aitele,  qu*i]  s*y  produi^lt  c|ue1ques 
sculpteurs  de  talent « tels  que  JosA  Alvarcset  Antonio  SoU, 
dont  lea  meilleurs  ouvrages  sontune  statue  de  Cervantes 
et  on  groupe  reprtentant  JkuHz  el  Velarde  deux  pairiotes 
morts  efk  1802;  fledina  et  Ponxano^  ^vea  d'Alyarea,  Fran- 
cisco Perea  del  Valle,  Esteban  de  Agreda  et  Fr.  Elias. 

En  revanche,  TEspagne' est  on  pays  classiqne  poor  la 
Peikturb.  Si  k  r^poque  du  mo^en  age  cet  art  y  brilla  pen, 
si  c'est  seulement  k  partir  du  quatond^e  si^le  qu*on  y 
trouve.quelqneanom^  iciter,  enfin  si  pendant. le qniniltoie 
sidcle  iapelnture  espagnole  se  ra^taclia  k  celle  de<  Pays-Baa, 
et  pendant  le  seiai^e  k  celle  de  Tltalie,  le  dix-septitaie 
si^le,  par  oontre,  olfre  une  ^latante  plenitude  de  vie  et  d*o* 
riffoalit^;  radieuse  ^poque  k  laquelle  sucdMcn't  au  dix- 
buititae  allele  I  comme  partout  ailleurs,  le  reUcheAient  et 
la  nanl^  (t^pfes  k  rarticle  toouM  ni  FBtimjaB  le  para- 
grapUaconsaciilii'i^fo/eesiNi^ito^).  Parmi  leaarA^^s  Fla- 
mands  ^tablis  en  £ap9^  au  qulnaitoie  sitele,  on  c&e  Rogel 
(pent-^tre  Rogn  de  Bruges)  et  Jean  Flaroaotf  (peut-«tre 
Hans  aiemling).  Les  Eapagnols  attribuent  aussi  k'  Albert 
Ourer  mie  gmnde  influence  sur  les  d^veloppements  de  leur 
peinture*  I^is  de  Morales  travailla  dans  le  style  septen- 
trional; et  aes  vieox  tableaux,  malgr^la  doret^  des  formes, 
ne  laiasent  paa  que  d'oftrir  d^ik  une  expreasion  agr^able, 
souvent  belle^  et  un  cploris  facile.  Parmi  les  peintres.  do 
seiai^me  ai^e,  Pablo  de  Areglo  et  Francisco  KeapotI,  se  Tor- 
mirent  daus  Talelier  de  L^nard  de  Vinci^  doptll  leurarrlye 
parfois  de  reproduire  avec  assea  de  bonheur  la  mani^; 
Alonso  Berruguete,  n6  en  1480^  et  rexceltent  Ped^  Cam- 
panna,  na  en  1&03,  Turent  ^I^ves  de  Michel- Ange;  Luis  de 
Vantas,  n6  en  1502,  8*appropria  la  grandeur  et  la  grftce 
de  Tteole  romaine  cbea  Perin  del  Vaga;  Vicente  Joanes,  n^ 
en  1(23,  paralt  s*6tre  rattacb^  aux  peintres  florentins  de  la 
seconde  i^iie.  Mais  les  peintres  de  T^le  V^Uenne  fu- 
rent  ceux  qui  exerc^rent  le  phis  d^nOuence  sur  la  peinture 
espagnol^le  Titian  notamment,  doni  quelques-nns  dea  beaux 
oovrages  furent  ex^cot^  pour  TEsfiagne  et  dont  Patelier  Tut 
fr^qoent^  par  un  grand  nombre  d'Espagnols ,  entre  aatrna 
par  Alonso  Sanchez  Cuello,  devenu  plus  tard  peiittre  de 
Philippe  11;  par  Joan  Fernandez  Navarrele,  dit  el  Mtuio , 
n€  en  IMA.  et  qu^on  a  m^me  sumomm^  le  TIHen  espagnol. 

Telles  sont  les  bases  (dont  le  coloris  des  VtoHlens  ful  la 
pluf  e^aentlelle)  sur  lesqnelles  se  d^velopp^rent  las  grendas 
^coles  duilix-septiime  sitele : celles de  Madrid,  qui  an  mt 
tadie  surtout  k  la  cour,  et  celle  de  S^^vUMi.  Leor  careclfere 
oommun  eat  un  naloralisme  intelligent ,  qui  parfois  atlelnt  l«s 
demi^res  limites  de  la  beant^,  auquel  vienieiA'eii  aide  un 
dessin  et  une  composition  bardls ,  sans  avoir  tfen  de  capri- 
cieux ni  d'arbttraire,  «A  on  coloria  p^liant  peoV^tre  par  les 
teintes  obscures  et  vsk^mt  nolres  de  ses  ombres,  mala  renoair- 
quabie  par  son  ccl.it  et  sa  transparence,  en  roeme  Iraapn 
que  par  sagrande  douceur,  tenant  par  consequent  In  mi 


ESPAGMOLES  —  KSI'ALIEU 


1 1 


lieu  entre  lo  colorltde'  l^^le  vaiili«iiiieiet  ie  cAtoris  de 

r^floto  .upoUtinio;  La  carnfttioii  eo  est  p&le,  oonunecette 

du  4Mrp&'dM  Bspagnols ,  imusidittiide  et  pleine  lie:  vie;  les 

draperieft6ont  le  plus  souvaoft' ^ua |Mu  l^raB;.rai&eittent 

.runiHiiWn  MmoigBe  dte  loia  partooCi  ^U  to*  ^  tttdiHai- 

j^nefiftj'aa  coati^re»:  U  ufhe  C6rt&iii89  parties  ainquekles 

4'ailiito  H'.dvideiniiienk  iMen  plut  traTaiU^  qu'au  reato  de 

•rfoaiiBttire.Gfeit  k  T^le  deS^vflte  qa^appartuurent  Fraa- 

/ii8ei>.Patfiaoo,  n^tti  1671,  Jaau  de  ia  Roelas,  n^jen  1&&8, 

4ea.daBxlIeneraB;  leatroit  GttadUosi  4tuaXi6  plus  calibre 

Mifom,  le  maltre  de  MttrUbi^enaiiite  Franoilco  Ziirtorao , 

tii^ea'18i6iiiM»rteB  l(ltt,qoi  par  m  graviUet  fi4ui  toergie 

JixeiepBemler  leetyledeceUeteole;  enAn,  Velasques, 

qui  plut'tard,  coame  petntre  de  la  coucy  exer^  la  plos 

igrande  Influenee  sar  i'l^le  de  Madrid  v  le  simple  et  noUe 

Aioiue  Cane  ( 1610-MI67),  Pedro  de  Moyi|,a^Te'de  Vao- 

Uy^  <iei0-ie66)»  et  le  pUia  grand  de  totts>  MuriUo, 

aprte  la  ttmi  do  quel  ( ie82 )  r^oole  de  SdTiUe  ne  tarda  point 

iperdre  toutiBBon.  importance. 

L'^coia  de  Madrid  pnxhiisit  Luis  Tristan,  n^  en  1586,  el 
lea  dens  Cankiclidt,  florentUis  de  natsaance ;  puis  lea  d&Yes 
de  VeiasqoeZy  Juan  de  Parija  el Bsdavo^  et  Mazo  Martinez; 
Antonio  Pereda  ( 1690  - 1669 ) ,  qni  |»ur  le  ooloris  I'emporte 
fiur  MuriUo  Iui*ni6me^  Juan  Ga»no  de  Miraoda  ( n^  en  16U ), 
Fj.  RIti,  Juan  Antonio  Escalante  (1630-1670),  Claudio 
Coelto,  etc 

Une  direction  partkuU^re,  subiaaant  daYanlage  Haflnence 
de  nBalie,  se  dtiveloppa  dans  I'dcolede  Valence,  qui  com- 
nenoa  1^  Aregio,  lieapuili  et  Joaaes,  et  4ont  lea  asaKrea  les 
plus  o^rea  forent  Francisco  Bitolta  ( 1661  -  1626)  et  ses 
61^&{ Pedro  Orvente  (a^  eft  1660),  dt  Josepe  Ribera,  de- 
Tenu  phis  tanl  le  chef  de  Tteole  Je'Naplea.  Lorsque,  vers  la 

•  fin>du  dix-«eptitoie  sitele,  s*^telgnit  ie  prindiie  de  tie  par- 
Ueiitter  k  r6cole  es|)agnole ,  plusieurs  autrea  circonstanccs 
^daYttrabled  se  r^unirent  pOur  exeroer  la  pins  pemfdeuse 

•  Jnfluciii^  8ur  la  direction  nltihieure  deKart  en  Espagne;  par 
.  exemple,  TextiBction  de  la  dynastie  de  Hapsbourg,  Tappau- 

YrissemflBt.  incessant  dn  pays,  et  I'appd  fait  k  Luca  dor- 
tlamo^  arttsle  dou^  d'une  estrdme  rapidity  d'extotion  et 
dont  Texemple  ftit  dea  plus  Innestes.  Parnii  les  peintres  pos- 
lerieurs,  AnL  Palomino  de  Velasco  ( 1653- 1728)  a  moins 
d'importancepar  ses  propres  ouvrages  que  par  le  Recueil  de 
Notices  qu*il  a  public  sur  lea  anelens  artisles  eapagnols 
(El  Hvsm  pietwicOf  y  escala  eplica  [3  vol.  Madrid, 
1715*  1724).  Antonio  Viiladumat  {n6  en  1676)  et  Alonso 
de  Tobar  ne  sont  aussi  que  de  pAlea  imifateors  des  raaltres. 
En  vuiu  le  roi  Charles  111  fonda  des  academies  el 
a|ipela  en  Eapagne  Raphael  Mengs;  Tart  alia  toujours  en 
se  d^dant  daTantage,  et  sous  Cluirles  IV  Goya  y  Lu- 
cientes,  pelntre  humoriste  d'un  talent  toot  particulier, 
est  le  seul  qn'on  puisse  citer.  L'influence  du  clasalcisnie  de 
r^ccle  franfalse  reprfeent^e  par  David,  quetque  frappant 
que  xoit  le  contraste  que  aon  pathoa  et  sa  froldeur  oflrent 
avec  Tancienne  ^cole  i»pagnole,  ne  laissa  pas  pourtant  que 
dliiAiter  comine  une  tie  nouvelle  k  Tart  espagnol.  C'est  k 
cette  ^le  8lguind6e  que  se  rattaclient  laplupart  des  artistes 
de  Ukjeune  ^cole,  parmi  tesqnels  nous  nous  bomerons  k 
citer  Vicente  Lopex  y  Portana,  Jose  etFederico  Madraxo  y 

•  Agudo,  Juan  Antonio  et  Carlos  Luis  Ribera,  ISivelles  y  HeKp, 
Esquivel,  pefaitre  de  portraits  et  dMiistoire  qui  s*est  formd 
d^afirks'les  M^v^es  pr^cept^  de  T^eolede  Seville;  Genaro 
Perez  Vilamit,  lemarquable  paysagiste,  mort  en  1854 ;  Pedro 
.  Kvnli,  qtii  exoelle  dans  la  peMpectlYe ;  enfin,  Valentin  Carde- 
rersi,  tout  k  la  fois  pelntre  et  critique  de  talent,  Jose  Gotierrez 
de  la  Vlega,  Josift  Elbo,  Tegeo,  Agapfto  Lopez  San-Roman, 

*Alemsa,  Cavanna,  Canderata,  Benito  Sanz,  Ferran,  Ortega, 
'.  Vam  HalDir  (Ala  du  gdnMI  d^ ce  nom),  Bttccelll,  et  mes- 
d]inMHr  W6it  et'Nieolao. 

La-  lilbographie  a  anasi  'felt  de  remiuquables  progrte  en 
E«pagne,  et  la  COfeccfon  IHoajrdftca  de  cuadros  del  rey  de 
BipafifBf  etc.,  publico  par  J.  Madrazo,  est  un  de  ces  ou- 
yr«ISes  qui  font  le  plus  grand  honneur  k  un  iiays.  Con$ult»«2 


<;ean'/l)enmidez,    Dloiiona^io  hisfoheo^  vie.   (Madrid, 
•1808, 0  vol.)      ■  .    ,     •      . 

Ed^PAGNOLUrr  ( L" ).  K^s  RmitRA. 
EWAGNOL£yFraL' On  donne  ce  nom  k  une  barre 
de  fer  r6nde,  attaolite  aur  celui  dea  deux  battanta  d'une  fe- 
nKre  destine  k  arr6ter  l*antre,  lorsqu'on  vetitia  tenlr  ferm^e. 
Cette  barre,  dont  tea  extrtaiitdi  se  terminent  en  ctocliet, 
porta  A  aon  milieo  irne  main  de  mAme  nuKal,  et  qui  V^l^ve 
ou  s'abaisaei  k  volenti.  La  barre  6tant  elle-m6me  mobile,  on 
la  fatt  tourner  au  noyeta  de  la  main.  Si  c^est  |H)or  fermer 
la  feoHre,  les  deux  battants  en  ^tant  rapprocli^s,  les  cro- 
chets de  respagnolette  entrent  dans  des  ^tes  plac^es  Tune 
en  liaut,  la  seCunde  en  baa ,  et  la  partie  moliile  de  ta  main 
^tant  easoite  ptacte  dans  une  sorte  de  crampon  fix^ 
sur  Tautre  battant ,  la  fenMre  se  trouve  alors  solidement 
ferm^.  Lorsqu'on  vest  Toiivrir,  il  Fuflit  de  sortir  la'  main 
dn  erodiel  qui  la  reliant  el  de  tourner  respagnolette  en  sens 
contraire.  On  a  depuis  quelque  teu*%  imaging  un  autre 
moyen  de  digger  fespagnolette.'II  suilitd'un  bouton  plac^ 
k  la  liantelir  de  la  main,  qn*on  fait  jouer  pour  df^gager, 
danale  eena  vertical,  leliaut  on  le  bas  de  la  barre  de  fer; 
les  dearx  battants  nMtaHt  plus  retenus,  la  fendtre  s^ouvre 
factlemenf. 

ESPALIER  se  dit  dea  arbres  (hiiUers  plants  k  Fappui 
d*un  raur  et  fix^  k  sa  surface  par  mi  treillage,  ou  shnple- 
ment  par  des  dons.  Ceux  qui  rdnsslssent  le  mieux  en  es- 
palier sont  les  ptebers ,  les  polriers,  les  abricotfers  et  la  vi- 
gne.  AinsI  enUit6s,  its  sont  k  Pabri  des  gel^es  tardives,  de 
la  grdle;  expose  k  une  temp^ture  plus  ^lev(^,  lis  pro- 
dulsent  des  r^coltes  plus  sOres;  leurs  Truits,  plus  gros,  plus 
pf6coces  ek  mieux  colore,  acquih^nt  une  maturild  parfaite 
et  one  quality  qui  varie  peu  d*une  ann^e  k  Pautre,  malgr^ 
les  variations  des  saisons  :  tela  sont  les  avantages  incontes- 
tables  qu*ils  out  sur  les  arbres  cultiv^  en  plein  veut.  La 
n^cesstt^  de  ce  genre  de  culture  est  d^ailteurs  ^vidente  dans 
les  pays  od  sans  elle  les  fruits  parviennent  dilTicllcment 
k  maturity,  eomme  il  arrive  en  Angleterre,  et  m6me  dans 
le  nord  de  la  France. 

La  direction  des  espaliers  est  une  grande  affoire ;  elle  exige 
des  soins  assidus  et  ^lairds  :  hi  plantation,  Tespacement,  la 
taille,  r<^bourgeonnement,  I'efTeuillage,  le  palissage,  Ti^bou- 
tonnement,  la  construction  des  murs ,  ^exposition ,  les  pre- 
cautions centre  la  gelte  ou  contre  la  gr^le,  sont  autant  de 
points  qui  dolvent  fixer  Pattention  du  cullivateur. 

Les  trous  fails  quelques  semaines  k  Pavance,  sMl  est  pos- 
sible, cm  y  plante  les  jeunes  grefles  de  mani^re  que  la  tige 
suit  distante  du  murde  15  a  20  centimetres,  que  les  racines 
soient  blen  ^tendiics,  les  deux  plus  forles  sur  une  ligne  pa- 
ralieie  au  mur ;  on  rabat  la  terre,  l^g^re  et  bien  teras^,  sans 
pressions  r^t^r^es  du  pied ,  comme  le  font  k  tort  des  jardi- 
niers  peu  ^clair^.  Les  plantations  peuveot  avoir  lieu  de< 
puis  la  fin  d*octobre  }usqu*au  mois  de  mars.  La  distance 
entre  cliaque  sujet  varie  selon  I'esp^  :  cinq  ou  six  metres 
suffisent  au  d^veloppement  de  chaque  branche  m^re  lat<^- 
rale  du  p^cher  et  de  la  piupart  des  autres  arbres;  quel- 
ques-uns  8*6tendent  moins. 

L^arbre  plants ,  on  le  rabat  sur  quatre  ou  six  yeux  de  sa 
grefte;  c'est  1^  tout  pour  la  premiere  annde,  saul  les  Ta- 
lons. A  la  ta  file  sutvaute,  dont  P^poque  varie  selon  les 
esp^ces,  on  choisit,  pour  la  forme  en  V,  les  deux  pousses  le$ 
plus  belles,  une  de  cliaque  c6i6  de  la  tige,  et,  autant  que 
possible,  en  parall^llsme  avec  le  mur;  pour  la  taille  en  ^ven- 
tail,  Irois  ou  quatre  dans  la  m6me  direction.  Ce  choix  fail, 
on  supprime  tons  les  autres  bourgeons,  et  ceux  qui  doivenl 
servir  de  brandies  m^res  sont  rabattus  sur  six,  sur  quatre 
ou  sur  deux  yeux,  selon  leur  degr^  de  vigueur  ou  celui  du 
sujet  Les  brandies  m^res  cooservdes  sont  tenues  en  place 
par  des  liens,  et  cehi  de  mani^re  k  favoriser  la  d^vdoppe- 
ment  lateral  du  suJet  Les  tallies  suhrantes  onl  pour  objet 
Paccrolssement  le  pins  r^gulier  et  le  pins  (Iteond  de  I'espa- 
lier;  dies  consistent  dans  la  suppression  enti^  des  bonr- 
geoDS  qui  ne  convicnnent  pas,  avec  la  aoin  conatant  d*^ 


13 


ESPAUEE  —  ESPARTEEO 


tablir  r«gaW«»  r^qaOibra,  dant  la  fonnatioD.  Anssi  le  colti- 
yntear  ne  doit-O  jamaU  oobHar  qoll  y  a  riiiraltaii6U^  d*ac- 
tion  el  eorrespondaiice  antra  laa  radnaa  el  las  feulllaa. 
V4b0urg$onnemeni  at  re/^aiciUa^asepratiqoeDt 
Fun  al  Tautre  aai  ^poqnat  06  le  moiiTanM&t  de  la  i^Te  se 
ral^iit,  el  eomme  H  a  4t^  indlqn^  k  chacan  de  eaa  mots. 
Le  pallitMoge  le  Cdt  an  moyen  de  Hena  qui  donnentaox 
oraneiiei  una  direcUon  pins  on  moiiu  oaTeite,  aeUm  la  forme 
gfo^rale  cboisie  pour  Tarbro.  Gas  liena  ne  dohrent  point 
embraMer  la  feuiUe  ni  lea  yeux;  ila  ne  doivent  point  6tre 
piae^  de  manure  h  en  gteerr^rolution.  S*iU  nieltaient  lea 
brandies  dans  des  positions  forcdcs ,  ails  ne  consenraient 
9aa  k  diacune,  gamie  de  sea  rameaox,  nne  forme  analogue 
a  cdle  de  Tarbre  entierp  d,  dans  la  crainte  de  le  laiaser  d4- 
gamir,  le  palissage  rapprodiait  les  brandies ,  lea  croisait  an 
pdnt  d'emptelier  la  Ubre  drculation  de  Tair,  I'accte  de  la 
Inmlire  et  da  soleii,  eette  optetion  serut  d^fectueuse  et 
noidUe  an  sujet. 

L*^froii/oiinemen<  est  la  supresdon  des  boutons  qui,  mal 
plao6s  on  trap  rapprodi^  des  autres,donneraient  lieu  li  I^^ 
bourgeonnement ;  onenl^velea  boutonspendantllilTer,  i^l'on 
ed  dnd  dispcois^de  reparation  prte^dente.  II  ed  d*dlleurs 
fadle  de  oomprendre  que  rdxmtonnement  a  le  grand  aYan- 
tage  de  ne  point  fatiguerTarbre  comma  TdiourgBonnemeut. 
Tous  les  mat^riaux  que  Ton  peut  (dre  entrer  dans  la 
oondruction  des  murs  d'espaliera  ne  sent  pas  ^ement 
conTenables  :  les  plerres  dures,  blandies  et  lisses,  font  des 
murs  d'un  aspect  agrteble »  mais  par  leur  nature  Us  r^fl^ 
ebissent  beaucoup  de  rayons  soldres  sans  se  pdn^trer  de 
ehaleur;  de  cet  eflTet  physique  il  r^ulte  dea  ^tata  de  tern- 
ptature  qui  varient  condd^rablement  pendant  le  Jour  et 
pendant  la  nuit,  et  nuisent  k  raccroissement  des  fruits. 
Les  murs  en  terre,  les  palissades  en  bois  mdme,  on  dema- 
tihe  autre,  nSisd'ane  coulenr  teme,  d'une  structure  moius 
dense,  se  pen6trent  de  ehaleur  et  la  rendent,  au  profit  des 
plantes,  aux  heures  oil  la  temperature  s^abaisse;  ils  sent 
done  pr^fi^rables.  Una  d^vatlon  de  trois » quatre ,  ou  cinq 
metres  y  est  suffisante  aux  murs  d'espaliers ;  mds  die  doit 
Itre  la  m6me  des  deux  c6t^,  car  d ,  par  suite  de  lln^alit^ 
du  sol,  Tun  des  cOtte  se  trouTO  au-dessous  du  niTeao,  les 
arbres  en  espalier  plac^  sur  cette  parol  ne  pourront  r^ossir ; 
lis  seront  arr^t^  par  Thumiditd  habituelie  du  sol  qui  les 
nonrrit  et  par  cdle  du  mur  auquel  ils  sont  adoss^. 

Le  cultiTateur  n*ed  pas  toujours  libra  de  donner  k  ses 
espaliers  Texpodtion  qu*il  desire;  die  est  ddterminte  par 
cdle  de  son  champ.  Pnur  les  Truits  dont  il  ?eut  liAler  la  ma* 
turite ,  pour  les  arbres  qui  cralgnent  les  derniires  gel^, 
il  choisira  le  midi,  le  Levant  et  les  positions  qui  s*en  rappro- 
ehent  le  plus  :  une  oblique  du  leTant  au  midi  est,  je  crots,  la 
mdlleure  de  toutes  pour  le  p6cber :  cdle  en  pidn  midi  a 
lo  grand  ioconvenient  de  donner  aux  arbres  une  dialeur 
trop  brusque  et  trop  yive.  Malgr^  lecbolx  d'une  bonne  ex- 
position, dans  les  pays  od  les  frolds  seprolongentau  prin- 
temps,  k  Paris  et  dans  les  euTirons,  les  jardiniere  seraient 
expose  k  perdre  souvent  leur  rdcolteenli^re  par  Teffet  d*nne 
simple  gelte  blanche,  s*ils  n^avaient  le  soin  d'abriter  leurs 
espaliers  :  aussi  Tusage  des  paillassons  l^era  est-il  gte^ra- 
lement  r^andu  dans  ces  pays.  La  mani^re  la  plua  simple  et 
la  plus  profitable  pour  les  disposer  est  de  les  attacher  k  des 
perches  par  leur  extr^mit^  sup^rleure  :  ils  sont  de  la  sorte 
toujours  pr^ts  et Idss^  en  peu  de  temps;  on  les  rdient  par 
des  lourclieUes  qui  embottent  Textrtoiit^  des  perches  trans- 
versales,  et  reposent  le  long  du  mur  k  arc-boutant.  Ce  pro- 
c^e  sert  encore  k  lea  pr6smer  des  eflets  d^sastreux  de  la 
greie  ou  d^une  chaleor  trop  sdsissante;  une  telle  d'embd- 
iage  remplit  le  memo  objeL  En  outre,  des  obserrations  r^- 
\)H6cs  ayant  port^  des  cultlTateurs  ^lair^  k  croire  que  Ta- 
vortemeiit  de  fieurs  des  arbres  fruiliers  doit  souvent  ara 
aUribu6  k  rinterruption  du  cours  de  la  sdvedans  la  tige  par 
U  aclt^  du  printemps,  pour  ohvier  k  cet  accident,  ilaont 
enve!opp<§  de  pailie  ou  de  foln  la  lige  des  espaliers,  depuis 
ic  collet  de  la  raciue  jusqii'a  h  division  sur  les  brauciies 


mteaa.  Le  rteltal  de  lean  expMeiioes  noos  panit  de  la^ 
loralicovrdnerederexedleooede  eeUe  prallqae,  el  nooi 
la  reooramandona  tree  eonfiance.  P.  Gaoanf . 

ESPALION.  Kofss  Atitmm. 

E8PARTERO  (Don  Bald  AMito),  ex-r<get  d^Enpagas, 
eomtede  Lttctoui,  due  dels  Ficlorto,et  grand  d'Espagneda 
premMradaase,  ed  d6  en  i7M,  dana  la  Manche,  k  Grana- 
tula,  ouaonptoBtAntonioEspartero,  exer^dt  le  odtierda 
charnm.  II  ddt  le  pins  jeoae  de  neof  en&nts.  Destine  k 
r^tat  eecMsiastiqoa  par  anitede  la  biblesaede  sa  eowtttD- 
tlon,  tt  abandonna  en  IMS,  lors  de  liUTadon  des  Fran^ds, 
le  s^mindre  oti  il  fUaait  sea  Mndea  poor  s*engager  dans  on 
corps  presque  uniquemeDt  compose  d*^adiants  el  appd^  le 
baiaUlon  $aeri.  Pins  tard  0  passa  an  corpa  dea  eadets,  d 
Tera  la  fin  de  1811  il  ftil  nooim^  sooa-lientenant  dans  la 
corpa  dea  fnginleurs,  k  Gadix ;  mala  n*ayant  pa  aootenir 
d*nne  manito  suffisante  lea  examena  exigte  par  les  r^e- 
menta,  a  ftit  en  1814  envoys  aTec  le  mtoe  grade  dans  on 
r^gUnent  dinfimteile  en  garnlson  k  VdladoUd.  Bleaa^  dans 
ses  sasoeptibllit^  par  Tordomianoe  qd  le  aoumettait  k  cette 
mutation,  il  ^tdt  d^dd^  k  donner  sa  demiasion,  lorsqu^un 
protedeur  influent  lui  consdlla  de  se  printer  an  g^n^ral 
don  Pablo  Morillo,  qui  yendt  d'etre  nomm^  eommandant 
en  chef  de  Tarmte  destinte  k  alter  combattre  les  co- 
lonies insurgte  de  TAm^riqae  m^ridionde.  Morillo  coa- 
sentit  koe  qn*il  prtt  part,  atee  le  grade  de  capitabie,  k 
rexp6dition,  dont  le  depart  eut  lieu  an  mois  de  jander  18 f  5, 
et  pendant  la  traverste  il  Tappela  anx  fonctions  de  chef 
d'dat-miyor.  Mala  Espartero  ayant  montr^  pea  d'aptitude 
pour  un  tel  poste,  ne  tarda  pas  k  ^e  nomm4  mijor  dans 
an  r^ment  d'infanterie  au  P^u.  U  y  fit  prenTe,  k  dl« 
Tersea  reprises,  de  r^solatimi  et  de  oonrage,  d  passa  Ueote- 
nant-colond  en  1817,  puis  oolond  en  1823.  Qoand  la  capi* 
tnlationd'Ayacucho  eut  mis  fin,  en  1824,  li  la  domination 
espagode  dans  I'Amerique  du  Sud ,  il  rednt  en  Espagne 
avec  Lasema,  Valdte,  Canterac,  Rodii,  Aldx,  Lopes,  Nar- 
Taex,  Blaroto,  etc.,  qu*on  dMgna  plus  tard  par  le  aomom 
gto^rique  d^AyacuchoSf  d  ftit  envoys  en  gamison  k  Lo- 
grono,  avec  le  grade  de  brigadier.  Une  fortune  eonsidtabie, 
qa*il  avdt  bite  en  Am<Srique  paraon  ran  bonhenr  au  jeo, 
lai  permit  de  vivre  avec  taste,  d  ses  qodftte  personndles 
lui  firent  obtenir  les  bonnes  gr8eea  de  la  fiUe  dhm  riche 
propri^tdre  de  Logrono,  appelS  Santa-Cruz.  II  I'^pouaa,  en 
d^pit  de  Fopposition  du  pjre,  d  fot  bientdt  aprte  envoys 
tenir  gsmison,  avec  son  regiment,  k  Tile  de  Mdorque. 

En  1831  il  ae  d^ara  ouTertement  en  favour  de  la  nou- 
Tdle  loi  de  succesdon  k  la  couronne,  stabile  par  Ferdi- 
nand VII ;  d  quand ,  k  la  mort  du  roi,  la  guerre  dvile  ^clata^ 
il  ofTrit  spontan^ment  de  marcher  aTec  son  regiment  contre 
les  prodnces  insurg^  du  nord.  On  le  nomma  dors  com- 
mandant g^n^rd  de  la  Btscaye ,  d  bientdt  apres  martebd  de 
camp,  puis  lieutenant  g^n^rai ;  et  quand,  en  mai  1836,  Co  r- 
dova  se  rend  it  k  Madrid,  11  fut  charge  par  interim  du  com- 
mandement  en  chef  du  corps  d*op<Sration.  Au  mds  d'aoOt 
suivant,  son  apparition  personndle  saiiva  la  capitale  qu'une 
bande  Carlisle  fut  au  moment  dTenlever,  et  en  recompense 
de  ce  service  II  fut  nommd  gdnenl  en  dief  de  Tamite  du 
nord,  vice-roi  de  Navarre,  dcapitaine  gditel  des  provincea 
liasques.  D^ut^  aux  cort69^constituantes,  il  prftta  serment  ii 
la  constitution  de  1837;  mds,  mteontent  du  minidto  Ca- 
latrava,  il  prtelpita  sa  dmte  en  provoquant  la  protenla- 
tion  des  ofBders  de  la  garde  k  Aravanca.  Quand,  le  12  aep> 
tembre  1837,  Tarmde  de  don  Carkis  arriva*jusqoe  sous  lea 
murs  de  Madrid,  il  eut  encore  une  foia  la  gloire  de  anuver 
cette  ville.  II  reponssa  le  prdendant  derriere  VtJbre,  et 
r^usdt,  au  muis  de  d^cembre,  k  lui  enlever  lea  hauteurs 
de  Luchana  et  k  d^bloquer  Bilbao,  (dt  d*armea  qui  lui  Taliit 
ie  litre  de  comte  de  Luchana.  LMnadion  dana  laqoelle  il 
persisla  k  [lartir  de  ce  moment  eut  au  moins  ed  avantage, 
qu*dle  lui  periuitde  r^tablir  la  disdpllne  dans  l*amite. 

Tandts  qifil  gaguait  de  plus  en  plus  la  bveur  de  la  leine 
rdgcjitc,  les  saugiantes  executions  qu^il  ordonnait  k  Panipe- 


ESPARTERO  —  ESP&GE 


IttiM  eontre  L^on  liiartey  k  Miranda  et  antret  Ueai,  ren- 
daioil  ioa  nom  la  terreur  de  ees  protinces  et  de  rennemi. 
Eb  1838,  fl  antentit  le  corps  eipMitioniiaire  carttste  aux 
ordna  du  ^biML  Negri.  Gependanty  !a  in^aintelligence  aliaH 
toidoiin  en  augmentant  entre  Ini  et  le  miniate  Ofalia,  sur 
lequel  11  rcjetait  toute  la  responsabilit^  de  IMnaction  k  la- 
quelle  11  ^t  condamn^ ;  et  la  jaloade  que  lui  inspiraient 
Narraea  et  Ck>rdoTale  porta li  enyoyer  k  la  relne  diTenea 
adreasea  centre  enx.  La  eampagne  beurenae  qa'il  fit  en 
1839  lui  valiit,  comma  distinction  personneUe,  lea  titres  de 
grand  d*£spagne  de  preroite  clasae  et  dedoc  de  la  Victoria. 
II  sut|proflter  arec  beaacoup  d'adresse  des  divisions  du  parli 
carliste  pour  ouvrir  avec  Maroto  des  n^odations  qui  se 
terminiient  par  la  oonYention  de  Bergara,  par  suite  de 
laqudle  don  Carlos  ae  vit  forc^  de  se  retirer  en  France. 
Quandil  coromen^a  en  ts40  la  eampagne  centre  Cabrera, 
il  deroanda  le  breret  de  gto^ral  pour  son  secretaire  et  aide 
de  camp  Linage,  qui  tout  r<^cemment  avait  grossiteement 
insults  le  miidstre  de  la  guerre  dans  une  letbre  publique. 
II  ^ait  d^  trop  puisMut  pour  qu*on  pOt  refuser  de  faire 
droit  k  ses  exigences.  Narvaei  dut  quitter  le  ministire,  et 
Linage  paaia  gte^ral.  Pendant  ce  temps-Ik,  la  session  des 
cortte  s*<Uit  ouverte.  Le  cabinet,  comptant  sur  une  majo- 
rity dans  cette  assemble,  essaya  de  porter  un  ooup  mortel 
aox  exaltadoipdoni  Espartero  ^it  devenn  I'homme,  en  pr^ 
aentant  nn  projet  de  loi  restrictif  des  liberty  municipa- 
les  ( voye%  Atdhtahiemto  );  et,  deson  c6t4,  la  reine  r^gente 
s'^tait  rendue  k  Barcelona,  o6,  malgr6  les  tives  repre- 
sentations d*Espartero,  rerenu  Tietorieox  de  son  expedition 
eontre  Cabrera,  et  qui  avait  6ik  aocneilli  dans  cette  vile 
avec  les  maniliBStaUons  du  plus  Tif  entbouslasme,  elle  donna 
sa  sanction  au  projet  de  loi  vote  par  les  cort^.  Mais  ce  fut 
aeokment  lorsque  le  mouvement  insurrectionnel  proYuque 
par  cette  loi  eut  pris  un  caraetere  bien  dedde  qu'Espartero 
se  pronon^a  en  (aveur.  11  revint  en  toute  bAte  k  Madrid,  oil 
il  fit  nne  entree  triomphale,  et  de  Ik,  comme  president  du 
conseil  des  ministres,  se  rendit  aTec  ses  coUkgues  k  Valence 
oil,  le  10  octobre  1840,  la  reine  r^gente  dddara  renoncer  k 
sea  fonctions  et  annon^a  Tintention  de  se  rendre  en  France. 
Derenu  de  fait  Tarbitre  des  destioees  de  I'Espagne,  Espartero 
fot  eio,  le  8  mai  t84l,  par  les  cortte,  rdgcnt  du  royaume. 

U  fit  pieure  an  timon  de  r£t&t  d*energie  et  de  fermete, 
d*ententedea  aCtaires  et  de  finesse  diplomatique.  II  sat  re- 
primer  lea  usurpations  de  la  conr  de  Rome,  oomprimer  le 
parti  repuMicain,  soolere  sur  divers  points  et  notamment 
k  Valence,  etooffer  IMnsurrection  de  Pampelune,  oil  O'Don- 
neO  avait  arbore  le  drapeau  de  la  reine  regente,  et  de- 
jouer  les  complots  trames  pour  enlcver  la  jeune  reine  et 
seduire  Taraiee  par  les  generanx  Diego-Leon  et  Condia, 
dont  le  premier  fut  fusilie  le  15  octobre  1841.  En  outre,  il 
repandit  la  terreur  dans  les  provinces  basques,  toujours 
agitees,  en  lea  faisant  parcourir  par  des  colonnes  mobiles  et 
eny  levant  des  contributiens.  Le  1&  novembre  il  soumit 
Barcelone,  ot  le  parti  republicain  s*etait  souleve,  et  entra 
de  noovau  en  triomplie  a  Madrid  le  30  du  meme  roots. 
A  partir  de  ce  moment  la  diplomatie  d'Espartero  prit  une 
autre  direction.  Use  tonma  compietement  du  cAte  dePAn- 
gleterre,  conduite  qui  ne  fit  qn'aigrir  encore  davantage  la 
France  contra  lui  et  qu*exdter  cette  puissance  k  tremper, 
d*aceord  avec  la  reine  Marie-Cbristine,  dans  une  foule 
de  machinations  dirigees  centre  son  gouvemement.  Mal- 
gi^  eda,  U  reossit,  grice  au  respect  dont  0  faisait  preuve 
pour  la  constitution  de  1837,  k  maintenir  le  parti  exalte  ou 
prog^essistedans  les  strides  limites  de  la  legalite.  11  parvint 
eg»lement,  en  bombardant  Barce!one,k  comprimer  lanou- 
vdle  insurrection  qui  avait  edate  dans  cettt^  maliieureuse 
dte  vers  la  fin  de  1840.  Mais  la  coalition  qui  se  forma  alors 
entre  les  progressistes  ou  repoblicains  et  ies  moderados  (par- 
tisans de  Christine )  finit  par  rendre  sa  chute  inevitable. 

Le  9  mai  1843  il  fut  force  de  sandionner  une  amnistie 
generate  presentee  par  le  ministre  Lopei,  et  dont  les  clau- 
ses livraient  le  pays  en  proie  ktoutes  les  intrigues  des  mo^ 


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derados.  Le  minbtkre  ayant  ensnite'  exige  de  kd  le  renvoi 
de  son  seereiafav  Linage,  partisan  dedde  de  la  poUtiqve  an- 
glaise,  et  du  general  Zurbano,  qui  s*etait  rendu  odieox  par 
la  aeverite  qoMI  avait  deployee  k  BarcdonOt  il  a^y  reAisa, 
destitoa  ses  ministres  le  20  md,  et,  par  on  decret  do  36, 
pronon^a  la  dissolution  des  oortte.  A  la  suite  de  cette  me- 
sure.  d  le  bruit  s'etant  repandn  qu*un  trdte  de  commerce 
desavantageux  pour  TEspagne  Tendt  d*4tresigne  avecl'An- 
gleterra,  one  insurredion  edata,  et,  fomenteeavec  soin  par 
lea  nombreox  ennemis  d'Espartero,  se  propagearapidement 
en  Catdogne,  en  Anddoude,  en  Aragon  et  en  Gdice.  Dte 
le  13  juin  la  junta  revolotionndre  eonstituee  k  Barcokme 
prodama  la  majorite  de  la  reine  Isabdie  et  la  decheanoe 
d'Espartero ;  aprte  quoi,  un  gouvemement  provisoire,  com- 
pose de  Lopez,  Cabdlero  et  Serrano,  le  dedara  trdtre  k  la 
patrie  d  dechu  de  tons  ses  titres  et  dignites.  A  Vdence, 
Narvaez,  ennemi  personnd  d'Espartero,  se  mit  k  la  t8te  de 
rinsurrection ;  il  marcha  dors  sur  Madrid,  od  la  eormption 
Id  eut  bient6t  livre  les  troupes  restees  li  la  disposition  do 
pouvdr  centrd.  Ce  brnsqne  revtrement  survenu  dans  la 
podtion  politique  sembla  flrapper  Espartero  de  paralyde  et 
d'irresduUon.  Dans  la  pointe  qull  tenta  sur  Barcdone,  sea 
lenteurs  lui  firentperdre  le  moment  favorable;  d  bientAt, 
quand  Narvaez  eut  effectne,  le  23  juillet  1843,  son  entree 
^Madrid,  il  ne  lui  resta  plus  d'autre  ressource  que  de  s'em- 
barquer,  le  30  du  mdme  mois,  k  Cadix,  d*oti  il  ae  rendit,  en 
passant  par  Lislmnne,  en  Angleterra,  oti  B  debanina  k  Fd- 
mouth  le  19  aoftt.  Dans  ce  pays  od  il  trouva  alors  nn  asUe 
paidble,  Espartero  fut  re^u  avec  tons  les  bonneurs  qui  lui 
etdent  dus  en  sa  qualite  de  regent,  tandls  qu*en  Espagne 
nn  decrd,  rendu  le  16  aoftt,  ravdtdeclaie  dedia  de  toosaes 
titres,  di^tes  d  decorations.  Toutefois  ee  decret  fut  an- 
nuie  plus  tard,  d  dans  les  premiers  jours  de  1848  Espartero 
revint  en  Espagne  prendre  aa  place  au  senat  Mais  sa  recon- 
dliation  avec  ses  adversdres  n'etdt  qu'apparente;  en  dfet, 
des  le  mois  de  fevrier  suivant,  il  se  retirait  k  Logrono,  o'l 
il  continue  de  vivre  dans  un  complet  isolement  jusqo'au 
moment  oil  une  sanglante  revolution  provoquee  par  un  prO' 
nttneiamento  des  generaux  O'  D  o  n  n  e  1 1  d  Dnlce  est  venue 
le  rappeler  k  la  direction  des  affaires  de  son  pays  (juiUet 
1854  ).  Voyei  Isabellk  et  MARiECHRisnifB. 

ESPilGE)  du  latin  species^  qui  vient  de  spectare,  re- 
garder,  d  qui,  comme  le  grec  dfioQ  d'oti  nous  avons  lire  le 
nom  id^ ;  siipiifie  ausd  repr^seniation  et  image  ou  tffpe, 
Une  espece  est  done  la  forme  arretee  d*un  dre  naturd  qui 
se  conserve,  qui  se  reproduit  oonstamment  le  meme,  soil 
parmi  les  animaux  d  les  vegetaux  dont  ]*organisation  est 
eonstituee  des  parties  reguUerement  determinees,  sottpanni 
le  rigne  mineral,  si  Ton  vent  accorder  le  nom  d^espUe  k 
des  caracteres  chimiques  tranches  plut6t  qu'&  des  strudures 
geomdriques  qui  peuvent  se  rencontrer  isomorphes,  dans 
des  mineraux  trte  differents. 

En  effet,  Vespice  mindraUy  consideree  dans  tout  corps 
inorganiqiie,  ne  pent  etra  le  produit  de  la  gin^raiion  ni 
constituer  une  racBf  comme  parmi  les  etres  vivants  d  orga- 
nises :  elle  est  le  resultat  d'one  matiere  particuliere,  sui  ge- 
neris^ presentant  sa  molecule  spedde,  comme  celle  do 
soofra,  du  fer,  du  carbone,  de  Tdumine,  de  la  chaux  (  ou 
plnt6t  du  radicd  de  ees  oxydes  metdliques  ).  Tous  ces  me- 
langes ou  agregats  diTers  etalilissent  p1ut6tdesyarietes  que 
des  especes.  Ainsi,  ■  cheque  espece  mineralogiqne  est  com- 
posee,  comme  ledit  Berxeiius,  des  mtoes  ingredients,  dana 
les  memos  proportions  ».  Ceddonc  lldentlte  de  U  oompo- 
sttion  diiroiqoe,  d  non  I'idenlite  des  formes  ou  de  la  strao- 
tura,  qni  contitue  i'eipece  inorganique.  Tout  an  contrdre, 
Vesphce  organique  est  fondee  sur  I'identite  des  formes  et 
des  structures  internes  d  extemes. 

Les  minerdogistes,  par  la  necesdte  ob  ils  sent  de  dasser 
la  foule  des  compodtions  geologiques,  donnent  tantOt  le 
tiere  de  genre,  tantdt  cdui  He/amUU,  au  groupe  des  mi- 
neraux dans  lesquds  predomhie  un  prindpe,  oomme  la  d- 
Uce,  la  magnesie,  le  cuivre,  Tantimoine,  etc.;  ils  resenreat 


14 


ESPECE 


-1^  Yf&e^  (}*^p^«f'i  ^^  ass(>ciiittoiis  Je  ces  ^^menU  avec 
~d*ad(Hto  iniiin^  pr^omfnatiU.  Ainsij  par  exemple/lecuiTre 
ttAftirif  tarbonit^,  an[^ni£,  etc.,  sont  pour  les  mindrato- 
gUititt^dW  ^p^b^'du  gettre  ou  de  la  famille  euivre,  etc. 
Ifetf  vera  detoAmcf  fles  comtitnalsons  chimfques  artificfelles : 
'left'  iMhrteftyiittrates';  phosphates,  etc.^  ou  left  combinai- 
ftoni  deft  addes  mio^raax ,  v^6(aux ,  animaux ,  arec  di- 
Teraea  bases  saliflables,  constituerontdes  classes  nombreuses 
'd«  siib|tances  ndftttes,  dbnt  les  ttpecei  seront  fnnniment  dl- 
VerSHi6e|S;  ebmnae  les  prtncipea  quf  las  coinposent. 

Criateor  difns  je  rftgtie  inorganique,  le  chimiste  institue 
'diei'c^sptees;  iHente  la  nature,  et  U  (brce  k  parler  dans  ses 
exp(hrM!nces:  Des  compositions  nouteltes  crdent  de  nouveaux 
corps  d^flnis  podes  esp^ces  impr^Tues,  comme  les  com- 
posSss  dia  brOme,  de  cyanogtoe,  dMode  et  autres,  qui  ne  se 
rentiontrent  point  alms  la  nature,  ^  qui  n*en  Torment  pas 
molns  des  esfttees'plusoo  moins  stables,  avec  des  pro- 
pri^t^  blen  caract^rlstlques.  Les  melanges  sans  combi- 
naisoQ  d^ffnle  et  proportionnelle  ne  constituent  pas  des  es- 
picaa.  Ainsi,  les  agr^ts  fbrtnits,  tes  difr<3rentes  brdches 
et  marbres,  les  ^ocbe3>  et  strates  de  T^corte  terrestre,  ^ta- 
bHsaent  bien  Aessortes,  maisnon  pas  des  es^/^es^  car  dies 
no  sont  pas  des  corps  comMniSs,  nl  qui  tSmisseot  cntre 
eux  a?ec  des  proportions  d^flnies  par  le  pondus  natur<r, 
par  dea  lois  de  composition  liarmonique,  par  \e  fcedus 
-vnftatis, 

Ces  animaux  et  lea  v^i^taux  sont  deux  r^gnes  fornirs 
par  deft  siftries  d^tres  plus  on  moins  rollers  et  analogues 
'dans  teurs  structures ,  pour  ainsi  dire  fVaterneHes ,  et  dont 
tes  ^p^ces  se  groupent  en  genres ,  en  famille»,  en  classes. 
Vespice  wganiqite  est  nn  compost  d^un  certain  notnbre 
de  parties  constilu6<i8  fiour  un  ensemble  et  un  but  d*unit6, 
lequel  Jooe  de  concert ;  elte  nalt  de  parents  sembiables  k 
'oll^fSbit  d*on  oeuf,  soit  d'un  germe  ou  booture;  elie  se 
d^eloppe,  8*aocmlt ,  puis  reproduit  des  6tres  d*one  m6me 
ii)rmtft>tt  structure  qn*elle,  et  enfin  meurt.  L*espteeorga- 
iiiqiie  n«  -pent  Mre  compost  de  moins  de  trois  k  quatrc 
radicanx,  tons  combustibles  :carbone,  liydrog^ne,  azote, 
aT4H;  Toxygtoe,  qui  entretienl  Element  Texcitation  vitate 
lar  la  respiration  cliez  les  animaux,  m6me  les  aquatiqnes, 
et  par  son  concours  ndeessaire  aussi  aux  plantcs.  Ces  ^1^ 
inenta  simpies ,  toujours  mobiles  dans  leurs  proportions, 
penv^nt  k  VMe  de  celles-ci,  dirersement  arrange,  trans- 
fonner  la  nature  des  solides  et  des  fluides  de  ctiaque  indi- 
vidn.  Ses  formes,  ses  lissns,  se  modlfient  suivant  les  con- 
ditions des  Ages,  des  sexes ,  des  complexions,  comme  selon 
les  dimats  ou  temperatures  et  les  drconstances  ext^rleures 
des  ooqis  ambiants,  lesnourrltures,  etc. 

L^re  organiqiie  conaiste  done  daus  un  concours  barmo- 
niqaede  prindpes  easentleilement  raiiabtes,  et  mtaiegaz^i- 
iaMes,  en  rapport  a?ec  I'alr  et  I'ean.  Toos  les  individus 
qui  se  ressemlilent  identiquement,  et  qui  pen  vent  repro- 
duireentre  enx  la  m^me  forme,  constituent  Vespice pure: 
g^ih  ne  dIfRbrent  que  d<fpeu,  cesontou  des  races  passa- 
gftres  caus^esy  entretenues  par  le  dimat,  la  nonrriture  et  la 
oonttnuite  dea  antres  iniluenoes ,  ou  des  esphces  voisines, 
Idles  que  la  clieval  et  Tftne,  le  boeuf  et  le  buCQe,  etc. ;  il 
en  est  de  roft'me  parml  les  v^taux.  Par  cette  4troite  ana- 
logie  des  formes,  il  s^^tablit  entre  dies  une  sorte  de  con- 
aangolttite  possible,  puisque  les  races  ou  espices  voisines 
eonlracteift.  parfois  des  alliances ,  d*o(i  naissent  des  indi- 
gos metis,  des  hybrid ea  plus  ou  moins  capables  de 
se.^ropigar  eox-m^mes,  soit  aTecPuneet  I'autre  esp^ce 
-qui  leor  donna  naissance,  soit  m£me  entra  eux.  Par  le 
premier  cas  les  hybrides  rentrent  dans  une  de  leurs  tiges 
primofdiales.  8*ils  sont  capables  de  se  multiplier  entre  eux, 
ils  constituent  une  race  tntermediaire  ddsormais,  comme 
edto  des  mutttres,  et  probaUement  comme  taut  de  races 
de  chienSy  iaaoea  do  divers  mdanges  possibles  entre  le 
dMcal,  le  loup, le  renar(f,etc.,  et  le  chien  primilif.  Mais, 
k  part  lea  variety  de  type  de  diaque  esp^ce,  resultant  de 
li  chatoiir  qui  eolofe  dtTanta^  h^  indiTidas,  d^vdoppe 


les  odeors,  lea  sureurs,  renergie  organiqiie ,  la  rapidite  de 
la  croissance.  les  fonettons  reproductitiea,  tandia  que  la 
iTroidure  produit  un  effet  contraire;  k  part  llnfloence  de 
Hmmidlte,  qui  gonfle  et  d^ploie  les  tissus,  grosdt  les  indi- 
Tidus,  tandls  que  la  aecberesse  op^re  la  retractions  le  res- 
serrement  dea  orRanes,  met  plus  en  saillie  les  formes  angu- 
lenses,  etc.,  voyona  si  les  espfeces  sont  redlement  Gnies  el 
constantea* 

Parml  plus  de  soixante  mille  espkes  de  plantes,  decrites 
ou  connues  des  botanistes,  et  k  pen  prte  aotant  d^espkes 
dinsectes  ou  d*autres  animaux  (et  le  nombre  de  toutes  les 
esp6ces  du  globe  s^iieve  sans  donte  an  ddfc  du  double), 
peut-on  afOrmer  qnll  ne  s'en  forme  aucnne  nouveile?  peut- 
on  dire  que  la  forme  de  celles  existantes  reste  stable  en 
elle-meme,  invariable  dans  leur  essence,  et  qu^elle  tende  A 
rentrer  necessairement' dans  son  type  primordial,  dont 
quelque  cause  de  deviation  les  a  detoumeesf  Examlnons 
ces  questions  fondamentales. 

D'abord,  plusleurs  races  que  les  naturalistes  qualifient  du 
titre  d'espices  peuvent  fort  bien  n^etre  que  des  varietes  in- 
dividuelles  d^ft^,  de  sexe,  de  dimat,  etc.  On  ne  doit  pas 
toujours  certifier  que  telle  sorte  de  champignons  (  par 
cxemple  les  agarics ),  prise  k  certain  degri  de  y^etation  et 
dans  tel  lieu  obscur  ou  edalre,  n*est  point  d*espice  iJentique 
avec  telle  autre.  Les  botanistes  les  plus  habliea  difTferent  sou- 
vent  d*avis  k  cet  egard,  comme  pour  une  multitude  de  li- 
chens, de  mousses  et  autres  agames  ou  cryptogaroes.  Disons 
plus,  il  est  une  foule  de  plantes  phanerogames  teilement  mo- 
di(i<5es  par  le  climal,  par  la  station,  soit  sur  nne  roontagne, 
soit  an  fond  d^une  valine, qu*eI1es  semblent  constituer  des 
espies  diverses.  De  m^roe ,  chez  les  animaux,  partlculie- 
rement  les  l^pldopteres  et  antres  insectes,  combien  de  mftles 
et  de  femdies  de  mdme  espdce  ont  ete  pris,  en  entomologfe, 
pour  denx  espfeces  distinctest  Les  mues  de  plumage  des 
oiseaux  deviennent  des  causes  fr^uentes  d^erreur  des  orni- 
thologlstes;  on  est  m^me  en  doute  anJounThui  si  le  singe 
c h  i  m  p  a  n  ze ,  le  plus  volsin  de  l*espece  humalne,  ne  devient 
pas,  k  retat  adulte,  ce  grand  vtlain  pongo  a  longues  m&- 
choires  de  mandrill.  Les  formes  apedflques  ne  sont  done 
blen  exactement  constatdes  qn€  pour  certalnes  grandes  es- 
p^ces  determinees. 

Mais  en  admetlant  ces  types  constants  poor  lliomme,  le 
cheval,  le  noyer,  etc., k  travers  les  stales;  en  reconnalssant 
que  ceux-ci  n'ont  pas  change  dcpuis  plusleurs  mllUers  d*an- 
nees,  comme  le  prouvent  les  roomies,  les  restes  dMbis  sacri^, 
de  crocodile,  de  magot  cynoc<^ptiale  et  autres  divinites 
egyptiennes  exhumees  de  leurs  antiques  catacombes,  avec 
les  fruit<(,  tes  semences  qui  les  accoropagnent,  il  faut  bien 
convenir  de  la  specialite  des  formes  organiques.  Non-seu- 
lement  il  y  a  telle  co-existence  de  structure  necessaire  qui 
fait  que  le  mammlffere  carnivore  doit  avoir  des  dents  en 
rapport  avec  la  conlormation  des  intestins,  la  disposition  des 
griffes,  I'activiie  de  certahis  sens,  I'energie  des  instincts,  etc., 
roais  de  meme  par  les  organes  de  mastication  d*un  herbi- 
vore on  pent  juger,  en  anatonde  compare,  sans  voir  le 
reste  d'un  animal  fossile,  qu'll  etalt  un  romfaiant  ou  un  ron- 
geur, et  deviner  ainsi  son  ossatufe,  ses  habitudes  et  ses 
formes  certaines,  inevitables.  En  effk,  changes  k  force  de 
soins  les  caracteres  du  chou,  plante  oieracee,  on  autre,  dans 
nos  jardins,  par  Thorticulture;  deformez  k  la  longoe,  pour 
voire  utilite,  le  chien,  le  monton,  la  poute  ou  le  pigeon,  ces 
modificatlona  ne  passeront  dans  la  suite  des  generations 
qu*antant  que  persistera  Taction  qui  p6se  sur  en!t ;  raais 
abandonnez  nne  race  mtttliee  k  la  simple  nature,  die  re- 
prend  ses  droits :  I'arbre  redevient  sauvageon^  le  chien  bf  te 
ferocc.  Done  il  y  a  des  formes  origineHes,  des  types  spon- 
tanea, nn  equilibre  d*organisme  natnrel  qui  se  retablft. 

Disons  plus  :  cet  equilibre  individud,  qui  constitue  I'es- 
pece  pure  dans  sa  simiHIdte  native ,  la  plenitude  de  sa  vie 
et  de  sa  sante,  ne  se  deplole  librement  que  dians  son  milieu 
approprie  et  son  dimat  Si  vous  tenez  an  aec  I'oisean  aqna 
tiipie,  ou  dans  llmmidite  tol  animal,  telle  plante,  formes 


ESPECE^ 


15 


pour  des  linii  lees;  si  tous  Jeiex  torn  no  eiel  brOlant  le 
renne  <ni  fonrs  polafre ;  sf  rous  prfiteada  Mre  More  sons 
les  glaces  sib^ennes  los  fleurs  et  tes  tirniidits  palnrfen  dos 
lAnes  troplcalesy  ^rideininent  Tons  Mtes  p<rtr  ces  esptees 
crMes  poor  des  contr^es  sf  opposto.  CerUdnesesptees  cos* 
mopoUtes  sont  seales  capables  de  se  plier  snx  conditions 
les  plus  diYerses :  let  est  rbomme,  et  le  chien  qui  le  defend, 
on  quelques  Y^^taax  aquatlques;  encore  oes  6ti^  ne  s'ac- 
climatent  point  partoot  sans  quelques  circonstanoes  protec* 
trices  y  comme  le  fen  on  une  chaleur  de  vMenents  feetice 
pour  notre  esp^.  Done  Vesptee  n*est  qn*mi  ^uilfbra  orga- 
nfque  persistant  pour  tel  climat  particuUer,  puisquH  sue- 
combe  sons  d'autres.  II  n*en  est  point  ains]  des  esp^oes  ml- 
n^rales,  qui^  manquanf  de  Tie^  subsistent  ftidlfKremtnent 
sous  toiites  les  regions  du  globe.  AinM,  Ton  a  rencontr^  en 
Siberia  des  mines  de  plattne,  d*or,  des  diamants  m6me, 
qn'on  croyait  6tre  seulement  le  don  brilfiint  do  soldi  sous 
les  t^nes  enilamm^  de  ta  torride,  k  Golconde,  an  Pdroo  et 
an  Brteil. 

Mais  si  les  espices  organlques  ne  riyent  bien  que  ]k  ot 
elles  sont  plac^  par  la  nature,  on  du  moins  si  dies  p6ris- 
fient  sous  d^autres  parall^les  terrestres  ou  sous  des  tempe- 
ratures trop  dirr^rentes,  U  y  a  done  pour  elles  une  gtogra- 
pbie  et  des  races  antoclitones,  ou  n^  sur  telle  r^'on  do 
globe  exclusiTement.  C*est  ce  que  d^ontrent  les  crtftations 
$ip<iciales  de  Madagascar  et  de  l*Anstralie  (  Nouyelle-Hol- 
lande ),  qui  pr^sentent  des  genres  d'anhnanx  singuliers  et 
des  Y^tauz  qn^on  n*a  rencontr^  nulle  autre  part  sur  toute 
la  terre.  D^  lors,  on  comprend  que  si  des  mammouths, 
des  d^ptiants  et  des  rhtnocdros  ont  v^  dans  les  contr^es 
polalreSy  oti  Ton  d^couyre  leurs  innombrables  ossements, 
h  Tembouchure  des  fleuyes  de  la  mer  Glaciate,  et  jusqu'il 
leurs  chairs,  encore  consenrte  par  la  glace, II  ftiltait  que 
ces  r^ions  fussent  penpKes  d'abondants  pfttiirages,  pour  la 
nourriture  d'ausst  ^aormes  lierbiYores.  11  MA  done  n^ces- 
saire  que  la  temp^ture  y  fOl  habitnellenient  plus  eliaude, 
puisqne  les  horribles  liiyers  qui  encroOtent  pendant  six  roois 
la  Sib<$rie  aetuelle  yemptelient  la  y^g^tion,  et  forcent  la 
pi  apart  des  anlmaux  et  des  horames  &  s'enfoulr  sous 
terre. 

On  insistera  cependant,  et  Vtm  dlra  que  dorant  ces  Ages 
antiques  et  primordlaux  de  notre  plan^e  se  d^yeloppaient 
des  animanx  gigantesques ,  des  mastodon  tes,  des  pa- 
t^oth^riuros,  des  m^galosanrus,  non  mofns  mons- 
tmeuz,  sans  donte,  que  les  y^^ux  ,  foog^res ,  palmiers, 
nMosses,  de  dimeDdonsexlraordinaires,  dont  nous  admirons 
tes  d^pooilles.  Nos  continents  sont  joncfate  de  debris  de 
coquiltages  innombrables ,  d^ammonltes  ^normes :  les  Mres 
produits  alors  par  une  nature  ]eune  et  fi^oonde  d^ioyalent 
leurs  Tonnes  colossales  blen  antres  que  celles  d*a^jourd*huf. 
Nous  serious  k  peine  leurs  ayortons  d^^Ms  si  toute  la 
creation  modeme  ne  paraissait  pas  oonstroite  d^aprte  nn 
plan  different  et  sur  d*autres  moddes.  Done,  d  la  nature  a 
cliang^  ses  types  et  ses  creations ,  on  si ,  par  le  oours  im* 
mense  des  si^es ,  die  a  progressiyement  transform^  ses 
rriatures,  dans  des  generations  successiyes,  modifiees, 
amoindries,  direrstfiees,  en  celles  d*anjoord*hui ,  qui  peut 
lui  imposer  des  limttes,  dans  le  cours  imnH>rtel  des  Ages  k 
ftnbr?  Rous  n^apereeyons  presqne  aocun  changement  pen- 
dant les  qodques  milliers  d'ann^es  quHl  nous  a  M  dono^ 
d'obseryer,  et  nous  regardons  comme  immutables  les  es- 
p^ces  dont  les  kmgues  metamorphoses  ^cliappent  k  notre 
courte  ovlttonce. 

D^afllenrs,  si  Ton  obserye  one  progression  n^cessaire  dans 
le  systtaoe  general  des  organisations  y^getales  et  animales , 
si  tootes  tirent  leur  origbie  de  structures  6bauciiees,  infimes 
primitiyement,  comme  des  animalcules  infusoires,  remon- 
tant, dans  le  i^gtte  animal,  jusqu*a  l*liomme,  etdes  conrerye4, 
bys^  on  autres  yegdations  d'abord  imparfaitement  eiabo- 
nSes,  poor  toute  la  S6rle  ascendante  des  plantes,  Jusqo'aux 
irbres  magnlfiques ,  11  y  a  done  developpement  et  perfecU- 
M1it<  dans  les  forces  or^nisatrices  de  notre  monde.  On  ne 


pent,  en  outre,  meconndtre  que  les  esp^ees  Iroparfaites  ne 
suooombeitt  sous  d'antres  plus  Indnsfrlensdi  ou  mtoii  ooft- 
formte  :  afaid  a  dispani  le  dronte^  oisean  de  Nittre, 
epals  et  stupide;  aind  s*etefndroiit  Is  lent  ettUitfiB  parns- 
seux,  l^mau  et  1'a\; :  afnsi  sont  immoUSs  ehiqne  joer;  les 
gros  phoqoes,  les'tramenses  balelnes,  soot 'lea*  eoops 
do  hardi  nayigateor.  !D*autres  races  bnt  pit,  jpai'  mi'dTorl 
contrdre,  surgir  sur  le  globe.  If  pMrqooili' nature 
serdt-die  doyenne  toot  k  conp  sterile?  im  fbfce  :ed-dlo 
toeryde? 

Sans  dOttte,  tant  que  le  systtoie  aetud  de  M^e- monde 
plan^tdre  se  mdntiendra  dans  son  ^qnillbit^  bos  dMsnts, 
toqjonrs  dans  les  mtoies  rapports,  entrefiendi^Mt'CCNSoiilsert 
harmonlqoe.  H  n*y  a  pas  de  motirs,  iii  ta^M  de  |i6sdbilitd 
de  changement  spontane  j^armi  les  types  de  nos  es|)Mss  ae- 
todles.  Mais  pulsque  ey  idenunent  ces  types  eident  aulrte^deiia 
les  epoques  antedlluyiennes ,  d  qu*lts  nSsultaldit'  sans'dootd 
d*un  conconrs  dfiVSrentde  nos  dements  ttiAiaiatft,  II  ne  peol 
rien  rester  d*etemdlenient  fmmuable dans  les  desfinedshili- 
nies  de  Payenlr.  Les  rftyolotions  dn  grand  inoiide  sont  M^ 
cessdrement  des  cydes  ou  des  orbites  k  tastes  perioddl>  le 
temps  nl  I'espaee  ne  cofttent  rien  ii  la  DitlMie  d  A  la  MHik, 
son  mhilstre.  11  ne  peut  done  r6dlemdit ^  ateir  au(lnn^'es^ 
pece  intransmutable,  an  milieu  des  diang«itteiltsdemdi>  mais 
des  etats  plus  ou  moins  lentement  tradsitoires  dont  nods  ne 
connalssons  aucune  borne,  pas  plus  qn'li  PinfMite  qui  nous 
enydoppe  tie  tontes  parta.  Si  la  permanence  des  fspe^n  at- 
tudles  tient  k  la  stabllUe  presente  de  notre  systeme'pla- 
ndaire  qui  la  garantit,  par  Ui  i^etablissettl  les  eqdflllMts  or- 
ganiqaes  en  rapport  ayec  les  elnnats,  lea  saiions,- led  ml* 
lieiix  amManta  de  l*air,  de  la  terre  et  des  eaox.  Mais  c*ed 
id  qu'il  fliot  liien  adrofrerla  menreflleuse  prifthftMte  qui  a 
rait  approprier  chaque  esptee  d^iaifal  et  dd  t^^f,'  pour 
rempiiridle  oo  tdle  fonction  dans  les  diyeta  ddparieinents 
de  ce  globe. 

L'anatomie  compar6e  demontre  en  effd,  par  la  ooncald^ 
nation  des  esptees  animdes,  dans  la  grande  iierfe  dis  yiftte* 
br^s  surtout,  une  tdle  analogle  des  formes*  dukqndttie,  des 
nerfe  et  musdes  des  membres,  et  de  tootes  les  priiH^les  dis- 
tributions des  Ofganes,  des  yalsseanx  intdrieurs  et  eitteHeurs, 
qu*dles  sont  toutes  oonstmites  d'aprte  nn  plan  firiknoMial, 
d  qn*ils  semblent  dnaner  d'une  pensde  gifoeraie!  'qui  les 
modiflle  et  les  deydoppe  pour  approprier  les  quIdMpddes  k 
la  terre,  les  oiseaux  k  Tdr,  le^  poissons  k  I'ten,  lesfqitiles 
on  amphibies  k  un  g^re  d'exidenee  intennMiklrel-  l>e 
memo,  les  batraciens,  d*abord  pofssona  k  Fdlat  delarVes  ou 
tdards,  deyiennent  terrestres,  grenoullles  ,'brapaiMh,  etc.; 
preuye  que  la  nature  approprie  ses  espfces  k  Idini  d«ti- 
nations  sur  ce  globe,  et  k  des  conditions  pre^biies,  comme 
die  laisse  les  tritons  et  protees,  oo  sirenes,  sous  I'ltat  per- 
manent de  laryes. 

Mais,  independamment  des  rSpports  des  Mpftces'  toistnes 
entre  dies,  la  nature  a  disposd  les  sexes  pour  se  •cherdier 
d  s^unir,  ayec  une  tdle  precaution  que  chez  leS  Insectes, 
par  exempie,  les  pieces  sery^t  ^  l>  copulation  ne;  per- 
indtekit  point  k  une  espece  yoisine  de  fhrmer  des  Itanons 
adulteresen  qudque  torte.  Aufrement,  cesesp^fces  ie  con- 
fondraient,  dans  leurs  fignees,  par  des  melanges  infini^. 
Dans  le  sdn  meme  des  ond^,  oh  les  especes  d^  twissoni 
ne  s'acoouplent  point ,  mais  fecondent  les  crafs  pondus  des 
femdles  par  TalTusion  de  leur  laite,  qud  ineomprdiekisibie 
ctiaos  de  torn  ces  onifs  d  de  tootes  ces  semencea  mdees*, 
confondoes,  ne  yiderait  pas  tontes  les  races,  d  la  AaCbre  n> 
ayait  mis  obstacle  P  Mais  cette  sage  prevoyanoe  qbi'^r^ide 
a  toute  creation  a  fait  que  la  semence  du  brocbef  ne  fdcbrnKs 
jamais  i*Geuf  de  la  carpe,  d  que  chaCun  des' iSIAbente  n^ejct 
re^u ,  absorbe ,  que  par  son  ttpecb  appropme.  'C'ed'  ditoi 
que  se  demeie  de  la  Toule  cl^acuner  de*  fnnoihbrables  fti- 
niHIes  qiX  peuplent  les  entrtilles  de  I^b66an  rcmUo^  mol- 
lusqoes,  yers ,  d  les  titalassiophytes  on  forotdei,  *d  autres 
plantes  marine:^,  avec  les  coraux  ou  lithophytes,  de;  Chaque 
genre  sc  protiage  pur  k  travers  n^nie  tempetes  qui'brassent 


16 

tocessamoMiit  tai  flofs  el  lean  haWtantt  Jnsque  dans  tea 
abtmei.  J.-J.  Yiret, 

ESPECES(PhUasophUp  TfUologU).  L'andenne  phU 
losophie  BGolastiqne  appeUdt  ainai  tea  imagea  oa  repr6- 
aeDtatioaa  dea  objeta  frappant  la  yne.  D'^rte  ropinioa  des 
atomiatea  Dtoocriie,  tpicore^  et  d'autrea  plus  modernea,  il 
ae  d^tacliait  dea  coq^  inceasammeot  lenra  images  saperfi- 
cielles  qui  Toltigeaieat  dana  les  aira  pour  pdn^trer  dans  noa 
yeux  et  de  \k  dans  notre  esprit  Mais  alors  ces  espiees  oi- 
suelleSf  nne  fois  instaU6es  dans  rintelligence,  pCNiTaient 
dtre  r^roduitea  par  ilmagination  ou  dana  les  songea,  lora- 
qu'on  crolt  revoir  lea  mdnes  dea  personnea  mortes.  TeUea 
^talent,  aelon  cette  phikwophie,  les  espies  inteniionnelUt. 
Cea  mftnea  (masientfa),  on  ^manationa,  conune  celles  qui 
s^exhalent  te  corpa  odorants,  ^taienl  r^ut^es  avoir  de  la 
tMfl6f  et  Ton  a'^tayait  poor  aoutenir  cette  opinion,  des 
lefletaqne  lea  aubstaneea  colortea,  rongea  par  exemple, 
jettent  aur  lea  corpa  environnanta.  II  n^eat  pas  besoin  de  dire 
que  tootes  les  dteonvertes  modemes  snr  la  lumi^  et  ses 
rayona  ont  nkA  eelle  Tieille  pbiloaophie. 

Dana  lea  Utoiyea  nndennes  et  modernea  dn  colte  catlio- 
lique,  et  mtoie  chea  lea  aectes  des  nestorieos,  des  Jacobites, 
des  Syriens,  dea  Copbtea  et  Ethlopiena,  on  dana  lea  ^(lises 
du  rite  looiarabiqoe,  on  reooonatt  aoos  les  espiees  du 
pain  et  du  vin  de  TEuc  ha  ri  a  t  i  e  la  pr6ience  r^elle  de  Jd- 
sns-Cfarist  etla  tranasnbstantiation.G'eat  la  doctrine 
conatante  de  cea  Eglisea,  que  aoos  lea  apparenoes,  toojoura 
aobsistantes,  du  pain  etdn  Tin  laconateration  opteU  trana- 
Tormation  de  cea  espices  en  celie  de  Mus-Cbrist  An  neo- 
▼itaiesitele,  I'figUse  grecque  fit  scliisme  avec  PtigUse  ro- 
maine  an  ssjiet  de  cette  doctrine,  n^  vonlant  Toir  qu^nn 
cbangement  ( (itroSob) ).  Ensuite ,  Lutber,  qni  admit  la  pre- 
sence rfelle  dana  Vespice  du  pain  eonsacrif  aoit  par  con- 
comitance, aoit  par  infusion  ou  impanation  ( in, cum  e^sub ), 
nia  la  transsubslantiation.  Calvin  et  les  protertanta  ne  vou- 
lurent  reconnaltre  ni  celle-ci  ni  ia  presence  rdelle  dans 
les  espteea  dn  pain  et  do  vin  aprte  leur  conateation , 
mala  aenlement  un  symbole,  un  antilype.  Le  ooncile  de 
Trente  a  0x6  k  ce  sqjet  la  doctrine  que  suit  toute  I'^gUse 
catboliqne  romaUie.  J.-J.  Ymsr. 

On  dteigne  encore  mdilKremmenty  sous  le  nom  d*eipdces, 
sortei  on  gualiUSf  lea  vari^t6i  de  fruits,  pommes,  poires, 
raisms,  etc.,  comme  aupsi  des  productions  industneUes, 
drapa,  etc,  qui  ne  sont  qne  des  modificationsoo  qnaiificationa 
iea  okjeta  d'aprte  lenra  formea  ou  ieurs  propri^t^. 

On  dity  en  termes  de  m^ria,  une  espiee  d'homme,  de 
femme,  pour  exprimer  dea  quality  ^uivoques. 

Une  espiee^  en  termes  de  jurisprudence,  disigne  un  mode 
d*action  relatif  k  tel  ddit  ou  autre  aujet  de  proc^ure,  et 
Ton  dit  que  Us  drconstances  ehangent  Fespike. 

En  termea  de  monnaie,  espices  e-^t  synonyme  de  piices 
nUtttlliques  :  payer  en  eaptos  sonnantes,  c'est  en  argent 
coroptant.  II  y  a  des  esptees  d'or,  d*argent,  de  cuivre,  etc 
(voya  Mohnaies).  Cest  aussf  le  nom  d^une  monnaie d'argent 
ayant  coora  li  Hambourg  et  dans  le  nord  ( Voyez  Spbcibs}. 

En  piiarmacie,  on  donne  le  nom  d'esp^es  k  dea  coUec- 
tiona  de  aubstaneea  mMidnales,  bachdea  on  concassdes  en 
trte-menua  mo|ceaox,  donton  ae  sert  pour  fijre  des  infu- 
sions on  des  ddcoctions. 

ESPERANCEy  instinct  bnmain  qui  porte  la  pens^  de 
rbomme  vera  aa  pMition  dans  Tavenir,  soit  pour  lui  faire 
supporter  le  mal  qn*il  aonfTre,  soit  pour  le  faire  jooir  sana 
crainte  dn  bien  qu'il  possMc  Pendant  la  douleur,  Tespd- 
rance  eat  mdlde  de  ddaira  qui  en  irritent  la  vivadtd,  et  lui 
donnent  aouventnn  caracl^re  dMmpatience  qni  en  altdre 
lea  diarmea;  dana  le  caa  contraire ,  die  lyoute  la  sdrdnitd  an 
bonbenr.  Par  la  volontd  de  son  Crdateur,  lliomme  dut  espd- 
rer ;  et  la  malediction  qu*il  encourut  se  termlna  par  nne  pro- 
niesse  de  misdricorde,  doignde,  maiscertaine.  Cette  idvdla- 
tion  de  noa  iivrea  saints  se  retrouve  dans  les  fausses  rdigiona 
de  Tantiquitd  :  Vesp^ance  dait  eniermde  dana  It  Mte  de 
Pandora  avec  tone  lea  maux  qui  devaient  ddsoler  la  terre. 


ESPtCE  ~  ESPINEL 


D*aprte  le  dogmechrdtien,  refp^anreest,non  seulemeDtuni 
obligation  imposde  k  llioinme  par  la  volontd  de  Hien,  mab 
encore  un  don  somatord,  ayant  poor  olijet  rderaitd  bien 
beureuae  :  c^aat  par  die  qne  le  ooupable  doit  espdrer,  d 
espftre  justement  une  beatitude  qui  semble  n'appaftanir 
qu'i  llnnocent :  Vesp^anee  est  alors  nne  dea  trois  neriUM 
thiologalBi;  die  suit  la  fei^  qui  la  aootient,  en  lui 
montrant  to  Tonte-Puisaance ;  die  prdcMe  la  charUi ,  qd 
rafidrmit,  en  lui  montrant  nn  rddempteur.  Cette  vertn  bi- 
fuse,  fondde  aur  la  bontd  de  Dien  d  anr  aa  fidditd  k  rempUr 
ses  promesses,  nons  felt  attendre  avec  ooofience  aa  grioe 
dana  cette  vie  et  le  bonbeur  dtemd  dans  rantre.  L'eipd- 
ranee  divine  Cdt  plua  que  d^adoocir  les  boneara  des  cacbots 
etde  la  torture,  die  cabne  lea  nmorda,  die  iUt  pdndrer 
dans  les  myst^res  d'one  quidtude  aana  faMipidltd,  dim  amour 
aans  terme,  une  Ame  que  des  passions  turbulentes  tl  bd* 
neuses  avdent  ddvorde  Jnsqne  Uu 

Appliqude  A  la  vie  lerrestre  de  llionime,  fl  eat  pen  de  aes 
actions  que  Vesp&anee  n'inspire  et  n'acQompagne  :  aana 
die ,  rexiatence  serait  bnpossiblc  Vesp&anee  est  la  eom* 
pagne  de  1*  amour;  il  lui  ddt  Pandaoe  de  s*aasu]ettir  par  des 
lois  irrdvocables;  mdme  les  Joies  matemdlea  s'aocroisaent 
par  Veip6ranee,  Qud  que  soit  son  objet,  la  glob«  ne  pent 
se  paaser  d'efp^ance.  Quand,  an  moment  de  oonqudrir 
TAde ,  Alexandre  partagea  ses  (iMsors  k  Parmde  qu'il  com- 
mandait :  ■  Que  vous  rdservei-voos  done?  lui  demanda  Per 
diccas.  VespAraneef  rdpondit  le  Jeune  numarquc  »  Plndare 
Tappdle  fo  nmarriiure  de  la  vieilleue;  Ariatote,  le  rive 
d'un  homme  iveilU*  ■  U  arrive  tant  de  diangmenta  anx 
cboses  bumabiea,  dit  Montaigne,  qu*il  estmdalsd  de  Juger 
il  qud  pdnt  nona  sommes  an  bout  de  notre  espdrance.  »  Le 
Crdatenr,  sdon  Voltaire, 

A  plac^  parni  doos  ileai  dlres  bienfaiMntf, 
SoutieM  daot  let  CraTani,  (retort  dant  rindigeiice, 
L'an  ctt  le  doos  toBOBdl  et  I'autra  Tetp^nce. 

Vesp^anee  fdt  le  savant  pers^v^ranty  le  voyagenr  Intr^ 
pide,  le  commer^^t  actif,  le  paovre  laborienx,  Pesdave 
aoumia,  le  malade  patient,  le  chr^en  r6iignd.  L'bomme 
qn'abaikionne  Vesp&anee  n*aspire  pins  qa*k  sa  propre  dea* 
traction  :  nne  rdigion  ^minemment  sodale  est  done  oeOe 
qui  lui  ordonne  d'esp^rer.  Lhios  a  dit :  Nous  devane  esp^- 
rer  ce  qui  esi  bon;  et  tons  les  poetes  ont  od^br^  I'effj^- 
ronce;  maia,  comme  Horace,  1m  plua  pliilosopbes  d'entre 
eux  ont  recommend^  anx  bommea  de  ne  a'y  livrer  qu^avee 
moderation,  car  Vespiranee  n'est  plus  que  prteomptlon  et 
folic,  d  die  manque  de  baaea  ralaonnables;  et  aux  yenx  des 
moraliatea  die  perd  son  nom  de  vertn  dte  qu'dle  a  poor 
objet  la  satlsfnction  des  passions :  c*est  d'dle  alora  que  naia- 
sent  les  deceptions  cradles,  lea  angolsaes,  etenfin  le  de* 
aespoir. 

Les  andens  avaient  fait  une  divinite  de  ce  sentiment  con- 
aolateur,  et  deux  temples  lui  etdent  oonsacrea  k  Rome.  On 
la  representdt  sous  les  trdts  d^une  jeune  fille,  couronn^  de 
fleurp,  tenant  des  epis  et  des  pavots,  appuyee  snr  une  co- 
lonne,  et  les  yeux  Axes  sur  une  ruche.  Une  eharmante  alM- 
gorie  est  cdle  qui  nous  la  montre  allaitant  Tamour.  Sor  le 
revets  des  meddlles  qui  portent  refflgie  dHm  empereur,  on 
la  voit  qudquefois  sous  les  traits  d*une  jeune  fiUe  mardumt, 
tenant  nne  fleur.  On  gravait  autour  de  qudquea  figures  : 
For  tuna  augusta^  Salus  augusta^  Spes  augusta.  Lea  em- 
bl^mes  de  Yesp^ance  sont  une  ancre,  une  proue  de  vals- 
seao ,  nn  nid  d*oiseau ,  un  rameau  de  feuilles  ou  de  fleora  k 
pdne  devdoppees.  Le  vert,  qui  r^ouit  HHNnme  an  prin- 
temps,  est  la  couleur  syrabolique  de  refp^anee.  Rapbael 
Pa  representee  dans  Pattitude  de  laprite,  le  regard  toani6 
vers  le  del.  C^  na  Bium. 

ESPERNON.  Voves  tj^aoKM. 

ESPINASSE  (M"^  de  V).  Voyei  Lesmnassc. 

ESPINAY-SAINT-LUC  Foyes  Epinay-Saint-Loc 

ESPUVEL  (VicBirra),  poeteet  romanderespagnd,  na- 
quit  ilia  Ronda«dans  le  royaume  de  Grenade,  en  l&&t« 


BSPINEL  —  £SPIONS  B^ARMeS 


11 


QiM^iie  desedlldant  d^one  nunille  noble,  il  fut  pauvre  dte 
le  b^ceau;flt  mtoiey  eo  faisaat  son  coursde  Uieologie  • 
Salamanque,  il  v^cut  des  aumdnei  qu*il  recevait  aox  portes 
des  cooTents.  Puis  il  entra  au  senrice,  et  parcoorut, 
comme  simple  loldat  T^pagne,  la  France,  rilalie,  an  miUea 
d*^traagea  aventures,  qu^U  derait  raconter  plus  tard  dans 
MS  BekUiones  de  la  vida  y  meniuras  del  Escudero 
Marcos  de  Oregon  (Madrid,  1018 ,  derni^reMtUon  1B04 ). 
II  s*dtait  d^A  Uai  une  reputation  corome  podte  ei  rousiden 
&  roceasion  du  serrice  fondbre  c^l^br^  en  1&80  k  Milan  en 
Pbonneur  de  la  reine,  <^pouse  de  PliiUppe  If.  Rentr6  dans  sa 
patrie,  cliargd  difj^  d*anntes  et  l^er  d^argeat,  quelqiies 
cantiques  qu'il  oomposa  plurent  k  Ti^^ue  de  Malaga,  dont 
les  secours  I'aidteent  k  einbrasaer  T^t  ecd^fasUque ;  il  oIh 
tlot  un  bto4lice,  puis  la  place  de  cbapelain  de  Pb6pital  de 
sa  Yille  oatale  ;  inais  aprte  la  mort  de  son  bienfaiteur.B^ayaut 
pu  obtenir  de  la  cour  ravanceroent  quMl  y  ^ait  venu  cber- 
clier,  il  se  oonsacra  eidnsivement  k  la  po^sie,  od  il  lit  de 
Jour  en  jour  de  nouveaux  progrte.  On  avalt  trouY^  en  bant 
lieu  ses  talents,  mondains  et  varite,  peu  compatibles  avec  les 
gra?es  fonctions  du  sacerdoce.  £n  eflet,  il  avaltla  passion 
de  la  musique ;  il  pin^t  de  la  gnitare,  et  il  toivit  sur  le  jeu 
de  cet  instnioient,  auquel  Q  ijouta  une  cioquiime  oonle.  II 
a  tradoit  en  vers  espagnols  VArt  po^lique  et  les  Odes  d'Ho- 
raoe;et  sa  version ,  quoiqoe  proline  et  languissanle,  a  ^t^ 
longtenlpa  dassique  eo  Espagne,  jnsqu*^  oe  que  Tomas 
Yriarte  en  eut  donn6  one  autre,  dans  le  sitele  dernier.  Espi- 
nel  a  compost  anssi  nn  podine.  La  Casa  de  la  Memoria,  oti 
il  a  mis  en  sctee  les  plus  illustres  poetesde  son  temps.  On 
le  regarde  comme  Tinventeur  des  decimas  (stances  de  dix 
vers  de  buitsyllabes),  qui  de  son  nom  fnrent  ^pdtes  espi- 
nelas,  et  adoptte  d^Niis  par  les  pontes  firing.  Ses  po^ 
sies  farent  imprimtes  k  Madrid  en  l&Ol ,  et  Ton  en  trouve 
aussi  dans  diTcrses  collections  espagnoles.  Son  Marcos  de 
Offregon  serait  presque  Inconnu  en  France,  si  notre  Lesage 
n'y  aTait  pas  trouv^  qudques  traits  dont  il  a  su  henreuse- 
nient  tirer  pari!  pour  son  Gil-Bias  de  SantUlanef  son 
£sUvanille  Gofualez  et  son  Bachelier  du  Salamangue. 
Blais  Lesage  avail  trop  de  godt  pour  traduire  ou  poor  Imiter 
les  inconvenances,  les  grossiteet^,  les  cboses  d^oatantes 
qni  fourmillent  dans  Toovrage  espagnol. 

La  c^l6brite  dont  avail  joui  Espind  par  ses  toils  et  par 
eon  Audition  dans  les  langoes  anciennes  et  modemes,  loin 
de  Itti  valoir  des  faveurs  el  des  protections,  ne  lui  atUra  que 
desenvieux  oo  des  ennemis,  sans  rendre  son  existence  plus 
heureuse.  Ses  denUtoes  annte  s'to>ul^renl  dans  la  soliiutle 
du  monasttee  de  Santa  Catalina  de  los  Donados  k  Ma* 
drid,  ou  II  mounil,  en  1634 ,  accal>i6  demis^re. 

H.  AoDimET. 

ESPINGOLE.  Ce  mot  est  trte-noaveau,  puisqu'il  ne  se 
trouve  nitoie  pas  dans  Richelel.  Qnelques  auteurs  onl  sup- 
pose qu^il  d^ve  de  I'italien  spina  f  ^ine,  fl^e,  et  de 
golat  boucbe,  emboocbure,  comme  on  dirail :  gueule  k 
^nes.  Le  terme  a  signlfiti  petite  pitee  d^artillerie;  mainte- 
diant  il  exprime  un  gros  fusil.  En  1780  environ,  les  sapeurs 
porte-liadie  des  r^ments  de  rinfSuterie  fVan^aise  reoom- 
menc^renl  k  Mre  armds  d*espiagoles,  lorte  de  fusils  courts, 
k  emboucbore  large ,  quails  portaient  babiliieUement  sur  le 
dos,  an  moyen  d'une  breteile  qui  soutenait  rarme  dans  une 
direction  oblique,  la  crosse  en  bas.  Le  mousqueton  a  rem- 
plae6  cetle  espiagole.  Les  mamdonks  dlaienl  arro^  d^es- 
pingoles.  On  appdle  maintenant  trombUm  I'espingole. 
L'ei^ngde  el  le  troroblon  sont  peu  estim^;  lis  ne  gardent 
pas  leaf  ebarge  pour  peu  qn*0D  les  incline  la  boacbe  en 
baa;  leur  tir  manqnedejostesae,  leur  port^  est  bible.  Le 
trombloD  peol  tout  an  plus  aervir  sur  lea  bAtfanents  de  mer : 
e*«st  II  qu*il  pentremplaoer  plus  ntilemenl,  en  cas  d^abor- 
dage,  les  fiisils  de  la  gamison  de  bord.         G**  Basmr. 

ESPION9  edni  qui  fUt  mMier  d*observer  les  actions  et 
d*toMiter  les  diseours  d'autnri  pour  en  laire  un  rapport 
Panni  les  domesliques  di«  grands,  il  v  en  a  bien  to«gours 
tp  m  moina  qui  est  un  traltre,  un  espion » cliaigi6  da  aor- 

mfB*  M  LA  QOMVSBS.  —  T.  IX. 


veiller  les  actions  du  maltre.  «  ^e  ne  veox  pofait  avoir  sani 
oesM  nn  espUm  de  mes  affilires,  dont  les  yeax  maudits  assi^ 
gent  tontes  mes  actions,  dit  un  personnagede  Moli^re.  »  E9^ 
pkon^  suivant  Mtoag^,  vienl  dWpol»e,  foil  de  spia^  qui 
derive  lui-m^rae  de  I'aliemand  spie.  ■  L^etptonito^e,  dit 
Montesquieu,  n^est  Jaouda  tolerable.  S*il  pouvait  i'6tre,  c*est 
qn*it  serait  exerc^  par  dtionndtes  gens ;  mais  llnAimie  ntees- 
saire  de  la  personne  foil  joger  de  Hnfunie  de  la  clione.  »  On 
reprocbait  li  M.  d^Argenson  de  n*employer  pour  espions  de 
pdioe  que  des  fidpooset  des  coquins : «  Trouvcx-moi,  r^pon- 
dit-il,  d*bonndtes  gens  qui  veuillent  faire  ce  metier.  •  Strada, 
liistorien  du  dix-septi^me  sitele,  les  appelait  les  ordllbs  et 
les  yeux  de  ceux  qui  gonvement  Cost  au  p^re  Joseph,  ce 
capudn  d  faroeiix  sous  le  r^e  du  cardindde  Ricbelieu, 
qu  on  doit  i*6tabliS9ement  des  premiers  espions  sondoyte 
par  la  p^ica.  Cette  fondatlon  remonte  k  Fannte  16^9. 

ESPIONNAGE.  Vopez  Espion  et  Espio.^s  d*arh&. 

ESPIOIKS  D^ARMEE.  Il  faut  les  consid^rer  comme 
amis  oa  comme  ennemis  :  qudquefois  Us  sont  Tun  etfautre : 
en  ce  cas  on  les  appdle  espions  doubles,  L'abb^  Lenglet- 
0 u  f  resnoi  (tail  k  Bruxelles  et  en  France  espion  aux  gages 
de  Villeroi  et  do  prince  Eugene.  L*art  de  conduire  les  es- 
pions i*une  armte ,  les  precautions  d^licates  et  nombreoses 
que  demandent  les  explorations  qu'on  attend  d'eux,  la  d^ 
fiance  non  apparente  dans  laqudle  il  foul  vtvre  vis-l>vis  de 
ces  etres  cupides  et  abjects  ont  ^t^  Tobjet  des  r^ilexions  de 
qnantited*terivains;  FrM^ricIl  n*a  pas  d^daign^de  tracer 
lui-mtoie  les  r^es  qui  les  concement.  Au  moyen  Age ,  le 
conn^Ue  disposait  des  espions.  Dans  les  siteles  plus  mo- 
demes,  le  martebd  dercamp  ^it  charge  de  cette  partle , 
comme  le  dit  le  martebal  de  Biron;  lis  ont  d^pendu  ensuite 
du  pr^vdt  des  martebanx,  du  mar^chd  g^lSral  des  loglf 
de  ?arm^,  et,  plus  rAoemment,  des  chefs  d^^tat^major. 
Au  temps  ob  les  embuscades^taient  un  art  ^tudi^  et  une 
frAquente  operation ,  les  chefb  qui  en  ^talent  charge  se  fai- 
sdent  accompagner  d^espions  qui  les  tenaient  au  couranl  de 
Papproclie  de  Pennemi  et  de  sa  force.  Les  rensdgnements 
donn<$s  par  les  espions  soppl^alent  les  cartes  topograpblques, 
longtemps  inconnues  ou  fort  rares  :  ainsi,  tonte  compagnie 
franche,  babilenumt  dirigto,  ^it  telairAe  par  ses  espions. 

Depuis  la  guerre  de  la  rAvolution ,  on  a  appel^  bureau 
de  la  partie  secrHe  cdui  des  bureaux  du  chef  d*^t-major 
gAn^ral  od  ^taient  recudllis  et  r^um<$s  les  rapports  des 
espions :  un  ofHcler  sup^ricur  00  un  gi^Aral  pr^idalt  A  ce 
travail,  etdonnaitle  moovement  aux  explorateurs.  Daoslts 
siAges  d<Sfensifs ,  c^esl  par  le  cbemin  convert  que  le  goiiver- 
neur  foil  sortir  et  laisse  reotrer  ses  espions,  en  prenanl pr6a- 
lablement  toutes  les  precautions  n^cessaires  k  cet  egard ; 
mais  ce  trajet  devlent  plus  diffidle  d  la  place  n*e8t  pas  k 
fosses  sees.  Les  espions  doivent  Atre  du  pays  et  en  bien  pos- 
seder  la  langue,  car  s^ls  la  savenl  mal ,  leors  rapports  peu- 
vent  etre  plus  prejudiciables  qo*utiles.  Qfidquefois  c'est 
pour  lancer  chez  Tennemi  des  espions  qu*on  le  harcdle.  Re- 
courir  A  leur  service  est  nne  necessity  imperieuse,  car  faute 
dlespiott,  on  est  redoiU  de  fatigantes  et  frequentes  recon- 
naissance8;le  temps  se  perd,  les  operations  s*ehruitent, 
le  resultat  est  manque.  On  foil  esptonner  les  espions  en  les 
crdsant  k  leur  insu,  pour  savolr  sMIs  ne  Jouent  pas  un  r6le 
double.  On  ne  les  charge  que  kt  mofais  possfi)le  de  Idtres 
el  d*ecrits  :  le  commerce  d'espionnage  ddt  se  homer  k  h 
conversation.  Quantite  d'auteurs  eonsdllent  de  prendre  les 
espions  parmi  les  gens  d^eglise,  paroe  que  suivant  eux  les 
eccltidadiqnes  sont  propres  et  aouvent  portes  k  s^acquitter 
mienx  que  personne  de  ces  fonctions.  La  collection  des  or- 
donnances  mllitaires  dn  dep6t  de  la  guerre  contient  un 
brevet  d*espion  donneet  signepar  le  roi  lul-mAme,  en  1652, 
k  Siint-Qermdn ;  II  antorise  le  pAre  Francois  Bertboud ,  tout 
eodedastkiue  quit  soil ,  A  se  travestir  soog  tel  costume  que 
boo  lui  semblera ,  k  Paris ,  Bordeaux ,  Blaye  et  autres  lieux. 
Eugene  en  agissait  de  roAme,  comme  le  prouva  la  surprise 
de  Crenwne ,  en  1702 ;  il  se  servdt  mAme ,  comme  sicdres, 
des  mointis,  cnlMatHrantau  camp  sous  pretexle  da  coiifea» 


IS 

iionft,  cooumH  leStien  1761, 1  Mantooa.  On  emploie  aiuBi  k& 
femmes  irespioimage,  pane  qn'aiiMi  que  tesecclMastiqaes, 
dies  ^Tdllent  peo  de  loopfonfl  et  oooreot  moins  de  dangers. 

Le  m^er  d'espkm  est  aiuai  utile  que  difficile  :  let  rap- 
ports quIU  font  peuTtnt  6tre  d'one  baote  importance.  Xes 
perils  auxqueU  Us  s'exposent  sont  grands ;  tt  latit  done  qolls 
soient  gens  d'esprit  et  de  rtelution :  c^est  dire  asset  qu'on 
g^^l  ne  saurait  trop  se  les  attaclier,  les  former  avec  soin, 
les  r^compenser  avec  g^n^rosite.  Dans  la  guerre  de  1756, 
les  Fran^b  ne  se  serraient  point  encore  babilemeat  d^es-. 
pions;  mats  lis  en  sentirent  le  besoin,  et  U  Ciit  crM  dans 
Tannte  un  emploi  de  chef  d*espions.  Tons  les  espions  ne 
sont  pas  des  personnages  vils ;  il  en  est  que  le  patriotisme 
anime ,  et  qu*un  d^voOment  dMnt^ress^  et  des  sentiments 
nobles  pcussent  k  affronter  le  danger  de  oette  proTe-ssion. 
Un  officier  dn  gtoie  qui  se  d^iseou  qui  va,en  rampant, 
jusque  sous  ia  baionnette  d^une  sentlneUe ,  poor  mesurer  un 
rempart  on  reeonnattre  une  palissade,  qu'est-il,  sinon  un 
explorateur  du  rang  le  ptua  bonorable?  La  grande  diffe- 
rence entre  Tespion  acbelA  et  rexploFateur  devout,  c'est  que 
Ton  ignore  le  secret  du  g^o^ral,  et  que  Tautre  y  est  initio, 
ou  du  moins  s*en  flatte.  On  si^iale  aux  grand'gardes  les  es- 
pions donton  suppose  possible  le  passage ,  et  que  Ton  sail 
etre  mis  en  campagne  par  I'ennemi.  Les  espions,  oonsid^r^ 
comme  ennemis,  ont  de  tout  temps  M  ipis  h  mort,  et  en 
vertu  des  lois  actuelles  la  mtoie  peine  leur  est  r^serrte. 
Dans  ios  guerres  andennes,  et  jusqu'A  la  fin  du  sitele  der- 
nier, on  n'inYoquait  que  des  traditions  qnand  il  s'agissait  de 
les  mettre  en  jugement  ou  de  les  tuer ;  il  n'y  avait  pas  de 
l^slation  precise  k  leur  4gard.  Les  gto^raux  liTraient 
aux  pr^Tdts,  ou  envoyaient  pr6v6talement  k  la  mort  les  in- 
dlTidus  suspects  d*espionDage.  lis  ^talent  ordinairement 
branch^  sans  procte  :  c*6tait  la  justice  du  temps.  Le  eo^e 
ptoal  de  1793  est  intenrenu,  et  ledtoel  de  la  mAme  ann^ 
a  dispose  que  les  espions  seraieat  mis  en  jugement  par-de?ant 
des  commissions  mtlitaires.  Le  code  pteal  defan  v  assimilait 
Tespionnage  k  Tembaucbage,  et  voolait  que  les  indiYidos 
prdvenus  de  ces  crimes  fussent  liTr^  aux  conseils  perroa- 
nents.  Un  dteret  de  Tan  xii  rendait  les  espions  josticiables 
de  commissions  militaires  spMales.  lis  sont  relomb^  sous 
la  JurUiction  des  conseils  permanents.  Surreiller,  d^cou- 
▼rlr,  saisir  les  espions  de  Tennemi,  a  de  tout  temps,  iU  une 
des  fbnctions  de  la  caralerie  l^^re.  6'^  BARniii . 

ESPLANADE,  mot  d6ni6  dellUlien  spianata.  ter- 
rain nni,  d6x>UTert,  libra.  An  temps  oti  terivait  Pliilippe 
de  Cl^YCS,  le  mot  ne  s'appliquaitpas  nniquement  k  des  on- 
yrages  de  fortification  :  tout  lieu  aplani  ^tait,  en  g^n^ral , 
une  esplanade.  Les  fronts  de  bandi^ra  s'^tablissaient  snr 
une  esplanade.  C*est  en  ce  sens  qu*on  nomme  encore  es- 
planade U  place  qui  rigne  dcYant  rhOlel  des  Invalides,  k 
Paris.  On  a  appel^  esplanade  ^  comme  le  fait  Fnreliire, 
une  plate-forme  de  bstteiie.  On  a  donn6  ee  m6me  nom , 
comme  le  fait  le  lexicologne  italien  Grassi,  k  unespace 
sans  arbres,  sans  fosste ,  sans  maisons ,  et  qui  r^e  en  de- 
hors d'une  place  de  guerre,  k  partir  du  pied  du  glacis  jusqn'^ 
une  distance  d^terminte  :  c*est  maintenant  ce  qu'on  nomme, 
en  tennes  dn  gtoia,  le  raffon  de  la  place.  Mais  dans  les 
usages  modemes  le  terme  d'espUnade  a  nniquement  signifi^ 
le  terrain  nlYcId  on  l^rement  inclind  qui  s'6tend  dans  I'in- 
t^rieur  d'une  place  de  guerre  k  partir  dn  pied  dn  glacis  de  la 
citadelle,  jusqu'aux  constructions  des  babitants  de  la  Yille. 
Cette  esplanade  sert,  an  besoin,  de  cliamp  de  mano^uYres , 
comme  le  Yonlait  una  cfarculaire  de  1808.    C  fiAamif. 

ESPOIR*  L*espoii  est,  comme  Tespdra nee,  Tattente 
d^itt  bien  qu*on  d^ire  et  que  Ton  croit  devoir  arriver.  Mais 
il  y  a  entre  ces  deux  mots  une  nuance  I  sabir :  c'est  qu'es- 
p^anee  ne  se  pr^  jamais  en  mantaise  part  Bspitkr  n'a 
|)olnt  de  pluriel.  II  n*a  trait  qo*aux  diofses  k  venir.  (Test 
tlone  STec  raisbn  que  D*01ivet  reproclie  k  Radne  de  Tap- 
pllquer  ides  cboses  prtentes,  quand  il  dit : 

Me  «;berclue«-iroiis,  nadaae? 

Us  «4PMrsi  ehsrasBt  ■•  straitHl  psrais  f 


ESMOND  D*AIiMl^E  —  ESPRit 


ESPONTON  00  SPONTON.  mots  d«riY^  de  ntallcD 
spuntonef  proYenn  lui-mteM  du  Terbe  spuntare ,  fairs 
pointe  on  poindre,  comme  Plierbe  qui  pousse.  Probable- 
ment  spuntene  dtait  Taugmenlatif  du  mot,  maintenant  bon 
d'osage,  spunia^  petite  pointe.  Peot-ttre  le  nom  de  cette 
arme  aYait-il  de  fanalogie  aYcc  le  Yienx  Yerbe  flvn^ii 
esponter^  fsire  peur,  porter  IMpouYante.  On  a  compart  les 
espontons  aux  genettes  des  Espagnols ;  mais  la  genette  rap-  • 
pelait  dayantage  I'anclen  pilnm.  Vers  T^poque  de  la  crea- 
tion des  foments  dlnfanterie  fran^lse,  Tesponton  suc- 
oMe  k  la  demi -pique,  et  derlent  Tarme  des  ofTiders  dln- 
fanterie et  de  dragons :  c'dtait  k  pen  prte,  avec  lebaussecol, 
le  seul  efTet  d^uniforme  que  portassent  ces  offiders.  Le  co- 
lond,  r^at-major  combattant  et  les  capitaines  ranges  en 
ordre  de  Iwtaille  k  la  t^te  des  troupes,  portaient  lliablt 
fhan^ais  ou  Phabit  de  cour,  aYce  responton  k  la  main  Les 
offlders  des  gardes  fk^n^ses  ne  se  donnaient  pas  la  peine 
de  porter  eox-mftmes  leur  esponton,  hormis  dans  la  marche 
en  bataille;  ils  en  chargeaienl  un  sergent  pendant  lesautres 
marcbea ;  ils  ne  prenaient  cette  arme  que  poor  saluer,  pour 
parader,  pour  di^filer  aprte  une  reYue.  Les  lieutenants  et 
les  sous'lieutenants  de  ce  corps  continu^ent  k  Mre  armds  de 
la  pique;  mais  en  1710  le  ftiail  fut  donn^  aux  officlers 
du  mdme  grade  dans  Tarmi^  de  Hgne.  Pendant  le  cours  du 
dix-septihne  sitele  Tesponton  fbt  la  marque  distlnctlYe  des 
commissaires  des  guerres ;  lisle  portaient  comme  K^moignage 
du  droit  d'exercer  la  police  et  comme  assimlMs  aux  ofli- 
ders  d*infenterie. 

L'ordonnance  de  1690  donnait  anx  espontons  de  colonel 
et  d*offider  d*infanterie  2",45  on  3*,60  de  long,  y  com- 
pris  la  lame  qui  ^!t  longue  de  0*,31,  quelqnefois  effil^ , 
qndquefois  en  bee  de  corbln.  On  Yoyait  k  Jeandlieur,  cbei 
le  marshal  due  de  Reggio,  des  espontons  dont  la  bampe  n*a 
que  1",95  de  long,  et  dont  le  fer  est  accompagn6  d*une  es- 
p^ce  de  dent  ou  de  croc,  Tun  en  montant,  I'autre  en  des- 
cendant; une  brocbe  horizon  tale  traYcrse  la  douille  de  ia 
lame  pour  serYirde  point  d*attadie&  on  <kul.  L'ordonnance  de 
1710  retire  I'esponton  anx  ofliders  subaltemes,  et  leur  fit 
prendre  en  ^hany;e  le  fusil.  Depnis,  Tesponton  n*a  plus  serYi 
qu'aux  offiders  snp6rieurs  dMniknterie,  k  des  officlers  de 
compagnies  bourgeoises ,  et  aux  gamisons  de  bord,  qnand 
dies  montent  k  Pabordage.  Dans  les  diarges  dlnfanterie , 
les  ofiiders  dcYdent  pointer  en  SYant  Peiponton ,  k  quinze 
pas  de  Pennemi :  c*^it  k  ce  signal  que  les  soldats  fiiisaient 
kanU  lei  armes,  L*esponton,  ainsl  qne  la  hallebarde,  ne 
fut  enti^rement  aboil  qu*an  commencement  de  la  guerre  de 
1756.  Dans  Parm6e  de  FrM^rlc  II,  les  offiders  particuliers 
d*infanterie  aYaient  Pesponton,  saiif  ceux  de  grenadiers, 
qui  n'aYaient  queP^p^e.  Puys^gur  fiiit  connatire  Pimpor- 
tanoe  qu'on  attacbait  dans  le  sitele  dernier  anx  mhouties 
militiire»,  et  dterit  les  dmagrtes  eompliqn^es  qui  oomposaien  t 
le  saint  de  Pesponton,  saint  qui  se  faisaiten  diant  le  cliapeau. 
Les  grsYures  de  Gifhrd  noos  donnent  one  idte  de  Poffldcr 
qui  salue.  Des  aoteurs,  tels  que  Rognlat  et  Carrion,  ne  sont 
pas  dioignte  de  eroire  qu*on  rendra  on  jour  une  arme  de 
demi-longueor  aux  offiders  d*infanterie,  et  ils  le  eonsdllent 
presque  en  regrettant  Pabolition  de  cet  usage-  On  a  yu  re- 
YiYre,  dans  nos  ordonnaneea  modemes  le  mot  etjponfoit . 
c*6tait  I'armedonn^  an  second  et  an  trolsiteM  porte-aigte. 

G**  BARnm. 

ESPRlNG^LEoa  ESPRINGALLE.  Ce  fbt  d*abord,  an 
moyen  Age,  une  esptee  de  fh>nde ,  ian^ant  des  pierres  de 
forte  dim«Dslon;  pnis  une  arbaUte,  compost  d'un  an 
d*ader,  montd  snr  on  fdt  en  bols,  et  qui  senrait  k  ttnr  des 
balles  et  de  gras  traits.  Plus  tard,  ce  nom  passa  k  nn  petit 
canon ,  lan^ant  des  balles  ou  des  clieYrotines,  asset  sem- 
blable  k  Vipingard  mi^ngare,  mais  de  |>lus  forte  dimen- 
sion, cdui*d  ne  oomporlant  pas  an  del4  d'une  liYre  de 
balle. 

ESPRIT.  La  dtificulU  est  grande  lorsqull  s*agit  de 
ddtadu»r  on  mot  d*un  systtaie  g<^n6ral  d'idc^,  surtiMJt 
loivquece  mot  a  par  lui«mtaie  on  sens  d  ind^tenitini^,  4«ia| 


>.• 


ESPfilt 


19 


tes  iecepUoiis  t aiient  prMque  k  nnfioi,  et  qui  n*impliqiie 
iljyicuile  ndtion  podflire.  S^U  8*agit  da  sens  le  plus  ^n€nl, 
<f^i-il-diri)  6n  tern  pir  laquel  le  mot  esprit  doit  produire 
ISd^  Oppds^  A  e^lle  qui  cist  mtUcbte  au  mot  matUre^  il 
but  eommencel^  par  d^fitiir  ce  dernier  otoi.  Or^  tiela  se  trou- 
vMii  eii  Kili  Ii«u;  toatdTois^  il  est  bon  de  femarquer  eeci, 
AVantttiut;  fc'fot  que  poor  arriTer  k  Hd^  absttaite  de  la 
Mioil^re,  Vdas  ser^  u^tiisssairemeint  oblige  de  la  d^ponil- 
Ur  ittiicessivemeilt  de  totitcis  ite  /iblrro«ia^  d^  toutes  les  qua- 
lit^  par  lesquelles  voos  la  cdiinaiBsez  Ii1lt6riaihsm«(kit.  Du 
ph^nom^ne  ?ous  toulez  passer  au  noiumtiui,  et  le  ooum^e 
vousi^appe.  Alors,  vous  floisscz  par  rencoatrer  I'immat^riel. 
£st-ce  la  Vesprit  que  vous  cherchiei  ?  Gertaiiiement  noh. 
Cet  immat^riel»  qui  est  au  food  de  la  mati^,  est  ce  qui 
prodoit  les  fbrces»  les  attractionsi  les  affinity,  les  essences 
des  choses :  Hen  au-del&.  Ainst  done ,  U  j  aorait  nn  im- 
tomM  qui  nA  setait  pas  VeiprUi 

be  qii^  ndus  entiiriddiis  par  VUpriti  oppose  k  la  maiihrey 
ebdipredd  ijM  Ce  qtii  est  dd  domalrie  de  fintdligence,  de 
rimagination^  de  la  nioraie.  Votls  le  toyei»  M  mot  ^prii , 
b'est  toute  Ups^^boidgie.  Encore  n*est-ce  qtiela  ps^clio- 
idlgie  il|ipruiu^e  k  Tbomme.  Mais  toot  ce  qui  eiiste  dans  l*u- 
iliVi^  li'y  (ixiste  qtt'i  U  condition  de  loie  produltes  par  Tes- 
ptHy  etkuUes  pa^  Vespnti  La  puissai^oe  cr^atrice  est  la 
puissance  de  Tesprt/.  La  palssailc6  cotise^vatricd  et  trans- 
formatrice  est  la  puissance  de  Vesprit.  NoUS  told  $rt\\is  k 
Dieu.  Mais  laissons  Dieudans  son  sanctuaire  impenetrable, 
et  ne  nous  occupons  que  de  l*bomroe :  c'est  bien  assez. 

L*homme  est  compose  d*nn  corps  et  d'une  Ame.  Le 
Corps  a  des  organes  par  lesquds  l*bomme  est  en  communi- 
ration  Avec  le  monde  extArieur  et  a?ec  ses  semblables,  et 
par  lesquels  0  se  mani teste  Iui*m6me.  D'autres  merTetlles 
Voiit  ddus  eblouir,  d'autnto  idyeteres  tout  confondre  notre 
inlelUgence.  L'homme  est  esprit  €t  matidre*  Mala  la  matiere 
dont  est  compose  son  corps  est  oi^puiiseey  c*est-li-dlre  donee 
de  certaines  facnltes,  et  se  mod&ant  bicessamment,  etsu- 
bissant  de  perpetuelles  transformations,  et  Tesprit  gouTeme 
ze  corps  organise^  mais  il  ne  le  gouTeme  que  pour  porter 
sa  domination  sur  le  temps  et  Tespace,  et  au-deUdn  temps 
et  de  Pespace,  stur  le  monde  pbenomenal,  et  au-delA  du 
monde  pbenomenaL  Mous  aurions  done  k  raconter  ici  les 
fonetions  de  Tbomme  dans  le  domaine  od  nous  le  Toyons 
(^ubll  I  nous  aurions  k  noos  enqoerir  de  sa  destination.  Et 
alorsi  llioromenousapparaltraitse  mesurantavec  Tunivers, 
en  presence  de  DIeu.  £t  alors,  nous  essayerions  de  suiTre 
cette  briUante  asymptote,  composee  de  deux  lignes  toojours 
prte  de  se  toucher,  et  separees  dans  Tinfini,  k  savoir  la  ma- 
tiere  inerte  pour  nos  yeux,  pour  nossens,  pour  notre  pensee, 
8*eievant  A  des  Atcoltes  chiroiques,  k  la  vegetabilite,  A  la 
▼italite;  et  Tesprit,  commen^ant  par  rimmateriel,  sVlevant 
il  Pinstinct,  k  rintelUgence  qui  comprend  la  creation,  k  Pin- 
telligence  qui  la  produit.  Etes-?ous  bien  sar  de  ne  pas  6tre 
pris  par  le  Tertige  qui  saisissait  PascalP  £t  toutefois,  il  faut 
bien  que  Pespnt  tente  une  vote  si  periUeuse,  car  cest  sa 
nature,  c*est  son  attribution,  c*est  son  devoir. 

Mais  je  veux  tous  presenter  on  point  de  Tue  qui  vous 

rassurera,  qui  vousapaisera,  qui  animera  votre  courage.  Le 

unonde  que  nous  hal^tons  est  plein  de  grandes  merveilies. 

.l/lionmke  paroourt  son  immense  domaine.  Il  francbit  les 

innntagnes,  il  traverse  les  mers.  II  luttecontre  les  elements. 

11  jeuit  de  la  lumiere.  II  emploie  k  son  usage  les  animaux, 

les  fruits  de  la  terre.  Le  present,  le  passe ,  Pavenir,  iui  ap- 

liartiennent  au  m6me  titre.  Tons  les  climats  Iui  sont  bons. 

II  se  jooe  des  elements.  11  se  sert  de  la  vie  eomme  d*un 

instrument.  Mais  voyei  done :  ces  grandes  mers  quMl  est  si 

tier  de  traverser  sont  une  goutte  d*ean.  Ces  montagnes  qui 

se  perdent  dans  les  nuages,  et  qu^il  se  plait  k  fooler  sous 

les  pieds,  sont  un  grabi  de  sable.  £t  tous  ces  temps  fabu- 

leox,  on  hbtoriques,  sur  lesquels  r^gn^  sa  pensee,  ne  sont 

qu^un  instant.  Lt  ces  globes  celestes  dont  il  mesure  lamarche, 

liontil  calcule  le  poids  et  la  distance,  se  perdent  enx-memes 

dMS  Pimmensit^.  £t  c^^  Wrre,  tbe^tre  de  son  activite, 


pent  s^eteindre  eomme  nn  meieore  sans  vafenr  leeHe,  at 
cieux,avecleur8i0oiides  iofinis,  etre  routes  comoBO  pa 
teau  viellli.  Oni,  toot  cela  pent  arriver,  arriverp  sana  doutp ; 
mais  qu'importef  L'esprit  snbsiste  toqjottrs*  II  n'y  a  pour 
Iui  de  limites  ni  dans  le  temps,  nl  dans  Pespace,  nJ  dans  lea 
mondes  qui  iMillent  et  s'eteignent 

fiALLAMCna,  de  PAcadeaie  Frao^iM. 

Esprit f  eomme  substance  incorporelle,  aedit  de  Dieu. ; 
Dieu  est  un  esprit,  Pesprit  bicree.  Le  Saint  Esprit,  PEspril 
Gonsolateur,  PKaprit  viviAant,  teU  sont  les  noms  qaw  donncal 
lea  catboliqoes  k  la  troisi^me  personne  de  ia  Tf  iaiie^ 
On  appeUe  encore  esprits  les  anges,  les  demona,  le» 
re  ten  ants  y  lea  Intins  plusou  moins  familiers,  etc 

Esprit  sigoili^  aoasi  vertu ,  puissance  surnatorelK  qni 
remue  P&me,  qui  opere  dans  P&me :  Ce  n^est  pas  Pesprit  de 
Dieu  qui  agit  en  Iui,  c*est  Pesprit  da  demon;  Pesprit  du 
Seigneur  inspirait  les  prophetes,  et  deseendil  sar  let  ap6tre8. 
II  se  dit  egalement  des  grAces  et  des  dons  de  Dieo.  L'esprit 
d*adoptlon  des  enfimts  de  Dieu ;  Pesprit  de  coMdl,  de  forcev 
de  science,  de  piete ;  l'esprit  de  propbetie;  Pespril  d^£lie  ser 
reposasttrElisee. 

II  se  dit  anssi  de  P4me  :  L'esprit  est  plus  noble  ^  ler 
corps*  Bendre  Vesprit  c*est  raoorir ;  en  esprit,  c^est  pikP 
la  pensee ,  en  imagtnation  :  Dieu  eat  en  esprit  au  miliek^ 
des  FidMes ;  saint  Paul  fut  ravi  en  esprit. 

Pris  absolument,  il  slgnifie  dans  le  langage  de  P£criture 
Saittte  ^oppose  de  la  chair :  L^eaprit  est  prompt  et  la  cbair 
estfaiUe ;  les  fruits delachair  sont  Padultere,  Piflspttrete,ete.; 
ceux  de  I^eaprit,  la  cbarite,  la  temperance,  la  Joie,  la 
paix,  etc 

Esprit  sedit  anssi  defensemble  des  qualitea  intellectoel- 
les .  Esprit  ferme,  mAle,  solide,  eclaire,  net,  sobtil,  faible, 
confus,  embrouilie,  grossier;  dlsalpe,  distrait,  ome,  etendu, 
vaste,  superficiel,  credule,  superstitieox, droit,  Josle,  da 
travers,  methodique,  systematlque,  etc.  i  grand  esprit,  petit 
esprit;  exercer,  occuper,  cultiver  son  esprit ;  force  d'esprit, 
nettete  d'esprit,  Justesse  d*esprit,  presence  d^esprit,  eleva- 
tion d^esprit,  les  dons  de  Pesprit  II  font  former  de  bonne 
heure  Pesprit  et  le  ocBOr  d*un  Jenne  liomme ;  il  faut  le  ga- 
rantir  des  mauvaises  compagnies  et  dee  manvais  llvras,  qui 
Iui  gAteraient  l*esprit.  £tre  bien  dans  Pesprit  de  quelqu'un, 
c*est  avoir  son  eatune,  sa  bienveiUancc  S*emparer  de  son 
esprit,  ,c'est  Iui  inspirer  nneconliance  extreme,  qui  permet  de 
le  diriger  k  son  gre. 

Esprit  se  dit  quelquefois  simplement  de  Pattention,  de  la 
presence  d'esprit :  Ou  avait-il  done  Pesprit  qnand  il  m*a  fisit 
cette  question  ?  Avoir  l^esprit  aux  talons,  c*est  par  etoorderie, 
par  preoccupation,  ne  point  penser  k  ce  qu'on  dit 

Esprit  signifie  soovent  la  facilite  de  la  conception,  la 
vivadte  de  Pimagination  :  Avoir  beaucoop  d'esprit,  et  pohit 
de  Jng^ent;  avoir  Pesprit  vif,  pesant,  iourd,  paresseux ; 
c*est  un  liomma  d'esprit,  de  beaucoup  d'esprit;  elle  a  de 
Pesprit  eomme  on  ange. 

Esprit  se  prend  quelquefois  pour  Pimagination  seule : 
Esprit  brillant,  inventif,  fecond,  aterile,.sec;  avoir  nn  Umr 
d'esprit  agreable.  Quelquetois,  au  oontraire,  poor  la  con- 
ception seule :  Esprit  ouvert,  esprit  btNicbe.  Quelquefois  en- 
fin  pour  le  jugement  seul :  11  a  mille  bonnes  qualites,  mala  il 
n^a  pas  l'esprit  de  se  oooduirc 

Esprit  se  dit  encore  des  pensees  fines,  ingenieuses,  pi- 
quantes :  Depenaar  beauooup  d'esprit  ponr  rien,  faire  de 
Pesprit,  oourir  aprte  Pesprit  Vesprit eowrt les  nues^  disait 
un  liomme  d'aasei  pea  d'esprit  k  Sophie  Aniould. «  C'e^t  on 
bruit  que  les  sots  font  oourir,  •  Iui  fut-il  repondu.  Pousse 
k  Pexcesy  Pesprit  deviant  du  pedauUsme : 

L'etprit  qu'oo  Tciit  avoir  gits  mM  qa'M  a. 

II  se  prend  aussi  pour  bumeur,  caracite :  Esprit  bisbiuant, 
doux,  souple,  facile,  modere,  ttcheux,  pouitilleox,  mutin, 
voiage,  remnant,  factieux,  dangereux,  biquiet,  brouillon, 
avec  qui  Pon  ne  pent  vivre. 
II  se  dit  egalemept  49  In  disposition,  da  Paptltude  i^o'un 


\ 


to 


ESPRIT 


1 1  qnelqiit  diose,  cm  da  pifncipe,  do  motir,  de  rintention, 
dm  TUM  par  lesqaels  on  est  dirig6  dans  sa  conduite :  Avoir 
reaprit  du  Jea,  de  la  chicane,  de»  afTairesyda  commerce; 
eiqprit  de  eonduitey  d'analyse,  de  syattaie,  de  paix,  de  cliarite, 
de  yengeance,  de  Giction,  de  parti ,  de  Tert^e;  Cesprit  du 
monde  est  une  bamear  ^gale,  des  manidreR  aflablesy  de« 
liabitodes  de  aoaplesse  et  de  mtoagement ;  Cesprit  ncUkmal 
est  I'ensemble  dea  opinions  qui  dominent  dans  un  people ; 
on  dit  dans  on aena  analogoe:  CesprU du  iHele. 

V esprit  public  9fA  l^opinionqui  se  forme  dana  one 
nation  aur  les  ofajots  qui  int^essent  aagtoire  et  saprospdrit^ , 
V esprit  du  temps  est  oelui  qui  aer^yMe  dans  lea  acles,  dans 
lea  terite,  dana  la  physionomie  sp6ciale  de  chaque  ^poqoe; 
V esprit  de  corps  eat  Tattaclieinent  des  membres  d'une 
corporation  aux  opinions,  aux  droits,  anx  int^rMa  de  la 
compagnle ;  Vesprii  de  retour  est  ie  d^v  qo*une  personne 
^loi^i^e  de  aon  paya  conserye  d*y  retounier  an  jonr.  Avoir 
Pesprit  de  son  ^tat^  de  son  dge,  etc.,  c^est  oonnaltre  oe  qui 
coDYient  k  la  situation,  k  i*Age  oti  i'on  est,  et  s'y  oonformer. 

Esprit  signilie  en  oatre  Ie  sens  d*an  auteur,  d^un  texte  : 
On  a  peine  k  saisir  Tesprit  de  certains  auteurs ;  ia  lettre 
tue  el  f esprit  vivijle.  (Test  aussi  Ie  caract^re  d^un  ^crivain  : 
11  a  youlu  irolter  cet  auteur ,  mais  il  n*en  a  pas  saisi  l^esprit 
Efipnt  se  dit  quelquefois  de  ce  qui  tend  k  donner  une  id^ 
foinmaire  de  IMntcntion  dana  laqueile  une  lettre  a  ^t^  ^fte, 
unliyre  compost,  etc. :  Si  ce  n'est  pas  Ik  ie  texte  de  sa  lettre , 
c*en  est  du  moins  resprtt. 

Esprit  s'entend  aussi  d*une  personne  oonsid^rte  par  r^ 
port  au  caract^  de  son  esprit :  Un  pauvre  esprit 

On  qualifie  parfois  encore  iPesprits  une  reunion  de 
personnes  consid^r^  par  rapport  aux  dispositions,  aux 
passions  m^mes  qui  leur  soot  communes :  11  r^nait  une 
grande  fermentation  dans  les  esprits ;  ^aulTer,  remuer, 
aglter,  ^rer,  calmer,  telairer  lea  esprits;  la  peur  a  glac6 
lea  espritk  Esprit ^  reprendre  ses  esprits^  c^est  revenir 
d*un  ^yanouissement;  c*est  anssi  se  remettre  du  trciuble, 
de  Ptoiotion ,  de  Pembarras,  etc.,  que  Ton  ^prouve. 

Esprit  est  aussi  un  tennede  grammaire  greoque :  l^esprit 
rude  0  ^  un  signe  qui  marque  l^aspiration ;  I'esprit  doux 
(')  un  signe  qui  en  r^y^le  I'absenoe.  Les  esprits  se  placent 
ainsi  que  les  accents  snr  lea  voyelles.  Quand  11  y  a  deux  d 
de  suite,  Ie  premier  re^t  I'esprit  doux,  Ie  second  I'esprit 
rude,  corome  dans  lictp^xi»  influence.  La  lettre  h  tient  or- 
dinairement  la  place  de  Tesprit  rude  dans  les  mots  fran^ais 
Teniis  da  grec  £ag.  G.  ns  Mokglate. 

ESPRIT  ( CAintie ).  Ayant  Tdtablissement  d*nne  nomen- 
clature raisonnte,  lea  <  himistea  donnaient  Ie  nom  d'esprits 
k  une  foute  de  substances  plus  ou  moins  yolallles,  dont  il 
serait  difficile  de  donner  une  definition  g^n^rique  exacte. 
L*  a  1  c  0  0 1  6tait  Vesprlt  ardent ;  Tadde  n  i  t  r  i  q  u  e,  Vesprit 
de  nitre;  Tadde  chlorbydrique,  Vesprit  de  sel;  iV 
cide  ac^tique,  Vesprit  de  Vinus;  etc  Acides,  alcalts, 
essences,  liquides  inflammablea,  quoique  douds  de  pro- 
priit^  diffi^rentes,  ^talent  consid^rte  comme  des  esprits  ^ 
sans  doote  paroe  que  Ton  Toyait  en  eox  les  prindpes  actifs 
des  corps  dont  on  lea  retirait;  Ie  r^aidu  prenait  Ie  nom  ex- 
pressif  (^  caput  mortuum,  Quelquesunes  de ces  deno- 
minations, souyenirs  de  i*ancienne  aldiimle,  sont  encore 
u8it<^  dans  ie  langage  yulgalre. 

ESPRIT  {Utt^rature),  Cetteexpression,  dans  son  accep- 
tion  la  plus  gendrale,  a  pour  objlet  de  Taire  connattre  I'esprit 
cl  Ie  but  d*un  liyre.  Alnsi  un  aristarque  spiritoel ,  exerce , 
pent,  dans  one  analyse  plus  on  moins  deTdoppde,  arriYer  a 
ce  but;  mah  ce  n'est  point  sous  ce  point  de  vue  pbiloso- 
phlquequenoua  eonslderons  icl  ce  mot.  Vesprit  des  livres 
eiait  deyeouy  surtout  dans  Ie  sitele  dernier,  une  brandie  de 
littdratnre  trte-mnttipliee  ct  trda-productiYe;  die  avaitsnccede 
aux  ona,  car  toiyours  lea  libraires  et  certains  auteurs  out 
spAcoie  sur  la  paressede  cette  clasae  trte  nombrense  de  lec- 
leurs  qui  yeulent  ayoir  Pair  de  tout  connattre  sans  se  donnvr 
la  pdne  de  tout  lire.  C*esl  avec  une  sorte  de  uidprln  que 
^'«iiiiiii«  9nci;iii.pnQ  •  c  g«>nr«^<io  jilit^mtiirv*  Puns  «wk  artiQle 


Esprit^  da  Dictionnaire  pkihsopM^uet  aprte  ayoir  jptM  di 
Vesprit  de  Dieu  selon  Ie  langage  bibl^qoe,  il  lyoute  :  «  II  y 
a  loin,  de  ik  k  nos  brochures  du  quai  des  Augustins  et  da 
Font-Neuf,  intituldes  Esprit  de  Marivaux,  Esprit  de  Des* 
Fontaines,  etc  «  Toute  la  po^tique  du  genre  se  trouye  dans 
cette  courte  prdTace  de  V Esprit  de  La  Biothe-le-Yayer^ 
publide  en  1763  par  Montlinot,  chandne  de  Saint-Pierre  de 
Ulle.  ■  Qmandon  apeud'espritp  on  donneceM  des  au- 
tres,  adit  un  critique  roodeme.  Cette  plaisanterie,  bonne 
oa  mauyaise,  n*emptehe  paa  qu^on  ottn  aujourd'hai  au  pu* 
bile  Pabrdge  de  La  Motiie-le-Vayer  sous  Ie  titre  C^ Esprit » 
titre  common  k  plusieurs  oiiyrages  de  cette  nature.  La  Molbe- 
le-Vayer  est  pldn  d'excellentes  choses,  mafs  dies  sont  mni- 
y'ent  mftldea  k  tant  de  longueurs,  de  repetitions  et  d^inotilites 
qoe  Ie  lecteur  Ie  plus  patient  s^en  trouye  rebute.  Pour  rendra 
plus  commode  la  lecture  de  cet  auteur,  on  s^eat  permb  de 
retrancher  qndqaefois  des  phrases  enti^res,  quand  dies 
n^offraient  que  des  pensees  communes;  on  a  conig^  dea  ex- 
pressions surannees,  on  a  rapproche  des  idces  eparses,  dan# 
difrerents  traites,  lorsqu*elles  tendalent  k  prouyer  la  meme 
Terite...  On  a  cependant,  autant  qu*on  a  pu,  conserre  les  ex- 
pressions de  Tauteur  :  on  ne  les  a  jamaia  aflaiblies  ni  alte* 
tereea,  sous  pretexte  de  les  corriger.  EnUn ,  on  eroit  qu*on 
trouvera  dans  cet  ouvrage  La  Mothe-le-Vayer  tout  entier, 
si  on  en  exoepte  son  eloquence  Terbense,  ses  redites  et  aes 
inutiUtes.  »  Aprte  ayoir  donne  cea  r^es,  Montlinot  n'a  pas 
trop  mal  reossi  dans  Tapplication  :  sa  compilation  ae  lit  ayec 
plaisir,  et  non  aansutilite.  Malheureusement,  la  plupartdes 
compilatears  d'esprit  n*ont  eie  que  des  manceuyres  sana 
conscience  et  sans  talent,  etc*est  avec  rarson  que  Ie  critique 
Grimm  en  a  dit :«  Ces  mesaieurs  qui  s*oocupent  k  nous 
donner  Vesprit  des  grands  liommes  ne  font  pas  I'doge  do 
leur :  an  homme  qui  entreprend  de  donner  I'analyae  ou  Ves- 
prit de  Bayle,  de  Montaigne,  de  Bacon,  etc.,  doit  ayoir 
presque  autant  de  tete  que  ces  grands  hommes,  et  doit  let 
ayoir  <Hudies  toute  sa  yie.  » 

Parmi  les  ouvragcs  publies  sous  Ie  nom  6^ Esprit ,  plu- 
sieurs meritent  d'etre  distinguea  :  nous  dterons,  entre  vingt 
autres  :  VEsprit  de  i/"*  ffeeker^  par  Ie  conyentionnat 
Barrere  de  Vieusac;  </e  Sivarol,  par  Fayolle  etChenedolie ; 
de,  Desfontaines  par  Laporte;  de  Saint-Evremond,  par  de 
Leyre;  de  Saint- Real,  par  de  Neuvllle;  VEsprit  des  <*co- 
nomlstes,  par  Ie  prince  Gallitzin.  VEsprit  de  VEsprit  des 
LoiSf  par  Maleteste,  est  une  rnpide  et  «ayante  analyse;  on 
peut  en  dire  autant  de  VEsprit  des  Naximes  politiques  , 
pour  seryir  de  suite  k  VEsprit  des  Lois ,  par  Pecquet , 
premier  commis  au  bureau  des  affaires  etrang6res.  Les  com- 
pilateurs  qui  nons  ont  donne  VEsprit  de  CEncychp^ie 
(par  Bourlet  de  Vancelles),  VEsprit  des  Jottrnaux  /ran* 
^ais  et  strangers  (1794-1811,  495  vol  ln-12,  et  8  vol.  de 
t2d>les),  ont  fait  des  entreprises  yraiment  utiles  k  la  littera- 
ture.  Personne  n'ignore  dans  quel  but  anti-reli^eux  ie  baroo 
dllolbach  et  ses  ecri? ains  ont  compose  VESprit  des  livres 
d^/endus,  VEsprit  du  Judaisme,  V Esprit  da  Clerg6.  L*abb^ 
Sat)atiiier  de  Ca<;tres  publia,  en  1771,  contre  Ie  philosoplie 
de  Femcy  nn  liTre  intitule :  Histoire  philosophique  de 
respril  de  Af.  de  Voltaire  :  c'etaft  totit  simplement  Tliis* 
toire  de  ses  querelles  ayec  Dcsfontaincs,  J.-B.  ct  J.«J  Rous- 
seau, La  Beaumdle,  Manperluis,  Saint-Hyadnthe,  dc; 
noais  Ie  titre  esprit  poussait  k  la  yente,  ct  Sabatiiier  i'adopta. 
Un  tres-bon  article  du  Cours  de  Littth-ature  de  La  Harpe 
a  poursujet  d  pour  titre  VEsprit  des  livres  saints.  On  ne 
saurait  enumerer  fous  les  livres  ascetiques  pubPes  sous  Ie 
nom  d'Esprit  :  nous  avons  VEsprit  de  sainte  ThMse 
(par  fimery),  de  saint  Francois  de  Sales  (par  Collot), 
de  J6sus' Christ  (par  de  la  Broue),  de  Gerson  (par  Ig- 
noble) ,  etc.  Nombre  d^auteurs  onl  fait  sur  Vesprit  de  la 
salute  messe  des  livres  que  les  fiddles  llsent  avec  respect. 
,  Nous  citerons,  entre  autres,  VEsprit  de  C£glise  pour  suivre 
Ie  pritre  d  la  messe  (par  Jaunrui);  dans  la  cHibration  des 
taints  mtfsttres  (par  RoOiuti;;  (/ans  la  r^ilalion  des 
CoihftU^s  (par  Punnti).  Ilous  09  eayons  f^  auUnr  « 


ESPBrr 


if 


domi^  VBsprit  de  la  Frane^Mofonnerie  divoiU^  rtlat\f 
au  danger  qu'elle  rej^ferme.  Aprte  cela,  pour  en  flnir,  pou- 
voDsnoiis  mieax  fiiire  que  de  citer  V Esprit  des  Sots,  par 
Cadet-Gassicourt,  aoteur  qui  n*a  gu^re  donn^  que  des  bluet- 
tes  satiriqaes,  dans  lesquelles  il  se  moqcait  du  public ,  des 
auteurs  et  de  lui-m^me  ;  c*^taii  au  rooins  de  Vesprit, 

Cbaries  Do  Rozont. 

ESPRIT  (Bel).  Voyes  Bel  Esprit. 

ESPRIT  (Bureau  d')   Voyez  Bubeau  d'Esprit. 

ESPRIT  ( Saint)  ou  £SPRlT-SAll«T,troi8i^me  personne 
de  la  Sainte  Trin  it6.  Les  mac^i/oniens,  an  quatri^me  sitele, 
ni^rent  la  divinil6  dn  Saint' Esprit ;\es  ariens  sontinrent 
qnll  n'est  pas  ^1  au  P^re ;  Insociniens  pr^lendirent 
que  e'est  une  m^taphore  pour  d<isigoer  Popdration  de  Dieu^ 
Mais  r^vangile  parle  du  Saint  ^Esprit  comme  d^une  per- 
sonne distincte  du  P^e  et  du  Fils ;  l^ange  dit  k  Marie  que 
le  Saint-Esprit  sunriendra  en  elle;  cons^quemmenty  que  le 
fils  qui  naitra  d'elle  sera  le  fils  de  Dieu  ( Luc,  i,  55).  J^us- 
Clirist  dit  aui  ap6tres  qu'il  leur  enverra  le  Saint- Eprit, 
V Esprit  consolateur,  qui  procMe  du  Pere ;  que  eel  Esprit 
ieur  enseignera  touto  v^rit^,  demeurera  eneux,  etc.  (Jean, 
XIV,  16  et  26;  XT,  26).  II  leur  ordonne  de  baptiser  toutes 
les  nations  au  nom  du  P^re ,  et  dn  Fils,  et  dn  Saint-Esprit 
{Matth,,  XXTI11J19).  h^ Saint' Esprit tsX  doncnnei)ersonnes<> 
on  ^tre,  comme  le  P^  et  le  Fils.  Les  sociniens  ailirment 
Tainement  que  le  Saint-Esprit  n'est  pas  appeli  Dieu  dans 
TEcriture  Salate;  ear  nous  lisons  dans  la  1"  ^pitre  atix 
CorintMens,  xn,  I4  :  «  Les  dons  du  Saint-Esprit  sont 
a|ipel^  des  dons  de  Dieu.  «  Saint  Pierre  Iui-m6mc  reproche 
il  Ananie  d^avoirmentiau  Saint- Esprit,  c*e$t-^-dire  k  Dieu 
(Act,,  V,  3 ).  Les  P^res  se  sont  series  de  ces  passages  ponr 
pronver  la  divinity  du  Saint-Esprit  aux  ariens  et  aux  ma- 
cMoniens ;  its  ont  fait  condamner  ces  demiers  au  concile  g^- 
m^ral  de  Constantinople,  en  361.  En  vain  les  sociniens  et  les 
d^ffttes  ont-lls  pr^tendu  que  la  divinity  du  Saint-Esprit 
n*6talt  pas  connne dans  Tf gitse avant  ce  concile:  nous  tiou- 
▼ons  dto  326  celui  de  N  ic^e  ^crivant  dans  son  symbole  ces 
mots  remarqnables  :  «  Moos  croyons  en  un  seul  Dieu,  le 
Pire  toot-puissant...,  eten  J^ns-Christ,  son  fils  unique...; 
nous  croyons  aussi  au  Saint-Esprit.  »  Cet  article  de  foi  est 
m^me  aussi  anden  que  le  christianisme.  An  denxi^me  .Mtele, 
rfigiise  de  Smyme  (EpiU.  14)  ^crivait  k  celle  de  Pbila- 
dctphie  qne  saint  Polycarpe,  prM  k  soufTrir  le  martyre, 
avait  rendu  gloire  a  Dies  le  Pere,  k  J^s-Clirist  son  fils,  et 
au  Saint'Esprit,  Cette  anoyance  e^t  do  reste  celle  de  saint 
Justin,  de  Tauteur  do  dialogue  intitule  Pkilopatris,  de  saint 
Ir^nde,  d*Atli^nagore  et  de  saint  Tbtophile  d'Antiocbe  au 
deuxi^e  si^e,  de  Clement  d^Alexandrie,  de  Tertullien  et 
d^Origine  an  troisi^me,  et  de  saint  Basile  au  quatriimc.  Elle 
e^  confirm^  par  diverses  pratiques  do  colte  religieux,  par 
Igs  trois  immefsions,  et  par  la  forme  do  baptfime,  par  le 
Kyrie  ripM  trois  fois  pour  chacune  des  personnes,  par  le 
trisagion,  ou  Trois  fob  saint,  chants  dans  la  liturgie,  etc 

Le  concile  de  Constantinople,  dans  son  symbole, 
qui  est  ie  mime  qoe  celui  du  concile  de  Nicde,  avec  qnel- 
ques  additions,  dit  seolement  que  le  Saint-Esprit  proctde 
du  Phre ;  il  n'ajoote  point  et  du  Pits,  parce  que  cela  n'd- 
tait  pas  mis  en  question  k  cette  ^|)oque.  Mais  d6s  Tan  447 
les  l^lglises  d*Espagne ,  ensuite  oelles  des  Gaules ,  et  peu  k 
pen  tons  les  £glises  latinos,  igootirent  ao  symbole  ces  deux 
mots,  paree  qne  c*est  la  doctrine  formeliede  P^criture.  Cepen- 
dant,  ce  tot  de  I'additloo  de  ces  mots  qne  Pliotius,  en  866 , 
et  Micliel  CeroUurins,  es  1043,  tous  deux  palriarches  de 
ConstantlDople,  prirent  occasion  de  si^parer  P£glise  grecque 
de  P^igliae  latine.  Toutes  les  fois qu*ii  a  ^question  de  les  r^u- 
uir,  les  Grecs  out  protests,  d^arant  que  les  Latins  nV 
\aient  pas  po  MgitUnement  fiure  mie  addition  ao  symbole 
dress^  par  un  concile  g^niral,  sans  y  6tre  notorial  par  la 
dtelsion  d*un  autre  ooneilo  g^n^l.  De  savants  r^tomMte 
ont  aussi  pr^tendo  que  les  Latins  avaient  corrompu  le  sym- 
bole de  Constantinople  par  une  interpolation  manis/esfe, 
MIo  dispgte  <toitd!E||4  ancloine;  0  en  hit  (|uestloq  au  cop- 


cile  de  Gentilly  en  767,  et  k  oekii  d*Aix-la-Cbapello  eo 
809.  Elle  a  M  renouTcl^  toutes  les  fois  quil  s'est  ag)  de  la 
reunion  des  <^ses  grecque  et  romaine ,  au  qoatritoie  con- 
cile de  Latran,  en  1215;  audeaxitoiedeLyon,en  1274;enftny 
k  celui  Je  Florence,  en  1394.  Dans  ce  dernier,  les'  Grecs 
convinrent  qu'ils  avaient  eu  tort;  ils  signirent  la  mtaio 
profossion  de  foi  que  les  Latins;  mais  ce  rapprocbement  ne 
r^ponditpas  k  Pes|)oir  de  l*£giise :  une  nouTelle  scission  eut 
lieu  bient6t,  et  elle  dure  encore.  Les  Nestoriens  partagent 
Perrcqr  des  Grecs  sor  la  procession  do  Saint-Esprit, 

D*apr6s  P^gltse,  le  Fils  vient  do  Pire  par  gin^ration,  et 
le  Saint-Esprit  vient  de  Pan  et  de  Pautre  par  procession. 
II  salt  de  \k  que  Tune  et  Pautre  de  ces  personnes  divines 
sont  ^temelles,  puisquele  Fils  et  le  Saint-Esprit  sontco- 
^temels  an  P^,  et  qu'elles  sont  n^cessaires,  et  non  con* 
tingentes ,  puisqoe  la  n^cessiid  d*£tre  est  Papanage  de  U 
DiviulU^.  Ellcs  ne  produisent  enfin  rien  bors  du  Pbtt,  pois- 
que  le  Fils  et  \e  Saint-Esprit  lui  demeurentins^ralriement 
unis,  quoiqne  rtelleroent  distincts.  Elle  n'ont  par  cons^uent 
ritn  de  commun  avec  la  mani^re  dont  les  philosopbes  con* 
cevaient  les  ^  man  a  Horn  des  esprits;  elles  sont  non-sen* 
lemeot  distinctes,  mais  rtellement  s^par^  du  P^e  et  8al>> 
sistaut  bors  de  lui  {ifogez  Trinite).  L*£glise  o^bre  la  des* 
ceiite  du  Saint-Esprit  sur  les  apcHres,  le  jour  de  isi  PeU' 
tec6le,  L*£criture  dit  souvent  :  Le  Saint-Esprit  noos  a 
tft6  donn^,  il  liabite  en  nous ,  nos  corps  sont  le  temple  du 
Saint-Esprit. 

Les  llieologiens  entendent  par  dons  du  Saint-Esprit  les 
quality  surnalurelles  que  Dieo  donne  par  infosioo  k  PAme 
do  chrotlen  dans  la  con /t rm a/ ion  :  oes  dons  sont  ao 
nombre  de  sept :  la  sagesse,  Pentendeiuent  oo  Pintelligenoe, 
la  science,  le  conseil  oo  la  pnidence,  la  force  en  le  courage^ 
la  pidt^  et  la  crainle  de  Dieu.  Saint  Paul,  dans  ses  lettres , 
parle  souvent  de  ces  dons.  L'Ecriture  enteud  encore  par  dons 
du  Saint-Esprit  les  pouvoirs  miraculeux  que  Dieo  acoordait 
aux  premiers  fid^es,  comme  de  parler  di verses  langoes , 
de  proph^tii»er,  de  gu^rir  les  maladies,  de  d6cou\Tirles  plos 
secretes  pens^es  du  OGeur,  etc.  Les  ap6tres  re^urent  la 
pl<^itude  de  ces  dons ,  ain&i  que  les  pr^cMeuts.  Dieo  les 
dispciLsait  mtoie  aux  simples  fid^es,  quand  ils  ^talent 
ndcessaires  au  socc^  de  la  pnklicalion.  Saint  Paul  re- 
garde  la  cliaril^,  ou  I'amour  de  Dieu  et  du  procliain, 
comme  le  premier  de  tous.  11  pent  selon  lui  tenir  lieu 
des  autres. 

ESPRIT  (Ordre  do  SAINT- ).  Cet  ordre  de  cbevalerie, 
le  plus  illustre  de  oeux  qui  ont  exists  en  France,  fut  ins- 
titu^  par  H  en  ri  III  en  d^mbre  1578.  On  a  pr^endo,  sans 
fondeinent,quece  prince  en  avait  troovi  Pid(^  dans  cebii 
do  Saint-Esprit-au-Droit-D6str,  fond^  en  1352,  par  Louia 
d'A^jou-Tarente,  roi  de  Jerusalem  et  des  Deux-Siciies,  ordre 
Meint  et  oubli^  d^  son  berceau.  Mais  Henri  111  avait  eo 
des  motifs  personnels  pour  order  le  sien.  Celui  de  Saint-Mi* 
die  1,  appele  vulgairement  POr<ire  du  Roi,  6tait  tombe  dans 
Pavilissement  sous  Cbaries  IX.  Henri  111,  cliercliant  les 
moyens  de  raffermir  la  fidelity  cliaficelante  de  ses  d^fenseiirs 
et  de  se  cr6er  des  adbdrents,  n'en  poovait  imaginer  un 
plus  conforme  4  ses  vues  etmieux  en  rapport  avec  les  cin> 
Constances  que  Pinstitution  d'un  premier  ordre  de  cbevalerie 
bas^  sur  Pobservance  de  la  religion  catboliqoe,  a|)ostoliqae, 
et  romaine,  et  consacrantd^une  mani^e  durable  deux  coin- 
cidences desa  vie,  son  Election  au  tr6ne  de  Pologne  en  1 573,  et 
son  avdnement  k  la  couronne  de  France  en  1574,  qui  avaient 
eu  lieu  le  jour  de  la  Pentec6te.  L*analogie  des  statuts  de  oe 
nouvel  ordre  avec  ceux  de  Pordre  de  Saint-Michel  semble- 
rait  annoncer  d*abord  que  Pintentfon  de  Henri  Ul  aurait  ^t^ 
delesubstituer  iPancien  Ordre  du  Boi ;  mala,  loin  d'avoireo 
cette  pens^  il  voulut  que  P^clatde  Pun  njaiUlt  sur  rantre 
et  lui  pretAt  un  nouveau  lustre,  et  poor  parvenir  ploa  sOro- 
ment  k  ce  bot,  il  rdunit  ^troitemeot  les  deux^  en  preaoi- 
vant  que  tous  les  ciievaliers  du  Saint-Esprit  seraient  prdala- 
blemcnl  re^us  la  vellle  ciievaliers  de  Samt-Mldiel,  d'oii  leur 
vini  la  d^opiio»tio|i  d^  cfifpali^s  de$  (Hrdr^  4u  4oi« 


M 


h»  pMU  Qe  raeefaient  que  le  seal  oitlre  da  Salnt-Es- 
prH,  et  depots  I'^tabUssement  de  oe  dernier  ordns  oelul  de 
Safait^Mlebel  ne  ftit  plas  aecord^  seul  qa*attx  premieres  no- 
UbiHIte  dsns  les  sdeoces,  les  ads,  les  lettnes»  tocomineroe 
«t  rindustrie,  Le  nombre  dee  chevatlers  da  Saint-Esprit  fiit 
llx^  kcent,  savoir :  qaatre-Tingt-sepl  ehe?alierS|neuf  car- 
dinaax  oa  prtf  ats,  y  compris  le  grand-aum^nkr  de  iFrancei 
et  quatregrandt-ofRciers,  le  tbanoelier  dtidlt  eitlre>  le  pr^ 
vAt^nMtftre  des  tMmonies^  le  graAd-tr^rlfir  et  le  secre- 
taire. Les  cardinaux  et  les  pt^ts  ne  prenaient  que  le  litre 
de  eooiniaBdeur  de  Tordre  dn  Saint-Esprit,  et  ne  portaient 
wr  la  croix  q«e  la  igiire  du  SalBt-Espri^  tandis  ^ne  les  die- 
vallers  et  les  qoatre  grands-oifllciers  prenale&t  le  titif«  de 
commandenr  das  oidres  da  Roi,  et  portalettl  fii  croix  d*un 
cdt^  4  Tefligle  da  Saint-Esprit,  de  l^otire  k  celle  de  saint 
Michel.  Les  seals  cberaliers  talqties  entouraient  Ttea  de 
leors  annoiriesdescollierB  des  deux  ordres.  Le  litre  de  com- 
mandenr,  que  perlaient  les  ecclteiastiqaes,  et  oelui  de 
ctieyalier-comoMUMlear ,  port^  par  les  laiques^  leur  T6- 
oaient  de  oommanderies  que  Henri  III  Toolait  fonder  en 
tear  wwn  tnr  des  blens  eecMastiques  :  le  pape  ayant  re^ 
los^  sa  sanction  k  ce  projet,  d*aprto  roppositfon  da  derg^, 
le  bte^fiee  de  diaqne  oommanderie  Tut  compens^  par  un 
iwsna  ^gal  et  annuel  de  mille  toa  sttr  le  noarc  d\>r.  Le  roi 
«a  touchait  deux  mille  oomme  HouTerain  grand-mattrev  et  le 
{rand-aanndnier  de  Ftmnoe  pareH  revena,  moiti^  tomme 
eommandeury  nioiti6  ooaime  aamOnier  de  rordrev 

De  1764  k  1770,  Louis  XV  douMa  le  revenu  des  Tingt, 
pois  des  trenle  plus  andens  chefailers^  Le  dauphin,  les  fito 
et  pettts-fils  de  France,  I'^lilent  de  droit  en  naissant,  mals 
lis  ne  tea  reoeraient  qa^  P^poqaede  leurpremi^commu* 
nion.  Les  princes  du  sang  dtaient  ordinairement  re^s  k  la 
ntoie  ^poque,  h  moins  que  le  roi  n^ajoumMieur  admission. 
Quant  aux  princes  strangers  ^tablis  en  France,  ils  ^talent 
admis  kvingt-dnqans,  et  les  dues  et  gentiUhommes  k  trente- 
dnq;  11  n*y  avait  point  d'Age  iixe  pour  les  souveralns  dtran- 
^tn  susoeptfUes  par  leur  religion  de  recevoir  cet  ordre. 
Les  statuts  n'exlgeaient  des  r^piendaires  ( le  grand-au- 
mOnier,  le  grand-tr^iorier  et  le  secretaire  except^s)  que 
centans,  ou  trois  gteerations  de  noblesse  paiernelle.  Les  re- 
ceptions se  falsaient  avec  un  grand  appareil;  celle  du  roi, 
Gomme  souverain  grand-maltre,  aTait  lieu  le  lendemain  du 
sacre.  Le  prtiat  qui  Tavait  sacre  lui  lalsait  jurer,  en  pre- 
sence de  tout  Tordre  assemble  dans  reglise,  Tobservancedes 
statnts,  aprte  quoi  11  loi  remettait  le  grand  manteau  et  le 
collier.  La  TeiUe  des  promotions  les  novices  etaient  re^us 
par  le  roi,  dans  son  cabinet,  avant  la  messe,  chevaliers  de 
Fordre  de  Saint-MiCbel ;  le  lendemain  avait  lieu  k  I'eglise, 
k  risaue  de  la  messe,  leur  reception  dans  Pordre  du  Saint- 
Efiprit.  Vetns  d*an  pourpointet  de  trousses  d'etolfes  d'argent, 
eale^on,  bas  de  sole  et  soutiers  blancs,  le  fourreau  de  l*epee 
de  meme  et  la  garde  d*argent,  ayant  an  con  un  rabat  de  point 
d'Angteterre,  et  sur  les  epaulesun  capot  de  yeloars  raz  noir, 
one  toque  de  mtoie  couleur  sur  la  tete,  sommee  d'un  bou- 
quet de  plumes  blanches  et  d*une  masse  de  heron,  ils  se 
prostemaient  devant  le  roi,  assis  sur  sonlr^ne  dans  lesanc- 
tnaire,  k  odte  de  F^vangile,  pronon^ient  ti  signalent  le  ser- 
roent  qal  engsgealt  lear  fol  religiease  et  politique,  et  reoe- 
▼aient  des  inains  da  monarqoe,  aprte  qu^on  leur  ayait  M 
le  capot,  le  grand  manteau,  ainsi  que  Paccojade  et  le  col- 
lier de  Pordre,  que  le  roi  lul-meme  leur  passait  aa  cou.  Les 
quatregrands-offlders  portaient  le  grand  manteau,  mais  non 
le  collier ;  les  commandeurs  ecdesiastiqnes  n'ayaient  ni  Pun  ni 
Pantre  Ceox-d  de?aient  egalement  liechir  les  genoux  devant 
lerot  poor  prftterle  serment,  fussent-ils  princes,  comme  les 
cardinaux  de  BoortNm  et  de  Guise ;  le  seul  cardinal  de  Ricbe- 
Ueu  oaa  ddrager  k  cette  marque  de  soamisslon  prescrite  par 
les  statnts,  et  II  recutdebout,  des  mains  du  faible  Louis  XIII, 
les  inslgnes  du  Sslnt-&prit.  A  leur  reception,  les  cardinaux 
deraient  parittre  en  cliape  rouge,  les  preiats  en  soutane 
^-^olelte,  avec  leur  rochet,  leur  camail  et  un  manteaa  vlo- 
\ifl,  SOT  le  cdte  gauche  duquel  ei|ll  brodde  la  croix  d«  Por- 


ESFRIt 

dvei  comiMe  sUlr  to  iaaaikieaa  des  ciierattets  s  ceox-d  diaiHil 
les  seuU  qui  eossent  des  parrains  k  cette  cMmanie)  d 
auxqueU  le  roi  donnftt  PacooUlde  bt  lis  tdllMr. 

Le  ^«nd  mabttsau^  reltrpasse  du  MM  iladM»  Hk^aiM  da 
cdte  dixiit,  etait  deVdoulrs  nair»  double  de  satin  orange  el 
geme  de  tammes  dV ;  one  broderie  d'or,  de  37  centimMres 
de  hauteur,  lui  servait  de  bordura.  Par-desSus  eUit  plab^ 
un  mantdet  de  moiiio  yert-lUissant  et  ^fifiAU  desondaiii 
asset  bas  sur  U  poitrine  «t  tos  eptul^  U  brctderle  dtt 
manteaa  et  dti  maikteMi^  dtt  meme  que  lea  cbalnoos  du 
gratad  odlier  (  qol  etait  du  poidsde  deux  eenU  ecas  d*or 
tshvlron ),  representaient  des  fleurs  de  Us,  des  tropliees 
d*armes  et  la  lettreH  conronnee;  de  oes  divers  ornemenU, 
places  k  des  disUnces  egales,  naissaient  des  flammcs.  Li 
croix  de  I'ordre  etait  d*or,  semblabh)  4  la  Croli  de  MaUfli 
k  huit  pointes  pommetees  emaUieede  blane  sur  les  bofds^ 

-     dd 


gent.  Les  chevaliers  portaient  cette  croix  saspeddoB  eu 
grand  collier  dans  les  jours  de  c^remoilitt  de  iohU«;  datts 
les  auties  solennites  din  euit  attacbee  k  on  Urgto  riiMil 
blen-cdeste  mniki6^  pisse  sur  Pepiuilede  droiie  k  0luch«. 
Les  preiaU  portaiettioe  rubaa  en  mad^  de  oollier,  et  les 
dOfiders  qui  n^etaient  pas  commandeurs,  en  sautoir.  Toos 
les  chevaliers  portaient  encofe  one  plaque  brodee  en  ar- 
g^t  sur  le  c6te  gauche  de  leur  habit  ou  mantea«;  die 
representait  exactement  la  crdx  du  cdtd  de  la  co!ombe.  La 
devise  de  l*ordre,  Diice  ei  mtspleet  exprfanait  la  protectiott 
du  Saint-Esprit.  li  (httou|onn  acoordeaux  phis  ancieones 
ramilles  de  Francci  et  parliculi^reinent  k  cdles  qui  rem«- 
piissaient  les  premieres  charges  de  P£tat.  Oft  salt  que  hi 
Fabert  ni  Catinat  ne  voulurebt  achtoter  pir  Uil  tneii* 
songe  gfinedogique  Phonnedr  de  potter  cetle  decoration, 
qu'ik  avaient  acquSae  par  tint  de  gloire  :  lear  reAis  modeste 
prenetra  Louis  tlV  d'une  douleur  egiie  k  son  idmlntioa 
pour  ces  deux  grands  hommes. 

Cet  ordre,  qui  rdietait  on  si  vif  edat  sur  le  trdne  de 
France,  ftit  enseveli  sous  ses  mines  par  la  premiere  revo- 
lution. La  Restanration  le  vit  renaltre  avee  les  andens  noma 
dela  monardiieetson  andenne  splendeor,  et  Loots  XYIII, 
ainsi  que  Charles  X,  ne  le  refiiserent  pdut  aux  grandee 
illustrations  de  P£uipire.  La  religion  cathollqae  ayant  oessd 
d'etre  rdigion  de  P£ut  depuis  la  rdvolotion  de  1630,  Poidre 
dn  Saint-Esprit  fut  aboU  de  lait  par  cet  evenemeni. 

LaiHd. 

ESPRIT  (L'adM  Jacqcss  ).  Le  prindpal  titra  qui  re- 
oommande  Esprit  k  notre  attention,  c'est  d'avoir  dte  Pun 
des  quarante  premiers  membres  de  PAcaddmie  IHrinfaise. 
U  naquit  k  B^ers,  le  23  octobre  1611 ;  aon  frere,  prdtre 
de  POratoire,  le  fit  venir  k  Paris,  et  le  pla^  in  seminaire 
de  sa  congregation,  au  mois  do  septembre  de  Pannde  1629. 
Apres  y  ivoir  etudid  pendant  quatre  ou  dnqans  lea  bdies- 
lettres  et  la  philosopliie,  11  eut  occasion  de  freqoenter  Phd- 
td  de  RambouUlet  et  plusieursautres  cercles  litieraiies,  o6 
II  se  distingue  par  sa  poUtesse  et  ses  connaissances.  II  avait 
une  heurease  physionomie,  de  la  ddUcatesse  dana  Pesprit, 
oneaunablevivadte,de  Penjonement,  beauconpde  fadlite  a 
Kuen  parler  et  k  bien  ecrire.  Le  jeune  al)be  obtint  qud- 
ques  succes,  et  au  lieu  d'entrer  dans  les  ordres,  11  se  con- 
tenta  de  porter  le  peUt-eoUet,  ce  qui  lui  (kctlitait  Pentree 
des  maisons  quMl  aimait  k  frequenter.  D'abord  commensal 
duducde  La  Rochefoucauld,  Panteur  des  Afiudmei,  il 
entra  bientdt  dans  la  maiaondu  cbaneeUer  Seguier,  qui 
lui  donna  une  pension  de  quinxe  cents  liwes  sur  ses  pro- 
pres  revenus  et  lui  en  procora  une  autre  de  deux  mille 
sur  une  abbaye.  Par  le  credit  de  ce  poissant  protecteur, 
Esprit  Alt  nomroe  membre  de  PAcaddmle  Fran^ise  le  14 
revrier  1639,  et  pen  de  temps  aprfes  il  fut  |)ourvu  d*an  bre* 
vet  de  conseiUerdu  roi;  mais  en  1644  il  encourut  hi  dia- 
grice  du  chancdier^  et  se  vit  contrahi(  de  retoonier  an  86* 
minairo  de  Saint-Magloke|  od  il  resta(}odque  temps, 


tooteroii  prendre  lliabit  des  pr^tres  oratoriens.  11  ftit  asset 
benreoii  it  la  lotaie  ^poqoe,  pour  fl^n  la  oonnaissanoe  dn 
prince  de  Conti,  qui  se  retirait  souTent  k  Salnt«>Maglolre, 
k  PeflMd'y  fiiireses  devotions,  etqoi,  charms  de  sa  politesse 
et  de  son  savoir,  se  Tattacha  particuHteement,  lot  donna  on 
logement  dans  son  IkMel  et  one  pension  detrois  miiie  liTres. 
Mais  one  fois  rentr6  dans  le  nionde.  Esprit  y  retrooTa  tontes 
les  sMuetions  aniqnelles  U  ne  s*6tait  d^Jii  montrd  que 
trop  sensible :  il  devint  ^ris  d*one  jeune  personne  que  la 
gte^roalM  de  son  proteeteur  loi  procure  les  moyens  d^6- 
pouser.  II  Gillait^  au  dire  do  jeune  horonie,  quarante  mille 
liTres  pour  que  cet  hymen  s'accomplit;  le  prince  les  lui 
donna;  de  plus,  M*"*  de  Lon^erille  y ajouta  nn  cadean de 
quitize  mille  litres.  On  assure  que  plus  tard  Esprit  reporta 
an  prince  les  quarante  mille  livres  de  sa  dot  en  lui  disant : 
«  Cette  somme  est  trop  n^cossalre  an  soulagement  des 
Teuves  et  des  orplusUns  poor  que  je  ne  la  rende  pas  k  yotre 
altesse.  > 

Esprit  termtnasa  carri^  dans  la  province  de  Langoedoc, 
dont  le  gouTememcnt  avait^t^oonfi^  kson  proteeteur.  Aprto 
la  mort  de  oelui-ci,  il  fiu  sa  demeure  a  Hosiers,  et  se  con- 
sacra  k  TMocation  et  r^tabliiisement  de  ses  trois  filles.  11 
nourut  dans  cette  Tille^  le  0  juUlet  1678.  Jacques  Etiprit 
n**a  presque  pas  Iaiss6  d'oufrages.  Pellisson,  dans  son  HU' 
Mrt  de  VAcaMmie,  ue  lui  en  attribue  qu'un  seul  :  Para^ 
phroMes  d$  gwlquet  Psaumes.  On  a  oependant  cru  qu'il 
etait  aoteor  d'un  asset  plat  coromeotaire  des  Maximes  de 
La  Rocbefoocauld,  intitule  :  Fausseti  des  Vertus  kumai' 
nes,  2  Tolumes,  et  d'une  traduction  du  pan^yriqoe  de 
Tr4an,  pobliteen  1677,  in  12.  Mais  quelqnes  critiques  attri- 
buent  eesdeux  ouvrages  k  son  frfere,  qui  6tait  y^tablement 
abbA  et  appartenait  k  la  congregation  de  l*Oratoire. 

Lb  Roox  db  Linct. 

ESPRIT  ASTRAL.  Koyet  Asteal. 

ESPRIT  DE  CORPS.  Le  mot  cor|»  an  figure  si- 
gnitiant  la  societe ,  I'union  de  plusieurs  personnes  qui  tivent 
sous  Tempire  des  mAmes  lois,  des  roemes  coutumes,  des 
mdmes  r^les,  des  mtoes  pr^jiigte,  il  en  rfeulte  qu'es>ri/ 
de  cof^isdoU  s*eotendredes  principes,  des  habitudes,  de  la 
maniire  d*agir  de  certains  corps  ou  de  eertaines  compagnies. 
On  dit  d*une  oompagnie ,  d'un  corps  d^lndiTidus  exer^nt 
la  mftme  prolession,  et  agiasant  cliacun  dans  les  inU^rdts  de 
tiMis.  lis  out  de  Vesprit  de  corps,  Ua  avocat ,  un  mddecin, 
un  militaire,  un  bomme  de  lettres,  on  artiste,  se  lalssent 
aouTcnt  diriger  par  Veeprii  de  corps.  Cliacun  d*eu\  defetid 
les  habitudes,  Thonneur ,  m^me  les  privileges  du  corps  au- 
qnei  il  appartient.  L*aT0cat  refusera  de  plaider  devant  nn 
Juge  qui  aura  manqud  d'egards  en  vers  un  autre  avocat.  Le 
vMerJn  prendre  fait  et  canse  pour  un  confrere  qu*on  acco- 
sera  dignorance.  Le  miUtaire  se  rendre  garent  de  la  bravoure, 
des  seutimenti  dev^  qui  animent  tons  ses  Mres  d*armes. 
LUiomme  de  lettres  lendre  la  main  an  debutant  devant  qui 
s*d^vent  les  obstacles  et  les  dilBcnltte.  L'artiste  ouvrira  sa 
bourse  k  Partiste  malbeurettx.  Aglr  autrement,  ce  sereit  man- 
quer  ^esprit  de  corps,  ceserut  renoncer  au  bte^fice  de  i'as- 
sodatioB  tadle  qui  exists  entre  tout  cent  qni  paroourent 
la  mtae  carrito ;  ce  sereit  se  condamner  k  vivre,  au  milieu 
de  la  grande  coromttnanii&  humaine,  isoM^  sans  aide,  sans  ap* 
pui,  sans  protection.  Vesprit  de  corps  entralne  queiquerois 
de  Acbeuses  consequences :  il  pent  laire  nattre  entre  certains 
corps  des  rivalitte  souvent  funestes;  main  ces  rivalit^s, 
qu'engendre  ordinairement  ramonr-propre  ou  la  vanity  d'un 
petit  nombre,  n*ont  qu'un  temps ;  le  bon  sens  et  la  sagesse 
de  la  nu^orit^  y  mettent  bientdl  on  terme,  et,  somme  toute, 
f  esprit  de  corps  tel  que  nous  Fa  fait  Paboiition  des  oommo- 
nant^ ,  des  congr^lions,  des  corps  de  m^ers,  c'est-ihdire 
Vesprit  de  cor|ubienveillant,  bonn^,  anim^de  sentiments 
pliilantbroplques ,  etempt  de  Tues  personnelles ,  s'il  est  trop 
eommun^ment  encore  Poccasion  de  tristes  Inconvteients,  de 
d^bats  ridicules ,  de  querdles  pwiriles,  enfiuite  ansd  le  plus 
ftmvent  de  grands  et  de  nobles  rteltats. 

£dodM  iJUioiHB. 


tS^RTT  —  ESPRIT  DE  PABtt  is 

ESPRIT  DK  NITRE.  Foyet  tm  Mltr  et  NrraiQti 
Acide ). 

ESPRIT  DE  P ARTL  L'esprit  de  parti  est  entre  toutes 
les  passions  humaines,  celle  qui  lalsseleplus  de  liberty  k  la 
baine,  le  plus  desteoriti6  pour  mal  foire.  Cesmtimenta  quel- 
que  cliose  d'absolu  oomme  les  lignes  droites  de  eetle  gtem^- 
trie  politique  sdon  laquelle  on  mesore  les  clioses  et  Pon  ap* 
pr^e  les  bomroes.  Un  parent ,  un  ami ,  nn  bienlaileor,  vien* 
nent-ils  en  d^ranger  les  lignes  infleilhles ,  il  ikudre  que  eel 
ami,  que  ce  parent,  que  ce  bienfaitenr  dispareisse,  car  ponr 
Pborome  de  parti  les  amiti^  ne  comptent  pas,  et  cfaet  lui  la 
t6te  parte  si  hautqu'elle  iait  promptement  taire  le  cmur.  Cet 
bomme  n'agit  et  ne  pense  que  sous  Pinspiretion  d'aotrui;  U 
r^fltehit  ioutes  les  passions  qui  fermenient  autonr  de  loi ;  son 
caract^  et  son  individuality  s*elbcent  sous  la  nature  de 
convention  quMl  revM  ou  qu'on  lui  impose.  L'liooune  de  parti 
ne  s*appartient  jamais  k  lui*niteie  :  tout  bonn^  ou  tout 
bitelligent  qn*il  pulsse  6tre,  il  ire,  ne  fbt^ee  que  par  huineor, 
jnsqu'au  crime ,  aussi  bien  quo  Jusqu*^  Pabsurdit^  Tel  est 
dans  ses  relations  privte  aifectueuK  et  bienveillant,  qui 
parle  de  faire  des  exemples  et  d'abattre  des  tMes;  tel  autre 
n^a  Jamais  donn^  signs  d'alitoation  mentale,  tout  au  contraire 
11  entend  les  affaires  et  oonnatt  les  immmes :  le  voiU  cepen* 
dant  qui  oi  lisant  Le  Constiiutionnel  de  1626  s^^pouvante 
en  songeant  qoeles  j^suites  font  Pexercice  k  feu  dana  les  ca- 
ves de  Montrouge.  En  void  un  autre  qui  ^  en  lisant  La  Quo' 
tidienne  de  1633,  crie  k  la  calomnie  k  propos  du  proc^s-ver- 
bal  des  couches  de  Blaye.  Ne  provoqoet  pas  cependant  Pin- 
terdiction  legale  de  ces  deux  bommee :  Je  vous  dls,  en  v^rit^, 
que  vous  ne  lobtiendriet  pas,  et  qu'iU  n^pondreient  avec 
une  rare  intelligence aui  questions  qui  leor  seraient  adress^es 
sur  les  mathtoiatlques,  Panatomie,  le  droit,  ou  Pdoonomie 
domestique*  Non,  ils  ne  sent  pas  fuus,  ils  ne  son!  qu'hom- 
mes  de  parti. 

Le  propre  de  cet  esprit-U,  c*est  de  d^gager  chacon  en 
particoiier  de  la  responsabllil^  de  ses  sotUses  et  de  ses  mau* 
vaises  penste  pour  en  grossir  le  foods  oonunnn. Sous  ce  np- 
port  tons  les  bommes  de  parti  se  rassembfent,  quels  que 
soient  leur  ^cole  et  leur  drapoau  :  mi^me  crMulit^,  noSHneoon- 
fiance,  m^me  abnegation  de  leur  persoonalit6.  L'bomme 
qui  entre  dans  un  parti  fait  des  voeux  de  renoncement 
k  soi-m6me  aussi  rigoureut  que  ceux  qui  sont  fanposes 
aux  novices  des  ordres  monastiques.  On  a  de  partctd'autre 
les  idte  les  plus  opposta  sur  les  droits  et  sur  les  devoirs , 
sur  la  bonte  des  uistitutions  politiqnes ,  sur  la  destination  de 
Phomm^  et  son  avenir;  vous  entendei  saluer  par  les  uns 
oonnne  jours  de  globre  ce  qui  n^est  aox  yeox  des  autres  que 
jours  d'opprobre :  les  hommages  et  les  maledictions  se  croi* 
sent  et  s'entre-choqiient.  Ajoutet  qu'i  ces  dlssideoees  de  doc> 
trines  la  revolution  fraufaise ,  comma  toutes  les  revolutions 
qui  veulent  vivre.  Joint  des  dissidences  d^interMs  en  se  fat- 
sant  territoriale ;  que  la  propriete  a  passe  des  uns  aux  autres; 
puis,  que  les  nouveanx  proprietaires  sesont  cms  inquietes 
dans  lenroonquAteJusqu'au  moment  od  les  spolies,  k  leur 
tour,  ont  redonte  de  perdre  ce  qu'nne  tardive  munificence 
leur  avait  rendu.  Cost  ainsi  que  la  nation  Ihanfaise  s'est 
tn>uvee ,  k  bien  dire ,  divisee  par  couches  de  vainqueors  et 
de  vaincus,  de  destitues  tUdAdestituieurs^  de  spoUateun 
et  de  victimes.  De  U  ce  repoussement entre  les  personnes, 
plus  profond  encore  que  celui  qui  esiste  cnbre  les  doctrines. 
C*est  ainsi  que  les  simples  reppoiis  de  societe  ont  ete  inter- 
rompus  entre  les  citoyens,  et  qu'on  a  presque  toi4onrs  vecu 
k  part  les  uns  des  autres ,  eouvant  aes  haines  et  attMidant 
d*autres  jours. 

L'esprit  de  Satan  est  venu  en  aide  k  Pesprit  de  parti,  poor 
eiever  entre  les  diverses  classes  de  la  aodeie  comma  une 
barriere  insurmontable.  Ce  fait  provoqoa  dans  le  carectere 
national  une  alteration  profbnde,  qui  nelut  jamais  filusma- 
nifeste  qn*aox  premiers  temps  de  la  fiestauratiun,  ou  Pesprit 
da  parti  se  developpa  avec  hiteosite.  II  y  a  sans  doole  plus 
que  de  Pexageratloii  dans  les  reprodies  si  sonveot  adresses 
k  cette  epoque  de  1616,  d*o(i  sortirent  les  belles  et  pacUi* 


u 


ESPRIT  DE  PARTI  —  ESPRItS 


qoes  aBoto  de  notre  dducation  consti  tationnell<» :  mn^%  rVst 
Jtwtioe  da  reooDnaltre  que  de  tootes  lee  ^poques  hietoriqaefl, 
ce  fut  peot-^tre  rone  de  celles  dans  lesqnelles  resprit  de  parti 
pr^valut  aveele  phu  d^^troitessedans  iescombinaisoos,  la 
pluiid'IntoMrance  danaie*  repousaeneatt.  Si  la  Restanration 
ayait  au  aan  La  Bruy^  qoelt  menreilleui  portraitt  na  lai 
aaraient  pas  founiis  el  lea  Yoltigeon  de  Cond6 ,  et  les  soldats 
labottreiirs,  s'insultant  les  uns  lea  autres ,  eox  si  dignes  de  sa 
dminer  la  main  at  de  coniondro  laurs  nobles  anseignesP  A 
iui  dedira  la  crMuiit^  des  dooairi^res,  les  rftvesdo  vieux 
niarqaiSy  tea  paroles  da  sang  etdemorttropsouvent  pro- 
nonci^  par  dai  iMNiclies  fralclies  et  innocentes ;  a  luidemon- 
trer  ooinmentPesprit  de  parti  r^trteit  les  plus  riebes  natures 
et  dessecbe  les  ooeurs  les  plus  expansife. 

La  r^rolotion  de  Juillat,  la  r^publiqoe  de  184s  et  te  nouvel 
empire  ont  au  san»  doata  poor  premier  at  pour  plus  dd- 
plorable  eflet  de  r^ter  plus  loin  encore  Tune  da  Tautre  les 
classes  dont  la  position  eespecti?e  a  si  soodainement  ciiSng^. 
Ccpendanty  comment  ne  pas  reeonnattre  que  dana  les  circons- 
tances  mdroe  qui  semblaient  devoir  la  ranimer  et  Texalter  au 
plus  liaut  degr6,  l*esprit  de  parti  baisse  d'une  manite  sen- 
sible, Gomme  une  larope  ^poiste?  De  part  H  d'aotrey  Ton 
-panl  sa  foi  et  sa  eonfianoe,  et  Ton  doTient  p4os  juste  k  me- 
sure  que  Pon  doote  davantage  de  soi-ro^me.  Puis,  ▼iennent 
les  int^rdts  qui  rattaclient  au  present ,  alors  mtoie  que  les 
regrets  ou  les  esp<^rances  en  s^rent  Aussi  est-on  plus  <lis- 
po^  sinon  k  la  bian?eiUanee,  do  moins  k  oette  indiniirence 
qui,  en  oontenant  les  nobles  iians,  amortit  aussi  les  passions 
niauvaises.  A  cet  ^rd  Topinion  a  Cait  la  le^on  k  la  presse , 
et  odle-d  a  da  se  mettre  au  diapason  de  la  premie.  Ajou- 
tous  que  I'esprit  de  parti  ¥it  d^esptomce ,  et  que  toot  parti 
qui  n'espte  plus,  est  mort,  et  qo'en  ce  temps  d'incertttude 
et  de  sce|)ticisroe  U  n^y  a  d'espoir  vraiment  fond^  pour  per- 
Sonne  CTest  ainsi  que  les  doctrines  s'en  vont,  et  Tesprit  de 
parti  fiecompa^ie  sYec  elles.  Louis  de  Cabii£. 

ESPRIT  D£  SEL.  Koyes  CauiuiYDftiQUB  (Aeide). 

ESPRIT  DE  VIN.  Foyn  Alcool  et  CIspbits. 

ESPRIT  FOAT.  On  appelle  ainsi  ees  esprito  qui  ne 
craignent  pas  de  n^tstar  les  opinions  revues.  Cette  qualifi- 
cation ,  que  l*on  applique  surtout  k  toot  bomme  dddaigDeox 
des  croyanoes  religiauses,  a  toujours  ^t^  empluyte  oomme 
una  censure  ironique.  C*est  la  derision  oppo»^  k  on  pr^ 
somptueox  m^ris  do  sentiment  common.  Quand  on  dit  de 
qnelqu'nn  :  Cett  un  etprit  fort ,  cela  signifie :  ^est  un 
esprU  qui  se  craii  fori,  el  que  la  vaniU  aoeugle.  Telle 
est  I'iatentioQ  deLaBruyire,  dans  son  ciiapitre  sur  les 
tsprUs  /oris,  dont  le  milieu  et  la  tin  priocipalement  sunt 
mspirte  par  une  baote  ratson ,  et  od  oue  pbilosophia  ^io- 
qoente  s^^ve  jusqo*ao  sobiinie.  Un  profood  sentiment  de 
justice  at  d'bumanit^  est  empreint  dans  les  pens6es  qui  sui* 
vent :  «  Une  certaine  in^lit^  dans  las  conditions ,  qui  en- 
tretient  I'ordre  et  la  subordination ,  est  TouTrage  de  Dieo , 
00  soppose  one  lol  divine;  una  trap  grande  disproportion,  et 
telle  qu*elle  se  remarqna  parmi  las  bommes,  est  leur  on- 
vrage ,  oula  loi  des  plus  forts.  Les  extrtailtte  sont  videuses 
et  patient  de  rbomoM  :  toute  compensation  est  juste,  et 
viant  da  Dlau.  •  Gela  aait  approuT^  soos  Louis  XIV.  Qo'a 
dit  da  plos  J.-J^  Roosseao,  tant  pers^cot^  dans  le  satele 
suivant?  «  Quand  on  ne  serait  pendant  aa  vie  que  i'ap6tre 
d*un  seul  bon«me,  ce  ne  serait  pas  dtra  en  vain  sur  la  terre, 
et  Iui  6tra  on  foideau  inutile.  »  Disons  toolefois  qu'ii  y  a 
one  force  d'esprit  ntossaire  poor  telairer  la  conscience,  et 
on  milieo  k  tenir  entre  l*orgudl  qui  nie  comme  pn^ugrt 
▼uigaire  toot  ce  qoi  est  admis,  et  la  fiiibiesse  d*esprit  bien 
rMle,qoi  re^  sans  examen  et  sor  la  (bi  d'aotnii,  des  prd- 
jttg^s  dangerenx.  Iia  Tie  de  Tbomma  de  bian  est  consacrte 
k  to  ladiercba  de  ce  milieo  poor  loi  et  poor  les  autres. 

AinU»T  MB  YiTRY. 

ESPRIT  PUBLIC.  Cet  ensemble  de  sentiments,  d*ap- 
prdiensions,  de  passionii,  qu^on  appelle  VtsprH  publtc,  nous 
semble  peo  facile  k  d^finir,  commv  tout  ce  qui  rcv^t  loules 
C^formes.  Ia  mot  n*est  gu^  en  uaa^  qM^  dans  la  lan- 


ssce  politique,  et  encore  na  letrouve^t-on  sootdtf  tmiitoyvi 
qQ*i  partir  da  notra  premise  revolution  :  en  1792,  Mar4 
aaeosalt  Roland  d'cmpoisonMr  resprit  poblie,  d*avoir  on 
boreao  d*esprit  politic  poor  corrooipre  Topinion.  Depois 
lors,  tons  les  partis  sa  soottoor  k  loar  adrasa6s  k  Tcsprit 
pubUc,  et  ont  cberclid  k  la  mettiada  laor  o(M)6,  k  le  fain 
passer  k  VMt  d^opinion.  Toos  les  goovameoMnta  ont  la  pr^ 
tention  de  s^appoyar  sor  Tasprit  pabNe,  at  las  aflbrts  qu'ils 
sont  obligte  da  Aiita  poor  remoer  ce  aoiosae  proovent  tou- 
jours qu'ils  se  ddient  beaoooop  da  ses  sympathies  oo  de  sa 
mobility.  L'esprit  pobllc  est  en  effist  cette  masse  flotlanle 
qui  est  a  oelui  qui  salt  i'entratner,  aoit  en  la  flattant,  soit 
en  Teffrayant :  la  r^volntion  de  17M  cbercbalt  k  agir  sur  le 
peuple  par  tea  dobs  et  par  la  ptesse;  et  nteimoins  Saint- 
Jost  s'teriait  doolooreosemeot  k  la  tribone  de  la  Conven- 
tion :  Noos  n^avona  pas  d'esprit  poblie  en  France  I  L'em- 
pire  cherebak  legalvanlser  par  des  victoires ,  la  Restanration 
par  des  processions  et  dese^rtaionies  religianses ,  Loois-Pki- 
lippe  par  Tappei  k  la  satisfaction  des  intMts  mat^riels. 

Marat,  cooune  noos  I'avons  dit  plos  liaot,  reproduut  k 
Roland  d'avoir  eM  on  bureau  (TesprU  fmblie  au  mlnis- 
t^  de  llntMaor,  c*ast-4Hiire  d*y  avoir  grooppft  des  joor- 
nalistes  qoi  veaaient  prendre  da  loi  la  mat  d^ordra,  qni  r^- 
digeaient  ieors  joomaox  d*aprte  ses  inspirations  at  eelle  dea 
girondins,  afln  d*entralner  I'esprit  poMic  aontra  la  lion- 
tagne.  Sons  Loois-Pbilippe  11  y  eot,  ao  mtoe  ministtee,  on  bu- 
reau dlasprit  public :  on  y  rMigeait  une  correspondance  poli- 
tique toute  looangeusa  poor  la  goovemeraent,  et  oft  tousles 
faits^laient  represents  comme^tant  k  son  avantaga,  comma 
toumant  it  la  conftision  da  ses  advenaiias;  les  pr^fets  et 
les  soos*prei)Bts  reeevaient  cetta  dlaboration  aotogimpkida 
qootidiennement,  la  eommoniqaaient  k  Ieors  amis ;  les  jour- 
nau\  subventionnes  par  le  ministtee  en  province  reprodui. 
saient  sor  toote  la  llgDe  les  articles  de  fond,  1m  attaqnos  aootre 
I'opposition  qo*eUe  leor  apportait  gratoilement,  et  l*on  se  flat* 
tait  de  Iravaiiier  ainsi  Topinion  d'amener,  par  ces  moyans 
Tesprit  politic  li  des  manifestations  dynastiqoes.  Cette  insti- 
totion  fotaisci  vivement  attaqo^e  poorqo*elle  disparttt  do 
grand  jour;  eUe  se  rtfogia  dans  les  t^nAbres  des  foods  se- 
crets. Aiais  laspontan^il^  aveo  laquella  cerlabis  mots  d'ordre 
politique  se  leproduisaient  d^on  boot  k  Taotra  da  la  Franca 
Uissait  dairement  entrevoir  les  instigateiirs  da  ces  mouve- 
ments  iactices  d'esp^t  public  En  novembre  185 1 ,  i*Asaembl^ 
nationala  siipprima  i*allocation  qu!un  ministre  faisalt  k  one 
correspondance  politique  dont  les  extraits  etsient  chaqua 
jour  adress^s  aox  pr^fets,  aox  soos-pr6fets,  et  aox  joomaox 
do  poovoir;  les  attaqoes  qoa  cette  correspondance  propa- 
geait  oontre  Tassemblte  Itirent  la  motif  de  cetta  soppressioo 
de  credit :  beaoooop  de  gens  virent  dans  ca  vote,  qid  k  ca 
moment  n'^it  pas  sans  importance,  one  protestation  contra 
ca  qoa  la  majority  de  la  l^slativa  conskMrait  comma  un 
bureau  (Cesprit  public  occnite. 

ESPRIT  PYRO-AG^TIQUE.  Koyes  Ac^mb. 

ESPRITS.  Le  sens  primitif  do  mot  esprU^  et  lo  plus 
conforme  k  son  origine  latine,  est  cdoi  de  soofDe,  priiH 
dpe  apparent  de  ia  via  aniraala.  Par  analogie,  V esprit 
est  la  prindpe  de  rintdligenoa.  Inuigbiant  qoe  cet  esprit , 
separ^  des  organes  pliysiqoes,  poovait  vivreet  agirsana  eux, 
on  a  donn6  ce  nom  k  dei^ttres  inoorpords,  dont  tootes  lea 
religions  ont  admis  et  admettant  Pexiatence.  C'eat  la  plus  po- 
pulairt  des  croyances,  cdle  qui  s^aocorde  lemieux  avec  l«s8 
penste  de  Tliomme,  naturellement  port^es  vers  les  diosea 
myst^euses.  Les  tb^ogonles,  les  livres  sacrte  d^  natioofl, 
dillirentes  parlent  des  esprits.  Las  traditions  dMldtennes, 
parses,  ^ptiennes,  des  Hdireax,  de  I'lnda,  de  la  Gr^ce,  ont 
k  oet  dgsrd  one  conformity  presqoa  onivandie.  Soos  le  nom 
gtodriqoe  d*espri/s,oo  comprend  les  on^es  et  lesd^mo  n  «, 
dans  le  sens  bellteique,  et  dans  Tacceptiooquelui  out  don- 
nte  les  Chretiens.  Mais  les  livres  lidireux  font  qudqties  dia* 
Unclionx  qui  n^onl  pas  encore  4t6  rdav^ :  aiusii,  les  angea» 
Salan  d  Vespnl  apparaissent  diacun  sous  sa  denouiiurfliou 
particuU^re.  AbraltaBi.  Jacab|  Tobfo,  tant  vuii6S|  accoiii* 


ESPBITS 


9S 


^agnfe  del  anget.  Satan  frappe  Job ,  et,  dans  l*borreor  d*une 
vision  de  nuit,  un  esprit  passe  derant  sa  face ,  et  le  poil  de 
sa  chair  se  Mrisse.  U  voit  oelui  dont  U  ne  oonoaissait  point 
le  fisage;  un  spectre  paralt  derantses  yeux,  et  11  entend 
nne  Toix  comme  on  petit  souffle,  etc. »  ( Cli.  ly,  ▼,  16 ).  Cette 
difldrenoe  se  retrouTe  dansplnsieurs  autres  passages.  Quant 
auxpalens,  selon  le  langage  catbolique,  Hesiode  comple 
trente  miile  esprits  qui  surveillent  les  actions  des  hommes. 
Jamblique  et  Trism^iste  disent  que  l*uni?eni  en  est  rempli. 
Proclus  el  (*sellu8y  qui  ont  traits  sp^daiement  celte  niati^re, 
nous  exposent  clairement,  avec  leurs  propres  id^,  oelles 
qui  ^taieot  ie  plus  gte^ralement  r^pandues  de  leur  temp». 
Terentins  Varron  divise  le  monde  en  deux  parties ,  le  del 
et  la  terre,  puis  il  .subdivise  le  del  en  Mer  et  en  air,  et 
ia  terre  en  ierre  proprement  diie  ( humus)  et  en  eau.  Ces 
quatre  parties ,  dit-il ,  sont  pleines  d'esprits.  JLes  uns ,  ceux 
qui  habitent  V^her^  peuYent  6tre  coinpris  et  vos ;  PAnie  el 
non  les  yeux  du  corps  peuvent  voir  les  autres,  qn^on  appelle 
tares,  lamies,  larves,  Umures,  g4nies, 

Ces  croyances  sont  restte,  les  noms  seuls  ont  com^  d*etre 
les  nitoies.  Les  philosopbes  cabalistes  do  mojpn  ^e  ont 
donn^  le  nom  ^e$prU$  €Umentaire§  k  oeox  qu*on  a  cm  pr^ 
aider  aux  quatre  substances  regard^  alors  comme  les  uni- 
ques (y^inents  de  tootes  choses.  Les  esprits  ^l^mentaires 
du  Teu  etaient  appel<b  salamandres,  ceux  de  Teau on- 
dineSf  ceux  de  Vm  sfflphes,  etceux  de  la  terre  gnd- 
me$,  lis  ^talent  en  commerce  avec  les  liommes,  se  plai- 
saient  k  les  agaeer,  mais  gMraleroent  ne  leur  faisaieut  que 
du  bien.  Us  ne  def enaient  nuiaibleB  que  lorstqu^on  les  irri- 
tait.  II  y  avail  oelte  diffiirenoe  aUre  les  esprils  ^mentalres 
et  les /an  < dm  ef  ou  levenants,  qive  les  premiers  Haient 
des  apparitions  corporelles,  doiioeft  d'une  existence  propre 
et  ind^pendante,  tandis  que  les  seconds  etaient  les  esprits 
d^dlres  bumains  passes  de  vie  a  tr^fias. 

Les  esprUs  foUeis  on  /amiliers  sont  k  pen  pr^  les 
memos  qoe  les  lares  des  Remains.  On  croit  encore  dans 
quelques  provinoesy  aurtoot  dans  la  Bretagne  el  la  Vend6e, 
que  ces  esprits  pansent  les  chevaux,  les  eulretiennenlel  les 
noiirrissen).  On  n'oserait  pas  toucher  k  la  crint^e  d'un 
clieval  dont  les  crins  seralent  mei<^  :  c'est  roflioe  de  Tex- 
prit  follet  ou  du  luiin,  Pline  le  jeune  seroble  croire  k  Texis- 
tenoe  de  ces  esprits  ( voir  la  leltre  27*  du  livre  XVi ).  De 
grandes  impurel^  secretes  out  dtt  donner  nalssanre  aux 
fables  sur  les  esprits  ineubes  eisuccubes,  Quand  le 
mai  venail  seulemenl  de  rimaginatlon  exalte,  le  remede 
etait  diftidle  k  trouver;  mais  celui  de  saint  Bernard,  qui 
donna  son  bAton  k  une  Jeone  tille  poor  le  mettre  dans  son 
lit,  n'est  pas  le  moins  original. 

Les  esprits  celestes  sont  les  bienhenreux  les  bons  anges , 
les  esprUs  de  Unbbres  sont  les  maqvaia  anges,  les  demons. 
Par  esprits  on  entend  aussl  les  Ames  des  morls  qui  revien- 
nent  sur  terre ,  et  les  spectres,  que.  dit>on,  autrefois  les  sor- 
ders  falsaient  sortir  des  tombeaux ,  croyances  encore  bien 
antiques.  Dana  la  Bible,  la  pythomsse  d*Endor  evoque 
Tombte  de  Samuel.  Homire  fail  apparaltre  Patrocle,  tu^  par 
Hector,  k  son  ami  Achille.  Suetone  nous  apprend  que 
Neron  employe  inulilement  des  sacrifices  magiques  pour 
voir  sa  m^  el  lui  |)arier.  Qui  de  nons ,  vivanl  seul ,  ne 
s^est  pas  sorpris  k  peiipler  sa  solitude  d'£tres  mysterieux  ? 
Le«  brises  partum6es,  les  murmures  loinlains,  le  souffle 
liarmonieux  des  vents,  les  plaintes  des  arbres  aglt^s,  les 
bruits  granges  des  nulls ,  n*ont-ils  pas  cent  fois  ^veilie  dans 
DOS  Ames  Pidife  de  quelques  esprits  vaguant  autour  de  nous? 
Lorsquela  sdencedoit  parlerseule,  qu*on  soitde  Tavis 
d*Uorace  : 

ftomoia,  terroret  ma^rirot,  miraeula,  aagM. 
NocUiruoa  lemurct,  (Mirteotaque  tbeaaala  ridet. 

Mais  il  taut  se  rappeler  cette  penste  de  Proclus  dans  le 
Traiti  de  tAme  et  des  demons  :  Au-dessus  de  la  sdvnce 
est  rintdligence,  et  ilntelligence  Uent  compCe  des  aenaalions 
di  rime.  Vidor  BauMh 

iter,  m  i.a  eonvnaA? iiim.  -^  v.  lau 


Malgr^  le  progrte  des  idenees ,  fl  y  a  eo  dans  ces  demiert 
temps,  sur  presque  tons  Im points  du  globe,  un  retonr  de 
(royance  aux  esprits,  h  propos  des  pr^tendues  ddcouverles 
dues  aux  tables  tonrnantes,  frappantes  et  parlante);et 
un  gros  in  8^  de  500  pages  a  mfime  paru,  ^n  185.1,  adre^s^ 
k  PAcad^miedes  Sdenre«  morales,  source  litre  :  Des  ES' 
prits  et  de  lettrs  mnnifrMntionn  fluirfitfurs,  imr  .M.  le 
marquis  de  Miriville.  Cetail  k  se  (leinnn<lHr  !^ri«*iisf^m  nt  si 
Pon  etait  encore  an  dix-neuvi^me  sl^cle,  ou  au  inoyen  Age,  si 
Descartes  el  Vollaire  avaient  dcrit,  s*il  y  avail  en  Fr.mce  des 
aslronoinesou  <les  astrologues,  i\es  physiciens  ou  des  alcbi- 
mistes ,  des  philosopbes  ou  des  sorders. 

£1  pourtant,  Paiiieur  He  ce  livre  est  un  lioinme  du  monde, 
un  esprit  cultiv<^,  qui  connatl  les  8cienf*es,  mftine  les  sc:ieuce8 
occultes ,  la  lilt^ralure  prorane  et  la  litti*raturc  sarree.  II  a 
lu  les  P^res  de  PEglise ,  et  se  pique  parfois  de  tlie<>lngi^.  II  a 
rev^  avec  les  mystiques ,  mi^dlt^  sur  les  thatiinaturges ,  et 
compost,  avec  une  clulcur  de  style  qui  InK^resse  cm\  ni^me 
quVlle  ne  persuaile  |)as,  le  volume  en  question,  dans  teqiiel, 
contrairoroeiit  k  bdn  noinbre  dVv^iues,  il  <l<^ini»nlre  que 
pour  etre  bon  clir^tlen,  il  faul  croire  aux  esprits.  CVst  la  ce 
que  M.  le  marquis  de  Miriville  appelle  «  tenter  la  tusiundu 
christianisme  el  de  la  science.  > 

Du  reste,  des  jHsrsonnes  s^rieuses  et  fortsens^  ont  depots 
longlemps  adopts  son  ci'edo,  Des  poptilallons  c*nh>i'es  se 
sont  ounverties  k  la  religion  des  tables  tournnnfes  et  dea 
esprits,  Les  Am^rirains  ne  sunt  pas  des  revenrs  :  ils  out 
voolu  absolumenl  savoir  pourquoi  l<^  tallies  tourniMil,  el  lis 
ont  decouverl  que  ce  sont  d»*s  esprits  qui  len  font  tonnier. 
Aujourd*liui  ces  esprits  invisibles  sont  ^tudit^  en  Ainerrtine, 
dass^s,  organis^t  eii  castes,  er.lielonn6i<  en  hi^rarchie, 
comme  de  simples  niortels;  et  il  e<t  ne  de  ce  p^eux  travail 
une  science  non velle,  on  plutdt  une  nonvHIe  reli^'on,  ipie 
re  {leuple  de  hant|uiers,  dMndnslriels  v\  de  comiufrv  nts  a 
nomni^  fort  sc^rieusenieut  le  sfHnfutt/istne.  Celte  religion 
a  d<^ja  une  foule  de  devots  :  la  demist  *.  statislrque  en 
comptecinq  cent  mille.  II  y  en  a  qiiarante  uiille  a  New- 
York  seulemenl.  Le  xi9iri/{ia//A'me  a  sept  jimrnaux ;  il  a  des 
duhs,  sons  le  nom  de  cerates  spirifuels ;  il  a  ses  oratenrs, 
qui  prfichenl  la  v^rit^  nouvetle ;  en  (in ,  ce  qui  l^uioigne 
mieiix  encore  de  la  foi  des  croyants,  il  a  une  c^isse  bien 
gamie  (>our  les  fniis  de  la  piopagande.  On  volt  que  lorsque 
les  gens  positifs  se  m^lent  d^£lre  visionnaires,  ils  ne  font  pas 
lea  choses  k  demi. 

Tons  les  fails  extraordinaires  d*autrefois  sVxpliquent  aind 
nalurelleuienl  aujourd'hui.  Le  mot  de  P^nigme,  ce  n'est  ni 
Pextase  du  docteur  Bertrand,ni  Perotomanle  de  M.  Hcc- 
quet,  ni  Physi^rodf^inonopaltde  du  dncteur  Calineil ,  ni  les 
n^vroses,ni1es  borborygmes.  C*eslun  divinum  quid,  un 
agent  sumaturel,  en  un  mot,  c'eat  un  esprit,  Urbain  G ran- 
dier 6tait  Pintermt^ialrede  Vesprit  et  dea  religienses  de 
Loudun.  Le  sot^fleAe&  Camisards,  la  terre  du  londieau  de 
Paris  eiatent  pr6cis^ment  ce  que  sont  les  passes  ou  l(^  verre 
d*eau  duinagni^tisenr,  le  v^hiculedeP<»pri/.  C'esl  VcsprifqvA 
permettail  k  la  Sonnet  d'etre  incombustible  sur  les  diarhons 
ardents;  c^esl  lV.fpri/qni  ^moussait  les  piques  et  les  hro- 
dies  sur  les  corps desconvulsionnaires;  c'ost  Vesprit 
qui  donnait  k  leur  pean  une  telle  r^sihlance  qu'on  y  voyait  k 
peine  quelques  eccliymoses,  apr^  ime  application  de  qi  aire 
mille  coups  de  bAton ;  cV-st  Vesprit  qui  communique  les 
monomanias  mysl<^rietises.  C*<tail  un  esprit^  ce  Gilles  Gar- 
nier,  qui  mangeait  les  petites  lilies  et  les  petits  gar^ons ; 
S6v^c  un  esprit,  Papavoine  un  esprit,  etc.,  etc. 

Les  partisans  des  esprits  ne  sont  pas  d^accord  cependant 
surlemagn^lismc.  Les  uns  U^moignent  le  plus  profond 
dedain  pour  celte  science  et  pour  P^leclridt^,  et  c*cst  tout 
naturel.  L'declridt^!  un  agent  ind^flnissable ,  insaisissable, 
inde>«crtplible !  un  fluide!  on  je  ne  saisquw!  Pariez-uioi dun 
esprit,  k  la  Iwnne  lieure  1  Un  esprit,  c*est  une  iiersonne;  un 
esprit  pense,  parle,  agit.  L*eiectridl6  ne  pense  ni  ne  parie; 
et  si  eUe  agit,  c'est  comme  un  instrument  passil,  comme 
line  force  aveugloi  oorome  ime  maduiie.  Un  esprit  a  un 


M. 


ESPBITS 


liiseerneDMnt,  on  libre  arUtrt,  on  d^tMhi;  et  surtont  si 
c*est  un  ma'uvais  esprit,  si  c*est  led^inon,  quel  iotMtt  C'est 
radversatre  de  lUiomme,  et  la  Intte  commence :  i^homme  eat 
BOX  prises  avec  I'ennemi  du  genre  bumaini  Voiik  le  grand 
progrb  que  nous  STons  fait  sur  le  dix-huiti^me  si^le. 
Le  dix-liuiti^mQ  sitele  croyait  au  magndtisroe ,  c^est-4-dire 
k  qne  ctiose :  il  s^ehivrait  d'Abstraction.  Nous,  an  oontraire, 
npus  animons  les  clioses,  nous  personnifions  les  corps  inertes. 
Aussi  quel  mouvement  dans  Tunivers!  tout  s*6yeiUe,  tout 
s'agite,  tout  un  peuple  d^esprits  pense,  parte,  agit  antour  de 
nous..  (Test  un  bien  autre  monde  que  le  monde  connu  jus- 
qiiMci ,  endormi  dans  llmmobilit^  et  la  i^thargie !  Le  mens 
agitat  molcm  devient  vrai ,  et  le  sjHritus  flat  ubi  vuit 
prend  nn  sens  nouveau.  Entin ,  c^est  un  nouvel  univers  qui 
vient  d'^lore  sous  le  ciel.  A  merTeiile;  maisen  sommes- 
nous  plus  avapc^  et  surtout  plus  Chretiens?  II  me  semble 
que  nous  devenons  on  peu  plus  paiens  et  plus  primitifs. 
L^liabitude  des  peu  pies  enrants,  c^est  de  personnifier  les 
choses.  Les  anciens,  qui,  comme  dit  trto  bien-Pascal, 
dtaient  les  jeunes  gens  de  ce  monde,  ont  en  pour  religion, 
une  vraie  religion  de  jennesse ,  le  polyth^isme,  qui  lui  aussi 
personnifiait  les  choses  et  divinisait  les  forces  de  la  nature. 
Du  moment  que  nous  recommencons  a  animer  les  corps 
inertes,  nous,  les  modemes,  qui  sommes'yraiment,  cororoe 
dit  toujours  Pascal,  les  vieiUards  de  Tesptee  Uumaiue,  nous 
redevenons  anciens,  c^est  ii-dire,  pour  parler  sou  langage, 
que  nous  retoinbons  en  enfance. 

Mais  il  y  a  d*autres  partisans  des  esprit«,  qui,  au  lieu  de^ 
d^laigner  le  magn^tisme,  font  cause  commune  avec  lui  et 
rallient  les  pli^nom^nes  magn^tiques  sous  les  drapeaux  du 
spiritualisme.  Seulement  jusque  ici  le  magn^tisme  n*a  pas 
4td  compris.  On  y  a  clierch^  nn  fluide,  une  Electricity;  il 
fallait  y  cliercher  un  esprit,  Mesmer,  «  quand  il  r^chauHait 
un  bain  avec  sa  canne,  et  faisait  tomber  h  genoux  les  de- 
moiselles qui  le  poursuivaient  »,  Etait  Tagent  d^un  esprit, 
et  un  mediumt  comme  disent  les  Am^ricains.  Tons  les  ma- 
gn6tiseurs  sunt  des  mediums  Si  en  17S4,  et  depuis,  PAca- 
d^mie  des  Sciences  n*a  rien  compris  au  magn^Usme,  c^est 
qirelle  a  couru  aprte  un  fluide,  et  qu^il  fallait  Evoquer  un 
esprit.  Franklin,  Darcet,  Bailly,  Jussieu  ont  battu  la  camr 
pagne  :  c^Etaient  des  savants.  On  n'avait  besoin  que  de  sor- 
ciers.  Jamais  un  esprit  qui  se  respecte  ne  comparaltra  devant 
\jtke  acad^mie.  Jamais  acad^miden  ne  fera  un  bon  medium. 

Pour  6tre  on  bon  medium ,  il  faut  cororaencer  par  dtre 
bienveillant,  etue  passe  montrer,  comme  les  gens  du 
monde,  fanfkron  dMncr^ulitE.  On  peut  Etre  instruit,  savant 
mfime  :  ce  n^est  pas  un  inconvenient;  mais  il  ne  faut  pas 
que  la  science  rende  sceptique  de  parti  pris.  II  y  a  aux  Etats- 
Unis  une  foule  de  midiums  tr^-distingu^.  On  compte 
parmi  eux  des  magistrats ,  des  ministres ,  des  banquiers.  II 
s'y  glisse  bien  aussi  quelques  charlatans,  qui  font  profession 
d^^tre  mediums  et  dupent  le  public.  Mais  dans  quel  corps 
n*entre-t-il  pas  de  membre  indigne?  Le  corps  des  mediums 
compte  quarante  mille  membres  aux  £tats-Unis;  ils  ne 
peu  vent  £tre  raisonnablement  quarante  mille  vertus.  11  y  a 
les  rapping  mediums ,  qai  sous  Tinfluence  des  esprits 
tombent  dans  des  crises  de  nerfs  et  r^pondent  aux  questions 
qo^on  adresse  aux  6tres  invisibles  par  des  mouvements  spas- 
modiques.  II  y  a  les  writing  mediums  qui,  armds  d*une 
plume  oud'un  crayon,  6crivent  m^caniquementsous  la  dict^ 
des  esprits,  avec  une  vitesse  et  une  precision  incroyables, 
comme  des  t^l^graplies  Electrique^.  II  y  a  les  speaking 
mediums,  qui  prononcent,  soit  ^veiil^,  soit  endormis ,  des 
paroles  inspir^,  comme  la  pr6tresse  de  Delphes  on  la  si- 
bylle  de  Cumes.  ^fln,  il  y  a  presque  autant  d^esp^ces  dei 
mediums  que  de  sortes  d*esprits.  On  remarque  m£me  une 
relation  directe  enfre  la  otture  des  uns  et  des  autres.  Les 
m^hanis  esprit^  sont  plus  souTent  en  rapport  avec  les  m^ 
chants  mediums;  les  bons  ne  con^muniquent  gu^re  qu*avec 
dlionn^tes  gens,  de  fa^n  qu^on  peut  trte-bien  appUquer 
onx  esprits  le  mot  Tulgaire  :  Dis-moi  qui  tu  hantes,  je  te 

4frai  qui  tn  es. 


Quant  aux  esprits,  les  Ani^ri^ns  en  ont  dresa^  une  dass(<* 
ficatton  trte-m^bodique.  II  y  a  des  esprits  ttiMogieDs,  qni 
prftcbent  les  iM/H  du  spiritualisme :  ils  argonMntent  contre 
la  Providenee  et  U  divinity  de  Jteis-Christ.  Ils  lonl  dtfstes, 
fataiistes  et  panth^istes  tout  k  la  Ibis.  Ils  prennent  Tolon- 
tiers  la  figure  d'Arius ,  de  Luther  et  de^  Calvhi.  Qoelques 
autres,  mystiques  de  professloa,  se  d^isent  sous  les  traits 
de  Swedenborg  et  de  Saint-Nartln.  Api^  eux ,  riennent  les 
esprits  politiques ,  qni,  par  Torgane  de  mediums  fort  igno- 
rants,  ont  fait,  en  plein  salon,  des  premiers-Paris  trte-re 
marquables  sur  la  question  d*Orient.  Puis ,  les  esprits  po- 
lyglottes ,  qui  parlent  les  langnes  earopEennes  et  roftme  les 
langnes  orientales  oomme  un  professeur  da  Goll^  d« 
France;  les  esprits  poetes,  qni  improrisent  des  rers;  les 
esprits  pbilosophes,  qui  iuTentent  des  syst^mes;  et  mtaie 
les  esprits  agioteurs ,  qui  consdllent  des  op^tions  k  la 
Bourse.  Toutes  les  classes  d*espritsont  an  fonds  de  roalveil- 
lance  contre  Tesptee  humaine,  cela  est  tecile  a  Toir  :  les 
esprits  pontes  iroprovisent  de  mauvais  vers;  les  esprits  pbi- 
losophes inventent  de  fanx  syst^es;  les  esprits  agioteurs 
conseillent  des  operations  niinenaes.  H  en  est  d*aotres  qui 
d^abord  ont  un  air  de  gentiUesse  et  d*es|ri^erie  innocente, 
comme  le  Ttilbp  de  .Charles  Nodler :  ils  grattent  aux  mars/ 
ils  frappent  aux  portes ;  ils  atlachent  des  crdpes  noirs  an  seoil 
des  maisons ,  d^tachent  les  verrous,  d^moBtenl  les  serrares, 
nenversent  les  raeiibles,  ^rpillent  le  linge ,  jettent  par  une 
fen^tre  des  br^viaires  qui  rentrent  par  Tautre,  et  font 
denser  les  pelles  ei  les  pincettes ;  ou  bien  Ils  fabriquent 
des  esp^oes  de  mannequins-fantdmes ,  et  qnand  les  mal- 
tres  de  la  maison  rentrent  chei  eax,  ils  trouvent  sept  ou 
huit  grandes  figures  blafardes^  drap^es  ayeeles  tapis  de 
Tappartement  et  agenouillte  d^yotement  derant  ane  Bible 
ouverte;  mais  bieat6t  lesespiigles  se  Ochent  :  les  >^ap- 
peurs  frappent  les  gens  Jusqu'it  leor  eaascr  la  Jambe,  et  les 
gratieurs  les  grattent  Jusqu*aa  sang. 

On  a  interrog6  cesMres  singuliers;  et  quelqoes-ims,  plus 
expansifs  que  les  autres,  ont  commoniqaE  k  des  adeptes 
cboisis  une  esp^  de  rev4UUion,  qui  forme  la  base  des 
dogroes  ro6mesdu  spirituaiisme,  lis  seprdtentent  Chretiens, 
mais  ils  nient  la  divinity  de  JEsus-Cbrist ,  ils  nient  le  p6ch6 
originel,  ils  nieot  Texistence  du  dtoion  (ce qni  est  asses 
liabile),  ils  nient  r^temitE  des  peines.  JusqoMci  on  pourrait 
les  prendre  pour  des  rationalistes;  mais  quand  11  s'agit  de 
reroplacer  les  dogmes  qu'ils  d^tnrisent ,  lis  sont  bien  em- 
barrasses, lis  imaginent  nous  ne  sayons  quel  melange  de 
pythagor^isme ,  de  mabometisme  et  de  foarierisnie.  lis  af* 
firmentcpie  les  hommes  ne  menrent  pas,  mais  qu'ils  pas- 
sent  successivement  dans  six  spheres  spirituelles,  ob  ils 
jouissent  du  parfait  bonheur.  Ce  partait  bonbeor  est  d'une 
grossi^rete  quelque  pen  paienne.  Ce  ne  sont,  dans  lea 
spheres  spirituelles,  qiie  bals,  concerts,  promenades « 
festins  et  grandes  toilettes,  hespkritualisme  oonvertitbean- 
ooup  d' America ines.  On  s*y delasse  du  plaisir  parte  travail. 
II  existe  dansces  mondes  soperieurs  one  esptee  d*uniyersit6 
d*esprits,  dont  les  membres  font  des  coiirs  publics  aux  noa- 
yeaox  venus  de  la  terre  pour  les  deiivrer  des  pr^ug^s  sub- 
lunaires  qu'ils  apportent  ayec  eux  et  leur  apprendre  la  langue 
du  del.  Tout  le  monde  est  heureux  t  les  esprits,  qui  gouver- 
nent  les  hommes ,  les  bommes ,  qui ,  bons  ou  mauvais  sor  la 
terre,  sont  toos  appelEs  et  tons  eius ;  les  animaux  eux- 
memes,  qni  sont  immortels,  revivent  au  ciel,  entre  leors 
maltres  et  ieurs  mattresses,  dans  une  eommunaute  de  bon- 
heur. II  n'y  a  gu^re  que  Dieu  dont  il  ne  soit  pas  question. 

Maintenant  quelle  est  la  nature  de  ces esprits,  quel  est  leur 
sejourP  L*antiquite  les  croyait  gaz^ormes.  Certains  P^res 
de  i'£glise  les  croyaient  corporels  jusqu*a  un  certain  point; 
plttsienrs  autres  leur  concedaient  I'lmmaterialite  absolue. 
Ai:dourd*hui  Ieurs  partisans  accordent  k  la  fois  I'antiquite, 
saint  Ambroise,  saint  Athanase,  aaint  Basile  et  saint  CMmeni 
d'Alexandrie.  Ua  deflnlssent  les  esprits  :  des  intelligences 
servies  par  des  fluides.  Cette.defimtion,  imitee  de  celle  de 
M.  de.Bonald,n»definit  pent-^tre  lieOt  mais elle «st  cqi»- ^ 


feSPRItS  —  ESQtJILACHE 


dtiante.  Quant  aa  a^oor  des  espriU ,  on  lea  rencontre  k 
pen  prte  partout »  soua  toutea  lea  latitodes. 

Du  reate,  cea  vieiUea  \d6»  se  aont  reproduitea  k  pluaieura 
^poqaea ;  mats  11  faot  bien  ee  garder  d*en  oonclure  que  ce 
aont  dea  y^rit^.  Les  foUea  elles-m^es  se  r^p^tent  Ce  tout 
lea  maladiea  de  I'eaprit  homain ,  et,  comma  certainea  ma- 
ladlea  du  corpa,  quelquea>unea  font  le  tour  do  monde  et 
reviennent,  k  certaina  interraUes,  Tiaiter  lea  m^am  peoples 
et  lea  rotoies  contrto.  Ce  aerait  une  belle  d^oyerte  que 
Tart  de  pr^dire  k  coup  ftOr  le  retourdes  id6ea  fausaea,Gonune 
raatronomie  pr^it  le  retour  dea  comMea.  On  se  tiendrait 
au  r  aea  gardes » et  Ton  ae  d^fierait  des  espriu.  H.  Rigadlt. 
ESPRITS  i Commerce).  On  nommeainai  lea  eaux- 
de-yie  dont  te  yolume  eat  r^uit  de  moitM  par  la  distil- 
lation,  qui  en  ^limine  de  I'eau.  En  coupant  lea  eaprits  ayec 
de  Peau ,  on  reprodult  Teau-dfr-yie.  Le  commerce  trouve  de 
grands  avantagea  k  expi^ier  Peau-de-yle  sous  forme  d'eaprlt. 
Cette  traosformation  a  pour  rteultata  une  grande  diminu- 
tion du  nombre  dea  f&ts  n^ocssairea  et  une^oonomie  notable 
aor  le  prix  da  tranaport.  Cependant  on  n*y  soumet  que  des 
quality  Jnf(Meure8,  car  elle  a  I'inconvtoient  de  foire  perdre 
k  reao-de-yie  ce  bouquet  que  Ton  recherche  dana  les  li- 
queurs de  premier  choix 

La  richesse  des  esprits  ou  alcools  est  aujourd'hui  cona* 
\dX6e  k  Taide  de  i'alcoolom^tre  de  Gay-Losaac  On  a  aban- 
donn^  les  anciennes  d6noniinationa  fractionnairea  du  midi , 
comma  3/6 ,  5/6 ,  etc ,  qui  servaieot  autrefoia  k  d^gner  la 
titre  des  produita  distill^.  Cea  fractiona  indiquaient  qu'en 
ajootant  k  un  nombre  de  {lartiea  d*esprit  eaprim^  par  le 
num^ratenr,  un  nombre  de  parties  d*eau  exprim^  par  Pexcte 
du  dtoomlnateur  aur  le  num^rateur,  on  afait  un  m^ange 
potable,  portant  la preuve  de  Hollander  c'est^-dire  19°  du 
ptee-Uquenr  de  Cartier.  On  n'a  coosenrd  que  le  nom  du  3/6 
( pronoBcei  IroU^ix ) ,  qui ,  d'aprte  ce  qui  prMde^  est 
un  eaprit  tuquel  U  fant  nidanger  un  poida  <gal  d'ean  pour 
obtanir  una  eau-de-vie  k  19°. 

Comma  Talcool  peot  s'obtenir  d'on  grand  nombre  de 
mati^rea ,  on  distingue  lea  esprits  en  esprits  de  9in,  esprits 
deftcule,  esprits  de  pomme  de  terre ,  esprits  de  grains ^ 
esprits  de  m^lasse,  esprits  de  cidre,  et  de  poiri^  etc. 

ESPRONOEDA  ( Jos^  de ),  Tun  des  plus  remarqoa- 
blea  poetea  de  PEapagnemoderne ,  naquit  en  1608,  k  Almen- 
dralejo,  en  Eatramadure,  et  aprte  la  guerre  de  Tind^pen- 
dance  yint  fiiire  aea^tudei  k  Madrid,  ob,  sous  la  direction  de: 
Usta,  sea  diaposltions  po^tiques  se  d^velopp^rant  de  bonne 
heore,  mala  en  m6me  tempa  ausai  aa  paasion  pour  les  ayan- 
tures  et  les  bouleyersements  de  la  politique.  Dte  TAge  de 
qoatone  ana  il  oomposait  des  po^aiea  politiqoes,  et  a'^tait 
fait  affUier  k  Tnne  des  soci^tte  secrMea  de  la  ddmagogie,  k 
celle  dea  Kumantinos.  II  en  fut  puni  par  uit  exil  dana  un 
couyent  de[  Guadalajara,  dans  la  solitude  duquel  il  ate- 
cupa  de  la  composition  d*un  grand  poftne  ^iqoe,  El  Fe^ 
lajfo,  dont  Un'existe  quedesfragmenta.  Bien  qu'il  eOt  eu  pen 
detempaaprte  lapermiaaionde  revenir  k  Madrid,  son  esprit, 
esaentlelleroent  mobile  et  pasaionn^  pour  rimpn&yu  et  pour 
lea  ayantnres,  ne  tarda  paa  li  le  lancer  dana  tooa  lea  hasarda 
de  la  yie.  II  se  rendltli  Lisbonne,  oft,  manquant  bientM  de 
tout ,  H  dot  4  une  intrigue  aoooDreuse  des  moyeas  de  snbsia- 
tanee  et  lea  resaooroes  ndccasalrea  poor  gaguer  Londrea,  k 
re(ret  d'asaayer  d'y  yine  de  sea  talenta  po^tiquas.  Plus  tard, 
tt  yint  s'^tablir  k  Paria,  oo ,  dana  lea Joonta  de  iuillet  1630, 
il  fut  un  dea  plua  intr^dea  et  des  plus  exaltte  parmi  eeox 
qu*ott  n'appela  plua  dte  lors  que  les  Mros  des  barricades; 
drconatance  de  aa  yie  qui  eat  pour  rteltat  de  lot  faire 
prendre  une  part  des  plua  actiyea  k  dlyerses  entrepriaea  rd- 
yolutionnairea  tent4ea  k  pea  de  tempa  de  Ui  snr  d*aotrea 
points.  La  direction  po^que  qui  lui  ayait  d^k  foit  cboisir 
la  lecture  de  Byron  deyint  encore  plua  exceotriqne  par  suite 
des  relations  multiplea  qu'il  eut  alora  avec  lea  ooryplitea  de 
VMie  romantiqae  fran^ise. 

En  183S  Esproneada  prafita  de  Tamniatie  pour  rentrer 
:|pns  Ml  patrie^  et  il  ob|iQiii|taia.U9  ginde  dana  lea  gante. 


9T 

du  corps.  Un  po6me  politioo«satirique,  impfOyis^  dana  on 
banquet,  et  que  sea  camaradea  r^pandirent  k  Tenyi,  le  lit 
ranvoyer  do  senrioe  et  exiler  de  nouyeaude  la  capitate. 
Confine  dans  la  petite  yiile  de  Cuellar,  il  y  compos*  un  ro-< 
man  en  six  yolumea ,  Don  Sancho  SaidoAa^  o  el  casteU 
lano  de  Cuellar ^  qui  parut  dana  la  Coleedonde  novelas 
historxcas  originates  espaholas  (Madrid,  1634),  mais  qui 
prouve  qo*un  genre  exigeant  de  I'ordre ,  de  la  rtf exion , 
un  plan,  n*^ait  point  son  fait. 

Aprte  la  publication  de  VEstatuio  real^  Espronoeda  re-* 
yint  k  Madrid ,  et  tout  ausaiiAt  U  devint  Pun  des  principaux 
r^acteurs  du  journal  El  Siglof  mais  il  s'acquitta  de  cetta 
tacbe  avec  si  pen  de  prudence,  qne  InentAt  il  lui  fallut  en* 
core  prendre  la  fuite.  C^^tait  ik  pour  lui  un  motif  de  plus 
pour  essayer  de  jooer  un  r6le  dana  les  ay^nemeota  r^volu- 
tionnairesde  1635  et  1636,  et  il  n*y  manqua  paa  non  plus, 
Cependant,  a  peu  de  temps  de  \k,  ii  ae  yit  enc6re  contraint 
d'ailer  se  cacber  aux  eaux  de  Santa  Engracla.  Qimnd,  en 
septembre  1640,  Vayuntamiento  de  Madrid  leva  l^^teadard 
de  la  r^olte ,  Espronceda  enU'a  dans  les  rangs  de  la  garde 
nationale  en  quality  de  lieutenant.  Pour  avoir  d^fendu  un 
article  du  Journal  El  Vracan^  toit  daUs  le  sens  n^pablicain, 
le  gouvemement  d'alors  le  n^compensa  en  le  noramant  aux 
functions  de  aecr^taire  de  lotion  k  La  Haie,  et  en  d6cemJ 
bre  1641  U  se  rendit  k  son  poste.  Mais  le  dlmatdu  Nord  el 
le  phlegme  hoUandais  conveoaient  mal  k  sa  nature  volca- 
nique ;  il  ne  tarda  pas  k  tomtier  malade ,  et  voulat  atore  r6> 
voir  le  aol  de  la  palrie,  oil  |1  mourut,  le  38  mai  1642. 

Ses  ttuvraa  po^tiquea  refl^tent  vivement  le  caracftftre  al 
les  prfoocupations  de  son  ^poque.  On  y  remarque  une  grande 
babllete  techniqae  et  une  imagination  breiante,  que  malheo<^ 
reusement  le  po£te  ne  salt  paa  maltriser,  et  qui,  par  auite,  lid 
lait  perdre  le  sentiment  da  vral  beau.  Bvron  et  Hugo,  tela 
aont  lea  moddes  d'Espronceda,  raaia  avec  toute  la  fougue 
mMlionale  il  exag^re  encore  laurs  d^fiiuta  et  se  oomplait 
dans  ce  qu'il  y  a  da  plua  bizOre,  ainsi  qu*on  pent  le  voir 
dana  sea  plus  beurenses  preductions,  par  example  dans  8oa( 
El  Piraia,  son  El  Mendigo  (potaie  compl^tement  80-> 
cialista ),  son  El  Verdugo  (le  pendant  du  Dernier  Jour  cTun 
Condamn6 ),  son  affreux  El  Estudiante di  Salamanca,e/t 
aurtout  dana  son  cd^re  fragment  El  Diablo  mundo  (Ma- 
drid, 1641 ).  Une  ^tion  compile  de  aea  oeuvres  a  paru  k- 
Madrid  en  1640.  La  r^impresaion  qid  en  a  ^t^faite  k  Paria, 
en  1646,  conUent  de  pluA  El  Diablo  nwndQ, 

ESQUIF  se  dit  en  gtsnMi  d*une  petite  barque,  .t*un 
petit  eanot,  d*une  nacelle,  d*one  gondote,  d'utfe  piro* 
gue,  etc.  C*est  un  de  ces  termes  dent  nos  aneiens  poetea,> 
nos  modemes  foisenra  de  romancea  sortout,  ont  fait  nn  tel 
abua ,  qu*ila  Pont  rendu  presqoe  ridicule. . 

Plua  s^rteusement,  en  termea  de  marine,  Vesquif  est  le* 
nom  technique  de  la  plus  petita  da  toutea  lea  embarcatlotaa. 
affectte  au  service  d*un  navtra.  II  Adt  le  servtoe  dans  lea 
radea  et  porta,  aoit  k  la  voHe , aoiti  Paviron.  On  rembarque- 
lorsque  le  vaiaseao  met  k  la  vQile,  et  on  k  place  dana  Pin- 
t^eur  de  la  grande  chaloupe.. 

ESQUILAGHE  (  Don  FnARcnco  ne  Boa^  yabagon, 
prince  n* ),  comte  de  Simari^  Magalde^  etc. ,  personnage 
non  moina  reman|nal)le  par  P^^vatlon  de  aon  rang  qua  par- 
la  diatlndion  de  aon  eaprit  et  par  ses  talenta  po^ques,  na- 
quit vratsemblablfinent  k  Madrid,  vers  Pan  1661. 11  «tait  file 
de  don  Joan  de  Boija,  oomte  de  Mayalde  y  Ficalho,  el  de 
sa  aaconde  femme,  donna  Francisca  de  Aragon  y  Barreto; 
il  obtint  te  litre  de  prince  d'Esquilaehe  par  auite  de  aon 
mariaga  aveo  Ph4rilito  de  la  prhidpaut^  de  Squillaea  ,dana 
le  royaumede  Naples,  qu*il  ^pousa  an  1602.  La  ni6nie  an- 
n6e,  il  Alt  nomm^  par  Philippe  111  cliamballan  rt  com- 
mandeurde  Pordrede  Saint-Jacquea.  En  iei4  ce  prinoe 
Pappela  k  la  vioe-Toyaut^  du  P^rou,  functions  quil  rempUt 
juaque  vers  la  fin  de  i'ann^e  1621.  C*eat  [lendant  abn  edmi* 
nistration  que  don  Diego  Roca  de  la  Viiga  i:onqiril  tea  Maynaa 
aur  le  Maraiion ,  et  y  fonda  une  ville  qu'ao  Phcitr^-ur  d^E 
.qiiilacl]c  il  nonuna  San-UnuK'Ucu  do  fif^  ikptc^  la 

it 


ESOniLACriE  — 


it 

d«  Philippe  111,  tftqailacbe  rerlnt  4  la  cour  de  Madrid ,  ob  il 
ptssa  le  raftte  de  ses  jours.  Sa  mort  arriva  le  6  oclobre  1658. 

Son  goOt  ct  868  raret  dispositions  pour  la  po^des'^taient 
manifests  dte  sa  premiere  jennesse,  et  il  avail  pris  surtout 
Aiigensola  le  jeune  pour  module.  Ausslses  ponies  sontelles 
remarquahles  par  rd^nce,  la  simplicil^  de  bon  godt»  la 
elart^.  et  riiarmonie  de  la  Tersificatlon ;  ee  qui  lear  manque, 
c*est  la  protondeur,  roriginatit^  et  T^lan.  il  fut  i*un  des  der- 
niers  repn^ntants  du  style  classique  de  Tdcole  espagnole  dii 
se^xi^nie  si6cle,  et  radveniaire  d^iarf^  de  celle  de  &onf;ora, 
qoi  dte  lors  oommen^it  k  dominer  dans  la  litt^rature  de 
son  iviyn.  Ses  ponies  lyriques ,  parmi  lesqiielles  les  Espa- 
gnolH  font  aujonrdMiul  encore  grand  cas  de  ses  pastorales, 
parurent  pour  la  premiere  tois  en  1639 ,  h  Madrid ;  une  Edi- 
tion conHi(i<^rableinent  augnientAe  en  fat  encore  public 
en  166.1  k  Anvers.  Son  poeme  ^pfque :  NapoUi  reeupe' 
rada  pnr  el  rey  don  Alonso  ( Saragosse ,  1651 ,  et  An- 
▼ers.  1685),  est  nne  cBuvre  sans  m^rile. 

ESQUIMAUX  ou  ESKIVIAUX,  c*est-ii-dire,  dans  la 
langue  des  Algonquin)*,  mangeurs  de  poUsons  crtb ,  nona 
donni^  k  ToHgine  par  les  Abenakls  k  leurs  voUlnssep* 
teotrionaux  habitant  Ics  c6te8  du  Labrador.  Les  Euro- 
ptens  s*en  sent  senris  k  leur  tour  pour  d^*gner  dilTiirentes 
trihus  analogues;  et  dans  le  syi^t^ine  ellinograpliique  mo- 
deme,  on  Papplit|ae  k  tons  les  habitants  de  rAro^riqtie  arc- 
tique.  On  comprend  d^slors  aujourdMiul  m>us  la  denomination 
g^ni^rique  tySxquimaux  les  Gro&ilandais,  \n  habitants  des 
oOtes  de  la  bale  de  Baffin,  des  c6tes  septentrionales  et 
orientales  du  Labrailor,  de  la  c6te  occidentale  de  la  baie 
d^Hudson,  de  la  presquMIe  MelTille,  ainsi  que  de  toute  la 
c6te  seplentrionale  du  continent  am^ricain  jusqu'au  Cap  de 
Glace ,  enliji  toute  la  (Nipulation  ilu  nord  et  du  nord-ouest 
de  TAmi^riqne  ru<8e,  juM|a*A  la  presqu*lle  d'A  las  cb  ka .  Les 
Esquimaux  de  la  terre  ferme,  oti  touten^is  ils  liahilent  ra- 
rement  dans  Pinlrrieiir  au  d«U  de  7  myriam^tres  des  cOtes, 
ae  div'senten  Esquimaux  orientaux  et  occidentaux,  que  s^ 
pare  le  140*  degr^  de  longitiule.  Les  Esquimaux  liabitant 
TAmMque  russe  foniient  filiisieurs  trihus  difli^ntes,  qu*on 
partage  en  deux  classes,  k  savoir  oeux  qui ,  comine  les  Es- 
quimaux orientaux  et  notainment  lesGroinlandais,  se  servent 
poor  navtguer  sur  la  mer  de  canots  en  cair,  et  ceuiL  qui , 
comme  les  Kou^^kokwinz  JesTsrIioiigatM'li,  les  habitants  de 
Kadjak  et  de  la  iiioiti^  orientale  d'Alasclika,  vivent  dans  des 
demaiires  Axes  plus  au  stid  «t  k  une  plus  grande  distance  des 
c6te8,  dans  des  contrtoi  boistes,  et  anplo)ent  pouriiaTiguer 
•nr  les  lleuveset  rivieres  destroncsd^brescreos^.  Ce der- 
nier groiipe,  qui  se  oonfond  peut-etre  avec  les  trihus  indiennes, 
titaassi  d<4jgne  sous  le  nom  d^Esqoiuuiux  ni^ridioiuiox. 

QooiquM  les  Esquimaux  soient  ripandua  daua  tout  le  nord 
de  rAin^rique,  d^puis  la  c6te  orientale  du  Grotaland  jusque 
par  de  Ik  le  d^troit  de  B  eh  ring,  leurs  diniftrentea  trihus 
(sans  parler  de  la  grande  similitude  qn^elles  ollrent  entre 
elles  en  ce  qui  est  des  moetirs,  des  vetements,  des  asten- 
dles,  etc)  sont  caract^riste  par  runllnrmit^  de  leur  confor- 
mation physique,  et  la  trte-petite  dilftirenee  eitstant  entre 
leurs  Ungues,  lis  appartiennent  ^idemment  k  une  seuleet 
m^me  race,  laquelle  ofTre  de  nomhreuses  et  frappantes 
dissemblan<»(  avec  les  autres  peiiplades  appartenantk  la  race 
rouge.  Aussi,  voilk  h)ngtemt>sdej{i  qu*on  range  les  Esquimaux 
dans  la  race  mongoie.  Certains  auteurs  roiMlemes,  Morton , 
parexeiiiph!,  les  apiwllent  Mongols- Am^ricaina.  Toiitefois, 
dV  rte  les  recherclies  fiiites  par  Gallatin  et  autres,  \  Koplnioa 
desquelrtse  range  aui«si  PriclianI,  ils  ne  oonstltueraient  qu'nne 
Ikmille  partlculiAre  de  la  race  roug«>,  que  des  influences  cli- 
mat^riquea  et  aodales  aoraient  fait  d^gtoi^rer.  Les  Esqui- 
maux de  toutcs  lea  trilms  ont  la  t6te  arrondie  et  dtoiesor^^ 
ment  grande,  la  face  large,  plate  et  cependant  plelne,  avec 
dee  joues  ^paiisea ,  des  pommettes  aailhintes,  on  net  petit 
et  profondtoent  ^ras^,  des  clieveiix  noirs,  longs,  roides  et 
durs,  ilea  chairs  mollea  el  Uches.  Des  jambes  gr^les  sup- 
portent  un  tor<6  asset  ^is;  les  mains  et  les  pieds  sont 
4*000  reoaniuabta  exiguite,  fa»  doiglaooorla.  La  peao,  d^it- 


ESQUINANQE 

grteUement  froide,  toojoufs  conveHe  d^utte  ^pafsae  cfoAtf 
de  crasse  et  dliuile  de  bialeine,  offre  one  teinte  cnlTrto  d*nit 
jaone  noirfttre.  A  Test,  la  taille  des  Esquimaux  atteini  rare- 
ment  plus  de  dnq  pieds;  k  rooest,  dieestassea  gen^ralement 
de  dnq  pieds  et  demi.  L*espkoe  de  franchise  et  de  bienveil- 
lance  qu'exprime  lew  pliyaionomie,  et  qui  ooostltne  aussi  le 
trait  distindtif  de  leur  carad^re ,  produit  ao  total  one  im- 
pression lavorable  sor  le  yoyageor  europ^en,  en  d^pil  de 
leur  salet^  et  de  leiire  habitudes  Ticienses.  II  exiate  une  vio- 
lente  ininiiti^  entre  les  Esquimaux  et  les  dilfdrentes  tribus 
faidiennes  qui  les  avoisinent. 

Depnis  asses  pen  de  temps  les  Esquimaux  orientaux  sont 
dans  Tusage  de  venir  cheque  ann^  aux  environs  du  140* 
degre  de  longitude  ocddentale  Changer  avec  les  Esquimaux 
ocddentaux  des  ustensiles  en  fer  et  autres  ofajets  imports 
par  les  Russea,  contre  dea  peaux  de  phoqoe,  de  I'huUe  de 
baleine  et  des  foumires.  Les  phoqaes  et  les  poisaona  ferment 
k  pen  prte  la  base  unique  de  leur  Industrie  et  de  leur  ri- 
diesse.  Placda  au  dernier  dcgr^  de  T^hdle  de  la  civilisation, 
ils  vivent  k  T^tat  de  complete  ^it^  dvile,  sans  ob^r  k  la 
moindre  forme  de  goovemement  politique.  II  n*y  a  parmi 
eux  de  privileges  que  poor  le  plua  fort  et  le  plus  auda> 
deux. 

La  plua  grande  partie  dea  habitania  du  Grotaland  et  da 
Labrador  sont  depuis  un  si^cle  environ  ext^rieurement  con- 
vertls  au  christianlsme.  C'eat  aussi  par  rinterm6<liaire  dea 
missionnaires  protestants,  tda  qu^Egide,  que  nous  possd- 
dons  aujourd^hui  les  rensdgnements  les  plua  exacts  sur  lea 
DMBure ,  lea  usages  et  la  laogue  dea  tribos  d'Esquiroaux  qoi 
liabitent  le  plus  k  Test 

ESQUIMAUX  ( Grands ).  Voyez  ALcoNQOina. 

ESQUIN/VrVCIE  (par  corruption  pour  Mgnanehie  ,  en 

grec  9vy«TXT} » ^^vo  ^  ^W*  •  a^fraTt  auObqoer).  Ce  nom 
s*applique  a  la  fois  kVangine  gutiuraieei  a  Vangine 
lomiUalre  oo  amygdalUe  Son  synonyme  vulgaire  est  mai 
de  gorge.  Cette  aflection,  mal  dttnicy  est  sonvent  aigue  et 
caraddriste  par  la  g6ne  et  les  dooleun  des  organes  de  U 
respiration  et  de  la  d^utitkin.  Nooa  ne  parleroos  id  que 
de  rainygdalite. 

A  l*4'tat  aigu ,  raniygdalite  eat  Mviinairement  prMd^  de 
malaise  gt^ndral ,  d^inappetenoe,  queiqoefols  mtaie  de  fria- 
sons  et  d*un6  fi^vre  plus  ou  moina  vive.  fiient6t  la  ^he- 
resse  de  la  gorge,  la  dialeor  de  oette  partie,  la  gene  dana 
lea  moovements  de  la  dentition ,  le  beaoin  fr^uent  d'a* 
valer,  malgrd  la  douleur  qui  s'exaspkre  par  dea  efforta  r6- 
pdtte,  annoncent  le  d^vdoppement  de  ralTection.  La  pression 
sur  les  o6his  da  cou  est  pdnible;  toute  cette  partie  est 
endolorie ;  la  voix  se  voile  kigdrement ,  puis  il  survient  une 
toux  raiique;  aprks  des  efforts  r^lte  d^expuition,  les 
mabdcs  rejettent  des  mooositte  daires  et  visqueuses.  Sou* 
vent  la  douleur  se  propage  vera  Tune  oo  I'autre  ordlle,  et 
s*augmente  par  kn  moovements  de  la  mkchoire ,  ce  qal 
annooce  fextension  de  la  maladie  k  la  tromi)e  d^Eustadie. 
Les  amygdales  sont  rouges  et  tum^^.  II  est  rare  que 
la  luetteet  te  voile  dn  palais  ne  partkipent  pas  k  ce  gonfle- 
ment  et  k  cette  rongeur.  A  la  surfkoe  dea  amygdales ,  on 
otMcrve  des  mocosit^  ooncr^tto ,  opaques. 

La  inarche  de  cette  affection  est  ordinairement  rapide.  En 
quatra  k  cinq  Joura,  les  accidents  ont  acquis  leur  maximum 
dintensitd ;  Ua  reatent  un  ou  deux  joura  stationnalres,  puia 
Us  dteroissent.  La  maladie  a  one  durfe  moyenne  d*une  se- 
malne;  00  Ta  cependant  vue  aller  Jusqu*k  vingt-et-un  joura* 
Dans  tons  les  cas ,  la  r6iolutioa  est  la  termhiaison  la  pltia 
fr^oente.  La  fikvre  tombe,  la  douleur  diminue,  la  d^lo- 
tition  devlent  plua  fadle,  et  Pcdl  pent  suivre  le  d^rgament 
des  amygdalea.  II  n'eat  pas  rare  de  voirsubvenir  un  abc^s, 
qui  a*ouvred*onlhiaire  spontan^ment.  La  rupture  de  cesabc^f^, 
qui  a  lieu  k  pen  prka  oonstamment  dana  llnt^rleur  de  la 
bouclie  et  k  hi  auite  d^uneCTort  de  toux  ou  de  vomisaement, 
donne  lieu  k  rexpuitlon  d*un  pus  trka-f(ftide. 

Aasei  fMqoemment,  la  rtelutlon  tent  Incomplte,  In 
uialadle  wiae  k  Ttet  chroni^oe;  lea  divtra  aymptflmti 


KSOtTtRB  - 

loeaak  persbteat,  eC  ftnduratkm  chnmiqae  oo  hypertrophie 
deft  aroygdales  peiit  exiger  leur  excision. 

L'amygdalite  aigue  l^^re  ne  reclame  qae  rosagf  dea 
botiaoiM  d^yantes  et  mucilagineuses ;  on  la  combat,  loni- 
qii'eUe  est  plus  intense,  par  les  dinisaions  aangnines,  les  ca- 
1apla«Dieii  appliqu<^  autour  du  oou  et  les  gargarismea.  Les 
pratidena  ne  sont  pas  d*aceord  sur  I'litillt^  de  ces  deax 
derniers  agents  tli^rapeiitiques.  Ceui  qui  pr6conlsent  les  gar- 
garismes  vantent  aurtout  celui  qui  se  compose  de  4  grammes 
d*alun  pour  200  grammes  d'eau  d*orge.  On  joint  ii  ce  traite- 
iiieut  les  bains  de  pleds  sinapisms,  la  di^te.  Entin,  11  est  sou  vent 
utile  de  ravoriser  TouTerture  desabctek  Taide  du  bistouri. 

ESQUIRE  9  mot  anglais  qui  se  prononce  eskouaire, 
mais  qui  ne  s*6criLordinairementqu*en  abr^viation,  Esq,, 
eat  d^ri?^  du  mot  anglo-normand  escuier,  en  Francis 
eeuyer,  en  latin  scuH/er,  Ce  titre  honorilique  fut  port^  k 
Torigine » en  Angleterre,  par  ceox  qui,  sana  £tre  pairs,  ba- 
ronets ou  cbeyaliertt,  comme  les  fits  atn6s  dea  clieTalierH  et 
leurs  descendants,  de  m^me  que  les  premfers-n^  des  Ills 
cadets  de  pairs  et  leurs  descendants,  avaient  droit  d^annoi- 
vtes.  II  8*y  rattachait  nne  grande  consideration,  parce  qu'il 
8*appliquait  k  une  notable  portion  de  la  noblesse  anglaise ;  et 
plus  tard  on  en  Tint  k  le  donner  k  tout  noble  stranger.  Les 
iNMirgeois  ne  Tobtenaient  qu*en  vertu  de  lettres  d^armoiries, 
depuis  longtemps  tombtes  en  dteuetude ,  et  le  transroet- 
taient  ensuite  k  leurs  descendants.  AujonrdMiui ,  toutes  les 
fonctionspublfques,  depnls  celles  dejuge  de  paix,  et  les  tilres 
de  docteur  dan»  une  faculty  et  d'avocat,  donnent  droit  k  U 
qualification  honorilique  d*esquire,  Mais  il  est  d^usage  de 
Tajouter  ^alaneut,  par  politesse,  sur  Tadresse  des  lettres, 
au  nom  des  n^ociants,  et  en  g^n^ral  k  celui  de  tout  liomme 
qui  a  re^tt  une  certaine  Mncation  ou  qni  est  parreno  k  se 
er6er  une  certaine  position  sociale. 

ESQUIROL  (JBAif-^TiBNNB-DoMiniQOB),  mMccIn  ca- 
libre pour  ses  trayaox  sur  la  foli>B,  naqult  le  4  f^vrier  1773, 
k  Toulouse.  II  mourut  k  Paris,  le  12  d^cembre  1840.  D'une 
organisation  Mle  et  delicate,  Esquirol  ^it  bienveiilant  H 
rftveur  :  on  le  destine  au  sacerdoce.  Aprte  des  etudes  au 
eolkfige  de  Tfisquille,  il  Taisait  sa  pliilosophie  an  s^inaire 
Oe  Saint-Suipice,  quanddepremiiressc^nesr^voluUonnaires 
Ten  cliass6rent :  il  ayait  dix-huit  ans.  II  se  r^fugia  a  Tou- 
louse, prtede  son  p^re,  n^oclant  estim^,  qui  avail  obtenu, 
en  1787,  les  honneurs  tr^recherchds  du  capitoolat.  Deca- 
pitoul  il  ^tait  devenu  simple  odicier  municipal,  mais  en  ou- 
tre adtninifttrateur  du  grand  hOpital  de  la  Grave.  Le  jeune 
liomme  6tudia  la  mMccine,  d^abord  k  cet  hOpital  de  Tou- 
louse, sous  le  docteur  Gardeil  et  sous  Larrey  oncle;  il 
aoivit  les  lemons  de  botaniqne  de  Picot  de  Lap^rouse ,  et 
eut  pour  condisciple  et  pour  ami  le  c^l^e  Larrey.  Es- 
quirol, quelqoe  temps  aprte,quitta  Toulouse  pour  Nar- 
bonne,  o6  8*^it  exil6  le  c^l^bre  Barthei,  qui  aurait  vouin 
se  Pattacher  oomme  secretaire.  De  novembre  1794  jus- 
qu*en  1798,  ^poque  de  son  depart  pour  Paris,  it  u^uma  k 
Montpellier  comme  eiive  do  gonvemement,  et  ilyobtint 
quelques  soecte.  Fort  d^nnd  4  son  arrivte  dans  la  capitate , 
II  se  ressonvint  d*nn  de  ses  eondisciples  de  Saint-Sulpice , 
M,  de  Puisieulx,  qui  dans  ce  moment  senrait  dMnstituteor 
ail  comte  Mol^,  que  sa  mftre  avai^  prte  d*elle  k  Yauglrard. 
Aocneilli  dans  celte  maison,  le  Jeune  Esquirol  y  trouva, 
tTec  de  bona  exemples,  le  vivre  et  le  convert;  il  y  resla 
deoi  ans,  Taisant  tons  les  Jours  plus  de  qualre  lieues  pour 
suivre  les  le^ns  de  Pin  el,  1^  la  Saip^tri^re. 

Disciple  favori  de  ce  m^ecin  c61^bi«,  alors  chef  d'^cole, 
Esquirol  ne  quitta  Vaugirard  que  pour  entrer  dans  te 
grand  hospice  dont  la  sp^ialit^  d^cida  de  sa  vocation. 
Aprte  avoir  aide  son  mattre  Plnel  pour  la  publication  de 
•a  M4deeine  eiiniqw,  Esquirol  se  livra  exclusivement  k 
retnde  des  maladies  mentales.  Jamais  existence  ne  fut 
plus  remplie  que  la  sienne.  M^ine  du  vivant  de  Pinel ,  il 
fut  consnlte  de  toutes  parts.  Vj\  Europe  comme  en  France, 
II  ne  comptail  que  des  disciples  et  aucun  rival.  Pas  un  cas 
Hi  foUe  M  SO  montralt  dans  lo  mondo  sans  qu*Esquirol  ne 


KSQCCROL  99 

fot  appeie.  Esquirol  aTaitbeanconpToyafe.  Aneone  OMison 
de  fotts  n^etait  fondle  en  Europe  sansqn*on  nereOt  prtelabliN 
ment  eonsnite.  Je  ne  sais  quel  prince  dltalie  IMnvita  k  n^ 
alter  une  maison  d^alienes  oonstruite  par  ses  ordres ;  notre 
docteur  en  dtepprouva  Pordonnanoe,  et  mssitOt  le  prince 
d^clJa  qo*un  autre  asile  serait  6d\M  d*aprte  les  Yues  du 
mMecin  Tran^s,  et  que  le  premier  edifice  servirait  de  ca- 
serne pour  des  troupes.  La  maison  de  sante  qo*Esquirol  a 
fondle  k  Ivry  est  un  muddle  acheve,  que  les  adminislra- 
teurs  et  les  medecins  visitent  hicessamment.  Les  lumidres 
d*Esquirol  etaient  egalement  mises  k  contribution,  soit  quMI 
fttt  question  de  lois  sur  les  alidnes  ou  de  procte  cei^res 
oil  se  trouvait  invoqute  quelque  excuse  ou  presomption 
de  Tolie,  soit  qu^il  8*agtt  dInterdicUon ,  de  IMnsanite  alie- 
gn^e  d*un  testateur,  ou  de  crimes.  Ses  jours  et  ses  nuits  suf* 
fisaient  k  peine  pour  les  Innombrables  consultations  qui  lui 
arrivaient  de  toutes  les  contr^es. 

Esquirol  n*a  laisse  qu*un  ouvrage,  en  deux  yol.,  hitituie : 
Des  Maladies  mentales  c(msid&4es  sous  le  rapport  m^* 
dical,  hygiinique  et  midico-Ugal  ( Paris,  1838 ,  avec  un 
atlas  de  27  planches  gravies),  traite  qui  commence  ainsi : 
«  Cette  OBUvre  que  J^oflre  au  public  est  te  resultat  de 
quarante  annte  d^etudes  et  d^observations.  »  II  avail  en 
outre  compose  une  tliese  sur  les  passions  et  un  memoire 
sur  les  illusions  des  fous,  Esquirol  divisait  les  maladies 
mentales  en  quatre  ordres  principanx  :  i*  la  Manie, 
2*  la  monomanie^  X*  la  lypimanie  ou  milancoHe^  et  4"  la 
d^mence.  Jusqo'a  lui  personne  n'avait  blen  etudie  let 
hallucinations  de  Tesprit  et  des  sens,  qui  sont  des  erreurs 
sans  corps  nl  motif;  ni  comment  les  hallucinations  se  dis- 
Unguent  des  illusions,  qui  sont  des  realites  dont  les  sens  on 
I'esprit  font  des  mensonges  habituels.  Sur  cent  alienee,  11  en 
^t  au  moins  quatre  vlngtsqui  sont  hallucln^,  ou  poursulvis 
par  des  ennemis ,  on  entendant  des  yoix  mena^antes  ci 
chimeriques,  on  voyant  des  fantOmes,  et  ce  sont  li  les  lous 
les  plus  malheureux,  les  plus  dignes  de  pitie.  C'est  Esquirol 
qui  nous  a  fait  connattre  que  les  fous  furieux  ont  plus  de 
clianoes  de  gu6rison  que  les  fous  tranquilles ,  plus  au  prin* 
temps  qu'en  ^te  et  en  hiver,  et  qu*apres  six  mois  il  restait  en 
general  pen  d*e$poir  de  guerison.  C'est  encore  lui  qui  nous 
a  appris  que  les  fous  en  demence  tranquille  ne  vivent  en 
rooyenne  que  Irals  k  quatre  ans,  k  cause  de  la  paralysie  qui 
les  frappe. 

Esquirol  etait  spirltualiste  et  vivement  croyant  :  anssi 
fiiisaiMl  pen  de  cas  des  causes  materielles  que  les  secta- 
teurs  d*£picure,  de  Gall  ou  de  firoossais  asaignent  k  la  folie. 
II  savait  d'ailleurs  que  le  ceryeau  des  fous  non  paralyti- 
ques  olTre  bien  rarement  des  alterations  sensibles,  tandis 
qu'on  rencontre  souvent  de  profondes  alterations  cerebrates 
qui  n*ont  encore  nullement  derange  ni  la  rectitude  de  Tes- 
prit,  nl  la  nettete  Jes  Idees,  ni  les  manifestations  du  you* 
loir.  Les  degradations  de  Teno^phale  et  des  nerb  ont  des 
suites  visibles  pour  la  vie,  pour  les  sens,  pour  la  sensibilite 
et  les  mouyements  arbitralres;  mais  dies  n*en  ont  pas  jus- 
qu^k  de  certaines  Ihnites  d*exactement  appredables  poor 
rmtelllgence.  Voili  la  verite,  et  Esquirol  y  deferait  pldne- 
nement.  Cependant ,  il  enoourageait ,  au  moins  par  son  in- 
dulgence, ceiix  de  ses  disciples  qui,  n'admettant  aurun  trou- 
ble mental  sans  lesion  anatomique ,  suivaient  les  erremcots 
des  materialistes,  sesadversaires.  L'un  d*eux,  qui  vivalt  chcx 
lui  et  le  secondait,  a  compofd  sous  ses  yeux,  dans  sa  bi- 
bliotheque  et  avec  les  falls  recueillis  dans  sa  maison,  un  ou- 
yrage  entierement  oppose  k  ses  doctrines,  et  d*allleurs  re- 
marqnable ;  Esquirol  ne  Ten  aimait  pas  mohis,  et  an  besoin 
meme  il  I*e6t  defendn.  Heureux  hooMne  qu*Esquirol  1  il  ne 
oonnnt  jamais  ni  la  jalousie,  ni  Tintoierance,  ni  cette  ar- 
dente  rivaliie  et  cette  passion  du  proselytisme  qui  toiinnente 
la  vie.  Marie ,  mais  sans  enfants,  et  ne  sachant  que  faire 
d*une  forfime  qui  rsrcnhlait  df*  ^ik  dt)n<%,  il  donnaft  Mins 
compter  el  saus  eiriru,  cl  a\ail  chez  lui,  |)our  les  protcger 
de  pins  pr6s,  trots  dc  ses  meillenrs  disciples,  en  uiCnie  tempi 
qu'tl  en  fiiisail  fojagw  dix  autrcs  t? oc  des  alieuet  ridiiii 


io  I^QUIROl 

Comme  Alibert  poor  1m  dermatoses,  il  avatt  fond^  des  prix  | 
de  trois  cents  fhincs  sor  des  sojets  d^terminte ,  ayant  trait  k 
raliteatioa  mentale.  Nomm^  mMedn  de  Ctiarenton  aprte 
ia  mort du  doctear Royer-Collard, frire du  phtlosophe 
il  a  bit  doo  k  oet  ^tabUssement  national  d*iin^  ann^  de  son 
trailement  >  s'61erant  h  dix  mille  francs ,  sonime  destine 
h  la  fondation  d'ane  btUiotli^ae  k  Tasage  non-seolement 
des  mMecins,  mais  des  malades. 

Lorsque  la  Faculty  de  M^iedne  fat  reconstitu^,  en  1823, 
one  chaire  y  fot  offerte  h  Esquirol ,  trop  occupy  pour  Tac- 
cepter.  En  retour,  il  ltd  fellut  agr^er  le  poste  d'inspecteur 
g^n^ral  de  runiTersit^  poiir  les  facultte  de  m^decine 
qu*avaient  occupy  avant  lui  Dupoytren  et  le  docteur  Royer- 
Coliard.  Jamais  m^edn,  pas  m^me  Tillustre  Willis,  n^ins- 
pira  plus  de  confianoe  aox  ali^nte  confi^  k  ses  soins. 
II  connaissait  si  parfaitement  les  yoies  fauss^es  de  letir 
esprit  et  les  propensions  inalt^rablet  des  instincts,  qu'il 
savaitdonner  k  sa  contenance,  k  sa  pbyslonomie,  k  son 
geste  et  k  sa  toiii,  an  air  nair  et  comme  pu^ril,  un  ton  naturel 
et  de  bonne  Tol  qui  lui  gagnait  aussitot  les  corars  bless^ ; 
il  captirait  ces  malbeureox  au  point  de  les  gu^rir  :  on  Tau* 
rait  cm  lui-m^me  anim^  d^une  idte  fiie  et  recherchant  les 
consolatioa<i  dont  lui  seal  avait  le  secret.  Pour  devenir  an 
m^decin  moral  au  degrd  od  j^ai  yu  Tillastre  Esquirol ,  il 
fout  6tre  an  des  grands  esprits  et  des  nobles  oceurs  de  son 
tonpsl  D^  Isidore  Bourdon. 

ESQUISSE,  ESQUISSER.  Ces  deux  mots  viennent  de 
ntalien  schizzare,  qui  signlfie  sotirdre,  naitre  avec  rapi- 
dU6,  parce  qu^en  effet  one  esquisse  exprime  lldte  de  Tar- 
tiste  4  rinstant  od  elle  Tient  de  naitre,  et  que,  tou jours 
(Ute  arec  prestesse,  elle  semble  voutoir  rendre  la  pens^  aussi 
Tivement  qu'elle  apparatt.  LVsquisse  retrace  done  aux  yeux 
de  toos  rid6e  telle  qu'elle  est  nto  dans  Tesprit  de  Tartistc, 
qui  dans  la  crainte  de  Toir  s'^vanouir  sa  pensde  a  tiicli^ 
de  la  fixer.  Poor  y  parvenir,  il  ne  s'occupe  pas  k  surmonter 
les  difficult^  que  lui  oppose  la  pratique  de  son  art;  sa  main 
agit,  poor  ainsi  dire,  tlitoriquement;  elle  trace  des  lignes 
(|ui  donnent  k  peu  prte  les  formes  n^cessaires  pour  y  recon- 
nattre  les  objets.  LMmagination  ne  soufTre  qu*avec  peine  le 
pins  l^ger  retard.  Cette  rapidity  d*ex6cution  est  ce  que  Hon 
remarque  principalement  dans  les  esquisses  des  artistes  de 
g6nie;  on  y  reconnatt  le  mourement  de  leur  Ame ;  on  pourrait 
en  quelqne  sorte  en  calculer  la  force  et  la  fteonditd.  L*arli8te 
poor  faire  one  esquisse  se  sort  de  tons  les  moyens  les  plus 
exp4ditlfe,  et  celui  qui  se  pr^ente  sous  sa  main  n'obtient 
souvent  la  pr6f6rence  que  parce  qu'un  autre  n^cessiterait 
quelque  retard.  Si  c'est  un  peintre,  il  se  sort  done  indlfTd- 
remment  du  crayon  ou  de  Testompe,  de  la  plume  on  du 
pinceau.  Quelquefois  11  raftie  Temploi  de  ces  divers  moyens 
lorsqull  croit  atteindre  son  but  plus  vite  et  d^une  mani^re 
plus  certaine.  Le  statuaire  emploie  ordhiairemenf  la  terre 
glaise  pour  ses  esquisses. 

II  est  rare  qu'un  peintre  se  soit  bom^  k  une  seule  idte 
poor  une  composition ;  c*est  done  une  fort  bonne  ^ude  que 
de  comparer  entre  ellcs  ces  dilTi^rentes  esquisses,  puis,  en 
(es  rapprochant  du  tableau ,  de  voir  les  perfections  que  le 
peintre  de  gteie  a  su  y  apporter.  Si  quelquefois  la  premiere 
esquisse  a  ravantage  d'etre  plus  cliaude,  plus  brillante,  elle 
est  en  mdme  temps  plusfougiteuse,  plus  ddsordonn^  Celle 
qui  suivra  ofTrira  les  efTets  d*uae  imagination  d^j^  mod^r^. 
Les  aotres  marqueront  la  route  que  le  jugement  de  Tartiste  a 
suiYie  et  celle  par  cons^uent  que  I'dl^re  est  int^ress^  k  d^- 
oooTrir. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  se  rapporte  k  I'expres- 
slon /aire  icne  esquisse ;  mais  le  mot  esquisser  prtente  une 
acoeption  asset  dilTferente,  pulsqu'il  s'emplole  poor  designer 
la  premie  operation  d'un  dessinateur  qui  trace  l^^rement 
ses  figures  poor  en  indiqoer  la  place,  avec  des  traits  quel- 
quefois imperoeptibles,qoi  doirent  ensoite  enti^rement  dis- 
paraltre  sous  le  fini  do  detsin. 

Quoique  le  mot  esquisse  soit  posltivement  do  ressort  des 

iax-artB,U  est  cependant  aosai  em^y6  dans  la  litt^ra- 


-^  ESSAIS 

tore :  on  dit  Tesquisse  dSm  poeme, d^une  pitee  de  th^tr 
poor  dire  le  plan  dans  lequel  Taoteor  a  seolement  indiqi 
la  marclie  qu*il  se  propose  de  soivre,  et  d^igper  les  prii 
cipaux  caract^res  des  personnages  qa'il  est  dans  rinteiiti< 
de  placer  dans  son  oeovre.  Doghe8II.b  aln^. 

ESSAI ,  action  par  laquelle  on  ^proove ,  on  exami 
one  chose,  poor  en  connaltre  les  quality,  les  effets,  I 
rteoltats.  Lea  m^ecins  font  sur  les  animaux  I'essai  de  qu' 
qoe  TemMe  noovellement  invents,  ailn  de  Temployer  pi 
sOrement  sor  Tesptee  humaine.  On  fait  aossi  Tessai  d*u 
pi6ce  de  canon ,  d*one  machine  k  vapeor,  d*on  pont  su 
pendo,  d*one  salle  de  spectacle.  Dans  le  commerce,  ess 
est  qoelqoetois  synonyme  d*^hanCUlont  lorsqo'il  s*agit  • 
▼ins,  eaox-de«Tie,  hoiles,  etc.  Essai  se  disait  autrefois 
IVpreuve  qoe  les  jeunes  gens  des  deux  sexes  falsaient  de 
▼ie  rellgieuse,  en  habit  s<^culier,  avant  de  prendre  la  robe 
novice.  On  dit  encore  prendre  ^  entrer  d  Vessai^  en  pi 
lant  de  qnelqu'un  qui  entre  dans  une  maison  pour  savoir 
on  travail  loi  conviendra.  Lesar6onaotes,  pour  s*as8urer 
le  temps,  si  le  vent  sent  favorables,  avant  d*entreprend 
one  ascension ,  lancent  ce  quMls  appellent  on  ballon  dU 
sai.  Les  com^iens  font  I'essai  de  leurs  talents  sor  des  tbd 
tres  de  province,  on  de  soci^ti,  et  lorsqoHls  out  d^ut^  s 
nn  des  grands  th^tres  de  Paris,  lis  sont  admis  k  Vessi 
Nona  avons  parl^  ailleors  do  cotip  d'essai. 

On  donne  aussi  le  nom  d*ei5a<5  aux  oovrages  dont  Ta 
teur  a  traits  l^g^rement  et  soperficiellement  tel  on  tel  sujc 
sans  Papprofondir,  sans  lui  donner  tons  les  ddveloppemei 
dont  il  est  susceptible.  Nous  avons  V Essai  $ur  V Homme 
V Essai  sur  la  Critique^  de  Pope;  V Essai  sur  VEntend 
ment  humain^  de  Locke;  les  Essais  de  Montaigne;  I 
Essais  de  Morale ^  de  Nicole;  VEssai  de  TModicie, 
Leibnitz ;  VEssai  sur  Vhisioire  g^iraU ,  Vf sprit  et  I 
masurs  des  nations ^  par  Voltaire,  etc.    H.  Addiffrbt. 

ESS  AIM  (en  latin  examen,  deex,  de,  et  agmei 
troupe).  Les  abeilles,  soit  domestiques,  soft  sauvage 
occupent  ordinairement  des  cavity  peu  spacieuses; 
comme  elles  mulUplient  beauooup,  il  arrive  un  temps  < 
une  partie  de  la  nation  est  oblig^  d'aller  cherclier  ailleu 
une  autre  liabltation.  (Test  k  cette  troupe  d'^igrants  q 
Ton  donne  le  nom  d'e^saim. 

Par  extension,  essaim  se  dtt  d*une  grande  multitu 
d'autres  insectes  :  des  essaims  de  saolerelles  ravagent 
contr^.  11  se  dit  aussi  figur^nent  d'une  foule,  d*nnc  mul 
tude  de  personnes  qui  marchent,  qui  s'agitent. 

ESSAISy  operations  chimiques  ao  moyen  desqoelles  < 
porifie  un  m^tal  pour  reconnattre  sa  nature,  celle  des  n; 
nerais  dont  on  I'extrait.  L'ensemble  des  essais  constitue 
docimasie,  OtL  parvient  k  extraire  d^ln  m^tal  les  ro 
ti^res  etrang^res  qui  sont  combin<^  avec  lui  par  dei 
moyens  difT^rents,  qui  sont  la  voie  siche  et  la  voie  humid 
c'est-k-dire  par  le  feu,  dont  Taction  oxyde,  volatilise  qu€ 
ques-ons  des  composants  ( voyez  Coupbllation  );  ou  p 
des  acides,  qui  ont  la  propriety  de  dissoudre  certaines  su 
stances  sans  avoir  d'action  sur  celles  qui  leur  sont  nni 
( voyez  Analtsb  ). 

Les  essais  les  plus  importants  sont  ceox  des  matite 
d^or  et  d^argent.  Pour  essayer  les  mati^res  argentiftres  p 
la  vole  stehe,  on  emploie  soit  la  fusion  avec  on  flux  rMu 
tif  oo  avec  des  r^tifs  oxydants ,  soot  la  scorification,  po 
ensoite  la  coapellation.  On  saisit  avec  one  brooelle 
bouton  resultant  de  cette  demito  operation;  on  le  bra 
par  dessoas,  et  on  le  p^  k  Taide  d*une  balance  sensible 
nn  derai-miiligramme.  II  va  sans  dire  qu*on  doit  retranch 
du  poids  obtenu  le  poids  du  grain  d'argent  que  le  plomb 
la  litharge  syoutfo  dans  la  coapellation  et  les  op<^rations  pr 
liminaires  auraient  produits  seuls  :  il  faut  done  oonnatt 
d'avance  la  ricbesse  de  ces  mati^res.  Quelquefois,  surtoi 
lorsqo'il  s'agit  d^alliages  argeutifdres,  on  passe  dans  une  coi 
pelle,  plac^  k  cAl6  de  celle  dans  laquelle  on  fait  ressii 
une  quantity  de  plomb  pr^s^ment  ^le  it  celle  qa'on 
igootte  k  ralliagOy  et  Ton  met  dans  le  plateau  de  la  h 


ESSAlS  - 

lance,  avec  les  poids,  to  petit  grain  d'argeot  que  Ton  ob- 
tient :  oo  appelle  ce  petit  grain  le  Umoin* 

Les  imperfections  du  mode  d'essai  des  alliages  d^argent 
par  laooupellation  ont  port^Gay-Lnssac  h  lui  substituer  i^es- 
sai  par  la  Yoie  liamide,  m^tbode  qui  a  ravantage  dedonner 
des  risuitats  d'une  exactitude  presqne  matii^matique,  sans 
6tre  moins  rapide  que  la  ooupellation.  Elle  determine  le  ti- 
tre  des  mati^res  d'argent  par  la  quantity  d'une  dissolution 
de  sel  marin  titrte  n^oessaire  poor  pr6cipiter  exactement 
•  Targent  oonlenu  dans  on  poids  donn^  d*aillage.  Dans  oe  pro- 
oM^,  raliiagepr^ablement  dissousdans  Tacidenitrique,  est 
m^ng^  aTec  nne  dissolution  titrte  de  sel  marin  que  Ton 
nomme  dissoltttion  normale,  et  qui  pr^pite  Targent  h  V^ 
tatdechlornre,  compost  tout  k  fait  insoluble  dans  Teau 
et  ro^me  dans  les  acides.  La  quantity  du  chlorare  d^ar- 
gent  pr^piti  est  d^termin^e  non  par  son  poids,  ce  qui  se- 
rait  peu  sOr  et  beaucoup  trop  long,  mais  par  le  poids  oo 
par  le  Tolume  de  la  diuolution  normale  n6cessaire  pour 
pr^ipller  exactement  Targent  dissous  dans  Tacide  nitriqae. 
Oo  reconnatt  lacilement  le  terme  de  la  prteipilation  com- 
pile de  Targent  h  la  cessation  de  toute  n^bulosit^ ,  lors- 
qu^on  ferae  gradoel lenient  la  dissolution  normale  dans  la 
dissolution  nttrique  d*argent  Un  milligramme  d'argent  est 
rendu  tr^s-sensible  dans  100  grammes  de  liquide,  et  on 
en  distingue  encore  trto-bien  on  demi  et  mftme  un  quart 
de  milligramme,  pourru  qu'avant  Paddition  du  sel  marin 
la  liqueur  soil  pariaitement  limpide.  En  supposant  qu^on 
op^re  sur  un  gramme  d*argent  pur,  la  dissolution  normale 
doit  ^tre  telle  quMI  en  billie  100  grammes  pour  pr6cipiler 
exactement  tout  I'argent.  Celte  quantity  ^nt  regaid^e 
comme  divis^en  1,000  parties  ^ales  appel^  millihnes, 
il  s'ensuit  que  le  tilre  d'un  alliage  est  donn^  par  le  nom- 
bre  de  milUtoes  de  la  dissolution  normale  qu^il  faut  em- 
ployer poor  prteipiter  Targent  oontenu  dans  1  gramme  de 
cet  alliage.  Depuis  1829  la  m^tbode  de  Gay-Lussac  est 
adopts  dans  les  laboratoires  du  bureau  de  garantie  et  de 
la  Monnaie  de  Paris. 

L^essai  des  matidres  d*or  par  yoie  stelie  se  fait  absolument 
de  la  mtoae  maol^ra  que  odui  des  matiires  d*argent  Cepen- 
dant,  lorsqoll  s^agil  d*un  alliage  de  cniTre  et  dV,  ou  de 
coivre,  d*or  et  de  platine,  on  ne  pent  s^parer  les  demi^res 
traces  de  coivre,  k  moios  dMnlroduire  dans  Talliage  une 
quantity  d*argeot  telle  qu'il  y  en  ait  k  pen  pr^>s  trois  par- 
ties poor  une  partied^orou  d*oret  de  platine.  On  determine 
approximatfyement  k  cet  effet  les  titres  des  alliages  d'or  et 
de  cuiyra  par  T^prauve  k  la  pierre  de  touche.  Enfln,  la 
e^paration  de  Tor  et  de  Targent  se  fiiit  par  yoie  humide,  et 
porteto  nom  de  depart. 

On  pent,  selon  Gay-Lussac,  faira  aussi  I'essai  des  allia* 
gesd*or,  d*argcnt  et  de  cuiyre,  ayec  une  grande  exactitude, 
au  moyen  de  la  dissolution  titr6e  du  sel  marin. 

ESSAYEUR.  Dans  le  commerce  des  matiires  d*or  et 
d'aigent,  on  appelle  ainsi  des  ofHciera  de  commerce  pounrus 
d*un  brayet  de  capacity,  qui  leur  donne  quality  pour  ^tablir 
le  titre  des  lingots  qui  sent  Tobjet  de  transactions.  On  ioscrit 
sur  oes  lingots  ayec  on  poin^on  le  nom  de  Tessayeur  on  des 
essayeon,  car  Pacheteur  et  le  yendeor  emploient  le  plus 
souvent  cbacun  le  leur.  SI  les  essayeura ne sont  pas  d*accord 
entre  eux,  on  peul  ayoir  recoure  k  un  essayeor  de  la  ga- 
rantie, qui  est  an  ofSder  de  radministration ;  et  enfin, 
dans  le  cas  od  les  parties  ne  s^en  rapporteraient  pas  li  ce 
dernier,  radministratkm  des  monnaies  estappelte  k  joger  en 
dernier  ressort,  en  faisant  Tessa i  dansses  laboratoires  : 
tootefoJs  eUe  nMnteryient  que  pour  contrOler  les  operations 
des  essayeon  de  la  garantie »  qui  son!  des  agents  soos  sa 
d^pendance ,  et  non  eelles  des  essayeon  da  commerce,  qui 
exeroent  nne  profession  libra. 

Toot  ce  qui  est  mati^ra  fabriqo6e ,  oomme  la  monnaie, 
les  objets d^orfifiyrarie  oa  de  bijouterie,  dofttonjoun  Mre 
soomis  ayant  la  mise  en  circulation  k  one  garantie  Mgale, 
et  ne  pent  par  eons^uent  Hre  omtirM  que  par  les  es- 
«^«ira  de  tai  ganntiey  aeuls  agevls  de  radministration* 


ESSEN  .81- 

ESSl^NS.  VoyezZtti»nm. 

ESSEK,  ESSEG,  ESZEK  on  OSEK,  yille  royale  libre.  da  ; 
Hongrie,  sor  la  riye  droite  de  la  Draye,  est  le  cbef-lieu 
du  comitat  de  VercBcze  et  Tune  des  yilles  del'Esclayonie 
les  plus  importantes  par  ieur  commerce  et  lent  Industrie. 
II  s^y  fait  notamment  un  commerce  de  transit  trte-consid^- 
rable,  en  c^rdales,  bois  de  constroction ,  pores,  ten  et 
planches  de  Styrie,  yins  de  Syrmie  et  de  Baranya,  et  lins 
de  Bacs,  depuis  que  la  Draye  peut^tre  remontte  en  ba- 
teaux k  yapeur  jttsqu*ft  Essek.  La  place  forte  du  mdme  nom, 
appelte  du  temps  des  Remains  Mursia,  est  protegee  per  on 
fort  construit  sur  la  riye  droite  de  la  Draye. 

Dans  la  derni^  revolution,  Essek  fut  d'abord  d^fenda 
au  nom  du  gouyemement  national  hongrois  par  le  comte 
Casimir  Battliyanyi ;  mais  apr^s  un  si^ge  qui  dura  plusieora 
semaines,  rarro^e  imp^riale  parylnt  k  s'en  s'emparer 

La  population  d'Essek  d^passe  13,000  habitants ;  elte  est 
presque  compldtement  d^origine  raicie  on  Ulyrienne.  Sor  la 
totality  on  en  compte  8,860  qui  professent  la  religion  ca- 
tbolique  romaine,  et  2,256  la  religion  catliolique  grecque.  Le 
reste  se  compose  de  protestants  et  dMsra^Utes. 

ESSEN,  yille  Industrieuse  de  la  Prusse  rhdnane,  ar- 
rondissement  de  Dusseldorf ,  situ6e  dans  one  fertile  con- 
tr^e,  compte  enyiron  6,000  habitants,  dont  les  deux  tiera 
prolessent  la  religion  catliolique.  EllepossMe  quatre  ^glises, 
dont  une,  celle  du  cbapitre,  m^rite  d^6tre  yue,  an  gym- 
nase  et  des  fabriques  asses  importantes  d'armes  blanches , 
de  yitriol,  de  ferronnerie,  de  toiles  et  de  draps. 

La  prosperity  toujoun  croissante  de  cette  yille  provient 
surtout  de  rinepuisable  richesse  des  mines  do  houiile  de 
premi^  quality  qui  sont  situees  dans  ses  enyirons.  Les 
seizes  fosses  aojourdliui  ouyertes  occnpent  enyiron  3,500 
mineure;  leun  prodoits  sont  surtoot  consommes  par  le  che- 
min  de  fer  de  Cologne  4  Minden,  mais  trooyent  en  outre 
d*avantageax  debouches  dans  les  grandes  usines  situees  a 
pen  de  distance  de  Ik,  et  au  nombre  desquelles  on  remar- 
que  une  fonderie  de  zinc,  les  hauts  foumeaux  de  Borbeck, 
une  yerrerie,  des  ateliers  de  chaudronnerie,  etc« 

ESSEN  (Ham  Hpjibii,  comle  d*),  grand-marechal  de 
la  diete  suedoise,  ne  en  1755,  k  Kaflaes,  en  Westrogotliie, 
descendait  d*ane  ancienne  famille  liyonienne.  A  Poccasion 
d^on  toumoi  ceiebre  k  Stockholm,  il  produisit,  par  sa  belle 
prestance  et  son  habiletedans  tous  les  exerdoes  du  corps, 
une  impression  si  fayorable  sur  Tesprit  de  Gastaye  III,  qu'a 
partir  de  ce  moment  il  deyint  le  favor!  de  ce  prince;  mais 
jamais  U  ne  se  servit  de  son  credit  pour  nuire  k  autrui.  Too-  . 
joure  auK  oOtes  du  roi,  il  assistait  au  bal  masque  donne  k 
ropera  oik  Ankarstroem  tira  sur  Gastave  111  un 
coup  de  pistolet  qoi  I'atteignit  mortelleroent 

Sous  les  regnes  soivants,  le  comte  d^Essen  jouit  cons- 
tamment  du  mdme  credit.  Il  accompagna  le  doc  de  Suder- 
manie  et  le  jeune  roi  dans  lenr  voyage  k  Saint-Peterebourg, 
au  retour  duquel ,  en  1795,  il  fut  nomme  gouverneur  de 
Stockholm;  puis,  en  1800,  on  lui  conlia  le  commandement 
superieor  de  laPomeranie.  General  en  cbef  de  Parmeerte- 
nie  dans  cette  province,  il  defendit  en  1807,  pendant  deux 
mois,  Stralsund  centre  le  corps  francs  aux  ordres  do  ma- 
rechal  Mortier.  Lorsqoe  Gustavo  IV,  mecontent  de  ses  ge- 
neraox,  eat  pris  en  personne  le  commandement  de  son 
armee,  le  comte  d^Essen  se  retira  dans  ses  Verres,  et  ce  ne 
fat  qu*aprks  rabdication  de  oe  prince  quMl  fut  rappeie  au 
conseil  d*£tat.  Le  nouveau  roi  I'envoya  la  memo  annee  k 
Paris  comme  ministre  pienipotentiaire;  et  ce  fut  k  ses 
efforts  que  la  Suede  dut  de  rentrei  encore  poor  qneique 
temps  en  possessitm  de  la  Pomeranie.  En  1810.  il  alia  rece« 
voir  anx  frontieres  Bernadotte,  eiu  prince  royal  de  Suede. 

.  Kn  1813  11  fut  charge  du  commandement  du  corps  d*ar- 
mee  destine  k  agir  en  If  orvege  sous  les  ordres  de  Berna- 
dotte. Aprks  la  reunion  des  deux  royaumes ,  on  lui  confia  le 
poste  de  gouverneur  gteeral  de  la  Norvege,  avec  le  comman- 
dement superieor  dei  troupes;  et  lorsqu'on  les  lui  enleva 
Tannee  soiTente,  oe  fut  pour  le  nommer  |rand-inarecb«i 


M 


ESSENCE  —  ESS£NIENS 


de  la  di^  de  SuMe,  et  en  1817  gouTerneor  gdn^ral  de 
Scanie.  II  moanil  le  28  juillet  1824. 

ESSENCE  (en  laUn  essentia,  UmoA  du  yerbe  esse), 
ce  qui  oonstilue,  oe  qol  d^termfne  U  nature  d*ttiie  cbose, 
^  qui  eat  abaoluinent  n^ceasaire  pour  la  faire  Mre  ce  qu^elle 
est  En  philosophiei  on  appelle  essence  oe  que  I'od  eon^t 
de  prime  abord  en  une  chose,  ct  on  le  distingue  de  son 
acta,  qu^on  appelle  son  existence,  Selon  Descartes,  T^ten- 
due  est  Vessence  de  la  matlto;  selon  Gaaaeodi,  c*est  la  so- 
lidity. Si  r^ndue  seule  constitue  Tessence  de  la  matiire, 
dit  Dernier,  rien  ne  distinguera  les  corps  de  Tespace,  qui 
est  aus.si  one  ^tendoe.  Que  TeMcnoe  des  clioses  ddpende  du 
IjlMre  arbitre  de  Dieo ,  c*est  une  chiin^re  cart^ienne  dont 
les  P^res  son!  fort  ^loign^  L*fofinit^  est  de  Vessence  de 
Dieu,  la  raison  de  Vessence  de  I'liomme.  Les  choses  ne 
diffih'ent  que  par  leurs  essences,  et  non  par  leurs  accidents. 

D^  que  Dieu  est  in  fin!,  il  est  incomprehensible  h  un 
esprit  bom^;  U  parattdonc  d'abord  que  c'est  une  t6m<i- 
rit^,  de  la  part  des  tliMogfens ,  de  parler  de  Vessence  de 
IHeu.  «  Moins  je  con^s  retsence  de  Dieu,  dit  J.-J.  Rous- 
seau, plus  jeTadore.  Je  m'huroilie,  et  lui  dis  :  Etre  des 
£tres,  je  suis  parce  que  tu  es;  c'est  m'tiever  k  ma  source 
que  de  mailer  saos  cesse.  Le  plus  digne  usage  de  ma  rai- 
aon  est  de  s'an^ntlr  devant  toi  ;  c^est  mon  ravissement 
d'esprit,  c*est  le  charme  de  ma  biblesse,  de  me  sentir  ac- 
cabler  de  ta  grandeur.  »  Ife  nous  efftayons  cependant  pas 
ti-op  d^un  terme  avant  de  savoir  ce  qn'il  signifie.  Parmi  les 
divers  attribots  que  nous  aperoeTons  en  Dieu ,  s*il  j  en  a 
un  duqiiel  on  peut  dMuire  tons  les  autres  fiar  des  oons^ 
quenoes  ^ndentes,  rien  n*emp«che  de  faire  consister  Ves- 
sence de  Dieu  dans  oet  attribnt.  Or,  td  est  celui  que  les 
tbtelogiens  nommcnt  asHte,  existence  de  soi-mAme,  exis- 
tence ni^cessaire,  on  nfeessiti^  d*etre  Eneffet,  dH  que  Dieu 
est  e\istant  de  soi-mtoie  et  ndcessairement,  il  exisle  de 
toute  ^Iemit6,  il  n^a  point  de  cause  distincte  de  lui;  il  n*a 
done  pu  6tre  bom^  par  tucune  cause  :  cons^iiemment  il 
est  infini  dans  tons  les  sens,  immense,  independent,  tout 
puissant,  immuable.  Tontes  ces  consequent  es  sont  d*une 
evidence  palpable ,  et  aussi  certaines  que  des  axioroes  do 
malhematiques.  11  est  deraontre  d^ailleurs  qu'il  y  a  un  6tre 
existantdeaoi-ro£me,  etqui  n^a  jamais  commence,  imrce 
que  si  toutce  qui  exi^te  avail  commence,  il  faudrait  que 
tout  f&t  sorti  do  neant  sans  cause,  ce  qui  e^t  ah&urde.  Ou  il 
fant  soutenir  contre  I'evidence  que  tout  est  necessaire,  eier- 
nel,  immuable  ou  il  faut  avouer  quMl  j  a  an  moins  un 
^e  necessaire,  qui  a  donne  I'existence  k  tous  les  autres. 

Essence  se  dit  figiiremeni  des  choses  morales.  Les  pa- 
roles sacramentelle<  sont  Vessence  des  sacraments. 

ESSENCE  C£PII ALIQUE.  Voy.  Eao  db  BoNVEana. 

ESSENCE  lyORIENT.  Voyez  Ablettb. 

ESSENCES  (de  esses  ^tre ),  principe  qui  entrent  dans  la 
compCKsition  d^one  substance  et  qui  en  determinent  particu«> 
liirement  les  proprietes.  En  chimie  et  en  parfumerie,  on 
appelle  essences  les  huiles  volatiles,  odorantes,  etc.,  qu*on 
ex  trait  par  distillation,  au  moyen  de  Talcool,  etc.,  de  ceriaines 
mali^res  vegetales,  telles  que  la  mentlie ,  le  thym,  la  tereben- 
thine,  le  citron,  etc.  Les  anciens  chimistes  croyaient  ob- 
tenir  les  essences  dans  one  plus  grande  purete  en  repetant 
les  distillations  :  de  li  Texpression  de  quintessence,  ou 
protluit  de  la  cinquitoe  operation. 

En  termes  des  eaux  et  forets,  eueiice  signifie  esphe;  on 
dit :  Ce  bois  est  plante  en  essence  de  diene,  poor  faire  en- 
tendre que  les  arbres  qui  le  composent  sont  de  cetle  espice. 

ESSl^NIENS  00  £SS£ENS,  auxquels  Philon  donne 
aussi  le  nom  de  ih&apeutes ,  quoiqu'ils  n^appartinssent 
pas  k  proprement  parier  it  cette  secte,  association  ceiibre 
diet  les  Juifs,  etdont  I'existence  hislorique  est  constatee 
dte  le  temps  des  Machabees,  vers  Tan  150  avant  J.-€.  Ce- 
lait  une  des  trois  sedes  qui  sYtaient  plus  ou  moins  ecar- 
tees  de  la  purete  des  dogines  de  Moise  :  les  deux  autres 
ecalent  les  sadduciens,  qui  n^admdtaient  pas  la  vie  ni- 
iif«y  et  lit  jiAarif  ieni s  qui  croyaient  ^  It  fatalite,  k  la 


roeteropsydiose,  et  qai  tentient  d*afllain  singnbkwwi 
Tobservance  exterieure  de  la  lot. 

Les  essiniens,  que  sous  beaucoop  de  rapports  on  p 
comparer  aox  pliythagoridens ,  et  meme  aux  stoiciens,) 
mettaient  le  dogme  d^une  vie  future  :  lis  peosaieDt  que 
Ames  des  justes  allaient  dans  les  ties  fortonees,  et  eel 
des  mechants  dans  une  esptode  Tartare.  Ao  temps  de  J.* 
et  jnsqu*k  la  destrudion  de  Jerusalem,  Us  etaient  cnvh 
ao  nombra  de  qnatre  mllie;  lis  babitalent  quelques  boi 
gades  autour  de  Jerusalem  et  sur  les  bords  de  la  nerMor 
il  y  en  eut  aussi  qui  s'etablirent  en  ^igypte  anx  envir 
d'Alexandrie.  Mais  aprte  la  prise  de  iienttalem  par  Ti 
on  n*entendit  plus  parler  en  Palestine  de  cette  sede, 
se  maintint  tootefoU  en  £gypte  jusqu^au  qoatrieme  siei 

La  mani^  de  vivre  des  esseniens  etait  k  la  fois  slni 
li^re  d  austere  :  commnnante  de  Mens,  nonrriture  frug^ 
table  commune,  uniformite  de  oostnrae,  censistant  ea  i 
robe  blandie,  vacation  assidue  k  la  pri^,  k  la  meditati 
ablutions  frequentes  pendant  le  jour  :  Ids  etaient  les  stg 
et  pratiques  exterieurs  qui  les  dLntingoaient  des  aut 
Juifs.  «  Leor  mani^  de  vie,  observe  Fleory,  avail 
grand  rapport  k  cdle  des  prophdes.  »  La  plopait  re» 
^ient  an  mariage  :  «  lis  cralgnaient,  dit  Bergjer,  i'inA 
lite  d  les  dissensions  des  femmes.  » 

Les  esseniens  perpetuaient  leur  aede  par  des  inltiatfoi 
les  postulants  passaieut  par  trois  annees  <repreoves.  L*ini 
en  entrant  dans  rassociation,  lUsait  vomi  d'obdr  aox  an 
rieurs  d  de  ne  rien  r6veier  aux  drangers  de  ce  qo*il  aw 
appris.  L*estimedont  jouissaient  les  esseniens  etait  si  grai 
que  la  phipart  des  Juifs  leur  confiaient  reducation  de  le 
enfants.  Us  meprisaient  la  logique  et  la  qietapbysique  com 
des  sdences  inutiles  k  la  vertu  :  leur  grande  etude  etafi 
morale ;  its  s^occupatent  aussi  de  la  lecture  des  livras  ande 
et  pratiquaient  la  medecine.  lis  attriboaient  tout  au  dest 
rien  au  libra  arbitre,  meprisaient  les  tourments  d  la  md 
et  M  voulaientobeir  qu*k  leurs  anciens.  Dans  leurs  voyai 
les  esseniens  ne  faisaient  aucune  provision ;  lis  etaient  s 
de  trouver  lliospitalite  chez  les  autres  raembres  de  1 
aecte ;  lis  n*admettaient  aucune  distinction  entre  les  homni 
et  regardaient  les  esdaves  memos  comme  leurs  egaux. 

Ces  traits,  et  bien  d'autres  encore  que  Pou  peut  troo 
dans  Pillion  de  Biblos  d  dans  Jos^ie,  out  valu  aux  ei 
niens  Tadmiration  des  nns  d  les  calumnies  des  autres.  G 
vu  dMSz  eux  non-seiilement  les  instltuteurs  de  la  vie  n 
nastique ,  mats  le  type  des  premiers  dir(^tiens.  On  a  ml 
ete  jusqu*ji  pretendre  que  jesus-Christ  etait  de  la  sede 
esseniens,  qu*il  avail  eie  eieve  panni  eux,  et  qu'il  n*a 
dans  r£vangile  que  rectifier  quelques  points  de  leor  doclri 
Mais  cdte  supposition ,  admise  par  quelques  incredulei 
ete  comliattne  par  Voltaire  Iui-m6me,  qui  fait  observer 
Di  dans  les  quatre  ^vangiles  re^a,  ni  dans  les  apocrypl 
ni  dans  les  Actes  des  Apdlres,  ni  dans  leurs  lettres,  on 
lit  nolle  part  le  nom  dVis^nien.  EusdMS  de  cesaree  et  qi 
qiies  autres  out  pretendu  que  les  esseniens  d*£gypte,  app 
tMrapeutes,  daient  des  diretiens  convertis  par  aaint  Mi 
Scaliger,  Valois  d  d^autres  savants  critiques  se  sont  ao 
des  avec  les  theologians  pour  refiiter  cette  opinion. 

Cette  secte  inolTensive,  qui  fuyail  le  tumulte  des  tram 
des  affaires,  pour  ciiltiver  en  palx  la  vertu,  a  eie  compi 
k  la  secte  des  quakers  :  tontdbis,  il  ne  paralt  pas  qu*oi 
pu  accuser  les  esseniens  de  cet  amour  des  ricliesses  q 
deshonore  un  trop  grand  nombre  des  disdples  de  Pi 
Des  reproches  de  plus  d*un  genre  ont  <He  faits  aux  easeni 
Persuades  que  pour  Mirvir  Dieu  il  sufTi^it  de  mener  um 
austere  et  mortifif^,  sans  qu*il  fOt  neoessaire  de  lui  rei 
un  cttlte  dans  le  temple  de  Jerusalem,  ils  se  conlcntaient 
envoyer  leurs  offrandes,  sans  alter  y  sacrifier  eux-m^i 
Cette  doctrine,  conforme  k  la  philosophie  humaine,  a 
blAm<^  paries  tlieologiens,  comme  oontralre  i  la  loi  de  M 
D*aiitres  ont  pretendu  que  les  vertus  apparentes  des  c 
niens  daicnl  souillces  par  un  orgiieil  insupportable  qu 
porUit  k  ne  vouloir  reconoatlre  que  Pico  mA  pour  nwl 


ESSlfeNIENS  —  ESSEX 


et  ?es  rendait  pr^ts  h  tout  souflrir  p1at6t  que  d*obdr  aux 
hommes.  EnGo  la  vie  monasUqne  des  ess^iens  ne  devait 
pas  trouver  grftce  devaot  les  protestanta.  lis  ont  va  en  eux 
des  fanatiques,  mdlant  a  la  croyance  joiTe  la  doctrine  ct  les 
mosurs  des  pythagoridens  :  Us  les  ont  accuses  d'avoir  em- 
pnuit^  des  ^yptiens  le  goQt  des  mortifications »  etc 

Charles  Ou  Rozoui. 

ESSENTIELLE  (Maladie).  On  nomme  maladies  es- 
sentielles  celles  qui  ne  dependent  d^aucune  autre ,  ce  qui 
les  distingue  des  affections  purement  symptomatiques.  On  a 
longtemps  discnt^  pour  savoir  k  laquelle  de  ces  divisions 
appartiennent  les  filvres.  Les  anciens  m^edns  les  regar- 
daient  comme  essentielles.  La  doctrine  contraire ,  soutenue 
d^abord  par  P  i n el ,  mats  snrtout  d^velopp^  et  propag^  par 
Bronssais,  a  fini  par  pr^valoir,  au  moins  pour  un  certain 
ncmbre  de  cas. 

ESSEQUEBO  ou  ESSEQOIBO,  district  de  TAm^rique 
du  Sud  entre  Pembouchure  de  TOr^noque  ou  Orinoco  et  celle 
de  l*£ssequ!I)Oy  contr6e  aussi  fertile  que  riclie,  forme  avec 
Inmtrara  un  comt^  de  la  Guyane  anglaise,  dont  elie 
constitue  Textrtoiit^  nord-ooest. 

VEssequibo,  le  plus  grand  des  nombreux  cours  d*eau  qui 
arrosent  la  Guyane,  preml  sa  source  dans  la  Sierra  Aracay , 
qui  s^pare  son  bassin  de  celui  du  fleuve  des  Amazones.  Ses 
eaui  sont  nolrfttres,  et  cependant  tr^^transparentes;  des  fo- 
*  r6ts  ^paisses  et  imp^ndtrables  gamisscnt  ses  rives  et  celles 
de  ses  allluents;  et  apiis  un  cours  de  82  myriam^tres,  il  va 
se  jeter  dans  VOo6an  Atlantique,  par  une  emboucliure  large 
d'environ  deux  myriam^tres,  mais  s^par^  en  quatre  bras 
distincts  par  trois  lies  plates.  Les  plus  importants  de  ses 
affluents  sont  leRoopounouni,  leMazarouni  etleCouyouni. 
Entre  le  Quatata,  cours  d*eau  qui  vient  alimenter  le  pre- 
mier de  ces  affluents,  et  le  lac  Amuou,  dans  le  bassin  du 
Rio-Branco,  par  3°,  45  de  latitude  septentrionale,  se  trouve 
un  portage,  qui  k  T^poque  de  la  saison  des  pluies  r^uit  k 
un  espace  de  1,000  k  1,200  metres  le  trajet  quUl  faut  faire 
par  terre  pour  relier  Derocrara  au  fleuve  des  Amazones  par' 
un  syst^me  de  navigation  int^rieure.  11  suffirait  ensuite  de 
construirc  dans  le  bassin  des  Amazones  un  canal  de  jonction 
entre  le  Madeira  et  le  Paraguay ,  deux  des  affluents  de  ce 
fleuve  immense,  pour  que  Demerara  se  trouvkt  reli^  k 
Buenos-Ayres  par  un  systdme  complet  de  navigation  int^- 
rieure. 

ESSEX)  Tun  des  cx)mt45s  les  plus  riches  de  TAngleterre, 
dans  Textr^mit^  orientale  de  laquelle  il  est  compris,  se 
trouve  sdpar^  du  comt6  de  Kent  au  sud  par  la  Tamise  et 
son  emliouchurc ,  dc:^  comt^s  de  Middlesex  et  de  Hertford  k 
Touest  par  la  Lea ,  des  comt(^s  de  Cambridge  et  de  SulToIk  au 
nord  par  le  Stour,  et  k  Test  bornd  par  la  mer  du  Nord.  II  est 
richement  arros^  par  le  Roding  et  divers  aulres  affluents  de 
la  Tamise,  de  mfime  que  par  le  Crouch,  le  Cbelm  et  la 
Colue,  qui  ont  lenr  embouchure  dans  des  bales  de  la  mer  du 
Nord  profoud^ent  ^hancrdes  et  oHrant  de  boos  ports.  Le 
sol  est  plat,  taiitOt  sablonneux  sur  les  c6les,  tantAt  compost 
de  marches ;  et  ce  n^est  qu^au  centre  qu'on  y  rencontre  de 
continuelles  ondulations.  Il  compreud  une  superfide  d'en- 
viron  50  myriam^res  carrds,  dont  environ  900,000  acres  de 
pkturages  etdeterres  k  bl^.  La  population,  forte  de  370,000 
dines,  se  livre  k  la  culture  du  froment,  du  lioublon,  du  colza 
ct  surioiit  des  prairies ,  k  l*616ve  du  bdtail ,  k  la  prd[iaration 
du  beurre  et  du  fromage  et  k  la  fabrication  de  quelques 
dtoffes  de  laine  et  de  coton,  k  la  construction  des  navires, 
au  cabotage,  k  la  p£che ,  surtout  k  celle  des  hultres.  ^ 

Le  cheMieude  oe  comt^est  Colchester;  mais  le  si^e 
des  assises  est  k  Clielmford.  L'une  et  Taulre  de  ces  villes  se 
trouvent  d'ailleurs  sur  le  clicmin  de  fer  de  Londras  k  Nor- 
wich. On  trouve  des  bains  de  mer  k  Harwich  et  k  Southead, 
et  une  source  d^eau  mindrale  k  Witliam.  Le  fort  de  Tilbury, 
sur  la  Tamise,  est  considdr^  comme  la  clef  de  Londres. 

L*ancicn  royaumc  anglo-saxon  trtlssex  ou  Saxe-Orientale 
(EastseaXf  Sstrasaxonia),  fondc  vcms  I'an  527 ,  [Or  Erkenwin, 
T/uniprenait  aussi  les  cumlds  de  Hereford  clde  Middlesex,  et 

DIGT.  DE  LA  COUNTERS.  «-  T.  IX. 


28 

avail  pour  capitate  Ztti<c/enu;icft,  c*est-k-dlre  Londrea  ILon- 
don),  II  fut  reuui  plus  tard  au  royaume  deKent,  puis,  comme 
cclui-ci ,  d^pendit  du  royaume  de  Mercie,  et  fat  soumis ,  vers 
823,  par  Egbert,  roi  de  Wessex. 

ESSEX,  ancien  titre  de  noblesse  qui  dn  douzikroe  to 
seizi^me  sikde  a  snccessivement  appartenu  en  Angleterre  aox 
families  ifaiufei?i/2e,  FUspiers  et  BourcMer.  Henri  VIII  en 
gratifia  d'abord son fkvori Thomas  Cromwell,  puis,  quand 
11  Tent  fait  d^capiter,  en  1540,  William  Parr,  le  frkre  de  sa 
sixikme  et  demikre  femme,  qui  fut  cr^  comte  d*Essez,  et 
ensuite  marquis  de  Northampton,  mais  qui  raouruten  1666, 
sans  laisser  de  post^rit^. 

Quelques  ann^  plus  tard  ce  titre  fhttransfiir^  k  la  famiHe 
Devereux  ,  laquelle  pretend  descendre  de  Robert,  fils  de 
Waiter  ( GauUer ) ,  seigneur  d*ivereuXf  en  Normandie , 
Tun  des  capitaines  de  Guillaurae  le  Conqu^rant.  Cest  de 
lui  que  descendait  sir  William  Devereux,  sherif  du 
comt^ d'Hereford  en  1371  et  1376,  dont  I'arrikre-petit-fils, 
Waller  Devereux,  lord  Ferrers  deChartley,  I'un  des  parti- 
sans de  Ricliard  III,  p^rit  en  1485,  k  la  bataille  de  Bosworth. 
Son  fils  John  ^pousa  lasoeur  et  h^ritikre  de  Henri  Bourchier, 
comte  d*Ewe  {Eu  en  Normandie)  et  d'Essex.  De  ce  ma 
riageprovint  Walter ,  brave  guerrier,  qu^en  15S0  Henri  VIII 
cr^a  vicomte  de  Hereford,  et  qui  mourut  le  27  sepfem- 
bre  1558.  Sun  petit-fils  Walter ,  Tun  des  cavaliers  les  plus 
accomplis  de  son  temps,  aprks  avoir  comprim^  la  r^volte 
des  cointes  de  Northumberland  et  de  Westmoreland,  fut 
cr^,  en  1572 ,  comte  d* Essex  ^  en  consideration  de  sa  des* 
cendance  des  Bourchier.  II  alia  ensuite  commander  en  Ir  • 
lande;  mais,  entrav^  dans  ses  plans  par  I'influence  toute- 
puissante  de  Leicester,  et  rendn  par  lui  suspect  k  la  reine,  H 
mourut  de  chagrin,  et  suiTant  d*autres,  empoisonn^,  le 
22  septembre  1570,  k  Dublin.  Son  fils  et  h^ritier  futRoben 
Devereux,  second  comte  d'Essex,  k  qui  nous  consacrons  un 
article  sp^al ,  le  malheureux  favori  de  la  reine  ^isabeth. 
Robert,  son  fits  unique,  n6  en  1592,  fut  r^labli  par  Jacques  1*"^ 
en  possession  des  titres  et  des  biens  de  son  p^re,  et  ^pousa 
la  fameuse  Frances  Howard,  fiUe  du  comte  de  Suffolk,  qui 
plus  tard  divorce  d'avec  lui  pour  ^pouser  Somerset,  le  favori 
du  roi.  Essex  servit  en  1620  dans  Tarm^  de  T^lecteur  pala- 
tin;  en  1625  il  cominanda  une  exp61ition  centre  les  Espa- 
gnols,  et  fut  noinm^  lord  grand-chambellan  par  Cliarles  1" ; 
cependanty  en  1642  il  se  rattacha  au  parti  parlementaire,  qui 
lui  con  Ha  le  comraandement  snp^rienr  de  son  armte,  qu'il 
conserva jusqu'en  1645,  avec  des  alternatives  de  succks  el  de 
revers.  II  mourut  le  14  septembre  1646.  Son  second  mariage 
dtaot  demeur^  st<irile  egalement,  le  titre  de  comte  d^Essex 
s*eteignit  avec  lui;  auant  k  la  pairie  d'Hereford,  elle  passa 
aux  descendants  d'Edottard  Devereux^  fils  cadet  du  pre- 
mier vicomte.  C^est  de  lui  que  descend  Robert  Devereux, 
ne  le  3  mai  1809 ,  qui  en  1843  succ^a  k  son  pkre,  Henri 
Fleming  Devereux,  comme  quinzikme  vicomte  Devereux. 

Les  corotes  d'Essex  actuels  descendent  de  sir  William 
Capel,  alderman  de  Londres  et  lord-maire  en  1503,  qui  par 
ses  grandes  richesses  excita  la  cupidity  de  Henri  VIII  etdeses 
favoris,  et  qui  en  consequence  fut  incarc^r^  dans  la  Tour  de 
Londres,  oil  il  mourut,  en  1515.  Son  fils,  s\r  Giles  Capel,  se 
coroporta  bravement  aux  sidges  de  Terouenne  et  de  Tournay, 
ainsi  qu*a  la  joumde  des  £perons,  et  fut  Tarrikre-grand-pkre 
d^Arthur  Capel,  cr6^  en  1641  lord  Capel  de  Hadham,  qui 
dans  les  guerres  civiles  se  montra  royaliste  d^vou4,  et  p^rit 
sur  r^chafaud,  le  9  mars  1649,  peu  de  temps  aprks  Char- 
les r*^.  Son  fils  Arthur,  cr66  comte  d'Essex  en  1661 ,  rein- 
pUt  de  1672  a  1677  les  functions  de  lord-lieutenant  d*li lande, 
puts  celles  de  premier  lord  de  la  tr^sorerie.  Accuse  de  cons- 
piration en  m£me  temps  que  lord  Russell,  il  fut  renferm^ 
k  la  Tour,  oil,  le  13  juUlet  1683,  on  le  trouva  la  gorge  cou|>^. 
II  fut  le  bisa'ieul  d* Arthur  Algernon  Capkl,  n^  tc  28  Jan- 
vier 1803,  mari(^  depuis  1825  k  lady  Caroline  Beauclerc, 
fille  du  due  dc  Saint-Alhans,  lequel  succ^a,  le  23  aoAt  1839, 
k  son  onc-le  Georges  cumme  sixikme  comte  d*Essex ,  ct  qui 
dans  la  chambre  haute  appartient  au  parti  protectionnUte 


81 

ESSKX  (  Robert  DEVEREUX,  cointe  d'),  c^I^bre  par  sa 
liaisQatvec  laraine^lisabetliy  naquitlelOnoTembre  1567. 
8a  nhre,  la  bcHa  Lstilia  KnollM,  peo  de  tem^  aprte  la  roort 
de  ton  pramier  roari ,  oooTola  en  aecondea  noeas  aree  Ld- 
eester,  son  enneinl.  Lord  Burleigli,  char^,  par  Tacto  conto- 
pant  lesidamiteoa  rolontta doaon  pte»  da  la  direetSoB  et  de 
la  MureHlance  de  rMocation  du  Jeonecomte,  kitrodafait  dte 
Vaante  1684  oe  briHant  oft^alier  k  la  coor,  o^  il  se  fit  bean- 
«oop  d'amia'et  06 11  pradniiit  ainsi  nne  TiTe  impreaakm  sor 
le  «Bar  de  U  relne.  Anitf  son  bean-p^,  doTeua  jaloax  de 
Miaiioe^  le  contraigntt4l,  en  15S5,  k  raecompagner  dans  sa 
tampagne  eontre  lea  HoHandais.  Mais  la  bataiUe  de  ZotphAy 
oft  il  eot  occasion  de  se  distinguer  d'ane  mani^re  particali^ 
B'aotorisa  que  davantage  la  relne  h  lot  Mmolgner  one  faveor 
toote  particuU^re  :  elle  le  cr6a  gte^ral  de  caTalerie,  et  Ini 
eonftra  en  in^e  teoips  Tordre  de  la  Jarrett^.  Qoand  Lei- 
eeetermourotYen  1&8»,  la  relne  sut  bientfttae  consoler  d*nne 
telle  perte  avec  le  beaa-flls  de  celol-d ,  et  k  partir  de  oe  mo- 
ment Essex  de^int  son  fiiTori  en  titre.  On  Toyalt  la  rdne 
aecabler  sans  cease  cejennehomine  de  grftees  etde  marques 
de  tendresse  de  toate  esptee,  tandiii  que  celui-d  semblait 
pr^f(drer  k  Tamour  d^nne  femme  d^k  sur  le  retonr  les  satis- 
factions donnte  aux   mAles  sentiments  de  Tambltion. 
En  1W9  II  s*«djoigntt,  eontre  sa  Tolont^  expresse,  k  I'expd- 
dttkmentfeprise  par  Norris  et  Drake  ponr  r^blir  don  An- 
looio  sur  le  tr6ne de  Portugal;  mais  cette  dteb^issance  ne 
rliii  Taint  qoe  de  tendres  reproohes.  En  1591  11  fallnt  encore 
que  U  rdne  lui  accordAt  le  commandement  en  cbef  d'an 
-eerpa  d'annte  qo*elle  envoyait  en  France,  an  seconrs  de 
Henri  IV.  IMsireax  d*entourer  son  nom  d^one  aartole  de 
gloire  militalre,  Essex  entreprit  en  1696,  et  en partie  k  ses 
propras  frais,  aTee  Pamiral  Howard,  on  audacienx  coup  de 
main  oontre  Cadix ,  coop  de  main  dont  la  rtossite  valot  k 
.TAngleterre  d'imnienses  ridtesses  et  surtout  les  Inappr^cia- 
Ues  Taleors  eontenaesdans  I'arsenal  de  cette  Tille.  La  nation 
appUndU  bmyamment  k  cet  exploit.  La  rdne,  die  aussi, 
nVpargna  ni  ses  lonanges  ni  ses  recompenses ;  mais  die  Tit 
avec  doulenr  que  son  jenne  et  brillant  favori  prtfMt  encore 
les  applaudissements  du  publicaux  siens.  Elle  se  sentit  cncorr* 
bien  antrement  bless^  an  cceur  quand  die  apprit  son  ma- 
riage  secret  avee  la  flUe  de  Walsingliam. 

Au  retour  d'une  carapagne  malheureuse  eontre  I'Espagne, 
Essex  ayant  M  w^  Aroidement  par  la  rdne  et  ayant  en 
•outre  trooT^  tons  ses  ennemis  en  poasesdon  de  la  fayeur 
dibisabetb ,  tout  Porgndl  de  son  caraet^  hautain  et  gftt(& 
par  la  fortune  se  rdrdta.  Ses  Tiolences,  ses  propos,  les 
I'ailleries  qu'U  lancait  eontre  les  courtisans,  dalent  de  nature 
k  bleaaer  tonte  femme,  d  k  bien  plus  forte  rdson  one  rdne. 
Drears  Borldgh,  son  protedenr  et  son  ami,  ^tait  mort,  d 
tons  ses  entleox  et  ses  rivaux  avaient  le  champ  libra.  N^an- 
moina  £lisabdh  ne  se  sentdt  pas  encore  la  force  de  comply- 
tenMUt  douffer  dans  son  cceur  sa  passion  pour  son  fsTori; 
«Ue  prenait  soovent  plalsir  au  contraire  k  lui  pardonner  et 
^  I'accabler  de  nouvdles  fayeurs.  A  la  suite  d*une  alterca- 
tion yiolenle  qu*dle  eut  avec  lui  en  plain  consdl ,  die  le 
nomma,  malgr6  son  refns,  gonyemeur  de  llrlande,  oft  des 
troubles  venaient  d'telater.  Essex  quitta  la  oour  forleux  d 
en  se  r^pandant  en  Imprtetions.  Pour  dre  plus  t6t  dd)arra8S^ 
d^one  mission  qnll  eonddiraU  comme  nn  exit ,  il  se  hftta, 
4  la  snite  de  qudqnes  entreprlses  sans  importance  centre  les 
r^foltA,  dB  condore  one  suspension  d^armes  qo*ii  la  cour 
on  Jogea  oonstltuer  un  ade  de  haute  trahison.  Pour  tenir  t^te 
k  sea  ennemis,  Essex  accoorut  ft  Londres  contrairement  aux 
ordraa  formds  qui  le  confinaient  dans  son  goutemement,  d 
eut  randaee  de  p^ndrer  sans  permission  Jusque  dansle  ca^ 
bind  de  la  rdne.  Dea  contemporams  pr^tendent  qu'il  eftt 
hmn^dlatement  obtenu  alors  son  pardon  sH  ayalt  fdt  preuye 
de  pins  de  patience,  d  d  surtout  il  n*ayait  pas  en  le  mal* 
Uenr  de  snrprcndre  la  rdne  en  toilette  de  nuit.  La  reine, 
dil-on,  ne  lui  enleya  ses  dignit6s  et  n^ordonna  centre  lui  une 
enqnftte  jndiciaire  que  par  resped  pour  les  conycnances. 

MaiSytoujoursiudacicux  ct  yiolent, Essex  mit  ft  profit  les  len* 


ESSEX  —  ESSLAIR 


teurs  calcuides  de  la  proc^ore  qui  s'instruisaH,  pour  n 
des  rdations  aycc  la  cour  d*]^kx>sse  et  proyoqoer  ft  Lou 
une  ^meiite,  dirig^  ayant  tout,  il  est  yrai,  centre  aes  enn 
et  centre  les  roinistres.  II  fut  alors  jet^  en  prison,  et  Pai 
de  la  oouronne,  Bacon,  ft  qui  en  toute  occasion  II  ayait  d< 
les  prenyes  du  plus  grand  int^rd,  fut  diarg6  dMnstrutre 
mdlement  son  procfts.  £lisabdh  h^ita  ponrtant  longte 
ayant  de  sandionner  Tarrd  de  mort  rendu  «»ntre  lot ,  < 
Pespoir  quil  lui  demanderait  grftce.  Eufin,  le  35  feyrier  1 
sa  tde  roula  sur  f^chafaud.  Dans  tout  le  oours  de  aon 
ch,  il  s*etalt  d^fendu  ayec  le  plus  grand  conrage  et  a 
fldt  preuye  du  plus  noble  orgueil.  Les  trayaux  hUtorii 
les  plosrtents  out  d^ontr^  que  Tanecdote  suiyant  laqi 
II  aurdt  tent6'  de  faire  reyenlr  la  rdne  sur  sa  d^iaion  ei 
faisant  passer  une  bague  qu'elle  lui  aurait  donnde  autre 
en  lui  promettant  que,  quds  que  pussent  6tre  ses  torts 
yers  die,  die  les  lui  pardonnerdt  s'il  la  lui  faisalt  1 
bague  que  la  comtesse  de  Nottingham,  son  ennemie  adiar 
aurait  emptehi  de  panrenlr  jusqu^ft  Elisabeth ,  ne  rej 
sur  aucun  fondement.  D^ailleurs,  sa  lidsen  inUme  arc 
yindicatiye  fille  de  HenH  VlII  est  aujourdliui  un  fait  pai 
tement  acquis  ft  l*hi8toire.  La  Jeunesse,  lesbrillantes  qnali 
la  rapide  fortune  d  la  chute,  ausd  soudaine  que  tragiq 
do  comte  d*£asex  ont  seryi  de  sujd  ft  un  grand  non 
d*fleuyres  dramatlqiies. 

ESSIEU.  En  mtohique,  fessieu  d'une  poulie,  c 
tambour,  d'un  touf,  c*est  Taxe  sur  lequd  toument  ces 
yers  objets.  En  charronnage,  c*est  unepiftoede  boisengru 
seulement  d^rossie,  pour  receyoir  ultfrleurement  cette,  c 
tination.  On  appelle  en  gdn^ral  essieu  une  plftce  en  bois 
en  (er  trayersant  ft  angle  droit  les  roues  d^one  yoiture, 
y  sont  rdenues  par  un  esse.  Les  essieux  de  rartillerie 
campagne  sont  tons  en  fer.  Les  essieux  se  composent,  d 
leur  longueur,  d*une  partie  carrte,  qu^on  appdle  le  co 
iTessieu,  d  dedeox  bouts  arrondi8,autonr  desquds  toum 
les  roues,  et  qui  portent  le  nom  de  fusies  de.  tessi 
Chaque  ftasde  de  Tesdeu  est  percde  ft  son  extrdmitd  d 
trou ,  dans  leqdd  passe  Tesse  qui  ddt  retenir  la  roue  lorn 
Vessieu  la  trayerse.  On  appelle  ipaulemeni  le  point  dc 
naissance  de  la  fusde  de  Fessieu. 

Les  afP6ts  qui  t)ortent  les  boudies  ft  fen  ft  bord  des 
timents  de  guerre  sont  months  sur  quatre  roues  bassef 
pjdnes,  qui  ont  des  essieux  en  bois  arrondis  dans  les  rou 
et  carrds  sous  toote  la  largeur  de  Tairot  Mesijh. 

Dans  le  systftme  ordinaire  des  c  hem  Ins  de  fer,  Pessi 
fixd  aux  roues,  toume  ayec  dies,  ce  qui  exige  des  yoic 
grandes  eourbures;  dans  le  systdne  articuld  d^Amoux 
roues  toument  sur  Pessieu,  ce  qui  perroet  Temploi  de  co 
bores  plus  petites.  La  construction  des  essieux  de  looon 
Uyes  exige  un  soin  particulier. 

ESSLAIR  (  FEBDnfAim ),  Tun  des  plus  cddires  con 
diens  qu*ait  encore  eus  rAllemagne,  dtait  nd  en  1772 
Essek,  d  appartenait  ft  une  famflle  de  gentilslioinm 
celle  des  Kheyenhuller.  Ses  ddbuts  eurent  lieu  ft  Insprai 
d  il  joua  successiyement  ft  Passau  d  ft  Prague.  Re  recey 
que  des  Emoluments  beaucoup  trop  faiblea  pour  qu*il  | 
sobyenir  ft  son  existence  d  ft  cdle  de  sa  fenune,  qui  u^dl 
point  comedienne,  il  se  rendit  ft  AugsbooiK,  oft  il  eut  eno 
ft  Inlter  centre  la  misftre  la  plus  pdgnante.  Le  th^ 
d'Augsbourg  dant  Tenu  ft  fermer,  il  passa  au  thditre 
Hanau ;  puis,  sa  preroiftre  femme  dant  roorte,  en  1S06 
se  remaria  dans  cette  yille  ayec  £lise  Muller,  avantageu 
menl  connue  comme  adrice,  d  en  compagnie  de  laquc 
il  fit,  en  1807,  diyers  yoyages  artistiques  ft  Stuttgard,  Mi 
liefm  d  Francfort.  Apr^s  avoir  passd  plusieurs  anndM  b( 
reuses  ft  Manhdm,  11  accepta  un  engagement  ponr  le  VM 
de  Carisruhe.  En  1814  il  yint,  comme  rdgissenr  de 
scftne,  ft  Stutfgard ,  oft  la  protection  dclairde  do  roi  Yxk 
ric  lui  assure  une  existence  exeropte  de  tons  soads;  en 
il  fut  engagd  en  1818  au  thdfttre  de  la  coin*,  ft  Mnnicli,  d( 
11  fit  longterops  la  g1oh«,  et  oft  il  remplit  en  m^nielen 
les  fonctions  de  ^sseur,  Dans  I'interyalle,  il  avait  divoi 


ESSLAIR  —  ESTAFETTE 


35 


d*a?ec  sa  seconde  ieiume,  et  avait  couvoli  en  truisi&mes 
noced  af  ec  M"*  Ettmayer,  peu  distingu^  comme  arti&te. 
Plus  tardy  pensionn^,  mais  toujoure  an  proie  au  beeoio,  il  par- 
Gourut  suceenivenient  comme  com^en  nomade  pre&que 
toQtes  les  Tijies  de  VAllemagne,  recoeillant  partout  dUoconte«- 
tables  tdmoignai^efl  d*admiration  poor  son  beau  talent.  II 
mourot  le  10  novembre  1840,  dans  Tune  de  ses  tourmfes 
dramatlques,  k  Inspruck. 

On  peut  dire  d*£88lair  quHl  fat  en  Allemagne  le  dernier 
des  h^ros  de  th^tre.  SataiUe  noble  et  tiev6e,  sooi  organe 
sonore  et  soople,  qui  se  prdtait  k  toutes  lea  nuances  du 
sentiment;  ton  ceil  vif,  sa  mimfque  expressive,  son  ima- 
gination, sa  Yive  sensibility,  sa  declamation  parfaite,  la  ma- 
ni^  tout  k  fait  originale ,  tenant  blen  moins  de  Tdtude  que 
^u  g^nle  .m6me  de  I'art,  dont  il  cr^t  ses  rdles,  le  ren- 
daientdminemment  propreaox  grands  rdles  de  la  trag^'e; 
il  en  est  cependant  dans  lesquels  il  ne  r^pondait  pas  aux 
justes  exigences  de  la  Critique.  Elle  lui  reprocbait  aussi  d'a- 
baisser  queiqudbis  les  bdras,  Wallenstein,  par  exemple, 
dans  one  sphere  beaucoop  trop  bourgeoise.  £n  revanche, 
TIeck  prodame  que  personne  ne  I'a  ^gal^  ni  ne  r^galera 
dans  le  drame  r^l,  surtout  dans  les  rdles  du  tb^re  d'lf- 
fland,  ou  il  atteignait  les  demiferes  limites  de  Tart  du  co- 
m^en. 
ESSLING.  Voyez  Esuifc. 

ESSLINGENyancienne  villelibre  imp^riale  de  Souabe, 
dependant  aujourd'liui  du  cerclc  du  Neckar  (royaumede  Wur- 
teinberg ),  est  situ^  sur  les  bords  do  Neckar,  et  compte 
environ  6,000  babitants,  protestants  pour  la  plupart,  et  dont 
la  culture  de  la  vigne  est  Tindustrie  prindpale.  Dans  ces 
demiers  temps,  on  est  parvenn  k  y  ehampagniser  les  vlns 
provenant  des  vignobles  volsins.  Parmi  les  Alices  que  pos- 
sMe  Esslingen,  il  faut  clter  te  vieux  chAteau,  i^^gUse  de  Saint- 
Denis  et  surtout  I'^Use  deMotre-Dame,  remarquabie  particu- 
li^rement  par  son  docber,  d'one  construction  aussi  liardle 
que  l^ire;  enfin  PhOtel  de  ville,  avec  sonborloge  si  cu- 
rieuse. 

Cest  k  Esslingen  qu*en  i448  U  ligue  de  Souade  prit  nais- 
sance;  les  tournois  qu'on  y  c^^bra  k  diverses  ^poqoes  du 
moyen  Age  TaTaient  rendue  c^I^bre;  enfin ,  la  peste  qui  en 
1567  et  1571  ravagea  Tubingen  y  fit,  k  deux  reprises, 
momentan^ment  trausf^rer  runiversit^  de  cette  ville. 

ESSOUFFLEMENT.On  d^signe  par  ce  mot  des  muu- 
vements  respiratoires  courts ,  fr^uenls  et  pelits  :  dans  cet 
^tat,  rinspiratlon  est  peu  profonde  et  promptement  suivie 
d^une  expiration  rapide ;  la  poitrine  se  dilate  peu ;  les  pou- 
mons,  gorges  de  sang,  ne  peu  vent  admettre  qu^une  faible 
quantity  d'air;  la  parole  est  cntrecoup^,  ct  dans  ces  cas 
extrdrnes  on  ne  peut  artlculer  aucun  mot.  En  m6me  temps 
les  narines  se  distendent  et  se  contractent  k  mesure  avec  la 
poitrine.  L^essoufllement  est  un  trouble  fAcbeux  quand  il 
surylent  sans  cause  connue  :  il  est  le  symptAme  de  diverses 
maladies  des  poumons,  duccBur,  etc.  Quand  Tessouf- 
tlement  est  le  rteultat  d*une  marche  ou  d'une  course 
rapides  surtout  en  montant,  du  jou  trop  prolong^  d*un 
instrument  k  vent,  etc.,  11  n'offre  lien  d^alarmant.  Chez  les 
femmes  enceintes,  i!  est  le  r^ultat  d'une  action  m^canique, 
et  il  u*a  rien  non  plus  qui  doive  inqui^ter ;  chez  les  per^ 
sonnes  qui  ont  un  ventre  gros  par  excto  d*embonpoint,  Tea- 
soufllement  est  commun  :  c'eat  un  acddent  assez  Ocheux, 
et  qui  dolt  engager  k  en  ^teindre  oo  k  en  dimmuer  la  cause. 
En  pardlte  occurrence,  des  purgatifs  r^p^t^  sont  indiqu^ : 
leur  efTet  amoindrit  le  volume  da  ventre;  mais  c'e&t  k  un 
mMedn  k  r^er  ce  traltement  On  peut  aussi  obtenir,  et 
avec  molns  de  danger,  le  m6me  r^oltat  par  de  fr^uentes 
applications  dto  sangsues  sur  P^pigastre  ou  au  si^e,  et  par 
un  regime  alimentaire  pen  notiitif. 

Quoique  ressoufOement  acddentd  et  passager  ne  suit  pas 
redoutable,  11  faut  ^viter  aotant  qoe  possible  de  r^p^ter  les 
actions  qui  le  produisent,  parce  qu^elles  d6terminent  one 
aurabondance  de  sang  dans  les  poumons  :  par  Ik  on  ba- 
bitue  ou  on  predispose  les  organes  k  se  oongestionner  et  k 


sVriter.  Les  crachements  de  sang  n*ont  souvent  pas  d!'autre 
cause.  Ces  conseils  sont  particuU^remeut  applicables  aux 
enfants  et  aux  jeunes  geus;  mais  11  est  difficile  de  lea  leur 
faire  suivre.  W  CnARBoifNiau 

EST  ou  ORIENT.  Cest  le  premier  des  quatre  points 
cardinaox,  poisque  le  flambeau  de  notre  globe  se  leva 
de  ce  c6te  et  s'y  Ikve  immuablement  depuis.  Pour  celte 
rai&on,  les  H^breux,  ceux  qui  toucbaient  au  berceau  du 
monde,  appelkrent  ce  point  du  dd  kadim  (devant),  parce 
qu'ils  se  toumkrent  toot  d'abord  vers  le  globe  resplendiuant 
de  Tastre  du  jour  avant  mdme  qu'll  M  on  nom.  Ett  vient 
de  Tallemand  ost,  mot  qui  se  perd  dans  le  vIeU  Idiome  des 
Goths ,  et  dont  les  plus  savants  philologoes  de  la  Germanie 
n'ont  pu  donner  retymologie.  L'antiqidte  de  ce  moty  aanc- 
tionn^e  par  Charlemagne ,  est  prouvte  par  la  mytbologie  du 
liord ;  car  die  dlt,  dans  V£dda,  qu^Odiu,  le  redoutabte  dieu 
desScandlnaves,  ay  ant  tu6  le  ^^aot  Ymer,  II  lui  plutde  ftire 
de  son  crkne  la  coupde  du  dd ,  et  qu*U  y  pla^  en  sen- 
tindles  quatre  nains  :  VEsi,VOuest^  le  fford  et  le  Sud ; 
tds  etaient  leors  noms  btzarres.  Lea  Grecs  appelkrent  le 
point  du  dd  od  le  soldi  se  Idve  i^taQ,  anrore,  et  les  Latins, 
oriens,  ^oriri^  naltre,  qnalification  que  noos  leor  avans 
empruntee.  lewmie  est  Texpression  dontse  servant  le  ploa 
souvent  les  Italiens  pour  designer  Vest';  lis  I'onft  appoitfe 
dans  notre  idiome  sous  celle  de  levant ^  qui  est  la  plus  po- 
pulaire  parmi  nous.  Est,  I'expresdon  exdudve  des  mariiis, 
est  indiireremment  employee  avec  orietU  dans  la  langue  des 
giographes ,  lorsqu'il  s'agit  d'indiquer  cette  directkNi. 

Poor  trouver  la  plage  orlentale ,  il  /aot  se  toumer  vera  la 
plus  belle  etoilo  do  ddnord,  la  polaire :  dans  cette  po6ltloo« 
on  a  Torient  k  droite  et  roccident  k  ganche.  On  appelle  cela 
s^orUnter,  expression  qoi  est  passde  au  figord,  et  qui  si- 
gnifie  dans  les  afEBures  de  la  vie  prendre  ses  fMsures, 
Tootes  lea  plan^tes  sans  exception,  toomant  d*ocddeat en 
orient,  pr^entent  n^cessairement  d'abord,  par  I'effel  de 
leur  rotation  diurne  autour  de  leur  axe ,  on  de  leors  b6- 
misphkres au  soldi:  ce  c6t^  telair^  s*appeile  Vorieni,  et 
Tautre  btoisph^re,  alora  plough  dana  robacuriti,  occideni; 
eufin,  par  une  definition  plusexacte,  roiient  est  la  partie  du 
monde  qui  fait  directcmeat  (aceau  soleii  levant,  lea  Jours 
des  ^uinoxes. 

Dans  la  rose  des  vents ,  plusieurs  rhumbs  portent  des 
noms  ok  entre  le  mot  est,  DnmcK-BAaoR. 

ESTACADE.  On  donne  ce  nom  k  one  banikre  formte 
k  Tentr^  d*un  bras  de  rivikre,  on  sous  one  arcbe  de  peat, 
pour  en  ^carter  tes  glaces  ou  les  antres  corps  ilottants  cbar- 
ri^  par  le  courant,  et  preserver  aind  de  lenr  oboe  les  ba- 
teaux qoe  Ton  y  a  abrlt^  Vestaeade  ae  comp^ae  d'one  a^ie 
de  pllotis,  de  trka-forte  dimendon,  eafonote  dana  le  sable  ou 
la  vase  au  fond  de  Teau,  moists  et  recooVerta  d^on  cbapeao. 
U  exiate  plodeors  estacades  dans  la  partie  de  la  Seine  qui 
traverse  la  capitale,  notamment  celle  qui  joint  Tile  Saint- 
Loois  aox  terrains  de  randenae  tie  Looviera,  et  aor  laqoeUa 
on  a  pratique  un  pont;  celle  du  Pont-Royal,  derrikre  laqoelle 
sont  abritte  pendant  Tbiver  lea  tehUsaementa  de  bains 
Vigier ;  celle  de  Grenelle,  prks  do  village  de  ce  nom.  Ces  di- 
verses estacades  sont  iinproprement  appelte  gores  k  Paris. 
Ces  deux  mots  n'ont  pas  la  mobidre  analogie  de  significa- 
tion. 

Dans  la  marine,  onconatniit  des  estaudesJtoUoMies,  \wa 
defendre  rentrted^un  port,  d'nnerivikre,  d'one  anae,  ete., 
centre  dea  vaisseaux  enneinla.  OetiA  barrikre  a'etablit  au 
moyen  de  mkts  de  bones,  de  drOmes,  de  mlta  lortemeBl 
Uea  entre  eux  par  desckbles,  dea  ebalnesmdiiie,  hientfiiiliiei 
en  travera  du  passage  qoePon  veot  dtfendre.  Oftamftoaae, 
ao  besoin,  des  vaisseaux  en  dedans  de  oes  esiaeades,  dont 
les  exbremltte  sont  appnyte  et  aootemiea  par  de  iMtea 
batterieade  canons  et  de  morikra  :  ono  pedlun  de  eetle 
nature  est  consider^e  oomme  inexpognable.     Mnuii. 

ESTAFETTE.  AotrefoU  on  entendalt  par  estqfeiU, 
mot  que  Ton  faisait  d^river  soit  de  l^eapagnol  stqfeHa^ 
soit  «le  ritalien  staf/u,  etrier,  un  conrrier  courant  avee 


36 


ESTAFETTE  —  ESTAING 


deux  guides,  oa  des  courriers  portant  un  paquet  d*un  poste 
k  I'autre  senlement.  Aujounriiui  Veslafette  court  seule  k 
travera  les  rontesy  saDs  ces  deux  guides  qui  lui  donnaient 
une  si  baute  importance.  L'estafelte  est  plus  et  moins  qu'un 
courrier  :  plus  qu^un  conrrier,  parce  que  celui-ci  est 
charge  de  diverses  d^ptehes;  moins  qu^un  courrier,  parce 
que  Pestafette  n*a  d^autre  mission  que  de  porter  offidelle- 
ment  une  nouvelle,  one  seule  nouTelle,  mais  une  nouTeUe 
de  haute  importance.  Combien  ParriT^  d'une  estafette  dans 
une  petite  Tille  ne  fait-elle  pas  palpiter  de  coeurs  et  fr^mir 
1'ambitions! 

ESTAFIER  on  ESTAFFIER,  mot  qui  d^riTe  de  Pitalien, 
itc^Of^tner,  sta/^ero,  homme  d^^curie,  et  ne  Tient  pas, 
comme  le  pretend  Roquefort,  dn  latin  stipator,  homme  qui 
accompagne,  garde  dn  corps.  Un  estafier  du  moyen  Age  ^tait 
un  bravOf  mot  qui  ne  se  prenait  en  bonne  part  ni  en 
francs  ni  en  italien.  C'^tait  un  yalet  k  manteau,  un  la- 
qnais  k  pied,  qui  tenait  T^trier  k  son  mattre,  portait  son 
^pte,  et  ^tait  arm^  lui-m6me;  de  ]k  le  noro  de  domestique 
(T^e.  Les  chefs d*ann^,  les  seigneurs,  ies  cb&telains,les 
gouvemeurs  de  forleresses,  ayaient  des  estafiers  dont  iis  se 
servaient  pour  remettre  leurs  noissiTes,  porter  leurs  cartels 
ou  assassiner  leurs  ennemis.  C'^tait  un  emploi  demi-mili- 
taire  :  un  homme  Tigoureux  et  t6so\vl  s^attachait  k  un  ma- 
rshal ,  k  un  capitaine,  comme  estafier,  c'es^k-dire  comme 
volontaire,  comme  ordonnance,dan8i'esp^rancederairemiIi- 
tairement  son  chemin.  Qnand  on  donnait  des  carrousels,  les  es- 
tafiers  7  Taisaient  fonctions  dlmlssiers,  de  senlinelles,  de  ser- 
gents.Onlltdans  Brant6me:  «  Le  marquis  deMarignanayait 
6t4  estafier  dn  chastelan  (  clifttelain )  du  chasteau  de  Muns 
(Musso)f  et  son  maistre  PeuToya  vers  le  due  de  Milan, 
srorce,  pour  porter  quelques  lettres,  etc.  »  BreT,  Testafier 
MMicis  ^orge,  par  ordre  de  son  g^ral,  un  Yisconti;  11  se 
fait  gouvemeur  de  Musso,  dont  il  s'empare  par  surprise; 
il  passe  au  service  de  Tempereur  comme  g^6ral ;  il  devient 
marquis  de  Marignan;  il  gagne  centre  Slrozzi  la  bataiile  de 
Mardano,  en  15S4.  II  est  le  (ttm  du  pape  Pie  IV.  II  s'amuse, 
au  si^e  de  Sienne,  k  assommer  avec  sa  bdquille  de  gout- 
teox  les  paysans  qui  portent  des  virres  dans  la  place. 

A  des  <^oqnes  de  troubles  et  de  dfeordres,  dans  des  villes 
perches  de  rues  longues,  ^troites,  obstni6es,  tortueuses,  en 
des  pays  ot  la  police  ^tait  nolle  et  oil  Ton  s*attaquait  k 
toute  heure,  par  esprit  de  brigandage  ou  de  vengeance,  il 
fallalt  b'ren  ^e  faire  escorter  de  valets  arm^.  Get  usage, 
d'abord  particulier  k  la  noblesse,  s*6tendit  a  la  bourgeoisie; 
et  en  Angleterre,  du  temps  du  roi  Jacques,  ira  marchand 
de  la  Ciift  n^eOt  os^  rien  faire  transporter  de  pr^eux  sans 
^tre  escorts  par  des  estafiers  arm^.  On  en  trouvait  a  loyer, 
ou  Ton  en  tenait  k  poste  fixe,  pr^  de  sa  personne.  Les  es- 
tafiers  d^£eo68e  portaient  un  petit  bouclier  comme  t^moi- 
gnage  de  lenr  profession.  Dans  le  cir^onial  de  I'enterre- 
ment  des  papes  figurent  encore  des  estafiers.  Lenr  service 
participe  de  celui  des  corps  privil^^.  Les  cardinaux  out 
ans^  des  estafiers  ;  oe  sont  dee  laqnais  en  livr^,  de  haute 
stature,  et  en  manteau. 

Dans  le  langage  modeme,  estafier  se  prend  en  mauvaise 
part,  comme  le  t^moigne  I'Acad^mie;  il  est  devenu  ana- 
iogoe,  sinon  synonyme, dumatamoredu th^tre espagnol 
et  du  fier-^-bras  des  tr^teanx  fran^.  G^  Bardin. 

ESTAFILADE,mot  k  regard  duquel  on  peut  consulter 
las  etymologies  de  Manage,  mals  qui  est  r6ellement  d^riv^ 
de  Pitalien  itaffilata^  coup  d'^vi^re,  coup  de  fouet,  parce 
que  itafflle  signifiait  UrMkre  d  laguelle  pend  un  ^trier, 
Les  estafiers  6taielit  charge  de  faire  ranger,  au  moyen 
expMitif  des  6trivi^res,  les  passants  qui  obslruaient  le 
chemin  du  cavalier  leur  mattre.  Ce  mot  estafilade  et  le 
verbe  esta/Hader,  expressions  soldatesques,  emprunt^es 
de  cette  mani^  d*agir  des  estafiers ,  nous  sont  restdes 
ponr  signifier  Tentaille  provenant  d'nn  coup  de  sabre  on 
e  coup  donn^  par  un  estafier.  Dans  un  langage  plus  releve, 
en  disait  autrefois  taillade ,  dans  le  sens  que  prend  de 
1109  jours  estafiiade.  G"*'  B/uidin. 


ESTAING  (CHARLBs.HECTOR,comte  n'},  lieutenant  ge- 
neral des  arm^  na vales  firan^aises,  commandant  de  la  garle 
nationale  de  Versailles ,  naquit  au  chAteau  de  Kavel  en  Au- 
Tergne,  en  1729,  d'une  ancienneet  noble  famille,qui  portait 
dans  son  teusson  les  armes  de  France  ^  depuis  qu'un  de  ses 
membres  avait  sauv^  la  viek  Philippe- Augpste  iiU  bataiile  de 
Bouvines.  Charles-Hector  d'£staing  commeo^  aa  carrike 
militaire  par  le  grade  de  colonel  dans  on  regiment  d'in- 
fimterie,  et  devint  bientAt  aprto  brigadier  des  armtes  du 
roi.  11  faisait,  en  cette  qualH^,  partle  du  brillant  ^t-niajor 
qui  s'embarqnay  en  1757,  sur  Pescadre  dn  oomte  d'Auh^ 
avec  de  Lally,  nomm^  commandant  gdn^ral  des  ^tablisse- 
ments  fran^  dans  les  Indes  Orientales.  Kn  mettant  pied 
k  ierre,  Lally  le  chargea  dinvestir  Goudelour.  Six  Joiu-s 
aprte  cette  ville  ^tait  an  pouvoir  des  Francis.  11  participa 
ensuite  k  la  prise  dn  fort  S^nt-Denls,  le  Berg-op-Zoom  de 
rinde.  Bient6t,  tout  le  sud  de  la  c6te  de  Coromandel  dtait 
balay^  d'Anglais.  Bless^,  renvers^  de  cheval,  fait  prisonnier 
par  les  Anglais  au  si^  de  Madras,  0  en  re^t  la  liberty  sur 
parole  en  ^ange  de  la  brillante  valeur  qu*il  avait  d^ploy^e 
centre  enx.  Pris  une  seconde  fois,  il  fut  envoys  en  Angle- 
terre et  emprisonn^  k  Portsmouth.  Rendu  k  sa  patrie 
aprte  quelques  annto  de  captivity,  U  voua  aux  Anglais  une 
baine  Implacable. 

En  1763,  quittant  Tarm^  de  terre,  il  fut  fait  lieutenant 
general  des  armto  navales,  et  commanda,  en  1778,  la  flotte 
ft'anQaise  arm^  pour  la  cause  des  insurg^  de  TAm^rique  du 
Nord.  U  se  dirigea  sur  Hie  de  la  Grenade,  dont  11  avait  re^ 
ordre  de  s'emparer,  el  apparel lla  le  30  ]uln  du  fort  Royal 
de  la  Martinique;  la  flotte,  compost  de  vingt-cinq  vaisseaux 
de  ligne  et  de  frt^gates,  n'avait  k  bord  que  quinze  cents 
hommes  de  diibarquement.  Arrives  devant  la  Grenade  le 
2  juillet,  Il  cinq  heures  du  scir,  ils  ddbarqu^eut  sur-le- 
chai/ip.  Le  lendemain,  lord  Macartliey  se  rendait  k  discr^ 
tion ;  il  6tait  conduit  en  France.  Le  colonel  en  second  du  re- 
giment de  G&tinais  fiit  nomm^  gouTemeur  g^n^ral  de  l*tte 
et  de  ses  d^pendanccs.  Mais  k  peine  les  Fran^ais  y  ^talent* 
ils  ^blis  quMIs  eurent  ^  d^fendre  leur  nouvellc  conqu^te 
centre  Tattaque  d^une  flotte  anglaise.  Le  comte  d'Estaing 
ne  perdit  pas  un  instant ;  Tennemi  approchait  k  toutes  voiles ; 
les  forces  ^talent  ^ales ;  les  Anglais  avaient  de  plus  Pa- 
vantage  d^un  ordre  de  combat  mienx  combing  :  iis  n*en  fu- 
rent  pas  moins  battus.  Les  Franks  eurent  dans  cette  ac- 
tion 954  hommes  mis  hors  de  combat,  dont  79  tn^  et  77o 
blesses.  Les  Anglais  perdirent  1,800  hommes. 
j      La  conqudte  et  le  combat  de  la  Grenade  flrent  le  plus 
'  grand  honneur  an  comte  d'Estaing  etauxtronpes  quMl  com- 
mandait  :  cette  double  vlctoire  eut  une  grande  influence 
surles  ^v^nements  de  la  guerre  derind^pendance«m^ricair>e. 
Le  g^n^ral  fran^is,  apr6s  avoir  r^par^  ses  a  varies,  alU 
mouiller  k  la  Guadeloupe ,  oil  il  ne  resta  que  dix*  buit  heures. 
Dirigeant  sa  flotte  vers  la  basse-terre  de  Saint-Christoplie , 
oil  il  trouva  les  vaisseanx  anglais  embosses,  il  feignil  de  be 
preparer  au  combat,  etreprit  sa  marche  sur  Saint-Domingiie. 
II  compieta  ses  vivres  au  Cap ;  de  Ui  il  se  rendit  aux  Florides, 
et  revint  en  France  aprte  avoir  ^puis^  ses  forces  au  sitSge 
de  Savanah.  L'ind^pendance  am6ricaine  futreconnue,  et  la 
paix  conclueen  1783. 

La  revolution  de  1789  ramena  le  comte  d*Estaing  sur  la 

scdne  politique  :  il  se  pronon^a  pour  la  cause  populaire,  et 

fut  membre  de  Tassembl^des  notables  en  1787.  Le  28  juillet 

1789  les  citoyens  de  YersaiUes  rdsolorent  de  former  une 

'  garde  nationale  :  il  en  fut  nomm^  commandant ,  pmvoqiia 

j  Parriv^  du  regiment  de  Flandre,  sous  pr^texte  d'all^er  le 

service  trop  ptoible  des  soldats  citoyens ,  proposa ,  le  0  oc- 

tobre  de  la  m6me  aim^e,  k  la  municipality  de  Tersailles 

d*aller  Iui-m6me  prdvenir  le  roi ,  qui  etait  k  la  cliasse ,  prit 

spontan^ment  Tengagement  de  le  ramener ,  et  Taccompagna 

il  Paris,  n  <Sta!t  mal  en  cour ,  surtout  aipr^  de  la  reinc.  Ap- 

pel6  en  t^moignage  devant  Ic  tribunal  r^volutionnaire ,  dans 

le  proems  (le  cette  princesse ,  il  declare  qu*il  la  connati  de- 

J  puis  sou  arriv6e  en   France ,  qu^il  a  m6nf  a  se  plaindrs 


ESTMNG  — 

d*eUe»  mais  qu*il  n*eD  dira  pas  moins  ia  v^rit^,  et  qu*ii  ne 
8ait  rien  de  relatif  k  Tacte  d^accusation.  Interpeli^  de  s^ex- 
pUqiier  sur  ce  qui  s'est  pass^  dans  la  Journ^  du  6  octobre 
17S9 ,  il  ose  rappeler  on  trait  qui  honore  to  courage  de  la 
reine  d^hne.  « J'aientenda ,  dit-il,  dec  oonseiUera  de  cour 
dire  k  Taccus^e  que  to  people  de  Paris  allait  arriTor  poor  la 
luassacrer,  etqo*il  fi^iait  qu*eUe  partit ;  k  quo!  elle  repondit 
ayec  un  grand  caract^  :  Si  les  Parisiens  vieonent  pour 
ut'essassiner,  c-est  aox  pieds  de  mon  mart  quMls  me  trouve- 
ront;  je  ne  partira!  pas.  »  Quelques  mois  aprto,  d'Csiaing 
Iai-m6iiie  comparaissait,  oomme  accost,  le  St8  avril  1794 , 
devant  le  terrible  tribunal ,  qui  le  condamnait  k  la  peine 
capitale.  On  a  dit  de  loi  qn'il  s^^tait  fait  patiiote  par  pru- 
dence, mais  quMi  dtait  re8t6  courtisan  par  habitude. 

DOFET  (de  rVoone). 
ESTAMINET.  L^usage  de  se  rassembler  dans  un  mtoie 
iieu  puur  boire  de  la  bi^re  et  (timer  en  liberty  est  fort  an- 
den  cliei  nos  Toisins  de  Belgique  et  de  Hoilande.  II  s'est 
aussi  il  y  a  longtemps  introdoit  en  France;  mais  eomme 
leplaisir  de  la  pipe  ^tait  sans  doute  plus  rechercli^  ici  que 
la  boi&son  du  Nord,  ces  ^tablissements  prireiit  cbez  nuns  ie 
nora  de  tabagieSf  mot  significatif  et  qui  a  tovuours  emporle 
avec  lui  une  idte  d^favorable.  Lorsque  le  cabaret  ^taii 
le  rendei-Tous  de  la  meiileure  bourgeoisie ,  Toire  mftme  d« 
la  noblesse  la  plus  huppte,  les  classes  inf^ieures ,  et  sur  lout 
les  classes  dangereuses,  fr^oentaient  la  tabagie.  Mainte- 
nant  le  cabaret  est  devenu  un  ca/4  pour  les  gens  de  hon 
too«  et  la  tabagie,  aprte  avoir  essayd  de  renier  son  origine 
et  de  se  transformer  en  estaminet  ( mot  forro^  de  l^anglais 
steam f  vapeur,  fomte,  on  pIutAtde  I'allemand  stum,  qui  si- 
gnifle  chau/foir^  pitee  chauffte)^  s'est  appelie.  divan^  peut 
etre  bien  parce  que  le  mot  estandnet  6tait  devenu,  en  v^rii^, 
trop  mal  sonnant :  car  frequenter  les  estaminets,  sToIr  des 
babltodes,  des  moeurs  d'estaminet,  ce  n*est  pas  pr^ds^ment 
one  recommandation  dans  le  monde.  II  est  sans  doule  k 
Paris  plusieurs  etabllssemento  dece  genre  qui  rivalisent  avec 
les  caf^  les  plus  ^l^anls  pour  la  qualil^  des  obiets  de  con- 
sommalion  et  le  luxe  des  salles,  el  qui  sont  rr^quent&i  par  de 
tmtai  bateande  bi^re  et  par  oeux  qui  au  parfnm  du  moka 
▼eulentassoder  les  Jouissances  du  cigarre  oo  de  la  pipe ;  mais 
il  7  riigne  toqjours  beaucoup  trop  de  sans-fofon  pour 
que  ce  ne  aoit  pas  lit  nne  detestable  6cole  de  ton  et  de  ma- 
ni^res. 

La  Togue  de  Vestaminet ,  cu  plutdt  du  divcM^  n*a  fidt  au 
reste  que  s'accrottre  sur  tous  les  points  de  la  France,  princi- 
palement  depuis  que  le  goQt  da  fantasb'que,  la  litt^rature 
marillme,  la  po^sie  au  rlium,  et  les  dubs  de  la  Burchens* 
ehaft ,  ont  donn^  Tidde  k  nos  Jeunes  gens  de  fumercomme 
des  loups  de  mer  ou  des  etudiants  de  Leipzig...  Aussi  k 
Paris,  dans  lequartier  latin,  ces eiablissements jouissent-ils 
d*nnc  fdvcur  qu'ils  ne  doivent,  fl  l^ut  le  dire,  mk\^  telntore 
de  chicor^e  sauyage  qu*on  y  d^bite  pour  du  cafe,  ni  k  leur 
eau-de-vie  de  Cognac,  qui  n*est ,  en  r^alite,  qu'une  odieuae 
liqueur,  dont le  nom commerdal,  trois^siXj  indique  assez 
la  falsification.  Ce  qui  en  (kit  le  centre  de  r^nnion  des  6ta- 
diants ,  c^est  Pattrait  du  sans-gftne  qui  y  rdgne  et  le  plaisir 
de  boire  et  de  fumer  ensemble.  La  pouU  attire  d'aitleura 
dans  ces  etablissements  ces  joueurs  de  profession,  qui  Tien- 
nent  eommencer  k  dix  heones  du  soir  une  Joumde  dont  lea 
benefices  s*dl^vent  k  sept,  huit  ou  dix  francs  et  ferment 
tous  leurs  moyens  d^existence.  Pour  quiconque  n*a  pas  au 
con  la  cravate  romantique,  vingt-dnq  ans  tont  au  plus,  des 
moustaches  formidables  ou  coquettes ,  la  science  du  bloc 
fitmant,  et  l*habitude  de  jurer  fort  et  souvent,  c*est  folie 
que  d*aborder  tels  et  tels  estaminets  du  qoarlier  de  l*£cole- 
de-M^decinc,  estaminets  moyen  dge  et  primiHfs,ou  Ton 
s'bonore  <JgaIement  du  tilre  de  truand  et  decUoyen ,  et  od 
le  supreme  bonhcur  est  de  mystifier  tout  ce  qui  rentre  dans 
la  dasse  des  bourgeois.  A  ces  demiers  le  cqfi,  oil  Ton 
ioue  aussi  ao  billard,  ob  Ton  peut  lire  aussi  des  joumaux,  oii 
Ton  jase  aussi,  mais  oil  tous  ces  d<^lassemcnts  ont  une  allure 
dliuui^tete  par  trop  aristocratique! 


ESTAMPE  37  \ 

ESTAMPAGE,  ESTAMPEUR,  ESTAMPER.    Voyet 

ESTAHPS,  £TAlll*ECn. 

ESTAMPE9  de  ntalten  stampa ,  impression.  Le  mot 
estampe  est  employ^  ordlnairement  pour  designer  Tem- 
preinte,  Texpression ,  que  donne  sor  du  papier,  ou  sur  toute 
autre  matidre,  une  planche  de  m^tal  graT^e.  dependant ,  on 
se  sert  aussi  du  mot  estamper^  qui  signifle  empreindre 
qudque  mati^re  dure  sur  une  matl^  pins  flexible.  Les 
serroriers,  les  borlogersyles  orftTres,  disent  estamper  ou 
stamper  un  ornement ,  un  vase,  une  figure,  pour  faire  en- 
tendre quMIs  ont  Cut  prendre  k  leur  pitee  la  forme  conve- 
nable,  en  Tempreignant  sur  le  moule,  le  mod^e,  ou  le 
poin^on  deader  auquel  on  donne  le  nom  d'estampe  ou 
d^itamper;  mais  il  estk  remarquerque  dans  cecas  c'est 
Tobjet  qui  sert  k  estamper  qui  porte  le  nom  d*estampe , 
tandis  que  dans  Tacception  ordinaire  c*esi  le  produit  de 
I'estampage,  onderimpression,  qui  re^itcenom.  On 
dit  aussi  estamper  du  cuir,  lorsqu*on  y  imprime,  k  fh>id  ou 
k  chaud,  des  omements ,  soit  en  relief,  suit  en  creux.  Se- 
ralt-ce  k  cause  de  cela  que  Ton  dit  aussi  estamper  un  n^re, 
ponr  exprimer  qu^ayec  un  fer  chaud  on  empreint  sur  sa  peau 
la  marque  de  son  maltre,  comme,  en  arrivant  de  la  re- 
monle,  on  empreint  sur  la  peau  d'un  cheval  le  numero  du 
regiment  anqud  il  apparlient.  Les  cuirs  estampds  ont  616 
d^un  usage  assez  frequent  sous  les  r^e  de  Henri  IV  et  de 
Louis  XI 11  pour  orner  les  parois  d'une  diambre;  mais  les 
tentures  de  sole  d^abord,  puis  les  papiers  peints  ensuite, 
oat  fait  perdre  enticement  l^emplol  des  cuirs  pour  tentures. 

Le  m6t  estampe  a  M  autrefois  synonyme  dUmage,  et 
ce  dernier  mot  n'est  plus  employe  mainlenanl  que  pour  des 
esCampes  de  trte-peu  de  valeur.  On  dit  d'une  mauvalse  es- 
tampe: Ce  n*est  qu^une  imagcp  c^est  une  image  d  deiuc  sous. 
On  dit  :  Une  beUe  estampe,  une  vieille  estampe,  nne  es- 
tampeaneienne.  Autrefois  le  vendeur  d'estampes  portait 
le  nom  d^magier :  ce  mot  n'est  plus  en  usage.  11  exista 
maintenant  des  marchands  d*esiampes  et  des  marchands 
d'images :  ce  sont  deux  commerces  tout  k  fait  dislincts. 

On  emploie  quelquefols,  mais  k  tort,  le  mot  gravure 
comme  synonyme  d^estampe,  et  on  dit  une  belle  gravure, 
une  gravure  (S  teau-forte,  une  gravure  au  burin ;  on  de- 
Trait  din  une  estampe,  prise  ou  tiree  d*une  belle  gra- 
Ture,  d^one  gravure  II  Teau-forte,  d^one  graTure  au  burin. 
On  dit  aussi  une  estampe  avant  la  lettre :  il  est  plus  con- 
venable  dans  ce  cas  de  dire  une  ipreuve  avant  la  lettre, 
Qudquefois  on  a  tire  des  estampes  sor  parcbemin,  sor  veiin, 
sur  satin » ou  bien  meme  sur  une  ecorce,  tdto  que  celle  de 
bouleao,  qui,  comme  on  sait,  est  fort  blanche  lorsque  I'ar- 
bre  est  jeune.  On  tire  aussi  des  estampes  sur  du  pUtre.  On 
sent  bien  qu'alors  il  ne  peut  y  avoir  aucune  esp^  de  pres- 
sion,  on  coule  seulement  du  pUtrefin  et  liquide  sur  la  planche 
gravee ,  aprte  qu^elle  a  i^te  cncrde  et  essuyee  comme  pour 
une  epreuve  sur  du  papier. 

C*est  Tartde  multiplier  la  gravure  par  Timpression 
qui  donne  aux  estampes  qudque  avantage  sur  les  tableaux  : 
dies  ont  m^me  cdui  d^une  plus  longue  duree,  puisqu'on 
pent  facilement  les  preserver  des  injures  du  temps.  Les  ta- 
bleaux places  dans  les  egllses,  dans  les  palais,  dans  les 
salons,  y  eprouventdes  degradations  frequentes,  par  Phu- 
midite  et  la  sedieresse  altematives ,  par  la  poussite  et  la 
fumee,  tandis  qu'une  estampe  placee  dans  un  portefeuille , 
ou  sous  un  verre,  est  bien  moins  expostfe  k  toutes  les  in- 
temperies.  C*est  ainsi  que  plusieurs  peinturea  de  Raphael 
sont  dej^  detruites  ou  prte  de  disparaltre,  thndis  qu*on  voit 
des  estampes  de  Mnrc-Antoine,  son  contemporain ,  encore 
dans  toute  leur  fralcheur.  C'est  ainsi  que  les  bdles  et  magi- 
ques  compositions  de  Rubens  et  de  Paul  Veronese  ne  seraient 
connues  que  dans  le  lieu  oil  dies  sont  placees,  tandis  que 
les  e:>tainpes  de  Vorstermann  et  de  CumeiUe  Cort  donnent 
la  possihilite  u^adinlrer  le  genie  de  ces  grands  peintres  dans 
toiites  les  contrees  de  TCunipe  k  la  fois.  Le  secours  des  es- 
tampes est  done  de  la  plus  grande  necessite  pour  acqiierir 
uue  parfaile  connalssancedu  style  et  de  la  manitoe  de  com* 


3« 


ESTAMPL  —  ESTE 


fwfler  d'un  pdntre.  Lorsque  Ton  veat  porter  an  Jugement 
aseurft  sor  le  talent  d'un  artiste,  il  est  n^cesMhe  de  com- 
fiarer  plusieiirs  de  ses  tableaux ,  et  c*eftt  h  peine  tourent  ai 
line  seule  galerie  en  olfre  quatre  et  tinq  du  mtaie  mallre; 
il  est  plus  rare  encore  de  trouTer  r^nniee  plusieorB  stetaes 
du  mdme  artiste;  quant  aux  monoments  d*arctiiteetare,  oe 
n'est  que  dans  quelqnes  vUles  capitales  qo*on  pent  se  former 
un  jugement  sain  sur  cet  art.  Une  coUectton  d^estampos  l^ye 
tous  les  obstacles ;  c*est  en  compulsant  souTent  les  oeuTres 
des  grands  inattres  que  les  jennes  artistes  agrandbsent  leurs 
idto,  ei  qu'ils  parviennentiamiliorer  leurs  premf^reepens^. 

D^^uis  longterops  des  amateuTB  d'estampes  en  ont  rfoni 
un  grand  norobre.  Quelques-uns  m^e  se  soul  acquis  de  la 
reputation  par  le  goOt  et  le  soin  ayec  lesqueli  ils  ont  form4 
^ur  cabinet.  La  Bibiioth^qU'e  impdriale»  le  Mus^e 
du  LouTre  et  beancoup  d'autres  ^tabUssements  publics 
potsMent  des  collections  pr^deuses  d'estampes. 

DucansiiB  aln^. 

ESTAMPILLA.  C'^teit  le  nom  d*un  emploi  assez  sub- 
alteme  en  Espagne  :  celui  qui  le  rempHssait  et  Tinstm- 
ment  dont  il  se  serrait  portaient  lem^e  nom  d^eftampilla, 
CT^tait  un  sceau  deader  sur  iequd  ^tait  grafte  la  s^snature 
du  roi,  tellement  semblable  qu'on  ne  pouTait  la  distinguer 
de  la  dgnatnre  m^me.  On  I'imprimait  ayec  une  espteed*en- 
ere  dMmprimerie.  Cdtalt  Vestampilta  lui-mdme  qai  y  met- 
taitrencre  et  qui  imprimaH,  operation  qui  se  faisait  en  un 
instant.  Cet  instmment  fut  imaging  pour  soulager  les  rois 
d'Espagne,  oblige  de  signer  une  inOnite  de  cUoses,  et  qui 
sans  cet  exp^ent  7  anraient  employ^  des  demljonmte.  Les 
Emoluments  attach^  h  cet  emploi  Etalentpeu  considerables. 
VestampUla  ne  pouTait  jamais  s^absenter  du  lieu  at  se 
tfouTait  le  roi,  et  les  minlstres  le  menageaient.  Vestampilla 
de  Philippe  Y  etait,  au  rapport  de  Saint-Simon,  fort  bien 
avee  ce  piince;  il  etait  gbneralemeut  aim^,  estime  et  con- 
sid^re,  et  Tojait  chez  lui  les  plus  grtmds  seigneurs.  On 
con^it  facilement  que  par  la  nature  de  sa  fouction  il  dut 
jonir  d'un  grand  credit,  et  etre  la  source  de  beaucoop  de 
grftces  et  de  fayeurs.  Th.  Dblbarb. 

ESTAMPILLE.  On  appelle  ainsi  fai  marque  qui  sert 
8oit4  designer  la  provenance  d'un  objet ,  soit  k  attester  son 
authentidte;  le  poin^on  on  le  cachet  avec  lequel  s'im- 
prime  cetto  marque  porte  Egalement  le  nom  d*estamjHlle, 
Autrefois  nneempietote  tenait  souvent  lieu  de  signature  pour 
un  brevet.  Un  grand  nombrede  maisonsde  commerce  Impri- 
ment  leur  estampiile  sur  la  suscripUon  des  letties  qn'elle 
adressent  k  leurs  corespondans:  les  oCfiders  mfaiistdnels 
marquent  depnis  quelques  annte  de  leur  estampiile  les  actes 
qu'ils  deUvrent  *  Les  Tabricants  ont  des  estampQles,  qui  con- 
sistent en  plaques  de  metal  contenant  Thidication  de  la  &bri- 
que,  et  qu'ils  placent  sur  leurs  prodnits,  sur  leors  oolis,  pour 
constater  I'authentidte  de  leur  provenance.  La  contrefa$on 
de  ces  estampilles  et  celle  des  marques  de  fabrlque 
t:onstituent  des  ddlits  punissables  de  la  prison  et  de  repara- 
tion pecuniaire.  A  Paris,  les  sacs  de  charbon  sont  estempiUes 
aUn  qull  n'y  ait  point  de  fraude  sur  leur  contenn ;  les  nu- 
meros  des  voitures  publiques ,  les  charrettes,  fouigons  etc , 
sont  soumis  k  Testampllte  de  la  police.  I^aprte  le  dernier 
decret  sw  le  col  porta  g  e,  tout  ouvrage dont  le^lportage 
sera  autorise  devra  porter  restampllle  des  pref^ ,  et  celle 
du  minlsteie  de  Thiterleur  k  Paris ;  le  colporteur  dont  les 
ouvrages  ont  dej4  ete  estampOies  dans  un  departement,  est 
tenu  de  les  faire  estampiller  encore  dans  les  autres.  L*expe- 
rience  a  fait  reconnaltre  les  embarras  de  ce  mode;  et  bien 
que  le  decret  que  nous  rappelons  existe  encore  aiijourd'hui, 
I'on  n*exige  plus,  comme  garantie  de  rautorisation  de  col- 
portage  accordee  k  ces  livres,  que Testampille  du  minlstere 
de  rinterleor. 

£STE  f  Tune  des  plus  andennes  et  des  plus  iUustres 
maisons  prinderes  dltalie,  mais  dans  laqudle  II  est  gene- 
ralement  d'usage  de  distinguer  une  andenne  maison  d'Este 
et  une  autre  plus  recente.  Celle-d  eut  pour  souche  Oberto  II, 
Ills  d*Oherto  I*',  dontle  petit-fils,  Azo  ou  Azzo  U,  obtiut  da 


Tempereur  Henri  III  Rovigo,  Casal-Magglore,  PootreiaoU 
et  autres  petits  pays  d'ltahe,  k  titre  de  fiefs. 

Par  les  fits  de  cet  Azso  II,  Gueife  IV  et  Fuico  i*',  ou 
Foulque,  la  maison  d*Este  se  divisa  alors  en  deux  lignet 
principales,  la  ligne,anemande  ou  Gue\fe-B$H^  et  la  Ugne 
italienne  ou  Fulco-Bste.  La  premiere  fut  fondee  par 
Guelfe  IV,  lequel,  en  Tan  1071 ,  apres  la  deposition  d'Otbon 
deNordheim,  ducde  Baviere,  re^ut  de  Temperear  Henri  lY 
investiture  de  la  Baviere  et  devint,  par  Henri  le  Superbe, 
due  de  Baviere  et  de  Saxe,  et  son  Bb,  Henri  le  Lion,  le 
tronc  des  maisons  prinderes  de  BmnsvHck  et  de  Hanovre. 
La  seoonde,  c'est-ii-dite  la  Ugne  italienne,  et  par  suite  les 
dues  de  Modene  et  de  Ferrare,  reconnaissent  pour  souche 
Fulco  I**,  mort  en  1135. 

Pendant  les  douzi^me,  treizieme  et  quaioraieme  siedes, 
Phistoire  des  marquis  d'Este,  en  tant  que  diefs  des  Guelfes, 
se  confond  avec  la  destinee  des  autres  fhmlUes  souvemines 
et  des  petites  republiqnes  de  la  haute  Italic.  Ils  acquireot 
d*abord  Ferrare  et  la  marche  d'AncAne,  puis,  plus  tanl, 
Modene  et  Reggio.  La  maison  d'Este  se  fit  en  meme  tempft 
remarquer  par  la  protection  toute  partlculiere  que  ses  mem- 
bres  accorderent  loujours  aux  savante  et  aux  artistes  k  re- 
poque  la  plus  briUante  de  la  litteratore  italienne. 

Nicolas  II  d*EsTB,  mort  en  1838,  avait  deji  fait  de  sa  re- 
sidence te  sanctoaire  des  arts  et  des  sciences ;  mais  k  cet 
egard  Nicolas  III  d'EsiE,  mort  en  1441 ,  occupe  encore 
une  place  plus  distinguee  dans  I'histdre.  Cdui-d  reoi^anisa 
runlverslte  fondee  par  son  pire,  en  fbnda  un^  seconde  k 
Parmie,  attira  k  sa  cour  les  bommes  les  pins  eeiebres  en 
tous  genres,  et  transmit*  Tamonr  des  lettres  et  des  scieoces 
en  heritage  k  ses  fils,  Lionel  et  Borso. 

Lionel  d'EsTS,  rabrt  en  1450,  prince  remarqoabte  par  Ta- 
mabillte  de  son  caractere,  par  la  grice  de  son  esprit,  par 
reiegance  de  ses  moeurs,  favorisa  dans  ses  £tats  le  commerce 
et  rindustrie,  proteges  les  arts  et  les  sdences,  et  surtoot  Te- 
tude  de  la  Utterature  andenne,  qui  venalt  alors  de  se  re- 
veiller  dans  les  esprits.  H  entretenait  un  commerce  episto- 
laire  avec  tous  les  hommes  eeiebres  de  I'ltalie,  et  passait 
pour  un  modeie  d'eioquencc,  tant  dans  la  langue  italienne 
que  dans  U  langue  latlne. 

Borso  d'EsTB,  son  fr^re  et  successeur,  mort  en  1471,  ne 
merits  pas  moins  que  lui  de  Pindustrie,  de  I'agriculture,  des 
arts  et  des  sdences.  L'empercur  Frederic  III,  lors  de  son 
passage  k  Ferrare,  fut  tellement  cbarme  de  Faccueil  que 
lui  fit  ce  prince,  qu'en  1452  il  lui  odroya  le  titre  de  due  de 
Modene  et  de  Reggio.  Borso  obtint  ensuite  du  pape  Pie  II  la 
dignite  de  due  pour  Ferrare,  qu'il  tenait  du  saint-siege  k 
titre  de  fief. 

UerculB  I*'  d*EsTe,  mort  en  1505,  suivit  de  tous  points 
Texemple  de  ses  predecesseurs.  En  deplt  des  troubles  et  des 
calamity  de  son  epoque,  II  reussit,  seconde  par  son  oeiebr«- 
minlstro  Bojardo,  comte  de  Scandiano,  k  maintenir  ses  £tats 
en  prosperite  et  k  faire  de  sa  cour  le  rendez-vous  de  tous 
les  de  ce  iemps-l^. 

Alfimse  i*'  d'EsTE,  son  fils  et  son  successeur,  mort 
en  1535,  miUtaire  et  homme  d'£tat  distingue,  a  ete  oeiebr6 
par  tous  les  Doetes  de  son  temps,  notemment  par  PArioste* 
Sa  seconde  femme  fut  la  fameuse  iMcrhce  Borgia,  et  sod. 
f^ere  ce  cardinal  Hippolyte  d'EsTB  qui  par  jalousie  fit 
crever  les  yeux  k  son  frere  natord  Jules,  Une  conspiration 
tramee  par  Jules  et  par  un  autre  frere,  appde  Ferdinand ,  k 
Teffet  de  tirer  vengeance  d'Hippolyte,  fut  decouverte,  et  les 
deux  freres  perirent  dans  les  cachets. 

En  1509,  Alfonse  acceda  k  la  ligue  de  Cambrai^et  lutta. 
avec  succes  centre  les  venitient;  la  meme  annee  ii  aneantit 
sur  le  P6  leur  flotte,  jusqu'alors  si  redoutee,  et  remporta  sur 
terre  one  victoire  qui  eut  un  immense  retenUssement.  En. 
revanche,  les  demeies  qu'il  eut  avec  les  papes  Jules  IT^ 
Leon  X  et  Clement  VII,  lesquels,  «n  raisdn  de  sa  fidelity  > 
la  ligue  de  Cambrai,  te  frapperent  d'interdtt  et  dedardrent 
vacant  le  fief  qu'il  tenait  du  sain^sieg^,  eurent  pour  lui  leu 
»uitos  les  plus  ficheuses.  Ce  ne  fut  qu'apres  te  sac  de  Rome 


ESTE  —  ESTERHAZY  DE  GALANTHA 


19 


«a  1&27»  sons  Cbarles-Quint,  que  ce  prince  fit  restituer  k 
.Alfoiise  cTEste  toiites  m«  andenneg  poewsskms  et  oonfinna 
de  Dooveao  la  droit  de  MOYeramtfU  doit  JouisuH  st  mtiton, 

Hereule  li  d*£ftTBt  son  raocessear,  roort  en  f  K9,  <p<nix 
de  Rente»  fiUe  do  roi  de  France  Louis  Xn  el  d'Anne  de 
Bretftgne,  fit  preoTe  dn  plti»  entler  d^ooement  mx  int6ret8 
de  Charles-Qointy  perce  que  la  puisaaooe  de  oe  prince  ^(lit 
sans  llmites  en  Italic.  Lni  et  sortoat  son  frfere,  te  cardinal 
ffippolyU  te  Jewie^  lionor^ent  de  toot  leor  pouToir  les 
arts  et  lee  sciences,  et  ee  dernier  fit  oonstrdre  k  TifoU  la 
masnifiqne  yiUa  tVS»U. 

AVbme  a  ne  leur  anrait  ^t^  inMrieor  en  rien,  si  un 
gofit  immodM  poor  le  luxe,  dans  leqnel  il  Toolait  Mipser 
le  grand-doc  de  Florence ,  si  one  ambition  sans  iimiteff,  qoi 
notamment,  Texcita  li  dimeo  repriies  h  faire  ^  rnineases 
tentatiTes  poor  olitenir  la  cooronne  de  Polegne,  enfln 
&i  llnbomanit^  dont  il  fit  preote  en  dtftenant  poidant  sept 
ans  prisonnier  danaim  eadiot  le  po£te  Torqnato  Tasso, 
qoi  afait'Tito  k  aa  eonr,  n*^talent  pas  aotaM  d^efRK>l>lM 
laches  restte  k.  sa  ripotalion  comine  prince  et  oomme 
bomme.  Qndqiie  jbuM  k  trois  reprises,  il  n*eut  point 
d'eniants,  et  dMiisit  poor  soccesseor  son  cobsin  C4$ar, 
mort  en  lOdSyOt  d*oB  fils  naturel  d*Alfonse  I*'.  L'empereor 
4MMX>rda  bien  k  €eloi-d  llnTestitore  des  fiefii  de  Modtae  et 
de  Reggio,  qoi  lelenientde  rEmpire;  nals  le  pape  016- 
roent  VIII  dMara  le  cboix  fait  par  Alfonse  II  nol  et  non- 
aTcnoet  en  consAqoenee  oonfisqoa  Ferrare  et  diverses  aotres 
parties  de  terrltoiiv  relerant  da  saint-ai^,  oomme  fleft 
tombds  en  dtebtenee. 

Alfaiue  Til  dnBBn^  ills  de  C^sar,  par  rextrOme  tio- 
ience^  son  naturel  fit  d'abord  redooter  k  sea  si^on 
r^e  ariiitraire  et  tjranniqoe.  Mais  la  mort  de  son  ^poose, 
Issbelle  de  Saroie,  qu*a  aimalt  passfonnteent,  modifla  toot 
k  fait  son  oaractftre,  et  faiiinspira  le  goM  d'aie  Tie  calme, 
pieose  et  eonlemplatlye.  Aprte  on  r^gne  de  coorte  dorte,  il 
se  retira,  sooa  le  nqm  de  Frke  Jean-BttpiitU  de  Modtne, 
dans  on  coorent  ao  fond  do  Tyrol,  o<k  il  termina  ses  joors. 
Aprte  loi  Tient  one  longue  aoite  de  princes  sans  impor- 
tance el  demrarte  faMonnos  X  Fran^oii  /*  d'Esrs,  fib  d'Al* 
fonse  III,  mort  en  1058 ;  Alfarue  IV  d'Effts ,  mort  en  1663 ; 
Fran^  IT  d*BsrB,  mort  en  1694;  tlinaldo  (Renaod) 
(rfiBTR,  mort  en  1737,  dont  le  manage  a^ec  Chariotte  F^* 
cit6  de  BruMwick,  fille  do  doc  de  HanoTre,  r^unlt  les  deox 
brandies  dela  dmIrob  d'Este,  s^rte  depots  1071 ;  et  enfin 
ftan^(Ht  III  dlSfiB,  k  la  coor  doqoel  Tteorent  Moratori 
etTiraboBChi. 

ffercule  ITT  d^Esn,  fils  de  Francois  III,  aoqoit  il  est 
vrai  par  martege  les  prindpaotte  de  Massa  et  de  Carrara; 
mais  k  rapprocbe  deParmte  francaise,  en  1796,  il  fiit  oblige 
M  so  f^taifter  k  Taiiae;  et  le  traits  de  paii  de  Campo- 
Formio  (1797)  MenloTa  ses  ^tatsdoModtoe  et  doReggio. 
Avec  ce  prince  s*6teigpiit,  en  1797,  la  descendance  mAle  de 
la  maison  d^Bsle.  Sa  fille  nniqoe,  Uarta^Bmhix  Rieardo, 
<^ponsa  Fefdinwd,  troisitae  fils  de  I'empereor  Francois 
d'Aolricbe,  qnl  obUnt  le  doch^  de  Brisgao  k  tttra  dMn- 
demniUt  poor  Modtee,  et  momot  en  1806.  Leor  file 
alo6,  Franprii  TV  dUfo,  lors  de  la  dissolatlon  do  rojanme 
d'lUlie,  fut  remii  par  lea  traits  de  18U  et  de  1815  ea 
possession  do  dmM  de  Mod^oe,  et,  aprfes  la  mort  de  sa 
mto,  arrifda  tm  1819 ,  loi  soccMa  en  outre  k  Maasa  et  k 
Cairara.  /yoMfOto  Fd^Esrc  r6gne  depots  le  If  jaoTior  1846. 
ESTE.  On  pent  nrir  4  Partide  qui  prteMe  comment 
ce  nom  d*Ealo  apportknt  ^galement  k  fai  maison  de  Brant* 
wide.  II  est  deroMi  de  noa  Joors  le  nom  de  fomtllo  dea  e»* 
fants  tflsoa  do  dne  Atigoste  VMMt  de  Sosaex,  n<  le  27  Jan- 
Tier  1778,  et  de  lady  Momy. 

Le  maiiasB  do  doe  de  Sossei,  le  siiitoe  des  fils  do  roi 
d'Anglderra  GeorfBs  III,  atree  lady  Aogosta  Morray  ( fiUe 
«ln<e  do  eomto  da.  Donnore,  aelgneor  ^cossais,  nfit  le 

27  janfier  176i )  IM  9£i€br€  k  Rome,  le  4  avril  1798,  sans 
f  antorisatioB  piMaMe  des  parents  des  cov^o^i^^*-  ^'^  prftlre 
aaglican ,  qoll  fiit  piv  ttrd  Impossible  de  retroiirer,  avail 


c^^br^  la  c^r^monie  noptiale,  mais  D*en  arait  dreft;^  > 
,  acte  aotbentiqoe.  Lady  Aogosta,  poor  aToir  la  preuve  l^alo 
d*an  manage  rtellement  contracts,  bieo  que  dvHement  imI, 
fit  prooMer  k  Londres  k  one  nonrelle  calibration  de  son 
union.  Le  5  dteembre  1798,  aprto  les  trois  publicationa 
d'osage,  ftit  eOtSM  sans  pompe,  dana  la  paroisse  de  Saint- 
Georgs,  le  maiiage  d'on  M.  Aoguste-Fr^lMcaTec  Aogoita 
Morray ;  lea  deox  ooqjoints  paraissaient  appartenlr  k  la  ' 
classe  la  plos  obacore  de  la  sod^tA;  la  c4r^monie  ooptlale 
out  lieo  Sana  aocone  pompe ,  et  les  formality  ordinaires 
constati^reot  le  fait  de  la  cfl^ation.  Le  13  Janvier  1794*, 
lady  Aogosta  nut  an  monde  on  fils ,  qoi  re^  les  noma 
d'Avgutte-FrMMe,  alors  qoe  le  doc  de  Sussex  se  trooTolt 
k  Usbonne.  Une  enqu^te  Adte  par  ordre  do  gouTernomettt 
^renta  le  myst&re,  et  le  maiiage  du  dnc  de  Sussex  ftit  d4- 
dartf  nol  de  pidn  droit  en  verto  de  la  loi  introdoite  en  1771 
poor  r^Ier  P^tat  dnl  des  membres  de  la  fiuniUe  royalop 
Le  doc  de  Sosaex  n'en  perststa  pas  moins  k  se  eonsid^rer 
oomme  Talablement  mari^,  et  en  1801  lady  Aogosta  donna 
enooro,  le  joor  k  one  fille,  qoi  re^t  lea  noms  A'Auguiia 
Smma,  Ce  ne  ftit.  qoe  plus  tard  qu^on  arrangement  de  fa- 
mine out  poor  r^soltat  d^accorder  aox  deox  en&nts  issos  de 
oette  onion  Tsnttque  nom  d'BUe,  appartenant  k  la  maison 
de  Bronswtck-HanoTre,  et  k  leor  mire  le  litre  de  camiesse 
(FAmelandf  avec  one  pension  annuelle  de  4,000  liYres 
sterling  ( 100,000  fir. ).  Le  fils  entra  de  bonne  lienre  dans 
Tarm^.  A  la  bataille  liyrte  sous  les  murs  de  la  Noovdle- 
OrMans,  il  rempllssait  les  fonctions  d'aide  de  camp  aoprte 
do  g4ninl  Lambert,  et  panrint  plos  tardao  grade  deoolonel^ 
avec  leqod  11  prit  sa  retraitcPeo  de  temps  aprto  son  aT^o- 
ment  ao  tr6ne  ( 1880 },  GoiUaome  IV  lui  conf^^  Tordre  des 
Goeires  de  HanoTre.  Qoand  le  d^cte  des  difl(6rents  princes 
fils  de  Georges  in,  toos  morts  sans  laisser  d*enfant8,  sembia 
rapprodier  le  due  de  Sussex  de  la  cooronne,  et  do  viTanl 
mtoe  de  ce  prince,  le  oolond  d*Este  s*efror9a  de  faire  r»> 
connaitre  la  Ugitimit^  do  mariage  de  sa  mire,  qoi  eOt  en* 
traM  sa  reconnaissance  comme  prince  de  la  maiaon  f^ 
gnante  d*Ang|eterre  et  dlrlande,  ou  tout  ao  moins  de  faire 
Taloir  ses  titrea  k  4tre  reconno  oonwie  prince  de  la  maison 
de  HanoTre.  De  nombreox  fiKtnms  parorent  sur  cette  ques- 
tion, qoe  la  mori  do  due  de  Sussex  fit  de  nooTcao  agiter 
en  1848;  mai^  lea  pretentions  do  colond.fbrent  encore  one 
fois  de  plos  lopoosste  par  une  decision  fond^  sur  la.lpi 
r^gulatrice  de  IMtat  d^il  des  meiobres  de  la  familJe  royale 
d'Angleterre.  11  est  mort  depaiS|  le  28  d^cenlbre  1848,  sans 
aroir  jamais  4U  marie.  Sa  sfleur  a  Spouse,  en  1845,  sir 
Thomas  Wilde,  crM  plus  tard  lord  Truro. 

ESTERf  mot  derire  dn  Utin  stare,  et  emprunte  k  la 
langoe  romane;  il  n*est  plos  d'osage  aujourd^boi  que  comma 
terme  de  droit,  et  signifiait  dans  son  sens  primltif  ^re, 
exisier.  Ester  en  Jugementf  c'eslMreen  cause  doTant  on 
tribunal,  adt  oomme  demandeor,  suit  comme  defendeor. 
Toot  le  monde  indistinctement  n*e«t  pas  capable  dVj^^r 
enjugement:  lesmineors,lesinferdit8,nelepeureot 
fdre  sans  8tre  assistes  de  leors  toteors  ou  corateiirs;  la 
femme  en  poissance  de  marl,  ffit-dle  marchande  pobliqoe, 
00  encore  separte  de  Mens,  ne  pool  sans  raotorisation 
prdalable  de  son  marl  oo  de  U  Justice  ester  en  Jugementp 
mime  rdallTement  k  sea  biens  parapbem'aux.  Ester  d  droit, 
c'est  comparattre  et  se  presenter  derant  le  juge  oi'i  Ton  est 
die.  Dans  notre  andenne  Mgjblation^  un  accuse  condamni 
par  eontnmace  qoi  laissait  passer  cinq  ans  sans  compa- 
rattre ne  poovaK  plos  ester  d  droit ,  c*est-Mire  etre  eooote, 
sans  obtenir  do  roi  one  autorisationspedale,  qu'on  appelajt 
tettres  pour  ester  d  droit. 

ESTERHAZY  DE  GALANTHA,  ancienne  famflle 
de  magnats  liongrois,  dont  plus  tard  le  rameao  prindpd 
obtint  la  dignite  de  prince  de  rEmpire,  et  qui  poaaMe  ao- 
Joord^hul  des  domalnea  d  condderables  que  son  dief  est 
regarde  comme  le  pins  ricbe  proprietaire  de  la  monardiio 
autridiienne.  Des  genealoglstes  complaisants  oot  pretendu 
la  faire  remonter  jiiaqu*ii  un  certain  Pant  Estoras,  baptisd 


40  ESTERHAZY  DE  GALANTHA  —  ESTHfiXIQUE 


en  l*an  969,  et  qu'on  noas  dit  iToir  ^  l*an  des  descendants 
d^Attila;  mais  les  documents  autbentiqnes  qui  la  concernent 
ne  remontent  pas  an  deUi  de  1238 ,  6poqae  od  Pierre  et 
^lie,  fits  de  Salomon  d^Bitoras  se  partagferent  riidritage 
paterael.  Le  premier  eot  poor  son  lot  Zerhaz,  et  le  second 
ill^eshaza,  lis  doTinrent  lasouche  de  denx  lignes  principales, 
dbnt  la  demi^re  s^est  ^tdnte  dans  sa  descendance  m&le  en 
1S38»  en  la  personne  du  comte  £tienne  lUeshazy.  Les  des- 
cendants de  Pierre  prirent,  en  raison  de  leur  propri^t^, 
le  nom  de  Zerhazy  quMIs  gard^rent  josqu^a  ce  que  Tun 
d*eux,  Francis  Zerhazy  {nA  en  1563,  mort  en  1595),  vice- 
palatin  do  comitat  de  Presboorg,  ayant  ^  crM  baron  de 
Galantha,  eat  cbang#^  cette  occasion ,  en  15S4,  sonnom 
en  celai  d^Esterhazy.  Les  descendants  de  ce  Francis 
eonstitii^rent  les  trois  branches  qni  snbsislent  encore  de 
nos  Jours,  celles  de  Csessneckf  d*Altsohlou  de  Zolyom^ei  de 
Frahno  ou  Forchfenstein.  Cette  demiere  fat  ^lev^e  au  rang 
des  comtes  de  l^Empire  dte  Pannte  1626,  tandis  que  les 
deux  premieres  ne  le  furent  qu^en  1633.  La  principale  bran- 
clie,  c*est-^-dire  celle  de  Forcbtenstein  ou  de  Frakno,  s*est 
subdiTis<^  k  son  tour  en  plusieors  rameaux  diffiSrents  d(^i- 
gnte  sous  les  noms  de  lignes  conUale  et  prinMre.  EUe  fut 
fond^  par  Paul  IV  d'EsniiiiAZT,  troisi^me  fils  du  palatin 
Nicolas  d*Esterbazy,'n^  en  1635,  promu  a  la  dignity  de 
comte  de  FEmpire  en  1687,  mort  en  1713,  laissant  vingt- 
dnqenfants. 

Parmi  les  membres  les  plus  remarquables  dc  cette  ligne, 
noos  devons  citer  ici  le  prince  Nicolas  d'£sTEiuiAZY,  n^ 
le  12  d^cembre  1765.  Dans  sa  jeunesse,  il  parcourut  la  plus 
grande  partie  de  I'Europe,  et  fit  surtout  de  longs  s<^jours  en 
Angleterre,  en  France  et  en  Italic.  Aprte  iToir  embrass^ 
d*aiK>rd  la  carri^  mtlitaire,  il  fut  plus  tard  charge  de  mis- 
sions diplomaliqnes  et  d^ambassades.  II  encouragea  g^n^ 
reosement  lea  arts  et  les  sciences.  On  lui  est  redevable  de 
la  creation  de  la  magnifique  galerie  de  tableaux  qui  orne  le 
Gartenpalast,  dans  le  faubourg  de  Mariahilf,  k  Vienne,  et 
pr6c4klement  habits  par  le  prince  de  Kaunitz.  II  y  avail  aussi 
r^uni  un  clioix  prdcienxde  gravoresetde  dessins  originaux. 
II  ayait  transform^  en  T^ritable  temple  de  la  musique  et  de 
la  botanique  sa  residence  d*6t6  d*Eiseiistadt,  oil  il  lit  placer 
dans  un  snperbe  tombeau  la  d^uille  mortelle  de  H  a  y  d  n. 
Quand,  en  1809,  Napolton  ent  on  instant  la  peos^  d'affai- 
blir  rAotiiche  en  proclamant  I'lnd^pendaoce  de  la  Hon- 
grie,  il  fit  offHr  la  courcmne  de  ce  pays  au  prhice  Nicolas 
d*£8terhazy ;  mais  le  eonqu^rant  s^^tait  tout  aussi  compl^- 
tement  mdpris  sur  les  dispositions  du  prince  que  sur  celies 
de  la  nation  bongroise.  Le  prince  Nicolas  avail  le  bon  sens  de 
se  soucier  m6diocrement  de  T^^iat  d^une  royaut^,  et  ref usa. 
En  1828,  il  acheta  du  grand-due  de  Bade  la  d^cieuse  lie  de 
Mainau,  situte  an  mifieu  du  lac  de  Constance.  II  est  mort 
le  25  novembre  1833  h  C6me,  en  Italie,  ou  il  s'^lait  retire. 

Son  fils,  le  prfaice  Paul-Antoine  d^£sTEiuiAZT,  n^  le  11 
mars  1786,  se  consacra  k  la  carri^re  diplomatique,  et  fut 
iiomm^en  18l0ministrepl^nipotentiaire  d'Autricbe  ^  Dresde, 
ambassadeur  kLondres  en  1830,  ou  il  resta  jusqu'en  1838,  et 
cii  il  86  fit  remarquer  non  moins  par  le  faste  viaiment  royal 
de  sa  maison  que  par  son  babilet^  diplomatique.  Revenu 
dans  sa  paWie  en  1842,  il  sTy  rattacha  au  mouvement  na- 
tional, et  fut  nomm^  palatin  du  comitat  d'Oidenburg  en 
m^me  temps  que  pr^ldent  de  la  sod^t^  d'histoire  naturelle 
(1847),  etfitpreoTC  entoute  occasion  du  plus  louable  dtf* 
Touement  h  la  cause  du  progr^  en  litt^rature  et  en  poli- 
tique. Cette  attitude  quMl  avail  prise  depuis  longtemps  fut 
<iause  qu^en  mars  1848  on  Tappela  k  faire  partie  du  minist^e 
Batthyanyi,  dans  lequel  11  (ht  charge,  comme  ministre  des 
affaires  ^trang^res,  de  ddfendre  les  hit^rfits  de  la  Hongrie  k 
la  cour  de  Vience.  Mais  lorsqu*une  lutte  parut  d^rmais 
inevitable,  et  avant  la  dissolution  du  minlsi^  Batthyanyi 
CQ  aoOt,  fl  donna  sa  d^mision ;  et  depuis  lors  il  s'est  com- 
pl6tementabstenude  prendre  part  ao\  afTaires  poiitiques. 
Le  prince  Paul-Antoine  d'Esterhazy  est  aujourri*liui  pos- 
Msaeur  de  .rimmense  majorat  appartenaat  a  la  ligne  prin- 


ciire  d'Esterbazy-Forchtenstein,  lequel  comprend  29  Ml* 
gneuries,  avec  21  cbAteaox,60  boorgslimardie,  414  villages 
et  207  prxdieSf  dont  radmlnbtration  oentrale  est  &  Ei- 
sen8tadt;8aDa  compter  la  adgneorie  de  Pottenstein  et  de 
Scbwartibacb,  dansia  basse  Autricbe,  lecomt^  d'£delstetten, 
en  Bavi^,  el  la  seigneorie  de  Gailingen,  dans  le  grand-da- 
cli^  de  Bade. 

Son  fils  ahi^,  le  prince  yieoUu^Paul-Charles  d^EUtr- 
hazy,  xi€  le  25  join  1817,  est  OMri^  depuis  ie8  fdvrier  1842 
k  lady  Sarab-Frederica-Caroiine,  fille  de  George  CbUd- 
Villiers,  oomte  de  Jersey. 

EST)  EST9EST9  (  vin  d' ).  Foyes  MonsnASCoNB. 

ESTEUF.  VoyBZ  tnm. 

ESTHER  9  lierolne  juive,  dont  lliistoire  est  rapports 
dans  le  livre  de  TAncien  Testament  qui  porte  son  nom. 
Elle  s^appelait  d^abord  Badassa.  Son  p^,  Abihail,  ^tani 
venu  II  mourir,  die  avail  M  adopts  par  son  oncle  Mardo* 
c\\6d  et  habitait  avec  lui  la  Tille  de  Sme,  residence  do  roi  de 
Perse  Abasverus  (Asso^rns).  Gdni-d,  qa*on  presume  D'e- 
tre autre  que  Artaxerxte  Loogoe-lfainy  fat  si  frapp^  de  sa 
beauts,  qoll  T^ieva  ao  rang  d'^ponae  soos  le  nom  d'* Esther, 
qui  veut  dire  ^MU,  et  plos  tard  il  loi  sacrifia  mime  son  fa- 
vori  Haman  ( Aman ).  Init^  par  les  pretentions  hautaines  de 
Mardocli6e,  Haman  avail  r^ossi  k  rendre  tous  les  Jutfs  sus- 
pects an  roi,  et  avail  obtenu  de  lui  plain  poovoir  de  les  faire 
tous  forger.  Mais  avant  que  Pordre  fatal  eOt  pu  6tre  mi:i 
k  exdcution,  Esther  parvint  k  faire  changer  le  roi  de  de- 
termination. Non-seuiemenl  Haman  fat  envoys  au  supplice, 
mais  loos  les  ennemis  des  Juifs  furent  enveloppte  dans  la 
mdme  catastrophe. 

En  commemoration  do  p^ril  auqoel  its  echapp^rent  en 
cette  drconstance,  lis  cdiebrent  encore  aujoord'hui,  le  14  et  le 
15  do  moia  deodar,  one  grande  f6tet  appelte  Fdte  de  Purim, 
ou  des  sorts,  parce  que  c*etait  par  voiede  dteioations  op^- 
rtes  d'aprte  les  d^signationa  du  sort  qu'Haman  avail  de- 
dde  d^dgoiger  les  Joifs. 

Le  livre  d^Esther,  dans  leqiid  bon  nombre  de  thdulogiens 
ne  venlent  voir  qu'une  all^gorie  reprtentanl  r£gllse  mili- 
tante,  et  qui  vraisemblablemenl  ne  f^t  compost  qu'aprte  la 
mine  de  rcmpire  des  Perses,  n'eat  poinl  6crii  dans  Tespril 
Ibtecratiqoe;  car  rien  n*y  est  immediatement  ramen^  a  Dieo, 
dont  le  nom  ne  a*y  Irouve  m6me  pas  une  seule  fois  men- 
Honnd.  Un  dtorel  du  ooocile  de  Latran  ( an  366 )  Ta  range 
parmi  les  livraa  sacrds  des  Chretiens.  Saint  Jer6me  en  a  re- 
jete  comme  douteox  les  six  demiers  chapitres,  que  les  pro- 
testants  regardenl  comme  apocryphes;  mais  le  condle  de 
Trente  a  admis  le  livre  tool  enlier.  A  ne  les  considerer  qoe 
sous  le  rapport  critique,  il  est  impossible  de  ne  pas  voir 
que  ces  demiers  chapitres  sont  d'one  autre  maui  qoe  les 
neuf  premiers.  Cependant,  ils  n*en  sont  pas  mofais  piiSdeax 
poor'lea  details  de  moeors. 

Qud  est  Taoteor  du  livre  d' Esther? Lea  ons rattribueal  k 
Esdras,  d*aotres  au  grand-preire  Joachim.  Mais  le  plus 
grand  nombre  rattriboenl  k  Mardocbee  lui-meme.  On  a  pense 
qu*£8ther  y  eut  qudque  part.  Nooa  n*aTons  pas  de  petne 
k  admetlre  cette  soppositioo ;  car  toote  son  histoire  atteate 
qo^elle  etail  one  sooverahie  de  droit  el  de  fail,  richeinont 
poorvue  d'espril  et  de  beaute,  assex  pea  lessemblaDte  au 
portrait  doocereoxqo'en  fail  Radne.  L*Estber  de  SaintpGyr, 
M"^  de  Maintenon,  dul  sans  doute  £tre  flattee  du  parall^le  ; 
maia  d  Loois  XIV  lisait  la  Bible,  il  n*a  pas  dt  etre  aussi 
satisfiiilt  de  sa  comiiaralson  avec  Assueros.  Deox  tragedies 
du  nom  d^ Esther  avaient  precede  celle  de  Radne  :  Tune 
d'Antoine  Le  Devio,  1570;  Tautre  de  Pierre  DuRyer,  1646. 

ESTHJ^TIQIIE)  science  do  beao,  nolamment  dans 
les  arts  en  tant  qo^etant  Texprcssion  la  plos  complete  du 
beau.  C'esl  sortoot  en  AUemagne  qoe  cette  partie  ratioo- 
nelle  de  la  critiqoe  a  troove  de  fiervenfa  et  oonsdencieu^c 
interpreies.  C*esl  meroe  sor  le  sol  germanique  qu*elle  a  en 
quelque  sorte  pris  naiasance ,  car  le  nom  d^esthHique  ,  de- 
rive (lu  grec  ato6i)(rK,  sentiment,  lui  tVildomie  poor  la  pre» 
mi^re  fois  par  Baumgarten.  Lessiug  k  produit  dans  ce 


ESTHfiTIQUE  —  ESTIENNE 


((enre  de  critique  des  morceaux  pr^cieax.  II  anaiysa  1e  thi^ilitre 
firan^a,  alors  gto^ralement  h  la  mode  dana  son  pays,  er, 
s*attachatit  sartoat  k  la  T<rii6  des  caract^res  et  des  senli- 
mento,  il  prit  poar  amai  dire  h  partie  lea  penomiages  de  cea 
fictiona  eomme  dea  6trea  r^ela.  On  regarde  at  critique  plut6t 
cornme  nn  traits  aor  le  ooeur  hnmain  que  oomme  une  po^tl- 
qne.  Lea  terits  de  Lesaing  donnteent  une  impulaion  nouvelle 
aux  esprita  m^tatift  de  TAllemagne.  Ploaienra  dcolea  d*ef- 
iMtiquete  forni^rent.  La  plna  c^^breeat  eelle  que  Pilluatre 
Kant  a  fond^  par  aon  ooTrage  intitule  la Cri/iyutf  du  Ju- 
(ftment.  Dana  ce  liTre,  ou  11  recherche  la  nature  du  beau 
et  du  sublime,  le  philosophe  de  Kcenigsbeiig  aoutient  quit 
y  a  dans  la  po^ie  et  dans  lea  arte,  dignes  comme  elle  de 
peindie  les  sentiments  par  dea  images,  deux  genres  de 
beauts,  Tun  qui  i^eut  se  rapporter  an  tempa  et  k  cette  yie, 
Tautre  k  r^terael  et  k  rinflni.  «  11  eat,  a  dit  un  toivain, 
une  partie  de  la  Critique  du  jugement  qa\,  malgr6  la 
nouTeaubl  dea  aper^t,  a  obtenu  les  sufTirages  dea  adver* 
saires  le  plus  d^d^  des  doctrines  kantiennes ;  c'est  celle 
qui  renferme  la  thtorie  du  gotit  et  Tanalyse  du  sentiment 
que  les  arts  se  proposent  de  rdTelller.  »  Malheureusement, 
dana  les  objets  les  plus  clairs  par  enx-mtaoes,  Kant  (et 
c'est  aussi  le  d^faut  de  son  ^cole )  prend  pour  guide  une 
m^taphyaique  fort  obscure.  Aussi  ses  onvrages,  hi^riss^  de 
difficult^,  sont-ils  pea  ccnnus  en  France;  mais  chei  sea 
compatrioles  il  avatt  affaire  k  des  lecteurs  patients  ot  per- 
s^T^ranta,  qui  ont  su  T^tudier  et  le  comprendre.  11  eut  de 
nombreux  et  dingteieux  disciples  :  le  plus  remarquable 
d'entre  eux,  en  thiorie  comme  en  pratique,  fut  le  c^l^bre 
Schiller,  qui, outre  ses  chefo-d'oeuyre  dramatiques  et  his- 
toriques,  a  1ais<^  un  essai  sur  la  grftce  et  fai  dignity,  et  dea 
lettres  sor  Vesth4ti<fue,  CHAHPACiiac. 

ESTHIOMENE  (de  Io6t6it8voc,  qui  ronge,  qui  cor* 
rode,  fait  de  Mita,  rongar).  Voyez  Dasiub. 

ESTHONIE,  appelte  par  les  Esthes  IFiroma  ( pay  s- 
fW>nti^e ),  gouvemement  de  Russie  plac^,  afec  la  Li  Ton  ie 
et  la  Courlande,  sous  radministration  du  gouvemeur  g^- 
n6ral  qui  rteide  k  Riga,  est  la  moins  importante  des  trois  pro- 
▼inces  de  la  Baltique  sous  le  rapport  de  la  auperficie  comme 
sons  celui  de  la  population  absolue  et  relative. 

La  province  d'Esthonie  ( en  allemand  Esthkmd )  occupe 
one  superflcie  de  206  myriam^tres  carr^,  dont  la  dtxi^me 
partie  environ  repr^ntde  par  le  lac  de  Peipus,  Tile  de 
Dagoe,  et  les  Hots  de  Worms,  Nououk,  etc.  La  population 
absolue  est  de  320^000  habitanta ,  ce  qui  donne  k  pen  prda 
1,550  habitants  par  myriam^tre  carr^.  Appartenant  depuia 
1721  ^  la  Russi<>y  sous  le  titre  de  duch^,  die  forme  an  sud 
du  golfe  de  Finlande ,  entre  la  Narvra,  fleuve  servant  de  de- 
limitation k  llngrie,  k  Pest,  ia  Livonie  an  sud  et  la  Baltique 
k  Touest,  on  pays  de  oOtes,  preaqoe  enli^rement  plat,  par* 
sem^  d'ane  foole  de  marais,  de  landea  et  de  blocs  de  granit, 
arroA^  par  plus  de  deux  cents  lacaetde  nombreux  misseaux. 
Toutefois  on  y  tronve  aussi  une  grande  quantity  de  terrains 
fertiles  produisant  beaucoop  de  grains,  notamment  du  seigle 
et  deTorge,  employ^  soit  pour  la  consommation  locale,  soit 
pour  la  fabrication  d*eanx-de-vie,  pour  leaqudles  dea  d6- 
boucb^  avantageux  existent  dans  TlntMeur  de  la  Russie. 
Le  sol  produit  auasi  beaucoup  de  chanvre  et  de  Un,  et  Tex- 
ploitation  des  ^paisaes  forits  de  sapins  et  de  iwuleaux  qui 
le  couvrent  en  une  foule  d'endroits  n'offV-e  pas  moins  d'avan- 
tages. 

En  ce  qui  est  de  la  population  mdme  de  celte  province, 
il  faut  bien  dlstinguer  les  Esthes  d'avec  les  Esthoniens,  car 
ces  derniers,  qui  composent  la  noblesse  et  la  population  des 
villes,  melange  d*Allemands,  de  S'K^ois  et  de  Russet,  regar- 
doraient  comme  une  insnlte  d^6tre  places  dans  la  mSme  ca- 
K^rie  qtie  les  premiers,  qui  forment  presqiie  exclusivement 
ta  population  de<)  campagnes.  Cenx-d ,  les  Esthes ,  qui  ap- 
partiennent  k  la  rnce  finnoise,  sout  les  habitants  aborigines 
du  pays.  lis  parient  une  langue  douce  et  harmonieuse,  for- 
mant  deux  dialectea  principanx,  celui  de  Reval  et  ceini  de 
Dorpat,  eC  riche  en  beaux  chants  populaires  ( consultez 

OICT.  DR  LA  coif  VERS.   —  T     IX. 


4t 

Neus,  Chants  populaires  d^Esthonie,  2  vol.  [en  allemand  ] ; 
Reval,  1850-1851 ).  lis  ont  d'allleurs  beaucoup  de  disposi- 
tions natoreUes  pour  la  po^e,  une  grande  puissance  d'ima- 
gination,  beaucoup  de  bon  sens  nature!  et  une  admirable 
force  de  mtooire.  11a  sent  doux,  bienveillanta  et  religieoxy 
trda-attacbte  an  eulte  proteatant;  par  contre,  fort  endins  k 
la  colore,  k  ia  vengeance  et  kla  cootradlction;  on  pent  aussi 
leor  reprocher  beauooop  de  pi^jugte  religieox.  Mais  tons 
leura  d^uts  peuvent  dtre  attribu^  an  pen  de  aoUlcitude 
que  leura  dominateurt  ont  de  tout  temps  t^moign^  pour  leur 
perfectionnement  moral.  Une  grande  partie  de  la  Livonie 
est  aussi  habits  par  des  EsUies,  notamment  toute  la  contrte 
de  Dorpat,  de  Fellin  et  de  Penuiu  :  aussi  diatingoe-t*on 
en  Livonie  une  Estbonie  particuli^  en  opposition  k  la  Li- 
vonie proprement  dite,  ou  pays  dea  Lettes,  On  lvalue  k 
050,000  Ames  le  nombre  total  dea  Esthes. 

Le  gouvemement  d^Esthonie  est  divis^  sous  le  rapport 
adminlstratif  en  qnatre  cerdea  :  odul  de  Harrien  ou  de 
Reval,  cdui  de  WIerland  ou  de  Wesenberg,  odni  de  Jerwen 
ou  de  Wdssenstdn,  et  en0n  celui  de  Wieck  ou  Hapsal. 
Plus  d'un  dixltoie  du  total  de  la  population  babite  lea  villes. 

Les  dnq  villes  de  cette  province  sent  Reval^  Weissens' 
tein ,  dont  la  population  est  de  3,600  hab. ;  Wesenberg 
(2,000 ),  Hapsal  (1,000),  et  Baltisehport  on  Baltisch- 
hafen  ( 500 ),  k  quoi  il  faut  ijouter  45  paroissea  plus  ou 
moins  considerables  et  deux  gros  bonrgs.  Leal  et  Knnda ; 
le  dernier,  petit  port  de  mer  d*one  oertaine  importance.  Les 
deux  autrea  ports  de  rEsthonie  sont  Reval  et  Hapsal,  dont 
la  navigation ,  comme  celle  de  tous  les  autres  ports  de  cette 
partie  de  la  Baltique  en  g^n^al,  a  dnguli^rement  d^chu 
depuis  que  Saint-P^tersbourg,  giice  k  Taccroissement  in- 
cessant de  la  rade  de  Cronstadt,  devient  de  plus  en  plus  le 
grand  centre  du  commerce  de  cea  contrto.  Les  importa- 
tions de  TEsthonie  consistent  prindpalement  en  ^tolTes  de 
sole,  de  lalne  et  de  coton,  en  bois  strangers,  en  fruits  sees 
et  en  sel.  Les  exportations  se  composent  de  chanvre,  de 
lin,  d*orge,  de  seigle  et  d'eau-de-vie  de  grain.  La  religion 
du  pays  est  le  culte  lutlK^rien;  sous  le  rapport  religieux,  la 
province  est  diviste  en  huit  pr^vOt^,  placte  sous  Vautorit^ 
du  conslstoire  d'Esthonie,  si^geant  k  Reval.  Cependant,  dana 
ces  derniers  temps  r£glise  catbollque  grecque  a  fait  parmi 
les  populations  dea  progrte  de  plus  en  plus  rapldea. 

L^Csthonie  a  successivement  d^pendu  des  rois  de  Dane- 
mark,  des  souveraina  allemands  de  la  Livonie,  dea  rois  de 
SuMe  et  enfm  des  czars  de  Ruasie.  Le  fils  de  Waldemar  1*', 
Knout  (Canut)  VI,  roide  Danemark  (1182-1202),  com- 
ment la  conqu6te  de  cepaya,  qu'acheva  Waldemar  II,  sur- 
nomm^  le  Vietorieux  ( 1202-1241 ),  lequd  prit  le  titre  de 
roi  de  tous  les  Slaves,  Waldemar  III,  en  1347,  vendit 
TEsthonie  aux  chevaliers  Porte-Glaive  de  Livonie,  ordre  de 
dievalerie  aflilie  k  I'ordre  Teutonique,  dont  cette  province 
partagea  dte  lors  tontes  les  destinte.  En  1561,  £ric  Xi  V 
soumit  TEstbonie  k  la  couronne  de  SuMe,  qui  en  conserve  la 
possession  Jusqu'en  1710.  Cette  ann^-lk,  Pierre  le  Grand 
a^etant  empar^  de  cette  province,  la  poaaession  Ini  en  fut  d^- 
finitivement  c^d^  par  la  paix  de  Nystadt 

ESTIENNE  (Famille  des).  La  famnie,on  pourraitdire 
la  dynastie  de  cea  c^^rea  imprimeurs ,  a  r^^  pendant 
tout  k)  selzi^me  si^e,  par  la  sdence  et  par  r.'ndustrie,  avec 
plus  d'Mat  que  bien  des  families  royaiea.  Elle  a  produit  et 
public  beaucoup  plua  que  les  Aldea  et  plusde  1,200  ou- 
vragea  sont  sortis  de  sea  presses. 

ESTIENNE  (Hsmu),  premier  du  nom  et  clief  de  cette 
fomiile,  naquit  k  Paria,  vers  1470.  Admirateur  de  Tart  typo- 
graphique  nouvellement  invents,  il  ne  craignit  pas,  pour 
I'exercer,  lul  issu  d'une  tr^s-andenne  maison  origtnaire  de 
Provence,  de  d^rogerk  la  noblesse  de  sa  race,  et  bravant 
m^me  rexh^r^ation  patemelle,  il  comment,  eu  1502, 
son  ^blissement  d'imprimeur  libraire ,  rue  du  Clos»Bru« 
neau ,  prte  des  ^coles  de  droit.  II  adopta  la  devise  plus 
olei  quam  vini  (plus  d'huiie  que  de  vin),  et  128  ouvragea 
f  ont  reat^  catalogue  comme  sortis  de  ses  [iresses.  il  mourut, 

6 


49 


ESTlENiNE 


€0  1621,  i  Paris » laitttnt  ime  feuve  et  trois  6i&,  Frangois , 
Mobert  et  Charles. 

V&TlfSmE  (FBAiffoif  I*')  contiDua  U  profensioii  d« 
100  p^,  ep  8oci6ti6  aTec  Simoa  de  ColiaeSy  qui  aireit  M 
TsMdci^  dfi  Henri  Eadeiiiie  et  qui  ^poosa  sa  veuTe*  II  ne  ae 
maria  point,  eft  mowut  en  ibM. 

y    ESTIENNE  (ROBBRT  I*'),  aecond  fik  de  Henri,  naqnit 

[k  Parii,  an  IMS,  et  ae  Toaa  avee  ardenr  I  T^ftude  de  la  Btt^ 

[nture.  II  posaMait  one  eonnaisaance  approfondie  dea  langues 

iMne*  greoqne et  h^raiqae.  Aprte  la  mort  de  aon  p^,  il 

J  travaiUa  queiques  anndea  en  common  ayec  Simon  de  Co- 

•Unea^et  donna  d'abord  tona  aea  aoins  4  one  Mition  dii 

1  Kooveao  Testament,  plus  correcte  et  d'un  format  plus  com- 

I  tfiodo  qufr  toutea  oeilas  qui  araient  pani  aoparavant.  Son 

;  MM  rapide  inqui^ta  les  doeteurs  de  Sorix>noe ,  qui  auraient 

tolonticmtMiav^  nn  pi^toxte  poor  B*oppoaer  h  layente  d^un 

Hvre  qui  s'tenlait  av«c  rapidity,  et  on  lea  partisans  das 

SouTeilea.  doctrines  religienses  puisaient  lenra  principaox 

miSumentB.  Robert  lal-m6me  ^tait  attadi6  kla  rtforme,  et 

oootribua  II  aes  progrte  par  di^erses  publicationa.  II  ^usa 

PAroaille,  fiUe  de  rimprimenr  Jodocos  Badiua  Asoensius. 

Oetta  fiBmme.sa>Tait  si  bien  le  latin,  qu'elle  reosetgna  k  ses 

OBfaots  et  4  ses  domestiqaes,  en  sorte  qoe  dans  toute  la 

flniaan .  il  n^y  avail  personoe  qui   ne  parlAt  oouramment 

Mite  langne.  Vers  I'an  f  526,  Robert  dtabllt  rae  Saint- Jean- 

de-BeaoTaia,  k  Penseigne  de  r Olivier ^  one  imprimerie  de 

liqaetle  il  aortit .  nne  suite  d*ooTrages  trte-estimables.  Ses 

ddilioos  des  classiqnes  greos  et  latins  ftirent  enrichiea  de 

•oCes  ntilea et  de  prtfaoes  inl^reasantes.  De  plus,  il  Yeillait 

I  ee  qn'ellea  ftisaent  aosai  eorrectes  que  possible,  et  dans  oe 

Imlii  afflchait  ses  ^preoves,  et  promettait  des  recompenses 

k  teux  qui  lui  signaleraient  des  fantes.  II  employa  d'abord 

les  m6mes  t^pes  que  son  p^  et  Simon  de  Golines ;  mais 

▼ers  Pan  15S2  il  lit  fondre  des  caract^res  plus  ^^gants, 

iveo  lesqnels  il  exdcota  aa  belle  Bible  latine. 

CMte  publication  lui  rttire  des  perB^cutions ,  k  Tabri  des- 
quclles  il  ne  put  se  mettre  que  par  la  protection  de 
Fnm^oia  I^,  et  par  la  promesse  de  ne  plus  rien  imprimer 
Mns  Tapprobation  de  la  Soriwnne.  A  U  m^me  dpoque  il 
donne  lapremlted<ytion  de  son  Thesaurus  lingua  lalinse, 
dicUonnaire  d*un  grand  m^te,  quMl  perrectionna  dans 
ehftqoe  Mitiou  posl^rieure,  et  qui  a  serri  de  base  d*abord 
•u  TWfor  de  Gessner,  puis  anx  Lexiques  de  Pacciolati 
el  de  Force! lini.  En  1539  11  rcQut  le  titre  d'iroprimeur 
du  roi  poor  le  latin  et  l*h^reo.  A  sa  requite,  Francis  I^' 
fit  fondre,  par  Garamoad,  lesbeaan  caract^res  que  poasMe 
encore  llmprimerie  imp<Male.  Do  nooveNes  attaques,  pro- 
▼oqute  an  sujet  de  la  Bible  de  1545,  ftarent  une  seconde  fois 
tertte  par  le  roi ;  mais,  coraiiie,  apr^  la  mortde  ce  prince, 
elles  raconunenc^rent  avee  plus  de  vivacity ,  Robert  se  Tit 
Mfltt  force  de  quitter  la  France.  En  1552,  it  se  nftire  k  Ge- 
fl^re,  ob  il  imprima,  avee  son  lieao-frere  Conrad  Badiua, 
le  NooTean  Testament  en  fran^is;  ensuite,  il  eiablit  dans 
^  Mile  tille  vne  tyjiographie  parti coUere ,  d'od  sortirent  en- 
\  ton  plosieurs  boos  onvrages,  qui  portent  pour  enseigne  un 
\  Ctivier,  au-dessoos  doquel  on  lit  ces  mots :  OUva  Hoberti 
!  Biephani.  II  se  servit  ponr  ces  publications  des  beaux  ca- 
;  fteteres  de  Garamond,  dont  il  avait  emporte  avec  lui  lea 
ttiatrices,  et  ces  matrices  hirent  pins  lard  (en  16le)  lede- 
■MUideea  II  la  r6publique  de  Geneve  par  le  gouTemement 
frau^is.  Rot)ert  fut  re^u  bourgeois  de  Geneye  eu  1556,  et 
fliounitdans  ceite  viHe,  en  1559.  On  estime  surtout,  parroi 
ies  diverses  editions,  les  Bibles  b^braitques,  la-4''  et  in-16; 
la  Bible  latine,  tn-foL;  le  Nouveau  Testament  in-fol.,  que 
Pon  regardait  comme  le  plus  beau  livre  imprime  en  grec; 
ks  HistorisB  ecelesiaUicas  Scriplores^  Busebii  Pr^epara- 
tlo  et  demofutraiio  Bvangelica^  \eDenys  d'HalieamaMse^ 
le  Dion  Cassius,  public  avec  des  additions  importantes;  le 
Cieiron,  le  Tirence,  le  Ptoute,  etc. 

X8TIE1INE  ( GBARLBa ),  troisi6me  fils  de  Henri  1«%  ayant 
,dld  re^n  dodeur  en  mededne,  voyagea  en  Allenia$;ne, 
Ml  ItaHOf  et  se  fit  imprimeur,  a  son  retoui'  a  Paris,  eu  1551. 


Comnie  typograpbe,  il  avalt  one  merveiUense  babHsl^ : 
parmi  les  92  onrragea  de  son  catalogoe,  on  dte partieo- 
li^rement  le  IHciionariium  historicttmaepoeiieum^  eumia 
geniium,  hominum,  iooortim,  ete.,  veeabula  eompledens, 
Paris,  155a,  fai-4%  encydopMie  rtimprimite  li  Gcn^e  m 
1666,  puis  k  Oiford  en  1671,  et  k  Londies  en  1696.  CDome 
savant,  il  n*avait  de  rivaux  parmi  lea  imprimeors  que  dans 
aa&miUe  MaUieureD8eaient,Uaaitd\MoaracttosiJaloox, 
ai  irascible,  que,  s'^tant  ali^D6  toua  aes  confrtees  et  sei^ 
neveox,  Urestaaawappui,  sansseoonrt,  quand  sesdetleft 
le  arent  enfermer  auGbitalet  a  Paris.  Aprtedeux  aon^ 
de  detention,  U  y  moomt,  en  1564. 

ESTIENNE (Hsion U),  lila  de  Robert  I""^  naquit  k  Pari^, 
en  1528.  II  «tait  doo^  dea  plus  heureoses  dispositions,  a 
s'adonna  avee  ardour  li  H^tude  de  la  langoe  greoque.  11  eoi 
pour  maltrole  savant  Pierre  Dante,  ^l^e  de  Lascaris  el  de 
Budte,  premier  professenr  de  grec  an  Goli^  de  Fnmce, 
qui  ne  consentit  k  donner  dea  lemons  particuliAros  qu'an  fil> 
do  roi  et  II  Henri  Estienne.  Ce  dernier  afnstrulait  aofisi 
auprte  de  Tnnan  et  do  TomMie,  et  devint  bienlM  Ton  des 
plus  habiles  bell^nistes  de  son  temps.  Ses  progrte  daas  la 
Ungue  latine,  que  sa  mtee  lui  avait  OMOi^ite  dte  son  bas 
Age,  ne  furent  pas  moina  rapides,  comme  le  pronvent  les  re- 
marqoea  qu*il publia  snr  Horace  li  TAgede  vingt  ana.  11  avail 
aussi  6tudl6  avec  xde  les  maUiftnatiquea  et  appria  asset  d'as- 
trologie,  science  fort  en  vogne  k  cette  Apoqoe»  pour  regretter 
le  temps  qu^  donna  k  oette  Atode  cbimteiqoe.  A  peine  ligiii** 
dix-buit  ana,  il  coUaUonna  un  nanoacrit  de  Denys  d*Hali- 
camasse,  dont  aon  pte  publia  la  premiere  Edition  en  1546. 
L'annte  soivante,  il  se  rendit  en  Italic  poor  mettre  k  prolit 
les  trteors  des  bibliotb^ues  de  Florence,  de  Rome,  de 
Naplea,  de  Venise,  et  11  en  rapporta  plnsieors  copies  pre- 
cieuses  des  autenrs  classiqiiea.  U  visita  ensuite  rAngleterre 
et  les  Pays-Baa,  et  revint  k  Paria  en  1552,  an  moment  oii 
son  p^  se  diaposait  k  paitir  ponr  Geneve.  II  est  probable 
quMl  i'y  suivit;  mais  en  1554  il  Mail  de  retour  k  Paris,  ou 
il  sollicitait  la  permission  d'^blir  une  imprimerie,  et  ap- 
puyait  sa  reqndle  aor  le  priviMge  accord^  k  sen  ptee  par 
Francois  I*'.  La  m6me  annte  il  visita  de  nonveau  iUtalie , 
pour  comparer  les  manuacrits  de  Xtoopbon  et  de  Diogtoe 
taerce,  et  an  commencement  de  1557,  il  entreprit  k  Paris , 
dans  une  imprimerie  qui  lui  appartenait  en  propre,  l« 
publication  de  ces  ouvrages,  pr^parte  avee  tant  de  soin  ci 
par  tant  de  travaux.  II  n'aurait  pu  supporter  par  lui-mtaie 
les  fraisde  cette  entrepriae;  maisUlricb  Fugger,ricliepar- 
ticulier  d'Augsbourg,  vint  k  son  aide,  et  lui  foumit  les  fond6 
nAcessaires  avec  la  plus  grande  gte^rositi^ :  Henri,  par  re- 
connaissance, prit  le  litre  d'imprimeur  de  Fugger.  La  mort 
de  son  p^  le  plongea  dans  un  profood  ohagrin,  dont  il 
fut  afTect^  longtempa*  II  suivit  enfin  le  conseil  de  ses  amia » 
se  maria,  et  letronva  aon  ancienne  actirit^.  Cependnnt, 
comme  il  avait  embrasaA  publiquement  la  r^forme,  il  ne  vtt 
que  trop  souvent  son  repos  tronU6  et  ses  travaux  inter- 
rompus. 

En  1566  il  pnblia  la  traduction  latine  d'H^rodote ,  |>ar 
Valla,  corrigte  dans  un  grand  nombre  de  passages ,  et  d^- 
fendit  dans  sa  pr^ce  le  ptee  de  I'bistoire  centre  le  reproolie 
de  cr^dulit^.  Robert  Estienne  avait  d^  reeoeiUi  dea  mat^ 
riaux  poor  un  dicUonnaire  grec;  Henri  oontinua  oe  grand 
travifil,  et  publia,  en  1572,  le  Thesaurus  linguss  grsecse, 
qui  est  rteliement  un  trteor  de  science  et  de  critique ,  et 
qui  sufBnit  seul  pour  assurer  k  son  auteur  une  gloire  du* 
rable.  Ntenmoins,  ie  prix  tiev^  auquel  il  fut  oblige  dc 
vendre  cet  ouvrage,  qui  lui  avait  tant  coQIA  de  toutea  ma*- 
nitees,  et  I'abn^  qu'en  fit  Scapula,  en  relardteent  telle- 
meat  led^l^  que  le  malbeureux  auteur  se  vit  bientdt  dana 
de  cruels  embarras.  II  fit  un  voyage  en  Ailemagne  pour  ae 
distraire  de  sea  diagrins,  et  y  cliercher  les  resaonroea  <|ui 
lui  manquaient.  Le  roi  Hqnri  III  lui  aooorda,  II  est  vral, 
pour  sou  livre  de  la  Pr^cellence  du  langage  frangois^ 
une  graliiicalion  de  3,000  livres,  el  de  plus  une  p^iii&ioti 
dc  300  livres  pour  Taider  a  la  rcciierclie  dest  uiauuscriSs; 


ESTIENNE  — 


f(tiM!»  il  est  probable  que  ces  souimes  ne  ftireDt  pas  enti^re- 
inent  ou  r^suU^meat  payta,  car  la  position  da  cd^re 
typographe  do  s*am^ora  pas.  H  se  retira  de  la  eoar  poor 
4>occaper  plus  atilemeni,  et  Y^cot  k  Orleans ,  4  Paris,  k 
Fraacfortf  k  God^tb  et  ^  Lyon.  Dans  un  Toyage  qo'il  flt  h 
cette  dw'niira  Tille ,  il  tomba  Bialade,  et  moorol  h  Thdpital, 
en  I&989  probablenent  attW.  De  son  manage  avec  la  fllle 
du  sayant  Sarimger,  noble  ^oossais ,  il  ayait  eti  deux  flUes, 
dont  Tune,  Florence,  ^pousa  Ca^anbon,  et  on  ills  qoi 
honora  anssi  la  profession  d^imprimenr. 

Telle  fut  la  tiiste  fin  de  Tan  des  bommes  les  plus  sayants 
et  les  plus  actUa  qni  aient  japiaiB  exists,  d'on  bomme  qui 
a  renda  dMmmenses  servioes  i  la  lUt^tore  andeuie.  Si 
ses  ^tions  son!  moins  belles  que  celles  de  son  p^  elles 
ne  lear  cMent  en  rien  sons  le  rapport  du  m^rite  et  de  la 
correction,  hd  teste  des  auteurs  elassiqnes  qu'fl  a  pnbU^  a 
longtemps  ser?i  de  base  anx  61itions  post6rieores,  et  c'est 
k  tort  qu^on  lui  a  reproch^  d*y  avoir  introduit  qnelquefoia 
des  corrections  arbitraires  :  oes  corrections  ^taient  tirfes 
4es  manuscrits;  mais  Henri  Estienne  a  n^lig^  d'en  fndiquer 
la  source.  II  composait  les  vers  latins  avec  une  extreme  fa» 
cilit^;  ilavait  de  la  viTacit^  dansresprit,aimaitii  Cure  usage 
<le  la  plaisanterie  et  m6nie  de  la  railleria;  mais  il  4tait  sus- 
c^ptible^  ne  supportait  pas  la  contradiction ,  et  sa  permottait 
des  ^pigrammes  mordantes  centre  ceux  qui  ne  partageaient 
jias  ses  idte.  Panni  ses  nombreuses  ^tions,  on  distingue 
princlpalemcnt  ses  J'oeUB  grceci  fnineipes  heraiei  carmi' 
nitf  ( 1666 ,  in-fol. ) ;  Pindari  et  eaterorumoeto  Iphcorum 
camina.(1560,  1566,  1586,  ln-24);  Mcufime  de  Tpr, 
Diodore^X^nophon,  Thuqfdidef  H^rodote,Sopkoele,  Es- 
chjfle^  Diogdne  Laerce^  pltUarque,  ApolUmiuide  Rhodes , 
CaUimaque,  PUUon,  H&rndien^  Appien,  Horace,  Vk-ffUe^ 
PUne  lejeune^  AulurGelle,  Maerobe^  le  recneO  des  bii- 
toriens  romains,  etc»  11  a  traduit  en  latin  plusieurs  aoteurs 
grecs,  et  compost  en  flran^ais  qnelques  ounages  de  peo  d'^ 
tendoe,  tels  que  V Introduction  otf  Traiiide  la  tonformiti 
des  merveUles  anciennes  avce.les  modemes,  ou  TraUi 
pr4paratif&  Fapologie  pour  ff&odote  i  1566) ;  1^  Trait4 
de  la  cor^formiti  du  longagefraneaU  avec  le  pree,  sans 
date.  Mais  son  plus  beau'  litre  h  la  reeonnaissanee  de  la  pes- 
t^rit^  est  sans  contredil  le  Thesaurus  Ungtus  grseese,  qui , 
a  bien  des  ^vds  n*a  pas  encore  M  snrpiftS^,  et  dont 
notre  si^cle  a  66]^  vu  paraltre  denx  nonToUes  ^tions.  L'une 
•a  6t/6  pnblite  k  Londres ,  augmentte  de  renMrques  el  de  snp- 
|)!eaients  foomis  par  plusieurs  savants  philnlognes;  mais  le 
(irix  en  est  ag-dessus  de  la  port^e  des  g^  de  lettres»  et  elle 
n'a  pas  ^  ex^ut^  avec  toute  la  critique  d^irable  dans  le 
clioix  et  la  distribution  dee  mat^riaox.  En  outre,  Tabseaoe 
de  Pordre  alpbab^tiqne  a  nni  considfrablement  k  Tdcoule- 
ment  do  livi^ ,  k  son  nsualit^.  Pour  le  rendre  anssi  utile  que 
possible,  MM.  Didot  ont  Judidensement  pens4  que  eet 
ordre  devait  6tre  r^tabUdans  TMition  qu'ils  en  ont  public, 
pour  laquelle  ils  ont  mis  k  contribution  les  seconrs  des  sa- 
vants de  France,  d^AUemagne,  de  Hollande,  etc.,  et  oil  ils 
<>ntfait  entrer  les  additi<»8  les  plus  prfcieuses  de  P^dition 
aaglaise. 

ESTIENNE  (CaABLGs),fr^  de  Robert  I*',  fut  d'abord 
prdceptenr  chez  Uaubassadeur  Baif»  s'^tablit  imprimeur  en 
1 55t»  et  mourut^  cribl^  de  dettes,  en  1564.  On  lui  doit  des 
Diotionnaires  latin  et  (free,  nn  Dietlonartum  hUtorico- 
geographico-poeiicum  (1566,  postliume),  el  le  Pradium 
tusiicum,  de  Vani^  (1554),  tra4uit  en  francs,  sons  le 
titre  de  ifai^on  rustique^  par  Liibault,  gendre  de  Tddi- 
tenr.  Cbaries  Estienne  ^tait  m^dedn. 

ESTIENlfE  (RoavRTlI),  second  fils  de  Robert  I*',  nA 
k  Paris,  vers  1530,  ne  Toulut  pas  embrasser  les  opinions  de 
la  rtforme,  et  fut,  en  1552,  d^h^t^  par  son  p^,  sur  son 
refos  deTaccompagner  k  Geneve.  Pnw6  de  Tappui  patemel, 
il  se  crte ,  par  sun  intelligence  et  son  travail,  d'honoraliles 
resaonroes;  et  quatre  ans  ne  sMtaient  pas  €coa)i6s,  qu*il  se 
trouvait  k  la  t6te  d'une  imprimerie  k  lui,  d'od  sortaient 
148  oQVrages,  avec  ou  sans  la  marque  de  VOlivier  de&  £s- 


ESTIME  4f 

tienne,  et  toojours  dignes  do  ce  symbole.  En  1561  il  eotit 
titre  d'imprimeur  do  roi,  et  moumt  en  1575. 

ESTIENNE  (FRANQon  II),  troisitaie  fils  de  Robert  1*% 
sutvit  son  pto  k  Gen^e,  ayant,  oomme  lui,  embrass^  U 
r^forme,  et  exer^  dana  celte  viHe  llmprimerio,  de  1563  I 
1583. 

ESTIENNE  (RoBBBT  m),  fiH  aln«  de  Robert  II,  dialt 
fort  Jeone  k  la  roort  de  son  pdre,  et  n'ettt  qn'en  1606  PimpH* 
meriede  sa  mto,  veuve  cm  aeeondes  n6oes  de  Mamert  P%* 
tisaon,  totiifonrs  sKote  rde  Saint-Jean-de^Beauvais,  k  1'^* 
aeigne  de  VOlMer,  C^tait  un  bomme  d'esprit;  ayant  un 
talent  partieuUer  pour  les  devises;  alorv  fort  k  la  mode.  11 
moumt  en  1639. 

ESTIENNE  (Hnmu  III),  son  Mre,  M  tr^sorier  deft 
Mitiments  do  ro!  et  imprimenr,  d^639  k  1653.  Deux  d| 
ses  fils  se  firent  connaftre.  Pun  Ro^t  IV,  oonrnte  avocal 
au  pariemont;  Tautre,  Henri  IV,  sleur  des  Foss^,  par  set 
Aloges  de  Louis  le  Juste. 

ESTIENNE  (Paol),  fils  de  Henri  II,  naqnit  en  1566. 
Aprfea  de  brUlantes  et  solides  etudes,  son  p^,  qui  lui  del- 
tinait  son  imprimerie,  le  fit  voyager  potar  le  mettre  eo 
rapport  avec  les  savants  Grangers.  11  visita  ainsi  la  Hollande, 
TAUeraagne,  PAngleterro,  et  fonda,  en  1599,  k  Geneve  une 
lypographie ,  d*oti  sOrtirent  36  MKions  d'auteurs  classiques^ 
tootes  importantes  par  leur  correction  et  leurs  notes.  1| 
mourot,  en  1637,  dans  cetle  villo,  laissant  deux  fils,  An* 
toine  et  Joseph,  dont  le  seeond  mourut  imprimeur  do  rol 
k  La  Rodielle ,  en  1639. 

ESTIENNE  (AirromE),  fils  de  Panl  et  petit-ills  d6 
Henri  Estienne,  naqnit  k  Geneve,  en  1594,et  vint  s'^bllrl 
Paris,  ikdii-hnit  ans.  Rentr6  dans  leselii^^  l^ise  catholique^ 
fl  obtint,  ootre  le  litre  d*imprimeur  do  roi  et  du  clerg^,  la 
protection  et  les  largesses  du  cardinal  Doperron,  publia  df 
belles  et  utiles  Mitions ,  ^pronva  de  grands  revers  de  for* 
tone,  et,  d^venn  infirrae  et  avengle,  fut  rMuit  i^  soUieitei' 
son  admission  k  I'MMd-Dieu  de  Paris,  oh  il  mourut  en  1674^' 
k  1^  de  qoatfe-vingts  ans. 

^TOfATION*  En  termes  de*  pratique,  on  entend  par 
ee  mot  I'^valuation,  la  pris^  d*nne  cbose  mobili^  oa 
d'un  Unmeuble.  Des  experts  nonnnte  par  lestribnnanx  d<Her- 
minent  cette  valeur  prialaUement  k  toutes  les  ventes  judi* 
dalres  sur  Ndtadon,  ou  k  tons  lea  partages.  Les  officieiv 
ministferiels,  notairesyhuissiers,  grefliers,suivantles  distinc* 
tioBs  de  la  loi,  ont  pr^ndu  avoir  le  monopole  des  estima* 
tions  de  menbles  ou  ob}ets  niobiliers  dans  les  inventairetf 
aprte  d^ete;  cette  pretention  n'est  pas  fond^,  ettout  simple 
particulier  ou  expert  pent  proc^der  k  cette  estimation,  en 
pr^tant  toutefbis  entre  les  mains  du  Juge  de  paix  le  sefr 
ment  preserit  par  Part  935  du  Cbde  de  ProcMure. 

ESTIME  ( Morale),  II  ne  s^aglt  pas  Id  de  cette  sorte  de 
eonsidirationquo  Ponexprime  an  basd*une  lettre,  00  dans  1^ 
coors  ordinaire  de  la  vie ,  et  dont  on  s'attache  k  fixer  la  me- 
suresuivant  les  droonslanoes  et  les  personnes  avec  lesquelles 
on  est  en  relation  :  cette  monnide,  dont  Peibpreinte  est  ef- 
Uc6e,  si  Jamais  die  en  eot ,  drcnle  cependant ,  et  cbacnn 
vent  en  recevoir  la  quantity  k  laquelle  il  crolt  avoir  des  litres. 
On  a  ni6me  pr^tendo  en  faire  nn  dts droits  de  Pliomme  en 
socitto :  la  quality  d*homme  et  de  membre  de  la  dt6  impose, 
dit-on ,  k  tons  ceux  qui  en  senlent  le  prix  Pobligation  de 
Pexprimer  par  des  ^gards  mutuds;  il  y  a  des  convenances 
sodales  qui  en  dMvent,  etc.  On  ne  le  ronteste  point;  mais 
le  mot  estUne  a  une  autre  aeception,  beancoup  plus  grave : 
il  dtelgne  le  sentiment  inspire  par  de  bonnes  qualtt^s  mo- 
rales, appr^to  par  la  raison.  Entre  les  liommes  estimablcs, 
une  estime  r^proque  est  la  source  des  plus  deuces  et  des' 
plus  durables  jouissanoes  de  PamitifS ;  Paitadiement ,  Paf* 
fection  pour  une  personne  qn*on  n'e^timc  point  est  toujours 
pteible.  L*homme  d^urvu  de  bonnes  quality  morales  saura' 
les  reoonnaltre  et  mtoie  les  apprdcier  dans  les  autres,  s!  sa' 
raison  est  exercte;  mais  il  ne  peut  en  r^ulter  aucune  sym- 
patliie,  aucun  sentiment  d'affection :  il  nW  a  que  les  homniea 
csttmaMes  qui  pufesent  ^tre  onis  par  une  estime  mutuelliyi 


44 


ESTIME  —  ESTOCADE 


Les  Tertos  ne  sont  pas  touimire  dignes  d*eslime  :  si  leurs 
actes  ne  sonf  pas  approuvte  par  la  laison ,  on  regrettera  qae 
ces  Booroes  de  bten  cooleDt  sufTant  des  directions  et  en  des 
lieux  ou  leur  influence  ne  pent  ^rasalutaire;  en  on  mot, 
on  n*estime  que  oe  qui  est  bon,  et  en  raison  du  degr6  de 
bont6  que  Pon  y  d^convre;  les  fiicnlt^  sentantes  et  IHntel- 
ligence  prennent  ^ementpart  h  cet  actede  TAme  humaine; 
elle  y  est  tout  enti^.  Fbbbt. 

ESTIME  (MariM),  m^thode  d'approximation  par 
la^/ielle  le  navigateur  mesare  la  longueur  du  cbemin  qu'ii 
a  fait,  determine  la  direction  qu'U  a  suiTie,  et  par  conse- 
quent le  lieu  oik  il  se  trouTe.  R6duit  k  Tusage  de  deux  ins- 
truments, dont  I'nn  est  peu  correct,  et  Tautre  n'indique  pas 
tout  ce  qu'il  faodrait  eonnaltre,  il  faut  que  rexp6rienoe  et 
quelques  obsenrations  Tiennent  k  son  secours,  et  lui  four- 
nissent  lea  moyens  d Aeciiiier  les  erreurs  qui  rteulteraient 
in^Titablepnent  des  donn^es  imparfaites  que  ses  mesores  lui 
foomissent.  D*tieure  en  heure,  ou  mtoie  plus  souvent,  il 
fait  Jeter  le  lo  c  h  k  la  mer,  et  on  obtient  ainsi  la  connaissance 
de  la  Vitesse  du  navire,  poorTu  que  la  mer  n'ait  aucun 
loMTement  particnlier;  mais  il  est  rare  que  les  eaux  soient 
r^liement  dans  T^tat  d'imroobilit^  que  Ton  suppose*  I/ail- 
leurs ,  le  loch  n'apprend  rien  sur  la  dMve  du  yaisseau » et 
1.1  boussoleneHndique  pas  non  plus;  cependant,  il  est 
iniispensable  de  tenir  oompte  de  ce  mouvement  qui  modifie 
la  direction  suiTie :  de  h  la  n^cessit^  de  recourir  li  des  ob- 
servations ind^pendantes  de  la  mer,  et  ce  sont  les  aslres 
qui  donnent  au  navigatenr  instruit  la  connaissance  exacte 
du  point  ou  il  se  trouve,  c'est-inlire  la  lo  ngitud  c  et  la 
latitude.  Mais  les  marins  experiment's  out  acquis  unc 
telle  habitude  de  rectifier  les  donndes  de  Vestime  qu'ils 
n^admettent  les  rteultats  des  observations  astrqnomiques 
qu*autant  qu'elles  sont  k  peu  prte  d*accord  avec  leurs  moyens 
ordinaires  d'evaluation.  Le  capitaine  Co  ok  etait  dans  Tusage 
de  prendre  una  moyenne  entre  son  estime  et  les  donn^es 
qui  lui  etaient  (oumies  par  les  astronomes  qui  I'accompa- 
gnaient  dans  ses  voyages  de  d^couvertes :  et  I'on  salt  jusqu'^ 
quel  pomt  ce  navi^tenr  a  pouss^  Texactitude ,  la  precision 
des  mesures  dans  tout  ce  quHl  a  fait  pour  acbever  la  recon- 
naissance de  notre  globe.  Remarquons  aussi  que  dans  le 
cours  d^une  longue  navigation  des  erreurs  en  sens  con- 
traire  peuvent  se  conpenser ,  et  que  des  metbodes  incor- 
rectes  peuvent  etre  employees  sans  de  graves  inconvenients. 
Plusieurs  voyages  autour  du  monde  out  ete  faits  sans  autre 
guide  que  I'estime,  et  ils  ont  reussi  dans  tout  les  sens  de  ce 
mot.  Ferry. 

ESTISSAC  (Famine  cV).  La  terre  d*Estissac  en  Pcri- 
gord  (Dordogne),  apr^s  avoir  appartenu,  pendant  plusieurs 
siecles,  h  une  famille  noble  de  ce  nom,  passa  dans  la  mai- 
son  de  La  Roc  hefoucanld,  par  le  manage  de  Francis, 
prince  de  Marsillac,  serviteur  devoue  de  Henri  lY,  avec 
Claude,  soeur  et  heritiere  de  Charles  d^£stis8ac,  dernier  rc- 
jeton  m&le  de  sa  race.  Sous  ses  nouveaux  proprietaires,  la 
S4;igneurie  d*£stis8ac  obtint,  comma  celle  de  Liancourt, 
d^Anville  et  de  Doudeauville,  les  honneurs  de  Perection 
diicalc. 

Louis-FrangoiS'Armand  deLa  Rochefodcauldde  Roye, 
due  D*EsTissAC,  ne  le  22  septembre  1695,  fut  connu  d'a- 
bord  sous  le  nom  de  comie  de  Roucy,  comme  chef  de  la 
branclie  pulnee  qui  portait  ce  titre.  11  epousa  en  1737  sa 
cousine  germaine  Marie  de  La  Rockefoufauld,  dite  M>ic  de 
La  Rocheguyon ,  fille  cadette  d'Alexandre ,  due  de  La  Ro- 
chefoufauld ,  qui  mourut  sans  posterite  mAle,  et  il  re^ut,  en 
fateur  de  ce  manage,  le  litre  de  due  d^Estissac,  rendu  he- 
reditaire  par  lettres  patentes  du  tnois  d'aoOt  1758.  Honore 
da  collier  des  ordres  du  roi  en  1749,  il  fut  pourvu  en  1757 
de  la  charge  de  grand-mattre  de  la  garde-robe  du  monarque, 
aur  la  demission  du  due  de  La  Rochefoucauld ,  son  beaa- 
piive,  k  qui  Louis  XVI  en  reserva  la  survivance.  Le  due 
d'Elstissac  mourut  le  28  mai  1783. 

Francois  de  La  Roguefodcaclo  D^i^Tiss\c,  petit-fils  du 
precedent  et  fib  alnedu  chef  du  nom  ctdcs  arir.es  desa  mai- 


son,  futautorise,  en  1814,  par  le  roi  Louis  XVIII,  k  rqirendre 
le  litre  de  due  hereditaire  d^Estlssac,  que  son  aieul  arait 
porte.  11  recueiUit  le  ducbe  de  La  Rochefoucauld  et  lapdrie 
en  1827;  mais  alors  au  nom  d*Estissac,  dont  le  litre  ducal 
devait  passer  I  son  fila  aine,  le  roi  Charles  X  substitua, 
par  lettres  patentes  du  mois  d^avril  1828,  le  nom  de  Lian- 
court, eneonservant  k  ce  nouveau  brevet  Tancieoneie, 
Tberedite  et  touCes  les  prerogatives  dont  il  jouissait  soos  son 
ancienne  denominatimi. 

Alexandre-Jules  ns  La  RocosroDCAULD,  comte  d^Estis- 
SAC,  chef  de  la  seconde  branche  de  eette  illustre  maison , 
ne  II  Mello,  le  23  Janvier  1796«  releva  en  1839  la  qualification 
de  due  d'Estissac  Anden  depute,  U  devhut  nahr  de  France 
le  7  novembre  1839;  il  etait  alors  colonel  d'etat  major,  et 
aide  de  camp  du  roi. 

ESTOG  ou  ESTOCQ,  mot  qui  est  probaMement  one 
corruption  du  mot  allemand  stoss,  qui  a  le  m^me  sens.  Go- 
belin et  Menage  le  font  deriver  de  Tallemand  stock,  tronc, 
souche,  b&ton  ferre,  epieu;  Le  Ducliat  le  tirede  Talleuiand 
stechen,  percer,  stichy  coup  d^estoc.  D'autres  veulent  qu'il 
vienne  de  ritalien  stoceo,  synonyme  de  coutille  ou  dV/M^ 
longue  et  etroite.  Rarbazan  ne  fait  dater  que  du  quhoieme 
siecie  I'expression  estoc,  Cependant,  Testoc  etait  coonu  au 
moins  comma  une  espece  d'arme    de    fantassln,   shion 
comme  un  coup  d'arme,  au  temps  de  Louis  IX ,  et  dans 
les  exerdces  od  Ton  courait  le  faquin.  Sous  le  rigne  de 
Henri  II,  nos  compagnies  d'ordonnance  portaient  I'estoc. 
Les  Espagnols  se  servaient  d*estocs  dans  les  combats  sin- 
guliers.  Rrantdme  nous  dit  qu*en  Italic  « le  grand-ecuyer 
de  Charles-Quint  portoil  Testocq  du  roi.  »  Le  terme  utoc 
n'est  plus  employe  maintenant  qu'adverbialement :  frapper 
d*estoe,  c'est  pointer  ou  donner  de  la  pointe  d'une  epee 
ou  d'un  espadon.  Frapper  d'estoc,  estocader,  ou  est(H 
quer  etait  un  ancien  usage  de  la  milice  romaine,  et  ve- 
gece  rappelle  aux  troupes  cette  maxime,  qn'i/  ne  faut  pas 
frapper  detaille  ou  porter  des  coups  de  taille,  Tite- 
Live  attribue  les  defaites  des  Gaulois  k  la  nature  de  leurs 
epees,  qui  n^etaient  pas  propres  k  frapper  de  pointe.  Lea 
coups  de  pohite  oud*estoc  se  donnent  dansou  hors,  sur  ou 
sous  les  armes ;  ils  se  portent  aussi  en  flanconnade. 

G**  Rardim. 

ESTOCADE  ou  STOCADE  suiYMt  VEncyclopSdie , 
mot  dont  retymologie  est  la  meme  que  celle  d'es^oc.  Des 
ecrivains  prennent  ces  deux  mots  Tun  pour  Tautre ,  mais 
dans  les  descriptions  des  pieces  qui  font  partie  des  cabinets 
d'armes,  on  nomme  positivement  estocade,  etnon  estoc, 
une  ep(^  en  spatule  dont  on  ne  se  servait  qu^k  cbeval  et 
comme  d'une  lance.  Quoique  le  fer  en  ii^t  long,  il  n*y  avait 
qu'une  courte  paKie  de  cetle  lame  qui  pAt  faire  blessure  : 
cette  partie  offensive,  cette  spatule,  de  22  k  27  centimetres^ 
avait  forme  de  braquemart  :  le  reste  de  la  lame  n^etait 
qu'une  barre  carree.  Pr^s  de  sa  naissance  et  en  son  milieu, 
la  spatule  etait  percee,  de  part  en  part,  d'un  troo,  dans  lequel 
s'introduisait  k  demeurc  une  brocbe  de  fer,  de  5  k  8  centime 
tres  de  luug  :  cette  broche,  de  la  force  d*un  gros  clou  d^e- 
pingle,  avait  pour  objet  de  retenir  ou  d*attacher  le  fourreao, 
parce  que  ce  fourreau  n'etait  pas  plus  long  que  la  spatule  t 
le  reste  de  hi  lame  demeurait  nu  et  decouvert.  Ce  fourreau 
eiait  en  mati^re  solide  et  de  forme  inofTensive,  parce  qu'il  ser- 
vait de  frette  ou  de  mome  k  la  lame,  c'estrk-dire  qu'il  y  restait 
quand  on  devait  s'en  escrimer  dans  un  combat  simuie,  en 
employant  Tarme  frettee,  mornee,  innocente,  courtoise.  Les 
estocades  n*avaient  qu'une  poignee  k  croisette,  parce  qu'une 
garde  efit  nui  dans  le  combat  k  cheval ,  puisquMl  f allait  que 
de  la  meme  main  dont  il  tenait  la  poignee  le  combattant 
saislt  le  faocre  ou  branche  saillante  qui  etait  fixee  k  demeure 
sur  le  pectoral  droit  de  la  cuirasse. 

Le  mot  estocade  a  eu  d'autres  acceptions  :  il  s'est  pris 
pour  brette  k  qoatre  carres ,  de  un  m^tre  environ,  et  k  poi<-> 
gnee  termuiee  en  pivot;  il  a  signifie  encore  un  genre  de 
blessures,  ou  de  bottes  d*escrimc ,  ct  un  coup  d*arme  difT(6* 
rent  de  la  coutillnde.  u"  0\acix 


ESTOILE  —  ESTOMAC 


4& 


ESTOILE  ( PiERHE  TAISAN  DE  L'),  naquii  k  Orleans, 
Ten  1480 »  d'un  p^re  qui,  premier  magistral  de  oette  Tiile, 
d^drait  que  son  fils  suivlt  la  mtoie  carri^re.  U  se  lifia  avec 
tant  d'ardeor  k  i*^tude  de  la  jurispradence,  qu'en  1512  il 
obtenait  une  cliaire  de  doctenr-r^ent  k  l^uxuTersit^  de  sa 
▼ille  natale.  Son  enseignement  multiplia  singuli^rement  le 
nombre  de  ses  auditeurs,  parmi  lesqueU  figurait  CalTin. 
L*Estolle  fat  beaacoup  plus  son  ami  que  son  partisan.  Marie 
de  I'EstoUe,  oomme  par  ses  liaisons  avec  Tb^ore  deB^ze, 
qui ,  dans  ses  Juvenilia ,  l*a  c^l^rte  sous  ie  nom  de  Can- 
dide,  6tait  ni^  da  sayant  professeor;  elie  moumt  jeane. 
L'attachement  de  Theodore  pour  la  ni^s*^tendit^  Toncle, 
qu'il  cite  oomme  le  plus  subtil  (aculissimus)  juriscon- 
suite  des  docteurt  de  France.  Pierre  Taisan  de  i'Estoile, 
aprte  avoir  perdu  sa  femme,  devint  cbanoine  d'Orlians  et 
archldiacre  de  Sully.  Sous  ces  deux  litres  il  parol,  en  1528, 
au  concile  provincial  de  Paris,  od  il  s*deva  avec  tantd*^ 
nergie  contra  lea  opinions  nouvelles,  que  Francis  1*^  crut 
devoir  se  Tatlacber  en  le  nommant  conseiller  au  parlement 
et  pr^ident  aux  enqu6tes.  U  mourut  dans  ces  fonctions ,  le 
21  odobre  1537,  laissant  plusieurs  ouvrages  de  droit. 

ESTOILE (PiEBRB  DB  L*),  petit-Gis  du  pr^c^enl,  fils 
d^un  conseiller  ao  parlement,  parent  ou  alli6  des  fiimilles 
les  plus  distingu6esdanslamagistralure,  grandwiudiencier 
de  la  chancellerie,  naquii  &  Paris,  vers  1540.  Ces  audtenciers, 
au  nombre  de  quatre,  exer^ent  aiternativement  leurs 
fonctions  par  quarUer  on  trinu»tre.  Quek|ues  biographes 
les  ont  signal^  comme  de  simples  huissiers.  C^est  une 
grave  erreor :  lesgrands-audiendersde  la  chancellerie  ^taient 
de  v^ritables  magistrals,  cliargte  du  rapport  des  afTafres 
port^  k  cette  haute  Juridictlon.^  Pierre  de  TEstoile,  bon 
Francis,  annaliste  consciencieux,  k  port^,  par  sa  position 
sociale,  d'etre  bien  inform^  de  tons  les  grands  ^v<^nements 
de  r^poque,  avail  6crit,  Jour  par  jour,  ce  qui  se  passait  d*in- 
t^ressant  k  la  cour  el  k  la  ville.  11  n'^tait  point  ligueur,  ni 
ce  qu^on  appelalt  alors  politique  on  royalitte  prouonc^. 
Son  journal  se  fait  remarquer  par  une  grande  Iranchise  et 
vne  rare  ind^pendance  d'opinion.  C'est  ub  p61e«m61e  de 
fails  tr^varies.  Les  alTaires  de  l'£tat  s'y  m^lent  k  cellos 
de  la  famille  de  I'auteur,  aux  prix  desdenr^es,  aux  maladies 
r^antes ,  aux  dv^nements  s^rieux  ou  gais  de  cliaque  jour : 
c*e8t  on  compte-rendu  de  tout  ce  qui  fait  Tobjel  des  con- 
versations. II  raconte  ce  qu'il  apprend,  sans  engager  sa  res- 
ponsabilik^;  et,  quand  il  croit  8*6tre  tromp6,  il  se  r^tracte 
francbemenl.  Il  ne  s'est  point  pos6  comme  liistorien;  il  n*a- 
vait  fait  son  journal  que  pour  aider  ses  souvenirs.  Ce  n'est 
done  pas  one  liistoire,  mais  un  recueil  de  prteieux  materiaux 
historiques.  Son  oeuvre  se  divise  en  deux  parties  :  1®  le 
Journal  de  Henri  III,  2®  \e  Journal  de  Henri  IV.  ht  pre- 
mier, commence  en  1574  ,  finil  k  1589 :  Godefroi  Ta  public 
en  deux  volumes  in-8°,  k  Cologne,  en  1719;  le  deuxi^me  a 
(^td  impnm^  en  1632,  en  deux  volumes  in-S**.  Ces  deux  ou- 
vrages ont  aussi  pam  sous  le  litre  de  Mimoires  curieux 
ffour  servir  d  Vhistoire  de  France,  depuis  1575  jus- 
iu*en  1611,  6poque  de  la  mort  de  Tauteur.  Godefroi, 
Tabb^  Lenglet,  Le  Dochat  et  d*aulres  commentateurs }  ont 
ajout^  beaucoup  de  notes  et  de  pieces  :  1°  la  Description 
de  Vile  des  Hermaphrodites ,  pampb!et  Iddeux  de  cynisnie 
rontre  Henri  III  et  ses  mignons ;  2**  Le  Divorce  satirique 
et  la  Co7\fession  de  Sand  :  Henri  lY  est  fort  maltrait^ 
<]ans  eel  ouvrage;  on  lui  reproche  surtout  son  abjuration; 
3  le  Discours  merveilleux  de  la  vie ,  actions  et  ddpor- 
tvmentsde  Catherine  de  Midicis ,  libelle  passionn^,  acri- 
iiionieux ,  oii  la  haine  de  parti  se  montre  dans  toute  sa  vi- 
rulente  exaltation.  Ce  recueil  est  d^ign^,  dans  le  monde 
litt^raire  et  dans  le  commerce  de  la  librairie,  sous  le  litre 
unique  de  Journal  de  VEstoile.  11  oonvienl  de  distingiier 
des  pamphlets  ajoutte  k  son  ceuvre  d*autres  pieces  origi- 
nale^,  qui  se  font  remarquer  par  une  discu^on  sage  et 
<^4ilaip^  et  par  des  relations  exactes,  telles  que  la  Y&ritable 
fatality  de  Saint-Cloud,  la  Relation  du  meurtre  du  due 
et  du  cardinal  de  Guise,  par  Miron,  mc^decin  dc  Henri  111;  1 


et  les  Lettres  de  Henri  IV  aux  duchesses  de  Bea^fort  et 
de  Vemeuil.  Pierre  de  I'Estoile  moumt  en  16  il,  dans  ud 
Age  tr^-avanc^. 

ESTOILE  ( Claude  de  L'),  seigDear  du  Sanssai ,  n^  k  Pa- 
ris, en  1597,'  fils  du  pr^cMent,  4tail  an  desdnq  poetesque- 
le  cardinal  de  Richelieu  employail  k  la  composition  de  ses- 
oeuvres  dramatiques.  Sen!  il  a  toil  quelques  pieces  m^- 
diocres,  telles  que  La  Belle  Eselave,  V Intrigue  des  Filous 
de  Paris,  Le  Ballet  des  Faus,  etc.  Quelques  odes,  Yemeni 
oubli^,  lui  ouvrirent  Im  portes  de  I'Acadtoie  Frangalse  ea 
1632.  II  dut  surtout  Get  honneur  ao  patronage  da  cardinal 
de  Richelieu.  11  travaillait  beaoeoop  ses  ouvrages,  elaffoe- 
tail  une  causUque  s6v6rit6  pour  ceux  d^autmi.  Sea  ooll6guea 
le  cliargirenl  de  lour  Cure  on  rapport  sur  la  Tersification 
do  Cid.  La  faiblesse  de  sa  mmH  el  son  goQl  pour  le  plaisir 
lui  interdisaient  tout  labour  assidu.  II  ne  travaillait  qu^a  la 
lumidre,  m^me  pendant  lejour.  Un  mariage  d'indinatioa 
acheva  de  d^ranger  ses  afbires,  el  il  ful  (onA  de  se  relirer, 
avec  sa  famille,  dans  on  petit  domalne  qui  lui  restait,  et 
oil  il  mourut,  en  1651  on  1652.  II  Usail  ses  ouvrages  k  sa 
servante.  En  cela  seul  il  ressemblait  k  Comeille  et  k  MoU^re 

ESTOILE  (PiEREB  POUSSE-MOTHE  DE  L' ),  fils  du  pn^ 
cedent,  cbanoine  r^gulier,  abb^  de  Saint* Acheul  d- Amiens, 
mort  en  1718,  a  Iaiss6  plusieurs  ceuvres  arch^logiques  el 
bagiologiqnes,  oubli^  depuis  longtemps.  Son  principal 
m^te  eat  d*avoir  mis  au  jour  les  joumaux  de  son  grand- 
p^re,  dont  II  l^ua  le  manuscril,  forroant  5  volumes  in-fo- 
lio,  i  son  abbaye.  On  ignore  ce  qu^il  est  devenu. 

ESTOIklAC*  On  d^gne  par  ce  nom  le  principal  organe 
de  la  digestion  :  c'est  un  sac  membraneux,  form4  par 
Pamplialion  des  In  les  tins.  Chezrbomme,  ce  visc^a  la 
forme  d!une  comemuse,  mais  chez  les  animaux  ii  diffl&re 
sous  ce  rapport  de  configuration ,  comme  sous  celui  de  beau- 
coup  d^autres.  Ainsi,  chez  quelques  espices,  telles  que  cer- 
taines  tortuea  marines,  I'estomac  est  arm^  de  sortesde  dents. 
Les  ruminants  sont  caract^ris^  par  la  presence  de  quatre 
estomacs  portant  cbacun  an  nom  particulier,  lupanse,  le 
bonnet,  le  feuillei,  la  caUlette. 

LWomac  de  Thomme  est  intdrieurement  rev6tu  d*ane 
membrane  analogue  k  celle  qui  tapisse  la  boucbe ,  laquelle 
est  dou^e  d'une  vive  sensibility.  On  y  remaqoe  deux  ouver- 
tures,  une  appel^  car  dia,  qui  communique  avec  un  con- 
duit appel^  (c  5  op  A  ape,  lequel  s'^lend  jusqu'l  Tarri^re^ 
bouche;  Tautrese  nommepff  I  ore,  communiquant  avec  le 
premier  des  inlestins,  appel^  duodenum,  Cet  organe  est 
recourb^  sur  lui-mdme  el  forme  un  arc  dirig^  de  droile  a 
gauche;  ilest  placd  au-dessous  de  la  fourcheftte  que  formenl 
les  c^tes  et  enlre  le  nombrii,  endroit  que  Ton  appelle  vulgai- 
rement  le  creux  de  Vestomac,  ipigastre  ou  rigion^gas- 
triquc  dans  le  langage  des  midecins.  Les  deux  ouvertures 
que  nous  avons  fail  connaltre  sont  plus  bautes  que  le  fond, 
et  par  cette  disposition  les  substances  aiimentaires  ne  pas- 
sent  point  dans  les  faitestiiis  par  leur  poids,  mais  seulement 
quand  elles  out  M  suffisammenl  ^aborte,  II  ^tait  n^ces- 
saire  de  determiner  ici  avec  precision  Pemplacement  de  I'es- 
tomac, porcequ^on  commel  joumellemenl  une  erreur  k  ce 
sujet  en  disant :  «  J*ai  mal  au  coeur ,  »  quand  on  ^prouve  des 
naus6es  on  quand  on  vomit;  on  devrait  dire  :  «  J'ai  mal  a 
Testomac;  »  c*estdans  la  r^ion  qui  a  ^16  indiqu^e  qu'^on 
ressent  une  sensation  pdnlble  :  la  place  occup^e  par  le  ccBur 
se  reconnalt  facllement  aux  baltements  de  cet  organe. 

Les  fonctions  dont  Testomacest  charge  dans  le  jeo  de  Tor- 
ganisme  en  font  un  organe  des  plus  importants ,  el  qui  a  une 
influence  tr^grande  sur  la  vie :  si^e  dela  faim  et  la  soif, 
il  est  en  rapport  avec  le  cerveau ,  oil  r^ide  Tempire  de  la 
volenti,  et  auquel  il  commando  en  despote.  Ainsi,  dto  que 
que  la  sensation  de  la  faim  est  excite,  Vestomac  sollicite 
le  cerveau  de  lui  fournir  des  aliments,  comme  un  maltre 
Sonne  son  valet  pour  metlre  la  table;  et  il  est  ob4i,  coAte 
que  coOle.  11  est  bien  rare  que  le  cerveau  paisse  roister  k 
Get  appel :  il  faut  un  eCTort  de  volenti  dont  pea  d^bommes 
sont  cap(diles.  Le  moi  peed  presque  toujours  ses  droits  > 


46 

Vorganedont  fl  procWe  Tenant  ^  s*affecter  au  point  que  la 
Taiwn  se  perd.  On  a  cependant  des  exemples  de  cc  trioniphe 
du  oerveau  mar  I'e^toinaG. 

On  a  pr^tendu  quNine  partieda  oenrean  prodoisattla  f^i  m , 
parce  qu'on  Ta  troriYte  trfta-d^velopp^  chei  lea  pereonnesaf- 
fani^  et  gpurmandes  mAroedans  TenAuiee  :  les  pbrteolo- 
gi8teseo4>nt  fait  Torgane  de  VaUmsnULnviU :  Usle  pUcent 
4M-det80as  dee  tempes.  Quoi  quni  en  aoit ,  le  cerreau,  k  aon 
tour,eicerceune  inauencetrte-grandeaar  Pestomac,  influence 
dont  II  Gonyient  d'Uidiqiier  id  la  port^  Lea  oecnpations  intel- 
lectueUes,8ienes80Dttropabstraite8,tropprolongto,  prodoi- 
flent  one  irritation  e^i^raleqoe  I'estomac  partage  prompte- 
ment,  elquiaetradoitparnnmalaiBe  resaentidanal^^pigastre. 
Le  ehagrin  agit  de  mtoie,  et  pioa  Yivement  ;8*11  eat  entreteno, 
it  peot  prodaire  des  effeta  anaiogaea  k  ceox  des  poisons  : 
beancoup  de  (putrites,  d^olc^rations,  de  cancers  de  i'es- 
tomac, n*ont  soQTent  pas  d'autres  cansea.  C'est  ainsi  qne 
i*toie  range  le  corps.  En  ralson  de  oette  sympathie  qui  unit 
«assi  araitement  le  cenrean  et  I'estomac,  les  stimulations 
de  ce  dernier  organe  retentissent  k  km  tour  snr  le  pre- 
mier. L'iTresse  foumit  un  exemple  trap  commnn  de  cette 

action. 

Ces  informations  snfBsent  pour  Indfqoer  sommairement 
llmporiance  de  I'estomac  dans  i'enserable  des  organes  de 
la  yie,  et  poor  montrer  comment Plnsuffisance  des  aliments 
«t  des  boissans,  on  lenr  maoTaiae  quality,- doit  produire, 
d'une  part  de  grares  dterdres,  et  d'une  autre  comment 
l*exc^  contraire  doit  atoir  foment  dea  r^ultats  funettes. 
€e  n'est  pas  impnn^ment  qu'on  satisMt  h  la  gourmandise, 
li-.la  gloutonnerie,  on  k  la  passion  des  liqueurs  alcooliques. 
Ainsi,  par  dee  motifs  oontraires,  I'estomac  est  nn  ennemi 
pour  le  licbe  comme  pour  le  pauTre.       D*  Gbahbonniee. 
ESTOMAG  (Cramped').  Voyei  Cramps. 
ESTOMAG  (Creux  de  1').  Voyez  l^piGASras. 
fiSTOMPE*  On  donne  ce  nom  k  un  moroean  de  peau 
fOttMe,  fixte  dans  cette  disposition,  par  son  bord  eiteroe 
aeolement,  kl'aided'un  pen  de  oolle,  et  taillte  de  telle  fa^on 
que  sa  forme  ci^lindriqne  se  termine  par  deui  cdnes  dont  le 
sommet  est  en  dehors.  Get  instrument  sort  k  <^tendre  le 
crayon  sor  le  papier.  On  emptoie  plosieurs  sortes  de  peaux 
k  sa  confection.  L'estompe  de  buffle  fond  ais^ment  entre 
elles  les  liachnres  de  la  pr^aration ;  celle  que  I'on  fabriqne 
ATOc  le  cuir  de  I'agneau  enl^Te  la  coulenr ;  la  peau  de  castor 
la  fixeassasolidement.  On  substitne  avec  ayantage  k  cette 
matitee  le  papier  gris,  ahandonnant  plus  facilement  le  noir 
sur  la  feoiUe  que  Ton  vent  charger  d'ombres.  On  propor- 
ttonne  la  grosseur  de  ces  objets  d'ex^cution  k  la  dimension 
du  sujet  et  des  fignrcs  k  dessiner.  On  doit  Writer  cependant 
la  trap  grande  t6nnit^  de  lenr  pointe  :  oet  exofes  est  nuisible 
^  Pensembie  du  travail,  et  prodoit  de  la  s^heresse  dans  le 
faire,  Aussi ,  tea  estompes  aplaties  yers  leurs  bouts  peuyent 
ifttre  adruitement  utilisdes  k  reprodnire  des  plans  larges,  et 
deyenir  pr^f^rabies  dans  les  fonds ,  que  Ton  rend  plus  yapo- 
reux.  Le  crayon  le  meiUeur  pour  6tre  estompi  est  le  plus 
tendre;  le  darlaissedes  siDons,  qu*!!  est  souyent  impossible 
de  faire  disparbltre  J.-B.  Dglestre. 

ESTOUVELLES  (D*).  Foyes  DEsrooyELLBs. 
ESTRADIOTS9  soldats  k  cheyal,  qu'on  tirait  autre- 
fois de  la  Grto  et  de  I'AIbanie.  Ce  mot  yient  du  grec  orpa- 
Ti^fvK*  qui  signifie  soldat.  Les  V^nitiens  introduisirent  fes 
premiers  cette  milioe  dans  lenrs  arm^s.  Lea  Francis  les 
yirent  k  ToRuyre  lors  de  Texp^tion  de  Charles  YllI  en  Ha- 
lie,  et  particoUtemenC  k  la  bataille  de  Fomoue.  C'dtait  de 
bonne  cayalerle  l^g^  :  anssi  Louis  XTI  en  prit-il  2,000  k 
son  leryioe,  lorsqu'il  marclia  centre  GCnes.  Leduc  de 
Joyeu$:e  en  commandait  on  escadron  k  la  bataille  <le  Cou- 
tras.  D'aprte  Philippe  de  Comines,  lis  4taient  y^us  a  la 
turque  et  ayaient  la  sal  ad  e  poor  coifTure  :  on  les  app4!lpit 
officiellement  chevau-Ugers  albanais,  Lenrs  armes  (^talent 
one  large  ^p^e,  la  masse  k  I'ar^on,  etaii  poing  une  zagaie  de 
3  mMres  25  ^ 4  metres,  ferrto  aux  deux  limits.  Le  P6re Da- 
niel a  donn^  la  figure  de  t'ei«tradio{  dt^ns  son  HisMre  de 


ESTOMAG  —  ESTRAMADURE 

la  Milice  franfaise.  Monter  k  cheyal  «yec  des  ^yi&res 
oourtes ,  c'^tait  monter  d  la  mauresque;  monter  afec  des 
Mriyiireslongues,  c'^tait  tnonter  &  testradiote, 

ESTRAGONy  esptee  dn  genre  armoisef  de  la  familJe 
des  coraposto.  On  la  nomme  encore  serpentine ,  k  cause 
de  la  ressemUanoe  de  sa  radne  ayec  le  corps  d'un  serpent 
ou  d'un  dragon  repli^  plnsieurs  fois  sur  luiAndme,  resaem- 
blanceque  rappeile  ^^dement  son  nom  sdentifique,  arte- 
nUHa  draeuneulvs.  Cette  plante  yiyaee  crolt  spontan^ent 
en  SibMe,  d'ob  elles'est  r^pandue  il  y  a  longtemps  partout. 
Ses  fieoflles,  petites  et  aUoi^^,  ont  nne  odeor  agi^Ue  et 
l^^rement  piquante.  H  eat  peu  de  noa  potagers  ok  Pestra- 
gon  ne  se  trooye.  II  contnbue  k  la  compoation  det  salades, 
dont  fl  rel^ye  le  gottt,  en  facilitant  la  digestion.  L'estragon 
entre  aussi  dans  plnsieurs  inflisions ,  telles  que  le  yinaigre 
d'eatragon,  dont  Temploi  est  trte-fr^ent  On  le  mulb'ptie 
parle  separation  de  ses  pieds,  00  par  les  bootures  de  ses 
tiges;  mais  ce  dernier  proc6ie  est  trte-rarement  mis  en 
usage ,  parce  que  les  tiges  de  If estragon  sont  faibks  et  ddli- 
cates.  Cette  plante  est  d*une  constitution  fiilble;  elle  craiiit 
t*bnmidite,  et  est  sujette  k  pounir  ou  k  fondre ,  sortout  daus 
les  terres  Ibrtea,  grasses  et  compactes  :  11  faut  done ,  autaiit 
que  les  ciroonstances  le  permettent,  placer  Testragon  dans 
une  terre  douce  et  1^^,  et  iui  donner  des  arrosements 
mod^r^.  C.  Tollard  alud. 

ESTRAMAQON  ou  ESTRAMASSON,  mot  d^ye  de 
t'italien  stranuizzone,  et  qui  dans  ce  cas  semblerail  anaiu- 
gne  au  yerbe  etramaxautte^  Jeter  par  terre,  atterrer,  comme 
si  I'on  frappidt  ayec  one  nuaza  00  massue.  Cependant,  on 
pourrait  croire ,  d'aprte  Manage  et  iHerre  Borbl,  qu'il  pro- 
yiendrait  du  latin  barbare  serammasaxtu,  qu*on  trcHiye  dans 
Gr^oire  de  Tours.  Carr^ ,  dans  sa  Panoplie,  accuse  une 
^ymologie  difRfirente  :  ii  pretend  qu'on  nonunait  estra- 
mofon,  ou  extrema  acies^  I'extrtoiiti  du  aabre,  mesnrfe 
k  o"*,32  de  distance  de  la  pohite.  Le  terme  estramagon  si- 
gnifiait  lourde  4p6ej  6pU  d  large  tranchant^  00,  suiyaut 
Pasquier,  coup  de  taille.  De  I&  le  yerbe  estranuifonner^ 
frapper  de  taille.  Chflp^ric,  en  584,  est  asaassm^  k  coups 
d'estrama^on  (scrammasaxus),  Onse  seryaitd'estrama^ons 
dans  les  combats  k  la  mazxa,  dans  les  duels  k  mort. 

G*^  fiAROUI. 

ESTRAMADURE  (Sstremadura).  H  y  a  deux  pro- 
yinces  de  ce  nom,  Tune  en  £spagne,raotre  en  Portugal. 

Ayantlanouyellediyisionadmlnistratiye  et  politique  intro- 
duite  en  Espagne,  PiTj^ramcu/iire  d'Eapagneayait  Badajoz 
pour  capitale.  Situte  entre  le  Portngal  et  la  Nouvelle-Casiille, 
die  esttrayers^e  dans  sa  partie  septentrionale  par  le  Tage,  et 
dans  sa  partie  m^ridlonale  par  la  Guadiana;  bornte  au  aord 
par  le  royaome  do  L^n  et  au  snd  par  PAndalousie,  elle  forme 
depuls  1833  les  deux  proylnces  de  Badajoz  et  de  Cac^rte. 
Sa  superficie  totale  est  d'cnviron  476  myriamitrea  carres , 
et  sa  population  de  prte  de  600,000  Ames.  Bien  qu^elle  da 
soit  que  la  continuation  de  la  haute  terrassedelaNouyelle- 
Castille,  rEstramadurene  sed^yeloppepoortant  point  comnte 
celle<i  en  uneplaine  unifonne.  EUeest,  au  contraire, limit^e, 
au  nord,  par  la  sierra  de  Credos  et  la  sierra  de  pata  :  Tune 
et  I'autre  yiyement  accidents ,  et  demiers  prolongenaeiita 
des  montagnes  qui  la  apparent  de  la  Castille;  au  sud,  par 
les  esp^ces  de  plateaux  ou  de  p&turages  ddseits,  im  pen 
moina  dey^s,  qu'on  dteigne  sous  le  nom  de  sierra  Cons- 
tantlana,  continuation  de  la  sierra    Morena;  aoul^ Ye- 
menis du  sol  qui  enyoient  en  tous  sens  de  nombreusea  ra- 
mifications k  I'lnt^rienr  de  rEslramadore.  Aussi  cette  con- 
trte  forme-t-elle  moins  une  plalne  qu'une  cr6te  oaonta- 
gneuse  et  onduleuse,  bien  arroste,  g^n^ralement  bien  bois^ 
\k  ob  il  extste  des  montagnes,  et  ofTrant  dana  sea  Tallees 
les  plus  yerdoyants  pAturages.  Cependant,  en  d6pit  de  \i 
ricliesae  de  son  sol  et  de  sa  fertility,  riLstramadure  est  rest^ 
depuis  Pexpolsion  des  Maurcs  dans  un  6\Bt  de  mis^re  et  d< 
desolation  complet.  Cest  \k  une  des  consequences  des  sacri 
flees  que  I'agriculhire  espagnole  fait  k  VH^ve  des  moutons 
dc  la  Mesta,  ou  droit  de  yaine  pAture  <$tal)li  au  profit  dc 


ESTRAMADURE  —  ESTRAPADE 


troupcaui  erranU,  syst^e  qui  fait  regarder  le  sol  comme 
la  propri^t^  commime  des  Aeveurs  de  troupeaux.  Ind^pen- 
damraent  des  luoutons,  on  y  ^ve  aussi  beaucoup  de  di^Trea  . 
et  beaucoup  de  pores  nonnris  k  la  glands ,  qui  scnrent  h  . 
feire  des  jambous  et  des  sanciflsons,  k  bon  droit  renonmi6s. 
y^l^ve  des  cheraux,  des  Anes  et  des  mulets,  des  vers  k  soie 
et  des  abeilles  De  lalsse  pas  non  plus  que  d^y  doimer  lieu 
k  des  profits  d'me  eertaine  importanee.  Sexploitation  d<is 
mines,  autrefois  si  productiTey  est  de  nos  Jours  k  pee  prto 
DuUe.  Lindustrle  y  est  d'ailtenrssans  importance,  et  le  com- 
merce ext^rlenr  se  borne  ao  transit  avec  le  Portogal.  La 
population  de  I'Estramadure,  panyre  et  clair-sem^,  tenue 
en  deliors  do  teste  de  TEspagne  par  Pabsence  totale  de 
routes  TiableSy  eat  pea  dvilis^,  et  n'est  gutee  int^ressante  an 
point  de  vue  moral.  On  recmte  cependant  d^excellents  soldats 
dans  son  sein,  et  c*e8t  de  rEstramadure  que  sont  renus  les 
plus  calibres  eonquUtadores,  et  aotres  chefii  mllitaires. 

Aprtel'Alem-TeJo,  VEstramadure  du  Portogal  est  la  plus 
grande  province  de  oe  roy aome.  £lle  ofTre  une  snperficie  de  29  i 
royriaini&trescarrte,  et,  y  oompris  la  population  de  Lisbonne, 
compte  environ  800,000  habitants.  Elle  est  gte^ralement  mon- 
tagneuse.  Ao  nord  du  Tagei  jusque  dans  la  province  de  Beira, 
se  proionge  la  continuation  de  la  baute  sierra  da  Estrelha, 
avec  ses  sanvages  rocbers  calcaires  k  pic,  envoyant  de  nom- 
breuses  ramifications  dans  (oute  la  contrte.  A  I'oiottt  de 
Temboucbnre  da  mtaie  fleave,  se  troave  la  montagne  gra- 
nitiqne  appelte  la  ilerra  de  Cintra,  hante  deh  k  600  m^ 
Ires  au-dessttS  du  niveau  de  la  mer,  et  do  caract^  le  plus 
romantiquement  sauvage,  aboutissant  au  Cabo  de  Roea, 
4equel  forme  i'extrtoit^  snd-ouest  do  continent  europ6en. 
Au  sud  du  Tage  s'^tendent  des  landes  urides,  fnterrompues 
quelqiiefois  par  des  marali;  on  y  troove  lUrroMcto,  mon- 
tagne calcaire  k  base  de  grte,  qoi  atteint  okie  Ovation  d*en- 
viron  340  metres,  et  abootit  k  la  mer  avec  le  Cabo  de  Espi- 
cheL  Beaucoup  de  parties  de  c^te  province  sont  extreme- 
inent  fertiles ,  mala  le  reateest  aride  et  inculte.  Le  Tage,  qui 
ne  devient  navigable  qa*k  Abrantte,  6*est4-dire  k  environ 
15  myriam^tres  de  son  emboncbnre,  renferme  un  grand 
nombre  d*lles.  Les  principales  productions  de  rEstrama- 
dure sont  le  vin,  Tbuile,  les  fruits  du  Midi,  les  grains,  le 
li^e.  Les  parties  sablonnetises  elles-mtoies  sont  couvertes 
de  cistes,  de  remarins,  de  myrtes  et  antres  plantes  odori- 
f^rantes.  L'A^ve  da  b^tail  n'y  a  pas  pris  d'Importance.  En 
fait  de  min^ranx,  on  n'y  rencontre  qne  du  marbre,  de  la 
liouille  et  do  set  foesile  (suitoul  aux  environs  de  Setubal) ; 
c*est  \k  aussi  qn*est  situi^  la  seule  source  saline  qui  existe 
en  Portogal,  la  source  de  Bio-Mayor^  prte  de  Santarem. 
C'estsurtout  dans  cette  province  que  les  tremblements  de 
terre,  assei  fr^uents  en  Portugal,  ont  exerc^  leurs  ravages. 
Elle  est  divis^-en  trois  districts  :  Leiria,  Lisbonne  et  San- 
tarem; en  15  comorcos,  on  arrondissements  judicialres; 
en  84  conselhoif  ou  communes,  et  en  474  paroisses. 

ESTRANOHELO.  Onnommeainsi  l*alphabet  syriaqne 
lious  la  forme  la  plus  andenne  qu*on  lui  connaisse.  Le  Sy- 
rien  maronite  Assemani,  mort  pr6fet  de  la  biblloth^ue 
du  Vatican,  en  1768,  a  cm  troaver  Torlglne  de  ce  nom  dans 
le  mot  grec  atpofrvXoc ,  arrondi,  £plth6te  qui  ne  s'accorde 
aftsm^foient  pea  avec  la  nature,  au  contraire  roide  et  an- 
gulense,  do  la  plnpart  des  vingt-deux  caractires  qui  com- 
posent  cet  alphabet.  La  forme  la  plus  commune  anjourd'hui 
des  lettres  syrlaqaes,  oelle  du  caract^  peehiio^  adopts  k 
une  ^poqoe  eomiparativement  r6oente,  pr^sente  des  traits 
bien  autrement  arrondls  que  ceux  de  I'autre,  et  qui  lui  m^ 
riteraient  k  bien  phis  Juste  titre  le  nom  d'estranghelo ,  si 
r^tymologie  donnte  par  AssemanI  avait  qnelqne  justesse. 
Les  savants  orientallstes  Mlcbaeiis,  Adler,  Hoffmann,  voient, 
au  contraire^  dans  ce  nom  une  contraction  de  deux  mots 
arabes  qui  se  ptxMioncent  Satkar-andiii » et  signilient  dcrt- 
tare  de  rMvangile,  Le  systtaie  graphique  connu  sous  le 
nom  &esiranghelo  hit  primltivement  employ^  cliez  les  Sy- 
riens  poor  la  transcription  des  saintes  kcritores  et  dc  la  li- 
tBinie.  Cost  aussi  le  caractire  dans  leqnd  ont  61^  ecrits 


47 

presque  tons  les  manuscrits  ant^riciirs  au  huitieme  dtele. 
Depuis  cette  ^poqoe ,  0  est  exdosivement  r^serv^  poor  les 
titres  des  livres.  On  en  trouve  un  beau  sp^lmen  dans  la 
Bible  polyglotte  imprim^  k  Londres,  par  Samuel  Baxter, 
en  1831.  Les  formes  deVestranghelo  rappdlent  celtes  do 
caract^re  cbaldalque  ou  b^breu  carr^,  auquel  dies  ont  ^vi- 
demment^  empruntto.  lAon  Vaissb. 

ESTRAPADE.  Ce  mot,  d^rlv^  de  Tancien  verbe 
fran^ia  estraper,  briser,  a  ou  a  eu  deux  signillcations.  En 
termes  de  mau^e^  il  se  dit  de  l*action  d'un  cheval  qui  se 
dresse  en  I'atr,  en  d^tachant  de  furleuses  rnades  pour  d6- 
monter  son  cavalier.  C'^tait  aussi  an  supplice  de  mer,  con- 
ststant  k  guinder  le  coupable  k  la  hauteur  d'une  vergue, 
d'od,  le  laissant  tomber  dans  la  mer„  on  1^  plongedt  au- 
tant  de  fois  que  le  portait  la  sentence :  c^est  ce  qu'on  appe- 
lait  aussi  la  cafe.  Vestrapade  de  terre  6tait  un  supplice 
plus  crud,  en  usage  dans  le  midi  de  l^urope,  et  dont  la 
forme  variait  suivant  les  locaUt^s.  Quelquefois  on  Halt  les 
pieds  et  les  mains  du  coupable  derri^re  le  dos;  on  le  his- 
sait ,  "an  moyen  d*une  pouUe,  et  on  le  lalssait  tomber  jusqu^a 
80  centimetres  k  1  m^tre  de  terre,  de.manidre  que  ses  bra» 
et  ses  Jambes  iprouvassent  de  grandes  doulenrs  par  le  i)oi(Js 
de  son  corps.  Mais  quand  on  se  contentail  d^attacber  les 
mains  do  patient  derri^re  le  dos,  ponrle  faire  tomber  sur 
ses  pieds,  alors  les  sonffrances  6taient  horribles  :  le  poids 
du  corps  faisant  revenir  les  bras  en  avant,  les  6paules  se 
trouvaient  demises.  Cost  de  cette  demifere  manid'e  qu^oii 
infligeait  l*estrapade  dans  les  £tats  soumis  k  la  domination 
du  pape.  On  a  Tu  longtemps  k  Avignon ,  sur  la  place  Saint- 
Pierre,  k  c6U  du  tribunal  de  ce  nom,  une  poulie  &  10  ou 
15  mMresde  terre,  d^ob  Ton  faisait  descendre  rapidemeot 
les  victimes.  Le  sapplice  de  Testrapade  fot  introdult  en 
France  sous  le  r^e  de  Ftan^is  1*',  et  on  Finfligea  spd- 
dalement  anx  huguenots,  que,  par  un  rafflnement  de 
craaut^,  on  replongcait  plusieurs  fois  dans  les  flammes, 
ao  lieu  de  les  faire  tomber  par  terre.  La  ganche  ^tait  Jadis 
une  sorte  d'estrapade  r^rv^  en  Turquie  aux  assassins  : 
on  hissait  les  patients  au  moyen  d'une  poulie,  et  on  les 
taissait  tomber  sur  des  crampons  en  fer,  od  lis  restaient  ac- 
crocli^  par  Ic  ventre,  la  poitrine,  ou  par  toute autre  partie 
du  corps.  On  voyait  qoelqnes-uns  de  ces  mis^ables  demeu- 
rer  ainsi  suspendus  deux  ou  trois  jours,  en  attendant  la 
mort,  demander  k  boire  et  k  turner. 

Une  petite  place  k  Paris,  pr^  de  Sainte-Oeneviive,  et 
une  rue  voisine ,  portent  encore  le  nom  de  VEstrapade,  et 
ont  remplac^  le  foss^  qui  renfermait  la  ville  de  ce  cOt^,  non 
loin  de  la  porta  Saint-Jacques ,  qui  n^existe  plus.  De  ik  est 
venu  le  nom  d^Estrapade  donn^  au  foss^,  k  la  me  et  k  la 
place.  Y  voyait-on  des  cbevaux  d^r^nner  leurs  cavaliers? 
Y  donnait-on  autrefois  la  torture  ^  des  malheureax,  notam- 
ment  sous  Francis  1*'  et  sous  Henri  11?  Cette  demi^re 
^tymologie  est  la  plus  vraisemblable.  Mais  ce  qu'il  y  a  de 
certabi,  (feat  que  ce  quartier  dtait  alors  plus  vivant  qu*il  ne 
Test  aujourd'hui.  Devant  la  porte  Saint- Jacques,  k  Tentr^e 
du  foss^  de  TEstrapade,  vers  ia  fin  dp  seizitoie  Steele,  un 
tb^tre  portatlf  fut  ^tabli  par  trois  acteurs,  ou  plutdt  troijv 
farceurs,  qui  depuis  entr^rent  4  cdui  du  Marais,  d'oii  ils 
pass^rent  a  Vh6ie\  de  Bourgogne :  Robert  Gu^in ,  dit  La 
Fleur  ou  Gros-Gnillaume ;  Henri  Legrand,  dit  BdleviUe  ou 
Turlupin,et  HuguesGu^rin,  ditFl^hdle  on Gautier-Gar' 
guilte.  llsy  (kisaient  rire  le  pubUc,  Tun ,  par  son  visage  en- 
faring  et  son  grqs  ventre  d'ivrogne,  cercU  de  deux  cdntnres 
de  cuir  comme  unebarrique;  le  second,  par  salongue  barbe 
pointue  et  ses  chansons  bouffonnes;  le  troisitoie,  par  ses 
pointes  et  ses  quolibets ,  qu'on  appela  iurlupinades^ 
Deux  si^desplus  tard,  lorsque  la  revolution  de  1789,  de- 
trulsant  tons  les  privities,  enfanta  uiie  multitude  de  thcA- 
tres,  il  s*en  deva  an  sur  la  place  de  TEstrapade,  sous  le  litre 
de  th^dtre  des  Muses,  L'Apollon  de  ce  Pamasse  itait  un 
sieur  Panier,  toumeur  de  son  metier,  et  ci-devant  assod^ 
Il  la  direction  des  JHlassements  comiques.  II  oflrit  an  pu- 
blic des  aclrices  qui  ne  ressemblaient  k  ricn  moins  qu'aux 


48 


ESTRAPADE  ^  ESTREES 


Muses,  ef  des  pitees  qu*il  payait  qoaraote  sous  par  acte. 
On  7  jonait  des  ouvrages  p«triotique»»  qui  produisaient  sur 
les  bonnes  gens  dn  qnartier  nnegrande  illusion,  surtout 
aui  flfttes  fnn^res  de  Voltaire  et  de  Mirabeau.  Ce  tli^tre 
Yenna  an  bout  de  quelques  mois,  et  son  entrepreneur  se 
lemit  k  toumer  des  chaises.  Vers  la  fin  de  1791,  la  salle 
rouTrit,  non  sons  le  patronage  des  Muses,  mais  sous  le 
simple Uttedeth4dtrB  de  VEstrapade ,  qui  ne  lui  rtossit  pas 
mienx ,  car  eile  fut  fenn^  d^finitiyement  dans  les  premiers 
mois  de  1793 ,  et  il  n'en  reste  plus  anjourd*hui  de  Testiges. 

H     AlIMFFRET 

ESlli^ES  (Families  d*}.  H  a  exists'  des  families  dn 
nom  d*Estr^es  dans  diffdrentes  proTinces  de  France,  en 
Touratne,  an  Maine,  dans  la  Bresse,  en  Picardie  et  en 
Artois.  Celle  dont  6ta!t  issue  GaMelle  d'Esrs^ES  ( Voyez 
Tarticle  suiyant)  ayait  ponr  berceau  une  seigncurie  des  en- 
virons d*Avesnes-le-Comte,  an  diocese  d'Arras.  Sa  filiation 
remontait  k  Pierre  d*EsTB^ES,  Tirant  en  1437.  Jean  d*£s- 
TR^ES,  arri^re-peUt-flls  de  Pierre,  naquit  en  1486.  II  fut 
d*abonl  page  de  la  relne  Anne  de  Bretagne,  combattit  k 
Marignan  et  k  PaYie,et  deTint,  en  1545,  capitaine  d'une 
compagnie  de  cent  dnquante  ardiers,  fonn^e  pour  la  garde 
de  Henri  II,  alors  daupbin.  Ce  prince,  quelques  anndes 
aprte  son  av^ement  an  trtae,  nomma  d'£str<^  grand- 
maltre  de  rartillerie  de  France,  cbarge  dans  laquelle  il  se 
distingua  au  si^ge  de  Calus.  On  dit  que  d*Estr^es  fut  le  pre- 
mier gentilbomroe  de  sa  province  qui  embrassa  la  religion 
r^forro^.  11  s'attacha  au  roi  de  Navarre  ct  au  piince  de 
Cond^,  dont  il  aTalt  6pous6  la  parente,  Catherine  de  Bour- 
bon ,  mais  sans  S*^carter  cependant  de  son  devoir  et  de  sa 
fid^t^  envers  son  souverain.  Uroouruten  1572,  laissaht 
pour  b^ritier  Antoine  d*Estr^fts,  son  fils,  qui  futaussi  grand- 
maltre  de  rartillerie  en  1597,  charge  qui,  sur  sa  demission, 
Alt  donnde  k  Sully,  nuutiuis  de  Rosny.  Frangois  Annibal 
d'EsTR^ES,  qui  avait  pour  socnr  GabrieUe  d'Estr^,  et 
pour  p^e  Antoine,  qui  pr^cMe,  fht  pourru  de  r^v6ch^  de 
Noyon  en  1594,  et  prit  le  parti  des  armes  aprte  la  mort  de 
Francis-Louis  d^Estr^es,  marquis  deCGBUvres,  son  frire 
atn^.  n  fut  tu6  au  si6ge  de  Laon ,  en  1594.  Deux  marins  cd- 
lebres  du  r^e  de  Louis  XIV  appartenaient  aussi  k  cette 
-fiunilie  (Voyez  plus  loin),  qui  a  fonrni  encore  diffi^rents 
mar^baux.  generaffx  et  ^vfiques,  et  qui  s*^teignit  en  1771. 

ESTREES  (Gabriellb  n'),  dame  de  Liancourt,  du- 
«hesse  de  Beaufort,  naquit  en  1571,  et  mourut  en  1599. 
Qui  ne  connalt  les  amours  de  Henri  IV  et  de  Gabrielle? 
Le  basard  ayant  conduit  ce  prince,  sur  la  fm  de  1590,  au 
cb&teau  de  Coeuvres,  oh  r^sidait  Gabrielle  et  sa  famille,  il 
re^ut  de  la  jeune  cli&telaine  un  accueil  si  empress^,  que  le 
cGcur,  d^ailleurs  fort  innaminable,  du  iiauvre  roi  fut  con- 
quis  sans  retonr ;  mais  de  cette  fois  il  ne  fut  pas  vainqaenr, 
soit  que  Gabrielle  se  sentit  encore  trop  (Uprise  du  grand 
^uyer  Bellegarde,  son  amant,  soit  que  Henri  IV  ne  fOt 
pas  en  ^tat  de  pousser  k  fin  Taventure  :  en  effet,  les  M^- 
moires  de  Bassompierre  nous  apprennent  que  Tabbesse 
de  Vemon ,  Catherine  de  Verdun ,  lui  aTait  lalss^  un  sou- 
venei-voui  de  wwi  beauconp  trop  durable.  Quoi  qu^il  en 
soit,  Gabrielle  ne  tint  pas  longtemps  contre  les  liberal! t^s 
d'un  prince  qui  n^avait  pas  toiqours  des  chemises ,  mais  qui 
ne  comptait  jamais  aTecses  mattresses.  Henri  IV,  an  reste, 
ayait  plus  qu'ancun  autre  rd  besoin  de  se  montrer  gdn^ 
reux  en  amour,  car  le  prestige  de  ses  h^roiques  qualit^s  ne 
pourait  dans  certains  moments  effacer  la  r^voltante  im- 
pression de  sa  malpropret^,  toute  soldatesque  et  toute  gas- 
conne,  jointe  k  la  disgrftce  d^one  baleine  k  rcnverser  morts 
ses  ennemis.  La  demorselle  d^Estr^  se  donna  done  au  roi, 
sans  renoncer  k  son  Intrigue  avec  Bellegarde.  Le  bon  Henri , 
destine,  dans  ses  amours  comme  en  hymen,  k  la  publicity 
de  pli*s  d'une  malencontre,  nMgnorait  ni  les  privaut^  de  sa 
matlresse  avec  Bellegarde,  nl  celles  de  son  ^[)ouse.  Margue- 
rite de  Valois,  avec  Tunivers  enticr.  Qui  ne  connalt  ce  mot : 
« 11  faut  que  tout  le  monde  Tive,  »  qu^il  dit  si  plaisamment 
en  jetant  un  gAteau  an  grand-^Miyer  cach^  sous  le  lit  de 


son  infid61e.'  Les  M^moires  de  Sully  nous  apprennent  Ti- 
tonnement  que  t^oigna  ce  prince  lorsqoeAlibonrtySon  m6- 
decin ,  lui  apprit  que  Gabrielle  ^tait  enceinte  :  «  Que  vou- 
lez-vous  dire,  bonhomme?  Comment  seratt-eUe  grosse?  Je 
sais  bien  que  je  ne  lui  ai  encore  rien  fait?  »  Pen  de  joars 
aprfes,  le  24  juillet  I59i,  mourut  ce  m^ecbi^  possessear 
d'un  secret  si  dangereux.  Les  ennemis  de  la  favorite  ne  man- 
querent  pas  d'attribiier  cette  mort  snbite  an  poison  {Jour* 
nal  de  L'EsMU). 

Poor  donner  k  Gabrielle  une  position  dans  le  monde, 
Henri  IV  Pavait  marite  k  un  gentilhommepicard,  lian- 
court-Damenral;  mais,  disent  les  M4mMrea  de  Sully ^  *»  il 
sut  bien  empteher  la  consommation  du  mariage,  »  qui  fut 
bient6t  dissous  pour  cause  d'impnissance  dn  mari ,  qooiqull 
eAt  quatorzeenfants  d*one  premito  femiue.  Oe  pr^liadnaire 
^tait  essentlel  poor  conduire  la  demoiselle  d'Estr^  sur  le 
tr6ne  que  le  roi  lui  destinait ,  lorsqoe  lui-m^me  aurait  fait 
dissoudre  son  mariage  avec  Marguerite  de  Valois.  Dans  ce 
dessein,  il  ^rigea  pour  la  reine  de  ses  penste  le  oomt6  de 
Beaufort  en  duch^pairie.  Gabrielle  ne  n^igea  pas  de  se 
faire  des  creatures  parmi  les  plus  grands  sei^ieurs  du 
royaume.  Ellecontribua  beaucoup  k  raccommodement  ho- 
norable qu'obtinrent  du  B^mais  Mayenne  et  le  doe  de 
Mercoeur.  Ellene  s*oubIia  pas  elle-nitaie,  et  pour  prix  de 
ses  bona  offices  ce  dernier  promit  d*onir  sa  fiiie,  qui  teit 
la  plus  riche  b^riti^re  du  royanme,  k  G^sar,  Monsieur^  doc 
de  VendOme,  Taln^  des  trois  enfants  qn'elle  avait  donn^  a 
Henri  IV.  Un  scul  liomme  contre-balan^it  le  cr^t  de  la 
favorite  :  c*6tait  Sully,  trop  d^vou^  k  son  maltre  poor 
r^tre  k  ses  mattresses.  C*^taient,  entre  die  et  Paustfere  mi- 
nistre,  des  scenes  k  n'en  (las  finir  Le  bon  prince  faisaitchaqne 
jour  des  efforts  pour  les  rapatrier :  one  parole  indlscrte  de 
Gabrielle  le  mit  k  mtoie  un  jonr  de  se  prononcer,  et  ce  ne 
fiit  pas  &  I'avantage  de  celle-ci :  «  Tairoe  mienx,  lui  dit-elle, 
mourir  que  de  vivre  avec  cette  vergogne  de  voir  soutenir 
un  valet  contre  moi,  qui  porte  le  titre  de  vnaitresse,  —  Je 
chasserais  pliitdt  vingt  mattresses  comme  vous  qu*nn  valet 
comme  lui ,  >•  fut  la  rdponse  de  Henri  IV. 

Toutefois ,  sans  avoir  le  titre  de  reine,  la  favorite  en  re- 
cueillait  d^jk  tons  les  bonneurs ;  ellene  devait  pasmteie  tarder 
Il  le  inissdder,  car  les  n^ociations  pour  le  divorce  aliai^it 
bon  train.  Cest  le  moment  qu'attendit  la  mort  poor  la 
frapper  au  milieu  de  tout  T^at  du  bonbenr  et  dn  luxe,  au 
milieu  du  prestige  des  plus  hautes  esp^ances.  Le  roi ,  par 
une  msignifiante  concession  aux  reraontrances  de  son  con- 
fesseur  Ren^  Benott,  avait  ^loign^  de  la  cour  Gabrielle  pen- 
dant les  fdtes  de  PAques.  £11^  alia  les  passer  chei  Zamet , 
riche  financier,  qui  6tait  le  ministre  des  plaisirs  du  prince 
et  le  complaisant  de  ses  mattresses.  Ce  fut  \k  que  le  samedi 
samt,  10  avril  1599,  elle  expire,  dans  d'aflireoses  convul- 
sions, qni  la  prirent  subitementaprte  avoir  mang6  une  orange 
k  la  fin  de  son  diner.  Sa  bouche  s^^tait  toumte  presque  ju8> 
qu^au  derri^re  de  la  t^te,  et,  dit  un  biographe,  «  oe  visage, 
orn^  de  tant  d*attraits,  n^ofTrait  plus  qu*un  masque  hideux, 
sur  lequel  il  ^tait  impossible  de  Jeter  les  yeux  sans  horreur.  » 
Cette  mort  futrelle  Teffet  d'une  apoplexie  natarelle?  pro- 
vint-elle  du  poison?  C*est  un  probliine  que  Thistoire  n*a  pu 
r^udre.  Henri  IV  donna  d'amers  regrets  k  sa  mattresse ; 
il  porta  son  deuil  comme  pour  une  priucesse  du  sang. 

11  paralt  qu'an  total  Gabrielle,  ambitieuse  et  int^ress^ 
comme  toutes  les  femmes  qui  ont  occup6  sa  place ,  si  Ton  ea 
excepte  la  douce  et  tendre  La  Valli^re,  fut  une  asses  bonne 
cr^ture  :  «  Sans  hauteur,  sans  arrogance,  sans  Oert6,  dit 
le  m6me  biographe,  eile  n'abusa  jamais  de  sa  foveur.  Affable, 
poUe,  douce  et  bienfaisante,  elle  avait  acquis  Testime  ei  la 
consideration  des  courtisans.  >•  Un  contemporain  assez  peu 
flatteur  de  son  naturel,  d'Aubisn^,  ne  s*est  pas  «xpriiii/6 
avec  moins  d'esUmcs  sur  le  caractte  de  cette  tavorite.  «  On 
n'a  gu^re  vu  de  mattresses  de  nos  rois,  dit-il,  qui  n'aieot 
attir^  sur  elles  la  liaine  des  grands,  on  ea  leur  faisant  per- 
dre  ce  quails  ddsiraient ,  on  en  faisant  d^favoriser  oeux  qui 
ne  les  aidaient  pas,  on  en  ^pousant  les  IntMts  de  leoiv 


ESTREES  —  ESTURGEON 


parents ,  teiirs  rdeompenses  ou  leurs  vengeances.  (Test  une  ) 
merreilie  que  oette  fenune,  dont  TextrdDie  beauts  ne  tenait 
lien  de  lasdf,  ait  pa  vi? re  dans  cette  coar  avec  si  pea  d  en- 
neniis.  » 

Sons  un  autre  rapport,  la  chroniqne  scandaleuse  du  temps 
n^a  pas  ^pargn^  Gabrielle.  On  rapporte  qu'apris  aToir  ^i& , 
h  I'Age  de  seiie  ans,  prostitute  par  sa  mire  k  Henri  III,  qui 
la  paya  6,000  6cas,  etqui  s'en  lassa  bient6t,  elle  fUt  livrte 
k  Zamety  dont  le  coffre-fort  tron? ait  pea  de  cradles ;  puis 
elle  passa  an  cardinal  de  Goise,  qui  wicui  arec  elle  pendant 
on  an;  puis,  aa  due  de  LongueviUe,  puis  ^  deux  ou  trois 
autres  gentilsbommes ,  et  enfln  ao  due  dp  Bellegarde ,  qui 
finit  par  la  partager  aTec  Henri  IV.  Nous  rapportons  cette 
amonreuse  litanie,  sans  pr^tendrela  discuter  id  la  garantir; 
die  prouve  do  moins  que  la  mMlsance  n*est  Jamais  en  reste 
k  r^rd  des  femmes  qui  brayent  les  mceors  avec  autant  de 
publicity.  Cette  faTorile  se  li? rait  sans  mesure  aux  d^penses 
du  luxe  le  plus  efrr^n^.  Le  Journal  de  VBstoile  entre  k  ce 
sujet  dans  des  details  curieax :  on  y  Yoit  que  pour  un  ballet, 
qui  fbt  donn^  k  la  coar  aa  mois  de  novembre  1594 ,  elle 
porta  on  monchoir  dont «  elle  arait  arrfiti  le  prix  ( avee  un 
brodeur  de  Paris  )  d  dix-nenf  cents  4cus ,  qu^elle  lui  de- 
vait  payer  comptant  •  Gabrielle  a  ^t^  lesujet  d'une  h^roide 
de  Poinsinet  et  d^e  mauTaise  trag^ie  de  Sauyigny.  Dans 
les  environs  de  Paris,  on  montre  encore  plusieurs  maisons 
de  plaisanoe  qui  lui  ont  appartena.    Charles  Du  Rozom. 

ESTREES  (  Jean  ,  oomte,  et  Vicior-Mabib  ,  due  n* ). 
Ces  deux  hommes ,  le  premier  p6re  do  second ,  se  transmi- 
rent  Tun  k  Tautre,  par  droit  de  naissance,  les  grands  titres 
et  nUostration.  Jean  6tait  n^  en  Picardie,  en  1628;  li 
servit  d*abord  dans  Tarmte  de  terre,  sous  Gassion,  Bautran 
et  Turenne,  et  k  trente  et  un  ans  le  roi  Tavait  nomm^  lieu- 
tenant g^n^ral  de  ses  armiSes.  Mais,  fait  prisonnler  en  1655, 
11  disparut  du  monde  politique  jusqu'en  1659,  ou  la  pais  lui 
rendit  la  liberty,  n  profita  des  anntes  de  calme  pour  voyager, 
et  parcoonit  les  ports  de  France,  d'Angleterre  et  de  Hol- 
laide,  «  eonversant,  de  temps  en  temps,  avec  les  pUotes, 
les  officiers  et  lesmatelots,  si  bien  ,  dit  un  biographe,  qull 
apprit  toot  ce  qui  est  nteessaire  pour  former  on  homme 
de  mer. »  Louis  XIV  llmprovisa  vice-amiral  en  1670,  aprte 
Tavoir  fait  due  et  pair,  et  lui  donna  une  flotte  ponr  aller 
demander  raison  anx  Anglais  des  ravages  qu'lls  exer^ient 
dansnos  possessions  d*Am^rique  etpour  donner  ensuite  la 
cJiasse  anx  Barbaresques ;  puis,  en  1672,  quand  la  France 
s'unit  k  TAngleterre  centre  la  HoUande ,  Tescadre  de  d^Es- 
trdes  se  rangea  sous  les  ordres  du  due  d^York,  et  se  battit  k 
South-Bay  centre  Ruyter.  L'ann^  suivanle  encore,  avec 
trente  vaisseaux  de  Ugne  et  vingt  frigates,  il  s'nnit  aux  qua- 
rante  deux  vaisseaux  du  prince  Robert,  et  le  7  juin  les  armies 
combing  engagferent  nn  combat  centre  Ruyter  et  T  r  o  m  p. 
Ce  jour  I  son  intelligence  8*^veiUa  aax  belles  lemons  d'^volu- 
tion  navaie  qu*il  re^ut  de  Ruyter.  Llionneor  et  I'amour  de 
la  gloire  emplissaient  T&me  de  la  noblesse  firan^aise  de  ces 
temps-Ik.  D*£str4es  rendit  k  son  ennemi  un  gdn^eux  t^- 
moignage ;  H  toivit  k  Seignelay  :  «  Ruyter  est  nn  grand 
mattie  dans  I'arl  de  la  marine;  il  m^a  donn6  de  belles  le^ns 
dans  cette  bataille :  je  payends  volontiers  de  ma  vie  la  gloire 
qu^il  s'est  acqoise.  »  Et  sept  joars  apr^s  11  esp^ra  mettre  k 
proGt  ces  hants  enseignements :  fl  se  heurta  centre  Ruyter, 
mala  il  n*y  eat  qae  deox  afhires  parQelles. 

Si  les  officiers  de  marine  dealers  n^avaient  pas  nne  large 
entente  de  Tart  des  batailles ,  ils  ^talent  braves  chevaliers, 
et  Phonneur  pariait  bant  k  leur  Ame.  Prenons-en  poor 
exerople  la  tentative  que  flt  Jean  d*E8trte  sur  Tabago  en 
167 1.  II  n*avait  que  aix  vaisseaux ;  Pamiral  hollandais  Binck 
en  avait  dix,  et  de  plus  il  ^teit  emboss^  dans  le  cul-de-sac 
de  Tabago ,  oil  nos  valaseaax  ne  pouvaient  p^n^trer  que  la 
sonde  k  la  main^  par  on  ^rolt  chenal.  D^Estr^  entra  malgr6 
le  feu  des  forts ,  el  engpgea  Pennemi  bord  k  bord  pendant 
liuit  heures ;  il  fit  saoter  le  vaisseau  atniral,  qa*ll  avait  accro- 
ch^,  et  ftil  brfil^  lui-m6me.  II  se  passa  dliorribles  scenes , 
aurtout  k  bord  d'une  malheuieuse  llAte  ob  Voo  viwi  entass^ 

niCT.  I>E  I      cONVE!tS.   —  T.  OU 


49 

femmes,  enfants,  n^res  et  vietllards,  et  qui  prit  feu. 
Quanta  lui,  tl  ne  dut  son  salut  qu*au  d^vouement  dVn 
garde-marine.  Ce  fut  une  chaude  affaire :  sar  onze  vaisseaux 
qui  brfll^rent,  nous  y  laissAmes  quatre  des  ndtres.  II  revint 
vers  lafin  de  Pann^e,  et  prit  possession  de  Tile.  Mais  il  ^talt 
destine  k  essuyer  toates  les  chances  de  la  navigation  :  en 
retoiirnant  en  France ,  son  cscadre  alia  faire  t6te  sur  les  lies 
des  Oiseaux  ^6  d^rdre  se  mit  dans  son  6]Hipage :  les  ma- 
telots  d^lonc^rent  les  barriques  de  vin  et  d'eau-de-vie ,  se 
soOl^rent,  perdirent  la  t^te  et  se  noydrent.  A  son  arrive, 
il  recut  le  bAton  de  marshal.  Dans  la  suite  de  sa  carri^re, 
il  ranf  onna  les  corsaires  de  Tripoli  et  de  Tunis.  Le  rot  lui 
donna  le  commandcment  des  c6tes  de  Bretagne,  et  il  mourut 
en  1707. 

La  vie  de  VMor'Marie,  son  fils  atn^,  n6  k  Paris,  en  1660 
ne  fut  que  la  contre-^preuve  de  la  sitmne ;  le  grand  rot 
commen^ait  k  baisser.  Louis  XIV  le  tira  de  f arm^  de 
terre,  ou  il  servait  sous  le  nom  de  marquis  de  Cceuvres  , 
poor  lui  donner,  sans  raison,  le  commandement  d'un  des 
vaisseaux  de  Tamiral  son  p^re.  II  d^uta  par  une  traverse 
p^nibfe  :  le  journal  de  cette  expedition ,  quMl  adressa  au 
ministre  k  son  retour,  indique  qu'il  avait  une  haute  portde 
d^esprit :  11  m^rite  d'etre  consults ;  de  pareils  monuments 
sent  rares  dans  U  marine.  Tour  k  tour  soldat  et  marin,  il 
Alt  toujours  brave ,  mais  il  parat  mieox  entendre  la  guerre 
sur  terre.  Nous  ne  donnerons  pas  la  nomenclature  des  com- 
bats aaxquels  il  assista :  la  posterity  ne  peut  pas  lenir  compte 
aux  hommes  d*un  simple  acte  de  prince  dans  les  grands 
^vtoements.  Si  Loois  XIV  le  fit  dievalier  de  ses  ordres  et 
mar^chal  de  France,  ce  fut  en  r^ompense  des  bons  trai- 
tements  que  re^ut  de  lui  le  roi  d'Espagne  Philippe  V,  lors- 
qoTQ  le  transporta  k  Naples  sur  son  escadre.  D^toumons 
les  yeox  du  combat  de  V^iez-Malaga  :  la  marine  fran^ise 
dtalt  en  dicadente,  et  en  1706  les  arm^  na vales  de 
Louis  XIV  nMtaient  plus.  Victor  d^£str6es  fut  nomm^  mi- 
nistre par  le  r^ent,  et  PAcad^mie  Frangai.se  Padopta  pour 
membre.  II  avait  une  intelligenee  large  et  Tesprit  cultiv^. 
Pierre  le  Grand  lui  donna  des  marques  d*Bne  consideration 
toote  particiilidre.  Cc  fiit  sous  sa  direction  que  le  P^re  Hoste 
pnblia  un  traits  de  tactique  navaie  et  de  construction,  qui 
indique  les  progr^s  rapides  qu'avait  fails  Part  de  la  marine. 
II  mourut  sans  enfants,  k  P&ge  de  soixante-dix-sept  ans. 

Th^og^e  Page,  capitaiae  de  Taisseau. 

ESTR:6mADURE.  Voyez  Estbaxadobe. 

ESTROPE.  VoyezZtiSB (Marine), 

ESTURGEON,  genre  de  poissons  da  premier  ordrt. 
des  chondropt^rygiens ;  il  renferme  un  assez  grand  nombre- 
d'esp^ces,  dont  la  forme  gdn^rale  est  la  m6me  que  celle  des 
squales,  mais  dont  le  corps  est  plus  ou  moins  garni  d*^- 
cussons  osseux ,  implants  sur  la  peau,  en  rang^es  longitu- 
dinales.  Les  esturgeons,  comme  les  squales,  peuvent-6tre 
compt^s  parmi  les  plus  grands  poissons «  poisqu'on  en  ren- 
contre souvent  qui  ont  plus  de  bnit  ro^res  de  longueur ; 
mais  ils  sent  mohis  forts,  moins  f^roces;  ils  n*attaqoent 
que  les  poissons  de  petite  dimension,  se  nourrissent  surtout 
de  vers,  de  coquillages,  et  Joignent^  leur  app^tit  pen  vio- 
lent des  habitudes  donees  et  des  mclinations  paisibles.  Voici 
tears  caractftres  g^n^ques,  tels  que  les  donne  G.  Cuvier, 
dans  son  Rigne  animal  :  «  La  tete  est  tr^s-cuirasste  a 
Pext^rleur;  la  bouche,  plac^  sous  le  museau,  est  petite 
et  d^nu^  de  dents ;  Pos  palatin  soud6  aux  maxUlalres,  en 
forme  la  mAchoire  sup^rieure,  et  Ton  trouve  les  intermaxil- 
laires  en  vestige  dans  P6paisseur  des  I^vres.  Porhte  sur  on 
pMlcule  k  trois  articulations,  cette  bouche  est  plus  pro- 
tractile que  celle  des  squales.  Les  yeux  et  les  narines  sent 
msji  c6U&  de  la  t^te.  Sous  le  museau  pendent  des  barbillons. 
Le  labyrinthe  est  tout  entier  dans  Pos  du  cr&ne ;  mais  il  n*y  a 
point  de  vestige  d'oreille  externe.  Un  trou  plac^  derri^  la 
tempe  I'est  qu^un  ^vent  qui  conduit  aux  ouie$«La  dorsaleest 
en  arri^  des  ventrales  et  a  Panale  sous  elle.  La  caudale> 
entoure  Pextr^it^  ae  rapine  et  a  en  dessous  un  lobe  sail» 
lant ,  plus  court  cepcndant  que  sa  pointe  princlpale.  »  Left 

I 


60 


ESTUR6E0N  —  £TABLI 


<;»turg6ons  sont  exd^meroent  fiteonds;  on  ten  troave  dans 
toutes  lei  mers,  d'od  ik  remontent  en  abondance  dans  les 
grands  fleuTes  et  7  donnent  lieu  aux  pdches  les  pins  profl- 
tables.  Les  esp^ces  sont  encore  mal  d^temiin^ ;  quel- 
ques-ones  d'entre  eOes  attirent  snrtout  Pattention  do  nata- 
raliste,  non-sealement  par lenrs  formes,  lears  dimensions  et 
leur  maniire  de  yiTre,  mais  encore  par  la  nourriture  saine, 
agr^bie  et  abondanta  que  lear  cbafr  foamit  k  I*homme, 
ainsi  que  par  les  mati^res  utiles  dont  elles  enrichissent  les 
arts. 

Vesturgeon  ordinaire  (aceipeiiser  sturio^  L.  )habite 
dans  I'Oc^an,  dans  la  M^terrante,  dans  la  mer  Rouge  et 
dans  la  mer  Caspienne;  an  lieu  de  passer  toute  sa  Tie  aa 
milieu  de  Tean  sal^,  comme  les  rates  et  les  squales,  dte 
-que  le  printemps  arrire,  qn'une  chaleur  nouTelle  se  fait 
«entir,  et  que  le  besoin  de  pondre  et  de  fender  ses  osufs 
presse  I'esturgeon,  il  s^engage  dans  presqne  tons  les  grands 
fleuveSy  dans  le  Volga,  le  Danube,  le  P6,  la  Garonne,  le 
Rhin,  I'Elbe,  etc.  L^  sans  doote  il  tr^ore  plus  ais^ent 
Paliment  qu'il  pr^ffere ,  et  se  plait  k  Taincre ,  par  la  force 
de  ses  na^ires  et  de  sa  queue,  des  courants  rapides,  des 
masses  d'eau  volnmineuses,  Lorsqu'il  est  encore  dans  la 
mer,  ou  prte  de  fembouchure  des  grandes  rivieres,  il  se 
nourrit  de  harengs,  de  maquereaux  on  de  gades,  et  lors- 
•qnll  est  engage  dans  les  fleuTes,  il  attaque  les  sauroons,  qui 
les  remontent  dans  le  mdme  temps ;  comme  il  paratt ,  au 
milieu  de  cesl^ons  nombreuses,  semblable  itun  gteut, 
on  Pa  compart  k  un  chef,  et  on  I'a  nomm^  le  conducteur 
des  saumons.  Si  le  fond  des  mers  ou  des  riTiftres  qu'il  tr6- 
qnente  est  tr^-limoneux,  il  pr^f^re  souvent  les  vers  qui 
habitent  la  rase  d^pos^  tu  fond  des  eaux,  et  quMl  se  pro-; 
cure  avec  d*autant  plus  de  facility  que  le  bout  de  son  mu- 
seau  est  dur  et  pointu ,  et  qu^il  salt  fort  blen  s*en  seryir 
pour  fouiller  dans  le  limon.  II  agrandit  et  engrais^  dans 
ces  riTi^res  fortes  et  rapides.  An  rapport  de  Pline,  le  P6 
de  son  temps  en  renfermait  qui  pesaient  plus  de  500  kilo- 
grammes. Tout  le  monde  a  entendu  parler  de  la  bont6  de  Ja 
chair  des  esturgeons  :  elle  ressemble  beaucoup  pour  le 
godt  et  I'apparence  k  celle  du  yean.  Comme  dans  quelque 
pays  la  p^he  de  ce  poisson  est  trto-ahondante,  on  le  con- 
serre,  soit  en  le  s^chant,  soit  en  le  salant ,  ou  m^e  en 
la  roarinant.  La  laite  du  m&le  est  la  portion  de  cet  animal 
que  Ton  pr^fto  k  toutes  les  autres.  Les  peuples  modemes, 
quelqoe  prix  quMls  attachent  aux  direcses  parties  de  Tes- 
turgeon,  ou  mdme  de  sa  laite,  ne  montreront  jamais  un 
goOt  aussi  Yif  pour  ce  poisson  que  les  anciens  peuples 
d'Asie  et  d*Europe,  et  surtout  que  les  Remains,  qui  en  Arent 
porter  en  triompbe  sur  des  tables  fastuensement  d^or^ , 
par  des  mlnistres  couronn^  de  fleurs  et  au  son  des  ins- 
truments. 

Le  petit  estturgeon  00  sterlet  ( accipenser  ruthenus,  L. ) 
ne  paryient  gu^re  qu'k  un  m^tre  de  longueur.  La  partie  Infig- 
rieure  de  son  corps  est  blauche,  tachet^  de  rose ;  son  dos 
est  noir&tre,  et  les  boucliers  qui  y  forment  des  rangte  lon- 
gitndinales  sont  d^un  beau  jaune ;  les  nageoires  dela  poitrine, 
du  dos  et  de  la  queue  sont  grises ;  celles  du  ventre  sont 
rouges.  Ce  poisson  habite  dans  la  mer  Caspienne ,  ainsi 
que  dans  le  Volga  et  la  Baltique.  Fr^d^ric  I*%  roide  Su^e, 
Va  introduit  ayec  succte  dans  le  lac  Maelarn  et  dans  d*autres 
lacs  de  ce  royaume.  Le  sterlet  est  facile  k  nourrir;  il  secon- 
tente  detrte-petits  individus  et  m^roe  d*aeufs  depoissons  dont 
les  esp^ces  sont  communes.  C*est  vers  la  fin  du  printemps 
qu*il  remonte  les  rlTi^res,  et  comme  le  temps  de  la  ponte 
et  de  la  ftoondation  de  ses  oeufs  n'est  pas  trte-long^  on  voit 
'  cet  accipenser  descendre  ces  m^mes  riYidres  avant  la  fin 
deV6t6,  Sa  chair  passe  pour  ddicieuse,  et  son  caviar  est 
r^erv^  pour  la  coor. 

Le  seherg  des  Allemands ,  sevreja  des  Russes  ( acipenser 
steltatuSf  Bloch),  remonte  au  commencement  du  printemps 
)e  Danube  et  les  autres  flenves  qui  se  jettent  dans  la  mer 
piuire.  Il  parvlcnt  1^  1"*,  30  de  longueur;  sa couleur estnoi- 
rMre;  n  esttachet^deblanc  sur  lesc6t^s,  ct  tout  blanc  sous 


le  ventre.  On  compfe  pins  de  300,000  tmh  dans  une  seale 
femelle. 

he  grand  esiurgeon,  hausenoo  huso  (acipenser  huso 
L.),  fort  rare  dans  nos  rivieres,  se  rencontre  en  l^ons  nom- 
breuses dans  les  flenves  qui  se  jettent  dans  la  mer  ICoire  et 
la  mer  Caspienne ;  il  est  pour  les  habitants  des  rivages  de 
ces  deux  mers  Tobjet  d*nn  commerce  d'aotant  plus  oonsid^ 
rable,  que  non-seulement  sa  chair  est  delicate  et  se  conserve 
bien,  mais  qu'ils  font  un  grand  nsage  de  sa  chair  huileuae , 
au  lieu  de  beurre  et  d'hufle,  et  que  c*estle  plus  ordinalre- 
ment  avec  les  oeufs  de  eet  esturgeon  que  se  compose  le  e  a- 
viar.  Une  substance  moins  pr^deose,  et  qui  nous  est  plus 
oonnue,  se  retire  enoore  det  estargeons  et  surtout  du  hus9 ; 
c^est  richthyocolle  on  bo  1 1  e  de  poisson.  On  d^coupe  to  peau 
des  grands  husos ,  de  mani^re  k  ponvoir  la  substituer  au 
cuir  de  plusieurs  animanx;  et  eeUe  des  jennev  •  bien  sMe 
et  blen   d^barrass^  de   toutes  lea  mati^res  qui  pour- 
raient  en  angmenter  I'^paissenr,  tient  lieu  de  vitre  dans 
une  partie  de  la  Rus^e  et  de  la  Tartarie.  Comme  les 
husos  vivent  k  des  latitudes  ^ignte  de  U  Ugney  et  qn'ils 
habitent  des  pays  expose  k  des  froids  rfgoureox.  Us  cher- 
'  chent  pendant  Thiver  k  sesoustraireii  nne  temptoture  trop 
basse,  en  se  renfermant  plusieurs  ensemble,  dans  de  grandes 
cavitis  des  rivages.  lis  sont  tr^is-avides  d'aflmeats,  et,  in- 
d^pendamroent  des  poissons  dont  ils  se  nourrissent,  lU 
avalent  quelquefois  de  jeunespboqnes etdes  canards,  qulls 
surprennent  k  ia  snrfiM»  des  eaux,  et  qa'ils  ont  I'adresse  de 
saisir  par  les  pattes  avec  la  gueuUi,  et  d^entralner  aa  fond 
des  rivieres;  aouvent  aussi,  pour  remplir  la  vaste  cavity  de 
leur  estomaa ,  Ils  soot  oblig^  d'engloutir  dans  leur  gueule 
de  la  vase,  des  tiges  de  joncs  oa  des  morceaux  de  bois 
flottant  k  la  surface  des  rivieres.  Le  gnmd  estuigeon ,  dont 
la  taille  est  souvent  de  six  k  huit  mHres,  et  le  poids  de  six 
Il  sept  cents  kUogramfties,  ofire  un  boucVer  plus  6moasB6 
que  oelui  de  Testurgeon  ordinaire.  11  a  aussi  le  mnseau  «t 
les  barbUlotis  plus  courts.  Bnfin,  sapeau  est  plus  lisse. 

,  N.  CuaaoNT. 

ESZEK.  VbyesEssn. 

l^ABLE*  Quoique  Ton  donne  souvent  le  nom  d'Mable 
k  la  bergerie  et  k  la  porcherie,  ce  nom  s*applique 
plus  spMalement  k  la  partie  de  la  ferme  qui  est  paiticuli^- 
rement  consacrte  aux  vaches.  La  largeor  de  I'enceinte  doit 
^tre  de  quatre  k  chiq  metres  qnand  on  vent  lea  placer  aur 
deux  rangs,  et  sa  longueur  doit  ^tre  calculi,  savoir  :  k 
raison  de  l'^,33  pour  1^  boeufs,  et.  i^fi%  pour  les  vaches. 
Pour  24  vaches  plac^es  sur  deux  rangyi,  il  fant  done  que 
IMtable  ait  20  metres  de  longueur.  II  fiiut  des  rftteUers  et 
des  mangeoirc»i  comme  pour  les  chevanx,  et  pour  ^viter  le 
transport  des  fourrages,  il  feut  des  oovertnresdans  le  grenier 
sup^eur,  afin  de  les  (aire  descendre  dans  le  rfttelier.  Mais 
comme  il  est  souvent  n^cessaire  de  donner  une  nourriture 
liquide  et  f&uleuse  apx  vaches,  les  mangeoires doiveni  6tre 
faites  en  cb6ne,  souvent  lav^,  afin  qu'ancune  partie  du 
liquide  ne  s*tehappe,  et  il  fant,  oonme  pour  les  chevaux, 
une  infirmerie  pour  les  vaches  malades  oa  en  vdlement,  et 
un  taureau  qui  entretieat  la'  tranquillity  dans  son  harem.  Les 
vadies  6tant  sujettes  k  dtre  prises  de  chaleoi,.  les  portee  et 
lesouvertures  prindpales  devraient  Mre  placto  att.void.  Je 
pense  qu'il  fiiut  imputer  I'avortement  des  vaiiher.durant  P^t6 
k  la  chaleur  des  ^bles,  qui  ne  lear.  laisse.pas  la  foree  d» 
v6Ier;  ou  blen  k  des  coups  qu^elles  ont  re^us  en  se  battant 
entre  elles,  ou  en  se  blessant  centre  les  poctes  trop^troites 
de  ratable ,  lorsqu^elles  y  rentreat  aveo  tiop  de  vivacity.  Les 
vieilles  vaches  que  Ton  veut  engraisser  et  les  bceuls  doiveDt 
6tre  renferm^  dans  on  lieu  tranquille  et  obscur,  et  dans 
des  e^p^ces  des  talles  dans  lesqtielles  ils  n'ont  qu^k  allonger 
le  mu.seau  pour  se  nourrir  k  toute  Iteur^,  On  doit  leur  servir 
quatre  ou  cInq  repas  par  jour  en  nourriture  vari^. 

Comte  pRANgAis  (de  JNantes ). 

l^TABLI.  La  plnpart  des  ouvriers  qni  travailient  dans 
d^  ateliers  ont  ce  qu'on  appelle  ua  dtabli,  c'est-k-dire  une 
tnble  plus  ou  moins  grandc,  plus  ou  moins  solkle,  appro- 


ETABLI  —  ETABLISSBMENTS  DANGEREUX  51 


pri^  k  Vestyice  de  travail  qu'ils  ont  k  faire.  L*^tabli  des  me- 
Duisiers,  par  exemple ,  cousiste  €0  une  grosse  table  eil  boia 
dfi  clitefi  ou  de  h^tre ,  mont^  sur  quatre  pteda,  en  boia  on 
en  («r,  dont  la  force  doit  6ljre.  propoftionnte  h  edie  de  la 
table  :  ces  pieda,  lorsqu'ila  aonVen  chtee,  aont  aasembl^  k 
doublea  tenons  dam  la  table  mAiiie,  et  an  baa,  par  le 
moyen  de  q^atre  ibrtea  traTeraea.  La  table  eat  ptorcte^.  vera 
un  de  sea  bouta,  d'tm  trou  dana  leqoel  a^iatroduit  une  pUxm 
die  for  qv'on  nomiM  le  ikUetf  et  qui  iartk  flier  et  retenir 
lea  planchtM  ou  lea  pUwea  de liois ,  k  meaure  qaefowrier 
doit  lea  travaiUer;  k  un  autre  endroit  aetrouve  fix^  tne 
sorte  de  grifre  qui  peat  artAtet*  anaai  lea  planeliea ;  prft  d*uii 
pied  de  raabli  on  voit  use  aorte  d*tett«n  iMb.  L^Hablf 
des  tailleurs  n^eat  autre  choae  qo^one  large  table  q«i  lear 
sert  k  placer  le  drap  on  I'^lofie  qn'ila  veuient  couper  pour 
faire  un  babit  oo  tout  autr6  v6teiAent|  et  loraque  T^tofTe  eat 
taill^ ,  ils ae  plafsent  aur  oette  table,  a'y  aaaeoient  leajambea 
croia^,  et  j  compi^tei^  tout  ee  qui  tient  k  la  oooture  de 
ieur  OQvrage.  11  eat  dea  m^dora ,  tela  que  celni  de  marbreur 
de  papier,  auiquela  deux  4tAblia  a6nt  uteesaairea.  Le  nar<^ 
breur  ajbeaojln  d*nn  pcemier  ^labli  pour  marbrer  le  papier  : 
il  y  pose  son  .liquet,  lea  pota  k  couleor  et  aea  peigqea.  Sor 
le  second,  qui  lui  aert  k  ttaaer  le  papier  et  k  broyer  lea 
couleura,  il  place  lea  marbrea  ou  lea  pierrea  qui  lui  aervent 
i.cea  deux  uaagea.  Lea  aerrariera,  lea  ploubiera,  lea  ciae* 
leurs,  lea  oorroyeura,  oil  auaai  cbacun  Ieur  ^tabli ,  appro- 
pri^  k  la  nature  de  Ieur  travail  L'^tabli  dea  bljoutieraestune 
sorte  de  table  avec  entant  d'^chancrurea  qu'H  y  e  d^oovriera 
qui  travaillent  dana  Petelier.  Ohaque  ^obancnire  ou  place 
porte  vers  le  milieu  une  cheville  {date  aur  laqueOe  fouvrier 
appiiie  son  ouvrage»  et  en  deaaoua  eat  un  aao de  i^eao ,  dea* 
tin^  k  recevoir  lea  rognurea  et  lea  liMaillea  dtl  ai^tal  qu^on 
travaille.  Get  ^tabli  ae  plaee»  ac^t  qu'te  k  pant,  del  ma- 
ni^re  k  oe  qii^  k  jour  dclaire  ^gateuMiil  toua  lea  ourriera^ 
ainai  que  Ieur  ouvragft.  V.  oi  Moiioii.- 

JJ^TABUSSEMJENT  (du  \A\in  stabilimentum).f)km 
H  principe,  on  d^igpait  ainai  tout  ce  qui  ^tait  .inatitu^  par 
quelque  ordofinanoe  royale,  par  quelque  rJ^gleineBt  Le  mot 
dtablissement  a'appliqna  anasi  41a  oollectioii  dea  lote,  dea 
r^lem^ts,  etdevint  4  peu  prte  aynonyme  da  code.  De 
puis,  le  aena  primitif  du  mot  a^eat  ainguU^rement  dtenfu. 
Ainsi,  aujourd'hui  Voa  entead  par  ^a^Hstement  Taction 
d^assurer,  de  fonderi  dinalituer  une  eeavre  qudconqoe,  aoit 
dana  un  but  d'ntilit^  pabUque,  aoit  pour  rexploitation,  pour 
rexerciced'one  induatriepriv^ ;  on  apiflique  cemot  iiroBufre 
mfime  qui  a  M  inatitute,  et,  par  one  extension  nourelle,  on 
le  donneau  lieu,  k  la  maison  oil  il«st  aitod.  Dana  une  autre 
acception,  (UabUssement  eat  aynonyme  d'dtat,  de  profeaaion; 
a'^ad/lf ,  c'eat  ae  procurer  on  ^tat ;  on  a  fini  par  lUre  du  mot 
6tahli$ument  na  ayQOBy:iia  de  mariage»  et  c'eat  dana  ce 
sens  qu'oo  dit  Talgairement  qn'un  pto  a  bieii  itabli  aa 
fiUe. 

Lea  Uabli8$€msnU  |wMicf  aont  de  diveraeaclaaaea,  qu'U 
importede  ne  paa  confcndre.  On  lea  quaUfie  ^itabliae^ 
menu  de  bien/aisanee,  heipUaUers^  reti^eux,  mUiaires, 
d'instructionpubli^fuetdet^presstont  Auivant  Uwrbntetleur 
usage.  Lea  bdpitanx,  lea  hoapicea,  lealycdea,  tea  col- 
leges communaux,  lea  biblioth^quea  deaTlUea,  lea  mu- 
sses, leapriaoaa,  lea  oaaemea,  lea  a^inairea,  lea  manu- 
f^ctureaimperiaiea80Qtdea€tabliaaement8pnbtle8.Les  com- 
munaut^ardigieiiaeade  femmeaellea  congrdgationa 
d'bommea  rentrent  dans  la  rateae  caMgorie;  Lea  ^bllase- 
inentapuUlica  dece  g^i^  aont,  poor  rexerdce  da  droit  d*ac- 
qu4rir  ou  d'aUteer,  aaaimikaaox  mineura ;  ila  demenreDtcon- 
tjnuellement  sous  la  tnttte,  aoda  la  aurvdUonce  da  pouvoir 
qui  en  a  autoris^  llnstitutioa;  ila  ne  peovent  accepter  de  j 
donation  entre  vifo  ou  teatamentafarea  qo*ea  vertu  d*un 
d^cret  ;  ila  ne  peuvent  aligner,  ou  acquMr  aana  y  «tre 
autoria^  par  TautoritA  adminiatrative.  Dea  adminlatra- 
teura  noinm^  par  le  pouvoir  exteutil  pour  lea  ^blisae- 
jnenta  publics  civilset,  dana  lea  ^tabliaaementa  publicareli- 
l^ieux,  lea  sup^rieurs  r^uli^remenl  iHua  oud^aign^,  aont  prd« 


f  os^a  k  la  garde  de  lenra  intMta ;  lenra  poOToira  aont  des 
pouvoira  de  simple  administration,  ila  ne  peuvent  faire  de 
baux  dont  la  dor^  excMerait  neuf  anuees,  k  moins  d*y  Hre 
auloriatepar  teaprftfetaou  par  lechef  der^tatlui-kneime,  sui. 
vant  lea  caa;  ila  ne  peuvent  tranaiger  qu*avec  eette  dernidre 
antortsatioB. 

Certalna  ^tabllaaemeiita  peuveot  Mre  oonaid^r^  aimulfa- 
ntoient  como&e  ^tabUaaenienta  publica  et  comme  ^tablisse- 
Dsenta  privto :  noua  dterooa  entreantrea  la  Banqncde  France, 
lea  chemina  de  fer,  qui  ont  one  existence  comma  ^tablisse- 
menta  publics  40  vortu  du  nonopole,  du  priYlKge  que  letir 
a  conoid^  l!£tat,  etqui  aootpourtant,  au  point  de  vne  de  leurs 
attioqnairesyde  ceuxqui  en  firent  b^lSflce,  de  T^ritables  ^ia- 
bliaaementa  privi^B. 

11  eat  encore  une  autre  nature  d'^tablissementa  publics 
que  noua  devons  maitionner  id,  ceox  qui  aont  inatitn<(8  par 
dea  particuliera  pour  lea  plaiabra  du  public,  moyennant  une 
redevanoe  quelconque,  comme  lea  th^tresy  les  jardins  d*a- 
grteMBt,  lea  lieiix  od  tout  le  monde  a  le  droit  dialler  se  li  vrer, 
moyennant  payement,  k  une  consommiation  quelconqne,  tela 
que  bdtela,  reataarania,  aubergea,  caf^a,  cabarets. 
Tous  cea  6tabU^&nnenta,  ou  Ueox  pubtica  aont  aoumia  k  une 
l^slation  exceptiennelle;  la  police  y  a  an  droit  de  aurveil- 
lance  qo'elle  pent  exeroer  nuit  et  jour.  L*autorit^  pent,  et 
un  dteret  de  t8Sl  a  ^tendu  lea  caa  pour  lea  caffa ,  aubergea 
et  debits  de  boisaon,  lea  faire  fermer  k  aoa  gr6,  comme  elle 
peot  refuser  Tauloriaation  n^cetoaire  poor  lea  onvrir. 

Quant  aux  uainea,  flEMques,  manufactnrea,  anxquels  leor 
importance  fiut  donner  Pappellation  d'itablissements,  ce  ne 
aont  que  dea  inatitationa  privies  qui  reaient  dana  le  droit 
common ,  k  l*exception  de  ceux  que  la  lol  qualifiei  de  dan- 
gerenx  ou  incommodea  ( wsres  rarticle  anivant). 

En  termea  de  marine,  on  appeHe  itcblUsement  d*un  port 
I'heure  k  laqnelle  y  arrive  la  pleine  mcr  k  l^^poque  de  la 
pkine  lune.  L'Annaaire  du  Bureau  dea  Longftodea  public  r6 
goli^rement  VitablisBerMnt  dea  marto. 

£TABLIS6E1IENTSDANG£REUX,  INSALU' 
BRE6  OU  INGOIIMODES.  Lea  aaUiasements  nom- 
breux  qui  dtoatureat  lea  debris  que  Ua  populations  aggto* 
mMiA  accumulent  autour  d'ellea,  et  qui  pr^arent  en 
grand  lea  produita  n^ceaattrea  aux  arta  et  ft  la  consomma- 
tion,  entralnent  avec  eax  dea  inconv^ents  plus  ou*  moins 
grarea,  pour  la  propreii  ou  pour  la  aalubrit^  publiquea. 
TantdC  ila  aont  dangereux^  parce  qu^b  a6nt  expose  k  des 
explosions,  comme  lea  maddnea  k  vapeur,  les  fabriques  06 
I'on  pr6pare  lea  poudrea  de  diaaae  et  de  guerre,  oa  parce 
qoMls  exposent  lea  propri^tte  Toialnes  it  dea  incendiea,  comme 
les  etabliaaementa  oil  lea  natlirea  combnsfiblea  aont  abon- 
dantea  etle  feu  employ^  en  grand;  tant6t  ila  aont  insa^ 
Mbres,  par  lea  teanationa  m^alliquea  on  gaxeuaea  qn'ila 
ripandent,  comme  lea  fabriques  dans  lesqueHea  dea  mati^rea 
organiquea  ou  dea  mflanx  dangereux  par  cux-mtoes,  ou 
par  lenra  oxydea,  aubiaaent  dea  d^compo^tfona  plus  ou  moina 
actives;  tanttyt,  eofln,  ila  aontincommodtfa,  en  eupposant 
qn'ila  [ne  aoient  pas  inaalubrea  :  tela  aont  parttculi^rement 
ceux  o<i  dea  matlirea.animalea  ae  mettent  en  putrefaction. 
II  a  done  €i6  de  tout  tempa  neceaaaire  d'aaaujettir  k  des  r^- 
glementa  parfieuHera  lea  etabliaaementa de  ce  genre;  mats 
jusqu^ft  Tempire  ce  ne  fn^  Ui  que  I'objet  de  meaures  localea 
de  police,  dont  I'application  etait  trte  variable.  L*lnatitut, 
consults,  adreaaa,  le  20  frinudre  an  xni,  on  premier,  puis 
un  second  rapport  an  ministre  de  llnt^rieur,  et  ce  aont  lea 
condusiona  de  ce  aecond  rapport  qni  aervirent  de  base  au 
dtoet  imperial  do  15  odbohre  1810,  et  depuia  k  I'ordon- 
nance  royale  du  14  Janvier  1815,  qui  aont  lea  baaea  de  la 
legislation  actudle  anr  lea  etabliaaemento  dangereux,  inaa 
liiirea  ou  Incommodea. 

On  diviae  lea  etabliaaementa  dangeraux,  inaalubrea  ou  in- 
cooomodea  en  troia  daaaea.  La  premite  claaae  comprend 
lea  et^liaaementa  qui  ne  peuvent  Atre  fonnea  dans  le  voisi- 
nage  de»  maisons  particolitoea,  et  pour  leaquds  il  est  nd- 
ceaaalre  deaepourvoir  d'une  aotoriaation  imp^riale,  accordee 


fiTABLISSEMENTS  DANGEREUX  —  ifiXAGE 


4t 

en  conseil  d'etat.  La  deuxiime  classe  comprend  ceux  dont 
il  importe  de  nepermettre  la  formation  (lenr  ^loiguement 
des  habitations  n'dtant  pas  rigoureusement  n^cessaire)  quV 
pr6s  avoir  acquis  la  certitude  quo  les  operations  y  seront 
ex^ut^  de  mani^re  k  ne  pas  nuire  aui  voisins.  La  troi- 
si^me  classe,  enfin,  comprend  les  ateliers  qui  penvent  rester 
sans  inconT^nient  aupr^des  habitations,  etqui  doivent^e 
soumis  k  la  simple  surveillance  de  la  police  locale,  apr^s 
avoir  obtenu  son  autorisation.  Pour  les  ^tabtissements  de 
la  premiere  classe,  la  demande  en  autorisation  doit  dtre 
adress^e  au  pr^fet  du  d^partement  et  affichte  pendant  un 
mois ;  puis  il  est  dressd  par  rautoril6  locale  un  procte- 
verbal  d*enqu6te  de  eommodo  et  incommodo ,  et ,  qu'il  y  ait 
ou  non  des  oppositions,  il  ne  peut  6tre  status  d^nitlvemcnt 
sur  la  demande  que  par  un  dteret  En  cas  de  graves 
inconv^nients ,  ces  fabriques  peuvent  ^tre  supprimd^  par 
un  d^cret  rendu  en  conseil  d*£tat ;  les  pr^fets  peuvent  sus- 
pendre  I'exercice  des  ^tablissements  susceptibles  de  faire 
partie  de  la  premiere  classe,  etnon  compris  dans  les  nomen* 
clatures  ant^rieures.  Pour  les  ^tablissements  de  la  deuxi^me 
classe,  les  mtoies  formality  sent  n^cessaires  pour  la  de- 
mande 6t  pour  Tenqufite  de  eommodo  et  incommodo;  le  pr^fet 
statue  par  un  arrfit^,  sauf  le  recoors  au  conseil  d^lttat  du 
fabricant  et  de  ses  ayant-cause,  sMIs  ont^  se  plaindre  de  la 
decision  du  pr^fet;  les  oppositions  des  voisins  centre  Pau- 
torisalion  donn^  par  le  pr^fet  sont  portto  an  conseil  de 
prefecture,  sauf  le  recours  au  conseil  d*£tat.  Pour  les  eta- 
blissements  de  la  troisi^e  classe ,  la  demando  en  autorisa- 
tion doit  etre  adress^e ,  k  Paris,  au  p'^efct de  police,  et  anx 
sous-prefets  dans  les  autres  villes.  L^enqu^te  de  eommodo 
et  incommodo  n*est  qu^officleuse.  S.  Sandras. 

^TABLISSEMENTS  DE  SAINT  LOUIS.  On  dd- 
signe  souscetitre  lerecueil  des  ordonnances  et  r^glements 
publics  par  saint  Louis  en  1269,  suivantla  plupart  des  chro- 
niqueurs,  et  que  d'autres  repr^sentent  comme  un  travail 
fait  aprte  sa  mort  par  les  l^gistes  pour  f  aire  concorder  le  droit 
francs  en  decadence  avec  le  droit  remain  renaissant.  Ce 
recueil  se  divise  en  deuxlivres,  dont  le  premier  se  compose 
de  16S  chapitres,  et  le  second  de  424;  on  y  tronve  p61e- 
meie  des  sanctions  sur  les  lois  civiies  et  sur  la  procedure 
civile,  sor  les  lois  penales  et  sur  la  procedure  criminelle. 
Ce  quMl  y  a  de  plus  remarquable  dans  la  partie  des  Mtablis- 
sements  qui  fixe  ou  modifieles  lois  dviles,  c*est  la  difference 
de  la  legislation,  selon  qn'elle  se  rapporte  aux*nobles  ou  anx 
roturiers.  Laminoritedu  gentilbomme  finitli  vingt-etun  ans , 
et  elle  se  prolonge  jusqu^^  vingt-cinq  pour  le  roturier ;  la  tutelle 
du  second  appartient  k  son  seigneur ,  la  garde  du  premier  est 
dc^feree  k  son  plus  proche  parent ;  le  douaire  qu'un  noble 
assigne  k  sa  veuve  ne  peut  sMtendre  qu^au  tiers  de  se^  biens, 
le  roturier  peut  lui  assurer  la  moitie  des  siens ;  les  donations 
sont  soumises  aux  memes  limites ;  enfin ,  les  proprietes  d'nn 
noble  passant  k  sa  mort  k  Talne  de  sa  famille,  pour  quMl 
puisse  continuer  le  service  de  son  fief;  celles  du  roturier 
sont  divisees  par  egales  portions  entre  ses  enlants.  On  ne 
peut  meconnattre  la  cause  de  cette  opposition  constante :  la 
noblesse  etait  attachee  k  sa  legislation  feodale ;  elle  la  deien- 
dait  centre  les  attaques  des  legistes,  et  elleavaitle  pouvoir 
de  la  defendre;  mais  ceux-ci,  qui  n*estimaient  que  la  loi 
romaine ,  s^efTor^ent  du  moins  de  la  faire  adopter  par  tout 
le  reste  de  la  nation. 

Les  itablissenients  de  saint  Louis  contiennent  quelques 
modifications  apportees  an  systime  alors  en  usage  dans  les 
tribunaux,  la  plupart  necessitees  par  la  suppression  da 
combat  judiciaire  :  telles  sont  les  r^les  d'aprte  les- 
qnelles  les  procnreurs  devaient  etre  re^us  en  justice  pour 
representor  les  parties;  celles  sur  les  defauts  et  les  appels, 
inconnns  k  la  justice  feodale.  D*autres  avaient  pour  but  de 
fixer  la  competence  des  tribunaux ,  que  compliquaient ,  soit 
les  pretentions  des  justices  seigneuriaies,  soit  celles  des  cours 
ecciesiastiques.  En  general,  la  procedure  etait  celle  que  les 
DicritaUs  avaient  donnee  aux  tribunaux  de  TEglise ;  mais 
elleencourageait  au  perjure,  elle  donnait  Tavantage  aux  ar- 


guties  et  k  la  ruse ,  elle  faisail  des  procte  un  dedale  ou  les 
seuls  inities  pouvaient  se  reconnaltie. 

On  trouve  dans  les  6tabl%ssements  les  premieres  bases 
d'un  code  penal;  il  est  remarquable  par  son  excessive  seve- 
rite.  L*assassinat,  le  meurtre,  Tincendie,  lerapt,  la  trahison, 
le  vol  sur  les  grands  chemins  on  dans  les  bois,  le  vol  domes- 
tiqne,  le  vol  d^nn  cheval  on  d'nne  joment,  la  complicity 
dans  tons  ces  crimes,  la  troisiemereddive  poor  petit  larcin, 
le  bris  de  prison ,  Paocnsatlon  k  faux  d'un  crime  capital , 
et  enfin  la  possessioB  d*un  animal  qui  a  tue  quelqu'un  par 
suite  d*un  viceconnu  de  son  mattre ,  sont  punis  par  la  po- 
tence.  Les  heresies,  IMnfantidde,  rassociation  d*une  femme 
avec  des  meurtriers  ou  des  voleurs ,  encourent  la  pane  du 
feu.  Un  petit  larcin  exposatt  pour  la  premiere  fois  k  la  perte 
d*uneoreille,  poor  la  seconde  k  la  perte  d'un  pied,  pour  la 
troisieme  k  la  mort  Pour  le  vol  dams  une  eglise  et  la  fabri- 
cation de  la  fausse  monnaie  on  avait  les  yeux  creves.  Le 
deiit  d 'avoir  frappe  son  seigneur  avant  d'avoir  ete  frapp6 
par  lui  emportait  I'amputation  de  la  main ;  la  confiscation 
des  meubles  et  les  amendes  etaient  reservees  k  de  moindres 
deiits.  La  liberte  sous  caution  ne  s'accordait  que  dans  les 
causes  qui  n*entra!naient  pas  peine  de  sang.  Lorsque  le 
crime,  au  contraire,  etait  capital,  Paccnsateur  et  Taccuse 
devaient  eire  conduits  en  egale  prison ,  si  que  Vun  ne  soit 
pas  plus  mal  h  I'aise  que  Vautre.  L'accuse  etait  interroge 
a  Paide  de  la  torture,  s'il  y  avait  deux  temoins  contre  lui ; 
un  seul  temoignage  n^entratnait  pas  la  q  u  est i  o  n.  La  proce- 
dure entiere  etait  ecrite,  mais  on  en  communiquait  tons  les 
actes  a  Taccuse.  Au  moment  dn  Jugement,  le  juge  devait 
se  lever,  et  demander  hommes  st^fflsants  on  hommes 
jugeurSf  c*est-&-diredes  conseillersou  assesseurs  charges  de 
reconnattrele  fait,  et  qui  repondaient  k  pea  prte  aux  jnres. 
Telles  sont  les  princlpales  dispositions  dn  code  informe 
connu  sous  le  non  d*Atablissements  de  saint  Louis.  Elles 
peuvent  servir  k  faire  connattre  I'epoqne  qui  les  a'pro- 
duites.  Aug.  Satagner. 

I^TAGE.  On  entend  par  ce  mot,  en  architecture,  toutes 
les  pieces  d'un  on  de  plusieurs  appartements  qui  sont  situes 
de  plain-pied ,  et  au-dessus  du  rez-de-cbaussee,  ou,  si  Ton 
aime  mieux,  Tespaoe  compris  dans  une  maison  entre  deux 
planchers.  Dans  le  langage  de  la  jurisprudence,  on  designe 
par  ^tage  souterrt^n  les  pieces  voQtees  et  placees  en 
contre-bas  du  sol,  les  caves,  en  un  mot ;  par  ^tage  de  rez' 
de^haiusSe,  celui  qui  est  presque  au  niveau  d*une  rue, 
d'lAe  coar,  d'un  jardin;  par  Hage  en  mansarde,  celui  qui 
est  pratique  dans  les  combles.  Dans  une  distribution  bien 
entendae ,  on  donnera  an  rez-de-chaussee,  qui  est  cense 
former  un  soubassement ,  une  hauteur  mediocre ,  d^oA  re- 
sultera  pour  I'ensemble  un  caractere  mftle  et  solide.  Le  pre- 
mier etage,  considere  partout  comme  formant  I'appartement 
d'honneur,  devra  avoir  d'^yM  d'eievaUon ;  le  second,  33  cen- 
timetres de  moins;  S'^yCfi  suffiront  pour  le  troisieme.  A 
Paris,  Posage  general  est  d'ajouter  entre  le  res-de-chauss^ 
et  le  premier  on  etage  intoinediaire,  apiieie  entre»sol; 
mais  ces  etages  sont  generalement  malsains ,  et  devraient 
etre  rejetes  de  touts  bonne  constrnction.  Les  r^ements  de 
la  voirie  interdisent  d^aOleurs  avec  raison  la  superposition 
d*un  trop  grand  nombre  d'etages;  et  un  entrepreneur  qui 
s'aviserait  aujourd'hni  d'eiever  une  maison  de  dix  etages, 
comme  celle  qni  est  connne  de  chacun  sous  le  nom  de  pas- 
sage  Radziwill,  pres  le  Palais-Royal,  se  verrait  iiomedia- 
tement  condamne  k  raser  une  partie  de  son  edification.  On 
comprend,  sans  que  nous  ayons  besoin  de  les  indiquer,  les 
justes  motife  de  securite  publiqne  et  dMnteret  general  qui 
viennent  dans  ce  cas  apporter  une  limite  k  I'exercice  du 
droit  de  propriete. 

Dans  Pancten  droit  feodal ,  on  appelait  lige-Stage  YohVi* 
gatlon  des  vassaux  de  resider  dans  la  terre  de  leur  seigneur 
pour  gardcr  son  ch&teau  en  temps  de  guerre.  Cet  ^tage 
etait  personnel ,  et  le  vassal  devait  le  faire  hnit  jours  apr^s 
sommatlon.  Pendant  sa  dur^e,  il  ne  pouvait  retourner  dans 
foyers. 


ETAGE  -  fiTALON 


5a 


En  g^Iogie,  on  entend  par  stages  les  couches  successives 
de  terrains  furmant  la  croOte  da  globe  terrestre. 

J^TAGNE,  nom  de  la  femelle  du  bouqnetin. 

l^TAl.  C*e8t  le  nom  que  Ton  donne  ordinaireroent  aux 
pieces  de  bois  dont  on  se  sert  pour  soutenir  des  planchers, 
des  iDurs  on  toute  autre  partie  d'un  ddiftoe  prte  de  a'toouler, 
ou  qu'on  a  besoin  de  malntenir  pendant  tout  le  temps  qu*on 
roconstruit  leur  point  d*appui.  Pour  cette  op6ration»  qu*on 
appelle  Stayementt  on  emploie  des  pieces  de  bois  de 
ch6ne  ou  de  tout  autre  bois  dur,  qu'on  dquarrit  en  forme 
de  poteaux  montants,  et  qui  forment  supports.  lis  sont 
presque  toujours  places  entre  deux  ooncbes  ou  plates-formes ; 
I'une,  infi^eure,  se  tronve  situ^  sur  le  sol  mtoie,  engage 
entre  le  paT^  et  le  pied  des  ^tais^  pour  les  empteher  de 
glisser ;  Tautre,  supMeure,  forme  chapeau,  et  est  intercalte 
entre  le  raur  et  la  t^to  du  poteau.  De  cette  mani^re,  Teffort 
de  r^tai  ne  peut  pas  occasionner  un  trou  dans  la  muraille. 

II  y  a  une  autre  esp^ce  d*^tai  appeU  contre-fiche,  destine 
k  s*opposer  aux  efforts  lat^raux » tela  que  la  pouss^  d^une 
Tofile,  d*un  mur,  etc. :  dans  ce  cas,  T^tai  est,  dans  sa  partie 
sup^rieure,  arr6t^  dans  une  coucbe  k  pen  pr6s  verticale, 
fandis  que  la  coucbe  infMeure,  qui  re^it  le  piedde  la 
contre-ficlie,  doit  6tre  incline  de  fa^on  k  lui  dtre  k  peu 
pr^  perpendiculaire.  S*il  s'agit  de  i^sister  k  un  effort  lateral, 
le  systeme  d*4tayement  prend  le  nom  d*^r^illonnement. 
C'est  ainsi  qu'on  emp6cbe  les  tableaux  des  fenfires  de  se 
rapprochcr  :  on  y  place  des  ^tr^sillons  qui  s'opposent  k 
tootmouvement.  On  peut  les  remplacer  par  une  ma^nnerie, 
qu'on  d^olit  ensuite.  V.  db  MoiioN. 

ETMES(Blason).  Voy€%  Chetroii. 

ETAIN  (en  latin 5<anniiin).  L'^tain  est  un  des  m^taux 
les  plus  anciennement  connus ,  car  U  donna  son  nom  ( en 
grec  xaaoitepo«  )  aux  lies  Cassitdrides,  dont  parlent  les  gte- 
graphes  de  I'antiquit^,  et  nous  le  voyons  iigurer  parmi  les 
objets  les  plus  importants  du  commerce  des  Ph^niciens  sur 
tes  cdtes  d'Espagne.  Ce  m^tal ,  d'un  grand  usage  dans  les 
arts,  est  solide,  d*une  couleur  blancbe  ou  plut6t  tenant  le 
milieu  entre  celle  de  I'argent  et  telle  du  plomb.  Qoand  on 
le  plie,  il  fait  entendre  un  petit  craquement,  que  Von  ap- 
pelle cri  de  Vitain^  et  qui  est  dA  au  derangement  de  la 
structure  cristalline.  11  acquiert  par  le  frottement  une  odeur 
particuli^re.  II  est  tr^mall^ble,  tr^s-ducUle  et  assei  te- 
nace ;  il  faut  un  poids  de  24  kilogranunes  pour  rompre  un 
ai  d'etain  de  deux  millimetres  de  diamfetre.  11  fond  k  228« 
centigrades ,  est  pen  TOlatil ,  et  cristalUse  en  prlsmes 
rhombo'idaux.  Lorsqu'on  le  fait  fondre  et  tomber  dans 
Teau ,  on  Pobtient  dans  un  ^tat  de  division  particulier :  c'est 
ce  que  Ton  appelle  de  la  grenaille  d?itain,  Le  poids  sp^* 
(ique  de  I'^tain  est  7,2914.  Sa  formula  est  Sn  =»  73S,294. 

L'^tainne  se  rencontre  pas  pur  dans  la  nature,  quoique 
quelques  parcelles  en  aient  ^t^  trour^  sous  cette  forme 
pr^  de  Montpellier  et  dans  le  comt^  de  Comouailles;  il  est 
toujours  combing  soil  avec  Toxygtoe  ( €tain  oxydi  ou 
eais\t6r\te  },  soil  avee  le  soufre  (  itain  pyritettx  ou 
stannini)»  Tons  les  autres  compost  de  retain  sont  des 
produits  de  nos  iaboratoires.  Les  prindpaux  compost  bi- 
naires  sont  des  oxydes,  des  sulflires,  des  chlorures,  des 
bromures  et  des  iodures;  les  oxydes  serrent  de  bases  k  des 
sels  dont  les  principaux  sont  des  azotates  et  des  sulfates. 
Ces  oxydes  sont  au  nombre  de  trots,  dont  le  plus  oxyg^n^, 
le  peroxyde  d'itain,  Tulgairementpo  fied'Stain^  rougitle 
papier  de  toumesol,  se  combine  areeles  bases,  et  n'a  nulle 
affinity  pour  les  addes,  ce  qui  lui  a  fait  donner  k  juste 
titre  le  nom  d'adde  st a  unique,  Dans  les  compost  sul« 
fur^,  les  degrte  de  sulftiration  suivent  la  m6me  progres- 
sion que  les  degr^s  d'oxydatlon  des  oxydes,  c'est-i-dire 
qu*il  y  a  un  protosuifitre ,  un  sesqtUsuifiire  et  un  persuU 
fure\  ce  dernier  est  plus  connu  dans  le  commerce  sous  les 
noms  d* or  fit tii4 i/,  0 r  (fe  Judie.  Les  cb lor u res  d'^- 
tain  sont  surtout  d*une  grande  utility  dans  les  arts;  Tun 
d'eux,  le  protochiomre^  est  appel^  Tutgairement  sel  <f  ^ 
tain. 


V^tain  pyriteux,  qu'on  n^exploite  nulle  part,  existe, 
quoique  peu  abondamment,  en  Angleterre  et  au  Mexique^ 
On  le  nomme  encore  pyrite  d'6tain  et  or  muss\f  nat\f. 
II  contient  toujours  du  sulAire  de  cuivre,  est  trte-friable, 
se  pulverise  ais^ment  et  offre  une  cassure  concboide,  4 
petites  dvasures,  plus  souTent  grenue  et  parfois  imparfaite- 
ment  lamelleose,  avec  ^at  m^tallique.  Sa  poussi^re  est 
noire,  etn'a  pas  encore  ^trouTte  cristallis^.  II  fondau  feu 
du  cbalumeau,  en  r^pandant  une  odeur  de  soufre,  et  la&sse 
une  scorie  noir&tre  irrMuctible.  H  colore  en  un  jaune  yer- 
d&tre  le  Terre  de  borax.  L*6tain  oxyd6  est  ce  qui  constitue 
proprement  la  mine  de  cemt^tal.  II  es.t  dur  et  assez  pesant, 
d*nn  Tif  telat  au  dehors,  gras  et  luisant  au  dedans ;  il  ^tin- 
celle  sous  le  briquet,  et  donne  par  la  trituration  une  pons- 
si^re  d*un  gris  cendr^.  Sa  cassure,  presque  toigours  k  gros 
grains,  est  rarement  lamelleuse  et  iisse.  Sa  couleur  est 
d*un  brun  noirAtre,  quoiqu'on  en  alt  tu  de  blanc.  Ce  n*est 
que  trte-difQdlement  qu*on  panrient  ^determiner  les  formes 
variees  de  ses  cristaux.  L^etain  oxyd6  se  trouTe  en  Es- 
pagne,  en  Boh^roe,  en  Saxe,  an  Mexique,  k  la  Chine,  mais 
surtout  dans  les  provinces  meridionales  de  Pempire  Birman 
(  Martaban,  Y^,  Taval  et  T^nasserim  ),  dans  les  monta- 
gnes  de  la  presqulle  de  Malakka  et  dans  celles  des  lies  de 
la  Malaisie  :  celle  de  Banca,  entre  Soumftdra  et  Borneo, 
se  distingue  surtout  sous  ce  rapport  II  appartient  aux  ter- 
rains primitik  et  k  ceux  d'alluVion,  qui  proviennent  deleur 
decomposition.  On  ne  letrouve  pas  pur  dans  le  commerce, 
mais  alUe  k  divers  metaux.  Cdui  d'Angleterre  contient  da 
cuivre  et  un  peu  d'arsenic;  d'autres  renfermentdu  plorob 
ou  du  bismuth. 

On  grille  le  mineral  d'etain  pour  en  expulser  le  soufra 
et  Tarsenic  qu'il  pourrait  contenir,  et  I'on  r6duit  Toxyded'e- 
tain  avec  du  charbon.  L'etain  common,  mtoie  retain  an* 
glais,  qui  passe  pour  le  plus  pur,  contient  presque  toujonci 
des  traces  de  cuivre,  de  plomb  et  qudquefois  d'arsenic* 
Pour  avoir  retain  chimiquement  pur  il  faut  trailer  retain 
du  commerce  par  I'acide  nitrique,  laver  Toxyde  qui  en  re- 
sulte,  el  le  reduire  avec  du  charbon.  L'etain  parfaitement 
pur  a  un  cri  bien  plus  prononce  que  retain  du  commerce. 

L^etain  entre  dans  la  composition  de  plusieurs  alliages , 
tels  que  le  br  on  ze  des  canons  et  des  statues,  et  le  metal  des 
cloches.  Deux  parties  de  plomb  et  une  d^etain  fondnes 
ensemble  donnent  la  soudure  des  plombiers.  Les  cym- 
bales,  les  timbres  d'horloge,  les  miroirs  de  telescope,  se 
font  avec  des  alliages  de  cuivre  et  d^etain.  Darcet  a  le 
premier  remarque  que  ces  alliages  deviennent  malieables  par 
la  trempe.  Enfin  retain  est  la  base  de  la  fabrication  du  fer- 
b  I  a  n  c  et  de  Toperation  nommee  it  am  age. 

De  ces  nombrenx  usages  resulte  une  grande  consomma- 
tion  de  retain.  La  production  totale  de  ce  metal  est  annueile- 
ment  d'environ  75,630  quintaux  metriques,  ainsi  repartis  : 
Angleterre, 40,000;  Inde, 33,762;  Saxe,  1,245;  Bobeme,623. 

Les  alchimistes  representaient  retain  par  le  symbole  de 
la  planete  Jupiter. 

ETALINGUER,  ENTALINGUER  ou  TALINGUER, 
expression  de  marine  designant  une  manoeuvre  qui  con* 
siste  k  amarrer  k  une  ancre  un  cAble  ou  un  cordage  de 
niohidre  dimension.  Le  noeud,  de  forme  particuliere, 
que  le  cAble  fait  dans  Tanneau  de  Fancre,  et  le  volume  qu'il 
occupe,  se  nomme  italingure^  entalingure  ou  talingure, 
Tant  qu'un  navire  est  retenu  en  mer  par  la  longueur  de  la 
traversee,  les  cAbles,  devenus  inutiles,  sont,  pour  leur 
conservation,  ramasses  et  rouies  en  lieu  sftr.  Ce  n'est  qu'aux 
approches  du  port  qu'on  les  4talingue,  entalingue  ou 

talingue, 

£TAL0N  (dentalien  sto/tonc),  cheval  entier  ser- 
vants couvrir  lesjuments.  Le  gouvemement  entreticnt  k 
grands  frais  dans  les  haras  des  etalons  qu'il  met  Ala  dis- 
position des  eieveurs,  moyennant  une  faible  retribution ,  ^fm 
de  propager  les  belles  races.  Les  Anglais ,  ces  grands  ama- 
teurs de  chevaux ,  font  lescendre  tons  les  etalons  qui  jouis- 
sent  cliez  eux  de  quelque  reputation  des  trois  branches  ou 


fiTALON  —  EXAMINE 


€4 

families  mHtmIm  i  1*  CeUe  d'i7erod»  alnu  nommte  d*un 
ctieval  c^Uibre,  King-Herod,  b6  oi  1758,  et  comptant  panni 
iMftoofttiM  das  arabas  et  des  barbes,  entre  autreace  Byerteff- 
Turq  qui,  amea^  en  AngletemiOQa  Jaoqaea  II  par  le  diicde 
Berwick ,  fat  emploj^  comme  ^takm  aprte  aroir  fait  lea 
guerrea  (Tlrlande  ( 1089)  avec  ie  capftaine  Byeriey.  Nerod 
t€gatt  snr  Thippodrooie  de  176^  k  1767;  pda  0  donna  le 
jour  k  397  cberaux  qui  giifi$ihmA  k  ieon  propri^tairea  plot 
de  5  mfUioBB  dua  lea  coarua.  2*  La  bcan<^  4*Bcl^p$e ,  qd 
doit  son  BOtt  k  on  cberal  ilioatra,  n6le  5  avrfl  1704  pendant 
(die  e41^re  ^cNpae  de  aoleil.  Ce  cheTal  deacendait  en  tlgne 
directe  de  Darley*Arabian  par  son  p^  et  de  MM^n 
par  sa  vabn,  H  dispote  k  Flffing-ChUders ,  qui  Tteot  bien 
arant  lui ,  llionneur  d'4tre  eoniidM  oomme  le  pranier 
cheval  de  eoorse  du  aitele  dernier.  Eclipse,  aelon  lea  bona 
usagea  da  temps,  ne  pamt  aar  lliippodrome  qa'k  FAge  de 
einqans.  U  d4bata  le  S  mal  1769,  k  Epsom ,  on  fl  fit  6,440 
metres  en  aii  minntea ,  qaoiqae  retena  par  Whiting,  aon  Joe* 
key ,  qoi  8*4(alt  aper^  dOa  le  d^pni  que  pas  on  de  sea 
concurrents  ne  noarait  lol  dispoter  s^rieuaement  le  priv.  La 
8up6riorit4  d'i7cZijMa4tait  tette,  <pie  jamaia  on  ne  troora  k 
lui  opposer  d6  diof al  qd  pAt  eoarir  do  front  avec  Ini  pen- 
dant luoa  de  60  mMrea.  U  falaait  le  d4seapoir  des  propria 
taires  de  cbevavx  deeoune,  qni  tt^^pai^iireBt  aucan  moyen, 
pas  mOme  les  menacea  de  mort,  pour  se  d^banaaaer  d^oa 
si  terrible  adTeraaire.  Foreo  ftit  an  capitaine  O'Kdly,  son 
propri^talre ,  do  renoncer  aox  luttea  de  ITiippodrome,  aprte 
dit-sept  moia  de  trfompbes  inoina,  qni  lal  Talnrent  plus  de 
600,000  fr.A  partirde  ce  moment,  iSdifise  aertit  comme 
^talon  :  le  prix  de  la  monte  4tait  de  1,500  fr.  II  donna  le 
}our k  834  cheTaux, 4|ai  gagn^rent  k  lenra  propri^ires  plus 
de  quatre  millions ,  aana  04««pter  les  piteea  d  aigenterie.  Lei 
capitaine  o'KeQy  reftisa  de  le  Tendre  k  lord  Groarenor  pour 
300,000  fr.  Dana  sa  jeunesae  aartont  11 4taH  videoi :  on  ftit 
mtoie  oh*ig6  de  recourir,  pour  le  dresser,  au  bmeox  Sd- 
llTan.  Eclipse  offrait  dans  sa  oonformation ,  da  reste  belle , 
une  particularity  assei  curieuse  :  11  ^talt  remarquablement 
has  du  devant  Dans  son  gdop,  trte-allong^,  il  ^cartalt  telle* 
meat  les  Jambes  de  derri^re,  qu*0  y  avait  plaee  entre  ellea 
pour  faire  rouler  oommod^ment  une  brouette.  n  avait  une 
grande  pdssance  moscdaire  duis  les  aTant-braa  et  dans  les 
cuisses ;  ses  spades  prdsentalent  une  ^tendue  et  nne  obllquitd 
Traiment  extraordinairea.Loraqu*il  mourot,  k  TAge  de  Tingl- 
cinq  ana,  k  Epsom,  on.troora  que  son  OGBor  peaait  6  kilo- 
grammes ,  et  que  ses  os  aTaient  la  force  et  la  density  de 
I'ader.  3*  La  branche  de  MaUhem,  qui  porte  le  nom  d*aQ 
pctit-iilsde  Godolphin-Barb.  Matchem  ^tdt  n6  en  1758 ; 
il  mourat  en  1781,  apr^  aToir  donn4  lejour  k  354  chevanx, 
et  rapport4  k  son  proprl^tdre,  comme  dtdon  seolement, 
plus  de  400,000  fr.  On  remarquera  que,  comme  pluslenrs 
des  chevaux  cfl^bres  dontnous  venous  de  parler,  Matchem 
atteignit  un4geavanc6  (trente-trois  ana). 

1£T  ALONy^TALONKER,  ItTALONNEUR  (M^rologie). 
Les  poida  et  mesurea,  dont  la  precision  importe  tant  k  la 
couaenration  de  la  propria^,  out  ^^  uH  dea  premiers  olqeU 
doot  se  sont  occupy  1^  bommea  r^uds  en  aocfi$t4.  Paucton, 
dans  son  tntroductUm  d  la  nUtrologie,  remarque  que  lea 
6talons  adent  gMrdement  regard4a  oonuna  sMrte  ohei 
les  anciena,  et  quila  adent  en  cons^enee  d^poa^  dana 
Ite  lieux  saints,  le  aanctuaire  dea  Juifs,  lea  temples  des  , 
lalens  et  lea  ^Uses  des  premfera  chr^tiena.  II  6tablit  en  | 
outre  que,  poor  une  plua  conataate  r^laritd,  )m  ancMaa 
4tdona  s^ainstaient  aur  les  dimensions  de  qudque  Edifice 
durable.  La  base  de  la  plua  grande  pyramide  d'tgypte, 
qd  formalt  la  500^  partle  d'un  dagr6  do  meridian  ^  aerralt 
k  oet  objet.  U  ajonte  que  pluaienra  contr6ea  Toisinea  de 
TEurope  et  de  TAsie  avdent  emprunt6  leurs  meaurea  dea 
l^ptiens,  et  que  dea  ^Idons  udformes  forent  ^tabUa  dana 
tout  Fempire  romain,  dTaprte  Tarch^type  conserve  au  Capl- 
tole.  Dana  lea  tempa  modemea,  c'est  gto^ralement  an  pre- 
mier magfatrat  de  ehaqae  gouvemement  que  aont  oonfi^ 
lea  4laIons.  Gelui-d  en  envoie  des  copies  k  certaina  officiars,  I 


on  ital<mneurs,  qu'il  autorise  k  lea  distribuer,  en  las  aju)»tanl 
sur  les  poids  ou  mesurea  moddes,  oe  qu'oo  nomme  ^la- 
hnner,  et  k  veiller  k  oe  qn'ils  se  conserrent  dans  une  par- 
fiute  uniformity.  En  France,  lea  princfpaux  4talons,  le 
mitre,  le  kilogramme,  le  litre,  fconi  d^pos^s,  avee  lea 
autrea  ^tdons  ditislonnairea,  k  TbOtd  dea  Arebites,  It  Paris, 
et  dana  plunenra  autrea  endroita. 

Jiialtm ,  dans  le  langage  oommcrdd ,  afgnifie  done  un 
poida  ou  unemesbre  fiie,  qd  sort  k  en  ajnsterd'antrea.  Ha 
sedivisent  en  adons  arbiiraires  et  en  Aaiona  invatUsbUs, 
e*e8t-k-dlre  prla  dana  la  nature.  Lea  premierB  aont  les  plus 
r6pandn8;lrpetoe  en  trotfve^-^  deux  dana  lea  syatimea 
aiMiena  qui  pdaaent  6fre  eomparfia.  Llmperfeetion  du  tra- 
tail,  Valt^tton  naturelle  dea  aubatancea  dont  fla  aont  con- 
fectlonn6a,  tout  oontribue  eaeore  k  angmentei^  la  eunfusioo . 
Cea  iuoonvlnienta  out  fait  oomprendre  la  n6ceaalt6  de  d6- 
tendner  lea  ^dona  anr  tme  base  Immuabla ,  on  aur  quekpjo 
propriety  conatante  de  la  nature.  Pamri  lea  moyena  propose 
k  eel  elfet,  nous  eflerona  la  Id  on  force  de  gravitation  ter* 
restre,  les  moovementa  dea  corpa  celestes,  ou  la  mesure 
de  qudque  arc  on  portion  du  m^rfdien  {iwyH  M^nuQVB 
[  Syst^me  ] ).  E.  RicnEm. 

ETALON  (SyMaUiure).  Fi)yiaBDia,TomeIII,  p.  363. 

ETAMAGE9  optelfon  qd  oonaiate  k  eonvrfr  d'une 
conche  d'^tain  dea  vaaea  ou  des  plaqoea  de  for  ou  de  coivre 
pour  les  prterver  de  la  rbdlle  ou  de  Poiydation.  Qiiand 
on  veut  damer  une  pi4ce  de  euivre,  par  dxemple,  on  com- 
mence par  la  d6caper,  poia  on  la  met  aur  le  feu,  et  on  Ja 
cliauffe  Ju8qu%  ce  que  la  temp^ture  aoit  ^e,  d  m4mft 
sup^rieure  k  cello  do  Tddoi  fondu.  On  Jette  de  la  nteioe  dans 
fint^rieur  du  vaae,  dans  le  but  de  mdtro  la  surface  qui 
tloit  Otre  4tamte  k  I'abri  du  eontaet  de  Tair;  aprte  qud  on 
^tale  I'dain  Ibodn  avee  un  tampon  de  filasae,  comme  ua 
peintre  en  bfttimenta  6tend  lea  oouleura  aveo  la  brosse. 
Qodquefols  on  remplaee  la  poix-r4slne  par  du  ad  ammo- 
niac. Qnand  la  pitee  eat  bien  chattdo,  on  la  frotle  avec  oe 
sel,  qd  a  la  propri6t4  de  d^craaser  parfdtaroent  le  eiiivre, 
et  tout  de  aolte  aprte  on  verse  r^ain  fondu,  et  on  l*^nd 
en  frottaotavee  de  I^Aoupe  et  du  sd  ammoniac. 

Vitamagepolyehronettsi  afaial  nonun4  parce  quil  dure 
sept  k  buit  fois  plus  longtemps  que  P^tamage  onUnatre.  II 
est  compost  de  six  k  sept  parties  d'4tain  aur  une  de  fer. 
On  fait  fondre  dea  rognurea  de  fer  blane  dana  un  creuset, 
puis  on  doate  Tddn ;  on  brasse  le  bdn,  et  Ton  code  le  tout 
dans  lea  lingotiirea.  Cd  alliage,  cass4  k  ffok),  pr6sente  on 
grain  aembteble  k  ednl  de  Tader.  Poor  appliquer  I'damage 
polycbrone,  on  est  oblig4  de  chanffer  la  pitee  presque  aa 
rouge;  on  la  aaupoudre  avec  du  ad  ammoniac,  d  en  m4me 
teoapa  on  la  frotte  avec  te  boot  d*un  ling«yt ;  cdoi*d  food , 
11  ne  reste  plua  qu'k  IMtendre  udfonn^ment  avec  une  poi- 
gn^  d'4tonpes.  LMtamage  polycbrone  prend  bien  surle 
edvre,  le  laiton,  d  mima  le  fer  \  mala  pour  qull  ail  autant 
dMclat  que  Tdamage  ordinaire,  onle  reoonvre  d*une  coudie 
d'^in  fin. 

La  fabrication  do  fer-blanc  n'est  qu*une  appUcatiuii 
particali^  #1^  procM^a  de  Tdamage.        TEYssitDaE. 

I^TAIUNE  (  Botanique),  de  ttmnen,  tl.  CTest  I'or- 
gane  mde  dea  plantes,  f^  avee  le  piatil  forme  l*appa* 
reil  le  plua  important  dea  vi6gdaox  phan4rogamas,  puis- 
qu*il  no  peat  y  avoir  de  fructifleatioB  aana  le  eonoours  de 
cea  deox  partiea.  Les  dambias  composent  un  00  pludeunft 
vertidlles  plaote  sur  le  toma,  d  ellea  dtenMot  avee  lea  p6- 
talaa  oa  avec  les  lobea  de  la  eordlo  lonqall  n'y  a  qu'ua 
aeul  verttdUe.  Si  dlea  lenr  aont  oppoate ,  oomme  dans  la. 
famine  dea  primuiaete ,  das  myrsinto ,  on  aoppoae  qu'on> 
premier  verticUle  ed  avort^,  d  daaa  oe  oaa  il  n'eat  paa 
rare  d*en  tronver  dea  fragpnanta  aooa  Ibnna  de  flleta  ou  d*^ 
oaillas  dtarnea  avec  lea  pdalea.  Lea  damines  aont  aoovent 
en  m4me  nombre  que  lea  pdalea,  d  qvand  fl  y  a  plndeura 
vertidlles,  cliaeun  d'eax  est  compost  du  mime  nombre  de 
;>arties,  en  aorte  que  le  told  eat  un  mdtipla  de  edui  dea 
l»6tdes.  Par  example ,  lea  flanrs  k  cinq  pdalea  auront  Ir6- 


fiTAMINE  —  tTAMPES 


quetnmetit  cinq  et  dix  Amines ,  celles  h  trois  p^tales  en 
auront  trois,  six,  neuf . 

Une  ^tamine  se  compose  de  deux  parties  principales,  le 
filet  et  Vanthire,  qui  renferme  le  pollen,  agent  es- 
sentiel  de  ia  f^eondation;. 

Dans  les  Henrs  doubles,  les  staminas  se  mdtamoriihoseot 
fort  ais^ment  en  p^tales,  parce  qu^elles  ont  avec  ceux-ci 
ia  plus  grande  analogie  de  position  et  de  substance.  Sou- 
vent  on  Toit  dea  fleurs  k  dnq  p^tales  et  einq  diamines 
perdre  ces  demi^ns  et  les  rempiacer  par  ua  Ttftidlle  de 
p^tales  altemea  avec  les  premiers  i  les  primulaote  of- 
frent  asses  commun^ment  dea  exemptes  semblables.  Ces 
nouTeaux  p^tales  sont  fonn^  par  les  filets  seulement,  et 
dans  ce  caa  TantbM^  avorte.  Mais  quelquefoisanssi  les  an- 
tb^res  se  m^tamorpbosent,  et  alors  elles  prennent  la  forme 
d'un  comet  de  la  eonsistance  etdo  la  coulenr  dea  p6Ules, 
<x>mme  dans  i'ancoUe  Tulgaire. 

O^est  duis  les  ^aminea  que  Ton  trouTe  les  prenves  les 
plus  fr^quentes  de  rirritabilit^  T^6tale ,  irritabiUt^  que 
quelques  botapistea  nient  aujonrd*huiy  pour  lui  substituer 
non  pas  une  cbose*  mais  un  mot,  celni  d*excitabitit4.  Si 
I*on  pique  avec  une  aiguille  la  basa  Interne  d'une  ^mine 
d'^pine-vinette,  elle  se  jette  vivemeat  contre  le  pistii.  On 
observe  im  mouvement  anolagne  dans  quelques  chardops, 
centaorfes,  opuntias,  lorsqu'on  irrite  leurs  antbftres. 

La. nature  a  pris  des  soins  admirables.pour  garantir  les 
^famines  des  iatemp^ries  de  ratmospb^re.  Elle  les  a  ea- 
ch^, tant6t  dans  le  fond  d'une  ear^e  abritte  par  delarges 
ailes  et  un  ^ndard  qui  pr^sente  le  dos  4  Torage,  taut^t 
<;ous  nae  clocbe,  un  casque,  etc.  Mais  c'est  surtout  pour 
les  plantes  aquatiques  qa'elle  a  pris  dea  precautions  extrft- 
•mementsinguli^res  :  iavallisn^riaenoffirenndesexein- 
pl^  les  plus  remarquables.  BorEAiiD. 

ETAMINE  ( Technoloifie  ),  petite  ^toffe  fort  mince, 
(ravaillte  carrtousnt  comme  la  toUe.  On  dit  diamine  de 
laine,  de  soie;  StanUne  de  Reims,. du  Mans;  rcb^  ^^4ta' 
mine,  voile  dVtomiM€.  Le  cardinal  Jacqueade  Vitry,  dans 
la  Vie  de  sainte  Marie  d'Oignies,  c.  xnr,  n°  37,  semble  in- 
diquer  que  de  son  temps,  et  an  commencement  du  qua- 
torzitoe  sitele,  4t€amine  sigiyfiait  une  ^(Te  grossi^re  et 
rude.  U  dit  que  la  sainte,  au  Ueu  d*une  chemise  de  tolle, 
portait  on  sac  de  cilice  lude,  vulgairement  appel^  ^ta- 
m%ne»  Peut-^tre  ne  qualifie-t-fl  ainsi  Vitamins  que  par 
opposition  au  linge« 

diamine  w  dit  ^ement  d*un  tissn  pen  serr6,  fait  de 
crin,  de  sole  on  de  fil,  qui  sert  k  passer  le  plus  d^U^  de 
la  farine,  quelques  poudrea  et  quelques  liqueurs.  Fignrtoent 
et  dans  le  style  familier,  passer  par  VUamine  si^^ifie  exa- 
miner s^iremcot  la  conduite,  lea  mcBura,  la  docbrine  d^one 
penonne,  lui  fisdre  subir  une  ^preuve  ligoureose.  II  se  dit 
aussi  dea  cboses  examine  en  detail  et  scrupuleusement. 
C'est  ainsi  qu'on  lit  dans  Boilean  : 

Tout  ce  qoi  t'offre  k  moi  |»aste  par  Yitamine. 

ETAIIIPE9  outil  doni  se  serveniles  mnrtehaux,  les  ser- 
niriers ,  les  chaudronniers,  les  doutiers ,  les  eff&vres,  etc., 
et  qui  din^  de  forme  et  farie  dans  aes  rteltats,  sui- 
vant  les  metiers  ob  on  I'emiiloie,  Tant6t  c'est  un  moule, 
tant6t  c'est  un  poin^on.  Dans  le  premier  cas^  on  force  la 
matiire  que  Ton  veui  ^tomper  &  se  modeler  sur  I'dtampe; 
dans  le  aecend,  on  force  T^tampe  h.  entrer  dans  la  mati^ 
qui  lui  est  aounrise.  Cast  ^  i'aide  d*une  ^tampe  que  le  clou- 
tier  foTtne  la  tftte  du  clou  d'^pingle,  on  que  le  serrurier  rive 
des  bduloBs.  Le  eoutelier  s*en  sert  pour  graver  ^  cbaud  sur 
aes  lames  sa  marque  et  son  nom;  Thorloger^  le  mar^chal, 
pour  percer  carr^ment  une  pitee  00  un  ler* 

L*^tampe  des  ehaudronniera  et  de  Torl^Tre  est  une  forte 
I»l8que  d'acier  tremp^  011  de  bronze,  ^  sent  gravdes  di- 
"verses  figures,  et  sur  laquelle  on  place  une.  mince  feuille  de 
m^tal  pour  lui  en  faire  prendre  l*empreinte  au  moyen  du 
poin^n,  repouss^  h  Taide  da  niarteau  011  du  balancicr. 
C*est  aussi  par  ce  procMd  qu*on  6tarope  ies  boutons,  les 


55 

plaques  d'omement,  une  foule  d'objets  de  quincalllerie,  le 
carton,  etc. 

ETAMPES,  vUle  de  France,  cbef-Ueu  d'arrondisseroent 
dans  le  d^rtement  de  S  e  i  n  e-  e  t  -  0  i  s  e,  station  du  chemin 
de  fer  d'Orl^ns,  h  40  kilomMres  sud  de  Versailles  et  55 
sud-est  de  Paris,  aur  I'^tampes,  li  son  embouchure  avec  la 
Juine.  Cettie  ville  possMe  8,083  habitants,  un  college  commu* 
nalyun  tribunal  civil,  une  typographie,  denombreuxmoulins  k 
farine,  des  tanneries  Importantes,  des  lavoirs  de  laine  ^  des 
exploitations  de  grte  consid^bles  dans  les  environs,  de 
forts  march^  pour  les  c^r^ales,  les  f^nes  et  les  denrto. 
^tampes  remoale  k  une  antiquity  asses  reculte ;  Gr^ire  de 
Tours  parle  du  poQUS  Stampentis^  du  bourg  d'£:tamp<;8. 
Ittampes  avait  le  droit  de  battre  monnaie;  on  possede  plu- 
sieurs  pitees  frappte  dans  cette  ville  sous  la  race  Cailovin- 
gienpe.  Philippe-Auguste  d^truisit  la  commune  d'Etampes, 
et  dte  ce  moment  la  ville  cessa  de  battre  monnaie.  Le  roi 
Robert  y  avait  fait  oonstnpire  un  chAtean  fort,  que  Jean  Sans- 
Peur  et  le  due  de  Guienne  foro^nt  en  1411 ;  11  n'en  reste 
plus  qu'une  tour  en  ruine,  qui  k  cette  ^poque  soutint  un  long 
si^e,  malgr^la  prise  du  chAtean  :  c'est  Henri  IV  qui  fit 
d^truire  ce  chAteau.  Robert  I*',  Philippe  I*%  Louis  vi', 
Louis  VlI,PhOippe-Anguste,  saint  Louis,  s^ourn^rent  tour 
k  tour  k  Etampes,  qui  leur  dut  alors  plusieurs  monuments, 
aqiourdliuien  pailie  ruin^  £tampea  fut,  en  llSO,'.le  si^e 
du  concile  06  saint  Bernard  fit  reconnattre  le  pape  Inno- 
cent II,  et,  en  1147,  celui  de  la  grande  assembl(^  des 
pr6lats  et  des  barons  qui  vit  Louis  VII  partir  pour  la  croisa- 
de,  et  investit  Suger  de  la  puissance  gonvemementale.  La 
aeigneurie  d'^tampes  fiit  donnte  par  saint  Louis  k  sa  m^re, 
la  rdlne  Blanche,  en  1240;  elle  ftit  drigfe  en  comt6  en  1327. 
En  1&26,  Francois  I^  T^rigea  en  dnch^,  et  Tattribua  k  Jean 
de  Brosse,  le  mari  de  sa  maltresse,  Anne  de  Pisseleu  (voyet 
rartide  anivant).  En  15S3,  Henri  II  reprit  le  ducb^  d't- 
tampea,et  le  donna  k  Diane  de  Poitiers,  sa  mattresse; 
apr^  la  mort  de  cdle-ci,  Charles  IX  le  rendit  k  Jean  do 
Brosse.  En  1576 ,  Jean  Caslmir,  ^lecteur  palatin  du  Rhin, 
Alt  investi  da  dudi^  d'^tampes.  Henri  III  le  donna  en  1679 
k  la  duchesse  de  Montpensier,  moyennant  100,000  livres, 
et  en  1583  A  sa  sobot,  Margnerite  de  Valois,  femme  do  roi 
de  Navarre.  Henri  rv  le  donna,  en  1598,  A  la  duchesse  d'Es- 
trte.  En  1712  fl  passa  par  extinction  k  la  famille  d'Or- 
l^ans,  qui  le  conserve  jusqn'i  la  revolution. 

Etampes  donna,  en  603,  son  nom  k  une  sanglante  bataille, 
ob  les  soldats  de  Clotaire  II  forent  taill^  en  pieces  par  ceux 
de  Thierry,  et  od  M6rov4e,fil8  du  roi,  Agi6  de  cinq  ans, 
fut  pris.  Outre  le  si^  qtfen  firent  les  Anglais  en  1411,  les 
Bourguigmons  et  lea  Annagnacs  se  disput^rent  longtemps.Ia 
possession  de  cette  ville,  dans  les  slides  qui  suivireat. 
Etampes,  qui  tenait  pomr  la  Ugue  an  1589,  fut  prise  et  pill^ 
par  Henri  HI;  en  1682,  die  fbt  livrte  aux  princes  k  Tinsti 
gation  desqudsavdt^at^  lagnerre  de  la  frond e.  Turenne 
Vint  y  mettre  led^  qu'il  iVit  oblige  de  lever  k  Tapproche 
de  rentbrta considerables  envoys  aux  as8i4g^..Lesguerres 
de  religion  contribuM-eat  beaucoup  k  miner  les  monuments 
et  les  Mifiees  d'Etampes. 

^AlfPES  (AmiR  DB  PISSELEU,  duchesse  n'),  dite 
d'abord  Bptu  d^HeUly^  fille  d'Antoine,  seigneur  de 
Meudon,  naquit  vera  is68.  Demoiselle  d'honneur  de  la  du- 
cliesse  d'Angouldme,  mtoe  de  Francois  r%  k  laqudle  ce 
prince  avait  confii  la  r^gence  pendant  sa  captivity ,  die 
alia  avec  die  au-devaat  du  monarque  rentrant  en  France 
aprte  la  oondudon  dn  traits  de  Madrid.  Le  roi  la  vit  pour 
la  piemlte  fois  A  Bayonae;  die  evait  dix-huit  ana.  II  fut  si 
.  frapiMSde  I'^at  de  aeseharmes,  qnll  endevint  ^rdument 
amourmx,  et  lui  sacrifia  la  oomtesse  de  ChAteaubriant. 
La  nouvdie  favorite  n*avdt  pas,  du  reste,  que  sa  beauts  en 
partage  :  son  esprit,  solide  et  briHant^rendit  son  empire  dn* 
rable.  Protoctrice  des  letbrea  et  das  arts,  die  fut  blent6t , 
disent  ses  contempordns,  la  plus  belle  des  savantes  et  In 
plus  savanle  des  belles.  Francis  I*'  la  donna  ca  roariage 
k  Jean  de  Brosse,  dont  le  pAre  avait  suivi  le  parti  du  due 


53 

de  Bourbon,  et  k  qui  il  fit  rendre  seft  biens  confisqu^.  II  ie 
cr^,  de  plus,  chevalier  de  TOrdre^  te  nomma  gouTemeur 
de  Bretagne,  et  lui  fit  present  du  duch^  d'^tompes.  Anne 
se  seiiit,  en  outre,  de  8on  cr^itpour  enricbir  sa  famiUe  : 
ses  trois  fr^es  obtinrent  des  ^vAch^s ;  deox  de  sea  soeora, 
de  riches  abbayes;  et  les  autres  s'aUiirent  aox  plot  grandes 
maisona  du  royanme. 

Tant  de  bonheur  fut  trouble  par  la  Jalousie  que  eon^t  la 
duchessecontreDianede Poitiers,  maltressedu  dauphin, 
quinela  haissait  pas  moins  cordialeinent.Leurriva]it^par- 
tagea  bientOt  la  cour  et  m6ine  la  famille  royale.  Anne  forma 
on  parti  en  fareur  du  due  d*0rl4aift,  Jeone  prince  dont  la 
Taleor  brillante  continuait  d^ji  celle  de  Francis  !*<'.  Diane, 
qu'on  appelait  la  grande  sin^haU,  se  mit  ^  la  t^  de  ce- 
lui  du  dauphin.  Anne,  cratgnant  que  le  premier  ne  Tempor- 
Ut  sur  le  second,  8*opposa,  en  d^pit  des  int^rdts  de  TEtat, 
^  ses  progfte  contre  les  armte  de  Charles^^oint.  Lorsqn*en 
1540  Tempereur,  se  confiant  It  la  loyaut^  de  Francis  r% 
traversa  la  France  pour  passer  dans  les  Pays-Bas,  elle  con- 
seilla  au  roi  de  s'emparer  de  sa  personne.  Celui-d  dit  k 
Fempereur,  en  lui  pr^sentant  la  duchesse  :  «  Men  fi:)^, 
Toici  une  belle  dame  qui  me  oonseille  d^an^antir  h  Paris 
FoeuTre  de  Madrid; »  k  quoi  Charles-Quint  r^pondit  froide- 
ment : «  Si  le  consdl  est  bon,  il  le  faut  suivre.  » 

Gependant,  Tempereur,  cherchant  k  gagner  la  favorite, 
7  serait  parrenu,  soiyant  quelques  aoteurs,  en  lui  faisant 
accepter  un  tr6s-beau  diamant,  quMl  aurait  laiss^  tomber, 
et  qii'elle  se  serait  empress^  de  ramasser  pour  le  lui 
rendre.  Ce  tali  n^est  gu^  probable.  II  est  pourtant  certain 
qu'^  partir  de  oe  Jour  la  favorite  eut  avec  Charles-Quint  des 
relations  fiinesles  aux  int^r^ts  de  la  France.  Ob^ssant  ton- 
jours  k  sa  baine  pour  Diane  et  au  d^irde  rabaisser  le  dau- 
phin, elle  for^  par  ses  intrigues  ce  jeune  prince  k  lever  le 
sidge  de  Perpignan ;  et  lesennemis,  avertlspar  die,  jet^rent 
dans  la  place  dix  mille  hommes  qui  la  rendirent  imprenable. 
Lorsqu'en  1544  Charles-Quint  et  Henri  VIII  attaqu^nt 
de  concert  Francois  I^,  la  duchesse  fut  encore  accuse  dV 
voir  livr^  i^rempereurle  secretdcs  operations  de  lacampagne, 
d'avoir  araen6  la  prise  d'£pemay,  celle  de  Chftteau-Thierry, 
et  les  succte  des  Imp^riaux,  dont  Tapprocbe^pouvanta  Paris. 
Abusant  de  I'ascendant  qu'elle  avait  sur  Fesprit  du  roi , 
elle  le  d^rmina  k  signer  le  traits  de  Cr espy,  si  honteux 
pour  la  Fruice,  et  contre  lequel  le  dauphin  protesta  haute- 
ment. 

Enfin,  ce  que  la  favorite  redoutait  depuis  longtemps  ar- 
riva  :  Francis  I***  mourut,  le31  mars  1547,  et  le  dauphin 
lui  succdda,  sous  lenom  de  Henri  II.  On  pent  dire  que 
Diane  monta  avec  lui  sur  le  trOne.  Bient6t  les  cr^tures  de 
la  duchesse  furent  disgraci^es  ou  exilto ;  pour  sa  part,  elle 
re^t  simplement  Tordre  de  se  retirer  dans  ses  terres,  et 
Diane  la  laissa  jouir  de  tons  ses  biens.  Anne,  qui  avait  tou- 
jours  prot^6  le  protestantisme,  en  haine  de  Diane,  qui  le 
perstotait,  Tembrassa  dtelon  ouvertement,  et  employa  les 
revenus  de  ses  grands  domaines  k  lui  faire  des  prosdytes 
et  k  secourir  ses  pauvres.  Cette  favorite,  qui  avait  si  indi- 
gnement  trabi  la  confianoe  de  Francois  r%  qui  Tavait  aimte 
pendant  plus  de  vfaigt  ans,  rendit  son  Ame  k  Dieu  si  obscu- 
r^ment,  qu'on  salt  It  peine  I'^Kique  de  sa  mort  :  on  croit 
qn'elle  arriva  vers  Tan  1576.         Eug.  6.  db  Monglave. 

J^AMPEUR.  Dans  le  monde,  on  dirait  avec  raison 
estampeur,  de  mftme  que  Ton  dit  estampilU;  mais  le  Ian- 
gage  technologique,  qui  empninte  moins  ses  noms  k  TAca- 
d6mie  qu*aux  habitudes  des  ouvriers,  a  fait  les  mots  dtam^ 
ptir,  itampeur,  itampe.  L'^lampeursalt  donner  &  unefeuUle 
m^lallique  une  masse  de  reliefs  et  de  creux  du  desain  le 
pins  pur.  Pour  cela,  il  fait  graver  d*abord  une  matrice  d'a- 
cier  en  creux,  et  un  coin  ou  itampe  en  relief  ^aiement 
deader,  pouvant  Itbrement  entrer  dans  les  creux  du  desdn 
de  la  matrice;  puis  il  place  celle-ci  sur  le  sommier  d*un 
moutonou  d*un  batancier,  qu*ilarme  ensuite  du  coin  appar- 
tenant.h  cette  matrice;  alors  il  fait  jMSser  des  feuilles  diauf- 
itaau  loug^detAle,  decuivre^de  laiton,  de  plaque,  d*ar- 


itTXMPES  —  tlk^Q 


gent  ou  de  maillecborf,  sons  ce  mouton  ou  ce  balander» 
et  par  un  ou  plnsleurs  coups  il  obtioit  sor  ces  feuilles  le 
dessin  qu'il  d^re.  Telle  est  aujourdliul  la  perfection  de  V^ 
tampage  en  France,  que  le  fini  et  Fd^gance  de  nos  ome- 
ments  dtamp^  forcent  les  Anglais,  les  Busses  et  tous  les 
drangers  k  venir  nous  en  acheter  des  masses  considdiibles 
pour  ddcorer  k  notre  exemple  lenrs  maisons  et  leurs  palafs. 

J.  OnoLAirr-DESicds. 

£TANG.  Nousavons  ddini,  en  parlantdes  eaux,  ceqne 
c*e8t qu'undang.  II  nous  reste  k  parier de  sa  construction 
et  du  produit  qu'on  en  peut  tirer.  Un  6lang  rapporte  qud- 
qnefois  plus  que  les  terres  arables,  des  hois,  des  prairies. 
On  doit  retablir  surun  terrain  capable  de  retenir  les  eaux, 
aprte  s*dre  assure  que  la  pente  des  terrains  environnants  eo 
permettra  r6ooulenient  dans  la  salson  des  ernes.  II  est  indis- 
pensable de  gamir  le  fond  de  F^tang  d'un  banc  dVgile  et 
de  lui  donner  la  pente  suffisante  pour  permdtre  de  vider  en- 
tiirement  la  masse  d*eau  que  Ton  doit  y  retenir,  par  une 
chauss^  que  Ton  fait  ai  ceinture  quand  on  veut  drconscrire 
les  eaux  dans  un  espace  donn^ ,  ou  par  une  simple  chausste 
k  Fextr6mit6  du  point  le  plus  profond  de  F^tang.  Cette 
chauss^,  dont  ia  base  doit  avoir  au  moins  le  triple  de  sa 
hauteur,  pour  pouvoir  roister  k  la  pouss^  des  eaux ,  est 
formdede  deux  murs  verticanx  panlldes,  b&tis  k  cliaox 
hydranlique ,  entre  lesqnds  on  bat  de  Targile ,  et  que  Ton 
soutient  des  deux  c6tte  par  des  talus  en  pente  trte-donce, 
jouant  le  rdle  d*^rons.  Souvent,  par  6conomie,  on  fait 
cdte  digue  en  battant  dans  le  sol  des  piquets  dont  on  gamit 
ensuite  llntervalle  d*argileou  de  tourbe,  que  I'on  rdiausse 
en  dehors  avec  des  plaques  de  gazon.  On  mdiage,  k  Pendroit 
le  plus  profond  de  cette  chausste ,  une  Mose  ou  bonde ,  et 
derriire  cette  Muse  un  foss6  ou  Hef,  le  tout  pour  permettre 
de  retenir  ou  laisser  sortir  les  eaux  en  raison  des  besoins.  On 
mfoage  anssi  dans  un  point  de  la  diansste  nn  dichargeoir^ 
ou  tehancrure  pav6e  et  cimentte ,  par  oil  les  eaux  surabon- 
dantes  puissent  joumdlement  s*6couler  :  ce  ddchargeoir, 
ainsi  que  r^nse,  doit  Mre  garni  d^une  grille  en  hois  ou  en 
fer  pour  empteher  le  poisson  de  s'^chapper.  II  est  bon  de 
creuser  nn  foss6  autour  de  IMtang ,  ooname  supplement  da 
d<k:liargeoir,  et  d'en  planter  le  eM6  ext^eur  de  peupliers 
d^aulnes,  ou  de  saules,  pour  preserver  la  chausste  des 
degradations  de  la  s^cheresde,  et,  en  mtaie  temps,  pour  ofTrir 
au  poisson  un  ombrage  salutalre. 

L'dang  termini,  en  ferme  la  bonde ,  et  onle  laisse  s'emplir 
des  eaux  de  Fautomne  et  de  l*hiver;  puis  au  printemps 
on  Tempoissonne ,  suivant  qu*il  doit  produire  du  poisson 
d'un. an,  appde/eul/te  ou /re/in,  ou  mdme  alevin,  nom 
doune  plus  particuli^rement  au  poisson  de  seconde  ann^, 
ou  qull  doit  produire  du  nourrain  ou  empoissonnage ,  ou 
bien  du  poisson  de  vente,  Le  poisson  de  vente  ne  se  com- 
pose gentelement qnede ca rpes,  de  tanc hes  et  de  b ro- 
chets,  quoique  Ton  y  voie  encore  qudquefois  des  b  r  ^  m  e  s  » 
des  perches,  des  anguilles  et  du  garden;  mais  la  brtoie 
a  pen  de  valeur,  les  perches  ddmisent  trop  dn/euilUf  les 
anguilles  percent  les  chanasees,  et  le  gardon,  ainsi  que  tous 
les  petits  poissons  blancs  appd^s  menuisaUle,  blanchaille 
ou  roussaillef  n'est  gu^  bon  qu*^  nourrir  les  perdies  et 
les  brochets,  d  k  preserver  ainsi  la  feuilU  de  carpes.  Son- 
vent  dans  le  mftme  dang  on  fait  la/eui/Ze,  Tempoissonnage 
et  le  poisson  de  vente ;  Fempoissonnage  varie  suivant  iea 
pays.  Cependant,  pour  avoir  seulement  de  la /eut/to  oq 
calcule  qu*il  faut  mdtre  dans  retang  sp^dalement  destine  k 
la  pose,  un  tiers- de  carpes  femdles  d  deux  tiers  de  roAles , 
du  sixiiroeau  quart  du  nombre  n^cessaire  k  empoissonner 
l^etang  en  ptelie  r^^e ;  I'on  ajoute  des  tandies  dans  la  pro- 
portion du  quart  du  nombre  des  carpes ,  d  comme  ces  der- 
niers  pondcnt  annudleroent,  en  raison  de  la  quality  du  sol 
de  l*etang,  depuis  24  iusqu'li  300,000  ocufs,  dont  une  bonne 
partie  n'arrive  pasi^  bled,  I'liabitiideseule  indique  le  nombre 
exact  du  poisson  de  pose  dont  il  faut  meubler  un  6tang  dea- 
ling k  foumir  la  feuille.  Ensuite,  on  md  ^rossir  dans  im 
nutre  dang  de  500  4  unmillier  de  ctiie  feuille  par  liectarf 


fiTANG  —  fiTAPE 


ou  par  cent  du  poisson  qu'on  doit  placer  dans  T^tang  des- 
tine k  donner  dupoisson  de  vente;  on  ajoute  k  ceUefeuille 
de  carpes,  7  ^  10  kilogrammes  deyeui//edc  tanches,  etquel- 
quefois  mdme  de  8  ^  10  brochetons  de  la  grosseor  da  doigt 
par  cent  de  feuille.  Alors ,  au  bout  de  i'annte  on  obtieut 
des  brochcts  de  10  et  15  hectogrammes,  et  da  nourrain  de 
0'*,10  k  0'",16  ponces  entre  t£te  et  qneue,  ou  du  poids  de 
244,  867  grammes.  On  met  ensuite  environ  un  milller  de  ce 
nourrain  par  hectare  dans  T^ftang  k  prodnire  le  poisson  de 
vente,  pour  obtenir  ii  la  fin  deTann^  des  carpes  de  500  k 
1000  grammes. 

Dans  les  Clangs  servant  tout  k  la  foia  k  faire  \aifeuille, 
I'empoissonnage  et  le  poisson  de  vente,  on  met  par  hectare, 
avec  unmillier  de  tfttes  de/6ui(/e,  six  k  huit  carpes  d*une 
livre,  toujonrs  dans  la  proportion  d^un  tiers  de  femelles  et 
deux  tiers  de  mUes,  et,  au  bout  d*un  an,  on  obtient  une 
grande  quantity  de  feuille,  et  de  Tempoissonnage  de  183  k 
!^44  grammes  par  t6te »  qui  douze  moU  aprto  arrive  de  15 
k  25  hectogrammes  la  paire. 

On  calcule  que  les  frais  d*^tablissement  d*un  ^tang  d*un 
hectare  sont  de  2  ^  4,000  fr.,  et  que  Ton  retire  d*an  pareil 
^tang  de  28  k  50  fr.  de  b^n^fice  net,  on  de  40  ^  100  fr.  de 
produit  bruit,  sur  tequel  il  faut  pr^lever  les  frais  d'empois- 
sonnage,  de  garde  et  de  ptehe.  Tons  les  ana  ou  an  plus 
tous  les  deux  ans  il  faut  mettre  I'^tang  h  sec  :  on  le  la- 
boure,  et  on  lui  fait  produire  une  lev^e  d'avoine  :  en  efTet, 
les  ^tangs  permanents  foumissent  k  peine  en  produit  brut 
50  kilogrammes  de  poisson  de  25  k  ZO  fr.  par  hectare, 
dont  le  produit  net  par  ann^  ne  s'd^ve  pas  souvent  k 
plus  de  5  Ji  15  fr.  De  pareils  ^tangs  ne  doivent  done,  en 
i*6alit^,  6tre  conserve  que  dans  les  valines  rocailleuses  od 
Ton  ne  pourrait  pas  faire  venir  autre  chose. 

J.  Odolant-Dbsnos. 

Le  vol  ou  la  tentative  de  vol  de  poisson  dans  les  6tangs 
est  puni  de  nn  k  dnq  ans  d'emprisonnement,  et  de  17  k 
500  fr.  d'amende.  La  loi  range  les  poissons  des  ^tangs  dans 
la  cat^gorie  des  immeubl&i  par  destination. 

l^TAPE,  ESTAPE,  on  FEURRE,  ouFOARE,  suivant 
Gobelin.  Le  mot  ^tape  sigm'fiait  originairement  march4  pu- 
blic. La  place  de  Gi^ve  6tait  V6tape  de  Paris.  Ce  terme  ne 
vient  pas  du  latin  stipendium,  comme  le  pretend  Pierre 
Borel,  mais  du  latin  barbare  stapluSy  qa*on  retrouve  dans 
les  lois  ripuaires;  il  ^iait  emprunt^  de  I'allemand  staptl^ 
amas,  entrepot  de  marchandises ;  il  s^est  frands^  dans  les 
vieux  termes  estapU,  estapple^  staple  ^  stappe^  qui,  sui- 
vant Roquefort,  signifiaient  Mre  ou  marcM.  II  s*est  change 
en  staple  dans  la  langue  anglaise;  ce  dernier  terme  figure 
continuellctnent  dans  les  lois  promulguto  par  le  parlement 
d'Angleterre  :  elles  ont  appel^  Hapes  les  march6s  de  laine 
des  Pays-Bas,  marchte  qui  ont  6t^  fort  importants  pour  la 
Grande-Bretagne.  Consid^rant  cette  expression,  au  point  de 
▼ue  militalre,  nous  trouvons  au  quatorzi^me  si^le,  le  tr^sor 
i^tant  presque  teqjours  vide,  les  gens  de  guerre  autoris^, 
par  lettres  royales,  k  vivre  sur  lepeuple.  Le  moyen  ^tait 
inhumahi,  impolitique,  insens^ ;  mais  on  ne  savait  pas  gou- 
verner  mteux  :  la  France  sortait  k  peine  de  la  barbaric.  Les 
rachats,  Tastensile,  T^tape,  ont  m  des  fruits  ou  des  cor- 
rectifs  de  ce  d^rdre.  Une  ordonnance  de  1 544  disposait 
que  quand  il  serait  lev^  des  aventuriers,  iis  marcheraient 
par  ^tape,  ce  qui  signifie  quails  ne  pouvaient  s'arr^ter  qu^^ 
des  coucli^es  assign^  et  non  dans  les  Ueux  od  il  leur  con- 
viendrait  mieax  de  passer  la  nuit. 

On  regarde,  mais  k  tort,  I'^pe  comme  ayant  ^t^  institu^ 
pari  Henri  II,  en  1549.  Alors,  ce  terme  exprimait  un  liea 
de  glteoii  les  troupes  de  passage  poavaient,  k  lenrsd^pens, 
s^approvtsionner  de  vivres  dans  des  march^  publics ;  mais 
l^xpression  ^tape  ne  comportait  pas  encore  Tid^e  d'un  lieu 
de  foumiture  de  sabsistanccs  d^livr^  aux  corps  en  route« 
par  forme  deallocations,  et  en  vertu  de  mesurcs  d^adminis- 
tration  publique.  Entre  cesdeux  acceptions,  lort  diffi^rentes, 
du  m6me  mot,  il  y  a  eu  ce  qu^on  a  appel^  Vustensile  des 
gens  de  guerre.  Briquet,  dans  son  Code  nMtairey  nous 

viul.   Ufa  LA  COMVEUS.  —  T.  U. 


5T 

apprend  que  Louis  XIV,  r^alisant  un  projet  con^u  par 
Louis  XIII,  comme  le  t^molgne  une  ordonnance  de  1023, 
fit  dresser  une  carte  qui  indiquait  Titiu^raire  des  troupes  et 
leurs  lieux  de  gtte;  mais  cette  carte  n'offrait  pas  le  tableau 
des  lieux  de  fourniture  de  snbsistances.  Un  r6glement  de 
1629  essaya  d^am^liorer  le  syst^me  :  set  dispositions  sont 
maintes  fois  rappelto  dans  I'ordonnance  de  1633,  qui  vonlait 
que  les  vivres  fussent  pay^  par  les  troupes,  au  lieu  d'etre 
fonmis  par  les  communes.  La  direction  de  cette  branclie 
administrative  ^it  confite  aux  commissaires  ginH-aux 
des  vivres,  Le  rescrit  de  1635  prouve  que  les  princlpes  re- 
latifs  k  r^tape  ^talent  encore  si  pen  arr^t^,  que  pour  chaque 
grand  voyage  de  troupe  on  annexait  a  Pordre  de  route  an 
taux  souvent  variable  des  prestations  allou^s  pendant  la 
marche :  tela  corps  et  tels  grades  ^taient  ou  mieux  ou  moms 
favorablement  traits.  L'ordonnance  de  1636  prescrivit  des 
mesures  plus  fixes.  Les  r^lements  de  1641  et  1642  s*occu- 
p^ent  de  la  police  k  snivre  dans  les  distributions  de  T^tape 
et  de  Tam^ioration  de  la  ligne  de  I'itin^raire.  L*arr6t  de 
1643  embrasse  la  direction  des  routes  dVtape,  et  la  d^pense 
qu^entralnait  cet  objet.  Les  ^hevins  et  les  communes  des 
lieux  de  passage  avaient  mission  de  designer  et  de  faire  tenir 
vacants  les  logementsn^cessaires  anx  troijipes;  le  soldat  d'in- 
fanterie  devait  vivre  au  moyen  de  sa  solde  de  route  :  elle 
^tait  de  huit  sous.  Pour  maintenir  le  bon  ordre,  on  faisait, 
dit  Bombelles,  «  lecture  aux  troupes  des  denr^,  suivant 
le  taux  r^^  par  I'intendant;  »  mais  elles  se  peimettaient 
mille  exactions,  et,  fiddles  aux  habitudes  contracts  dans 
le  cours  des  guerres  civiles,  s*emparaient  de  tous  les  fruits, 
legumes,  volailles,  qui  leur  tombaient  sous  la  main.  Pour 
rem^'er  k  ces  abas ,  Louis  XTV  promulgua  I'ordonnance 
de  1650,  et  la  lettre  royale  de  1651. 

Ce  monarqne  fit  faire  un  grand  pas  li  la  discipline  en  sub* 
stituant  k  Vus tensile  les  vivres  en  nature,  et  en  transformant 
en  lieux  de  foumitures  administratives  les  Ueux  de  gtte ;  mais 
ces  foumitures s'effectuaient  au  compte  des  communes,  et  non 
de  r£tat.  La  taiile  en  argent,  nomm6e  estape,  y  aubvenait ; 
il  ^tait  prononc^  peine  de  bannissement  contre  les  autorit^s 
civiles  qui  auraient  consent!  k  racheter  k  prix  d'argent  la 
fourniture  de  T^tape  due  k  un  corps  de  passage.  Sauf  cette 
particularity,  et  la  forme  difl^rente  des  perceptions  fiscales 
qui  snbvenaient  k  la  d<^pense ,  le  sens  du  mot  Stape  devint  k 
peu  pr^  ce  quMl  a  ^i&  dans  notre  langue  jusqu'li  la  guerre  de 
la  revolution.  Le  prince  Eugene  t^moigne  dans  ses  M6moires 
combien  TAllemagne  d^plorait  Tabsence  d*un  syst^me  d'^- 
tapes,  systtoie  impossible  dans  un  pays  de  principaut^  in- 
d^pendantes.  Jusqu^it  la  r^ence  de  Philippe  d*Orl^ns,  ce  fu- 
rent  r^lement  les  habitants  qui  durent  contribuer  de  tear 
bourse  k  nourrir  les  troupes  en  route ;  des  communes  ac- 
quittaient  aussi  en  argent  Vtutensile,  II  6tait  pris,  en  chaque 
lieu  de  gtte,  des  arrangements  pour  la  foumiture  de  P^pe. 
Si  Tautorit^  la  d^livrait  en  argent ,  die  avait  som  que  le 
marche  public  f  Otconvenablement  approvisionn^  et  alimente^ 
et  les  soldats  s*y  pourvoyaient  k  prix  d^baltu.  L'ordonuance 
de  1718 ,  rendne  par  le  conseil  de  la  gaerre ,  malgr6  Villars  et 
par  rinfluencedePuys^gur,  supprimales  foumitures  de  vivres 
et  augmenta  la  paye.  Le  d^sordre  reparat ;  aussi  les  fuuroito- 
res  d^etape  furent-elles  retablies  par  Tordonnance  de  1727. 

L'etape ,  depuis  qu'elle  est  devenue  une  institution  natio- 
nale  mise  au  compte  de  r£tat,  consiste  en  une  distribution 
de  vivres  etde  fourrages,  faite  Individ nellment  ^  cbacun 
des  militiires  d'un  corps  en  route  dans  Tinterieur.  Le  droit  a 
cette  distribution  consistait  en  ce  qu*on  appelait  les  places 
d'^tfipe,  c*est-&-dire  le  nombre  des  places  alloudes,  des  ra« 
tions,  variant  suivant  I'emploi  ou  le  grade  des  officiers ;  ainsi, 
les  allocations  d'un  capitaine  d*infanterie  fran^ise  de  ligne 
etaient  de  six  places.  Cette  largesse  rappelait  le  temps  eu  un 
capitaine  avait  quatreou  cinqdomestiques.  Le  gouvemement 
se  jetait  commod^ment  dans  de  telles  prodigahtds ,  parce 
qu'elles  etaient  payees  par  les  riverains  des  lieux  de  passage, 
b'assurerde  la  qnalitedes  rations  de  r^tape,  pr^volr  lesquan- 
tites  k  faire  fournir,  les  faire  d^livrer  confonnement  aux  ei- 

8 


B% 


ETAPE  — 


traits  de  revue,  et  passer  infime  det  revues  oouvelles,  telles 
^ent  en  grande  partie  les  fonctions  des  commiflsaires  des 
gderres. 

Le  mot  ^tape  s^est  pris,  par  une  application  plus  ^tendue, 
dans  itn  autre  sens  :  11  a  sigoiti6  auad  lieu  d'itape  et  de- 
meure  de  r^tapier,  Dt\k  sont  venues  les  expressions  carle 
iP4tape ,  T(Mte  d'Htape ,  et  la  locution  Mtler  Vdape , 
^ast-k-dire  tranchir  le  lieu  d'^tape  sans  y  prendre  gtte,  qnol- 
qae  tout  lieu  d*top^  fOt  lieu  de  gite.  L'ancienne  carte  d'^tape 
continua,  toute  imparfaitd  qu^elle  fl^t,  h  etre  en  usage  Jusqu'i 
Npoque  oh  le  territotre  frah^ais  fut  divis^  en  d^parteroents : 
la  drculaire  de  Tan  ii  t^oignait  qu'il  y  avalt  eu  ntoss!t6  d'6- 
tabttr  de  noaveau  une  carte  de  routes  et  distance ,  attendu 
4106  jusque  Uon  n'avait  eu  d'autre  guide  qae  le  fivre  de  poste. 
Une  seconde  ciculaire  de  Tan  ir  prouvait  que  la  carte  d^6- 
tope  n'avaitpu  6tre  encore  termini  k  cette  ^poque,  et  que 
celle  dont  on  s^occupait,  indiquerait  la  direction  des  chemins 
et  les  lieux  d'^tupe ,  pour  qiie  les  feulUes  de  route  fussent 
iress^esen  cons^uence. 

Le  mot  6tape  s'est  conserv)^ Josqu'iinos  jours,  quoique 
Tincienne  ^tape  ait  6X&  abolie  depuis  la  guerre  de  la  revo- 
lution. L'administration  p'ublique  ne  reconnatt  plus  de  dis- 
tributions directes  et  individuelles  aux  militaires  marcliant 
eo  troupes ;  elle  a  supprlm^  la  d^livrance  des  boissons ,  mais 
eUe  a  maintenu  des  distributions  collectives,  telles  qne  ceUes 
do  pain  et  des  fourrages,  accord^  aux  bommes  formant 
Macbement.  La  surveillance  de  cette  partie  regarde  mainte- 
Oftnt  le  corps  dd  Tintendance.  L'indemnit^  de  route,  ou  sup- 
fMment  de  soldo  des  militaires  en  route,  s'est  substitute  k 
Fltape,  ou  du  moins  repr^sente  oelles  des  foumitnres 
k  ie  retflqpe  autres  que  le  pain.  En  Pan  yi  ,  les  administrations 
d^rtementales  ont  cess^  d^intervenir  dans  le  service  des 
^pes.  Ce  genre  de  d^pense  financitee ,  pr^vu  et  calculi, 
est  devenu  Tobjet  d^tm  des  cbapitres  ^l^entaires  du  budget 
de  rarmde.  L'arrfif^  de  Fan  viii  ordonnait  la  confection 
dhioe  nouvelle  carte  d^^tapes,  et  elle  ^tablissait  les  gttes  h 
$6  kilometres  ou  6  lieues,  au  moins ,  et  ii  40  kilometres 
ou  8  lieues,  au  plus.  Get  arrets  ne  connaissait  plus  d*autres 
foumitures  que  lepain  et  le  fourrage :  11  cessait  d^6tre  d^vr^ 
de  la  viande.  G*^  Barbim. 

ETAT'  Ce  mot  d^ve  du  latin  status,  situation  des 
ehoses,  form6  du  grec  ffraotc,  <|ui  a  la  meme  signification. 
G^est  dans  ce  sens  que  Ton  dit  une  nation  en  6tat  de  guerre, 
vne  maison  en  mauvais  ^at,  un  bomme  en  ^tat  de  d6- 
meoce,  Y6tat  de  sant^.  Vital  de  maladie,  etc.  Le  mot  4tal 
i'emploie  aussi  pour  d^igner  la  profession  qu^on  exeroe. 
II  est  alors  synonyme  de  metier;  on  dit  cependint  dans  le 
tii^me  sens  Vital  eccUsiastique, 

£n  politique,  le  mot  Etat  doit  s^appliquer  k  un  pays  tout 
eiitier,  represents  par  son  gouvernement.  L'alliance  entre 
flusleurs  Etats,  c''estrallidnce  entre  plusieurs  peuples  signte 
|Mir  leurs  gouvemements.  i^f{tf  s^emploie  aussi  dansle  sens  de 
poissance  aouvernementale  :  c'est  ainsi  que  Louis  XIV  di- 
iidt :  *  L*Etat,  c*est  mol!  *  mot  raniteux,  qui  a  conduit 
tons  iceux  qui  Font  prononcS  h  leur  perte.  II  est  des  maxi- 
.  mes  passdes  dans  les  traditions  gou vemementales  qui  se  trans- 
snettent  de  generation  en  generation  :  c^est  }k  ce  qu*on  ap- 
peUe  les  nuudmes  (fElal,  Sous  la  premiere  revolution , 
lee  montagnards  traitaient  dedaigneusement  d'Aommes  d*£' 
tat  ceux  de  leurs  adversaires  anxqueis  lis  pretaient  des  aspi- 
ntlons  gouvernementales.  On  donne  ce  nom  aujourd'faui  k 
ceui  qui  dirigent  ou  qui  seraient  capablee  de  dinger  les  af- 
fiiies  publiques.  Sainte-£vreaiond  definissdt  avec  Justesse 
ce  qu^un  uppelle  raison  d*6tat  one  raison  mysteriense,  in- 
▼entee  par  la  politique  pour  autoriser  ce  qui  se  faitsans  raison. 
Lee  prisonnicrs  que  I'ancien  regime  jetait  k  la  Bastille  ou 
dans  les  prisons  d^^lat,  c'est-k-dire  du  bon  piaisir,  etaient 
ippeies  jirisonniers  d'itaL  Enlin,  un  de  nos  coUaborateurs 
0  earacterise  en  son  lieu  les  coups  d^£lat, 

Dans  radministratiou,  on  nomme  Hats  les  r61es  ou  ta- 
Meaux  relatifs  soitaux  depenses,  soit  au  personnel. 

ST/IT  ( Conseii  d'  ].  Voyes  Co.nseil  o*£tat. 


ETAT 

l&TAT  (Minlstere  d' ).  II  existaitsoos  le  premier  empire 
un  secretaire  d*l£tat,  assistant  de  droit  aux  deliberations  du 
6onseil  des  miuistres,  et  servant  d*intenDediab«  entre  Tem- 
pereor,  les  grands  corps  constitues,  et  les  ministres  eux- 
raemes,  quMl  convoquait  en  conseii.  II  atait  en  outre  dans 
ses  attribotions  les  arciiiTes  iroperiales.  Sous  la  restauration 
il  yeutdes  ministres  d*^!,  mais  pas  de  nUnisth-e  d^itat: 
ces  ministres  sans  porteleuille  etaient  aimplement,  sous  un 
litre  pompeux,  des  membres  do  conseii  do  roi,  fort  peo 
consnltes  du  reste.  Mais  eette  qualite  de  ministre  d'etat  etait 
une  sorte  de  retraite  lionorable  poor  un  aaden  ministre. 
Sous  Louis-Philippe  et  sous  la  republique  de  1848,  Jos- 
qu'au  2  decembre  1851 ,  il  n'y  eut  ni  ministere  ni  ministre 
d'etat.  Le  22  Janvier  1852,  un  decret  do  president  de  la 
epoblique  crea  un  ministre  d^Blat;  AI.  Casabbnca  fut  ap- 
peie  k  ce  ministere.  Les  attributions  en  furent  ainsi  determt- 
nees :  rapports  du  gouvernement  a? ec  le  senat,  le  corps  le- 
gisiatif  et  le  conseii  d'^t;  oorrespondianoe  du  president  de 
la  republiqne  avecles  differentsministeres;  contre^ing  des 
decrets  de  nomination  des  ministres,  du  president  dn  senat 
et  du  corps  legislatif,  des  senateurs  et  des  decrets  leur  accordant 
des  dotations,  et  enfin  des  decrets  de  nomination  des  memlires 
du  conseii  d*£tat;  oontre-seing  des  decrets  do  president  de  la 
republique  rendus  dans  les  attribotions  que  lui  conferalent 
les  articles  24, 28,  3t,  46,  64  de  la  constitution  nouvelle, 
et  de  ceox  dont  les  matieres  n^etaient  spedalement  attri* 
buees  k  aocun  departement  ministeriel.  La  dh'ection  exclu- 
sIto  de  ta  partie  offidelle  du  Moniteur^  Tadroinistratlon  des 
palais  nationanx  et  des  manufactures  nationales  compie- 
taient  ces  attributions.  Peo  de  temps  apres,  elles  furent  ac- 
crues de  la  du^tion  des  bibliotheqoes  des  palais  nationaux. 
Le  ii  septenobresulTant,  la  direction  des  palais  et  manufac- 
tures, qui  y  avalt  eteetablie ,  ainsi  que  celle  4e  la  comptabi- 
lite,  y  furent  supprfmees  et  reonles  au  secretariat  general ; 
une  nouvelle  organisation  des  bureaux  y  fut  arretee,  dans 
des  motifs  d*economie.  Un  decret  du  14  fevrier  1853  a 
distrait  le  service  des  beaux-arts  du  ministere  de  I'interieur 
et  celui  des  archives  imperiales  du  ministere  de  ragriculture 
et  du  commerce ,  et  les  a  attribues  au  ministere  d*£tat. 
M.  A.  Fould  a  remplace,  le  30  juillet  1852  M.  Casablanca 
au  ministere  d*£tat,  et  porte  le  titre  de  ministre  de  ta  maison 
de  Vempereur,  La  L^on  d'Honneur  ressort  aussi  directe- 
ment  de  ce  ministere,. qui  (igurait  au  budget  provisoire  de 
1855.  pour  une  sorome  de  12,146,400  fir.  Enfin  au  depart  de 
M.  nalin  de  Persigny  du  ministere  de  rinterieur,  le  23  juin 
1854,  le  service  des  bAtiments  civils ,  le  service  des  tlieetres 
de  Paris  non  subventionnes,  des  theatres  de  departement  et 
de  la  censure  dramatique,  ont  ete  portes  au  ministere  d^Etat. 

£TAT  (  Questions  d' ).  On  designe  sous  ce  nom  les  af- 
faires dans  lesquelles  il  s'agit  de  statuer  jodiciairement  sur 
retat  ciyil  des  citoyens.  Get  etat  cItII  a  ete  parfaitement 
regie  depuis  1789 ;  mais  il  n*y  en  a  pas  moins  un  grand  nombre 
de  questions  dMtat  qui  peuvent  surgir  devant  les  tribunaux. 

LesdTemandes  en  nuliite  de  mart  age  fondees  sur  des  em 
pechements  dirimants  sont  des  questions  d'etat. 

II  en  est  de  m6me  des  reclamations  d*etat  portees  par  des 
enfants  qui  auraient  ete  victimes  d*nn  Alt  que  la  loi  qualifie 
de  crime,  la  suppression  d^etat,  leur  naissance  n*ayant  pas 
ete  inscrite  sur  les  registres  de  retat  citII.  L'enfant  mi^jeur 
ou  celui  qui  le  represente  dans  sa  minorite  pent,  en  rappor- 
tant  les  preuTes  de  racoouchement  de  sa  mere,  et  la  cons- 
tatation  qu^il  est  bien  Tenfant  dont  elle  est  accouchee,  re- 
conquerir  sa  possession  d*etat.  Lajustice  n'admet  cette  sorte 
de  questions  d'£tat  qu*avec  de  graades  reserves,  et  elles 
sont,  dans  Tinteret  du  repos  et  de  la  reputation  des  families, 
entdurees  de  difficultes  Judidaires  qu*on  ne  saurait  desap- 
prouver. 

Les actionsen  desaveude  pater nite  sontaussides  ques- 
tions d'etat  Les  contestations  relatives  au  divorce,  k  la 
m  o  r  t  c  i  V  i  I  e  constitualent  aussi  aagnere  des  questions  d'etat. 

I^s  affaires  prei^cntant  une  question  d'etat  ne  peuvent  etre 
jugeesque  par  les  cours  imperiales  en  audience  soleunelle. 


fiTAT  CIVIL  —  fiXAT  DE  Sl^GE 


L*ActioD  criminelle  eontre  la  suppression  d'etat  ne  peut  Mre 
intenlfe  qu^aprte  le  jugenient  de  la  question  d*6tat 

l^TAT  ( Suppretaion  dV).  Vo^ez  SomtBssioif  otrAT. 
l^TAT  Gf  VIL.  Voici  un  mot  d'origtne  r6cente,  comme 
llnatitotioD  qa'il  Migne.  S'il  eat  une  cbose  importante  pour 
unenatkm,  c'ast  depouvolrae  rendre  compte  de  tous  les 
membres  qu^elle  compte  dans  son  sein,  au  point  de  vue  de 
ieurs  droits  et  de  leiira  obligations  dans  la  famllle,  dans  la 
cit^,  dans  VtAiX.  L'^tatdvil,  tel  que  Pa  4tabli  le  Code  Napo- 
Iton,  c*«st  cette  eomtataUon  r^lariste. 

Pour  retroorer  les  gennes  de  l^tat  ciTil  tel  que  nous  Ta- 
▼ons  aujourd'hujy  11  ilsut  remonter  aoi  Athtoiens  :  des  of- 
Aclers  sp^Sciaux  inscrivaient  k  Ath^nes  les  noma  des  Jeunes 
( itoyens  fibres,  dte  I'^e  de  trois  ou  quatre  ans,  sur  les  regis- 
(res  deleur  dasse  :  les  esclaves  u'evaient  point  d'etat  dvil. 
Tn  maglstrat  dressait  Fade  de  mariage  dans  la  maison  nup- 
tiale  mtoie.  A  Rome,  Serrios  Tullius  Toulut  que  la  naissance 
«t  la  mort  dee  dtoyens  fussedt  inscrits  sur  des  registres 
publics,  dont  les  pr^teors  derinrent  les  d^positaires  sous  la 
r6publique.  Marc-Aur^le  ordonna  le  d^p^^t  de  oes  registres 
publics  au  si^  de  I'empire ;  U  r^ementa  sagement  les  dis- 
positions delacondatation,  qui(^tait  tombteen  d^utode 
&  la  ohttteda  la  r^publiqne.  LfnTasdon  dqs  barbares  fltdis- 
parattre  les  vestiges  de  T^tat  dril.  La  tradition  pour  les 
serfs ,  et  poor  les  nobles  qoelques  notes  inscritea  sur  un 
oiissd  tenaient  lieu  d*6tat  dvil.  dependant  les  prfitres  pri- 
rent  pen  A  pen  I'usage  d^nserire  sur  les  registres  de  Jeur 
paroisse  les  bapttaies,  les  mariages  et  les  enterrements; 
cdte  coDstatation  con^oe  an  point  de  vue  rellgieox ,  ^it  un 
grand  pas  de  fait  pour  la  constatation,  indirecte  il  est  Trai , 
de  r^t  des  dtoyens.  Francis  1*'  institua,  en  1539,  des 
registres  de  baptdme,  dresste  par  les  curds  et  Ticaires^  et  dd- 
pos^  ches  le  greffler  du  bailliage ;  il  ne  songea  pas  au  ma- 
riage; il  ne  s^HquiMa  aon  plus  de  la  constatatlon  des  d6cis 
que  poorcenx  qui  possMaient  dea  fieboa  des  bdn^ces.  Sons 
Louis  XIY  il  est  instUnd  des  greffUrs  gardes  et  conserva- 
teurs  du  registre  de  Tdtat  dTil ,  et  des  contrdlears  de  ces 
greffiers  :  ces  registres  dtaient  toojours  tenus  par  le  clergd 
qui  trouvait  un  moyen  d^hifluence  dans  les  famillea  dans 
cette  concentration  de  Tdtat  d^it  entre  ses  mains.  Lonis  XV 
r6g1a ,  par  Pordonnanoe  du  9  aTril  1736,  notre  ancienne 
ii^slation  sur  la  matidre.  Les  cur^  et  Ieurs  Ticaires  conser- 
vaient  la  rddaetion  des  registres  de  P^tat  dTil ,  receyant  les 
actes  de  naissance,  de  mariage  et  dedMs;  la  maglstrature 
en  avait  le  contrdle,  et  ils  6taient  d^osds  au  si^e  de  la 
juridiction.  Mais  les  pr^tres  continuaientA  tenir  Ieurs  regis- 
tres au  point  de  Tue  des  sacrements  de  I'^lise,  bien  plus 
qu*A  cdui  de  Vdtat  dvil.  Les  juifs,  les  hitb^ens  n^ayaieut 
pasd'^at  ciyil. 

Quand  la  rdvolntion  de  1789  ^lata,  PAsserabl^l^slative 
iugea  B^cessaire'  d'enlever  au  dergd  la  tenue  de  ces  re- 
Kistres.  Une  lol  du  20  septembre  1792  constHua  notre  dtat 
r.iTil  compl^ement  en  dehors  de  I'^glise  :  elle  prescrivit 
irouvrir  trois  registres  doubles  pour  y  inscrire  sdpar^ment 
let  naissances,  les  mariages  et  les  dMs,  Les  eonseils  gdnd- 
raox  des  ddpsortemeats  d^ignaient  un  ou  plusieurs  de  Ieurs 
membres  pour  tenir  les  registres  de  I'dtat  dvil.  Les  maires 
n'ayaient  le  droit  de  recerdr  les  actes  de  V6Ut  dvil  qu'ac- 
cidentdlemen%  ea  cas  d'emptehement  de  ces  offiders  pu- 
blics. En  Pan  viii  one  nouvelle  loi,  cdle  du  28  pluvi^se, 
€oiif6ra  au  maires  etaox  adjoints  les  fonetions  d'officiers 
dvils  dana  la  drconscription'de  leor  commune ;  les  oonsdllers 
gdntenx  ne  los  exereftrent  aiw^i  qne  peu  de  temps. 

Poor  les  modes  de  constatation  des  naissances,  ma- 
riages et  ddete,  nous  renverronsji  ces  mots. 

Auconerectifioatioo  ne  pent  ttre  foite  d'office  par  les  of- 
ficiere  de  P^t  dvil  sur  les  registres  des  naissances,  mariages 
et  dtete ;  les  cbangements  h  y  introdnire  ne  peu  vent  6tre  falls 
qn*en  vertu  de  jugementsdes  tribunaox ,  prdpos^  k  la  sur- 
vdUance  de  ces  registres ;  lenr  noUitd  ne  peut  dtre  ddclar^ , 
(H>or  iaux  on  poor  tout  autre  motif,  que  par  la  justice.  Le 
iiiaire  n'apas  d 'autre  mission  que  de  transcrire  oes  juge* 


59 

ments  et  d*en  faire  mention  en  marge  de  Pacie  redffid ,  de 
mani^  que  diaque  extrait  des  actes  entacb^  d'ifreur  puisse 
porter  les  rectifications. 

La  premise  minute  de  cheque  registre  de  I'dtat  civil  eit 
port^  tons  les  ans  au  greffe  do  tribunal  d'arrondissemeot, 
ainsi  quetoutes  les  pitos  produites  k  Pappui  des  actes.  Ces 
registres  sont  cot^  et  parapbds  par  le  president  du  tribu« 
nal  dvil.  Des  tables  alphab4tiques  sont  dress^  k  la  fin  de 
cheque  registre,  et  fondues  ensemble  par  cheque  commune 
tous  les  dix  ans. 

A  Pdtranger,  les  agents  diplomatiques  accomplissent  les 
fonetions  d'offiders  de  Pdtat  dvil  :  ils  ont  ^element  un 
double  registre,  dont  ils  envoient  cheque  annte  une  mi- 
nute au  minlstre  des  afftires  dtrang^res,  et  sur  lequel  ils 
constatent  Pdtat  civil  dea  Franks  hors  du  territoire. 

En  mer,  le  capitaine  ou  patron  des  navires  accomplit  cei 
mtaies  fonetions,  pour  les  naissances  et  lesdMs :  il  endresse 
les  ades  snr  les  rdles  d'^uipage,  dont  fl  depose  une  exp^ 
dition  ches  le  prdposd  de  Pinscription  maritime  ou  cbez  le 
consul  fraofais,  au  premier  port  oh  il  aborde.  Le  rOle  d*d- 
qnipage  lui-m^meest  ddposd  an  portde  d^barquement  entre 
les  mains  du  prdposd k  Pinscription  maritime, qui  est  t«na 
de  faire  exp^ition  des  actes  de  naissance  et  de  ddcte  k  la 
mairie  du  domicile  des  p^e  et  m^  ou  du  d^font. 

Bans  Pannie,  un  offider,  plac4  sous  la  surveillance  dea 
minors  etdes  intendants,  remplit  les  fonetions  d'offider  de 
de  WUt  dvil. 

GrAce  k  ce  m^canisme,  les  nombreuses  erreurs,  la  n^- 
g)igence  qoi  pr^sidafent  autrefois  k  la  reaction  des  act^ 
constatant  la  position  des  dtoyens,  ne  sont  plus  k  redouter; 
P£tat  et  les  fimiiles  treovent  dans  Pinstitution  de  IVtat 
dvil,  td  que  la  revolution  Pa  faite,  la  sauvegarde  des 
mtMts  quails  ont  k  faire  valoir  sur  les  personnes. 

L'AngjJeterre  a  laiss^  josqu^en  1836  le  soin  de  tenir  les 
ades  de  naissance,  de  mariags,  de  d6c^,  aux  ministres  des 
eoltes;  mais  depots  cette  ^poque  die  a  adopts  des  mesures 
telles,  que  I'on  peut  dire  que  llnstitotion  moderne  de  P<itat 
civil  a  pris  k  son  tour  droit  de  dt6  cbez  nos  voisins  d^outre 
Manche. 

£tAT  de  LIEUX.  On  nomme  alnsi  la  d^termiaa* 
tion  de  P^tat  o6  se  trouve  une  maison,  on  appartement^ 
an  moment  oh  Pon  en  prend  possession  en  quality  de  ioca- 
taire.  II  est  trte-important  poor  Irlocataire  de  tkire  dresser 
un  ^tat  de  lieox,  car  all  n'en  existe  pas  il  est  pr^um^  lea 
avoir  re^us  en  bon  dtat  de  reparations  locatives,  et 
alors  il  doit  les  rendre  tels  :  il  est  cependant  admis  k  faire 
la  preuve  contraire.  Les  4fats  de  lieox  bien  faits  peuvent 
6viter  bien  des  chicanes.  Avec  cette  pi^ce,  plos  de  contes- 
tation possible ;  les  lieux  sont  rendus  dans  P^tat  oh  on  les 
a  pris,  saof  ce  qui  a  it^  degrade,  ce  qui  a  p^ri  par  v^ust^ 
et  par  force  noajeure.  Les  ^ts  de  lieux  doivent  «tre  fiuts 
doubles  pour  plus  de  r^larit^  :  lorsqu*ils  embrassent  les 
objets  et  ustensfles  gamissant  one  usine,  il  prennent  le 
nom  de  prisie. 

tfTAT  DE  SERVICE.  Foyejs. Service. 

l^AT  DE  Sn^GE.  L'^tat  de  si^e  est  celui  d*une 
contr^e  menacte  oo  celoid'une  place  assilg^  par  Penneml : 
te)  e<t  le  sens  absolu  de  Pexpression;  c^est  aussi  Pdat 
extxptionnd  sous  lequel  le  gonvernement  place  momenta* 
n^ment  one  ville  oo  one  contrte  dans  laqueUe  une  insurrec- 
tion a  6c\M,  Dans  ce  cas,  I'^misdon  d'on  d^crety  auto- 
rise  Papplication  de  mesores  extra-l^les :  c'est  ce  qo'on  a 
appeM  la  mUe  en  itatde  Hige.  La  loi  de  1791  a  la  pre- 
miere embrasse  ce  sojet  Dne  loi  de  Pan  v  etablissait  Pdtat 
de  siege  dans  llnterieor  de  la  republique  comme  resultant 
de  Pinvestisseroent  des  communes  par  des  ennemis  oo  par 
des  rebelles  qui  Interceptaient  les  communications  k  une 
distance  de  3,500  mMres  Le  d^cret  de  1811  r^suma  ce  qui 
j usque  \k  avail  eu  rapport  k  Petal  de  siege.  La  miso  en 
etat  de  si^^e  a  ete  quelqucfois  un  droit  ooifere  par  I'auto- 
rite  supreme  aox  generaox  en  chef;  qudauefoi<(  die  a  et4 
un  moyen  oblique  de  sonstraire  au  iMrnfalt  des  tois  com« 

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6TAT  DE  SifiGE  —  i6tAT-MAJ0R 


munes  et  mnnicipalcs  una  ville,  un  d^artement  m6me , 
eo  en  retranchant  momentan^ment  certaines  portions  de 
territoire,  et  en  y  subordonnant  lea  antorit^s  ciTilea  k  Vent- 
pire  d'un  commandant  de  place  ou  d'on  conmiandant  su- 
p^rieur.  Dans  les  cent-joars,  Bonaparte,  &  qui  la  Toix  du 
people  avait  i^vti^  plus  d*un  grief,  fit  nne  concession  dans 
I'acte  additionnel,  en  s'engageant  k  restrdndre  k  TaTenir 
ie  droit  de  prononcer  la  mise  en  ^t  de  si^e. 

Dans  une  place  en  ^tat  de  si^ge,  tout  est  soomls  k  i'auto- 
rit6  militaire,  k  ses  prescriptions;  U  justice  dvile  s^eflace 
elle-mdine  pour  faire  place  ao  regime  des  conseil  de  guerre , 
k  moins  que  Tautorit^  militaire  ne  lui  d^legueses  pouYoirs. 
Cette  dictature  temporaire  de  I'autorit^  militaire  cesse  avec 
r^t  de  si^e.  La  France  a  yu  maintes  fois  d^j^  T^tat  de  si^e 
proclam6  iiraisondes  ^Y^nements  de  Tint^enr.  Dans  les 
joumtede  juillet  1830,  Charles  Xd^clara  Paris  en  ^tatde 
si^ge  :  le  peuple  fit  justice  de  T^tat  de  si^ge  de  la  royaut^ 
expirante.  Louis-Philippe  appliqua  en  1832  I'^tat  de  si^e 
k  plusieurs  d<^partements  et  k  plusieurs  arrondissements  de 
Touest,  lors  de  nnsurrection  l^timiste  qui  y  ^ata  ;  il 
niit  dgalement  Paris  en  6tat  de  si^e ;  apr6s  i^insurrection 
r^publicaine  des  5  et  6  juin  1832  :  les  conseils  de  guerre 
s*attrlbu^rent  alors  le  jugement  des  citoyens  arr6t^  pour 
fait  d^insurrection ;  mais  It  cour  de  cassation,  sur  une  yI- 
goureuse  plaidoirie  de  M.  Odtlon  Bai  ro  t ,  consacra  ce  prin- 
cipe  pos^  dans  la  cliarte,  que  les  citoyens  ne  pouYaient  pas 
etre  distraits  de  leurs  juges  naturels,  et  d^ara  que  les  con- 
seils de  guerre  n*aYaient  pas  le  droit  de  les  juger;  Get  arr6t 
produisit  une  yIyc  satisfaction  dans  Topinion  publique,  et 
entralna  imm^atement  la  leY6e  de  I'^tat  de  si^e  de  Paris. 
Le  minist^,  comptant  sur  la  docility  des  chambres,  chercha 
k  l^timer  T^tat  de  si^e  de  fa^on  k  n'aYoir  plus  it  s'arreter 
dcYant  les  arrets  de  la  cour  de  cassation  :  11  prtenta  un 
projet  de  lot  k  la  chambie  des  pairs;  mais  ce  projet  de- 
meoraenseYelidans  les  cartons.  Louis-Philippe  d^cr^ta  une 
nouYcUe  fois  I'^tat  de  si^e  de  la  capitale,  le  24  feYrier  1848 ; 
lar^Yolution  passa  outre.  Le  24  juin  1848,  au  milieu  de  la 
terrible  Insurrection  qui  ensanglantait  Paris,  M.  Pascal  Du- 
prat  Yint  proposer  k  I'Assembl^  constituante  de  mettre  Paris 
en  ^t  de  si^e :  cette  mesure,  dont  la  pens^e  itait  ^close 
chez  les  amis  du  g^n^ral  CaYaignac,  qui  le  portaient 
alors  au  pouYoir,  excitait  une  si  yIyc  repulsion  dans  les  es- 
pnts  que  TAssembl^  h^itait.  «  Au  nom  de  la  patrie,  s*6crie 
M.  B  a  s  tJ  d  e ,  je  yous  conjure  de  mettre  un  terme  k  yos  deli- 
berations. II  faut  Yoter.  Si  yous  tardez,  llidlel  de  Yille  pent 
etre  pris.  »  L'etat  de  si^ge  fut  Yote.  II  dura  jusqu^au  19 
octobre  1848,  malgri  la  demande  de  sa  leY^e  faite  aYec  in- 
sistance  par  I'opposition  d^mocratique.  Cette  fois  I'^tat  de 
si^ge  couYrit  de  son  ombre  non  plus  seulement  I'attribu- 
Hon  du  jugement  des  citoyens  aux  conseils  de  guerre, 
sanctionnee  maintenant  par  la  cour  de  cassation,  mais  encore, 
ce  que  Louis-Philippe  n'aYait  ni  r^Y^  ni  os^ :  la  suppres- 
sion des  journaux  et  la  transportation  en  masse  des  citoyens. 
Le  13  juin  1849  Paris  fut  de  nouYcau  mis  en  etat  de  siege 
par  une  loi  propoc^e  et  Yot6e  dans  la  m^me  stance,  et  qui 
fut  presentee  k  la  legislature  par  M.  Odilon  Barrot,  garde  des 
sceaux  ;retat  de  si^e  de  Paris  fut  etendu  k  toute  la  i"'  di- 
Yision militaire;  il  fut  Icy^  le  9  aoOt  suiYant;  le  15  juin  1849 
,  une  nouYelle,  loi  Yotee  d*urgence  par  TAssembiee  legislatiYe, 
:  mil  en  etat  de  siege  Lyon ,  oh  une  insurrection  sanglante 
Yenait  d'eclater,  et  toute  retendue  de  la  6*  division  mili- 
taire; retat  de  siege  fut,  dans  le  courant  de  18&1,  etendu 
aux  departements  du  Cher,  de  laNi^Yre  et  de  I'AMeche; 
enfin,  I'eiat  de  siege  fut  reapplique  k  Paris  et  ^  la  drcons- 
cription  de  la  1^  diYision  militaire,  le  2  decembre  1851. 
LorsdeseYenemenfs  dedecembre,  les  departements  de 
SaAne-et-Loire,  de  rAllier,  du  Card ,  de  PUerault,  du  Gers, 
des  Basses-Alpes,  du  Var,  du  Lot,  de  Lotet-Garonne,  de  PA- 
Yeyron,  de  Vauclusc,  du  Jura  et  TAlgerie  tout  enti^re  furent 
ific\u4»  en  etat  de  siege.  Cet  eut  de  siege  d'unc  partie  de  la 
France^  qui  pour  Lyon  et  la  6'  diYision  militaire  durait  de- 
puis  jidk  1849,  fut  icYe  le  27  mars  1852. 


L'Assembiee  legislatiYe  aYalt  Yote,en  aoAt  1849,  une  lul 
qui  aUribuatt  ledroitde  dedarer  retat  de  siege  k  TAssembiee 
natlonale  seulement  Void,  d'aprte  las  dispositions  non  abro- 
gees  de  cette  loi,  qnels  sont  les  eTTeU  de  Peut  de  siege  :  les 
pouYoirs  dont  Tautorite  dYile  est  inYestie  pour  le  main- 
tien  de  Tordre  et  la  police  passent  k  I'autorit^  militaire;  eUe 
GonserYc  ceux  de  ces  pouYohrs  dontrautorit6  militaire  ne  la 
dessaisitpas.  Les  tribunanxmilitaires  peuYentetresalsisde  la 
connaissance  des  crimes  et  deiits  eontare  la  sArete  de  I'^tat , 
Gontre  la  constitution,  contre  Pordre  el  la  paix  publique, 
qndle  que  soit  la  qualite  des  aateurs  et  de  leurs  complices! 
L'antorite  militaire  a  le  droit  de  faire  des  perquisitions  de 
jour  et  de  nuit  dans  le  domicile  des  dtoyens,  d*eiolgner  les 
repris  de  justice  et  les  hndiYidus  qui  n^ont  pas  leur  domi- 
cile dans  les  lieux  soumis  k  retat  de  siege,  d'ordonner  la  re- 
mise des  arroes  et  des  munitions,  de  proceder  k  leur  recherche 
et  enl^Yement,  dMnterdire  les  publicatiotts  et  les  reunions 
qu'eUe  juge  de  nature  k  exdter  et  k  entrelenir  le  desordre. 
Apr^  la  leYee  de  retat  de  siege,  les  tribunaux  militairescon- 
tinueut  de  connattre  des  crimes  et  deiits  dont  lis  se  sont  attri- 
hue  la  ponrsuite  pendant  cette  situation  exceptionndle. 

£TAT-MAJOR.  Cest  tout  ce  qui  constitue  le  per- 
sonnel dirigeant  d*une  arroee,  d'nne  diYision  acllYe  ou  terrt- 
toriale,  d^une  brigade,  d'une  place  de  guerre,  d'un  batail- 
Ion,  d'un  escadron,  d*une  compagnie,  etc  ,  etc.  Cette  ex- 
pression est  peu  andenne.  Monlecucttlli  ne  se  sert  que  de 
cdle  d^itat  colonel.  La  denomiuation  d'etat-major  ne  |k>u- 
Yait  pas  eiister  lorsqu'un  general  avail  pour  second  un 
marechal  de  camp ,  ou  quand  un  colonel  commandait  sans 
intermediaire  k  des  capitaines;  mais  quand  les  rouages  du 
mecanisme  militaire  se  sont  multiplies ;  quand  le  general, 
autrefois  simplement  nomme  capitaine,  s'est  entoure  d'ai- 
des  ou  s'est  fait  accompagner  d'un  personnd  norobreux ; 
quand  la  tete  d*un  corps,  au  lien  de  consister  en  un  seul 
chef,  a  ete  representee  par  un  colond  seconde  par  une  quan- 
tite  d^acolytes,  alors  le  mot  6tal-major  est  devenu  necessaire, 
et  notre  langue  militaire  Ta  admis,  quoique  defectueiix;  il 
manque  de  predsion ,  et  porte  meroe  k  faux,  puisqu'il  y  a, 
comma  on  I'a  yu,  diflerentes  classes  d'etata-miyors,  tandis 
que  repith^te  major  donne  I'idee  d'une  superiorite  ou  d'une 
sommite  unique.  Au  mepris  de  cette  r^le,  il  y  a  encore  le 
grand  ei  petit  itat-m^jor.  La  demi^re  de  ces  locutions 
s'applique  seulement  aux  corps;  la  premiere  est  ambigue, 
parce  qu^on  I'adapte  tant6t  k  Tarmee  en  general,  tant6t  aux 
corps  en  particulier.  Les  instructions  sur  Tinspection  n'ont 
en  Yue  que  ce  dernier  emploi,  tandis  que  rediement  c'est 
retatmajor  de Tarmee  qui  est  ie  grand  etat-mai«ir.  On  ap- 
pelle  aussi  itat-major  le  lieu  od  se  tiennent  les  bureaux  de 
retat-major.  Dans  Tarmee  fhm^ise,  retat-major  se  prend, 
nous  TaYons  dit,  sous  plusieurs  acceptions  :  considere  k 
partdn  chef  d'une  armeeagissante,il  sert  d'intermediaire, 
dlnterprete,  d'auxiliaire,  entre  les  corps  et  le  general  d'ar- 
mee;  U  est  le  lien  des  corps  d'armee  quand  ils  se  ras- 
semblent.  Dans  les  temps  ordinaires,  Tetat-nitgor  est  Ten- 
scmble  de  tons  les  odiciers,  depuis  le  general  en  chef  jus- 
qu*au  moindre  officier  d'etat-mqjor,  ceux  de  I'etat-major 
des  corps  non  compris. 

Jusqu'^  la  fin  du  r^gne  de  Louis  XIV,  les  moeurs  feodales 
et  la  brusquerie  de  rarbitraire  se  serafent  mal  acoommodees 
de  regies  ecrites;  mais  vers  cette  epoqueon  accueille  des 
idees  plussahies;  les  sciences  mathematiques  font  des  pro- 
grte;  leur  application  sMtend,  Tart  militaire  s*en  ressent; 
on  reconnalt  qu'une  seule  tete  ne saurait  embresser  tousles 
details  de  la  conduite  d'une  armee;  on  tombe  d*accord  que 
le  general  qui  la  commande  doit  Atre  dispense  de  soms  mi- 
nutieux,  parce  que  riiomroa  le  plus  uniYersel  ne  saurait  j 
suflire;  on  cree  done,  successiYement,  certains  grades  mi- 
litahWy  certains  emplois  finanders,  et  ceux  qui  en* sont  re- 
vetus  sont  assodes  sous  un  roeme  litre.  Mais  cet  etat-major 
eiait  loin  d'etre  un  corps  special,  permanent ;  ce  n'etait  qu'un 
ensemble  temporaire  d'ofTiciers  qu*on  appelaitofliders  dV/a^ 
major,  pour  mdiqucr  q»ril8  n'<';faier!t  pns  affectes  positiYO» 


fiXAT-MAJOR 


ment  ou  insdparableineDt  k  telle  on  telle  troupe,  et  quMU 
dirr^raient  par  \k  des  officiers  de  troupe.  On  n'avait  point 
eu  encore  la  pens6e  d'instituer,  en  outre  de  T^tat-major,  un 
corps  (T^tat'inajor  qui  en  (Hi  une  section  privil^^.  Fre- 
deric II  et  Napolton  ont  entrepris  et  termini  glorieuiement 
plus  d*nne  guerre  sans  le  secours  d^un  pareil  corps;  mais 
des  idte  noovelles  et  d'origine  ailemande  ont  pr^valu.  Dans 
la  guerre  de  1741,  le  niinist^re  de  la  guerre  commence  h 
aenlir  TutiUte  d'on  6lat-major  mieux  organist  et  compost 
d^ei^meots  plus  complets.  La  guerre  de  1756  en  d^montre 
plus  fortement  encore  le  besoin,  k  raison  des  adversaires 
habiles  avec  lesquels  la  France  se  mesure;  mais  rien  de  sa- 
"tisfaisant  ne  r^ultedes  mesuresadopttes,  ou  plutdt  essays 
jusque  Ik.  La  Tictoire  inoompl6te  et  sans  r^sultats  de  Has- 
tembeck  prouve,  au  jugement  de  Napolton,  la  mauvaise 
composition  des  ^ts-miijors  fran^is  de  ce  temps.  Avant 
la  guerre  de  la  r^voluUun  on  avail  k  peine  eu  Poccasion  de 
faire  essai  de  pr^ptes  que  nos  tacticiens  proposaient  ou 
dout  lis  donnaient  Tidte.  0epuis  cette  guerre  T^tat-major 
s^organise  mieux;  ildevlent  un  Triable  corps,  ou,  comme 
on  dit  depuis  quelques  ann^,  un  cadre  organist  Quel- 
ques  grades,  sans  appartenir  imm^diatement  k  I'^tat-migor, 
concouraient  k  Tenseroble  de  ses  travaux  :  tels  ^talent  cer- 
tains brigadiers  des  arm^,  les  chefs  de  batailion  de  jour, 
les  colonels  de  jour,  les  majors  de  brigade,  etc.  A  la  re?o- 
lution  de  1789  ces  fonctions  furent  ou  n6glig6es  ou  autre- 
ment  accomplies.  Les  dtoominations  jusque  Ui  en  usage  fi- 
rent  place  k  ceiles  des  adjoints,  des  adjudants  g^ni^aux  et 
des  chefs  d'eta^^^jor. 

L*arr6t6  de  Tan  ix  rtorganise  I'^t-miyor.  Bonaparte, 
devenu  empereur,  y  r^introduit  un  conn^table ,  y  institue 
un  Yice-conn^ble,  y  cnte  des  majors  g^^aux  et  des  lieu- 
tenants g^^raux.  Le  grade  de  lieutenant  g^n^ral  deviant 
un  tehelon  de  plus  dans  la  hi^rarchie  militaire.  Plusieurs 
*  autres  grades  y  sont  des  superl^tations  et  une  imitation  re- 
nouTelte  de  Tancien  luxe  byzantin.  En  1814  le  minist^re 
regarde  comme  un  de  ses  premiers  devoirs  d'aboiir  les 
titres  de  gto^raux  de  division  et  de  g^n^raux  de  brigade, 
conuBe  des  grades  r^olulionnaireSf  etii  replace  des  mar^- 
cbaux  de  camp  dans  IMtat-major.  Le  legislation  des  cent 
Jours  confirme  le  retabllssement  maladroit  et  malheureux 
de  ces  grades,  dont  le  sens  est  Equivoque,  dont  la  deno- 
mination est  m^me  fausse,  et  que  la  revolution  de  1848 
a  pu  seule  replonger  dans  la  poussi^  du  passe ,  d'od  ils 
n'auraient  Jamais  dA  sortir.  En  1818  des  aides  majors  sont 
crees,  ainsi  qu^one  ^^e  dV/a^md^'or;  c*e$t  k  partir  de 
la  qu'il  commence  k  etre  donne  aiix  eieves  d'etat-major  une 
education  appropriee  aux  besoins  de  repoque  et  ^  la  maniere 
actuelle  de  faire  la  guerre :  cette  ecole  est  une  imitation  des 
institutions  et  du  college  militaire  de  la  milice  angialse. 
L^annee  1818  est  marquee  par  la  creation  du  corps  royal  de 
rSiat'taqjor,  section  priviiegiee  et  perinanente  d^im  corps 
quietait  egalement  royal  et  permanent.  Maintenant,  oe  qu^on 
appelie  corps  imperial  d*etat-major  ne  comprend  que  les 
chefs  et  sous-chefs  d^etat  major,  les  aides  de  camp,  et 
lesofQciers  du  dep6t  de  la  guerre  et  des  bureaux  de 
retat-major.  M.  Didier,  qui  a  essaye  de  definir  ce  que  c^est 
que  reiat-major,  le  regarde  comme  le  compose  de  tout  ce  qui 
scrt  militairement  sans  appartenir  k  aucun  corps  particulier. 
SMI  s'agit ,  selon  lui ,  de  I'etat-major  des  places ,  il  faut  dis- 
tinguer  le  fait  du  droit :  aussi  Tetat-magor  des  places  est  k 
la  fois  parUe  exteme  et  pourtant  integrante  de  retat-migor 
general.  Toutes  ces  subtilites  logiques  sont  le  chaos.  L*or- 
dounancede  1831  a  reuni  retat-major  aux  ingenieurs  geo- 
graphes  :  c*est  un  retour  de  Tenfonce  de  Part ! 

Dans  quelques  armees,  VHai-wnqjor  du  corps  s*est  nomme, 
jusqu'au  milieu  du  dernier  siecle ,  ^at-colonel  et  pr^6t6» 
Un  etat-major  de  corps  n'est  pas  toujours  un  etat-major  de 
regiment,  puisqu^un  batailion  regimenlaire  a  un  etat-major 
•petial.  Mais  le  mot  sera  examine  ici  comme  synoiijme 
d*etat-roajor  de  regiment  dMnfonterie,  et  comme  donnant 
Tideie  d*une  agrdgation  k  la  fois  tactique  et  administrative, 


attachee  k  un  corps  de  plusieurs  compagnies,  car  les  com- 
pagnies  regimentaires  n*ont  pas  d*etat-major.  Avant  le  mi- 
nistere  de  Choiseul,  un  etat-major  comprenait  unprevAt 
et  son  lieutenant,  un  greSfier,  des  archers,  quelquefois  memo 
un  executeur;  le  seul  oflicier  superieur  qui  en  flt  partfe 
etait  le  chef  du  corps.  Depuis  cette  epoque  les  etats-roajors 
de  corps  ont  ete  sans  cesse  s'augmentant  en  officiers  jusqu^^ 
la  guerre  de  la  revolution  :  c'etait  un  eflet  du  vieux  prejug^ 
qui  ne  permettait  k  la  noblesse  fran^aised'autre  cam^re  que 
la  profession  des  armes.  Telle  fut  la  cause  de  la  surabon- 
dance  des  grades  inutiles,  de  la  creation  des  colonels  en 
second,  des  lieutenants-colonels,  des  majors  en  second » 
et  enfin  de  la  forme  dispendieose  des  etati-majors  fran^ais. 

Vitat-major  des  places  acompris,  suivant  les  temps,  des 
adjudants,  des  aides  majors,  des  aumdniers,  des  capitaines 
de  portes,  des  connetables ,  des  castelans,  des  chefs  d'ad- 
ministration ,  des  colonels,  des  commissaires  desguerres, 
des  eclusiers,  des  employes,  des  gouverneurs,  des  comman- 
dants d'arroes,  des  commandants  de  place,  des  comman- 
dants superieurs,  des  commandants  temporaires,  des  lieu- 
tenants-colonels, des  lieutenants  de  roi,  des  majors  et  au- 
tres officiers  majors,  des  officiers  de  sante  sedentaires,  des 
portiersconsignes,  des  secretaires  ardiivistes,  des  vice-rois. 
En  temps  de  paix,ou  en  residence  dans  rinteiieur,  c'est 
egalement  k  retat-major  des  places  qu^appartiennent  ou 
qu'apparlenaient  de  fait  les  membres  de  rhispection  aux 
revues  etde  Tintendance  militaire;  mais  le  corps  de  Tin  ten- 
dance est  regarde  comme  une  section  de  l^etat-major  ge- 
neral, quoiquMl  ne  fasse  partie  active  du  grand  etat-major 
qu'en  temps  de  guerre.  L^opinion ,  souvent  injuste,  place 
dans  une  inferiorite  non  meritde  Petat-major  des  places 
compare  kTetat-major  de  Tarmee :  c*est  un  mal  et  un  abus, 
dont  les  causes  seraient  trop  longues  k  enumerer ,  et  qui 
ont  resulte  surtout  des  mesures  fausses  adoptees  par  le 
gouvernement;  le  service  de  TEtat  en  a  souffert  maintes 
fois.  G*'  BARniN. 

Vdtat-major  g4n6ral  de  I'armee  de  terre  a  ete  organist 
en  France  par  une  loi  du  7  aoAt  1839. 

II  se  compose  :  1*^  des  marechaux  de  France,, 
dont  le  nombre  est  fixe  k  six  au  plus  en  temps  de  paix ,  et 
k  douze  au  plus  en  temps  de  guerre ;  des  generaux  de  di- 
vision et  des  generaux  de  brigade.  Les  generaux  de  division 
etde  brigade  sont  di vises  en  deux  sections.  La  premiere 
comprend  ceux  qui  sont  en  activite  ou  en  disponibiiite :  le 
nombre  des  officiers  generaux  de  cette  section  du  cadre  de 
retat-major  general  de  Tarmee  est  fixeii  quatre-vingts  gene- 
raux de  division  et  a  cent  generaux  de  brigade.  La  deuxieme 
section  de  ce  cadre,  celle  de  la  reserve,  comprend  tous  les 
autres  officiers  generaux  :  les  generaux  de  division  y  sont 
places  k  soixaiite-cinq  ans,  et  les  generaux  de  brigade  k 
soixante-deux;mais  les  officiers  generaux  ayant  commande 
une  armee  ou  un  corps  d*armee  de  plusieurs  divisions  de  dif- 
ferentes  armes,  ou  ceux  qui  ont  commande  les  armes  de  I'ar- 
tillerie  et  du  genie  dans  une  armee  composee  de  plusieurs  corps 
d^armee,  sont  maintenusde  droit  dans  la  premiere  section; 
les  gendraux  de  division  peuvent  etremaiutenus,  par  excep- 
tioUf  dans  cette  premiere  section  en  vertu  d'un  decret  spe- 
cial. Les  officiers  generaux  places  dans  la  seconde  section 
refoivent  les  trots  cinquiemes  de  la  solde  d*activite. 

Le  cadre  de  reserve  de  Tetat-mayor  general  de  Tarmde 
de  terre  avait  ete  supprime  aprfes  fevrier  1848,  et  les  offi- 
ciers generaux  qu'il  renfermait  avaient  ete  mis  a  la  re- 
traite;  mais  il  fut  retabli  par  un  decret  du  20decembre  1851, 
aux  termes  duquel  les  ofliciers  generaux  places  dans  cette 
section  aujourd'liui  peuvent  etre  employes  activement,  en 
temps  de  guerre,  k  des  commandements  k  rmterieur.  Les 
generaux  senateurs,  quel  que  soit  leur  Age,  peuvent  egale- 
ment 6tre  appeies  k  Tactivite,  meme  en  temps  de  paix,  bien 
que  compris  dans  la  section  de  reserve. 

L*etat-mi^or  de  I'armee  navale  a  ete  organise  par  une  toi 
en  date  du  17  juin  1841,  modifiee  depuis  par  les  loi s  dos 
17  fevrier  et  1*'  juin  1853.  Cot  etat-major  est  divise  d  a|M(:s 


!cs  hsisn  adoptees  pour  Tarni^  de  terre»  en  deux  sectionft; 
lc8  dispositions  qni  r^issent  rami^  de  terre  sent  applica- 
bles  h  Tarmde  de  mer.  Les  Yice-amtraux  k  soixante-dnq  ant 
accomplis  etles  contre-amiraux  h  soixante-deux  entreat 
dans  le  cadre  de  reserve ,  saar  les  exceptions. 

l^TAT-AIAJOR  (Cbefd').  Voyez  Chepo'^tjlt-Major. 

ETiVT-MAJOR  (^le  d').  Voy.  Appucation  (ticolesd'). 

l^TATS  (Assemblies  d').  Vopez  £TAT8(Paysd'),  £tat8 

CtN^ADX,  £tAT8  PROTUfClicTX  ,  ClC. 

MTATS  (Pays  d').  On  appelait  ainsi,  dans  Tandenne 
inonarcUie,  les  provinccR  qui ,  en  vcrtn  des  traits  de  reu- 
nion k  la  France,  avaient  conserr^  le  droit  de  s'adminis- 
trer  elles-rafimes ,  de  fixer  le  chifTre  alnsl  qne  le  mode 
de  r6partitiou  et  de  perception  de  leurs  impOts.  La  plupart 
des  pays  d'itati  Jouissaient  en  outre  de  tous  les  droits 
de  ciU ,  par  exemple  de  oenx  de  se  garder  eu;c-m6mes  par 
feurs  milices  bourgeoises,  d^^ire  leurs  magistrats  et  d*6tre 
r^s  par  leurs  coutumes  locales.  Plusleurs  provinces  qui 
^talent  originatrement  pays  d*itat$  perdirent  ensuite  cette 
qualification  et  lout  ou  partie  des  droits  qui  y  ^talent  atta- 
ch^. On  comptait  parmi  )a&pays  d'^tats  laBoargogne 
(y  compris  la  Bresse,  le  Bugey,  leValromey  et  le 
paysdeGex),  la  Bretagne,laProTence,  leB^arn,Ia 
Basse-Nay  a  irre,  I'Artois,  leDaupbind,  le  Langue- 
doc.etc. 

ETATS  BARBARBSQUES.  Voyez  Basbarie. 

igTATS  DE  VtGUSE9  tTKtS  ROMAINS ,  ttkTS 
PONTIFICAUX,  ETATS  DUPAPE.  Voy.  tcusE  (Etatsdel*). 

ETATS  DE  L^EMPIRE.  On  appelait  ainsi  autrefois 
en  Allemagne  les  princes  qui  rderaient  imm^iatement  de 
I'Empire,  et  qui  avaient  droit  de  si^er  et  de  Toter  aux  difetes. 
lis  ^taient  ou  spirituels,  et  k  oette  cat^orie  appartenaient 
les  ^lecteurs  ecd^iastiques ,  les  arcbev^es  et  ^fiques, 
les  pr^lats,  abb^  et  abbesses,  le  grand-maltre  de  Tordre 
Teutonique  et  le  grand-maltre  de  I'ordre  de  Saint-Jean  de 
Jerusalem;  eta  siculiers^  cat^orie  qui coroprenait  les  61ec- 
teuTB  s^culiers,  les  dues,  les  princes,  les  landgraves,  les 
margraves,  les  burgraves,  les  corotes  et  les  villesimp^ 
riales.  Aprte  lapaix  de  Westphalie,  lea  itats  de  V Empire 
furent  aiissi  divis^  en  catholiques  et  protestants  ( voyez 
Corpus  Catrolicordii  ).  Poor  obtenir  la  quality  d'Jltat  de 
VEmpire,  11  rallaltpoesdder  one  prindpaufi  rdevant  imm^ 
diatement  de  TEmpire,  ou  bien  on  comt^  ou  nne  seigneurie 
plac^dans  les  m^es  conditions,  puis  obtenir  Tagr^ment 
de  rempereur  et  de  PEmpire. 

£tATS  GJSN^AUX.  En  France,  on  a  donn^  ce 
nom  aux  assembl6M  des  d^put^^  des  trois  ordres,  derg^, 
noblesse,  et  tiers  ^tat^  librement  dins,  soit  dans  une  reunion 
commune  de  tous  les  dtoyens  d^me  mdme  Juridiction,  soit 
par  nne  reunion  sp^aledes  ^lectenrs  de  chaque  ordred'une 
mdme  locality  pins  oi^  moins  ^ndue. 

Le  pr^ide&t  Savaron,danssa  Chronologle  des  itats  gi- 
n&aux,  et  d'aiitres  historienson  annalistes  consid^rent  ces 
assembly  commela  continuation  de  cdles  ducbamp 
de  mars  et  demai,et  des  andens  pladtes  on  plaids, 
conciles  et  parlements  aous  les  deux  premieres  races; 
Dependant  il  n*y  a  entrelcs  assemble  des  premiers  Ages  de 
la  monardiie  et  les  ^tats  g^ndraux  aucune  esptee  d*analo- 
gie.  Les  dtats  gMraux  ne  datent  en  effet  que  dela  premiere 
.annte  du  quatorzi^me  sitele :  ils  furent  la  consequence  de 
r^mandpatioA  des  commnnes,  op6r6e  dans  les  deux 
sidles  prdc6dents.  Les  chartes  d*afTrancbissement  oonf6> 
rferent  aux  commnnes  le  droit  de  r^er  leurs  Impdts,  d'dlire 
leurs  magistrats,  de  se  gisrder  elles-mtoies;  les  babitants 
des  villes  et  des  campagnes  ne  furent  plus  alors  taillables  k 
merd.  Les  redevances  de  ceux  qui  d^pendalent  du  do- 
maine  du  rol  6tant  devenues  insuflisantes  pour  foumir  anx 
d^penses  de  sa  cour  et  anx  frais  de  son  gouvemement, 
le  eoosmtement  des  commnnes  itait  indispensable  pour 
tiManir  d'elles  des  secours  on  subsides.  Un  autre  motif  noo 
mnirMgnve  dMermina  le  rol  Philippe  le  Bel  k  con- 
voqnor  piKir  la  premiere  fois  les  ^tats  g^n^raux  de  France 


^TAX-MAJOR  —  filATS  GENfiRAUX 


en  1301.  La  funeste  bataille  de  Courtrai  laissait  le  rol 
sans  arm^,et  les  d^penses  de  guerre  avaient  ^puistf  le» 
demi^res  ressources  de  son  ^pargne.  En  outoe,  Boni- 
face Y  HI  pr^tendait  que  le  roi  de  France  devait  an  saint- 
si^  foi  et  hommage  pour  sa  couronne.  CTest  dans  ces 
circonstances  que  Philippe  le  Bel,  sor  les  consells  d*E  n  - 
guerrand  deMarigny,  r^lut  deconvoquer  la  natfoa 
toutenti^reen^tats  gto^raux,  pour  s*appuyer  sur  elle  contre 
Tennemi  et  contre  les  pretentions  ponUficales.  La  premiere 
reunion  des  6tats  g^ii^raux  des  trois  ordres  convoqn^  par 
ce  roonarqne  ent  lieu  le  3  avril  1301 ,  dans  la  cath6drale 
de  Paris. 

Quelques  pnbiicistes  ont  soutenn  «  que  Vancienne  forme 
de  convocation  des  ^tats  do  royaome  ^tait  d*en  adresser 
les  commissions  anx  andens  pah^,  qui  assemblaient  les  trois 
ordres  de  leurs  provinces  et  amenaient  avec  eux  les  d^put^ 
aux  etata  gtotenx  ».  Cette  assertion  est  inexacte ;  les  pairs 
qni  assist^rent  anx  assemble  des  ^tats  y  furent  appel^ 
comme  gentilshommes  et  comme  deputes  ^us  par  leur  ordre : 
et  Ua  ne  d^^rent  jamais  en  corps  aux  ^tats  gtoteux.  Ifs 
accompagnaient  le  roi  aux  stances  d'ouvertnre  et  de  ddtore, 
entraient  et  sortaient  avec  le  reste  de  son  cort^.  Les  let- 
tres  de  convocation  ^talent  presque  toujonrs  adress^es  par 
ordre  direct  du  roi  anx  baillis  on  s^tebaux,  avec  cette  sus- 

cription  ;  «  A  notre  am^  et  fi^  le  bdlli  de ,  le  66ii^- 

dial  de ou  son  lieutenant;  »  avec  I'ordre  «  de  faire  as- 
sembler en  la  principale  ville  de  lear  ressort  les  trois  ordres 
dicdoi ,  savoir  le  clerg^,  la  noblesse,  et  le  tiers  ^tat ,  pour 
nommer  des  d^put^  et  les  envoyer  aux  4tats  g^n^ranx.  » 
Ces  lettres  n^^taient  point  assojetties  k  Tenregistrement  des 
cours  souveraines.  L'^poqne  et  le  Ueu.hidiqnte  par  les 
lettres  de  convocation  ftirent  sonvent  change  par  dei  de- 
cisions uU^rieurea.  Ainsi,  en  1560,  rasseroblte  indiqu^  k 
Meaux  se  tint  k  Orldans;  en  U6i ,  celle  indiqu^  k  Melua 
pour  le  1"  maicut  lieu^  Pontotsele  faoAt;  en  15^6,  celle 
indiqnte  k  Blols  au  15  novembre  ne  s'ouvrit  que  le  6  d^- 
cembre luivant;  en  1568,ra8sembl^  indiqnte  ^  Blols  pour 
le  15  aodt  fut  igoum^e  au  16  septembre,  et  n^eot  lieu  que 
le  17  octobre;  rassemblie  indiqute  k  Sens  au  10  septembre 
1614  se  tint  k  Paris  le  14  octobre.  Les  lettres  de  convocation 
recevaient  la  plus  grande  pubh'dtS..  Elles  talent  Ines  au 
prAne  de  toutes  les  ^lises,  dans  toutes  les  juridictions,  pro- 
clamte  k  son  de  trompe  sur  toutes  les  places  publiqnes , 
dans  tous  les  march^.  Le  nombre  des  dipotds  k  ^lire  ^talt 
ordinahreuoent  d'un  de  cbaqoe  ordre  par  bailUage;  mais 
cette  indication  n'^tait  que  facultative :  la  lettre  du  30  mars 
1320  fixe  a  quatre  le  nombre  des  d^put^  des  bonnes  villes. 

Tous  les  citoyens ,  sans  nulle  exception ,  ^ient  invito  ii 
fiure  connattreles  abns  et  les  moyens  d*y  rem^er,  et  pour 
mettre  ceux  qui  n'avaient  pas  le  droit  d'assister  k  Tassemblte 
k  mfime  de  manifester  leur  opinion  et  Texpresdon  de  leur 
volenti,  on  pla^ait,  soit  k  la  porte  da  lieu  des  stances,  soit 
dans  td  autre  lieu  accessible  k  tout  le  monde,  un  cofTre  on 
tronc  ferm^  k  trois  serrures,  et  chacune  des  cle^  ^it  confi(^e 
a  trois  commissaires  spteiaox.  Le  tronc  ^tait  ouvert  publ- 
quement,  et  k  chaque  s^nce  on  lisait  les  pldntes  ou  m^- 
moires  qni  y  avaient  ^  d^pos^s.  Ces  documents  ^ient 
ensuite  remis  k  la  commission  charg6e  de  la  reaction  des 
cahiers  du  bail  11  age.  A  Paris,  on  plagait  k  cet  effet  un 
grand  coff^  en  bois  dans  la  salle  dite  du  grand  bureau, 
dont  Tentrte  ^tdt  publiqne. 

Tous  les  contribuables,  qudque  modique  que  (Qt  leur  taxe, 
4taient  appel^  k  voter;  on  ne  distinguait  point  de  cens  d*6- 
lecteursetd^digibles.  LenvMle  d*dlection  variait  suivant  les 
usages  de  chaque  locality  :  les  ones  admettaient  Tdection 
directe,  les  antres  nommaient  dea  ^ecteurs  qui  cboisissaient 
k  leur  tour  les  d^ut^  anx  ^ts  g^n^raux ;  les  citoyens 
ayant  droit  de  voter  ^talent  appel^  dans  Tordre  de  leur 
profession.  Les  fonctions  dectorales  ^talent  ponr  nos  p^res 
plus  qu*un  droit ,  c^^tait  nn  devoir  de  rigueur.  Nul  dtoyen 
ne  pouvait  le  n^liger  sans  se  rendre  coupable  d'on  d^tt 
politique  :  ceux  qui  ne  sMtaient  pas  pr6seni6s  an  premier 


ETATS  GENtoAUX 


ap[)el  ^Uaeai  assign^s  k  se  rendre  k  jour  fixe  k  Tasseroblte, 
«»t  punis  en  cas  de  non-comparution.  Les  suffrages  ^taient 
«]onn4s  ordinairement  k  haute  yoix  et  indiTtdoellement;  on 
n*«t  de  Tusage  du  scrutin  qu'un  seal  exemple  et  par  excep<> 
liun  dans  une  assemble  tenoe  k  Vitry-le-Francais.* 

Aprte  lecture  faite  des  cabiei^,  les  d^putte  ^Ins  en  rece- 
vaient  une  exp^lition,  et  juraient  de  8*y  conformer  et  de 
r^clamer  Tex^cution  de  tous  les  articles.  Telles  ^taient  les 
Elections  du  tiers  ^tat  Celles  de  la  noblesse  et  da  clerg^ 
donnaient  lieu  k  de  (r^uentes  contestations  de  pr^sdance; 
et  le  baut  clerg^  pr^tendait  avoir  an  plus  grand  nombre  de 
voix  que  le  clerg^  de  paroisses. 

Les  assemblies  d^^ts  gdnteux  forent  tr^ft^entes 
dans  les  quatorzitoie  etquinzitoie  slides.  A  la  longae  Tasage 
sintroduisit  de  s'y  faire  reprtenter  par  procareur,  pais  de 
se  r^unirplusieurs  ensemble  pour  defrayer  un  repn^sentant 
commun;  on  finit  m^me  par  n*y  en  pas  envoyer  da  tout. 
Charles  Vn  se  plaignit  de  cet  abus.  Les  assemblies  devin- 
rent  plus  rares  sous  LooiaXI;  et  so^s  les  rftgnes  soiyants 
on  ne  convoqaa  plus  qu'on  seal  d^pat^  par  ordre;  mais 
celte  fixation  n'6tait  pas  toajoars  prescrite.  Dans  les  pays 
(T^tats  les  d^put^  ^taient  sonvent  ^las  par  Passembl^ 
des  ^ts  particuliers  de  la  province ;  les  cahiers  ^talent 
T6d\%6s  par  cette  m£me  assemble. 

Pour  la  tenue  des  ^tats  g^n^raux ,  les  formes  variaient  k 
chaque  assemble.  Le  roi  en  faisaH  ordinairement  Touver- 
ture }  souvent  U  assistait  k  plusieurs  s^nces ;  les  proposi- 
tions de  la  couronne  ^talent  prteut^es  et  soutenues  par  an 
de  se^  ministres.  TantOt  les  trois  ordres  dflib^raient  dans 
une  salle  commune,  tantdt  dans  des  salles  s^parto;  le  plus 
souvent  ils  se  divisaient  par  proYinces,  par  goavemfements, 
6u  en  comity  ou  bureaux.  Tous  les  cahiers  ^taient  r^nis 
en  un  seul ;  mals  a?ant  tout  on  d^lib^rait  sur  les  propositions 
royalesy  qui  se  r^oimalent  presque  toujoors  en  demandes 
(Vhommes  et  d*argent.  Un  orateur  parlait  an  nom  de  cha- 
que ordre,  et  le  plus  souvent  un  seal  pour  tons.  Le  roi 
promettait  d*examiner  les  cdhiers  de  dol^nce  et  de  faire 
bonne  justice  k  tous;  mais  les  subsides  une  fois  obtenus,  il 
n^^taitplus  question  des  demandes  formal  to  dans  lescaliiers. 

II  r^ulte  de  documents  nombreux  sor  les  ^tats  g^raux 
que  ]usqu*en  1614  les  d^put^  ^Uuent  indemnis^  par  tears 
commettants ,  et  c'est  pour  cette  ralson  sans  doate  que  les 
grandes  di6&  en  envoyaient  on  phis  grand  nombre.  Un  rdle 
sp^dal  fixe  llndemnit^  payable  par  le  trdsor  royal  aux  d^pu- 
t^s  de  Tassembl^  de  1614,  quine  fut  qu'une  assemble  de 
notables  :  au  cardinal  de  La  Valette,  aux  mar^chaux  de  La 
Force  et  de  Bassompierre,  60  livres  parjour;  aux  archev6- 
ques  et  ^v6qnes,  50  livres ;  aux  officiers  g^ia^raux,  aux  ma- 
gistrals des  courssouverainesy  procureurs  gto^ux  etau- 
tres,  30  livres;  au  tr^sorier  g^n^ral  de  Fmnce,  secretaire  de 
rassembl6e,  au  secretaire  de  Monsieur,  24  livres;  an  grand- 
mattredes  ceremonies,  50  livres;  etc. 

Jusqu'en  1789  la  France  ne  ftit  jamais  compietement 
representee  aux  etats  generaux ;  souvent  des  provinces  en- 
Hires  n*y  envoyaient  point  de  deputes,  et  pendant  longtemps 
on  n'y  vit  figurer  que  les  deputes  des  bonnes  villes.  Les  deux 
premiers  ordres  ne  s'occupaient  que  du  maintien  de  leurs 
privileges,  et  nesongeaient  qja'k  les  augmenter;  au  tiers  etat 
tout  te  fardeaa  des  impOts ,  de  Tentretien  de  la  cour,  des  trai- 
tements  des  fonctionnaires ,  des  redevances  seigneuriales, 
et  ses  representants  ne  pouvaient  exprhner  ses  justes  plain- 
tes  qpi*k  genoux ;  ils  etaient  reieguls  dans  un  coin  de  la 
salle  des  deliberations,  tandls  que  lea  deux  premiers  ordres 
se  tenaient  debout  autour  du  trdne. 

Quand  la  France  formait  deux  divisions  territoriales  appe- 
lees  langue  d'oc  et  langue  (ToUf  cbacuned'elles  avail  des  aa- 
sembiees  dlstinctes  et  nommees  egalement  etats  generaox; 
Tune  accordait  ce  que  Tautre  avail  refuse.  Ces  assembiees, 
qu'elles  se  coroposassent  de  deputes  de  toute  la  France  ou 
d'une  partie  de  ses  provinces,  devaient  etre  periodiques,  et 
se  reunir  de  plein  droit  cliaque  annec,  puisque  les  subsides, 
objet  prmdpal  et  souvent  unique  de  tear  convocation ,  n*e- 


taient  votes  que  pour  un  an,  et  qu^il  ne  pouvait  y  avoir 
d'iropdt  legal  sans  le  consentement  des  etats  generaux.  Aussi 
raulorite  royale  ne  s*adressait  k  cet  egard  qu'au  tiers  etat , 
les  deux  autres  ordres  n'ayant  nul  interet  dans  la  question. 
Plus  lard,  rautoriie  royale  sUfranehR  de'celie  formalili  en 
sabstiluant  au  vote  prescrit  par  notre  droit  public  Ve  ■  r  •  g  i  s- 
trement  parlementaire.  Les  etats  generaux foreBt  dte  lors 
consideres  eomrae  inutiles,  eC  il  n'y  eat  plus  que  des  aswmi* 
biees  de  n 0 ta b  I e  s,  c'est4i-dire  composeesd'hommes  cboisia 
par  les  ministret;  ces  assembieea  ne  rarest  memo  convoquees 
qu'kde  rares  intervalles.  Plus  de  cenl-soixante  ans  s'eeon- 
terent  entre  celles  de  1626  et  1627 ;  et  celles  de  1787  et  1788^ 
qui  amenerent  la  convocation  des  etats  generaux  de  1789. 

Signalons  maintenant  les  faits  les  plus  remarqnables  de 
Hiisloire  des  etats  generaux. 

Abandonne  par  les  deux  premiers  ordres,  PhiRppe  te  Be( 
n^avait  trouve  d'appoi  et  de  devouement  que  dans  le  tiers 
etat.  Ce  prince  oonvoqua  une  seconde  assembiee  dea  etats 
generaux,  qui  se  reunit  au  Louvre  le  Id  Jam  1303.  II  s'agis- 
salt  d'une  question  alors  trte-importante :  te  pape  pouvait-iT 
disposer  du  trOne  de  la  France  et  lui  imposer  an  prince 
etranger?.  Cette  question,  d^ine  solution  si  simpte  et  si  fa- 
cile ,  foumit  k  Vorateur  des  etats  le  texte  d'une  diatribe  per- 
son nelie  contre  le  pape,  et  se  resume  dans  un  appel  au  futiir 
concile.  Lederge  quitta  i'assenfihiee,  alieguant  quH  nepouvait 
assister  k  une  deliberation  contre  le  pape.  Les  etats  de  1301 
avaient  resolu  la  question;  la  proposition  de  ceux  de  1303 
ne  (ut  que  ridicule  et  indigne  d^nne  grande  assembiee  le- 
gislative. Philippe  le  Bel  convoqua  k  Tours  une  nouvelle 
assembiee,  en  1312;  il  ne  voyait  pour  retablir  ses  finances 
epuisees  d'autre  ressource  que  la  confisd&Uon  des  biens 
imuienses  des  ^  e  fn.p  tiers  ;fX  sans  sonp^nner  le  but  du  roi ,. 
ces  etats  en  voterent  la  suppression  :  on  salt  ce  qni  s'en- 
suivit.  La  confiscation  des  biens  de  cet  ordre  fkmeux,cellc- 
des  biens  des  juif^ ,  et  meme  TaHeration  des  monnaies 
n'ayant  pu  sulBre  'aux  depenses  royales ,  Philippe  le  Bel 
convoqua  encore  des  etats  generaux.  Les  assembiees  de 
1313  et  1314  furent  aussi  incompletes  que  les  precedentes, 
du  moins  pour  le  tiers  etat :  Pordonnance  de  convocation 
n'appeUut  que  les  deputes  de  quarante  villes. 

Deux  assembiees  reunies  en  1327  et  13^8  flurentappeieesr^ 
decider  une  question  vralment  nationale  :  Tordre  de  succe;^ 
sibiliteau  trdne.  Aux  etats  generAux  seals  appartenait  ledroit 
de  statuer  sur  une  question  aussi  grave.  Toute  la  France  eOt 
do  y  etre  representee,  tandis  que  ce  ne  fat  cette  fois  encore 
qu'un  conciliabulede  partis.  II  s'aglssait  do  decider  si  Jeanne,, 
reine  de  Navarre  et  fille  unique  de  Lopis  le  Rutin,  devait 
heritar  de  la  couronne  de  France,  comme  elle  avail  herite 
de  celle  de  Navarre,  ou  si  cette  couronne  devait  appartenir 
iiPhilippe  leLong,  son  oncle,  comte  de  Poitou.  Les 
avis  des  barons  etaient  partages.  Philippe,  sans  permettre 
qu'on  mtt  en  question  les  droits  qu^l  tenait  de  la  loi  salique, 
se  rendit  brusquement  k  Reims  k  la  tete  d'une  armee  et  s'y 
fit  sacreravec  toutes  les  formalites  d'usage;  de  retoor  k  Pa- 
ris, il  convoqua  une  assembiee  composeeexclusivemeutdes 
preiats  et  des  seigneurs  de  son  parti ,  de  quelques  principaux 
bourgeois  de  Pari9  et  de  professeurs  de  rnnhrersite,  et  k  la- 
quelle  les  historiens  ont  donne  la  qualification  d*etat  gend- 
ranx.  Tous  jur^rent  de  lui  obeir  ainsi  qu'iisonfils,  en- 
core au  bercean ,  etdeciderentque  les  femme?  ne  snccedalent 
point  k  la  couronne  de  France.  La  roeroe  question  de  succes- 
sibilite  se  presenta  I'annee  suivante ,  entre  Philippe  de 
Yalois,  petlt-filsde  Pliillppelenardi,.ettdouardin, 
roi  d'Angletcrre,  fils  d'lsabelle  de  France  et  petit-fils  de 
Philippe  le  Hardi.  Les  deux  pretendantis  demandaient :  l«  la 
legence;  2**  la  couronne,  dans  le  cas  o£i  la  rebe  douairi^e, 
veuve  du  feu  roi,  accoucherait  d*une  fille.  Philippe  de  Valois 
avail  trente-dnq  ans,  Edouard  n'en  avail  que  qninze.  Cctle 
assembiee,  suivantles  anclennes  chroniques,  et&it  nom- 
breuse;  mais  elle  n*en  eiait  pas  moins  incomplete  et  irre- 
^uli^re.  Les  chroniques  et  le  continuateiir  de  Gnillaunic  de 
>'angis  ne  client  conune  en  ayant  fait  |)artie  que  des  prelaU 


64 

«t  des  nobles,  6t  pas  on  seul  d^pat^  des  viltes.  Lacouronne 
fut  d6i^T6e  k  Philippe  de  Valois,  attendu  que  la  m^re  d't- 
dooard,  n'ayant  aacun  droit,  n^eii  pouTait  transmeltre  au- 
cun  A  son  fils. 

Lea  assemble  de  1350, 1351 » 1352, 1353,  1354, 1355, 
1356  et  1857 ,  sons  ier^e  d^sastrenx  da  roi  Jean,  occa- 
pent  ane  grande  page  de  notre  histoire.  Aacone  de  oes 
assemble  ne  fut  complete.  CeUede  1355  et  1356  ayait  ma- 
nifesto une  dnergie  jusque  alors  inconnue :  die  avail  mis  les 
ministreset  lesprindpaui  seigneurs  en  accusation,  demand^ 
etobtenu  lenr  destitution;  elle  avait  cbarg6  des  oommis- 
saires  de  son  choix  et  pris  dans  son  sein  de  dinger  dans 
les  provinces  la  repartition  et  la  recette  des  impdts  vot^, 
et  nommO  une  oonunission  centrale  et  permanente  k  Paris 
pour  en  sunreiller  Templol.  Gette  commission  est  Torigine 
de  la  cour  des  aides:  Le  roi  Jean  souscrivit  la  fameuse 
cbarte  qui  porte  son  nom.  Ces  grandes  mesures  d*ordre 
public  et  de  droit  politique  ne  restirent  point  sans  rOsultat ; 
le  prindpe  d*une  juste  repartition  de  Timpdt  entre  tous  les 
Fran^ais,  quelle  que  fttt  leur  condition ,  fut  solennellcment 
cousaci-e  par  cette  charte;  malhcurcusemeiU  les  deux  pre- 
miers ordres  parvinrentheu  rendre  Tapplication  illusoire.  En 
1358  le  dauphin  avail  convoquOk  Compile  les  4tatsde  la 
langue  d'oil;  Paris  n'y  envoya  point  de  deputes;  le  clergO  de 
trente-quatre  dioceses  et  dix-huit  baiUiages  refus^rent  des'y 
faire  repr^enter.  Les  etats  de  la  langue  (Poc  ddiberaient  en 
m^me  temps.  lis  etaient  encore  partagds  en  deux  sections, 
Tune  siOgeant  k  Tonlouse,  Vaulre  k  Briers.  Les  etats  de  la 
fangue  d'oil  furent  seuls  assembles  en  1350  :  cette  assembl6e 
ne  reprdsentait  qu^une  partie  de  la  France;  elle  fut  peu  nom- 
breuse,  mais  elle  se  montra  digne  de  la  representor.  Le  traite 
propose  par  les  Anglais  pour  la  deiivrance  du  roi  Jean  fut 
mtkrement  examine ;  Tassembiee  le  rejeta :  die  pref^ra  laisser 
le  roi  Jean  dans  one  captivite  qui  ne  nuisait  qu'k  lui,  que  de 
ceder  aux  Anglais  une  partie  dela  France,  et  de  leur  payer 
en  outre  une  ran^n  de  quatre  millions  d'^cas  d*or,  qui  leur 
aurait  servi  k  conquerir  le  reste  du  royaume.  L'assembiee 
de  1363  fut  remarquable  par  quelques  reglements  qui  de- 
fendaient  aux  seigneurs  de  piller  les  niarcliands  et  les  voya- 
geurs,  de  se  faire  la  guerre  entre  eux,  au  mains  jusqu'd 
ce  que  la  paix  eUt  416  faile  avec  les  Anglais,  Les  etats 
de  1369  furent  consultes  sur  TafTaire  du  fameux  prince  Noir 
(£ d  o u  a  r  d  HI).  lis  vot^rentun  imp<>t  de  quatre  livres  par  feu 
dans  les  villes,  trente  sous  dans  les  campagnes,  une  taxe  sur 
les  vins,  enfin  la  gabelle  da  sel,  de  un  sou  par  livre,  poor 
TentreUen  de  la  maison  du  roi  et  de  la  reine. 

Une  mstitution  telle  que  celle  des  etats  gOneraux  etait 
incompatible  avec  le  regime  feodal;  les  assembiees  ge- 
nerales  et  provinciales,  cellesde  la  langue  d'oc  comme  cel- 
los de  la  langue  d*oil,  etaient  composees  de  trois  ordres 
opposes  de  voeux  et  d^interets,  sou  vent  ennemis.  Ainsi,  dans 
les  etats  generaux  assembles  en  1382,  le  petit  nombre  de 
deputes  du  tiers  etat  qui  s'y  trouvaient  refuserent  d'engager 
leurs  commettants  k  payer  de  nouveaux  impels;  les  de- 
putes de  Sens  y  avaient  consenti,  et  furent  desavoues  par 
leurs  commettants.  Appeies ,  sous  le  regno  precedent,  k  de- 
cider deux  questions  sur  Tordre  de  successibilite  au  trdne, 
les  etats  ne  furent  point  consultes  qnand  IsabeaudeBa- 
viere  livra  la  main  de  sa  filie  et  le  trdne  de  France  k 
UenriV,roid'Ang]eterre.Celui-dpouriegilimersMl  se  pou- 
vait,  son  usurpation  coovoqua  une  assembiee  qu*il  appela 
etats  generaux,  mais  aussi  irreguliere  que  la  prdcedente. 
Aucun  prince  de  la  maison  de  France  ne  repondit  k  Tappel 
de  Tusurpateur:  Philippe  leBon,  duo  de  Bonrgogne,  s'y 
pr^nta  seul  pour  demander  vengeance  da  meurtre  de  son 
pere  :  il  souffrit  sans  se  plaindre  que  les  prinees  anglais 
.prissent  seance  au-deasus  de  lui.  Henri  V  exigea  de  nouveaux 
subsides;  il  imposa  silence  k  ceux  qui  voulurent  lui  faire 
dea  representations,  dependant,  cette  assembiee  n'etait  en 
grande  majorite  oomposee  que  de  ses  partisans. 

Les  etats  convoques  k  Orleans  en  1439  furent  consultes 
|Mir  Charles  VII  pour  savoir  s^U  fallait  conlmuer  la  guerre 


fiTATS  GENERAUX 


centre  les  Anglais  ou  aclieter  k  tout  prix  la  paix,  aprte  ane 
lutle  desastreuse  et  non  mterroropue  depuis  trento-neuf  ans. 
Les  avis  furent  partages.  L'assembiee  fut  congediee  avec  in- 
vitation de  se  reunlr  quelque  temps  apr^s  k  Bonrges.  Dea  d^ 
putes  des  villes  s*y  rendir^t;  mais  le  roi  n'arrivant  pas,  ils 
seseparerent  sans  avoir  rien  foit.  Xrois  ans  apr^s  Charles  VI 
declara  «  qu^il  avail  le  droit  d'asseoir  les  impels ,  qu^il 
n*etait  nul  besoin  d'assembler  lei  trois  etats  pour  hausser  lea 
tallies ,  que  la  dipense  de  tant  de  d4put4s  itait  une 
surcharge  pour  les  peuple  » ( Monstrelet ). 

L^importante  question  des  apanages  fut  agitee  aux  eiata 
de  Tours  en  1468.  Charles,  fr^re  de  Louis  XI,  avail  le  gou- 
vemement  de  Normandie,  et  demandait  la  souverainete  de 
cette  province  pour  apanage.  Malgre  les  eflbrts  des  princes 
et  seigneurs  de  la  ligue  du  bien  public,  le  tiers  etat  fitde- 
cider  que  la  Normandie  resterait  irrevocablement  unie  k  la 
couronne,  e(  qu*^  Tavenir  I'apanage  des  princes  ne  conais- 
terait  qu'en  un  domaine  de  12,000  livres  de  rente,  avec  le 
titre  de  duche  ou  de  corote,  tel  que  cet  apanage  avail  ete 
r^ie  par  une  ordonnance  de  Charles  le  Sage.  Ces  etats  de 
1468  ne  furent  en  realite  qu^une  assembiee  de  notables,  dont 
iesmembres  avaientete  nommes  par  le  roi.  Trois  ans  aprte, 
Louis  XI  convoqoa  egalement  a  Tours  one  assembUe  Me 
notables,  que  quelques  ecrivains  out  confondue  avec  hi  pre- 
cedente,  mais  k  laquelle  il  faut  se  garder  d'attribuer  le  ca- 
raciere  ^Uats  g^iraux^  puisque  les  deputes  du  peuple 
n^en  firent  pohit  partie. 

Les  etats  de  1483  et  1484,  sous  la  nunorite  de  Charles  VIIT, 
sont  fort  remarquables  par^  leur  compositiou ;  il  s^agissait 
de  ddcider  de  la  regence  entib  la  dame  de  Beaujeu ,  fille  de 
Louis  XI,  etle  due  d*Orieans.  Jusque  alors  on  n^avait  con- 
voque  que  les  deputes  des  villes  murees.  Anne  de  Beaa- 
jeu  convoqua  ceux  des  bailliages  et  des  senechaussees ,  et 
admit  pour  hi  premiere  fois  les  deputes  des  campagnes  Les 
depute  en  furent  nommes  par  les  trois  ordres  reunis  dans 
les  bailliages  ct  senechaussees.  Les  etats,  en  consequence  de 
ce  nouveau  mode  d^eiection,  deiibererent  en  une  seule  as- 
sembiee et  par  tete,  au  lieu  de  voter  par  ordre  en  assembiee 
separee,  comme  ils  Tavaient  pratique  jusque  alors.  La  ses* 
sion  de  1484  fut  un  grave  evenement.  On  y  remarque  poor 
la  premiere  fois  .des  formes  d'assembiee  legislative,  des  re- 
gies de  deliberation,  une  discussion  suivie  et  motivee,  une 
organisation  reguUere.  L*assembiee  se  partagea  en  six  bu- 
reaux, qu'on  appela  nations.  Cheque  bureau  avail  sa  salle 
particuliere,  et  tous  se  reunissaient  souvent  en  assembiee 
generate.  Le  mob  de  Janvier  fut  entierement  employe  k 
dresser  la  liste  des  abus.  Les  princes  n'assistaient  point  k 
ces  reunions,  et  ne  s'occupaient  qa*i  se  faire  des  parti- 
sans ;  pour  se  concilier  Topinion  de  la  majorite ,  ils  affec- 
terent  un  grand  desinteressement  et  firent  proposer  la  sup- 
pression des  pensions  et  gratifications  accordees  par  hi  cour, 
demandant  en  mfime  temps,  ce  qui  etait  le  but  de  tons  leurs 
efforts,  le  renvoi  de  tous  les  membres  du  consdl.  Les  etals 
virent  le  piege,  et  n*y  tomberent  pas.  lis  se  prononcerent  pour 
la  sage  fille  de  Louis  XI  centre  ses  ambitieux  competiteurs, 
et  en  la  mamtenant  au  pouvoir  ils  lui  accorderent  des  sub- 
sides; mais  ils  dedderent  que  le  nom  detaille,  devenu 
odieux  au  peuple,  serait  supprime,  etqu'ilneserait  plus  dore- 
navant  leve  de  taxe  qui  n'eUt  4ti  consentiepar  les  itats, 
Ce  f\it  dans  la  discussion  relative  k  la  regence  que  le  depute 
de  Bonrgogne  Philippe  Pot  prodama  hautement  le  prin- 
cipe  de  la  souverainete  nationale;  il  faut  assoder  k  cet  ora* 
teur  Jean  Massdin,  official  de  Rouen,  qui  soutint  avec 
une  remarquable  energie  la  hitte  ouverte  reiativemeot  aux 
impdts,  defendant  la  cause  des  gens  des  campagnes,  tant 
opprimes,  et  desquds  il  est  dit  d^une  fa^on  expressive  et 
toochante  dans  le  caliier  de  doieances ,  que  si  ce  n*6tait 
Dieu  qm  conseille  les  pauvres  et  leur  donne  patience^ 
ils  cherraient  au  d^espoir!  Les  ddiberations  des  etats 
de  1484  furent  fort  animees.  Une  troisieme  convocation 
des  etats  generaux  eut  lieu  k  Tours  eu  1506,  sous  le 
regno  de  Louis  XII,  pour  prononcer  au   siget  d*un  tiaile 


fiTATS  G^N^UAUX 


ant^rieur  eoncla  atec  Ferdinand  le  Catholique,  et  d'apr^s 
laqael  la  princesae  Claude  de  France  devait^pouser  le  prince 
qui  devint  depois  Cbarles*Qaint.  Les  etats  se  prouonc^rent 
contre  oe  manage,  et  le  roi  fnt  invito  k  anir  la  princesse  an 
conite  d^Angpultaie,  depuis  Fran^ta  T'. 

L^assemblte  de  Cognac,  en  1526,  sons  le  r^e  de  Fra  n- 
(ois  I*',  ne  fut  qa'une  assemble  de  notables;  maia  elle 
in^rita  la  reconnaissance  de  la  France  enti^re,  en  refusant  de 
ratilier  le  traits  de  Madrid,  consenli  par  le  roi  dans  les 
angoisscs  d*une  longue  et  douloureuse  captivity ;  11  avail  c^6 
pour  prix  de  sa  liberty  une  de  nos  plus  belles  provinces ,  la 
Bourgogne.  I/orateur  de  la  noblesse,  au  nom  des  trois  ordres 
de  celie  province ,  d^clara ,  en  prince  de  Francis  l*'  et 
du  vice-roi  de  Naplej,  d<^l^gu6par  Temperenr  Cbarles-Quint, 
qoele  roi  n*aTait  pas  le  droit  d'ali^ner  one  partie  du  territoire; 
que  la  Bourgogne  s'^tait  spontan^ment  r^unie  au  royaume; 
qo'il  ne  d^pendait  pas  du  roi  de  la  li  vrer  k  un  prince  ^iranger; 
que  les  Bourguigons  ^talent  Fran^als,  et  qu'lls  ne  cesseraient 
pas  de  I'dtre ;  que  la  province  tout  entifere  se  d^vouerait  pour 
sa  d^livrance,  qo'elle  6tait  pr6te  k  tout  sacrifier  pour  I'ar- 
racher  k  sa  prison,  noais  que  stle  roi  perslstait  k  tenlr  Pen- 
gagement  surpris  k  sa  loyautf^,  la  Bourgogne  sedtelareraitin- 
il^pendante.  Toute  Tassemblde  partagea  Topinion  de  Tora- 
tour  de  la  deputation  de  Bourgogne.  Francois  T'  resta  libre, 
et  de  nouvelles  conditions  stipule  pour  sa  ran^n  et  celle 
de  ses  Ills,  retenus  comme  otages,  furent  accepts  et  re- 
vurent  leur  ex^ution. 

Une  seole  assemble  eut  lieu  sous  Henri  U,  aprte  la  fa- 
tale  bataille  de  Saint-Quentin.  Une  disette  g^n^rale  avait 
mis  le  comble  aux  calamity  publiques  :  des  d^putte  des 
trols  ordr^  furent  convoqute.  L'asserablte  s'ouvrit  au  Pa- 
lai:;  de  Justice  k  Paris,  Jans  la  salle  Saint-Louis,  qui  pour 
cette  solennit^  fut  d^rte  avec  une  magnificence  extraor- 
dinaire. Le  roi  en  fit  Pouverture  le  6  Janvier  1557.  Le  par* 
lement  de  Paris  fut  appel6  en  corps  k  cette  asssembMe, 
comme  reprfeentant  Vordre  de  la  magistrature.  Le  registrti 
de  cette  assemble  la  qualifie  d*^tats  giniraux,  et  cepen- 
dant  rien  ne  constate  que  ses  roembres  aient  €\&  ^lus  par 
les  provinces.  Le  roi  demanda  les  secours  n^cessaires  pour 
Hubvenir  aux  besoins  de  P^tat,  et  promit  de  s^occuper  des 
afTaires  int^rieures  aussilAt  que  la  paix  serait  conclue.  L'in- 
tention  da  roi  ^tait  d'empranter  trois  millions  d'or  sur 
le  clerg6  et  sur  les  personnes  les  plus  riches,  k  raison  de 
miile  ecus  par  t^te.  Sur  I'avis  des  deputes,  11  fut  decide  de 
subi^ituer  k  cet  emprunt  une  imposition ,  r^partie  dans  de 
moindres  proportions.  Cet  avis  fut  adopts,  et  re^ut  son  exd- 
cuton. 

£n  1560,  un  conseil  extraordinaire  et  nombreux,  r^uni 
k  Fontainebleau ,  d^cida  la  convocation  des  etats  g^eraux 
pour  le  10  decembre  de  la  mfime  annde,  k  Meaux ;  une  de- 
cision ulterieure  designa  Orleans.  Francis  II  mourut  era- 
poisonne  avant  la  reunion  des  etats.  Beaucoup  de  deputes 
crurent  leur  mandat  fmi.  Une  decision  du  conseil  leva  leurs 
acmpules,  et  Tassembiee  commen^^  ses  importants  travaux ; 
Fobjet  principal  de  leur  convocation  fut  de  dedder  qui  de 
la  reine  mere  ou  du  roi  de  Navarre,  Antoine  de  Bourbon, 
aurait  la  regence  pendant  la  minorite  de  Charies  IX.  II  n'y 
eut  point  de  decision  formelle,  et  la  reine  mere  prit  la  re- 
gence, que  son  faible  competlteur  n^osa  lui  contester.  Mi- 
chel L' Hospital  appela  les  deliberations  de  Fassembiee 
snr  toutes  les  branches  de  radministration  publique.  On 
doit  k  son  zeie,  It  ses  lumi^res  ct  au  devouement  edalre  des 
etats  d'Orieansces  ceiebres  ordonnances  dont  la  plus  remar- 
qnabtey  odie  qui  est  relative  au  commerce  et  intttuiee  De 
la  marchandUe ,  est  devenue  le  droit  common  du  monde 
coiumer^nt.  La  formule  d'execution  qui  termtne  chacune 
de  ces  ordonnances  porte  qu*elles  ont  ete  deiiberecs  par  Tas- 
Mmbiee  des  etats. 

Les  etats  de  Blois  en  1576  et  ceux  de  Paris  en  1538,  Tas- 
f^emhl^  convoquee  k  Paris  en  1593  par  le  due  de  Mayenne,  et 
({usMH^  fiar  lui  d*etats  generaux,  k  Veffct  d^Hlre  un  roi, 
le  rattachoht  essenticllernent  aux  principaux  evenements  de 


|*1CT.   DB  L4  CO.VVFaK, 


T.   IX. 


es 

la  ligue  et  k  la  blographie  oes  pereonnages  ceiebres  ou  fa. 
meux  qui  ont  figure  comme  chefs  ou  comme  agents  dans 
les  guerres  dviles  provoqoees  dansT^tat  par  ramtution  des 
Gnlses  pendant  plusd*un  demi-siede. 

L'assembiee  des  notables  tenue  k  Rouen  en  1596,  el  dont 
les  deliberations  se  prulongerent  pendant  i'hiver  de  1597,  fit 
quelques  reglements  sages;  des  mesures  aev^res  furent  pri- 
ses et  executees  contre  les  financiers  qui  avaient  specuie 
sur  les  mallieors  publics.  Le  derge  accorda  un  don  graluit 
considerable,  et  des  dtoyens  devuues  avanc^rent  au  roi 
Henri  IV  de  fortes  soinmes,  qui  le  mirent  en  etat  de  conti- 
nuer  la  guerre.  Le  premier  article  du  traite  entre  la  reine 
mere  regente  et  le  prince  de  Conde,  k  Sainte-Meneliould, 
prescrivalt  la  convocation  des  etats  generaux  :  la  reine  mere 
ne  convoqua  qu'une  assembiee  des  notables  :  Pouverture, 
fiiee  au  10  septembre,  en  eut  lieu  le  26  octobre  1614.  Le 
nombre  des  deputes  y  fut  peu  considerable.  On  n*y  comp- 
tait  pour  le  clerg^.^  que  cinq  cardinanx ,  sept  ardieveques, 
quarante-sept  eveques  etdeux  chefs  d*ordre  monastique;  pout 
la  noblesse^  que  cent  trente-deux  meuibres,  et  pour  le  tiers 
etat,  cent  quatre-vingt-quatre  Ainsi,  le  tiers  etat,  qui  de- 
vait  etre  en  nombre  egal  k  celui  des  deux  autres  ordres 
reunis,  se  trouvait  en  minorite.  Les  trois  ordres  se  reuni* 
renty  et  voterent  separemenL  La  verification  des  pouvoirs 
fut  tres-orageuse.  Dans  la  premiere  assembiee  generale,  le 
chancelier  (de  Sillery)  porta  la  parole  au  nom  du  roi,  Mar- 
quemont,  archeveque  de  Lyon,  au  nom  du  derge,  Miron  an 
nom  du  tiers  etat.  Des  disputes  incessantes  s^eieverent  dans 
chaque  ordre  poor  les  preseaoces.  Les  deux  premiers  or- 
dres rivalisereot  d^insolence  a  Pegard  du  tiers  etat.  Le  baron 
deSenescey,  president  de  la  noblesse,  se  plaignit  au  roi  de  ce 
quele  tiers  etat  avait  compare  le  royaume^  une  fainille  com- 
posee  de  freres,  dont  Pordre  ecciesiastlque  etait  Paine,  la 
noblessei  les  pulnes,  et  eux  les  cadets.  La  oour  obligea  le 
tiers  etat  k  faire  k  la  noblesse  une  reparation.  La  mesintel- 
ligence  n*en  fut  que  plus  vive.  L'eveque  de  Beauvais  fit  re« 
loge  du  condle  de  Trente,  et  demanda  que  la  France  adopt&l 
ses  decrets.  Le  president  Morin  repondit  qu'il  nVtail  nulltv 
ment  necessalre  de  publier  les  actes  de  ce  eoncile;  «  que 
messieurs  du  derge  pouvaient  tou jours  s'y  conformer,  en  re- 
nou^nt  k  la  pluralite  des  ben<^fices  et  k  d'autres  abus  qu*il 
condamne  »•  Les  trols  ordres  ne  (urent  d'accord  que  centre 
les  finanders,  et  demanderent  Petablissement  d*une  diambrc 
de  justice  pour  juger  les  malversations  commises  dans  ies  fi- 
nances de  PEtat  Le  ?3  fevrier  1615  les  cahiers  des  etats  fu- 
rent presentes ;  Peveque  de  Lu(;on,  Richdieu,  depuis  cardi- 
nal et  premier  ministre,  presenta  ceux  du  derge,  et  de- 
manda, au  nom  de  son  ordre,  la  reduction  des  depenses  et 
des  pensions,  la  suppresdon  de  la  venalite  des  charges,  la 
restitution  de»biensde  l*£glise  possedes  par  les  huguenots, 
Padmisdon  des  ecciesiastiques  dans  les  grandes  charges  de 
r£tatetdansleconsdl  du  roi;  que  les  benefices  ne  fussent 
plus  donnes  k  des  laiques,  mftme  k  titre  de  recompenses; 
qu'on  ne  cre&t  plus  en  leur  faveur  de  pensions  sur  les  ab- 
bayes;  enfin,  la  publication  du  condle  de  Trente.  La  noblesse 
demanda  k  etre  conservee  et  maintenue  dans  ses  honneurs, 
*  droits,  franchises  etimmum'tes;  qu^aux  nobles  seuls  appar- 
tlnt  le  droit  d*avoir  des  armoiries,  Pabolition  des  anoblis- 
sements  fails  depuis  le  r^e  de  Henri  il ;  quMl  fat  pemiis  k 
ceux  qui  auraient  k  se  plaindre  des  violences  des  gonver- 
neurs  de  porter  leur  requete  devant  les  juges  ordinaires  : 
la  noblesse  adherait  en  outre  k  tous  les  articles  du  derge. 
Le  tiers  itat  demanda ,  de  son  c6te ,  la  convocation  des 
etats  generaux  tous  les  dix  ans;  la  suppression  des  ofllces 
inutiles  Pabolition  de  la  paulette;  le  retablissement  de  la 
policed  du  commerce;  Peconomie  des  finances  ;Pextinctioa 
des  pensions  accordees  sans  necessite;  la  diminution  des 
impAts ;  etc.  Le  meme  jour,  23  fevrier,  le  roi  lit  la  ddturc- 
des  etats,  auxquels,  comme  dMiabilude,  la  cour  promit  beau- 
coup  de  reform^}  qu'dle  n'execufa  pas. 

Une  dernierc  assembiee,  mais  de  notables  seiileroent,  fut 
convoquee,  ct  se  reuoit  en  1620  et  1627.  Ses  deiib^lioas 

9 


16tATS  GENERAUX  —  ETATS  PROVliNCIAUX 


6S 

foreBt  cslflMR,  eC  ses  proposftionn  fort  sages.  £d  I65t 
Loots  XIV  ordonna  )a  coDTocation  des  ^tats  gdni^raux ;  lea 
lettreft  dt  eonTocatkm  furent  en^oy^  aox  baiUts  ct  aiix  s^- 
ni^rtiaiix,  lea  ^^lectiona  ordonn^es ;  maia  cette  asaeniblte  a^eut 
iwhrt  Hen.  Ceite  convocation  a?ait  6\A  demand^  par  lea 
puisaanoes  alors  en  gaerre  aTCC  Lonia  XIV.  On  remarquait 
dana  leor  OMmtfeate  cea  mota  :  «  Le  pou^oir  despotlque 
est  la  Ronrce  Ats  guerres  fntermlnables  de  la  France,  et 
tant  que  le  roi  sera  le  maltre  absola  de  la  volont^  de  aes 
sDjetft,  il  sera  insatiable  de  conqo^tea  et  de  Tictoires;  mille 
roTers  ne  rMonaeront  pas.  »  Louis  XIV  fit  r^pandre  dans 
tiMite  tlSurope  on  m^moire  fort  d^taiUd :  •  Lea  Francis,  y 
est-il  dity  ont  ooMi^  qnH  y  a  eu  des  Hits  g^n^ranx  dans 
lenr  monarcbie,  et  il  y  aurait  k  nooa  de  llnipradence  k  lea 
en  faire  souTenir.  •  Les  Anglais  et  lea  HoUandais  n^avaient 
voulu  qa'eflrayer  Loals  XIV ;  ils  nMnsist^ent  point 

D|}FBT(de  fYoooe). 
Sons  la  r^genee  dn  doe  d'Orldans,  Ftoelon  parla  de  reu- 
nion des  ^ts  g^B^raox ,  et  cette  question  ftit  agitte  dans  le 
conseil.  Dnbois  la  fit  repousser,  par  des  raisona  tr^habfle- 
inent  d^uitea.  Soua  Louis  XV,  on  coortisan  ayant  dit  de- 
▼ant  le  roi  qu*U  aerait  pent-fttre  n^oessalre  de  eouToquer  les 
^ta  g6ntettx  :  «  Monsieur,  f^^ctih  le  monarque,  ne  r6p^- 
tef  jamais  cea  paroles  :  je  ne  anis  pas  sangoinaire,  nnaia  si 
j^a^aia  un  frftrOy  et  qull  fttt  capable  d'ooTrir  un  tel  aris,  }e 
le  sacnileraiadana  lea  Thigt-qoatre  heorea  k  la  durte  de  la  mo- 
narcbie  et  Ik  la  durte  da  royaume.  »  Le  nora  seal  d^^ts  g4- 
nteoi  soflisait  antrefois  k  ^povvanter  lea  princes;  lea 
^ta  g^ndranx  apparaisaaient  en  eflet  an  people  comme 
leterme  dee  aboa  sous  lesqoela  il  g^missail,  comme  raurore 
d*on  all^ement  k  sea  charges.  Mais  les  ^ts  se  r^onissaient 
toi4uwra  aTeedes  ^l^ents  de  division,  qui  paralysaient  leurs 
bonnes  Intentions;  et  qoand  ila  se  a^paraient,  aprte  beao- 
coop  de  parolea  yiolentes,  delnttes  ardentea  et  passionnto, 
ils  ne  laiasaient  aprte  eoi  qoe  lea  tehoa  ^^ud»  plainte 
que  la  coor  ^touflait  bientdt  pour  de  longnea  annte.  De  la 
st^rilitd  da  leura  eflbrts  bien  plus  que  de  la  mobillM  do  ca- 
ractire  franfais  venait  ce  fait,  que  lea  maasea,  que  lea  troia 
ordres  eux-mdmes  appelaient  de  toos  leors  Tttux  les  <tats  g^ 
n^raux  qoand  il  n*y  en  avait  paa  eu  depoia  longtemps,  et 
qu'ila  ne  a'en  souciaient  qoe  trte-mMlocrement  qoand  Ila 
les  Toyaient  k  r<BUTre.  Cependant,  il  faot  le  constaler,  si  les 
^tata  g^n^raiix  d^aotrefois  n^^taient  paa  ce  qoe  Ton  esp^rait 
qu*iisseraient  lorsqu'on  les  r^lamait,  a*ils  n^appoKalent  pas 
un  soulagement  immMiat  aux  aaignantes  mis^res  du  peupl«, 
ils  fiiisalent  asses  pour  l^tiraer  cette  crainte  qu*ils  inspi- 
raient  k  la  monarcliie,  et  qui  ehez  Louis  XV  a*accroissait 
de  la  penste  de  tout  ce  qu'ils  pou^aient  fairie,  de  tout  ce 
quMls  aorafent  k  faire.  «  Essayez  de  retrancher  les  ^tats 
g^ndraux  de  notre  histoife,  dit  M.  Sylvestre  d€  Sacy,  ils  y 
laisseront  bien  du  Tide.  Leur  trace  n*est  pas  sans  glotre. 
Convoqu^  au  roilieo  des  orages  et  dans  les  jours  de  dtfail- 
lance  de  la  niyauti^,  alls  n*ont  pas  r^uasi  k  fonder  des  ins- 
titutions, its  ont  empteh^  Tespritde  servitude  de  s*^tabHrau 
cu»r  de  la  nation.  Le  monarcliie  elle-mAine  liii  a  dO  peiit- 
£tre  cet  esprit  de  moderation,  ce  respect  de  Popinion  publique 
qui  a  bit  sa  force  et  son  lionneur,  ce  funds  delib^lisme  qui 
n'a  jamais  permis  en  France  que  le  pouvolr  ab;M>Iu  d^g^^n^- 
rftt  en  despotisme.  La  nation  s'est  toiijoors  souveinie  qu'clle 
a'appartenait  k  elle-m^me.  Dans  toutes  lesgrandes  crises,  on 
est  revenu  aux  dtats  g^n^raux ;  et  qoand  on  ne  les  convoquait 
pas,  on  savait  cependaat  qu*fts  pouvaient  6tre  couToqites, 
el  que  derri^rele  roi  il  y  Avait  un  peuple.  Leur  influence  se 
retronve  de  si^cle  en  sitele  dans  les  progrte  de  notre  le- 
gislation ciTile  et  de  notre  administration.  C*est  avec  leur 
ooncours  que  nos  rots  ont  repouss^  les  pretentions  exorhi- 
tantes  de  la  conr  de  Rome  et  les  envabissemcnts  du  clergd, 
qoe  Charles  VII  a  ^tabli  les  arrate  permanenles,  que  L'HO- 
pital  a  rendu  sea  belles  ordonnances.  Leur  protestation,  re- 
noorel^  d^Age  en  Age,  a  interrompu  le  cours  de  la  prcscri  plion 
eontre  la  liberty !  Quand  on  relit  les  vienx  raiirns  <}i*  leuivt 
(M^ances^oo  est  toot  surpris  d*y  rcirouvM  uo*  \aiu\  u» 


plus  modemea  et  ce  que  noua  appelioas  il  n*y  a  pas  bieA 
longtemps  encore  les  conqodles  de  notre  civUisation. » 

II  y  STait  plus  d'un  aifecle  et  demi  que  le  mot  d'dtats 
gte^raux  n'avait  point  M  pronono^,  loraqne  le  ddsoidre 
mis  dana  les  finances  par  les  prodfgaliite  de  la  ooor,  le 
deficit  toujoara  croissant,  firent  conoevolr,  aoos  Louis  XVI, 
la  pens^  de  clierclier  des  reaaources  dans  la  crAatkMi  de 
nouTeaux  imp6ts ;  mais  ces  impAta  ne  pouTaient  dtre  ^tabtts 
que  par  les  ^tats  gto^ranx,  que  rtelama  one  asasrobl^dea 
notables  k  laysuita  d'un  jeu  de  mot  an  bout  dnquel  HmU 
une  revolution,  et,  bon  gr^  mal  gr^,  force  ftit  bien  k  la  ooiir 
de  convoquer  leur  reunion.  EUe  a'atlendalt  aaaa  doote  k 
des  attaquea,  k  des  recriminations^  dans  In  achi  de  ess  £tala; 
mais  elle  pensait  que,  conformement  anx  traditiona  et  aox 
prdcedenta  des  siteles  pasaA,  oea  eiata  flniraieni  par  dea 
Totes  dimpdts,  et  elle  n'en  demandalt  paa  davantaifs.  Mais 
cette  reunion  desdeiegoes  de  la  nation  n'avait  plus  lieo  dana 
les  conditions  ob  die  a*etait  tant  de  fois  accomplie.  Clia- 
cun  ayait  la  conscience  de  son  droit,  cbacun  avait  le  senti- 
ment de  son  devoir.  Anssi  la  redaction  des  cahiers  des  trois 
ordres  occopa-t-elle  les  esprits  d*un  boot  dels  France  k  Tau- 
tre.  Une  question  bien  grave  vint  agiter  encore  plua  vive- 
ment  lea  esprlta  :  oonformement  aux  traditions,  les  elec- 
tions avaient  Ueo  par  ordre;  Fordre  da  tiers  etat  ne  oomp- 
tait  pas  plus  de  membres  qoe  cbacun  dea  autres  ordres; 
ceux-d  cependant  ne  repr^sentaient  que  deux  castes,  quand 
le  tiera  etat  representait  la  nation  tout  eati^re.  Lea  partisana 
des  iddes  de  liberte  dlev^rent  done  bien  bant  la  voix  poor 
qoe  les  deputes  du  tiers  etat  fussent  en  nombre  egal  aux 
deputes  des  deox  autres  ordres.  L'asaembiee  de  notablea, 
qui  dut  s*occuper  de  la  question  du  doubUmentdu  titrt, 
se  pronon^  eontre  cette  proposition ;  mala  le  mouTement 
de  Topinion  publique  etait  tel  que  Louia  XVI  ne  crut  paa 
|iouvoir  refbser  de  Faccorder.  Telles  fiirent  lea  condlliona 
dans  lesquellessargirent  les  etats  generaux  de  i7S9y  qui  de- 
Talent  initier  la  France  A  la  vie  parlementaire.  Nos  lecteora 
en  truuveront  l^historique  complet  k  Particle  Comstitoaiitk 
(Assembiee). 

tTATS  GtStRAJJX  DES    PR0VINC£S-US1£S. 

VoyeZ  HOLLANDB. 

ETATS  PROVINQAUX,  assembiees  des  tvois  or- 
dres  des  pays  d*eta  ts,  qui ,  aprte  la  convocation  du  roi ,  se 
reunissaient  k  des  epoques  periodtques  pour  regler  leur  ad- 
ministration interieure  et  voter  ledongratuitoo  aulMide 
demande  par  les  coramissatres  du  roi  pour  aobvenir  aox 
frais  generaux  de  Fadministration  du  royaume.  Ces  assem- 
h\6es  difreraient  cntre  elles,  quant  aux  epoques  de  leur 
reunion ,  k  la  duree ,  au  mode  de  leurs  deliberations ,  k  leor 
composition ,  et  par  les  modifications,  les  cbangements ,  qui 
dans  certaiues  provinces  en  aneantlrent  presque  lea  attrK 
butions  originaires. 

Les  demlers  etats  de  Provence  furent  assembles  en  1631  • 
On  les  rempla^  alors  par  des  assembiees  generalea,  ooo* 
voquees  cliaque  annde  par  le  roi.  Leurs  attributions  etaieat 
aussi  bomees  que  ceiles  de  nos  conseils  generaux  actoela  ; 
elles  etaient  prdsidees  de  droit  par  Tarckeveque  d'Abc :  Fla- 
tendant  de  la  province  y  remplissait  les  fonctions  de  com- 
missaire  du  roi.  Legouvemeuroo  le  commandant  en  blsait 
Fouverture,  et  se  retirait  aprfes  sa  liarangue.  A  Fissoe  da 
cliaque  seance,  les  commissaires  du  roi*  les  deputes  et  lea 
principaux  membres  de  Tordre  de  la  noblesse  aliaiene 
rend  re  compte  de  ses  resultats  au  gouvemeur  ou  eoiii«- 
mandant.  Les  assembiees  se  tcnaient  ordinairement  4 
Lambesc.  L'ordre  du  clerge  se  composalt  des  arclievAquea  , 
des  ev^ues,  des  abbes  crosses,  du  prevdt  de  Pignan^ 
des  prev6ts  des  catliedrales ,  et  de  quelques  eccieslastiquen 
qui  avaient  des  benefices  conMstoriaux;celuide  ianobleesia, 
de  tons  les  gentilshommes  de  race  et  des  roturiers  possea* 
sears  de  fiefs  en  /ou/e^ttf/iceetanbua^.UnanGiej)  r^lemenl 
excbiait  ceux  qui  ne  possedaienl  que  des  arn^re«fie(s.  Ott« 
exdiision,  qui  d'aillenrs  n*avait  jamais  et^  rigoureusniiw'nt 
observee,  donna  lieu  k  d^oragenx  HchHts,  lore  des  as.^^cm. 


fiTATS  PROVINCUUX  —  ETATS-UNIS 


bita  poor  Section  desd^put^  aux  ^taU  g^n^raux  de  17S9. 
Ce  rat  par  auite  de  ees  debaU  que  M  i  rabea  u,  cadet  deCa- 
mille,  n^ayaiitDl  fief  ni  arri^re-fief,  ouTrit  uoe  boutique, 
et  ae  priseota  i  ratsemU^  du  tiers  ^tai.  L'ordre  du  tien 
^tait  repr^nttf  dans  leaancienoea  aseemUte  de  Pro^enoe 
par  lea  d^put^  de  37  conunuaaul^  et  de  20  ?igoeriea. 

Lea  iiaU  du  Dauptiin^,  aupprim^eo  16M,  avaient  M 
reaiplacte  par  ais  Election  a;  maia  en  t7&7  et  1788  Top- 
position  pariementaire  k  Grenoble  devint  one  T^ritabte  in* 
aurrection.  Uneasaembi^g^Falede  tous  lea  onires  se  r^u- 
Djt  apootaoiment  i  Viaille,  malgr^  lea  defenses  formeJIea 
de  la  eoar«  qui,  e^ant  enfin,  autorisa  la  convocation  d'une 
noavelle  aasemblte  pliia  r^uti^re ,  laquelle  so  rtonit  h  Ro* 
mana. 

Loraque  le  Languedoc  rormait ,  aous  le  gouvemement  dea 
corotea  de Touioose,  une prindpaut^  particuli^e  et  inddpen* 
dante,  cbaque  seigneuriede  cette  province  avait  ses  ^tata 
et  Tolait  ses  impositiona.  Depuia  la  r^nion,  lea  ^tats  s'asseoh 
bl^ent  d'abord  par  sen^lyuiss^,  ensuite  par  dioc^. 
Get  usage  comraeiiQa  sous  le  r^ne  de  Cliarlea  VII,  et  se 
maintintjosqu'en  t&33.Un  r^ement  de  Francis  r^'ordonna 
que  lea  ^ta  a^aasembleraient  dans  les  trois  sdndcliaussdes, 
lis  ^ient  pr^dds  par  I'archeTdque  de  Narbonne,  et  k  son 
ddfaut  par  le  pins  ancien  arciiev^ue  ou  ^vAque.  Un  61it  de 
1749  Tixa  la  tenne  des  dtats  pour  cheque  annde  au  mols 
d'octobre  et  leur  durde  k  un  mois.  Le  cliiffre  et  la  rdpartition 
des  Impi^ts  dtaient  rdglds  dans  lea  lioit  Jours  soivants.  Aucun 
imp6t  ne  pouvait  £tre  ^bli  sans  lettres  patenles  du  roi  et 
sans  d^libtetion  des  dtats.  L^urdre  dn  clergy  ddpu'tait  trois 
archovAqoes  et  vingt  6v6que8  (  les  pr^ats  pouvaient  se 
Talre  remplacer  par  lours  vicaires  g6n4raux ) ;  Tordre  de  la  no- 
blesse, un  comte,  on  vioomte  et  viogt  et  un  barona;  Tordre  du 
tiers  6tat  d^ldgoait  les  roaires ,  consuls  et  ddput^  des  villes 
chefs  lieox  de  dioctoe  et  des  vUlea  diocesainea  qui  avaient 
droit  d'entrde  anx  6tats.  Le  tiers  dtatdisposait  d'autantde  voix 
que  les  deux  autres  ordres  rdunia.  La  province  avait  en  outre 
aept  fonctionnaires  qui  ^talent  d^put^s  de  droit.  Les  lettres 
de  convocation  ^talent  adress^es  au  gouvemeur  oo  an  lieu- 
tenant g6niral  commandant  la  province ;  il  les  transmeltait 
aux  dignitaires  et  magistrats  qui,  par  leur  rang  ou  leurs 
cbargea,  avaient  droit  k  la  deputation.  Les  coromissaires  du 
roi  (aisaient  Touverture  par  Texposd  des  demandes  et  pro- 
poaitiona  deSa  Majeatd,  et  seretiraient  ensuite.  L'assemblde 
g^n^rale  ddlil)eralt  sur  toutes  les  affaires  qui  intiressaient  la 
province ,  r^ait  le  don  gratuU  demand^  par  les  commis* 
saires  du  roi  et  le  contingent  de  contribution  de  chaque  dio- 
c^;  une  assemblde  particuli^re  de  chaque  diocese  r^-glait 
U  repartition  entre  les  contriboables  de  son  ressort.  Le  Yi- 
varaiii,  le  Yelay  et  le  G^vaudan  aequatifiaient  etats  parti- 
cuiiers,  et  leurs  ddiberat^ns  s^6tendaient  k  tout  ce  qui  con- 
cemait  leur  administration  interieure. 

Les  <ftats  de  Bdarn  et  de  Navarre  avaient  ete  insUtuds 
par  Henri  d'Albret,  fils  de  Jean ,  pour  la  basse  Navarre, 
sur  la  meroe  base  que  ceux  eiablis  par  la  haute  Navarre 
avant  renvaliisaeroent  de  cette  demi^re  province.  La  de- 
putation do  clerge  se  composait  des  dv^ues  de  Bayonne 
et  de  Dax,  de  leurs  vicaires  gdneraux,  du  pr6tre  mayeur 
oucure  deSaint-Jean-Pied-de-Port,des  prieursde  Saint-Pa- 
lais ,  d*Harambels  et  dUtxiat;  celle  de  la  noblesse,  de  tous 
les  possesseors  de  terrea  ou  maisoos  nobles  ayant  entrde 
aux  etats ;  celle  du  tiers  etat,de  vingt-huit  deputes  des  villes 
et  communautes  qui  avaient  droit  d'etre  representees  dans 
cette  aasembiee :  elle  se  reunissait  k  Satnt-Jean>  Pied-de-Port 
ou  k  Saint-Palais.  La  noblesse  n*avait  point  d*ordre  de  pre- 
seance :  cliaqot  depute  se  pla^ait  selon  qu*il  arrivait  k  Tas- 
semt^.  Leclergeet  la  noblesse  etaient  reunisdans  la  meme 
aalie;  le  depute  de  Salnt-Jean-Pied-de-Port  pre.sidait  Pordre 
du  tiers  ^t.  Le  bureau  se  composait  d'un  syndic ,  d^in 
secretaire  et  d^un  liui^«ier  des  etats :  its  etaient  nommes  par 
rawtembiee.  he  vote  ^'tait  formuli^  par  ordre :  mai«  en  roati^re 
de  finances  le  tiers  etat  remportait  sur  les  deux  aulres.  Lc 
syndic  falaait  les  rapports,  dirigeait  les  deliberations  et  re> 


cueillait  les  opinions.  Le  secretaire  enreglstrait  les  dedsions^ 
L'assembiee  reonie  envoyait  one  deputation  au  gouvemeur 
ou  an  lieutenant  de  roi ,  pour  I'inviter  k  lui  faire  connattr* 
les  propositions  royales.  A  pris  la  harangue  dececommissafre 
k  Tassembiee ,  il  se  retirait,  et  envoyait  ensuite  la  lettre  «]e 
cachet  pour  la  tenue  des  etats.  Une  commission  apeclale 
eiait  diargee  de  la  redaction  du  cahier,  qui  etait  ensuite  remis 
au  comniissaire  du  roi.  Celui-ci  Texaminait  en  presence  des 
deputes,  et  Tassembiee  deiibei^it  sur  ses  observations;  et 
s'ii  y  avait  des  artidessur  lesquels  ils  ne  s^etaiont  pas  acconies, 
les  etats  en  referaient  au  roi ,  et  souvent  memo  le  commis- 
saire  suivait  la  meme  marche.  Le  vote  dn  don  graiuii  ter« 
rainait  la  session.  Ce  vote  etait  transmis  au  couimlssaire  du 
roi,  qui  pronou^it  la  harangue  de  cloture,  apr^  avoir 
entendu  celle  de  Torateur  du  clerge ,  au  nom  des  trois  or- 
dres. Les  etats  termlnes,  le  tresorier  reodait  ses  comptes  k 
une  commission  spedale. 

Les  etats  de  Bigorre  s^assemblaient  tous  les  ans  pendant 
huit  joiira.  Lc  senedial  en  faisait  Touverture ;  les  trois  or- 
dres, reunis  dans  une  mdme  salle,  etaient  presides  par  re* 
veque  de  Tarbes.  La  deputation  du  clerge  se  composait  du 
meme  eveque,  de  quatre  abbes,  de  deux  prieurs  et  d'un 
commandeur  de  Tordre  de  Matte;  celle  de  la  noblessse,  de 
onze  barons  ou  possesseurs  des  baronnies  qui  conferaient  ce 
droit,  que  les  possesseurs  fussent  nobles  oo  roturiers;  celle 
du  tiers  etat,  des  consuls  de  Tarbes,  de  Vic,  de  Bsgneies, 
de  Lourde,  etc.,  et  des  deputes  des  sept  valiees. 

Les  etata  de  Bretagne  et  les  etats  de  Bourgogne  occupent 
une  place  notal)le  dans  Fhlstoire  de  ces  deux  provinces. 

Les  exemples  qu*on  vient  de  dter  suffiront  pour  faire  con* 
naltre  Torganisation  des  anciens  etats  provbiciaux,  Les  de- 
putes nVtaient  pas  eios.  lis  Tavaient  sans  doute  ete  dans  To- 
rigine,  maisle  droit  k  la  deputation  avait  ete  depiiis  attriboe 
a  des  charges  spedales  et  k  certaines  dignites  ecdesiastiques 
00  seigneuries  laiqoes.  Lors  de  la  demiere  revolution  par- 
leroentairer(1787  k  1789 ),  les  etats  de  plusieurs  provinces 
s^etaient  coofedere«.  L*anden  gouvemement  royal  avait  pro- 
jete  d^appliquer  ce  rooded'administralion  locale  k  toutes  les 
provinces  de  France,  sous  le  iiirtd^assembUes  provinciales. 
II  avait  reserve  aux  pays  d^etats  la  faculte  de  conserver  leur 
andenne  administration  ou  d'adopter  la  noovelle.  Le  gou- 
vemement avait  cm  devoir  faire  nn  premier  esaai,  et  avait 
choisi  k  cet  effet  la  petite  province  du  Berry.  II  en  resulta 
qu'apres  deux  ans  d*experience  cette  province ,  sans  nou- 
velle  contribution,  avait  sur  ses  recettes  un  excedant  de  plus 
de  200,000  livres  disponibles.  Lorsquc  la  revolution  de  1789 
eciata,  ce  qui  n^avait  ete  qu'un  projet ,  qu^un  vobu  ,  devint 
une  realite;  et  un  systtoie  unique,  uniforme ,  d^administra- 
tion  municipale,  etabli  pour  tootela  Franr«,remplaca^  jamais 
les  etats  provindaux.  Dufey  (de  IToiuiii}. 

igTAl'S'UNIS  DE  L'AH&iguE  DC  NoRD.  Cet  £tat  fede- 
ratif,  qu'on  designe  aussi  quelquefois  sous  le  nom  d'Vnion 
Amdhcaine,  ou  tout  simplement  d*  Union  ^  est  home  au 
nord  par  les  possessions  britanniques  de  TAmerique  du 
Nord ,  k  Pest  par  TOcean  Atlantique,  au  siid  par  le  golfe 
du  Mexiqoe,  au  sud-ouest  par  le  Mcxique,  a  Touest  par  1-0- 
cean  Padfique  et  au  nord-ouest  par  les  possessions  rasses 
de  TAmerique  du  Nord.  Il  s*etend  entre  le  25*  et  le  49«  de- 
gre  de  latitude  septentrionale,  et  entre  le  69*  lo'  et  le  126* 
42'  de  longitude  occidentale.  Aux  termesdu  traite  intervenn 
le  2  fevrier  1848  entre  le  Mexiqne  et  les  £tats-Unis,  k  la 
suite  des  victoires  de  ceux-d,  la  ligne  de  frontieres  separant 
ces  deux  republiqyes  commence  dans  le  golfe  du  Mexique, 
k  12  kilometres  de  distance  de  la  terre,  k  Topposede  rem- 
bouchure  du  Rio-Grande,  remonte  cette  rivif  re  jusqu^i  la 
limite  meridionale  du  Nouveau -Mexiqne;  se  dirige  ensuite 
vers  Touest,  en  longeant  toute  la  limite  snd  du  Nonveau- 
Mcxique;  puis,  vers  le  Nurd,  suit  la  frontiere  ouest  du  Nan- 
veau-Mexique  jusqn'ik  ce  qu>lle  coupe  la  Gila ;  eofin ,  en 
aval  et  au  milieu  de  cette  riviere,  se  prolonge  jusqu'^  son 
embouchure  dans  le  Rio^^olorado,  et  de  Ui  ii  travers  le  Rio- 
Colorado  ,  en  suivant  la  division  des  deux  Californies,  jus- 

9.   , 


Od 


fiTATS-UNIS 


qu*k  VOoian  Padfiqae.  Le  territoire  Mini  comprend  dte 
lore  ainon  la  plas  grande,  da  muiiisla  plus  importante  partie 
de  TAm^rique  da  Nord. 

Des  deox  principaax  systtoies  de  inontagocs  de  rAm6- 
riqae  da  Non],  lea  monts  Alleghanys  et  lesCordill^res 
de  TAm^qoe  da  Nord,  le  premier,  k  Texceptioa  de  sea 
derniera  prolongements  au  nord-ouest,  appartient  tout  en- 
tier  aux  £tat»-Uiu8 ,  tandis  que  le  second  forme  sar  nne 
^tendae  de  130  myriam^tres  environ  la  frontidre  du  Mext- 
qae.  Ces  deux  groupes  de  montagnes  diviscnt  naturellement 
le  territoire  des  £tats-Uois  en  trots  grandes  r^ons  :  la  re- 
gion orientale,  cumpos^e  des  terrasses  successives  par  les- 
quelles  les  monts  AUegbsnys  s'abaissent  insensiblement 
TersTOc^an  Atlantique;  la  r^ion  oentrale,  compost  du 
grand  bassin  qae  le  syst^rae  da  Missisaipi  forme  entre  ces 
deux  groupes  de  montagnes;  enfin,  la  r^on  occldentale, 
formte  par  les  plateaux  situ4  h  Toaest  des  CordiUires  et 
oonstitnant  le  bassin  du  Colombia  ou  Oregon. 

Le  systtoie  d^irrigation  int^rieure  des  ^tats-Unis  est  des 
plus  ricUes,  et  forme  qaatre  groupes  principaux.  Celui  des 
fleuves  qui  Tont  se  Jeter  dans  TAtlantique,  et  qui  ont  pour 
la  plupart  leor  source  dans  les  monts  Alleghanys,  renferme 
entre  autres  cours  d*eau  important s,  le  Connecticut,  qui  a 
son  embouchure  dans  le  d^troit  de  Long-Island;  TUudson, 
qui  se  jetle  dans  la  bale  de  New- York ;  la  Delaware,  qui  se 
jette  dans  la  bale  du  mtoiie  nom;  le  Susqueliannah ,  le  Po- 
tomac et  le  James,  qui  ont  leur  embouchure  dans  la  bale  de 
Chesapeak ;  le  Roanoke,  qui  se  jette  dans  le  d^troit  cl*Al- 
bermale ;  la  Savanna,  lAltamaha  et  le  Saint-John,  qui  vont 
directement  aboutir  k  TOc^n  Atlantique.  Le  bassin  du 
Mississipi,  outre  le  fleuve  de  ce  nom  et  ses  innom- 
brables  amuents,  comprend  le  Rio-Grande,  le  Nueces,  le  San- 
Antonio,  le  Colorado,  le  Brazos,  et  k  Test  du  Mississipi  la 
Riviere  aux  Pedes,  le  Mobile  et  TApalachicala.  Les  cours 
d*eau  les  plus  impurtants  du  plateau  sltu^  k  Touest  de  la 
Curdillire  des  Montagnes  Rocheuses  se  r^unissent  tous  dans 
le  Colombia  ou  Oregon.  £nfin,  les  EtaLs-IJnis  participent  en- 
core sur  leur  fronti^re  septentrionale  au  systi^me  du  Saint- 
Laurent  et  des  cinq  grands  lacs  d^eau  douce  qui  alinienlent 
ce  fleu?e,  dont  Tun,  le  lac  Michigan,  est  conipris  en 
entier  dans  leur  territoire,  tandir  que  les  autres  servent  en 
partie  de  frontiires  entre  eux  et  les  possessions  anglaises. 
Le  systime  des  communications  artificielles  par  eau  cr(*^  par 
la  laborieuse  race  am^ricaine,  au  raoyen  d*une  fuule  de  ca- 
naux  pr^sentant  ensemble  un  d^veloppement  de  plus  de 
700  myriametres,  est  form^  de  la  m^me  manidre  sur  le 
systime  naturel.  II  unit  toute  la  moiti^  orientale  des  £iats- 
Unis ,  et  plus  particuli^rement  le  territoire  situ4  entre  les 
grands  lacs  et  le  Saint- Laurent,  an  Mississipi  etaux  fleuves 
qui  se  d(kUiargent  dans  TAUantique.  Les  plus  vastes  canaux 
dont  ils  se  component  sont :  le  canal  de  COhio,  entre  Cle- 
veland sur  le  lac  tn6  et  Portsmouth  sur  TOhio;  le  canal 
Miami ,  entre  Cincinnati  sur  TOIiio  et  Textr^mitd  orientale 
du  lac  Eritf ;  le  canal  de  Jonction,  entre  le  Roanoke  et  un 
aflluent  du  James;  le  canal  de  P Hudson  el  de  la  Dela^ 
ware,  qui  relie  le  haut  Hudson  k  la  Delaware;  le  canal 
Morris  entre  New-York  sur  T Hudson  et  Easton  sur  la  De- 
laware; le  canal  de  la  Chesapeak  et  de  la  Delawc/fe, 
^tablissant  une  communication  directe  par  eau  entre  li^lti- 
roore  et  Philadelpliie;  les  canaux  de  Farmington,  de  Hamp- 
shire  et  de  Hampden ,  coninren^nt  k  Newhaven  sur  le 

d^troit  de  Long-Island  et  conduisant,  au  muyen  de  difTerents 
cours <i'eau  auxqnels  lis  se  trouvenl  successiveroent  relies,  ft 

Northampton  dans  le  Connt^cticiit ,  et  de  \k  gagnant  le 
Saint-Laurent;  le  canal  d*kri6,  allant  de  Bunalo  sur  !'£• 
n^k  Albany  sur  THudson;  le  canal  d' Oswego,  construit 
lateraleinent  au  canal  irEri^,  et  conduisant  de  .rejui  ci  an 
lac  Ontario;  le  catial  de  Pensyivanie,  eulre  Piitsbourg 
sur  roiilo  t't  Goluuihia  sur  le  Susqiicli<innah ;  enfin  le  canal 
de  la  Chesapeak  el  de  VOhio^  eiattlisiuint  uue  communi- 
cation ent<e  l*Oh:o  an  dessus  de  Pittsbourg  et  le  Potomac 
a  Georgetown. 


n  r^sulte  de  ce  vaste  syst^me  d^lrrlgatlon,  Unt  naturelle 
qn'artifidelle,  que  le  territoire  des  titats-Unis  est  Tun  des 
plus  fertllea  do  monde,  et  qu^il  convient  admimblemeot  aux 
diffi^rents  genres  dindnstrie  agrioole.  A  Texoeptioo  d'un  petit 
nombre  de  marais  et  de  steppes  aablonneuses ,  ii  est  partoot 
couvert  d'immenses  fordts  vreiiges,  on  bien  de  savannes 
dont  les  gras  pAturages  conviennent  admirablement  k  V€i^re 
du  oxtail ;  et  on  n'y  rencontre  nulle  part  de  deserts  propre- 
ment  dlts. 

En  raison  m6me  de  son  Immense  etendue ,  le  sol  des  ttats- 
Unis  doit  n^cessairement  olfHr  une  grande  vari^  de  climats ; 
k  oet  ^gard ,  lea  monts  AUeghaoys  forment  un  point  de  par- 
tage  des  plus  reinarquables.  Sur  leor  versant  oriental,  la 
temperature  en  eflet  est  g^n^lement  beaucoop  plus  froide 
que  sur  leur  versant  occidental.  Lh  Toranger  g6le  d^  quel- 
ques  Ibis  sous  le  35*  degr6  de  latitude  nord;  tandis  qnid, 
dans  le  bassin  du  Mississipi  et  dans  les  r^gkins  sita6e8  k 
Pouest  des  Montagnes  Roclieuses,  la  temperature  est  si  douce, 
qu'on  y  rencontre  encore  le  colibri  par  42**  de  latitude  sep- 
tentrionale ,  et  qut  le  perroquet  y  vit  encore,  nndrae  en  hiver, 
par  3G*.  La  edie  occldentale  baignte  par  ie  grand  Oc^an 
jouit  d*un  cllmat  particitli^rement  doux.  Mais  clle  est  exposte 
k  de  violentes  teinp^tes,  et  Pabondance  de  m^me  que  la  fre- 
quence des  plules  la  rendent  fort  humide.  La  rigueur  exces- 
sive du  cliniat  dans  les  Etats  du  nord-est,  et  plus  particn- 
liereinent  sur  la  cdte  occldentale,  le  long  des  rives  de  TO- 
c^an  Atlantique,  est  un  phenomtae  qui  ne  frappe  pas  moins 
Pobservateur ;  \k  en  effet  k  des  Itivers  ties  plus  rudes  suc- 
c6dent  des  nis  d^une  chaleur  accablante,  dem^nie  qi«e  Tat- 
rooftph6re  y  est  sujette  aux  variations  de  temperature  les 
plus  brusques,  ofTrant  souvent  dans  une  mftme  joum^e  la 
transition  rapide  des  chaleurs  de  IMte  aux  froids  de  lliiver, 
et  r^ciproquement.  Les  vents  froids  du  nord-est  dans  eette 
partie* des  Etats-Unis  commencent  d^s  la  mi-septembre, 
reviennentli  la  rai-octobre,  apportant  le  fruid  et  la  ffA6t 
Jusque  dans  les  Carolines  et  la  Georgic.  Mats  d^ordinaire  la 
temperature  s'adoucit  encore  vers  la  fin  de  novembre,  e|KH]iie 
de  la  chute  des  feuilles;  et  aprte  un  bel  automne  arrive, 
vers  Noel,  on  hiver  accompagne  d*abondantes  clmtes  de  neige, 
oil  le  fruid  atteiut  son  plus  haut  degre  dMntensite  en  fevrier 
et  ne  cesse  qu^en  avril ;  puis  k  un  court  printemps  succMent 
des  le  mois  de  mai  les  chaleurs  de  rete.  Ces  phenomencii, 
qu*on  a  surtuut  lieu  d'ubserver  dans  les  ^lats  situes  k  Pex- 
tremite  septentrionale  de  la  cdte  orientale,  deviennent  tou- 
jours  moins  sensibles  k  iiiesure  qu*on  descend  davantage 
vers  le  sud.  Le  climat  e^t  dejft  plus  doux  en  Virginie;   ce 
n'est  pourtant  qu*au  sud  du  35*  degre  de  latitude  nord  que 
commence  un  climat  chaud  et  tempere ,  sous  leqnel  on  Ignore 
ce  que  c*est  que  la  neige;  region  des  arbres  toujours  vert5, 
qui  sMtend  Jusqu^ux  liontieres  meridionales  des  Etats-Unix, 
sur  les  bords  du  gulfe  du  Mexique,  oil  le  climat  commence 
k  devenir  tropical ,  oii  une  clialeur  toute  tropicale  r6gne , 
du  moins  en  ete,  dans  les  basses  terres,  et  oi^  l*on  ren- 
contre d<^jk  un  grand  nombre  de  plantes  tropicales. 

Dans  les  parties  les  plus  eievees  do  pays,  notammentdans 
les  montagnes.  Fair  est  partout  pur  et  sain ,  meme  dans  les 
r^ons  les  plus  meridionales,  mais  plus  particnlieremenf 
dans  les  sept  Etats  du  nord,  dans  Tinterieur  de  la  Pen^yl- 
vanie  et  de  la  Virginie.  En  revanche,  toutes  les  terres  basses 
et  toutes  les  contrees  marecageuses  sont  malsaines ;  ce  qu 
est  plus  particulierement  le  cas  dans  le  delta  niarerageax 
qui  forme  rembouchuredu  Mississipi ,  et  sur  les  c6tes  plates 
du  golfe  du  Mexique,  c«*  foyer  constant  de  la  fievre  jaune, 
qui  cheque  annee  en  t^te  y  exerce  de  grands  ravages ,  de 
meme  que  sur  les  c6tes  plates  et  niarecageuses  de  la  Flo- 
ride  et  de  la  Georgie,  et  qui  parfois  les  etend  encore  plus  an 
nord  8nr  les  c6tes  de  TOcean  Atianiique.  D^ailleiirs,  les  baa 
fondft  de  tout  le  bassin  du  Mississipi ,  ootammeot  les  rives 
marecageuses  de  ce  flt* uve,  de  meme  que  toiile  la  cdte  jus- 
qu^a  New- York ,  ne  hont  au  total  rien  moins  que  sains  ;  et 
diverses  lievres  y  exisifol  k  i^elat  endemque. 

Dans  louies  les  regions  des  £ials  Uuis,  les  pluiea.sont  ^lo* 


jfeTATS-UNIS 


tenteft  et  snbites;  lee  brouillards  y  sont  aossi  tris-frdqaents, 
iortout  dans  les  r^oiu  boisto.  An  printemps  et  eo  au- 
tumney  des  Tents  Tiolents  r^ent  dans  b  partie  aeptentrio- 
nale  des  cdtes orientalea et ocddentales.  On  ne  rencontre,  en 
revanche,  de  traces  de  tremblements  de  terre  et  de  volcans 
que  sur  la  cdte  occidentale. 

La  population  des  ^tats-Unis  est  d^nne  extreme  yari^t^ 
d'origines.  On  j  remarque  trois  races  principales :  la  race 
am^ricaine,  la  race  caucasienne  et  la  race  ^thiopienne.  A  la 
premiere  appartlennent  les  descendants  des  habitants  abo- 
rigines,  d^sign^  ordinairement  sous  le  nom  d^tndUns; 
aux  deax  aotres,  les  descendants  des  Eurup^ns  et  des  nigres 
immigrte  et  les  m^tis  provenant  de  leur  melange.  Les  In- 
diens,  autrefois  propri^t^ires  du  sol  de  tous  les  Etats-Unis , 
ont  M  refonl68  de  plus  en  plus  h  Touest  par  les  ^migr^s 
europtos,  et  ^  peu  prtoan^ntis  dans  les  £tats  de  Test,  au- 
tant  par  les  guerres  que  par  les  maladies  engendrdes  par 
le  contact  de  la  race  ani^ricaine  ayec  la  race  europ^eune. 
G^est  -seolement  dans  les  territoires  occidentaux ,  des  deux 
c6t^  des  Montagues  Rocheuses ,  quails  se  sont  conseryds 
jusqn'^  ce  jour  k  P^ta^  de  nature,  yivant  en  tribus  puissantes 
ct  uombreuses;  mais  le  temps  appruche  rapidement  oii  il 
Icur  sera  egalenient  impossible  d*y  roister  k  Taction  enyahis- 
sante  de  la  ciyilisation.  II  serait  dimcile  dMndiquer  leur 
nombre  d*ane  maniire  praise ,  attend u  que  les  plus  puls- 
santes  et  les  plus  nombreuses  de  ces  tribus  yivcnt  dans  des 
territoires  incultes,  et  en  dehors  de  Paction  du  gouveme- 
nient  fSd^ral.  Le  calcul  le  plus  probable  est  celiii  qui  fixe  h 
340,000  tdtes  le  chiftre  total  des  Indiens  habitant  le  sol 
de  rUnion ,  dont  25,000  environ  r^ident  h  Pint^rieur  m^me 
de  PUnion ,  85,000  ont  ^  dans  oes  derniers  temps  trans- 
plants sur  la  rive  occidentale  du  Mississipi,  et  230,000  en- 
yirun  oocopent  depuis  un  temps  imm^orial  k  Pouest  les 
mtoies  oontr^  qu*aujonrd*hui. 

Les  Indiens  fix^  en  de^  des  Cordilldres  ferment  dix-hnit 
peuplades  ayant  chacnne  leur  langue,  laquelle  k  son  tour 
est  sobdiyis^  en  nn  grand  nombre  de  dialectes,  dont  plus 
de  cent  sont  aujourd'hni  connus.  La  plus  importante  de 
toutes  oes  peuplades  est  celle  des  Lenapes,  forte  d^environ 
15,000  tetes  et  diss^minde  dans  la  partie  septentrionale 
des  £tats-Unis,  depuis  la  c6te  de  PAltantique  jusqu^au  Mis- 
sisHipl,  et  Chez  laquelle  on  a  reconnu  Pexistencedevingt-cinq 
langiies  et  dialectes  diffi^rents.  Les«0/^oioai  et  les  Tschip- 
pawns  ^qai  yivent  surtont  dans  P£tat  de  Michigan,  dans 
la  presqulie  sltu^e  entre  lelac  Sup<^rieur  et  le  lac  Michigan, 
et  sur  les  rives  des  affluents  sup^rieurs  du  Mississipi,  sont 
les  peuplades  Lenapes  les  plus  nombreuses,  et  comptent 
environ  7,000  t6tes ,  dont  une  partie  ont  d^jk  embrass^  le 
christianisrae  et  pratiquent  Pagriculture.  La  confederation 
iroquoise,  compos^e  de  cinq  nations,  les  Mohawks,  les 
OnttidaSf  les  Onondagous,  les  Cayougas  et  les  $enecas, 
k  laquelle  on  ajouta  plus  tard  celle  des  Tuscaroras  (  d'oii 
on  Pappelle  anssi  con/6diration  des  six  nations ),  ^tait 
autrefois  tr&s-puissante.  Mais  en  1679  les  Iroquois,  qui  se 
distinguaient  par  leur  bravoure  et  par  leurs  capadtes  inteU 
lectuelles,  furent  subjugu^  et  k  pen  pr^  exterminS  par 
les  Anglo- Am^ricains.  II  n'en  reste  plus  que  quelquesfaibles 
df^bris,  5,000  individos  an  phis,  que  Pabus  des  liqueurs  al- 
cooliques  a  rMuits  k  Pabjection  la  plus  profonde ;  lis  sont 
diss^minS  dans  ll&tat  de  New -York  et  de  Michigan ,  oil 
Ton  a  aussi  r^us^i  k  transformer  en  agriculteurs  quelques 
families  d'Oneidas  et  de  Tuscaroras.  Les  CMroquees  sont 
ceax  qui  se  sont  I'e  plus  rapprochis  des  mceors  et  des  id(^es 
europ^nnes.  Us  habilent,  au  nombre  d*eaviron  15,000  tfites, 
le  Tenessee  sup^rietir,  les  £tatsdeGeorgie,  d*Alabania  ctsur- 
toiit  d*Arkansas,  oil  lis  se  livrent  k  Pexercicedes  professions 
maniielles  et  k  Pagriculture.  Tous  sont  devenus  Chretiens ; 
lis  ont  invents  one  denture  k  leor  usage,  poss^ent  des 
fcoleSy  etse  sont  donn6  eux-m^mes  nne  constitution  civile 
Hbr ':  Les  Tchoklas,  qu*on  rencontre  principalement  dans 
I'ctat  de  Missimpi ,  ont  suivi  Pcxemple  des  CMroquees ,  et 
comroe  eox  ont  des  dcoles  et  pratiquent  des  m<!tiers.  Les 


60 

autres  peuplades  indiennes  vivant  sur  la  c^te  orientale  du 
Mississipi  sont  les  Muskhogas,  les  Vtchies  et  les  Natchez, 
formant  ensemble  la  confiiddration  Creek  et  vivant,  au  nombre 
d'environ  25,000  tfites,  dans  les  £tat8  de  Georgie  et  d'Ala- 
bama.  Quoiqne  dejk  parvenus,  eux  aussi ,  k  un  certain  dtat 
de  civilisation,  par  suite  duqud  ils  cnltivent  le  sol  et  fabri- 
quent  diverses  dtoffes,  on  ne  les  en  a  pas  moins  conlraintsil  y 
a  quelqiie  temps,  moitld  par  force  et  moitid  k  Paide  de  con- 
ventions frauduleuses,  d^abandonner  les  territoires  qui  leur 
avalent  M  assignds  k  Pouest  du  Mississipi  et  de  sVnfoncer 
encore  da  vantage  dans  les  for6ts  de  Pouest  Les  S6minoles 
de  la  Floride,  tribnde  la  mftme  race,  qui  pendant  lungteni[)s 
rdsista  avec  la  plus  admirable  bravoure  k  la  pretention  des 
£tats-Unis  delaoontraindre  k  s*expatrier,  ou  ftirenltnassacids 
avec  la  plus  sauvage  cruaute  ou  durent  odder  k  la  force. 

Les  blancs  dmigrds  d'Europe,  ou  les  habitants  des  £tats- 
Unis  descendant  des  dmigrds  europdens,  sont  loin,  par  lenr 
origine,  par  leurs  mocurs,  leurs  langne<(  et  leurs  habitudes , 
de  constituer  une  seule  et  mdme  nation,  tous  les  peuples  de 
PEurope,  k  Pexceptlon  des  Slaves,  ayant  conlribud  kla  for- 
mation dela  population  des  £tats-Unis.  La  trte-grande  ma- 
jority, k  pen  pr^s  les  quatre  cinqui^mes,  «ont  original  res 
des  lies  britanniques,  notamment  des  parties  de  PAngleterre 
et  de  P£cosse  oii  domine  Pdldment  germain :  et  ce  sont  les 
immigrdsde  raceanglo-saxonne,  ainsi  que  leurs  descendants, 
qui  ont  donnd  k  la  population  des  £tats-Unis  son  type  fon- 
damental,  car  la  nationality  anglo-amdricaine  est  inconlesta- 
blement  celle  qui  domine,  tant  au  point  de  vue  politique 
et  moral  qu'k  celui  de  la  langue,  la  langue  anglaise  dtant 
celle  des  relations  sociales,  des  affaires  et  dela  politique,  celle 
dans  laquelle  sont  rddigds  tons  les  actes  publics  et  dont  on 
se  sert  pour  tuutes  les  deliberations  des  assembiees  parti- 
culi6res  des  dilTerents  £tats,  comme  pour  celles  du  congrds 
et  du  gouvemement  central.  Les  Anglo- Americains  ferment 
presque  exclusivement  la  population  des  six  £tats  du  nord, 
appeies  aussi  Nouvelle-Angleterre ;  et  noo-seulement  ils 
sont  encore  trte-nombreux,  pour  ne  pas  dire  prc^ponde- 
rants  dans  les  Etats  du  centre  Umitds  par  PAtlantique,  mais 
ils  entrent  en  outre  pour  nne  part  tr^s  importante  dans  la 
population  des  £tats  de  Pouest.  Les  Irlandais  immigrds 
qu*on  rencontre  dans  la  plupart  des  £tats  de  PUnion,  sur- 
tout  dans  ceux  du  centre  et  du  nord,  ob  en  general  ils  vl- 
vent  comme  Joumaliers  ou  du  produit  des  professions  les 
plus  humbles,  ont  une  importance  bien  moindre  que  les 
Anglo-Americains  proprement  dits.  Apr^s  les  Anglo-Ameri- 
cains,  c*est  la  population  dVigine  ullcmande  la  plus  nom- 
breuse.  Repandue  k  pen  pr&s  dans  tous  les  Etats  de  PUnion, 
maiscependant  plus  concentree  et  mdme  jusqn^ii  un  certain 
point  dominante  dans  la  Pensylvanie,  dans  POIiio,  Plndiana,}e 
Missouri  et  le  Michigan,  od  elle  forme  pr^sdela  moitie  de  la 
population  totale, on  estime  qn^eile  s^ei^ve  en  tout  k  pr^ de 
cinq  millions  dMndividus.  On  pent  dire  d'ailleurs  que,  toutes 
proportions  garddes,  les  Allemands  sont  encore  tr^nonibreux 
dans  les  ttats  de  New- York,  de  New-Jersey,  de  Maryland, 
de  Virginie,  de  Maine,  de  Kentucky,  de  Tenessee,  d'lllinois, 
de  Jowa  et  de  Wisconsin,  oti  ils  forment  souvent  plus  du 
tiers  de  la  population.  La  population  allemande  serait  bien 
autrement  nombreose  si  elle  conservait  mieux  le  sentiment 
de  sa  nationalite,  et  si  le  plus  grand  nombre  des  individus 
qui  la  composent  ne  renon^ient  pas  peu  ^  peu  li  Pusage  de 
leur  langue,  et  ne  perdaient  pas  bientOt  de  la  sor  e  avec 
leurs  moeurs  nationales  Pempreinte  de  leur  type  originel. 
II  faut  reconnaitre  tontefois  que  cette  denatiunal'sation  de 
Peiement  allemand  etait  autrefois  bien  plus  rapide  qu'au- 
jourdMiui,  attendu  que  par  suite  des  emigrations  en  masses 
qui  ont  eu  lieu  de  nos  jours,  et  qui  ont  amend  d*Alleinagnc 
aux  £tats-Unis  un  bien  plus  grand  nombre  d*honimcs 
eclaires  et  animes  de  sentiments  patriotiques,  il  s^est  deve- 
lopi^e  au  sein  de  Pemigration  allemande  une  remarquable 
tendance  k  fortifier  et  k  conserver  le  sentiment  de  la  nalio- 
naliti^  par  IVtude  approfondie  de  la  langue  et  au  nioycn  de  la 
transplantation  sur  le  sol  americain  de  la  litterature  et  de 


70 


ETATS-UNIS 


la  civilisation  allemandes,  de  mdme  encore  que  par  one 
^lergie  nonvelle  donate  h  la  vie  politique  et  par  des  rapports 
itucianx  plus  multipli^H.  Aprte  lea  Allemandfl»  on  no  peut 
plus  gu6re  citer  paraii  les  ^l^ments  de  la  population  que  lee 
Francis,  qui  aujonrd*hui  encore  se  frouvenl  en  tr^-grand 
nombre  dans  les  £tals  dii  Sud  et  du  Sud- Quest,  la  Loui- 
siane,  le  Missis^ipi,  riUinois  et  le  Missouri,  Jadis  d^n- 
dances  de  la  France.  Les  autres  peoples  de  TEnrope  n^ont 
fourni  que  de  mininies  contingents,  par  exemple  :  les  Hol- 
landais,  desquels  descendent  les  plus  anciens  colons  de 
Neifv-Yoik,  devenns  depuis  longtemps  compl^tement  an- 
glais; les  Su^ois,  les  Norv^iens,  les  Italiens  et  les  Efipa- 
gnols.  Ces  demiers  ne  se  rencontrent  plus,  comme  dt^brisde 
I'aarrienne  et  nombreuse  population  espagnole,  que  dans 
les  Etats  du  sud,  ui'i  nagudre  encore,  dans  le  Texas  etla 
Floride,  ils  conslituaient  la  partie  pr^pond^rante  de  la  popu- 
lation. On  n'^value  qu^a  15,000  le  nombre  total  des  Juifs 
qui  existent  dans  loute  T^tendue  de  la  confederation. 

Lo  second  groupe  principal  de  la  population  immigree  se 
compose  des  n^res  et  des  liuromes  de  cooleur  ou  metis 
leurs  descendants,  qui  autrefois  furent^  diverses  reprises 
amends  d^Afrique  sur  le  sol  americain  pour  y  etre  employi^s 
aux  trayaux  de  Tagricalture,  roais  qui  de  nos  jours,  la  traite 
des  n^res  etant  abolie  depuis  1821  et  punie  h  regal  du 
crime  de  piraterie,  ne  se  conserrent  plus  aux  ftats-Unis  que 
par  lenrpropagalionpropre,  deyenoe  pour  un  grand  nombre 
de  proprietaires  d^esda^es  une  Industrie  particuliere.  La 
trte-grande  majorite  de  ces  niqres  se  trouvent  encore  aujour* 
d*iiui  en  eiat  d^esclayage;  et  le  recensement  de  184o  consta- 
tait  qu'il  existait  k  ce  moment  dans  TUnion  2,487,365  es- 
claTes  n6gres  ou  mul&tres,  tandis  que  le  nombre  des  homroes 
iibres  de  cette  race,  moUtres  poar  la  plupart,  ne  s'eievait 
qu'&  386,293  indi?idus.  Tons  les  noirs  et  hommes  de  cou- 
leur,  Iibres  ou  esclayes,  sont  separes  de  la  race  blanche  an 
point  de  Tue  legal  comme  an  point  de  vue  social  par  Tes- 
prit  de  caste  le  plus  rigoureux ;  et  m^me  dans  les  £tat8  de 
l*Union  oil  Tesclayage  n*est  pas  permis,  il  existe  toujours 
contre  enx  chet  les  blancs  un  grossier  prejuge  fonde  sur 
h  dinerencA  des  races,  ct  qui  dans  son  inhumanite  contraste 
de  la  mani^re  la  plus  penible  avec  les  principes  de  la  cons- 
titution americaine.  A  rexception  des  £lats  de  Vermont,  de 
Massachusetts,  de  Maine,  de  New  Hampshire,  dlndiana  et 
d'Oliio,  0(1  i'esclavage  a  ete  legalement  aboli,  il  existe  des 
esclaves  dans  tous  les  autres  £tats  de  TUnion ;  mais  on  ne 
les  rencontre  pourtant  en  grand  nombre  que  dans  les  £tats 
du  sud  riverains  de  PAtlautique  ou  dans  ceux  que  baigne 
le  cours  inreriear  du  Missis^ipi,  oil  le  mode  de  culture  em- 
ploye pour  la  mise  en  yaleur  et  Texploitation  du  sol  exige 
le  travail  des  esdaves,  et  od  par  consequent  Tesclavage  est 
noq-seuleraent  licite,  mals  protege  et  eternise  par  les  lois  les 
plus  inhumaines ;  lois  dirigees  non  pas  seulemcnt  contre  les 
esclaves ,  mais  contre  tous  les  individus  qui  cherchent  k 
favoriser  leur  emancipation,  et  allant  jusqu'^  defendre  de 
donner  la  moindre  instruction  aux  esclaves.  C*est  dans  la 
Virginie,  les  deux  Carolines  et  la  Georgia  que  les  esclaves 
sont  le  plusnombreux.  En  Virginie,  oh  Ton  en  compte  en- 
yiron  un  demi-million,  ils  Torment  les  7/17  de  la  population 
totale,  dans  la  Caroline  du  sud  les  3/5,  dans  la  Caroline  du 
nord  les  7/3,  dans  la  Georgie  les  2/5,  dans  le  Maryland  les 
2/9,  dans  le  Mississipl  et  dans  la  Louisiana  la  moitie,  dans 
PAlabama,  les  13/34,  dans  le  Tenessee  le  1/5,  dans  le  Ken- 
tucky le  1/4. 

D*apr^s  le  recensement  general  de  1850,  operation  qui  se 
renouyelle  tons  les  dix  ans  aux  £tats-Unts,  la  population 
actuelle  dea  divers  £tats  de  TUnion  est  de  23,351,207  ha- 
bitants de  toute  origine,  non  compris  les  hordes  Indiennes 
fixees  dans  les  terriloires  de  Touest.  On  pourra,  au  reste,  par 
les  chUTres  suivanls,  se  (aire  nne  ideedn  rapide  accroisae* 
ntent  (Ic  rrtte  population.  En  1749  elle  ne  montait  encore 
q  i'^  un  rriillion  tlans  les  provinces  qui  Tormaient  alors  TAme** 
*i'YMcin).'^'ii$e.  du  Nord.  En  1783,  irepoqueoii  finit  la  guerre 
deriiHiopendance,  elle  etaitde  2,500,ooo.  Le  premier  re* 


censemeat  giteeral,  opere  en  1790,  consiata  I'exisfeact  4§ 
3,929,827  habitants;  celui  de  1800,  de  &,303,925s  oeliii  4a 
,1810,  de  7,329,903;  celui  de  1820,  de  9,654,415$  celai  d« 
1830,  do  13,866,920 ;  et  celui  de  1840,  de  17,069,453.  Ga 
rapide  aecroissement  tieot  en  partie  k  la  recondite  ■atn* 
relle  de  la  race  germanique,  qui  domine  aux  £tats4JBis , 
recondite  qui,  loin  d*y  rencontrer  des  obstacles  niaterielt,  s^ 
trouve  au  eontraire  eminemment  Cavorisee  par  rimoMaise 
etendue  de  tores  mise  en  culture,  par  la  focilite  do  ga- 
gner  sa  vie  etde  fonder  une  famille  qui  enresulte  poor  cha- 
otn ;  de  telle  sorte  que  cliaque  annee  le  nombre  des  naia- 
sances  Temporte  dans  une  proportion  considerable  sur  celui 
des  deces.  11  i»*explique  aussi  par  le  mouvement  de  rdmi- 
gration  enropeenne,  laquelle  prend  cheque  annee  des  pro- 
portions plus  considerables,  putsqne  dans  ces  derniersteraps 
on  Ta  Tue  s^eiever  k  plus  de  200,000  individus  par  an,  doot 
2/5  d'origine  allemande  et  3/6  de  race  britannique,  tandis 
que  les  autres  nations  europeennes  n*y  fonmissaient  que  d*io- 
signifiants  contingents.  On  evalue  k  4  pour  100  par  an  en 
moyenne  raugmentation constante  de  la  population,  d*ou  il 
resulte  qu'elle  doit  au  moins  doubler  tous  les  vingt-ciaqaos. 
Le  nombre  des  naissances  est  k  celui  de  la  population  totale 
comme  1  est  k  20,  tandis  que  celui  des  decis  n^est  que 
comme  1  est  ik  40.  Aussi  bienrimmense  etendue  du  territoire 
qui  reste  encore  k  defricher  promet  pendant  longtemps  en- 
core un  aecroissement  continu  de  la  population ;  car,  en 
tenant  compte  de  Petendue  totale  de  TUnion,  le  chifTie 
actuel  de  la  population  ne  donne  guire  encore  que  180  ha- 
bitants par  myriam6tre  carre,  et  400  k  ne  considerer  que 
le  territoire  des  Etats  propreroentdit.  C*est  dans  les  Etatsdu 
nord  que  la  population  est  la  plus  compacte.  Dans  l*Etat  de 
Rhode-Island  elle  est  de  1,800  habitants  par  myriam&lra 
carre  et  de  plus  de  1000  dans  celui  de  New-York. 

Le  caractere  national  du  people  des  £tats-Unis»  sans 
parler  id  des  races  opprimees,  les  n^res  et  les  Judieos, 
doit  neoessaireroent  presenter  on  grand  nombre  de  nuances, 
en  raison  de  la  diversite  de  son  origme  et  des  conditions  raa** 
terielles  et  naturelles  de  son  existence.  En  general,  cepen- 
dant,  on  peut  dire  que  le  caract^re  national  anglais  forma 
le  foods  menie  du  caractere  national  americain,  que  cdui-d 
n'estqo'on  ddveloppement  plus  vivement  accuse  decelui-li, 
et  oil  par  consequent  ce  qu'll  y  a  de  particuUer  et  de  carac- 
teristique  apparatt  plus  rude  et  plus  anguleux.  Tous  cens 
des  habitants  de  TUnion  qui  s'y  sont  intellectuellement  na- 
turalises, la  grande  masse  de  la  population  par  consequent, 
ont  de  common  entre  eux  d'abord  un  sentiment  exagere  de 
kur  importance  personnelle,  qui  les  porte  ordinaireroent  k 
se  croire  de  beaucoup  superieurs  aux  autres  nations,  k 
penser  surtout  quil  n'y  a  rieo  au  roonde  de  comparable  k  la 
mjralite  du  peuple  americain  et  a  ses  institutions  sociales ; 
ensuite  un  remarquable  besoin  d^uidependance ,  de  liberie 
individuelle  a  penprte  illimitee,  qui  apparalt  dans  tous  les 
details  de  radministration  des  diiTerents  Etats,  de  mdme  que 
dans  Taversion  instinctive  des  masses  pour  toutes  les  res- 
trictions de  police ,  uni  k  un  sentiment  dinteret  des  plus 
vifs  pour  tout  ce  qui  conceme  les  afTaires  publiques ;  enlin, 
une  infaligable  et  inca^sante  activite,  qui  finit  par  trioni* 
pher  de  tous  les  obstacles  que  le  sol  et  la  nature  peuveol 
opposer  k  la  colonisation ,  dc  m^me  qu^il  se  complatt  dans 
les  speculations  les  plus  vasles  et  les  plus  hardies ,  aiuai 
que  dans  une  vie  inquiete  et  pleine  dc  peripeties.  En  regard 
de  ces  traits  commons  et  generaux  du  caractere  national,  on 
peut  toutefois  etablir  dans  la  population  des  Etats-Uois, 
sous  les  autres  rapports  moraox,  deux  groupes  principaux 
offrant  Texemple  de  profondes  modifications  subies  par 
le  caractere  national,  k  savoir  les  £tat8  do  nord  et  les  ttats 
du  sud ;  difrerence  ayant  sa  base  dans  des  causes  tout  k  la 
fois  bistoriques  et  physiques,  et  qui,  en  raison  memo  de  sos 
formes  vivement  accusees,  reagit  sur  tons  les  details  de  la  vie 
sociale.  En  eflet,  tandis  que  la  nature  k  raoltie  tiopicale  d«l 
Etats  du  sod  et  la  culture  des  produits  coloniaux  qu^elle  fii* 
vorise  provoquaieot  Pemplol  du  travail  des  esclaves  et  pv 


fiTATS-UNiS 


siiilt  tmnimUM  de  l*e8eifTage,  la  mture  des  Etats  du 
nordi  tilgMiH  oae  agrleoHore  plus  Mign^ ,  analogue  h  eetle 
de  TEurope ,  el  telle  que  des  lualiis  Ubres  peuvent  seales  la 
praClqiier;  enfin,  tandls  qa*k  Torighie  les  Etats  da  sad  fu- 
rent  eoloniste  en  partiepar  des  ^Igrte  apparteoant  k  la  race 
romane ,  plus  tensuelle  et  plos  arf de  de  jonlssances ,  et  en 
partie  par  les  deseeadants  defanrillesaristoeratiquesaogtaises 
appartenant  k  I'fgHse  ^piscopale,  les  ^tats  da  nord  au  con- 
tralre,  ft  Terigine  aortoot,  ftirent  colonist  par  des  puritains 
et  avtres  seetahres  anglais  et  ^oossals,  qcd  abandonnaieot 
lenr  patrie  pour  ^liapper  k  roppressian  religfensc,  et  qui  se 
dlstfaiguaient  par  leurs  opinions  rigoristes,  par  leur  mora- 
lity et  par  le«r  aversion  poar  toute  espto  de  plaislr.  Ce  ca- 
raet^re  fondamental  tmprim^  frnm^ateinent  par  la  nature 
et  par  ]*liistoire  ft  ces  deui  groupes  de  population » leur  est 
ao  total  resl6  josqn*^  ee  Jour,  qnoiqne  des  immigrations  pos- 
t^rieures,  surtont  des  immigrations  d'AlIemands  et  d*Irlan- 
dais,  n'aient  pas  laiss^  qoe  de  les  modifier  dans  certains 
£t^ts.  Telle  est  en  effet  la  force  do  principe  moral  difTdrent 
qui  s^est  d6velopp^  dans  chacun  de  ces  denx  groupes,  qu'on 
a  Tu  ies  RooYeaun  venus  eux-m^mes  finlr  par  se  l^assimiler 
compt^tement  au  bout  d^nn  petit  nombre  de  gtodrations. 
C*e$t  tout  rtoemment  seulement  qn^il  a  surgi  dans  les  £tats 
du  bissin  occidental  du  Mississipi,  et  sous  Templre  d*aa- 
tres  conditions  physiques  et  morales, one  troisiftme  yaridt^ 
flu  caraettee  national,  laqueHe  ne  pourra  que  phis  tard  ayoir 
dss  formes  pr^Jses  et  arrfttte.  Dans  les  £tats  do  nord ,  ou 
les  sis  tM»  du  nord«ooest  ddsign^  sous  le  nom  de  Now 
velU-Angleierre  noos  ofArent  le  type  du  poritanlsme  dans 
tuute  sa  paret<,  rtgnent  des  moBors  pures  sans  doote  et 
affectant  in^me  qoelquefois  on  rigorisme  ootr^,  mais  al- 
ii^ ft  une  bigote  religiosity  pousste  jasqu*ao  fanatisme, 
qui  laissa  eonmeiiler  le  sens  intime  et  n^a  d^autres  bases 
que  les  demonstrations  eatMeures  et  capridenses  de  fin- 
divido ;  ooe  vie  et  des  tendances  tout  ifgobtes ,  calculant 
froideitieBt  le  hMRe%  araot  tout;  d'afflenrs,  des  habitudes 
inodestet  et  d^infiatigable  activiie,  que  ne  d^ermine  jamais 
le  moiodre  motif  id6al ,  et  qui,  en  d^it  de  I'ineonstance  et  de 
la  sorexcUation  perp^toelle  des  esprits ,  laissent  i*existence 
sans  joies  mala  ausei,  comma  saas  aocune  ieoissanoe  noble 
et  flevte.  De  1ft,  en  ddpit  du  fbrraalisme  qui  y  domtne  tonte 
la  fie  ext^rieore ,  en  d^plt  de  eette  complete  ^lit^  de 
tooteales  classes  qui  transforme  les  relations  de  la  domes- 
tidt6  eo  oelles  de  simple  OisUtanet^  en  d^'t  de  la  qualti^ 
et  de  i*ationdanee  de  toutes  les  Joulssanees  mat^rielles  en  fait 
d^habitationa,  de  TMements  et  de  moyens  d^alimentation ; 
de  1ft ,  disons-nooa ,  qoelqoe  ebosa  de  groaaier,  de  d^laisant 
et  de  peo  solide  dans  toutes  les  relations  sociales ,  et  dont 
le  yaniree  uooa  offre  le  type  le  plus  eomplet;  qnelque 
cltose  qui  se  rteroe  dans  Tabsenee  absdoe  de  tous  ^rds 
mutuels,  dans  lea  fraudea  et  les  tromperies  de  cliacun  pour 
dominer  et  exploiter  son  prociiain ,  dans  la  brutaliUi  des 
jottissanoes,  et  soitout  dans  la  passion  dominante  des  classes 
oaTriftrespiNir  la  plos  crapoleose  irrognerie  :  toutes  cltoses 
qui,  de  roame  que  les  aspilrit^  du  caraet^  pnpulaire  des 
Etatadfi  nord,  se  reneontrent  encore  Men  plus  Tivement  ao- 
cna^es  an  mllieo  de  Tagilation  des  Tilleaquedans  la  vie,  ordl- 
naaranpnt  phia  ealme,  do  eoltifateur,  &m  former,  Le  carac- 
Uan  popnlMre  dee  Etata  du  sud  pr^sente  le  plus  frappant 
contraste  avpe  eeloi  do  nord :  il  a  qoelqoe  cbose  de  cheva- 
leresqoe,  11  est  meins  ^olste  et  moins  inconstant,  moins 
triste,  moins  froid,  moins  rode  et  moins  roide;  en  revanche, 
l*esclavage  et  la  nature  n^ridionaie  y  d^eloppent  one  ef- 
fervescence de  paseioim,  nn  besefhi  de  domination  et  one 
inhumanitd  qu*on  ne  trouve  pas  dans  les  Etats  du  nord ;  en 
m^me  temps  qo^ft  one  groMi^t^  et  ft  une  duretd  tout  lnt6» 
rienres  s'assecient  une  grossiftretd  ext^rieore  se  raanifestant 
en  toute  oecaslon  de  la  mooi^re  la  plus  bnitale,  et  une 
hieri  inoinflrc  aptitude  ao  travail.  Dans  les  Etats  du  sud, 
rii  itn  niot,  la  vie  est  to«it  ft  fait  semblabte  ft  eelle  dea 
<  itlrns  des  Indes  ocd<lenfales ;  le  laborieii!c  fwmer  y  est 
rciMpiact^  par  I'orgueillaix  planteur  faisant  travatltef  ft 


71 

profit  des  esclaves  nftgres  et  regardant  avea  ttih  (trgueiUeux 
m^pris  les  blancs  r^uits  ft  vivre  de  leur  travail  personnel. 

L^Union  Am^ricaine  n^oflre  pas  de  moins  firappants  con- 
trastes  sous  le  rapport  des  religioas  que  sous  cehii  des  na- 
tionality, en  m6me  temps  qu*ft  cet  ^ard  encore  elle  dillftre 
comptetement  de  nos  Etats  europ^ns.  Ce  qui  y  domine  toot, 
c'est  le  grand  principe  de  la  t^i^rance  et  de  la  liberty  lei 
plus  grandes  en  mali6re  de  religion.  D'aprfts  la  constitutlott, 
rEtat  ne  reconnatt  aucune  commune ,  aucone  corpeiation  re- 
Ugieuse.  II  ne  se  charge  pas  de  bfttir  des  ^ises,  II  ne  saiarie 
pas  de  prdtres ;  il  abandonne  ce  soin  aux  individua.  La  seola 
chose  qui  lui  pr^te  un  caractftre  ebr^Uen,  c'est  que  dana  la 
plupart  des  £tats  la  l^slation  particuliftre  impose  I'obser- 
vation  severe  et  toute  puritaine  do  dimancbe,  tandis  qu'en 
general  elle  se  borne  ft  d^ider  que  quiconque  croit  en  Dieu 
est  apteft  obteniret  ft  exeroer  les  droits  de  citoyen.  11  se  trom- 
perait  toutefois  celul  qui  de  rindiffiirence  de  TEtat  en  ma- 
ti^re  de  religion  voudrait  conclure  que  la  mtaie  indifiidrence 
existe  dans  les  populations.  Outre  qu*autrefoia  le  culto  po- 
rftain  dtail  privil^'6  dans  les  Etats  d^gn^  sous  le  nom 
de  Nouvelle-Angleterre  et  qull  ii'y  a  gu^re  plus  d^unc  tren- 
taine  d'annies  que  ce  privil^e  n'exlste  plus,  Tesprit  g^ii^ral 
du  peuple,  et  par  suite  de  son  gouvemement,  y  rev^t  un  ca* 
racl^re  essentiellement  chritien  et  mtoie  s^vftrement  reli- 
gieux.  (Test  ce  que  prouvent  ^videmment  les  sommes  con- 
siderables foarnies  cheque  ann^  par  voie  de  contributions 
volontaires  pour  Tentretien  des  ministres  et  pour  les  frais 
du  culte ,  le  z^e  et  Texactitude  avec  lesquels  chacun  y  vient 
asdster  ft  la  c^l^ration  du  service  divin,  la  riguear  ex- 
treme avec  laquelie  a  lieu  Tobservation  du  dimancbe,  la  gi^- 
n^rosit^  qui  favorise  et  soutient  une  foule  d^associatioas 
religieuseset  philaothropiques,  telles  que  sodit^  bibliques, 
missions ,  dcoles  du  dlmanche ,  sod^t^  de  temperance,  etc. 

Tous  les  partis  religieux  qui  divisent  l*Angleterre  se  sent 
reproduitsen  Am^rique,  et  y  out  mAme  pouss^  de  nouveaux 
rejetons.  Les  lutheriens  et  ies  r6formds  allemands  y  oat  g^- 
ndralement  malntenu  leur  EgHse  et  lenr  langue.  La  loi  et  lea 
mceurs  prohibent  toute  discussion  publique.  Chaqne  com- 
mune religieose  existe  pour  dle-mftne;  cependant,  oellea 
qui  partagent  les  mfimes  dogmes  tendent  toujours  ft  se 
r^onir  en  de  grands  centres  communs,  formes  par  assoda- 
tlonssynodales.  L*£glisecatliolique  romdne  et  TEglise  angle- 
episcopale  y  ont  conserve  leur  caractere,  tout  en  adoptant 
cependant  beaucoup  d*usages  soit  republicains,  soit  de  i*£glis« 
primitive.  Les  quakers  et  ies  unitaires  ceiebrent  tranquil- 
tement  leur  culte  ft  cete  d'elles.  La  toldrance  en  matiere  de 
religion  a  beau  etre  ponssee  si  loin,  qu*on  a  pu  publique- 
ment  nier  la  verite  de  la  religion  reveiee  et  qu*on  a  memo  lals- 
se  unecertaine  miss  Wright,  pour  ameiiorer  la  vie  terrestre, 
predier  oovertement  centre  tout  attachemenl  aux  choses 
celestes,  les  presbyteriens  el  Ies  meUiodistes  n*en  ont  pas 
moins  fini  par  donner  le  ton  aux  dilferentes  secfes,  qui  toutes 
ont  quelque  chose  du  rigorisme  puritain  etderagftatlonmetho- 
diste.  Cette  devotion  methodfste  eclate  surtout  ft  Tarrivee 
dee  predicants  nomades  dans  les  villes  et  dans  les  assem- 
biees  convoqnees  et  reunies  au  milieu  des  forets,  dans  ce 
qu'on  appdie  des  camp-meetings,  Des  milliers  dindividus 
a'y  rassemblent  aotour  de  quelques  predicants.  On  dresse 
nne  chaire  en  pidn  vent  et  des  tentes  alentour;  puis,  plu- 
sicurs  jours  et  nnits  durant,  tous  Ies  echos  retentissent  au 
loin  de  sooplrs  et  de  sanglots  qa*arrachent  ft  Taoditoire  des 
sermons  contenant  las  plos  eflhayantes  pdntares  du  peche, 
de  la  mort  etemdle  et  de  i'enfer.  Plus  les  auditeurs  se  deme- 
nent  et  s'agitent,  pins  les  excitations  sont  ardentes,  et  plus 
la  IHe  paraft  belle.  Cest  1ft  que  se  concentre  toute  la  poesie 
de  oe  peuple,  d'dlteurs  si  prosaique,  et  le  sentiment  reli- 
gieux est  aprte  la  liberie  politique  le  seul  Interet  iutelleclud 
que  connaisfient  Ies  populations  metisses  des  Etats-Unis.  Et 
cependant ,  la  plupart  de  ces  predicants  n^ont  re^u  aucune 
ftsstruetion  rdigiense;  ie  plus  soavent  ce  ne  sont  que  des 
aventuriers,  qui  ont  ete  malhaireux  dans  d'autres  branches 
dindostrie    qui  dependent  chaque  annee  pour  leuj  exis- 


7J  ^ATS-UNIS 

teooe  mat^rielle  da  bon  Touloir  de  leurs  auditeurs ,  et  qn  i 
inalgr^  toat  cela  n^en  constituent  pas  moins  dans  la  soci^t^ 
am^ricaine  une  classe  cxti^mement  influente  et  m^me  tout 
a  fait  priyil^te.  A joatons  encore  que  la  construction  d*ane 
<^lise  y  le  groopement  d*un  certain  nombre  de  fiddles  autour 
d'une  mtoie  cbaire,  ne  sont  assez  scuTent  qu*nne  sp^calation, 
de  mftme  qne  le  passage  d^une  ^gltse  dans  une  autre,  une 
affaire  de  mode  ou  de  convenance.  Qnelque  sincere  que  soft 
d'ailleurs  le  sentiment  religteux  des  masses,  il  est  jusqu^a 
present  rest^  imptiissant  h  briser  ie  joug  d'une  mat^rialiste  et 
dgoiste  aristncratie  d'argent,  faute  d'avoir  su  propager  les 
iddesdooces,  tendres  et  humaines  du  T^ritable  cbristianisme. 

Outre  un  petit  nombre  de  juifs  et  quelques  mahomr^tans , 
en  possession,  les  uns  aussi  bien  que  les  autres,  du  droit 
d'exercer  librement  leur  culte,  on  rencontre  aux  £tats  Unis 
toutes  les  confessions  et  toutes  les  settes  de  r£glise  clir^ 
tienne,  &  Texception  de  l^^lise  grecque,  en  paisible  jouis- 
sance  de  la  complete  liberty  des  cultes. 

Parroi  les  protestants,  on  compte  les  Eglises  et  les  sectes 
sulvantes  :  d'ahord  les  congr^fjadonalistes,  au  nombre  de 
pr^s  de  trois  millions,  descendant  de  ces  presby  t^riens  anglais 
et  ^ssais  qui ,  secouant  Tautorit^  de  la  haute  £glise  an- 
gliC'ine,  donn^rent  en  Am^rique  k  leur  constitution  pres- 
oyti^rienne  une  nouyelle  forme  eccl(5slasUque.  quails  d^sign^- 
rent  sous  le«om  de  congr6galionalisme^  et  qui  babitent 
surtout  les  £tats  de  la  Nouvelle-Angleterre;  les  presbyU' 
riens^  divis^  en  Tietlle  et  nouvelle  6cole,  en  presbyli'riens 
dn  Cumberland  ct  autres  sectes,  et  qu^on  rencontre  surtout 
dans  les  Etata  du  centre,  du  sud  et  de  Touest;  Y£glise  H- 
formde  hoilandaisct  qui  compte  environ  500,000  adln^rents 
dan<(  le  New  York,  le  New- Jersey  et  la  Pensylvanle ;  V^glise 
ri/orm^  unie,  dans  les  £tats  du  sad  et  de  Touest;  V^giise 
r^form^e  allemande ,  qui  compte  plus  de  600  communes 
en  PensylTtnie  et  dans  I'Ohio. 

Les  baptistes^  au  nombre  d^uTiron  cinq  millions,  se 
partagent  en  sept  sectes  :  les  baplistes  proprement  dits ,  la 
tecte  la  plus  nombrense  apr^  cclle  des  mc^tliodistes  ^pis- 
copaux,  et  qu*on  trouve  rdpandue  dans  tous  les  £tat8;  les 
baptistes  Sabbatlianiens,  ou  du  septi^me  jour,  dans  le  Rhode- 
Island,  le  New-Jersey ,  le  New- York,  la  Virginle  et  POhio ; 
les  baptistes  des  Six  articles  fondamentaux ,  dans  le  Ma<;- 
sachusetts  et  le  Rhode-Island;  les  baptistes  du  Libre  ar- 
bitre,  dans  le  Maine,  le  New-Hampsliire,  etc. ;  les  chr^ 
tiens,  aussi  dans  le  New-Hampshire;  les  tunkers  on  bap- 
tistes allemands  remontrants,  et  les  mennonites. 

y^nUlhodistes^  au  nombre  total  deplus  de  trois  millions, 
se  diviscnt  ^ement  en  aae  fuule  de  sectes;  celle  des  m^ 
thodistes  ^piscopaux,  la  plus  nombrense  de  toutes ,  se 
troiiTe  r6pandue  sur  tout  le  territoirede  TUnion. 

Les  protestants  ipiscopaux ,  r^pondant  aux  dpiscopauz 
anglicans,  au  nombre  de  plus  de  600,000,  sont  ^galement 
r^I-iandus  par  toute  PUnion,  et  comptent  surtout  des  adhe- 
rents dans  les  classes  riches. 

VJ^glise^vanyilique,  dont  presque  tous  les  ftdh^rentssont 
allemands,  et  qui  compte  aussi  environ  600,000  membres, 
estr^pandue  dans  les  classes  moyennes,  principalement  en 
Pensylvanle  et  dans  TOhio,  de  m6me  que  les  hemhutes. 

Les  unitaires^  quoique  ne  comptant  que  200,000  adii^ 
rents,  mats  repr^sentants  dn  rationaPsme,  ferment  une  secte 
fort  importante,  h  cause  de  ^instruction  g^n^ralenient  6up<i- 
rienre  de  ses  membres;  r^pandue  dans  toute  TUnion,  elle 
a  plus  particuli^rement  son  centre  dans  les  Etats  du  nord- 
est,  riverains  de  TAtlantique. 

Les  universallstes^  au  nombre  d'environ  600,000,  setrou- 
vent  dans  les  £tats  riverains  de  TAtlantique  et  dans  TOIiio. 

Les  quakers ,  dont  le  cliifTre  ne  s'^l^ve  gu^re  au-dessus 
de  100,000,  mais  extr6mement  influents,  k  cause  de  leurs 
richesses,  sont  disperse  k  pen  pr^  dans  tous  les  £tats ;  ce- 
pcnrlant ,  c'est  surtout  en  Pensylvanle  qu*on  les  rencontre. 

II  existe  en  outre  nn  grand  nombre  d'autres  sectes  fanati- 
ques,  telles  quecdledess/^aAerjou  8ecoueurs,dans  les  £tats 
du  nord  et  rOhio,etdes  harmonistes  dans  POhio,  toutes 


deux  observant  le  c^llbat  et  vivaat  dans  tme  esptee  de  oook* 
munaut^ de  biens;  des  iwedenborgiens^  des  mormons , 
objet  de  tant  de  perstoiticms;  on  encore  l*£glise  de  la  Nou- 
velle  Jerusalem  9  etc.,  etc.  II  existe  jusqn*a  des  sectes  toot 
k  fliit  anti-chr^tiennes;  k  Philadelphie,  par  exemple,  od  eo 
voit  deux  qui  r^pudient  bautement  le  nom  chr^en. 

L*£glise  catholique  roinalne ,  elle  aussi ,  compte  un  grand 
nombre  d^adh^rents  aux  Elats-Unis,  k  cause  des  colons  d^o- 
rigine  catholique  ^tablis primitivement  dans  le  Maryland, 
la  Louislane  et  la  Floride,  et  aussi  par  suite  des  nom- 
breuses  immigrations  de  callioliques  iriandais  et  allemands 
qui  ont  eu  lien  de  nos  Jours.  Dans  la  liberty  des  cultes 
^rig^  en  principe  aux  ^tats-Unis,  la  propagande  catholique 
a  vu  un  large  et  fertile  champ  d'exploitation  ofTert  k  ses 
efTorts ,  et  die  s'est  mise  aussit6t  k  le  cultlver  avec  une 
ardeur  extreme,  demani^  k  acqu^rir  rapidementune  grande 
importance  politique  et  a  en  6tre  d^ja  venue  k  exciter  les 
d(Tiances  et  les  jalousies  des  difligrentes  sectes  protes- 
tan  les.  Elle  compte  at]jourd*hui,  et  particuilfereroent  dans  le 
Maryland,  la  Floride,  la  Louisiane  et  le  Missouri,  au  delii  de 
1,600,000  fiddles,  avec  six  archev6qoes  si^eant  k  Balti- 
more, Cincinnati,  Saint-Louis  (^lissouri),  la  Nouvelle-Or- 
leans.  New- York  et  Oregon  (ville),  dix-sept  ^v^ues,  et  six 
cent  onze  dglises  on  chapelles. 

L^instruction  publique  vane  beaucoup,  suivant  les  lo- 
calites  et  le  degr^  de  civilisation  auquel  sont  d^jk  par- 
venus les  divers  l^tatsde  TUnion,  attendu  qu^alors  le  gonver- 
nement  local  ou  y  prend  un  vif  inter^t  ou  ne  s'en  occupe  pas 
du  tout ,  abandonnant  ce  soin  aux  individus  ou  bien  aux 
associations  particuli6res.  C^est  dans  les  ^tats  de  la  Nou- 
velle-Angleterre  et  dans  r£:tat  de  New-York  qu*on  a 
le  phis  fait  k  cet  ^gard ,  soit  au  rooyen  de  fonds  assign^ 
par  r£tat,  soit  par  Peiablissement  de  taxes  sp^clales  dont 
le  prodult  estappliqii^  k  cet  objet,  ou  encore  par  de 
libdrales  fondations.  Anssi  n'y  rencontre-^on  presque  per- 
Sonne  qui  ne  sache  lire  et  4crire.  Mais  il  n*en  est  pas  de 
m6me  dans  les  autres  Etats ,  notamment  dans  ceux  de  crea- 
tion recente,  ou  en  vole  de  creation,  dans  Touest.  La  lutte 
centre  la  nature  y  est  encore  trop  ardue  pour  qu*on  pnisse 
s*y  preoccuper  dinterets  intellectuels.  Si  en  eflet  dans 
cheque  £tat  des  dispositions  legates  ont  ete  prises  pour  fa- 
voriser  rinstruction  publique,  et  si  dans  les  Etats  nonveaox 
un  acte  du  congrto  a  reserve  une  certaine  portion  du  sol 
pour  le  prodult  en  etre  employe  dans  des  buts  dMnstru4!tion 
generate,  il  faut  bien  reconnaitrequ^a  ^exception  des  £tat8  de 
la  Nouvelle-Angleterreyde  New-Yorketdequelqnesgrandes 
villes ,  rinstruction  se  trouve  encore  dans  un  etat  qui  repond 
fort  pen  aux  besoins  des  populations.  Lk  m#me  oil  les  ecoles 
sont  nombreuses,  il  arrive  souTent  qne  faute  d*une  bonne 
organisation  interieure,et  aussi  de  capacitessuffisantes  cliez 
les  maltres,  elles  sont  loin  de  produire  tous  les  fruits  qu^on 
set  ait  en  droit  d^en  attendre.  C*est  ce  que  confirment  les 
donnees  de  la  statistique,  desquelles  il  resulte  qne  le  nombre 
des  enfants  qui  en  ce  moment  mtoie  ne  re^ivent  dans 
les  diirerents  ^tats  de  lUnion  aucune  esp^  dTustraction, 
est  de  prte  de  1,500,000,  sans  compter,  bien  entenda, 
les  enfants  des  esclaves  noirs,  k  qui  il  est  interdit  dans  les 
Etats  k  esclaves  de  donner  la  moindre  instruction,  non 
plus  que  les  enfants  de  mulAtres,  au  nombre  de  plus  de 
500,000,  et  qui ,  eux  aussi ,  ne  re^ivent  aucune  esp6ce 
d'instrnclion.  Pour  obvier  k  un  tel  etat  de  choses ,  il  s'est 
forme  dans  ces  demiers  temps  une  foule  d^associations,  le 
plus  generalement  a  tendances  religieuses,  pour  fonder  des 
ecoles  et  y  envoyer  des  maltres.  Lenrs  efTorts  ne  sont  pas 
restes  sans  fruit,  et  on  doit  reconnaltre  qu'ii  cet  egard  il 
se  manifesto  dej&  une  amelioration  sensible,  constatee  par 
Taccroissement  dn  chifTre  de  la  population  totale  des  ecoles, 
qui  en  Pensylvanle ,  par  exemple ,  a  ete  de  2  li  7 ,  dana 
rillinois  de  I  It  13,  et  dans  le  Kentucky  de  1  k  21.  Lo 
temps  n^est  paseiolgne  sans  doute  oil  les  progr^s  de  hi  coloni- 
sation dans  Touest  aiiront  donne  une  grande  valeur  anx 
parties  du  sol  qui  ont  ete  reservees  i}our  (lourvoir  aux 


ETATS-UNIS 


78 


frais  de  riDstructioii  poblique,  et  od  rimportance  des  res- 
fiouroes  dont  od  dispoaera  permettra  de  Urgement  satlsfaire 
80U8  ce  rapport  aux  exigences  de  notre  ^poqae.  En  efYet , 
la  richesse  en  terres  assign^  pour  rinstruction  primaire 
dans  POhlo,  llndiana,  rillinolSy  le  Michigan,  le  Missouri, 
le  Mississipi,  rAlabama,  la  Louisiane,  I'Arkansas  et  la 
Floride,  ne  s'^l^ve  pas  k  moins  de  8,000,000  d^acres,  et  ceUe 
pour  ria<(triJCtion  sup^rieiire  k  500,000  acres. 

L'Union  ou  Conf(6d(^ration  des  Etats-Unis  de  rAni^rique  du 
nord,  (litre  officiel  de  la  r^publique),  se  compose  (en  1854 )  de 
trente-etun  ttats,  ^savoir,  an  Nord  :  le  M alne,le New- 
Hampshire,  le  Vermont,  leMassacbusetts,  Rhode- 
Island  et  le  Connecticut;  ao  centre,  et  riverains  de 
I'Atlantique:  leNew- York,  le  New- Jersey,  la  Pensyl- 
vanie,  la  Delaware,  le  Maryland;  an  sud,  et  riye- 
rainsde  PAtlantique  :  la  Virginie,  laCarolinedu  nord 
etlaCarolinedusudflaGeorgie,  laFloride;arouest: 
rohio,  le  Kentucky,  I'Indiana,  Plllinois,  le  Mi- 
ch igau,le  Missouri,  le  Wisconsin  et  le  Jowa;au  sud, 
dans  le  Mississipi  inf^rieor :  le  Tenessee,  laLooisiane, 
TAla  bama,  le  Mississipi,  I'Arkansas  et  le  Texas. 
A  ces  Etats  il  Oiut  ajouler  la  ville  de  W  a  s  h  I  n  g  t  o  n,  si^ge  du 
goovemeinent  fikli^ral,  ainsi  que  les  contrtes  d^signto  sous 
le  nom  de  territoires,  c*est-^ire  les  nouvdles  provinces 
ohtenuc9  i»ar  achat,  cess'on  ou  conqii^te.  et  qui  jusqu*ik  r6- 
poqne  de  leur  admission  dans  la  Conr4d<iration  ( laquelle  no 
pent  avoir  lieu  que  lorsquMls  renferment  une  population  d*au 
motns  70,000  Ames ),  n*envoient  au  congr^s  que  des  d^l^ 
gti^s,  qui  n*ont  pas  le  droit  d'y  voter,  mats  seulement  celui 
d*assister  k  ses  stances.  Ces  territoires  sont  en  ce  moment 
au  nombre  de  cinq  :  Minesota,  Cali/ornie,  Nouvtau- 
Mexique ,  Vtha  et  Oregon, 

Ces  dirr<irents  Etats,  districts  ou  territoires  forment  une 
r^puhllque  dont  les  lols  fondamentales  se  composent  de  la 
declaration  d^ind^pendance  en  date  du  4  jnillet  1776,  des 
articles  FMi^raux  du  8  juiilet  1778,  de  Tacte  constltuiionnel 
du  17  septembre  1787,  et  des  articles  additionnels  de  1789. 
Aux  termes  de  ces  diverses  lois  fondamentales,  les  £tats- 
Unis  constituent  une  n^ptiblique  fM^rative,  c*est-&-dire  une 
r^publique  d*£tats  conf6d6r6(,  dont  cliacun  est  ind^pendant 
en  ce  qui  touche  radministration  de  ses  afTaires  int^rieures, 
inais  qui  ne  saurait  exercer  ses  droits  de  souverainet^  k  re- 
gard de  cequi  touche  aux  intMtscnmnmns  de  tous;  droits 
quil  d^l^iif^  k  un  gouvernement  central,  charge  de  re- 
pr6u;nter  TUnion  to«it  entidre  ausi^l  bien  k  Tint^rieur  qu*li 
I'ext^rieur.  Les  principes  sur  lesqnels  repose  cette  r^pu- 
bltque  r^^^ralive  sont  de  nature  essentiellement  d^mocra- 
tique.  Aussi  la  souverainet^  r6stde-t-elle  dans  le  peuple, 
leqiiei,  cependant,  ne  Pexerce  pas  directement,  roais  la  d^ 
legueh  des  r^pn^entai  ts  de  son  choix.  Le  gouvernement  de 
runion  se  compose  en  cons^uence  d^ln  president ^  ctians^ 
de  la  puissance  exteutive,  d*un  congrds  investi  de  la  puis- 
sance Idgislalive,  etd^me  haute  cour  de  Justice  posst^ant  la 
supreme  puissance  judiciaire.  Le  president,  de  m^me  que  le 
vice-pr^idenC,  est  tin  pour  quatre  ans  par  runiversalit^  des 
cttoyens  de  TUnion  en  6tat  d^exercer  leurs  droits  politiques ; 
le  candidat  qui  aprte  lui  obtient  le  plus  de  sufTrages  est 
de  droit  vice-pr^ident.  Le  pr6ddent  doit  6tre  kg6  d*au 
moins  trente-dnq  ans  et  6tre  dcpuis  quatorze  ans  citoyen 
de  rUnion.  La  mftme  personne  ne  pent  6tre  plus  de  deuK 
fois  i^lu  president.  Si  par  un  motif  ou  un  autre  le  president 
se  trouve  dans  rimpossibilit^  de  remplir  ses  fonctions,  il  est 
remplac^  sans  autre  formality  par  le  vicepr^ident.  S11  en 
arrive  autant  k  celui-ci,  le  congrfts  declare  par  une  loi  quel 
est  le  citoyen  qui  remplira  provisoirement  les  fonctions  de 
pr^ident,  en  attendant  qu^un  nouveau  prteident  ail^t^ 
eiu.  Le  pr^ident  revolt  un  traitement  de  25,000  dollars 
( 125,000  (V. ),  et  le  vice-prfeident,  qui  prteide  le  s^nat,  un 
traitement  de  5,000dollar8.  Le  president  a  le  droit  de  con- 
clure  des  traits  d*ailiance  d'accord  avec  le  s^nat,  et  de 
noinmer  les  ambassadeurs  et  consuls  k  T^tranger,  les  jiiges 
de  la  cour  soprftine  et  les  titulaires  de  toutes  les  fonctions 

/UCT.  I)K  L4  QWVEIIS.   «  T.  IX. 


civUes  etmililaires  de  lITnion.  Le  prudent  re^oit  les  en- 
Toyte  et  agents  diplomatiques  des  puissances  ^trang^res, 
convoquele  oongr^  annneUementou  dans  des  circonstances 
extraordinairesy  donne  force  de  loi  aux  rfeolutions  du  con- 
grte  et  posskle  k  leur  ^rd  un  droit  de  veto  suspendf.  U 
commando  en  chef  Tarm^  de  terre  et  de  mer,  exerce  le 
droit  de  grAce,  k  moins  qu*il  ne  s^agisse  d*une  accusation 
de  crime  commis  dans  Texercice  de  fonctions  administra- 
tives.  II  peutMre  lui-m^roemls  en  accusation  et  d^pos^  en 
cas  de  trahlson,  de  corruption  et  autres  crimes  graves.       \ 

Le  pr^ident  actuel,  entr6  en  fonctions  le  4  mars  1853, 
cstleg«n(^ral  Franklin  Pierce;  sa  pr^sidenceestladix-sep- 
U^me  depuis  la  fondation  de  I'Unlon.  L^organe  du  president 
dans  toutes  les  affaires  d'administratidn  est  le  cabinet,  an* 
Jourd^hui  compost  du  secretaire  d*£tat  ou  ministre  des  af« 
I'aires  <Hrangeres,  William  ilfar<y;dosoiis4ecr6talred*£tat, 
Mann;  du  ministre  des  finances,  J.  6«/AH0;du  ministre 
de  la  guerre,  J.  Davis;  du  ministre  de  la  marine,  J.-C.  Dob* 
din ;  du  ministre  de  Tinterieur,  R.-M  CleHand;6\i  direc- 
teur  g^nt^ral  des  postes,  James  Campbell ,  reoevant  tous  un 
traitement  de  6,000  dollars;  et  de  Vattorneg  general  ou 
ministre  de  la  justice,  Caleb  Gushing,  avec  un  traitement 
de  4,000  dollars. 

Le  congr^s,  qui  exerce  la  puissance  legislative,  se  compose 
du  sdnat  et  de  la  chambre  des  reprisenlants ,  et  doit  £tre 
regulierement  convoqui  diaque  anneo'cn  sesdon  le  premier 
luiidi  de  decembre;  inais  des  sessions  extraordlnaires  peu- 
vent  avoir  egaieinent  lieu  k  d'autres  epoques  de  Tannee,  u 
les  circonstances  Texigent.  Tbus  les  membres  du  congrte 
re^ivent  des  frais  de  route  et  une  indenmite  de  buit  dol- 
lars (40  fVancs)  par  jour.  lis  ne  peuvent  etre  arrets  pen- 
dant toute  la  durde  de  la  sesdon  ni  en  s^  rendant,  non  plus 
qu*etre  poursuivis  k  Toccasion  desdiscours  prononc^spar  eux 
dans  le  congres,.sauf  les  cas  de  trahlson,  de  fdonie  ou  d'in- 
fraction  k  la  paix  puhlique. 

Le  s^nai  est  compose  en  ce  moment  de  62  membres. 
Chaque  £tat,  quelle  que  soit  Petendue  de  son  territoire  ou 
le  chifTre  de  sa  population,  en  nomme  deux  par  Tinterme- 
diaire  de  sa  legislature  particuliere  Pour  etre  senaleiir  il 
faut  avoir  au  moins  trente  ansaccomplis,  habiler  depuis  neuf 
annees  I'^tat  od  Ton  est  nomme  et  posseder  depuis  le  mdme 
laps  de  temps  les  droits  de  dtoyen  des  £tats-Unls.  Le  vice- 
president,  charge  de  presider  le  senat,  n*a  pas  le  droit  d^ 
voter,  k  moins  quMl  ne  se  rencontre  une  egalite  do  voix  a 
d/partager.  C*est  au  senat  qu*appartient  exclusivcment ,  en 
cas  d'accusation  eievee  conire  un  ionctionnaire  public,  le 
droit  d^en  connaltre;  et  il  functionnealors  coinmecour  de  jus- 
tice. 11  participe  en  outre  k  la  puissance  executive,  le  presi- 
dent ayant  hesoin  de  ses  avis  et  de  son  conseotement  pour 
diverses  afTaires  et  negociations  politiques. 

La  chambre  des  reprisentants^  qui  dans  la  presente  an- 
nee  1854  compte  en  tout  237  membres,  estcomposeede  de- 
putes eius  par  les  dtoyens  en  etat  de  voter.  Aux  lermes  d'une 
loi  rendue  en  1842,  ctiaqiie  £tat  en  nomme  autant  qu*il 
compte  de  fois  70,816  habitants,  on  n'y  compreoant  par  les 
Indicns  et  ne  faisant  entrer  les  esclaves  que  poor  les  trois 
dnquiemes  de  leur  nombre  total.  Les  representants  ne  peu- 
vent remplir  aucune  espece  d*emploi  public ;  pour  etre  eli- 
gible, il  faut  avoir  vingt-clnq  ans  accomplis,  3lre  dtoyen  de 
rUnion  depuis  sept  ans  et  liabiter  l^tat  depuis  le  mtoielaps 
de  temps.  La  chambre  choisitson  speaker  ou  preddent,  aind 
que  le  reste  de  ses  employes,  et  a  seule  le  droit  d^accuser 
les  foncUonndres  publics  devant  le  senat.  Toutes  les  lois 
doivcnt  avoir  ete  prealablement  discutees  dans  les  deux 
chambres  et  adoptees  k  la  majorlte  des  voix.  Avant  de  de- 
venir  obligatoires,elles  doivent  aussi  avoir  re^u  Tasscntiment 
du  president.  Si  celui-u  le  refuse,  il  est  tenu  de  renvoyer  le 
bill  ou  le  projet  de  loi  en  question  k  la  chambre  d*ou  il 
emane,  en  Taccompagnant  de  ses  observations.  Quand  on  en 
a  encore  une  fois  deitbere  dans  le  congres,  si  les  deux  tiers 
des  voix  dans  chaque  chambre  l*ont  adopte ,  11  devient  obii- 
gatoire  sans  qu*il  soit  besoin  de  rassentiment  du  president. 

10 


jStats-ukis 


74 

Le  Gongrte  est  ioTesti  du  droit  de  tAirt  des  iois  sur  toutes 
les  mati^res  qui  fntfressent  Tensemble  de  rUnion.  Atnsi  il 
a  la  puissance  d*6tablir  des  Impots,  de  d^Herminer  les  droits 
de  douane,  de  n^lementer  le  commerce  des  £tat8  entre  eux 
de  m^me  qu^avec  les  Indiens  et  les  strangers,  de  faire  les  Iois 
relatives  k  la  nationalisation  des  Strangers,  aux  faillites,  aux 
monnaiea  et  aux  poids  et  mesures,  d^accorder  des  privities 
et  des  brevets,  d*etabltr  des  trlbnnaux,  de  surveitler  la  force 
arrote,  de  dtelarer  la  guerre  et  de  ddlivrer  des  lettres  de 
marque.  Tous  les  bills  reiatlfs  k  rimp6t  doivent  d^abord 
£tre  soumfs  aux  deliberations  de  la  chambre  des  repr^sen- 
tants,  puis  k  celles  du  sdnat,  qui  pent  d'ailleurs  les  amender 
aussi  blen  que  tous  autres. 

Le  pouToIr  execiitif  et  la  legislature  figuraient  au  budget 
de  t852  pour  3,478,i)49  dollars  (17,392,745  francs). 

Leponvoir  j<idi(  iaire,  auplus  baut  degre  de  lajuridictlon, 
est  exerce  par  iine  supreme  court  ou  haute  cour  de  justice, 
qui  se  compose  '1u  chi^  justice  on  grand  Juge  et  de  huit  aS' 
tociate  justices  (assesseurs),  nomm^s  parle  president  avee 
la  cooperation  du  senat.  Vattomey  general  est  charge  d*y 
remplir  les  fonctlons  du  minist&re  public.  Les  seances  de  ce 
tribunal   supreme,    qui  ne   tient  cbaqne  annee  qu^une 
session,  8*ouTrant  le  premier  lundi  de  decembre,  ont  lieu  k 
Washington,  siege  du  goovemement  federal.  Cette  cour 
connatt  de  toutes  les  causes  oh  T^tat  ou  bien  un  ambassadeur 
etranger  est  partie ,  k  ^exception  des  cas  oil  ]'£tat  lul- 
meme  se  trouve  demandeor  centre  un  dtoyen  ou  bien  contre 
ceux  d'nne  puissance  etrang^re,  cas  auquel  c'est  k  elle  k 
designer  le  juge  competent.  II  Inl  appartient  aussi  de  juger 
sur  appel  touies  les  causes  06  Tuiteret  en  litige  depasse 
200  dollars ,  et  de  decider  les  questions  de  droit  dooteuses. 
Sous  cette  oour  supreme  fonctionnent  d&  cours  de  district 
comme  trlbunaux  de  premiere  iobtance,  dontune  au  moins 
dolt  exister  dans  cbaque  £tat,  et  dontil  existe  souvent 
plusienrs  dansle  mfime  £tat.  Elles  tiennent^iaque  annee  au 
moin^quatre  sessions  publiques,  etoonnaissent  de  toutes  les 
affaires  ciTiles,  d^amiraute  eide  commerce,  etdes  causes  en- 
tralnant  arrestation  et  repression  penale.  Les  fonctions  du 
ministera  public  y  sont  remplies  par  le  procnreur  du  dis- 
trict. Dans  tous  les  procto  criminels ,  des  jures  prononcent 
sur  le  fait.  La  cour  supreme  tient  en  outre  ce  qu^on  appelle 
dei  circuit  courts  {amn  de  circuit)  ou  sessions  ambu- 
lantes;  et  dans  ce  but  les  l&tats-Unls  sont  divises  en  neuf 
judicial  circuits  ( circuits  judiclaires).  Cbacun  de  ces  cir- 
cuits  est  parcouni  deux  fols  Tan  par  un  membre  de  la 
cour  supreme,  deslgne  pour  y  rendre  la  justice  coqjointement 
avecles  jugesde  district.  Invest!  des  meraes  droits  que  la  cour 
dont  il  fait  partie^  il  revolt  les  appels  dans  les  causes  d^une 
importance  de  plus  de  80  dollars ,  et  pronon^  avec  Tas- 
ststance  de  jures  sur  les  crimes ,  tandis  que  lea  simples  de- 
lits  restenl  dela  competencedes  cours  de  district.  Le  district 
de  Columbia  a  une  local  circuit<ouri  composeede  trois  juges 
particuliers.  b^apr^s  les  regies  de  droit  generalement  admises 
dans  toute  TUnion,  le  tribunal  de  chaque  £fat  prononce  sur 
toutes  les  Infractions  k  la  loi  commises  sur  le  territoire  de  cet 
£tat,  lorsque  la  constitution  n'en  a  pas  expressement  reserve 
h  connaissance  b  la  supreme  court.  Toutes  les  fols  qoMl  y  a 
^jnditentre  les  trlbunaux  de  l*Union  et  ceux  des  divers  £taU, 
<;*est  au  congrds  qu*ll  appartient  de  prononcer.  A  Pexception 
do  la  Yirginie,  oil  un  juge  peut  etre  revoquo  sur  la  demande 
du  corps  h^gislatif,  les  juges  ne  peuvent  etre  revoques  qu^i- 
pres  proc^  ct  suivant  les  regies  de  droit.  Les  juges  sont 
nommes  de  la  maniirela  plus  diverse  et,  suivant  l^  iltats, 
tantAt  (Mr  le  corps  legislatil  seuldesl^tats,  tant6t  par  leurgou- 
vemeur,  fantdt  par  Tun  et  Tautre  conjointement.  La  duree 
de  leurs  fonctions  varie  aussi,  suivant  les  £tats,  de  deux  k 
sept  anii(Vss.  Les  juges  de  paix  fonctionnent  comme  otficicrs 
de  police  judiciaire ,  de  meme  que  pour  des  proces  dvlLs 
dMmportanrA  minime.  lis  sont  nommes  par  les  gouverneurs 
des  difTiTenls  £tats ,  mais  ne  peuvent  eire  revoques  qii^a  la 
suite  d'nnc  deciston  prise  par  Tassembiee  legislative  de 
^eur  tUU  Leurs jugepoents  sont  rcndus ,  dans  certaips  Ipiats, 


en  droit  strict,  et  dans  d^autres  suivant  les  simples  r^^tM 
de  requite.  lis  constituent  d'aiUeurs,  k  bien  dire,  U  scule  aii- 
torite  de  police  existant  dans  le  pays,  car  les  feguUUors 
(associations  volontaires  formees  pour  le  maintien  de  la  paix 
publique  et  pour  la  poursuite  des  crimes  et  del  its),  quietaieat 
autrefois  si  nombreux  dans  les  £tats  de  ronesl,  mala  qui 
sont  devenus  bien  plus  rares  aujourd'hui,  D*ont  point  d*aii- 
torite  publique  et  legale ;  leur  pouvoir  ne  repose  que  sur  le 
consentement  commun  mais  tacite.  Cette  organisation  de  la 
pob'ce  et  reversion  innee  qu*aux  '£tats*Unis  la  population 
temoigne  pour  toute  contrainte  administrative  et  do  police, 
ont  pour  resultat  de  donner  dans  les  £tats  de  TUnioa  unc 
large  carriere  aux  malfaiteurs  de  toute  esp^ce,  qui  n*0Bt 
nuUe  part  d^aussi  grandes  facilites  pour  se  derotier  k  Paction 
de  lajustice  repressive.  Les  sources  du  droit  en  vigueur 
aux  Etats-Unis,  sont :  les  Iois  spedales,  et  par  oonsequeni 
les  constitutions  de  TUnion  etles  constitutions  particoUeres 
de  chaque  £tat ;  les  traites  conclus  avec  les  puissances  etrao- 
geres;  le  droit  commun  anglais «  common  tow,  en  tant 
qu'il  n^est  pas  contraire  aux  Iois  specialea  de  l*UnioD  ou 
des  divers  £tats ;  Tancien  droit  fran^ais  dans  la  Louisiane, 
et  le  droit  espagnol  dans  la  Fioride  sous  les  memos  restric- 
tions ;  les  dedslons  rendues  par  la  cour  supreme;  les  prin- 
cipes  generaux  du  droit  naturel  et  du  droit  des  gene.  En 
general  on  peut  dire  qu'aux  £tats-Uuis  la  legislation  et  la 
procedure  civUes  sont  des  plus  incertaines ,  des  plus  eua- 
brouiliees,  et  pleines  d*arguties.  De  \k  Pimportance  des  sto- 
cats.  Influence  preponderante  qu'ils  exereent  partout;  de  14 
Tesprit  de  chiciuie  qui  domine  dans  toutes  les  causes  son* 
mises  k  rappreciation  de  la  justice.  Lajustice  criminelle,  par 
suite  de  Tobligation  quMmposela  loi  desoumettre  idea  Jures 
toutes  les  causesentralnantune  penalite,  est  des  plus  simplea, 
mais  au  total  souvent  fort  insuflisaote;  et  c'est  son  iin- 
pnlssance  qui  a  donne  lieu  k  Tespeoe  de  justice  sommaire, 
suivie  immediatement  de  la  raise  a  mortduouupablei  qu'on 
designe  sous  le  nom  de  loi  de  L  y  n  c  h ,  Lyneh^'law 

Est  citoyen  des  £tats-Unis  qutconque  est  ne  dans  Pun 
des  etats  de  TUnion  ou  s*y  etablit  Touteiois,  il  n^obtieot 
les  droits  de  citoyens  actif  qu'4  la  condition  d^y  resider  de- 
puisun  certain  nombre  d'annees,  fixe  leplus  generalement 
k  cinq.  II  n'existe  point  aux  £tats-Uni8  de  diflereaoes  de 
classes  basees  soit  sur  la  naissance  aoit  sur  les  emplois,  de 
memo  que  les  titres  de  noblesse  y  sont  inconnus.  Sauf  ks 
esclaves,  on  n^y  connalt  que  des  dtoyens  ayant  les  mimes 
droits  et  les  memes  devoirs.  De  meme,  le  citoyen  d^un  tXaX 
jouitdans  tous  les  autres  des  memea  droits  et  privileges.  N^an- 
moins,  sous  les  rapports  sociaux,  il  s'est  constilue,  snrtout 
dans  les  £tats  du  Nord  et  plus  encore  dans  les  £lat8  4 
esclaves,  une  certalne  aristocratle  d^argent  et  de  propri^t^ 
qui  fait  toujours  plus  de  progris  et  qui  devra  finir    par 
etablir  des  differences  sodales  dans  les  rapports  prives. 
La  liberte  de  parler  et  la  liberte  de  la  presse,  le  droit  da 
peuple  de  se  reunir  paisiblement  et  d^adresser  au  gouver- 
nementdes  plaintes  et  des  petitions,  sont  des  droits  civils 
auxquels  la  puissance  publique  ne  peut  jamais  porter  at- 
teinte.  Tout  citoyen  contribue  aux  duirges  publiques  pro- 
portionnellementk  ses  moyeas;  ila  le  droit  de  porter  des  ar- 
mes ;  sol  domicile,  ses  papiers  et  ses  effets  ne  peuvent  ^re 
Pobjet  des  perquisitions  de  Pautorite  qu^en  vertu  d*un  man* 
dat  de  justice,  et  non  par  un  ordre  de  police ;  et  sa  propriei^ 
ne  peut  jamais  etre  confisquee.  l^es  memos  garaoties  sont  ao> 
cordees  par  la  ioi  k  la  personne  de  tous  les  citoyens.  Nul  ne 
peut  eirearrete  aulrementqu^en  vertu  d*un  mandat  deiivre 
par  le  juge ;  nul  n^est  tenu  de  repondrei  une  accunatlon  quand 
il  n'cst  pas  traduit  devant  le  grand  jury,  k  Pexception  d«s  temps 
oh  la  chose  publique  est  en  peril  et  du  service  militaire  que 
remplit  la  force  armee.  En  temps  de  palx,  aucun  soldat  ne 
pent  etre  loge  dans  une  maison  sans  Passentiment  du  pro- 
prietaire,  et  en  temps  de  guerre  seuleroeat  d^apr^s  les  rigles 
prescrilcs  par  la  loi.  Nul  n*est  astreinl  k  prendre  du  service 
dans  Parmee  pcrraanente,  laquelle  ne  se  recrute  qu^au  moyen 
d*enr6lements  volontaiies;  en  revanclie,  tout  citoyen  de« 


6TATS-UN1S 


ttiliD»ls,  I  l^eieeption  des  pi^tres,  des  Instttnteon,  des 
juges,  des  a?ocaU  et  des  matelots,  est  depnls  TAge  de  seize 
MM  jiiflqtt*a  quannteeini},  soamis  k  robligatton  de  particfper 
k  la  d^^se  de  la  patrie,  et  dto  lore  de  f^ire  partie  de  la  milice. 

L'admhiistration  appartient  soft  aax  diff^rents  ttatv,  clia- 
ean  en  ee  qui  le  concerne,  soit  an  gotiTenieinent  (M6ral. 
Cliaque  ttsi  fbrrae  an  tout  partieiilier  et  ind^pendant,  regi 
le  |ilus  gto^mlement  par  une  constitution  ayant  pour  bases 
lee  prineipes  da  droit  politique  anglais,  et  est  in^esti  de  h 
plenitude  des  droltsr  de  sou?eralnet<,  >  Pexceptton  de  ceax 
que  la  oonstitution  des  £tats-Unts  rterre  ao  gooTernennent 
central.  Ctiaque  £tat  particulier,.  toot  en  dependant  de  1*0- 
nion,  n'en  possMe  pas  moins  nne  puissance  propre,  aussi 
blen  l^islattTC  qa'ex^cutire  et  judictaire,  qoi  le  met  a  m^me 
de  maintenir  le  repos  pabMc,  de  prol^r  les  personnes  et 
les  propridl^  contre  toute  atteinte,  et  deeontribner  k  tout 
ce  qui  est  de  Tint^rftt  g^n^ral.  Mais  aucun  £tat  n'a  le  droit 
do  Gonelure  des  traits  d*alHance,  de  d^lirrer  des  brerets, 
d*^ettre  du  papier  monnaie,  de  t>attre  monnaie,  de  r^^ 
glementer  les  poids  et  mesures,  de  sur^lever  les  droits  de 
douane,  deftiire  la  guerre,  sauf  lescas  d*attaques  hnprd- 
vaes,  ni  de  rend  re  des  lois  contraires  an  droit  pu- 
blic de  l^nion^  Aucun  d'eux  ne  pent  entretenir  un  plus 
grind  nombre  de  troupes  et  de  ▼aisseaox  de  ligne  que  le 
congrte  ne  le  permet ;  et  quoique  chaque  fitat  poesMe  le  droit 
de  juridtction  supreme  en  mattdres  citile  et  crimindle,  le 
pouToir  judicfaire  institu6  par  le  gouvemement  central 
n*en  connatt  pas  moins  non  seolement  de  toutes  les  difficul- 
ty qui  surgissent  d*£tat  k  £tat,  mals  encore  de  tou|es  dis- 
cussions que  les  citoyensd^un  £tat  peuTentaToir  entre  eux, 
comme  aussi  de  tons  les  d<Slits  commis  contre  rUnion.  La 
puissance  l^slatire,  dans  les  diffiirentB  £tats,  est  partout 
exerc^  par  une  assemble  l^slative,  compost,  elle  aussi, 
d'un  s^t  et  d'nne  efaambre  de  repr^sentants.  L'^lection 
des  membres  de  Tassembl^  l^gislatiTe^  la  dur^  de  leurs 
fimctioBS  el  leors  rapports  avec  la  puissance  extotive  Ta- 
rient  suirant  la  constitution  des  dirers  £tats,  mais  an  total 
sont  analogues  aux  prescriptions  de  la  constitution  f^<k^le. 
La  puissance  exteutlTe  dans  tons  les  £tats  est  exerc^  par 
an  gouTerneur  librement  ^In,  dontla  dur<$e  desfonctions  ci  le 
traitement  Tarient  ^galement  suirant  les  £tats,  etauquel  sont 
le  plus  sourent  adjoints  aussi  un  ▼tce-gouTemeuret  un  conseil 
cboisis  d*ordinairo  parmi  les  s^nalenrs.  Les  cours  de  jus- 
tice desdiTcrs  tXais  sont  Element  le  preduit  de  T^lection. 

L*administration  publique,  en  tant  qu^dmanant  du  pou- 
Toir  fi^d^al,  se  borne  aux  relations  avec  les  puissances 
Mrang^es,  k  la  direction  de  Tarm^,  de  la  marine,  des  postes 
etdes  finances.  Les  rapports  avec  les  puissances  6tran- 
g^res  ont  Hen  par  rinterm^iaire  de  ministras  pltoipoten- 
tiaires,  de  roinistres  rodents,  de  consuls  et  d'agents  oom- 
merciaux  que  TUnion  entretient  dans  tous  les  pays  arec  les- 
quels  elle  a  des  relations  politiques  on  eommerelales.  Elle 
n*a  en  ce  moment  des  ministres  pldnipotenttairesy  dont  clia- 
cuD  re^it  un  traitement  de  9000  dollars  ( 45,000  fr. ),  qn*li 
Londres,  k  Paris,  k  Berlin,  k  Salnt-P6tersbourg,  k  Madrid 
et  k  Rio  Janeiro.  Led^rtementdes  admires  ^trangires  fign- 
rait  au  budget  de  1852  pour  6,217,170  dollars. 

La  marine  se  composait  en  octobre  1852  de  once  vais- 
seaux  de  ligne  ( dont  i  de  120  et  10  de  74  ),  d^in  vaisseaa 
de  ligne  ras^  de  54  canons,  de  12  firdgates  de  44  el  de 
deax  fMgatee  de  30,  de  16  oorrettes  de  20,  dHine  idem  de 
18,de  4  itfem  de  to,  de  4  bricks  de  10,  de  3  schooners,  de 
5  fir^tes  k  Tapenr  portant  30  canons,  de  4  yapeurs  de 
i*^  dasse  portant  17  canons,  de  5  bAttmeals  de  transport 
el  bricks  avec  24  canons,  et  de  5  vatsaeaox  k  bombes;  total : 
75  bMments  portant  2035  canons.  Cette  ffotte  6tait  eem- 
mand^  par  68  capitaines,  97  commotforeret  325Keatenants 
de  Taisseau.  Le  d^partencnl  de  la  marine  ^tait  inscrit  au 
budget  de  1^52  pour  nne  somme  de  8,987,797  dollars. 

L*arm^  de  terre,  qui  ne  se  recmte  qne  par  tote  d^enrO- 
lements  volontaircs^  se  composait  en  1852  d*un  corps  dMn- 
(ifinieurs,  de  2  r^mcnls  de  dragons  et  d'on  r^gimenl  de 


ftniliers  k  cheral,  de  4  r^ments  d'artillerie,  de  8  r^jjments 
d^fenterie»  el  pr^aentait  nn  eflfectif  total  de  10,129  bora- 
mes,  saToir  896  offiders  commissionn^  et  9,233  ofYiciera 
non  commissionn^,  mqsiciens,  artilleurs  et  soldats.  L*ar- 
m^  est  commandee  par  six  g^n^raux -imv'orx,  dont  Tun 
porte  le  litre  de  g^^ral  commandant  en  chef  ( c^est  aujour- 
d*liai  le  g^nt^ral  Winfield  Scott),  et  par  seize  g^n^raux  de 
brigade,  dont  six  Tolontaires.  L^^tat-major  se  compose  d*un 
adjudant  gfo^ral,  de  deux  sous-adjiidants  gto^raiix  et  de 
deux  ittspecteors  g^n^raux  de  l*arm6e.  A  la  m6me  ^poque 
la  milice  se  composait  de  76,929  ofSciers  commissionn^ 
(dont  plus  de  700  g^n^raux )  et  de  2,124,953  ofllciers  non 
commissienn^,  musidens  etsimples  soldats.  L^arm^e  perma- 
nente  est  prindpalement  employee  k  tenir  gamiaon  dans  Its 
forts  Aefii  sor  la  fronti^de  Touest,  au  nombre  de  30  en- 
viron, contre  les  irruptions  des  Indlens ;  son  service  est  d6s 
lors  des  pins  p6nibles  en  mftme  temps  que  des  phis  ennuyenx. 
L'Union  nepossidepas  de  forteresses  proprement  dite?^,  Mt^n 
que  tons  ses  ports  de  quelque  importance  soient  dercncl.ia 
par  des  fortifications.  Le  d^partement  de  la  guerre  figurait 
aubadjelde  1852  pour  11  811,792  dollars. 

Le  budget  gto6ral  propose  au  congrto  pour  1853-1854 
^▼aloall  les  recettes  probables,  y  compris  les  exc^ants 
des  ann^es  pr^cMentes,  k  56,572,079  dollars,  et  la  d^pense 
totaiek  46,203,756  d.  L'ezc^ant  pr^m^au  l*'juillet  1854 
devait  done  Otre  de  10,368,325  d.  La  dette  publique  au 
20  novembre  1851,  ^talt  de  62,560,395  d.  Dans  ce  chiffre 
n*<Haient  point  comprises  les  dettes  partScuIi^es  des  divers 
£tats,  s'^levant  ensemble  k  169,076,638  dollars. 

L*agricaltare  est  la  base  prindpale  de  la  prosp^rit^  des 
£tat8-Unis.  Toute  terra  qui  n'appartient  point  k  des  particu- 
Irers  on  aux  divers  £tats  (kit  partie  du  domaine  de  1*U- 
njon,  iaquelle,  k  I'exception  dn  district  de  Columbia,  des 
forte,  fortifications,  arsenanx,  etc.,  neposs^de  point  de  pro- 
pria fond^res  dans  le  territoire  particulier  des  diflR^r^nts 
£tate.  Lesterres  do  domaine  public  sont  ordinairement  d^i- 
gpte  sons  le  nom  de  terres  du  eongr^.  Cdui-d  en  a  n^le- 
ment^  la  vente  par  nne  lol,  el  a  d(k:id6  dn  mode  k  suivre 
par  le  gouvemement  iMAnX  pour  ces  alitoations.  Aux  ter- 
mes  de  cette  toi,  ces  terres  ont  ^t^  exactement  mesnr^es 
aox  frais  da  gouvemement  IM^ral,  etdivis^  en  townships^ 
on  teiritoires  de  vHles  compost  chacun  d*une  superficie  de 
36  milles  anglais  carr^,  etceux-d  subdivis^s  k  leur  tour  en 
sections  d^un  mille  anglais  carr^  ou  640  acres.  Deux  fois 
Tan  on  procMe  k  des  ventes  deterre,  sur  la  mise  k  prix  d*un 
dollar  par  acre.  Le  moovement  de  colonisation  contmuesans 
interruption,  grkoe  aux  incessantes  arrive  d'tarigrants  qui 
abandonnent  la  vidlle  Europe  pour  aller  se  fkire  nne  nou- 
velle  patrie  sor  cette  terre  par  excdlenoe  de  la  liberie  dvile 
et  religteuse,  grkce  snrtoot  k  rinqui^te  activity  k  Tesprit 
de  sp^ulation  el  d'aventnre  qui  sont  le  propre  de  la  race 
anglo-am^ricame,  et  qui  crtoit  aux  Etats-Unis  une  classe 
toute  particuK^e  dlndividus,  qn'on  pourrail  appder  les 
Maireursde  laeivilisation;  bommes  dont  Tindustrie  con- 
siste  k  foire  tomber  sous  leur  bacbe  les  arbres  des  for^ts 
s^cttlaires,  k  en  mettre  le  sol  vieige  en  6tal  de  reeevoir  h 
diarrne,  k  le  vendre  anssitOt  aprte  aux  noaveanx  arrivanta 
dVnrope,  el  k  aller  ainsl  toujours  en  avant  sans  jamais  s'ar- 
r^ter  dans  leur  ceuvre  de  destruction.  On  les  d^igne  g&a^- 
ralemeni  sons  le  nom  de  pionnierSf  on  encore  sous  celui 
de  baekwoodsiften,  Ce  sont  poor  la  phipart  de  hardis  el 
ffventnreox  chassevrs,  qai,  per  i^gnance  poor  loule  vie 
r^goli^  8*enfoneeiil  dans  hss  for6ts,  ok  fls  se  troayenl 
en  hitte  constante  centre  les  d^HnentSy  eontre  les  Indiens  et 
contre  les  b^tes  ftroees,  nrais  ok  lis  vivenl  dans  une  ind^ 
pendance  illlmitde;  t/fice  de  sanvages  cenqe^raBts,  qui  no 
reconnaissent  d'antre  droit  que  la  foree,  el  partidpaDt  aussi 
da  braoonnicr,  d*ok  le  somom  dtirappen  qa*oo  leur  donn^ 
qndquefois.  Quand  lis  oiil  pratique  de  premikres  6clair» 
des  dans  one  (orM  vierge,  et  trouv4  dfe  emplacemenli 
propres  k  reeevoir  des  colons  fixes,  lis  sont  rcmplac^s  pa| 
des  spiaUerSy  lioromes  qui  font  metier  de  completer  le  d^ 

10. 


76 


fiXATS-ONlS 


frfchement,  de  mettre  le  sol  oi  ^t  de  receroir  la  chamiet 
qui  lui  confient  pour  la  premi^  fois  des  semences,  et  qui 
alura  le  re^endeut  aux  colons,  pour  s'en  aller  sui^re  les 
backwoodsmen^  sur  quelque  autre  point  et  recommencer  la 
m^me  besogne.  Les  squatters,  eox  aussi,  sont  des  bommes 
le  plus  souTent  grossiers  et  indisciplin^y  qui  ne  reconnals- 
sent  noii  plus  d'autre  loi  que  la  force,  natures  dnergiques 
avant  tout  et  comroe  fl  en  Taut  \k  ob  n*existe  et  ne  saurait 
exister  aucune  espto  d'ordre  1^.  Aprte  eux  viennent  les 
colons  fixes,  qui  construisent  des  fermes  r^nli^res,  se  rasseni* 
blent  en  hameaux  eten  villages,  puis  qui  finissent  par  fonder 
^es  Tilles,  lesquelles  deviennent  h  leur  tour  de  petits  foyers 
d*industrie  et  de  civilisation ,  jusqu'i  ce  que  la  contr^  nou- 
▼elie  puisse,  en  raison  du  nombre  d'habitants  qu^elle  ren- 
fenne,  pr^tendre  k  former  un  £tatet^6treadniiseli  cetitre 
dansTUnion.  C'est  ainsi  que  T^nergique  et  intelligente  popu- 
lation des  Etats-Unis  est  parreiiue,  aprte  avoir  triompb^ 
d'obstacles  qui  eussent  ^t^  insnrmontables  pour  toute  autre, 
k  transformer  par  une  esp^ce  de  miracle  des  territoires  na- 
gu^re  encore  incultes  et  d^rts,  des  marais  et  des  for6to 
vierges,  en  magnifiques  terres  h  c<^r^es  prodin'sant  les  plus 
riches  moissons,  couvertes  d*adnurables  plantations;  et 
dansraccomplissementdecetteceuvre  prodi^eose,  ellea  ac- 
quis une  Anergic,  une  rfeolution,  one  assurance  de  carad^, 
|ui  la  rendraient  propre  aux  entreprises  les  plus  nobles, 
si  son  incessante  activity  avait  d*aiitres  mobiles  que  1'^ 
goisme  et  une  inextinguible  soifde  lucre. 

On  comprend,  par  ce  que  nuus  venons  de  dire,  que  Pagri- 
culture  doit  6tre  la  grande  Industrie  des  populations  am^ri- 
caines.  Toutes  les  esp^ces  de  cir^ales  et  de  fruits  particu- 
li^rcs^rEurope  ont^^  acclimatees  en  Am^rique.  Le  froment 
est  le  principal  produit  des  Etats  du  nord  et  du  centre,  et 
constitue,  avec  la  farine  obtenueau  moyen  de  rooulins  d*une 
rare  perfection,  leur  plus  important  article  d^exportation. 
Le  mais  est  cultiv^  dans  les  £tat8  du  centre  et  surtout  dans 
ceux  du  sud ;  le  riz  dans  les  deux  Carolines;  le  tabac  dans 
les  £tat8  du  sud,  notamment  dans  la  Louisiana  et  encore 
en  Virginie,  mais  moins  que  par  le  pass^,  attendu  que  le 
sol  de  cet  £tat  commence  ^  s*^uiser.  Le  coton  constitue 
d'aillenrs  le  plus  avantageux  des  articles  d*exportatlon  des 
£tats-Unis;  on  le  cultive  dans  tons  les  £tats  du  sud, 
notamment  dans  la  Georgie,  1* Alabama,  le  Mississipi, 
la  Louisiana  et  le  Texas,  et  sur  une  ^lielle  si  large,  que 
la  production  de  cet  article  aux  £tats-Unis  ponrrait  suf- 
fire  ^  alimenter  la  piupart  des  marck^  du  globe.  La  canne 
k  Sucre,  qu'on  cultive  d^j&  dans  FArkansas,  r^usslt  admi- 
rablement  dans  la  Louisiane  et  le  Texas.  La  culture  de  Pin- 
digo  commence  dans  le  Kentucliy,  et  va  toujours  en  prenant 
plus  d'importance  k  mesure  qu*on  avance  vers  le  sud ;  cepen- 
dant  sa  production  et  celle  du  sucre  ne  vont  guto  au  delk 
des  besoins  de  la  consommation  locale.  Les  fruits  de  la  zone 
temp^rte  et  de  la  zone  troplcale  r^ussissent  parfaitement 
aux  £tats-Uni8  toutes  les  fois  qn'on  les  y  cultive  dans  des 
droonslances  favorables.  La  vigne  seule  s'est  montrte  re- 
belle  ;  aussi  a-t-on  fini  presque  partout  par  en  abandonner 
la  culture.  Le  lin  et  le  clianvre  donnent  de  beaux  produits. 
On  pent  dire  d*une  mani^  g6n6raleque  toutes  les  branches 
de  Fagricultorese  trouvent  dans  la  plus  florissante  prosp4rit6 
aux  Etats^Unis.  Que  si  un  sol  presque  vierge  et  la  valenr 
rooindre  de  la  terre  permettent  de  se  passer  des  proc^^s 
plus  rationnels  des  m^tbodes  ositto  en  Europe,  les  pro- 
grte  que  Tagriculture  a  pa  faire  dans  Tancien  monde  n*ont 
pas  laiss^que  d*y  6tre  mis  k  profit ;  et  sous  ce  rapport  les  fitats 
riverains  de  TAtlantique  ont  dfi  naturellement  6tre  les  pre- 
miers k  donner  I'exemple.  L*^ldve  du  b^tail  comprend  toutes 
les  esp^ces  d'animaox  domestiques  propres  k  PEurope,  et  a 
pour  centre  principal  les  £tats  du  nord.  La  culture  de  la  sole, 
entreprise  snrquelques  points,  n*a  jusqu'kce  jour  donn^  que 
des  produits  insignifiants.  La  ptehe,  en  revanche,  constitue, 
pour  les  riverains  de  TAtlantique  surtout,  une  importanle 
Industrie;  et  les  baleiniers  am^ricains,  qui  frdquentenl  phis 
particiiiidrement  aujourd'hui  les  eaux  du  grand  Oc^an, 


sont  pins  nombreux  que  ceux  de  tontes  les  antres 
r^unies. 

Les  for^  immenses  de  PAm^riqne  constituent  encore  one 
autre  source  importante  de  richesses,  et  leur  exploitation,  ea 
provoquant  k  la  production  d'une  fonle  d*obiets  qui  entrent 
dans  la  consommation  gte^rale,  donne  lieu  k  un  in»ii- 
vement  commercial  des  plus  considerables.  En  fait  de  ri- 
ohesses  min^raies,  nous  mentlonnerons  d'io^puisables  glse- 
ments  houillers,  du  sel,  du  plomb,  du  fer,  du  cuivre,  et  sor- 
tout  Tor  de  lat^alilornie  ,  quoiqu'on  en  trouve  aussi  en 
Yiiginie,  dans  les  deux  Carolines,  dans  la  Georgie,  dans  le 
Tenessee,  et  dans  TAlabama ,  man  dans  d^imperceptibles 
proportions,  en  comparaison  de  V Eldorado  modeme. 

Lindustrie  manufacturi^re  en  touts  genres  a  prisles  plus 
rapides  et  les  plus  Urges  d^veloppements  anx  £ut»>UBis;  et 
le  temps  n^est  pas  loin  o£i  sousce  rapport  ITJnionn^aararien 
kdemander  k  PlSurope.  Ellea  naturellement  pour  centres  les 
£tats  les  plus  peupl^s ,  par  consequent  ie  Massacliusetts , 
Rhode-Island,  le  New-York,  le  New-Jersey,  la  Delaware,  la 
PensylvanieetrOhio.  Les  principaux  articles  dels  fabrication 
nationale  sont  les  cotounades,  les  articles  en  fer  et  fonte, 
lessoifs,  les  savons,  les  tabacsk  priser  et  k  fomer,  les  si»- 
cres  raffing,  les  peaux  brutes  et  les  cuirs  ouvrfe,  etc.  Ob 
jugera  de  Hmportance  do  raouvement  inonstriel  et  com- 
mercial auquel  donnent  lieu  ces  divers  produits  par  le  chinre 
r^umant  pour  Tann^  1851  ce  qu^on  appelle  la  balance 
commerciale  des  £tats-Unis.  Leurs  importations  s*6taient 
eiev^es  cette  annte-lk  k  216,224,932  dollars  (  un  milliard 
81,224,660  francs)  et  lears  exportationsk  218,388,611  dol- 
lars. Un  gigantesque  r6seau  de  diemins  de  fer  ajoute  encore 
aux  cements  de  vitality  et  de  prospf^rit^  du  commerce  int6- 
rieur.  Les  ports  les  plus  impoilants  des  ^tats^Unissont  New- 
York,  la  Nouvelle-Orl^ans,  Boston,  Philadelphie,  Balti- 
more, Charlestown,  Norfolk,  Salem,  Newbury-Port,  Port- 
land, Portsmouth,  New-Bedford  et  Perth-Am  boy;  et  lea 
villes  les  plus  commer^antes  de  rint^rieur  :  Albany,  Troy. 
Utica,  Rocliestei,  BufEslo,  Cleveland  sur  le  lac  ^i^,  Pattei^ 
son,  Pittsbourg,  Lancaster,  Richmond,  Cincinnati,  Louis  • 
ville,  Saint-Louis,  etc.  Parroi  les  grandes  villes  de  l*Union , 
il  y  en  a  cinq  ayant  plus  de  100,000  habitants  :  New- York, 
Philadelphie,  Baltimore,  Boston  et  la  Nonvelle-Orl^ns, 
trois  avec  plus  de  50,000:  Brooklyn,  Oincinati  et  Albany ,  etc. 

On  aura  une  id^  de  Taccroissement  prodig  eux  pris  sur 
quelques  points  par  la  population,  en  songeant  que  Mew* 
York,  qui  en  1850  avait  plus  de  650,000  habitants,  n'ea 
comptait  encore  en  1800  que  63,000 ;  Philadelphie,  au  lieo 
de  450,000,  n*en  avait  que  73,000;  Baltimore,  au  Uta 
de  190,000,  seulement  26,000,  etc.  Cet  accroisseinent,  ge- 
neral de  la  population,  fait  d^ail leurs  surgir  k  cheque  instant 
de  nouvelles  villes  dans  tons  les  ^tats  de  T  Union.  Ce  n^est  pas 
tout  que  de  fonder  une  ville,  11  faut  encore  lui  iroposer  un 
nom.  Or  sous  cc  rapport,  les  Am^ricains  ne  font  pas  grands 
frais  d^hnaginktion.  Les  grandes  villes  de  ^Europe  et  de 
Tantlquit^ ,  les  bommes  illusires ,  les  li^ros  de  llnd^pen- 
dance,  le  vocabulaire  n^ublicain,  leur  foumissent  une  sAr'in 
de  uoms  assez  restremte  dans  laquelle  lis  choisissent  Inva- 
riablement,  sans  slnqul^ter  si  on  les  a  d^jk  employes.  Cette 
indifTi^rence  explique  comment  on  compte  aujourd'hui  dans 
runion  150  Washington,  116  Franklin,  95  Liberty  oa  Li- 
berty ville,  26  Independence,  24  Lexington,  42  Milton, 
48Middletown  ou  Mkldleton,  23  Charlestown,  15  Cartliagi*, 
13  Utica,  22  Paris,  21  Rome,  8  Londres,  7  Nnpol^on,  6  Je- 
rusalem, 23  Troy,  7  Byron,  6  Caire,  23  Clinton,  24  Colum- 
bia, etc.  L'usage  s^estmtoieintroduit  depuis  quelques  anuses 
de  baptiaer  les  nouvelles  villes  avec  les  noms  des  person- 
nages  vivants  qui  occupent  k  un  titre  quelconque  une  po- 
sition ^minente  dans  r  Union. 

HisMre. 

Cest  grkce  k  Feasor  pris  au  commeucement  du  dix-aep- 
tl^me  si^le  par  le  gtoie  national  du  peuple  britannique, 
que  l^mmense  territoire  formant  aujourdliui  les  £latt- 


fiTATS-tJNIS 


Vh\^  occape  une  place  si  importante  dans  Fbistoire  de  la 
ci  vilisation.  Lonque  C  a  b  0 1  y  D  r  a  k  e ,  F  r  0  b  is  b  e  r  et  aotres 
bardis  naTigateo^,  earent  recosna  et  explor6  la  o6te  de 
rAm^riqne  septentrioDale,  les  Anglais,  appr^ant  toute 
Pimportance  des  colonies  fondte  par  les  Espagnols  dans  le 
Noa?eaa  Monde,  comprirent  que  par  deUt  Toc^n  Atlan- 
tique  il  devait  y  a^oir  aussi  d'incalculables  ^l^ments  de 
puissance  et  de  grandeur  pour  leur  pays,  en  meme  temps 
que  les  simples  particuliers  j  rencontreraient  une  source  fi^- 
conde  de  richesses  et  des  garanties  certaines  d'ind^ndanoe 
politique  et  de  liberie  rellgleuse.  D^  le  r^e  d'Elisabeth, 
de  ceile  reine  Vierge  en  Tlionneur  de  qui  la  c6te  nord-ouest 
lie  PAm^rique  fut  appet^  virginie^  deux  homme»  d*un  ca- 
rad^  hardi  et  entreprenant,  Hurof>hrey  Gilbert  et  son 
rr^re  ul^rin  Walter  Raleigh,  tent^rent  plusieurs  fois  de 
fonder  des  dtablissements  dans  ces  contrees ;  et  l*lie  Roa- 
noke, snr  la  c6te  du  pays  qu*on  appelle  aujoard*bui  la  Ca- 
roline du  nord,  fut  le  th^tre  de  ces  premiers  essais  de  co- 
lonisation qui  tehouerent,  et  k  cause  de  Pexigult^  des  res - 
sourc'/!S  dout  disposaienl  les  chefs  et  parce  que  les  colons 
manquaient  de^  qualites  n^cessaires  pour  de  tellcs  entre- 
prises.  A  la  niort  d*£lisalieth,  nn  ecciesiastlque  du  nom 
d'Hahiwyt  parrint  k  fonder  nne  association  de  riches  gentils- 
hommes  et  n^octants  destinte  h  venir  en  aide  k  de  nonvelles 
ex  p^itions.  Jacques  r'  favorisa  la  r^ltsationdu  projet,  d*a- 
bord  parce  qu'il  esp^ra  qn^elle  lui  ferait  gagner  de  Pargent, 
et  ensuite  parce  qu'il  y  yit  un  moyen  facile  de  se  d^barras- 
ser  de  quelques  individus  dont  Pesprit  turbulent  le  genait 
En  avril  1606,  il  fit  deux  parts  dgales  de  Petendue  de  cdtes 
de  I'Am^rique  comprise  entre  le  34®  et  le  46®  de  latitude  sep- 
tcnlrionale,  et  en  gratifia  deux  compagnies  de  commerce, 
qoMl  chargea  de  les  coloniser  et  de  les  exploiter.  L*une  de 
ces  compagnies, qui  se  forma  k  Londres,  entpour  lot  la 
partie  m^ridlonale,  s'6tendant  do  34®  au  40®,  et  qui  con- 
ferva la  dtoomination  de  Virginie.  L^autre  compagnte,  qui 
se  constitua  k  Plymoutli ,  obtint  en  partage  le  territoire  si- 
tu6  entre  le  40®  et  le  46®,  et  anquel,  en  l*honnenr  du  prince  de 
Galles ,  on  donna  le  nom  de  Ntmvelle  Angleierre.  Personne 
d'ailleurs  ne  oonnaissait  la  Taleor  non  plus  que  la  natnl'e 
des  contrees  objet  de  ces  loyales  ronccvions;  on  ne  savait 
pas  darantage  jusqu'ii  quel  point  elles  s^^tendaient  k  Honest, 
et  on  n^avait  aucune  esptee  de  renseignements  sur  le  carac- 
tdre  des  Indiens  errant  au  milieu  des  ^paisses  forets  dont 
elles  ^taient  presque  partout  couvertes.  La  cluirte,  en  date  du 
9.  novembre  1606,  qui  concha  la  Virginie  k  la  Compagnie 
dc  Londres,  i  titre  de  propriety  privte,  garantissait  aux  Emi- 
grants, st^fets  de  la  compagnie,  Pexercloe  de  tons  les  droits 
cle  citoyens  anglais  et  libres,  et  les  exemptait  pendant  sept 
ann^  de  toute  esp^  de  taxe  sur  les  objets,  de  quelque 
nature  que  ce  fot,  qu'ils  feraient  Tenir  d'Angleterre.  lis  Etaient 
autorises  k  se  diifendre  eux-memes  contre  toute  attaque  ex- 
t^rieure  et  k  commercer  librement  a^ec  les  nations  Etran- 
g&rea.  La  constitution  octroy^  aux  colons  par  Jacques  l'*' 
r^pondait  d'ailleors  assez  pen  ^  ce  que  des  Anglais  Hbres 
pouvatent  attendre.  Sans  doute  la  l^^gislation  anglaise  et  le 
jugement  par  jury  les  suivait  jnsqu^en  Virginie ;  mais  la 
«lireclion  supreme  de  la  colonie,  le  droit  de  la  doter  des 
lois  que  pQuvaieiit  reamer  les  circonatances,  demeuraient 
roservte  k  un  grand  conseil  &i<^eant  k  Londres ;  et  c'est 
aussi  la  oouronne  qni  nommaitles  membres  du  petit  conseil, 
investi  dans  la  colonie  du  droit  de  juridiclion  inf(6rieure. 
DkA  le  mois  de  d^cembre  1606  la  Compagnie  de  Londres 
ex  pMia  en  Virginie  un  premier  eoToi  deoenldnq  Migrants, 
h  la  destination  de  l*tle  de  Roanoke ;  mais  le  hasard  leaconduisit 
dans  la  bate  de  Cliesapeak,  o£i,  sur  les  bords  du  James,  its 
ibnd^rent  Jamestown.  Malgr^  ParriT^ede  diyersaatres  trans- 
ports d'toigrants,  la  colonie  naissante  faiUit  maintes  fois  p^rir 
dies  saites  des  discordes  intestines  anxquelles  elle  fut  en  proic 
et  des  lottes  acbamto  que  les  colons  eurcnt  k  soutenir 
contre  les  Indiens,  sans  compter  le  manque  de  Tivrcs  pro- 
tenant  dece  qu'au  ben  de  cultiver  la  terrc  les  colons  8*obs- 
iinaient  k  courir  k  la  recherchedes  m^tanx  pr^ienx.  En  mai 


1609,  Jacques  T',  poor  encoorager  Pesprit  d^toigration  et  de 
colonisation,  octroya  k  la  Compagnie  de  Londres  des  priTi- 
16ges  pins-  Etendni.  Le  petit  conseil  fut  supprimE,  et  dE- 
sonnais^ce  fut  aux  membres  memes  de  la  Compagnie  que 
revint  le soin  decomposer  le  grand  conseil,  par  Toied'Elec- 
tion.  Toutefois,  on  gooyemeur  au  nom  du  rol  dut  exercer 
dans  la  colonie  la  puissance  extoitive;  et  on  impose  k  la 
Compagnie  Pobligation  de  Terser  dans  U»  caisses  de  la  cou- 
ronne  la  dnqui^me  partie  de  tons  les  m^taux  prt^^ieux  qu*elle 
tronTeraiten  Virginia.  Tout  colon  Etait  tenu  en  outrede  preter 
lesermentde  snprEmatie,  etpar  cons^uent  faire  acte 
patent  d*adh6sion  k  Pfigllse  Episcopate.  Ces  modifications  k 
Pade  Gonstitutif  de  la  Society  de  Londres  furent  bien  ac- 
cueillies  en  Anglcterre  par  Popinion ;  et  les  adhesions  nou* 
Telles  d*un  grand  nombre  de  personnages  ridies  et  distin- 
guEs  foumlrent  k  celte  Compagnie  les  moyens  d'expEdier 
dans  la  colonie  beauconp  d^aiitres  envois  d^Emigrants. 

Poor  mettre  un  terme  k  I'anarchie  qui  n'avail  pas  cess^ 
d'y  rEgner,  sir  Thomas  Dale,  qui  en  161 1  obtint  le  gouver- 
nement  de  la  Virginie,  fut  autorisE  k  y  appliqtier  les  distposi- 
tlons  de  la  lol  roartiale.  Dale  usa  avec  moderation  de  ses 
pouvoirs,  et  sous  son  administration  la  colonie  comment 
pour  la  premiere  fois  k  prospErer.  II  guerroya  contre  les 
Indiens,  et,  dans  HntEret  de  PAngleterre,  ravagea  on  d6- 
truisit  les  Etabllssements  des  Franks  au  Canada  et  des 
Hotlandais  sur  PHudson.  Josque  alors  les  Emigrants  de  la 
Virginie  ayaient  cultitE  la  terre  en  common  et  vEcu  en  com- 
munautE  de  biens.  Le  gouvemeur  dEdda  la  Compagnie  k 
accorder  k  cheque  planteur  une  certaine  Etendue  de  terre  en 
toute  propriEtE.  Cette  introduction  de  la  proprlEtE  privEe 
dans  la  colonie  cliangea  oomme  par  endiantement  PEtat  mi- 
sErable  dans  lequelelle  avalt  langui  jusqu^alors,  et  rempla^a 
la  pauvretE  de  tons  par  PardeOr  uniTersdle  au  travail ,  ainsi 
que  par  la  snrabondance  des  produits  et  de  tons  les  objets 
nEoessaires  k  la  ?ie.  La  culture  do  tabac,  objet  d'un 
commerce  important  avec  la  mEre-patrie,  prit  surtout  de 
rapides  et  Tastes  dEveloppemenls. 

A  la  mort  de  Dale ,  arrivEe  en  1619,  ce  M  un  bonune  non 
m'oins  dIstinguE ,  sir  George  Yardeley,  qu*on  dEslgna  poor  le 
remplacer.  II  arrive  suiri  d^un  transport  dejeunes  filles 
pauvres  et  de  moenrs  IrrEprochables ,  avec  lesquelles  la  Tie 
de  famille  et  les  Tortus  qu'dle  implique  s^introdulsirent  en 
Virginie.  G*est  de  ces  femraes  que  descend  en  grande  partie 
la  population  actuelle  de  la  Virginie.  Jusqu^alors  le  sort  de 
la  colonie  avait  dEpendo  complEtement  de  Padtninistration 
miiitaire  du  gouvemeur  et  des  ordres  despotiques  dn  grand 
conseil  de  la  Compagnie.  Les  progrEs  toiijours  crolMants  de 
la  moralitE  ei  do  bien-Etre  dans  le  jeune  £tat  aTalent  fait 
nattre  le  d<^alr  d'une  mcilleure  constitution.  ISnlin,  en  1619, 
le  gouvemeur,  aTecPautorisationde  la  Compagnie,  convoqua 
k  Jamestown  un  congrEs  colonial  de  chacune  des  onze  loca- 
lltEs  entre  lesquelles  s^Etaient  rEpartis  les  deux  mille  colons; 
e(  le  21  juillet  1621  cette  assemblEe  introdiiisit  une  nou- 
TClle  constitution,  k  laqiielle  le  grand  conseil  donna  son 
agrEment  Aux  termes  de  cette  constitution ,  la  puissance 
exEcutiTO  Etait  dEsormais  exercEe  par  un  conseil  d^Etat  cx)m- 
posE  de  dix-neuf  planteurs  notables ,  k  la  nomination  de  la 
Compagnie,  et  prEsidE  par  le  gouTemeiir.  Ce  oonsdl  d'£tat 
formait  en  outre,  conjointement  aTec  les  dEputEs,  le  congrEs 
colonial  chargE  de  dElibErer  sur  les  lois  que  confirmait  le 
conseil  siEgeant  k  Londres.  Qudque  llmltEes  que  fiissent  en- 
core ces  libertEs,  elles  exercErent  cependant  blent6t  la  pins 
faTorable  influence  sur  les  progrEs  de  la  colonie.  La  cul- 
ture du  tabac  y  prit  une  extension  de  plus  en  p!us  considE- 
rable,  de  roEme  que  Pusage  de  cette  plante  en  Angleterre; 
circonstanoe  qui  poor  la  premiEre  fois  amena  de  la  mEsln- 
telligenee  entre  la  Compagnie  et  Jacques  1*'.  ApprEdant  fort 
pen  les  jouissances  quasi-intellectudles  que  procure  cc 
narcotique,  le  monari|ue  anglais  EcriTit  des  Htics  ex|irEs 
contre  Pusage  de  fomer  ci  de  priser  qu^adoptaient  ses  sujets. 

Les  empiEtements  successifo  sur  le  territoire  que  les  na- 
turels  s'Etaient  rEeerrE,  empfdCements  uEcessltEs  par  les  d^ 


78 

vclopfMiMilt  InMMaaU  d«  U  euliure  da  tabae,  amen^reiit 
de  nouTellet  luttes  contra  1m  Indians.  Ceun-d  form^rent 
alors  le  proj#(  d*exterminer  tous  les  enyaliUseurt,  et  le  21 
mai  1621  lit  mafMcr^rent  k  Plmproviste  treiia  mille  colons 
da  tout  Age  et  de  tout  sexe.  C*est  de  ee  jour  n<^faste  que 
date  riinpitoyable  guerre  d^exterroination  entreprise  contre 
lea  Indigenes.  Les  dlAdrends  qui  dclat^rent  k  eette  m^me 
^poque  en  Angleterre  entre  le  roi  et  la  nation  r^girent 
iramldlatenient  sur  le  soit  de  la  eolonle.  Parmi  les  membres 
de  la  Oompagole  de  I«ondpes,  il  se  tieQ?ait  un  grand  nombre 
d'adversaires  puissants  de  la  eour;  aussi,  eo  1623, 
Jacques  !**,  attrtbuant  I  la  Ckimpagyiie  toutes  les  calamlU^ 
qui  a?aient  frapp^  la  colonie,  suppriina-t*U  ia  nou?elle 
constitution  et  ordonna-t-il  que  la  gestion  de  la  Ck>mpagnie 
seralt  Tobjet  d^ine  emfu6te  judiciaire.  Quolqu^elle  eOt  d^jk 
dilpenuS  au  dellt  de  150,000  liv.  sterl.  et  transports  plus  de 
neuf  mille  colons,  nnarrCt  complAisant,  rendu  en  Juin  1624 
par  la  eour  du  Ban  c  d  u  roi,  en  pronon^a  la  dissolution  et 
lui  enlera  sans  indemnity  aucune  tous  ses  droits  et  prtvl- 
l^es.  Quelque  rSvoltant  que  fOt  cet  abos  de  pouvon-,  et  si 
la  Compagnie  se  trouva  Indignement  dSpouillSe,  toujours 
est-11  que  la  colonie  en  proHta,  parce  qoe  leg  chatnes 
que  les  rapports  de  lifodalitS  lui  imposaient  k  T^rd 
^es  eoneessionnalres  propridtaires  prlmitife  se  trouv^rent 
ainsi  bris^.  Jacques  I*'  mourut  en  1625,  a^ant  qn^n 
nouTel  ordre  de  choses  eftt  po  6tre  ^bll  en  Virginie. 
Charles  I**^,  son  successeur,  dMara  la  Yirginle  province 
royale,  c*est-k-dire  qu^il  la  soumit  k  son  autorit4  tmin^ 
diate;  d'aiHenrs,  II  conflrma  anx  colons  tous  leurs  droits  de 
possession.  L*adininistFatioB  de  la  colonie  reful  alors  un 
grand  conseil,  qui  do  pot  agir  que  sur  les  ordres  directs 
du  roi,  comme  le  petit  conseii  d^aprte  ceux  du  gouvemenr. 
En  mtoie  temps  Charles  I**  mit  le  commerce  do  tabac  au 
nombre  dcs  droits  de  la  conronne;  mesnre  qui  hii  permit  de 
fixer  arbitrairement  et  ^  son  trte-grand  arantage  le  prix  de 
ce  prodult. 

Yardeley  fut  remplacS  dans  set  fbnctions  de  gouyemeur 
par  sir  John  Harrey,  qui  outra  encore  la  politique  despotique 
des  Stuarts.  Les  Virgioiens  ressentirent  d'autant  plus  TiTo- 
ment  Toppression ,  qu*^  o6td  dVux  s^^lait  dSvelopp^  lieau- 
coup  plus  heureuaement  uue  autre  colonie,  objet  de  blen 
plus  de  ftiyeurs  de  la  part  de  la  oouronne. 

En  1629,  rirlandais  Geoiges  Calrert,  lord  Baltimore, 
converti  au  catholicisme,  r^olut  d*offrir  un  asile  dans 
PAmSrique  septentrionale  k  sescoreligionnaires,  cruelleroent 
opprimes  en  Angleterre.  Conmie  en  Virginie  T^glise  Spis- 
copale  Slait  T^glise  domlnante,  il  visita  la  bale  Chesapeak, 
reconnot  que  la  c6le  situ^  au  nord  du  Potomac,  et  o£i  d^jk 
s'Staient  ^MIs  un  grand  nombre  d*Anglais  qui  faisaient  le 
commerce  des  pelleterles,  ^it  tr^-faTorable  k  la  oration 
d'un  nouvel  Stablissement ,  et  sollicita  du  roi  la  concession 
de  ce  district.  Quoiqu'aux  termes  de  la  charte  d^livrte  k 
Pancienne  Compagnie  de  Londres,  le  territoire  du  Potomac 
fit  encore  partie  de  la  Virginie,  Charles  I**  lui  accorda  sa 
demande,  parce  que  la  dissolution  de  oette  soci^  Tin- 
restissait  du  droit  de  fixer  seal  les  delimitations  de  la  con- 
cession primltlTe.  Lord  Baltimore,  qui  se  mit  au  lieu  et  place 
deson  pke,  mort  sur  ces  entreraites,  obtint  du  roi,  en  1632, 
des  lettres  patentes  qui  lui  concSdaient  k  titre  de  propridtS 
h^rMitalre  la  partie  septentrionale  de  le  Virginie  situ^  au 
nord  du  Potomac.  11  6ta{t  ioTesti  de  tous  les  droits  de  sou- 
rerainetS  k  V4^rd  de  la  population  furure  de  oette  fertile 
coatr^  qui,  en  Plionneur  de  la  reino,  re^ut  le  nom  de 
Maryland  ^  k  la  charge  par  lui  de  reconnaitre  cbaqne  annSe 
la  suxerainet^  de  TAngleterre ,  et  de  Terser  au  tr^sor  royal 
ia  cinquitoie  partie  de  tous  les  inStaux  prSoieux  qu*tl  ren- 
conlreralt.  Quoique  le  propriStaire  eOt  en  certaioes  circons* 
tances  le  droit  «te  faire  la  guerre  et  de  retirer  les  privil<^es 
d^A  aecord^,  les  lettres  patentes  exprimaient  le  vcbu  qu'il 
administrAt  le  pays  oonformSment  k  Tesprit  de  la  constitution 
anglaise,  qne  lea  lots  qu'il  Stablirait  eusseni  m  pr^ilablcment 
deiib^rdes  dans  un  congrte  colonial,  et  qu*ii  ne  pr^hsvAt  pas 


l£TATS-tJNlS 


,  d'autres  imp6ls  que  d«  drwls  modSr^  de  tannage  et  .da 
aaTigstion.  Dte  la  fin  de  rannSe  IgU  le  fii^M  dn  pfoprU- 
taire  hSrAdHaire,  Ltennid  Oalverl,  arrivm  aveo  106  eatho- 
liqucs  dans  le  Maryland ,  o£i  il  fonda  la  mile  de  Saint-Mary, 
k  deux  rayriam^tres  enyiron  de  remteiiclittre  du  Potomac. 
Les  premiers  colons  y  vSeurent  d'abord  eonune  eusseni  fait 
les  membres  d'une  seule  et  m6me  fliroilie.  Baltimore  fit  de 
ses  droits  Tw^age  le  plus  sage  et  le  plus  dAslutSressS,  de 
sorte  qu^on  rit  bientdt  arriver  dans  la  nomeUe  ooloBie  des 
masses  d^toilgrants  de  toulea  lea  eonfesaiona. 

En  1635  il  acoorda  la  plus  enti^re  ^itd  de  droits  k 
toutes  les  £glises  chrStienneSy  eoncMa  k  cliaqoe  nooTel  ar- 
rivant  nn  lot  de  terre  de  einquante  acres ,  et  die  1^36  U  con- 
voqua  le  prsroier  congrte  colonial. 

Tandls  que  le  Maryland  proapdraH  rapidement  soua  la  pa- 
temelle  autoritdde  i^timore,  la  ookmie  Toisine,  ia  Virginie, 
souffraH  eraelleveBt  boms  la  Terge  de  for  du  gouyemeur 
Harvey ,  qui  ne  fiit  rappeM  qo^en  1640 ,  a  Tdpoque  o6  le 
Long  Parlement  commenfo  k  battre  eo  brtehe  le  pouf oir 
arbitraire  de  Cltaries  i".  Un  nouveau  gouvemeur,  sfar  Wil* 
liam  Berkley,  qui  arrive  k  Jamestown  en  1641  muni  de 
pleins  poufofars,  s'erapressa  de  guSrir  les  phkies  de  la  co- 
lonic, et,  k  Pexemple  du  Maryland,  y  Slablit  tout  ausaUAt  nn 
eongl^U  colonial  chargd  d'excrcer  ddsormais  ia  pnisaanoe 
l^slative  d*aecord  avee  lo  gouverneur.  A  partir  da  ee  bio« 
meift,  les  pregrAa  de  la  Viiginie  ftirent  des  pkie  rapldes  j  et 
dix  ans  apr^,  sa  population  attelgnait  d^  le  chiHre  de 
20,000  Ames.  AprAs  le  soppllce  de  Cluu-les  1*'  et  la  trans- 
formation de  la  mAre-patrie  en  rSpubllque,  Baltimore  et 
Berkley  rtessirent  l*un  et  raotre  A  oonaerver  lenrt  colonies 
A  la  cause  royale.  A  cette  ocoasiioB ,  les  dissentiments  les 
plus  Tiolents  AdatAreitt  entre  les  puritains,  qui  partageaieat 
les  id^  r^ubHcaines  et  dont  on  trAs-grand  noMbra  Ataieat 
r^cemment  venus  se  fixer  dans  ia  eolonle,  et  les  catlioliqiies» 
d^Tou^  A  la  monarolde.  Leproteoteur  Cronswell  finlt 
par  interdire  loute  relation  avec  les  colonies  rebeUes  et  par 
y  euToyer  une  forte  escadro,  sous  les  ordres  delord  Ayscoe, 
poor  les  forcer  A  se  soumetire  A  la  rApubiiqne.  La  Virginie 
obdit  aussitOt,  et  en  fiit  rAoompensAe  par  la  garantie  de  ses 
limites  et  de  sa  constitution.  Tontefois,  les  Virginiens  dnrent, 
moyennant  indemnity,  livrer  leurs  aimea  et  icnoncer  k  la 
liturgie  de  l'£gllse  Apiscopale  ainsi  qu*A  tout  ce  qui  rappelait 
la  royautA.  DAchirA  par  des  partis  intArieurs ,  le  Maryland 
dut  finir  par  reconnaitre  la  i^obKque.  Les  quereUoa  intes- 
tiues  ne  eessant  pas,  Crom welly  en  1654,  enlera  A  lord 
Baltimore,  petit-fils  du  premier  concesskuinaire,  son  droit 
de  propriAtA,  tout  en  laissant  A  la.  colonie  sa  constituUcuL 
Comme  toutes  les  colonies  anglaises  en  gAnAral,  la  Vicgiiiie 
Aprouva  un  notable  prAjudice  de  la  miae  en  vigueur  de 
VaeU  dena  vigaiion, rendu  par  Cromwell  dansloToe  de 
dAtruire  le  commerce  des  Hollandais,  et  qui  dispoaait  que  les 
produits  Atrangers  ne  poorraieut  A  ravenir  Atre  introduits 
dans  les  ports  de  la  Oraade-Bretagne  qoe  sous  pavilion 
glais.  Les  colonies,  ne  possddant  qu^un  trAsi>etit 
de  navires,  se  trouvArent  dAs  lore  A  la  oomplAte 
des  marcbajds  anglais,  tant  poor  Faequisition  des  ofayel^ 
nAoessalres  A  lour  oonsommation  que  poor  le  transport  de 
leurs  produits.  Ces  entraves  pesaient  si  crueHemenl  anr  U 
production  et  sur  le  commerce  de  la  Virginie,  qn^en  1659 
cette  colonie,  secouant  le  joog  de  la  rApobiiqne,  rAtablitde  sa 
propre  autoritA  Berkley  dans  les  fbnctions  de  goavenie«r. 
La  restaoratioa  du  pouvoir  royal  dans  la  mAre-patrie  saura 
les  rebelles  des  suites  que  ce  coop  de  AAle  eOt  pu  antotr 
pour  eux. 

Le  Maryland,  qui  au  nsoment  de  la  restauratien  de  1  aeo, 
Goinptait  16,000  habitants,  6it  restituA  par  Cbartes  U  Ai  loi^ 
Baltimore,  comme  sa  propriAtA  particaliAre.  Mais  oe  priace^ 
loin  de  se  montrer  auast  reconnaissani  k  TAgard  do  ka  Vir- 
ginie, la  Iraita  en  cnnemL  En  ciTct  en  1663  il  concAd*  aa 
comle  Ckirendon  et  A  sept  autre^  sei^ieurs  anglais  toiila 
TAIendue  de  cOtos  comprise  au  sud  enlre  le  A6'  et  le  3i* 
de  latitude,  pour  j  fonder  une  nouveUe  cokNiie.  C^^Udt 


tTATS-CMS 


ttderer  ^  It  Virginie  le  tiers  do  (erritoire  qae  la  i^pablique 
lui  aYttit  eaooreioleoneUenieDtgarantiquelquds  anntoau* 
paravant.  Charles  II  a'arait  d*aiUeursaucime  etp^  de  droits 
h  ia  settTeimioet6  da  territotre  situA  an  sud  de  b  Virginie, 
jusqn'au  3 1  *.  Toaieoette odte  avait  ^t^  d^coaTerte  en  1 6 i 3  par 
les  EspagDoU.  En  1562  Tamiral  fran^ais  Coligny  y  avait 
fond^  iwe  ooloDie  pour  ses  coreligionnairas  perMScotte  ea 
France,  et,  ea  I'bOBiiear  de  Ctiarles  IX,  U  lui  avait  donn^  le  noin 
de  Caroiine*  Mais  dte  IMS  elle  fut  enrahie  par  une  bande 
d'ESpognols,  qui  massacrfereiit  les  b^r^tiques  fran^is  et  pri- 
reDt  poasession  du  pays ;  pea  de  temps  aprte,  les  Fnin- 
fais  lear  rendaient  la  pareiUe.  D6j4,  sous  le  rftgne  de  diar- 
ies r%  des  Anglais  faisaient  le  commerce  des  pelleteries  et 
quelques  colons  s'^taient  ^tabUa  dans  ces  contries  d^- 
sertes,  oA  Clarendon  et  sea  coassoci^  les  renoontrferent. 
A  partir  de  1669,  et  dans  des  drconstances  faTorables ,  Cla- 
rendon ouTrit  ^  rtoigration  catholique  et  puritaine,  Taccte 
de  la  nouvelle  colonie,  qui  eonserra  son  antique  dteomi- 
natton  de  Caroline.  Cliarles  II  ayant  laissd  les  concession- 
nalres  compldteroent  maltres  d^y  faire  ce  que  bon  leur  sem- 
Merait,  Us  y  ^lablirent  une  oonstttutiun,  ceuvre  du  c^l^bro 
philosophe  Locke,  lequel  y  sTait  admis  une  noblesse  b^- 
rMitalre,  des  palaUns,  des  magnate  et  toutes  les  formes  su- 
rannte  de  raristocraiie.  Grftce  k  cette  belle  constitution, 
la  Caroline  fut  Juaqu'ii  la  r^Tolotion  de  1668  le  tb^lre  de 
Toppreaaion  la  plus  cruelle  et  quelqnefois  des  scenes  les 
plus  sanglantea.  A  la  restauration,  le  parlement  et  la  cour 
cnirent  trouver  dans  Vacte  de  navigaiion  le  seul  moyen 
d'assurer  la  prosp^rit^  publique  et  de  rattaclier  d^une  mani^ 
indiMoluble  les  colonies  4  la  ni^e-patrie.  V<^U  de  navigch 
tion  fut  done  non-seulement  maintenu,  an  vif  ddsappointe- 
mentdes  colons,  mais  une  resolution  do  parlement  en  aggrava 
encore  les  dispositions  en  1663.  Ainsi,  tons  les  produits  des 
colonies  destinte  k  la  consororoation  etrang^re  dorent  d^r* 
mais  6tre  conduits  d*abord  dans  les  ports  d^Angleterre  etexpd- 
di^  de  U  4  destination,  demtoie  que  les  colonies  durent 
tirer  directement  d'Angleierre  tous  les  objets  n^cessaires 
a  leur  consommation.  La  prosp^rit^  de  la  Virginie  en  souf- 
frit  aingiiMrement.  A  la  d^prtelation  de  son  tabac  et  de  ses 
antres  produits  se  jolgnlt  la  d6moralisation  propag^dans  la 
population  par  le  commerce  de  contrebande,  qui  se  fit  d^ 
Ion  avec  une  audaoe  sans  example  sur  toutes  les  cOtes  de 
TAmMiue  du  Nord.  Enlin,  en  1676,  telata  en  Virginie,  sous 
lea  offdres  d^un  nomm^  Bacon,  une  insurrection  qui  pro* 
mena  partout  le  fer  et  le  feu.  On  r^ossit,  il  est  Yrai,  k  la  com- 
primer;  mais  le  m^contentement  et  reversion  des  colonies 
ndridlonalea  pour  le  gouTernement  de  la  m^re  patrie  dur^ 
rent  joaqu'li  la  diute  des  Stuarts. 

A  repoque  oil  avait  commence  la  colonisation  de  la  Vir- 
ginie, la  Compagnie  de  Plymooth  avait  ^galement  pris  ses 
dispositions  pour  culliver  et  exploiter  le  territoire  s'^len- 
daot  entre  le  40*  et  le  60«,  oo  Nouvelle-Angleterre ,  objet 
de  sa  concession.  Mais  ses  efforts  dchou^rent  faute  de  capi- 
taox  sufllsants  et  auMi  k  cause  de  riioslititd  des  Indiens;  de 
telle  sorfe  an%  partir  de  1630  la  Compagnie  se  boma  au 
commerce  cms  pelleteries  et  4  la  pdclie. 

La  resolution  de  se  cr^er  un  asiie  en  Am^rique,  prise  par 
ano  colonie  depuritains  emigres dix  ann^tM  auparavant 
d'Angleterra  en  HoUande  fut  Torigine  du  premier  etablis- 
sement  fixe  lond^  dans  le  nord.  Cette  communaiite  parlit 
de  Sootliampton  en  16)0  avec  rintenllon  de  se  rendre  en 
Virginie;  mais  soil  neprise,  soit  traliiiion,  die  arriva  le  1 1  no- 
verobre  an  cap  Ood,  aUu^  dans  le  terriloire  de  la  Compagnie 
de  Plymootli.  On  d^barqua  cependanl  lout  ausaiiot,  et  on 
s^eiablit  dene  on  endroit  du  Massacliuseits  actud  auqiiel  on 
donna  le  nom  de  Ifew-Ptymoiith.  Les  nouveaiix  colons,  en 
prdie  ami  plos  crodles  privataone  et  obligiis  en  m^mo  temps 
de  sonlenir'une  hitle  incessanle  avec  les  Indiens,  fondorent 
ftae  oomnMnante  independante,  qui  avail  la  pretention  dc 
leasenMer  k  la  premiere  commune  cbretiennede  Jerusalem. 
A  l*origine  ils  y  vecurent  sous  Tempire  de  la  communaute 
de  biensj  mais  d^  1637  la  misere  et  la  famine  les  contrai- 


79 

gnaient  k  adopter  le  prindpe  de  la  propriety  Indivldodlo. 
^  L^andenne  Compagnie  de  Plymouth  ayant  laisse  perinier 
ses  droits,  Jacques  I**",  par  lettrespatentesen  date  du  3  mai 
1A30  fonda,  sous  la  d^omination  de  eonseil  pour  les  af* 
f aires  de  la  Nouvelle-Angleterre^  une  compagnie  nouvdie, 
dedaree  proprietaire  de  toute  la  odle  de  rAroeriqoe  du 
Nord  depuis  le  40"  jusqu'au  46'  de  latitude  septentiionale. 
Cette  compagnie  n*hesita  point  k  conlirmer  aux  puritains 
de  New- Plymouth  la  propriety  do  territoire  dont  iUetaient 
en  possession.  En  1626  une  autre  association  de  Puritains 
acbeta  k  la  Compagnie  une  certaine  etendne  de  territoire, 
od  elle  ibnda  la  ville  de  Salem  sur  un  promontoire  de  la 
bale  de  Massachusetts.  Malgre  sa  repugnance  pour  les  pu- 
ritains, Cliarles  1^'  consentit  en  1628  k  accorder  aux  colons 
de  Salem  des  lettres  patentos  contenant  Toctroi  des  droits  et 
privileges  accoutumes,  ssuf  la  liberie  rdigieuse.  Malgre  cette 
restriction,  les  puritains  s'empresserent  d*etal»lir  dans  la 
colonie  nouvelle  reglise  de  la  Perfection ;  mais  la  morgue 
dericale,  le  fanatisme  religieuxetla  tyrannie  iheologique, 
ne  tarderent  point  k  provoquer  parmi  les  colons  les  plus 
violentes  discordes.  Secondee  dans  ses  tendances  k  Tinde- 
pendance  par  les  troubles  politiqiiea  dont  la  mere  patrie  etdt 
le  theiltre,  la  colonie  de  New-Plymontli  n*ea  prit  [ms  moins 
un  rapide  essor.  Ce  n'eiaient  plus  sealement  des  puritains, 
mais  encore  des  mecontents  politiques  de  toutis  especes 
( voyez  GnANDB-DafiTAGNB)  qui  venaient  s'y  refugier ;  et  dans 
laseuleannee  1630  dix-septbetimentsyamenerent  1,500  emi- 
grants. Les  ravages  effrayants  fails  par  la  petite  verole  parmi 
les  Indiens  favoriserent  d^ailleors  rextension  des  colons, 
lis  fonderent  Boston,  qui  avec  son  excellent  port  fut  bientdt 
considere  comme  le  clief>lieu  de  la  colonie,  ainsi  que  quel- 
ques aiitres  centres  dc  population  parvenus  en  pen  de  temps 
k  une  grande  prosperiie.  En  1634  se  tint  le  premier  congres 
colonial,  qui,  d*accord  avec  le  gouvemeur  royal  et  ses  sub- 
ordonn^,  exer^  la  puissance  legislative,  etablit  des  impAts, 
et  opera  le  partage  des  terres  de  Tinterieur  de  la  colonie, 
qui  re^ ut  le  nom  de  Massadiusetts.  Pen  apr^s  leur  premier 
etablissement,  les  colons  avaient  de  leur  propre  aulorite 
annuie  les  rapports  de  feodalite  qui  les  rattachaient  au 
eonseil  pour  les  affaires  de  la  Nouvelle-Angleterre,  En 
1635  cette  compagnie,  qui  faisait  de  tres-mauvaises  affaires, 
rendit  k  Charles  l**"  les  lettres  patentee  qui  lui  accordaient 
des  droits  de  souverainete,  el  conserva  seulement  la  pro- 
priete  du  sol,  que  ses  roembres  se  partagerent  entre  eux. 
Cette  Importante  transformation  cut  pour  resultal  de  faire 
du  New-Plymouth  une  colonie  independante,  tandis  que  ce 
n'etait  auparavant  qu'une  prupriete  apparlenanl  k  une  asso- 
ciation particuliere,  et  ensuite  d^affranchir  de  toute  espetoe 
de  rapports  de  feodalite  qudconques  les  ventes  olterieures  de 
terrains  faites  par  les  membres  de  la  sod(fte  dissoute. 

A  la  suite  de  querdles  theologiques  qui  eclaterent  de 
nouveau  parmi  les  puritains  k  (Mrlir  de  1634,  d^autrej  co- 
lonies independantes  se  Conderent  encore  dans  le  Massachu- 
seCts.  Un  pretre  de  Salem,  appeie  Hoger  M/iiliains,  qui  ne 
voulait  pi  ier  que  pour  ceux  qui  dejA  se  trouvaienl  en  eiat  de 
grAce,  en  partil  avec  ses  adherents  en  1635  pour  aller  fon- 
der plus  au  sud,  sous  le  nom  de  Providence^  un  nouvel 
etablissement,  aufoiir  duqiiel  il  s'en  crt^a  siiccessivemenl  un 
certain  nombre  d^autres.  Quoique  sur  ce  point  le  sol  de-* 
pendll  du  territoire  de  Massachusetts,  \Villiams  oblint  du 
long  parlement,  par  rintermediaire  de  Henry  Vane,  des 
lettres  pateiites  particuli6res  dans  lesquelles  sa  colonie  fut 
designee  sous  ie  nom  de  Plantation-Providence.  Une  scis- 
sion analogue  <ians  P^lise  de  Massachusetts  donna  lieu  k  la 
fondalion  de  la  colonie  de  Connecticut.  En  16.16  le  prfttre 
Hooker  qiiilta  Massachusetts  k  la  li^te  de  cent  disftitlents,  et 
funda  sur  les  rives  du  Connedicut,  dans  d'efTroyahlcs  soli- 
tudes, les  villcs  de  Hartlieid,  Spriiiglidd  et  Weatliei  Tiehh 
11  fallut  acheter  ce  bean  terriloire,  que  diaries  I'**  avait  deja 
promis  k  quelques  seigneurs  anglais,  pour  la  moindre  partie 
k  Maseachuselts  et  pour  la  plus  con.siderabIc  nux  ancinis 
iiK'ml>res  du  eonseil  pour  les  affaires  de  la  Nmrelle 


80 

Angleierre.  Quclqaes  marchands  de  pelleteries  et  colons 
hoUandais  s'y  ^talent  d^jlt  ^tablls ;  mais  ils  farent  forc^  de 
d^guerpir.  Une  florissante  commune  8*^eva  ^ement  ear 
les  lives  du  Connecticut  sans  la  moindre  iBterrention  de  Tau- 
torit^  royale;  et  let  iiopulations  Indiennes  ou  y  furent  exter- 
min^  ou  consentirent  k  s'^lolgner  et  k  c6der  leur  territoire 
mo^ennant  dinsignifiantes  indemnit^i.  Au  mois  de  man 
1638,  la  yisionnaire  Hutcheson  Ail  expulsto  de  Massachu- 
setts avec  ses  adli^rents.  Elle  aclieta  aux  indiens  de  Narra- 
gansety  moyennant  quelqnes  objets  de  Terroterie,  la  fertile 
lie  d'Aqtiidreck,  qui  reQut  dte  lore  le  nom  d^Ue  de  Rhodes  ou 
Rhode- Island.  La  roise  en  culture  de  cette  tie  fut  com- 
mence sous  la  direction  dVn  digne  lioromey  appeI6  Wil- 
liam Coddiut^n ,  et  on  la  pla^  d'ahord  sous  la  protec- 
tion de  Providence.  Mais  en  1644,  par  une  dteisiondu  par- 
leinent,  les  plantations  de  Providence  Airent  r^nies  k 
Rhode-Island;  et  en  1647  cette  colonic  obtint  par  la  mdme 
▼oie  une  constitution  particuli^re  et  un  congrte  colonial. 

Le  roi  Cliarles  f  ne  voy^it  pas  cependant  sans  un  eilrtme 
d^plaisir  une  foule  d'honimes  au  caract^re  rtolcilrant  et 
optniAtre,  appartenant  aux  dirpiirents  partis  religieux  el 
politlqiies,  se  d^rober  cheque  ann^  k  son  capricieox  des- 
potlsme  pour  aller  fonder  sans  son  concours  d*heiireiix  Etats 
dans  des  disserts  d*un  acc^  dilflcile.  En  1637  il  prohiba  l'6- 
roigration  et,  pour  son  malheur,  contraignit  ainsi  des  bommes 
tels  que  Pym,  Hampden  etCromwelU  rester  en  Angleterre. 
Malgrd  ses  defenses,  plus  de  3,000  puritains  abandonn^rent 
encore  leur  patrie  en  1638,  et  s*en  all^rent  fonder  siir  les 
rives  dn  Connecticut  Hartford,  Guildford,  Mllford,  Stam- 
ford ,  Bramford  et  Newhaven.  La  nouvelle  colonic,  qui  prit 
le  nom  de  Newhaven ,  ne  resta  ind^pendante  que  jusqu*en 
1665,  et  se  r^nit  alors  au  Connecticut  Le  Maine  et  le  New- 
Hampshire,  formant  l^extr^mit^  septentrionale  de  la  Nou- 
velle-Angleterre ,  territoires  ou  ne  se  trouva*ent  encore  qu*un 
petit  oombre  de  marchands  de  pelleteries  et  de  colons  an- 
glais ,  furent  en  outre  ^rigte  k  cetle  <^poque  en  colonies  in- 
d^peniantes.  Les  andens  membres  du  conseil  pour  /fi 
affaires  de  la  Nouvelle-Angleterre  vendirenl  en  1639  le 
territoire  du  Maine  k  sir  Ferdinand  Georges,  et  oelui  du 
New-Hampshire  k  sir  John  Mason.  Ces  nouveaux  propria 
taires  obtinrent  chacun  des  lettres  patentes  royales ;  et  les 
mtoies  droonstances  anxquelles  Rhode- Island  et  Connec- 
ticut devaient  leur  existence  y  amenftrent  ^alement  de 
Massachusetts  un  grand  nombre  de  colons.  En  consequence, 
la  puissante  et  jalouse  colonic  de  Massachusetts  for^a,  en 
164 1 ,  le  New-Hampshire  k  se  placer  sous  sa  juridiction.  Quand 
les  puritains  et  les  r^publicains  furent  devenus  tout-puis- 
sants  dans  la  m<^lropoie  It,  la  suite  du  triomphe  de  la  revo- 
lution qui  detrOna  Charies  T',  les  Emigrations  k  la  Nouvelle- 
Angleterre  cess^rent ;  et  les  colonies  du  nord,  qui  dej&  comp- 
taient  une  population  de  21,000  Ames,  se  trouv^rcnt  aban- 
donn^es  k  leurs  propres  forces.  Ce  ne  Tut  que  dans  les 
colonies  du  sud,  dans  la  Virginia,  dans  le  Maryland  et  la 
Caroline,  qu'eurent  lieo  de  nombreuses  emigrations  de 
royalistes.  A  I'^poque  des  troubles  d^Angleterre,  les  ttats 
de  Massachusetts,  de  New- Ply  mouth,  de  New-Haven  et  de 
Connecticut  condurent,  le  16  mars  1643,  sous  le  nom  de 
Colonies  Untes  de  la  Nouvelle-Angleterre,  une  alliance  of- 
fensive et  defensive,  avec  un  congrte  general  et  on  president 
a  sa  tete.  Cette  ligue  avail  pour  but  ostensible  la  defense  k 
opposer  aux  attaques  des  Indiens,  des  Hollandftls  et  des 
Francis;  mais  une  separation  d^avec  la  mere  patrie  en  etait 
la  pensee  secrete.  Elle  conclut  des  traites  d'alliance,  mil  sur 
pied  une  milice  considerable,  et  frappa  memo  monnaie  en 
1652.  Rho'ie-lsland  desira  aussi  y  etre  admls,  mais  les  puri- 
tains de  New-Plymouth  s'y  opposerent. 

La  metropole,  au  milieu  de  ses  propres  embarras,  n'avait 
pas  le  loisir  de  se  souder  de  ses  colonies,  et,' paKegard  pour 
les  institutions  republicalnes  que  celles-d  s*etaient  donnees, 
ferraait  Ift*  yens  sur  les  attdntes  qu'on  y  portalt  k  ses  droits. 
Ccprndant,  pour  les  roaintenir  en  apparency  Cromwdl  exigea 
x\iw  \o\\%  les  t.\A\A  de  la  Nouvelle-Angleterre  re^ussent  des 


^TATS-UNIS 


mains  de  la  republique  mere  un  gouvemear  general.  Sauf 
des  guerres  contre  les  Indiens,  des  querelles  tbeologiqnes , 
des  proces  fails  k  des  soreieres  et  des  persecoUona  dirigees 
contre  les  quakers,  les  colonies  du  nord  passerent  le  temps 
de  la  republique  dans  uue  paix  profonde  et  au  milieu  d^une 
prosperite  toujours  croissante.  L'acte  de  navigation  leur  fut 
moins  nuisible  qu*h  leurs  sorars  du  sud.  It  ne  fut  plus  alors 
question  de  lettres  patentes,  d*acquisitions  de  territoires, 
d'obstades  mis  au  libre  devdoppement  d'inslitutioas  cora- 
munales  independantes ,  etc.  La  restauration  des  Stuarts 
surpril  toutes  les  colonies  de  la  Nouvelle-Angleterre  k  I'im- 
provlsle;  et  les  vexations  nouvdles  qu'elles  eurent  k  soulTrir 
de  la  part  du  pouvoir  royal  leur  inspirerenl  moins  le  senti- 
ment de  la  crainle  que  cdui  de  la  haine.  Rhode- Island,  lese 
par  la  ligue,  el  les  pelites  colonies  de  proprietaires  du  Maine 
et  du  New-Hampshire,  se  soumirent  Immt^diatement.  Massa- 
chusetts, aucontraire,  nereconnut  pasTautoritede  Charies  n 
sans  hesitation,  et  lors  de  la  confirmation  des  anciennes 
lettres  patentes,  protesta  contre  la  clause  de  tolerance  re- 
lative k  r£glise  episcopale.  Cette  altitude  dedda,  en  166i,  le 
roi ,  Il  qui  le  parlement  vint  d^ailleurs  en  aide  avec  eropres* 
sement ,  k  envoyer  k  la  Nouvelle  Angleterre  une  forie  escadi^ 
avec  des  commissaires  qui  avaienl  ordre  d'int'mider  les  co- 
lonies, mais  qui  n*oserent  pourlant  rien  entreprendre.  En 
1667,  pour  se  mieux  garantir  contre  I'aulorite  royale,  le 
Maine  se  pla^  sous  la  protection  du  Massachusetts.  Une 
tongue  periode  de  tranquille  devdoppement  suivit  de  nouvcau 
ces  orates.  En  1672  la  population  de  la  Nouvelle-Anglderre 
s*eievail  6^\k  k  72,000  Ames,  dpnt  la  moltie  appartenait  ati 
Massachusetts.  Une  milice  Inen  organisee  et  forte  de  8  000 
liommes  protegeait  cdte  population  contre  ses  ennemis,  tant 
interieurs  qu*exierieurs.  Dans  toutes  ces  colonies  regnaient 
des  mflpure  severes,  des  habitudes  de  temperance  et  de  tra- 
vail. LMnstniclion  populaire  etait  mieux  organic  dans  la 
puiitaine  Nouvelle-Angleterre  que  dans  la  metropole  elle- 
meme ;  et  on  y  trouvalt  deja  des  eiablissemenls  od  etaient  en- 
setgnees,  les  sciences  superieures  autanl  du  moins  que  le  per- 
meltaient  alors  la  diredion  tonte  pratique  donnee  aux  idees 
ainsi  que  le  fanatisme  religieux  dont  toutes  les  traces  etaient 
encore  loin  d^avoir  disparu. 

Les  colonies  n*eprouverent  de  nouvelles  crises  qxi'k  la 
suite  de  la  reaction  politique  qui  eut  lieo  dans  la  demiere 
moiUe  dn  r^gne  de  Charies  II,  sous  le  ministere  de  la  ca- 
bale.  Pour  affaiblir  le  Massachusetts,  Cliaries  n  essaya 
d'enlever  k  leurs  proprietaires  hereditaires  les  colonies  du 
Maine  et  du  New-Hampstdre,  placees  sous  la  protection  de 
eel  £tal,  d  de  les  transformer  en  provinces  royales.  Massa- 
chusetts ayant  rachete  le  Mdne  k  son  proprietalre  en  1677, 
un  decret  royal  en  detacha,  en  1779,  le  New -Hampshire,  qui 
fut  d^tare  province  royale,  sans  autre  forme  de  proc^. 
diaries  II  envoya  ensuile  dans  le  Massachnsetts  le  gouver- 
neur  Randolphe,  qui  mattralta  fort  cette  colonic  d  en  irrita 
profondement  la  population.  Le  conflit  aboutit  en  1684  a 
un  decrd  royal  qui  enleva  sa  charte  particuliere  k  r£tat 
de  Massacbuselts;  et  josqu'k  la  mort  de  Charles  II  cette 
cdonie  demeura  dans  un  etat  compid  de  sujetlon. 

Jacques  I''  avail  eu  beau  conceder  k  deux  compagnles 
toute  la  cOte  de  TAraerique  du  Nord,  ce  territoire,  en  raison 
meme  de  son  immense  eiendue  et  des  droits  egaux  de  toutes 
les  nations  europeennes  k  s*y  etablir,  devait  toujours  appar- 
tenir  k  ceux  qui  roccnperaient  en  reatite.  L' Anglais  Henri 
Hudson,  au  service  du  goovemement  hollandais,  ayant  ex- 
plore, en  1609,  le  fleuve  qui  porte  encore  aujourd'hui  son 
nom,  les  Hollandais  s^empresserent  d*acheter  aux  Indiens  le 
territoire  quMI  baigne  et  d*en  prendre  possession.  En  1614 
ils  bdlirent  un  fort  dans  Hie  de  Manhados,  sitiiee  k  Pextre- 
mite  de  THudson,  et  fonderent  sur  la  cAte  plusieure  eiablis- 
semenls poor  le  commerce  des  pelleteries.  En  1628  une 
compagnie  suedoise  acheta  egalemenl  aux  Indiens  le  terri- 
toire arrose  par  la  Delaware  juMfu'h  Hie  de  Long  Island ,  et 
y  construisit  divers  forts  et  factoreries  qui  re^nrent  le  nom 
de  Nouvelle-Sutde,  Des  1655  les  Hollandais  a^empaitrent 


fiTATS-UNIS 


des  ^Ublissements  suMois  et  en  d^clarirent  les  habitants 
suyets  boUandaU.  La  colonisation  des  Hollandais,  qoi  don- 
D^rent  k  leur  territoire  sur  THadson  le  nom  de  Nouveaux 
Pays-Bas,  parnt  anx  Anglais  anssi  dangerense  quMls  la  ju* 
g^ent  ili^itime  en  Tertu  de  I'acte  de  concession  da  roi 
Jacques  1*'.  Lors  done  qa*en  16C4  la  gaerre  telata  entre  la 
HoUande  et  Charles  11,  il  ne  fat  pas  difficile  aux  Anglais  de 
s'emparer  de  tout  le  territoire  oompris  sons  la  denomination 
de  NooTeaux  Pays-Bas;  d'aiileurs  les  colons'  qails  y  tron- 
vftrent  obtlnrent  d'eux  la  liberty  de  professer  leor  calte  et 
les  droits  de  sajets  anglais.  Aprte  la  pais  de  Breda,  aux 
termes  de  laqaelle  la  Hollande  abandonna  k  l*Angletcrre  les 
NoHTeaux  Pays-Bas,  Charles  n  fit  don  h  son  fr^re,  le  due 
d*York ,  de  tout  le  territoire  s'^tendant  depuis  la  Delaware 
jusqa'k  Long-Island,  an  nord,  jusqu'anx  lacs,  et  sans  limites 
fixes  h  Toaest.  Le  due  donna  k  sa  nouTelle  possession  le 
nom  de  New-York^  et  tendit  aussitOt  I'^t^doe  de  cAtes 
occopde  par  ded  SuMois  et  des  Hollandais,  entre  la  Delaware 
et  riludson,  aax  lords  Berkley  et  Carteret,  qui  donn^rent  k 
leur  nou?elle  possession  le  nom  de  New-Jarsey.  Quoique  le 
New-Jersey  re^t  imm^atement  de  ses  propri^taires  an 
goayemement  ind^pendant,  il  resta  cependant  encore  dans 
certains  rapports  de  Cfodalitd  k  T^rd  da  due.  Sa  magni- 
fiqoe  position  ne  tarda  point  k  attirer  d'Earope  on  grand 
nombra  d^^igrants,  qui  y  fondirentles  TiUes  de  New-York, 
d'Elisabethtown,  de  Middletown  et  de  Shrewsbury.  La  si- 
toation  de  la  province  ducale  de  New-York,  an  centre  des 
antres  colonies,  les  facility  qu'elle  ofTrait  poor  commercer 
tout  k  la  fois  avec  les  Indiens  et  avec  les  Fran^ais  da  Ca- 
nada ,  la  modicite  de  la  redeyance  fond^re  que  te  prince 
exigeait  des  colons,  tootes  ces  droonstances  coutributoent  k 
y  attirer  d'Europe  an  grand  nombre  d'^m^rants.  Mais  an 
bout  de  quelques  annto  le  doc  donna  fibre  carrite  k  ses 
penchants  despotiqoes,  opprima  de  toates  les  mani^res  les 
pianteurs,  et  jeta  mtoie  de  I'lncertitade  sar  U  propriety.  Dto 
lors  la  colonisation  ne  marcha  plus  qoe  trte-lentement.  Par 
suite  de  T^tat  de  guerre,  les  Hollandais  mirent  en  t673  la  main 
sur  la  proTince  de  New-York;  mals  dto  Tann^  saiTante  la 
paix  de  Londres  les  contralgnit  k  la  restitner  k  l*Angleterre. 
Le  due  dTorft  se  fit  alors  oonfirmcr  par  le  roi  son  fiire 
ses  titres  de  propriety  avec  tons  droits  de  soarerainetd,  et 
traita  d^rroais  la  proYince  en  T^ritable  pays  conquis.  Son 
gouTemear,  Edbmond  Andross,  ^isa  les  colons  par  des 
taxes  torasantes,  et  rtfprima  s^v^rement  toutes  les  mani- 
festations de  I'opinion  tendant  k  obtenir  une  plus  sage 
administration.  Od  tyrannean  fut  remplac^  en  1683  par  un 
trte-digne  bomme,  lord  Dongan,  sar  les  reprtentations  de 
qui  la  colonic  du  New-York  obtint  dte  la  m6me  ann^  une 
constitution  et  un  conseil  colonial.  Dans  rint^rftt  comman 
des  diferses  colonies  britanniqaes,  Dongan  appela  d'abord 
Fattentiondu  goa?ememeat  sur  les  Francis  du  Canada, 
qui  des  lacs  du  nord  projetaient  d*6tabUr  one  commonication 
avec  lears  ^tablissements  du  Mississipi,  sur  le  flanc  des  pos- 
sessions anglaises.  Afin  de  contrecarrer  Textoition  de  ce 
plan,  qui  pi&entait  toates  sortes  de  perils  pour  la  puissance 
anglaise,  le  gouTemenr  condat,  en  1684,  on  traits  ayec  les 
cinq  nations  indiennes  conf($der^,  qui  se  pr^tendaient  pro- 
pri^taires  de  tout  le  territoire  situ^  entre  les  sources  tie 
robio,  le  lac  tri^  et  le  lac  Cbamplain.  Cette  r^publiqoe  in- 
dienne,  calibre  dans  lliistoire  des  £tats-Unis,  mais  dont  il 
n'^xiste  plus  aujourdliai  que  de  faibles  d^ris,  demeura 
toujours  d^Toute  k  la  cause  anglaise. 

Un  autre  tenement  important  pour  la  consolidation  des 
colonies  fut  la  fondation  de  la  PensyWanie  par  le  quaker 
Pen  n.  Son  intention  fut  d'offrir  an  asile  k  ses  cordigfon- 
naires,  qui  n*6taient  pas  plus  toKr^s  dans  la  mire  patrio 
que  dans  les  autres  colonies ;  et  en  1681  il  se  fit  concMer 
par  Charles  II,  k  charge  de  payer  k  perp^toit^  ane  cer- 
taine  rente  k  la  trdsorerie,  le  territoire,  encore  d^rt  et  tout 
couTert  d'^paisaesforftts,  sito^  entre  le  Maryland  et  le  New- 
Yoriu  Cette  contr^e  d^pendait  k  la  T^rite  du  territoire  ant^- 
ri^mrement  conc^^  an  due  d'York ;  mals  ce  prince  n'h^ita 

INCT.   DB  LA  GQNTCkS    —  T.   IX. 


SI 

point  k  renoncer  k  toutes  led  reclamations  quMI  eAt  pa  Clever 
en  vertu  de  sa  charte  de  concession.  Penn  obtint  pour  sa 
colonic  des  lettres  patentes  aux  termes  desqueUes  celui-ci 
reconnaissait  les  droits  da  roi  oomme  seigneur  suierain,  per- 
mettait  en  consequence  k  ses  svjets  d'en  appeler  k  la  juri- 
diction  suprteae  de  la  couronne,  et  s'engageait  k  s'abstenir 
de  tons  actes  contralres  k  la  raison  et  k  la  oonstitution  an- 
glaise. En  reyancbe,  fl  6tait  autorise  k  faire  des  lois  d'accord 
ayec  le  consdl  colonial,  k  dabfir  des  droits  de  donane 
moderns ,  et  en  cas  de  necessity  k  proclamer  la  loi  martiale. 
Aprte  aToir  encore  achete  an  dne  d*York  le  territoire,  d^jk 
peufde  et  diTise  en  comtes,  qui  s'etend  de  New-York  k  la  De- 
laware, Penn  partit  en  1683  pour  la  Pensylvanie  et  y  fonda, 
ayec  qudques  centaines  de  quakers,  la  Tffle  de  Philadelphie. 
Les  droits  et  les  immunites  quMl  y  accorda  indistinctement 
k  toutes  les  religions  et  4  tons  les  peoples,  firent  rapidement 
prosperer  sa  colonic.  Dans  les  trois  premieres  annees ,  U  y 
arriya  plas  de  dnquante  nayires  charges  d'emigrants.  Un 
grand  nombre  d*entre  eux,  qui  daient  idlemands,  fondirent 
sous  la  direction  d'nn  certain  Pastorias  de  Windshdm  la 
yille  de  Germanstown.  Quand,  en  1684,  Penn  repartit  pour 
TAngleterre,  la  colonic  nouydle  contenaltd^k  ylngt  centres 
de  population.  L'aydiement  an  trOne  da  due  d*York ,  qui 
en  1685  succeda  k  son  frfere,  sous  le  nom  de  Jacques  II, 
sembla  alors  menacer  les  colonies  da  plus  tristeayenir.  D'a- 
bord de  nouydles  rigoeurs  ftirent  ijontees  poor  les  colonies 
du  snd  aux  lois  rdatiyes  k  la  nayigation;  d  New-York  se 
yit  enleyer  Tacte  de  conformation  de  sa  constltiition,  lequel 
acte  eqoiyalait  k  des'Jettres  patentes  dans  les  colonies  qui 
n'daient  point  fondles  sur  le  priyiiege'  Bient6t  aprte  arriya 
k  Boston,  ayec  une  flotte,  I'anden  geuyemeur  de  New-York, 
Andross,  qui ,  k  la  grande  terreor  de  tout  le  Massachusetts, 
s'annon^a  en  quality  de  gouyemeur  general  et  de  comman- 
dant des  forces  britanniques  dans  la  Nooydle-Angleterre, 
Son  premier  acte  fht  de  declarer  le  Massachusetts  et  le  New- 
York  proyinces  royales ;  U  attaqoa  ensuite  les  titres  de  pos- 
session des  pianteurs  et  leor  en  reyendit  la  confirmation  k 
beaux  dealers  comptants.  Poor  satiafaire  aax  exigences  de 
la  conr,  il  dablit  toutes  series  de  taxes  et  d'impdts,  et  re- 
courut  aux  plus  honteusea  manoeoyres  pour  enleyer  au 
Connedlcot  d  k  Rhode-Island  Tade  de  confirmation  de  leiirs 
constitutions  respediyes.  Qoand,  en  1689,  on  refot  en  Ame* 
riqoe  la  nouyelle  de  la  chute  de  Jacques  II  d  de  Tayenement 
au  tHtaie  de  Guillaume  HI ,  les  colonies  y  applaodircnt  yi- 
yemeat  Ea  yain  Andross  youlut  contraindre  le  people  k 
faire  acte  d'attachement  k  la  cause  des  Stuarts;  dans  le 
Massachusetts  et  le  New-York  la  population  se  sooleya,  d 
se  declare  en  f^yeur  da  nooyeau  roi,  non  sans  oommettre 
de  grayes  excte.  Partoot  les  colons  remirent  de  tear  propre 
autorite  tears  anciennes  libertes  d  constitattens  en  yigoeur. 
Le  Massachosdts  n'obtint  qu'en  mai  1602  one  nooydle 
charte,  par  laqudle  te  colonic  de  New-Plymouth  d  te  dis- 
trict royal  d'Acadie  oo  Nourdle-^cosse  y  etaientlnoorpores. 
Malgre  tout^  la  bonne  Intdligence  qui  existait  entre  les 
colonies  d  le  roi,  des  temps  de  mdes  dprenyes  se  prepa- 
raient  pour  cdles-d.  BientAt  en  effd  edat^nt  les  goerres 
de  I/)uisXiy  et  de  GoiUaume  III ,  goerres  qui  preparfcrent 
remandpation  de  TAmerique ,  mals  desqudles  results  an 
temps  d*arrd  notable  dans  te  devdoppement  de  sa  dyili- 
satton.  Une  fois  la  Intte  engiigee,  les  attaqoes  des  Francis 
furent  prindpalement  dirigees  contie  le  New-York,  dont 
I'extention  ]usqa*aox  lacs  faisait  la  def  do  Canada.  Le  Mas- 
sachusetts ,  le  New-York  d  te  Coanedicat  se  Ugoteent  k  di- 
yerses  reprises  poor  lUre  des  imipdons  en  Canada ;  mais 
s'epoisirent  tenement  par  ces  expMitions,  qoe  te  Massa- 
chusetts enyint  ksetrooyer  redoitk  creer  on  papier  mon- 
naie.  La  paix  n'eut  pas  plustdtetesignee,  en  1696,  k  Ryswyk, 
que  la  guerre  de  la  successten  d'Espagne  menafa  de  nou- 
vean  les  colonies.  Le  New-York,  qui  dans  la  guerre  prece- 
dente  ayait  tant  souffert,  condut,  en  1702,  ayec  te  France 
uue  convention  de  neiitralite,  dont  le  resultat  fut  de  faire  re- 
toniber  toutes  ics  diargcs  de  la  guerre  sur  teMassadiiiaetts, 


M 


Stats-unis 


Ces  droonstaaoet  le  tlitermiateent  ^  restituer  TAcadie  k 
la  couroniie;  et  le  New-Jei^ley,  affaibU  par  des  dissensions 
fBttrieures,  se  rtonit  ao  New-Yori,  qal  gardait  la  neutrality  : 
wdou  d'aillears  pea  ayantageuM  poor  lul,  et  qd  dura  jns- 
qii'eo  173a. 

j    Latf  eolonieft  eorent  anaal  beauouop  k  aooffrir  des  suites 
'de  la  goerrei  En  1703  les  planteors  de  la  Caroline  surpri-  j 
tent  dans  la  Floride  lavllle  de8alnt*Aa(pistin;  mais  en  1706 
is  eurenl  k  repousser  one  attaqoe  tentie  par  les  EspiH^nols 

Ibnireleur  floritsante  Tfllede  Charlestown.  Ges  ^TdneoienU, 
fifaits  am  errh>yables  d^rastatlims  commises  k  Pimtigation  de 

%pagne  par  les  Indiens ,  v61uisifent  ^galement  la  Caroline 
la  n^eesshi  d'toiettreanpapier-monnaie.  La  pafai  d^Utreclit 
rendit  eniln,  en  1713,  am  ooloides  la  tranquillity  dlontelles 
•vaient  tant  besoin.  Dte  lors  en  effet  les  ^taUissements  du 
Aid  se  trouTtant  k  Pabri  des  eontlnuelies  d^r^dations  Jns- 
qn'alors  commlses  par  des  nbfftn  marrons  A  qoi  les  Espaguols 
lotimissaient  toujoors  dea  anaes. 

L*  es  e  latagedes  n^gre  saraitM  introduit  dans  les  CO- 
loaies  dtt  sod  dte  Pann6e  1680  par  ki  HdUandais.  L'emploi 
des  esclaves  oontriboa  extraordinalrement,  sans  aocun  •lonte, 
am  progrte  de  la  mise  en  culture  de  la  Caroline  et  ile  la 
Vfrginie;  mats  on  dnt  dte  lorspresseotir  les  dangers  ins^ 
parables  de  cette  degradation  syst^matique  de  la  race  hu- 
nalne.  La  trfate  shnation  o5  se  troovatt  la  Caroiino  en  1716 
Memrina  les  habitants  de  oette  eolonie  h  faire  abandon  k 
la  coaronne  de  tous  leun  droits  et  priyil^es  moyennant 
12,&00  livres  sterling;  etelle  ftit  akm  d6clar6e  proyinoe 
n>yale.  Ge  changement  fiit  solTi,  en  1729,  d'uae  mesure  utile : 
h  diyision  de  ce  territoire  en  Carolins  diLsud  et  Caroline 
du  nord. 

La  crise  qui  rtolta  poor  les  ^tablissements  rrancafs  du 
Missfssipi  des  operations  finand^rea  de  Law  flt  uo  instant 
redouter  am  colonies  anglaises  la  prise  de  possession  saU  par 
la  France,  soft  par  FEspagne,  du  territoire  desert  situC  entre 
les  fleuTes  appel^s  Savannah  et  Alatamaba.  Le  Frank's 
one  foig  parvenus  k  s*etablir  soUdement  sur  les  fronti^res 
mdridionales,  11  ne  devait  pas  leor  etre  difiicile  do  r^aliser 
leur  ancien  projet  de  relier  le  Canada  an  territDine  du  Mis- 
iisafpl,  sur  le  flanc  des  possessions  anglaises.  Ce  grave  peril 
lUt  detonme ,  non  par  le  minislte  Walpole,  qui  e|ait  alors 
MUX  aflaires,  mais  par  la  patriotiqne  et  inteiligente  initiative 
dequelquesparticttUers.En  1783  II  se  cr^a  k  Londres«  sous 
la  direction  du  philanthrope  lord  Oglethorpe,  una  society 
qui  obtint  de  Georges  II  des  lettres  patentes  fiour  la  Ion- 
dation  d*ttne  colonie  nouvelle  entre  la  Caroline  et  la  Floride 
espagnole.  Oglethorpe  lui  donna  le  nom  de  Qeorgie^  en* 
Fhonnenr  du  roi  regnant,  etemmena  avec  lui  un  grand  nom* 
bre  dlrlandaia  paovres  etde  mendiants  anglaig.  Arrive  sur 
les  bords  du  Savannah ,  ii  y  fonda  la  viUe  du  m£me  nom. 
La  colonie  ne  put  que  langnir,  avec  one  population  depuis 
longtemps  deshabituee  du  travail ;  die  ne  fit  de  rapides 
progr^s  que  lorsqn'un  grand  nombre  de  momtagnards 
eeoMais  et  de  protestaots  exputees  du  diocte  de  Sahlioni^ 
etde  la  Suisse,  fhrent  venus  s'y  etablir, et  qnand  Oglethorpe 
eut  reussi  k  flaire  depenser  k  laSociete  one  somme  de  216,000 
Hvres  sterlfaig. 

La  guerre  de  la  succession  d*Antriche  et  la  lutte  qui  en 
1739  edata  dans  les  Indes  ooddentales  entre  TEspagne  et 
PAngieterre  entratnerent  aossi  les  colonies  du  sud  dans 
des  inttes  avec  leurs  jalom  voisins.  En  1732,  Oglethorpe, 
apres  avoir  inutilement  tente  one  attaque  centre  la  Floride, 
repoussa  les  Espagnols  entr6s  en  Georgie  an  nombre  de 
2,000  hommes  et  sulvis  d'one  horde  d^esclaves  desertenrs. 
It  etait  natural  que  les  colcmles  du  sud,  pen  peupiees  et 
dont  les  forces  se  trouvaleot  bient6t  epuisees,  soupirassent 
aprb  la  paix ;  les  florissants  Atats  de  la  Nouvelle-Angleterre 
apprirent  au  contraire  avec  Joie,  en  1744 ,  par  la  declaration 
de  guerre  entre  PAngieterre  et  la  France,  qu'il  allait  de 
noovean  Icur  etre  permis  de  se  mesurer  avec  leurs  cons- 
tants ennemis  du  Canada,  et  commenc^rent  par  venh  en 
tide  de  toutes  mani^res  au  pelit  nombre  de  troupes  en- 


voydes  par  le  gouvemeroent  pour  la  defense  de  PAcadie, 
Au  printemps  de  1744  le  Mi^ssachusetts,  le  Connecticut  et 
le  New-Hampshire  entreprirent  meme  k  frais  communs,  sous 
les  ordres  du  planteur  Pepperell  et  avec  Passistanoe  de  hi 
flotte  royale,  une  attaque  contre  Louisbourg,  forteresse  fran- 
false  bitle  sur  le  cap  Breton,  qui  fut  contrainte  de  capi- 
tuler  le  I*'  mal.  La  prise  de  Louisbourg,  dont  les  fortifica- 
tions avaient  oottte  plus  de  trente  millions  k  la  France,  et 
qui  passalent  pour  le  boulevard  de  la  puissance  frangaise 
en  Ameriqoe,  etait  bien  faite  pour  exalter  l^amoor-propre 
et  Pesprit  goerrier  des  populations.  Aussi  nliesiti^reDt-elles 
pas  k  mettre  snccesdvement  le  siege  devant  les  differentg 
forts  flran^  dela  froncti^du  Canada,  lorsqne  la  nonvelle 
de  Parrivee  prochalne  d'nne  foruiidable  flotte  ftanfalse,  aux 
ordres  dn  due  d*Anville,  vint  repandre  une  alarme  generale. 
Mais  des  accidents  de  mer  detnUsirent  cette  autre  armada 
avant  qu'eOe  pftt  attehidre  les  cdtes  de  PAmerique;  et  les 
Franfais  se  aentirent  alors  si  fidbleSy  qoe  Jusqu*!  la  paix 
d'Aix-la-Cbapelle  ( 1748 )  Qs  n'entreprlrent  fins  rien  eontre 
les  colonies  anglaises.  Le  traite  de  paix  rcndU  Looisboarg 
k  la  France,  mais  laisaa  indedse  la  questkm  des  fh)ntieres 
du  Canada,  au  vif  meoontentemeht  des  popidations  de  la 
Nouvelle-Angleterre. 

Les  colonies  s^aper^orent  alors,  pour  la  prendre  fois, 
que  leur  cause  n^etalt  pas  la  memo  que  celle  de  la  metro- 
pole  et  de  son  commerce,  et  qn'elles  avaient  )usqu*li  present 
sacrifie  leors  U-esors  et  le  plus  pur  de  leur  sang  k  des  in- 
terets  qui  leur  etalent  etrangers.  Le  Massachusetts,  de  tous 
ces  nouveaux  £tats  celui  qui  avail  fUt  le  plus  de  sacrifices, 
avail  emis  pour  2,200,000  liv.  st  d*on  papier*monnaie  qui 
perdait  k  ce  moment  92  p.  100  de  sa  valenr  nondnale,  et  qui 
rendait  d^nne  dilficulte  extreme  toutes  les  relations  com- 
merciales.  Le  pariement  consentit  tontefois  k  prendre  k  sa 
charge  une  notable  pariie  de  ces  pertes,  de  sorte  qne  le 
I^IasRachusetts  put  retirer  son  papier-monnaie  de  la  cbrcu- 
latioD.  Les  colonies  du  sud,  qui  reforent  egalement  une 
indemnite,  gaspiiierent  ces  ressouroes  et  tomb^rent  dans 
une  confusion  extreme.  La  conclusion  du  traite  de  paix 
avec  la  France  n^etait  point  encore  connne,  que  la  lutte  re- 
oommen^ait  sans  declaration  de  guerre  prealable  sur  les 
fronti^res  du  Canada.  Toutes  les  colonies ,  sauf  les  trois 
plus  m^ridlonales,  se  confedererent  en  1764  en  un  congres 
general  tenu  k  Albany,  oh,  representees  par  leurs  gouveme- 
ments  respecUfs,  elles  deiibererent  sur  les  mesures  de  defense 
commune  k  prendre  contre  les  Franks.  Le  mhilst^  rejeta 
par  defiance  les  resolutions  du  congr^s  general,  et  proposa 
on  autre  plan,  que  les  colonies  repousserent  k  leur  tour , 
parce  qu'eiles  y  crurent  voh*  la  pensee  secrete  de  deferer 
quelque  jour  au  pariement  le  droit  de  determiner  la  nature 
et  la  quotite  des  imp^  k  preiever  sur  les  colons. 

Pour  proteger  d^une  maniere  plus  efficace  les  frontierea 
du  sud,  le  gouvemement  avidt  annuie  des  le  mois  de  juin 
1752  les  lettres  patentes  acoordees  k  pgletborpe  pour  la  co- 
lonisatton  de  la  Georgie,  devenue  le  theAtre  des -plus  deplo- 
rabies  conflits  hiterieurs,  et  Pavaitdeclaree  province  royale. 
Afin  de  pouvoir  mieux  defendre  les  fronti^res  de  PAcadie , 
le  mhiistere  s'empara  aussi,  en  1749,  du  territoire  de  POhio 
k  hi  possession  duquel  les  Frangais  eievaient  des  preten- 
tions^ et  le  concede  k  une  compagnie  qui  eut  mission  d'oii- 
vrir  des  relations,  amic^es  avec  les  sanvages.  Tontefois, 
cette  mesure  fut  hnpuissante  k  arreter  les  progrte  que  les 
Frangaia  do  Canada  faisaient  de  plus  en  plus  vers  le  sod. 
En  1755  les  colonies  resolurent  done,  d'accord  avec  le  ge- 
neral anglais  Braddok,  arrive  k  la  tete  de  quelqnes  regiments 
de  renfort,  d'entreprendre  contre  les  forts  fran^  Niagara, 
CrowDpoint  et  Duquesne  sur  les  ftontieres  du  Canada,  une 
expediticm,  qui  ne  fut  suivie  que  de  revers. 

Enfin,  k  la  grande  Jole  dea  colonies,  to  metn^Ie  dedara 
formellement  hi  guerre  k  la  France  en  mal  17M.  Les  colo- 
nies ,  surtout  le  Massachusetts  et  le  New-Yorfc,  redoobl^rent 
alors  d'eObrts;  mais  Pincapacite  des  geneniux  anglais  Aber- 
crumbie  et  Loudon,  pour  qui  d^ailleurs  les  milices  coloniales 


1^.TATS^UMS 


^talent  un  ohjet  de  defiance  et  de  m^rift,  entraya  et  fit 
^louer  les  plans  ies  plus  liardis,  de  sorte  qua  les  Franks 
piirent  porter  toujours  phis  an  sad  leur  ligne  de  defense  eC 
la  rapprocber  des  froDli6res  de  la  NonTelle-Angleterre.  Ge 
Tut  settlement  en  dtembre  1756,  k  Tarrifte  aux  affaires  du 
c^l^bre  William  Pitt,  corote  Chatham,  qu'ane  direotlon 
plus  benreose  (tit  impilrote  k  la  guerre.  On  rtelut  de  re- 
prendre  Lonisboarg.  A  cet  efTet,  on  rtenit  dans  le  port 
d'Halifai  une  grande  flotte  atec  un  corps  de  d^barqnenient 
de  11,000  bommes,  idns!  qo'une  nombreose  artiUerie,  et  en 
mtoie  tempe  on  projeta  de  fiitre  attatpier  par  des  troupes  de 
Ugne  Ies  forts  fran^  dtofH  sur  ks  lacs.  Mais  Loudon,  qui 
h  la  retraite  de  Chatham,  ayait  M  InTCsti  du  commande- 
ment  en  chef,  demeura  inactif  pendant  toute  Tannte  1757 
sous  Ies  plus  (biiles  pr^textes.  En  juin  1757  Chatham  revint 
au  timon  des  afbires,  d^termina  les  colonies  k  faire  des 
preparatifs  immenses  pourlacampagne  de  1758,  et  envoya 
en  Am^rique  une  flotte  formidable,  avee  des  forces  de  tcrre 
^piivalentes.  Le  26  juillet  1758  le  fort  de  Louisbourg  tut 
rMuit  k  capKuler.  Pendant  ce  temps-lit  Tarm^  de  terre, 
forte  de  16,000  hommes  de  tro«pes  de  ligne  et  de  milices, 
parrenait,  k  travers  des  obstades  de  tous  g^res,  jusqu'aux 
lacs,  mais  sans  pouToir  expulser  les  Fran^ais  de  leurs  re- 
trancberaents.  La  prise  de  possession  do  fort  Frontenac  et 
du  fort  Duquesne,  ^tacute  Tolontairement  par  reBoeml ,  fot 
le  seul  fruit  de  eette  exp^litioo.  Les  colonies  firent  encore  de 
plus  grands  efforts  poor  la  campagne  de  1759,  qui  eut  pour 
r^ultat  d'an^antir  la  puissance  fran^ise  en  Amdrique.  Les 
milices  ooloniales  comroandto  par  le  g^ral  Amherst  s'em- 
par^rent  des  importaats  forts  de  Tieonderoga  et  de  Crown* 
point,  et,  sons  les  ordres  du  g^n^ral  Johnson,  du  fort  Nia- 
gara. Le  gto^ral  Wolff,  k  la  t6te  d*on  corps  mixta,  enTahit 
le  Canada,  et  le  18  septembre  il  contraignit  mtoie  Quebec  k 
capituler.  Dans  une  derail  campagne,  en  1760,  Amherst 
€t  Murray  achcT^rent,  la  conqu6te  de  toot  le  Canada,  en 
s'em|>arant  de  Montr^l  et  en  diassant  les  Franfais  de  tous 
les  autres  points  fortifies  qo'ils  occupaient  encore. 

La  paix  conclue  k  Paris  le  10  §6n\er  1763  assara  aux 
Anglais  la  possession  de  PAoadie,  do  Canada  et  du  c^ 
Breton.  11  fot  stipule  que  le  thalweg  du  Mississipi  forme- 
rait  ddsormais  la  ligne  do  dtomrcation  des  possessions 
fran^aises  et  anglaises  au  sud,  et  que  la  navigation  de  ce 
fleuTe  serait  libre  poor  les  deux  nations.  L*An^eterre  obtint 
de  I'Espagne,  en  ^change  de  la  restitution  de  la  Havane,  la 
Florida  et  tout  le  tenitoire  quo  cctte  puissance  avait  ju^ 
qu'alors  poss^6  sfir  la  riye  orientale  du  Mississipi.  Cest 
uuiquement  k  Pin^puisable  richesse,  k  la  Constance  et  anx 
immenses  sacrifices  de  ses  colonies  que  FAngleteire  ^tait 
rederablede  T^norme  accroissement  de  territoire  qne  cette 
paix  lui  aTBit  valu.  Les  STantagea  que  les  colonies  tirtrent 
des  triomphes  de  la  m^tropole  ne  forait  d'ailleors  pas 
moindres.  D^rmais  tears  fhmti^res  se  trouTftrent  k  I'abri 
de  toute  attaque,  de  mdme  que  les  ressourees  de  leor  com- 
merce et  de  leur  naTigation  doabMes.  Dte  Ukts  anssi  elles 
purent  ourrir  k  Touest  del  d€boachte  illimitte  au  torrent 
de  leur  active  et  entreprenante  population. 

Au  moment  oh  fot  conclue  hi  paix  de  1763  la  popolatimi 
des  diflSrentes  colonies  s^^evait  k  1,300,000  Ames,  dont 
500,000  poor  la  Nouvelle-Anglcterre.  Dans  les  colonies  du 
nord  il  n'existait  qu'nn  trte-petit  nombre  d'esclaves,  tandis 
<pi*au  sud  Hs  ^latent  k  pen  prte  aassi  nombreux  que  les 
blancs.  La  production  des  mati^res  premieres  restait  toujours 
la  principale  ressoorce  des  habitants.  Leur  industries  se 
boniait  k  la  pratique  des  metiers  les  plus  uidispeiisabies, 
entray^  le  plus  souvent  par  les  r^lements  restricUfs  de 
U  in^tropole.  La  Caroline  avail  troav^  de  nenveaux  moyens 
d'^hange  dans  la  culture  de  rind(go  et  du  coton ,  et  la 
Georgie  dans  oelle  de  la  sole.  L^pritde  nioraliti,  les  habi- 
tudes de  travail  et  trdconoinie  domlnaient  g^n^ralement  dans 
les  Families;  on  y  possMait  en  abondance  tous  les  objets 
ii^cessaires  k  fo  vie ,  et  nne  nomhreuse  po$tMt6  y  ^tait 
coiiaid6r<^  oomme  la  plus  grande  b(in<k)iction  du  del.  Re- 


89 


trempd  dans  sa  luttecontre  la  nature  et  anohli  par  one  cons- 
titution llbre,  le  cafact^re  du  planteur  se  refl^tait  daus  let 
tendances  essentiellement  d^ocratiques  dela  vie  politique. 

Aprte  la  oondnsion  de  la  paix  de  1763,  il  ne  put  tapper 
&  peFsonneqneles  colonies  ang|ai«es,de  rAm^rique  do  ^'or4 
louchaient  k  nn  moment  de  criso  d^sive  dans  leurs  rap- 
ports avec  la  mdtropole.  Leur  attitude  pleine  de  confiancci 
et  les  diacoors  deleurs  agents  t^moignaient  qu^dles  ac- 
quteieot  de  pins  en  plus  le  sentiment  de  leur  force.  Qu«^ 
ques  sacrifices  qu'dles  se  fussent  imp(is6s  dans  la  dernl&ro 
guerre,  dies  n^avdeat  pofaitd'aussi  profoudes  blessures  k  ci» 
catriser  que  la  m6re  patrie,  k  qui  un  Id  ^tat  de  choses  ne 
pouvait  manquer  dMnspirer  de  Tenvie  et  de  la  ddfianee. 
Dans  rimposdbUit^  d'all^er  <iutrement  le  fardeau  toasant 
de  la  dette  de  la  vidUe  Angleterre ,  le  parlement  crut  juste 
et  convenable  de  fdre  supporter  aux  colonies  une  part  pro* 
portionnelle  des  charges  sous  lesqudles  succombait  la  nu^« 
tropole.  L'^tablissement  d'un  impOt  au  profit  du  tr^i  an* 
glais  porut  une  mesnre  uou-seulement  Suitable,  mds  en- 
core politique,  parce  qu^eUe  oonstaterait  le  droit  de  souve* 
rainet^  de  TAngleterre  sur  ses  colonies.  Le  roi  Georges  III, 
son  mmistre  B  u  te  et  les  torys,  ence  moment  k  la  direction 
des  aflaires,  virent  en  outre  dans  la  creation  de  cet  impOt  uo 
moyen  de  donner  plus  de  force  au  prindpe  de  Tautorit^ 
royde,  c'e8t*li-dire  au  despotlsme,  tant  eh  de^  q^i^au  ddi 
des  mors. 

Le  bruit  se  r^pandit  bientOt  qne  lord  Bute  m^tait  non-€eu- 
lenient  d'^blir  un  impdt  sur  les  colonies,  mais  encore  d'o* 
p^rer  dimportantes  modificatioBa  dans  leurs  constitution! 
politiques  et  rdigieuses.  Au  mois  de  mars  1764  le  pariement 
declare  incidemment  qu'il  avdt  le  droit  d*4tablir  des  imp6U 
et  des  droits  de  douanes  dans  les  colonies ;  et  en  avril 
snivant  il  y  frappa  d'un  droit  d'entrte  ^quivalant  k  une 
prohibition  les  sucres  strangers,  le  cafo,  Tindigo,  le  vto  e^ 
les  soieries  venant  des  Indea  orientales.;  Ce  qui  Irritales 
colonies,  ce  fut  mdiis  Pitahlissement  de  ce  droit,  qu'on 
pouvdt  k  U  rigoenr  condd6rer  comme  une  mesure  ooin- 
merdale ,  que  le  prindpe  prodam^  par  le  parlement  Ja- 
mais»  k  biea  dire,  les  colonies  ne  s'^ient  refos^  k  con- 
tribuer  anx  charges  de  la  guerre;-  mais  dies  entenddent  le 
fdre  par  leurs  organes  constitutiomidsy  par  leurs  congrte 
coloniaux.  En  leur  quality  d*AngUds  Ubres,  aind  quails  ^ient 
qualifite  dans  les  divenes  chartes  en  vertu  desquelles  s'6- 
taient  successivement  formte  les  colcmies  de  TAm^rique 
du  Nord ,  les  colons  pr^tendaient  avoir  le  droit  de  s'iraposer 
eux-mtoies.  Dte  lors  toute  disposition  faite  sur  leur  bourse 
par  one  corporation  ou  une  autoritd  dans  laqudle  ila  n*^« 
tdent  pas  represents,  leur  paraissdt  une  attaque  k  leur  pro- 
pria priv^  one  violation  flagrante  de  la  constitutioB  an- 
giaise.  Toutefois,  danalesreprSentations  qu'dles  pr^nt^- 
rent  imm^diatement  eontre  la  nouvelle  loi  de  douaues,  les 
colonies  n'ostoent  point  eiiGure  aborder  la  question  de  drolL 
Le  goovernement  anglais  ne  vit  done  dans  leurs  reclama- 
tions qu'nne  protestation  eontre  ra«dette  mAmede  I'iuipdt, 
et  en  176511  fit  adopter  par  le  parlement  deux  bills,  dont 
Tun  introdoisdt  TimpOt  du  timbre  dans  les  colonies  et  dont 
raohre  leur  unposait  TobligatioQ  de  foumir  aux  troupes 
royales  des  logQmenls  et  dM  vivres  en  nature.  Ces  denx 
lois,odieuseseaellea-m6mes,  n'avuent  pas  cette  fois  Texcuse 
d*6tre  des  mesures  conuBercides ;  dies  n^^ent  que  le  tk^ 
sultat  des  flagrantes  usurpations  du  parlement. 

Les  Am^ricains  sachant  Uen  que  lapremi^taxe  I^s-^. 
lativement  ^td)lie  ear  eox  par  le  parlement,  constituerdt 
un  prMdent  dont  plus  tard  on  invoquerdt  tuujours  Tautoi*. 
rit^,  prirent  la  forme  rAsdution  de  nNster  par  tous  les 
moyens  posdbjes  k  Pextoition  de  oes  deux  bills.  La  pressa 
quottdienne,  d^jft  puissante  dors  et  menace  dans  son  exis- 
tenee  par  T^tablissement  du  timbre ,  s'assoda  de  toutes  Ml 
forces  k  ce  mouvement  de  rteistance.  L(bs  assemble  colo» 
niales  du  Massachusetts,  de  Rbode-Idaud,  de  Connecticut » 
•ill  New-Jersey,  de  la  Pensylvanie,  du  Maryland  et  de  la 
Caroline  du  sod  se  r^unlrent  au  mois  d'octobre  1716  | 


94 

New^York  en  eongrte  gfnMi.  On  j  d^dara  les  deux  bills 
ill^ux,  en  mAme  temps  qu'on  adreftsa  an  parlement  une 
d^daratioo  de  droits  et  de  griefs.  En  mtoie  temps  il  se 
forma  dans  le  people  des  associations  dont  les  membres 
s'engagirent  k  n'acheter  et  k  nu  consommer  aocone  mar- 
claandise  anglaise,  k  faire  Tider  dorteavant  par  det  aibitres 
tbutes  lenrs  contestations  judidaires,  afln  de  se  soostraire 
ainsi  an  payewent  de  rimp6t  du  timbre.  Qoand  le  bill  du 
timbre  fut  mis  en  vigueur,  le  1*'  novembre  1765 ,  les  cours 
de  Jostioe  elles^ntoies  refus&rent  de  tenir  la  main  k  son  ex^ 
cation.  An  mois  de  mars  1786 ,  cedent  aux  pridres  da 
commerce  anglsis,  qu*  en  ^prouvait  on  notable  pr^jadioe, 
le  nouTeao  minist^re  Rockfngliam,  d'accoid  ayec  le  parle- 
ment, sappiima  Tacte  da  timbre,  mats  rendit  en  mtoie  temps 
un  bill  de  d4ekartUion  qni  mettait  k  n^anttontes  les  r^so- 
latious  da  congrte  colonnial ,  et  attribnait  de  nooTeaa  aa 
parlement  anglais  le  droit  de  rendre  toate  esp^  de  lois  et 
de  r^ements  poar  les  colonies.  Cette  declaration  et  le  main- 
tien  de  la  k)i  relatire  k  Tentretien  des  troupes  emp^^rent 
les  AmMadns  de  voir  dans  le  retrait  de  la  loi  da  timbre 
une  mesnre  de  conciliation. 

En  mal  1767  le  cbancelier  de  I'^iiqaier  Townshend 
prtenta  k  la  sanction  du  parlement  une  loi  qui  dtablissait 
dans  les  colonies  one  taxe  sor  le  tii^ ,  le  verre,  le  papier  et. 
les  couleors  fines,  et  une  autre  loi  en  vertu  de  laquelie  un 
drawlHiek  oousidenble  ^tait  accord^  anx  thds  entoy^ 
d'Angleterre  dans  les  ports  d*Iriande  et  d'Am^riqne.  Le 
gouTemement  pensait  que  le  taux  minime  de  ces  taxes 
triompberait  de  la  r^stance  des  colons ,  d'autant  plus  que 
grftce  aux  droits  d^  drawback,  les  n^godants  anglais  ^talent 
d^rmais  en  mesure  de  leur  foumir  des  th^  k  bien  meil- 
leur  marcb6  que  les  contrebandiers  bollandais.  Mais  les 
colonies  ne  se  laiss^rent  pas  prendre  k  l*app&t  de  Tint^r^t 
priT^.  A  Boston,  ob  farent  6tablis  les  premiers  bureaux  de 
douaiie,  il  ^data  k  cetie  occasion  de  sanglants  conflits ;  et 
les  dtoyens  ainsi  que  les  autorit^  constitute  eUes-m£mes 
se  refus^rent  a  loger  les  troupes  arriTte  dans  leur  ville. 
Les  gouTemeors  ayant  prdiib^  les  stances  des  congcte  co* 
loniaux,  les  membres  de  ces  assemble  n'en  tinrent  pas 
raoins  des  rtenions  particoliftres,  dans  lesqudles  s'oiigani- 
sa  la  r^istance  contre  les  usurpations  de  la  mdtropoie. 

Les  pertes  toujonrs  croissantes  du  commerce  anglais.  Tat- 
titude  ferme  et  r^lue  des  Am^cains  et  l*extension  ef- 
frayante  prise  par  la  contrebande,  d^dd^rent  le  gouveme- 
nient  et  le  parlement  anglais  k  recourir  k  une  politique  en 
apparence  plus  conciliatrice.  Lord  North,  soccesseur  de 
Townshend,  supprima,  d'accord  a?ec  le^parlement,  la  loi  de 
douanes  de  1767 ;  mais  pour  laisser  la  quereUe  ind^se,  il 
etablit  un  droit  d'entrte  sur  le  th^  de  trois  pence  par  livre. 
Cette  mesure  artifideu3e,  qui  rencontre  la  plus  Tive  opposition 
au  sein  m6me  du  parlement,  proToqoa  une  grande  irritation 
dans  les  colonies.  On  s*6tait  attendu  k  one  solution  qud- 
conque  de  la  question  de  droit,  et  non  point  k  des  ^hap- 
patoires,  et  on  r^.solut  done  imaniment  d'opposer  h  Tastuce 
ropini&trete  et  au  besoin  la  force.  Les  b&timents  chared 
de  the  appartenant  k  la  Compagnie  des  Indes  ( man&o^  de 
tomber  en  faillite  par  suite  de  I'accumulation  de  ses.  mar- 
cbandises,  pour  lesqudles  die  ne  trouvait  plus  de  d^bou- 
cbte )  furent  repouss^  des  ports  d'Am^ique  en  vertu  m^me 
d'ordonnanoes  ^mante  de  la  justice,  lis  ne  pouvaient  en- 
trer  qa*k  Boston,  et  encore  grAce  seulement  k  la  protection 
des  vaisseaux  de  guerre  anglais.  Toutefois,  dans  ce  port 
m^me,  le  18  d^cerabre  1773,  dix-huit  individus  d^guis^ 
on  Indiens  assaillirent  le  Ikamouth^  b&timent  diarg^  de 
the,  defonc^rent  les  caisses  contenant  la  pr^cieuse  mar- 
chandise  et  jet^rent  soleunellement  k  la  roer  nne  Taleur 
de  plus  de  18,600  liT.sterl.  Le  gouverneur  du  Massachusets, 
Hutcheson,  homroe  qui  sembic  d*aiUeurs  avoir  eie  en  tout 
ced  le  mauvais  genie  de  I'Angleterre,  d^pdgnit  cet  inci- 
dent k  la  cour  sous  les  couleurs  les'  plus  rembrunies.  Le 
parlement  se  laissa  aiors  aller  k  rendre,  en  mars  i774,  unt 
aerie  (le  bills  qoi  dedaralent  le  port  de  Boston  en  etat  de 


feTATS-UNIS 


blocos  k  partir  da  I*'  juin,  rapprlmaient  U  constitution  do 
Blassachusetts,  et,  en  empietant  sar  le  territoire  des  diffe* 
rentes  colonies,  ordonnaient  que  la  provfaice  de  Canada  s'e- 
tendrait  desormais  depois  les  lacs  jasqu'au  Mississipi. 
Oes  resolutions  equivalaient  k  une  dedaration  de  guerre,  et  ^ 
les  colonies  ne  s'y  tromp^rent  pas  non  plus.  Tandis  que  les  | 
sodetes  popubdres  deiiberdent  sar  la  situation  de  la  chose 
publiqne,  encoorageaient  les  dtoyens  k  scanner,  veiliaient 
k  ce  que  diacun  s'absttnt  exactement  de'  consommer  des  mar- 
chandises  anglalses,  et,  d'acoord  avec  la  presse,  preparaieot 
les  esprits  k  une  dedaration  d'independance,  un  congres 
general  des  colonies  de  Massachusetts,  New-York,  Rh(^e- 
Isbuid,  New-Hampshire,  Pensyivanie,  Maryland,  Virginic^  ., 
Caroline  du  nord,  Connecticut,  Georgte,  New-Jersey  et  De- 
laware se  reunitle  I*'  septembrel774,  k  Philaddphie.  De- 
laware, la  plus  petite  des  colonies,  s*etait  separee  d^ 
I'annee  1710  de  la  Pensylvanie,  et  etait  devenue  ainsi  in- 
dependante.  Ce  fut  Pannee  saivante  sealement  que  la  Caro- 
line dn  sud,  plus  particuli^rement  favorisee  jusqu'alors  par 
le  gouvemeknent,  accede  par  patriotisme  au  congr^,  de 
sortequMl  y  entalors  une  veritable  ligue  entre  lestreize  colo> 
nies,  fbrmant  autant  d*£tats  independents, 

Ce  congres  renfermalt  tons  les  bommes  qui  dans  les  co- 
tonies  passaient  pour  avoir  le  plus  de  talent,  de  droiture  et 
de  patriotisme,  et  suppieait  au  defaut  d'autorite  par  one 
dignite  et  par  une  unanimite  de  sentiments  bien  rares.  II 
envoya  au  roi  et  au  pariement  des  petitions  et  des  adresses 
dans  lesquelles  les  colonies  d^Amerique  protestaient  de  leur 
attachement  k  la  mere  patrie ,  promettaient  lear  concours 
constitationnd  pour  supporter  les  charges  de  T^t,  et  de- 
mandaient  en  echange  la  paix,  la  liberie  et  la  securite.  D*au- 
tres  adresses  furent  envoyees  au  Canada  et  aux  colonies  iso- 
lees.  Ces  demarches,  tontes  padfiques,  n'empeeherent  point 
le  coDgres  de  prohiber,  k  dater  du  1*'  decembre  1774,  toute 
importation  de  produits  de  I'industrie  anglaise  provenant 
des  ports  de  I'Angleterre  ou  de  ses  colonies  des  Indes  occi- 
dentales,  el,  k  dater  du  10  septembre  1775,  toute  exporta- 
tion des  produits  des  colonies  pour  TAngleterre.  Le  congres 
se  separa  le  36  octobre,  apr^s  avoir  dedde  qu*il  se  reunirait 
de  nouveau  le  10  mai  1776.  Tootes  les  assembiees  coloniales 
et  populaires  adbererent  bautement  k  ces  resolutions.  Le 
general  Gage,  qui  commandait  k  Boston  les  forces  anglaises, 
ayant  pris  une  attitude  mena^ante ,  fortifie  le  port  et  es- 
saye  de  mettre  k  execution  les  mesures  ordonnees  par  le 
parlement  k  regard  du  Massachusetts,  on  s'attendit  k  voir  la 
lutte  edater  au  premier  jour.  En  consequence,  on  construi- 
sit  des  moulins  k  poudre,  on  mit  la  main  sur  les  caisses 
publiques  et  sur  les  objets  d^armement  appartenant  au  gou- 
vemement,  en  memo  temps  qu*on  demanda  des  arroes  k  la 
contrebande.  Un  comite  de  sOrete,  qui  s^organisa  dans  le  Mas- 
sachusetts, de  toutes  les  colonies  la  plus  menacee  parPAn- 
gleterre,  parvinten  peo  de  temps  k  mettre  sur  pied  un  corps 
de  12,000  hommes,  compose  en  grande  partie  de  milices, 
et  reunit  des  quantites  considerables  de  munitions  k  Con- 
cord. Detds  actes  etaient  certes  de  nature  ^  exciter  les  plus 
vivos  inquietudes  dans  la  metropole :  aussi,  lorsquele  par- 
lement se  reunit  an  commencement  de  Tannee  1775,  auto- 
risa-t-il  immediatement  la  cooronne  k  employer  desormais  I& 
force  des  armes.  Le  9  fevrier  le  Massachusetts  fut  dedare 
en  etat  de  revolte,  et  deux  autres  bills^  interdircnt  tout 
commerce  avec  les  colonies.  Le  commencement  des  liosti- 
lites  jsuivit  de  pr^s  ces  dispositions  legislatives.  Le  18  STrit 
1771  Gage  fit  detruire  par  un  fort  detadiement  Papprovi- 
sionnement  de  munitions  reuni  k  Concord ;  mais  dans  sa 
retraite  le  corps  expeditionnaire  eut  k  soutenir  k  LexingtoQ 
un  combat  des  plus  sanglants  contre  les  milices  du  Massa  - 
chusetts.  Toutes  les  colonies  s^empressercnt  alors  de  faire 
marcher  sur  Boston  des  troupes  et  des  milices,  qui  nc  tanl^« 
rent  pas  k  former  un  corps  de  20,000  bommes,  avec  lec|U(4 
on  entreprit  le  siege  de  cette  ville.  £n  meme  temps  leconii(6 
de  sOrete  faisatt  partir  Taudadeux  colonel  Arnold  k\h  tet« 
d*un  petit  cordis  poor  les  fronti^res  du  Canada,  ou,  au  moi  ^^ 


ETATS-UNIS 


85 


St  mu,  il  8*einpara  des  forts  Hconderoga  et  Crownpoint, 
ainsi  que  des  b&Uments  de  guerre  anglais  en  station  sor 
ie  lac  Champiain.  Get  beureui  coup  de  main  meltait  les 
clelli  do  Canada  au  pouToir  des  insuig^  am^cains. 

Cependant  le  congrte  se  r^onit  de  noavean  le  10  mai  k 
Philadelphie,  pourrut  k  r^quipeuent  d'une  arm^  en  errant 
trois  millions  de  dollars  de  papier-monnaie,  et  chdsit  War 
shington  poor  commandant  en  chef  de  Tarm^e  des  co- 
lonies uniesy  vrec  Putnam,  Ward  et  Sbugler  pour  com- 
mandants en  second.  On  ordonna  aussi  la  formation  d'une 
escadre,  qui  rendit  d'abord  de  grands  services,  mais  qui  plus 
tard  Alt  an^antie  par  les  flottes  anglaises.  Gomme  lis  ^talent 
encore  fort  nombreux  oenx  qu^eflarouchait  la  simple  id^ 
d'une  deration  d*ind^pendance,  le  congrte,  pour  donner 
cette  satisfaction  k  leurs  scrupnies,  rMigea  une  demi^re 
adresse  au  roi,  dans  laquelle  les  colonies  oflraieot  encore  de 
se  soum^tremoyennant  qu^on  leur  garantlt  leurs  droits.  Mais 
Georges  III  refusa  obstin^ment  d'accepterun  pareil  com- 
promise et  rencontra  les  mtoies  dispositions  dans  le  parti 
tory,  sur  lequel  s'appuyait  son  gouTememeut.  Les  colonies, 
qui  connaissaient  leurs  forces  et  qui  calculaient  avec  beau- 
coup  de  justesseque  la  mdtropole  s^^puiserait  infailliblement 
et  inutilement  dans  cette  lutte  lointaine,  comprirent  que  le 
sort  en  6tait  jet^,  et  d^s  lors  se  mirent  en  devoir  de  pour- 
suivre  leur  but  en  d^ployant  une  Constance,  une  fermetd  et 
une  activity  toutes  particuliires. 

A  la  suite  de  quelques  escarmouches,  les  troupes  coloniales 
occup^rent,  le  16  Juin  1775,  Les  bauteurs  de  Bunkershill,  qm 
dominent  la  ville  de  Boston.  Gage  fit  donner  T^ite  de  ses 
troupes,  et  ne  r^ssit  qu^aprte  de  nombreuses  et  sanglantes 
attaqoes  k  ddoger  Tcnnemi  de  ses  positions.  Les  colonies 
mirent  k  profit  IMnstant  de  r^pit  qui  solvit  alors  pour  orga- 
niser leur  systtoe  administratlf  et  pour  Clever  des  retran- 
cbements  sur  les  c6tes  m^ridionales,  oil  le  g^^ral  Lie  prit  le 
commandement  des  milices.  Gage  ayant  c6d^  le  comman- 
dement  k  lord  Howe,  le  10  septembre ,  les  troupes  royales 
chercb^rent  plusieors  fois  k  rompre  I'armte  am^ricaine,  et, 
pour  d^tourner  Tatteution  de  rennemi,  incendi^ent  Fal- 
mouth et  quelques  autres  locality  voisines  de  U  c^te.  Mais 
les  Amiricains  gard^rentleurs  positions,  et  occup^rent  mtoie, 
le  16  mars  177G,  les  hauteurs  de  Dorchester,  d'od  iis  canon- 
n^rent  si  vivement  Boston,  que  Gage  se  vltcoutraintd^^vacuer 
la  ville  avec  sun  corps  d'ano^  r^uit,  k  3,000  honmies  et 
IMK)  loyalistes  on  individus  d€voufyik  la  cause  royale,  pour 
gagner  Halifax  ?  dans  la  Monvelle-^sse ,  en  abandonnant 
son  artillerie  et  ses  munitions.  Vers  la  m^e  ^poque,  le 
congrte  et  Washington  envoyirent  des  troupes  et  des  mi- 
lices, aux  ordres  de  Montgomery,  en  Canada,  dontla  popu- 
lation  t^oooignait  d'une  vive  sympalhie  pour  la  cause  am6- 
ricaine.  Montgomery  se  rendit  maltre  des  forts  de  la  firon- 
ti^re,  enleva  Montr^l  le  12  novembre,  mais  fut  tu^  sous 
les  murs  de  Quebec,  dans  un  aasaut  livr^  le  31  d^cembre. 
Les  debris  de  son  armde,  ^puis^  par  le  froid,  la  faim  et  la 
fatigue,  durent  alors  rqirendre  la  route  de  Crownpoint. 

Pendant  que  ces  ^v^ements  se  passaient,  le  gooveme- 
ment  anglais  ordonnait  la  confiscation  de  tous  les  b&timents 
qui  tenteraient  de  oommercer  avec  les  colonies  insurg^ , 
et  d^r^talt  l*^uipement  d'une  nouvelle  flotte  ainsi  que 
la  formation  d'une  arm^  de  55,000  hommes.  Les  disposi- 
tions de  Topinion  publique  en  Angleterre  rendant  les  enrO- 
lements  tr^difficiles,  le  gouvemement  anglais  achela  aux 
petits  princes  allemands  de  Hess(9-Cassel,  de  Brunswick,  de 
Waldeck,  etc.,  12  k  15,000  hommes  de  leurs  sujets  charge 
de  porter  les  armes  contre  les  colonies  am^rfcaines.  L*^lec- 
teur  de  Hesse-Cassel  g^gna  k  lut  seul,  pendant  la  dur^e 
de  la  guerre,  environ  80  millions  de  francs  k  ce  com- 
merce de  chair  humaine.  L'amiral  Howe,  frke  du  gdneral 
en  chef  des  forces  de  terre,  reQut  le  commandement  superieur 
de  la  flotte,  qui  arriva  k  Halifax  au  printemps  de  1776.  Le 
g^i^ral  Howe  r^solot  d'attaquer  les  Am^ricains  sur  trois 
points.  Clinton  fut  charge  des'emparer  des  colonies  du  sud, 
et  Burgoyue  de  ncttoyer  le  Canada.  Howe  lui-m6me,  k  la 


tMe  du  principal  corps  d'arm^  fortde  30,000  hommes,  dont 
13,000  Hessois,  se  propo^ait  d'occuper  New-York,  et  soitd'o- 
p^w  sajonction  avec  Burgoyne,  soit  de  pAi^trer  en  Pen>- 
sylvanie.  En^cons^uenoe,  U  passa  d'Halilkx  k  Long-Island ; 
mais,  avant  de  commencer  la  lutte,  11  essaya  d'eatrer  en  n^ 
godations  avec  quelques-unes  des  colonies  s^par^ment,  et  fit 
aussi  des  ouvertures  an  congrte  et  k  Washington.  Le  con*- 
grte,  de  son  c6t^  pour  pr^vcmir  toute  rupture  de  la  conf<M6- 
ration,  prodama  solennellement,  le  4  Juillot  1776,  k  la  ma- 
jority de  sept  £tats,  Tind^pendance  des£tats-Unis.  Quelques 
semaines  plus  tard,  les  six  autres  colonies,  qui  au  moment 
de  ce  vote  d^sif  avaient  constitu^  la  minority,  New-York, 
New-Jersey,  la  Georgie ,  la  Caroline  du  nord,  le  Maryland 
et  la  Delaware,  adh^rirent,  elles  aussi,  k  la  declaration  d'in- 
d^pendance.  Ce  ne  fut  cependant,  k  bien  dire,  que  le  4  oc- 
tobre  suivant  qu'eut  lieu  la  fondation  de  la  f^dtetion  am^ri* 
caine.  Lecongrte,  non  plus  que  Washington  et  son  armde,  ne 
se  trouvait  pourtant  pas  dans  une  situation  brillante  au  mo- 
mentoil  eut  lieu  cet  acte  qui  devait  avoir  desi  immenses  conse- 
quences. Les  uns  et  les  autres,  lis  manquaientd'argent  et  d*au- 
torite,  car  le  papier-monnaie,  dont  11  exlstait  d^jk  des  masses 
en  circulation,  perdait  cliaque  jour  de  sa  Taleur  en  presence 
de  la  mis^re  g^nerale  et  en  Tabsence  de  tout  commerce. 

Les  operations  des  Anglais  avaient  commence  de&  le  mois 
de  juIn,  parce  queCUnton  etComwalUs  avaient  marche  avec 
des  forces  hnportantes  sur  la  Caroline  du  sud,  oil  cependant  ils 
echoudrent  dans  leurs  efTorts  pour  s'emparer  de  Charles- 
town,  quoique  cette  ville  ne  fUt  defeudue  que  par  des  mi- 
lices. Washington,  dont  Tarmee  se  trouvait  tellement  afTai- 
biie  par  la  fkmiue  et  les  maladies  qu'il  lui  restait  k  peine 
14,000  hommes  sous  les  armes,  y  compris  les  milices,  prit 
dans  une  telle  situation  le  parti  de  se  bomer  k  la  defensive. 
Au  mois  de  septembre  Howe,  repoussant  une  division 
d'insurges,  s^avanga  jusqu'k  THudson,  et  occupa  New-York, 
que  les  Americains  evacu^nt  sans  mtoie  tenter  de  resister. 
Washington  alia  ensuite  prendre  une  forte  position  k  Wbite^ 
Plains;  mais,  k  la  suite  de  divers  engagements  malheureux, 
il  se  vit  contraint,  le  10  novembre,  de  traverser  PHudson  et 
de  battre  en  retraite  vers  le  New-Jersey.  Pour  comble  de^ 
malheur,  comme  la  duree  du  temps  de  service  n'avait  et6 
fixee  qu'k  une  annee,  des  regiments  entiers  depos^rent  les 
armes  k  ce  moment;  et,  imitant  leur  exemple,  les  milices, 
decouragees  par  le  mauvais  suocto  que  la  lutte  ayait  eu 
jusqu'alors,  abandonn^rent  aussi  les  drapeaux.  Dans  cette 
extremite,  Waslimgton  conduisit  son  armee,  reduite  k  3,000 
hommes,  derriere  la  Delaware,  mais  n'en  redouble  pas  moins^ 
d 'efforts  pour  combler  les  vides  causes  par  ces  defaUlances 
dans  les  rangs  des  defenseurs  de  IMndependance  americaine. 
Vers  cette  meme  epoque,  le  congrto,  qui  depuis  la  fm  de 
decembre,  avdt  transfere  son  siege  k  Baltimore,  Tinvestit 
d'une  veritable  dictature,  qui  Tautorisait  k  se  faire  livrer 
meme  de  force  tous  les  approvisionnements  neccssaires  pour 
soutenir  la  lutte  et  k  hitroduire  une  severe  discipline  dans- 
I'armee  nationale.  Le  petit  corps  americain  envoye  sur  les 
fronUeres  du  Canada  contre  les  troupes  anglaises  commandees 
par  Burgoyne  n'avait  pas  ete  moins  malheureux  que  Tarmee 
principale.  Le  general  anglais  avait  rejete  jusqu'au  lac  Cham- 
plain  les  Americains  commandes  par  Gates,  detruit  leur 
flottille,  et  pris  Crownpomt ;  cependant,  il  n'avait  pu  se  rendre 
maltre  de  Ticonderago,  desorte  qu*il  lui  avait  ete  impos- 
sible d'etablir  ses  communications  avec  Howe  par  Albany. 
Comme  Howeattendait  pnidemment  le  retour  do  printemps,. 
Washington  rappela  le  corps  qui  se  trouvait  encore  dans  la 
New-Jersey  sous  le9  ordres  de  Sullivan,  et  resolut  de  re- 
monter  le  moral  de  ses  concitoyens  en  frappant  uu  coop 
hardi.  Le  25  decembre  1776,  traversant  inupinement  la  De« 
laware,  il  surprit  les  Anglais  dans  leur  camp  de  Trenton  ,^ 
oil  il  fit  prisonniers  trois  regiments  allemands;  et  le  3  Jan- 
vier 1777  li  battit  le  general  Cornwallis  k  Princetown. 

Cette  victoire  et  Tarrivee,  au  printemps  de  Tannee  1777, 
d'un  grand  nombre  de  volontaires  etrangers,  parmi  lesqueb 
on  remarquait  suiloul  Ic  marquis  de  Lafayette  et  les  Vop 


80 


ETATS-TJNIS 


lonais  KosciuEko.et  Pulawslii^  inspiciraiit  au  AmArioaiDS 
une  nouTeUe  ooBfianoe.  On  esp^ra  dte  Ion  troayer  deft 
allies  en  Europe,  odcbacim  siiiTaitaTec  la  plus  Thre  aaxMK 
les  pliases  diTerees  de  cette  lutte.  C'cslanrtout  en  Franee, 
pays  oj^  d'ailleara  ae  pr^parait  une  autre  r^volattoDy  que  le 
peuple  prit  la  part  la  plus  bruyante  anx  ^T^nements  dont 
PAmdrique  ^tait  le  tb^Atre;  et  la  cour  cUe-m6Bie,  quoique 
d^testaut  lea  id  to  et  lee  jnincipea  qui  ayaleot  aamA  la 
lutte ,  eacourageait  et  soutenait  en  secret  les  faiaurgte  am^- 
ricainsen  baine  de  TAngleterre,  son  ^temelle  ennemie. 

Howe  coufut  enfin,  en  Juin  1777 Je  pibjet  d*attaquer  Phi- 
ladelphie;  mais,  tronvantla  Delaware  rendue  irapratieable, 
il  se  dirigea  ayec  la  flotte  et  les  troupes  k  ses  oidres  yers  la 
bale  de  Cbesapeak,  oil  il  d^barqua  dans  le  Ifaryland;  Pour 
couTiir  Philadelphie,  Wasbin^n  prit  position  en  face  de 
lui  sur  la  rive  gaucbe  du  Brandywine;  mais  11  fut  battu  le 
i  1  septembre,  par  suite  de  la  superiority  taotique  des  Anglais, 
de  sorte  qu'ii  se  yit  rMult  k  abandonner  la  Pensylyanie.  Le 
25  septembre,  le  congrte  se  transfte  k  Lancaster;  et  le  4 
octobte  suiyant  Wasbington  ajant  attaqiid  k  Germanstown 
ua  corps  anglids  conaiddrable ,  ent  encore  une  lois  le  dessoos. 
Pendant  que  les  Anglais  prenalent  leurs  quartiers  d'biyer  k 
Philadelpbie,  il  ^tait  obligA  de  se  r^fugier  ayec  les  debris 
de  son  arm^  dans  uneoontrfe  sauyage  et  d^serle,  aux  en- 
virons de  Valley-Forge,  od  il  passa  lliiyer  dans  le  dtoue- 
ment  le  plus  entier.  Malgr6  les  tebees  r^it^r^  et  Timpnis- 
ganoe  absolue  o6  se  tcouyait  le  congrte  de  yealr  en  aide  k 
rarm^,  les  AmMsains  ayaient  le  droit  de  porter  la  t6te  plus 
baut  que  jauMis.  En  effel,  dans  le  eourant  de  oe  mtaM  M 
le  g^n^ral  Gates,  d'aocord  ayee  Arnold  et  Putnam,  ayait 
pu  r^unir  sur  les  frontiires  dn  Canada  un  corps  presque 
uoiquemenft  compost  de  milices,  ayec  lequel,  k  la  suite  de 
quelques  engagements  heureux,  il  ayait  compMtement  battu 
\h  7  octobre  k  Saratoga,  non  loitt  d*Aibany,  les  Anglais  aux 
ordres  de  Burgoyne;  et  qnelqnes  Jours  aprte,  Burgoyne  s'e« 
tait  yu  rtfuit  ^se  rendre  piisokinier  ayec  son  corps,  fort  a 
ce  moment  de  3,&0Q  bommea  seulement,  mais  qui  nagu^ 
•encore  pr^sentait  un  effectif  de  phn  du  double.  Cette  yic- 
toire  modifia  d^antant  plus eompldtemeDt  la  situation,  qu^a- 
lors  Louis  XYl,  cMant  au  yaw  g^n^al  de  la  France,  se 
d6cida  k  prendre  le  parti  des  £tats-Unis  centre  I'Angleterre. 
Le  6  fiiyrier  1778  fiit  sign^  A  Yeraaflles,  ayec  TenToy^  Fran- 
ce Un,  btt  traits  de  commerce  et  de  d^liensemntuette  par  le- 
quel le  ooogrto  s'engageait  k  ne  jamais  conclure  de  paix 
s^r<te  ayec  I'Angleterre,  ni  sans  la  reconnaissance  de  la 
«omplMe  ind^pendanoe  din  £tats-*Unl8  par  cette  puissance. 
En  mtoie  temps  la  Fnnce  declare  la  ^rre  k  I'Angleterre 
-et  arma  deux  flottes,  une  grande,  k  Brest,  sous  les  ordres 
de  d'OryUfiers,el  une  moindre,  4  Tonbm,  sous  les  ordres  de 
d'Estaing. 

Ayant  que  la  campagne  de  1778  conmenvAt,  Howec^a 
le  commandement  en  chef  des  forces  angliises  k  ClintoR,  qui, 
pour  ne  pas  se  trouyer  bloqud  par  les  Francais  dn  oM  de 
la  mer,  6yacua  Pfailadelphie  ayeo  13,000  faommes,  et  se  retire 
dans  la  yille  de  New-York.  A  oe  moment  Washington  aban- 
donna  sa  position  de  Yalley-Forge,  et  le  39  JuiUet  il  yint 
attaqner,  k  Moomoutb,  GUnton  duis  son  movyemedt  retro- 
grade, mais  sans  poay(Sr  empOeher  les  Anglais  de  le  oonti- 
nuer.  Clinton  ne  fut  pas  plus  tM  arriy^  k  New-York  que 
d'Estabg  parut  sur  la  c6te  et  yint  bloquer  la  flotte  anglaise. 
Mais  k  la  demande  de  Wastafaigton,  d'Estaing  dut  se  rendre, 
ayec  ses  dooat  tkisMBUX  de  goerre,  k  New-Hayen,  que  Sul- 
liyan  ^tait  cbargii  d^tfaquer  narterre  ayeo  un  corps  d'armte. 
L'amiral  anglais  Howe  suiyit  les  Francais;  mate,  assailU  en 
nmte  par  une  ferte  tempdte ,  force  hii  ftit  de  rentrer  k  New- 
York,  tandls  que  cPEstahig,  sous  pr^texte  de  r^parer  sa 
flotte,  se  rendit  k  Boston.  Les  Am^ricains  Airent  si  exasp6r^ 
de  cette  inexjpllcable  oonduKe  de  l'amiral  ftan^ais,  que 
Washln^on  ne  parrint  pas  sans  beauooup  de  peine  k  pr^- 
server  de  toute  insnHe  les  alli^  de  PAm^rique.  D*Estaing 
transfi^ra  ensuite  dans  les  Antilles  le  th^fttre  de  ses  opiira- 
tions;  cA  de  son  oM  Clinton  r^olnt  de  transporter  la  guerre 


dans  les  colonies  du  sud,  od  il  comptait  rencontrer  en  abon* 
dance  tout  ce  dont  son  arm^  pouyait  ayolr  besoin ,  une  plus 
bible  r^sistanee  et  Tappul  des  Ipyalistes,  trte-nombrenx 
dans  cette'contrto.  Dto  le  17  d^ceo&bre  1778  un  corps'  an- 
glais, command^,  par  Campbell,  d^barqualt  en  Qeorgie.  Ce 
g^oMi^erapara  de  Sayannab,  groiipa  ihitoor  de  iul  di- 
yerses  bandes  de  Unfolistes,  et  pte^tia  jusque  dans  la  Ca* 
roline  du  sud ,  sans  rencontrer  de  r^slante. 

Le  congrte  enyoya  alors  ao  sud  le  gto^ral  Lincoln  4  la 
tdte  d'on  corps  ^arm^  compost,  pour  la  plus  grande  par- 
tie,  de  milices,  et  qui  ne  r6u8sit  qu'4  sauyer  Pimporfante 
yille  de  Cbarlestown.  AfTaibli  par  le  d&uement  et  les  mala- 
dies, Wasfamgton  dot  passer  toute  I'annte  1779  k  Westpoint, 
et  se  homer  k  suryeiller  de  Ik  les  mooyements  des  Anglais 
dans  le  New- York.  Les  succis  remport6i  par  les  Fran^^ 
dans  les  Indes  orientdes  d^termin^rent  I'Espagne  k  declarer 
la  guerre  k  I'Angleterre,  dans  Tespoir  de  reconqu^rir  Gi- 
braltar et  les  Florides.  Tontefois,  le  traits  de  neutrality  que 
la  HoUande,  la  SuMe,  le  Danemark  et  la  Rusde  conclurent 
le  I*'  janyier  1780,  et  qui  bientdt  aprto  fut  suiyf  d'uhe  de- 
claration de  guerre  de  PAngleterre  k  la  HoUande,  exer^ 
autrement  d'influence  sur  les  destuito  de  rAm^rique.  Apr^s 
ayoir,  pendant  rautonme  de  1779,  commis  les  plus  affreuses 
d^yastations  sur  les  cOtes  de  la  Yirginie  pour  determiner 
Wasbington  k  abandonner  ses  positions,  Clinton  ^yacoa 
New- York  le  20  d^oembre,  en  y  laissant  6,000  bommes,  et 
alia  op^rer  en  Georgie  sa  joncUon  ayec  le  corps  de  Campbell. 
En  1780  il  acheya  )a  soumisslon  de  la  Caroline  du  sud,  aprfes 
avoir  contraint  Gbarlestowu  k  capituIeT  k  la  sdte  d'un  d^ 
opinlAtre.  6,000  prisonniers,  400  pitees  de  canon,  4  fri- 
gates et  d'immenses  apprbyisionnementB  en  tout  genre  ayaient 
^  les  trophte  de  cette  yictoire.  II  reyint  ensuite  k  New- 
York,  lalBnnt  dans  lesud,  aux  ordres  deCocnwaliis,  un  corps 
de  4,000  bommes,  qui  exer^a  les  plus  efftoyables  devasta- 
tions dans  oes  £iat8.  Waslnngton,  penAint  oe  temps-Ik, 
etait  toojours  teilemeiil  depourvu  dlMmmes,  de  munitions 
et  d'argent,  que  fbrce  lul  etait  de  demeurer  temoin  impas- 
sible des  ravages  eommis  par  Clinton  su^  les  cOtes  de  New- 
York  et  de  la  "^^rginie.  Cost  dans  ce  moment  de  supreme 
detresse  ok  se  trouvait  le  congr^s,  bien  molns  k  cause  de 
repuisement  des  forces  du  pays  que  par  defaut  d'autorite, 
qu'&rriva  le  1"  juUlet  1780  k  Rhode^Island  une  escadre  de 
sept  valsseaux  de  guerre  flrangais  aveo  6,000  bommes  de 
troupes  auxiliaires  aux  ordres  de  Rochambeau.  Cet  eve- 
nement  releva  sans  donle  le  courage  des  Americains;  mais 
Wasbington  n'en  rests  pas  moinstoujours  dans  nmpossibilite 
de  rien  entreprendre,  et  telle  etait  encore  la  pennrie  dans 
laquellell  setrouvaitau commencement derannde  1781,  que 
ses  troupes,  degradees  par  lamisere,en  yfnrentplusleurs  fofs 
a  se  mutlner  ouvertement.  La  France  consentlt  alors  k  prater 
siezemillionskraidedesquels  U  fut  possible  de  mettrel'armee 
en  etat  de  tenlr  b  oampagne. 

Tandls  quelJifkyette,  k  la  i&te  d'un  corps  s^pare,  s'efforfait 
yainement  de  mettre  obstacle  aux  devastations  de  Comwallis 
dans  les  Carolines  et  la  Yirginie,  arriva  vlcforieuse  la  flotte 
fran^aise  aux  ordres  de  I'smiral  de  Grasse,  qui  mft  k  terre 
3,200  bommes,  et  alia  bloquer  New-York  avec  28  bfttiments 
de  guerre.  Washington  abandonna  alors  avec  Rochambeau 
la  {Msitkm  de'New-Wendsor,  fit  croire  k  Clinton  que  son  in- 
tention etait  d'attaquer  New-York,  puis  se  detouma  tout  k 
coup,  pour  passer  en'  Yirginie,  oil  il  entana  Comwallis  k 
Yorktowtt,  et  des  le  17  octobre  11  le  oontraignait  k  capituler 
avec  les  7,000  bonmies  places  sous  ses  ordres,  en  meme 
temps  qu*k  lui  liyrer  son  artlUerie  dt  ses  magasins. 

Pour  la  premikre  fois  les  AmeHcains  s'abandonnerent  k 
^ne  joie  sans  homes  k  Toccaskm  de  cette  yictoire.  Les  An- 
glais, qui  avaient  fini  par  s'epulser  pen  k  peu  par  suite  de 
la  tacfique  de  temporisation  adoptee  par  Washhigton,  se 
trouvaient  maintenant,  k  leur  tour,  tellement  aftaiblis  quMIs 
etaient  Iiors  d'etat  de  rien  entreprendre.  Comme  de  Grasse 
s'etaiteknpiesse  de  rctoumer  en  Europe,  Wasbinj;ton  ne  pou- 
yait songcr  k  rcprendre  CUarlestown.  U  se  relira  done  vera 


£tats-unis 

rHodaon ,  k  Teffet  d*]r  atteodre  rinstant  fovorable  pour  atta- 
qner  Clinton.  Mais  Iw  dtestras  esaayte,  tant  sor  mer  que 
sor  tern,  par  les  armes  britanniqoeB  donnftrent  alore  en  An- 
gleterre  one  telle  fi>roe  an  parti  de  la  pais,  que  lord  North, 
oblige  de donoer  aa  dtoisaion,  Ait  ranplacd  k  la  direotkin 
des  affairoB  par  Roe^n^uun,  Sbelbameet  Fox.  Iiea  nou- 
▼eanx  mfnistras  ^talent  sans  doote  rtelusk  Tigoareusement 
oontiniier,8*illQMait,lagDerre8Qrnier;  mate  Us n'en  essays 
rent  pas  moUis,  quoique  fort  inutilement,  de  oondore  one 
paa  s^par^  a?ec  les  Am^ricains,  et  ii  oet  effet  enTojftrent 
Carleton,  bonmiecondliattt,qui  orait  jnsquealors  command^ 
dans  le  Canada,  ramplaeer  Clint<»i  k  New-yoit.  La  tlctoire 
natale  remport^  par  Tamiral  Rodney  atur  leeomte  de  Grasse 
et  les  iaotiles  efforts  tentte  par  les  Espagnols  contre  Gi- 
braltar hftt^rent  le  r^ablissement  de  la  paix  g6n6Fale.  Les 
prfliminairesy  ayant  pour  base  la  reoonnaissanee  de  I'm- 
dependence  des  itats-Unis  par  rAngleterrdy  en  forent  ai- 
gn6s  le  aonoTembre  1783,  k  YervallleSy  od  ae  trou?aient  les 
Aoi6ricabu  Adams  et  Franklin.  Dte  le  moia  d'octobre,  le 
corps  anxiUaire  fran^  avait  qnitt^  le  continent  amMcain 
poor  se  rendre  am  Ant&les.  Toutefoia,  Tarmte  amMcaine 
ne  Tit  pas  sans  regretarriver  le  moment  de  son  Ueenciement, 
parce  qoe  les  diyecs  £tais  se  troaTaient  malntenant  hors 
d*etat  As  pomnroiraa  sort  des  soldata,  ainsi  qa*ila  a*y  ^talent 
poortant  engagfe  formellement  en  lea  enrOlant.  Aprte  de 
longnes  n^gooiations,  on  finit  par  decider  qoe  les  ofBders 
recevreient  one  indemnity  ^Iralant  k  dnq  annte  de  soldo. 
Quant  aoz  simples  aolldats,  on  lea  indemnisa,  ponr  la  plus 
grandepartie,  en  tear  distribuant  des  terrea.  Lore  de  la  paix 
definitive,  aign^e  k  Yeraaillea  leS  aeptembre  1783,  PAngle- 
terre  concede  k  aea  anciennea  colonies  an  prolongament 
de  firontiires  josqu'eu  Canada  et  k  la  Ifouvelle'Ecosse. 
Plusieurs  tribos  indiennes,  entre  antras  les  Cinq,  de- 
Tenties  mafaitenant  lea  Six  Nations,  dont  il  a  ete  f ait  mention 
plus  baut,  pasairent  egslement  seius  la  protectiun  des  £tats- 
Unis.  Par  saite  d'on  compromia  avec  les  loyailstes ,  l*eTaeua- 
tion  deNewyoric  neinterrectnee  que  le  25  novembre;  aprte 
qaoi ,  Wasliington  liccDda  eoiapietement  I'armee  d^  le  4 
decembre  suiyant,  et,  abdjquant  ses  ponfoirs ,  rentra  no- 
blement  dans  la  vie  privee. 

La gnerre  qui  assure  Tindependance  de  PAmeriqne  du  Nord, 
qm  detruisit  la  menavante  snprematie  exercee  josque  alors 
aur  les  mers  par  TAngleterre,  et  qui  jeta  eomme  aiitant 
de  brandona  d'inoendle  les  idte  de  Ubeite  et  d'egalite  dans 
les  vieilles  sodetds  europennes ,  se  trouvalt  malntenant  4er- 
minee.  Mais  les  itats-Unis,  parrenos  an  comble  de  leurs 
▼max,  etaientmoins  lOtres  et  surtout  moins  heareo$  qn^on 
AC  a'y  etatt  attenda  La  gnerre  avaltoottte  13S  millions  de 
dollars  (675  millions  de  firancs)  ,8ans  parler  de  la  masse  de 
proprietes  partlcnliires  detraites  ou  devastees ,  et  n'avait 
pas  d^ore  moins  de  76,000  hommes  en  etat  de  porter  ies 
armes.  Le  congrte  se  retirait  laisaant  une  dette  publique  de 
63  millions  dedoUara  (215  millions  de  franca),  Independam- 
nent  des  empmnts  oondos  en  France  et  en  HoUande.  Cette 
dette  oonstetidten  on  papierinonnaieoompietement  d^prede, 
qui  rendait  d^une  dificulte  extreme  toutes  les  transactions 
eommerdales.  La  repobliqae  etait  sans  credit,  sans  antorite, 
sans  constitution  proprement  dite.  La  lutte  des  deux  partis 
entre  lesqnete  se  diTiseencoreaouonrd^bni  Topinion  publique 
nux  £tats-nnte  rendait  des  plus  difficiles  la  construction  d'un 
^ifice  sodal  de  qnelqne  soUdite.  Les  democrates  on  repu- 
blicains  purs  voulaient  que  la  puissance  politique  fOt  par- 
fagee  entre  tons  les  £tats;  les  federaltetes,  au  contraire,  insis- 
taient  pour  qu^on  fondAt  une  federation  avec  nn  gooverne- 
ment  central  trte-fort.  Ni  Fan  ni  Tantre  de  ces  partis  n'at- 
teignit  compietement  son  but  Dejli,  pendant  la  guerre,  les 
diirerents  £tata  avaient  aecommode  leurs  Tieilles  constitu- 
tions respectives  av  drconstances.  Enlin,  en  mars  1787,  le 
congrte  convoqua  k  Pbiladelpliie  nne  reunion  generate  de 
deputes  des  divers  £tats,  qui  redlgerent  alors  la  constitu- 
tion federale  envigneur  encore  aojourdlini  aux  £taU-Unis. 
Cette  constitation  fut  acceptee  k  la  guile  de  negocialioii 


87 

particuli^res  siriviesavee  cheque  Etat ;  RbDde-Island  n'acceda 
k  I'Union  qa*en  1780. 

Washin(^  ayant  ete  flu  president  le  1**  fevrler  1789, 
oonvoqna  anssitot  le  congrto,  conformement  aux  prescrip- 
tions de  la  constitation  noovelle.  Le  retabiissement  de 
Pordre  dans  radmfaiiatmtton,  la  reorganisation  du  pouvoir 
jodiciaire  et  dee  millcea  nationalea,  fkirent  les  qoestions  qui 
attirbrent  toot  d*abord  son  attention.  U  s'occapa  ensuite  de 
legnlariaer  la  dette  publique,  et  d'en  assurer  Famorttssa- 
ment  an  moyen  de  legers  droits  de  dooane,  mais  non  sahs 
renoontrer  d'aillenrs  nne  vive  opposition  dabs  ta  mise  k  exe- 
cution de  cesdUrerentes  mesures.  H  crea  ensuite  k  r£tat  un 
revena  legaHer  par  IMttbllssement  d'un  impOt  sur  I'indus- 
trie  et  la  propritte ,  et  enfin  11  fondaune  buiqoe  nationale. 
En  1791,  l'£tatde  Vermont,  qui  avail jusqae alors  fait  partie 
de  l'£tat  de  New-Yoit,  s'en  detacba,  et  fat  admte  dana  i» 
confederation,  dont  11  forma  desormals  le  qnatonitoe£tat- 
Uni ;  en  1792,  le  Kentnclcy,  josqn'alors  paitie  de  laTirginie, 
en  devlnt  le  quimitae.  Qoand,  aux  termes  de  la  constitu- 
tion, lea  foncttooa  presldentiellea  vinrentii  expker,  en  1793, 
lea  diirerenta  partis ,  eo  presence  d'nne  guerre  europeenne, 
se  reonbrent  pour  reeUre  Washfaigton. 

Dans  les  discossions  dn  congrto  relatives  au  commerce  et 
k  la  politique  exterieors ,  les  chefs  du  parti  federaliste ,  pour 
la  plupait  amis  particuliers  du  president,  avaient  toujoiirs 
declare  que  lUnfon  Americainedevait  rester  neutre  dans  les 
conflits  enropeens,  et  qn'au  lieu  de  gaspUler  ses  forces  k  en* 
tretenir  une  flotte  militaire,  il  lui  fallait  au  contraire  s^at- 
tadieravantfouti  s'aasurer  des  debouches  avantageux  pour 
ses  matieres  premieres,  an  moyen  de  traftte  de  commerce 
con^s  danft  un  esprit  liberal.  D^  les  traites  conclus  eu 
1778  avec  bi  France,  en  1782  aveo  laHollaude»  en  1783  avec 
la  SoMe,  en  1785  avec  la  Prusse ,  avaient  eu  ce  principe 
pour  base.  Washbigton,  quand  eclata  la  gnerre  generate 
oontrela  France  revolutionnaire,  maintint,  lui  aussi,  la  poli- 
tique nationale,  et  publia,  le  22  avril  1793,  une  dedaraUon 
de  neutralitei  suivant  laquelle  les  vaisseaux  portant  le  pa- 
vilion de  rUnion  ne  pouvaient  etre  arretes  et  visites  qu'en 
cas  de  contrebande.  Une  partie  de  la  nation,  les  democrates 
surtout,  virent  dans  cette  dedaration  un  acte  d'ingrati- 
tude  k  regard  de  la  France  menacee  et  un  indice  des  se- 
cretes sympathies  du  president  pour  TAngleterre.  Les  adivea 
relations  eommerdales  qui  s^etablirent  des  lors  entre  TAme* 
riqne  et  TAngleterre  determinerent  m^me  Washington  k 
condure  avec  cette  puissance,  le  19  novembre  1704,  uu 
traite  de  commerce  et  d'amitie,  que  suivit  l*annee  d'apr^s 
un  traite  semblable  avec  TEspagne.  L9  premier,  quelque 
avantageux  qu'il  fOt  pour  I'Union ,  puisqo*iI  ouvrait  k  son 
commerce  les  ports  des  Indes  orientates  et  occidentales , 
n'en  exdta  pas  moins  on  vif  mecontentement,  parce  qu'U  ren- 
dait impossible  toute participation  des  £tats-Unis  kH  guerre 
soutenue  par  la  France  contre  i'Angleterre,  c'est-i-dire 
contre  Tennemi  common.  Aussi,  en  meme  temps  que  des 
agents  fran^is  cberchaient  k  provoquer  dans  les  differf nts 
£tats  de  TUnion  d'energiques  protestations  contre  la  poli- 
tique soivie  par  le  gonvemement  federal,  le  Piredoire  de- 
darait  le  traite  de  commerce  et  d'amitie  condu  par  les 
£tats-Unis  avec  I'Angleterre  une  infraction  k  la  neutralite 
et  une  violation  du  traite  condu  avec  la  France  en  1778. 
Ces  reprocbes  etaient  fondes,  car  le  traite  de  commerce  et 
d'amitie,  condu  avec  I'Angleterre  autorisait  ies  Anglais,  au 
mepria  du  grand  principe  qoe  le  pavilion  couvre  la  mardian- 
dise,  k  rechercher  les  proprietes  ennemies  qui  pouvaient 
se  trouver  k  bord  des  bitiments  americains. 

Washington  depose  ses  pouvoirs  en  1796,  au  milieu  des 
violentes  discussions  provoquees  sans  cesse  par  les  questions 
de  politique  exterieure.  Pen  de  temps  anparavant  le  Ten- 
nessee, d-devant  partie  de  la  Caroline  du  nord,  avail  ete 
admis^  faire  le  seizieme  l^tat  de  Hlnion.  Quoique  la  poli- 
tique exterieure  suivie  par  Washington  e*t  amgnlierement 
nui  k  rinHuence  du  parti  federaliste ,  on  dut  encore  pour 
president  John  Adams,  Tun  da  amis  de  Washington.  La 


68 

Vranoe  ayatit  prohiM,  le  31  octobre  1796,  rmtroduction  de 
toutes  esp^c«8  de  marchandises  anglaises,  gtaa  oonaid^rable- 
tnent  alnsi  le  commeroe  des  Aro^ricaiiis.  Rompant  ensoite 
Jes  n^fictations  peodantes  ayec  rUnion,  eUe  rendit  en 
janTier  179ft  une  k>i  oontre  le  commerce  dea  neotres,  ^i- 
▼alant  k  une  dtelaration  de  gaerre  contra  ies  fitata-Unia.  En 
consequence,  on  mit  Ies  c^tes  en  ^t  de  defense,  on  anna 
une  flotte,  et  on  rtonit  mtoie  une  annte  dont  Washington 
prit  le  oommandement  Mais  la  dtnation  dans  iaquelle  se 
tronvait  le  Directoire  empdcba  la  guerre  d*6:later;  et  aprte 
ia  r^Tolation  dn  18  brumaire  le  premier  consul  Bonaparte 
concluty  le  30  septembre  1805,  avec  PUnion  Am^ricaine,  nn 
traits  de  commerce  dans  lequel  6tait  de  noureau  reoonna 
le  principe  que  le  pavilion  couvre  la  marchandise.  Une 
grande  transformation  eat  lien  cette  mtene  annte  dans  I'^tat 
•des  partis  de  l*Union,  attenda  que  Jefferaonftat  port^  h  la 
prfeidence,  grftce  4 1'ascendant  pris  par  le  parti  dteiocra- 
tique.  A  son  entrteen  fonctlons,  Ies  ctats-Unis  oomptalent 
une  population  de  3,S05,000  Ames;  et  en  1802  le  territoire 
^e  rohio  Alt  admis  k  former  le  dix«septitoe  £tat  de  I'Union. 

Jeffersop  d^buta  en  1801  par  chatier  et  hnmilier  le  dey 
de  Tripoli ,  puis  il  dirigea  son  attention  sur  la  sitaatiun  de 
to  Louisiane,  qu^k  la  grioide  terreur  des  Am^cains,  rEspagne 
^vait  secritement  M6d  k  la  France  en  1800.  Bonaparte , 
ayant  besoin  d^argent  pour  recommencer  la  guerre  centre 
TAngleterre,  vendit,  en  1803,  eet  immense  territoire  aux 
£tat8-Unis,  moyennant  15  millions  de  dollars  ( 75  millions  de 
francs ).  L'acqnisition  de  la  Lonisiane  est  incontestablement 
le  plus  grand  ^vdnement  de  Tbistoire  des  £tat»-Unis  depois  la 
declaration  de  llndependance.  Ce  ftitalors  seulement  que  l*U- 
nion  ent  unefronti^re  solide;  elle  devint  maftressede  tout  le 
baastn  du  Mississipi  et  du  BIbsouri,  et  put  librement  com- 
mercer  sur  tout  le  paroours  de  TOhio.  Le  renouvellement 
des  hostilites  entre  la  France  et  TAngleteire  ftit  d'abord  trte- 
profitable  aux  Americains ,  one  decision  rendue  en  1801  par 
le  cabinet  anglais  ayant  eu  pour  consequence  de  foire  paner 
entre  leurs  mains,  comme  puissance  neutre,  tout  le  oom- 
tnerce  colonial  des  Francis  et  des  HoUandais.  Mais  dte 
1805,  alors  que  JeiTerson  eut  ete  pour  la  seoonde  fois  eia 
president,  le  gouTemement  anglais  par  Jalousie  supprima 
ies  tolerances  exceptionnelles  dont  Ies  batiments  americains 
ayaient  Jusqu'aiors  ete  i'objet  En  consequence,  il  lea  soumit 
au  droit  de  visite,  Ies  declare  de  bonne  prise  tontes  Ies  fois 
que  Toccaaion  s'en  prescnta  et  se  permit  memo  k  leor  boid 
ia  presse  des  matelots  pour  recruter  Ies  equipages  de  aes 
propres  navires.  Le  congrte  repondit  k  ces  actes  par  sa 
resolution  en  date  d'aTril  1806,  qui  apporta  de  notables  et 
genantes  restrictiona  k  Timportation  des  marchandises  an- 
glaises ,  et  en  n*eieTant  aucone  reclamation  centre  la  decla- 
ration de  blocoa  lancee  par  Napoleon  contra  tooa  Ies  ports 
britanniques. 

L'Angleterre  se  montrant  de  plus  en  plus  arrogante  et 
hostile,  Jefferson  ordonna,  le  2  juiiiet  1807,  la  fermetore  daa 
^rts  de  runlon  poor  tous  Ies  navires  anglais ;  et,  afin  de 
souatraire  Ies  dtoyena  de  TUnion  aux  effets  des  decrets  de 
Napoleon  anssi  bien  qu*4  ceux  des  orders  in  council  du 
gouTernementbritanniqoe,  lecongrte  rendit  le  22  decembre 
de  la  memo  annee  Bon  oeidire  aete<rembargo,  qui  interdisait 
aux  Americains  de  naTiguer  yen  des  pays  etrangera.  Cette 
meanre  bardie  paralysa,  il  est  vrai,  le  commerce  d'exportation, 
qui  en  1807  etait  monte  de  63  ii  108  millions  dedollars ;  mala 
elle  n*empecha  paa  lea  Anglais  de  continuer  k  saisir  Ies  navirea 
americains  et  k  detmire  en  dteil  leur  llotte  oommerdale.  Na- 
poleon et  lecabinetde  Londres  ,cfaacun  de  leur  c6te,  persistant 
opiniitremcnt  dans  leur  politique  maritime,  le  oongris  flnit 
par  former  indistinctement  Ies  porta  de  l*Union  anx  bAti- 
menta  anglais  et  francais,  de  memo  qu'aux  produits  manu- 
factures des  deux  penples,  en  vertu  de  son  decret  do  I*'  mars 
1809  connu  sous  la  denomination  de  non  intercourse  act. 
En  meiae  temps  Ies  navires  natlonaux  furcnt  autorises  k 
frequenter  de  nouveau  tous  Ies  ports  etrangers,  k  Pexception 
lie  oeux  de  PAnglelerre  et  de  la  France. 


ETATS-UNIS 


Jefferson  transmit  en  1809  la  presidence  k  Madison, 
qui  conserra,  lui  aussi,  ces  fonctions  pendant  huit  annees,  et 
qui  suivit  Ies  memos  prindpes  politiquesquelson  predecessenr. 
Tons  deux  a'efforo^rent  de  realiser  dans  l*administration  le 
plus  d'economies  possible  en  reduisant  oonsiderablement 
Teffectif  de  la  flotte  et  de  Farmee;  tons  deux  oombattirent 
Ies  tendances  centralisatricea  de  la  banqoe  nationale,  qui  pa- 
ralysaient  le  deToloppement  dea  institutions  similaires  creeea 
dans  lea  dirers  £tats,  et  apporterent  le  pins  grand  zeie  k 
fidliterles  conununications  des  £tats  de  Test  et  du  sud  aa 
moyen  de  la  canalisation  de  lenr  territoire,  dejli  oommencee 
par  Washington.  Le  denombrement  fait  k  I'arriTee  de  Madison 
k  la  presidence  eonstata  que  la  population  totale  de  ItJ- 
nion  8*eie?ait  d^ii  k  cette  epoqoe  k  7,239,000  Ames. 

Le  nouTeau  president  entama  dea  negociationa  ayec  Ies 
deux  puissances  maritimes,  et  obtint  de  Napoleon  la  promesse 
du  retrait  dn  decret  de  Berlin,  sons  la  tondition  que  l*An- 
gleterre  renoncerait  aussi  aux  mesuras  identiques  qu*elle 
aTait  prises  de  son  c6te;  en  consequence,  ies  ports  de  PUnion 
fnrent  routerts  en  1811  anx  batiments  franca.  Mais  le 
triomphe  complet  remfiorte  dana  le  congrea  par  le  parti 
democratique  et  Ies  actea  de  Tiolence  commis  chaque  jour 
sur  mer  par  le  gooTemement  anglais  empecherent  la  coa- 
dosion  d'un  accommodement  semblablable  vrec  Tancienne 
mere  patrie.Les  projets  con^  des  lore  par  lea  £tat8-Unis 
oontre  Ies  Florides  espagnoles  entralent  aussi  poor  beaocoup 
dans  Ies  causes  dMrritation  redproqnes.  Dte  1810  Madison 
STait  ordonne  la  prise  de  possession  de  la  Floride  ocdden- 
tale,  parce  qu'on  conslderait  tout  le  territoire  s^etendant 
juaqo^au  Perdido  comme  faisant  partie  de  oelui  de  la  Loni- 
siane, formellement  admiseen  1811  k  constituer  le  dix-hai- 
titeie  £tat  de  TUnion.  Le  gouTeraeur  de  la  Georgfe  re^iit 
ensuite  I'ordre  d*entrer  en  negodationa  avec  Ies  habitants 
de  la  Floride  orientale  et  de  s'emparer  de  cette  proTince  k 
litre  de  gage  ponr  certahies  creancea  repetees  centre  l*Es- 
pagne  par  le  gooTemements  federal.  L'Angleterre  fit  en- 
tendre de  mcna^antes  protestations  oontre  ces  enyahisse- 
ments ;  mais  dies  demeurferent  inutiles,  de  sorte  que  cheque 
parU  en  Tint  k  armer  et  que  la  guerre  leooniuien^  aprte 
de  longues  mais  pen  sinceres  negodationa. 

Dte  le  mois  de  juillet  1812,  Tamiral  Hope  effectnait  le 
blocus  des  cOtes  des  fitats-Unis  avec  une  flotte  nombrense. 
Les  Americains,  ne  pouTant  opposer  k  Tennemi  quHm  petit 
nombre  de  vaisseaox  de  guerre,  armerent  en  oorsairea  nn 
grand  nombre  de  bAtiments  de  commerce,  qui,  ayee  une 
aodace  et  un  bonlieor  inoub,  exercferent  lea  ploa  mineoses 
depredationa.  C*est  ainsi  que  dte  les  denx  premieres  annees 
lis  8*empar6rent  de  218  bAtiments  de  commerce  anglais 
portent  574  canons  et  des  masses  enormes  de  marchandises , 
et  monies  par  5,106  hommes  d*equipage.  Les  entreprises 
tentees  aurterre  par  les  Americaina  forant  moins  henxensea. 
Au  mois  de  Juillet  1812  le  general  Hull  envahit  le  bant 
Canada,  mala  fut  reponsse  par  les  AngUis  et  lea  Indiens,  il 
dut  mettre  has  les  armea  k  Fort-Detroit.  Wardsworth  eut 
le  memo  sort  avec  un  petit  corps  sur  les  bords  du  Niagara. 
En  1813,  rarmee  americaine,  forte  de  42,000  hommes  et 
oommandee  par  Harrison,  euTahit  le  Canada,  mala  n^  put 
rien  bire ,  k  cause  de  son  kdisdpline  et  aussi  k  cause  de 
Hncapadte  de  aon  general ,  et  ae  fit  battre  en  detail.  I^ 
general  Dearisorn  r^ussit  seol  le  26  avril  k  a'emparer  d'York, 
chef-lien  du  haot  Canada  et  oft  ae  tronraient  des  approvi- 
aionnements  considerables.  Le  10  septembre  Perry  captora 
sur  le  lac  Erie  la  flottille  anglaise  chargee  de  proieger  le 
hant  Canada,  Harrison  battit  lea  hordea  indiennea  aor 
lea  rites  du  Thomaa.  Mala  oes  atantagea  furent  nols,  parce 
que,  vera  la  fin  de  Tannee,  lea  Anglais  a^emparerent  du  fori 
Niagara ,  cie  des  £tats  de  rUnion.  Pour  apaiaer  le  mecon- 
tentement  cause  dans  Ies  masses  par  la  niine  complete 
du  commerce ,  le  congr^s  supprima  le  31  mare  1814  Tern* 
bargo  de  memo  que  Tacte  de  non  intercourse;  mais  oelte 
mesure  ne  remedia  pas  k  (;raod*cliose,  parce  que  Pamiral 
Cochrane  dedara  Ies  ports  americains  en  etat  de  blocas.  km 


^ATS-UNIS 


pritttenips  de  1B14,  les  Anglais  d^barqo^nt  sur  plusieurs 
points,  enleT^rent  le  fort d^Oswego,  parfutement  fortifi^;  et 
le  19  juittet  12,000  de  leurs  T^ttons  mirent  en  d^ute 
complete  una  armte  am^caine  non  ioin  des  chutes  du 
Nlaf^ra. 

L^amiral  Cochrane  accomplit  alors  ayec  le  g^n^ral  Ross 
Tacte  de  destruction  le  plus  sauvage  de  tonte  cette  guerre. 
Teas  deoXy  faisant  mine  de  vouloir  attaquer  Baltimore, 
lemonttrent  le  Potomac.  Tandis  que  Gordon,  avec  one 
psrtie  du  corps  exp^itionnaire,  d^tniisait  les  forts  War- 
tmrton  et  Alexandiie,  Ross,  h  U.  tdte  de  6,000  hommes, 
marchait  sur  Washington,  ville  ^rig^  depub  1800  en 
eapitale  de  lUnion  et  si^e  du  gonyemement  fiid^ral.  Le 
24  aoAt  il  attaqua  les  roilices  postte  k  Bladenburg,  les 
mit  en  fiiite  et  entra  le  soir  dans  la  yille  f^rale»  oh  il  in- 
cendia  le  capitole ,  le  palais  de  la  prudence ,  les  arsenaux , 
les  chantiers  et  toutes  les  propridtte  publiques.  Les  Anglais 
marchirent  ensuite  sur  Baltimore ,  oh  ils  comptaient  com-  , 
mettre  les  m^es  actes  de  yandalisme.  Aprte  ayoir  disperse 
6,000  Am^cauis  qui  ayaient  pris  position  k  pen  de  distance, 
le  colonel  Brook  arriva,  le  13  septembre,  deyant  cette  yille, 
d<ifendiie  par  15,000  hommes  et  de  nombreui  ouyrages.  II 
ne  tarda  pourtant  point  h  6tre  contramt  de  battre  prteipi- 
tamment  en  retraite,  parce  que  Cochrane  ne  put  pas  p6- 
n^hrerayec  sa  flotte  dans  le  Patapsco,  rendu  impraticable. 
En  mane  temps  les  Anglais  s*emparaient  d^une  partie  du 
Maine;  et  le  gonyemeur  du  Canada,  Preyost ,  enyahissait 
r£tat  de  New-York  k  la  t6te  de  14,000  hommes.  Mais  les 
Anglais  perdirent  leor  flottille  sur  le  lac  Champlain ,  et  Pro- 
yost  dut  hattre  en  retraite. 

Pmdant  oe  temps-Ui  le  gtoi^ral  Jackson  au  sud  ayait 
contraint  les  tribus  indiennes  k  demander  la  paix ;  et  alors, 
k  la  tftte  de  6,000  milidens,  il  courut  k  la  Nouyeile-Or- 
l(^an<,  oh  15,000  AngUiis  STaient  d^barqu^  le  15  d^mhre. 
Jackson  attaqua,  le  8  Janvier  1815,  oes  troupes,  complies  au 
nombre  des  meilleures  de  leur  sitele,  en  fit  un  efrroyable 
carnage,  et  les  contraignit  k  se  raipbarquer  en  toute  hftte. 
i<a  Intte  se  tormina  par  cette  yictoire;  en  effet,  dte  le  24 
o^cembre  1814,  la  paix  ayait  6i&  signte  k  Gand  sous  la  me- 
diation de  la  Russie.  Aux  termes  de  la  convention  qui  m- 
tervint  alors,  les  £tats-Unis  n^osisterent  point  sur  le 
liiaintien  du  principe  que  le  pavilion  doit  couvrir  la  mar- 
chandise,  non  plus  que  sur  la  pr^ention  des  AngUds  de 
faire  U  presse  des  matelots  k  bord  des  navires  strangers.  On 
se  restitua  do  part  et  d'autre  toutes  les  conqu6tes  faites. 
Ln  revanche,  les  Am^ricains  s*engagirent  k  ne  plus  tol^rer 
la  traite  des  n^es  d^Afrlque  et  k  coop^rer  k  la  destruction  de 
cet  inl4lme  trafic. 

La  paix  ext^rleore  contribua  beaucoup  k  consolider  la 
paix  int^rieure.  Le  congr^s  appliqua  dto  lors  sa  plus  cons- 
tantc  soUicttude  k  fonder  une  marine  militaire,  et  k  partir 
de  1815  la  population  se  jeta  avec  ardeur  dans  les  voies  de 
rindustriey  en  m6me  temps  que  par  la  cr^tion  de  nombreux 
canaux  ti  chemins  de  fer,  elle  agraodissait  le  cercle  d'a?;tion 
de  son  commerce  int^rieur.  Dte  le  3  juillet  1815  les  £tats- 
Unis  oonclurent  avec  PAngleterre  un  traits  de  commerce  qui 
assurait  aux  deux  nations  des  avantages  ^ux,  et  qu'avait 
pr^c^d^  un  r^lement  de  navigation  en  date  du  1*^  mars  de 
la  mtoie  ann^.  En  1816  le  commodore  Decatur  vint  faire 
devant  Alger  une  d^onstration  qui  contraignit  le  dey  de  cet 
£tat  pirate  k  respecter  d^sormais  le  pavilion  de  TUnion 
am^ricaine.  Dans  cette mtaie  ann^  1816,  l*admission  do  ter- 
ritoire  dlndiana  dans  TUnion  porta  k  dix-neuf  le  nombre 
des  £tats-Unis. 

En  mars  1817  Madison  ent  pour  snccesseur  k  la  pr^i- 
deoce  Monroe  qui,  tin  une  seconde  fois  encore  comme  ses 
pr^^cesseurs,  .remplit  ses  fonctions  jusqu'en  1824.  Sous 
son  administration,  on  admit  k  faire  partie  de  TUnion,  en 
1817,  le  territove  do  Mis&issipi;  en  1818,  le  territoire  de 
riUinois:  en  1819,  le  territoire  d'Alabama;  ^n  1820,  le 
Maine,  et  en  1824,  le  Missouri;  de  sorteque  la  fM^ration 
te  eomposa  alors  de  yingt-quatre  £tats.  Le  deuombremeut 

laCl.    OE    I.A  COiNVCHi.    —  T.  IX. 


81> 

de  1820  donna  une  population  de  9,638,000  Ames^  dont 
1,538,000  escLave.  Les  irruptions  des  Indiens  des  Florides 
amen^ent  en  1817  Poccupation  arbitralre  de  la  ville  de  Pen- 
sacola  par  le  g^n^ral  Jackson,  et  par  suite  unnouveau  conflit 
avec  l*Espagne.  Enfin,  en  1819, 1'Espagne  consentit,  moyen- 
nant  dnq  millions  de  dollars  k  la  cession  des  Florides  qui, 
le  21  mars  1822,  furent  Incorporte  au  territoire  de  l^nion. 
Les  fronti^res  de  I*Union  fiirent  anssimotablement  reculte, 
par  suite  de  U  prise  de  possession  du  territou«  sitn^  au  nord- 
ouest  de  celui  du  Missouri,  et  par  Toccupation  do  territoire 
de  Columbia,  d^pendance  de  la  Lonlsiane.  En  1822  on 
fonda,  sur  la  c^te  occidentale  de  TAfri^ue,  Liberia,  colonie 
de  noirs  libres.  La  m6me  ann^  eut  lieu  la  reconnaissance 
des  l^tats-Unis  du  Mexique,  k  Tdtablissement  desquels  TA- 
m^que  du  Nord  avail  eu  une  part  notable.  Pour  completer 
le  r^seau  de  canaux  et  de  routes  destin^e  k  reliei  un  jour 
Toc^an  Atlantique  k  Tocdan  Pacifique,  le  congr^,  sur  la 
proposition  de  Monroe,  yota  une  somme  de  vingt  millions 
de  dollars.  En  ce  qui  louche  la  politique  int^eure,  Tatten- 
tion  du  pr^ident  se  porta  surtout  sur  la  crtoUon  d^une 
utile  centralisation  administrative,  sur  la  formation  d*une 
armde  et  d'une  flotte,  et  sur  la  mise  en  ^tat  de  defense  du 
\ittoral  et  des  fronti^res.  Une  fois  la  paU  r^tablie,  les  finances 
de  rUnion  prirent  un  tel  essor,  qu*on  put  soccessivement 
supprimer  toutes  les  taxes  et  tons  les  droits  k  rint^rieur. 
Des  difficulty  qui  survinrent  avec  la  France  furent  aplanies 
par  un  nouveau  traits  de  commerce,  sign6  le  24  join  1822 ; 
et  les  difl(§rends  avec  la  Russie  k  Toccasion  de  la  delimitation 
des  fronti^res  de  Touest,  se  terminerent  par  un  traih^ 
conclu  k  Saint-P^tersbourg  le  17  avril  1824. 

A  la  suite  de  relations  qui  k  partir  de  1822  sMtablu^t 
entre  les  Grecs  et  les  ]^tats-Unis,  le  president  Monroe  se  vit 
contraint  en  1824  de  dtelarer  que  les  £tats-Unis  ne  pou- 
yaient  tol^rer  Tapplication  des  principes  de  la  sainte-alliance 
k  leur  mode  de  commeroer^  et  qu'ils  la  consid^raient  comme 
de  nature  k  compromettre  le  maintien  de  la  paix  du  monde. 
Le  4  mars  1825  Qhlztj  Adams,  fils  de  Tanden  pr^ident, 
succ^a  k  Monroe;  mais  en  sa  quality  de  f^d^raliste,  ou 
d'aristocrate,  il  adudnistra  d'une  mauiere  pen  favorable  aux 
int^r^ts  des  £tats  m^ridionaux  et  occidentaux.  Pour  affran- 
chir  autant  que  possible  TAm^rique  des  clialnes  de  la  poli- 
tique commerciale  de  I'Europe,  llJnion,  k  partir  surtout  de 
rann(^  1825,  Inscrivit  en  t6tede  tous  ses  traits  le  principle 
de  la  liberty  et  de  la  r^iprocit^  en  mati^re  de  commerce; 
principe  en  conformity  duquel  des  trait^s  de  commerce  lu- 
rent  conclus  sous  la  pr^sidence  de  Quincy  Adams  avec  la 
SuMe,  le  Danemark,  les  villes  Aos^Uques,  la  Prusse,  la 
Sardaigne,  Oldenbourg,  la  Turquie,  la  Russie,  le  Br^ii  et 
les  £tat8  de  TAm^rique  du  Sud.  Quand  les  trait^s  de  com- 
merce pr^c^emment  conclus  avec  rAngleterre  vinreut  k 
expirer  en  1828,  ov:  ne  put  pas  tomber  d*accord  sur  les 
bases  d^un  nouveau  trai.:^;  et  par  suite  on  laissa  sommeiller 
pendant  quelque  temps  le  r^lement  de  la  question  du  terri> 
toire  de  TOr^gon.  Cependant,  unnouveau  tarifdedouaues^ 
introduit  k  Tmstigation  de  Quincy  Adams  hdater  du  1*^  sej)- 
tembre  1828,  menaca  toiijuurs  d^amener  do  nouvelles  com- 
plications dans  les  rapports  de  TUnion  avec  I'Angleterre 
jusqu'en  1830,  ^poque  oh  eut  lieu  une  transaction  favorable 
aux  colonies  anglo-am^ricaines  \6s6es  par  ce  oouveau  tarif. 
Mais  le  tarif  d* Adams  provoqua  aussi  dans  rint^rieur  de 
rUnion  les  plus  dangereuses  dissensions ;  et  c*est  au  milieu 
de  ces  circonstances  critiques  qu^en  mars  1827  Jackson 
arriva  k  la  pr^sideiice,  par  suite  de  rinfluenoe  de  plus  ea 
plus  pr^poud^anle  du  parti  d^mocratique.  Les  fitats  plan- 
teurs  et  agricoles  du  sud  ne  voyaient  dans  P^l^vation  des 
droits  de  douanes  qu^une  mesure  prise  pour  lavoriser  Tin- 
dustrie  des  £tats  du  nord,  et  msistaient  d'autant  plus  vi- 
vement  sur  leur  abaissement  et  m^me  sur  leur  suppression 
absolue,  que  la  dette  publique  devait  se  trouver  compl^- 
tement  ^teinte  en  1834.  Dans  la  Caroline  du  nord  surtout, 
qui  ne  demandail  pas  sculement  la  liberty  d*importatioa 
*.  mais  aussi  le  iibre  commerce  du  riz  et  du  colon,  le  peuplA 

12 


90 


ETATS-DNIS 


dare  nuls  les  d^reU  du  congrte,  et  menaoa  en  mAsne  temps 
Id  gouvemeur  de  se  detacher  de  la  confi^d^tioD,  si  runion 
yoolait  recoorir  h  la  force. 

La  questkm  de  fesdavage  fut  encore  nne  autre  .caose 
de  disMnsion  entre  le  nord  et  le  snd;  question  dont  la  so- 
lution ne  peut  manquer  quelque  Jour  de  mettre  k  une  rude 
^preuve  la  solidity  de  TUnion.  Les  itats  du  sud,  dont  la  pro- 
duction a  pour  base  le  travail  des  esdayes,  consid^rent 
rinterdiction  de  la  traite  des  n^es  comme  une  conspiration 
des  ^tats  du  nord  centre  lenr  prospMt^,  et  persistant 
dans  ces  idta  lorsque,  k  partir  de  1827,  lis  les  Tirent  se 
d^barrasser  In  una  aprte  les  autres  de  la  l^pre  de  Tescla- 
Tage  et  pr^soiter  au  congrte  des  motions  tendant  k  sa  sup- 
pression dans  tous  lesttats  de  TUnion.  Tandis  que  la  Caro- 
line du  sod  se  pr^paratt  k  lutter  par  la  force  des  armes 
contre  la  grande  mfjorit^  de  llJnion,  rteiamantrabolition  de 
resclavage,  le  oongrte,  en  d^cembre  18S2,  ouvrit  la  d61lb^ 
ration  sur  one  nouvelle  loi  de  douanes,  oeuyre  de  Jackson,  et 
qui  fut  difinitivement  rot^  le  26  i^yrier  18S3.  Aux  termes 
de  cette  loi ,  un  certain  nombre  de  marchandises  furent  im- 
mddiatement  aCGranchies  de  tons  droits,  en  m6me  lemps 
qu'un  abaissement  suecessif  des  droits  existent  sur  d*autres 
mati^res  deyait  ayoir  lieu  de  roanito  k  ce  qu*en  1842  le  tarif 
gto<^al  des  douanes  eut  subi  nne  diminution  de  20  p.  100. 

A  cette  crise  int^eure  yint  se  Joindre  une  gnerre  san- 
glante  contre  les  Indiens.  Dte  1830  le  congrte  avait  rendu 
un  bill  dit  det  Indiens,  par  lequ^  le  president  ^tait  auto- 
ris^  k  assigner  en  toute  propri^t^  aux  tribus  indiennes  qui 
consentiralent  k  aller  s'y  ^tablir,  le  territoire  appartenant  k 
la  confederation  et  situ^  k  Touest  du  Ifississipi.  Qudqnes 
tribus  accept^rent  cette  proposition;  d'antres  la  repous- 
s^rent  et  coumrent  aux  annes,  qnand,  en  1832,  on  youlut 
les  contndndre  k  abandonner  les  £tat8  de  Georgie,  d'Ala- 
bama  et  dUlinois.  £n  1834  on  yit  se  soulever,  dans  la 
Floride,  les  SSminoles,  tribu  dlndiens  Credu,  qu*en  d^pit 
de  tous  les  efforts  on  ne  put  ni  vaincre  ni  expulser  des  ter- 
ritoires  quMb  occupaient.  Des  modifications  apport^es  k  la 
loi  dedouanes  n*Searent  pas  plus  totr^tabli  la  tranquillity  dans 
les  £tats  du  snd,  que  la  question  des  Iwiques  yint  pro- 
yoquer  encore  nne  fois  lea  luttes  de  partis  les  plus  yiolentes. 

La  banque  natioaale,  fondle  ^en  1801,  avait  M  sopprim^e 
en  1811, k  caose  de  la  pression  qu'elle  exerfait  lories  trans* 
actions  monetaires;  mats  de  cette  suppression  r^sultirent 
bientOt  les  plus  graves  embarras  commerdaax.  En  cons^- 
qnence,  dte  18lfi  on  avait  dO  cr^r  une  nouveUe  banque 
nationale,  avec  on  privilege  de  vingt  ans  et  un  capital  dont 
ie  gouvemement  s^engagei  k  former  le  tiers,  soil  sept  mil- 
lions de  dollars.  L*etabHssement  de  nombreoses  succnrsales 
aetrut  tdlement  Hnfloence  de  cette  grande  institution  finan- 
d^re,  qa*dle  ne  tarda  pas  k  exercer  le  monopole  du  com- 
merce d'argent;  etat  de  cboses  dans  lequel  les  d^mocrates 
virent  un  danger  poor  la  liberty.  Ce  qui  favorisait  et  sou- 
tenait  tnrtoirt  lea  Immenses  operations  et  le  credit  de  la 
banque,  e^est  que  le  gonvemement  se  servait  d'elle  pour 
la  perception  de  UmpOt  et  quMl  lui  deposait  ses  fonds  de 
reserve.  La  buiqiie  randait  par  Ik,  sans  doute,  de  grands 
servlees  k  rttat;  mais  fl  etait  peot^tre  k  redonter  qn*dle 
I  ne  cedAt  k  la  tenfation  de  (hire  servfr  les  fonds  et  le  credit 
de  I^tat  k  donner  de  plus  en  t>lns  d'extension  k  ses  ope- 
rations particuli^res.  En  1832,  la  banque  s*etant  adressee 
au  congr(te  k  rdfet  d*ob1enir  la  prolongation  de  son  pri- 
vilege, la  question  M,  6fM6e  en  sa  favour,  grftce  aux  efforts 
de  Paristoeratle  d*argent  et  des  federaUstes.  Mais  Jackson  fit 
usage  de  son  droit  de  veto,  et  perdsta  dans  sa  determi- 
nation alors  mAme  que  laa  doutes  repandos  au  sujet  de  la 
solvalHlite  de  la  banque  se  furent  dissipes.  La  discussion  en 
etait  ]h  quand,  en  1832,  le  nom  de  Jackson  sortit  une  se- 
cunde  fois  de  IHime  pour  les  elections  k  la  presidence.  H 
rf!tira  alora  de  la  banque  les  fonds  appartenant  au  gonver- 
nempnt,  et  r<^u«sit  en  1836  k  (hire  decider  par  la  diambr«  des 
ivpri^ntants  la  niise  en  liquidation  de  la  banque,  dont  le 
pririlege  oefut  pas  lenouvde.  Cependant  die  obtint  encore 


du  senat  un  privilege  identiqne^  nuds  nniqnement  poor  Umo- 
tionner  cooame  banque  de  Ptnsylvanik.  Les  democrates 
pay^rent  cher  lenr  vietoire  sor  raristocratie  d'aigent.  La 
dissolution  de  la  IwiqQe  entratna  la  mine  de  ses  succursdes 
et  d'une  foole  de  banques  particulieres,  aind  que  d'innom- 
brables  faiUites.    . 

Un  difrerend  entr^  les  £tats-Unis  et  la  France,  an  tajet 
du  payement  d'uoe  somme  de  26  ndUlons  due  comme  in- 
demnite  pour  les  pertes  oansees  an  commerce  de  ItJnion, 
se  termina  en  1835,  au  milieu  de  la  crise  finandtee,  k  IV 
vantage  des  ^ts-Unis,  grAoe  k  la  mediation  de  TAngleterre. 
£n  1836  les  territoires  d'Arkansas  et  de  Michigan  furent 
admis  k  lUre  partie  de  TUnioB  qui  se  composa  dors  de  vingt- 
dx  £tatB,  En  mars  1837,  Martbi  VanBnren,  du  president, 
prit  la  direction  des  alfdres,  et  continua  la  politique  de  son 
predecesseur  tant  k  ilnterienr  qu*A  Texterieun  A  s*effor^ 
de  terminer  padfiquement  un  diCrerend  sorvenn  avec  TAn- 
gleterre  an  sujet  d'un  batean  k  vapeur  americdn,  la  Caro^ 
lina^  bruie  par  les  Anglais  k  Buffdo,  de  jnAme  que  les 
discussions  anxqudles  donnArent  lien  la  delimitation  des 
frontieres  du  Canada  et  la  question  dn  droit  deyisite.De 
puis  1834  la  dette  publique  de  llJnion  etdt  oompietement 
amortie  :  cependant  en  1841  le  president  se  vit  force  de  re- 
courir  k  un  emprunt  de  12  milUonft  de  dollars  pour  la 
continuation  de  la  gnerre  contre  les  seminoles  et  ausd  poor 
courrir  les  d4ficiU  causes  dans  le  reveno  public  par  la  der- 
niteerise  commeidale.  En  1841  Van  Boren  depose  la  pre- 
sidence entre  les  mains  du  general  Henry  Harrison,  can- 
didatdu  parti  lederaliste,  qui  moomt  unmois  aprte  son  en* 
tree  en  fonctions.  Conformement  i  la  constitution,  le  vice- 
*preddentTyler,candldatdu  parti  democratiqae,  prit  la  presi- 
dence, et  ^effbr^  Ini  anad,  de  mdntenir  TUnion  en  pdx 
avec  I'Anglelerre.  Cestce  motif  qui  lors  do  procAs  intente 
k  Mac  Leod,  Anglais  oompromis  dans  I'affdre  de  l^icendie 
de  la  Carolina^  porta  le  president  k  fovoriser  Taoquitte- 
ment  de  cet  individu;  et  le  9  aoOt  1842  il  oondot  avec  le 
cabinet  de  Saint-James  un  trdte  poor  la  regularisation  des 
i^ontieres  respectives  des  deux  mts,  la  soppresaion  de  la 
traite  des  ndgres  d  Textradietion  redproqoe  te  mdfdteurst 
L'irritation  dos  esprita  prodoite  k  diverses  reprises  depuis 
1842  par  la  quediai  de  I'Oregon,  de  nouveanx  dissenti- 
ments  k  propoa  do  droit  de  vidte  et  PaflUro  dn  Texas  meoa* 
cerent  plosieors  fois  encore  de  troubler  les.  relations  inter- 
nationdes  des  £tata-Unis  et  de  leor  anoienne  m4re  patrie. 
En  1844  Tyler  essaya  de  condore  un  traite  de  commerce 
avec  les  £tats  allemands  du  ZoUverein  ;  mais  le  oongres  y 
reibsa  sqn  adbedon,  paroe  quil  eOt  en  pour  consequence 
nne  modification  comply  dn  tarif  douanier  dea  l^ts-Unis. 
Plus  beurenx  dans  raOdre  dn  Texas,  le  president  vit  la  le- 
gislature confirmer  le  traite  oondu  avec  cet  £tat  an  com- 
mencement de  Tannee  I84ft»  et  qnient  pour  reanitat  son  in- 
corporation dans  rUnion  Americdne.  Le  ooogres  consentit 
aussi,  SUP  sa  propodtion,  k  y  admettre  comme  £tats  ind6- 
pendanfs  les  d-devant  teiritolre  de  Jowa  et  de  la  Floride. 

Au  mois  de  man  1845  Tyler  remit  la  preddence  k  Ja- 
mea  Polk,  candidat  dn  parti  democntique,  dont  le  nom 
etait  sort!  vainqoeor  de  IHime  Van  dea  dections  nouvdles. 
A  la  suite  de  la  dedaratioo  de  gnem  qn'amena  de  la  part 
du  Mexique  rineprporatton.  dn  Texas  aux  £tats-Unis,  Polk 
determine  le  congrte  k  ordonner  des  armements  fenniclB- 
bles;  et  le^enerd  Taylor  comment  les  bostilites  en  e»- 
vabissant  le  terrilaire  mexieain.  Dans  rete  de  1848,  le  ge- 
neral Scott,  comiyiaodant  en  chef  de  rarmee  de  lUnion,  ae 
dirigea  de  la  cOte  de  la  Yera-Cmz  sur  la  capitde  meme  do 
Mexkiue,  qnl  tomba  en  son  ponvolr  le  11  septembre  1847. 
LeseTTorts  desMexicains  pour  repousser  rinvaskMi  avdent 
ete  inutiles.  Leura  generaux  avdent  Aiit  preuve  de  plus  de 
forfanterie  que  dMiabilete;  et  aprte  trois  campagnes,  les 
Ctats-Unis,  qui  en  fdsant  cette  guern  n*avaient  eu  d'aatr« 
but  que  de  s*emparer  du  Nouveau-Mexique  et  de  la  Call* 
lomie,  etaient  mdlres  du  Mexique  tout  entier.  Mais  ils  nV 
busercnt  point  de  leurs  victdres,  et  s'attacli^renl  pins,  k  edn* 


fiTATS-UNIS 


•oiider  entre  lears  mains  la  possession  des  territoires  qu*lls 
iraient  jng6  utile  d'adjoindre  h  celoi  de  PUnion,  qa'k  I'ac- 
croltre  indifinlment  en  confisquant  la  nationality  mexicaine. 
II  ^t  toot  naturel  cependant  que  les  Taincas  payaaaent 
les  frals  de  <$ette  longne  et  dispendiense  gnerre;  or,  oomme 
le  Mexique  6(ait  k  bout  de  ressourcea,  II  dot  a'efttimer  hen- 
reox  d'ra  6tre  qnitte,  aprte  de  longne^  et  difficilea  n^o- 
dations,  potir  i'abandon  de  la  Californie  et  da  ICouTean- 
Maique,  que  oonsacra  le  traits  de  paix  condu  entre  lea , 
deox  pays  le  3  furrier  1848. 

les  pOQVoirs  dn  pr^ldent  Polk  expir^ent  en  1849,  et 

les  ^lecUoBfl  lai  donnferent  pour  soccesaenr  le  fS^Mi  Taylor, 

dont  le  nom  ^tait  doTenu  des  plua  populaires  depots  la  part* 

importante  qa*il  aTait  eoe  aux  Tictoires  remport^  par 

rann^  de  TUnlon  sur  les  forces  mexicaines.  Cependant  le 

neete  de  cette  candidature  fut  dd  surtout  k  l*iaterTention 

d*Dii  tiers  parti,  qui,  sous  la  denomination  dt  Jree  soUers, 

fenait  de  surgir  pour  la  premiere  fois  entre  les  deux  opt- 

BioDfl  si  tranche  existant  depuis  Tori^e  aux  l£tata-Unia, 

et  qui  toot  aussit6l  s'^tait  trouv^  aasex  fort  pour  faire  pencher 

h  balance  do  c^t^  que  loi  indiquaient  aes  convictiona  oo 

MS  int^rftts.  Que  si  en  eff^t  lea  £tats  dn  nord  poossaient 

to^jours  k  Tabolition  immMiate  et  absoloe  de  I'esdaTage 

dans  toute  P^tendoe  de  ItJnion,  et  ai,  bien  loin  d*y  consentir, 

ks  l^tats  do  sod  pr^tendaient  ao  contraire  que  Teaclavage 

derail  6tre  d^lar^  lidte  dans  les  nouTelles  acquisitions  de 

territoire  faites au  sud  par  I'llnion,. acquisitions  oli  II  n^avait 

pas  moins  aa  raison  d^^tre  que  dans  ceox  des  anciens  ^tata 

ob  0  est  l^alement  ^tabU,  le  tiers  parti  dont  nous  parlons, 

celui  du  free  soil  ( le  sol  libre  }  ^tait  intenrenu  comme 

ntiiateur  et  ayait  fidt  d^ider,  par  mani^re  de  compromis, 

qae  TesdaTage  ne  poorrait  pas  6tre  introduit  dana  les  jm- 

Teaux  Etats  do  sud,  et  resterait  par  cons^uent  ciroofiff^ 

dans  Tespace  quil  oocupe  en  ce  moment 

L*esclaTage,  la  question  de  son  maintien  oo  de  sa  sup- 
pression dans  les  £tats  de  TUnion,  telle  est  depuia  longteropa 
la  grande  preoccupation  des  espiits  dans  la  jeone  lipobli- 
que;  et  fl  nous  semble  fort  douteux  qu*on  poisae  en  reculer 
kmgtemps  mcore  la  solotion  k  Taide  de  compromis,  qudqoe 
iagenieax  qoHls  puissant  6tce  an  fond ,  comme  lot,  par 
exeiriple,  celoi  que  sogg^ra  riUostre  Henry  Clay  et  quMl  eut 
encore  le  bonheur  de  Toir  voter  ayant  de  mouiir.  Le  ge- 
neral Taylor  n^eot  pas.  ao  residf  le  temps  de  r^aliser  les  pen- 
■ees  poliUques  quil  avail  apport^es  ao  pouToir;  et  sa  mort, 
arriv^e  dte  la  aeconde  ann^e  de  aes  fonctiona,  le  9  aoAt  1869, 
donna  Beo  encore  une  fois  k  Tapplicatlon  de  Particle  de  la 
constitution  f^d^rale  qui,  eo  vue  d*une  aemblable  eyentoaUte, 
t-ansfSre  lea  ponyoirs  dn  d^Aint,  poor  tout  le  temps  qolla 
ayaient  encore  k  coorir,  ao  ylce^preaident  nomme  en  m£me 
temps  que  loi  et  oomme  en  eas»  Ge  yioe-president,  appeie 
IfiUard  Fillmore^  se  montra  digne  de  la  place  quele  baaard 
loi  accordalt ;  aooa  son  administration  ferme  et  sage,  la  pros' 
piril6  de  lUnlon  ne  fit  qoe  s'accrottre.  Et  cependant,  le 
^    president  Fillmore  ne  laissa  point,  loi  aoasi ,  qoe  de  aympa- 
titfser  plus  00  moins  onyerlement  ayec  ce  mooyement  des 
Intelligenoes  qui  semble  aojoord^bul  entratner  llJnion  yera 
des  d^tfai^es  nouydles,  m^  encore  compietementinconnues 
qnant  ao  resoltat  final.  Nous  yoolons  parler  de  cet  esprit, 
EOas  deyrions  peot-^tre  dire  de  ce  yerlige  de  conqo^  qui 
depuis  lea  trop  ladles  triomphea  remport^s  par  les  troopea 
fMe^rales  sor  Parm^e  mexicaine,  s*est  (Bmpare  de  tootes  lea 
t^es  aox  £tat8-Unis«  Co ba»  cette  ma^aifique  colonie  eapa- 
gnole,  cette  relne  des  Antilles,  est  en  effet  deyenue  depuia 
qnelcfoes  amines  Pobjet  de  la  conroitise  haotement  ayoo^e 
des  Am^ricains  do  Nord,  qoi  ne  desespireot  pas  de  voir  le 
Canada  venir  qodqaejoor  grossir  le  nombre  des^tats-Unia, 
ct  qoi  d^jk  res^rdent  Pannexion  proehaine  dn  Mexlqne  ao 
territoire  de  lUnion  comme  on  fait  n^cessaire,  instable, 
dont  ii  est  Inutile  dte  lors  de  liliter  la  realisation ,  paroe 
qo^eiie  se  fera  d*elle-m6me.  Or  le  gouvemement  f^dral,  re- 
pr^senf^  par  son  prt^ident,  est  trop  dminemmcnt  national 
A'avoir  pa!$  ^^^  ^^^  empre^sement,  dans  ses  rapports 


91 

avec  I'Espagne,  les  plus  IbUles  pr^extes  de  discossion,  d6s 
qoTIs  etaient  de  natore  k  provoqner  qoelqoe  conflit  qui  tui 
permit  de  se  saisir,  ^  litre  de  gage  provisoire  pour  le 
payemeat  de  rtelamations  plus  on  moins  spMenses,  de  ce 
denier  debris  de  la  puissance  eoloniale  des  ERpagnols 
Tootefoia,  HiabUet^  et  la  moderation  dn  cabinet  de  Madrid 
ayant  r^uaai  k  eoarter  tons  les  pr^textes  de  eonflit  possibles, 
le  gnnveroemeBt  americain  Jaissa  s^organlser  alors  sous  ses 
yeox  de  vdritaUea  expeditions  de  flibastierB  destinies  k 
vevolqtionner  Cuba,  et  k  lui  (Ure  prodamer  son  indepen- 
dance  politique,  prtface  oMig^e  de  son  annexion  definitive 
k  PUnion.  Le  manvals  soceto  qn'ont  en  Josqv^  ce  jour 
tontes  ees  entreprises  est  loio  d'avoir  deceon^  les  aven- 
tniiers  pelitiqoes,  non  moins  nombreox  de  nos  Joors  au  delli 
qn'en  deck  de  PAtlantiqoe,  et  qui  de  plos  y  ont  tootes  les 
sympathies  dn  poovoir.  Aossi,  les  amia  de  PEspagne  ne 
Toient-ila  gnte  anjoordliol  poor  die  d*autre  moyen  d'e- 
chapper  an  peril  qni  la  mence  incessammani  de  ce  c6ie, 
9iedefrapper  on  grand  ooop  et  de  repoosaer  Uen  loin  les 
envabisseors^americafais,  en  aboHssant  bardlment  Pescla- 
vage  k  Cofaa.  U  est  evident  qoe  dans  ee  eaa  la  moHie  de 
PUnion,  c'est-A-dire  Ira  tfats  dn  sod,  les  l^ts  &  exclaves, 
ne  voodndent  plos  eoteadre  parier  de  Pannexion  d'une  co- 
Itnie  qni  n'a  peuUttre  tant  de  cbarmes  k  leurs  yenx  que 
oareevqoePesdavage  yjlenrtf  enoore,  alors  qoMI  a  disparu, 
grAoe  k  Diea ,  du  rests  des  AnIIUes.  Las  fifferences  pro- 
fdmdes  de  races,  de  moenrs,  de  langoe  et  de  religion  qoi 
aeparent  les  deux  popolatioas  permettent  de  croire  qne 
Pesdavage  one  lols  aboU  k  Cuba,  PEspagne  n'aorait  gu^re 
k  redooter  les  elfets  de  la  eonvoitise  des  Americains.  Cepen- 
dant Padoption  d*one  poliUqoe  si  tesoloe  presente  aossi  bien 
dea  dangers.  II  ne  aanqoe  done  paa  de  bona  esprits  qoi 
penaent  qoe  le  mieux  qoe  I'Espagne  annlt  k  faire  aojoor- 
d*bui,  ee  seiait  de  vendre  k  beaox  denien  comptant  sa  co- 
loQie  k  PUnion  Americaine,  qni  loi  en  offra  300  millions  de 
firancs  et  qoi  loi  en  donnerait  meme  davantage  si  elle  le 
voolait. 

^administration  dn  president  mifflore  fiat  signaiee  en 
outre  par  Penvoi  d'one  escadre  amertcdne  dans  Jes  mers  do 
Japo n ,  k  Peffet  de  condore  on  traite  de  commerce  avec  ce 
mysterieox  empire;  misdon  poiltlco-oommerdale  qni  aete 
couipnnee  d^un  plain  succ^  et  k  la  suite  de  laquelle  le  gou- 
vemement mase  s'estdedde  k  lUreone  tentative  dmilaire. 
On  peat  sans  crainte  le  inredire :  nn  qoart  de  sitele  ne  s'ecou- 
lera  pas  sans  qoe  lea  relations  entee  PAmeriqoe  et  PA'de, 
entre  la  Californie  et  la  Cfaine^  avecle  Japon  poor  edidle,  ne 
soientansd  actives  qoe  celles  qoi  existent  anjoord'bai  entre 
les  odtes  orientales  de  PUnion  et  PEorope  ocddentale. 

Les  poovoira  do  preddent  Fillmore  etplrant  en  1853,  on 
proceda  k  la  fin  de  18&2  k  Peiection  de  son  successeor.  Le 
g^nerd  Scott,  aotre  Mros  de  la  gneree  do  Mexique,  se 
mil  sor  lea  rangs  dans  I'espolrde  raUtor  Aaa  candidatore  les 
soffrages  et  les  sympatbiea  qui,  lors  des  elections  prece- 
dentes,  avdent  porte  k  la  preddenoe  le  general  Taylor; 
maislesvoix  se  porterent  sor  le  g^nerd  Franklin  Pierce 
qoi  en  conaeqoence  entra  en  fonctiona  on  18SS. 

On  etalt  natnrdlement  corieox  de  connaltre  Pattitode  qne 
prendrdt  le  nonveao  preddent;  et  comme  on  ne  se  dis- 
simole  pas  en  Europe,  oti  la  fd  en  la  necesdte  de  Peqoi- 
libre  politique  des  peoples  est  toojoors  vivace,  les  graves 
compUcations  qui  poorraient  resolter  pour  Panden  monde 
de  Pextension  bsdefinie  de  PUnion,  on  vit  avec  plaisir 
M.  Pterce,  dans  son  premter  message  an  congrte,  protester 
des  penste  de  moderation  qoi  animaient  le  gonvemement  t 
americain,  et  dedarer  qoe  tootes  les  expeditions  ncn  auioA 
risies  centre  Coba  trouverdent  dans  le  premier  magistri.t 
actod  de  la  repobliqoe  on  adversdre  resolo.  Mais  ensoite, 
ea  reflechissant  k  ce  qoll  y  avail  de  vagoe  dans  one  telle 
declaration,  en  passant  so  crible  tootes  les  expressions  do 
message, on  reconnot  que  ce  docoment  oflldd  nMtait  rien 
moins  qoe  rassorant  et  cacbdl  an  contraire  les  pensees  d'ex* 
pansion  ao  debors.  de  conqoeies,  qoi  fermenlent  depoia 

12. 


92 

longtempc  dans  toutes  let  parttes  de  lUnion  et  que  la  presse 
am^ricaiiie  eat  aaaoiine  k  sureKciter  encore  davantage  par 
sea  d^cUmaUoiia  et  sea  forfimteriea.  Lea  gooTernementa  r6- 
publicaioa  aenient-ila  done  si^eta  aux  mAmea  accede  Ter- 
tige  que  lea  monarchiqoea?  La  cbimtei«  de  la  monarchie 
universelle,  tant  de  foia  et  si  inatilement  pooranffie,  annh 
t-elle  done  poor  pendant  \i  cliimte  de  la  i^pnblfqne  uni- 
▼eroelle?  Cest  \k  poortant  oe  qu*il  Ckndrait  crolre  si  I'on  8*en 
rapportait  k  toot  oe  qui  se  dit  et  s^emprime  aujourd'hoi  de 
ratitre  c6t^  de  PAtlantique.  Aprto  tout^  comment  cet  eiete 
de  confiance  dea  AmMcains  du  Nord  dana  leora  forcea,  dana 
ravenlr  r^senr^  k  leur  CM^tion,  ne  sendt-tt  paa  nn  peu 
excuaaUe  quand  on  voit  un  paya  06  iMmp6t  eat  preaqne  nul 
prteenter  cheque  ann^e  nn  exc6dant  de  reoetfea  de  prta  de 
cinquante  nulliona  de  francs  aur  ses  d^penses,  et  s^rieosement 
embarrass^  de  savoir  oe  qu'il  en  fera ,  alora  que  lea  diff^ienta 
gottvernementa  de  la  yieille  Europe  sont  de  plus  en  plus 
rMuits  k  yirre  d'emprunts,  qui  ne  soolagent  momentand- 
nient  le  present  qo*en  cr^t  poor  ravenir  lea  ptna  tera- 
aantea  cbargea  et  les  plua  inextricablea  difficult^  1 

j^^AU)  outfl  dont  les  aemiriers,  lea  arquebosiers,  les 
horiogersetdesouTriers  de  ploaieura  aotres  professions  seaer- 
Tent  pour  malntenir  fixes  certainea  piteea  pendant  quite  les 
iraTaillent  A  proprementparler^  les  6taux  sont  des  presses 
que  Ton  modifie  suiTant  les  uaagea  auxquela  on  lea  destine. 
11  y  a  dea  tonx  en  bote  et  deaStaux  en  fer;  les  plus  com- 
muna  sont  de  ce  dernier  genre.  Parmi  lea  ^taux  en  fer,  on 
distingue  ceux  k  pied,  k  a/gfroft^  k  fMdn^  oenx  qui  sont  dits 
/ounuuila,  paraUilet.  V4tau  d  pied  se  compose  de  sept 
pieces:  1**  deux  Jones ;  9**  deux  mora  00  mordaches,  armte 
de  lames  soud<^ea  d'acier  tremp^  et  taillto  comma  des  limea; 
Z*  one  ▼te  ii  filet carr4;4*  unteoudont  le  paa  est  (aitd*une 
bandelette  de  ier  braate  a?  ec  aoin  dans  rintdrieor  d*une  bolte 
cylindrique;  V*  un  levier  avec  lequel  on  feit  toiimer  la  yia 
pour  serrer  oa  deaserrer  te  machine;  6^  un  ressortqui  fait 
'^carter  les  mordacbea  quand  on  veut  retirer  la  pidce  qu'on 
traTaille ;  1^  one  bride,  par  laquelle  on  fixe  I'^tau  ^  un  ^  t a  b  1  i. 
L'^tau  k  pied  se  Toit  dans  les  ateliera  de  tous  les  m^eaniciens 
et  de  tona  les  serruriers.  Cet  dtau  est  dit  toumant  iorsqne, 
par  one  dtepoaition  particoli^re  de  la  manito  dont  il  est  at- 
tach^, on  pent  le  Cure  touraersur  son  pieddedroite  k  gaudie 
et  r^ciproquement ;  alora  on  flxe  aur  T^tabli  un  arc  de  oercle 
en  fer  dana  lequel  on  perce  quelqnea  trous  qui  serrent  k 
fixer  r^tau  au  moyen  d'unecheville.  Viiau  A  agrafe  eat  ainsi 
appeii  parce  qu'on  le  fixe  k  une  table  au  moyen  d*une  Tte 
de  preesion  :  il  difi%re  pen  du  pr^cMent ;  les  horlogers  en 
monlres  en  font  contuinellement  usage.  Vitau  &  main  n'est 
autre  chose  qu^une  sorte  de  tenaille  k  tU  ;  il  est  commode 
ponr  sateir  des  pitees  qn'on  Teot  limer  en  rond ;  on  le  tient 
et  on  le  fUt  toumer  de  la  mafai  gauche  pendant  que  de  la 
droiteon  pouase  lalime.  V^auparalUletti  compoa^de  telle 
aorte  que  ses  deux  mAchoirea  a*dcartent  ou  se  rapprochent 
Tune  de  Tautre  sana  a'incliner  en  avant  on  en  arri^ ,  tandte 
que  dana  les  antrea  iAxax  la  mAcboire  ant6rieure  toume  sur 
un  pivot  comme  une  chamlftra.  L'^tau  parall^le  est  avanta- 
geux  sous  certaina  rapporta,  mate  il  est  eofiteux  et  moina 
aolide  que  les  autrea.  TsTsafeDftB. 

^TAYEMENT,  optetion  k  Taide  de  laqnelle,  le  ploa 
4>idinairement,  on  aontient  avec  de  grandea  piteea  de  boia 
ou  <t  ai  a  on  b&timent  mena^ant  mine,  oa  aTec  dea  pontrea 
dana  la  refection  d*aB  mur  ndtoyen.  Les^yements  ne  sont 
pas  moina  ntilea  quand  II  s*agit  de  tranaporter  de  lourda 
Csrdeaux;  ite  en  licilltent  la  traction  aur  rouleaux,  en  em- 
pteliant  quHb  ne  d^versent.  On  a  dea  exemplea  de  dochera 
tout  entiers  transports  ainsi,  k  I'aide  de  cabeatans,  apria 
avoir  M  conTenablement  ^yS. 

ET  G/ETERAvmote  latina  dont  on  ftJt  un  grand 
uaage  dans  notre  langne,  et  qoi  aont  d'one  utility  reconnue 
dana  la  conversation  et  dans  ce  qu'on  terit :  ila  ofTrent  en 
^et  Tavantage  d'^viter  lea  longueurs,  les  r^titlouA,  les 
^tationa  trop  ^tenduea,  trop  fr^quentes,  et  les  ^omiratlont 
4iop  prottxea,  trop  dUfusea,  C^^taieiit  lea  ictes  des  notaires 


ETATS-13N1S  ^   fiXENDARD 


qui  avaient  donn^  aux  ei  cwtera  le  plus  de  vogue.  Sous  la 
plume  de  ces  officiers  publics,  ite  avaient  acquis  une  v^i- 
table  valenr,  puisqu*ite  avaient  sensiblement  allonge  des  ^ri- 
tures  qui  se  payaient  k  la  page,  et  dont  cette  inevitable  for- 
mule  ^t  deivenne  nn  omement  de  luxe.  Aujourd'hui,  tonta 
abr^viatloa  est  s^v^rvanent  interdite  dans  les  actea  judi- 
cialres  et  notari^ ;  et  Ton  ne  serait  ploA  fond^  k  dire  comme 
antrefote  :  Dien  nous  garde  dea  mtoobes  d'apothicaire  et 
des  et  cmtera  de  notaire. 

Vet  cxtera  (et  antrea  chosea),  cbass^  des  actes  l^aux , 
s*est  refhgie  dans  le  langage  usuel.  C'est  un  terme  oonvenu 
qui  en  dit  plus  qu*il  n*est  gros,  un  sons-entendn  tour  k 
tour  pudique,  adroit,  ing^eux,  malln ,  qui  peut  devenir 
mie  Insnlte  sanglante.  Td  bomme  qui  vent  sembler  profond, 
dans  sea  discours,  a  bien  sohi ,  aprte  avoir  tete  dea  idto 
communea,  d'essayer  de  donner  par  nn  e^  cxtera,  lanc^  k 
propos,  une  haute  opinion  de  ce  qu'il  semble  taire.  n  serait 
bien  embarrass^  peut-^e  at  on  Ini  demandait  k  brfile- 
pourpoint  la  traduction  de  cette  reticence. 

Dana  le  langage  de  r^paette,  il  a  ^ et  il  est  encore  de 
politesse  exquise  et  d'!;(iinilite  profonde,  aprte  avoir  ^no- 
mdr6  les  titres  et  qo  /itS  d*unepersonne  puissante,  d'^ooter 
trois  etc.  pour  rearer  les  omlsdona  qui  ont  pu  tehapper. 
L'absenoe  d*un  et  extern  a  et6  la  cause  d'une  guerre  mi- 
neuse  entre  la  Pologne  et  la  SuMe,  en  1655,  Jean-Ca- 
si m ir  ayant  commte  hi  haute  hiconvenance  de  n'sjouter  que 
denx  etc.  k  la  suite  de  r^nmdratton  dea  titres  de  C hris- 
tine.  Dans  une  sphere  moins  devte ,  ce  sfgpeabr^vtetif  est 
devenu  d'nne  grande  ressonrce  ponr  le  charlataniame  des 
QBuvres  d'eaprit :  c'est  ainsi  que  vous  Uses  sur  le  lh>nttepice 
de  plnsd'nn  livre  par  M.  ***,  des  acad^miea  de  Lyon, 
d'Amieoa,  de  Nantc^,  de  Toulouse,  de  Rome  mdme;  puis, 
la  liste  ^puIsS ,  arrivent  i  la  file ,  au  secoors  de  la  vanity  de 
Pauteur,  trote  magnifiques  etc.,  oomme  sMl  s'agissait  des  titrea 
du  premier  potentatdela  chr^tient^.  Vanitat  vanitatum  ei 
mnnia  vanitas. 

ETGHr4IIADZIN.  Voyez  Edoh-Miabzin. 

]STE«  FoyesSAisom. 

Peignoir  (Ordrede  n.  Cette  plalaanterie  de  qnelquea 
hommes delettres, parmi lesquetefiguraient  Jon y,  Boryde 
Saint-Vincent,  Harel  et  les  rMactenrs  du  Nain  Jaune^ 
^ignala  les  premieres  annto  du  r^e  de  Loute  XVIII ;  elle 
etait  prindpalement  dhigfe  centre  ce  qn*on  nommait  alora 
le  corpa  des  jSuites,  oorpe  auqud  on  suppoaait  une  influence 
tocjoors  crofssante  et  one  oppoaition  oonstante  aux  progrte 
des  lumi^res.  Tout  le  monde  connalt  le  petit  ustensUe  creux, 
de  ier-blanc,  de  cuivre,  d'argent,  etc.,  servant  k  ^teindre 
chandelles  00  bougies,  et  dont  le  noro  figure  en  t£te  de  cet 
artide.  Cast  lui  qui  se  fidsait  surtout  renuirquer  dana  les 
armea  du  noovd  ordre ,  ce  qui  taidiquait  dans  ses  satiriquea 
foodateora  an  esprit  pins  emprefait  de  fac^e  que  d'obser- 
vation.  Eo  aupposant  en  elfet  toat  Panden  eaprit  jfeuitique 
r^veill^  dana  le  corpa  de  cenx  qa'on  se  proposait  de  d^i- 
grer  par  llnstltntioa  de  Tordre  de  r£teignohr,  c^^tait  donner 
an  d6menti  trop  formd  k  l*histoire  qne  de  regarder  les 
enfimta  de  Loyola  comme  strangers  au  d^vdoppement  des 
lumttres ,  eax  qui  ont  represents  kmgtemps  le  corpa  le  plus 
edaire  de  France,  et  ^  qui  notre  patrie  a  dO  tant  d'honunes 
savanta.  HAtona-nooa  d*iJouter  tootefote,  pour  rendre  jus- 
tice ii  qui  da  droil,  que  te  mijoritS  des  titulaires  forces  .du 
noord  ordre  extra-Kgal,  qui  reoevaient  d'une  chanodlerie 
anonyme  dea  breveta  dont  ite  n'avdent  paa  acquitte  les 
drotts,  et  dont  Us  se  seraient  bien  passes ,  appartenaient  aux 
jesuitea  de  robe  eourtef  sfanplea  affiliSa  k  la  trop  illustre 
oompagnie,  n*6tant  engagSa  en  rien  dana  le  sacerdooe,  n*ayant 
qndquefds,  comme  on  Ta  dit,  rien  ooblie  ni  rien  appijs,  il 
est  vrai,  mate  pins  souvent  encore,  ayant  oublietrop  promp- 
tement  lea  blenfaito  de  Vtuwrpateur^  et  apprte  trop  vite  k 
daniter  sur  Tidole  abattne  quite  encensdent  ia  vdlle. 

]£TEIX)N.  VoyeztfmE, 

l^TENDARD.  Lea  itendards  qu'on  volt  sur  les  bas- 
rdiefs  dn  tombeaa  de  Fran^  l**  lOBt  en  banderoles  loa- 


tiTENDARD  —  ^TERNlTfi 


goes,  ^trottes » fourchoes;  ceax  des  bas-reliefs  da  tombeaa 
deLoais  Xn  ont  la  draperie  ooarteetarrondie  par  les  extrd* 
nitfB.  Youloir  dire  commeot  ont  6t^  fails  les  Itendards  sa- 
rait  ane  entreprise  pen  utile,  et  le  tableau  qui  en  rteolterait 
n'apprendnit  rien  de  bien  neaf.  Jadis  la  Tolont^  du  eapt-  I 
lahie  dicidaU  des  omements  on  des  armoiries  de  la  dra- 
perie;  la  eouleor  de  r^tendard  6tait  la  m6ine  que  celle  des 
rabee  de  ttrrte  on  des  hoquetons  que  portaient  les  gens 
d*araiea  et  les  aicbers  k  clmal  des  compagnies  de  chevan- 
Mgers.  L'exprenkm  itendard  dnnne  maintenant  Hdte  d*an 
drapean,  ainsi  que  nous  Vavons  dU,  affects  k  la  cava- 
■erid :  or,  oomme  autrefois  lacaTalerieitait  tout,  Pinfanierie 
rieo,  ou  peo  de  ebose ,  U  n*est  pas  4tonnant  que  le  mot  itesi' 
dard  ait  consenr4  dans  le  langage  bislorique  et  pitto- 
resqoe  un  sens  beanooup  plus  large  que  eelui  qui  lui  appar- 
tient  r^eUeaoent  anjourd'hui.  YoiU  pourquoi  c'est  surtout  k 
I'^tendaid  que  s'appliquent  les  Terbes  arborer,  diployer, 
planter  l*6ten4^;  marcher ^  eombaitre,  se  ranger  was 
les  ^tendards;  e'est  anssi  pour  oela  que  quelquefois  on  a 
appeM  diendard  Tense igne  confine  k  rofBder  nomm€ 
por/e-enjei^ne.  Les  ^tendards  francs  ont  ^  de  toutes  les 
oooleurs.  Dans  la  eroisade  de  1 188,  lis  ^talent  bariol^  d'une 
«roix  rouge.  Dans  les  hittes  centre  les  dues  de  Bourgogne, 
lis  out  portd  la  eroii  blanche;  ils  ont  €^  tricolores  de  1789 
4  1814 ,  blancs  Jusqu'en  1880;  la  oouleur  natlonale  leur  a  6iA 
alors  rendoe.  Les  dtendards  ont  de  Panalogie  avec  les  dra- 
peaux  de  llnllBnterie ,  quoiqoe  plus  petits  en  g^n^ral.  Sur- 
montte  d*nne  lance  sons  la  r^ubliqne,  d'une  algle  sous 
t'eoipire,  d'une  fleur  de  lys  sous  la  restauration,  ils  ont  re- 
pris  V^^  depnis  le  10  mai  1852.  L^^tendarrl  f  aci^  des  Turcs 
poffte  le  nom  de  Sand|ak-Cb6rif.        G*^  BAnnm. 

ETENDOE*  L*id<fe  rtollement  atUeh^  k  ce  mot  est  de 
la  nature  de  eelles  que  tout  le  monde  pent  concoTOir  k  Hns- 
tant  mtait  et  sans  le  moindre  eflbrt  d'esprit,  quoiqu'il  soit 
Dtenmolns  absolument  impossible  de  la  d^flnir  autrement 
que  par  una  potion  de  principe,  tant  il  est  Trai  qu*a  existe 
vne  foule  de  lacunas  que  rien  ne  peut  remplir  entre  les 
optotions  de  la  penste  d^nne  intelligence  facile  et  la  mani^re 
de  lea  rendre  TertMlement  ou  littdralement  ( voyez  Espace  ). 

L'^tendoe  est  une des  profd^t^  g^n^rales  de  la  ma t Ur e , 
«'e8t«-dire  que  nous  ne  pouTons  conoevoir  un  corps  qu'au- 
tant  quit  oecnpe  una  ewtaine  partle  de  Tespace.  La  g^o- 
m^triOy  que  Pon  d^flnit  ia  science  de  ritendue^  lui  re- 
oonnalt  trois  dimensions  x  longueur,  largenr,  et  profondeur 
oa  ^paisaenr.  Tout  corps  ofllre  n^oessairement  ces  trois  di- 
menakma;  les  surfaces,  les  lignes,  le  point  math^ma- 
tiqiie  ne  sont  que  des  abstrafHons  de  Tesivit. 

Le  mot  Hmiue  s'applique  encore,  tant  au  propre  qu*au 
fignr6,  k  tout  oe  qui  eat  compris  entre  deux  extrfimes  :  c'est 
ainai  que  Ton  dtt  VHendue  de  la  voix,  V^endue  d'tm 
pewfolTf  etc 

ifrn^OGLE  et  POLYNIGE,n^du  plus  saaril^  des 
fneestesy  cdui  d^uie  m^  atee  son  dte,  ^talent  fils  d'CE- 
d  i  pe,  roi  parricide  de  Th^Ms,  et  de  Jocaste,  femme  de 
Laioa.  Leurs soenrs fbrent  Ismtaeet  eette  Antigone,  astro 
«oiiaolate«ir  de  eette  malheureuse  fiunille  frappite  du  cour- 
roux  des  dieux.  La  vertu  de  eette  Jeune  princesse ,  module 
de  pIM  miale,  est  merreilleosement  oppose,  dans  eette 
dynastie  ablwrriSe  dn  del  et  des  borames,  k  la  ftireur 
areogle  d'At^oele  et  de  Polynioe,  le  type  impie  des  babies 
HtBraeHes.  Lorsque  levieil  (Edipe,  parricide  et  incestuenx 
4  aon  insoy  en  de  sea  propres  mains  arrachd  de  leura 
oriritaa  aanglantes  des  yen  qui  souiliaient  le  soldi,  ses  file 
dteaftnrda  enferroteent,  sdon  Dfodore  de  Sidle,  leur  pta 
daw  son  palais,  et  s*emparteent  da  royaume,  aprte  &tn 
ooBveaos  de  rtgner  atternatlTenient  cbacun  une  annfe* 
titfode,  qui  arait  eu  le  malbeur  de  jouir  d^abord  de  la  In* 
mitee ,  r6gna  le  premier.  Mab  I'annte  expirte ,  il  refuse  da 
desccodre  du  trOne.  De  Ul  eette  guerre  de  Thebes,  la  plus 
o61^bre  doa  siteles  hftro'iques  avec  cdle  de  Troie,  qu*dle 
prteMa.  Adraste,  afers  roi  d*Argos,  dont  Polynice  avait 
dpoua^  U  Me,  nonnite  Argie,  marcha,  avec  son  gendre. 


93 

k  la  t^te  d'une  arm^,  oontre  £t^ode.  Uni  h  six  autres  guer- 
riers  illustres ,  il  forma  cettc  ligue  de  princes  ou  de  h^ros 
grecsillustr^parEschyle  sous  le  nom  des  sept  chefs  devant 
Th^es,  La  mort  d'£t4ode  et  de  Polynice  mit  fin  k  eette 
guerre  fameuse.  Les  deux  Ar^res  s^^tant  cbercbds  et  ren- 
contrte  sur  lecliamp  de  bataille,  dit  Euripide  dans  ses  PM- 
nieiennes,  cumbattirent  d'abord  ayec  la  lanee;  eette  arme 
▼ola  en  Mats  dans  leurs  mains;  tons  deux  blesste,  lis  sal- 
sirent  alors  leurs  <pte.  £ttede,  plus  adroit,  traTersa  de  la 
sienne  le  corps  de  son  fr^re,  qui  tomba  mourant  sur  le 
sable.  II  allalt  lAchement  le  d^uHIer,  quand  Polynice ,  re- 
cudllant  toutes  ses  forces  expirantes,  lui  plongea  la  sienne 
dans  le  flanc  gaocbe.  C*est  ainsi  qu*Et6ode,  qni  ne  r^a 
qu'unan,  jusfifia  son  nom  (irs^xX^c),  la  ghire  d^une 
annie.  Son  fils  Laodamas,  en  bas  Ige,  mis  sous  la  tutelle 
deCrten,  fils  de  M^nosc^,  lui  saccMa  sur  le  trOne  de 
Th6bc».  On  pta^sur  un  seol  bOcber  les  corps  inanlm^  d*£- 
ttode  et  do  Polynice.  On  dut  penser  que  la  mort  qui  6teint 
tout  sur  la  terre,  ^teindrait  leur  baine  :  il  en  fut  autrement : 
on  Tit,  ou  Ton  crut  Toir  les  flammes  du  bOcber  se  partager. 
Bien  plus,  la  Cable  et  les  pontes  assurent  que  leurs  cendres 
nroides ,  odieuses  Tune  k  Tautre,  se  dlTis^rent  d'dles-radmes. 
Outre  les  trag^diea  d*Eschyle,  d'Buripide  et  de  Radne,  ce 
sujet  k  inspire  ii  Stace  une  ^p^  latine  intitule  la  TfU- 
baXde,  ^  DEiniE-BAROir. 

J^TlSOSnQIIE  (Vers),  d'in6c,  ann^.  Foyex  Cbro- 

MOGRAUni. 

ETERNELy  qui  n*a  point  de  commencement,  qui  n*aura 
Jamais  de  fin.  II  n*y  a  que  Dieu  qni  soit  6temd;  aossi 
dit-on  le  P^re  ^temel,  le  Verbe  ^temd,  la  Sagesse  ^temelle. 
Qodqaes  pbilosopbes  ont  cm  le  moi^de  ^temd.  Ce  mot 
s'emploie  substantlTement  en  parlant  de  Dieu.  Une  propo- 
sition 6*^emelle  v4rUi  est  une  t^tH^  iinmuable  et  n^ces- 
saire  :  le  tout  est  plus  grand  que  la  partie  est  une  propo- 
sition d'^teinelle  vMt^.  On  se  sert  aussi  do  mot  ttemel 
dans  le  sens  dimmortd,  pour  sigpifier  oe  qui  n*aora  jamais 
de  fin,  quoiqu'il  ait  eu  un  commencement :  la  Tie  ^temelle , 
la  mort  dtemdie,  la  gloire  dtemdle,  la  damnation  ^eraelle, 
les  peinea  ^lemeUes.  H  d^igne  encore,  par  exag^ration, 
oe  cpd  doit  durer  d  longtennpa  qu'on  n*en  peut  prdToir  la 
fin :  Des  baines  itemdies,  une  reconnaissance  ^temelle. 
L'adTerb^  itemelUmmU  s'applique  k  ces  diTerses  ac- 
ceptions;  le  Terbe  HemUer^  Element :  Eterniser  sa  m^- 
moire,  la  chicane  itemise  les  proote.  n  en  est  de  m6me  dn 
mot  4temU4.  Ce  fbt  ausd  dans  la  mytbologie  romaine  une 
d^esse  all^rique,  qui  paratt  n'ayoir  eu  ni  temples  ni 
antels,  bien  qu'on  la  trouTO  figure  sur  des  mMailles  imp^- 
riales,  stoc  des  attribots  dlT^.  Vf^e  6temiH  fat  aus!<i 
un  titre  bonorifiqoe  donn^  par  flatterie  k  qoelques  emiierenrs 
romains,  particuli^reroent  k  Constanee.  Rabelais  et  Marot 
ont  terit  parfois  4ieme  pour  ttemel.  Les  females  rappel- 
lent,  dans  notre  bistoire  rdigfeuse,  les  membres  d'une  secte 
des  premiers  dteles  de  l'£gUse,  qui  ensdgndtque  le  monde 
demeurcrait  toojonrs  tel  quMl  est 

I^TERNITE.  Le  pbilosopbe  Botee  a  d^ni  l*6temit^  : 
intemUnaMis  vitss  tola  simul  et  per/ecta  possessio  (la 
possession  pidne  et  parfdte  d*une  Tie  sans  terme  et  sans  K- 
mite).  Mais  eette  definition  conTient  suiiout  k  P^temitd  de 
Dieu ,  la  seule,  du  reste,  que  I'bouuue  con^iTe  d'une  mft- 
niftre ,  sinou  claire  et  distincto,  dn  moinsrationndle  et  logl- 
que.  Quant  k  V€temU4  du  temps  ^  ou  la  reprteente  d'ordl- 
naire  conune  une  ligne  sans  oooimencement  ni  fin.  Dans  les 
spteulatlons  sur  Tespace  infini ,  nous  considdrons  le  lieu  oft 
nous  sonnnes  comine  un  centra  k  I'^rd  de  toute  I'^teaduo 
qui  nous  euTironne ;  dans  kss  speculations  aur  retemite,  nous 
regardons  letemps  qui  nous  est  present  oomme  ie  milieu  qui 
diTiae  toote  la  ligjoe  en  deux  parties  ^gales :  de  Ik  Tientqu*on 
a  qndquefOis  compart  le  temps  k  une  isthine  s'^levant  au 
milieu  d*un  ocdan  immense  qui  I'enTdoppe  de  toutes  parts. 
On  salt  que  la  pliilosophie  soolastique  distinguait  deux  eter- 
uites  :  retemitd  anteneure  et  i*etemitd  post6rieure.  Mais 
qii'apprennent  tous  les  termes  de  reoole  et  ses  difisions  s«b- 


94 

tilet  sur  le  myittre  de  Vinfinf ,  que  iliomine  ne  saurait  em- 
bnaser  par  sa  nature  6troite  et  bom^  ?  LlnteUigence  dd- 
montre  sansdoote  rexisteooed'une  ^ternit^  antMeure ;  mab 
•Ue  ne  iaoraH  s'en  former  aacuneidte  locide  ek  concordaate. 
n  nous  est  impoMible  d'avoir  aocane  notion  d*iuie  durte 
qui  a  paafi4»  si  oe  n'est  qa'elle  a  ^t^  pr^sente  uie  fois ;  naia 
tout  ce  qui  a  4t6  une  Cois  prtent  est  Imne  eertaine  dktanoe 
de  nous ;  et  tout  ee  qui  est  k  one  oertaine  distance  de  nooa, 
quelqne  ^ign^  qu^il  aoit ,  m  peutjamaia  Mrs  VUemUi.  JUa 
notion  mdme  d'une  dur^  qui  a  pass^  emporte  qn'elle  a  M6 
pribsenteune  fois,  puisque  ridtedecelle-d  renfenne  actael- 
lemeat  Vid6d  de  I'autre.  C'est  done  ^  un  mysttee  impene- 
trable k  Pesprit  bumauDL  Nous  sommes  aasur^s  qull  y  a  ea 
iineeterait6;  mais  noos  nous  contredisons  nous-rodmesd^ 
que  noos  touIods  noos  en  former  qoelque  id^e. 

Nos  diQcoltea  sur  ce  point  Tienneat  de  ce  que  noos  ne 
aaoriona  avoir  d'aotre  idte  de  durte  que  f  id^e  de  oelle  par 
laqueile  noos  existons  noiis-«itaesa?e6  toas  Ics  ^fres  crM, 
c*e8V4hdiiie  une  dorte  soeoessiTe ,  ftmnee  do  passe,  do  pre- 
sent et  de  Pavenir.  Nous  somroes  persuades  qu'il  edsto 
qiielqoe  cbose  de  toute  etemite,  et  oependant  il  noos  est 
impossible  de  conceToiry  suivant  IWe  qoe  nous  avons 
de  Texislenoe,  qu'aueune  cbose  qui  existe  pujsse  eibe 
de  iauie  UemiU.  II  est  certabi  qu'aucon  etre  n'a  pu  se 
former  lui>meme,  poisquHl  faodrait  alors  quMl  e6t  agi  avant 
qu^  existAt,  oe  qui  fanpUqne  contrsdidion,  d'ob  il  foot  eon- 
ciure  qull  doit  y  SToir  eo  quelque  cbose  de  toute  eternity : 
or,  tooioe  qpiotiste ii  la maniere  des  etres  fiois, en  snirant 
les  notions  que  nous  aTons  de  I'existeoce ,  ne  saurait  atoir 
etiste  de  cette  manito ;  il  fiautdonc  que  cet  etre  primitif  et 
etemel ,  cause  et  effet  par  rapport  k  lui-meme,  qui  se  trouve 
k  une  distance  infinie  de  tons  les  etres  crees,  ait  no  tout 
autre  mode  d'existenoe  que  le  leur ,  et  dont  ils  ne  sauraient 
avoir  aucune  idee. 

On  a  soulere  iongtemps  dans  les  ecoles  ia  question  de 
saToir  si  reteroite  est  successiye,  c*e8t-&-Kllre  si  elle  est 
composee  de  partieaqui  cooleni  les  unes  des  autres,  ou 
bien  si  c'est  une  duree  simple  qui  exdut  essentieDement  le 
passe  et  1  Venir.  Les  sootistes  soutenaient  le  premier  sen- 
timent ,  les  tliomistes  s'etaieal  declares  poor  le  second. 
Cbacun  de  ces  deux  partts  etait  plus  fort  en  objections  qu'ea 
solutions.  Tous  les  cbretiens ,  disent  les  scotistes ,  demeu- 
rent  d'aceord  qu'il  n'y  a  que  Dieu  qui  ait  tpujonrs  existe , 
que  les  creatures  n'ont  pas  toujours  coexiste  avee  lui, 
que  par  consequent  il  existait  arant  qu'eUes  existassent 
11  y  ayait  done  un  av€ant  lorsque  Dieo  existait  seul;  il 
n*est  done  pas  yrai  que  la  duree  de  Dieu  soit  on  point  in- 
diTisible  ;  le  temps  a  done  precede  Texistence  des  creatnres. 
Par  ces  conseqoences  ils  croient  fidre  tomber  en  contradic- 
iion  leurs  adyersaires  :  car ,  si  la  duree  de  Dieu  est  indiyi- 
sible,  sans  passe  ni  ayeuir,  il  fiuit  que  le  temps  et  les  crea- 
tures aient  commence  ensemble;  et  si  cel^  est ,  comment 
peot-on  dire  qoe  Dieo  existait  ayant  Texistence  des  crea- 
tures T  Dans  toute  succession  de  duree ,  disent  k  leur  tour  les 
tbomistes ,  on  fdSX  compter  par  mois ,  annees  et  siecles.  Si 
I'etemite  est  successiye,  die  renfenne  done  one  infinite  de 
siteles :  or ,  one  succession  faifinle  de  siecles  ne  peot  Jamais 
etre  epuisee  ni  eeooiee,  e'est-Mbne  qo*on  n'en  peot  jamais 
yoir  la  fin,  paroe  qo'etant  epoisee,  die  ne  sera  plos  infinie ; 
d^ou  l*on  condot  que  s'fl  y  ayait  une  etemite  successiye, 
00  une  socoesdon  infinie  de  d6des  Jusqu*^  ce  Jour,  il  serait 
impossible  qu'on  (At  parvenu  Jusque  auuourdlini,  puisque  cda 
n'a  pu  se  Ciire  sans  franchir  une  distance  infinie ,  et  qu'une 
distance  infinie  ne  pent  etre  firancbie,  parce  qo'dle  serait  in- 
finie etne  le  serait  pas. 

C*est  dnd  que  Tesprit  bumaia  a^abtme  dans  d^incompre- 
bensibles  profondeors,  lorsqn^aa  lieu  d'aocepter  les  mysttres 
qui  Tenyironnent,  et  au  sdn  desquds  il  est  plonge,  il  s^d^ 
foree  de  Jes  oomprendre,  pretendant  arriver  par  le  fini  it  la 
comprebendon  de  rinfini  par  le  temps  k  cdle  de  retemite 
CTest  parce  qne  nous  neconceyons,  ni  la  nature  de  retemite, 
Ai  jesxQoditiQw  d^exi^lence,  qoe  Tun  des  dogmes  foodameB- 


tiTEBNing  —  ^TEBNUMENT 


taox  du  cbristianisme  ecrase  U  laison  de  son  poids  et  lui 
est  un  objd  d'epreuve  d  de  scaudale.  n  n'y  a  piis  plus  k  rai- 
sonner  sur  reternite  des  pdnes  qoe  sur  retemite  en  die- 
mteie.  11  deyrait  soffirede  demontrer  par  rnistoire,  par 
wk'  concordance  avec  le  dogme  de  Teieroite  des  pdnes ^ 
que  cette  doctrine  est  oonaacree  par  la  tradition  primitiye 
tout  entite.  Aveo  la  eroyance  d'une  adtro  de,  les  aaciens 
•dmettaient  gfoeralement  une  reooD(enae  eiemeUe  poor 
le  Joste  et  des  pdnes  demeUes  poor  les  mediants.  lis 
rocoanalssaiettt  trois  etats  diffeieats  de  l^Ame  aprto  la  mort  a 
le  piemier  etait  I'etat  de  bonbeor  dont  les  Ames  Jooissaieot 
etmdiementdana  le  dd ;  le  second,  Tetat  de  aoaflrance  au- 
qud  les  fimes  dea  mediants,  les  toes  abiolummU  iacuro- 
dto ,  sdon  rexpressiea  de  Plutarqoe ,  etaient  eteradtemeat 
cond^mnees  dans  les  enfers;  le  troisi6me  eiat,  mitoyea  ea* 
treles  deox  autres,  etait  cdui  des  Ames  qui ,  sans  avoir  me- 
lite  des  dittiments  eiemda ,  etaient  neaoonotna  enooie  rede- 
vables  k  bi  Judice  dlvfaie  (Plutirqae,  DehUpiAa  ntcmiae 
sero  ptmiefiltir).  Platon  ensdgne  la  meaie  dodriae  s «  Ceox, 
dit41,  qoe  les  bommes  d  leedieux  paaissent,  afia  que  leur 
pnaition  sdt utile,  sent  les  mdbeoreox  qoi  oat  conunis des 
pecbes  gtUrissabUs  :  la  dooleor  d  Jes  towments  leor  pro- 
coreat  on  bien  red,  car  on  ne  peut  dre  aiitiement  deiivr6 
de  I'iiQustice.  Mais  pour  ceux  qui,  ayant  attdnt  les  limites 
du  md,  soot  tout  d/aii  incurables  ^  ils  servent  dTexem- 
pie  anx  autres ,  sans  qu'il  leur  en  revienae  aaeone  utUite , 
parce  qa*ils  ae  sent  pas  suse^Ublet  d'etre  goeris  (Platoa , 
iHGorgia),  Gette  aeateace  rendoe,  lejoge  •ordoaoe  anx 
jostes  de  passer  k  la  droite,  d  de  mooter  anx  deox;  11  com- 
mando aox  mediants  de  passer  k  la  ganebe ,  d  de  des- 
cendreanx  enfers  (le  mtaie,  De  republiOpp  lib.  10).  » 

Tdle  est  ausd  la.  eroyance  des  Indiens.  L'enler,  qu*ils 
appeUent  patalam^  ed  le  lieu  du  supplioe  d  la  demeure  des 
pechenrs :  «  Ced  Vk  que,  plonges  dans  le  feu,  ilsbHUent  d 
brtUeront  toute  I'demite*  Un  peu  ao-dessus  ed  une  viile 
appdee  CAousenu^i,  ob  J^omo,  rai  des  en(d%  idt  sa  de- 
meure, et  d'ob  il  Qfdonne  d  preside  les  difierents  aopplices 
qu'on  fait  subir  k  cbacun  des  damnes  ( Bfumr-V^dam ).  « 
L'i^cidascandinavecontientlameme  tradition.  Oettedoctrine 
etdt  si  generate  etst  oonstaate  daas  tout  lepagaalsme,  qu'eUe 
ne  bit  pas  attaqudepar  les  premiers  antagunistes  do  cbristia- 
nisme : «  Lesdiretj^nsy  dit  Cdie,  ont raison  depenser  que 
ceux  qui  vi  vent  saiatement  seront  r ecompeus^sapres  la  mod, 
d  que  les  mecban^sublront  des  supplioes  etemds  (Oiigdie, 
Contra. Cekum » lib.  8 ).  »  U*  de  La  Meanais a  reuni  les 
temoignages  epars  de  tous  In  peuples  et  de  tous  les  siteles 
{Bnaitur  Findiffdreneef  torn,  in,  cbap.  27).  Nous  noos 
arreterons  U,  en  nous  ecriant  avec  lui :  «  A  quoi  serviraient 
les  temoignages  que  nous  pourrions  produire  encore?  et 
quand  toutes  tes  g^aeratioas  bumaines ,  eecouant  leur  pous- 
dere,  viendrdent  eUes-memes  nous  dire  :  YoiU  ce  que  nous 
avons  cru,  serioqs^nous  plus  certains  que  la  conndssance 
d*un  Dieu  unique,  eterad,  pire  de  tout  ce  qui  est,  se  oonserva 
toijours  dans  le  mondet  G*ed  bi  fd  universdle ,  la  foi  de 
tous  les  dedes  et  de  toutes  les  nations.  Qudle  frappante 
unanlmitei  qud  maguifiqoe  concert  1  Qodle  est  imposante 
cette  volx  qui  s'eieve  de  tous  les  points  de  la  terre  d  do 
temps  vers  le  Dieu  de  retemite  1  »        Louis  de  CAUii. 

ETERNUBIENT.  On  dedgne  par  ce  aom  une  expoldon 
brusque  de  I'dr  contenu  dans  la  poitrine,  d  qui,  traversant 
en  qoantite  considerable  les  fosses  aasdes,  determine  un 
bruit  plus  ou  moins  fort.  Cd  aete  ed  convoldf ,  d  il  im- 
prime  an  corps  une  secousse generde;  ausd,  quand  fi  ed 
repete  souvent,  il  deviod  fafigant.  II  provoqoe  la  secretion 
des  larmes  d  du  mucus  nasaU 

On  attribue  retemument  k  I'irritation  de  la  membrane 
qd  revet  les  cavites  du  net,  d  on  demontre  (Element 
cette  cause  en  faisant  prendre  une  prise  de  tabac  aut  per- 
ioaaes  qui  n'ont  pas  Tbabitude  d'en  user.  Bien  que  la  mem- 
brane pitoitaire  soit  le  plus  communemeat  le  pdnt  de  depart 
de  retemument,  cette  expiration  rapide  peut  etre  exdtee  pai 
faction  d^une  vive  lumi^e  d  par  des  un|iressions  internes ; 


^ERNUEMENT  —  tlREK 

dans  de  tels  cas  Peffet  s'expUqne  par  des  communications 
Derreoses  des  yeux  on  des  tiso^res  aym  ie  nez.  Dans  quel- 
qoes  cas,  on  proToque  artifidellement  P^tenrament  au 
moyeade  poudrea  apprises tfernti^a/oiref,  etordinai- 
rement  poor  all^ger  one  affection  de  la  ttte.  Cest  in  moyen 
dont  fl  Be  bnt  pas  abuser,  car  ilrritatkm  de  la  membrane 
ivi  tapisae  le  nei  pent  aToirde  grsTes  rteultats. 

D' CBABMimiBR. 

LHisage  de  salaer  les  personnes  qui  ^temueut  et  de  faire 
des  souhaits  en  leor  CsTeor  remonte  k  one  faante  antiqnit^; 
il  ^taU  d^  r^pando  tbex  presqoe  tooe  les  peoples.  Mais 
les  recberches  qo'on  a  flutes  jnaqoeid  poor  en  connattre  To- 
rigine  n*ont  abooti  qu*i  des  soppositions.  Aristote  n'a  pas 
d^daign^  de  s'oeeoper  de  cette  qoestion,  et  beaucoup  d'6- 
crirains  aprte  Ini  en  on^  donn^  dUI^reotes  explications.  Ce 
qui  est  sortout  difficile  h  deviner,  c'est  Tidte  que  Ton  s^est 
faite  des  ^tenmmeBts,  dans  le  prindpe,  et  qui  a  pu  donner 
naissance  h  la  coutnme  dont  il  s'agit.  Les  ^egardai^on 
«omme  dangereox  on  utiles,  contane  on  signe  fsTorable  ou 
dtfarorable?  Et  le  saint  signifiaitril  d'abord  qn'on  soubaitait 
h  la  personne  qui  ^temoait  que  ee  qu'elle  d^sirait  arrivfit , 
on  qu*dle  fftt  prterrfe  du  malheor  dont  ette  ^tait  menacde? 
-Qooi  quMl  en  soft,  Tosage  s'est  transmis  Jusqn'li  nous  de  g^n6- 
ration  en  g^^mtion.  Le  vices  des  Grecs,  et  le  porten- 
tous Hen  des  Remains,  de  meme^ue  notre  d  vos  touhaUs 
00  Dieu  vou$  assiitel  6tait  une  affkire  de  politesse, 
pr.'ae  foit  au  s^rieox.  Lei  Romafns  fiasaient  de  ee  oompli- 
meot  nn  dos  devoirs  de  la  Tie  dvile;  et,  oomme  chez  nous 
il  n*y  a  pas  longtemps  encore,  on  ne  pooTait  y  manquer 
-sans  ^e  trte-r^r6bensible,  oq  sans  paisser  tout  au  moins 
poor  one  personne  mat  fletife.  L'emperenr  Tfbto  exigeait 
eette  marque  de  respect  en  tootes  droonstanees.  A  notre 
^poqoe,en  France  du  moins>  eet  usage  oomroenoe  k  tomber 
en  d^suande;  11  nM  plus  guto  obsery^  que  dies  les  per- 
•«mnes  Igteqoi  tieonent  iitoos  les  ns  etooutomesdu  temps 
pass^,  et  dans  les  basses  dasset^  la  sod6l^,  06  les  bonnes 
mamans  en  font  toojoors  on  des  sujets  de  lenrs  lemons  aox 
ettfSmts. 

Ches  lea  andens,  la  superstition,  qui  se  glisae  partout,  ne 
manqoa  pas  de  trouTer  de  grands  mystferes  dans  le  pb6no- 
mtee  de  r^temoment.  C^tait  cbei  les  ittgyptlens,  cbez  les 
Grecs,  cbez  les  Remains,  une  esp^  de  divinity  famili^, 
on  orade  yw*Kni»"*^  qui  les  ayertissait  en  certaines  occasions 
du  parti  qu*ils  devaient  prendre,  dn  bien  on  du  mal  qui 
derait  leur  arriTOr.  La  crMullt^  dn  people  k  cet  ^gard  ^tait 
grande.  Mais  I'^temoment  passait  particuKirement  pour  etre 
d^dsif  dans  le  commerce  des  amants.  Si,  par  example,  un 
amant^  terlTant  k  I'otjet  de  sa  passion,  yenait  k  6temoer, 
il  prenait  cet  inddent  poor  one  r^ponse,  et  Jogeait  par  \k 
qoe  sa  mattrease  rdpondait  k  ses  yceoi.' Aosd  les  pontes  grecs 
et  latins  dissent  des  joUes  personnes  que  les  amours  avaient 
^temu^  k  lenr  naissance. 

On  distinguait  de  bona  et  de  mauyais  ^ternuments.  Quand 
4a  lane  ^talt  dans  les  signes  du  Taureln;  dn  Von ,  de  la  Ba- 
lance, dn  Capricome,  00  des  Poissons,  Pdtemument  passait 
pour  £tre  nn  bon  angure ;  dans  lea  antres  constellations,  pour 
m  mauyais  prtege.  C^tait  un  pronostlc  filcbeui  le  matin 
tiepois  ndnnit  jusqu^  midi ,  fiyorable  depda  mid!  Jusqu'^ 
nunuit ;  pemicieox,  en  sortant  du  Ut  on  de  la  t^le :  n  fallait 
s'y  remettre  et  ticber  ou  de  domdr  on  de  bofare,  on  de 
manger,  pour  rompre  les  loia  do  manvais  qnartHl'beare. 
On  tirait  ansd  de  sembiables  indnctions  des  ^temoments 
siinpies  00  redonbMs,  de  eeot!  qui  se  faiBaleat  k  droite  ou  k 
(puicbe,  etc.,  tontes  droonstanees  qui  exer^aient  la  crMu- 
Ut^  popniaire,  mals  dont  on  a  finl  par  se  moqner,  comme 
U  arriye  tAt  ou  tard  pouriontes  les  croyancea  qui  ne  sent 
point  fcyd^  sur  des  faits  db  Pordre  natiud. 

l^ntelENS  ( Vents ).  Le  mot  Stolen  est  d^y^  du  gree 
lti)cCai,  qui  signille  annueU.  Les  andens  appdaieot  ainsi 
dm  yents  dont  le  aouflle  se  fait  sentir  rdguli^rement  cbaque 
annte,  et  raflraiehit  l^ir  pendant  six  ou  sept  semalnes,  de- 
{juis  ie  solstice  d*^t6jusqtte  dans  la  canicnle.  Ces  yents,  k 


95 
d^ftiot  de  pluie,  repamhint  de  la  fralcheor  dans  ratinos- 
pb^re  pendant  la  sdson  des  grandes  chaleors,  k'opinion  la 
plus  commune  les  fait  soufller  des  r^ons  do  nord.  Mais 
c'est  k  tort,  car  le  vent  H4s$en  ne  souffle  paa  du  m£me 
point  de  Iliorizon  dans  tons  les  pays.  En  Espagne,  en  Asie, 
il  souffle  de  I'orient;  en  Gr^,  fl  yient  du  Septentrion,  et 
dans  d'autres  r^ons  il  yient  dn  midi.  C'est  par  cette  rai- 
son  que  dans  plusieors  auteurs  andens  les  yents  ^t^siens 
sont  d^dar^  favorables  sur  la  MMiterran^  k  ceox  qui  font 
route  d'ocddent  en  orient,  et  contraires  k  ceox  qui  font  la 
roote  oppose 

JI^EUF  ou  ESTEUF,  petite  balle,  fort  dure,  remplie  de 
son  00  d'^toupe  ( stupa ),  conyerfe  de  cuir,  et  dont  00  se 
senrait  pour  jooer  k  la  longue  paome  :  prendre  P^uf  k 
la  yol^,  renyoyer  F^teof.  De  Ui  deux  expressions  prover- 
biales  et  fignr^es  :  repousser  ou  renvoyer  Viteuf,  pour 
dire  repousser  ayec  y%ueur,  soit  par  des  paroles,  sdt  par 
deseffets,  une  raillerie,  une  hijure;  et  courir  aprhs  son 
6tet{f,  comme  a  dit  La  Fontaine,  pour  dire  se  priyer  d'une 
chose  dont  on  peot  ayoir  besoin  un  jour,  00  prendre  beau- 
coop  de  peine  pour  recouyrer  un  bien,  nn  ayantage  qu'on 
a  laiss^  tebapper.  Tout  cela  n'est  gn^  plus  usit^  mainte- 
nant,  pas  plus  que  le  dicton :  Ne  nous  faites  plus  de  ces 
^teufS'ld,  c'est-ii-dire  de  ces  coups-li,  en  parlant  de  choses 
contraires  k  la  bonne  r^  et  aux  conyenances. 

l^TEX  ( AirroiHs),  statuaire,  n6  k  Paris,  en  1808,  et 
dou^  d'une  yenre  et  dHine  facility  des  plus  remarquables. 
£l^ye  de  Pradier  et  dlngres,  laur^t  de  1829,  ayec  un  pen 
plus  de  goftt  et  de  retenue,  ayec  moins  de  conflance  dans 
son  g6ue  et  sob  inspiration,  et  moins  de  d^dain  pour  les 
grands  moddes,  fl  seralt  fnfUIUblement  appd^  k  voir  son 
nom  inscrit  qudqne  jour  parmi  oeux  de  nos  grands  sculp- 
teurs.  Ses  ceuyres  les  plus  remarquables  sont :  Cain  et  sa 
famUle,  la  Mort  d'Byadnthe,  LAia,  Les  MMicis,  Fran^ 
Qoise  de  BinUni  ( bas-relief),  Blanche  <fe  CastUle  ( k 
VersaiUes),  Le  MausoUe  de  G4ricault,  La  BMstance  et  la 
Poix,  bas-rdiefb  all^riqoes  qui  ornent  Pare  de  triomplu 
de  I'Etofle;  SaHnte  GenevUve^  au  Luxembourg;  Saint  Au- 
gustin,  k  la  Maddeine ,  etc. 

]&rflELB£D,nom  dedeux  roisd'Angleterredelady- 
nastie  saxonne. 

£TH£LBED  I*',  qui  r^gna  de  8fi6 1  873 ,  yit  son  r^e 
contlnudlement  trouble  par  les  incursions  des  Danois ,  et 
p6rit  des  suites  d'one  biessure  qn*U  re^  en  les  combattant* 
AliM  le  Grand ,  son  frto,  lui  socc^ida. 

^THELRED  II  socodda  k  son  fr^,  J^ooard  le  Martyr, 
et  r^a  de  Pan  979  k  Pan  lOlfi.  Prince  fi^ble  et  pusilla- 
nime ,  U  laissa  les  Danois  rayager  plus  que  jamais  PAngle- 
terre,  et  mdme  yenir  mettre  le  si^e  deyant  Londrea.  Hors 
d'^t  de  se  mesnrer  ayec  sea  redoutablea  adyersaires,  il  pre- 
Un,  poor  les  combattre  recoorir  k  la  trabison,  et  ordonua 
le  massacre  g^in^ral,  k  ua  jour  fixe,  de  toos  oeux  qui  se 
trouyeraient  poor  qoelque  cause  que  ce  fftt  dans  ses  Etats. 
Sutoon,  roi  de  Danemark ,  tira  une  ^clatante  yengeance 
de  cette  lAcbe  fanmolation  de  tant  de  yictimes  surprises  sans 
dtfense,  et  rfossit  k  expolser  du  /mI  d^  PAngleterre  ce 
prince,  qui  n*y  put  rentrer  qu'^  sa  mort  ( 1013 ),  mais  pour 
en  yre  encore  one  foia  cbaM^  par  Cannt 

£TH£LWOLF,  rot  d*Angletenre,  de  la  dynastie 
saxonne,  qui  rigna  de  837  ii  857,  et  qui  ayalt  ^pous^  Juditlj, 
fille  de  Cbarles  le  Cbauye.  C^dant  aux  inspirations  d'une 
pi^  mal  Mair^,  fl  abandonna  son  royaume  aux  rayages  et 
aux  d^yastations  dea  Danois  pour  entreprendre  le  pderi- 
nage  de  Rome,  se  contentaat  pour  prteryer  ses  SDjets  du 
fer  et  du  feu  des  enyablssenrs,  de  les  rendre  tributaires  du 
saint-sidge  et  de  les  placer  sons  la  protection  desaint  Pierre, 
en  leor  imposant  de  plus  une  dime  au  profit  du  derg^.  Pen- 
dant son  absence,  spn  fil9  n'eut  pas  de  peine  k  se  faire  d^ 
cemer  la  couronne,  et  Etbdwolf  la  rdsigna  sana  difdculi^ 

ISTHER  ( du  grec  atOps  et  aussi  aiO^,  le  tkH  herein. 
Pair  pur  et  yif,  la  fraldieur  du  matin ),  mot  qui  joue  un 
grand  rOle  dans  Ie  langage  poMque,  od  il  est  sourent 


fiTHER  -  fiTHiRISATION 


9G 

tion  des  champs  ou  plaines  de  Vither,  dee  campagnes 
itMrdes,  de  la  voUte  itkMe*  11  a  qaelcpie  analojie  avec 
le  ipot  empyr6e\ mais  il  d^igne  sp6cialement Tair  le  plus 
par,  le  plos  transparent  et  le  plus  calme,  qa'on  suppose 
au  plus  haut  de  Tatmosphto,  et  oii  Ton  a  plao^  po^que- 
uent  le  si^joiir  des  anges.  On  difinit  Father  un  floide  in- 
Tisible,  ^lastique,  imponderable  oonime  la  lomitoe  qui 
remplit  rincommensurable  espace,  et  k  trayers  lequel 
les  planMes  et  les  com^tes  poursuivent  et  acli^Tent  leurs 
revolutions  sans  le  moindre  trouble,  tant  cette  substance, 
mervcilteusement  transludde,  est  mobile  et  pronqite  i 
se  d^placer.  £lle  pdn^tre  et  traverse  les  corps  les  plus 
compaetes,  en  s^inslanant  dans  leurs  pores;  die  est  infi- 
nlment  plus  rapide  que  la  Inmiere  mAue,  qui  nous  vient 
du  soldi,  de  trente-cinq  millions  de  lieues^  en  bnit  minu- 
tes. Ausfti  les  pbenomtoes  de  la  lumi^  et  de  rdectricite 
sont-ils  attribu^s  k  la  mati^re  ether^e  par  le  savant  Euler. 
En  ef  fet,  la  lumi^re,  le  calorique  et  I'dectridte  sont,  conune 
retker,  imponderables. 

(Test  cette  imponderabilite  de  rether,  son  extreme  te- 
Duite,  sou  indivisibilite,  qui  out  fait  que  des  philosopbes 
out  nie  son  existence.  Au  delk  des  atmospheres  planetaires 
lis  admettent  un  vide  absolu.  Euler  afOrmait  qu*un  td  etat 
ne  pouvait  exister  dans  Tespace,  paroe  qu'ii  etait  traverse 
de  mille  points  diirerents  par  le  calorique,  la  lumiere  du 
soldi  et  des  etoiles,  celle  de  la  refraction  et  reflexion  des 
ptanetes.  Le  systeroe  de  Descartes  justifle  parfeitement  I'e- 
tyniologie  grecque  d'^ther,  II  pretend  que  le  premier  etat 
de  la  nature  a  ete  cette  substance ,  et  que  le  soleil  et  les 
etoiles  en  out  ete  formes.  Huyghens  donne  le  nom'  d*^- 
iherh  la  lumi6re.  Nevrton,  tout  en  combattant  le^plein 
absolu  des  cartesiens,  ailmet  une  substance  d'une  te- 
uuite  indicible  qui  rempKt  Tucivers.  M.  Franoueur,  dans 
son  Uranographief  se  decide  pour  le  vide  absolu.  «  Si 
quelque  substance,  dit-il,  sumageait  k  Tatmosphere,  elle 
serait  d'une  tenuite  infinie,  puisque  sans  oda  elle  s*abaisse- 
rait  jusqu'it  la  coucbe  d*air  de  meme  denste.  »  Mais  dire 
que  cette  substance  serait  mille  fois  plus  leg^re  que  I'at- 
mospbere,  ce  n^esl  pas  dire  qu'dle  ne  puisse  exister.  L'es- 
sence  si  translncide,  si  legftre  des  cometes,  nous  prouverait 
la  realite  de  ce  gaz  cdeste. 

V^her,  ce  mot  si  fantastique,  qui  f^erme  en  lui  un 
mystere,  puisque,  comme  les  sylphes,  on  ne  le  vit  jamais, 
dut  frappor  ^imagination  des  poetes :  aussi  s^en  servent-ils 
k  tons  les  moments.  Le  chantre  des  Saisons,  Thompson,  va 
Jusqu'^  former  des  etres  reds  de  la  substance  etberee ;  te- 
moins  ces  deux  Vers : 

Z^pbirs,  fraicbe  Miia,  njmpbe  rose  et  Mcree, 
Da  printemps  cr^atenr,  toi,  la  fille  Mhireei 

Demne-Babon. 

ETHER  {Ckimie).  Le  mon  dVMer  fut  d*abord  donne 
k  on  liquidetres-volatil,tre»-inflammabley  tr^s-suave.  qu*on 
olitient  en  chauflant  des  parties  egales  d'alcool  et  d'acide 
sulfurique.  On  etendit  le  meme  nom  k  d'autres  liquides 
provenant  de  Tactton  de  Palcool  sur  d*autres  acides,  et  - 
partageant  k  pen  prte  les  mftmes  proprietes ;  enfin,  il  a  ete 
applique  depuis  k  des  composes  d^adde  et  d^alcool  pen  vo- 
latils  et  presque  inodores.  II  y  a  done  plusieurs  genres  d*e- 
tbers;  on  les  distingue  tous  d'ailleurs  par  le  nom  de  I'adde 
qui  sort  k  les  former  :  les  uns  sont  composes  d'hydrogene, 
de  carbone  et  d'oxygene  ( others  suifurique^  pkosphori- 
que  et  ars&nique) ;  les  antres  d*hydrogene  percarbone  com- 
bine avec  Facide  employe  {Others  chlorkydrique^  iodhy- 
drique) ;  les  autres,  enfin,  d*alcool  et  de  Fadde  employe  pour 
'.  les  faire  :  tels  sont  6iher  nitriqueel  les  ethers  k  addes  ve- 
I  getaux.  lis  out  presque  tons  pour  proprietes  communes 
j  une  odeur  forte  et  suave,  une  sateur  cbaude  et  piquante , 
I  une  limpidite  parfaite,  une  fluidite  tres-grauoe,  une  volati- 
lite  extreme.  lis  se  combinent  en  toute  proportion  avec 
I'alcool,  mais  nou  avec  Teau.  L'ether  dissout  les  huiles   xes 


et  volatfles,  les  bitumes  et  les  resines,  et  non  les  gommes. 
Tons  les  ethers  s^enflamment  su^le-champ  par  Tapproche 
d'une  bougie  alJumee. 

Les  ethers  connus  jnsqu*^  present  sont :  1°  Vdlhersu(fu- 
rique^  le  plus  andennement  conno  de  tons,  puisqu^on  le 
tronve  mentionne  dans  la  Pharmacop^e  de  Valerius  Cor- 
dus,  publiee  k  Nuremberg  en  1&40.  CTest  le  plus  udte» 
il  est  employe  en  mededne  soit  pur,  soit  mde  avec  Tal- 
cool,  sous  le  nom  de  liqueur  d'Bciffmann.  On  s*en  sert  sou- 
vent  dans  les  laboratou^  de  chimie;  2**  et  3^  les  others 
phosphoHque  et  arsiniquef  dont  U  decouverte  est  due  ^ 
M.  BouUay  :  ces  deux  ethers  sont  probablement  les  m6- 
mes  que  rether  sulfurique;  4''  VHher  chlorhydrique  ga- 
zeux  k  la  temperature  de  11®  :  la  saveur  en  est  sensible- 
ment  socree;  5*  V^lher  iodky drique  dd  k  Qay-Lnssac :  il 
ne  s'enllamme  point  par  Tapproche  d*un  corps  en  combus- 
tion, et  n*occupe  son  rang  parmi  les  ethers  que  par  ana- 
logie;  6°  V4ther  nitrique,  d*unblanc  jaun&tre,  d^une  odeux 
extreinement  Torte,  d^une  saveur  &creetbr01ante  :  cet  ether 
estdft  kJA.  Navierde  ChAIons;  7®  V4ther  adtique^  decou- 
vert  par  le  comte  de  Lauragnais,  en  1759 :  il  a  une  odeur 
agreable  d'ether  sulfurique  et  d*acide  aoetique,  une  saveur 
toute  particuUere;  8®  enfin  les  others  benzoique  et  oxcUi-- 
que,  plus  volatils  quo  Talcool,  et  les  others  cUrique,  tar- 
trique  et  galliquet  qui  n*entrent  en  ebuliition  qu^au-dessus 
de  100''. 

On  n^emploie  guere,  meme  en  m^edne,  qne  les  ethers 
sulfurique  et  acetique;  on  les  considere  comme  stimulants^ 
di/fudbles  et  antispasmodiques.  On  a  administre  Tetlier 
sulfurique  avec  succes  contre  le  ver  solitaire.  L^ether  ace- 
tique a  ete  preconise  en  frictions  contre  certaines  attaques 
de  goutte  et  de  rhumatisme.  L'ether  sert  souvent  d'exd- 
pient  a  des  medicaments  actiCs  prepares  dans  les  pharma- 
des  sous  le  nom  de  teintures  ithir4es,     S.  Samiras. 

L'ether  a  acquis  une  grande  importance  par  son  emploi 
pour  produire  Tanestliesie  dans  les  operations  cbirurglcales 
( voyez  £th£risatiom  ).  11  en  aurait  une  plus  grande  encore 
peut-etre  si  le  probieme  de  sa  substitution  k  la  vapeur  dans 
les  machines  etait  compietement  resolu. 

Etherisation.  Lcs  moyens  de  rendre  Thomme 
insensible  aux  douleurs  que  causent  les  operations  chi- 
rurgicales  out  vivement  fixe  I'attention  du  public  et  des  corps 
savants  depuis  qndques  annees.  Les  philosopbes  qui,  avec 
Possidonius  et  sa  secte,  en  nient  jusqu'Jt  Texistence,  le& 
stoidens,  qui  la  bravent,  les  pbysiologistet,  qui,  comme  Mojon 
encore  y  soutiennent  qu'dle  est  la  source  du  plaisir,  n*ont 
convainco  personne,  et  la  douleor  est  k  present  ce  qu*dle 
a  toujonrs  ete,  ce  qu'eUe  sera  toujours  :  une  triste  realHe. 
La  pensee  de  soustraire  a  la  douleur  les  humains  qu*on  est 
force  de  soumettre  aux  operations  que  necesdtent  certaines 
maladies,  est  done  toute  naturdle.  Aussi  n'est-ce  pas  sen- 
lement  de  nos  Jours,  comme  beaucoup  de  personnes  Toot 
cm,  qu*dle  s'est  offerte  k  Tesprit  des  medecins*  L^espoir  de 
rendre  Fhomme  Insensible  k  Taction  des  instruments  chi- 
rurgicaux  remonte  d  loin  dans  Thistoire,  qu*on  le  trouve 
nettement  exprime  dans  les  plus  anciens  auteurs.  La  pierre 
dite  de  Memphis,  reduite  en  poudre  et  dissoute  dans  le  vi- 
naigre,  servait  dej^  k  cet  usage,  si  l^on  en  croit  les  Gress 
et  les  Remains;  la  mandragore  a  surtout  joui  d'une 
grande  reputation  sous  ce  rapport.  La  decoction  vineuse  de 
mandragore  fait  dormir  et  apaise  les  douleurs;  c^est  pour 
cela  qu*on  Tadministre,  au  dire  de  Dodonee,  k  ceux  auxquds 
on  vent  couper,  sder  ou  briiler  qudque  partie  du  corps. 
Dioscoride  et  Bflatthiole  parient  meme  de  deux  especes  de 
mandragore,  Tune  que  Ton  mange,  I'autre  dont  on  boil  la 
decoction  pour  rendre  insensible  pendant  les  operations 
chimrgicales;  et  Pline  avail  dit  avant  eux  que  le  sue 
epaissi  des  bales  de  mandragore  engourdit  contre  la  douleur 
ceux  qui  doivent  subir  I'amputation  ou  la  ponction  de  quel- 
qucs  organes. 

Les  chirurgiens  (]u  moyen  ^e  etaient  fort  au  courant  de 
I'emploi  de  certains  anesthesiques,  liugues  de  Lucqnes, 


fiTHlfeRISATION 


^7 


pnticieQ  distingue  dn  treizi^me  siMe,  s^expUque  tr^claU 
rement  k  ce  stijet :  Un«  Sponge  imbtb^  des  sues  de  morelle, 
de  jiuqniamey  de  dgae,  de  laitae,  de  mandragore,  d*opiuin, 
mise  sous  le  net,  endonnait  les  malades  pendant  les  ope- 
rations; on  les  i^?eillait  ensoite  en  leur  pr^sentant  une  autre 
i^nge  trempte  dans  le  Tinaigre,  ou  en  lear  mettant  du 
sac  de  rae  dans  les  ordlles.  ITavons-nons  pas  tu,  par  une 
communication  de  M.  Jnlien,  qu'il  y  a  plusieurs  sidles,  les 
Ctiinois  savaient  aussi  rendre  les  malades  insensibles  pen- 
dant les  op^tions.  Boccace  raconte  que  de  son  temps  le 
chirurgiea  Mazet  de  la  Montague,  de  la  fameuse  ^le  de 
Saleme,  op^rait  ses  malades  apris  les  avoir  endormis  an 
rooyen  d^one  eaa  de  sa  composition.  Des  formules  ne  se 
sont-elles  pas  transmlses  d*ftge  en  &ge  pour  donner  k  quel- 
qoes  malfaiteurs  le  moyen  d^endormlr  leurs  Tictimes  avant 
de  les  d^valiser,  on  de  les  Hiire  p^rir  sans  violence?  Qui  ne 
salt  qo^^  la  Renaissance,  certains  prisonniers  parrenaient  k 
se  procurer  qodqnes-nnes  de  ces  drogues  dans  le  but  de 
supporter  sans  douleor  les  tortures  auxquelles  on  sou- 
mettait  alors  tant  de  malheureux?  Ne  dit-on  pas,  enfin,  que 
des  empiriques  turcs  endorment  aussi  ceux  auxquels  Hs 
doivent  pratiquer  la  circoncision? 

Si  depuis  toutes  tentatives  de  ce  genre  ont  (ii&  d^ai- 
gnto,  il  faot  s*en  prendre  k  ce  que  les  Taits  annonc^s  par 
Tb^odoric  et  par  d*autres,  manquant  de  details  precis, 
d'authenticit^  saffisante,  ont  volontiers  616  ranges  parnii  les 
fables  oil  les  actes  de  sorcellerie,  et  aussi  k  ce  que  I'usage 
des  moyens  indiqn^  ^tait  de  nature  k  inspirer  de  T^ritables 
inquietudes  sor  le  compte  des  malades  qu^on  y  soumettait. 
Tajoute  que  selon  toute  apparence  les  r&ultats  n'^taient  nl 
assei  complets,  ni  assez  constants,  ni  assez  passagers  pour  en- 
gago'  les  cbimrgtens  prudents  k  essayer  s^rieusement  Tem- 
ploi  de  semblables  ressources.  L'actiTit6  de  Tesprit  humain 
s'est  tenement  attacb^e  k  la  question  des  anesth^iques, 
ao  surplus,  qu'eUe  n*a  jamais  cess^  compl^tement  de  sVn 
occuper,  et  nous  allons  retrouver  dans  le  sltele  actuel  le 
flifime  genre  de  tentatives,  mats  avec  d'autres  substances 
que  dans  les  si^es  pass^,  sans  compter  ce  que  Ton  a 
ditdu  haschycb  et  da  magn^tisme. 

En  1818, sir  H.  Davy  ayant  fait  usage  sur  lui-m§me  du 
Kss  oxyde  d^azote  pour  calmer  des  douleurs  de  dents, 
nliMte  pas  k  dire  que  Ton  pourrait  probablement  em- 
ployer ce  gai  avec  avantage  dans  les  op^tions  chirurgi- 
cales.  Sans  parler  de  quelques  experiences  tent^es  pen  de 
temps  aprte  par  M.  Thenard  et  dZautres  dans  ramphitheAire 
deVauquelin,  qui  Pessaya  aussi  surlui-mdme,  poor  veri- 
fier les  proprietds  tpestb^siques  et  hiiariantes  de  ce  singu- 
lier  corps,  il  n*est  pas  douteux  au  moins  qu*un  dentiste  de 
Harford,  M.  H.  Wells,  s'en  servalt  avec  succ^s  d^s  1842 
00  1844,  pour  extr^re  les  dents  sans  douleur.  On  a  trop 
oabUe,  en  outre,  qn^un  Anglais,  M.  Hickman,  se  fit  an- 
noncer  k  Paris,  vers  1821 ,  comme  capable  de  rendre  in- 
sensibles a  la  douleur  les  malades  qu'onop^re,  en  leur  fai- 
<ant  respirer  certaine  substance  gazeuse,  dont  il  ne  paratt 
pas,  du  reste,  avoir  tait  connaltre  le  nom. 

Sottsce  rapport,  lesproprietes  de  Tether  loi-meme  n'e- 
taient  pas  tout  k  (Salt  ignorees  des  medecins.  Quelques  toxi- 
oologaes,  Orfila,  M.  Christison,  entre  antres,  avaient 
constate  que  donne  k  Tinterieur,  et  k  de  certaines  doses, 
rether  peut  rendre  les  animaux  insensibles.  Comme  cal- 
mant,  il  a  souvent  ete  present  k  I'bomme  sous  forme  de 
vapeor.  Merat  parle  dejk,  comme  Tavait  fait  Nysten, 
d*nn  appareil,  d*un  flacon  k  double  tubulure,  destines 
Uin  respirer  la  vapeur  d*ether  aux  malades  pour  calmer 
les  dooleors.  Un  savant  Anglais,  M.  Faraday,  foit  mfimere- 
marquer  que  rinhalalion  deTetber  agit  sur  Tbomme  comme 
le  ^  protoxyde  d'azote ,  et  que  son  action,  exhilariante 
d'abor  ,  ne  tarde  pas  k  devenir  stupeilante. 

Les  elements,  les  materiaux  de  la  decouverte  existaient 
dans  la  science ,  et  n'attendaient  depuis  longtemps  qu^une 
main  liardie  ou  un  heureux  hasard  pour  se  degager  de  la 
confuH^on  qui   les  avait  soustraits  jnsque  111  aux  regards 

OlCr.   I)E  LA  convERS.  —  T.  IX. 


des  savants,  n  etalt  reserve  an  Nouveau  Mondr^,  h  !n  v<-'i 
de  Boston,  de  ^onner  k  ce  que  cbacun  croyait  iinpossiiiit*. 
la  force  d'un  fiiit  accompli.  Deux  hommes  sesonten  qnelque 
sorte  associes  pour  la  di§monstration  du  fiiil.  L'un,  M.  Jack- 
son ,  chimiste ,  savant  distingue,  ayant  vn  des  eieves  s'cn. 
ivrer  avec  de  Pether  et  devenir  insensibles  dans  les  labo- 
ratoires  de  Cambridge,  respire  lui-meme  de  la  vapeur 
etber^e  pour  se  guerir  de  la  migraine  on  cahner  des  lirita- 
tions  de  poitrine  qu'il  avait  contractees  en  Inspirant  da 
cblore  Ses  experiences  et  ses  remarques  le  portent  k  con- 
clure  que  les  vapeurs  d'ether  peuveot  rendre  I'bomme  in- 
sensible ^Taction  des  agents  exteriears.  L^autre,  M.  Morton, 
simple  dentiste,  toormente  depuis  un  certain  temps  du  be- 
soin  de  realiser  le  fomenx  axiome  des  hommes  de  sa  pro- 
fession, d'eztraire  les  dents  sans  causer  de  douleur,  en 
parle  k  M.  Jackson,  dont  il  avait  ete  reieve.  «  Faites  respirer 
de  rether  k  vos  malades,  lui  dit  le  chimiste,  ils  s'endor- 
miront,  et  vous  en  ferez  ensuite  tout  ce  que  vous  voudrez.  » 
Avec  ce  trait  de  lumi^re,  M.  Morton  se  met  k  Poeuvre, 
imagine  et  construit  des  appareils,  se  livre  k  des  essais,  et 
parvient  bient6t  k  enlever  effectivement  sans  douleur  les 
dents  de  ceux  qui  viennent  reclamer  Padresse  de  sa  main. 
Sdr  de  son  fait  alors,  il  s'adresse  aux  chirurgiens  de  l*hd- 
pital  de  Massachusetts,  et  leur  propose  d'appliquer  son 
moyen  aux  malades  qui  doivent  etre  soamis  k  Paction  de 
Pinstrument  tranchant.  On  hesite  un  moment,  on  accepte 
ensuite.  Sans  etre  complete,  une  premiere  experience  donne 
du  courage;  k  la  deuxieme  tentative,  le  succ^s  ne  laisse 
rien  k  desirer.  Les  faits  se  multiplient  en  peu  de  jours,  et 
la  qaestion  est  presque  aussitdt  resolue  que  posee;  nnlle 
objection n'est  plus  possible;  les  plus  incredules sont  obliges 
de  ceder  k  Pevidence;  il  faut  en  croire  ses  yeux  :  la  solution 
dn  grand  prohieme  est  enfin  trouvee  1  Ces  premiers  resul- 
lats,  obtenus  en  Amerique,  ont  bientdt  franchi  les  mers,  et 
ne  tardent  pas  ketre  conflrmes  en  Angleterre,  par  quelques 
dentlstes  et  quelques  chirurgiens.  Nous  n'en  sommes  ins- 
truits  en  France,  k  Paris,  que  quelques  jours  plus  tard ,  ce 
qui  n'empeche  pas  qu'en  moins  d'un  mois  la  possibilite  de 
snpprimer  la  douleur  pendant  les  operations  chirurgicales 
soit  demontree  sans  repliqoe  dans  vingt  bdpitaax  differents 
de  la  capitale. 

Cependant,  le  bit  de  Panesthesieartificlelle  ne  pouvait  pas 
prendre  place  dans  U  science  sans  y  etre  soumls  kon  examea 
severe.  On  ne  range  point  deflnitivement  une  telle  decou- 
verte an  nombre  des  acquisitions  utiles  avaot  de  Pavoir 
etndiee  sous  toutes  ses  faces,  avant  d'en  avoir  blen  pese  la 
valeur  pratique.  A  ce  pofait  de  vue ,  Pesprit  eut  lieu  d'etre 
promptement  satisfalt  Jamais  deconverte  ne  fut  soumise  k 
an  plus  vaste  contrdle;  jamais  sajetne  fut  travailie  avec 
plus  d'ardenr.  Experiences  rar  les  animaox,  experiences  sur 
soi-meme,  experiences  sor  I'bomme  sain  et  sur  Phomme 
malade;  mededns  et  chirurgiens,  tout  le  monde  se  mit  k 
Poeovre. 

Que  de  singularity,  que  de  tableaux  varies  se  sont  derouies 
aux  yeux  de  Pobservateur  attentif ;  tant6t  le  malade  qn'on 
etherise  a  la  conscience  de  Poperation  qu'on  hii  pratique; 
il  sait  qu*il  en  est  le  sujet,  ii  en  suit  pour  ainsi  dire  toutes 
les  phases.  Un  noble  russe  avait  reclame  mes  soins  pour 
une  maladie  dont  les  progrte  ne  pouvaient  etre  arretes  que 
par  one  operation  des  plus  douloureuses.  II  s'aglssait  d*ex- 
tirper  un  odl  devenn  canoereux.  Soumis  aux  vapeors  anes- 
tbesiqnes,  le  malade  tombe  dans  on  sommeil  complet,  et 
Poperation  est  pratiqnee  sans  qull  manifesto  la  moindre 
doalenr.  A  son  revell,  11  n'oxpUque  ce  qui  s'est  passe  en 
hd : «  Je  n'avais  pas  (Mrda ,  medit-0,  la  suite  de  mea  idees ; 
rtt^ne  k  roperation,  je  savais  que  ipdus  j  prooeote.  ec 
fen  suivais  tous  les  temps,  non  qoe  je  seotisse  la  moindre 
dooleof,  Dials  j'entendais  distinctemeui  le  brait  d«  votre 
instrument  qui  penetrait  dans  les  parties ,  qui  les  dlviMit  et 
separait  ainsi  ce  qui  etait  malade  de  ee  qui  etait  sam.  » 
Ainsi,  sauf  la  douleur  et  ta  faculte  de  reagir ,  PuiteUigenca 
persistait  ^  analysait  jusqu'k  Poperation  cUe-m^mi. 

13. 


jyanfres  foit,  ee  sont  de»  rftfes  de  diTene  PAiure  qui  ber- 
cent  Ie»  malades;  des  songes,  qui  tanMtont  rapport  k  Top^- 
ration,  et  qui  tanMt  lui  sont  Strangers.  Des  femmes  slma- 
ginent  6treau  bal  ou  i  qnelque  concert.  Quelques-unes  m*ont 
parl^  de  yiidoiis ,  tantOt  agr^ables  tant6t  p^nibles.  L'une 
d^elles  se  trouyait  suspendue  dans  l^atmospli^  et  entourte 
iTune  Todted^licieusement  ^toUto ;  une  autre  6tait  au  centre 
.#ttD  Taste  amphithdfttre^  dont  tous  les  gradins  6taient  garnis 
i  de  jenaes  vierges  d'unfrblancbeor  ^blouissante. 
^  Au  point  de  Tue  de  la  chirurgie,  ces  r^Tes  se  rangent  en 
doix  cat^ories  :  ies  una  avec  mouvementSj  avec  agita- 
tion; les  autres  avec  maintien  du  calme,  et  sans  r6ao- 
flon  musculaire.  Its  ont  mis  en  lumi^re  un  fait  strange.  En 
4teignantla  sensibility,  les  anestbteiques  provoquent  ordi- 
Mirement  Id  relAcliement  des  muscles  :  aussi  nous  sommes- 
nous  servis  de  bonne  heure  et  avec  des  avantages  marqote 
4e  r^tb^risation pour  favonser  la  r^uction  des  luxations 
ct  de  certaines  fractures.  Pen  avals  m6me  infdr^  d^  le 
principe  queranestb^ie  rendrait  peut-^tre  quelques  senrices 
dans  la  manoeuvre  des  accoucbements  dif ficiles,  dans  le  traite- 
luent  du  t^tanos,  etc...  Or  Texp^rience  a  d^roontr6  que  chez 
^elques  nialades  I'action  musculaire  est  si  peu  ^mooss^ 
pendant  Tdtb^risation,  que,  gouvem^  par  leurs  i^ves,  ils  se 
ttieuvent,  s*agitenl,  se  redressent  avec.  force,  ap  point  dese 
foustraire  aux  mains  des  aides  et  d^^bapper  par  moments 
I  la  sollicitude  de  Top^ratev. 

Ce  qull  y  a  de  plus  insoUte,  te  qui  serait  k  peine 
^oyable  pour  moi,  si  je  ne  Tavais  constat^,  plosieim  fois, 
€^est  qu'un  m6me  malade  soumis  k  ]*action  des  anes- 
A^iques  ait  les  muscles  cooaime   paralyse  sur  un  point 
pendant  quil  Jes  contracfe  ^nergiqueraent  sur  d'aotres. 
ITn  malade  de  la  ville,  auqael  fenlevais  one  tuneiu 
do  bras  gaocbe,  ^tait  tellement  pr6occap6  de  qoestiona 
tfectorales,  qu^il  ne  cessa  de  crier,  de  se  disputer,  de  r^ 
Bluer  avec  force  la  t£te,  les  jambes  et  m^e  le  brat  droit 
pendant  toute  la  durte  do  Panesth^e,  en  m6me  temps 
^  le  bras  malade  restait  calme  et  parfaitement  exempt  de 
^ntractlons  musculaires.  Cbez  on  jeune  bomme  fort  etbien 
A>nstito6,  aoquel  J^ens  k  r^uire  one  luxation  du  coude,  nous 
ftmes  frapp6s  de  ce  singulier  pb<^omine.  Asais  sur  une  cbaise, 
il  ne  cessa  point,  durant  toute  Top^ration,  de  se.  cramponner 
cree  v^uenr  du  pied  et  du  bras  sain  k  la  table  et  oontre  un 
pflier  Tolsin,  pendant  que  de  Tautre  cM  la  luxation  se 
f^uisaitavec  une  extreme  focilit^,  que  nos  tractions  ne 
rencontraient  aocune  r^istance  muscolaire.  On  eCitdit  one 
intelligence  n^^fst^rleuse  ^teignant  Taction  moscnlairel^  06 
Olle  ^tait  noisible,  pour  Texag^er  en  quelque  sorte  U  06 
die  pouvait  servir  ou  ne  pas  nuirel 

An  surplus,  les  r^ves  de  ranesth^sie,  les  rftves  avecmoo- 
tements  d^rdonn^  surtout,  se  voient  beauconp  moins 
ivec lecbloroforme qu^avec T^tber.  Encore faut-U lyoo- 
fer  qu*avec  le  chloroforme  les  malades,  une  fois  r^veillds, 
lie  (KmVent  plus,  en  g^ndral,  rendre  compte  de  ce  quails  ont 
^rouv6 ,  ne  se  souviennent  plus  d*avoir  rtwL  J'en  al  vn 
plusieurs  qui  eriaient ,  cbercliaient  k  remuer,  parlaient  dia- 
tiiictement  d'objets  divers  jnsqu^^  la  fin  de  Top^tion,  et  qd 
«ne  fois  reveous  ont  cro  n'avoir  rien  dit,  6tre  rest^  abso- 
kment  tranquilles.  J^en  ai  vu  anssi  cependant  qui  n^oubUaioit 
point  le  aojet  de  leurs  r^ves.  Une  demoiselle  do  monde, 
grande  amateur  de  musique,  fredonna  tout  le  temps,  avecle 
plus  grand  ealme,  un  air  qu*elle  affectionnait,  pendant  que  je 
lui  enlevais  une  ^orme  tumeur  des  profondeurs  de  la  cuisse. 
A  son  riveil,  die  se  rappela  tr^bien  sa  ciianson,  quoiqu'elle 
flit  restte  parfaitement  insensible  k  Taction  de  nos  instru- 
ments. 

L*empIoi  de  Tanestbdsie  artificielle  s'est  tellement  et  ai 
rapldement  popularise,  qu'on  en  amaintenant  fait  usage  non- 
ieulement  pour  toutes  les  operations  de  la  cliinirgie ,  mais 
eocore,  en  m^decine,  dans  le  traiteraent  de  T^  pilepsie,  de 
rhysterie,de  certaines  formes  de  Talienation  men- 
tale,  des  alfections  ncrveuses  en  general.  On  s*en  est  servi 
•usii  dans  VaH  des  accoacbementa ,  lorsquli  eat  neoessaffe 


tilHERISATlOIS 

de  venii  au  seoourt  de  Poiganisme  impoisaaot,  ainsi  bieit 
que  pour  ^pargner  aux  femmes  les  douleurs  qui  servenl  na- 
turellement  de  preludes  k  la  naissance  de  Tbomme.  Mise  ei| 
pratique  par  MM.  Chailly,  Devilliers,  P.  Dubois,  Bodson 
k  Paris,  par  M.  Stolta  k  Strasbonrg,  par  M.  Villeneuve  a 
MarsdUe,  et  pard*;»utres,  Tetli^risation  ne  s*est  point  encore 
gen^ralis^e  dans  Tart  des  accoucbements  parmi  nous.  C^est 
en  Angleterre  et  en  Am^rique,  qu'on  s^en  est  occupy  avec 
le  plus  d*ardeur  sous  ce  rapport,  k  tel  point  que  M.  Simpson, 
qui,  partant  d*une  experience  de  M.  Flourens  3ur  les  ani- 
maux,  a  substitue  le  cbloroforme  ^  T^tber  en  cbirurgie,  et 
M.  Meigs,  acooucbeur  distingue  de  Pbiladelpble,  B*en  dis- 
putent  aujourd*bui  la  premiere  idee. 

Etudiant  les  resultats  natnrels  de  Tetberisabon  sur  les 
iluides,  quelques  experimentateurs,  M.  Flourens,  M.  Amussat, 
en  partlcuUer,  ont  cru  que  le  sang  devenait  noir,  que  le 
sang  arterid  prenait  la  teinte  du  sang  veineux  tant  que  dure 
Tinsensibilite,  et  que  l^anestbetisation  est,  jusqu*^  un  certain 
point ,  comparable  a  Taspbyxie.  Gomme  ceqid  a  ete  dit  des 
animaux  sous  ce  rapport  a  ete  soutenn  aussi  pour  TiuHnme, 
on  a  dd  se  bAter  de  verifier  des  faits  aussi  serieux.  Des  ex- 
periences nombreuses,  faites  par  M.  Girardui,  de  Rouen, 
M.  Dufay,  de  Blois,  M.  Kenauld,  d'Alfort,  paraissent  de- 
montrer  sans  replique  que  le  sang  reste  rouge  dans  les  ar> 
t^fea  tant  que  Tanimal  respire  sans  gene,  tant  que  l^ap- 
pareil  employe  n'est  pas  prive  d*one  proportion  conve- 
nable  d^air.  La  coloration  noire  signaiee  dans  le  sang  ar- 
terial d^paadrait  abisi  d'une  asphyxia  yenant  oompliqner 
acddenteUement  retberisation,  et  non  de  reth^rlsatlon  elle- 
memo.  Les  observations  que  j'ai  pu  recuelUir  sur  Tbomme 
m*ont  conduit  k  k  memo  opfaiion.  Toutes  les  fois  que  Tin- 
halation  de  Tether  ou  du  diloroforme  s*est  faite  en  pleine 
atmosphere,  avec  calme,  sans  resistance,  la  figure  des  ma- 
lades a  conserve  sa  tdnte  naturelle,  le  sang  est  reste 
rouge  pendant  toute  Toperation.  Dans  les  conditions  con- 
tralrea,  c*est-ii-dire  cbca  les  maladea  qui  Uspirent  mal,  qui 
resistant  InstindiTenieDt  on  par  pour  k  Tentree  libre  Je  li 
vapeor  an  fond  des  brondies,  le  vib\ge  pAlit  on  se  couges- 
tionne,  prendqudquefoiamemeunetejnte  vioUcee,ct  le 
sang  qui  a'dchappe  de  la  plaie  revet  asaeff  souvent  en  eflet 
une  couleor  plus  ou  mofais  vineuse.  Gette  remarque  m*a 
conduit,  en  ce  qui  toncbe  le  chloroforme  du  moins',  k  n- 
Jeter  le  moucboir,  les  linges  ou  compresses,  les  vessies, 
employes  par  beauconp  de  chirurgicns,  et  memo  lea  appa- 
rdls ,  si  Ingenieux  du  reste,  constrults  par  noa  habilea  fa* 
bricant^,  et  It  me  servir  uniquement  a*une  bonne  eponge 
poor  Tetherisation.  Tenue  pr^s  du  nei  sana  le  touchtf , 
Teponge  imbibee  de  chloroforme  est  tellement  permeable' 
que  Tair  ne  peut  eprouver  aucune  difSculte  k  la  traveraer| 
et  que  la  respiration  n'en  souffre  aucune  gfine ,  qualites 
qu'on  ne  trouve  pomt  au  memo  degre  dans  lea  autres  oUeCs 
adoptesou  proposes. 

Aiors  meme  que  les  experiences  sur  les  animaux  n^eus- 
aant  point  inspire  de  craintes  sur  Temploi  des  anestbeti- 
ques ,  i*etberisation  ne  pouvait  pas  apparattre  dans  la  pre- 
'tiqne  sana  soulever  centre  die  de  nombreuses  ofcjections, 
une  Vive  opposition.  Pour  ne  m'occuper  que  des  objections 
sensees,  je  ne  repondrai  rien  k  ceux  qui  repoussent  Tetheri- 
sation k  cansede  Tabus  que  poorraient  en  faire  les  mdfaitenis 
par  exemple,  ou  qudque  bomme  de  Tart  mal  intentionne, 
k  cause  ausd  des  attdntes  que  pourraient  en  recevoir  la 
morale,  la  prabite  ou  la  discreUon,  d  die  etait  livree  k 
des  mains  mdadroites  ou  k  des  toies  perverses ;  mais  0(1  en 
aerions-nous  d ,  par  cda  seul  que  Tabus  d*une  bonne  chose 
peut  etre  dangereux ,  on  devaiten  rejeter  l^usagel 

II  n*y  a  guere  lieu  de  refuter  non  plus  ceux  qui  preten- 
dent  que  ladouleur  dans  les  operations  est  un  ma!  neoessaire 
et  qu'il  est  dangereux  d'en  empedier  la  manifestation.  Llio-' 
roanite  ne  se  souieve-t-elle  pas  tout  entiere  k  Tenonce  d'une 
tdle  doctrine.  A  ce  compte,  la  diirurgie  auraitete  coupabic 
d0  <out  temps,  car  ses  perfectionnements  ont  eu  conslam- 
ment  iM>ur  but  de  rendre  les  operations  moins  donlottieuset 


«ii  mtoe  temps  que  moins  dangereuses.  Se  contraindre,  ne 
pu  le  plaindre  quand  on  ^prou?e  ane  yife  doalenr,  quand  on 
toolTre  Tiolemiiient»  peat  nuire  sans  dilute,  mais  emp^cher 
la  dooteor  de  nattre  sera  toujours  an  arantage,  an  bienfait. 
Lea  animaax  rerlennent  toujoors  k  la  sant6  quand  on 
eesse  r^th^risation  aussitdt  apr^a  que  llnsensibilit^  est  ob- 
tnae ,  et  Us  ne  meurent  qae  si  k  paitir  de  Ui  on  continue 
de  lea  ^tMriser  encore  plusieurs  minutes.  Pourquoi  en  se- 
fsit-il  aotrement  chex  llwmme?  Rendu  insensible ,  le  ma- 
lade  en  a  pour  deux,  qnatre  ou  cinq  minutes.  D^ailieurs,  si 
les  besoins  de  qoelques  op^alions  sp^iales  Teligent ,  rien 
iM  s*oppose  k  ee  que  T^nge  anesth^sique  soit  remise  sous 
ie  nei  de  FopM ,  quand  U  semble  snr  le  point  de  revenir  k 
hd  alors  que  I'opdration  n^esl  pas  termini.  On  ne  Toit  done 
pas,  a  priori  que  Men  conduite  T^b^risation  soit  de  na- 
ture k  compromettre*la  lie  des  maiades.  On  in?oque  cepen- 
dant  dea  fails  en  faTeur  de  i'opinion  contraire.  Des  maiades 
^^rii^  ne  se  sont  plus  r^Yeill^,  ou  onf  succomb^  pen  de 
temps  aprte  aToir  repris  plus  ou  moins  compl^tement  leurs 
sctti.  On  a  dt^  des  faits  de  ce  genre  en  Angleterre,  en  Am^- 
rique^  en  Allemagne,  en  France,  en  Espagne.  Nier  les 
fidta,  ee  n*est.paa  les  d^tmire  :  j'accepte  done  ceui  que 
l^histoire  possiMe ;  mais  Je  ne  les  accepte  qu*k  la  condition 
de  les  analyser ,  de  les  juger.  Un  jeune  bomme  de  laboratoire 
jttge  k  pfv)po3  ds  se  placer  sous  le  nez  un  mouchoir  imbibe 
de  chloroforme  pour  s^amuser ;  il  tombe  sur  le  parquet  avec 
son  moaehoir  coU6  an  nex>  et  on  le  trouve  mort  dans  cette 
positioD ,  sans  que  personne  ait  pu  lui  porter  secours  :  il 
^tait  seol.  En  quoi  T^tbirisalion  est-elle  coupable  d'un  pareil 
nalbeiir  YTroiBoa  quatredes  observations  relate  sontaussi 
eondnantes  que  oelle-h.  D^autre  part,  on  voit  k  Londres 
une  femme  qui  menrt  Tingt-quatre  beures  aprte  une  opera- 
tion de  taille,  etron  en  accuse  retherisation,comme  sicela 
ne  a'obaervait  Jamais  chei  les  maiades  qui  n'ont  pobt  respire 
d'^her.  Un  t^taniqne  succombe  au  bout  de  six  beures,  et 
quoiqiie  oet  bomme  fAt  roourant  avant  T^th^risation,  on  s*en 
prendan  cblotofonoe.  Un  bomme  grayement  blessi,  encore 
dans  la  stnpear ,  ^uis^  par  une  abondante  parte  de  sang , 
et  qu'en  ^th^rise  deox  fois ,  succombe  avant  la  fin  de  repa- 
ration ,  et  Ton  aflirme  qne  sans  le  chloroforme  nen  de 
semblahle  ne  serait  arri?4;  comma  si  avant  r^tb^risation 
des  feits  parefls  ne  s*^ent  pr^sent^  nuUe  part  I  On  est  all^ 
plus  loin  :  on  a  mis  snr  le  compte  da  chloroforme  la  mort 
qui  est  surtenne  an  bout  de  deux  jours  chex  on  deuxiime 
Iteniqae ,  an  boot  de  doiize  beures  chex  un  op^r6  de  la 
hernie,  au  boot  de  vingt-quatre  beures  chex  un  autre  ma- 
lade,  qaoiqu*ils  eussent  tons  repris  leurs  sens,  et  que  le 
tenier  se  itA  mteoe  rendu  loin  de  son  lit ,  oti  il  succomba 
toot  k  coop.  Je  le  demande  k  toot  observateur  impartial , 
est-ce  avee  des  faits  semblables  que  Ton  pent  mettre  en 
^▼idence-la  ietbalit6  des  agents  anestb^siques  I 

It  est  vrai  qne  des  observations  d^un  autre  ordre  ont  i\A 
prodaites.  Rien  n'a  pn  r^veiller  des  maiades  qu^on  avait 
^^Ih^sde  pour  de  petites  operations,  pour  des  extractions  de 
dents,  ponr  la  iente  dHme  fistole,  poor  Tarracbement  d'un 
oogle.  Qne  la  flrayeur  s'empare  des  esprits  k  Tannonce  de 
maibenrs  pai«iis,  rien  deplus  juste.  Personne  plus  que  moi 
ne  les  d^;ilore,  et  ne  serait  plus  dispose  k  rejeter  retherisa- 
tioii  s'ils  devaient  se  reproduire  souvent,  s'il  etait  demontrd 
que  I'anestbesie  par  dle^ntoieen  soit  veritablement  respon- 
sable.  ITen  ayant  point  ete  temoin,  je  ne  puis  les  prendre  que 
•omme  Os  noos  cmt  ete  donnas.  Mais,  en  observateur  scru- 
yufeox  et  sevtee,  qui  tient  k  d^gager  la  vdrite  de  Terreor,  Je 
ne  puis  tali«  les  flexions  suivantes.  D^abord  ces  cas  mal- 
heamix  (Je  parte  de  eeux  dont  les  details  offrent  quelque 
garantie)  ne  se  sont  rencontres  que  dans  la  pratique  privee : 
anenn  des  operateors  en  renom  n'a  eu  4  en  deplorer  de  sem- 
blables. Les  bommes  qui  sont  k  la  tete  des  grands  bdpitaux 
de  Sainl-Petersbourg,  de  Moscon ,  de  Berlin,  de  Vienne,  de 
Boston,  de  New-York,  de  Pbiladelpbie,  de  Londres,  de 
DoUfa,  d'£dimbourg,  de  Mon^lier,  de  Strasbourg,  de 
Paris,  n'ont  rien  observe  d^analogue.  Dans  prssq'ia  tons  les 


*TH16rISATI0N  99^ 

t 

etablissements  sanitaires,  les  medecins  et  les  accoiicbeuni^ 
ont  fait  usage  de  retherisaUon  un  grand  nombre  de  iois,  el 
toujours  impunement;  ensuite,'  une  fouJe  d^eiudiants  eo  me^ 
decine^  la  plupart  des  medecins  <le  Paris,  des  societes  me* 
dipalestout  enti^res,  vonlant  voir  iudividueilement  on  col- 
lectivement  par  eux-m6mes  ce  que  produit  Hnhalation  def 
i'etber  ou  du  chloroforme,  se  sont  soumis  k  retlierisation  J 
les  uns  une  ou  deux  fois  seulement,  les  autres  un  grand 
nombre  de  fois :  en  est-il  resulte  un  seul  accident  notablef 
J'ai  eu  recours  k  retherisaUon,  pour  ma  part,  pris  de  Irois 
mille  fuis,  et  il  ne  m'est  jamais  arrive  de  malheur.  Avec 
une  experience  sivaste,  en  presence  d*uae  masse  si  impo- 
sante  de  fait^  aussi  constamment  heureux,  n*est-il  pas 
permis  de  se  demander  par  quelle  fatalite  des  revers  ^ 
cheux  ne  se  sont  attaches  k  Petherisation  qu*entre  les  mains 
d'hommes  qui  en  avaient  pen  Tliabitude ,  qui  n*ont  eu  que 
de  rares  occasions  d^invoquer  son  concours  ? 

SI  les  malheurs  dontonparle  n^etaient  survenus  que  dans 
de  graves  operations,  ou  apr^s  une  longue  etherisation ,  k 
la  ligueur  on  le  comprendrait;  mais  y  a*i-il  rien  de  plus  vili^ 
fait  qu'une  extraction  de  dent?  Puis  n*a-t-on  pas  aflirrad 
que  pour  qnelqnes  cas  au  moins  Tinhalation  du  chloro^ 
forme  n'avait  dure  que  trente  secondes ,  une  on  deux  mi*- 
nutes  au  plus?  S'U  en  etait  ainsi,  aucun  cbirurgien  n^oserait 
en  feire  usage;  car  retherisation  exige  toujours  au  moins 
quarante  secondes ,  et  quelquefois  jusqu^jt  quatre  et  cinq  mi> 
nutes,  que  Toperation  k  pratiquer  soit  petite  ou  grande, 
D'ailleurs,  il  existe  k  Paris  des  dentistes,  deux  entre  autres^ 
qui  ont  etherise  dedeux  k  trois  mille  clients ,  et  qui  pourtaol 
n'ont  point  rencontre  de  ces  malheureuses  catastrophes 
dont  se  sont  empares  avec  tant  d'ardeur  les  antagonistes  de 
retlierisation.  Dans  les  operations  rapides,  Tanesthesie  doi^ 
etre  si  courte,  que  je  ne  m'ea  explique  point  du  tout  le 
danger.  Est-cei  dire  pour  cela  qne  Tinhalation  des  anestlie^ 
aiques  connus  soit  absolument  depourvuo  d^ncunvenients, 
puisse  etre  Uvree  sans  peril  k  toutes  les  mains,  appliques 
indistinctement  k  toutes  les  ospeces  d'operations  et  d'lndl* 
vidusP  NuUement.  Nous  avons  eu  bien  soin,  au  contraire^ 
M.  Roux  et  moi,  d'avertir  des  le  principe  que  des  agents 
&  la  fois  si  puissants  et  si  merveilleux  n*etaient  pas  de  na- 
ture k  penetrer  fanpunement  dans  Tt^conomie ,  et  qu^autanl 
lis  pourraient  etre  utiles  employes  k  pr6pos,  autant  ils 
seraient  nuisibles  employes  k  contre-temps  ousans  metbode^ 

Maintenant  comma  alors  leur  usage  ne  me  paratt  pas 
prudent  par  exemple  pour  les  operations  qiii  doivent  etre 
pratiquees  dans  la  bouche  ou  dans  le  gosier,  dans  les  fosses 
nasalcs  ou  sur  le  larynx  et  la  trachea,  k  cause  des  besoins 
que  pent  avoir  le  malade  de  repousser  au  dehors  le  sang 
qui  taid  k  lui  envahir  les  voies  respu'atoires.  Sans  le  d^p* 
prouver,  je  ne  le  conseOle  pas  cependant  quand  on  dolt  agir 
sur  les  yeux,  les  paupieres  ou  les  levres,  quand  on  veuf 
proceder  k  la  recherche  de  quelques  arteres ,  et  pour  les 
operations  qui  se  pratiquent  chex  des  individustres-affaibJis, 
soit  par  la  maladie,  soit  par  I'Age. 

Ajouterai-je  que  d*une  mani&re  generale,  et  pour  dire 
toute  ma  pensee,  je  ne  le  conseilleli  personne;  que,  toute^ 
cboses  egales  d'ailleurs,  j^ahne  mieux  operer  sans  etheri- 
sation qu^avec  etherisation.  Beaucoup  de  medecins,  las' 
gens  du  monde  surtout ,  croient  volontiers  qn'en  presence 
d'un  malade  etherise  le  cbirurgien  est  plus  fibre,  plus  maltre 
de  ses  mouvements  qu'avec  ceux  qui  conservent  leur  intel- 
ligence ;  c'est  une  erreur  :  Panesthesie  trop  prolongee  ex- 
posant  k  quelques  dangers,  I'bomme  de  Tart  a  natnrellemenl 
bAte  d'en  finir,  et  ne  pent  pas  se  defendre  d'un  certain  degr  ^ 
de  preoccupation  tant  que  dure  Toperation.  S'il  convient  de 
verier  la  position  du  corps,  de  questionner  le  malade,  ds 
hii  adresser  quelques  recommendations ;  si,  d'une  fa^on  oa 
d'une  autre,  on  a  besoin  de  son  concours,  du  concours  de 
sa  volonte,  I'operation  une  fois  commencee,  Hiomme  eveille 
vous  entcnd ,  vous  obeit,  et  s'abstient  presque  toujours  des 
mouvements  qui  pourraient  nuire;  tandis  que  rien  de  tout 
cela  n'est  possible  sur  on  malade  endormi.  Ce  n*est  done 

lie 


pu  poor  tear  tatlBbdion  perBonneUe  que  les  chinirgiens 
iont  si  partisans  de  l^^h^sation,  ce  n*est  done  pas  non 
plus  pour  fadliter  le  manuel  op^ratoire  que  lesnialades  doi- 
Tent  la  demander.  En  d*autres  tennes,  les  personnes  qui 
n^ont  pas  peur  de  la  donleor,  on  qui  du  moins  la  sup- 
portent  sans  trop'de  crainte,  auront  ralson  de  ne  point  se 
fidre  ^Mriser.  Pour  les  autres ,  et  c'^est  inoomparablement 
le  plus  grand  nombre ,  Je  n'h^te  jamais ,  pour  pen  que  To- 
p6ration  en  vaille  la  peine;  j'y  ai  m^me  reoouru  quelquefois 
pour  de  trto-16g&res  optotions ,  attendu  que  selon  moi  le 
besoin  de  r^thi^risation  est  plutdt  en  raison  du  degr^  de 
Ja  erainte,  de  la  pusillanimity  du  malade,  que  de  la  gra?]t^ 
de  reparation.  Ne  voit-on  pas  cheque  jour  dans  les  hdpitaux, 
comme  dans  la  clientele  priy^,  des  personnes  qui  redoutent 
la  ponction  d*un  abcte,  Parracbement  d'unedent,  Tintroduc- 
tion  d'un  stylet  au  fond  d'une  fistule ,  autant  que  d'antres 
Tamputation  d^une  cuisse? 

M6me  restr^nte  dans  les  limites  que  je  viens  dlndiquer, 
r^th^risation  comptera  encore  comme  un  bienrait  inappre- 
ciable dans  rhistoire  de  I'bumanit^.  Pour  en  saisir  la  port^, 
il  suffit  de  songer  au  nombre  de  malades  qui  reculent  ind^- 
iiniment,  eflray^  quails  sont  par  I'image  de  ladouleur,  de- 
'  Tant  una  operation  pourtant  indiBpensable.  D^Trte  de  cette 
terreur,  Tesp^ce  humaine  sera  libre  dordnayant  de  cboisir  k 
temps  le  rem^e  le  plus  oonyenable  pour  se  soustraire  k 
quelques-uns  des  maui  qui  tendent  k  La  d^truire.  Ceux  qui 
accusent  sans  preuve  suffisante  P^h^risation ,  qui  s^eflbr- 
cent  d'en  feigner  les  esprits,  ignorent-Us  qu'on  pent  mourir 
de  douleur,  que  la  douleur  ^puise,  que  dans  les  operations 
une  douleur  exoessiTO  ou  longtemps  prolong^e  est  toujours 
une  complication  graTO?  Songent-Us  bien  k  la  perplexity 
afTreuseou  ils  mettent  les  etres  craintifs,  nerveux,  sensi- 
bles ,  pusillanimes ,  qui  se  volent  dans  Paltemati?e  de  se 
r^signer  k  des  douleurs  qu'ils  ne  se  croient  pas  capables  de 
supporter,  ou  de  se  sonmettre  k  Temploi  d^on  preserratif 
qn'ou  leur  prdsente  sous  des  oouleurs  si  noiresP 

Les  contempteurs  de  Tanesthesie  allant  jusqu*^  supposer 
qtie  les  chirurgfens  ctdient  les  dangers  de  retherisalion,  de 
])eur  d^en  detoumer  les  malades  ou  pour  se  manager  un 
plus  grand  nombre  d*operations,  ne  peuvent  parler  ainsi  que 
par  irr6ftexion.  Y  a-t-il  un  bomme  au  monde ,  en  edet,  qui 
puisse  trouver  de  Tagr^ment  k  porter  le  fer  ou  le  feu  sur 
son  semblable ,  autrement  qu*avec  la  ferme  conviction  de 
Itii  en  6tre utile?  Qui  done  pent  etre  plus  int^resse  au  succ^ 
d^une  operation  que  le  chirurgjen  qui  la  pratique? 

En  somme,  les  op^rateurs  n*ont  nul  besoin  d*amoindrir 
^]es  inconvdnients  de  Panestbesio  pour  la  r^pandre  :  en  rea- 
lity ,  nous  sommes  bien  plus  souvent  obliges  de  la  reiuf^cr 
que  d*y  engager  le  malade.  Cost  k  tel  point ,  qu*k  TliOpitai 
hommes  et  femmes  la  rudiment avec  instance;  que  j*en  ai  tu 
s<'  Jeter  k  mes  genoux  et  me  supplier  en  pleurant  de  nc  pas 
leur  refuser  ce  secours,  se  phiindre  a?ec  amertume  m^me 
(ie  ce  que  je  ne  Toulais  pas  leur  accorder  ce  qu*ils  avaient 
Tu  mettre  en  usage  cbez  tel  ou  tel  camaradedes  lits  voisins, 
quand  par  basard  j*ai  trouv^  retberisation  contre-indiqu^e. 
On  pent  done  etre  parfaitement  rassur6  Ut-dessus.  Les  ayan- 
tages  de  retberisation  n*ont  nul  besoin  d*6tre  exag^rds  ou 
embellis.  Atcc  la  connaissauce  que  le  public  en  a  dej&,  les 
chiruiigiens  n*en  seraient  gu^re  partisans ,  que  les  malades 
•auraient  bien  nous  forcer  k  en  fabre  usage,  et  je  ne  crains 
pas  d'etre  dementi  par  TaTenir  en  affirmant  que  c*est  des 
k  present  un  fait  acquis  dont  Part  ne  se  dessaisira  plus.  De 
nouYdles  formulesen  seront  donnees^on  en  Tariera  les 
agents,  elle  se  simplitiera  sous  Pinfluence  du  progres  nature 
de  sciences ;  mais  Petherisation  restera  comme  un  des  plus 
grands  bienfaits  dont  la  chirurgie  ait  dote  le  monde  dans  la 
premiere  moitie  du  dix-neuvieme  siede. 

De  nombrenx  faits,  des  experiences  muKipIiees,  ont  ete 
infoques ,  des  discussions  animees  ont  eu  lieu  dans  la  presse 
et  au  sebi  des  sodetes  savantes  depuis  1850,  e|>oque  de  la 
i^iieiniere  publication  docet  article  ( Union  midicale,  page 
126);  mik  rien  Jusqueid  ne  m*a  pani  de  nature  k  modifler 


ifcTH^RlSATlON  —  ifeTHIOPIE 


ce  que  ja  disais  alors  de  Petherisation.  On  pent  Toir  aussi 
dans  le  journal  dte  od  la  sdence  en  etait  dejk  sur  Panesthe- 
sie,  sur  Petberisation  locale,  et  que  sous  ce  rapport  la  ques- 
tion n*est  guere  plus  a?ancee  par  malh^r  aujoardliui  qa'en 
18M.  A.  Velpbad  ,  de  I'Academie  dct  Sciences. 

J&THER  0XYG£NE.  Voyez  Kc&tku 

J^THER  PYRO-AG^TIQUE.  Voyet  Acetone. 

l^THIGOTHjgOLOGlE,  nom  donne  par  Kant  ao 
systeme  phllosopbique  qui  cbercbe  k  demontrer  Pexistenot 
de  Dieu  rien  que  par  des  preuves  tirees  de  Pordre  moral  de 
Punivers,  k  la  difference  de  la  physicotMohgie ,  qui  la 
prouTe  au  moyen  de  considerations  eropruntees  k  Pordre,  k 
la  magnificence  et  4  la  destination  proTldentielle  de  toutes 
cboses.  En  ce  sens,  Kant  definissait  Pexistence  de  Dieu  une 
petition  de  la  raison  pratique,  e'est-^-dire  qudqoe  cbose 
qu'on  ne  peot  pas  savobr  par  des  raisons  theoriques,  mais 
qu*on  est  force  de  croire  par  des  raisons  morales. 

J^TDlOPlEy^HlOPIENS  ( de  deux  moU  grecs,  atOw 
et  6<)/ic,  sigoiliant  les  hommes  au  visage  InitU  [  par  le  so- 
ldi ] ).  (Test  sous  ce  non  que,  dans  leurs  plus  anciennes 
notions  geograpbiques,  les  Grecs  designaient  tons  les  peuptes 
babitant  Pextremite  meridionale  du  monde  alors  connu.  11 
en  est  dej^  fait  mention  dans  les  poSmes  d*Homere,  qui  dis- 
tingue les  Ethiopiens  de  Porient  et  ceux  de  Puccident.  Le 
mot  cousch,  dans|la  Bible,  paratt  avoir  le  meme  sens,  et 
les  Septante  Pexpliquent  toujours  par  £thiopie.  La  meme 
distinction  d'une  ^thiopie  orientale  et  d'une  ^tbiopie  occi- 
dentale  se  retrouve  etablie  dans  Herodote,  ainsi  que  dans  les 
geographes  grecs  et  remains  posterieurs.  Pour  eux  Pi^ 
thiopie  e*etait  toute  la  contree  situee  au  sud  de  la  Libya  et 
de  P£gypte,  entre  la  mer  Rouge  k  Pest,  et  Pocean  Atlantique 
k  Pouest.  Au  rapport  de  Pline,  e'est  le  Nil  qui  formait  la  se- 
paration entre  PEtbiopie  orientale  et  l^tbiopie  occidentale. 

L*£thiopie  orientale,  c*est-&-dire  la  contree  k  laquelle  les 
geograpbes  anciens  donnent  de  preference  le  nom  d'Ethiopie, 
comprenait  Pancien  £tat  agricole  de  Meroe,  dont  le  point 
central  se  troovait  dans  ce  qu'on  appelle  malntenant  la 
Nuble  ou  le  Sennaar.  AussI,  aujoord'hui  que  les  contrecs 
arrosees  par  le  Mil  central  sont  devenues  Pobjet  dlnyestiga- 
tions  bistoriques  nombreuses,  est-on  dans  Pusage  de  designer 
sous  le  nom  d*J^thiopiens  tons  les  debris  d^une  antique  d- 
yiUsation ,  tous  les  monuments  andens  qu*on  Tient  ^  y  de- 
couvrir.  De  meme  on  appelle  dynastie  Hhiopienne  la  vingt- 
dnquieme  dynastie  egyptienne ,  parce  qu^elle  fiit  fondee,  au 
temps  oi^  le  rol  £zi^chias  regnait  cbez  les  Juifs,  par  Chewek 
ou  Sabacon,  conquerant  arrive  de  la  Nubie,  que  Strabon 
cite  parmi  les  plus  grands  conquerants  du  monde  ancien,  el 
qu'Herodote  fait  rc^ner  pendanit  cinquante  ans.  Au  reste, 
Pbistoire  des  tribus  eibiopiennes  nous  est  pen  connue.  Dio- 
dore  nous  apprend  seulement  qu'dles  etaient  autochtbones, 
firequemment  en  guerre  avec  l*£gypte  et  animees  de  sen- 
timents de  piete  ^t  de  justice.  Nous  ne  sayons  pas  queHe 
etait  leur  langue,  ni  k  quel  degre  de  civilisation  dies  etaient 
parvenues. 

Quand  plus  tard  des  royaumes  cbretiens  ftarent  fond6s 
^ans  ce  qu'on  appelle  k  pr^nt  Abyssinieou  Habesch, 
on  les  designs  egalement  sous  le  nom  d^thiopie ;  c'est  ce 
qui  fait  quMl  est  encore  aujourd'bui  question  de  cliretieiu 
etbiopiens,  d'£glise  ethiopienne,  etc. ;  et  qu'on  est  ausd  dans 
Pusage  d*appder  ordinairement  langue  Miopienne  Pai- 
denne  langue  ecrite  des  Abyssins,  la  Lesana  Geez.  II  e^t 
rare  toutefois  qn^on  deslgne  sous  le  nom  d^ithiopie  le  pa}  s 
meme,  pour  la  denomination  duquel  le  mot  Abyssinie  on 
Habesch  a  prevalu.  II  en  est  de  meme  du  nom  de  mer  d*£' 
thiopie,  qu'on  ne  trouve  plus  que  bien  rareroent  donne  &ur 
les  cartes  k  la  partie  meridionale  de  POcean  Atlantique. 

Comme,  au  reste,  la  couleor  brune  ou  noire  constituait 
dej^  cbez  les  andens  le  caractei«  distinctif  le  plus  saiilant 
des  Etbiopiens,  Blumenbadi  y  a  trouve  une  raison  pour 
comprendre  dans  sa  ctassificalion  des  races  bumaines  les 
populations  n^gres  de  I'Afrique  et  de  PAustralie,  sous  li 
d(^nomination  de  race  dthiopienne. 


fiXHIOPIENNES  —  fiTHlQUE 


101 


iSmiOPlENNES  (£criture,  Langue  et  Litterature). 
On  parle  en  Abyftsiiiie  plusieurs  Ungues  ou  dialectes  qui  ne 
fiont  encore  que  fort  pea  oonnus,  ou  qui  ne  le  sont  mtoie 
pas  do  tout.  La  langne  ^rite  d^signte  de  prdi^ence  sous 
le  nom  dV^Atopiemte ,  mais  k  laquelle  les  natarels  don- 
nent  cdoi  de  Gees  on  Gihi  (ou  encore  d'axoumite,  nom 
d^rir^  ^Axum,  capitate  duroyaume  de  GiAs,  centre  de 
la  r^^n  on  il  arait  cours) ,  appartient  k  la  Tamille  des  Ian- 
goes  stoitiques,  et  pr^sente  surtout  beaocoup  de  ressem- 
blance  ayec  le  dialecte  de  I'Arabie  m^dionale  appel^  himya- 
rite,  parl^  autrefois  sur  ie  bord  oppose  de  la  mer  Rouge, 
daBsfYdmen ,  mais  qui  depuis  I'^poque  de  Mahomet  a  com- 
pl^tement  dispani  de  TArabie.  Cependant  elie  est  moins  bien 
formte  et  beauooup  moins  ricbe  que  la  langue  arabe  sa  sceur. 
On  y  retrouTe  non-senlement  les  radnes  de  rarabe,  mais 
encore  la  pbysiononjie  de  sa  grammaire,  et  notamment  cette 
Tari^t^  de  formes  qui  caract^se  sa  conjugaison.  Elle  a 
d^ailleors  quelques  usages  grammaticaux  communs  avec  1*6- 
gyptien.  On  la  parte  encore  aujourd^hui,  dit-on,  dans  les 
bourgs  qui  enTironnent  Saaraioi,  Ses  rapports  arec  les  lan- 
gues  de  U  Ounille  chalddco-b^ralque  la  firent  longtemps 
confondre  arec  le  diald^en  k  T^poque  od  celui-d  fut  pour  la 
premie  fois  connu  en  Europe,  c^est-lt-dire  an  seizi^e 
&i^e.  Plus  tard,  on  ne  salt  du  reste  pourquoi,  elle  re^ut  des 
orientalistes  europ^s  le  nom  de  langue  indienne,  Bruce, 
dans  l^entbousiasme  quelui  inspir&K  r^tbiopien^  a  voulu  en 
&lre  la  langne  de  nos  premiers  parents ,  d^Adam  et  d*£ve. 
Bibliander  ae  contente  de  la  f^re  remonter  k  Chusou  Couch, 
fUs  de  Cbam ;  mais  ii  pense  que.  I'arriv^e  des  Ctouchites  an 
sod  de  l'£gypte  dut  £tre  ant^rieure  k  P^poque  de  Moise.  L*^ 
poque  oil  ce  dialecte  arabe  pdnetra  dans  cette  partie  de  TA- 
ftiqoe  6tant  an^eure  aox  premiers  perfectionnements  qu*il 
ait  re^s,  c^est  sans  doute  k  cette  cause  qu'il  faut  attribuer 
U  rudesse  qu'a  gardfe  T^tliiopien.  La  pronondation  est  ex- 
trfimement  dure,  et  pr^nte  notamment  dnq  articolations 
centre  lesquelles  Tiennent  tebouer,  dit-on,  tons  les  efforts 
d'un  organe  europ^en. 

L'opinion  gto^ralement  admise  de  la  complete  afQnit^  dV 
rigine  des  langues  arabe  et  ^tbiopienne  n*a  M  combattuo 
qoe  par  an  seol  Toyageur,  par  Salt.  Quelque  poids  que 
pnisse  aToir  son  avis  en  pareille  matiire,  il  fiiut  dire  qu'il  ne 
le  corrobore  d'aucnne  preuve  liistorique,  et  qu*ii  se  borne 
k  infi^er  des  dilTifirences  tranche  existant  dans  la  physio- 
nomie,  la  couleur,  la  maniire  de  b&tir  et  de  s'babiller,  Pdcri- 
iiire,  riustoire  politique  des  Arabes  et  des  Abyssins ,  que  ce 
tout  deux  nations  d'oinigines  difliirentes,  et  k  expliquer  les 
rapports  nombreox  existant  entre  leurs  deux  langues  par 
rinQuence  du  Toisinage  et  des  relations  commerciales  des 
deux  peoples. 

L*dcritiire  4tbiopienne  propreioent  dile ,  laqudle,  sous  le 
rapport  dee  formes  et  de  la  di'^ection,  difl^re  de  tuutes  les 
Ventures  s^mitiqnes,  est  identiquement  la  mtoie  aussi  que 
Ttoiture  himyarite,  et  ne  se  composait  k  Torigine  que  de 
▼iDgt-six  consonnes,  qu'on  ^riTait  de  droite  k  gauche.  Ce 
fut  plus  tard  seulement,  lorsde  rintroductiondu  christianisme 
dans  oes  contrte,  que  la  direction  des  caract^res  de  cette 
teritne  fut  chang^e  suivantle  module  de  T^iiture  grecque, 
c'est-4-dire  de  gauche  k  droite,  et  que,  par  Taddition  de  sept 
signes  repr^sentatifiB  des  voyelles  qu*on  entremfila  aux  con- 
sonnes, Ton  arriTa  k  construire  un  syllabaire  complet  com- 
post de  182  caract^res,  dont  les  formes  tiennent  k  la  fob  des 
lettres  stoitiques  et  des  lettres  copbtes. 

Nous  ne  connaissons  que  de  fort  insignffianU  fragments 
dinscriptions  ^thiopiennes  datant  de  I'^poque  qui  pr^cdda 
rintroduction  do  diristianisme  sons  Constaotin.  Mais  depuis 
kirs  ila  ^  compost  une  foule  d*ouTrages,  pour  la  plupart 
de  nature  ecdteiastique  et  liistorique,  et  dont  deux  cents  an 
moins  noas  sent  d^jii  connus.  Toute  la  Bible,  TAncien  Tes- 
tament d*aprte  la  version  des  Seplante,  furent  traduits  au 
qnatri^roe  iltele  par  des  auteurs  resU^  inconnus,  mais  qui 
apiiartenaient  k  la  foi  chretienne.  L'Ancicn  Testament  existe 
cowplet  en  manuscrit  en  Europe;  mais  il  n'y  en  a  encore 


que  qndques  parties  d*imprimees,  par  exempteles  Psaumes, 
texte  6lhiopien  avec  le  texte  latin  en  regard,  par  Ludolf, 
Francfort,  1701 ;  texte ^tbiopien  seal,  Londres,  1815.  Con- 
sultcE  aussi  Dom ,  De  PsaUeiio  Kthiopieo;  Leipzig,  183&}. 
Nous  po8s6dons  aussi  le  Nooveao  Testament  (2  vol; 
Rome,  1548;  et  dans  U  Polyglotte  de  Londres).  La  littte- 
ture  ecd^siastique  ^thioplenne  est  d*nne  ricbesse  tonte  par- 
ticuli&re  en  traductions  d*apocryphes,  dont  les  originaux 
grecs  n'exlstent  plus  aujourdlini.  Nona  dterons  ki  cmnme 
plusparticuli^rementimportajites  la  tradnction  do  Uvre  d% 
nocb  (en anglais,  par  Lawrence,  2* Mition, Londres  1833. 
texte  ^thiopien,  Londres,  1840),  et  VAscensio  IsoUb  vatis 
(texte  dthiopieu  avec  traduction  latine  en  regard,  par  I^aw- 
rence;  Oxford,  1819).  Citons  encore  The  Didasealia,  or 
apostolical  constitution  of  the  Abyssinian  Church  (eft 
anglais  et  en  ^hiopien,  par  PlatI;  Londres,  1834),  et  Toa- 
vrage  Intitule  :  Synacar  (collection) ,  lequd  comprend  sons 
une  grossi^re  forme  rhythmiqoe  la  vie  des  saints  bonoAte 
en  Abyssinie,  des  martyrologes,  et  les  bynmes  de  TMlgUse 
^thiopienne. 

Rien  ]usqa*k  cejour  n*a  encore  M  imprim4  des  ouvrages 
historiques,  assez  importanta,  que  possMe  la  litt^raturo 
^thiopienne.  Le  plus  c^l^re  de  tous  est  le  Keber  za  Negeste^ 
contenant  rhistoire  traditionAelle,  entremeltede  force  fablea 
et  l^endes,  du  royauine  d*Axom,  autrefois  trte-poissant. 
Vient  ensuite  le  Torek  Negushti,  la  chronique  des  rois, 
et  d*autres  chroniqoes  de  diffi^reutes  ^poques,  oonduisant 
Thistoire  de  TAbyssinie  jusqu'ii  nos  jours. 

La  langue  ^thiopienne  a  6t/6  Tobjet  de  travaux  admirables 
de  la  part  de  Ludolf,  auteur  d^une  grammaire  ^thiopienne 
(Francfort,  1702)  et  d*un  dictionnaire  ^iopien  (Francfort, 
1 799 ).  Depuis  cet  ^udit,  les  recberches  dont  cette  langue  a 
^t^  Tobjet  n^ont  goto  accni  la  somme  des  connaissancea 
ant^rieures.  11  y  anraittoutefoisde  Tingratitude  iine  pas  tenbr 
compte  id  des  recberches  entrepribes  par  Piatt,  Lawrence, 
Dorn,  Hupfeld,  Hofltaiann,  Rcedlger,  Ewald,  et  les  mission- 
naires  d'Abbadie,  Isenberg,  Blamenbach,etc.  Alexandre  Mur- 
ray, mort  en  1813  professeor  k  Tuniversit^  d'Edimbourg,  a 
6crit  qudques  m^oires  sur  les  manuscrits  ^thiopiens  rap* 
port^  par  Bruce.  Le  voyageur  aUemand  Ruppel  a  rapporUf 
d' Abyssinie  une  collection  de  manuscrits  ^thiopiens,  dont  it 
a  fait  don  k  la  bibliotheque  de  Frandort-sur-le-Mein,  sa  ville 
natale.  II  est  fftcheux  que  le  m6me  esprit  de  lib^ralit^  n'ait 
l)as  anim6  Bruce,  car  ses  b^tiera  ont  Jusqu*^  prisent  refustf 
de  se  dessaisir  de  ses  livres. 

Au  quatorzitoie  si^e,  one  revolution  politique  eut  pom 
r^sultat  de  restrdndre  de  plus  en  plus  Tusage  de  la  langue 
^thiopienne ;  c'est  ce  qui  fait  qu^elle  se  trouve  aujourd'hui 
presque  k  T^tat  de  langoe  morte  ou  de  langue  liturgique , 
dont  on  ne  se  sert  plus  que  pour  les  diverses  esp^ces  de  com- 
positions ccrites.  La  langue  amharite  ou  d'Amhara  Ta  rem- 
plac^  comme  langue  usoeUe  et  dominante.  Cette  langue 
r^pond,  il  est  vrai,  sur  la  plupart  des  points  essensids  k  la 
langue  de  Gees,  mais  renferme  anssi  un  grand  nombre  d^6- 
Idments  strangers  et  essentidlement  africains.  Aprte  les  es- 
sais  assez  faibles  tent4s  par  Ludolf  pour  composer  une  gram- 
maire et  un  dictionnaire  de  U  langue  d'Amhara  (Francfort, 
1698),  cette  langue  a  M  Tobjet  de  travaux  autrement  com- 
plets  et  satisfaisants  de  la  part  du  missionnaire  allemand 
Isenberg,  agent  de  la  Sod^  des  missions  de  Londres,  qui  a 
public  une  grammaire  de  la  langue  d*Amhara  (Londres,  1842) 
et  un  dictionnaire  ( 2  vol.  1841).  II  n*eziste  point  encore  de 
litUirature  de  ce  dialecte ;  tout  ce  qu*on  en  poss^e  consiste 
en  traductions  de  la  Bible  et  autres  ouvrages  rellgieux  par 
les  missionnaires  Pearce,  Isenberg,  Blumberg,  etc  Le  dia- 
lecte de  Tigr^,  qu*on  parle  anx  environs  d'Axum ,  est  celui 
de  tous  qui  ressemble  le  plus  k  I'andenne  langoe  de  Gees  ^ 
mais  n^est  encore  que  foit  pen  connu ;  et  les  langues  des 
Clioas,  des  Enarfias,  et  autres  peuplades  de  TAbyasinie,  le 
sont  encore  bien  moins. 

ETIIIQIIE  (en  latin  ethiea,  form^  d'fOoc,  mcwirs)^ 
mot  synoiiyme  de  morale,  dont  il  ne  difr^re  que  parce 


\09 

qii'il  e^t  d^rlT^  do  gree,  tandis  que  morale  est  de  source 
iatine.  Quant  au  sous,  il  est  exactement  le  mftme  :  cea  deux 
mots  servant  k  d^gner  cette  partie  de  la  philosophie  qui 
traite  de  Tactivit^  humaine,  de  la  loi  qui  lui  est  impost,  et 
des  moyens  de  la  conduire  k  faccompiissement  de  cette  loi. 
Le  mot  Hhique  a  TieilU.  Dans  P^coley  on  se  eervait  da  mot 
ethke,  plus  uait^  dans  les  auteors  latins ;  c*est  pour  cette 
raison  que  le  mot  itMque  a  surv^cu  quelque  temps -dans  la 
langne  de  )a  philosopliie  :  il  n'a  jamais  eu  cours  dans  la 
langoe  usu^le,  et  mainlenant  mtoie  il  est  k  peu  pr^  banni 
de  la  premi^. 

ETHMOIDE  (de  1^0(1^,  erible,  et  elSo;,  forme).  Get 
OS,  de  formed  pen  prte  cubique,  le  plus  petit  et  le  plus  fra- 
gile des  huit  pitees  osseuses  oonstituant  la  boltecrftnienne, 
est  impair^  sym^trique,  et  log6,^  la  ractne  du  nez,  dansune 
sorte  d'tehancrqre  que  pr^sente  le  coronal  k  la  partie  infi^- 
rieure  ant^rienre  et  moyenne  dn  crtae.  II  ofTre  comme  une 
sorte  de  tissu  lamelleux,  spongieux,  et  cribl^  en  tons  sens 
de  nombreuses  cellules  que  forment  une  multitude  de  petites 
lames  minces,  l^^res,  fragiles,  et  se  croisant  dans  toutes 
les  directions.  On  le  divise  communtoent  en  trois  parties : 
1*  la  partie  sup^rieore  ou  horiiontaley  nomm6e  lame  cribUe 
( laressemblaiicequeluidonnentaTecimcriblelestrous  nora- 
breux  dont  elle  est  perc^  a  ^t6  la  cause  des  princlpales  de- 
nominations sous  lesqueUes  on  d^signe  cet  os) ;  2*  la  partie 
moyenne  oo  lame  perpendiculaire ;  etenfin,  8®  les  masses 
laUraUs,  Lalamecriblite  oa  cribleosey  tapiss^  par  lad  u  re- 
mire,  r^pond  k  la  fosse ant^rieore  de  la  base  du  crftne,  et 
s'artieule  en  arriire  au  moyen  d*une  petite  ^hancrure  avec 
le  spb^noSde.  EUe  offre  en  arant  I'apophyse  crista-galli, 
alnsi  nommte  par  sa  ressemblance  avec  la  cr^te  d*un  coq, 
fi  donnant  attache  par  son  sommet^  la  fiiux  ducerveau. 
La  base  de  son  bord.antMeur  concourt,  par  sa  reunion  avec 
le  frontal ,  k  former  le  trou  horgne.  Le  nerf  olfactif  se 
ioge  sur  les  cOtte,  dans  une  profonde  goutiiire  dont  le  fond 
«st  perc^  de  trous  nomm^  oi/oc/s/i,  lesquels  sont  cbacun 
Torifice  sup^rieur  d'un  petit  canal  tapiss^  par  la  dnre-mire, 
et  que  trayerse  on  filet  dn  m6me  nom.  Ces  petHs  canaux  se 
subdivisent  en  penetrant  dans  Tos.  Le  filet  ethmoidal  du  ra- 
meau  nasal  da  nerf  ophthalmiqne  de  Willis  passe  dans  une 
petite  fente  prte  des  gouttitos  cMessus  et  de  Tapophyse 
crUta^galli  pour  s^introduire  dans  les  fosses  nasales.  Cetle 
partie  de  Tethmolde  concoart  k  la  formation  des  cavity  or- 
bitaires  internes.  La  lame  perpendiculaire  tombe  k  pen  pr^ 
k  angle  droit,  oomme  Tindique  son  nom,  sur  la  face  inf^- 
rieure  de  la  lame  prMdento.  EUe  commence  k  la » partie 
sup^rieure  du  nex  la  cloison  qui  s^pare  les  deux  narines* 
Elle  est  d'une  forme  k  peu  prte  quadrilatftre,  et  se  d^jette 
d'un  cMA  on  de  I'autre.  Son  bord  infdrieur  s'articule  ayec 
le  Tomer  et  le  cartilage  triangnlaire  du  nez.  Son  bord  an- 
t^rieur  est  en  rapport  avec  les  oa  propres  du  nez  et  P^pine 
nasale  du  coronal.  Le  bord  post^rieur  s'articule  arec  la  cloi- 
son des  sinus  sphtooidaux. 

Les  masses  lat^rales  forment  les  parois  lat^rales  des  fosses 
nasales  creoste  d'anfraclnoflitftt ,  dont  quelques-unes  ont 
4es  noms  particuliers ,  conune  le  comet  supMeWf  on  de 
Morgagni,  petite  lame  mince  ordinairement  recourb^e  et 
surmontant  nne  sorte  de  gonttl^  borizontale,  fai^ant  partie 
dum^t  sup^rieurdes  fosses  nasales.  Cette  gouttiire,  occu- 
pant k  pea  prto  la  moitid  en  arriire  de  la  longueur  de 
rethmoide,oirreen  derantnne  ouTertureconduisant  dans  les 
cellules  p(Mt6rienres  de  Tos ,  qui,  ordinairement  ferm^  en 
arriire,  communiquent  cependant  parfois  avec  les  comets 
ou  sinus  sphtooldaux.  Le  comet  moyen  borne  la  goutti^e 
sup^rieure.  On  nomme  m4at  moyen  one  gouttiire  longitudi- 
nale  en  ayant  de  laquelle  on  voit  Tonverture  ant^ieure  des 
cellules  de  Tethmofde.  Les  cellules  ant^rieures  surpassent  les 
aatres  en  dimension.  Toutes  oes  diverses  pi^es  consti- 
tuant  Tethmoide  doivent  6tre  oonsid6r6es  comme  la  prin- 
eipale  partie  de  la  charpente  sur  laquelle  repose  tout  Td- 
dilice  de  Torgane  olfactif.  Get  oa  i'artlcule  avec  le  coro* 
nal,  le  spbdnoide,  les  cornets  infiiriears,  la  maxillaire 


fiTHIQUE  —  ETHINOGRArilTE 


supdrieure,  les  palaUns,  le  vomer,  les  os  propres  dn  nex. 

On  donne  en  anatomie  la  qualification  d*ethmoidai  k  la 
cr6te  criita-galli,  au  nerf  olfact\f  ou  ethmoidal,  aux 
comets  e^Amoi(totf:p,etenfinltdeuxartirieBet  k  deux  veines 
aussi  nommte  ethmMales^  dont  Tune  est  antdrieure  et 
Taotre  postdrienre.  L'ethmolde,  avec  les  mcmbralie^  qui  le  re- 
couvrent  et  tout  le  systdme  d'organes  dontll  est  plos  sp6ciale- 
mententourd,  pent  dtre  consider^  comme  le  principal  foyer 
oil  le  vice  syphilitique  d^loie  ses  ravages,  lorsqn'il  a  €i6 
porte  k  ce  qu'on  pourralt  appeler  son  maximum  d'inten- 
site. 

ETHNARQUE)  gouvemenr,  chef,  prince  chez  les  an^ 
ciens  (du  grec  iOvoc,  nation,  et  &px^»  oommandement)* 
He  rode  le  Grand  a  laisse  deson  rigne  plusieurs  medailles 
o(r  on  lit  sur  la  (ace  HPOAOT  et  sur  le  revers  EeMAPKOr 
(Herode  ethnarque).  Bien  que  Rome  ne  fQt  plus  republique, 
elle  avait  conserve  un  tel  dedain  pour  le  titre  de  roi,  que, 
soivant  leors  caprices,  donnaient  on  dtaient  ses  cesars,  qu*elle 
aimait  k  humilier  ses  prefets  couronnes  du  nom  d*ethnar- 
ques.  Cest  un  triumvir,  Antoine,  qui  daigna  faire  Herode 
roi ;  ce  ne  fut  qu*i  la  mort  de  ce  prince  que  la  Judee  prit 
le  nom  de  t^trarcMe,  du  partage  que  fit  Auguste  de  ce 
royaume  entre  Archeiaiks,  Herode- Antipas  et  Philippe,  ses 
fils,  puisqu*ii  en  donna  la  moitie  au  premier,  et  de  Taatre 
moitie  fit  deux  parts,  dont  il  dota  les  deux  demiers.  II  faot 
done  se  garder  de  prendre  le  nom  de  tHrarcMe  now  le 
nombre  des  provinces  gouvernees.  Aussi ,  dans  I'Evangile 
de  saint  Luc,  estrce  He^g^e-Antipas  qui  est  qualifie  de  16- 
trarque  de  la  Galilee.  DstiNB-BARoif. 

ETHNOGRAPDIE  (des  mots  grecs  lOvoc,  people,  el 
Yp^f  eiv,  decrire }.  C'est  k  proprement  parier  la  description 
des  peuples,  et  c'est  l*appeilation  generale  sous  laquelle  on 
a  jusqu'i  present  designe  Tensemble  de  rensdgnements  sur 
les  moeurs  et  les  usages,  les  costumes,  la  religion  et  la  forme 
de  gouvemement  des  peuples  etrangers  encore  pen  avances 
dans  la  dvUisation ;  notions  qu'on  est  dans  Tusage  de  con- 
siderer  et  de  traiter  comme  un  appendice  de  la  g  e  o  g  r  a  p  h  i  e. 
Toutefois,  les  rapides  progr^s,  les  completes  transformations 
recemment  realises,  et  quant  aux  materiaux  et  quant  k  la 
methode,  dans  les  recherches  htstoriques,  philologiques, 
physiulogiques  et  d*histoire  naturelle,  ont  eu  pour  resuKat 
d'engager  les  observateurs  k  donner  sous  ce  rapport  aussi 
plus  dMmportance  k  retude  sdentifique  de  rhomme'oomnie 
etre  organise  et  comme  membre  de  rhumanite,  dont  le  de- 
veloppement  moral  constitue  Tessence  et  le  but.  De  cette 
etude  faite  k  ce  double  point  de  vue,  est  resaltee  la  creation 
de  deux  sciences  nouvelles  et  distinctes,  ranthropogeogra- 
phie  et  Tethnographie. 

Vanthropogiographie  traite  de  la  propagation  des  races 
humaines  d^aprto  les  gradations  physiques  qu*elles  presen* 
tent  sur  la  superfide  du  globe,  d'apr^s  les  contrees qu'elles 
habitant,  et  les  conditions  d'exbtence  auxqoellea  elles 
obeissent.  Les  questions  relatives  k  Porigine  et  k  I'unlte  du 
genre  humain,  k  la  diversite  des  races  ainsi  qu*^  leur  croi- 
sement ,  sont  les  objets  prindpau^  que  traite  cette  science, 
dont  Blumenbach  pent  etre  considere  comme  le  createur, 
et  qui  a  pour  la  premiere  fois  ete  systematiqueroent  traitee 
par  Prichard  dans  ses  Researches  into  the  physical  history 
of  manhlnd  (  3®  edit.,  5  vol. ;  Londres,  1847  )  et  dans  The 
natural  History  of  Man  (1843).  On  lui  donne  aussi  le  nom 
d^ethnoloyie.  Elle  ne  considere  les  peuples  et  les  peaplades 
que  comme  des  varietes  et  des  nuances  de  races,  et  celle»- 
ci,  k  leur  tour,  que  comme  des  degeneresoences  de  Tespeoe 
ou  genre  zoologique,  c*est-Mire  de  lliomme. 

Vethnographie,  au  contraire ,  sdence  plut6t  historique 
que  naturelle,  considere  les  hommes  dans  leur  propagation 
sur  la  terre  comme  peuples,  uniquement  dans  le  sens  moral 
du  mot.  Elle  volt  en'  eux  des  socidtes  diverses  formees  et 
inaintenues  par  les  memes  liens  raoraux.  La  languc,  la  re- 
ligion et  les  loLs  sont  \i»  plus  forts  et  en  lueme  temp*  les 
plus  universels  do  ces  liens;  cc  sont  dies  qui  reunisseut  les 
hommes  en  peuples,  et  qui  doivent  par  consequent  etre  io 


Iioint  de  (Mpart  et  U  source  de  toute  inyestigation  ethno- 
grapUiqiie.  Ce  qu^on  se  propose  en  s'y  liyrant,  c'est  d'une 
part,  d'ariiYer  i  coanaltre  ce  qui  constitue  le  caracUre  in- 
leUectoel  da  g^nie  national  d*un  peuple  oonsid^^  comme 
indiTida,  comment  Q  se  manifeste  dans  la  langue  et  dans  la 
ytttetare,  dans  Torg^isation  politique  et  religieuae,  et  dans 
reasemble  des  fails  dont  so  compose  Thistoire  de  ce  peuple; 
d*aatre  part,  c'est  d*appr^er  la  position  relative  de  cheque 
people  par  rapport  aux  dilTi^rentes  (amilleSy  aux  difl^rentes 
races ,  aax  difli&rents  groapes  de  peuples,  et  enfin  par  rap- 
port h  i^omanltd  toot  entiire.  De  1&  une  difti^rence  bien  la- 
dle A  folre  entre  rettmc^graplUe  et  lliistoire  universelle  des 
peoples.  L'ethnographie  ne  se  pr^occupe  pas  des  peoples 
eott^6r^  comme  autant  d'abstractions  distinctes ,  non  plus 
que  dee  wsociatioas  humaines  que  resserrent  plus  ^rui- 
teraent  dee  liens  intellectuels  et  maUriels.  dependant,  dans 
ces  deniiers  temps,  le  vif  int^r^  que  les  peuples  attacbent 
k  leers  engines,  les  sympathies  et  les  antipathies  qui  en 
r^soHent  et  qui  arriveat  quelquefois  k  prendre  un  ^aract^re 
politiqne,  comme  c^est  le  cas  en  Autricbe,  en  Russie,  en 
Bdgiqaa,  en  AngMorre,  od  des  siijeksde  races  diff^rentes  font 
partie  da  m6me  groope  politiqae,  a  donn^  une  im|H>rtance 
toute  particoliM  aux  questions  de  races  et  de  nationality, 
ci  a  proToqu^  sor  ces  matiires  les  recbercbes  les  plus  sd- 


L'etbnograpbie^  comme  science  d^ensemble,  est  encore  k 
cr^i  mats  les  mooograpbies  les  plus  pr^euses  relatiTes 
k&twenm  races  et  i  divers  peuples  existent  d^j^.  Scbafariclc, 
IVadeschdin,  Kosppen,  out  public  d^excellents  travaox  sur 
les  Slaves;  Rcebrig,  Sohott,  Gabelentx,  Castrto,  Bcehlingk, 
•or  les  races  tnrqae8;.G.  de  Hnmboldt,  Newbold,  Busch- 
mann,  Junghuhn,  Roorda,  sur  les  races  malaisienne 
et  polyn^sienne;  Lassen,  sur  les  races  indiennes;  £wald, 
Geseidos,  Tocb,  Movers,  sur  les  races  stoiitiques;  Galla- 
tin, d*Orblg|iy,  Squiers,  sur  les  races  am6ricaines.  A  ces 
documents  U  but  ajouter  rimmense  masse  de  renseignements 
de  tons  genres  que  publient  Incessamment  dans  Icors  recueils 
spto'anx  les  diverses  sod^t^  de  gtographie.  £n  outre,  des 
associations  particnli^res  se  sunt  form^  pour  IMtode  de 
eette  sdence;  et  les  Sod^^  ethnologiques  de  Paris,  de 
tondree  et  de  New-York  rivalisent  d^ardeur  poor  recooiilir 
loot  ce  qui  peot  faire  progresser  la  sdence  k  la  culture 
de  laqudle  elles  se  sent  vootey  de  m£me  que  pour  former 
des  musses  ethnographiques* 

CTHNOPHRONESy  bMtiques,  qui  apparurent  un 
moment  dans  le  septi^me  si^e,  et  pr^tendirent  alJier  la 
morale  da  Christ  avec  les  c^^nonies  soperstitieuses  du  pa* 
^misme,  Taslrologie  judiciaire,  les  sorts,  les  augures,  etc. 
Iioor  nom  Tenait  des  denx  mots  grecs  lOvoc,  nation,  gentil, 
paiens  ^  9p^>^f  opinion,  sentiment  Saint  Jean  Damasctoe 
»*ert  occape  de  cette  secte. 

^THOPI^Et  terme  de  grammaire.  C'est  one  figure  de 
iMtorique,  plus  commune  encore  aux  bistorfens  qn'anx 
poetes.  Formte  des  deux  mots  grecs  ifio^,  mceurs,  babitude, 
nani^e  d^^e,  et  noCctv,  faire,  construire,  die  assemble 
et  rapprocbe  les  difTirentes  passions,  bonnes  ou  mauvaises, 
basses  oa  sublimes,  de  TAme,  la  tounuire  de  I'esprit,  les 
aentiineiits  du  ooenr  d'on  personnage,  et  en  fait  la  peintore, 
le  tableau,  la  description.  Ce  n*est,  k  vrai  dire,  qu^une 
division  de  cdtederniire  figure,  lalluste  etTite-Live  offrent 
de  beaox  exemples  d'^Ao^e  dans  leurs  portraits  de  Cati- 
liiia  et  de  Sempronla.  Tadte  en  abonde;  celui  de  Galba 
sartoat  est  on  chef-d'oeuvre.  On  en  trouve  chez  nous  de 
parfiuts  dans  La  Bmyte.  Tdle  est  aussi  dans  Bossuet  le 
portrait  de  Cromwdl ,  et  dans  Radne  ie  tableau  si  saisis- 
sant  ct  si  court  du  Juif  Mardoch^  sous  le  dlice,  daos  la 
hoodie  m^me  dUman,  son  mortd  ennemi.  Tel  est  dans  La 
Henriade  cdiii  du  r^ent,  et  celm  de  Galerius  Cter,  le 
gardien  de  tronpeaux,  dans  les  Martyrs,     Dekkc-Baroh. 

ETHUSEy  genre  de  plantes  de  la  famille  des  ombel- 
iileres.  L^e^p^ce  la  plus  importante^  connaltre  est  la  petite 
diMuse  (MiMusa  cynaplum,  L.),  oo  peiUe  eiguif  que  Ton 


ETHNOGRAPHIE  —  ^ENNE  los 

confond  fodlement  avec  le  persil.  Cost  sortout  qoand  la 
petite  ^thuse  n'est  qu'en  feuilles  que  Ton  risque  de  se  trom- 
per  :  il  faut  alors  se  rappeler  que  les  feoilles  du  persil  sont 
d'un  vert  dair,  d*une  odeur  asses  agr^le,  tandis  que  <1mwi 
la  petite  ^tbuse  dies  sont  d'un  vert  plus  fono^,  et  que  frois- 
s^  entre  les  doigts  dies  r^pandent  une  odeur  t^tide,  nan- 
s^use ;  maisrien  ne  la  distingue  mieux  queses  fleurs :  cdles- 
d  ont  le  calice  entier,  les  p^tales  in^ux,  courb^  en  coeur ; 
les  semences  sont  ovales,  arrondies,  strides;  ii  n'y  a  point 
d'involucre  k  rombdle;  cdui  des  ombdlicules  est  k  trois 
00  quatre  folioles  lin6aires,  allong&Bs,  toumfies  du  m6me 
cAt^.  La  petite  ^tbuse,  qui  n'est  que  trop  commune  dans  lea 
jardins  potagers  et  g^n^ralement  les  lieux  cultiv^,  sV 
vance  des  contrdes  temp^r^  jusque  dans  ceUes  du  nord; 
£lle  fleurit  dans  T^t^.  Sa  saveur  Acre  et  briUante  d^le  sea 
mauvaises  quality,  assez  semblables  k  cdles  de  la  ciguA 
et  produisant  les  mAmes  accidents  dans  Testomac.  On  y 
rem^die  par  des  vomitifs  et  par  des  acides  v^^nx,  tels 
que  le  vinaigre,  le  sue  de  dtron ,  dendus  dans  de  Teau. 

ETIAGE9  niveau  d*nne  riviere  quand  ses  eaux  sont  au 
plus  bas;  lorsqu'on  dit,  par  enemple,  que  les  eaux  de  la 
Sdne  sont  k  2  ...  3  metres  ao-dessus  de  T^tiage  du  pont  de 
la  Xoumdie,  cda  signiOe  que  les  eaux  de  ce  fleuve  se  sont 
^levte  de  2  ...  3  mdres  au-dessus  d'un  pdnt  fixe  qui  r^ 
pond  an  niveau  de  ces  m6mes  eaux  dans  les  temps  de  plus 
grande  s^cberesse.  TeyssAdre. 

ETIENNE  (Saint),  dont  le  nom  ZTi^ocvoc  signifie  en 
grec  cowonne,  est  le  premier  cbr^tien  qui  ait  re^u  la  palme 
du  martyre.  Ueut  ainsi  la  gloire  d'ouvrir,  sdon  i'expression 
de  CbAteaubriand ,  cet  dg^  h&roique  du  chrisiianisme  qui 
fit  voir  au  vieux  monde  ^tonn^  tant  d*bomro^  obscors,. 
taut  de  faibles  femmes  dispose  k  scdler  de  leur  sang  leur 
foi  dans  les  dogmes  et  les  promesses  du  Christ.  £tienne, 
que  Ton  croit  d'origine  grecque,  ne  fut  point  victime  de  la 
cruelle  politique  du  paganisme  :  il  p^rit  de  la  mdn  des 
Juifs.  II  dtait  un  des  plus  parraits  disciples  du  Christ  Dans 
la  constitution  primitive  de  la  soci^t^  chr^tienne,  11  futdu 
le  premier  parmi  les  sept  diacres  qui  daient  charge  d'dder 
les  ap^tres  dans  la  distribution  des  aurodnes ,  la  nourritute 
des  pauvres,  Padministration  de  reucharistie  et  la  pr^ica- 
tion  de  TEvangile.  «  C'dtait ,  dit  P£criture,  un  homme  plehi 
de  foi  d  ronpli  du  Saint-£sprit  »  Cependant,  la  parole  de 
Dieu  se  r^pandait  de  plus  en  plus.  £tienne  en  ^tait  un  des 
plus  ardents  misslonnaires;  chaque  Jour  son  Influence  sur 
le  peuple  deveodt  plus  grande.  II  rencontra  des  antagonist 
tes.  Ceux-ci,  ne  pouvant  rdsister  k  la  sagesse  et  k  Tesprit  qui 
parlaient  en  lui,  subom^ent  des  t^moins  qui  d^ar^reot  IV 
voir  entendu  blasphemer  contre  Molse  et  contre  Dieu.  Us 
^murent  ainsi.  le  peuple,  les  anciens,  les  dodeurs  de  la  loi; 
puis  se  jetant  sur  lui,  ils  Tentratn^rent  devant  le  conseil. 
Son  discours  parut  un  blaspheme.  Les  juges  et  les  tdmoins, 
se  houdi&ntles  oreilles^  se  pr^ipit^rent  sur  lui,  et  Tem- 
men^rent  bors  de  Jerusalem  pour  6tre  lapid^.  Les  tdmoins 
devaient  jeter  la  premise  pierre ;  ils  mireut  leurs  v6te« 
ments  aux  pieds  d^un  jeune  homme  nomm^  Saill,  qui  d*ar> 
dent  pers^uteur  de  TEglise  miUtante,  devint  depuis  son  pins 
ferme  champtou  sous  le  nom  r6yM  de  saint  Paul.  Ainsi  p^ 
rit,  environ  sept  mois  apr^  J^us-Christ,  le  premier  martyr 
d*une  religion  destinde  k  conqu^rir  le  monde  par  la  resi- 
gnation et  par  la  souffrance. 

L^£glise  cei^bre  sa  fete  le  26  d^cembre.  Ses  rdiques  fu- 
rent  trouv^es,  en  4 15 ,  dans  un  terrain  qui  avdt  appartenn 
au  docteur  Garoalid.  C*est  ce  sage  et  ayis^  pharisien  qui,, 
sans  se  prononcer  pour  ni  contre  la  doctrine  du  Christy 
avait,  qudques  mois  avant  le  martyre  d'£tienne,  sauv^  les 
apdtres  d^une  premide  persecution  en  pronon^ant  ces  pa- 
roles dunt  s^empara  depuis  Luther  :  «  Si  cette  entreprise 
vient  des  hommes ,  die  sera  bientdt  dissipee;  si  die  vient 
de  Dieu,  vous  vous  y  opposez  en  vain.  » 

Le  martyre  de  saint  Etienne  a  exerc^  le  pinoetn  de  pla- 
sieurs  grands  peintres. 

L'lutlise  revere  en  outre  trois  autres  saints  sous  le 


104 


fiTIENNE 


d^fitleniie,  sans  compter  le  pape  £tleBne  I*'  et  le  roi 
Etienne  I*'  de  Hongrie,  h  qui  nousconsacrons  plos  loin  des 
articles  particuHers. 

j^lENNE  (Saint),  diileJeune,  moine byzantin,  n^Ters 
714,  Alt  mis  Ik  mort  en  766,  par  ordre  de  Temperetir  Ck)n»- 
tantin  Copronyme ,  paroe  qn*il  s*^tait  dlev^  contre  la  fareur 
th^ologlque  de  ce  prince  iconoclaste. 

ETIENNE  (Saint),  de  Muret  ou  de  Grandnumt,  flis 
d*uB  Ticomte  de  Thiers,  en  Anyergne,  obtint  en  1075  dn 
pape  Grdgoire  VII  le  privil^e  de  fonder  an  noo?el  ordre 
monastique  selon  la  r^e  de  saint  Benott.  U  ^tablit  dans 
to  Limoosin,  k  Mnret,  cette  nouTelle  Th^baide,  et  fbt  cano- 
nist en  loss,  par  le  pape  Clement  ni. 

£TIENNE  (Saint),  n^  dansle  onzi^me  si^e,  en  Angle- 
terre,  d'une  ramille  noble,  Tteot  en  France,  oh  il  fut  le  pre- 
floier  fondateor  deFordre  de  Ctteaux,  et  od  il  mourut,  en  1 1 34. 

Charles  Du  Rozom. 

l^TIENNE.  Le  saint-si^  a  ^  occap^  par  neuf  pon- 
tifes  de  ce  nom. 

^TfENNE  P'  (Saint),  flls  d'nn  certain  Julius,  Remain 
de  naissance,  avsdt,  comme  diacre,  administr^ ,  sous  saint 
Ck>meilie,  les  biens  de  l*£gli8e,  qai  commen^t  k  ne  plus  se 
oontenter  des  aumdnesdes  fid^es.  11  passa,  sons  saint  Luce, 
k  la  direction  des  affaires  8(iiritueiles,  et  rempla^a  roftroe , 
pendant  son  exil,  ce  pontife,  anquel  II  sucoMa  enfin  en  253. 
Le  d^ir  d'accroltre  son  autorit^  le  fit  tomber  dans  de  grayes 
erreurs.  Certains  Chretiens,  pour  ^chapper  k  la  mort,  se 
procuraient  de  faux  certificate  constatant  qu'ils  avaient  sa- 
crifi^  aux  idoles,  quoiqu'ils  ftissent  rest6s  attaches  k  lenr 
culte;  et  les  Chretiens  TdritaUes  les  fl^trissaient  du  nom  de 
libellatiques.  Deux  iv^es  d*£spagne.  Martial  et  Basilide, 
ounvaincus  de  cette  Iftcbet^,  accnste  m^me  deplusieurs  cri- 
mes, avaient  M  chass^  de  leurs  dioceses.  U^  port^rent 
plainte  an  pape  ^tienne,  qui  alRcha  la  pretention  de  les  r^- 
iablir  sur  leurs  si^es;  les  autres  prOats  espagnols  en  ap- 
polteent,  de  leur  c6te,  aux  dveques  d*Afriqne.  Saint 
€y  prien,  qui  occupait  le  si^  de  Carthage,  lotta  contre 
to  si^  de  Rome,  et  le  pape  eut  la  honte  de  Toir  conflrmer 
|nr  un  concile  la  deposition  de  ses  clients.  Le  bapttoie  des 
b^r^ques  fut  bienUH  le  siqet  d'nne  contestation  nouTdle  : 
eaint  Cyprien  et  tons  les  pr^lats  d'Orient  le  d^araient  nnl ; 
deux  oondles  en  avaient  ]ug6  ainsi.  £tienne  adopta  I'opi- 
nion  contraire;  il  excommnnia  les  deputes  de  saint  Cyprien 
et  les  eTdques  d'AfHque.  Ces  demters  r^pliqu^rent;  Firroi* 
lien  de  Cfearfe  le  traita  d*antechrist ,  de  foux  ap6tre , 
d^artisan  de  frandes;  saint  Cyprien  Taccnsa  dMgnorance, 
d^erreur,  d'impudence;  II  Tappela  I'ennemi  des  Chretiens; 
et  quand  on  pense  que  ce  discord  ^clatait  sous  le  r^gne  de 
Val^rien,  trois  ans  aprte  la  persecution  de  D^ce ,  on  est 
coins  etonne  de  la  repugnance  qu'^prouvaient  les  empe- 
lenrs  k  prot^r  Ttglise  chr^enne.  Yaldrien  les  en  punit 
cependant  avec  tropde  rigueur;  il  les  confondit  dans  sa  co- 
1^,  et  le  pape  £tienne  expla  trop  cruellement  le  scliisme 
|ii*il  avait  soaleve.  Lesantoors  out  diversement  raconteson 
anrtyre  :  les  nns  le  font  mouiir  en  prison ,  les  autres  le 
tat  decapiter  sur  un  autel  quM  avait  ^leve  dans  un  cime- 
tttre  pour  braver  ses  persecntears.  On  n*a  pas  m^me  la 
date  prfeise  de  sa  mort ;  on  sait  seulement  que  ce  (ut  Tan 
1&7,  dans  la  quatridme  annee  de  son  pontifical. 

Un  antre  £tibnnb  succeda  k  Zacharie,  en  752,  mais  il  ne 
fonvema  I^^ltse  que  quatre  Jours,  et  n*eut  pas  mtoie  le 
temps  d^etre  sacrd :  une  mort  snbite  Tenleva  k  son  troupeau. 
La  plupart  des  auteurs  ne  Tout  pas  compte  parmi  les  soo- 
verains  ponttfes;  le  cardinal  Baronius  et  to  Pere  Petan  sent 
i  peo  prts  les  seals  qui  Talent  rftabli  dans  leur  chrondogie. 

liriENNE  II  sera  done  to  litre  que  nous  donnerons,  en 
depit  de  leurs  opinions,  au  sueeessenr  immedlat  de  ce  pape 
qui  n*eat  pas  to  temps  de  se  foire  connaltre.  ^tienne  fl 
eiait  flls  d^ln  Remain  da  nom  de  Constantin.  Orplielin 
dte  son  bas  Age,  il  fut  eieve  dans  le  palais  de  Latran  par  les 
papes,6t  le  devint  Iiii-meme«  par  reiection  do  peaple»  le  26 
msrs  75a.  c*est  nar  loi  ou'a  codimence,  pour  les  serviteurs 


des  serviteurs  de  Dien,  Tusage  de  se  faire  porter  sur  les 
epaules  des  fideies,  et  Polydore  Yirgile  8Joute  qiiil  fut  le 
premier  qui  scella  ses  lettres  avec  du  plomb  au  lieu  de  cire. 
L^ambition  d*Astolphe,  roi  des*  Lombards,  trouble  son 
pontifical :  ce  roi,  s*etant  empar^  de  Texarchal  de  Ravenne, 
medilsJl  I'asservissement  de  ritalie  entiere,  el,  bravant  les 
prieres  do  pontife,  il  mena^t  de  passer  tons  les  Remains 
au  fil  de  repee,  sMls  ne  se  soumettaient  pas  k  son  obSssance. 
Elienne  11  essaya  de  Papaiser  par  des  ambassades ,  et,  ne 
pouvant  le  valncre  par  ses  supplications ,  il  finit  par  implorer 
le  secours  du  roi  de  France.  Pepin  n'etait  pas  homme  k  ne- 
gliger  cette  occasion  d*eiendre  sa  puissance :  il  fit  tout  ce 
que  lepapevoulut,  et,  protege  paries  ambassadeursfran^is, 
Etienne  II  partit  de  Rome  le  14  oclobre  753,  malgre  les 
pleurs  et  les  prieres  de  son  peuple.  Astolphe  to  re^ul  a 
Pavie,  ainsi  que  Tenvoye  de  Tempereur  Constantin-Copro- 
nyme,  qui  venait  reclamer  la  restitution  de  Texarchat  an 
nom  de  son  mattre.  Mais  le  roi  des  Lombards  declare  qu'il 
garderait  sa  conqudte ,  et  il  fallut  toute  la  crainle  que  lui 
uispirait  le  roi  de  France  pour  le  determiner  k  permeltre 
que  le  pontife  continn&t  sa  route.  Charles,  fils  de  Pepin, 
Vint  au-devant  de  lui,  et  le  conduisit  au  chAteau  de  Pontyon, 
pr6s  de  Langres ,  oik  I'atte&dait  le  roi  son  pte«  Pepin  ecrivit 
au  Lombard  pour  ie  prier  de  respecter  lavilleet  r£glise  de 
Rome,  et  de  rendre  la  principaute  de  Ravenne.  Astolphe, 
qui  voulait  la  garder,  sentit  cependant  la  necessite  de  re- 
courir  k  des  n^ociations;  to  moine  Carloman,  fr^re  du  roi 
de  France,  quitta  Tabbaye  de  Montcassin  pour  venir  plaider 
la  cause  dn  roi  lombard  au  parlement  de  Crecy,  et  il  paya 
Cher  le  succes  de  son  eloquence ,  car  son  fr^ ,  excite  par 
les  conseils  d*£tienne ,  le  fit  enfermer  dans  le  monastere  de 
Vienne,  et  infligea  k  ses  enfants  la  honte  dela  tonsure. 

Le  pape,  retire  a  Saint-Denis,  n'oubliait  aucun  moyen  ne 
pousser  les  FrauQais  en  ItaUe  :  il  sacrait  Pepin  et  ses  deux 
fils;  il  defendait  aux  seigneurs  de  se  donner  jamais  des  rots 
qui  fossent  d'ane  autre  race;  il  faisait  present  de  son 
pallium  k  Tabbaye ;  il  reconciliait  enfin  to  reine  Bertrade 
avec  son  epoux,  et  s^assnrait  ainsi  un  puissant  appui  dans 
llnterienr  du  palais.  La  guerre  fut  resolue.  Astolphe,  assise 
dans  Pavie ,  livra  Ravenne  pour  obtenir  la  paix,  et  le  pape 
l^tienne  II  rentra  dans  sa  capitale.  Mais  k  peine  les  Franks 
avaient-iis  repasseies  Alpes,  que  le  fallacieox  Lombard  rom- 
pait  le  traite  et  venait  mettre  le  siege  devant  Rome.  Trois 
messagers  partirent  snccessivemenl  pour  rappeler  le  roi  de 
France,  avec  les  lettres  les  plus  pressantes  et  les  promesses  les 
plus  fortes  pour  ce  mondeet  pour  rantre.  Une  qnatrieme  let- 
Ire  lui  fut  ecrite  an  nom  de  saint  Ptorre,  et  Pepin  se  dedda  k 
reprendre  le  chemin  de  ntalie.  Astolphe  quitta  vivement  les 
environs  de  Rome;  11  se  replia  sur  Pavie,  et  fut  encore 
rMoit  k  demander  to  paix  an  prix  de  ses  conquetes.  Trois 
souveralns  se  disputaient  alors  cet  exarchat  et  la  pentapole« 
L'empereur  de  Constantinople  les  revendiqoait  pour  sa  cou- 
ronne,  et  ses  ambassadeurs  ne  quittaient  pas  le  camp  des 
Francis.  Pepin  les  adjngea  an  pape,  suivant  sa  parole,  et 
Tannee  suivaote,  en  756,  le  roi  Astolphe  etant  mort,  £tienne  n 
eat  I*adresse  de  mettre  Didier  dans  ses  interftts  en  soutenant 
ses  pretentions  au  tr6ne  des  Lombards ,  contre  ceiles  du 
prince  Rachls.  C'est  ainsi  qu*entrerent  dans  to  domaine  de 
saint  Pierre  les  villes  de  Ravenne,  de  Bologiie,  d'Imola, 
de  Ferrare  et  autres.  Mais  £tienne  II  ne  JMiit  pas  longtemps 
de  son  triomphe;  la  mort  finit  le  cours  de  son  pontifical  an 
mois  d*avril  757.  Si  on  lui  reproche  avec  raison  une  trop 
grande  avidite  pour  les  richesses  temporelles,  il  est  juste  d« 
reconnallre  qu'il  en  fit  un  noble  usage.  Le  reublissemenl  de 
quatre  anclens  hdpitaux  abandonnes ,  la  fondation  d*un  cin- 
quieme,  les  panvres,  les  veuves  et  les  orphelins  sccounis 
par  ses  bienfaits,  deposent  de  sa  charite.  Les  conferences 
nombreuses  qu'il  tint  dans  le  palais  de  Latran  attestent 
son  savoir  et  son  7.Me  pour  nnstruction  des  pr^tres. 

Etienne  hi,  fils  d*un  Sicillen  nomme  Olivusy  fut  eiu 
pape  en  768.  Gregoire  III  Tavait  fait  venir  k  Rome  «ur  to 
bruit  de  son  austere  piete,  pour  le  mettre  k  la  tete  du 


1 


ETIENNE 


106 


DMttre  de  Saint-Chrysogooe.  Le  pape  Zaciiarie  Tea  retira, 
Id  doona  le  titie  de  SaiDte-G6cile  et  le  logea  dans  le  palals 
de  Latran.  U  v6cut  sous  £tienne  II  et  boos  Paal  I"',  et  se 
ntin  dans  son  ^se  aprte  la  mort  de  ce  dernier,  pour 
fehapper  aox  dterdres  que  causalt  dans  Rome  rintrusion 
deOonstantinllet  duprttre  PhiUppe.  MaisChristofle, 
primider  du  saintpsi^e,  vlnt  Py  cbercher  k  la  t£te  des  sol- 
date,  poor  le  reconduire  oomme  pape  dans  le  paiais  pon- 
tifical. Son  Election,  pea  canoniqae,  fiit  souilltepar  la  cruauU 
de  oette  soldatesqne,  qui  fit  snbir  it  Constantin  tons  les  afTronto 
iroaginables ;  on  y  ajouta  d^affreuses  tortures ;  les  partisans 
de  Constantin  furent  recherche,  emprisonn^  et  mutil^,  et 
si  Itlienne  III  n'eut  d*autre  tort  que  de  ne  pouvoir  Tem- 
pecher,  ces  barberies ,  oontemporaines  de  son  ST^nement, 
n'en  sont  pas  moins  une  tache  pour  sa  m^moire,  car  il 
combla  de  ses  foveurs  les  hommes  qui  les  avaient  com- 
mis^.  Dans  un  condle  oouToqo^  k  Rome,  ot  le  malheu- 
reux  Constantin  eut  encore  h  se  dtfendre  centre  Taccusation 
d^aToir  os6,  quoique  laique,  toucher  k  U  couroiine  pontl- 
ficale,  £tienne  III  fit  rendre  un  dteret  interdisant  k  Pavenir, 
sons  peine  d'anathteae,  d'^lerer  les  lalques  k  T^^piscopat 
sans  les  faire  passer  par  tons  les  dej^r^s.  L^exemple  de  saint 
Ambrolse  aurait  dA  arrtter  les  P^res  de  ce  conctle;  mais 
lis  aUirent  phis  loia  :  Us  d^po6s6dirent  le  peuple  du  droit 
d'dectkni,  et  en  flrent  le  privil^e  exclusif  du  clerg^;  lis 
cassteent  toutes  les  ordinations  faites  par  Constantin,  et  le 
pape  ne  Yoolnt  consacrer  les  ^^es  de  cette  cr^tion 
q«raprte  T^preoTe  d*une  Section  nouvelle.  i 

Qoelques  troubles,  auxquels  les  Lombards  ne  furent  point 
dlrangers,  ^dat^rent  k  RaTenne  k  Toccasion  de  Parclievd- 
cb^  que  se  disputaient  deux  comp^titears.  Cdui  qui  6tait 
soutenu  par  le  roi  Didier  fnt  chased  par  le  peuple,  et  Par- 
ebidiacre  Lten,  d^TOu^  au  saint-si^e,  se  Tit  consacr^  par  le 
pape.  Sa  politique  s'^tendait  au-deUi  des  Alpes.  L'eropereur 
Copronyme  vonlait  marier  son  fils  avec  la  fille  de  Pepin,  et 
la  reine  de  France  demandait  pour  un  des  siens  la  fiiie  du 
roi  des  Lombards.  £tienne,  qui  d^testait  Didier  pour  ses 
pretentions  sur  Ra?enne,  et  rempeceur  grec  pour  Taboll- 
tion  du  culte  des  images,  fit  tons  ses  efforts  pour  rompre 
ce  double  mariage,  et  n*y  r^usslt  qu*&  moiti^  :  la  princesse 
£rmengarde  n'en  ^pousa  pas  moins  Ch  ariema  gne  malgr^ 
le  pape.  Blais  elle  fut  lipudite  un  an  aprte,  ipour  cause 
de  stdrilit^,  et  la  conr  de  Rome  s^applaudit  de  la  rupture  de 
eelte  alliance.  Cbristofle  et  son  fils  Sergius  furent  punis  k 
tear  tour  de  leura  attentats  ^  un  cbambellan  d'^tienne,  s^- 
diiit  par  le  roi  Didier,  ou  jaloux  peut-^tre  de  leur  fortune, 
les  roidit  suspects  au  pape,  les  tralna  de  cachot  en  cachot, 
et  ne  les  Ucha  qu'aprite  les  a?oir  mis  k  mort.  fitienne  III 
ne  surrteut  pas  longtemps  k  cette  nouvelle  Tiolence;il 
mounit  le  1"  f^vrier  772,  laissant  une  reputation  fort 
quiToque. 

^T^MIf £  IV  etait  Remain  et  appartenait  k  une  famille 
noble.  Le  pape  Adrien  fit  soigner  son  Mucation  dans  le  pa- 
kus  de  Latran ;  L6on  III  Tordonna  diacre,  et  k  la  mort  de 
ce  pontife,  ii  fot  flu  d'une  Toix  unanime,  en  816.  Son  pre- 
mier sotn  fut  de  foire  renouveler  par  le  peuple  remain  le 
senoent  de  fid^Ut^  k  Louis  le  Dfl)onnaire ,  quil  alia  visiter 
eo  France.  Apres  avoir  sacr^  cet  empereur  et  Timp^atrice 
sa  femme ,  il  reprit  le  cbemin  de  Rome ,  charge  de  riches 
prtoeots,  et  y  mourut,  le  23  Janvier  817. 

£n£NN£  V,  Romam,  succ^a  k  Adrien  III  le  22 
JuiUet  886  C*^t  un  honune  modeste,  quoique  noble,  et 
ee  Ikit  malgr6  lui  qu*on  Tintronisa;  il  ^tait  alors  pr6tre  du 
litre  des  qoatre  couronnes.  Ayant  trouv^  le  tr^sor  pontifical 
■Tide,  ainsi  que  le  paiais,  il  les  enrichit  k  Taide  de  son  pa- 
trimoiney  et  ne  dtoientit  point  les  vertus  qui  Tavaient  d^- 
^gn^  ao  cboix  dn  people.  Ce  pape  n^est  connu  que  par  des 
letlres  fort  ebr^tiennes,  toites  en  Orient  k  Toccasion  de  Tin- 
tnasion  de  PhotioSy  eC  en  France  pour  tocher  de  r^parer  les 
malheBrs  qni  sui^rent  hi  mort  de  Charles  le  Gros.  On 
iraote  sa  lib^ralittf  envers  les  pauvres,  son  humility ;  il  n'eut 
d^ornml  que  poor  le  sahit-si^,  et  c'est  i  lui  qa*on  doit 

DICT.  DK  LA.  CUA\IUla.  -^  T.   IX. 


cette  maxima,  qa*Ujaui  Unffimn  invlolablementgorder 
ce  que  V^glise  ronuHne  acrdonni  une/ois.  Mais  il  faut 
le  louer  sortout  d'aToir  voulu  abolir  les^preuvesparle 
feu  et  par  reao  bouillante.  II  mourot  le  7  tuodi  891. 

£TI£NNE  YI  etait  loin  de  le  valoir.  C^ait  ie  fils  dhm 
prfttreromain,  et  Raronius  le  traite  d'intrus  et  de  sirooniaque, 
comme  RoniCsce  VI,  son  prM^oesseur;  il  paratt  m6me  qn*il 
acheta  la  Hare  k  beaux  deniers  oomptant  Quoi  qu'ii  en 
soil,  il  fut  6\u  Fan  896,  et  comment  par  condamnerla  m4- 
moire  du  papeFormose,  qui  lui  avait  conf(§r6  V^%ch6  d*A» 
nagnie.  Le  cadayre  de  ce  pontife  fut  deterr^;  on  Passit  sur 
un  tr6nc,  au  milieu  d*Qn  condle  assemble  pourle  Juger, 
etapr^  cette  ridicule  odr^monie,  ifctienne  VI  le  fit  d^capiter 
et  Jeter  dans  ie  Tibre.  Son  pontificat  ftit  digoe  dtte  d^but 
II  n*6tait  queTinstrument  des  Addbert,  marquis  deToscane, 
qui  dominaient  k  Rome;  et  sa  fin  eouronnasa  vie :  pris  et 
depose  dans  une  sMition,  il  fut  strangle  dans  son  cachot, 
en  Tan  900. 

^TIKNNE  VII  sucG^da  en  929  It  L«on  VI.  C^ait  un 
Romain,  fils  de  Theudemond.  Platine  loue  sa  douceur  et  sa 
pi^te;  mais  il  n*a,  pour  alnsi  dire,  laiss^  que  son  nom  sur  la 
liste  des  souverains  pontifes  :  ii  r^a  deux  ans  un  mois 
douze  jours,  et  mourut  en  93i. 

£TI£NNE  VIII  ^tait  Allemand^e  nation  et  parent  doi- 
gnd  de  I'empereor  Othon.  Ilugues  d*Arles,  roi  d^ltalie,  le  prit 
sous  sa  protection,  et  le  fit  nommer,  en  939,  k  la  place  de 
Lton  VII.  C'^tait  une  raison  pour  que  le  patrice  Alb^rie, 
bdtard  de  Maroxie,  devlnt  son  ennemi.  Ce  monstre  exdla 
les  Romains  k  la  r^volte ;  ils  se  saisirent  du  pape,  et  le  d^ 
figur^ent  si  crudlement,  qu*il  n^osa  plus  se  montrer  en  public 
Le  mailteureux  eut  recours  k  Odon,  abb^  de  Cluny,  pour 
r^tablir  la  paix  entre  les  deux  tyrans  de  iltalie;  mais  il 
mourut  avant  de  Tavoir  consolid6e,  en  942. 

£T1£NN£  IX  ^tait  fr^  de  Godefroi,  due  de  Lorraine . 
et  se  nommait  Prid&ric,  Accbidiacre  de  Li^  pendant  le 
second  voyage  de  Lfon  IX  en  Allemagne,  il  Taccompagna  k 
Rome,  y  fut  fait  cardinal,  diacre,  bibliothdcaire  et  cbanceliei 
de  TEglise.  L^t  k  Constantinople »  il  fot  pris  et  pilld  It 
son  retour  par  Trasimond,  due  de  Spol^te,  et  se  retira  au 
Mont-Cassin,  oti  11  embrassa  la  vie  monastique.  La  faveur  de 
Victor  II   et  les  intrigues  du  cardhial  Humbert  le  roirent 
bientOt  k  la  tftte  de  cette  c^l^bre  abbaye ;  mais  comme  il 
n*y  ^tait  venu  que  pour  Miapper  k  la  haine  de  Tempereur 
Henri  IV,  il  pr^f^ra  le  s^jour  de  Rome  dte  qu*i]  put  y  rentrer 
sans  p^ril ,  comme  cardinal  de  Saint-Chrjrsogone.   La  mort 
de  Victor  II  ^tant  surveuue,  il  ftit  dev^4  sa  place,  en  1057, 
par  le  peuple,  qui  lui  impose  en  mtoie  temps  le  nom  d'^/ienne. 
11  se  montra  d'abord  digne  de  cette  faveur  populaire  en 
s'appliquant  k  reformer  les  abus  de  Itglise.  11  proscrivit  en- 
core une  fois  le  mariage  des  pr6tres,  et  chassa  tous  ceux 
dont  rincontinence  avait  scandalise  U  cbr<^tiente ;  il  recom- 
pense le  m^rite  de  Pierre  Damien  par  revAdid  d'Ostie  et  le 
cardinalat;  mais  0  fallut  user  de  violence  et  menacer  mtoie 
,  d*excommunication  ce  savant  solitaire  pour  le  faire  sortir 
\  de  sa   retraite.  Le  schisme  d^Orient  occupait  beaucoup 
Etienne  IX  :  il  envoya  trois  l^gats  k  Tempereur  Isaac  Com« 
ntoe,  pour  essayer  encore  d'etablir  sa  supr^matie  sur  cette 
£glise;  mais  cette  ambassade  eut  le  sort  de  toutes  les  an 
tres,  et  il  ne  r^ussit  pas  mieux  en  Orient  qu'en  Allemagne, 
.  oil  II  avait  le  dessem  d'dever  son  fr^re  Godefroi  k  Fempire. 
Cette  ambition ,  asses  naturelle  dans  un  slide  aussi  cor- 
rompu,  n'altera  points  purete  de  son  Ame ;  dleservit  mtaie 
k  le  faire  honorer  davantage  par  un  trait  qui  m^rite  d'ttre 
dte.  L^or  etant,  qomme  toujours,  le  nerf  de  rintrigue^ 
£tienne  IX  eut  Tid^e  de  se  servir  des  tr^sors  du  Mont-Cassm 
pour  assurer  le  succto  de  son  fr^  :  les  moines  les  livr^« 
rent  sur  sa  demande ,  malgr^  le  regret  qu'ils  ^prouvaient. 
Mais  k  la  vue  de  ces  tr^sors  Ie  pape ,  saisi  d*un  remords 
pieux,  versa  d^abondantes  larmes;  il  renvoya  ces  richesses 
k  Tabbaye,  et  les  accrut  par  de  riches  presents  pour  ef fdcer 
son  p^cbe.  Tant  de  vertu  meritait  un  plus  long  pontifleat : 
il  ne  dura  malbeureosement  qu'une  ann^e.  II  mourut  le  2» 

14 


106 


ETIENNE 


g^rs  1058,  dans  les  bras  de  Mint  Hugues,  abM  de  Clony. 

ViBNNET,  de  rAcademie  Frtncaise. 

^lENNE  DE  BYZANCE  {Stephanus  Byzantinus), 
gitographe  ou  plotAt  grammairien  grec,  qui  YiTait  vera 
la  fin  du  einqui^me  si^e  de  notre  tre,  composa  un 
dictlonnaire  grammatico-g^ograpbique ,  qu*!!  avait  intitule  : 
EOvixdE  (Des  Penplesl.  Le  litre  flepl  tl6\lu>^^  {De  Urbibus, 
DesTilles),  qu'on  donne  ordinairement  k  cet  ouvrage,  n'est 
point  celai  del*auteor.  An  rarplos,  nous  n'avons  de  I'original 
qu*un  seul  fragment  anttientique,  qui  sufSt  pour  feireapprd- 
der  et  regretter  le  reste;  c'Mt  TarUeie  Dodone  :  il  n'existe 
4)eloat  to  livre  qn'un  abr^^  fait  par  le  grammairien  Hermolaus, 
qui rintitnlaJr^AnicoTijE'pi^omeet quite  d^a  k  I'empereur 
lustinien.  «  Quelque  grand  qoe  soit  le  rarage  que  ce  beau 
livre  a  soufTert,  dlt  Bayle,  par  le  pen  de  jngement  de  son 
abr^Tfateor,  et  par  Ifgnorance  des  copistes,  les  savants  n*ont 
pas  iaiss^  d*en  tirer  bien  des  lumi^res. »  D^  la  renaissance, 
Sigonius,  Casaubon,  Scaliger,  Saumaise,  etc.,  s'eiierc^rent  i 
IMliostrer.  La  premiere  Mition  du  texte  a  ^t^  donnte  par 
les  Aides  &  Venise,  en  1502,  in-fot.  £tienne  de  B^izance, 
non*seulemeDt  donnaft  le  catalogue  des  pays,  viUes,  nations 
et  colonies,  mals  il  d^cri?ait  le  caract^re  des  peuples,  foisait 
mention  des  fondateurs  des  Titles ,  et  rapportait  les  mytbes 
de  chaqne  lieu.  A  ce  travail  g^ographique  se  joignaient  des 
observations  grammaticales ,  fond^  sur  T^tymologie  des 
noms :  c'est  ce  qui  a  dunn^  lieu  k  quelques  savants  de  md- 
cennaltre  le  but  principal  d'^tienne,  pour  ne  voir  dans  son 
Uvre  qu*un  ouvrage  de  grammaire  destine  k  enpliquer  les 
noms  dMv6s  des  peuples,  des  villes  et  des  provinces. 

Charles  Du  Rozoia. 

I^TIENNE  DB  BLOIS,  quatri^me  roi  d'Angleterre  de- 
pots la  conqodte  normande,  n6  en  1104 ,  ^tait  te  dnqul^me 
fits  d'£tienne  de  Blois  et  d'Ad^Ie,  Glle  de  Guillaume  le  Con- 
qutont.  Henri  I*^,  roi  d*Angteterre ,  aprte  avoir  combl^  de 
iiiens  £tienne,  comme  fils  de  sa  sceor,  6tait  mort  le  l*^  d^- 
cembre  1135,  ne  laissant  qu*unefille  pour  b^riti^re  de  ses 
£tats  d'Angleterre  etde  France.  C^tait  Mfathilde,  veove  de 
DBroperenr  Henri  V ,  et  que  son  p^re  avait  forc^  d'^pouser 
en  secondes  noces  Geolifro!  Piantagenet,  comte  d'A^ou. 
£tienne  se  hAta  de  passer  en  Angleterre,  oti  Tun  de  ses  f?^res, 
Henri,  6vfique  d^  Winchester,  favorisa  son  usurpation. 
II  sut  se  mettre  en  possession  des  tr^sors  de  son  onde ,  et 
fnt  reoonnu  foi  par  les  bourgeois  de  Londres,  par  le  deig^  et 
par  les  grands.  II  donna  une  charte  par  laqoelle  il  confirma 
rind^pendanoedein^lise,  promitde  r^doire  les  forfttsroyales, 
que  Henri  1*',  amateur  passionn^  de  la  ehasse,  avait  ^ten- 
dues  outre  mesure,  accorda  aux  prelate  et  aux  barons  le 
droit  de  se  (ortifler  dans  leurs  cbftteaux,  enfin  abolit  le  (fo- 
il e^eM.  Oes  consession  impnidentes  eurent  pourr^ltat 
de  couvrir  TAngleterre  d*un  foule  de  forteresses  devenues 
hienMt  autant  de  repaires  d'o6  la  f^odaiit^  put  impuntoient 
braver  Tautoritd  des  lots  et  le  pouvoir  royal.^ 

Louis  le  Gros,  qui  sentait  quels  avantages  il  recueillerait 
d'une  lotte  entre  les  deux  branches  de  la  maison  anglo-nor- 
mande,  m^nagea  k  Tusurpateur  la  protection  du  pape  In- 
nocent II.  lyautre  part,  David,  roi  d*£cosse,  embrassa  le 
parti  da  M athilde,  sa  nitee ,  et  entra  en  Aneleterre,  od  U 
<€omniltd*borribles  ravages,  tandis  que  la  dlie  de  Henri  r' 
occopait  laNormandie.  Etienne,  efin  de  retenir  dans  TAn- 
iott  r^poox  de  MatbUde,  GeofTroi  Piantagenet,  employa  son 
argent  pour  poosser  k  la  r^olte  plusieurs  seigneurs  ange- 
vins.  Geoffroi  las  rMuisit ;  niats  pendant  qu*il  prenait  quel- 
ques chAteaux,  il  perdait  un  tr^ne.  Les  ravages  qu*il  com- 
mit en  Normandie,  province  qn'il  revendiquait  comme  rh6- 
dtage  desa  femme,  souknnferent  contre  lui  la  population; 
dte  le  5  octobre  il  fot  forod  de  se  retirer.  I^ienne,  retenu 
en  AngMcm  jtondant  les  deux  premieres  ann^  de  son 
usurpation,  abandonnala  Normandie  aux  gentilsbommes, 
qui  la  d<tfendaient  par  pure  animosity  contre  la  maison 
d'Anjou.  Qnand  il  se  d^da  k  y  passer,  en  1137,  il  rendlt 
hnmmage  k  Ixmis  le  Gros  pour  cetle  province,  et  marclia 
^  la  ranooBtra  du  comte  d'Aqiou;  maii  cette  campagna 


fat  bsignifiante ,  et  il  repassa  la  mer  dans  lliiver  de  1137  fc 
1138,  emmenant  avec  lui  tousceux  des  nobles  normaods 
qu'il  put  determiner  k  le  suivre. 

Led^rdre,  cependant,  6tait  au  comble  en  Angleterre  : 
les  moindres  barons  aflSectaient  Find^pendance.  ^tienne,  qui 
n'^tait  pas  dliumeur  k  le  souffrir  longterops,  voulut  r^ro- 
quer  toutes  les  concessions  qu'on  lui  avait  extorqu^  k  son 
av^ement  au  trOne.  De  1&  des  plaintes  am^res  sur  toos  lei 
points  du  royaume,  od  bient6t  on  ne  craignit  m6me  point 
de  braver  ouvertement  I'autorit^  d'un  prince  r^idt,  pour 
obtenir  la  paix  de  David,  roi  d'^cosse,  k  lui  abandoiin^  U 
ville  de  Carlisle  et  tout  le  Hortbumberiand.  Cette  pah  sem- 
blait  de  nature  k  cunsolider  le  trOne  d'^tienne;  mats  oa 
prince  eot  alors  Timprudence  de  se  brouiller  avec  le  tkrgf^ 
ilosamdme  emprisonner  desprdats,et  r^vfiT^ue  de  Win- 
chester, son  propre  fr&re,  ne  fol  pas  des  demiers  k  se  tour- 
ner  contre  lui.  Alors  Mathilde  reparut(ll39),  ramen^par 
son  fr^re  Robert.   Abandonn^  par  les  ^v^iques   et  par 
les  grands ,  auxquels  il  nVait  plus  de  tr^rs  k  prodiguer, 
£tienne  se  vit  alors  r^uit  k  la  condition  de  chef  de  parti. 
Vafaiqueur  dans  uhe  premiere  bataille,  il  est  fait  prisoonief 
dans  une  seconde  action  prte  de  Lincoln,  le  2  i^vrier  1141. 
n  (ut  traits  d^abord  avec  ^gards  par  le  comte  de  Glocester, 
son  vainqueur;  mais  bientOt  Timplacable  Mathilde  le  fit  en- 
chalner  comme  un  malfaiteur  et  jeter  dans  une  tour,  k 
Bristol.  Vainement  il  sollicita  sa  liberty  au  prix  de  sa  cou- 
ronne ,  k  laquelle  il  ^tait  pr6t  k  renoncer.  L^^v^qne  de  Win- 
chester, apr^  avoir  faitsasoumission^  Mathilde,*  asscmbla, 
en  sa  quality  de  l^t  du  pape,  un  concile  dans  sa  ville 
^pisoopale,  au  mois  d'avril  1141  :  ^tienne  y  fut  d^pos^  el 
Matliilde  proclam^  rdne  et  lady  d'Angleterre.  Le  triompbe 
de  cette  princesse  fut  court.  Hautaine  et  crudle,  elle  cho- 
qua  tout  le  monde,  et  se  vit  bientOt  abandonn^  de  presque 
tons  ses  partisans.  La  guerre  civile  recomroeuQa,  bien  qu't- 
ticnne  fdt  encore  prisonnier ;  le  comte  de  Glocester  ayant  k 
sou  tour  6i€  fait  prisonnier  par  Guillaume  d^fpres,  chef 
d*une  bande  de  Brabaufons  restte  fidde  k  la  cause  d'^tieone, 
Mathilde  consentit  k  danger  £tieone  contre  son  fr^re,  ea 
novembre  114i.  L'4v6que  de  Winchester  revint  ^rusorpa- 
teur  avec  la  fortune :  dans  un  nouvean  coadle  tenu  k  W^esl- 
minster,   11  excommunia  les  partisans  de  Mathilde,  et 
Etienne  se  remit  en  possession  de  la  plus  grande  partie  du 
royaume.  De  son  cOU,  T^poux  de  Mathilde^  second^  par  le 
roi  de  France  Louis  le  Jeune,  conquit  toute  laNonnnMlie; 
et  la  monarchie  anglo-normande  se  trouva  ainsi  partag^e  en* 
tre  les  deux  branches  rivales. 

Le  royaume  d'Angleterre  demeura  k  Etienne,  avec  le  seul 
comte  de  Boulogne  sur  le  continent.  Le  duche  de  Norman- 
die, r^uni  au  Maine,  k  PAnjou  et  ^  la  Tonralne,  recooout 
pour  maltre  GeofTroi  Piantagenet.  Mathilde  etait  loajoors 
en  Angleterre,  soutenant  la  guerre  avec^nergie;  maia  la 
mort  du'  comte  de  Glocester,  son  fir^re,  la  detennina  a 
quitter  cette  lie  en  C6vrier  U47.  £tienne,  voyant  que  les 
ch&teaux  forts  des  nobler  de  son  propre  parti  n'^taient  pas 
moins  funestes  k  la  tranquillity  du  royaume  que  ceux  da 
ses  ennemis,  entreprit  de  les  leur  enlever,  ce  qui  excita  un 
liouveau  soul^vement.  D'un  autre  dVtd,  il  fut  mis  sous  I^b- 
terdltipar  le  pape,  contre  lequd  il  avait  vonlu  d^fendre  lea 
droits  de  sa  couronne,  et  U  se  vit  oblige  de  fl^chir.  Alore  ua 
noovel  adversaire  entra  oontrelni  dans  la  lice:  c'^tait  Henri, 
fils  de  Afatbilde  et  de  GeoflDroi  Piantagenet,  due  de  Noonan* 
die.  Ce  jeune  prince,  aprto  avoir  traverse  TAngleterre  li  In 
t6ted'un  bfiUlant  cort^e  pour  aller  nwevoir  k  Carlisle  For* 
dre  de  cbevalerie  des  mains  du  roi  d'£oosse,  David,  son 
grand-onde,  ipousa  £l^0Bore  de  Guieiine,  femme  dl* 
vorc^  du  roi  Louis  le  Jeune  ( 1 152  )*  Cemariagi^.qui  a^nU 
le  Poitou  et  la  Guienne  k  toutes  las  provinces  qu'il  poaa^ 
dait  d^j^  en  France,  produisit  untel  afTet  ^n  Angleierre,  qoa 
lorsque  £tienne,  jaloui  d*assurer  sa  eonronne  k  Mm    lila 
Eustactie,  voulut  le  faire  sacrer  par  TaidievAque  de  €2aii- 
torbery,  ce  pr^lat  s'y  refuse.  Le  moment  parut  ikvarnfale  4 
Henri  pour  tenter  une  invasion.  Un  grand  aombre  4n 


j^rriENNE 


IBears  m  d^arirent  poor  lui.  Les  Anglais,  fatiga^  de  la 
guem  dTiIe,  press^nt  left  deux  coropi&titeiira  de  trailer 
ensemble.  On  consentait  bien  qu'Etienne  porUt  la  couronne 
pexidant  Je  reste  desa  vie,  mais  on  voalaitqu'il  Passurftt 
k  sa  mort  k  Henri,  que  tout  le  roonde  reconoaissait  pour 
1'b^ritier  l^timo.  Le  plus  grand  obstacle  k  cette  transac- 
tion, c^taient  les  pretentions  asses  naturelles  d^£ustacbe,  fils 
aln^d'itienne.  Heureusement  pour  rAngleterre,.oe  prince, 
dans  la  force  de  TAge,  et  pldn  de  Taleur^  vint  ^  mourir; 
et  comme  c'^tait  aprte  avoir  pill^  un  domaine  de  saint  Ed- 
mond,  roi  et  inartyr,  personne  ne  douta  que  cette  mort  ne 
IDt  une  punition  du  del.  II  restait  a  £tienne  un  second  fils 
beaucoup  plus  jeune  ( Guillaume );  mais  lea  barons  ne  per- 
mirent  pas  qn'on  guerroy&t  plus  longtemps  pour  cette  que- 
relle  de  rois;  Us  forctont  les  deux  concurrents  k  s'aceorder 
(mars  1153);  Henri  promit  de  ne  plus  troubler  Etienne 
pendant  le  reste  desa  Tie;  et  celui-ct  reoonnut  Henri  pour 
son  successeur.  D^autres  coatemporaios  pr^ndent  qu'il 
Tadopta  pour  son  Ills.  Ces  deux  traditions,  qui  n'ont  rien 
de  contradictoire,  concilient  avec  le  principe  de  la  l^ti- 
mite  h^reditaire  celui  deVeiection  populaire. 

Apr^  ce  traite,  dont  rivftque  de  Winchester  fut  encore 
le  m^diatenr,  Henri  retouma  en  Normandie  (aTril  1154). 
Etienne  moumt  le  25  aoM  suivant,  k  TAge  de  quarante-neuf 
ans,  laissant  k  son  jeune  fils  Guillaume  les  oomt^s  de  Boulo- 

f[ie  et  de  Mortain  et  les  fiefs  qu*U  poss^dait  en  Angleterre. 
tienne  nVait  pas  pu  maintenir  son  antorite,  et  la  couronne 
qo^  ayait  conToiide  avec  tant  d'ardeur  ne  lui  procura 
qu'une  existence  inqui^te  et  agit^e ;  mais  il  a  xa6n\A  un  eioge 
qui  Test  bien  rarement  paries  usurpateurs:c'est  que jan^ais 
il  ne  se  souilla  d^un  acte  de  cruante  ou  de  vengeance. 

.  Charles  Du  Rozom* 

tiTIEMNE.  Trois  rois  de  Hongrie  ont  porte  ce  nom,  sans 
compter  un  voivode  du  en  concurrence  de  Ferdinand  d'Au- 
triche. 

ETIBNKE  (Jban  dbZAPOL,  plnsconnu  sous  le  nomd*), 
comte  de  Scopus,  volvode  de  Transylvanie,  avait  etd  eiu  et 
couronne  roi  de  Hongrie  par  une  partie  des  etats  dn  royaume 
CO  1526,  apres  la  mort  de  Louis  II  tue  ii  la  bataille  de 
Mohacz,  tandis  que  Tautre  partie  choisissait  Ferdinand  d^Au- 
triche.mari  d'Elisabetb,  soeurdufeuroi.Tropfaible  pour  lut- 
ter^  Ktienne  se  ligua  avec  le  sultan  Soliman,  et  lenrs  ar- 
mees  r^Huies  assii^g^rent  Vienne,  en  1529.  Il  semblaitque 
la  roort  de  ce  pr^tendant,  arrivee  en  1540,  dftt  mettre  un 
terme  k  la  lotte  des  deux  rois ;  il  n*^  fut  rien  :  sa  veuve 
reprit  les  armes  pour  son  fils  Jean-Etienne,  couronne  sous 
]e  nom  de  Sigismond.  Cependant,  par  untraitede  1551,  eUe 
ceda  letr^ne  k  Ferdfaiand. 

Etienne  V  ( saint ),  roi  de  Hongrie,  ne  en  979,  succeda 
h  son  p^re  Geysa,  4'  due  de  ce  pays.  II  r^forma  les  mceurs 
barbares  de  ces  peuples,  fit  venlr  desmissionnaires  qui  pre- 
cli^rent  rEvangile,  publia  nn  code,  ne  re^ut  du  pape  Sylves- 
tre  II  le  titre  de  roi  que  vers  1000,  et  moumt  en  103&,  apr^s 
nn  r^gne  paisible  depr^  dequaranteans.  CTest  de  lui  que  vient 
le^somoni  dM  po5<o/igiie,donneauxroisen  Hongrie,  puis 
aux  empereurs  d^Allemagne.  Le  diademe  dont  le  souverain 
pontife  lui  fit  don  sert  encore  au  couronnement  des  rois  de 
Hongrie.  La  superstition  des  peuples  ne  regarde  conrnie 
Talablement  sacre  que  )e  prince  qui  a  ceint  la  couronne  de 
saint  Eitienne.  £11  e  avait  dispam  pendant  la  guerre  soutenue 
par  Koss  uth,  contre  Fempire  d^Autricbe;  die  a  depuis  ete 
retrooree  et  a  servi  au  couronnement  de  Tempereur  Fran- 
^ois-  Joseph. 

^TIENNE  II,  dit  la  Foudre  ou  Vliclair,  succeda  k  Co- 
loman,  son  p6re,  en  1114,  fit  la  guerre  aux  venitiens,  aux 
Polonais,  aux  Busses,  aox  Bobemes,  se  rendit  odieux  par 
ses  cruaut^,  et  n^ayant  point  eu  d^enfants  de  ses  deux 
femoies,  o^a,  en  1131,  la  couronne  k  son  cousin  Be!a, 
pour  se  faire  moine. 

£tiENN£  m,  fils  de  Geysa  III,  lui  succeda  en  1 161,  et 
motmrai  Bfannel  Comntae  contre  Venise.  En  son  absence, 
oneles  Iiadislas  II  et  Etienne  usurp^ent  la  couronne 


107 

mais  le  premier  ne  la  conserva  que  six  mois,  et  le  mcond 
que  cinq.  Retabli  sur  le  tr6ne  en  1 163,  il  regna  jusqueo 
1173,  et  ne  laissa  point  de  posterite. 

ETIENNE  IV,  dit  U  Cuman,  succeda  k  Bda  IV,  son 
pere,  en  1270,  s'lllustra  par  ses  victoires  sur  Ottocare,  roi 
de  Bob^me,  et  moumt  en  1272. 

J^TIENNE  ( Famille  des ).  Voyez  Egmvn, 

I^TIEINNE  (Cbahles-Guillauiis),  autenr  dramatique  et 
publidsto ,  naquit  le  6  Janvier  1778,  k  Chamouilly  (Hante- 
Mame).  A'pdne  ^e  de  dix-huit  ans,  en  1796»  il  qoitta  sa  pro- 
vince pour  venir  k  Paris,  etne  tarda  pas  k  y  signaler  la  facilite 
dont  il  etait  dope  par  quekpies  essais  dans  les  joumanx ; 
mais  bient6t,  attire  vtrs  le  genre  dramatiqae  par  une  i^oea- 
tion  spedale,  il  obtint  on  succte  qui  fixa  sur  lui  ^attention 
du  public  :  la  petite  comedie  de  Brueys  et  Palaprati^oio^ 
en  1807,  lui  valnt  d'illustres  protections,  notainment  ceile  de 
Ma  ret,  depuis  due  de  Bassano,  homme  d*Etat,  qui  n'oublia 
jamais  qu*il  avait  d*abord  ete  bomme  de  iettres.  Devenu  son 
secretaire  particulier,  Etienne  avao/Qa  rapidement  sous  un 
td  guide  :  un  travail  lacileetdair,  une  inteUigenoe  proropte 
k  aaidr  et  k  rendre  la  pensee  d^autr^i,  fiient  appredar  ses 
services  par  le  ministre  secretaire  d'Etat  de  Tempereor.  Des 
places  et  des  Hsvenrs  en  devinrent  la  reoompense.  En  16 lo 
Etienne  fnt  appde  k  remplacer  Fievee  comme  censeur 
du  Journal  de  V Empire^  depuis  Journal  des  DibaU  ;  et 
bientdt  aprte  il  fut  mis  k,  la  tete  de  la  division  des  iettres  et 
de  la  censure  des  joumaux  auministtode  lapolice  g^oeraie. 

Ces  fonctions  administratives  ne  Tempecherent  pasde  pour- 
suivre  sestravaux  litteraifes.  Le  U  aoiU  laiQ,  sa  comedie 
des  Deux  Gendres  lut  representee  au  TbeAti^Fran^is. 
Cette  piece,  en  cinq  actes  et  en  vers,  bien  oon^ue,  bien 
eerite,  refut  on  aceueil  favorabte.  Mais  die  susdta  des 
envieux  k  Pauteur,  k  qui  leposte  qu'il  occupdt  dans  une  ad- 
ministration peu  populaire  n^avait  d^  donne  que  trop 
d'ennemis.  Pour  6ter  k  Etienne  le  merite  de  Tlnvention,  on 
dta  des  pieces  imprimees,  on  compulse  des  manuscrits; 
Lebrun  Tossa»  jadis  ami  de  ranteur,  denon^  les  Deux 
Gendres  comme  un  plagiat  d'une  pieee  poitant  le  titre 
bizarre  de  Conaxa,  oauvre  d'un  jefUite  de  Bennes,  qui  cent 
ans  aoparavant  en  avait  pulse  le  sujet  dans  un  vieux  fabliau. 
La  decouverte  du  manuscrit  de  Canaxa  fit  du  bruit  Lepre* 
mier  jour  on  pretendait  qu'Etienne  avait  pris  plus  de  trente 
vers  k  Poeuvre  du  jesuite  le  second  jour,  le  nombre  en  euit 
porte  k  plus  de  trois  cente;  le  troideme,  enfin,  la  comedie  des 
Deux  Gendres  etait  presque  entiere  Touvrage  dn  reverend 
Pere.  Benvoyant  les  curieux  aux  trois  gros  volumes  in-s**, 
pnblies  de  1610  a  ibl2,  sous  le  tUra  de  Proc^f  d^itknne^ 
bomons^nons  k  dire  que  Conetxa  fut  imprime  et  joue  an 
the&tre  de  TOdeon,  et  qu^il  resta  prouve  que  le  plus  grand 
tort  d'Etienne  etdt  de  n'avoir  rien  dit  dans  la  preface  de  sa 
piece  des  nombreux  emprunte  qu*U  avait  faits  k  Toenvre  du 
jesnite  de  Bennes. 

Les  Deux  Gendres  u'en  ponfsui  virent  pas  moins  leur  route 
et  ouvrirent  k  leur  auteur,  quand  moumt  Lanjon ,  les  portes 
de  PAcademie  Fran^ise.  Le  7  novembre  1811 11  pronon^ 
son  disconrsde  reception,  dans  lequd  on  remarqua  surtont 
le  developpement  de  cette  v^rite,  que  la  comedie  est  Phis- 
toire  fideie  de  la  sodete;  privilege  qu'en  entrant  k  PAca- 
demie  M.  Scribe  a  revendique  k  son  tour  ponr  la  chanson. 

L'Intrigante,  egalement  en  cinq  actes  et  en  vers,  qu'E- 
tienne fit  representer  en  1812,  vint  %jouter  k sa  reputation; 
maii  quelques  tirades  ou  se  faisdt  jour  cet  esprit  dMnde- 
pendance  fort  moderee  qui  devait  pins  tard  animer  d^autres 
productions  du  memo  ecrivain  souleverent  les  susceptible 
Utes  non  de  Pempereur,  mais  de  ses  eourtisans,  qui  trouve- 
rent  inoui  qu'un  persunnage  vouiet  disposer  lihrement  de 
sa  fille,  et  que,  resistant  aux  volontes  du  prince,  fk  s'eeriAt : 

Jesnis  sujet  dn  prince  et  roi  dans  ma  faOffUet 

Ce  vers  s^ditieux  et  quelques  autres  dn  meme  genre  firent 
suspendre  la  representation  de  la  piece.  £n  1814  le  nouveau 
gouveraement  s*empressa  de  lever  cette  interdiction,  si  mai 

14. 


toENNE  —  ETIOLEMENT 


108 

motifte ;  BurU  alon  one  TiTe  rtectfon  m  poarsniTait  contre 
le  pooToir  d^chn ,  et  £tienne  se  reftisa ,  comme  il  le  devalt, 
k  one  leprise  dont  on  Tonlait  ftire  on  pr^tate  dlotoHe 
CDTert  im  goovenieinent  qui  PaTaU  oombki  de  ses  Menfliits. 
ExpuM  QB  instant  dM  fonctions  qn*!!  remplisgait,  pois  i^in- 
t^  an  reloor  de  l*lle  dISlbe,  il  n*en  devait  paraftre  qne 
plos  conpable  aux  y«ox  da  goarernement  de  la  seeonde  res- 
tanration.  CM  cberalier  de  la  Legion  d^honneor  aprte  le  20 
man ,  oe  fnt  lid  qui ,  en  sa  qnalM  de  pr^ldent  de  llnstitut, 
aetrouva  charge  de  fi^dter  rempereur  an  nom  de  ce  corps. 
Anssi  les  Bourbons  ileurnlottrd^pouiHirent-ilsdenouvean 
Atienne  de  tootes  ses  places  et  rarracbirent-ils  m^me  de 
son  fcoteoil  acadteiiqae,  qui  ne  lot  ftit  rendu  qo'en  1827. 
Redevenn  slmplenient  hoinme  de  lettres,  comme  an  com- 
mencement de  sa  carri^re ,  en  mime  temps  qu'il  donnaxt  i 
nos  tb^Atres  lyriqnes  plusieurs  pitees  embellies  par  la  mu- 
siqne  de  nos  eomposiieurs  cAM>res,  de  Nicolo  et  de  Boiei- 
dieu  sortouty  rex-censeur  de  rempire  entrait  en  lice,  an 
nom  des  liberty  pnbliques,  contre  le  parti  anti-national  qui 
Toolait  les  anteitir.  Le  soccte  prompt  et  prodigieox  de  la 
Minerve  franfoise  fnt  en  grandepartie  do  ii  ses  Lettres  i 
mr  PariSf  rtenles  depots  en  1  vol.  in-«<>  (1820),  sons  le 
titre  de  Conespondance  pour  servir  &  rMstcire  de  r^a^ 
blissement  du  gouvemement  repri$fintat\fen  France. 

Ces  socete  flx^rent  Vattentlon  publique  sur  lenr  autenr, 
et  d^termbi^rent  les  propriitalres  du  Constitutionnel^ 
pocr  assurer  exdnsivement  k  leor  entreprise  le  concoors  de 
eon  talent,  k  Ini  fUre  doo  d^ine  action  gratuite  de  propri^t^ 
dans  leur  entreprise.  CT^tait  loi  attribuer,  ind^pendamment 
de  la  remuneration  fort  large  de  son  travail,  un  revenu  dair 
et  net  de  20  k  25,000  fir.  par  an.  En  1820  le  dipartement 
de  la  Mouse  le  choisit  poor  Tun  de  ses  mandataires  k  la 
cbambre  des  d^putte.  Le  mtaie  bonneur  lui  Tut  conf<6re  en 
1822,  et  il  ne  cessa  d'y  figorer  josqu'en  1830  parmi  les  d4- 
fenscuTS  mod^r^  des  institutions  consacrtes  par  la  charts. 
II  faX  mime  plnsieurs  fols  le  rMactenr  de  I'adresse,  cette 
sortedecoropromis  dans  lequd  Pesprit  des  diverses  nuances 
do  corps  reprisentatff  d*alors  se  laissait  entralner,  avBc  plus 
ou  moins  detact  et  de  mesnre»  k  trsTcrs  les  sinuosit^s  capri- 
deuses  de  la  pbrasiologie  incolore  de  Tipoque.  On  lui  at- 
tribue la  patemiti de  la  pins inergique  de  toutes,  t'adresse 
des  de%ix  eentvingt  et  tin,  qui  amena  la  chute  de  la 
restauration.  Riiln  dtiputi  apris  la  revolution  dc  Juillet,  en 
ISSI,  en  1834  et  en  1837,  il  oontinua  d*y  singer  au  centre 
gauche.  Devenu  alors  un  des  cbefs  dn  tiert  parti,  il  le  diri- 
geait  dans  sa  guerre  d'innocentes  escarmouches  contre  les 
cabinets  doctrinaires,  et  k  ce  litre  il  exer^  constamment  sous 
le  rigne  de  I'^lu  des  221  une  influence  dont  il  sut  profiler 
pour  assurer  de  brillantes  et  lucratives  positions  k  tous  ses 
proclies.  Ne  Fen  blAmons  pas,  puisque  le  systime  parle- 
mentaire  n^itait  qne  Texploitatlon  des  faiblesses  du  pouvoir, 
et  surtoot  de  la  gratitude  qu^il  devait  avoir  pour  les  menus 
services  que  pouvaient  lui  rendre  les  reprisentants  de  la 
France  dectorale.  En  1839,  Etienne,  disireox  de  cider  son 
siige  an  Palais- Bourbon  k  son  flls  (que  toutde  suite  apris 
la  revolution  de  1830  11  avait  Adt  nommer  conseiller  k  la 
cour  des  comptes ),  se  laissa  diporter  au  Luxembourg  en 
aceeptant  le  titre  de  pair  de  France.  Ce  suidde  moral  et  po- 
litique n*itait  qu*une  preuve  de  plus  de  I'ardente  affection 
quMl  portait  aux  siens  en  giniral ,  et  k  rbiritier  de  son  nom 
en  particulier.  ^tienne,  mort  en  1846,  a  eu  pour  snccesseur 
k  PAcadimie  Fran^se  M.  Alfred  de  Vigny. 

L'ennmiration  complete  des  onvrages  d*£tienne  nous  mi- 
nerait  beauconp  trop  loin.  A  oet  igaid,  les  curieux  petivent 
consulter  sesCEtevres complies,  dont  la  piiti  filiale a donni 
une  edition  en  1846  et  1847  (4  vol.  in-8*).  Bomons-nous 
k  rappeler  id  qu*independamment  des  ouvrages  dramatiques 
que  nous  avons  dejk  mentionnes  plus  haut,  il  est  Pauteur 
d*Une  Heure  de  mariage,  du  Mari  en  bonne  fortune,  de 
La  Jeune  Femme  colire,  comedies ;  de  Gulistan  (1 805 ),  de 
CmdriUon  (1810),  de  VOriflamme,  dc  Joconde,  dc  Jeannot 
<«  Cottn  (1814),  des  IMux  JTorU  (18 10).  du  ffosji^no^  (1817)| 


de  Z6loide  (1818),  de  VUne  pour  VAutre  (1819),  toos 
operas-comiques  qui  obtinrent  les  succis  les  plos  edatants 
et  les  plus  prodoctife,  et  dont  plusieurs  sent  restes  an  reper- 
toire; enfin,  A^Aladin  ou  la  iampe  mervelileuse,  op^ 
ferie  en  dnq  actes  (1821 ). 

Son  flls,  Henri  EnnoiB,  ne  en  1801,  abandonna  en  aoOt 
1830  le  commerce  de  la  libndrie,  qui  I'oecnpait  depois  une 
couple  d^annees,  pour  entrer  d^emUee,  grftoe  kla  proteolion 
et  k  Ptefloence  toute-poissante  de  son  pire,  k  la  cour  dee 
comptes  en  qualite  de  consdller.  tilu  depute  en  1839,  il  siegea 
au  centre  gauche  ]usqu*en  fevrier  1848,  mais  sans  excrcer 
d'aillcurs  d*influcnre  sur  ses  ooUigoes.  U  avait  ponitant 
riussi  k  se  creer  an  Palais-Boorbon  une  spMalit^  qui  ne 
laissait  pas  de  le  rendre  assex  incommode  anx  ministres.  Sa 
persistence  k  redamer,  lors  de  la  discussion  dn  budget  de  la 
marine,  qn'il  ttt  desormais  tenn  des  comptes  deteiUis  et 
reguliers  de  Pentree  et  de  la  sortie  des  matiires  premieres 
employees  dans  nos  divers  arsenaux  maritimes  avait  fini 
par  etre  oouromiee  d*nn  pidn  sucote;  et  les  dilapidations 
scandalenses  qui  avaient  jadis  impunement  Hen  dans  cdte 
partte  des  services  publics  sunt  devenues  aqiourd'hui  plus 
diffldles  k  cacber. 

La  revolution  de  1 848,  qne  certes  M.  Henri  £tienne  nVait 
point  appdee  de  ses  vcrux,  Ini  maintint  son  mandat  legis- 
latif.  II  fut  du  k  la  Ck>nstituante  par  les  dectears  dn  sof- 
firage  universd  dans  le  mime  departement  qne  pendant  neuf 
annees  U  avait  represente  k  la  cbambre  dn  privilege.  La 
constitution  republicafne  ayant  declare  les  fonctiqps  de  la 
magistratnre  faicompatibles  avec  celles  de  represeotant  du 
peuple,  M.  Henri  Etienne  n*hesita  point  entre  sa  place  ina« 
movible  et  Phonneur  de  continuer  k  representer  avec  un  trai- 
tement  k  peu  pris  egal  le  departement  de  U  Mouse  k  PAs- 
sembiee  legislative,  od  il.figttra  parmi  lesadversaires  les  pins 
prononces  de  la  prolongation  des  pouvoirs  presidentlds  de 
Louis-Napoieon.  Le  coop  d*£tat  du  2  decembre,  en 
mettant  fin  au  mandat  ligislatif  deM.  Henri  £tieone,  ne  Pein* 
picba  pas  du  moins  de  se  Joindre  k  ceux  de  ses  coUigues 
qui  essayirent  alors  de  se  reonir  k  la  mairie  du  dixiinie  ar- 
rondissement  k  Peflet  d*y  protester  contre  la  mesure  de 
salut  public  qui  dissolvait  PAssembiee  nationale.  Mais  de- 
ffuis  lors ,  dicourage  et  renongant  aux  rives  d*une  n»taura- 
tion  an  profit  de  la  maison  d^Orieans,  dont  il  s^etait  si  long* 
temps  berce,  M.  Henri  £tienne  s'est  firancbement  recondlie 
avec  Pempire,  qui,  Idn  de  lui  garder  rancune ,  lui  a  rendu 
son  siege  k  la  cour  des  comptes. 

l^TIENNE  BATUORI,  roi  de  Pologne.  Voyez  Ba- 

TRORI. 

l^TIER)  canal  qui  etablit  une  communication  eotre  la 
mer  et  un  marais  sal  an  t  On  Pouvre  et  on  le  ferme  ^ 
volonte  lorsqu'on  vent  rempUr  le  marais  on  le  laisser  vider 
par  Peffet  de  Pevaporation. 

^INGELLE, petite  parcdlede  feu,  bluette  (scintilla). 
Quand  on  frappe  un  caillou  avec  de  Pacier ,  il  en  jaillit  des 
itincdles.  Ce  mot  se  dit  au  figure  de  Pesprit ,  de  PAme.  II 
n*a  pas  une  6tincelle  d*esprit,  de  courage,  de  ginit. 

En  physique,  on  nomme  itincelle  iUctrique  un  trait 
de  feu  qui  Jaillit  des  corps  dectrises  lorsque  Pexcis  de 
charge  eiectrique  qu'ils  ont  re^u  s'ichappe  avee  explosion 
en  crevant  la  couclie  d*air  qui  les  environne.  L'eclair  n'esi 
qu'une  itincelle  ilectrique. 

Etinceler  signifie  briller ,  jeter  des  idats  de  lutnitee  « 
Les  etoiles  itincellent;  ses  yenx  itincellent;  ces  diamanU^ 
ces  rubis ,  ces  vers-luisants,  cepbospbore,  itineellent.  An 
figure,  Boileau  a  ditde  Juvenaf : 

Set  outrages,  toDS  pletns  d*affreufet  rinih, 
itineellent  pourUDt  de  taMimes  berates. 

itincelli,  terme  de  blason,  se  dit  d'un  ecu  diargi  dV/iii- 
celles. 

^TIOLEMENT.  Quoiqu*on  ne  trouve  point  Petymo- 
logie  de  ce  terme,  on  peut  reconoattre  ses  analogues  dans  les 
mots  eteuU  ou  esteule ,  qui  di^slgnent  le  diauoM  tuii* 


ETIOLEMENT  —  £TIOLOGIB 


109 


imiii,  comme  dam  Fa  teiile  du  chanvre,  etc.  Toutes  oes 
«ipre«bn8  noas  paraisseot  d^rirer  do  grec  axOX» ,  qu! 
dMgne  un  amaigri^ Minent  de  r^^taax  ^pois^  de  Tigaeur. 
Le  mot  HioUment^  d^ubord  employ^  poor  d^fligner  cet  ^t 
de  pAleor ,  de  blanchenr  fade  et  molle  des  tisaus  dea  T^g^ 
taux  croiaaaDt  k  Pabri  de  la  lami^  et  dn  grand  air,  en 
tongues  tiges  minces ,  IJsses,  aqueoses  on  Insipides,  a  M 
ensuite  appUqii6  aax  indiTidus  do  r^e  animal  pr^ntant 
une  d^gto^rescenoe  analogue  sous  rempire  des  mteies 
privations  du  soieil  et  d'une  Tie  active  sons  une  libre  atmos- 
phere. Ainsi,  I'^tiolement  est  une  eaehexie,  on  affaiblis- 
sement  morbide  de  Torganisme  v^^tal  et  animal »  mais 
adventiceoo  fodice ,  comme  la  chlorose,  la  pftleur ,  I'an^mie. 
En  gto^ral ,  les  Jeones  Indlvidus ,  les  femelles  k  tissus  tea- 
dres,  d^UeatSy  bumides»  s*^tiolent  facUement  par  la  ?ie 
s^eniaire,  ombragfo,  da  habitations  dans  lesquellei  ni  le 
eoleil  nl  Pair  pur  ne  p^nMrent  habituellement  II  en  risulte 
que  rdlaboration  organiqne  languit,  et  que  ces  6tres  ne  d6- 
pMent  qu*uE  simple  effort  de  croissanoe  on  de  v^g^tion. 
-Chez  eui  Tabsorption  domine;  ils  se  gorgent  de  sues  ou 
d^bumeurs  mal  assimiMes ;  Us  restent  pAles,  leucophlegma- 
tiques  ou  hydropiques,  lisses  ou  presque  d^pourms  de 
polls;  toutis  lenrs  fonetions  se  tralnent  dans  rinertie,  le 
Tettchemenl^  C*estpar  cette  cause,  sans  doote,  que  les 
protect  tritons,  sortes  de  salamandres des  eauxsouter- 
raises ,  ne  subissent  point  lenr  metamorphose  complete 
«lnai  que  les  esptees  viTant  an  Jour;  dies  restent  aveuglea 
Ante  du  d^veloppement  des  yeox ,  comme  les  taupes,  I'as- 
palax  ,  animaux  gras  et  louids  deUeux  sooterrains. 

Ainsi,  les  t^^ux  ^ol^  par  Tobscorit^ ,  surtout  sous 
one  temptoture  bnroide,  ef  sans  cbaleur  viTe ,  ne  peuvent 
pas  decomposer  Tacide  carbonique  qu'ils  absorbent,  ni  s'en- 
ricbir  du  earbonne  qui  rendrait  plus  ilgneux  et  plus  solides 
teors  tissus,  ni  exhaler  les  fluides  surabondants  qui  les 
gonflent  et  les  surcbargent.  Jamais  les  plantes  etiol^es  des 
caves  on  sooterrains  (excepts  lea  esptees  cryptogamiques, 
champignons,  lichens,  mucors ,  destines  k  ce  genre  de  vie 
nocturne)  n'y  donnent  nalssance  Jtia  couleur  verte  ordinaire 
du  feuillage.  L'^tioiement  s'oppose  egalement  k  la  produc- 
tion du  Sucre,  k  celle  de  la  f^cule  dans  les  vegetaux  de  la 
clanse  des  phanerogames.  Aucune  plante  etioiee  ne  developpe 
ces  elements  colorants,  ces  ardmes,  ces  principes  sapides 
actifs,  ces  huiles  volatiles,  ces  resines,  etc. ,  qui  donnent 
le  caractere  ou  les  vertus  propres  k  cheque  espece.  Bien  plus, 
le  resoltat  decisif  d*un  etiolement  complet  consists  dans  Tim- 
puissance  de  la  floraison  et  de  la  fructification  chez  ces  ve- 
getaux. 

Now  tirons  profit  de  cet  etiolement  pour  adoucir  les  sues 
trop  amers  ou  Acres  de  plusieurs  plantes  potagires ,  les  rendie 
plus  tendres,  plus  agreables  k  manger.  C'est  ainsi  qu'on  tem- 
pore ramertume des  chicorees  ( la  b  ar be  d  e  ca p n  ci n )  et 
qn*ou  fait  blanchir  d^&uire$  esp^ces  de  salades,  les  car- 
Ions,  les  choux,  etc.  Vm  i  du  jardinier  s'exerce  sur  ces 
productions,  en  les  liant,  les  couvrant,  les  empechant 
d^etaler  leurs  feuilles  et  de  Ceurtr,  eto. 

Vitiolement  factice  des  animaux  domestiques  est 
one  pratique  dont  les  fastes  cnlinaires  de  la  gourmandise 
homaine  font  mention  au  temps  memo  de  la  barbaric. 
On  etiole  k  dessein,  dans  des  cages  etroites  et  sous  I'obscu- 
rite,  les  oies  blanches,  afin  de  leur  donner  ce  foie  graa 
dont  on  fait  des  pAtes.  Oi  engraisse  egalement  les  pores,  en 
les  tenant  dans  les  tenebres  et  sans  mouvement,  dans  le 
somroeil.  On  attendrit  de  mAroe  la  chair  des  veaux  nourris 
abondamment,  etc.  Or,  cet  empAtement  du  tissu  cellulaire, 
cette  accumulation  graisseuse ,  ces  sues  geiatineux  qui  abren- 
▼ent  et  detrempent  reconomie  animale,  resultent  de  retio- 
lement.  L*absence  delalomi^re,  Tabri  d'un  air  viftraien- 
tissent  la  circulation  du  sang ;  le  repos  et  le  sommeil 
determinent  la  stase  des  humeurs  lymphatiques ;  les  mailles 
des  tissus  s^engorgent ;  riiematose  s'o|)ere  mal  dans  des  pou- 
mens ,  qui  ne  re^ivent  qu*un  air  impur ,  charge  de  vapeurs 
ou  du  gai  adde  carbonique  des  etables ;  ce  sang  mal  eiabore 


prodoit  une  sorte  de  dilorose,  ou  de  plAeur  et  d*anemie  : 
aussi  ces  animaux  derieonent41s  Uancs ,  lourds  et  engourdis* 
Leur  chair  est  tendre ,  mala  fiide  et  muqueuse,  dUfidle  k 
digerer. 

Voyons  si  reUolement  n'op^  pas  viciensemMt  aussi  sur 
plusieurs  classes  d'honmies  souniis  par  etat  k  une  rie  obs- 
cure et  renfermee.  Tels  sunt  d*abord  les  ouvriers  des  mines: 
on  les  voit  sortir  bAves,  decolores,  de  ces  cavemes  souteiw 
raines,  o5  ils  s^enterrent  vivants  pour  satisfaire  la  cupidite 
humaine.  Leurs  chairs  ilasques  restent  bonifies  de  sues 
lymphatiques,  faute  dHme  exhalation  suffisante,  qui  n*a 
lieu  qu*ii  Tair  libre  et  A  la  liimi^re.  De  U  viennent  egalement 
oetteinertiechlorotique,  ces  suppressions  de  flux  menstmel , 
ces  leuoorrhees  qui  tourmentent  les  religieuses,  si  biemes , 
emprisonnees  dans  leurs  clottres.  De  U  cet  engralssement 
flasque  et  maisain  des  moines,  malgre  dea  jeOnes  aust^es; 
ces  engorgements  de  membres  ou  de  viscAres  chei  les  pri- 
sonniers ,  pAlis  dans  I'obscurite  de  leurs  eachots,  et  deve- 
nus,  malgre  la  violence  dn  caract^  eigourdis,  indifferents 
et  somnolents ,  aprte  avoir  croopi  dans  cette  paresse  forcee, 
pour  eux  deaormais  un  besoin,  k  la  suite  de  longues  an- 
nees.  Ahisi  s*eteint  leur  moral  ardent  par  Teflet  de  cet 
empAtement  du  physique.  ITest-ce  point  aussi  k  retiolemeol 
qu*est  due  la  blancheur  fode,  la  peaulisseet  molle  des  femmes 
de  rorient,  sequestreesdansleurs hare ms  ou  serails,  outre 
Pusage  des  bains  et  des  nourritures  humectantes  pour  les 
engraisserf  Cette  blancheur  est  telle  que  les  Haoresques 
deriennent  presque  semblables  aux  Europdeunes  pour  le 
teint ,  eC  moins  rosees  encore ,  au  point  qn^elles  ont  la  pAleur 
inanimee  de  la  mort  sur  les  Jones.  L*epaissenr  de  leurs 
appas ,  gonfles  comme  une  pAte ,  et  cedent  comme  des  cous- 
sins ,  foit,  dit-on ,  le  charme  dea  musulmans.  Pourquoi  ne 
rapporterait-on  pas  k  retiolement  cette  deiicatesse,  cette 
blancbenr  ai  fine  de  la  pean  de  noa  plus  brillantes  Aoum 
desgrandes  villas,  nees  au  sein  des  deiices  d^une  haute  fortune 
et  de  la  civilisation?  T«urs  fibres sont si tendres, lenrs  nefs  si 
sensibles ,  leur  teint  si  prompt  k  s*alterer ,  que  le  moindre 
rayon  temeraire  du  soieil  en  temit  redat.  Et  nos  Jolis  fashio- 
nables ,  si  flnets,  si  allonges  dans  leur  adolescence,  ne  res- 
semblent^ils  point  k  ces  pousses  insipides  d'herbes  p&les  qui 
ont  grandi  dans  I'obscurite  des  appartements  blen  closf 
Cette  Jeunesse  de  blondinSf  vegetant  au  sein  de  la  mollesse, 
k  demi  encSrves  par  les  mofaidres  volnptes,  a  donne  naissance 
k  ces  falbles  descendants  des  races  les  plus  illustres  fondues 
dans  Popnlence,  k  Pabri  dn  travail,  da  poids  da  soieil  ou  du 
grand  jour.  J.-J.  Vuiet. 

£TI0L0GIE  ou  ^TIOLOGIE  ( de  &iTCa,  cause,  et  Uyoa, 
discours),  partie de  la  m  e  d  e  c  i  n  e  theorique,  dans  laquelle on 
expose  les  causes  des  m  a  I  a  d  lea.  L'etiologie  se  compose  de 
deux  parties;  elle  s'occnpe  d'abord  des  causes  envisagees  en 
elles-memes,  ce  qui  constitue  V^tiologie  proprement  dit§ ; 
elle  recherche  ensuite  de  quelle  maniere  ces  causes  agisscnt 
sur  reconomie,  branche,de  Petiologie  qui  are^n  le  nom  de 
pathog4nie. 

Les  causes  des  maladies  etant  extrAmement  nombreoses, 
on  a  senti  de  tout  temps  la  necessite  de  les  diviser.  On  les  a 
distinguees  en  extemes  et  en  internes,  en  principales  et  en 
accessoires^  en  prochaines  et  en  iloignies,  en  pr6diS' 
posantes  et  en  occasionnelleSf  exipasitives  et  en  nigatives^ 
en  physiques ,  chimiqnes  et  physiologiques ;  on  a  aussi 
admis  des  canses  occultes ;  mais  ces  di?isions  sont  trop  mul- 
tipUees  et  rentrent  trop  les  unes  dans  les  autres  pour  pou- 
voir  etre  accept^es.  La  dirision  des  causes  des  maladies  qui 
nous  paratt  la  meilleure  est  celle  qiii  prend  pour  base  leur 
maniere  d'agir  :  or  parmi  dies  i«  11  en  est  qui  produi- 
sent  constamment  une  mAme  maladie  :  on  peut  les  appeler 
d^erminantes ;  ^'^  d*antres,  dont  Paction  est  obscure  ou 
souYent  Incertaine ,  predisposent  seulement  le  corps  k  telle 
ou  telle  maladie  :  ce  sont  les  causes  prMispasantes ,  que 
Pon  peut  subdiYiser  en  causes  pridisposantes  g^n&ales-i 
qui  etendent  leur  action  sur  de  grandes  masses  d'individu»» 
sur  tons  lea  liabitants  d*une  tille,  d'un  pays,  etc.,  eiea 


-0 


ifenOLOGlE  —  tUQVETTE 


"'*«  prMspoiantesindividuelleSfqiaii'^f^Bsaaiq^e  sur 
^68  sujets  Iflolte ;  3®  ^nfin »  un  troisi^me  ordre  comprend 
les  causes  ocoasionnelles,  qui  sont  trds-nombreuses  et  tr^ 
Yari^.  P.-C.  HcGuiER. 

I^TIQUCTTE.  Ge  mot  a  plusieara  acceptions  dans 
notf«  langoe.  II  rigiuBe  au  propre  lui  petit  papier  indiquant 
ce  qui  est  eontenu  dans  on  sac ,  dans  une  botte,  dans  une 
bouteille,  dans  nn  vase.  Ainsi  Ton  disait  autrefois  C^i- 
quette  d*un  sac  de  procureur;  mais  TAcad^mie,  dans  la 
nouvelle  ^tion  de  son  Dictionnaire ,  a  commis  une  assez 
grave  inadvertance  en  donnant  cette  definition  :  «  Petit 
toiteau  qu'on  met ,  qa*on  attache  sur  un  sac  de  proeh , 
et  qui  contient  les  noms  du  demandeur  et  du  d^fendeur , 
eelui  de  Vawmi.  »  Messieurs  les  Qnarante  peuTent-ils 
.Ignorer  que  Ton  ne  connatt  pas  plus  au  palais  les  sacs  de 
•procte  que  les  procureurs,  etque  les  avou^  ^tiquettent  au- 
jourd'hui,  qon  leurs  sacs ,  mais  les  chemises  en  papier  qui 
contiennent  les  pieces  du  procte?^  On  addriT^  ce  mot,  sans 
doute  par  plaisanterie*  de  ra^r^vation  :  est  h\c  quxst  {est 
h\c  qtUBstio  inter  N.  6^iV.)yqueles  procureurs  auraientterite 
sur  leurs  sacs  k  procto.  Proverbialement  :  Juger  sur  Viti- 
quette  du  sac,  c'est  juger  sans  avoir  esamin^  les  pieces  : 

On  ii'4coaU  ni  les  W*  oi  les  mais  i 
Sar  Vitiqume  on-  ne  fit  pum  prooii. 

On  a  souvent  port^  la  m^me  accusation  contre  certains  jour- 
nalistes,  qui,  dit-on,  jngent  les  ouvrag^s  sur  le  titre  et  sur 
)e  nom  de  Tauteur,  voire  du  libraire;  mais  ce  doit  6tre  1& 
une  m^isance  siudtte  par  Tamour-propre  de  quelque 
auteur  mdcontent  Au  surplus,  la  littdratnre  pent  bien  en  dire 
autant  du  bon  public. 

On  a  dit  que  les  6tiquettes  d^apotbicaires  ^taient  moins 
longues  que  leurs  m^moires.  Qui  ne  se  rappelleles  fameuses 
etiquettes  de  Rabelais  :  Poison  pour  le  roi ,  Poison  pour 
la  reine.  Poison  pour  U  dauphin  ?  Mises  par  lui  sur  d'in- 
nocents  paquets  de  cendre »  elles  le  firent  defrayer  magnifi* 
quement,  depuis  Lyon  jusqu^ii  Paris,  aux  firais  de  r&at, 
comme  un  criminel  important,  sans  quil  eAt  k  redouter  au 
bout  du  voyage  le  faineux  quart  d^heure  auquel  il  a  donne 
son  nom.  Dans  les  (u^onnances  mititaires  de  Tancienne 
monarchie,  ilest  d^fendu  aux  marechaux  de  logis  et  four- 
riers  «  de  bailler  des  etiquettes  pour  loger  les  capitaines  et 
soldats  dans  lies  habitations  des  ecciesiastiques  ».  Dans  ce 
sens ,  etiquette  signifiait  billet  de  logement, 

iHquette  se  dit  encore  d^un  filet  carre  qu^on  attache  au 
bas  d*une  perelie  pour  prendre  le  poisson^ 

J^tiquette  au  figure  ne  s'einploie  pas  seulement  pour  ex- 
primer  le  ceremonial  des  cours  (  voyes  d-aprte ),  il  signifie 
encore  des  fonnes  c^emonieuses  usitees  entre  particuliers 
pour  se  temoigner  mutnellement  des  egards ;  on  dit  :  Cet 
bomme  tient  k  Vitiquette ,  il  compte  les  visites ;  diner 
i^Hiquette ,  bannir  toute  esp^oe  d'^tiquette ,  les  lois  de 
Vitiquette.  Ce  mot  se  dit,  enfin,  des  formules  dont  on  se  sert 
dans  les  lettres  ou  placets ,  sdon  les  personnes  i  qui  on  les 
adresse.  Ainsi  il  est  d^itiquette ,  quand  on  ecrit  k  une 
femme  ^  de  finir  par  etre  son  trks-humble  et  trtS'oMissant 
serviteur,     Charles  Do  Rozom. 

^TIQtJETTEs  eipteedeloiqui,dans  lescours,regle 
les  relations  du  soaverain  avec  ceux  qui  Papprochent,  pres- 
ent eertaines  paroles,  certainea  formes,  et  oommande  k  pres- 
que  tontee  les  actions.  Vitiquette  est  dans  les  cours  ce  que 
les  u  8  a  g  e  8  sont'dans  le  monde,  avec  cette  diirerenee  que  le 
monde  toltoe  dans  quelques  individus  Pignorance  ou  le 
dedain  de  ses  usages,  et  qu^i  la  cour  le  prince  lui-meme 
est  soumis  k  Viiiquette  :  les  premiers  se  modifient  assez 
rapidement,  Tauten  se  conserve  dans  sod  integrite  onginale. 
On  a  6n]  longtemps  que  I'observance  de  Vetiquette  con- 
tribuait  k  la  solidite  Aes  tr^nes ,  et  cela  jxHirrait  etre  vrai 
•dans  les  iStats  ou-une  aristocralie  puissanle  cntourant  le 
menarque,  il  doit  exister  entre  elle  et  lui  une  liarji^re  dMia- 
bitudes  olisequieustts,  AuUe  aux  yeux  du  peuple,  luais  que 
Sen  courtisiiM  he«ii«iirf  h  g^T^^c^i^,  On  aev?^  pa^ccfi^ndaDt 


que  Vetiquette  des  cours  de  Perse  et  de  Constantinople 
pendant  la  duree  du  Bas-Empire  ait  preserve  de  la  df» 
cheance  ou  de  la  mort  les  souverains,  bken  qu'elle  en  ettt  fait 
des  sortes  de  divinites,  et  qu*on  robserv&t  scnipoleusemettt. 
Le  desir  de  satisfaire  Porgueil  et  la  vanite  n'a  pas  seal  ea- 
gendre  Vitiquette;  elle  sert  k  maintenir  Pordre  dans  les 
palais,  il  classer  le8  rangii,  k  regulariser  le  service,  k  pre- 
venir  les  discussions,  k  derobtt  k  la  connaissance  de  ceut 
qui  le  voient  de  prte  Pincapacite  ou  les  defauts  du  prince, 
dont  une  partie  de  la  conduite  se  tronve  ainsi  traoee  dans 
une  foule  de  cas  prevus;  d'un  autre  cdte,  elle  aide  aux 
Goinrtisans  k  dissimuler  Pennui,  PImpatienee.;  et,  mettaat 
de  part  et  d*autre  un  frein  aux  premiers  mouvemeatft  de 
la  nature,  elle  contient  dans  de  justes  bomes  le  roi  et  les 
Sleets,  car  elle  p^  egalement  sur  tou8« 

V4tiquette  dift^re  selon  les  pays.  CeUe  qui  s^obaorvait  k 
la  cour  de  France  avant  1789  etait  coroposee  de  traditions 
encore  plus  que  de  prescriptions  ecritea  :  8*agis8aii-il  d^ua 
manage ,  d*une  mort ,  de  la  reception  d*un  des  corps  de 
r]^tat,  ou  de  celle  d'un  ambassadeur,  si  des  droonstanoes 
imprevues  se  presentaient,  on  oonsultait  les  vieiliards,  et  ils 
deddaient  d*apr^  le  redt  qui  leur  avait  ete  fait  de  qodque 
anecdote,  ayant  peut->etre  cent  ans  de  date.  II  y  avait 
quelque  chose  du  respect  pour  les  aneetres  dans  ce  desir 
de  1^  imiter,  qui  devait  en  Inspirer  aux  genenitions  futures 
pour  ceux  qui  doonaient  cetexerople.  Le  ceremonial 
observe  lors  des  couronnements,  des  receptions  de  cheva- 
liers, des  audiences  donnees  aux  differents  corps  de  l*£tat, 
l^isait  partie  de  Vetiquette ;  elle  determinait  la  place  ^e 
Pon  devait  occuper,  le  nombre  de  pas  que  Poo  devait  faire, 
el  jusqu'A  Pampleur  des  manteaux.  Cetait  une  contraiate, 
mais  elle  evitait  la  confusion  dans  les  grandes  reunions;  et 
il  etait  moins  humiliantde  se  trouver,  par  suite  d'lm  usage 
etabli,  dans  les  demiers  rangs,  que  d*y  6tre  place  per  Pap- 
predation  de  son  merite  personnel.  Dto  son  revdl  le  rd 
de  France  egissait  d'apr^s  les  r^es  de  Vetiquette^  car 
c'etait  selon  leur  rang  que  ses  auni6niers  lui  presentaient 
Peau  benite,  le  livre  d^Heures;  et  les  princes,  sdgneurs, 
gens  de  service,  la  chemise  et  les  autres  parties  de  Pba- 
billement;  k  la  chapeUe,  au  cerde,  an  jeu,  au  spectade,  au 
bal,  k  la  chasse,  au  conseil,  tout  etait  regie  par  Vetiq%iette, 
Louis  XIV  ayant  dedde  que  le  conseil  des  depedies  serait 
tenu,  debout,  on  parla  de  cette  innovation.  11  fiillait  une 
grande  habitude  pour  ne  rien  oublier  de  ce  qui  conceniait 
vetiquette  relativement  aux  repas,  car  apporter  et  poser 
la  n</,  lecacfeiKu,  faire  Vessai^  donner  la  serviette,  donner 
k  laver,  ne  se  faisait  qu'en  observant  beancoup  de  fonnes. 
Sdon  les  lieux  od  le  roi  se  trouvait,  divers  ofiiders  de  sa 
maison  pouvaient  redamer  Phonneur  de  le  servir,  et  de 
violentes  querelies  s'eievaient  souvent  k  ce  sujet;  on  appe*- 
lait  cda  soutenir  ses  droits* 

Les  femmes  n'etaient  ni  moins  soumises  ni  moins  exi- 
geantes  que  les  hommes  quand  11  s^agissait  iVetiqueite. 
On  fit  intervenir  des  princes  de  I'^ise,  des  membres  du 
parlement,  des  sdgneyrs  du  plus  haut  rang ,  k  Poccasion 
d*un  bal  od  M"*  de  Yaudemont  devait  denser.  La  reine 
Anne  d'Autriche,  qui  avait  complique  nos  vidlles  etiquettes 
de  PeUquette  espagnole,  inspire  k  son  fils  une  telle  venera- 
tion pour  ces  formes,  qu'il  s'y  conforma  toujours,  et  son 
exemple,  autant  que  sa  volonte,  les  changea  en  lois  rigou- 
reuses  pour  ses  descendants  et  leur  cour.  La  reine  de 
France,  avec  tout  ce  qui  Pentourait,  etait  sujette  au  m6me 
joug.  Td  plaisir  etait  desaison,  tdle  distraction  etait  de  dr- 
eonstance*  Un  souverain  voisin  etant  mort,  M.  de  Maurepas, 
en  assurant  que  le  piquet  etait  de  deuil^  comhla  de  joie  la 
femme  de  Louis  XV,  qui  perissait  d'ennui  ^uand  elle  ne 
Jouait  pas  aux  cartes.  Lorsque  Marie-Antoinette  arrive 
de  Vienne  pour  epouser  Louis  XVI ,  encore  dauphin ,  ac- 
coutumee  qu^elle  etait  k  la  simplicite  et  k  la  bonhomie 
de  la  coor  d^Autriche,  die  trouva  notre  etiquette  insuppor- 
table, et  Pennui  qu*elle  en  ressentait  la  fit  accuser  de  dedain 
et  de  legerete  :  le  nom  de  madame  de  Vetiquette,  qu*ella 


ETIQUETTE  —  ETNA 


doaaa  k  ast  dame  dlioniieur,  blessa  profond^ent  cette  der- 
ni^re,  qoi  &*en  plaignH  k  Louis  XV;  et  la  jeune  archi- 
docheflse,  qui  D*aTait  pas  encore  seize  aos,  fut  groQttte  avec 
s^r^riU.  Deveoue  reine,  rinfortante  Marie-Antoinette  se 
sotimit  sans  doute,  avec  la  grftce  qui  lui  ^tait  natureUe,  aux 
lois  qii'on  lui  imposait,  et  se  fit  tendrement  cb^ir  de  M*"* 
la  princesse  de  Chimay,  sa  derni^re  dame  d'bonneur.  Ce 
fut  a  cette  princesse  qoeNapol^u  fit  demapder  des  rensei- 
^aementslorsque,  r^tablissant  Vancien  rSgime  h  son  profit, 
U  iorma  une  nouvelle  cour»  M"^  do  Chimay  r^pondit  k  la 
personue  cbargte  de  la  questlonner  :  «  Voqs  yovdrez  bien 
dire  k  I'empereur  que  j'ai  tout  ouhli^,  hors  les  bcmt^  et  les 
malheurs  de  celle  que  j'ai  servie.  » 

VHiquetie  cbes  les  princes  du  sang  mettait  un  pea 
moins  de  distance  entre  eux  et  oeux  qui  ^taient  attacbte  k 
leur  personne.  On  ^tait  prtentd  au  roi  arant  de  Tdtre  aux 
princes,  et  on  u^\mi  adnus  a  les  serTir  dans  les  places  ho- 
ftorables  qu*a?ec  sou  agr^ment.  H  fallait  se  faire  bistruire 
de  VHiquetU  obser? te  daus  les  lettres,  quand  on  dcriYait : 
tandis  qa'une  particoii^re  mettait  pour  suscription  :  d  la 
Beine^  les  princesses  ajoutaient  :  tnadame  et  souveraine, 
Quand  une  fenune  devait  6tre  pr^sentde^  on  lui  apprenait  k 
se  retirer  en  recnlant,  et  k  jeter  en  arndre  la  queue  de  son 
manteau  par  un  coup  de  talon.  I<e  roi  baisait  sur  la  jone  les 
pr^nttei,  et  celles-d  prenaient  le  bord  de  la  jnpe  de  la 
rdne  comme  pour  TappHqucr  k  leurs  l^Tres,  ce  que  la 
r^ne  ne  soolfrait  point.  Les  duchesses  saisissaient  la  jupe 
moins  bas  que  les  autres  femmes.  S'asseoir  sur  un  ta- 
bouret iiAii  un  droit  r^rv^  aux  duckesses  et  aux  femmes 
titr^es;  les  autres  n'avaient  que  des  pliants^  On  6tait  ses 
gants  pour  olfrir  qudqae  chose  k  leurs  majesty,  ou  pour 
receToir  qoelque  chose  de  leurs  mains  :  on  ne  priait  ja- 
mais en  leur  nom,  on  invUaii;  on  ne  disait  point  les  ao- 
conqtagnert  mais  les  suivre;  on  se  levait  quand  elies  bn- 
?aiait  ou  ^temuaient.  Tootes  oes  etiquettes  s'obserraient 
cliex  les  princes  da  sang;  mais  les  femmes  y.  avaient  des 
chaises  k  dos.  Les  princesses  receyajeni  les  ambassadeurs 
couchto,  afin  de  ne  pas  les  reeondoire ;  et  les  cardinanx 
oe  terminaient  leurs  yisites  que  lorsque  les  princesses  les 
aTaient  appel^  deux  fois  Eminence,  Quant  anx  princesses, 
on  les  appelait  nuukanet  et  on  leur  parlalt  k  la  troisi^e 
personne  :  on  disait  aux  princes  du  sang :  menseigneur,  et 
non :  iRon  prince :  oe  titre  ne  se  donnait  qu^aux  princes  qui 
n^appartenaient  pas  ^  la  famille  royale,  tela  que  les  princes 
de  Montmorency,  de  Rohan,  de  Talleyrand,  etc.,  ainsi  qu'aox 
princes  Grangers,  comme  ceux  d*Aremberg,  de  Hohenlobe 
et  autres.  Les  femmes  n'appelaient  nwueitfneur  que  les 
princes  du  saog,  et  lee  ^T^ques  uniqiienMiit 

Les  honnetirs  de  la  cour  pour  lei  homme$  consistaient, 
selon  V4tiquettef  k  monter  dans  les  carrosses  du  roi ,  ^  le 
suiTre  k  la  chasse,  a  6tre  du  Jeu  de  la  reine,  ^obtenir  lee 
entr^,  tenir  le  boog^oir,  etc ;  quelques-unes  de  oes  chosea 
^ient  de  droit  quand  on  aiait  fait  preuve  de  noblesse; 
les  autres  toient  de  foveur.  On  grattait  k  la  porte  de  la 
chambro  da  roi,  et  quand  on  en  sortait,  il  n'^it  point 
permis  de  meCtre  la  main  sar  la  serrure :  un  buis^r  derait 
oQfrir.  Dans  les  petits  appartements,  on  n'obserrait  au- 
cune  etiquette;  det  mani^res  respectueoses  et  courtoises 
suifisaient. 

H  fiuidrait  des  volumes  poor  foire  connaltre  arec  d6tail 

les  Hiquettes  obser? te  k  la  cour  de  France.  Plnsieurs 

poumient  s'expUquer  oa  comme  yieilies  eoutumes  de  la 

monarchie,  ou  comme  bommeges  k  la  ni^iest6  souTerainCi 

ou  comme  .pMcautionsconsenratrices  de  la  personne  du  roi ; 

mais  beaucoup  anssi  de  ces  usages  toiont  absurdes,  et  les 

NUTre  scnipuleasement  ne  P^tait  pas  moins.  Qui  eroirait 

qo'li  SaintOkmd,  le  29  juiUet  1830,  un  grand-oOiaer  de 

Charles  X  lefusa  d%troduire  dans  la  chambre  de  son 

matUe  on  coorrier  enToy6  de  Paris »  06  Ton  s^^orgeait, 

pute  que  Vitiquetie  ne  permettait  pas  de  p6n^trer  dans  la 

clmnbre  du  roi  qoand  il  y  6tait  entr^  et  en  arait  cong^di^ 

•aa  flerr ice?  II  taut  ponrtant  qoe  cette  r^  si  gtoante  pr6* 


ftt 

sente  de  grands  avantages,  puisqu'un  bommedout  les  talents 
en  fait  de  domination  sent  prouT^,  Bonaparte,  ocYenu 
empereur,  youlut  r^tabiir  Vitiqtiette.  Bien  qu'U  U  modifiiit^ 
il  ne  put  empteher  qu^eUe  ne  parOt  alors  plus  ridicde  qu'u- 
tile.  Son  g^nie,  sa  grandeur  de  conqu^rant,  ne  (irent  point 
pour  Vetiquette  ce  que  le  temps  seul  avait  pu  faire;  et  dana 
sa  propre  fiunille  il  trouYa  de  Topposition,  non  k  rece? oir 
des  bonneurs,  mais^  en  rendre.  Ses  scMirs,  qui  lors  du  cou- 
ronnement  consentaient  k  ce  que  leurs  dames  portassent  la 
queue  de  leur  manteau ,  d^lar^rent  qu^eUes  ne  porteraient 
poiat  celle  du  manteau  de  Timp^ratrice.  11  fallut  que  2<apo* 
Iton  toiTit  de  sa  main  qu*il  ne  sooffrirait  m^e  pas  que . 
Fott/Ht  malade  le  jour  de  son  saore. 

Vetiquette  de  la  cour  de  Rome  ni61^  aux  rites  religieux 
surprend  les  strangers.  La  communion  est  port^  au  pape, 
qui  se  sort  d'un  cbalumeau  d'or  pour  cpmmunier  sous  I'es- 
ptee  du  Tin.  A  Madrid,  la  reine  Spouse  de  Charles  II  fut 
trainee  longtemps  par  son  cheval ,  dans  la  coar  du  palais, 
parce  que  V^tiquette  punissait  de  mort  quiconque  toochait 
au  pied  de  la  reine,  et  que  le  piM  de  celled  ^t  demeur^ 
dans  r^trier.  A  la  Chhie,  dans  presqiie  toute  TAsie  et  en 
Afrique,  c'est  le  front  dans  la  poussi^re  que  Ton  re^it  lea 
ordres  des  souferains.  Vitiquette  est  le  rfteultat  d^me 
suite  de  cireonstances  fortuites  que  la  cifiliBalion  a  touIu 
r^ulariser,  qui  suit  les  phases  de  cette  civilisation,  et  qull 
est  ^ement  fiidle  de  condamner  et  d'absoudre,  tant  elle 
est  mtiangte  de  bien  et  de  mal.  M*"*  de  Genlis  a  public  un 
Dicfiottnatre  dee  JBliquettes.  0^  oa  Bradi. 

]£TIRAGE.  Ce  mot,  en  technologie,  a  plusieurs  ac- 
ceptiotts.  Dans  I'art  du  filateur,  I'op^ration  de  Vitirage  est 
ntossaire.  Pour  cela,  on  conunence  par  filer  en  gros;  en* 
suite  on  dimmue,  en  Pallongeant^  le  fil  pour  lui  donner  la 
^rosseur  qa*on  d^re,  et  c'est  cette  operation  qa'on  appeUe 
Hirage.  Dans  la  manipulation  de  Tader  se  trouve  aussi  au 
nombre  des  op^ations  qu'on  lui  fait  subir  celle  de  VHirage, 
On  itire  aussi  le  fer  quand  il  est  chaud  pour  Pallopger  eC 
pour  lui  donner  le  plus  de  puret^  possible.  V.  ua  MoiioN. 

jjfiTISIEy  sorte  de  marasme.  Cette  expression  n'est 
point  employ^  par  les  m^ecins,  mais  seolement  dans  le 
langage  populaire,  et  pour  designer  une  maigreur  extrtaie. 

ETN  A9  en  italien  Mongibello  ( do  mot  italien  Jfon^^^  et 
de  Tarabe  djebel,  montagne ),  la  plus  haute  des  trois  mon-. 
tagnes  de  TEorope  qui  vomisseat  des  flammes,  s^dl^ve  en 
forme  de  terrasses,  dans  la  partie  nord-est  de  la  Sicile,  da 
fond  de  U  pUine  de  Catane,  et  atteint  one  altitude  de 
3»424  mMres,  oe  qui  est  2,000  mitres  de  plus  que  le  Vteye. 
La  base  de  la  montagpe  a  environ  12  myriamitres  de  circuit 
Au  nord,  et  de  VOliveto  do  eouyent  de  capudns  de  Tre- 
cttstagne,  Fceii  dteoiifre  de  Unites  parts  les  plaines  lea 
plus  f6rtiles,  couvertes  de  palmiers  k  dattes,  de  figuiers  de 
llnde,  d*alote,  de  lauriers,  d^orangers  et  de  grenadiers,  et 
k  niorixon  aa  loin  le  plus  admirable  des  points  de  me. 

L*£tna  ne  foumit  pas  seulement  k  une  grande  partie  de 
ritalie  la  neig^  dont  les  habitants  ont  besoin  poor  confeo* 
tionner  des  boiasons  k  la  glace ;  on  en  exp^e  m6me  jusqo'4 
Malte,  et  on  estime  k  18  00  20,000  fr.  le  bdn^ce  annuel  de  la 
Tcnte  de  neiges  qui  a  Ilea  rien  que  pour  le  compte  de  1*^ 
T^ue  de  Catane  seolement. 

Le  crattee  qui  couronne  l*£bia  n'a  pas  mofais  de  4  kilo- 
mMree  de  drconfi&«ioe  :  an  fond  de  ce  goufflre  k  reborda 
in^ox  et  d^hirfe ,  s'^tend,  k  une  petite  profondeor ,  un 
planeher  que  le  bouillonnement  des  matiires  en  fusian, 
qu'il  reoooTTO  conome  una  aorte  de  croAte>  a  soole?^  daoa 
quelques  endroits  et  d4chiM  dans  quelques  autres.  Troit 
ouTertures  sans  fond  a^r  Mnt  fonnite  :  l\ine  «st  un  trou 
oblong  et  ifr^gulier;  les  denx'  auties  prtentent  la  forma 
d'on  oOiie.  C*est  par  ces  trois  soopiraiix  que  a*6cbappeBt 
sans  intermittence  des  tourbillons  4e  fomte  qui  permettent 
difficilement  k  Vctil  de  mesurer  la  profondeor  de  rablme, 
^▼alu^  toutefois  k  200  mitres.  La  conmienoe  on  large 
canal  qui  se  d^ame  sobitement  et  ee  perd  dans  les  rdgiens 
soutenaines.  La  fumte  qui  moBleda  fond  du  grand  €ratiro» 


lis 


ETNA 


Tue  de  jour,  paratt  Botre  et  ^isse,  mait  la  nait  eUe 
semble  embraate  :  c^ert  oe  qui  a  feit  croira  kNiigteinps  que 
le  Tolcan  Tomisaait  dea  flammee.  Dans  lea  tempa  ordinairea, 
lonque  le  goafTre  est  tranquUle,  on  enteiid  coDstamment 
dms  rint^eor  un  bndt  aoord,  sembiable  an  mngiaseBieDt 
de  la  mer  oa  k  reOroyable  bruit  d'on  immeiise  fottrneaii 
dans  lequel  dea  in6taux  aeraient  en  Ebullition. 

Trois  lonea  bien  trancbta  ceignant,  en  a'^tageont  inc- 
lement, lea  flanca  de  cette  montagne.  Dana  la  partie  inf<6- 
rieure  (regione  piemonte»e),  qui  a'^tend  Jusqu'i  une  ban- 
teor  de  plus  de  1,300  mMres,  rtgne  un  printemps  Eternel; 
des  Champa  da  bli,  dea  Tignobles,  dea  Tergen,  Etablls  aur 
un  sol  fertile,  y  d^loient  une  ricbe  T^g^tation,  et  liTrent  k 
rbomme  d'abondantes  r^ltes  :  malgrE  lea  dangera  du  Toi- 
sinage,  une  population  de  120,000  habitants  s'y  est  groupte, 
et  y  forme  77  ▼illea,  bourgs  et  Tillages.  La  zone  moyenne 
(regione  boscosa)  se  compose  de  TieiUes  et  sombres  for6ts, 
peupl^  de  troupeauz  de  boeufs,  de  chi^res  sausages,  de 
porcs-ipics  et  d^oiseaux  de  prole.  Au-deaus,  k  2,100  metres 
d^dcYatton,  commence  la  troisitoie  lone  (regione  scove- 
rata,  la  r^on  nue,  d^rte) :  c*eat  la  r^on  des  neiges  et 
des  glaces,  qui,  jet^  ainsi  entre  la  t£te  ardente  du  mont 
et  sa  croupe  T^oyante,  offre  Tun  des  plus  curienx  spec- 
tacles que  roeil  pnisse  contempler.  C^est  dans  cette  troi- 
si6me  r^on  que  se  trourent  la  tour  du  philosophe ,  que  la 
tradition  dit  avoir  M  habits  par  E  m  pEd ocle,  et  un  bA* 
timent  construit  en  1811  par  dea  Anglais  (Casa  de  IngUsi), 

«  Le  VEsu ▼  e ,  Trai  nain  k  cdtE  de  TEtna,  ne  saurait  en 
donner  une  idte,  ditun  Toyagenr  moderne.  Au  V^utc,  c'eat 
presque  toujours  dans  le  c6ne  sup^enr  que  s'op^e  tout  le 
travail.  L*£tna  procMe  autrement ,  et  son  o6ne  supErieur 
se  d^chire  rarement.  »  En  effet,  surtreote  Options,  on 
en  compte  seulement  dix  qui  aient  eu  lieu  par  le  crat^re  su- 
pErieur.  «  Plus  de  fumte  seulement  et  un  plus  grand  bruit 
au  sommet  annoncent  chaque  Eruption,  mais  sans  que  rien 
fasse  pressentir  oil  cette  Eruption  pourra  se  manifester. 
Tout  k  coup,  sur  un  pomt  queloonque  de  la  base,  et  sou- 
vent  k  une  aasez  grande  distance  du  c6ne,  la  terre  s^en* 
trouve,  engloutissant  tout  ce  qui  la  couvrait.  Des  maisons , 
des  villages  entiers  disparaissent,  et  des  torrents  de  feu,  de 
cendres  et  de  pierres  aont  violemment  poussEs  au  dehors, 
lis  s'accomulent,  et  un  mont  nouveau,  un  cAnt,  se  trouve 
formE,  qui  pendant  quelques  Jours  vomit  lui-mEme  des 
dEbris  enflammEs.  Enfin,  le  volcan  s'apaise;  maia  c'est  le  mo- 
ment le  plus  redoutable  pour  toute  la  contrEe.  PrivEes  de 
la  force  uEcessaire  pour  jaillir  Josqu'au  sommet,  les  matiE- 
res  brfilantea  se  frayent  on  passage  k  sa  base,  et  un  fleuve 
Epais  et  rouge  commence  k  couler  lentement.  Malheur  aux 
champs,  malheur  aux  villas  ou  aux  villages  qu*il  trouve  sur 
son  cbemin,  car  il  n^est  point  d'obstacie  qui  lui  rEsiste... 
Tandis  que  le  VEsuve  reste  solitaire,  autonr  de  TElna  se 
groope  une  multitude  d'enfimts  qui  attestent  sa  terrible  puis- 
sance. On  Evalue  k  cent  environ  les  monticules  coniques 
qui  se  aont  ainsi  formEs ;  leur  hauteur  varie  entre  100  et  130 
mEtres.  La  lave  de  TEtna  sillonne  les  contrEes  les  plus 
basses,  et  serpente  k  travers  les  terres  les  plus  fertiles.  II 
•St  dea  coulEes  qui  ont  jusqu^k  4  kilomEtres  de  Urge,  et  100 
mEtres  de  hauteur.  Quand  on  les  voit  d*un  point  ElevE  ,  on 
dirait  un  fleuve  d'encre  subitement  congelE;  quand  on  les 
rencontre  sur  son  passage,  de  hautes  murailles,  iuEgales,  cre- 
TassEes,  calcinEes;  quand  ons'ypromEne,Une  roche  dure  et 
noire,  toute  hErissEe  de  pointes ;  mais  le  temps  prEpare  cette 
roche  pour  la  vEgEtation  :  ai  quelques  parties  restent  lisses 
et  pelEes,  d'autres  laissent  germer  des  plantes  vigoureuses. 
Plus  tard  la  main  de  Thomme  s'en  empare,  et  des  arbres 
'  a*y  piantent,  des  champs  s'y  coltivent,  des  jardins  s'y  fer- 
ment, d^  maisons  s'y  b&tissent.  II  n*est  point  alors  de  terrain 
plus  ricbe,  de  vEgEtation  plus  brillante.  La  lave  qui,  11  y  a 
aept  ou  huit  centa  ans,  combla  le  port  d'UlyssEe  et  refoula 
la  merjusqu'A  trois  miUesde  distance,  est  maintenant  le  jar- 
4in  le  phis  frais  et  le  plus  productif  du  pays.  » 

Les  courants  de  lave  vumis  par  TEtna,  au  moment  oil 


ils  s'Echappent  des  flanca  de  la  montagne,  peuvent  Eire 
oomparEs,  pour  la  fluidilE  et  la  oouleur,  k  la  fonte  de  fer 
sortant  du  troo  peroE  k  Tosuvre  d'un  haut-(oumeau.  Us 
se  oomposent  de  mEtaux  et  d*autres  mmEraux  en  fusion,  eC 
a'avancent  en  brOlant  tout  ce  qui  se  rencontre  sur  leur  pas- 
aage;  les  arbres,  les  maisons  dont  ils  s'approchent  tombent 
quelquefois  deux  heures  avant  d'Etre  tou&Es,  et  une  EpEe 
pkmgEe  dans  leur  brAlant  fluide  est  InstantanEment  fondue. 
Leur  marche,  dont  la  vitesse  ordinaire  est  de  400  mEtres 
par  heure,  se  ralentit  axtraordinairement  snr  un  terrain  ho- 
rizontal :  Dolomieo  dte  mEme  une  coulEe  qui  mlt  dix  an<i 
k  parcourir  un  seul  kilomEtre.  Ce  mEme  fait  prouve  aussi 
que  le  rebtrfdissement  de  la  lave  est  parfois  extrEme^ 
ment  lent.  Les  quantitEs  de  matlEres  vomies  par  rEtna 
pasaent  toute  imagination,  ill  est  des  flenves  de  lave  qui 
ont  jusqu'li  48  kilomEtres  de  longueur  sur  13  de  huget  r. 
Le  JEsuite  allemand  Kircher  s'est  livrE,  en  1660,  k  un  cal- 
cul  sur  la  masse  des  dEjections  de  I'Etna,  et  il  a  reconnu 
que  ces  dEjections  rEunies  pouvaient  alors  former  un  vo- 
lume vingt  fois  plus  grand  que  le  volume  primitif  de  la 
montagne  elle-mEme. 

Les  tEmoignages  hiatoriques  les  plus  anciens  font  mention 
des  Eruptions  de  TEtna ;  il  en  est  question  dans  Thucydide, 
Strabon,  Diodore  de  Sidle ,  Pindare,  Yirgile,  LucrEce.  On 
dte  avant  notre  Ere  onze  Eruptions  cElEbres,  surtout  celles, 
des  annEes  477  et  121  avant  J.-G.,  et  soixante-sept  depuis 
lors.  Les  plus  mEmorables  de  cea  demiEres  eurent  lieu  en 
1160, 1169, 1329,  1536, 1537, 1669,  1683,  1755, 1763, 1787, 
1792,  1802,  1809,  1811,  1819,  1832;  les  plus  rEcentes  SOUt 
cdles  de  1838,  lt42  et  de  18.52. 

De  toutes  ces  Eruptions,  il  n'en  est  aucune  sans  doute 
k  laqudle  ne  se  rattache  TidEe  dea  plus  grand;  dEsastres ; 
mais  peut-Etre  TEruption  de  1669,  qui  dura  cinquante-quatre 
jours,  surpasse-t-elle  toutes  les  au^es  par  ses  Epouvantables 
ravages.  Elle  comment  le  11  mars,  deux  heures  avant  mi- 
nuit.  A  20  kilomEtres  environ  an-dessous  de  Tanden  era- 
tEre,  et  4  10  kilomEtrea  de  Catane,  a'ouvrit  un  vaste 
cratEre  d'od  aortirent  des  gerbes  de  flamnies  de  200  mEtres 
de  hauteur.  Des  blocs  de  pierre  pesant  plusieurs  quintaux, 
lancEs  par  la  mEme  ouverture,  allErent  tomber  k  quelques 
kilomEtres  de  Ik.  Des  fleuves  de  lave,  semblables  k  des  ruis- 
aeaux  de  verre  liquide,  prirent  en  mEme  temps  leur  cours 
vers  le  pied  de  la  montagne,  et  couvrirent  un  espace  de 
26  kilomEtres  de  long  sur  4  kitomEtres  de  large  :  Pun  d'eux 
dEtruisit  sur  son  passage  quatorze  villes  et  villages  EpargnEs 
jusqu'alors  par  le  volcan ;  un  autre  se  dirigea  vers  la  mer, 
s'avanfa  dans  les  flots  jusqu'k  un  mille  du  rivage,  et  y  forma 
une  digue  brOlante,  qui  eommuniqua  aux  eaux  de  la  mer 
une  chaleur  si  vive  qu'dles  brfilaient  la  main  k  la  distance 
de  vingt  pieds  tout  autour  de  cette  digue,  n  C*est  k  Nico- 
losi,  village  ricfae  et  populenx,  dit  encore  le  voyageur  dont 
nous  avons  invoquE  plus  haut  le  temoignage,  qu'aprEs  deux 
jours  d'obscuritE complEte,  d^effroyables  dEtonnations  et  de. 
secousses  multipHEes,  un  gouffre  s'ouvrit,  d*o6  s'Elan^ 
le  mont  connu  aujourdliui  sous  le  nom  de  Monterossie. 
Ce  gouffre,  qui  plusieurs  fois  changea  de  place  et  de  forme, 
ent*un  moment  17  kilomEtres  de  long  sur  22  k  26  de  large, 
et  pendant  qudques  jours  11  en  sortit  des  amas  Enor- 
mes  de  cendre  et  de  sable.  Enfin,  au  pied  du  nouveau  mont, 
une  large  ouverture  se  fit,  ouverture  que  Ton  voit  encore, 
et  d'o6  la  laveenflammEe  prit  son  cours  vers  Catane.  Frap- 
pEs  de  stupeur,  les  CatanEens  ne  voulurent  pas  dn  moins 
Eire  vaincus  sans  combattre.  Quand  11  fut  certain  que  le 
toiient  les  mena^ait,  ils  se  portErent  k  sa  rencontre,  et 
Ik,  munis  de  pioches  et  de  peUes,  ils  esaayErent,  en  devant 
une  colline  artificielle,  de  lui  imprimer  une  autre  direction ; 
maia  la  lave  alors  eOt  ruiuE  d  autres  pays.  Ceux  qui  les  ba- 
bitaient  se  rassemblErent  done  de  leur  cEtE,  et  vinrent  les 
armes  k  la  main  s^oppoaer  au  projet  des  CatanEens.  On  se 
battitau  pied  du  fleuve  de  feu,  qui,  cause  du  combat,  pour- 
auivait  lentement  etirrEsistiblement  son  cbemin;  on  se  batUl 
avec  toute  la  fureur  que  donne  un  grand  danger.  Spectacle 


fitNA  - 

«ikk|ii^,  gilMe  OTile  sabs  excmplet  Les  Catan^s  fureot 
Taincus,  et  sans  plus  de  r^istance  la  lave  oontinua.  Enfin, 
aVfte  keaucoup  de  joars  de  inarche ,  elle  arriva  devant  les 
mura  de  la  TiUe.  Mais  oes  murs  ^talent  liauts  et  solides;  et, 
refroidfe,  la  lave  n'aTait  plus  la  force  de  les  jeter.  k  bas.  EUe 
le  grossit  done,  monta,  et  quand  eUeeut  atteint  le  sommel, 
se  pr^cipita  en  cascade  de  feu  dans  la  ?ille.  Etrange  destin 
de  Catane,  de  cetteviUe  si  soavent  ravage  et  d^lruitel  Dans 
le  seizi^me  siMe,  une  Option,  lao^ant  au  loin  en  mer  one 
coulte  de  lave,  lui  donna  unejette  qu^en  vain  elle  aratt 
essays  de  construire;  dans  le  dix-septi^me,  une  seconde 
Option  Pensevelit  en  partie,  oombla  son  port,  et  fit  dispa- 
raltre  le  fleuve  qui  la  traversait.  Cependant  Catane  existe 
toujours,  et  cbaque  fois  se  rebdtit  plus  belle  et  plus  r^- 
guli^.  De  temps  en  temps  seulement,  un  amateur  des  arts 
perce  la  lave,  et  k  qiiarante  ou  cinquante  pieds  retrouve  dcs 
debris  dVgii<«es  et  de  palais.  ■ 

]£T0FFE.  Ce  root,  que  M^age  fait  venir  de  raliemand 
itoff^  s'applique  au  propre  et  dans  un  sens  gto^ral  k  toute 
esp^ce  de  tissu  fabriqu^  au  mdiier  ou  m6me  autrement,  avec 
le  Hn,  la  sole ,  le  colon,  la  laine,  Tor,  Targent,  toute  8ub> 
stance,  en  un  mot,  propre  a  confectionner  des  draps,  toilcs, 
TeloiirSy  brocarts,  moires,  satins,  taffetas,  serges,  et  autres 
objets  analogues  dont  nous  ne  pouYons  donner  une  idte  g^- 
B^le  qu'en  nous  servant  du  mot  itqffe  ou  mtoie  tissu. 
On  dfeignait  pins  spteialement  autrefois  sous  le  nora  dV* 
tojyes  certains  prodults  de  laine,  trte-l^ers,  et  servant  k 
Mn  des  donblures  ou  des  robes  de  fiemroe,  comme  broca- 
telles,  ratines,  etc  Dans  les  manufactures  de  sole,  on  dis- 
tingne  les  ito/fes  fofonnies  des  ^toffes  unies.  11  y  a  aussi 
des  ^toflfes  damassta  ( twyes  Damas). 

Les  cfaapeliers  ont  doon^,  par  extension,  le  nom  d^itqf/e 
aux  produits  servant  k  la  fabrication  des  chapeaux,  comme 
pods  de  castor,  de  li^rre,  de  lapin,  de  diameau,  d*autnicbe, 
les  laines  de  mouton,  de  brebis,  etc.  Quelques  auteurs  ont, 
•osal  par  extension,  employ^  le  mot  itof/e  pour  d^igner 
la  mati^  de  quelque  ouvrage  que  ce  soit,  comme  dans 
ees  phrases  :  Ces  souliere  sont  d'une  bonne  ^tojfe;  VoiU  de 
la  vaisselle  d^argeut  oh  Ton  n'a  pas  ^pargn^  VHoffe,  On  dit 
au<«i  d'une  pitee  d'or  :  Qnoiqu'elle  n^ait  pas  le  poids,  IV- 
toffe  n^en  est  pas  moins  bonne. 

On  dit  figur^ment  quelquefois  :  11  y  a  de  Vitqffe  dans  ce 
ieune  homme,  pour  dire  qu'il  promet  beaucoup. 

Enfin  le  mot  iioffu  s*emploie,  au  pluriel,  pour  dteigner  ce 
que  le  maltre  imprimenr  fait  payer  au  deU  du  salaire  que 
re^t  Touvrier,  et  qui  doit  le  couvrir  des  d^penses  que  n^- 
oessitent  Tacliat  et  Pentretien  du  matdriel,  le  loyer,  T^clai- 
rage,  etc  Les  ^tofles  se  comptent  k  raison  de  50  pour  100. 

[En  termes  d^armurerie,  on  norome Hofft  un  alliagp  de 
fer  et  deader,  dont  on  se  sert  pour  sonder  ensemble  plusieurs 
lantes,  dans  le  but  d^obtenir  une  substance  qui  partidpe 
des  propn^t^  de  celle<(  qui  entrent  dans  sa  compositkMi. 
La  perfection  et  Texoellenoe  des  lames  dites  datnas  con- 
iilstent  essentiellement  dans  I'art  de  bien  corroyer  l«  lames 
de  diverses  esp^ces  d'ader,  et  de  les  bien  contoumer  en- 
■eroble.  Leader  de  fusion  est  une  esptee  d'itqf/e,  Dans  l'^- 
tolTe,  les  vdnes  de  fer  et  d'ader  sont  parfaitement  appa- 
rentes,  mais  dans  les  pitees  corroydes,  cette  disUnctiou  est 
plus  dlflicile  k  faire.  II  existe  toutefois  un  moyen  de  vMA- 
cation,  pubU^  par  Vandermonde,  dont  IVpreuve  est  ^vidente, 
et  qui  ne  laisse  aucune  alttetion.  Ce  moyen  consiste  k  verser 
one  goutte  d*adde  nitreux  sur  la  pitee  que  Ton  examine  : 
aprte  Ty  avoir  laisste  deux  minutes,  on  projette  de  Teau 
IHMir  enlever  I  adde  et  tout  ce  qu'Q  tient  en  dissolution.  S 
ne  reste  qu'unt  taclie  blanche  ou  de  couleur  de  fer  nouvel- 
leioent  d^cap^,  la  lame  est  de  fer.  Si  Padde  n'agit  pas  sur 
la  partie  charbonneuse,  elle  se  depose  pendant  la  dlssphition, 
cC  forme  une  tache  noire  que  la  projection  de  Teau  n*enl^e 
pas,  el  qui  reste  asset  longtemps :  alors  la  lame  est  en  acier. 

Mrjtuif .  ] 

ISTOILE  ( du  latin  stella ).  Les  H^reux  priroitifo 
■ommaient  les  ^oile^  kaknbim  ( les  ardentes  ) ;  admlrabit 

OH.T.   ni  LA  CO^VERS.  —  T«  1^- 


1tt6ttM  at 

provision  de  leur  nature  de  fed,  i|dl  les  dntingne  des  pla- 
net es.  Les  Grecs  leur  donn^nt  le  nom  d'aorvipec  (as- 
tres)i  comme  enx,  nous  appelons  ainsi  indistlnctement 
tous  les  globes  resplendissants  du  del,  les  m^ttores  ex- 
cept^. Les  ^iles  sont  des  corps  creates,  lumineux  par 
eux-m6mes,  qui  paraissent  conserver  toujours  entre  eux  la 
mtoie  distance,  bien  que  toutes  soient  dans  une  i^erp^elle 
activity  00  de  revolution  p^riodique,  ou  de  rotat  on  autour 
de  leurs  axes,  ou  de  translation  dans  I'espace;  msuvement 
triple,  que  leur  immense  doignement  ne  nous  pei  met  d^ap- 
priicler  qu'aprte  des  siteles.  Pour  exprimer  leur  haut  degr^  de 
permanence,  on  leur  a  donn^  le  sumom  de  fixes^  qui  ne  doit 
pas  6tre  pris  d^une  mani^  absolue,  mais  seulement  dans  le 
sens  de  la  plupart  des  andens,  qui  ^ient  persuades  qu'dies 
^talent  fix^  dans  un  firmament  de  cristal,  comme  des  dous 
d'or.  L'immobilite  respective  des  ^toiles  est  assez  expliqu^e 
par  les  aiignements  observe  autrefois,  et  qui  se  trou- 
vent  constamment  les  m^mes.  Ce  nom  de  fixes  }&&  distin- 
gue des  plan^tes  de  notre  syst^me,  corps  errants,  opaquef' 
et  obscurs,  bien  qu*^  deux  d^entre  eux,  V^nusetJupi'- 
ter,  nous  ayons  donn^  la  fausse  appellation  d'dMlu,  k 
cause  de  la  splendeur  que  leur  pr^te  le  soldi.  L'usage  seul 
et  les  podtes  ont  oonsacrd  cette  appellation. 

Le  nombre  des  i&toiles  visibles  k  Toeil  nu  sur  les  deux  b'*  • 
mispli^res  pent  6tre  ^alu^  de  15,000  k  20,000 ;  mais  sur  le 
champ  du  t^iesoope,  dans  un  trte- petit  coin  de  i'univers, 
dans  une  zone  de  2*  de  largeur  seulement,  Hersdidl,  du- 
rant  une  heure,  en  a  vu  d^filer  plus  de  50,000,  et  ai^ourd'hui 
les  astronomes  en  ^valuent  le  nombre  4  43  millions  :  la 
Bible  appda  done  avec  raison  tea  astres  rarmM  celeste, 

Les  astronomes  ont  dass^  les  ^toiles  par  leur  grandeur 
apparente  et  par  leur  telat :  cdles  de  la  piemito  grandeur 
Jusqu'a  la  septiime  sont  visibles^  Tcell  nu;  toutes  les  au- 
tressont  tilescopiques,  EUes  sont'tr^famili^res  au  commun 
des  obfiervateurs  jusqu*^  la  sdzi^me.  Herschdl  en  a  dass^ 
dans  la  1342"**  grandeur.  Toutes  les  ^toiles  ne  sont  pas  sur 
lemtoe  plan  dans  le  ciel;  dies  sout  ^tag^,  ^parses  sur 
des  roiUiers  de  plans  divers,  dans  les  profondeurs  etliir^.<%. 
On  pr^uroe,  non  sans  raison,  que  les  plus  grosses  et  le^ 
plus  lumineuses  sont  les  plus rapprodM^  de  nous;  car  Si- 
rius,  la  plusvoisine  de  notre  ^loile-soldl,  cdle  qui  nous 
Claire,  Sirius,  qui  n^est  qu'k  une  distance  de  2,900  millions 
de  myriam^tres,  etqui  n'a  pas  plusde  44  millions  de  myria- 
m^tres  de  drconf6rence,  nous  ottn  une  luroi^re  324  fois 
plus  Intense  que  celle  d^une  ^toile  de  dxitoie  grandeur.  Une 
autre  preuve  serait  le  petit  nombre  des  ^iles  de  premiere 
grandeur  :  on  n*en  compte  que  24,  dont  nous  pouvons  von 
5  au  nord  et  12  au  sud ;  les  7  autres  ne  sont  pas  visibles  sur 
notre  lioriion;  enfin,  les  ^iles  paraissent  se  multiplier  a 
mesure  qu'dles  ont  moins  d^telaU  On  doit  comprendre 
qu'il  une  si  grande  distance  la  chaleur  de  ces  formes  corps 
ign^  est  nulle  pour  nous.  On  ne  peut  obtenir  deparallaxe 
( mesure  angulaire )  pour  appr^cier  leur  distance  ;  si  seu- 
lement une^toile  en  avait  une  d*une  seoonde,  elle  serait  ^3 
trillions  demyriamitres,etle  plus  petit  diam^  r^el  qu^elle 
pourrait  avoir  serait  de  14  millions  de  myriam^es.  Cha- 
que  ann^e,  par  reCTet  de  la  revolution  annuelle  de  la  terre 
autour  du  soldi,  nous  nous  rapprochons  et  nous  nous  doi- 
gnons  de  30  millions  de  myriam^tres  d^une  des  concavit^s 
du  dd ;  ajoutez  k  cela  la  puissance  du  telescope,  et  ni  leur 
edat,  ni  leur  diamitre,  toujours  sans  parallaxe,  n'en  sont 
pas  le  moindrement  augmentes  ou  diminues  :  preuve  irre- 
fragable du  prodigieux  eioignement  de  ces  astres.  L'iliustrf) 
Be ssel  s^est  applique  k  evaluer  oes  distances  immenses 
et  pour  ne  parler  que  de  la  61'  du  Cygne,  etoile  double  ou 
k  satellUe,  dont  Tune  toume  autour  de  Tautm,  comme  la 
lune  autour  de  la  terre,  il  a  calcuie  que  cette  etoile  est  si 
eioignee  de  notre  spli^re  qu'il  faut  dix  ans  et  quelques  mois 
pour  que  sa  lumiere  arrive  jusqu*li  nous  qui  rolHicrvnns, 
bien  que  la  lumiere  parcoore  34,000  myriametres  par  .««••. 
conde.  Pour  nombrer  les  myrtametres  qui  nous  i^itainni 
di)  ejfAte  tloile,  il  faudrait  les  coiuptcr  par  trillions,  puisouq 

44 


IJ4  ^'1 

Beuel  ^vahie  cette  distance  ii  pr^  de  6&8  nrilte  fols  \%  thjon 
de  Torbite  terrestre,  rayon  qol  est  de  15  ndilHoiu  de  oiyria- 
metres.  Aiiwi,  les  mouvemenU  que  les  astronomes  aper* 
^ivent  dans  T^oile  doable  dn  Oygne  sont  des  mou- 
Tements  el  des  aspects  d^jft  rdvolus  depots  dix  ans  et  pltisf 
en  sorte  que  sMl  ^tait  possible  que  cette  ^toile  dispardt 
du  del ,  s*a  ^tait  possible  qu*iin  jour  elle  fAt  d^tmite  ou 
^teinte,  nous  ne  pourrions  nous  en  aperoevoir  qne  dix  ans 
apr6s.  11  ne  faut  done  pas  s^^tonner  si  des  astronoroes  pen- 
sent  qu*il  existe  au  firmament  des  ^toflesteUement  distantes 
de  nous  que  leur  lumi^re  n'  a  pas  encore  ea  le  temps  de 
parrenir  ju.squ*&  notre  plan^te,  depuis  les  miUiers  d'apntos 
que  Tunivers  subsiste  avec  ses  lois  r^ulatrieesl  Telle  est 
m^me  {'explication*  qu'on  doime  des  nouTclles  Cioi\e&  qu*on 
d(lcouvre  de  temps  en  temps.  Ilerscbell,  qui  dit  avoir  ob- 
serve des  ^toiles  quMl  appr<^e  6tre  de  la  1342*^  grandeur, 
pretend  que  leur  lumiere  pour  nous  parvenir  a  dA  mettre 
plus  de  2  millions  d^ann^es,  elle  qui  ne  met  que  8  ndno- 
tesk  franchir  les  15  millions  de  myrlamHres  qui  nous  s^ 
parent  du  soldi.  On  ne  les  voit  done  que, 2  millions  d*an- 
n^  aprte  leur  creation ;  et  s'il  pldsaitau  Gr^teur  de  souiner 
dessus  et  de  les<^teindre  soudainement,  nous  les  Terrions  en- 
core ^  millSoi^s  d'ann6es  aprfts!  Et  si  ce  ii'^talt  pas  assez 
pour  donner  one  id^  de  rinfinl  de  t'nniTers,  ajoutons  que, 
d'apr^  Halley,  11  duit  exister  entre  deux  ^toiles,  si  rappro- 
ch<^  qu*elles  parals^ent ,  une  distance  an  mofns  ^le  k 
celle  de  la  Terre  aux  ^tolles  de  premi^  grandeur. 

Cependant  ces  doiles,  qui  semblent  fixes,  ont  six  sortes 
de  moorements,  mais  tons  les  six  apparents  :  1*  le  mouve- 
ment  diume,  par  <lequd  en  28^  56™  4*  tootes  les  ^tolles 
paraissent  accompKr  nne  revolution  dmnltan^nent  arec  la 
voAte  c4§leste  d^orient  en  Occident :  cette  illusion  est  dne  k 
la  rotation  joumaliftre  de  notre  globe  autour  deson  axe;  c*est 
le  Jour  sid^rai;  2* le  mouvement  annuel,  par  lequei  tootes 
les  ^toilea  semblent  efTectuer  une  r^rolulfon  complete  d'o- 
rient  en  Occident  autunr  des  pAies  de  P^ateur  celeste, 
dont  les  deux  extrrmlt^  de  Taxe  immense  plongent  Ind^- 
nlment  dans  les  aMmes  de  Tespace  :  cette  illusion,  qui  s'ac- 
compMt  sons  oos  yeux  en  8651  6^  ^  iq»  s^t  ^  ^^^ 
k  la  translation  annudle  de  la  terre  autour  du  soldi  ( c'est 
ce  qu'on  appelle  I'a  nn <e  sid^le ) ;  8** le  mouvemeut  stel- 
laire  retrograde,  qui  s'op^re  le  long  de  Tidiptique,  et  qui 
g'accomplit  en  25,808  ans :  11  prodnit  la  precession  des  eq  u  i- 
noxes;  4**  la  locomotion  generate  des  etoiles  ou  diange- 
ment  de  latitude,  apparenee  causee  par  la  Tariatlon  de  To- 
bliquite  de  Pecliptique  :  ce  changement  est  d'environ  5'' 
•0  Slid  par  annee,  deun  degreen  soixante-dooze  ans ;  ils*d- 
fectuedu  nord;  5^  I  ^aberration  ou  balancement  des  etoiles, 
les  unea  en  latitude,  les  autres  en  longilude,  qui  a  lieu  dans 
Tespace  d'uneannee :  cette  apparenee  provient  du  mouvement 
annuel  de  la  terre,  combine  avec  le  mooTement  gradnd  de  la 
lumi^,  qui  semble  les  deplacer  de  20"  de  leur  yrai  lieu  : 
c'est  un  effet  d*optique;  6*  la  nutation  on  deviation  des 
etoiles,  qui  a  lieu  par  le  mouvement  de  rediptique  sor  l*e- 
quateur.  Ajontei  k  ces  dx  moiivemeniB  des  etoiles  trois  au- 
tres, uu  de  rotation  sur  leur  axe,  on  de  revolution  ob- 
serve dans  qudques-unes  autour  d*ane  autre,  et  un  de 
translation  dans  I'espace.  Cet  exempie  rare  et  surprenant 
de  translation,  dont  on  ignore  oompietement  les  causes, 
nous  estoAert  dans  Aldebaran,  Slrins  et  Arcturus,  Ces  etoiles 
se  sont  avancees,  en  sens  eontraire  k  tontes  les  autres, 
Tenle  sud :  Arcturus,  pour  sa  part,  est  33*  plus  an  midi.  Les 
attrectioos  dans  tous  let  aeui  doivent  d'ailleurs  modifier  k 
rinfitti  le  mouvemeut  propre  des  etollea. 

Fraucbissoos  encore  dans  Tespace  abtmes  sur  abtmesj 
ijoutons  rinflni  k  llnflnl ;  entrons^enfin,  dans  les  profondeurs' 
de  la  vole  laetee  ou  galaxie,  cette  tone  d*un  blanc  laiteux^ 
du  donx  et  paisible  reflet  de  Dpaie,  ceinture  immense  du 
del,  et  doBi  une  frange  detacli^e  et  pendante  ome  de  ses 
perta  HI  des  panrb  eeiestes  de  160  degree.  C'est  1^  que 
iKMis  trouverDos  ces  n  e  bule  u s  es  dont  le  nombre  surpasse 
peut-^e  IM  iulte  duPOoiau.  dont  la  diatauoe  diroyable 


aneantH  TimagSnation;  mais  dont  les  plus  procbaines  eioOai 
sont  de  la  10®  d  de  la  1 1*  grandeur. 

Plusieurs  etoHes  sont  dites  pMadiques^  parce  qu'dles 
ont  des  phases  comme  les  plan^tes  de  notre  systtoie.  Une 
etoile,  o  de  la  oonstdlation  de  la  Baleine,  paralt  et 
disparalt environ  dooze  fois  dans  un  an;  Algol,  de  Taste- 
ri^ine  de  Persee,  aaussi  ses  periodes  de  lumi^  et  d^ombre. 
on'  suppose  avec  raison  qu'un  grand  corps  opaque,  une 
plan^,  fait  sa  revolution  autour  de  chacune  d*dtes,  en  les 
ocenltant  dans  des  temps  reguliers,  ou  que,  toumant  sur 
dies-mdmes  comme  notre  etoile  soldi,  comme  lui  dies  ont 
dimmenses  taches  tenebreuses,  q  undies  emportent  du  bas 
en  luiut,  et  vice  versa,  dans  leur  rotation;  entin,  que  pou- 
vaht  etredes  spheres  un  pen  aplaties,  dies  sont  plus  lumi- 
neoses  sous  certains  aspects.  Les  astronomes  raugent  les 
p^riodiques  dans  la  cat^oriii  dos  itoiles  changeantes, 
II  y  a  cependant  une  grande  difference  entre  dies.  bans, 
plusieurs  de  ces  demi^res,  la  lumiere  change  de  volume,^ 
d'intensite,  de  couteur  mAme.  D^autres  paraissent  tout  k  coup, 
comme  Tune  d^dles  qui  se  montra  souddnement  dans  la 
constellation  do  Serpentdreen  1604,  el  qui,  aprte  avoir  re- 
double de  splendour,  puis  avoir  pAli,  disparut  enticement. 
On  suppose  dimmenses  conflagrations  dans  ces  corps  ceies- 
tes,  consequence  tiree  de  leur  luml^ :  foible  d'abord,  puis 
inteikse,  puis  cramolsle,  puis  coulenr  de  sang,  puis  teme, 
toutes  gradations  que  nous  observons  dans  les  vastes  in- 
cendi^  sur  la  terre.  En  1562,  une  nouvdle  etoile  de  pre- 
miere* grandeur  fiit  aper^e  parTycho-Brahe  dans  la  cons- 
tdlatfoh  boreaie  de  Cassiop  ee.  Seise  mois  aprte  son  appa- 
rition, I'ffiil  la  chercba  vainement.  On  salt  qn'une  etoile  de 
la  Grahde-Ourse  a  disparu.  Deux  etoiles  de  la  2*  grandeur, 
dans  la  constellation  dn  Navire,  ontcesse'd^etre  visibles. 
Pius  de  cent  etoiles,  entln,  ont  subi  tes  varietes  dea  chan- 
getmtes, 

Les  H(Ale9  biMnrts,  dans  leur  systime  particulier,  toor- 
nent  les  unes  autour  des  autres,  dans  des  orbites  reguliCes. 
On  les  nomme  bIncArts  pour  les  distinguer  des  Hoiles 
doubles  jnxta-posees  et  superposees  dans  le  del,  et  qui  n'of* 
front  entre  dies  qu^une  distance  k  peine  appreciable  dans 
les  telescopes.  On  a  observe  jusqu'A  present  nne  quaran- 
taine  de  ces  etoiles.  Dans  leur  etat  Unaire,  c^est  un  soldi 
qui  toume  autour  d*un  soldi,  accompagnes  cliacun  sans 
doute  d*Dn  cortege  de  plan^tes  avec  leurs  satellites  ou  lu- 
nes.  Le  sddl  central,  toujours  d^un  diinnetre  plus  grand, 
soumet  Tautre,  qui  lui  olieit,  aux  lois  de  son  attraction  d 
d^une  gravitation  perpetuetle.  On  a  observe  que  la  plus 
grande  etoile  etdt  jaune  ou  orange,  on  qudqoefois  cramol- 
sle, tandis  que  la  plus  pdlte  est  vertc  ou  bleoAtre,  de  la 
tdnte  d'une  vague.  Outre  la  part  que  Von  fait  aux  illusions 
de  I'optique,  on  a  reconnu  que  les  etoiles,  comme  les  fleurs 
d'une  vaste  prairie,  avaient  par  leur  nature  meiuQ  une  im- 
mense variete  de  couleurs,  dont  on  n^a  pas  encore  trouve 
d'etplication  plus  satisfdsante  que  cdle  qu'a  donnee  Boo  1  - 
li  add.  S'il  y  a  des  habitants  dans  les  plan6tes  des  bindres, 
des  jours  magiques,  tour  k  tour  dores,  roses  et  bleus,  doi- 
vent les  edairer,  d  lenrs  lunes  ddvent  pendre  dans  le  de^ 
comnte  d'admirables  lampes'de  couleurs.  Les  doubles  et  les 
bindres  jouissent  de  la  propriete  d*oiTrir  k  l*(eil  toules  les 
nuances.  Quant  aux  dtmbles,  William  Herschdl  en  a  re- 
connu plus  de  500;  &  I'oeil  nu,  dies  sont  uniques;  au  te- 
lescope, dies  sont  souvent  trifles  :  on  distingue  entre  elles 
qudqoes  secondes  de  distance,  separation  effroyable  k  un 
d  grand  dolgnement,  puisquMl  font  qu'une  etoile  ait  entre 
sa  volsine  des  millianls  de  Xtlomdres  pour  ne  pas  se  causer 
de  perturbations  reciproques ,  qui  coinprorodtraieut  tout 
rorOTB  ineffable  du  firmament.  Deux  etoiles  de  la  Vierge 
toument  l*uiie  autour  de  Tautre  dans  la  longue  pdriude  de 
"08  ans. 

Nous  ne  passerons  pas  sons  silence  ces  etoiles  dites  in/br^ 
mm  (lea  Grecs  les  nommaient  sporades  ou  les  semet^A  }, 
luolque  douees  de  celle  sc  i  n  t  i  1 1  a  1 1  o  n  qui  distingue  Wa 
etoUeadea  plaaeieb.  **'i  qui  MicsW.  ;  iVi!<«  <tw\  fla  >v>iv;iA 


GTOILE 

k 

FaiMes  et  otisciiftt,  (Somnie  le  m^iite  modeste,  efles:  ont 
m  abindonnte  des  homroes ;  dies  ont  ^t^  repouss^es  des 
constella lions,  les  r^ines  du  ciel^  ayec  lesquelles ^eHes 
n'ont  point  ^  formul^eft,  ce.  qui  leur  a  talu  leur  triste 
nom  d'if{forme$,  Cependant  un  astronome  anden^  dans  sa 
(k)<ftique  adulation,  a  form^,  avec  plusieure  de  ces  ^toiles 
delaifis^iSy  la  CheTeliire.de  B^r^nice,  qui  luit  d'une 
l^^re  lueiir  au  septentrloA.  Plusieura  antres  au9si  depuis 
ont  en  lea  bonneors  de  la  coa'^tellattofl.  ^' 

De  tons  lea  phdnom&nes  stellaires,  pen  sont  hypoth^- 
tiqiies;  la plupart  ont  ^  sonmis  auxcalculs  rigoureux,-a(ix 
observations  des  p^mocrite,  des  Utpparque,  des  Tycho- 
Brahe«  des  Nelvton,  des  Kepler,  des  Cassini,  des  Lalapde, 
des  Delambre,  des  deiU  Herscliell,  des  Blot,  des  Arago. 
Des  froids  calcols  de  Talgibre^  ces  grands  hommes  ont  fait 
6clore  toote  la  po^ie  dn  ciel,  mats  la  po^<;ie  traie^  niais 
la  po^ie  pure  comme  la  verto.  Quel  livre  ^tincelant  de 
hmagination  homaine  |>eut  6tre  comparable  k  cette  voDte 


lis 

a  et^  ii^titn^.  On  nVn  tronve  aaeune  mentfon  aranf  le  rignt 
dUlphonse  V,  qui  monta  sur  le  trdne  en  14 16.  Cet  ordre  sa- 
raii  cependant  plus  ancien,  sel6n  quelqnes  drudits,  et  aorail 
^  itabli  en  Aragon  en  1333,  en  m^rne  temps  que  celui  de 
la  Bande  en  Espagne. 
.  ^TOILE  (L').  Voyez  Estoilb. 
,  ETOILE  (Artifice),  composition  d*artiflce qui ,  Ion- 
qu^elle  s^enflanime ,  simnle  TefTet  d^une  ^ofle.  On  *  fait  les 
^ol/e«  avec la  composition  des  serpentaux  onlinatresy 
qn*on  met  en  pAte  ^paisse  f^n  I'bamectant  avec  de  Peau-de 
Tie  gomm<^e.  On  ^tend  cette  pdte  sur  une  table  bien  unie, 
saupoiidr^  de  pulv^rin;  on  en  forme  un  gMean  carr^,  d'un 
doigt  an  plus  d^^paisseur,  qu*on  arrose  de  pulv^rin;  on  le 
coupe  an  long  et  en  large  pour  avoir  la  itoiles  en  petits 
cobes ,  et  on  les  laisse  s^ber  k  Tombre,  On  en  fait  de  deux 
esp^ces  :  les  unes ,  mouses  pour  etre  employ^  dans  les 
cbandelles  romaines;  les  autres,  en  forme  de  petits  cubes, 
servant  k  la  garniture  des  fus^  volantes.  La  forme  des 
celeste,  o6  le  soleil  est  la  eloire  du  jour  et  lea  dtoiles  les  \  itoiles  ne  change  rien&leur  quality ;  il  faut  senlementveiller 


graces  de  la  nuit,  oil  des  fleurs  de  feu^  radicles  et  nuan- 
ce comme  celles  de  la  terre,  passent  cliaque  nuit  d^orient 
en  Occident,  sur  nos  tdten ;  fleurs  semdes  sur  les  prairies 
bleues  du  qel  et  quelqnefois  mourantes  anssi,  comme  celles 
de  la  terre.  DENtiE-BARON. 

KTOILE  ( Bonne  ou  Manvaise ).  Les  reveries  de  Tastro- 
loflje  jniiiGiaire  persuad^ent  longtemps  aux  hommes  crd- 
dules  qiiecbacon  de  nousnaissait  prMcstind  au  bor^heur  ou 
k  rinfortune,  suivant  qu^une  ^ile  bonne  ou  mauv^  avait 
pr^sidd  il  sa  naissance.  Beaucoup  de  gens  avaient  pris  an 
«^ieax  les  deux  premiers  vers  des  Fdcheux  de  Moii^re  : 

Soot  quela^fne,  bon  Dten,  faot-il  tfaejesoisnet  > 
Poar  ^tre,  ete. 

Remarquef  qn^alora  (comme  M"*  de  Sdvignd nous  peint  Se- 
grats  le  dlsant  k  une  femme  tr^  eommune  qui  parlait  de  son 
6Mie)  il  y  avait  passaUement  d'amoar-propre k  se  figurer 
qiae  Ton  eftt  &  soi  seul  une  dtoile ,  soft  bonne ,  soit  mauvaise,- 
attendu  que,  Timperfection  des  lunettes  astronqmiques 
n*ayant  permis  4*eB  dtoMivrir  encore  que  nUlle  vingt-detix, 
on  ne  croyafit  point  quil  y  en  eOt  dieivantage.  Maintenant 
qne  nous  savons  que  le  nombre  en  est  immense  et  efTraye 
rUnagination,  personne  n^a  plus  la  sotte  ou  vanit^se  pens^ 
que  sa  destine  soit  en  rapport  avee  un  de  oes  globes  lumi- 
neux ;  mais  Texpression  est  resUe  comme  m^phore :  on  a 
une  bonne  ou  une  numvaise  iMle^  salon  qua,l*one8thau- 
reux  ou  malheuneax  dans  ses  projets,  dana  ses  entreprises. 
CTest  dana  ce  sens  que  If apol^R  croyait  k  son  4tolle,  comma 
jadis  Cter  k  sa  forfuna.  La  flatterie  ne  manqua  pas  de  ca- 
re^ser  cette  superstition  dn  grand  capitaine.  EJie  fit  observer 
que  sa  f(6te  et€n  g^^al  celles  qui  se  c^dbiiient  sous  son 
r^ne  ^ient  toi^oura  favorisdes  par  un  ciel  pur  et  sans 
images,  mtaoe  lorsque  la  veille  le  tempa  avfit  dt^  pluvietix 
ou  inoertain.  Le  soleU  ohHt  iiune  €toilt  ,ts'empressa-t-on 
de  dire,  par  nn  jen  de  mots  adnlatenr.  Qui  oserait  croire 
nojourdliui  k  la  fiiveor  permanente  de  la  ai^ne,  aprte  Vii- 
clipse  de  eelle  de  Napolten?  i      Qurrt. 

ETOILE  (Ordre  de  T),  eonfrMe  militafre  qui,  ^  en 
croire  Favin  (TMAtre  (Fhonneur  et  de  china^eri^),  ao- 
raJt  M  fondte  dte  le  onzi^e  ai^e  par  1^  roi  de  Franee 
Robert.  Mais  Tassertion  de  cet  terivain  n*esi  oorro|)orte  par 
aiMson  tteioignage  hislorique*  11  paratt  an  contraire  que 
Pordre  de  ritoile  ne  ftit  institod  qu'en  1351,  par  le  roi 
Jean  I**^.  Le  nombre  des  chevaliers  fot  primilii^^ment  limits 
a  cmq  eenta ;  nsaia  k  la  longne  il  paratt  qu'on,  se  reUcha 
singuU^ranent  de  la  rigiieur  des  s^tuU ;  et  Chiles  vn  no- 
tamment  le  prudlgna  ontre  toute  mesure.  II  dtalt  done  de> 
puia  longtenpa  oompMement  ddoonaldM  quaii^  Louis  XI 
crte,  CO  1470,  Tordre  de  Sain^Michel,  £n  le  supprimant 
ddfinitivenieBt,  Charles  VIU  ne  fit  que  consacrec  nn  foit  de- 
puia  longtemps  accompli  par  la  seule  puisa^ce^^  Topinion. 

Lea  roia  d*Aragoi|  enrent  aussi^uii  ordre  fiilUaire  de 


k  ce  qu^elles  sotent  saupoudr<^es  de  pnivdrin  pour  leur  servir 
d^amorce  et  leur  faire  produire  leur  effet  k  Tunisson  :  ainsi, 
apr^  avoir  ddcoupd  la  pkie,  on  pent  rouler  les  dtoiles  dana 
lepulvdrin,  et  en  faire,  si  Ton  vent,  de  petites  boulettes.  La 
composition  et  la  pAte  des  etoiles  roouldes  sont  les  m^mes  que 
celles  des  ^iles  simples.  On  a  ensuite  un  moule  ou  un  em- 
port^-pi^  du  calibre  exact  des  cartouches  de  chandelles 
romaines :  ce  moule  se  compose  de  4  pieces ,  une  virole  de 
cuivre ,  un  reponssoir  cylindrique ,  une  plaqnette  en  cuivre 
et  une  broche  mobile.  Pour  faire  usage  de  ce  moule,  on  re- 
live le  reponssoir,  on  pose  le  moule  surlapAte,  en  Pappuyant 
fortement  poor  qu'elle  remplisse  la  virole;  on  descend  le 
reponssoir  et  la  broche,  sur  laquelle  on  appuie  pour  lui 
faire  traverser  Pdtoile  et  faire  la  lumi^  de  chasse;  on  re- 
live le  tout,  et  on  fait  sortlr  Pitoile  de  la  virole  au  moyen 
du  reponssoir.  Dans  de  grandes  fitea  de  nuit ,  on  appelle 
quelqnefois  des  troupes  dMnfanterie  4  exicuter  des  feux  de 
couleur.  Vitoile,  dans  ce  cas,  est  introduite  dans  le  canon, 
comme  une  cartouche,  en  observant  cependant  qu*avec  la 
baguette  on  doitse  homer  k  conduire  l^irement  IVfoi/eau 
lond  du  canon,  sans  la  bourrer.  Autrement,  die  ^lateral t 
en  sortant  du  fnsil,  et  manqoeralt  TefTet  qu^on  en  attend. 

Merlin. 
l^TQILE  (Artillerie),  instrument  quf  sert  k  verifier  le 
calibre  des  can  on  s.  II  consiste  en  un  plateau  en  cuivre  de 
0",00a6  d'^paisseur  pour  tons  lea  calibres,  et  d*un  diamilre 
qui  varie  suivant  celui  de  oes  divers  calibres.  Quatre  pointes 
d'acier  sont  plac^esdans  des  trous  carr^,  pratCqnfe  dans  IM- 
paisseur  du  plateau,  suivant  deux  diamitrea  qui  sie  croisent 
perpendiculaireroeut  Une  seulede  ces  quatre  pointes  est  mo- 
fbile  et  ob^it au  mou vement  d*nn  pli^  incline  qui  tafait  avancer. 
Un  trou  pratique  au  centre  du  plateau  est  destini  k  recevoir 
une  verge  de  fer  qui  porte  ce  plan  sur  une  de  ses  faces.  La 
verge  est  elle-m6me  logie  dans  une  cannelure  pratique  dana 
une  hampe  en  hois  ^  compost  de  plurieors  parties  qui  se  lo« 
gent  I'une  dans  Tautre  au  moyen  de  douillea  li  vis ;  la  poi« 
gnte  da  cette  bampe  porte  une  tehelle  graduie  en  centime- 
tres ;  elle  eat  entourie  par  un  anneau  nomm^  eurieur,  out 
au  moyen  d'one  vis  de  pressiony  peut  ^  volenti  itre  fixde 
k  la  verge,  ou  se  mou  voir  sur  la  poign^  de  la  hampe«  Apria 
avoir  disposi  lYtoile  pour  Putiliser,  on  llntroduit  dans  Vkxne 
du  canon,  onpousse  doucement  la  verge,  et  si,  lorsque  la 
pointe  mobile  ne  peut  plus  avancer,  le  bord  du  cursenr  est 
sur  le  ciro,  TAmeest  exadement  de  ealibre.  On  mesure 
TAme  de  centimetre  en  oentimitre,  depots  le  fond  jusqo'au 
delAde  la  charge.  Un  canon  ne  doit  plus  6tre  oonsidir^  comme 
de  service  quand  le  logement  du  boulet  a  plus  de  15  points, 
a'il  doit  tirer  k  boulet  rouUnt ,  et  plus  de  SO  points  s*il  doit 
tirer  avec  des  boolets  sabeC^s*  Pour  lea  obuiiera  et  mortlera, 
le  boulet  peut  alter  jusqu*k  40  pofnts.  Merun. 

£T01LE  ( Marine.),  petit  anneau  en  fer-blanc  que  troia 

petits  morccaux  de  li^e  supportent  flottant  sur  PhnDe  de 

ytt^nqx :  on  ignore  qui  en  fut  Tauteur  et  en  qyiel  temp^  il  J  la  Terrine.  (ip\  snneau  donne  passage,  dans  ion  milieu ,  4 

15. 


116 


^TOILE  —  ETOILES  FILAWTES 


une  petite  nitehey  qui  sert,  dans  I'liabitacle  d^irn  bfttiment,  k 
fairer  le  oompas  de  route.  Mbblim. 

£TOILE  D'EAU.  Voyei  Callitric. 

^TOILE  D£  MEIL  V<nfei  Ast^ib. 

£T0IL£E  (ChamlHre).  Voyez  Chambre  ^Toiiis. 

£T0ILE  POLAIRE.  Si  Ton  oonsid^re  d'une  inani^ 
alteative  le  raoa?ement  gdn^ai  desastres,  on  remarque  que 
les  ^  1 0  i  1  e  8  d^cri vent  en  vingt-quatre  beures  des  cercles  plus 
ou  moins  grands,  maia  qui  diminuentsensiblement  en  se  rap- 
prochant  da  point  nord ,  et  qui  finissent  par  se  confondre 
sur  une  assez  belle  ^toile  voisine  du  p61e,  et  qu*on  nomme 
pour  cctte  raison  V^ioile  polaire,  II  est  facile  de  la  recon- 
nallre»  puisqu'elle  conserve toute  lanuit  la  ro6me  situation; 
il  sumt  d'ailleurs  de  tirer  une  ligne  droite  par  les  deui  plus 
briUantesdtoilesduCAario/(aet6de  la  Grande  Ourse)  ;cette 
iigtie  toucbe  k  r^ile  polaire.  Cette  ^ile,  qui  fait  partie  dela 
'  constellation  de  la  Petite  Ourse,  n'^it  pas  polaire  autrefois; 
en  1785  eUe  ^tait  ^  r*  2'  du  p41e;  elle  n'en  sera  qu*a  28' 
vers  i'an.  2100 ;  c*ibut  r^toile6  qui  ^tait  polaire  il  y  a  2000 
ans ,  et'2300  ans  avant  notre  ^re  l^^toile  a  du  Dragon  n'^tait 
qu'i  10'  du  pdle  septentrional.  Quant  au  p61e  austral,  il 
n'offre  aucune  ^toQe  aussi  brillaute  que  U  n^Hre  On  se  sert  de 
r^toile  polaire  pour  tracer  une  m6ridienne,en  clioislssant 
le  temps  oil  elle  est  dans  le  nidridten,  ce  qui  arrive  exacte- 
ment  lorsqu'elle  est  dans  te  vertical  de  Tdtoile  s  de  la  Grande 
Ouree.  L.-Am.  Si^iNLUOT. 

ETOILE  polaire  (Ordre  de  I').  Cet  ordre  suMois 
est  destine  k  r^compenser  le  m^rite  dvil.  n  ne  comprend  que 
deux  classes  :  les  commandeurs  ct  les  cbevaliers;  les  in- 
signes  secomposent  dVne  croix  d*or  k  buit  poitites,  ^maillte 
de  blanc,ayant  au  centre  un  mMaillon  d'axur  portant  une 
^toile  polaire  et  la  devise  :  Nescit  occasum ,  qui ,  traduite 
ilbrement,  veut  dire  que  Tespritde  Tinstitntion  est  de  ne  ja- 
mais laisser  ternir  la  gloire  de  la  Sudde.  Cette  croix  se  porte 
su»pendue  k  un  ruban  noir  moir^. 

ETOILES  FILANTES  ou  TOMBANT£S.  Ces  pr6- 
tendues^toiles,  que  les  Latins  ont  appelto  avec  plus  de  jns- 
tesse  stelUe  transvolantes  (transvolantes) ,  car  elles  tom- 
bent  rarement ,  sont  de  petits  m^tteres  oa  globules  ignte 
usurpant  ce  nom  (astueux ,  qui ,  par  une  illusion  d'oplique , 
paraissent  se  detacher  de  lacoupole  du  firmament,  filer  dans 
Patmosph^re ,  en  laissant  derri^re  eux  une  trabi6e  de  lu- 
mi^re  blancbe,  vive,  pure,  mais  diffuse  lorsqunis  se  pr^ 
dpitent  sur  la  terre.  On  a  fait  de  nombreuses  hypotheses 
pour  expliquer  ce  curieux  phdnom^ne.  Dans  Tune  de  ces 
hypotheses ,  Ms  en  faveur  aujourdUiui ,  on  oonsid^re  les 
6toiles  filantes  comme  des  ast^rofdes,  ou  comihe  des 
corps  existant  dans  les  espaces  celestes ,  se  mouvant  avec 
une  grande  vitesse ,  en  vertu  des  actions  plandtaires,  ets'en- 
flammant  dans  notre  atmosphere,  lorsqu^ils  yiennent  k  la 
traverser.  Cette  opinion  est  appuy^e  sur  I'autorit^  imposante 
^e  Halley,  de  l^allis,  de  Bergmann,  deChladni,  d'Olmsted, 
d'OIbers,  d'Arago,  de  MM.  de  Humboldt,  Qu^telet,  etc.  Pour 
ces  physidens ,  les  ^toiles  filantes  sont  done  un  pli^omene 
^  astronomique;  ponr  d'autres ,  au  contraire,  ce  ph^nomene 
,*  est  m^ltorologique  et  se  passe  tout  entier  dans  notre  atmos- 
,  phere. 

AvantChladni,  avantia  publication  de  son  ouvrage  en 
1794,  on  avaltd^jk  ^misrid^ed^uneoriginecosmique  pour  les 
liolides  et  les  adroit thes.  Halley,  Watlis,  Prtngle,  Ritten- 
liouse,  Maskelyne,  6onsid(fraient  ces  globes  de  feu  comme  des 
corp<ico!tmique8;  mais  les  dtoiiesfilantesproprementdites,  tou- 
Jours  silencieuses  dans leur  course,  se  reproduisant  en  nom- 
bre  confud^rable,  ^talent  g^n^ralement  regard^es  comme  un 
ph^nornene  atmosphiirique.  Quelquesauteursles  attribuaient 
k  reieclricit^,  entre  autres  Beccaria  et  Vassal! ;  d'autres  ob- 
servateurs,  tcls  que  Lavoisier,  Volta,  Herbert,  Toaldo, 
Green,  etc.,  n*y  voyaient  que  rinflammation  du  gaz  bydro- 
iivne  accumuie  dans  les  regions  snperienres.  Gelte  opinion  fut 
cumpietement  renvers^e  par  Dalton.  Chladni  oonelut  de  sea 
J  tci'iM dies  que  ces  mdteores  n*ont  pas  leur  origine  dans  notre 
iituiospheroy  UMis  qo'ila  aopl  4m  wm$  touakfam^  h  mou- 


vant a  travers  les  espaces  plan^taires,  avec  une  vitCMO 
^ale  k  celle  des  planetes;  lorsque  ces  corps  renoontrent 
I'atmosphere  terrestre,  lis  s'enflamment,  suiTant  lui,pat  le 
frottement  et  la  rteistance,  et  deviennent  Inmlneux ;  qaeU 
quefois  ils  ^latent  en  pieces,  et  projettent  des  maaaes  de 
pierres  et  de  feu  sur  la  terre. 

ttil798,  Brandes  et  Bensenberg  entreprirent  de  deter- 
miner hi  hauteur  de  ces  roeteores  et  leur  direction  la  plus 
g^n^iale;  ces  savants  trouverrat  des  altitudes  aui  varierent 
entre  19,6S0  metres  et  225,300  metres.  Les  nouvellesobKr- 
▼ations  de  Brandes,  en  1623,  donnerent  des  hauteurs  qvi 
varierent  entre  24,000  metres  et  740,000  metres.  Quant  k 
la  rapidity  de  la  mardie,  elle  varie  entre  27,500  metres  par 
seconde  et  79,500  metres.  Dans  les  observations  de  1823,  lea 
trajectob-es  ftirent  fir^quemment  des  lignes  courbes,  qnelqoe- 
foisliorizontales,  d*autres  verticales,  d'autres  entin  avaienl 
une  forme  serpentine.  Leurs  progressions  furenten  g^eral 
du  nord-est  au  sud-ouest;  cependant  beaueoup  de  cea  ib6- 
ttefes  se  dirtgerent  dans  toutea  les  dhrections. 

Quant  aux  ^poques  de  Tapparition  de  ee  ph^Domene ,  on 
en  a  distingue  de  fort  remarqnables ;  et  le  nombre  de  oea 
epoques  s'est  accru  avec  le  nombre  des  observaleurs  et  det 
observations.  D*at)ord  ce  ftirent  les  noits  du  10  an  13  no- 
vembre  qui  eurent  le  plus  de  retentissement,  par  le  grand 
nombre  d'etoiles  filantes  qui  parurent  en  1799,  en  1832, 
1833  et  1834.  Cette  abondance  ne  se  renouvela  pas  dans  lea 
annees  1835 ,  1836  et  1838.  •  On  Tit  des  etoiles  filantes,  dit 
M.  Galloway,  dans  lanuit  du  13  novembre,  dana  difTereotes 
parties  du  globe;  mais  quoique  les  observateurs  fussent  at- 
tentifs  dans  cette  nuit,  on  ne  put  dans  ces  demieres  an- 
nees on  voir  plus  que  dans  les  autres  nuits  de  la  mtaie  sai- 
son ,  drconstance  qui  a  ebranie  la  foi  en  leur  periodicite.  ■ 
La  seconde  grande  epoque  de  leur  periodicite,  indiquee  par 
M.  Qoetelet,  aete  le  10  aoOt;  11  y  a  encore  la  periodedu 
18  octobre ,  oelles  des  23  et  24  avril ,  des  6  et  7  deceoibre, 
des  15  et  30juin,  celle  flu  2  Janvier,  et  d'autres  qui  viendront 
s'adjoindre  aux  preoedentes,  k  meaure  que  le  sombre  dea 
observations  augmentera. 

On  pent  juger  par  ce  qui  precede  comUen  il  est  fedle 
de  creer  une  hypolliese  sur  ces  meteores ,  si  Ton  ne  v«it 
accudllir  que  certains  faits  et  ne  lenir  aucun  ooropte  dea 
autres.  Dans  les  dilTerences  prodigieuses  qu'on  reosarquo 
dans  relegation  de  ces  meteores ,  dans  leur  rapldite,  dans 
leur  direction ,  dans  la  netteie  de  leur  parcours ,  dans  les 
trainees  etincdantes  simples  ou  multiples  qu'ils  laissentapres 
eux ,  ou  dans  les  epoques  de  leurs  retours,  on  trouvera  toii- 
jours  quelques  series  d'observations  concordant  avec  I'hypo- 
these  qu^on  voudra  etablir.  Cette  variete  de  manifestationa 
a  fait  naltreles  opinions  lespluadivergentes :  lesuns,  comme 
Ferret,  Gassendi,  Musdienbroeck ,  Bertold  ,  Desue,  etc., 
reunissant  lea  aerolltlies  aux  etoiles  filantes,  lea  font  pro- 
venir  de  dejections  volcaniques  du  globe  terrestre;  d'autres 
les  oonsiderent  comme  des  globes  enflammes  prodntts  par 
des  substances  |>rojeteea  des  volcans  de  la  lune ;  une  troi- 
sieme  hvpolbese  oi  fait  dessatdlitulesqui  tournent  autoiir 
de  notre  glolie ,  et  ne  deviennent  luroineux  que  lorsqulla 
penetrent  dans  les  regions  superieures  de-ratniospbere ;  une 
quatrieme  hypothese  veut  que  les  etoijes  filantes  soieut  lea 
debrisou  lea  fragments  d*une  grosse  planMe  qu^uneexploaion 
amise  en  |iieces,  etdont  ceres,  Pallas, Jonon  et  Veata  aont 
les  prindpales  portions  restantes ;  unednquieme  veut  qu'dlea 
soietit  dea  dependances  de  la  lumiere  aodiacale;  une 
sixieme ,  quil  existe  des  myriades  de  petits  oorp»  drculant 
autour  du  Foldl ,  et  dont  unedes  zones  intercepte  Pediptique 
vers  Tespacc  que  traverse  la  terre  en  novembre ;  une  sep- 
tieme ,  que  les  etoiles  filantes ,  les  aerolithes ,  1'  a  u  r o  r  e 
horealeet  les  come tes  solent  le  reaultatde  Tagregation 
d^atoraes  cosmlques-,  une  buitieme.  que  ce  plienomene  de- 
pende  de  Tdectricite ,  sans  indlquer  en  aucune  maniere 
commentiauraient  ete  produitea  ces  diarges  eiectnqiies4  ces 
gniiide8hatttoun,etooifM^  iW* 


Bn  mettant  en  regard  lea  foitsdeOMthtories,  les  objee- 
tioas  surgfesent  de  toutes  parts  ponr  chacune  d*elle8 ;  d*a- 
bord  :  1*  aucune  d'elles ,  h  I'exception  de  oelle  qui  s'appuie 
tor  r^lectrlciM,  De  peat  rendre  compte  de  la  divergence 
des  directioas  de  ces  n^ores,  de  ceux  qui,  partant  d'an 
iB^me  point  rayonnent  en  tons  sens;  2*  la  ritesse  moyenne 
qu'on  teor  aocorde  ncMe  de  beaacoap  celle  des  corps  qui 
ae  roenrent  antour  dn  soleit,  h  la  distance  de  la  terre;  3^  les 
Iratn^  luminenses  qui  dorent  plusieurs  secondes,  et  quel- 
qnefois  ptosleurs  minutes ,  ne  penvent  entrer  dans  aucune 
des  tIkSorles  prMdentea,  k  rexception  de  celle  qui  a  T^lec- 
trkit^pour   base;  4*  puiaqne  I'on  Toit  des  ^toiles  filantes 
dans  Pombre  projet^  de  la  terre ,  elles  ont  nteessaireinent 
une  Inmi^ns  propre ,  et  non  une  lnmi6re  emprunU^e  au  so- 
leil;  &**  leor  ignition  paraissant  tout  It  coup  &  une  liautenr 
o^  Tatmosph^re  est  d'une  raret^  qui  s^approdie  du  vide, 
die  ne  peat  Hre  le  prodoit  do  frottenient  de  Tair  ni  de  sa 
oompresslon,  en  admettant  m^me  qa*an  air  plus  dense  pQt 
produire  nne  telle  fixation  de  temp^tnre  dans  des  masses 
qui  varient,  dit-OHy  entre  40  et  t»,000  metres  en  diam^tre, 
ee  qni  certes  ne  peat  Mre  admis  par  personne ;  6*  si  le 
ftottement  de  t*air  ^it  la  cause  de  HgniUon  de  ces  corps  er- 
rants ,  il  y  aurait  un  ooromencement  dans  leor  ^lat,  on 
mavmum,  puis  une  ddcroissance;  ricn  de  semblable  k 
cette  marche  gradate  ne  se  fiut  remarquer  ;  les  dioiles  fi- 
lantes paraissent  tout  4  coup  dans  lear  plus  grand  telat;  elles 
le  oonsenrent  jusqu'lk  ee  qu*elles  disparaissent  compl^- 
BKiit;  elles  ne  paraissent  s^afTaiblir  que  lorsqu'dles  s^appro- 
cbent  det*borixijn,  lorsqull  y  a  des  vapeors  interposes  entre 
rohserrateur  et  le  Heu  de  leur  passage;  7*  si  des  masses  de' 
matiires  solideas'approcliaient  de  la  terre  autant  que  le  font 
les  ^loiles  filantes,  il  y  en  a  un  grand  nombre  qui  seraient 
atliffes  'nm^*h  die ;  S*  an  Ilea  d'Mre  attir<^  vers  la  terre, 
en  voit  des  ^toiles  filantes  qni  s*en  doignent  par  un  mou- 
vent  ascensionnd,  oa  qui  dterivent  des  arcs  convexes  vers 
la  terre;  9*  enfin,  si  c'est  de  rdectridte,  qudlessont  les 
substances  qui  h  eoSrcent,  comment  ces  substances  peu- 
vent-elles  kin  transport's  k  pludeurs  cent  mille  metres 
d'd^ation? 

•  Us  difllcultte,  dii  M.  Galloway,  qui  re^ssortent  des  di- 
verses  hypotMses  taiises  jusqu'li  ce  jour  font  voir  combien 
BOOS  connaisaons  peu  la  nature  des  ^iles  filantes.  II  est 
certain  qu*dles  apparaissent^  une  grande  hauteur  an-dessos 
du  sol,  qu^eUes  se  meuvent  avec  une  vdocit^  prodigjense; 
mais  toutle  teste' est  envdopp^  d^un  profond  myst^re.  De 
tons  ces  bits,  M.  Wortmann  pense  que  la  conclusion  la  plus 
naturdle  est  celle  qui  donne  une  uridine  electrique  k  ces 
m^bkires,  ou  k  qndqnes  substances  analogues  h  rdectri- 
dt^;  B  ee  qui  a  M  dfik  mis  en  avant,  il  y  a  plus  de 
soixanle  ans. 

^OLE,  longne  iMmde  d'doffe  que  les  prMres  portent 
au  eou  loniqn*il8  remplissent  certaines  fopctions  eccl^sias- 
tiques,  d  qui  pend  des  deux  c6f  par  devant.  Les  extn^mi* 
tte  de  r^le  sent  omto  de  croix,  de  galons,  ou  de  broderies. 
Les  prMres  portent  I'dole  pouradmlnistrer  les  sacrements; 
lis  la  portent  en  6charpe  lorsqu^ils  remplissent  les  fonc- 
tion  de  diacres.  ce  que  les  Remains  appelaient  stola  ^tait 
bien  diffi^nt  :  robe  d'honneur  cliez  presque  toutes  les  na- 
tions, die  convenait  plus  aux  femroes  qu*aux  bomme^.  Les 
rois  la  donnalerit  qudquefois  en  prix  de  vertu.  Cdle  de  nos 
prdres  ne  forme  que  les  extr6mil6s  de  la  longue  robe  que 
lK)rtaH  If"  grand  pretre  autrefois.  L'usage  de  i*6tole  a  com- 
iienc^  dans  PEglise  avec  celle  de  Vaube.  On  Ta  appelte 
aossi  orarmm,  de  orare  (prtelier),  parce  que  les  orateurs 
sacr^  de  la  primitive  ^ise  la  portaient  en  cbaire,  comme 
eela  se  ptatique  encore  en  Italic,  en  Belgique  et  dans  d*aa- 
ires:  pays.  Ce  n'dait  primitivement  qu'une  bandede  linge 
doin  on  se  servait ,  par  propret^  ,^  pour  essiiyer  \^  sueur 
autoof  du  eou  et  du  visage.  Thiers*,  cur^  de  Champrond,  a 
flit  un  traits  fort  curieux  sur  I'dto/e. 

V^ole  ( wdo  Stoldf! ,  equUes  S(olx)  dait  im  ordre  mi- 
litJ|ir«dtirols  (PAr^pm*  A  Venise  il  y  avait  aussi  uf^  ordfp  de 


l^TOILES  FILANTES  —  6tOLIE  n? 

cbevalerie  appel6  de  VtioU  d^Or  (ordo  StoUs  Aurex).  Les 
membres  portaient  sur  T^ule  gauche  une  ^iole  d'or,  large 
d*une  palme  et  demie,  et  descendant,  par  devant  d  par  der- 
ri^re ,  jusqu*au  genou.  On  n'en  d^ralt  que  les  patrices. 

l^TOLiEy  contrte  de  la  Grtee,  sur  la  c^  septentrio- 
nale  du  golfe  de  Corintlie,  fut  ainsi  nommte,  k  ce  que  rap- 
j  porte  la  tradition, du  fr^re  d*Ep^us,  roi  d*£Ude,  qui,apr^s 
I  avoir  abandon  n^  T^lide,  se  rend  it  ma|tre  de  ce  pays.  L'ati- 
j  denne  fitoUe  6\n\i  s^parte  de  TAcamanie  par  TAdieloOK,  et 
de  \k  s^dendait  jusqu'^  Calydon  ou  jusqu^au  fleuve  Euenos 
(  TEvtoe).  A  Test  die  confinait  k  la  Locride  d  li  la  Doridc, 
au  nord  k  la  Thessalie  et  kr£pire,  k  I'ouest  k  rAcamapie, 
au  sud  au  golfe  de  Corlnthe.  LorsquVlle  eut  M  a^^^die 
par  des  conqudes  postdrieures,  d'ignte  sous  le  nom  d*i£- 
tolia  EpicletoSf  die  eiit  pour  limitesau  nord  lemont  (Eta 
et  les  monts  AtliamanA  en  Epire ;  les  Tbermopyles,  M<^radde 
et  une  grande  partie  de  la  Thessalie  en  fdsaient  Element 
partie.  A  Test  on  y  ajouta  la  Doric  d  la  dVte  jusqu'ii  Nau- 
pacte  et  Eupalion.  Cette  contr'  ne  comprendt  qu'un  tr^ 
petit  nombre  de  villes ;  die  ^tait  des  plus  sauvages,  surtout 
k  rint^rieur,  d^ailleurs  d*une  st6rllil6  complde,  d  rendue 
impraticable  par  les  nombreuses  ramifications  du  mont  OBta 
qui  la  traversaient  en  tons  sens,  d  mtoie  dans  les  temps 
anciens ,  s'il  feiut  en  croire  le  t^moignage  d*Herodote  d 
d'Aristote,  die  n*^taitqu^un  repaire  de  Mtas  ffiroces,  de 
lions  notamment.  On  n'y  trouvait  de  fertile  d  de  cultiv^ 
que  le  pays  plat  immMiatement  voisin  des  c6tes,  d  que  lea 
bords  de  rAcli^lofis. 

Les  £toliens  descendaient  des  Hdldies.  Divis^  en  petites 
tribus,  ils  n'avaient  point  de  capitale.  Leurs  habitudes  de 
brigandage  les  avaient  rendos  aussi  redou tables  sur  terre 
que  sur  mer.  Libres  et  ind^pendants  de  tout  autre  people, 
ils  conserv^rent  fort  longtemfis  leurs  habitudes  sauvages  d 
leurs  moeurs  grostu^res.  lis  institu^rent  de  bonne  heure  la 
ligue  4tolienne,  fondle  Tan  323  avant  J.-C.,^  I'oceasion  de 
la  guerre  lamiaque ,  mais  qui  ne  prit  d^importance  vditable 
qu*li  r^poque  dela  ligue ach ^en  ne.  Les  dilTdeDts  ^tatsqui 
en  faisaienf  partie  s'assemblaient  ordinairement  tous  les 
ans  au  commencement  de  Pautomne  k  Tbermus;et  cdte  as- 
semble pnoiait  le  nom  de  Panmiolium.  D'abord  ils  firent 
cause  commune  centre  la  ligue  Achdeune  avec  les  Ro* 


mains ;  mais  quand  ils  s'aper^arent  que  ceux-d  B*avaient 
en  vue  que  leur  asservissement,  ils  s'alli^rent  contre  eux 
avec  Antiochns,  roi  de  Syrie.  Enfin,  ilsembrassdent  le  parti 
de  Pers^,  roi  de  MacMoine;  d  Tan  189  avant  J.-O.  ils  fu* 
rent  suhjngu^  par  les  Remains  avec  toute  cette  oontr^. 

Apr^  avoir  d^abord  consUtu^  avec  TAcamanie  une  no- 
marchie ,  P^tolie  forme  aiqourd^hui  le  gouveruement  de 
Livadie  du  royaume  de  Gr^ ,  avec  le  sous-gouvememeni 
de  Trychonia.  11  est  bom^  au  nord  par  le  gouvemeroent 
d*Eurytante,  k  Touest  par  TAcarnanie,  It  Ted  par  U  Phthio- 
tideet  hi  Phocide,  et  au  sud  par  le  golfe  de  Patras.  Aunord- 
est,  le  mont  Panaetolion  (appd^  aujourdliul  Viena  )  forme 
un  sauvage  prolongement  du  Pinde  de  Livadie,  Au  siid- 
ouest  il  vient  se  terminer  abruptement  dans  les  plaines  de 
r^tolie  anstrale,  tant6t  martoigeuses ,  iant6t  couvertes  de 
champs  de  rtz  d  de  champs  de  b\6,  bom^  au  nord  par 
les  lacs  d^Angelo-Castron  ( Arsion^  }  et  de  Vrachori  (  Tn- 
chonion  ).  Au  sud  de  ces  lacs  s'd^vent  les  chalnes  du  Zi- 
gros  ( le  mont  Aracynthos  dfts  andens  ) ,  qui  au  sud* 
Ouest  aboutissent  abruptement  k  une  large  plaine ,  remplie 
de  marais  et  de  lagiines  et  parsenite  de  landes  sablonneuses; 
tandis  qu*au  sud-est ,  hautes  de  1,000  metres  environ,  dies 
se  prolongent  jusqu^k  la  mer,  comme  par  exemple  le  mont 
Clialds,  qui  s*avance  au  loin  dans  la  mer  avec  le  cap  Anli- 
rhion,  puisse  rapproche  Jusqu*k  deux  kilomdres  environ  du 
cap  Rhion  dans  le  Pdoponnte,  en  formant  le  ddroit  de  L^ 
pante  (Nanpacte ). 

Le<;  principanx  cours  d*eau  de  r£tolie  sent,  k  Pouest  TAs^ 
propotanios  (Achdotts  ),  qui  sejette  dans  la  mer  au  nord 
du  cap  Scroph^,  et  k  Test  le  Fidaris  (  Euenos  ).  Parul 
les  ceptr^  de  |k>|}u1uI!u|),  t|ui  touf  out  crMeUementsouiYuii 


Its 


frrOLlE  —  ETOUFPfiMENT 


i\en  ftuitcft  Ad  l«  goeire  de  Pind^pendanoe ,  les  plus  impor- 
tiniu  sont  Missolonghfy  chef  liea  du  gouvernement,  L^ 
{lante,  entre  eax  deux  le  chdteau  de  Roum^lie,  enfin 
Agtinion  t>o  Ynicbori ,  chef-lieu  da  Tricbonion.  Dans  les 
plaines,  Pagricnllure  et  la  ptehe  coiistiluent  les  principales 
ressourees  de  lapopi  lation,  et  sontpratlqute  sur  une  4(i)elle 
«wez  Importante,  tandis  que  parmi  les  habitants  des  inon- 
lagnes  sobsistent  toujours  les  habitudes  guerri^es ,  sauvag^ 
et  indomptablei  des  aodens  Etoliens ,  comme  on  en  a  en 
\&  preuve  lors  de  IMnaurrection  dont  ces  contrto  furent  le 
tlidfttre  en  1836. 

ETON  OQ  EATON ,  petite  ville  du  comt^  de  Bucking- 
liam,sur  la  Tamise,  vis-li-Yis  de  l^indsor,  arec  une  popula- 
ttoii  de  3,000  Ames,  et  chef-lieu  d'un  district  de  21,500  ha- 
Ijilants,  ayec  ud  cliapitre  richeetcompl^tement  ind^pendant, 
compost  d'un  prdvOt  et  de  sept  chanoines ,  de  la  haute 
lllglise,  estredevablede  sa  c^l^brit6  It  P^^le  que  Henri  VlII 
y  fonda,  en  1441.  Cette^cole,  connne  sous  lenom  &Et6n 
College,  la  premiere  de  PAngleterre,  et  d*oii  sont  sortis 
une  fouledMiommcs  remarquables,  poss^e  une  riche  biblio- 
tli^ue  et  les  plus  larges  ressourees  en  mati^re  d^instruction. 
F^le  a,  tant  k  Tint^rieur  qu^li  Text^rieur,  toute  Tapparence 
d^un  couvent.  Ses  bAtiments,  qui  comprennent  les  classes, 
les  logements  du  pr6v6t ,  des  sept  fellows, de&  professeurs 
et  des  ^^yes,  le  r^fectoire,  etc.,  renferment  quatre  cours 
carries  et  sonl  construits  dans  le  plus  s^v^re  style  gothique, 
Mins  aucune  esp^ce  d'omements,  de  m6me  que  T^lise,  od 
Ton  remarqne,  outre Tautel,  une  fort  belle  cbapelle,  etqui 
est  remarquable  d'ailleurs  par  la  fonne  toute  plate  de  sa  loi- 
tnre.  Le  nombre  des  bourses  gratuites,  dont  les  titnlaires 
sont  appel^  royal  scholars  et  portent  un  costume  de  drap 
noir  assez  analogue  k  ceiui  des  moines,  est  fix^  a  70;  mais 
celui  des  fl6?es  pensionnaires ,  appartenant  en  g^n^ral  aux 
families  les  plus  considerables  de  TAngleterre ,  ya  bien  au 
Mk  de  G6  chimre.  En  y  comprenant  les  externes  {oppi- 
dans),  log^s  dans  des  maisons  particuli^res  a  £ton  ou  aux 
enylrons,  le  collie  d*Eton  compteaujourd*bui  enyiron  800 
^^yes.  La  discipline  en  est  tr^s-s^y^re,  et  le  regime  ali* 
mentaire  des  plus  simples. 

igTOUFFElIENTy  grande  difficulty  de  respirer,  es- 
p^  de  suffocation.  Cette  oppression  est  quelquefois  si 
grands,  qu*0  est  impossible  k  celui  qui  la  ressent  de  dormir 
dans  une  position  borizontale.  Tel  fut  le  cd6bre  baron  Fou- 
rier, secrdtaire  de  TAcaddmie  des  Sciences,  dans  les  dix 
demi^res  ann^  de  sa  vie :  pour  dormir,  il  ^tait  oblige  de 
fixer  sa  t^te  et  sa  poitrine  dans  une  situation  yerticale  au 
moyen  de  supports  m^talliques.  Sans  cette  precaution ,  il 
eOt  k  chaque  instant  de  la  nuit  couru  le  risque  d^etoulTer. 
Et  qu*on  ne  croie  pas  que  cette  gtoe  affreuse  et  ce  danger 
persey^rant  le  rendissent  malbeureux  :  il  n^en  etait  ni  moins 
gai  ni  moins  sphituel ,  tant  rhabttude  du  mal  en  all^e  le 
falx.  Cependant  jamais  11  ne  se  mettait  an  lit  sans  enyisager 
la  mort  comme  un  effet  probable  du  sommeil  qui  ailait 
suiyre.  Aussi,  quelle  belle  Ame,  toujours  prfite  pour  le  moment 
supreme!....  Ces  etoufTements  ont  des  causes  orgamques 
fort  di verses;  causes  qui  agissent,  tantOt  an  cou  ,tantOi  k  la 
poitrine  ou  dans  le  ventre,  dans  la  moelle  ^piniire,  dans  les 
oerfs  on  dans  les  muscles,  dans  le  coeur  et  les  vaisseaux. 

Certaines  tumeurs  du  cou  peuvent  entrayer,  jusqu'a  Top- 
pression,  le  passage  de  Pair  dans  la  trachde-art^.  De  ce 
nombre  sont  les  an^vrismea  des  art^res  carotides,  des  clia- 
|)eleU  de  glandes  engorg^es  qu*il  est  souvent  dangereux 
d*extirperet  qu^on  parvientrarement  k  r^soudre  Des  loupes, 
des  cancers  ynlumineux,  des  gottrea  excessifs,  out  eu  quel- 
quefois des  effets  pareiis.  Dans  la  gorge  meme,  aes  amyg- 
dales  trte-gonliees,  des  tumeurs  formcles  dans  le  pharynx, 
et  des  corps  strangers  arrAtes  vers  la  glotte,  ou  plu^  has 
dans  ToRSopliag^  ont  quelquefois  amene  noe  g6ne  extreme 
de  la  respiration.  Mais  rien  ne  rend  la  suffocation  aussi 
Imminenle  que  le  croup,  parses  fausses  membranes,  qui 
roenacent  d*ot>&tnier  la  glotte.  Cette  glotte  n'a  gu^re  qu'une 
Ugne  d^  large  cbei  les  Jeunes  enfantSy  et  Too  oomprend 


oombien  peud'epaisseuril  faulA  6esitoetk»ftalbumiiiea«l 
pour  Gondttire  k  la  sulTocatioD.  Quant  krcedime  de  la 
gloUe,  autre  et  perilleuse  cause  d^etouffement,  c*eBt  on 
sorle  d^hydroplsie  locale,  qui  suryient  parfois  dans  lea  ma- 
ladies chroniques ,  et  principalement  dans  la  pbthisie.  Ceit 
comme  un  amas  d*eau  qui  s'abat  en  partie  sur  la  gtotie  i 
chaque  entr6e  de  Pair,  et  qui  rend  Paspiratlon  trte-difficile 
et  quelquefois  sufTocante,  mais  qui  n*entrave  presque  paa 
Pexpiration,  c'est-A-dire  la  sortie  de  Pair  II  faut  que  le 
danger  d'etoufTer  soit  bien  grand  dans  cette  maladie,  puis* 
qu^on  peut  6tre  force  de  reoourir  k  la  tracheotomib.  Une 
autre  esptee  d'eiouffement  que  j'ai  observe  pint  d'une  fois| 
a  pour  cause  de  petites  tumeurs  arrondles  et  comme  to* 
berciileuses  qui  se  forment  sur  PepigloUe  et  A  la  base  de 
la  langoe  ou  aux  abords  du  larynx,  et  qui  retredssent  d*aa« 
tant  le  passage  de  Pair.  La  phthisie  laryogee  entralne  aussi 
a  sa  suite  des  symptOroes  d*oppression  et  d^etouffementi 
surtout  k  son  dernier  perlode,  alors  que  presqoe  inevita- 
blement  la  phthisie  pulmonaire  Paccompagne  et  que  les  car- 
tilages  du  larynx  se  carient. 

Tout  cequidimione  le  champ  respiratoireter.d  k  prodnire 
Poppression,  PetoufTemeot,  la  suffocation,  qui  ne  sont  que 
les  divers  degres  d'un  mAme  8ympt6roe.  Au  nombre  des 
causes  produisant  de  tels  effets,  il  faut  compter  Pengorge- 
ment  infiamroatoire  des  poumons,  les  tubercules  dont  aont 
parsemes  les  poumons  des  pbthisiques  et  sur  Pexistenoe 
desquels  il  est  rare  qu*on  semeprenne ; les  epancbements ct 
Phydropisie  de  poitrine,  les  cavemes  tuberculeuses  des 
poumons  et  surtout  la  communication  de  ces  cavemes  avee 
les  pl^vres,  dernier  cas  oh  PetoufTement  est  promptemeot 
mortel;  les  plaies  de  poitrine  et  Pemphysteoe  puknouaire, 
circonstances  o(i  Pair  qui  louche  la  peripherie  des  poumons 
nuit  k  Pintroduction  de  ce  fluide  par  le  larynx,  en  detmisant 
Peffet  dn  vide  interieur  qu*e(lectue  le  diaphragroe  dix-huit 
fois  par  minute.  II  fantde  plus  compter  le  trop  grand  vo* 
Inme  du  coeur,  ses  anevrismes ,  de  mtaie  que  Pasthme,  qui 
peut  etre  uu  sympt6me  tanif^t  des  maladies  du  oonir,  de 
Possificatlon  de  ses  valvules ,  et  tant6t  d'uae  deviation  de  la 
taille,  d'une  gibbosite  vertebrale,  de  Pemphystoe  des 
poumons  ou  de  leur  insuffisance.  DaBS  Poppressicm  qu^ooca- 
sionne  P  a  s t  h  m  e ,  on  ne  saurait  trop  redouter  les  exerdces 
laborieux,  les  longues  marches  et  la  ooiere,  les  vivadtes, 
demi^re  cause  qui  nous  a  subitement  prives  de  notre  ceidm 
et  tr^regrettable  collaborateur  M.  Virey,  qui  vivait  trte- 
oppresse  depttis  vingt  ans.  L*aneyrisroe  de  Paorte  pectorale, 
en  comprimant  les  poumons  et  quelquefois  la  brooche  gauche, 
peut  menacer  d'une  suftocation  soudaine.  Une  autre  cause 
d^oppression  et  d'etooffement,  plusfreqnentequ^on  ne  penae, 
c'est  le  defaut  dMiarmonie  entre  lea  quatre  ^vites  du  omor 
et  le  defaut  de  proportion  entre  la  masse  du  sang  qui  drcula 
et  la  somrae  d'air  consacree  k  le  rougir  et  i  le  ravitalller. 
Une  poitrine  exigOe  et  de  petits  poumons  se  trouvant  alli^ 
k  un  cQsur  energique,  c^en  est  assei  pour  provoquer  oa 
etoulTement  habituel.  II  en  est  de  mdrne  si  le  ccBor,  devenn 
gros  par  PefTetde  PAge,  de  Pintemperance  et  des  passions, 
ralentit  peu  k  pen  ses  battements  et  n'en  a  que  d'irreguliers, 
en  sorte  qu'une  toux  instinctive  doive  sans  oesse  retablir 
Pequilibre  drculatoire  en  aidant  le  coBur  et  le  provoquant 
k  se  contractor.  Des  corsets  oonstruits  sans  prudence,  comme 
aussi  let  attaques  de  tetanos,  ont  quelquefois  occasionne  det 
eu>ii((«ments  k  la  mani^re  des  serpents  de  Laocoon.  Le  cau- 
diemar  proyenant  d'affections  du  oonir  on  d*abus  en  fait 
d^excilants,  et  d'auiit:s  fois  des  preoccupations  de  Pesprit 
ou  de  la  oon!^:ience,  peut  avoir  des  effets  analogues.  C'esI 
en  comprimant  leur  sternum,  et  par  etouffement,  qu'on  a 
coutume  de  tuer  qu«Ique»  oiseaux,  en  partieolier  les  pigeons 
domestiques. 

ha  causes  d^etouffement  |)rovenant  dn  veiire  sont  les 
plus  vulgaires.  Le  volttme  exoessif  du  foie,  qni  alors  rs- 
monte  vers  la  poitrine  et  eropiete  sur  le  pomnon  voiiiii| 
lliydropisle^ate,  quelquefois  le  ballonnemeDt  de  PsIh 
domeo  par  d^  far.  exiialte  eX  sans  issue;  una  (raaHif 


fiTOtJFFEMENt  —  fitOtJPlLLE 


119 


ou  line  grossease  double,  ce  sont  Ui  autant  de 

causes  d*oppressioo.  La  simple  compression  de  I'abdomen 

peat  menacer  d^^touflement.  Un  acc^  de  rire  prolong^,  de 

Illume  que  l*^^que  codtuIsioo  des  muscles  du  Tentre, 

idans  le  t^tanos,  a  quelquefois  occasionii^  I'asphyxie,  uue 

expiration  trop  pers^y^rante  ne  permettant  plus  d^asplrer  de 

nooTel  air  autant  que  le  requi^rent  les  besoins  de  Texistence. 

U  y  a  menace  de  sufTocation  chaque  fois  qu^il  y  a  K^ion, 

rupture  ou  alteration  profonde  de  quelques-uns  des  nerfs 

qui  cbncourent  h.  la  respiration  ou  qui  servent  aux  mouve- 

ments  de  la  glotte  et  du  larynx.  C'est  ainsi  que  la  l^ion  du 

nerf  pbr^m'que  met  obstacle  h  la  respiration  en  paralysant 

lediaphragme,  principal  agent  de  Tinspiration.  A  un 

degr^  moindre ,  il  en  est  de  mfime  de  toute  blessure  des 

nerfs  intercostaux,  lesquels  animent  et  font  mouvoir  les 

muscles  de  ce  noni ,  qui  secondent  le  diapbragme  et  le  sup- 

pl^snt.  Quand  an  nerf  vague  et  k  Paccessoire  de  Willis , 

lenrs  blessures  occasionnent  de  r^touffcment  en  raison  du 

rdtrfeissement  de  la  glotte,  qui  laisse  malais^ent  passer 

Pair  dte  que  ces  nerfs  sont  atteints  ou  ddtruits.  Mais  c^est  la 

It^ion  des  cej  fs  laryngds  inluricars  ou  r^currents  qui  met  le 

plus  d*entraves  k  la  respiration ,  en  r6lr6cissant  la  glotte  de 

moiti^.  J'ai  pobli<§  dans  la  Kevue  M^dicale^  en  1824,  This- 

toire  d*un  malade  dont  la  voix  dtait  alt^r^e  et  la  respiration 

p^nible,  en  cons^uence  d*un  an^vrisme  de  la  crosseaor- 

tique  par  lequel  se  trouvait  comprim^  et  distendu  le  nerf 

recurrent  gaucbe,  qui  fait  une  anse  autour  de  celte  cour- 

bure  del'aorte.  Un  an^vrisme  deTart^re  sous-clavi^redruite, 

que  contoume  le  nerf  r^urrent  droit,  de  m^e  que  des 

tumeurs  comprimantces  nerfs,  pent  occasionner  un  ^toulTe- 

ment  habifuel.  Alors  la  glotte  est  toujours  dangercusement 

r^tr^e ,  parce  que  ses  muscles  dilatateurs  ^tant  paralyse, 

les  nerfs  qui  Yaquent  au  r^trdcissement  de  la  glotte  restent 

sans  antagonistes.  J'ai  dit  ailleurs  ( Recherches  tur  It  md- 

canisme  de  la  voix;  Paris,  1820)  comment  s'^touffaient 

tout  k  coup,  par  Tocclusion  de  ia  glotte  et  par  des  efforts 

^ergiques ,  ces  esclaves  romains  dont  les  historiens  ont  ex- 

pliqu^  la  mort  par  des  causes  invraisemblables. 

Cest  en  haut  de  la  moelle  dpiniere,  dans  un  espace  de 
quelques  ligne^ ,  comroe  Ta  prouT^  Legallois ,  et  depuis  lui, 
afec  pins  de  pr^sion  encore,  M.  Flonrens,  que  rteide  la 
puissance  motrice  de  la  poitrine  et  du  coeur.  Toute  profonde 
lesion  de  cette  moelle  au  niveau  de  la  deuxi^sme  vertebra 
(hi  con  interrompt  la  vie  subitement.  Si  la  division  ou  la 
Messure  a  lieu  plus  bas,  aux  lombes  ou  vers  le  dos,  alors 
des  paralysies  et  diff^rents  tioubles  surviennent,  le  cceur 
lui-m£me  a  moins  d*6nergie;  mais  la  respiration  continue  et 
la  vie  pcrslste.  Voilk  ponrquoi  les  deviations  vert^brales , 
la  maladte  de  Pott  et  diverses  blessures  vert^brales  ont 
d'autant  plus  de  gravity  et  affectent  d'autant  plus  la  respi- 
ration qu^elles  sont  plus  rapprocli^es  de  la  t£te.  II  est  incon- 
testable que  beaiicoup  d'oppressions  et  d^etoufiements  babi- 
toels  ont  leur  cause  et  leur  point  de> depart  dans  la  moelle 
^piniire.  Je  suis  convaicu  que  de  ce  nombre  est  Vanginede 
poitrine,  cette  funeste  maladie,  que  les  Suisses  et  les  Anglais 
ont  si  bien  d6crite,  et  que  les  m^ecins  fran^is  m^n- 
naissent  preeque  tons.  Dans  cette  affection,  oil  Ton  se  trouve 
toot  k  coup  saisi  et  arrftt^  pendant  la  marclie  par  un  senti- 
ment d'anxi^t^  qui  n^est  pas  pr^s^ment  de  Toppression , 
roais  qui  r^de  k  la  poitrine  comme  die ,  et  menace  la  vie 
davantage,  on  sent  que  le  cceur  cesserait  de  battre  soudain 

Ton  continuait  dc  marcber  plus  longtemps.  On  no  man- 
qnerait  pas  alors  d^attribuer  la  mort  k  Texc^  des  battements 
duornr,  k  un  coup  de  sang  ou  k  Papoplexie  c^rdbrale, 
tandis  qu^en  Ha\\t&  c'est  la  syncope  ou  rinsunisance  du 
eoeur  et  sa  lassitude  qui  Tauraient  caus^.  Je  dis  que  celte 
sorte  d^^toulTement  strange  a  son  principe  dans  la  moelle 
^Ini^,  ^  rfen  n*en  saurait  mienx  t^moigner  que  cette 
traln^  de  clialeur  engourdissante  qui  se  r^imnd  dans  la 
saignte  des  bras  tant  que  dure  Tangoissu  inli^rieure.  Et  ce 
qui  prouve  encore  que  c'e&t  ti:  cu'ur  el  la  uiuellc  d|iini^re 
fiiy  dans  ea  cas  font  dtfaut.  c*(iAt  que  cette  maladie  si  in- 


qui^tante  et  si  subite  n'attaque  gnire  que  des  individus 
vieillis  plut6t  qu*Ag6s,  en  qui  le  corps  a  pris  rapidement  un 
volume  en  disproportion  avec  le  pouvoir  initial  du  centre 
nerveux  et  la  puissance  normale  du  ooeor;  un  autre  carac- 
t^re  en  sigqale  la  nature,  c'est  la  mani^  dont  on  y  remd- 
die,  en  associant  les  toniquea  avec  la  temperance. 

D'  Isidore  Bocbdor. 

l^TOUPE,  du  latin  stupa^  d6nj6  du  grec  otvkti,  parlie 
grossiire,  rebut  du  cbanvre,  du  liny  de  la  filasse,  de 
Tortie,  etc.,  d^iet  de  TalBnage  de  la  portion  corticale  des 
plantes  filamenteuses.  Les  ^toupes  ne  sont  point  compn- 
rables  cependant  poor  la  grossi^t^  k  ce  que  dans  certains 
pays  les  gens  de  la  campagne  appellent  rebouilles.  On  peut 
filer  et  tisser  T^toape  jusqu'^  un  certain  degr^  de  finesse, 
tandis  que  les  rebouilles  sont  tout  au  plus  propres  k  ia 
confection  des  cordes  les  plus  communes.  On  file  retou|ie 
an  rouet;  ce  n'est  qu'k  grand^peine  qu*on  peut  filer  Ioh 
rebouilles  au  fuseau.  Le  peignage,  k  Taide  du  seran  ou  pei^ne 
k  dents  de  fer,  produit  des  6toupes  de  trois  qualitds  diift^- 
rentes,  les  demi^brins,  les  brinasses  et  les  repiranU,  \jt 
tapisiiier  les  substitueau  crin  dans  la  matelasserie  commune, 
il  en  rembourre  les  cbaises,  fauteuils,  canapes,  divans; 
mais  comme  cette  mati^re  n'est  iws  ^lastique,  elle  forme 
de  tr^-mauvais  coussins.  Le  cbaudronnler  appelle  itoupe^ 
d  itamer  un  goupillon  dont  un  bout  est  garni  de  filassr , 
et  qui  lui  sert  k  ^tendre  retain  fondu  sur  les  pieces  qu'fl 
r^pare.  Blandiie  par  Taction  du  chlore,  T^toupe  s'allie  pai 
le  cardage  an  coton,  et  on  les  file  ensemble. 

En  artillerie,  on  donuti  le*nom  A^6toupe  k  des  filaments 
de  tin  ou  de  cbanvre  tr^s-doux.  On  les  destine  priucipa- 
lement  k  la  confection  de  la  m^he  k  canon  :  pour  cela, 
cette  etoupe  doit  £tre  pil^  avec  des  maillets ,  battue  avec 
des  bagu^eSy  peign^e  soigneusement  et  filte.  Trois  brius 
sont  ensuite  r^unis  et  retors  pour  faire  la  mtebe.  Dans  la 
marine,  T^tonpe  est  plus  commune  :  c^est  le  rebut  ou  le 
d^bet  du  cbanvre  qui  reste  dans  les  peignes.  Dans  les  ports 
militaires,  on  Temploie  a  la  confection  des  matelas  que  Ton 
embarque  pour  les  malades.  Pour  calfater  les  navires,  on 
se  sert  d'une  etoupe  provenant  de  vieux  cordages  gou- 
dronn^,  que  Ton  d^tord,  et  dont  on  fait  une  esp6ce  de 
diarpie.  Les  calfats  en  font  des  torons  fort  Iftches ,  de  8  ^ 
10  centimetres  de  grosseur,  en  la  toumant  avec  le  plat  de 
la  main  sur  le  genou.  lis  en  emplissent  au  besoin  les  joints 
des  bordages,  qu'ils  couvrent  ensuite  de  brai. 

En  style  figure,  mettre  le  feu  aux  etnupes,  c'est  pro* 
voquer ,  determiner  tout  k  coup  quelque  mouvement  imp^- 
tueux,  comme  la  colore,  la  liaine,  un  amour  violent,  la 
vengeance,  etc.  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  Le  feu 
preiid  aux  itoupes, 

^TOUPlLlJBy  mtebe  destinee  k  mettre  le  feu  aux 
/fif^esde toute  esp^oe.  On  engamit  tons  lesailifioes.  Pour 
confectionner  des  etoupilles,  on  joint  ensemble,  sulvantia 
grosseur  du  fil,  trois,  quatreoucinq  brins  de  coton  bien  file. 
On  les  fait  tremper  pendant  vingt-quatre  heuresdans  du  Ibrt 
vinaigre,  ou  si  Ton  est  presse,  pendant  deux  ou  trois  lieurts 
dans  de  I'eau-de-vie;  puis  on  les  passe  dans  du  piilverin, 
mis  en  pftte  llquide ,  que  Ton  humecte  avec  de  Peau-de-vie 
gommde  et  campbree  :  et  pour  qu'elles  soient  suffisamment 
imbibees,  on  les  petrit  avec  la  main  ou  une  spatule.  On  re- 
tire alors  la  m^ie  en  la  passant  legirement  entre  les  doigts 
pour  en  extraire  le  superflu  de  la  composition;  un  I'etend 
sur  une  table,  et  lorsqu'elle  est  96chie  k  inoitie,  on  la 
saupoudre  Idg^rement  avec  du  pulverin ;  on  en  roulc  les 
brins  sous  la  main  poor  rarrondir,  ayant  soin  de  rouler 
toujours  dans  le  m6me  sens;  apr^  quoi,  on  la  divide  sur  un 
cliAssis  nonune  s^ehoir^  dont  les  uiontants  sont  geruis  «le 
clieviUettes;  on  la  fait  s^cher  k  Toinbre,  ou,  si  Ton  en  a  un 
prcssant  besoin »  an  soleil,  ou  dans  une  cliambre  cbaufTf>e 
par  un  poele;  enfin,  on  la  coupe  par  bouts  de  80  ^ntiuietrei 
k  1  m^tre,  et  I'on  en  fait  des  petites  poigneeaqu'onenvelopp 
(Vune  clicmtiie  de  .papier  t  solt.pour  la  cooserver,  en  la  utft 
tant  dans  un  endroit  sec,  soit  pour  la  distribuer  au  be^oiA 


^50 


fiTOtlPlLLE  —  fitOtJllNEAlJ 


on  nomme  encore  ^toupilUi  les  fus^s  d*ainorc«  qui 
t«rvent  ^  porter  le  feti  avec  promptitude  k  la  poudre ,  dans 
rime  d*ttne  pito  d'artillerie.  Ces  StoupiUes  sont  devenues 
une  ptrtie  ^^-euentielle  de  IVtifice  de  guerre,  tant  k 
eauM  de  tear  utility  que  de  la  grande  consommation  qo'en 
fiiit  Partillerie.  On  ne  saurait  6tre  trop  attentif  k  leur  pre- 
paration. D*elles  en  effet  peut  d^iiendre  le  succ^  ou  IMnsuccfs 
d*une  action  devant  I'ennemi.  Ce  sont  de  petits  roseaux  de 
8  centimetres  de  longueur ,  de  grosseur  proportlonnde  aux 
Inmt^res  deK  boudies  k  feu.  Us  sont  gamts  de  composition 
incendiaire  et  coup^  droit  d*un  bout  et  en  siftlet  de  l*aiitre 
au  moyen  d*un  canif.  Apr^  avoir  perc^  la  cartouclie  par 
la  lumi^re  au  rooyen  du  d^orgeoir,  on  introduit  IVtoupille 
dans  cette  lumi^re  par  le  bout  coup^  en  sifllet.  Le  feu  est 
ensnite  communique  k  Vitouptlle  par  ta  lance  h  feu. 
Autrefois  on  falsait  les  etoupilles  en  ier-blanc;  des  strangers 
en  avaient  m^me  fabriqud  en  cuivre  jaune,  minces,  cotip6es 
en  sifllet  dans  le  bas,  assez  tongues  pour  que  le  bout  pOit 
percer  la  gargousse  :  ils  evitaient  par  III  la  manoeuvre  du  d^- 
gorgeoir;  mais  lis  avaient  Tinconvenient  de  voir  leors 
pitees  enclou^es  par  le  porte-feu,  qui  restait  dans  la  lu- 
mito,  et  se  trouvait  souvent  comroe  rive  interieurcment 
par  le  refouleroent  qu'occaaionait  inflammation  de  la 
poudre.  De  son  c6te,  le  fer«blanc  avait  nnconvenient  grave 
de  se  rouiller  ais^ment ,  et  de  gftter  bientot  la  composition 
qne  Ton  mettait  dans  les  Jusies,  Aujourd^liuf  les  iCoupilles 
d^amoroesont  confectionnees  avec  des  roseaux  bien  sees, 
ooup^s  dans  le  cceur  de  l*hlver,  dans  des  fonds  oh  ils  n*ont 
pas  ete  trop  exposes  k  Taction  des  vents.         Merun. 

ETOURDERIEydefaut  de  prudence,  de  pi^voyance, 
d*altention,  produit  par  Tincapacite  de  r^fltehir,  on  par 
ritabitude  de  c^der  aux  premieres  impulsions ,  sans  exa- 
miner quels  en  seront  les  r^sultats.  L'enfance  et  la  premiere 
jeunesse  peuvent  seules  faire  excuser  retourderie  :  dans 
l*Age  raOr,  elle  indique  une  organisation  incomplete;  plus 
tard,  une  organisation  affaiUie.  Daus  les  relations  sociales 
les  nM>ins  importantes,  IMtourderie  est  insupportable  et  de- 
▼ient  bient6t  odieuse  ;  Vitourdi  ne  calcule  ni  ne  mesure  ses 
mouvements ;  U  entre  dans  un  salon,  marche  snr  la  patte 
du  cbien  favori  et  Testropie;  U  heurte  le  gudridon,  le  ren- 
verse,  «ti  brise  lemarbre  et  les  porcelaines;  de  la  canne 
qH*il  a  soiM  le  bras ,  fl  casse  les  cnriosites  de  Petag^re ,  et  se 
retoumant  vivement,  va  frapper  du  oonde  la  poitrine  d*une 
femme  qui  s'avan^it  pour  le  rceevolr;  dans  le  jardin,  11 
marche  sur  les  platesbandes,  les  bouleverse;  puis,  saisissant 
deux  enf^nts  par  la  main,  couii  avec  eux  k  travers  des  ar- 
bustes  dpineux ,  et  ne  s^arr^te  qu*apre8  les  avoir  precipites, 
avec  lui,  dans  une  pi^ce  d^eau;  par  les  mes,  le  cabriolet 
qnMI  conduit  rase  les  bomes,  les  rourailles,  accrocbe  toutes 
les  vultures;  enfin,  il  verse,  se  rompt  la  Jambe,  et  dcrase  un 
vieillard.  L'^tourdi  est  done  non-seolement  inutile  li  la  so- 
ciety, mais  souTent  encore  peut  lui  etre  tres-nuisible.  Aucun 
suin,  aucune  affaire,  ne  sauraient  lui  etre  confiis,  car  ou  il 
oiiblie  de  s'en  acquitter,  ou  il  cboisit  un  moment  ioop- 
portun.  N'ayant  point  examine  les  clioses,  11  ignore  leur  na- 
ture, lea  oonfond,  les  perd  de  vue,  ne  salt  dans  quel  ordre 
les  unes  se  traitent,  et  ne  oomprend  |iolnt  IMmportance  des 
autres, 

Toutes  les  profbssions  sont  par  le  fait  interdites  k  I'e- 
tourdi ;  il  n*en  est  point  en  effet  qui  n*exige  une  attention 
qui  le  oontrarie  et  le  fatigue ;  il  n*en  est  point  od,  en  com- 
promettant  aes  intMbi,  il  ne  compromette  ceux  d'autrui; 
et  les  bomtnes  ne  tol^rent  que  les  imperfections  dont  ils 
n'ont  pas  k  souffrir.  On  ne  rit  pas  de  retourderie  des  md- 
clecins,  des  apotkicaires,  des  juges,  des  administrateurs,  des 
banqniers,  qnand  on  a  remis  entre  leurs  mains  sa  vie  ou  sa 
fortune,  uetounlerie  d*un  general  remplit  de  terreur  son  ar- 
loee  et  le  pays  qu'H  defend.  Toute  esptee  de  domination  et 
de  responsabilite  est  incompatible  avec  retourderie,  qui 
i«nd  DuN  la  braToure,  la  generoslte  el  le  devoueinent.  L*e- 
iluciliou  corrlge  de  l*4lourderie,  si  elle  ne  la  previent  pas; 
9l  reiperieaoe,  k  moins  qu'oo  ne  soit  tolalement  depourvu 


de  sens,  nien  corrige  pas  moins;  mais  11  est  rare  que  dans 
ce  dernier  cas  on  ne  se  corrige  trop  tard.  Quand  Moli^re  1 
mis  Yitourdi  sur  la  scfene,  il  ne  I'a  repr^sente  qu'amooreax ; 
retourdi  n'edioue  que  dans  une  intrigue  galante ,  il  ne 
dejoue  que  les  plans  d^un  laquais  fourbe  :  ainsi,  Tbabile  co- 
mique  a  montre  ce  quMl  pouvait  y  avoir  de  plaisant  dans  oe 
defaut.  Mais  que  lieite  soit  le  chef  d*une  grande  entreprise, 
que  sa  famllle ,  ses  amis ,  le  servent  oomme  il  est  servi  par 
Mascarille,  vous  verrez  ses  desseins  les  roieox  con^s 
echouer,  ses  esperances  les  mieux  fondees  detruites,  et  lui- 
roeme  entralner  dans  Tabtme  quMl  aura  creuse  fkimillc  et 
amis  :  vous  aurez  nne  tragedie  en  conservant  k  Leiie  son 
caractere  dans  d'autres  drcoostances.  Apres  Vitourdi  de 
Moliere,  Andrieux  a  ose  faire  Us  j6tourdis,  et  de  ses  nom- 
breoses  pieces,  celle-cl  restera  peut-etre  seule. 

C'est  sans  doute  parce  que  la  nature  et  les  moenrs  inter- 
disent  aux  femmes  tout  aocis  dans  les  affaires  publiques^ 
qu^on  les  accuse  d*etourderie  sans  croire  leur  faire  beau- 
coup  de  tort,  comme  si  reducation  de  leurs  enfants,  le  gou- 
vemement  de  leur  maison ,  le  soin  de  leur  lionneur,  ne  re- 
clamaient  point  un  esprit  refleclil  et  une  conduite  profonde- 
ment  meditee.  La  bonte,  la  douceur,  la  sinoerite^  Kaiuour 
du  travail,  la  chastcte,  ne  preserveront  pas  une  fenmie  du 
tort  que  lui  fera  retourderie.  Une  seule  action  falte  dtoar- 
diment  a  temi  quelquefois  la  reputation  la  plus  meril6e; 
et  rinnocence  et  la  vertu  ne  sont  reconnues  irreprocbables 
qu*autant  qu*elles  sont  attentlves.  On  medit,  on  caloronie, 
on  insulte,  on  offense  par  etourderie.  On  se  lie  d^amitie, 
on  se  marie,  on  trafique,  on  Tote  etourdiment,  puis  Ton 
s'en  prend  au  sort,  en  attendant  qu'aprte  avoir  Joue  etour- 
diment son  bonlieur  dans  cette  vie  et  dans  I'autre,  on  s^en 
prenne  k  Dieo.  C^m  db  Bb4Di. 

On  a  souvent  confondu  retourderie  etladistraction, 
deux  cboses  fort  distinctes,  dont  Tune  est  un  defaut,  un 
vice  roeme  si  Ton  veut,  Tautre  slmplement  un  ridirole, 
souvent  involontaire,  quelquefois  aflecte  pour  se  (aire  croire 
original.  Le  people  disait  jadis  etre  Hourdi  comme  le  pre- 
mier  coup  de  matines;  il  se  borne  k  dire  de  nos  jours  : 
Hourdi  comme  un  hanneton.  On  dit  faire  les  cboses  k  I'e- 
tourdie,  agir  k  retourdie,  de  m^me  que  Ton  dit :  s'etourdir 
surqudque  cbose,  s'empteher  d'y  penser,  sMtourdir  sur 
une  perte,  s'etourdir  sur  son  sort.  Etre  un  etourdi ,  ou  ^tra 
etourdi  d*un  bruit,  dMn  coup,  d*une  chute,  sont  cboses  fort 
dissemblables  et  qu*nn  meme  terme  ne  devrait  pas  expriroer. 

l^TOURDISSEMENT.  On  designe  par  cette  denomi- 
nation, qui  est  une  traduction  litterale  du  mot  italien  $tw» 
dimento ,  un  trouble  moioenlane  des  fonctions  du  cerveau : 
on  vadlle  et  on  croit  voir  toumer  les  objets  environnauts. 
L'etourdisseroent  se  rencontre  communeiuent  chei  les  per- 
sonnes  sanguines,  repietes,  nerveuses,  dans  la  grossesae,  etc 
Quand  il  se  repete  souvent,  il  est  llndioe  d*une  conges- 
tion de  sang  vers  la  t^,  et  dans  ces  cas  il  annonce  un 
danger  imminent.  Nous  reoommandons  k  oe  sqjet  les  avis 
que  nous  avons  consignes  au  mot  Bourdonnement  d^Obcil- 
LBS ,  affection  k  laqudle  retonrdissement  se  ralUe  d^ordi- 
naire.  D'  CnABBONifiBR. 

I^TOURNEAII,  genre  d*oiseaux  de  Pordre  des  passe* 
reaux,  renfermant  dixi  douze  esptees,  dont  la  plus  conniie 
en  Europe  est  Vdtourneau  commun  (stumus  vulgaris,  L.)^ 
que  Ton  nomme  aussi  sansonnet. 

L^etourneau  commun  ne  differe  des  carouges  que  par  son 
bee,  deprime  surtout  vers  la  pointe.  II  est  noir,  avec  des 
reflets  violets  et  verts,  tacbete  partout  de  blanc  ou  de  fiauve. 
Le  jeune  est  gris-brun.  Le  sexe  se  reconnatt,  suivant 
quelques  oiseleurs,  k  une  tres-petite  tache  noirAtre  que  le 
mftle  porte  sous  la  langue;  mais  ce  caractiren*est  pas  tr^ 
certain.  Get  oiseau,  trte-commun  dans  Tancien  continent 
se  noorrit  dinsectes,  et  detruit  ainsi  une  grande  quantite  de 
ceux  qui  nuisent  aux  bestlaux  et  aux  Jardina.  11  vole  en 
troupes  serrees  et  nombreuses,  et  se  platt  partfculiireroent 
dans  les  marais.  Souvent  les  vuiees  d*etoiimeanx  aont  trlle- 
ment  serrees  que  les  oiseaux  de  proie  craignenti  k  ce  (|Uf 


6T0URNEAU  —  feXRE 


PoB  dit,  (to  left  attaqner,  et  D'ocent  rompre  ces  ^pais  ba- 
taiUons ,  dont  toft  cria  les  effriyent ;  aussi,  Terreur  de  qoel- 
qnftft  ■aturattBles ,  qd  ont  aranc^  que  r^toarneau  poursuiTi 
lance  aTec  force  aa  flente  contre  son  ennemi  pour  le  chasser, 
ft'est-«lle  bien  Tite  accrMit^ 

Dans  DOS  pays,  le  tempa  des  amours  commence  poor  lea 
^toumoaox  aux  premiers  Jonn  do  printemps  :  c^est  alors 
qu*ils  reviennent  des  climata  plus  cliaods,  06  lis  ont  M 
passer  rhiver.  A  cette  ^poquo ,  ila  se  s^parent  par  couples , 
mais  auparaTant  lea  roAies  se  balteot  pour  avoir  one  com- 
jtaiqie,  et  le  Tainqueur  a  to  droit  du  choiz;  dans  ce  temps, 
leur  gnooillemeBt  est  presqne  continoel.  La  femdle  cher- 
rbe  Oft  lieu  propre  k  reoeroir  sa  progdniture  :  c*est  ordinal- 
rement  dans  les  colombiers,  dans  les  Tieux  mars  ou  sous  les 
toils;  elle  pond  quatre  ceufe  bleu  TerdAtre,  que  le  mAle  lui 
aitle  k  confer.  Les  petita,  pris  jeunes,  se  laissent  ais^ment 
appinoiser;  lis  apprennent  k  clianter  et  mAme  k  parler.  On 
les  chasfio  en  attachant  une  corde  englute  k  la  patte  d'un 
Moumeao  et  le  Uchant  an  milieu  d'une  troupe  de  ces  oi- 
seanx;  bieotAt  II  engine  aes  compagnons,  qui,  ne  poovant 
plus  Toler,  tombent  et  se  laissent  prendre  facilement.  Cet  oi- 
seao,  dont  la  chair  est  aasez  dtegrteble,  n'existe  pas  an 
cap  de  BonD^Esptenoe,  ainsi  que  Tavaient  avanod  pla- 
sienrs  anteurft.  N.  Clbrhont. 

Stranger.  Ce  terme  s*applique  k  celui  qui  appar> 
tieiit  k  une  autre  nation  :  ainsi  lea  difBirents  peoples  sont 
r^ot^  strangers  les  uns  k  I'^rd  des  antres.  Dans  P^tat 
priinitir,  cbaqoe  nation  ne  Toit  dans  Pdtranger  qo'un  ennemi 
00  on  barbare :  idy  11  se  trouTe  constamment  sons  la  me- 
nace de  Joift  8^^res»  \k  on  le  r6dnit  k  la  condition  de  serf, 
presqne  partoot  on  le  d^pooille  ploa  ou  moins  de  ses  droits. 
A  nesore  pourtant  que  le  moovement  donn^  par  le  chiiS' 
tianisme  pousse  lea  peoples  dans  les  Toies  d*une  civilisa- 
tioo  plus  telairte,  nous  Toyons  la  condition  de  T^tranger 
s'amdiorer.  Toutefois,  JusquMcl,  la  position  d*un  Strang pr 
dans  on  pays  n*a  pas  encore  itA  mise  par  les  lois  sor  de 
mAme  pied  que  celle  des  r^gniooles.  II  n'y  a  pas  longlemps 
que  la  Grancle-Bretagne  a  renonc^  au  droit  d*expulsion  ar* 
bitraire  qn*elle  s*^it  rAsenr^  k  regard  de  tout  i&tranger.  Les 
£tats-Cnis  et  la  France  sont  les  pays  ou  il  est  le  mienx  ac. 
coeilli  et  joait  de  plus  de  liberty.  Dans  TAmMque  du  Nord, 
one  annte  de  residence  le  soumet  au  payement  des  taxes  et 
Ittidonoe,  oomme  compensation,  le  droit  de  cit6.  La  France, 
de  son  cdt6  f  en  ceci  cororoe  en  toute  cbo^e ,  a  la  g  ire 
d*aToir  donn^  le  signal  de  rafTrancliiasenHmt  de  I'^tra  ger. 
(Test  die  qui  la  premiere  a  aboli  ces  droits  iVaubai  ne  et 
de  ditraction^  cr^ationa  du  moyen  Age. 

Ainsi ,  aoJoonThut  les  strangers  en  France  peuvent  ac- 
qwirir,  jonir  de  tours  biens,  les  transmettre,  en  disposer  par 
donation  et  testament,  de  la  mAme  mani^re  que  les 
Fran^ia.  Mais  pour  les  droits  dvils  autres  que  ceux-IA,  V^ 
tranger  ne  jouira  que  de  cenx  qui  sont  00  seront  accord^ 
par  les  traits  de  la  nation  k  laqndle  il  appartient.  La  loi 
rependant  ne  Texclot  pas  d'une  mani^re  absoloe  de  la  joois- 
sance  dea  droits  ci  vi  U ;  il  peut  demander  au  gooTeniement 
Tautorisation  de  s^^tablir  en  France,  pt  cette  permission  em- 
porte  de  droit  la  jouissance  de  ces  droits ,  tant  qu'il  y  con- 
senrera  son  domicile.  Toutefols,  Tautorisation  de  s'^tablir 
n*entratne  jamais  pour  T^tranger  la  jouissance  des  droits 
eiviques  ^  politiques,  pour  lesquels  deslettre^de  na- 
iuraligation  deviennent  n^cessaires.  En  fin,  en  France 
la  quality  d^^anger  entralne  les  consequences  suivanles  : 
1"  En  toutes  mati^reft  aulres  que  cellea  de  commerce,  Td- 
tranger  demandeur  eat  tenu  de  donner  une  caution  sp^- 
dale,  appdte  judicatum  solvit  et  destine  Agarantir  le 
payement  dea  fttus  auxquds  il  pourrait  6tre  condamn^. 
3*  11  ne  peut  fignrer  comme  t^moin  dans  on  acte  notari^ , 
ni  faire  partie  de  I'armito.  3**  Tons  les  jugements  qui  pro- 
Dooeent  ooatie  lui  une  oondamnation  au-dessus  de 
IM  fraiicft  to  somoeltent  k  to  eontraintepar  corps, 
4*  ODepeotAtreadnils an btoAfioede cession  tfeftiens. 
•*  L'^lnnger  dtetovA  Tagabond  par  jngement  peat  Mrt 


131 

conduit  par  ordre  du  gonvemement  bora  do  territoire  du 
Toyaume.  E.  db  Chabrol. 

La  loi  du  3  d^cembre  1849  aocorde  au  rainistre  de  Tin  • 
t^ieor  le  droit  d*enJoindre  k  tout  stranger  Toyageant  ou  r^ 
aidant  en  France  de  sortir  du  territoire  rran^ais  et  celui  de 
le  faire  recondoire  k  la  froniidre.  L'^tranger  autoris^ji  ^tabltr 
son  domicile  en  France  peut  ^alement  6tre  expols^ ,  en 
Tertu  de  la  m6me  loi ;  mais  Tarret^  d^expiitsion  torabe  de 
lni-m4me  si  Tautorisation  d^  s^jour  n'a  pas  ^t^  r^voqute 
dans  les  deux  mois  qui  le  suivront.  Tout  Granger  qui  se  se- 
rait  sonstrait  k  rex^ution  des  mesures  administratives  prises 
contre  lui,  ou  qui  rentrerait  en  France ,  apr^  en  avoir  M 
expuls^,  sans  la  permission  du  gouvemement,  est  passible 
d'un  ^  six  mois  de  prison. 

j^TRANGLEMENT.  Foyes  Strangulation. 

ETRAVE,  pi^ce  de  bois  qui  tannine  I'ayant  du  navire, 
et  qui  fait  corps  avec  la  quille.  C'est  la  base  et  Pappui  de 
tootes  les  con«tnictions  qui  se  rattacUent  k  Parant  du  bdti- 
ment.  La  contre^trave  est  une  seconde  pi^  de  bois,  des- 
tinte  k  fortifier  r^trave.  LVtraTe  est  garnie  sur  cbacun  de 
ses  cOtds  de  chiffres  qui  font  connattre  le  tirant  d'eau  du 
navire. 

£TRE.  L'idte  6*4tre  est  la  plus  haute  abstraction  k 
laqoelto  puisse  s^derer  la  raison  humaine,  et  cependant  l*es- 
prit  la  rencontre  d^s  ses  premiers  pas;  il  Tit  dte  le  com- 
mencement avec  die,  it  la  con^it  et  lui  donne  un  nom  qu'on 
retrouve  dans  tons  les  idiomes  dont  il  fait  usage.  En  un 
mot,  aucnne  Idte  ne  lui  est  plus  famili^re,  plus  constam- 
ment pr^sente,  plus  inh^rente  en  quelque  sorte  k  sa  pensde. 
Mais  comment  ae  fait-il  que  cette  id^  qu'il  porte  toujours 
ivec  lui,  qui  lui  eat  acquiae  de  si  bonne  lieu  re,  qui  semble 
si  Claire  et  si  simple,  comment  se  fl^it-il  quMl  ne  peut  s'en 
renore  compte,  se  I'expliquer,  determiner  la  signification  du 
mot  qui  sort  k  I'ex primer?  Et  en  effet  une  definition  dn 
mot  itre  seralt  aussi  ridicule  que  Yaine.  Prouvons-en  l*im- 
p;)S8ibilite  en  Tessayant.  L'Atre,  c'est...  aussit6t  Pascal  nous 
arrdte,  et  avec  raison  :  «  On  ne  peut,  dit-il,  entreprendre  de 
definir  i*etre  sans  tomber  dans  une  absurdity;  car  on  ne 
peut  deiinir  un  mot  sans  commencer  par  celoi-ci,  &est,  soit 
qu'on  Texprime,  soit  qu'on  le  sous-entende.  Done  pour  d4* 
finir  TAtre,  il  foudrait  dire  &esi,  et  ainsi  employer  dans  la 
^fipltjftn  to  mot  k  deflnlr.  *  Mais  ne  nous  arr6tons  pas  k 
Tobjeetion  de  Pascal ,  et  essayons  de  continuer  notre  defi- 
nition. Que  ferons-nous  entrer  dans  le  second  terme?  Un 
genre  et  une  difference,  comme  quand  nous  ddfinissons 
rhomme  un  aninuU  rtUsannahle?  Mais  dans  quel  genre 
se  trouTerait  contenn  le  genre  ^tre,  qui  contient  tous  les 
autres ,  et  qui  n*en  reconnalt  point  au-dessus  de  lui  ?  et 
quelle  d\f/irence  peut  presenter  un  genre  auquei  il  nVxiste 
rien  de  parallde?  Chercherons-notis  k  decompo^r  Tidee 
d'^re  dans  ses  dements?  Mais  c^est  une  idee  simple  s'il  en 
fut  jamais,  et  par  consequent  indecomposable. 

Si  IMdee  dM/re  n*est  point  susceptible  de  definitions,  lieu- 
reusement  elle  n*en  a  paa  besoin.  L'esprit  n^a  qu'^  jeter  sur 
elle  ses  regards  pour  la  conce^oir ;  elle  tire  sa  clarte  d^elle- 
mfime,  comme  l^astre  du  jour,  qui  pour  etre  aper^u  n^a  pas 
besoin  d'empninter  aux  autres  leur  lumiere,  et  qui  fait 
jaillir  de  son  propre  sein  celle  qui  doit  le  maniff^ster  k  nos 
yeux.  Mais  comment,  k  quelle  occasion  cette  notion  er.Jl^t- 
elle  dans  notre  pensee  ?  Descartes  a  repondu  k  cette  ques- 
tion par  ces  deux  mots  si  ceiobres  :  cogito,  ergo  sum  (je 
pense,  done  je  suis ).  Nous  ne  pouvons  en  effet  avoir  cons- 
cience d'aucune  modification  de  notre  etre  sans  que  Pidee 
dle-meme  d*etrene  nous  apparaisse  invinciblemcnt  encbatnee 
k  ndee  de  modification.  On  a  reproche  bien  k  tort  k  Descartes 
sa  proposition  comme  one  petition  de  principe.  Par  cette 
proposition  Descartes  ne  veot  point  demontrer  I'existence 
en  la  donnant  comme  une  consequence  de  la  pen  see;  il  s'est 
Iui-m4me  exprime  clairement  k  ce  sujet  dnns  sa  correapon- 
dance  :  U  ne  vent  que  constater  que  les  deux  ioees  de  mi)'!<? 
et  d'etre  sont  inseparables,  et  montrer comment  le  rnf^M< 'I 
n^e^ftsaire  ^  j^iiiiit  l«8  manlMe  enminie  temps  A  la  r.ii^.ii. 

4(1 


122  feTRE 

On  voit  que  racquUition  de  cette  Id^  ne  se  fait  pas  longr 
If.aips  attendre,  et  qii^elle  nous  apparatt  pour  ainsi  dire  aus* 
sitdt  que  nous  ooTrons  tes  yeox  k  la  lumi^re.  Mais  com- 
ment aniTons-nous  ensuite  h  la  distinguer  de  toutes  les 
autres,  elle  qui  seroble  confondue  avec  toutes  les  autres? 
eomraent  panrenons-nous  k  l*eii  ddgager  nettement  poqr  ia 
considdrer  k  part,  et  comme  abstraction  ?  Dfuis  la  nature  en 
efTet  r^lre  et  le  mode  existent  confondus  et  ne  se  pr^sen* 
tent  jamais  separ6s.  Nous  poovqns  done  fester  longtemps 
sans  les  distinguer ;  c*est  ce  que  prouvent  les  Ifmgues  an- 
ciennes ,  dans  lesqueUes  des  jugemenLs  entiers  sont  expri- 
m^  par  un  seul  mot  sans  distinction  de  siyet,  de  Yerbe  ni 
d^attribut.  Comment  done  Tesprit  a-t-i1  pu  s^parer  ce  qui  est 
toiijonrs  uni  dans  la  nature?  Si  nous  n*avions  jamais  connu 
qn^un  seul  objet,  et  que  cet  objet  n'eCit  jamais  chang^,  nous 
n^aurions  jamais  eu  Tidte  d*6tre  distincte  de  Tidte  de  ma- 
ni^  d'Mre  ou  de  mode.  Mais  nous  prenons  conmiissanc^; 
de  plusieurs  ^tres,  et  nous  remarquons  que  le.ro^e^tre 
passe  par  des  ^ats  divers.  Nous  rencontrons  les  mfimes  qua- 
lit^s  dans  les  6tres  diff^rents,  et  nous  Yojona'souvent  aussi 
une  quality  disparaltre  de  T^tre  auquel  elle  appartenait  Alors 
ces  deux  id^  commencent  k  se  manifester  comme  diih 
tlnctes  k  nos  regards,  par  Topposition  rotaie  des  caract^res 
qu'elies  pr(isentent..£n  efTet,"  nous  reinarquouf)  quelque  chose 
de  variable  y  qui  est  la  quality,  pu)sque  nous  voyoas  les 
lualit^  changer  dans  un  mtoie  objet,  passer  de  Tun  k  Tautre, 
dire  communes  k  des  objets  difli^rents.  Nous  reotarquons 
aussi  quelque  chose  de  constant,  de  permanent,  qui  sub- 
sisle  le  m6me  au  milieu  de  c^  continuelles  yariations.  Ce 
quelque  cliose,  nous  Pappelops  dtre,  et  notre  raison  le  con- 
^it  comme  une  force  qui  rteide  sous  ces  qualiUs,  qui  leur 
sert  d'appui,  de  lien,  et  qui  ne  cesse  pas  d^6tre'  \k  mtoe^ 
quoique  ses  modes  puissent  varier.  Ainsi  nous  voyons  un 
iirbre  croltre,  se  d^velopper,  changer  de  forme,  de  cooleur, 
de  solidity,  se  couvrir  de  feuUies,  de  fleurs,  de  fruits,  puis 
se  d^pouiller,  enfin  presenter  mille  aspects  ditf^rents,  et  ce- 
pendant,  au  milieu  de  tous  ces  changements,  nous  remar- 
quons quelque  chose  qui  ne  Tarie  point,  c*est  Vexistence 
inline  de  cet  arbre.'  Nous  percevons  en  nous  des  6tats  difl^- 
rents  :  ou  bien  c'est  le  plaisir  ou  la  peine  qui  Tieaneat  af- 
fecter  noire  &me,  ou  bien  c^est  une  id^e  nouvelle  qui  ident 
s'ajouter  k  nos  connaissances,  ou  bien  c'est  un  aete  que 
nous  nous  d^terminons  k  produire.  Nous  pouvons  ne  pas 
6tre  k  la  fois  dans  tous  ces  6tats,  et  nous  les  voyons  se  suc- 
dder  en  nous  tour  k  tour.  Cependant,  nous  reniarquons  que 
ces  diffc^rents  6tats  modifient  toujours  le  ni^e  ^re,  et  que, 
quel  que  soit  le  mode  d'existence  que  nous  percevions  en 
nous,  le  moi  ne  perd  jamais  son  unit^,  son  identity  son  in- 
variahilit^.  De  U  Tid^  d'etre  dLstingude  de  V\d6t  de  mocfe. 
Cette  distinction  est  surtout  liAt^  et  facility  chez  IVnfant 
qui  nalt  au  milieu  d*une  soci^t^  form^  et  qui  dks  les  pre- 
mieres ann^  de  sa  vie  entend  esprimer  sipar^ment  le  sujet 
et  I'attribut,  T^tre  et  la  quality 

Mais  rid^  d'^re  va  se  dessiner  plus  neUement  encore  k 
nos  yeux  quand  nous  I'aurons  compart  k  ube  autre  id^ 
qui ,  par  les  caraci^res  oppose  qu^le  pr^sente » doit  servir 
k  la  faire  ressortir  davantage ,  de  mftme  que  deux  couleurs 
difr^rentes  se  font  valoir  Tune  Tautre  quand  elles  sont  juxta- 
pose :  je  veux  parler  de  V\d6e  de  possible,  II  arrive  souvent 
que  nous  accordions  Texisteocei  ce  quin^existe  r^ellement 
pas.  Ainsi,  dans  les  songes,  dans  le  d^lire,  dans  Textase, 
nous  croyons  k  la  r&ilit^  de  ces  fttres  fantastiques  qui  ne 
sont  qu'un  jeu  de  notre  imagination  ;  puis  quand  le  cLarme 
est  d^tniit ,  qiuind  nous  nous  retrouvons  au  milieu  des 
existences  v^ritables ,  nous  rions  de  notre  errenr  el  Otons  le 
caract^re  d'itre  k  ces  enbnts  de  notre  pensfe.  Nous  les  conce- 
vons  comme  pouvaK/  eiister,  puisqu'lls  ont  pris  place  un 
moment  dans  notre  conception  comma  les  otijets  vraiment 
existantt » et  nous  irons  alors  Tidde  de  possible,  Mait  k 
quels  signes  reoonnalssons-noos  que  les  ons  6xistent  et  les 
autres  n'existent  pas  ?  Ces  signes ,  si  nous  pouvonsles  aper- 
cevoir,  seront  poiu*  nous  \e  c^ract^  de  rexistepoe  el  I9 


caractere  du  possible.  Vobs^pr^pn  9(ttentive  de  ce  qui  ea 
passe  alors  en  nons-mtoies  va  nous  les  liv^ler.  U  est  terr 
tain  que  le  possible  et  le  r^el  Qnt  «ela  de  eomauiD,  que 
tous  deux  9q^X  Ti^jet  de  notre  pens^,  c'est^-dire  que  tons 
deox  sont  concos  par  nous  e^  impdment  leur  trace  dans 
nQtie  inteUifipnce;  mais  ils  sent  loin  4e  rimprimer  de  la 
ro^me  mani^  Dans  le  caa  oil  nous  pereevons  dea  objels 
possibles,  nous  remarquons  one  ces  perceptions  ne  sont 
point  durables »  qu*eUe^  sont  suaoeptifales  d'etre  disaip^es  a 
.volont^ ,  qu'elles  ne  nous  contraignent  que  pour  on  moment 
k  croire^  la  jr6alit^  de  leurs  objets ,  que  cette  croyanoe  finit 
par  se  d^ruire.  Dans,  le  cas  oil  nous  pereevons  dea  objets 
existant  r^ellement,  nous  remarquons  au  contraireque  ces 
perceptions  sont  constantes ,  indestroctiblea,  que  la  croyance 
k  lar^alit^  de  leurs  objets  nous  suit  partout  et  toujoors, 
que  nous  ne  saurions  nous  en  d^pouiller,  qu'elle  fail  en  quel- 
que  sorte  partie  de  nous-mtoiea.  Alors  nous  acoordona  Pexi^ 
tence  r^elle  ^  ce  qni  donne  lieu  k  de  seroblables  connais- 
aances ,  el  ce  caract^re  d*invariabillt^  et  dMndestnictibiliti 
de  notre  croyance  devient  pour  nous  le  s^e  auquel  nous 
reconnaissons  i'^tre  v^table.  Nous  poiivona  done  dire  que 
ce  q[tti  existe  pour  nous,  c'est  ce  qui  determine  dans  notre 
esprit  une  croyance  constante^  iip  variable  ei  irr^islible  : 
tel  iest  rel<Btivenient  k  nous  le  caract^re  propre  de  Vitre^ 
de  la  r6UJt^. 

,  Nous  avons  acquis  Tidte  d*^a,  nous  Favons  distinguite 
de  ridte  de  m^de,  dei*id^  de  possible;  ils  reste  encore  k 
savoir  comment  no}isaoqu^nsrid^4^difr(6rentsMreB,  com* 
ment  nous  nousi^levons  ensuite  k  l*id^  d*nn  ttre  qui  domine 
et  embrasoe  tons  les  autres ,  de  cette  grande  unit6  que  nous 
appelons  VMre  suprime,  etconuneot  noos  distlnguons  cet 
(Ktre  im  des  jMres  mu/4iples  quiaontcontenus  daps^son  aeia. 
Nous  commen^ns,  afaisi  que  je  Vm  foil  remarquer,  par 
poiser  Tidte  d'Stre  eu  noasrm^es,  avec  son  caractto  dV 
nit^  et  de  permanence.  Mais  si  nous  ne  percevions  du 
monde  qui  nous  entoure  qne  certaines  quality,  comme 
r^tendoe,  la  forroe»  la  couleor,  le  son,  la  saveor,  Todeur^  etc.* 
nous  puurrions  ignorer  ^ternellement  quil  existe  autre 
chose  que  nous;  car  nous  ne  verrions  dans  la  percqition  de 
ces  quality  qne  des  ^tats  divers  par  lesquels  nous  passons  , 
et  rien  ne  nous  obligerait  k  rapporter  les  qualit^s  per- 
f  ues  k  des  atres  distincts  de  nous-mtoies.  Mais  quant  k 
I  occasion  du  ph^omtoe  de  r^stance  nous  avons  remarqua 
que  notre  force  ^tait  limits  c*est  alors  que  Tinduction  uoua 
a  r^Y^U  une  force  difTdrente  de  la  ndtre,  et  que  uons  avona 
«jnclu  k  une  existence  analogue  et  distincte  k  ia  fois.  Noua 
avous  ensuite  rapports  a  cette  force  distincte  de  la  ndtre 
Jfr  qualit^s  perfues  en  sa  prtence,  car  nous  avons  remar* 
q»€  qu^en  son  abscence  ces  quality  cessaient  d'etre  per<^ 
(ues  par  nous.  Quand  ensuite  k  Toccasion  des  forces  disfioc- 
tes  de  la  ndtre  nous  percevions  des  qoalit^i  diflifirentes  et 
mtoie  oppose ,  notre  raison  nous  emp6chant  de  rapporter 
ces  qualit^s  aumtaie  6tre,  nons  avons  admis  autaat  d^^trea 
difT^rents  que  nous  avons  ij^marqu^  de  quality difRirentei  ou 
I'occasiop  d*une  force  risistante.  C*est  ainsi  que  nous  avona 
.distingu^  Tarbre  de  la  pierre,  raniroal  de  Parbre,  rhonune 
de  Tanimal.  Nous  avons  done  acquis  de  rette  mani^  Tid^ 
d'dtres  multiples,  et  quoique  nous  ne  pussioos  percevoir 
directeraent  en  eux  I'existence  comme  en  nousHn^uies* 
n^anmoins  l^induction  nousa  forc^  de  la  leur  accorder ;  noua 
avons  reports  an  sein  de  cheque  ensemble  de  quality  oetta 
substance  une  et  permanente  que  nons  distlnguons  en  nousr 
ni6mes,  la  raison  ne  nous  permettant  pas  d^admettre  que  dea 
.quality  puissent  exister  ind<§pendamnient  d'un  ^re  qui  leur 
sert  de  soutten  commnn.  Airiv^  k  Tidte  d'etre  multiples :, 
nous  les  avona  class^  en  raison  de  leura  difl^renoes  et  de 
lenrs  analogies  danades  genrea,  des  esptos ,  tout  en  recon- 
naissant  antuit  d^dtres  dktincta  que  d'individus  occupant 
nne  place  dans  I'espace.  Enfin ,  malgr^  leur  diversity  inlinia» 
nooa  avona  oonslamment  reniarqu^  enpl^acun  d'enx  .le  ca- 
ract^  de  re%iatence,ie  seul  qqe  toua  aiaiit  de  .Quuuaun,  et 
ilH>us  nous  sonunea  flev^  ajk>ri  a  Tidte  ^teMa  d*^f » jioqa 


Aire  —  EtREjsjNES 


13d 


Karons  ooaaUkk  dHMme  le  gi»re  (|ai  oontient  tons  te9  au- 
tres^  et  qui  loi-i^itoie  »e  peut  dUre  eoi|te**n  dana  on  genre 
plus  6kr6* 

Mais  MMis  ne  aomnifla  point  eooore  uAi^k  Tidte  de 
Viire  criateur,  auprtmef  d'o6  d^ooulent  tons  les  autres; 
ROUS  aTons  bien  nd6)  g^tole  d'ilre »  niais  comine  nous 
aurioDsrSd^  g^n^le  de  oonleur  rouge,  de  fonne  ronde. 
Getie  id^  n'esi  point  celle  que  nous  cberchoua  :  comment 
3rpar?enons-Dous?  Par  deux  voies  priucipaleBy  par  TiJ^ 
dMnfini  d'uaepart,de  Tauliepar  i'idde  decause.  11  sufGt, 
romme  dit  Descartes ,  de  conceroir  V\d6%  dMofiid  pour  con- 
eeroir  enmeme  (emps  Pid^^e  d'etre  i;^7ii;  car  I'id^  dUnfmi 
6(snt  uae  de  celles  que  nous  ne  pouroos  diissiper,  einportant 
U  croyance  insuimontable  et  indestructible  k  la  r^lit^  de 
son  objety  I'id^  d*^re  luiest  in^ritablementencbaln^.  Or, 
comme  nous  dist|nguons  de  finfini  notre  iire  et  les  autres 
itres  analogues ,  puisque  nous  reconnaissons  en  eux  des 
liiuites ,  nous  distinguons  par  ]k  m^me  les  dtres  finis  de 
I'dre  infini ,  de  VHtt  qui  est  par  soi-m6me »  en«  a  se ,  qui 
est  nteessaire»  qui  n*a  point  commence,  qui  ne  peut  cesser 
d*Mre.  Mais  c*6St  par  Tidte  de  cause  que  nous  panrcnons  le 
mieux  k  conceToir  k  la  fois  la  distinction  et  le  rapport  qui 
existent  entre  Tfitre  ntossaire  et  les  6tres  finis  dont  ii  a 
peupl^  Tespace.  Aprte  aroir  acquis  Tid^  de  cause,  «t  IV- 
foir  surprise  ea  nous-mimes  au  moment  oil  nous  agissions, 
oil  nous  €tiotta  cauif ,  aprto  avoir  ^16  Irappdsde  Tividence. 
decette  yMI^  que  tout  ce  qui  commence  k  e&ister  a  n6ces- 
sairement  one  cause ,  si  nous  remarquons  en  nous  et  dans 
t€«it  oe  qui  nous  entoure  que  Texistence  a  eu  on  commence* 
inent,  nous  ne  poavonslaire  autrement  que  de  reconnattre 
que  tons  oes  6tres  qui  ont  coromeiio^  ont  eu  n6cessaire* 
nient  un  autre  Aire  pour  cause,  etqne  cet  6tre  n'a  dO  lui- 
mime  jamais  avoir  decomnienoemenl,  puisqu'U  landrait 
pour  celt  qu'il  ffit  sorti  derien,  ee  qui  r^pogn^  ^  '^''^^ 
raason.  Par  tt  nous arrivons «iissi  k  l*6tre  infini ,  n^cesaaire, 
eju  a  M,  et  de  plus^  t*£trs  cr^iteiNr  da  tout  oequi  eoiiste  et 
aussi  distinct  de  tout  ce  qui  exlate  que  le  fini  est  distbict 
de  rmfini. 

lei  deux  objections  se  pmsentent :  la  premiere ,  qui  nie 
/£tre  infinit  eu  tantque  distinct  des  ^tres  finis ;  la  seconde, 
<|ui  nie  les  ^tree  finis  et  les  confond  avec  I'litre  infini.  L'une 
nous  Tient  cte  I'atbdsme ;  le  pantb^isme  a  de?^  Tautre.  La 
premite,  celle  de  ratli^iame ,  se  foude  sur  ce  que  lldte 
(TUre  en  soi  n'est  autre  cbose  que  Tidde  g^ii^rale  d'etre 
quir6siili»  poor  nous  de  la  connaissance  des  ^es  partico- 
Iters,  comme  Tidte  gtotete  d'^tepdue  rteldte  de  la 
connaissance  que  nous  avona  prise  des^ndues  particuUtees. 
L*atre  se  troave  bien  au  fond  de  tons  les  objets  qui  compo- 
sent  rnnivem,  mala  oette  substance,  comimmek  tons  et 
r^pandue  dans  tous^  n'exlste  pas  bid^peadamment  d'eux; 
eUe  n'a  pas  89  vie  i  part  et  dittfaicte,  elle  vtt  'dansiout  ce 
qui  existeet  point  ailleurs.  L*idte  d'itre  absolu  n'est  done 
qu*une  abstraction  de  notre  esprit.  Avant  d*teoncer  cetle 
otyection ,  noos  ini  Mions  d^ja  r^pondo  dans  oe  que  nous 
avons  dit  plus  haul,  en  faisant  remarquer  comment  nous 
arrivons  a  Vidt^  d^itre  nicessaire,  de  oofise  prenUh'e.  ISm 
eflet,  il  tsst  Evident  que  lidte  g^n^nle  d'^tres  finis  ne  peut 
lire  identique  avec  Vid6e  d'etre  infini ,  quel'id^  gto^rale 
d*atresqui  oat  eu  un  oommenoement  ne  peat.^irer^uiva- 
lent  de  Tidte  d'etre  ntaasaire  et  qui  n*n  Jamais.' commence, 
Quand'  nous  anrions  eonnu  cent  niille  fois  phu  d*existences 
finies,  nous  ne  nous  serions  jamais  ^levte  au  deUl  de  lldte 
g6o6rale  d'existenccs  finies.  Or,,  ponrquoi  nous  sommes- 
nouft  ^levte  au  deli  f  Parce  que  la  raison  nous  a  eontnUnts 
de  dooner  k  I'bifini  nae  existnice  distinote  de  rexialenoe  dn 
fini ,  parce  que  nous  n'avoos  pu  concevoir  des  ^es  ayant 
ea  commfwrtiment  sans  ooncevoir  aussi  une  caose  k  cea 
Mres,  parcaea6qilentunecau»qui  tient  P6tfedfelle>m6me, 
qui  n'a  pu  Commeneer,  et  qui>,  en  >  raison  de  ce  caracttee 
de  nteiaaiie,  dlafiai  ^  eat  bien  distincte  de  ce  qui  est  con- 
tingiBBi  el  flni. 
JIaiia  la  aeoeadeel^eetion,  ee  iM  ^  r4tre  ntosaaiiei 


qui  est  ni^ ,  ce  sont  les  Itres  crM  contmgeiits  auxqiieis 
le  caract^re  d'etre  est  refuse.  Suivant  ce  systime,  Y^tre 
est  n^cessairement  un ,  et  ne  peut  etre  multiple.  11  a*y  a 
done  qu*un  6tre  dans  i*unlvers.  Tout  le  restc  ne  portant  pas 
le  caract^re  d'unit^ ,  de  ntossitA ,  d*indetttructibilit6 ,  ne 
peut  fttre assimil^  a  V^re;  il  n'en  est  que  le  mode,  la  ma- 
nifestation. Ce  que  nous  appelons  ilres  criis  ne  sont  que 
les  d^veloppements ,  etpoorainsi  dire  la  vie  pb^noro^nale 
du  grand  £tre  qui  est  unique.  Ainsi,  chacon  de  nous ,  ciiacuo 
des  objets  qui  nous  environnent  n*est  qu'un  pb^nom^ne  de  la 
mviniU.  Tout  cesystemereposesur  une  supposition  gratuile, 
et  dont  il  serait  impossible  de  donner  la  preuve.  Cette  sup- 
position est  celle-ci :  qu*il  n*y  a  que  I'^^re  n^essaire  qui  % 
soit  v^ritablement  ^re.  Or  Tidite  d*^/re  n*entralne  nulletntint 
pour  nous  IHd^  de  n^cessU^,  Nous  concevons  Mre  sans 
qu'il  soit  marqu6  du  caract^re  de  n^essaire  et  d'absolu. 
£n  efleC,  nous  concevons  Tdtreen  nous,  et  nous  nous  couctr 
vonsen  nitoie  temps  ayant  eu  un  commencement  Pourquoi 
done  rid^  d'Mre  et  I'id^e  de  contingent  s'excluraient-elles  ? 
Par  cela  m6me  qu'une  cbose  nous  apparalt  coomie  ayant 
commence  et  devant  fintr,  elle  nous  apparalt  comme  exis- 
taate.  Pouvons-nous  au  contraire  foire  autrement  que  de 
placer  sous  les  divers  ensembles  de  qualit6s  que  nous  per- 
cevons  autant  d^ltres  distincts  les  uiis  des  autres? et  parce , 
que  ces  6tres  seront  finis,  neseront-iU  done  pas  ?  Ne  voit-on 
pasd'ailleursqu'aveconparetlsyst^me  ilfaudraitarfUbler  r£- 
tre  suprtoie  de  toute  les  imperfections  du  roondeer^,  et  en 
mtoietempsdequalit^eontradictoires?  Tinjustice,  tacruaut^, 
bi  perfidie  deviffidraient  des  attribute  de  la  Divinity  I  et  le 
mtoie  6tre  serait  ii  la  ibis  aveugle  et  sage,  lieureux  et  mal- 
heureoxi  bon  et  mtehant  f  TeUes  sont  les  contradictions  r4- 
voltantea  et  les  absurdity  auxquelles  nous  sommes  naturet- 
lement  conduits,  sans  parler  de  rantentisaement  de  toute 
morale,'  qui  serait  Pinfiiillible  consequence  d'une  pareille 
aappoaiUon,  puisque  le  raoi  bomain  se  trouve  d^truit,  et 
que  toutes  sea  actions  ne  sont  plus  imputablesi  ce  moi,  qui 
n'est  paa,.  mais  k  Dieu  seul,  qui  existe ,  et  dont  dies  sont  les 
pli^nomtoes.  N'est-U  pas  plus  oonforme  k  la  raisdn  de  re- 
gaider  les  .crMurea  comme  des  6tres  d^tach^  du  sein  du 
grand  Etr^,  et  auxquels  il  a  donn^  une  existence  distincte 
de  la  sienne ,  quoiqu'elle  en  d^pende  par  son  origine  P  car,  par 
cela  mtaie  que  lea  modes  de  ces  Mres  sont  passagers  et  imp 
parllidts»  ilsleur  appartiennent  en  propre,  et  n'appartien- 
nent  pas  k  celui  qui  n'a  que  des  peifectiuns  pour  attributs. 
Knfln,  ii  sulfirait,  pour  r6pondre  i  cette  bixarre  hypotb^se, 
de  ee  cri  de  la  eonsdenoe  :  Texlste,  et  je  ne  suis  ni  Tarbre 
qui  erottf  nl  la  plerre  qui  dort,  ni  ilnsecte  qui  rarope,  et 
je  suis  encore  mobia  Tinfini,  r^tre  n^cessaire,  PEtre  des 
ttreaj  C.-M.  Paptb. 

ETRENNESy  prints  que  Ton  iidit  on  que  Ton  revolt 
an  jour  de  I'an.  Dans  ce  sens,  il  n'est  gu^re  usit^  qu'au 
pluriel.  En  paTlant  des  i&trennes,  on  ne  peut  se  dispenser 
de  remonter  non  paa  aux  Grecs ,  mala  du  moins  aux  Ro- 
nains ,  invanteurs  de  cet  usage.  U  eiistait  aux  portes  de 
Rome  unkiois  de  pabnien  consacrd  k  Sfrentui,  d^esse  de 
la  force.  On  Imagina  d'y  couper  le  premier  jour  de  Tannto 
lea  brancbea  decea  arbresqui  restenttoujours  verts»  surtont 
sous  le  beau  del  de  I'ltalie,  et  on  lea  pr^nta,  comme 
dODunage  et  comme  signes  de  paix  et  do  concorde ,  k  Ta- 
tins,  roi  des  Sabins,  avec  lequel  Romulus  venait  de  par- 
tager  son  tr6ne,  par  suite  de  la  reunion  dea  deux  peuplea* 
Le  ample  et  modeste  tribut  eontinua  d'etre  ofltert  k  \m 
miftme  epoque  de  I'annte.  Emprunt^  aux  domauiea  de  la 
dte8aeStrenua,ilre^tlenomdes/r«niM?,  duqudeatd^ 
rive  cdui  d*6trennes.  Rome,  conaiderant  ce  jour  comme  ud 
jourdeliMe,leconsacraliJanos,  le  dieu  aux  deux  vlaagea, 
ruu  regardant  Pannee  finie,  Pantre  Panate  qui  ennmenoe. 
On  se  i«»it  ausd  des  vceux ,  on  s'envoyait  dea  prtenta, 
qui  ne  eonslstalent  gn^re  d'abofd  qn^  danaa,  figues  et 
mid  :  c'etaieat  dea  dow  alMgoriqoea,  par  laaqoda  on  ae 
sauliaitdt  motadlemeal  une  annee  dooea  et  agreable, 
Pbia  iard,  oapendaat,  oa  f  jcdgnit  ^ualfNI  cadeauk  d'tti 

Ifi. 


f 


1)4 

plus  grand  prix ;  fl  devint  raAme  de  r^  pour  les  clients 
d*y  tjouter,  en  les  ofTrant  k  lenrs  patrons ,  une  pi6ce  d*ar- 
gent  :  ce  qui  I  vu  IMmmense  clientele  de  plusieurs  de  ces 
derniers,  rendait  pour  eux  cette  premiere  journ^  d'un  assez 
bon  rapp<»rt.  Sous  renipire,  ie  sdoat,  les  ctievaliers  et  le 
peuple  romains  offrirei)t  k  Augbste  et  ^  ses  successeurs , 
comme  ^trennes,  des  sommes  assez  fortes,  qui  ordinai- 
rement  ^(aient  employ^  k  T^rection  de  qiielques  nouTelles 
statues  de  divinit^s.  Tib^re  d^fendit  que  Ton  donnAt  des 
^trennes  pass^  ie  jour  ae  Van.  Caligula  d^clara  qu*il  en 
accepterait  k  toutes  les  ^poques.  De  Rome  cette  coutume 
passa  aux  peuples  sourais  k  sa  domination  :  la  Gr^ce,  ies 
Gaules  eurent  leur  jour  de  Tan  et  ieurs  ^trennes.  Celles-d 
furent  proscrites  par  les  premiers  Chretiens,  comme  enta- 
ch^es  dMdolAtrie,  et  comme  ayant  servi  jadis  k  propager  Ic 
culte  des  faux  dieux. 

Aujourd^hui,  chez  presque  tons  les  peuples,  quelle  que 
soit  leur  religion ,  Tusage  des  ^trennes  est  pass^  dans  les 
mceurs ;  il  est  devenu  une  de  ces  lois  sociales  qui ,  sans 
Atre  Writes  dans  aucun  code,  sent  le  plus  respecties  et 
Ie  mieux  suiTies.  C'est  sans  doute  pour  les  fortunes  m^* 
diocres  la  plus  pesante  des  contributions  indirectes,  Nul 
n'ose  s'en  dispenser,  k  moins  d'aToir  recours  au  moyen  p6- 
remploire  indiqu^  dans  cette  ancienne  ^pigramme  : 

Cj  glty  dessout  ce  marbre  blane, 
Le  plus  avare  bommc  de  Renaes, 
Qui  ir^pasM  le  deroiar  joar  de  I'tn, 
«        De   peur  de   donner  lea  itr^nnet. 

Nous  sommes  loin  du  temps  ou  ces  cadeaui  oblige  se  ri- 
duisaient  k  des  figues  ou  du  miel.  En  g^n^ral,  on  donne 
pour  ^trennes  aux  dames  des  bijoux  et  des  parures,  aux 
jeunes  fillesdes  poup^/aux  jeunes  gar^us  de  Jouets  d'en- 
fants,  aux  uns  et  aux  autres  des  bontions,  souvent  aussi 
des  livres  (car  nous  avons  une  litt^rature  sp4ciale  qui  trouye 
la  son  ^coulement ).  Avec  les  indiffi^rents  on  Change  des 
masses  plus  ou  moins  considiSrables  de  cartes  de  visite , 
qui  ne  font  gagner  que  la  petite  posts  et  les  entreprises  de 
distribution.  Quant  aux  domestiques  et  k  ceux  de  ees  inf^- 
rieurs  avec  lesquels  on  a  des  rapports  joumaliers,  tels  que 
portiers,  gar^nsde  bureau ,  facteurs,  etc.,  etc.,  c*esten 
argent  qu'on  acquitte  k  leur  ^rd  ce  tribnt  imposd  par 
la  coutume,  et  qu'ils  regardent  comme  une  dette  contract^e 
euYers  eux^dont  lepremier  jaBYierest  T^chtonce.  EUeserait 
bient6t  payto  dans  les  maisons  opulentes  si  le  mature  usait 
envers  beaucoup  de  ses  gens  de  la  recette  du  cardinal  Du- 
bois, qui  le  jour  de  Tan  disait  k  son  maltre  d'hdtel  : 
«  Monsieur,  je  tous  donne  pour  ^trennes  tout  ce  que  vous 
m'aTei  voli  dans  Tann^.  »  Les  foumisseurs  habitnels  des 
ravages  parisiens,  Spielers,  boulangers,  bouchers,  etc,  sont 
•oumis  k  de  doubles  ^trehnes,  assez  on^reuses :  aux  maltres 
ils  envoient  quelques  tehantillons  do  teurs  marciiandises 
ou  produits,  aux  domestiques  ils  donnent  de  I'argent.  Pour 
8*y  soustraire,  ils  ont  eu  recours  k  la  pbUantlu*opie,  et 
depuis  quelques  ann^»  k  Paris  et  dans  les  d^partements, 
ils  font  annoncer  ii  son  de  trompe,  dans  lesjoumaux, 
que  Ieurs  ^trennes  appartlendront  d^sormais  aux  pauyres. 
lis  en  sont  sans  doute  quittes  k  mdlleur  march^.  La 
Yeille  du  jour  de  Tan  les  tambours  de  la  garde  natio* 
nale  vont  gagner  Ieurs  ^trennes  en  donnant  des  aubades  k 
la  porte  de  Ieurs  chefs  et  des  hauts  fonctionnaires  de  TEtat, 
et  k  leur  tour  les  fonctionnaires  de  tout  ordre  et  de  tout 
rang,  admlnistratif,  judidaire,  dyil  on  roilitaire,  vont 
gagner  les  Ieurs  dans  les  salons  du  dief  da  gonvemement. 
On  a  dit  que  le  premier  jobr  de  Tan  ^tait  cdui  oil  il  se 
d^bltait  le  plus  de  fausaet^;  on  pourrait  dire  aussi  k  la 
foule  de  visiteurs  int^ress^  qui  ce  ]our-Ut  viennent  tendre 
la  main  avec  le  compliment  d*usage ,  que  llnterdiction  de 
la  mendidii  esl  suspendne  de  fait  Tontefois,  les  d^nses 
nteeiBit^es  par  les  ^trennes  ont  leur  bon  c6t6.  L'^oonomle 
politiqiie  y  volt  une  puissante  impulsion ,  un  encouragement 
fhictuem  donn<  k  presque  toutes  les  brandies  de  com- 
merce, et  qui  pour  la  seule  Tllle  de  Paris  peal  s'deyer  k 


^ftENNfeS  —  fiTRlEtt 


de  tr^fortes  sommes.  £n  Sb[iprtmant  les  4treiiiiei,  i4 
r^ime  de  93  avait  port6  an  n^oce  de  detail  une  attdnte 
presque  aussi  terrible  que  celle  de  son  maximum.  Quant 
k  nous  autres  particuliers ,  nous  y  trouTons  au  moins  Ta- 
vantage  de  Yoir  pendant  une  buitaine  de  jours  nos  enlants 
plus  soumis ,  nos  domestiques  plus  soigneux  et  nos  por- 
tiers plus  complaisants.  Oorrt. 

Etrenne  signifie  aussi  le  premier  argent  qu*un  mardiand 
revolt  dans  la  joum^,  dans  la  seroaine,  et  le  premier  asage 
qu'on  fait  d'une  chose  :  Dieu  tous  donne  bonne  etrenne ! 
Cette  vaisselle  n*a  point  encore  servi ,  tous  en  aurez  l*^trenne. 
De  \k  le  yerbe  itrenner^  qui  signifle  dtre  le  premier  qui 
achate  k  un  marcliand ,  ou  qui  donne  k  un  pauvre,  et  Tac- 
tion  de  faire  usage  d'une  chose  pf)nr  la  premiere  fols. 

ETKES  (Echelle  des ).  Bonnet,  o^l^bre  philosophe  na- 
toraliftte,  arguant  des  rapports  qui  lient  les  animaux  aux 
v^<itaux  et  ceux-d  aux  corps  bruts  ou  min^ux ,  proposait 
de  les  disposer  d'abord  sur  trois  6chdles  on  series  unili- 
n^ires,  et  en  formec  ensnite  une  seule  ^lelle  dont  la  plus 
infi^rieure  commence  suivant  lui  aux  mati^res  les  plus 
subliles ,  et  Guit  k  I'amiante,  substance  roin^rale  sttsceptil>le 
de  former  des  tissus.  La  deuxi^me  6chdle,  cdledu  Higne 
T^^tal,  se  rdie  au  r^e  mineral  par  les  lithophytes  (y^t^ 
taux-pierres ) ,  et  s*616ye  par  les  champignons  et  les  lichens 
jnsqu'aux  plantes  proprement  dites ,  au  premier  rang  des- 
quelles  il  place  la  sensitive.  Enfin ,  la  troisi^e  ^chdle,  ou 
celle  du  r^^ne  animal,  commence  par  les  orties  de  mer  et 
les  polypes,  et  finit  k  Phomme.  Cette  oompardson  de  la 
hi^archie  gradudle  des  ^tres  naturds  k  une  s^rie  d'^lidles 
exprime  assez  bien  leur  gradation  depuis  la  mati^  brate 
jnsqu'aux  fttres  dans  lesquels  rindiyidualit^  s'd^ye  ao  sen- 
timent du  moi,  qui  reconnatt  sa  supMorit^snr  tous  les  corps 
qui  Tentourent.  Les  progrte  faits  de  nos  joars  dans  les  <U» 
Terses  branches  de  Phistoire  naturdle  ne  permdteat  plus 
d'adopter  Tordre  serial  propose  par  Bonnet;  mais  Pid^ 
gto^rale  qui  a  pr6sid6  k  la  conception  d*une  6cbelle  des  6tres 
naturds,  idte  con^^e  par  I'esprit  liomaln  depuis  TantiquiM 
la  plus  reculto,  n'a  point  HiA  abandonn^e.  Chaqne  corps 
(nous  ne  parlous  inis  des  esprits)  a^t^  rang^  dans  un 
des  trois  r^gnes  de  la  nature,  et  du  sommet  de  l^^cbdle 
de  chaque  r^e  se  trouye  en  qadqoe  sorte  Tanneaa  qui 
I'unit  au  r^ne  yoisin.  Laobeht. 

I^TR^SILLON.  Les  itrisilUms  sont  des  pi6ces  de 
bois  qu'on  place  en  travers  dans  les  trancb^es  d*one  fon- 
dation ,  dans  lea  galeries  d'une  mine ,  etc. ,  poor  empteher  les 
terres  de  s'diouler.  On  en  place  aussi,  ooncurremmentayec 
des^tais,  dans  les  bfttiments  que  Ton  yeut  soatenir,  soil 
|NHir  les  reprendre  en  sous-ceuyre,  soit  dans  tout  antra  bal« 

ETRlSSILLONNEMENT.  Voyet  tra. 

t^TKESSR  {Tt^^hnologie).  Voye%  Carton. 

£tRE  SUPAEAIE  (F6te  de  T).  Yoycz  Fftnts  a^o- 

LUnONKURES. 

|£TAIER«  En  technologie ,  c*est  le  nom  qa*on  donne 
k  une  esp^  de  grand  anneau  de  fer  ou  d'autre  m^al.  L*#« 
peronnier  le  forge  et  lui  donne  la  figure  qu'U  doit  avoir.  II 
est  ensuite  suspendu  k  une  oourroie  appelte  4triviire, 
el  e*cst  sur  deux  ^ers  semhlables  que  le  cavalier,  assis 
sur  la  sdle,  appoie  les  deux  pieds,  ce  qui  rafTermit,  le 
soulage  do  poids  de  ses  jambes  et  lui  rend  plus  facile  le 
maniement  dn  dievd.  Les  ^triers  des  femmes  sont  ferm^ 
par  devant,  elon  les  fdtquelquefmsen  boiH,sartoul  en  Cata- 
logne  et  dansd'antres  paijties  de  TBspagne.  Chez  les  Gauchos^ 
les  Certanejas  et  autres  peuples  cavaliers  duNouveau  Monde, 
ri  justement  appelds  eosa4iues  de  VAmSriquemMdionaie, 
r^trierconsiste  en  ane  baguette  de  bois  blanc,  de  f  0  A 12  oen- 
timitros  de  long ,  suspendne  par  le  miiieo  k  une  corde  qui 
descend  de  chaque  c6t6  d*ane  sdle  de  bois  :  le  cavalier 
ass^jettit  son  pi«d  na  sur  eet  appd  en  fidsanl  passer  la 
corde  entre  le  premier  et  ie  second  ortdL  On  a  invents  des 
^^ieriappd^s  d  Umtemei  on  pyropAorw,  qu'on  Axail 
auKlessous  de  la  planche  de  P^bier  ( c'eit  la  partle  sur  la- 
qudle  repose  le  pied ).  Us  teldrdcnl  pendant  la  null  |9 


ETRIER  -^  ETRURIB 


iU 


ttVilkr  at  lui  di«ailaient  ies  pieds.  Les  anciens  ne  oonnais- 
ni6Dt  pas  ies  (Men  :  Knophoil  n^eii  parte  pas  une  foia 
dana  aea  tniUa  aur  la  tavalerie ;  Galieo  remarqne  que  lea 
cavaliera  romaiiis  ooatractaieDt  dea  infirmity  aux  jambea 
par  aoite  de  lliabitude  de  les  laisser  pendantes;  Hippo- 
crate  avait  fait  la  rotaie  obserration  k  propoa  des  Scythes. 
Dan  ancan  moDament  antiqiie  on  ne  Toik  trace  d^^triera : 
11  en  est  question  pour  la  premiere  foia  dans  nn  traits  de 
lactk|ne  de  remperear  Manrice,  mort  en  609.  Depuis,  lea 
toivaina  du  Baa-Empire  lea  mentionnent  fr^quemoyvit. 

L  ^tner  en  chimrgie  eat  nn  bandage  dont  on  se  sert  ponr 
la  Mignte  du  pied,  eten  architectare,  nne  pitee  de  fer  qu'on 
eniploie  poor  sontenir  one  pootre.       V.  nn  MoUofi. 

ETRDRIE9  en  grec  Tyrrhenia.  Ainsi  s'appelait  dans 
I'antiqnitd  la  contr^e  ri? eralne  de  la  mer  Tyrrh6nienne  ou 
HMT  Inffirieore,  qui  4tait  a^art^e  de  la  Ligurie  par  la 
petite  rlTi^  nommte  Macra,  de  la  Gaole  cispadane  par  fa 
crHe  dea  Apennlna ;  et  par  le  Tibre,  de  I'Ombrie,  dea  Sabins, 
dei  Latina  et  do  territoire  de  Rome.  Le  nom  de  T\ucia 
(d*o6  on  a  fait  Toacajia )  ne  devint  que  beancoup  plus 
tanlennsage  pource  paya,  tandiaqoe  de  bonne  beore  Ton 
dMgna  IndifWremmeut  sous  les  noms  de  Tusci  oo  d'i7- 
fnud  les  popnlationa  qni  Tbabitaient  Lea  Ombriens,  habi- 
tanta  aborigteea  de  eette  oontrte,  furent  d^possMte  des 
cMes  et  de  la  partie  m^ridionale  par  lea  Tyrrhtoiens  on 
Tyrsteiens,  00  eaeoie  P^laages-TyrrbteienSy  qni,  *4  ce  qu'il 
paralt,  y  arriv^rnt  gte4ralement  par  mer.  Tootefois,  dto 
afant  la  iondatloa  de  Rome,  tenr  domination  ftit  d^traite 
par  on  antra  peopte ,  qot  ae  d^aignalt  loi-mtoe  sons  le  nom 
de  Bauna^  el  (pd ,  aiprte  s*atre  confondo  avec  les  Tafncoa 
on  Tyrrh^nieDa,  prit  ensuito  odol  de  Tusdeni  (Tiuci) 
00  ^Stnupiei  (Btnuci),  Gette  nation  RoMena,  qoe  d^or- 
diaaire  lea  aotonrs  andena  eonfondent  avec  lea  TyrriiAiiens, 
et  qoe  par  eoosdquent  ila  reprtententcomroe  originaire  de 
la  Lydie,  ^talt  Teane  do  nord  k  one^poqoe  qui  se  perd 
dana  la  noii  dea  tempa  (1187  ana  avant  f^re  cbrttienne 
ffagt-deox  uia  aprte  la  prise  de  Trole),  avalt  envahl  n- 
talte  par  la  RbAtte,  et  a*<tait  d'abord  emparfe  de  lt;trurie 
paopremeat  dite,  c'est-k-dire  dn  pays  sitn^  entre  les  Alpea, 
4  TMa  et  I'Adige  infiSrieor,  ao  aud  jnsqa'ao  de\k  de  fio- 
logne  on  Peitkna  en  langue^trusque.  Ontre  Felsina,  M<m» 
UuL  et  Pairia  ^taieat  encore  d'antrea  Tlllea  appartenant 
an  tilrasqaea;  et  qoand  ila  eorent  M  Talncos  par  lea 
Gaoloiay  U  paratt  qnlla  ae  retirteeat  poor  la  plus  grande 
parlie  en  RMtie.  La  domination  fondite  par  ee  people  dans 
rdrorie  propremeat  dite  fut  et  de  plos  longoe  diorte  et  plus 
fkdh;  il  y  aob|ngQa  leaOmbriena,  mala  pour  ae  oonfondre 
bieatM  aToe  eoi.  II  est  eitramement  probable  qoe  de  \h 
lea  titmsqoes  s'^tabUrent  ansa!  poor  qodqoe  temps  dans  la 
Campaniey  ao  moyen  de  oolociea ;  il  existaiten  Corse  dea  00- 
loatea  arosqoea,  et  Ufa  (Hte  d'Elbe  )  leor  obdssait 

La  qoestlon  de  savoir  dana  qoelle  laroille  de  peuples  !l 
eooTient  de  ranger  cette  nation  est  encore  aujourd^lioi  one 
^idgnie,  oomme  Teat  aossi  sa  langue,  dont  de  trte-raibies 
dttria  aeoleroent  se  sent  oon»srv^  dans  quelques  inscrip- 
tieaa  de  Tasea,  sor  des  monnales  et  sor  des  pierres  ( k 
Moose  notammeat).  Toot  porte  k  croire  qo'elle  difT^rait 
eseeatieUenient  dea  langiiea  parlte  dana  le  reste  de  Tltalie; 
■Mis  11  a  M  Jasqo*a  prtent  impossible  d'^ablir  aYec  la 
moiadra  Traiaemblance  qo^elle  eAt  qnelqoe  rapport  soit  avec 
la  langoe  greeqoe,  soft  avec  la  langue  celtique  00  germa- 
niqoe.  L'toitore  est,  dana  ses  prlndpaox  d^llntements, 
eeUe  des  andens  Grecs;  et  il  est  asses  probable  qo*elle 
profeaait  de  la  Grande  Grtee.  Parmi  les  Wiles  fitmsques , 
il  faat  meatioDer  sortoot  V^ies,  Faltoes,  Volsinii  ( aiuour- 
d*boi  Boliena),  Clnsinm  (CAiuji),  P^ose,  non  loin  du 
laeTradmtoe,  Cortona,  Arretinra  ( Aretto ),  Faaola  (Fie- 
9oU),  daaa  riatMeor  do  paya,  eC;  aolt  imnvfidiatement  sor 

eftte,  aolt  k  kutt  pen  de  distanee  de  la  eMe,  Lona,  Pis», 
VoOaterra,  YetaloBinm,  Popoloaia,  Raseto,  Coaa,  Voki, 
Satanria,  Tarqnlall  et  GBr6.  La  pinpart  de  ees  flliea  ^taieat 
iid#pendintei  tea  oaea  dea  aatres.  Lea  Uena  fWratifs  qni 


les  onissaient  entre  dies  ^talent  asses  faiblea  :  tootefoia, 
des  assemble  fid^rales  araient  lieu,  dans  lesqoelles  on 
ddib^rait  en  common  sor  des  alTaires  religfeoses'  et  poln 
tlques.  On  salt  positiTcment  que  cette  confederation  se  com- 
poMtt  de  douze  Titles,  et  que  les  contrtei  riveraines  do  P6 
etaient  divis^  d*one  mani^re  analogue.  Mais  lenombre  des 
Tilfes  restto  ind^pendantes  de  tout  lien  f<ueral  ^toit  btea 
plus  considerable. 

Dans  tons  les  £tats  etrusqnes  existait  une  arittocratie  sa- 
cerdotale.  Le  s^nat  etaft  compost  de  famtf les  dont  les  chefs 
portaient,  k  ce  qu*il  paratt,  le  litre  de  lucumons ;  et  on  e^t 
fonde  k  croire  que  plus  tard  on  remplaQa  partout  les  rois 
par  des  roagfstrats  dont  les  pouYoirs  ne  duraient  qu^une 
ann^e.  Sous  cette  classe  aristocratique,  le  reste  de  la  popu- 
lation formaft  une  esp^  de  clientele,  qui  seinble  aToir 
eo  un  caractere  plus  severe  et  plus  uppressif  que  dans  le 
reste  des  iieuples  de  Tltalie  centrale.  II  n^existait  d^bomrnes 
libres  appartenant  aux  basses  classes  que  dans  les  villes,  et 
leur  ordre  ne  parvint  jamais  k  jooir  d*une  certaine  impor- 
tence.  LMnfluence  de  fa  constitution  politique  des  ^trusques 
so-  cef le  des  Remains  se  borna,  on  est  autoris^  k  le  pen!;ery 
k  quctques  details  tout  exterieors,  par  exemple  anx  insignea 
des  magistrals,  aux  entrees  triomphales,  eto-  En  revanche, 
11  n^est  gu^  possible  de  nier  rUifluence  que  dot  exercer 
sur  le  culte  et  te  systeme  religieux  des  Romains  la  rdigion 
des  l^trosques,  dans  laqodle  des  Idees  et  dea  osagea  oom- 
mnns  k  toote  I'ltalie  paraissent  s'etre  assodes  et  confondna 
de  la  mantere  la  plus  intime  avec  dea  Ideas  tootea  localea 
et  particuli^res.  La  rdigion  dea  £trusqnes,  d^on  sens  pro- 
fond,  mala  aombre  et  parlant  pen  k  Pimagination,  s*eteit 
coordonnee  avee  te  plos  grand  soin  dans  ses  mdndres  de- 
tails poor  toot  ce  qui  se  rapportalt  k  la  vte  poliUqne  on 
drite.  De  tons  les  livres  sacres  des  ^tmsqnes,  ceox  do 
Jcur^  demon  qni  avait  enseigne  aox  locomona  etmsquea 
la  doctrine  des  dieux  et  des  sacrifices,  jonissaient  de  plus 
de  consideration  et  de  credit.  Les  Ifyres  dita  achironti' 

\  quei  enselgnalent  aussi  I'expiation  divine,  la  suspension, 
de  la  destlnee,  la  deification  des  ames;  et  dans  les  livrea 
rituels  11  etait  snrtoot  question  de  Papplication  des  usages 
et  des  preceptes  sacres  ii  la  vie  pratique.  Lea  dieux  eux- 
memes,  qu^on  se  representalt  corome  liabitant  le  Nord, 
etaient  divisea  en  deox  ordres :  les  dienx  supremea  oo  ca- 
ches, appeies  yEsar,  et  lea  divinites  secondalres,  en  t£te  dea 
qndles  Tina  (Jupiter)  presidait  le  aonsdl  des  doose  con- 
sentes  00  complices. 

On  pent  considerer  Vart  itrusgve  oomme  intermediaire 
entre  Tart  grec  et  Part  romano-grec.  De  tootea  les  nations 
italiqoes,  la  nation  etrusque  est  cdle  qui  paratt  avoir  ete  le 
plus  donee  de  dispositions  et  de  goAt  poor  I'art;  tootefois,  k 
oet  egard  sa  dirMtlon  demenra  toote  materielle  et  k  I'etat 
de  manoeuvre.  A  Vorlgine  die  aobit  dans  la  pratique  de  Tart 
Itnfluence  de  TOrient,  et  plus  tard  celle  des  Grecs.  Oa  re- 
marque  oe  caract^re  de  transition  dies  les  ^trusqoes  dans 
la  construction  cydopeenne  de  leura  mura ,  lesqods  tien- 
nent  le  mUieo  entre  la  constniction  polygonale  et  U  cons* 
tnidion  en  pierrea  eqoam'es,  comme  en  temoignent  les  mn- 
railtes  de  Volterra,  de  Fiesole,  de  Cortona,  etc.,  ete. 

Dans  ce  qo*on  appelle  leurs  thesaures  apparatt  dej& 
comme  base  architecturale  la  voAte,  qu*on  volt  employee 
dans  de  larges  proportions  poor  les  constructions  d'utllite 
publique,  telles  qoe  doaques,  portes  de  ville,  etc.;  c^est  en 
elTet  diec  les  £trosqoes  qoe  la  constniction  des  rofites  avec 
des  pierres  eqoarrles  et  la  forme  en  are  ae  rencontrent  pour 

I  la  premiere  fois  dans  toote  leor  importance,  en  nous  ofTrant 
le  germe  d'un  nonveau  prindpe  ardiitectonique  qo*4  la  verite 
les  £trosqa6s,  pas  plos  que  Im  Remains,  ne  parent  appreder 
dans  toute  sa  valeor  estlietiqoe.  Noos  ne  dterona  comme 
exemples  que  la  ceiebre  cloaca  maxima,  remlssaire  do 

'  lac  d*Alhano,  et  les  portes  de  Volterra  et  dt  peroose  (celle 

'  d*Aagoste  et  celle  de  Marcia ). 

;      Les  tombeaox  olTrent  ensolte  one  importance  toote  parti- 

I  calibre.  Oa  en  connait  troia  esp6oes.  La  premi6ra  a  poor 


126 

point  (ie  depart  U  forme  ifoo  tertre  gro«6ier,  at  ie  aocie  est 
le  saul  orneoienl  artittiqiie  qu'elle  ra^Te.  £ile  ae  d^Tdoppa 
en  pyramidw  polygouales,  dont  plusieurs  out  souTeat  le 
ni^a  embaflement  On  en  peut  citer  comme  exemple  le 
toiubeau  des  Uoraoes  et  dea  Cariaoes ,  a  Albaoo.  La  seccmde 
esp6ce  comprend  lea  tombeaux  a  fofades  arclutecUmiquea 
pour  ieaqudleft  on  a  creufi^  lea  paroU  des  rodiera.  La  sim- 
plicity de  la  forme  prindpale,  Teflet  fanposant  de  U  oor- 
uiclie,  leur  donnent  un  remarquabie  caract^re  de  gravity.  On 
peutciter  entreaulres,  dans  ce  g^re»  les  ntoopoles  d'Ordiia 
et  d'Aria,  prte  de  Viterbe.  Les  toinbeaux  de  la  troisi^aie 
esp^ce,  eulin,  sont  souter rains  et  creus^  dans  le  tuf.  L^ordre 
to  scan  caract^rise  essentiellcment  la  construction  des  tein- 
p!es  ^Urusques.  Le  plan  fondainental  se  rapproclte  du  carr6. 
Les  rappurts  et  les  details  pnisentent  aus&i  de  nombreuses 
difr^rencea  a?ec  les  temples  grecs,  de  m6nus  qu'aux  £trus« 
qties  appartient  la  distribution  inUrieure  des  maisons  ita- 
Uciines,  laquelle  difl^resi  essentiellenientde  celle  des  maisons 
grecques.  Parmi  les  antiques  productions  de  la  sculpture,  11 
faut  surtout  citer  dea  bas>reUefs  en  pierres  plac^  sar  les 
pUiers  des  torobeaux  et  sur  les  c^t^  des  autels,  et  repn^.n- 
tant  des  entrees  triompbales,  des  danses,  desfun^raUles,  etc 
On  en  peut  comparer  le  st>le  k  Tancien  style  grec. 

Mais  c^est  surtout  dans  le  travail  de  Targiie,  notamment 
dans  la  fabrication  des  vases  aux  fonnea  les  plus  dWerses, 
que  brillerent  les  sculpteurs  ^trusques.  On  a  retrouv^  dana 
les  tombeaux  une  immense  quantity  de  ees  vases,  dont 
deux  esptees  sont  surtout  remarquables  :  des  urnes  dn6- 
raires  surmont^  d*un  couvercieen  forme  de  t^te  humaine, 
et  des  vases  en  terre  noire  non  coite,  aur  lesquels  de  petite 
sujets  en  relief  sont  ex^cut^  au  nioule.  Le  travail  de  I'argile 
conduisit  k  Temploi  du  bronze,  et  la  acalptnre^tmaquepar* 
vlut  alors  k  aon  apogee.  Les  ouvrages  en  bronze,  le  plus 
sou  vent  dor<te,  llnireut  par  remplacer  dana  les  temples  les 
oniements  qui  originaireinent  ^taient  en  terre  ouite*  £a 
fait  de  modules  pricieox^en  ce  genre,  on  pent  citer  :  dans 
la  galerie  de  Florence,  une  Cliimtoi;  k  Rome,  la  c^l^re 
Louve  du  CapUole,  la  statue  de  Mars,  de  grandeur  presque 
naturelle ;  k  Leyde,  la  naive  tignre  d'un  luiCant  avec  one  oie; 
endn,  dans  la  glyptotb^ue  de  Municli,  une  ligure  de  Femme 
drappte,  et  de  remarquables  relief  ayant  servi  k  Tornemen- 
tation  d*un  char.  Mais  c*est  dans  la  fabrication  d^objets  de 
dtora  en  bronxe,  tels  que  cliars  de  luxe  et  tr6nes,  armes, 
candtiabres,  boucliera,  coupes,  pat^res,miroirsm^talUques 
et  cestea  aTec  iigurea  gravto,  qu'exeellaient  aurtout  les  ar- 
tistes etrusques.  Dea  pierres  graTte,  des  iMgues  et  autrea 
objets  toilettes,  omte  de  aujeta  grav^  ^taient  ^galement 
oonfeotionnte  avec  beaueoup  d^babiletA  et  de  fantaisie  dans 
une  direction  artistique  offrant  beaueoup  d'analogie  avec 
celle  de  l*Orient.  Les  cistes  cin^aires  en  pierre  tailMe  avec 
des  c6ite  omte  do  reliefs,  qu'on  a  trouvte  en  ai  grand 
nombre,  k  Ydterra  notamment,  appartiennent  k  une  dpoque 
posi6rieure. 

Les  peinturea  murales  des  tombeaux,  aurtout  cellea  qui 
existent  k  Tarquinie,  permettent  de  juger  de  ce  qu*dtait  la 
peintiire  ^trusqiie,  L'ex^cution  en  est  exiraordiuairement 
simple.  On  employalt  des  oouleursclairea,  gradute,  pures 
et  sans  uidange^  et  les  tableaux  brillent  plus  par  lliarmonie 
des  ctRileurs  que  par  la  verity*  La  peinture  sur  vases,  k 
1  instar  de  ceile  dus  Grocs,  6tait  demeur^e  fort  grossidre, 
autanl  du  moins  qu'on  en  peut  Juger  par  les  fragments  vrai- 
luent  autlientiques  qu^on  en  poss^  encore. 

L'liistoire  des  ^trusques  se  trouve  meite  k  celle  des  pre- 
miers temps  de  Rome. 

I  V'ja  exaininaniavec  attention  det  fragments  d*annales  et  de 
traditions  que  I'amour-propre  des  Remains  leur  a  fait  passer 
sous  silence  dans  leurs  propres  annates,  il  est  Csdle  de  voir 
que  la  reine  du  roondc  fut  quelque  tem|M  aoua  la  domina- 
|ion  brusque.  Au  luoins  est-il  certain,  |»ar  le  t^oignage 
dk>  remperaip'' Claude,  qui  avait  ^rit  ime  Ilistoire-d'Etnirie, 
floe  le  roi  appele  per  les  Romains  ^erviua  TuUiua^taii 
fm  ttniaque  du  nom  de  Mastama ,  aucoesseur  aVm  autre 


£tburir 

cbef  ^tniaque  imnmi^  Ooeler  liberie.  Aptto  I'etputao^ 
T  a  rq  u  i  A  a ,  la  fiamilia  bannie,  aytnt  latt  une  teiKtallTe  inutile 
aur  Rome,  a'adreaaa  k  Poneoaa,  roi  ^traaqoe  de  vaea, 
qui  paralt  aToir  M  aiora  ie  cbef  de  toote  la  nation.  Rome, 
^troitement  asai4g6e  el  rtduite  k  de  dnres  extrteiit^i,  ne  fat 
paa,  k  la  v^t^,  forete  de  repreadre  lea.  Tarqoina,  mais,  en 
obtenant  la  paix,  elle  ae  vit  obligte  de  noomialtre  la  suze- 
ratnet^  de  Porsenna  en  lui  taisant  hommage  des  inelgnes  de 
laroyaut^  (480  av»  J.-C. ).  Avant  cette  ^poque  eependant, 
la  puissance  ^truaque  avait  iMs4  nqu  on  grave  Miec  :  une 
norobreuae  Emigration  de  Gaulois,  aooa  la  condnite  de  Bel- 
lovise,  avait  paas^  lea  Alpea  de  Ligorie  (eaviroo  600 
a^.  i.-C. )  et  inondd  lea  plainea  du  P6.  Aprte  avoir  perdu  une 
grande  bataille  aor  les  bords  du  Ttein ,  lea  £trnaqoes  fnrent 
auceessiveitent  cbaaste  d^au  deU  de  I'Apennin;  ila  n'y  con- 
aerv^rent  plus  que  la  vill«  de  Mantoue,  qui  leur  resta  jusqu'il 
ce  que  lea  Romains  s'en  luaaent  empar68,  et  Mei^m,  qui  ae 
soiiliot  encore  pendant  prte  de  deux  cents  ana,  mob  qui  Ail 
prise  et  ruinte  le  mdmejonr  qoeV^ies  (895). 

Cetle  guerre  longue  et  aanglante  poorrail  expiiquer  com- 
ment lea  Etruaqiiea,  qui  d^k  ne  parataaenl  paa  avoir  appoy^ 
de  toutea  leurs  forces  rentrepiise  de  PoraeaBa,  a'abatiBrenl 
d'atlaqoer  Rome,  el  hii  abandonn^renl  la  aopr^matie  do 
Latium.  Gependaut,  forote,  per  la  perte  d'une  partie  de  leurs 
poeaeaaions  et  par  la  preasion  des  Gauloia,  de  a'Mendre 
encore  au  midi  du  Tibre,  ils  oecuptont  la  Campanie  jus- 
qu*au  Silarua,  et  domin^rant  meme  les  Volsques.  Mais  ila 
^outeent  deux  fola  dcTant  Cumes,  el  y  easay^reDt  une 
d^route  navale  qui  ruina  leur  marine,  praeque  enti^rement 
d^tmite  en  cette  occurence  par  les  Syracuaalna  ('475). 
Quatre  ansplns  lard,  ila  Mtiirent  une  colonic  k  Capoue  : 
ce  All  4  peu  prte  le  demi^  lerroe  de  leur  puissance  au  deli 
du  Tibre.  Lea  peuplea  Sabellea  Maienl  akm  au  plue  bout  point 
de  la  leur,  et  lea  ^truaqnea,  forc^  de  reeevoir  une  cotonie 
aamnile  dana  Capoue,  alora  appeMe  Vultumum  (439),  per-* 
dbvnl  bientM  la  Campanie.  Ce  fnl  4  pen  pi^  dana  fe 
mAme  temps  oCi  Capoue  fbt'  fMid^  que  commenc^mt  lea 
guerres  dea  llmsquea  Vteia  conire  lea  Romains.  La  lutfe 
entre  ces  deux  puisaancea  presque  dgalea  dura  plus  de 
qnatre-iringta  ans;  elle  Ait  aignaMe  par  la  dtfaite  des 
Fabiua  an  Cremera,  ddaaatre  qui  amena  les  V^iena  sous  lee 
murs  de  Rome,  et  par  une  fbule  de  sangtanta  combats; 
roaia  enfin  V^iea-  auccoraba  (S95),  et  fbt  enti^menl  de- 
truite.  L^Etnirie  dtait  alera  dana  sa  decadence,  et  lea  'vices 
du  systteie  ttddral  par  leqoel  die  4tail  r^  se  Qrant  aentir 
yiyement  pendant  oette  suerre.  L^Energie  de  la  nation  ^tail 
presque  ^teinfee;  cheque  Etat  Mini  penaait  plus  k  son  in- 
t^rdtqo*^  U  defense  commqne ;  aussi  fut-ce  en  vain  que  les 
Vdiena  a'adressteent  plusieura  fois  k  la  dlMc  IM^rale,  qui 
ae  r^uniaaait  au%temple  de  Fw/tomiim^  (prte  de  Viterbe)  .- 
ils  n'en  pnrent  obtenir  aucon  seoeurs. 

Aprte  la  perte  de  veiea,  rinvasion  dea  Gaulois  tenant 
toua  lea  peuples  dltalie  en  observation  on  en  ddimse  centre 
le  nouveau  danger  qui  lea  mena^it ,  environ  quarante  ans 
a'^coolteent  dans  une  paix  ladle  entre  lea  ^truaquea  et  les 
RooMins ;  die  ne  Ail  rompue  que  par  une  guerre  particu- 
lite  des  habitants  de  Tarqninie  el  de  Votoinie  centre  Rome. 
Pen  aprte,  la  guerre  a'ailuma  entre  les  Romains  et  les 
Samnites.  Lea  tinisquea  en  denteurtent  speotateurs  pendant 
trente  ans,  sans  que  les  progrte  des  Romains  pusaaent  les  en- 
gager k  venir  en  aide  k  leurs  voisins,  ni  leur  ouvrlr  les  yeiix 
sur  le  danger  qui  les  menacerait  k  leur  lour  lorsqoe  lea 
Samnites  auraient  sucoombift.  Peul-^tre  esp6rai«il-ila  auael 
proliter  de  l^anaitilissementdes  deux  partis  pour  leur  protire 
avantage.  A  la  lin  torn  les  peuples  de  la  conllM^ation ,  k 
I'exception  dea  Arr^ns,  prirent  les  armes,  etcommenedrent 
la  guerre  par  le  si^  de  Sutrium.  Mais  Rome  MH  df)Ji 
trop  puissanle.  Penctont  qu'nne  de  ees  armta  continuail  ta 
guerre  contre  les  Samnites,  une  autre,  sons  les  onlres  du 
oonaid  Fabiuj«,  entmien  Ctnirie;  ct  une  diMaile  sanghinle 
devant  Sutritim  for^  TarnMleelniaque  k  se  retrrer  en  d^- 
I  su.iire  ^  ^^^  ^^  1a  furCt  C^niiiit^nne.  Cette  forfl,  qui 


ISTRURIE  —  [^XUDE 


12? 


«i»UTrait  leptys  moDtagpcini  entre  Vit«rbe,  Bolaennft  et 
Orvieto^  les  habitaBU  da  centre  de  r£Uorie  la  regtrdaie&t 
iiNnnift  on  rempwi  imp6v6tnMe  k.  rean^mj ;  Fabius  osa 
U  traTOTser,  et  ayaot  Jbattu  prite  de  P^iife  one  lacoade 
«nn^  ^tniaqoe  qui  lui  fut  oppas^e ,  ce  QovTean  d^saa- 
tre  ronaipU  m  partie  la  Ugue.  L'aaiite  suivante  k|9  ^ita- 
qnea  teBtteeDt  un  nooTel  efTort :  one  puisaante  arni^  fut 
ley  be  par  lea  peoples  restant  daoa  la  Hgue,  en  vertii  de  la 
lo*  diia  Mcr^.  Lea  armto  ae  reacootrdrent  pr&s  du  lac  de 
VadimoD;  lea  ^tnisquea  oomhatUreDt  atec  la  plus  rare 
valenr,  et  De  porent  etre  Taincoa  qo'aprte  una  lutte  longve 
ci  MDglantey  et  afoir  mis  rarm^  romaine  dana  le  ^us 
grand  danger.  Oblige  de  deniaoder  la  paix ,  Us  n^obtiarent 
qu'aoetj^ve  d*un  an,  renDUYelteenoore  ploa  tard  poiirdenx 
ana;  lea  boatilit^  allaient  recomnoencer,  lorsqne  Tttrurie 
se  fit  moiacte  par  ene  nouveilfs  invasion  des  Gauiois  de  la 
plaine  du  P6.  Ge  danger  tort^  k  prix  d'or,  una  Ugue  se 
forma  enire  lea  l^msques,  lea  Sanuutea»  lea  Ombriena  et 
lea  Gauiois  a^noaaLSy  et  une  puissante  arm^  des  quatre 
penplea  se  r^nit  en  Ombrie.  Rome,  menaoda  d'on  des 
ploa  granda  dangers  qu^elleedt  encore  coorua,  redouble 
d^eflbria ,  el  parviAt  k  former  cinq  armte,  afin  de  couvrir 
son  propre  territoire,  en  OAdme  tempa  que  lea  consuls  com- 
battraient  la  grande  armte  ennemie.  Maia  la  disproportion 
^taii  trop  grande,  et  la  fortune  de  Rome  aurait  auccomb^  sans 
le  talent  militalre  de  seag^n^anx.  Une  diversion  bien  couQue 
obligea  les  Etmsqoes  et  les  Ombriena  k  se  s^parer  de  leura 
oonred^rda,  poor  dtfcndie  leors  terrea  ravagte  et  leura 
viilea  menactea.d'incendie.  Lea  Gaukiia  et  lea  Samnitea, 
rest^senla,  forenientlfer^ent  derails  dana  la  sangiaateat 
nnSmorable  bataiile  od  le  oonanf  DeeiiMi  se  d^votia  pour 
le  saint  de  aes  l^onh  ( 297  av.  J.-C.)*  L*annte  suivante, 
trois  penplea,  les  Volsiniens,  les  P^rousins  et  les  Arr^na, 
se  separ^reot  encore  de  la  Ugue  ^tnisque,  et  le  Tuneste  es- 
prit d'^nme  et  de  diasension ,  efTet  inevitable  du  aystime 
Ud^nlf  oonduisft  rapidement  la  nation  ^trusqne  k  sa  mort 
politique.  La  guerre  contre  les  Romaina  fut  ooavertie  en 
Inttea  particUea  dea  diffdreniea  villea  de  r^trurie ;  un  seul 
eObrt  Alt  encore  tenid  par  la  nation,  et  aprte  avoir  vu  une 
seoonde  foia  leur  armte  d6truite  prte  du  lac  Vadimon ,  lea 
titrusqoes  forent  obligte  dese  aoumettre  aiix  conditions  qu'll 
plut  aux  Romaina  de  leur  impoaer  ( 288  avant  J.*G. ). 

La  parte  de  la  nationality  ne  frappa  en  r^il6  que  les 
aobles  ^trusqnes,  qui  senia  }ouissaient  du  pouvoir  et  des 
droits  civile;  le  peuple  resia  serf  sons  roligarchie  romaine, 
oomme  il  I'anrait  iU  auparavant ;  il  y  gagna  peut-etre  de 
ue  piua  etre  yictime  dea  quereUes  presque  continoelles.  des 
Incnmons ,  aoxqnellea  il  6tait  obllgil  de  prendre  part  Auaai 
paratt-il  que  T^poque  de  paix  et  de  souraisaion  qui  auivit 
la  conquete  dea  Romaina  fut  celle  ob  lea  £trusques,  d4- 
sormais  Ubrea  de  cultiver  tranquiilement  les  beaux-arts  y 
exoell^reBt  La  seoonde  guerre  punique,  dont  le  tli^lre  ne 
Int  qu'un  instant  dans  leur  pays,  le  trouble  k  peine.  Maia, 
ptan  d'nn  aitele  aprfes  la  guerre  s  oci  a  I  e  aouleva  une  ques* 
tien  qni  cette  ffois  int^ressait  le  peuple  et  Ini  ndt  lea  armes  k 
la  main.  II  a^agisaalt  en  effet  poor  les  populatiooa  italiques  de 
eonqo^rir  les  droits  de  eitoyen  remain,  e'est-Mire  de  sortir 
de  retat  dniotisme  dans  lequel  Rome  persistait  k  vouloir 
les  letenir.  Lea  Etrosques  prirent  part  a  la  guerre  aociale 
avec  cette  vaienr  et  cette  pera^^rance  que  Tamour  de  la 
Kbert^  pent  seul  inspirer;  lis  succombkent  lea  demiera,  el 
snppeiiferent  toot  le  poids  dea  vengeances  de  Sylla.  Lea 
prtndpaox  dtoyena  ^rg^  par  la  bache  do  boorreau,  one 
grande  pnrtie  de  la  popnlation  d^pouillte  et  bannie  ou  r6- 
doite  en  esdavage,  tea  villea  ravagtea  et  convertiea  en 
mines,  tel  flbt  le  aort  qui  atteignit  r£tmrie  et  aclievn  d'6- 
tdadre  son  existcaoe  politique.  Kile  terminait  alora  ( 066  de 
Rome,  67  avast  J.-a )  le  dixitaM*  sitele  de  son  tee«  Depuia, 
son  Mstohn  ne  ftot  phw  que  ceUe  d*ttne  province  de  lltalie, 
iufiqu*^  repoque  de  sa  renaissance,  qui  devint  pour  ainsi  dire 
le  sIgMl  de  eelle  dea  arta  et  deasdenceaen  Europe. 

Gsl  G.  DE  Vai2D0M»t'n7.] 


Sous  la  domination  remalne,  Tantiqae  denomination  d'£^ 
truria  fut  compietemeni  remplacde  par  celle  de  Tuscia^ 
dont  on  a  fisit  plus  tarc^  Toscana  (voyez  Toscane).  Depuis, 
le  nom  de  cette  contr^e  n*a  plus  subide  changement,  k  Tev 
eeption  d'un  intervalle  de  six  k  sept  ans,  pendant  lequd, 
aux  termes  du  trait6  de  paix  conclu^  Lun^ville  (1801  ]i, 
elle  fut  erig^e  en  royaume  cTitrurie  au  profit  du  prince 
bMditaire  Lpnia  de  Panne.  A  la  mort  de  ce  prince,  sa 
veuve,  iWante  Marie-Louise  d^Espagne,  se  saisit  de  la  r^- 
^nee  ep  quality  de  tutrice  de  son  fib  Cbarles-Louis ;  roaU, 
k  la  suite  dVne  convention  passte  le  10  d^mbre  1807  entre 
rEspaane  et  la  France,  elle  dut  s'en  dessaaisir.  l-e  royaume 
d^^tnirie  fut  alors  incorpor^  a  Tempire  fran^,  en  verUi 
4*on  adtatua-conaulte  en  date  du  30  mai  1808.  Vanuie 
SQivanle,  toutefois,  celle  contrtfe  Ait  afTectte  en  toute  pro- 
pri6t4,  comma  souyerainet^  particuli^re  et  independante, 
aooa  le  nom  de  grand-ducb^  de  Toscane,  k  la  soBur  de  Na- 
polten  tlisa  Bacciochi,  qui  en  1814  fut  oblige  de  la 
rest'tuer  k  sea  anciens  souverains. 
^TRUSQUES.  Voytz  ^Tamua. 
^TRUSQIJES  ( Vases).  Voyez  Vases. 
ETSCH1I1IA.DZ!N.  Voyez  Edch-Miadzm. 
ETTENUEIM,  ville  fort  andenne  et  cbeMieu  d'ar- 
rondisaement  dans  le  cercle  du  Haut-Rbin  du  grand-ducli^ 
de  Bade,  k  Tentr^  d^une  vallte  d^licieuse ,  et  sur  les  borda 
de  TEttenbach,  compte  une  population  de  3,500  habitants, 
qw*  s*occupent  surtoiit  de  la  fabrication  dea  toiles,  d^agricuU 
ture,  d'el^ve  de  b^tail  et  de  commerce  de  cbanrre;  toutes 
industrlea  qui ,  second^  par  diverses  chrconstances  favo- 
rables,  les  ont  fait  arriver  k  une  remarquable  aisance.  En 
nat  d'MiHoea ,  on  peul  cttor  Tdglise      Saint-Bartti^leray . 
Tancien  palaia  dea  princes^v^ques ,  et  le  tribunal  ci-dcvfmt 
impdrial.  Cette  ville  fut  fondee,  vera  la  fin  du  septitaie  si^ 
de,  par  le  due  Eticbo,  comie  do  Nordgau,  et  parvint  k  Ta- 
pogte  de  sa  proep^t^  rers  le  milieu  do  quinxi^me  allele. 
De  1790  k  1803,  die  servit  de  r^aidence  au  prince  de  Ro- 
han-Gu(6mdn^ ,dernier  prince-^v£que  de  Strasbourg,  si  la- 
menx  par  le  rdlequ'il  jooa  dans  raflaire  du  collier,  qui  y 
moorot,  en  1802,  et  qui  y  cat  enterri.  Cest  d*£tten  heim 
qn*en  1804  NapoUon  fit  enlever  le  due  d'Enghien  par  une 
mesnre  de  haute  police  qui  restera  ^temdlement  une  tache 
k  sa  m^moire. 

ETTLINGEN9  ville  do  grand-ducb^  de  Bade,  chef-lien 
d'arrondissement  dana  le  oercle  du  Rhin  central ,  k  quinze 
kilomMres  environ  de  Carlsrohe,  et  k  Pentrte  de  la  romanti- 
qiie  valltede  I'Alp,  est  encore  entour6ede  Uhs/U  et  de  vieillea 
murailles,  qui  lut  donnent  Taspect  le  plus  antique.  L*6dirice 
le  plus  remarquable  qu*die  contienne  est  le  chAtean ,  an- 
denne ri^idence  des  aooverains,  sur  Pemplaeement  m^me 
qu^occnpalt  autrefoia  une  forterease  oonstruite  par  lea  Ro- 
malns.  locendi^  le  11  aoAt  1689  par  lea  Franks,  qui  com* 
mirent  dana  la  ville  les  plus  terribles  devastations ,  il  fut 
reconstruit  au  commencement  do  dix-hoititoe  aitele.  11  faut 
dter,  en  outre,  lea  partiea  do  premier  cliAteao  ^pargn6es  par 
le  feo  en  1689,  T^iae  paroiasiale,  reb&tle  en  meme  tempa 
qoe  le  chAteau,  et  i*hetd  de  ville.  On  compte  environ 
4,&0o  babitanta  k  Ettlingen,  ob  existent  qudquea  fabriques 
d'une  certaine  importance.  Les  environs  abondent  en  an- 
tiquity romaines.  Ville  libra  imperialejusqu'en  rann^l23i 
rempereur  FrMMc  II  en  fit  alora  don  au  margrave  de  Bade. 
pBt  1644  elle  fut  prise  par  les  troupes  du  doc  de  Wdmar, 
command^  par  Taupadd.  Lora  de  la  guerre  de  la  succes- 
sion d*Espagne,  les  Unp^aox  ^tablirent  d^Ettlingan  au  Rbin 
de  formidables  lignea  de  ddense.  Le  9  Juillet  1796  Moreau 
battit  rarchlduc  Cha rlea  soiia  leo  murs  d*£ttlingen. 

£TUDE*  Un  de  nos  collaborateura  pariera  dea  ayanta^ea 
de  retude  en  ttdtant  des  etudes  daadques;  id  nous  n'a 
vons  k  envisager  ce  mot  que  sous  une  acception  sp^ciale. 
Oepuis  qoelqnea  ann^es  ce  terine  a*app|ique  aux  projets 
en  daboration  dana  le  senad'exametty  de  travail  preparatoire ; 
ainsi  on  dit  V^lude  d*bn  cttemin  de  fer,  et  cette  expression 
indique  tous  l^s  plans,  tons  les  caloils  f(|lts  pour  en  d^iiKMi' 


198 

treritt  fMilit^s;  un  projel  de  lol  A  F^iudemi  on  prajet  qui 
ftVlabore.  Da  laogage  admiaistratit  le  mot  a  pan^  dans  la 
langue  iiftudle,  at  Pon  dit  aujourd'hui  4tudier  on  prajet, 
una  eDtreprise,  comma  Ton  disait  autrefois  iludier  una 
adenee,  ud  art.  On  comprend  de  quelle  importance  sont 
cea  ^iudes  pr^ratoires,  puisque  le  succte  de  I'entreprise 
depend  souvent  de  la  mani^re  dont  elles  ont  ^t^  Taitea. 

^niDE.  C*est  le  nom  que  Ton  est  coorenu  aujourd*bni 
de  donner  ao  bureau  des  ofliciers  mini(»t6rieU ,  et  par 
extension  k  leur  office  mdroe.  Un  notaire,  un  huissler, 
un  Gomroissaire-priseur  se  d^foit  de  sa  charge  en  faveur 
d^une  autre  personne  lorsqu*il  Tend  son  ^tode.  L'^tude  et 
le  titulaire  ne  font  qu'un ,  et  cependant  par  ^iude  on  ne 
doit  entendre  que  la  partie  du  bureau  de  Toflicier  roinist^riel 
oil  travaillent  ses  clercs;  le  mattre,  lul,  tr6ne  dansle  cabinet, 
qui  est  esaentiellement  distinct  de  T^tude :  le  cabinet  est 
myst^rieux ,  it  a  ses  secrets  comme  la  puissance  qui  com- 
niande;  T^tude  est  bruyante,  Indiscr^,  comme  la  puissance 
qui  exteute.  U  n^est  pas  d^aiileurs  de  maigre  bomme  d'af- 
faires qui  ne  place  aujourdliul  sur  la  porte,  aouvent  de  son 
uniaue  pitee,  un  brillant  ^cusaon  portant  le  mot  itude. 

£TUDE  (Beaux -Arts).  Comme  dans  toutes  les  parties 
des  sciences  et  des  lettres,  Tetude  est  n^cessaire  dans  les 
beaux-arts  pour  atteindre  k  la  perfection,  et  nous  n*&Tons 
|ias  rinfention  de  nous  ^tendre  id  sur  la  Tari^t^  d'^tudes 
qu*il  serait  k  d^^irer  qu*on  artiste  eOt  faites  ayantde  s*occu- 
fier  des  arts  du  deaain ;  nous  ne  dirona  rien  non  plus  dea 
<^ides  par  lesquelles  11  doit  n^cesaairement  commenoer  sa 
canine.  Nous  noua  contenterons  de  declarer  que  c'est  la 
nature  quMl  doit  6tudier  d'abord  et  aana  cesae ;  aprte  tela, 
aes  besolna,  son  goAt,  son  caprice  m^e,  le  porteront  de 
prderence  vera  T^tude  de  tela  ou  tels  objets.  Maia  ce  n'est 
pas  seulement  sous  ce  rapport  que  Ton  consid^  le  mot 
diude  dana  lea  beaux-arts;  il  a  encore  une acoeption,  sous 
taquelle  nous  croyons  devoir  le  faire  consid^rer  particuli^ 
rement,  parce  qu*alors  il  exprime  une  autre  idte  que  celle 
^^n^ralement  adopts  dans  le  langage  ordinaire. 

Lorsqu^on  pdntre  d'histoire  a  arr6t6  la  composition  de  son 
tujet,  avanl  d*en  faire  I'^banche,  il  fkit  des  ^iudes,  c'est-^ 
dire  qa*il  ^dle  en  dteil  toutea  les  parties  s<Spar6e8  de  son 
tableau ;  et  il  a*y  applique  avec  d'autant  plus  de  coin  que 
chacune  lul  paratt  plus  ou  moins  diffidie  k  rendre.  Ainsi,  il 
felt  ordinairement  d^aprte  nature ,  et  souveiit  de  grandeur 
naturelle,  qudle  que  suit  la  dimension  du  tableau  qu*il 
projette,  les  t^tes  prindpales ,  avec  I'expression  qu*il  veut 
leur  donner ;  puis  il  foit  aussi  des  etudes  pour  les  pieds  et 
las  mains;  il  en  fait mtoie  poor  oertainea  draperies,  et  qud- 
quefois  aussi  pour  un  vase^  pour  un  casque,  pour  un  autel, 
qui  lui  paraissent  m^riter  ce  soin.  Le  peintre  de  portrait, 
ayant  dessin^S  la  t6te  d*aprto  son  module,  est  souvent  oblige 
de  faire  dea  ^udes  s^par^  pour  les  vftteinents,  les  acoes- 
soires  :  si  le  personnage  est  k  clieval,  il  fait  alors  des  Eludes 
particuliftres  pour  mettre  Tanimal  en  harmonie  arec  le  ca- 
valier, lui  donner  Taction  convenable  et  le  mouvement  n6- 
cessaire.  Un  peintre  de  paysage  (ait  anasi  des  ^tudea,  mais  il 
u*attend  pas  que  sa  comjiosltion  aoit  arrdt^  pour  s*en  oc- 
cupcr;  ordinairement  il  profile  de  la  bdlesaison  pour  aller 
faine  ses  excursions,  et  rapporter  des  ^fodesde  del,  denua- 
ges,  de  montagnes,  de  rochers,  d^arbi^es,  de  plantes,  qtiMl  a 
dessindes  d*aprte  nature,  et  que  plus  tard  il  emploiera  lors- 
qu*ii  en  aura  besoln.  11  (ait  aussi  dea  ^udes  de  fiibriques, 
de  chaumi^res,  et  sou  vent  lors(|U*il  comfioae  un  tableau,  il 
cat  entrain^  \wr  le  souvenir  des  6tudes  qu*il  a  dans  son 
portefeuille. 

Un  arciiitecte  aussi  fait  des  etudes,  c^est-^-dire  que,  son 
projet  arr^td ,  il  dtudle  Iui-m4me,  ou  souvent  fait  cftudier 
par  ses  dessinateurs,  et  d'aprte  ses  indications.  Idle  ou 
tdlt*  partle  de  detail,  afin  d*appr6cier  avcc  plus  de  Justesse 
la  gros.'^eur  des  bois  on  des  fers  qu*il  emploiera,  lYpaisseiir 
des  murs,  la  courbe  d*one  voOte,  la  forme  qu*il  donnera 
aux  roarclies  d*un  eacalieTi  la  sailUe  d'une  oomiclie,  le  profil 
d'une  omilure,  etc 


fiTUDE  —  fiTUDES 


II  nous  reste  encore  k  rappder  qoe  sous  ce  mtaie  non 
&4hides  on  dteigne  la  plupart  des  raoddes  destinSe  k  Ten* 
adgnement  du  dc^n,  quand  ils  ne  reprdsentent  pas  dea 
acadimiesy  c*est-A-dire  des  figures  enti^res.  On  dit  done : 
«  des  iiudes  d^yeux  et  d'ordlles ,  des  ^udes  de  pieds  el 
de  mains ;  »  mais  on  dit :  «  des  iiies  tTitude.  • 

DucBBSNB  alnd. 

£TUDE  (Musique),  sorte  de  composition  dont  le  thtoo 
est  un  passage  difticile,  calqud  sur  une  mani^  de  doigter 
particuli^re  et  scabreuse.  On  essaye  ce  passage  dans  un 
grand  nombre  de  modulations,  sur  toutes  les  poaitiona  da 
IMnstrument,  et  en  lui  donnant  les  d^Teloppements  dont  11 
est  susceptible.  Les  etudes  dant  destines  au  travail  de  ca- 
binet, et  k  familiarlser  rdive  avec  les  difficult^  de  tooa 
genres  qu'il  rencontrera  ensuite  dans  les  sonatea  et  lea  eoB« 
certos  des  matures  faineux,  on  a'est  attach^  k  les  rendre 
agrteblea  et  barmonieuses.  Lea  ^udes  ont  beaucoup  de 
ressemblance  avec  les  exercices  :  ce  qui  les  distingue  ndan- 
moins,  (fest  que  ceux-d  se  rapportent  Rement  aax  volx 
et  aux  instruments,  et  que  les  Jtudea  ne  conoement  qoe  !• 
jeu  de  ces  demiers.  On  remarque  ansd  dans  lea  dudes  one 
facture  plus  r^uliire  quecdle  dea  exerdees  qui  sont  pure- 
ment  ^Mmentaires.  Les  dudes  de  Fiorillo,  de  Krentser^ 
pour  le  violon ,  et  cdles  de  Cramer,  de  Kdkbrenner  et  de 
Bertini,  pour  le  piano,  sont  fort  eatimto.    Castil-Blasb. 

^UDES.  L*dude  en  gdidral  est  rapplicatkm  de  Tea- 
prit  k  un  objet  qu'on  se  propose  de  oonnaltre.  Chacon  aait 
ce  quMI  y  a  de  fecond  dans  l*dude  pour  le  perfectioDiieiiieBt 
de  la  raison ;  au  mdns ,  chacon  le  dit  car  nooa  aonunea 
en  on  temps  oii  Pdude  est  rare;  las  eaprits  naiaaent  tout 
improvise.  On  vantel*dtnde,  mala  oomme  one  dmple  tlido- 
rie.  On  raconle  ses  avantages ,  mais  par  dea  oui-dire.  11  y 
a  une  tradition  accepts  sur  sea  bienfaits.  On  Tout  mtese 
aller  jusqu'4  soup^nner  que  Tdtade  console  la  vie.  Glc^riNi 
Pa  toit  en  belies  d  touchantes  paroles.  On  lea  rdpde,  oo 
les  commente;  mais  c'est  une  spteulation  de  phlkM<H>hie ,  In 
pratiqne  n*y  eat  pour  rien.  De  aorte  que  ce  qoe  nooa  an* 
vons  dea  avantagea  de  Tdude,  e'eat  ce  que  tont  le  moiide 
en  dit;  mab  le  temps  nooa  manqoe  poor  nooa  en  aaaorai 
par  une  expdience  aaddue. 

Laissons  V^ude,  toot  en  reoonnaiaaant  qo'elle  est  le  Mrf 
de  i'iotdligenoe,  et  occopons-nooa  un  faistant  des  4tudt»p 
tout  en  comprenant  qu*ellea  ne  auppltait  point  VUude^  et 
quVlles  ne  font  tout  au  plus  qoe  la  preparer.  On  entend 
par  itudes  un  conrs  prdiminaire  d*exerdoes  sur  lea  diven 
objets  sdentifiques  que  I'^/ucfeaura  pluatard  k  approlbndfr. 
Ce  mot  s^applique  d*ordlnaire  aux  premiers  travaux  do  Jeuae 
Age.  Les  itudei  sont  le  premier  essai  de  d^vdoppemeol 
tent^  sur  la  raison  de  Thomme.  On  comprend  que  lea  dftc- 
dei,  ainsi  entendoes  ont  dtt  donner  lieu  k  bien  dea  ayat^- 
mes.  Le  syst^me  qui  prdvaut  depuis  longtempa  est  cdui  dea 
Eludes  classiques.  Jl  n*est  pas  lemeilleur  possible,  et  I*ob 
ferait  un  excellent  traits  d^diides  do  dmple  expos^  de  sea 
inconv^nients  et  de  ses  perils.  Maia  ce  systtoie  est  oomme 
t>eaucoup  d*autres  clioses  de  ce  monde:  il  prdvaut,  paroe 
qu*il  est  praticabie.  Le  malbeur  dea  tbteries  les  plus  ing^ 
nieuses,  c*est  le  plus  souvent  qu*dles  sont  (roposdbles  4 
r^aliser.  Ce  qu*il  y  a  de  plus  certain  en  fait  d^4iude$f  c^est 
qu*elles  sont  n<k:essaires,  et  que  Thomme  ne  saurait  en  dre 
aflranchi.  Vouloirdtcraux  dudes  ce  qu*dles  ontdepdiiMey 
c*est  une  chim^re.  On  esp^re  former  Tesprit  de  Tenfant 
sans  le  soumdtre  k  la  condition  du  travail,  c*eat  mteon- 
naltre  la  trt^to  Ini  de  riiumanitd.  Pourquoi  ces  vainea  re- 
diercbesT  L^iiouime  arrive  lenteioent  k  la  virility ;  il  n*ar* 
rive  aussi  que  par  degr^  k  la  plenitude  de  rintelUgenoe. 
Les  dudes  sont  les  premiers  degree  de  la  raison,  d  11  y  avail 
plua  de  pbilosopliie  qu*on  n'imaglne  dans  ces  gradet  qui 
marquaient  Jadia  d*une  mauid«  sirieose  la  marcbe  de  Tea- 
prit,  et  qui  aont  devenoa  de  noa  ]oura  one  parodie  el  oo 
imp6t. 

Ce  qui  manqoe  aox  dtndea  dassiqoea ,  tdlea  qa*os  nout 
lea  CMt,  c'est  Wt  peoate  d*unlt4qui  lea  dhifp  ellea  Inaplr^ 


£TUDES 


119 


Od  a  ctes^  tes  ^tudesy  et cda  semblait  n^cessairey  afin  de 
rendre  r^aralation  possible;  mais il  (allait surtout  les  r^ler 
en  les  coordonnant  k  la  premito  de  toutes,  k  ceOe  qui  fSail 
niomme,  k  r^tnde  de  la  r^on.  Une  dasaification  tecbnique 
pins  oa  moins  exade  ne  sert  pas  de  grand*cbose,  si  elle 
D'est  pas  anim^e  par  one  pens^  baute  qui  se  iasse  sentir  k 
tootes  les  ^udes.  G*est  par  ce  Tide  que  s'alTaiblissent  les 
etudes  de  dos  join.  On  nous  assure  que  nos  dcoUers  lisent 
plus  de  grec  et  plus  de  latin  qu^on  n*en  lut  jamais  ^  uni- 
versity passdes  ;  je  ne  sais,  maisyestime  que  leur  intelli- 
genee  n*en  est  ni  plus  b&tive  ni  plus  ferme :  rintelligencese 
nourrit  aux  meditations  fortes  et  saTanies »  et  c'est  \k  ce 
qui  nous  fait  dtfaut 

Ced  va  parattre  strange  k  qndques-uns.  Comment 
mettre  en  doute  la  superiority  de  nos  etodes  modemes  sur 
les  etudes  des  temps  passes  ?  rt'est-ce  pas  temerite  ?  Je  leax 
m*expliquer  en  deux  mots.  H  se  pent  que  nous  ayons  plus 
d^ordre  dans  la  dasaification  des  etudes.  Cest  qudque  diose. 
Nous  7  gagnons  du  temps,  et  Pesprit  de  metbode  n*est  pas 
sans  elTet  sur  le  progris  de  rinteiligence.  Mais  comme  ja- 
dis  on  etalt  moins  presse,  les  etudes  etaient  plus  profondes 
et  souTent  m^me  plus  Tariees.  Songez  que  les  hommes 
etaient  ecoUers  k  trente  ans!  Avjourd'hni,  k  vie  est  finie  k 
cet  ^.  Mais  les  etudes  en  sont-elles  meilleures?  Qui  ne 
trembleraU  k  la  seule  idee  des  travaux  qui  etai^t  compris 
sous  le  nom  ^universitS^  qui  semble  signifier  Vuniversa- 
nu  des  sdences?  Lliistoire  des  lettres  nous  dit  les  noms 
Jes  ecoliers  cSebres  qui  etonnaient  alora  le  monde  par  la 
▼ariete  de  leurs  etudes.  Ce  ne  sont  pas  Ut  des  chimftreB, 
comma  on  pourrait  croire.  De  toutes  ces  sdences  profonde- 
ment  meditees,  qooique  assurement  mal  interpret^  encore, 
sait-on  ce  qui  est  sorti  ?  Des  bommes  tels  qne  Petrarque,  le 
Dante^  le  Tasse,  beaucoup  d'aulres,  enCn,  dont  la  renommee 
semble  n*etre  due  qu^ii  un  seul  genre  de  merite,  et  qui  n'e- 
tatent  arrives  k  cette  superiorite  que  par  un  egal  embraase- 
ment  de  toutes  les  etudes  qui  perfedionnent  la  raison.  Nous 
n'avons  point  les  programmes  des  universites  du  quinzieme 
et  du  sdzieme  sitele;  mais  nous  pouvons  nous  en  donner 
qoelque  idee  par  le  serieux  catalogue  de  connaissances  que 
Rabelais,  le  plus  bizarre  genie  des  temps  modemes,  jette 
an  travera  de  ces  conceptions  demi-pbilosopbiques  et  demi- 
booRbnnes.  Quand  fl  s'agltd'etudes,  le  cyttique  raillenr  de- 
TJent  grave  et  austere.  C*est  que  les  etudes  etaient  alors  ce 
qn^il  7  arait  de  plus  serieux  dans  la  vie.  Les  itudes,  c'euit 
la  sdence  proprementdite,  ct  encore  la  sdence  universelle. 
Lea  etudes  comprenaient  la  granmiaire,  les  langues,  Tbis- 
toire,  la  pbflosophie,  et  sons  oe  nom  la  pbysique  et  les 
malbematiques,  la  jurispmd^ce  d  la  mededne.  Quand  ce 
Taste  eerde  etait  parcouru,  les  etudes  etaient  finies.  Cetait 
toute  une  vie  dHiomme. 

II 7  avait  du  tempe  perdu,  je  Tai  dit  Les  formes  de  la 
acolastique  allongealent  demesnrement  ce  travail  de  prepara- 
tioii  k  rinteiligence;  mats  Tesprit  a'alTemussait  mfime  aux 
emraia  de  cette  f^Snce  abstraite,  et  de  cette  methode  de 
controverse,  et  aussi  les  ecrivains  qui  se  formerent  k  cette 
sorfe  d*etndes  enrent  un  caractere  d*energie  dont  ta  pro- 
fonde  empreinte  ne  se  retrouve  plus  dans  les  lettres  mo- 
demes. Tout  le  sitele  de  Louis  XIV  avait  ete  ainsi  prepare; 
les  grands  ecrivains  de  cdte  epoque  avaient  rempli  leur 
longne  jeunesse  de  travanx  serieux  etde  meditations  savan- 
ten ;  les  langueb  anciennes  leur  onvraient  lenr  trdsors.  lis 
approfondfssaient  consdendeusement  la  sdence  oil  les  por- 
tait  la  vocalion  de  lenr  genie;  mais  toutes  leur  etaient  con- 
pnes;  de  sorte  qne  Boileau  etkt  pu  etre  le  plus  corred  des 
i;mmma!rien«  ou  le  plii^  savnnt  des  critiques,  et  Radne  te 
|ilii<  fin  el  le  plu^  ingenieux  des  moralistes.  Et  c'est  au- 
jourit*1iiit  (III  Mli.e  -ujet  dVtude  de  voir  par  qudle  variete 
ireindes  tou!(  ces  grands  hommes  etaient  arrives  k  cette  per- 
redion  d'eioquence  ou  de  poesle  que  nous  essa7ons  qud* 
ffoefots  de  d^precier,  mais  qui  alors  meme  fait  mienx  com- 
prendre  notre  petitesse 
\jpfi  efffd«'<  d»*n'w  jotjrH  ont  eie  rendues  fadles:  c'est  nn 

DICT.    Ue  LA  OOXVERS.   —  T. 


grand  p^l  pour  I'esprit,  qn!  en  devient  snperfidd  et  leger. 
On  a  fait  des  etudes  une  sorto  de  tromperie,  k  laquelle 
cbacun  se  laisse  prendre.  On  cberche  les  semblanto  de  la 
science,  et  11  ne  se  trouve  que  trop  de  gens  habiles  k  la 
deguis*.  Jusqu^k  nos  livres  eiementaires,  k  force  de  simpli- 
cite,  produisent  la  paresse  d  engourdissent  la  raison.  Nous 
sommes  en  etat  de  progris,  qui  en  doute?  mats  je  n'ai  point 
vu  que  dans  les  universites  du  viefl  Age  la  science  fdt  re<* 
duite  en  fornoe  de  catediisme,  d  que  la  dispute  des  grades 
se  rednistt  k  la  repetition  dHme  le$on  de  petit  enfant.  Une 
des  ignominies  da  temps  present,  en  matite  d'etudes, 
c'est  cette  Id  qni  fait  arriver  tons  les  ecoHers ,  sans  excep- 
tion, k  un  examen  sans  verite,  afin  de  clore  Tinstrudion 
nniversitaire  par  une  grosse  retribution  d'argent.  Que  signi* 
fient  les  ^ocfei sons  cette  lof  de  finances?  Cclui  qui  vend 
k  la  porte  de  l^niversite  le  petit  livret  par  demandes  et 
par  li&ponses ,  ponr  servir  de  guide  k  Taspirant  au  baoca- 
laurdat,  rend  justice  aux  etudes  de  notre  temps,  et  il  a 
droit  Ala  reconnaissance  de  ceux  qui  en  out  fiiit  une  partie 
dn  budgeC  car  11  se  propose  de  faire  le  plus  de  badieliers 
possible;  d  k  vrd  dire  ce  savant  est  un  bon  coUecteur 
d'impdts* 

Ponrtant,  ma  pensee  ne  sanrait  etre  de  meconnattre  cer- 
tains progrte  dMtodes,  ni  anrtout  de  refuser  nK>n  suffrage 
aux  honunes  baUles  que  nous  avons  vus  parattre  dans  Ten- 
sdgnement.  Je  dis  qn'on  se  meprend  sur  la  direction  des 
etodes,  qa*en  les  rendant  faciles  on  les  aaaiblit,  qu'en  les 
hAtant  on  les  altera,  qn'en  en  faisaut  nne  loi  d'argent,  on 
les  detruit  Je  pense  que  les  etodes  ddvent  etre  methodiques, 
mais  ausd  qu'eUes  doivent  etre  lentes  et  graduelles.  L*Age  oti 
dies  s'acbevent  de  nos  jours  est  on  Age  de  transition,  oii  la 
raison  est  incertaine  encore  d  aurait  besoin  d'nne  mdn  Btre 
pour  etregnidee.  Puis,  s'il  arrive  qne  le  jeune  homme  veuille 
suivre  des  etudes  plus  bautes,  des  etodes  de  droit  on  de  me- 
decioe,  fl  se  trouve  en  pen  d'annees  an  bout  de  sa  carriere, 
et  il  ed  nn  honune  avant  I'flge ;  de  telle  sorte,  qu'etonne  de 
lui-meme,  U  etonne  anssi  les  antres;  d  nul  ne  eroit  k  une 
maturite  qui  est  dementie  par  les  annees  d  qndqnefois  par 
les  habitudes.  Alors  il  se  fait  comme  nn  vide  dans  cette  vie 
qu*on  avait  voulu  hAter  sane  prevo7ance,  d  toute  la  suite 
pent  en  etre  trouUee  d  defdte  sans  retour.  N'ed-ce  pas  ce 
qui  arrive  k  la  plnpart  de  nos  jeones  hommes,  esprita  pre- 
coces,  dont  on  avdt  admire  to  debut,  d  qui  se  laissent  afliEds- 
ser  sous  ie  poids  de  lenr  premier  sncc^  d  de  leur  glofaie 
prematoree. 

n  serait  assurement  contrafare  aux  vnes  des  families,  mais 
certainement  conforme  aux  vues  de  ta  sodete,  de  prolonser 
les  etodes  d  de  les  rendre  plus  fermes  d  phis  profondes, 
en  les  variant  adon  la  vocation  des  hommes.  II 7  a  des 
etudes  qui  sont  oonminnes  k  tons :  telles  sont  les  etodes  de 
religion,  de  philoaophie,  de  morde,  dniistoire,  de  litterature, 
delangues  m6me.  Mau  an  moment  od  I'esprit  de  ehaque  dls- 
dple  fait  un  dioix  d'nne  carriere  k  venir,  les  dudes  doivent 
prendre  poor  lui  un  caractere  tout  nouvean  :  k  i'un  la 
sdence  de  to  natore ,  k  Tautre  ta  sdence  de  rhumanite ;  k 
cdui-d  les  mathematiques  et  leurs  applications,  k  cdui-ta 
rhbtoire,  00  la  poesie,  ou  les  belles-lettres,  ou  la  Ihiguis- 
tique,  ou  les  generalites  du  droit,  ou  les  principes  meme 
de  la  societe  politique.  On  pourrait  ainsi  proionger  les 
etodes  d'une  annee  au  moins,  d  les  Jeunes  gens  n'arrive- 
raient  paa  tout  mcertalns  d  tout  tremblanta  dans  les  car- 
rieres  qiA  s'onvrent  devant  eox  an  sortir  de  leur  college. 
L'homme  ed  impmdenti  il  se  hAte  d'entrer  dans  U  vie; 
et  plus  il  se  hftte,  et  moins  il  a  de  force  pour  ecbapper  k 
ses  ecneils.  Ce  ne  sont  id  que  des  observations  gendrales. 
Je  sais  quMl  taudra  du  temps  poor  les  faire  goOter  aux  ge- 
nerations. Nons  sommes  presses  de  nos  jours  :  c'ed  que 
toot  va  vite,  le  temps  d  les  revototions;  nous  avons  peui 
que  Tavenir  ne  nons  ediappe,  d  nons  avons  hAte  de  le 
saisir. 

Apres  cda,  Je  ne  saurds  Id  fkire  en  detail  un  traite 
<r^tude$.  Nous  avons  d'exedlento  livres  snr  oe  sojd;  d 

17 


fiTUDES  —  ETUDIANT 


130 

d*al)ord  celui  de  Roll  in  vieot  de  hii-m^me  k  la  pens^e. 
Cjest  un  li?re  sage;  maison  dirait  une  oeuvre de  paganUme 
christianise.  C*estle  caracUre  des  anciennes  ^udea  univer- 
ftitaires,  etudes  auxqueUes  on  fait  rude  guerre  dans  nos 
livres  inodernesde  litt^rature  auperflcieiie  et  romaatique, 
mais  qull  serait  plus  utile  d'imiter  en  ies  r^formant.  Rol- 
lin ,  liomme  de  tradition  claasique,  n'edt  pas  M^  de  force 
k  s'dttaquer  k  certaiues  id^  qui  prMominaient  dans  Ies 
m^thodes  d^enseignement.  II  n^a  au  que  Ies  temp^rer  par 
une  penste  de  pi^t^  qui  se  r^pand  comme  nn  batime  dans 
tout  ce  quMl  ^crit.  Nous  avons  d'autres  livres  moins  d^ve- 
iopp(^,  raais  plus  fortement  con^us :  tel  est  le  TraiiS  des 
Eludes  de  Fleu  r  y,  petit  ooTrage  pleinde  meditation,  mais 
propre  seulement  k  ceux  qui  sont  capablos  de  supplier  aux 
applications  par  la  droiture  natoreile  de  leurs  id^es.  Les 
Merits  dn  P.  Lami  et  ceux  du  P.  JouTency  sont  egalement 
substantiels.  Mais  quelques  pages  deBossuet  sont  plus  do- 
quentes  et  plus  nourries  :  c^est  une  lettre  en  latin  adress^e 
au  pape  Innocent  XI,  sur  reducation  du  dauphin.  Bossuet 
resume  toutes  les  etudes  qui  peuvent  convenir  k  un  prince 
ne  pour  le  tr6ne ;  mais  ses  idites  sont  applicables  k  toutes 
les  conditions  de  la  vie,  car  k  toutes  il  convient  d'embrasser 
et  de  connattre  ce  qui  fait  rhoDune  bon  et  oe  qui  le  fait 
intelligent. 

Depuis  un  siecle  beancoap  de  systtaies  ont  pasae  sur 
nos  etudes.  Gondillac  et  Le  Batteox  ont  Diit  celui  du 
dix-buitieme  siede;  syst^me  de  secheresse  pbilosopbique , 
que  des  esprits  moins  cultives  devaient  bient6t  transformer 
en  une  methode  presque  mecanique.  Le  plan  d*etudes  de  la 
Convention  allait  trop  bien  k  une  soeiete  toute  materialisee 
par  Tatlieisme ;  mais  il  etait  nne  suite  de  toutes  les  idees 
abstraites  que  Ton  avait  mises  un  siecle  durant  k  la  place 
des  notions  morales  qui  sont  le  principe  du  deveioppement 
de  Tesprit  humain. 

Les  etudes  manquentau^ourd*bui  d'un  esprit  d^eoseroble 
qui  les  vivifie;  Mais  comme  eUes  sont  reveoues  k  la  tradi- 
tion de  I'enseignement  antiqae,  elles  ont  trouve  les  lots  du 
bon  en  retrouvant  les  mod^es  du  beau.  Les  etndes  classi« 
ques,  dontquelques-uns  aiment  k  nc%  paroeqn'Us  n*ont  pas 
fait  d^etudes,  ont  oe  grand  avantac^  que  d'elles-menies  elles 
sont  nne  le^on  de  morale,  et  qu^elles  disposent  k  Tadmira- 
tion  des  ffrandes  et  sainles  cboses.  Que  serait-ee  si  nne 
forte  pensee  les  dominait?  Lacnltnrede  Tesprit  deviendrait 
naturellement  le  perfectionnemeDt  de  FAoie. 

On  distingue  d*ordinaire  les  itudes  iUmentaireSf  ks 
itvides  spicialeSj  les  Hvdet  supMeures  ou  les  hautes 
eltuies.  Les  etudes  eiementaires  ont  poor  objet  les  notions 
premieres  de  la  science  humaiae.  Les  etudes  spedales, 
dej^  eclairees  par  les  etudes  eiementaires,  ont  pour  objet 
les  diverses  parties  de  la  science  bumaine  dans  ses  rapports 
avec  les  besoins  particuliers  ou  les  Tocations  des  bommes. 
Les  etudes  superieures  sembtent  avoir  pour  objet  la  science 
elle-meme,  comprise  dans  sa  generalite  on  dans  ses  points 
de  vue  les  plus  eieves.  Les  etudes  eiementaires  sont  ie  fon- 
dement  des  connaissances ;  Ies  etudes  spedales  en  sont 
rapplication;  les  etudes  superieures  en  sontle  perfeetion- 
nement.  Toutes  ces  etudes  sont  necessalres  les  unes  aux 
autres;  nn  bon  systems  d'etodes  Ies  coordonnerait  avec 
soin  ponr  faire  sortir  de  cette  unite  une  variete  fteonde. 
Nos  etudes  sont  sans  liaison  et  sans  suite.  Nous  avons  des 
ecoles  oil  les  esprits  les  plus  divers  sent  sonmis  k  one 
mftme  loi  d^etudes ;  e(  mAme  les  eooles  que  nous  nommons 
speciales  ecartent  la  liberie  des  TOcations  per  rinliexible 
nniversalite  des  travaux.  C^est  que  tout  se  fMf  per  des  re- 
glements  et  des  cadres  :  on  s'est  moqiie  naga^e  de  cette 
maxima  :  ioiU  est  dans  tout,  C^est  pourfaat  la  maxime 
qui  preside  k  nos  etudes.  On  dresse  les  bommes  k  tout 
savoir  et  k  tout  faiie.  Ceia  est  trivial,  mats  eela  est  vrai. 
Et  il  s'ensuit  que  le  plus  souvent  Us  ne  savent  i>as  grand 
cliose  et  ils  ne  font  rien.  Au  contraire,  si  par  la  direction 
tit's  (Etudes  on  allait  penetrer  en  chaeun  sa  pensee  propre, 
Suu  goatf  son  genie,  on  le  drsiseraU  a  suivre  son  pen- 


chant et  k  se  eonformer  k  turn  instinct.  Alors  sa  raison  de- 
viendrait forte,  et  les  etudes  bumafnes,  en  reatisant  la  con- 
dition du  travail  qui  a  ete  imposee  k  Thomme,  repondraient 
en  meme  temps  k  la  loi  de  sa  natute,  qui  est  une  loi  de 
perfectionnement  et  de  progrds .  Laohentis. 

Etudes  (Bifurcation  des).  La  bifureatlon  ou  division 
des  etudes  scolaires  en  deux  branches,  k  partir  d*un  point 
commun,  n'est  point  un  f^it  nouveau  :  la  pensee  en  etait 
formellement  exposee  dans  la  loi  du  11  floreal  an  x,  admet- 
tant  la  division  de  Tenseignement  de  maniere  k  designer  aux 
jeunes  gens,  apr^s  Ies  etudes  premieres  indispensables  pour 
developper  rintelligence,  deux  buts  distincts  :  d'unepart  Ies 
lettres,  de  I'autre  les  sciences.  Cette  pensee,  longtemps  atKui- 
donnee,  le  gouvemeroent  Toulut  la  remettre  en  oeuvre  en 
1852.  Ledecret  du  7  mars  1852  porfait  qne  le  conseil  so> 
perienr  de  Tinstruction  publiqne  presenterait  on  nouveau 
plan  des  etndes  dans  sa  prochaine  session ;  ce  conseil  adopta 
le  principe  de  la  bifurcation  des  Hudes^  apres  les  deux 
classes  de  grammaire,  en  deux  branches  :  Tune  litteraire, 
Tautre  sclentlfique,  reliees  par  des  points  commons.  Un  d6- 
cret  du  10  avril  1852  consacra  ce  principe.  Un  autre  decret, 
en  date  du  10  septembre  1853,  est  veno  en  regulariser  Tap- 
plication.  Aux  termes  de  ce  decret,  Tenseignement  est  main- 
tenant  partage  en  trots  divisions :  i*\h  division  iUmentaire^ 
comprenant  les  hnitieme  et  septieme,  et  embrasflant  la  lec- 
ture, reeritare,  la  recitation,  lecalcul,  le  dessin  lineaire, 
Torthographe,  la  grammaire  fran^se,  et,  en  septieme,  les 
premieres  regies  de  la  syntaxe  latine;  2**  la  dit^j^ton  de 
fframmairey  comprenant  la  dnquiemeetlaquatrieme,  et  em* 
brassant  retude  approfondie  de  la  langue  fran^ise,  de  Tbis- 
toire,do  latin,  des  radnes  grecques;  dans  ItLtroisihne  divi- 
sion, la  bifurcation  des  etudes  s^accomplit.  Pendant  que  les 
eieves  qui  se  consacrent  k  la  partie  des  lettres,  se  fivrant  aux 
exerdces  latins  et  grecs,  apprennenl  les  langues  vi vanfes  et  ar- 
rivent  k  la  logiqne,  k  la  rhetorique,  4  la  pbilosopbie,  oenx 
de  la  section  des  sciences  s^occupent  bien  plus  spedalement 
de  la  geometrie,  de  la  pliysique,  de  t*histoire  natoreile  :  cepen- 
dant  oesdenx  dassifications  d^^odes  sont  communesjusqu'en 
troisieme  aux  eieves  des  lycees;  mais  k  partir  de  la  seconde 
les  eieves  qui  sedestinent  k  lacarriere  des  sciences  se  livrent 
exdusivement  k  retude  de  Talgebre,  de  la  geometric  dans  ses 
applications  pratiques,  du  leve  des  plans,  de  la  projection  des 
corps,  de  la  trigonometric,  de  hi  physique  et  de  la  cbimie, 
de  la  cosmographie,  de  la  mecanique,  de  la  metallurgie, 
et  de  la  cbimie   organique.  Les  applicateurs  modemes 
dn  prindpe  de  la  b\furcation  des  etudes  ont  pense  que  ce 
mode  nooTcau  d^ensefgnonent  aurait  dlienreux  resultats, 
parce  qu'en  permettant  aux  uns  d*etndier  plus  attentive- 
ment  tout  ce  qui  a  trait  aux  lettres,  il  ferait  sortir  des  lycees 
des  eieves  assez  prepares  di^k  aux  etudes  sdentifiques  pour 
etre  en  etat  de  se  presenter,  soit  aux  examens  des  Facultes 
des  sdences,  soit  aux  diverses  ecoles  speciales  du  gouver- 
nement.  II  est  d*appiication  trop  recente  encore  pour  qu'il 
nous  soit  permisd'en  constater  les  resottate. 
ISTUDES  (Dtrecteur  des).  Voyez  Normalb  (licole). 
I^TUDES  (Maltre  d').  Voyez  MaItre  d*£tud6s. 
I^TUDIANT.  La  qualification  d'^udiant,  reservee  aux 
^Uves  des  £co1es  de  Droit,  des  ecoles  de  M^edne  et  des 
Facultes  de  Theologie,  etendue  plus  recemment  aux  eieves  de 
r£cole  de  Pbarmacie,  pent  s^appUquer  a  tons  les  jeunes  gens 
qui  au  sortir  des  bancs  do  college  devenus  libres,  suivent 
les  coors  des  diverses  Facultes  de  Tenseignement  La  vis 
de  retudiant  qui  etudie  consciendeusement  est  une  vie  bien 
laborieuse,  car  il  a,  quelle  que  soit  la  carriere  k  laqndle  il 
se  destine,  des  conrs  nombrenx,  ardus  k  suivre;  il  a  k  se 
rendre  eompte  dans  la  pratique  des  le^ns  que  la  tlieorie 
lui  donne,  et  les  moments  qu^un  travail  serieux  et  coOteux 
lui  Uisse  pour  ses  plaisirs  sont  bien  courts  et  bien  rares.  Et 
cependant,  est-il  au  monde  une  dasse  de  jeunes  gens 
dont  la  reputation  soft  plus  compromettante  que  ceUedes  etu- 
diants  ?  Qu*on  dise  que  les  etudiants  ont  dense  avec  une  li* 
berte  toute  partlcutiere  au  but  de  TOpera  ou  k  cdui  de  Is 


^UDUNT  —  ETYMOLOGIE 


CkiamUrt,  ^lls  out  felt  da  d^ordre,  de  Ttoieute  dans 
to  rue,  ^  ttpagt  an  thtttre,  de  Torgie  chez  eat,  oda  est  tel- 
lemnt  paBs4  dons  lea  mffiore,  eeia  semblera  al  natarel,  que 
lienoBDe  ae  a*ea  Sonera,  ne  s'en  inqai^Cera.  Cest  qa'k  cAM 
d«  Madiaati  qui  4tudieot,  qoVn  nous  passe  ce  pltonasme, 
il  7  a  ceus  qui  n'^tiidient  pas,  ceni  qui  s'amusent :  Us  for- 
meot,  il  faut  bien  le  dire,  dans  les  Faculty  de  Paris  eomme 
dans  celtes  des  d^rtements,  une  fort  noiDbreuse  parUe  du 
coDtiogent.  I^  ^tudiants  laborieux,  on  les  trouTe  aux  cours, 
dans  les  cabinets  de  lecture ,  dans  les  biblloth^ues  des 
Miti,  aqx  cliniques  des  hOpitaux,  aux  ampbitli^tres,  aux 
^oafltaices,  aa\  examens  de  tears  eamarades ;  les  6tudiants 
qui  D^todtent  pas,  on  les  volt,  au  contraire,  apparaissant 
asset  tard  le  matin ,  dans  les  estaminets ,  dans  lea  pro- 
menades, avec  des  compagnes  suspectes,  menant  joyeuse  Tie 
tant  que  dure  la  subvention  patemelle,  mettant  en  com- 
muA  leurs  piaisirs,  leur  argent,  leurs  pelnes,  ingdnieux  k 
proToqner  de  leur  famiile,  sous  les  pr^textes  les  pins  fabu- 
leux,  des  supplements  deallocation  p^cunialre  pour  des  Hvres 
qui  n^existent  pas,  pour  des  acquisitions  qn'ils  n'ont  jamais 
faites.  Cenx-IA  se  lancent  dans  la  vie,  06  ils  entrent  tout  nou- 
Teaox,  avec  fougue,  avec  passion,  se  muItipHant  pour  les 
excte,  et  donnant  aux  ^les  cette  r6putation  tapageuse  qui 
est  la  mime  partout.Mais  cette  gounne  une  foisjette,  I'heure 
ablig^tolre  do  trarail  arrive;  il  font  passer  les  examens,  sans 
SToir  r6pondu  aux  appels,  sans  avoir  snivi  les  cours,  sans 
avoir  (ravaiil^;  alors  beaucoup  se  rebutent  ou  sont  rebuts 
par  Ie«  reftis  que  leur  font  6prouver  les  professeurs;  ils  dis- 
paraissent  des  ^coles,  pendant  qne  les  ^tudiants  laborieiix 
contiaoent  h  conquer  les  grades  qui  leur  ouvriront  la  car- 
ri^re  06  ils  pr6tendent  enlier;  beaucoup  d^autres  semettent 
itrafailler,  et  r^parent  tant  bien  que  mal  le  temps  perdu 
dans  les  jules  ^hevelto  et  dans  les  misses  Joyeuses  de 
leur  vie  d'^todiant.  L'bomme  se  (ait,  P^tudlant  va  disparaltre. 
11  reste  bien  par-ci  par-l&,  dans  le  quartier  latin,  quelqnes 
(ratnards  cbez  qui  la  mani^re  de  vivre  des  premiers  moments 
est  pass^  k  r^tat  cbronique,  buvant,  fumant,  Jouant  an 
bfUard,  feisant  du  tapage  sous  le  titre  ^temel  d'^tndlants  : 
niais  ces^todfianta  de  buititaie,  dixiime  ou  quinii^me  ann^e 
n'appartienneDt  depuis  longtempe  k  aucune  6coIe,  k  ancune 
Faculty. 

^TUf,  enveloppe  inflexible  en  bois,  m^tal,  carton,  ordi- 
naireroent  de  forme  cyllndrique  ou  etllptique.  Un  ^tui  se 
eompofie  de  deux  pieces  qui  s'embottent  I'une  dans  Tautre. 
Us  ^tais  cylindriqoes  en  bois,  nacre,  os,  se  font  au  tour  : 
3n  crtuse  et  Ton  flnit  k  la  main  ceux  qui  sont  m^piats. 

On  appelle  impropreroent  ^iul  de  mathdmatiques  un 
assortiment  plos  ou  moins  complet  de  compas,  d^^uerres,  etc. , 
dont  les  gtomHres  et  les  dessinateurs  font  usage  pour  tracer 
Jes  figures.  La  bofte  dans  laqnelle  sont  renferm<$es  ces  di- 
verse^  pieces  avait  autrefois  la  forme  d'un  ^tui  aplati ;  aujour- 
d*bni  on  lui  donne  plus  commun^ment  celle  d'un  petit  n6- 
eesMdre.  TEisstoRB. 

ETU  VE«  On  nomme  Huve  one  chambre  ou  une  a'r- 
moire  i^p^alement  r^rv^  pour  maintenir  dans  une  at- 
mosph^  plus  ou  molns  ^lev^  eertaines  substances  dont 
Peao  d*evaporation  ne  doit  se  perdre  que  trte-lentemeot : 
telssont  les  ceufsdonton  veut  op^rer  Hncubation  arti- 
ficiellement ,  les  liquides  destines  k  la  fermentation  alcoolique 
0:1  acide ,  les  slrops  qui  doivent  cristalliser.  Quant  aux 
(itees  improprement  appelte  anssi  Huoes,  et  dans 
kfqtielles  on  expose  des  mati^res  humides  poor  qn*elles 
perdent  le  pins  rapldereent  possible  leur  liqulde,  on  les 
oonime  plus  Jnslement  siehoirt. 

La  chaleor  eat  comnraniqu^  k  T^tuve  par  un  calorifi^re 
iKen  oonstroit,  un  po^e,  ou  par  tout  autre  moyen  que  Ton 
ioge  plus  eoiivenable  on  plus  6eenomiqne  :  le  principal  est 
d'avoir  sein  d'organlser  les  mnrs  et  le  carrelage,  ainsi  que 
es  fenMrea  et  lea  poftea ,  de  mani^  qu*il  n*y  alt  aucune 
dipeidition  de  ebajeur,  en  ^tablissant  de  doubles  vitraux 
no,  feaCCfes,  et  des  doubles  portcs.  II  est  inutile  de  dire 
|ue  teste  ii^rt  ^oit  Atra  gamie  d^aagires,  en  rvson  des 


131 

besoins,  mais  nous  devons  insister  poor  qu'elle  soit  raeublto 
d^m  theonomMre,  dont  les  variations  solent  visibles  en 
dehors  comme  en  dedans ,  et  m6me ,  si  Ton  a  besoin  d^une 
temperature  enti^reroent  Invariable ,  on  organise  un  r^gu* 
lateur,  invents  par  Bonnemain ,  et  conslstant  en  une  tige 
metallique,  dont  la  dilatation  ddterminde  par  le  plus  faiblo 
exc^s  de  temperature ,  au  de\k  du  degre  de  cbaleur  voulu , 
augmente  la  longueur  de  cette  tige,  sufSsamment  pour  foire 
ouvrir  nn  vasistas ,  qui  se  referme  aussitdt  que  rintroduction 
de  Pair  exterieur  a  ramene  la  temperature  de  reiuve  au 
degre  de  clialeur  qu'elle  doit  conserver.  Le  regulateur  du 
feu  de  M.  Sorel  peut,  avec  de  ieg6res  modifications,  etre 
applique  k  cet  usage;  et  dejit  son  auteur  s'en  est  servi  poor 
regulariser  la  clialeur  propre  k  I'incubation  artificielle. 

Sonvent,  comme  dans  les  laboratoires  de  chimie  etdans 
les  simples  menages,  on  n'a  besoin  qued'uae  eiuve  assez 
petite  et  portative  :  alors  on  se  sert  de  celle  qu'indique 
d'Arcet,  consistant  en  une  caisse  sous  laquelle  on  fixe  une 
larope  d'Argand,  dont  la  flamme  suit  an  long  tuyan  qui 
traverse  i'interieur  de  la  caisse ,  dans  les  parols  de  laquelle 
on  menage  des  trous ,  que  Ton  ferme  ou  que  Ton  ouvre  k 
volonteavec  des  bouchons,afin  de  concentrer  ou  de  dimi- 
nuer  la  chaleur.  Cette  caisse ,  en  outre ,  ainsi  que  toutes  lea 
autres  etuves ,  peut  etre  cbauffee  et  maintenue  k  une  tem- 
perature de  100^  par  un  courant  de  vapeur  que  Ton  iorce 
k  passer  dans  un  tuyau  contourne  en  heiice,  et  place  dans 
cette  caisse.  J.  OooLAnT-DesRos, 

Pendant  tout  le  moyeu  Age,  et  mdme  jusqu'au  dix-sep- 
tieme  siede,  on  donna  aux  bains  le  nom  i^tuves,  et  k  ceux 
qui  en  faisaient  le  service,  celui  d'^uvistes.  Menage  et  les 
auteurs  du  Suppkment  au  Glossaire  de  Ducange  le  font 
venir  desMx,  expression  de  la  basse  latinite,  qui  signitie 
nettokment  avec  de  Veau  chaude.  D^s  les  premiers  temps 
de  la  monarchic  on  trouve  plusieurs  etuves  etablies  a  Paris 
et  dans  les  autres  villas  de  France,  ce  qui  explique  pourquoi 
on  comptait  encore  dans  la  capitate  il  y  a  peu  d'annees  six 
rues  ou  impasses  qui  avaient  garde  le  nom  des  etablis- 
sements  qui  s'y  trouvaient.  Ces  lienx  pnblics, dans  lesquels 
regnait  une  assez  grande  liberie ,  furent  trop  souvent  des 
rendex-vous  de  debauches.  Malgre  une  ordonnance  rendue 
en  1498,  les  etuves  n'en  furent  pasmoins  des  lieux  deplaisir 
de  toute  esp^ce;  et  quelques  predicateurs  du  seizieme  siecle 
ne  manquerent  pas  de  reprendre,  en  un  langage  quelque  peu 
cynique,  les  femmes  qui  s'y  rendaient.  Nona  voyens  encore 
dans  plusieurs  livres  facetieux  du  seizieme  et  du  dix-sep* 
tieme  Steele  que  les  etuves  etaient  generaleroent  assez  mal 
frequentees. 

Les  barb i era  au  seizteme  siecle  etaient  etuvistes;  et 
sous  ces  deux  noms  reonis,  barbiers'4tuvi$tes  ^  ils  for- 
maient  une  corporation.  Cest  vers  cette  epoque,  cependant, 
qu'on  cessa  d'aller  aux  ^/ut?e«,  que  des  maisoru  de  bain^ 
quelque  peu  moins  de&honnetes,  s'etabiirent;  et  Sauval ,  qui 
ecrivait  en  1660,  a  dit :  «  Vers  la  fin  du  siede  passe  on  a 
cesse  d'aller  aux  etuves.  Auparavant  elles  etaient  si  com- 
munes, qu'on  ne  pouvait  faire  un  pas  sans  en  rencontrer.  » 

LCROUX  DB  LlNCT. 

ETYMOLOGIE,  mot  forme  du  grec  ervtioc,  vrai,  et 
Xoyo;,  parole.  Cest  ainsi  qu'ohdesigne  I'origine  d'un  mot, 
et  la  science  qui  s'occupe  de  rechercher  cette  engine.  Pour 
qui  connatt  la  formation ,  le  mecanisme  et  Tesprit  d'une 
langue,  il  n'ya  pas  au  monde  de  science  plus  dillidle  que 
celle  de  I'etymolo^ste,  et  ou  II  soit  plus  permis  de  s'egar^ 
dans  llmmense  champ  des  conjectures.  Chaque  lang^e  ^ 
trouvant  ordinarrement  formee  des  debris  deplosieurs  autres, 
comme  le  fran^is,  par  exemple,  qui  vient  evidenun^fftif  uh 
melange  do  latin  et  des  dialectes  des  differents  |  ppli^)iui 
cha.^^erent  les  Romains  des  Gaules,  les  mots  deT'^iiouvelle 
langue ,  sortis  de  tant  de  sources  diverse^;;  cliai^^nr.d'ac- 
ceplion  avec  le  temps  et  les  usages;  IK  [idjfe^t' Tun  sens 
propre  k  des  sens  metaphoriques  et  '^tteverse^,ije^iioti  des 
leltrea  diange  ^galement,  la  prph^nbfa(ti>n>'^ltefe^  et  11 
arrive  de  toutes  ces  causes  qcr^'lir'  f^x^iiH  &^6r»  dans  uin; 

17. 


183 

langue  qui  tr&Taille  k  m  former,  varie  tellement  dans  Fes- 
pace  <]e  quelques  siteles ,  qu*U  finit  le  plus  souvent  par 
ii'ayoir  plus  aucune  ressemblance  avec  lui-m^e,  comme 
noUre  langue  nous  en  foomit  une  foule  d*exemples.  11  en 
rfeulte  un  chaos  od  I'esprit  d'investigation ,  m^me  le  plus 
subtil,  est  d^autant  plus  sujet  k  error,  que  ses  com'ectures 
mfime,  en  portant  k  faux,  r^unissent  souvent  toutes  les 
probability  du  vrai ,  par  suite  des  ressemblances  de  pro- 
nonciation/Ot  de  sens  de  Tingt  mots  strangers  avec  celui 
dontil  cherche  k  suivre  la  filiation,  et  dont  toutes  les  traces 
de  la  racine  sont  eflacto  dans  le  d^riv^.  II  d^coule  de 
toutes  recherches  de  ce  genre  trois  espies  d'^tymologies , 
les  unes  certaines,  et  c^est  le  plus  petit  nombre,  les  autres 
probables,  et  les  autres  possibles. 

On  salt  quel  usage  il  est  possible  de  (aire  des  etymologies 
pour  6claircir  les  otKSCorit^  deThistoire.  Mous  allons  donner 
les  priudpales  regies  k  suivre  dans  Texercice  de  ces  sortes 
de  recherches.  La  premise  de  toutes  est  de  bien  connaltie 
la  marche,  les  gradations,  et  surtout  les  origines  de  la  langue 
a  laquelle  appartient  le  mot  dont  on  veut  chercber  T^tymo- 
logie.  Pour  rapporter  ensuite  le  mot  k  sa  racine,  il  fiuit  le 
(l^pouilier  des  terminaisons  et  inilexions  grammaticales  que 
le  temps  a  pu  y  igouter.  Si  c^est  un  compost,  il  faut  en 
s^parer  les  diverses  parties,  puis  on  en  suit  la  filiation  en  se 
guidant  sur  les  changements  bien  connusqu'asubis  la  langue. 
L'orthographe,  qui  se  conserve  quanid  la  prononciation 
change,  est  quelquefois  un  tr^4)on  moyen  de  ne  pas  perdre 
cette  filiation.  On  sent  d'ailleurs  que  le  probltoie  se  com- 
plique  beancoup  quand  des  variations  de  sens  ont  con- 
coum  avec  celles  de  la  prononciation  k  d^naturer  le  mot. 
11  Amt  alors,  s'il  y  a  lieu ,  remonter  du  sens  m^taphorique 
au  sens  propre,  et  vice  versa,  ou  chercber  les  points  d'ana- 
togie  et  de  dissemblance  dans  les  accepUons  particuli^es 
des  deux  mots  qu'on  prfoume  venir  Pun  de  Tautre,  et 
Ton  juge ,  par  le  r^ltat  de  oette  comparaison,  jusqu'ii  quel 
point  on  s'est  malntenu  sur  la  trace  qu'on  avait  int^r^t  k  ne 
pas  perdre.  On  acquiert  ainsi  plus  ou  moins  de  vraisem- 
blances  particull^res,  dont  la  reunion  constitue  ensuite  tout 
le  degr^  de  certitude  de  P^ymologie.  Plus  on  a  d'^l^ents  de 
recherches,  plus  le  travail  est  facile,  ce  qui  Cedt  qu'on  re- 
monte  plus  ais^ment  k  Torigme  des  mots  compos6»  qu*k 
celle  des  mots  simples,  quoique  quelquefois  presque  toote 
la  trace  des  mots  primitifs  se  soit  perdue  dans  le  de- 
rive. 

II  est  souvent  bien  important,  dans  la  recherche  des  ety- 
mologies, de  connaltre  plusieurs  des  langues  n^es  de  la 
m6me  source  que  celle  a  laquelle  appartient  Le  mot  dont  on 
cherche  Torigine.  L*italien  et  le  roman,  par  ezemple,  vien- 
nent  du  latin  comme  le  fran^ais,  et  Ton  retrouve  souvent 
dans  oes  deux  langues  le  mot  intermediaire  entre  un  mot 
fran^  et  un  mot  latin,  dont  le  passage  eOt  paru  trop 
brusque  si  Ton  eOt  voulu  tirer  Tun  directement  de  Tautre. 
Dans  les  actes  latins  du  moyea  ^e,  on  d^couvre  fr^quem- 
Jbent  Torigioe  de  mots  fran^ ,  qui  sans  cela  nous  odi 
eteddrobee  par  les  alterations  sucoesdves  de  la  pronon- 
ciation :  on  voit  ainsi  que  metier  vient  de  ministerium, 
maiguillier  de  nuUricularhUf  etc.  hdGlassaire  de  Dn- 
cange  et  ledictionnaire  de  Manage  sontpleins  deces 
sortes  d'etymologies.  Parmi  les  langues  dont  celle  que  nous 
parlous  a  tire  son  origine ,  plusieurs  se  sont  peidues ,  entre 
autres  le  celtique ,  qui  a  fourni  au  fran^ais  plusieurs  racines. 
On  doit  alor^  rassembler  les  vestiges  epars  de  la  langue 
perdue ,  et  on  les  retrouve  dans  les  andens  noma  des  iieux 
de  la  Gaule,  dans  Pirlandais,  le  gallois,  le  bas-tureton,  qui 
n'a  pas  varie  depuis  cesar,  comme  on  le  voit  par  nn  pas- 
sage des  Camment0tres  de  ce  general,  od  il  dte  une  phrase 
textueHement  conservee  dans  cedialecte,  et  qoi  fourmiile 
de  termes  monosyllablques  venus  des  Geltes ,  ce  qui  a  porte 
assez  mal  k  propos  un  auteur  de  la  fin  du  siede  dernier  k 
emettre  cette  proposition  bizarre,  que  la  langue  pariee  en 
Bretagne  est  la  mere  de  toutes  les  langues.  Le  saxon ,  le 
gothiqoe  et  les  divers  dialectes  anciens  et  modemes  de  la 


£TYM0L06I£ 


langne  germanique  nous  serviront  k  reconstitiier  m  partie  U 
langue  des  Francs.  De  ce  que  les  Pbenieiens  ont  paroonra 
tres-anciennement  les  G6tes  de  la  Meditaranee,  on  peut 
retrouver  dans  leur  langue  les  racines  d'nn  grand  nombr^ 
de  mots  grecs,  latins  on  espagnols.  11  ne  faut  pas  oublier 
non  plus,  dans  les  recherches  dont  nous  parlona,  qu'une 
langue  peut  Joumellement  tirer  des  mots  nouveaux  de  ses 
voisins. 

11  n'y  a  du  reste  aucune  etymologie,  si  bizarre  qu'elle  pa- 
raisse ,  qu'on  ne  puisse  justifier  par  des  exemples  incoi»te»' 
tables.  De  plus,  il  n'y  a  rien  de  si  facile  que  de  faire  deriver  un 
motqudoonque  de  tout  autredonne  au  hasard,  pour  peuqu'mi 
multiplie  les  alterations  iuterm^diaires  dans  le  son  et  la 
signification  des  mots ;  Menage  fourmiile  d*erreiirs  de  ce 
genre,  et  un  erudit  d'outre-Rhin  s'est  avise  de  deriver  le 
mot  FuchSf  renard,  du  grec  &Xcii»3ct)C.  Cost  un  des  princi- 
paux  ecueils  que  les  etymologistes  aient  k  eviter.  Ce  n'est 
d'ailleurs  pas  un  genre  de  travail  aussi  futile  qu'on  ponrrait 
d*abord  le  croure  que  celui  qui  a  pour  but  la  recherche  des 
origines  des  mots ;  11  est  memo  absolument  indispensable  k 
quiconque  veut  se  penetrerd*idees  un  peu  pcedsessur  la 
theorie  generate  des  Ungues.  Bnun. 

Si  la  connaissance  des  ohoses  depend  en  grande  partie  de 
la  connaissance  exacte  des  mots.  Tart  qui  apprend  k  con- 
naltre le  sens  primitif  de  ceux-ci,  et  par  consequent  leur 
sens  propre,  en  remontant  du  connu  a  rincouno,  des  com- 
poses au  simple,  des  derives  au  radical,  est  snrtout  d'liiie 
grande  importance  dans  la  composition  d'un  dictionnaire : 
td  est  Tobjetde  retymologie,qiii,  soivant  Torigfaie  du  mot, 
est  la  raison  de  la  langue,  comme  rortbographe  est  la 
raison  de  V^crUure.  Get  art  a  ses  preceptes  et  ses  regies, 
mais  il  a  anssl  ses  dangers  et  ses  ecueik.  Toutes  les  sden- 
ces  de  la  parole  toncbent  au  vague,  et  celle  de  retymologie 
souvent  plus  encore  que  toute  autre :  vonloir  la  pousser 
trop  loin,  c'est  tomber  dans  le  pedantisme,  oo  meme  dans 
le  ridicule.  La  plupart  des  etymologistes,  par  une  preoccu- 
pation qui  resulte  toujoors  d*une  longue  spedalite  d*etudes 
et  d'une  habitude  exclusive  de  rcdicrches,  ont  trop  sou- 
vent substitue  des  systemes  absolus  et  de  fansses  hypothe- 
ses aux  simples  notions  qui  eussent  ete  generalement  sof- 
fisantes;  erreur  fecondeen  etymologies  forcees,  tdles  qu^on 
ea  rencontre  dans  oette  multitude  d'eerivauis,  plus  on  nxMos 
recommandables,  qui  tons  ont  cm  surprendre  la  langue 
dans  sa  source  et  U  suivre  dans  ses  derivations.  Les  uns, 
tels  que  Bude,  fiaif,  Henri  Estienne,  Leon  Trippault,  Joa- 
chim perion,  Morin,  etc.,  se  sont  eflbrces  de  rapporter 
toutes  ses  origines  an  latin  on  augrec;  d'autres,  comme 
£tienne  Guichart  et  Pierre  Le  Loyer,  les  ontdemandees  a 
Thebreu;  Court  de  cebdin,  Le  Brif^t,  Bacon-Tac4m,  La 
Tour-d'Auvergne,  etc,  les  font  desc^idre  da  cdtique,  Ian- 
gage  tout  de  tradition,  et  dont  il  ne  reste  pas  un  seal  mot 
ecrit;  d^autres  enfin,  purement  edectiques,  parmi  lesqnds 
il  faut  distinguer  Menage  et  Ducange,  les  ont  cherdiees 
partout  oil  ils  pouvaient  les  trouver.  M.  Raynooaid  s'est 
borne  k  les  prendre  dans  la  langue  romane.    PsLussiBn. 

Les  recherches  etymologiqnes  sont  da  reste  fort  anclen- 
nes ;  on  en  trouve  des  exemples  dans  la  Genese.  Piaton, 
Aristote,  les  stoidens,  diet  les  Grecs;  cesar,  Cioeron» 
Yarron,  cbez  les  Remains,  s'en  sont  occapes,  mais  sans 
suivre  une  marche  methodique.  Les  granunairiens  et  les 
lexicograpbes  de  ces  deux  langues  n'ont  pas  mieux  reussi. 
A  la  renaissance  des  ksttres,  on  revint  avec  ardour  k  cetto 
etude.  Phavorinus,  Perotto,  Yalla,  et  plus  tard,  Sylbnrg ,  lea 
^tienne,  Gerard  Yossius,  Menage,  ont  lalsse  des  travaux 
qui  eussent  ete  plus  utiles  s'iU  avaieot  employe  des  pro- 
cedes  moins  sujets  k  erreur^  Dans  le  dix-bnitieme  siede, 
ces  recherches  embrasserent  un  cbamp  plus  vaste.  La  ten- 
tative du  savant  Court  de  Gebelin,  ftute  de  methode,  fat 
prematuree,  sinon  chimerique.  De  nos  jonrs  on  a  coltiv6 
la  sdence  etymologique  avec  plus  de  profit  pour  la  gram- 
maire  generate,  la  Itngiiistique,  Tethnograpbie,  11iistofre»  la 
pliilosophie  ancienne  et  moderne. 


ETZDORF  —  EU 


ISt 


liTZDORF  (  JsMf-CBBfoiBN-MicBBt),  payaagiste  dis- 
tingo^,  ii6eii  IftOl,  k  PcBsnek^  prte  deMeustadt  sur  TOria, 
fit  sea  ^odea  k  I'Acaddmie  de  Peinture  de  Munich.  Qaoi- 
oiie  excdlant  d^jk  k  reproduire  la  nature  agresteet  aauvage 
abs  montagnes  da  Tyrol,  ii  ae  aentait  entrain^  Yere  T^tude 
dea  paysagea  du  Noid  par  une  irresistible  vocation^  et  il  alia  , 
en  conadqaenoe  passer  plusieurs  annte  dana  la  ScandinaYie. 
11  ^tait  devenu,  pour  ce  qui  est  du  style,  ring^nieux  disciple 
dea  andens  maltres,  notamment  de  Tagreste  po^ie  qui 
anime  toutealestoiles  d*£Te  rd  i  ng  en,  de  mtoae  qu'il  aimait 
k  trailer  dea  auje^  semblables  kcean  da  ce  grand  artiste.  Sa 
Vue  iTune  Jorge  en  Sutde,  grande  tuile  remarquable  par  sa 
simplidte  et  sa  T^t^,  produisit  une  sensation  extreme.  Le 
moulin  de  la  sderie,  un  groupe  de  noirs  sapins,  le  ciel  gil- 
sAlreavec  ses  nuages  qui  s*enfuient  et  ses  ^clairdes  d'axur, 
eofin  lea  efflorescences  des  rocbera  reproduitea  presque 
en  reliel,  tout  dans  cette  ceuvre  annonce  une  vive  et  frat* 
cbe  intelligence  de  la  nature.  Etzdorf  a  aussi  visite  la  nua- 
gieose  Angletene  :  il  est  membre  de  TAcadtoiie  de  Stock- 
bolm. 

Son  firto  cadet,  ChristianrFridMc  Etzdorf,  n4  en  1S07, 
aprte  avoir  d^abord  peint  but  porcelaine,  s'est  plua  tard 
^onn^  k  la  peinture  du  paysage,  ety  comme  lui,  avec  un 
tare  sucote. 

EU.  La  Tille  d'£u,  en  latin  Auga^  Augum^  Aucum,  Oca 
et  Alga  Castrum,  est  situte  dana  Tancien  pays  de  Caux ; 
elle  fidtpartie  du  d^partement  de  la  Seine-Inf^rieure 
et  dc  rarrondiasement  de  Dieppe,  k  2S  kilometres  £.*N.-E. 
de  cette  Tille,  'anr  la  Breide,  k  3  kilom^trea  de  son  embou- 
chure dana  la  Manche,  avec  une  population  de  4,019  habi- 
tants, un  beiD  cbAtean,  un  tribunal  de  commerce^  un  col- 
lege communal,  des  fours  k  chaux  et  k  pl&tre,  des  tuileries, 
des  blancbiaseries,  des  sderies  de  planches,  des  fabriquea 
de  dentelles,  des  fileries  de  cbauTre  et  de  lln.  La  Tilie  d'Eu 
date  d'un  antiquity  reculte;  des  mines  asses  caract^ 
ristiquea  la  font  remonter  au  temps  dea  Romalna  :  Fro- 
doard,  tetTam  du  neUTi^meaiteley  en  fait  plusieurs  fois 
mention ;  les  chroniqueurs  anglaia  Tappelaient  Ou  et  Ou- 
vff,  de  U  Tenait  le  nom  d^OusUHs^  donnd  jadis  an  comt^ 
d'Eo. 

En  fut  attaqu^  et  pris,  sous  Charles  le  Simple,  par  lesNoiv 
mands,  qui  y  ndrent  gamison.  Herbert  II,  oomte  de  Verman- 
dois,  emporta  la  yiUe  d'assaut,  et  les  en  chassa.  En  fi^vrier 
1408,  Henri  V  d*Angleterre  prit  Eu  aana  coup  f^m.  Le 
due  de  Bourgogne  a'en  rendit  mattre  en  1472;  mais  les 
troupes  royales  y  rentrtent  presque  imm^diatement. 

Les  habitants  d'Eu,  comme  cenx  du  Tr^KMrt,  ^taient  sous 
Louis  XI  d'intr^pidea  marins,  qui  ddsolaient  la  marine 
marchande  et  la  marine  de  guerre  anglalses.  J^onard  lY 
fit  publier  partout  qull  iraitamqu^rir  En,  et  qu*il  y  passerait 
l*hiver.  Louis  XI  ne  trouia  rien  de  mieux  k  lliire,  pour  em- 
pteher  cette  menace  fanfarone  de  s*ex4cuter,  que  de  brft- 
ler  la  ville.  L'incendie  qu*il  y  fit  allumer  le  18  juillet  1475 
ne  lalssa  ddxiotqueles^glises  et  quelques  maisons.  Depuis 
Iots  la  prespdrit^  de  cette  Tille  n'a  Jamaia  pu  se  r^tablir. 

En  posaMeun  magnifiquech4tean,  dont  1^  pares  et  les  jar- 
dins  ^talent  royalement  entretenos  sous  Louia-Pliilippe,  k  qui 
il  appartenait;  c'est  dans  cette  rteidence  royale  quela  reine 
Victoria  Tint  Tiaiter,  en  1843,  notre  roi  Louis-Philippe : 
VentenU  eordiale  entre  la  France  et  rAngleterre  y  fut  cA^ 
brfe  au  milien  de  tttes  somptoeuaes.  Quelques  annte  plus 
taid,  aprtele  2  d^cembre  1851,  le  chAteau  d'Eu  ^tait  frapp^ 
de  confiscation  an  profit  del*Etat,  comme  biende  la  maison 
d*0rl6ana. 

EU  (Oomt^  et  Gomtes  d' ).  L'ad(onction  d*une  dnquan- 
tainede  parobses  k  la  TiUe  d*Eu  fdhnait  un  comt^  qui,  aTant 
la  r^olutkm»  aTalt  le  litre  de  eomU-pairie;  celui  de 
Brienne  y  fut  r6uni  lorsque  Richard  H,  due  de  Mormandie, 
rittstitua  en  996,  en  diTeiir  de  Geo/Jroy,  son  fr^re  naturel. 
A  lamort  deGeoflroy,  Gilbert,  son  fils,  futd^pouill^  de  son 
comt<  par  son  onde  an  faTeur  tie  GuillaumeJ*^  ^ement 
Hn  BalurddudiiciCchard.  LenouTeauoomte.refusaderen* 


dre  bommage  ji  Hchanl,  qui  lefit  jeter  en  prison ;  mais  apr^ 
raToir  tenu  en  captiTittf  pendant  cinq  ans,  il  lui  rendit  son 
comttf .  Boberi  /«r,  fils  de  Guillaume  I^,  lui  succMa :  il  aida 
Guiliaume  le  Conqu^rant  k  repousser  iWasion  des  troupes 
firan^aises  en  Normandie,  battit  Tarm^  royale,  suiTit  Guil- 
laume en  Angleterre,  et  se  conduisit  Taillamment  k  la  ba- 
taille  de  Hastings.  Ilmarcba  contre  les  Danois  en  1069  et 
mouruten  1090.  Son  fils  atn^  Guillaume,  lui  suoc^a ;  il 
prit  parti  pour  Guillaume  le  Roux,  puis  11  conspire  contre 
ce  prince.  ATant  touIu  prooTer  son  innocence  par  un  combat 
siogulier,  ilfut  Taiucu,  et  condanm^  k  la  castration  elk  ta 
perte  de  la  Tue.  Son  fils  Henri  ceignit  ensuite  la  ecu- 
roone  eomtale,  et  combattit  tour  k  tour  pour  et  contre  les 
Anglais  et  contre  les  Fran^;  il  alia  4  la  croisade  en  1121, 
et  daus  sea  deniiferes  ann^oa  embrassa  T^t  eccl^iastique. 
Jean  /^  en  fit  autant  :  celui  de  ses  enfanls  qui  lui  suc- 
c^a  fut  Henri  II. 

Maoul  f^,  fils  aln4  de  celui-d,  rdgna  dans  son  comt4  de 
1181  k  1186.  Alix,  sa  soBur,  lui  succMa  :  son  mari,  Raoul 
deLubignan,  dit  Raoul  d'Issoudun,  prit  parti  contre  la  France, 
et  combattit  4  BojuTinea  contre  Philippe- Auguste  :  celui- 
ci  confisqua  ses  biens  et  ne  rendit  4  La  comtesse  Alix ,  le 
comtd  d'Eu,  qui  n'en  iormait  qu'une  petite  partie,  qu*aprte 
mortde  Raoul,  en  1219. 

Raoul  JlJt  qui  aucoMa  4  son  p4re,  eut  Iui-m4tiie  pour 
suGcesseur  sa  flUe  Marie,  qui  porta  le  comtd  d'Eu  dans  lu 
maison  de  Brien  ne.  Alpbonse  de  Brienne,  qu'elle  6pousa, 
fils  de  Jean  de  Brienne,  roi  de  Jerusalem,  et  de  B6rang^  de 
Castille,  ^lait  Tenu  en  France  aTec  Baudoin  de  Courtenay, 
empereur  de  Constantinople.  11  aocompagna  saint  Louis  4 
Tunis,  en  1270,  et  mourut  doTant  cette  place  le  m4me  jour 
que  le  roi.  En  1282,  Jean  de  Brienne  I^  sucG^a4  sa  m4re 
Marie.  Asa  mort,  son  fila  Jean  //Toulut  joindre,  en  Tertu 
de  son  mariage  aTec  Jeanne,  filie  de  Baudoin  de  Guinea,  le 
eomt4  de  Guinea  4  cdui  d'Eu,  et  un  arrftt  de  1295  lui  donna 
gain  de  cause.  II  futtu^  4  la  bataiUe  de  Courtral,  en  1302. 
Baoul  de  Brienne,  son  fila,  lui  succdda  aous  la  tutde  de  sa 
m4re,  et  fut  pourru  de  la  diaige  de  conn^table,  en  13S0, 
aprte  la  mort  de  Gaucher  de  ChAtUlon.  11  fut  tu4  le  18  jan- 
Tier  1345 ,  d'un  coup  de  lance,  dans  un  toumoi  aux  noces 
de  Philippe  de  France,  et  la  brandie  dea  comtes  d^Eu  de 
la  maison  de  Brienne  finit  en  la  personne  de  son  fib, 
Baoul,  qui  en  1350  ent  la  tdte  tranche  deTant  la  tour 
de  Nesle,  par  ordre  du  roi  Jean. 

Aprte  le  supplice  de  Raoul,  le  comttf  d'Eu  fiit  confi8qu4 
parce  monarque,  qui,  le  9  aTril  1352,  le  donna  4  Jean 
d^Artois,  dit  Sana-7efTe,  fils  du  ofl4bre  proscrit  Robert 
d'Artois,  retenantpour  lui  la  haute  Justice,  ainsi  que  I'hom- 
mage  et  le  droit  de  souTerainet^.  Le  comte  Jean  conunanda 
sous  Charles  VI,  en  1382,  rarri4re-garde  francaise  4  Rose- 
becque.  11  mourut  en  1387.  Son  fila  Bobert  II,  qui  lui  suc- 
c^da,  noT^cut  que  quatre  mois.  Philippe  d'Artois,  aonfr4re, 
prit  les  i4nes  du  cornt^  en  1383.  En  1390  il  accompagna 
Louis  n,  due  de  Bourbon,  dana  son  expedition  d*Afrique,  et 
reQutdeuxana  plus  tard  I'^p^de  conn^table,  6tte,  par  arr4t 
de  la  cour,  4  Cliason.  Puis  il  fit  partie  de  I'expMition 
qui  partit  aTec  le  comte  de  NeTers  et  Ui  fleur  de  la  noblesse 
pour  aller  secourir  Sigismond ,  roi^de  Hongrie,  attaqu^  par 
les  Turcs.  Ce  fut  en  partie  4  son  imprudence  qu'on  dut  le 
ddsastre  de  Nicopolis,  dans  lequd  il  perdlt  sa  liberty.  II 
mourut  VanoAe  suiTante,  au  moment  o4  sa  captiTil4  allait 
cesser.  Son  fils  aln6,  Charles,  alors  en  has  Age,  lui  8ucc6da 
iraroddiatement  D^  qu'il  ttat  en  ^t  de  porter  les  armes, 
Cliarles  VI  le  nomma  son  lieutenant  g^n^  en  Normandie 
et  en  Guienne.  Fait  prisonnier,  en  1415,  4  la  baUille  d'A- 
zincourt,  il  ne  Tit  cesser  qu'en  1438  sa  captiTit^.  En 
1440,  il  refusa  d'entrer  dans  la  ligoe  des  seigneurs  4  laqudle 
on  a  donn4  le  nom  de  Praguerie,  et  contribua  beaucoup 
plus  tard  4  r^tablir  la  paix  entre  eux  et  le  roi.  Charles  VII, 
en  reconnaissance  de  ses  serTices,  4rigea  le  comt4  d'Eu  en 
pairie,au  mois  d*aoOt  1458.  En  1465,  aprte  la  batdlle  de 
MontUklry,  Louis  XI  lui  donna  le  gouTemement  de  Paris. 


184 


EU  _  EUCHARISTIC 


Charles  d*Arton  moonii  sans  eofaaU,  en  1471.  Jean  de 
Bourgogne,  comle  Nevers,  lui  tuce^da. 

Let  cinq  successeurs  de  Jean  rnrent  Bngilbertde  Cltvn^ 
son  lils,  de  1490  k  15D«;  Charles  de  Citvei^  ib  d'£ngii* 
bert,  de  1606  k  \b2i ;  Frangois  J^,  file  unique  de  Charles; 
FranfoU  JI,  fiU  de  Francis  r%  qui  dMda  sana  post^t^ 
et  enftn  Jacques,  fir^  de  Francois  U,  mort  sans  enfenta 
m&Ies.  En  1564 y  Catherine  de  Ci^MSySoeurcadettede  Jac- 
ques, parlagea  la  succession  de  ce  dernier  avee  Henriette^ 
son  atoi^e,  et  eut  le  comU  d'Eu.  EUe  le  porta  a  son  second 
mari ,  Henri  le  Balafr^,  due  de  Guise ,  qui  Ait  assassin^  aux 
dtats  de  Blo;s.  Son  fils  aln^,  Charles  de  Lorraine,  lui  sue* 
c^da  au  comt^  d'Eu,  et  eut  pour  successeur  en  1640  Henri  II 
de  Lorraine,  son  fils,  n^  en  1614 ;  cdnl-dy  en  1660,  Tendit 
son  oomt^  k  Marie- Louise  d' Orleans,  pour  la  somoie  de 
2,500,000  livres.  Cette  prtncesse  en  fit  don,  Tan  1683,  au 
due  du  Maine,  His  l^tim^  de  Louis  XIV  et  de  M"***  de 
Montespan.  Le  oomt^  de^iot  ensuite  la  propri^^  de  la  famUle 
de  Pentlii^vre ;  pui^  de  celle  d'Orl^ans.  Le  litre  de  comie  d*Bu 
a  ^1^  depuis  donn^  au  fits  atn^ du  due  de  Nemours. 

Achiile  JuBlNAL,  d^nte  ao  Corps  legitlatif. 

EUB^C,  Ue  de  la  mer  ^6e,  la  plus  grande  et  la  plus 
fertile  de  celles  qui  dependent  aujourd^iui  du  royaume  de 
Grece,  appelc^e,  aussi  ^t;t7la,ou,d'apres8onclieMieu,  Bgripe, 
par  les  Turcs  Egribo  et  par  les  Francs  N^epont ,  est  e^ 
par^e  de  la  Thessalie  m^ridionale  par  le  eanal  de  Trikeri, 
au  nord ;  de  la  Phthiotide,  de  la  Locride,  de  la  B6otie  et  de 
TAttique  k  I'ouest,  par  un  ^oit  bras  de  mer  dont  la  partie 
septentrionale  porta  le  nom  de  Canal  de  7Vitontfl,etdont  la 
passe  la  plus  resserrte,  decent  pas  de  largeurau  plus  {VBuripe 
des  anciens,  fameux  par  rin^larittf  et  I'imp^tuosit^  deson 
couraot ),  est  m^me  recouverte  de  ponta.  EUe  s^^tend  paralli- 
iem«nt  au  continent  et  dans  la  direction  du  sud^cst,  sur  un 
developpement  de  16  myriamitrea  de  long  ayec  une  largenr 
moyenne  de  3,  en  prfeentant  une  superficle  d'environ  44  my* 
riainMres  carr^.  Elle  est  traverste  par  nne  cliatne  de  mon- 
tagnes  reliiSes  k  celles  de  la  Thessalie  ( Ossa  et  Pelion )  ainsi 
q'u'4  celles  des  Cycladea  orientalea  (Andros,Tenos,  ilfyco- 
nos ).  Ces  montagnes  entourent  d^une  ceinture  de  rocbers  k 
pic  rile,  dont  lesc6tes  sont  prolbod^ment  tehancr<^,  en  for- 
manten  in^e  temps  troisgroupeadlstincts.  Ainsi,  au  nords*^ 
l^ve  le  Xeron-Oros  (le  T^l^hrion des  anciens),  haut  de  1 ,010 
nie  Ires ;  plus  loin,  k  Touest,  ie  Mont  QaUzadhh ,  haut  de  900 
k  1000  metres.  Dans  le  groupe  central,  le  Delphi  ou  Dirphys 
atteint  une  altitude  de  1,790  metres,  et  au  sadl*Orykiou  mont 
Saint' Elkas  s'^ldve  k  1,440  metres.  Toulea  ces  montagnes 
renferment  des  carri^res  de  marbre,  qui  ^taient  d^'j^  o^l^bres 
dans  I'antiquit^,  de  la  houille,  du  cuiTra  etd'autves  m6taui, 
ainsi  que  des  sources  thecmales.  Leurs  flancs  sont  en  outre 
couTerts  de  belles  (or^ts  et  de  gras  paturages.  Le  cb'mat  de 
nicest  des  plus  sains;  le  sol,  parfaitement  arros^  dans  les 
rall^,  est  trto-fertile,  mals  asses  mal  cultiT^.  Les  prindpaleB 
productions  consistent  en  ooton,  huile«  ?in,  froment, 
miel,  citrons  et  rruits  de  toutes  esptees,ea  liiTrea,  lapins, 
perdrlx,  cailles,  etc.  Les  habitants  se  livrent  aTec  succte  k 
I'dducation  des  aJkiUes  et  A  I'ilive  du  b^il,  et  exportent 
beaucoup  d*liuUe,  de  bid,  de  laine,  de  peaux  brutes  et  de  fro* 
mages. 

L*Euh^,  ayec  lea  ties  qui  PaToidnent,  forme  nne  nomoT' 
c/i/eparticull^re,comprenaqt  nne  population  de  60,000  am«i, 
ii^parliesur  une  superfictede  56  myriam^lres  carr^  environ, 
et  estdivlsteen  deux  dioc&sea  el  eparchies,  k  savoir  ; 
1"  Eub^t  la  moitid  septentrionale  de  Tile,  avec  los  ilOls 
de  Scifitho ,  Scopelo ,  Chilidhromia,  etc. ^  et  leclief-lieu 
de  toute  la  nomarcliie,  Evripo^  Egribo  ou  Negrepont,  Tan- 
cienne  Chalcia,  sitnd  k  Tendroitle  plus  rcsscrrd  de  TEu- 
ripc,  prot^<  par  une  citadelle  et  relid  k  la  tcrte  femie  par 
des  ponts  :  2«  Carysto^  la  moitid  siid-e!(t,  atec  Pllo  de 
Scyros,  les  Hots  voisins  et  le  port  de  Carysto  mCarls* 
< OS,  sur  la cdtemMlionale,  et  dont  la  forfuresse  dominc  les 
lies  Toisincs  en  mtoie  lem|)s  que  la  cdtc  du  continent. 
L'Eub^  (iTiito/ayC'est-JiMlire  riciieen  pjlturagcs)  fnt 


people  k  Torigine  par  des  lonlens,  des  Abantes  et  des  £to- 
liens,  puis  habits  par  des  colons  Tonus  d'Athtaes.  Apr^ 
avoir  ob^  d*abord  k  des  rois,  die  eut  ensuite  un  gouver- 
nemeBt  dfoiocratique ,  et  ne  tarda  pas  k  jonir  d*une  grande 
prospMI6.  Si  decadence  date  pourtant  ddji  de  la  guerre  des 
Persesy  sousla  domhialion  desquels  elle  demeora  assei  long- 
temps.  Pins  taid  elle  fot  soumise  k  Philippe  de  Mac4- 
doine ,  et  ensuite  k  Mithridate.  Les  Remains  ne  lui  rendi- 
rent  qu*une  ombre  dMnddpendance ,  et  sous  le  r^e  de  Ves- 
pasien  die  fut  d^linitlTement  hicorpor^  k  la  province 
d*AcbaIe.  Appdte  Chaleida  sous  le  r^e  des  emperenrs  de 
Bysanoe,  die  tomba  au  pouvoir  des  Y^nitiens  en  1)04.  Elle 
appariint  alors  pendant  longtemps  k  la  famille  Carcerio^  et 
<^est  k  cette  ^poque  qu'elfe  re^t  le  nom  de  Negroponte 
ou  N^grepont.  Conqnise  par  les  Turcs  en  1470,  die  deroeura 
en  lenr  pouvoir  Jusqu^en  1821,  ^oqoe  od ,  &  la  voix  de  la 
belle  Modena  Maurogeuia,  raese  souleva  et  comment  la 
guerre  de  nnddpendanoe. 

EUBULIDB,  philosophe de  P^le de  M^re,  qui  Ho- 
rissalt  vers  Tan  350  avant  J.-C,  Tut  disdple  et  succesfeur 
d*£ttclide.  11  eut  la  gloire  de  compter  D^ostlidne  au 
nomfare  de  ses  disdples,  et  se  rendit  surtout  c61d>re  par  Tin- 
vention  de  plusieurs  sophismes,  Ids  que  Vilectre,  le  voiU^ 
le  menteur,  le  sorite  et  le  cornu,  qui  montrent  que  la 
pliisosophle  greoque  n'avdt  pas  poussd  Tabus  du  raisonne- 
ment  moins  loin  que  ne  le  fit  depuis  la  seolastique.  Le  der- 
nier de  ces  soplitsmes ,  dit  le  comu ,  consistait  k  ralsonncr 
dela  mani^re  suivante :  «  Yous  aveice  que  tous  n'avez  pas 
perdu;  or,  vous  n'avez  pas  perdu  de  comes, done  vous  avez 
des  eomes.  •  Et  ab  una  disee  omnes 

EUClIARISTlE(dugrecsOxa{iioi(uc,  action  degrAces). 
C*est  dans  l^^lisc  cithoUquc,  lesacrement  en  verlu  duqud 
on  re^it  r^llement  et  substantlellement  le  corps,  le  sang, 
Pame  et  la  divinity  de'J^na<Jhrist,  sous  les  esp^ces  du  palu 
etdu  vin.  On  Tappdle  saint  sacrement,  parce  qu'il  est  le 
plus  auguste  des  sacrements ;  con%munion,  parce  que 
c*est  le  lien  des  fiddes  entre  eoz  et  avec  J^sus  Christ ;  sainte 
eine,  parce  que  J^us-Christ  Plnstitua  dans  la  demidre 
cine;  eueharistie,  enfin,  parce  que  c'est  le  prindpal  moyeo 
parlequd  les  chnHiens  rendent  graces  k  Dieu  le  pire,  par 
Jteus-Christ,  son  fits.  Les  Grecs  le  nomroent  saints  mys' 
tbreSf  pour  la  m6me  rdson  que  les  Latins  fappellent  ^aint 
aacrement  Hs  Pappdlent  aussi  synaxe,  assembl^e;  eulogie^ 
bfo^ction;  anaphora^  oblation.  II  prend  la  d^omina- 
lion  de  v  iatique  quand  il  est  re^n  par  tesmalades  pour 
les  fortifier  au  moment  d^entreprendre  le  supreme  voyage. 
Le  RMempteur,  avant  dlnstftuer  ce  sacremeut ,  y  pr^- 
para  ses  disdptes  par  ces  paroles,  que  rapporte  saint  Jean : 
«  Je  sols  le  pain  de  vie;vos  pires  out  mang^  la  manne  dans 
le  ddsert  et  Us  sont  morts.  Mais  void  le  pain  desceodu 
du  cid,  afln  que  cdut  qui  en  mangera  ne  meure  point . . . 
Celui  qui  8*en  noorrira  vivra  ^temdlement;  |e  pain  que 
je  lui  donnerai  sera  ma  cliair  pour  la  vie  de  ce  monde... 
Cdui  qui  mange  ma  diair  et  boit  mon  sang  a  la  vie  ^ter- 
ndte,  et  Je  le  ressusdterai  au  dernier  jour.  »  Ces  «  paroles 
sont  Men  dures,  r^pondirent  qudques  uns  d^entre  eux.  Qui 
peut  les  teouter?  » 

La  promesse  fhite  par  J^os-Christ  se  r^aliso  h  veille 
de  sa  Passion,  k  sa  dermire  ctoe,  quand,  rompant  le  pain, 
le  b^nissant  et  le  distrtlmant  k  ses  disciples,  il  leur  dit  : 
«  Prenez  et  mangez,  ceci  est  mon  corps ;  «  et  qu'devant  da 
mime  le  calice,  et  le  lair  passant,  it  ajouta  :  <i  Bnvez-en 
tous,  ceci  est  mon  sang ;  feites  cda  en  mimotre  de  mot ;  • 
paroles  simples,  claires,  |K>pnlaires,  ezemptes  de  toute  loe- 
Caphorc.  Ainsi  Tenlend  saint  Paul,  lorsque,  dans  sa  premiita 
ipltre  aux  Corinthiens,  il  dit  :  «  Le  calice  que  nous  b^ni«- 
sons  est  la  communion  du  sang  du  Christ;  le  pain  que  npiu 
rompons  est  la  communion  de  son  corps.  Quiconque  ia- 
dignemcnt  mangera  cu  pain,  ou  boira  dans  ce  calice,  sera 
coupable  du  corps  et  du  sang  du  Sauveur  :  il  mangera  et 
boira  sa  condamnalion.  »  Ainsi  les  recevoir  diguemeat, 
c'est  les  recevoir  r^llemeot  etsobstantielleroent;  lea 


EUCHARISTIE 

eevok  wu  ies  disposHioBs  reqidstt,  e'cst  les  profaner 
rteHemeDt  et  gobflUHtieUement  Jteis-Chrat  est  done  t^- 
riteUoMnt  prtent  aool  les  esptees  da  pain  et  da  Tin. 

Depttk  Ignace,  <v6que  d^Aotioche  an  pansier  sitele, 
}Dsqo'^  JMiiiie>  patriarclie  de  Constantinople  en  1570^ 
loos  les  Pires  grecs  onl  enseign^  que  la  doctrine  de  Ti^Hse 
relaiivemeDt  k  b  ctoe  est  (fu'aprte  la  consideration  et  la 
bMdiction,  le  pain  derient  le  corps,  et  le  Tin  le  sang  de 
J^sos-Christ  par  la  vertu  da  Saint-Esprit.  Depub  Tertul- 
lien,  an  tioisi^me  sitele,  jusqo'i  Pascase  Radbert,  au  nea- 
Ti^ne,  et  jusqn*^  nda  joors,  tous  les  Pires  latins  ont  prdeli^ 
Iar^i6  du  corps  et  dn  sang  de  J^ns-Christ  dans  reucha- 
ristie.  Toates  les  liturgies  Josqo^an  seizi^me  sikile  recon- 
naissent  la  presence  r^le  aprte  la  oonsterfttion.  A  peine 
queSques  Toix,  perdues  dans  rinunensM  des  temps,  ont 
rompn  oe  concert  unanime,  k  de  longs  inter?aMes.  Lors 
mtaie  que  de  gnuides  £glises  se  sont  d^cMes  de  la  masse, 
eUes  ont  empori^  aree  dies  le  dogme  de  la  presence  rMIe, 
el  elles  I'ont  soigneusement  conserve  aprte  lear  separation. 
Et  non-seolement  T^Use  cathoHqae  crolt  fermement  que 
le  corps  et  le  tang  de  J^ns^Christ  sont  contenus  dans  les 
esp^ces  da  pain  et  da  Tin,  mais  die  croit  uicore  que  Pun 
et  raatre  ont  disparu  anx  paroles  de  la  consecration  pour 
tin  refflplac^s  par  le  corps  et  le  sang,  el  qu'il  n'en  reste 
plus  qoe  les  esptees  ou  apparenees,  ce  qn'on  appdle 
transsubstantiation: 

Des  dissentioients  se  sont  toutefois  deytfs  k  ce  sujet  entre 
les  Intberiens  et  les  oalTinistes.  On  salt  que  ponrcesder- 
niers  la  cine  cA€br€e  sons  les  deai  espteee,  oonrnie  chez 
ies  lolherieos,  n*est  qn'un  repas  oomBBemoratif,  dans  le 
genre  des  a ga pea ,  et  qu'ils  n'emploient  pas  mtoie  1' hos  - 
tie,  conseryee  par  l*£glise  hithMemie. 

Le  mot  transstibstantiation  a  M  employe  par  les  condles 
de  Latran ,  de  CkMistance  et  de  Trente.  II  etalt  connn  des 
Grecs  sous  les  noms  de  ^MxtnnijfliQ,  aetiOD  de  (aire  ce  qoi 
B*etait  pas,  et  de  f^n%€6kyi,  cbangement  Sdnt  Justin  et 
saint  Irenee  ont  reconrs  k  diyerses  comparaisons  poor  foire 
eompreadre  ce  changement  de  substance.  L'JiSgHse  senle  ne 
CFoitpas  de?oir  expUqner  la  traa^mntation.  Sairant  die, 
MRvS'Cbrist  est  dans  I'eudiaristie,  non-seulement  lors  de 
la  manducation,  nuis  depois  les  paroles  sacraroentelles  jua- 
qn*i  la  destroctioo  dea  dsptees.  Le  concile  de  Trente  en- 
seigoe  qn'il  7  est  avant  et  aprte  la  communion ,  et  que  les 
parties  consacrdes  qai  restent  sont  toujours  le  corps  d  le 
sangde  Jdsus-Cbrist. 

Ms  lors  le  Redempteur,  dans  reocharistie,  a  droit  conti- 
BoeUement  aax  adoiations des  IW^les,  comma  de  son  Tivant 
suria  lerre.  De  U  les  expositions,  les  saints,  les  processions. 
«  Je  ne  m*arrete  pototi  i'adoration,  ditBossnet,  les  plus 
doctes,  les  plos  senses  de  nos  adfersaires  nons  ayant  ac- 
corde,  il  y  a  longtemps,  qne  la  presence  de  Jdsos-Cbrist 
dans  reocharistie  deralt  porter  k  Tadoration  ceox  qui  en 
sont  persQadds.  a 

Do  reste,  la  conTictioa  de  cette  presence  a  d6  porter  r£- 
glise  k  distribner  la  communion  non  point  forcement  sons 
les  deux  esp^ces,  mais  sous  Tone  ou  Pautre  :  admettre  en 
dfet  qoe  jesas-Ohrist  est  toot  entier,  corps,  sang,  Ame, 
dtfiniie  sons  Papporence  da  pain  ou  sotn  edie  do  vin,  c*est 
dedarer  /{TTil  snfBt  de  le  receToir  sous  one  sesle,  la  sepa- 
ratiOD  de  la  chair  et  da  sang  n'etant  qu'apparente;  c*est  ce 
qoe  resmne  admirablement  ce  passage  da  condle  de  Trente : 
•  On  a  toBjoars  pense  qn'apres  la  consecration  le  corps  et 
le  sang  de  Jesos-Cbrist,  arec  son  ftme  et  sa  diTinite,  etalent 
sons  Fesp^oe  dn  pain  et  sons  cetfe  da  vin;  c^est-ii-dire  son 
corps  sons  Pesp^ce  dn  pain,  et  son  sang  sous  cdle  du  Tin ; 
mais  son  eorps  est  aassi  sous  Pe^pto  dn  Tin,  et  son  sang 
sons  oelle  dn  pain,  et  son  ftme  sous  Tune  et  sous  i*autre, 
CB  Terfn  de  edte  liai^o'n  natnrelle  et  de  ccfte  concoiffi/once 
par  laquelle  ces  parties  dans  Jeftos-Clirist  ressuscite  pour 
Be  plus  niourir  sont  Hides  entre  dies;  et  la  di?inlte  de 
KBfime,  Jk  diuse  de  son  unien  liy|H>stalique  avec  le  corps  et 
riOBtdo  SaoTear.  Ainsi  Jesus-Chnst  est  entier  sous  IVr^pcce 


—  EUCXIDE  115 

da  parn  et  sons  disque  partfe  de  cette  esp^ce,  comme  il 
est  tout  entier  sons  Pesp^  dn  Tin  d  sous  chacone  de  ses 
parties...  Les  aotres  sSfcrements  n^ont  la  Terto  de  sanctifier 
qa*aa  moment  qu*on  les  rc^it;  celui  de  Penebaristle  con- 
tient  l*anteor  itieme  de  la  saintetd  ayant  qa*on  lere^iye.  » 

fiCUCIIER  (Saint),  arclierftque  de  Lyon.  G*etoit  un  se- 
nateur  d'une  naissance  illnstre  et  d*und  piete  eminente. 
Apres  la  mort  de  sa  fennme,  il  se  rdira  dans  la  solitude  de 
Lerios  aTee  'ses  deux  fi!s,  pais  dans  nie  de  Lero.  La  Tie 
rontemplatite  ne  lot  faisait  pas  oubller  la  charitechretienne. 
11  aTalt  mis  en  resenre  nne  partfe  de  ses  biens  et  Ies  distri* 
buail  anx  panTres  femmes  et  anx  Tidllards.  llnVtait  d^ail- 
leurs  pas  mdos  remarquable  par  Petendue  de  son  ssToir 
qne  par  ses  Tortus.  II  fallut  de  tIto  force  Parracher  de  sa 
retraite  poor  PeieTer  aa  siege  arehiepiscopal  de  Lyon.  II  de- 
fendit  aTec an  sderemarqai(!ble  la  doctrloe  de  saint  Aogustin 
centre  les  semi-p61aglens.  De  tons  ses  onyrages,  il  ne 
nous  reste  qu*an  Eloge  du  desert,  adresse  k  saint  Hilalre, 
on  traite  Die  Mipris  du  Monde^  des  explications  snr  qud- 
ques  passages  de  Picriture  Sainte,  et  Les  Acta  des  Mar^ 
iyrs  de  la  Ugion  TMbaine,  n  assista,  en  441,  au  premier 
condle  d^Ofange,  preside  par  soa  ami  saint  Honorat,  et 
raoomt  Ters450. 

£IJ€HITES,  andens  heretiques,  tdlement  conTaincas 
de  la  pnisSaBce  de  la  prl^e  qnMls  b  croyaient  capable  d^as- 
surer  le  saint  etemd  sans  que  Pon  y  juignlt  la  penitence, 
lis  tiraient  leur  nom  dn  mot  cvx^ ,  qoi  en  grec  signifle 
prUre.  Abosant  de  oes  pM^es  de  salirt  Paul :  <  Pries  sans 
reltelie!  »  its  construieaient  snr  les  places  pobUques  des 
oraiofres  nomrnds  par  enx  adoreitoires ;  its  croyaient  inu- 
tiles  et  reJetdoBt  le  baptAme,  Pordre  et  le  mariage.  Tls 
STaienl  adopteies  erreurs  des  massallens,  dont  on  leur 
doonalt  qodquelbis  le  nom,  et  furent  eoBdamnes  an  condle 
d'  £  ph  ise.  On  lear  domiait  encore  le  nom  d^enihousiastes, 
k  caase  des  Tistons  dont  lis  se  croydent  fsTorises.  Saint  Cy- 
rille  d'Alexaodrie  repriniande  seT^rement  dans  ses  ooTrages 
qodqnes  roolnes  egyptieas  qui  abandBnnaleat  la  Tie  actiye 
poor  se  Hyrer  exdnstrement  k  la  plUre. 

EUGHIIOITB^  cahrre  arsdnlate  Tert  dmeraade.  Cette 
substahce  rare  n^a  encore  ete  trooTee  qu'ft  Ubdben  ( Hon- 
grie ),  en  crlstaux  iraplantes  snr  on  scfaiste. 

EUCLIDE^  oeiefcre  pbilosophe  grec,  ne  Ir  Megare  Ters 
Pan  450  BTant  J.-C.,  s^attaoha  d*abord  k  la  secte  dieatique , 
dont  il  etudia  la  doctrine  dans  les  ecrits  de  Parmenide, 
pais  deyint  un  des  disdples  les  pins  feryents  de  So  crate. 
On  raconte  que  pendant  la  gnerre  du  Peioponnese,  les 
Atbeniess  ayant  defendu  anx  Megariens  d'entrer  dans  leur 
yille  sons  pdne  de  mort,  Godide  exposa  sa  Tie  pour  entendre 
son  mattre;  il  s'introduisdt  dans  la  Tille,  de  nuit,  en  habits 
de  femnne.  Apris  la  mort  de  Socrate^  il  alia  se  liter  k  Me- 
gare, sa  patrie,  oti  sa  maison  serrlt  de  refuge  k  Platon  et 
k  la  pinpart  des  disdples  de-Socrate,  qne  la  crainte  d*e- 
prouTer  un  sort  semblable  k  celui  de  leur  msftre  ayait  con- 
traiats  de  s'eioigner  d^Atbenes.  Endide  fonda  dans  sa  patrie 
one  dcole  de  plillosopbie,  connne  sons  le  nom  6''4cole  de  M4' 
gore,  et  dont  le  caractere  etait  d^antr  4  la  doctrine  morafe 
de  Socrate  les  speculations  metaphysiqaes  et  surtont  les 
snbtilites  dialectiqnes  des  £ieates.  Oette  ecole  acqait  une 
tdle  renommee  par  son  got^t  et  son  talent  pour  la  dispute, 
qn'elle  en  re^ot  le  nom  dVrisfi^e,  c'est-^-dire  dispuieuse, 
contentieuse,  Elle  fut  sans  doiite  eocoaragee  dans  cette 
Toie  par  Itf  fereur  que  Pesprit  subtil  qai  a  toojours  oarade- 
rise  les  Grecs  deyait  dte  lors  faire  accorder  k  ce  genre  d*excr- 
dces.  On  ne  satt  que  trte*pea  de  chose  des  opinions  parti- 
cuKeres  k  Endide.  En  morale,  il  sootenait,  au  rapport  de 
Ciceron,  qu'il  n*y  a  de  Men  qne  ce  qui  est  an,  et  semblable, 
et  toojours  le  meme  ( id  bonum  solum  esH  quod  esset 
unum,  et  simile,  et  semper  idem ),  c'est-Wire  qne  lebien 
est  fnyariabie  d  absdu.  Kn  logique,  H  rejetdt  ces  ralsdh- 
aements  par  analogic  ou  |mr  comparaison  dont  son  mail  re 
Socrate  ayait  Tait  un  si  grand  iisagr,  d  il  voulait  que  a«j:s 
la  refutation  des  soplihtes  on  s'attarruM  direclement  k  la 


116 


EUCLIDE  —  GUDES  DG  MONTBEOIL 


eoDcliiiion  de  knirs  raisAiinieroenU,  sans  se  <k)iiner  la  peine 
d*euminer  la  s^rie  des  premisses  dans  lesqueUes  ^tait  cacM 
I'artifice.  lies  disciples  d'EocUde  exagMrent  la  tendance  de 
leiir  mattro,  et  cette  tole,  qui  aTait  M  institute  pour  com- 
battre  les  sopkistes,  dcTlnt  bientftt  eUe-mtoe  nne  p^plni^ 
de  sopbistes.  Les  principaiu  phUosophes  qu^elle  a  produits 
M)nt  :  Enbulide,  Alexinus,  Diodore  Cronus,  et  Stilpon 
ill'  M<^are.  Aprte  Stilpon,  qui  donna  plus  dimportanre  h 
la  morale  qu'k  la  dialectique,  et  qui  eot  pour  disciple  Z6ion 
de  Citiom,  U  secte  m^rique  se  fondit  dans  celle  des 
stotdens.  (Test  dans  le  deuxiWne  li?re  de  Diogtoe  de  Laerte 
que  se  trouve  la  source  la  plus  abondante  de  renseignements 
sur  Euclide  ct  sur  son  teole.  Booillbt. 

EUCLIDE  d*Alexandrie.  Ses  ourrages  nous  ont  transmis 
les  connaissances  matb^natiqoes  de  Tandcnne  Gftee.  II 
enseigna  cette  science  sous  le  r^e  de  Ptol^rote  Soter,  fils  de 
Lagus.  Ce  roi  voulut  y  dtre  initio  par  le  cd^bre  professeur, 
mais  il  fut  bientdt  rebuts  par  les  difficult^  de  T^tude,  et  de- 
inanda  sMl  n^^it  pas  possible  d'arriTer  an  but  par  une 
voie  plus  courte  et  moins  p^nible  :  «  II  n'y  en  a  point  de 
particoli^  pour  les  rois,  »  r^pondit  Kudide.  Cette  r^nse 
pronve  seulement  que  le  professeur  ^tait  plus  gtem^tie  que 
courtisan;  d^aillenrs,  elle  manque  de  justesse,  et  de  toutes 
mani^es.  Premiiirement ,  Ptoltoite  ne  demandait  qu*une 
autre  m^thode  d*exposition  des  thtertaies  gtem^^triques,  et 
non  pas  nne  route  pour  y  oondnire  des  rois  k  Texdusion 
du  TUlgaJre;  en  second  lieu,  les  dteionstrations  d'Eudide, 
tdles  qn'elles  sont  dans  ses  onvrages  et  qu^dles  ^talent  pro- 
baUement  dans  ses  lemons,  ne  procMent  point  sulvant  la 
roarcbe  naturdle  et  spontante  de  rintelUgence  :  dies  im- 
posent  aux  ^tndiants  un  traTail  qu^on  eftt  pu  leur  ^pargner. 
On  reproche  aussi  k  la  m^tbode  du  gfomMre  d'Alexandrie 
nne  trop  grande  uniformity,  qui  h  la  longne  fatigue  le  rai- 
sonnement.  Une  monotone  socoessioa  de  thtorftmes,  de  co- 
rollaires,  de  dtoonstiations,  oil  cdle  de  la  propodfion  r6d- 
proqne8uitimm6diatementcenedelapropodtiondireete,etc.; 
nne  redaction  toujonrs  sym^triqne,  ou  I'exigenoe  de  cette 
syro^trie  ralentit  Mquemment  le  pas  que  le  lecteur  est 
tent^d*aco^^rer :  tout  cda  oontriboe  k  roidre  IMtnde  moins 
agr^able  et  par  consequent  plus  ^ineuse.  Mais  tons  les  de- 
feats de  Touyrage  sont  plus  que  coropens^  par  les  grands 
et  longs  sorrices  qu'il  a  rendus  :  pendant  plusieurs  siteJes 
11  n^  eat  point  d'autre  traits  do  gfiomHtie  entre  les  mains 
des  professeurs  et  des  todiants. 

La  Yie  d'Eiidide  fut  simple  et  sans  telat;  on  ne  connalt 
pas  repocpje  prteise  de  sa  naissance,  non  plus  que  cdle  de 
sa  mort.  II  vtent  en  gtem^tre,  partageant  son  temps  entre 
Tensdgnement  dont  il  ^tait  charg6  et  les  occopations  du 
cabinet  Febht. 

EUGOLOGE  9  livre  de  pritees.  Sen  ^tymologie  Tient  de 
tOxiq,  priere,  et  de  Xlywy  Jo  rer||idlley  oe  qiu  Justifie  Tandenne 
ortbographe  de  ce  mot,  quil«*teriTait  euchologe.  II  con- 
tient  Toffice  des  dimancbes  ePdes  f&b»  sdon  nn  rit  parti- 
culler.  Le  premier  eucologe  ftit  imprimd  par  ordre  du  car- 
dinal de  NoalUes*  areberfique  de  Paris,  conform^lment  au 
missel  et  au  br^vialre  de  son  diocte.  G'est  k  pen  pr6s  le 
m6me  IWre  que  le  ParoUsien,  Les  Grecs  ont  un  eucologe 
qui  renferme  leurs  priires,  leurs  bte(^ictions,  leurs  oM- 
monies,  tout  ce  que  conticnt  enfin  g^ndrdement  un  rituel 
ou  ponlificd.  Le  P6re  Jacques  Gear,  dominicain,  le  flt  im- 
primer  en  grec  et  en  latin,  avec  des  notes  (  Paris,  1647, 
1  vol.  in-folk»).  Ce  livre  est  une  source  antique  et  pure,  k 
laqudle  lliisioHcn  peut  puiser  avec  confiance  pouv  connaltre 
les  moHirs,  les  usages,  les  rites  de  la  primitiye  Aglise. 

EUCRAT^Ey  genre  de  polypes  bryoxoaires  de  la  in- 
nllle  des  cellari^s,  itabli  par  Laroouroux,  et  dont  il  y  a 
d<9  esptees  sur  nos  c6tes.  De  BlainYille  le  r6unit  comme 
simple  sons-gmre  k  ses  unicellaires. 

EUDESy  due  d* Aqnitaine,  (ils de  Boggis,  se  trouva a 
la  mort  de  son  p^e,  arrive  en  688,  et  par  la  relralte  dans 
on  raonai^tte  de  too,  cousin  fcnnain  Hubert  k  la  ti^tc  de 
tides  itats,qni  embrfcssaient  toiite  la  partic  des  Gaules  com- 


pnse  eutre  la  Loire,  TOeto,  les  Pyrinte  et  le  Rhdne.  Il 
profita  habilement  de  la  laiblesse  des  sacoesseurs  de  CIotIs 
pour  constituer  son  ducb^  en  £t«t  inddpendanty  et  rMster 
aux  Francs :  il  fit,  aTec  les  Bretons,  la  guerre  k  Pepin  dH^- 
ristd,  et  lul  reprit  Bourges,  dont  il  s*etait  empar^.  Endes 
tenta,  en  717,  de  foire  replacer  ChilpM^  n  sor  le  tr6ne  de 
Neustrie;  il  fut  battn  k  Soissons  par  Cbaries  Martel. 
\  L'approcbe  des  Sarrasina,  dont  rinvasion  ^tdt  imidnentey 
dmenta  bient6t  un  traits  de  palx  entre  les  partiea  bdllg^- 
rantes.  En  721  Eudes  leor  lim  sous  les  nrars  de  Toulouse, 
qu'ils  asd^gedent,  une  bataiUe  sanglante;  ilea  fit  an  bor- 
rible  carnage.  11  fit  eosuite  alliance  avec  Abou-Neu,  le 
prindpal  lieutenant  du  khaUfeAbd^raman,  et  lai  donna  en 
manage  sa  filleLampagie.  Abd^raman  fit  payer  cber  cetle  tra- 
bison  k  SOB  lieutenant,  et  ne  taida  pas  k  envabir  les  £tats 
d'Eudes.  Gdui-d  cbercha  k  r^sister  k  cette  agression  imp^ 
tueuse;  mais  son  arm^  fut  an^antie  an  passage  de  la  Dor- 
dogne,  toutes  ses  places  fnrent  prises  :  Eudes,  dans  cette 
terrible  extrOmit^,  implora  le  secoars  de  Charles  Martd,  et 
les  Sarrasins  furent  enfin  toas^  dans  les  plaines  de  Tours. 
Eudes,  ce  dernier  type  de  Tind^pendance  m^dionale  du 
pays  d^ontre-Loire,  de  la  resistance  des  Gallo-Romains  aux 
invasions  des  barhares,  mournt  en  7S&;  il  fut  inhum^  daiu 
an  convent  de  Tile  de  R^,  od  Ton  tiouva  dix  dteles  plus 
tard  sa  couronne  docde.  n  laissa  deWdtrnde,  sa  femme, 
trois  fils,  dont  ks  denx  atn^,  Hunald  et  Hadto,  partagkent 
8es£tats. 

EUDES,  roi  de  France,  ^tait  fils  de  Robert  le  Fort.  N*^- 
tant  que  oomte  de  Paris,  il  s'^tdt  d  vaillamment  conduit 
dans  les  guerres  sootenues  oontre  les  Normands  qui  asd^ 
gedent  I^iris  et  ravagedent  ses  environs,  et  &la  bataflle 
de  Montfaucon,  dans  PArgonne,  qu*il  gagna  sor  eux ,  qu'il  fut 
du  par  les  Neustriens  roi  de  France,  dans  la  diite  de  Tribar, 
oil  fut  depose  Charles  le  Gros.  Quelques  sdgneurs  refu- 
stontdele  reconndtre ;  illes  oombattit,  les  vdnqdt,  fit  train 
cber  la  t^  au  comte  Waltguir,  le  prindpd  moteur  de  leur 
r^stance,  et  poorsuivit  jusqu'en  Aquitaine  les  debris  de 
leur  parti.  Un  autre  comp^teur,  Cbaries  le  Simple, 
sacr^  roi  de  Laon  par  Tarchev^que  de  Reims,  en  893,  se 
dressa  devant  Ini;  Eudes  finit  par  s*entendre  avee  lui :  il 
mournt  le  8  Janvier  898,  lui  laissant  sa  couronne,  qui  devait 
revenir  k  sa  fiunille.  Il  fat  enterr^  dans  les  caveaox  de  Saint- 
Denis. 

EUDES,  I-IV,  dues  de  Bonrgogne.   Kofres  Bocico- 

CKE. 

EUDES  (  Jeah)  ,  abbe»  fondateur  des  Budistes^  fr^re 
de  rhistorien  M  ^ze  ra  y,  naqult  k  Bx6 ,  prto  d*Argentan,  le 
14  novembre  1801,  et  monrut  k  Caeo,  le  19  aoAt  1680.  CesI 
a  propos  de  ce  frtre  que  M^zeray  r^poudit  k  an  ami  : 
«  Mon  frke,  le  mlitin  U  dit  la  messe,  et  le  restedu  jour  il  ne 
sdtce  quMl  ditl  »  L'abb4  Eudes  compose  en  trois  vol.  in  4* 
une  Vie  de  Marie  des  ValUeSf  fanatique  folle  et  ridicule, 
fille  d'un  pauvre  paysan  de  la  basse  Normandie ;  lourde  pro- 
duction ,  bien  (aite  sans  doute  pour  justifier  le  jugement  de 
M^ray  sur  son  fr6re  dn^. 

EUDES  DE  MONTREUIL,  oddNre  arohitecte,  floris- 
sait  au  treidime  dtele;  il  accompagna  saint  Louis  k  la  croi- 
sade ,  et  s*y  distingua  lors  de  la  prise  de  la  forteresse  de  JaflTa, 
dont  11  releva  les  foitiflcations  paries  ordresdece  monarque. 
A  son  rettfur  k  Paris,  11  fut  charg6  de  oonstruire  plusienrs 
^lisea,  tdles  quecdles  de  Sainte-Catherine  du  Yd  des  £co- 
Hers,  de  rH6tel-Dieu ,  de  Sdnte-Croix  do  la  Bretonnerie, 
des  Blancs-Manteaux,  des  Qulnze-Vfaigts»  des  Malburins , 
des  Chartreux  et  des  Cordeliers.  II  avail  sculpts  dans  T^iae 
des  Cordeliers  un  bas-relief  de  grandeur  naturdle »  o(i  il 
s*«^tdl  repr^ient^  k  mi-corps,  entre  ses  deuX  femmes.  II  avait 
pr^  de  lui,  sur  une  table,  un  dseau  de  sculpteur,  et  tenait 
de  la  main  gauche  une  guerre.  Le  feu  qui  consania  cette 
<^lise,  en  l&SO,  dt^truisit  ^gdement  ce  mausolde,  et  aucun 
autre  des  uuvrages  d*Eudes  n'est  venu  Jusqu'ii  nous.  11 
survdcut  de  vingt  ans  k  sdnt  Loots,  et  mournt  en  1289. 

A.  v^BiMComa. 


eudiom£:tre 

EUDIOlliSTRE  (de  tOdio«>  lereiii ,  ek  (Urpov,  mesure ; 
(fdt-Mire  mesure  de  la siriniUy  de  la  pureU  de  Pair). 
Les  instnimento  de  ce  nom  serrent  en  eflet  k  mesurer  la 
pQret6  des  gaz.  On  distingue  ceux  de  Volta,  de  Gay-Lussac, 
de  Fontana^de  Blarty. 

Veudiomtire  de  Volta  est  destine  k  feire,  par  Vliydro- 
gtoe,  I'analyse  des  melanges  gazeux  dont  I'oxygtoe  feit 
partie,  et  rteiproquement ,  en  partantde  ce  principe,  qu'un 
Tolome  de  gai  oxygtoe  et  deux  Tolnmes  de  gaz  hydrogtoe 
s'abaorbent  mutuellement  pour  faire  de  Teau.  II  oonsiste 
en  on  tube  de  verre  cylindrique ,  ^pais  de  4  millimMres , 
de  20  eentim^tres  en  longueur,  et  d*enTiron  3  de  diamitre. 
Ce  tulw  est  gradu^,  ou ,  ce  qui  revient  au  m6me ,  porte  une 
tebelle  en  eolTre.  Un  oitonnoir  renversd  et  form^delalton 
est  annexe  k  sa  base  infi§rieure ;  une  coupe  de  cet  alliage 
somiottte  I'antre  base ;  le  pied  de  la  coupe  et  le  col  de  l^en- 
toonoir  aont  chacon  munis  d*un  roblnet.  L^un  et  l*autre 
se  lient  au  rerre  au  moyen  d*anneaux  de  lailon ,  scell^s  au 
tiibe  par  du  mastic  de  fontainier.  S*agit-il  d*eniployer  cet 
eudiom^re  k  €tablir  que  l^oxygtoe  et  Thydrog^e  s^absor- 
bent  mutuellement  dans  le  rapport  de  1  ^  2,  on  remplit  d*eau 
tout  nnstrumeot ,  que  Ton  itdresse  ensuite  en  maintenant 
sa  base  dans  ce  llquide.  On  y  fait  passer  successiveroent 
deux  mesnres  de  gaz  oxygtoe  et  autant  de  gaz  hydrogine ; 
cm  essule  le  tube  de  rerredans  sa  |)artie  sup^rieure ,  on  ferme 
le  robinet  Infi^rieur,  puis,  au  moyen  d'une  petite  tige  m^* 
ta]liqiie,qois*enfonee  perpendicuJaiiement  au  col  supdrieur 
ao-dessous  du  roblnet,  etqn^enveloppe  une  garnttuie  en  verre 
remplie  de  rfelne ,  on  fait  ^clater  une  ^tincelle  tiectrique  k 
tnwen  le  mtiange  gazeux.  Le  melange  s'emhrase,  et  lors- 
qa'on  onvre  le  roblnet  infiirieur ,  Tean  qui  afflue  dans  Tins- 
tmment  t^moigne  de  la  condensation  routuelle  des  gaz.  Le 
robinet  inrdrieor  ^tant  de  nouTeau  term6,  Ton  emplit  d'eau 
la  coupe  sop^rieure,  et  Ton  Tisse  au  fond  de  cette  coupe  un 
tube  de  ?erre  cempll  d*eau ,  gradu^,  scelld  hermdUquement 
k  sa  partie  supMeure,  et  terming  inf(§rieurement  par  une 
Tis  crease  en  laiton.  On  ouyre  le  robinet  8up6rleur  :  le  r6- 
sidn  gazeux  monte  dans  le  tube  gradu^,  et  Ton  ?oit  qu'il  n'y 
Rste  que  Tune  des  quatre  mesures  introduites  dans  Teudio- 
mHre  ayant  la  detonation.  L^on  ^prouve  ce  reste  au  moyen 
d^iuie  boogie  oo  d*une  allumette,  ne  portant  qu'un  point  en 
ignition :  elle  s'allome  soudainement  et  denote  ainsi  que  le 
gaz  restant  est  de  Toxygtoe.  Des  deox  mesures  d'oxygtee 
m«14es  aux  deox  d^bydrogtoe ,  il  n*ea  reste  qu^une  d'oxy- 
gtee :  ainsi ,  les  deux  gaz  s'absorbent  mutuellement  dans  le 
rapport  de  1  i^2. 

Gay-LoAsac  a  simplifW  cet  instrument,  en  rempla^ant  la 
coupe  sapMeore  par  une  plaque  en  m^l,  ^  rebord  cylin- 
drique ,  eeptee  de  co'oTercle ,  mastiqu6  au  Terre  de  Teodio- 
roMre,  et  sormoot^  d'une  petite  boule ,  de  mtoie  nature  que 
la  plaque;  Tentonnoir  inf(iiiear  est  supply  par  un  rebord 
horizontal  sor  lequel  se  meut,  antonr  d*un  pivot ,  un  obtu- 
rateur  oa  plaque  m^tallique  bien  plane ,  portant  k  son  centre 
one  soupape  qui  s'oiivre  de  dehors  en  dedans,  et  destine  k 
fermer  Peudiom^tre;  un  fil  m^tallique  en  bailee,  surroont^ 
d'one  iMHile  de  mtaie substance,  sert  k  receroir  int^rieure- 
ment  T^tincdle  tiedrique  que  Ton  depose  sur  la  bonle  exiA- 
rienre;  ee  fil,  aInsI  dis|ios^,  s*appelle  un  exeilaieur,  Les 
contoors  de  FhAice  sent  destines  k  faire  ressort  contra  les 
parob  internes  de  Tinstroment  lorsque  Fexcitateur  y  sera 
introdoit,  dans  le  but  de  faire  passer  une  6tincelle  dectriqne 
an  triTersda  mtiange  gazeux.  Un  tube  gradu^  re^it  ensuite 
itraven  I'eao,  ao  moyen  d*unentonnoir  de  verre,  le  r^du 
guenx  que  Ton  y  fait  passer  en  dirigeant  sous  Tentonnoir 
fouTerturede  reudiom^tre. 

Gay-Luasac  est  aossi  rinventeiir  de  Veudlomitre  A  bloxpde 
(Tozofe.  II  est  fond6  sur  ce  principe ,  que  le  gaz  bioxyde 
d*azote  abforbe  instantantoicnt  Toxygine  atmospb^rique, 
en  ibrmant  par  Ik  un  adde  que  Teau  absorbe  avec  rapidity 
II  eonsiste  en  on  flacon  de  la  lasigeor  d*on  verre  k  boire , 
n'ayant  goto  qoe  la  moitl^  de  la  hauteur  d*un  verre  onli- 
,  et  doDt  le  col  est  prolong^  par  on  court  cylindrc  en 

WCT,  DE  LA  CONVtUS.   —  T.   IX. 


—  EUDOXE 


137 


laiton,  creusd  ea  tronc  de  o6ne  reovers^.  Celui-ci  re^it  a 
frottement  doux  une  douille  creuse  du  mtoie  alliage,  qui 
elle-m^me  est  ajust^  k  un  tube  gradu6  de  9  centimetres 
de  hauteur  sur  un  de  largeur,  et  qui  est  scelie  hermetique- 
ment  isa  partie sup^rieu re.  Pour  s*enservir,on  fait  passer 
100  parties  d^air  dans  I'eudiometre  plein  d^eau  et  renvers^ , 
on  y  iait  entrer  ensuite  autant  de  gaz  bioxyde  d^azote.  En 
raison  de  ia  largeur  de  Teudiometre,  que  I'onagite,  lemd-  ^ 
lange  se  Iait  repidement,  et  il  se  rMuit  k  1 16  parties ,  dont  \ 
la  dilT^rence  k  200  est  84 ;  Tabsorption  est  done  de  84 ,  i 
dontle  quart,  21 ,  repr^sente  roxyg^ne,  parce  que  les  gaz 
oxyg^neet  bioxyde  d'azote,  etant  mdlang^s  repidement  au- 
dessus  de  Peau,  s^absorbent  mutuelleiuent  dans  le  rapport 
de  1  &  3  pour  former  de  I'acide  azoteux ,  qui  est  soluble 
dans  Teau. 

Veudiomitre  de  Fontana  sort  k  faire  absorber  par  le 
phospbore  roxyg^ne  d'un  melange  gazeux.  II  eonsiste  en  un 
tube  cylindrique  gradu^,  ferm^  hermdtiquement  k  sa  partie 
supdrieure,  portant  k  sa  partie  infMeure  une  gamitnre  en 
cuivre  legerementevas^e,  et  suspendu ,  dans  one  ^rouvette 
k  pied ,  par  un  anneau  k  ressort  qui  l^embolte ,  et  d*o6  par- 
tent  symetriqnement  trois  petites  tiges  horizonUles  qui  vont 
porter  sur  le  bord  supdrieur  de  Peprouvette.  Cet  instrument 
se  manceuvre  dans  Feau  comme  les  precedents  :  on  y  fait 
passer  une  quandtedeterminee  d'air;  on  y  introduit  ensuite 
un  beton  de  phosphore  porte  par  une  tige  de  verre ;  on  passe 
sousTappardl  I'eprouvette  remplie  d^eau,de  maniere  4  soo- 
tenir  la  tige  de  verre  et  k  faire  plonger  dans  Teau  le  tiers 
du  tube  gradue.  En  abondonnant  le  tout  k  lui-meme,  Toxy- 
gene  de  Tair  se  combine  au  phosphore ,  forme  de  I'acide 
phosphorique,  qui  se  dissout  dans  Pcau  de  Teodiometre,  et 
laisse  k  nu  Tazote  de  l*air,  dans  lequel  reste  un  peo  de  phos- 
pbore en  vapeurs.  On  reconnalt  que  Poxygeneest  compiete- 
ment  absorbe  lorsqu'en  portant  Tappardl  dans  Tobscorite 
Ton  n^y  apergoit  plus  de  lueura  phosphoriqoes. 

L*ettdiome/re  de  Marty  a  pour  objet  de  Cslre  Panalyse 
de  Pair  par  la  solution  aqoeuse  de  sulAire  de  potasse  qoe 
I'on  emploie  dans  ce  cas  pour  absorber'Poxygene  atmosphe- 
rique.  II  suflit,  k  cet  eflTet ,  de  faire  passer  une  quantite  de- 
terminee  d'air  atmospherique  dans  un  tube  gradue  rempll 
d'eau,  detransvaser  cet  air  dans  un  flacon  rempll  de  la  solu- 
tion dont  nous  avons  parie,  et,  fennant  bien  k  Pemeri,  d'a- 
giter  le  tout  k  plusieurs  reprises  et  de  mesurer  le  rMdu  ga- 
zeux quand  Pabsorption  a  cesse. 

Tons  oes  instruments  supposent  Pemploi  d'une  cove  pneu- 
mato-chimique,  on  tout  an  mohis  d^un  scean  pleln  d'eau. 

COUN. 

EUDISTES.  Cette  sodete  avait  ete  fondee  en  1044,  sons 
le  litre  de  congrigalion  de  JisuM  et  de  Marie  ^  par  Pabbe 
Jean  Eudes.  Les  Eodistes  etaient  tres-repandus  en  Nor- 
mandie  et  en  Bretagne,  od  les  eveques  lenr  confierent  la  di- 
rection de  leure  seminaires  et  de  leure  colleges.  Leur  re- 
putation a^etendlt  au  delk  de  ces  deux  provinces,  ot  leurs 
professeure  formerent  de  bons  eieves.  En  1735  une  malson 
d^Eudlstes  s'etablit  k  Parisr  Ces  ecciesiastiqoes  modestes 
eurent  pour  rivaux  les  jesuites,  Jusqu*^  la  suppression  de  la 
compagnie  de  Jesus;  ils  soutinrent  toutefois  honoreble- 
ment  leur  concurrence,  comme  ils  soutinrent  plus  tard  celle 
des  Oratoriens,  D^abord  le  Pere  Eudes  avait  eu  beaucoup 
de  peine  k  fonder  sa  congregation,  quoiqu'il  se  bornAt  k 
soUidter  Petablissement  d'une  maison  i^  Caen,  pour.y  dis- 
poser des  pretres  k  Petal  ecdesiastique,  «  mais  sans  aucun 
dessein  de  former  un  nouvd  institut  ».  A  la  revolution ,  les 
Eudistes  n*eiaient  proprietaires  que  des  maisons  de  Caen, 
de  Coutances  et  de  Paris.  Louis  de  Bok. 

EUDOXE  DE  CNIDE,  ffls  d*Ascbyne  et  ami  de  PU' 
ton,  est  de  tous  les  auteurs  grecs  dont  les  ecrlts  sont  perdns 
Pun  de  ccux  qui  ont  le  plus  occupe  les  hlstoriens  de  la  phi- 
losophie ,  des  mathemaliqoea  et  de  Pastronomie.  Il  naquit 
en  409  avanlJ.-C,  re^ut  les  le^ns  de  Platon  vers  386, 
voyagea  en  £gypte  en  362,  (onda  une  ecole  dans  son  payx 
en  35<),  et  mounit  en  3.5a.  Les  anciens  le  dtent  toolonrs  a<ec 

18 


13S 


EUDOXE  —  EUDOXIE 


^loge;  son  esprit  avait  embrasfl^  lecerde  entier  det  scien- 
ces et  de  la  pliilosophie ,  puisqu^il  est  quaiiti^  dc  gt^omdtre, 
de  §^4>graphe,  (Vaslronome ,  de  vi^decin,  6e  philosophe , 
de  Ugtslateur^  de  sophlsle  ey  de  lUt6rateur;  mais  c*est 
prind|>alefnent  la  g(H)in^trie  et  Tastrunoinie  qui/lirent  sa 
gloire  dans  raiitiqiiiti^.  Cic^ron  lenoiume  le  premier  des  as- 
trottomes,  au  jugement  des  plus  doctes;  ^oiir  Sexiiit 
Eiiipirictis  Cudove  et  liippar que  soul  les  lepreMiutanla 
de  i*astiunoini^.  ' 

£urlo\eenricliii(le  qiielqiies  v^ril^nonvellesla  g^m<^trie; 
il  ^ik\{A\\  Taslrouoniie  siir  .sa  v^rilaiile  base.  Jusqu^a  lui ,  lei 
pliil(K<ui|i|ieSsVtai('iille|tliiSsuu\entcuiitt'Ul('sd'appiiyerleurs 
sp<^ci]lali(»iis  6osiiiulo^iqiies  sur  dcs  preimVses  arbilraires; 
le  preni  er  il  piil  rcxijciience  el  I  ultservatiuu  pour  foude- 
uieiit  de  retiide  du  ciel.  Toiil  le  moude  lounalt  le  debal  qui 
eut  lieu  eutre  Mewton  et  Frerel,  au  sujet  de  ce  qu'ou  appelle 
In  spticre  d^Eudoxe,  et  Ton  sail  le  cas  qu'ii  Taut  faire  de 
leurs  ii)pollieses  et  de  celles  qui  rp|)os«nt  sur  I'id^  que  la 
position  lies  roiures  au  15*  dctjr^  des  siji^iies  remoiite  a  To- 
i^iiie  lie  i'astronoude.  t^auleur  de  Vtpiiiovude^  proba* 
bleiueiit  Pbilip))e  d'Opoiite,  disciple  de  i*lalon,  fait  une 
disliucliun  chlre  ceux  qui  soul  a.>lroMuu)es  ^  ia  nianiere 
dUle>iode,  et  les  vrais  aslrouoiues,  qui  s^occupent  ue  la  ru- 
ciiciclie  des  luou^eujtnU  des  plancles  :  en  ce  sens,  il  n'y 
eut  peut-etre  pas  un  seui  astronouie  diez  les  Grecs  avaut 
Cu(io\ej  qui  se  inoulre  coiunie  un  des  primipaux  prumo- 
teurs  des  (Etudes  uidlheiuaUques  panui  les  Grecs.  Muni  de 
quelques  tails  positils  euipruntes  a  r£g}ple,  il  entreprit  de 
dresser  un  ^lat  du  ciei  eiuil^,  de  donuer  au  caleudiier  une 
base  scientilique,  et  raslronoiuie  pril  uai^sauue. 

Les  .services  qu'il  a  reudus  a  ia  geuuietrie  sont  ri^unids 
dans  uu  pas.sage  de  Proclus,  et  portenl  sur  qualre  poiuLs 
priucipaux  :  1"  il  avail  augiuenle  le  uoutbiv  tlo  Uteoremes 
giineraux;  on  lui  devait,  selun  Arcliiuiede,  piusieurs  priu- 
ci|>es  de  siereonielrie,  par  exeniple,  les  dt^ix  Uieor^ine-i  sur 
le  rappoit  de  la  p}raiDide  el  du  cOue  au  pristne  el  au  c)liu- 
dre  tie  uidnie  base  el  de  uieme  liauleur ;  T  il  a\ait  ajuute  trois 
analogies  ai^x  Iruis  aulres  (le  mot  analogic  re^ioud  cJiex  les 
ancieus  niatU^ualiciens  a  ce  que  nous  appelons  propor- 
tion geonu'trique);  3**  il  avail  beaucoup  ei^du  la  ductrine 
des  sections  des  cx)rp8,  introduile  |)ar  Platon;  4"  U  s'etait 
servi,  pour  les  sectious,  de  Tanal^se.  Aussi  doit-on  lui  assi- 
gner  une  des  princi pales  places  parmi  les  uiaibemaliciens 
de  IVcole  dc  Plalon.  Archiiu^de  nousapprend  qu'ti  supposait 
le  diaiu^tre  du  soleii  ^1  k  neuf  Ibis  seuleuient  celui  de  la 
lune;  Yitruve  lui  altribue  le  cadrau  quou  appalait  VArai- 
gnee ;  on  a  dil,  enlin,  qu'il  eut  la  premiere  idte  de  ces  spb^ 
res  solides  eiubolt^es  les  unes  dans  les  autres ,  et  qu'oo  a 
crues  si  longteuips  n^cessaires  pour  expliquer  le  mouve- 
ment  apparent  du  soleii,  des  planMes  et  des  ^tojles.  Son 
sysl^nie  a  eel  ^gard  se  trouve  developp^  et  expiiqu^  avec 
un  soin  tout  pariicuUer  dans  un  mtnioire  de  Letronne, 
ins^r^  en  1840  dans  le  Journal  des  Savants. 

L.«Aui.  S^iujot. 

EUDOXE  DE  CYZIQU£ ,  naTigatenr  qai  vivait  vers 
ia  (in  du  second  si6cle  avant  J.-G.  Ayant  soup^)nn6  que 
PAfrique  ctait  eutoun^  par  TOcdan  et  qu^on  pon>ail  aUer 
aux  ludes  par  le  dtlroit  de  Gades,  il  s'eoilHU-qua  dans  cette 
derni^re  ville  avec  loute  une  colonie  d'ouYjrierset  d'artisans; 
u>ai^  coinine  on  n*eul  jamais  de  nou velles  de  celte  expfdllion, 
son  vaisseau  p^rit  probabiement  dans  un  nautrage.  Pom* 
ponius  M<^la ,  d'apr^s  Comc'lius  N^pos,  contredit  ce  i^cit  de 
t>tral»on,  einprunt<)  aPobidonius,  et  lui  lait  acconiplir  son 
▼oyage  de  drcuuiHavigatJondu  goife  Arabique  au\  colonnes 
dMlrrcide;  mnU  C4*lte  version  esl  ^vid«uiU)ent  couiruuvt^. 

EUIiO\E«  Ills  de  saint  Ci^saire,  martyr,  n(^a  Arabisse, 
TJIle  d'Aruienie,  enibrassa  Tarianisme  el  lut  un  des  princi- 
panx  dffenseurs  de  cette  lieri^ie.  Faite\^ue  de  German  icce, 
dans  la  Syrie,  |iar  ceuKde  sa  communion,  il  assista  au  con* 
die  de  Saniique  et  ^  piusieurs  autres.  En  a^s  Eudoxe  usnrpa 
le  siege  d*Antioctie.  Deux  ana  apr^  Tempereur  Constance 
r^leva  au  patriaicbat  de  Constantinople.  11  pers^cuta  le^i 


catlioliqucs  avec  fureur  ^  m^anit.raip  370  k  N1efe«  m 
sacrant  Ku$i^ne,  ^v6que  de  celte  ville  et  afien  commejui. 

EUbOXIE.  Qualre  imp^ratrice^  grecqiies  ont  porf^  ce 
nom,  la  plus  c^lebre  est  ia  veuve  de  Coustantin-Ducaa  qui 
^pousa  Roinain  Diog^ne. 

EUDOXl  E  (/Elu  ),  fille  du,  cpnite  Bautoii,  c^t^bre  g<<n^l 
sous  le  grauft  TJii^odose,  ^tait  de  ra<te  franque;  elle  joignait 
les  agr^uients  de  Tesprit  anx  cliarines  de  la  ligun*.  LVuna- 
que  Eutrope  la  lit  e|K)uscr  il,  Arcaitius,  it  parta^ea  d*a- 
bord  avec  eJle  la  coiiliance  de  ce  faible  einpereur:  mais 
a>anl  voulu  ensuite  s'opposer  k  ses  di^sins,  elle  ciiercha 
les  nmyens  de  perdre  ce  rival,  et  les  Irouya.  Maliiesse  de 
TElat  et  de  la  religion,  cette  lemme  r<^gna  en  roi  despoliqiie  : 
son  ntari  iiVtait  enipereur  que  de  nom.  Pour  avoir  enc9re 
plus  tie  cr^il  que  ne  lui  en  dounail  le  tr6ne,  e(le  aiua>sa 
des  ric|iesses  immenses  pai*  la  violence  etla  taping  Saint 
Jean  Clirysa<%tome  Tut  le  seul  qui  osa  lui  resis.er  :  Eudoxie 
s^en  vengea  en  le  faisant  cliasser  de  soi\  siege  par  un  concia- 
bnle.  Tan  403.  La  haine  de  rimporatrice  centre  le  saini 
pr^lat  yenait  d*un  sermop  qu*il  avait  prononc^  sur  le 
luxe  et  ia  vanitc  des  femmes,  e^  dans  l^uel  Topinion  .  pu- 
biique  avait  cru  trouver  des  allusions  a  la  conauite  d<'r^- 
glde  de  Pimpdratrice.  Eudoxie  rappela  Cbrysostome  apr^ 
quelques  mois  (Pexil ;  mais  le  saint  sVtant  rlev6  avec  force 
conire  les  profanations  occasioun^  par  les  j^iux  et  les  fes- 
tins  donnas  au  peiiple  k  la  d^dicace  d'nn  statue  de  Pimp^- 
ralrice,  elle  Pexila  de  nouveau  en  404.  Cette  feunne,  impla- 
ci*lile  dans  ses  vengeances  et  insatiable  dans  son  ambition, 
mourut  d*une  fausse  coucbe  quelques  luois  apfte.  Ses  m^- 
dailies  sont  tr^K-rares.  , 

EUDOXIE  (  JElik  ),  fille  de  l^^once,  pbilosophe  ath^nien , 
s^appelait  Allu^nais  avant  son  bapt^jue  et  son  mariage  avec 
reui|>ereur  Tb^o:iose  |e  jeune.  Elle  avait  toiites  les  graces 
de  soQ.sexe  etles  qii^lit^s  du  n6tre.  Son  p^re  Pinslruisit  dans 
les  belies- lettreset  dans  les  sfiences;  ilen  fit  un  philosoplie, 
un  grammairien  etun  rb^teur.  Le  vieillard  crut  qu'avec  tant 
de  talents  joints  li  la  b  aut^,  sa  Tille  n  avait  pas  besoii^  de 
biens  et  il  l^a  d^b^rita.  Apres  sa  mort,  elle  vontqt  rentrer 
dans  ses  droits,  mais  ses  frires  les  lui  contest^reni.  Se 
voyant  sans  ressonrces,  elle  alia  k  Constitntinople  porter  sa 
plainte  h  PulctM^rie,  sceur  de  TlM^dose  II.  Cette  princesse, 
cliarro^e  de  sa  personne,  la  fit  ^pouser  k  son  fr^re  en  421. 
Les  fr^res  d'Atlu^nais,  instruits  de  sa  fortune,  se  cacluTent 
pour  ^bapper  k  sa  vengeance.  Elle  les  til  cberclier  et  les 
^eva  aux  premieres  dignity  de  Tempire.  Son  trOne  fut  tou- 
jours  environn(^  de  savants.  L'un  d'entre  eux ,  Paulin,  fut 
le  plus  en  (aveur  aupr^sd*eVe.  Tlitoflose  cnit  sa  femnie  cou- 
pable;  il  fit  tuer  Paulin  et  rel^ua  Eudoxie  en  Palestine. 
Dans  son  exii,  elle  embrassa  les  opinions  d'Eutych^ ;  inaia 
toucb^e  paries lettresdesaintSim<k>MStylit^elnar  les  raisons 
de  rabbd  Eutbyroius^  elle  revint^  la  loi  deri;^iseet  passa 
le  reste  de  ses  jours  k  J^rasalein,  entre  U  liiteralore  et  les 
exercices  de  pi6i6.  Elle  mourut  Pan  .460,  apr^s  avoir  juri 
qu'elle  6tait  innocente  des  crimes  dont  son  ^ppiix  Pavait 
soup^onn^.  Eudoxie  ayait  compos*  beaucoup  d'oovrages, 
Pliotius  cite  avec  ^oge  une  traduction  en  ver^  hexamitrea 
des  bull  premiers  livres  de  PAncien  TesUment.  On  altribue 
encore  k  cette  princesse  on  ouvrage  appel*  le  Centon  d^Ufh-, 
nitre.  C'estnne  vie  de  J6sus-Clirist  composte  de  vers  pris  a 
ce  pfere  4e  la  po^le  grecque.  ..       i., 

EUDOXIE  (LiaMu)»  n^a  ConBtantinopleen.4^72,  ^*t  fille 
de  Tb^oilose  11  et  d'Eudoxie.  Qtiuiqne  d^^r^^e  dans  $>€$ 
umHira,  elle  sut  plaire  a  Valentinieo  ill  qui  lepousa  Petrou^ 
Maxime  ayani  fait  assassiner  oet  einiiereur  dont  il  usurpa 
le  irdne,  il  for^a  la  veuve  de  Tenipereur  a  accepter  S4| 
main,et  dans  un  moment  dVpancliemeni  lui  avotia  sa 
participation  au  crime,  proteslaot  que  son  amour  jaloiix 
avait.  ^U  seul  cause  de  la  mort  de  Valeotinien.  E^dpxi^.* 
pen^r<tedniorreur,  appela  a  son  seoourH  Gensi^rici  j  roi  di£s 
Yandates.  Ce  priaoe  pa^sa  en  Italie  k  la  t^te  d*une  noua^ 
breuse  aroi^»  mit  tout  k  feu  et  It  sang,  saccagea  Romoe| 
eromena  Pimp^trice  en  Afrique.  Sept  ans  aprto  elle  fut 


EUDOXlfi 
f flyoy^p  ^  pon^^fjfiopW  #  I  Uroiiii4  /S4  vie  dan«  la 
|»reti^  f|p8  T«l1jis  ct^tieonos.  $^  m^OaUles  aont  tr6.- 

EUDOXl^  (MAcapMBOLiTia^A),  imp^ratriGe  d'OHent, 
punuie de CQiistantJii-Uucas, ou C 0 0 8 f 9 tit i n  X I, qui, «Uia 
inorl  en  1067  ,  Uissa  le  tr6ne  ^  st»  trois  fiU,  Micliel  Vll, 
AoOroDic  l«'  et  Cgofti^Un  Xll.  Ces  prioces  aYaient  6W 
d^rorts  de  la  pourpre  imp^nale  et  du  litre  d*augtal€  dans 
leur  extreme  ieuuease.  Leur  oi^e,  Kudoxie,  fut  charge  du 
fipuvernenieoide  i'eippire  peo.iant  jetir  njinorit<*,  touteroisii 
lacund  tion  qu'eile  ne  ms  reuianerait  piis  Eile  s'y  eugagea  par 
un  sermen^  84>lt;apei.  JUais  i'eovabijMeiuent  de  la  pariie  orien 
laJe  de  leinpire  par  ies  Turcs  la  decide  a  ae  inettre  sous  la 
pruteciion  a\ui  guerrier  capable  de  defendre  VUai  contre 
un  si  fonnidable  eoneini ;  et  sept  mois  etaient  a  peine  expire, 
qu'elle  doooait  sa  uiain  et  le  sceptre  k  Aoinuin  Diog^ne;  les 
partisaos  des  jetuies  princes  conseutiient  k  le  regardei 
euoune  le  tuteur  des  heriUen  legitimes,  apr^  avoir  re^u  sr 
proiiiea.se  d'en  remplir  lid^ement  les  obligations.  11  i«mpot  la 
d'abord  de  grands  avantages  contre  les  ennemis;  mais  il 
lomba  easDittf  au  pouvoir  du  noble  Alp-Arslan,  qui  le  iraile 
a»ec  une  grandeur  d*ame  pen  commune,  et  le  tit  reconduire  a 
ConstanlinupUs  coinble  de  presents  et  eotoure  d'une  escorte 
d^boooeur.  Mais  Jiomain  Diog^c  trouva  bien  du  change- 
meol  a  son  retour  :  sa  rnmine  avail  et^  loroHj  de  prendre  le 
voile  Ses  sujets,  all^jut  qu*une  des  maximes  du  code  elait 
qu'un  pritionnier  entre  les  mains  de  l*etinemi  perdalt  tons 
ses  drvits,  s'etaieat  regards  comine  d^gagte  de  la  fiddil^ 
qu'iis  loi  devaient.  On  ignore,  du  reste,  il  quelle  ^(Mique 
nounit  cetle  inipAratrice.  Elle  a  compose  un  ouvrage  inti- 
tule ioHia ,  qui  renl'erme  tout  ee  que  Ton  a  terit  de  plus 
curieu&  sur  ks  cuilcs  du  pagani>me.  Ou  le  Irouve  imprim^ 
dans  les  Anecdoies  grecquu  de  Villoison  ( 2  vol.  fa-*". 

EUDUXIE  FCEO^OWNA,  premiere  femme  de 
Pieri-e  |er,  czar  de  Russie,  etait  title  du  bo>ard  Feeder  Lapoo- 
cbin.Pierie  IVpousaen  liiiM,  et  I'ann^  siiivante  il  en  eui  up 
His.  L'tiistoire  de  celte  princesse  est  assei  slnguli6re.  «  te 
caar  Pierre,  dit  le  marquis  de  Luctiet,  lit  auuoncer  dans 
toute  r^mlue  de  sou  empire  qu'll  destinait  sa  couroniie 
et  son  cxBur  a  la  leimue  qui  reunirait  k  ses  yeux  le  plus 
de  pertectioos.  Cent  jeunes  fiiles  apport^ient  k  Moscou 
lean  timides  pr^entions  et  leurs  esperances.  Jiudoxie  lixa 
le  dioi^  du  cjrar.  Sa  joie  dura  |H5u.  Pierre,  fatigu6  des  repra- 
ches  qii  eile  lui  faisait  sur  des  amours  elfr6n^,> ,  la  r<^pihlia 
en  165M>.  Eiidoxie  descendit  du  trOne  sans  murmure ,  pleura 
uu^poux  fuiidile,  cliangea  le  bandeau  royal  conlre  un  voile 
de  religieuse  et  parlagea  les  long:;  jours  de  sa  solitude  entre 
qndqiies  i^ltexions  sur  I'inconstance  de  la  Dirtune  et  le«» 
occupations  paisibles  du  cloltre.  Mafs  la  p.*iie  d'un  tiOne 
rSnquidlait  sonvent.  A  la  voix  d'un  pr6tre  qui  lui  avail 
pi^it  la  mort  procliainede  Tempereur,  elle  rfiofre  dans  le 
motnle  el  pren<l  le  titrc  d'imp<^ralrir«.  Soup^onnc^e  d'avoT 
foriiie  des  ItaUons  avec  le  g^n.Val  Gli^bof  et  de  lui  avoir 
promis  sa  main, elle  futarr6t«ie,  condulte  k  Moscou  par  Tor- 
dre  de  Pierre,  condauun^e  a  vingl  coups  de  discipline  qu  el!e 
re^ildes  mains  de  deux  religieuses  et  renferuK^e  ensuile  daus 
on  cacliot  a  Sctiliisselbourg  Elle  y  ^tait  encore  lors4|ue  son 
pHil-liU  Pierre  II  parvint  au  trOne.  La  liberty  lui  fut  alois 
rendue  et  elle  obtiut  une  pension  convenable.  »  fudoxie 
raourut  au  f»uvent  de  Dewttz  en  1731. 

LIJlMlXli^\&»9  'Hscr.e  d*anpns,  qui  reconnafssait  pou. 
e\\e{  Kodpxc,  d*abord  patHarche  d*Antioclie,  ensuite  de 
Contnnllnople.  Il<  pr^tendaient  que  le  Ills  de  Dieu  et 
le  Saint  Esprit  n*4'taient  que  de  simpler  cn^aturcs,  quails 
avaieni  «'t^  tir^  du  mstut,  et  qn'iK  ditri^raient  de  volont(i 
avw  la  prfrni^n*  pcrsoune  de  la  Trinitd  cliri'tienne. 

EUl-'R/ViSli:  ou  EUPHRaISE,  genre  de  la  ramilledes 
•cropluitariact'es,  <Habli  par  Linn^  jiour  des  plantes  herbaci'es 
r^iamlues  dans  les  parties  tem|i^r(^  de  tout  le  globe,  ma's 
plus  communea  dans  rii<^mispli^re  austral.  Les  eufraises  soul 
4es  plantes  de  petite  taille,  la  plupart  oun  aspect  asse. 


-  EUGENE 


IS9 


agr^ble  par  T^l^gance  et  les  couleurs  varldes  d^  leurs  pe- 
tites  (leurs  k  deux  l^res ,  doht  la  sup6r{eure  est  concave, 
un  peu  ^rliancrte,  et  Pinfiirienre ,  k  trots  lobes  Agaux  ;  le 
caiioe  ofTre  qiiatre  d^mpures  inAgales;  les  ^tamines  sont 
didy names ;  un  appendicie  semblabie  k  une  6pine  ou  ^  un 
poll  tennine  une  des  logos  de  ciiacune  des  deux  anlb^res 
lnr<firieures;  le  fruit  est  une  capsule  comprim^e,  k  deux 
loges,  contenant  plusieurs  semences. 

Les  eurraise<t  se  plaisent  dans  les  terrains  sees.  De  toutes 
les  e«p^ces  de  ce  genre,  Ve,ufraise  officinale  (euphrasia 
officinalis f  L!nn<i)  est  la  plus  connue,  k  cause  de  la  r<^pu- 
tatton  dont  elle  a  joui  pour  se^  vertus  oplitlialmiques  :  aUssi 
fal^alt-on  entrer  son  eau  dislillte  dans  les  col  lyres.  On  a 
depuis  longtemps  renonc^k  Temploi  decette  plante,  qui  ren- 
ferroe  bien  une  petite  quantity  de  tannin,  mdis  qui  ne  m^rtte 
en  aucune  fa^n  d^occuper  une  place  distinguee  dans  la 
pharmaoeutique.  Du  re<te,  c^est  k  une  tache  ]aunc  observ^e 
Bur  sa  coroUe  blanche,  marqute  de  Itgnes  violettes  ou  pour- 
pres,  taclie  qui  a  ^t^  compar^e  k  un  oeil,  que  Teufraisc  ofli- 
cinale  a  dO  d'ftre  vant^  pour  la  gu^rison  des  ipaux  d*yeux. 
Elle  est  plutOt  bonne  k  embellir  les  pelouses  et  k  6tre  brout^e 
par  les  bestiaux. 

EUGANEI  (Monti),  3f on ^5  Eugenes,  appel^s  ^a&s 
Monti  Isolati  ou  Paduani,  C*est  le  nom  sous  lequel  on 
d^signe  un  groupe  de  monta$;nes  de  la  Lombardie,  situ6  au 
sud-ouest  de  Padoue  et  d'origiue  volcaniqne ,  s^devant  du 
milieu  d'une  vaste  ptaine  en  cOnes  It  base  de  trachyte ,  de 
Tasjiect  le  plus  pittorcs()ue,  et  entour^es  des  deux  cOtes  de 
canaux  navigables.  L'^tendue  du  groupe  entier ,  de  Test  k 
Pouest,  e^t  de  seize  milles  avi»cune  largeur  (fe.  ueut  milfes. 
Le  Monte  Venda,  qui  ne  forme  le  point  cnluiinant,  a  une  at- 
titude de  510  niMi-ps.  On  y  voit  tes  mines  d*uu  antique  uio- 
nast^re,  etonydc^couvre  undes  plus  va.<tes  et  des  plus  beaux 
panoramas  que  Ton  ptiis<e  imaginer.  Le  Monte  Run  porte 
une  maguitique  tor«'t  de  pin^,  essence  fort  rare  dans  ces  con- 
tr<^.  Au  has  rie  ces  montagnes  se  tmuvent  diverses  sources 
tliermales,  entre  aiitre.s  les  Terme  pnduvane  ou  d^Albano. 

EUGE.\E,  rhf^teur  et  grauiuiairien,  professait  la  rh^lo- 
rique^  Viennetn  Danphinr^  lorsqiiMl  fut  salue  euqiereur  par 
Arhoua^ste,  apr^s  te  meurtre  de  Valentiuien  II. 

EITGEXC  ( Saint ),  ev^qne  de  Carthage  k  la  Tin  du  cin- 
qui^me  s\tv\e,  ful  persOcutc^  par  les  rois  Hun^ricet  Thrasi- 
mond,et  enfm  exii^  k  Vienne,  pr^  d'Alhi.  II  y  baiit  un 
monastftre,  oil  il  niourut,  le  13  juillet  j05.  II  a  compost  di- 
vers ouvraj^ps  :  Expoxitio  Fidei  cat holiav ;  Apologeficus 
pro  ftde\  Altercatio  cum  arianis  ;des  Requites  a  llun^ric 
et  ^  ses  successeurs ;  enlin  une  Lettre  aux  fiddles  de  Car. 
ihage,  h  son  d«»part  pour  rexil. 

EUGENE.  Qiiatre  papes  de  ce  nom  sont  mont<^  sur  la 
chaire  de  saint  Pierre. 

EUGENE  1*S  fds  de  Rustinien,  habitant  de  Rome,  fut 
^lu  en  c?54,  par  IVrnperenr  Constant,  qui  avail  f;nl  eiit^ver 
et  conduire  k  Constantinople  son  pri^dt>ces>eur  Martin  r*". 
S*il  faut  en  croire  Platine,  ce  pa[>e  sedistingua  par  sa  {)\^i6  et 
ses  Itonnes  (puvres ;  inais  I  hi^toirc  ne  (M'te  de  lui  (|u'une 
tentative  d'aiM»mmodement  avec  les  monotli^lites  de  I'Kg  ise 
d^Orient,  et  la  date  de  sa  niort,  qui  est  fix6e  au  2  juin  657. 
II  n*en  a  |ias  ^r^  moins  mis  au  nombre  des  sainU. 

EUG^.NE  tl  est  plus  connu.  CVtait  un  Romain,  fils  d*un 
certain  IkxiuKmd ,  que  sa  modestie  el  son  savo-r  rendaient 
reoommandable;  il  ^tait  arel)i|)r6tre  de  Sainte- Sabine,  quanijl 
le  pari!  des  nobles,  triornpliant  des  cabales  de  scm  concur- 
rent Zinxinus,  lepla^a  sur  le  saint-si^ge,  le  sjidn  824.  Les 
eario\  ingiens  de  Prance  avaient  alors  un  grand  ascendant  k 
Rome,  et  se  uitMaient  m^ine  des  affaires  de  T^gllse.  Loui 
le  Dehonnairc  y  envoya  son  Ills  Lothaire  pour  demande 
raison  des  outrages  qu'on  avail  fait  subir  aux  partisans  des 
Franks;  il  se  plaignit  de  la  partiality  des  juges,  des  con- 
fiscations qui  en  avaient  6U^  la  suite,  el  le  pape  Eugene  II 
consentit  a  des  restitutions  nomhnMises.  Lothaire  fit  d^autrea 
ades  de  souveraiiu'h^  en  puhliant  uiie  constitution  qui  toiv- 
diait  inCmi!  k  Pelection  ct  k  Pautorit^  des  .souverains  pun 

18. 


140  EUGENE 

tifes;  il  r^  radministntioii  de  It  Justice,  oomld^nt  le 
trOoe  de  France  comme  on  tribunal  auprftmey  06  lea  appels 
poorraient  6tre  port^  h  Tavenir,  et  for^  to  s^at  et  to 
peupto  i  lul  prater  i^rment  de  fid^ito.  Get  6tat  de  chosea 
^tait  ators  si  bien  ^tabiique  rempereor  d'Orient,  Michel  to 
B^e,  aoomit  k  I'empereur  Louis  la  question  des  images, 
avant  d*en  conf6rer,  par  ses  ambassadeurs,  avee  le  pape. 
Eugtoe  II  oonsentit  k  ce  qn'un  conciie  fOt  assemble  k  Paris 
pour  en  traitor.  II  eut  lieu  en  efiet  le  1*'  novembre  825. 
Les  iconoclastesy  furent  oondamnte.  Ondicida  qu*il 
ne  fallait  ni  briser  ni  adorer  les  images.  Mais  Louis  leD^bon- 
nalre  m^nagea  la  susceptibility  du  salnt-si^e;  et,  consi- 
ddrant  cette  d^ib^tion  comme  un  pur  examen,  il  en  re* 
mit  la  decision  au  pape,  en  rexhortant  k  r^lablir  la  paix 
dans  rorient.  Eugtoe  II  ne  se  pronon^a  point  :  il  parol 
plus  occupy  de  fiure  cesser  les  d^rdres  mat^iels  qui  s'6- 
taient  introduits  dans  son  £glise.  II  assembto  on  conciie  k 
Rome,  en  826,  poor  to  r^tablissement  de  to  discipline  :  un 
des  canons  de  ce  condto  dtfend  aox  pr^tres  d*etre  usu- 
riers  et  chasseurs ;  un  autre  interdlt  aux  <v£ques  de  s*ap- 
proprier  les  biens  des  paroisses;  un  troisitoie  insiste  sur  la 
n^cessit^  d'apprendre  4  lire  et  4  toire  aux  fiddles.  Ce  hit 
le  dernier  acte  de  ce  pape.  II  mourut  to  27  aoAt  827. 

EUGtiNE  111  fut  ^lu  par  lea  cardinaux,  le  14  f^Trier 
1146,  pour  succ^er  k  Luce  If.  II  se  nommait  Pierre-j?er* 
nard,  M6  k  Pise,  il  avait  ^t^  vidame  de  cetto  ^ise  avant 
d'entrer  dans  l*ordre  de  Ctteaux,  et  ayalt  t^cu  k  Clainraux 
du  tempe  de  sahit  Bernard.  Ren?oy^  quelque  temps  aprte 
en  Italto  poor  fonder  une  comronnaut^,  il  avait  M  retenu 
k  Rome  par  Innocent  II,  qui  Payait  nomm^  abb^  de  Saint- 
Anastose.  C'est  U  qu*on  le  prit  pour  r^ever  k  la  tiara,  mal- 
gr6  to  cabato  des  seigneurs,  qui  le  forewent  k  s^^iapper 
de  Rome  pendant  la  nuit,  a?ant  son  exaitotion.  Elle  eut 
Itou  trois  jours  aprte  dans  le  monast^re  de  Parte.  Ar- 
naudde  Brescia  fomentait  ces  troubles;  il  combattait 
rautoril6  du  salnt-si^ge  par  ses  declamations,  excitant  to 
people  k  to  r^Tolte,  et  lui  conseiUant  de  rdtablir  la  Tieille 
r^publique  romaine.  Ses  partisans  oommcn^ent  par  piller 
les  trters  de  r^gUse  et  les  patois  des  cardhiaux  fugitifs. 
Rome  enti^  ^il  to  tli^tre  de  leurs  viotonces  et  to  vic- 
time  de  tour  tyrannie.  Eugtoe,  retire  k  Yiterbe,  recevait 
pendant  ce  tempe  les  bommages  des  ^vdques  d'Arm^ie, 
dont  les  depute  lui  soumettaieut  les  difli^nds  qu'iis  araient 
avec  les  Grecs.  C'^talt  one  faible  consolation  d'on  triste  exil, 
dont  les  chagrins  ^taient  encore  aogment^  par  to  fftcheux 
iiaX  des  crois^  d*Orient  La  prise  d*£desse  les  avait  cons- 
tern^,  et  r^vdqoe  de  Gabale  ^tait  venu  de  to  Syrie  a  Yi- 
terbe pour  implorer  les  secours  des  puissances  chr^tiennes. 
Eugtoe  III  toivit  k  saint  Bernard  pour  lui  ordonner  de 
prteher  une  seconde  croisade;  mais,  plus  impatient  de  ren- 
trer  dans  sa  capitate,  11  s'occupa  de  lever  des  troopes  pour 
Iui-m6me.  Ses  armes  triomphirent  d'abord  des  arnaodistes. 
Ito  furent  contrainto  de  loi  demauder  to  paix,  et  to  pape  revtt. 
on  moment  son  palaU  pontifical,  aux  acclamations  da  people 
romain.  Maissesennemis  netard^ent  pas  kreprendre  Tavan- 
tage,  et  Eugtae  III  fut  forc^  de  chercher  on  asito  en  France. 

Louto  VII  avait  di6ji  pris  la  croix,  ainsi  que  Tempereor 
Conrad.  Le  pape  n^eut  qa'k  les  fortifier  dans  tour  resolution. 
II  poossa  jusqu'A  Treves,  en  1147,  7  tint  un  conciie  pour 
examtoer  les  6crits  de  salnte  Hildegarde ,  et  pour  d^poser 
Tabbe  de  Fulda,  qui  s'occopait  rooins  de  son  troopeau  que 
de  ses  plaisirs:  II  vint  enfin  k  Paris  pour  Atre  ttoioin  d'une 
sctee  scandalense  dans  regUse  de  Sainte-Genevi^ve,  et  poor 
en  diasser  les  anciens  chanoines,  auxquels  furent  substitu^ 
les  rooines  dt  Saint-Vidor  Un  autre  conciie  fut  tenu  k  Paris, 
au  mots  d*avril,  sou  sa  pr6siJence.  Saint  Itomard  y  d^non^a 
les  lieresies  d«.  Gilbert  de  la  Poir^o  dv£que  de  Poitiers;  mals 
la  sentence  ne  fut  prononc^e  que  par  to  concito  de  Reims , 
en  1148.  C'est  k  cette  deini^ro  a.sscmbiee  que  le  roi  de 
Gastilie,  Alphonse  VIU,  envoys  rarchev£quodc  TolMs  pour 
se  plamdre  de  ce  que  to  pape  avait  acconto  to  Utrc  de  roi 
de  Portugal  k  Alphonse  Henriquez.  Eugene  III  n'^taft  pss 


homme  k  se  r^lracter.  II  fiatto  l^envoye  castltton,  eil  dr- 
donnanl  4  TarcbevAqoe  de  Braga  et  4  ses  sofTraganta  dt 
rester  soomis  4  to  primatie  de  Totode,  se  boma  4  declarer 
qn^  n^avait  voolo  attenter  en  rien  4  la  dignite  do  roi  deCa»> 
tilto,  et  lui  envoya,  poor  le  consoler,  la  rose  d*or  qu  il  avail 
cootome  de  porter  le  qoatrieme  dimanclie  de  carfime. 

Les  opintons  de  Pierre  de  Broys  commen^ient  alors  4 
troobier  to  provhice  do  Langoedoc;  Eog4ne  III  y  depteha 
trois  togats  poor  le  ramener  dans  to  giron  de  l*£^i8e ,  el  ne 
fit  qo^exciter  par  ses  persdcotions  ropini4trete  des  petro- 
brosslens  el  des  benridens ,  qui  prirent  plus  lard  le  nom 
d*Albigeois.  Lu  d'errer  dans  les  provinces  de  France,  el 
comptont  sor  les  secours  de  Roger,  il  reprit  to  cliemin  de 
Rome,  et  lor^  toe  Remains  4  un  aceommodement  Mais  cette 
paix  ne  fut  pas  de  tongue  dorie.  Eug^ne  fut  rMuil  encore 
4  s'exitor  dans  to  Campanle,  et  trembla  pour  to  puissance 
temporelto  du  sahit-siege,  en  apprenanlque  Tempereur  Con- 
rad, reveno  de  sa  malheoreose  expedition  d*oatre  mer, 
se  disposail  4  passer  en  Italic  pour  donner  ralson  au  aenat 
et  au  peupto. 

Le  pape  eut  recours  4  Tabbe  Gulbald,  consellier  favori  de 
Pempereur,  pour  le  dissuader  de  faire  ce  voyage;  et  le  del 
vim  cette  fois  au  secours  d'Eugtoe  :  Conrad  mourut  avani 
d'acoompiirson  dessein.  Frederic  Barberousse,  son  neveo 
et  son  successeur,  se  montra  plus  fkcile.  II  promit  de  re- 
tabllr  le  poiiife  dans  ses  droito,  et  d'aller  recevoir  de  ses 
mains  to  couronne  imperiale.  Ce  traite ,  signe  le  23  mars 
1152,  ne  dora  pas  une  annee.  Frederic  ayant  nomme  on 
ardieveqne  de  Magdebourg  sans  la  partldpaUon  do  cba- 
pitre,  Eog4ne  III  ooblia  toos  ses  perils  poor  resistor  4  eel 
empietement  de  to  poissance  secuUere.  Gerard,  competitear 
de  rardievftque  nomme,  vint  4  Rome  pour  rediauffer  Top- 
position  du  saint>siege.  Le  pape  reprit  les  evequesqui  avaieni 
approuve  to  nomination;  11  leur  ordonna  d*employ£r  tour 
credit  pour  obtenir  le  desistement  de  Frederic ,  et  envoya 
deux  l^to  en  Allemagne  |>our  deposer  Tardieveque.  L*em- 
pereur  persiste  dans  ses  pretentions ;  11  renvoya  les  legate  en 
Itelie,  et  comment  ainsi  cette  longue  lutte  de  la  maison 
de  Souabe  centre  to  cour  de  Rome.  Eug4ne  111  ne  vit  pas 
to  fin  de  to  qoerelle  de  Magdebourg.  II  mourut  4  Tiber  le 
8joilletll53. 

EUGENE IV  (Gabriel  CONDOLMERE), Ibt eprouve pai 
les  memos  traverBes.  Une  edipse  de  soldi ,  arrivee  to  joor 
de  to  morl  de  Martin  V ,  fut  aox  yeux  do  people  on  presage 
foneste  pour  son  successeur ;  et  les  malheurs  d*£ugene  IV 
Justifierent  les  superstitions  populaires.  ceteit,  dit-on,  un 
fits  nalurd  deGregoire  XII,  que  ce  pontife  nomma  soc- 
cessivement  protonoteire  apostolique ,  cbanoine  de  Saint- 
George  ,  camerier  et  cardinal  do  litre  de  Saint-Ciement. 
Promu  plus  tard  4  revdche  de  Sienne,  il  soccetla  enfin  4 
Marthi  Y,  toll  mars  1431.  Cetaitune  epoqoe  d*indepen- 
dance  el  d'anarchie,  qui  gagna  les  cardinaux  eox-memes ; 
car  avanI  Tdection  lis  stipoierent,  entro  aolres  conditions , 
quits  jooiraient  4  Tavenir  de  la  moitiedesrevenus  do  saint- 
dege ,  el  qo'aocon  cardinal  ne  serait  nomme  desormals  sans 
leur  consentement.  Le  nouveau  pape  se  garda  bien  d'en  tenir 
compte,  et  ses  difrerends  avec  le  sacre  college  noisueni 
d'autant  plus  au  reteblissement  de  to  paix  qu*ilvootoil 
reiidre4  ritelie.  Son  premier  soin  fut  de  conflrroer  les  pou- 
voirs  du  cardinal  Julien ,  qui  se  rendait  4  B41e  pour  presider 
le  conciie  et  pressor  la  cundamnation  des  busdtes.  Les  deputes 
des  villes  d'itelie  furent  convoques  en  memo  temps  par  ses 
ordres ;  mats  les  intrigues  de  Philippe,  due  de  Milan,  contra - 
rierent  cette  reunion,  et  lesanatliemesdu  papenereflrayereni 
pas  plus  que  les  forces  de  Venise  el  de  Florence.  Philippe 
suscite  des  troubles  jusque  dans  Rome ,  par  to  revolte  de  la 
puissante  fiuuille  des  Colonne ,  qui  ne  rougit  pas  d^empioyer 
rassasdnat.el  to  poison  pour  se  defaire  du  pontife.  Chasses 
de  la  capiteto  par  les  partisans  d^Eugene,  lis  s*atlierent  aux 
Urdus  pour  entietenir  to  feu  de  la  discorde.  II  ne  fut  [os 
plus  heureox  dans  ses  negodations  poor  amener  to  France 

et  TAngleterre  4  terminer  leors  difrerends. 

•    •• 

I 


--ft 


EUGENE 


141 


Le  ooDcUe  de  Bftle»  ouvert  enfln  te  23  JuiUet  14S1 ,  fot 
pwT  lot  one  noovelie  source  de  chagrins.  Les  pires  ayant 
commence  par  6tablir  la  supr^inatie  des  conciles  sur  les 
papesy  Eog&ne  IV  en  pronon^  la  dissolution  et  la  translation 
k  Bologne.  Mais  le  cardinal  Julien  Cesarini ,  quHl  avail 
charge  de  Tex^cution  de  ced^cret,  fut  le  premier  k  s'y 
opposer  y  et  le  concile  resta  k  BAle,  malgr^  ses  defenses.  Ce 
o'^tait  pasi  asset.  11  fallait  encore  qu*il  se  brouillAt  avec  Tern- 
pereur  Sigismond,  en  refusant  de  le  couronner,  sous 
pi^xte  qu*U  avait  fait  alliance  avec  le  due  de  Milan.  II 
amenta  mtoe  contre  lui  le»  r^publiques  de  Venlse  et  de 
Florence ;  mais  Philippe ,  soutenu  par  les  troupes  imp^iiales^ 
ajant  dispa^  celte  ligue,  force  Tut  au  pape  de  s'aocom- 
moder  avecPempereur  et  de  lui  ceindre  lacouronne.  Le  con- 
cile persistait  oependant  k  le  braver.  Toutes  les  n^ociations 
^taientinutiles;  il  refusam6me,en  l433,derecevoir  les  l^ts 
qu'end^sespoir  de  cause  Eugtoe  IV  avaitenvoytepour  le  pr6- 
sider.  Irrit^  de  ce  nouvel affront,  le  pontile  cassa ,  par  une 
bulle  du  19  juiUet ,  toutes  les  decisions  du  concile ,  et  lui 
interdit  de  8*occuper  d^autre  cliose  que  des  mati^res  quil 
lui  avait  soomises.  Les  p^res  oppos^rent  leur  mflexibilit^  k 
la  sienne.  Malgr^  la  mutation  de  I'empereur ,  ils  lanc^ent 
on  d^cr«t  contre  le  pape,  Paccusirent  de  scandaliser  TEglise, 
sospendirent  son  autorit^,  et  commandftrent  k  tons  les  pr^lats 
qui  aaient  en  retard  de  se  rendre  k  BAle.  Ce  fut  le  signal  d'une 
attaque  g^rale  contre  Eugtoe,  k  qui  ue  restferentque  lesFlo* 
rentins  etJeanne  de  Naples.  Le  due  de  Milan  roarchasur  Rome, 
et  mJt  son  territoire  au  pillage.  Les  Vtoitiens  eui-m^mes , 
quoiqu'il  flkt  n^  dans  leur  ville,  se  toum^rent  contre  lui. 

Eugifene  rv  fl^hit  devant  tant  d'ennemls.  II  r^voqua  le 
d^ret  de  translation ,  approuva  tout  ce  qui  s*^tait  fait  k  Bftle, 
bors  ce  qui  touchait  k  son  aulorit^,  et  ne  mit  d'autre  con- 
dition k  la  paix  que  la  r^ption  de  ses  16gats.  Le  due  de 
Milan  u^eut  point  ^rd  k  cette  concession.  II  continua  de 
ravager  la  campagne.  Les  Remains,  las  d*6tre  pill^  et 
rutn^  par  ses  troupes ,  accus^rent  le  pape  de  leurs  mis^res, 
emprisonu^rent  son  nevea  le  cardinal  Coadolm^ ,  I'assail- 
lirent  dans  son  palais ,  le  29  mat  1434 ,  et  le  forc^rent  k 
prendre  la  fuite.  II  se  sauva  k  Florence  sous  des  habits 
deb^Mictin,  pour^cbapper  &  une  captivity  que  sa  deposi- 
tion aorait  blent6t  suivie.  Le  concile  vint  alors  k  son  secoors, 
et  tous  les  partis  panirent  s*accommoder.  Eugtae  apposa 
sa  signatnre  k  ce  d&ret  de  la  dlx-neuviftme  session  qui  fixait 
la  rtenlon  d*one  assembl^e  pour  trailer  de  Pnnion  des  ^lises 
grecqne  et  latine ,  dteret  qui  resla  sans  effeL  La  rivalit^  des 
maisons  d'Anjou  et  d'Aragon ,  qui  se  disputaient  la  conronne 
de  ?(aples,  vint  ajouter  k  ses  embarras.  Le  due  de  Milan, 
partisan  des  Aragonais,  forma  U  r^lution  de  Tarrftter  dans 
Florence  mftme;  la  conspiration  fut  d^uverte,  et  le  pape , 
n*6tant  plus  asses  fort  pour  se  venger,  pardonna  k  P^dque 
de  Novarre ,  qui  s'litait  charge  de  ce  coup  de  main.  Un  d^ 
cret  du  concile ,  relatif  k  la  collation  gratuite  des  bdn^fices , 
faistitutions  et  antres  sources  du  revenu  pontifical ,  renou- 
vela  le  schisme  qui  d^lait  l*£glise.  Eugtoe  IV  fit  de  vaines 
reiDontrances ;  le  concile  passa  outie  ,  et  le  roi  d'Aragon, 
mftlant  le  sacr^  et  le  profane  dans  ses  entreprises ,  sonuna 
toot  k  la  fois  le  pape  d^adh^er  aux  dterets  de  BAle  et  d'a- 
bandonner  le  cause  de  la  maison  d*Anjoo.  11  se  bronillait 
en  mftme  temps  avec  le  roi  de  PortugM»  dont  les  magistrats 
t'arrogeaient  le  jugement  des  causes  eccl^iastiques,  et  avec 
le  roi  •i'£oosse ,  Jacques  1" ,  qui  avait  publle  des  ordonnances 
oontniires  kTautorit^du  saint-si^e.  Le  concile  attaqua  de 
oooveau  cette  autorit^,  en  r^lant  la  tenoe  des  conclaves, 
en  interdisant  au  pape  d^^tablir  ses  parents  jusqu^an  trol- 
sitee  degr^ ,  en  attriboant  aux  cardinaox  la  moitid  des 
levenus  de  l*l£glise,  en  accordant  enfin  des  indulgences  k 
tooscenx  qui  facililcraient  la  reunion  des  deux  tglisesd'O- 
rient  et  d*C>ceident  Eugene  IV  s*ludigna  de  tant  de  preten- 
tions ;  fl  s'entendit  avec  I'empereur  Paieologue  pour  arriver 
a  Tunion  tant  d^sir^e ,  et  se  remeitant  en  guerre  ouverte 
avec  lecuncile,  il  en  ordonna  la  translation k  Ferrare  par  uno 
bqlie  da  18  septembre  1437. 


Le  concile  persista  dans  sa  d^sobeissance ;  le  roi  d*Ara* 
gon  y  envoya  tons  ses  ^v^ques  pour  sontenir  cette  opiniA- 
trete;  le  due  de  Milan  reprit  ses  armements  et  ses  iutrignes ; 
le  roi  de  Castille  entra  dans  Talliance,  et  le  pape  ftit 
somme  lui-mftme  de  comparaltre  k  BAle,  sons  peine  de  de- 
position. On  fit  plus,  on  cassa  la  promotion  d*un  cardinal 
qu'il  venait  de  faire,  et  on  I'accusa,  devant  toos  les  princes 
Chretiens,  de  troubler  r£glise  par  son  enlAtement.  Les 
soixante  jours  accordes  au  pontife  poor  tout  deiai  etant 
expires,  on  le  dedara  cotitumace.  Cette  violence  touma  au 
profit  d'Eugene.  L*empereur,  le  roi  d*AngLelerre  et  d'autres 
princes  protesierent  contre  ce  decret.  Le  seul  roi  d*Aragon 
pressait  la  d<^positiou  d*un  pape  ennemi  de  ses  projets  am- 
bitieux.  Eugtoe,  se  croyantassez  fort  pour  lutter,  fit  ouvrir 
le  concile  de  Ferrare  par  le  cardinal  de  Sainte-Croix,  son  le- 
gal, assiste  de  quelques  preiats  dUtalie :  ils  annuierent  tout 
ce  qui  s'etait  inik  BAle  et  tout  ce  qu*on  y  ferait  k  I'avenir. 
Cette  levee  de  boucliers  spirituels  ne  produisit  d'autre  elTet 
que  la  retraite  du  cardinal  Cesarini  et  de  qiiatre  preiats  ita- 
liens.  Les  autres  resterent  en  Suisse,  et,  roropant  ouver- 
tement  avec  Eugene  ,  ils  prononcerent  enfln  le  decfet  de 
suspension ,  et  defendirent  aux  princes  el  aux  preiats  de  re- 
connattre  one  autre  autorite  qoecelle  du  concile.  Les  deux  as- 
sembiees  ri vales  firent  des  ce  moment  assaut  de  pretentions, 
d*anathemes,  de  decisions  contraditoires.  Les  princes  eux- 
memes  se  diviserent :  les  eiecteurs  d* Allemagne  proclamerent 
leur  neutralite ;  Albert  d'Autriche,  successeur  de  I'empe- 
reur Sigismond ,  se  declara  d*abord  pour  les  peres  de  B41e, 
comme  le  roi  de  France,  Charles  VII ;  mais  dans  une  diete 
tenue  k  Francfort ,  les  princes  d'Allemagne  etant  convenus 
de  provoquer  la  reunion  des  deux  conciles  dans  une  troi- 
sieme  ville ,  I'empereur  Albert  et  tous  les  rois  Chretiens  se 
rangerent  k  cet  avis ,  qui  ne  fut  pas  plus  suivi  que  tant  d'au- 
tres decisions  prises  dans  ces  temps  d'anarchieet  de  discorde. 
Les   deux  assembiees  se  disputerent  les  ambassadeurs 
d'Orient;  mais  le  pape  les  mit  de  son  c6te.  La  question  de 
I'union  fut  traitee  d'abord  k  Ferrare ,  et  transportee  k  Flo- 
rence en  1439,  avec  le  concile  d'Eugene,  que  la  peste  avait 
chasse  de  sa  premiere  residence.  C'estU  que  furent  regies  les 
articles  de  foi  k  professor  par  les  deux  tiglises,  et  que  lapri- 
maote  do'eaint-^ege  fut  enfin  reconnue  sur  toute  la  terre. 
Mais  ce  ne  fut  encore  ]k  qu*une  allianeo  iUuioire ,  dont 
un  evenement  faillit  rompre  le  noeod  trop  recent.  Le  patriar- 
che  de  Constantinople  etant  mort ,  Eugine  IV  voolut  que 
les  legats  d'Orient  en  nommassent  un  autre  sur<le-champ, 
pour  qn'il  eOt  Phonnenr  de  le  sacrer.  Les  legats  s'y  refu- 
serent,  sous  pretexte  qu'll  devait  etre  sacre  dans  la  cathe- 
drale  de  Constantuiople ;  ils  repartirent  U-dessos,  abju- 
rerent  en  arrivanttoutce  qu'ils  avaient  condu  k  Florence, 
et    I'^glise  greeqoe   n*en  resta  pas   roofais   separee  de 
celle  de  Rome.  Cependant,  le  roi  d'Angleterre  Henri  V 
avait  fini  par  reconnaltre  le  oondle  de   Florence.  Mais 
comme  il  adoptait  les  decisions  de  Bflle  sor  les  annates  et 
les  collations  gratoltes,  ropinlAtre  pontife  Unt  moins  k 
cette  alliance  qu'anx  revenus  de  I'tiglise ;  et  one  vaine  dis* 
pute  de  rang  entre  son  legal  et  le  primat  de  Canlorbery  le 
brouilla  encore  une  fois  avec  le  sooverain  qui  venait  de  se 
separer  de  ses  ennemis.  Le  meme  legat   ne  reossit  pas 
mieox  k  faire  aboliren  France  la  pragmatiqiie-sanetion.  Les 
peres  de  B41e  porterent  au  pape  des  coops  plus  sensibles  t 
ils  le  jugerent ,  prononcereut  sa  deposition ,  deiierent  tous  les 
Chretiens  de  leurs  serments  d'obeissance,  le  dedarftrent 
simoniaqoe ,  perjure,  sdusmatique,  perturbateorde  r^gUss; 
et  le  doc  de  Savoie ,  Amedee ,  qui,  apres  quarante  ans  de 
regne,  s'etait  fait  ermite  au  monastere  de  RIpaille,  fut  eieve 
sur  la  duure  de  Saint- Pierre.  Le  fongueux  'Eugene  protesta 
violemroent  contre  ces  actes.  11  traita  les  peres  de  BAle  de 
fous ,  d'enrages ,  de  betes  feroces ,  appda  Felix  V ,  son  con- 
current, cerbere,  veao  d'or,  Mahomet,  antechrist ,  et  con- 
tinua k  faire  acte  de  souverain  pontificat  avec  la  menie  durete, 
le  meme  orgueil  qu'avant  sa  deposition.  II  noromaun  evique 
de  Viseu,  en  Portugal,  k  la  place  de  celui  qui   restait  k 


/^  " 


143 


EtifiERE 


liftle ,  et  ^rivit  insoleiiMP^  au  roi ,  qui  ne  voulatt  pas 
rec«voir  1^  nouyeap  v^nti ,  qjioique  ce  inonarcpie  lui  fiikt 
Tcsti  fiddle,  coniine  Tli^lie,  la  France,  rAn^deterre  ^t  uoe 
pat  fie  (Je  Tfilspagne.  II  fe^ii^  m^me  )a  souiniasioii  deHJacohites 
d^t^tl)io{)ip  ^  r£gli.se  r^maiae,  eq  f441.  Mix  V  6<ait  reconnu 
SjBiilmieQt  mr  1^  Suisse,  la  Savoie,  une  parlie  de  la  Hon^^rie 
l^t  le  (|iicl^^  ij^  Vljl^iy.  Leroi  d'Aragon  (init  par  In  reconoaUre 
§iis8i ,  et  s^e  servit  dfi  ^a  puissance  spirituelle  pour  acliever 
)a  conqu^te  du  rpyaume  de  Naples,  qiriLiig^ne  IV  oe  lui 
aurait  jamais accprd,^.  L'enipeivur  Fii^di^ic  111,  successeur 
d'AltHTt  d^Autriciie,  sojlieiU  par  lt*5  deux  paprs  k  son  er^- 
lieinenl,  en  l4'«0,  persista  dans  Tacte  de  aeiilialit^  sign^  i 
Francfort,  et  poursuivit  le  deasein  d*uD  grand  concile  cecu- 
m^niqiie  pour  reiueitre  la  paix  dans  i'^lis«.  Engine  IV  r^- 
pondit  (^iril  en  aviserait  h  sot^  rt- lour  ^  Bpme,  ei  il  s'y  rendit 
en  eflet  an  mois  de  seplen)|>re  1443.  $on  premier  aoin  fut  de 
se  rccuncilier  avec  Alphonse  d^Aragon,  et  de  reconnaltre  le 
droit  de  la  force  qui  avail  fliis  ce  prince  en  possession  de 
Naples.  II  s'attacha  le  peuple  en  abolis<ant  quelques  impOts 
sur  le  vii)  ,et  annon^  la  convocation  d^in  nouveau  roncile 
^  SaiuM^an  de  Lalran.  Celui  deB&lemourut,  pourainsi  dire, 
d'inanition.  ViVw  Y  sVtablitavec  shs  cardinaux  k  Lausanne, 
et  e  scliisnie  continua  d^une  iiiani^e  plus  pacitique.  [>e  son 
c^t^ ,  Eu^^^oe  eut  le  bonlieur  d^attirer  dans  son  parti  le  fa- 
meuiL  ifjieas-Sylvius  Pi  col  oini  ni ,  qui  vint  lui  demander 
pardon  des  injures  qu*il  lui  avait  faites ,  et  lui  servit  de  I6gat 
dans  TAUen^agne ,  quMl  avait  matadroitemeut  troubli^  par 
la  deposition  de  deux  archevftipies  partisans  de  F^lix  V.  Les 
AUemands  furent  vaincus  par  I'liabilet^  de  ce  l^gat,  k  la 
9eule  condition  que  le  pape  Eugene  convoquerait  un  autre 
concile.  11  le  prouiit ,  mais  la  inort  lui  ^vita  la  peine  de  se 
deuientir.  l\  la  vit  venir  avec  un  graud  courage ,  fit  uue  Al- 
locution k  ses  cardinaux ,  refusa  de  pardonner  k  qiielques- 
uns  de  ses  eimemis,  etexpira  enfin  le  23  fevrier  1447. 

,  ViENNET ,  di*  TAradeiuic  Fran^aise. 

EUGflNE  (F|iA.>gois  DeSAV0|E^ARlGiNAN,appel4fo 
Pnuce)f  nek  Paris,  ie  19  octobre  1663,  ^it  lils  putn^d^Ea- 
i;&ne-]^Iaurice,  premier  couite  de  Soissuns,  et  de  la  oi^  de 
Ma/^rin ,  la  c^Kibre  Olympe  Mancini.  Un  jour,  un  jeime 
h  name  faible  et  ddlicat,  au  lung  visage  \^\e,  portaot collet 
e(  petit  mantcau,  vint  demander  un  r^iuient  ^  Louis  XIV. 
Ijq  grand  roi  rit  des  vellciti^s  bclUqueuaes  du  petit  abbi, 
Lonvojs  riiumilia  aro^rement.  Mais  le  petit  abb^  lisait  Plu^ 
tarque  tous  les  jours ;  le  pefU  obb6  devait  6tre  le  li^ros  de 
Turin,  d*Hocbst(edt ,  de  Malplaquet  el  de  Peterwaradin ; 
le  petit  abb6  ^tait  le  prince  Eugene.  Deux  ans  apr^s  cetie 
humiliante  r^ption,  le  prince  de  Baden,  en  pr^sentant  k 
rem})ereur  Lipoid  le  jeune  Eugene ,  fait  colonel  de  diagoos 
sur  \t  ciiamp  de  bataille  de  Vienne,  en  luSi,  lui  disait : 
•  Majesty ,  vo'ci  un  pelit  Savoyard  qui  m'a  tout  Tair  d*^- 
galer  un  jour  les  plus  grands  capitaines.  »  Engine  ne  quitta 
plus  les  drapeaux  de  TAulriclie  :  il  relusa  d*obeir  a  rordou- 
nancc  qui  rappelait,  sous  peine  d'exil ,  les  Francis  qui  coni- 
batlaient  dans  les  armies  clraog^res.  «  Taut  luieux ,  dit 
Louvois ,  envieiix  par  instinct  du  g^nic  naissant,  il  ne  rcn- 
trera  plus  en  France!  —  Ty  rentrerai  en  d^pit  de  lu>,  s*^- 
cria  le  prince,  roais  qe  sera  les  armes  k  la  main. »  Et  il 
failUt  en  elTet  |)lus  tard  rentrer  k  Paris ,  comme  il  renlra  k 
Lille.  Uo  coup  d'teil  vif  et  net,  une  rapide  et  sDre  intuition 
de  Tocca^iion,  une  soudainet^  prodigieuse  a  improvlser  des 
plans  gii^antesques ,  la  science  de  la  guerre  r^duile  a  un 
calcul  de  minutes,  ou  la  vie  des  bommes  n  eiitra  jamais  en 
ligne  di»  coinpte,  lei  iul  le  prince  Eugene.  La  vicioire  dies 
lui  fnt  toujuurs  d'iuspiralion. 

Colonel  k  vin^  ans ,  niupir  gf^n^ral  h  Tingt-un,  lieutenant 
{(<^n6ral  k  viugt-i'inq,  il  em|»ortu  Belgrade  d'a^saut  k  la  t^te 
de  la  reserve  en  lOss.  lyiphHuale  autanl  quHiuutme  de  guerre, 
^  peine  Ui  guerre  con  Ire  la  France  ful-elle  d<H'laree,  quil 
enlralna  dansralliance  im|H^riale  son  cousin  le  due  de  Savoie, 
au  milieu  d'un  voyage  de  plaisir  ^  Venise.  ISattu ,  inalgr^  des 
prodiges  de  valeur,  a  Slalfarde,  ou  le  jeune  Victor-Amddte 
m^risa  ses  consciis,  U  enlra^  ea  1692«  a  la  li^  de  ravanl* 


garde  austro-pi^nDontalse,  sur  le  territoire  /ran^ais,  eti 
Dauphin^,  et  se  montra  si  terrible,  queLonis  XlVliii  envoya 
secr6teinent  la  promesse  du  b&ton  de  mar^cbal ,  d^une  pen- 
sion de  200,000  fr.  et  du  gouvernement  de  Champagne. 
Eugene  rejeta  avec  indignation  <  es  proiiosttinn^  lionteu.<^ , 
et  sur  ie  clianip  de  bataille  de  Zeuta ,  o(k,  feld-mar^rbal  et 
genital  en  chef  de  Parrot  de  Hongrie,  il  eut  le  courage 
de  sauver,  en  1697 ,  TAllemagne,  et  d*exlerminer  Parm^ 
inlid^le ,  il  rAva  la  jouro^  d'Hochstaedt.  L^opdtl  osa  lui 
ordonner  les  arrets  pour  avoir  vaincu ,  et  lui  demander 
son  ^|i^  fumante  du  sang  des  musulmans.  Vienne  raUlit 
86  r^TOlter  pour  le  grand  homme.  Bug^ne  ne  Toulut  re- 
prendre  son  ^p^  qu*^  condition  d 'avoir  carte  blanche 
pour  d^jouer  ses  ennerois.  II  fallut  que  Leopold  lui  accor- 
dit  <  e  pouvoir  par  un  billet  de  sa  main. 

En  1701  ^data  la  terrible  guerre  de  la  succession  d'Es- 
pagne;  Louis  XIV  regrelta  bien  des  fois  am^ment  son  m£- 
pris  pour  le  petit  abb6.  Pour  son  d^but,  le  jeune  g^n^ral 
imperial  passe  TAdige,  en  face  de  Tarmto  fran^ise,  et  re- 
jette  deniire  I'Oglio  le  vieux  Catinat.  Ville*-oy,  I'inepte 
et  prf^somptueux  Villeroy,  ose  se  pr<^senter :  battu  k  Cbiarl, 
liontensement  surpris  k  Cr^mone ,  dont  les  d^fenseurs  se 
felidtent  « 'd*avoir  ce  iour-lli  sauv^  la  vilte  et  perdu  leur 
g^n^ral ,  » il  est  fait  prisoniiier.  V  enddm e  seul  put  conjurer 
le  g^nie  de  FAutriche.  Eufin  s*ouvrent  ees  campagnes  d'Al- 
lemagueet  de  Flandre,  la  gloire  immortelle  d^Eugdneet  de 
Marlborough  (1704),  un  instant  iuterrompues  pour  une 
aouvelle  victoire,  celle  de  Turin  (1706),  apr^  laquelle  Engine 
disait,  tt  disait  vrai,  au  due  Victor  :  «  Mon  C4)usin,  Fltaiie 
est  k  nous.  »  L'arm^  fran^aise  taill<^  en  pi^ices  k  Hoch- 
staedt  (1704),  Il  Oudenarde,  oik  il  avait  Vend6me  en 
t6te(1708),  il  mange  dans  Hi^roique  citadelle  de  Lille  le 
Cestin  ordinaire  du  vieux  Boufflers,  un  qnartier  de  die- 
▼al.  Void  quelles  conditions  il  avait  lmpos<i«s  an  noble  ma- 
r^^chal :  «  Je  souscris  d'avance  k  tout  ce  que  vous  me  pro- 
poserei ,  tant  J*ai  d'estime  pour  votre  persoiine.  Jc  snis 
persuade  qu'un  homme  d'honneur  comme  vous  n^y  mettra 
rien  d'indigne  de  nous  deux.  »  Auquel  de  ces  gto^reux  ri- 
▼aux  ce  billet  fait-il  plus  d'lionneur?  Vainqueur  a  la  sanglante 
joumdede  Malplaquet,  du  gi^uie  audacieux  de  Villa rs 
et  du  d^sespoir  frauQais  (1709),  maltre  de  Mons,  de  Douai , 
de  Bi^httne,  d*Aire,  il  pousse  ses  chasseurs  jusqu'aux  portes 
de  Versailles.  Tout  k  coup,  la  reine  Anne,  par  un  caprice 
de  fejnme,  en  vote  k  Marlborough  I'ordrede  poser  les  armes. 
Abandonn6  des  Anglais ,  sans  cesse  traverse  par  les  d^pulte 
des  Provinces- Unies ,  battu  k  cette  journ<^  de  Denain  qui 
sauva  la  France  (1712),  il  signe  avec  regret  la  paix  de  R  as- 
tad  t,  le  6  mars  1714. 

Une  nouvelle  gloire  Tattendait  sur  les  bords  du  Danube  : 
les  vers  de  Rousseau  c(4^r^rent  la  memorable  \ictoire  de 
Peterwaradin;  le  pape  Clement  XI  lui  envoya  Testoc 
b^nit;  la  messe  futditei  haute  voix  dans  la  superbe  tente  du 
grand  visir  (5  aoOt  1716 ).  Un  an  apr^,  min^  par  la  fi^vre, 
avec  ane  armi^  rongee  par  la  dyssenterie,  ilgagne  sous  les 
murs  de  Belgrade  cette  magnifiqiie  bataille  qui  decide  la  paix 
de  PassSTOwitz.  «  A  Vienne,  dit-il  dans  sa  vie  ^rite  par 
lui-m£me,  les  envieux  crient  au  bonlieur;  les  devots  au 
mirade.  La  paix  sVnsuit. »  Depuis  tors  ce  tut  comme  poli- 
tique seiilcment  qu'il  pr^sida  aux  destin<^.cs  de  TAIleniagne : 
sa  sanld  allaihlie  pr^sageait  une  prompte  liii.  Le  20  avril 
1736  il  rentra  le  soir  dann  son  palais  un  pen  plus  souffraiit 
que  de  conlume;  le  lendemain  on  le  trouva  mort.  11  sein- 
bla  qu*ii  eOi  emport^  avec  lui  la  gloire  de  TAulriche  :  •  La 
fortune  de  TEtat,  s*^:riait  i^ans  cesse  Charles  VI  dans  ses  re- 
vers,  a-t-elle  done  |H'*ri  avec  ce  li^ros?  • 

Na(K>l(^in  \"  meltait  le  prime  Eugene  au  rangde  Turenney 
de  Fnidcric,  et  regardait  tons  ses  plansde  cam|iagiie  coiuiiie 
des  cliels-dNiMivre.  Sou  hisluire  reste  encore  k  eciire  :  au- 
cune  des  t\e\\\  qui  existent ,  en  frau^is  et  en  latin ,  n^est 
de  nature  k  satisfaire  pcrsonne.  Le  seul  document  qu*oo 
aime  k  consulter  sur  ce  iMiros  est  sa  Vie,  par  le  spirititel 
prince  de  Llgiie«  K.  Paillaad. 


fct7Gl:9lE  DE  BEAt7HARIVATS,  doe  vt  LEUCHTEN- 

BfcRG,  prince  D'LICHST^CDT,  Tice-foid'ltalie,  n6  Paris,  le  3 

Mptembre  l7Sl,duniart]ig6  d*Alexandr6  vicoinle  d6  Beaa- 

harnais  et  de  Jos^phitreTascfier  dd  la  Pagerie,  depots 

iinpt^ratrice  des  Frafa^is.  Effg^ne  ^ta)t  ft|^  de  treite  an^ 

(piand  ii  pertfit  son  p^re.  Cefin-ci  Ini  avaif  lai^6  de  beaux 

exerfipleft ,  tant  par  les  ^rviees  qu'il  avail  rentitis  ^  la  <-atise 

it  niid^pendance  am^ricaitie  dans  rarinc^e  de  Rocliambeau 

et  k  oelle  de  Pindrpendance  et  de  la  lilterto  nationales  dans 

les  deux  |>renif^rcs  assemblies ,  qu*li  la  Idle  de  Parnite  flu 

Rhin.  Condamn^  par  le  tribunal  r^volutionnaire,  du  Tund  de 

KA  prison ,  la  Teille  de  sa  inort ,  il  avail  l^gu<^  son  fits  au 

):^\\€n\  Hoclie,  et  ce  fut  sous  ce  grand  capltaine  qu'tiu- 

;:.'ne  fiises  premieres  arines.  Mais  ii^tait  destine  ^appremlie 

!.-i  guerre  souft  uh  plus  grand  tnaltre  encore.  Apres  la  Jouf- 

iM^de  vehd^mfalre  1795,  qui  pla^atout^  couple  general 

Bonaparte  k  la  t£te  de  Parni^  de  rint^rieur,  la  Convention 

avaitordonn^  la  saisie  de  totites  les  armes  dans  toutes  les  tnai- 

sons  de  la  capitale.  L*dp^  do  g^ri^ral  Beauliarnais,  que  pos- 

s^lait  son  fils  Eiig^ne,  lui  avait  616  enlevee  par  cette  niesurc ; 

mais  il  se  pr^nta  cbez  le  g6n6ral  Bonat)arte,  r^clama  r6|)«''e 

de  son  p^re,  Pobtiot,  etde  ce  jour  commen^a  pour  Engine  !a 

destin6e  qui  Pattacha  jnsqii'au  dernier  moment  k  la  gloire  de 

la  France  et  k  la  grandeur  de  Napol6on.  Fr:)pt>6  de  la  g(^n6- 

rosit6  des  senliments  de  cet  enfant ,  le  general  Bonaparte  alia 

le  lendemain  f6liciter  sa  m6re  d'avoir  un  tel  His.  II  lut  a  son 

tour  seduit  par  la  gr&ce  et  Pamabilit6  de  M"i«  de  Be;inliar- 

iiais,  et  bientdt  apr6s  lui  ofTrit  sa  main,  telle  Hit  la  cause 

de  ce  maria;;e,  qid  6lcva  aox   honneurs  touveraios   une 

parii«  de  la  famille  Beanhamais. 

Napol6oh  regarda  les  enfants  de  sa  femme  comme  les 
si'ens,  et  s'cxM^upa  de  iieriectionnei*  P6ducation  dTug6ne, 
qoe  les  orages  de  la  rrvobitioh  avaicnt  iaissi^e  incompidte. 
Roinra6  au  commanderoent  de  Parm^e  d^ltalie ,  il  ne  tarda 
pa.«  k  Py  appeler,  et  reccmnut  bientdt  en  lui  le  gcrme  des  ta- 
lents qu^il  devait  d6velopper  plus  tard  avec  tant  de  sup6rio* 
ritr.  Apr^  le  trait6de  Campo-Formlo,  Eugene  fut  envoys  k 
Corfoti  en  mission,  et ,  passant  [fit  Rome  a  sun  ritour,  il 
falllit  p6rir  dans  P<^meute  populaire  qui  coAfa  la  vie  au  g6- 
iMhal  bnpliot.  il  f^oivit  en  quality  d^aide  de  camp  son  beao- 
p^  k  l'exp6dition  d'f^yt)te.  D6barqu6  k  Malte  Puit  des 
premiers,  il  enle^a  de  sa  main  un  drapeau  k  Pennemi.  En 
Eg}p(e,  Eugfene  se  trouva  aux  actions  les  plus  meurtri6res , 
et  m^rila  par  sa  bravoore  Testime  et  I'amiti6  du  g6ti6ral  en 
chef  Son  courage  et  son  intelligence  le  firent  rentarquer  k 
Passat  d'Alexandrie ,  k  la  bataille  des  Pyramides,  k  la  r6- 
volte  do  Cairo,  au  combat  d^Ei-Aricb ,  k  la  prise  de  Jafta, 
au  sidge  de  Siiot-Jean-d'Acre,  et  k  la  c6l6bre  bataille  d'A- 
boukir.  An  |)t*emier  assaut  de  Saint  JeaiwPAcre ,  Engine, 
hless6  I  U  t^le  d'un  6clat  de  bouibe,  resia  luugtemps  en- 
seveli  sotis  les  d6combres  d^unc  muraille  6croul6e.  tl  revint 
d'£gypte  capltaine  de  cavalerie,  et  re^ut  le  grade  de  chef 
fPescadron  sur  le  champ  de  bataille  de>M  a  r  en  go. 

Deux  ans  apr^*,  Eugene  fut  nomm6  colonel  commandant 
de  ce  faineux  regiment  des  phasseurs  de  la  garde,  qu'il  avait 
ToriD^  lui-m6me ,  el  qui ,  sous  le  nom  de  Guides  fiu  ge- 
neral en  chefy  avait  6t6  plac6  dans  les  premiers  teinps  de 
la  campagne  dMtalie  sous  les  ordres  du  colonel  bessidres. 

Les  ann6es  do  coni^oiat  fbrent  la  trolsidme  6lH>que  de  Pins; 
traction  hiilitaire d'Eugene  HeaUliarnais.  II  etudia  la  pratique 
de  soli  metier,  el  y  acquit  cette  liabiletd  qui  le  f^isalt  distin- 
guer  panui  le«  premiers  colonels  de  Tarm^e.  napoleon  Pap- 
pelait  sans  cesse  an  cominandemeni  des  manauvres ,  k  des 
hispectiotis,  et ,  a|>r^  liuit  anm^es  d*6preuves ,  doiil  les  deux 
tiers  sur  les  champs  de  batailles  II  nomma  -  eh  1S04 ,  g(^Ti6ral 
de  brigade  Pdifant  de  son  adotitlon  et  Pel^ve  de  sa  gloirer. 
Parienu  k  la  dlguit6  Imp6riale,  I<a|N)l6on  cunf^raau  g6n6ral 
Beaubaroais  le  litre  de  prince  fVan^ais.  Eugene  n*en  de- 
uieura  pas  moins  Pami  de  ses  cohipagnons  d'armes,  et  coit 
Unua  iTifttre  le  p^re  de  ses  soldats.  Apr6s  Porganisation  do 
royaome  dHtalie,  le  prihce  Eugene  en  fot  nomm6  vice-roi , 
et  ista  i  Miliui  ret«to  de  tons  les  pooToirs  dvils  et  mili* 


MS 


taf res.  H  avait  k  peine  ▼ingt-qnatri  ais ;  Mais  il  arflit  vo  d^ 
si  pr^  le  grand  liomme,  qoe,  malgr6  sa  jeuoesse,  il  de  tarda 
pas  Ii  justifier  le  choix  de  Napoleon.  Eiis6ne,  que  Napol6oa 
appelait  soiivent  mix  confidences  de  ton  cabinet  et  k  la  coO« 
naissance  des  6l6ments  politiqnes  de  son  gonlremement, 
se  livra  avec  une  ardeur  iofatigable  k  Padministration  du 
royaume  d'ltalfe. 

Bientdt  les  brandies  de  Padministration  publique  fureol 
r^gi^es  avec  ordre  et  Economic ;  ii  efi  fut  de  m6me  de  Tor- 
ganisatioti  des  rx>iir8  de  justice  et  des  tHbunaux  inf6rieurs. 
Peu  d'ann^es  stiflirent  pour  meltre  Parro6e  italicdne  sur  le 
m6me  pied  que  Parm6e  fran^aiso.  De  grands  encouragements 
furent  donn6s  ^  Pagriculture,  ao  commerce,  k  Ptndustrie; 
d'utiles  travaiix  furent  ex6cut6s  sur  tons  les  points  do 
royaume.  Assise  sur  des  I>ase8  convenables,  Pinstniction 
publique  donna  un  nouvei  e^sor  aox  intelligences.  On  vit 
refleurir  les  c^lfebres  universities  de  Pavie,  de  Bologne  et  de 
Padoue.  Les  grandes  villes  re^urenl  des  coll6<;es.  La  men- 
dicity disparut  :  des  etablissements  de  blenfaisance  et  des 
ateliers  nombreiix  s^ouvrirent.  La  loi  fut  impiloyablement 
appiiqu6e  aux  vols,  aux  assassinats  et  aux  nieiirires.  Ia 
travail,  sagement  impost  aux  classes  pauvres,  suflit  poor 
rend  re  la  m^curit^  aox  villes  el  aox  canipagnes.  La  protec* 
tion  des  beaux-arts  ne  |)oovait  6cliapper  au  vice-roi  d'ltalie^ 
qui  avail  contribu6  k  la  conqu6te  des  chefs-tPieuvre  de  la 
Gr6ce  et  de  Rome.  II  fonda  le  beau  mus6e  de  Brera,  6ta- 
blit  on  conservatoire  de  moei<tue  el  de  declamation ,  qol 
donna  aox  tlidatres  une  foule  de  sujets  distingui^,  fit  revi* 
vre  Part  antique  de  la  niosaique  en  grand ,  et  fit  ex6cuter  k 
ses  frais  le  beao  tableau  de  La  Ctne,  qui,  t)ar  droit  d'occn<« 
pation,  est  aujounPbui  k  Vienne,  en  Autriche.  Les  admi- 
rabies  fresques  d^Appiani  et  la  fa^de  du  dOme  de  Milan  sunt 
des  monuments  qui  t«*moignent  de  Padhilnisl ration  do  vice- 
roi  et  de  son  amour  |)our  les  arts. 

Convert  des  lanriers  d'Austerlitt,  Kapol^on  avait  6Iev6  k 
la  royautd,  le  i*'  Janvier  1B06,  P6lecleur  de  Bavi6re,  prihce 
excA;lleut,  dotit  la  Prance  avait  accUeilll  et  prot6g6  la  jeii- 
nesse,  et  qui  ne  Pavali  point  oubli6.  Ma|K>loon  lui  demanda 
sa  fiile  pour  son  ills  adoptif  et  Pobtint.  C*est  cette  princesse 
Auguste-Am6lie  que  daos  ses  m6moires  il  nomme  la  p/tts 
btUe  et  la  pita  vertueme  p'incesse  de  son  temps. 

Pendant  la  guerre  de  1806  et  lfto7  contre  la  Prusse,  le 
royaume  d'llalie  fut  iepr6sent6  dans  cette  glorleose  cam- 
pagne par  one  partiede  son  arm6e,  qoi  m^rita,  par  sa  disci- 
pline el  par  ses  soccfes,  PalTectlon  el  Pestlme  de  celle  de 
Pempire.  Le  piiiice  Etig6ne  avait  dO  tester  k  Milan  poor  y 
surveiller  Iui-m6me,  ind6pehdamment  des  Iravaox  de  son 
administration  nalssante,  la  foi^  toujours  douteuse,  de  ki 
maison  d^Autricbe.  Et  eh  efTel,  deux  ann6es  apr^  la  palx 
de  Tilsitl,  cette  puissance,  profltanl  do  sejoor  de  rrapol6on 
et  d'one  parlie  considerable  de  ses  forces  eti  Espaghe,  en- 
vabit  soudain  la  Bavi6re  sans  declaration  de  guerre,  etlit 
marcher  sur  Pltalie  Parcbiduc  Jeiiti  arec  une  armee  nom 
breuse.  Le  prince  vioe-roi  n*avaitque  40,000  Italiens  de  tiou 
velle  levee  II  opposer  k  Pinvasloh  des  vieilles  bandes  autri- 
chieOnes.  Aussi  son  debut  ne  fut-il  |)asbeureux.  Ii  perdil  la 
baUiille  de  Sacile,  et,  Comme  11  Pavouait  lui  meme,  jamais 
bataille  nefut  plus  compUtement  perdue;  mats  son  ge- 
nie militaire,  livre  a  loi  seui,  se  developpa  sotidam  avec  la 
suprriorite  qu^il  conserva  dto  lors,  et  il  prit  une  revanche 
edatante  aux  oombat«  de  la  Piave,  de  Saint-Daniel,  de 
Ratvir  et  <le  Sainl-Mirliel,  qtii  bu  ouvrirehl  les  portes  de 
PAutrlche ,  et  bientot  aprfes  les  avertues  de  sa  capUale.  Ricn 
ne  put  arnMer  desorlnais  sa  marclie  rapide;  il  detruisit  tons 
les  cort)s  qui  lui  Iiirent  op|.oses,  el  opera  sa  jonction  avec 
Panuee  fran^ise  sur  les  hautein^  de  Sonimerlng.  Cette 
Jonction,  exocuteeavec  tant  dclx)nlieur,  fut  annonceeh  Ifa- 
poli'oh,  qui  se  preparait  k  livrer  la  lefrible  bat&ille  de  \Va- 
gram  :  ft  II  n'y  ainlit  qu^Eugeiie,  l)it  IVmtieriiitJir  eh  ilKce- 
varti  cette  toou velle,  qtil  fTQt  capabU*  d'Hi  river  aujouhPhhi  6 
brflch  :  iln'y  a  que  lecceurqui  puisse  opercr  ces  prodi?;**?*.  * 
bij^ie  elive  de  Napoleon,  le  vice-rOi  parvint  a  atllrer  I'ai  - 


t%4 


EUGENE 


chiduc  JMn  sur  le  terrain ,  et  la  mteiorable  batollle  de 
Raab  pla$a  Juttement  son  nom  aprte  ce!ui  do  grand  capi- 
taine.  «  C*est  ane  petlle-fille  de  Marengo, »  dtt  NapoKon, 
k  la  noQTelle  de  la  victolre  de  Raab.  «  Je  Mvais  bien  en 
quelles  maim  J'avaia  remis  men  ^pte.  »  Aussi,  peu  de  jours 
apr6s,  assoda-t-il  le  prince  Eagtoe  au  trioinphe  de  Wagram. 

Aprte  la  paix»  le  Tice-roi  Ait  nomm6  lieutenant  de  I'em- 
pereur,  et  re^ut  I'iinportante  mission  de  pacifier  le  Tyrol  en 
retoamant  en  Italie.  Rien  ne  roanquait  k  la  gloire  el  au 
bonheor  da  vice-roi ,  k  qui  la  Tice-reine  venait  de  donner 

(ils.  Mais  une  cmelle  ^preuve  lui  ^it  r^serv^e.  AppeM 
k  Paris  pour  6tre  t^moin  du  diforce  de  Napolten,  11  fut  de 
plus  cliarg^  d^  disposer  sa  mdre.  Jamais  la  reconnaissance 
el  le  ddvouement  n'avaient  M  soumis  i  un  semblable  sa- 
crifice. U  fut  accompli  dans  toute  sa  rigoeur.  Ainsi  le  tou- 
lait  Taost^rit^  du  devoir  qui  avait  ^  impost  an  fils  de  Jos^ 
phine.  Cependant ,  son  Ame  g^nireuse  avait  youIu  que  le 
sacri  fice  lui  fftt  encore  plus  personnel  en  y  ajoutant  ceiui  de 
co<c  grandeurs  et  de  Tavenir  de  sa  vie.  Ainsi  Texigeait  Tor- 
gueii  de  sa  pi^t^  filiale.  Mais,  vaincu  par  les  instances  de  sa 
m^  elle-mtoie  et  par  les  soUicitations  de  Tempereur,  Eu- 
gtoe,  en  consentant  k  garder  le  d^p6t  de  la  souverainet^  de 
ritalie,  crut  rdpondre  par  un  sacrifice  ^1  k  celni  qui  avait 
^  exigd  de  lui.  11  d^ara  refuser  k  jamais  toute  favour 
nouvelle  de  Napoldon,  «  parce  que,  ditait-il,  on  y  verrait 
peut-6tre  le  prix  du  divorce  de  ma  m^  ^,  De  retour  en 
Italic, il  pourvut^  I'organisation  desnouveauxd^paHements 
que  la  paix  de  Vienne  venait  d*ajouter  au  royaume.  Mais, 
Marie-Louise  ^nt  devenue  ro^,  le  vice-roi  fut  encore 
oblige  de  se  rendre  k  Paris  poar  assister  aux  coucbes  de  la 
nouvelle  imp^trice  et  au  bapttoie  du  rol  de  Rome.  Ainsi, 
ce  royaume  d*Italie,  dont  la  prospdritii  6tait  son  ouvrage, 
ne  devait  plus  ttn  le  prix  de  tant  de  services  rendus  k  la 
gluire  de  Napoleon.  Ge  fut  pendant  ce  voyage,  oil  la  sensi- 
bility de  son  Ame  futmise  k  de  nouvelles  ^preuves,  que  Na- 
poleon lui  confia  les  projets  de  guerre  dont  Tattitude  de  la 
Russia  depuis  la  victoire  de  Wagram  lui  imposait  les  pr^ 
paratifs. 

Le  vice-rd  partit  pour  I'ltalie,  ou  il  organise  un  corps 
italien  et  fran^  destine  k  coop^rer  aux  travanx  de  la 
grande  armte.  Ge  corps,  qui  en  forma  le  quatriime,  se  cou- 
Trit  de  gloire  poidant  cette  terrible  campagne ,  sous  les  or- 
dres  du  vice-roi,  et  plus  particuli^rement  aux  combats 
d*Ostrowno  et  de  Witepsk,  k  la  grande  bataille  de  la  Mos- 
kowa,  mais  surtoutli  la  bataille  de  Malojaroslawetz,  oil 
seul  il  soutint,  avee  une  intrepidity  hdroique,  le  choc  de  toute 
rarm^e  ennemie.  On  connalt  les  d^sastres  de  la  retraite  de 
Moscou.  «  C*etait  une  epreuve,  disait  Na[K>ieon,  au-dessus 
de  toute  organisation  humaine.  »  Elle  ne  fut  pas  au-dessus 
dela  force  d*Ame  dn  vice-roi ;  et  quand  il  Posen  il  rempla^  le 
roi  de  Naples  dans  le  commandement  des  debris  de  i'armee, 
en  quality  de  lieutenant  de  Tempereur,  dte  oe  moment 
tout  changoa  de  face.  Vingt«ix  jours  passes  dans  cette  viile, 
en  presence  dela  poursuite  ennemie,  imprim^rent  k  la  fois 
le  respect  aux  Russes  et  la  oonfiance  aux  Francis;  I'armee 
y  fut  repos^e  et  rterganiste.  Les  places  do  I'Oder  re^urent 
leurs  approvisionnements  de  defense.  A  la  teto  de  10  k 
12,000  bommes,  pendant  quatre  mois,  par  une  marcbe  bel- 
liquense  et  savante,  le  vice-roi  oocupa  el  retint  les  vain- 
queurs  snr  les  denx  rives  de  I'Elbe,  el  presora  Berlin  des 
liorreurs  du  pillage.  11  ne  quitta  cette  ville  qu^en  presence 
de  Pennemi,  dont  il  conUnt  enc6re  les  monvements,  jusqu'i 
ce  qu'il  eOt  pu  rqoindre  Napoleon,  k  qui  son  admirable  re- 
traite, Pun  des  plus  beaux  fUts  de  noire  liistoire  militaire, 
avait  donn6  te  temps  de  repanltre  avec  une  nouvelle  grande 
armee.  Les  debris  de  Moscou  rejoignirent  I'aigle  Imp^riale, 
toiijours  tow  la  oonduite  du  vice-roi,  non  loin  de  la  pyra- 
mide  fun6bre  eiev6e  sur  le  champ  de  bataille  de  Lutzen  k 
Gusteve-Adolphe,  par  les  Su^dois  vainqueurs  de  rAutriclie. 
Eogtoe  arrivait  k  temps  pour  prendre  part  k  une  victoire. 
La  baniiesse  avec  laqiielle  il  exteuia  une  manoeuvre  peril- 
leuse,  sur  le  flanc  droit  de  Tennemi,  dedda  probabtoment  le 


succes.  Charge  du  eommandemenl  de  Pavant-garde,  11  edsfai 
Jusqu^ii  Dresde  la  marcbe  de  I'emperenr  par  les  avantages 
qo*il  remporte  successivement  dans  sa  route  k  Colditz,  k 
Wildmlf  et  au  passage  de  PElbe.  Dresde  fut  temoin  des  adieox 
Napoleon  et  d'Eugtoe.  lis  nedevaient  plus  se  revoir ! 

Le  vice-roi  repartit  pour  lltelie,  oil  Joachim  Murat 
Pavait  precede  :  il  etait  urgent  d^arrSter  les  dispositions 
que  la  politique  de  Yienne,  surprise  en  flagrant  deiit  deiiois 
la  retraite  de  Moscou,  devait  inspirer  pour  la  defense  com- 
mune, et  notamment.pour  celle  de  rilalie.  L*on  savait  que 
PAutriche  n^y  avail  jamais  renonce,  ni  sur  le  cliamp  de  ba- 
teille  d^Austerlitz,  ni  memo  sur  celui  de  Wagram.  «  La  poli- 
tique a  fait  le  mariage  de  Napoleon,  disait  il  Paris ,  deux 
jours  avant  la  bataille  de  Lutzen,  Parabassadeur  Schwartz- 
embergau  due  de  Bassano,  la  politique  pent  le  dissoudre. » 
En  revoyant  Pltalie,le  vice-roi  fut  frappe  douloureusement 
de  Pepuisement  de  ses  moyens  de  defense.  Rien  de  ce  qui 
en  etait  sorti  pour  la  guerre  de  Russie  n*y  etait  revenu.  11 
ne  retrouTalt  ni  officiers,  ni  soldals,  ni  magasins,  ni  res- 
sources  disponibles.  Cette  fois  encore,  le  genie  et  Pinfatigable 
activite  du  prince  Eugene  fuent  au-dessus  des  drconstan- 
ces.  En  moins  de  deux  mois  40,000  conscrits  etaient  reunis 
sur  sa  fronliere,  pr6to  k  entrer  encampagne.  II  avait  661k 
resolude  porter  la  guerre  en  paysennemi.  Il  franchit  les 
Alpes  etmenafaitllllyrie,  quand  il  apprit  que  60,000  bom- 
mes, sous  les  ordres  du  general  Hiiler,  occupaient  deja  cette 
province.  Dis  iors  il  se  vit  reduit  k  une  guerre  purement 
defensive,  et  prit  toutes  ses  dispositions  pour  se  maiutenir 
sur  la  haute  Save.  Mais  Paccession  de  la  Oaviere  k  la  coa- 
lition eoropeenne,  en  deUcliant  tout  k  coup  ce  royaume  de 
Palliance  de  Napoleon,  ouvrit  k  Pennemi  la  route  du  Tyrol, 
et  le  vice-roi  dut  se  replier  successivement  sur  Hsonzo  et 
sur  PAdige.  Enfin,  la  defection  du  roi  de  Naples  Tinl  com- 
pleter Pinvestissement  du  royaume  dltalie,  el  ce  fut  desor- 
mais  derriere  le  Mincio  quit  lui  fut  possible  d^attendre  les 
evenements. 

MalgrePindgalitede  ses  forces,  et  les  difBcultds  toujoors 
croissantes  de  sa  position  politique  et  niiliteire,  le  vice-roi 
battit  les  Autricliiens  k  la  bataille  du  Mincio,  el  les  Napoli- 
tains  sous  les  murs  de  Parme.  Presse  entre  ces  deux  tra- 
bisonsde  famine,  ce  prince,  digne  de  la  France  et  de  Napo- 
leon, etait  de  plus  en  butte  aux  tentatives  de  seduction  les 
plus  ootrageantes  pour  son  caractere  et  sa  condoite.  Un 
grand  personnage  fut  envoye  au  vice-roi  pour  le  decider  k 
reunir  ses  armes  k  celles  de  Petranger  centre  sa  patrie  et  son 
bienfaiteur,  tant  on  euit  presse  d*en  (inir  avec  Napoleon,  en 
faveor  de  qui  Parmee  d'ltalie  seule  ofTrail  une  diversion  im- 
porlante.  Le  vice-roi  r|pondil :  «  L^emperenr  Napoleon  a 
re^u  mes  serments,  et  tent  quMi  ne  m*en  aura  pas  degage, 
jelui  serai  fiddle.  J'ignore  le  sort  qui  m'est  resenre;  mais 
je  connais  mon  beau-pere,  et  quoi  qu'il  arrive,  je  suis  sAr 
quMl  aimera  mieux  relrouver  son  gendre  simple  particulier, 
mais  bonnets  homme,  que  de  le  voir  assis  sur  un  tr6ne 
achate  par  le  parjure  el  la  trahison !  i* 

Enfin,  sa  mission  en  Iteliese  trouvant  terminee,  non  par 
la  cliute,  mais  par  Pabdication  de  Napoleon,  il  duts'dlolgner 
de  Pltelie,  et  se  rendit  k  Munich,  oil  II  se  livra  au  repos  el 
aux  consolations  d'une  vie  de  famille.  Appeie  k  Paris  par 
les  instences  de  sa  mftre  et  de  sa  sceur,  le  prince  Eugtoe  y 
fut  traite  avec  la  plus  grande  distinction  par  Pempereur 
Alexandre,  et  une  eiroite  amitie  ne  tarda  pas  i  se  rormer 
entre  eux.  Ce  sentiment  ne  (ut  pas  sterile :  ce  fut  i  la  pres- 
sante  intervention  de  Pempereur  de  Russie  au  congrte  de 
Yienne,  que  le  prince  Eugene  dut  la  conservation  de  sea  do- 
tetions  en  Itelie,  seule  fortune  qu^il  ait  laisseeA  ses  enfants. 
Il  euit  encore  k  Vienne  quand  U  nouvelle  dn  d^barque- 
ment  de  Napoleon  y  parvlnt.  II  repartit  alors  pour  Munich, 
ou  il  relrouva  dans  Pafieclion  du  roi  son  beau-pere,  el  dans 
la  tendre  amitie  du  prince  Cliaries,  second  fils  du  roi,  tous 
les  adoucissemente  qtPappelait  sur  let  nouvelles  diflicultet 
de  sa  position  le  retour  imprevu  de  Napoleon.  La  proecri|»- 
lion  gennaniquc,  qui  se  reveille  alors  avec  une  nouvelle  fu- 


EUGENE  -  JBULER 


Hi 


nor  cootre  VenHenU  eommun^  ne  pouvait  ^pargner  oelni 
qnilui  ^tait  refl6  fiddle  jnsqoe  dans  ses  adieax  k  son  annte. 
Dans  le  bat  alon  deoondUar,  par  rapport  k  rAUemagne,  ce 
(full  derait  k  sa  propre  dignity  at  ^  la  poaition  de  son  beau- 
p^  la  prince  Engtee,  qui  avait  ^  cr^  due  de  L  e  uch  te  n- 
berg  et  prince  d^cbiUdt  par  le  roi  de  Bayitee,  se  ren- 
ferma  pius  ^(roiieinent  qoe  jamais  dans  ses  devoirs  int^- 
rieors  de  p^  et  d*4M>uXt  et  vdcot  entour^  da  respect  de 
tov  las  babitants  de  la  Bafi^  josqa'^  ce  que  la  mort  Tint 
la  nrprendre»  le  21  ll&frier  1824.  «  Je  perds,  dit  ie  roi,  un 
cudlent  fils  et  mon  meilleur  ami.  i*  Le  prince  Eogtae  a 
hiss^  des  documents  iroportants,  qui  appartiennent  k  This- 
toire  de  la  France,  tels  qa*ane  nombreosecorrespondanca  de 
remperaor  Napoleon  sor  de  baules  questions  poUtiques  et 
BriDtaires.  J-  db  Nobtois. 

E06£NES  (Monts).  Foyes  Euganei  ( Monti). 

EUGENIE)  imp^ratrloe  des  Fran^ais.  Yoffez  Lodis- 
RAfoiioic. 

EUGUfilNES  (Tables).  Ce  monument  est  Tun  des 
pus  importants  que  I'antiquit^  nous  ait  laiss^.  II  ftit  d^ 
coavert  en  1444,  par  un  habitant  de  Chleggia,  prte  de  Gub- 
Uo,  dans  l*£tat  da  IT^iglise.  Ces  tables,  au  nombre  de  neui 
OQ  de  sept,  mala  plus  probablement  de  sept,  6taient  enfouies 
dans  un  caTeau  aux  Heux  od  s^devait  I'antique  cM  d'Igu- 
Tiora  de  POmbrie.  Pour  lea  bien  connattre,  il  faut  lire  la 
saTsate  dissertation  public  en  1833  par  le  docteur  Lep- 
sius.  ATant  lui,  Kiebuhr  et  Otfried  Mnller  s'en  ^talent  serria 
aTec  un  grand  aaccte  pour  pte^trer  plus  avant  dans  le  mys- 
t^  des  Tidlles  langues  itaUques.  Ce  dernier  surtout  a  com- 
part les  mots  et  les  caractferes:  il  s*est  trouv^  que  deux  des 
sept  tabloi,  qoe  Ton  a  encore,  sont  tracte  en  lettres  latines, 
cinq  en  lettres  ^trosqaes;  que  n^anmoins  les  sept  paraissent 
appartenir  k  la  mteie  langue;  que  c'est  tout  an  plus  all  est 
pennis  de  soap^nner  une  difference  de  dialecte.  On  y 
trouve  deox  lettres  qui  ne  nous  ^taient  paa  connues.  Otfried 
MaUertransGrit  dans  ses  £trusques  toute  la  sixitoie  table : 
c'est  une  inscription  en  Thonneor  de  Jupiter  de  Grabovi. 
Cette  invocation  ou  priire  est  toot  k  fait  inintelllglble ;  seo- 
lement  il  paralt  quit  s*agit  d^un  sacrifice  de  trois  taureaux, 
trob  fois  r€f6tA.  Dte  Tann^e  1453  la  viile  de  Gubbio  acheta 
ces  tables,  donnant  en  ^liange,  par  rinterm^diaite  de  ses 
msgistrats,  les  droits  per^us  sur  sespAturages.  Ceox  qui  pr<- 
taident  qoil  y  en  avait  neuf  pensent  qu'on  en  avail  envoy6 
deox  k  Yenise  dans  le  palals  du  doge,  pour  6tre  livrte  k 
Fexamen  des  savants,  et  qu^elles  n*en  sont  point  revenues ; 
cependant,  dans  Tacte  d'acquisition  pass^  douze  ans  aprto 
la  d^eouvecte,  il  n*est  parl^  que  de  sept  tables  d'alrain. 
Gmter  et  Herola  disentqull  y  en  avait  huit.  On  en  conserve 
des  imitations  k  Rome  et  k  Cordone.  Bourguet  ( Lettre  k  M. 
le  marquis  Scipion  MafTd  sur  deux  pr^teadues  inscriptions 
dmsqnes  )  a  cm  y  reconnaltre  les  lamentations  des  Ftiasges 
sur  lu  calamity  qui  les  atteignirent  deux  g^totlons  avant 
la  guerre  de  Troie ;  mais  cette  opinion  n*a  pas  de  fondement : 
Lepsias  a  parfaitement  dAnontr^  que  ces  caracttees  ne  peu- 
vent  remonter  an  del&  dft  la  fin  du  quatritoie  sitele  de 
Rome,  et  que  m6me  les  caractires  latins  sont  du  sixitoie 
sitele  de  cette  ^re,  ^st^eurs  par  cons^uent  k  ceux  du 
monument  de  Corn^us  Scipion.  Ce  savant  dtoontre,  de 
phis,  que  Tordre  en  a  ^t4  Interverti.       P.  de  Golb^ry. 

EULALIUS,  antipape.  Yoyei  Bomr ace  V\ 

EDLENSPIEGEL  (Ttll),  le  typede  tons  lesboufTons 
modenies,naqulta  Kneitlingen,  vfllagedu  pays  de  Brunswick. 
Son  p^  s'appelait  Clous  Eoleiispieccl  et  sa  m^  Anna 
Wodbeck.  De  bonne  beare,  U  courutlea  grandes  routes,  no* 
tamment  celles  de  la  basse  Saxe  et  de  la  Westphalie ,  pour 
jooer  de  boos  tours  k  toos  ceux  qu'll  rencontrait  Ces  fsrces 
sont  raoontte  dans  un  livre  qui  porte  son  nom,  et  dont  la 
papolarili  est  restte  giandeen  Allemagne.  S1I  Ikut  s*en  rap- 
porter  k  one  inscriptioii  qui  se  trouve  sur  un  tombeau  dans  le 
dmetite  de  Mcelln,  village  voisin  de  Lubeck,  Tyll  Eulenspie. 
gel  y  serait  mort  ety  aurait  ^  enterr^,  en  1350.  Le  temps  a 
cffoc^  llnscription,  mais  on  peut  voir  fort  disUncteroent  sculo- 

DC  LA  OOKTEBS.  —  T.   IX. 


tte  sor  la  pierre  tomnlaire  qoi  sobsiste  encore  aujovrd'hui 
une  cbouette  (en  allemand  £uUn )  et  un  miroir  (Sptegel ), 
r6bus  facile  k  comprendre.  Maiscomme  on  aaussi  trouvd  a 
Damme,  en  Belgiqne,  one  pierre  tumnlaire  portent  le  nom 
d'Eulenapiegel  et  indiquant  Tannte  1301  comma  celle'de  sa 
mort,  on  s^esl  em  en  droit  d'en  infter  qoe  Tyll  Eolenspie- 
gel  dUdtonpersonnage  fietif.  II  est  cependant  plus  vralsem- 
blable  que  cea  deox  pierrea  tnmolaires  se  rapportent  k  deox 
individos  difKfirents,  mais  ayantport^  le  mtaie  nom ,  et  doni 
run,  le  ptee,  serait  mortk  Damme,  et  Taatre,  le  fils,  ^  Moelbid 
Ce  ne  fut,  aind  quale  dlt  le  livre  popolaire,  qu'aprte  la 
mort  d'EuIensplegel  qo*on  songsa  k  rtenir  les  rteits  de  sea 
diffidrentes  forces  et  malicea;  et  il  est  avM  qu*ils  ftirent 
d*abord  Merits  en  plat  allemand.  Le  moine  firanciscain  Thomaa 
Mumer  les  tradutell  en  baut  allemand,  el  c^eat  cette  premitoe 
version  qui  servit  aux  anciennes  Mitiona  ALites  en  bant  al- 
lemand. Dans  les  Mitions  post^rieores,  il  font  distingner 
celles  qui  out  M  faites  au  point  de  vue  protestant  de  oellea 
qui  out  one  tendance  catbollque.  La  plus  ancienne  Mitlon 
imprim^  que  Ton  connaisse  est  celle  de  Strasboorg  (lfti9, 
in-4*^),  en  bant  allemand.  Lea  critiques  n*ont  pas  seiilement 
attaqu^  la  valeur  estbMquede  eel  oovrage,  Us  en  out  encore 
surtout  signal^  les  tendances  immorales.  A  dire  vrai ,  on  y 
trouve  trop  souvent  des  gravelures;  maia  la  faute  en  est  au 
sitele  od  le  livre  fut  ^rit.  Quo!  qu*il  en  soit,  ce  reeueil  de 
fac6Ues  et  de  tours  plaisants  est  rest^  pendant  des  siteles  no 
des  livres  favoris  des  Allemands  et  de  bien  d'autres  natlona 
encore.  II  a  en  efTet  M  tradult,  imit^ ,  arrange  cent  fois , 
et  ]usque  dans  ces  demiers  temps,  en  langue  bolitoie,  en  po- 
lonais,  en  italien,  en  anglais  (comma  if iroc/e-ptoy ) ,  en 
bollandais ,  en  danoia,  en  fran^ais,  en  latin. 

Quelques  savants  out  imaging  que  ce  nom  d*EuiensfHegel 
n*est  que  le  mot  fhoi^  etpHgle  germanis^ ;  nous  rappor- 
tons  cette  hypothte  telle  quelle,  en  nous  contentant  d*a- 
/outer  qu*il  existe  unogravure,  fort  rare,  de  Lucas  de  Leyde 
ayant  poor  litre  rSsj^igle^  et  repr^sentant  le  personifaga 
si  popolaire  encore  an  temps  o6  vivait  cet  artiste. 

EULER  (Leonard),  Tun  dea  plus  c^bres  gtemMree 
du  dix-huttitoie  sitele,  naquit  k  B41e,  le  1&  avrii  1707.  Paul 
EoLEB,  son  p^  6tait  ministre  du  cults  protestant  k  Rei- 
cben,  prto  de  BAle,  et  il  le  destinait  k  lui  soccMer  un  Jour. 
Les  mathtoatiques  fivent  raises  en  premiere  ligne  dans 
ses  ^udes,  snivant  les  conseils  du  gtemifttre  Jacquea  Ber- 
noulli, dont  Paul  Euler  avail  4iA  disdple.  Cependant  lea 
autres  etudes  ne  furent  pasn^ig^,  et  Lfonard  tnt  promp- 
tement  en  6tat  de  paraltre  avec  distinction  k  runivenitA  de 
Blile,  od  son  p^re I'envoya,  et  od  Jean  Bernoulli  oocupait 
alors  la  chaire  de  matbtoiatiques.  Dte  quHl  eut  obtenu  le 
dipl6me  de  maltre  te  arts,  un  ordre  formel  lui  enjoignit  de 
renoncer  aux  matb^matiques,  etdeselivrer  exclusivenient 
k  r^tode  de  la  tb^ologie.  Le  jeune  Euler,  d^sesp6r6,  se  mit 
sous  la  protection  de  Jean  BetnouUi,qui  fit  changer  les  dis- 
positions du  pasteur  de  Reiclien.  Le  p^e  d'Euler  n'eut  pas 
a  se  repentir  de  sa  oondescendance,  car  son  fils  se  diatin- 
gua  bientdt  dans  la  carri^re  des  sciences  matli^matiques : 
il  atteignalt  k  peine  Vkgt  de  dix-neuf  ans  lorsque  TAca- 
demie  des  Sdencea  de  Paris  lui  dtoroa  Toccesfit  dans  un 
conoours  sur  la  mMure  des  vaisseaux,  question  qui  semblatt 
hors  de  la  p'  /tte  d'un  jeune  Suisse  confin6  depuis  sa  nais- 
sance  dans  un  pays  oil  rien  n*ofire  Timage  d'un  vaisseau. 

Quoique  lojeone  gfom^re  ^r€Krki  les  mathtoiatiques  k 
toutes  les  autres  divisions  des  connaissances  liumaines,  il 
n*en  avait  n^iigd  aucune.  Ses  professeurs  et  ses  amis  Ten- 
gag^rent  k  se  mettre  sur  les  rangs  pour  une  chaire  dans 
runiversit^  de  BAle ;  mais  cette  r^publique  avait  cbaig6  le 
sort  de  la  distribution  de  tons  les  emplois  et  de  loutes  les 
fbnctions,  et  cette  aveugle  puissance  ne  fut  point  favorable 
an  jeune  talent  ni  k  Ttelat  dont  il  ^ail  environn^.  Dte  lors 
Lfonard  Euler  perdit  I'espoir  detrouverpromptementdank  sa 
patrie  les  moyens  de  faire  un  usage  profitable  de  son  vaste  sa- 
votr.  Ses  deux  amis,  Daniel  et  Nicolas  Bernoulli ,  etaient 
alors  k  Saint-P^ersbourg,  oil  Caflierine  1*'*  les  avait  appelc>, 


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EDLBB 


.♦.'( 


loiifM,  pour  te  oonfonner  am  fUMilti^PtemloGciMid, 
ellt  londa  racadtaiie  de  calte  ^apttnkL.rj^  te  ^^punat  da 
leor  jmine  ami^  oes  denx.  gifovi^tiifld.  li»i.«iYMei^  proroU  de 
le  toire  Tenir  aaprte  ^en%  uutMi  Vi^  .pouiraient  le 
plifier  coDTenablflinciil;  Oi  iiprqiit  pmle*  IMmti  fiuler 
qidtta  done  sa  pi^trie^  ^v'U  na.dt'vailpluatrevoir;  mais 
ayant  son  aniite  i  SainW^^t^i^abouiig,  Nicolaa,  Berni^ulU 
elalt  mort,  at  nmp^ratrice  Gatlierioe  l'^  Dl^tait  plws  <  on 
WNiraaa  v^a,  baauaoup  jnoiiia  iavorabla  .aii«  scieooes, 
a? ait  aomuieiia^^  Oapendant,  la  Jcnoa  gf&oai^  fut  retanu 
par  Mil  ami  DaiiaL  BarnouUi, Jii|qo*|^  ca.qua  das.  dro^iia- 
taocas  pins  propiaaa»  M  qiu  na  paraiiMient  pas  ir^s^lafgn^M, 
permissaiit  da  la  mottra.^  U  pli^ioa-qoi  M  QoaTaoaU.  Mais 
I'aspoir  das  danK  amis  fut  tiomp^  ;  Ji'Aaad^mia  fut  ai^ios^ 
k  ia  Tiolaoca  d*ai  oiaga  qui  maoa^a  son  axistaoca,  ancora 
maL  alfarmia.  L'amfeat  rusia  oKnlk  Eolar.ua  amploi  dans 
la  marina,  sat  la  Jaona  iMnrnna  Taaaapta  avaa  raoonnais- 
sanca  i  II  tofatt  diina  las:  acQupatloai  da  mariarooaasion  da 
se  livfar  k  da  aoutaUai  reabarcbas  nir  (as  sdmpas  nsTales. 
BnQn,  las  saunta  da  Baint^  P^tanbaoif  poreDt  aa  ras- 
/surar;  l*AGa4Marfaprit  lacoun  da  eas.tra¥aox,  at  Uo- 
nafd  Enlar  y  Ait  abamui  da  la.cbaira  da  pbysiqaa.  Pau  da 
temps  apiteaatbanieiu.  cbaDgamantt  Paoial  KarooDlli  ob- 
lint aa qn'il aTaifaltaass^da d^rer,  ana  cbaua k INinlTar* 
siCd  da  BAla  at  la  pamissioii  da  ratouniar  dans  sa  patria; 
Eular  M  mdMmu  Jooissant  alara  da  Talsanca  k  laqueUa 
sas  Tceat  ftrait  loidaars  tam^  il  ^'oiisa  M""  Gsall  *  fiUa 
d'un  paintra  bilals  qoa  Piaita  la  Grand  avait  amanii  an 
Roiaia;  il  enit  alors.davolr  conMd^rar  ca  pajs  comma  una 
nouTalla«palria,  at  ae  floamit  avae  r^sifDaUon  auxinaoiiT6- 
niants  d*an  r^me  deBpo(lqna»  souTent  capricfaax,  d^^ 
ntent  qualqoafois  an  dura  lyrapnia.  Lsf  acaclAniclans 
da  Saint-Pdtersboarg  na  parent  sa  pr^aanrar  da  calla  da 
Biran,  dont  catta  capitala  consar^ara  longtamps  la  sou- 
fanir.  HanmnaamaDtpoof  EiUar,  Fr6dMs  II  .Toolot  mattra 
Paaadteiia  da  fiaiUa  an  niyeaoi  das  sqeidMs  savantas  les 
plus  c61^bras;  il  *bit  faltait  .qoalqiias  ^vants  d^ina  bauta 
rcwNBiada.  Eolar  Ait  la.  sujet  d'una  n^goaiatioa  antra  U 
Proflsa  at  U  Rumiai  at  l*iilustra  gteai^tra  obkiat  an  eongd 
afac  U  oansarfation  d*une  partia  da  las  appoiniaments;  il 
tni  Alt  parmisdaaanndnkllariinnTao  sa  lamiUa.  Arri- 
ve dans  aatta  nouTallar^stdanoai  an  1741  »il  fot  mand^  par 
la  T«faia-m^  t^te^mpressiSa  da  feua  aonnaissanca  avac 
on  bommaillnatsd fiar  las  saiancani Darant  un  assas  long 
antretien,  la  gfomttra  na  rdpondit  qoa  par  monosyllabas; 
«  MmM,  monsieor  Baler,  poarqaoi  done  na  parlSK-TOus  pas? 
dit  la  refaia  aaaa  un  ton  affaetoeux*  ^  Bladamai  c'ast  qoa  ja 
▼lens  d*un  pays  ad  qnand  on  parla  en  ast  panda.  » 

Laa^onr  dealer  an  Pnissa  sa  proiongea  Josqu'an  1766; 
las  pins  grands  trsTaux  de  ruiustra  g^omMre  remplirent 
eat  faitervalla  da  Yingt-dnq  ans,  et  fixaot  >ina  das  dpoqnas 
las  pins  brillantas  dana  l^histoira  das  sdanoas  matbtoia- 
tlqaaa.  Tandls  qua  Tanalyae  alg^riqoa  at  sas  nombreusas 
appKeations  s^anriabissaiant  at  sa  parfactionnaient  da  joar 
an  Jonr,  lea  premieres  dtodas  da  la  scianca  dtalant  randues 
ploa  Mlaa  par  d*axoallants  ouyrages  ^mantairas.  l<ag^nia 
das  matlitaialiqaas  na  dddaignait  pM  da  Tenir  an  sacours 
daa  eommenfants^  de  guidar  laurs  praroiers  pas  dans  la 
carri^re,  da  laur  montrer  at  da  preparer  las  voias  qui  pour- 
raient  les aonduire  nn  Jour  ani  dteouvertas.  Oo  portals sapt- 
cants  le  nambra  da  sas  m^moires,  dont  one  partia,  rast^ 
ioMita  k  sa  mort,  alimentait  enoora  au  commancemant  da 
ca  sitela  las  pobUaations  amiuallas  da  PAcad^mia  de  Saint- 
P^tsfsboarg.  La  catalogue  de  sas  oeovres  compose  un  cabiar 
da  hi  pages  iih4*.  Gitons  seulamant  Meehanica  ancUfftka 
(  Paarsbouiig,  1736,  6  vol.  in*4'>);  MetlUyfui  invenUndi 
itneas  €mva$  (  Lausanne,  1744,  in-4*)}  rAaorki  Moius 
PUmetanm  ei  Comeiamm  (Berlfai,  1744,  fai-a«);  Seian^ta 
NamUU  ( Paarsbourg,  1749,  2  vol.  hi-4*  ) ;  InMiUuliones 
Calculi  difJtrentialU  ( I7&5, 2  vol.  in-4'' ;  oouyalle  Mition, 
P<$(arNlKiurg,  1604 ) ;  fn$tUuiianes  Calculi  inlegralii  ( P^- 
lersboura,  1770, 3  toI.  in-4* );  Diopirico  ( I'^larskuriu  I77l» 


aiwi  iba-4?J«  etc.  &i  un  mot,  on  compta  diins  les  tofti 
d'Eular  |^tis,da,tranie  traii^^  sp^laoi,  tap'  sur  las  uttflid* 
matiqpas' pores  ^qne  sur  les  kpplicatloiis  da  ccn'  sdeiieas  aux 
arts  qu'dles  peuvant  ^Irar ;  il  y  comprenait  la '  ibtcii<^ , 
art  qu'il  abnaii  et  cultivait,  et  poor  laquel'la'gtillla  daH  io*- 
th^matiques  paraK  avoir  beaucoup  aesyiiii^tUa.'Ajdnloitt 
qua  la  plo^  graqde  parfie  de  ces  ouvrages  ast  Mta  an  ca« 
ract^ras  als^briqaes ,  signes  dont  aucuin  'idi6ma  na  pent 
attaindre  la  concision.  Tous  ces  ^ifts  sont  poor  les  saYabts^' 
k  L'excaption  dhin  seal,  qiie'fau|ebr/'a  mis^k  la  poi16a  dies 
gens  du  moode;,ce  sont  las  LtUres  ^  um  prikeesse  ^Atf- 
lemagne  (la  piliioe88ad'AnhaIt-I>es8au),nirdlr«rxer^>K^- 
^loai  (Tcjilronamie  ei  de  fhysiq}ne[  P^tersboaiig,  1773. 
3  yol.  in-6%,an  fran^ ), 

Capandapi,  J^ler  n*a?ait  pu  consacrer  loot  Son  tiempa 
aux  scioices  qu'il  sanrait  si  biea  :  FrM4ric  damandait 
quelque&iis  k  ses  acad^nuciens  autre  chose  ^taa  das  ^iSrils, 
et  le  baot  savoir  du  g6omMra  foomit  sa  pan  de  edntriim- 
tion  aux  travaux  publics  do  royadma.  Eojer  n'attt  pu  fsotAtt 
k  des  traraux  si  multiplies  et  si  divers,  si'  sa  taMft^oSra'na 
I'aOt  pulssamment  second^,  en  apportant  fid^emenl'et  tota- 
Joors  k  tamps  las  matiriaux  que'  son  gdnid  metti^t  an 
oeum.  jamais  peut-^tre  cette  pr^euse  fiiculf^  ne  sa'montra 
plus  ^tonnanta  at  surtotit  plus  univarsalla  qua  (fims  cat 
bomma,  s|  richfmant  dot^  par  la  nature  :  en  matb^atl- 
quas,  ella  s'^tait  cbarg^  des  formules  alg^briques  las  pibs 
long0es;et  1^  plus  compliquto,  et  les  reproduisatt  sur-ta- 
cbamp  STac  una  admirable  pr^ision.  D^Alemboi  Inl-mliaaa, 
jlpnt  ,1^  citations  toujours  eiactas'en  histoire  ^  en'litt^ra- 
tiire  ^urprapalant  si  fi^emment  sas  conft^res  des  deux 
Af#c^mias da  Paris,  na  put  croira  aqx  prbdiges  de  la  md- 
moire  matli^matique  d^Euler  qu^apr^  les  avoir  vus^u- 
sieurs  (ois  4urant  un  s^onr  qu1L  fit  A  BefUn.  A  c^t^  da  cat 
imn^ansa  racuail  defprmules  alg^riqiies,  las  ciirieox  pou- 
vaiant  provoqpiar  rexhibition  do  potoe  entier  de  T^nMfi, 
car  Euler  le  savait-  par  cmur,  et  n*en  oublia  Jamais  on  saul 
vers.  Ilava|t  m^a  retanu  ca  qui  poovaii  ^re  oobli^.sant 
faiconT^niant  ni  regret,  Tordra  da'  pagmaiion  du  livra  od  fl 
a^ait  lu  petta  cn^vra  da  Vir^Ja,  at  na  sa  troinpait  Jamais  an 
citant  lapremiftr  .at  Je  dernier  vers  de  cba[que  pageu  Tons 
les  autnH  fruits  da  sas  etudes  litt^a(res  n*i$taiettt  pas  moins 
bian  oo^ser^^  qu^  VSnMe  dans  catta  IBta  debt  la  capa- 
city tout  antifere  semblait  envahfe  par  les  m^th^matiques. 
.  £n  1 760,, Eular  pardit  son  p^re,  atsani^'  vintaupris 
da  lui ;  il  4tait  alors  lui-m6ma  p^  d\ma  IjimUla  asses  noih- 
breosa,  et  son  fib  aJn<  commen^it  ^  jT^isar  las  esp^» 
ranees  que  ses  disposilSons,  tr^prteoces,  avaient  fait  oonca- 
voir.  En  1760  catta  IkmiUa  si  intdrassanta  dpouva  qualqu^ 
partes  qui  Airant  promptaroant  r6parto,  at  qui  maniles- 
t^rent  bi  vdndration  dont  son  cbef  ^tait  environnl$,  at  res- 
ume qu^il  avait  mspirfe  ^  toute  rEnropa,  La  Russia  at  la 
Prussa  ^talent  an  guerre ;  una  arm^  nissa  avail  pdn^tri  dana 
lamarcha  de  Brandebourg.  Une  m^talrie  qu'Euler  poss^- 
dait  prto  de  Charlottamboug  fut  pill^e  et  d^vast^;  mais 
dte  qua  la  gtotel  russa  TotUeben  en  fut  mformd ,  il  s^atn- 
pressa  da  ibica  r^parer  tous  les  dommages,  et  en  remlit 
compte  II  rUnp^ratrica  ]£llsabatb,  qui  fit  ajouter  4,000  (To- 
rins  k  rindamnlt^  fix^  par  la  gto^aL  EnAn,  en  1766,  Eu- 
ler fut  rappaie  an  Russia,  et  obtint,  quoiqua  diOicileraent , 
la  parroissian  d*y  ratournais  avec  sa  famiUa^  k  raxoeptioii 
du  troisitaa  da  ses  fils,  qui  dtait  alors  au  servica  da  la 
Prussa.  Mais  la  climat  da  Saint- Pdtarsbourg  ne  lui  fut  point 
favorable  :*aprte  quelque  temps  de  s^jour  dans  cetta  ville, 
roMl  qui  lui  rasUit  s'anUhlit  tallament,  qu^' ' '  rMult  k  n'a- 
percevojr  que  les  grands  caract&res  trao^  an  blanc  sur  une 
plancha noire;  il  avait  perdu  Tautra  oeil  an  1735,  li  la  suite 
d*iina  maladie  causde  par  an  excte  de  travail,  ^  dont  les 
ciroonstancas  na  doivant  pas  61ra  omisas.  Ayant  pari<i  quit 
tannlnarait  an  mobis  da  trois  Jours  das  calculs  qui  cofi- 
taient  aox  astronomes  plus  dUin  niois  da  travail  constant , 
il  se  mit  II  IVuvre,  et  vinl  k  bout  da  sa  I6mdraira  entre- 
111  iiM,  mais  auxd^pans  dc  sa  $antd,  en  exposant  sa  vie,  el 


feULER  — 

ee  Alt  en  fle'rdaiit  tin  oeit  qu^d'^a(na  son  p^ri.  torsqii')!  ' 
Ibt  Molt  k  im  ^t  de  eixM6  pres^tie  totale,  fo  besofn  fbt  j 
tran^r,^  'd^^r^jdi^er  des  oumgei  et'des  m^oires  de  ; 
maditeiatimitt  oil  I\A  pas  moiiid  imp^iieinL';  mate  les  se- 
coon  vtkiratlc^'iboteBj^Hto  vi^l^phtt  af^ 

'WtkAa  f^jBtW^e'm  '^^^,  jeunes  gens  bfto  dignes  de  ftes 
Mint,  el  dont' plosieurt  lui  forent  associ^  comme  membres 
de  raeadteie  et  prbfesseors  ^ , 

En  1771  la  raaiflon  d'Euler  ,ftit  atteinte  par  les  flammes, 
ipd  r&teteirail  en  cendres  une  partie  de  Salnt-P^tersbourg ; 
nnosire'  acad^fden  ^tait  alors  retena.  daois  son  Ht  par 
une  mdadie  assez  grate.  Un  de  ses  .compatriotes ,  Pierre . 
Grinmii'BilaU'iftabUdepais  quelqnes  inndea'dans  le  mdnie 
qiiartierj  accburt  en  tonte  ^Ate,  sans  songer  aii  pdill  qui 
incDaee  sa  propire  deitoenre,  charge  sur  ses  ^paules  Je  vieil- 
Urd  ateugle  ^  malade,  et  ne  pense  h  ce  qui  l^lnt^resse  lui- 
nftne  qn*aprii  avoir  mis  en  sAretd  son  prdcient  fardeau. 
Le  eomte  Orloffa  gonyemeor  de  la  Title,  parrint  2i  sauver 
Isi  manoserits  ^uler ;  mais  la  blbtioth^e  et  la  maison 
■e  purent  dtre  pr^rvM.  La  munificence  de  Catherine  la 
Orude  r^para  cette  double  perte.  La  maison  4ta!t  un  prd- 
aeit  de  cette  souveraiise ;  elte  favait  fiiit  disposer  avec  une 
iknable  recherche  pour  receroir  le  gdomMre  et  sa  fiunille 
k  knr  arrirde  dans  la  capitale,  en  1766.  Apr^  cet  4v6ne- 
nienl,U  Tie  d'Eoler  reprit  son  cours  paisible.  Le  7  sep- 
tembre  1763,  Eoler  aTait  calculi  pendant  la  mating  la  Ti- 
tesse  d'ascension  d*un  ar^rostat ;  en  dlnant,  il  atait  expose, 
aree  la  dart6  et  la  precision  qui  caractdriseni  tous  ses  ou- 
Trages,  la  m^liode  et  les  dqnnto  dd  calcol  de  IVbite 
dHJranos;  aprte  le  repas,  il  se  liTra  ^  ses  exerdces  accon- 
tnmis  snr  des  questions  de  calcul  avec  son  petit-fils ;  au 
mOieu  de  cet  aniuseroent  plein  de  channes  pour  fun  ell*autre, 
k  Tfeillard  laissa  tomtier  sa  pipe...,  II  n*^t  pins. 

Parini  les  s^rrices  dont  les  sciences  matbdmatiqaes  sont 
rederabtes  k  Eoler,  il  en  est  un  que  les  Fran^  n'ont  pas 
so  eoQserrer,  c'est  la  direction  donnte  k  Tenseignement. 
La  mobility  de  notre  caract^e  se  fiiit  renutrquer  dans  les 
choies  les  plus  sdrienses  anssi  bien  que  dans  la  ftiUHt^  de 
not  modes.  D'exceQents  ouvrages  ^dmentaires  tombent  m 
dtettode,  et  des  productions  m^ocres  les  remplacent, 
parceqn'ellea  ont  le  mdrite  de  parattre  nonTelles :  c^est  ainsi 
que  nocis  sammes  faits;  le  mal  est  peot-6tre  sans  remade. 

Eoler  eut  treize  enfants.  Trois  de  ses  fils  h^rit^nt  d^une 
paitie  de  son  toiinente  aptitude  pour  les  mathtoatiqiies. 
On  aatore  que  ses  autres  enfants  ne  furent  pas  moins  Mea 
pntag6t  k  cet  ^ard,  sans  en  excepter  celles  de  ses  buit  llUee 
qui  purent  6tre  mises  k  riSpreuTe. 

tijLER  (Jean- Albert),  fils  ataid  du  prMdent,  mardM 
de  bonne  heure  sor  les  traces  de  son  p^re;  il  naqoit  k  Saint« 
P^tersbourg,  le  27  novembre  1754,  mais  ce  fut  k  Beilin  que 
let  6tudes  math^matiques  purent  commencer.  Ses  progrte 
forent  si  rapides  quVant'sa  Tiugtlime  anndeil  dtait  membra 
de  PAcad^mle  de  cette  Tille,  et  pljisieurs  socidtds  saranfes 
aTslent  public  les  mdmoires  qu^l  lear  aTait  adressds.  En 
176),  rAcaddmie  des  Sciences  de  Paris  ayant  mis  an  con-> 
coors  la  question  de  t  arriroage  des  Taisseaox,  le  prix  fut 
pailag^  oitre  J.-A.  Euler  et  Bossut.  En  1766,  tonte  la  fa* 
mille  d'Euler  ayant  quitt^  la  Pfusse  pour  retoumer  en  Russle, 
k  PexcepUoo  de  (^hrUtophe^  qui  futretenu  par  PrMMc  II, 
Jean-/llhert  fut  nomm^  professeur  de  physique  k  PAcadtoie 
'  de  Saint-P^tersbourg,  dont  il  ^itm^nbredepuis  plnaieurs 
ann^.  Denx  ans  aprte,  ce  fiit  aTec  son  p^re  qu*ii  partagea 
la  ooaronne  d^oern^  par  TAcad^mie  de  Paris  au  mdUeur 
mtaioire  sur  la  th6orie  de  la  lune.  En  1772,  la  m6nie  ques-» 
tioB  lyant  4Xk  remise  au  concoors,  deux  athletes  seoJement 
entr^reit  dans  la  lice,  mais  c^^taient  Lt^nard  Euler  et  La-* 
grange;  /ean- Albert  se  cbargeadu  rdle  pleux  et  pdnible  de 
iiire  les  calculsque  son  p6re,deTenuaTeugte,  n*eQt  po  termi-' 
ner  atMiprompteaient.  Lorique  ce  Tintable  p^re  fbt  enleT^ 
aox  sciences  el  anx  socidte  saTsntes,  son  fils  aInA  (ht  nni- 
▼crseUemeat  d^slcn^  nour  le  remplacer.  Sa  carri^  ne  int 


EULOGE  >47 

pas  aussi  prolong^  que  celle  de  son  p^,  car  11  mourut 
^vant  la  fin  de^  sa  solxante-sixiime  ann^^  le  6  septem- 
bre  1600. 

EULER  (Charles),  Afire  cadet  dn  prk^ent,  naquit  k 
Saint* P^tersbourgi  en.  1740,  el,  comme  son  atn6;  11  achcTa 
ses  etudes  k  Berlin.  Qudiqu^U  efit  iaK  des  progi^  trto^emar- 
qnables  dans  les  sciences  matfai^matiqnesy  U  le  Toua  plup 
sp^alen^ent  k  Phistoire  natnrelle  et  ii  la  m^ecine,  non 
sans  leur  (aire  de  temps  en  temps  di^el^oes  infid^tte,  en- 
traln^  par  des  cbarmes  auxqui^ls  son  )p^  h^'avait  pas  su  r^- 
sister.  Mais  11  fallalt  dioiair  un  itat ;'  il  fbt  m6decin.  Le 
ieune  homme  n^aTait  pas  encore  fait  PdpreuTe  de  ses  ibroes 
centre  celles  de  la  tentation :  en  1 760,  TAcad^mie  des  Sciences 
de  Paris  proposa  U  question  de  la  Constance  du  mouTement 
moyen  des  plan^tes,  ou  des  causes  qui  pourralent  le  faire 
Tarier  \  Charles  Euler  fut  un  des  concurrents,  et  il  remporta 
le  prix.  Le  Jeune  Charles  Eoler  n*eut  pas  longtempa  la  per- 
uisaioA  de  cultiTer  k  la  fpis  la  science  d^ArchlmMe  et  celle 
d^Hippocrate;  II  accompagna  son  pire  en  Rusaie,  oi  le  litre 
de  m^ecin  de  la  cour  et  de  UAcadfimie,  les  fonctlons  de 
consenier  des  eoll^ges  du  gouvemement  et  let  missions  par- 
Ucottires  dont  il  fut  charge  absorb^rent  tout  sdn  temps.  Les 
grands  ^6iements  de  la  fin  du  dii-hulli^ihe  sitele  Tontfiiit 
perdre  de  Tue;  on  ignore  T^poque  de  sa  meirt. 

EULER  (CniiisfoMB),  troisi^me  fils  da  grand  gtomMre, 
iaaqidt  k  Berlin,  en  1743,  et  re^nt  dans  la  maison  patemelle 
preeque  tonte  Pinstruction  dont  ii  avail  besoin  dans  la  car- 
riire  k  laquelle  il  se  consacra,  celle  deTartiilerie  et  du  g^iie 
militaire.  Lorsqoe  son  p^re  quitta  Berlin  poor  retoorner  en 
Russie,  Fr£d6ric,  ne  Toulant  pas  perdre  un  excellent  oMcier 
d^artilterie,  retint  Christophe  Euler,  qui  ne  put  obtenir  son 
eoog^  que  sur  les  Instantes  demandes  de  Catherine  11.  En 
arrivant  auprto  de  sa  nouvelle  souTcraine,  le  jeune  Euler 
trouTa  beaucbup  plus  quMl  n^aTait  quilts  :  son  aTanceflMnt 
tax  rapide,  et  la  direction  de  la  manufacture  dVmes  de  Sis- 
terbecli  lui  fiit  confine.  L^offlcier  d^artillerie  ne  se  bomait  pas 
aux  attributions  de  son  emplol;  il  ^tait  astronome,  et  fut 
charge  d'allerobserTer,  dans  la  Russie  m^ridionale,  le  pas- 
sage de  V^nus  sur  le  soleil,  en  1769.  II  profita  de  cette  mis- 
sion pour  determiner  avec  plus  d'exactitude  diTcrs  points  de 
la  carte  de  Russie  sur  lesquels  on  n'avalt  point  de  donnte 
asset  prtelses.  Depuis  cette  ^poque  }usqu*&  celle  de  la  r^To- 
lution  fran^aise,  il  n*eut  pasde  nooTcUe  occasion  d*6tre  utile 
aux  sciences,  et  bientdt  on  neparla  plus  que  de  guerre; les 
lettreset  les  sciences  furent  euTelopp^  d'on  noage,  ainsi 
que  ceux  qui  les  cultiTaient.  On  ignore  en  quel  temps  Chris- 
toplie  Euler  termhia  sa  calrrito,  et  cela  par  les  m6mes  causes 
qui  ont  plough  dans  roubll  let  deml^res  annto  de  son  trtee 
lem^ecin.  '    Febrt. 

EULOGE  (Saint),  martyr  au  neuTi^me  si^de,  issu  du 
plus' noble  sang  espagnol,  naqnSt  k  Cordooe,  d*QnefamiUe 
clir^tienne,  qui  sans  doute  changea  son  nom  castillan  en  celui 
d*Eulogos,  nom  grec  qui  signifie  Eloquent.  II  T^ut  sous  la 
domination  d^AMerrliaman  HI,  huititow  khalife  ommiade 
d^Espagne.  Sons  son  pouvoir  tolerant  florissaient  cOte  k  cOte 
I'^lise  et  la  mosqu^,  lorsque  soodain  one  horrible  perse- 
cution souilla  du  sang  chr6t]en  ime  domination  nagufere  si 
douce.  Cette  persecution  eut  cela  de  particulier,  que  ce  fut 
un  evAqae  d'Andalousie ,  miserable  k  demi  chr6tien ,  k  demi 
apostat,  du  nom  de  RecafrMe,  metropolitain  de  Greoade 
selon  les  nns,  de  Seville  selon  d'autres ,  qui  en  fut  le  prin- 
cipal Instrument.  Pour  plaire  k  Abderrhaman ,  il  fit  jeier 
en  prison  r^Tfique  de  Cordone,  et  aTec  lul  bon  nombre  de 
pretres,  parmi  lesquels  se  rejouissait  d*6tre  Euloge,  qu*une 
ardeur  brfilante  de  prosdytismeemportait  centre  la  croyance 
musnimane ;  et  cependant,  le  concile  tenu  k  Cordone  aTait  d^ 
tbndu  k  tout  Chretien  dese  liTrer  soi-m6me.  Toutefols,  Euloge 
et  ses  compagnons  (\irent  relaxes  aprte  six  Jonn  aenleraentde 
eaptiTitd.  Denx  Tierges,  Flore  et  Marie,  Tenalent  du  miliec 
des  iupplices  d*entrer  dans  la  palx  des  saints;  ]usqu*au 
dernier  moment,  Euloge  n*aTait  eease  de  fortifier  leur  Am« 
par  ^  ses  exhortations 


148 

Sur  set  entreMlMt  le  iMge  ardri-^lieopa)  de  TolMe 
Tint  k  Ttquer,  par  la  mort  de  son  pi^tat  Wlstreniir;  alon 
M  toorndrent  vera  Euloge  tous  lee  regards  do  cleig6.  An 
mtoie  temps  k  Cordoue  Tlvait  one  Tierge  chr^tienne  do 
noni  de  L^ocritie,  de  Liicrtee  selon  plnsieors.  N^  dans  la 
foi  dii  Koran,  elle  Tavait,  dte  Tige  le  plus  tendre,  abjurfe  poor 
r£vaiigile,  convertie,  a  Tinsu  do  son  p^re  et  de  sa  m^,  par 
uiieiiiirenle  d'Euioge,  du  nom  de  LIUose,  ou  Liliose.  Bientdt 
elle  quilta  le  toil  paternel,  pour  acceptor  on  asile  dans  one 
famine  clir^tienne,  aroie  d'Culoge,  od  elle  se  Unt  cadite. 
0e  \k  Pindigoation  des  musulmans,  de  lA  la  colore  du  p^ 
et  de  la  m^re,  amirement  m^6e  k  leur  dooleor.  Ceox-ci 
soUicit^rent  des  magistrats  que  Ton  proo^dAt  k  one  enqo^le. 
Sa  retrajte  lot  d<icouTerte;  Lfocritie  et  Euloge  y  forent  sai- 
siSy  puis  jetfo  cliacun  dans  un  cacliot,  d*oii  on  ne  les  tirait 
que  pour  leur  faire  subir  les  plus  cruelles  tortures  :  on  ne 
lenr  demandalt  que  d'abjorer.  Le  pi^tre  et  la  vierge  demen- 
lArent  in^branlables.  Euloge  fUt  conduit  an  supplloe;  sa  t£te 
tomba  le  11  mars  859.  Quatre  Joure  aprte,  devant  la  foule 
musulmane,  an  mtoie  lieu,  les  yeux  levte  an  del,  Ltocritie 
offrait  son  oou  virginal  au  cimeterre  du  bourreau.  L'ez^ 
coteur  vendit  aux  cbr^tiens  la  t£te  d*Euloge ;  ils  la  mirent 
dans  le  linoeul  avec  son  corps,  qu'ils  inbuniirent  en  T^se 
de  Saint-Zoile.  Celle  du  saint  martyr  Gente  re^t  les  san- 
glantes  reliques  de  L^ocritie ;  depuis ,  on  les  transfi^a  k 
Oviedo,  en  mtoie  temps  que  le  corps  d*Euloge,  le  9  Janvier 
883.  En  1300  les  reliques  de  ce  dernier  furentd^poste  k 
Camara-Santa.  Les  martyrologes  ont  fii6  la  flMe  de  ce  saint 
au  20  septembre. 

La  vie  de  saint  Euloge  a  ^  ^rite  par  Alvarus,  son  com- 
pignon  d*en[knce  et  son  ami.  Nous  devons  k  Alexandre 
Moralto  rimpression  des  ceuvres  de  go  saint ;  elles  consis- 
tent en  une  Exhortation  au  Mariyre ,  adresste  de  sa 
prison  k  Flore  et  Marie ,  un  Memoriale  sanctorum  ( Me- 
morial des  saints)  et  une  Apologie  pour  U$  Martfprsk 
VBispania  ilttutrata  et  la  Bibliothique  de$  Ptres  ont 
recueilli  depuis  ces  ouvrages.  Derni-Babor. 

£UM£NE  de  CARDIE  futle  seul  des  ofQciers  d*A- 
lexandre  qui  resta  fiddle  aux  descendants  de  ce  li^os.  Fils 
d*un  Tottiirier  de  Cardie,  dans  la  Cbersonte  de  Tlirace,  il 
jooait  avec  des  jeunes  g«ns  de  son  Age,  pendant  que  Pbilippe 
traversaitcdte  ville.  Sa  belle  figure  et  son  adresse  charm^rent 
le  roi  de  MacMoine,  qui  le  prit  k  son  service,  et  Fadmit  au 
nombre  de  ses  familiers.  II  en  fit  son  secretaire,  et  apres 
la  mortdece  roi,  Eumtoe  resta  en  cette  quality  auprted'A- 
lexandre,  qu^il  suivit  danstoutes  ses  expeditions.  Sa  charge 
etait  plus  importante  que  le  titre  ne  le  feratt  supposer« 
La  preuve  en  est  dans  Testime  que  faisait  de  lui  son  mallre, 
pnlsque  aprte  s^etre  marie  avec  une  des  filles  d*Artabase  et 
avoir  donne  la  seconded  son  lieutenant  Ptoiemee,  Alexandre 
fit  epouser  la  troisi^ne  k  Eum^ne.  Une  anecdote  racontee 
par  Plutarque  attesterait  quMl  eut  une  belle  part  dans  le  pil- 
lage de  TAsie.  Au  moment  d'envoyer  Nearque  vers  les  cdtes 
de  Tocean,  Alexandre,  dont  le  tresor  etaitepuise,  fit  d&man- 
der  trois  cents  talents  k  son  secretaire.  Celui-ci  lui  en  remit 
cent,  et  prolesta  qu*il  avalt  en  de  la  peine  k  les  ramssser. 
Le  roi,  Toulant  le  convaincre  d*imposture,  fit  mettre  becre- 
tement  le  feu  ^  la  tente  d'Eumines.  II  en  resulta  Tincendie 
des  arcliives  royales ,  et  la  fusion  de  mille  talents  d'or  et 
d'argent,  appartenant  k  Tarchiviste.  Celui-d  eut  encore  une 
querelle  serieuse  avec  son  maltre  au  sujet  d*£phestlon, 
qui  etait  peut-etre  jaloux  de  son  credit;  mais  ces  nuages  ne 
tard^rent  point  k  se  dissiper,  et  plnsieors  expeditions  mili- 
taires  confiees  k  la  valenr  de  ce  secretaire- miuistre  attes- 
t^rent  k  la  fofs  et  la  favenr  dont  il  Jouissait  et  la  variete  des 
services  qn'O  etait  en  etat  de  rendre. 

A  la  mort  d'Alexandre  (an  323  avant  J.  C.)f  c^tft  par  ses 
consdls  que  la  couronne  fut  adjugee  k  Andee,  fils  de  Phi- 
lippe et  d'une  danseuse,  et  par  consequent  fr^  naturel 
d'Alexandre.  Le  jeune  fils  de  Roxane  lui  fut  associe,  et  Pe  r- 
diccaSfprincedu  sang  royal,  prit  en  main  la  tuteile  des  deux 
ruis.  Rnmine  s*attaclia  k  sa  fortune,  et  re^ut  dans  le  par- 


EtlLOGE  —  KtJMOfeNE 


taflB  dee  proviiicei  le  gtwvwnenient  de  It  Cippadooe  et  da 
la  Papblagonle,  oontrees  qoi  n'apparienaient  pobit  encore  aux 
Macedooiens;  et  pour  avoir  qneiqoe  chose  en  propre,  En- 
m^ne  etait  force  de  les  conqoerir.  En  Tan  321,  U  Tainqoit 
Crat^qni,demeaieqa'ABtipater,avattreAMe  de  reeonnaitre 
les  pouvoin  de  Perdiccaa ,  dans  one  batafile  od  Craltoe  et 
son  alUe  neoptottoie  d*Armenie  trouvdrart  la  mort  Cette 
vicioire  fut  tristement  compensee  par  la  mort  de  Perdiccas, 
qui,  repoosse  par  Ptoiemee  et  cerae  par  Antigone  et  S^leocos, 
avail  ete  massacre  par  sea  soMats. 

Antipater  recoeiilit  les  debris  de  Farmee  des  deox  rois, 
s^empara  de  la  rigBnce,  et  fit  une  noovelle  distribotion 
des  provinces.  Dans  ce  conseil  de  generanx,  an  anet 
de  proscription  fut  lance  centre  Eum^ne  et  les  chefs  qoi 
suivaient  ses  bannl^res.  Antigone,  charge  par  Antipater 
de  le  combatre,  reossit^  detacher  de  Ini  la  plus  grande  partie 
de  ses  troupes ,  mais  ecboua  dans  ses  eTTorts  pour  s*emparer 
de  Nora,  forteresse  situee  sur  les  confins  de  la  Cappadoce  et 
de  laLycaonie,  od  Eumtoe  s*etait  vo  force  de  se  refugier 
et  d'oii  il  repoussa  courageusement  pendant  toute  une  annee 
les  attaques  de  son  ennemi.  II  fut  d*ailleo»  rederable  de 
son  salut  k  Tambition  meme  de  oelui-cL  Prevenn  de  la  mort 
d* Antipater,  Antigone  forma  en  effet  le dessein  de  se  faIre 
un  royaumo  ^  part  de  toute  TAsie  macedonienne,  et  chargca 
son  lieutenant  Hieronyme,  qu*il  avail  laisse  devaot  Nora , 
d'ofTrir  son  amitie  k  Eomtoe  s'il  voulait  consentir  k  etro 
son  second.  Cet  offider  avail  ordre  de  lever  le  siege  die 
qu'Eunaene  aurait  jure  par  ecrit  qu*il  s'engageatt  i  avoir  poor 
amis  et  pour  ennemis  ceux  d^Antigone.  Le  ruse  Cardien  re- 
^t  la  formule  do  serment,  et  fait  observer  k  HieronyoM 
qu*il  est  plus  naturel  de  substitner  au  nom  d^Antlgone  ceox 
d'  0 1  y  m  p  i  a  s  et  de  la  famUle  roy ale.  L'officier,  Ignorant  sans 
doute  les  desseins  ambitleux  de  son  chef,  trouve  Tobserva- 
tion  juste ,  revolt  k  cette  condition  la  signature  do  chef  des 
assises,  etdecampe  kTinstantde  devant  la  place.  Eumtee 
se  liAta  de  quitter  la  forteresse  :  il  rallia  quelques  troupes ; 
eC  lorsque  Antigone,  furieux  d'avoir  ete  trompe,  donna 
Tordre  d*en  reprendre  le  sfege,  son  ennemi  sMtait  d^ 
mis  en  campagne.  Les  capitaines  des  argyraspides  se 
plac^nt  sous  ses  ordres  avec  leun  troupes ;  et  il  se  trouva 
bientdt  ainsi  a  la  tete  de  quinxe  milie  honmies. 

Cependant  il  ne  tarda  point  k  reconnattre  que  ses  nouTcanx 
lieutenants,  plains  de  mepris  pour  son  origine,  et  fort  vains 
de  leur  noblesse,  n^attendaient  qu*uue  occasion  pour  le 
perdre.  Il  les  sednisit  par  une  prudente  reserve ,  feignaot 
de  partager  avec  eux  le  commandement  de  rarmee ,  de  re- 
fuser les  litres  et  les  honneurs  dont  on  I'avait  reveto ,  ne 
tenant  conseil  que  sous  une  tente  particuliere,om<^  d^nn 
Irene  d'or  oik  etait  censee  sieger  Tombre  d^Alexandre.  Cette 
prudence  fut  suivie  d^un  tel  succte  que  les  argyraspides 
refusirent  de  le  iivrer  k  la  summation  d' Antigone.  Eum^oe 
tonma  alora  ses  armes  vers  Babylone,  passa  le  Tigre,  malgre 
Python,  gouvemeur  dela  Media,  et  S^eucus,  commandant 
des  troupes  de  la  Mesopotamia,  qui  essaya  Tainenient  de 
debaucher  son  armee.  Ace  moment  Antigone  marcha  centre 
Eumtoe  dans  la  haute  Asie,  et  cette  fois  fdtplus  beoreux  dans 
ses  efforts  pour  se  deiiarnsser  de  lui.  Tontefois,  il  ne  le 
vainquit  point,  et  ne  parvint  qu*^  le  faire  traltreosement 
assassiner  par  ses  propres  troupes.  Tan  Si 6  avant  J.-C. 

EUlfENE.  Deux  rois  de  Pergame  ont  porte  ce  nom. 

EUMENE  I"'  regna  de  263  k  241  avant  J.-C.,  fitquelquea 
conquetes  sur  les  rois  de  Syrie,  et  encouragea  les  lettres; 
mais  il  se  deshonora  par  son  intemperance,  et  monrut  a 
la  suite  dHm  excte. 

EUfil^NE  II,  fils  aine  d'Attale  I*',  lui  sncceda  Tan  197 
avant  J.-C.  II  ne  se  monlra  pas  moins  devoue  eux  Romaioa 
qoe  son  pibre.  En  retour  de  rassistance  qn'U  lenr  preta  dans 
leur  guerre  centre  le  roi  Antiocbus  de  Syrie,  il  recot 
d'eux,  quand  ils  eurent  vaincu  ce  prince,  la  Chersonte  de 
Thrace  et  presque  toote  la  partie  de  TAsie  sitnee  en  dec^ 
du  Taurus.  Les  difncultes  qu'il  eut  ensuite  avec  Prusias,  roi 
de  Billiynie,  ct  avec  Phamace,  roi  dv  Pout ,  ainsi  qu^avec 


ECHliNE  -.  ECNOiaUS 


teithraeesi  qui,  t^an  6e  Aome  ll2,  enToytent  inatile- 
•iicBt  det  ambMsadeura  exposer  leun  grieb  an  i6ut,  farent 
^gaJcBMBt  tenninto  k  ton  avantage  par  la  poUtigne  romalne. 
Mab  daaa  la  guerre  oonbre  Pera^e,  roi  de  MacMofne,  sa 
fldflitd  ayantpara  dianeder  en  raison  det  plalntea  qu'Q  ne 
enUffa  paa  de  fkire  entendre  contre  les  Romains,  ceux-d 
pfufittrent  da  oeite  occasion  poor  fevoriser  les  Ganlois  asia- 
tkpMSy  k  qui  il  avail  d^clar^  la  guerre ,  et  dont  Rome  re- 
eoBuut  alors  nnd^pendanoe.  Le  s^nat  chercha  anssl  plus 
lard,  loais  ▼ainement ,  k  soulerer  contre  lui  son  Mn  At- 
tala, et  aceneiilit  a?ec  una  ftiTeur  marqute  tootes  les  plaintes 
que  le  roi  de  BIthynle  et  les  antres  villes  d^Asie  ^lev^rent 
contre  hii.  Une  rupture  onrerte  de?enait  dte  lors  imminenf  e; 
mais  Eumtee  II  mourut  avant  qu'eUe  ^latftt,  Pan  1S9  avant 
J.^.,  laiasant  un  fils  en  bas  Age  qui  ne  figure  qu*on  instant 
aur  le  trtae  et  mourut  an  bout  d*an  ans.  La  biblioth^ue  de 
Pergaoie,  qu*avait  fondle  son  p^re,  fot  consid^rablement 
angraent^  par  les  soins  d'Eum^ne,  et  en  toute  occasion  il 
le  montre  le  protecteur  des  sciences  et  des  lettres. 

EUMENE  D'AUTUN  naquit  k  Autun,  vers  la  fin  dii 
traUkiie  sitele  de  notre  ^re.  Rb^teur  babile,  savant  gram- 
nairieo,  pan^riste  d^gant,  il  se  voua  k  renseignement  avec 
toute  raetlfit^  et  toute  la  supto'orit6  que  lui  donnait  le 
aang  gree  qui  coulait  dans  ses  velnes ;  en  elTet ,  son  aleul 
GtaSocus,  le  rh^teur,  ^tait  d'Athtoes  mtaie.  Les  succ^ 
qu'Eumtee  obtint  dans  sa  fille  natale  lui  Inspirirent  ram- 
bition  de  briUer  aur  un  plus  vaste  tb^tre;  il  se  rendit  k 
Rome,  od  Pempereor  Constance  Cblore  le  pourmt  d*une 
chaige  qni  ^quivalait  k  celle  de  mattre  des  requites  des 
Giides.  Eum^ne ,  combl^  d'honneurB,  revfait  dans  sa  pstrie, 
oft  II  se  consacrede  nouveau  k  renseignement  de  la  Jeonesse 
gallo-romaine.  Ses  bonoraires  ftnrent  double,  et  devant 
CoastantiB^  qui  visitalt  sonvent  Augnstodunumf  il  pro- 
pose d'en  abandonner  la  moitl^  pour  la  restauretion  des  ^co- 
les, dasslediiscoors  quit  pronon^  pro  restattrandis  seho- 
liM.  L*cmpereiir  accueillit  avec  bont^  la  pritee  de  Tillustre 
professeur.  Ce  discoors  d^Eumtoe  est  le  premier  des  quatre 
qui  nous  restent;  dans  le  second,  il  fi^lidte  le  prince,  au  nom 
de  la  dt^d*Anguste,  Augtutodunum  ;  d^nM  le  troisltoie,  il 
oflHire  la  fondation  de  Treves  par  cet  emperour;  dans  le 
quatri^e,  il  vient,  envoys  par  ses  concitoyens,  rendre  des 
aclioDs  de  grftces  A  ce  prince,  qni  arait  all^^,  en  311,  les 
hnpAts  de  la  cit6.  II  y  a  quelque  chose  de  saisissant  k  re- 
trourei  dans  ees  discours  Templacement  et  eomme  les  as- 
pects des  temples,  des  artoes,  et  des  arophith^tres  d'Autun. 
On  ignore  r^poque  de  sa  mort.  Jules  Pautet. 

EIIM£NIDES»  c*est-2i-dire  dresses  bienveillantes , 
■om  que  les  Grecs  donnaient  par  antiphrase  aux  Furies. 

EOm^lUS.  Vopez  Eoutes  d'Autun. 

EUMOLPE,  fils  de  Neptune  et  de  Cliion^  suivant  les 
uns,  petit-fils  de  Borte  suirant  les  autres ,  contemporain 
de  Triptolime  et  gendre  de  T^rius,  6tait  roi  de  Tlirace. 
Aprte  plosieon  aventures,  il  Tut  obligd  de  venir  en  Gr^ce, 
eC  se  retire  A  Cleusis,  06  on  I'initia  aux  myst^res  de  C<^r^. 
II  eo  defint  I'hiAtypbante,  le  grand*  prAtre,  ce  qui  a  fait  dire 

2u^  en  ^it  le  fondateur;  mats  cet  bonneur  appartient  k 
;recbth6e,  roi  d'$igrpte.  Des  prdtres  Options  fiirent 
pr6po8te  k  la  garde  de  cea  mystires.  II  est  vreisemblable 
qu*Eumc4pe,  ausaltAt  aprte  son  initiation,  les  supplants; 
il  a'en  attribua  les  prlvil^,  ainsi  qu*A  sa  famille,  et  les 
transmit  k  ses  descendants  k  perpituit^.  Ceux-ci ,  connus 
•ous  le  iMMB  d'Sumolpides ,  talent  au  temps  de  Platen 
m  posaession  du  sacerdoce  de  C^r^-£leu6ine  depuls  plus 
de  niille  ans.  La  Juridiction  qu*ils  exer^ient  sur  la  profa- 
nation des  myst^^  ^talt  d^une  extreme  s^T^t^.  Les  Eu- 
HMilpides  preoMaient  suivant  des  lois  non  Writes ,  dontlls 
^talent  les  interprfttes,  et  qui  llTraient  le  coupable  non-seu- 
koMut  k  la  Tengeance  des  hommes,  mais  encore  &  cellc  des 
dieux.  Us  montraient  plus  de  z^le  pour  le  mainlien  des 
myit^ros  de  C^rto  que  nVn  t^moignaient  les  autres  prfilrcs 
poor  la  religion  dominante.  On  les  Tit  plus  d^uoe  fois  tra- 
dnire  d'offioe  les  coupablesde?ant  les  tribunaux.  Co|)end.int, 


140 

il  but  dire  k  leur  louange  qn*en  oertabies  ooeaaioBs,  loia 
de  seconder  la  tbreiir  du  peuple,  prtt  k  masaacrer  dea  ac- 
cuse, lis  exigealent  que  la  condemnation  Mt  prononote  sui- 
▼ant  les  lois.  Cest  ainsi  sans  doote  qu*ito  firent  traduire  de- 
Tant  les  tribunaux  le  pofte  Eschy le ,  pour  avoir,  dans  une 
de  ses  tragMies,  r^^^  la  doctrine  des  mysttees.  Amintas, 
fr^re  du  po^e,  tAcba  d'toMuvoir  les  Juges  en  montrant  les 
blessures  qu'il  avait  redoes  k  la  bataiUe  de  Salamine ;  mais 
ce  moyen  n*aurait  peut-^tre  pas  r^ussi,  si  Esdiyle  n*ett 
prouT^clairement  qu*il  ^tait  pas  initio.  Le  peuple  Pattendait 
a  la  porta  du  tribunal  pour  le  lapider. 

EUMOLProES.  Koyes  Euholpb. 

EUNAPE  TiTait  au  qoatritaae  sitele  de  notre  kt;  Q 
^tait  n6  dans  le  paysde  Lydie,  k  Sardes,  capitate  du  royanme 
de  Cr^us.  II  fit  ses  premieres  etudes  sous  la  direction  du 
sopliiste  Chrysanthius ,  son  compatriote  et  son  alli6.  A  aeize 
ans,  il  partit  pour  Atbtoes,  afin  d'y  sulTre  les  lemons  de 
Proon-feios ,  pbilosopbe  telectique,  ci^l^bre  dans  le  monde 
savant  de  cette  ^poque.  Eunape  sut  gagner  ralTection  de  ce 
professeur,  qui  taut  qu'il  T^ot  eut  pour  lui  la  tendresse 
d*un  p^e.  A  la  mortde  Proaer^us,  Eunape,  alors  kg6  de 
vingt  ans,  revint^  Sardes,  06,  aprte  avobr  renonc6  k  la 
doctrine  du  professeur  atbinien,  il  r^lutde  s'en  tenir  d^ 
sormafs  aux  prindpes  de  son  premier  maitre,  Cbrysantbius. 
C'est  ce  qui  ressort  ^videmment  de  plusieurs  passages  des 
Ties  d*£dedus  et  de  Cbrysantbius  qu^il  a  torites,  et  qui  mal 
Interpr^t^  Pont  &it  passer  poor  on  chreUen  de  naissanoe, 
ayant  abjur6  sa  religion  pour  embrasser  le  paganisme. 

Il  nous  est  rest^  d'Eunape  un  ouvrage  Intitule  :  Vies  det 
Philosophes  et  des  Sophistes,  titre  inexact  poor  une  bio- 
graphie  commune  k  des  Mectiques,  k  des  m^ecins,  k  des 
orateurs.  Vers^  dans  P^ledisme,  il  pouvait  en  trailer  per- 
tinemment;  m^dedn  distingu^,  nul  plus  que  lui  n^^it  ca- 
pable dejuger  ses  confreres;  enfin,dto  longfemps  exerc^ 
dans  Part  de  la  parole,  il  s^^talt  acquis  le  droit  de  prononcer 
sur  le  m^te  dm  bommes  qui  en  fiusaient  profession  publi- 
que.  Eunape ,  afin  de  donner  une  suite  anx  travaux  de 
Dexippe  Herennlus  et  d'H^rodien ,  a?ait  compost  une  liis- 
toire  de  son  temps,  depuls  Claude  II  jusqu^aux  fils  de  Tbfo- 
dose.  De  cet  ouvrage,  perdu  malljeureusement,  il  ne  reste 
que  de  courts  fragments  ins^rte  dans  le  lexique  de  Suidas; 
cette  perle  est  toutefois  d*une  faiUe  importance ,  si,  comme 
Passure  Pbotius,  Zosime  a  exactement  traits  le  mtaie  sojet. 
La  meilleure  Mition  d'Eunape  est  sans  contredit  celle  de 
M.  Boissonade  avec  les  notes  de  Wyttenbacii  (Amsterdam, 
1832,  7  volumes  in-S*").  E.  Lavionb, 

EUNOMIE.  Vogez  Eurynoue. 

EUNOMIENS,  disciples  d*Eunomius,  appel^  aussi 
Troglodytes f  secte  d'h^r^tiques  du  quatritoie  sitele.  C*^tait 
une  branche  des  ariens.  lis  pr^tendaient,  avec  leur  cliel, 
connattre  Dieu  aussi  parfaitement  que  Dieu  se  connaissait 
lui-mtoe.  Le  fils  de  Dieu,  ^  les  en  croire,  n'^tait  Dieu  que 
de  nom ;  il  ne  s*^it  pas  uni  snbstantiellement  k  lliomanit^, 
mais  seulement  par  sa  vertu  et  ses  oeuvres;  la  foi  seole 
pouvait  sanver.  lis  rebaptisaient  ceux  qni  d6j&  avaient  ^t^ 
baptist  au  nom  de  la  Trinity ,  et  baiwalent  tellement  ce 
roystto,  qoMIs  condamnaient  la  triple  immersion  dans 
le  bapttaie.  lis  se  dtebatnaient,  enfin,  contre  le  culte  des 
martyn  et  contre  les  bonneore  rendosaux  reliques  des  saints. 

Une  scission  ^lata  parmi  les  eumoniens.  Ceux  qui  s'en 
s^par^nt  pour  une  question  relative  k  la  connaissance  ou  k 
la  science  de  Jdsus-Christ,  quoiqu'lls  en  conservassent 
d*ailleon  les  principales  erreurs ,  prirent  le  nom  d'euno- 
mUheupsychiens.  Nic^pbore  soutient  que  c^^talent  les 
ro^mes  que  Sozomtoe  appelle  eutychiens,  Suivant  ce 
dernier,  le  cbef  de  cette  secte  dissidoite  aurait  iU  un  euno- 
mien  appel^  i?tf/yeAe,etnon  Bupsyehe,  coounele  pretend 
NiciSpbore. 

E;UN0M1US  00  EUNOME,  h^rMarque  du  quatritoie 
si6cle,  qni  adopta  les  opinions  d*Arius,  en  les  entrant  en- 
core ,  et  fut  ^lu  ^v6quo  de  Cyzique,  vers  Pan  360. 11  enseigna 
d'abonl  ses  erreurs  secritemcnl,  puis  en  public^  ce  qui  (9 


150  EUNOMIOS 

fit  cbauer  de  •onB%e.  %xti^  en  MauritanJe^ll  Tit,  h  plusleon 
repriieSf  ses  ,A$^ple8  (enter  Taloement  de  le  porter  Mir  le 
sijige  ideSmoMte.Valens,  4ui  to  faTortoaH,  to  r^UU  sar 
celui'  de  Cyzfque.  nudft  api^«  U  mort  de  oet  eoiperear  U 
fbt  proserit  de  jMuveeo,  et  alia  momir  obtcurtment  en  Cap- 
padoce, 

ECNffJQCrCi  (en  gree  liS«ovi(oc,  di  lOv^,  lit,  et  ix».  je 
gacde;  c*est^-dire  gardien  du  Ut)^  L'eonuque,  dire  an- 
nul^ nor  la  terre,  existence  amhigu£,  nl  bonime  ni  femme, 
in^rifl^  du  premier  comine  incapable,  bd  decetle-d  comme 
impuissant,  attach^  tu  fort  pour  opprimer  le  laibie,  lyran , 
|Mrce  qu^il  n'est  pas  mattre ,  Joilit  k  son  despotisme  em- 
prunttf  la  nq/i  et  le  d^it  d'etre  priv^  des  Jonlflsances  dont 
11  deWent  le  t^mofn ,  A  noorrit  en  son  cd^r  des  passions 
avec  le  d^sespoir  4temel  de  les  assoutir.  On  pent  bien  en 
efTet  retrandier  les  organes  ext^rienrs,  mais  non  d^raciner 
lesdisirs  int^riears.  Orig^ne  etses  secteteurs,  tels  que 
I/onoe  d*AntlQcbe,  les  Yal^ens,  etc.»  se  trompirent  en  se 
rendant  eyntiques  par  motif  rdigfeux ;  leor  chastel^  n*6tait 
pins  Qa*inTolontaire ;  en  s*Atent  U  gloire  de  raster  par  leurs 
propfes  efforts,  ils  secr^ferent  des  regrets  sans  se  donner  one 
tertu.  (Test  pourquoi  rAgUse  condamna  avec  ralson  cette 
pratique.  On  a  tq,  au  dix-buitiime  si^ctoi  le  pape  Cl^- 
ntetft  XIV  abolir  Tosage  de  la  castration  des  hommes, 
qu'on  pratSqaait  poor  fkire  des  soprani,  et  d^fendre  k  cenx- 
cl  de  ebantef  dans  les  ^lises.  Cest  encore  pour  oette  raison 
que  sol  bomme  ne  pent  obtenir  aoJoard*bui  les  ordres  sa- 
crte  s*li  est  eunnque ;  car,  bien  que  les  eccl^astlqnes  soient 
tenus  au  c^Hbat ,  il  tot  avoir  le  m^te  de  la  resistance  k 
FalgpiQoa  de  la  cbair  poor  m^riter  to  palme  de  la  rtom- 
pense. 

L^bistolre  de  reonncbisme  remente  trto-haut  dans  Tanti- 
quite,  poisqoe  le  livre  de  Job,  Ton  des  pins  antiques,  parte 
d6Jlk  des  elmuques.  Ceux-ci  sont  done  de  beaucoup  ant^rieurs 
k  Mniramis ,  cette  reine  fastueuse  de  TOricnt,  qui  soumit 
la  premiere  des  hommes  k  la  castration,  poor  mieux  les  as- 
Kerrtr  dMls  sa  cour,  ao  rapport  d*Ammien-Marcellin  et  de 
lostln.  Des  opinions  religieuses  avaient  introduit  aussi  la 
castration  parmi  liss  GaUes,  pr^tres  de  Cybtie.  Dans  TOrient, 
h  circondsion  des  mAles,.  Texdsion  des  nymphes  des 
femmes,  quoique  pouvant  aToir  des  raisons  fond^  selon 
les  dbnats»  ne  sont  pas  moins  le  r^ultet  d^opinions  rdi- 
gieuses.  Quant  k  la  castration  des  femmes,  s*il  est  vrai  que 
Te  roi  de  Lydie  Andramytis  Tait  fait  pratiquer,  selon 
Atb^nte,  il  serait  diCGcUe  d*en  Toir  rulilit^,  si  ce  n*est  afin 
de  les  rendre  stMes.  Cette  operation  diez  elie,  est  encore 
plus  dangereose  pour  la  vie  que  celie  exerc^e  sur  les 
bommes.  II  est  probable,  toutefois,  que  ce  nV.teit  que  la 
nyraphotemie,  en  usage  encore  aojourd^bul  dans  r£Oiiopie 
et  d^auti'es  pajrs  cbauds,qQi  produlsent  des  prolongements 
Incommodes,  par  TefllBt  do  relftchement  des  parties  mem- 
braoeoses. 

'  On  Diit  encore  aqjoord^bui  beaucoup  d^eonuques,  soit  en 
Syrie,  soit  en  f  erse,  soit  en  Afrique  cbet  les  n^res.  On  les 
Tend  plus  ou  moins  cher,  sdon  qu'ils  sont  en  tout  ou  en 
partie  prfv^i  d*organes  exterieurs.  II  n*y  a  point  de  grande 
matsdn,  surtout  cbei  les  pachas  et  autres  agents  du  gou- 
▼eniem^t,  ob  11  ne's*en  trouve,  soit  pour  g^er  le  barem, 
soit  pour  dever  les  enfanis  et  prendre  soin  des  affaires  do- 
mestiquQB. Les eunuques n^es  lesplus bideox restent plos 
'sp^ialement  charge  de  surreiller  les  femmes,  comme  ^tant 
les  moins  kccessibles  k  la  sMuction.  En  effet,  les  jeones  eu- 
Aoqties  bfancs,  slls  ne  sobt  pas  priv^  de  tout,  peuvent  abuser 
des  femmes.  lis  conserrent  la  peao  douce,  Tair  de  fratclieur 
et  ee  mol  embonpoint  qui  les  fait  mtoie  rodierclier  des 
Orienteux ,  sous  ces  ardents  dlmats  oil  la  facilitd  des  jouis- 
sances  en  ^are  les  d^irs.  C^est  parces  sortes  de  liaisons,  si 
reproovte  et  si  contralres  au  but  de  la  aature  4^  plusieurs 
eunuques  parrtennent,  dans  let  cours  d'Asle,  aux  plus  hauts 
emplob.  D^rrass^  des  soins  d'one  temllle,  privds  de  la 
Murei  des  grandet  passions  et  de  Pambitlon  des  premiers 
poilM  yattqueb  lenr  mUbev  aelaur  pennetpas  d^aspirer. 


—  EUPEN 

lis  passent  pour  ^tre  plus  fid^es,  plus  sArA;  ptoa  asau)etlis 

Soe  les aotres bommes;  lis  attirent  la  confiance  et  ^oignent 
'enx  le  soop^on  et  rentie.  Alexandre  le  Grand  avait  son 
euiyiqueBagoas,  N^n  son  Sporus,  ete.  Abni,  Ptiotin  sous 
Ptotom6e,  Pbiiet^  sons  Lysimaque,  Mteonblle  sons  Mi^ 
tbridate.  Bo  trope  sous  Tbtedoise,  ^to.,,gooTerBalent  les 
tuts  de  ces  princes.  On  salt,  en  g^n^al  qu'Os  montrferent 
t6us  les  vices  det  petites  ftnies';  ttladis  que  le  gouvemement 
des  empfrte  requiert  uite  grandis'fonki  de*  caractk«  et  de 
gteie.  On  dte  pourtent  Favorinus  le  pbilosophe ;  Aristonicos, 
general  d*an  des  Ptol6m6es  d*£gypte;  K^rste,  sous  Justi- 
nien ;  Haly,  grand- vlslr  de  Soliman  II,  et  quelqnes  autres 
eonoqaes  qui  monir^rent  de  r614vation  cFespiit  ou  do  cou- 
rage. On  pent  dire  n^nrooins  qoe  sans  leur  muUlation  ils 
en  toraient  sans  dtfute  montii6  davantage.  Ain^,  Abeilard 
ne  conserva  point  apr^  le  tralteinent  crud  qu*on  loi  III 
subtr  la  mteie  ardeor  de  g^ie. 

Cest  k  cause  de  cette  (Ublesse  natarelle  aux  eonoques 
qu'on  les  charge  dans  TOrient,  la  Perse  et  llndostan,  de  Fd- 
docation  de  la  Jeunesse  chei  les  grands.  Xdnophon ,  dans 
son  roman  de  la  CyropMie.  rapporte  comment  agissalent 
les  Perses.  Les  itcbo^ans  ou  pages  de  sa  liautesse  sont  in- 
Btrolts  par  les  eonoques  du  strait.  Cet  attachement  am  en- 
fknts,  00  cette  phUogMsie,  si  nstoi^lle  aux  dtres  faibles  et 
aux  femmes,  se  remarque  cbec  tous  les  anlmaox  neutres 
00  eonoques,  ches  les  is'beilles  et  foormis  molete,  el 
cbei  les  chapons;  ceox-d  s^ipprennent  m^e  Hcoover 
des  poussins  avec  aotant  de  soliidtude  qoe  les  poules.  On 
voit  k  pen  prte  la  m6me  chose  pahnl  les  cochons  difttr6s, 
tandis  qoe  les  uiAles  les  plos  ardents  en  toote  esptee  re- 
poussent  la  prbg^nitofe.   .  ' 

Si  le  faible  recherche  le  foible,  tl  aspire  aossi  k  s'attocher 
au  fort  poor  en  recevoir  protection.  C*e6t  ponrqooi  toot 
eonoqoe  tend  natorellement  k  T^tat  d'esclavage  domestique. 
Son  impoissance  flatte  le  pouvoir  de  son  mattre,  qoi  se  croit 
plus  bomme  aoprte  d^un  demi-bomme,  semivir,  comme  on 
nommaft  jadis  les  eunoques.  Mais  en  devenant  esclaves,  lis 
contractent  als^ment  tous  les  vices  de  la  bassease.  Craintifs 
par  faiblesse,  et  par  Ik  m^ine  foprbes  et  foux,  ne  pouvant 
rien  par  la  vigueui',  ils  recourent  k  la  flatterie ;  incapables 
de  gnmds  travaux,  ils  sontd*one  avarice  soidide;  ne  pou- 
vant atteindre  k  la  gloire,  ils  se  rabattent  sor  Ja  vanite.  Ils 
rivalisent  avec  les  femmes  soomlses  k  toor  garde  de  finesse 
et  d^artifice,  poor  se  garantir  de  leur  haine  ou  de  leurs  trom- 
peries,  ist  se  vengeir  d^dles  dans  leurs  picoterles  ^temdles. 
Aossi,  la  plopart  des  eonoqnes  sont  m^chants,  avoQ  ope  feinte 
dooceor.  De  toate  mani^re,  ils  n'avaient  pas  chez  les  Ro- 
malns  fe  droit  de  servir  de  UvMins,        J.-J.  Vuby. 

EUPATOIRE9  genre  de  plantes  de  la  famille  des  com* 
pos^.  Ila  poiir  caractires  Pinvolucre  oblong,  cylindriqoe, 
imbriqu^ ;  to  ricepUcIe  nu ,  des  fleiirons  pea  nombreux ,  la 
graine  cooronnte  d^one  aigrette  compost  de  polls  capillaires 
simples  00  dent6i ,  to  pistil  trte-Iong.  Ce  gepre  renfenne 
plus  de  cent  esp^ces.  La  seole  qui  croisse  en  Europe  est  Veu* 
patoire  d*Avicenne  (eupaiorium  cannaMnum,  L.),  ou 
tupato\r$  h  JeuMlei  de  chanvre^  yulgairement  herbe  de 
Sainte-CuMgonde;  ses  racines,  faiblement.  aromatiqoes, 
d^une  saveor  am^  et  piqiiante,  jooissent  de  proprtot6s 
purgatives,  et  ont  ^  pendant  longtemps  employees  en  m^- 
decine.  Parmi  les  aufres  esp^ces,  les  plos  remarquables 
sont  Tew/Nitoire  pourpre  {eupatorium  purpptreum,  L.), 
qui  contribue  k  Pembellissement  des  jardins,  ei  Veupaiabre 
aya'pana. 

On  donne  aossi  to  nom  d'etipa/otre  femelle  k  one  esptee 
du  genre  ft i den <• 

EuPfiN)  en  fran^  NfiATJX,  viUe  maniifactofi^re  im- 
pbrtante  de  Prusse,  situ6e  dans  raitondissement  d*Aix-la- 
Cliapdto,  dief-lieo  d*bn  cercle,  est  bAUe  dans  une  belle 
vallte,  tout  prte  de  la  IVonti^re  beige,  et  compte  plus  de 
11,000  habitants.  On  y  trouve  plustours  manufketuresexbrA- 
memcnt  llorissantes  de  diaps  dits  du  strait,  de  casimira, 
de  savon  noir«  des  tanneries,  etc  Eiipen,  qui  possMe  trelt 


EUPEN  —  EUPHORBIUM 


15t 


dgliMS  catlioUqMi ,  ime  ^gltae  ^fangflique ,  im'  cbll^  com- 
■nmal  et  'im  liospto^rpMiu,  dail  aa  ptovptnlA  k  des 
rMig^  fraofatey  qal»  Ion  d»  la  'r6¥iMaUoB  da  PMit  ida 
Nanlea.  vimMl  a'ilafalir  daat  ee  bow^,  iMk  jiMia%  la 
palx  da  UnMUa  partie  teMffraatedadDioMdaUBibQ^, 
Qoaad  la  comtirtta  mit  la  fira  gaoehe  difrltWn  looa  lea  Mt 
da  la  FMiaa,  lopeQ  fltpartia  du  d^parfemaat  daroarthe; 
poia,  km  da  la  paix  coadua  en  iai4<4  Parta,  il  fit  latoor 
k  la  PnMW.  atec  divafiaa  aallraa  iMitallea  do  Limboiirg. 

EXJ¥BS90SME  (dii  grea  tdfincCa^  parole  de  ban 
n^wm,fnnn(1  dr  til,  bltn^  et  dafn^i,  |e  dii),  trope  oa 
flgpre  da  rMtortqoe,  qui  a  pour  ob|ct  da  iiffHiwBr  k  rimagl- 
■attoD  dea  idta qui  aoat  an  pea  bonneiea,  osdtegrtebles, 
oa  trirtea;  raopMmliiiie  eooaitta  dono  k  Bavoir  tf iider  Fenth 
pM  dea  aipreMiaiia  propres  qal  rtreiUefaiflBl  dinaetement 
eei  ldto»  et  4  ne  ftlre  osage  qoa  da  lermes  d^lieatenient 
MoMuUt  qui,  lea  enyelappaiit  eoainie  d^oa  ^Oa,  Mm- 
Meat  eaaber  en  partie  ce  qa'elias  ant  de  ehoqoant  on  da 
pMMe.  AInsi,  lea  Latina,  aaliea  do  mot  motcHr,  qui 
leor  paraiiMft  en  oertainea  eiroonatanees  on  tarme  fo- 
neile,  diaaient  qnelcpieroia  par  enpb^miBne :  mfMr  v^eUf 
aMr  M/«*drrB  <KquUt4  de  ta  vte.  Ainai,  nous  diiona 
loBB  lea  jonra :  a*dfre  plus  jeune,  poor  Ure  Hate*.  Phu 
dTuna  Ibto  fAoqnence  et  la  poteia  ont  en  reoonn  aTee  sac- 
ete  k  VeitpMmisme,  Dnmanaia  bit  remarqoer  qne,  dans 
lea  ttvrea  nints^  le  mot  binir  eat  mto  en  eertilns  cas-aa 
tten  demMdira»(iDiaoaeflignliication  prMatewatoppoflte. 
QoandYbiPa  dtt:  Aurisaera/ames  ( la  aaif  aacrfe  de  ror)| 
sacra  aapread  poor  eopeerviMifs  .*•  c^eat  eAeore  par  atipil^- 

EI7PflONE(dngree«u,  blan,  et  fcAv^,  Toix ),  inatm* 
de  un^qne  iaTenti6  par  ChUdni,  et  dont  lea  sons 
ibieot  k  eeon  de  rharmoniea.  Un  autre  point  de 
reaaamManea  eotra  cea  dem  inatmmeBts ,  cPeat  qna  le  corpa 
aaaora  y  eat  mia  en  roouvement  par  lea  deigta,  aana  mta* 
niame  fntennMiaire,  et  que  Tart  de  noancer  lea  degrte 
dlMnnoBia  y  depend  de  fame  da  rea^colant. 

EUraONlE)  prononolatlon  eoolante,  haranoniense.  II 
ftaitdlatingoerdeaxeopboniea.  one  granunaticala,  et  Pantra 
poattqae.  Nona  derona  oa  anol  k  la  Grtoa.  Oelte  nation  il* 
iMftra,  dans  son  aTeraion  inn^  dea  aons  mal  sonnanta  et 
henitfe,  arte  ee  mot,  qn'elleoppoaakceloi  deeacopAonie, 
aitt  d*eipriaier  bi  dooeeur  de  la  vocalit^  v  e^est  ainai  qua 
Qvintilfen  traduit  I'expreBaion  greoqne  dont  I'^ymologie  eit 
c9,  blen,  at 9wv4,  toil.  L*enptionla grammaticale  oanaialait 
ebei  let  Heliteea,  ainal  qua  cbea  lea  Lalina,  en  dea  lettrea 
iatercalairea,  gte^ralement  one  dea  ttquidea  i,  m,  n,  r.  Afaiaif 
dana  io  mot  <^apx4  (aana  eommandenaent),  lea  pramiera 
ont  ina6r6nn  v,  et  disent  iiyn^i  (anarcbie).  Get  emploi 
dea  llqoidea,  T^riUble  testinct  de  iliannonie,  eat  de  U  pina 
haste  antiqnlt^;  lea  H^reux  ont,  dana  leor  Tieil  fdiooM» 
un  mot  channant  ob  deux  d'entre  ellea  soot  employ^ :  e^eat 
iabatia,  la  Uanche,  oo  la  lune.  Dans  Feupbonie  graaunati- 
cale,  lea  Latins  intercalaient  qneiques  fois  le  <f,  exemple  t 
pro-turn (]e  aers),  pro-d-ai  (tu sers);  iUqoivantk  <  dana 
notre  impibvtif :  va-fen  poor  va-en.  Quant  k  reopbonie 
poMlque des  Latins,  elle  aale  toute  sa  riohessedansoe  ven 
de  y irglle : 

Onmia  tmh  magna  tabentia    umina  terra. 
Tow  Ics  aeoTcs  eouUnt  aa  tein  du  globe  immeoM 

Dana  notra  langoe,  ainsi  que  dans  la  plnpart  des  idiomea 
deaeendos  de  I'antiqoe  Ausonie,  Tapostroplie  est  4  pen  prta 
touts  Penpboaie  grammatieale.  Cest  ainsi  que  nous  diaons 
Pankwr  pour  le  ammir,  Vwnbre  poor  la  omtre. 

Dcr4MB-BAR0N. 

KUPHORBE9  genre  type  de  la  Aimille  <lea  «up1ior- 
blac^es.  II  est  ainai  caracf^a^  :  Flenri  monolques;  plu- 
sfcnrs  flcnrs  milea  granpfes  antour  d'nne  aeule  Aeur  fernella 
dans  un  intolocre  cornmun,  eampanuM,  quadri-qulnqu^lide, 
k  lacinies  membraneuAeft,  rouni  de  glandes  de  fomies  varirea 
afternanC  atec  lea  lacinies.  Les  ffeiirs  mAles,  p^iicelldes  et 


'pdorvues  d^one  bracMe,  ont  una  aeole  ^mbie,  k  antliera 
biiocnlairai,  didyma,  mala  ol-'eaHoo ni  eohoHeiolea Heura 


tafaL 


,  pIna  loBgoenientpMia«ttdea,  ont-imipatftt 
demdoa  lab«,'traia  stylerUades;  atln^plaa 
irtgmataa  blkMa.  Harbaete  dana  lea  parties' 
llitelspliiraibovtel',  lea^eaphorbes,  que  Ite- 
toQte  to  aariboa  do  glabo,  devieBneol  anffroteaeartaa  at 
mteia  arboraflcemtea  dana  lea  r^ona  tropioaleB ;  aorlbot  dana 
l>bteiiaphire  anatmi.  Quelqaea  esptees,  piopna  partiouHb*' 
remeBt  an  Cap,  sont^  eonma  les  eactna,  d^ponrmaa  da 
feaHlea. 

Le  Boartm  dea  aspteea  do  genre  e^horbe  t€^t  t  prte 
da  SCO.  Tootaa  aont  dea  plantea  laotoaoentea;  A.  to*  mobidra 
d^cbirura  d*an»  de  ieurs  parties,  ettes  labnant  ^aooler  an 
soc  Acre  et  corrosif,  qui  danS  beaucoop  d'esptefes  est  ixn 
poison  Tiolent.  AinsI  la  gomme^rMna  eonnno  sooa  le  -nam 
d'eiipAor^ltimoupomma-aifpAartos^eKtaaitdequelquea 
eupborbea  cbamoea  dVkfHqne  on  d'AraUe,  notanunent  de 
retipAorfre  des  onciana  (eupbarbia  tmiiqwirwm ,  L.)el 
de  reifpAorfra  q;9lfcin«l  ( wphorifia  of/Mnttmmf  L. ).  Pour 
ne  ciler  qne  quelqnea  eapteea  indigteea,  on  aail  qua  lea 
gralnes  da  l'aiq»Aor6ia  lo^ Ayrif  on  4wr^  oantiennent  una 
bnUe  pnrgBtiTa  qn*0B  a  propaa^  comma  sueoMante  de  Pbuila 
de  eroton  tUfUmn;  VeupfurMa  pepiut  on  rdceUle^matin 
doit  son  nom  ▼nigaire  k  to  propriaia  qua  poarida  son  soc  da 
produire  one  rub^raction  asiei  intense  et  one  viTo  dtoan* 
geaiaon  toraque  aprte  PaToir  loncbte  ou  aarotoe,  par  exenqile, 
lea  Jardlntors  on  lea  eolUfatears  portent  par  inattention  l^rs 
BHdna  k  leors  yeux ;  son  soc  est  si  actif,  qu'on  Pappiiqne  sur 
les  verraes,  lea  poireanx  et  les  cotb,  qn'il  tolt  quelqoefoto 
dfeparaltre;  Tmipkorbia  effparisHas^  k  oanunnn  dana  lea 
envlhms  de  Paris ,  a  dea  proprMI^  toxiquea  beaucoup  molna 
ppononctes;  M.  Deslongcbampa  penae  que  cette  demtora 
pourrait  remplacar  IHp^eacuanba;  on  a  proport  dana  to 
meme  bat  VeuphoMa  gerardiana  et  reupAordio  ipeca^ 
euanha;  cetto  dcmtore  kppaVtient  k  I'AmMque  aepten* 
tarionale. 

Qualquea  esptoea  exotlquea  d'aupboriieaaootcultiTte  en 
aerre  chaode,  eonime  plantea  d*omement;  parml  lea  piua 
beliea,  11  ffant  alter  PaiipAorMa  jaeqtOnkmjiora,  origteaira 
du  Mexique,  et  i'evpAorMa  splendem,  qui  crolt  k  Made* 
gaacar. 

Le  nom  du  genre  qui  nooa  occope  Ttont  difinpborbus, 
m^deefai  de  Juta ,  rot  de  M anritania ,  qui  le  premier  emptoya 
pour  la  guMsoo  d'Aognsta  to  aue  d*nne  de  oes  esptees.  Avant 
Linn^  on  id  donnait  to  nom  de  tHh§mai€  ( de  ttta6c,  ma- 
meito,  et  |U[X6c,  pemlclenx),  qui  rappelto  lea  elfeta  dan- 
gereux  qne  to  sue  laiteox  des  euphorbei  pent  praduire. 

EUPHORfilAG^ES,  famlito  de  ptantea  dicotyMdonea 
dicilnea.  Ellea  ont  pour  caracl^ras  botaniqnea  :  Oaliea  tn- 
buleuxou  divis^,  simpto  ou  double;  lesdiTtoions  intdrieures 
qoelquefbis  pitatoidca;  dans  les  flours  mliea,  staminas  en 
nombre  ddini  ou  ind^i,  k  filaments  distincts  on  rtonis, 
ins^rte  ao  rteeptade  ou  au  oentre  du  calke;  dana  qneiques 
esptees  des  paiMettea  ou  des  tailles  interpoate  antra  les 
diamines;  dana  lea  flenri  femelles  un  foul  ovaire  aup^rieur, 
sessile  on  p^dicuto ,  snrmont^  d*un  style  tripto  ou  quelquefois 
simpto  et  termind  par  troto  stignmtea  ou  plus.  Le  fruit  est 
une  capaule  k  autant  de  logos  qu'll  y  a  de  stylea  00  de  stig- 
mates ,  a'ouTrant  en  deux  talTes  avec  ^toaticitd  et  conlenant 
cbacune  nne  ou  deux  graines;  embryon  entourd  par  on  p<i- 
risperme  cbamu. 

Beaucoup  de  plantea  de  oelte  familto  ont ,  conune  son  pnn- 
ctpal  genre  euphorbe,  un  anc  propra  laiteux  et  Acre :  teb 
soot  le  iiianceiiii«ef>  to  moMloc,  to  iabiier^  to 
eroton  tifUum,  le  r ic in,  ploaianra  JairopKa  ou  m^- 
dleiiiiera,  etc  CTest  k  ee  dernier  genre  qn'appartient  un 
dea  arbnstes  dont  on  extrait  to  caontobono.  Dana  oelte 
tomilto,  il  ikut encore dler lea genrea  6«ia,niareifria/e, 
I  phyilanthuSftU. 

I      EUPIIORBIUM,  produitdatodeaiiccationb  rair  libra 
I  du  MIC  loltcux  que  tolssent  dteoutor  certaina  nop  bo  r  be  a. 


159 


KUPHORBIUM  —  EUPOLB 


Ven^horkkm  s*offire  soot  foniie  de  Itrmes  irr^gnliftret;  sa 
eoQlMr  «tt  rooMltie  kVaUxknr  et  UaodiAtn  ioMeure- 
meot;  mb  odMr  ctt  ttuUe  oo  pretqne  nntte.  Oettetobstuoe 
ctt,  It  cmie  de  Mm  e&Mne  ^aargie,  plus  employte  dans  la 
mMecine  r^tMukt  que  pour  le  trattement  det  aMiadles 
de  numiiiie;  e'ert  on  des  plus  Tideiits  diastiqiies.  AppHqii^ 
h  rextMeuTy  Veuphorbium  produH  one  ilTe  raMfteUon  et 
agit  eamiiie  TMcant  r/est  un  pmssant  sterautatolre ;  auBsi 
sa  rMuctkm  en  poudre  doltrdle  etre  foite  avec  prteaution. 
SuWant  Orfila,  VeuphorbHtm  exerce  one  action  locale  trts- 
iatense,  soso^itible  de  determiner  une  TiTe  inflammation , 
et  MS  effBts  meortriers  dependent  de  Plrritation  sympathiqne 
do  sytttoe  nenrenx ,  pl«t6t  que  de  son  absorption. 

EDPBRAISE.  Voyet  EoniAiSB. 

EUPHR  ATEy  le  plus  grand  fleure  de  PAsie  ooddentale, 
et  IHm  des  pins  eOMires  dans  la  Bible  et  dans  rhistoire, 
conle  tont  entierdans  laTarqnieasiatique;  son  nom,  d6mi 
de  TMbcea,  oonBerre  encore  les  formes  do  cette  langue.  II 
est  compost  de  Tarticlfrott  pronom  hu  (le,  ce),  et  de phe- 
reth,  qui  prtente  une  triple  signification  :  croitre,  s'aug- 
menier  ifteohder^  fertiUier;  divisetf  s^parer,  Les  Grecs, 
en  tehangeant  ce  nom  en  celui  d*SuphraUSt  Tajost^rent 
au  gteie  de  lenr  langne,  avec  la  signification  de  rifauir,  h 
cause  de  Tagntaient  qne  ce  fieaTo  r^pand  dans  tons  les  psys 
qu'H  paroonrt  Les  Tnrcs  le  nomment  Frai,  On  salt  que 
PEnphrate  est  mi  des  quatre  flenves  qui  arrosaient,  dit-on» 
le  paradis  terrestre;  que  sor  ses  deux  riTCS  brilla jadis 
la  snperbe  Ba byl one,  qu*il  fot  longtemps  la  barritoe  qui 
i^panit  Tempire des  Perthes,  devenu  plus  tardoduldes 
Per  ses  sassanidcs,  des  pays  soumis  aux  Bomains  et  aux 
empereurs  d^Orient  q'est  pris  des  bords  de  P£iiphrate,  k 
Cnnaxa,  que  C  y  r  u  s  le  jeune  Cut  vaincu  par  son  (rkn  Ai^ 
taxerc^Memnoo,  et  que  les  dix  roille  Grecs  ses  auxi- 
liaires  oommenc^rent  cette  belle  retraite  qu'a  immortalise 
la  plume  de  leur  chef  Xfooplion.  C*est  encore  prtede  P£u- 
phrate ,  k  Carrbes  ( Harran ),  que Crassusflt subir  k  one 
arm<^  romaine  la  boots  d'une  d^faite  devant  les  Partlies. 
LucuUus,  dans  la  guerre  centre  Mi thridate,  sacrifia 
un  laureau  dans  ce  fleuve  pour  en  obtenir  un  passage  faro- 
raUe,  et  Pomp^,  en  ponrsuivant  ce  prince,  fit  le  premier 
Jeter  un  pout  de  bateaux  sur  PEopbrate. 

L'Enphrate  a  deux  principales  sources  :  Pune,  appelde 
aajourd*bui  Mourad  oo  Kara-Sou,  Tient  des  montagnes  de 
la  Grande-Arm^ttie,  et  passe  i  22  oo  26  kilometres  nord-est 
d*Cne-Roum.  Son  cours  est  plus  long  qne  celui  de  la  se- 
conde  source,  qui  descend  d^une  autre  dialne  de  montagnes, 
plus  au  sud,  et  assex  prto  de  la  source  du  Tig  re :  si  bien 
q^  les  andens  attriboaient  k  cesdeux  fleuves  une  com- 
mune origine.  Les  deux  brandies  de  i*£upbrate,  r^unies  pres 
de  Monnacotoom,  k  environ  as  kilometres  d'£ne-Room, 
ooolent  d'abord  au  sud-ouest,  vers  Samisat  (Samosate),  ou 
une  cbaine  de  baotes  montagnes  Pemptebe  d*aller  se  jetei 
dans  la  MMiterrante.  11  commence  alors  k  porter  de  petites 
caiques;  mais  son  lit,  rempli  de  rocbers,  rend  la  navigation 
peu  commode  et  peu  sdre.  Arrive  aux  confins  de  la  Petite 
Armteie,  il  se  dirige  vers  le  sud,  en  (usant  qudques  detours, 
et,  aprte  avoir  traverse  un  d^fil^  du  mont  Taurus,  s^par^ 
PAnatolie  dela  Tnrcomanie  on  Arm^nie  turque,  et  le  Dlar- 
beckr  on  M^sopotaroie ,  de  la  Syrie  et  du  ddsert  d'Arabie ,  il 
se  joint  au  Tigre  "dans  I'lrakr Arabi  on  Cbald^e,  prfes  de 
Gooma  ou  Kboma,  ville  ainsi  nommee  k  cause  de  sa  position 
sur  la  poinle  ou  come  que  forme  la  jooction  des  deux  Oenves. 
lis  n'ont  plus  alors  qu*nn  lit  commun,  qui  court  droit  au  sud, 
entie  le  Kbousistan  on  Abwaa»  (Pancienne  Susiane),  et 
PIrak-Arabi,  et  se  d^cbarge  dans  le  golfe  Persique  par  sept 
embouchures,  qui  lorment  un  delta  compost  de  plusieurs 
fles  nommte  Kehan  on  Goban.  L'Euphrate  perd  son  nom 
depuis  sa  joDction  avec  le  Tigre  k  00  lieues  de  son  embou* 
diiire.  Les  aodeos  nommaient  BasUkata  ( lleuve  impdrial ), 
k  cause  de  sa  1ai|pBary  de  sa  profondeur  et  de  son  cours  ma- 
lestueux,  le  bras  de  mer  quils  fonnent  ensemble,  et  qui 
porte  auJourd*bui  le  nom  de  Schal-el-Arab  (Oenve  des 


Arabes).  Le  cours  entier  de  PEnphrate  est  de  pins  oe 
200  myiiametres,  etson  bassin,  rteni  k  oehd  du  Tfgre,  oe> 
cope  one  superfided'environ  8,600  myriametres.  Ses  earn, 
qnolqoestronbles,sont  sainesetagrteblesk  boire;  si^ettes 
k  des  ernes  Men  plus  lir^gniieres,  et  qoant  k  lenr  ^poqoe  et 
quant  k  lenr  IntmitA ,  elles  n'en  sent  pas  moins  tout  aossi 
utiles  anx  contrte  qu^dles  traversent  que  peuvent  Peire 
ceUesdtt  Nil  4  llgypte.  D'aillenrs  PEuphrate,  qui  re^t 
plnsieurs  rivieres,  renferroe  un  grand  nombre  dUes,  et 
foumit  de  Peau  ^divers  cananx,  dont  qodques-nns  comrau- 
nlquent  avec  ie  Tigre ,  k  travers  la  M^potaraie. 

Malgr6  Pimmense  volume  de  ses  eaux,  PEnphrate  n'esi 
navigable  que  sur  un  petit  nombre  de  points;  dans  sob 
cours  snp^rienr,  ce  sent  des  rapides  et  des  rodies ,  dana 
son  cours  inHMeur,  des  bancs  de  sable  et  des  banes  qui  eo 
entravent  le  cours;  et  les  essais  tenths  de  issa  k  IS37  par 
des  Anglais,  sous  la  direction  du  colond  Chesney  pour  ap- 
pliquer  la  vapenri  sa  navigation  ontd^montri  quil  fallaifc 
dteid^nent  ranger  au  nombre  des  r6ves  de  l^imaginatkm  la 
possibility  de  se  servir  de  ce  fleuve,  du  moins  dans  son  4M 
adud,  pour  ^tablir  une  voix  de  communication  par  can  en- 
tre  les  Grandes  Indes  et  la  MMiterran6e.  Consultex  Cbesaey* 
The  BxpedUUmfor  the  Murveif  qfthe  river  SmphraUi  amd 
Tigris  ( 2  vol.,  Londres,  1850  ).  H.  Aummsr. 

EDPHRATltelB.  Foyes  CoHAoiHB, 

EUPHROSINEou  EUPHROSYNE  (cOfpoovni,  de  §6, 
bien,  9povto,  je  pense)«  une  des  trois Gr Aces. 

EUPHUISIIE.  GrAce  an  gteie  de  Walter  Scott,  qui 
ne  connalt  oa  bd  esprit  de  la  cour  d'£lisabetb,  ce  bt  d« 
sdxltaie  sitele,  ce  sir  Pieiey  Sbaflon,  qui  apportait  au  mi- 
lieu des  moeors  et  de  la  pauvret^  de  PEcosse  son  amour 
dn  luxe  et  de  la  m^tapbore,  ses  vetemeots  magnifiqnes  et 
la  broderie  de  sa  conversation?  Sir  Piercy  reprteentait  na 
petit-maltre  du  temps  de  John  Lillie,  qui  jouit  d*une  r6pii* 
tation  aussi  prodigieose  qu'elle  fut  courte.  Oet  horame,  qui 
avait  devin^  M*^  de  Scnderi  et  les  prMeuset,  dlalt  ap- 
pd^,  dans  le  titre  de  ses  pitees  de  th^Atre,  le  scnl  rare 
poete  dn  sitele,  le  spiritud,  le  comiqne,  le  Csc^tieoseraeol 
ing^nienx  et  Pingtoieusement  ftc^tieux  John  Lillie.  Bloant« 
son  6diteur,  nous  assure  qo*il  s*asseyut  k  la  table  d*Apol* 
Ion,  que  ce  dien  lui  d^oerna  une  oooronne  de  ses  prapraa 
lanriers,  et  quMl  ne  manqnait  pas  one  seule  corde  k  la  lyre 
dont  il  se  servait  Le  livre  qui  fit  sa  reputation  est  intitule  • 
Euphues  et  ton  Angleterre,  au  Fanatomie  de  Vetprii. 
AusdtM  les  courtisans  de  parier  eicpAttisme,  c*est-k-dira 
d'alUer  les  IdAes  les  plus  monstnieuses  et  kss  plus  outrtes, 
de  recherdier  les  concetti  les  plus  btxarres  et  lea  moins  na- 
turals, d^affecter  enfin,  un  style  forc6  et  guind<,  qne  qudqnea 
toivains,  au  nom  de  la  vMt6,  emplolent  encore  en  se  pro- 
clamant  originaux  et  moddes.  Le  barrean  d  la  chaire  adop- 
t^rent  le  Jargon  de  Lillie  comme  la  coor,  et,  sdt  imitation, 
soit  mauvais  goOt  de  P^poque,  nous  retrouvons  dans  prea- 
que  tooie  PEurope  ce  penchant  au  style  ridiculement  fignr6 
que  Ben  Johnson  attaqua  dans  le  Cin  thiols  Reveli.  Un 
des  exemples  les  plus  grotesques  qu*on  en  pourrait  dter  est 
Poraison  du  brave  Crillon,  prononoee  en  dteembre  161&y 
k  Avignon,  par  Iej6suite  Bening,  etdont  Pabbe  d*ArtigDy 
a  donn^  un  long  extrait  an  dnqui^ne  volume  de  ses  me- 
moires,  ainsi  queceUe  de  Parchiduc  Albert,  sons  letltredv 
Soleil  Mipsi,  par  dora  Bernard  de  Montgaillard.  Cepen- 
dant  le  jesuite  Pemporte  encore  sur  le  predicateur  de  Por* 
dre  de  Ctteaux.  Da  REiFFBiiBcaG. 

EUPOLE  ou  EUPOLIS,  un  des  six  pontes  comiquea 
grecs  que  les  graramairiens  de  I'ecole  d'Alexandrie  ont  jn* 
g^s  dignes  d'etre  places  dans  lenr  canon,  florissait  vera 
Pan  440  avant  J.-G.,  et  fbt  contempordn  d'Alcflbiade,  qui 
eut,  dit-on,  vivement  k  se  plaindredela  caustidte  de  ses  at- 
taques,  d  qui,  ijoute4-ony  s*en  vengea  lAchement.  Eopo- 
poHs  fit  represeoter  snr  le  tbeAtre  d^Athtaes  dix-sept  ooai6> 
dies,  dont  sept  furent  couronnees.  Un  passage  de  Luden 
permet  de  conjecturer  que  les  osuvres  de  ce  poete,  remar- 
quabl&s  par  la  finesse  du  trait  et  par  beaucoiip  de  grAea 


KCPOLE  —  EURK-BiT-LOIb 


l&S 


ibmk  utae  it  tes  lectures  /avorites,  et  qu'elles  ne  dureot 
pas  tilt  MOt  influence  sur  la  tournure  mordante  et  spiri- 
tudJe  <le  sea  dialogues.  II  en  eiiste  encore  quelques  frag- 
menu  4>an  dans  Stob^  Ath^n^»  Pollux,  etc.;  et  lis  ont 
Ot  reeneillis  et  commentis  par  Runkel  (Leipiig»  182S). 
On  croit  qu'Eopc^  p^t  dans  la  guerre  dn  Ptf oponntee,  en 
eombattanl  TaiUainment  les  Lac^^moniens ;  on  ajoute 
m^me  qu^i  cette  occasion  les  Atbtoiens  rendirant  une 
loi  qui  dispensait  k  I'ayenir  les  pontes  du  serrice  militaire. 

ECRE  ( D^partement  de  V ).  Form6  de  la  partie  occi- 
deBtalederandenneKormandie,d'une portion  duPer- 
ebe,  il  est  boni6  au  nord  par  le  d^riement  de  laSeine-In- 
fiSrieore,  k  I'est  par  cenx  de  TOise  et  de  Seine-et-Oise, 
au  8od-est  par  oelui  d'£ure-et-Loir,  an  sud-ouest  par  oelui 
de  rome  et  k  Touest  par  ceini  du  Calvados. 

Divis^  en  5  arrundissements  dont  les  chefe-lieux  sont 
Evnox,  Bemaj,  les  Andelys,  Lonviers,  Pont-Auderoer,  36 
cantons  et  798  oommnnes,  ii  oompte  415,777  habitants.  II 
cttToie  trois  d^pot^  au  corps  l^gtolatif,  forme  la  2*  subdifi- 
lion  de  la  2*  division  militaire,  &it  partie  de  la  2'  circonscrip- 
tion  fonsti^e*  est  dans  le  ressort  de  la  cour  d'appel  de 
Ronen,  et  forme  le  diocte  d'£vreui.  Son  acadtoue  com- 
pvad  denx  colleges  et  une^cole  normale. 

Sa  soperfide  est  de  &82,127  hectares,  dont  358,863  de 
terreslabonrables;  i  11,045  en  bois;  18,806  en  landes,  p4tis, 
liroyires ;  1,677  en  vignes;  23,212  en  pr4s  et  cultures  diver- 
aes,  233  en  eaeraiesy  aunaies ,  saussaies ;  3,309  en  propri^t^ 
btties;  34,732  en  vergers,  p^ni^res,  Jardins;  495  en  etangs, 
abieuToirs,  mnraia,  canaux  d'irrigation ;  2,897  en  lacs,  ri- 
vikes,  niisseaox ;  14,249  en  for6ts,  domaines  improduc- 
tife;  12,314  en  routes,  chemins,  places  publiques,  rues,  etc; 
295  en  dmetiires,  ^ises,  presbyt^es,  b&timents  publics. 
lie  aombredea  propri^t^  bftties  est  de  1 13,535,  dont  1 12,085 
consaota  Ariiabitation,  698  moulins,  25  forges  et  hauts 
fbnmeaus  et  727  fabriqoes  et  usines  diverses.  Le  d^parte- 
Mnt  paye3,195,2ii  ffr.d*impOt  foncier. 

Sitnidans  le  bassin  de  la  Seine,  qui  le  traverse  dans  sa 
|iins  grande  pairtie,  11  est  arros6  par  I'Eure,  dont  11  tire  son 
noBB,  llton,  I'Anre,  In  Rille,  la  Corbie,  l*£pte,  I'Andelle.  Le 
nanis  Vender,  entre  QoiUebceuf  et  la  Rille,  est  le  seul  con- 
miMtiie  da  d^rtement  de  TEure.  Le  mont  ROti,  entre 
Lieony  et  Salnt>George,  est  le  point  culminant  du  pays,  qui 
cstcngMrnlaaaei  pUt.  Le  sol  est  d'one  grande  fertility. 

On  y  trouTe  du  menu  et  du  gros  gibier  de  toute  esp^e, 
pen  d*anlninux  sanvages  ou  nuisibles.  Le  ch6ne,  le  h^tre, 
rome,  le  chnrme,  le  tremble,  ralisier,  le  cormler  sont  leb 
SMencei  doounantes  dans  1^  forfils.  Le  pays  renferme 
des  pmnieeSy  des  poiriers,  des  pommicrs,  des  abricotiers, 
des  mOrierSy  des  tilleuls,  des  sapins.  On  y  trouve  d^abon- 
dantes  mhies  de  for,  de  la  pierre  meuli^re,  du  grte  k  paver, 
de  la  pierre  de  taille,  de  la  pierre  k  chaux,  du  gypse,  de  la 
pierre  k  foulon,  de  la  ierre  k  potier.  Ses  principales  sources 
■dn^iales  sunt  celles  d*Honssouville  et  de  Vieux-Conches. 

L^agricultare  y  est  trte-productive,  U  culture  trte-soi- 
gate :  U  produit  particuliirement  des  c^rdales,  du  chanvre, 
dn  Un.  La  culture  des  pommes,  destindes  k  Tairc  le  cidre,  a 
dans  la  contrte  un  d^veloppement  considerable.  On  ei4ve 
des  cfaevanx,  des  bocuTs,  des  moutons  de  haute  taille, 
oonnus  sous  le  nom  de  ipoutons  de  pN  saU. 

La  iilature  et  le  tissage  des  lainages  et  du  coton ,  la  fu- 
bricaUon  des  draps  et  des  ^tolTes  de  coton  constituent  Tin- 
dustrie  manufacturiire  la  plus  importanle  du  pays.  On  y 
labriqne  du  fer,  du  fil  de  fer,  des  ^pingles  et  des  clous  d'6- 
pingles ;  U  y  a  en  outre  des  lamineries,  des  tanneries,  des 
DOttUna  k  tan,  des  fabriques  de  coutils,  de  saogles,  de  m- 
bans  de  fil,  de  toiles  peintes,  de  velours,  de  basin,  des  ver- 
reries,  des  papeteries,  notamment  celle  de  MM.  Firroin  Di- 
dot  an  Mesnil-6ur-r£8tr^. 

li  routes  imp^riales,  15  routes  d^partemcntales,  30,100 

chemins  vicinaux  sillonncntle  d<^parteroent  de  TEure,  dont  le 

cheMteu  esikivreux.  ParmI  les  villes  ou  endroits  re- 

■iar%uables,noasdterons:  Hemasf;  ^  ilnc/e /y5,  lott- 

ma.  m  la  ooRVsas.  —  t.  u. 


vieri;  Pont-Audemer;  MrtteuUf  cbef-heu  de  canton 
avec  2,146  habitants,  ^35  kifomitres  d*£vreni^  on  exit- 
tent  de  nombreuses  tuileries;  Conches,  k  18  kilometres 
d'£vreux,  chef-lieu  de  canton,  renomm^  iv>ur  ses  eaux  mi- 
n^rales,  a  de  hauts-foumeaux;  Ivr^lorBaUMle;  Bau* 
morU'le-Roger ;  DamvilU;  Pocy^tfr-J^tire,  &  18  kilo- 
metres d'Evreux,  etait  autrefois  une  ville  fortifi^  d'uns 
importance  plus  considerable  que  mamtenant :  1,597  habi- 
taots;  RtigUs,  k  46  kilometres  d*£vreux,  compte  1,972 
habitants  :  elle  a  des  fabriques  d*^ingles,  d'aiguillei,  de 
pohites  de  Paris,  des  tr^fiieries,  une  gcosse  forge,  des  fon- 
deries  do  cuivre;  Verneuil;  Vernon;  Nonancourt, 
chef-Hen  de  canton,  k  28  kilomMres  d'£vTenx,ne compte  que 
1,041  habitants ;  mais  ce  petit  endroit  a  de  Timportance,  par 
ses  nombreuses  fixtures  et  papeteries;  Criiora,  bAtie  sur 
TEpte,  k  30  kilometres  des  Andelys,  chef-lieu  de  canton, 
3,6o3  habitants,  a  M  longtemps  disput^e  entre  les  Fran^ 
et  les  Anglais  dans  le  quinzieme  si^de,  et  fut  enfin  assur^e 
Ilia  France  par  Charles  VII  en  1449.  On  y  voit  encore  les 
mines  du  chAtean  fort  que  Guiilaume  le  Roux  y  avait  ^lev^, 
de  mdme  qu'une  ^glise  remarquable;  on  y  fait  un  important 
commerce  de  bl^ ;  Btionne,  dgalement  chef-lieu  de  canton, 
population  3,302  habitants,  k  15  kilometres  des  Andelys, 
a  vu  dans  ses  murs  le  ooncile  qui,  en  1050,  condamna  I'h^* 
r^icde  Reranger.  Citons  encore  Gaillon;  Quillebeu/ 
et  Pont-de-l'Arehe. 

EURE-ET-LOIR  (D6partement  d').  Form^  de  U 
Reauce  presqueentiere,et  d'une partie  du  Perche,  11  prend 
son  nom  des  deux  principales  rivieres  qui  Tarrosent,  et  est 
borne  au  nord  par  le  departement  de  VEure,  k  Test  par  cenx 
de  Seine-et^Oise  et  du  Loiret,  au  sod  parle  Loiret  et  Loir- 
et-Cher,  an  sud-ouest  par  la  Sartlie,  et  k  I'est  par  I'Ome. 
Divise  en  4  arrundissements  dont  les  chefe-lieux  sont 
Chartres,  Ch&teauduA,  Dreux,  Nogent-le-Rotrou,  24  cantons 
et  451  communes,  il  compte  294,892  habitants.  II  envofo 
deuK  deputes  an  Corps  legislatif ,  forme  avec  les  departe- 
ments  del'Yonne  et  du  Loiret  la  3*  subdivision  de  la  I*''  di- 
vision militaire,  fait  partie  du  quinzieme  arrondissement  fo- 
restler,  ressortit  k  la  cour  iraperiale  de  Paris,  et  forme  le 
diocese  de  Chartres.  Son  academic  compte  trois  colleges 
commonaux  et  une  ecole  normale  primalre. 

Sa  superflcie  est  de  548,304  hectares,  dont  435,277  en 
fortes  labourables ;  49,426  en  bois;  5,626  en  landes,  pMis, 
bruyeres;  5^01  en  vignes;  22,581  en  pres;  31  en  cultures 
diverses;  795  en  oseraies^  aunaies,  saussaies;  3,186  en  pro- 
priety Mties ;  5,982  en  vergers,  pepinieres  et  Jardins;  696 
enetangs,  abreuvoirs,  mares,  canaux  d'irrigation ;  777  en 
rivieres,  lacs,  misseaux ;  6,790  en  forets,  domaines  non  pro- 
,  ductifs;   11,857  en  routes,   chemins,   places  publiques, 
rues,  eto.;  179en  cimetieres,  eglises,  presby teres,  bAtiments 
publics.  Lenombre  des  proprietes  bAUes  est  de  72,630,  dont 
71,393  consacreese  Thabitation,  706  moulins,  5  forges  ou 
hauts  foumeaux,  et  526  fdbriques  ou  usines  diverses. 
I      La  partie  nord-ouest  du  departement  d*Eure-et-Loir  est  si- 
,  tuee  sur  le  bassin  de  la  Seine  et  de  la  Marne;  la  partie 
sud-est,  sur  le  bassin  de  la  Loire;  I'Eure,  le  Vaigre,  la 
;  Yoise,  la  Rlaise,  la  Meurette,  afHuents  de  TAvre,  I'arrosent 
dans  la  premiere  region;  le  Loir,  et  ses  affluents,  la  Connie, 
la  Tironne,  la  Faucliard,  TOzanne  et  la  Yere,  I'Hulsne,  qui 
va  se  Jeter  dans  la  Siuthe  pres  du  Mans,  arrosent  la  se- 
conde  region.  Le  falte  des  collines,  dont  ia  chalne  traverse 
le  milieu  du  departement  et  divise  celui-ci  en  deux  bassins 
hydrographiques,  n*a  pas  une  grande  elevation.  La  fertiiite 
du  sol  de  la  Reauce  est  proverbiale. 

II  y  apeu  de  gros  gibier  dans  cette  contree,  et  beaucoup  de 
betes  k  laine.  Les  rivieres  y  sont  polssonneuses.  Le  chene, 
le  bouleau  sont  les  essences  dominantes  dans  les  forets;  les 
pommiers  abondent  dans  le  pays.  Pen  de  ricliesses  minora- 
logiques,  mais  argile  k  briques,  k  poteries,  k  faience,  tour- 
bieres,  marne,  pierre  k  betir,  gi^  en  quantite. 

L'agriculture  estparfaitementtenue;r6oolte  abondante  en 
cereales,  fourrages,  plantes  iegumlneinesiegBines  seci,  viM 

20 


164 


EUBfrEE-LOIR  —  EURIPIDE 


ct  ddvet.  Ob  y  tnmve  beaneoup  d^ittimaox  domeitkiiiM, 
dantlt  ftbea^d'iAHinrfBn  oe  ranvquable. 

Le  (llf«ldn*«Bfiiit  eoBtliMnM  donatf  dan  Bim^tULolr 
Ih  aittate  te  edrM««^  iMpermb  4rindfistiteiiiaiiufac(u^ 
rttn  d'y  pnodra  de  grattta  proportions;  on  y  eompte  ce- 
pendant  qadgqea  ^UbUflMments  hnportants,  enU«  autres  la 
papeterie  de  BiM.  Pirmin  Didot  4  Sorel,  ou  (at  aablie, 
en ,  1915,  la  premitee  machine  k  papier  mtanique;  inven- 

,t6e  parM.  Didot  Saint-L^^er,  et  qui  est  la  plus  consld^- 
labie  de  Trance;  des  ftbriqaes  de  draps,  de  conyertares  de 
laine,  de  bonneterie  et  de  clouterie. 
''  Les  cheraiix,  las  bestiaux,  ies  grains,  tea  laines,  les 
^loffes  de  eoton,  les  toiles,  la  merceiie  et  la  qulneaillerie  cons- 
tituent les  'prfncipaies  branches  de  commerce  du  diiparte- 
ment. 

Un  chemhi  de  fer,  celui  de  Touest/  8  routes  imp^ria- 
les,  18  routes  d^rtementales,  8,188  chemins  vicinaux  sil- 
lonnent  ce  d^partement,  dont  leclief-lieu  est  Chartres. 
LesTilles et  endroits  prindpanx  sont  kn  outre iChdteau- 
dun,  Dteux,  Nogent-le-Aotrou,  An'et^  lUiers, 
chef-Ueude  canton  de  3,146  habitants :  k  24  kilomkres  sud- 
ouest  de  Ohartres,  06  se  trouyent  des  fabrlques  de  draps 
et  de  coutertorede  Udne;  J^pernon, if  diiftenon,  l^oii- 

'nevai,  cbeMleo  de  canton,  Jolie  Tille  ayec  une'  ^llse  dont 
on  remarque  la  fl^e  ^leV^,  I  1&  kilometres  nord-est 
de  ChAteaoduOy  eompte  5,055  habitants :  filatures  de  colons 
et  lainages;  Bnm,  chef-lieu  de  canton,  sur  roxanne,  k  32  ki- 
lometres nord^ouest  deChAteaudun,  ville  de  2,345  habitants, 
fait  un  commerce  considerable  de  cereales,  graines  et  lin. 
La  Ferti'Vidame,  Senonchet  cbef-4iea  die  canton,  k  36 

'  kilom.  sud-ouest  de  Dreux,  eompte  2,108  habitants ;  sa 

^  chaux  hydrauliqueest  reoomm^ ;  II  y  a  des  hauts-foumeaux ; 
La  Batoefik-Gauetf  bourgde  2,309  habitants,  k  27  kilome- 
txm  de  Nogent-le-Rotrott,  fait  un  grand  commerce  de  c^- 
r^ales ;  La  Loupe,,  chef-lieu  de  canton,  petite  vllle  de  1,610 
habflants,  une  des  prlnefpales  stations  du  chemin  de  fer  de 
ronest,  k '  i7  kliometres  sod-est  do  Nogent-ie-Rotrou ,  a  de 
riihportanco,  par  son  commerce  de  bestianx  et  de  cidre. 
ECRIPB.  Kofex  finia. 

EURIPIDE  9  on  des  trois  grands  poetes  tragiqaes  de  la 
Grtee,  naquH  la  premiere  aimee  de  la  75*  olympiade  (480 
avant  J.-O. ),  k  Saiamine,  le  Jour  meme'ob  les  Grecs  y 
remporterenttme  tictoire  d  memorable  sur  les  Perses.  Ce 

'  jour  ftlt  epoqile  dans  i*histoire  de  la  tragedie ,  car  Es ch y  1  e 
s'y  distingua  au  nonibre  des  combattants ,  et  le  jeune  So- 

'  phocle,  chantant  Iliymmede  la  Tictoire,  mareha  en  tete 
do  ehcMir  qui  la  ceiebrait  La  (kmlUe  d*Buriplde  s*etait  re- 
fugee clans  Xllt  de  Salamfoe,  pen  avant  PluTasion  de  Xerxes 
dans  I'Attique.  Son  pere  Mnesarque  ^tait  cabacetier,  au 
rapport  des  IJiograplies ,  et  sa  meilB  CHtb.  marchande 
d^erbes.  Aristophane  fait  de  freqiienfes  alliidoos  k  la  bas- 
sesse  de  sa  naissance^  notauunent  dans  les  Acharriiensj  les 
CAeffalierMf  les  F^es  de  Ciri$.  Par  deierence  pour  un 
oracle  mal  interprete ,  on  eieva  d'abord  Euriplde  poor  en 
Aire  on  athlete.  Get  oracle  annon^t  quMl  sendt  fainqueur 
dans  les  Jeux  publics.  II  se  livra  done  aux  exercices  du 
corps,  et  Ton dit  memo  quMI  remporta  une  foia  le  prix.  Mais 
son  esprit  le  porta  bient6t&  d*autres  etudes.  U  s'exerca  dV 
bord  k  la  pelnture ;  puis,  iietudiala  rhetoriqoe  sous  Prodicus, 
et  la  phllosophie  sous  An  ax  ago  re.  On  ^oute  quMl  fut 
intimement  Ue  avec  So  crate ,  plus  Jeune  que  lui  de  dix 
ans.  Celui-cl,  qui  frequentalt  peu  le  theitre,  ne  manquait 
cependant  pas  de  s*y  rendre  lonqu'on  representait  qiielque 
piece  d*Eurlplde.  Ces  etudes  de  la  Jeunesse  da  poete  lais- 
aerent  des  traces  profondes  dans  ses  compositions  tragiques. 
On  y  refroute  le  sy^teme  d*Anaxagore  sur  Torigine  des  etres 
el  tos  prindpes  do  la  morale  de  Socrate,  ce  qui  le  fit  appeler 
le  pbilosophe  du  theetre.  D*un  autre  c6te,  on  salt  le  cas 
que  Qntafllien  fidsait  de  ses  beautds  oratoires  ;  0  conseille 
aui  iennes  '||ena  qui  se  destiiient  au  btrreau  la  lecture  de 
ses  tMivrages,  comroe  un  excellent  modeie  de'  Tart  de  con- 
vaineraet  de  persuader. 


Ce  fut  la  premien  amiee  de  la  81*  olympiada  qtt*Enr|pidc 
fit  son  ddbiit  dana  la  ^carriera  dnmatf^ne.  Son  premier  oo- 
trage  ftit  Le»  Pdiiades  :  U  B*obtfait  que  18  trolsieme  noni- 
nation.  On  a  la  date  dequelques-unei  de  see  iiuUtfs'pieoet . 
d'apres  Taigument  de  |a BiSdH^  elle lot repiresente^la  pre- 
miere annee  de  la  87*  olympiade ;  eile  faisait  partie  d'nne 
tetralogie ,  et  n^obtiht  encoire  que  le  troisieme-prix.  IVofo  ans 
plus  tard ,  quatiieme  annee  de  la  87*  olympiade,  il  reussit 
eompietement,afec  VHippolyte,  Lbs  PMnMennes  forent 
representees  la  premiere  annee  de  la  92*  olympiade,  d'apres 
le  scoliaste  d^Aristophane  snr  Les  QrenouUlef;  HOreste , 
la  quatrieme  annee  de  hi  memo  olympiade.  H  parllt  que  ce 
Alt  18  son  dernier  outrage;  car  11  mouratdenx  ans  aprls, 
dans  la  deuxieme  annee  de  la  9S*  olympiade,  suiYant  les 
marbres  de  Pares,  k  la  coor  d'ArcheiaQs ,  roi  de  Maoedoine , 
06 11  s'etait  retire  dans  les  denders  ^pe  de  sa  Tie.  On  nVst 
pes  d'accord  sur  le  genre  de  sa  mort.Les-ons  raoootent  que, 
se  promenant  un  jour  dans  -un  Keu  solitaire,  des  'Cbiens 
forieux  se  Jetereot  sur  hii  et  le  mitent  en  pitas.  DHmtras 
preteodent  qu'il  tai  dechire  par  des  temmes.  OeUe  demiere 
tradition  repose  sans  doute  eur  la  haine  qu*oo  hu  attrtbue 
ponr'lesexe  en  general.  On  salt  qnUrtetopbane,  dans  sa 
comedie  des  Fiies  de  CM$ ,  suppose  que  lesfemmes,  lirik- 
lant  de  se  Tonger  des  faijures  qu'Eorlpide  lenr  predigoe  daos 
ses  tragedies,  deblierent  entre-dles  sur  les  moyens  de  le 
perdre;  et  I'anteur  comlque ,  toot  en'  feignant  de  preadre  le 
parti  des  fennnes  centre  Eoripkie,  les  outrage  lui-naeoDe 
blen  plus  audacieusement  que  ce  dernier,  neannoina  Eori- 
pide  se  maria  deux  fois :  la  premiere  ftmme  qoH  epooaa, 
k  rege de  Yingt-trois  ans,  s*appelait  dMorine,  et  loi  donna 
tfob  fils;  apres  TaToir  repUdiee,  U  en  epoosa  nne  antre. 
11  paratt  qu'aucune  de  ees  deux  anioBS  no  ftit  lieaffease. 

Anlo-Gelle  rapporte,  sor  le  temoignagede'inarren-,qa^Eo- 
ripide  avait  compose  soixante-qaliue  tragedlev,  et  qii*il  ms 
remporta  le  prix  que  dnq  fois.  Gependant,  sa  biographie 
redigee  par  Thomas  Magister  porta  quHl  fit  qoatra-Yingt- 
douxe  tragedies, el qn%  yafnquit qoinae  foisi  Mais  lesiiotres 
biographes,Sttidas  et  Mesehopolns,  neparientq^e  detiflq  vk- 
toires.  11  ne  nous  reste  de  lui  que  (Ux-neufijiieQe^  en^Yoiei  les 
titres?  Hticube,  Oreste,  Les  PMniisMnnes,  M4d^y  f^^Fpo- 
ly^,  Aleeste,  Andrtmaque,  Le  Cfchpe  (draaae  satirlqii^), 
Les  Suppliantes,  Iphiginie  en  AuMe;  Iphiig^i&en  Tau-^ 
tkle,  Les  TroyenneSf  RMsns,  LesBaeehantes'  Le§B4ra* 
elides,  kMne,  ion,  Beteule  fitrieux,  iieetre.  Parmi'les 
nombrenx  firagments  de  ses  antres  oo?rages,  fl  noos  reste 
le  prologoe  de  Jkmai,  atec  un  fragment  de  cheeor,  plus 
trois  passages  assez  considerables  da  Phaiten ,  troaves  en 
1810  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliotheque  taiperiaie. 
'  On  a  porie  des  Jugements  tres-direvs  sttrle'merfie  d*Eo- 
ripide  eomme  poete  tragk|oe ,  tant  ches  les  anciens  que  diex 
ies  modemes.  Aristophane,  son  oontemporain ,  I'a  fre- 
quemment  parodie  ettoume  en  ridicule.  Aristole,  dans  sa 
Mtique,  appelle  Euriplde  le  plus  tragique  des  podtef ; 
rnats  c'est  par  allusion  au  grand  effet  die  ses  catastraplies 
funestes.  Puis  il  lyoute  :  «  Quolqo^il  ne  soit  pas  loujoors 
heureux  dans  la  conduite  de  ses  pieces.  »  Quiptillen ,  de 
son  cAte ,  preiere  Euriplde  k  Sopho^e ,  en  les  jugeapt  de  son 
point  de  vue  de  rheteur.  Chex  les  modemes  aossi;  Euriplde 
a  longtemps  obtenu  la  preference.  Racine  paratt  TaToir 
etudie  plus  particuUerement ,  et  Pa  souvent  imite.  De  imm 
Jours,  au  confaraire ,  \V.  A.  Schl^  l*a  rabaisse  fort  an- 
dessous  d'Eschyle  et  de  Sophode.  Ge  critique  ceiebre  nous 
semble  avoir  Juge  le  grand  tragique  d*un  point  de  Tue  trop 
limite.  Il  lui  preiere  ISschyle,  paroe  que  cehii-d  a  mfeux 
copsenre  le  ceraciere  religleux  qui  fht  d^abord  faihemt  au 
theetre.  Mais  Euriplde  marque  d^une  maniere  frappante  la 
transition  de  Tdpoque  religlouse  k  Tepoque  pldlosopliique ;  el 
ii  n*y  a  uollement  de  la  Ikute  du  poete  :  <^est  la  marciie 
ineTitablede  I'art,  qui  est  force  de  sulVre  le  mouveikientdes 
esprits.  On  pent  y  voir  im  progres  plotM  qu'uae  alteration, 
ou  do  mohis,  s'il  y  a  dtodence  sous  le  rapport  ieU|^x,  il  y 
»  n»-ifrr^<;  i.,  ur  pqii  FMniiifte  A  fiu  efliei  deeouferton  monda 


EURIPlOR^^i  EUROPE 


Mm 


inooBBv ,  to  HHiiflede l*iBi»,  et oe flii te aouroedeaas  flm 
briKanlft  moek^  QnehiiMS  reproehes  <in!il  m^iat*  4'aiU«i]rA» 
aDpe  ptti  iKtannatMCB  {Id  uv  gnuidt  pcMre  da  coeur. 
ImMia.*  CMt  p(r  Itqnll  toodtfi  ipi^l  attaiOie^  et  quil 
ddl  fiUlf»da*&  too^'les  tenp^  panse  i|ttHt  A  netnc^  le$  len- 
tianti'tf  ««rif.au-etturde  fbommeu  Son  fant  principal  «8t 
ifteoiivoiPvO  acimiaiwaH  Jaaalore^lai  paanaiu,  et  ii  aavait 
tiMMW Ma dtMtk»»0aM leaqueOeae^Bi peoT^at  ae dive- 
kipper  atve^  to  ptoa  de  fbfpa.  On  pent  faire  biei  dea  pbjec- 
ttow  cooire  aaaplaM  naiiirdemite,  oontve  to  cbcdx  de  sea 
CBlieU'et  toB  bcfi  dTaarne  de.  8ea>  ehcaora,  maia  il  reate 
anpAieor  dMia<4>espvanloii  tiattf  et  natnrelto  daapaaaiona, 
dHa  l%rtd^tof  wtei  del  attoaltoiiaiiitdreiaaiiteay  de  grouper 
deseanettfes^Miitomx;  et  deaaiair  to  Mdare  bpmaiiieflOtta 
tapteaaaaiaeaa^ll  eat  inattittdaiialtertdft  traitor  to  diatogue, 
eld'ad^pter.toa  diaeeura.et 'toaWipliqiieBiao  caraet^TOi  au 
ane,  k  1«  oooditiein  dea  penomiagea.  Tmiien  readant  Joatice 
k  MMpooe  et  i^  te'fiKHit6.  de  aon  atyto,  tt  towtrecmaaltre 
ifiiil  a  aooTttt'tttsM  dea  aeataiMBa  it  de»  tirades  pliilo- 
aepUqaaa.  Par  aea  dMMa  eooMae  par  sea  qoalit^ ,  iL^tolt 
pioaieeeaeibtolt  I'isapritdea  modaneaje'eatoequiexplique 
to  prMraiQe  «f ae  qaelqaea^na  ini  mit  donnte  aor  Sopbode, 
qidm  malBtaBB  Tart  daoa  me  rlgfen  plus  pure  et  ptas  idteie. 
Ua  lAwttaate  ddittondeaoBama  d^Eoripideeatcelto  qu'en 
a  doimfo  M.  Fix,  dans  U  BibUoikigtie  de$  auteurs  f/recs 
de  IHf:>Dldot  (vol.  Faria»  1843). 

•  '•>  Al^atv,  totprctevf  fiD^t  de  I'iniinicUeB  priiiiMi«« 

EUROf&Getto  paitto  de  ia  tern,  dont  l4  aoperflde 
lelato  eat  de;S8;000  royriamMcaa  ean^  et  qui  a'^tend  de- 
piria  to  Mepl  Oaea1,^lefle0ve  du  mtee  nenf  et  to  mer  Cas- 
picnne,  daae  to  dlreetton  dts  aodmoeat » entia  to  mer  Gto- 
ciato  da  word,  PoUui  Attootiqiie  et  to  mer  M6diteiTan6e,  ne 
iairme  i'  liton*  dite  qn'on  prolongeiiiant  oa  one  preaqo'tle 
de  l^Aate;  Haiv  les  oonditfona  phyaiqnea  aooa  J^eropire  dea- 
qoedea  eOe  ee'lroaTe  plaefe  nen^aedlenenl  en  font  me 
partto'de  to  terre  toot  A  toU  4  part»  eitoa  I'ont  en  ootie 
rendoo  to  foyer  to  ^toa  toipectant  et  to  plaa  paiaaant  de  to 
eitaiaattoii.  Lee  points  extiimes  de  to  terre-  ferse  aont ;  k 
rest,  renlMMidiDre  dv  Kara^  par  e6*»  ao'  de  longltiide  oden- 
tato;  an  nerd,  te€ap  llord,  par  71%  10'  de  totitude  septen- 
tftoode;  A  rooest,  ie  oap  to  Roea,  par  fa"",  M'»  30"  de  longi- 
tode  ooeideitate^  an  sod,  to  cap  Tarito»  par  96*  de  iatttude 
iepteiMonote<  Sa  ploa  granda  4tendue,  do  «ap  Saint-Yinoent 
k  PerabonclNira  da  Kara,  du  sod-oueat  an  nord^est,  eat  de 
560  myriamAfarea,  et  sa  plaa  grande  largear,  dn  Cap  Nord  au 
Cap  Malapnn,  de  aiA.  Intra  to  golfe  de  Lion  et  to  golfe  de 
Btoeaye,  elto  n*A  que  35  myriaroMrea  de  largear.  au  and, 
dto  ae  ae  trenve  atparfo  de  PAsto  qne  par  to  Boapbore  et 
par  radtospAnt,  et  de  I'Afriqne  que  par  to  d^troit  de  Gi- 
hraMar.  Rton  de  pins  caraotMstique  qne  sa  aJtoation,  qui 
fait  dUto  to  centre  dea  bdniaph^res  continentanx,  en  OB^me 
lempa  qne  l*antipode  da  moade  ocdanien,  aveo  leqnel  elle 
ae  tvDinre  pooKant  dtraiteroent  onto  an  moyen  de  l'0c6an. 
R^^OB  eaaealieUeBMDt  oontincntale  A  l^est,  mMiterrantene 
aa  sody  oc^teienne  A  Tbaest,  et  aitote  presqne  tout  enti^ 
MMM  to  xOne  tempMe,  elto  a  M  appelde  A  6tre  to  tb^tre 
d*nne  dtiiisattoB  particnlitee,  en  mteM  tempa  qo'A  offirlr  to 
speetaete  da  moltipfe  ddretoppement  de  I'Aaergte  bumatoe 
poflde  A  eon  pina  bant  degri  de  pnlasanee^  II  n'eat  pas  de 
partto  de  to  terre  qui  poaaMe  nne  anasi  grande  ^tendue 
de  eOtea,  ane  telto  riehease  de  preaqvltos,  qui  offre 
taat  de  fiidiit^  an  aommeroe  et  an  ai  grand  norobre  de 
poiato  atoesaiblea.  Oomme  irmptiona  importwtas  de  VO- 
eta,  nodi  aignaieroaa  an  nocd  to  mer  Blanebe,  an  nord- 
oaealj  to'Baltiqne,  le  Oatttgity  to  SlMgerack,  to  mer  da 
Moviy  to  Oaaaiy  et  to  goHe  de  fiiscaye;  et  ao  sod,  oomnie 
peittoa'dtoHBCteade  to  Mditerrante,  la  mer  de  Lignrie,  la 
mar  TyrrltMeaaey  to  mer  Adriatique,  to  mer  lonienne  et  to 
ncrttle;poi8y  per  deto  lamerde  Marmara  aituteentre  i*Hel- 
tospoot  et  to  Boapliore,  to  mer  Noire  vftc  le  golfe  d^Azow. 
EalM  eea  divmiea  mars  a'avancenten  forme  de  preaqulles : 
an  aod,  to  Taoride  ( Crimte ),  to  Torqnie,  i*Istrie,  i'ltoUe  et 


to  pMasnto  beaplriennq;  on  nofdrooeat^  toSntagpe,  Ja 
Nonaandie,  la  qi^ltondOf.  toJottond.<l  to]ireaqa*lto  Scandi- 
BKTo;  An  aord»  to  Lapooie,  Cast  dana  to  m^  9toncbe  qne 
to  oOte  offre  .to  moins  d'aofraetpoatt^  fsUefat  antmment 
tonrmentte  do  eM  de  l^oote  Atiantiqqe^  c^  da  oOl^  de  la 
MAditerran^  elto  ofbe  .encore  bien  phia  d^^obwacrurea  et 
d^aeddeata,  droonatance  toot  A  toittoijorabto,  et  qni  eemble 
Afoir  deitfaA  oette  partto  de  PRoropa  A  devenlr^  bereean, 
puis  to  foyer  to  plna  acttf  de  to  dviUiatkm.  Dea  ttoa  d^ien* 
dant  de  rfiarape,  Itslaade  aaule  eat  isolito^  eomme  ponr 
aer?ir  d'^tape  entre  dto  el  to  Groentond^toa  aatfeaae  Iron* 
vent  preaqoe  tontea  idnnlea  en  grevpe  et  rappreebdea  du 
continent,  MAfdr  dea  plna  vaateAterntefraaannord^oueat; 
et  an  aad*«d,  de  eeoa  dont  lea'  oOlaa  offirent  to  ptos  de 
8olutiona.de  continoltd.  Id,e^eat  IWcbipd  graoi  en^ce  de 
poat  m  pomr  to  dvittiatlQii  eatra  i!Asto>  rAQriqne  et  r£a* 
rope ;  IA;  <^aat  Pattfaipd  britaaniqae^qol  a'dAfe  oommo  oa> 
wage  airanfeA^fen  IXNataa,  etqoe  aa.sitaatioii  ^tegraphiqoe 
a  deattoA.AipoiaMer  rempire  dei  memde  mAme  qa'A  aerrir 
dlntermMtoire  entre  rEarape  d  PAaMque.  Id,  c'est  to 
Sidle,  point  de  repira^eBtrarAMqae  d  ntalto;  to  I'arddpd 
daaoia,dealta^ii  pi^Bpagar  gdtoeatywndn  vera  to  aord. 

OropriqiAto^  A  oqnsid^  toa  aneaesaiena  de  ptoteam  d  de 
baa-fonda,  de  menta^Ma  d  de  valtoea  qne  prtanto  to  aor« 
toce  de  I^Bnrope,  sa  oonflgnratioB  axt^Meare  pantt  d'abord 
avoir  na  eartato  earadAre  d'aaitarmit^  En  tra^aat  en  eM 
une  ligne de  i'emboaehnre.da  Odeatr  k  odto  dn  Rhin,  on 
divise  ie  eontinent  en  den  parties  pdndpalea,  edto  du 
nord-eat,  graade  valtoe  atfpaiMto  de  to  parOa  ^-oood  par 
nne  idrie  conliBnelto  de  pldeanx.  Jiato  nn  eaamaa  plna  at- 
tentlf  ne  t«de  pdnt  A  ddnontrer  quo  cetto  graade  valite, 
elle  auad , ae  ialaae pea qued'avdr nnoanrtooe  e^trlmement 
to^gatod  tonrmentAe;  dqne»Ato  difllirence  deaautres  parties 
de  to  tem^  c'ed  A  I'eitrtae  dtverstoS  da  oonflguratlon  du 
sol  qo'ed  do  to  earadAre  paiticoiier  qni  fonne  to  propre 
de  to  natomienroptane.  Ia  graade  .valtoe  Sarmate  convre 
k  elto  seale,,au  aord-ed  do  MoBtr  et  de  to  yiatale,  nae  au- 
perfide  de  4§,000  myriamMvea  earrfe,  tandto  qne  lea  dlff€- 
rentei  ootraa.validea  dn  continent  nVnoceopent  qpe  e^ooo. 
Dana  tos  preaqnilea,  je^art  to  ooailgnration  monta^ieose  qui 
domtoe,  d  de  telle  sorte  que  tea  vaMea  n*y  ooenpent  gadre 
au  deto  de  5^00  myriamdrea  caate;  mato  c'ed  prtei- 
n^meot  an  nord  que  ae  trouvent  lea  vaUiSea  lea  phia  profon- 
des;  d  toScandinavto,  la  preaqnito  qui  pMtre  to  plna  en 
avaat  daaa  to  lOae  froide,  ed  auaii  edto  qui  prtfsoito  lea 
valtoes.lea  ptaa  vaatea,  drconstance  A  toqudto  ed  dne  to 
posdbilit^  d'y  cultif  er  to  aol  Juaqu'an  potot  nord  le  plna  ex- 
treme. Lea  ttoa,  ellea  anad,  aont  aawjettiea-  A  cette  beu- 
reoseoanflgoration.  Letierade  leor  anperficto  totato  ae  com- 
pose de  vdtoea,  d  plna  parttcnll^rement  au  voisinage  de 
Toota  Atlantiqne.  Vno  A  vol  d'oiaean ,  rEurope  rentorme 
50,000  Bqrrtomdveac8rr6s  de  vdtoea  d  25,000  royrtomAtres 
de  contrte  montagnensea.  La  grande  vallte  de  I'Enrope 
orientde  commnniqne  direetement,  an  sad  du  mont  Oural, 
avec  lea  ateppea  de  I'Ade,  d  forme  to,  au  nord  de  to  mer 
Caspienne;  cetto  grande  porta  dea  peoples  par  laqndle  p^- 
n^trtowt  lea  bordea  asiatiqnoa  qnand  dtos  s'en  vlnrent  mo- 
mentan^OMnt  oompromettre  le  dAvdoppemcnt  de  la  dviU- 
aation  entfopAenne  et  tofoser  de  nonveauxAl^mento  dans 
son  mdange  de  peoples.  An  noid,  die  toudie  par  les  toba- 
bltablea  marato  dea  Tundras  k  to  mer  Gladato;  au  snd,  eUe 
a'appoto  aox  premiers  oontreforto  do  Caucase,  ceint  la  rive 
septentrionato  de  to  mer  Noire,  puto  anbitnn  exbaussement 
do  sol,  ae  oonvre  atora  de  marais  d  de  forOts,  d  ao  and,  de 
luxurianto  pAturages,  pour  oonstitoer  un  groope  regional 
parttoolier  d  on  aeul  grand  £tot  politique  {ffogei  Russia ). 
De  to  Vidnle  au  Rhin,  to  pidne  Sarmato  oontmue  en  se 
rdrteiaaaat.  tm^oora  davantage  pour  formal  la  cetetnre  de 
vdtoes  germaniqnes  qui  aooompagne  les  rjvagiBa  de  to  Rd- 
tique  d  de  to  mer  du  Nord;  r^ston  divia6e)ana8i  par  un 
grand  nombre  de  togers  soutovemento  du  sol  d  de  profondes 
vallto,  avec  un  clienAl  pour  Ttoulement  dea  eanx,  d  qui 

20. 


IM 


BUBOPE 


dm  la  fntadenr  moyenne  de  Test  k  I'oaest  prtwnte  It 
treiisitkm  det  landes  sabkHmemes  an  fteppes  ▼ordoyantes 
et  anx  mania ,  poor  finfr  par  a'^baiaser  joaqu^u  nireao  de 
la  Mer  dn  Nofd  et  mtaie  ploa  baa.  Aa  sud-ooeat  dea  em- 
boochnrea  dn  Rhfai,  lea  ferUlea  yalMea  flamandea  aerrent  de 
point  de  tranaitioii  aax  Talliea  fran^aiaea  qai,  dea  plainea 
et  dea  plateaax  de  la  Picardie  limitropbeadea  dernt^rea  ban- 
teara  de  la  Flandre,  a'abaiaaent  poor  former  lea  baaaina  a^- 
parant  le  groape  dea  montagnea  oentralea  de  la  France  de 
Too^an  AUantlque  et  dea  montagnea  de  la  Bretagne,  et  an 
and  a*appiiyant  aax  Pyrte<te.  Pendant  que  la  region  mon- 
tagneoae  du  and^ooeat  de  TEorope  eat  entour^  de  la  sorte 
de  vallte  formant  on  grand  arc  aeptentrional ,  lea  vaUtoi 
do  Danube  k  Teat,  cellea  dea  Marchea  et  de  rodinr  k  Fooeat, 
Rjoignent  lea  plainea  do  baaain  dn  Rh6ne  et  do  basain  du 
Rliin,  en  constituant  quatre  r^ona  oo  groopea  de  mon- 
tagnea Men  diatincta.  Entre  lea  baaaea  plainea  du  Rh6ne  et 
dn  Danube  bongroi^,  et  entre  lea  yallta  lombardo-vtei- 
tiennea  et  lea  plainea  dannbiennea  de  rAllemagne  m^ri- 
dionilCy  a*^^ve  le  yaate  ayattaiedea  difftrentea  chatnea  dea 
Al pea  aur  une  baae  totaie  de  t,SM  myriamMrea carr6a,  at- 
teignant  avec  le  Mont-Blanc  une  altitude  de  4,934  m^trea 
poor  former  I'un  dea  ploa  magnifiquea  plateaux  de  la  terre; 
avec  dea  pica  de  8  ^  4,000  m^b^da  hauteur.  Au  nord  de  la 
p)ainedohant  Danube,  entre  lea  Tallta  du  Rhln  d*une  part, 
et  cellea  dea  Marchea  et  de  TOder  de  I'autre,  lea  mootagnea 
eentralea  de  I'Allemagne  aoivent,  aur  une  baae  de  2,500  my- 
riamMrea  canito,  one  pente  qui  va  ainclinant  en  terraaaea 
▼era  le  nord  et,  ao  moyen  de  diveraea  chalnea  longitudi- 
nalea  recouvertea  dea  plua  richea  forfita,  partage  le  aol  alle- 
mand  en  im  grand  nombre  de  r^ons  diatinctea  ( vopet  Al- 
LKHA6HB).  A  Tcat  dea  Alpea,  dont  lea  apparent  le  coura 
moyen  do  Danube  et  aea  Talldea  bongrdaea,  a'^vent,  aur 
une  baae  de  5,100  myriamdtrea  carr6a  de  aoperflcie,  lea 
Monta  Carpathei ,  depuia  lea  anglea  couTerta  de  neige  du 
plateau  de  Transylvanie  jnsqu'aux  baaaea  montagnea  forea- 
titoa  de  Preabourg,  qui  ceignent  lea  ricbea  plainea  de  la 
Hongrie,  attelgnent  au  mont  Tatra  une  altitude  de  3,000  m^- 
trea  et  prennent  en  TranaylTanie  tooa  lea  caract^  d*un 
paya  de  plateaux  ( ooyes  CARpATHsa ).  A  Poueatdn  RbOneet 
du  Rhhi  a^Tancent  aur  le  flane  dea  Alpea  et  dea  montagnea 
eentralea  de  rAllemagne,  les  roontagneadu  centrede la  France, 
qui  ne  a*y  rattacbent  paa,  11  eat  Trai,  aana  aolution  de  conti- 
nuity, mala  qui,  de  mtaie  que  lea  ploa  hautea  montagnea  de 
Teat  et  do  aud*eat,  Tont  toutea  en  a^abaiaaant  par  terraaaea 
auoeeaaivea  dana  la  dh«etion  dn  nord'Ooeat  et  de  Toueat,  et, 
aux  enyirona  dea  aouroea  de  la  Loire,  forment  on  plateau 
central  de  1,000  m^trea  de  plan  Tertical  avec  dea  pica  d^en- 
▼iron  2,000  mMrea  ( vopez  Francs  ).  Parmi  lea  montagnea 
dea  preaqullea,  cellea  qui  bordent  lea  cOtea  de  la  Crim^,  et 
leachalneadea  roonta  Arr^qui  couvrent  toutela  Bretagne,  se 
trouvent  k  une  bien  plua  grande  diatanee  dea  ayatemea  prin- 
dpaux  que  lea  montagnea  dea  preaqullea  de  la  MMiterrante 
et  de  la  Scandinayie.  Le  ayst^me  ai  lieort6  et  al  accidents 
de  la  p<^ninaule  Ottomane  a  aon  point  culminant  etd*attacbe 
au  nord,  dana  le  plateau  du  Tscber-Dagh  on  Skardua,  avec 
dea  pica  de  2,700  roitrea,  et  ae  r^aout  an  and,  en  Grtee,  en 
divera  maaaife  k  cr^tea  qui  reparaiaaent  encore  dana  lea  Ilea 
de  Tarchipel.  Lea  contrte  de  PItalie  ae  rattacbent  au  aya- 
t^medela  chatne  dea  Apennina,  dont  la  cr^  atteint 
dana  lea  Abrnziea  une  ^Mration  de  2,000  ro^trea^  et  mtene 
de  pr^  de  8,000  k  Gran-Sallo,  et  reparalt,  qnoique  bria^ 
par  dea  forcea  Tolcaniqoea,  aur  la  cOte  aeptentrionale  de  la 
Sidle,  de  m6me  qu^en  Corae  et  en  Sardaigne.  Lea  hautea 
plafaiea  eentralea  de  la  Caatille  t^moignent  dn  caradire  fon- 
damental  de  plateau  que  pr^aente  toute  la  pteinaule  hea- 
p6riame,  laqndle  ae  troure  compl^lement  a^parte  de  la 
Prance  au  nord  par  lea  Pyr6n^  aux  dmea  cooronnto  de 
ndgesp  de  mtaie  qnVlle  noua  ofAie  encore  au  aud  daan  la 
Sierra  Nevada  un  autre  plateau  attdgnant  la  r^on  dea 
ndgea.  Dana  la  pdninante  acandiiiatv  un  plateau  riclie  en 
pica  ndgeux  et  en  gladfra^  aviec  dea  veraanta  abniptca  ^t 


attdgnant  dana  la  directton  dn  nord  an  and  ow  hautenr  da 
700  k  1,700  m^trea,  a'afance  vera  la  oOIb  ooddentale,  qui 
eat  ^cLancrte  de  la  manita  la  pina  tourmeatto,  tandia  qoe 
dea  plateaux  couTcrta  de  laea  et  de  forMi  a^abaiaaent  en  ter- 
raaaea dana  la  direction  de  Teat  at  dn  aod-ert.  Lepayamon- 
tagneux  et  dlTeraement  groups  dea  Ilea  BrltaaBiqoea  ac- 
quiert  aon  caraetto  le  plua  grandioae  dana  lea bantaatema 
de  r^ooaae,  et  y  reprodnit  k  beaocoop  d*i<garda  Ja  natiffe 
acandinave.  Lea  catadyamaa  anxqoda  l*Eanpe  doit  aa  eon- 
figoration  actndle  n'ont  laiaa^  dana  lea  tempa  hlEtariqaea 
que  pen  de  tftnoina  de  leur  force  modittcatlTa.  Tandia  que 
aur  dlTcraea  oOtea  baaaea  et  platea,  notamraeat  aar  lea  rivea 
de  la  Mer  do  Nord  et  au  nord-oneat  de  la  mer  Adriatiqiie» 
la  Intte  de  Tdteient  adide  contra  Tdimeat  liquide  a  pro- 
▼oqu^  de  nombreoaea  rtvohitiooa,  at  que  le  traTail  reno- 
Tateur  dea  eaux  ae  continue  encore  aooa  noa  yeox,  lea  t^ 
mdna  de  la  puiaaanee  volcaniqne  emora  aqioord*bui  en 
actiTit^  ae  boment  k  PEtna,  aux  Tolcana  dea  Ilea  Lipari,  ao 
V^uTe  et  aux  Tolcana  de  l'Ia!ande,  doo^P  H  ^cla  eat  le  ploa 
c^l^bre.  Quant  aux  autrea  formatkmaporamentvolcaniqoea, 
on  les  rencontre  plua  particuliMiement  groups  dana  11- 
taUe  m^ridionale ,  PAoTergne,  le  nord  de  la  Hongrie,  le 
centre  de  PAIIemagna  et  le  aud  de  I'Eooaae ;  et,  aaof  qoek^Ma 
exceptiona,  comma  k  Naplea  par  example,  dlea  appartieoBeBt 
k  une  ^poque  ant^-hiatorique. 

Mers  et  fieuves.  En  raiaon  mtaie  dea  nombreoaea  alter- 
natirea  d'd^vation  et  de  profondeur  que  aubit  la  configura- 
tion du  aol  de  PEurope,  tant  horlEontalement  qoe  TerCica- 
lement,  et  dea  largea  irrupliona  qu*y  a  praHqntea  l*Ocdnn, 
aon  ayatftme  d'irrigation  ne  ponvait  qu'ttre  dea  ploa  varite 
et  dea  plua  (aTorablea  k  la  culture.  On  B*y  reneoiitre  nolle 
part  lea  ai  frappanta  contraatea  qn'oflftant  d'autraa  paitiea 
de  la  terre  entre  Pexob6ranee  deaeaox  et  leur  extrftma  ra- 
tM.  Lea fleuvea  y  out  peot-^tre de moindrea  baadtta;niaia 
nnlle  part  non  plua  ila  ne  coolest  atec  une  indomptable  poia 
aance.  Ha  aont  diapoate  de  mani^re^  lliToriaer  lea  ploa  mol- 
tiplea  traTaux  de  canab'aation,  et  aemMent  antant  de  vainaa 
cfaarg6ea  dialler  partout  diatribuer  la  fteonditA  et  la  Tie.  Lea 
fleuTea  lea  plua  importanta  du  veraant  arctiqoe  aont  le  Pet- 
chora,  le  Meaen,  la  Dwina  et  POnega,  tooa  earadi^riate  par 
dea  eroboucburea  de  la  nature  dea  lifnans ;  et  le  ploa  grand 
de  toua  eat  la  Dwina,  qui  a  67  myriamMrea  d^dlendue.  La 
BaKique  revolt  lea  eaux  dea  fieorea  qui  ae  aoccMent  paral- 
Idement  aor  le  veraant  aud-eat  de  la  Scandinafie,  tela  qoe 
le  Tom^-Elf,  PAngermanna-Elf,  le  Dal-Elf,  etc,  lea  d^ 
charges  de  la  plupart  dea  laea  de  la  Fialande,  la  N^wa,  qol 
aert  de  d^veraoirau  lac  Ladoga,  la  Doha,  lefMnen,  le  Pr6- 
gd,  la  Yistule  et  POder,  cea  quatre  demien  caradMa^ 
par  dea  emboudmrea  tenant  de  la  nature  dea  lagnaea,  eC 
dont  le  plua  grand  eat  la  Viatole,  qui  a  1 10  myriam^trea 
d*^endoe.  Dans  la  mer  dn  Nord  Tiennent  ae  d^reraer,  par 
dea  erobouchurea  en  forme  de  gdfea  :  l*Elbe,  le  Woaer  eC 
PEms,  ainsi  qoe  le  Rhin,  qui  a  150  myriamdrea  d'dBndueel 
abootit  k  un  delta.  Le  canal  Saint-Oeorgea  et  Poc6ui  At^ 
lantique  re^oiTent  la  Sdne,  la  Loire,  la  Garonne,  le  Doero, 
le  Tage,  la  Guadiana  d  le  Guadalquivir,  toua  ayant  une 
large  embouchure  a^ec  un  aeol  braa  d  dont  le  ploa  impor- 
tant eat  la  Loire,  qui  a  112  myriamdrea  d'dendue.  Parmi 
lea  troia  principanx  aRluenta  de  la  MMiterrante,  c*ed-k-dire 
l'£:bre,  le  Rh6ne  d  le  Po,  cea  deux  derniera  ae  diatingnent 
par  dea  ddtaa  T^ritablea,  d  le  RhOne,  qui  a  95  myriam^ 
tread'dendoe,  en  ertle  plua  grand.  La  mer  Noire  ra^  le 
Danube,  dont  Perobouchore  forme  un  ddta,  d  le  Dniastr, 
le  Dniepr  d  le  Don,  dont  lea  emboochorea  onl  la  foraw  de 
Hmans;  die  abandonne  an  Danube  aeol,  dontle  parooora 
eat  de  280  myriamdrea,  on  baadn  de  11,000  myriamdrea 
carr^a.  La  mer  Caapienne  reQOit  par  le  pfaaa  ([^and  dea  flcn- 
Tcs  de  PEurope,  le  Volga,  dont  le  parooora  ed  da  340  my- 
riamdrea, d  qui  tt*a  pas  moins  de  70  bras  d'anboadmre , 
un  Tolnroe  d*ean  auaai  conaiddrable  qua  cehii  qtfenvoia 
toiite  PEInrope  k  la  MMiterramSe.  En  Rnaaie,  le  baaain  de  la 
mer  Caapicnne  eat  rdi6  par  dea  cananx  avec  celoi  de  la  mar 


EUROPE 


157 


Vbadie«t  ftTce  a  Baltique  ptr.leTolgi^la  DtABpr,  la  Dma, 
to  HitaMB  flt  Ift  y istule.  An  centre  de  rEorope,  le  canai  da 
Mate  ei  du  Danobey  oa  canal  de  Louis,  unit  la  mer  dn  Nord 
afec  la  mar  Noire;  de  nombreux  cananx  condoisent  i  tra- 
ftrv  la  France  dn  baasin  do  Rbtee  k  ceux  do  Rbin,  de  la 
Setae,  de  rEacaot  elde  la  Loire,  iiar  cona^oent  relient  le 
CoUb  de  Lyon  k  la  mer  dn  fiord,  ao  canal  SainMieorgea  et 
k  roeten  Aflantiqoe.  Le  canal  do  Midi  ^ablit  d*aiUeors  one 
autre  eoounnnication  entre  le  golfe  de  Lyon  et  TOc^an  an 
noyen  de  la  Garonne.  £n  SoMe,  le  canal  de  Gceta  conduit 
de  laBaltiqaedanalamer  duNord(CatUgat);  etdana  lea 
Ilea  BcitanJqoea,  nn  r^aeao  de  canaux  d*une  extrtoie  ricbeaae 
prooTe  qo'on  a  ao  en  Europe  mettre  k  profit  lea  indi(Utiona 
de  la  nature,  et,  en  d^pit  dea  obstaclea  qn^one  ^paiaae  cou- 
cbe  de  i^ace  feit  naitre  cbaque  biver  dana  le  plua  grand 
Bombre  dea  ooors  d*ean,  lea  oUltaer  autantqoe  possible  poor 
Hablir  dea  relationa  suifiea  avec  lea  nationa  lea  plua  di?er- 
aea.  La  omi  Caspienne  dtantaitu^  tout  au  centre  de  contrfea 
participant  de  la  nature  dea  stqipea  de  TAsie,  et  on  petit 
Bombre  de  )aca  de  ateppea  aeolement  ae  troufant  asaez  rap> 
procbte  dPeUe  dan«  la  direction  de  Tooeat,  la  forme  des  lacs 
int^neora  n*apparait  ploa  que  dana  lea  Ucs  de  Neosiedl  et 
de  PUtten  en  Hongrie.  En  reTanche  les  lacs  serrant  de  d^- 
▼enoira  k  dea  rivieres  aontparticoliera  k  rcuropo.  Ila  pren- 
nent  les  dimenaiona  les  ploa  grandioaea  aor  lea  deux  lives 
de  la  Baltiqoe  et  an  pied  dea  Alpes.  Nona  trouvons  lii  le  lac 
Lado^  d^ona  aopeiMe de  IfM)  myriam^trea  carr^,  ti  id 
le  grand  lac  de  GenAve,  d*nne  aopcrficie  de  14  myriamitrea 
carrda;  le  premier,  rtfaerroir  d'eaox  a^teoolant  tootea  vera 
Toe^an;  le  aeoond,  aerrant  de  basain  d'^poration  aux  eaux 
qoi  y  am'Tent  de  tooa  lea  pobita  dea  Alpea.  Le  maraia,  en 
tantqne  lente  tranaition de  P^at  liqoide^  T^tat soUde,  a  eu 
rMuit  CB  Knrope  par  la  main  dfilisante  de  Tbonmie  an 
ploa  petit  eqpaeeipoaaible.  II  rteiate  encore  en  vastes  6ten- 
doea  A  la  coltnre  dana  lea  baa-fonda  dea  Tnndraa,  entre  le 
Petacbora  et  la  Dwfaia ;  il  peraiste  encore  k  Toueat  de  la 
Rnaaie  dana  lea  oontrte  ou  le  Pripet  prend  aa  aoorce ,  et  il 
eal  le  bat  dineeaaantea  et  prodoctivea  oooqtiMea  dans  les 
Marcbea  qoi  bordant  le  rifage  de  la  Mer  do  Nord  et  dana  lea 
lapmea  de  la  mer  Adriatiqae. 

Climai  ei  prodtri/f .  A  la  aitnation  et  ^  la  configuration 
de  nsorope  comapond  on  cUmat  Element  ^lofgn^  des 
contraalea  extrteieaqaeprtentent  le  nord  de  la  Sib^e  et 
llnMriear  de  TAlKque,  et  offrant  preique  partout  une  tran- 
aition pen  aeaaible  du  froid  au  chand,  telle  que  Texigent 
lea  beaoina  de  fai  culture.  La  ebaleur  ne  va  paa  aeulement 
CB  dimiBoaBt  do  aud  au  nord,  dn  baa  en  baut,  maia  aussi  de 
roueat  k  Test  et  k  meaore  qu'on  a'^loigne  davantage  de  1*0- 
eten.  La  llgne  iaotberme  de  o''  toucbe  le  Cap .  Nord,  maia 
aoaai  Tonieo,  aitn^  Men  plua  au  aud;  celle  de  +  lo*^  tou- 
die  LoBdrea,  maia  a'abaiaae  an  sod  juaqu*^  Craoovie,  Odeaaa 
et  Aatracban;  -^  is**  est  la  temp^xatore  moyenne  de 
Bayonne,  tandia  que  ce  n*est  que  bien  plus  loin  k  I'eat  que 
telle  est  cdle  d*Anodne,  de  Durazzo  et  de  Larissa,  et  la 
lemp^ratore  de  +  20°,  qui  toodie  la  cdte  mMlionale  du 
Porba^,  Be  se  letrouve  pins  nnlle  part  en  Europe  comrae 
noyeBBe  annuelle.  Ces  cbiflres  indiquent  bien  que  le  nord 
et  Test  aont  pina  froida  que  le  aud  et  Touest,  maia  n*expli- 
qaent  point  la  difSfirenoe  de  temperature  des  saiaons  pro- 
▼oqute  par  lea  iniluencea  octeniennea  ou  par  la  aituation 
eontinentale :  et  b  cet  ^gard  une  coraparaiaon  entre  £dim- 
boofg  et  Kaaan  nooa  foumira  on  frappant  exemple.  Ces 
deux  villea  aont  aitntea  k  pen  prte  aoua  la  mtoe  latitude 
{  &&•  as'  et  ur  4&' ),  et  cependant  Edimbourg  a  une  tern- 
p^rature  moyenne  d'biTer  de  +  S%  4  etKasande--  12^2; 
£dimboufx  a  nn  a^  de  +  14«  et  Kasan  de  +  18<*  3.  Ce« 
eoobaatea  ne  aont  qn*apparenta  poor  lea  conafiquences,  car 
dana  les  locality  ob  la  T^gMation  est  arrttte  dana  aon  acti- 
▼il^par  le  froid  extrteoe  de  Pbifer,  la  grande  dialeiir  de 
r€ti  pendant  lea  longs  Joura  est  mdispenaable  k  la  r^issile 
et  il  la  maturation  des  (raibi  et  dea  aeroencea;  a  c'eat  ainsi 
^'en  ne  trooTe  dana  loute  rcnropequ^un  tiia-petit  non- 


bre  d*eBdroita  ae  reAiaant  k  la  eoltore  dea  planlea  allmen- 
tairea  lea  plua  bnportantea.  Lea  pointa  lea  plua  extrtaieida 
nord  aont  aeola  dana  ce  caa,  de  mtoie  qoe  lea  partiea  de 
montagnea  qoi  a'^lftvent  joaqo'ii  la  r^on  deandgea.  L*Eo- 
rope  n*en  ofTre  en  gta^ral  qoe  fort  pen,  et  dlea  aont  mteie 
encore  plua  nombreuaea  au  aud  qu*au  nord.  Ellea  y  oot 
d'aiOeora  one  bnportance  toote  particuli^,  comrae  bi^Mii* 
aablea  rtenroin  dea  eaux  qui  doivent  aller  porter  an  lorn 
la  fratcbeur  et  la  lie.  Toot  k  Pextremit^  nord  de  ^Europe, 
la  r^on  dea  neigea  commence  k  700  m^strea  de  bauteor; 
sur  I'Etna,  aeulement  k  une  d^vation  de  3,500  mdrea,  et 
mtee  dana  la  Sierra-Nerada ,  k  3,566  mfetrea.  Preaqoe  toote 
l*Eorope  appartient  k  la  tempfrature  Tariable,  car  la  ndge 
n*eat  un  pbdioniene,  ai  non  inoonnu,  du  moina  rare,  que  dana 
lea  contr^  dn  aud  et  de  Toueat  baignta  par  la  mer  et  aur 
le  f  ersant  de  TApennlhi  k  one  haoteor  de  400  mMrea,  aor 
TEtna  k  one  baoteor  de  500  etdana  la  Sierra-Nevada  k  700 
mdres.  II  en  r6snlte  naturellement  preaqne  partout  la  suc- 
cession r^li^  dea  quatre  aaiaona  de  Tann^  Pbia  on 
ayance  vers  le  nord  ou  dana  Tbit^rieur  du  oontment,  et 
plus  la  difti^reDce  des  saisons  paralt  TiTement  accus^  de 
m^e  quMl  existe  pour  le  divdoppement  de  U  nature  orga- 
nique  et  la  manite  de  Tivra  de  Tbomme  une  notable  dilfifi- 
rence  entre  le  nord  et  lesud.  La  quantity  annudle  des  pluiea 
attaint  aon  point  maximum  dans  lea  pays  de  montagnea 
et  lea  contrtea  Toiainea  de  Tooten;  die  eat  dte  lora  remar- 
quablement  abondante  au  nord-ouest;  au  sud,  li  ob  n*existe 
pomt,  comme  en  Espagne,  une  exception  due  k  runiformit^ 
d'un  plateau,  die  est  encore  considerable;  tandis  que  c'eat 
an  nord-eat  qu*on  obiienre  aon  point  minimum.  On  remar- 
que  d^dUenra  en  gto^rd  dea  difl(6rencea  bien  plua  eaaen- 
tidlea  entre  Test  et  Tooest  qo^entre  le  nord  et  le  sod.  En 
ce  qui  est  de  la  distribution  annudle  dea  phiies,  le  nord 
ae  trooTO  de  nooTcan  en  opppodtion  aTOc  le  aud,  attendo 
qoMl  pleut  plua  aouTent  et  d*ordinaire  en  d^  et  en  automne 
au  nord,  d  ploa  raremeot  maia  avec  d*autant  ploa  d'abon- 
dance  en  automne  d  en  biver  au  aud.  Dana  toot  le  aod  et 
dans  tout  Tooest  de  I'Europe,  dominent  les  yents  plus  cbaoda 
dusud  et  de  Touest;  k  Test  de  TEurope,  les  yents  de  nord- 
ouest  d  d*est,  qui  y  apportent  ayec  eux  tant6t  le  froid  sec, 
tantOt  la  ebaleur  ^touiCante  du  continent  asiatique.  Sur  les 
c6tes  m^ridionales  de  TEnrope  les  alternatives  entre  les 
vents  de  terre  d  les  vents  de  mer  sent  bien  plus  sendbles 
que  dans  le  nord,  d  contribuent  beaucoup  k  adoudr  la  plus 
diaude  temperature  de  jour.  L'air  est  plus  ddr  an  sud  qu^au 
nord ;  mds  lea  vents  chauds  d  engourdissanta  (sirocco,  sa-^ 
Umo)  et  les  dnanations  malsainea  dea  maremmes  du  aud, 
aont  inconnua  an  nord. 

Ler^ne  v^ital  est  le  plus  doquent  temdgnage  a  dter 
en  fait  de  dimat;  et  on  se  rend  parfdtement  oompte  de  aa 
propagation  et  de  sa  pbysionomie  en  Europe  en  descendant 
du  nord  vers  le  sud.  L'^troite  d  septentrionale  etcndue  de 
cOtes  de  la  Laponie  et  le  baasin  inftrieur  du  Petschora  ap- 
partiennent  k  la  zone  des  mousses  d  dea  baiea  les  plu 
bumbles;  on  y  trouve  bien,  dana  qudqoea  dtoationa  favo 
rablea,  la  flora  dea  Alpea,  maia  paa  d^arbrea,  paa  de  cd- 
r^ales.  La  tone  meridionale  siiivaote  s^etend  jusqu*^  une 
ligne  tir^e  du  milieu  de  rEcosse  jnsqu*^  Drontlidm,  k  Pe- 
tersbourg  d  aux  aoureea  du  Tobd ;  elle  comprend  le  nord 
de  r£coue,  le  nord  de  la  Scandinavie,  la  Finlande  d  le 
nord  de  la  Ruaaie.  Le  bouieao  y  est  le  repr^sentant  le  plus 
septentriond  de  la  v^gdation  arborescente;  les  rapuis  d  les 
pins  sauvages  y  ferment  de  vaatea  forftta;  on  y  cultive  I'orge 
d  Tavoine.  Une  troisitoie  zone  s*dend  au  sud  jnsqu'aux 
liraltes  de  la  culture  de  la  vigne.  Cette  ligne  si  carad^ris- 
tique  de  delimitation  commence  k  Toucst  aux  environs  de 
Vannes  (an  nord-ouest,  prte  de  Nantes),  indine  au  nord- 
ed  jnaqu'A  la  vallte  do  Rbin  k  Cologne,  aoit  lea  terrasses 
septentrionales  de  la  vallde  du  Main ,  p^n^tre  dana  la  valine 
de  la  Werra  jusqo*^  Witzenluiuseo,  dans  cdle  de  la  Saale 
}uaqu^4  Naurabourg,  attaint  son  point  nord  extrtaie  k 
Freienwdd  d  ^  la  liescente  de  TOder,  ae  dirige  alon  au 


sud^t  Ten  l6i  Carpathet,  polt  Vers  fes  conn.  iiie§rienrs 
d^  Dilepf ,  da  Vw  et  da  Volga ,  et  abandonne  l*fiofope  ao 
nord  d'Asti'aktian.  Cette  zone^  qoi  oomprend  lea  Ilea  Britan- 
nlqtiA;  1^  parlie  aord-ouest  de  la  France,  la  Ngfque  et  lea 
Pay8-Bas»  lenordderAllemagoe,  le  aodde  la  SeandinaTle, 
laPcilogne  et  la  Rasrie  eentrale,  eat  caract^rla^e  par  Pexia- 
tenoe  eo  plainee  de  ploa  grandea  fortta  d*arbrea  k  feaillea 
adculalrea ,  de  for^ts  d'arbrea  Terdiaaant  en  ^  et  perdant 
teura  fbtilllea  en  automne,  notamment  de  clitaea  et  de  b^trea 
ao  and,  dana  Forest,  od  r^e  pfaa  dliomidit^,  et  dana  lea 
tnontagnea  peu  €iet^ ;  par  la  cottore  da  a^f^e  aaaod^s  k 
eelle  de  rorge  et  de  l^ayoine-,  da  fh>nient  an  and,  de  la 
poiame  de  terre  et  do  aarrasin,  da  chanTue  et  do  lin,  et  dea 
afbrea  fraitiera  danord.  Une  autre  tone  a  poor  Itmitea  ao 
sod  les  ^yr^n^ea,  le  pled  meridional  dea  Alpea,  le  teraant 
PordoOi\eatd6i»  daonta  Balmates  et  lea  c6tea  ro^ridionalea  de 
la  Thrace;  de  sorte  qa'elle  oomprend  toate  la  France,  la 
Salaam,  le  aod  de  f  Allemagne,  lea  cootr^  dea  Carpathea , 
le  nord  de  la  tarqule  et  le  aod  dela  Raaaie.  Le  chataignier 
et  le  chdne  y  caract^risent  parUculi^rement  la  T^^tation 
arboreacente';  tea  arbrea  k  feaillea  adcolafrea  j  croisaent 
dana  lea  raontagnea ;  la  vigne  y  est  plants  arec  avantage; 
on  y  coltiTe  le  houblon,  etle  finoment  eat  rfeolttf  avec  abon- 
dance  dana  lea  plalnea;  le  malay  r^oaatt,  de  vH^mt  qae  lea 
plua  bellea  eap^oet  de  fhilta.  La  xone  la  phia  ro^ridlonale , 
oomprenant  lea  p^ninaolea  m^ridionalea,  peot  dtre  appel^e 
celle  dea  aibrea  k  feaillea  toujoara  Tertea,  car  ai  ]k,  dana  lea 
baaaes  oontr^,  lea  arbrea  foreatieradn  nord  fontd^fant,  de 
mftme  que  lea  grandea  for^ta  en  g^n^ral,  en  revanche  on  y 
trouTe  dana  dea  boia  de  moindre  ^tendite  dea  arbrea  dont  lea 
Hedillea  ne  aont  paa  aijettea^  dea  chatea  pdriodiquea :  outre 
le  clidne-li^,  le  cbtae-Tert  et  le  laurier,  le  myrte,  le  pin, 
le  cyprte,  le  platane,  et,  comme  pr^caraeura  du  Tolainage 
dea  tropi<piea,  dea  palmiers  naina^  dea  cactua  et  dea  alo^. 
L^oUvier  et  Torangery  aont  cultiT^a  jnd^pendammentde  la 
▼igne,  de  Tamandfer,  du  p^cher  et  du  flguier.  Au  froment 
Qtan  mala  aucc^ele  riz,  et  tout  k  rexti^^if^aud  le  coton 
rtoait  Oes  diffdrentea  nnanoea  de  la  T^fation,  Thabitant 
dei  contrtea  mMdioAalea  pent  auceeaalvement  le^  rencon- 
trer  en  grariaaant  lee  haatcs  montagnea.  Le  aod  de  TEurope 
poasMe,  il  eat  rrai,  une  ploa  grande  rari^te  de  T^^tion  que 
le  nord,  notamment  plua  d*eap^oea  d'arbrea  et  d'arbriaaeaux, 
ploa  de  plantea  grimpantea  et  de  plantea  bulbeuaea,  phia  de 
flenra  et  dlierbee  odorifi&rantea;  en  reranche,  faute  d*a- 
bondantea  pluiea  d'^,  U  manque  de  forftta  figonreaflea  et 
de  fraia  et  Terta  pitaragea. 

Le  r^e  aninial  de  I'Eorope  eat  r^parti  k  pea  prte  rfe 
mhme,  et  noaa  otttt  aoaai  k  Textr^me  nord  et  k  Textrtaie  aud 
aea  plua  aaiUanta  contraatea.  Le  nombre  dea  b^tea  fauyea  jr 
a  (M  aingulitoment  diminu^  par  lea  progrte  de  la  ciyill- 
aation,  et  aoua  le  rapport  de  la  f^rocit^  comme  aooa  odui  tfe 
la  taille  on  ne  aaurait  lea  comparer  avec  lea  eap^cea  dea  tro- 
piquea.  L*oura  blancn'exiate  qn'ao  point  nord  le  plua  extre- 
me; I'oura,  le  lonp ,  le  chat  aauvage  et  le  lynx  ae  rencon* 
trent  k  pen  prte  partoat,  il  eat  vrai,  mala  ne  laiaaent  pourtant 
paa  que  d^Mre  aaaea  rarea;  11a  habitent  de  pr^i^ce  lea 
grandea  fordta  aarmatea  et  qoelqnea  contrto  montagneoaea 
laolto.  L*tian  et  Taurocha  n'exlatent  plua  que  dana  qnel- 
qaea  forfttade  Test;  le  chamofa  et  le  bouqoetin  dea  bautea 
montagnea  devlennent  tovjoara  moina  roromnna.  Le  poro- 
epic  ne  ae  rencontre  qa'au  aud,  et  le  babouin  n'f^ifste  que 
aur  lea  rocYiera  de  Gibraltar.  Le  chacal  est  exclualTement 
parUcolier  k  la  Dalmatie.  La  marmotte  tH  dam  lea  Alpea; 
le  aquato  ne  fr^quente  que  lea  cdtea  aeptentrionalea  de  TA- 
tlantique,  et  la  baleine  n'abandonne  paa  lea  roera  do  nord.  La 
famine  dea  oiaeaux  eat  moina  flx6e  k  une  r^ion  particii- 
liMie;  cependant  le  flamant  et  le  pdiean  n'lexiatent  qu*au 
and ;  II  en  eat  de  m^roe  de  l*aWe  imperial,  tandia  que  I'aigle 
royal  ae  tient  plotAt  dana  lea  r^ona  ^vdea.  La  funllle  dea 
Taulourx  dcrlent  plua  nombreuae  k  meaure  qu'on  aTance 
Tera  le  aud ;  le  ooq  de  bruy^  eat  Granger  aux  p^ninaulea 
m^ridionalea  et  la  tourteretie  k  oellea  dunord.  Le  canard- 


eider  tie  niefae  qbMu  Mk  &i  ^  de  labtdde  aepteiitrionale  ; 
le  cygne  ^yelea  eaux  du  nord.  L^grandli^clfidMtedeaiie^geo 
n'abandonne  jamaia  lea  extrfenitj^  a^ent^i^nalegy  U 
poule  de  boia  ^fite  le  and-oueat  et'H  aild:  Oe  quf  caract^ae 
partlcoli^rement  FEurope ,  cSc^  U  grand  nombre  it'olaeaox 
Toyageara  qu*on  y  rencontre,  et  qui  Fkbandonnedt.  en  hhrer 
pour  aller  a'^bllr dana  dea  poaMespUi .thaodea.  En  ca 
qui  eat  dea  animanx  d'ordire  iflliri^tiTy  R  eat- ft  felnarqaer 
que  le  aud  eat  ploa  tiche  eH  eapicea  et  eil  genrea,  et'  le  nord 
en  quantity.  Cue  eap^  k  part  de  lertne  de  iher  eat  parti- 
calibre  k  la-  MMiterrante;  la  toHue  gl|^n(eaquo  <i8t  plus 
rare ,  mala  ae  rencontre  parfola  juaque  aur  lea  c6tea  d*AD- 
gleterre,  tandia  que  la  tortne  de  tenia  eat  ir^odue  dans 
lea  Ilea  et  lea  preaqu*tlea  do  aud,  et  la  tortue'  de  marai* 
Juaque  dana  lea  oontrdea  da  nord.  En  ftit  de  polsaons,  le 
hareng  et  le  cabSlaud  ne  ae  rencontrefit  qu^  hord,  feitiir- 
geon  partoot,  it  eat  yral,  mala  principalement  dana  lea.eaux 
ruaaea,  la  aanline  avr  lea  c6tea  ocddtsitalea  et  mMdionales, 
mala  le  tbon  aeulement  aa  and.  En  g^pfral,  cependant, 
c'eat  encore  le  nord  de  FEurope  qui  doft  allmenter  le  aod  de 
|N)laaon.  Dana  Pinnombrable-  Toole  dea  insect^,  le  aod  de 
l*Earope  ofRre  quelquea  eaptoa  qui  luf  aont  particoli^res , 
tellea  que  la  tarentule ,  Ic  acorpion  comnun  et  le  acorpion 
rouge,  de  nombreuaea  eaptaa  particullirea  de  crabea  eC 
d'^^eriaaea,  tandia  que  le  homard  liabtte  lea  cdtea  aepten- 
trionalea. La  aanterelle  royageuae  eat  le  ll8Sau  k  pep 
prte  exduaif  dn  aud;  le  Tera^  aoiey<  thHrre  anaai  one 
abondante  nourrftufe  et  ne  r^uaait  dana  le  nord  de  FAl* 
iemagne  qn^k  FaMe  dea  prfcaotiona  lea'  phia  minuiieoaea. 
L^abeille  eat  r^pandoe  k  peu  prte  dana  tootea  l|a  par- 
tiea  de  FEorope,  et  dayfent  de  plus '^n 'ploa  rare  ^  me- 
aore  qa*on  aVn  ^lofgne;  dana  lea  i^ona  aiid-eat,  elle  eat 
attaqa6epar  la  larte  dea  dalrona  apiyetea.  La  M^dfterran^ 
eat  bien  moina  fidie,  en  (lilt  de  rera,  de  criqoeta,  de  11* 
roaaaea,de  moolea,  qae  lea  mera  da  nord;  par  leura  Ibmea 
particullirea  et  leora  cooleura  fonctea ,  tea  eapteeay  offirent 
d^k  one  image  dtt  richeaaea  que  poaaMe  ^cet  tord  Fo- 
cdan  tropical.  En  ralabn  mMie  de  F^t  de  dvillaation 
auqnel  FEurope  eat  d^jk  parvenne ,  il  eat  'nbtnrel  que  le 
nombre  dea  ainimaux  rMoits  en  domestlaiKy-  aeit  trfe»^sen* 
aidtoble.  La  propagation  duchetal,  dobQmf,'do  mooton, 
du  pore  et  de  la  ch^vre  ne  rencontre  'd'obatadea  qu'ao 
point  nord  exU^me,  oh  le  itnne  et  le  ehfen,  extramenMnt 
communa  d^aiHeura,  en  tiennent  ploa  ea  iholna  lieu.  Mais 
le  aod  poaaMe  en  outre  le  boHle  et  rotaie  le  ehameaa  qoand 
on  aait  le  trtalter  eonvenaiblement;  de  meme,  le  toalel  et 
Fane,  bien  antiement  nombreox  au  'aud  qiPau  nordj  y  aont 
d'uno  extrftme  iitllit6  k  Fbomme,  aana  compter  ditera  oiaeanx 
r^doita  en  domeatidt^. 

Lea  produfta  do  f^gne  nUn4ral  tiennent  moina  aa  dimat 
saoa  doote,  roaia  ne  ae  trouTent  paa  poor  eela  r6pandoa  ao 
liaaard  et  aana  tola.  Gependant  Im  ploa  prkieox  et  lea  pins 
brillanta  de  cea  produita  aont  moina  communa  en  Europe 
que  ceox  dont  Fotillt^  eat  ImmMtate;  fkft  dana  leqoel  11  taut 
▼oir  encore  one  dea  conditlona  hnpoato  li  la  vie  de  FEoro* 
p6en.  'Sll  Ikot  indfqoer  id  quelqueavna  dea  principaux  en- 
droita  oh  ae  trouvent  lea  mindraux  lea  ploa  importanta,  nooa 
dterona :  poor' For,  FOaral  et  lea  Carpathea ;  poor  le  platine, 
rooral  aeolement;  pour  I'ai^eht,  FOural  aurtout,  lea  Carpa- 
thea, F£ngd>ffge  et  la  So6de ;  poor  le  zhio,  I'Angleterre  et 
FAllemagne;  poor  le  plomb,  FAhgleterre  aortoot,^  rlSapagne, 
la  Hongrie  et  rAUemagne ;  pour  le  cniTre,  PAngteterre,  |a 
SuMe,  ia  Nonr^,  la  Rnsaie,  la  Hongrie.  LUngleterre  eat  le 
paya  qnl  prodnit  le  plua  de  fer ;  le  mdlleur  vient  de  Soide; 
et  11  a*en  troore  beaocoop  eo  Boaale,  en  Aufridie,  en  Pruaae. 
L*Angleterre  eat  particul  icemen  t  riche  en  houftlea ;  vlennent 
enaulte,  aooa  ce  rapport,  la  Bdf^oe,  la'  France  et  FAUema- 
gne.  Le  ad  gemmeabonde  en  Gallide;  le  ad  de  aoorcea,  an 
Allemagne ;  le  ad  marin,  en  Portugal.  Lea  eaox  mhitaica  lea 
plua  nombreuaea  et  lea  plua  ofldnrea  ae  tieoYent  en  Alle- 
magne. 

Popttlathn,  Lea  habitants  de  FEurooe  Tfrent  dana  dea 


EUAOPB 


t»0 


tWIi  liiml  Ijt  HmHrti  tnl  AbMMiild^l0iadDte;miii  |Munnl 
«M  ildhv^H.vi  Mi'im  dMtk  dooliialioB  •'ittoid  Joiqtfatt 
mid»PAite«t«i]U»il  de  l*AiiiM|Qe.JiftUgMdedtairv 
cBtiOB  pflMtinw  ytf»<<pai>.yArfe  •etl^Borope  oa  s!aeeorde 
pti  aadMD^tteieafteto  ffoiiliifes  naturaUba  qui  leur 
mtMaMiVitay  ilaDipMKaiiiteiilrtin,  leUMMaisorleter^ 
raotpedai  noaUOiiiiI«.qtfdl6|Mfte4|)rteda9»«aoa  myria* 
■lilfaa  oarvdaHCaiiiiatolaladflaJ^tBtaauBaptea. Sweet 
eapaea  ylf6Bl»«  d'aprte  las  oJaolaliiita'aii  18&2^  esviroa 
Si7  iDttUanadilKimBiCi4  C»iat  peeaqiia  le  tiers  da  la  popu-r 
Mas talala da gMwy tawUsque  la  tanilolBe des dilttrants 
dais  aaiop4sni  xCm  oocupegutoqiia  laquatonitoia  partia. 
Os  rappagUxJtqna  aoillMimmaat  qua  Pgaropeastda  toutssies 
partias  do  QHWda  la  pl8avaopUe,qoaiqii»aa-pop«latioii  soit 
dUUeass  foii  fa^galaBieai  s^partte  at  d^peade  de  .eartalset 
draaoataoaas  pbystqoas at Mstailqiies el 4ni8sI  dai'^tat de 
cifMsslian*  CM  aa  noid  da  la  Riiaria  et  daas  la  Bouidi^ 
na^  en  g^ntel  dans  Test  et  aa  iiovd»  qoPalla  ast  la  plus 
alair-aBiiite^4aa&  cpfall*  tane  las  groupas  las  pkis.com* 
paetas  k  raaasC,  tea  laplapartdaa  partias  aaatralasat  dans 
laspafsasMdioMHn(IUUa).  <    

Saus  ia  rappoitda  ladWiwMCS  dsa  raoss et  deslaagaes^ 
fEaaapa  pvteesla  ttwdiventMaitfiteey  rtpoadaatdatous 
palali  A  sa  natam  ci^  aa»  Mstolre.  La  raae  indO'ipraia* 
aiqaaTacaapa  fwaqaa  aaolqsifa»ciit  CettfrraaaoompNod 
las  paapiss  snltaals : 

1*  hm  aatfaaa  ramsaes  an  grteo-latiiies  (GrecSv  Vala^ 
qaest  BaamalBS,  ItaHens,  ffran^ais,  Espagnels^it  Postogais), 
parad  Isiqnelles  la  ramaaa  9«e  fannilgri  orighttireiMni 
dUaia^  el  4taeope  e&care  aojaordliuii  dus  toute  sa  puret^ 
latMAlrapritailtirdeson  aetl^t(^.  . 

9*  LarsHieau  eeilfr  eii  gsulols,'  la  seoanda  raoaeurop^aDaa 
par  onha^lBMlaoBat^,  dont  las  dMris  etistesa  ancoradans 
laOraada  iMlagnes  raaMniste  oamnarpMaiu  et  Mku 
dans  leaantaa  das  Grisoas  et- dans  la  haute  ItaMa,  aprte 
atair  HA  lelioaWa  aatiefois  de  I'ooesI  k  Pest. 

a«-ba«iiiut!at  gBnaaia  (Allamands,  DsmIs,  SoMois^ 
norti^mm ^«allandala»  AagMh),  latvoisitoa  en  asdrade 
data  at  da  laaalai>laslropartanl  incoatcatableiiieBt,  enEu* 
rape  rswaaa  aar'ia  rartedelatawa,   - 

4*  Lea  Slaves,  qvi  pMlrteest  de  Test  aa  teisanl  one 
paiatis  jasqu'au  eentre  da  TEuaope ;  plao6s!entre  Iss  hordes 
savrages  da  TAsIa  et  las  nations  las  pins  dalliste  de  I'Ba* 
rapay  flaoflseat  tManeoiip  d'affialtd  avac  la  fanean  latte  -on 
JfthBiidsi  ai^oMdlwl-  refeoM  dans  las  aonlrte  baipite 
parlagollisdalUga.     ' 

s^  Le»  Albaaaia,  ie  eeul  dflirls  de  la  popolatioii  illyrienne 
attjaoffd'biii  6(einte,  refeoMs  s»r  Ie  UUscal  mtrldloaal  de 
rAdriatkiue  el  aur  les  rtfea  septaatrionales  da  la  mer 


aP  Laa  AmtoiaBa,  dernier  ramaaa  de  la  rsoe  hklo-enro- 
pcaae  el  eaaiptant  da  nombnm  raprdMBtants  dans  Ie  has- 
sia  da  Don  InfiMear ,  en  Tr«isyltaBia»  en  Yalachla  el  en 
MoidaTiew 

Aprta  les  Raomains ,  lesGennainsel  les  Steves,  on  antra 
dUolienl  principal  de  te .  poputeUon  anroptoine  se  compase 
des  Finaois,  des  Tschoadas  oa  OuraUens,  diss^min^  sor 
OB  vasta  leiTHoira  an  nord  et  an  nord^t  de  yEnrope,  niais 
bian  iddails  en  nombra  depids  Ie  nenritoie  sitele  de  noire 
hn^  qu'oB  laneontra'  ausai  v^pandns  afeo  Ie  raneauongre 
das  Magyavas dans  la  bassin  earpsihe  du  Danube,  ou  ils 
sdpaNBi  laa  States  du  nerd  ^aeux  dusud. 

lasOamaBlia,  appaitanant  k  te  CBrnlHe  des  nations  Inr- 
quae  el  la  dsmlar  people  (§niigid  d'Asie*  sont ,  fl  est  vrai, 
demanrdsttrangsra  A  la  nature  enrop^enne  proprement  dite 
at  difiitfa  an  snd-est'da<  TBorope  en  noanbreoses  pareelles 
cqiaadaiilf  m  raiaon  da  tear  importanee  politique  lis  for- 
aseatle  dnqoltaa  dMment  prinelpal  dels  population  de 
l*Ekn«pa«    '  > 

Las  aatiadaatioaaMlds  aonstttueni  plus  ou  itioinB  das  did- 
oMats  acaasaaires,  par  example :  les  ba  i^q  ue  »,  demleni  dd- 
brls  da  te  popnlaHonlbManne;  4i*ielq%aB  border  tiH>ii4otoa» 


daaalebaaafai  ceiti«lalial4iaaard«  V^lgaiiaa&MppyM^, 
taol  k  raitrtedtdnord-esl  de  fEaaape^ilefiiMMmtft  ViM 
da  race  steitiqiaa,  de.  Nalieeldas  ttatHifoisins;  (fpfioi  tea 
iUbienx,  dispaia6i. dans  toata  VfUwwi^k  r#MHi»tfan  de 
laNarrigael da nslande.-  ,  •  ^■.  ..,.  .u^..  .  y' 

MLtepaatanea  anoidsiqae  deaas  difarsaSfrafas  j^  jexpri- 
mte  par  laaahi(SrasattiviuitSiX«BM^uauuas^sa  ipfllipns  ;;3lavf|8, 
ao  nillona;  Gonaaina*  71  odUiaQS  i^;  CkBttas,.U.«ulliona; 

OaralianaiO  laiUians^.Sanii^BkUes^  3inUUQna;  7wqb  %  nwH- 
lions  1/3)  Lattes;2  mttJians^  Aibaoais*  2  nyllioiis;  a|iia.au- 
tres  raaes  mo|naimpQrjkantai^  aa  pen  plus  d'ua  niiUon,  , . 

M algrd  aatta  eitrteM  dlTersild  da  naUoaiait4s,  qal  est  t|B)le 
qnesl  aa  TaalailitabUr  daa  divisioas  plus  precises,  on  ufi- 
▼arsHieoaiptar  ao  races  distiactes,  parlant  &3  langues  ^^' 
ticaUtees  subdivi^aB  eanondweux  dialedw,  lacqpstijiwlian 
ttbnograpldqne  de  Tfiurope  na  laissepas  de  pnisqatiw.  pe 
earaettea  d^anifsnnild  qui  semble  command^  par  les  cir- 
oonstanaas  ph|8iqnes  oj^-  eUe  sa  Iroaie  placer  ^dtendu  que 
te  race  faidofanaaptenna  est  da  beauooop  la  pr^nd^ranle, 
el  que  cas  nations  si  mdlaagtes  peuveot  ^tns  csmento  k  Uois 
glands  groupes  prinoipanx  t  Ie  groopa  roumaia,  te  groupe 
genaaia  el  te  groupe  slate.  A  catto  division  physique  el 
poiitiqoe  oorraspdod.uaa  divwioa  anategoa-  aq^  ae  qiM  est 
des  croyaaceaat  duxulta.  Dans.  L'Eiiropa  ropmaine  doiaine 
en  efletle  culte  aatboliqae  rooisin;  dans  TEurope  genna- 
nique,  te  cntte  pratesteni;  et  dans  TJEuropa  slave,  Ie  aulte 
calholiqne  grea»  If  ate  ua  axaman  plus  attaaUf^ae  teide  pas 
k  porter  de  nombraoseaattaintas  k  oas  rapports  d'analogie. 
Gonuna  Undteocaidealale de^te.prapaga^on  da  Tliiglisa  aa- 
Ibolique  graeqae,  on  pent  approaimatiseinaat  assigner  une 
ligne  comneafant  au  goUe  de  Gattavo,  :gagasai  te  S«re 
ceatrate,  leDniesIr  oenteal,  laDuna uiC6risara,ite  lac Peipiis 
et  te  lac  Saiou  pour  aboutir  k  te  4ner  Blaaaba*  A  Test  dc 
cetto  llgaa  doariaa  r£glise.catboiiqaa  lainslna  ,i  i^aicaplion 
daniabanD^tisoie  quj»  a  pinebid  an  sad.  A  l!«aasi  de  cette 
name  Ugne  da  dteareatten  an  pent  an  ^tablar.uae  autre, 
antra  Ie  pMleatantisma  eUa  aatbplicisma,4  paNir  d^  te  Duna 
infMeura  jasqu'sa  llfeattn  iaMavr,  au  VWfeJ,!  A:  renOKNi- 
chnre dete Netce, k FOdar  sap^itour* H  te Poato. da I'Elbe, 
entrate  Saie  a  te  fiobtaie»  ai]<Maia :sup^riaur^  au  Kbin 
tefiMauTy  li  reasbottchure  xla  lltecaat,  au  JRaaidarGatels,  au 
caaal.Saint^GieoiigBs  elAlacdte  oeddantal^  dari'istende. 
II  a*y  a  d'esdusiyeaient  pratestant  quateSaaudteavie  at  la 
valtea  ganaaaiqaai.  el  dlexdusiTanBaaleathoUque  que  te  sud 
ooest  de  rifiurope.  UMtependsmiaaat  ite  caa  Irate- isnuMlei 
fonaas  de  te  religtea  dir^'enae^  op  tvauTa^  il  est  vrai , 
te  mahometteme,  la  Judaiama  et  mteae  eaoeae  de  aos  jour5 
te  pagsnisme  tool k  Pextrfoiitd noid.lfatelaa  GbilAas  sui- 
vaata  iodiqueni  en.  quelte  mikianA  aaat  laabteJas  titeiaats 
non  Chretiens  :  on  compte  ao  delA  de  13S  ndlltetts  da  catko- 
liqaaaronMsna,>66  mUliona  decalholiqaes  gascsiidO  miJllons 
de  pfotestants,  & miUioas  da  aialioin^tansv  -3  ndlltensde 
juite  at  moins  de  1  million  de  patens.  De  cettapiddomi- 
nanee  du  christiaBisma  idsuUe^  soasle  rapport  intaltectael, 
una  gmnde  uaUanaiM  en  niteie  taoipa  qn'uae  civiiiaatlon 
pina aranate  ddaat  tea  bases  sent  .footes  morales.  Les 
sennes  du  ginie  ds  TEmop^ea,  te  aianite  dont  ila  au  s'ap- 
propriar  tea  d^mante  darichesses  du  sol^  la  oonstMce  a?ec 
laquelteil  panislalitraasplanter  sous  r^tendaid  da  te  eroix 
dana  les  plus  lointeines  r^gteaa  leaisameitces  de  ce  qu'll  y  a 
dVrtite  el  da  noble,  ttoioignentde  aan  anleur  k  perpMer 
son  triomphe ;  ce  a'ast  aiSasaqn'an  idlteeldManI  tea  lumi^es 
de  I'Europe  que  tea  auUas  parliea  de  lalarre  parriennaat  k 
pitispdrar. 

BtUflUiqt/M*  L*Enrope  a^a  pas  pu  arrivar  taol  k  eonp 
et  saaa  Inttea  vioteates  aa  polal  o4i  oa  U  volt  Aprte  avoir, 
sttivaal- toute  apparence,  refa  sea  premiers. bobilaate  de 
INaly  son 4dstotee  caaMnen^ da  te  manlire'  te  phis  biiltentc 
avaQ'te'iaee  pites^eanades  Halteaas,  laadatanrs  da  te 
potesaaoa'al  datedvili8alteada>teGfteai  Rivaa&  dai  Pha- 
'iiteteos«'rsa«reca'«bawMrealiA'S'dtendra  sar  labt  telMtoral 
ite'la  M«<4ilerran6a;  naisArspog^da  laor:poissaaoa  at  da 


IM 


EUROPE 


leor  pratpM^,  vert  ran  400  amtt  J.-C,  siicc^  bient^t 
l*aiiteittMOiDaiit  de  lear  libertt  par  Aleiindre,  quaod  il 
Imdi  le  ^and  empire  mao^donieii  ( Z30  av.  J.-C.)-  Tandis 
qu'Alesandre  confondaK  lea  deatinte  do  snd-est  de  TEufope 
afec  ceUea  de  aa dondiiation  en  AaSe,  lea  Romaina  a^oc- 
cupaient  en  Italie  d'^lendra  et  de  conaolider  leor  poiaaanoe 
mllitaire ;  etjparrenaa  depute  lad^ftdte  de  Carthagekexercer 
rMgteionie  an  aod  de  l*Eorope,  ite  recol^rent  k  Taide  de 
leora  l6giona  Phoriion  eoropte  an  deU  do  baBain  de  la 
M^terran^  Vera  Pan  30  av.  J.-G.,  fls  aendiient  I'em- 
piro  d'Aogoate  depute  I'Atiantique  juai||li*4  I'Eophrate, 
et  du  Rhin  et  du  Danube  aox  dtfaerta  de  rAfriqne.  Qooi- 
qoe  aooa.ta  domination  dea  emperenra  le  mooTement  civi- 
Uaateoraitpeu  ^  peugagn^lea  barbarea,  la  raligion  chri- 
tienne  ne  pot  paa  troorer  dana  lea  tf  Omenta  abAtardte  de 
Pempire  lea  gennea  vigoureax  qoi  hii  eoiaent  M  nteeiaaires 
pour  op^reren  Eorope  toot  le  bien  dootelle  ^lait  capable;  il 
bUait  poor  cela  qo'eUe  se  retrempAt  dana  dea  ^Itoiento  plus 
Jeonea;  elle  lea  troova  dana  lea  racea  germainea.  LloTaaion 
del  Hona^  wMtte  d'Aaie  vera  Pan  375  de  notre  tn ,  donna 
le  aignal  de  la  grande  migration  dea  peoplea.  Le  Taiaseau  de 
Pempire  romaio,  d^j^  dtempar^,  pdrit  dana  lea  Yagoea  de  feu 
qoe  le  torrent  dea  barbarea  promena  dana  tonte  PEorope. 
Vui  476,  le  roi  dea  H^nilea  et  dea  Rugiena ,  Odoacre,  mit 
lln  k  Peonpure  remain  d'Occident,  tandiaqoe  Pempire  d*0* 
rient,  avec  Conatantinople  poor  nooTdle  capitale,  panrint 
encore  k  r^g^ter  mille  anade  ploa.  La  domination  germaine 
a'^Mit  aor  lea  roines  de  Pempire  d'Oocident,  et  atteignit  sa 
pins  grande  extension  ao  aixiime  aitele.  Le  lait  hiatorique 
le  ploa  Arappant  qo*on  obserre  enaoite,  c*eat  la  fondation 
par  lea  Oalrogotba  d'on  empire  en  Italie  a*^tendant  au  nord-est 
Joaqo^an  Danobe.  Sor  la  rife  gaochede  oe  fleove  onttrou?e 
^lablis  pendant  qnelqoe  tempa  lea  Lombarda,  tandte  qoe  lea 
G^pidea  J  acqoi^rent  de  ploa  en  ploa  d'importanoe.  On  foit 
alora  Pempire  rond6  par  lea  Viaigotlia  en  Eapagne  la  com- 
prendre  presque  tout  enti^,  et  a*<^teBdre  josqo*au  aod  de  te 
France;  pote,  a'41ever  le  royaome  Soive  do  nord  de  P£s- 
pagne,  le  royaome  deaFranka  et  dea  Boorguignona,  et  mteie 
ao  deUde  te  M<^terran4e,  an  nord  de  PAfriqoe,  on  royaome 
desVandalea.  Tandte  qo'ii  Pooeat  de  PEon^,  Pagitation  dea 
peuplea  ae  calme  peo  a  peu  et  amtae  quelque  choae  de  plua 
fixe  dana  la  natore  dea  institutiona  politiquea,  en  Orient 
lea  bordea  barbarea  continuent  leura  d^vaataUona.  De  ce 
cOt^  tea  Stetea  ptoMrent  juaqo'ao  ooeor  de  PAllemagne ; 
lea  Finnote  appaniaaent  dami  le  nord ,  tea  bordes  torqoea 
francbisaent  POoral,  et  p^itrent  juaqo'ao  Don  en  refoolant 
lea  Avarea  derant  eox  k  Pooeat;  pendant  qoe  les  Bulgarea 
occnpeat  lea  Ihmtiteea  nord«est  de  l^empire  romain  d'Orient, 
et  qoe  lea  Hona,  aprte  U  mort  d*Attite,  ae  retirent  dana  lea 
ateppea  do  Pont 

Le  aitete  de  Cbarlemagne  nooa  pr^aente  la  aeconde  p^ 
riode  dMdwe  do  d^Tdoppement  de  £tate  eorop6ena.  Lea 
Vlaifotha  et  lea  Oatrogotlia  renoncent  k  leor  independence ; 
OB  BOQTel  etement  d^one  extrteie  importance  poor  U  civi- 
UaatioB  p^nitre  en  Eapagne  avec  lea  Arabea,  qoi  y  fondent 
Pteirat  de  Cordooe.  Cliartemagne,  de  aon  G6i6,  fonde  le 
grand  empire  dea  Franka,  et  ndonne  dea  foroea  k  P^lteusnt 
garmain  en  loi  infnaant  one  religion  noorelle ;  lea  Normanda, 
au  nord,  deriennent  plua  puiaaantaet  poussent  leura  exp^ 
ditiona  d^atentorea  et  de  conquitea  juaqu*ao  aod  de  PEu- 
npe;  Pbeptarchte  dea  Anglo-Saxona  ae  tranaforme  insenai- 
btement  en  on  royaome  d'Angteterre  ( 827 ) ;  parmi  tea  racea 
atefea,  te  tribu  polonalae  dea  Uaaqoea  aoqoiert  ime  prepon- 
derance decteive ;  Pempire  dea  khana  de  Cbazar  a^eubtit 
depoia  te  Volga  faif6rieor  Joaqo^ao  Dnieatr ;  lea  Bulgansa  aont 
expulaea  vera  te  fin  do  neovidme  aitete  par  lea  Blagyarea 
de  leora  wwToaux  etabliaaemeota  aor  te  Danube  central  et  aur 
te  Tbeiaa;  et  Pempire  de  Byzanoe  Toit  maintea  fote  aea  fron- 
tiirea  ae  modifier  au  milieu  dea  lutlea  bioeaaantea  qo^  est 
oblige  de  aootenir  centre  lea  envabiaaeora  ATarea  et  Stevea. 

Vera  Pan  1000  d'importante  cbangemento  ont  encore  lieu 
Jana Paaalette  dea  diflerenta  tUts eoropeens.  En  Eap«gne, 


le  royaome  de  Leon  et  te  cooite  de  Oaalilte  paraiaaeBt  d4i 
aToir  acqote  ploa  de  force;  mate  te  dominattonaralMaBbaiate 
tooJoora;teFranceetteBoorgogne(Arlea),eommeroyannMay 
aont  bioi  inieriearea  A  Pempire  romaneNaltemaBd,  defvenn 
le  pivot  de  I'Eorope;  on  royaome  oni  de  Norvege  a^etaad 
Jtiaqo'a te mer  Blanche;  Pempire cbaiar  diqparatt  poor  eCr« 
bientOt  remplaoe  par  nn  empire  roaao^tere,  a'eteodant  do 
tec  Ladoga  ao  Caocaae;  lea  Bolgarea,  Ibrcea  de  oeder  la 
place  aox  Blagyarea,  ae  rejettent  arec  tea  Yalaqoea  aor  una 
grande  partte  de  Pempire  romain  d'Orlent;  etdea  peopladea 
tiirqoeB ,  las  Petaclienegoea  entreaotrea,  8*aTanceDt  de  plua 
en  ploa  aor  le  littoral  de  la  mer  Noire.  De  granda  dangera 
menacent  toojoora  le  Tigooreox  deTcloppement  de  te  dTili- 
aation  eoropeenne;  te  nord  et  Pest  de  PEivope  tout  encore 
paiena;  lea  Normanda  doTiennent  conquerante  k  Pooeat  et 
au  aod;  tea  lote  do  Goran  aont  reoonnoea  ao  audroueat; 
Pempire  aUemand  ae  firactionne  et  aes  aouveraina  viaenl  k  la 
domination  uniTcrseUe. 

A  ce  moment,  le  genie  de  Gregoire  vn  oonaolide  te  puia- 
aance  dea  papes;  et  aea  aucceaacora  appeUent aox croiaadea 
PEorope  chi^tienne,  k  teqoelte  ite  commonionent  ainai  ime 
▼te  nouTclle  tout  en  proToqiiant  dea  eTenementa  qui  doiveiil 
avoir  d'immenaea  conaequencea.  Pendant  lea  croiaadea,  par 
conaeqoent  de  te  fin  do  onxlteie  aitete  an  oommeooement 
do  treteieme,  de  nooveaox  £tata  Independante  ae  creent  at 
d'aotrea  perdent  leur  puiasanoe;  le  Portugal,  deveno  ploa 
tard  royaome,  ae  aepare  de  PEapagne ;  PAragon  rivaliae  d*ar- 
deor  a?ecte  Caatille  pour  expoteer  lea  Arabea;  to  poiaaanoe 
de  te  Sicite  a*etablit  aur  te  terre  forme  toot  en  aubiaaant  de 
freqoenta  diangements  de  aooveraina;  te  France  reale  pen- 
dant longtempa  dana  aa  partie  occidentale  on  fief  de  te  ooo- 
ronne  d'Angleterre;  Pancien  royaome  de  Boorgogne  pasae 
aooa  te  dominatfon  de  Pempire  d'Allemagne,  qoi  airife  k 
Papogee  de  aa  poiaaance  et  de  aa  grandeor  aooa  lea  Hoben- 
ataolen ;  te  Danemark  parvient  k  exercer  one  grande  impor- 
tance politique ;  la  So6de  etend  aea  frontierea  joaqo'en  Fin- 
lande;  la  Hongrte  pooaae  tea  aiennea  juaqu*^  U  mer  Adrla> 
tiqoe;  Veniae  et  cenea  deviennent  toute-poiaaantea  dana 
la  Mediterranee;  te  Pologne  gagne  en  force  et  en  indepen- 
dence; un  nouTel  empire  Valaquo-Bulfiare  a*etabiit  entre  le 
Balkan  et  le  Danube ,  et  te  grand  empire  ruaae  ae  difiae  en 
pluaieurs  partiea,  reTolution  qui  la- met  bora  d^eiat  de 
repooaaer  PioTaaion  des  Mongolea.  Qoand,  Tera  te  fin  do 
treizt^nie  aiteto,  te  maiaon  d^Aotrtche  ae  fut  rendue  inde- 
pendante, et  loraque,  an  oommencemeiit  du  quatorzi^ue 
aitele,  te  Suisse  en  eut  foit  autant,  te  puisfsance  dea  papea 
alte  toujoura  en  dbninoant  (exil  k  Avignon),  et  ooe  longue 
auite  de  sanglantea  luttes  commeu^a  alora  entre  te  France 
et  PAugleterre.  A  te  fin  du  quatorzieme  aiede ,  lea  tiote 
royaumea  acandinaves  n'en  ferment  plua  momentanement 
qu'un  aeul ;  la  brillante  epoqoe  de  la  Pologne  commence 
sous  Jagellon ,  et  au  aud-oueat  Peneiigie  portogaise  panrlent 
k  poursuiTre  Pialamisme  jusqo'eo  Afriqiie,  eo  meme  tempa 
que  les  Espagoola  le  refoolent  de  plus  en  plus  de  leur  oOte. 
Maia  ai  lecroisaant  a'edipse  inaensiUement  A  Pooeat,  il  n^en 
defient  que  plus  puiaaant  k  Pest;  et  en  14 S3  lea  Turca  met- 
tent  fin  k  Pempire  romain  d*Orient. 

Vera  le  milieu  do  aeixieme  sitele  comment  poor  PEurope 
oette  periode  cei^bre  qoi,  par  l*importance  dea  efeoementa 
dont  elle  fot  remplie,  loi  oovrit  la  roote  qo^elte  defaitdeaor- 
mate  suivredans  Pliistoire  de  Pboroanite.  Aprte  uneaerte  d'im- 
portantea  inventiona  temoignant  de  la  poiasance  Intettectudle 
des  Eoropeens,  eorentlieo,  kte  fin  do  quinzieme  aiede,lesde- 
coufertes  faitea  par  mer  dana  lea  Indes  et  en  Amerique«  La 
mediterranee  cesae  dte  lors  d'etre  te  centre  de  gravitede  lliis- 
toire  de  PAnden  Monde.  L'Europe  ocddentale  ae  predpite 
au  dciu  de  POctten.  Le  Portugal  eC  PEspagne  deviennentdis 
puissancea  de  premier  ordre,  et  inaogorent  Pere  dea  con- 
quetes  transatlanliques.  Qoe  si  te  noovd  essor  de  PEorope  eat 
pour  resoltal  de  mett're  lin  aox  inqoietodea  )oaqu*aloca  pro<- 
Toquees  par  lea  pi ogria  de  te  poiaaanoe  torqoe,  laqueUe  de- 
aormaia  n*onre  plus  dc  perila  qoe  poor  sea  Tolaiaa  iiuffl6- 


EUROPE 


161 


dbte,  ce  Alt  anssi  Ten  It  mtoie  ^^Miae  que  la  rdformation 

Tint  poMT  les  bases  et  foarnir  la  def  de  Toilkte  du  noave 

^fice  poUtiqae  que  les  peoples  earop6ens  ^taient  destines 

k  ?olrs*6lever.  Les  conditions  essentieiles  et  caract^ristiques 

dela  coQstitiition  politiqae  desdivers^tatsfurent  alors  fix6es ; 

»  (aoe  dHine  Europe  catholiqae  s'tie?a  one  Europe  protes- 

tante,  e&  £Boed'£tatsinaritimes  se  constilu^rentdes  £tatscon- 

tineotanx.  L'Autriche  deplete  toute  sa  puissance  dans  leu 

iattes  de  la  rtfonnation;  la  France,  bumili^  d'abord  par 

Cbarles-Qaint,  rel^Te  noblement  la  t£te;  I'Angleterre  fonde  sa 

p^yMuinfA  industijelleet maritime,  etht'est  les  princes  mosco- 

Tites  briseot  les  chabies  de  Toppression  mongole  (148ij  en 

mteie  temps  quits  crtoit  la  puissance  russe  actuelle. 

L*nnioD  de  plusieiirs  £tats  puissants  sous  la  souverai- 
net^  de  Charles-Quint  n'emp6cbe  pas  TEurope,  surtoat 
an  sud-oaest ,  de  s'approcber  de  plus  en  plus  de  sa  con- 
fignraUoQ  actneUe  Ten  la  fin  du  seizitoe  si6de.  Le  Portu^ 
apparall  d^j^  puissance  ind^pendante ;  les  Maures  sont^ 
chassis  de  la  Ptoinsole.  En  Espagne ,  les  diffiirentes  cou< 
ronnes  se  r^unissent  sur  une  m^me  t6te  k  laquelle  obdissent 
en  meme  temps  et  Maples  et  Milan ;  la  France  consolide  de 
plus  en  plus  son  territoire,  depuis  qu*elle  en  a  It  Jamais  ex- 
pnis4^VAii|^ais.  Leroyanme  de  Bonrgogne  ay  ant  disparu,  de 
ses  mines  se  form^nt  les  Pays-Bas  comme  £tat  indepen- 
dant,  en  mtoe  temps  que  la  Confederation  Suisse  acquf^rait 
k  pen  prte  reCendue  de  territoire  qu'elle  poss^de  encore  au- 
jourd'bui,  et  qu^au  centre  de  Titalie  les  mtoes  resnltats 
ayaient  lieu  pour  les  £tats  de  r£glise. 

Les  £tats  du  nord  de  I'ltalie  se  consolident  de  plus  en 
plus  par  FaccriMsscmentde  puissance  qu'obtiennent  les  du. 
cb^s  de  Toscane,  deMod^ne,  de  Panne  et  deSaToie,  en  mdme 
temps  que  G^nes  et  Yenise  de?  iennent  toojours  plus  puis- 
santes.  En  Angleterre,  la  conqu^te  de  Tlrlande  est  k  Jamais 
affiamie ,  tandis  que  TEoosse  demeure  encore  inddpendante;  I 
des^tats  scandinayes,  le  Danemark  et  la  Nory^e  seuls  coo- 
tinuent  4  lester  unis,  tandis  que  la  SoMe  s^etend  de  plus  en 
plus  yen  le  Nord  et  en  Finlande.  A  Test  de  TEurope,  une 
grande  incertitude  r^e  toujours  au  sujet  des  fronti^res 
de  la  Pologne ,  du  grand-ducbe  de  Litbuanie  et  du  grand- 
dochede  Moeoou;  cependant  ce  dernier  £tat  finit  par  Tern- 
porter  et  etablir  sa  predominance.  Sur  les  bords  du  golfe 
de  Riga,  le  territoire  des  cbeyaiiers  de  Tordre  Teutonique 
se  dedare  independant ;  niais  la  Prusse ,  tout  en  restant 
plaofe  sous  la  suzerainete  de  la  Pologne,  passe  sous  la  domi- 
nation de  la  maison  de  Brandenburg.  Pendant  ce  temps , 
ao  sod  est,  sur  les  riyes  de  la  mer  Moire,  le  kbanat  de 
Crimee  s*etait  coDStitueeD  se  detachant  de  la  Horde  d*Or; 
Temptre  ottoman,  deyenu  maltre  de  toute  la  presqu^lle, 
s^etait  etendn  jusqu^au  cgbut  de  la  Uongrie  et  avait  rendu  la 
Transylyanie,  la  Moldayie  et  la  Valachie  ses  tributaires,  tandis 
que  le  reste  de  la  Hongrie  passait  sous  la  domination  UM- 
ditaire  delamalson  de  Habalipnrg.  ^ 

Le  dix-eeptieme  sitele  nous  montre  encore  la  maison  de 
Habsboorg  k  Tapogee  de  sa  puissance,  mats  il  est  aussi 
t^moin  des  tongues  et  eanglantes  guerres  entreprises  pour 
la  briser.  La  guerre  de  trente  ans  optee  des  modifications 
dans  retat  de  TEurope,  et  la  pauL  de  Westpbalie  en  fixe  la 
carte  jusqu*^  I'epoque  de  la  leyoluUon  fran^se.  Parmi  les 
changiemeiits  les  plus  importants  sunrenus  dans  la  situation 
de  I'Enrope  jnsqn^^  la  fin  de  cette  periode,  il  faut  citer  la  reu- 
nion de  YtoMse  k  TAn^terre  et  k  rirlande,  Pessor  pris  par 
la  SoMe^  deyenue  momentanement  puissance  de  premier 
ordre  k  la  suite  de  ses  yictoires  sur  le  Danemark,  TAlie- 
mi^ae,  la  Palogne  et  la  Russie.  En  meme  temps,  on  yoit  en 
AiVfm^g—  la  oMlson  de  HohenzoUem  grandir  de  plus  en  plus 
et  parvenir  k  Hiire  contrepoids  k  la  puissante  maison  d'Au- 
trkbe;  la  Pologne  s'agrandit  par  la  conquete  de  la  Litbuanie 
et  de  la  Coorkude,  mais  bientdt  aussi  oommence  sa  ruine, 
qui  omndde  aycc  Pextension  de  plus  en  plus  rapide  de 
*  Tempire  msse;  enlin,  il  faut  aussi  signaler  renergique  mou- 
yemeat  de  resistance  qui  panrient  k  refouler  toiyours  dA-> 
ra  itage  la  pocssanoe  turque  au  sud-est 

aiCT.  DB  U  CONTEKS.  —  T.  IX. 


Ayec  le  dix-hiiiti^me  siecle  les  dlfferents  £tats  da 
rEiirope  s'approcheut  de  plus  en  plus  de  leur  configura- 
tion actuelle.  A  ce  moment  en  effet  le  monarcbie  espagnole 
se  divise ,  et  les  Bourbons  occupent  les  trdnes  d'Espagne  , 
de  Parme  et  de  Sicile.  La  Prusse  deyient  un  royaume  que 
les  yictoires  de  Frederic  le  Grand  ne  tarderont  pas  k  agran- 
dir;  la  decadence  de  la  SuMe  commence;  la  Russie  prend 
rang  avec  le  titre  d' empire  parmi  les  grandes  puissances,  et 
bient6t,  dVcord  ayec  la  Prusse  ef  TAutricbe,  elle efface  dela 
carte  de  TEurope  le  nom  de  la  Pologne ;  la  Porte  est  con- 
trainte  k  restltaer  k  la  Hongrie  ses  anciennes  firontieres. 

La  reyolution  fran^ise  de  1789  yient  alors  ebranler  tous 
les  l£tats.  Au  milieu  de  cette  tempete  surgit  Napoleon,  dont 
les  yictoires  transforment  compietement  la  face  de  TEurope. 
Les  traites  de  Lune^iile  (1811),  de  Presbourg  (1815),  de 
Tilsitt  (1807)  et  de  Yienoe  (1819)  font  arriyer  la  France 
k  Tapogee  de  sa  puissance  en  1810.  L'etoile  de  Napoleon 
pftlit  en  Russie  en  1812,  disparalt  de  l*horizou  k  la  suite  des 
desastres  de  1813  etde  1814,  et  tenteyainement  d'y  remon- 
ter  en  1815.  A  ce  moment,  les  puissances  europeennes  ne 
retablissent  pas  seulement  Tordre,  elles  simplifient  encore 
les  rapports  politiques  des  £tats  entre  eox ;  par  la  premiere 
et  la  seconde  paix  de  Paris,  elles  se  confederent  pour  creer 
et  garantir  un  equilibre  stable  en  Europe;  elles  constituent 
en  1815,  dans  le  meme  but,  la  sainte-alllance,  qui  donne  lieu 
aux  congres  de  Vienne  (1815),  d'Aix-la-Chapelle  ( 1818),  de 
Laybacb  (1821 )  et  de  verone  ( 1822).  Sauf  de  peu  impor- 
tantes  exceptions,  les  stipulations  qui  y  furent  arretees  out 
constitue  les  rapports  politiques  existants  aujourd'bul  entre 
les  dlyers  £tats.  Au  nombre  de  ces  exceptions,  ii  faut  men- 
tionner  les  resolutions  en  yertu  desqnelies  la  Grece  a  ete 
detacbee  de  la  Porte  en  1828  et  la  Belgique  des  Pays-Bas 
en  1830 ,  de  meme  que  les  differeutes  modifications  operees 
jusqu^en  1850  dans  Tinterieurde  la  confederation  germa- 
nique  et  les  arrangements  diplomatiqnes  qui  out  attribue 
des  droits  de  souyerainete  mediate  k  la  Seryie,  placee  desor* 
mais  sousle  protectorat  turc,  k  la  Valacbie  eta  la  Moldayie, 
placees  Tune  et  Tautre  sous  le  protectorat  russe,  en  1829,. 
k  la  suite  de  la  paix  d*Andrinople ;  enfin,  en  1849,  la  dispa- 
rition  du  ducbe  de  Locques,  reunl  desormais  k  celui  de 
Parme. 

Le  resultat  des  phases  si  diyerses  et  si  agitees  qui  yien- 
nent  d^etre  exposees  dans  ce  rapide  aper^u  liistorique,  c*est 
I'existence  actuelle  ( 1854 )  en  Europe  de  84  £tats  souyerains, 
ou  78  seulement  si  on  n*y  comprend  point  la  Moldayie,  la 
Valachie,  la  Seryie,  le  Montenegro,  les  ties  loniennes  et  la 
republique  d^Andorre.  Sous  les  rapports  de  situation  geogra- 
phique  et  de  population,  ces  £tats  se  classent  comme  suit : 
Europe  septentrionale  :  1®  le  royaume  de  Noryega 
(1,400,000  liabitants) ;  2°  le  royaume  de  Suede  (3,400,000  ha- 
bitants); 3®  le  royaume  de  Danemark  (2,200,000  b. ). 

Europe  occidentale  :  4**  le  royaume  de  la  Grande  Bre- 
tagne  (28,000,000  hab.);  5°  le  royaume  des  Pays-Bas 
( 3,075,000  hab.) ;  le  royaume  de  Belgique  (4,595,000  hab.  ),^ 
6"*  Tempire  Franks  (36,000,000  hab.). 

Europe  centrale :  8®leroyaomede  Prusse  (16,477,000  h.) , 
9*'  I'empire  d'Autriche  (38,000,000 liab.) ;  lo^* ^ 4l<*  32  fitats 
purement  allemands  (voyez  Allemagne)  ayec  une  popula 
lion  de  16,460,000  hab. ;  41*'  h  66®  25  republiques  suissea 
(2,365,000  habitants). 

Europe  m^ridUmale :  67°  republique  d'Andorre  1 6,000  b.); 
68**  le  royaume  d'Espagne  ayec  les  ties  Canaries  12,500,000 
hab.);  769"  le  royaume  de  Portugal  ayec  les  Azores 
( 3,755,000  hab. ) ;  70**  lo  royaume  des  Deux-Siciles  ( 8,600,000 
hab.) ;  71*  le  royaume  de  Sardaigne  ayec  Monaco  (5,008,009 
h. ) ;  72''  les  £tots  de  l*£gUse  (3,000,000  hab.) ;  73"  le  grand- 
ducbe  de  Toscane  (1,900,000  hab.);  74**  le  grand -duche 
rle  Parme  ( 503,000  hab. ) ;  75®  le  ducbe  de  Modene  ( 587 ,000 
hab.);  76®  la  republique  de  San-Marino  (8,000  bab.)v 
77®  la  republique  (les  lies  loniennes  (2i0,000  hab.);  78*  le 
royaume  de  Grece  ( 1,086,000  hab.) ;  79®  I'erapire  de  Tur* 
quie  (11,000,000  hab.);  80®  la  republique  de  Montenegro 

21 


163 


EUROPE  —  EURYDICE 


( 1 10,000  bab. ) ;  S 1  °  la  principant^  de  Servie  ( 900,000  liab. ). ; 
82*  la  principaut^  de  Valacbie  (2,500,000  liab.);  Sd""  la 
principaat^  de  Molda?ie  (1,500,000  hab.)* 
Europe  prientcUe :  84'*  Tempire  de  Russie  (62,100,000  h. }. 
On  compte  en  Earope  4  empires,  16  royaumes,  1  £tat  ec- 
cl^siastique,  one  principaut^  ^lectorale,  7  grands-docb^,  10 
4acbte,  11  principaut6«,  unlandgraviat  et  32  r^pobliques. 
Lea  Etata  europ^ns,  saufla  Turquie,  dontlecceur  est  v^ 
ritablement  en  Asie,  out  ^tendu  leur  puissance  et  leur  in-* 
fluence  bien  au-del4  da  continent;  et  plus  de  200  millioiis 
d^hommes  subissent  aujourd^hui  plus  on  moins  dlrecte- 
ment  leurs  lois  dans  les  autres  parties  du  monde.  On  pent 
done  ^valuer  leur  sphere  d'action  k  une  superficie  de  sol 
de  530,000  myriam^tres  carr^s,  ayec  une  population  de  467 
millions  d*bommes  :  ce  qui  rerient  a  dire  que  le  tiers  du 
globe  et  plus  de  la  moitid  de  ses  habitants  leur  ob^ssent. 

EUROPE  ( Mythologie ) ,  fille  d'Ag^nor,  roi  de  Phd- 
nicie  etde  T61^baessa,  oude  Pb^nix,  ^tait  soBurde  Cadmus. 
Dans  le  langagede  Tyr,  ce  nom  d'Europe  signifiait  la  Blan- 
che, k  cause  de  la  puret^  extreme  du  telnt  de  cette  he- 
roine, due ,  suivant  la  tradition,  k  une  recette  d^rob^e  k 
Junon  par  une  de  ses  suivaut^.  Le  mytlie  grec  raconle 
que  Jupiter,  sous  la  Ibrme  d^un  beau  taureau,  ^louis- 
sant  comme  la  neige,  se  jouant  autour  d'elle  au  bord 
de  la  ?ague  ^umeuse ,  cette  vierge ,  pleine  de  confiance  en 
sa  douceur,  s'assit  sur  son  dos  d^alb^tre ;  puis  ^  que  le  diea , 
luugissant  d^amour  sous  un  poids  si  doux ,  malgr^  les  cris 
des  compagnes  de  la  princesse,  entra  dans  la  mer,  et  k  tra- 
Ters  les  Hots,  transporta  en  Cr^te  son  charmant  fardeau. 
Le  taureau  dieu  aborda  dans  cette  tie  par  Tembouchure  du 
L^th6  ( fleuve  d'oubli ).  L^ ,  aux  environs  de  Gortyne ,  sous 
de  sombres  platanes,  Jupiter  se  manifestant  k  la  nymphe^ 
elle  se  soumit  k  ses  caresses,  dont  par  la  suite  Minos, 
Eaqueet  Radamanthe ,  les troiB juges  infernaux,  furent 
les  fruits.  Mais  la  moins  pokique  histoire  veut  que  la  prin- 
cesse ait  tout  bonnement  M  enle?^e  sur  les  cOtes  de  la 
Ph^nicie ,  par  des  marchands  cr^tois  en  repr^saiUes  du  rapt 
d*Io,  fille  dlnachus,  roi  d^Argos.  La  poupe  deleur  vaisseau 
om^  de  la  figure  sculpts  d*un  taureau  blanc ,  leur  roi  As- 
t^rius,  qui  ajoutait  k  son  nom  le  nom  divin  de  Zeus,  et  qui 
s^adjugea  la  belle  captive,  6veilI6rentrimagination  des  Grecs. 
C'est  sur  cette  trame  qu'ils  ourdirent  les  fils  brillants  de  ce 
mythe.  Toutefois,  Europe,  dfipuis  reine  des  Cr^tois ,  fut  di- 
Tinis^e  aprte  sa  mort.  Ses  (6tes  riantes,  Turcnt  appel^s  JTel^ 
lotia,  dans  la  langue  de  sa  patiie,  louange^  ^pithalame ;  c*^- 
tail  un  souyenir  de  ses  amours  avec  le  maltre  de  I'Olympe. 
De  leur  c6i6,  les  Phdniciens,  pour  consoler  Ag^nor  de  Tab- 
sence  de  sa  lllle,  en  firent  une  d^esse ,  et  confondirent  son 
ctilte  avec  celui  d^Astart^  (la  Lune  ).  C^est  sans  doute  de  \k 
que  certains  auteurs  ont  prdtendu  faussement  quTuroi»e 
s*6tait  d*abord  consacr^  k  Diane.  Dennb-Baron. 

EUROTAS,  aujourd'bui  Basilipotamo ,  fieuve  fameux 
de  la  Grtee ,  dans  le  P^Ioponn^  ( anjourd'hui  la  Mor^e), 
avait  sa  source  non  loin  de  celle  de  TAlpli^,  sur  les  limites 
de  TArcadie.  II  traversait  la  Lacouie,  et  se  jetait  dans  le 
golfe  de  ce  nom.  Le  bassin  de  TEurotas  n*^tait  pas  sans 
quelque  profondeur  yers  la  mer,  mais  ses  bonds  ^talent  tr^- 
resserr^s.  Plus  large  k  son  embouchure,  c^est  1^  que  crois- 
saient  en  grand  nombre  ces  roseaux  dont  les  durs  Spar- 
tiates  se  tressaient  des  nattes  et  des  lits.  Ses  rives  alors 
^talent  toutes  verdoyantes  de  lauriers,  de  myrtes  et  d'oli- 
viers.  Ce  gros  ruisseaudut sa  c^l^brit^  k  la ville  de  S parte, 
quMl  arrosait,  au  culte  que  les  LacM^moniens  lui  rendaient 
comme  k  un  dieu,  aux  jumeaux  h^roiques  Castor  et 
Pollux,  qui  s^exergaient  k  lalutte  et  an  pugilat  sur  ses 
rives,  etenfin  aux  bains  d^licieux  qu*otfraientses  eaux  k  la 
plus  belle  des  heroines,  H^l^ne,  leur  sceur.  Les  poetesparlent 
des  lis  bleus  qu^elle  y  cueillait,  et  qu*eUe  m£lait  k  d'autres 
lis ,  ceux  de  son  front.  On  appelait  aussi  queltiuelois  £u- 
rotas  le  Oeuve  de  Marathon  ( aujourdHiui  Afaratonisi. 

Les  anciens  ont  encore  donn(i  le  nom  d*Euro(as  k  un  tieu  ve 
qui  fiortait  du  pieU  de  TO  1  y  m  pe   et  allait  se  jeter  dans  le 


P^n^.  Hom^re,  qoile  nomme  TUttr4$0St  dit  que  ses  ondei 
sumageaient  comme  de  Thuile  aar  le  ffleove  tbessaUen. 

Ewotoi  fut  ansai  le  premier,  nom  antique  du  Galesus^ 
riviere  de  Vltalie  prte  de  Tarente,  et  quillostra  Yiiigile  par 
la  fiction  oo  la  i^alit^  de  ce  vieiUIard  qa*il  (kit  vivre  sur 
ses  rivages,  et  dont  la  tranquillity  et  la  sagesae  bravaieftt 
les  asaaats  de  TambitloB  et  tootes  les  Aireurs  de  la  guerre 
civile.  Dkmre-'Baboii 

EURUS)  vent  d'est,  que  lea  Latins  appeiaient  qud- 
quefois  vultftrnBn  Ce  vent,  qui  se  I^  ordinalfement  avec 
le  soleil,  est  frals,  et  balayeles  nute.  Son  ^tymologie  grecque 
semble  veoir  de  «C,  bien ,  et  de-^tv ,  couier,  k  caose  de  sa 
rapidity  :  octor  euro  (plus  vile  qne  Peurot),  dit  Horace. 
Cependant,  Pline  assure  que  les  Helltees  ap^dfiaient  par 
le  nom  d'eurus  ie  vent  dn  aud-est :  c'est  )e  mdme  que  de 
nos  jours  les  matelota  de  laM6dlterranto  appellent  iiroce, 

EURYALE  et  NISUS*  Ces  jeunea  guerriers  troyens 
sont  molna  c^l^bres  encore  par  leur  beanti,  lenr  amitid.et 
leur  courage,  que  par  lea  chants  de  Viigile.  lis  ^taienl  a^ 
tous  deux  durant  le  ai^  de  Troie.  Euryale  avait  ponr  p^e 
le  brave  Ophelte.  Ce  no  fht  qu^aprte  la  prise  de  ta  ville  de 
Priam,  aux  jeux  c^ldbrte  en  SIclle,  k  rannlversaire  des  fti* 
n^raiUes  d*Anchiae,  que  se  distingu^reDt  d*abord  ces  deux 
amis.  Euryale  y  rena4M>rta  le  prlx  de  la  oonrae  par  une  nne 
de  Nisns^  ruse  tant  soit  pen  grecque.  Quelques  tours  de  ao- 
lell  encore,  et  lea  deatins  leur  r^servaient  k  tous  deux  simul- 
tangent  une  mort  pr^roaturt^,  mala  glorieuse,  dans  cette 
Italic,  si  fi^nde  en  scenes  merveilleuses.  Une  nuit  qu*]^^ 
lenr  avait  confi4  la  garde  d'une  des  portes  de  son  camp, 
tourment^  de  leur  juv^ile  courage,  lalssant  k  des  soldats 
cboisis  leur  poste  nocturne, tons  deux  toum^ent  leurs  pes 
vera  Pallantde,  la  ville  d'^vandre,  oti  ils  croyaient  porter  la 
mort  et  Peflroi.  II  s^enfonokent  dans  le  bois  voisin ,  k  la 
lisl^re  doquel  sMteudelt  le  camp  des  Rutules,  et  y  p^n^tr&rent. 
Lk,  cbefe  et  soldats,  lyres,  gisalent  assoupis  entre  les  coupes, 
les  chars  et  les  armes.  Pendant  ^ne  Nisus  veilleaux  avenues 
du  camp,  Euryale  ^rge  le  superbe  Rhamn^,  d*autres 
guerriers  chers  k  Turnos,  etparml  eut,  Serranus,  le  Ikvori 
des  Graces,  le  plus  beau  des  Rutules.  LMp^  de  Nisus  n^est 
paa  non  plus  oisive  :  elle  plonge  dans  le  noir  sommeil  du 
Tartare  plusieurs  chdb  qui  r^vaient  de  gloire.  Toutefois,  Eu- 
ryale, charge  des  d^pouilles  de  Rhamnte,  d^une  teharpe, 
d*un  riche  baudrier  k  clous  d*or,  et  du  casque  ^tincelant  de 
Messape,  trahi  par  les  premiers  rayons  de  I'anrorei  entend 
crier :  HalU  t  Cest  la  voix  du  Rutule  Volsoens,  ^  la  t6te  de 
trois  cents  cavaliers.  Euryale,  investi  par  cette  troupe, 
jette  un  cri  de  d^tresae.  Nisus,  que  cache  I'^sseur  des 
feuillages,  Tentend ;  soudain,  aprte  une  vive  et  courte  pritee 
quMl  adresse,  en  levant  les  yeux  yers  les  astres,  k  la  d6esse 
k  Tare  d'argenty  la  Lune,  qui  brille  encore  au  del,  il  lance 
successivement  deux  fltehes  qui  traversent  le  oeeur  de  deux 
cavaliers  rutules.  Ce  fut  alors  qu'^  Paspecl  de  la  pointe  de 
r^p6e  dc  Volscens,  prfite  k  percer  le  aein  dlSuryale,  Ni^^us 
s'^lan^  criant  aux  cavaliers  eette  apostroplie  admirable  de 
Yirgile  :  Me,  me,  adsum,  qui  feci;  « c'est  mei,  moi  soul , 
que  void,  qui  Tai  fait.  »  Mais  d^k  Euryale,  abattu  par 
r^pte  de  Volscens,  ^tait  coudi^  sur  la  terro,  ainsi  qu*une 
fleur  qui  pAlit  et  meurt  dte  le  matin;  et  Nisus,  pere6  il'une 
grftle  de  traits  par  les  Rutules  furieux,  se  pendu  du  e6t^ 
de  son  ami,  et  alia  tomber  sur  son  corps  inaniin^  :  ils  con- 
fondirent leurs  denilers  soupirs.  Tel  ost  le  r^t  de  Virgiie. 

H  y  eut  aussi  parmi  lea  Argonautes  un  EuftVAtE,'dl^  par* 
Apollodore :  ainsi  que  la  plupart  de  cesillustres  aventuriers, 
il  ^tait  d*nn  sang  li^rolque  et  royal.  DENNB^Banefr. 

EURYDICE9  nymphe4ry<ide,  Spouse  d'Orpb^e, 
fuyant  k  travers  une  praine  4es  vives  ponrsuites  du  pasteur 
Arista,  fils  de  la  itymplie  Cyr^ne,  fut  monine  au  tatoo  par 
un  serpent  cache  sous  les  ilaurs ,  et  mourat  le  jour  de  ses 
noces.  Orph^,  inconsolable,  k  la  favtor  de  cette  lyre  dtvine* 
present  de  la  muse  Calliope,  s<b  mere,  instrument  nouveau 
dont  il  avait  essayii  la  puissance  sur  les  b^tes  sauva)^  et 
les  rochers,  osa  de^cendre  vivant  dans  Tempire  dea  morls. 


EUBYMCE  —  EUSBBK 


16S 


ParveuQ  aa  tr^ne  de  Pluton ,  ses  chants ,  qa^accompagiiait 
»a  lyre,  el  ses  pieurs  ambUirent  le  ooeur  de  fer  des  ^poux 
infemau^;  et  U  reine  das  morts,  sensible  k  ses  plaintes, 
ordonna  aun  I^arques  de  rendre  k  ^nrydioe  sa  forme  ter- 
lesUe  et  de  la  oondiiire  k  OrpMe,  sous  cette  eondltion  quH 
remoDterait  le  premier  le  cbemin  escarp^  qu*on  ne  remonte 
jamais;  qn'Eerydice  le  soirratt  doocement^  en  silence,  et 
que  s*il  avalt  Hmpradenoe  de  tenmer  la  tMe  poor  In  Toir , 
renfer  reprendrait  sa  proie.  Orph^  touehait  d^jjl^  aux 
portes  de  la  lamitee,  quaad,  dans  le  d^re  de  son  amour, 
il  tovHiia  la  tMe,  et  retit  oe  qo'il  almait  |ius  que  la  Tie.  Sou- 
dain  un  broM  soard  sort!  de  I'ATeme  lui  rappela  la  loi  de 
Proserpine.  II  eot  &  peine  le  temps  d'enlendre  la  voix  afTaibiie 
d^Eurydice  lol  crier :  «  Ah !  malheureux  6poux ,  ton  amoor 
nous  a  perdus  tons  deux !  »  Et  d6\k  eUe  s'^it  dissip^ 
comme  une  ftim^  l^gire. 

EURYNOIIE  oil  {»NOMIE  ft)t  la  plus  belle  des 
oc^ an  ides.  Jnpiter,  6pris  de  cette  nymphe,  la  rendttm^e 
des  trois  Graces.  La  Thiogonie  d'HiSsiode  fait  foi  deVan- 
tiquit6  de  son  culle.  Eurynome  eut  un  temple  o^l^bre  en 
Arcadie,prte  dePbygalfe.  Sa  statue  y  ^tait  attache  avec  des 
cliatnes  d*or,  symbole  de  la  puissance  des  mceurs  donees  et 
polies  snr  le  coeor  de  l*homme.  Elle  finissait,  du  reste,  en 
quetie  de  poisson,  attribut  des  diTinit^  marines  d^un  ordre 
inCfirienr. 

Etnttnoms  ^tait  aossi  un  dieu  infernal,  dont  Pansanias  fait 
mention,  %i  que  Polignote  arait  jet4  dans  un  tableau  des 
enferR  aji^Mmdu  aux  rourailles  tnt^rieures  dn  temple  de  DeU 
pbes.  Le  Tisage  de  ee  ministre  siibalteme  de  Pluton  ayait 
dan^  cette  peintnre  un  reflet  de  bleu  et  de  noir  semblable 
au  dos  de  ces  grosses  mooches,  eouleur  d'ader  bruni,  qui 
pondeot ,  vivent  et  meorent  sur  les  viandes.  Ckimme  elles, 
fl  passait  pour  se  repaltre  de  cbair  et  ne  lalsser  que  les  os. 
Polignote,  en  outre,  I'aTait  repr^sent^  ^tendu  sur  la  peau 
fauTe  d^m  Taolour,  el  grln^nt  des  dents.  DBNNB-BAROir. 

EUIIYNOME*  L'animal  que  Ton  nomme  ainsi  res- 
semble  beaaeoup  ant  parthdnopes ,  et  a  ^t^  assez  sourent 
coofondu  avec  eux.  Le  genre  eurynome,  ^labli  par  Ijeach, 
snr  une  seule  espto,  qui  habite  dans  les  mers  britanniques, 
et  que  l*on  appdie  cancer  atper^  ap(tartient  k  Tordre  des 
d^podes.  II  est  ^rtout  caract^is^  par  un  test  rhomboidal, 
ordinairemeDt  tr^rude  et  tr^-raboteox ,  oe  qui  rend  les 
eorynomes  horribles  ^Toir.  Ces  cmstao^s  ont  anssl  de 
longs  bras/ qui  ne  penrent  se  rapprocheren  ay  ant  beau- 
coup  an  6e\k  de  la  Ifgne  moyenne;  les  m&tes  portent  de 
loDgues  serres,  termini  par  des  crochets  brosqnement 
courb^,  comme  le  bee  des  perroqueis;  Ce  qui  disthigue  les 
eurynomes  des  partMnopes,  e^est  que  les  demiers  ont  leurs 
antennes  ins^r^es  prte  du  milieu  du  bord  inf^rieor  de  leurs 
orbites,  tandis  que  les  eurynomes  les  ont  prte  de  Porigine 
des  pMicules  oeulatres  et  termini  par  une  tige  allonge, 
tr^-menUe,  en  forme  de  sole,  et  beaucoup  plus  Tongues  que 
lenrs  pMoncules.  La  queue  des  eurynomes  olTre  distine- 
tement  sept  articles;  eelle  des  mdles  est  allong^  et  on  pen 
resserr^e  dans  son  milieu  i  eelle  des  femelles  est  ovale. 

N.  CLBRnoirr. 

EURYPYLE.  Pludeon  penonnages  myllioloe^qoes 
out  porf6  ce  nom. 

EUKYPYLE,  fils  d^oemon  et  d^Ops,  teit  le  chef  des 

Orm^niens,  qni,  de  la  Thrace,  se  rendirent  an  si^  de  Troie, 

-  oti  it  fot  Mess^  par  PAris.  Lors  de  ia  prise  de  la  ville,  il 

reciit  poor  sa  part  dor  biitln  une  botte  dans  laqnelle  se  trou- 

Tail  on  portrait  de  Bacchus,  dont  la  roe  le  rendit  fov.  LV 

•  lacle,  codsuH^  k  ee  snjet,  r^pondit  qi]*il  serait  gu^ri  lors- 

qu*il  aumfl  port^  le  portrait  dans  un  lieu  oil  se  feraient  des 

saerites  extraordinalfes.  On  pensa  k  Aro6  ( Patras),  en 

Acliaie ,  oO  cliaqve  ann^  on  saerifialt  k  Diane  on  Jeane 

gar^on  et  one  Jiwne  (Rte ;  k  Parriv^  do  divin  portrait,  ces 

sangteBts  sacrffiees  oess^rent  Pausanias  raconte  le  m^e 

fait  d'un  autre  Eurypfie,  Ills  de  Dexamenos,  qu?  aocom- 

pa^na  Hercele  dans  sa  guerre  contre  Laomedon ,  et  qui  t&^t 

•ussi  de  ce  dernier  une  bolte  fatale. 


EURYPYLE,  fils  de  Poseidon  et  d'Astypalca,  rol  de  IMle 
de  Cos  et  p^  de  Cliaieiope,  lot  tu^  par  Hercule,  lorsqn'a 
son  retour  de  Troie  une  temp^  le  jeta.  sur  les  rivages  de 
cette  tie.  SoiTani  uoe  autre  version,  il  ^tait  fils  d'Hercnle 
et  de  Cluddope; 

EURYPYLE ,  fils  de  Poseidon  et  de  Celseno,  roi  de  la  con- 
trto  oil  lut  bdtie  plus  tard  la  riile  de  Cyrtne,  donna  k  Eu^ 
phemus,  lors  da  depart  des  Argonantes,  une  motte  de  terre 
k  la  possession  de  laquelle  ^tait  attach^  la  souverainet^  de 
la  Lybie. 

EURYPYLE,  filsde  Ttiiphe  etd'Astioche,<oeUrde  Priam, 
alli^  des  TroyenSy  tua  fiiacbaon,  et  p^rit  k  son  (our  sous  les 
coups  de  Pyrrtius. 

EURYSTH^E,  fils  de  SUiendos  et  de  Nidppe,  i'un 
des  petits-fils  de  Pers^,  dpoux  d'Antimaque,  fille  c^*Amphi- 
damas,  et  roi  de  Myc^ne.  Sa  naissance  fut  hAtte  par  Junon, 
paroe  que  Jupiter  aivait  dtelar^  dans  le  oonseil  des  dienx  qne 
le  premler-n^  des  Persides  serait  le  souverain  de  tous  les 
antres  descendants  de  Pers^e.  En  parlant  ainsi,  il  compfait 
que  son  fils  Hercule  serait  le  premier-n^,  et  que  par  con- 
siftquent  ce  serait  k  lui  que  reviendrait  un  tel  honneur.  Mais, 
grftce  k  la  supercberie  de  Junon ,  Eorysth^  devint  roi  de 
Myctoe,  et  eut  ainsi  Hercule  pour  sujet.  Aprte  la  morl 
d'Hercnle,  quMI  derait  laisser  en  palx  dte  quMl  auhdt  ac- 
compli les  douzetravaux  qui  hii  ^ient  impost,  il  s*en  prit 
k  ses  enfants,  et  exigea  de  C^x  quMl  les  lui  livrftt.  C6yx 
n'^tant  pas  de  force  k  lui  r^sister,  ceux-ci  s'enfiiirent  k 
Athtees  auprte  de  T  h  4  s  ^  e ,  h  qui  Eurysthte  adre^sa  la  m(^mc 
demande.  Ce  prince  sMtant  refusd  k  y  obtemp^rer,  il  lui  di- 
clan  la  guerre,  mais  elle  lui  fut  fatale  ainsi  qu'^  ses  fils.  Les 
versions  relatives  k  la  mort  d*Eurystli^  varient  beaucoup. 

EPRYSTIIISNIDES.  Voyei  AcmES. 

EURYTfilMIE  ( do  grec  c^ ,  bien ,  et  ^e|i6; ,  ordre ). 
On  appelle  ainsi  le  juste  accord ,  la  proportion  des  muu- 
vements  dans  Itidanse,  dans  la  musique,  et  plus  particuli6- 
rement  dans  les  mots,  comme  intonations  de'la  langue .  ce 
en  quel  eonsiste  la  superiority  d'une  langue  sur  une  eutre 
L^harmonie  du  discours  depend  en  effet  de  diverses  condi 
tions  de  temps  et  -d'intonations ,  et  le  melange  agr^Ne 
Poreille  des  divers  tons  snlvant  leur  dorte  et  leur  son  cons* 
titue  I'etiry^Atnie  d'une  langue.    . 

Dam  les  beaux-arts,  et  plus  particuliirement  en  ardiite- 
ctore,on  appelle  ainsi  nn  bel  ordre,  one  belle  proportion, 
et  comme  riiarmonie  de  tootes  les  parties  d^un  tout.  En 
mddecine,  on  emploie  quelquefois  le  mot  eurylhmie  pour 
indiquer  la  r^larit^  du  pools,  des  fonctions. 

EUSGARIENS  oo  ESCUARIENS,  EUSEALDOU- 
NACS  ou  ESCUALDUNACS,  d^nomhiations  diverses  que 
les  Basques  se  donnent  dans  leur  langue,  qni  est  elle- 
m^me  d^sign^  par  eux  sous  le  nom  d^euskara ,  escuara 
on  luucouara,  selon  les  dialectes. 

EUSEBE  (Saint),  trenie-deuxiime pape^  succ^a^ 
saint  Marcel  ra  310.  H  ^tait  grec  de  naissance,  et  n'eut  pas 
le  bonhenr  de  roettre  fin  aux  troubles  qui  avaient  agit^  le 
pontificat  de  son  prid^esseur.  La  mort  Tenleva  au  saint- 
si^e  quelqnes  mois  aprte  son  flection,  le  at  join  dela  m«me 

*  nn^e. 

EUSEBE  DE  MINDE,  pliilosoplic   telecaque.  Voyez 

£ctJEcnquBS^ 

EUSEBE  DE  C£SABte,  le  p^re  de  Thistoire  eccl^as- 
tique,  au  nom  du  quel  on  ^joote  ordinalrement  celul  de 
Pamphiiey  qu*H  avait  pris  en  commemoration  d'un  de  Ses 
amis,  pi^tre  comme  lui,  et  qui  avait  ete  martyrise  en  S09, 
naquit  vers  270,  k  cesar^e,  en  PalesUne,  devint  Mqw  de  sa 
viOenatale  en  3(4,  el  mourut  en  340.  Eus^be  etait  saas  con- 
testation le  plus  savant  homme  de  son  temps.  On  disatt 
quHlsavait  tout  ce  qni  ovait  Hi  icrit  avant  lui,  II  eta- 
blit  k  cesaree  une  ecole  qui  fut  one  (vepinl^re  de  savants. 
D*abord,  il  se  montra  Tun  des  plus  redoutables  adversaires 
des  ariens ;  mais  bientAt  il  se  joignit  k  enx,  et,  de  concert 
avec  eux,  il  condamna  A  t  li  a  n  a  s  c.  Cest  k  cette  circonstance 
qu*il  faut  sans  doute  attribue?  la  perte  d*iiB  grand  norobrs 

9v 


164 

<]€  868  ouTrages.  Flcrs  d'ayoir  acquis  no  8l  puissant  appui, 
les  ariens  Toulurent  Ti^lever  k  T^yteM  d'Antioche ;  mais  il 
reftisa  oette  dignity.  Les  pr^lats  assemble  k  Jerusalem  le 
d^nt^ent  a  Constantin ;  ils  obtinrent  parson  interm^iaire 
le  rappd  d'Arius  et  Texil  d'Afhanase.  Constantin  le  pro- 
t^geatt  et  le  seoondait  dam  tootes  sea  entreprises. 

Ens^be  teriyit  beaacoap.  Pour  son  ffistoire  Eccl^^Uu- 
tique,  terite  en  gree  et  en  10  livres,  dans  laqaelle  il  a  ra- 
Gont6  avec  un  ton  renoarquable  de  y^racit^  les  ^y^ementa 
de  rhistoire  de  I'^ise  chr^tienne  jusqii*^  Tannee  324 ,  il 
mit  k  profit  de  nombreoaes  biblioth^ues  et  jasqu*aux  ar- 
ebiyes  de  rcnipire.  Elle  a  (U  continue  par  Socrate ,  Soio- 
mtoe  et  Th^odoret.  RuGn,  qoi  la  traduisit  librement  en  la- 
tin, la  continua  jusqu^en  395.  Les  ineilleures  Mitions  qu'on 
en  possMe  sont  eel  les  qu'enontdonn^Valois  (Paris,  1659), 
Rading  (Cambridge,  1720),  et  Heiniclien  (Leipzig,  1829). 
Le  president  Cousin  en  a  donn^nue  traduction  fianQaise  fort 
estim^.  On  a  en  outre  d'Eus^be  de  C^sar^  une  Vie  on 
plut6t  un  Pan^gyrique  de  Constantin,  dont  Heinicben  a 
donn^  une  Mition  nouyelle  ( Leipzig ,  1830) ;  15  livres  de  sa 
Prxparatio  evangelica  (publi^epar  Viger;  Paris,  1628), 
ouyrage  dans  lequel  il  expose  lea  motiCs  qui  doiyent  porter 
^irejeter  aussi  bien  le  paganisme  yulgaire  que  le  paganisme 
sayant,  traits  pr6deux,  surtout  en  ce  qu'il  nous  a  consery^ 
beaucoupde  passages  de  pbilosophes  anciens,  qui,  sans 
cela  nous  seraient  demeur^  inconnus.  II  ne  nous  reste  que 
10  iiyres,  et  encore  fort  peu  oomplets,  desa  Demonstratio 
evangelica,  quMI  ayait  compost  en  20  liyres,  et  ou  il  d^mon- 
trait  la  pr^excellence  du  ckristianisme  sur  le  Judaisme  :  la 
meilleure  dditlon  eat  celle  de  1628,  publide  k  Paris.  Son 
Onomastieon  est  une  nomenclature  des  yilles  et  des  lieux 
nomm^  dans  l*£criture  Sainfe  (Amsterdam,  1707).  Toote- 
fois,  le  plus  important  des  liyres  d'Eus^be  ^it  sa  Chroni- 
que,  qui  renfermait  les  (ytoements  depuis  le  commence 
meat  du  monde  jnsqu*en  325.  II  n*en  restait  que  des  frag- 
ments, lorsque  Ic  sayant  Arm^nien  Zohrab  en  d^uyrit 
une  traduction  anndnlenne ,  quMl  pnblia  de  concert  ayec 
Angelo  Mai,  k  Xfilan  en  1818.  Cette  d^couyerte  est  Tune  des 
plus  importantes  des  temps  modemes,  et  Niebuhr,  dans 
ime  dissertation  fort  ^tendue,  a  parfaitement  fait  ressortir 
tout  ce  que  rhistoire  y  gagnait  d'^airdssements  et  de 
elates  nonyelles.  Valois  a  r^uni  tons  les  passages  et  tons  les 
documents  qui  eoncement  la  personne  d'Eus^  :  on  les 
Irouye  en  tdtede  son  Edition  deVffistoire  EecUsiastique. 

P.  dbGolbiSry. 

EUSEBE  DE  NICOM^DIE,  patriarche  de  Constanti- 
nople, instituteur  de  Tempereur  J  u  1  ie n ,  dont  il  ^tait  pa- 
rent, fut  d'abord  ^yfiqne  de  B^ryte,  pulsdc  Nicom^dfe.  Pour 
s'assurer  de  la  possession  de  ce  sl^,  il  se  montra  au  con- 
die  de  Nic^e  dtfenseur  zd6  d'Arius,  et  plus  tard  il  deyint 
une  des  oolonnes  de  rarianisme.  Sous  le  r^gne  de  Constan- 
tin, k  qui  il  adminlstra  le  bapttoie  en  337,  il  fut  fait  patriar- 
€li6  de  Constantinople.  II  mounit  en  342,  aprte  ayoir  tenu 
Tannte  prMdente  un  condle  k  Antiocbe,  dans  les  int^rdts 
de  rarianisme. 

EUSEBE  D*tMi:SB,  n^  k  ^esbeet^ley^^  AlexaudHe, 
futle  disdpled'Eusftbede  C^sarte,  etTami  d*Eus^bede 
Kicom^ie.  Ennemi  de  toutes  les  discussions  Uu^ologi- 
ques,  il  rcfusa,  aprte  la  deposition  d'Eustatiie,  le  si^e  dpis- 
4X>pal  d'Antioche,  quand  il  se  fut  conyaincn  de  Tinaltdrable 
attacbemeat  que  le  peuple  ayait  you^  k  ce  docteur  pers^ 
€ut^  Plus  tardy  il  Ait  nomm^^ydqued'^tee,  mais  il  mou- 
rut  exiles  Antioche,  yers Tan  360.  Les  homtiiesqui  portent 
son  nom ,  et  dont  les  plus  auUientiques  t^moignent  d*une 
Sequence  y^table,  ont  ^ii  pobli^es  par  Aogusti  ( Elberfeld, 
1829).  Le  sayant  Mai  a  public  qudques  autres  ouyrages 
de  lui  dana  sa  Seriptarum  veterum  nova  CoUectio  (yol. 
1*',  Rome,  1825),  commeses  Quxsiiones  xx  evangelicss 
et  une  partie  de  son  Commentaritu  in  Lifcam. 

EUSEBE  (Saint),  ^yftque  deVerceilau  quatri^roe  si^cle, 
^Uit  11^  en  Sardaigne,  et  fut  consacr^  par  le  pape  Jules.  II 
signala  son  z^le  pour  la  foi  au  conciie  de  Milan  en  355,  ea 


EUStBE  —  EUSTACHE 


Vro|)osant  d'abord  de  faTC  sou%crire  fous  les  eyftques  anx 
opinions  du  condle  de  Nic^,  ayant  de  traiter  auame  affaire; 
mais  Tempereur  Constance  s^^tant  rendu  mattrede  Tassem- 
hl^,  fit  sooscrire  la  plupart  des  ^yAques  k  la  condamna- 
tion  d'Atbanase.  Ceux  qui  r^sist^ent  furent  bannis.  Eus^be 
^taitdece  nombre.  Apr^s  la  mort  de  Tempereur,  il  retourna 
k  son  figlise.  II  parcourot  la  Grtee,  Tlllyrie,  Tltalie,  et  par- 
tout  il  agit  contre  Tarianisme.  II  mourut  en  370.  On  croik 
quMl  est  le  premier  qui  joignitie  yie  monastique  k  la  yie  d6- 
ricale.  Au  sdn  des  yilles ,  il  yiyait  ayec  sea  dercs  comma 
les  moines  du  dtert.  On  lai  attribueune  yersion  latine  des 
^yang^listes  que  Jean  Andr^  Iric^  a  fait  imprimer  k  Milan,  en 
1748,  in-4*.  On  tronye  deux  de  sea  lettres  dans  la  Biblioth^qiM 

EUSTACHE  ( nom  sans  doute  d'un  fabricant ),  couteau 
grossier,  k  manche  en  hois,  d*une  seule  pi^,  dont  la  lame 
n*est  point  retenue  par  un  ressort.  Ces  sortes  de  couteaux , 
de  la  plus  grande  simplicity,  n*ODt  rien  de  remarquable; 
mais  leur  fabrication  offre  des  particularity  assez  int^rvs- 
santes,  k  cause  de  la  roultipUdt6  des  optetions  et  du  baa  prix 
auqud  on  les  liyre.  De  nos  Jours,  un  eustacbe  perfectionn^ 
coOte  trois  centimes  deux  tiers,  Le  manche  en  bon  buis 
est  fait  k  Saint-Claude  (Jura);  il  est  pay6  k  Sahit-£tienne 
sept  centimes  les  dix.  La  lame  fabriqu^  en  ader  de  basse 
quality,  tir^  de  Riyes  en  Dauphin^,  coOte  toute  terming 
un  centime  neufdixitmes :  le  montage  d'une  dizaine,  y 
compris  le  clou  et  les  deux  rosettes,  se  paye  quatre  cen' 
times,  etc.  Maintenant  on  creuse  un  silflet  dans  le  manche 
des  eustaches.  Malgr6  I'exlguit^  du  prix  de  ces  couteaux , 
ceux  qui  les  fabriquent  en  grand  jouissent  d^une  aisance  plus 
qu^ordinaire.  TBYsafeDRB. 

EUSTACHE  ( Trompe  d' ).  La  trompe  d'Bustache  oa 
d'Eu  stachi,oa  conduit  guttural  de  tore  Hie  (Chaussier), 
est  un  conduit,  partie  ossenx,  partie  fibro-cartilagineux  et 
merabraneux ,  qui  ya  de  la  caisse  du  tympan  k  la  partie  sn- 
p^Heure  du  pharynx ,  et  fait  communiquer  cette  caisse  ayec 
Pair  ext^rieur.  Elle  est  oblique  en  ayant,  en  dedans  et  en 
has ,  a  enyiron  dnq  centimetres  de  longueur,  et  est  par  oon- 
s^uent  plus  ^tendue  que  le  conduit  auricuUire.  La  partie 
osseose,  de  18  ^20  millimetres,  est  situte  an-dessus  da 
canal  carotidien ,  en  dedans  de  la  sdssure  glteoidale  et  de 
repine  du  sphenoide;  commen^ant  dans  le  tympan  par  un 
orifice  assez  large ,  die  est  elle-m6me  etrolte  et  arrondie  par 
la  partie  moyenne.  La  portion  fibro-cartilagineuse  augroente 
progressiyement  de  diametre,  et  se  tronye  ensuite  comprim<^ 
de  maniere  k  offrir  une  coupe  elliptique;  puis  die  finit  pr^s 
de  Taile  interne  de  Tapopbyse  pterygolde  par  une  sorte  de 
payillon  ^yas^,  libre,  renfle,  dont  les  bords  appliques  Pun 
contre  I'autre  ne  ferment  qu^une  fente  peu  large.  La  mu- 
queuse  pharyng^e  tapisse  tonte  la  surface  interieure  de  la 
trompe.  Les  nerfs  de  cette  partie  sont  foumis  par  les  rameau  x 
palaUns  du  ganglion  de  Meckd ;  les  yaisssaux  yiennent  de 
ceux  du  yoile  du  palais  et  du  pharynx. 

EUSTACHE  ( Valyule  d* ).  Foyez  Coeur. 

EUSTACHE  (Sdint).  Cost  un  des  pins  c^iebres  mar- 
tyrs de  Rome,  et  cependant  sa  yie  et  ses  sonffrances  sont  i 
pdne  connucs.  Nous  sayons  seulement  qu^il  donna  son  sang 
pour  la  foi  yers  la  fin  du  second  siide,  ayec  Tatiane,  son 
epouae,  et  ses  deux  fils.  Agape  etTh^opiste.  Les  Groc8  et 
leu  Rosses,  chez  qui  sa  m^moire  (ht  toujonrs  en  grande  y^ 
n^ration ,  Tappdlent  Eustathe,  et  qudques  calendriers  an- 
dens  lui  donncnt  le  nom  d*Eustoche,  Sa  yie,  telle  que  nous 
rayons ,  est  un  tissu  de  fables ,  qui  n^ont  pas  m^me  le  merite 
de  la  yraisemblance :  a!nsi  en  ont  jng6  Baronius  et  Tillemont ; 
Fleury  a  cm  prudent  de  n*en  paa  parier.  La  fete  de  saint 
Eustacbe  k  Rome  ayait  cela  de  remarquable,  qu'on  faisail 
ce  jour-1^  des  agapes  ou  repas  de  charite.  Ces  banquets 
Chretiens  etaient  toujours  acoompagnes  degrandes  liberalites 
enyers  les  pauyres.  On  dit  que  le  corps  de  ce  saint  fut  trans- 
porte  de  Rome  en  France,  yers  le  commencement  du  dou- 
zieme  siede,  et  que  ce  fut  k  cette  occasion  que  P&blie  Snger 
fit  Uitir  la  chapelle  de  saint  Eustacbe  dans  regliM  de  Saint- 


EUSTACHE  — 

Denis.  Ces  rellques  ftirent  enfermte  plus  tard  dans  une 
cbisse  d'argenty  orn^ede  pierreries,  dont  les  hngueoots  s*em- 
partrent  ea  1667.  Mais  quelque  temps  anparavant  pliisieurs 
de  ces  restes  aTaient  M  transports  dans  I'^Lse  paVoissiale 
de  Sainte-Agnte  k  Paris,  ce  qui  lol  fit  donner  le  nom  de 
Saint-Eostache.  l^aatres  disent  qne  ce  nom  lui  Tient  d'nne 
petite  chapele  bAtie  dana  les  enyirons  sous  FinTocation  de 
taint  Eostatbe,  abM  de  LuxeuU.      L'abM  J.  Barte^leht. 

EUSTACHE  on  EUSTATHE,  pbilosophe  ^dectique. 
Voyes  ^CLScnQCBS. 

EUSTACHE  ,  dit  LE  MOINE.  Ainsi  s'appelait  un  ancien 

rdi^enx ,  devenn  aventarier,  iiomme  de  mer,  qui  se  distiu- 

gua,  sons  le  r^e  de  Pbilippe-Augustey  dans  les  diff^rentes 

exp^itions  que  oe  roi  diilgni  oontre  l*Angleterre.  Cest  sar- 

toat  de  1160  k  1217  qu'il  se  fit  connaltre  par  de  nombreux 

faits  d'arroes.  Vers  1212y  les  barons  d'Angleterre,  r6?olt6s 

centre  leur  roi  Jean,  appelirent  pour  lui  succ^er  le  fils  de 

Philippe- Angnste,  qui  plus  tard  deyintroide  France,  sous 

le  nom  de  Louis  VIIL  Ce  prince,  en  1216,  s*empara  de 

Londres ,  et  fot  qaelqoe  temps  mattre  de  la  meilleure  partie 

de  ceroyaume.  Parmi  les  chefs  qui  lui  pr6t&rent  les  seconrs 

lea  p1use(flcaces,onremarqua  Eustachele  Moine.  Dks  120S 

II  aTaii  dirig^  contre  les  vaisseaux  anglais  ceux  de  la  France. 

En  1206  11  iTait  obtenu  du  roi  Jean  un  sauf-conduit  pour 

yenir  en  Angleterre,  et  y  sojourner  jusqu*^  la  PentecAte  de 

Tannte  sniTante.  Mais  il  ayait  plus  tard  essuy^  one  d^faite; 

son  frkrt,  avec  une  quinzaine  de  ses  marins,  avait  ^16  fait 

prisonnier;  hiiHoAme,  d'aprte  une  chronique  contempo- 

rain«,  ^it  captifen  Angleterre  lorsqu'en  1211  le  roi  de 

Fiance  comment  la  guerre  contre  Jean  par  s'emparer  de 

toos  les  b&timents  quMl  pot  rencontrer.  Ce  fut  alors  qu^Eus- 

taclie  le  Moine  pairint  k  s'^bapper  et  k  revenir  en  France 

avec  cinq  galores;  mais,  en  1217,  Blanche  de  Castille,  ayant 

en  connaissance  des  dangers  que  courait  son  mari,  d^da 

le  roi  son  beao-pto  k  lui  envoyer  des  renforts.  Eustacbe  le 

Moine »  qui  guerroyait  sur  les  cOtes  d^Angleterre,  (tat  cbarg6 

de  prot^er  la  descente  des  secours  tonus  de  France.  Un 

combat  terrible s^engagea  le  24  aoOt  1217 ;  Eustachele  Moine 

y  fut  to^.  Matthieu  Paris,  Thomas  de  Walsingham  Nicolas 

TriTot,  Goillanme  le  Breton  et  d^aotres  chroniquenrs  ont 

parl6  de  oetle  rencontre  navale  atec  de  grands  details.  Les 

Anglais,  sup^eurs  en  nombre,  et  mont^  sur  des  navires 

arm^  d^on  6peron  de  fer  qui  brisait  les  petites  barques  des 

Fran^,  en  firent  un  grand  carnage.  Eustacbe  le  Moine, 

Tojant  le  vaisseau  sur  lequd  il  6tait,  prte  de  tomber  au  poy- 

▼oir  des  ennemis,  essaya  d*dchapper  par  la  ruse :  il  se  bar- 

bouilla  le  tisage,  et  se  cacha  dans  la  cale;  mais  il  en  i\it  ar- 

racb^  Tiolemment  Richard »  I'on  des  fils  naturelsdu  roi 

Jean,  lui  coopa  la.t6te  :  on  la  ficha  au  boot  d'une  pique,  et 

on  la  promena  dans  toute  TAngleterre.  Ce  fameux  combat 

des  Cinq-nes  devint  le  sujot  d*une  loule  de  r^ts  menson- 

gers.  On  raconta  qn'Eustache  le  Moine,  Tun  des  plus  balnles 

inagiciens  de  son  temps,  ^tait  parrenu  k  dissimuler  k  tons 

les  yeux  le  navire  qu*il  montait  Mais  un  nomm^  ^tienne 

Crabbe,  ancien  ami  d'Eustaclie  le  Moine,  auquel  ce  dernier 

aralt  jadis  enseign^  la  magie,  remarqua  fort  bien  le  bAtiroent 

du  pirate  qui  flottait  sur  Tonde  et  s'approchait  du  port.  Di- 

rigeant  de  ce  c6t^  la  barque  qu'il  montait,  il  santa  k  bord 

do  natire  inTisible,  conpa  la  t£te  au  moine,  et  le  cbarme 

cessa  tout  It  coup. 

Le  people  de  France  et  d'Augleterre  a  longtemps  gard^ 
le  souvenir  des  exploits  d^Eustaclie  le  Moine.  Un  po^e  en 
Ters  fran^als,  ^crit  dans  la  seconde  moiti^  du  treizi^me  si^e, 
oous  fait  connaltre  tons  les  oontes,  dans  le  genre  fac^tieux 
4M]  terrible,  auxquels  aTait  donn4  lien  la  pr^tendoe  magie 
dont  oe  pirate  ^it  en  possession.  SuiTant  Tauteor  de  ce 
potoie,  Eostai'iie  itait  n^  dans  le  Bonlonnals;  il  ^tait  alI4 
dans  sa  jeonesse  en  Esp  gpe,  k  TolMe,  et  y  avail  ^todi^  la 
ma^e.  Le  p^  d*£usta  iie,  nommd  Baudoin  Buskte,  ayant 
M  assaarinrf  par  Tun  de  ses  voisins,  qui  voulait  usurper 
ion  hMtage,  Enstache  qnitta  son  couvent,  et  demanda  jus- 
tice k  Benaud ,  comte  de  Bonlogne,  cdoi-U  mftme  qui  com- 


£USTACHI  161  f 

battit  Philippe- Auguste  k  Bouvines.  Le  conrte  la  lui  accorda^ 
et  plus  tard  le  nomma  Tun  de  ses  baillis.  Mais  il  I'accusa 
de  p^culat  sur  la  d^nonciation  d^un  de  ses  ennemis.  Ce  fut 
alors  que  Tancien  moine  et  le  comte  se  Jur^rent  une  haine 
morielle  et  se  firent  une  guerre  acham^.  Ce  curieux  podme 
a  €tA  r^cemment  imprim^,  sous  le  litre  de :  Roman  d^StU' 
tache  le  Moine,  pirate  fameux  du  treiztime  si^le^  pu- 
blic pour  la  premie  fols,  d'apr^  un  mannscrit  de  la  Bi- 
blioth^ue  roy  ale,  par  Francisque  Michel  ( Paris,  1 834,  in-8'' ). 

Lk  Rovx  de  LmcT. 
EUSTACHE  DE  SAINT-PIERRE,  Tun  des  six 
notables  bourgeois  de  Calais  qui  se  d^vou^rent  pour  lo 
salut  de  leurs  concitoyens  ( 1346  k  1347 ).  Jehan  de  Vienne, 
qui  oommandait  k  Calais,  ayant  offert  de  se  rendre,  les  ba- 
rons du  roi  d*Angleterre  £douard  III  Fengag^rentit  agrtor 
cette  proposition.  «  Eh  bien !  dit  Edouard,  )e  ne  veulx  mie 
estre  seul  contre  tons ;  vous  direz  an  capitaine  de  Calais  que 
la  plus  grande  grftce  qo'U  pourra  tronver  en  moy,  c^est  quHls 
partentde  la  vUle  six  des  plus  notables  bourgeois,  les  chefs 
nus,  les  harts  au  col;  et  d'enx  Je  ferai  k  ma  volenti,  en  lo 
remanant  prendray  k  mercy.  »  Cette  r^ponse  transmise  k 
Jehan  de  Vienne,  il  se  bAla  de  rassembler  les  bourgeois : 
«  Lors  se  mirent  k  pleorer  femmes  et  enfants,  dit  Froissarus, 
il  n*eut  coenr  si  dnr  qui  n'en  oust  piti^.  Apr^,  se  leva  Eus- 
tacbe de  Saint-Pierre,  le  pins  riche  bourgeois  de  la  ville^ 
lequel  dit  devant  tons :  «  Seigneurs,  grands  et  petits,  grand 
«  meschef  serolt de  laisser  moorir  un  tel  peuple,  qui  cy  est, 
«  par  famine  ou  aultrement,  quand  on  y  peot  trouver  quelque 
«  moyen ;  ce  seroH  grande  gr&ce  envers  noire  seigneur,  qui 
«  de  tel  meschef  le  pourroit  garder.  J*ai  en  droit  de  moy 
«  si  grande  espdrance  si  Je  meurs  pour  ce  pcuple  sauver, 

«  que  Je  veuille  estre  le  premier »  Aussitdt  se  leva  Jehan 

d^Aire,  trte-honneste  et  trteiiche  bourgeois;  aprte  luy, 
Jacques  et  Pierre  de  Vuissants,  frires;  puis,  le  cinqai^mo 
et  le  sixi^me.  »  L^histohre  n*a  pohit  conserve  les  noms  de 
ces  deux  g^idreux  dtoyens ;  et  qudqnes  auteurs  en  ont  con- 
du  que  le  nombre  des  otagea  d  merci  exig^  par  £douard 
n*^it  que  de  quatre;  mais  la  plupart  des  historiens  con- 
firment  le  r4dt  de  Froiasart.  Les  six  victiines  d^voui^es 
furent  conduites  au  camp  d^lidouard.  Les  seigneurs  de  sa 
cour  demand^rent  grftce  pour  eux.  £douard  ^talt  inflexible. 
«  Soil  fait  venir  le  cope-tftte,  s*toie-t-il :  ceux  de  Calais  ont 
tant  fait  mourir  de  mes  hommes  qu'il  convient  eux  mourir 
aussi.  »  La  reine  d' Angleterre,  qni  ^tait  enceinte,  se  niit  k 
genoux  en  pleurant.  Le  roi  la  regatda,  se  tot  un  moment, 
et  lui  dit :  «  Ah ,  madamet  j'aimerois  mienx  qne  vousfeus- 
siez  aultre  part  quMcy!  mais  vous  me  pryei  si  acertes  que 
je  ne  puis  vous  6conduire  -,  si  vous  lea  donne  k  vostre  plai- 
sir.  »  La  reine  les  fit  condnire  k  son  appartement,  et  leur 
fit  Oter  les  cordes  quHls  avaient  an  cou.^  On  leur  servit  ^ 
diner,  et,  aprte  leur  avoir  fait  donner  k  chacnn  six  dcusd'or, 
die  les  fit  emmener  en  sOret^  hors  du  camp.  Tant  d'h^ 
roisme  ne  resta  pas  sans  recompense,  fidouard  avail  expuls4 
de  la  ville  la  population  enti^;  et  de  nombrenses  families 
anglaises  vinrent  s*y  ^tablir.  Les  raalhenrenx  Calaisiens 
furent  bien  accodUls  dans  les  antres  villes  de  France.  Le 
roi  Pliilippe  de  Valois,  apr^  avoir  rendu  k  lear  h^rolque 
courage,  k  leur  fiddit^,  on  Juste  tribut  d'dogea,  leur  donna, 
par  une  ordonnance  sp^ciale,  «  tons  les  biens,  meubles  et 
heritages  qui  teherront  au  roy  pour  qudque  cause  que  ce 
soil,  ccmmeaussi  tous  les  offices,  quels  qu'ilssoient,  vacants 
dont  il  appartient  an  roy  on  ^  ses  enfants  d'en  pourvoir  en 
cola,  jusqu*^  ce  qu*ils  soyent  tons  etnn  chacun  nScompens^ 
des  pertes  quMls  ont  (kites  k  la  prise  de  leur  ville. » 

^  DOFEV  (delTonne). 

EUSTACHE  DESCHAMPS.  Voyez  DEScnAMPs(Eo9- 
tache ). 

EUSTACHI  (Bartolomco),  n6k  San-Severino,  dans 
la  marche  d*AncOne,  fut  Tun  des  plus  c^l^bres  anatoAiistas 
du  seizi^me  sitele,  et  partage  avec  V^sale  la  gloire  d'avoir 
€t&  le  restaurateur  de  cette  science.  Eustachi  ^tudiar^  Rome, 
non-seulement  le  latin  et  le  grec,  mds  encore  Tarabe,  qui 


1G« 


EUSTACHI  —  EDTHYMIUS  ZIGABENDS 


^tait  alim  la  ptineipato  souroe  scieotiBqae  ou  allaient  paiser 
les  m^ecins  et  les  anatomistes.  Son  sayoir  dana  Tart  de  gu^ 
rir  loi  procora  I'honneur  d*6tre  le  mMecin  del  cardinaax 
'  Charles  Borrom^  eC  Jules  de  la  Rov^re.  II  fut  en  outre  gra- 
tifi^  des  titres  d'arcliUtre  et  de  professeur  de  la  Sapienza  k 
Rome.  Malgr^  sa  renomm^ ,  ii  T^cut  dans  un  ^tat  tr^ 
Toisin  de  la  g^ne,  et  mourut  en  1574. 

Le  noni  d'Eostachi  est  familier  au  moiudfe  ^tudiant ,  grftce 
k  la  d<kM)UTerte  du  canal  de  cooununication  qui  existe  entre 
Foreille  interne  et  rarriire-bouche,  et  du  repli  saillant  dans 
rorelliette  droile  que  pr^sente  TouTerture  de  la  veine  cave 
infi^rieure,  parties  qui  out  re^u  les  nonis  de  irompe  et  de 
valmUe  d'JSustache.  Mais  ce  ne  sont  pas  \k  les  senles  d6cou- 
Tertes  que  Top  doire  k  ce  c^^bre  anatomiste ;  il  n'est  pas  una 
partie  du  corps  htimaln  qu'il  n*4it  fait  connatlre  plus  exac- 
tement.  Cependant  les  reins,  I'ereiUe  et  le  systtoie  central  de 
la  circulation  sont  les  parties  sur  la  structure  desquelles  ses 
travaux  out  jet^  le  plus  do  lumi^res.  H  a  public  le  Lexique 
cTJSrotien  (Venise,  1656);  des  dissertations  7)0  Renibus 
,  (1563) ;  De  DentUnu  (1563) ;  des  OpMCules  (1564),  parmi 
'  lesquels  on  trouYe  la  description  de  Toi^ane  de  Touie.  II 
'  avait  laiss^  des  Tables  amUomiqueSf  qui  n^ont  ^  publics 
qu*en  i714»  par  Lancisi. 

;  EUSTATHE,  docteur  de  rfgUse  au  quatritoie  si^e 
et  ^Tdque  d'Antioche,  est  snrtout  cil^re  par  le  i^e  qu*il 
mit  k  d6fendre  les  d^sions  du  ooncUe  de  Nicte.  En  Pan  330, 
le  parti  semi-arien  d'Eusdbe  de  Niconi^ie  Tayant  emport^ 
'  k  la  cour  deConstantiny  et  par  suite  quelques  adyersairesdu 
condle  de  Nicte  ayant  ^t^  rappel^  de  Texil ,  Eustatbe  refusa 
d^aToir  aTCC  enx  le  moindre  rapport  ecd^iastique.  Cette 
conduite  le  fit  exiler  en  331,  et  Meletius ,  ^^uede  S^baste, 
fut  d^lgn^  pour  le  remplacer.  Mais  une  partte  du  dioc^ 
d^Antioclie  ne  voulut  point  reconnattre  ce  nou?el  ^yfique, 
comme  lui  ^tant  impost  par  les  ariens,  et  forma,  sous  la 
direction  de  Paulin,  consacr^  ^T^que  quelques  anntoplus 
tard,  le  parti  des  eustathiens.  La  scission  qui  en  fut  le 
r^ultat  dura  bien  longtemps  encore  aprte  la  mort  d^Eustathe, 
arrir^  en  861,  et  ne  put  se  termiaer  qu^au  commencement 
du  cingni^e  si^le. 

EUSTATHE,  moine  originaire  du  Pont,  et  depuis 
Tan  355  ^T6que  dc  S<$baste  en  Arm^nie ,  introduisit  la  vie 
claustrale  et  le  monacbisme  dans  le  Pont,  la  Paphlagonie 
et  I'Armdnie.  Ses  doctrines  sur  le  manage,  qu*il  d^rait 
entach^  dlmpuret^,  r^prourte  par  son  ami  le  presbyte 
Arius ,  furent  solennellement  condamn^es  par  le  synode 
tenu  entre  les  ann^es  362  k  370,  k  Gangra ,  enr  Paphlagonie. 
On  a  aussl  appei^  ses  partisans  eustathiens. 

EUSTATHE,  de  Constantinople.  Ce  c^^bre  commen- 
tateur  grec  d*Hom^re  et  de  Denys  le  P^^^te,  fbf  d'abord 
diacre  et  professeur  de  rh^torique  k  Constantmople ,  sa  ville 
nataie;  puis,  k  partir  de  1155,  archer^ue  de  Tliessalo- 
nfque,  oi^  11  mourut  dans  un  Age  avanc^  en  1198.  Quel  que 
l^re  qu*ait  pu  fttre  son  Erudition  thtologiqne  et  religieuae, 
toujours  est-U  qu^il  ^tait  profond^ent  rers^  dans  la  con* 
naissanoe  des  andens  classiques ,  comme  le  prourent  ses 
oommentaires ,  compost  en  partie  avec  les  scoliastes  anti^ 
rieurs,  et  dont  ceui  d*Hom^re  notamment  (4  vol.  Infol., 
Rome,  1542-50;  3  toI.  in-fol.,  BAle,  1559-60,  et  avec  la 
table  de  DcTarins,  4  vol,  in-4*,  Leipzig,  1835-29)  sont 
une  mine  d*^rudltion  philologique.  Deses  oommentaires  sur 
les  hymnes  de  Pindare ,  le  Proemium  seul  est  parrenu 
]usqu*k  nods,  et  it  en  a  ^t^  donn6  une  6)ition  nourelle  par 
Schneidewin  (Gcettingue,  1837).  Tafel  est  le  premier  qui 
alt  livr^  k  Timpressionles  ouvrages  et  les  lettres  th^logiques 
d'Eustatlie  (1  toI.  ^-4*",  Francfort,  1832). 

EUST  ATHE ,  appel^  aussi  quelquefois  Emathkus^  qui 
Tivait  au  slii^me  sitele,  et  mtene,  snirant  d*autres,  an 
douzttoie  si^e,  fut  le  dernier  po€te  ^rotique  grec.  On  a 
de  lui  un  rohian  assez  mediocre,  oil  sont  racont<^]es  amours 
d^tsro^nias  ayec  Ismdnie.  Teucber,  k  Leipzig  (1792),  et 
M.  Ph.  Lcbas,  k  Paris  ( 1828 ),  en  ont  public  des  Mitions. 

EUSTATHIENS, sectateursdn moine  Eustatbe.  Cet 


b^r^iarque  avalt  une  si  baute  opinion  de  la  Tic  elanstrale 
quMl  condamnait  toute  autre  manito  de  Tivre.  11  anathtea* 
tisait  1^  manage ,  obligeatt  les  femmes  k  quitter  leurs  maris, 
et  d^darait  T^tat  conjugal  incompatible  arec  le  salut ;  il  d^ 
fendait  de  prior  dans  lies  maisons,  contralgnait  ses  sectateurs 
k  renoncer  k  leurs  biens,  quMl  regardaft  com^e  un  obstacle 
jnsurmontable  k  toute  esp^nce  de  paradia,  ledr  interdisait 
la  fr^uentation  des  antres  fid^es,  et  les  r6unissa!t  en  as^ 
sembldes  secrkes;  il  prescrivait  de  jeOner  le  dimanche,  el 
bUmait  comme  hiutiles  les  autres  je6ne8,  quand  on  arait 
atteint  un  certain  degr^  de  puret^;  1^  chapeUes  bAties  en 
rbonneur  des  martyrs  et  les  assemblies  qui  ^y  tenaient 
passaient  k  ses  yeux  poor  aboniinablea.  Nombre  de  femmea, 
que  ses  discours  avaient  s^Juites^  abandonnirent  leurs 
maris,  et  beaucoup  d^esclaves  s'enfiiirent  de  la  xpaison  df 
leurs  matures. 

La  dtoomination  d'eustatklens  Art  encore  donn^  k  des 
catlioliques  d*Antioche,  attacli^  It  Eustatbe,  leur^yftqat 
i^time ,  d^possM^  par  les  ariens.  lis  se  r^unlrent  s^par^ 
ment,  et  refus^rent  de  se  prater  k  toute  commnnicatiou  a^ec 
Paulin,  que  les  ariens  avaient  substitu^  k  Eustatlie.  Viugt 
ans  aprte,  le  successeur  de  Paidin^  L6ontius  de  Phrygie, 
sumomm^  Veunuque,  d^miina  les  eustathiens  k  faire  le 
service  dans  son  ^lise.  lis  mstltu^rent  la  psalaK>die  k  deax 
choeurs,  et  la  doxologie  :  Gloire  au  pire,  au  Fils  e(  au 
Scunt'Esprit ,  etc.,  quMls  r^p^taient  k  la  fin  de  chaque 
psaume,  comme  une  protestation  centre  les  erreurs  de  IV 
rianisme.  Quelques  catholiques,  scandalise  de  cette  con- 
duite ,  tfnrent  des  assemblies  particuU^res ,  et  donn^rent 
ainsi  naissance  au  schlsme  d'Antloche.  Ce  schisme  dterut 
sous  saint  Flavien,  l*an  881 ,  et  s^^teignit  compl^tement.  Van 
482 ,  sous  Alexandre. 

EUTERPE.  La  secondedes  Muse  8,  par  le  rang',  ^talt» 
comme  ses  buit  sceurs,  fllle  de  Jupitec  et  de 'Mnemosyne. 
Elle  tire  T^tymologie  de  son  nom  toot  grec  de  eS,  bien,  et  de 
T^pneiv, charmer.  Elle  pr^idalt  itlamosiqne,et  passait 
pour  ^tre  l^inventrice  de  la  f  1  Ate,  instrument  qui  tenait  le 
premier  rang*,  aprte  la  ly  r  e,  Chez  les  anciens.  On  la  repr^ 
sente  jeune,  courounde  de  fleurs,  ayant  des  baufbois  et  des 
rouleaux  de  rausique  k  ses  pieds.  EJle  dtait,  comme  Ca  1 1  i  e  p  e» 
la  muse  des  poetes  lyriques ,  et  de  plus  celle  des  bergers. 
Sur  des  marbres  antiques ,  on  la  volt  ayant  k  sa  gauche  un 
masque,  et  une  massueh  la  main  droite,  strange  embltoie 
pour  la  plus  gracieuse  des  filles  de  Mnemosyne  1  Une  m^- 
daUle  la  repr^nte  avec  une  bee  double :  ce  sont  ces  attri> 
huts  qui  la  font  confondre  avec  Melpom6n  e  et  Thalie. 

Denkc-Baron. 

EUTHANASIE  (du  grec  tu,  bien,  et  edvaTo;,  mort },  k 
proprement  parler,  mort  heureuse,  ou  passage  doux  et  tran* 
quille,  sans  douleur,  de  ce  monde  dans  Tautre.  On  appelle 
ainsi,  par  extension,  Tartder^ter  sa  vie  demani^re  k  pouvoir 
attendre  la  mort  et  mourir  avec  cahne.  En  m6decine,  c^est 
Part  de  diminuer  et  d*adoudr  les  angolsses  de  'la  mort. 
Cast  une  tAche  bien  difficfle  que  celle  qu'un  m^edn  doit 
remplir  au  chevet  d*un  moribond,  alors  qu*il  lui  Dint 
mettre  d'accord  son  devoir  avec  ses  sentiments.  Le  devoir 
lui  commande  de  prolonger  la  vie  du  malade  aussi  longtemps 
que  possible ,  encore  bien  que'  souvent  la  science  lui  diso 
que  les  moyens  qu*il  va  employer  prolongeront  pent-^tre 
d'une  heure  la  vie  du  patient,  ou  acc^erontpeut-6tre  d*aii- 
tant  ses  douleurs  et  son  agonie.  Cest  done  pour  lot  une 
obligation  sacrte,  quand  Q  a  rempli  tons  ses  devoirs  comme 
ro^decln ,  que  de  cherchei'  par  tous  les  moyens  k  rendre  la 
position  du  malade  aussi  tolerable  que  possible.  Youloir  de> 
vancer  la  nature  et  mettre  plus  tOt  qu'elle  un  terme  k 
Texistence  seralt  de  la  part  d*nn  mMedn  manquer  k  tous 
ses  devoirs. 

EUTHYMIUS  ZIGABEIVUS,  savant  mohie  de  rt- 
glise  grecqoe,  qui  vivait  au  oonmiencement  du  douzitee 
si^cle  k  Constantinople,  et  quine  brilla  pas  moins  comme 
critique  sacr^  que  comme  doggiatiste  et  diaiecticien.  Nous 
avons  delui  im  commentairc  sur  les  Psaumes,  Joint  tux 


EUTHYMIUS  ZIGABEiNES  —  EUTYCHtS 


ceutres  de  Th6ophylacte  (Venise,  1530)  et  an  autre  snr  les 
quatre  itvang^les ,  pabli^  pour  la  premiere  fois  en  grec  par ' 
Mattbaa  (3  toI.»  Leipzig,  179^).  Sa  Panoplie  (arsenal) 
de  la  foi  orthotUuce^  en  24  iitrei,  qu'il  composa  par  ordre 
de  rempereor  Alexis  Gomn^,  est  un  iiyre  d^une  haute 
importanoft  poor  lliistoire  des  li^r^sies.  Malheureusement 
djters  titres  ea  out  M  supprim^,  pour  des  consid^ations 
dogmatiqoes ,  tant  dans  Tuition  grecque  de  Gr^oras 
(TeigoTist,  1711)  que  dans  ration  latine  de  Zinus  (Ve- 
nbe,  1&55). 

£UTIN»  au  moyen  Age,  Uthin^  capitate  de  la  princi- 
paul6  de  Lube^k  dependant  du  grand-ducbd  d^Olden- 
bourg,  est.  une  jolie  petite  Title  b&tie  sur  le  lac  du  rndme 
nom,  et  quicompte  environ  3,000  habitants,  protestants  pour 
la  plupart.  ^le  poss^e  une  anUqae  ^ise  d6di^  k  Saint- 
Michel,  avec  un  clocher  en  aiguiUe,  un  Taste  chAteau,  dont 
la  fondatioiii  remonteautreizi^eau^ey  qu'on  a  Inikl^en  1689, 
puis  recoBstniit  par  V6y(^ue  d'alers^  et  consid^rablement 
embeltidans  oes  demlers  temps;  diflE^rentes  ^les,  plu- 
sienrs  ^labUssements  hospitallers  fond^,  dit-on,  par  le 
comte  Adolpbe  U  de  Holstein.  Eutin  tut  entour^e  de  bon- 
nes fortifications  dte  le  douziiake  sitele.  £n  1155  le  comte 
Adolpbe  en  fit  cession  k  T^Tdque  Gdrok^  qui  lui  octroya 
les  priTil6ges  de  Tille,  et  qui  s*y  fit  construire  un  palals. 
Ao  tretzieme  et  au  quatorzi^e  si^cle^  Eutin  fut  fortifi^ 
aTec  encore  plus  de  soin.  Une  branche  de  la  maison  de 
Holstein-GoUorp  porta  longterops  lenom  de  Holstein- 
Eutin ;  c^est  celle  qui  occupa  letr6nedeSuMe  jusqu^en  U18. 

EUTROPE  (Flats),  bistorien  latin  du  quatri^me 
f4Me  de  P^re  chr^tienne,61ait  Ganlois.  On  lecrolt  du  m^me 
pays  que  le  po^  Ausone,  son  contemporaln.  II  aTait ,  a 
ce  quH  paratty  des  propii^t^  dans  les  environs  d'Ausci 
{Auch),  en  Aquitaiue.  11  fit  la  capipagne  de  Perse  sous 
l*empereur  Jnliai :  on  ignore  quel  rang  il  occupalt  dans 
Taring.  On  ne  salt  pas  non  plus  sMl  ^tait  d*une  famille  il- 
Ittstre  on  obscure.  Les  manuscrits  lui  donnent  le  titre  de 
clarissimet  que  les  empereurs  necon{^raient  ordinairement 
qu'aux  dtoyens  qni  avaient  rempli  d'importantes  fonctions, 
ou  qui  aTaient  ^t6  s^nateurs.  Quelques  saTants  en  ont  fait 
UD  ctu-6tien  :  ceite  opinion  est  fondte  sur  une  phrase  qui 
prouTe  plutM  rxndifi<6rence  d'Eutrope  en  mati^e  religiense, 
caract^e  commun  k  la  plupart  des  esprits  cuIUt^  d'alors, 
qui  n'avaient  pas  embrass^  le  christianisme.  Eutrope  a 
Iaiss6 ,  sous  le  Utre  de  Breviarium  hisi^ria  romancB ,  un 
abr^  de  Thistoire  romaine  en  dix  liTres.  Get  ouTrage  est 
d^di^  k  Tempereur  Yalens  :  c'est  par  les  ordres  et  poor 
Tosage  de  ce  prince  qull  a  €\/k  comp<^.  Au  milieu  de  la  mo- 
notonie  k  peq  pr^  in^Titable  des  formes,  Pauteur  est  tou- 
lours  simple  et  facile ;  il  ne  manque  mdme  pas  d'une  certaine 
^^gance ,  qui  donne  presque  du  charme  k  la  lecture  de  son 
ouTrage.  11  est  aussi  d'une  concision  qui  a  quelquefois  son 
m^rite ;  car  il  a  trouT^  le  moyend*uidiquer  dans  son  abr^^, 
si  court ,  non-seulement  touS  les  prindpaux  fails  de  rius- 
tdre  romaine,  depuis  la  fondation  de  la  Tille  (753  aT.  J.-C.) 
JQsqu'au  r^ne  de  Yalens  (366  de  I'to  cbr^tienne),  mais 
encore  plusieurs  details  qui  ne  se  rencontrent  pas  ail- 
leurs.  En  somme,  quoiqu'fl  soit  extr6mement  sobre  de  r^ 
fle%ions,  et  qu^ll  fasse  rarement  connattre  son  opinion  snr 
les  personnages,  si  ce  n'est  par  une  ^pith^,  par  un  mot 
jet6  dans  le  r^t,  il  est  loin  encore  de  cette  steheresse  des 
chrom*queurs  du  si^le  sulTsnt,  qui  imagin^reut  de  dresser 
pour  la  post^it6  des  catalogues  de  £aits,  rang^  annte  par  an- 
n^ ,  sans  liaison  et  sans  explication.        ' 

La  flatterieae  laisse  entreToir  parfols  dans  Eutrope.  En 
g^n^al,  U  rappelle  aTec  complaisance  les  iaits  qui  sent  k  la 
louahge  des  empereurs,  et  en  paitlculier  ceux  qui  peuTent 
(aire  honneur  k  Yalens ,  k  qui  TouTrage  est  d^£  Une  seole 
fois  n  se  permet  le  bl&me ;  c^est  k  regard  de  JoTien ,  qui , 
par  une  lAchel^  jusque  1^  sans  exemple  dans  les  annales  ro- 
inaines,  aTait  acliet^  honteusement  la  paixau  prix  de  Ta- 
bandon  d'une  partie  du  territoire.  L*abrdg6  d'Eutrope  a  ^t^ 
traduit  en  grec  par  Capiton  el  par  un  certain  Pseanbns;  et 


167 

en  fran^aispar  TabbS  l^ezeau.avec  des  notes  (Paris  1717* 
in'12).  La  premise  ^tion  de  cet  ouvrage  parut  k  Route 
en  1471 ,  in-fol.  Mais  elle  contenait  de  nombreuses  interpo- 
lations de  Paul  le  Diacre;  un  proCesseur  de  Yenise,  Jean- 
BaptisteEgnatius,  tenia  le  premier  de  purger  le  texte  d'Eu- 
trope,  1616  :  ce  traTail  fut  achev^,  d'apr^s  un  manuscrit 
de  Gand,  par  Antoine  ScboonhoTe  (B&le,  154$,  in*8**),et 
d*aprte  OD  manuscrit  de  Bordeaux,  par  £lie  Yinet  (Poitiers, 

155S).  BOUILUBT.  , 

EUTROPE^  tameux  eunuque,  ministresous  Tempereuc 
A  r  c  a  d  i  u  s ,  qu'il  conduisit  comme  une  b^te,  selon  Texpres- 
aion  de  Zozime,  et  son  plus  cher  fsTori,  ^tait  n^  en  Arm^- 
nie.  On  raconte  que,  destine  k  TesclaTage,  il  ^tait  au  serTice 
de  la  fiile  d*un  g^n^al,  Arinthte,  lorsqu'fi  entra,  en  393,  chei 
Abundantlus.  Ce  pecso^nage  le  pla^  parmi  les  eunuques  du 
palais.  Dans  cette  positwn  Infime,  il  panrint,  k  force  d'by- 
pocrisie,  k  attirerles  regards  de  Tempereur  Tb^odose.  ArriT^ 
au  trdne,  Arcadius  le  nomma  son  grand  cbambellan*  KiTal 
de  Kufin,  qui  Toulait  faire  ^pouser  sa  fillek  Tempereur, 
Eutrope  fut  assez  adroit  pour  fove  cboistr  E  u  d  o  x  i  e  comme 
femme  k  son  maltre,  et  par  le  credit  de  la  nouTelle  imp4- 
ratrice  il  Humi  k  perdreRufin.  Jaloux  da  Stilicon,  il 
priTa  Tempereur  du  secours  de  ce  gindral,  perdit  Abundan- 
tlus, k  qui  il  deTait  tout,  et  euToya  Timaze  et  Syagrius  p6rir, 
en  Afrique.  Eutrope  eut  ses  flatteurs.  Toujours  la  puissance 
en  aura,  si  pr^caire  qu'elle  pulsse  6tre.  On  I'appela  lep^e 
delapatrie,  le  troUiimefi>ndateur  de  Constantinople! 
On  lui  ^leTa  des  statues;  les  monuments  se  dtor^rent  de 
son  image*  Semontrant  engrande  pompe  aux  spectacles,  il 
passait  la  nuit>  table,  dans  la  d^bauche ,  et  n'eut  pas  bonte 
de  se  marier  aolennellement.  Son  insolence,  saeruaul6 
et  sa  lubridbS  souleT^fent  tout  le  monde  centre  lui  Gainas, 
Gotli,  gdn^al  romaio,  fit  r^Tolter  les  troupes,  et  ne  promlt 
de  lea  apaiser  qu'h  condition  qu*on  lui  liTrerait  la  t£te 
d^Eutrope.  Arcadius,  press^  d'un  c6t^  par  la  crainte, 
de  Tantre  par  les  pii^res  de  sa  femme  Eudoxie,  que  I'eu- 
nuque  BTait  menace  de  flftire  r^pudier,  ie  d^pouitla  de 
toutes  ses  dignity  et  le  cbassa  du  palais.  Eutrope,  Utt^ 
k  la  Tengeanoe  du  peuple ,  se  sauTa  dans  une  ^ise.  On 
Toolut  Ten  arracher,  mais  saint  Jean  Obrysostome 
apaisa  la  populace  par  un  discours  qui  est  regard^  comme 
un  chef-d'ceuTre  d'^qnence.  Au  bout  de  quelques  jour^, 
Tennuque  sortit  de  son  aslle.  Arr^,  on  le  conduisit  k 
Cbypre,  puis  en  Glialc^oine.  On  hii  fit  son  proo6s ,  et  cet 
escdaTO  qui  aTait  peut-^tre  086  aspirer  au  trdne  imp^al,  fM 
dtoipitti  Tan  899. 

EUTYGH&SSf  bMsiarque  du  dnqui^me  si^e,  qui  a 
donn^sonnum  k  la  secte  dei  eutpchiens  onmonophy- 
sites,  6tait  pr^tre  et  archimandrite  ItOonstantinople ,  06  pins 
de  trois  cents  moines  TiTaient  sous  sa  direction.  L'bdr^sie  de 
Nestorius,  qui  faisait  de  Jdsus-Christ  deux  personnes?, 
pour  ne  point  confondre  en  lui  kt  nature  divine  laTec  la  na- 
ture buoMUne,  aTait  rencontre  dans  Eutychte  un  ardent  ad- 
Tersaire;  et,  comme  il  arriTe  ordinairement  A  ceux  qui  ont 
plus  d'ardeur  que  de  jugement,  Teicte  de  son  sfele  TaTait 
jet6  dans  Terreur  contraire  1  pour  ne  Toir  en  J^sus-Christ 
qu'one  personne,  il  ne  TOulait  reoonnattre  en  lui  qu^une  na- 
ture ,  comme  si  personne  et  nature  enssent  ^t^  deux  mots 
synonymes.  II  r^sultait  de  la  doctrine  de  Nest6rius  que,  la  di- 
Tinit^  et  rhumanit^  faisant  de  Jtens-Gbrist  deux  6tres  dis- 
tincts,  deux  personnesdiffiSrentes,  rien  de  Tune  ue  pouTait 
6tre  attribu6  a  Tautre :  il  <^tait  done  &ux  de  dire  que  le  Yerbe 
se  fHit  fait  chair,  que  ie  fits  de  Dieu  e&t  soufferf ,  qu'il  tdi 
mort ,  que  Maiie  ffit  m^  de  IMen,  ete.  D'aprte  Eiitycb^ , 
au  contraire,  i'hnmanit^  ayaat  6t6  absorb^  par  ia  nature 
diTine  dans  la  personne  do  fils  de  Dieu,  son  corps  n*dtait 
plus  qu'une  substance  fantastique  anbn^  par  la  diTinit^  : 
J^eua-Chcist  n'^tait  phis  T^ritablement  un  homme  semblable 
k  nous,  tout  en  lui  derait  dtre  rapports  k  la  nature  diTine. 
AinsI ,  on  la  diTinit^  aTait  pu  mourir ,  ou  la  mort  de  J^us- 
Christ  n'aTait  M  qo'apparente.  Eutycfato  Toolait  bien  qu'Jk 
y  eat  ea  en  J^ns-Cbrist  deux  natures  aTant  rmcamatioB^ 


168 


EUTICHfiS  —  fiVAGRE 


parce  que  selon  Ini  les  Ames  ^UDtpru^ilstantes  aux  corps, 
cdie  de  J^us-Ghriit  serait  demeurfe  distincte  de  la  diTinit^ 
jusqu*^  sa  naissance;  mais  aprte  rincaraation  la  diTinit^ 
etlMmnianit^  ae  seraient  tellement  oonfondues  et  mftl^es  en- 
semble, qii*U  n'en  serait  r^sultd  qii*une  seiile  natore  mixte , 
k  peu  pr^  comme  en  nous  de  Tunion  de  TAme  et  du  corps 
rteultela  nature  humaine. 

La  reputation  de  pi^t^ ,  le  cr^it  dont  il  jouissait  parmi 
les  moines ,  le  z^e  qu^il  avait  montr^  pour  la  foi  contre 
Nestorius,  le  nom  de  saint  Cyrille,  qu^il  invoquait,  et 
dont  il  pritendait  soutenir  la  doctrine,  Tobscurit^  de  la  ques- 
tion m6me ,  tout  fii?orisait  Pb^r^sie  naissante ,  et  le  mal  fai- 
sait  detels  progrto  qu'Eus^bede  Doryl^e,  ami  d'Eutychte, 
aprte  a?oir  fait  dinutiles  efforts  pour  le  ramener  k  la  foi  or- 
thodoxe ,  se  vit  oblige  de  le  d^noocer  dans  un  concile  r^uni 
Il  Constantinople,  en  448 ,  par  Flayien ,  dv^que  de  cette 
Tille.  La  nouTelle  doctrine  y  fut  examine  et  condamni^ , 
St  Tauteur,  qui  refbsait  de  ser^tracter,  se  yitd^pos^  et 
fhipp^  d*un  anathftme,  qui  futconfirm^  par  le  pape  saint 
L^n.  Mais  on  parent  d^Eutycb^s,  tout-puissant  k  la  cour 
de  Tb^odose  le  jenne ,  obtint  que  Taffalre  serait  renToy^ 
k  un  autre  concile.  Ce  nouTel  examen ,  qui  eut  lieu  au  mois 
d'avrilde  Tann^suifante,  dans  un  synode  que  pr^idait 
Tbalasslus  de  C6&ai6d ,  tourna  encore  k  la  confusion  d'fiu- 
tychte. 

NouTel  appel  de  Pb^r^iarque,  nouTeau  concile  indiqu^ 
pour  le  mois  d'aoAt  suivant :  cette  fois,  c'^taitlt  £pb^se, 
et  sous  la  prudence  de  Dioscore,  bomme  violent  et  en- 
nemi  personnel  de  FUvien.  Les  mesures  ^talent  prises  pour 
assurer  le  triompbe  de  Perreur :  Eus^be  de  Dorylde  et  Fla- 
yien parurent  k  ce  concile,  plut6t  comme  accuse  que 
comme  juges;  les  arguments  de  Dioscore  furent  des  Toies 
de  fait ,  et  ses  moyens  de  persuasion  la  force  des  armes  : 
Eusibe  et  Flayien  se  yirent  d^pos^ ;  le  dernier  fut  mdmc 
maltraite  ayec  tant  de  violence,  qu'il  mourat  peu  de  temps 
apr^s  de  ses  blessures ;  les  autres  ^y^ues,  intimid^  si- 
gn^rent  tout  ce  qu'on  youlut;  il  n^y  eut  d'oppositloo  que 
de  la  part  des  l^ats  du  pape.  Les  actes  de  ce  concile,  que 
Pbistoire  a  fl^tri  du  nom  de  brigandage  tT^phhe,  furent 
cass^  par  saint  L6)n,  qui  d^posa  et  excommunia  Dioscore. 
Celui-ci,  brayant  les  foudres  de  I'^lise,  renvoya  au  pape 
anatb^me  pour  anatbtoie.  Un  pareil  scandale  ne  put  6tre 
comprimd  que  par  le  concile  g^^al  de  Chalcidoine^ 
tenu  en  451,  dans  lequel  fbrent  d^finitiyement  coodamn^s 
les  doctrines  de  Nestorins  et  d^Eutycbte.  Ce  dernier  mou- 
rnt  peu  de  temps  aprte,  ftg^  de  aoixante-cinq  ans. 

L*abb^  C.  B^NDEViLLE. 

EUTYGHIENS,  EUTYCHIANISME,  b^Uques  qui 
reconnaissaient  Eutycb^s  pour  cbef.  Cette  b^r^e  ne  fut 
point  etouffite  par  la  mort  de  Pb^r^arque,  ni  par  sa  condem- 
nation au  concile  de  Cbalo6doine;  die  parut  tour  ^  tour 
audadeuse  on  timlde,  selon  qu'elle  4tait  fayoris^  ou  pros- 
crite  par  les  empereurs.  Bientdt  le  scbisme  s*y  mftla  :  aux 
^yfiques  ortbodoxea  on  oppoaa  des  4y6ques  du  parti :  c^est 
ainsi  qu'on  yit  en  mdme  temps  k  Alexandrie  Pierre  Moggns, 
k  Antlocbe  Pierre  le  Fonlon,  k  Constantinople  Acaoe. 

Sous  ces  ^y^qoes  Pbdr^sie  varia  et  mitigea  ses  doctrines , 
selon  les  id^es  particuli^res  de  ceux  qui  s^en  d^daraient 
cbeb  :  ce  n'^tait  plus  Penseignement  d*Eutycb^s ;  on  n'ayait 
retenu  de  lui  que  Punit^  de  nature ,  d'od  le  nom  d'ra- 
tychiens  ftit  laiss^  pour  cdul  de  monophysites.  Au 
trisagion  (Dieu saint,  DIeufortf  Dieu  immoriel )  Pierre 
le  Foulon  fit  igouter  ces  mots  :  qui  avez  €U  crucifiSpour 
fiott5;donnant  k  entendre  que  la  Divinity  avait  souffert,  ce 
qui  fit  donner  k  ses  sectateurs  le  nom  de  ihiopaschUes 
(de  6e6;,  Dieu,  et  icdox«v,  soufMr).  A  la  pri^e  d^Acace, 
Pemperetir  Zteon  rendit  und^cret,  quMl  apppda  hinoti* 
que,  <m  condliatoire,  lequd  condamnait^  la  fois  Eutycli4a 
et  le  concile  de  Chalc^eine.  Ce  dtoet  fut  adopts  par 
Pierre  le  Foulon  et  Pierre  Moggus;  mais  I'h^tation  de  ce 
dernier  entre  lli^notique  et  le  concile  de  dialoMoine  le 
lit  abandonner  d^une  partle  des  siens,  qui  furent  appeMs 


pour  cda  ac^phales,  puis  siv&iens,  de  Sevenu,  pa* 
triarcbescbisraatique  d'Antioche,  auquel  ils  se  rattacbdrent. 

Phistard,  ces  sectes  se  multipli^rent  encore  :  on  distingna 
les  cor ricp Nicolas,  qui  voulaient  que  le  corps  de  Jdsus- 
Cbrist  fttt  corruptible;  les  incorrupticoles,  qui  pr^tendaient 
le  contraire;  les  agnoHe$,  qui  voyaient  en.  Jfeus-Christ  de 
Pignorance;  les  trilhHtes,  qui  trouvaient  en  Dieu  trois  sub- 
stances distinctes,  etc.  L'b^r^ie,  livrte  k  elle-mdme,  allait 
se  perdre  et  s'^tdndre  dans  une  division  sans  fin ,  quand , 
an  milieu  du  cinqui^me  d^e,  un  moine,  nomm^  Jacques 
Zanzale,  dev^  par  le  parti  sur  le  d^e  ^iscopal  d'^esse , 
entreprit  de  ranimer  les  restes  mourants  de  Peutycbianisme, 
et  en  r^unit  les  diffiirentes  brancbes  en  une  secte  qui  prit 
de  lui  le  nom  Atjacobi  tes ,  et  dont  on  trouve  encore  au- 
jourd*hui  les  restes  affdbUs  en  Egypte,  en  Syne,  en  £thiopie. 
Du  sdn  des  Jacobites  on  vit  encore  sortir,  an  septitoie 
dtele,  une  nouveUe  secte  d^eutychiens  mitig^.  L*empereur 
Heradius,  faisant  de  la  thtologie  par  ordonnances ,  ayait 
rendu  un  ddcret^,  juste  milieu  entre  la  doctrine  des  mono- 
pbydtes  et  cdle  des  catboliques;  U  voulait  qu*on  admit 
deux  natures  en  Jteus-Cbrist,  mais  une  seule  volont^  :  de 
\k  le  nom  de  tnonoth^lites,  donn6  aux  partisans  de 
cette  erreur,  qui  fat  la  demito)  fille  de  PhMsied'Eutychte. 

L*abb^  C.  BAitDEViLLfi. 

EUXIN  (Pont).  Voyet  Poir^EcxiK  et  Noire  (Mer). 

iSV AGUATION.  On  ddinit  g^n^ralement  VHmcuation 
la  sortie  de  mati^res  s^r6t^,  enbddes  ou  excrtoientitieUeSy 
par  un  organe  quelconque,  ouvertnaturdlement  ou  par  Part. 
Le  mftme  mot  s^applique  k  la  mati^re  qui  est  entratn^  an 
dehors  :  ainsi,  on  dit  Evacuation  sanguine,  pour  indiquer 
le  sang  tir^;  ^acuation  bilieuse,  purulente,  s^euse, 
^aisse,  fitide,  inodore,  etc.,  pour  indiquer  que  c'est  de 
la  bile,  du  pus ,  de  la  s^rosit^,  des  mati^res  plus  ou  moins 
^pdsses,  fiitides,  etc.,  qui  out  pris  cours  an  debors.  On  se 
sert  encore  du  mot  EvactuUion  pour  d^igner  Pop^ration 
par  laqudle  la  sortie  des  mati^res  a  lieu.  Aussi  distingue- 
t-on  les  Evacuations  naturdles  des  Evacuations  artifidelles  : 
on  entend  par  ^aeuations  naturelles  les  operations  par 
lesqudles,  sans  Plntervention  de  l*art,  se  fiiit  la  sortie  des 
urines,  des  sueurs,  des  excrements  de  toute  espEce ;  et  par 
^acuations  artiftcielles,  les  operations  andogues  dans  les- 
qoelles  Part  intervient,  comme  quand  le  chirurgien  ouvre  uk 

Evacuation  ( Art  mHUaire ).  Sulvant  PAcademie 
ce  mot  exprime  Paction  d'Evacuer  un  pays,  une  place  de 
guerre,  en  consequence  d*un  traite,  d*une  capitnlation,  etc. 
D'apres  VEnqfclop^die,  evacuer  une  place  ou  un  pays,  c^est 
seulement  en  faire  retirer  les  troupes  qu^on  y  ai^  eta- 
blies.  En  effet,  il  pent  entrer  dans  le  plan  de  campagnc 
d'un  generd  de  renoncer  volontairement  k  Poccupation  inu 
tile  d'une  place  ou  d'un  pays ,  et  de  porter  ses  troupes  sut 
un  point  plus  favorable  aux'projets  qu^fl  a  congus,  pom 
renforcer  un  corps  de  son  armee  ou  pour  occuper  une  po- 
dtion  plus  propre  k  la  resistance  et  k  Pensemble  des  ope- 
rations. L'evacuation  d*un  pays  pent  encore  s'operer  lors- 
que  les  ressonrees  qu^il  presente  font  crdndre  qu'elles  ne 
soient  pas  suffisantes  pour  subvenir  k  tons  les  besoins  des 
troupes  qui  Poccupent  On  pent  done  employer  le  mot  ^vocua 
tion  toutes  les  fois  qu'on  retire,  soit  par  nEeesdte,  soit  en  con- 
sequence d*une  capitulation  ou  d'un  traite,  des  troupes  d*un 
point  qu'elles  occupaient;  et  Paction  d'evacuer  une  position 
quelconque  n*est  autre  que  Pabandon  que  Pon  en  fait  pour 
en  cboisir  une  autre. 

L*administration  des  bOpitanx  militaires  se  sert  ansd  da 
mot  ivacuaiion  pour  exprimer  le  renvoi,  d'un  bdpital  dans 
un  autre,  des  malades  ou  des  blesses,  lorsque  cette  niesnre 
estjugee  necessaire.  Les  militaires  destines  k  etre  ainsi 
evacute  refoivent  nn  billet  de  sortie  d*un  modde  partico- 
lier.  connu  sous  le  nom  de/euille  d*4vacwUion, 

£  VAGRE9  ne  k  £pipbanie,  en  Syrie,  vers  535,  s'appli- 
qiiad^abord  aux  belles-lettres;  ensuite  il  etudiale  droit,  et, 
en  pen  de  temps  il  eut  acquis  assez  d'aptitude  poer  p«a- 


r 


iSVAGRE  —  EVANGELISTES 


Toirexercer  arec  succ^  la  profession  d^avocat  au  forum 
d'Aitioche.  £Tagre  ^taii  d^jh  li^  fort  ^iroitement  a?ec  Gn^ 
goire,  ^T^ue  d*Antiochey  quand  ce  pr^lat  fut  mand^  h 
CoDtantinople  pour  r^pondre  devant  les  del^gu^  de  t'em- 
pereuf  k  I'accasation  de  ptosiears  crimes  capitaux ;  ^yagre, 
par  son  habilet^,  le  fit  reoToyer  absous.  Ea  cette  occasion, 
il  sat  m^riter  la  bienTeillance  de  l*empereur  Tib^re  Cons- 
tantin,  qni  le  nomma  qnesteor ;  et  plus  tard,  Maurice,  sac- 
cesseorde  Ttb^re,  dispose  pour  luitout  aussi  foYorablement, 
loi  donna  rimportante  charge  de  garde  des  d^ptehes.  du  prtfet. 
On  ne  connalt  pas  IMpoque  de  sa  mort.  II  est  autenr  d'une 
HisMreeecUsiasiiquey  faisant suite aui  bistoirw  de  Socrate 
d  de  Tb^odoret;  elle  s'rtcnd  Jusqu^en  693,  et  a  ^  traduite 
en  Francis  par  le  president  Cousin.  E.  Latickb. 

Evaluation  »  pnx  qu*on  met  k  une  chose  selon  sa 
Tileor  (vojres  fimvATioiO  :  Evaluation  des  frais  d'un  proote, 
d*aoe  reparation  k  faire,  d*une  indemnity;  ^Yaluation  ap- 
proximative. 

On  saH  que  la  douane  donne  dans  ses  tableaux  une 
Valuation  des  valeurs  des  marcliandises  imports  et  ex- 
ports. Les  chifires  officiels  d^^valuations,  appliqu^  par  la 
liooane  anx  nniUs  dont  elle  constate  le  mouTement,  ont 
^14  ^blis  apris  one  longue  enqudte  et  bas^  sur  la  moyenne 
des  prix  qui  existaient  au  moment  de  la  discussion.  Us  fu- 
rent  appUqn^  pour  la  premise  fois  au  tableau  du  com- 
merce de  1825.  Depuis  1825,  ces  chiffres  officiels  furent  ap- 
piiqu^  sans  modification,  sans  tenir  aucun  compte  des 
Tariatioos  de  valenr  que  le  temps  amtoe,  et  qui  souTent 
soDt  fort  considerables.  En  1848,  une  commission  permanente 
desTaleurs  fut  institute,  avec  mission  de  rdviser  cheque 
anoee  la  ?alear  que  radrainistration  des  duuanes  attribue  k 
chacnne  des  douze  on  quinze  cents  marchandises  inscrites 
dans  son  tableau  annuel  du  commerce ;  Taleur  dont  le  total 
determine  dte  lors,  pour  la  statlstique,  le  montant  annuel  de 
nos  ^changes  avec  T^tranger.  Pour  donner  une  id^edeTim- 
portance  du  tniTail  de  cette  commission,  qui  compte  prte  de 
qoatre^Tingts  membres,  il  nous  suflira  de  rappder  que  les 
toiles  de  coton  qu*elle  ^ralue  k  4  fr.  65, 6  fir.  50  et  11  fr.  le 
kOogramme,  soivant  qu^elles  sont  ^rues,  blanches  on  peintes 
et  iifiprimto,  ^taient  portto  dans  le  tarif  de  1826  k  15  fr. 
poor  les  colons  terns  et  blancs',  et  &  36  fr.  pour  les  toiles 
peintes  et  imprfm^es. 

La  Grande-Bretagne  a  recours,  pour  T^alnation  ofXicielle 
de  son  commerce,  k  des  taux  d'^valuation  qui  remontent  k 
Tannte  1C96.  Depuis  plus  d*unsitele  et  demi,  nul  cliangement 
0*7  a  ^t^  apporte.  Cette  estimation  ne  peut  done  senrir  qu'^ 
eiprimer  des  quantttte.  Comme  correctif,  on  met  en  re^rd 
ia  Taleur  d^larte  pour  les  articles  export^s  et  provenant  du 
sol  00  de  l^industrie  britannique,  mais  on  s'en  tient  k  la  valeur 
offidelle  pour  toutes  les  impoitations  et  pour  la  reexporta- 
tion des  articles  qiu  ne  sont  point  au  nomhre  des  produits 
britanntques.  De  cette  diversity  de  m^tbode  il  r^ulte  Tim- 
possibilitE  de  totaliser  Pensemble  du  commerce  britannique 
00  la  nteessite  de  i^ex  primer  par  des  chifTres  qui  ne  repr^ 
Mfltent  nuliement  Pimportance  r^elle  des  transactions.  Anx 
£tats-Unis,  un  autre  systtoe  a  €i&  adopts  d'aprteun  ade  du 
congr^  du  10  fivrier  1820.  Pour  taux  d'^?aIuation ,  on 
emploie,  lorsquMl  s'agit  d*articles  imports ,  le  prix  courant 
des  ports  strangers  d'oii  la  marchandise  arri?e,  sans  aucune 
addition  de  flrais;  quand  il  est  question  des  exportations,  on 
se  r^e  sur  le  prix  courant  du  port  amdricain  oil  la  mar- 
chandise est  chargte.  Chaque  annte,  ces  prix  coo  rants  se 
r^fisant  de  la  sorte,  on  arrive  k  une  expression  aussi  cxacte 
que  possible  de  Timportance  rtelle  du  mouvement  commer- 
cial ;  mala  tonte  coroparaison  rigoureuse  entre  les  sommes 
d'une  ann^  et  oelles  d'une  autre  pdriode  devient  impos- 
ttble,  poisqneces  mteoes  soounes  sont  le  produit  d^flteoents 
dissemblables. 

EVANDRE  (en  grecEuavepoc)  Tint,  suiTant  la  tradi- 
tion, euTiron  soixante  ans  aTant  la  guerre  de  Troie  d'Ar- 
cadie  en  Italic,  et,  accudlli  amicalement  par  Faune  dans  les 
lienx  od  Rome  s*eieva  plus  tard,  fonda  une  colonic  sur  le 

ntCr.  M  Lk  CO^VfiHSAT10N.  —  T.  11. 


I6f 

niont  Palatin ,  dont  les  uns  font  d^riTer  le  nom  de  son  flls 
Pallas,  et  les  autres  d'une  Title  d*Arcadie,  appel^  Pallan^ 
Hum.  C'est  k  ^Tandre  qu^on  attribue  Tintrodoction  en  Italie 
des  caract^res  d^^criture,  de  Tart  de  ia*musique,  des  jeux  da 
cirque,  en  un  mot,  des  premiers  rudiments  de  la  ciTiii- 
sation,  aunsi  que  le  culte  desdiTCrs  dieux.  Unautel  lui  aTait 
^t^  dcT^  sur  mQAtlQATentin.  II  paratt  ddmontr^  que  This- 
toire  d*£Tandre  a  pour  base  premiere  une  antique  tradition 
italique,  dont  la  forme  fut  plus  tard  modifite  par  rmfluenoe 
du  g6iie  grec;  et  ce  qui  le  confirme,  c'est  qu*£Tandre  est 
aussi  repr^sent^  comme  le  ills  de  Carmen ta,  diTinit^  es- 
sentielleinent  italique,  opuiion  qui  ne  put  Mre  d^truite  chei 
les  Romains  pat  Porigine  grecqne  donndei  ^Tandre,  que  Ton 
pr^tendait  fils  de  Mercure  et  d'une  nymphe  appelte  Th6mis. 

Le  nom  d^TAimax  a  ^t^  aussi  portd  par  un  philosophe  de 
r Academic  moyenne. 

J^VANG^LIQUE  (£glise).  Les  deux  figlisee  Inthd- 
rienne  et  calviniste,  apr^  avoir  vteu  longtemps  diTistes, 
^rouT^rent  enfin,  Ters  la  fin  du  dlx-hoititoie  sitele,  le  be- 
soin  de  se  rapprocher  et  de  Tivre  en  bonne  intdligence.  Le 
progrte  des  sciences  et  de  la  pbilosophie  les  y  conviaient 
de  plus  en  plus  :  Leibnitz  s^y  ^tait  opinifttrement  oppose ; 
mais  Wolff  y  contriboa  puissamment  en  r^veillant  I'esprit 
sysUfmatique,  en  angmentant  I'autoritd  de  ia  ralson  en  ma- 
ti^re  de  dogme,  et  Kant  appoya  de  toote  ton  influence  les 
efforts  de  Odixtos  et  de  Spener  dans  oe  but.  BientAt,  les 
perfectionnements  successifs  apportds  k  Texdg^,  I'^tude 
des  hmguesorientales,  la  comparaison  de  Pb^breu  avec  Ta- 
rabeet  le  syriaque,  Pexplicatlon  de  la  Bible  par  IMiistoire, 
la  Hbert^  de  la  presse  et  la  libertd  d'enseignement,  frapp6- 
rent  d*impnissanoe  les  partis  violents  et  substitudrent  Pm- 
dilKfirence  pour  le  dogme  k  un  i^e  aveugle  et  mal  entendu. 
Les  obstades  k  la  rdunion  des  deux  figUsess'aplanissaicnt^ 
vue  d'oeal,  et  d^j^  les  adbdrents  de  Pune  suivaient  le  culte 
de  Tantre  dans  les  m^mes  temples.  Mais  ce  ne  fut  qu*au 
jubil6  de  la  r^f<^rmation,en  1817,  que  s'op^ra  Talliance  des 
deux  Confessions.  Leduch4  de  Nassau  en  donna  Pexemple. 
Calvlnistes  et  lutb^riens  s'assembl^rent  en  synode  et  ddci- 
d^nt  de  ne  plus  faire  qu'une  seule  dglise  sous  le  nom  d'i^- 
glise  ivang^liqiie.  On  se  garda  bien  de  soumettre  les  for- 
mules  dogmatiques  k  aucune  controverse;  on  choisit  pour 
radministration  liturgique  de  la  ctoe  des  textes  bibliques 
susoeptibles  d'etre  inteq>r6t^  par  ctiaque  £glise  dans  son 
sens;  et  cette  condoite  sage  et  prudente  fut  imil^  avec 
plus  on  moins  de  succ^  par  la  piupart  des  autres  synodes 
de  la  Bavi^re,  du  grand-duch^  de  Bade,  de  la  Prusse,  de 
Weimar,  d'Anhalt ,  de  Waldeck,  de  Hesse -Darmstadt,  de 
Wurtemberg,  malgr^  Topposition  de  bon  nombre  de  luth^ 
riens  rigides,  soutenos  par  le  has  dergd,  rebello  aux  ordon- 
nances  des  gouvemements  favorables  k  la  reunion. 

En  dehors  de  I'Allemagne,  le  fusion  des  ^gUses  protestan- 
tes  ne  s^est  encore  compMtement  opdr<fe  nulle  part,  pas  m^e 
en  France,  malgrd  I'initiative  prise  k  Paris  par  plusieurs 
pasteurs  ^nents  de  deux  conununions,  et  bien  que  tout 
paraisse  mAr  pour  la  consoramation  enti^re  de  cet  acte  de 
tolerance. 

iSVANGl^LISTES.  Dans  la  primitive  £glise,  on  desi- 
gnait  ainsi  ceux  des  Chretiens  qui  se  rendaient  d'une  com- 
mune ii  une  autre  et  continuaient  Penseignement  des  ap6tres. 
Plus  tard,  on  restreignit  Pemploi  de  ce  mot  anx  quatre  au- 
teurs  sacr^s  qui  on  4critla  vie  de  Jdsns-Chrit  sous  le  nom 
d*£vangile.  Plusieurs  commentateors  anciens  ont  cm  voir 
dans  les  cpiatre  animaux  d'£zdchiel  et  dans  ceux  de  1* Apoca- 
lypse une  figure  proph^tique  des  quatre  ^vang^istes,  tfiaia 
I  ils  ne  s*accordent  pas  dans  Tapplication  quils  font  de  ces 
animaux.  Cependant,  au  dnqui^e  sitele  prdvalut  k  cet 
dgard  Popinion  de  saint  J^rdme,  que  S6dulius ,  pr^tre  et 
poete  du  temps,  exprima  dans  les  vers  qui  suivent : 

Hoc  MaUhiena  ageos  homiuem  genertliter  implet, 
Marcos  at  alta  fremit  tot  per  deserta  leonia. 
Jura  saccrdotti  Lucaa  Icnel  ore  jaTCDcl. 
More  Yulana  aqnlla  verbo  petit  astra  Joannes. 

22 


]£vANG£LIST£S  —  tVANGILE 


•70 

.    Qiutuor  hi  proeeret,  vioi  te  vmc  eweotes, 

.  TeiD|>orft  teu  totidein  lamm  tptrgnntar  ia  orbcm. 

ISVANGILE,  base  et  r^e  de  la  fol  chrdtienne.  Cest, 
lafTani  T^ymologie  de  ce  mot  grec,  Vkeurtuse  nouvelle 
ipport^e.atjx  nations.  II  eomprend  l*liistoire  de  TaT^neinent, 
de  la  doctrine,  des  action^ ,  de  lamort  et  de  U  r^anection 
tfe  J^sn  s  de  Nazareth ,  ou  da  Meeale,  (lis de  Diea.  Quatra 
lllstoriens  sacr6s,  approuT^apar  I'^gKse,  noas  Ponttransmiee : 
labt  M  a tth  Uu  et  saint  Jean,  ^moias  oculaires  et  aori- 
vnlaires  des  actions  et  des  pafolea  de  J^ut;  saint  Marc  et 
lafait  L  u  c  y  qni  se  prdsenteot  avec  U(  mkne  aatorit^ ,  puis- 
qalls  ftirent  cotupaguons  des  apdtresi  et  qne  le  premier  fot 
disciple  de  saint  Pierre,  U  second  disciple  de  saint  Paul, 
de  la  t)oacbe  desquds  ils  ont  recoeiUi  toute  leur  doctrine. 

Saint  Matt/lieu  toitlt  son  £vangile  Tan  41  de  i^e  tuI- 

ere,  en  h^breu ,  ou  syro-cbaldden ,  ainsi  que  nous  Pattes- 
t  les  andens  P^res  de  I'^Hse.  Mais  cet  ^rangile  fiit  trte 
pfomptement  traduit  en  grec,  et  la  traduction  pr6?alut  aqr 
Foriginal,  alt^r^  par  les  £b  t  onit  e  s,  et  perdu  depuis  le  nea- 
tSkne  sitole.  Le  texte  hdbren  d^aojourd^bui  D*e8t  lui*m6me, 
eomme  le  l^tiaf  de  la  Vulgate ,  qu^une  rersioB  de  la  Tersion 
greeque.  Aprte  airoir  prteb^la  folenJnd^,  saint  Mattbieu 
J  csomposa  son  ^anglle ,  et  Ton  cn>it  eo  gdn^rel  qu^U  fut  terit 

I  J^usatem.  CequifaitTnlrqull  ledestintit  plusparticoli^re- 
nient  aui  Joitis  chr^fiens ,  ce  sent  des  d^taiU  de  moBurs ,  de 
iectes,  d'opinions  et  de  gdograpbiequMl  donnesans  les^dair- 
dr  par  ancune  etplication,  et  comme  parlant  k  des  leeteors 
qai  n*en  avaient  pas  besoin  pour  les  entendre.  Son  bat  est 
oe  prouTer  aux  Juifs  que  Sisas  de  Nazareth  est  le  Messie 
qu'ils  attendaient ,  et  qui  leor  ^it  prMit  par  les  propb^tes. 
Cat  ^vangile  e»t  done  one  bisloire  dogmatique  da  Gbrirt, 
fMAi  qu^une  biographie  chronologique. 

Saint  Mare  se  proposait  un  autre  but,  il  destinait  parti- 
eriiftrement  son  travail  anx  Romabis;  Geqai  le  proave,  o'est 
le  soin  quMl  pr<ind  de  leaf  expliqucr  Certains  details  qui  poo- 
faient  6tre  obscnrs  pour  eux  sor  les  moBurs  des  Juifs,  leur 
rites,  etc  Cet  l^yangile  fut  prunitifement  toit  en  grec; 
toatefois,  les  h^bralsmes  dont  il  roarmille  ^tabliraient  seals 
que  saint  Marc  ^tdt  Joif,  ainsi  qn^il  est,  dn  reste,  attests 
pir  tons  les  toivains  do  premier  st6ole«  Si  Ton  rapproche  Vt- 
▼cngile  de  saint  Marc  de  celai  de  saint  M^Tttbieu,  on  veit  que 
les  deux  toivains  sacrfe  rapportent  abeolument  les  mtaies 
fiiita,  ou  du  moins  ne  se  contredisent  sur  aocune  circonstanoe, 
quoique  I'un  dt  Tantreigoutent  ou  orndteot  certains  details. 
On  ne  saurait  douter  que  saint  Mare  n^edt  sous  les  yeax 
r^Yangile  de  saint  Mattbiea  :  Ton  croit  gto^ralement  quMl 
compose  le  siend'ane  partiede  r^Tangile  de  saint  Mattbieu , 
«n  J  ajoatant  les  notes  quMI  avait  recueillie*  sar  les  pr^ica- 
tiOiM  de  saint  Pierre.  Maie  saint  Mare,  ^rivant  pour  des 
gentils ,  retrancha  dans  saint  Mattbien  «e  qui  ne  poovalt 
eonyenir  qu'anx  Jnifs  :  il  ajouta  qnelques  IkUs  et  quelques 
details  nouveaoji. 

Ces  deux  drang^listes  avaient  omis  des  faits  el  des  par- 
ffcularit^s  de  la  vie  du  Christ ;  en  outre ,  on  arait  fabriqu^ 
ane  viedu  Sauveor  pleine  d^errenrset  d'inexactitudes.  Ce 
fot  k  cette  occasion  que  samt  Luc  compose  son  £vangile.  11 
en  recoeiliil  les  mat^anx  de  ki  boucbe  des  ap6tres  et  des 
disciples  de  J^sus.  Disciple  et  coilaboratear  de  sabit  Paul, 

II  Taccompagna  dans  presqne  tons  ses  voyages.  Son  £van- 
^e  est  en  grec ,  d'nn  style  plos  pur  et  plus  ^l^ant  que  ce- 
Itti  des  aalfes^cdvains  du  Nouveau  Testament :  on  flxe  k  I'an 
hi  oa  5S  I'iSpoq  le  od  11  fbt  compost.  Selon  saint  Jdrtoie, 
saint  Luc  ^rivit  en  Grto  et  probablement  k  Ooriatbe. 

L*dglise  dhr^tenne  soitait  A  peine  du  c^nacle  pour  ^'^ndre 
sor  la  Jud^''«t  sur  le  monde,  que  d^  des  b^r^es  meoa- 
<aient  de  briser  son  onit^.  C^'nthe,  £hion^  Valentin  atta- 
qualent  la  divinity  de  J^us-Christ  etniaientua  grand  nombre 
de  fefts  etde  paroles  du  Sauveur.  Ce  fut  pour  Vopposer  k 
ces  danesraqne,  sur  les  instaitcesde  nresquetous  les  ^v6ques 
et  d^pul^ des ^Ksesde  PAsie,  saint  Jean seddterroina  torire 
•on  ^vangne,  liistoire  dogmatique  de  J6sus  sp<k:i  lemenl 
«dn:ss^  aux  chrdtiens  de  PAsie  Mmeure.  Legrecestla  laa^ae  I 


originale  de  P^vangile  de  saint  Jean.  Si  Pon  rapproche  ee 
dernier  des  trois  autres ,  on  volt  que,  k  Pexception  de  quel- 
ques (aits  qu'il  rdp6te,  P^cri vain  suppose  suffisamment  con- 
nus  ceux  que  contiennent  les  trois  £vangiles  qui  ontprteedd 
le  sien ,  et  quMl  rapporte  un  grand  nombre  d^actions  et  de 
paroles  de  Jteos-Christ,  ainsi  que  des  details  omis  par  ses 
devanciers,  teis  que  Pbistoire  des  premiers  temps  de  la  pre- 
dication de  J^ios-Cbrist,  jusqu^a  la  captivity  de  saint  Jean- 
Baptiste;  di verses  circonstances  de  la  passion ,  de  la  mort 
et  de  la  rdsorrection  du  Sauveurl 

C^  quatiies  ^vangiles  sont  autbentiques.ils  ont  M  ^rits 
par  les  auteurs  dont  ils  portent  les  homs.  li  suffit  poor  s*en 
Gonvaincre  de  comparer  les  ouvrages  entre  eux  et  avee  lea 
autres  toils  dont  Pensemble  forme  le  Nouveau  Testament. 
Le  style  de  ces  quatre  histoires  ne  laisse  aucone  doute  sar  la 
v^cit^  de  leurs  auteurs.  D^  lea  premiers  sidcles  de  P^glise, 
les  Pires  affirment  Pautiienticit^  de  ces  livres  sacr^. 

II  a  exists  aussi  dans  les  premiers  siteles  une  multitudes 
d'EvangUes  apocrypbes,  rejet^  depais  par  P£glise.  On  ne 
salt  quelle  date  et  quelle  origioe  lear  assigner.  Samt  Ce- 
ment d'Alexandrie,  qui  vivait  aa  deiuu6me  si&cle,  est 
le  premier  P^requi  en  ait  parld,  en  dtabUssant  une  juste  dis- 
tmction  entre  ces  productions  etJes  livres  autlientiques,  fon- 
dementsde  Uloi  chr^enne.  D*aiUeur8,cespr6tendiis  £van- 
giles  n'dtaient  pas  en  si  grand  nombre,  le  mftme  portant 
soavent  plusieors  litres :  c^est'  ainsi  que  P^vangile  selon  les 
Hdbreux»  r£vangile  selon  les  Nazartois,  l*£vangile  selon 
Ic^  douse  ap6tres,  et  Pfivangile  selon  saint  Pierre  paraissent 
p'avoir  ^  que  le  seul  J^vangile  selon  saint  Mattbieu,  falsifid 
par  les  nazardens  et  les  dbionites.  Quant  aux  35  autres 
£vangiles,  ils  en  forment  k  pebie  vingt  en  r^Ut^.  £n  voici 
la  listen  d'aprte  Fabricius :  1°  un  £vangiie  selon  les  ^yptiens ; 
2**  un  autre  de  la  Nativity  de  la  Vierge;  3"^  un  Prot^vangile 
de  sauit  Jacques;  4**  P£vangile  de  Penfance;  5®  nn  £vangile 
de  saint  Thomas  (c*est  le  mdme  que  le  prdc^ent);  e""  P£- 
vangiledeNicod^me,;  T*  PEvangiiedteroel;  S**  PEvangile  de 
saint  Andrd:  a""  celui  de  saint  Bartbdiemi;  lo*"  celui  d'A- 
peOe;  ll*"  PEvangilede  Basllide;  12*"  celui  de  C^nthe;  13* 
P£vangite  des  dbionites ;  U*"  l'£vangile  des  encratites  oo  de 
Tatien;  ib"*  P^vangile  d*£;ve;  le""  celui  des  guostiques;  17"* 
celui  de  Marcion;  i%^  celui  de  saint  Paul  (c^est  le  mtoie 
quele  prdc^ent)  19^  les  Grandes  et  Petites  interroga- 
tions de  Marie;  SO"*  le  livrede  U  Nativity  de  J6sus,  le  mftme 
qae  le  Protdvangile  de  saint  Jacques;  21®  le  livre  de  samt 
Jean  ou  de  la  mort  de  la  vierge  Marie;  22®  P£vangile  de 
saint  Matthias ;  23®  P^vangile  de  U  perfection ;  24®  l%van- 
gile  des  simoniens;  25°  PEvaogile. selon  les  Syriens;  2G* 
P^vangile  selon  Tatien ,  le  mdme  que  P^vangile  des  encra- 
tites; 27®  l*fivangile  de  Thad^  on  saint  Jude ;  2S®  cdui  de 
Valentin ;  29®  celui  de  la  vie  ou  du  Diea  vivant ;  30®  celui 
de  saint  Phihppe;  H°  PEvangile  de  saint  Barnabd ;  33®  celui 
de .  sabit  Jaoques-le-Miyeiir;  33®  celui  de  Judas  Iscariote  ; 
34  ]*£vangile  de  la  v^ritd ,  le  mtoie  que  P^vangile  de  Valen  • 
tin;  3&*  P£vaiigile  de  Leudus,  de  Seleucus,  de  Lucien  et 
d'Hesychius. 

Cette  multiplicity  d*£vaagiless'expllqae  enpartie  par  Pabos 
de  ce  nomqni  fut  donnd  dans  les  premiers  si6oles  de  P^glise, 
non^seulementaux  £vangiles  proprement  diis,  mais  encore 
&  tousles  aotres  livres  du  Noaveau-Testamant,  aux  histoires 
de  J^us  et  de  la  vierge  Marie,  et  m6me  aux  professions  de 
foi.  On  Pexplique  aussJ  par  la  simplicity  de  quelques  Chre- 
tiens ,  qui ,  ayanl  recneilli  par  toit  ce  qui  leur  avait  H6 
dit  par  quelqaes  diciples  des  ap6tres,  croyaient  pouvoir 
donner  k  leors  notes  le  nom  d'ivangile.  Mais  bientdl  oes 
pr^tendus  Evangiles  furent  recunnus  poar  apocryplies  et 
r^et^  par  les  ortbodoxes.  II  n'en  fat  pas  ainsi  'des  quatre 
Evangiles  que  les  apdtres  avaient  eux-m6mes  donn^  aux 
^lises.  Plusieurs  ap6tres  se  servirent  de  celui  de  saint 
Mattbieu ,  et  samt  M^e  Pent  k  Rome  enbre  les .  mains. 
Saint  Pierre approuva  l'£vangile  de  saint  Marc.  Saint  Luc, 
pendant  son  sejour  en  Grto,  seservitdc  celui  dece  dcmier  et 
dc  r£vangile  da  saint  Mattbieu.  Sai  it  Paul  appelait  celni 


EVANGILK  —  iSVAPORATION 


de  ftiiut  Lac  son  ivangile ;  enfin ,  uint  Jean ,  qoi  ^rivit 
le  denier y  rerit  les  trois  autres  ^Tangiles  et  les  appronra, 
aii»i  qoe  Fatteste  EusMie  de  Oitear^.  Toates  les  ^ises  or- 
thodoxes  se  senraient  de  ces  qoatre  ^rangDes ;  on  en  foisait 
des  lectures  pobUqnes ;  on  grand  nombre  de  passages  en 
^tiieDt  ins^t^  dans  les  titor^es  et  dans  les  onTrages  des 
picoders  Pferea. 

L'mUgritf  des  lirres  da  Nouyeau-Testament  se  prouye 
pir  TaccoTd  de  toates  les  yersions ,  qui  offrent  la  plus  par- 
falte  concordance.  Entre  les  manoscrits  les  plus  andens , 
recoeillis  par  Mill ,  Westein ,  Kuster  et  autres ,  et  les  an- 
deones  Terpens ,  ainsi  qoe  la  Vulgate ,  on  obserye ,  quant 
k  h  sabstadoe ,  absolument  le  m6me  accord.  Mill ,  k  la 
f^t^,  en  cotnparant  un  trte  grand  nombre  de  manuscrits , 
a  annot^  pltis  de  trente  miUe  yariantes ,  mais  ces  yariantes 
oe  seryent  quit  confinner  Hnt^t^  des  liyres  du  Nonyeau- 
f estament ,  puisqoe  toutes  se  r^uisent  k  des  foutes  de 
grannnaire  ou  d^ortb<>graphe ,  ou  k  des  mots  remplac^s 
par  leurs  synonymes.  (Test  ainsi  que  la  critique  la  plus  ri- 
sooreuse  met  le  scepticisme  au  d^fi  d'alt^rer  rirr^tiragable 
certitude  attach^  k  ces  liyres  augustes  donton  8*est  bomd  id 
k  iaire  lliisfoire,  ne  pensantpas  que  ce  fftt  Poccasion  d*ap- 
prkier  leur  influence  sur  le  monde  dont  Us  ont  renouyd^ 
U  face  {wyez  CBBisrumsXE).  Db  GARifl 

l^VANGILE  (liturgie),  partiedela  messe  qui  suit 
r^pltre  etpr^cMe  r  0  fferto  ire.  Elle  se  compose  de  la  lec- 
ture d*un  eitrait  des  £yangiles  d^tormind  par  la  liturgiepour 
cliaquejourderanii^.  On  cbercheraitenyainuneliturgie  qui 
fl'ait  pas  admis  nne  lecture  d'£yangUe.  Dans  certaines  ^glises 
d'Orient,  00  crut  andennemenipouyoir  s*en  dispenser  le  sa- 
medf ;  inals  le  concile  de  Laodicite  de  364  ddcida  que  ce  jour 
a'easerait  pas  plus  exempt  que  les  autres.  Aux  messes  basses^ 
le  missel  est  transports  du  c6\A  doit  de  Tofficiant,  au  c6tS  gau- 
che ou  lepr^tre  lit  T^yangUe,  pour  montrer  que  la  y^ritSest  pas- 
s^'des  joif^  auxgentils.  Ilest  posS  de  biais,  le  dos  falsant  face 
ao  coin  de  I'autel.  Le  c^dbrant  s'arr&te  au  milieu  de  Pautd 
poar  dire  le  munda  cor  meum ;  puis,  ayant  de  commencer 
la  lecture ,  U  fait  le  signe  de  la  croix  ayec  le  pouce  de  U 
ouiiD  droite  sur  le  liyre,  sur  son  propre  front,  sur  sa  bou- 
die  el  sur  sa  poitriney  A  la  fin » il  baise  la  pagesainte  en  di> 
saat  : 

Per  evaogelica  dicU 
Deleantur  oosln  delicto 

Aux  messes  solenndles  c*est  ordinairement  le  diacre  qui 
cbaate  Ftyangile  :  il  fait  sa  pri^re  h  genoux ,  au  bas  de 
faatel,  y  ditle  munda  cor  meum  ^  se  l^yf ,  prend  rdvan* 
giliaire,  et,  accompagnS  de  deux  cierges  alium^,  ya  de- 
niaoder  au  c^^rant  sa  bSn^liction  en  ces  termes  :  Jnbe, 
Domine,  benedicere ,  auxqnels  le  cSlSbrant  r^pond  :  Do^ 
minus  sU  in  corde  tuo  et  in  labiis  iuis,  ut  digne  et  com' 
petenter  annunties  evangelium,  etc.  Amen,  rSplique  le 
diacre,  et  il  baise  la  main  du  c^Sbrant,  qui  bSnit  Tencens  des 
tborif^raires  et  le  jette  dans  Tencensoir.  Tons  les  fideles  res- 
teot  debout  pendant  la  lecture  de  T^yangile.  A  Rome ,  lors- 
qoc  le  pape  offide,  un  cardinaUdiacre  chante  r^yangiieen 
lalifl ,  un  autre  en  grec ;  usage  qui  s'est  Element  observe 
i  Pabbaye  da  mont  Cassin ,  et  k  celle  de  Saint-Denis  en 
France,  le  joar  de  la  fftte  patronale.  L'^yangile  chants,  le 
peuple  Impend ;  Lous  Ubi  Christe.  Puis  on  remporte  le  liyre 
presque  ayec  le  m^me  c^rSmonial ,  et  onle  fait  baiser  au  c^ 
lebraut ,  ainsi  qu'^  tout  ce  qu^il  y  a  d^Sminent  dans  P^lise. 
A  la  fin  de  la  roesse,  le  prdtrelit  encore  le  commencement 
de  I'EyangUe  selon  saint  Jean;  ce  qu'on  appdle  le  dernier 
Evangile. 

Les  Grecs  lisent  l^^yangile  ayec  beaucoup  de  soleunitS  : 
le  c^l^rant  se  met  en  pri^re ,  prend  sur  Taiitel  le  liyre  fermS, 
le  montre  au  peuple,  en  faisant  le  signe  do  la  croix  ^  et  le 
remet  au  diacre  qui  le  revolt  ik  genoux,  en  lui  disant :  hi- 
liisuz,  seigneur^  Us  predicateurs  du  Saint  £vangile;  k 
i  qud  le  c^flSbrant  r^pond ,  en  lo.  bSnissant :  Dieu  nous 
donne  la  parole  pour  annoncer  son  ivangile  avec  line 
9^nnde  force.  —  Amen  n&plique  le  diacre.  Aprfcs  avoir  pro- 


171 

menSle  liyre  processionneuement,  11  lereporte  k  la  tribun# 
et  Tencense ,  tandis  que  le  c^^rant ,  rest6  k  Taut^  ^  se  re* 
tourneyers  le  peuple  en  lui  criant :  Voilin  laSagesse  I  .refi^ 
tons  debout  6t  icoutons  le  saint  ivangilel  ^aint  Jeaoi* 
Chrysostome  nious  apprend  qu^en  ce  moment  solennei ,  lea 
empereurs  d^posaient  leur  diad^e. 

EVANOUISSEMENT.  Vouez  Syiicop^. 

£VAIVS  D£  LAGY9  lieutenant  g^nSral  anglais  et  mem* 
bre  du  parlement,  nS  en  1787  k  Moig  en  Irlaude,  d^buia  dans  la  1 
carri^remilitaire  au  service  dela  Compagniedeslndes  o^eiw , 
tales ,  et  passa  ensuite  avec  le  grade  de  lieutenant  dans  ua 
raiment  de  dragons.  Apr^  avoir  servi  en  J^pagne  aona 
Wdlington^  puis  dans  TAmi^que  du  nord,  il  remplissait  k 
Waterloo  les  fonclions  d^aide  de  camp  du  g^i^ral  Pon- 
sonby ,  lorsqull  fut  promu  au  g^nde  de  lieutenant-colonel. 
Blis  en  non  activity  au  rStablissement  de  la  paix  gtoSrale,  it 
se  jeta  dans  la  politique,  arborala  banni^re  du  radicalmnef 
et  fut  flu  en  1830  membre  du  parlement  pour  Westmiosler. 
En  i83S ,  il  accepta ,  avec  le  rang  de  lieutenant-g^n^ral  daoa 
TarmSe  espagnole,  le  commandement  de  la  l^on  recrut^ 
pour  deux  ans  eid  Angleterre  au  compte  do  gouvememeBl 
de  Madrid,  k  Teffet  de  soutenir  en  Espagne  le  syst^me  coos- 
titutionnel.  11  s'y  comporta  yaillanoment,  et  notamment  aoK 
affaires  qui  eurent  lieu  devant  Saint-S^bastieo,  devaot  !• 
Passage ,  sur  les  hauteurs  d^Amoxagana^  sons  les  mora  d^O* 
riamendl  et  d'Hemani,  et  tormina  lacampagne  de  1837. par 
la  prise  d'assaut  de  la  ville  d'Irun ,  apr^s  uner^istanceopl* 
niAtre.  A  son  retouren  Angleterre ,  les  ^ecteurs  de  West* 
minster  le  choisirent  encoreune  fois  pour  leurmandataire  an  : 
parlement ,  et  le  gouvemement  lui  conf6ra  le  grade  de  oe« 
lend  avec  la  decoration  de  Tordre  du  Bain.  En  1846  il  votg  . 
en  faveur  de  Tabolition  des  corn-laws  et  fut  r^lu  en  1647 
par  les  decteurs  de  Westminster,  menU)re  du  parlement,  0^ 
ils  n*a  pas  discontinue  depuia  d'appuyer  toutes  les  mesvrei 
propose  par  le  parti  liberal.  Le  ministtee  Derby  rencontre 
en  lui  an  adversaire  des  plus  ^nergiques;  mataapr^s  deas 
jours  de  d^bats  violents  la  chambre  dies  communes  re* 
fusa,  en  avril  18&2,  de  s'assoder  an  vote  de^d^ance  ifu'fi 
proyoquait  centre  ce  cabinet  en  proposant  k  s^  ooU^uei 
de  rejeter  le  bill  de  la  milice.  Clief  d'une  divisioa  de  cava* 
leriede  I'arm^e  envoy  de  en  Orient,  il  a  dt6  deyd«u  grade  de 
lieutenant  gdndral  en  1854. 

Evaporation,  passage  d*un  Uqulde,  et  mtene  d# 
certains  solides,  1^  I'dtatde  vapeur  par  leur  eombinaisoii 
ave&le  calorique.  Ce  qui  distingue  les  mots  ivaporation  eC 
vaporisation y  c'est  que  ce  dernier ne  se  dit  que  de  la  forma* 
lion  des  vapours  par  r^buUition.  Toutes  les  fois  que  dea 
vapours  se  ferment  au-dessous  de  ee  point,  U  y  a^w^^ 
ration. 

Un  liquide  passe  k  T^tat  de  vapeur  d^autant  plus  vito 
que  sa  temperature  est  plus  eievde,  que  Toaverture  do  vase 
qui  le  contient  est  plus  grande,  et  que  I'air  ou  les  gas  am* 
biants  sent  plus  sees,  etc.  Si,  par  exerople,  on  verse  On  pea 
d*eau  dans  une  bouteille,  et  qu^on  bouche  celle- d ,  on  ob- 
servera  d*abord  (u  I'air  contenu  dana  la  bouleiile  est  bien 
sec)  que  le  niveau  du  liquide  baissera  de  qudque  chose, 
et  qu^au  bout  d*un  certain  laps  de  temps  il  deviendrif  sta* 
tJoi»!.vire;  si,  au  contraire,  la  boutdlle  n'^tait  pas bouch^ei 
tout  le  liquide,  au  bout  d'un  temps  suffisant,  passerait  k 
H\di  de  vapeur  et  se  disbiperait  dans  I'atmosph^e.  11  est 
fadle  de  rendre  raison  de  ces  phenon^nes  :  dana  le  cat 
on  la  boutdlle  est  bouchde,  Tair  qu'dle  oouUent  se  sature 
d*abord  des  vapours  qui  se  forment  au-dessus  de  l'eau{ 
aprds  quoi  il  est  imposdble  qu*il  en  admette  de  notavellei 
entre  ses  molecules ;  au  contraire  t  quand  la  beoteiUeeil 
dcboucUee,  les  vapours  se  rdpandent  librement  dans  la  niaaie 
ii  air  ext^rieur,  et  r^aporation  contmue  tant<  qu  a  ;  4  ua 
liquide  dans  le  vase.  II  suit  de  \k  que  r^yaporation  d'on  1|» 
quide  doit  cesser  si  ce  dernier  est  entourd  d'nn  yoiame  d'air 
qui  ne  pen  I  se  rcnouveler  :  voil<^  pourqiioi  du  linge  nouilM 
expose  k  nn  vent  »ec  s^lie  plus  vite,  toutes  cho»es  ^igales 
d'ailleurs,  que  lorsquMl  est  tcndu  au  soldi  par  un  temps  calme^ 


172 

Autrefois  les  physiciens  pensaiect  qae  Talr  avait  la  pro- 
pri^t^  de  dissoudre  les  liquides  et  de  s'en  approprier  les  va- 
pears,  de  la  mtoie  mani^re  que  Teau  dissout  les  sels  et  se 
combine  avec  eux.  Une  experience  dteisi?e  a  d6montr6  i^ab- 
surdite  de  cette  hypothtee.  £n  effet,  si  Pair  agissait  comine 
dJssoWant  sur  les  liquides,  r^Yaporation  n'aurait  pas  lieu, 
ou  serait,  da  moins,  plus  l^te  dains  le  Yide;  or,  on  obserre 
le  contraire;  an  liquide  contenu  dans  le  r^ipient  d'une 
machine  pneumatique  se  con?ertit,  en  partie,  quand  on  a 
fait  le  Tide,  en  yapeur,  dont  la  tension  fait  monter,  en  peu 
de  temps,  de  quelques  degr^s  la  colonne  de  mercure  du 
barom^tre  contenu  dans  le  recipient.  Si  I'air  contribuait 
k  r^vaporation  des  liquides,  les  Tapeurs  se  formeraient  plus 
lentement  dans  une  masse  rare  de  ee  fluide  que  dans  un 
volume  de  cc  m^me  fluide  plus  comprim^ ;  U  n'en  est  pas 
ainsi :  one  mtoie  quantity  d'eau  passe  plus  vite  k  T^tat  de 
Tapeur,  lorsqu*on  la  porte  sur  une  haute  montagne ,  que 
lorsqu'on  laisse  dans  un  Tase  plac^  sur  le  bord  de  la  mer. 
L'^vaporation  des  liquides,  toutes  choses  ^ales  d*ailleurs, 
est  plus  ou  moins  rapide,  suivant  leur  density;  Tether,  le  plus 
l^er  de  tous,  s'^vapore  plus  vite  que  Teau,  et  celle-d  que 
le  mercure,  etc. 

Nous  STons  dit  que  certains  solides  passaient  spontan^- 
ment  k  T^tat  de  vapeur  :  nous  en  STons  un  exemple  dans 
la  glace,  dont  le  yolume  diminue  sensiblement  avec  le  temps 
sans  qu'il  y  ait  d^el.  Tetss^be. 

Evasion.  Lo  malntlen  de  Tordre  public  exige  imp6- 
rieusement  de  r^primer  par  des  mesures  u^T^res  la  n^i- 
gence  que  les  ge6liers,  gardiens,  gendarmes  et  tous  autres 
pr^pos^s  semblables  apportent  dans  la  surTeillance  des  per* 
sonnes  d^tenues  et  confix  k  leur  garde.  Tels  sont  les  termes 
du  prtembule  de  la  loi  du  13  brumaire  an  ii.  Cette  loi  ?ou- 
lait  qu*en  cas  de  conniTence  k  T^Tasion  d'un  prisonnier,  les 
pr^pos^  k  sa  garde  fussent  condamn^  k  mort  et  que  la 
n^igence  qui,  de  leur  part,  aurait  donn^  lieu  k  cette  dya^ 
sion,  fAt  punie  de  deux  ann^  d^mprisonnement!  Mais, 
on  ne  tarda  pas  k  t'aperceyoir  que  la  premiere  de  ces  pres- 
criptions etait  neutralis^e  par  sa  rigueur  m6me,  etque,  pour 
en  eiuder  Tapplication,  les  juges  d^laraient  tonjours  qu'il 
n^y  ayait  que  n^igence  la  od  les  prenyes  de  la  connivence 
<^taient  ^yidentes.  D^j^  la  loi  du  4  yend^miaire  an  yi  ayait 
rem^ie  k  cet  abns;  mais  le  Code  P^nal  de  1810  a  ddfini- 
tivement  consacr^  une  legislation  plus  humaine  et  cepen- 
dant  suffiBante  poor  garantir  Texecution  des  jugements  et  la 
sOrete  de  la  society. 

Aux  termes  des  articles  237  et  suiyants  de  ce  code,  foutes 
les  personnes  pr^posees  k  la  conduite,  au  transport  ou  4  la 
garde  des  detenus,  en  sout  responsables,  et,  en  cas  cTi" 
vasioiif  sont  passibles  de  differentes  peines.  Si  T^yade  est 
pr^yenu  de  deiits  de  police ,  ou  de  crimes  simplement  iufa- 
mants,  ou  s'il  est  prisonnier  de  guerre,  les  proposes  k  sa 
garde  ou  conduite  doivent  £tre  puuis,  en  cas  de  negligence, 
d'un  emprisonnement  de  six  jours  k  deux  mois,  et,  en  cas 
de  conniyence,  d*un  emprisonnement  de  six  mois  1^  deux  ans. 
Ceux  meme  qui,  n'etant  pas  charges  de  la  garde  ou  de  la 
conduite  du  detenu,  auront  procure  ou  fadlite  son  evasion, 
seront  punis  de  six  Joors  k  trois  mois  d*emprisonnement  Si 
revade  est  prevenu  ou  accuse  d*un  crime  de  nature  k  en- 
'  trainer  une  peine  afilictive  ft  temps,  ou  condarone  pour  l*nn 
de  ces  crimes,  la  peine ,  en  cas  de  negligence,  sera  Tempri- 
sonnenient  de  deux  mois  k  six  mois,  et,  en  cas  de  conni- 
yence, la  reclusion.  Et  quant  aux  personnes  etrangeres  k  la 
garde  des  detenus,  lour  participation  k  revasion  sera  panie 
d*uu  emprisonnement  dje  trois  mois  k  deux  ans.  S*il  s*agit 
de  crimes  emportant  la  peine  de  mort  ou  des  peines  perpe- 
tuelles,  les  conducteursou  gardiens  seront  punis,  en  cas  de 
negligence,  par  an  emprisonnement  d*un  an  k  deux  ans,  et; 
en  cas  de  connivence,  par  la  peine  destravaux  forces  k 
temps.  Les  fauteurs  de  revasion  etrangers  k  la  surveillance 
des  detenus  seront,  en  ce  cas,  punis  d'un  emprisonnement 
#01  an  au  moins  et  de  cinq  ans  au  plus. 
.  Si  rev asioD  a  eu  lieu  ou  a  ete  tentee  avec  violence  ou  bris 


eVAPORATION  —  EVECHE 


de  prison ,  les  peines  conire  ceux  qui  Taaront  (avorisee  cn^ 
iuumissant  des  instruments  propres  k  Toperer  seroni 
suivant  les  cas,  de  trois  mois  k  deux  ans  d'emprisonnement, 
de  deux  ans  k  dnq  ans  d'emprisonnement,  et  m6me  la 
reclusion.  Dans  tons  les  cas,  lorsque  les  tiers  qoi  auront 
procure  ou  fadlite  revasion  y  seront  parvenus  en  corrom- 
pant  les  gardiens  ou  geOliers,  ou  de  connivence  avec  eux» 
ils  seront  punis  des  memos  peines  que  lesdits  gardiens  on 
ge6liers.  Si  revasion  avec  bris  ou  violence  a  ete  (avorisee  par 
transmission  d'ormes,  les  gardiens  ou  condoctenrs  qui  y 
auront  participe  seront  punis  des  trayaux  forces  k  perpe- 
tuite;  les  autres  personnes,  des  travaux  forces  k  temps.  Au 
surplus,  tous  cenx  qui  auront  connive  k  revasion  d'an  de- 
tenu seront  solidairement  condamnes,  k  litre  de  dommages- 
interets,  4  tout  ce  que  la  partie  dyile  du  detenn  (c'est-^ire 
son  adversaire )  aurait  eu  droit  d'obtenir  contre  lui.  La  sur- 
veillance de  la  haute  police  peutetre  prononcee  pour  dnq  k  , 
dixans  contre  tous  ceux  qui  auront  coopere  k  une  eyasion.  A 
regard  des  detenus  qui  se  seront  eyades  ou  qui  auront  tente 
de  s'evader  par  bris  de  prison  ou  par  violence,  ils  seront^ 
pour  ce  seul  fait,  punis  de  six  mois  4  un  an  d'emprisonne- 
ment, et  subiront  cette  pdne  immediatement  apris  I'expira- 
tion  de  celle  qu*ils  auront  encourue  pour  le  crime  ou  deiit 

4  raison  duquel  ils  etaient  detenus,  ou  immediatement  apr^s 
Tarret  ou  jugement  qui  les  aura  acquittes  ou  renvoyes  ab- 
sous  dudit  crime  ou  deiit,  le  tout  sans  prejudice  de  plus 
fortes  pemes  quells  auraient  pu  encourir  pour  d'autres  crimes 
quMls  auraient  conmus  dans  leurs  violences.  Du  reste,  les 
peines  d'emprisonnement  prononcees  contre  les  conducteurs 
ou  les  gardiens,  en  cas  de  negligence  seulement,  cesseront 
lorsque  les  eyades  seront  repris  ou  representes,  pourvu  que 
cesoit  dans  les  quatre  moisderevasion,  et  quMls  ne  soient  pas 
arretes  pour  d'autres  crimes  ou  deiits  commis  posterieure- 
ment.  La  loi  punit  en  outre  le  recel  des  personnes  qui  out 
commis  des  crimes  emportant  pdne  afflictive.      Dubard. 

D'apres  la  loi  du  30  mai  1854,  le  condamne  aux  travaux 
forces  k  temps  qui,  k  dater  de  son  embarquement,  se  rend 
coupable  d^evasion  est  puni  de  2  4  5  ans  de  travaux  forces. 
Cette  peine  ne  se  confond  point  avec  celle  anterieurement 
prononcee.  La  peine  pour  les  condamnes  k  perpetuite  est 
{'application  4  la  double  chatne  pendant  2  ans  au  moins  el 

5  ans  au  plus.  Tout  libere  coupable  d'avoir  quitte  la  co- 
lonic sans  autorisation  ou  depasse  le  deiai  tixe  par  Tautori- 
sation  est  puni  d'un  an  4  trois  ans  de  travaux  forces. 

£V£  {ea  hebreu  Chavva ,  c'est-4-dire  la  vie,  la  mere  de 
toute  vie).  Tel  fut,  suivant  la  tradition  juive  relative  k  la 
creation ,  le  nom  de  la  femme  du  premier  homme,  par 
consequent  de  La  mere  du  genre  humain.  {voyez  Adam  ). 

EVl^GHl^  diocese,  partie  deterritoire  soumise  k  Tau- 
torite  spiritueUe  d'un  eveque.  Dans  un  sens  general,  ce 
terme  comprend  aussi  les  archev6ch€s.  U  se  dit  encore  de 
la  diguite  episcopale,  du  titre  d'eveque,  de  la  ville  ou  il  y 
a  un  siege  episcopal,  de  la  residence  de  I'eveque,  de  la  de- 
meuro  enfin  de  reveque  ou  palais  episcopal.  Les  evtebes 
sout  les  premiers  et  les  plus  anciens  de  tousles  oflices  ecde- 
siastiques.  Leur  institution  remonte  presque  k  la  naissance 
de  r£glise.  Le  plus  anden  est  celui  de  Jerusalem,  dont  saint 
Pierre  (ut,  pendant  cinq  annees,  le  titulaire,  k  parlir  de  I'an 
34  de  notre  ere,  et  quMl  ceda  k  saint  Jacques  le  M incur. 
Le  second  eveche  cree  fut  cdui  d'Antioche,  oil  saint  Pierre 
resida  dnq  ans,  et  qu'il  ceda  k  £vodius.  Le  troisieme,  dans 
I'ordre  des  temps,  est  celui  de  Rome,  dont  saint  Pierre  jeU 
les  fondements  Fan  45  de  J  -C.  Ainsi,  Jerusalem  et  Antiocbe 
ontete  successivement  le  premier  eveche  en  diguite  ou  prin- 
cipal siege  de  I'^glise ;  plus  tard,  Rome  est  devenue  la  capi- 
tate de  la  chretiente.  L'eveche  de  Umoges  fut  fonde  par 
saint  Martial  vers  I'an  80.  Certeins  critiques  ont  cependant 
pretenduque  rerectlon  des  eveches  ne  remonUit  pas  audel4 
du  troisieme  siede.  Contrairement  k  cette  opinion,  le  pape 
saint  Clement  est  dte  pour  avoir  envoye,  des  I'an  94 «  des 
eveoues  en  divers  lieux,  nolamment  k  ^vreux  et  k  Beauyais- 
et  poor  avoir,  en  cette  qualite,  accredite  saint  Denis  k 


£V£CH£  —  fiVENTAIL 


179 


PftHs  et  saint  If  icaise  k  Rouen.  Les  ^yteh^  se  multipli^rent 
insensiblemenl  dans  tout  le  monde  chn^tien;  mais  c'est 
snrtoot  anx  doazitoie  et  trdzitoie  siteles  que  les  Erections 
d^^teli^  deriennent  fr^quenles.  A  cetto  derni^re  ^poque 
ils  ^taient  si  nombreox  dans  la  proTince  de  Constantinople, 
qoele  pape,  teriTant,  en  1206,  an  patriarche  de  cette  ville, 
hu  permit  de  conf(irer  plosienrs  ^v^h^  4  un  seul  titulaire. 

La  plnralittf  des  ^Y^bis  a  cependant  M  toojours  d^- 
fendue  par  les  canons,  de  mtoe  que  la  plurality  des  b6a^ 
fioes;  mais  on  a  6i&  dans  tons  les  temps  ing^ieux  k  trouyer 
des  pr6textes  de  dispenses.  £broln,  ^y^qne  de  Poitiers,  fnt 
le  premier,  en  850,  qni  pofs^da  un  &iMi6  et  nne  abbaye  en- 
semble ;  le  cardinal  M  as  a  r  i  n,  quand  il  ^tait  ^£qne  de  Metz, 
po8861ait  en  mtaie  temps  treiie  abbayes.  Janus  Pannonins 
cumulait  k  son  d^c^  dnq  ^yteh^  de  Hongrie.  Le  cardinal 
de  Juyeiise  ^tait  h  la  fois  archeydqoe  de  Toulouse,  de  Rouen 
et  de  Narix>nne.  L'^tendue  de  chaque  6wMi6  n^^tait  point 
d^abord  limits;  ce  fut  le  pape  saint  Marcel  qui  en  fit  la  di- 
Tision,  en  30S. 

Dans  lea  premiers  siteles  de  l^^glfse,  chaque  ^y6qne  ^tait 
ind^pendant  des  autres  :  il  n*y  ayait  ni  m^tropoUtains  ni 
soCTragants.  Chaque  proyince  ne  poss^dait  d^abord  qu^un 
€yteh^  jofiqn'i  ce  que,  le  nombre  des  chr^iens  s*6tant  beau- 
ooQp  accni,  on  ^rigea  plusieurs  6y6ch^  dans  une  m^e  pro- 
vince ciyile,  lesquels  oompos^rent  ensemble  une  proyince 
eccl^siastique.  Le  conclle  de  Ric^e,  tenu  en  325,  attribua 
k  r^yteli^  de  la  m^tropole,  ou  capitale  de  la  proyince,  une 
sup^orit^  rar  les  autres  ^Tteh^  comproyinciaux,  d*oti  est 
Tenne  la  distinction  des  ^y^b^  m^ropolitains,  que  Ton  a 
qnalifi^  d^areheviehds,  d^ayec  les  autres  ^ytehds  de  la  m6me 
proyince,  qu^on  appelle  st^ffragants,  les  titolaires  de  ces 
^teb^  ayant  droit  de  suffrage  dans  le  synode  m^opoli- 
tain,  00  plnt6t  assistant  jadis  k  Tdection  du  m^tropolitain, 
eonfiimant  son  Election  et  la  consacrant. 

On  oompte  aujourd*hui  15  archey6cb6s  mdtropolitains  en 
France,  et  69  ^v^i^  qui  sont  leurs  suflfragants,  en  France 
et  dans  ses  colonies.  Ces  dyficlids  ne  sont  pas  Element 
partag^  entre  les  m^tropolitains ;  il  n^y  en  a  cependant 
qu^an  seal  qui  n'ait  qu^un  sufTragant  :  c'est  Parcheyteh^  de 
Cambrai,  6y6ch^  Arras.  On  pouryoyait  anciennonent  aux 
&fhdbiia  par  yoie  d'^ection ;  c'est  maintenant  le  chef  de 
r£tat  qui  y  nomme ;  institution  canonique  est  donnte  par 
le  pape ;  les  bnlles  sont  y^rifito  et  enregistr^s  au  Gonscil 
d'Etat  ayant  la  prise  de  possession  des  si6ges. 

Il  y  a  des  ^y^cbes  dans  r£glise  anglicane  ou  ^pic- 
copale,  r^pandue  anssi  dans  les  £tats-Uuis  d^Am^rique, 
dans  r^glise  grecqueou  d*Orient,  et  dans  Tfiglise  lutb6- 
rienne  de  SuMe ,  de  Danemara  e»  de  Nory^e. 

^V£CH£S  ( Les  Trois).  Jadis  on  di^ignait  sous  ce  nom 
one  partie  de  1&  Lorraine,  compost  des  trois  yilles  do 
MetZf  de  Toul  et  de  Verdun,  toutes  trois  ayant 
le  titre  d*^teh6,  et  de  lenr  territoire.  Aprks  ayoir  ^t^  long- 
temps  yilles  libres  imp^riales,  elles  furent,  en  1552,  r^unies 
par  Henri  II  k  la  France,  k  laquelle  le  traits  de  CAteau- 
Camb»^4  en  confirraa  d^finitiyement  la  possession. 

EVECnON  (de  evectus,  action  de  porter  deliors,  de 
transporter).  Ou  appelle  aiusi  en  astronomic  la  seconde  in^- 
galit^  de  la  lone,  produite  par  Paction  du  soleil.  Apr^  1*6- 
qoatlon  do  centre,  c'est  la  plus  grande  des  6[]uations 
de  la  lone.  Cette  in^galit^,  d^couyerte  par  Ptol^mte,  Infloe 
particoli^rement  sor  F^oation  do  centre  qu'elle  diminoe  dans 
les  syzigies  et  augroente  dans  les  quadratures.  B  o  o  1 1  i  a  u  d  Pa 
eapliqote  par  le  d^lacement  du  foyer  de  Tellipse  lonaire, 
qoi  n*est  pas  fixe  an  centre  de  la  terre;  de  II  le  nom  d*^ 
vection,  qu'il  a  donn^  i  cette  in^lit^  et  que  la  science  a 
consery^. 

£  VEIL*  C'est  commontoent  on  ayis  donn^  k  qaelquHin 
sur  one  chose  qui  Hnt^resse  et  k  laquelle  il  ne  s'attendait 
pas.  Ce  mot,  qnoiqu'U  n'ait  au  premier  coop  d'ceil  aucun 
rapport  ayec  cdai  dis  riveil,  yient  n^anmoins  dyidemment 
dece  dernier,  mais  en  ce  sens  que  Faction  de  r^yeillerquel- 
qo'on  a  pour  bat  de  le  faire  passer  de  T^tat  de  sommeil  k 


celui  de  yeOle,  c*est-i-dire  de  produire  une  rftyolution  iifl 
generis  dans  le  systtoie  d*action  de  ses  faculty  mentalea, 
operation  qui  r^ulte  aussi ,  quoique  ayec  des  ph^nom^net 
difli&rents ,  de  Taction  de  donner  IMyeil  k  quelqu'un.  La  r^^- 
yolution  qoi  s'op^re  en  nous  dans  ce  dernier  cas  est  pro* 
portionn^  k  ^importance  de  I'objet  sor  lequel  notre  atten* 
Hon  a  H^4veilUe;  et  telle  pent  6tre  cette  importance  qoe  la- 
direction  des  fiicnlt^  de  notre  intelligence  en  soit  absolo- 
ment  change.  Ce  qo'on  d^ne  soos  le  nom  d'^veil  n'est 
pas  toujours  le  rfenltat  d'un  ayis  donn^  k  quelqu*un ;  mais, 
suiyant  notre  degr^  de  capacity  intellectuelle,  il  pent  d^ 
pendre  d'nne  reflexion  snbite,  d'un  incident  tout  insigni- 
fiant  en  apparence  pour  ceox  qui  nous  entourent :  ainsi,  des 
circonstances  tr^indiffiirentes  poor  one  capacity  ordinaire 
donneront  k  des  agents  adroits  d'un  gouyemement  I'^yeil 
sur  quel  que  conspiration,  sur  les  dangers  quelconques  qui 
peuyent  menacer  Tautorit^  qui  les  emploie.  Dans  la  re- 
cherche des  causes  d'un  phtoomtoe  qu^conque,  du  mot 
d'une  ^nigme,  ou  mtoe  d'autres  objets  plus  insignifianta 
encore,  ce  sont  des  phtoomtoes  on  des  obseryations  qui  ont 
pass6  cent  fois  inaper^ us  sous  les  yeoi  des  autres,  qui  don- 
nent  k  un  esprit  plus  ^tendu,  plus  profond,  I'^yeil  sur  les 
seuls  moyens ,  ou  du  moins  les  meiileurs  pour  arriyer  k  la 
d^couyerte  qu*ils  cherchent;  et,  en  consid^rant  hi  question 
sous  ce  point  de  yue,  on  est  qoelqnefois  ^nn^  du  peu  de 
difficult^  des  obstacles  qui  ont  suffi  pour  arr6ter  les  esprits, 
les  sanies  m6me  les  plus  pnofondsl  Buj.ot. 

EVENT)  alteration  causae  par  Thnpression  de  Fair  dans 
les  aliments  ou  dans  les  liqueurs,  et  qui  en  d^truit,  en  af- 
faiblit,  ou  en  corrompt  le  goOt :  du  lard,  du  yin  qui  sent  1V« 
vent,  11  se  prend  aussi  pour  Fair  agit^  :  on  met  des  mar- 
chandises  k  Fair,  d  T^vent,  quand  elles  yiennent  des  lioux 
suspects  de  contagion.  Donner  de  V^vent  k  une  pi^  de 
yin,  c^est  lui  donner  de  Fair  en  y  falsant  une  ouyerture. 
Une  t6te  d  V4vent  est  un  esprit  l^er,  ^tourdi,  ^yent^. 

Mvent  s*applique  encore  aux  conduits  qu'on  manage  dans 
la  construction  des  foumeaux,  des  fonderies,  afin  que  Fair 
y  circule  et  en  chasse  Fhumidit^.  C*est  un  d^faut  de  fabri- 
cation dans  un  canon  de  fusil,  une  dtfectuosit^  de  mine, 
qui  consiste  en  une  petite  ouyerture,  ou  fente,  par  hiquelle 
Fair  pent  passer.  En  termes  d'artillcrie,  c'est  la  difli^rence 
en  moins  du  diam^tre  d*un  boulet  k  celui  du  calibre  de  la- 
pito ;  dans  ce  dernier  sens,  on  dit  aussi  vent  au  lieu  d'^uent. 

^VENTAJL.  Ce  mot,  comme  le  yerbe  ^venter,  est 
ddriy^  de  vent,  V^ventail  n'est  autre  chose  que  du  papier, 
du  parchemin,  de  la  peau,  ou  de  F^tolfe,  ^ndus  sur  de 
petites  lames  dlyoire ,  de  nacre,  d'toiille,  de  corne,  de* 
bois,  etc.,  qui  se  replient  les  unes  sur  les  antres,et  seryent 
k  iventer  ou  k  s*6venter,  L'dyentail,  lorsqu*U  est  agit^,  rem- 
plit  en  quelque  sorte,  la  fonction  d*une  pompe  tout  k  la  fois 
aspirante  et  foulante,  en  ce  sens  qu'en  s'^rtant  de  la 
figure,  il  liyre  passage  k  des  colonnes  d'air  plus  fralches, 
sur  lesquelles  il  exerce  ensuite,  en  se  rapprochant,  une 
certaine  pression,  de  telle  mani^re  que,  se  trouyant  en  quel- 
que fa^on  refoul^,  dies  yiennent  frapper  la  partie  trop 
^hanfTite,  d'oh  r^olte  prteis^ment  hi  Aralclieur  agn^ble 
que  Fon  ressent  alors.  L'agitation  de  Fair  par  F^yentail  ne 
produit  aucun  eflfet  sur  le  thermom^tre  et  ne  le  refroidit 
pas. 

Dans  Fart  inllitaire  on  donne  le  nom  d'^ventail  k  ime 
esp^ce  d'ai5  que  Fon  dispose  pour  mettre  les  tireurs  k  I'a- 
bri.  Cest  en  architectore  une  croiste  dont  la  partie  sup^- 
rienre  se  termine  en  demi-cercle.  Les  orfi&yres  appellant 
^entail  un  tissu  d'osier  dont  Us  se  couyrent  le  yisage,  et 
qui,  k  Faide  d'une  petite  ouyerture  pratiqute  au  centre,  leur 
permet  de  recunnaltre  F^tat  de  hi  soudure.  Pour  Ftoailleur^ 
Vdventail  est  une  petite  platine  de  fer-blanc,  on  de  cuiyre, 
qui  le  garantit  de  la  lampe  k  la  dart^  de  laquelle  il  trayaille. 
Wicqfort,  dans  sa  traduction  de  VAmbassade  de  Garclas 
de  Figueroa ,  appelle  iventaiU  des  cliemlnto  pratiquto 
en  Perse  pour  combattre  la  chaleur  et  rafralchir  les  appar- 
tements.  Enfin,  on  donne  encore  aujoord'hnl  ce  nom  k  une 


174. 


EV  ENTAIL 


«8p6ce  de  inacliine,  faite  de  carles  ou  de  morceaax  de  toile 
gooua^,  susiicpidue  au  plaocber*  et  qu'oa  emploie  poiir 
donner  de  la  fralcliear  en  Tagitant.        Y.  De  Mol^n. 

L'^ventall  proprement  dit  scrt  plas  sp^cialeraeat  anx 
damesy  pour  lesquelles  il  eiit  k  la  fois  an  objet  d*utitit^  et 
d^agr^inent.  Nous  trouvonH  ^num^i^ea  dans  une  brochure 
in^tul6e  la  PfUlosophiede  la  toilette,  par  M"**  la  baronne 
de  C***,  plus  de  cent  manikes  difT^rentet  de  se  servir  de 
cejoli  meuble-blion.  Selonun  liistorien  fort  ancien,  I'^ven- 
taii  est  n6  en  Chine  :  ce  serait  la  belle  Kansi,  (lUe  d*un 
mandarin,  qui,  ayant  cqntActd  Th^bitude  de  tenir  son 
masque  h  la  main  et  de  Tagiter  pour  se  rafralchir  le  visage, 
aurait  cr^  ainsi  Viventail,  Dte  lors  il  dot  aToir  la  forme 
d'un  ^ran,  qu^il  c^nserre  encore  chez  les  Chinois.  Soivant 
un  autre  historien^  IMventail  ne  serait  que  Tinstrument 
foruyant  dont  se  servait  la  sibylle  de  Games  pour  annoncer 
qu^elle  allait  rendre  ses  oracles.  Une  troisi^me  opinion  as- 
signe  r^pte  pour  patrie  1^  I'^yentail ;  de  U  il  serait  pa^s^ 
en  Jud^,  puis  en  Grtee.  Des  branches  de  inyrte,  d'acacia, 
des  feuilles  ^l^uuient  d^upte  du  platane  oriental,  au- 
raient  ^t6  les  dventails  primitife^.et  Ton  a  quelques  raisons 
de  croire  que  les  pampres,  le  lierre,  les  sannents  et  les 
feuilles  de  vigne,  qu*on  Toitsi  fr^quemment  sur  lesanciens 
monuments,  entreiac^  autour  du  tbyrse  que  portaient  les 
bacchantes  et  les  pr6tres  de  Bacchus,  auralent  eu,  outre  leur 
destination  symboUque,  celle  de  procurer  de  Tombre  et  de 
la  fratcheur  aux  proselytes  du  dieu  du  Tin,  ^bauffite  par  les 
orgies  de  ces  jours  de  d^rdre.  Avec  les  paons,  qui  com- 
menc^rent  k  ^Ire  connus  en  Gr^  dans  le  cinqui^me  sitele 
avant  J.-C,,  Tinrent  les  ^ventails  de  plumes  de  cet  oiseau, 
fruits  de  la  mollesse  et  du  faste  des  habitants  du  littoral 
de  PAsie  Mineure.  Cette  mode  fut  adopts  avec  empresse* 
ment  par  les  dames  grecques  :  dans  une  des  tragedies  d'£u- 
ripide,  un  eunuque  vient  raconter' comment  il  a,  selon  la 
aoutume  phrygienne^  agit<$  son  6ventail  auprto  des  cbe- 
veux,  des  joues  et  du  sein  de  la  belle  H616ne.  Dans  les  ten- 
Tains  post^rieurs,  grecs  et  romains,  il  est  question  d'^ven- 
tails  de  plumes  de  paon  toutesles  fois  qu'il  s^agit  de  toilette 
^e  femme;  mais,comme  les  longues  plumes  se  trouvaient 
trop  ]<V:;^es  et  trap  frdles  pour  opposer  la  r^istance  ntees- 
saire  a  la  repercussion  d^une  certaine  masse  d'air,  on  ima- 
ghia  de  les  soutenir  par  de  l^g^res  bandes  ou  tablettes  en 
boisqui  rendirent  Tinstrument  plus  solide,  plus  durable. 
Tola  etaiuitles  eveutails  dont  parlent  Ovidc  et  Properce  lors- 
qu'iis  nous  apprennent  que  les  jennes  filles  se  procuraient 
de  la  fratcheur  au  moyen  de  certainea  tablettes.  Nous  trou- 
vons  cette  mode  reprodnite  sur  les  vases  antiques  avec  une 
telle  Tarietequ'on  serait  tente  de  croire  que  la  mode  a  r^gnd 
aossi  despotiquement  k  Tibur  qu*aux  Tuileries. 

Si  nous  laissons  V^re  mythologique  et  ancienne  de  I'e- 
Tentail,  et  si  nous  voulons  savoir  repoque  de  son  introduction 
en  France,  nous  arrivons  de  prime  saut  au  seizi^me  si^cle, 
oCi  des  parfiimeurs  italiens,  Tenus  k  la  suite  de  CaMierine 
de  M^dicis ,  en  gen^raliserent  I'usage  k  la  cour.  II  jouit 
d^une  grande  fa?eur  pr^  de  Henri  II  et  de  ses  mignons. 
Par  un  edit  de  1673,  Louis  XIV  constitua  les  maltrcs  iven* 
tttillistes  de  Paris  en  corps  de  Jurande.  Sous  ce  prince 
et  sous  Louis  XY  il  devint  pour  les  femmes,  sous  diverses 
formes ,  le  complement  oblige  d'une  ^l(^gante  toilette.  De- 
puis  ce  temps  sa  Togue  s'est  toujours  soutenue.  II  paratt 
qu^en  France,  en  Angleterre,  en  Italie,  il  fut  en  pliunes  depaon 
jusqu'au  milieu  du  dix-septieme  siecle ,  epoque  o£i  il  cessa 
de  s*appeier  ^ventoir,  Yenise  et  les  republiques  marchandes 
servirent  dans  ce  temps-U  d*entre|)6ts  pour  debiter  ces  pre- 
cieux  objets  d'echange,  que  Ton  faisait  venir  d^Alexandrie 
et  d*autres  places  du  Levant.  II  existe  des  collections  de 
costumes  pris  chez  tons  les  peuples  du  monde,  et  principa- 
lement  chez  les  Lombards,  ou  reventail  de  plumes  de  paon 
se  trouve  parmi  ceux  du  uioyen  Age.  lis  etaient  de  formes 
trte-variees,  consistont  d*ordinaire  en  plumes  d^autruche, 
ou  autres,  longues,  mobiles,  reunies  en  faisccau  et  Uxees 
dans  un  mancfae  dor,  d^argent  ou  d*i voire.  Cette  mode 


pasafll,  avec  qnantite  d'antrai,  d^Ittdfe  en  Aogleterre,  smis 
les  rignes  de  Richard  II  et  de  Henri  Yin,  corome  on  peut 
le  voir  dans  une  comedie  de  Shakspeare,  od  FaUtalT  dIt  4 
Pistol :  «  Quand  M"*  Bridget  perdit  le  manche  de  son  even-  • 
tail,  je  pris  sur  won  bonneur  d'affinner  que  vous  ne  raviei 
pas.  »  On  of^t  k  Elisabeth,  le  jour  de  I'an,  un  eventail  garni 
de  diamants,  que  Nichols  decrit  avec  un  soin  scrupuleux. 
Sur  le  frontispice  de  La  Femme  doU  aveir  sa  volants  ^  co- 
medie angfaiae,  imprimee  en  1616,  on  volt  un  eventail  de 
plumes,  dont  le  manche  paratt  orne  de  picrres  piicieases. 

•A  Rome  encore  aujoord'hui,  dans  les  aolennites  publi- 
qnes,  et  particulierement  dana  ih/estadi  catedra^  le  papa 
est  porte  ^ur  les  epaules  de  plusi^rs  hommes,  tandis  que 
deux  tiennent,  k  c6te  de  lui,  mais  sans  les  agiter,  d^x 
eventails  de  plumes  de  paon,  k  manches  d^voire.  Ceci  a  quel- 
que  rapport  avec  la  ooutume  des  diacres  grecs,  se  tenant  k 
c6te  du  ceiebrant,  avant  la  consecration,  et  agitant  sur  les 
offrandes  un  rtpidlon,  ou  eventail,  ressemblant  k  Pinstru- 
ment  qu*on  emploie  en  ete  dans  les  campagnes  pour  eloigner 
les  cousins  et  les  mouches  des  clievaux  qu'on  ferre.  Quel- 
quefdis  pourtant,  cet  eventail  groc  repr^ente  un  seraphm 
4  six  ailes  deployees.  Son  apparition  est,  dans  I'esprit  de  ce 
peuple,  empreinte  d*un  sens  mystique :  elle  rappelle  le  souffle 
du  Saint-Esprit  animant  les  ap^tres ;  et  la  priere  du  celebrant 
y  fait  allusion.  On  voit  dansnn  ceremonial  de  lamesse  pon- 
tificale  du  temps  du  pape  Nicolas  Y,  qu^on  se  servait  aussi 
autrefois  generalement  de  reventail  dans  les  eglises  de  nos 
contrees.  11  etaitsnrtout  en  usage  dans  I'abbaye  de  Cluny. 
On  Temployait  en  France  au  traizieme  siede,  dit  Durand, 
de  Mende,  pour  empedier  lea  mouches  de  souiUer  les  es- 
peces  sacramentelles.  En  Italie,  dit  Balzac  I'ancien,  il  y  a 
des  eventails  qui  lassent  les  bras  de  qaatre  valets. 

De  cet  incommode  ustensile  4  nos  eventails,  quelle  dis- 
tance !  de  combien  de  graces  ne.  sont-Us  pas  douea  de  nos 
jours!  Comme  on  les  dore,  comme  on  les  argente,  comine 
on  les  incrustel  comme  tantAt  le  hois  de  Sainte-Lucie,  tan- 
\Ai  rivoire,  sent  employes  avec  art  k  leur  parure  1  comme  . 
la  peinture  et  la  miniature.  Tor  et  les  pierrea  se  reunissent 
pour  les  enjoliver  1  Sous  la  regence,  tons  les  personnages 
qu*on  peut  imaginer,  tous  les  paysages  qu*on  peut  retracer 
furent  deployes  avec  luxe  sur  les  eventails,  pour  lesqiiels 
on  epuisa  \e»  phis  beaux  papiciB  de  la  Chine  el  les  tafTetas 
les  plus  distingues  de  Florence.  Une  des  dames  les  plus  spi- 
rituelles  de  la  cour  de  Louis  XY  ecrivait  4  son  amie,  AP'^de 
Steal :  a  Supposons  une  femme  deUcieusement  aimable, 
magnifiquement  paree,  petrie  de  gr&ces ;  si,  avec  tous  ces 
avantages,  ellene  salt  que  boargeoisement  manier  reven- 
tail ,  elle  aura  toujours  4  craindre  de  se  voir  Pobjet  du  ri- 
dicule. II  y  a  tant  de  fagons  de  se  servir  de  ce  predeux  coli- 
Gchet,  qu*on  distingue  par  un  coup  d'eventail  la  princesse 
de  lacomtesse,  la  marquise  de  la  rotiiriere...  £t  puis,  quelles 
(grftces  ne  donne  pas  reventail  4  une  dame  qui  salt  s'en 
servir  4  propos  1 II  serpente,  il  voltige,  il  se  resserre,  il  se 
deploie,  il  se  leve,  il  s'aba»se,  selon  les  eirconstanees.  Oh  I 
je  veux  bien  gager,  en  vdrite,  que  dans  tout  Tattirail  de 
la  femme  la  plus  galante  et  la  iliienx  par6e,  il  n'y  a  pomt 
d^omement  dont  elle  puisse  tirer  autant  de  parti  que  de  son 
eventail.  •  Ces  lignes  semblent  avoir  ete  inspirees  par  Tas- 
pect  dVn  cercle  de  dames  espagnoles,  de  la  metropole,  ou 
des  colonies,  de  toutes  les  femmes  du  globe  celles  qui  excel- 
lent le  plus  dans  ce  manege  enchanteur.  «  L*eventail,  dit 
M.  Itdouard  Fraissinet,  joue  an  r61e  important  dans  la  vie 
publique  et  privee  des  Japonais.  II  fait  parUe  du  costume 
des  deux  sexes.  On  le  voit  dans  la  main  du  soldat  comme 
dans  (^le  du  moine.  Quand  un  grand  seigneur  fait  raum<>ne 
4  un  pauvre,  il  met  la  piece  de  monnaie  sur  un  eventail. 
On  salue  4  coups  d*eventail  au  Japon,  comrae  eli  Europe 
a  coups  de  chapcau.  Le  professeur  donne  oet  objet  en  guise 
de  prix  4  ses  eieves.  Pour  annoncer  4  uncrimlnel  d*unbaut 
ning  quMl  est  condamne  4  mort,  on  lui  presente  on  even- 
tail  sur  un  riche  plateau.  II  se  met  4  genoux,  tend  les  /)ras 
versce  don  funeste,  incline  latete,  et  Texcuteur  %ui  s*est 


fiVENTAIL 

teso  prtt,  8*«T«iioe  et  U  lai  tranche  au  m^uie  instant...  » 
£n  1828  la  mode  adopta  cliez  noas  r^yentail  pour  nos 
fashkmableay  dans  les  salks  de  spectacle.  Ce  hit  k  la  premise 
representation  de  Ccrisandre  k  rop^a-Comiqae,  dans  nne 
bfililanie  soir^  d*^^  Ges  ^ventails  mascolins  re^arent  le 
nom  de  corisandres. 

Sans  Atre  le  sceptre  du  fMnde,  oommc  Ta  dit  un  poSte 
iiiiisqD4^  dn  dlx-hniti^me  sitele,  T^ventail  tiendra  sa  place 
dans  lliistoire  dee  grands  tenements  prodnits  par  de  petites 
causes  :  le eoop  d'^entall du  dey  d* Alger  a  Talu  un  sup- 
plteent  de  glotre  k  nos  amies  et  une  importante  colonie  k 
la  France.  Ooiat. 

EVENTAIL  (Tailleen),  taille  qui  donne  iinn  arbre 
la  forme  croii  ^ventail;  elle  est  plus  difficile  k  maintenir  que 
celle  en  V  ooYert,  qui  lui  a  ^  gto^alement  substitute,  car 
sa  r^gnlarit^  d^poid  d*on  plus  grand  nombre  de  branches 
m^res.  Les  arbres  dirigte  d^aprte  ce  procM^  occupent,  il 
est  'vraiy  un  espace  moindre  lat^ralement,  mais  auss!  les 
fruits  aont  moins  »Mb,  moins  expose  au  soleil,  etreffenil- 
lage  est  phis  souYent  n^cessaire.  P.  Gaxjvbkt. 

^VENTAILLISTE.  O'est  le  nom  qu'oa  donne  k  celui 
qui  f id>rJqDe  des  ^Tentails.  On  app^it  autrefois  aiusi 
can  qn  lea  Tcadaient.  Us  formaSeat  une  corporation^  dont 
la  eonMiie  #Cait  stabile  k  Sainte-Maiine.  Ses  statuts  aont 
antMeurs  k  la  declaration  d^  1073,  par  laquelle  Louis  XIV 
^rigeaplQsietin  communautte.  On  fait  les  ^ventails  en  pa- 
pier, en  talGetaa,  on  en  d*autres  dtuffes  tr^ldgires.  Les  plus 
nuples  sont  en  papier  nni,  dMae  seule  conlenr,  et  c*est  le 
Yert  qo'on  choisitordtnairemeot.  On  les  coupe  en  demi-cer- 
cles  de  diyerses  grandeurs ;  on  colle  deux  feuillerrnne  sur 
Tautre ,  et  on  laisse  s^sher.  On  fixe  le  papier  sur  on  man- 
dria  on  sur  nne  pkmehette  Men  unie,  dans  laquelle  sont 
pratique  10  4  t2  rayons,  creos^  d*un  millimMre  de  pro- 
jondeur.  On  ^barbe  le  papier  avec  un  oompas  h  pointe  tran- 
chante,  et'  avec  nn  oouleau  ^roouss^  on  passe  sur  les 
rayons  crens^,  pour  d^erminer  les  plis  do  papier ;  on  t& 
pMe  Topiration  en  retournant  le  papier  sur  la  plancbette. 

La  seconde  operation  consiste  k  introduire  des  brins  de 
boistrks-mince9,largesd'enYirun  quatre  millimetres,  entreles 
deux  feoilles  de  papier  ponr  les  souteuir,  ce  qui  se  fait  au 
moyen  d'une  aignHle  ou  sonde.  Les  fltehesou  bAtons  de  1*4- 
Tentaifse  rtonlssentpar  le  bootd*en  has,  etau  moyen  d'un 
petit  troo  qu'eny  mteage,  on  les  enfile  dans  une  petite 
broebe  de  m^tal.  S*il  s'agit  d'tSrentails  de  luxe,  les  extr^- 
naUis  de  oetle  broche  sont  gamies  de  rubis  ou  de  dflamants. 
Le  papier  de  l^dventail  est  coll^  sur  les  denx  fMches  extre- 
mes. Aprte  que  r^rmtail  est  pli^,  on  le  laisse  86cbor ;  tout 
ce  qui  exeMe  Ice  deux  grands  h&tons  est  ^barli^,  et  on 
borde  P^entail. 

On  imprimod*abord  enuoirles6?entails,  eton  les  colorie 
apr^.  Ceux  qni  sont  en  taffetas ,  mousseline,  etc.,  peuyent 
^tre  imi4,  peints an  brod^  en  or  on  en  argent;  mais  le  mon- 
tage s6  ciiit  de  la  m^me  mani^. 

La  mode  exerce  beancoop  d*empire  sur  ee  genre  dln- 
dostrie  :  on  en  fait  aussi  en  bois  prdcieux,  en  teaille,  en 
iToire;  on  les  appelle  ^entails  d'hiver, 

ToQtes  les  fltehos  d^conpte  k  jour  sont  retenues  par  im 
ruban ;  c'est  an  moyen  d'un  emporte-pUce  qu'on  fait  les 
d6ooopaies,  qui  pr^^entent  soavent  de  fort  Jolis  dessins. 
Cette  indastrie ,  en  apparence  si  fbtile,  entre  dans  les  expor- 
tationsannndlM departs  poor  une  somme  de  prte  de  trois 
minians.  Orftee  k  I*hali0et4  el  an  goOtdes  ^ventaillistes  pa- 
risieDs,  TEnrope  entitoe  est  deyenoenetro  tribntaire pour 
oet  ohjct;  mala  c'est  en  Chine  que  i'on  feit  les  ^entails 
les  plus  d6Ucats  et  les  pins  remarquables.'Mous  en  aTonsTU 
Tendreen  Angleterre  jusqn'ii  vlngt-cinp  loots  lapitee. 

V.  Db  MoLtoN. 

iSVEKTS  (Zooiogie).  On  donne  ce  nom  anx  onver- 
tores  par  lesqueUes  les  e^tae^s  appel6s  smtffieurs  rejet- 
teat  rean  qui  entre  dans  lenr  botiche  avec  leor  proie. 
«  Oette  eaa  9  dit  6.  Curler,  passe  dans  les  narines  au  moyen 
d'one  dispoaitiop  particniidre  du  Yoile  du  palais,  et  s*amasse 


—  EVilQUE  t7S 

dans  nn  sac  plae^  a  Torifice  exterieur  de  la  cayit^  du  nes, 
d'od  elle  est  chass<^e  ayec  riolence  par  la  compression  de 
muscles  puissants,  au  trayers  d'une  onyertore  6troite  plact^e 
au-des^s  de  la  tAte.  »  N.  Clermont. 

JEVEQUE.  An  plus  haut  degr^  de  r^belle  bi(^archique 
de  rj^glise  se  trouye  plac6  Vivique^  en  qui  reside,  dtsent 
les  th^ologiens,  la  plenitude  du  sacerdoce,  c'est-^i-ilire  des 
pouyoirs  oonf6rte  par  J^us-Clirist  k  ses  apOtres.  Le  carac- 
t^re  dont  11  est  reyMu,  c'est  V^piseopat;  Tdtendue  Jo  sa 
juridictlon,  c'est  r^t;^cA^.  Dans  les  premiers  si^des,  les 
^y^qves  ^talent  appel^  apdtres ,  anges  de  VJtgHsefpapes 
ou  pdres,  pontifes ,  etc.  Le  nom  ^^ivique  (itimu&ttft^ ,  sur- 
yeillant,  surintendant)  d^signait  moina  le  rang  on  le  carac- 
t^  que  la  charge  pastorale,  le  soin  de  veUler  au  saint  du 
troopeau.  Cest  un  terme  empruntd  par  r£glise  aux  paiens : 
les  Grecs  d^ignaient  ainsi  les  inspecteurs  qu*ils  enyoyalent 
dans  les  proyinces.  Les  Latins  app^ient  ^alement  epis^ 
copi  des  magistrals  charge  dinspecter  le  pain  et  les  yjvres. 
Cic^ron  ayait  exerc^  ces  foncUons  :  episc(^nis  ora  Campor 
nUe.  DH  le  temps  des  apdtres ,  nous  voyons  ce  titre  donn^ 
k  de  simples  prfttres,  auxquels  ^tait  confi^  une  partie  de  la 
joridiction.  Alors  aussi,  les  4y6quc8  sont  quelquefoh  d^si- 
gnds  sous  lenoni  de  jE)rtf/r6s(irpe(r€0Tspoc,  yieillard )  :  c*est 
le  nom  que  se  donne  saint  Jean  dans  ses  deux  demidres 
^pttres;  samt  P«ml,  parlant  de  Tordination  6piscopale  de  Ti- 
moth^e,  rappelle  tmpo^i^ioiiem  manuum  preshyterU.  Ce 
nom  yenait  de  I'Age  ayanc^  dans  lequel  on  choisissait  ordi- 
nairementles  ^y^ques  et  les  prfitres;  c*^it  d'ailleurs  une 
quaUfication  honorifique  donnte  a  toute  personne  de  dis- 
tinction ,  quel  que  fOt  son  Age ,  comme  chez  nous  le  nom  de 
seignewTf  qui  yient  de  senior  (ancien,  yieillard). 

De  ce  qoe  les  noms  de  pr^tre  et  d'6yAque  out  ^ 
alors  appliqv^s  iudistinctement,  on  anralt  tort  de  conclure, 
ayec  les*  protestants  et  les  presbytiiciens,  qii*il  n'existait  au- 
cune  difference  entie  T^iscopat  et  la  pr^trise.  11  pouyait  y 
ayoir  confusion  dans  les  noms ,  dit  saint  Thomas,  mais  non 
dans  le  caract^re.  De  tout  temps  l'£gKse  a  yu  dans  les  ^y^ues 
les  h^ritiersdes  apOtres,  etdans  les  prfttres  les  continualeurs 
des  soixante*donze  disciples;  et  personne  Usantr£yangile  ne 
sera  tentd  de  dire  qu'il  y  ait  en  ^alit^  de  pouyoirs  entre 
les  onset  les  autres.  Saint  Paul,  ^tablissant  Tite  ^v4que 
dans  I'tle  de  Cr^ ,  le  charge  d'instltuer  dans  cheque  yllle 
des  prStres  sur  leaquels  il  aura  pleinejuridictlon  :  car  c'est 
k  lui ,  comme  joge  natarel ,  que  doiyent  tin  adress^  les 
plaintes  qu'il  u*est  tenn  de  reoevoir  que  snr  la  deposition  de 
deux  on  trois  ttoioins.  SelonaainlIgnace,l'^y6que  pr^ide 
dans  I'^glise  comme  le  repr^ntant  de  Dim,  ^.les  pretres 
y  tiennent  la  place  du  s^aat  apostoliqne,  Tertullien ,  d'accord 
ayec  les  canons  des  apdtres  et  les  d^ision^  de  plusieurs  con- 
dies,  yecit  que  les  prdtres ,  aussi  bien  que  les  diacres,  ne 
fassent  rien  sans  le  consentemontde  ^'^y^ue.  Saint  Cdleslin , 
partant  du  principe  que  le  disciple  n'est  pas  au<dessus  du 
maltre ,  yeut  que  lea  prfttres  soient  soumis  aux  ^dques. 
C*est  le  sentunent  unanime  des  P^res.  D'aillenrs  ^  k  partlr  du 
second  si^cle  toute  ambiguity  cesse^etehaque  ordreprend 
exclosiyement  le  nom  qu'il  a  conserve  jusqu'i  ce  jour. 

Par  rinstitution  de  Jdsos-Christ ,  les  ^ydques  ont  ^t^ 
etablis  pasteurs  des  ftmes.  «  lis  sont,  dit  I'^criture,  consti- 
tute intendanta  par  r£sprit-Saint,  pour  gouyemer  r£gUse 
de  Dieo.  »  L'autorit^  qu'ils  exercent  est  attach^  k  leur  ca* 
raet^  et  leur  yient  de  bieu  mdme,  tandis  que  la  juridic- 
tion  des  prdtres  n'^mane  que  de  I'^dque,  et  ne  pent  ^tre 
exere^  que  sous  sa  directfon.  Les  6y6ques  sont  done 
n^ceasaires  k  I'^gliae,  non-aeulement  pour  lui  assu^  la 
continuity  du  miniature,  et  transmettre  par  I'ordination 
la  misafon  qo'ils  ont  roQoe  de  J^us-Chriat,  mais  encore 
pour  prteider,  gooyemer,  jugar  et  smyo&Uer.  lis  sont  tons 
^ux  en  pouyoir,  parce  que  tons  ont  re^o  la  plenitude 
dn  sacerdoce;  ce  qui  n'emptehe  pas  qu'il  y  ait  entre  eux 
des  prominences,  dee  degfte  de  jnridiction  et  d*konueur, 
sniyant  Timportance  des  si^es  qu'ils  occnpent  Au  dessns 
de  tous  s'^^ye  le  pontife  remain,  le  pape,  dont  rautoril^ 


1 76  fivfiQUE 

ft^dtendear  tout  l*uniTera,  et  auquel  se  ralUent  tous  les  auties 
^T^oes  comme  aatant  de  rayons  ^  un  centre  conunun.  Les 
aufres  distinctions  onl  ^t^  introduites  par  I'asage.  Quatre 
prtiats,  sous  le  titre  de  patriarches,  se  partagealent 
autrefois  TOrient  :  c^dtaient  les  ^T6ques  d*Antioche ,  d*A- 
'exaudrie,  de  Jerusalem  etde  Constantinople;  I'Occident 
n^ayait  d*autre  patriarcheque  le  souverain  pontife.  Venaient 
ensuite  les  primats  ou  exarques,  puis  les  nUtropo- 
iUains  ou  areheviques ,  at  exi(ia  les  simples ^Tftques. 
lies  titres  de  patriarche  et  de  primat,  qui  emportaient  autre- 
faig  oaie  juridiction  r^le,  ne  sont  plus  aujourd*hui  que  des 
distinctions  honorifiques. 

Oans  les  premiers  temps,  tout  le  peuple  dtalt  appeld  h 
4\\re  les  ^T^es  et  les  prindpaux  pasteurs  de  r£glise;  mais, 
&  cause  des  troubles  inseparables  de  ces  r^i^ions  populaires, 
•dilT&rents  conciles,  depuis  celul  de  Laodicte  au  quatritoie 
^i^cle  jusqu*^  celui  de  Latran  en  1215,  restreignirent  et 
«upprim6rent  les  droits  61ectoraux  des  laTques;  le  clerg6 
mime  seTit  pen  h  pen  d^poss^d^.  D^jkan  tem(i9  de  la  prag- 
matique  sanction ,  sous  Charles  Yll,  les  seuls  chapitres  des 
mdtropoles  et  des  cath^ales  <&lisaient  leurs  6^6ques;  enfin , 
les  chefs  de  r£tat,  qui  s^^ient  toujours  rtery6  une  large 
part  dans  les  Elections  episcopates,  out  fini  en  France,  par 
se  les  attribuer  exclnsiyement  :  le  concordat  passd'entre 
L^on  X  et  JFran^is  I"  donne  au  roi  seul  le  droit  de  nommer 
aux  ^Tfiches  et  archeYtehes.  Aux  termes  da  concordat 
de  1801»  «  le  prfitre  nomme  par  lechef  deT^tat  doit  faire 
«es  diligences  pour  rapporter  Tinstitution  du  pape  ».  Jusque 
U  il  ne  peut  exercer  aucun  acte  de  juridiction.  Dte  qu'il  a 
-re^u  ses  bulles,  il  doit  se  foire  sacrer  dans  le  temps  prescrit 
par  les  canons.  Le  sacre  pour  6tro  legitime,  non  pas  pourtant 
«ous  peine  denullitd,  doit  etre  fait  par  truis  autres  ev^qoes, 
dont  un  cons^crateur  et  deux  assistants,  Les  omements 
distinctifs  que  T^lu  re^oit  h  son  sacre  sont :  l"*  la  crosse , 
houlettepastoralei  aTeclaquelle  il  doit  conduire  letroupeau 
de  jesus-Christ;  2^  I'anneau,  signe  de  Talliance  quMl  con- 
tracte  avec  l^lise;  3°  la  croix  pectorale,  nouveau  ratio- 
nal, qui  montre  en  lui  le  repr^sentant  d'un  Dieu  crncifie; 
4^  la  ffii/re,  sorte  de  couronnei  symbole  de  sa  souverai- 
nete  spirituelle. 

Lesth6ologiens  dlstingnent  dans  r^vfique  deux  sortes  de 
pouToirs :  Tun  attache  a  son  caract^,  et  qn^s  appellent 
ptmvoir  dTordre;  Tautre  attache  ^son  siege,  et  quails  nom- 
ment  pouvoir  de  Juridiction,  Les  fonctions  qu'il  remplit 
en  Yertu  de  ce  double  pouvoir  embrassent  tout  Texercice  de 
la  religion  chretienne.  Aux  cinq  sacrements  quMl  administrait 
comme  pretra  se  joignent  les  deux  autres ,  dont  il  est  de- 
▼enu  leministre  ordinaire,  la  confirmation  et  Tordre. 
Juge  natorel  en  matiere  de  religion ,  il  dedde  les  questions 
de  foi,  il  interprfete  r£criture,  il  prononce  dans  les  conciles, 
il  examine,  approuye  ou  oondamne,  dans  son  dioctee,  les 
ouvrages  qui  se  publient  sur  la  religion.  Gardien  de  la  disci- 
pline, il  fkit  les  statnts,  mandements ,  ordonnances ,  qu'il 
croit  propres  h  en  assurer  le  maintien ;  il  dispense  des  canons 
selon  les  canons  memes,  et  quand  Pinteret  de  I'^glise  le  de- 
mande,  il  juge  les  fautes  des  eccKSBiastiques  et  punit  les  cou- 
pables  par  des  pclnes  spirituelles :  il  peut  interdire,  suspendre, 
excommunier,  al»soudre,  etc.  Chef  du  tronpeau,  tl  choisit 
les  cooperateurs  qui  doivent  travailler  sous  sa  direction  au 
salut  des  Ames :  il  les  ordonne ,  et  leor  assigne  le  poste  qu'il 
Teat'qu*ils  occupent.  En  France,  cette  partie  ie  la  jcridic- 
Hon  episcopale  est  ainsi  limitee  par  les  lols  :  «  Lea  evdques 
nomment  aux  cures ;  leur  clioix  ne  peut  tomber  que  sur  des 
personnes  agreees  par  le  chef  de  T^tat » ( Concordat  de  1801 , 
artX.) 

«  Le  devoir  d*nn  pasteur ,  dit  le  concile  de  Trente,  est  de 
eonnattre  ses  brebis,  d'ofTrir  pour  elles  le  sacrifice ,  de  les 
nourrir  par  la  predication  de  la  parole  divine ,  Padrainis- 
tratioQ  des  sacrements  et  Teiemple  des  bonnes  ccuvres ; 
de  prendre  un  soiii  patemel  des  pauvres  et  des  niallieureux ; 
de  s*acquitter,  enfin,  de  toutes  les  fonctions  de  lachargepas- 
leraie;  choses  -que  ne  peuvent  foire  oeux  qui ,  au  lieu  de 


—  EVERETT 

veiller  sur  leur  tronpeau,  Tabandonnent  comme  des  merce- 
naires.  »  Le  concile  declare  done  que  tous  les  preiats,  quels 
que  soient  leurs  titres  ou  leurs  dignites ,  sont  tenus  de 
Holder  en  personne  dans  leur  dioc^.  Pui«,  ilest  dit  «  quiis 
devront  avoir  soin  de  visiter  leur  dioc^  par  eu\-memes , 
ou,  slls  en  sont  empecbes,  par  un  vicaire  general.  Le  but 
de  ces  visites  doitetre  d'etablir  la  saine  doctrine,  de  raain- 
'  tenlr  les  bonnes  mmurs,  de  corriger  les  vices  et  les  abas, 
!  de  ramener  le  peuple  par  des  exhortations  et  des  avis  k  la 
I  religion  et  k  Tinnocence.  »  D'accord  en  cela  avec  le  concile 
de  Trente,  les  articles  organiques  disent  que  «  les  evftqaes 
sont  tenus  de  resider  dans  leur  dloc^,  et  ne  peuvent  en 
sortir  qu'avec  la  permission  du  chef  deT^tat  «.  Puis  :  «  lis 
visiteront  annuellement  en  personne  une  partie  de  leur  dio- 
cese, et  dans  Tespace  de  cinq  ans  le  diocese  entier.  En  cas 
d^empechement  l^time,  la  visite  sera  faite  par  on  vicaire 
general.  » 

L'eveque  qui  ne  peut  rempltr  tous  les  devoirs  de  repis- 
copat  obtient  un  coadjuteur  ou  un  auxilkdre  :  oesont 
des  eveques  qui  exeroent  en  son  nom  les  fonctions  episco- 
pales,  raaisqui  n^ont  de  juridiction  que  celle  qu'il  leur  donne 
en  qoalite  de  vicaires  generaux.  Comme  on  ne  peut  nommer 
deux  eveques  pour  le  meme  siege ,  ni  ordonner  un  eveque 
sans  eglise ,  ces  preiats  re^ivent  le  titre  d'ane  des  egMses 
qui  sont  sous  la  puissance  des  infideies,  ce  qui  leur  fait 
donner  lenom  d'eveques  in  partihus  inftdelium,  insUtution 
qui  date  des  croisades.  Un  coadjuteur  succede  de  droit  k 
reveque  qu*il  seconde;  il  n*en  est  pas  de  meme  des  simples 
auxUiaires.  Le  chapitre  imperial  de  Saint-Denis  compte 
d'anciens  eveques  parmi  ses  membres. 

L'abbe  C.  Baitdbvillb. 
EVERDINGBN  (Alubht  VAif),ceiebrepaysagistebol- 
landais,  ne  en  1621,  mort  en  1675,  eut  pour  roaltres  Rolaod 
Savery  et  Peter  Molyn,  mais  profita  encore  plus  de  retud« 
attentive  et  constante  qull  fit  de  la  nature.  Dans  ses  ma- 
rines, il  excellait  k  rendreavec  one  frappante  verite  Tagi- 
tation  de  la  mer;  on  a  aussi  de  lui  des  vues  de  forets  d'une 
teinte  sombre  et  tout  k  fait  dans  la  nature  du  Nord,  qui  sont 
de  vrais  chefs^'cenvre.  D*ailleur8 ,  II  ne  reprodulsait  pas 
avec  moins  de  bonbeur  les  scenes  gradeoses  desforets,  avec 
de  beaux  elTets  de  soleil.  On  admire  notamment  les  toUes 
dans  lesquelles  11  a  reprodnit  laiuatore  agreste  et  sauvaga 
des  montagnes.  Par  leur  conception,  eminemment  poetiqne, 
les  tableaux  de  cet  artiste  laissent  une  impression  ineflk^ble ; 
et  il  en  existe  un  grand  nombre  dans  les  musees  de  Berlin, 
de  Dresde ,  de  Munich ,  de  Y ienne ,  de  Copenhagoe,  etc. 

Rverdingen,  homme  pieux  et'spirituel,  av^t  etodie  la  tbeo- 
lugie  et  remplissait  les  fonctions  de  diacre  dans  regltse  re. 
formee  de  sa  ville  natale.  II  s*exerQa  en  outre  dans  la  gra- 
Ture  sur  ciiivre ;  et  on  estime  particuUeremeat  les  planches 
quMl  composa  pour  le  poeme  de  Relnecke  der  Puehs, 

Son  frkn  afne,  C^ar  van  EvBanmoBrc,  ne  k  Alkoaaer, 
en  1606,  mort  en  1679 ,  se  distingua  comme  portraitiste  et 
anssi  comme  |)eintre  d'histoire  et  dVchitecture. 

Un  troisieme  Mm,  Jan  van  EvEamRGEN,  ne  en  1635 , 
fnt  avocat,  roais  n*ena  pas  moins  laisse,  lui  anssi,  qnelqoes 
tdles  remarquables. 

EVERETT  (Albxandrb-Henri),  honune  d*fitat  ameri- 
caln,  ne  dans  T^tat  de  Massachussets,  et  flls  d'un  respectable 
ministre  protestant,  fit  k  Boston,'et  plus  tard  k  roniversite 
d'Harward,  k  Cambridge,  les  etudes  qui  devaient  Tinitier 
k,  la  vie  Ipubliqne.  Nomnoe  en  1818  envoye  des  ^tats-Unis 
de  TAmeriquedu  Nord  k  La  Haye,  11  passa  en  la  meme  qua- 
lite  en  1825  k  Madrid.  Les  negociations  anxquelles  il  lai  fat 
donne  de  prendre  part  Tlnitierent  k  la  oonnaissance  des  secrets 
de  la  politique  earopeenne,  et  lui  foamireat  le  fond  d'un 
ouvrage  qu*il  poblia  sans  nom  d'anteor  sous  le  litre  sni* 
vant :  Europe,  or  a  general  survey  qfthe  present  titua' 
Hon  of  the  principal  powers :  with  coi^ectures  on  their  fu- 
ture prospects  (IBoston,  1823 ).  II  y  examinait  la  situation  res- 
pective des  differentes  puissances  do  TEuropc ,  et  signalait 
la  lutte  qui  s^est  etablie  entre  les  princes  et  les  peuples,  les 


EVERETT  -  STICnON 


pour  b  eooaorfalloB  de  Icar  pottroir  dsspoUque, 
iei  anires  poor  roMentkn  de  U  liberty.  SniYaol  lui ,  cetie 
k^  doit  InftflliblciiMnlse  terminer  par  la  Tictoire  despea* 
pleiy  attendn  que  la  dTil:tatk>n  oe  peot  af^onnThui  que  pro- 
gmser,  et  que  les  progrte  de  la  dTlHntioii  amteent  k  leor 
toile  h  Ubedk  politiqae.  Anssi  conwOlel-ii  aox  princes  d^a- 
dopier  on  sage  systteie  de  oonoessionst  alls  ne  veoleat  pas 
aVxposer  k  ime  perte  in^Titable.  Comme  corollaire  k  oet 
oorrage,  il  fit  paraftre,  en  18)7,  im  antra  toil  tntltnid :  Ame- 
rice,  or  a  general  iurveff  €/  the  polUieal  situation  of 
tie  several  powers  of  the  western  eoniineni  (Pbiiadel- 
phicy  l&17)y  dans  leqael  U  ilpialait  d^j^  les  dangers  dont  la 
pr^pondtenoetoiqours  croiasaota  de  la  Rossie  menace  Tin* 
dependence  de  l*£urope.  II  pnbUa  ensnite,  et  cette  fois  en 
J  mettant  son  nomy  ronrrage  Intitol^  :  JVeio  ideas  on  po- 
piUation^  with  remarks  on  the  theories  qfMaUhus  and 
Godwin  (Londrea,  isas),  oA,  contrairement  k  Topinion  des 
fonomistes  anglais,  il  ^tablit  de  lamanlto  la  plus  pdremp- 
toire  qoe  font  accroissement  de  popniation  a  pour  r^ltal 
08  accrofaseinent  de  production;  qne  les  moyens  de  subsis- 
tanoe  sent  toujours  en  rapport  eiact  aTOC  le  chfffre  des  po- 
pulations ^nourrir;  eniln,  qne  la  panvret^  et  la  bmine  pro- 
Twnnent  d^autres  causes  qoe  de  la  snrabondance  dela  popo- 
latioQ 

La  MbSie  du  paiti  whig  et  Farrirte  anx  afiUres  da  prdsl- 
dent  JackaoB,  repr6senlant  do  parti  ochlocratUpiet  mit  fin  ^ 
Il  la  canttn  politique  de  Henri  Everett  II  rentra  alorB  dans 
la  Tie  privte ,  et  se  retira  Boston,  oft  il  pnblia  Jusqu'en  183& 
le  Jfarth  American  Beview^  que  des  besoins  d'argent  le 
fMvkeot  alors  k  Tcndre.  Les  prindpanx  articles  qn'il  adonn^ 
kedk  Reme  out  M  r^unis,  en  1846,  sons  le  litre  de  Critical 
and  mlsetllaneoMS  Essays  ( Boston ). 

ETERETT  (Eoodaro),  fr^re  cadet  du  prMdent,  est 
B^en  anil  1794,  k  Dorchester,  dans  l*£tat  deMassacbnsetts, 
stadia  b  thtelogie,  et  obtint  dte  TAge  de  Tingt  ans  nne 
place  de  ministre  de  T^glise  unitaire  k  Boston,  oA  il  se  fit 
one  Idle  reputation  que  trois  ans  plus  tard  on  lui  ollrit  la 
cliaire  de  langne  et  de  litt^rature  grecque,  nouvellement  cr^ 
k  PofliTersite  de  Cambridge.  Sentant  alors  le  besoin  d*aller 
etadnr  rantiquit^  snr  place,  il  s'embarqua  pour  FEurope 
en  18U,  et  alia  d'abord  passer  qndqne  temps  k  Gflstihigne. 
£b  1817  il  Tint  ^  Paris,  et  de  lA  se  rendit  k  Londres.  Aprto 
SToirparcoura  Tltalie,  UGrteeetunepartiede  la  Turqnie, 
fl  reriot,  en  1819,  anx  £tais-Unis  occuper  enfin  la  chafare  qui 
Im  sTait  M  oonfi^  A  qudque  temps  de  U  il  prit  ansd  la  \ 
rMaefion  en  chef  du  Aor^A-ilmericati-ilevieiP,  recueil  qui 
MXBsa  Erection  parrint  k  unegrande  popalarii6,etdatts  1^ 
qnd  il  se  chaigea  surtootde  dd'endre  les  moenrs  et  les  ins- 
tihitians  de  eon  pays  contre  les  attaques  et  les  railleries  des 
touriilet  anglais.  Hari^  k  one  femme  riche,  une  telle  po- 
sition ne  poirrait  cependant  suflire  k  son  actiTit6  intdiee- 
tacDe,et  B  rtelut,  en  cons^uence,  d*aborderle  tenrain  de 
ki  pditique.  £lo  membre  du  congrte  en  1824,  fl  y  fit  pen- 
dant <fix  ana  partie  de  la  cbambre  d«  repr^sentants ,  et  s*y 
nontra  eonatamment  ledtfenaeor  des  malheureox  Indiens , 
it  indjgnement  opprimds  par  lal^slaUon  am^ricaine.  Goo- 
Temenr  du  Massachusetts  de  1834  k  1887  par  trois  Aee- 
lions  soceesdTes,  U  futnomm^,  en  1841,  enToy4  extraordi- 
naire et  miBfatre  pl^ipotentiaire  k  Londres,  et  consenra 
inM|n*en  1846  ses  importantes  flbnctlons.  Plus  tard,  il  fut 
cbdri  parte  prMdent MUlard  Fillmore  pour remplacer 
M.  Webster  en  quatil^  de  atar^lafae  d*£ut.  Esprit  Infini- 
neat  cuRire,  taiTain  si  bien  nomri  de  Pantiquitd  qne  ses 
compalriotes  Font  suraommA  the  elassieai  Everett^  U  a 
tM  k  \k  tentation  de  (aire  imprimer  qodques-nns  de  ses 
tiioounan  eongrte;  et  tout  rtamment  encore  on  a  poblld 
deloi :  Orations  and  speeches  (1.  toI.;  Boston,  1850). 

£VERGi:TE  (en  gree  EAcpr^ni^  e*cst-Mire  te  Uenfld- 
Icor), samom  dePtoldm^ellletdePtoiem^eTII. 

JfiVCRGETES^  en  greo  ECcpT^rat,  c'est-k-dire  les 
Heif/oiMiils.  On  appdalt  aivl  la  petite  penplade  des 
Agriasres  00  Arinuuipes,  dans  la  DrargiaBe,  prorincede 

eicr.  DB  lA  coinms.  *  t.  ii« 


ITT 

Perse,  paroe  qn'antrelbis  fls  aTaleat  emp8di4  Cyrus,  fils  de 
Cambyse,  et  son  aimte  de  pMr  de  fidm  dans  les  dterts, 
en  leor  amenant  des  oonTols  de  TiTres.  Ilsjouissaient  d^one 
consUtntion  politique  fort  sage,  toot  k  fait  dicn^rente  de 
cdle  de  leors  Toislns,  et  qu*Alexandre  te  Grand  lui-mtoie 
crat  derolr  respecter. 

£VflU£ll£R£  (engTBcEiMiiupocKphilosopbe  deF^cole 
cyr^aiqoe  et  disdple  de  Bio)D ,  qui  acquit  one  grande  cd^ 
bril4  dans  l*antiquit4  par  les  efforts  qu^il  fit  pour  explique) 
Forigine  descroyances  rdigleuses  desGrees  par  les  bonneurs 
rendos  dans  le  prindpe  k  des  bommes  puissants  on  bienlU- 
sants.  On  ne  connatt  pas  an  Juste  sa  patrie  t  les  nns  pensoit 
qu'il  ^tait  de  Messtoe  ou  de  T^e^ ;  d'autres  le  font  nattre 
dans  nie  de  Cos  ou  li  Agrigente,  et  cette  demited  opfaiien 
estiaplusiaccrMil^Il  T^tenriron  300  ans  STantJ.C,  sous 
le  r^e  de  Cassandra,  roi  de  Maoidoine ,  qui  lui  aceorda 
toute  sa  oonfiance,  et  le  fit  Toyager  Jusque  sor  Foeten  Indlen. 
Dlodorede  Sidle,  au  line  T,  et  Eus&be,  dans  sa  Pripara^ 
tion  ivangiligue,  nous  ont  conserr^  de  lui  de  prteieux  (irag- 
ments';  mids  ce  qu*il  nous  rapporte  d*une  lie  appdte  Pan- 
chaie,  d'un  temple  de  Jupiter  Tripbylien,  et  d'une  eolonne 
d*or  sur  laqudle  ce  Dieu  aurait  fidt  graTer  ses  exploits,  avee 
la  Tie  et  la  mort  de  Satume,  d*Apdlon  et  dee  antras  dienx, 
a  6iA  Justement  regard^  comme  une  histdre  faiTent^  par  lui 
k  pldsir  pour  d>ranler  les  croyances  du  pa^misme  et  fonder 
sa  philosophie.  Telle  a  ^td  Fopinlon  de  Calllmaque,  da 
Polybe  et  d'&ratosth^.  Ansd  tTbtoire  fot>U  souTent  qua- 
lifi^  d^athte;  maSs  quand  Tint  le  chiistianisme,  les  Pftras 
de  l^ise ,  pour  combattre  te  paganisme,  &*emparftrent 
aTcc  empressement  de  son  ouTrage ;  sa  doctrine  prit  dors 
le  nom  ^h>Mmirisme*  Tertullien,  sdnt  CMment  d'Alexan- 
drie,  Minudos  Felix,  sdnt  Cyprioi,  Lactance,  sdnt  Jean 
ChrosystOme,  forent  des  ivhSmiristes.  Phistaid,  Vusdnset 
Bochart  prdtendlrent  recomiattre  ohei  les  H^brenx  et  dans  la 
Bible  les  types  de  tons  les  dieux  mytbdogiques.  Ennlus  a 
mis  en  Ters  latins  riiistoira  sacrte  d'^Tbtoite. 

P.  M  Gota^T.    i 

|VH1^£rISME.  roires  tTnfate. 

EVIADESyondesnoms des  bacchantes,  ddriT<d*A- 
Tins,  sumom  de  Bacchus. 

£VIANESlf  IStes  de  Bacchus,  qu'U  ne  font  pas  con- 
fondre  stcc  les  Dion  ysia que s.  CbeilesiTianes,  peuple 
de  Maodduine,  dont  lonom  rappdle  cdul  d^ivins^  doan6 
k  'Bacchus,  les  CAtes  de  ce  dieu  se  passdent  an  miUeo  des 
danses  et  des  eicte  dn  Tin.  Il  y  pardssait  entres  autres  deux 
danseurs  qui  se  liTraient  un  combat  slmuM,  an  son  de  la  flOte. 
L*un  figurait  un  paysan  occupy  k  labourer  son  champ;  U 
aTait  ses  armesauprte  de  lui.  L'antre  reprfeentaitun  solUat 
enneml ,  cherchant  i  sorprendre  le  labonreur.  Cdui-d  dte 
qull  aperooTait  te  soldat  quittdt  sa  chamie,  saidssait  ses 
armes,  et  te  combat  s*engagedt  de  mant^re  qne  les  eombat* 
tants  sembldent  se  porter  et  receTdr  des  coups,  se  blesser 
etse  mutUer.  Atli'^n^  appdie  cette  danse  accompagi^ede 
chants  hyporch^matique.  II  dit  qu*dle  ^tait  fort  en  Togne 
du  temps  de  Phidare,  et  qu'dle  oensistdtfk  repr68enter  par 
des  gestes  appropri^s  ce  que  d^ignaient  les  paroles  que  I'on 
chantdt  X6nopbon ,  dans  son  Anabasis^  dicriTant  I^  lepas 
que  lui  donna  Seothte,  rd  de  Thrace,  raconte  Fextention 
de  deux  danses  semblables.   .  Tb.  DauAan. 

Eviction  9  action  d'dvincer,  ddpossesdon  dHm  im- 
roeuble  ordonn^  au  profit  du  Triable  propridtaire,  au  pr6* 
Judice  de  odui  qui  possdddt  en  Tertn  d*un  acta  de  Tente, 
d*^change  on  de  partage,  consenti  par  un  individn  r^mt^ 
propridahe.  L*ddc<ion  donne  toujours  lieu  li  la  restitution 
du  prix  de  Funmeuble  de  la  part  du  Tendeur  au  profit  de 
Facqo^reur,  k  mdns  que  celui-d  n*dt  connu,  lors  de  la 
Tcnte,  te  danger  de  F^icfloit,  et  qu^il  dt  adietd  2i  ses  ris- 
ques  et  pMs.  EUe  est  senlement  une  cause  de  rdslliatioB  de 
teTenle  lonqu^dle  n*^  lieu  que  pour  une  partiede  Fimmeuble 
Tendtt,  et  qu*dle  est  d'une  Idle  eons^uence  rdatiTement 
an  tout  que  Facqu^reur  n^dkt  point  achd^  sans  la  partie 
dont  fl  est  Mnct.  Dans  ea  cu.  et  loraqne  la  rMliation  n'a 

S3 


1 


)78 

pat  Deo,  Pfteqii^rMir •  ^Ml  in  Mmboonancttt  do  prix  de 
la portloii  doBtll  est  Miie6,  rafnnt  n  taleor  k  Tdpoqae 
de  VMetUm.  EmnalMra  d'Miange,  le  eopermmtant  (oo 
nomme  oopermntaBto  eeox  qot  op^rent  entre  eox  Tiehaiige 
d'tineeboae  poor  une  autre)  qui  est  ^viiietf  ale  droit  der6- 
p6ter  sa  cbote  on  de  rMamer  des  dommageBet  tat^ieti.  En 
mature  departage,rMeliofi  domieUeu  liuneindemiiMde 
ja part dfli ooMritleri  CO IkTeur de  VMMetMne^. 

l^VIDENGE  (mot  empmnt^dtt  latin,  et  dont  leTeiiie  vi- 
ciere,Toir,ettUraefaie).QuandlaT6rit4t*offire2ino8  regards, 
eUe  noosapparalt  enTironnte  d\me  luml^  pure  et  resplen- 
disiante,  qui  nous  permet  de  la  reconnattre,  et  contraint  irr6- 
flistiblement  notre  esprit  2i  l^dmettreet  k  b  prodameroomme 
u  soineraine.  Cette  Iumi6re  dont  la  tMIA  est  rerttue 
quand  eUe  se  manifeste  k  nous ,  ^aX  VMdenee.  Teiiste',  le 
solen  kit,  'out  ce qui  aeommeno6  d'exislera  une  cause  de 
son  existence,  le  tout  est  ^gU  k  la  rtanion  de  see  parties, 
torn  lea  eoipe  sont  p1ao6s  dans  Tespace,  etc.,  etc.,  toO^  au- 
tant  de  propositions  ^ridentes,  c*est<4i-dtre  qui  ont  pour  ca- 
nette  propre  de  commander  notre  assentimoit  et  de  pro- 
toquerune  adhMm  ibrme  el  InAiranlaUede  notre  espritaox 
▼Mt^  qn'elles  contiennent  L'^ridence  n'est  done  point  en 
nous ,  mais  hors  de  nous;  c*est  nn  attribot  non  de  nos  Ju- 
gerocnts,  mais  de  la  wMU;  e'est  leflambeau  dont  eile  marcbe 
pr^eMte,  et  qui  ^taUlt  une  sublime  communication  entre 
elleetles  intelligences.  Ce  qui  lol  r6pond  en  nous,  c*est  la 
certitude  ferme  et  iuTariaUe  qu*elle  produit  dans  notre  es- 
prit Demtaie  qnH  y  a  deux  sortes  de  rMii^  les  ▼Mtte  de 
Ml,  eomme/ejrttle,  Je  pmue^  iifnU  ntat^  U  fait  jour^  et 
leBYMtederaison,eommeoenes-ci :  deuxquantltSt^ales 
d  ifiie  traUHmesont  igaUs  enire  elltt;  tout  Mnement  te 
pfuse  dont  le  tempi;  de  meroe  on  distingue  deux  sortes 
d'dridence ,  VMdence  defait  et  VMdence  de  ralson.  Mais 
IMat  de  Pone  n'est  pas  moindre  que  YMaX  de  Taulre ,  car 
les  Mtssont  admis  par  nous  avec  antant  de  certitude  que 
lea  premierB  principes,  et  nous  n'^tabtissons  cette  distinction 
qu'en  consld^rant  I'^Tldence  par  rapport  aux  yMUs  qu*eUe 
Maire  et  qui  sont  de  deux  ordres  difi^rents,  les  T^rit^  con* 
tlngaataa  et  lea  yrMUe  iiteessaires. 

L'^fldence  de  ralson  pent  elle-mtaie  Mre  consld^rfe  sous 
deux  aspects:  OB  bien  la  proposition  qui  contient  une 
T6rit^  est  comprise  Immediatsment  sans  qu'cDe  alt  besoin 
d'Mre  prMdde  dViutres  propositions  qui  I'telairdssent  et 
Ini  serrsnt  de  preure.  AinsI,  cette  proposition :  le  tout  est 
igdth  la  tomfM  de  see  parties  ^  n*a  besoin,  poor  ^tre 
admlse,  d'aucnne  autre  proposition ;  alors  rdridence  estdite 
immMate,  Mais  le  plus  souvent  une  proposition ,  quolque 
aussi  TTsie  que  les  a  xl  omes,  dont ,  an  reste,  elle  ne  doit 
6tre  que  Tapplication ,  ne  manifeste  pas  8ur4cHcliamp  la  t^ 
rit6  qu'eOe  renferme ;  II  Cant,  pour  qu'elle  derlenne  ^ridente, 
Palde  et  llntermMlalre  d^antres  propositions  qui  nous  mon- 
trent  sa  rdation  avee  le  principe  drident  dont  elle  n'est 
qu'une  forme,  qn'une  application  nouydle  t  en  un  mot, 
die  a  besoin  d*ttre  d^montrte.  Mais  au  moyea  de  cette  d6- 
moBstration  elle  nous  apparaltra  rerfttne  de  la  mdme 
Mdeoce  que  les  propositions  qui  n'empruntent  leur  In- 
ultee  que  d'dlesmtaies,  et  aura  les  mtaies  droite  d 
la  mtaie  puissance  poor  entratner  notre  assentlment.  AinsI , 
eette proposition  :  ft  nuUtiplUpar  3  igale9  plus  e,  n'est 
pas  dMne  Mdence  ImmMlate,  car,  pour  d^ontrer  1'^- 
fdlli  iea  deux  quantity  fl  est  besoin  de  les  comparer 
fnccessifgment  afee  le  mtae  nombra  15.  Pour  pen 
qu'onait  ouTort  un  lirre  degtemdtrie,  on  salt  4ne  les  trols 
angles  d'un  triangle  eont  ^nx  k  deux  angles  droits^  Cette 
propositiott  est  traiede  la  meme  T^ritdque  lesaxiooMs.  de- 
pendant, die  n'est  pofait  ^fldente,  et  fl  Oiut  le  seooorsde 
plusieurs  autrea  propositions  pour  lul  communlqoer  F^tI- 
denee  de  Paxiome  dont  cOe  est  ime  application.  Danscecaa, 
fffifldence  est  dHe  nKdlflfi,  peree  qu'dle  a  besoin ,  pour  ae 
manifestcr,  de  llntermddlaire  d'antres  ^tidenoes. 

811  est  miqoePMdsoeeaeltlealffManqiid  nous  re- 
la  Yiriliy  fl  esl  Iwpeitint  do  ne  pta  se 


Action  --  Avtoencb 


prendre  sur  le  caracttre  de  Pdfidenee,  et  de  biea  MMk 
atant  de  dire :  Cette  diose  est  ^rldente  pour  moi,  d  Pei- 
prit  se  trouve  r6dlement  dans  la  situation  o6  il  doit  Hn 
quand  I'^ldence  d'un  axiome  vientii  le  trapper.  En  dfct, 
bicndes  bommes  se  oontentent  d'une  loeur,  d'un  demljour, 
d'une  apparence  de  dart^;  et  k  pdne  lem  yeux  Pont-tti 
aperfue,  qu'fls  orient  k  I'dridence,  Et  pourtant,  quand  it 
ne  s'agit  pas  de  la  rMi6  premie,  mab  des  T^rit^  qdi 
ont  bMhi  de  ddmonstration,  I'esprit  risque  beauooup  de  is 
mdprendre.  L'erreur  pent  se  gPner  dans  les  proposHioBS 
faitarmMialres,  d  lears  tennes  ne  sont  point  sufflsammeat 
analyses  d  connus,  d  la  rigniflcatlon  des  mots  qui  les 
expriment  n'est  point  rigoureusement  dderminte.  Alors  fl 
suflBt  qu'on  croie  comprendre  ces  propodtions,  et  qo'ettes 
aoioit  endidnta  dans  un  ordre  logique  connunble ,  poor 
qu'on  regsrde  comme  dridenle  la  cons^ence  qui  en  d^ 
eoule,  d  cependant  die  pent  n'en  ttre  pas  plus  Traie. 

Les  sdenoes  matb^matlques  ont  cet  aTantage  sur  les  sden* 
ees  mordes,  que  les  id^es  abstraites  sur  lesqudles  on  op^ 
sont  d^termindes  avec  une  extrteae  pr6dsion ,  de  sorts  que 
cheque  propodtion  renflBrme  une  r€M  sur  laqueHe  on  ped 
ae  reposer  aTec  une  entl^  confiance,  d  que  les  ooiM^- 
qnences  qn'on  en  tire  ont  les  mtaies  droits  k  une  compttle 
certitude.  Mais  fl  s'en  fiiut  blen  que  dans  la  langos 
usttdle  les  tennes  alent  la  mfme  prteldon  d  soient  aoni 
dairement  d  ausd  coropldement  connus.  n  ikut  doae 
qn'on  ait  fdt  une  andyse  Uen  rigoureuse  des  termes  de  Is 
question  qu'on  Tent  r^soudre ;  il  fkut  qu'un  prolbnd  examea 
mftrlsse  cette  andyse  d  que  le  temps  la  consacre,  aTsnt 
qu'on  alt  le  droit  de  prodamer  la  solution  qn'on  dosae 
comme  une  t^rltd  dTidente.  L'ffldence  ed  un  mot  que 
nous  ne  derons  prononcer  qu'sTCc  la  plus  grande  rterre, 
loin  do  le  prodiguer  comme  on  le  fdt  tons  les  Jours ,  tint 
n  ed  rare  dans  les  questions  compUqute  de  se  tronter 
rMlement  dans  la  dtoation  o6  fl  nous  ed  permis  de  Pen- 
ployer. 

Est-fl  dfident  que  nos  peroepftons  soient  to^jours  une 
reprteentation  exade  dela  rdaUtd,  snrtoot  quand  U  s'agK 
d'oljds  que  la  nature  a  plaete  bon  des  Umltes  asdgnta 
k  la  perception  didinctef  Ifous  pouTons  atolr  une  coa- 
fiance  UUmitte  au  ttaiolgnage  de  noire  consdence  :  riee 
n'ed  plus  certain,  plus  MAeai  poor  nous  que  les  bits  qa'eile 
nous  atteste.  Tant  que  nous  ne  ferons  qu'afRrmer  que  noot 
avons  tdle  perception ,  nous  ne  risquerons  pas  de  nous 
tromper ;  mds  d  nous  Toulons  passer  de  ce  Adt  de  cons- 
cience au  Iklt  extMeur  correspondent,  c'est  le  raisoBBe- 
meni  seul  qui  pent  nous  Aire  firanchir  cd  Intenrdle  :  or, 
e'est  en  le  frandiissant  que  nous  aommes  expose  k  rerreor, 
d  I'expMence  Tlent  Mqueounent  nous  eo  couTainGre. 
Avaut  de  se  prononcer  sur  la  rteUtd  ext^rieure,  U  fiiut  done 
coBBdtre  certrines  lob  de  notre  nature  d  les  conditfoos 
que  le  rdson  exige  ponr  qn'on  polsse  afflrmer  lldentit^  da 
Mt  extMenr  d  de  la  perception.  Une  remarque  importaBte, 
e'ed  qu'il  n'y  a  d'^dence  pour  nous  que  rdatt? ement  aux 
fails  de  conscience  d  aux  viritis  enseignies  par  laraison. 
Ce  sont  en  did  les  deux  senles  sources  l^times  de  coif- 
naissancee.  Toutes  les  autres,  eomme  le  sens  ext^rieur,  Pa- 
nalogle,  le ttaioignage  des  bommes,  ont  besdn  d'etre  rame- 
nte  aux  premieres  d  de  subir  leur  contrde. 

Depnb  longtemps  les  pUHosopbes  ont  compris  oombien 
fl  ed  esscntld  de  ne  pas  se  laisser  tromper  par  un  laoi 
semblant  d'dfldenoe,  d  lb  ont  essays  de  ddermlncr  les  ca- 
radtees  anxquds  nous  pooTons  etre  sArs  de  la  reoonndtrs. 
CondUlae,  f rappd  de  la  supMoritA  des  sdeneaa  matbdmatf- 
ques  k  P^gard  de  la  certitnde  qu'dles  praduisent  dsos 
Pesprit,  et  prteoeup6  de  I'esptee  de  rapport  qui  sert  debese 
&  presque  tons  les  rabonnements  qn'efles  emploient,  pr6- 
tendit  tron?er  ledgne  infdIBMe  de  Pdvidence  dans  Plden- 
#iM.Ce8erait  en  dM  une  admirable  dteouvertequed'afdr 
trouTd  un  moyen  d  simple  de  reoonndtre  r^vMenee.  If  al- 
lieurenscment  cdd  qui  llndique  n'a  pu  toujoon  dd  ua 
aseei  fidde  organe  de  h  fdrUd  pour  que  none  detioM 


l^YIDENGE  —  EVOCATION 


ifoir  |Mm  coBtmodiiisioii  tp6ciflqiie  intdtoctuel,  Qnand 
0  tenit  fkttc  biao  pronr^  qoe  ridentH^  est  le  rapport  M- 
floit  par  eKceUaBOBy  aerait*U  bien  atUed'en  fidre  on  eriie- 
rtemde  YMdmobf  paisque  dans  U  plopart  des  cas  U  fim- 
drait  jostifler  ce  erUertum  lul-mtaiey  et  prooTer  qu^  y  a 
ideBtit6f  or  Is  diffiealt^  ne  oonilate  paa  &  savdr  d  on 
axioiiie  att  fni^  maia  Ueo  ^  8*aiaarer  al  la  propoaitioii  qn'oo 
▼eat  dteiootrer  cat  une  appllcatioii  rigonroaae  dW  axiome 
et  lid  est  idaotNiae.  Eosnite  est-il  Men  Tral  qne  oe  rappoK 
dldentlU  loit  le  taderiterium  de  I^^Tidence?  Hon,  P^tI- 
dence  n*a  f  paa  d^ntre  aigne  qa*elle-mtoie.  Toot  ce  qa'on 
pent  Uin  de  mieox  poor  en  determiner  le  T^ritable  carae* 
ttre,  e*eit  de  dler  poar  exemple  quelqnea-nnea  de  oea  y^ 
rit^  fbndamentalea  qo!  aont  acceptto  irrtaiatibleDient  par 
roprit  aoaaitdt  qoe  parses,  dont  le  oontraire  f  mpUquerait 
ooalradiction,  que  Ton  n'a  jamaia  8ong6  adrieaeenient  h  com* 
battre,  que  le  doute  n*a  {amais  obaavdea  de  son  ombre,  et 
•Tec  leeqaelles  lliooutte  nalt,  Tit  et  menrt  Quant  aux  t^- 
ritfs  dMoites  de  ces  T^ritte  premitoes,  fl  bat  poor  qu'elles 
partidpent  k  la  darti,  qu*dies  leor  soient  enchatnte  par 
les  tieu  d*ane  logiqne  s^ire;  il  fant  que  resprit  pour  ar- 
river  juequ'^  ellea  ne  fiuse  point  nn  pas  nouTeau  sans  s'dtre 
attnr6  de  toua  lea  pas  faita  prto6demment,  et  que  tona  les 
tennesdela  qneation  aient^tft  analyst  aTec  one  d  acropu- 
knaeeudilnde  qoil  ne  reste plus  k  I'^gard  d*aiicun  d'eux  la 
Boindreobscorite.  Aossi,  dans  les  qnestioos  dont  lestermes 
soot  eomplexea  on  dUBdlea  k  eonnaltre,  eomme  certainea 
qnestfomde  Fordre  mord,  qodle  obsenration  patfente,  qod 
iDBieianiei  n'exlge  point  la  dteooTerted'unoTMtA  que  Ton 
pdne  dhe  d'nne  cntiteedart^!  Cequl  le  pronfOy  c'est  que 
ptotaoos  ann^na  dans  la  Tie,  et  qne  nons  dereoons  ri- 
cbesd'expMenee,  plus  aoad  ae  limHe  poor  nooa  le  nombra 
des  iMin  Mdentos.  Combien  dliommes  ont  to  dana  TAge 
■ftrsaehanier  en  probabilitda,  soovent  mdmeen  er- 
raars  dont  Us  roo^ssdent,  ee  qni  duis  lenr  Jeune  Age 
Modddt  briller  k  leors  yeoi  des  hmiitees  de  r^ddeneel 

C-BL  PAm. 

EyiLASSE.  royes  tata. 

EVIRATION  (  da  latin  evlraiia,  retrancbemoit  de 
la  drUHe ).  Foyes  EprtanATioif,  CAsnATioiiy  EiaiDQO>* 

]6VITAGE«  En  marine  on  donne  oe  nom  an  mooTO- 
BSd  de  rotatioii  que  ftdt  nn  bfttlment  A  rancre^  lore  do  cban- 
giBMnldemapte  00  par  la  force  da  rtaL  FiUre  $an  M- 
taye,  ^est  tooroer  aoloor  de  ses  aneres,  et  prteoter  le 
cap  an  eoonnt  oo  an  tcoL  SI  respaoe  est  trap  bomd  par 
d'antres  bAtfments,  par  la  odtey  on  par  on  obstacle  qod- 
conoae,  on  dit  qa'on  est  gted  pur  YMiage, 

EVlTJfiE.  Oe  mot  difRre  pea  en  marine  do  mot  4vi' 
tagei  tootcTois,  Us^emplote  spteidement  poor  exprimer 
i*eipace  nfeeesdre  k  un  bAtlment  tenn  par  son  anere  de  flot 
poor  dian0er  de  direction^  poor  arriTer  k  J*appd  de  aon 
ancre  de  Jonant^  et  rteiproquement.  Abid,  FMtde  des  dir« 
ffrants  naTiros  est  toojours  proportlonnelle  anx  difliirentea 
longneors  des  Taisseaux  qne  Fob  compare  »paroe  qne  leora 
longaenra  aont. prises  comme  rayons  d'un  cerde,  et  Ton  y 
ijoote  la  kMBgneor  du  cAble  que  Ton  a  fild,  aHi  n'y  aqn'one 
aacra  de  mooillde.  On  dit  d'un  lieu  trop  renar^t  od  on 
bMbMBt  ne  pent  pas  Mter,  cap  pour  cap,  faoted'espace^ 
quece  tea  n*a  paa  ^MUe.  . 

EVITER.  Oomme  laploagrande  partiedeaferbeaodtds 
dam  la  marine,  oe  mot  a  one  acce|lioB  neotre  et  one  ae- 
ception  aeUfe.  Danale  premier  cm,  II  signifle  changer  de 
cap,  c*est-4-dira  qa'on  aaTire  k  Vunut  tonme  par  llmpnl- 
doa  de  Pean  oo  dn  tent  sor  ses  amarieSy  qui  serrent  dors 
de  point  ixe  Tars  la  prone.  On  dlt^n'on  vaisseao  M<a  dte 
rnwtant  ip^Deotre  en  moorement  pour  prCaenter  sa  proue 
d'un  antra  cM,  qoand  flest  A  I'ancre.  11  est  bien  entendu 
oe  eatle  wtotJon  estpradnite  par  le  diangement  de  Tentou 
de  maf£e  sor  on  bittment  qnl  B*ed  teno  qua  par  IVant; 
ear  sll  ardt  des  aaurres  de  ranrlte  eooune  de  I'afant ,  H 
ae  ponrrdt  €dter.  On  fdt  Mter  nn  navire  au  moyen  d'a- 
dhpoateaoBfenablcmsot  Adifement  on  dit  •  dtant 


17t 

sons  Toile ,  Mier  un  danger,  on  rfeif ,  ^est-Mfae  manno- 
▼rer  de  manitee  k  le  parer,  k  %^  tarter. 

EVIUS.  Fofftfa  BAOcnns. 

£  VOCATION  (du  UtbitK>ear0,  appeler),optation 
qni  sTait  pour  but  de  fdreappardlre  les  dieox,  on  ttre  sor« 
naturd  qudc^qoe,  ou  les  morts.  L*^Yocation  ^tdt  andenne 
en  Ortoe ;  die  avdt  da  y  Aire  apportAe  par  les  colonies  orien- 
tales.  II  y  avait  des  oracles  de  morts  en  PbAnide  et  en 
figyptelors  do  passage  dea  colonies  de  Cadmus  et  deDanaOs. 

L'Arocation  des  dieux  se  Idsdt  de  deux  manlArea  :  d'a- 
bord ,  pour  les  attirer,  on  employdt  des  hymnes  qa'on 
croydt  ayoir  Aid  composAes  dans  ce  but  par  OrphAe  et  Pro- 
dus;  puis,  qnand  le  danger  pour  lequd  on  les  arait  AroquAs 
Atdt  passA,  on  les  reconduisdt  avec  d'aotres  bymnes  qu'on 
attriboait  k  Bacchyllde ,  et  qui  Atdent  plus  longs  que  les 
autres,  afln  de  retaider  leplas  poadble  I'doignement  des 
dienx.  La  seconde,  qui  Atdt  dAslgnAe  sous  la  dAnomination 
d^Svoeaiion  dei  dieux  tuUlaires,  condddt  i  indter  lea 
dieux  Atrangera  cbei  lesquds  on  portdt  la  guerre  4  aban- 
donner  rennemi  et  k  Tenir  s*Atabitr  chei  les  Tsinqueurs, 
qui  leor  promettaient  en  reconnaissance  des  temples  nou- 
▼eaux ,  des  autds  et  des  sacrifices.  On  rAdtdt  pour  AToquef 
les  dieux ,  sdon  Maorobe ,  certdns  Ters  qui  oontribnaient  k 
la  prise  des  dlles  assiAgAes.  Lea  Remains  STdent  grand 
sofaide  tenbr  cachA  le  nom  du  dien  tutAlabre  de  lenr  dlle.  Ce 
nom,  Inoonnu  an  tulgaire,  n'Atait  rArAlA  qu'aox  prAtrei,  qui 
pour  prATonir  les  AyocaUona  ne  le  pronoofaient  qu'4  toIx 
basse  dans  leors  priAres  solenndles.  Les  assistants  ne  poo- 
▼aSent  Aroquer  les  dieux  liicoiintu  qo'en  termes  gteAraux  et 
STec  PdtematlTe  de  IHin  et  de  Pautre  sexe,  dans  la  crainte 
de  les  offeoser  par  on  titre  pea  conTonable. 

Fassons  maintanant  kV4voeaiion  det  mdnes.  CAtdt  la 
ploa  aolenndle  d  la  plos  pratiquAe ;  son  orighie  remonte  anx 
temps  les  plos  recolAs  :  die  ardt  poor  objet  de  oonsoleE 
les  parents  d  les  amis,  en  leor  Idsant  appardtre  les  ombres 
de  cenx  qo'ils  regrdtdent  Cette  opAration  Atdt  lAgitime  et 
exeroAepar  les  ministres  de  la  rdigions  die  se  fdsait  dana 
les  temples  consacrAa  anx  dieox  m&nes.  OrpbAe  alia  dans  la 
Tbesprotie  poor  Avoqaer  Pombro  d'Eorydlce.  PAriandre, 
tyran de Corinihe,  se  rendtt  dans  nn  teosple  du  mAme  pays 
pour  consuMer  les  mAnes  de  M AUssa.  Pausanias  dnt  k  HA- 
radAe,  ensoita  k  Phigdie,  poor  Aroquer  one  ombre  par 
laqodle  il  se  croydt  poomid.  Le  Tojige  dlJlyaae  ao  pays 
des  CimmAriens  poor  consnlter  TLrAsias  d  cdd  a*£nAe  aux 
enfera  n'ont  vraisemblablement  pas  d'antre  fondement 
Ce  n'ACaltpofait  rimeqa'on  Aroqodty  mth  on  dmulacre 
qoe  les  Grecs  nommaient  dMiov,  d  qd  teoalt  le  milieo 
entre  I'Ame  d  le  corpa. 

Lea  titrnsques  Avoquaient  la  foodn,  dit  Plinoi  4uand  lis 
eroyaient  pooTdrse  dAMrs  de  qodqoe  monstre  ou  de  quel- 
que  ennemi.  Noma  PAroqoa  soovenC  mds  Tnllos  HosttUus, 
ayantomisde  se  senrir  des  rites  nAcessaires,  ftit  frappA  de  la 
foodre,  d  en  moorut  Mobe  dAfendit,  aous  pdne  de  la  TiOy 
d'Afoquer  les  Ames  des  morts,  pratiqoa  sacrilAga  en  nsaga 
dm  les  CananAena.  Safkl,aprte  aToIr  cbaaaA  les magidena, 
out,  pen  de  temps  aprAa,  la  fldbiease  de  ooosolter  b  py* 
tbonisse  d'Endor.  Oonunec'Atait  ordimrireoient  aoxdid- 
nitAs  maifalsantes  qoe  la  magle  A'adressalt  poor  lea  Afoca- 
tions,  on  omalt  lea  antds  de  robana  noira  d  de  bcandiea 
de  eyprAs;oii8aerilldtdeslMebisBeiras;  les  lieox  sonter* 
raina  Ataient  lea  templaa  oonsacrAa  k  ee  cnHa  InfemaL 
L'obaenritAde  la  ndt  Atalt  le  tanqia  do  aacrifloe;  dPon  im- 
molait,  avee  dea  enlants  on  des  bomroes,  on  ooq,  dont  le 
chant  annunce  le  Jour,  la  InmiAra  Atant  oontraira  an  suc- 
cAs  des  enchantementa.  Dans  les  Afocatioos,  on  a'Adrettait 
k  toot  ce  qui  habite  lea  enfars,  Ao  moyen  iga,  lea  prAtendoa 
aordera  Avoqodeot  lea  dAmooa  d  les  anpen.  De  nos  Joora, 
bien  des  gens,  qai  ne  soot  pas  sorders,  tant  s^en  fant,  Aro- 
quent  lea  esprits;qadqaes«ons  ont,  dit-on,  eonuneroe 
STec  les  moid.  Nona  n^en  saurions  douter. 

^VOCATION  (DroU).  Jlvoqwr,  c'ed,  de  la  partd'un 
tribundy  Joger  one  afblra  qni,  dans  Poidrado  Jnridiction. 

23. 


180  ifeVOCATION  — 

iefiit  dtre  Jogte  par  on  aotre.  La  cour  de  cassatton  a  to  droit 
ff^vo^ner  one  can8e»  de  la  reovojer,  poor  cauae  de  wUrM 
00  de  aospickm  l^time  d*one  ooor  d'asoaeay  d*une  coor  im- 
pMale  k  one  aotre,  d*on  tribonal,  d*an]oge  d^instroction  k 
on  aotre.  Qoand  one  coor  impMde  ^Toqoe  one  affaire 
de  natore  k  6tre  aoomiae  ao  Jory,  elle  ordonne  d^olBce 
les  poondtes  et  infdrmationf .  Lortqo*an  jogement  interlo* 
cotoire  est  infiiin6  sur  appd,  et  qoe  la  mati^  est  dis* 
poste  k  leeeToir  one  d^^ision  d^finitiTe,  lea  tribonaoi  d*appel 
peoTent  ^oquer  le  fond  et  statuer  par  on  leul  nitoe  Joge- 
ment II  en  eat  de  in£me  pour  lea  jogements  d^fiuiti&  in- 
firmte  poor  Ticede  forme  oo  toote  aotre  caose. 

l£ V01l£  00  EVO^  cri  qoe  Ton  fobait  entendre  dans  les 
orgiea  bacchanales  poor  invoqoer  Bacciios.  C^talt, 
dit-on,  en  soovenlr  de  rexdamation  par  laqoelle  Jupiter 
enoraragea  ee  dieo  pendant  le  combat  contra  les  grants  : 
KO,  vU ;  tO^r,  'loxxYi  ( Bien,  men  fils ;  eoorage,  Bacchos  I) 

£VOLUTE  et  mieox  ^VOLVANTE,  nom  qoe  les  gfo- 
mMres  allemands  et  anglais  donnent  i  des  coorbes  qoe  noos 
appelons  d4v€lopp4es. 

^VOLUTION  (Physiologie ,  Seienees  natvrelles  ). 
Ce  mot  est  employ^  dans  deox  acoeptions.  II  signUle  roti- 
lement  dTune  partie  en  dehors,  oo  d^roulement,  dioelop^ 
pement  d*on  gerroe  prfoxistant  En  botaniqne,  les  feufUes 
obsenrto  pendant  leor  vernation  oo  pr^foUaUon  prtenlent 
dans  certaines  esptees  (romarin)  leors  bords  roolte  eo 
deliors,  d*od  lenom  de/euilles  4volut^oa  r4voluUe», 
qa*on  leur  donne  par  opposition  aox  feoUles  dites  impolvr 
t6eSf  c'est^-dire  &  bords  roolte  en  dedans. 

L'hypotbtoe  de  la  crtetlon  primitire  et  de  la  prtoListence 
des  germes  poor  expliqoer  le  pbdnomtee  mystMeov  de  la 
repniduetlon  des  corps  organlate  ayant  ^t^  one  fois  admise 
comme  m  fait  possible  et  d^montrable  oltMeurement,  les 
argnments  logkiMs  et  les  explications  8|Kicieoses  n'ont  point 
fiiit  d^ot  aox  savants  iUostrea  qol  lasootenaient ;  mais  dans 
les  sciences  qoi  ont  poor  base  robsenration  directe  des  faits 
do  monde  ext^rieor,  il  faot  non-seulement  savoir  se  senir 
liabilement  des  instraments  qoi  ^tendent  la  portte  do  sens 
de  la  voe,  mala  encore  les  diriger  patiemment  sor  les  points 
de  la  qoestion  k  rNoudre,  et  pera^f  drer  dans  ces  tra? aox  d*in« 
Testigation  pendant  toote  U  dorte  do  pbteomtae,  en  soivant 
i*ordre  logiqoe  trac4  par  la  natore  mtee  do  aojet  (Test 
pr^s^ment  ce  qo*on  ne  faisait  pobt  et  oe  qn*0Q  ne  savait 
pas  fidra  k  cette  dpoqoe.  En  revanche ,  k  peine  avaitron 
vo  des  moltoiles  trte-petites  qui  en  conlenaient  d*aobres,  i 
peine  avaii^Mi  recoeilli  qoelqoes  falta  qoi  proovent  la  divi« 
siUlitA  extrteoe  de  la  matite  organiqQe  oo  inorganiqoe, 
qo^on  8*abandonnait  entiirement  k  la  Jolle  du  logiif  et 
rimagination  enfiuitalt  les  thfories  brillantes  et  spteieoses 
qui  ont  sMuit  les  hommes  les  ploa  reoororoandables  et  mtaM 
les  ploa  habilea  dans  Tart  de  rexpMmentation,  tela  qoe  les 
Haller,  lea  Bonnet*  etc  Qoelqoe  grand  qn*ait  po  ^tre  le 
mfttihre  de  ces  th^ries  imaginaires,  ellea  ae  rMnisent  k  deox 
prindpales.  Dans  rane»tons  lea  germes  indivldaelsde  cbaqoe 
esptee,  primitlvcBMot  crto  et  prtexfstant  k  tootes  les  re- 
produdlooa  nltirieores,  sontlMia  concentres  dana  on  gome 
primordial  qoi  renferme  la  genne  sobs^ooit,  et  alnsi  de 
suite  Josqn'ji  nnflni.  Cette  eoncentration  a  6%^  nommte  em- 
baUemaU  da  germet.  Or,  poor  qoe  ces  germes  possent 
apparaltre  dans  le  mcDdeexttrieor,  II  fallait  ntossairement 
qo'ils  ftisaent  d^totM6if  oo  d^rooMa,  oo  ^vdnt^s,  d'od  le 
nom  de  tMorU  d9  VivohUUm^  qn'on  a  donn^  k  ce  pr6* 
tendu  mtanlsme  du  ddveloppement  des  ^tres  vivants. 

Dana  Tantro  tbteie«  tone  lea  germes  crMa  et  prtexistant 
anx  raprodoclioBa  aont  an  contraire  isoUa,  r^pandns  avec 
pfoAislon  et  dhiH'T''^i"^  dans  I'cspace.  Ces  germes,  libres  et 
Bon  incaroMa  d*abonl9  ptoAtrent,  avee  la  noorritnre,  <lana 
lecorpa  des  atrea  vivants;  Us  y  sent  alora  emboltte  dana 
toot  I'oiganiame  on  dana  des  organes  spteiaox,  et  aprte  y 
avoir  sdjoom^*  ila  s*y  d^vdoppeot  et  8*en  d^cbent  sans 
avoir  eo  4  sobir  le  phdnomtoe  de  revolution.  Ce  systAme  a 
M4designeaoaalenomdejNiiU|)eniile.     L.  Uorbiit. 


Evolution 

£VOLUnON(M)fft^lHe).  Hoy gena dana  aon  Horoto- 
g^m  asciUaiorium  ^dauai  oe  nom4  raetion  par  laqudle 
on  developpe  one  coorbe  et  on  loi  fait  dteire  one  &tf^ 
ioppante.  II  d^flnit  la  divelopp it  one  covbe  dtefte  par 
evdotion;  eurva  ex  evolutUme  dneripta* 

£  VOLUTION  (PhUowphiB).  Ce  mot  a  encore  ^16 
employe  dana  la  noovelle  langue  mystiqoe  inventteparles 
reformateora  de  la  philosophie  de  llibtoira  poor  designer  le 
deploiement  de  llioroanite  progreasante.  II  indiqoe  aoasi  la 
deVdoppement  d*one  idee,  d*on  systime,  d^one  serie  de  sy»- 
tteea.  L'^o/iifionpAi/ofopAi^tie,  qoi  commence  k  Socrate, 
embrasse  le  pto/onijfnei  Varisiotilwne^  P^icurHsme  et  le 
iMeUme.  Les  reformateors  espirent  qoe  la  regeneiatioa 
paling^isique  resottera  enfin  de  tant  d'^oohUkmit  maW 
gre  lesqoelles  lasodete  semble  toojoonaossi  stationnairs 
en  son  activite  qoe  le  soldat  qui  marque  le  past  De  ce  mot 
a  ete  cree  radjectlf  ^vo^t^,  ^voluHve,  pour  exprimerca 
qoi  peot  se  modifier,  ce  qoi  ne  modifie  par  sa  propre  force. 
L*homanite  est  evolotive.  Cette  expression  apparalt  fr6- 
qoemroent  dans  les  ecritsde  Ballanche. 

^VOLUTION  (Art  nUlitaire).  Sor  le  terrain, Fexer- 
cioe  de  rinfonterie  comprend  des  evolutions  et  des  ma- 
noBovres  :  ces  termes  se  prennent  fireqoemment  Ton  poor 
Paotre;  11  importe  cependant  de  caracteriser  leur  oppo- 
sition 00  leor   synonymic.  En  tactique,  lea  maniemeDU 
d'armes  sunt  on  |eo  sor  place;  les  evolutions  et  les  roa- 
ncBuvres  sent  on  jen  locomobile ;  Tordonnance  on  arran- 
gement  des  troupea  en  est  on  le  point  de  depart,  oo  le  r^ 
sultat  En  tempa  de  paix,  on  a*exerce  au  maniement  d*annes, 
aux  evolutions  et  aox  manoBOvres.  En  temps  de  goerre,  oa 
manoBovra  Josqo*^  Tinstantde  Temploi  hostile  desarmes.  Les 
evolotiona  sent  des  maniires  de  ae  monvoir,  de  se  tonnier. 
Lea  manoeuvres,  terme  empmnte  aux  liommes  de  mer  par 
I'annee  de  terra,  aont  des  moyens  de  concourir  4  one  ONivrs 
d'ensembie,  k  un  resultat  concerte,  maia  avec  cette  dilM- 
rence  que  sur  terra  elles  consistent  en  operations  de  Jambes, 
tandia  qu'eUea  ae  resuroent  pour  Tarmee  de  mer  en  opera- 
tions des  bras.  Les  evolutions  semblent  etn  plut6t  le  resul- 
tat immediat  d*un  commandement  prononc6  sur  le  terrain 
meme  par  un  general  d*armee;  les  mancsuvres  peuvent 
etre  le  resultat,  plus  ou  moins  prochain,  non  d^on  comman- 
dement de  cette  nature,  mais  dTune  instruction,  soit  verbale, 
soft  ecrite,  transmise  par  qui  de  droit,  et  de  prte  couune 
de  loin.  L'expression  Hmlution  regarde  plut6t  la  tactique 
d*une  petite  troupe;  le  terme  mancemnrB  s'appliqoe  plutdt 
k  la  strategic,  aux  camps  d*in8troction,  anx  mouvements 
faits  par  grandea  maases ;  Tun  se  rapporte  egalement  an 
temps  de  paix  et  au  tempa  de  guerra ;  Tautra  se  rapporte 
plut6t  au  tempa  de  guerra  et  au  champ  de  bataifie.  En 
d'autra  termes,  les  evolutions  ont  lieu  surtout  devant  Ten- 
nemi  ou  prte  de  lui.  Si  Ton  mancmvra  en  tempa  de  paix, 
ce  n'est  que  comme  image  de  la  guerra.  Se  donner  Tavan- 
tage  du  terrain,  r6usslr  k  conserver  une  position  flivorable, 
derober  un  monvement,  avancer,  ou,  en  general ,  changer 
de  terraui  pom*  rafaicre,  reculer  par  feinte ,  ou  pour  n*C\n 
pea  vafaicu,  e'est  manceovrer. 

Lea  evolutions  aont  k  une  armee  oe  que  les  mouvementi 
aont  au  corpa  humain;  anssi  pendant  plusieurs  siteles  les 
a-t-on  appeiees  motions.  A  raison  de  sa  spedalite,  ce  terme 
valait  mieux  que  le  terme  ^oo/v/ion,  non  definl  ou  mal  de- 
flni  juaqu'icL  La  tactique  presciit,  le^lise,  dtoit,  desalne  les 
^dutiona;  le  coup  d'csil  el  le  genie  appliqueni  lea  ma- 
Bcenvres.  Sana  dlsdpUne,  sans  prindpes  etudies,  pobit  d¥- 
vdutlona;  aana  talenta  et  sans  inspirations,  point  de  ma- 
MBUvres.  Les  evolutions  sent  le  rudiment  d«  mancsovres: 
les  premitos  ont  des  formes  mathematiqnes  et  invariables; 
dies  s^acoompUssent  par  dea  troupes  d'une  force  determioee; 
les  manoeuvrea  aont  des  operatiens  tranacendantesy  qoe  Tes- 

prit  dVpropoa  oowdonne  anx  dreaaalHices  et  an  terrain : 
la  ftwce  nnmerique  des  troupea  en  mancravrea  est  inde- 
terminee. 
il^iw/tcer,  c*est  ae  livrer  4  on  repetition  decertafaisndes 


INVOLUTION  —,  INVOLUTIONS  NAVALES. 


de  la  goeiTe,  on  j  Hiire  rappUcatkm  de  «r- 
tiiMi  rtgkt  terites;  manauvrer,  e'cil  eoneoarir  k  Fac- 
cmpliitenMot  dm  ha«t«  eomlyiiuilsoiis  de  U  goerre.  Les 
IfohrtioiiB  dohreat  Ctre  imti  ftunOi^res  an  aoldat  qa*aa  g^ 
Bfral ;  let  munoeaYtm  aont  f^tude  du  gte^ral.  A  raison  de 
la  eooipHcttioB  dee  ^Tolntioiis,  ou  platAt  k  d^nt  de 
dfenmimtleae  clalrea  et  coartea  que  lee  r^ementa 
eosMBl  dft  leor  donner,  les  maBceaTrea  de  gaerre  a*ex4- 
ctttaBt  aourenl  mal ,  qaelqoefoia  eOes  ne  a*ei(Scatent  pas; 
de  1^  one  IMqnente  licrimfnalion  r^proqne  :  •  On  n'a 
pea  estaiM  mea  ordroa,  »  dit  le  gte^ral  qui  oommande. 
«  Nena  n'afona  pea  re^n  d'ordrea,  »  disent  lea  gdn^raux 
aaboidoonte.  «  Lea  ordrea  ^ient  inintelligibles ,  »  disent 
leacbefa  de  eorpa  et  lea  eolonei^;  «  Qui  eOt  pu  8*en  tirer, 
diaent  lea  adjndanta  DMjora,  lea  ad^adants,  le  porte-drapeaa 
et  lea  guideaf  Ila  fontdea  oommandementa  qui  ne  sent  paa 
daoa  i^ordonnanee.  »  G**  BAaniN. 

J^OLUTION  (Eaeadrea  d').  Voyez  Escamub. 

EVOLUTIONS  NAVALES.  Toua  lea  mouYemenU 
qiw  pent  fiUre  on  taiueao^  on  une  flotte  entidre,  sont 
compria  dans  le  mot  Evolutions;  eependant,  elles  ont  plos 
fp^daleuient  en  Toe  lea  monTements  dea  escadr  es,  on  des 
arm^ea  naTales,  tandia  que  leadvolationspartictili^reade 
chaqoe  na^ire  sont  plus  gdn^alement  rang^es  dans  la  roa- 
BOBQvre  dea  Taiaaeanx. 

L'aatkpritfn'aTaitpas  pouaa^  loin  Tart  des  ^Tolntions  na- 
valea :  qnand  la  nier  ^tait  calme,  se  ranger  en  ligne  droite  ou 
coartey  imprimer  k  force  de  ramea  une  rapide  impulsion  k 
des  gaUrea  anuted'^peronsy  et  hearter  Tlolemment  lea 
giMraa  ennemiea;  qnand  la  briae  soufllait  sur  lea  flota,  ga- 
gner  le  tent  soi  son  adTorsidre,  et  en  pro6ter  pour  fondre 
aor  fad  et  le  briser,  tel  ^talt  k  peu  pris  aox  temps  d*Athtoes 
el  de  Carthage  to  r^snro^  de  la  science  des  Evolutions 
d*nne  flotte.  Anjourd*hui  cette  science  est  plus  compliqute; 
die  appartient  tout  entiire  aux  aiteles  modemes.  Attaquer 
el  se  dtfendre,  tel  est  le  double  but  de  toutes  les  Evolutions 
aavales.  Mainteoant  rartlUerie  est  la  seule  arme  ofTensivo 
de  Doa  Yaisaeanx ;  Us  n'ont  d^autre  arroe  dEfenaive  que  I'er- 
froi  qo'elle  Inspire  et  le  danger  dont  die  a'entoore  :  odte 
fDrce,  si  mena^mte  et  si  redoutable,  rMIe  dans  lenrs  flanca ; 
ravanl  et  i'arriEre  en  aont  dEgpunis,  et»  par  une  fatalltE  de  la 
eoBtmction,  eea  partiea  sont  aussi  lea  pina  faibles,  et  oelles 
o^  les  coops  de  Tennemi  ont  lea  ploa  terriblea  rEaultats.  De 
U  poor  lea  vaisseaox  qui  combattent ,  la  nEceaaitE  de  se 
preaaer  4  la  file  lea  una  des  autrea,  pour  offHr  une  muraille 
continue,  hdrlsste  d*un  triple  rang  de  canons.  La  force  des 
choaea  a  done  fiiE  la  ligne  droite  pour  pramier  ordre  de 
balaaie. 

On  donne  le  nam  ^ordret  aoi  diteraea  poaitiona  qae  pent 
prendre  nne  armtenavale;  par  conaEquent,  Tart  dea  EtoIu- 
tkMia  ooaalate  dana  la  formation  dea  ordrea.  Mala  panni  lea 
IVMa  aulTanl  lesqueUes  une  flotte  pent  se  ranger,  U  en  est 
one  qui  jooit  de  propridEs  parUcoli^reatrte-remarquabiesi; 
lea  vaisaeaoa  a*y  maintiennent  ftcilement  k  la  suite  les  uns 
deaautrea;  renneml  nepent  Taborder  qu'avec  pdneet  en  s^ex- 
pocaol  k  toot  le  feo  de  ses  eanona;  on  pent  en  la  qoittant 
ae  porter  rapidemant  dana  tontea  lea  directiooa  que  le  vent 
pennel  d^atteindmy  aoit  pour  attaquer,  soft  pour  fuir,  si  la 
finte  devienl  nne  nteessitE.  Cdte  ligne  d*attaque  d  defense, 
cafte  poattion  centrale  d'oii  Ton  pent  passer  k  toutes  les 
aatrea»  c*est  cdle  qui  s'approclie  le  plus  du  point  d'od 
souffle  le  vent,  d  qu'on  nomme  pour  cette  raison  ligne  du 
plus  prH.  Les  autres  en  dErivent,  d  devant  Tennemi  tons 
las  ordrea  que  Ton  adopte  doivent  dre  tels  que  par  une 
dvolotion  sJnple  on  puisse  reprendra  eo  pen  de  temps  cette 
pffoaMfe  Ugne  de  balaille.  A  la  riguenr,  ndrnmoina ,  cette 
posttioa  M  peut  se  eonserrer  Egull^ie  que  dana  lea  enga* 
geflMBta  peu  adienx  d  kKsquVm  ae  bat  en  oourant;*maia 
II  en  ed  nne  antra,  que  prennent  presque  foro6ment  lea 
armEca  qui  a'arrdent  au  roillen  de  la  mer  pour  a*attendre 
dsecomfaattfe  k  entrance  :  lea  vaisseanx  y  sont  ranges  en 
batkille  antranl  la  perpendioilairc  du  vent ;  viS^  ne  dilftre 


181 

que  triS'pen  de  la  premiere,  el  Ton  paase  fadlement  de  l*une 
k  Pantre. 

L^ordre  de  bataille  ed  direct  quand  rayant-garde  ed  en 
tde  de  rarmEe;  11  ed  renteni  quand  c*eat  l^arriEre-garde 
qui  marche  la  premiere.  Lea  accidenta  de  la  navigation  ou 
dea  oombata  obllgent  aouvent  4  intervertir  lea  positions  re- 
latives dea  trob  escadrea  d^nne  armEe  navale,  ce  qui  donne 
lieu  k  dea  dvolutiona  particnliEres,  connuessous  le  nom  de 
changement  d'eteadres, 

Vordre demarche  eat  la  position  rdatiTe  dea  vaisseaux 
d'une  flotte  qui  suit  une  route  difTifirente  de  cdle  du  plus 
prh  :  11  ponrrait  done  y  ayolr  une  infinite  d^ordres  de 
marcbe;  maia  I'obligation  que  Ton  doit  almposer  de  pou- 
voir  revenir  par  un  mouvement  aimple  k  Tordre  de  bataille 
en  limite  bien  vite  le  nombre.  Le  premier  ed  Tordre  de 
marche  sur  nne  ligne  du  plus  prte;  tous  les  yaisseaux  se 
maintenant  aur  odte  ligne ,  les  uns  par  rapport  aux  autres , 
font  des  lignes  paralldes.  Le  second  est  cdui  oti  les  vais- 
seaux aont  rangii  sur  la  perpendiculaire  du  yent :  c*estr&-dira 
od  les  vaisseaux  sont  tous  ftice  au  vent.  Le  troisitoie  ordre 
de  marche  est  perpendiculaire  k  la  route  ordonnte.  Dans 
le  quatri^me,  les  bfttiments  sont  dispose  sur  les  deux  dia- 
goniUes  k  la  fois ,  le  g^ndral  au  point  d*intersection;  Tarmte 
occupe  une  figure  en  forme  de  coin ,  semblable  k  celle  que 
rinstinct  a  r^vdA  aux  gruea  dans  leurs  migrationa  k  travers 
les  airs.  Ces  onlres  ont  Tinconv^nient  d*dre  diiliciles  k  con- 
server.  Lorsque  Tarmte  est  trte-nombreuse ,  on  a  recoura 
k  un  clnquiteie  ordre  de  marche,  o(i  tous  lea  vaisseaux  sont 
ranges  sur  six  colonnes  parall^es :  la  flotte,  dana  cet  ordre, 
occupe  le  moins  de  place  possible;  la  transmission  des  si- 
gnanx  y  est  rapide,  mais  la  confuaion  a^  met  trop  fadle- 
ment dans  les  colonnes.  L'ordre  qu*on  adopte  le  plus  g6n6- 
ralement ,  parce  qn*U  r6unit  k  peu  prte  les  avantages  de  toua 
lea  autrea,  c*est  Tordre  de  marche  sur  trds  colonnes.  De 
cette  disposition  r6sulte  une  figure  rectangulaire  qui  jouit  de 
proprid^  g^om^triques  asses  remarquablea,  car  dies  per- 
mdtent  de  reformer  tous  les  autrea  ordrea  d  d*op^rer  lea 
changementa  d'escadres  avec  fadlit^,  aana  perdre  beauooup 
de  chemin ,  d  auitont  sana  confusion. 

Passons  k  Vordre  de  retraite,  car  il  fiiut  anaai  y  songer, 
les  plus  braves  n'^tant  pas  toujoors  les  plus  forts.  Id  Ton 
doit  surtout  avoir  en  vue  de  se  d6fendre  d*dre  entam^  par 
les  roeilleura  marcheura  ou  par  Tescadre  l^g&re  de  Penoemi 
qui  poursuit.  Si  Ton  escorte  un  conyoi ,  on  si  i'on  a  des  bA- 
timenta  faibles,  fl  faut  lea  mdtre  k  Fabri  dea  diasseurs 
avanc^.  La  disposition  de  Tarmte  aor  lea  deux  c6l^  d*un 
angle  form^  par  le  prolongement  de  deux  dlagonalea,  Ta- 
mird  au  sommd ,  envlronn^  des  plus  forts  vaisseaux ,  d  lea 
petita  navires  rangte  aur  une  aeconde  Ugoe  int^rieure,  r6- 
pond  merveflleusement  aux  conditions  premieres  qu'il  faut 
s*attadier  k  remplir.  On  n'a  paa  os^  mdtre  dans  la  tactique 
le  aignal  de  Sauve  qui  peut  I  Cependant,  la  penr  le  fait  qud- 
quefoia  Mater  an  milieu  d*nne  arm^  comma  un  coup  de 
foudre:  nooa  n*easayerons  pas  d*oiganiser  oe  qu^'l  y  a  de 
moins  rfgularisable  an  monde ;  noua  dirons  seulement  qu*en 
paieil  caa  une  flotte  ne  ressemUe  paa  md  It  une  nnte  d*oi- 
seaux  an  milieu  deaqoda  nn  chaaseur  a  flr6  un  coup  de 
flisil.  II  y  a  encore  un  ordre  tout  particaller,  dont  on  fait 
usage  quand  on  dispute  le  yent  k  Pennemi,  mais  qu'il  faut 
bien  se  garder  de  conaerver  dte  que  la  batdlle  est  engage ; 
on  le  nomme  ^hiquier.  Id  tous  les  vaisseaux ,  rang^  sur 
une  ligne  du  plus  prte,  serrent  le  vent  en  courant  suivant 
dea  lignea  parall^lea  k  la  ligne  du  plua  prte  de  Tautre  bord. 
Cd  ordre  a  ravantage  de  dire  gagner  du  chemin  dana  le 
vent  d  de  reproduire  rordre  de  bataille  par  un  aimple  vlre- 
ment  de  bord. 

Cest  au  milieu  des  longues  d  sanglantes  querdlea  qui 
ont  divia6  rAngleterre,  la  France  dla  Hollande  pendant 
toute  la  Mconde  rooiti^  du  dix-septi&me  sitele,  que  I'art  dea 
Evolutions  navales  a  pris  naissance  d  a  attelnt  le  point  od 
nous  le  voyons  au]ourd*hni;  les  plus  grandes  batailles  na- 
vires de  ca  temps  eurent  pour  tli^tre  la  mer  du  Nard  d  la 


182 

Manche,  men  ^troitet,  et  rasierrte  dayantage  encofe  par 
les  hauto-fonds  dont  aont  temte  las  riyagea  de  la  HoUanda; 
et  peot-^re  tronyerait-on  dana  la  configuratioa  do  caa  bras 
de  roc^an  la  premie  raison  dea  Ugnea  de  bataiUe  teUea 
que  oette  ^poque  les  a  Inyariablemeiit  transmlses  k  la  n6tre. 
Les  e^emples  des  grands  bommea  de  mer  d^alors  ont  ^t^ 
depais  oonsacrte  en  r^ea.  Le  premier  de  tons  les  ordres, 
la  ligne  de  bataiUe  an  plus  prte  da  yent,  a  nne  origine  il- 
lustre :  les  historiens  en  font  bommage  an  due  dTork,  qui 
fut  depuis  rol,  et  roi  d^trOn^  sons  le  nom  de  Jacques  II. 
11  Tordonna  an  combat  du  Texd,  en  1665,  et  le  maintint 
rigoureusoment  pendant  tout  ^engagement :  llmmense  suocte 
dont  il  fut  sniyi  en  d^montra  les  ayantages,  et  son  adoption 
deyint  bientOt  g^ni^Ie.  Martin  Tromp,  en  i650»  paralt 
ayoir  imaging  on  employ^  le  premier  Tordre  de  mah^he  sur 
six  colonnes;  ce  fut  en  cet  ordre  qa'H  sortit  du  Texel  pour 
courir  h  la  rencontre  des  Anglais.  Quelque  temps  auparayant, 
il  ayait  donn6  le  premier  et  magnifique  exempie  de  Tordre 
de  retraite  tel  que  nous  Payons  indiqu^  plus  baut  Tromp 
eut  ce  jour-Ui  une  faispiration  de  gtoie.  II  deyalt  reconduire 
dans  les  ports  de  la  Hollande,  et  protdger  contre  les  attaques 
^une  armte  nayale  plus  forte  que  la  aienne  on  oonyoi  de 
200  nayires  marcbands;  il  enyeloppa  ce  conyoi  dans  les  ailes 
de  sa  flotte,  et  le  pousaa  deyant  lul ;  Black  et  ses  Anglais , 
que  TappAt  d^une  si  riche  capture  exasp^ait,  fondirent  en 
yain  sur  lui,  ils  ne  purent  Tentamer ;  et  si  qudque  marchand 
tomba  entre  lenrs  mains,  d'est  qull  ne  comprit  pas  tout  oe 
qu*il  y  ayalt  de  protection  derridre  cette  ligne  die  defense , 
que  nnl  autre  encore  n*ayait  appris  h  former. 

Depais  cette  ^poque  latb^orie  est  restte  stationnaire;  die 
s^est  oomposte  k  pdne  de  la  reunion  d'un  petit  nombre  de 
faits;  personne  ne  s'est  ayis^  de  demander  k  la  sdence  des 
mathiimatiques  ses  limites  et  sa  certitude,  et  cependant  elle 
seule  ponrrait  foumir  un  cadre  qui  permit  de  Tembrasser 
d'nn  coop  d'cBil.  De  toutes  les  ^yolutions,  la  plus  importante 
peutpdtre,  cdle  da  moins  dont  on  fait  ie  plus  d'usage  en 
temps  de  guerre,  c*e8t  la  poorsuite,  ou,  comme  Ton  dit,  la 
ehasse  dHin  nayira,  on  d'une  flotte,  par  un  nayire,  on  par  una 
flotte  ennemie.  La  solution  de  cette  qnestion  est  rtellement 
le  probltoie  le  plus  diflidle  et  le  aeul  compttqu^  de  la  ma- 
mearra  des  yaisseanx.  En  appliqoant  &  tAtona  lea  prindpea 
de  la  plus  simple  g^m^trie,  on  ^tait  arriy^  k  des  rfeultats 
diyers,  mais  on  ne  s'accordait  pas  sur  le  moment  de  la 
conise  oti  les  nayires  dtaient  le  plus  rapprocbte  I'un  de 
Tautre.  II  est  surprenant  qna  depob  pluslears  dtelea  ce  pro: 
bltaae  sdt  rest6  dana  la  marine  aana  que  personne  ait  daign^ 
prendre  la  pdne  de  le  r^soudre  d*une  manito  certalne.  Tout 
le  monde  comprend  n^nmolns  ais^ment  que  le  yent  em- 
porte  on  yaissean  dans  sa  course  yers  le  point  de  Tborizon 
od  il  ya  Ini-mtaie ;  mais  que  le  nayfra  puisse  remonter  contre 
le  flenye  d'air  atmospb^que  qui  produit  le.yent,  c^  oe 
qu*on  se  flgure  ayec  plus  de  pdne.  Alora  to  bfttiment  est 
oblige  de  suiyre  des  routes  obUquea,  et  dana  on  caa  on  dit 
qnMl  kmvoie. 

On  range  ausd  an  nombre  des  ^yolutions  les  mouyements 
d^une  arm^  navale  qui  ya  an  monillage,  on  qui  s*embosse 
derant  une  plage,  dans  one  rade,  06  die  yeut  ae  mettre  k 
Tabri  des  attaques  de  reniMmi ,  ou  qoi  d^e  deyant  un  fort 
pour  le  canonner.  On  cite  comma  examples  cdoi  del'amiral 
Dopant  et  de  la  flotte  franca  deyant  Alger,  et  cdui  du 
yiceamkal  Roosafai  qnand  il  remonta  to  Tage  jusqu'4  Lis- 
bonne.  Th^ogtee  Page,  capiuine  dt  tdMcM. 

£VORA  (MeraUiat  JuUa  et  Bbura).  Cette  yilto, 
que  les  Portogais  appdient  la  G^n^mise,  comme  ils  disent 
Porto  ruMlquet  est  situte  k  17%  kilometres  est  de  Lis- 
bomie,  dana  one  podtioa  itylssaiite.  C'eat  la  capitale  de 
PAlem-TeJo,ron6  dea  ploa  fartltos  proyinces  du  Portu- 
gal. Ses  alentoors  donnent  pnsqae  sana  caltore  des  produc- 
tiona  de  diyers  dimats.  Le  bl^  et  to  rlx  7  aont  aboodants 
et  de  to  pins  belle  qaditA;  les  bananas  et  presque  tons 
les  fruits  d'AmMque  7  rteaissent.  Cest  to  que  furent  ap- 
porUs  de  to  Cbine  laa  premfera  orangora  qu'on  ail 


Evolutions  navales  -  iSyreux 

Europe.  Les  orangea  7  son!  ddidaosea.  tfota  tf a  paa  tpiamB 
milto  babilanto,  mato  son  ^tondoa  annoooa  one  poputotiim 
plua  condd^rabto ;  ses  malaooa  e8pacte,entramdte  de  noni> 
breux  jardins,  ae  dii^ersent  anr  one  asaai  graade  aiiriboe. 
CetteyiUeaqudqoestobriquesde  toilesde  filet  de  coloa, 
de  cbapdlerie,  de  quincaOlarie,  et  d*assei  nonbreosas  tan- 
neries. Les  paysana  des  enyirons  oonfeettonnent  de  joHea 
corbdlles  en  pailley  en  roseanx,  aartoot  en  fibraa  d'alote, 
quails  sayent  tdndre  et  nuancer  babilement.  Ges  corbeiUea, 
qu'on  appeUe  des  conUesas  (comtesses),  soot  recberchtea 
k  Usbonne.  Ito  fkbriqnent  aosd  de  bdles  nattea,  qui  uteae 
dana  lea  patois  remptocent  souyent  les  topis,  et  sont  plua 
agr^bles  dans  les  grandes  cbdeurs.  La  pays  est  paraeiiii  do 
ricbes  carri^res  de  marbre  de  plusieurs  quality ;  to  plua 
pr^deux  est  rose  Jasp^.  £yora,  place  forte,  est  to  8l4;e  d'ua 
arcbeyteb^,  £rig^  en  1540,  et  autrefois  d'une  nniyerdti,  fon- 
dle en  1576  et  supprimte  lors  de  Texputoion  des  jteiites. 
Cdte  yUle  poss^  ausd  on  s^oainabre  ^pisoopd,  una  dta- 
ddle,  one  bibliotb^e,  nn  des  moste  les  pins  riches  do 
Portugal,  une  bdle  cath^drale  gotbique,  on  magnifique 
aqnedue  et  de  nombreux  yestiges  d*antk|uit^ 

£rigte  en  yiUe  munidpate  par  Jules  Cter,  elto  fot  priae 
en  715  par  tea  Maores.  En  1640«  lorsque  to  Portngd  seoooa 
le  Joug  espagnol,  cette  patriotique  rtydution  sraooompltt 
dmultan^ment  k  Usbonne  et  4  £yora.  Pendant  que  to  capi- 
toto  du  royaume  leoyersait  to  gonyeraement  de  r^tranger, 
to  capitde  de  TAlem-Tcjo  prodamdt  roi  to  portogato  Jem 
de  Bragance,  cbef  de  to  dynastie  qui  rdgne  encore.  En  1632, 
lorsque  dom  Pedro  ybit,  k  to  t6te  d*ane  arro^  libdratriee, 
affranchir  le  Portugd  deJa  tyrannic  de  dom  Mignd,  cdoM  , 
fuyant  deyant  to  yabupieur^  ae  retire  k  tvora.  Oom  Pedro 
Ty  poursuiyit,  et  o^est  dana  cette  yille  que  fut  aign^  Paete 
connn  sons  to  nom  de  Convetaiion  d^tvcra ,  par  leqod  dom 
Miguel  fot  banni  du  royaomek  perpdtdt^,  et  sous  pdne 
de  to  yte.  Pluaienra  rda  de  Portugal  ont  rMdA  dana  cette 
yille.  Pauline  FLAOGBMnna. 

iSVORA  (Oidre  d' ).  Vo^n  km  ( Ordre  d'  )• 

l^VREUXy  yilla  de  France,  chef-liea  dn  d^partemenl 
de  I'Eure,  k  104  kilomfttrea  ouest  nord-ouest  de  Pariai  aor 
I'Jton,  ayec  12,677  babitants.  Si^d*un  dy6di6,  dhm  tri* 
banal  dyll  et  d'un  tribunal  de  commerce,  £yreox  poasMe 
en  oatre  un  lyote  impdrtol,  one  toto  nonnato  primaire,  one 
bibliotb^ne  publlque  de  10,000  ydumes,  un  Jaidin  bote- 
nlque,  une  aod^  d'agricdtore  et  de  beUes-lettres,  en  a6- 
mindre  dioctehi  et  nn  petit  admfnaire,  troto  typographiea. 

Le  monyement  conmierdd  d'Eyreux  eat  asaa  consid^ 
rable ;  il  a'y  toit  une  grande  fldirication  de  coutito  et  de  bon- 
neterie;  to  yille  poaaMe  beaucoup  de  tanneriea,  de  bian* 
cbissertosy  de  tdntureries  poor  tobriqaea,  des  lamfaMries  de 
coiyra  et  de  dnc,  des  sderies  mtoniques,  daa  moaUns  k 
tan,  k  bto,  k huile;  des  fonrs  k  chanx,  k  tnilea,  k  plAtra.  II 
s'y  toit  nn  commerce  considerable  en  grafaia,  gidneset  boto, 
et  il  a'y  Uent  una  hnportante  f  aire  o<k  se  yeodoit  beancoqp 
de  cbeyaux  et  de  b6toa  oyinea  et  boyinea, 

£yreax  poaskto  de  Jolies  promenadea;  on  Toyait  eaeoie 
dans  ses  enyirons,  k  2  kilom4tres,  en  1666  le  bean  chiteae 
de  Nayarre,  construit  en  1686,  aor  les  desdaa  de  Mansard, 
dont  lea  janUns  et  les  baaslns  farent  traete  par  LenOtra. 
Josdpbine  y  paasa  lea  deux  premites anntea qoi  aaiyirent 
son  diyorce.  En  1636,  to  chAteau  fot  abattn,  sea  baasuw 
combtos,  ses  Jardins  conyertis  en  culture. 

Constraite  au  dnqotome  dteto,  sur  lea  mfaies  da  yieil 
£yreux,  Ehrnlicm^  £broieumf  qui  dalt  dl6  au  traidteaa 
dteto  comme  une  des  yillea  lea  plua  remarquabtoa,  aprto 
Rooen  etToun,  de  to  seoonde  lyonnaise,  to  yiUe a H6  antre- 
foU  fortlfite.  Elle  possMe  one  catbddrale  remarquaUe,  bAtto 
aiir  une  profondeor  de  106  m^trea  et  dont  to  fltehe  s'd^e  k 
61  metres ;  on  y  yoit  les  restes  de  Tabbaye  de  Saint  Taurin, 
fondte  en  ggo,  sur  le  tombeau  de  oe  satot 

Le  yidl  £yreux ,  que  les  Romams  appdaient  Mediolanum 
AulerdU  6v>H  M  comptotement  aaocagA  an  dnqultoia 
ai^de;  la  nonydto  yille  to  fot  encore  m  66S,  par  lea  Nor- 


EVBEUX 


181 


low  la  eondoito  de  RoUoo.  Lm  Anglais  labrAltoeDt 
m  lilft*  Jean  aaaa  Tom  en  ayant  nuosaeri  la  garnison  fran- 
fiiia,  €■  llM^  PfaUipiie-Attgusta  la  pfit  et  an  fit  mettre  &  mort 
IM  habllnli;  an  1199  fl  la  rMoliit  en  eendres.  Bn  1441 
lee  Flran^,  eonunandte  par  le  martehal  Biron,  prirent 
fldta  vllle,  qoi  ftit  encore  aMMgfo  sons  la  Fronde  f»ar  les 
tioapes  Toyales.  Bn  1791,  tfreox,  k  I'fautigataoo  de  Bmot , 
sinanrgen  oontre  la  Convention^  qui  Tenait  d*eidnrede  son 
ssin  les  prindpaox  Oirondina;  mais  Ik  rapfNTochedflS  forces 
eofeationneiles  elleie  aoomit,  et  la  maison  de  Bnaot  fiit 
imtj^  en  ▼ertn  dto  dtoet  de  la  Contention. 

jfiVREUX  (Comfas  d").  En  tMe  des  eomtes  d*£Treni 
tgnre  Eobert,  de  la  maison  de  Normandie.  Ce  prince ,  fils 
de  Rieliard  I*'  et  de  sa  coneobine  Gomior^  fat  ^y€  k  la 
d|gBil6  de  comte  en  I'an  989  et  nornm^  archeTeqne  de  Rooen. 
OIi4b6  de  quitter  ses  £lala  en  lOM,  ^poqoe  oft  son  oncle,  le 
due  Robert,  inrestit  sa  capitale,  11  fit  osagede  ses  armes  fl|)i- 
ritnelles,  et  ]ela  on  tnterdit  sor  la  Mormandle :  efftny^  de 
eelle  nooveUe  nmaihrt  de  combattre,  son  noTeu  le  retabUt 
snr  son  al^.  Le  comte-arcber^oe  moamt  en  1037,  et  son 
dHa  atn<,  Richard,  Ait  son  snccesseor.  Richard  ^  2**  comte 
ditncnx,  acoompsgna,  ea  1066,  Gnlllanme  le  B4tard 
dattaaonenfarepri8esarrAngteterre,etsedistingna41a  ba- 
ttfne  d'Hastings;  II  moomt  Pannte  sulfante,  et  Ibt  en- 
terr6  4  fiibbaye  de  Fontenelle,  dite  de  Saint-Vandrille. 

Son  fib  efMmmM^  qni  arait  combatto  anprte  de  lot 
k  In  balBille  d'Hastings,  lot  sooedda  an  comtA  d*£yreax,  et 
refiitdn  Tsinqoeor  de  PAngfeterre,  comme  rteompense  de 
aa  Taleor,  de  Tastes  domaines.  De  retoar  dans  ses  £tats, 
en  1073,  fl  se  broofliaaTec  le  roi  d'Angleterre,  qnl  lai  retira 
le  chlteav  d*ttren,  et  pins  tard  le  fit  mtoie  prisonnier. 
Apvte  la  mort  de  Gafllaume  le  Conqn^rant,  U  se  remit  en 
peeseioion  dn  ehifesn  d*£fTeaY,  et  commanda  one  partie 
de  Itante  de  Robert,  doe  de  Iformandie,  dans  son  exp^ 
dition  contre  le  Maine,  en  1080.  En  1000,  GuiUaume, 
pOQSs^  par  sa  Ibmme,  fit  k  son  frire  nt^rin  one  gnerre  qui 
dora  trois  ana ;  en  1097,  tt  Itot  Ton  des  eheb  de  Tarm^  qoi 
essaya  d'arraeher  le  Vexbi  an  roi  de  France.  Aprte  SToir  M 
en  grande  feyenr  sous  Henri  d'Angletenre,  h  qui  il  promit 
homniage,  Goillanme  fat  banni,  priT^  de  ses  Mens,  qui  lui 
farent  eideT^s,  et  rendna  one  nourelle  fois;  fl  rooorot  le 
18  aTriljilia,  sans  lalsser  d'enlants. 

n  ent'poor  soccesseor  son  neven  Amauri  IV  de  Moni^ 
Jort,  fib  de  Simon  et  d'Agnte.  Ce  ne  fht  oependant  pobt  sans 
difllcaltd  qoe  ce  prince  recuefllit  rheritage  de  son  onde  :  U 
Id  fallut  emporter  d*assaot  la  Tille  d'E^reox,  qoi  tenait 
poor  le  roi  Henri.  CependaDt,Qn  an  aprte,  le  monarque  Tint 
assi^r  la  capitale  du  oomt^,  Tinceodia  en  partie  et  y  r^* 
tablit  VMqnt  qu'Amauri  en  avait  diass^.  Le  chAteaa  seal 
oppose  one  rMstanoe  opinlAtre.  Amaari  finlt  ponrtant  par 
le  rendre  de  bonne  griice,  et  la  paix  se  fit  entre  Poncle  et 
le  neveo ,  aoqnel  le  premier  ne  tarda  pas  k  rendre  la  Tflle. 
En  1114,  Amanri,  s*4tant  mis  4  la  t^  de  SCO  cberaliers 
poor  secoorir  le  fbrt  de  Vaterflle ,  assi^^  par  les  soldals 
de  Henri,  fiit  batta  et  fait  prisonnier  par  Gafllaume  de 
Grandcoar,  flls  dn  comte  d*Ea,  qni  lai  rendit  la  Hbert^  et 
se  retira  arec  lol,  pour  Writer  la  colore  do  roi  anglais,  sur 
les  terres  du  roi  de  France.  Amaari  et  le  roi  d'Angletenre 
se  rdconcfliirent  en  1 1 28 ;  mais  en  1 129  le  comte  d'Evroui 
se  brooflla  avee  le  roi  de  France  et  entra  en  campagne 
eontre  Inl.  Tootefois,  ne  recerant  du  roi  d*Angleterre  et  de 
Thfbant  de  Champagne,  malgrtf  lears  promesses,  que  de  fai- 
bles  seeours,  fl  snspcndit  son  exp^Uon,  et  se  retira  dans 
afli  eomt^,  o6  fl  mourat,  en  1137. 

Son  fib  aln^,  Amauri  ir,  lui  succdda  an  comtd  d*£f  reox 
c(  k  cdui  de  Montfort  Soit  lAchet^,  soft  faiblesse,  ce  prince 
laissa  rarager  sea  domaines  par  les  seigneurs  ses  Tolsins, 
et  sortoot  par  Roger  de  Conclies,  dont  on  rapporte  des  actes 
d^ne  cniaotd  r^ToMante.  Le  soccesseor  d'Amauri  II  fUt, 
fers  1140,  SOD  Mre  Simon,  troisitaie  comte  de  Monfort.  Ce 
prfnee  sot  gagner  tellement  ramltl^  de  ses  stiyets  que,  la 
file  ajant  M  prise  par  des  gens  d^armes  qn'on  y  aTa:t  im- 


prodemment  laisste  entrer,  lea  bovrgeois  dtfendirent  avee 
tant  de  courage  le  chftteao  od  s'^ait  retbr^  le  oomte  qu'U 
fat  sauT^.  En  1173  Simon  fut  fait  prisonnier  dans  le  cli4- 
teau  d*Anma]e,  atec  le  comte  GaiUaume,  par  le  fils  de 
Henri  U  d*Angleterre,  Henri  au  Court  Mantel^  contre  le 
p^  duquei  U  dtait  en  pleine  r^olte.  Les  deux  eomtes  furont 
obUgte  de  payer  one  ran^on.  Simon  mourut  en  1181, 
laissant  un  assex  grand  nombre  d'enfiants,  dont  Ton, 
Anuntri  in,  derint  oomte  d'fiTrenx. 

Une  chose  assex  coriense ,  e^est  que  oe  prince  ne  possMa 
pas  le  cbef-Ueo  de  son  oomt^;  Simon  PaTait,  de  son  Tivant, 
remisan  roi  d*Angleterre,  et  en  1198,  pendant  la  prison 
de  Richard,  Phflippe-Auguste  s*6tant  empar^  de  la  tUIo,  la 
oMa,  en  gardant  le  chateau  pour  lui ,  au  prince  Jean ,  fiire 
de  Richard.  Ce  prince,  an  retour  de  son  Irkre,  I'annte  sui- 
Tante,  afin  de  gsgner  ses  bonnes  grAces ,  se  rendit  k  £yreux, 
fit  massacrer  par  .traliison  toos  les  ofliciers  qui  y  eomman- 
daient,  et  alia  ensuite  offrir  la  place  au  roi  son  Mre,  qui  lui 
fit  une  pompeuse  reception.  A  cette  noutelle,  Philippe-An- 
gnste,  aloTB  occupy  au  si^e  de  Ternenil,  acoourt,  prend  la 
▼file  et  la  brOIe.  En  1200,  aprto  la  mort  de  Richard,  Amauri 
oMa  k  Philippe-Auguste  le  comt^  d*£Trenx ;  fl  re^  en 
6change  du  roi  Jean,  qui  consentait  k  cet  arrangement,  le 
comt^  de  Glocester.  Avec  lui  finirent  les  eomtes  d*£yrenx 
de  la  race  des  Montfort,  qui  fluent  remplacte  par  ceun  de 
la  maison  de  France. 

Le  premier  de  oeox-d  ftit  le  prince  Louis,  fib  de  Phi- 
lippe le  Hardi  et  de  Marie  de  Brabant,  seconde  femme  de  ce 
roi;  Philippe  le  Bel  lol  donna,  en  l307,le  comt6d'£Treux,avec 
les  seigneorles  d'£tampes,  de  MeuUn,  de  Glen,  d*Aubigiiy  et 
qudques  antres.  Le  comte  Loufo  se  dbtingoa,  en  1304,  i  la 
iMtaUle  de  Mons-en-Pnelle;  U  accompagna  Lonb  le  Hutin 
dans  ses  expMitions  de  Flandro,  en  IS  15,  Tit  son  comt4 
tfrig^  en  pairie  par  PhUippeleLong,etmourutli  Paris,  en  1319, 
laissant  une  grande  r^utation  de  douceur,  de  bont^  et  de 
probity,  chose  assei  rare  en  ces  temps  recnlds.  L'aln6  de 
ses  fib.  Philippe  le  Ben,  on  le  Sage,  lui  succdda.  Ce  prince 
avait  ^poos^  en  1318,  aveo  dispense  du  pape,  Jeanne,  (Ule 
unique  de  Loub  le  Hutin,  qui  avail  droit  aux  comt^  de 
Champagne  et  de  Brie,  an  cas  ou  le  roi  Phflippe  mourrait 
sans  enfimto,  ce  qui  arrita.  Charies  b  Bel  refuse  de  rendre 
ces  comt^.  Le  comte  et  b  comtesse  d^yreox  translg&rent 
aree  Ini,  moyennant  une  somme  d'argent  En  1828  b  Na* 
rem  augmenta  Papanage  de  Jeanne.  Phiflppe  b  Bon  ac- 
compagna ie  roi  Philippe  de  Yalob  dans  son  expedition  de 
Fiandre;  laTictoire  de  C  asset  Ini  fbt  doe  en  grande  partb; 
en  1339  fl  Tint  an  seeours  de  Cambray  et.  de  Tourniii,  as* 
sidgte  par  bs  Anglab.  II  mourut  en  1848,  en  Espagne,  & 
XMs.  L'alne  de  ses  nomhreui  enfanb.  Chart  es  le  M  a  u- 
Taia,  lui  succMa. 

Charles,  dlt  le  Noble,  son  fils  aln^,  n^  i  £Trenx,  en  1361, 
lui  succ^da,  en  1387;  fl  racheb  Cherbouits  des  Anglais, 
moyennant  25,000  UTres ;  il  transigea  en  1404  aToc  b  roi  de 
Ftance  pour  reoouTrer  ses  nombrenx  domaines  de  France,  et 
fl  lui  c^a,  entre  autres,  b  comt^  d'^Treox,  qui,  k  partir  de 
cette  ^poque  fat  r^uni  4  b  conronne  de  France.  II  re^ 
de  Cliaries  TI  le  litre  de  garde,  de  par  monteignetar  le 
roi  de  France,  dee  terres  que  souhit  ienir  audit  royaume, 
tant  en  Languedoil  comme  en  l/mguedoc,  notre  dit  sei- 
gneur etptre  (Charles  T). 

Cependant,  en  1589,  Charles  IX  donna  b  eomt^  dlftrreox 
k  son  fr^re  le  doc  d'Abn^n,  dont  b  mort  fit  reTonir  oe  dcf 
mains  k  b  couronne,  en  1584.  Loub  XIII,  en  1842,  Pen  d^ 
tadia  de  nooTeau,  et  b  donna  an  due  de  Bonill  on,  Fr6- 
dMC'Mauriee,  en  Mange  de  b  prindpaat^  de  Sedan ;  b 
mort  de  ce  roi  Tempficha  de  condure  ce  trait^  qnl  fut  ra* 
tifl^  par  son  soccesseur.  Un  an  aprfes ,  FrM^ric-Maurice 
^tant  mort,  son  fib  atn^,Godefroi,  lui  snccMa.  Aprte  le  d4- 
ote  de  oe  prince,  arriT^  en  1721 ,  son  second  fib,  Bmmanueh 
T/idodose,  ti&nie  de  tons  ses  domames  et  de  tootes  ses  di- 
gnity. U  eut  pour  successeur,  en  1730,  son  fib,  Chartes* 
GodtfrcH ,  qui  flit  grand-chambeUan  de  Fraocei  comme  son 


184 

p6re,  leqad  aT«ithMt^  da  nen  de  cette  dignity.  En  1771, 
tudn,  God^oi'CharleS'Henri ,  M  le  5  jaoTier  1718, 
nomm^  colonel  g^^al  de  la  caTalerie  en  1740,  succ^a  A 
son  p6re  dans  le  oomt^  d^^rreux  et  dans  ses  autres  terres. 
II  combattit  h  Fontenoy^li  Lawfeld,  et  aveclui  s*^teignit  dans 
la  grande  nationality  fran^aise  fonn^  par  U  rtvolotion  le 
litre  de  oomte  d^Evrenx. 

A.  JUBINAL*,  d^oCi  ao  Corps  UgUUUf. 

EWALD  (Jb4ii},  Tun  des  pontes  danois  lesplas  ori- 
ginanx  des  temps  nkodemes,  naqnit  le  18  novembre  1743,  k 
Copenbague.  A  Vifgd  de  qninze  ans  il  aUait  oommencer  ses 
etudes  nnlTersitaires,  lorsqae  la  renonunte  de  FrM^ric  le 
Grand  excita  cbes  loi  et  chez  son  fir^re  alnd  one  telle  pas- 
sion poor  r^tat  militaire,  qa'ils  8*enfuirent  tons  deux  k 
Hambottiig,  od  le  rodent  prussien  lear  donna  une  lettre 
de  reoommandation  pour  Magdebourg.  Mais,  ao  lien  de  les 
faire  entrer  dans  les  hossards,  ainri  que  le  leur  ayait  promis 
le  resident,  on  les  incorpora  dans  un  regiment  dinfanterie. 
Mtontent  du  procM^,  Ewald  dterta  aux  Aatrichiens,  corn- 
men^  par  ^tambour,  puis  finitpar  passer  sous-ofBcier, 
et  prit  part  k  diTerses  aflaires  des  campagnes  de  1759  et 
1760.  Racbet^  aiors  du  service  par  sa  famille,  il  revint  k 
Copenbague,  od  il  comment,  en  1762,  Mude  de  la  th^- 
lo^e.  Une  passion  malbeureuse  Tarracba  k  cette  carriire. 
Une  Jeone  porsonne  qu'U  aimait  depuis  longtemps  s^^tant 
marite,  il  tomba  dans  une  profonde  mdlancolie,  disposition 
d'esprit  qui  forma  depuis  le  trait  saillant  de  son  caract^re. 

n  se  llTra  alors  k  la  culture  de  la  po^e  et  il  ^veilla 
d*abord  I'attention  des  connaissears  par  son  poemeall^ori- 
que  intitule  le  Temple  du  bonheur ;  n  cantate  fun^re  k 
I'oecasion  de  la  mort  da  roi  Fr6d^c  V  (1766)  prodoisit 
une  TiTe  sensation.  On  pent  dire  que  comme  podte  lyrique 
ZwM  est  demeitf^  inimitable.  Dans  son  RoffMrage^  tra- 
gddie  en  prose  (1770),  on  reoonnatt  visiblement  T^tudede 
Shakspeare.  Dans  sa  Jfor^  de  Balder  (1773),  OMiTre  si  re- 
marquable  sous  le  rapport  de  la  forme,  il  a  repr^sent^  les 
derniers  retenti«sem<iits  poitiques  des  mytbes  du  Mord. 
Touteibis  son  drame,  des  Pieheurtf  dans  lequei  I'^ldment 
lyrique  domlne  tont  k  fait,  et  oii  la  simplicity  de  Paction 
permet  de  voir  d*autant  plus  clairement  le  travail  de  la 
composition  po^que,  est  restd  son  clief  d'oeuvre.  Ewald 
s^est  fait  aussi  un  nom  comma  comique,  mais  moins  par 
Tesprit  fin  et  railleur  qu'n  a  d^ployi  que  par  la  gaiety  des 
situations  et  des  caract^es  qu'U  a  su  order.  Partisan  du  mi- 
nisf^  de  Bemstoff,  ce  tat  pour  lui,  aux  yeux  de  Tadml- 
nistration  qui  le  rernpla^  (177S)  un  litre  sulfisant  de  dis- 
gr&ce;  et  le  d^rdre  de  sa  conduite  privte  ne  fit  qu'ijouter 
k  sa  mis^re.  Abandonnd  dans  ses  dernites  anntes  par  tous 
ses  parents  et  m^me  par  sa  propre  mto,  11  mourut  dans  les 
tortures  de  lagontte,  le  17  mars  1781,  k  Copenbague. 

EWALD  (  GEOBCES-HBrau-AuGOSTi  d'  ),  professeur  des 
langues  orientales  k  runiversitd  de  GcBttingue,  est  n6  dans 
cette  ville,  le  16  novembre  1803. 11  dtait  encore  sor  les  bancs 
de  runiTersitd  lorsqull  publia  son  premier  ouvrage,  intitule : 
La  composition  de  la  Genise  ( Brunswick,  1823 );  la  m6me 
ann^e  11  fut  cbargd  d'une  classe  au  gymnase  de  Wolfen- 
buttel.  Nommd  en  1831  professeur  titulaire  de  philosophie 
k  Gcettingue,  il  fut  appeld  en  1835  k  y  occuper  la  cliaire 
des  langues  orientales.  Ses  titres  pour  succMer  au  c^ibre 
Eichorn  itaient :  sa  Grammaire  critique  de  la  langue  M- 
brcAque  ( Leipzig,  1827  )j  son  Commentaire  nor  FApoca-^ 
Iffpse  (1828);  enfin,  son  ffistoire  dupeupled'tsrail^JuS" 
qi^d  la  venue  du  Christ  ( Gcettingue,  1843-44  ).  On  a  aussi 
de  lui  un  esaai  de  Metris  camUnum  arabieorum  (1825), 
un  £ssai  iur  gueiques  anciene  mktres  sanscriU  ( 1827); 
un  extrait  de  I'bistorien  arabe  Walkidi,  de  Mesopotamia 
expugnaUs  Historla  (1827),  et  une  Grammaiiea  critica 
lingux  arabiese  cum  brevi  metrorum  doctrina  ( 2  vol., 
Leipzig,  1831-1833 ).  La  part  quMI  prit  en  1837  k  la  pro- 
testation des  professeurs  dePuniversiU  de  Gcetlbgue  centre 
la  suppression  de  la  constitution  lianoTrienne  par  lo  roi 
Ernest  lui  fit  perdre  sa  position;  mais  le  roide  Wurtem- 


AVREUX  ~  EXACTITUDE 


I  beig  Pappda  en  1841  k  remplir  k  FunlTenitf  de  TuUogn 
1  la  chaire  des  langues  jorientales,  et  Ini  eonfte  des  titres  ds 
noblesse  personnelle.  Les  dvdnements  de  1848 oaten  poor 
r^ultat  de  le  rdtablir  en  possJBssbn  de  sa  cbaire  dsGoet- 
tingoe. 

EX  9  pr^xMltion  latine  qne  Ton  emploie  aouTent  joiate 
k  un  mot  d^T^  da  latin,  qui  ne  change  pas  alors  de  signi- 
fication, ae  prend  dans  le  mtene  sens  que  notre  mol  ci*de* 
vani  qoand  on  Taocoaple  par  me  sortede  bartiarisme  k  ea 
mot  fran^.  Mous  retrouvons  Tacception  primitiTe  do  not 
lalin  dans  ex  cathedra^  ex  tmnpore,  ex  libris* 
Quelquefois  ceUe  locution,  adverhiale  dans  rorifpne,  est 
prise  substantivement,  comme  dans  ex  voto,  Dan^  la 
jniisprudence  anglaise,  ex  parte  se  dit  d'une  requite  dans 
laqudle  Pune  des  parties  seulement  expose  sa  demande  poor 
obtenir  un  jugement  provisoire,  on  par  d^ut,  en  rabsenee 
de  tout  oontradicteur. 

Quant  kla  seoonde  signification  de  la  proposition  ec, 
adapts  k  un  terme  fran^,  on  Pa  d'abord  appUquOe  aux 
l^uites  aprte  leur  expulsion  sous  Louis  XT  et  aprte  Tor- 
donnanoe  confirmative  sous  Louis  XVI;  Voltaire,  croyons- 
nous,  s'est  servi  le  premier  da  mot  ex-JisuUe.  Dans  les 
premiers  temps  de  la  revolution  de  1789,  Temploi  de  la  pro- 
position ex  a  donn^  liea  aux  plus  ^tranges  alMis  :  comne 
beaucoup  d*instilutions  furent  alors  renverste,  et  une  mtd- 
titude  d*existences  briste,  on  Tappliquait  k  pea  prks  k  toot : 
on  disalt  ex-noble^  ex-moine^  exHwocat^  ex^procureurs 
on  dit  bientOt  ex-roi.  Le  prooks-verbal  d'enJkvement  etde 
destruction  de  la  cbksse  de  sainte  Genevikve,  qoalifiait  la 
bergk«  de  Nanterre  d'e««saln/e,  en  mtene  temps  qne  Ha- 
dustrieux  orf^vre,  on  mmUlaire  de  Dagobert  II,  qui  avail 
fabriqu^  le  prOdenx  cercoeil,  y  est  qnalifi^  iVex-saint  £loi. 
Un  mari  etune  (emme  divorce  etaientqaalifi^d'e»<poitf 
dans  les  actes  destinte  k  liquider  la  conununaut^  On  sp- 
pllquait  mtoie  rin^puisable  proposition  k  dea  cboses  Uuni- 
mOes  :  parlait-on  d*un  ancien  siOge  de  {ustice  ou  d*adnd- 
nistration  suprimO,  on  disait  Vex^bailliage,  Vex-prisidialt 
Vex'parlement,  Vex-inteHdancejVea>  province.  Unpnriste 
rOvolutionnaire  voulait  qne  Ton  dit  les  ex^Tuileries,  Vex- 
Tjixembourgf  Vex-palais  igalU4^  et  qu'on  dOsignkt  Paris 
comme  ex-capitale,  Au  mois  de  novembre  181&,  k  TOpoque 
du  deplorable  procks  da  marOcbal  Ney  devant  le  cooseil 
de  gaerre  dont  il  rOcusa  si  imprndemment  la  competence, 
un  journal,  se  disant  royaiiste,  osa  dire  que  riUnstre  guerrier 
s^etait  declare  mariehal  ex'pair  I  Aprks  la  revolution  de 
Juillet,  on  parla  beauconpdes  ex-ministres.  Dans  oes  der- 
niers temps,  nous  avons  eu  des  ex^pairs^  des  ex^d^put^, 
des  ex-repr^entants,  etc.  Cette  manikre  vicieose  de  parler 
commence  fort  beureusement  k  passer  de  mode,  et  Ton  se 
dit  toot  simplement  ancien  negodant,  ancien  magistrat, 
ancien  ofllcier,  etc.  BafiToii. 

EX  ABRUPTO.  Foyes  AaaoFro. 

EX  AGTES  ( Sciences ).  Fbyex  Sdioicn. 

EXACTION  (d'U(£T*»,  fexige ).  ^exaction  oonslste  k 
exiger  d^nn  contribnable  ce  qull  ne  doit  pas,  oa  au  delk  de 
ce  qu*il  doit ;  ce  mot  ne  a'appliqoe  qn*aux  fonctionnaires.  II  y 
a  entre  l^exaction  et  la  concussion  cette  difference,  que 
I'exaction  peut  etre  pariaitement  desinteressee  de  la  part  de 
celui  qui  la  commet  au  profit  de  son  gouvemement,  de  ses 
superieurs ,  tandis  que  la  concosslon  est  un  pfofit  illicite 
qu'il  s'attribue.  On  est  cependant  oonvenu  d^appliquer  tout 
au  plus  le  mot  A*exaction  k  Taction  des  offiders  ministeriels 
qui,  enveloppant  tears  clients  dans  toutcs  lc»  snbtilitte  de  Is 
chicane,  exigent  d*enx  beaucoup  plus  qu^ii  ne  leur  doivent 
pour  frais.  L'exaetion  est  presque  toiqours  inseparable  de  la 
violence.  Ainsi,  dans  le  droit  de  la  guerre,  U  est  admis  que 
les  vainqueurs  peuvent  Infllger  certaines  contributions  aox 
babitants  des  villes  conquises ;  mais  eiever  oes  oontribotioos 
outre  mesure,  les  porter  k  des  limitcs  qui  les  font  ressembler 
k  la  confiscation,  c*e8t  de  TexacUon. 

EXACTITUDB.  On  d^^e  sons  ce  nom  osoel,  qni 
derive  dii  latin  exactus,  exact,  soigneuxi  bqoatite^sottdSj 


^ 


EXACTITUDE  —  EXALTATIOIf 


18$ 


iWMNmes  qui  s*aitacbent I  pandiever  In  ciioMs,  c*e8t-i- 
Am  a  Itf  ei^eater  euctemenl,  sott  da  travail  que  ntossfte 
eette  extetion,  loiteiifln  du  produit  de  oe  travail,  c*est-k- 
dire  des  ehoaes  ftites  avee  soln.  Let  choses  faites  de  eette 
nanicfe,  qoelque  nombreines  qu^dles  soleot,  peuvent  ^tre 
rameadea  4  troia  ebefii  principaQX ,  aavolr  :  tea  dWeraes 
loftei  de  iaita»  leur  loterpr^lalioo,  ou  lea  Idte  que  ooua 
megtait  leor  natnra  et  leora  rapporta,  et  enfin,  les  termea, 
let  looutioBa,  doot  Dooa  noiia  aervona  pour  eiprimer  plus 
«i  noiiia  exacteoient  ces  idte.  On  dit  en  effet  dee  person* 
nes,  des^todea,  des  lecherchea,  qu'ellea  aoat  exactes  on 
inexaefesy  que  lea  folta  obaenrte  sont  eiacta  oo  Inexacta, 
et,  wfin,  que  lea  Interpr^tionaet  les  dtoionatrations  qu*on 
ea  doBDe,  en  teniiea  plus  ou  moins  nets  et  prteia,  offrent 
e§^icaientdivera  degNte  d^exactltude.  On  dit  auaai  notions, 
coaaaisaanoea,  adenoea  emclei.  L'exactitude  4 1'^rd  des 
|ienoanes  est  wbMM^  cooune  synonyme  ^aiienWon  et 
tie  vi^tonce,  avec  eette  nuance ,  oependant,  que  Xatten" 
%\m  (ait  que  rien  n'tehappe,  que  ^txactitudt  emptehe  qu'oii 
ooiette  la  moindre  chose,  et  que  la  vigiianee  foit  qu*on  ne 
D^llge  rien.  L.  Laorbnt. 

EXAEDRE.  Voye%  HaxAimiE. 

EX  JEQUOf  deux  mota  latlna  passte  dana  la  langoe 
fran^aise,  indiqiiant  une  ^lil^  absolue  ratre  deux  person- 
DCS.  Gette  expression  ne  s*emploie  qu'4  propos  de  concours, 
de  dlstributkma  de  prix.  Lorsque  deux  eoneurrentssont  con* 
sid^rte  oomme  dtant  d^un  m^rite  dgal,  lea  examinateura  les 
plaoent  sor  le  mAme  niveau,  ex  mquo,  et  alors  le  prix  qui 
devail  6trs  la  rteompense  d'un  seal  est  partagd  entre  deux 
on  plosieon;  lorsque  c*eBt  une  place  qui  est  k  donuer,  la 
miflistre  pent  6tre  embarrass^  car  aucnn  des  deux  concur- 
kbU  ae  veot  naiurellement  t^der  la  place  k  I'autre.  0ana 
lei  prtentationa  acadtoiiques,  lea  aecliona  mettent  souvent 
sat  la  mtoie  ligne  quelquea-una  dea  concurrents,  ce  qui 
a'arrtte  gntoe  loa  aead^iea  et  ne  lea  emptehent  paa  quel- 
quefoa  de  raaiotenir  Tdgallt^  en  cholslasant  plus  baa  sur 
I'Midle  do  prtentation.  Des  prix  sont  souvent  partagda 
ex  mquo  k  Facad^ie,  oonune  dans  lea  doole%  entre  divera 
coDcorrents;  cea  couronnea  divisdes  perdent  toujoura  beau- 
coop  de  leor  prix. 

EXAG^RATlONy  figure  de  rhdtoriqne  par  laqoeHe 
on  aagmente,  on  amplifie  les  choses,  en  blen  on  en  mal. 

•  n  faut  prendre  leaexagdratiima  poMlques  k  leor  Juste  k»- 
ban,  9  dk  Saint-^vremond.  En  peinture,  exagiratUm  s^ 
furifie  la  mani^  de  repr^senter  les  choses  en  les  niarqtiant 
trap,  en  lea  cbargeant  « II  y  a,  dit  de  Piles,  des  contours 
<4iarg6s  qui  plaiaent  parce  quMIs  sont  ^oignds  de  la  bas- 
seise  dn  nalurei  ordindre,  et  qu'iia  portent,  avec  un  air 
de  libertd,  une  certaine  idte  de  grand  goAt,  qui  iiniwse  k  la 
plopart  des  peintrea.  »  Bxagirer^  an  naturel,  veut  dire  u»er 
dliyperbole,  augmenter,  agrandir  par  des  paroles;  ampli- 
fier, repr^8«ater  les  clioses  pins  grandes,  ou  plus  roau- 
vaises,  plus  loiiables  oo  plus  bUkmables  qn'elles  ne  sont. 

•  L^inagination,  quand  eUe  est^iauffte,  dit  F^nelon,  exa- 
gire  lout  ce  qa'elle  ressent.  »  Bxagirer  vient  du  latin 
exagerare^  amonoeler,  dever  en  taa,  en  moncean,  aeco- 
maler,  de  agger,  hauteur,  levte  de  terre.  Sxagiris,  en 
politique,  eat  one  denomination  que  les  partis  se  jetteat 
toork  toar  an  visage,  ainslqueceUe  demodi^rds,  et  presque 
toujoors  avec  aossi  pen  de  bon  sens  que  d^propos. 

EXA€ftON£*  Vogez  Hixaconi. 

EXALADE*  Foyea  CBATAiGmBE. 

EXALTATION.  Ce  mot,  synonyme  d'ilimUJon ,  ne 
s'cmplole  pins  go^re  qu*an  lignnS,  et  sedit  alors  de  T^l^atioB 
d^ne  personnek  quelquedi^it6  eccUsiastiqne,  k  la  papautd. 
Dana  ce  aens,  il  eat  consacr^  k  signifier  le  couronnement 
da  pape^  aa  prise  de  possession ,  le  commencement  de  son 
poBlificat  L'ancienne  £g|ise  appelait  exoMo/ion  lamort  des 
BHBtyra,  leur  dIdvatioB  an  del. 

Vexaiiaikm  en  terraea  d'astrologie  est  une  certaine  di- 

unepUn^  en  certains  degrteoii  signesdn 

>  dfgnitdqui  hii  donne  pluade  verto  ou  d*iiillu9ii09» 


MCr.  D»  LA  GQ^opa,  —  T.    |iu 


Le  signe  oppose  se  nomrae  tUUedUm,  on  chute  de  la  plankte. 

En  physique ,  c^est  Paction,  Topdration  qui  exalte  ^  4lh^ 
purifie,  subtilise  quelque  corps  naturd,  ou  ses  priodpes, 
ou  ses  parties;  c*est  aossi  la  quality  et  la  dis^iosition  que  lea 
corps  naturels  acquidieut  |uir  eette  opdratlon.  En  diiinie, 
c*e8t  une  elevation  et  purificatiou  de  iii^taux  au  plu$i  haul 
degr6.  11  se  dit  aussi  de  la  spiritHalisntion  ou  volati.iiciition 
de  qudqties  autres  coqis.  Les  pliyAiulogisttis  uuKlenics  dcsi- 
gnent  par  le  mot  exaltation  de*  forces  vilalvs  l^aupiien* 
tation  morbide  dans  raction  des  or}(aiies,  et  iNntlculibreuieut 
cdle  qui  a  lieu  dans  un  orgnue  enllariiiiid. 

EXALTATION  (^/oi-ei/e),  tU\  dans  Icquel  les  tMres 
vivauts,  ou  ro^ne  des  substauces  Inaniiu^is,  sont  (XesH  k 
de  plus  hauls  degr^  dVnergie  et  dVlivltd  que  dans  Ifur 
etat  liabituel.  Ce  terme ,  qui  vient  d'exaltare,  esliausser, 
signifie  surtout  eette  exageratfon  de  nos  sentiments  et  de 
nos  id^s  qui  se  rapproclie  deVenthousiasme. 

Tout  ce  qui  porte  une  vive  excitation  au  cervrau  et  sur  Tap- . 
parell  nerveux  dela  vie  sensitive  ou  ext^rieine,  tout  ceqiii 
suscite  les  passions  int^rieures  Ich  plus  dilatable^,  la  colore, 
Tamour,  Tesp^rance,  tout  ce  qui  impriiue  une  pluiigrande 
v61odte  k  la  drculation  et  provoque  un  pIuH  abundant  aHlux 
de  sang  artdrid  vers  la  t6te,  dispose  k  Texaliation  ou  la 
produit.  La  chaleur,  surtout  oelle  du  soldi  qui  Trappe  k  pic 
sur  lecrAnedes  mdridionaux,  les  passions  anfeutcs,  une 
constitution  bilieose  ou  ncrveuse ,  impressionnable ,  des  ali* 
ments  telianfTants  oo  ^)icds,  des  boissons  spiritualises  ou 
des  liqueurs  stiinulanteH,  Pabstinence  prolongf^e  de<  joiiissan- 
oea  les  plus  d<Slideu8es  dc  Tamour ,  les  il^sirs  iuuuodcnSi  uon 
satlsfaits,  des  dudes  prolongates,  le  ddlire,  la  verve  d^nie 
imagination  ennamm(^o  dans  la  solitude,  qui  inuiite  i^esprit ; 
Texcitation  par  la  musfque,  par  des  conteiii|>latiMns  as<4- 
tiques,  nar  le  (anatisme  religieux  on  poliU(|ue,  Texeinpie 
oontagieox  des  Amotions,  des  spectacles  extraonlinuires  d«us 
les  revolutions,  voiU  les  princi|»ates  sources  de  rexniljiliou 

La  jeunesse  est  trte-su!H%ptible  d*uxaltation  :  sa  cir\:Hla- 
tion  porte  plus  vivement  le  sang  vers  le  cervciiu.  De  uii^ine , 
lea  personnes  de  courte  taille  sont  d*onlinalre  bouillantes, 
irasciblea  ;  leoerveau  dant  pen  doign(^  du  cicur,  il  eu  n'voil 
on  sang  diaud  et  abondant  Par  la  ni6me  raison,  la  situation 
couch6e  inspire  des  id<^es  plus  inlenses  et  plus  proftindcs 
que  la  station  drolte.  On  prdend  que  eette  chaleur  cdri^brale 
rend  cliauves  de  lionne  heure  les  homines  exaltds ,  et  Ton 
dte comme exemples  Jules  C^sar,  saint  Paul,  etc 

Apr^  la  chaleur ,  preroi6re  cause  de  Texaltation ,  on 
pent-dreson  unique  rause  (caril  se  ddveloppe  des  plK^oo- 
ro^nes  de  chaleur  dans  tout  dat  d^exaltatiun  physique  ou 
morale),  viennent  lesafTedions  vivcs de TAtue.  On  cunmilt 
assex  ceile  de  li  colore,  cdle  de  la  vengeance,  si  crudle 
parmi  les  nations  sauvages,  et  qui  les  trans|H>rte  jiisqii*^ 
ranUiropophagie ;  mais  on  n^observe  plus  gudre ,  dans  nos 
d^*lea  de  complaisances  sociales  et  de  transactions  ja- 
cileSf  Pexaltation  de  Tamour. 

11  est  certain  qu^on  n>st  point  encore  susr eptihle  d*exaN 
tation  avant  la  puberty.  La  femme  est  pcut-«itre  encore  plus 
exposal  ces  ddires  que  riiomuie.  Cliez  dlC|  un  appareil 
int!&rieur  d^organes  dniinemment  scnsibles,  surtout  k  I'e- 
poque  do  tribut  mensuel ,  un  syst^me  musculaire  grftle  on 
mince,  qni  laisse  plus  d*emplre  au  genre  nerveux  ,  une  loi 
de  podeor  plus  sdv^re,  qui  comprimant  les  ddsira  les  re- 
double par  la  contrainte ,  une  imagination  plus  mobile ,  un 
ceeur  plus  tendre ,  des  sens  plus  impre^onnablea ,  tout 
conspire  k  susdter  une  exaltation  dont  die  n*est  pas  mat- 
tresse :  aussi  trouve-t-on  plus  de  folles  que  de  fous  par 
amour  dans  les  hospices  d^ati^n^.  Ceat  plutdt  ranihition 
dn  ponvoir,  des  grandeurs  ou  des  blens  de  la  fortime  qui 
exalte  les  esprlts  de  la  plupart  des  fous ;  mal^  la  Jalousie , 
Tamoor,  et  la  devotion ,  qui  est  encore  tme  antra  sorle  (Pa- 
*mour,  troublent  bien  plus  IVdquemment  Pfsprit  de  Paul  re 
aexe.  Si  Pon  volt  souvent  des  symptdmes  dtiystdrie  ddran^^rr 
la  santd  de  tant  de  femmes,  combien  dliystdrles  mentiles 
aecittea^  ifioofiou^^  )i(>lll9V«naU  eef  tendna  Amest 

14 


1S6 


EXALTATION  —  EXAMEN  DE  CONSCIENCE 


Tant  <ttie  Vknm  est  exalUe,  die  ne  sent  ni  les  douleara , 
ni  les  mines  de  sa  fragile  demeure;  elle  porta  nidmeloa- 
guement  Texistence.  Les  hoinmescouteroplalirs,  lei  ainaclio- 
r^lcs,  les  pliilosoplics ,  \ivent  en  g^ni^ral  lon^lenips  sains, 
anlanl  h  cause  de  leur  sohricl^-et  du  peu  de  passions  qu*il8 
<^proiivcnt»  que  par  celte  forte  tension  vers  le  cerveaii,  qui^ 
tiiiiiinuu  la  i^ensibiUld  et  ses  d<^perdiltous  par  lesautresor- 
gane<i;  elle  soulient  sans  cesse  leur  puis-sance  Titale,  et  les 
exeiiipte  de  la  pliipart  des  maladies  aiguSs,  m6me  les  plus 
redoiUablcs.  En  effet ,  c^est  par  cetle  forte  exaltation  que. 
les  MBiirs  de  cliariti  et  les  missionnaires  du  Iievant  sotgneiit 
les  f>esti£6r^  sans  crainte,  souvent  sans  danger,  etquMIs 
sVlancent  dans  des  contrto  tointaines  au-devant  da  mar- 
tyre.  J.-J.  ViRBl. 

EXALTATION  DE  LA  CROIX  (F^te  de  I'). 
Votjez  Croix  (Exaltation  de  la). 

EXAMEN, perquisition,  discussion,  recherche exacte , 
soigneuse,  8^v6re,  p<»ur  arrivcrk  la  v^rit^  d*ane  ehose.  Si  les 
horomes,  dit  Saint-^vreniond,  ne  se  hfttaient  pas  tant  de  de- 
cider apr6s  un  ej;ame;i  superficiel,  ils  nesetromperaientpas 
si  souyent.  II  y  a,  dit  Nicole,  de  la  t^^it^  k  soumiettre  la 
religion  k  Vexamen  de  la  raison. 

[La  doctrine  de  Vexamen  est  fondle  sur  le  droit  qu*a  la 
raison  iudividueiledese determiner  par  elle-m^me, comme 
la  doctrine  de  Tautorit^  sur  la  faiblesse  et  Pincapacit^  de  . 
celte  m6me  raison.  Selon  les  partisans  de  cettedemi^re  phi- 
losophic, le  t^moignage  d'un  plus  ou  rooins  grand  nombre 
de  personnes  dignes  de  foi  est  la  r^gle  unique  de  nos  juge- 
ments.  Mais  les  gens  dignes  d*4tre  cms,  en  vertu  de  quoi 
ont-ils  prononc^?  Sur  le  tdmoignage  d*autres  personnes  qui 
m<iritaient  la  confiance.  Mais  si  ces  maltres  et  les  maltres  de 
ces  maltres,  et  tons  ceux  qui  ont  re^u  leur  science  de  I'au*  ■ 
torit<^,  n*ont  eu  qu*k  Pouter  pour  apprendre,  les  premiers 
maltres,  cenx  qui  n*ont  eu  personne  avant  enx,  comment 
ont-ils  appris?  d*oii  leur  sent  venues  leurs  corniaissances? 
D^enx-niemes ;  il  le  faut  hien,  k  moius  qu^on  ne  dise  quMIs  les 
ont  revues  tontes  failet  de  Dieii.  Et  dans  ce  cas  il  faut 
encore  reconualtre  la  necessity  de  la  raison  individuelle  pour 
accepter  et  coinprendre  Teuseignemen^  divis^;  et  c'est  dans 
ce  sens  que  s'explique  le  pieux  Huet,  k  propos  du  cdl^bre 
Porpliyre,  qui  pensait  que  les  Juifs  avaient  dans  la  foi  un 
moyen  |dus  sdr  pour  arrivei  k  la  T^rit^  que  les  Grecs,  qui  la 
clierchaient  a?ec  la  seule  raison.  «  Ce  philosophe,  dit-ll,  ne 
s'appuyait*il  pas  dela  raison  elle-m6me  quand  il  la  pr^f^- 
rait  a  la  foi?  Oui  sans  doute;  et  si  la  foi  a  plus  de  res- 
sources  que  la  raison,  c'est  la  raison  qui  nous  apprend  cet 
avantage  de  la  foi.  »  Saint  Augustine  dit  de  mdme  :  «  Nous 
apprenons  dedeux  mani^res,  par  Tautorit^  et  par  la  raison; 
rautorite  est  la  premiere  si  Ton  consid^re  le  temps ,  mail 
la  raison  a  le  premier  rang  si  on  lui  donne  sa  place  natu- 
relle  el  logique.  • 

En  nous  renfcrmant  dans  leu  limites  de  ri^umanit^,  H 
pons  semble  qu*on  ne  s'^rerait  pas  en  avangant  que  si 
Vejcamen  &i  Ic  rdsuitat  de  notre  nature,  si  c^est  une  loique 
la  base  de  nos  conuaissances  soit  dans  notre  raison  indivi- 
duelle,  c*est  aussi  une  lot  pour  riiomme  que  la  sociability, 
et  qu*en  sa  quality  d*6lro  social,  il  doit  trouter  dans  laso- 
ci^li,  dans  Vexamen  des  autres  liommes,  avec  les  moyens 
de  diSvelopper  sa  raison,  le  redressement  ou  la  confirmatbn 
de  ses  jugements.  De  R  ci  FFEfSBERc.  ] 

On  a  sou  vent  inslst^S  sur  la  n^fcessit^  A"  examiner  les 
preuves  de  la  religion.  On  a  reproch^  k  ses  d<^fenseur8  de 
froire  sans  examen  tout  ce  qui  est  en  sa  faveiir,  ou  de  ne 
Vexamlner  qu'arec  un  esprit  fasc'n^  par  des  pr^jug^  d*en- 
<^nce  ou  d*(Mucation.  Les  d^Ienseurs  de  la  religion  ont  ac- 
cuse k  leur  lour  ses  emiemis  de  tCexamlner  la  religion  que 
dans  les  ^rlts  de  ceux  qui  Tattaquenl,  et  jamais  dans  let 
ouvragA  de  ceux  qui  la  dt^fcndenl ;  de  croire  aveugl^neut 
et  sur  piirole  tous  les  falls  et  tons  les  raisonnenients  qui  pe- 
raissent  lulMre  eontraires;  d^apporter  k  leur  examen  pr<- 
tendu  un  d^r  ardent  de  la  trouver  faiisse,  parce  quel*lncr6- 
4)i|it^  leur  paran  plus  commode  que  la  religion,  Les  d^en- 


seurs  de  la  religion  nMnterdisent  pat  re&anMl  db  set  pne^ 
Tes.  La  religion,  dlsent-lls  noos  y  eoiiwiei  et  ilt  dtent  Id  des 
paroles  de  taint  Pierre,  de  saint  Panl  el  da  taint  Jean.  La 
question  est  done  oniquement  de  saToir  cenmieDt  4m  doH 
pnoc^der  k  eel  examen^  et  c*est  \k  quit  y  a  dittenHnent, 
non-seulement  enire  les  calkoliqiies  et  les  inei^dules,  mtit 
encore  entre  oeuvUi  et  les  Mr^tiqnes  el  les  schismatiqees* 
[  Kxnm^n  se  dit  aussi  de  repreuve^quesubit  ctlnl  qui  as* 
pireaux ordres  on  kqiielqiie degnti  dans  les  feolea.  II solBt 
drMndiquer  let  la  premiere  de  ces  aoeeptions^  Qoant  k  la  te- 
oonde,  les  ezamtM.  jmbHu  ool  re^  nne  extension  qu^ts 
n*avaient  pat  aulrelois.  Cenx  que  doiveat  subir  aujonrd^hui 
let  candidate  4  teutet  let  earritees  lettrta  et  tdenCMqees 
sont,  aux  yenx  des  hommet  ro6me  les  plus  pr^enns ,  one 
garantie  de  taToir  qui  n'exittaH  pofait  sous  linden  rdglme. 
lis  eonsistaient  alors  le  phit  Mqaemmenl  en  des  questions 
consigotesd'avanee  dans  des  caliiers,  aotsi  bien  qne  let  r6- 
ppnses ;  et  le  candidal  a'avait  besein  que  de  let  apprendre  (kar 
comr.  II  n^enestbeurensement  plus  de  m^me  attjoord*hiif  i 
pour  les  facalt^t  des  lettres,  des  sciences,  de  n^edne  et 
de  droit,  pour  l^^le  po4ytechniqae,l'£coledeSaint- 
Cyr,  r^le  navale,  eomrne  pour  l*l^e  nor  male, 
TEcole  forest  i^re,  etc.,  les  examenssoitleMeai,  dlflidles 
k.  sttbir,  et,  sauf  tr^pea  d'exceptions,  ne  sont  oouronoAs 
de  socc^  que  poor  des  tujett  m^iitantt.  Une  indnlgente 
partiality  de  la  part  det  examinaleurs,  qoelqtie  frandede  la 
part  des  r^piendaires,  ne  sont  qae  des  cas  excepUonnels,  0t 
beauconp  trop  remarqu^  pour  se  presenter  fr^nemnieat. 
Le  litre  d'examinateurde  l^^le  polytediaique  est  one  A- 
gnil^scienHfiqae  qui ,  telle  qu'elle  a>t6  el  qu*eHe  est  too- 
jours  remplie,  suppose  antent  de  probity,  d*ind<^pendance, 
que  desavolret  de  talent.  Xfest  k  qui,  dans  I'UnfversIt^, 
parmi  les  ppofesseurs  les  plus  distingif^s ,  sera  d^ign^  pour 
com|ioser  let  divers  bureaux  d'examen  d*agn^lfon.  A  Vt- 
coledemMedne,i  T^eole  de  droit,  aux  Facnll^  des  scien- 
ces etdcs lettres,  malheur au  profosseur qui  n*esl pas  redouts 
conune  s^^t^  examinatenr !  Sa  consideration  personnelle 
en  est,  es  pent  le  dire,.duulnu6e  d*aulant  - 

Malgr^  toot  ce  luxe  d'examens,  11  est  trop  Trai  de  dire  que ' 
cheque  jouv  let  Faculty  det  sdenoet,  det  lettret,  de  droit 
et  de  m^deoine,  re^ifenl  de  d^plorablet  tojels.  Qae  d'avo- 
catt  Ignoraatt!  que  de  bacbeliers  te  lettres  qui  ne  sateol 
pas  I'orthograpliel  ^pjeding^nienrt  maladroits !  que  de  me- 
decinsqoi  ne  sont  que  des  Anetl  de  chlrargient  dignes  da 
nom  de  boochers  I  de  pharmaciens  savanta  seolement  dans 
Tart  d'allonger  les  m^molresl  Malt  que  prouvent  toutes  cec 
plalntes?  La  n^cetsit^  det  prtoiations  que  Pen  a  accumoWei 
pour  ^Titer  de  pareilles  ni^prises.  II  arriTerait  encore  biea 
pit  si  le  sage  oMMiopole  det  exament  et  des  receptions  ^tait 
aboli.  diaries  Do  Rosoia.] 

Examm  signifle  aotsi  qndquefois  eeititrre,  critique.  En 
ce  sens,  il  a  senri  de  litre  k  plusieon  Rrres  :  ^Sxamm  des 
espriin,  VlSxemen  de  VBxnmen  det  espriis, 

EXAMEN  DE  CONSCIENCE,  revue  que  Ml  le 
pteheur  de  sa  vie  patt^e,  afln  d*en  connalire  let  faiites  el  de 
les  cpnfesser.  Let  P^res  de  r^glise,  let  tlieolofi;fens,  les  an- 
leurt  asceUques,  quitraitenldn  sacreraeot  de  lap6nitenoe, 
montrent  la  necestitd  el  pretorivenl  la  manlire  de  lahe  oel 
examen,  cemQie  moyen  dMnspirer  an  peclienrle  repentlrde 
ses  fautes  et  la  volonte  de  t'en  oerrlger.  lit  le  redniseDt^ 
dnq  points :  1*  se  metire  en  la  presence  de  Dieuel  le  re- 
roercier  d^  set  bienfslts ;  2*  kii  demander  les  kimi^res  4  les 
gnaces  n^cessalrea  pour  connalire  el  dem^ler  nos  doles; 
3*"  nous  rappder  nos  pentees,  not  paroles,  not  actions,  not 
oecupaliont,  nos  devoirs,  ponrvdrenquornont  avons  of- 
fense Oien ;  4*  lul  demander  pardon  el  concevoir  un  regret 
tinekrad'avoirpdelie;  a*  former  la  retdolion  dn^^  dent 
plus  roCfenser,  de  prendre  totftet  let  precaotiont  poar  nous 
en  prteerver  el  d*en  ftiir  let  oecadent.  Outre  eel  examen 
^iniral^  neceasdre  poul* at  preparer  &  la  confession,^ 
lit  cnnsdilent  iiceux  qui  veuleni  avaaeerdans  la' teito,  da 
fairt  tent  letjoon  on  arameii  peofikuikt^  tnr  diKoad^ 


fel^HEN  DE  COSSCIEINCE  —  EXCENIRICITJS; 


ci^voirs  4v  dnr)itfiintgm6  el  de  T^t  de  vie  ou  on  est  eng^6^ 
pbor  voir  en  titiol Toa  peat  avoir  besoia  de  te  corriger. 

EXitiVTHfeME  (en  gree  i^ve^lMl,  eflloreflcence,  de 
floEvd^Uy  neutii;,  ft^panotilr).  On  a  appliqu^  oe  nom  h  la  plu- 
Iwft  d€S  ^pitons  qui  se  m^ nifestoit  h  la  peau.  Les  no^o- 
logiatea  i^em^  ue  dassent  parmi  lea  exanltt^mes  que  les 
mptioBS  ayantpour  earact^re  commun  une  rougetir  plus 
00  moini  Viti^  qpl  dlsparalt  sods  la  pression  du  doigt.  L*^- 
rjtM4a>e,,ta  rps^ole,  la  rougeole,  laacal-latlne  et 
rortlcaire  tont  done  les  seules  affecUona  auxquclles 
Gonvienne  %i\tn.4'^0ftthime, 

EXABQUAT^  EXARCH  AT  ou  EXAKCaT,  charge 
militaire  cbes  les  andens  Grecs,  dlgiiit^  eccl6siastique  dans 
la  primltlTe  l^f^»  et  vice-ro^fautd  dans  les  premiers  alleles 
de  Pempire  d'Orient.  Les  mots  grecs  l^xoc»  '(opxtiov, 
r^poodeot,  dans  iiotre  lapgue,  anx  mots  prince  et  princi- 
potiM.  tsarquat  sSgnifle  tout  i^  la  foisia  cliarge,  la  dignity 
(f  etarque.  le  pays  sourois  k  un  exarqiie,  el  la  duri^  de 
r^dmhiiatration,  do  gouvemement  .d*un  exarque,  eccl^ias- 
iSqiie  og  chrfl.  L^exarquat  d'ltalie,  souinis  aux  empereors 
d'Orieot,  contenait  Ravenne,  CMne,  Imola,  Rologne, 
Mod^Qe,  Creme,  Mantoue^  Aqullte.  etc  Lapartie  del*exar- 
qont  poai6dte  aujourdMiot  par  le  saint-sii^ge  a*appelle  H<h 
ma^n^,  et  a  Ravenne  pour eapitale. 
'  EXAHQUE  (du  grec  llopx^^  prince).  Dans  les  pre- 
miers fllteles  du  clirfstianisme,  Fexarque  6tait  un  dignitalre 
eod^astiqne,  assex  semblable  k  celui  qu*on  a  depuis  appel^ 
primai.  Plac^  dans  h  bi^rarcbie  entre  le  patrlarcbe  et  le 
m^tropolifaia.  sa  juridictlon  s*^tendait  sur  pluMeurs  pro* 
tineas,  btan  randehne  £jg)!se  d^Orient,  Texarque  <tait  te  su* 
p6ne»tr  g^n^ral  de  plnsieurs  monast^rea,  difl(6rent  de  Tar- 
difmandrite,  sup^riair  d*une  seule  maison.  L*exarque  ^it 
^  peu  prte  ce  qu*ont  M  depuis  le  g^n^ral  on  le  prorincial , 
sbef  detout  Tordre  ou  d\ine  partr<^  de  Pordre;  n^nmoins, 
par  la  suite,  il  devint  on  des  derniers  ofliciers  de  Tfiglise. 
Sons  les  empere^irs  d*Orient,  on  donna  le  nom  d'exarque 
an  giMjf  erneur  gin^ral  de  lAIVique ,  main  plus  parliculi^- 
^nmt  aux  pr^fets  ticair^,  ou  lieutenant^,  qui  pendant  les 
^ilrae,  s«pU^ne  et  liultl^me  sl^es,  gouvernaient  la  partie 
Je  Fitalie  encore  Muinise  h  leur  domination  et  laddfendaient 
eontre  la  puissance  des  Lombards. 

Le  patnce  Klatius  Longfnus,  entoy^  par  Tempereur  Jus- 
tin If  ^ur  rempIacerNarste'en  56S,  futle  premier  exarque, 
ft  6xa  sa  residence  k  RsTenne.  Eutycliius  fut  le  dernier  des 
dix-hutl  exarqueSy  dont  te  gouvernement  a?ait  dur^  cent  qua- 
tre-vtngjtk|ua  re  ans..Leur  puissance  6tait  sans  tjomes,  et  elte 
aoraft  egal^  cdle  des  rois  slls  n*eussent  6U  k  la  nomination 
des  empereors,  amovibles  k  leur  gr^,  et  oblige  de  leur  payer 
me  aomme  annuelle;  mats  lis  n'us^rent  de  leur  pouvoir  que 
poor  satlsftYre  leur  availie  et  leur  vengeance ,  et  parmi  eux 
on  ne  peut  dter  un  grand  homme.  Les  exarques  avalent 
infln^sor  Pdectlon  et  Tordinatloq  des  papes.  Pepin,  roi  ^ei 
France,  ayant  oonquia  Ravenne  et  Texarquat  sur  les  Lom- 
banla,  en  755,  les  c^  an  pape  rann6e  suivantt .  A  Tdpo^ue 
de  b  dtaidence  do  royaume  d*Arles  oil  de  fe>ur^ogne,  par' 
tea  tnurpatiooa  des  Vasaaui  et  des  prdlats,  raicliev^u^ 
de  Lynn,  ll^diua  de  Montboissier,  fut  conGrm^  par Vem- 
pereor  FtldMc  I*'  dans  le  titre  d'e^arque,  qu^fl  'a'^tait 
amg^  an  doodtoie  8i6de.  ^  _, 

tens  rfilgtl^se  grecque  modeme,  fexarque. est. iin  Idgal  a 

tere  du  patriardie.  11  visile  les  provinces',,  si ii forme  dea 


Mere 


K 


Biflecira  des  €IHes,  des  caus^  ecci6^iastiques,'  des  manages 
eCdfviMTces,  des  dilKrends  entre  les  pnMats  e(  le  peupfe ,  de 
radministration  des  sacrements ,  enfin  de  Tbb.'^ervance  des 
canoiis,  de  ia  lltiirgieet  de  la  discipline  monastique. 

Oomme  exarqiie  signifie  ^lement  celui  qui  commando 
4  cdid  qiri  commence^  on  a  doon^  ce  nom  au  malire- 
diantre  d^une  ^{ttfse.  M.  Aldifi^r^.. 

'  EX  CATHEDRA,  sorte  de  lociitfon  adverblale  tlr<^' 
ia  lat?ff,et  qAi'^niirecik  trini^Uife  ia  chalre,  Parler  ear 
infhedrOf  c^  parler  du  baut  de  la  diairc,  c*est->-djre 
fvec  faotohtd  d'un  dodeur  on  d*un  pr6(re.  On  se  seri 


tS7 

souvcnt  de  ces  termea  quand  on  traite  de  llnliiilinrfnt^  do 
pape  ou  de  aes  d^crets.  Ondit  que  le  pape  parte  on  ne  parle 
^9&  ex  cathedra^  du  baut  de  son  ai^e.  Le  pape  n^est  cens6 
parler  ainsi  que  lorsquMl  rend  un  d^ret  pulilic,  comme  chef 
de  r£)dise  unlversette,  et  qu^il  Padresse  k  tons  les  fiddles, 
pour  <^tre  la  r^gle  de  lenr  foi  ou  de  leurs  mcciirs. 

EXCELLEXCE,  quality  extraordinaire  d'une  cliose, 
supc^riorit^  qn'ctle  tut  douuesur  toutps'ceiles  du  m(^me  g(*nr«. 

Par  excellence^  fa^^n  de  parler  ad%erb!ale  et  lamili^ne, 
synonyme  d^excellemment.  Cela  est  lieau  par  excdlenc«. 
On  dil  aussi  que  Dieu  est  T^tre  par  excellence^  pour  dire 
qiili  est  le  souverain  6tre,  et  que  toutes  lea  crdatures  n^ont 
r^tre  que  (tar  participation. 

On  nomme  prix  d'excellenee  dans  les  lyc^  on  prix 
unique,  d^m^  dans  cliaque  classe  Ji  IMl^ve  qui  a  obtenu 
les  meilleufes  places  depuis  la  rentr^  des  classes  (c*est-k- 
dire  deptiia  le  mots  d*octobre).  Cdfe  distribution  se  fait  sans 
solenniti  au  mols  d*avr11,  quelque^  Jonrs  avant  les  va- 
cinoes  de  PAques.  t)dfis  les  grandea  distributions  des  ly- 
G^,  collies  on  |iensionnats,  on  accordeaussi  qiielquefois 
nn  prlT  (Texcellenee  au  sujet  qui  s*est  le  plus  distingu^. 

EXCELLENCE  (^liquelle),  Les  rois  lombards  pri- 
rent  les  premiers  ce  titre,  que  les  rois  franks  et  les  empe- 
retirs  allemands  cohtfnuftreht  de  porter  josqO'au  qua- 
tdrz^me  si^e.  Au  quinxi^me  aitele,  lea  princes  ilaliens  se 
le  iirent  dbnner ;  mails  ayant  vu,  en  1593,  le  due  de  Nevers, 
ambAssadenr  de  France  k  Rome,  ae  Parroger  (exemple 
qu'imiftrent  auasitOt  les  envoyte  des  autres  grandes  puis- 
sances), ils  Pteliang^rent  oontreoduid'it/fesfe.  La  paix  de 
Weatpbalie  accorda  anx  fieeteors  de  TEmpire  le  droit  de 
Bommer  des  anibaasadeora  avee  le  titre  d' Excellence; 
droit  que  lea  autres  aoaveralns  prineea  de  PEmpire  h*obtin- 
rent  que  pins  tard.  L*tisage  de  donner  le  titre  d^BxceUence  k 
certains  liantsfonctionn^dhta  ne  aintroduisit  en  France  qu'k 
partir  de  1654.  II  gagna'bient6t  PAllemagne,  ob  an  sitele  der- 
nier, on  en  qualiflait  jiAqu'li  des  professeurs  d'universit^s. 

[Le  titre  d'lrxce//^C0,  donnd  aujoord'bni  an  moindre 
jockey  diplomatique  qu\in  caprice  de  son  maltre  transforme 
eh  envoy 6  extraordinaire  et  minUlre  plinipolentiaire, 
saUsfaisait  au  dix-septi6me  sitele  le  chef  d^un  gouvernement, 
le  descendant  d*un  empereur :  eue(fet,ce  ne  fut  que  du  temps 
de  Louis  XIV  que  le  prince  d*Orange  obtint  la  qualification 
d*a  /  ^  e  a  a  e,  et  U  fallut  bien  des  n^oclaUons  pour  en  venii  I^ 
Un  ^It  de  Pbilippa  IT,  foi  d*Espagne,  promOlgb6  auxPays- 
Bas  en  1 595 ,  dtfend'de  donner  le  titre  ^Excellences  k  tout 
autre  qu*au  capitaiue-gto^ral  de  ces  pays  et  de  Bouiigogne, 
k  moins  qn^  ne  soit  de  la  maison  royale  ou  de  celle  d'Au- 
triclie.  Malgr^  cet  tilt,  les  vice-roia,  les  ambassadeun,  lea 

S rands  d*Espagne  etle^  cbevatle^  de  la  Tolson-d'Or  se  firent 
onnerderj?j;c^//eiici0.  Ce  titre,  attadid  d*ordinaire  k  quel« 
due  cliarge  de  codr  ou  baufe  fonction  soit  dviie ,  soit  mili- 
ralre,  est  encore  autrement  commun  kii  nord'et  ausud  de 
l^Europe  qu'en  France.  II  n^est'meme  presque  pas  de  gentfl- 
lAtre  en  Italie  qui  ne  fexige  de  ses  laqiiais  et  aussi  de  sea 
foumisseiirs,  lorsqo'il  les  paye.  En  Allemagne^  la  plupart  dee 
foncUonnaires  et  des  di^italres  qui  J  avaient  droit  y  !«• 
nonc^rent  bien  vite  k  la  Suite  des  ^v^ements  de  1S48;  mala 
depuis  que  les  dioses  y  ont  h^  partout  remises  sur  Tancieo 
pied,  V Excellence  y  r^fleuril  de  plus  l>elle.  C'est  tool  comma 
en  France,  ou  depuis  la  proclamation  de  Pempire  un  douiia 
ce  titre  non-seulement  aux  ministres  ( lout  sollidtcur  babtle 
ne  manquera  pas  de  les  monseigneuriser  par  desi^us  le 
mareli^ ),  mais  encore  aux  prdsidents  du  sdnat,  du  coqis  Id* 
gislatif  et  du  conseil  d*l^tat,  aux  grands  ofncien;  de  la  maison 
de  PeihiH^reur,  de'  Pimpdra'.rioe,  etc  De  REllTE^aellG.] 
EXCELMAXS.  Poj^fs  Exelmars. 
EXCEXTRICITtt  (de  ex,  liors, d centrum,  centre). 
Dans  Pel  I  ipse  et  dans  Pby  per  bole,  on  doone  le  nom 
d'excenlriciUk  la  distance  dcPun  quelconque  des  foyers 
au  centre.  Gette  expr<^sion,  nrincipalemeiit  employee  par 
les  astronomea,  rappdle  que  fe  suleil  n*oceupe  ivia  le  oen- 
tre  dea  orbitei  plandtairesy  roaiii  uo  de  leurs  fo)<'i  <;.  oa  gj^ 


u« 


feXCENtRtClt^  —  fei(iBPTlOlfl 


fti<!nt  rexeentricit^  d^niM  plan^te  k  l*aide  de  diverses  m^- 
tbodes.  Celle  de  la  terre  peut  se  ddduire  de  ce  principe 
que  les  distances  d'un  astre  a  la  teire  sont  en  raison  in- 
verse de  see  diamitres  appareots.  Si  l*on  reprtente  par  a 
le  demi-grand  axe  de  I'orbite  terrestre,  et  par  e  l*excentri- 
cit6,  0+  e  exprimera  la  distance  aph^e,  et  a  —  e  la  dis- 
tance p^rih^Iie,  de  sorte  que  A  ^nt  le  plus  grand  et  d  ie 
plus  petit  diamMre  apparent  du  soleily  on  aura 
a+g_A    ..  .  /A— 8' 


d*obe 


(a+J* 


a— e     «•     '  \A+8, 

En  prenant  pour  nnit^  le  deiri  grand  axe,  on  tronve  atnsi 
pour  rexcenlridt^  de  la  terre  0,0167. 

LVxcentricil^desplan^tes  connnes,  d*aotant  plus  grande 
que  leiir  orbite  sVlolgne  pliisde  la  forme  clrculafre,  a  pour 
liiniles  0,0068,  excentriciU  de  Ytous,  et  0,25A,  excentricit^ 
deJunon.  Ces  nonibres  eux-mfirnes  subissent  decontinuelles 
varialicfus,  conune  tous  les  autres  ^l^ments  plan^talres,  et 
parliciilidremcul  comme  P^qualion  ducentre,  donn^ 
a  laquelle  l*e\centricit^  est  iiitiinement  lide  par  une  rela- 
tiou  doiit  l-luler  a  I'ait  connaltre  deux  expressions  en  series 
tr^SHonvergenles. 

On  doiinu  auswi  qnelquefols  le  nom  iVexcenlriciU  k  la 
distance  ties  deux  foyers  de  INirbite  :  11  faut  alors  dire  Tex- 
cenfricii6  dtmhle ,  pour  ^viter  loule  confusion  avec  Tex* 
centricili  simple.  E.  Mehmrux. 

E\CE\Tlil(IITE«  Ce  inof,  emptunt^  au  langa^e 
scientilii|He,  ap|Mirtienl  a  la  lanj;ue  anglai5^;  la  cliose  qu*U 
di^si^ne  i*kI  lisseidiel lenient  hrilanniquA.  Un  excenfric  est 
un  (»rii;inal,  un  lioniine  bixarn*.,  dont  la  lUMiduile,  s*ik»rtant 
des  ri*;:i(s  ri'vties,  i«t  en  di'lu.r*  d«  I'usage  gi^ni^raL  LVjDceit- 
(ric  n'esi  point  iin  Ami;  ce  n\!At  luis  un  sot:  il  a  souveiit 
bcnncoiip  dVsprit ,  il  nVt  |«aH  rare  qiril  soit  dou^  d*une 
Tasti*.  in<tnirtion ;  inaisi il  aiine k  a;;lr  Asa  guise,  il  a  roinpu 
en  visiV^ie  avii:  ii*s  u*n^^'»  rr^n'**  il  est  propri^laire  d^ine 
iiiiV  li\«%|i!ns  ou  uiotn^i  <^lniiige,  d*apr6s  laquelte  il  r^le 
lantOI  rrnM>iidile  dt»  sa  vie,  tanlAl  quelques-une^  de  sesac- 
liiiiis  S4MiliMiii'nl.  Ciivind  amateur  des  originalitt^  ile  tout 
gHirc,  Ir  pnlilic  des  trots  rojanines  fail  ses  dilic&i de  la  lec- 
ture di's  laits  et  geslen  ile  cex  ^trcs  au  cerveau  liaroque; 
Iturs  bingra|d)ies  ^  font  iniiUtplidcs  pour  lul  plaire;nout 
avons  M)us  les  yeiix  une  KxcfiUrte  Gallerg,  laqiielle  ne 
coniprend  pa^  mofn^de  six  volumes.  G.  Bhuket. 

EXCEMTIUQUE.  Deux  cerclessont  dils  excenlri" 
ques ,  lorsque  reiilenn&i  Tun  dans  Taulre  lis  n*ont  pas  le 
uitoie  ronlre.  Cetle  qualilication  s^appliqne  dgalement  k 
deux  splidres  plac^  de  m6me.  Le  mot  excentrigue  a  |)our 
oppose  concentrique^  qui  signifie  ayant  le  mdme  centre. 

Substantivenient,  le  mot  excenlrlque  s'emploie  en  m6- 
caniqne  |K)ur  d^id(;ner  ret  tains  organes  |»roprcs  h  efTecloer  dee 
transformationft  de  mouveuieid  circulaiiecuutiuu  en  drcu- 
laire  alternatif  ou  en  rocliligne  aliernatif.  Ces  demiers,  doni 
on  se  sert  fr^queniment ,  consistent  en  une  courbe  toumanl 
autonr  d*un  axe  qui  irest  pas  p!ar^  au  centre  de  figure. 

i,eti  loiirneiirs  apjiejlenl  ejrrHfni/tie  un  niandrin  com- 
pose an  nioycn  dnqoel  lis  font  varier  le  centre  de  la  pi6ce 
qi/ilH  fa^mnen^  4ansrenle\er  de  des.MiA  le  lour. 

K\<1KI*  riO.X.  Dans  le  tanga^e  usuet,  on  entend  par 
oxr«'l>tion  iu  ite  ili^rir^ition  h  nue  ri^le  g<^n6rale;  aiosi,  en 
granniiaire«  on  roniiiu'nre  d*alNinl  |iiir  enseigner  les  r^les, 
puis  on  en  fait  nninalln*  lexreption  ou  los  exceptions.  Les 
e\ci'|)litins  i:rainiuati(*aleii ,  qiieli|Ui;  noinbreuses  qu*ctles 
i^oienl.  soul  enc^ure  assez  nires  |NMir  avoir  donud  uaissance  il 
c«t  adajje :  VexcrpOon  conjirmr  la  rhjle. 
'  En  Jurispmdenci%  le  mot  e\ce|ition  est  usit^  en  deux  sens, 
&|ipUqu4  auK  lots,  aUx  tribunaux,  il  sert  k  qualifier  tout  ce 
qui  est  en  deliors  du  droit  common  ( voyez  les  articles  soi- 
vants),  Dana  un  autre  sens,  on  appelle  exeeplions  tous  les 
moyens  pr^jodidels  qui  sans  toucber  au  fond  d*une  affaire 
^tablisscal  qiM  k  demande  ne  doit  pas  ttre  aocucillie. 

Lea  exeeptioBS  at  dhrlwnl  en  dans  eiasiet,  las  eseeptiouM 
tflfalolreSy  dana  leaqoellea  enirent  les  d^clfoatolres, 
y  les  excff  lions  p&emptoin$,  Les  premieres  fbnt  terler  la 


demande  pendant  un  certain  ienipSy  reiar^l  seukaaeftl  fa 
Jttgement  du  fond  par  des  querelles  de  forme;  les  seeondes 
font  teartef  d^finltivement  la  demande,  sans  qM  soit  pass* 
au  jugement  du  fond.  Les  exceptions  dMinatoIres  reoToint 
la  demande  4  un  autre  tribunal ;  eltes  doWent  £tre  pcesen- 
tte  les  premieres.  Les  exceptions  pteroptolres^  tirte  des 
nollitte  des  actes  de  procMure  doivent  #tre  prtentte  en- 
suite.  Les  exceptions  dilatoires,  qui  tendent  senlement  k 
faire  renvoyer  k  un  autre  temps,  Tiennent  ea  trdsiiroe. 
EniUi,  les  exceptions  p^remptoires,  tirta  de  la  non-receva- 
bilit^  du  demandear,  soit  par  d^bnt  dIntMt  ob  de  quality 
soit  k  raison  d*une  prescription  acquise,  d*nn  Jugwient  inter* 
▼enu,d*une  transaction,  etc.,  ne  doiTent  voiirqu'en  dernier 
lieu.  Get  ordre  doit  Mre  suivl  sous  peine  de  d^di^anee. 

II  y  a  aussi  des  exceptions  temporaires,  ne  poovant  Mrs 
invoqudes  que  pendant  on  temps  d^ermini;  des  exceptions 
perpMuelles,  qui  peuvent  l*6tretoi^oors;  des  exceptions  per* 
sonnelleSf  telles,  parexemple,  que  la  caution  iwHeatum 
soloi,  si  le  demandeur  est  un  stranger ;  des  exceptions  rfelles 
rejNisant  sur  des  moyens  inbdrents  k  la  cliose  en  litige. 

EXCEPTION  (Tribunal  d*).  A  ce  nom  la  pens^  qui  se 
pr^iente  la  premiere  k  Pesprit  est  celle  d*une  juridiction  po- 
litique des1in<^  a  devenir,  en  deliors  des  limitesde  la  justice, 
rinslrument  du  |K>iivoir,  et  dans  ce  sens  TexpreMion  a 
quelqiie  cliose  d*odicux ;  mais  il  y  a  encore  un  autre  genre 
de  tribunaux  d*exceplion,  crM  pour  Texp^litioo  d'affai- 
res 8p(^ciales.  Alnsi,  nous  avons  des  tribunaux  de  commerce, 
des  tribunaux  de  paix,  institu^  les  uns  pour  connaltre  des 
affaires  et  des  op^ations  de  commerce^les  autres  pourd^ 
cider,  d*aprte  les  r^les  du  simple  bon  sens,  et  poor  alnsi 
dire  sur  le  lieu  m^me  du  litige,  les  contestations  de  petite 
valeiir,  qui  ne  peuvent  r^llemeut  £tre  qualifito  de  procis. 
Une  r^ie  de  Tanden  droit,  consignee  dans  le  TraitS  des 
Offices  de  Loiseau,  c*est  qu*on  ne  regarde  comma  vrais 
magistrats  que  ceux  de  la  justice  ordinaire;  les  autres  ont 
plutOt  une  simple  ifolion  ou  puissance  de  juger  qa'une 
vraie  Juridiction.  Quant  aux  Juridictions  politiques,  dies 
ont  emtiiit^  de  tout  temps  beaoooup  plus  sur  le  droil  cri- 
ininel  que  sur  le  droit  dvil.  La  diarte  de  1814  supprima 
les  oours  spteiales.  Avant  le  Code  d'lnstruction  crimi- 
nelle,  il  y  en  avait  de  deux  esptees :  les  unes,  oompo- 
Ues  des  membres  du  tribunal  crimlnd,  avec  ad|ionction  da 
tribunal  dvil,  oonnaissalent  du  crime  de  faux ;  les  autres, 
compose  du  tribunal  crimhid,  arec  adjooctioB  de  milital- 
res,  jugeaient  certains  crimes  Violents,  teb  que  les  toIs  de 
grandes  routes  et  leb  m^faits  des  vagalionds,  etc.  Le  Code 
<rinstruction  crimfnelle  donna  une  nouvdie  vie  4  ces  der> 
nitres,  et  abrogea  les  autres,  Ju8i|u*ji  ce  que  la  cliarte  les 
lit  disparaltre  toutes.  Mais  en  1815,  4  la  suite  des  invasions 
etdes  inallieursdela  France,  onvit  reparattredes  ooors  prd- 
▼6tales,  qui  cotnptdent  dans  leur  sdn  un  grand-pr^vdt^ 
lequd  ^tait  n^cessairement  on  ofDder  gMril,  Ces  cours 
n*existaient  plus  quand  la  cbarte  de  1830  vint  prociamer 
eii  lermes  forinds  qu'il  ne  pourralt  k  Tavenir  Hrt  crM  de 
tribunaux  extraordinaires,  k  qudque  titre  et  sous  qudqne 
dt^nomination  que  ce  pOt  £tre.  P.  ds  GoLater. 

EXCEPTION  ( Lois  d* ).  Dans  notre  droit  public,  on 
entend  |iar  ials  (Cexceplion  cdles  qui,  en  vne  d*uB  danger, 
sus|i«ndent  pour  uu  tanps  les  droits  garantis  aux  dtuyens 
par  la  constitution  :  ainsi,  les  lois  qui  permdtaient  d'arrtter 
ou  d^iioignerde  certains  lieiix  les  liommes  qui  avaient  pris 
pari  au  nitablissement  de  Teinpereur  dans  les  centjours 
fUrent  des  loisd*e\ception.  II  en  est  de  m^e  de  toutes  eel- 
les  qui  plusleurs  fols  suspendirent,  sous  la  Restauralion,  le 
droit  dMmprimer  et  de  publicr  sa  penste  autrement  que 
{lar  la  permission  des  censeurs  et  de  odlo  qui  confMrent 
le  droit  d'arrestation  k  trois  ministres.  Les  attdntes  aux 
constitutions  et  aux  bis  organiques  des  peoples  sont  ton- 
jours  dangereuses  pour  le  pouvoir  qui  selea  pennet,  paroa 
que  leur  but  unique  est  d'assurer  le  triomphe  d'un  pnitl 
sur  un  autre.  La  loi  fondamentale  ddt  dtreliors  de  la  por- 
tte  dn  pottvdrqu'dle  consacre.  Lo  iiial  est  licaucoitp  plui 


teXCEPTlON  - 

fertiii  al6m  WrtqM  k  tmU^ob  do  pacte  social,  au  lieu 
ifaire  avou^e  oomme  one  mesiire  temporairey  m  gUsae 
afee  astuce  ana  ime  loi  dasUn^  k  r^r  tout  ravenir ; 
kKaqua  reapcit  dea  finstitutioiia  d'aoe  Dation  est  fausa^  au 
poiBlqn^ii  auffit  du  rapprocbement  dca  datea  pour  en  dtre 
euDTaincu :  par  e&emple,  ai  dana  une  chaite  on  avait  ati- 
piiM  im  nouToan  mode  d'aaaurer  la  reapoDsabilitA  dea  agenta 
du  pouToIr,  et  que  oepeodant  on  proposit  dana  on  projet 
da  mainlenir  randen ;  ai  Ton  atait  aboli  la  cenaure  et  qu*on 
la  r^Ubltt,  etc  P.  ni  Golbi^t. 

£XGES«  terme  d^riv^  du  terbe  excedere^  d^paaser,  car 
lea  cflpcte,  oppoateenoelaani  dijautt^  semblent  Mre  un 
dtlMNtleaieQt  dea  fKultte  ou  puissancea  en  toutea  chosea, 
dana  le  bien  comme  daaale  ooai.  Tout  excto  aoppoae  done 
OM  auFabondanee,  par  rapport  k  on  point  fixe  ou  k  on  ^ui- 
libr«,  i  eet  6tat  moyen,  k  ce  Jtute  mUieu^  en  de^i  et  au 
ddi  doquel il n'y  arien de atable  ni  de  vrai.  Lea  exc^ aem- 
McBt  Aire  le  r^aoltai  d'une  force  pr^ominante;  la  jeanesae 
y  emit  dooner  la  preote  de  la  Tigueur,  tandla  que  la  vieil- 
leaae  ^puiste  ue  pent  montrer  que  aes  dtfauts,  qui  aont  dea 
casact^rea  de  laibleaae.  Maia,  comme  on  Ta  dit,  lei  excte 
Be  aaoraient  durer  :  tla  aont  maladifo  ou  destructeurs,  au 
Hen  que  lea  med^a  eooaerrent  ou  rttabliaaent  le  repos,  la 
aantt  et  T^nergie  complete  dea  fonctiooa,  la  neutrality,  la 
anturation  dana  lea  combinaiaona  cbimiques,  etc. 

Lea  airimanXy  drounscrita  dana  la  aphire  normale  de 
leufs  iMtineta,  ae  d^bordent  rarement  ou  dillidlement  dana 
dea  excte :  ila  cesaent  de  manger  od  finit  Tapp^tit,  et  nuto 
apprtta  gaatronomiqueane  lea  portent  4 1'abua  de  bi  goumian* 
dbe;  ramoor  diei  eox  a*<vdl1e  anx  dpoquea  marqute 
par  la  nature,  et  le  tcbu  de  bi  nature  s*^tebit  aprte  que  le 
bot  en  cat  accompli ;  lea  beaoina  a'arrttent  qnand  le  but  a 
eeaa^.  Lliomnie  aeul,  parmi  toua  lea  fitrea  crM,  fot  dot^, 
par  one  nature  prodigue,  d*immenaea  moyena  de  aenaibilit^, 
d*ttn appardl  nerreox  riche  et  puissant,  d^une  intdligence 
favatiable  dana  aea  d^irs.  Si  Tbomme  eAt  ^t^  rMuit,  comme 
la  brute,  au  rOle  limits  d'uiatrument  de  aeaorganes,  il  n*eQt 
point  M  digne  de  rfeompenae  ni  sujet  an  blAme.  Sea  excte, 
qnV  pent  refreoer  par  aa  raiaon  et  par  Tamour  de  I'ordre 
HBlTeriel  ( qui  eat  le  aentiroent  de  to  vertu ),  ne  aont  qu'one 
pnuTe  de  aa  liberty  d*action.  L*bomme  a  d*aotant  plua  de 
globe  d'y  rMater,  quila  ae  pr^aentent  k  lui  aoua  Taapect 
daTifeaJouiasancea. 

IloiM  devooa  eette  tendance  vers  lea  excte  ao  d^velop- 
pemcntderapparetl  aenaitif,pluaconaid^rablechearhomme 
que  cha  lea  animaux.  Une  peau  nue,  trte-impresaionnable, 
en  cerreau  vaate,  un  immenM  rayonnement  dea  nerfa  dana 
toutea  lea  r6giona  du  corpa,  qui  le  rendent  toinemment 
mubile  Juaqu'aux  apaamea  et  aux  convulaiona;  dea  aenaa- 
titana  ripidca,  profondea;  dea  pasaiona  emportiea  et  foo- 
picnaca.  le  beaoin  d*aimer  dana  preaque  toua  lea  Ageade  U 
Tie,  un  organe  exceaai? ement  exdtable  chex  la  femme,  lea 
npporta  perp^tnda  de  T^tat  aodal  entre  lea  biditidua  et 
lea  tffif^  lea  ttxaHa^l^n*  que  rimagination  et  Teaprit  re- 
foiveal  de  TMucation,  la  ddicatcase  qu*engendre  U  dviliaa- 
tioQ,  lea  appr^ta  de  toutea  lea  jouissancea  pour  h  table, 
pour  In  Tie  molle  et  ddicieuae  au  adn  das  richeaaaa,  ToiUi 
4es  Moaea  da  bien  das  excte»  Toili  lea  polaona  de  Texistence. 

Lea  exete  aont  la  mine,  la  peatede  la  race  bumaine,  ai 
Too  conekMre  quMla  ^pulsent  n^ceasairement  lea  centres  de 
In  acnaibilit^  et  des  pouvoira  vitaux.  Un  excte  d*exerdce 
nHncotaure  a  bientdt  fotigu^  Tappareil  du  mourement ;  et  ai 
cea  excte  aont  trop  r^pdite,  sana  une  restauration  auflisante, 
le  pkut  robuateatblMeestproDiplcment  oaas6,  ^cras^.  II  en 
aen  de  mteae  par  las  excte  du  boire  et  du  manger.  Ceux  de 
rappnrdl  reproducteur  produiaent  r^nervation,  Pipui- 
aement.  Ceux  de  nntdligienoe  peutent  causer  Tidiotie 
dana  lea  plua  graiida  gteiea  :  c'eat  ainsi  que  Newton  petdit 
revrit,  el  que  le  Tasae  fut  atidot  d'imbteiiliti.  D*ordinaire 
Ih  excte  abr^eat  la  earrite  bumaine,  oomme  un  llambeao 
ae  casaame  d^ianl  plua  ^e  quii  brille  daTantage :  /iiceo, 
ffd  amsumor,  telle  cal  la  devise  de  eas  bnpnidccts  qui 


♦  ^ 


-  EXClDfeUtL  t«9 

a'toient :  Que  la  Tie  aolt  eourte  et  bonnel  llaia  il  attrlanl 
aouvent  qu*aprte  avoir  aavour^  avec  trop  dineaae  le  nec- 
tar, 11  Csut  enaoite  longiiement  avaler  le  ddK^ie,  aa  Ue 
am^e,  dana  la  TidUeaae.  Ceile-d,  aprte  lea  excte,  devieni 
bientOt  prtoce  ou  pr^roatur^;  die  engendre  m^me  cetta 
laiblease  pusillanime  qui  fait  redouter  aans  cease  la  mort  et 
qui  dte  le  courage  de  la  braver.  Laaage,  pour  ne  paa  bioi- 
ber  dana  cea  d^fauts  de  (dblesse,  6vite  les  exoto;  par  U 
il  se  maintient  fort  et  toujoura  complet :  totus  teres  atque 
'  rotondus,  suivant  le  prfeepte  d'Eorace.  Tel  est  Tbomme 
Bolide  et  vigoureux,  Vhomme  earri  war  toutes  ses  faces, 
aelon  leniotde  Napolton.  J.-J.  VmsY. 

EXGES  DE  POUVOIR,acte  par  loqud  un  fonction- 
naire  ou  un  tribund  sortdo'cerdel^  de  aea  attributiona. 

Cest  un  prindpe  du  gonvemement  constitutionnd  que 
diaque  autoritd  doit  reaterdana  la  limite  que  lea  loia  lui  onl 
aasignte.  Aind,  cheque  pouvoir  dolt  raster  dana  la  spliira 
que  lui  a  traoto  la  conatitution.  Le  pouvoir  extoitif  ne 
doit  paa  a*attribuer  le  droit  de  fdre  seul  les  lois,  de  crfer 
dea  impOts,  d*entraver  le  ooura  de  la  justice,  se  dispenser 
d'ex^cuter  lea  lois,  etc.;  le  poqvdr  kSgtolaUr  ne  ddt  paa 
empider  sur  le  pouvoir  Judiddre,  d  le  pouvdr  judiddre  ne 
doit  pas  s^atlribuer  la  puissance  Mgidative  ou  exteutive. 

Notre  Illation  pteale  est  s^v^e  pour  lea  fondlonnairea 
de  difTferents  ordrea  qui  aurdent  couniia  des  excte  de  pou- 
voir. Aind,  leCode  Pted,  article  127,  punit  de  U  degra- 
dation dvique  lea  Jugea,  procureura  gtedraux  ou  imp^riaux 
qui  se  seraient  immiaote  dana  Texerdce  du  pouvoir  l^alatif 
on  dana  lea  mati^rea  attribute  aux  autorit^  admlnistm- 
tivea.  Lea  mtaiea  pdnea  sontappUcaMea  aux  pr^feU,  aoua- 
pr^feta,  mdrea  et  antres  adminidrateura  qui  se  aerdeni 
fanmiaoda  dana  I'exerdoe  du  pouvoir  Mgialatlf,  qui  anndent 
pria  deaarrMtegMraux  tendant  bbitimer  dea  ordrea  qud- 
conquea  k  dea  conra  d  tribunani,  ou  bien  qui  ae  aeraient 
attribute  bi  connaiaaance  de  drolta  d  d^bit^ta  privte  da 
reaaort  dea  tribonaux.  U  arrive  cependant  aouvent  qu'nne 
mtoie  affaire  art  revendiqute  k  la  fola  par  ranloritd  judiddre 
d rautorilA  adminiatrative : de  to  natt  on con/li t,  dont  la 
connalasanoe  appartient  au  conadl  d'£tat,  lequd ,  dana  ce 
caa,  decide  devant  qudle  autorHd  devra  dre  renvoyte  Taf- 
lUre  litlgieoie.  Pendant  rinatrudion  anr  le  conOit,  et  en  at* 
tendant  to  dteiaion  qd  ddt  fixer  la  competence,  raftoira 
resle  en  auapena,  d  il  y  aurait  exde  de  pauwair  d  to  tri- 
bunal ou  rantorilA  adndnialrative  a'obaSinait  k  proooncer. 
II  y  a  une  autre  eaptee  d'exeis  de  pouvoir,  qui  n*entratne 
aucune  peine,  mato  ipii  cependant  pent  donner  Iton  k  oer- 
tainea  meaorea.  Afaid,  qu'un  fonctionnalre  ddpaaae  lea  ins- 
tructiona  qu'il  a  re^ea ,  bien  qu'il  dt  agi  dana  le  eercto 
1^1  de  aea  attributions,  11  n*en  commd  pas  moins  un  excie 
de  pouvoir  vis-k-vto  de  sea  sup^rieurs;  la  loi  ne  prononce 
paa  de  pdne  pour  ce  fdt,  dto  laisae  k  la  disdpline  hiter^ 
chique  to  soin  de  to  rdprimer.  On  pent  en  dire  autant  dea 
tribunaux  :  par  exemple,  un  tribunal  ayant  k  proooncer 
sur  un  ddit  d'b^urea  ou  de  diltomatlon,  ordonne  que  to 
parUe  oondamnte  fera  reparation  d^bonneur  k  I'ofTenae , 
00  bien  ce  mdme  tribund  ordonue  toute  autn  meauro  que 
told n'autoriae paa.  11  y  adana  ces deux  caa  e»ei$ de  pou' 
voir^  d  alors  c*ed  aux  tribunaux  d*appd  d  4  to  cour  de  caa- 
aation  qu'il  appartient  deoontenir  succeadvement  .toa  diflK- 
rentea  juridictiona  dana  lea  Umites  de  leur  competence. 

Quand  lea  autoritte  empideot  lea  nnea  aur  lea  autrea» 
comma  dana  to  cm  dea  articlea  127  d  auivanto  du  Code 
penal,  il  y  a  ejEo^f  de  pouvoir  rdtochi  d  volontoire;  o'eal 
one  aorte  d*inaurrection  combinee  eontro  to  toi  dle-mteie, 
d  par  conaequent  nn  crime.  Quand,  au  oontrdre,  Pejc^f 
de  powfoir  ne  rtelte,  comme  dana  les  demtora  exemplea 
que  nous  avona  dtda,  que  dhine  meprise  on  d'nneextendoa 
erronte  de  toura  attributions,  il  n*y  a  paa  faifradion  punla- 
aabte,  mda  aeiitoment  il  y  a  Itoii  (to  diferer  cea  dedaiona 
aux  autorilda  ou  anx  Juridictiona  qui «  dana  rorriro  Idiirar^ 
diique,  ont  to  droit  de  toa  rdbrmer.      B.  m  CuAMieii^ 

eXCIDEUlU  Vo^ez  DonMonn. 


I 


\-  .-'♦ 


190  feXOPlENT  - 

EXGIPtKNTf  stibsUiica  qai  sert  k  faire  prenflre  aux 
«)Micaroento  lai  foi*ni«  |lharmhec^itiqiie  sous  laquelle  lis  sa 
-|>r6seiitefit.  r<Mr  oonvMfr  en-pfliiles  une  poudre  qtiel- 
^eonqne-,  on  y  ajtotite  totevi^iif  im  oot'ps'fnou  baliquide  qui 
-en  devient  Texcipiettt.  Dehs  le^lnTuMonft,  dans  les  d^- 
eoetiona,  Teao  ert  rexeitilent  des  auUjttiincea  mMfcinalea 
'BTee  le<quelle»  on  fohne  ai^  agents ) '  dan^  les  t  e  i  n  t  u  r  e  t, 
liunft  Iea6lixira,c*e»!t  l^loool.  ' 

•  Ij*«x€fpfent,  employ^  pre«qii^  tih^O^ment  pour  donn^r 
ab  medicament  \dr  forme  convenable,  est  par  consi^qtient 
ia'  partie  la  motna  importante  d'lineTormute;  mais  on 
aurait  tort  de  alroagfner  que  oette  pafti^  sott'tont  h  fait  in- 
diffi^rente.  fVaburd,  11  est  des  caft  ou  l*eKcipipnt  donne  au 
m^tcament  non-seu)emeflt^  sa  foi-m6,  mais  Ime  graiide 
partie  de  se^-propri^l^  ;  c^  ce-^iii  arrite  toutes  lies  fois 
que  Texcipient  inditing  jouit  par  litl-m/^me  de  propri^t^ 
particiili6res,  et  «urtoiit  quand  dn  eom|>te  sur  l*ctcipient 
pour  determiner  certains  efTets  qua  lea  medicaments  ncpro- 
duiraient  pas  sous  une  aHlreformc. 

11  y  a  encore  une  autre  femarq lie,' plus  {mpoi^ante,^  faire 
relatiTement  aux  excipients  ;  c^est  qti^un  medicament  ne  se 
conserve  pas  intact  dans  les  formutes;  il  peut  varier  seion 
les  corps  aTec  lesqods  on  le  meld,  ausid  bien'que  suivant 
lea  rapports  dans  leaqneli  11  se  troirre  wee  nos  organes ; 
d'od  resulte  la  necessiU  de  cholsir  les  excfpfcnts  avec  soin, 
soit  pour  etendre  une  dose  de  medicalnent,  qui  serait  dan- 
fereuse  si  on  en  laissait  Taction  concentres  aipr  arec  toute 
aa  force  sur  un  point  unique  ^  soit  |)our  ne  paa  decomposer 
certaines  preparations  avant  qu'eltes  aient  exerce  sur  lea 
organes  Taction  pour  laquelle  on  les  reclierclie,  soit  pour 
faciliter  par  une  dissolution  pins  fadle  au  sein  de  nos  or- 
ganes la  medication  attendue,  soit  pour  extraire  de  certains 
medicaments  quelques-uns  seulement  de  leors  principes 
dont  on  desire  se  servir,  laissanl  les  autres  de  c6te,  soil, 
enrtn,  fjour  modifier  ju»qu^  un  ceiiain  point  faction  trop 
active  de  certaines  substances. 

EXCISE)  nom  qu'on  donne  en  Angleterre  ii  une  bran- 
che  iiiiporlante  du  revenu  public ;  elle  correspond  k  pea 
pr^s  k  ce  qtie  nous  appeions  conMbiUions  indirtcles, 

EXCITANTS*  On  designe  sous  ce  nom  lea  moyena 
propres  k  reveiiler  lasenslbilite,^  emouroir  les  corps 
vivants,  k  determiner  plus  d^acUvlte  dans  Taccompliaso^ 
uient  de  leurs  fonctions.  On  les  distingue  des  toniques  el 
des  fortifiants  en  ee  que  Taction  de  ceuK-ci  est  molna 
Immediatement  appreciable  et  plus  prolongee't  les  stimu- 
lants soot  un  peu  plus  aclifs,  et  raontrent  un  pen  plua 
longtemps  leurs  errets;le8  irritants  sent  Texageratton 
complete  des  mis  et  dea  autres.  Les  substances  volatilea 
et  aromatiques,  le  cafe,  le  tlie,  aont  dea  excitants.  Du  roste, 
tel  moyen  qui  n'est  qu*excitant  pour  certaines  personnes  ou 
certaines  organes,  est  stimulant  ou  meme  Irritant  poor  une 
autre  personne  on  pour  d'autrea  organes ,  et  redproque* 
ment. 

On  entend  surtont  par  excitants  lesmoyensqul  Appellent 
un  organe  ou  on  ayateme  d'organe  k  rempllr  avee  acU?lte 
sea  fonctions.  Sous  ce  rapport,  nous  devons  dire  qu^il  y  a 
dea  excitants  giniraux  et  dea  excitants  $p4eiaux.  Lea 
xdtants  generaux  aont  eeun  quf  piia  k  Tinterietir,  par 
-xemple,  avivent  toutea  lea  fonctions,  augmentent  la  force 

la  frequence  du  pools,  dereloppent  la  dialeur  animate, 
la  Tiecerebrale,  les  excretions,  les  exhalations,  les  faculies 
aensitlTea  et  looomotrices.  Ces  medicaments  sont  en  graufl 
MHubre :  on  lea  a  naturellement  recherdies  et  multiplies, 
farce  que  Tbomrae  aaln  y  trouve  avec  plalalr  un  surcrolt 
de  Tie,  el  que  Thomme  maladeet  faiUe  est  porte  Ji  y  re- 
eourir,  el  dierohe  en  eux  on  snppieant  des  forces  qiii  lui 
aianquent*  Dans  les  ekdtanta  apedaox,  noiissToas  des  exd- 
lauta  de  la  drculatioii,  des  fonctions  cerebrales,  et  particu- 
li^remest  dea  excitants  dont  Tadion  prindpole  a^atlaclie  de 
prtfimwe  k  queiqu'une  de  nos  secretions.  Ainsi,  nous  trou- 
vona  pannl  eux  dea  exdiants  do  sysieme  nerreux  loeomo* 
l^iKoa  aeotltif,  eomme  lastrycliniiie,  la  belladoaot 


EXCItATION 

le  the,  le  cafe,  etc.;  des  fBxdtantf  ^..  la  fmemf,^ 
la  dialeur  aidee  des  moyens  dits  iuacri/iaues;  de  la 
secretion  urln^ire,  comme  la  plupart  des  vnedicamenta  dhh 
retiques; des  M^retlons  blliaire.et  sail vaire, comme  le ca^ 
lomel;  des  secretions  gastrique  et  intestinale,  comme  lei 
Tomitlfs  et  les  purgatifs,  outre  que  cliacun  de  ces  or- 
ganes participe  a  Tauvnientation  d'action  qu*iia  recoitent 
tous  de  {'administration  d*un  excitant  general  quelconqas; 
Dans  le  meme  sens,  Tex^ercice,  La  clialeur  du  soldi  ou  des 
foyers,  la  luiniere,,Timpression  d*un  air  sec,  etc.,  aont  dea 
excitants.  L'e((|>ril  a  apsni  ses  excitants. 

EXCITATEUU*  On  donne  ce  horn  k  tout  Instrument 
propre  k  excilor,  sans  aucun'  risque,  des  etiuceAea  que  Ton 
tired'un  corps  electrise.  Voyez  titcnuqvE  (  Machine). 

£XCITATl0^f,  EXCITABlLllt.  L*exd^afri<i/^est  la 
faculie  par  laquelle  tous  les  corps. vivants  produisent  des 
actes  ou  une  reaction  quelronque  k  Toccasion  d*un  stinui- 
lant  qui  los  md  en  Jeu  :  Vexcilatign  en  est  TefTet.  Moos 
disons  totu  les  corps  vivants^  car  non-seqlement  .les  ani- 
maux  manifestent  cctte  activite  sous  Tinfluenpe  des  <^ses 
de  stimulation ,  mals  meme  les  v(^etaux  en  donnent  de| 
preuves.  On  peut  dire  egalement  que  si  nos  tissiis  organi- 
ques  vtvent ,  se  reparent  et  s'agitent  sous  le  stimulus  da 
sang  arteriel ,  de  meme  c*est.par  Tafflux  d^une  sik\t  nonm- 
dere  que  toutos  1^  parties  des  plantes  s*accroissent  et  sa 
deplolent  au  printemps  ou  8*epaoouis^$ent  avec  joie  k  Tas- 
peel  de  Taurore. 

U  terme  d'excUaWitS,  ou  plutdt  dUncitaSfttlti^  a  ete 
substitue  par,  John  Brown,  ceiei^re  mededn  ecossais  de 
la  Hn  du  dix-Yiuiti6me  siede,  aux  mots  irritabilU6  et  lrri/»> 
f  ion,  d*abord  employes  par  Haller  et  retabljs  par  B  r  o  u  ssa  is. 
En  eftet,  ta  faculie  d'excitation  ex/irieure  on  6*incUatiQn 
intMeure ,  que  met  en  mouvement  toule  cause  atimulante, 
soit  au  ddiors ,  soit  au  dedans  de  nos  corps,  peut  etre  natu- 
relle,  normaie,  regnli6re,  favoriier  le  jeu  de  la  vieet  la  sante, 
ainsi  que  le  font  t*air  pur,  des  aliments  aalulaires.  Mais  Virri' 
tabiliti  senible,  au  contraire,  designer  deji  cd  eiat  d'agaco* 
ment  et  comme  une  coiere  dans  laqudle  entreralt  la  fibre 
vivement  piqut^  par  un  aiguiilon,  ou  Testouiac  par  une 
boisson  alcooliqne.  Ce  serait  un  commencement  d'inflain- 
mation,  une  imminence  morbide,  ayant  dejil  besoin  de 
calinants.  Cesdifferents  terints  :  excitabilU^,  incitabiiui, 
irritabiliti^  n*en  exprimenl  |>as  molns  le  pouvoir  qui  anime 
toute  organisation  dans  son  etat  de  Tle,.ott  plut6t  c^est  la 
vie  eile-meme.  Elle  re&ide  dans  cette  propriete  t|e  &*etuoD- 
voir  Ji  divers  degres,  non  ])as  seulement  par  Teffet  des 
agents  extemes  ou  divers  excitants,  maU  encore  par 
les  passions,  les  voloutes,  propres  fonctions  de  Torgaoisme 
reaglssant  sur  lul-meme.  Ce  sont  ces  Influences,  oes  alTbe- 
tionsdu  dehors  comme  du  dedans,  qui  soutiennent  Texistence; 
cdie-d  s*eteindrait  inevltablementsana  leur  concours.  Ainsi, 
nos  sensations ,  la  locomotion,  les  actes  de  Tintdligence,  les 
aiTecUons  morales,  reaulteni  de  toutes  les  puissances  exd- 
tanlea. 

L^xdtabilit6  abonde  ou  a'accuuyile  quand  oa  lui  tppliqoe 
peu  de  stimulants;  die  a^epuiae  d'Autteit  phis  qu'on  b  de- 
pense  par  des  excitations  trop  vivea;  die  Unit  meme  par 
se  consumer,  par  manquer.  Une  absence  oomplMe  de  tiout 
agent  excltaleur  plongerait  Texistence  dans  TinerQe,  dani 
un  aommeil  egal  ii  la  mori,  aans  eependani  epulser  nos  fa- 
cultea  vitalea.  Tout  au  contraire,  eHes  n^en  reprendraient 
que  plus  dintensite  initiale,  comme  aprte  le  repos.  '*' 

Notre  vie  constate  ainsi  dans  le  stimulus,  ou  dans  eette 
proportion  normaie  d*exdtation  sdon  nos  besoins  d  nos* 
accooUimanoes.  Lt  sanie  est  renfermee  entre  certaines  11* 
riiites;  elle  se  regie  sdon  la  quantite  des  stimulus  donnei 
par  les  objets  environnants  entre  lesquds  il  nous  foot 
exister.  Trop  d*excitalions  produisent,  sdon  lea  browniens, 
des  maladies  stlienfqoes;  trop  faibles,  ces  excitations  lal<- 
sent  nos  organea  languides,  font  tomber  dans  dea  aflections 
astbeniques.  Or,  les  indications  curatlvea  dans  edte  lhe!>- 
rie  consistent  k  dimfaioer  Texdtation  quand  11  y  n  en  excte 


dt!  stimulus » comroe  k  raugQenter  dans  P^tat  contraire. 
Go  compneoil  sans  peine  que  moins  on  aliuse  des  excitants , 
pliis  on  ^cimomise  son  excitability  f  «t  qu*un  enfant »  un 
homroe  sobre,  seront  tuen  plus  TigoureuFement  ^mus  par 
OB  l^er  stiuiolant,  que  ue  leserait  un  vieiilard  dpuis^,  ou 
tel  indivldu  b^  h  Torce  d^iinpressiona  vives.  11  s'^talilit 
.iooc  un  rapport  n^ces^aire  entre  Teicitabititd  et  Texcitation. 
Trup  de  stimulus  physique  ou  niural  k  un  organisme  jeune 
et  oeuf  le  fatigue »  T^lonne,  Firrte  ou  te  cabro,  puis  finit 
par  r^puiser;  trop  peu  de  stimulus  au  vieiilard  insensible 
le  Ui«j«  inerte  ou  languissant,  J.-J.  Virbt. 

EXCITATION.  Au  moral,  c^est  Taction  d*engagcr. 
He  porter  k  faire  une  cUose.  Exciter  k  boire»  a  manger,  au 
traTall,  ^Tetude.  Nos'lois  ptinisseut  diff^rentes  excitations, 
comme  rexci/a/ton  d  la  ifebauche.  La  loi  du  .9  aoOt 
18 i!),  repliant  k  peu  prte  les  dispositions  de  la  Xqi  du  25 
mir-i  1822,  reconnalt  deux  autres  genres  d*excitatiop ,  Vex- 
citation  A  la  haint  el  au  mipris  du  gouvernemenl^  qui 
est  puai  d'nn  mois  k  qiialra  ans  d*emprisonnement  et  de 
l&O  i  5,000  tr.  d'amenda,  et  VexcUalion  A  la  haine  et 
tum^prii  des  citoyens  les  uns  contie  les  autres^  qui  est 
frappe  d'uu  emprisimncmeut  de  quiuze  jours  k  deux  ans,  et 
d\iDe  aineode  ia  100  a  4,000  fr. 

EXCLAMATION.  Ce  uiot,  qui  nous  vient  du  lalin 
ejrc/amof io,  forin^  d*exclamare^  crier,  s'toier,  sert  k  ex 
priiner  le  cri  suliit  et  telaiant  qu'arraclie  Tadmiration,  la 
jnie,  la  fiireur  ou  tout  autre  inoiiTemcnt  passionnf^.  Par  suite 
de  eetta  d<^finit1nii  ^ty moio^i(|iie ,  on  sent  que  Vexctamation 
derait  troiver  place  parmi  les  nonbreuses  figures  que 
dtslingiienl  les  rlioteurs.  Cost  avec  raison  que  Tun  a  com- 
psrt  Vexclatnatton  au  nierveiileiix  Prut<^  dont  parte  la 
Fable;  elle  est  susceptible  en  efl'ct  de  premlre  toules  les 
tonnes.  Approbation,  plaisanterie,  sensibtliK^ ,  ^motiou, 
trouble,  salsissement,  surprise,  emi)ortement,  fureur,  rage, 
d^ence,  tels  sont  les  princfpaux  rOles  qtu  convienneut  k 
cette  figure.  L*exclamation  ei^t  d^un  grand  effet  dans  Toile, 
d  gtei^ralement  dans  la  po^sie  lyrique,  qui  ne  peut  se  sou- 
tenir  qu'i  Paide  de  renliiousiasmc.  Elle  fmiruil  anssi  parfois 
k  Torateor  des  arroes  terribles.  Mais  c'est  surtout  dans  les 
chefo-d'oeuTfe  de  Tart  dramatique  qu*on  trou?e  de  frappants 
examples  du  parli  avantageux  que  Ton  peat  tlrer  de  cette 
figure.  ITestelle  pas  dr^ne  d^nii  'Roroain,  cette  exelama- 
tkm  que  Comeine  met  dans  la  bouchedu  ▼ieil  Horace? 

0  BOB  fib !  A  OM  joie !  4  rbonneur  dt  net  joars  1 
U  d*«Q  etat  penchant  I'loeip^re  secours  i 
Verta  digite  de  Rone  et  sang  digue  d'llnracel 
Appui  de  loo  pays  et  gloira  de  ma  rSce! 

VoyezeocofB  oommo  VoAtairo » dans  la  Mori  de  C4sar^  fait 
pirler  le  faroaclio  Brutus »  au  moment  o6  it  reoonnalt  sod 
p4redaiitto  ? ictaoiei  qu*ii  tienl  de  fntpper : 

Alb !  a«fi  IpoovanUble,  et  qui  ne  detestp^re ! 
Oaerarttt!  4  pelriel  4  Rime  tonjoura  ch^re! 
Casar,..!  ah,  flialbeurciii  I  ]*ai  trop  lunglenpa  t4ct!. 

La  grairif^  du  style  de  nd.<(toire  exclut  Temploi  de  Vex- 
clamalion.  Lliistorien  qoi«  4  Tinstar  de  Raynal,  ferait  abus 
de  eette  figure  serait  Jn!ttement  regard^  par  la  rritiqtie 
corome  ua  d4clamatcur.  En  gdn^^ral,  Vexclamation  doit 
Itre  bnnnie  de  lout  ouvrage  M^rieux.  II  est  une  foule  d*^- 
crivains,d'iJn  goOt  ignorant  et  fkux,  qui  s'imaginent  en  pro- 
dipiant  les  exclantations  donner  plus  de  clialeur  4  leur 
style,  lis  se  trompent  4  tears  d^pens.  L«s  exclamation^. 
ftHcs  liors  de  propoe  ou  4  lout  propoa  sont  toujours  souterai- 
Denent  ridicules,  dans  les  lirres  comine  dans  la  conrersa- 
fion,  siirloni  si,  procMant  d*une  vile  bassesse,  die  ont  pour 
but  de  flatter  ramour->propre  d*autnd  per  Tabus  des  fonuoles 
ks  plus  adulatrices  de  radmiration  ou  de  la  surprise. 

CnAumankC 

EXCLUSIOrV^du  greciwactb),  d*o<i  est  venu  le  latin 
excludire,  dont  la  slgniticalion  propre  est ./ermer  dehors^ 
iw  pas  adioettrc.  Les  lalllis  non  conconlataires  ou  Don  r^- 
lUbQit^  sont  exclm  de  Texerciee  des  droits  dviques.  En 


EXCITATION  —  KXCOMMUNICATION  '  .    ,  . .     191 

jurisprudence,  comme  on  le  Toit,  le  i^oi  exclusion  rappello 
le  fai(  dMnterdire  4  eertaines  perso^nes  certains  dnnts  oo 
eertahies  fonctions.  En  mati6re  de  tutellor  11  ya  des  ex^ 
elusions  que  la  loi  a  /ornteilement  d^iuies.  En  mati4re  de 
com  in.u  na  u  t  ^  coigugate,  \>xclusion  ou  le  regime  simple- 


mentexclusif  decommunaut4  donneau  nuiri  radniinistration 
des  biens  meubles  et  immeubles  de  la  (euune^  4  la  ebarge 
de  les  restiluer  4  la  dissoluUui^  du  mariagu,  sans  avoir  4 
rendre  conipte  des  revenus,  qui  sont  cousiddr^  comme  ayant 
€{6  employes  pour  les  charges  du  manage.  La  femme  est 
consid^r^  comme  ayaut  al)andono6  4  sun  man  Tusufruit 
de  tous  ses  biens,  eH  n^en  couscrxe  que  la  nue  iiropii^t6. 

EXCOHIMUMCATIOiV.  ExcommunicalUt.  est,  dil 
Lancelot,  a  (^ommtuiione  exclusio ;  et  en  ef fet^  o'est  la  (i^ne 
eccl^iastique  par  laqueile  uq  cbr^t'en  coupable  de.quelque 
faute  grave  est  exclu  de  laoommuaion  des  fiddles.  C*est  une 
sorte  de  nnort  civile  pour  la  socidt^  rellgieose.  L/£gli8e, 
comme  toute  autre  soci<ttd,  a  le  droit  -de  rejeter  de  son  seia 
un  mnubre  scandaleox  ou  rebelle,  dont  les  exemples 
pourraient  nuire  au  bon  ordre.  Mais  Torigine  de  Texeom* 
municatioQ  est  ant^rSeore  au  cbristianlsiDe,  et  rcnK>nte  4  lA 
plus  Ikiute  antiquity.  Les  Grecs  en  transmirent  L'usage  aun 
Romains,  et  les  druides  ne  foisalent  point  participer  4 
leurs  myst4res  oeux  qui  nVtaient  pas  enti4renient  soumis 
4  leur  jiigement.  L*exoommunication  ^tait  en  usage  cites 
les  Juifs ;  on  la  volt  constaroroent  ^labile  au  temps  de 
J^us-Cbrist,  puisqu*il  avertit  les  apitres  qu'oa  les  ebassertt 
des  synagogues.  A  leur  tour,  on  voit«  dk*  le  beroeau  du 
cl)ri<;tiani8ine,  les  apOtres  user  de  oe  terrible  ^ouvoir  a 
saint  Paul  livre  it  Satan  Hym^n^et Alexandre, qui  avaient 
fait  naufrage  dans  la  foi,  et  rinoestueiix  de  Oorintbe,  pour 
outrage  aux  rmvurs;  le  concile  de  Nic^e  exeommunie  lea 
quartodi^mans ,  pour  infraetion  4  la  disciplHie  stabile,  etev 
Le  but  que  doit  se  proposer  on  pasteur  de  r£gli»e  en  pro* 
noncantcelte  peine  doit  4tre,  selon  Guillaume  de  Paris* 
1^  de  venger  la  gloire  de  Dieu ,  offense  par  des  criniea 
scaiidaleux,  2°  de  prevent r  ou  de  rearer  la  profonation  des 
cho<$es  saintes,  3^  de  veiller  au  salul  du  oorpe  de  r£glise« 
par  le  retrancbement  d*un  merabre  gangrene,  4**  de  oorriger 
le  ooupable  et  d'empteher  la  ebiite  des  mtpes.  Cette  pefate, 
la  plus  grave  qui  solt  dans  r£gli#e,  dut  Atfe  dan*  les  taBtpti 
de  foi  un  frein  puissant  poor  airiter  Men  dee  dterdres; 
mais,  dit  le  concile  de  Trente ,  «  II  ne  fant  a^ea  aervir 
qu'avec  sobri^t^  et  circonspection ,  car  Texp^rlcnee  aoppria 
que  lancte  t^m^rairement  et  poor  de  Wgert  inotilb^  elle  est 
ro^pris^  plut6tque  redoutte,  et  devienl  plus  peraicleuso 
que  salutaire.  •  L'abus  qiU  a  HA  fait  dans  certains  tempo 
de  cette  arme,  autrefois  si  formidable,  a  flnl  par  r<^monsser, 
et  n*a  pas  ^t^  peoi-iKtre  moins  nulsible  4  T^glise  que  le  d^ 
p^rissement  de  la  foi  ou  le  dMglemeBt  d«s  lAcMlv. 

L^exeomRMinication  est  majeure  ou  wtineitre,  selon 
qu*eMe  prive,  en  tout  on  en  partle,  dea  Mens  splrittels  da 
ritg|i:w.  Dans  les  premiera  temps,  Vexeommonleation  avail* 
ses  degr<^;  un  ooupable  indocile  aux  avertlsseroents  qui  lui 
^tawnt  donn^  dtail  privA  des  saeivnienta;  aMi  persistail 
dans  sesdi^Mirdres ,  on  aggravait  so  peine  en  l^^luant  des 
suffrages  de  l*^Hse,  on  retraneliait  aon  nom  des  dipti<pies; 
enfin,  s*il  se  montra't  opinlAtre,  on  lui  Interdisait,  mdmo 
pour  la  vie  commuue,  toute  rrlation  avec  les  fiddles.  Uant 
la  suite,  toute  excomroonleation  fut  maieure,  c*est-4dira 
on  amva  tout  4  coup  et  aans  degp^«  au  maxiimim  de  la< 
peine.  11  n'y  a  plus  d'exeonimunicalion  mineure  ou  par* 
tidle  que  celle  qid  s'encoiirt  dans  lea  rapports  avec  les  ex- 
cumninni^s,  laqueile  prive  seulementdu  droit  de  recevoir 
les  sacreiuenis  et  d'etre  pounu  de  quelque  b^n^fice.  On 
distingue  encore  rexcotomunication  encounie  par  le  seiiJ 
fait,  et  aonimte  par  l<9  canonistes  latx  sentenlix,  et 
rexootnmunication  purement  comininatoire,  ou  ferendx 
sententur.  lies  premieres  ne  reniontent  pas  au  del4  du 
douzi^me  si4ct«,  ear,  an  ttoioignage  de  Van  Cspen,  it  •>  a 
pas  dans  le  dteret  de  Gratien,  qui  est  de  cette  4poque, 
un  seul  exemple  d*uo^  ^xcommunicatioQ  d^  ce  |;enre.  Nqv« 


1^9  EXCOMMUNICATION 

avoof  dK  let  eflbU  de  rexeMununlcAtioii  mineure;  eeux 
de  reioooiamieatkai  majeare  soot  de  priver  odd  qui 
roDOOurt  I*  dot  iMnmeatty  qu*il  no  pout  ni  donnor  ni  re- 
oeroir;  3*  deiinffragei  ou  prttrat  pablk|iiet  do  r£glUo;  3*  do 
j'MiittMOO  an  lacrifioo  do  la  meiM,  qnl  dotrait  mtaie  Utt 
interrompoo  on  m  prtenoo;  4*  dot  bMAoos  ot  dot  cbargot 
ooclMastkinoi;  &"  do  tooto  juridiction  danc  I'tiglito;  6"  do 
o^pvltnio  roUgioino,  k  moinM  qu*U  n'ait  donn^  anparaTant 
dea  loarqnoadorepQotir ;  7*  do  tool  rapport  avoc  let  fld^lot, 
rapport  qui  fiuaft  oncourir  k  oenx-d  mtaio  roitiommu- 


On  pout  joger  ia  portte  do  co  domlor  ofTot  doroxeommn- 
nication  quand  on  to  rappoUo  le  rol  Robort,  huM  dant  ton 
palait,  ot  tot  doinettiquet  pattant  par  lo  fen  let  objeta 
quil  avait  toncMt.  II  ^ait  deronu  trta-diffldle  d'^vitor  toot 
contact  aToe  lot  oxoommunl^t » tortoot  dant  nn  tempt  o6 
lot  oentoret  oncooruos  de  fkit  ^iont  oxcetdToment  mul- 
tiplite.  Poorapaiter  lot  terupuloi  dot  chrMont  tlmorte, 
Martin  V  d^daro,  par  nn  docret  rendu  ao  condio  de  Cent- 
tanco,  quo  let  teulet  portonnot  dont  lo  commerce  ^it  In- 
terdtt  ^Uient  collet  qui  aTaient  M  excommnnlte  nomm6- 
Dient,  ot  dont  rexcommnnication  aTait  M  l^loment  pa- 
bli6e,  CO  qui  a  CbK  dittinguer  let  excommunite  dinoncis^ 
qui  no  to  rencontrent  presque  Jamais,  et  let  excommuni^ 
tolMSf  k  r^rd  detquolt  sont  Ji  pea  prte  nuls  les  Oflett 
oxtMenrt  de  rexcommunication.  On  pr^tendit  an  rooyen 
Age  qn'nn  roi  oxcommuni6  ^tait  d^shu  par  lo  fait,  et  tot 
ti^fltt  ddMt  onYort  Inl  do  lonra  sermentt,  comroo  ti  nno  pdne 
looto  tplritudle  ponTdt  aller Jnsque  Ik;  autant  Tdait-il  dd- 
clarer  toot  excommuni^  d^io  de  ses  biens.  Nous  no  rappe- 
Ions  quo  poor  mtoioire  cette  pr^lentlon  abuslTO,  qni  eat 
depuis  kmgtemps  abandonn^.  0ans  certains  lieux,  la  fnlmi- 
nation  do  Poxeommonication  so  falsalt  ayec  on  appardi 
terrible  :  dte  que  la  sentence  ^lalt  prononcte,  let  pi^trot 
^teignaient  nn  denge,  lo  brisaient  et  le  fouldentaox  plods; 
on  tonnatt  uno  dodio  en  signe  d^alarme  et  do  docil,  puis 
rdr^qoe  et  les  prMres  crlalent  onatMme, 

II  y  a  dot  oxoommunicatlons  dont  toot  pr^tre  appronv^ 
peutabsoodre,  ot  d^autres  qni  sont  rterrte  k  Tef^uo,  on 
mAinoaa  papo,  ot  no  penvent  Mro  levte  par  un  autre  sans 
uno  antoiisation  sp^dalo.  Cette  absolution  s*ett  qudquefoit 
denote  tolomidlenMnt  ot  avec  dlHlfirentet  cMmoniet,  qni 
toot  protoritet  parlo  Pontifical  romain,  entre  autret,  des 
eonpa  do  verge  tor  le  dot  do  Pexoommoni^ ;  malt  ces  usages 
■0  sont  point  recot  ca  France.  On  a  vu  ansd  abtoudre  de 
rexoommnnication  dot  mortt  qui  avaient  donn^  auparavanl 
dea  dgnet  do  repontlr.  Par  Ik  sant  douto  on  no  pr^tendait 
pat  changer  leor  tort  dant  I'aotro  monde,  roait  tenlement 
lour  rendre  lo  drdt  de  partldpor  aox  prlAret  de  T^gliso. 

L*abb6  C.  Bandbtillb. 

EXCORIATION  (dn  latin  ex^  bors,  et  eorium,  cuir, 
pean  ).  Si  Ton  met  on  contact  et  d^une  manitoe  nn  pen  tio- 
Into  das  oorpa  dors  ot  raboteox  avec  la  peau,  r^iderroe 
ottenloTd,  et  cette  tolntion  do  continuity  tuporflddle  re^ 
lo  nom  d^^corcAure,  d*eMoria<toii,  cTest-lKlIre  moint  qo'uno 
bletturo.  II  ott  ordinairement  trte-fadle  de  guMr  uno  ox- 
coriatkm,  par  rappllcation  de  qnelquot  corpt  gras  qui  met^ 
tent  let  booppet  nerrentet  de  la  peau  Ji  I'abri  de  Tinfluenco 
de  rdr  et  bvorlsent  la  r^gto^ration  de  T^piderme ;  cepen- 
dant,  d  le  rodado  ttdt  prtelablement  attdnt  d*nn  mal  gi- 
nMi,  oommo  dartre,  tcrofble,  scorbut,  typhiUt,  etc.,  Tex- 
ooriation  ponrrail  Mro  tnivio  d*ulc^ation  et  no  oMer  qu'A 
nn  traltemont  on  rapport  avec  la  maladio  prindpale.  Qoand 
IMpiderme  tient  encore  par  un  lambeau ,  it  fant  lo  rteppli- 
quer ;  11  t^attadio  blentM  k  la  partie  au  moyon  do  la  dessic- 
catloa  det  toct  foumit  par  la  plaie,  et  ne  tombo  qu*aprte  la 
formation  do  la  oaoche  Apidennique  noavdlo. 

N.  CLEaVOKT. 

EXCRl^lENTSt  mati^ret  derenues  inutilet  k  Vieo- 
Boodo  animde  et  ^limlntet  par  let  v«iies  quo  la  nature  a 
pr6partet  pour  cet  objet.  lit  ne  doivent  pas  «lrc  conrondus 
•rep  les  produilt  dei  dlvcrset  s^crdtlons  (bile,  ce- 


—  EXCBpISSANCE 

rnmen,  saliTo,  ote.),  qui  troufeat  dant  roisanisBiem 
emploi  d^termin^.  Quoiqn'oB  range  la  sueur  parmi  lei 
excrteientt,  on  to  tert  plut  tp<dalement  do oe  mot  poor 
dteigner  let  r6ddns  do  la  digettion,  qui  dans  lea  antmtox 
sop^eors  so  divisent  en  oxerteMnts  Uqiififet,  oo  «  r  i  n  e, 
et  excrtaientt  tolidot,  on  maiiiresfieaiei.  Get  domiers  at 
tout  pat  tenlement  compotdt  det  ddme&tt  doTonot  inpra- 
pret  k  la  nutrition;  lit  contlennent  encore  diflKrentet  tobi- 
tancet  qui  ont  M  employte  pendant  la  digestion  k  turner 
let  paiiiet  notritives  det  allmiBntt  d*aToc  lours  parties  inn- 
tiles,  et  snrtout  les  portions  d^dbnentiqain'ontiinMiadi- 
%Ma.  Lescblmlstes  ont  reoonnn  dans  cet  produitad^  la  d4* 
f  4cat:  pn  rexitteooe  du  toul^  ot  de  plodeort  tdt  ( pbot- 
(ibatet,  carbonatet  et  cblorbydratet) ,  ce  qni  expliqoc  Icnr 
puistance  comme  engrait. 

L'oxpolsion  r^li^  des  exertoentt  est  uno  dea  oondi« 
lions  de  la  tant^  Leor  retention  pout  amener  la  consti- 
pation, riUus,  et  d'antros  aflSsctiont  gravot.  L^* 
Ijectlon  det  mati^ret  ftealet,  comme  cdle  de  rorine,  aide 
souvent  k  ^tabllr  le  diagnostic  dot  maladiet. 

La  compodtion  et  la  qoantitd  des  excrteneats  Tarient 
beaucoop  d'un  individu  k  nn  antra ,  oe  qui  tient  k  la  drfK^ 
renoe  de  Tftge,  du  sexe,  et  prindpalement  de  ralimentation. 
Malt  ces  fariations  sont  encore  plus  trandito  d  Ton  com- 
pare entre  dies  diverses  espteea  d*anlmaux  :  ainsi  les  ex- 
crements det  chiens  contiennent  beaucoop  de  pbosphde 
ealcaire^couxdesoiseaui  lieauooopde  sdsanunoniacaux,  etc 
Ajootons.que  les  excrements  solides  et  liqoidcs,  onlioaiie- 
meat  rassembl^s  dans  des  rteenrolrs  s^par^s  chez  les  aai* 
manx  sop^rieurs,  sortent  d'un  m^roe  orifice  dans  certains 
froapob,  tds  que  cdtti  des  monotrimos. 

EXCBl^TEUR ,  ^pithete  que  les  uiOdorJns  donneot 
aux  organes  cttargte  de  ster^ter  les  fluides  qni  dotreot 
sortir  du  corps,  et  aux  Tdsseaux  qoi,  recueillant  ces  Oaidei 
ansdtAt  aprte  lenr  formation ,  les  condulsent ,  tdt  bnn^ 
diateuient  ao  dehors ,  solt  dant  on  r6tervoir  dedind  k  Iw 
conwrfcr  pendant  qudque  temps.  Let  foUicules  d  ks 
g  1  a  n  d  e  8  sont  les  orgtnes  excrdenrs  connns  dam  l%omme; 
mais  les  glandes  seules  ont  det  conduitt  didincta  pour  lls- 
•ue  ou  rexcr6tion  det  fluldet  qn'ellet  tecr^tent  Ces  coa* 
duits  naissent  toos  dant  la  prolondeiir  dela  maate  glandii- 
leii^e,  par  det  ramnscoles  treaddite»  qoi  s'unlssent  socoesii- 
vement  les  uns  aux  autras  poor  n*en  former  enfin  qu*un 
^h\  (voffezExchinon),  N .  Clbuiokt. 

EXCRETION,  termede  mModne,  qoi  veut  dire  ex 
pulsion  au  dehors.  Pris  dans  trois  significations  diff^renle^, 
il  a  senri  k  ddsigner  :  t*  Taction  par  laqodle  certains  or- 
ganes creuXy  certains  rter?drs,  to  ddiarnuiseDt  det  na- 
tives liquidet  on  tolidot  qui  y  dtdent  accumulte,  et  Ifs 
trensroettont  an  ddiors;  2*  Taction  par  laqudle  I'^conooiie 
forme  certdnes  mati^ret  qui  doiTont  Mre  entnite  rcjd^ 
bort  d'dle,  d  dana  ce  tens  excretion  est  synonyroe  de  »4- 
tr4tiQn\V  enfln,  tonte  matitee  solide,  iiquide  ou  gsieoM, 
401  est  cnasste  du  ooqis,  qud  que  sOlt  le  but  pour  lequH 
die  a  M  produite,  qudle  que  soil  Taction  qui  lui  a  doiuiii 
ndssance.  Si  Ton  envisage  le  mot  excretion  avec  oettc  drr- 
ni^  acception,  nous  sommes  conduits  k  ranger  en  At.i\ 
dasses  les  matl^res  expulste  du  corps.  Dans  la  prcmiM 
classe  sont  les  d£jeclionsal?ines,  I'expuldon  de  Tair  «lu  pou. 
mon,  etc.;  dans  I'antre  sont  les  s^^iitioiis  et  les  exhala- 
tions, c*est4-dire  que  nous  r^unissons  les  mati^4res  qui 
ne  font  que  traverser  le  corps,  et  cdles  qui,  devaot  £tre 
soumiscs  k  un^  li»nu;ic  daboretlon ,  en  font  partie  pins  oa 
moins  longteiii|KN.  N.  CLBaHoitT. 

EXCROISSANOE.  En  g^ntol  les  excroissancei  wai 
des  productions  paradtes,  implants  sor  un  orgaoe  d  vt- 
vant  k  ses  d^pens,  et  11  y  a  entre  elles  la  pins  grande  dissem- 
blance, provenant  tantdt  de  lour  nature  partJoilrte,  rl 
tantM  de  Tessence  des  organea  sur  lesqndt  dies  vIvenL  Tar 
exemple ,  les  excroissances  combes,  comme  on  en  a  m  sor 
qodques  liommet,  difllferent  css«!nliell«ment  des  excroiasaD 
oe^  nolTpeiiMs;  les  exostoses  sunt  d^s  e\crois>anci?s  tiwl 


EXCROISSANCE  —  EXECUTEUR  TESTAMENTAIRE 


193 


Mtres  que  eellas  d»  pirties  molles  (voyei  Fovom,  Car- 
MMirt).  Aa  reste»  dm  excroissanees  naiasent  et  se  d^eiop- 
p0Bl  nr  tons  lettisflut,  dans  la  puipe  do  oenrean  et  dei  nerb, 
mhI  Um  qua  mr  laa  oa  at  dana  lea  partiea  lea  moina  TfTan* 
lai  da  rtomomta  animala.  Da  oea  prodactloii8y  lea  nnea, 
eoBuna  la  piopart  daa  terraea,  lea  petKea  excrotaaancea 
loogBsal  moilea que  Booa apportona  en  nalnaiit,  oellea  qDi, 
pieiaas  da  maliteia  gmaey  ponaBent  k  la  rarftiee  eiterne  de 
li  |«u,  B^ost  praaque  aneone  fanportanee,  tandis  que  dana 
dMras  caa  eliea  odI  la  plna  haute  gravity  :  tellea  lont  eel* 
tai  qui  aa  d^eloppeot  dana  dea  organea  Importanta  ponr 
h  fia,  la  oerreaa ,  le  ayattaie  arlMel  central ,  lea  poa- 
moDf ,  ate.;  on  Men  oellea  qn^on  connatt  de  nature  ^  ne  paa 
eMer  factlament  >m  traitement  le  mieux  entendu ,  conune 
eertainspolypeay  oertainea  T^totiona  cano^reuaea  ( voyez 
Giacia)  on  ayptdlltiqnea  (voyea  STPaiua).  Dana  le  pre- 
nricr  caB»  oolea  garde  aana  inconvenient  Joaqu*k  ce  qn'eUea 
dlipgiiiiiant  d^ellea-niteaeay  on  blen  on  a'en  deilvre  par 
ina  optfation  extrteaement  simple  et  h  peine  douloureuse ; 
daoi  le  second  caa,  on  n'eat  paa  toujoura  assure  d'en  Hre 
qaitta  poor  dea  donleora  virea  et  nn  traitement  dangereux 
etloBg,  poor  lea  plna  cmellea  op^rationa  chimigicalea,  au 
prix  des  nmtHatkiaa  lea  plna  eflirayantea. 

EXGURSMMf.  Qooiqoe  ce  mot  puiase,  k  la  rigneur, 
atn  iSM/h  k  d^aigner  toote  eaptee  de  voyage,  on  one  prome« 
oade  in  loin »  oo  en  limite  asaei  gte^ralement  le  aens  k  one 
aceepUoBftiat^giqoe.  BxeurtUm  dolt  alora  s*entendre  d*one 
wand,  d'oaeiiniption  en«paya  ennemi.  Nous  disona  course 
ou  irr^plioii,  poroe  qne  lldte  attacMe  k  ce  mot  emporte 
en  efltt  afec  elle  celle  dtue  grande  promptitude ,  d'one 
graada  aetivitd  de  mooTements,  condition  Indlapensable 
dsBs  la  caa  en  goeatlon  poor  ae  manager  le  ploa  de  chances 
posriUes  de  aoeete.  II  y  a  cette  difGfirence  entre  one  ex- 
atrskm  et  one  invaiion ,  que  la  premiere  eat  ordinaire- 
msat  one  operation  eoorte,  rapide,  hardie,  toote  de  sur- 
pris^taBdia  que  la  aeoonde,  opei4e  par  one  armee,  est  au 
eoatraira  one  manoBOTre  regime,  methodiqoe,  leote  paifois. 
Le  pfltagap  faetlMi  de  maraoder,  d'enlever  oo  fkfre  du  butin, 
aoable  le  hot  le  ploa  orvlinaire  de  toote  excursUm^  comme 
ea  faisaient  antretoia  les  Turca  et  les  Sarraains  sur  le  lit- 
toral et  mAme  qoelqaeroia  assez  arant  dana  llDteriear  d'on 
pajs  ennemi.  Une  conqo^te  r^gl^e,  renvatiisaement,  I'occu- 
pationd^ule  provhioe,  de  toot  on  pays,  roWk  le  but  ordinaire 
dVne  teaofioff . 

Les  astroDomea  ont  donne  le  nom  de  eereles  dPexcursion 
h  dcs  eerdea  pnralieies  k  reclip ti que,  et  qu*on  en  sup- 
pose phe^a  li  tdle  distance  qolls  renferment  ou  temiinent 
Pespace  dea  ploa  grandea  excnraions  ou  devfafions  des  pla- 
Bto  (lea  teieaeopiqoea  excepteea),  par  rapport  k  ce  mtoie 
MqiUqoe. 

Exewnlonf  ao  Ugai^  et  dans  le  aena  litteraire,  est  ayno- 
ayme  de  digresHan,  et  aignifie  on  disooors  qoi  s'^carte  du 
sajet  principal  poor  en  tralter  on  accessoire,  qoi  peot  y  avoir 
qodqae  rapport.  Lea  excorsiona  litteraires  sont  vicieoses 
qaand  eUea  sont  trop  flr6qoentea,  et  ennoient  quand  elles 
sont  trop  longoea. 

EXCUSE9EXGUS ABILITY.  Dana  eon  acception  la  plus 
vmelle ,  ce  mot  aignifie  Taveo  d*one  faote  pardonnable , 
d*oa  tort  qoe  Ton  a  eo  dana  dea  conditions  qoi  Tattenoent 
en  grande  portie.  Vexcuse,  en  mati^  de  doel,  est  la  repa- 
ration verhale  ftite  k  la  partie  ofTensee.  En  droit,  rea;ct»e  est 
salt  one  attteoation  dana  le  caract^re  de  criminalite,  aoit  one 
atttealion  de  U  peine  k  appliqoer.  II  y  a  excusabiUt6  do 
■lari  poor  le  meortre  de  aa  femme  et  de  son  complice  lors- 
qim  lea  aanvend  en  flagrant  deiit  d*adolt^re ;  11  y  a  exeusa- 
kUU4  poor  la  femme  k  la  podeor  de  laqoelle  il  serait  at- 
taaie  et  qoi  motfleralt  celoi  qoi  se  porteralt  envera  die 
aax  deralen  ootragea;  0  y  a  excnaabilite  poor  celoi  qui 
btae  oo  toe  qoelqo'on  lorsqoli  est  en  dtat  de  l^tlme 
defenae.  Lea  excoaea  slmplonent  attennantea  n'enldvent 
pttiractedMMhlAloatlce  SOD  caractteede  criminalitd 
00  de  dflit,  maia  ellea  ramoindrisaent ;  Ilgnorance,  la  bonne 

MCr.  DB  LA  fiORVaaS.  —  T.  IX. 


fol,  la  cralnte,  sont  des  drconstances  attenoantea,  dont  Tap- 
plication  est  abandonnee ,  et  en  matito  crimhielle  et  en  ma- 
hkn  correctionnelle ,  k  Tapprteiation  do  Jory  oo  dea  Jogea , 
et  qui  permettent  d'abaisser  la  pehie  qo'entralnerait  la  de* 
daration  de  colpablUte.  En  mati^re  de  fall  lite,  Vexeiua^ 
bUU6  do  fidlli  le  place  k  Fabri  des  oonditiona  deiavorablea 
d'on  contrat  dMnion. 

EXEAT*  Ce  mot  eat  porement  latin :  c^eat  la  troisitoe 
personne  du  singolies  du  subjoncUf  do  verba  present 
exlre^  aortlr.  n  a  d'abord  ete  osite  dana  I'ordre  eccMaa- 
tique,  pour  exprimer  la  permission  qu'un  eveqoe  donnait  k 
on  prfttre  de  soiHr  do  diocte  ob  il  avait  ete  ordonne.  Ce 
qo'on  appdait  dimissoire  etait  one  esptee  d'exeat^  00 
plutAt  de  permission  k  un  candidat  d*aller  recevoir  la  ton- 
sure ou  qudque  ordre  eociesiastique  dans  un  autre  dioctee 
qne  celui  oh  il  etait  ne. 

Le  mot  ea;ea^  jooe  aossi  on  grand  rdle  dana  la  vie  de^ool* 
lege;  il  designe  en  diet  cette  bienlieureuse  permissioo  de 
sortir  que  {amais  eieve  u^obtient  assez  soovent.  11  s^emploie 
de  meme  dans  qodques  h6pitaux  poor  indiquer  qoe  le  me- 
dedn  ordonne  la  sortie  do  malade. 

EXl^GRATION  (do  latin  exseeraiio,  compose  de  ea;, 
ddiors,  et  de  sacraiiOy  action  de  sacrer).  Ce  mot  est  em- 
ploye pour  signifier  deux  actioos  difrereotes :  cdle  de  perdre 
la  qualite  de  sacr4,  et  cdle  d*attirer  oo  de  provoqoer  centre 
qndqu*un,  on  centre  soi-ineme ,  par  une.sorte  de  serment, 
les  vengeances  du  del  les  plus  terribles.  L*ex^a/ion  est 
aussi  Thorreur  qu*on  a  poor  ce  qui  est  execrable,  ou  Taction 
regardee  comme  digne  de  cette  horreur  la  plus  profonde, 
en  face  d'one  chose  sainte  ou  religieuse.  En  theologle  mo- 
rale, tout  ce  qui  expose  k  Texecralion  est  designe  sous  le 
nom  d'exScratoire,  Un  serment  dansjequel  lea  choaes 
saintes  sont  profanees  est  exicratoire.  La  chute  des  mors 
d^une  eKiise  Test  aossi ;  mais  cdle  do  toit  ne  Test  pas. 

EXEGCTECR  DES  ARRETS  GRIMINELS.  La 
legislation  modeme  a  foit  disparattrel'odieuse  denomination 
de^oterreaifetle  nom  d'ex^cti^etir  des  hautes  cntvres 
des  arrets  criminels  est  reste;  mais  comme  il  est  Uen 
diffidle  d'avoir  ralson  dea  vidlles  locutions  et  dea  repo« 
gnances  populaires,  on  continoe,  k  qudifier  de  bourreau 
l*homme  dont  les  fonctions,  aujourd^hoi  que  Ton  ne  mar  q  u  a 
plus  les  criminels  k  I'epaule,  qu*on  ne  les  ferre  plus  au 
poteau  de  I' ex  position,  se  boment  k  decapiter  ceux  que 
les  arrets  de  la  justice  ont  voues  an  fer  de  la  goi  Uotine.  La 
loi  du  ISjuin  179S  etie  decret du  11  jnin  ISll  portdent  qu'il 
y  aurait  un  executeur  des  arrets  criminds  dans  chaqoe  de* 
partement;  celui  de  Paris  avait  droit  k  qoatre  ddes,  ceox 
des  autres  departements  k  deux  senlement;  Tordonnance 
du  8  octobre  1832  dddda  que  le  nombre  des  executeors  se- 
rait k  mesure  des  extinctions,  reduit  k  quarante-troia  ao 
plus,  et  celoi  des  aides  k  pen  pr^  enti^rement  supprime. 
Les  fonctions  d^aides  etdent  nagu^re  encore  remplies  par 
les  execoteurs  du  departement  voisin  de  celui  06 1'execution 
capitate  devait  se  faire.  Depuis  pen  de  temps,  on  ne  compte 
plus  qu'un  executeur  des  hautes  oDuvres  par  ressort  de 
cour  imperide;  les  executeurs  des  cours  voisines  lui  servent 
d'aides  pour  les  executions  capitales. 

EXECUTEUR  TESTAMENTAIRE.  C'est  cdui 
que  le  testateur  a  designe  pour  veiller  k  1'execution  de  son 
testament.  Sa  mission  a  pour  but  d'assurer,  contra  le 
mauvais  vonloir  possible  de  Theritier  ou  des  heritiers, 
Texecution  des  dispositions  dn  testateur,  ou  simplement  de 
faciliter  entre  les  heritiers  la  liquidation  et  le  partage  de  la 
succession.  L'execution  testamentaire  eat  un  mandat  dont 
I'executeur  ne  peut  pas  depasser  les  Umites,  et  dont  il  doit 
raidre  compte;  ce  mandat  est  gratuit  Neanmoina  Texecn- 
tenr  testamentdre  recevdt  autrefoia  qudqoe  objet  de  prix, 
qoe  le  teatateoi  lui  attribodt  conune  soovenir.  C^eat  ce  qu'oo 
appeldt  et  qu*on  appdle  encore  le  diamant  d'execotion 
te8tameotdre;cumme  lea  dpingles  do  mardie ,  le  <f  10- 
tnonf  se  troove  aojbQnrhoi  coBverti  en  une  somme  d'argent. 

Le  Code  Civil,  dans  lea  articles  1025  ji  1034,  a  specifie 

2% 


touten  lei. attribulioiiB  et  touloirlMi«iUUiittafl.49>  Tex^cuK 
leiir  tetf  nantaira. UMIapiMMr liqiMDlkl^AMlf  a^mM- 
ritien  inin|Dm»i«liidtta  oo  almiitf;  il  ftdt  fiir«».«tpfiMDM 
de  VUMOm  prteonpttf,  on  lai  dOoMl  appel^»  I'iAvea- 
taire  dea  bfaoa  da  la  avQcawkMi;  il  piwvaqoe  la  veata  do, » 
roobilter,  4  dtfant  da^aniaia  sufliiaoto  poor  ao^ittar  lea 
legs ;  an  per^t  la  montant ,  ainsi  qua  lea  QiplUnx  'afliocMf . 
au  J^ ;  pourauU  la  vaoouTraniant  daa  erteQcaa;'-  \i  tePleiik 
ca  quaJata^aman^soitaxfoit^etil  peoU«n  caa4e<eoQtM- 
tatloa  mr  aod  e«4autioD»  an  aoutenlr  la  Talidit^.  li  peot.AIra 
Invasti  par  (!icte qn|  llnstitoa  da  la  saisina  da  taut  oq  da. 
partia  du  nx>Wliar «  naia  il  doit  an  HMra  fake  riatentairo  & 
cetfe  sateiAa  don  on  an  at  on  Jour  h  eomptardo  ^Mb  do 
testateor,  k  moins  da  aaoaat  qoi  aofaiaoi  retards  rax4cutian 
du  ta^tamaoi;  riiMtier  peui  faira  caMar  eatta  aaisiae^n  of- 
frant  k  Textoiteor  let  sommas  n^oessairea  k  IfaoqultliBMnt 
des  Jegi  mohUieni»  oo  en  joalifiant  da  iaur  p^yamant.  L?aid- 
cuteur  taslamantaira  n'att  d^lenteor  qiA.  tiira  da  d^t  ou 
de  s^estia.;  au  bout  d*un  an  at  on  ipur  do  d^aia  do  testa* 
teur,  U  dpi!  compta,  de  la  l^n.  dont  U-  a  accompli  son 
mandat,  mandat  dont  11  ne  peiit  d^paaear  lea  limttaa,  dte 
qu*U  a  fait  i  qoi  da  droit  la  d^ivnuwa  doi  \tg^  paHfcaHers 
d^?olus  k  sea  soins. 

l0  droit  roroain  ji*afaH  pas.  inatito^  d'ax^coteopa  testa- 
mentaliiea;  Us  nous  yiennent  du  droit  cootumier. 

Lesmineurs,  ceox  qui  sont  d^elarte  incapaUea  da  con- 
trader  des  obligationa,  na  peuvent  kre  extoiteors  tastamen- 
taires ;  la  (emina  ne  peut  P^re  qu'avee  Tautorisatioo  de  son 
roari.  L*ex|kateur  lestaniantalra  est  de  droit  respoBsabla  de 
sa  gestion ;  il  ne  peut  ttro  dteliarg^  de  ses  fonctions»  aprte  en 
aToir  accompli  une  partia^  qan  poor  des  motifs  gra?as.  II 
n'est  point  admis  k  se  Ciire  remplacar. 

EXl^GIITIF  (Pouvoir).  Cest  la  portion  do  gooverne- 
ment  d'un  pays  qui  est  cbarsfede  i*adminiatrer  etda  le  gou- 
«  Temer.  Ao  rol  seal  appartient  lajwitttiiioa  eastfeitfioe,  » 
diaait  Particle  13  de  la  charta  de  ISSO.  Cetta  pn&rogativa,  la 
r^Tohition  de  ta4S  la  confia  k  na  gooyarnement  proTisoire; 
TAssembMe  Constituanta,  k  une  commission  enteutlye, 
et  plus  tard  au  prtteident  du  conseil  des  minlstres,  chef  du 
pouToir  extotU^  le  gMral  Cataignac;  la  coostitution 
de  1848  en  invastit  un  prteident  nomm6  poor  qoatro  ans; 
oelle  de  1882  Pattriboa  poor  dix  ans  ao  prince  Loois-Napo* 
pol^n  Bonaparte,  prMdent  de  la  r^publique;  anfin  le 
steatus-consulte  du  7  novembro  laas,  au  m^me  parsonnage. 
d4clar6  empereur  bMdItaIre  sous  le  nom  de  Napoiten  III. 

[ATant  la  rdrolution  de  1789,  le  monarque  r^nnlssait  en 
sa  personne  le  poovoir  l^gislatif  et  le  pootolr  esteotif ,  et 
sooTent  le  poovoir  Jodidaire,  qui  dans  tons  las  caa  <^a- 
nait  da  lot  seoL  L* Assemble  natlonale  commenfa  par  tracer 
netiemeot  la  lignede  demarcation  qui  derait  d^rmais  s^ 
parei  les  trots  pouvoirs;  die  dtor^taquela  sooyerainete 
appartenait  k  la  nation ,  da  qoi  seole  teanaient  tons  lea 
pooTouK,  at  elle  na  lalssa  ao  roi  qoa  la  polssanca  da  sanc- 
tbnner  lee  loia  reodoes  par  la  l^slatore ;  en  mtoe  temps 
alle  lot  reconnut  le  pouvoir  ex^cutif,  c*est4*diro  odui  de 
veiller  au  roaintien  de  I'ordre  et  de  la  tranquillity  publiqua, 
de  commander  Tarmte  de  tarre  et  de  mer,  de  nommer  lea 
ambassadeurs  et  les  agents  dipiomatiqoes,  les  gteteox  en 
clief  et  les  amlraux.  Toutefols,  on  lui  6Ut  les  deux  tiers  des 
autres  nominations  inilitaires,  et  il  fallait  encore  pour  cellea 
qu^on  lui  lalssalt,  qoll  se  coalbrmlt  aux  lois  siir  ravan- 
cement.  On  restrelgnit  beauaoup,  au  moyen  de  P^lection,  le 
droit  de  la  cooronne  pour  la  nomination  aux  places,  et  dans 
Tordro  iodidaire  la  roi  ne  nomma  plos  qoe  ses  commlssai- 
res.  La  coostitotion  de  1793,  ne  reconnaissant  plus  d'autro 
souveraiDete  que  calle  du  paopK),  crte  on  ttAuHtxicuHf^ 
aorapos^  de  ▼iiif;t-qoatre  memlires,  leM|oels  a'aTaieot  qn*una 
puissance  collective  et  n'exer^aient  aocone  aotorit^  person- 
ndle.  Moins  ombrageuse,  la  comtitution  de  Pan  ui  ne  orai- 
gnit  pas  d*institoer  onDirectoire  exicutift  dont  les 
manibres,  Ig^  de  quaraatc  ans  ,an  moins,  dtaienl  nom- 
mds  par  le  Conseil  dei  AndcnStSqr  la  pni^mtation  du  Con- 


sdl  des  ginq€«iis^  lis  devsiapil  ^^awtoa  peadml^ebiq  sas 
du  Diraaioiia  dont  4la.«vaiei^.liit>pim^isW'fOHfqk^lba 
rMloa,  La  INroctoifaAiila^droll^daimHiMMrilaa  «iWs|iesit 
lasfMraoxjiil  M>d4anH4iaoaiA  qoalaaraiiiis||eS(<MfM« 
menieni po^nlioa  eaisell.  Eafin, .Vi<Miianlal.fiwfe9oaiti- 
toer.  ploaiorteaMBi .  encore  le  poovoiri  enAenlif  ,i(|t  Mfn« 

aa#  V  w^^^  ^^HHvuvav .  a^^aa^i^wa^n^  ^wc^^^wc  i  ^^^hh  %9  ^^^^p'^'  aa^^^^w^^  vi^^a^^^p   ^^v 

nominatiQas^  Jta  alappalteeni  $Qi^ff9Fmmn$$  ei  aaa  pips 
poovoir  ex^ttf^  Lewa  anr»t^«.pi4cinfeofa  d«s;.dtedi, 
furaot  biantdjt./de  T^taMes  eoyl<i|caaaiti  aor,  la  pooasir 
UgUlatif.  Les  f^aaMnta  d'adminiitnlkNi.politt^ua  gnadi- 
rent  en  impoitaiipe,  loraqoe  la.steataiai^coiiaDlte  do  ta  tinr- 
midor  ail^  x  pr^luda  1^  V^blieseaMnt  da  rattpiia.  CaAo,  aa 
sait  commoit  la  poofoir  Ugislatif ,  absorb^,  par  la  H^m^ 
des  d^creta,  essaa  d*avoir  da  I'impoitiHMie  anx/ycoa  ^  la 
nation,  comment  jusqo'i  la  AestanrationiiBa  seole  valDBti 
r^gnaaur  la  France.  .    i  >..      P^m  GoiMiaTj] 

U  cbarta  de' lailA  a9tr«Nia.4  on  foi,  bMattafaa  U  poii' 
sance  exteotive..IIMtlediaf  aapitaMda*ntet,joQBMDaa* 
dait  lea  forces  de  l^erra  et  da  mari  d^ariit  la.gnerrt,  bi- 
sail  las  traits d«  paix,  d'alUaneay  dficoramanee,  naBaiiit 
k  tons  les  ampMs  d'adodnlstivlkHi  pabUqua  et  flMt  les 
r^glemenU  et  ordonnaoim  o^oesiairas  paiif  raxtotian  dei 
loiaet  la  $^€ti d$  tit(U*  A  hii syilappmUPIII.lB'didtde 
proposer  la  loi ;  A  Int. seul.  appartenait  la<>MMMt|oi|  dla  pro* 
molgation  des;  loku  cbMla  de  1810  maiBtint.  A  pen  prte 
les  rataies  attiilmUcttaau  poovoir  extattlt^  aaaf  la  df«Ht  de 
proposer  les  Ms,  qoloa  Ini^itplfis  exdndvemsni'rtssrvl 

La  oonstitotioo  i^wbUoeina  do  4  aovemlms  .ia4aiBvestit 
du  ponvpir  exteoUf  on  prdiiifeiit  tfa  to  ripMi^mi  do,  par 
lesuflregs  onlverMk,'poar  qpstoa  ass,  nan  iMlijU»pendsat 
une  p^rioida  da  qoatra  aas  apria  sa  aartia<dttfo«ivoir«  fli  m- 
ponsaUa  oompse  ses  nini8tres:5esatlrlbntiaoa-pr4ddaBlidtoi 
n'^tdaal  do  leste  gnte  moindres  fneeeUes^doAi^fayanl^ 

La  constflotioB  da  1889^  madilMa  par  tetdiwlos  epaiuHg 
do  7  novembro  soivaiit»  Invastit  Y€mperewr  do.paovdr  ai^ 
cntif.  Ses  attributioBS  sent  ^ement  oatoipii  aatroomiflBt 
d^Onies  dana  la  charta  de  l8U..OaaMD«laioi  de  droit  di- 
vbi  et  comma  le  rol  de  1830,  II  ale  droU  de  iiire  grAce.  Ls 
constitotion  de  1883  attriboa  li  I'empereor  aeol  t'toitiatife 
des  lois;  eHe  ioi  doone  aosd  le  droit  dedddarer  I'l^tat  ds 
d^  dansua  oo  phisieors  d^rtenpnta,  eaof  ban  r^ffecr 
ao  stoat  Les  miniatres  ne  dependent  qnado  chef  da  VtM, 
et  ne  peovent  8tre  mis  en  accosation  que  par  la  steat  I^cm- 
pereor  est  responsabia  devant  la  people  fraB08i8,  4  qd  il 
a  toujonrale  droit  de  ikire  appd. : 

EXECUTION,  actloB  d'dlbclner,  dO!  mattro  H  dfet 
nneciiose.  L*extetiUon  aoit  oidinairaMitdaprfti  la  de- 
termination. On  extola  on  plan,  mi^  dsssslii,  nti  pro- 
Jet  L'autorit^  doit  vdller  k  I'extootion  des  lois ;  on  addd 
ddt  extoutar  les  ardras  de  ses  abdiL  Hne  asuvre.d'art  est 
d*one  bonne,  d'one  maovaisa  ex^entiea.  On  aiidoiite  aa 
morcean  de  modqoa,  on  bdlet,  dea  maneBBvrea,<daa^vala« 
tions,  etc.  Cest  par  one  aeeaptloo  on  peO'  ddtaonife  do 
vrai  sens  dn  met  asdetcfion  qu*on  lefattqadqoafaisaBrvir 
k  marquerTactivitdd'an  liomme,commedansccetiB.pbfasB : 
oa  miniabra  esttin  Aomma  iPexieuiUmf  poor^Ure  aatwrnae 
habile,  aetif,  prompt  iaaddariBllier  et  A  aglr. 

A  la  Bourse  de  Paria  on  nomme  execution  I'acHat  oo  la 
vente  da  litres  que  fdt  d*onice  HO  agent  de  diaoge  ao  eompis 

d'on  dient  qoi  ne  loi  livre  paaceox  qi^l  lui  a  vaodus  aa 
ne  Mtiro  pas  eeox  qo'H  hii  a  donnA  ordro  d'Mheler,  aAn  d'^ 
tablb  le  vteilUt  ddiniUf  dal>opdratlon. 

fiXEGUTION  inm^OB^ArUU  Vw6m\\im  daas  lei 
arts  est  une  partia  qoT  semblardt  are  poiament  mdeaniqoe 
et  ne  rien  devoir  an  ginia,  po|sqo*dle,ddpend  prindpala- 
ment  da  la  .mdn^^En.  did^  Fexdeotioa  est  one  chase  wooa 
ddre,'niais  paortant  fMi  lmpartaale»  aortont  dana  Ja  pda- 
tore.  Vn  taMeao  profondtecnt  pen8d.etjNfii.cosipaa6  »*ob- 
tiendcait  pas  on  aolTiraga.vaitarad  a'Sl/dml  oal  aidenl^^ 
Les  artistes  aeula  aannical  y  teider  ie  tdaat,  et  le  pv 
blic  le  repouasersit 


&M:UTION  —  li}Xll£UTiON  MILITAIKE 


zmtsuM  k:  tttMcfedMi^  liB'icttNcMre  et  l^ae^oh  do  pdsMw 
Mge,  cii  ^ttiuail  Mt&^tteHlei  tttt<$^de  sa  figo^  la  toaplease 
oa  la  ^Itaiei^iMvhtlMblii^'i^^^  'et  en  rondaot  k  U 

pwk  bSisitm'M^i^'^'^ibmle^  dltp^ttttn 

ie  iiMi^;aiM  BicM  (MiMfl:'^  ^^  ^'^ ''-^  ^      *    i  -  '    • 

Ouirf  farcbnediire, ,  Pexteution  wt,  toiiJom^  doe  adx '  oa- 
vTiaraaiip^tepir  WknpiiMiitt  jiftftftfe'  pdurtani  par 
TardMlBtiSw-itHirf;  UN^tte^  dtti^'tea^aatrM'arU^  eeiiii  qui 
penie  cat  dolA  Mkif  qui  ex^cttte, '^  aMliHeetura^  l^auteur 
da  iWrhg^  lie  sikfritit  4<Mifi«ilei^«liil^niMia«  U'lrat  qb^]i 
ttAjfiM  HaylBafcru«Btttt'^farangeftt.;<t  iioii-«ieuleiiienl1i  doit 
ft«'«Brflir  (M IM  nilStf  d'tatiitf,  Aali  da  aa  part  toula  ebop^- 
rdHo#>'ttiiM0fil  :^ 'tefidBtf^  rarcblteotfira  ae  dWise 
d<A^^^leiki'^M^;el8i  6eH<jqaWappeile  consfntc- 
t  ¥an  aft  -  tretmi  atitera  iittliavdeDai^  dam  son  actkm  ^  rin- 
Id4iieil^.^6  fareliHi^e,  i  ^\ii  forte  rafsMi  demi-t-Oii  re- 
(!trdar  Miii^>d^peKidni€a  de  lul  sciil  et'de  aon  gtoie  la 
partfeidellttg'ipniptrohMMdIt,  qui  cohi^prettd  la  fonm  g6- 
bMIo  ^  imctlliM' Ab  'feiiseinMtf  cit  -  das  details.  €«te 
fwiaa  W'aat'teiteBaiilperaoiinalle  Monnalt  las  Ml* 

fioBi  If  lenr  ad^ulfoB;  tiotmbe  dam  uA'  taUaau,  dans  one 
alahie,  ODdMbguatefalreda  peintre  at  da  sculptear. 

B&Jl9uU'iWN'(  J¥«il^ua)^  Executor  une  composition 

mnsiflila,  e'esi  ekanler  o«  jouer,  chantei^  et  joaer  foutes  les 

parfias  qii*eUe  bonUeBt ,  tant  iKycales  qu'iBStrumentalta, 

dana  tVaiaemftlo  qii'dlas  doiTcint  aroir,  at  la  rendra  MIe 

qti'dte^l  nol^  ^r  la  partilibB.  L*extoi1lon  a  non-aeale- 

mai  it^  graiitda  influance  siir  aon  sueete ;  mais,  comme  la 

niaaic(ii«n*e]fetaTMIament  pour  la  plus  grand  nonibre  des 

aodHem  que  ^forsqu'elte  eat  ex^cot^,  rex^cufer  mal  ou  h 

aoDtre-sans,  c'est  non-aaolement  la  d^figurer,  niaifl  VwHimkr 

firriid&^omiaiaseors  pearent'  cependnit  la  }tiger  par  les 

^ant  fi  la' simple  lectore.* 
1^  le  ediiipoaiteiir  aat  k  la  merd  dengiionince<les  exfcotants 

on  die  feor  imUvaiflaiice',  il  Pest  anssi  de  lear  ftox  savoir 

at  da  lenr  box  goA^  <^  qeMis  ajouteraient  k  ce  qnll  a  fait 

sehit  qoel(i|Wol9  plus  pieiliidettx  (^uece  qa'fl!l  y  pou^^ 

omaitre.  Ce  qolls  omettfqni 'tenure,  Vils  ne  soot  que  des  {  et  d'actes  aotlienf iqu^  en  forme  peat  (fr«  paralys^  hnqae 

I,  f/est  Texpressfon      I'acCe  est  attaqtid  de  nullity  oo  qu*U  j  a  in^ption  d^  ftiux, 

et  lorsque  h  d^biteur  jasfifle,  par  des  t>aax  aothentigues, 
que  les  reyenos  de  ses  btens  pendant  una  ami^  sumsent 
pour  acqnitter  la  dette  i^ciam^.  La  force  d*ex^cu1!on  dure 
treate  annto  ;elles'<i(end  sur  les  hdritiere  du  d^biteur,  tIs- 
k-Tis  desqoeis  die  est  par^.  Les  actes  et  prmcipalement 
lea  Jngements  rendus  k  r^ranger  n'ont  la  Ibrce  d'exteution 
qu^iutant  C|ue  les  tribunaux  Francis  les  ont  rendns  ex^cu- 
i^t»f  ce  que  oenx-ei  ne  font  qu*en  oonnaissance  de  cause. 
EX1^|}T10N  IfflLlTAIRE,  sorte  d*ex^cution  dc^nt 
les  formes  ont  Tari^  dans  les  armees^  snlvant  te  degr6  de 
pouToir  que  ie  general  exer^it  ou  qu*il  d^I^ualt  aux  pri- 
vets, suitant  le  genre  des  armes  que  la  ju&ce  mflitaire  y 
eroployait,  et,  nous  le  disons  k  regret ,  blen  ploft  suivant  la 
puisaanee  de  la  mode  que  8ui?ant  !*empire  du  raisonnement. 
Obex  les  Romains,  le  trtbun,  bo  le  g^n^ral  d'arm^,  d^i- 
gnait  les  annes  qui  ser?aient  aux  supplices.  La  buec/ne 
etait  llnstrmnent  qui  domialt  le  signal  de  rex^cutfon.  Dans 
la  mflke  trancalse,  la  lapldatlon  fut  pratique  ^ous  la 
premiere  race,  ta  d  ^collatio  n  lui  succ^a  sous  la  seconde, 
eomme  le^  capitolalres  le  t^oignent  Dans  les  temps  pos- 
t^ieors,  l*usage  ou  Tarbitraire,  Men  plus qoe  la  lot,  d^i- 
dai^t  dii  genre  des  exteutions  :  11  ti*jr  a  guire  que  le  pal 
qif on  n*ait  pas  mis  en  pratique,  encore  IVt-ll  ^t^  k  regard 
de  rassasain  de  K\€bet.  Des  tortures  jm»  proportioii  avec  let 
crimen  6iMitappliq[ute  Josqu'ji  ratant-darniar  sitele.  L'or- 
donnance  de  1768  parle  encore  depotence;  toutes  les  d()U 
b<frations  des  comit^s  du  ministire  de  la  guerre  de  i/»i  i 

25. 


105 

moaiden  a  beaueoup  d'«e^MioHf  IM^tl  execute  cohw- 
temebt;  M»  Mdter  et '  I  la  prtoiiftre  >iie»«  I«b  choses  les 
pins  <llJ|B^|f[r  '     OAStiL-BLxzB. 

'  EXBCDTHNV  { Droit):  P«r  ce  mot  on  entend,  daiis  le 
laogaf^do  palals,  qoadd  il  ft^igft  d'aetes,  racconpHssement 
des  cMditioni ;  des  obligatfont  qui' j  sent  eontenoas,  et 
qoand  H  a'igii  de'/ogement,  raccomplissement  de  ce  juge- 
ment.  II  est  one  derail  stgnilleation  dans  laqitelle  le  mot 
ex^ciMMOhM  en^osW  :  Ve^Oeution  iur  §a  pttrsonne  s« 
prendMiA^lfr'  staa  de  la  eonh-c^ntepdr  tx^ps;  Vexieu- 
tionsuri$ibiemd'tindMieur,t'etii^  salsie,  la  rente 
de  ses  meoUes  et  de  ses  immeuUes*  II  est  dirers  modes 
d'ex^ctttioni  VexScutkm  vofontelre  est  eelle  quia  licii  spon- 
tan Aneiit  de-  la'  part  des  parties  contraetaates  d^oa  ade ;  die 
cbmporte,  aot  termes  de  hurtlele  ISH  da  Code  dril,  la 
renondation  ^x:  moyens  et  exteptions  que  fon  pourrait 
opposef  dotaheeetsitte,  sans  pr^jodiee  des  drnits  des  tf<>r8. 
Vex^cHtUm  pikr^e  (de  Mjeetir  latin  paratus,  pr^ar^, 
pr6t )  est  oelle  que  Pen  pent  exercer  en  tertu  de  titres  qui 
rendent  on  acte  toojonrs  prM  k  reeevoir  execution,  sans 
aWr  k  en  M&rer  k  la  Jostiee:  Le  Code  de  Procedure  dispose 
qoe  lea  actes  odntenant  mtoie  pr^mbule  que  lee  lois  et  ter- 
nrinft  par  on  mandement  du  souterain  aux  ofUdera  de  Justice 
entralnentrextotion  parte;  tons  lea  actes  notari^en  vertu' 
desqods  le  porfenr  de  la  ^rosse  pent  fUre  un  commande- 
men  t,  soft  en  yertu  de  conventions  expresses  foites  entre 
let  parties,  aoit  parce  que  la  lot  leur  aattribu^  ce  caractire, 
entralnent  rexteutkMi  parte.  Lea  arrMa  et  jugements  des 
ooors  et  tribunaox  entratnent  naturellement  I'ex^cutlon 
parte.  La  loi  iaotorise,  en  mati^  dVile,  Vex^eution  pro- 
«lso<redetitres,cenede  jogementsqni  peovenietre  r^form^ 
par  one  Joridietion  srip^rieore ;  aind ,  les  Jugements  dea  tri- 
bimanx  de  oommeree  portent  eette  formole :  exteotion  non- 
obstaiitepflel;c*est  aind  qoe  les  poorrois  en  cassation,  en 
BiatiM«  ddle  on  commerdale,  nVmpeebent  pas  Pexteolfon 
provisdre  sor  lea  Wens,  et  mame  sur  la  personne,  en  mati^re 
de  eotttmilitepiftorps,  en  fantque  mesore  consenratoiie , 
Men  plos  qoe  comme  mesure  d^nitive,  tandis  qn'au  cri- 
mbid  le  poo  rToi  est  suapehsif  de  rexteotion.  On  ne  coita- 
preddraH  pas  en  efTd  que  fantqu'D  reste  au  condamn^ 
un  chance  de  vdr  son  sort  changil  par  one  noovelle  cour 
d*as8isea,  Tarretqai  le  frappe  eet  meme  prorisoirement 
SOB  pldB  efld  mr  aa  personne.  L'extention  d'un  Jugement 


de  metiet',  d  non  de  vMtableaartlstes 
propre  de'  chaqoemofceao  d  t*lBccetat  de  chaque  passage. 
Lk  oa  ib'  ne  verront  qob  des  notes,  ce  ne-  seront  qoe  des 
Bolea  liu'ils  ^feront  ditdidre;  et  tel  air,  td  duo,  td  morcean 
d'aaseinblej'oii  tdle  pi^  de  monqne  instromenlale,  derail 
tooeter  profendteaent  le  coeur,  qui,'  grAce  k  one  exteution 
froide  el  puimte,  iie  ferai'qo'efileurier  inotnedient  TordUe. 
Le  taleiit'dii  dief  ^'orctiestre  infltie  beaocoop  sur 


beaocoop 

I'extailibli.'^hilqu^  lioah^  en  par^uUer  serdt  capable 
dfe  Voadrd  {nirftitem^ni  «i  partie ;  mafs  dans  les' grandes 
rteaioBs  il  faot  (|oe  la  volont^  soil,  v^e,  etqoele  phis 
"^-"^""b  lelM^iibietle'^lfioonimane  toff.  D^bsildre  des  se- 
do'iidiiiposfteori^-le  chef  dVyrbhestre  a  la  partition  sous 
^eHx,  ipd  d*^anoe  lul  rendent  compte  des  sensations 
qoe  foime  46U'eproarer.  A  la  connalssance  profondede 
saa  artjl  dott  'fdndre  encore  f expirienee' pour  bien  dder- 
niaer  lea  taoaVements  d,  les  soutenir  sans  contrainte;  il 
anifliie  lea  eiteotants  oo  rdient'lenf  foogue  Imp^tueose;  il 
indlqa^  li  ^pos  les  entrtes,  inspire'ime  noble  conflanee; 
d  «haeaa,'^'aofTaV^*up  td  guide,  surmonte  dies  difflcultte 
qu1f  attune  sans  ci^nte.'L*eidciitibnVoede  to  plus  par- 
bita  d|ua  iMk  ^eondahse  est  cdle  des  tirti^oses  do  Th^tre- 
lullei  ilkrPcrb;  Le^ajrliljI^fibUstes  de;roixbestre  de  notie 
CcMBaarfitbike  a*o^t  fas  de  HVaox;  Bsaxteotent  les  oompo- 
sitiBBi  iattrameDlMes  de  Haydfl^d^  Mfonrl^^e  Beetiioven, 
de  Wefaar^  d'ltte  nundere  mdffinleose* 

On  appdie  eaeore  e^RJctUioaia  MHHd  de  lire  d  d*exd- 
cuter  oie  partle  Tocale  6o  <iidhuiientile,  et  Ton  dit  qo^un 


196 

17ft4  ttemigBeDt  qu^oii  ae  psiiait  par  lei  amies  lea  d^aer-. 
taan  qoe  quand  U  Mil  in^oisible  de  troorer  dans  le  pays 
iffl  eiteuteor  publie. 

L*ordonnaiice  de  1768  est  la  premiere  qiii  ait  prescrit  le 
mode  d^appHcatioD  de  la  peine  capitale  :  c'est  ce  qu*elle  ap- 
pelle  exietiter  mUitairtment  le  eoupable.  En  garnison , 
le  commandant  de  place  determine  le  norobre  des  troupes 
qui  doivent  prendre  ies  arroes.  L'ez^cuUoD  da  criminel  a  liea 
dans  Ies  vingt-quatre  heures  qui  suivent  le  jugement.  Le 
corps  dont  le  condemn^  faisait  partie  se  rend  sans  armes 
sur  le  lieu  indiqu^,  et  7  tient  ia  droite  des  troupes  rassem- 
bltes.  Un  d^taclieinent  de  grenadiers,  ou  un  piquet  de  cin- 
quanta  bommes,  accompagn^,  si  faire  se  pent,  de  gendar- 
merie, amtoe  le  patient;  il  entend  sa  sentence  k  genoni ;  il 
snbit  la  degradation ;  uu  parrain  lul  bande  Ies  yenx ;  on  ban 
d*exiteutiun  est  battu ;  un  adjudant  de  place  commando  le 
fen  aux  fr^res  d'armes  de  riiomme  qui  Ta  dtre  supplici^ , 
on,  comme  disent  Ies  lois  modernes,  anx  douie  tireurs 
cbargte  de  lui  caaser  la  t^te.  L'adjudant  dteigne  ceox  qui 
Tiseront  au  crftne ,  ceux  dont  Ies  coups  doivent  Trapper  an 
CGBur.  Le  patient  demande  le  plus  souvent  la  iriste  (aveur 
de  commander  le  feu  et  de  relever  son  bandeau;  il  salue  or- 
dinairement  de  cette  exhortation  Ies  ennemis  qui  vont  le 
foudroyer  :  «  Mes  amis,  ne  me  manquez  pas  I  »  Mais  comme 
la  main  des  plus  Intr^pides  tremble  en  cette  occasion,  leurs 
coups,  mal  ajust^,  trompent  Pordre  des  diefs  et  la  priire 
du  eoupable,  et  ils  renversent  palpitante  la  Tfctime  :  •  Mes 
camarades ,  acbevez-raoi !  »  est  le  dernier  adieu  que  leor 
fldt  le  mooranL  Quand  ce  soulialt  soprtow  est  exaao6,  et 
qu'on  a  joo^  de  la  balonnette  si  la  poudre  manque ,  Ies 
troupes  d^filent  derant  le  cadavre,  el  sont  prteMte  do  corps 
ou  de  la  troupe  dont  le  diMunt  faisait  partie. 

Qnelles  r^exions  ne  doivent  pas  naltre  des  dispositions 
de  DOS  lois!  de  nos  lois  encore  en  vigueur!  Celle  de  1793 
▼oolait  qnll  fOt  commands  pour  rex^cotion  quatre  ser- 
genls,  quatre  caporaux,  quatre  fusiliers,  Ies  plus  anciens  de 
service,  pris  k  tour  de  rOle  dans  la  troupe  du  phhrenu.  Lea 
pins  anciens  de  service !...  De  U  il  suit  que  peut-6tre  le  p6re, 
le  Mn^  le  neveu  du  roallieureux  que  la  conscription  a  en- 
cbala6  et  que  le  plomb  va  f rapper  seront  contraints,  an 
noin  de  la  lol,  k  tremper  leurs  mains  dans  leiir  propre  sang 
et  k  d^ionorer  lemr  fusil  I  L*£tit  pent  dire  ao  labonreur  ar- 
rach6  de  la  charrue  pour  devenir  soldat :  •  Si  domain  la  jus- 
lice  frappe  de  la  peine  capitale  ton  plus  proche  parent,  et 
si  Ion  capltaine  te  d^igne  pour  6ter  la  vie  au  eoupable,  tu 
es  inbabile  k  te  rtoiMr,  et  un  geste,  un  mot  de  menace  en- 
▼ers  le  caporal  qui  voudrait  te  contraindre  k  cliaiger  ton 
Ibsil,  te  m6neratoi-m6me  k  la  mort.  •  Quel  n^est  pas  Pem- 
pire  du  pr^jug^  1  Les  demi^res  classes  de  la  sodjt^  ToienI 
avec  borreur  le  boorreau ,  et  les  plus  brillantes  danseuses 
du  plus  beau  bal  d'un  ministre  accepleront  gaiement  la  main 
encore  ftimante  de  T^l^ant  officierqiU  vientde  commander 
le  feu  et  de  laire  suppHcier  le  Francis  que  la  r^uisition 
avail  fait  soldat  Et  i'on  parte  de  charity  chr6lienne,  de 
tralle  des  n^res,  de  prisons  modules,  de  pbilantbropiel... 
El  ee  sont  des  bommes  d'tiite,  des  gienadiers  de  I'arm^ 
francaise,  qui  de  prtf^rence  sont  des  instruments  de  ces 
bolocaustes,  landis  que  c'est  tout  au  plus  aox  compagnies 
de  discipline  que  devraient  6bre  inflig^  et  ce  triste  minist^re 
et  la  fonction  de  fossoyearsd'une  inhumation  sans  appareil. 
Qui  eroirait  que  c^est  la  milice  russe  qui  noos  suggto  ces 
remarqiiesr  Un  criminel  k  qui  il  est  fait  gsAoe  de  la  vie  y 
manie  le  knout  militalre.  La  mflice  anglaise  applique  judi- 
ciairement  des  formes  que  l*hnmanit6  r^pronve ,  mais  do 
noinp  les  camarades  ne  s*y  entre-fusiilent  pas ,  et  les  ex6- 
cotions  y  sont  trte-rares.  G**  Babdin. 

Le  nu>t  execution  nUlUaire  a  encore  one  acceptlon  irapoN 
tante.  Lorsqu*une  contribution  exfg6e  d*une  ville  ou  d'une 
locality  quelconque,  qui  a  ^t^  enlcv6e  de  vive  force  par  un 
•chef  militaire,  n^est  pas  rtelis^  dans  nn  temps  donn^,  celui- 
«i  accorde  quelquefois  on  pi  1 1  age  dedeux  ou  troLs  lieures  : 
<*est  ce  qu'on  appellc  une  execution  militaire,  Cclteextr^- 


EXKCUTIOM  MILttAIEE  --  EX^GUtOIRE 


mflA  eal  terrible,  el  ne  laisse  aprte  efle  que  maaiaera  el 
ravage.  HeurensemenI  la  nalnre  toatepoHtkiaedesgaems 
do  sitele  repousse  le  relour  de  pareOles  borrenrs.  L^armte 
fran^se  en  Espagne  en  18M,  la  campagne  d'Anven  ea 
1833,  donnent  une  idte  des  m^iagenients  que  la  potitiqw 
conseille  d*adopter  envers  les  peoples  dont  on  ibule  le  soL 
Peut-6tre  faut-ii  attribuer  aux  nombrouses  exactions,  sax 
Irop  fr^uentes  executions  miliiairet  conunises  par  in 
Fkan^,  la  guerre  meurtri^  qui  d^ma  pendant  six  anseo 
Espagne  la  plus  belle  et  la  phis  valeureose  armte  de  I'Ea- 
rope  modeme.  Maauii. 

fiX^CTlONS  GAPITALES.  Koos  n'avons  point 
ici  k  nous  occuper  d'une  qoMtlon  de  la  plus  haole  gravity 
irivement  d^battue  entre  les  phllosopbes  et  les  Mgistes,  ccile 
de  savoir  si  la  peine  de  morl  doit  ttre  rayte  de  nos 
codes.  Noos  ne  devons  pas  davantaga  examiner  les  diffiSrenls 
modes  d'exicutlon,  ou  mortson so  p p  1 1  c es .  Bomons-noos 
k  constater  qoe  la  peine  de  mort  s'applique  mahitenantbin 
moins  qo*il  y  a  Tingt  el  trente  ans.  La  tkcoM  acconUe  an 
jury  de  reoonoaltre  des  drconstances  alUn  n  an  les  antes 
souvent  un  abaisseroent  sur  la  p^nalit^;  locsquNine  sentence 
a  ^  rendue  et  confirm^  par  la  cour  de  cassation,  la  cM- 
mence  du  chef  del'Etat  intervient,  et  arradie,  dans  presque 
la  moiti^  des  cas,  le  eoupable  au  triangle  dPaeUr.  Void, 
d*aprfes  unrelev^  fail  sur  ies  comptes-rendustoan^dn  nii- 
nistke  dela  justice,  quel  a  616  en  France,  k parlir  de  1837, 
le  nombre  des  executions  capHales  ;  en  1827,  80  ex6co- 
tions;  en  1828,79;  en  1829, 69 ; en  1830,  S8;  en  1831,25; 
en  1832,  41;  en  1833,  34;  en  1834,  IS;  en  1835,  41; 
en  1836,  22;  en  1837,  25;  en  1838,  34;  en  1839,  22; 
en  1840,  45;  en  1841, 35;  en  1842,  29;  en  1848,33; 
en  Ib44,  41;  en  1845,  37;  en  1846,  40;  en  1847,  45; 
en  1848,  18;  en  1849,  24.  En  1851,  sur  45  condamnations, 
34  avaient  616  ex6cut6es;  en  1852,  sur  60  condamnationi, 
58  sont  restees  definitives  aprte  renvois  devani  d'aotres 
cours  d^assises  par  la  cour  do  cassation ,  32  onl  616  ex6co- 
t6es. 

En  Angleterre,  les  ex6cutions  capitales  6taienl  fort  mnlti- 
pli6es  li  la  fin  du  sitele  dernier  et  au  commencement  de  oe- 
lui-d;  des  actes  criminels  qui  d'apr6s  nos  lois  ne  soat 
passibles  que  de  la  prison  6taienl  ponis  de  mort  d^aprks 
la  jurisprudence  britannique.  Le  vol,  dans  un  magasin  oa 
dans  une  boutique,  d'objets  d^une  valeur  de  5  shUUngt 
( 6  fr.  25  c. )  entratnait  one  condemnation  capitale.  De  1805 
i  1817,  cette  condemnation  tai  prononc6e  conire  113  psr- 
sonnes  convaincues  de  vols  semblables;  ancune  ne  fut  ex6- 
cut6e.  Depnis,  gr8ce  au  able  de  Samuel  Romilly  et  de  Mac- 
kintosh, de  John  Russell  el  de  Robert  Peel,  la  peine  de 
mort  a  616  abolie  pour  un  certain  nombre  de  crimes,  ao- 
tamroent  pour  le  faux  en  6criturc  priv6e,  la  contrefa^on  des 
billets  de  banqne,  le  vol  de  clievanx  et  de  b6tail,  le  vol 
simple  dans  une  maison  habil6e,  II  est  r6sult6  de  ces  rtfor- 
mes  one  diniinnlion  de  plus  des  qoatre  cinquitowa  sur  le 
total  des  condamnations  k  mort;  le  chiffre  des  executions  a 
dtmmue  de  pr6s  de  moiti6. 

EXECUTOIRE.  Ce  root  exprinne  tout  ce  qui  donne  le 
poovoir  de  mettre  k  execution  une  decision  judidaire,  et  par 
extension  on  i'appliquek  la  forme  qui  entralne  cetle  execu- 
tion :  Mandoni  et  ardonnons  d  tous  huiisiers  sur  ee  rt" 
quis,  est  une  lormule  executoire.  On  appelle  tool  simple- 
ment  execution  \h  constitution  mise  par  le  juge  de  paix  an 
bas  d^une  requ6te  presentee  par  les  officiers  minlsteriela  poor 
poursulvre  contre  les  parties  Tavance  quUls  leur  onl  faite 
de  droits  de  timbre  et  d*enregistrement,  reqoete  sur  laquelle 
est  transcrite  la  quittance  de  ces  droits,  dont  U  minute  doit 
etre  presentee  au  juge  de  paix.  Le  visa  du  juge  de  palx  sur 
lescontraintesdecemees  par  les  agents  de  la  r^  poor  le  re- 
oonvrementde  droits  ou  d'amendes,  les  rend  ex6cutoires.  On 
appelle  enfin  executoire  de  dipens  la  fixaUon  des  depens, 
quand  elle  n'a  pas  616  prononcee  dans  le  jugenient  de  cup- 
damnation  ;  cetlc  nxation  est  faite  par  un  juge  taxateor.  Ce 
magistral  accorde  la  mise  Ji  execution  de  la  taxe  qiril  a  fsHa 


EXl^UTOIRE  -^  EXELMANS 


Ah  d^pent,  eC  eet  eitealoire  est  ddliTr^  par  to  greffier  li 
rafwi4  oa  ^  la  partie  ^va  en  laire  usaga. 

ESfiG^Ef  EXEGETE.  Gea  moU,  d*origuie  greoqne, 
fimeBtda  Teriie  ICirrfotuK»  J'ezpoM,  j*eipliqiie.  A  Ath^ 
Ml,  OBappeUttcflP^dlef  (ICnr^Oceox  qui  aaientchar- 
fte  par  nstat  de  loontrar  aox  Mrangers  lea  antiquity  de  la 
fille,  aortootleatoiDpleaelleachoaaa  aaerte,  etda  leur  en 
dooaer  rexpHcatioo.il  jenavtil  tr(rfa:Gio6noiileaappeUe 
Mtrpreies  reiigUmum. 

Cbei  Dooa,  oo  appeDe  9x4gHt  oeltd  qui  ae  conaacre  k 
Pexplicatioii  dea  difliftrentea  partlea  de  la  Bible;  et  le  mot 
cs4^e  ( explication )  aignifie  excIoaiTement  I'interpr^- 
tion  dtt  livrea  aacrte.  Gea  litrea  ^ni  Merita  dana  une  langoe 
^tnagorey  remontant  k  une  bante  antiquity,  et  appartenant 
k  OB  meade  doot  lea  Idte  et  lea  naagea  dlfftelent  compM- 
lHMBtdnn6tre,  la  bonne  ei^gte  anppoae  lea  connaiaaanoea 
lei  plus  Tarttea.  L'ei^gfete  doit  noo  aeulement  poaatier  par- 
fiilBDent  la  langne  dea  originanx  et  celle  dea  andennea 
tenioBa,  maia  anaai  lea  antlqoitda  de  rOrient,  rUatobre  et 
k  giofl^ble  dela  Bible. 

CooHnela  Bible  eat  la  baae  de  raodetbtologique,  Texd- 
Cte  a  and  poar  Init  de  falre  retroover  dana  Ttoiture  cer- 
taim  dognea  qui  n'y  aont  paa  explidtement  II  a'agit  de 
noatrer  dana  l^Anden  Teatament  le  prteorMnr  da  Nou- 
teaa,  da  retroaTer  dana  cehii-d  dea  dogmea  et  dea  doctrines 
qui  D'oat  M  dd^eloppte  que  plna  tard  par  lea  premiera  Pa- 
nada Ffigtfae.  Poor  y  pamnir,  on  defalt  eonvent  avoir  re- 
eoon  k  del  aubtilitda  et  fiifa«  violeBce  aux  textea  primi- 
tift.  (retail  Vk  aorUwt  I'dcoeil  dea  ex^g^tea,  et  dana  lea 
tempi  BodefBea  11  j  ent  ii  ce  aujet  beaocoap  de  divisiona 
pamu  las  tbdolog^ena.  Lea  una  crolent  devoir  aubordonner 
k  rdNQ  anx  dogpnea  et  expliquer  la  Bible  adon  lea  traditiona 
nfoei.  Sekm  «iix,  c^est  Dieu  lui-mteoe  qui  parle  dana  lea 
Bmi  ednts;  rdcriTain  n";  porta  paa  le  fruit  de  eon  imagi- 
Bdion,  de  aea  penate  et  de  aea  dtudea,  maia  il  dorit,  pour 
aiaai  ittre,  aoaa  la  did/^  de  Dieo.  Ces  prindpea  tuent  n^ 
OMairement  la  critique ;  car,  de  qud  poida  est  la  raison 
honuiBe  Hi  oil  fl  a'agit  d'ona|papiration  anmaturellef  D'ao- 
tr«,^toat  en  reeonndaiant  dana  l*:£criture  Sainte  une  faia- 
liirdian  divine,  ne  la  croient  paa  cependant  aumaturelle. 
Laitarivdna  aacrda  aoot  poor  euxdea  bommea  aopdrieura, 
qd  stepfaraioit  de  la  giande  id6e  d'on  Dieo  unique,  qui 
pndamaient  ce  Dieu  au  milieu  des  peuplea  plong^  dana 
ndotttiiedla  agperatition ;  maia  ila  aont  toujoura  bommea, 
pariant  on  langage  bumdn  d  se  mdtant  k  la  portde  des  In- 
teillgeneca  aoxqiMllea  ila  a^adreaaaient.  L'inspiration  imme- 
diate ae  troorant  dearth  I'fcriture  tombe  dans  le  domdne 
de  la  critiqoe,  d  dana  ce  ayattae  I'ex^^  difTbre  peo  de 
ruUqoitd  profane.  Ce  syatime  a  pr6valu  anrtout  parmi  lea 
tMdogpens  proteatanta  d*Allemagne;  on  lui  a  donnd  le  nom 
demf ton aliame,  eton  a  ddaignd  leaysttoe  oppoad 
tooalenom  dit  tupernaturaliMme,  Lea  deux  md- 
tfaedea  dinterpvdtation  ont  aouTent  did  exagdrdea.  Lea  auper- 
Batordiatea,  non  contents  d*appuyer  lea  dogmea  fondamen- 
taox  de  la  religion  dea  textea  qui  s*y  prdtdent  le  plus,  sent 
alUa  dicrcber  partoat  dea  prtidlctlona  d  dea  aUuaiona,  d 
Os  ontcoofert  lea  aobllnea  beantda  de  TAncien  Teatament 
do  voile  d*ao  acnnbre  myatidame.  Lea  rationdistes,  de  leur 
cdd,  ont  qodquefda  ponsad  trop  loin  le  scepticiame,  et  anx 
sditilitda  dogpnatlqnea  ila  ont  opposd  les  subtilltds  philolo- 
giques,  et  11  leur  a  anffl  aouvent  de  qudquea  mots,  de 
qBelqoea  syUabea  poor  rendre  auapecte  rautlientidtd  dea  li- 
vrea  aacrda,  et  bire  deaoendre  kune  dpoque  rdoente.ce  qui 
parte  le  cacbd  d^une  haute  antiqaitd.  Le  USX  est  qull  fiiut 
apporter  k  Fexdgtee  non-senlement  le  sentiment  religieux, 
BKds  ansd  un  profond  aentiment  podtiqne,  poua  dire  k  Ta- 
kri  dea  aobtilitda  de  toote  eapdee. 

la  rdigioo  julve,  plna  que  le  chriatianisme,  se  prftte  Ji  un 
rationafiame  moddid.  Anad  voyons-nous  ddjk  an  moyen  dge 
OB  grand  nombre  de  rabbins  se  livrer  k  une  exdgese  Indd- 
paa!dante,  d^gigde  dessnbtilitds  (hdmudiques  et  cabalistiqnea. 
Ua  phM  ipaoda  exdg^lea  parmi  lea  dir^tiena  aont  Ori- 


19t 

gdne,  Jean  Chrysostomedsnrtootsaint  Jdrdme,qui 
aenl  parmi  lea  andens  parall  avofar.  oonnu  le  texte  bdbreii, 
d  dont  lea  oommentairea  renferment  beauooop  de  cboses 
otilea,  que  lea  exdgdea  de  noa  joora  ne  ddvent  paa  dddd- 
gner.  Au  moyen  ige,  ob  la  Volgde  aeole  lUadt  antoritd 
parmi  lea  cbidtiena,  Texdgtee  fnt  eatldrement  ndgligfe.  Ce 
ne  fut  qu'an  commencement  du  dix-bnitidme  ddcle  que  I'd- 
cde  boUaadaiae  poaa  lea  fondemeots  de  la  nooveUe  exdgte 
par  nnedtode  approfondie  de  rbdbrenddea  aotrea  langnea 
admitiqnea.  Albert  SdmUBoa  pent  dtre  appeld  le  pdre  de 
I'ex^g^  modeme.  L'AUemagne  noua  offre,  depuia  la  der- 
ntkre  mdtid  do  dix-hnitidme  sidcle  Joaqn'k  noa  joora,  one 
adrie  d'exdgdtes  dont  lea  travaux  ont  repando  la  plus  grande 
lomidre  aur  l'£criture  Sdnte.  Lea  noma  dea  BCichadUa,  dea 
Paulna,  dea  Boaenmnller,  dea  De  Weftle,  des  Vater, 
dea  Gesenina,  aeront  k  Jamaia  immortda  dana  lliiatoire 
de  Pexdg^e.       '  S.  Murk. 

EXELMANS  (IUaiT-Joain»IarooBB,  corote),  martebal 
de  France,  naqoit  le  13  novembre  1776,  k  Bar-le>Doc  II 
ddbota  k  Tdge  de  adie  ana  dana  la  carridra  qoll  devdt  d 
bonorablament  paroourlr,  en  a*engageant  dana  un  batdllon 
de  Tokmtdrea,  commandd  par  le  jeone  Oodinot.  Aprda 
avdr  rapidement  franchi  lea  gradea  aobdtemea,  U  fit  arec 
diatinction,  en  Pan  vii,  la  campagne  de  Naplea,  aoua  lei  or- 
drea  de  Macdondd  d  de  Championnet  L'annde  snitante 
11  ftit  attacbd  au  gAidrd  Murat  comma  dde  de  camp.  La 
campagne  de  180&  lui  fonmit  maintea  occasions  de  (dre  ad- 
ndrer  aa  froide  intrdpiditd.  A  i'dfdre  de  Vertingen ,  il  ent 
trois  cbevaux  toda  aoua  lol;  k  Ansteriitz,  autant  loi  en  ad- 
Tint;  anad ,  ayant  dtd  cbargd  de  prdsenter  k  rempereor  lea 
drapeanx  enlevda  k  rennend  dans  cette  campagne,  fut>U 
nommd  k  llnstant  mdipeofllder  de  la  Ldgion  d^Honneor,  d 
peo  de  tempa  aprda  cdond  d'on  regiment  de  buaaarda,  k 
la  tdte  doqnel,  dana  la  campagne  de  Proasede  1806,  il  entra 
le  premier  dana  la  Tille  de  Posen.  A  la  suite  de  la  batdUe 
d*Ey1ao,  il  ftit  promo  ao  grade  de  gdndral  de  brigade.  II 
auivit  en  1807  le  grand-due  de  Berg,  Murat,  en  Espagne. 
Mais  k  pen  de  tempc  de  Ik,  aprks  avoir  dtd  cbargd  d'es- 
oorter  le  roi  Cbarlea  YI  pendant  aon  Toyage  de  Madrid  k 
Bayonne,  d  a'dtreacqoittd  avec  bonheor  de  cette  pdrilleoae 
misdon,  il  tomba  dana  une  embnacade  dreaade  par  une 
bande  d^inaurgda  catalana,  d  fat  fait  prisonnier  de  guerre. 

Transfdrd  aucoeadvement  k  Valence,  anx  Ilea  Baldarea  d 
en  Anglderre,  il  vit  dcbooer  tooa  lea  diorta  qnll  tenia  poor 
obtedr  aon  dcbange;  maia  en  181 1  il  parvint  k  a'dchapper 
avec  on  autre  compagnon  d'infortune,  le  colond  Lagrange, 
en  se  jetant  dana  une  barque  k  quatre  ramea,  avec  laqudle  il 
traversalaMancbe,  drdusdtkddbarquerkOraTdinea.  Qud- 
que  tempa  aprda  il  paaaa  au  aerviee  du  grand-due  deBerg, 
deveno  roi  de  Naplea,  d  ae  rendit  k  Naplea,  ob  M"*  Exd- 
mana  aTait  dtd  nommde  dame  du  palda,  d  ob  on  le  crda 
grand-dcuyer.  Cependant,  11  ne  reata  que  ffmrt  peu  de  tempa 
au  aerviee  de  Murat,  etddal812  noua  levoyona,  inveati 
d\in  oommandement  dana  lacavderie  dela  garde impdride, 
prendre  part  arec  la  grande  armdeklagiguitMqueexpddition 
de  Ruade.  Bleaad  pludeura  foia  dana  le  coora  de  eette  md- 
morable  campagne,  11  ftrt  nonund  gdndrd  de  dlviaion  k  la 
suite  dekibatailledelaMoakowa,dattacbd  oonunetdau 
corps  du  mardcbd  Macdondd.  Dana  la  campagne  de  1818, 
il  fut  diargd  du  oommandement  de  la  2*  dividon  de  cava- 
lerie  Idgkre,  aoua  lea  ordrea  do  gtedrd  SdMtttiani,  d  ae  d- 
gnala  en  Saxe  d  en  Sildaie.  Dana  la  glorieuae  campagne  de 
France,  11  commanda  jusqu'k  Monterean  ie  3*  corps  de  ca- 
vderie,  d  ensoite  la  cavderle  de  la  garde  impdride,  k  la 
tdte  de  laqudle  il  se  didingna  particolidrement  aux  diairea 
de  Craon ,  d*Arcia  d  de  Sdnt-Dider. 

Le  gdndrd  Exdmana  ne  ftit  point  de  ceox  que  la  Reatao- 
ration  compta  tout  auaaitdt  parmi  sea  plua  flddea  aoutlena. 
Une  ordonnance  du  12  septembre  1814  le  mit  en  disponibi- 
litd,  avec  ordre  de  quitter  Paris  dana  lea  Tingt-quatre  hau- 
res,  pour  dier  rdsider  ksdxante  lieuea  de  la  capitde.  Son 
crime  dtait  d*avoir  dcrit  k  Murat  poor  le  fdlidter  d^atek 


m 


EXELMAJVS 


uaH  tt  MiunMttie  do  Titte utofrage  deTeiaplM ,  lettre  que 
Ton  salMt'Mc  IftfMMBM  fMnMedn  do  roi  JoMhhiii  qa\ 
le  itadiK  |r  llaplBt.:Le  «Mral  «y«lt  muf€  4d  M  goto- 
tnile  ii  MtroBdi*  MMtiaii^^^iniiMacheomit  ^dealiMiiiftQte 
0eiidarmM«il?aMfeMilanMite^'e(liie^^  le 

m  d6  8%  fiBmtB^aMiitti  toOuDlMrnii^  vfa«M*  i^^a(>er, 
«t,  aprteVMBB-cieM^paliatt  <|ii6lqMftt«iny  iltHa^eons- 
lituw  in!iMfiaicrki2iH.aii  H  M  Mi|iilMli»ratairinlltf  {Mr 
le  CMiMa  de  9N*itt  idnrif  (MoiTle  Jugttr^  ^  qw  'tir^dail  le 
brave  §6AMA  Brouetidf^pliettl  LrMmars  tsts,  '<tod- 
<Iiiee  imirei  ^pite  le  dApertde*  Pir&  de  UNrtsXVIir  et 
eTaoi  A^friTte  defenipeMr,  tt  seiiitt  Ji  la  MIe  de  pknlears 
oOieiert  de  l'aiiciM|De:ami^'prit,  au  noni'de  Napol^oo, 
poa^eiaioii  dea  IHiilerie^,  et  y  fit  arborer  le  drapeau  trlob- 
lofe/pendapi  iqoUl  cbToyait  it>  %Mnk  MerUii  oecoper  le 

chAliMa  de  VUMaBBBaB.A  W«terl«#v  ll>oaaniaiida  de 
nouvow^la  ca^alerie  de  la  garde  impMaley  oommaideaMiit 
qaUae  quiftU^JpCMHMi  t<w^  fiit  prndu^f^^apite  avoir  in- 
flig^,  prtede  TciP9alttea»  ueaMiele^  k  vn  €orpa  pnu- 
si^  fdrtid6*3«oae  ehemwL  et  de  s^oae  fanlas^s. 

Le  g^udral  jtyetoMiaa  eir.  avait  eases.. Mi  pour  mMter 
rhODneiir:4'^trei*aiiedea  vleliaaeatle  la  rte^lioft  woltBrehi- 
que  de  .l8id*rMenae6  ^ebaque  Inalaat  deperdre  sadifaeEU, 
U  ae  d^dda,  aniQeiaded^eeinbreA  passer  en  Belgiqiie^d'ed 
iapoUce.firfliicMMfieitaiMla  pia41e  Me  tenteyeto;  et  11 
erraalorspendaat  troiaanafesenAUeHsagiiey  poacmWi  en 
toot  Ue>i  par  la  raaoune  tracasiitte  do  gpuverneBaeBt  des 
Bonrbona.  C^Jie Ail  qii'4»  1S19,  sous  le  minlslftre'da sna- 
rtekial  -Qou  V  L9  n  «-ftals  U  Ojfi  iqn'UpulTCiitref  en  Prance, 
fi^tabli  k^v^que  temps  de  Ji  anrle  cadre-iles  effielers  g^ 
n^rauaeo  dlspeniWIit^,  iiobtiot^en  lata,  ditminist^.De- 
caq.x ,.  pendant  deea  meisv  wae  eommission  ^Tmspectenr 
g^ral  det  la'caialeHe.  Qslla  taidive^  Jnstiee,  rtndoe  par  le 
.gaoverneiMnt'r^yali  Ait  cause  da  lavm^iae  qnele  parti  po- 
paiaireeoii|ffiU.^.i^4»^  de^seaopinieiis«|irtelfrFftfolutioh 
de  laaa.  Le^  jMilletan  matin  le  een«le#ieOinidin»  giand- 
venenr  leti  son  amoieB  Mm  dlamsa,  tquft  *  se  trouvait  alors 
aux  Tiiikvieai  I'ajant  ebarj^  d^Veaiif^veHirOasiinlr  PMer 
rt  bafltte  qverjObarlea  XeoBScntaitli  retirar  les'  ordon- 
nanoea  ^<li.  raoff«Q^  sea  ninistiea^  mistion  qa'il  accepta 
poor  4am>  cesser  l.*effiisien:du  arng^  on  ae  bita'de  raceo- 
ser  d'aveir  paetiai-aveo  la  oontrft^rdlrdliitioii ;  mah  le  ^n^- 
lalt^enaeipeftanliKir Rambooillet,  aveo'lO'gte^ral  Pajol, 
k  in  tMardes  t  »voloalaii«s  parisicMv  -dunnk  ,toat  anssitOI  h 
cetto.  aecvsatiott'  le  seal  «1^eiiti  ^pd'fUlt  dSgne^e  loi.  Lou1»- 
Pbilippeladandilen.iaai  le  Utiedftp^c4l»Pmiice,queNa- 
pofafion  luianiHm^  eonf^i^  dana  les  cent  jeota;  il  vutait 
habituslleoient  avee  les  paira  lea  pliia  ind^pendanta  et  les 
pload^OQ^i  aux  inlMla  dn  paysi.  On  se  rappeUe  la  gAn^ 
renaa  exdamafion  qoeloi  anachteent^  lore  dn  procte.d'Ar- 
inand  Oarrel  devantlacltfoibre  deapairs^  leaeflbrts  du 
pidsident  Pasqaler  poar  eiapMher  faeensd  de  se  Hvrer  k 
rappr^clatkm .  idtroapectlre  .dn«procte  da  uMrfehal  Ney. 
«  Moi  aossli  Je  le  peaseet  je  le  dia»  aVcria  legtedral  Exel- 
roaaa  en  se  levant  de  son  sMge  de  Jnge,  eefutum  horrible 
auatsUuUJ  «>Le  15  eoOt  1848  le  g^^ral  CaelmiDS  Ait 
Domns^  grand*«haBcdiar  dela  L^o«  d'Honnenr/en  rem* 
•plaeeflMn*<dif  aiantehal  Motilor,  ddc^de,  Le  11  mars  1851 11 
AiT^lev^ian^igaltAde snar^elMd  de  France*  An  2  dtemlire, 
il  afempresaa  'da.  se  mettre  k  la*  dispoaition  dn  pr^ident, 
qui  leeoasprit  dansMes  asembres  de  laeonroisskni  eonsul- 
laHie;  SaiqoalM  ide  marfebal  lefit  enlrer  au  sdnal,  niais 
le  liJnttM  fsa^  anaoir,  Ufabait  npochnte  d»  cbaval  pris 
di*ppnt  de^ires>.eteapirailta'«ait«nlvanle,  dene  les  bras 
de  aas  tta»  JfamieaBxauiaiiB,  eapitaine  deM8»le,idde  de 
camp  de  Temperear. 

EXEIffliB'  (en  latto, dgewp/ww)j-Op  nomme  abisi 
ce  qnl  seit  on  penlaerrir4e  B«lto,e'e8l4Hllre«nenefiott 
on  nn  ayaitaied^Botiooa  00  helioses  qne  la  plupart  des 
bommia  aM^reest  dtaiterponr^saicaoses  qneloenqaeB. 
U  7  adoneda  6oim aide  mnnaalieawaipfef yot  I'on est 
aoovent  Isndd'^^attriNei >la  bonno  et  mnnfaiie  eondntte 


-  EXEMPTS 

d^un  hemme  aox  examples'  qtilt  a  re^s ,  (ant  ndtre  Wpte 
est  fin^eresse  de  sa  nature.  V^  de  Mnplea  so^t^ittM  en- 
dina  i^  le  nMre  I '  solvrer  les  eiempleB  de  leiiff  i^lieii.  et  k 
'  laAiitit  s^rvflement  les  aetiona  de  fenia  goovernaiitk 

On  parte  sbuvent  de  fettr^dei  eaDempfei.el  rbik  entend 

par  ft  poabr  s^h«ment  quriqo'uA'iSdbt  dmpklier  d^aqtres 

indivfdns  d^Tbir  ler  yhtoies  td&s.  C*est  d4|ka  U  mAme  pitaste 

'*qn*on  dialalt  aotreTofs  aot'veux  dd  pobHe  lea  ei^tlona  des 

crimlnels. 

OomeOle  a  dR  f     ' ' ' 


VtX€mfU  bien  foa? oit  a'ait  qm'oD  Biroir  Ifovpeor. 

fit  I'ordre  da  dcslin  ^oi  fire  nos  pra^ci 

N*eil  p«»  tonjoan  iani  dant  let  chvict  paM^ot^   .    * 

Jteempfa,'  en  termes  d*toitnf«,  ae  ditde  l%iiea  qot^cril 
le  matire  pom*  tesrddniiihrlroapierf  fil^te.  Phis  aontentles 
mattres  d'tariture  donnent  i  leors  ^UfYd  des*  excmples 
gravds.-  • 

Par  exemph  eat  one  fii^de  parier  advefMale,  d<»t 
on  se  sort  pour  fairs  one  eomparaison,  terM  ^rvfto.- 

[Bnrlitfterlqoei  Vexemplt  est un ayl  lo gf sm e*^aMMI  on 
)oint  r^nondatfen  d^n^  m  plusieofs  ftlta  pbolr  'iibvllrmer 
le  frindiie  dmia  dans  latnajetire;  Sl'fttn  tjoMltMre 
I'applieation  de'  ee  prinefpe  qae  le'ibidhear  esfsdovoit 
I'apanage  du  ^i^  on  ^iteraitraxemple  d^6ili^,  de 
Milton,  dn  'Tasse,'da  iienr^tes,  eUi.  Ge  geart  de  raisto- 
neflMnt  pent  se  subdhlset'  eln  plusieora  'e^ptees,  car  II  e^t 
Aujie  d*aprte  un  exeraple  dtd  de  oonclore,  1"  ctparif  c'est- 
ih^repar  la  mfime  raiton ;' 2*  atantraribp  paf  la  ratsdn  oon- 
tralre;  3*  afortUni,  k  plus  fort^  raison.  Poor  que  rexomple 
soit  eondnant,  H  ne  safllt  pas  qtie  ie  Aft  qu*oii  Ul^e  et 
dont  on  s^ntorlse  aolt  'avM,  H  faot  lenoore  ffat  les  dr 
constanM  soientles  mdmes^  et  qnMly  tft  Heas^blance, 
dgalitd, anatogie efttra rexeniple  qn« i'dndfe >t la diose 
qu'on  vent'pronver.  Aug.  HOSsoH.} 

EXEMPTION  (du  latin ejpimere,  dispenser»exon6w ). 
Ce  mot  ne  alsipplique  plus  gu^aujourd'lMi  qu^eA'matf^re  d€ 
reerntemenl  Levexemptioniy  i^oltent'sbfld'ittBi^tds, 
soit  de  d^fant  de  tailb,  aoit  dcrvioes  de  conlbhttaiiM;  aolt  de 
eertaitts  ess  pr^vns  par  la  ioi.  letr  exemptlonl  (^tdant^'iVant 
la  revolution,  des  privil^es,  quimettaient  oeox  qiA  let  pos- 
sddaient  I  IMbri  deS  obligations »  des  devcffiVy  d^  cfiarges 
imposds  k  Urns  lesadtres.  La  fkmille  de  Jeanne  d*Arc  et  cdlede 
Jeanne' Hacbette  dtalent  exemptes  dMmpdt.  La  noblesse,  le 
clerg^,  les  Corporatiotts  eccl^slastiques ,  les  corporations 
Jndidalres,  grtce  iides  exemptions  dn  in#me  geitre,  hlssaient 
les  impdts  peser  de  tout  leor  poids  sor  le*  people, "sur  Is 
petite  bourgeoisie,  et  nY  ootttfibuaient  pas  :''I7%9  d^t  veno 
d^tmire  compl^tement  ces  prfvfl^,  doiiti^dignaitres|irit 
d'^litd  que  la  phHOM^^  fit  pr^lolr  au  dlx-hoftitaie 
slide.  

En  matire eceK8iastiqne,l*exemptlon  avait'pdttr  but  de 
sonstraire,  soit  une  corporation  rdigjieuse,  soltttn  Um\  de 
ses  membres,  k  I'obddience,  k  la  Jorldietion  <Spistopa1e. 
L'dv6que  diootehi  n'avait  pas  le  droit  de  cdl^brer  de 
messes  publiques  dana  le  nNmastftre  joolsaant  de  Pexemption. 
Les  exemptions  se  mnltipMteent  d^ine  fe^ai'scaildaleiise, 
que  le  condle  de  Trenfeerot'deveit*  1^  pHofafter  Iprnxt  IV 
venir*  '  •'  ■•:-•'.      •••  •  ' 

En  remontant  la  unit  des  ttemps  du  mo^  ft|e;  nous 
retrouvons  Taxemption  jodfdaire;'  c¥talt  cdlef  qui*  per- 
mettaitsu  onmparantde  se  soustrairo  k  la  procddoreifsuelle, 
enappdantle  Jugeau  combat  judfeiafre:  cMfait  un 
prhril^  de  justice  sdgneuriale,  qui  depuis  a^  restreinl 
an  modeste  droit  de  rteosatlon. 

EXEMPTS.  Ce  mot  s'appHqualf  ant  ecd^^asUques , 
soit  stoiliers,  soit  r^U^rs;  quln'^ant  polM  sdbmis  a 
la  juridicGon  de  I'ordinaire.  De  Vtgiwt  le  mot  passa  dans 
rarmde ,  et  I'on  appela  ainsl ;  "dana  eertains  corps  de  cava- 
lerie,  deaoffiders  d*ongnMle  auHJesiooa.defensdgne  et  an- 
desstttdtt  brigadier  qui  Gommandalent  an  TahseAcedn  eapi- 
taine f^  ou  Hentenant :  ce  nom  leur  venttit  de  co^Siu'ils 


<taieBl  weaxfiUi  de,  fUh  le  tntaie  serrioe  tpt  1m  aotret' 
cKfaliars;  lb  |M>rtaiebty  comme  signe  de  cctaimtfi^^ineiit, 
QB  pedt  Mtoi  dPJOitoe  garni  dlToire  li  ses  cjetix  ^iMmltti , 
qnVyB  appdftil  bdtmaCexmpU  II  j'^yait,  iB  Ji^eippU', 
dans  lea  qmtre  cpnipagnles  dt^  gand^  "di  ^H'^a  S.  ^^f » 
lea  cent  soisaes  servant  par  quarile^.  l>conii(SiabUeavAfe  M 
eiemptB,  ehiffg6a  de.notlfler  les  ordres  ilea'  niar^i^hainc  de 
Ran^e  poor  lea  affkirea  d*honDear/et  au  besoin  d^krreter 
lea  oombattanU  etleatfmofns.  Des  corps  pri?fl|^6al*appel- 
latSond^earenipf  a'^tettdit  aax  ofTiciera  aubaltemesdes  troupea 
prfTfl^^fiea  ehai^g^ea  de  la  police^  da,  gaet^  de  la  mar^ 
chaoas^;  epfin,  anx  gardea  de  la  ptd^My  dont  la  ioniasioB 
^Uit  de  notUier  les  ordres  du  roi,  de  prQoMier  aui  lurea- 
taiieitt.  Lea  exempts  ftfsafent  dea  captdteflfa  la  t^  de 
qoelqiies  arcbers ,  de  qoelqiies.  aoldat^  du  guet  oo  de  U  ^ma- 
rrebanaate. 

EXEQUATUR  (litt^caiemen^t  qu^tela  ioit  exSeuti)- 
Ytgez  CoTisoL ,  tome  TI ,  p.  401 . 

EXEQUATUR  (Ordonnance  d').  foyes  AaBltaAca. 

EXERCICfy  occupation,  travkil  ordinaire.  «  L& 
poMe.  ax  Booboors,  a  flUt  Totre  amnsement  et  Totre  txer- 
dee  te  plus  agrtable  dte  tos  premieres  ann^.  »  On  dit 
qn*uii  magtstrat  temporaire  achftye  son  anii^e  d'exereice, 
pour  direqn*!!  active  Pannte.aprte  liaquelle  sesfpnctions 
doiTenteeaaer.  iV'«erdce  signlfiA  encore  peirte,  (rapail,  of- 
/fiefion.  Sxerciee,  en  matS^de  devotion,  est  syn^ynie  de 
prati^^t^9iVexireice  do  chr^en,  la  contemplatfon  passive 
n'eat^  dft  FtecAon^  qoe  l*eserdce  paisfbie  de  Pamour  pur 
9i  d^niktmL  »  Sxerciee  se  dIt  ausst  des  etudes,  dcs 
confiSrenoea  qd  ont  poor  but  le  perfectlonnement  dans  les 
lettraiw  iTxereice^  en  cdrnptabnitg,  se  rapporte,  snrtout  k 
nnapdt  el  ^  aa  perception  annueHl^  ( i>oye%  BnnoR  ). 
(Test  aua^  fann^  coorante  dont  le  compte  est  oovert. 

Sxereiees  au  pbirld ,  c'est  Thabltude  do  cbeVal,  de  la 
danae,  daa  annea,  de  la  gymnastiqne.  Les  Grees  attacliaient 
one  grande  Importance  anx  exereices  dn  corps :  ind^ 
pendamment  de  la  cbasse  et  de  la  danse|  nous  voydns  qtiMls 
s'exer^aiedtde  bonne  beure  i  la  coarse,  i  la  lotte,^  lancer  Te 
disqoe  on  palet .  le Javelot,  etc.  11  en  ^taSt  de  ra^e  ehea  les' 
Romahis,  ^  dte  Torigfne  de  la  nionarchle  fran^aise,  dans 
les  Gaeides: 

Bxerdees  en  mat!6re  de  pl^  sont  encore  certaias  jours 
de  r«tjaSte  que  Ton  prend  pour  mdditer,  pour  sonder  sa 
coMdence.  On  attrlbae  la  fondatlon  de  oea  exeMceispi- 
ritfuis  k  Ignace  de  Loyola,  crdatear  de  la  compagnie 
d?  J^us ,  qui  a  ^crit  un  livre,  fort  aonvent  r^imprinl^,  siir 
oesujet. 

EX£RCIC£  {Ifygitne),  L'exerelee  eat  fdtat  d'action  aon- 
teno  pendant  mi  eeiialn  temps  dana  nn  pins  on  molns  grand 
oombre  d*organes.  Tous  les  org^nes  Tivants  en  sont  snscep- 
libltt,  depuis  le  cerveau,  qui  est  rintnunent  de  la  penaee, 
iusqa*aox  os,  qal  sont  tout  simplemeot  les  lignes  rigides 
sur  leaqoelles  s^op^rent  nos  niouvements,  jusqu'aux  yoies 
figntiTes ,  dont  les  fonctions  se  bomoit .  ^  preparer  les 
outi^rea  indispensables  k  la  r^ration  de  Panlmal.  Ces 
exemples  sufflsent  pour  faire  coniprendre  que  des  organes 
ptaa  oa  moins  nombrenx  penvent  entrer  k  la  fois  en  exer- 
eice,  quil  y  a  des  exercices  plus  g^n^rauxles  una  que  les 
anfrea,  et  en  mdme  temps  que,  physiol^giquement  parlant, 
rexereiee  n'est  pas  on  itat  simple  et  tonjours  Identlque, 
BMia  ao  conlratre  un  ^tat  coropUqn^  et  partoot  dini^rent, 
ooa-seolement  k  cause  des  fonctions  sp&iales  de  chaque 
ofgane  en  exerclce,  maia  encore  et  sortout  parce  que  ces 
organes  ..aont  loin  d*avoir  tons  la  m^ine  inftoenee  les  nns 
snrlat  iolrai. 

d  eat  difficile ,  qaoiqn>n  ait  donn^  le  nom  de  g4niraux 
k  certoioa  exerdces»  de  se  representor  un  ^t  tel  que  tous 
lea  otfsum  j  Aiaaent  en  action  :  toojours  pendant  que  les 
una  aglaaent,  lea  anires  se  reposent.  II  n'y  a  done  que  le 
ploa  on  le  mofos  dPdtiodue  do  syst^e  en  action  qui  con^titue  ' 
deadHfitaieea  de  g^^llt^  entre  les  exerclces.  On  doil  d6s  ' 
lors,  poor  se  repr^aenter  Teffet  d'un  exercice  quelconque  | 


EXEMPT^  ^  EXERCtCB  199 

snr'an  corps  biijraisi^;  (%^b^-f^M'ittii<M  qlie  bet  exer- 
cice d6ft  avoir  sur  cliaqde  systlttn'e  d^di^|(lliea,et^conitMiaer 
ces  efffsts  p6iu:  en 'former  irae^oA^ 'd<l'lMltaiil6  Approii* 
matfve ;  operation  fort^cdmi^lictte A ,  (idmm^*  kdotea  lea  dMes 
physlddgtqaes's^rieaaement  mUiL'  '-"■''" 

On  aippetle '  tsieriiti  passiftAiAiiilA'  le^rid  11  y  «  moa- 
vement  et  action  d'unorsfane,  -^tfsj'tiOai^afniff  dite',  qn*ll 
y  coopftre.  Afnsi ,  roell ;  iaxH  f^^HH^,  n^in  eat  paii'  moina 
dans  I'exercice ,  tffi  mH'  tirOtive  ik^bmlkti  66  h  lOfiiiftrb :  il 
est  dans  un  exerdce  piistHf.  L^  j^blssanee  dmsoriaire  est' 
exerc^  oiiand  on  se  promte^  ieri'^c^fttre;  mads-e'est  encore 
on  exercice pasatT^ tandls  qu^Pexterdds eataedr tbofea  lea 
fois  qu*an  organe  se  livre  k  Hilkm  qo'on  sollidie  de  lul : 
rceil  prend  i;m exetdek  a(if(/'tniaiid  il  regarded  les  mnadea, 
quand  on  ise  nieut  sbi-iiiemcf.'n  y  W,  on  le  oqn^it,  unetrte- 
grande  diffti^ce  entre  oas  denx  sbriijs  d'eiiEJitices  :  fexer-  * 
cice  actif  exdte  et  d^pensennebeanilonplplos'gra^^esomtne 
de  forcea  que  T^utre.  Ausal  conabiHe-t-on  TekerdeiB  passif 
aux  convales(!ents,  k'toiis  It^  corps  aflTaibBs  qu'on  vent  for- 
tifler ,  et  Vexerdce  actir  k  ceux  dont  ta  v%nebr  n'a  betoin 
que  do  se  opnserrer  ou  qui  veulent  aoqiiMr  nn  dagr6  de 
force  sop^ilenrl  '' 

Quant  aut  rapports  qui  extstentenfre'teYoroes  d*un  sujet 
et  les  exerdces  auxquds  ft  se  Iltie;  la  graduation  k  ^tabllr 
entre  les  exerdces  varierait^  IMnflnf :  on  exerdk^  insoffiaant 
pour  Vun  est  mod^r^  pour  un  aiAre,  etTiofeo^  pour  un  troi- 
aidme.  (Test  k  bfen  sklsif  ces  rapports  que  les  m^dednss'al- 
tachcnt  quand  lis  prdscH vent  de  l*exercJ<^  potir  conserver' 
ou  r^tabtfr  la  sant^.'  En  effet,  I'exerdce,  en  quelque  partle 
du  corps  qul^'se  fasse,  a  Aea  r^ultate  dlfKrents  jinitant 
le  rapport  (^ans  leqpel  il  se  trouve  avecles  forpos  db  s^jet 
qui  s*y'(lvre  :  insuffisant,  0  laisse  pMre  aiix  organes  la  fa- 
dlite  d*entrereO' action  :  c'est  ce  qui  arrive  k  ceux  qui  laia- 
sent  trop  reposer  leors  musdes,  ledr '  estoinac  el  niOme 
leur  cerveau;  rood^,  rexereiee  enti etient ,  les  organes 
dans  tootes  leurs  fkcnlt^;  U  d^Vdoppe  en'enx  ape  vie 
bicessante  et  one  6faetgle  qui  rend  leurs  opiiiMims  plus  In- 
dies et  plus  puissantes.  Excessif  et  viofedt^'il  l*e^  alfere  00 
les  use  avec  rapidity.    • 

An  reste,  on  aurdt  tort  de  crbire.iiue  les  ^ftbfii'^  Fexer- 
dce  se  boment  aux  organes  en  action ;  IF  SufStlde  il*observer 
soi-meme  avec  un  peq  de  disceriiement  p^ant.qn'pn  se 
livre  h  quelque  exerdce  pbiir  ise  bien  cbnvaincre  que  toua 
les  exerdces  infYnent  ear  la  circulation ,  et'par.  die  sur  nn 
trte-grand  nombre  de  fonctions,  et  pour  ratonrer  que  d 
Porgane  exerc^  et  les  ofgafM^  cong&iAresy  prennentun  su^ 
crolt  d^action ,  cfantres  organes  pMent  aufabtqoe  ceux-d 
gagnent.  Aind,  un  exerdce  mnsculaire  Vfeteni  ^ntte  la 
digestion ;  upe  digestion  laboHeuse  brise  la  force  des  roeni- 
bres;  les.travaux  Intdleduels  opInlAtres  d^rangent  raction 
de  pres()ue  tous  les  systtoies  organlques. 

EXERCICE  ( Ari  tnilUaire).  Co  mot  provient  do  latin 
exercUiOf  exercltium;  il  rappelle  ce  que  Clc^ron  indl- 
quait  par  I'expreasion  ea?erci^dfio  ^egiontim;  Cette  ^de 
^tait  survdflte  par  les  prdets  de  l^n.  La  natation  ^tait 
ohez  les  Romdns  an  nombre  des  premiers  exendces  des 
recrues;  les  promenades' en' armes  ^talent  les  principaox 
exerdces  dea  soldats  form^.  Casdodore'a  dit :  «  Qifan  adn 
de  la  paix  le  soldat^udle  lesressourcesdet^art  dela  guerre.  > 
L'anciennet^,  futiltt^j  la  pimtique^  Pobjet  de  Texerdce, 
se  troovent  retifenn^  dans  cet  apboHamesi  coiinn  r  «  Pour 
vivre  en  pdx,  pr^pare-toi  k  la  guerre  (^  vUpac$m,  para 
bellum),  » 

Obex  les  anciens,  et  surtool  diet  les  Romafns,  Pexerdce 
^tait  bl^  plus  qo^  cbei  les  mpdemes  mie  appQeation  de 
toutes  )es  choses  dia  la  igoerre.  m^  rnde  appratissage  des 
mardies.  une  e^crime  prat)cable  en'pnSsience  d^  l*enneml 
coramun ;  il  n^  con^stait  pas,  qoipme  ^  present ,  dana  one 
redierche  deposes  de  bon  goAt,  dails  des  etudes  de  mou- 
vements  corporels ,  pour  afnsI  dire',  sur  place ,  ^ans  des  le- 
^ns  monotones  donndes  au  mllien  d'nne  conr  df  caseme  ou 
d^unesalled*exerdce^  I'ombre  des  mors  on  seas  de  graodi 


300 


EXEBQCE  —  EXFOLIATION 


arbras.  Saloer  nabilMiient  et  aT6c  giioe,  (klre  retentir  en 
cadence  lea  armes  en  lea  portant  ou  les  pr^sentanty  occopaient 
pea  lea  andens.  Delanoue  Braa-de-Fer  cite  one  ordonnance 
de  remperear  Adrien  qui  Toulait  que  troia  foia  par  moia 
dk  roille  honmiea  marchaaaent  en  bataiUe.  Ainai ,  de  tout 
tempa  on  a  senti  rimportance  dea  campa  de  repos  et  dea 
campa  dUnatroction ,  qui  aont  la  yral  \h6ktn  dea  exercicea 
dea  armte.  Scipion,  maltre  de  Carthage,  ne  ceaae ,  comme 
Doua  Tapprend  Polybe»  d'exep»r  eon  annde ;  U  ne  lid  pennet 
de  repoa  que  le  quatritoe  Jour;  il  ordonne  qoe  le  premier 
Jour  elle  mar^e  I'eapace  de  quatre  miUea,  que  le  second 
eUe  rourbiaae  aea  annea  devaot  sea  tentes,  que  le  troisitoe 
elle  Tasae  la  petite  guerre.  Lea  exerdcea  que  lea  Romaina 
appeiaient  campestret,  et  auiqnela  lea  campidncteurs  ou 
maltrea  d'annea  pr^idaient,  eominencaient  li  T^poquede 
Tftge  mllitaire :  ila  ont  6t6  retract  par  V^gtee ;  maia  c*^tait 
d^  le  tempa  ou  le  Champ  de  Mara  n'^tait  plua  fir^quent^  que 
par  dea  soldata  toerr^.  Lea  empereura  byaantins  qui  ont 
terit,  au  aeptitaie  et  au  dixiime  ai^e,  aur  la  cboae  mili- 
taire  lecommandent  encore  lea  exercicea :  ce  futde  leur  part 
one  vaine  exhortation. 

Dans  notre  Occident^'  aoua  la  troiaitoie  race,  la  mode  dea 
toumoia  a*introdnit  ;dea  caTaliera  detout  paya  a*y  fa^onnent 
aux  finesses  du  man^;  dea  volontaires  nobles  j  courent 
te  faquin^  j/ont  leur  quintane ,  y  d^ploient  rhabilet6  de 
rescrime;tes  exercicea,  les  seuls  alors en  usage,  ^taient 
individuals ,  maia  non  tactiques ;  c^6taient  lea  etudes  et  lea 
passe-temps  de  la  clicTalerie,  maia  non  un  apprentlasage, 
une  occupation  de  aoldats  agiaaant  par  masaes.  jLMnatitution 
dea  IVanca  arcliers  est  Tori^e  des  jeux  d'arc,  ou  du  moina 
depuis  la  cr^tion  de  cea  troupea  on  bergaude  r^guli^re- 
ment,  pAiiodiquement  Depuis  Philippe  r'Jusqu'Jt  Louis  XI 
I'action  de  bersailler ,  de  berser^  ^tait  ^  peu  prfes  le  seul 
oxerclce  des  hommea  de  pied,  ou  ai  lea  milicea  coumonales 
ae  sout  livrto  ^des  etudes  plus  militaires  depuis ruistUntiou 
des  maisons  de  ville,  rien  n*en  estvenu  k  notre  connaisMuice. 
On  salt  aeulement  que  les  principaux  bourgeoia  et  les  habi- 
tants des  TiHagas  ^talent  aatrdnts  au  tir  de  Tare.  Probable- 
ment  cea  aventuriera  d'ltalie  qui  firent  la  fortune  et 
la  reputation  de  quelquea  condottleri  ae pliaient  k  la  fii- 
tigue  ilea  exerdces ;  et  dana  ce  eaa  ce  serait  peut-6tre  leur 
root  e$erdiiU>  qui  se  serait  cliang^  en  une  expreasion  fran^aise. 
Sous  Louis  XI  notre  gendarmerie  <tait  de?enue  le  module 
de  cellea  des  atutres  puisaancea ;  lea  prindpea  de  la  forma- 
tion des  gendarmes ,  tonte  d^fectueuse  qu^dle  At ,  mais  non 
leur  tactique,  avaient  ^tA  imit^;  le  plua  anden  document 
sur  ce  aqjet  qui  nous  soit  rest^  est  un  manuacrit  de  la 
Bibllotb^e  Imp^ale  qui  contient  les  ordonnances  de 
Charles  le  T^m^raire.  Les  troupes  du  dnch^  de  Bouigogne 
acquirent  de  rhabilet^  ;  aussi  Ittt-ce  un  g^n^ral  an  serTice 
de  ce  duche  (le  luar^diai  Desquerdes)  qae  Louis  XI  appeia 
ou  embaucha  pour  Tenlr  Instruire,  en  1480,  sea  troupes 
du  camp  de  Pont-de-l'Ardie;  dies  y  manceuvr^rent ,  disent 
leshlstoriens,  li  la  romaine;  ila  enasent  parl6  plua  justement 
en  disant  qu^elles  y  manceuTrftrent  li  la  mani^e  des  Grees 
et  des  Byantins. 

Quand  la  poudre  eotd^tr6n4  la  eneralerie  et  fait  oublier 
Pare  et  I'arbal^te  n^vrobalistique,  ce  ftit  letour  de  Tarbalite 
k  feu  et  de  la  pique,  exerdcea  commence  pour  les Naaaan 
et  perlectionn^  par  FrM^ic  II,  lorsque  le  feu  eOt  triompli^ 
de  la  pique  et  que  rartillerie  se  fut  disjointe  de  I'mfan- 
terie.  A  partir  du  dix-scpti^me  sitele,  l*exerdce  cesse  d'etre 
Pinstrudion  de  Pliomme  Isold  et  devient  cdle  deshommes  en 
corps.  C*est  de  cet  immense  cbangement  que  naqnit  la  ta  c- 
tique  modeme;  mais  la  France  ne  se  i^assimila  que  bien 
tard.  D^  1600  rEspagnol  Basta  dictalt  dea  r^les  lila  cava- 
lerie  et  k  rartilMe;  le  Hambourgeols  Walliauscn  donnait 
des  lois  k  l*iu(anterie,  et  ce  n*estqu'en  1647  que  leFran^ais 
Lostdneau,  ooptat  Walliaiisen,  dMiait  k  Louis  XIV  un 
fort  mMiocre  traits,  le  plus  anuen  que  nous  ayona  snr 
Texerdoe.  La  Feulllade  en  lira  one  thterie  pour  les  gardes 
fran^ises.  Sous  r^onla  XIII ,  c^dtalt  le  seul  corps  de  nos  ar- 


mte  qui  fit  l*exerace.  Le  premier  des  Puya^jgnr  Amn^  ^ 
r^lement  aux  troopea  eapagnoles :  alors  le  ministtefiaifais, 
ae  piquant  d*tomlationt,  fit  paraltre  oflSdellenent,  en  1707,sar 
ee  siidet  an  Urre  de  10  oa  12  feuUiets.  Enfin,  les  ordonnanees 
de  1763,  176S,  1760  y  noua  bitiirent  aux  aecreCa  de  Fi^ 
dMelL  Dfaianaaprte.,  Saint-Germain  lllustraitsonmhiistin 
par  on  rftglement  qol  serrit  de  modde  k  odui  de  1791,  ^. 
bor6  par  Dumouriei,  Persch  et  Gulbert ,  lequel  est  devsno 
eoroplfien,  unlversd  mOme,  puisque  Tlnda,  la  Per8e,les  Sdks, 
PAmdrique,  etc,  etc,  n'en  ont  pas  d*autre.  Une  oitlonnanos 
de  1831  Pa  rempUo6  par  an  nouvean  qui  a,  entre  antrea  d^ 
faots ,  odnird  d^dtre  beancoup  plus  Tolamlneax. 

G^  Baeoiii  . 

EXERCaCE  (Con/ri^tf/toiu  indireete$).  Voftz  Bois- 
SONS  (Imp^surles). 

EXl^RESE  ( de  if,  bors,  d  atpcD,  jeretir«,  Je  ratrancbe). 
On  nomme  ainsi  une  des  quatre  prindpalea  dlviaioBsdeB 
operations  chirurglcales ,  d*aprte  Tancien  syst^me  declassifi- 
cation. L'exdr^  oonaiste  k  rdrancher  ou  extraire  da  corps 
cequi  lul  eat  devenu  nuiaible,  d  ^  ce  mode  optetoiie  le 
rattachent  ies  rtections,  les  excidons,  les  r^Tuldoos,  les 
ablations,  etc.  Aind,  TouTerture  des  abcte,  lea  ponctioBS 
lea  op^tions  de  cataradea,  font  partie  de  TexMae.  Les 
instruments  sp^alement  destine  k  ces  sortes  d'optetioos 
aont,  outre  ceox  dont  on  fait  usage  dans  la  dUrise,  la 
forceps,  lea  pinoes,  lestenettes,  l«  tirefonds,  etc. 

EXERGUE  (du  grec  mpyov,  horsd'cnivre),  terme 
de  mMailliste ,  petit  espace  bors  d^oeuvre  qui  ae  manage 
ordinahrement  au  has  de  la  mMaille,  et  le  plus  fr^aemment  ao 
ravers,  pour  y  mettre  qudque  Inscription,  cblflre,  derise 
on  la  date.  Parfois,  Pexergoe  est  double,  c'est-^-dire  qn'fl  le 
dirise  entre  le  haut  d  le  baa  de  la  m^lle ;  aouTent  il  se 
trouve  deux  exergues.  Ton  k  la  face,  rautre  au  revers  de  la 
mMaille.  L'exergne  est  pour  les  gestes  des  TiTants  ce  q^ 
r^pitaphe  est  pour  la  oendre  des  morts  :  11  itemise  Lien  des 
nobles  actiona,  bien  des  g!oiienx  exploita;  maia  anssi 
que  dlnaignlfiantes  Tanit^,  que  de  hontea  qu'U  eOt  ftUn 
cacher  n*ose-t-t'il  pas  proposer  k  notre  admiration!  Cest  II 
que  la  flagpmerie  prostitue  sa  nudity  k  toua  les  roia ,  k  toos 
les  triomphants :  il  s'est  trouv^  une  main  pour  foiie  an« 
deasus  de  I'image  de  Tib^re  les  mots  :  ModeraUoni^  cU^ 
mentix,  Jtutitix,  Le  faroudie  Commode,  en  deacendant  do 
tb^tre  od,  Hercule  ignoble,  il  ▼endtd'aasommer  lea  panTies 
malades  de  Rome,  fidsdt  frapper  sur  ses  m^daOles  la  6s- 
tueuse  inscription  :  «  Commode  regnant,  le  monde  est hea- 

reUX.   »  A.  PiULLAKO. 

EXETER,  chef-lieu  do  comt^  de  Devon,  bAti  k  Pem- 
bouchure  de  TExe,  qu'on  y  passe  sur  un  pont,  avec  un  port, 
constniit  en  1697,  est  le  si^  d^un  ^v6ch6.  Cette  ville,  en 
raison  du  grand  nombre  de  riches  fomilles  qui  sont  yenoes 
succesdvement  s*y  dabUi ,  a  de  nos  Jours  qudque  cliose  d*eft- 
aentidlement/uAiona6/<;.  On  y  remarque  une  bdle  catb^ 
drde  de  style  gothique,  construlte  de  1194  k  1327,  poss^ 
dant  une  bePe  sonnerie,  compost  de  douze  dochea,  Porgos 
le  plus  cd^bre  de  PAn^eterre  d  une  foule  de  monuments 
aussi  remarquables  par  leur  antiquity  que  par  leur  magnifi- 
cence, dix-neuf  autres  dglises ,  an  palais  ^piscopd  d  on 
grand  nombre<  de  beaux  6iifices  publics.  Le  dernier  recen- 
sement  Ini  donne  32,800  babitanta.  Les  reasouroea  de  cette 
population  sont  le  fret  des  navires  d  le  commerce.  Exeter 
estausd  le  centre  d^une  importante  fabrication  de  Idles; 
mais  les  manufactures  si  florissantea  de  lainages ,  de  colon- 
nades et  de  quincdilerie  qu*dle  possMdt  autrefola  aont 
bien  dtehoes  aujourd'hul. 

Exeter  est  Visca  Dumnoniorum  des  Romaina »  te  Caer* 
Jsk  des  Rretons,  VExaneeaster  des  Anglo-Saxona.  Les 
mines  du  fort  Rougemontt  situte  sur  une  bauteor  qai 
la  dominant,  rappellent  les  nombreox  IUtsd*armea  dont  ealla 
▼iile  futle  tli6&tre  an  moyen  Age,  6poqae  od  d^&  aon  eon- 
roerce  Tavait  rendue  riclie  d  oildire. 

EXFOLIATION,  separation  par  fioillea  oa  par  lames 
de  quelques  portions  niortes  d^nn  os  ou  d'on  tendim  :  c*est 


EXFOLUTION  —  EXH£r£DATION 


iM  9tfhot  d^aUjMMi  propre  k  oes  iiasas,  Qoaod  un  os  oa 
OB  Indooa  M  lea6,  oa  qiuuid  Use  tronye  expose  au  contact 
4^n  eorpa  Granger,  poor  que  la  dcatrlsatioii  puisae  se  faira, 
i  iui  qD'aOe  aott  prtcMte  de  Top^ration  natardle  k  la- 
ifatik  on  a  doiin6  le  nom  ^eatfolkUion.  Letissn  oeUulaire 
ipij  eoMOQft  k  former  Posonle  tendon  doit,  ayant  de  prodidra 
dci  booigeons  ehamot,  se  d^barrasaer  de  la  matito  cal- 
caire  qui  rencroate,  aoit  que  la  rapporation  rentralne  sous 
fonne  de  petites  grannlationa,  aoit  qu'on  la  trouve  dans  la 
plaia  MNM  Ibnne  d'teilles  on  de  fenillets  plus  on  moins 
yobmiinenx.  Cette  separation  prWminaire,  indispensable, 
Inlae  toi^)oan  en  longueor  les  maladies  des  oe  et  des  ten- 
dons, entrellent  une  suppuration  plus  on  moins  aboudante 
aotoor  de  la  partie  qni  s'exfolie,  et  nteessite  trte-sonyent 
dei  operations  cbirurgicales  donlooreoses  et  grayes.  Pour  les 
OS,  TeilMiation  est  presque  toojonn  facile  k  constater  ma- 
iMlement,  poisque  Ton  yoit  on  Ton  sent  les  morceaux  d^os 
dtecfate ;  poor  les  tendons,  le  diagnostic  n'est  pas  tonjours 
aoM  simple,  k  moins  que  le  tendon,  mis  k  no,  ne  se  prteente 
lis Toe  sous  ft»nne  d*one  polpe  moUasse,  blanch&tre,  gri- 
iitre,  ou  sous  I'apparenee  de  fibres  longitodinales  ramollies, 
qd  se  s^parent  oouche  par  cooebe  des  parties  sous-Jacentes. 

On  croyait  antrefbis  possMer  des  moyens  d'ayancer  beao- 
eoop  eette  operation ;  mais  ai^onid^ni,  qa*on  se  rend  plus 
eudemeDtoompte  des  phteomteesphy^ologiques,  on  doote 
foitdereflleacitedecesremMes,  eton  seoontente  quandU 
malaffie  oecope  an  tendon,  de  s^parer  le  mienx  et  le  plus  t6t 
qo'cn  peat  les  parties  moiies,  et  qnand  c*est  nnos,  on  cberche 
k  eMfldr  par  tas  proc6d6s  chirorgicaux  la  separation  la 
phM  eoDpMe,  la  plus  prompte,  la  plus  sOre  et  la  moins 
doolovense  possible  des  lames  ou  feuilles  osseuses  qui  ont 
csMc  de  vivre* 

EXHALAISON  (de  i(,  bora,  et  d3^,  je  Jette).  On 
BOBue  exhiUaisons  des  sortes  de  yapeurs  eman^es  des 
eorps  solides ,  qui  s'ei^yent  en  Tair  par  la  l^girete  de  ieurs 
putienles  et  se  comMnent  k  Tatmosph^re.  EUea  jouisaent 
de  foates  les  proprietes  d'un  gaz;  on  ne  sanrait  les  rendre 
k)mriUA  pfimfCif.  Les  eilialalions  sent  de  natures  bien  di- 
nntk,  Les  exhalaisons  d'un  parterre  rempH  de  flenrs  ne  res- 
iwbleBt  gotee  anx  exhalaisons  qui  s'ei^yent  dTune  fosse 
nifmoant  des  matiires  en  putrefaction.  Tootes  les  exlia- 
lilions  0*001  pas  des  effets  deiet^res  surVteonomie  aminale, 
ct  ce  n'est  pas  tonjours  par  le  mdme  prooMe  que  nnisent 
cdles  qui  sont  conoues  pour  ayob"  une  influence  Acbeuse. 

Soofcnt,  par  des  causes  presque  irremediables,  puis- 
qa'eOes  tknment  k  la  nature  du  sol  ou  k  des  accidents  g^o- 
logiqaes,  Talr  de  toote  une  contree  se  trouye  infecte  par  des 
eihalauons  meurtrieres  el  periodiques.  Les  pays  roareca- 
geox  situes  k  Touest  de  I'Ameriqoe  septeotrionale  prescotent 
ee  mortd  dteTantage  pour  cenx  qui  les  habitent.  Une 
grande  partie  de  ntalie  est  dans  le  mtoie  cas.  Le  plus 
Morent  ee  nunwais  air  est  dO  aux  marais  qui  exhalent 
legsxbydrogene  carbone.  D*autres  exhalaisons  dange- 
rmes  soot  odtes  qui  se  d^gagent  des  fosses  d^aisances,  cbar- 
gfes  d'adde  earbonique. 

E}LHALATION.0n  appdle  exhalation  la  plus  simple 
de  BOS  stoetlons ,  celle  dans  laquelie  une  partie  des  ele- 
ments du  sang  se  repand  k  tootes  les  surfaces  exterieures 
etiatMeares  dn  corps.  Magendie,  qui  definitainsi  les  exha- 
Utions,  les  dlyise  en  exhalaiions  intirieures,  comme  Tex- 
hskiion  sereose,  la  cellulairey  la  graisseuse,  les  exhalations 
nagnines,  et  en  exhalations  ext&ieures,  comme  oelles  des 
Bemfanmea  nsoqueuf^es  et  oelles  de  la  peau. 

Les  exhalations  interieures  ont  lieu  partout  oil  des  suriaces 
graodes  on  petites  sont  en  contact ;  dies  entretiennent  glis- 
tsotes  et  pelies  les  surfaces  interieures  du  peritoine,  des 
pKnes ,  etc.;  dies  maintiennent  separees les  lames  du  tissn 
eeOolaife.  Td  est  Tusage  de  la  serosite,  qui  ne  paralt  etre 
antra  chose  qne  le  serom  do  sang  ayec  mofais  d*dbumine, 
ct  qui,  peu  abondante  dans  Tetat  desante,  peut  s'accumuler 
m  diirerents  points  dans  les  mdadies ,  et  y  produire  des 
coHectiow  de  Uqoide  plus  ou  moins  condderables,  des  tu- 
ns LA  00llfEaS4Tl0R.  —  T.  IX. 


301 

meurs  plus  on  moins  yolumineuses,  commo  dans  les  hydro* 
pisies,  i'aoasarque.  On  range  parmi  les  memos  fonetiooa 
rexbdation  qui  depose  la  gr  aisse  dans  ceitaines  mailles  do 
tissn  odlulaire,  Pexbalation  synoyiale,  qui  permet  anx  aoi^ 
faces  aiticuldres  de  gUsser  les  noes  sor  les  autres  sans  s'eo- 
flammer;  I'exhalation  des  differentea  humeura  de  Toeil,  et 
enfin  les  exhalations  sanguines,  qui  ont  lieu  dans  les  or* 
ganes  sosceptibles  d'erectton. 

Quant  anx  exhalations  exterieures.  Tune  se  fait  sur  toute 
retendue  des  membranes  muqueuses  tapissant  les  yoies  di- 
gestiyes,  les  appardls  des  sens  et  les  yoies  urindres;  die 
depose  sur  oes  membranes  un  liquide  yariable,  suivant  Ber- 
zelius,  le  long  des  points  oii  on  le  recueille,  mds  qui  dn 
moins  est  k  pen  prte  partout  transparent,  yisqueux,  fllant, 
sde  et  l^toement  acide  (c^est  ce  que  ynlgafarement,  quand 
il  est  fort  abondant,  on  nomme  ^/airei).  Ce  liquide  sert 
k  garantir  ces  membranes  des  lesions  auxquelles  elles  se- 
raient  exposees  de  la  part  des  corps  etrangers  ayec  lesquds 
dies  sont  en  contact  oontinud  pour  remplir  leors  fonctions. 
L'autre  exhalation,  ojiierieure  se  Csit  par  la  peau,  et  foumit 
un  liquide  aqueox,  transparent,  sale,  adde,  d*une  odenr  plus 
ou  moins  forte,  soitant  habitudlement  k  trayvrs  replderme 
sous  forme  detranspirationinsensible  etde  sueur. 

Les  medeeins  se  sont  liyres  k  de  nombreux  trayaux  pour 
trouyer  les  moyens  d'accderer,  d'angmenter,  ou  de  dimi- 
nuer  toutes  oes  exhalations;  les  phyddogistes  ont  youlu  les 
expliquer  de  diyerses  manieres;  de  patients  experimenta- 
teurs  ont  trayailie  k  determiner  rigourensement  ks  quan- 
tites  des  liqnides  exhales.  Tons  les  jours  on  tente  d*utiliser 
en  mededne  pratique  les  oonndssances  aeqnises  sur  ces 
points,  et  pourtant  il  ftuit  conyenir  que  Jusqu'^  present, 
Oialgre  la  patience  de  Sanctorius,  malgre  la  precinion  de 
Layoider  et  Segoin,  mdgre  IMmaghiation  de  Bichat,  on  s*est 
trouye  loin  encore  du  but  qu'on  se  propose.  Les  demiers 
trayaux  des  physiologistes,  d  de  Dutrocbet  en  particulier, 
semblent  pourtant  promettre  k  notre  siede  des  explications 
plus  satisfoisantes  et  des  applications  plus  heureuses. 

EXHAUSTION  (deexhaustio,  epuisement),  metiiode 
dont  les  geometres  font  usage  pour  prooyer  Pegali^  de  deux 
figures,  de  deux  yolumes,  etc.,  en  demontrant  que  la  dif- 
ference qui  peut  exister  entre  eux  est  plus  petite  que  telle 
quantite,  si  minime  qu*eUe  sott,  qu*on  poorralt  imaginer. 
Cest  cdte  petitesse  inassignable,  d  qui  ^ise  toute  gran- 
deur qoelconque,  qui  a  Tdt  donner  a  cette  methode  le  nom 
de  methode  ^exhaustion. 

C^est  k  I'aide  de  la  methode  d^exhaustion  qu^Euclide, 
Archimede,  etc,  ontcree  la  geometric.  Pour  ne  donner 
qo'un  exemple  de  ses  nombreoses  applications,  yeut-on 
prouyer  que  la  surface  ducercle  est  e^^le  au  produit  desa 
circonferenceparlamoitiede  son  rayon  :  ayant  demontre 
que  rdre  d'un  polygene  regulier  se  cdcule  en  multi- 
pliant  son  perimetre  par  la  moitie  du  rayon  du  cerde  inscrit, 
on  suppose  deux  suites  de  polygones,  Tune  inscrite  et  Tau- 
tre  drconscrite  au  cerde,  dont  on  multiplie  les  c6tes  k  l'in> 
fini,  de  sorte  que  les  perimetres  de  ces  polygones  se  con* 
fondent  ayec  la  circonference  dn  cerde.  C'est  encore  ^  Taide 
de  cette  methode  qu'on  cdcule  U  surface,  la  solidite  du  cy- 
lindre,  duc6ne,dela  sphere,  en  les  considerant comme 
des  prismes,  des  pyramides,  etc.,  d'uno  inA.iite  de  o6tes. 
La  methode  d'exhaustion  a  et6  transformee  de  bien  des  ma- 
nieres;  mais  nous  n'ayons  fait  que  perfectionner  ce  modede 
demonstration  :  le  cdcui  differentiel  n'est  en  efTdque 
la  methode  d'exhaustion  des  andens,  reduite  k  une  andyse 
simple  et  commode.  TETsstoBB. 

EXU^Rl^DATION,  disposition  testamentah^  par  la- 
qudle,  sous  Tancienne  jurisprudence,  on  aydt,  dans  cer- 
tains cas  determines  par  les  lois,  la  faculte  de  priyer  son 
enfant,  ou  tout  autre  h e  ri  ti er  i  resenre,  de  tons  droits  k  sa 
succession.  L'exheredation a  passe  du  droit  romahi dans 
les  legislations  des  autres  peuples;  die  formalt  la  conse- 
quence de  la  puissance  paterneile,  qui  k  Rome  etdt 
d  absoloe.  La  forte  hidrarchle  du  moyen  Age  trouya  aosd 


SOS 

dttiste|MNif«lr  dn  pto»  da  tenRto  one  naelliMi  puUsante, 
iC  TextiMdittoii  fDt  ngu&tit  eomne  b  mojm  de  le  eon- 
MUdi^r  Mr  dis  biMi  MbnnUJilei.  Le  piittiaaqdd  iln*^ 
tut  pdc  dtt  da  Id^UlMtf  pomnft  Mm  prit4  de  ton  expee^ 
tttlhre«aBfaiieeiMMatfdD|NPOpreinant  dite;  leleMateor 
flfaTttt  qo%  disposer  de  Mt  bieu  en  Iktear  d*inie  antre^  per- 
•Muie.  L^asMrMallonaetroiivailettncentrteb  la  parents  en 
Ugnedirede,  solt  aicendantet  aoH  deaoendante;'  let  mbtife 
en  detaientMraffBrmeOemettt  exprinte.  La  tached^^rteie, 
la  profeMion  de  eoniddienf  rattoefathm  de  VexMrM€  avec 
des  geoB  de  mauyaitie  Tie,  la  d^bancbe  d'lme  fllle,  te  d^faut 
de  solns  enyen  ton  pire  en  ddmenoe,  le  reftis  ou  fa  aimple 
n^igenoe  4  radieter  aon.pM  captif,  ftirent  saecettivemenl 
eoragifltrto  parmi  les  eauie«  d*e)LliMdat!on.  Oo  en  compta 
]uatiu*iqaatorxe  eontre  lea  deecendanto,  e(  bult  centre  les 
aaoendants.  Nos  l^latears  modemeaont  pens4  que  Texli^ 
rMation  dertft  disparaltre  k  JamaU  de  noa  loto  dvfles,  car 
elle  infligeafti  celui  qui  en  ^tait  flrapp^  une  peine  qui  s'6ten- 
dale  aur  aa  post^rit^  innocente,  et  elle  donnait  souvent  nais- 
sanceldCMandaleux  proc^,  dans  lesqiiels  llrritation  et  la 
haine  venaient  d^chlrer  a  PenTi  la  m^molre  dn  p^re  de  Ta- 
inille.  Totitefbis,  en  proscrivant  TexliMdation,  le  Mglslatenr 
n*a  paa  pn  mfeonnattre  les  droits  de  la  puissance  paternelle, 
et  la  loi  lui  a  lafsa^  la  faculty  de  r6dulre  lli^ritier  k  sa  le- 
gitime, aana  Mre  tenn  d*en  d&luire  les  motifs ;  elle  a  de  plus 
dtelar6  que  dans  certains  cas  Iti^tier  aendt  abaolument 
Indigne  de  succ^der.  AinsI,  elle  etclnt  de  la  succession  a 
laquelle  il  anrait  eu  droit  1*  celui  qui  serait  condamn^  pour 
avoir  doun^  ou  tentd  dedonner  la  mort  an  d6ftmt;  2^  celui 
qui  aurait  port^  contra  le  d^funt  une  accusation  capitate 
Jug^  calomnicuse;  3*  lli6ritier  majenr  qui  instruit  du 
meurtre  du  dtfunt  ne  Pauirait  pas  d^nono^  k  la  justice.  Ce 
n*est  plus  lei  laTolont^'de  Iliomme  qui  prononee  Pexpnlsion 
de  Pli^ritier :  c'est  la  loi  qui  Tlent  aolennellement  le  frapper 
d*nne  peine ;  mals  en  m^niie  temps  elle  ne  se  fonde  que 
anr  des  M\s  graves,  que  toutes  les  religions  condamnent  et 
qoe  la  conscience  publiqne  fl^trit  d'lnfamle. 

E.  ne  Cbabhol. 

EXHCMATIOIf  ( do  latin  ex  kumo,  liors  de  la  terre). 
Ce  mot  ne  s'applique que  par  Opposition  ^Inyktima^lon; 
e^est  en  eftet  faction  de  retirer  de  la  terre  oh  11  a  M  diposA 
le  corps  d*une  personne  roorte.  L*exbumation  se  (ait  aujour- 
dlioi  d*abord  sur  la  demande  de  la  famtlle  du  mort,  lors- 
qu^elle  veut  transfi§rer  ses  restes  d*un  lieu  k  un  autre;  dUe 
est  alors  accompagnte  de  formality  adminlstratives  assez 
coAteuses,  etentonr^esde toutes  les  prdcautions  voulues  pour 
ne  point  compromettre  la  salubrity  piiblique.  la  justice  or- 
donne  souvent  aussl  d'ofBce  des  exhumations,  'alors  que  Ic 
bruit  d^un  crime  parvient  jusqu'l  elle,  et  que  poor  constater 
k  quel  point  la  romeur  publique  dolt  6tre  accbeillie,  II  y  a 
Ueu  de  faire  examiner  par  des  hommes  corop^tents  V6Ui  dfu 
cadavre  de  la  personne  qo*on  croit  avoir  ^t^  la  viciime  de  ce 
crime.  Le  cercueil  est  alora  retire  de  terre,  ou  vert;  le  cadavre 
eat  examine,  son  6tat  est  constats  par  les  borames  de  Part, 
eo  prdaence  de  PofRcierde  police  judlciaire,  et  dans  les 
aoppositioQS  d'eropolsonnement,  des  portions  des  entraillcs 
ou  de  certains  visicires  en  sent  meme  d^clito  pour  6tre 
PobjeC  d*une  attentive  analyse  chiroique;  puis  le  corps, 
redon^  dans  son  cercoeil,  eat  replace  dans  cette  terre  qu^U 
semble  n'avoir  soulevte  un  instant  que  pour  demander  k 
Dleo  bi  ponitlon  d*un  coupable  on  la  r61iabnitation  d*un  in- 
nocent. 

An  moyen  Ige,  qnand  le  christianiame  eut  6teint  les  hd- 
cbers  palens  qui  d^lsaient  les  cadavres,  quand  0  eut  /ait  de 
la  conservation  des  d^pouiUes  mortelles  de  P6tre  bnmain  une 
obHgatkm  toote  rellgfeuae,  Uy  eat  souvent  desexbnmationa. 
Lea  Chretiens  exliumalent  les  restes  dea  martyrs  do  sol 
mk  la  pa^aidime  lea  avatt  Jel6s  avec  m^pris,  pour  les  hihumer 
en  larre  b^nlte,  pour  en  Hiire  dea  reliques  prteleuses.  Mais 
li  religion  ne  fut  point  too]oors  le  pr^texte  d^cxliumations 
•Qsai  pieuses;  cM  en  son  oom  que  Pon  arraclia  souvent 
des  cadavrea  anx  entrailles  de  la  terre  pour  les  livrer  d^risoi- 


KXBlfeRtoATION  —  Em 


rttmnt  ilajnatice,  aubftcher,  pooreojeleriaaeeadreaa* 


An  pobit  da  vtie  hygMniquOp  les  exbmiiationa  prtsentent 
qaelqnedanger,  loraqne  Pinhnmation  ne  date  qoe  de  qnelques 
Jours  ou  de  qudques  mots :  lea  Emanations  putridea  qui  aV 
chappent  alors  du  cadavre  exhoin^  peuvent  compromettre 
la  santtf  de  ceux  qui  le  deterrent.  Pour  ^viter  antant  qne 
possible  ces  tnconvtoients ,  Orfila  recommande  :  1*  de  fi^ 
Pexbumatlon  avec  un  nombre'dlionuues  safBsant  poor 
op^rer  promptement;  V*  de  la  faire  k  la  b^be ;  el  k  meaan; 
qu'on  fouille,  d'arroser  la  terre  avec  une  liqueur  composfo 
de  tas  grammes  de  chlorure  de  cbaux,  dissous  dans  7  A  9  U- 
tres  d^ean,  en  iaissant  un  intervalle  marqu^  entreebaqne 
arrosement;  3*  arrive  au  cercueil^  ou  au  cadavre,  d^y  Je- 
ter 3  ou  4  kilogrammes  de  la  dissolution  mentiomi^e;  on 
retire  le  cercndl  entier, s*il  n*eat  pas  endommag^ ;  s*il  eat  brisd, 
on  en  ddrange  one  planclie  avec  pr^uUon,  et  on  le  convre, 
ainsi  que  le  cadavre,  de  la  liqueur  dteinfectante  :  150  litres 
d*eau,  tenant  en  dissolution  1  ou  2  kilogrammes  de  cblomre 
de  cbaux,  suffisent  ordlnairement  pour  d^truire  en  qodquei 
minutes  Podeur  f^tide;  4*  enfln,  apr^  avoir  retire  le  corps, 
on  Pexpose  quelques  minutes  k  Pair,  et  on  peut  se  livrar 
aui  operations  ult^rleures  que  Pon  a  en  vue.  Si  la  putre- 
faction est  moins  avanc^,  ou  qu^on  ne  veuille  paa  batgner 
le  corps  dans  la  solution  de  chlorure  de  diaux,  il  sufDt  d*en 
Jeter  quelqnea  verrte  aur  la  surface.  A  Palde  de  ces  pre- 
cautions ,  on  peut  exhumer  sans  inconvdniott  des  cadnvres 
dont  la  putrefaction  est  presque  complete.  Si  pendaot  les 
operatlona  d'exbomation  ou  aulres,  on  se  blessait  avec  un 
instrument  qui  serait  reste  Impr^gne  de  putrtlage,  on  aurait 
soin,  surtout  si  le  sujet  avait  snccombe  k  one  alTectioD  pu» 
tride  on  contagieuse  qudoonqoe,  de  cauteriser  lea  putiea 
entam^es. 

£XIL«  Comment  exprimer  mieux  notre  attacliement  si 
profond  et  si  natnrel  pour  les  Ueux  qui  nous  ont  vus  naltre 
que  de  citer  ce  vers  de  Voltaire :. 

A  tons  Im  crnan  bicQ  n^,  qjie  l«  patrie  cti  ekire  1 

£t  comment  hkt  mieux  compreildre  lea  peinea  de  Pexfl  qae 
de  rappeier<eefr  autre  verade  De  Bdloy  P 

Phujc  vittMUPMDger,  |«lut  j*iiiiiii  ma  patrie. 

II  manifeste  aussi  avec  Eloquence  Pamour  du  sol  natal  et  la 
peine  qU*on  epronve  k  Pabandonner,  ce  sauvage  repondant 
k  l^uropden  qui  Pengageait  k  se  transporter  allteors  avec 
sa  tribn  : « IHrons-nous  aux  os  de  nos  p^res :  Levez-voua  et 
suivex-nous  sur  une  terre  ^trang^reT  «  Danton  disait,  k  too 
tour,  k  ceux  qui  lui  conseillaient  de  cherclierk  sauveraa  vie 
en  fuyant  k  Pc^tranger  :  «  Fuir!  J£st-ce  qiiVn  emporte  sa 
patrie  k  la  semelle  de  sea  soulfersP  »  Qui  pourrait  en  effel 
remplacer  dans  notre  cosur  les  lieux  oil  nous  avons  appris  k 
sentir,  k  aimer,  k  penser,  la  langue  roatemelle,  les  parents, 
les  amis  du  jeune  Age,  Paspect  du  del  sous  Icqoel  nous  avont 
v^cu  dk$  Penfance,  les  pr^s  et  les  bocages  oti  nous  aimloni 
k  porter  nos  pas,  tout  ce  qui  a  servi  k  former  nos  liens  lei 
plus  cbers  et  lea  habitudes  de  notre  viet  Comment  ae  rap- 
paler  sans  d*amcrs  regrets  toua  cea  nceuds,  tous  ces  rap- 
ports intinies,  par  lesquels  nous  nous  sentons  indiasoluble- 
ment  unis  k  la  patrie  T  Jamais  Iliomme  que  les  passions 
n^ont  point  corrompu  n*<^chaugera  volontlers  lesol  dela 
patrie  contra  un  s^jour  stranger,  celui-d  lui  proai!t41  toiift 
lea  biens  ext^rieurs.  La  peine  la  plus  cruelle  que  llioimne 
polsse  imposer  k  lliomma,  aprte  U  mort  ou  une  capUvite 
perpetuelle,  c*est  Pexil.  Encore  a-t-on  vo  d^Uostres  oiai- 
lieureux  lui  pr^f^rer  la  mort  Sana  doute  le  respect  pour  la 
loi,  mtaae  ii^liste  ou  iijustement  appliqu^e,  profeaad  par 
Socrate  avec  nhe  si  sublime  eloquence,  retenalt  ce  aage 
dans  sa  prison.  Mais  on  volt  dans  sa  reponse  k  Criton,  que 
monrir  k  Atbknes  lui  sembtoit  preferable  k  une  vie  prolon- 
gee  par  la  pitie  de  Peiranger.  Si  Cston  eOt  pn  sortir  Ubre- 
ment  d*Utique,  aurait-il  voulu  ecbapper  k  U  deoMnoe  da 
Oeaar  en  se refugiant  cbei  lea  barlnrest  Comma  la  lot  di 
Rome,  il  jugeait  l*exil  le  plus  grand  des  suppiices  pour  oo 


EJL^I,  —  E^MOUTQ 


s'dUit-oe {m^  en  effet  perdre  pluique  la  Tie!  La  (riste  fin  f  tence  d*an  6(re  Vfvant,  |«r  aiemple,  ne  peutpaa  se  cona- 
,     -Wv.. —  j_ni:  j»A4i.>--^^M.^-^:-»^-:i-'^.  ai.:k:.4^  -^^       j^^^^  j^  tout«t  pttoM, apootan^mciit,  d'oi^  dqnanera^taUef 

II  tui  faut  v'^cessafrebMot  une  sdurca.  Qo^,  selon  les  stoi- 
ciens  et  lea  lanth^istes,  anciens  ou  moderaes,  hindous  ou 


des  e^brei  ezi)^  d^Atliinas  Th^mistoda  et  Alcibiade  'ap- 
pnoait  asaa  li  tout  bomme  n^  eifoyen  chez  uq  |>eupl«  Iibre 
ce  que  cVtJut  qtMfexi]  parbi  des  esclaTes.'  "  '    "     -  *  '    ' 

Let  anaales  des  ptoplea  aociens,  conmie  not  annales  mo- 
demes,  soni  rempli^  des  douleura  des  axiI4s.«t  de  leura  ef- 
forti  pour  renirer  sttr  la  sol  de  la  patrie,  nAw  aii  prix  des 
actes  les  plus  criminels  ^  tels  qife  le  sont  la  violation  k 
laaiD  armde  (|u  teriitoire  natal,  le  meurtre  des  compatrio- 
tei,  etsartput  Pappel  au  glaive  stranger.  Celui  que  des  lois 
iaiqoes  oat.forc^  k  fnir  la  patite'  ne  sparine  point  ciontre  elle , 
•oomme  Coriolan.  Ilia  plaint,  comme  Aristlde  ou  Ca- 
mi  lie,  et  il  attend  dans  Vexil  Fheureux  moment  ob  il , 
poorra  la  servir  encore,  Cette  peine  si  cnielle  de  rexil  ne 
peat  ^treprononc^  que  par! la  loi,  et  ne  doit  atteindreque 
le  crime.  L'ostracisna^  ii^est  que  Perreur  d*uD  peuple 
jsloax  ou  d*un  gouvernement  ombrageux.  XJn  pays  ob  r6- 
gaeot  U  liberty  et  les  lois  n^a  pas  de  citoyen  qu'il  puisse  ' 
<nuidre.  Dans  qnelques  pays,  le  pouvofr  exile  d*un  lieu 
dsDs  OB  a^tre  ceux  qui  lul  d^plaisent  on  qui  TinquiMent. 
(T^itruna  dea  coutomes  de  notre  ancienne  tnonarcbie. 
On  exilait  ainsi  des  ministres,  des  courtiaans  en  disgrace, 
des  parleroents  recalcitrants  et  importnnspar'leors  iremon- 
trances.  Sous  ud  r^ime  qui  n*admet  fexercice  du  pouvolr 
que  pov  Fexi^tiua  des  lois,  toute  roesnre  emprdnte  d*ar- 
bibaba  ou  de  caprice  serait  ill^gale.  Aiicun  d^placemcnt  ne 
pent  Mre  present  qu'en  vertu  d^une  loi  ou  d'un  jugement 
fond^  sor  des  disposition's  l^les.       Adbkbt  pb  Vitbt. 

£XlLi  »  empoisanneur  fameux  an  dix-septitoe  sitele. 
Y(nfez  BaiiiviLUBaa. 

EXISTENCC.  Ce  terme  d^ve  ^exstare,  se  tanir  de- 
bout  Son  origine »  c'est  iire^  c^est  vivre.  La  vie  senftfitive 
et  intellectuelle  de  I'liomroe  ei  des  aniroaox  possMe  seule  le  • 
seatimenton  la  conscience  de  Texistence.  Maia  de  oeque' 
U  lensation  el  la  pens^  donnent  la  preove  de  cette  exia- ' 
tence  s'ensuit-U,  comme  dn  Va  soutenii,  qu^elle  na  r^de 
qne  dans  cette  Tacult^  de  sentir  et  de  penserT'On  existe 
pendant  le  somnoefl  certainement,  en  Tabsence  de  toute  fan- 
pression  perpie  et  de  toute  action  d^intelligence.  Le  terme 
txistenee  doH  done  se  g^n^llser,  puisque  non-seulement 
rbomme  et  les  anlmanx,  mats  m^me  les  plantea  qoi  ont 
uoe  fie  et  qui  meorent,  prtentent  one  existence  pins  ou 
moins  utenae  et  d*une  dnr^  limitte.  Dana  ce  sens,  Pexia- 
tence  appartieadr^t'  k  T^tat  de  vie  et  anx  seols  Mrea  orga- 
nist. Pent-on  dire  cependant  que  les  mintonxj,  pierres, 
m^taox ,  etc. ;  Tair,  Teao,  le  globe  ierrestre ,  lea  arbrea,  etc, 
h*exisient  pan?  On  n*oserait  soateair  ce  paradoxe;  mais 
abrs  il  fant  unlversaliaer  I'ldte  d^existenqe,  at  convenir  que 
toot  ce  qui  tombe  sons  la  perception  de  noa  aens,  tout  ce 
fni  devient  viaiblCy  palpable^  apcroevaUa  d'une  manito 
qoeleoiique,  existe  mat^ellement. 

Toutefoia,  cette  exiatence  ph^nomtoley  qui  ne  pr^jnge 
rien  sor  la  nature  essantieUe  dea  Atrea  on  des  corps  (toot 
en  nooalaiasant  ignorar  ea  qii'ila  aont  an  food,  en  rtelit^), 
indiqoe  senlenient  leur  prtence  actuelle,  leur  dur^e  dans 
le  temps.  Ce  qui  pMt,  ce  qui  est  ^htoito,  transitoire, 
piot^iforme,  n'a  d'existenoe  que  relativement  k  la  mati^re 
qoi  le  eowtitiia  momentantoent.  En  ce  sens,  les  elements, 
dans  la  nature  dea  choses,  dtant  les  seulea  substances  per- 
manentea,  tandta  que  lenrs  formes  subisseni  de  jour  en  Jour 
toutes  lea  oi^taniorpboaaa,  par  le  renouvelleraent  perp^tuel 
des  gtotatloas  et  dea  destructioiis  dont  le  oiOBde  est  le 
Ui^Mre,  eea  Mnenta  aenia  poasMeraient  une  veritable 
cdrtenee.  Et  encore,  cas  ^ments  existent^ils  par  eux 
Molsf  ae  aonl-ila  donnd  apontan^ment  leur  etre,  leurs  pro- 
priMat  Mais  on  Ta  d^ontr^  maintea  fois,  la  tnati^re  r^ 
Ma  k  aea  prindpaa  ultinMa  ne  saureit  Mre  active  et  pas- 
iiva  m  mtee  lamps,  ce  qui  impliqiie  contradiction.  Poor 
que  dea  ^Idmenta  non  organist,  conune  anx  premiers  jours 
do  nMode,  pioduisisaent  la  structure  liarmoniqne  de  Tor- 
pniaation,  il  bodrait  qulls  donnassent  plus  qu*i1s  ne  pos- 


eoroptois,  la  vie  des  Indivldus  soit  une  existence  pariicu" 
laris^,  la  mort  une  dissolution  dans  Vexistence  uni- 
verselle  du  monde,  11  n^en  rttte  pas  mdns  Evident  que  le 
aeul  principe  existant  par' lui-m£ine  est  Die ui  txk  effe^ 
taut  dc  t^moignagea  maidfestent  Pinconsfance,  la  corrupti- 
bility des  dements  mat^riels,  leur  Iropuissance  d^engendrer 
spontan^ment  la  vie,  quand  ib  miinquent  de  ces  gerroes  or* 
g^is^  e(  savamroent  pr^dispoate  pour  dea  fiqs  et  une  des- 
tination pr^vue  relativement  k  nn  but^  qu^on  est  forc^  de 
recourir  k  cette  Intelligence  supreme,  r^ant  et  ordonnant 
toutes  clNMes,  et  p^trissant ,  salon  ses  vues  iricompr^ben- 
aiblea,  les  astres  qui  d6corent  Tempyr^,  comme  Taile  briU 
lante  du  plus  bumble  papiUon.  . J.-J.  Viae^^ 

£X  UBAIS9  deux  moiB  latins,  signiiBant  en  fran^i^ 
des  Hvrest  d'entre  tes  livres^  faisant  partie  des  livru. 
On  lea  fnscrit  d'ordinaire  en  t^te  de  chacun  des  volumes 
d'une  bibliotb^que,  en  les  faisant  fuivre  du  qom  de  cette 
biblioth^oe  ou  de  celui  de  son  propri^ire' 

EXMOUTH  (EnouARO  PELLEW,  vicomte),  vice- 
amiral  anglais,  nA  iDouvres,  le  t9avril  1767,  entradana 
la  marine  en  1770,  etconibattiten  1777.sur  lelacCbamplain, 
dana  rAro^riaue  septentrionate.  Fait  priflonnier  k  la  auite  de  la 
capitulation  du  g^n^ral  Bourgoyne,  mais  renyoyiS  sur  paiip^, 
II  ftit  nommd  en  1779  lieutenant,  employ^  en  17B0  dans  la 
guerre  centre  la  France ,  et  promu  au  grade  de  capltaine  en 
1783.  De  1786  k  1789  il  fiC  partie  de  la  sUtipp  deTerre- 
I^euvc  en  1 791 ;  il  fot  mis  en  disponibilf t^,  pub  rappelii  k  Tac- 
tivH^en  1 793,  quand  ^lata  bi  guerre  de  la  ndvoluliuu  f  ran^aise. 
le  premier  vatsseau  de  ligne  fran^is  qui  dana  cette  guerre 
tomba  anx  mains  des  Anglais  fut  pris  jiar,  une  fr^teque 
commandalt  £douard  Pellew,  dont  en  toute  occa^ipo  on  re- 
marqua  le  courage  et  Ui  resolution  ainsi  queU  blenveiUance 
et  la  douceur  k  Tdgard  de  ses  subordonn^  En  1794  on  lui 
confia  le  conunandement  de  Tescadre  de  I'Oueat,  et  en  i709 
il  fut  cliarJK^  de  Uoquer  Rocbefort,  dans  Pint^rM  du  projet 
de  descente  si  malbeureusement  tent^  iQniberonparles 
toigr^^francais.  11  tut  ensuita  nonun^  en  1801  colonel  ^e 
marine^  et  l^ann^  auivante  tin  par  le  bourg  de  Barnstable 
membre  da  la  ebambre  des  communes  9  ob  il  prit  place 
panni  les  lories.  Lorsqu'aprte  la  courte  trfive  connue  aoos 
le  nom  de  paix  d*Ainiens,  la  guerre  ddata  de  nouveau  entre 
la  Franca  et  TAngleterre,  il  fut  cbarg^  dialler  bloqucr  la 
flotte  ennemie  au  Ferrol,  et  en  1804  il  fut  ^lev^  au  grade 
de  contre-amiral  et  cliargd  du  commandement  de  la  flutte 
des  Indes  orientales,  oii  il  s*empara  des  colonies  danoises. 
Nomm^  vice-arolral  en  1810,  il  ferma  TEscaut  avec  sa 
flotte,  et  en  1814  fbt  appeld  k  la  pairie  sous  le  litre  de  lord 
Exmootb  de  Canonteign.  Gomuiandant  gdi^al  des  forces 
brilanniqnas  dans  la  M^iterrante,  11  contribua  aprte  le  retoor 
de  Napolfon  de  Pile  d^Elbe  au  r^tablisseroent  de  la  maison 
de  Bourbon  sur  le  trdne  de  Naples.  En  1816,  sans  recourir 
k  la  force  des  armes,  11  obtint  des  puissances  bart>areM)ues 
qu*elles  missent  en  liberty  les  esclaves  cbr^ens,  qo'elles 
fissent  la  paix  avec  la  Sardaigne  et  Naples,  et  qu*elles  re- 
noncassent  d^sormab  k  U  course.  Alger  ayant  rhlA  cette 
promesse,  il  vintjeter  P^ncre  k  Uliauteur  du  mole,  devant 
les  batteries  du  fori,  et,  toutes  representations  etant  demeu- 
nSes  inutiles,  il  ouvrit  le  feu  centre  cette  ville  ie  17  aoOt 
1816.  Aprto  un  bombarderoent  de  quelques  lieures,  il  con- 
tralgnit  le  dejr  ^  conclore  un  nouveau  traits,  fait  d*armes 
qo'a  bien  fait  pilir  depuls  la  prise  m6me  d*Alger  par  une 
armee  fran^iw,  mais  qui  bii  valut  le  titre  de  vicomte,  la 
gnnd*-croix  de  divers  ordres  de  cbevalerie  du  continent,  et, 
au  nom  de  PAngleterre,  des  remerciements  pubiica  vot^a 
par  le  pariement  Appeie  en  1817  au  poste  Incretif  de  com- 
mandant du  port  de  Plymoutli,  il  en  r^slgna  les  fonctions 
trois  ans  apr^,  pour  vivre  d^sormais  an  sein  de  sa  faniiUe, 

2G. 


I 


304 


EXMOUTH  —  EXORDE 


dans  Sd  terre  de  Telgouiouth,  jiuqii'i  sa  morl,  arriyte  le 
23  janfiar  1SS3. 

EXOGETf  genre  de  poitsoiia  de  la  familla  des  teoei, 
remarquableB  par  le  d^reloppemcDt  excessif  de  lean  na- 
geoires  pectoralesy  asaei  ^tendaes  poor  faciliter  ime  sorte 
de  Yol  qui  B*^li?e  k  enTiron  25  oentini^trea  au-deuus  da 
niveau  de  la  mer,  et  peat  se  prolonger  aur  un  espaee  de 
80  It  100  mMres,  sans  qu'il  y  ait  poar  l*anlmal  n^eessit^  de 
se  replonger  dans  les  flots,  od  la  dorade  lui  fait  une  guerre 
acliamte,  mais  o6  il  lui  fant  bien  finir  par  huroecter  ses 
brancliies  dess^chte.  Faibles  et  sans  defenses,  ils  u*6chap- 
pent  du  reste  ainsi  k  leurs  ennemls  oiarins  que  pour  devenir 
la  proie  de  dWers  oiseanx ,  entre  autres  de  ralbatros,  et  n*4- 
vitent  un  danger  que  pour  tomber  dans  un  autre.  On  dis- 
tingue cinq  esp^ces  d'exocets;  la  plus  commune  dans  les 
mers  de  Ph6misph6re  bor^  est  Pexoctt  volant  ( exocetw 
volUans ) ;  ce  poisson,  long  d'environ  15  i  20  ceotimMres, 
est  remarquable  par  sa  parare  resplendissante  d'aior  et 
d'argent,  que  rebausse  la  teinte  bleu  fonc4  de  la  dorsale,  de 
la  queue  et  de  la  poitrlne.  Les  exocets  Toyagent  le  plus  soa- 
▼ent  par  troupes  nombreuses.  Corame  les  daetylopt^res, 
les  triglea,  etc.,  les  euwets  ddyent  k  leur  singulis  oonfor- 
mation  le  nom  Tulgaire  de  poissons  volants. 

EXODE  ( en  grec  i(o8o«,  ^cart  du  chemin,  de  <^,  hors, 
et  6^c,  sortie,  digression  ).  Ce  mot  aralt  anciennement  plu- 
sieurs  acceptions,  sur  la  nature  desqoelles  on  n*est  pas  bien 
d'accord  aujourd^hul.  II  paratt,  d'aprte  Aristote,  que  c'^talt 
one  des  quatre  parties  de  I'andenne  trag^die,  ouce  que 
Ton  disait  quand  le  choeur  ayait  cess^  de  cbanter  pour  ne 
plus  reprendre.  C*^it,  suivant  Dacier,  tout  ce  qui  r^pond 
k  notre  dernier  acte,  c'est-ii-dire  le  denouement  et  la  ca- 
tastrophe de  la  pitee.  Ce  serait  done  k  tort  que  plnsieurs 
auteurs  aoraient  pris  ce  mot  pour  synonyme  d^ipilogut, 
k  moins  de  changer  TaccepUon  gte^ralement  attach^  k  oe 
dernier  mot  Soivant  le  scollaste  de  Juvenal,  j'exode  aurait 
^  cbez  les  Latins  ee  que  nous]  appelons  at^ourdliui  une 
faree.  La  pitee  finie,  on  faisait  venir  le  farceur,  nomm^ 
ansd  exodiairolexodiarHu ), qui  dlTertissait  par  ses  bouf- 
fonneries,  ^  bons  mots  et  ses  grimaces,  ceox  quVait  at- 
trist^s  la  graTite  des  seines  tragiques.  On  a  dgalement 
appeie  de  ce  nom  des  vers  plaisants,  que  les  jeunes  gens  r^- 
dtaient  i  la  ffai  des  coroMies ,  et  qui  r^ndaient  aossi  k 
DOS  farces.  Les  exodes,  d'aprte  Vig^nire  snr  Tite-Live, 
dtaient  comme  une  sorte  d'faitremet)  entre  les  ades,  partle 
fable  el  plaisanterie,  partie  chant  et  musique,  ayant  pour 
but  de  faire  reprendre  baleine  aa  spectateur.  On  noumait 
aussi  exode  cbei  les  andena  une  esp^  dMiymne  ou  de 
dianson,  qu'on  entonnalt  k  la  fin  des  repas,  pour  divertir 
et  ^yer  les  convives. 

Exode  dans  Ics  Septante  est  pris  pour  designer  la  fin 
ou  condiision  d*une  l%te.  On  la  cdl^brait  le  huitiime  jour 
iecelle  dite  des  Tabernacles,  en  commemoration  de  Texode 
on  sortie  d'£g>pte.  Billot. 

EXODE,  titre  du  deuxitoie  des  dnq  livres  de  Moise, 
(voyez  Biblb),  lequd  traite  de  la  sortie  des  Israelites  d'£- 
gypte,  ce  qui  est  assez  conforroe  k  retymdogie  ( i|,  hors,  666^, 
sortie ).  VExode  de  Molse  contient  aussi  la  relation  de  ce 
qui>s*est  passe  en  £gypte  depuis  la  mort  de  Joseph  jusqu*a 
la  sortie  des  Juifs,  ainsI  que  les  eyenements  qui  s*accom- 
piirent  dans  le  desert,  particuli^ment  au  mont  Sinai,  jus- 
qu*i  la  construction  et  Perection  du  tabernade.  VExode 
donne  encore  Tbistoire  de  Moise  et  des  plaies  d'£gypte. 
II  renferme  le  decalogue  et  diyerses  ordonnances  re- 
latives kla  eeiebration  da  aabbat  et  i  i'etablissement  du 
«ulte  parmj  les  Israeiitea. 

EXOGENE  (de  i^u,  dehors,  et  de  Y>vvdii>,  j'engendre ), 
nom  sous  lequd  DecandoUe  designe  le  grand  groupe  des 
▼egetaux  dont  les  tiges  s'accroissent  par  Taddition  de  couches 
ligneuses  successives  qui  se  fonnent  toujours  en  dehors,  en 
sorte  que  les  couches  lea  plus  andenncs  sont  voislnes  do 
i'etni  rnedullaire)  rl  les  plu«  ietin&(  son!  les  plus  mppro- 
tfliees  dtf  recorce  (  voyez  li\coT\\±iw\tA  ).  Ce  noiu  est  op- 


pose k  odai  d'eNdopteet  (  d*iv8ov,  dedans )» io«e  loqnd  «■ 
groope  toatea  lea  ptentea  dont  les  tiisa  ae  fbrment  et  8*to- 
croiaaent  en  sens  inyerse,  au  moyen  de  fidaeeanx  yaacolalnB 
d  ligneax  epara  dana  la  aubstanee  medalldre.  Oo  a  aoid 
appeie  aerogknes  ( d^ixpov,  extremite )  lea  yegeCaoz  cdln- 
lahres  qui  crofssent  par  lear  extremite.      L.  LAoaBHT. 

EXOPHTH ALMIE  ( de  U,  dehors,  et  h^M^,  odl ), 
sortie  de  I'csil  hors  de  Torbite.  U  faudrait  une  grande  vio- 
lence, et  surtout  an  effort  bien  dirige  poor  fidre  sortfar  TcbII 
de  sa  place,  et  rien  n'est  moina  commun  qa^ooe  exoph- 
thalmie  produite  par  an  coup.  Les  cas  les  ploa  IMqiMita 
d*exophthalmie  sent  causes  par  des  tameura  ppA  se  deye- 
loppent  dans  Porbite.  Les  paroia  de  cette  eavite  etaat  in- 
flexibles,  la  tumour,  pour  se  f  ^ire  place ,  pooBse  Toeil  an 
dehors.  Cest  ce  qui  arrive  dana  certdns  abcte  dn  tiaiu  od- 
lulaire  de  llnteriear  de  I'orbitet  dana  qudqaes  cu  de  po- 
lypes des  fosses  nasdes  ou  du  sinus  roaxiilaire,  qaand  des 
exostoses  naissent  dans  le  fond  de  Torbfte,  oo  enfin  quand 
Todl  00  ses  dependences  se  trooyent  le  dege  de  qnelqoe  tn- 
meur  squirrbease  oo  cancereoae.  On  a  die  qodqoes  caa 
d*exophthdmie  par  une  sorte  de  relichement  du  pedlcole 
tres-complexe  qui  'retient  I'cdl  k  sa  place;  maia  ces  cas^ 
rares  dans  la  sdence,  ne  sont  point  encore  asset  cnnrtntes 
pour  y  etre  admis  sans  resenre. 

Le  traitement  de  l*exophthalmle  yarie  solyant  lea  causea 
qui  I'ont  produite;  renievement  des  tumeora,  dea  pdypes, 
qui  peuvent  remplh*  la  eavite  orUtdre,  est  le  moyen  que 
Ton  doH  mettre  en  usage  loraqull  est  praticable.  SI  I'exo- 
phthdmie  resulte  de  blessures,  il  faut  recoorir  aox  pan- 
sements  oonvenables,  aux  saignees,  aox  sangsoea^'enliii  k 
tons  les  moyens  antiphlogistiques  les  plus  enefgiqaeay  car 
c*est  surtout  I'inflammalion  qu*il  est  important  de  oombattra 
dans  cette  circonstance,  puiaque  c*est  an  gonflement  qo'dk 
determine  que  Todl  doit  sa  sortie  de  la  eavite  orbitaire. 

EXOPTILE&  Foyes  DicoTTLiDOK^. 

EXORCISME  (du  grec<eopx(Ctt>,  je  conjure,  deriye 
de  opxoct  serment ,  conjuration,  prierei  Dieu,et  oom- 
mandement  fait  au  demon  de  sortir  du  corpa  d*un  pos* 
sede).  Cdte  ceremonie,'conseqaenoedu  dogme  de  la  demo- 
nologie,  a  dO  par  \k  memo  etre  en  usage  chei  tooa  les 
peuplea  par  qid  ce  dogme  a  ete  ro^,  c*est-Mire  cbei 
toutea  les  nations  polytheistea,  aind  que  chex  lea  chretieoa. 
Chez  les  JuHs,  nous  dit  Joseplie,  il  y  aydt  dea  exordales 
qui,  dans  lea  fonctions  de  leur  cbaiye,  se  servaiaut  Se  for- 
mules  attribuees  k  Sdomon.  Jesos-Christ  a  oonfirme,  par 
son  temoignage,  le  sentiment  qui  impute  aux  demona  oer- 
taines  mdadtes  d  certains  vices.  II  ne  se  boma  pas  4  de- 
ll vrer  des  possedes,  il  donna  encore  k  sea  dlsd|to  le  poo- 
voir  de  les  deiivrer  en  son  nom,  d  le  socoes  avee  lequd  lla 
userent  de  ce  pouvofar  ert  un  dea  prindpaux  argumenta 
dont  les  andens  apologistea  de  la  religion  cbretienne  se  aonl 
servis  pour  en  demontrer  la  divinlte  aux  paiens.  C'est  done 
d'apres  raotorite  de  jesus-Christ  et  des  apOtrea  que  I'em- 
ploi  dea  exordsmes  s'est  etabli  d  a  prevdu  dans  TCgliae. 
Ldbnttz,  toot  protestant  qii*il  ed,  ne  laisse  pdnt  d^avooer 
que  I*£gli8e  a  pratique  de  tout  temps  les  exordsmes,  el  qa'il 
n*y  trouve  rien  d'oppose  k  hi  raison. 

On  distingue  deux  sortea  d'exordames,  les  ordintAres 
d  les  extraordinaires  :  les  premiers  sont  en  nsage  ayant 
d*administrer  le  bapteme  d  dans  la  benediction  de  IVaa; 
les  seconds  s*eroploient  pour  deiiyrer  les  possedes,  poor 
ecarter  les  orages,  poor  fisire  perir  les  animaux  nolaibles. 

EXORDE  (  du  latin  exordium,  deriye  d'erortftri, 
commencer,  el  proprement  oommencer  k  ourdir ).  G*ed  le 
nom  qu^on  donne  en  rlietorique  au  debot  d'un  diacoura. 
L^objet  de  Vexorde  est  de  preparer,  de  disposer  (liyorable- 
ment  lea  espriCs. 

En  general,  Vexorde  doit  etre  court,  aimple,  dair»  mo- 
deste :  deux  ou  Irois  phrases  peuvent  sofBre;  on  ne  saorait 
trop  se  hAter  d*arri'ver  a  la  question.  Cependant  Vexorde 
demande  k  etre  proportlonne  au  mijet;  il  est  comme  le  v«a- 
tibule  d'un  grand  edifice.  II  ne  faut  done  pas  quit  edip*^ 


EXORDE  —  EXPANSION 


905 


pu  MMi  M»t  ter  fMte  dn  diMOun,  ni  quMl  en  ^hiIm  la 
mlMtiMe.  Lm  aoties  d^fiuts  de  Vexorde  aeraient  d'etre 
TBi^ttf  communy  inutile,  trop  long,  hon  d'cBoyre,  d^plactf 
on  k  eoBlitt-eeas  :  iw^aire,  s'il  pent  s'accommoder  ^  pln- 
tkun  canwa  indlfKreminent;  conuntin,  s'il  conTient  tout 
ansai  bien  it  la  cause  de  Tadyenalre;  intUiUf  til  n'est 
quHm  prAide  oisemL  et  ^transer  k  la  question;  trop  long, 
aH  eontieiil  plus  de  penste  et  de  paroles  que  lanteessit^  ne 
Taxige;  Mors  cTcnivre,  sll  n'est  pas  tir^  du  fond  da  sujet; 
d^>iaeif  sil  na  Ta  pas  dindeoMBt  au  but -que  Torateur  a 
d6  se  proposer ;  enfin,  d  contre-seni,  s*il  peut  compromettre 
rintMt  de  la  cause  qu*on  a  entrepris  de  d^fendre.  Tuute 
esptee  de  discours  on  de  plaidoyer  ne  rtelame  point  un 
exorde,  U  est  mtaie  des  causes  mlgaires  od  cette  sorte  de 
preparation  serait  ridicule.  G'est  done  k  Torateur  de  Men 
fitapninfr  ion  fiqet,  de  yoir  s*il  est  susceptible  ^exorde,  et 
quel  €Xordt  lui  conyient.  Cicton ,  qui  nous  a  laisai^  de 
ton  art  des  lemons  et  des  modules  ifgalenient  imp^rissables, 
eoDseiUe  k  roxateor  do  ne  penser  k  Vexorde  que  lorsque  le 
discoara  est  termini.  En  effet,  ce  n'est  qu*aprte  avoir  pro- 
fondteent  ni6dlte  son  sijet,  ce  n*est  qu*aprte  en  avoir  sonde, 
poor  aiosi  dire,  lee  entraOles,  que  I'oa  peut  savoir  conunent 
il  ooBTient  d*entrer  en  matl^. 

n  est  on  genre  d^exorde  brusque  et  sans  preparation, 
que  les  anciens  appelaient  ex  abruplo.  II  consiste  k  heurter 
ImpetueuBenent,  ou  des  adversalres  qui  ne  ni6ritent  ancun 
mesageDicDt,  on  une  proposition  totalement  depounme  de 
sens  et  de  fdndement.  Get  exorde  delate  oomme  un  coup 
de  tonnerre.  Uais  il  but  qn^  soit  motive  par  la  gravite  des 
dreoBstaiices  oo  par  quelque  incident  inattendu  qui  lui 
donne  le  merite  de  T^-propos.  L'eiorde  ex  abrupio,  pour 
Mre  oonvenablement  place,  doit  6tre  on  de  ces  mouveroents 
faeureux  qnlnspire  qiwlquefois  roccasion.  Ce  n'est  gudre  que 
dans  les  luttes  du  bariean  et  de  la  tribune  politique  quMl 
aoua  semble  pouvoir  se  produire  avec  avantage.  Tout  le 
monde  connalt  le  fameux  debut  de  la  premiere  Catilinaire 
de  dceron  :  Quousque  tandem  abutere,  CatUina,  pa- 
iienUa  nostra  ( Jusques  k  qnand  abuseras-to  de  notre  pa- 
tienoe,  CatiUna )?  Cat  1^  le  plus  bel  exemple  que  Ton  puisse 
cUer  de  I'exorde  ex  abrupto.  AussI  cette  vigoureose  apos- 
trophe etait-elle  puissamment  legitimee  et  par  la  decouverte 
d'one  conspiration  flagrante,  et  par  la  mena^ante  audace 
da  chef  des  conjures,  et  par  Tautorite  des  services  et  du  ta- 
lent de  rorateor  ^remain.  Mirabeau  s^est  aussi  quelquefois 
aervi  avec  soccte  de  Texorde  ex  abrupto.  Un  jour,  etant 
interrompo  dte  sea  premieres  paroles  par  les  rires  du  c6tA 
droit,  il  se  reprit,  et  debute  aind  :  «  Messieurs,  donnex-moi 
cfuelqoes  uMments  d^attention;  je  vous  jure  qu'avant  que 
j*aie  eessd  de  parier  vous  ne  seres  pas  tentes  de  riro.  » 
AnssHdt,  il  se  fit  un  grand  silence,  et  Torateur  continua  son 
discours,  qui  fut  religieusement  ecoute.  Ajoutons  tootefois 
qu'U  fallait  £tre  un  Mirabeau  pour  exercer  un  tel  ascendant. 
Avec  la  m^e  presence  d'esprit,  avec  les  nodmes  paroles, 
im  orateur  vulgalre  n*edt  pas  produit  le  mtaae  efTet 

Vexorde  d*un  sermon,  d'une  oraison  fun^bre,  d'nn  pa- 
D^^yrlque,  se  presente  parfois  avec  un  caractte  particulier, 
qui  contrasle  avec  la  simpliclte  que  nous  avons  recoromandee 
pina  haut.  Cest  que  i*eioquenoe  sacree  ne  doit  pas  oobller 
qu^dle  est  Tinterpr^  de  la  parole  de  Dieo,  et  qo'elle  a,  par 
coos^ent  le  droit  de  donner  k  ses  enseignements  la  forme 
la  plus  Bolenndle.  De  Ik  ce  ton  d*eievation,  de  soblimlte,  ou 
de  majeste  salute  que  nous  admirons  dans  quelques  exordes 
de  noa  grands  orateurs  de  la  cbaire.  Deux  dea  plus  beaux 
€XordeM  eonnus  dans  ce  genre  tt>nt  celui  du  sermon  de 
Bourdaloue  pour  ie  jour  de  Piques,  et  celui  de  Fiecbier 
dans  I'oraison  Amibre  de  Torenne.  On  cite  encore  le  ma- 
gnlfique  exorde  de  Poraison  fun^bre  de  la  reine  d*Angleterre, 
par  Bosauet,  et  le  debut  si  Imposant  da  Toraison  funibre  da 
Looto  XIV,  par  Massillon.  Chavpagnac. 

EXORHIZES  (da  l|,  liors,  et^Ca,  radne).  L.-C.  Ri- 
ebard  a  propose  de  divisor  le  rigne  vegetal  en  trois  grands 
embrancheiiients  :  les  ar/Uzes,  depourvu^  d*einbr>on,  et. 


par  suite,  de  radicule;  les  enddrAises,  qui  ont  la  radicula 
interienre;  et  les  exor/Uzes^  dont  la  radlcote estextertoure. 
Ces  traia  dividons  correspondent  exactement  k  oelles  qui 
sont  pins  generalement  adoptees  sons  les  noma  d^acotyU" 
don^,  monocotyledon^,  ^dicotyl^donis, 

EXOSMOSE.  Voyei  EimosnosB. 

EXOSTOSE  (de  <{,  dehors,  et  iotlov,  oa).  On  donne 
ce  nom  aux  tumours  centre  natare  qui  se  ddveloppent  k  la 
surface  des  os  ou  dans  lenrs  cavites,  et  qui  sont  oonstituees 
parTexpansion  du  tissn  oaaeux  lul-meme.  Tous  les  os  sont 
sujets  k  cette  maladie,  qui  oependant  atbcto  de  pr6fennoe 
ie  tibia,  le  femur,  le  crAne,  le  sfeemnm,  la  davicnle,  eto. 
Le  nombre,  le  volume  et  la  consistence  des  exostoses  sont 
tres-variabies.  n  ne  s'en  devdoppe  onlinairement  qu'une 
seule  sur  un  oa,  mais  plosieursos  peuvent  etre  aflbctes  k  ia 
fois;  rarement  I'exostose  depasse  te  volume  d'une  noix  ou 
d*un  petit  eauf.  Celles  de  volume  enorme  decrites  par  les 
autenrs  sont  presque  tontes  des  tumours  d'une  autre  nature. 
Le  kissu  osseux  qui  constitue  la  tameur  est  le  plus  soovent 
ranSfie;  lorsqu'il  presente  Topacite  de  l^voire,  on  Tappelie 
exoitose  6lmmee. 

Les  causes  de  rexostose  sont  trte-mullipliees :  elle  peut 
resulter  d'une  violence  exterieure  ( exostose  traunuUique) ; 
mais  le  plus  souvent  elle  est  reffet  d*un  prindpe  morbide 
interienr  (exostote  viniriennet  saqfutaue,  eanoireuu, 
seorbutique,  dartreuse,  ete. ).  L'o|rfnion  la  plus  geaerale 
est  que  I'exostose  est  le  produit  de  i'inflammation  des  os; 
son  traitement  est  done  celui  qui  convient  k  llnflammatioin, 
modiflA  par  la  lenteur  des  mouvemente  organiquea  dans  le 
tissn  des  OS,  et  par  la  cause  speciflque  de  l*inflammation. 
Les  antiphlogistiques  simples  oonvlennent  done  k  I'exostose 
traumatique;  aux  autres  on  opposerales  traitements  indi- 
ques  centre  la  syphilis,  les  acrofules,  le  cancer,  ete.  Mais 
souvent  la  tomeur  resiste  an  traitement  medical ,  et  reclame 
Temploi  des  moyens  chirurgicaox ,  c*e8t-k-dire  Pablation  au 
moyen  de  la  scie  ou  de  la  gouge  et  du  maillet.  II  ne  faut 
pas  confondre  Texostose  avec  les  tumours  dues  au  gonflement 
de  la  membrane  flbreuse  qui  enveloppe  les  os  ( voyei  Pi- 
riostosb).  D'  Fobcbt. 

EX0T£RIQIIE.  Voye%  £sot&iqiji. 

EXOTHEQUE  (de  iCu,  en  dehors,  et  64xvi,  bourse, 
fonrrean ).  Voyet  AirraiRa. 

EXOTIQUE  (eu  grec  i(wttx6c,  etranger).  Ce  mot, 
particuUerement  oonsacre  k  lliistoire  naturelle ,  est  Toppose 
dHndigine,ei  s'appttque  A  toute  production  etrang^an 
pays  oh  on  Temploie :  ainsi,  la  plupart  des  plantes  cultivees 
dans  les  serres  dee  Jardfais  botanlques,  telles  que  les  derges, 
les  patmiers,  ete.,  sont  des  productions  exotiques,  c'est-^ 
dire  apportees  de  climate  plus  oo  moins  eioignes.     Billot. 

EXPANSION,  EXPANSIB1LIT£,  FORCES  EXPAN- 
SIVES,  ete.  Ces  termes  derivent  tous  du  verba  expandere, 
etendre,  deployer,  epanoulr.  La  dilatabiliti  n'est  qu'nn 
moindre  de^re  d'expanaion  dee  corps ,  tandis  que  Vexpan" 
sibilitif  en  physique,  designe  plus  particuUerement  retet . 
aeriforme  ou  vaporise  d'un  corps.  L\ine  comme  I'autre  re« 
suite  en  general  de  Taction  du  calorique.  L'expansion  de 
Teau  en  ebnllition,  ceUe  du  naphte,  de  Talcool,  de  Pether, 
de  rammoniaque  et  autrea  fliddes,  dprouve  d'autant  plua 
de  rarefaction  qulls  sont  exposes  k  une  temperature  pluf 
chaude.  Les  ar6mes  des  corps  odorante  sont  d*autant  plus 
expansifs  qu'ils  ont  plus  de  leg^rete,  de  volatilite,  comma 
les  hniles  essentielles,  ete.  En  general,  les  substances  trte- 
hydrogenees  sont  trte-expansives ;  rhydrogtae  lui-meme  est 
si  leger,  si  rarefie,  et  contient  tant  de  calorique  combine, 
quil  est,  par  cette  raison,  le  plus  expanslf  de  toua  lea  gas 
connus.  II  y  a  pareillement  rareihetion,  expansion,  sous  une 
mohidre  presdon;  et  par  exemple,  Tean,  Palcool,  entrent 
en  ebullition  sur  les  hautes  monta^Ms,  k  una  temperature 
faiferieure  k  cello  qu*il  faut  employer  dans  les  profondes  val- 
lees.  L*on  doit  mettre  encore  au  nombre  dea  causes  d'expan- 
sibilite  la  puli^sance  centrifuge  des  corps  en  rotetion  sur  enx- 
mdmes.  Ainsi,  vers  requateur  de  notre  plan^  Texpanst- 


SOS 


EXPANSION 


9 

bilit^  doU  ^  Idas  eonildteble,  oa  la  grATttation  bten 
moindre  4m  reifft  ia$'p61«;  iud^Ddamment  Am  diffibrenees 
de  temp^ratDre  de  c«d  obntrto: 

Aprte  avoir  condd^i^  Pexpansion  de  la  lomi^laiiefe  par 
Ib8  Boldls,  on  Voiles  Qte9,  dans  tootel*^tendoe  des  espaoes, 
quelqnes  phllosophes  <mt  cru  pouToir  expliqper  les  gcands 
phtoomteM  de  la  nature  par  la  loi  de  Texptuiftibnitdy  aTec 
autant  de  motlb  plausibles  que  Newtbu  en  avaU  apportte 
poar  ^tabtfrlee  lots  de  Tattraction .  Afin  de  pr^Tenir  l*ob- 
jection  que  tons  left  corps  plan^taires,  en  se  lirrant  k  cette 
lot  d*expansioni  demient  se  dissoudre  dans  riminenslf^  des 
deux,  A X at s,  par  exemple,  ^blft,  corome  contre-potds, 
que  les  expan^ibiliMs,  ou  tensions;  se  contre-balaneent  r^- 
dproqnement,  se'contlennent  entre  leurs  limites,  et  que  la 
lumi^re  sotaire  (ou  le  fluide  stdlaire),  frappant  la  surfoce 
des  plan^tes  opaques,  les  bat,  les  condense  ayec  taut  de 
force  qu'il  rebondit  k  angles  droits  Ters  les  cieux,  comine 
ferait  une  baTle  ^lastlque  lanc^  avec  viguenr  contre  le  sol. 
De  U  cetle  reaction  6jgale  ^  Taction ;  de  U  compression  an- 
tagoniste  I  cette  expansion ;  de  Ui  le  systtote  des  compen- 
sations. Mais  oetta  pritendoe  explication  universette  ne 
peut  rendre  ralson  des  phdmimtees  d'attraction  gtocentrique 
qui  oorrespondcal  non  an  yolume,  mals  I  la  masse,  des 
corps  pesants. 

En  ^tabllssant  la  loi  du  d^Tdoppement  suocesdf  ou  de 
la  croissance  chex  tons  les  (tres  "vtTants ,  la  nature  a  rendu 
expansWes  leurs  (hcultts  pendant  cette  p^riode  d^existence, 
comme  dies  dimlnuent,  au  contraire,  dans  TAge  de  d^crols- 
sement ,  de  Ta  concentration  ou  du  resserrement  de  la  Tie. 
Plus  la  jeunesseestTOisine  de  fenfance,  plus  les  pulsations 
du  cGBur  sont  rapides,  fortes  ,  pltis  les  organes  s'dtendent , 
se  nourriftsent  promptement  en  tons  sens.  Comme  de  Jeunes 
et  brillantes  fleurs  se  d^ploient  et  s'ipanoulssent  atec  joie 
aux  premiers  rayons  dd  Taqrore ,  et  au  soldi  du  printemps , 
aind  Tadolescence,  l^enfance,  sont  tout  en  expansion.  La 
Tivacit^  natiTedu  oosur  pomse  un  sang  bouillonnant  jusqu'aux 
•xtr^mitte  capillaires  des  art^i^  qui  liennent  s*^i)anouir  vers 
la  p^ph^rie  du  Corps  et  le  dllatent  intessamment;  la  peau 
dors  est  rouge ,  chande,  moite ;  les  pores  sont  ouverts ,  le 
corps  transpire  et  absorbe  beauconp ,  telle  qu'une  4>onge 
avide;  ausd  des  exanthtaies ,  des  ^oresoenoes  cutan^, 
se  manifestent  fr^uemment  chez  les  enfants.  L*ardente 
jeuneHe  aspire  au  mouTement  musculaire;  la  gdet^,  tons 
les  sentiments  expandfs ,  d^pldent  son  moral  non  moins 
quMIs  ^tendent  ses  organes.  Elle  se  complatt  dans  les  pens^ 
Tastes,  audacieuses;  son  imagination  impdtneuse  s'dance 
au  deU  des  bomes  de  TunfTers  visible  :  exaltde,  iilimitde 
dans  ses  d^sirs,  die  ne  redonte  nl  crainte  ni  dangers;  die 
aime  la  guerre,  les  actes  de  valeur,  de  t^^rit^^;  sortout  d6* 
vorte  d'amour,  die  s*^panouit  dans  ce  sentiment  ddlcieux 
et  se  plonge  dans  I'abtme  des  Toluptte.  Ainsi ,  le  (en  vital  et 
cette  premitefe  ivresse  des  anndes  mettent  en  expansibility 
tonte  Torganisation ,  rendent  (Vanc,  uuvert,  et  impriment 
un  caractire  loyal,  magnanimc. 

II  y  a  ansd  une  graude  diffiSrence  d*expanstbititd  snivant 
les  constitutions  ef  les  sexes.  La  femme ,  comme  en  sait , 
est  beauconp  plus  sensible  que  Thomme ;  son  syftt^me  ner- 
veux  est  ^Inemment  expansible  aux  sentiments  tendres 
et  affectaeUx;  sa  compassion  pour  les  infortun^s  devient 
m^me  involontaire  et  toute  spontan^ ,  par  cette  sympatlite 
innte ,  noble  et  touchant  apanage  de  la  plus  aimable  rnoiti^ 
du  genre  humain.  Les  peuples  du  IVord  n*ont  pas  non  plus 
cette  sensibility  exdtablc  d*un  ddlcat  Italien,  d*un  Frangais 
vir  cC  mobile ,  nourris  d^aHitoents  exdtants.  De  m^me,  Tin- 
nooence  rustique  d*un  pAtrene  divdoppcque  les  affections 
naives  d^on  caractire  simple ,  tandis  que  le  cltadin ,  Malr^ 
lite  Tenfance  par  ceU^  Mucatlon  exquise,  laqudle  solllcite 
Irop  rintdlrgence  uu  lejeu  pr6eoce  des  passions,  ^panoult 
oti  resserre  ses  aflections,  les  d^iise  tantAt  sous  le  vemis 
dune  fausse  politesse,  tant6t exag^re  des  dmotlons  factices 
que  dteavoue  eh  secret  un  oa>ur  Insensible  et  glac^. 

Il  est  atuii  des  complexiona  diaodes,  joviales .  Almantes. 


E^PECJQRATION 

comme  les  bommes  sanguins ,  qui  recherdient  lea  plaitirf  de 
fa  sod^^ ,  du  j6n ,' dij  U-^fAter  4t  d&  tlni  boss  tivittli ,  saw 
sonde,  beorenx  ^dirlens,  ami*  de  tmli'll  otonde;  W  ail- 
ment de  leor  bmyaut  baUf  les  cottTersations;  CMhrdnkf  ^« 
b^raux,  obligemitt,  prenant  feu  d^bord ,  mais  late'ee^'pl- 
quer  de  cdnsfamce ,  ils  afment  la'vle ,  et  se  plalMitli  oMh 
muniquer  leur  bonbeur.  diasi  les  btlieuz,  l^xflaasiMIM 
sortout  est  explodv«,  eaaltfe, 'fougueu^;  eH^wae!r<|NiMd 
pas  avec  cettv  chaleur  douce ,  unifpnne ,  eomitaeiliie^itaiet* 
pbto  antour  d*ettx  j  6t  sont  deabouflifes  Vidhnitair^^eol^, 
et  comme  das  ddlotaatftms  impMeoiefi'd^il$a!rilii  d*A- 
cbllle. 

II  y  a,  dureste,  dent ordresd^  past! bides  ^  in^pni* 
iHfes  tiU^eoneenMes,  ParmI  les  preoiidres,  H^lilf  eompler 
la  jofei,'  Pesp^nnce,  le  d4dr,  Pamour,  'la  'cofttpasskm,  la 
tendresse  et  la  colto,  bleu  que  cdI(B*d  inspire  fltMti*€xa  f* 
t  at  ion  que  Pexpandon.  Parmi  fes  eoiMiMlft'As  sent 
les  affections  tristes ,  le  cbagrfn;  la  bdne  «t^i\hrersioa, 
I'antipathie,  la  r^ugnance  ou  lerdi^dt ;  ioutei  lea  esplees 
de  crdntes  ou  de  fVayeurs ,  qui  resserirent  la  peau ,  Mroidis- 
sent  PextMeiir  du  corps  en  refoulant  la  vie  au  dedatfs ;  efles 
font  trembler  les  membres ,  reUdient  les  Uitestfm ,  dWIUait 
le  systtaie musculaire, et dtdguent  pffusou  mofaU  la sensT- 
toiUt^.  Onvoit  poorquoi  les  comolexlons  cbauder'ibnt  plus 
dispose  aux  affedions  expansives;'  <^  lies' Mip6nments 
mdancoKques ,'  fh>ids,  sont  r^rv^.  aux  seiiitlments  eon- 
centrte  et  tristes.  On  cdmprend  ausd  pourquel  Ma  boiseoDS 
spirftneuses ,  les  dimeuts  exdtanta,  pr^ittpteent  le  corps  A 
l^pandbnit^,  et  adduni  etfrnuapauperi,  'Peot-ota  ajouter 
que  les  pasdons  populditft ,  dens  les  r6voltes  ou'  lea  revufu^ 
tions,  se  trtmsmetttent  avec  une  dngnli^  expafurfbiW, 
aind  que  les  sympathies  dans  les  spectacles ,  bu  les  dtnotlbBS, 
soit  de  la  tribune^  soit  du  barreau.  Enlin,  td  est'lVmsde 
Pexpansibiiitd  dun  le  tourbilHrn  du  mbnde-  qb*dl8  pent 
aller  jusqu^i  une  sorte  de  f^toitd  f(4Mre ,  voRlgomte,  bdiil- 
larde,  d'une  l^iret^  incons^entt  et  IncorHgible.  OtXtb 
HnMtude  contracts,  qui  met  toutes  left  faculty  ^  expan- 
sion et  en  reprte  *aOon  ext^rieure,  fhift  par  reodre  te 
cceur  et  Ik  tftte  Tides  de  tons  sentiments  vrsis ,  de  tobies  so 

lidespenste      i.-J.'VwEr. 

.  EXPEGTANTE  (MMedne).  On  dftigne  sous  ce  noi^ 
la  m^thode  qui  condste  I  observer  la  mardie  des  maladies, 
k  les  lalsser  se  d^vdopper  naturdleroent,  et  k'nHntervenIr 
que  loMqu*on  y  est  oblige  par  la  gravity  des  symptdtties. 
Cette  m^tbode,  oppose  k  celle  que  suit  la  m^ecf  iie  af/is- 
santet  prtecnte  de  Pavanfage  dans  certdnes  drobhistanbes, 
mais  ne  saurdt  htre  employ^  dans  toutes  les  dIbcSlbiis  :  IT 
est  des  cas  oti  die  pourrdt  avoir  des  rteiAtats  fiinestea.  G^ 
n^ralement,  on  dolt  se  bomer  k  la  mMedne  expeclante, 
dans  les  maladies  aigu£s  et  peu  profondes,  tendant  I  une 
gu^rlson  sponlan^e.  C'est  surtout  \k  qu'il  fkiit  se  rappder 
CCS  mots  d*Hippocrate  :  Medieus  naturx  ntinister  et  in- 
terpres ;  naturx  si  non  obtemperat,  natures  non  imperat. 

EXPECTANTS.  Voyez  CBEacneuns. 

EXPECTORANTS,  agents  propres  k  fadliter  Pex- 
pectoration  Les plantes  l^rement  aromatlques,  le  ker- 
mis mineral,  la  vapeur  du  sucoin,  Ic  chlore,  et  en 

g^n^I  les  pr6parationsdltes6<^cAijrtfe5dpee/or6/ej^ 
sont  des  expectorants. 

EXPECTORATIO'hl  (de  «x,  hors,  et  pectus,  pec- 
toris,  poitrine),  fonction  par  laqudle  les  poumonsetia 
tracb6e-artdresed6baitassentdesmatliress^cr^tte  par 
les  membranes  qui  taplasent  les  voles  a^riennes.  L^expec* 
toration  est  qudque  chose  de  plus  que  le  simple  cracA<- 
ment,  Dans  le  crachementy  11  peut  ne  se  trouver  que  de  la 
sailve,  et  c*est  m^me  te  caste  plus  oriinaire,  tandis  que 
dans  Vexpectoration ,  les  llquMek  cracb^,  vulgdrement 
nomm^crac  Aa^<,  viennent  de  plus  loin  que  la  nkembtane 
muqueuse  de  la  bouche.  L*expectoralioo  k  Hbu  daos  la 
rbumes,  les  eatarrhes,  les  inflammations  del  poooMMis, 
cdles  de  la  gorge,  soit  k  P^t  algu,  soit  surtout  k  VMm 
Chrottique. 


EXPltolTION 


EXP^DinOft  (Drot/).  On  Bonmie  atesi  la  cople 
molt  «t  HtlMter^  li  miflote a*imillre  <m  d'an«  pl^, 
MIfrte  'pir  m  offinicr  piiblie.  Les  espMUibns  font  fol  de 
M  i|at  «t  eontdlltt  MIX  Mies,  dont  Hi  repr^ntatiott  pent 
•tenMias<M§0m'ttM  etigte  par  ledpersMieA  inttrMste. 
L««si|u6  l»filni  «rfgiiiai  n^exbM  phis,  las  pnurif^frea  expMi- 
tM»  <|ii  en  oal  M  dMivrte  font  la  mflme  fol  que  tt  titre 
tul-niiii^  (Code  Civil,  1335 );  Lte  notairea  Mt  adiria  le  droit 
de^dtfivvr  dea^npMtlfoaia  dm  aetea  dont  ila  potfMent  lea 
Bdniitat;  eklea grefilera,  oelle  dm  Jugeuenti,  dea actes  et 
dea  pf ncta  ▼eitanit  dont  ie  d^pot  ieor  eat  confid.  Lea 
e^dcttioxf  dea  actea  notartte  difltoent  doayroaiai,  ou 
oe  qoMloa  no  aont  paa  revMoaa  do  HaitHoM  dea'  knis,  et  par 
aoH* n'oBiportent  paa  vrec'etlea  l*ex4etition  p^ar^.  Les 
■atalm,  qui  no  peownt  voiitraliidM  k-  raeevoir  des  exp6- 
diliotta  dea  aetea  pante  denrant  en,  dolTent  toujours  ddli- 
▼rer  rellea  qui  leur  sent  demandte  par  lea  partieB  intereaste 
eftaaai  direct,  par  leura  bMiera  on  aiynnt  droit,  sous  peine 
d*7  itieeontraittta,  mteie  par  corps  (Code  do  ProcMore, 
art  830 ).  Qoalit  aux  peraomiea  ^brangirea  k  Tade  et  qui  n*y 
lignreot  pu,  ellea  no  peuvent  en  obienir  expedition  qu^ 
yettn  d'one  aillorisafion;  ioificiaira  on  dhm  JngeineBt,  qui 
prend  H  umn  4e  €ompui40irei  Lea  eipMitiuna  ne  peH- 
vcost  eootettir  plus  de  S5  ttgnea  par  page  de  noyen  papier, 
etfloa  de30  lignea  par  page  de  grand  papier,  i  peine  de 
b  fr.  d'anieoda ;  allea  doirenteontenir  ift  ayliabes  ii  la  Dgne. 
Laa  OLp^ditioBi'ne  pettvent  Hn  foitea  qoe  aur  papier  tim- 
btL  U  JM  pent  itre  dSkft^  deux  actea  k  la  aolte  l*nnde 
fanflie  aor  la  mtee  ibMe*  II  itat  dO  aueun  droit  d'enre- 
gjatiwient  onr  lea  ooplea  dea  actea  qui  doivent  ttre  enregls- 
trte'aur  lea  nrinatea  on  origfnanx :  iea  coplea  oollationnte 
aeut  aeulee  aoundBes  k  I'eoregiatreinent.  A.  HoaaoR. 

EXPEDITION  (Contmn^ions  intfireefes).  Topes 
Boaaoin  ( IropMa  aur  lea),  et  DooANaa. 

EXPJ&MTION  I  An  naiikUre),  operation  ^'araH>e, 
dVoto  durte  plua  ou  moins  longue,  mats  ayant  un  but 
determine  et  un  molif  couibine  d'aTance.  Elle  est  dfrfgc^e 
Tera  m  but  unique,  auquel  toutea  les  autres  coasbinaisons 
soul  eobordonueea,  en  ce  sens  qu'dlea  no  peuvent  dtre 
•dmiaea  dana  le  calcul  dea  evteementa  qoe  poor  ce 
qo'eileaoBt  deteadant  k  Pofajet  qo'on  veot  attebidre.  En 
efliet,  d^  qoTon  a  on  but  d'action  Men  determine  ,11  fiiUt, 
afinquV  a'tolmppe  pas,  pouvoir  y  tendreaveela  rtenion 
da  tana  lea  moyeus  qu*oni  poaiiMe,  et  sana  en  6tre  d^- 
loosai  pdr  des  obtfadea  de  la  nature  de  ceux  qu'on  est 
le  oiattre  d'evMer.  JTemo^is  impedimendSf  hoc  est  ex- 
pediiut  :  leUe  eat  la  Traie  etyroologie  du  mot  expMiiion. 
SouTcnt  ou  Ut  dans  lea  auMra  latins,  et  surtoot  dans  Otair, 
qoe  le  general  d'armee,  soft  pour  pi^venir  Pennemi  sur  on 
point,  soit  poor  extoiter  nncoop  de  niain  rapide,a  marche 
expeditU  legionibus  ou  cohortibus  ( a?ec  desl^ions  ou  des 
eoiuiteadegagdea  de  toot  enibarras).  Cos  operations  etaient 
daveritablea  expeditions  cortantde  la  serie  des  moovements 
oidinalre^  d'armeea*  Le  mot  eat  reste,  mala  Tapplication  a 
graadi.  Ai^ourd'liuf,  poor'qii^one  op^tion  mllitaire  porte 
le  noB*  d*espMti(m,  It  ne  sufOt  plus  qu'elle  soft  executee 
per  dea  tiiHipes  degagees  de  bagages  :  une  ou  pluaieufrs 
nsardwa  forcees  peuyent  etre  dans  ce  eas,  sans  sortir  ce- 
pendant  dela  aerie  des  combinaisona  du  plan  de  eampagne, 
■iannrir  im  but  Una!  iieierrnine  d'avance,  ou  independent 
des  autres;  ces  -operations  soul  alors  plus  exactement  ap- 
pcieea  dea  eo«(|M  lie  tnerHi. 

Dana  renfonce  dea  nations,  ciiez  tons  les  peuptes  barbares 
«ie  fAsie  et  de  Pl^nroite,  cliez  les  Grecs,  roeme  cliez  les  Ao- 
'Oialna^  vrant  qu^ls  eitssentdes  arroeeS  permanentes,  presque 
loitea  lea  gncrrea  ne  forent  qoe  des  expeditions  successives, 
doal  ehneune  ne  duraiti|de  reiendne  de  la  belle  saison.  D^ 
qu^  y  sffilt  do  foarragedaus  les  ciiamps,  on  nHinissait  des 
e«tii|ies,  H  on  allalt  ravager  les  terres  de  son  voisin,  ou  lui 
prcuiiie  one  ou  deux  tWea,  aoit  pour  les  pHler  oo  les  brCleir, 
Mit  pour  lea  eonserfer;  An  ntour  de  rautoinne,  cliacun 
cttat  aoi  pour  i^otunencer  Itenee  auivanle,  si  une 


301 

treye  on  la  paix  tte  vepaient  pas  Suspends  les  detaatatlons 
Longtemps  aprte  retablissement  des  armeea  permanentes 
cbez  les  Remains,  on  retrouve  encore  des  guerres  d^expedi- 
tions  :  celle  de  Cesar  dans  lesGaules,  jusqu'au  moment 
oh  les  Gaulois  reunirent  en0n,  mals  mallieureusement  trop 
tard,  toutes  leurs  forces  contie  lui,  sous  lea,ordFesde  Ver- 

'  cingetorix,  ne  fut  qu'une  s^rfe  d^exgedifions  cootre  des 
peoples  quil  so'umit  isoiement.  L^etabljssement  des  Francs, 
dea  Goths,  des  Lombards,  et  des  autres  barbares  asiatiques 
dans  Tempire  remain,  amenereot  Pusage  des  guerries  d'ex- 
peditions,  ou  plul6t  ft  n'y  en  eut  plus  d*aulres.  L*esprit  de 
rapine  et  de  brigandage  de  ces  Tatars  de  V.Occident,  organise 
et  favorise  par  le  regime  Tf^odal,  se  deploya  tout  a  son  aise. 
Chaque  chef  de  brigands,  ipdependant  de  droit  de  seis  ca- 
marades,  et  souTent'meme  de  celul  qui  etait  le  chef  nominal 
de  tons,  se  lim  sans  contrainte  k  ses  goOts  de  pillage  euTers 
ses  voisins  et  quelquefbis  eoTers  les  passanta,  sur  les  grands 
cliemins.  On  ne  fit  plus  la  guerre  que  pour  cela.  Nous  Toyons 
en  eRet  en  France  jusque  sous  Henri  II,  et  en  Allemagne 
jusqu^au  temps  de  la  guerre  de  trente  aps,.  llcencier,  apr^s 
cliaque  expedition^  ou  k  cbac^uepaix  on  treve  partielle,  les 
troupes  qui  avaient  servi,  pour  en  lerer  des  nouvelles  k  la 
reprise  des  hostUites, :  c^est  ce  qu'oa  appeUit  dresser  une 
arnUe. 

Depiiis  que  le  metier  de  la  guerre,  soumis  k  des  r^les 
theoriques,  est  deyenu  une  science;  qu'on.ne  peut  plus 
avancer  quemethodiquementetprogressivement,  et  toujours 
appuye  sur  une  base  soUde,  les  expeditions,  qui  sent  des 
mouTements  excoitriques,  et  demandant  dee  precautions 
speciales,  sent  devenues  bien  moins  rrdquentes;  ce  sent  des 
episodes  qui  trouTcntrarement  place  dans  un  plan  blen  coor- 
donne;  et  II  n*y  a  guere  qu'uiie  faute  de  rennemi  qui  puisse 
y  donner  occesion.  La  conquete  de  la  Franche-Comte 

'  par  Louis  XtV  fut  une  expedition  mal  preparee  d'abord , 
puisqu'elle  pensa  ectiouer,  parce  qu^aucun  magasin  n*avait 
ete  prepare,  mals  qui  reus^it,  parce  que  les  combinalsons 
iDJlftaiFes  furent  bonnes.  Dans  les  guerres  de  la  revolution 
franfaise,  la  conquete  de  la  HoUande  par  Picbegru  fut  une 
expedition  bien  combinee  et  bien  executee^  dont  les  resultats 
chang^rent  k  notre  avantage  le  plan  de  la  eampagne  sui- 
rante.  Pendant  les  campagnes  d'ltaliedu  general  Bonaparte, 
cclle  qui  fot  resolue  centre  le  pape,  et  qui  finit  par  le  trails 
de  Tolentino,  fot  egalemeiit  dne  expedition  qui  nous  deilvra 
de  quelques  mouclierons  bourdonnant  ii  notre  droite.  De- 
pais  lors  nous  ne.  voyons  plus  dans  I'ancien  continent 
d^autre  expedition  proprement  dite  que  celle  qui  amena  la 
conquete  d'Alger.  Celle  deMoree  fut  un  episode  meio- 
dramatique,  degage  non  pas  de  tKtgages  et  d^autra  emiiarras 
d'arm^e,  mais  de  toute  combinaison  strategique.  Le  guerrp 
d*Espagne  (^  lS23ne  me  paralt  avoir  ete  ni  une  guerre 
ni  une  expedition;  Tensemble  en  fut  une  espece  de  saluii- 
gondis,  oil  les  mouvements  niililaires  ne  servirent  qu^ii  don- 
ner une  cooleur  aux  comhinaisons  diplomatiques,  ou  k  cou- 
vrir  les  deiectioils  achetees.  [Nous  parlerobs  ailleurs  des  ex- 
peditions d'AncCne,  en  1832;  de  Rome,  en  1849;  de 
Grece,  en  1854.] 

Une  expedition,  soit  qu^elle  precede  ou  commence  uno 
guerre,  soit  qu*elle  Ut  lieu  au  milieu  des  operations  d'une 
eampagne  dont  elle  se  detaclie,  demande  beaucoup  de  re- 
flexion, des  combinaisons  bien  con^ues,  et  des  inoyens  bien 
assures i  c'est,  pour  ain.4i  dire,  une  guerre  ajoutee  ii  une 
guerre  parce  qu'elle  cxige  des  preparatifs  d*action,  de  reus- 
site  et  de  consenration,  ind^p^dants  de  toutes  chances  qui 
peuTcnt  se  presenter  en  dehors.  Si  elle  precede  ou  com- 
mence une  guerre,  11  n'en  faut  pas  moirts  que  les  moyens  de 
faire  ou  de  continuer  ccjtte  guerre  solent  prepares  ou  reunis, 
independamment  de  TexpeditiOn ,  et  de  maniere  non-seu- 
lement  k  n'avoir  besoin  de  disposer  de  rien  de  ce  qui  y 
appartient,  ce  qui  la  ferait  echouer,  mais  encore  li  pouvoir 
Pappbyer  et  en  assurer  le  succes. 

Une  expedition  foite  pendant  la  duree  d'uile  guerre,  et 
qui  se'deuche  pour  ainsi  dire,  iu  milieu  dee  operatious 


EXPJ^DITION  -^  EXPJ&RIENCE 


908 

iTuiM  campag&e,  «st  beoocoap  plus  dtiicate  et  plus  difBcOe 
a  eUe-mtaae  :  die  exige  des  conditioM  pr^alables,  que  le 
htitnl  ne  bit  pas  toujoore  nattre,  et  dont  mdme  dans  ce 
eas  !•  taliDt  ek  Padreasa  peoYeni  seuls  profitery  en  roteie 
temps  que  la  prudence  les  assure. 

G*^  6.  M  Vaodomooubt. 
EXP^ITION  NAVALE  oo  MARITIME,  mission 
spteiale  donnto  k  des  bitiments  de  guerre,  et  qui  doit  Mre 
rampUe  par  des  forces  plus  ou  moins  oonsidtobles.  Ordi- 
nairement  cetle  expidiiion  est  une  attaque  impr^yue  contre 
reouemi,  soit  pour  d^barquer  des  troupes  sur  une  plage, 
soit  pour  appuyer  one  demande  en  reparation  d'insuUes  fiUtes 
k  on  paTilion  ou  k  un  consul ,  soit  pour  s*emparer  d*un 
coDTOi,  soit  enfin  pour  transporter  une  armte  d^optotions. 
On  distingue  de  grandes  exp^tions,  commescelles  d*£r> 
gypte,  de  Saint-Domingue,  etc;  de  petites  exp^itions, 
telles  que  ceiles  de  Duguay-Trouin  i  Rio-Janeiro,  du 
eoiomandant  Gourbeyre  k  Foulpointe,  de  Tamiral  Roussin 
dans  le  Tage,  etc  QudqncTois  des  forces  nayales  partent 
pour  une  expMition  incbnnue,  c'est-^ire  que  Ton  a  touIu 
tenir  secrMe.  Dans  ce  cas,  des  instructions  cachette  sont 
remises  au  commandant  de  YexpidUUm,  avec  ordre  formel 
de  ne  les  ouvrir  qu*en  mer,  k  une  hauteur  determine.  Ar- 
riy^  an  point  fix^,  le  commandant  fait  un  procte-rerbal  de 
Touyerture  des  d^ptebes,  qui  le  plus  sonyent  doiyent  6tre 
lues  en  conseD,  el  Pexp^tion  prend  la  noovelle  direction 
qui  lui  est  indiqu^.  Mebun. 

EXPEDITIONNAIRE,  em  ploy  6  en  sous-ordre, 
charge  dans  les  admhiistrations  publiques  de  recopier  et 
mettrean  net  la  conespondanceque  les  oommisrMacteurslui 
donnent  k  transcrire.  L*etymologie  dece  mot  indiqueassesE  la 
nature  dn  trayail  qu*on  exige  de  cette  classe  ignoree  et  souf- 
fireteuse,  en  ^change  de  la  maigre  pitance  que  lui  allooe  le 
budget  :  expMitlonnaire  yient  ^yidemment  d'expediref 
fkire  et  fUre  yite.  Le  trayail  manual,  yoiU  le  lot  de  Texpedi- 
lionnatre;iiecrit,  ou  phit6t  il  moule,  il  pelnt  la  pens^e 
d*autrui ,  et  tailie  sa  plume  p^ant  qu^un  autre  cherche 
one  penste,  une  expression.  II  copie  dMnstinct,  comme  le 
bcBuriaboore,  parce  qull  est  expeditionnaire,  et  que  le  but 
de  son  existence  est  la  copie.  L*emploi  d*expeditionnaire 
est  asset  ordinairement  le  premier  pas  des  Jeunes  debutants 
dans  la  carri^  administratiye.  Aprte  un  long  sumume- 
rariat ,  cela  semble  toutf^fait  bon  et  confortable  de  toucher 
12  ou  1,500  francs  par  an.  Mais  malheur  k  celui  qu'une  in- 
trigue ministerielle  ou  sa  capacite  n*arrache  pas  blent6t  de 
ces  bureaux  ignores,  poadreux,  oil  le  trayail  fait  concur- 
rence aux  presses  autographiquesi  T.  Trigoit. 

En  termes  de  commerce,  expAiitUmnaire  se  dit  de  ce- 
lui qui  est  charge  accidentellement  par  un  autre  de  faire  un 
enyol  de  marchandises,  ou  de  celui  qui  ftft  habituellement 
des  enyois  de  marchandises ,  par  terre  ou  par  eao,  pour  le 
compte  d^autrui.  On  donnait  autrefois  ce  nom  k  certains 
banquiers,  etablis  en  France,  qui  se  char^eaienl  d'obtenir 
en  cour  de  Rome,  moyennant  coiftmisslon,  les  resents,  bulles, 
proyisions,  dispenses,  etc.,  expMUUnu  de  la  chancellerie 
ou  de  la  daterie,  dont  les  Fran^ais  pouyaient  ayoir  besoin. 
EXPJ^EUENGE.  Dans  son  acception  phllosophique  la 
plus  rigoureuse,  ce  mot  signlfle  la  eonnaissance  des  faits 
qui  se  manifestent  ou  se  sont  manifestes  k  nous,  qui  sont 
tombes  sous  les  regards  de  notre  intelligence,  que  nous 
avons  nons-memes  en  quelque  sorte  ^prouv^,  (Test  ce 
qu^indique  le  mot  eaeperiri^  qui  yeut  dire  ipromer^  et  d'oil 
Ton  a  forme  le  mot  expMence.  Depuis  que  j*exlste,  le  Jour 
a  regnUerement  succede  k  la  nuit.  Telle  substance  m^a 
nourri,  telle  autre  m'a  desaltere;  J*ai  yu  la  terre  produire 
certains  fruits,  etCt  etc;  mon  esprit  a  acquis  des  connais- 
sauces;  fai  passe  par  des  alternatives  de  peine  et  de  phd- 
sir;j*ai  pris  colaines  determinations,  accompli  certains 
actes,  etc,  etc.:  yoil4  le  domaine  de  Texperience. 

On  oppose  ordinairement  la  raison  k  Texperienee,  et 
die  en  est  leellement  distinctc,  qiiotque  yiyant  toutes  d«tix 
ten  lliomnie  et  concoonnt  k  lid  donner  toutes  ses  con- 


naissances;  ear  la  raison  et  Pexperienoe,  e'est  tout  Pen- 
tendement.humain.  Si  Pexperlence  noosdonne  la  eon- 
naissanee  de  certams  laits,  la  raison  nous  permet  de  ^hd- 
raUser  les  idees,  nous  rey^le  les  rapports  nScessairei  d 
toutes  les  conseqoences  qu'on  en  pent  deduire;  eUe  noos 
reyeie  anasi  U»  Mm  de  la  nature  physique  ou  morale  et 
toutes  leors  applications,  n  y  a  done  en  noos  deox  cboses 
hien  distlnctes,  d'une  part  la  eonnaissance  des  faita  qui  as 
sont  manifestes  4  nous,  et  que  nous  ayons  recoeillis  par  nous- 
menies;  d'one  autre  part,  les  inductions  que  nous  ayons 
tii^  de  ces  faits ,  et  au  moyen  dcsqucUes  nous  ayons  si 
prodigiensement  agrandi  le  oercle  etroit  de  nos  connais- 
sances  IndiyidueUes.  Ckminie  on  a  remarqoe  entre  ces  deux 
sortes  d^aoquisitions  inteUectoelles  une  diffifirence  esien- 
tielle  etprofonde,  on  les  a  jnstement  attribneee  k  deox 
pooyoirs  de  Pesprit  diiierents.  On  donne  au  premier  le  nom 
^^eacpMenee^  au  second  cdui  de  raifon. 

En  separant  le  domaine  de  Pexpeiience  du  donudne  de 
la  raison,  nous  ayons  resolu  la  c^ebre  question  de  Porigine 
des  idees,  qui  a  si  longtemps  diylse  les  philosophes  et  les 
a  partages  poor  ainsi  dire  en  deux  camps,  oh  Pon  yoit  d*on 
cete  lea  partisans  de  Pexperience,  de  Pautre  lea  partisans 
des  idees  hinees.  Or,  on  entend  par  partisans  de  Pexpe- 
rienoe, 00  philosophes  tmpMques^  cenx  qui  yenlent  que 
toutes  nos  kiees  nous  soient  acquises  par  le  f^  de  Pexpe- 
rienoe aenle,  et  qui  regardent  la  raison  comme  one  faoilte 
imagtaiaire,  dont  la  supposition  n^est  nnllement  necessaire 
pour  expUquer  Pacqnisttion  de  nos  connaissancea. 

Par  vMtis  d^expMenee  on  doit  seolement  entendre  les 
yerites  rdatlyes  aux  Mts  que  Pexperience  noos  ntteste;  car 
ce  n*est  point  Pexperience  qui  nous  donne  par  elle^meme  ces 
yerites,  ou,  si  Pon  yeut^,  la  loi  d'un  fait  ne  condent  point  sa 
loi,  il  y  est  contenn ,  puisqu'il  n*en  est  que  Pappiicatioo. 
La  croyanoe  k  Pexistence  et  k  la  stabilite  de  cette  loi  nous 
est  bien  inspire  k  Poccaslon  du  fait,  mals  elle  n'est  pas  la 
croyance  k  ce  fait,  car  le  fait  et  la  loi  sont  deux  cboses  bien 
distindes. 

Le  mot  experience,  dans  la  langoe  usuelle,  a  tin  sens  bien 
moins  restrdnt  que  dans  la  langue  philosophiqne.  On  en- 
tend  communement  par  experience  non-seofement  la  eon- 
naissance des  felts  qui  se  sont  prteentes  k  nous ,  umIs  en- 
core toute  Pinstruction  qoe  nous  ayons  pu  en  tirer  au  moyen 
de  Pinduction.  Mais  on  entend  tou  jours  par  ce  mot  les  con- 
naisssances  que  Pon  acquiert  par  soi-meme.  Ainsi,  on  dira 
d*un  homme  qu^il  a  une  grande  experience  des  aiTaires, 
lorsqu*il  lui  en  est  beaucoup  passe  pa  les  mains  et  qull  les 
a  conduites  habilement.  II  en  est  de  mdme  d*on  homme 
qui  a  yoyage,  qui  a  examine  ayec  aoin  le  caract^,  lea  mceots 
des  peuples  qu'il  a  ylsltes, 

Qai  moret  bominum  4nultoram  vidit  et  urbet; 

on  dirade  Id  qu'il  connelt  jMir  experience  ce  que  lesantres 
n*ont  appris  que  dans  les  liyres.  Bien  sonyent  en  effet  le 
mot  experience  est  oppose  an  mot  iMorie^  et  se  tradoit 
alors  par  celui  de  pratique.  Ainsi,  on  dit  d*un  mededo 
qull  a  beaucoup  de  pratique,  c'est-4-dire  d*experieoee,  lors- 
qo*n  a  pu  obseryer  et  traitor  par  lui-meme  un  grand  nombre 
de  maladies.  Dans  le  sens  oh  nous  prenons  ici  1«  mot  ex- 
periencCf  il  ne  sufQt  pas  poor  en  acquerir  d'ayoir  yu  bean- 
coup  de  faits.  II  faut  etredouejusqu'4  un  certain  pofaitde 
Pesprit  d*obseryation,  il  faut  examiner  les  faits ,  les  dUt^ 
render,  les  rassembler,  remonter  k  leurs.  causes ,  en  lirer 
des  inductions,  s*eieyer  aux  consequences  qui  aortent  de 
ces  inductions,  etc.,  si  l*on  yeut  acquerir  cdte  histrudioB 
rfolle  d  applicable  que  Pon  nomme  experience.  Ckwibien  ds 
gens  out  traverse  la  vie  au  milieu  de  faits  nombreux  bien 
propres  k  leur  donner  d'utiles  ensdgnements,  qui,  doming 
par  leurs  prejugte  ou  leurs  passions,  n'ont  sn  reCirer  ancon 
firuit  de  tous  les  evenements  auxquds  lis  out  assiste,  d  dont 
on  peut  dire  quHls  ont  beaucoup  vu  ei  rien  apprifi 

Qiiand  le  mot  experience  s'einploie  d*une  maniere  ahaolua, 
il  se  prend  alors  dans  un  sens  particuHer  d  aert  k  designer 


EXPERIENCE  —  EXPIATION 


209 


rekp^rienoequeron  aeituiertsar  la  nature  morale  de  rhomme 
et  sur  le  coars  habitoel  dett  ^vtoements  dans  la  Tie  sociale. 
Ainsi^  Ton  dit  que  les  Tidllards  ont  plus  d*exp4rience  que 
les  jeunes  gens.«  parce  que  la  longue  carrito  qu'ils  out  par- 
eooroe  leer  a  permis  de  connaltre  un  plus  grand  nombre 
dliommeSy  de  les  stiiTre  dans  la  vie,  de  juger  de  leurs 
actions  et  des  motifs  qui  les  ont  fait  agir,  d*ol>ser?er  la  dif- 
ibenoe  des  caract^res,  des  penchants,  des  habitudes,  et  les 
diTenes  eons^quence^  auxquelles  ahoutissent  les  difTi^rentes 
modifications  de  la  nature  humaine,  etc«,  etc.  Cette  sorte 
d*exp6rience,  qa*on  semble  regarder  comme  VexpSrienee 
proprement  dite,esten.efret  U  plus  importante  pour  Phomme, 
potsqo'dle  loi  enseigne  k  se  condnire  dans  la  Tie  et  ^  se 
garantir  des  toieils  dont  elle  est  sem^.  Mais  si  die  est 
U  pins  importante,  elle  est  aussi  la  plus  difficile  k  ac- 
qoMtf  en  xaieon  des  nombreuses  causes  d*erreur  qui  agis- 
sent  dtans  ce  cas  pour  nous  tromper.  St  quelques  hommes 
parfieonent  k  oetteexp6rience  si  pr^ieuse,  ce  n'est  qu'apr^ 
ayoir  parcoom  tonte  lent  carriire  au  milieu  des  a^^tations 
et  des  orages  de  la  vie,  aprte  avoir  i^t^  mille  fois  dupes 
d'cnx-mtoies  et  de  leurs  semblables,  mille  fois  bless^ 
dans  leurs  affections,  mille  fois  tromp^s  dans  leurs  esp^- 
rancesy  et  c  est  an  moment  o^  ils  ont  acquis  cette  exp^rienc^ 
qui  leor  a  cottt^  si  cher^  quTelle  leur  devient  inutile. 

C.-M.  Paffe. 

EXPERT,  EXPERTISE.  Le  mot  expert  Yient  du  latin 
expertus,  habile,  et  s'emploie  ponr  d^gner  celui  qui  est 
d^nne  grande  habilet^  dans  son  art,  dans  son  mdtier,  celui 
qui  a  des  oonnaissances  sp^ciales  telles,  qu'on  pent  s'en 
rapporter  i  son  avis,  quand  il  s*agit  d'nn  cas  douteux  rentrant 
dans  sa  spMalit^.  Dans  les  temps  primitifs,  les  contestations 
snr  bten  des  matiires  devaient  6tre  naturellement  portto 
derant  des  experts :  aussi  trouTons-nons  chez  les  Romalns 
des  experts-arpenteors,  des  experts- priseurs,  dontle  nora 
seal  indiqoe  les  attributions.  L'instUntion  des  experts  s'est 
maintenue  josqu^ii  nos  jours,  et  nos  lois  ont  r^l^  aTec 
soin  la  mani^  dont  ils  seraiect  choisis,  V expertise  k  laquelle 
ils  deraient  se  livrer,  et  le  rapport  qui  derait  ^tre  le  r^ultat 
de  cette  expertise.  Les  experts  sont  ctioisis  par  les  parties, 
on  par  les  tribunanx,  avec  facility  aux  parties  d*en  d^igner 
d'aotres  dans  les  trois  jours,  par  d^aration  faite an  greffe. 
lis  doirent  6tre  trois,  k  moins  que  les  parties  ne  consentent 
k  ce  qn*U  soit  proc^d  par  nn  aeul.  Ilsne  peuvent,  quand 
ik  ont  accepts  la  mission  qui  leur  est  attribu<Se,  refuser  de 
la  rempKr.  Ils  peavent  ^tre  r^ns^  par  les  parties,  lorsquMls 
sont  nornm^  d'officCf  on  dans  les  cas  od  les  timoins  peu- 
▼entfitre  reproch^  Ilspr^tent  le  serment  de  rempllr  Mh- 
lement  lears  fonctions.  Aprte  8*6tre  WsHa  an  traTail  d'exa- 
men  qui  lenr  a  M  confix,  les  experts  procMent  k  la  r6dac- 
tioo  de  leor  rapport;  ils  ne  doiyent former  qu'un  ayis,  k  la 
plnialit^  des  toIx,  mais  ils  peuTent  n^anmoins,  en  cas  d'avis 
diff^rentSy  indiquer  les  motife  d^ermlnant  des  diff^rents 
ayiSy  sans  Cure  connaltre  ceux  qui  les  ont  tola.  L'avis  des 
exptsis  BC  fidt  point  lol  ponr  les  jnges,  et  si  les  r6sul- 
tats  d'ane  seconde  expertise  leur  semblent  nteessaires  pour 
^clairer  leur  eonscience,  ils  peoyent  Tordonner.  Mais  le 
plttssoorent  les  tribunanx  s*en  rapportent  au  dire  des  experts, 
dont  ils  ne  font  qu^homologuer,  nous  ne  dirons  pas  la  sen- 
tence, let  experts  n'ayant  point,  comme  les  arbitres,  le  carac- 
Vtre  de  jnees,  mais  Topinion  motivte. 

EXPIATION*  Ce  mot  signifie  r6paraiton^  saiisf  action 
pour  ttne/aute.  Si  les  soufTrances  qui  se  manifestent  dans 
ce  monde,  sons  des  formes  si  yarite,  sont  destine  k  faire 
aceomplir  la  loi  de  Texpiation ,  oela  pr^uppose  quelque 
grande  att^ratton  dans  la  nature  de  Phomme,  un  yice  ori- 
pnel  ei  primordial,  rtenltat  de  la  yiolation  de  qnelque  loi 
de  mh  existence.  II  serait  difRcile  de  penser  en  eCfet  qae 
llkoffliiie,  ayec  tontes  ses  mis^res  et  toutcs  ses  passions, 
STcc  ses  saoyages  Instincts  de  destruction,  fttt  ainsi  sorti 
det  maljH  de  son  Cr^tenr.  Dans  eet  dtat  de  d^cli^ancc 
et  de  noallieur,  oe  ponyant  plus  s*^leyer  ju3qu*k  Dieu, 
u  fin  dernltn,  la  mort  et  d'^temelles  doulcurs  eussent  6X6 

MCT.    DB  LA  OONyiRS.  —  T.  !¥. 


son  partage,  si  Texpiation,  lol  d'amour  et  de  mis^corde, 
dont  la  forme  typique  est  repr^sent^  par  un  Dieu  fait 
bomroe,  mourant  sur  la  croix  pour  le  saint  du  monde,  n*^it 
yenuelui  donner  Tesp^rance  de  la  rehabilitation  et  le  moyen 
de  reconqn^rir  les  desi*nte  magnifiques  qui  Ini  ^talent 
^app^s,  et  m6me  de  plus  belles  encore.  Par  Texpiation, 
la  trace  ou  la  souillure  que  le  mal  a  laisste  sur  TAme  est 
eflhcte ,  et  rbarroonie  est  r^blie  dans  le  monde  moral , 
ou,  pour  parler  th6ologiqnement,  la  justice  de  Dieu  est 
satisfaite.  dependant,  il  ne  suflit  pas  qnll  y  ait  souffranoe 
pour  qu*il  y  ait  expiation.  II  faut  que  la  yolont^  ac- 
cepte  la  souflrance  et  Taccueille  comme  nn  bien,  ou  an 
moins  s*y  r&igne :  telle  est  la  doctrine  cathoUque,  telle  ^it 
aussi  la  doctrine  de  Platon.  II  laut  en  outre  que  Ttoe 
habite  un  monde  oil  I'expiatlon  soit  possible.  Sur  la  tenre 
il  n'y  a  pas  de  soufTrances  qui  ne  puissent  Ctre  expiatoires, 
parce  que  la  justice  de  Dieu  ne  s^y  exerce  pas  d'une  ma- 
ni^re  d^mitiye  et  absolue.  La  souffrancela  moins  yolontaire 
dans  le  principe  peut  deyenir  par  la  yolontd  du  patient  un 
moyen  de  salut  et  de  yie. 

Dans  les  croyances  catholiques,  il  y  a  un  lieu  autre  que 
la  terre,  qu'elles  destinent  plus  sp^cialement  k  Texpiation, 
c^est  lepurgatoire:  monde  dinexprimables  soufTrances , 
nnais  qui  cependant  yant  mieux  que  celui-d,  car  la  certi' 
tude  du  bonheur  y  remplace  I'esp^rance. 

C*est  dans  les  Soirees  de  Saint-Pitershourg  qu'il  faut 
yoir  tout  ce  que  le  g^ie  de  leur  auteur  a  jet^  de  lumi6r«' 
sur  cette  importante  mati^re,  k  Taide  des  traditions  uni- 
yerselles;  comment  il  ^tablit  que  I'id^  d*une  satislactiou 
due  k  la  justice  de  Dieu  a  exists  chez  tous  les  peuples,  et 
comment  ceox«ci  ont  toujours  admis  en  pratique  la  ne- 
cessity du  sacrifice.  Platon  ayait  admirahlement  saisi  et 
d^veloppe  le  yeritable  caract^re  de  Texpiation.  On  trouye 
cette  sublime  doctrine  expos^e  dans  le  Gorgias^  ayec  des 
donn^es  qn*on  croirait  emprunt^es  au  christiamsme. 

L'expiation,  qui  est  une  des  grandes  lois  de  I'ordre 
moral,  est  aussi  une  des  premieres  lois  de  I'ordre  social.  Elle 
ei^ye  I'humanite  yers  le  monde  inyisible,  d^od  ^mane  tonte 
yie.  Elle  donne  de  sublimes  accents  de  g^missement  et 
d'esp^ranco  k  Part,  dont  la  mission  est  de  faire  aimer  le 
yrai  par  Tintermediaire  de  la  beauts.  Elle  soutient  et  con- 
serye  la  society,  qui  sans  elle  irait  bientdt  se  perdre  dans 
la  degradation  de  IMtat  sauyage,  en  r^parant  les  rayages  et 
en  effa^nt  les  traces  du  d^sordre  que  le  mal  et  le  crime , 
sans  cesse  renaissants,  y  entralnent  ayec  eux.  Aussi  est-ce 
un  deyoir  pour  le  pouyoir  social  de  faii'e  accomplir  Pexpia- 
tion  dans  une  certaine  mesure;  de  ]k  Torigine  et  la  necessity 
de  la  justice  penale.  H  doit  egalement  proteger  et  fayoriser 
tout  ce  qui  tend  k  raccomplissement  yolontaire  de  cette  loi, 
ou  au  moins  ne  pas  y  mettre  d'obstacles.  Tonte  th^orie, 
toute  legislation,  tonte  mesure  gouyemementale  qui  alTaiblit 
ou  entraye  Taction  de  cette  force  organique  de  la  societe , 
attaque  ou  detmit  celle-ci  dans  la  meme  proportion.  11  y  a 
done  plusienrs  esp^ces  d'expiations :  Fexpiation  infligee  di- 
rectement  par  Dieu  m^me  sur  rhumanite  :  c*est  le  trayail ; 
ce  sont  les  maladies,  les  calamites  et  toutes  les  soufTrances 
auxquelles  Thomme  est  expose  sur  la  terre;  l'expiation  in- 
fligee par  le  pouyoir  social,  dans  Pinteret  et  pour  la  conser- 
yation  de  la  societe ;  puis  enfin  l'expiation  yolontaire,  qui 
se  manifests  et  s'accomplit  par  le  sacrifice  et  rabnegation 
de  soi-mtoie,  par  les  priyations,  les  mortifications  et  les 
durs  trayaux  entrepris  pour  plaire  k  Dieu  et  seryir  Pbuma- 
nite. 

EXPIATION  (Fete  de  I'),  chez  les  Juife.  EUe  se 
c<^iebre  le  dixieme  jour  du  mois  de  tisri.  Dieu  ordonne 
cette  f&te  dans  le  L6vitique  (  ch.  xxiii,  y.  27  &  3S  ).  En  ce 
jour,  le  grand-pretre  confessait  ses  fautes,  et,  aprto  plusienrs 
ceremonies,  il  se  soumettait  k  Texpiation,  qui  layait  le  peuple 
de  ses  peches.  On  oCTrait  ensuite  an  holocauste,  et  Ton  ne 
faisait  aucune  oeuyreseryile.  CTetait  le  seul  jour  ou  le  grand- 
prCtre  cntrftt  dans  le  Sancta  sanctorum,  le  lieu  le  plus 
faint  du  temple.  Aprte  8*etre  laye,  il  se  reyetait  de  v6tenients 

2. 


3t0 


EXPIATION  —  EXPLORATEUR 


de  lln.  II  prenait  on  Jeane  taureau  roux  pour  TofTrir  en 
^piation  du  p^ch^  et  un  Nlier  poar  roffriir  en  hofocauste. 
Lc  peuple  lui  pr^QU4t  deu\  bpuo^  et  «n  belter.  U  con- 
duisajt  ies  deux  boucs  I  la  porte  du  taoernacle  i  et  Jetait 
an  sort  sur  ce$  deux  Tictimeg,  4ont  Tune  ^talt  pour  Dieu 
et  Tautre  devenajt  le  b o  u  c  6 m  i  s  a  a  ir  e.  II  aaciiOait  le  pre- 
mier;  Q  i^rteutait  Tautre  tout  viyant  au  Se^pMur;  it  aacri- 
^t  le  jeune  taureau  pour  lui  et  pour  aa  famille,  et  ces 
deux  aacnfices  ackev6s,  mettant  sea  01^9  sur  la  ti^te  de 
I'autre  bopc,  il  coufessait  toutes  lea  iniqullte  4'Urael;  puis 
il  lanfait  ce  bone  dans  !e  desert.  Aujourdlinl,  lea  Joifs  fee 
?ents  n^observent  plus  cea  cir^iponies ,  mais  ils  oflrent  no 
coq  ponr  victime,  |eOneQt  du  premier  Jour  du  roois  au 
dixi^me,  prient  beaocoiip  et  ne  man^ent  point  ces  joura*U 
lie  pain  p^tri  par  des  mama  ehr^tiennes. 

Les  Greca  et  Ies  Romaips  avaieqt  aussi  leura  expiations  9 
accompagn^ea  de  diverses  c^rt^ouies.  On  en  faisait  pour  les 
Tilles  comme  pour  les  personnes  coupables.  Apr^  que  le 
jeune  Horace  eat  ^t^  absous  par  le  peuple  du  meiirtre  de 
sa  aoeur,  il  fut  parilid  par  toutes  les  expicUions  que  les  lots 
das  pontifea  avaient  prescrites  pour  les  meurtres  involon- 
taircs.  Lorsque  les  homicides  6taient  de  haul  rang,  lea  roia 
eux-m6mes  ue  dddaignalent  pas  de  iaire  la  c^r^moQie  de 
Texpiation. 

EXPIRATION  «9  4it,  en  droit,  du  terme  assign^  pour 
acconiplircertaines  fomialK^oonservatoiiea ;  iVxpiraliup  des 
d^ais  d*ap|iel9  c'est  le  Jour  oti  ces  dSala  fioisseot.  Ia  coq- 
naissance  de  I'expiration  du  d6lai  est  d^une  haute  importance 
dans  la  proc^ure,  et  les  ipterpr^tations  auxquelles  e)le  donn^ 
quelquefois  lieu  attestent  combien  il  impoile  aux  parties  de 
a'en  pr^oceuper.  En  gi6n^ral|  ni  le  premier  ni  le  deri^jer  jour 
d'un  d  61at  ne  sont  compt^s;  c*est  ce  qu^on  appelle  le  d^lai 
Iranc.  Quand  les  ddaia  sont  moindres  d*un  mois,  et  se  comp- 
lent  par  Jour,  le  jour  t^rme,  Texpiration  en  arrive  le  der- 
nier jour  flranc;  quand  ils  sont  calculi  par  mojs  ou  par  an- 
n^,  le  quanti^me  leur  aert  4e  r^lateur,  sans  que  Ton 
tiepnecompte  du  nombre  de  jours  du  mois  ou  de  Tapn^e;  le 
jour  de  Texpiration  est  alors  le  lendemain  duauanti^mede  la 
date  du  d^lal  (Ix^.  VexpiratUm  se  prolonge  de  vingt-quatre 
lieures  lorsqu'elle  tombe  le  dim^nche  ou  un  jour  C^ri^.  Mais 
oette  r^le  n^est  pas  appiicil>te  aux  longs  d^lais,  dans  laquelle 
la  jurisprudence  n*acoorde  pas  toujoursle  jour  franc.  L'expi- 
ration ,  lorsque  la  partie  int^ress<^  k  faire  des  actes  conser- 
vatoires de  ses  droits  dans  le  temps  ipctlqu^  9  Q^Hg^  l^ac- 
complissement  des  formality  voiUoes«  eotraUie  pour  elle  la 
d<ich^ance. 

EXPIRATION  ( Physiohgie).  Vaye:i  Hespiratiqiv. 

EXPLICATION  so  dit  de  VacUon  d*expliquer  ou 
pliil6t  de  faire  comprcndre  par  une  d^-monstration  ddre 
et  nette  une  cltose  obscure,  amblgud  ;  alnsi,  Ton  expliqoe 
une  propU^tie,  un  oracle,  une  ^nigme.  On  donne  ordinal- 
rcment  aussi  ce  nom  au  discours  que  fait  un  professeur  apr^ 
sa  dict^  pour  en  fecUiter  Tintelligeiice  aux  ^coliers.  L'habi- 
tude  de  I'analyse,  ou  dela  d^mposition  des  chosesqn'on 
veut  faire  compreqdre,  est  le  prfpclpal  moyen  pour  arriver 
k  expliquer  facllement.  11  se  dit  quelquefois  de  oe  qni  aide 
h  Irouver  la  cause,  le  motif  d*une  chose  dlfUdle^  conce- 
Yoir  :  Donn^r  k  quelqu*un  Vexplication  d^un  fait.  II  s*cn- 
tend  aussi  d*une  simple  demonstration ,  d'une  ^num^ation 
de  details  1  Vexplication  de  la  spli6re,  explication  anato- 
mique.  Ce  mot,  en  termes  de  b  avache,  signifle,  enfin^  Tacte 
par  lequel  on  se  discuipe  d'un  m^fait,  les  raisons  que  Ton 
donne  k  quelqu^un  pour  s^  justifier  d*un  tort  dont  on  s*est 
rendu  coupable  envcrs  lui.  Billot. 

La  prudence  present  de  ^avoir  se  bomer  4  des  explica- 
tions et  k  des  applications  suffisamment  ratlonnelles  dans 
chaque  ordre  de  connaissances  huroaines.  H  n*appartient 
qu'li  UM  intelligence  fnflnie  et  &une  raiaon  supr^e  de  pou- 
volr  expliqner  tooa  lea  fliits  vlsibles  00  invisibles.  L'esprit 
hnmain  s'ait  ^vertn4  plus  d*une  fois  k  donnef  des  explicn* 
tlont  universellet ;  de  nos  jours,  il  est  hien  nioins  harUt, 
ipatgf^aott  peaehaoti  a'aventorer  tlans  ce  genre  de  redier- 


cbes.  II  y  a  dans  cette  tendance  de  I'esprit  bumain  k  vouloir 
tout  expliquer  un  fait  pratique  tr^-important,  w  ce  qu'il 
donne  des  aotioDs  brunettes  des  homes  assignte  k  la  fdenca 
bumaine,  de  la  valeur  relative  des  explicatmna  sciantifiqiM 
auxquelles  on  peat  atteindre,  et  enfin,  de  Texiaience  cartaun 
d*une  science  divine  et  mtinie ,  k  laquelle  resprit  bonnia 
voudrait  fst  espte  partlciper.  L*aveu  sipo^ra  de  ooUe  im- 
pnissance  k  tout  expliquer  nous  conduit  done  josqa'aox  ii- 
mites  4n  ehamp  des  faits  de  Tordre  de  scienoe«  et  mm  Cut 
passer  logiquement  dapa  le  cbamp  des  faita  d«  ror4ra  ds 
foi  et  d'une  csp^ance  qui  ne  doit  point  ^tre  d^ue, 

L.  LAOBmr, 

EXPLOIT)  terme  militairo  qui  d^pTe  du  verbe  ^fq^H- 
care,  II  est  employ^  par  Yal&re-Maximeet  p#r  Martiii  dans 
le  sens  de/acere,  faire.  On  entepd  par  le  mote^pptoft/,  daos 
son  application  g^n^rale,  Taction  d'une  guerre  m^orable, 
d*une  exp^lition  ayaat  ea  pour  r^ltat  la  conqufite  on  1| 
soumisaion  d*un  pays.  Les  grandes  op^retions  atrat^quei 
dont  un  peuple  a  €ik  rinstromept,  et  dont  ie  g^ntel  d*arip^ 
a  6t^  6  la  fois  Taoteur  et  le  cbef»  sont  d^gntes  sous  le  titre 
g^^rique  ^^exploiU,  loraqu'elles  opt  ^te  accompagn^  de 
grandes  ^dions,  de  faita  4'anpw  glorieux.  La  Grtee,  Roma 
et  la  Franoe,  Alexandre  etO^sar,  Charlemagne  et  Napolto, 
embrassent  k  eux  seuls  tout  ce  que  ce  mot  peut  avoir  d*6- 
tendue,  de  poblesae  et  de  grandeur.  Dans  le  langega  ipi|i- 
taire,  il  est  rarement  employ^  an  sipgulier;  il  est  pluspropre 
k  quali0er  rhoamne  <|e  gaerrOy  ep  partioulier,  que  la  natioa 
eHe-pk^me,  car  pour  oeUe-d  le  mot  technique  serait  pkitOt 
tnctoiret  ou,  mieux  encore  peut^re,  conquUes,  On  dit 
/  en  parlantd*un  grand  capitaine,  quMl  Qt  m  premiers  exploits 
en  Italie,  en  France,  en  AUem^goe.  SicAao. 

£XPJLOIT«  £p  droit ,  cette  expression  ne  rappetle  an> 
cune  idde  d'h^rajsme,  maia  le  vulgaire  procte- verbal  daoi 
lequel  an  offlcier  miniat^rie) ,  un  notaire  dans  certains  cas 
asses  limit^,  an  huisaier  dans  k  peu  prte  tons  las  cas, 
constate  raceompliasement  d*up  acta  de  son  miniate  dans 
rint^r^t  d'une  partie.  S'U  faut  'en  rapporter  A  r^tymologie, 
lea  exploits  procMunera  datent  6e  loin,  car  le  naot  vieadrait 
de  txplacUo  (quitient  aax  plaids).  Lea  actes  par  lesqaeb 
on  assignait  lea  d^epseurs  a*app<daient  des  exploicU.  Lss 
exploits  des  hnissiara  doivept  ^tra  faits  dans  les  formes  k^as 
d^termin^,  sur  papier  timbr^,  et  remia  41a  personne  contrs 
laquelle  ila  sont  dirig^s  ou  k  Ton  (lea  siens.  Si  on  exploit  efit 
dtelar^  nol  par  le  fait  4*on  huissier,  il  ponrra  Atre  eondamiii 
aux  frais  de  Texploit,  de  la  prooMure  annulie,  sans  pr<h 
judioe  dflsdommegsa-ipti^ii^dela  partie.  Les  exploits  d'e  x^- 
cutiop  dijis  bpiaiieiB  ont  lait  prendre  1^  mot  exploiter  dans 
le  m^  sens  que  s<»uir9  ex^uter ;  par  extension,  on  a  d^ 
sign^  p«ir  ^xploiteble  tont  ce  qui  eat  avscepUUe  d'ttre  saisi 
sur  upe  partie  et  vepdu  au  profit  de  Tautre. 

Goounept  de  ces  exploits  d'buissier,  qui  sont  la  mine  pour 
ceux  sur  Qpi  iU  pleuvent,  a-t-on  lait  le  mot  exploiter^  pour 
reodre  i'idte  de  travail  utile,  fiructueox,  de  rapport  du  sol? 
Nous  renoncons  k  le  recbercher,  k  moins  de  sapposer  que 
c'est  par  antiphrase  que  cette  pouvelle  sw^iHcation  s'est 
forra^e.  V^wpMiatiun  d*une  propri^t4,  d'une  uaipe,  c'est 
sa  mise  en  rapport.  Par  extenaiop,  loraqu?  Ton  veut  d^- 
gner  d^  grandes  propriiSU^  mises  en  culture,  on  dit  : 
ies  grandes  exploitations,  et  on  les  oppose  alors  aax  petites 
exploitations  ( vouez  Cultuib  ). 

EXPLOITATION.  Voyeii  Cxploiv  ( en  Droit ). 

EXPLORATEUR*  EXPLORATION)  (  du  verbe  latin 
explorare^  recbercher).  La  plupart  des  dictionnairea  n*at- 
tachcpt  au  qualificalif  explarateur  d*autre  id^  que  ceile 
d'liomme  k  la  recherche  de  nouveUes  et  de  renseignements. 
Mais  on  6tend  aurtout  le  mot  exploration  k  Taction  de  fairs 
des  dtouvertes  en  pays  granger  pour  en  copnaltre  T^ten- 
due  et  les  limites,  le  ceract^  et  ks  weam  de  ses  hAbitants 
ses  productions,  ^tc. 

L'exploralion  est  aussi  Tapplication  immolate  ou  m^iate 
dc  l*un  ou  de  pluaieura  de  noa  sens  k  la  recherche  de  cer- 
taincs  substances,  de  c^tamea  propri^t^i  de  certaina  ph6- 


EXPLORATEUB  —  EXPONErmEL 


211 


vnahiU,  En  ni^dedne,  resp7oMUoik  waMb  dam  to  pfi* 
ttqud  des  dllKreilfs  tiMyend  k  Tifde  deftqiids  on  |MirHent  k 
h  cotmabaanod  et  fc  la  d^tmninatioii  deft  maladies.  Parml 
cei  ttmymi^  II  rant  mettre  en  premfdre  llgne  Paugedlta- 
lion,  la  pereuaalon,  la  pa  Ipftt  Ion  et  rinspection.  tea  an* 
cieos  praticiena  iguoraient  vraLsetnblablement  la  plopart  de 
tea  proeM^,  tens  tesqneb  on  tie  peat  avoir  aiicune  certi- 
tude tnr  l*etisteoee  e(  aur  la  degr#d*an  asset  grand  nombra 
d'afltetkma.  Pamd  lea  modernea,  11  en  eat  encore  beanconp 
qui  lea  n^gent  od  ne  lea  oonnaissent  quMmparfaltemenl, 
et  dottt  la  diagnoalic,  tagne  et  indteia,  ne  contrlbue  paa 
pen  k  fortifier  cetto  opinion,  d^^  trop  acerMit^  dana  la 
moitltude,  que  to  tnedecine  est  nn  art  conjectural. 

EXPLOSION  (da  lattn  explosio,  dMy6  d*explodo,  je 
diatte)  80  dlt  giin^letnent  et  an  propre  du  ph^nonitee 
parlectueiralrestmisen  mooveinent  d*ane maniftre  braaque 
et  Tioiente ;  du  moins  tt'eat-ce  qn^k  ce  aubit  d^laocment 
d'air  qa*on  peat  rapporter  to  canae  da  aon  qui  aeoompagne 
toute  aiplosiott.  L^ioflaoimation  da  la  poudre  i  canon  eat 
b  prindpato  cnuae  dea  etpioslona  qui  ae  paasentoomniun^* 
mettt  soaa  noa  yeux.  Cequ*on  appelte  proprement  explosion 
se  cookpose  de  toaa  les  piidnomtoea  qui  ae  paaaentau  moineBt 
ob  la  poodrevient  d'etre  iniae  en  contact  atec  le  reO|0'eat^ 
^-dire  oned^tonation  ploa  ou  moina Tioiente,  acCompaF- 
goee  de  IVfloit  plus  ou  moins  grand  que  la  poudre  a  d^ve* 
lopp^  antocr  d^elle  an  moment  de  aa  coiubuition,  et  qui  a 
toujoors  poaf  bat  de  Taincfe  une  rtelstaneo  qiielconque. 
LMd^attadi^  I  toute  eaptoe  d>ipiosion,  quelle  qu'en 
toit  la  caote,  comme  celle  d*an  to  lean,  cctie  qui  fiiitd6- 
tooner  un  on  pluaiean  gat,  on  antres  eorpa  aeoiblablea, 
|dac^  dana  de  cerlainea  oonditlona,  cette  idtiedoit  toujoura 
r^Teiller  ea  nooa  nne  analogie  compIMe  de  pii^nomtoea 
afec  ceux  qne  dfivdoppe  llnflammation  de  la  poudre  k 
caaoa  oomprimfte ,  c'est-Mire  an  moina  nne  donation  et 
le  d^veloppement  bnisqne  et  auMt  d'une  plus  on  moina 
grande  force.  Iloua  disons  dHonation^  puree  que  le  d^re- 
loppement  dHine  Ibree  etosUque ,  at  aubit  et  at  grand  quil 
aoi^  n*est  paa  une  eiplosion  a*ll  n^est  pas  aecompagii6  da 
bruit,  comme  on  le  Toit  par  to  fbfce  q\ii  aoutove  le  piston 
des  machines  Arapear.  Qnant  ft  to  detonation,  qu*il  ne 
fiuit  pas  confondre  avec  le  druit  ett  g#n^l,  ella  anppoie 
toojour^  le  df^teloppement  d^une  force  qui  agit  aur  I'air, 
pnisqn'eUe  n*en  est  qne  I'elfet  et  partant  elle  auppose 
toaiours  explosion.  Nous  tenons  departer  de  ceph4ittuititee 
cooiddM  dans  les  tolcana  :  ii  ne  tout  paa  to  eonfoudre  id 
arec  ie  tnot  iruption,  m  tout  autre  analogue,  qui  auppose 
toajours  one  disunion  de  parties,  nne  rupture,  taadlaquNi 
n'y  a  on  quit  ne  pent  y  atoir  que  d^placementde  eea  m^mes 
parties,  de  Tair,  par  eiemple,  dans  i^expioaion.  L*^pUon 
est  ordinaimnent  aceompa^A^  on  mtoie  pi^cM^  de 
I'explosiott,  et  petit  conlinner  seule  ensnite,  k  moina  que  lea 
eotrallles  do  Tblcan  ne  contiennent  les  eanses  de  noutelles 
explosions.  Ce  qa*on  appelie  le  fracas  dn  tonnerre  n*eit 
qu'oae  longne  explosion,  nu  plutdt  qn*ttne  suite  de  plidno- 
mtees  de  ce  genre  qnl  ee  auccMent  Insttntatt^ment  et  aana 

ifiterrUption. 

US  explosions  qnidoft«nt  to  ploa  attlrer  rattenltoo  sont 
ceHes  des  cbandiferea  k  vapeur,  k  cauae  de  la  muiypiieittf 
dec&sappart*ns.  M.  Boutigny  a  rechercM  ienra  ctnaea  dana 
utiphfinomhieqalserattochefttoeaUfactioadealiqoidM. 
Si  Vtm  suppose  qn^nne  chandiM  mni  anrctiaume,  le  mdtal 
itenne  k  se  refroMlf  brnsquement,  to  Ilqdide  dteiora,  faisant 
coiitoct  atee  hii ,  entre  aussitM  en  ebullttfon,  prodait  din- 
nombrsWes  bntlea  de  tapenr  si  to  taae  eatniitert,  ou  d*> 
tenuine  sur  tootes  les  parois  one  pression  considerable  si 
l<t  fase  est  cloa :  cette  taporisaf ion  si  soudaine  Seralt,  suitant 
M.  Boutigny,  to  eauso  de  ces  exploaiona  terriblaa  qui  ont 
dq4  Eiit  tant de  tiotimaa  en  AmM|«e  et  en  Europe.  M*  Bon- 
Uipij  pease  qu'on  porVtondrait  i  ooi^urer  ces  funostes 
ealastnipbea,  t*^  si  Ton  maintcnait  leachaudi^resat  les  bouil- 
icarstonjonra  reroplis;  7**  si  Ton  chauflaitcea  vaiaseaux  gd- 
aeratenra  tot^alement  et  non  par  le  fond}  a"*  ai  Ton  plafait 


dana  lea  ehaadi^rea  des  Iragmento  angutoni  de  tomes  ui^tal* 
liqnea;  et  4*  si  Ton  arait  to  prtentton.  de  priteiiir  tout 
relroidissement  de  leura  paroia  d^udte  ou  misea  k  sec. 
A.  S^ier,  qui,  lui  aussi,  a  loagtempa  nM\A  aor  les  cauaea 
des  expldsions  des  maehinea  k  tapeur,  at  sartout  de  eeUea 
dea  vaisseaux^  s*est  mMiocrement  attikch^  k  en  trouver  to 
rem^  ou  to  prtertatif;  il  ne  a'appUqne,  to  caa  ^cb^ant, 
qu'4  rendre  lea  explosions  sans  danger.  II  panse  qu'on  ren- 
drait  les  explosions  k  peu  pr6s  insignifiantes  si  I'ou  fraction- 
nait,  dana  on  aaset  grand  nomtoe  de  tasea  distincto  et 
presqne  isol<^  lasunf  des  autrea,  soit  la  vapeur  dejk  for* 
m^,  aoit  I'eao  destinto  k  to  prod  aire  ^  et  qu'on  rMuirait 
alnsi  to  dtestre  anx  propOrtiona  exiguSs  do  premier  yase 
qui  ae  rompt. 

La  formatiod  de  d<$p()ts  terreox  adli^ant  anx  diaudi^res 
eat  anasi  une  cauae  d'explosioa  :  lorsque  caa  d^to  out  ac- 
qais  nne  certaine  ^sseur,  to  tftle  quMla  recoovrent  peut 
rougir,  par  anite  Alire  fendiltor  ees  d^ts  et  mettre  en  con> 
tact  atee  Pead  toa  parois  ra^taltiquea  port^es  an  rouge.  On 
a  done  to  plua  grand  int6ret  k  ^viter  la  formation  de  ces 
d^to.  On  y  parttont  en  introduisant  de  temps  en  temps 
dana  to  ehaudtora  una  petite  quantity  d*argito  bien  lavte 
et  trte«fine,  on  de  pommes  de  terre.  On  trainsforrae  aiasi 
to  crddte  dure  dont  nous  tenons  do  parler  ea  une  boua  qui 
n'adhtee  pas  k  la  cbawli^e,  a'entore  tocileineot,  et  n*oUre 
{<as  le  mtee  danger. 

Une  aurchaiiBB  dossoupapeade  snret^,  ou  une  mau- 
taise  oonstmcUon  dea  chauditeea  peut  aussi  donner  lieu  k 
des  explosions.  11  est  rare  oependant  que  I'l^reute  exigte 
par  les  r^gtoments  ne  fasae  paa  d^nvrir  les  tices  de  cons- 
truction. En  effet ,  atix  termea  de  la  I^sUtion  trte-sage 
de  18)3,  aocune  machine  k  tapeur,  qu^dle  soit  de  haute  ou 
de  baaae  preaaton,  n*est  aotoristeA  fonctionner  qu'apr^ 
atoir  aubi  aana  ae  rompre»  do  to  part  de  la  presse  hydrau- 
lique,  i*6prente  d^nne  praasion  triple  de  celto  que  lui  assigoe 
aa  deatination. 

A  regard  dea  explostons  de  poudre,  telles  que  celle  de 
Grenelle  en  1704  et  ploa  rtemment  celle  d'Alger,  a  Par- 
senal  de  to  Gasbah ,  on  a  dit  que ,  pour  les  rendre  moins 
terrtbtos,  il  falliit  emmagasiner  la  poudre,  nun  dans  des 
ch&teaox  forte,  ee  qui  multiplto  la  commotion  au  point  de 
lui  donner  les  proportions  d*un  treroblcment  de  terre,  mais 
dana  des  petitions  k  fondeniente  et  k  parois  m^iocrement 
solides;  car  alors  to  principal  elTet  de  to  deflagration  serait 
d*emporter  bmsqueoient  I'Mifice  entier,  qui  ne  comporte 
pour  toiainagaaucane  maison  habitue.  On  a  d*ailleurs  trou?^ 
an  moyen,  en  Iui-m6me  fort  simple,  de  conjurer  de  pa- 
reillea  exploaiona.  11  consiste  k  meter  k  to  poudre  grenue  et 
trte-exptosita  do  charbon  en  pouasi^re,  lequel  a  pour 
elTet  de  rendre  to  d^flagratiott  beaucoup  plus  leote,  isol^: 
^  et  to,  et  seuiement  suocesaite.  M.  Piobert  est  i'auteur  de 
ee  prudent  prooM^,  qui  n^a  qu'un  inoouT^nient,  c^est  qu'on 
est  oblige  de  cribler  to  poudre  lorsqo'on  s'en  sert  ou  qu'on 
rexpMie.  U  aerait  nftme  plus  convanable,  car  il  y  aurait 
en  cela  plus  de  a^ourito*  de  faire  toyager  la  |>oudre  avant 
qu^on  Tedt  criUee. 

L^exploaion  de  to  poudre  est  employ^  dana  Tcxploit*- 
tion  dea  mines,  dea  oarri^rea,  etc,  et  surtout  4  la  guerre. 
Dans  caa  demiera  tempa  on  a  beaucoup  parto  d^apparells 
aouannartos  destines  k  fonctiouner  en  mer  comme  lea  f ou  r- 
neanx  de  minea  aur  to  terra. 

Le  mot  explosion  est  parfois  emptoy6  figurdment  pour 
d^igner  rexpmssion  ^nergique  et  subite  d'une  passion  con- 
oentrte  quelque  tempa  dans  le  cceur  de  celui  obex  qui  ell» 
ae  d^Toloppe  { on  dit  airisi  explosion  de  col^e,  de  rage,  l>« 
m^ocins  ont  parfoia  employ^  cette  expression  pour  dei^l 
gner  rapparition  brusque  et  inattendue  aur  un  point  quc'- 
oonqua  d^lne  tioiente  inflammation. 

£XPOi\£i\TIEL  (Ulcul).  Une  quantite  est  Jii^ 
exponentielle  quand  eite  renferme  un  ou  plusieurs  ekpu 
santa  tariables.  Une  Equation  exponentielle  est  celle  <«( 
rincoadue  entre  comme  expoaaot.  Le  calc^l  des  quaii(ii<^ 


213 


BXPONENTIEL  ~  BXPOSANT 


eiponenildles,  ile  leura  difMrentiaUes,  elc^  forme  Fobjet  da 
caleul  eaeponentiel.  Les  premiers  essais  de  oe  calcul  forent 
public  ea  1695  par  Jean  Bernonlli.  Le  nom  d'eoc^po- 
nentiel  lui  a  ^  domid  par  Leibnitz.  BemouUi  le.nommait 
d*abord  parcaurant;  «  parce  que,  dit  Montocla,  la  quan- 
tM  exponentiette  paic^rt  en  quelque  aorte  tons  ies  or- 
drea ;  »  male  la  d^omination  Idbnitzienne  a  prdraln.  Du 
reste,  le  calcul  exponentlel  n^est  qo'one  branche  du  calcal 
d,ifr^renf..eL 

Lea  qoantitte  exponentiellea  et  logaritbmiques  oot  entre 
ellea  dlntimea  relations.  Ainsi,  en  yeita  dea  propri^b^  des 
logarithmes,  on  pent  IndUttremment  foirey bbo^  on 
log.  y  ss  X  log.  a.  Cost  par  des  transformations  de  ce 
fponre  que  le  calcul  oponentiel  rend  de  grands  serrices  dans 
toutesles  parties  deTanalyse.  £.  BIbrijedz. 

EXPORTATION.  L'exporUtion  est  la  Tente  k  IMtran- 
ger  des  produits  da  sol  ou  des  manufactures ;  on  exports 
aussi ,  on  plntAt  on  transpurte,  Ies  produits  d*un  autre  sol , 
soit  brats,  soit  fobriqu^s,  lorsqne  Ton  troure  du  profit  k  Ies 
acheter  pour  Ies  rer endre,  et  k  se  constitoer  Ies  pourroyeurs 
d*nn  pays,  en  y  conduisant  Ies  marcbandises  acheltes  dans 
on  autre.  Cest  ce  n^ce,  semblable  4  celui  des  commis- 
sionnaires  et  des  courtiers,  que  I'on  dteigue  sous  la  d^o- 
mination  de  comm^ee  de  transport.  Ce  commerce  est  une 
source  abondante  de  richesses  :  ttooin  Ies  Ph^idens  et 
Cartbage,  dans  Pantiquit^;  Venise,  G^es,  Anyers,  Dru* 
ges,  etc,  et  Ies  YiUes  bans^tiques,  au  moyen  Age;  lea  Hol- 
lendais  dans  Ies  temps  modemes.  Ceux-d  ^talent  lea  cour- 
tiers de  FuniTers  avant  que  la  France  et  surtout  l*Angleterre 
eussent  donn^  k  leur  commerce  un  essor  dont  Ies  prodiges 
ont  ddcor^  de  tant  de  splendour  cette  derni^re  puissance. 

Les  bto^fices  que  procure  le  d6bit  au  dehors  des  pro- 
doits  natorels  ou  artifidels  du  sol  (commerce  exterieur  di' 
reet)  sont  sans  donte  de  grandes  sources  de  richesse;  mais 
ce  qui  fait  afOuer  dans  on  pays  les  denrte  et  les  valours 
nam^ques  qui  les  repr^sentent,  c*est  l*industrie,  qui  fait 
do  ce  pays  Pentrepositaire,  le  fabricateur  et  le  d^bitant  au 
meilleur  marcb^  des  denr6BS  de  tons  les  pays ;  c'est  ce  mo- 
nopole  d'entrepdt,  de  Tabrication  el  de  d€b\t  qu'est  parrenue 
k  s'assurer  la  Grande-Bretagne.  LMridence  de  ces  ayantages, 
si  bian  attests  par  les  fUts,  dOmontre  Terreur  du  pn^ug^, 
encore  aubsistuit,  qui  (aisait  consister  la  prosp^rit^  mM 
rielle  d*nne  nation  dans  la  balance  du  commerce, 
c'est-k-dire  dans  Texc^ant  dea  expc^tions  sur  les  im- 
portations, ou  des  marchaudises  vendues  au  dehon  sur 
celles  que  Ton  a  achetto  ailleurs  pour  les  importer  au  de- 
dans :  c*dtait  snpposer  que  toutes  les  denr^  imports 
^talent  consommtes  dans  le  pays  qui  les  acbetait  Dans  ce 
cas,  il  est  dair  en  eflet  que  vendant  peu  et  achetant  beau- 
coup,  il  ne  pouvaK  s'enrichir.  Tdle  est  la  position  des  pays 
sans  Industrie  k  T^rd  des  pays  od  Tbdustrie  a  fait  de 
grands  progrte.  CP^tait  la  situation  respecUve  du  Portugal  et 
de  TAngleterre  depuis  le  traits  de  M^tbuen,  en  1703;  le 
Portugal  s*appaavrissait  k  la  fois  et  par  la  vente  sans  con- 
currence de  ses  Tins ,  livrfe  au  monopole  anglais ,  et  par 
I'achat  des  marcbandises  anglaises,  dont  la  fonrniture  an 
Portugal  ^tait  poor  'la  Grande-Bretagne  un  privO^e  ex- 
dusif.  L*Espagne,  qui  avait  tout  sacrifi^  k  Texploitation  de 
ses  mines  d'Am^riqne,  et  dont  llndustrie  presque  unique 
^tait  rextraekion  et  la  fonrnitnre  de  Tor  et  de  Targent,  se 
trouvait dans  one  position^ peu  prte  analogue k  V6sud  des 
nations  faidustrieoses.  Hals  les  contrte  qui,  comme  autre- 
fois TjTf  Cartbage,  Venise,  Anrers,  etc.,  et  comme  de  nos 
jours  la  JBloQande  et  PAngleterre,  se  sont  constitute  en 
▼astes  entrepots  et  en  Immenses  atdlers  de  bbrication,  a'en- 
ridilasent  dVidemment  antant  par  kmrs  importations  que 
par  lenrs  ezportations,  pnlsqu'elles  importent  principale- 
ment  poor  rtaporter,  et  qne  le  hicre  tir6  par  leur  bidustrie 
dela  oonTersion  des  mati^  premieres  imports  en  objets 
tnannfodarte  d*an  grand  dOit^tels  que  lescotons,  les  soie- 
rfes,  ete.»  est  le  plus  puissant  dtoient  de  leur  richesse.  La 
balance  du  commerce  n'est  done  pas  en  rialit^  centre  ces 


m6tropoles  de  rindnstrle,  lorpqu'elle  signale  des  excMaats 
d^importations  sur  les  exportations,  dans  les  rdatloos  com- 
merdales  de  Tune  de  ces  m^tropotes  avec  un  aotre  pays , 
si  le  r6sultat  total  du  commerce  de  la  nation  qui  Importe  eit 
un  bto^fice  acquis  par  la  manipulation,  le  transport  et  le 
d^it  des  produits  imporUte. 

11  n*est  pas  vrai  non  plus  (foe  ViatMi  d'nne  nation  in- 
dustiieuse  doive  la  porter  k  comprimer  aiUenrs  Pessor  ds 
IMndustrie.  Longtemps  arenglte  k  cet  4gard  par  une  cupi- 
dity effr^n^ ,  PAngleterre  a  enfln  appris  k  ses  d^peos  qu'on 
ne  yendait  beaucoup  qu*k  ceax  qui  pouyaient  beancoop 
acbeter.  Les  pertes  6iormes  et  les  mteomptea  dtestreox 
du  commerce  anglais  au  Br^l,  au  Mexique  et  k  Boteos- 
Ayres,  en  1825  et  1826,  ont  prouy6  k  nos  voisins  que  les 
peoples  sans  bidustrie  et  sans  besoins  ^ient  de  maurais 
chalands,  et  qu*un  grand  dibit  se  bisaits  non  avec  des  na- 
tions pauyres,  mais  avec  des  peuples  riches.  Cest  oe  que 
d^onfarent  assez  d*ailleurs  les  lapports  du  coouneroe  entre 
la  France,  U  Grande-Bretagne  et  les  ^ts-Unis  anglo-am6- 
ricains.  Ces  deux  pays ,  les  plus  riches  et  les  plus  indot- 
trieux,  sont  cependant  pour  la  France  les  ddioucb^  les  plus 
avantageux.  Ces  fails  suffiraient  pour  attestor  la  loi  provi- 
dentielle^  qui » en  dotant  les  divers  pays  de  productions  va- 
rite  et  d'aptitudes  diverses  pour  les  travaux  de  Pindustrie, 
a  voulu  que  les  ^changes  du  commerce  fussent  autant  de 
moyens  d'unton,  et  non  pas  des  brandons  de  discorde ;  Pava* 
rice  et  Pavidit6  insatiables  protestent  seules  centre  cette  loi. 
L^<^nomle  poUtiqne  nous  apprend  en  memo  temps  que  si 
Pexportation  des  produits  accumul^  par  le  commerce  et 
par  Pindustrie  est  une  source  iiiconde  de  richesses ,  c'est, 
non  pas  Paccumulation,  mais  une  lieureuse  ri^partition  de 
ces  richesses,  qui  Cut  la  prosp^t^  d'un  pays. 

AOBEKT  DE  YlTBT. 

EXPOSANT ,  EXPOSANTE.  En  termes  de  jurispni- 
dence  et  d^admmistration ,  c^est  odd,  celle,  qui  expose  on 
fait,  qui  expose  ses  droits,  ses  vomx  ,  dans  une  petition,  ou 
qudcpie  autre  ade.  Dans  le  langage  oniinahe,  on  nomme 
ainsi  oeox  qui  exposent  des  ouvrages  d'art ,  pour  les  sou- 
mettre  au  jugement'du  public. 

EXPOSANT  (Algibre),  nombre  qui ,  pUc6  k  la  droite 
et  vers  le  bant  d'une  quantity,  exprimela  puissance  i 
laquelle  die  doit  6tre  dev6e :  o^  faidlque  la  quatriteae  puis- 
sance de  a,  ou  le  prodnit  de  quatre  facteurs  ^ux  k  a; 
pardllcment 3^ ^uivant i8X3X3X3X8ou 243.  Autre- 
fois a*  s'exprfanait  par  oa,  a'  par  ooa,  etc  Cest  Des- 
cartes qui  eut  Phenrense  idte  d*faitroduiie  dansl'toiture 
algd)rique  Pdigante  notation  des  exposants. 

Le  calcul  des  exposanta  est  trte-eimple.  Dans  la  mu  Iti- 
plication,  on  ajoute  les  exposants  d^nne  mtee  lettre  : 
ahisi  a^Xa^»a^;  cda  est  Mdent  puisqu'nn  produit  se 
compose  de  tons  les  factenrs  que  renferment  le  multipli- 
cande  et  le  multiplicateur ;  en  gteral,  a"*  X  o^  <=  a"»+». 
De  Ik  d6coule  imniMiatement  la  r^e  des  exposants  dans  la 
division,  rfegle  que  Pen  exprime ainsi :  a"* :  o^ ss  a* — >». 
Dans  le  cas  particnlier  oil  Pexposant  du  diviseur  est  ^ 
k  cdui  dn  dividende ,  le  quotient  se  prtente  sous  la  forme 
a^;  oette  expression  ^qvlvaut  donc4  Panit6,  et  Pexposant 
1^0  ne  doit  etre  regard^  que  comme  on  symbole  rappdant 
la  division  d'unequantit^  par  dle-m^ne.  Dans  le  cas  o<k  Pex- 
posant du  diviseur  est  plus  grand  que  cdui  du  dividende,  si 
on  applique  U  rigle,  on  tronve  an  quotient  on  expoeant 
n4gat\f :  or,  en  se  repoitant  k  la  d^nition  de  Pexposant, 
une  tdle  expresdon  ne  sanrait  avoir  ancnn  sens ;  mais  ri 
Pon  tient  seulement  compte  de  son  oi  IgbM,  on  volt  que  a^\ 

par  exemple,  ^Ivant4-|,  car  on  pent  regarder  a~^ 

comme  le  quotient  de  a*  par  a^,  ou  de  o4  par  a7,  etc 

Poor  dever  une  quantity  affects  d'on  expoaant  k  one 
puissance,  il  r^snlte  des  prindpes  pos^  d-dessus  qnH 
RufRtde  multiplier  Pexposant  par  Pindice  de  la  puiiiunce  : 
(a^)n^am;  Poor  extraire  une  radned*un<iegr<i  donne, 
on  devra  done  soivTe,  la  marcbe  inverse,  c*est-li-dire  qua 


EXPOSANT  —  EXPOSITION 


913 


Poo  ton:  v^3"ssa".  Si  n  divise  exactement  m»  rien 
de  plos  ample;  mais  s'il  en  est  autrement ,  nous  sommes 
eooduits  k  It  conskltotion  d'exposanU  fractionnaires , 
dont  linterpritation  doit  donner  lien  k  des  remarqaes  ana- 
logoes  k  odiea  qu'em^ent  les  exposants  n^tifs  :  t^  re- 
prteite  stmpleoient  la  racine  cublque  da  carr6  de  a. 

On  le  Toit,  le  calcol  alg^briqne  a  singuli^rement  ^tendu 
remploi  primitif  des  eiposants  :  I'analyse  consid^  ^le- 
nient des  exposants  iirationnels  et  mftme  des  exposants 
imsginaires.  E.  Merubux. 

EXPOSti  DES  MOTIFS.  On  appelle  ainsi  i'toonc^  des 
raisons  on  des  aioti&  qui  d^terminent  le  poavoir  e  x6 cu  t  i  f 
i  proposer  aox  ci^bres  Idsislatiyes  telle  disposition,  telle 
menre,  telle  kH.  Qnoique  cette  expression  n'ait  ^  employ^ 
olfideUement  que  depuis  le  Code  Ciyil,  la  chose  qu'elie  ex- 
prime  est  aossi  ancienne  que  la  l^islation  mtoie.  Dans  les 
plus  andens  monnments  l^gislatifs  nons  trouvons  la  raison 
dhme  lot  k  c6U  de  ses  dispositions.  Un  grand  nombre  de 
Dosaacieones  ordonnances  contiennent  dans  des  pr^ambules 
les  motifs  gte^ranx  qui  ont  dict6  leurs  dispositions;  et  sou- 
Teat  ntaie,  ind^pendamment  de  ces  pr^mbules,  les  rootirs 
particoliers  des  dispositions  de  detail  sont  expose  dans  le 
corps  mteie  de  Tordonnanoe,  faisant  en  quelque  sorte 
paitie  des  articles  quMls  expliquent.  Toutefois,  k  mesure  que 
la  l^gulatioa  a  pris  im  caract^re  plus  precis,  on  a  fini  par  s6- 
parer  tout  k  fait  les  motifs  des  lois  de  leurs  dispositions.  Ces 
uiotiii^  au  Ueu  d*^re  diss^minte  dans  le  corps  des  ordon- 
nances, ont  €i&  expose  dans  des  discount  ou  rapports ,  et 
Too  poorrait  dter  comme  des  moddes  en  ce  genre  les  »Jli- 
bres  rapports  de  Tuigot,  et  de  remarquables  discours  aux 
assemUte  liglalatives.  Dans  I'Assembl^  constituante  et 
dans  les  assemblies  qui  Ini  succ^^rent  jusqu*li  l^ao  Tiir, 
Texpos^  des  motifs  rteolte  d'abord  des  discours  et  rapports 
aoxquds  cbaqua  disposition  donnait  Ueu.  Les  d^rets  de  ces 
aseembUes  contenaieni  sonvent  des  consid^rants  que  Ton 
peat  regaider  comme  Texpos^  l^gal  et  officiel  des  motifs  de 
leurs  d^sions. 

Loraqne,  sons  la  constitution  de  Tan  tui,  le  co  r  ps  1^ 
gisiatif  ne  Ibt  charge  que  de  sanctionner  ou  de  rejeter 
les  propositiona  qni  lui  6taient  soumises ,  les  projets  de  loi 
lui  ^talent  apporlte  au  nom  du  tribnnat  par  un  orateur 
qui  en  exposait  les  motifs  dans  un  discours  de  pr^ntation. 
La  plapart  de  ces  discours  sont  roeuvre  de  jurisconsultes 
teinents;  oeux  de  Fava  rd  de  Langlade  ont  consenrd  une 
graode  autorlt^.  Get  expose  des  motife  ^tait  ensuite  soumis  k 
des  commissions  pcises  dans  le  sein  du  corps  l^slatif,  et  les 
rapporteurs  proposaient  ^adoption  ou  le  rejet  de  la  loi. 

Sons  le  r^me  de  la  cbarte  de  1814 ,  Texpos^  des  mo- 
tift  fut  r6dig^  par  le  ministre  qui  pr^sentait  la  loi  et  apport^ 
par  loi  aux  cbambres.  Sous  le  gouvemement  de  Juillet  les 
chambres  ayant  TinitiatiTe  des  projets  de  loi  et  des  amen- 
dements,  Pexpos^  des  motifs  p^it  de  sa  Talenr,  les  vrais 
fflotife  de  la  loi  on  de  certaines  de  ses  dispositions  pouvaient 
aossi  bien  se  trouTer  dans  le  rapport  de  la  commission  ou 
rtoilter  de  la  discussion  m6me.  Sons  le  regime  r^publicain 
las  choses  restirent  k  peu  prte  dans  le  mtaie  dtat;  aeule- 
Boent  lea  rapports  prirent  peut-^tre  encore  plus  d*importance. 
La  coostitntion  de  1852  ne  parte  pas  d*expos^  des  motifs, 
ttuusil  en  est  parfois  r^dig^  par  les  conseillers  d^Etat  cbarg^  de 
lotttenir  la  loi  pr^sentte.  Mousdteronsentreautres  la  loi  snr 
la  mort  civile  etia  loisnr  les  r^ormes  donani^es.  Les  com- 
missions dn  corps  I^gislatif  font  aussi  des  rapports,  et  la  loi 
ne  pent  ^tre  ensnite  que  yotfe  ou  rejette  en  entier;  cepen- 
dant  des  explications  donn^dans  la  discussion  peuTent  en- 
core venir  fairer  la  loi. 

EXPOSITION  9  action  par  laquelle  une  cboae  est  ex- 
pos^ mise  en  Yue;  4tat  de  la  chose  exposes  t  Ve:iq)osUion 
da  saint-sacreroent,  des  reUques.  Dans  les  beaux-arts,  expo- 
tUion  se  dit  de  la  maniire  dont  un  tableau  se  trouve  plac6 
nflatiTemcnt  an  spectateuret  a  la  lumi^re.  Ainsi,  un  tableau 
e»t  dans  une  bonne  ou  une  mauTaise  exposUiorif  suivant 


qn*il  est  trop  bant  ou  trop  bas,  on  Uen  qnand  11  est  trop 
prte  on  trop  6loign^  de  rosil  du  spectateur ;  ou,  enfin,  quand 
il  est  mal  ^air^,  solt  quit  ne  re^iye  pas  assez  de  lumi^, 
soit  qu'elie  frappe  dessus  d*une  fa^n  inconvenante. 

Exposition  se  dit  aussi  de  la  situation  par  rapport  aux 
Yues  et  aux  divers  aspects  du  soleil :  Ce  palais  est  dans  une 
belle  exposition;  Vexposition  de  cette  maison  n*est  pas 
saine ;  exposition  au  nord ,  au  midi.  En  termes  de  Jardinage, 
c^cst  la  situation  d*un  endroitou  le  soleil  donne  :  Un  espa- 
lier a  besoin  d^une  bonne  exposition. 

Exposition  est  encore  employ^  k  propos  des  enfants 
trouY^sou  abandonn^s  par  leurs  parents  qui  ne  veulent 
ou  ne  peuventpas  les  nourrir;  on  dit  quails  ont  4t6  exposes, 
lorsqulls  ont  ^t^  places  dans  les  tours  qui  existent  encore 
dans  bien  des  locality,  pour  les  recevoir. 

Exposition  an  figure  signifie  narration,  r^dt,  dMuction 
d*un  lait :  il  a  fait  Vexposition  de  cette  affaire  fort  nette- 
ment.  11  vent  dire  ausd  quelqoefois  explication,  d^velop- 
pement :  V Exposition  de  lafoi  par  Bossuet;  une  exposition 
de  prindpes.  II  se  prend  en  outre  pour  interpretation : 
Vexposition  du  texte  de  T^criture;  exposition  litt^rale. 

EXPOSITION  (Bhitorique),  On  sait  que  Vexorde 
est  rintroduction,  ou  plutdt,  comme  le  dit  Cic^ron,  Ta- 
Yenue  du  discours.  Vexposition  remplit  les  mtoies  func- 
tions dans  le  poSme  dramatique.  La  premie  r^le  de 
Texposition  est  de  bien  faire  connaltrt  les  personnag^  cdui 
qni  parte,  cdui  k  qui  Ton  parle  et  cdui  dont  on  parle,  le 
lieu  oil  Us  se  trouvent,  le  temps  oil  Paction  conunence.  Boi- 
lean  a  nettement  formula  ce  pr^cepte  de  Tart  dramatique : 

Qae  dte  let  premiers  Yen  racUoa  prepare. 
Sans  peioe  da  sujet  aplaoiase  I'entr^e. 
Le  sujet  n'est  jdmais  asses  t6t  expUqu^; 
Que  le  lieu  de  la  seine  y  soil  fixe  et  marqu^. 

Ce  qui  rend  difficile  Pexposition  du  potoie  dramatique,  c'est 
qn'elle  doit  ^tre  en  action,  et  qu*dle  doit  se  produire  si  na- 
turellement  quMl  n'y  ait  pas  meme  le  soup^n  de  Tart  Lll- 
losion  le  veut  ainsi.  Les  pontes  tragiques  grecs  exposaient 
g^n^ralement  leurs  sujets  de  la  mani^re  la  plus  simple  et  la 
plus  frappante.  Escbyle ,  dans  Les  Eum4nides,  dans  Les 
Perses,  dans  Les  sept  Chtfs  devant  TMbes,  dans  Les  Co^- 
phores,  pr^sente  k  TouYerture  de  la  sctoe  des  tableaux  de 
PefTet  le  plus  thd&tral.  Sophocle  ne  montre  pas  nooins  de 
g^e  dans  ses  expositions;  VAntigone,  VJ^lectre,  les  deux 
(Edipe,  en  sont  des  exemples  admirables.  Euripide  est  rest^ 
inf^rieur  k  ses  deux  rivaux  dans  cette  partie  de  Tart :  son 
Hippolyte,  son  AUctre,  son  H6cub€,  sa  M4d6e,  et  qudques 
autres  de  ses  trag^es,  p^hent  sous  le  rapport  de  Pexposi- 
tion.  Cependant,  pludeurs  de  ses  ouvrages  attestent  qu'il 
aurait  pu  exceller  aussi  dans  la  mani^re  (Texposer.  Qnoi  de 
plus  natnrd  et  de  plus  toucbant  qu*Andromaque,  prostem^e 
au  pied  d*un  autel ,  ouvrant  1^  sctoe  en  rappdant  et  en  d^- 
plorant  ses  mallieurs!  Quoi  de  plus  ing^niensement  drama- 
tique que  le  rteit  d'£lectre,  dans  la  trag6die  d'Ores/e/ Cette 
princesse  est  assise  auprte  du  lit  de  son  fr^,  endormi  et 
pour  un  moment  ddiYr!§  de  ses  remords ;  die  verse  des  larmes 
et  se  retrace,  depuis  Tantale  jusqn'^  Oreste,  tons  les  d^sastres 
de  sa  famille,  tons  les  crimes  de  ses  parents.  Ces  expositions 
sont  encore  surpass^  par  cdle  de  Vlphig^ie  en  Aulide 
du  mtaie  poSte :  ceUe-d  a  le  double  m^te  d'etre  en  senti- 
ments et  entiablcaux ;  on  pent  en  jnger  par  la  bdle  imitation 
que  Racine  nons  en  a  laiss^ 

Les  grands  mattres  de  la  sc^ne  fran^alse  rivalisent 
qiidquefois  avec  les  andens  pour  la  beauts  et  le  naturd  de 
leurs  expositions:  ComdUe,  dans  Le  Cid,  dans  La  Jforf  de 
Pompie,  dans  Othon,  a  donn6  de  beaux  moddes  k  imiter. 
On  cite  avec  admiration  Fexposition  du  Bajazet  de  Radne, 
exposition  si  beureuse,  d  cJdre,  malgr6  tons  les  d^ils 
n^cessaires  dont  die  est  charge  Cdle  &Athalie  est  pldne 
de  la  grandeur  et  de  la  majesty  du  sujet  Le  tb^trede  Vol- 
taire foumit  aussi  de  nombreux  exemples  d*exjio5</ionf ,  Bf>- 
tamment  dans  Brutus,  dans  Mirope,  et  dans  SMiramis. 

Les  prindpes  de  Texposition  sont  les  mteMs  pour  la  oo* 


214 


EXPOSITION  —  EXPOSITION  DES  PRODUITS  DE  L'INDUSTRIE 


nj<!d{e.  (Test  daiu  notre  MoUire  qu*U  fant  en  cherclier  les 
plttft  parftiits  modules.  11  il*y  a  rien,  dansaucnno  lAngtte,  h 
o'jposer  ii  reiposilion  du  Tartufe,  k  celle  da  Misanthrope  t 
et  sartout  h  oelle  da  Malade  imaginairt, 

Dans  une  ceutre  dramaUque ,  si  le  sujet  est  grand,  a'il  est 
connu,  lo  po€te  pent  entrer  tout  d'un  coup  en  matlire;  roais 
sf  les  li^fos  de  la  pi^  sent  noureaux  pour  les  spectateurs, 
il  fant  d^rouler  dte  les  premiers  vers  leurs  difTerents  inUS- 
rets,  etc.,  et  cependant  tacher  d'^viter  d'etre  long  ou  obscur. 
Le  g^nie  de  Comeille  lui-meme  n*a  pas  toujours  so  triom- 
pher  de  ce  genre  de  difflcuU^ :  Texposition  de  sa  Hodogune 
est  regard^  comme  la  plus  froide,  la  plus  p6nible  et  la 
plus  obscure  de  notre  tbddtre.  Cbampagnac. 

EXPOSITION  ( Peine  de  V),  Cette  peine  avait  ^t^  em- 
prunt^  par  notre  Code  Pdnal  k  la  legislation  des  temps  pas- 
8^.  Les  condamn^s  aax  travaux  forces  et  k  la  r^clu- 
a  ion  la  subissaient,  encliain^s  pendant  une  heure  k  un  po* 
teau,  sur  un  tehafaud,  et  malntenus  soovent  par  un  car* 
can,  au-dessus  duquel  on  lisait  leurs  noms  et  les  motife  de 
leur  condamnation.  C^tait  k  la  suite  de  I'exposition  que  le 
boorreau  fl^trissait  de  la  marque  les  condamniSs  aux  tra- 
Taux  forc^ ;  la  marque  fat  abolle  sous  Louis-Philippe,  en  1832, 
et  la  cour  d'assises  put  dispenser  de  la  peine  de  Texpo- 
sition  le  condaron^  aux  travaux  forces  k  temps  ou  k  la  r^* 
elusion  qui  n*etait  pas  en  ^tat  de  r^idive,  k  Texclusion  des 
faussairea.  L'exposition  ne  devatt  en  outre  jamais  Hre  ap- 
pliqu^e  aux  roineurs  au-dessoos  de  dix-hult  ans  ni  aux  sep- 
tuagfoaires.  Un  d^ret  du  gouvemement  provisoire  a  al)uli 
Pexposition  publique.  C*est  une  r^forme  que  nos  moDurs  r6' 
ciamaient  depuis  longtempa,  car  le  cynisme  qu'aflectaient  la 
plupart  de  ceux  qui  snbissaient  eette  peine  ^tait  loin  d'etre 
un  salutaire  exempla,  non  plus  que  les  injures  que  leur  pro- 
digoait  la  fonte. 

EXPOSITION  DES  BE AUX-ARTS»  ou  SALON. 
Lea  artistes  de  Pancienne  Grioe  exposaient  leurs  ouTrages  en 
public  potar  connaltre  le  jugement  que  Ton  en  portait ;  mats 
cet  usage  ne  flbt  pas  repris  en  Italic ,  k  T^poque  de  la  renais- 
sance. Depuis,  quelquea  academies  ont  fait  des  expositions 
partielleS)  pen  nombreuses  et  souvent  irr^oU^res.  La  France 
m^me  avait  ancienneinent  une  exposition  annuelle ,  o6  le 
public  ^tait  appel6  k  voir  lea  tableaux  des  Olives  qui  avaienf 
coiicooru  |iour  le  grand  prix  de  Rome.  EUe  se  faisalt  dans 
une  des  salles  de  I'Acad^ie,  et  souvent  dans  une  autre  salle 
on  pouvait  en  meme  tempa  voir  pluaieurs  des  morceaux  de 
rtoptlcm  des  membrea  de  I'Acadtoieroyale  depeinture.  Une 
autre  exposition ,  que  quelques  personnes  peuvent  encore 
avoir  vue  dans  leur  jeunesse ,  ^taii  oelle  que  TAcad^mie  de 
Saint-Luo faisalt  faire,  4  la  place  Danphine,  le  jonrde  1' As- 
cension. Kile  se  composait  uniquement  des  productions  de 
ses  membrea ,  qui ,  comme  on  le  salt ,  ^talent  les  peintres 
non  re^s  k  PAcad^inie  royale ,  soit  qu'iU  n*euaseut  pasassex 
de  talent,  soit  quMla'n'eussent  pas  voulu  a'y  pr^enter, 
comme  M I  g  n  a  r  d ,  qui  reruaa  d'en  faire  partie  pour  n^etre 
pasdomlne  par  Le  Brun,  alors  premier  peintre,  et  Tun  de 
ses  fondateurs  les  plus  influents. 

Ges  expositions  n*avalent  pas  assez  de  magnificence ,  assez 
de  noblesse  pour  attirer  I'attention  du  pubUc.  M  ansart, 
surintendant  et  ordonnateur  g<te6ral  des  batimenta  du  roi , 
et  protecteur  de  TAcad^mie »  vouint  Taire  quelque  diose  de 
digtie  du  r^ne  de  Louis  XIV.  II  propose  done  ail  roi  de 
profiler  dela  vaste  galerie  du  Louvre,  enti^rement  vide 
alors  pour  faire  nne  exposition  gtodrale  des  tableaux ,  sta- 
tues et  busies,  fails  par  les  membrea  de  PAcad^mie  royale 
de  peinture,  ainsi  que  des  mod^es  ouautrcs  objeta  curienx 
invents  par  des  membrea  de  I'Acad^mle  des  sciences.  C*est 
dans  la  demi^  annde  du  dlx-septi^mesitele,  au  mois  de  sep* 
tembre  1699 ,  qti*eul  lieu  cette  premiere  et  magnitiqne  expo- 
sition. La  galerie  du  Louvre,  longne  de  227  tolses,  parut 
tivp  vaste;  on  y  ^tablit  deux  cloisons,  qui  en  rMuisirent 
la  longueur  k  115  toises  :  cette  partio  fut  passag^remunt 
d^coree  ct  meublte  de  riches  objets,  de  belles  lapissertes , 
tf«  tableaux  et  de  statues  de  P^poque.  Les  portraits  du  roi 


et  du  dauphin  s'y  trouvaient  plac^  k  Pentrte,  sur  one  escrade 
couvertcd^tin  tapts ,  et  surmontite  par  un  grand  dais  de  vb* 
lours  Vert,  avec  des  galons  et  des  cr^pfnea  d*or  et  d*argent. 
II  est  bon  de  faire  remarquer  qu*au  lieo  de  dias^miner, 
comme  k  pr^ent ,  les  tableadx  d'un  mftme  artiste ,  on  avait 
eu  soin ,  an  contralre,  de  les  r^nnir ,  de  sorte  que  cbaeea 
d*eux  oecupait  Une  ou  deux  trav^es.  An  milieu  de  la  galerie 
^laitune  petite  statue  6quesire  du  roi ,  par  Oirardon ;  c*^tait 
le  module  de  celle  que  Ton  venait  dMnaogurer  aur  la  place 
VendOme;  it  se  Irouve  mainlenant  k  Dresde,  dans  le 
Trfoor. 

Sans  entrer  dans  de  longs  details  sur  les  objets  l«s  plus  mar- 
quants  de  cette  exposition,  quMl  nous  soft  permla  nti  moios 
de  rappeler  qu^on  y  vit  la  Descents  de  Croix  et  /^i»- 
Christ  chassant  lei  tfendeurs  du  temple  par  Jouvettet ; 
le  portrait  de  M***  Dacier ,  par  M'**'  Clieron ;  o^ui  de  Boilean, 
par  Bonis.  Il  s^y  tronvait  aussi  des  estampes  fort  belles. 
Une  seconde  exposition  publique  eut  lieu  en  1704 ,  k  i*oc- 
casion  de  la  naissance  du  due  de  Bretagne,  Patn^  des  petits- 
Ills  de  Louis  XIV.  Cue  troisi^me  fut  faile  en  1727 ;  mais  ce 
n*est  qu*^  partir  de  1737  que  les  expositions  eureflt  lien 
r^guli^rement  cbaque  ann6e,  jusqu*en  1751 :  alofselles  hi- 
rent  rhinites  aux  ann^es  impaires.  Ces  expositions  ne  du- 
raient  qu^un  mois.  Il  fallalt  etre  de  PAcademie  pour  avoir  le 
droit  d*y  presenter  ses  ouvrages ,  et  le  total  des  objets  de 
peinture,  sculpture  ou  gravure  n'^tait  gu6re  que  de  150 
environ.  En  17S0  Ic  salon  ne  contenait  encore  que  aoo 
objets;  mais  en  179 1,  premiere  ann^e  oh  le  privilege  de  Ta- 
cademie  setrouva  aboli,  le  salon  offrit  BOO  articles.  Depuis, 
ce  nombre  a  augments  jnsqu*a  1,200  et  1500;  et  quoiqde 
depuis  les  expositions  soient  redevenues  annuelles,  eUes 
d^pass^tent  pourlant  le  c]\l{fre  de  3,500  raurceaui.  tn  \%hi 
dies  atlelguirent  mame  le  nombre  de  5, ISO  morceaux  de 
peinture,  sculpture,  dessln,  architecture,  aquarelles,  gra- 
vures  et  lithographies.  Lors  de  la  demiftre  exposition,  cfl 
1852 ,  ce  nombre  ^tait  retomb6  1 1 ,757. 

DocnESNe  atn^. 
Des  r^ements  particnliera  r^gissent  les  expositions  de^ 
beauxarts;la  Ck)nventionnationales'en  occttpa,  et  surla 
proposition  de  David  elle  institua  un  jury. 

La  composition  du  jury  charge  d'admettre  lea  tableaux  k 
Pexposltion,  et  conti'e  lequel  s'tievaient  cheque  ann6e  de 
nombreuses  protestations ,  a  souvent  vari^.  Sous  la  monar- 
chie  elle  fbt  du  domaliic  du  peuvoir  ex(H;uiif ;  en  tslS  les 
artistes  eux-m£mes  fhrent  appeltfs  k  nommer  le  jury,  et  lei 
floms  des  roembres  qui  le  composftrertt  attestftrent  que  cetla 
Election  avait  61^  faita  avec  une  grande  intelligence  :  qilinze 
peintres,  onze  sculpteurs-,  cinq  graveurs ,  cinq  arcliitectes  et 
quatre  lithographes  compos^rentee  jury,  dont  la  mission  se 
tioma  cette  anuria  k  placer  seulement  les  tableaux  qu*il 
n^avalt  pas  mission  d^examiner.  AujourdMiui  le  jury  d*ail- 
mission  est  compost  moiti^  de  membrea  nomni^  k  Vi- 
lection,  moitl6  de  membrea  choisis  par  Padmiuiaf ration ; 
les  artistes  qui  ont  d^ja  expose  y  tiisent  cinq  peintres ,  irois 
sculpteurs ,  un  graveur,  un  graveur  en  m^dailles  et  dit  ar- 
chitectes.  Le  jury  d'admisslon  statue  malntenant  sur  le 
m^rfte.des  ceuvres  expose  et  snr  let  recompenses  k  leur  d^- 
cerner.  Ler^lement  de  1850  portait  que  les  memhres  de 
PInstitut,  les  grands  prix  de  Rome,  les  artistes  d^sonM  ei 
ceux  auxquels  avaient  ^16  decem^ea  en  rfcompense  des  nn^ 
dailies  de  premiere  et  de  seconde  classe  exposaient  de  droit 
leurs  tableaux,  sans  etre  astrelrtta  k  les  aoumettre  ih  IVetanwn 
du  jury ;  le  r^lcmentde  1852  n*attribue  plus  cette  immunite 
qu^aux  membres  de  PInstitut  et  anX  artlatea  dteores. 

EXPOSITION  D£S  PRODUITS  DE  LINDUS^ 
TRIE.  C'est  k  notre  premiere  revolution  qu'est  due  Pins- 
titntion  des  expositions  industrielles;  qui  a  passd  depuis  par 
tant  de  phases  difrerentes.  Elle  se  produlsit  dte  Pabord  aoui 
une  fonne  bien  modeste;  trois  jours  seulement,  trols  des 
cinq  jours  compiementaires  de  IVm  vi  (1798),  tui  fbreni 
conj^acrte.  L^expositton  avait  lieu  au  Champ  de  Mars  :  on  y 
compta  1 10  exposants  >  23  recompenaea  y  furent  distribiiees. 


EXPOSITION  DBS  PRODUITS  DE  L  INDUSTRIE 


214 


£b  Tan  n  Pe&pmition  a  lieu  aassi  dans  les  Joura  com- 
pMmiatsim;  die  est  installde  an  LooTre,  dure  six  jours, 
el  eoapte229  exposants;  80  recompenses  j  sont  distvtbn^es. 

En  ISO)  (an  x)  nouvelle  exposition,  ^alement  fix^  aux 
joors  conpl^raenUires  t  ceUe-ci,  install^  an  Louvre  eorame 
la  prMdente,  oompCe  S40  exposants,  auxquels  2S4  recom- 
penses sont  decem^es. 

En  1800  .^  la  roftme  epoque,  ourerture  de  la  quatritoie 
exposition  des  prodnits  de  llndustrie  nattonale ;  TexposUion 
se  tlent  sor  Pesplanade  des  Invalides,  et  dure  vingt-quatre 
joum;  1,411  exposants,  610  recompenses. 

De  1806  I  1819;  les  expositions  disparaissent  les  guerres 
qui  Tont  flnir  k  Waterloo  ont  enlcTe  les  bras  k  Tindustrie , 
IV>eeapation  etrangire  a  deconrage  les  industries ;  mais  en 
1819  la  cinquitoie  exposition  a  lieu,  et  cette  Tois  elle  a  les 
proportions  d*nn  grand  ^Tenement,  prepare  de  longue  main. 
Elle  ouTre  au  Louvre  le  25  wdi ,  jour  de  la  Saint-Louis , 
dare  trente-cinq  jours,  compte  1,661  exposants,  et  voit  dis- 
trilme,  869  rtompenses. 

A  partir  de  ce  moment  les  expositions  devienncnt  perio- 
dkpies ,  dies  doivent  avoir  lieu  tous  les  quatre  ans. 

En  1813  sixitoe  exposition;  elle  se  tient  au  Louvre, 
le  IS  aoQt,  dure  dnquante  jours,  compte  1,642  exposants, 
1,091  recompenses. 

Le  1^  aoAt  1827  septitoie  exposition,  toujours  au  Lou- 
vre: die  dare  deux  mois,  compte  1,695  exposants  ct  1,254 
r^^mpenses. 

Les  agitations ,  les  commotions  qui  suivirent  la  revolution 
de  1830  tfrent  ijoumer  Texposition  a  Tannee  1834,  et  d6{or- 
mais  11  devait  j  en  avoir  one  tons  les  dnq  ans.  Cette  fois 
les  vastes  salles  dn  Louvre  ne  sufllsent  plus  k  contenir  les 
produits expose ;  die  eot  lien  place  de  la  Concorde,  ott  quatre 
pavfllonsavaientet^  eieves  pouria  recevoir :  2,447  exposants 
et  1,785  rfeompenses  attest&rent  le  devdoppement  que  pre- 
nait  alors  Findostrie  franQaise.  Ouvertc  le  jour  de  la  fete  du 
rd,  le  f*'  ma,  Pexposition  de  1S34  dura  deux  mois,  comroe 
la  precedente. 

La  neavitoe  exposition  comment  le  I*'  mai  1839 ,  et 
dnra  e^^iement  deux  mois  :  on  lui  alTeota  des  constructions 
provisoires ,  qui  furent  devees  an  milien  da  grand  carre  des 
Champs-^lysees,  oft  se  sont  tenues  toutes  les  expositions 
sobseqoentes :  die  compte  3,181  exposants,  auxquels  11  est 
aeoorde  1,305  recompenses. 

Le  1*^  mai  1844  s^ouvre  la  dixi^me  exposition,  durant 
d«DX  mois  :  3,960  exposants,  3,258  recompenses. 

Le  I*'  juin  1849  s'onvre  laonzi&me,  duree  fixee  k  deux 
mois.  prolongee  de  quelques  jours  :  4,532  exposants,  3,738 
reco'.npenses.  81  departements ,  TAlgerie,  une  colonic  j 
sont  representes.  Comme  dans  toutes  les  precedentes ,  Paris 
et  le  d^partement  de  la  Seine  y  occupant  la  plus  large  place. 
En  1844  lis  comptaient  1,133  exposants;  en  1849  ils  en 
eomptaient  2,885.  Les  prodnits  agricoles ,  les  bestiaux  sont 
adrais  k  cette  exposition,  qu'on  appelle  exposition  des  pro- 
duUs  de  ta^rieuUure  et  de  Industrie. 

Exposons  maintenant  le  mecanisme  adminlstratif  des  ex- 
positions des  produits  de  Tindustrie  fran^se  k  cette  der- 
Bl^re  date  de  1849. 

Ceiix  qui  ont  llntention  d^envoyer  des  produits  k  Pexpo- 
flitiQii  doTvent  les  aonmettre  k  une  commission  departe- 
mentale ,  clioisie  par  les  prerets,  dqni  prononce  radmission 
oa  le  rqet  de  cos  prodnits.  De  plus ,  on  a  attribue  depnis 
184s  aux  merabro^  des  commissions  departementales  le 
sotn  de  feire  des  rapports  (Merits  sur  les  services  rendus  k 
ragrlculture  d  k  rindustrie  par  des  chefs  d*exploitation ,  des 
oontre-maitres,  des  ouvrlers  d  des  jonrnaliers.  Arrives  k 
Pari9 ,  les  produits  en  sont  sonmis  k  Texaroen  d'une  com- 
mission eentrale ,  eomposee  de  31  membres,  ct  constitnee 
endouxe  eoraltes.  Les  membres  de  cette  coministon  etaieat 
desigmes  par  le  ministre  du  commerce.  Enfin,  une  jury  central 
de  61  incniiircA,  egalementnommet;  par  le  mini^^tre  du  com- 
ineroe,  d  divis^  en  10  sections  ou  commissloni« ,  prononce 
•ur  le  merile  des  prodait<,  d  propose  les  recotiip<*nses  k  de- 


eemer.  Oes  recompenses  sont  de  divenes  classes  :  1*  La 
medaille  dV,  1^  la  medaille  d'argent,  8^  la  medaille  de 
bronze ,  4^  la  mention  honorable.  Elles  sont  dtstrtbuees  par 
le  chef  du  pouvoir  ex^eutif ,  ainsi  que  les  croIx  d^Honneur, 
qui  par  le  fait  viennent  augmenter  le  nombre  des  recom- 
penses proposees  par  le  jury. 

Comme  nous  I'avons  vu ,  IMdee  des  expositions  est  jus* 
qu*en  1849  exduslvement  nationale.  ^*exposltion  fran^iae 
n'appelle  que  les  produits  fran^is ,  et  reciproquemeot  celles 
des  autres  pays  ne  songent  qu*^  leurs  produits. 

L'exempic  de  la  France  a  en  effet  profile  k  retranger. 
La  Rnssie  a  eu  ses  expositions  :  en  1S29,  k  Saint-peierd- 
bourg;  en  1831  d  1835,  k  M6scou;  en  1839,  k  Salnt-Pe- 
tersbourg;  en  1843,  k  Moscou ;  en  1848,  k  Saint- Petersbourg; 
en  1852,  ^Kief;  k  Moscou,  en  1853.  LaBdgique  aeu  de  son 
cdte  trois  grandes  expositions  industrielles  :  en  1835,  1841, 
et  1847.  A  cette  derni6re  on  a  compte  pr6s  de  1,000  in- 
dustrids. 

Vienna  a  eu  trois  expositions  :  la  premiere ,  en  1835,  com- 
prenant  594 exposants;  la seconde,  en  1840, en  comptait732, 
dla  troisieme,  en  1 845,  occupant  48  salles  des  vastes  bAti- 
ments  de  r£coIe  polytechnique,  et  k  laqudle  ontpartidpe 
1,865  exposants. 

Berlin  a  donne  asile,  en  1844 ,  li  Texposition  industrielk 
de  Passociation  douaniere  allemande  connue  sons  le  nom 
de  Z  olive  rein;  3,100  industrieis  y  ont  pris  part. 

L^Espagne,  le  Piemont,  la  Suisse  ont  aussi  tente  de  leur 
cdte  des  expositions. 

La  pensee  de  convier  dans  an  mfime  lieu  les  industries  de 
tous  les  pays  a  ete  emise,  die  a  germe ;  mais  comme  toutes 
les  idees  qui  prennent  naissance  en  France  ( celle  d'une 
exposition  nniversdle  delMndnstrie  a  ete  revendiquee  par  des 
Francis),  il  Ini  faut traverser  la  Manclie  pour  etre  comprise, 
adoptee ,  pour  passer  de  la  theorie  k  la  pratique.  Aussi  bien, 
les  idees  de  Hbre  ichange^  qui  gagnent  de  plus  en  plus 
d^influence  en  AngIeterre,son^  elles  trop  en  harmode  avec 
cette  pensee  pour  ne  pas  recberdier  avec  empressement  la 
sanction  qn^dles  esperent  y  rencontrer. 

La  rdne  d'Angleterre  convoque  k  Londres  une  exposition 
nniversdle ,  dont  le  resnltat  sera  de  (aire  embrasser  d'un 
seul  coup  d'oni  I'dtat  od  sont  parvenus  les  arts  d  Tindus- 
trie  de  rhomme.  Une  commission  royale,  placee  sons  la  pre- 
sidence  du  prince  Albert,  est  instituee;  les  presidents  des 
granges  societes  savantes  et  artistiques,  des  professeurs  dis- 
tingues ,  les  principaux  conseillers  prives  de  la  couronne , 
les  hommes  d*£tat  les  plus  connns  dans  les  diverses  opi- 
nions qui  se  partagent  le  parlement,  font  partle  de  cette 
commission  preparatoire.  Un  concours  est  ouvert  pour  la 
construction  d^m  vaste  palais,  que  Ton  appela  dcpuis  Palais 
de  Crist al,  od  viendront  s*etaler  les  articles ftibriques,  les 
prodnits  agricoles  de  toutes  les  nations  du  monde ,  et  ce 
palais  sort  de  terre ,  sYieve  d  se  termine  avec  une  prodi- 
gicttse  rapidite ;  nn  concours  est  ouvert  pour  le  modeie  des 
medailles  k  decemer  aux  exposants;  le  modde  proppse  par 
un  graveur  fran^is  est  couronne',  d  par  une  courtoisie 
toutedebon  gofit,  la  commission  royale  fait  graver  la  me- 
daille par  des  artistes  fran^is  :  les  recompenses  seront  de 
trois  classes  :  la  grande  medaille  de  bronze «  la  medaiUe 
de  bronze  moyenne,  la  mention  honorable. 

Un  jury ,  dont  les  membres  seront  nonunes  par  25  puis- 
sances de  TEurope,  de  TAsie,  de  TAmerique  appeiees  k 
concourir  k  Texposition  nniversdle,  proncncera  sur  le 
m^ite  des  produits.  36  jures  flran^is ,  et  16  suppieants , 
designes  par  le  ministre  de  Tagriculture  d  dn  commerce, 
vont  prendre  part  aux  deliberations  deoe  memorable  congres, 
oil  siegent  reunis  en  jury  general  au  nom  des  nenples  civi- 
lises 314  rcpresentants  de  Hndustrie,  des  sciences  et  des 
arts.  Ce  grand  jury  est  divise  lui-meme  en  SO  sections , 
dont  qnatre  sont  presidees  par  des  jures  fran^Ls.  |4efl  pre< 
ddentsde  ces  30  sedlons  ferment  un  consdl  des  presidents, 
compose  autant  que  possible  de  jures  anglais  et  de  jtires 
etrangersen  nombre  egd  de  part  et  d^antre,  d  dont  la 


itte 


EXPOSITION  DES  PRODUITS  DE  LINDUSTRIE  —  EXPRESSION 


ittiMion  est  de  tracer  les  r^esqai  doWent  guider  les  juges 
de  chaqoe  section. 

Le  mode  de  nomination  des  jurte  difl^re  selon  les  pays ; 
en  France,  c'est  le  pouToir  exteutif  qui  les  d^gne ;  aillearsy 
leur'nomination  est  r^l^  d^une  maniere'Tariable  par  les 
gouYemements ;  en  Angleterre,  les  villes  qui  font  des  enyois 
considerables  k  I'exposition  dressent  des  listes  de  candidats, 
sur  lesquelles  la  commission  royale  ehoisit  les  jorte. 

Les  produits  expose  sont  imports  et  exports  en  fran- 
chise de  douane;  ils  nesont  accepts  qae  lorsqa^ils  ont  4lA 
accepts  on  enT07<^  par  les  commissions  ou  jorys  des  pays 
de  proTenance.  En  France,  c'est  le  jury  central  de  Texposi- 
tion  de  1849  qui  accepte  ou  rejette  les  produits  pr^nt^s 
pour  le  Palais  de  Gristal.  La  France  est  Pobjet  des  prove- 
nances les  plus  grandes  de  la  part  de  la  Grande-Bretagne, 
qti'elle  a  si  longtemps  combattae  sur  les  cbamps  de  ba- 
taille,  et  qu'eUe  Yient  combattre  padfiquement  anjour- 
d'liui  dans  le  champ  clos  de  Tindustrie  :  un  espace  de  plus 
9,000  mMres  est  accord^  k  nos  produits ,  et  quelques  diffi- 
cult^ soulcT^  par  le  rOtrteissementde  cet  espace  pour  les 
besoins  de  la  circulation  gOnOrale  sont  promptement  aplanies. 

Enfin ,  I'exposition  uniyerselle  est  ouTerte ,  par  la  reine 
Victoria,  le  i*'  mai  185i.Jusqu'en  l:S34y  dans  nos  expositions 
fran^seSy  les  produits  ayaient  M  rOpartis ,  k  pen  pr^  sans 
classification,  en quatre  pavilions  difTtirents;  depuis,  on  les 
divisa  en  quatre  classes,  qui  furent  rOparties-  en  quatre  ga- 
leries  affects  k  chacune  de  ces  classes.  En  Angleterre,  ils 
furent  expose  ensemble,  sous  une  classification  g^^rale 
qui  Ocbappait  k  I'oeil ,  puisqne  chaqne  nation  avait  son  quar- 
tier  ^  part  Sur  18,000  exposants,  T Angleterre  en  compta 
0784,  et  la  France,  qui  venait  en  seconde  ligne,  1,760, 
PAngleterreobtint  79  grandes  m^ailles,  1,265  mOdailles  de 
2*  classe,  et  2,089  mentions  honorables ;  la  France,  57  grandes 
m^laiUes,  622  de  seconde  classe,  et  1,050  mentions  ho- 
norables. Nous  avions  remportO  lit  une  grande  victoire  in- 
dustrielle,  car  les  recompenses  de  premier  ordre  Otaient 
pour  nous  de  30  pour  1,000  exposants,  tandis  que  les 
autres  pays,  la  Suisse  exceptOe,  ne  les  avaient  obtenus  que 
dans  la  proportion  de  8  sur  1,000. 

A  Texposition  universelle  de  Londres  succOd^rent  d*au- 
tres  expositions  uniTerselles,  qui  eurent  un  retentissement 
moindre  :  celle  de  Dublin ,  ouverte  en  mai  1853 ,  et  pour 
laquelle  Londres  donna  1,250,000  Ir. ;  celle  de  New-Yoric , 
ouverte  en  1853,  etc.  Enfin ,  bien  quVUe  aitete  toute  spOciale, 
nous  devons  classer  parmi  celles  que  fit  ualtre  la  pensOe 
exOcutee  k  Londres  Texposition  universelle  des  beaux-arts 
que  la  Bdgiqoe  provoqua  k  BruxeUes  en  aoOt  1851. 

La  France  ne  pouvait  pas  demeurer  en  arri^re  du  grand 
roouTement  qui  avait  pris  mdssance  dans  son  sein.  L'ex- 
position  periodique  de  Findustrie  nalionale  devait  avoir  lieu 
en  1854 :  nn  dteret  da  8  mars  1858  enagrandit  le  caract&re, 
et  fixaau  I*'  mai  1855  Tonverture  d^nne  exposition  universelle 
des  prodoits  agricoles  et  industrids  de  tous  les  peuples.  Un 
d^ret  post^enr  confondit  encore  dans  celte  exposition  celle 
des  beaux-arts  qui  avait  lieu  annuellement  k  Paris,  et  crOa 
ainsi  ane;exposition  universelle  des  produits  agricoles,  indus- 
trids, et  des  beaux-arts.  Une  commission  de  37  membres, 
prfeld^  [lar  le  prince  Napolton  Bonaparte,  et  dont,  par  un 
dteret  sp^al,  Pambassadeiir  d* Angleterre  k  Paris,  lord 
Cowley,  a  6t6  appd6  k  faire  partie,  est  charge  de  la  direc- 
tion et  de  la  surveillance  de  oette  expodtion. 

Un  palds  de  Tindustrie,  reropU^ant  les  mis^rables  cons- 
trudioiis  ^phto^res  que  Pon  a  vues  tour  k  tour,  s*d^ve  aux 
Cliamps-Elysto,  au  milieu  du  carr^  Marigny,  sur  une  im- 
mense ^tendue.  II  formera  un  rectangle  pailait;  la  salle,  que 
^urmonteront  des  galeries  suspendues,  couvrira  un  espace  de 
Irois  hectares;  ct  d^lk  Ton  se  plaint  de  Texigutt^  de  ce  mo- 
nument, auquel  on  est  oblige  d^ajoutcr  des  appendices  pour 
qu*il  puisse  satisfaire  aux  exigences  de  Pinstitution. 

EXPRESSION  Me  latin  expressio,  forme  de  ex,  de, 
liors,  et  j^emo,  presscr).  Cunsiddr^  comme  terme  oratoure, 
Ct  mot  d^signe  la  manijsre  d'exprimer  ce  qu'on  veut  dire,  Ic 


choix  de  termesplusou  moins  heareux  anxquels  on  a  reoowi 
pour  rendre  sa  pens^.  II  y  a  des  e^rpreutoiu  d^gantei,  cbot 
des,  fortes,  nobles,  vives,  bardies;  11  y  en  a  de  basses,  de 
trivides  et  de  populaires. 

En  dgd>re ,  Vexprtuion  d'one  quantity  ed  sa  valeur  re- 
pr^sentto sous  une  forme  alg^brique.  Aind ,  une  Equation 
n'est  autre  chose  que  Phoned  de  P^gattt^  de  deux  expres- 
sions difKtaites  d^une  meme  quantity. 

Le  meme  mot  est  pris  pour  la  reprtentatioo  plus  oe 
moins  6iergiqiie  des  pasdons ,  et,  dans  on  sens  plus  g^ 
n6rd,  pour  la  sensation  produite  en  nous  par  divers  pbteo- 
mtoes  rooraux  ou  physiques,  par  diverses  pdntnres  de 
choses  ou  systtoies  de  choses,  plus  ou  moins  vivemcat 
anim^.  L'ezpression  tient  snrtout  au  visage,  aux  yeoi, 
ces  mirolrs  de  PAme,  comme  on  les  a  appdds,  k  la  physio- 
nomie;  legeste,  les  babitodesy  les  airs  de  tete contriboest 
aussi  k  Pexpresslon.  II  n'ed  d'ailleors  ancune  esp^  de 
physionomie ,  si  IndifTi^rente  qu^eUe  soft  en  apparence,  daas 
laqudle  ne  se  retronve  Pexpresdon  d*un  caract^  particu- 
lier.  Mais  si  Pon  considte  les  bommes  sous  llnfluenoe  d'ane 
passion  qudconque ,  pour  peu  que  cette  pasdon  sdt  intease, 
la  phydonomie  du  plus  stupide  prend  alors  un  td  aspect 
qu'il  est  imposdble  de  s'y  m^rendre. 

L'expression  ed  singuliirement  modifite  dans  Pdd  de 
mdadie ;  die  peat  souvent  dors  donner  d'atiles  rensdgae- 
ments  k  Pbomme  de  Part  qnl  sdt  tenir  compte  des  iodioei 
foumis  par  le  dicubitus,  le  Jacies,  etc. 

EXPRESSION  (Technologic).  (Ted  une  esptee  de  fil- 
trationddted*une  force  m^caniqne.  On  I'emploie  pris- 
cipalement  pour  se  procurer  les  sues  des  TiSgdtaux  frais  et 
les  huiles  v^dtdes  onctueuses.  Elle  s*exdcute  an  moyeo 
d'une  presse  It  vis  et  de  plaques  de  bois,  de  for  ou  d'dtain. 
L'objet  k  presser  est  prddablement  battu ,  moulu  ou  dcrad. 
On  Penferme  ensuite  dans  un  sac,  qui  ne  doit  pas  etre  trop 
plefai,  et  qu^on  introduit  entre  les  plateaux  de  la  presse.  Us 
mdlfeurs  sacs  sont  ceux  detoile  de  crin,  ou  de  canevas  en- 
fermd  dans  la  toiledecrin.  Les  sacs  de  toile  de  chanvreoa 
de  laine  sont  sujets  k  communiquer  aux  sacs  vdgftaux  an 
goOt  ddsagrdable.  La  pression  doit  etre  d'abord  moddrde, 
eton  doitPaugme&ter  gradudlement  Les  vdgdtanx  destine 
k  cette  opdration  doivent  etre  tout  f rds  et  sdpards  de  tode 
in^iuretd.  En  gdndrd,  il  convient  de  les  exprimer  anssitdt 
apr6s  qu'ils  ont  dtd  dcrasds ,  car  cette  opdratlon  les  dispose 
k  la  fermentation ;  mais  les  froits  aigrdets  donoent  une  plus 
grande  quantitd  de  sue  d  d^une  mdlleure  qualitd  quand  on 
les  laisse  pendant  quelques  heures,  d  dans  de  cerCdns  cas 
pendant  quelques  jours,  dans  un  Tase  de  bois  on  de  terre, 
apr^s  avoir  dtd  dcrasds.  A  qiidques  vdgdtanx  qui  ne  sont 
pas  assez  juteux,  il  est  ndcessdre  d'ajouter  nn  peu  d*eaQ. 
Les  oranges  d  les  dtrons  doivent  dtre  pdds ,  car  leur  pean 
contient  une  grande  quantitd  d'buile  essentidle  qui  se  md- 
lerdt  au  sue.  Lhuile ,  de  son  cAtd,  peut  dtreobtcnue  sdpard- 
ment  en  Pexprimant  avec  les  doigts  sur  un  morceaa  de  verre. 
On  se  sert  de  plaques  de  for  pour  les  semences  onctueuses; 
et  on  a  Pusage  non-seulement  de  chaufTer  les  plaques, 
mais  de  faire  chaufTer  mdme  les  semences  dcrasdes  dans  une 
marmitc  plaode  sur  un  feu  doux,  aprds  les  aToIr  arrosdes 
avec  de  Peau ,  ou  odeax  en  dirigeant  dessus  de  Peau  &  Pdid 
de  vapeur,  paroe  que  de  odte  manidre  on  obtlent  nn  plus 
grand  produit,  et  que  Phuile  est  plus  limpide.  Mais  comme 
les  huiles  obtenues  par  ce  moyen  sont  plus  disposdes  k  la 
randditd,  cette  partie  du  procddd  doit  dtre  qudqiidois 
dcartde.  Peloozb  pM*e. 

EXPRESSION  (Beaux-artM).  L'expression  est  le  rd- 
sumd  de  Peffd  des  parties  d*un  tout  vivant :  ce  mot  s*entend 
aussi  du  mode  employd  poor  rendre  sensible  k  d*autres 
Pimpression  que  Pon  a  re^e.  II  existe  une  rorrdlation  pa^ 
faite  entre  les  niouvements  de  PAme  et  da  corps ,  dans  Pdid 
nonnal  de  Pdtre  usant  de  ses  lacuUds.  Ces  deux  espies  df 
mouvements  oonsdculif;;  ont  trois  phases  distiactes ,  sHor 
Pdtat  du  fiioi,  quand  ils  sont^  produits.  Dans  la  condition 
moyenne.  ils  soot  excentriques  et  doux,  Ils  se  comportent 


EXPRESSIOIN  —  EXPROPRIATION 


J17 


eoQccnkriqaenMDt  dans  la  fkiblesse,  source  des  aflections 
tristes ;  ils  passent  de  la  concentration  k  Peicentration  forcc^e 
lorsqoe  le  moi  se  trouve  sure&cit^,  et  deviennent  violents 
dans  oette  cat^orie.  Quel  que  soft  l^instant  de  la  passion ,  le 
geste  qai  en  d^coole  suit  constamment  une  direction  ana- 
logue. Ainsi ,  les  muscles  et  les  extr^mit^  s'tioignent  de  la 
Ugne  mMiane,  dans  Fexcentration  de  la  Tolont^;  Us  s*en 
rapprocbent  dans  rimpulsion  contraire. 

D'aprte  ce  principe,  la  fr^ence  d*une  m6ine  passion 
amtoe  une  haUtode  corpordle  offirant  mat^rieUement  I'ex- 
pression  ordinaire  de  chaque  6tre,  son  caract^re  perma- 
nent Le  jeu  des  diTerses  parties  du  corps  denote,  au 
moment  m6me ,  i'apparition  passag^re  d'one  expression  ac- 
ctdentelle.  H  snfBt  pour  se  convaincre  de  ces  virit^  d'exa- 
roiner  une  s^e  d'actes  vitaux.  Dans  la  crainte  se  d^ve- 
loppant  en  nous,  ne  voit-on  pas  les  pieds  et  les  mains  se 
rapprocber  du  tronc  pour  le  preserver  contre  loute  atteinle 
nutsiUey  avec  one  vitesse  dgale  k  la  rapidity  de  conception 
de  Tesprit  pressentant  le  danger?  Dans  cet  ^tat  de  I'ame 
s'amoindrissant  afin  d'ofliir  le  moins  de  surface  possible ,  ne 
troove-t-on  pas  une  similitude  frappante  avec  Taction  per- 
ceptive de  rindividn  concentrant  tous  ses  moyens  moraux 
derfoistance?  Si  Ton  met  en  parall^le  de  cetexeuiple  celui 
que  Ton  pent  tirer  de  la  vue  d*un  bomtne  exalte  par  un 
bonheur  fortuit  k  lui  survenu ,  Ton  reconnaltra  la  concor- 
dance exislant  entre  sa  penste  Temportant  en  deliors  de 
ses  habitudes,  et  le  geste  oxcentrique  inyolontaire  s^^lan^ant 
avec  elie.  Dans  ce  castle  rire ,  la  dilatation  des  narines, 
Tafflux  du  sang  k  la  p^riph^rie  »le  Jeu  rapide  des  extrtoiit^ 
tant  sopdrieures  qu'inf<iiienres ,  ne  t^noigne-t-il  pas  haute- 
tement  en  fisveur  de  ce  principe  oonstitutif  de  corr^tlon 
du  moral  et  da  physique?  Les  nuances  les  plusd^licates  ne 
sont  pas  moins  salsissables  en  les  parconrant  avec  jnstesse. 
La  pr^tendue  objection  soulerte  en  montrant  lliypocrisie 
d^ouant  roeil  de  Pobserrateur  par  une  grande  rteerre  dans 
rext^orit^  Tient  confirmer  au  contraire  nos  assertions,  en 
reodaut  bommage  k  cette  loi  d'analogie,  puisqoe,  pour 
eacber  T^t  rM  de  TAme ,  on  se  croit  oblige  de  maltriser 
mie  pantomue  d^latrice.  Du  reste ,  il  est  facile  de  s'assiarer 
de  la  duplicity  par  TefTet  de  la  contrainte  des  muscles  de  la 
face  et  de  ceux  do  T^nomie  tout  entire;  car  Texpression 
ne  reside  pas  seulementsiur  la  face,  oil  TAme  se  reflate  ayec 
le  plus  de  clart^;  Tame  est  partoot 

Les  extrtmit^  ont  une  pbysionomie  non  moins  expressiye : 
Im.  main  snpplie,  ordonne ,  menace ;  le  d^abi ,  la  fermet6 , 
rimpatience  apparaissent  dans  le  pied  :  II  souffre  dans  le 
marbre  de  Laocoon  autant  que  le  tronc  de  cette  admirable 
statue.  Subdivisez  encore  ees  fractions,  et  chaque  parcelle 
aura  son  expression  locale.  C'est  ainsi  que  selon  nous  on 
pent  mettre  snr  la  Toie  des  recbercbes  k  suivre  pour  ma- 
t^rialiser  avec  le  crayon  ou  le  ciseau  ce  qui  d'abord  semblait 
apparfenir  an  donudne  exclusif  da  rabstraction.  Si  le  peintre 
reporte  sur  la  toile,  ou  si  le  sculpteur  fait  sortir  de  Targile 
les  furmes  senties,  les  liniments  caract^ristiques  incrust^ 
par  la  passion  sur  les  trails  de  Thomme,  la  copie  aura  la  si< 
gnificatien  morale  de  Poriginal. 

n  ne  suffit  pas  dans  an  ouvrage  oil  se  rencontrent  plu- 
tieora  groupes  que  Texpression  individoelle  soit  Juste;  il 
bot  encore  qu'elle  soit  Jodicieusement  appropride  k  Tex- 
prassion  de  la  penste  dominante.  Cerles,  Part  ne  dolt  pas 
D^gliger  les  oppositioas  faisant  valoir  Pensemble  de  la  com- 
position; mais  cependant  on  ne  pent  y  introduire  des  ca- 
raet^res  dont  I'aspeet  deriendrait  clioquant  par  bioppor- 
tonit^.  J«-B.  Dblestbe. 

EXPRESSION  (Musique).  (Test  une  quality  par  la- 
quelle  le  musicien  sent  TiTement  et  rend  avec  Anergic  toutes 
les  id^ea  qu'il  doit  rendre  et  tous  les  sentbnents  quMl  doit 
axprimer.  fl  y  a  une  expression  de  composition  et  une 
d*exteution,  et  c^est  de  leur  concoors  que  rdsulte  Teffet 
mnsical.  Le  compositeur  doit  bien  connattre  et  sentbr  PelTet 
de  tous  les  caracl^res,  afin  de  porter  exactement  celui  qu'il 
dioisil  aii  degrc  fiui  lui  convient.  II  doit  rendre  par  la  m^ 

MCr,  M  LA  OONTBaS.  —  T.  IX. 


Iodic  le  ton  dont  s'expriment  les  sentiments  qu'il  yeut  repr^* 
senter;  il  doit  pourtant  bien  se  garder  en  cela  d^imiter  la 
declamation  th^trale,  mais  la  Toix  de  la  nature  parlant  «ftng 
afTectation.  Quant  k  Tharmonie,  il  dvitera  soigueusement 
de  couTrir  le  son  principal  dans  la  combinaison  des  accords; 
il  subordonnera  tous  ses  accompagnements  k  la  partie  cluin- 
tante;^  partout  il  rendra  present  et  sensible  Tencbatnement 
des  modulations,  et  fera  berrir  la  basse  et  son  harmonic  k  . 
d<^terminer  le  lieu  de  chaque  passage  dans  le  mode,  afin  qu'oa  ^ 
n'entende  Jamais  un  interralle  ou  un  trait  de  chant  sans  ' 
sentir  en  m^e  temps  son  rapport  avec  le  tout.  Une  obser^  • 
Tation  que  le  compositeur  ne  doit  pas  ndgliger,  c'est  que 
plus  riiarmonie  est  recherch^e,  moins  le  mouvement  doit 
6tre  Tif,  afin  que  Pesprit  ait  le  temps  de  saisir  la  marche 
des  dissonnances  et  le  rapide  encbatneiuent  des  modulations. 

A.-L.  MiLLllf,  de  rinstitat. 

EX  PROFESSO,  locution  adverbiale  et  toute  latine, 
qui  Tient  de  la  proposition  ex  et  du  participe  pass^  du  yerbe 
profiteri,  en  fran^is  emnoncer  publiquement ,  promettre, 
profisser :  Iraiter  unsujet  er  j^ro/esso,  c^est  done  le  traitor 
sans  myst^  sans  dissimulation,  k  fond,  d'une  mani^re 
compl^,  aTcc  toute  la  science  et  Taatoritd  conyena- 
hies. 

EXPROPRIATION.  On  entend  par  ce  mot  on  acte 
de  (^possession  des  biens  d^un  d6biteur,  lesquels  sont 
vendus  au  profit  d^un  crdancier.  L'expropriation  est  ton- 
jours  considOr^e  comme /orc^e,  suivant  le  Code  Civil,  qu; 
determine  longoement  la  nature  des  biens  dont  le  cr(^ancier 
peut  poursuiyre  l'expropriation,  ainsi  que  la  mani^  de 
procMer  k  leur  yente  forc^.  Les  lois  sur  la  proo^ure  Ota- 
blissent  Pordre  et  hi  distribution  k  suiyre  dans  la  repartition 
du  prix  de  oes  biens  entre  les  creanciers ,  qoand  il  y  en  a 
plusieurs.  On  peut  ponrsulyre  Texpropriatjon,  1*  des  biens 
immobiliers  et  de  leors  accessoires  reputes  immeublcs,  ap- 
jpailenant  en  propriety  au  dObiteur;  2"  de  Tusufiuit  appar- 
tenant  au  debiteur,  sur  les  biem^  de  mftme  nature.  Toute- 
fois,  si  le  debitear  Justifle  par  baux  authentiques  que  le 
revenu  net  et  libre  de  ses  immeubles  pendant  one  annOe 
suffit  pour  le  payementdo  la  dette  en  capital,  intOrets  et 
frais  compris,  et  s'il  en  oCTre  la  delegation  au  creancier,  lea 
Juges  peayent  sospendre  la  poorsulte,  sauf  k  hi  reprendre 
s'il  suryient  qndqne  opposition  ou  obstacle  au  payement.  Ce 
n^est  qu'en  yertu  d'un  fitre  autbentlque  et  executoire,  pour 
une  dette  certaine  et  liquide,  qu'on  peut  poursuivre  la  yente 
forcee  des  immeubles.  Si  la  dette  est  en  especes  non  liqui- 
dees,  la  poursuite  est  yalable,  mais  Tadjudicatlon  ne  pourra 
etre  faite  qu'apr^s  la  llquidaUon.  Ce  n'est  qu'aprte  que  la 
signification  du  transport  a  ete  faite  au  debiteur  que  le  ces- 
sionnaire  d'un  titre  executoire  peut  poursuivre  Texpro- 
priation.  La  poursuite  peut  se  faire  en  vertu  d*un  jugement 
provisoire  oa  definitif,  executoire  par  provision,  nonobstant 
appd ;  mais  radjudication  ne  peut  se  faire  qu'apres  un  ju- 
gement definitif  en  dernier  ressort,  ou  passe  en  force  de 
chose  jugee.  Un  Jugement  rendu  par  defaut  durant  le  deiai 
de  Topposition  ne  pent  autoriser  la  poursuite. 

On  ne  peut  operer  de  poursuite  en  exQ^priation  d'im- 
meubles  sans  qu'dle  ait  ete,  au  prealable,  precedee  d*un 
commandement  de  payer,  fait  k  la  diligence  et  requete  du 
creancier  k  ia  personne  du  debiteur  ou  k  son  domicile. 
Toutefois,  la  part  indivise  d'un  coheritier  dans  les  immeu- 
bles d*une  succession  ne  peut  etre  mise  en  vente  par  ses 
creanciers  personnels  avant  le  partage  ou  la  lidtation, 
qu'ils  proyoquent  alls  le  jugent  convenable,  ou  dans  laquelle 
ils  ont  le  droit  d'interyeuir.  On  ne  pent  ayant  la  discussion 
du  mobllier  mettre  en  vente  les  immeubles  d'un  mineur, 
roeme  emancipe,  on  d'un  interdit.  La  discussion  du  mobilier 
n'est  pas  requise  avant  Pexpropriation  des  immeubles  pos- 
sedes  par  Indivis  entre  un  majeur  et  un  mineur  on  Interdit 
si  la  dette  leur  eat  commune ,  ni  dans  le  cas  oft  les  pcmrsuites 
auraient  ete  commenoees  contre  un  niajeur  ou  avant  Pin* 
terdiction.  On  poursuit  contre  hs  man  debiteur  seul, 
quoique  la  fenune  soit  obllgea  k  la  dette,  l'expropriation  dirs 


218 


EXPROPRUTION  —  EXPULSION 


immeubles  qui  font  partie  de  la  comrounaut^.  L'expropria- 
tioQ  des  immeubles  de  la  femroe  qui  ne  sout  point  *entr^ 
en  commuuaul^  se  poursuit  centre  le  mari  et  la  femme,  la- 
quelie  peut  dtre  autoris^e  en  justice,  au  refus  du  man  de 
proc^der  avec  elle,  ou  si  le  mari  est  mineur.  Ce  n'est  que 
dans  le  cas  dMntuflisance  des  biens  qui  lul  sont  hypo- 
tli^qu^  que  le  cr^ncier  peut  poursuiyre  la  vente  de  ceux 
qui  ne  le  lui  sont  pas. 

On  ne  peut  provoquer  que  successivement  la  yente  forc^e 
de  biens  situ^  dans  diYers  arrondisseroents,  k  moins  quMb 
ne  fassent  partie  d'unc  mdme  exploitation.  Celte  vente  se 
fait  dans  le  tribunal  du  ressort  duqiiel  depend  le  cheMieu 
de  1 'exploitation,  ou,  k  d^faut  de  chef-lieu,  la  partie  de  biens 
qui,d'apr^  la  matiice  du  rdle,  est  d^m  plus  grand  revenu. 
Si  les  biens  liypotli^qu^  au  cr^ncier  et  ceux  non  hypo- 
thdqu^,  ou  les  biens  situ^s  dans  divers  arrondisseinenU, 
font  partie  d'une  seule  et  m£me  exploitation ,  la  yente  des 
uns  et  des  autres  se  poursuit  ensemble  si  le  di^bileur  le  re- 
luiert;  et  s*U  y  a  lieu,  yentilatioo  se  fait  du  prix  de 
Tadjudication.  Une  pour&uite  en  expropriatioii  dMmmeubles 
ne  peut  d'ailleurs  jamais  6tre  annuls  sous  pr^texte  que  le 
rreancier  Fauratt  commenciie  pour  une  somme  plus  forte 
que  celle  qui  lui  est  due.  Biixot. 

Tels  sont  les  principes  pos^  par  le  Ck)de  Civil  en  ma- 
ti^re  d^expropriation  forc^.  Quant  aux  regies  k  suivre ,  aux 
f<-rmalit6s  k  observer,  elles  sont  longuemcnt  d^yelopp^es 
dans  le  Code  de  Procedure  civile,  titres  XJI  etXIIT,  articles 
673  k  805.  Ces  dispositions  exigent :  t**  un  comroandemcnt 
du  crtoncier  vis6  par  le  maire  du  lieu  o(i  il  a  €16  signifid, 
commandement  qui  doit  6tre  renouveld  au  bout  de  quatre- 
vingt-dix  jours  s*il  n'a  pas  ^t^  suivi  d'eifct;  2^  la  saisio 
immobili^re,  trente  jours  apr^  ce  connmandement ;  3°  la 
ddnonciation  de  la  saisie  immobili6re  ou  saisie  dans  les 
quinze  jours  qui  suivent  la  cloture  du  proc^- verbal  qui 
en  est  dress^;  4**  la  transcription  de  la  saisie  et  de  sa  d^ 
nonciation  au  bureau  des  bypoth6ques ,  dans  les  quinze  jours 
•u  plus  tard  de  cette  d^nonciatiou ;  5**  depOt  au  greffe,  par 
le  poursuivant ,  dans  les  vingt  jours  au  plus  tard  aprte  la 
transcription,  du  cabier  des  charges;  e""  dans  les  huit  jours 
de  ce  d^pOt,  summation  au  salsi  de  prendre  communication 
du  cabier  des  charges;  pareille  sbmmalion  aux  crdanciers 
hypolh^ires;  7°  mention  de  celte  notiOcation  dans  les 
huit  jours  du  dernier  exploit  la  constatant  au  bureau  des 
hypoth^ues;  8°  publication  et  lecture  du  cabier  des  charges 
k  i*audience,  trente  Jours  au  plus  t6t  et  quarante  Jours  au 
plus  tard  apr^  le  ddpdt  de  ce  cahier;  ^**  adjudication  dans 
les  trente  jours  au  plus  t6t.  et  les  soi%a&te  jours  au  plus 
tard  de  la  publication  du  cahier  des  charges;  10°  insertion 
dans  un  journal  l^ement  ddsign^  quarante  jours  au  plus  i6t 
et  vingt  jours  au  plus  tard  avant  radjudication ;  1 1*>  remise 
de  radjudication,  s^il  y  a  lieu,  par  jugement  rendu  sur  la 
demande  du  poursuivant,  du  saisi  ou  d'un  cr<^ancier  inscrit, 
et  dans  ce  cas  adjudication  nouvelle  dans  les  quinze  jours 
au  plus  tot  et  les  soixante  jours  au  plus  tard ,  une  insertion 
huit  jours  a  Tavance;  17?  enfin ,  ench^re,  et  sMl  ne  se  pr^ 
sento  pas  d^enclidrisseurs,  le  poursuivant  est  d^lar^  adjudi- 
cataire  pour  la  raise  k  prix. 

Le  d^cret  qui  a  institu6,  en  1852,  des  socM^  de  credit 
foncier  a  prescrit,  quant  k  ces  soci^t^,  un  mode  plus  ex- 
p^ditif,  rooins  compliqu^  d^expropriation ,  relate  dans  les 
articles  32  k  42.  En  cas  de  non  payement  d'une  annuity, 
il  y  a  lieu  k  poursuivre  le  payement  d'un  immeuble.  Un  com- 
mandement transcrit  au  bureau  des  hypoth^ues,  six  in- 
sertions pendant  les  six  seroaines  qui  suivent  cette  trans- 
cription dans  les  journaux  Idgalement  d<isign4s  k  cet  effet, 
deux  appositions  d'afTichcs  k  quinze  jours  d'intervalle,  avec 
di^nonciaUon  aux  d^bitears  et  aux  cr^anciers  inscrits,  et, 
enfin,  vente  aux  encli^res  devant  le  tribunal  du  lieu  quinze 
jours  apr^  raccomplissement  do  cette  formalih^,  voillt 
comment  a  lieu  ^expropriation  en  mati^re  de  cr^U  foii" 
*f(T.  Le  tribunal  peut  sur  la  requite  de  la  soci^t6  de  cr^t 
oficleri  par  uii  jugement  noo  spsceplihle  d'appel,  ordonner 


la  vente  dans  les  etudes  des  uotalres  du  canton  ou  deranw- 
dissement,  ou  devant  un  autre  tribunal. 

Outre  Texpropriation  forc^e  par  suite  de  saisie  immotn- 
li&re,  la  loi  reconnalt  un  autre  mode  d'expropriation,  dans 
lequel  la  d^possession  est  motive  par  des  rafsonsd'un  int^M 
plus  g^n^ral,  c'est  V expropriation  pour  cause  (VulUi(i 
publique.  L^£tat  veot  construire  un  palais,  une  route,  ud 
chemin  de  fer;  un  d^partcment  veut  ouvrir  une  voie  de 
grande  communication ;  une  commune  veut  faire  proloager 
une  rue  :  si  I'emplacement  destind  a  ce  palais,  k  ces  voies  de 
communication,  appartient  kdes  particuliers,  TEtat  a  le  droit 
de  les  exproprler,  moycnnant  une  juste  et  pr^alable  indem- 
nity, et  apr^s  que  Tutilit^  publique  a^tO  l^alenient  cods- 
tat^e.  Les  lois  du  8  mars  1810,  7  juillet  1833,  et  3  mai  l$4l 
ont  d'abord  r^i  la  mati6re ;  aujourd*hui  les  deux  premieres 
sont  abrog^.  Aux  termesde  la  loi,  du  3  mai  1841,  il  ne 
peut  £tre  proc^d^*,  soit  par  r£tat,  soit  par  les  dt^partements, 
soit  par  les  communes,  qu^cn  vertu  d'une  loi  ou  d*un  d^cret 
pour  les  moins  importants,  k  de  grands  travaux  d'utili!6 
publique ;  cette  loi  ou  ce  dccret  ne  peut  ^re  rendu  qu^apr^ 
une  enqu6te  administrative;  il  en  est  dem^me  pour  leg 
chemius  vicinaux  dont  le  trac^  a  6i&  approuv^  par  les  con- 
sells  g^n^raux  et  dont  un  arr6t^  pr^fectoral  determine  Tou- 
verture ;  une  enquMe  administrative  doit  accoropagner  la 
production  des  plans.  Les  tribunaux  prononcent  Texpro- 
priation  pour  utility  publique  des  terrains,  bAtiments  conipris 
dans  le  p^rim^tre  des  travaux  k  faire  :  rassignalion  k  trois 
jours  aux  propri^taires  de  coraparaltre  devant  le  tribunal 
dnonce  la  somme  ofTerte;  le  tribunal  determine  la  somme  i 
consigner  pour  la  garantie  du  propri^taire ;  si  le  propri^taire 
n'accepto  pas  les  offres  qui  lui  sont  faites,  il  est  ren?oy< 
devant  un  jury  d' expropriation ,  dont  les  roembres  sont 
dfeign^s  cbaque  ann^e  par  les  conseils  gdn^raux :  rexpropri^ 
fait  soutenir  ses  pretentions  devant  le  jury  d'expropriatioo, 
dirig^  par  un  magistrat  de  Tordre  judiciaire;  ce  jury  est 
compost  de  douze  membres ;  il  vote  souverainement ,  k  la 
simple  majority ,  son  president  ayant  voix  pr^pond^ranle  eo 
cas  de  partage,  le  chiffre  de  Tindemnit^  k  allouer  en  faveur 
des  propri^taires,  fermiers,  locatalres,  usagers  expropri^.  Si 
rindemnite  fix^c  n'iftait  ni  acquiltiki,  ni  consignee  dans  les 
six  mols  de  la  d^isiun  du  jury ,  les  int^rdts  courraient  de 
plein  droit  ^  Texpiration  de  ce  d6la«.  I^n  certains  cas  l*expro- 
prialion  donne  aux  expropri&>  le  droit  d'exiger  de  Tadminis- 
tration  Tacquisition  totale  des  immeubles  qu'elle  frappe.  A 
Paris,  en  vertu  d^un  d^crct  du  2G  mars  1852,  radministration 
a  la  faculty  de  comprendre  la  totalitcdes  immeubles  atteints 
lorsqu'elle  juge  que  les  parties  restautes  ne  sont  pas  d^une 
^tendue  ou  d^une  forme  qui  permette  d^y  Clever  des  construe- 
tioas  salubres.  £Ue  peut  pareiUeiuent  comprendre  dans  Tex- 
propriation  des  immeubles  en  dehors  des  alignements,  lors- 
quo  leur  actiulsition  est  n^cessaire  pour  la  suppression  d'an- 
ciennes  voies  pobliquesjugdesinutiles.  Les  parcellesde  terrain 
acquires  en  dehors  des  alignements  et  non  susceptibles  de 
recevoir  des  constructions  salubres  sont  r^unies  aux  pro- 
pri^tiSscontigues,  soit  k  Tamiable,  soit  par  Texpropriatioa  de 
ces  propriety.  Une  loi  de  1845  a  d^cld^'que  Tttat  peut  expro- 
prier  pour  cause  d*utilit6  publique  des  cauauxconc<^l^sk  des 
compagnies.  Cette  loi  determine  le  mode  de  procckler  poor 
ariiver  k  faire  tixer  dans  ce  cas,  par  un  jury  special,  le  ptix 
k  rembourser  pour  les  actions  de  jouissance  die  ces  canaux. 

EXPDITION.  Voyez  CiucnENErvT. 

EXPULSION  ( du  latin  expulsio,  tormA  de  ex,  bors, 
et  pello,  je  pousse },  action  par  laquelle  on  est  chass^  d*ua 
lieu,  mis  dehors.  £n  termes  de  pratique,  il  se  dit  de  Tac- 
tion par  laquelle  on  est  chass^  d*uu  lieu  oti  on  n'a  pas  droit 
de  reeter,  d^m  bleu  dont  on  dtait  en  possession  ^  ou  oa 
n'a  plus  droit  de  rester.  Si  un  locataire  s'obstfne  k  rester 
dans  une  niaison  dont  le  ball  est  finl  ou  r^sili^  on  procMe  I 
son  expulsion,  en  vertu  d*un  jugement  et  aveo  tesageati 
de  la  force  publique.  Les  Ids  sur  les  strangers  donnent 
en  gdn^ral  aux  gouvernements  le  droit  de  les  expul^er  da 
territoire  od  Us  se  sont  riSfugi^s,  et  on  n'a  jamais  (ant  vim 


EXPULSION  —  EXTINCTION 


919 


^iiiout  de  oeite  fiMuit^  que  dans  ces  derniers  tempe^  inalgr6 
rexempie  de  rAngletene ,  qui  8*e6t  obstin^e  k  laisser  une 
graode  liberU  ehex  elle  aux  rtfogi^s  politiques,  en  d^pit  des 
r^cUmalioiis  des  pQissanoea  continentalea.  La  Suisse^  qui 
s'dUlt  refuse  8008  Lonis-PliUippe  k  I'expuUion  d'nn  prince 
conspiraieury  add  eipulser  de  son  aein  une  foule  de  rivolu- 
thnnaires.  Aprte  le  coop  d*£tat  du  2  d^cembre  1S51 ,  «  le 
goaTernement,  fenonemenl  d^termin^  k  pr^venir  toute  cause 
de  troobles,  dit  )e  Monlleur^  a  dft  prendre  des  mesures 
eontre  oertaines  personnes  dont  la  presence  en  France 
poorrait  emptelier  le  calme  de  se  r^blir.  Ces  mesures  s'ap- 
pUqucnt  k  trois  categories  :  dans  la  premito  figurent  les 
Individos  coDTaineusdVoir  pris  part  aux  insurrections 
rteentea;  ils  seront,  sniTant  leur  de^  de  culpabUitd,  d&- 
pori^  k  la  Guyana  Tran^aise  oo  en  Alg^rie.  Dans  la  seconde 
se  tromrent  les  chefs  reconnus  du  sociallsine;  leor  s^our  en 
France  aerait  de  nature  k  fomenter  la  guerre  dvile:  ils 
seront  exjmUis  da  territoire  de  la  r^publique,  et  ils  seront 
transports  s^ils  Tenaient  a  y  rentrer.  Dans  la  troisi^me  sont 
eompris  les  hommcs  politiques  qui  se  sont  fait  remarquer 
par  leor  violente  hostitit6  au  gouvernement  et  dont  la  prd- 
senee  aerait  one  cause  d'agitalion  :  ils  seront  momenta- 
ndment  ^loign^  de  France.  »  A  la  suite  do  ces  d^crets,  cinq 
leprtsentantft  etaient  d^porU^  k  la  Guyane,  soixante-six 
etaient  espulsS  du  territoire  (ran^is,  de  celui  de  I'Algdrie 
et  de  oelid  des  colonies  pour  cause  de  sAret^  g^n^rale; 
pamd  enx  on  remarquait  Victor  IlUgo,  Agricol  Perdiguier, 
Charles  Lagrange »  Th.  Bac,  Colfayrn,  de  Flotte,  Nadaud, 
Esquiros,  Joigneaux,  Madier  de  Monyau,  Dupont  (  de 
Bossae ),  Chanras»  etc.  Dix-buit  autres  repr^sentants  ^talent 
momentantoieot  dIoignS  des  m6naes  territoires. 

EXSUDATION,  acUon  d'exsuder  (de  ex,  hors,  et 
sudare,  soer ),  c*est-k-dire  de  rendre  soos  forme  de  sueur 
on  llqutde  par  trte-petites  gouttes.  En  patliologie,  Vexsu- 
dation  est  une  sueur  trte-abondante. 

EXTASE,  exaltaUon  oa  actifit^  extraordinaire  de  I'es- 
prit,  avec  inaction  plus  ou  moins  complete  des  sens  ext^- 
rieurs  et  des  mooTements  volontaircs.  Dans  le  langage  tuI- 
gttre,  on  exprime  par  le  mot  extase  un  sentiment  de 
raTisaement  extrtoeet  inattendu,  une  sorte  de  Tolopt^  Ttve, 
acoompagDi6e  d^immobilit^.  On  a  confondo  g^^ralement 
Teitase  ayec  la  eatalepsle,  le  somnambulisme  et 
aotres  affecUons  do  syst&me  nenreux,  anxqoelles  elle  res- 
semhle  en  qudques  points;  mais  par  la  definition  que  nous 
Tenons  de  donner,  il  est  facile  de  la  distinguer.  L^habitude 
de  la  meditation,  la  Yie  contemplalive  et  asc^tique,  et  one 
predisposition  particnli^re  dans  I'organisation  dn  cerreau 
aoot  les  causes  ordinaires  de  Textase.  Les  lodiTidus  qui  se 
liyrent  k  la  meditation  mystique  ot  rdigieose  sont  jetes 
quelqnefois  dans  une  sorte  de  reverie  voluptueuse  extatique, 
qui  se  renouvelle  ensuite  plus  ou  moins  soovent  sans  Tin- 
terrention  d*aucune  cause  manifeste.  Les  femmes  tr^irrita- 
Ues  etd'on  temperament  nerveux  sont  plus  particuliirement 
sojetles  k  Textase.  Zimmermann  dte  plusieurs  exemples 
d'extsae  mystique  :  le  plus  remarquable  est  celui  de  sainte 
ThMse,  qol  jouissait  d'une  Teritable  Tolupte  pendant  son 
extase.  Les  Ihcultes  intellectuellea  dans  I'extase,  bien  loin 
d'Mie  sospendues,  exereent  une  eneigie  exoessiye;  ce  qui 
n'arriTe  pas  dans  les  alTections  comateu8es.  Les  oonnais- 
sances  que  nous  possedons  actuellement  sur  les  fonctlona 
des  dilierentes  parties  do  cerreau  nous  mettent  k  meme 
d^expliquer  I'extase.  Par  consequent,  elle  ne  dolt  pas  ttre 
icgaidee  comme  une  lesion  de  Fattention ,  ainsi  que  plu- 
aienrs  aoteors  ont  tooIu  la  deflnir,  Vattention  n'etant  elle- 
mense  qa*an  attribot  general  des  bcultes  cerebrales;  mais 
rexlatiqtie,  au  contraire,  a  concentre  toute  son  attention 
anr  les  objeta  hnaghiaires  qui  sont  dans  son  esprit  H  faut 
done  bonslderer  Tcxtase  cbmme  le  resultat  de  Tactivite  ex- 
dqiire  de  certains  organes  des  facoltes  mtellectuelles  et  des 
aentiments,  cotijointemcnt  au  repos  ou  k  Tinactivite  des 
m^ines  des  fiKultes  pcrceptives,  des  sens  exterieoi's  et  des 
mouTcmenls  Tolontaires.  Les  divisions  des  fonctions  des  dif- 


ferentes  parties  de  Tencephale  et  la  piuralite  des  organes 
cerebraux  peuyent  seules  expliquer  les  pUenom^nes  de 
Pextase.  D*^  Fossati. 

EXTEMPORAIVE.  Les  pliarmaciens  donnent  la  qua> 
liGcation  iVextemporan^  ou  de  magistraux  aux  medi- 
caments qui  doivent  6lre  prepares  sur-le-cliamp,  tandis  quails 
nomment  o/ficinaux  ceux  qui  peuvent  eire  prepares  d*fr- 
yance*  Les  loochs,  les  potions ,  etc.,  sont  des  medlcamenta 
exteroporanes. 

EX  TEMPORE,  locution  latine  signiaant  sur  le 
champ  ou  d*une  la^on  improyisee. 

EXTENSEUR,  nom  donne  k  certains  muscles,  en  rai> 
son  de  la  nature  de  leurs  fonctions.  Tous  appartiennent  aux 
extremites.  Dans  les  extremites  superieures,  on  distingue 
re^/en5ettr  commun  des  duigts,  Vexlenseur  propre  du  petit 
doigt,  le  court  extenscur  du  pouce,  le  long  extenseur  du 
mtoie  doigt,  Vexienseur  propre  de  Pindicateur.  Aux  extre- 
mites inferieures,  on  trouye  Vextenseur  propre  du  gros  or- 
teil,  et  le  long  extenseur  commun  des  orteils.  Nous  croyons 
d*ailleurs  inutile  d'obsenrer  que  tous  les  autres  muscles, 
entrant  comme  parties  constituantes  dans  les  membres  su- 
perieurset  inferieurs,  et  particulierement  ceux  designes  sous 
le  nom  de  fUchis.seurs ,  n'ont  pas  absolument  d'auire 
but,  dans  toute  csp6ce  de  mouyements,  que  de  produire  des 
phenoro^oes  d*extcnsioo  ou  de  centre-extension. 

EXTENSION  ,  sorte  de  mouyement  par  lequel  un  corpH 
8*allonge.  Cest  par  leur  extension  et  leur  contraction  suc- 
cessiyes  que  les  muscles  sont  les  prindpaux  agents  des  mou- 
yements des  animaux, 

£n  granmfiaire,  on  dit  qu*un  mot  signlGe,  par  extension^ 
telle  00  telle  chose  :  ilans  cette  locution,  extension  prend 
un  sens  figure.  II  en  est  do  in6me  quand  on  parie  de  Vexten* 
sion  d'une  loi,  d'une  clause,  pour  designer  leur  interpreta- 
tion dana  un  sons  plus  etendu  ou  leur  application  k  un  plus 
grand  nombre  de  cas. 

En  chururgie,  VextensUm  est  Taction  par  laquelle  on  etend, 
en  tirant  fortementlt  sol,  une  partie  luxee  ou  fracturee,  pour 
remeitre  les  os  dans  leur  situation  natnrelle. 

EXTENSO  ( In ).  Voyez  In  extei«so. 

EXTER  ( Pierres  d' )  ou  d'EGGESTER.  On  disthigue  sous 
ce  nom  un  massif  de  roches  quartzeuses  situe  dans  les 
montagnes  d'Egga,  prte  Horn,  prindpaute  de  Llppe- 
Detmold.  Ces  roches  sont  le  plus  souyent  fendues  yerticale> 
ment,  et  qudques-unes  renferment  des  cayites  naturdles. 
Sur  plusieurs  pics,  dont  le  plus  eieye  a  42  metres  de  hauteur, 
se  balancent  en  equilibre  dimmenses  blocs  de  pierre ,  dont 
le  yent,  en  les  faisant  osciller,  semble  deyoir  occasionner 
la  chute,  sans  pourtant  les  iaire  changer  de  place.  Dans 
tout  ce  massif  existent  des  yodtes  en  plehi  cintre,  formant 
de  grandes  salles,  dont  les  parois  sont  ornees  de  sculptures, 
et  anxquelles  on  arriye  par  des  escaliers.  Une  de  ces  sculp- 
tures en  rdief  represcnte  une  desceate  de  croix,  et,  malgfe 
la  grossi^rete  de  Texecution ,  trahit  une  composition  digne , 
noble  et  simple ,  remontant,  suiyant  toute  apparence ,  au 
dixt^me  siede,  epoque  ou  les  trayaux  de  sculpture  furent 
Uts-rares  en  Allemagne.  Une  tradition  yague  fait  des  pierres 
d'^xter  Tantique  siege  de  hi  deesse  Vdieda. 

EXT^RIEUR.  Usodlement,  ce  mot  est  susceptible  de 
receyoir  trois  acceptions.  En  eflet,  il  pent  signifier :  V*  tout 
ce  qui  est  en  dehors  d*un  corps  organise  ou  brut;  2^  la  sur^ 
face  ou  la  peripherie,  etd**  cette  surface  et  toute  la  partie 
des  conches  plus  ou  mohis  epaisses  qui,  receyant  Timpres- 
sion  directe  du  milieu  enyironnant,  reagissent  sur  lui.  L'abbe 
Girard ,  k  Toccasion  des  aynonymes  de  ce  mot,  dit  que  ext&^ 
rieur  diitere  de  dehors  et  d'apparence  en  ce  quo  Tcxterieur 
est  ce  qui  se  yoit;  il  fait  partie  de  la  chose,  il  est  la  partie 
hi  plus  eioignee  du  centre;  le  dehors  est  ce  qui  enyironne; 
i'apparence  est  Teifet  que  la  yue  de  la  chose  produit  ou 
I'idee  qu*on  s*en  forme.  Par  extension,  VextMeur  se  prend 
pour  retranger. 

EXTLXCTION  ( du  latin  extinction  d'extingu  o,  (brvmi 
dVx,  hors.  ct  stinguo,  eteindre),  yulgairement  action  U'<^ 

28. 


MO 


EXTINCTION  -H  EXTRADITION 


ttiindre  le  fto,  tun  inoendie.  On  emploie  acusi  ce  mot  dans 
lui  sens  fignr^  dans  les  locutions  suivanles :  Extinction  d'une 
rente,  son  amortissement;  extinction  dTun  crime,  sa  re- 
mission,  son  absolution;  extinction  <Pune  maisoUf  dTune 
tranche;  on  appelle  aussi  extinction  du  verre.  Taction  de 
le  tirer  k  i'ean.  On  dit  aussi  une  extinction  de  voix  ( tfoyez 
Aphome);  extinction  de  la  ehaux,  du  mereuref  son  pre- 
mier degri  d'oxydafionv 

En  termes  de  pratique,  extinction  des  feux  est  one  sorte 
de  formule  dont  on  so  sert  dans  quelques  yentes,  quelques 
mljudications^  oil  Ton  est  re^u  k  enchirir  Jusqu'lt  ce  qu'une 
chandelle,  une  bougie  soft  ^teinte.  En  mati^re  de  saisie  im- 
mobili^re,  aux  termes  de  Particle  706  dn  Code  de  Procedure 
ciTJle,  aucnne  adjudication  nepent  6tre  faite  en  justice 
qu'aprte  Textinction  de  trois  bougies  d^nne  dur^e  d'eoTiron 
une  minute,  allumto  successiYcment.  Si  pendant  la  dur^e 
d^une  des  trois  bougies  il  surrient  des  encb^res,  I'adjudica- 
tlon  ne  peut  6tre  faite  qu'aprte  Feitinction  de  deux  feux 
sans  encli^ressdnrennes  pendant Ieurdur6e. 

EXTIRPATION  ( en  lalin  extirpation  form6  de  la  par- 
tlcnle  extractive  ex,  dehors ,  et  stirps,  sooche,  racine  ), 
action  d*arracher,  d'enleyer,  soit  les  mauvaises  herbes,  soit 
les  parties  malades  dont  Talt^ration,  reconnue  incurable, 
gtoe  ou  compromet  la  sant6  et  la  Tie.  (Test  en  ce  sens  qu*on 
dit  extirpation  d'une  tumeur,  d^une  loupe,  d*un  cancer.  On 
dit  aussi  au  figurd :  extirper  les  vices,  extirper  une  families 
Texterminer. 

eXTORSION.  Ce  mot,  qui  Tientdu  yerbe  latin  extor- 
quere,  extorquer,  ^tait  autrefois  employ^  plus  sp^alo- 
ment  en  parlant  des  toioluments  excessib  que  certains 
officicrs  de  justice  arrachaient  impuntoient  k  ceux  qui 
^taient  obliges  de  passer  par  leurs  mains;  certains  gouTer- 
neurs  de  province  se  gdnaient  peu  en  matito  d^xacUon  et 
d*extorsion.  Aujourd^bui  le  mot  extorsion  a  conserve  cette 
dgmfication ;  mais  0  s^applique  surtout  k  Taction  d'arracher 
par  force,  violence  ou  contrainle,  la  signature  on  la  remise 
d'un  ^rit,  d'un  ade  ou  d\m  litre,  d'ime  pitee  quelconque 
eontenant  ou  operant  obligation ,  disposition  on  ddcbarge. 
L'extorsion  de  litre,  i'extorsion  de  signatures  que  depuis 
quelques  ann^es  on  voit  se  reproduire  par  un  moyen  peu 
Tari6,  Tapparition  d*un  mari  <]i]i  pretend  trouver  sa  femme 
en  d^lit  d*adult6re  et  arraclie,  le  couleau  ou  le  pistolet  sur  la 
gorge,  des  obligations  p^nniaires  k  celoi  qn'U  pretend  etre 
lo  complice  de  son  infid^e,  est  punissable  des  travaux  forces 
k  temps,  aux  termes  de  rarticie  400  du  Code  P6ial. 

EXTRA.  Voyez  Extraokdw aoib. 

EXTRACTION  ( du  latin  extraetio,  tom4  d'ex,  bors, 
Qt  traho,  je  tire ).  C*est  Tactiun  par  laquelle  un  oorps  est  s^- 
f;ar^  d'un  autre  dont  II  faisait  partie  naturellanent  ou  par 
suite  de  circonstances  accidentelles,  comme  qnand  il  s'agit 
de  I'extraction  des  m^taux  du  sein  de  la  terre,  ou  de  celle 
dHme  balle  on  d*un  calcul  vesical.  On  extrait  une  dent  de 
son  alv^le,  au  moyen  d'un  instrument  ad  hoc,  etc. 

n  y  a  cette  dinigrence  entre  Taction  d'extraire  et  d'arra- 
Cher,  que,  quoique  ces  deux  termes  puissent  se  suppl<^ 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  le  premier  suppose  gto^rale- 
ment  un  procdd^  plus  m^thodique,  plus  roller,  comme  Tex- 
traction  d'une  pierre  de  la  vessie,  tandis  que  Tautreemporto 
plus  g^^ralcirient  une  id^  de  violence,  de  force  brusque , 
et  ordinairement  Tabsence  de  tout  proc6d4  roller* 

Le  mot  extraction  est  tres-usit^  dans  les  op^tions  cbi- 
miques ,  pliarmaceutiques  ou  iiutres  analogues ,  pour  d^igner 
faction  des^parer  un  corps  quelconque  d'autres  auxquels  il 
est  uni :  c*est  ainsi  que  difTdh'entes  liuiles  s*extraient  des  r6- 
sines  ou  d*autres  corps.  I^e  procdd6  do  la  distillation  est 
un  des  principaux  moyens  qui  servent  k  op^hnei  oe  genre 
d'extraction.  Toute  d^mposition  chimique  n*est  k  la  ri- 
gueur  qu'une  s^rie  cTcxtractions  successives  des  compost 
s^uxquels  ils  sont  uni^,  des  corps  r^put^  indtomposables 
ou  ^Mmentaires. 

Extraction  est  pris  aussi  quelquefois  pour  rare,  origine; 
tu  ^  ainsi :  A'otle  Worigine  ou  d* extract iJun,  delntsse  e»- 


traction;  reprocber  k  quelqu'un  la  bassesse  de  son  extrot^ 
tion,  etc. 

En  math^matiques,  Vextraction  d'une  racine  de  td  on 
tel  degrd  d'une  quantity  num^rique  ou  litt^rale  esi  Top^- 
tion  qui  a  pour  but  de  trouver  cette  racine.       BfLuyr. 

EXTRADITION  (  de  ex,  bors,  et  trado,  ]e  Uvre ), 
action  de  remettre  le  pr^venn  d*un  crime  entre  les  mains 
d'une  puissance  dtrang^  qui  le  rteUme  pour  le  laire  joger 
et  punlr.  En  g&i6ral,  on  ti^t  pour  vrai  que  eeloiqui,  ayant 
Gommis  on  crime  dans.un  pays  stranger,  se  r^Aigie  dansnn 
antre  £tat,  ne  peut  Mre  arrets  ni  |ug6  dans  celui-ci;  maij 
cette  r^e  soufire  plusieurs  exceptions.  EUe  cesse  Detain- 
ment lorsqu^'y  est  d^rog6  par  des  conventions  diplomatiques. 
La  r^ie  cesse  encore  toutes  les  fois  que  le  souverain  de  T£lat 
od  s'est  r^fugi6  le  pr^venu  juge  k  propos  de  le  livrer  i  la 
puissance  sur  le  tcrritoire  de  laquelle  a  €i€  commis  le  crime. 
«  Lorque  Pextradition  est  demand^,  le  gouvenfeneat  qui 
la  soUidte  doit  le  faire  par  Tinterm^iaire  dn  ministre  des 
affaires  6trangtees,  et  il  dolt  joindre  les  pieces  k  Tappui, 
afin  que  le  gouvemement  aoquel  la  demande  est  faite  paisse 
jngerenconnaissancedecausesic'estle  cas  de  I'acoorder. « 
TdJe  est  la  forme  indiqute  par  un  dto^t  du  23  octobre  ISil. 

Aux  termes  de  Tart  S  du  Code  dUnstruction  crimineUe, 
tout  Franks  qui  se  sera  rendu  coupable  hors  du  tenritoire 
fran^ais  d'un  crime  attentatoire  k  la  sAret^ de  TEtat, deooo- 
trefa^n  du  sceau  de  T£tat  ou  des  monnaies  nationalea  ayaat 
cours,  des  billets  de  banque  autoris^  par  la  loi,  peut  £tre 
jug6  en  France  d*aprte  les  dispositions  des  lols  fian^ses. 
Un  individn  coupable  d'un  crime  commis  en  France  peat 
parvenir  k  atteindre  la  frontitee.  Pour  le  juger,  il  faot  qoe 
l'£tat  od  il  habite  le  livre  k  la  France.  De  1^  la  n^^essit^des 
trait^s  d'extradition,  dont  nous  tronvons  d^jit  des  pr^c^deoti 
sous  Tancien  rd^me ,  puisque  d^  le  29  septembre  1765  H 
en  avait  6X6  concln  un  entre  I'Espagne  et  la  France.  Depois 
lors  \\  ea  k  M  conclu  par  nous  arec  les  ^tatMJnis,  en 
1821 ;  avec  la  Bavi^re,  en  1827 ;  avec  la  Suisse,  en  1817  tf 
1828 ;  avec  la  Prusse,  ^galement  en  162S ;  avec  laBelgique,  en 
1834 ;  avec  la  Sardaigne,  en  1838 ;  avec  TAngleterre,  en  1843; 
avec  le  dudi^  de  Lucques,  les  £tats-Unis  d'Am^qoe,  le 
grand-duch^  de  Bade,  en  1844 ;  avec  les  Pays-Bas,  la  Prusse, 
les  Deux-Sidles,  en  1845;  avec  les  grands-ducbte  de  Meek- 
lenbouig-Scbwerin  et  d'Oldenbourg,  en  1847;  avec  la  Saxe, 
TEspagne,enl850.  En  18S1  laNouvelle-Grenade,  Hamboun;; 
en  1852  le  Wurtemberg,  la  viile  libre  de  Francfort,  le  Land- 
graviat  de  Hesse  et  le  ducb^  de  Nassau,  en  1854  la  princt- 
paut6  de  Lippe,  conclurent  des  traits  d'extradition  avec  la 
France. 

Les  traits  d*extradition  sont  k  peu  pr^s  con^  dans  la 
mftmes  termes,  pour  ce  qui  a  trait  aux  fails  qui  peuveat 
motiver  Textradition ;  tons  on  k  pen  pr^  tons  les  crimes  po- 
nissables  d*une  peine  afflictive  et  infamanle  entratnent  cette 
mesure;  le  menrtre,  d^omination  sous  laquelle  sont  com- 
pris  Tassassinat,  le  parricide,  Tinfimticide,  Tempoisoane- 
ment;  la  tentative  de  meurtre;  le  viol,  Tattentat  k  la  po- 
deur  consomm^ ou  tent6  avec  violence;  I'incendie;  tons  les 
cas  de  faux  punis  d'une  peine  afflictive  et  infamante;  la 
fabrication  et  Temission  de  fausses  monnaies ,  le  faux  t^oooi- 
gnage,  la  subornation  de  t^moins;  le  vol,  dans  tous  les  cas 
od  les  circonstances  aggravantes  le  constituent  k  IMtat  de 
crime;  lasoustraction  dans  les  d^p6ts  publics,  dans  les  cas 
oil  die  encourt  des  pdnes  afflictives  et  infamantes;  eafin,  la 
banqueroute  frauduleuse  sont  les  prindpaux  cas  stipule  a 
peu  prte  dans  tons  les  traits  d'extradition.  Les  natioaaox 
appartenant  k  la  nation  k  laqucUe  Textradition  est  demand^ 
et  qui  se  sont  r^fugi^  sur  son  territoire  nesont  point  oompris 
de  droit  dans  les  limites  de  Textradition.  L'extradition  ae 
petit  6tre  accordde  que  sur  la  production  en  original, ou  co 
copie  authentique,  des  arr^s  portent  ou  mise  en  accosatioB 
ou  condamation.  Les  individus  livrte  en  verta  du  tralb^  d'ex- 
tradition ne  peuvent  £tre  poursuivis  ni  condamn6(  pow 
dditspolitiquesant^rieurs^  Textradition,  nipouraucnnd« 
crimes  ou  d^Uts  non  orAvus  oar  la  convention  d*extraditi(NL 


EXTRADITION  —  EXTRAIT 


Au  oonibre  des  criioes  qui  entratnent  I'extradition ,  on  re* 
tiiju-qae  dans  quelques  traits  les  attentaU  centre  la  sfiret^ 
lie  r^Ut;  c^est  Ui  une  qualification  on  ne  pent  plus  vague, 
et  qui  embrasse  beauoonp  de  crimes  qui,  dans  I*£tat  de  nos 
mfsarSy  ne  sont  que  des  ddits  poUtiques.  Aussf,  malgr^  la 
lettre  des  traiite  d*extradition,  n'a-t-on  jamais  tu  r^clamer 
cdle  des  r6fngi^  politlqnes.  Mens  nous  trompons :  sous  la 
Reslaiiration,  le  gonTemement  napolitain  demanda  ^  la  France 
I'extradition  d'un  r^fngi^  napolitain  nomm^  Gailotti.  Char- 
les X  Fordonna;  mats  il  y  eut  alors  une  telle  explosion  de 
ro|Hnlon  pubUque  que  le  gouTemement  s-arr^ta.  Gailotti  ne 
fat  pas  Ktt4  anx  sbires  napolitains.  En  1849,  quand  la 
Russie  eot  aidd  I'Autriche  k  comprimer  la  r^Tolution  hon- 
groiae,  I'Antriche  et  la  Russie  demand^rent  k  la  Porte  Otbo- 
inane  rextraditiondesprincipanx  cbefsde  cette  insurrection, 
leors  sqiets :  la  Porte  r6sista  noblement  k  cette  demande, 
loot  en  donnant  k  ces  deux  puissances  certaines  sdret^ 
contre  des  tentatiTOS  de  la  part  de  ces  rdfugite.  Le  monde 
entier  applaodit  dans  cette  circonstance  k  la  r^tstance  de  la 
Turqoie,  et  la  demande  de  TAutriche  et  du  czar  Tut  I'objet 
d'uoe  r^robation  unanime.  La  Toscane,  qolavait  refuse,  en 
1847,  de  IJTrer  des  rdfugito  au  gouTemement  papal,  se  montra 
plus  facile  aprte  les  ^T^nements  de  1849. 

«  II  existe  des  traits  d'extradition  entre  la  France  et 
Tingt-sept  £tats  strangers ,  ¥ingt-dnq  d*Europe  et  deux  d*A- 
m^rique,  dit  le  ministre  de  la  justice  dans  son  Rapport  a 
Pempereur  sur  radministratUm  de  Injustice  criminelle 
en  France  en  1852.  Sept  autres  £tats  d*£urope  nous  accor- 
dent  aussi  des  extraditions  on  nous  en  demandent  sans  qu'il 
y  ait  de  traits  et  en  yertu  de  traditions  consacr^  par  I'u- 
(age.  Pendant  Tann^  1852  la  France  a  demand^  Textra- 
ditiott  de  36  accuse  renvoyte  devant  les  cours  d^assises  pour 
divers  crimes,  et  elle  a  autorfs^  I'extradition  de  88  indiyidus 
strangers  qui  s'^taient  ri^Aigi^  sur  son  territoire  aprte  avoir 
commis  dans  leur  pays  des  crimes  pour  lesquds  lb  <^taient 
poursuivis.  Les  extraditions  demandto  par  la  France  I'ont 
€H  :  17  kin  Belgique,  6  &  la  Sardaigne,  5  k  TEspagne,  3  k 
la  Suisse,  2  4  la  Prusse,  1  k  TAngleterre,  1  au  Portugal,  et 
1  a  la  Toscane.  Les  extraditions  autoris^  par  la  France  I'ont 
^  &  la  demande :  20  de  TEspagne,  15  de  la  Suisse,  11  de 
la  Sardaigne,  10  de  la  Prusse,  7  du  grand-duch^  de  Bade, 
6  de  la  Bavitee,  0  de  la  Belgique,  5  de  la  Toscane,  3  da 
Wurtemberg,  3  de  la  Hesse-Darmstsdt,  1  de  I'Angleterre  ' 
et  1  de  rAntriche.  Les  crimes  qui  ont  motive  le  plus  frd-  | 
qoemment  Les  demandes  d'extradition  sent :  Tassassinat  ou  le 
meortre,  35  fols;  le  vol  qualifi^,  35foi8;  la  banqueroute 
frapdolense,  21  fois ;  la  soustraction  des  deniers  publics  par 
desd^positauvs,  15  fois;  le  faux,  12  fols.  » 

EXTRADOS  ( du  latin  extra,  bors,  et  du  francs  cfos).  1 
Conrbnre  ext^rieore  d*une  voOte,  dessus  d*un  voussoir  ! 
( wnfez  DouBiXE ). 

EXTRAIT.  Ce  mot,  qui  a  la  mftme  origlne  qu'ej;/r  ac- 
tion,  s'entend,  dans  les  administrations  et  en  jurisprudence, 
dHine  expMition  d^un  acte  quelconque  qui  n*en  contient  que 
les  dispositions  principales,  que  la  substance.  La  loi  pres- 
ent rafBebe  ou  la  production  d'extraits  dans  nn  grand 
nombre  de  droonstances;  ainsi  Pen  doit ,  dans  Pint^rM  des 
tiers ,  donner  de  la  publicity,  soit  par  raffiche  aux  marcb^, 
soil  par  Palficbe  dans  Pint^rieur  des  tribunauz,  aux  extraits 
de  contrats  de  marlage  entre  deux  personnes  dont  Tune  est 
commer^ante  et  I'autre  ne  Test  pas,  aux  extraits  d^actes  de 
constitution  ou  de  dissolution  de  soci^t^  commerciales ;  on 
doit  faire  connaltre  par  extraits  les  demandes  en  separation 
de  biens  on  de  corps,  les  saisies  immobilizes,  etc.  Les  no- 
tfitres  sont  astreints  k  prendre  dans  leurs  cbambres  de  discl- 
pUneet  k  faIre  afGcberdansleurs^tudes  extrait  des  jugements 
portant  interdiction  on  nomuiation  de  oonsells  judiciaires 
entre  des  partlculiers. 

On  disait  autrefois,  et  Pon  dit  encore  genera lement  au- 
joixidliai,  bien  qu'il  s^agisse  d^un  acte  tout  entier,  un  extrait 
de  bapteme,un  extrait  denaissance;  cela  vient  sans  doute 
dtf  oe  que  ces  copies  sont  extraites  des  registres  de  Petat  civil. 


321 

EXTRAIT  ( Littirahtre).  Ce  mot  d^rigne  one  sorte  do 
precis,  d^abr^6,  d'analyse  d'une  production  quelconque  do 
I'esprit,  dans  laquelle  se  trouve  un  grand  nombre  de  pas- 
sages tir^  de  Pouvrage  analyst.  Pour  que  VextraU  d^un 
livre  soit  Inen  fait,  il  faut  quHl  reproduise  fid^lement  la 
physionomie  de  Pouvrage  qu*il  conserve  religieusement  la 
Ijenste  de  Pauteur  et  qu*il  mette  impartialementen  relief  ses 
beauts  et  ses  d^finuts;  il  faut,  enfin,  que  Vextrait  pr^sente 
une  miniature  parfaitement  ressemblante  du  tableau  origi- 
nal, foite  non-seulement  avec  goOt,  mais  avec  conscience. 
De  notre  temps  il  y  a  une  telle  surabondance  de  livres,  que 
de  bons  extraits  des  meiUeurs  constitueraient  une  mission 
utile.  Malheureusement,  les  baines  de  parti,  Pesprit  de  sys- 
t6me,  les  querelles  d^<^les,  les  rivalit6s  de  coteries,  dis- 
pensent  trop  souvent  de  consdenoe,  d'^oit^,  et  poussent  k 
la  mauvaise  foi ,  aux  supercheries.  G*est  ainsi  qu*on  voit 
cliaque  jour  d'infidMes  faiseurs  d^extraUs,  taiitOt  snppri- 
mer  avec  effronterie  les  plus  beaux  passages  d'un  livre, 
tanl6t  lenr  substituer  des  sottises  et  des  triviality  de  leur 
invention,  ou  bien  d^tourner  avec  malice  en  unsens  ceqni 
avait  M  dit  dans  un  autre.  Phis  souvent  on  nomme 
extraits  des  morceaux  d^tacbis  purement  et  simplement 
d'lm  livre.  Un  bon  conseil  k  donner  aux  jeunes  gens  avides 
d 'instruction,  conseil  qui  leur  proGterait  plus  tard,  serait  de 
faire  de  consciencleux  extraits  des  bons  livres  qui  leur  tom- 
bent  sous  la  mam  :  ce  travail  les  accoutumerait  insensible- 
ment  k  la  nettet^ ,  k  la  justesse  d'esprit,  et  les  formeralt  de 
bonne  heure  k  Part  de  penser  et  d*toire.  Pline  le  natura- 
liste,  chei  les  anciens,  ne  llsalt  aucun  ^crit  sans  en  extraire 
ce  qui  Pavait  frapp^.  Montesquieu,  cbez  nous,  agissait  de 
mfime,  mais  il  y  joignait  ses  reflexions,  ses  reinarques ,  et 
ces  cahiers  d'extraits  lui  ont  servi  k  Clever  le  grand  menu* 
ment  de  V Esprit  des  tois.  Ce  sont  ces  series  d'extraits,  faits 
methodiquement  et  disposes  par  ordre  alpbab^tique ,  en 
suivant  un  certain  syst&me,  que  les  ^mdits  nomment  coltec' 
tanea,  Cbampacrac. 

EXTRAIT  (P^armade),  substance  retiree  d*une  au* 
tre  par  quelque  operation  cbimique.  Un  extrait  renferme 
la  partie  la  plus  essentielle,  la  pins  efficace  d'un  ou  de  plu- 
sieurs  m^caments. 

Les  extraits  s'obtiennent  soit  par  la  simple  Evaporation 
des  sues  vdg^taux  ou  animaux,  soit  par  PintermMiaire  d^un 
v^hicule,  le  plus  souvent  eau  ou  alood.  Dans  la  preparation 
des  extraits  aqueux,  on  peut  employer  la  decoction,  Pin- 
fusion  ou  la  maceration  :  le  premier  de  ces  modes  s'appli- 
que  k  Vextrait  de  gaiae,  le  second  k  Vextait  de  salsepa- 
reille,  le  troisiime  k  la  plupart  des  extraits  aqueux,  tels 
que  ceux  de  rhubarbe,  de  gentiane,  de  quinquina,  etc. 

Les  extraits  alcooliques  de  jalap,  de  scammon^e,  de 
qui7iqnina,  de  noix  votnique,  etc.,  se  pr^parent  an  moyen 
de  Palcool  rectifiE  k  33  on  30*.  Les  extaits  hydro-alcooti- 
ques  de  cantharides,  d^ipieacuanha,  de  s6n6,  de  bella- 
done,e{c.,  s*obtiennent  en  traltant  ces  substances  par  Pal- 
cool  k  2T*. 

Les  autres  vehlcules  employes  poor  la  preparation  des 
extraits  sont  levin,  le  vinaigre  et  Petber;  ainsi  on  connalt 
un  extrait  vineux  et  nn  extrait  acetique  d'opium,  nn  extrait 
de  cantharides  par  Pother,  etc 

On  dvapore  les  extraits  jusqu'i  une  consistence  telle  que 
refroidis  lis  puissent  se  rouler  ladlement  en  forme  de  pilu- 
les ;  ce  sont  les  extraits  mous,  Quelquefols  on  vent  les  avoir 
eotierement  sees;  alors  on  arrdte  Pevaporation  au  bain- 
marie  au  moment  od  les  extraits  ont  acquis  la  conslstance 
du  miel ;  on  les  etend  en  couches  minces  sur  des  assiettes 
et  on  ach^ve  ladessiccation  k  Petuve,  jusqu'^  oe  quMls  puis- 
sent se  detacher  fodlement  en  ecailles ,  que  Pon  enferme 
de  suite  dans  des  flaoons  bien  boficbes ;  ce  sont  principale- 
ment  Vextrait  de  qiUnquinaei  VextraU  de  tige  de  laitxte 
(oxxthridaee)  que  Pon  dessicbe  de  cette  mani^re. 

II  est  en  medecine  pen  de  formes  pbarmaceutiqucs  des 
medicaments  aussi  usltees  que  cellos  des  extraits.  Cest  Ic 
plus  souvent  k  Pint^rieor  qa*oa  loo  odadiilslrey  tanCOt  sous 


25S 

forme  pitulaire,  tantdt  dissous  dans  des  potions ;  ils  for- 
rpent  aiissi  la  base  de  certains  sirops,  tels  que  ceax  de  thri- 
dace  et  d^opliim.  Mais  on  en  fait  encore  un  frequent  usage 
k  Texti^rieur,  soit  comme  liniments,  comme  empl&lres,  soit 
appliques  en  rriclipns. 

EXTRAIT  {Jeux).  Voyez  Loterie. 

EXTfeAIT  DE  SATURNE.  Voyez  Achate. 

EXTRA-JCDICIAIRE  ( Acte).  Onappclle  ainsi  tous 
eitploits  ou  significations  qui  ne  concemcnt  point  un  proems 
actttellement  pendant  en  justice.  Un  simple  comman- 
dcment,  unesommation,  un  proc^s-verbal  et  au- 
tres  actes  semblables,  quoique  faits  par  le  minist^re  d*un 
Imissier,  sont  des  actes  extra-judiciaireslorsquMlsnecontien- 
nent  point  d'assignation.  Le  mot  extra-judiciaire  est  done 
employ^  par  opposition  au  mot  judtciaire  (extra,  bors). 
Les  actes  judiciaires  ou  pr oc^ d  u res  soni  soumis au  genre 
particulier  de  prescription  qu'on  nomme  peremption, 
tandis  que  les  actes  extra  judiciaires  ne  sont  sujets  qu^^  la 
prescription  ordinaire.  Les  anciens auteurs  ne  font  pas 
mftme  mention  de  ce  mot,  qui  n'^tait  d^aucun  usage  dans 
Tancienne  jurisprudence. 

EXTRAORDINAIRE,  ce  qui  est  en  debers  de  Tor 
dinaire,  contre  Tusage,  ce  qui  n^est  pas  commnn.  Les  d^pen- 
ses  extraordinaires  sont  des  d^penses  impr^vues,  ou  qui 
exc^ent  celles  des  ann^  communes ;  un  conseiller  d'etat 
en  service  extraordinaire,  c'est  un  conseiller  d^£tat  sans 
fonctions  et  sans  traitement ;  un  ambassadeur  extraordi- 
naire, un  envoyd  extraordinaire,  est  celui  qu'un  gouver- 
nement  envoie  k  un  autre  pour  une  affaire  particuli^re  et 
importante,  ou  k  Toccasion  d^une  c^r^monie ;  un  courrier 
extraordinaire,  un  extraordinaire,  celui  qui  est  d6p6cb6 
pour  quelque  occasion  particuli^re.  Ce  qu'on  nommait  au- 
trefois question  extraordinaire  ^tait  la  plus  rude  qu*on 
pat  appliquer  k  un  accuse.  Les  soldats  prdtoriens,  qui 
dlsposaient  d  fr^uemment  k  Rome  de  la  fortune  des  empe- 
reurs,  provenaient  d*un  corps  de  troupes  nomm6es  les  e  j:  ^  r  a- 
ordinaires,  parce  qu^elles  campaient bors  des  rangs  du 
restede  Tarm^e,  extra  ordinem,  et  setenaient  tout  pr^de 
la  teute  du  g^n^ral,  pour  6tre  plus  a  port^e  d'en  ex^cuter 
les  ordr^.  Les  camps  romains  avaient  aussi  une  i)orte  nom- 
m^  extraordinaire  f  Traisemblablement  celle  par  oh  pas- 
saient  babituellement  les  troupes  qui  portaient  le  mdme  nom. 

Extraordinaire  est  aussi  subslantif :  Vous  soupez  au- 
jourdliui,  vous  faites  on  extraordinaire  qw  ccque,  par  abr^ 
viation,  on  appelleplusg^n^ralement  un  ex^ra;  defiezvous 
des  extras.  Dans  les  coniptes,  ce  qui  est  outre  la  ddpense 
ordinaire  s^a|>pelle  V extraordinaire,  Vextraordinaire  des 
guerres  ou  de  la  guerre ,  c'^tait  le  fonds  qu'on  faisait  au- 
trefois pour  ce  service :  on  disait  dans  le  mdme  sens :  Tr6- 
sorier  de  Vextraordinaire,  commis  k  Vextraordinaire, 
Extraordinaire  signifiait  aussi  une  feuille  volante,  conte- 
nant  des  nouvelle$,  et  qu^on  donnait  k  lire  comme  la  gazette. 
On  faisait  un  extraordinaire  apr6s  les  grands  ^v^nements. 
«  M.  de  Bautru,  dit  Mdnage ,  avait  Finspection  des  gazettes 
et  des  extraordinaires  de  France.  »  Billot. 

En  Jurisprudence,  comme  dans  le  langage  usuel,  ceterme 
exprime  tout  ce  qui  ne  se  fait  pas  babituellement,  ce  qui 
est  en  deliors  du  droit  commun.  Ce  mot  ^tait  employ^  au- 
trefois quand  une  proc^ure  an  grand  criminel  prenait  un 
caract^re  assez  s^rieux  pour  n^cessiter  la  comparution  des 
t^moins :  la  proc^ure  ^tait  alors,  disail-on,  rdgUie  k  Vextra- 
ordinaire ;\QJugenieni  qui  iutervenait^taitdgalement  rendu 
A  Vextraordinaire.  Reprcndre  une  instruction  criminelle, 
abandonn^  faute  de  preuves  sufTisantes,  sur  de  nouveaux 
indices,  c^tait  ce  que  Ton  appelait  rcprendre  Vextraordi- 
naire. AujourdUmi  la  qualification  crexlraordinalre  n^est 
gu6re  employee  que  dans  un  bicn  petit  nombre  de  cas  : 
suivrc  d'autres  \oies  que  les  voics  usuellus,  cV<t  suivrc  des 
voies  extraonlinalres :  c*est  cequi  arriv*^  parexemple  lorsque 
Ton  se  pounoil  en  ca<;sation  ou  par  requCte  civile  contre 
un  ju;;eincnt  de  premiere  instance,  au  lieu  de  faire  suirre  k 
Tap  pel  sa  marcbc  rcgulicrc. 


EXTRAIT  —  EXtRfiME 


On  appelle  tribunaux  extraordinaires  ceui  qui  n^ont 
qu^une  competence  sp^ciale  :  la  bante  cour  de  justice,  le» 
conseils  de  guerre,  les  tribunaux  maritimes ,  les  tribunaux 
de  commerce,  sont  des  tribunaux  extraordinaires;  les  com- 
missions judiciaires  que  tant  de  gouvemements  ont  compo- 
s^es  en  debors  des  regies  du  droit  ^taient  aussi  des  tribu- 
naux extraordinaires. 

EXTRAORDINAIRES,  owalbeions,  suivant  Roque- 
fort,  soldats  de  la  milice  romaine,  dont  il  est  question  dans 
Polybe  et  Y^^.  Les  pr^fets  des  alli^,  ou  les  ofBden 
d'un  rang  dgal  a  celui  des  tribuns  militaires  romains,  for- 
maient  particuU^rement  en  extraordinaires  les  hommes  de 
pied  et  de  cbeval  qu*on  aurait  pu  appeler  les  disponibkt 
ou  la  r^ei've,  car  ils  <itaient  destin^  k  servir  suivant  U 
mani6re  dont  les  consuls  jugeaient  k  propos  de  les  employer, 
soit  en  d^tacbements,  ou  de  toute  autre  mani^re.  Le  corps 
des  extraordinaires  comprenait  le  tiers  de  la  cavalerie  d«s 
alli^  et  le  cinqui^me  de  leur  infanterie.  On  pourrait  d6* 
duire  de  la  lecture  de  Juste-Upse  que  les  ablectes  ^taieot 
tir^  des  extraodinaires.  II  y  a  eu  aussi  ea  France  des 
extraordinaires  :  on  appelait  ainsi  Tune  des  compagnies  des 
gentilsbommes  k  bec-de-corbin,  qui  formaient  une  par*ie 
de  la  ^rde  du  roi.  G*'  Baroin. 

EXTRAVAGANCE,  bizarrerie ,  folic,  imperliuence, 
sottise,  action  ou  discours  bors  du  bon  sens,  chose  dite  ou 
faite  mat  k  propos  (de  extra  vagans,  errant  en  debors  do 
bon  sens).  «  La  po^ie,  dit  Saint-£vremond,  doit  parler  le 
langage  des  dieux,  sans  s^^garer  et  sans  dire  des  extrava- 
gances. Extravagant  est  done  synonyme  de  «  fou,  bizarre, 
impertinent,  fantasque,  contre  le  bon  sens,  contre  la  raison; 
il  5*applique  aux  personnes  et  aux  choses.  «  II  faut  un  assei 
grand  amas  d'impertinences,  dit  de  M^^"  Scud^ri,  pour  (aire 
un  extravagant,  w 

EXTRA VAGANTES.  On  ddsigue  sous  ce  nom  les 
collections  des  d^c  rotates  de  Jean  XXII  et  de  quelqnei 
autres  papes,  post^rieures  aux  Clementines,  ajout^es  ao  coipi 
du  droit  canon.  EUes  ont  ete  appel^es  ainsi,  quasi  vaganta 
extra  corpus  juris,  pour  direqu'ellesetaient  hors  du  droit 
canonique.  J.  Chappuis  les  a  divis^es  en  deux  collec- 
tions, k  savoir,  les  Exiravagantes  de  Jean  XXtl,  ao 
nombre  de  vingt,  et  les  Exiravagantes  communes,  au 
nombre  de  soixante-quinze ;  et  depuis  Tan  i&OO  on  les  a 
jointesaux  diverses  editions  du  Corpus  juris  cano- 
nic i.  Les  vingt  extravaganles  de  Jean  XXil  sont  les  epttxes, 
decrdtales  ou  constitutions  de  ce  pape ;  les  soixaote-quinze 
exiravagantes  communes  sont  des  epllres,  decretales  ou 
constitutions  de  divers  papes  qui  ont  occupy  le  saint-sil^ 
soit  avant  soft  apr^s  Jean  XXIL 

EXTRAVASATION  ou  EXTRAVASIOX  (de  extra, 
hors,  et  vas,  valsseau),  mouvement  par  lequel  des  Ouides 
contenus  dans  des  vaisseaux,  tela  que  le  ch  y  le,  la  ly  mpbe, 
le  sang  art^riel  ou  veioeux,  la  s^ve  et  les  sues  propres, 
en  sortent  et  s^^pancbent  dans  les  tissus  qui  environneot 
lesvaisseaux  ouverts  ou  d^hires. 

EXTREME  ( du  latin  extremus,  derive  A'exterus ),  ce 
qui  est  au  dernier  point,  au  supreme  degre.  Une  Joie 
extreme,  une  misere  extrSme,  une  extreme  rigueur. 
L^expression  ii  Vextrime  signifie  en  dehors  de  toutes  bor- 
nes  raisonnables  :  11  ne  faut  pas  pousser  les  choses  d 
Vextrime. 

Au  pluriel,  extremes  exprime  sourent  deux  dioses  op- 
posees  par  Icurs  qualites  :  ainsi,  Teau  et  le  feu,  ie  cliaud 
et  le  froid,  sont  des  extrdmes.  Les  rembdes  extrimes 
sont  des  remedes  energiques,  hasardeux,  qu*on  admintstre 
apres  avoir  employe  tous  les  autres  sans  succ^s;  un  parti 
extreme  est  un  parti  violent,  hasardeux;  an  hommi 
extrime  en  tout,  c'est  un  boiuine  sans  wesure,  donaaut 
toujours  dans  Texces.  Les  extremes  se  touchent,  dit  k 
proverbe,  et  en  effot  les  himaucs  les  plus  mobiles  sont  sou* 
vent  les  plus  nxtrfimes. 

En  geom<^trie,  diviser  line  ligne  en  moysnne  et  extreme 
raison  veut  dire  la  partager  en  deux  parties  tclle:»  que  Tune 


loit  mojenae  proportionnelle  entre  Pautre  partie  et  la  ligne 
eaU^re.  On  applique  aussi,  en  malh^matiques  ,  le  nom 
d*exlrimesh  deux  termes  d*uneproporlion(aritlim^tique  ou 
g^oiD^ique )  :  ce  sont  ceux  qui  sont  au  comm^Qcement  et 
lla  bn;  les  deux  autres  termesy  occupant  Pespace  interm^ 
dJAire,  seDomment  movens. 

EXTREME-ONGTION,  nom  donnd  par  inSgllse  ca- 
tbolique^  an  sacrement  institu<^  en  vue  du  soulagement  spiri- 
tad  et  corporei  des  malades.  Pour  administrer  ce  sacre- 
meot,  on  ae  sert  dUiuile  Ixinite  par  P^v6que,  avec  laquelle 
on  /ait  des  onctions,  accompagn^es  de  pri^res  qui  en  expri- 
meoi  le  but  et  la  fin,  «  Quelqu'un  d^entre  vous  est-il  tna- 
lade,  dit  saint  Jacques  au  1  'i*  yerset  du  chapitre  v*  dc  son 
6pltie,  qu'il  fasse  Tenir  les  prfitres  de  l*dglise,  et  quails 
prieot  sur  lui  en  lui  faisant  d^s  onctions  d*lniile  au  nom  du 
Seigneur  :  la  priire,  joinle  k  la  foi,  sauvera  le  malade ,  le 
SdgBeor  le  soulagera,  et  sHl  a  des  p^ch6s,  ils  lui  seroiit 
remis...  •  C*est  en  s*appuyant  sur  ce  texle  que  le  concile 
de  Trente  a  d^id^  que  Pextr^me-onction  est  un  sacrement, 
piiLsqall  en  op^re  les  efTets ,  savoir  la  remission  des  pdchds 
et  le  sonlageraent  des  malades. 

t4es  protestants,  qui  ne  regardent  pas  comma  canonique 
r^re  de  saint  Jacques,  rejettent  du  nombre  des  sacremeuts 
cdui  de  rextr6aie-ooction.  Mais  il  ne  Taut  pas  oublier  que 
faoteor  de  I'^pltre  dont  U  s'agit,  ne  fOt-il  qu'nn  simple 
clir^tien,  4criTatt  du  moins  dans  les  premiers  temps  de 
I'tgltse,  et  rapportait  une  pratique  unanimement  suivie  h 
cette^poqoe,  ce  qui  suffiraitpour  constater  qo'eJIe  est  d^ins- 
titotioD  apostolique.  L'extrtoie-onction  ne  se  donne  qu'aux 
Chretiens  qui  sont  dangereusement  malades;  elle  a  ^t^  ad- 
ministr^,  tant6t  ayaut,  tantAt  apr^  le  viatiqne.  Comme,  au 
tretutaiest^e,  qnelques  personnes  se  figur^rent  que  celui  k 
qui  ce  nacrement  ayait  €L6  administr^  no  pouyait,  s'il  rcyenalt 
eosant^,  ni  cohabiter  avec  sa  femme,  ni  prendre  de  nourri- 
tare,  ni  marcher  nu-piedft,  on  se  d^ida  k  ne  donner  le  via- 
tiqDe  et  Textr^me-onction  que  dans  le  cos  od  Ton  d^sesp^- 
rait  de  la  yie  du  malade.  Par  la  forme  de  Pextrfime-onction, 
Ofl  d^larait  autrefois  que  le  malade  obtenait  la  ri^misslon 
de  ses  p^ch^;  c*est  ce  qu'on  peut  yoir  dans  la  formulo  du 
rite  anibrosien,  di6  par  saint  Thomas  et  plusieurs  autres. 
Depuis  plus  de  six  cents  ans,  la  forme  est  d^pr^catiye, 
cofflfoe  on  pe'jt  s*en  assurer  par  Pinspection  du  rituel  ma- 
nuscrit  de  Jumi^. 

L'£$dise  grecque  fait  usage  de  ce  sacrement  sous  le  nom 
^huites  sainies;  il  sulTit  d*61re  indisposd  pourle  recevoir, 
et  les  malades  vont  parfois  k  lV.glise  pour  qu*on  le  leur  ad- 
ministre.  Chez  les  maronites ,  on  distingue  deux  sortes  d'ex- 
tr^e^nction  :  Pune  pour  ceux  qui  sont  en  sant^,  et  dans 
laqaelle  on  se  sert  de  Phuile  de  la  lampc  b<$nite  par  le  pr6- 
tre :  k  proprement  parler,  ce  n*est  pas  un  sacrement ;  Pautre, 
qoi  est  im  sacrement,  est  semblable  k  celle  qui  est  usitde 
rbez  les  Latins,  et  ne  s^acconle  qu*aux  malades. 

Alphon<C  PRESSE-MONTyAL. 

EXTREMIS  (In).  Voyez  Is  bxtreiiis. 

EXTR^HilTE  (du  latin  extremitas),  le  bout  d*une 
chose, la  partie  qui  la  termine:  Lei  exfrdmitds  d'un  champ; 
aax  extii^mitfe  du  royanme.  L*expression  i'ahandonner  a 
des  exlr^milis  a  beaucoup  d'analogie  ayec  colle  dc  tomber 
dans  les  txlrimes.  Cettc  locution  :  11  est  it  I'extrdmit^, 
veut  dire  k  Pagonie ,  aiix  dernlers  moments  de  la  yie ;  i 
toute  exMmlld  est  une  autre  locution,  qui  signlHe  k  pen 
pr^  au  pis  alter ^  ou  plntdt  s*il  n'est  pas  absolument pos- 
tible  defaire  d'une  autre  maniire. 

tn  anatoroie,  on  donne  le  nom  (Vextr^mitis  k  cc  que 
iKHis  nommons  yolgaircment  les  qttatre  membres,  et  on 
les  distingue  en  extrimilis  supirleiires  et  infirieures, 

EXTRIXSfeQUE.  Ce  mot,  d^riv^  du  latin  extrlnse- 
eHS,  signifie :  qui  yient  du  dehors.  On  dit :  la  cateur  extrin^ 
<^7«ed'une  monnaie,  celle  que  le  souyeraln  lui  a  as&igndc, 
pir  opposition  k  sa  valeur  intrlns^^ne,  ou  ce  quVlle  vaut 
CB  eUe-nn6me. 

£n  anatontle,  lonqne  certainA  organei  ^ont  nds  en  mon- 


EXTREME  —  EXUTOIRES  3%^ 

yement  par  un  tr^-grand  nombre  de  muscles,  on  distingue 


les  agents  dc  ces  mouyements  en  muscles  extrinstques  et 
en  intrinsbques.  Les  premiers  sont  plac^  autour  de  leur 
organe,  s^implantent  sur  lui  et  le  mcuyent  en  totality  en  di- 
yers  sens  :  tels  sont  les  muscles  extrinsiqiies  du  larynx,  de 
Poreille,  de  la  langue.  Les  seconds  entrent  dans  la  composi- 
tion de  leur  organe,  s^implantent  sur  leurs  pitees  solldes 
en  passant  de  Pune  a  Pautre,  et  leur  impriment  des  mou- 
yement  yarl(*s  :  c'est  ce  qu'on  yoit  parfaitement  k  la  langue, 
oil  les  muscles  intrlnsftqucs  se  croisent  dans  toutes  sortes 
de  directions,  et  constituent  k  eux  seuls  la  plus  grande  par- 
tie  de  Porgane.  L.  Laubekt. 

EXUBERANCE  (du  latin  ex,  hors,  et  ubertas,  abon- 
dance),  surabondance,  abondance  inutile  et  superOue.  £n 
littdrature,  cc  mot  caract^^rise  ce  genre  de  yice  par  lequel  oa 
emploie  pour  exprimer  une  chose  beaucoup  plus  de  ter- 
mes  qu^il  n'en  faut;  il  est  tr^s-commun  chez  les  jeunes 
auteurs,  qui  prenneut  souyent  pour  richesse  de  style  un 
trop  grand  luxe,  une  trop  grande  profusion  de  paroles,  de 
fleurs  de  rli(?lorique.  Une  exuberance  n'est  pas  toujours  un 
pl^onasme,  en  ce  sens  que  yingt  ou  cent  motspeuyent 
£tre  inutilement  employes,  sans  que  Pun  r^pMe  Pidde  des 
autres,  k  reudre  une  proposition  tr^s-simple ,  et  que  deijx 
ou  trois  termes  sulfiraient  pour  6noncer  clairement. 

On  disait  autrefois  en  style  de  palais :  «  Tel  ayocat  ne  s'est 
seryi  d*un  pareil  moyen,  n*a  produit  une  telle  pi^ce,  que  par 
exuberance  de  droit :  il  pouyait  bien  gagner  sa  cause  sans 
coin.  »  Cct^te  locution  n'est  plus  usitc^c. 

EXUOERE  (du  latin  exu6er,  mot  compost  de  la  pro- 
position e^r,  hors,  et  de  ubera,  mamelles).  Les  m^ecins 
emploient  ce  mot  pour  d^igner  les  enfants  que  Pon  a  se- 
yrfe. 

EXOIA.  voyez  Baoama. 

EXUTOIRES  (de  exuere,  ddpouiller).  On  doit  donner 
le  nom  (Yexutoires  k  toutes  les  ulcerations  superflcielles  on 
profondes ,  produitos  011  seulement  entretenues  par  Part 
afin  de  determiner  une  suppuration. 

Les  moyens  k  Paide  desquels  on  etablit  les  exutoires  peu- 
yent^tre  divisOs  en  chimiques  et  en  physiques;  dans  les 
premiers  on  dolt  comprendre  :  1"  tons  les  caustiques 
min^raux ,  tels  que  la  chaux,  la  potasse,  Pacide  sulfurique. 
Ic  chlorure  d'antimolne ,  etc. ;  2*  un  tr^s-grand  nombre  dc 
substances  v^gdlales,  comme  Pdcorcc  de  garou ,  les  graiues 
de  moularde  et  de  ceyadille,  les  feuilles  de  cheiidoine  et  do 
r/ius  toxicodendrum,  Phuile  de  croton,  etc. ;  3"  enfin,  qnel- 
ques substances  animales,  comme  les  melons,  les  mllabres, 
et  surtout  les  cantharides.  Les  moyens  physiques  se  com- 
posent  de  toutes  les  incisions  que  Pon  pratique  k  Paide  d'ins- 
trumcnts,  et  dans  lesquelles  on  place  des  corps  strangers 
incrtes  chimiquement  parlant;  les  plaies  que  Pon  produit 
par  Papplication  d*un  fer  rouge,  d'un  m  0  x  a ,  etc. 

La  suppuration,  que  Pexutoire  a  pour  but  d'entretcnir, 
n^est  pas  identique  dans  tons  les  cas.  Lorsque  Pexutoire  est 
superficiel,  Phumeur  sOcrdtde  est  un  liquide  presque  trans- 
parent, conteiiant^  peine  qaelquesglobules  purulcob^;  quand 
Pexutoire  est  profond,  le  liquide  fouml  est  du  pus  queJque- 
fois  tres-dpais.  Outre  cet  effct  sdcrdtoire,  les  exntoires  pro- 
duisenf Encore  quelques  autres  efTets  locaux,  qu*il  fautcon- 
nattre.  Ceux  qui  sont  superficiels  occasionnent  une  douleur 
ou  une  excitation  Idg^re,  quelquefois  une  tumefaction  qui  ne 
parvient  jamais  k  un  degrd  bien  considerable;  un  gonflement 
douloureux  se  deyeluppe  quelquefois  dans  les  ganglions  lym- 
phaliques  yoisins ;  enlin,  et  ceci  est  commun  k  toutes  les 
yarietes  d'exutoires,  unerysip^le,  ordinairement  peu  grave, 
peut  se  manlfester  une  ou  plusieurs  fois  pendant  leur  durde. 

Quant  aux  effets  gendraux,  ils  sont  yariables  suiyant 
Pesi)^ce  d*exutoire  et  suivant  Pepoqoe  de  son  etablissement. 
Au  moment  oh  Pon  etablit  Pexutoire,  s*il  est  superficiel  et 
[tew  etendu,  ses  effets  gdndraux  sont  nuls  ou  bomds  k  une 
Idg^re  excitation ,  a  une  faiWe  acceleration  du  pouls.  Lor*. 
qu*au  contraire  Pexutoire  est  etendu  ou  profond ,  la  reac- 
tion est  plus  energlque,  et  elle  pent  *tre  suivie  d'unc  tievie 


I 


3^4 


EXCTOIRES  —  EYCK 


intense;  c^est  parficuHteoment  dans  lesexutoires  tris-dou- 
l«ureax ,  eomme  le  moxa,  que  cette  reaction  vire  se  d<Sve- 
loppe.  Dans  qnelqaes  exutoires  qui  out  besoin  d'ttre  entre- 
tenos  |»ar  des  subataDoea  irritanles,  i'excitatiou  gto^rale  et 
wabmd  la  Mvre  peat  se  d^vdopper  cliaque  foia  que  I'on  re- 
nouTeUe  I'application  de  cette  substance. 

Lea  effeta  cons^cutifa  et  m^iicamentaax  des  exntoires  sont 
beaucoup  plus  difSciles  h  appr^er  que  lea  prdcMenta.  On 
ies  emploie  dans  la  plupart  des  maladies  chroniques,  dans 
le  but  de  d^tourner  l%ritation  et  de  la  fixer  sur  une  partie 
moins  importante  que  celle  primitiTement  aflect^;  maison 
est  loin  d'atteindre  tovyoars  ce  but  U  arrive  souTent  qu^une 
irritation  nouvelle  se  ddveloppe  sans  queTancienne  diminue 
d'intensit^,  et  akna  Texutoire  ne  fait  qu'ajouter  une  cause 
de  d^t^oration  k  celle  qui  existait  d^j^.  Cest  done  un  pr^ 
cepte  dontil  ne  faut  jamais  s^^carter  que  celui  qui  dit  qu^un 
exutoire  ne  doit  Jamais  £tre  ^tabii  cbez  Ies  malades  afTaibli^ 
d^ja  par  une  maladie  ancienne.  Un  autre  pr^cepte  dont  Tob- 
serration  est  d'une  assez  grande  importance,  surtout  quand 
il  s'agit  d'un  exutoire  profond,  c^est  qu*ii  ne  faut  I'appliquer 
que  sur  des  points  assez-  doignte  du  si^e  de  la  maladie ; 
si  on  I'appiiquait  trte-pr^s  de  ce  si^e,  Tinflammation  pro- 
voqude  pourrait  s^^tendre  jusqu*au  foyer  de  la  maladie  et 
activer  plus  ou  moins  la  marclie  de  cette  demi&re.  Dans 
quelques  cas,  cependant,  il  eat  plus  avantageux  de  placer 
Texutoire  trte-pres  de  la  maladie  que  Ton  traite ;  maia  c'est 
lorsque  celle-ci  est  de  nature  nerveuse,  ou  du  moins  que 
'  'dement  inflammatoire  n^y  est  que  peu  d^velopp^.  Lorsqu'un 
exutoire  a  produit  lea  rotate  qu^on  doTait  en  esp^rer,  il 
faut  le  supprimer  le  plus  t6t  possible;  lorqu'on  lelaisse  pen- 
dant trop  longtemps,  T^conomie  finit  par  s*y  habituer,  et 
l*on  ne  pent  plus  te  supprimer  sans  inconv^ents  pour  la 
sant^.  D'  Gastelnau. 

EX-VOTOt  L'acception  de  cette  expresaion  latine,  que 
I'usage  a  ft-ancis^,  se  trouve  enti^rement  comprise  dans 
SOD  etymologic,  ou  plntdt  dans  aon  sens  littdral :  c'est  comme 
si  Ton  disait  provenant  (fun  vont^  offers  pour  acquitter 
un  vceu.  L'offrande  des  ex-voto  a  ^t^  i^te  au  christia- 
niame  par  Ies  peiiples  latins,  qui  en  consacraient  un  grand 
nombre  k  leurs  divinity ;  ils  Ies  nonmiaient  tabellx  vo 
tivx,  d'oti  on  lea  a  appel^  eX'Voto,  parce  qn'ils  contenaient 
d'ordinaire  one  inscription  qui  finiasant  par  ce  mot  ^tait 
destio^  k  en  rapporter  l*origine.  C*6tait  gte^ralement 
alors,  ainsi  qu'aojonid'bai,  pour  s'acqultter  d*un  yaea  fait 
dans  uu  grand  danger  auquel  on  aVait  ^app^,  pour 
remerder  le  del  de  quelque  faveur,  ou  pour  liii  en  de- 
mander. 

Non-seulement  Tempire  romain,mais  I'^gypteet  la  Gr^ 
etaient  b^riaate  de  temples  oh  venaient  s'entasser  Ies  plus 
riches  oCTrandea.  Cehii  d'Apollon  k  D  e  1  p  h  e  s  avait  ainsi  ac- 
quis aatant  de  richesses  qu'en  poss^dait  le  reste  de  la 
Grtee  entito ;  le  temple  de  Diane  ^  £ p h 6  se  ^tait  aussi  un 
des  plus  opulents.  On  snspendait  ^galement  aux  parois  de 
cea  MiSces  des  boncliers ,  des  gUifes  de  gnerriers ,  des 
palmes,  des  couroones  d'alhl^tes,  des  'vaaes,  des  statuettes 
de  simples  dtoyens,  des  Toiles  et  des  cdntures  de  femmes. 
B^r^iice  oflrit  sa  cbeTdure  k  V^us;  et  son  exemple  fut 
souTcnt  imit^  Messaline  prisentait  cbaqne  matin  k  Priape 
autant  de  couronnes  qu'elle  ini  avait  offert  de  sacrifices 
dansU  nuit.  Les  femmes  st^riles  consacraient  an  m6me 
dieu ,  k  Yteus,  k  Jnnon  Lucine,  de  petits  bronzes  obsctoes, 
dans  Tespotr  d^en  obtenkr  un  germe  da  ffecondit^.  On  en  re- 
trooTe  soovent  dans  les  mines  d*Herculanum  et  de  Pomp^i. 

Lea  ^ises  cbr^tienncs  ne  peuvent  pas  6tre  compartea 
aux  temples  paiens]poar  les  richeasea  votiTes.  En  Italic,  oe- 
pendanty  en  Espagne  et  en  Portngal,  qnelqaes  sanctaaires 
sont  splendidement  dotte.  Le  irter  de  Salnt-JanTier  k  Na- 
ples k  M  tour  k  tour  enricbi  par  les  rob  de  la  contrfe,  les 
Sicillens,  les  Francis,  les  Autrichiens.  II  y  a  la  profusion 
de  busies,  de  croix  et  de  flambeaux  d'or  ou  d*argent  massif, 
de  mitres,  d'anneatix,  de  plaques,  de  derations,  de  col- 
liers de  dlamants,  etc.  Le  tr^r  de  Safait-Jacques  de  Com- 


postelle  est  moins  riche  qu'on  ne  Ta  prftendn.  La  rMdnee 
de  TEscarial  n'est  elle-mlme  toot  entire  qu'nn  im- 
mense eX'VOto  de  pierre.  Certaines  localit^s,  oomme  Notre- 
Dame  de  Lorette,  la  Madone  de  San-Loco  en  Italic,  Notrs- 
Dame  de  Montserrat  et  Not  re-Dame  del  Pilar  en  Espagne, 
la  Sainte-Baume  en  ProTeoce,  Sainte-Anne  sur  la  oOte  de 
Bretagne,  le  Viergedes  Orders  sur  celle  de  Normandie,etc., 
abondent  en  ex-voto,  gto^ralement  sans  Taleur,  tela  que 
bras  on  jambes  de  dre  ,  b^quilles,  miniatures  de  navires 
appendues  k  la  ToAte ,  petits  tableaux  repr^sentant  des 
temp^tes ,  des  naufrages,  des  incendies ,  des  sinistres  dans 
tons  ies  genres.  Ces  peintures  sont  pour  la  plupart  si  gros- 
si&res,  qu*oa  appelle  d^risoirement  un  manvais  artiste 
peintre  iex-voto,  Le  plus  grand  nombre  de  cea  oCfrandes 
proTiennent  des  marina,  qui  sont  expose  ^  de  si  cnielles 
ipreuves. 

On  Toit  dana  la  Franche-Comt^  des  ex-voto  que  les 
montagnards  du  paya  appellent  des  dieux  de  pitii :  c'est 
ordinairement  une  image  ou  un  petit  buste  de  J^os,  on  de 
la  Vierge,  plac^  dans  le  tronc  de  quelque  arbre,  comme  oa 
saule  sur  le  bord  d*un  ruisseau  :  les  jeunes  rameaux ,  en 
se  penchant  dana  fonde,  semblent  aller  y  recbercher  la  %ie 
pour  le  tronc  ^uis6  qui  les  porte,  et  il  y  a  qudque  chose 
de  tonchant  dans  cette  esp^  de  syinbole  qu*un  instinct  de 
morale  religieuse  fait  pr^f^rer  aux  habitants.  Mais  le  plus 
souTent  ces  dieux  de  piM,  ou  Ton  porte  en  oflhmde  des 
couronnes  de  flears,  les  pr^mices  de  la  moisson,  occupcot 
des  grottes  en  pierre,  dans  I'mt^eur  des  wastes  et  sombres 
forfits  de  sapin  qui  cooTrent  les  montagnea  de  la  contr6e. 

De  nos  jours  encore  les  nationa  idoUtres  sont  prodignei 
d'ex-voto.  n  suffit  pour  s'en  conraincre  d'ourrir  un  reeneil 
de  voyages  en  Am^rique,  en  Asie  et  surtout  dans  les  lies  de 
la  mer  du  Sud.  La  plupart  des  peuplades  de  la  o6te  d'Airique 
en  suspendent  ^galement  k  des  arbres  qui  ont  quekjoe 
chose  de  sacr^  pour  eux.  Billot. 

CYALET9  mot  d6riv6  de  Tarabe,  et  que  les  Tares  em- 
ploient  pour  d^igner  une  grande  division  territoriale  et  po- 
litique, ou  province  administr^  par  un  gouvemear  g^nM 
portant  le  plus  sonvent  le  titre  de  vaU  (Tice-roi).  Les 
eyalets  sont  subdivis^  en  un  certain  nombre  de  livas.  La 
Turquie  d'Europe  est  partagi^  en  quinze  eyalets ,  tandis 
qn'onencompte  dix-huit  dans  la  Turquie  d^Asie,  ettroisea 
Afrique. 

EYCK  (Jan  van),  ainsi  appeU  dulien  desa  naissanoe, 
Maaseffckf  dans  Tevtob^  de  Liege,  et  qu'on  nomrae  aussi 
qodquefoisyaii  van  Brugge  (Jean  de  Bruges ) ,  du  lieu  qu'il 
habitait,  ^tait  fils  d*un  pemtre,  etsuivantropinion  commune 
toiise  pour  la  premiere  fois  par  Sandrazt,  naquit  vers 
I'an  1370.  Un  frfere  aln^,  Hubert  van  Eyok,  n^  Ters  Fan 
13CC,  etqui  fut  ^galement  un  peintre  c^l^re,  lui  eosdgDa 
les  premiers  ^ments  de  I'art.  Les  deux  fr6res  vinrent  s*^ 
tablir  k  Bruges,  qui,  en  raison  de  son  florissant  commerce, 
^tait  k  cette  dpoque  le  rendez-vous  d*une  fouie  de  gens  ri-' 
ches  et  de  seigneurs.  Mais  vers  1  ^20,  ou  fort  peu  de  temps 
apr^s,  ilsall^rent  faire  un  assez  long  s^jonr  k  Gand  poor  y 
executor  unde  ces  dessus  de  maltre-autd^  compartiments 
que  Ton  di6pIoie  et  que  Ton  referme  k  volontd ,  qui  leor 
avait  ^  command^  par  Jodocos  Vyts,  riche  bourgeois  de 
cette  ville.  C'^tait  la  cdibre  Adoration  de  VAgneau  par 
les  vierges  de  V  Apocalypse^  vaste  toile  qni  ne  comprend  pas 
mohis  de  trois  cents  figures,  et  qui  est  regards  comme  on 
chef-d^oBuvre.  Plusieurs  des  compartiments  primitifs  oment 
aojoord^hui  le  mus6e  de  Berlin,  oA  on  Toit  aussi  one  partie 
dea  copies  exteuttey  d*apr^  les  ordres  da  roi  d^Espagne, 
Philippe  II,  par  Michd  de  Ooxis;  mais  le  reste  du  tableau 
ae  trouve  toujours  dans  T^lise  cathMrale  de  Saint-Bavon, 
k  Gand.  On  pent  voir  deux  compartbnents  des  copies  ex^ 
cutte  par  Midid  de  Goxis  dans  la  Pinacoth^oe  de  Mn- 
nich,  et  il  ($xiste  k  Londres  une  cople  du  tableau  entier  par 
un  autre  artiste,  demcor^  inconnu. 

Si  i'on  a  pr^tendu  r^cemment  que  Jan  van  Eyck  naquit 
vingt  ou  vingt  cinq  ans  plus  tard  que  la  date  fix^  par  Sau- 


EYCK—  EYLAU 


M 


drait,  c^«Bt  qii«  l€8  portraits  des  frtees  van  Eyck  plac^  ao- 
denoos  de  leiir  tableau  des  Juges,  et  qui ,  comme  tout  ce 
moroeaa,  lUrenl  ex^cnt^s  de  1420  k  1432,  repr^ntent 
l^!o6  comme  im  homme  de  aoixante  ana  environ ,  et  l^autre 
comme  mi  homme  de  trente  ana.  Hubert  mounit  en  1426 , 
ayant  qoe  ee  tableau  fCtt  termini,  ainsi  que  sa  aoBur  Mar' 
gueriie  Tan  Etgk,  qui,  elle  ansai,  ^tait  pelntre.  Jan  ter* 
mioa  cette  amrre  immense  en  1432 ,  et  roTint  ensuite  a?ec 
sa  fiemme  k  Bruges,  ot  jusqu'^  sa  mort,  arriTte  probable- 
raent  tots  144S,  U  trouva  le  lucratif  emploi  do  son  talent  k 
la eour  briUante  et  polie  do  due  Philippe  le  Bon,  et  ohil 
peignit  encore  plusieurs  toiles  regardte  comme  autant  de 
cheb-d*(euTre.  Une  cireonstance  qui  oontriboa  suitout,  de 
SOB  Tivant  mtoie,  k  augmenter  sa  reputation,  c*e«l  quMl m- 
troduisit  dans  P^coie  flamande  la  pelntnre  k  Phuile, 
proeM^  dont,  aprto  sa  mort,  qnelques-uns  Toulorent  k 
tort  lol  attriboer  I'inTention.  Mais  le  serrice  le  plus  essen- 
tiel  que  les  Mres  van  Eyck  aient  rendu  k  Tart,  c'est  la  di- 
rection nonveUe ,  Evident nteultat  de  ce  progrte  technique, 
qulls donn^rent  &  lenr  tele,  appeMe  la  vieille  4eoU  fior 
numde,  et  per  suite  k  tonte  la  pdntore  du  nord  de 
rEnrofMB. 

Laors  prM^cesseurs  s'^taient  presque  exclusiyement  bor> 
win  k  des  aujets  d'^lise ,  et  n'y  aTaient  fait  fignrer  que  ce 
qui  pooTait  sp^cialement  contriboer  k  l'Mifl<»tion  des  fi- 
dMes :  de  U  les  ciels  k  fond  d'or,  le  calme,  la  douceur  et 
la  tfyinit^  des  traits  du  ylsage  de  leurs  personnages,  le  jet 
simple  et  Impoaant  des  draperies,  mais  anssi  les  ddfauta 
dena  le  trac^  des  formes  et  des  Tdtementa ,  et  chei  les  pein- 
tras  de  moins  de  talent  et  d'habflet^  la  pmistance  It  ne  paa 
eorfir  do  type  traditionnel.  A  partir  des  premieres  annte 
do  qoiniiteae  sitele  apparatt  dans  les  mirres  de  la  pein- 
toffe  one  tendance  d^jk  visible  depuis  longtempe  dans  ':;, 
vie  sociale  et  dans  la  litt^ratore  des  peoples.  Les  arte  du 
dessin  rendirent  alors  hommage  au  rtetisioe.  On  en  trouve 
d^  des  traces  dans  roeovre  de  mattre  Stephan  de  Cologne; 
mais  les  TMtables  anteors  de  cette  revolution  dans  Part, 
ce  furent  les  firtees  Tan  Ejck,  Abandonnant  rid4al ,  ils  re- 
prtenttecot  des  indlvidus,  des  caract^rea,  et  leplus  sou- 
vent  des  portraits,  et  remplacirent  la  magniiJcence  celeste 
per  on  ooatome  vrai ,  emprunt^en  partielt  la  conrde  Phi- 
lippe le  Boo ,  et  eotourd  de  details  dIntMenr  oo  agrestes. 
An  lieo  do  fond  d'or,  que  Hubert  van  Eyck  ne  consenra 
que  poor  les  trois  prindpales  figures  de  VAdoraikm  de  PA" 
gneau,  nous  apercevons  dtermate  des  appartements  om^ 
de  bolseries ,  de  cheinintoi,  et  oh  les  loisde  la  perspectlTe 
soot  parfoitement  observte;  des  villes  avec  lenrs  tonrs, 
leoit  ^lises,  leurs  rues  ^troites  et  anlmte;  de  riches  prai- 
ries toailltes  de  fleurs,  dea  arbrcs  au  riche  feuUlage;  dans 
le  lointain ,  des  monta^ies  bleuAtres  et  un  del  parsemd  de 
peftts  nuages  d*un  blanc  tendre.  On  reconnalt  memo  dans 
lea  figmes  des  commencements  d'^tndes  anatomiques, 
loot  an  mohisdans  les  mafaia,  les  pieds  et  le  visage,  car  un 
aentfanent  de  retenue  exag^rte  ne  permettait  pas  de  montrer 
phis  de  no :  ausd  les  figures  et  les  groupes  ptehent>ils  le  plus 
aeuvent  aous  le  rapport  de  hi  pose.  II  n'est  pas  rare 
■OB  ploa  de  trouver  beaoooup  de  froideur  et  de  duret^  dana 
les  traits  du  visage ,  d^faut  qui  paraft  d^autant  plus  saillant 
line  le  fini  brillant  des  figures  a  quelque  chose  de  la  mfnia- 
tnra.  11a  excellent  snrtout  dans  la  peintore  de  la  mati^re, 
que  ce  soient  des  ^ITes  brodte ,  des  armures  dordes ,  des 
iBStensiles  de  hois  et  aotres  d^ils  analogues,  ce  qui  ne  lenr 
ftitposaible  que  par  la  perfection  technique  et  artistiqne  d'un 
eoioris  en  quelque  sorte  indestructible.  Les  meilleors  pein- 
trcs  de  T^oole  vMtienne  arrivent  rarement  be  one  couleur 
anssi  vive,  anssi  transparente.  11  est  remarquable,  du  reste, 
qai'A  to  mteie  6poque  une  tendance  analogue  vera  le  Hat- 
Kemese  faisait  sentir  daps  r^cole  de  Florence,  t^moin 
Blasaedo ,  en  m£me  temps  que  les  efforts  de  Paolo  Uccello 
aliootissaient  k  donner  plus  de  perfection  k  la  perspecUve 
liBMre.  Les  fti^res  van  Eyck  donn&rent  k  la  direction  de 
fart, k  cette ^poque,  le  caract^  et  Texpression  qui  lui  fu- 

•B  LA  OOnVERS.  ^  T.  IX. 


rent  propres ;  et  blentdt  toutes  les  teles  d* Allemagne  se  ral- 
tach^nt  k  eux. 

La  peluturo  sur  verre  ftit,  dit-on,  redevable  k  Jan  Tan 
Eyck  d'one  invention  grkoe  k  laqoelle  on  put  dtermaia 
pdndre  sur  des  vitraux  entiersavec  un  melange  de  cooleurs 
et  des  tehitea  d'nne  douceur  extreme,  et  cependant  hieffli- 
fables,  rteultat  auquel  on  ne  pouvalt  parvenir  aoparavant 
qu'en  r^unlssant  d'^is  morceaux  de  verre  pour  en  former 
une  mosalque.  11  (kut  toutefois  n*admettre  le  fait  qu^avec 
quelques restrictions,  puisquemtaie  les  mdlleures  pdnturea 
aur  verre  de  la  fin  du  quinzitoie  et  du  commencement  do 
sdittaie  sikde  ne  prtentent  pas  de  nuances  de  couleura 
proprement  dites ,  k  moins  qu'eUes  ne  proviennent  de  d^t^ 
riorations  ^Tidentes. 

Les  prindpaux  tableaux  des  frkres  Tan  Eyck  et  de  leor 
6cole  se  trouvent  dans  la  cathMrale  de  Gaud ,  dans  les  mu- 
stede  Bruges,  d'Anvers ,  de  Berlin ,  de  Munich  et  de  Paris. 

ETDER*  Voyez  Eider  ( G^ographie), 

EYLAU  (Bataille  d').  Preussieh-Bytau,  qu*on  sor- 
nomme  ainsi  pour  le  distinguer  de  Teutsch-Eylau,  dans  la 
r^genoe  de  Marienwerder,  est  une  petite  ville  prussienne, 
que  les  Romafais  appeUient  Gilavia,  et  qui  est  sito^  k  36  ki- 
lometres snd-snd-est  de  Koenigsberg,  sur  la  Pasmar,  avec  des 
fabriques  de  draps  et  une  population  d'k  peo  prte  3,000  kmes. 
Elle  est  c^l^bre  par  U  bataille  acham^  et  sanglante  que  Na- 
polton  7  livra  aux  Busses  les  7  et  8  t^vrier  1807. 

Six  jours  aprks  la  bataille  d'l^na,  le  roi  de  Prusse  avait 
dgu^  avec  la  Rnasie  la  convention  de  Grodno,  qui  lui  assurait 
hi  cooptetion  de  Parmte  russe.  Les  corps  franQais  ^ient 
cantonnte  en^e  TOmulef ,  to  Narew  et  I'Ukra,  an  nord  de 
Yarsovie,  oh  s'teit  reports  le  quartier  gfa^l.  Bemadotte 
avait  pris  la  direction  d*Elbhig,  pour  feriner  aux  ennemis 
la  route  de  Dantdck,  et  le  corps  de  Nej,  ^bli  k  Mlawa., 
^tait  charge  de  surveiller  Tespace  qui  s^parait  notre  arm^ 
de  son  extreme  gauche.  Cependant,  le  gto^ral  russe  Ben- 
ning  sen  avait  rtelu  de  couTrir  Koenigiberg  et  de  d^blo- 
quer  les  places  de  Colberg,  DantEig  et  Graudentx.  Prtedd 
d'une  forte  aTant  garde,  command^  par  Bagratlon ,  11  sM- 
tait  port^  sur  HeUsberg ,  aTait  ralli6  les  Prussiens  de  Les- 
tooq  et  pous86  Jusqu'k  Gotstadt.  Les  coureors  de  Ney  se  re- 
pIMrat  k  son  approche  vers  Gilgenborg.  Bemadotte  cou- 
rut  k  Mohmngen  cooper  la  route  k  Bagratlon,  et  to  battit; 
mais,  reconnaissant  qull  allait  avoir  atTaire  k  toute  Tarmto 
msae,  il  se  replia  sur  Strasbourg,  k  80  kilometres,  pour 
attendre  les  ordres  de  Tempereur. 

A  cette  nouvdle.  Napoleon  lui  ordonna  de  ne  pas  con- 
trarier  le  moovement  des  Moscovites  sur  la  basse  VialBle, 
chargea  Lannes  et  Savary  de  les  eropteher  de  se  porter  sur 
VarsoTle ,  et  aTOC  Sonlt,  Angereao,  Davonat  et  Ney,  se  mit 
en  devoir  de  manoravrer  sur  les  derriires  de  Benningsen. 
Le  !*■'  ffivrier  n  enhrait  k  Willemberg,  k  hi  suite  de  rarrikre- 
garde  russe,  que  la  cavalerie  de  Moral  aTait  sabr^  et  pre- 
nait  position  to  8  k  Altonstdn.  Cette  retraite  piMpitte  mit  k 
dteuTert  le  corps  prussien  de  Lestocq,  qui  essaya  de  ft-an- 
chir  le  passage  de  TAlto  k  Deppen ;  mais  Ney  6talt  d^jk  en 
aTant  de  cette  riTikre,  et  le  5  f($Trier,  au  combat  de  Wal- 
tlsrsdbr,  les  Pmssiens  perdaient  seize  canons  et  1,500  hom- 
mes.  lis  rtossirent  cependant  k  se  rapprocher  des  positions 
de  BenningMn  k  Eykin,  par  one  marche  forc^  bravement 
sontenue  par  lenr  cavalerie,  et  lea  Busses  parurent  se  d^i- 
derk  accepter  to  bataille.  Marfcoffet  Barclay  de  Tolly 
tinrent  longtemps  dana  la  ville,  to  7  an  soir,  contre  les  atta- 
quesde  SonlL  Mais  enfin,  to  mamdon  de  Tenknitten  fht  em- ' 
port^  par  to  18*  de  llgne,  et  trois  r^ments  russes,  qui  Men- 
daient  T^gMse  et  le  dmetikre,  furent  culbot^s  par  to  dividon 
Le  Grand ;  cette  podtion ,  prise  et  reprise  trois  fois  dans 
la  joonte,  flnitpar  rester  k  l^hitr^pide  Soult,  qui,  k  dix  hen- 
res  du  soir,  coorut  s'^tablir  en  avant  d'Eylan.  Le  corps  de 
Davoust  avait  march^  pendant  ce  temps  sur  Domnau,  afin 
de  toumer  rextr^me  gauche  des  Russes,  tandis  que  Ney  se 
dirigeaitsor  Kreutsbourg  pour  d^border  vers  leor  droite  et 
empficher  lea  Prussiens  de  Lestooq  de  U  seooorir.  Cos  deus 


r" 


29 


iti 


BYLAU 


fonts  forment  en  arrive  d'Eylau  la  base  d^tm  triangle  doDt 
cetieviUe  est  le  sommet ;  et  comiue  c^^tait  U  que  Benningsen 
Avait  pris  position,  il  ea  rtaltait  qoe  «i  retraite  aur  Kisnigs- 
Wg  poMTait  fitie  oompromiae  6*ii  8*obstinaili  nons  attendre. 
Sorat  doata  de  cette  rdaoliitioa ;  on  raouTement  mai  eoni- 
inia  Hii  fit  mteM  auppoaer  qoe  rcnneml  se  retirait;  et  Na- 
polten,  partageant  oette  idfe,  6taUUy  aaoa  le  aavoir,  son 
bhrouacisous  les  oanons  des  Russes. 

Son  iliusfam  se  ^Ksaipaft  dto  Taaforei  an  bruit  de  fonni-  • 
dables  dfeliarges  d'arlib^rie ,  tonnast  sur  la  ville  et  snr  Ja 
diffBion  Saml-liilaire.  BenniDgsen  reprenSit  I'^OensiTe, 
conim^  s'il  elit  oonm  rinttriorit^  num^que  de  son  eanend. 
]]  avail  efei  effet  Ml,000;  hommes »  et  Napolfon  en  eomptait  k 
peine  60,000,  harass^  de  Tatigne,  aprto  use  mardie  forote 
de  neuf^  dix  joora  4  travers  des  plaines  oouTertes  de  neige. 

I  n  ^t  h  craindre  que  iemouvement  excentrique  de  DaToust 
ft  de  Ney  ne  s'^teadlt  un  *pea  trop  loin ,  et  que  oes  deux 
corps  ne  ftissent  pas  k  port^  de  prendre  part  k  mte  action 
d^ciuYe.  Soult,  r^duit  k  18,000  liommes,  eut  d'abord  k  sou- 
teair  tout  le  poids  de  Pattaque.  Ses  troupes  ^taient  ^tabiies 
1^  droite  et  k  gauche  de  la  ville,  et  ce  fut  toujours  snr  la  di- 
Tision.Saint-Hiiaire  que  pertinent  les  premiers  ooops.  Na> 
poldirn  oounit  avee  sa  .gai^  dans  le  dtneti&re,  si  TiTement 
dbput^  la  veiUe,  et  qui,  plac^sur  un  monticule,  dominait 
de  ee  €M  la  position  des  Rosses.  Soixante  pitoes  d'artU- 
krie  furent  surle>cbamp  d^loyte  en  avant  d'Eylau, 
et  foudroy^rent  k  demi-porlte  lea  eolonnes  ennemies, 
qai  maneeavraient  dans  une  plaine  peu  aecidentfo.  Auge- 
lesn,  quiaTait  pass6  la  unit  en  arrive  de  la  yille,  ddbon- 
rbtaXea  mtaie  temps  dans  la  plaine,  et  menai^it  le  centre 
de  Benningsen.  Le  gtotel  Doctorof  Tint  an-d«tant  du  corps 
^Angereau  sur  deux  fortes  eolonnes ,  tandls  qu'une  de  ses 
dhisions  cherchait  k  le  loomer.  Mais  k  oe  moment  la  neige 
dennt  si  ^paisse ,  que  pendant  une  demi-beiire  il  fut  iropos* 
iible  aux  deux  armtes  de  distinguer  leurs  mouvenients  r^- 
dpfoques.  On  ne  se  Toyait  point  k  deux  pas;  on  tirait,  on 
laarehait  au  baaard.  Les  eolonnes  d'Angereau  perdirent 
leur  directioii,  et  qua&d  Tobscnritd  fut  dissip^e  dies  se  trou- 
fkreni  en  face  de  quarante  pitos  de  position,  eotre  Pinfan- 
leriede  Doctorof  et  la  eavalerie  russe.  La  diTision  Desjardins 
iliit  m6me  ^k  p^le-mde  atec  les  escadrons  ennemis.  EUe 
•e put  former  ses  carr6s;  il  fallut  se  battre  corps  k  corps, 
Imtassins  contre  oavaliers.  Le  massacre,  fat  borrihle.  La  di- 
fiaion  Heudelet  se  trouya  plus  t6t  raUiitey  mais  eUeeut  de 
iirop  fortes  masses  k  combattre.  Augereau,  De^ardins,  Heu- 
delet, furent  bless^  dans  la  m6Me. 

Cepoidant,  le  danger  commun  n*6cbappait  pas  k  Tcnl 
Tifi^ilant  de  Napol6on :  il  ordonna  k  Moral  el  ^  Bessi^res  de 
eiiaiger  avec  toute  la  eavalerie  de  Parmte  les -eolonnes  russes, 
an  cAtoyant  la  division  de  Saint-Hilaire,  qui  t^ait  Textr^me 
gaocbe.  Cette  charge  fut  «x6cutte  avec  autaiit  de  pr^dsion 
qned'audace.  Mliliaud,  Klem,  d*Hautpool  d  Groodiy  debou- 
ch&rent  entre  les  villages  de  Rothenen  et  de  Serpallen  sur 
le  flauc  droit  d'Osterman  et  de  Doctorof.  Deux  lignes  d'ia- 
linterie  furent  enfoncte,  sabr6es»  culbutte.  La  troisiime 
ne  put  tenir  qu*en  s'adossant  aux  bois  sito^  entre  les  viUa^ 
ges  de  Kldn-Sausgarten  et  d'AnUapen.  M^anmoins,  suooes- 
dfement  renforote  par  les  rterres  de  Benningsen «  et  sou- 
tenoe  bientdt  par  nne  artiUerie  fermidable»  die  repritli  son 
tour,  TofTensive,  et  bos  masses  de  eavalerie  furent  forotes  de 
batlre  en  vetfaita.  Lenr  retoor  devenait  diflidle;  les  lignes 
qu'dles  avaient  rompues  s'^taient  reform^es  derri^re  eUes. 

II  fiillut  s'ouvrir  un  passagis  le  sabni  au  pouig.  Le  g^atel 
d^Ahlmann  fut  tu6  dans  cette  seconde  nidte;d*llaiilpoal  y 
tai  gri^vement  bless^;  Corbineau,  aide  de  camp  de  I'empe- 
reur,  y  fut  emport^  par  un  bould ;  mais  enfin,  Murat  et 
Besd^res  purent  rallier  lour  cavderie  dansles  environs  de 
Rutbenen.  Pendant  ce  temps,  une  colonne  de  6,000  honunes 
avdt  pass^  k  la  faveur  de  TobscuriUS,  d  sans  le  savoir  pcui* 
lire,  entre  la  droite  de  la  division  Le  Grand  et  la  gaudie 
du  oocps  d^Aug^roau.  Son  avant-garde,  p^dlrant  jusque 
dans  la  TfliCi  s'avansai^  droit  au  dnnetiire,  o^  rempereur 


6tdt  avec  sa  garde.  Napoltoa  crut  quil  suttsait  dHai  ha* 
tdUon  de  ses  vieux  grenadiers  pour  ropousser  cdte  attaqae. 
Dorsenne  le  conduidt  I'arme  an  bras  contre  cette  colooBe 
ennemie,  pendant  que  Tescadron  de  service  la  chargedt  sor 
gpn  flanc  droit.  U  ne  lui  fut  pas^  m6me  permis  de  batlie  m 
rdrdte.  Murat  Tavait  apergue;  et  leg^^ni  BruyAces,  I  li 
t£ted*une  brigade  de  cavderie  Idg^,  Vi^ant  prise  «n  queue, 
la  mil  dans«  una  idle  d^raute  qu'dle  Idasa  les  trois  quarts 
de  son  monde.  autour  de  hi  ville. 

Pourtapt,  rm  n'^ldt  encore  ftni  :  les  gtoiraux  insies 
Doctorof,  Saslten  et  Qsterraaa  avaient  refoncai6  letor  inba- 
terie  et  repris  l^ur  llgne  de  bataiUOi  La  division  Sdnt-fifldie 
et  les  dd»is  duconps  d^Ainsereau  en  aoutendent-le  cboc  aaas 
avantage  marqu^  II  ddt  une  heure  de  raprte-mtdi,  d 
toutes  les -reserves  de  Benmngien  a'daknt  pas.eSKore  ea^ 
gag^es.  Napolfon  s^iaapatientait  de  Be.vfoir.ai:iiver  iiifMoy 
ni  Davoust,  d  il  ne  lui  restdt  de  troupes  fratdiea  qii\ne 
partie  de  sa  garde.  Les  tirdlleurs  de  Davoust  se  firent  ea> 
tendre  enfin.  JKgar^  un  nmnent  par  L'obeenrit^  qu'avait  pn^ 
duite  un  dduge  de  neige»  ee  corps  avdt  retrouv^  sa  foule, 
et  poHsaant  ^vant  lui  les  brigades  de  Barclay  et  de.  Baga- 
woutb,  il  s'emparait  du  plateau  de  Klein-Sausgartca.  La 
division  Sdnt-Hildre,  second^  par  ce  inonvement,  attaqne 
plus  vivement  les  bataillonS'd'Ostennan.  Benningsen  vdt 
sa  gauche  ddK>cd^  d  kmoe  une  forte  reserve  de  sea  Uea- 
tenants.  Davoust,  arr^t^  un  moment  par  ee  nouvd  effort, 
repouise  troia  attaques  successivcs,  et,  soulenu  par  Saint- 
Hllah«  et  par  la  cavderie  de  Milhaud ,  II  Tenverse  toote 
cette  aiie  gauche  d  la  chasse  en  d6M>rdre  ao^el^  du  vill^ 
de  KutsehUten.  La  contenance  de  Benningsen  n*en  paralt' 
pas  d>ranlde.  A  force  de  uouveHes  troupes,  il  r^usdt  k  nw- 
direr  rimp6tuod(6  de  Davotast,  etun  inddent  impr6vu 
vient  lui  rendre  quelque  esp^ance  :  le  oorps  prasaicn  d» 
Lestocq,  ayant  ^Iiapp6  ^  la  vigihince  de  Ney,d6boncbopar 
le  chemin  d'Althoff  k  Sdimoditten ,  traverse  oe  dernier  vil- 
lage, file  derri^  la  droits  d  le  centre  de  rarmte  ruase,  et 
se  Joint  aui  reserves  qui  attaquent  Davonst  Cdul-d  me  pent 
pins  tenIr  oonire  tant  de  forces.  II  6vacoe  le  village  de 
Kutschitten,  et  fic  Jvptte  sur  lea  bois  et  les  hautenra  d'An* 
klapen.  Mais  le  corps  de,  Mey  s^annonoe  k  son  tour  sor  la 
droite  de  I'arrote  rosse ;  il  suit  de  prto  le  corps  de  Leatocq, 
reprend  le  village  de<  Schmoditten,  coupe  Ui  route  de  Km- 
nigsberg  aux  eanemis,  et  ne  leur  laisse  plus  qo'un  c^Mot 
de  3,000  mdies  environ  pour  se  moavoir  entre  Davoust -d 
lui. 

Malbeurenscment  hi  ndt  ddt  venue.  Si  Ney  TeAl  devaneee 
de  deux  heures,  a'il  avdt  gagni  Lestocq  de  ritesse,  la  guerre 
6tait  termini,  et  la  bataille  d*£yhin  eOt  di  le  pendant  de 
cdle'dldia.  Benningsen  le  fit  valncment  attaquer  k  butt 
heures  du  soir  par  la  dividou  Sacken.  II  lui  suffit  do  6*  r^ 
giment  d%fauterie  l^re  pour  la  repouver ;  et  le  village  et 
la  route  rest^ent  au  pouvoir  de  Ney.  Par  bonheur  pour  lea 
Russes,  d  guftce  k  la  gdto,  les  champs  vdaient  la  loute. 
Cdte  plaine,  coopde  de  marais  d  de  lacs  glacte  qui  avaient 
sopporCe  le*  poids  de  rartillerie  et  les  charges  de  cavatoie, 
dtait  nivd^  par  la  ndge,  d  Benningsen,  qo^on  prompt  &&- 
gel  efit  adievi,  profita  de  k  gdte  d  de  la  null  poor  gagner 
leBenVht)n8  de  Kcenigsberg.  Ahisi,  le  ohamp  «Ie  bataille  de- 
menra  aux  Fran^ais.  II  ^tdt  horrible  k  rck^  Des  lignea  en* 
ti^res  d*infanterie  n'offraient  phis  qa'une  tratn^  de  eadavras 
converts  de  neige.  Dix  mllle  hommes  y  avdent  pin,  trenln 
miile  avaient  d<  bless^ ;  inds  la  perte  des  Russes  ^tdt  plna 
considerable,  d  malgr^  les  chants  de  vidoire  qoHIs  firoit 
entendre  enarrivant  k  KoBnigsberg,la  parte  de  16  drapeanx 
el  de  63  pieces  de  canon  ^Idt  un  tdmoignage  irr6cusable  de 
leur  difaite.  Bennfaigsen  se  tint  en  repos  pendant  le  resle  de 
riiiver;  rarm^e  fran^se,  arrAtte  par  un  d^  sobit,  qui 
rendail  tons  les  chemins  impraticables,  repril  en  paix  aea 
cantonnements ;  el  la  bataille  d'Eylan  ne  fut  en  d^nitivv 
qu*nne  inutile  botidierie,  car  trols  mds  aprte  la  cam|Mign« 
fut  rouverle  sur  le  terrain  m6me  ou  die  avail  d^  infer- 
rompue.  Tout  hi  monde  connatt  le  beau  tableau  dn  bnrma 


EYLAU  -•  EZSCHIEL 


Crafty  rapctetttonl  Rapolton  Tisituit  le  champ  de  bataitle 

d'B]rUu.  VlFfrrarr,  de  PAcadimie  franraiM. 

EYN AAD  ( J.-6 )» banqoier  geoeroUy  eonnu  par  le  x^le 
aniii  actif  qn^iotelllgeBl  dont  fl  fit  pr^ve  pour  la  cause  des 
Grecs,  et  qu*0B  aconstamment  tu  Uire  le  plua  noble  usage 
de  la  fortune  eoosld^rable  qu'il  dolt  k  son  intelUgenoe  et  k 
sa  pnidence  eonuDerdales,  descend  d'une  iiuniilc  fran^aise 
.  de  refiigite ,  et  naquit  en  1775,  k  Lyon,  oil  son  p^  pos- 
stfait  one  naison  de  oonimerce.  II  fonda  lol-mtaie  use  mai- 
eon  k  G^nee,  el  qmuid  Bfass^na  dot  ddfendro  cette  place 
eontre  les  eflorts  oomUnte  des  Rosses  et  des  Aatricbiens, 
il  8'enr6la  parmi  les  Tolontaires  qnl  se  mirent  k  la  dlspo- 
sitioo  da  gto^nU  firan^ais.  En  1801  U  se  rendit  k  UTourne, 
•6  Use  cbargead'opdrar  ponr  le  compte  do  prince  qui  por- 
lait  alora  le  litre  deroi  d^^inuie  nn  empmnl  qui  lui  rap- 
pocta  de  grands  profits,  et  il  ne  revint  k  6en6?e  qn'en  1810. 
En  1814  il  figure  au  eongrte  de  Vienne  comme  d^ot^  de 
b  i^pobliqne  de  Gcd^tc.  En  1810  le  gcand-<loe  da  Tos- 
cane  Fappela  anprte  de  lui ,  afin  de  s'aider  de  set  conseils 
poor  la  rforganisationL  aduinistFative  de  ses  £tats.  Pins  tard 
il  lerinl  se  fiier  k  Gen^e,  oik  dte  1824  il  pril en  main  la 
cause  dee  Gnea  Inltanl  poor  leor  independence.  L'ann^ 
soiTnnte  II  ee  rendil  dans  leor  int^rtt  k  Paris,  od  il  iit 
paiUe  do  eomiltf  greo.  En  1837;  II  alia  4  Iiondres  mais  il 
a^j  icnoonlra  pas  la  aympathie  sur  laqueUe  il  aTail  era 
ponroir  eompter.  InTteti  par  le  prudent  el  par  le  gouTer- 
neraeat  de  la  Grtee  de  pooToiis  illimitfe » il  reyint  k  Paris 
en  I83ft»  k  TefliBl  de  determiner  le  cabinet  fran^aia  k  ac- 
cofder  son  appoi  aox  Grecs  el^  fadliter  par  sa  garanlie  nn 
nouTel  einpnnit  on  leur  &Tear.  Le  ministftre  PoUgnac  lui 
ajaot  refusd  I'mi  et  I'anlre  en  octobre  i829|  il  prit  aur  sa 
fortane  lea  700,000  Ar.  donl  le  gonyememeol  gree  avait  k 
ce  momeHl  le  ploa  prasianl  besoin ,  el  les  lot  envoya  sans 
gsiantje.  En  join  1830  il  se  rendil  encore  nne  fois4  Londres, 
a  VtiSii d*y  negoder  oniKMiTeicmpranlen  ftvenr  de  la  Grtee. 

Phis  ted  il  adressa  diversea  notes  aux  enyoy^  des 
grandes  prissanres,  el  prii  la  conference  de  Londraa  d^ac- 
odUitr  le  cfaoix  d^  rot  poor  la  Grtee  ainal  qne  U  con- 
dnsioB  de  Tenprnnl  diji  promia.  D  rerta  intimemenl  lie 
Mnt  le  peMdenl  Ca p o  d'Islrf  a  Josqn*ii an  mort  Lots  de 
nnanrrectioB  qoi  edata  en  Grile  en  1841 ,  U  s'adreasa  aux 
eHmbreB  de  raoicien  comite  grec  k  Paris  poor  les  engager 
k  nooDunencer,  daae  nnter6l  do  salnl  dea  Chretiens  d'O- 
rient,  I'aigltation  el  les  efforts  de  1884.  Mais  la  prompte  com- 
prMrfoD  de  Pinsorrection  creioise  rendil  ses  demarches 
ianlfloi.  On  a  de  Ini  des  LUtres  el  documents  qffteieis 
reUt^  aux  di^en  MnemenU  de  Grie$  (Paris,  1831 ). 

EYOUBIDES,  AYOUBITES  on  JOBUES,  dynastic 
qui  Ure  aon.  nom  d'Ayoob  on  Job,  fils  du  Koorde  Shadi, 
de  la  Iriba  de  RaYadiab.  Saladin,  fils  d^Ayoub,  fat  le 
foBdatav  de  cette  dynastte.  A  la  morl  de  ce  prince,  son 
fib  aine,  iVpKrreddiii-iUi,  hii  suoeeda  dans  ses  £tats  de 
Syrie  el  .de .  PalestiBe,  el  son.  second  fib,  Malek-al'A.%U, 
out  rt^ypte  ponr  sCsipartage  (voyes'tome  VIJI^  p.  439). 
Cdni-ciy  mdcontenl  de  son  lot,  depouilla  Nooreddln  de  son 
heritage.  Vers  593  de  l*hegire  ( 1190  de  J.*C.)i  le  Tshien  se 
conaoia  en  AisanI  des  vers ,  el  se  mil  en  relation  poetiqoe 
avee  le  kbalife  abasside  Nasser.  A  la  morl  de  Malek-Azis, 
son  firere,  en  1 199,  les  tgyptieos  le  leoonnnrenl  poor  mattre; 
mab  Malek-AdAel,  Irtee  de  Saladhi,  qui  avail  en  le  ch8- 
leao  de  Knrak  poor  tool  heritage,  aprte  aToir  commence 
par  s*emparer  de  la  Syria,  cfaassa  son  neren  Noureddin  du 
Cairo,  et  lui  permH  senlemenl  d*aller  Tirre  en  paix  k  Sa- 
niosale,  oil  ce  prince  detrOne  moornl,  en  1324.  Malek-Ahdel 
poorsoifil  le  conrsde  ses  conqnOtes,  s'empara  d'une  grande 
partie  de  in  Mesopotamie,  el  monml  en  1318,  apres  avoir 
fait  le  paitage  de  ses  ifetats  entre  ses  nombreux  enfants. 
L'alne,  MaUh-al'Kamel^  cut  le  royaume  d'Egypte;  le  se- 
cond, Malek^l-Moadham,  celni'd  de  Syrie ;  le  trobieroe, 
J^alekHtl'Aschrttff  ceiui  de  Mesopotamia;  le  quatrieme, 
Uaiek'^il'Modhaffer,  la  piOTince  de  Miaforekin ;  on  cm* 
qoibne.  Qoaune  tsmael,  alia  regner  k  Bosra;  le  sixieme. 


Mr 

MaMHa-Aouhad,  a*etaUitdans  la  coMree  d*Akhlat ;  Jfo. 
iek^'Afiid,  dans  eelle  do  Glabar,  et  MoMhU-AAs,  dans 
celle  de  Banias. 

Mabk-al-Kamd,  roi  d%sT^t  fopril  Damlette  sur  lbs 
Francs,  en  1321,  et  mourul  raoa  de  I'hegiie  638  et  de  l*ere 
chreUenne  1237.  Son  fib,  MaUk'Sahh^  hd  suoeeda,,  le- 
pou88a4a  croisade  do  saint  Loeis,  defitce  roi  k  la  MA- 
soufe^  en  1380,  el  f ul  massacre  pen  de  Jons  aprte  pv  les* 
mamelouks,  <|iii  eommeofaieni  k  dominer  oe  royattme;*  Leurl 
chef;  EnediD,  partagaa  arec  la  reine  Schagraldor  la  lutelle^ 
dn  jeone  J^alek^al^Moadhmm,  fib  et  suecesseurde  Mebk* 
Saleh.  C'est  k  lui  que  fol  payee  la  ranQon  de  saint  Lonb 
et  de  ses  cheTaliers;  nufisson  rigne  ne  Ail  pas  tie  longne 
duree  I  les  mameloaks  Ini  arraohereni  la  Tie,  el  mlranl 
Ezzedln  Ibek  sur  le  trOne.  La  retaie  essaya  de  reprendre.la 
couronne ;  elle  reuasll  Bseme  k  lliire  egorger  Eizedifl ;  mab 
die  fut  Inee  par  les  mamelouks,  el  un  rei  nomme  Gotheos 
fut  prodame  par  cette  seklateaqoe.  Ancun  autre  enfiul  de 
Malek-Adbd  n'eul  dtieritiecsdans  lea  difsersesprindpaotes 
qnl  sTaienl  fail  leor  heritage.  Mais  na  hrobitee  fiis.de  Sa- 
ladin, nomme  MdUk»al^Dkaheti  avail  re^tt  la  prindpoote 
d*Alep.  Morl  I'an  618  de  lliegire  0317  de  J.-C),  il  avail 
eu  ponr  successenr  son  fib  MaUk-^^Asis.  Ccfaii*cL  aisil 
regne  Tingt  el  on  ans;  iXJialtk^'-Naiier  lui  avail  sue- 
cede  au  trOne  d^Alep,  vers  1338.  Ce  dernier  meriu  qudqpe 
gloire;  il  se  rendil  maltre  de  Damas  et  d'nne  partie  de  la 
S}rie.  Appeie  par  les  £gypUe&s  spite  le  menrtre  de  ienr 
rdne,  il  mardiail  vers  ce  royanme^  qnand  il  appril  que 
rempereur  des  Mongdes,  Honlagoo,  menagdt  ses  propres 
£taU.  11  se  retouma  poor  les  defendre*,mds,  accabie  pai 
le  nombre,  il  peril,  avec  son  Mm  MaUlHil^Dhab^r^  dans 
sa  capilale  d'Alep,en  1360  (688  del'Mgira).  Aveoeuxflnil 
la  dynastle  desAyoobilBs,  b  nombienseposteriUde  Saladin, 
solxante-Deuf  ens  apr^s  la  morl  de  ce  grand  hcoiine. 

ViERim,  de  TAcidMe  frm^im. 

EZEGHIAS,  loi  de  Jnda,  fib  el  successeur  d'Acbax 
(737  avani  J.-O.),  deiruisit  les  aulds  des  fanx  dieux,  briss 
les  idoles  et  mil  en  pitees  le  serpent  d'airain  que  le^  Isra^ 
lites  adoraienl.  II  rouvril  les  portes  du  temple,  el  assemble 
les  pretres  et  les  levitet  poor  le  pmifier.  11  reprit  les  viiles 
dont  les  Philistins  s*etaient  empares  sous  le  r^e  d'Adias. 
Sur  son  refus  de  payer  le  tiibot  ordinaire  aux  Assyrians, 
Sennacherib  porta  b  guerre  dana  le  royanme  de  Jeda.'£ae- 
chias  fill  dors  attdnt  d'une  maUdie  pestllentidle,  et  Isale 
lui  annon^  sa  fin  prochaine;  mab  IMen,  dit  TEcriliire,  touche 
de  ses  prieres,  revoqna  sa  sentence^  el  Isais^  pour  convaioore 
le  rd,  fit  reenler  de  dU  degree  Pombre  do  soidl..Cepeiid8nt 
Sennacherib  a'et^l  rendu  mdire  des  pins  fortes  places  et  me- 
nafdl  Jerusalem.  La  pdx  ne:se  filqu'4  condition  de  payer 
one  somme  immense.  £xecbias  epuisa  ses  tresors  eldepoollla 
le  temple  poor  satbfaire  k  sea  engagements ;  k  pdne  remplb, 
Sennscfaerib  rompit  le  trdte  el  revinl  ravager  b  iudee,  bbs- 
phemani  contra  Dten.  II  s'avinfail  vers  Jervsdem,  mab 
l*ange  du  Seigneur  rebligea  de  prendre  b  ftaite  en  exlermi- 
nant  dans  nne  seole  noil  195,000  homines  de  son  anttde. 
£zechiaa  monnil  Pan  698  av.  J.-C.  H  reforma  ie  cabndrier 
des  inifs,  snivanl  Genebrard,  par  rintercaUatton  dn  mda  de 
nisan  au  bout  de  cheque  trobieme  annee. 

£Z]£CHIEL,  00  mieux  Yeeheskel^  fib  de  Boozi,  d*nne 
famille  de  pretres,  ftil  un  des  grands  prophetes  des  He* 
breox.  Jenne  encore,  11  fill  emmene  en  exil ,  probablement 
avee  rdite  des Hd>reux,  qui  suivil  lord  Jechonb on  Joja- 
chim  k  Babylone.  L8,  sur  les  rives  dn  Chaboru,  il  onvre , 
dans  b  dnquiime  annee  de  Pexil,  sa  carriere  de  prophets 
par  nne  vidon  oil  Pen  ne  pout  roeconnattre  nnflnence  des 
ideas  locdes,  d  qui  contraste  sfogulieremenl  aveo  la  sbn* 
plidte  mijestuense  de  b  vbion  d'lsale.  Mds  qnoique  Thna* 
gination  de  noire  prophMe  soil  trouUee  par  bs  genles  et  les 
demons  qui  erreni  sur  le  Chaboras ,  son  coinr  esltoujours 
auprte  de  ses  mdheurenx  frires,  restes  dans  b  Terre  Sahite» 
et  fl  deroub  devani  ses  compagnons  d*exll  b  sombre  la* 
bbau  des  maUieon  qnl  firappent  jemaabm  el  Is  psys  de 

39. 


tiZ^CHlEL  —  EZZELINO 


398 

Juda.  De  temps  en  tonpt  11  trooTe  quelqnes  piroles  de  oon- 
soUtioDy  et  son  Ame  s'abandonne  anx  eiptenoes  d'on  meOlettr 
aTenir.  Encore  dans  la  Tlngfrdnqnitaie  annte  de  Texfl,  nous 
leyoyons,  par  una  vision  propb^qua,  se  transporter  sor  la 
terra  d*Israel ,  et  11  se  plait  k  foira  una  longoe  description 
dHm  nouTean  temple  qui  doit  s'derer  dans  Jerusalem  aprte 
la  r^emptlon  de  son  peuple.  CTest  U  le  dernier  orade  qui 
BOOS  reste  d*£BfehSel ;  probablement  la  mort  TenleTa  bientdt 
nprte.  Selon  une  traiditlon  conserrte  par  £pipbane,  11  fut 
afssftffi"4  par  un  da  ses  co^iilte;  son  tombeau,  que  la  tra- 
dition JuiTO  pla^t  entre  le  Chaboras  et  l*Euphrate,  ^tait 
an  moyen  lige  un  objet  de  culte  pour  ies  pterins  Julfs. 

Les  oracles  qui  nous  sont  conserve  sons  le  nom  d*£z6- 
clilel  paraissent  tous  lui  appartenlr.  Dans  rensemble  do 
livre  on  reconnalt  le  mAme  g6nie,  les  mtoies  allegories  et 
le  mtaie  iangage.  L'ordre  chronologique  n'y  est  pas  ton- 
Jours  obsenr^;  mds  las  oompUatenrs  du  canon  de  I'Anden 
Testament  paraissent  avoir  rang^  les  oracles  d']bE6cbiel  par 
ordre  de  mati&res,  et  Ton  paiit  y  distingiier  trols  parties.  La 
iremi^re  parle  de  la  cbute  du  royaume  de  Juda  :  le  pro- 
pbMe  y  reproche  aux  U^brenx  leur  abandon  du  culte  de 
JAora,  et  il  retrace  leurs  crimes  nombreux  sous  les  couleurs 
les  plus  Tlves.  Les  aU^rias  qui  peuTent  surtout  choqoer 
notre  goftt,  et  oh  11  taut  enti^cvment  se  replacer  dans  Pes- 
prit  de  ces  temps  antiques ,  sont  celles  oil  le  propb^te  pr6- 
sente  Jerusalem  et  Samaria  sous  Timage  de  deux  conrtisanes. 
La  seconde  partie  s'adresse  aox  ptsuplcs  Toisbis  des  H^reux, 
tels  que  les  Ammonites,  lesMoabites,  lesTyrient,  lesEgyp- 
tiens  :  eui  aussi ;  qui  se  r^jonlssent  de  la  cbute  dlsrael, 
tomberont  au  pouTolr  des  Babyloniens.  Dans  cette  partie , 
nous  remarquons  surtout  les  oracles  sur  Tyr,  qui  foumiBsent 
k  I*historien  des  renseignements  pr^eux  sur  le  commerce 
de  cette  yille  et  sur  sa  navigation.  Dans  la  troisitoie  partie, 
ie  propb^  pr6dit  le  retour  des  exil^  sous  llmage  de  la 
r^urrection  des  morts ,  et  le  r^tablissement  du  temple 
coumie  centre  du  culte  de  J^hova.  On  y  trouve  m61^  oe- 
4)cndant  quelqnes  oracles  sur  les  Edomitcs  et  sur  les  Mago- 
gites,  nom  d^un  peuple  inconnu  du  nord,  qui,  selon  le 
proph^te,  fera  une  invasion  dans  la  terre  d'Israel  et  y  suc- 
combera.  Get  oracle  est  un  des  plus  obscurs  de  notre  pro- 
pli^. 

La  diction  d*Ei6chiel  est  ricbe,  souvent  m^e  surcbarg^e ; 
son  principal  d^faut,  c*est  de  se  laisser  trop  entralner  par 
le  vol  de  son  imagination,  d^encombrerses  tableaux  de  de- 
tails minutieux.  11  prodigue  les  images,  les  all^ories ;  et  il 
nous  dit  lui-m6me  qu'on  I'appelait  Jaiseur  de  parabolet, 
Plusieurs  de  ses  visi<»s,  ct  surtout  celles  du  premier  clia- 
pttre,  out  paru  si  obscures  anx  rabbins,  qn'ils  d^feiident 
de  lea. lire  avant  Page  de  trente  ans.  S.  Moiou 

EZRA.  Voyez  Esdras. 

EZZELINO  1*'',  sumomm^  leBigue,  seigneur  de  Ro- 
mano, chef  d'nne  maison  qui  poss^da  de  grands  biens  dans 
la  marche  Tr^visane  et  joua  un  grand  rOle  anx  douzitoie  et 
treizitoie  si^es,  dans  los  giierres  des  Gueires  et  des  Gibe- 
lins,  accompagna,  en  1147,  Conrad  111  k  la  croisade  ets> 
couvrit  de  gloire.  II  en  fut  recompense  par  I'investiture  du 
souverain  pouvoir  a  Via>nce,  qu*on  croit  etre  sa  vUle  natale, 


entra  dans  la  ligue  Lombarde,  combattit  FrAderlc  Barbe- 
roussa,  fit  plus  tiurd  alliance  avec  lui  et  mourut  vers  1 180. 

EZZEUNO II,  dit  le  Moiney  fils  dn  prdo^dent,  lai  soco^a 
dans  le  gouvemement  de  Vioence,  en  fnt  chasse  par  1« 
Goelfes  en  1194,  se  mit  k  la  tMe  de  Gibelins,  ses  compa- 
triotes,  s^allia  k  cenx  de  verone  et  de  Padoue,  combattit  k 
entrance  les  Goelfes,  commandos  par  le  marquis  d^Este, 
rentra  dansVicence  par  la  protection  de  rempereor  Otbon  IV, 
qui  hn  donna  le  titre  de  vicaire  imperial,  partagea  en  I2is 
ses  £tats  entre  ses  oifants,  et  se  retira  dans  un  doltre,  ok 
11  mounort,  en  123S. 

EZZELINO  III,  dit  le  Firoce,  fils  du  pr^cddent,  n6  le  26 
avril  1194,  It  Onara,  dans  hi  marcbe  Tr^visane,  se  signals 
par  de  briilantes  qnalit^,  qn'il  temit  plus  tard  par  des  pas- 
sions violentas  et  des  crimes.  Dte  sa  jeunesse,  il  prit  part 
anx  luttes  de  sa  lamille  contre  la  maison  d'Este  et  le  pape 
Boniface,  devint  podestat  de  V^rone,  se  dtelarapour  Tem- 
pereur  FrM6ricll,  qnand  ce  prince  fit  la  guerreaux  Lombards, 
et  en  re^nt  pour  rteompense  la  main  de  sa  fiUe  natnrelle 
Salvagia  et  le  gouvemement  gto^ral  de  Padoue.  Yisant  k 
fonder  pour  sa  maison  un  £tat  inddpendant  qui  devait  com- 
prendre  toute  la  marche  Tr^visane,  il  soumit  rapidement  Vi- 
cence,  V^ne,  Feltre,  Bellune,  Bassano,  ne  reculant  devant 
Temploi  d^ancun  moyen,  prenant  le  titre  de  FUau  de  Dku 
comma  Attila,  exterminantjnsqu^au  dernier  rcjeton  mftledes 
plus  nobles  families,  frappant  indistinctement  amis  et  enne- 
mls,  ne  respectant  ni  TAge  ni  le  sexe,  et  (aisant  p^r  dam 
les  phis  atrooes  supplices  quiconque  avait  le  malheor  de  loi 
d6plaire«  La  sentence  d*excommunication  que  le  pape  In- 
nocent rv  lan^  contre  lui  en  1252  ne  Pintimida  nullcDient. 
Enfin,  ses  ennemis  et  ses  victimes  se  coalis^rent  :  oooh 
mand^  par  i*archev6que  Philippe  Fontana  de  Ravenna,  Hs 
marcli^rent  contre  lui,  et  s*emparferent  de  Padoue;  mais  ils 
farent  vaincus  k  Toricella,  et  Brescia  tomba  au  pouvoir 
d'Ezxelino.  Une  nouvelle  configuration  se  forma  pour  le 
oombattre.  II  finit  par  succomber,  et  ftit  fait  prisonnier,  le 
26  septembre  1259,  apr^s  s*etre  vigourensement  d^fiendo 
et  avoir  re^  une  blessure  grave  k  la  t£le.  Dans  sa  prison, 
il  refuse  tout  aliment,  les  secours  des  mMedns,  les  conso- 
lations des  pr6tres.  Enfin,  le  onzitoie  jour  aprte  la  bataile 
ok  il  avait  M  vaincn ,  il  arracha  I'appareii  qn^on  avait  mis 
sur  sa  blessure,  pour  hftter  la  venue  de  la  mort,  trop  lente 
k  son  gr6.  Ainsi  finit  Ezzelino  III ,  aprte  avoir  pendant  de 
longnes  annfes  fait  preave  d*une  barbaric  qui  d^passe  toute 
croyance.   Plus  de  50,000  individus  ^talent  morts  par 
ses  ordres  dans  les  prisons  oo  de  la  main  du  bourreau  sor 
la  place  publique.  Son  cadavre,  enferm6  dans  un  cercoetl  de 
marbre,  et  escorts  par  des  chevaliers  deCrtoione  et  d*aatres 
villes,  fut  solennellement  depose  en  terre  non  consacr6e,  k 
Soncino. 

Un  an  plus  tard,  le  25  aoOt  1260,  Alberie,  son  frto, 
^tait  rMuit  par  hi  faim  et  la  soif  k  raid  re  son  cbAteau  fort 
sans  conditions;  aprte  Tavoiraccablii  des  s^vlces  ies  plus  r^- 
voltants,  aiasi  que  ses  fils  et  ses  fiUes,  qui  parent  sous  ee» 
yeux,  on  Tattacha  k  la  queue  d*un  cheval,  et  on  le  condoisit 
ainsi  au  supplice.  Avec  lui  s^^eignit  la  fainille  des  Ezzi'lini 
da  Romano. 


F 


F«  coMonnCy  la  gixitoie  lettre  de  Palpbabet  fran^  et 
de  la  plopari  d«a  alphabets  europtois.  Le  F  l  itait  dans 
Torigiiie  qu'uiie  aspiration,  on  souffle  l<^er,  analogue  aux 
deox  esprits  de  Talphabet  grec,  et  qui  dans  ks  temps  les 
plus  andeDS  paralt  avoir  tenu  la  place  du  f,  ijout6  plus 
tardi  c^  alphabet  Lesigne  de  cette  aspiration ,  oonsenr^ 
psr  les  £oliens,  m^e  aprte  I'invention  des  lettres  aspir^ 
propceme&t  dites,  ^Aait  un  double  gamma,  ou  pluUftt  deux 
fomwuu  superpos^  d*oii  lui  vint  le  nom  de  digamma. 
BieatAt  elle  servit  k  rendre  le  wau  des  Hdbrenx,  dont  I'al- 
pbabet  ne  comprend  pas  notre  F,  k  moins  qu*on  ne  prononce 
ainai  le  p^  tandis  qu'il  y  a  en  arabe  le  /4  outre  le  wau.  Le 
digamma  telien  derint  le  F  des  Latins,  quolqoe  dans  une 
multitude  de  mots  il  se  Ait  d'abord  transform^  en  V. 

L^artlcalation  rf/e  ne  rend  pas  exactement  la  valeur  de 
cette  lettre,  ei  nnit  k  I'exacte  ipellation  des  enfants,  puisque 
la  T^table  pronondation  est  an  contraire  fe,  comme  celle 
de  la  double  lettre  j^A.  Celle-ci,  n'ayant  point  d'autre  va- 
Itw,  poarrait  alors,  sans  incouTtoient,  dUparattre  de  Tal- 
phabeC,  sieDe  ne  rappelaitr^tymologie  des  mots  ddriv^  du 
Krec,  dont  elle  doit  rendre  le  f  ;  Jilatofie  se  prononcerait 
eomme  philosophies  mais  paraltrait  strange. 

Trte-distinctes  entre  elles  par  le  genre  d*aspiration  et  le 
plo*  on  moins  d^outerture  de  la  boacbo  qu*U  faut  pour  les 
proooncer,  les  deux  lettres  F  et  V  ont  sourent  n^anmoins 
^  confondnes ;  mais  le  son  F  a  toojours  ^t^  plus  subtil , 
plus  allien  i  c'est  un  souffle  qui  s'^appe  de  la  boucbe 
cotre  ouTtrte,  en  passant  entre  les  dents.  Pliisieurs  (ois  le 
V  latin  est  devenu  un  /  en  firan^.  Ovum  a  (ait  cn^f;  60- 
Mf  a  fait  bceuf. 

En  fran^ais,  dans  les  mots  termini  par  un  F,  cette  lettre 
■e  prononce  k  trte-peu  d*exceptions  prte.  Mais  on  ne  la 
fait  pas  sentir  dans  cerj,  baillif,  clef,  Aussi  PAcaddmie 
Fran^aise  teit-elle  aujourd'bul  bailli;  mais  elle  a  laiss^ 
intacte  Torthographe  de  cer/ei  de  cl^,  que  d^autres  torivent 
cU.  Au  milieu  d*un  mot,  le  double  j/  s'emploie  et  derient 
sensible. 

Comme  abrdviation  latine,  sur  un  monument  F  signiGe 
/iliuSf  /rater,  famiHaf/ecit,  Deyant  un  autre  nom,  cette 
lettre  signifie  Fl(xvius  on  Flavia.  CUei  les  Romains  on 
marqoalt  d*on  F  sor  le  front  {/ugitivus)  les  esclaves  ^ap- 
p6s  et  repris,  comme  en  France  on  marquait  nagu^  sur 
r^T^ule  de  la  lettre  F  les  fauf  saires  et  dM  lettres  T  F  les 
criminels  condamn^  aux  travaux  finrcU  k  temps.  Le 
double  Sf  dte'gne  les  pandectes  de  Justinian;  J{.  est  IV 
br^Tiation  de  fiorin;  Jr.  celle  de  franc.  Dans  le  calendrier 
eoddsiastique,  F  est  la  sixiime  lettre  dominicale.  Sur  les 
pieces  de  monnaie,  F  dtait  jadis  la  marque  d'Angers ;  F  est 
employ^  dans  le  commerce  pour  abr^er  les  renvois  aux 
diffifrentes  pages  de  liTres  ou  registres  :  ainst  P*  2  signilie 
foUo  2, 00  page  seeonde.  Dans  les  mandements  des  dvAques 
et  arcbev^qnes,  dans  leurs  lettres  pastorales,  etc.,  F.  si- 
gaifie/r^es,  et  N.  T.  C.  F.  Nos  Irh-chers  frires. 

Dans  les  formules  chimiques,  F  repr^nte  le  fluor,  et  Fc 
Id-fer. 

F  ( Musique ).  Cette  lellre  a  deux  signiflcations  en  mu- 
■que :  1"*  elle  reprdsentc  le  son  sur  le  quatri&me  degr^  de 


Ttebelle  diatonique;  3*  die  est  rabrdriation  du  mot 
forte, 

FA,  quatritoienotede  T^elle  ougamme  en  ut.  Les 
Italians  la  nomment  F  dt  fa,  F  fa  ut,  ou  simplement  F. 

FAB  ARIES  9  cdr^onles  qui  avaient  lieu  k  Rome,  an 
mois  de  juin,  en  I'honneur  de  Carna. 

FABER  (Basile),  pbiblogueallemand,  n6  en  1520,  k 
Sorau,  fit  ses  etudes  k  Wittenberg,  et  fut  recteur  d'abord 
de  riteole  de  Nordliausen  et  ensuite  de  celle  d'EHurt,  06  tt 
mounit,  en  1576.  Son  mdlleur  ouvrage  est  son  Thesauru$ 
eruditionis  scholasticiB  (Ldpzig,  1571)-,  travail  fait  avee 
un  sum  extrftme,  perfectionn^  encore  plus  tard  par  Gesner 
et  en  dernier  lieu  par  Ldch  (1749).  Faber  fut  ausd  le  fon- 
dateur  des  centuries  deMa%deb our g,  et,  pour  contri>- 
buer  aux  progrte  de  la  reformation,  traduisit  du  latin  en 
ailemand  plusieors  ouvrages  de  Lutlier. 

FABER  (Tanaquil).  Vogez  Lefebvu. 

FABERT  (Abraham,  marquis  db),  martebal  de  France 
sous  Louis  XIV,  n^  k  Meti,  en  1599,  du  directeur  de  Tim- 
primerie  du  due  de  Lorraine  k  Nancy,  entra  k  quatorze  ana 
dans  la  carri^re  militaire,  se  distingue,  en  1627,  conune 
mijor,  au  si^e  de  La  Rocbelle,  contribua  puissamment» 
en  1626,  k  la  prise  de  Suie,  qu'assi^eait  Louis  XllI  en 
personne,  fut  cbarg^  de  dinger  le  si^e  de  Chivas,  en  Sa- 
Toie,  et  battit  compl^tement  Tarm^  du  prince  Tbomas, 
qui  cbercbait  k  d^bloquer  la  place.  II  fut  promu  alors  au 
grade  de  capitaine  des  gardes  fran^aises  et  se  signala  de 
nouTeau  en  cette  qualil6  dans  unc  foule  d*actions,  notam- 
ment,  en  1640,  au  sidge  d'Arras  et,  en  1642,  k  celui  de 
Perpignan.  Cette  brillante  conduite  lui  yalut  le  brevet  de 
gouverneur  de  Sedan,  et,  en  1646,  le  titre  de  lieutenant 
g^n^rah  En  1654  il  dirigea,  sous  les  yeux  de  Louis  XIV , 
le  si^e  de  Stenay,  et  for^a  la  place  k  capituler.  Ce  fut  k  I'oc- 
casion  de  ce  sidge  qu*tl  inventa  les  paralUles  et  remit  en 
usage  les  csTaliers  de  trancb^,  qui  ont  jou^  depuis  un 
si  grand  r6ie  Jans  le  systtoie  d^attaque  et  de  defense  des 
places.  Fabert  reguten  1656  le  b&tonde  marshal  de  France, 
et  rendit  encore  d^importants  services.  Le  roi  lui  offrit  le 
collier  de  ses  ordres;  il  le  refuse,  ne  pouvant  produire  des 
titres  de  noblesse  suffisants. «  Pr^sentez,  lui  r(ipondit-on,  ceux 
quevous  voudrez;  on  ne  les  examinera  pas.  *  Non,  r^pllqua 
Fabert ;  pour  dteorer  mon  manteau  d*une  croix,  jenc  d^sho- 
norerai  pas  mon  nom  par  une  imposture. »  £t  Louis  XIV  lui 
^crivitdesa  main :  «  Votre  refus,  Monsienrle  mar6chal,  voos 
vaut  k  mes  yeux  plus  de  gloire  que  le  collier  n'en  vaudra 
jamais  k  ceux  qui  le  reoeyront  de  moL  »  Fabert  mourut 
dans  son  gouvemement  de  Sedan,  en  1662.  Son  fils  uni- 
que, Mollis ,  marquis  db  Fabert,  comte  de  S^nne,  gou- 
verneur de  Sedan,  colond  du  regiment  de  Lorraine,  fut 
to^  par  les  Turcs,  au  st^e  de  Candle,  en  1669,  k  dix-huit 
ans.  Les  descendants  du  frtoe  aln6  du  mar^cbai  se  distin- 
guaJent  encore  dans  les  armes  au  dix-buititoie  sitele.  La 
Tille  natale  d*Abraliam  Fabert  lui  a  iii^  dans  ses  murs  une 
statue,  due  au  ciseau  de  M.  Etex. 

FABIEKS  (Fabii).  Romulus  donna  ce  nom  k  ceux  qui 
s'attacli^rent  k  sa  periu>nne,  k  cause  Fabius  Celer,  leur 
chef.  On  appdait  aussi  FaOiens  del  prfttres  qui  teaaienl 


.^ I 


980 


FABIENS  —  FABTUS 


un  des  coll^fs  des  laperoes  ou  loperqnes,  prdtrw  pr6|ios^ 
aux  fHes  du  dieu  Pan. 

FABIUS9  nom  d'une  illnstre  fomflle  patricienne  de 
Rome,  ainsi  nommte,  dit-on ,  parce  que  aes  ancAtrea  ensei- 
gn^rent  les  premiers ,  en  Italie,  la  culture  de  la  fbre.  Elle 
faisait  remonter  son  origine  jusqu'^  Fabiuif  R\s  d*Uercule 
et  d*une  nympbe  d'ltalie,  500  ans  environ  avant  la  fonda- 
Uon  de  Rome.  Cette  famille  ^tait  diyiste  en  six  branches , 
qu'on  nommait  AnUnuH,  Maximit  Vilmlanif  Buteones, 
Dorsones  et  Pictares ;  elle  compte  pendant  on  grand  nombre 
de  sidles  soixante  bommes  d*£tat  et  sept  ^crivains,  306 
guerrien,  tons  les  Fabius,  march^rent  contre  les  Vdiens,  Tan 
477  avant  J.-C  ;  ils  lesbattirent  en  plusieors  rencontres,  mais, 
k  leur  tour,  accabl^  par  le  nombre,  ils  furent  tons  extermi- 
n&s^Cremera.  Quinttu  Fabius  VraoLANus,  alors  enfant,  resta 
le  seol  ^jeton  de  sa  fSimille.  II  la  releta ,  et  elle  compta  en- 
core 74  Fabius,  dont  le  plus  c^^bre  fut  QuintvM  Maximui 
Fabius.  Elle  s*^eignit  compKtement  dans  le  deuxitoie  sidcle. 

C*6tait  ansai  le  nom  d'une  tribo  romaiBe  :  elle  le  tirait  des 
Fabius,  qui  en  ^talent  la  famille  la  plus  dlstingu^e. 

FABIUS  RULLIANUS  (QotNTet),  m^ta,  par  ses  exw 
ploitt,  le  glorieox  soniom  de  Maximus  (trte»grand),  qui 
passa  depute  k  ses  descendants.  Maltre  de  la  cavalerie  sous 
Je  dictatenr  Papfalos  Corsor,  fan  S24  avaht  J.-C. ,  U  se 
laisaa  entfalner  k  combattra  les  Samnites,  raalgr6  les  ordres 
^ormels  du  dietateur,  et  lenrtua  20,000  bommes;  mala  fl 
n'tehappa  qu'^  grand^peine,  grAce  k  I'intereesaion  do  s^ 
Jiat et anx supplicatfons du  people, lla  mort dont  le mena- 
<ait  Papirius  Cursor,  en  punition  de  son  fnsubo^^Hnalion , 
bien  qo'elle  eAt  eo  pour  rteultat  une  victoire  signaMe.  Us 
guerres  que  Rome  eot  k  soulenir  contre  les  Samnites,  les 
Etrusques,  les  habitants  de  TOmbrieet  les  Ganlds,  lui  don- 
n^cent  occasion  de  d^loyer  ses  raiiBS  talents  oomme  g^n^ral 
•d'arm^.  II  flit  nomm^  dietateur  en  Tan  3t6,  et  rer^tu  des 
hoonears  dn  consulat  k  dnq  reprises,  trois  ooQJolntement 
a?ec  D6cius.Cest  ie  prender  gin^al  remain  qni,  firan- 
chissant  1m  crdtes  escarp^  do  Comlnos ,  parHnt,  en  310, 
dans  le  nord  de  r£tmrie;  m  Tan  195, 11  franchit  ^galement 
4es  Apennins ,  et  pfo6tra  anasi  le  premier  sor  le  tcrritoire 
des  Ganlois  a^qonais.  G*e8t  dans  cette  demise  campagne 
qn'il  liTra  la  bataille  de  Sentinnm,  dans  laqnelle  DecHis  se 
sacriBa  pour  la  patrie  et  oCi  p^rit  anssi  GelUna  Egnatius,  le 
ploa  grand  capltaine  qn'aient  eo  lea  Samnites.  En  I'an 
89a  il  ariXMDDpagnay  en  quality  d'envoy^  de  la  r^pobllque , 
son  fiJs,  QvUnius  Fabtos  iSurges,  et  par  ses  sag^s  eonsells 
lui  aida  k  efboer  la  bonte  da  calibre  dtestre  connu  dans 
I'lafe^ire  sous  le  nom  de  fourehet  caudines.  Collogue 
4b  Dedus  dana  les  fonctions  de  censeor,  en  I'an  304,  il 
atait  encore  bien-  mMb^  de  la  r^pnbHqoe  en  faisant  ^chooer 
les  dangereoses  innoyatioBS  mMlties  par  Appius  Clau- 
dia s,  et  en  Umitant  raffrandiisseBient  aux  quatre  tribus 
urbaines. 

FABIUS  PICTOR  (Qxmnm)  tiTsit  Pan  223  avant  J.C. 
n  (bile  premier  historien  de  Rome,'  prit  poor  basede  son  tra- 
Tail  les  ro^moires  confix  k  la  garde  des  pontifes,  et  donna 
k  son  ouvrage  le  titre  dUnnafos.  Tite-Live  en  a  grande« 
ment  profits  1  dit-on,  poor  son  Hitioin,  Du  reste,  on  ne 
salt  pas  si  originairenent  les  AnnaUs  de  Fabius  Pictcr 
BTaient  dt^ teiitos en  latin ouen  gred.  Toojoors est*ii  qu*elles 
existaient  encore  au  terapa  de  Pline  I'ancien;  nous  n'en 
BTona  piua  qua  qnelques  fragmenta,  dkmt  on  conteste  Pan- 
tbentictt^  et  dont  on  a  quekpiefois  attribn^  la  Mricatlon 
k  Annioa  de  Yiterbe.  On  reprocbait  &  F^ua  Pictor  de 
la  maigrenr  dans  la  compoaitioo,  et  nn  atyletpre  et  grea- 
sier. 

.  [  FABIUS  (Qornns  MAxtMOS  YtBBUcosos).  Q«f  de  connatt 
le  c^lebra  ▼eff»d%nnta :  ^ 

Uitus  boiuo  nobis  eonctando  retUUiit  ren. 

Touta  la  vie  de  Fabius  Maximus  est  r^snmte  dans  ce  Tcrs. 
Home  ne  dut  aon  salut  qn'4  sa  prudence,  mais,  aoit  exekn 
ie  pr^utkHip  soit  jahmsiav  il  s'oppeaa  k  PapMitioD  do 


jeune  Sci  p  i 0 a ;  et  quand  die  fut  d^eret^ centre  sea  atii, 
il  cbercba  par  tons  les  moyens  possibles  k  Peaspteber  d*ap- 
pareiller  pour  PAfrique,  en  aorte  qull  8*en  Mlut  de  pea  qaV 
prte  avoir  sauT^  Rome,  11  ne  sauvAt  auasi  Carthage.  Daas  loa 
enfance,  Fabius  paraissait  fort  doux,  mais  d'une  mlelligMes 
assez  bomte,  ce  qui  lui  Taint  le  samomm4  (Meuta  (Petit 
Mouton).  Le  sumom  de  Venrueasus,  qui!  garda,  faii  Teaiit 
d^une  verrne  qu'il  aTalt  k  la  l^vre.  Plua  tard ,  on  Tit  bis 
que  ce  que  Ton  aTait  pria  pour  de  la  lentenr  on  de  la  parens 
n'^tait  que  de  la  graTit^*  II  fut  consul  pour  la  pranikefoii 
I'aa  233  BTant  J.-C.  et  alia  faire  la  guerre  anx  Ligorinn, 
qui  s'^taient  rdToltis  k  PinsUgatlon  de  Carthage.  Ce  Ait  4li 
suite  de  cette  campagne  que  les  Romains  enToyteeat  anx 
Cartbaginois  une  pique  et  un  caduc^,  alin  qu'ils  eossod  i 
choisir  entre  la  paix  et  la  guerre.  Sept  ans  aprte  ilfot  defi 
de  noaveaa  au  consulat  avec  Sp.  CarTilius. 

Dans  la  suite,  quand  Annibal  eat  battn  les  RomaiBsk 
Itn'aaymtee ,  on  crte  Fabius  prodictaieur,  et  on  ne  Id 
donna  point  le  titre  de  dietateur,  parce  que  le  consul,  ao- 
quel  seol  il  appartenait  de  nommer  le  dictatenr,  ^tait  absent, 
et  qo'on  ne  pouTait  commnniqoer  aTCC  lui.  II  choisit  poor 
g^n^ral  de  la  caTalerie  Q.  Minncios  Rufus.  Fabius  core- 
men^a  par  de  nombreuses  cMmonies  de  religion,  di<^ 
que  Flaminlus  avait  pteh^  sartout  par  le  m6pris  qull  snit 
fait  des  auspices.  Aprte  cela,  Fabius  ae  mit  en  campagne, 
et  d^truisit  tout  ce  qui  se  trouTait  sor  le  chemin  d*AnDibal, 
pour  intercepter  ses  communications ;  pais  il  sVan^  sor 
Preneste,  et  gagna  la  Toie  Latine  par  des  cbemina  de  tra- 
Terse. 

Toute  sa  tactiqae  consistalt^  observer  Fenneml^  k  Mkt 
le  combat,  et  ^d^truire  les  moyens  de.  subsistance.  Annlhsl 
Mait  prte  d'Arpi,  dans  la  Pbuille.  Dte  le  premier  joor  fl  ft^ 
senta  la  bataille;  Fabins se  tint  dans  son  camp ;  et,  qpoi- 
que  le  Cartbaginois  comprlt  toute  la  sagesae  de  aon  adfer- 
saire ,  il  affectait  de  le  traiter  btoc  dMafo ,  le  faxant  de  II* 
chet<  :  il  ravageait  les  eampagnes ,  et  mettait  Ie  feu  aux 
Tilles  et  aux  bouiigs.  Mais  Ftablos,  sana  jamais  s'^loigner,  «s 
pla^ft  sur  les  baoteors,  et  retenait  tea  soldats  dans  le  eaaip, 
ne  lenr  permettant  que  de  1^4res  cscarmoucbes  quand  fls 
allaient  aux  fourrages.  Cependant,  legte^nd  da  lacavalerfe, 
Q.  Minudua  Rufus,  traTcnrsait  tons  ses  projets  et  raccuaaH 
pnbliquement  de  lAchetri ;  matb  lui,  se  bomscnt  i  tnalntenirli 
discipline,  fisisait  bon  marcli^  des  inTectiTes.  Qqelqtie  tempi 
aprte,  an  maientenda  fit  entrer  Annibal  daa^  un  pays  en- 
Tironn^demontagnes;  il  avaitvoula  marcher  aar  Casinitfo, 
et  ses  guides  sTaient  coroprla  Casilinum  sur  le  TulUma. 
Fabhis  fit  occuper  Pissue  du  d^Id,  garda  les  hauteurs,  H 
prit  Annibal  en  queue.  La  perte  des  Cartbaginois  fbt  grander 
C*en  ^tait  fait  de  Parmte  sans  nn  stratagftme  trfis-adroit  An 
nibal  fit  attacber  anx  comes  de  2,000  boeofe  des  torches 
et  du  sarment  enflamm^  :  effray^s,  exasp^r^  par  la  dou> 
leur,  ces  animaux  se  Jet^rent  sur  les  posies  romafais,  et  y 
mirent  le  dterdre ,  en  sorte  qa*il  put  se  faire  jour  et  se 
tirer  de  ce  mauTais  pas.  Le  combat  se  termiaa  d'une  mani^ 
ddssTantagease  aux  Romains,  et  Q.  Fabius  Maximos  n*en  fut 
que  plus  d4ctl€.  On  remarqoa  qu^Annibal  ne  fit  point  n- 
Tager  ses  ferres,  etqufi  y  mit  un^,  sauTe-garde,  moyea 
habile  de  le  rendre  suspect  k  sa  natioa,  Le  s^oat  lui  repco- 
cba  aussi  le  rathat  des  prisonniet^;  mais  B  s'biqal^  peu 
de  la  mauvaise  hoinear  des  phes  eonscrits.  Comma  on  ne 
lui  eoToyait  pohit  d^argent,  if  fit  Tcadre  ses  terras  par  sotf 
ills,  et  paya  btoc  leur  prfx  la  ran^a  sttpul^.* 

Rappel^  k  Rome  pour  accomplir  des  xacrlflces,  il  laissa  te 
oommandement  k  Q.  Minudus  Rufbs,  en  lui  defendant  d'en 
Tenir  aux  mains;  mais  celui-d  ne  tint  pas  oompte  de  ceCI^' 
recommandation.  Aprte  on  premier  socote  contre  fesfbor- 
rageurs,  le  peuple,  dans  sa  joie,  ordomia  que  Minndus  par-' 
tagerait  dtermais  le  cooomandemeot  aTec  Fabii»s;  inais  ce- 
lui-cl,  de  relour  dans  son  camp,  aima  mieax  lui  abandonner 
la  rooiti6  de  ses  forces  que  d'aitemer  avfc  lui,  et  no  garda 
que  deux  l^ons.  Annibal  ayant  attlr6  Ifinodus  dans  oa 
pMgOy  et  fann^  sa  teouTant  dana  an  grand  danger,  FaUas 


FABinS  —  FABLIAU 


mareiia  4  mb  WMnn^  et  remporta  vur  les  CarthogiiioU  nn 
•vantage  maiqu^.  Touehtfde  la  loagnaniiiiit^  He  ca  grand 
homme,  MiMidua  ravint  aTeo  rarmte  se  aoamettre  k  tel 
etim.  Uwhemnm&emeBA  Fabias  ne  reata  pas  an  pouToir.  Le 
eoosohlde  P«a  l-&nilaat  deTarentitts  Varran  ftitenaan^ 
^any  par  laMkiUfda^aiiBaay  afe5O,O00  Romaiiia  iro^4- 
mt  la  matt.  On  odmmanj^  h  oamprendra  combian  la  tac- 
fliqaa  da  grand  bMflme  ^t  prtf  Arabia  I  )*oiiftracuidanaa  da 
lo  meoeiaadn  t  on  kH  midit  la  eamhiandaniaat  Dam  celta 
campagnay  fl  prit  taranta  at  acenit  baauooop  aa  gkllra;, 
Noas  arena  m  d^ji  qaH  §»  mantra  oontraira  4  raxp&ition 
de  Sdpian :  il  na  vteat  pas  asaai  pour  an  apprandra  la  gla- 
rienseissoa ;  II  moonit  1*101  S06  avant  J.<!.  Cbaqna  dtoyen 
eoatriboa  k  aas  fOD^rafltas,  aomma  4  aeUiea  d\m  p4fa  com- 
■mn.  H  <tait  fort  igd,  sortout  sf,  comma  le  dit  Val4va« 
NaxUne,  11  aimtl  M  ao^iira  pendant  aoixanladaiix  ansj 

P.  DB  GoLBter.  ] 
PANOS  RUSTICUS,  bMbrieB  oomtamporaio  da  Oand^ 
et  de  N^roD ,  teirit  les  ^T^namants  da  son  temps.  On  na 
MitrieB  da  lai  sinon  qo'il  fbt  honors  dal*amiti4daS6B4qua. 
On  ignore  mtea  o^  commen^ait  son  Urra,  at  4  qnaHa  dpo- 
qoe  Q  B^arr^tait  Taeita,  ca  Jaga  si  s^T4fey  en  Mt  Pdlbga.  II 
Ini  emprnnta  dans  ses  Armalu  das  details  sur  la  diagrAca 
de  Borrfatts  et  sar  les  ddsnrs  incestnatix  con^s  par  Ndron 
poor  Agrippine.  D*apr4snn  passage  d'Agrfcola,  U  paraltrait 
que  Fdbm  Rnsticos  aonlt  d^erit  la  Bretagne. 

FABLE  (do  latin/a^iifo,  at  peot-«tra  de/oH,  parlor^ 
/oftttlori,  raeontar).  Dans  son  sens  la  plus  g(ta6hl,  fabie 
4gaifia,  tind  qoa  fiiyliqoe  soaorlgine,  eonvenaHon^  rMt', 
nuis  ce  n'est  pas  la  saala  accaptkm  que  ee  mot  ait  dans 
natre  langna :  on  entend  encore  par  cetta  ddnomination  la 
tjMmt  mytbologiqua  dn  paganisma  da  la  Gi^ca  at  da 
Koine,iamytliologie  rOrphde,  Md8fa,El^sloda,  Homte^ 
sontles  poHea  on  las  fnTentanrs  da  ces  fictions  saUimes, 
de  eeda  Fable  sOlva  at  graciaasa,  qoi  a  eharmitf  pendant 
tmt  de  si4cles  las  peoples  las  plos  ^dalrte  et  les  pins  spi- 
litneb  da  monda.  Fable  sfgnifia  ancore  r4eii  sans  vrai- 
smbtanee  en  sans  vMUi  at  il  est  alors  Toppos^  du  mot 
Aiiioire.  H  sa  prend  pour  la  plon,  le  cancTas  d*un  ouvn^e^ 
et  Ton  dit  \h  fable  dSin  poima,  d\m  opto,  d*ana  tragMia. 
Dms  UB  sens  elliptiqaa,  H  est  synonyma  de  wutquerie^  da 
Hsde :  je  dcTiendrai  W fable  da  quartier.  Bnfin,  \h  fable  se 
cQBfeBd  pacfois  BTOC  Vapologue^  at  e^ast  dans  ce  sens  que 
BOOS  alloDs  renvisager  d*une  manl4re  plos  particuli4re. 

lA  fable  est  esclave  d*oiiglne.  Un  borania  libra  ne  ereint 
psB  de  parier  cbdremant,  la  front  baut,  4  celid  qui  Tent  Top- 
primer,  tandis  qfjm  le  malhenreox  courbd  sous  la  domina- 
tion toute-pmssante  d*an  maltra  Impitoyabla  n'osa  sa  plafndia 
(jia\  demi-voli  et  btoc  tons  las  nihageooents  qua  donna 
llislntade  de  la  paur  et  da  la  servitnda.  Les  asclBTas  at  les 
eoortisans  forent  les  premiers  fiiboHstes.  «  L'ssdaTO,  dit 
PUdre,  qai  n'osalt  pas  dlra  oe  qn'il  vonlaity  a  traduit  sas 
teatioMaits  dans  des  fables.  •  Ellas  sont  done  aussl  an* 
eieooesque  le  roonde*  Cdles  que  Hon  attribua  4£sopa 
wBt  peot-^  ant^iaures  4  oet  autaur,  dont  Paxistanca 
dl^m€tDa  est  donteasa.  Do  reste,  ca  tecueil,  la  plus  ancien 
qoe  BOOS  connaissions^  porta  la  manjne  das  fars  :  il  ne  con- 
tieat  qoe  des  instroctious  anx  faibles  pour  lam*  apprendra  4 
K  gvantir  do  fort,  et  das  conseils  4  calui-ci  pour  J'engager 
t  ae  pas  aboser  de  son  pout oir.  fisopa  fit  passer  la  fable 
d*Orient.en  Occident;  Pb4dra  traduisit  en  latin  le  (abuUsta 
pet,  qa*ii  embdlit  par  les  cbaimes  d'nna  versification  4ld* 
poteetfodle. 

Aiistote,  en  tra^ant  ana  po^tiqna  da  la  lUila,  a  tooIu  la 
reafemier  dans  d*^roHies  limites,  lai  6ter  sas  plus  grandes 
liberty  la  d^pouiller  de  ses  francliises.  II  pr^endait,  par 
ciemple,  que  les  personnages  employ^  par  les  fiibotistes  ne 
derdent  Jamais  6tre  que  des  animanx  :  le  grand  piiiloso- 
pbe  grec  semblalt  sToir  totaleroent  oubli^  rorigina  et  le  but 
de  la  fable.  £taii-ca  rinyraisamblaaca  qui  le  dioqiiait?  Mais 
1>  CQBTereation  d'on  tigra  btcc  one  baleine ,  d'une  carpe 
*vec  on  aigle,  est-elle  plus  facile  h  conreToir  que  celle  d*im 


231 
chteaaTae  nn  rosaonr  TootaiSdda  tt'est-aUa  pas  bonne dte 
r^nstant  qua  les  aetears  qoi  y  -figorent,  da  qoalqna  nature 
qn'ils  soient^  agissant  conformdment  4  cettanaloce,  et  que 
laor  entratien  est  mMconadquenea  natoreUada  Taction r 
Llnstmetlon  qai  rdsolta  du  rdcit  aUi^riqaa  da  la  fable 
sa  nomma  mareMUi  alia  doit  itra  claira  at  reaaortir  directe* 
ment  da  laitmAme^pialapdcit  du  fabulis  ta  ▼iantdamettre 
an  8a4na.  Ph4ditf  tet  La  Fontainai  mattant  indiffdcemment 
IkmcraUU  aTOntoaalprAsraUdgoriakPatttr^tra  vaut-il  mien 
la  plaaar  api^  Plna  d^una  fikbia  da  La  Fontaine  debute  ce- 
pdndBnt  par  la  moralitd^  at  n'aneat  pas  nwins  banne^    < 
^     Les  andaK  Toolaient  que  la  fiible  fftt  coarte,  el  en  cela! 
ik  ayaiant  parfSytamant  nlion.  Mais  laUa  faUe  qui  n'a  qua 
dtxTers  eat  trap  longae^  tandis  qaateUeaotre  qui  en  a  pr^ 
de  cent  est  coorte,  Aftfnt  que  QutntUien  fbrmolAt  cette 
r^^  HoFacOy  oubUant  I'exemple  d'i&iope  et  de  Pb4dre,  en 
arait  eomposd  one  qui  est  nn  ydritable  cbef •d'anyce..  D6- 
passant  de  beauconp  les  limites  qu'ayaient  poste  aes  pr^- 
cnrsanrs  dana  la  carri4re,  ra^gant  et  spirituel  conyiya  de 
Mdc4ne  orna  avec  tootala  recherche  do  bon  goOt  son  petit 
potaedttJto/iitfaatea^dii  ito^  <2ef  ctoniw.  Par  des  de- 
tails pleinade  charmoy  11  abr4^  la  kmguenr  desa  narra^ 
tion^  at  rand  la  morale  qui  en  rdanlte  p^us  toucbante  et  plus, 
capable  da  fUUV'Chdrir  la  tranquilla  paix  d^une  beureuse 
mddiocritd. 

Una  fkbla  ne  ponyant|amais  trop  attacher,  alle  doit  ^Axe 
dcrjte  d'nn  style  dair,  chAlid,  dMgant,  et  pourtant  facile^ 
comme  on  rddt  fait  ayec  aoin  par  no  bomme  d*instruction 
et  de  gofit  On  dolt  re|eter  adv4rement  de  sa  composition 
tons  les  ornaments  qui  ponrraient  Odtaomer  I'attcntioo  du 
ledear  do  but  de  la  fable,  de  la  moralitd  que  rauteur  se 
propoaa  de  retirer  da  ion  rddt 

La  fable  doit-elie  Atre  toita  en  yars  on  en  pro.8e?  Comme 
le  bnlde  oa  petit  r4dt  alldgoriqne  est  dediminuer  Tamer- 
tome  d'nne  yidritd,  I'on  doit  employer  la  forme  de  style  la 
ploa  capable  de  produira  cat  effet.  II  nous  semble,  en  con- 
siqoance,  et  malgrd  Topinlon  de  Patru,   malgn^  mtoie 
rexemple  peu  conduant  da  F^nekm,  que  la  fable  doit  6tre 
dcriteen  yars,  mais  dans  an  rbytkme  particulier.  D'ailleurs, 
la  yers  poaaide  Payantage  de  graver  dans  la  mdmoire  comme 
one  sentence  la  morality  que  Ton  veut  presenter  au  lecteur. 
C*est  poor  cette  raison  que  taot  de  vers  de  La  Fontaine 
aont  devcnns  proverbes.  Sor  qod  ton  doit  torire  le  fabn- 
lisle?  Cette  question,  qui  se  trouve dans  presqoe  toutes  les 
rb^riqnesy  nous  semble  oiseuse  4  force  d'etre  facile,  car 
sa  sohktion  ddooule  Mdemment  de  la  definition  de  la  fable 
dle-m£me.  Le  style  de  la  bonne  fable  variera  suivant  les  ac- 
teurs  qo^a  mettra  en  sc4ne}  elle  soivra  sur  ce  point  la 
camddie,  dont  eUeest  Sawr,  qui  change  de  ton  suivant  les 
personnages  qu'elle  fait  aglr  ou  parier.  Le  simple  bon  sens 
veut  qo'on  lion  ne  parle  pas  comme  une  fauvette,  un  vieil- 
lard  comme  an  enfant,  Taigle  comme  le  lapin.  11  est  surtout 
une  observation  4  laqoelle  le  fabuliste  doit  faire  la  plos 
grande  attention,  c'est  de  girder  aux  personnages  qu'il  met 
en  jeo  non^sealement  le  ton. qui  leur  est  propre,  mais  en> 
core  ie  caractire  qui  leor  est  gdn^alement  aUribu6.  II  est 
one  qoalitd  qua  Ton  recommande  sans  cesse  4  ceux  qui  veu- 
lent  s*essayer  4  dcrire  des  fables,  c'ttt  la  naivetd,  qualitd 
charmante,  lorsqu'dla  est  naturelle*.  mais  que  Ton  ne 
saurait  conqudrir.  Aussi  faut-il  que  le  fabuliste  derive  sous 
son  inspiration  propre,  sans  vouloir  chorclier4  iiolter  La 
Fontaine,  sa  naivety  spiriluelie  et  moquouse  dtant  un  don 
divin,  que  md  dcrivain  n'a  possMd  depoia.     A.  Genevat. 
FABLEOB  oil  FABLIER.  Voyez  Fabuau. 
FABLES  ATELLANCS.  Voyez  Atellames  (Fables). 
FABLIAU)  genre  de  podsie  fort  cuUivd  en  France  dans 
lesdouzi4me  et  treizi^me  si^es,  consistant  dans  le  rddt 
simple  etnaif  d*une  action  gdndralement  plaisante  et  parfois 
dramatique ,  de  peu  d*diendue,  quoique  plus  ou  molns  in- 
trigude,  et  dont  le  but  ordinaire  dtait  d'amuser  ou  d^ins- 
troire.  Cette  es|»ecc  de  petit  [lo^me  parait  avoir  did  un  fruit 
descrolsades  :  en  celales  troubadours  et  les trouvdres 


I 


133  FABLIAU  —  FABBE 

oe  firent  qu*iini(er  les  Arabes  et  peut-Atre  aossi  les  Maures 


d^Espagne.  Les  fabliaux  furent  ainsi  nomro^  da  latin  /a- 
bula^  et  da  roman/o^e/,  parce qaela plopart  decescontes 
n^taientquedes  fictions  fabuleuses,  et  par  suite  de  la  mtoie 
^tymologfe,  lenrs  auteurs  re^orent  le  nom  de/ableort  oa 
fablien.  La  plus  ancienne  pitee  de  ce  genre  panrenoe  Joa- 
qu'^  nous,  et  qui  date  de  la  fin  du  oniitoie  titeley  est  due  4 
GniUanme  IX,  oonite  de  Poitiers  et  due  d'Aqnitaine,  tron- 
badoar  e^^bre,  mort  en  1112.  Ce  no  ftit  que  Ten  le  miliea 
du  doozitene  liide  que  les  poetes  du  nord  de  la  France  «e 
livrirent  4  ces  sortes  de  compositions;  mais  il  est  juste  de 
dire  qu'en  oe  genre  lis  surpass^rent  les  essais,  pea  nombrenx, 
de  leors  ^mules  proyen^aux,  dont  le  talent  s'exer^  de  pr6- 
Mrence  dans  la  po^sie  amoureuse,  satirique  et  morale.  Ci- 
tons  parmi  les  oonteurs  AtfabUaux  UtIs  ,RutebiBuf,B«- 
sir,  Andefroi  le  BAtard  et  Marguerite  de  Navarre,  to  Mar^ 
gueriU  des  Marguerites,  comme  Tappelaient  les  pontes 
de  SOD  temps. 

An  cbarme  que  les  fabliaux  doTaient  4  la  nature  de  lenrs 
ftujets,  4  la  cbevalerie,  passion  do  merveiileux,  et  4  cette  ga- 
tanterie  fameuse  dont  elle  ^tait  la  source  et  le  mobile,  leors 
antears  ajoot&rent  Pattrait  de  la  d^amation  et  celui  de  la 
musiqae  :  la  plupart  de  ces  petits  po&nes  sont  diyis^s  en 
stances^  etles  vers,  presqoe  tonjoursde  buit  sjUabes,  ofTrent 
parfols,  4  la  fin  de  cheque  eonplet,  le  rerrain  des  chansons 
popolaires  da  temps.  Qaelqnes-ans  ^talent  destine  4  6tre 
dddamte  seulement;  d^autres  devaient  Atre  tour  4  four  rtei- 
tte  et  chant^s  :  tel  est  ^videmment  celui  d'AucoMsin  et  Ni- 
Colette^  dont  la  narration  en  prose  est  entrecoupte  de  vera 
sous  lesqnels  le  chant  se  trouve  noti.  Dans  ce  cas,  les  par^ 
ties  r^servtes  poor  £tre  chantte  prenaient  la  denomination 
de  laii.  Ce  genre  de  composition ,  si  utile  4  une  epoque  od 
lee  lines  talent  rares,  les  th^tres  inconnns,  et  le  Jen  rtinit 
aux  seules  combinaisons  de  T^^iquier,  puisque  les  cartes 
n*^ient  point  encore  inventto,  se  prfttait  merveiUeosement 
4  toutes  sortes  de  sijjets,  et  pouvait  admettre  toos  les  cadres. 
Si  Ton  troove  en  effet  trap  fir^uemment  dans  les  fabliaux 
des  m<Bore  licencieuses  et  des  expressions  grossi^res ,  d<- 
fauts  qui  tiennent  au  temps,  soit  que  Ton  crfit  alore,  comma 
il  est  dit  dansle  Roman  de  la  Rose^  qn'i/  rCy  avait  point 
de  mat  d  nommer  ee  que  Dieu  a/aU,  soit  plut6t  qu'on 
n'edt  point  encore  imaging  ces  artifices  de  langage  qni  pa- 
rent les  nudity  en  les  Toilant  4  demi,  il  ne  faot  pas  croire 
ndanmoins  que  les  trouv^res  se  soient  bomte  4  des  r6dts 
galanti :  parmi  lean  ouvrages,  il  en  est  un  grand  nombre  de 
nobles, d'int^ressanU, de  gals,  d'h^roiques,  de  pienx,  et 
qudques-uns ,  tels  que  Gesippe,  ou  les  deux  AnUs,  le  Pa- 
rement  des  dames^  ou  GriselidU,  etc.,  joignent  aux  situa- 
tions les  plus  touchantes  des  lemons  de  la  morale  la  plus  pare. 

C'est  surtout  sous  ie  rapport  de  noire  histoire  privte  do 
moyen  4ge  que  T^tude  des  fabliaux  est  une  source  abon- 
dante  de  details  pr^cieox,  qu'on  ne  troove  que  14,  et  qni 
seuls  peuvent  faire  justement  apprteler  le  caracl4re,  les 
m(Eure,  les  opinions,  les  pr^jugte,  les  usages,  en  un  mot,  la 
mani4re  d'etre  et  de  vivre  des  FranQais  4  cette  Epoque  trop 
pea  oonnne.  Ce  nesont  pas  en  effet  les  mceurs  g^n6'ales,  on 
€eUe8  des  conditions  les  plus  ^levte  que  les  fabliera  8*ap- 
pliquent  4  retraoer  exdusivement  :  lis  s^attacbent  de  prdfd- 
renoe  4  reproduire  les  actions  de  la  vie  commune,  et  leure 
mille  et  on  tableaux  nons  reprtentent  ioujoon  rimage 
de  la  nation  peinte  en  d^habill^;  mais,  ind^pcndamment 
de  ce  m^rite  de  speciality,  et  sans  parler  des  documents 
qn^elle  foarnit  4  la  lexicologie,  pour  retude  de  noire  langoe 
primitive,  cette  ancienne  litierature  pent  encore  interesser 
€t-  plaire  par  se^  formes  nalves  et  la  gr4ce  de  ses  details. 
C*est  an  point  que,  m^me  dans  les  heureuses  et  fr^quentes 
imitations  qu^en  ont  faites  Boccaee  et  La  Fontaine, 
on  ne  retrouve  pas  toujoure  cette  deiicatesse  de  sentiment 
et  cette  naivete  d'expression  qui  font  le  cbarme  des  fabfianx, 
aoxquels  lis  ont  Hiit  d'ailleur^  de  si  ricbes  empnints. 

An  reste,  ces  empnints,  ces  imitations  que  nos  ecri  vainsont 
fails  aux  trouv4res  sont  aussi  norabreux  que  dignes  d*are  si- 


gnals. II  suffit  de  paroourir  le  recueil  de  fabliaux  public  par 
Barbaian  pour  reconnaltre  que  Rabelais  a  d(k  ses  lenguM 
et  trequentes  tirades  snr  lei  papelards^  sur  membrer,  it* 
membrer^  rtmembrer^  anx  fobUanx  de  StAnte-IAocadt^ 
de  CharUit  le  Ju\f  et  de  Coccrt^ne.  MoU4re  a  pris  Is  is* 
Jet  de  George  Dandin  dans  on  episode  do  DoU^ateot,  oa 
dans  le  douzieme  conte  da  Castoimnent  de  celui  ftii  ea- 
ferma  safemm$  dans  une  tor;  ii  doit  lesujet  da  MidecM 
'tnalgr6  lui  au  l4bUaa  dn  Fitoin  If  Ire,  et  quelques  leta 
du  Malade  imaginaire  4  celui  qui  est  intitule  La  Boms 
pleine  de  sens.  Nous  n*en  finirions  pas  si  nous  dtions  tout 
les  emprants  que  La  Fontaine  n  bits  aux  fabliaux.  La  fable 
da  L'Huttre,  par  BoOeau,  u'est  autre  chose  que  le  fabliau  des 
Trois  Dames  qui  trouvirent  un  oneL  Le  fameux  contede 
^adig  est  en  grande  paitie  tire  du  fiibliau  de  VErmitt,  Dm 
renfanoe  de  notre  IbMtre,  Hard  j  et  Chevrean  empraDlAreat 
an  Castoiement  et  4  la  premiere  partie  dn  ruman  d'Athis 
et  ProJUias  les  aqjets  de  leors  tngi-comedies  de  Gisippt, 
ou  les  Deux  amis,  et  de  Gisippe  et  THe^  ou  les  bont 
amis.  La  com^die  du  Tribunal  domestique,  joute  en  1777, 
est  tiree  dn  Lag  d^Aristote^  que  Marmontd  a  de  mteie 
imite  dans  son  conte  moral  da  PhUosophem  Les  ogku 
comiques  de  La  Fie  UrgilOf  des  Seuliers  mordorh,  du 
Magieien,  dUueassin  et  Nieolettey  etc.,  sont  imit^  des 
fabliaux  de  La  VieilleTruandet  des  Deux  Changeurt,  da 
Pauvre  Clere  et  d*Aucassin.  Les  oontes  d*OnviUe  sont  en 
grande  partie  tirte  du  Castoiement;  les  Bijoux  indisereU 
sont  aussi  une  imitation  du  Chevalier  qui  faisoit  parUr 
les  anex  muets.  La  Gageure^  de  Sedaine,  est  ^enicnt 
puisee  dans  le  fid)liau  dn  Pescheur  de  Pont-suT'SeiMe, 
Les  Deux  Gendres,  d*£tlenne,  se  retrouvent  dans  un  U- 
bliaa.  Malgre  ces  nombrenx  emprants,  il  y  a  encore  U, 
poor  qni  veot  prendre  la  peine  d'y  foulDer,  une  mioa  de 
sujds  dramatlques  en  tons  genres,  plus  riche  et  plus  fteoede 
peot^tre  que  celle  qu'exploitent  la  plopart  des  faiseursde 
romans  ou  de  contes  de  nos  Joan.  PKLinsna. 

FABUER*  Vogez  Fabluu  et  Faboustes* 

FABRE  DE  PEYRESG  (  Nicolas-Olaudi  ),  lavaot 
distingue,  ne  en  1580,  4  Beaugensier,  ea  Provence,  Dort 
en  1837,  etait  conseiller  an  parlement  d*Aix.  n  avait  lait  de 
briUantes  etudes  chex  lesjesoites,  qui  le  comparaient  4  Pie 
de  la  Mirandole.  Grand  amateor  de  pliilosopliie  et  de  namis^ 
matiqoe,  il  voyagea  beaoooap  dans  sa  jeonesse,  en  Italie,  en 
Hollamde,  en  Angleterre,  en  France,  se  lia  avec  les  bommes 
les  pins  oeiebres,  avec  Fra-Paoio,  Baronins,  Sinnond,  le 
cardinal  d*Ossat,  Scaliger,  Rubens,  Grotius,  Casauboo,  de 
Thou,  les  freres  Salnte-Marthe,  Saumaise,  Ifalherbe,  Fras- 
^is  Pilhoo,  et  etendlt  ses  tnvaox  4  toutes  les  branches  de 
la  science  et  de  rerudition.  Hattra  d^une  grande  foitnoe,  il 
en  profitait  pour  encourager  les  savants  et  entretenir  en  Asie, 
en  tigypte,  dans  le  Nonveau-Monde,  de  nombreux  agents 
auxquels  il  commandait  d'incessantes  recherches  sur  Iliis- 
toire,  rantlquite  et  Hiistoire  natnrelle.  11  entreprit  mtaoe 
avec  Gassendi  des  observations  astronomiques.  Baliac  et 
Bayle  ont  fait  son  eioge.  Celui-ci  Pappelait  le  proeureur 
giniral  de  la  lUtirature.  n  etait  en  correapondance  avec 
toutes  les  illustrations  de  son  epoqae,  et  a  laisse  un  gread 
nombre  de  lettres,  dont  on  n'a  pnblie  qu*une  iaible  partie. 
6asi«endi  a  ecrit  sa  vie. 

FABRE  ( Jban),  Jenne  caKiniste  de  Ntmes,  cei^bre  i^r 
son  devouement  filial.  Son  pere  ayant  et6  condemn^  aoi 
gaieres,  en  1758,  pour  avoir  pratiqnd  son  culte,  Jean  alia 
prendre  sa  place  au  bagne  de  Toulon.  Le  due  de  Choiseul, 
alors  ministie,  le  fit  metlre  en  liberie  aprto  aix  ans  de  fer. 
Ce  trait  de  piet«  filiale  a  ete  mis  4  la  scene  par  Falbaire,  daas 
Vlwnnite  criminel, 

FABRE(c{e  VH6rault)^  membrede  la  Convention,  Ml 
avocat  4  Montpellier  lortque  la  revolution  ddata.  L'exalta- 
tlon  avec  laquelle  il  en  adopta  les  prindpesle  fit  nommer  en 
des  deputes  de  son  d^partement  4  la  Convention ;  ii  s*y  fli 
pen  rcmarquer,  et  nes*Y  occupa  que  des  questioDS  de  sul>sis- 
tanrc^  ct  des  moy<*n^  de  r^tablirlatranquilUte.  Dans  le|«oc^ 


FABRE 


S3* 


de  Louis  XYI,  il  toU  poor  la  culpability,  puis  [Kior  la  mori 
sans  appd  oi  sursis.  En  1793  il  fut  envoys  en  missioii  k 
rarmtedes  Pyi^nte-Orientales,  oil  il  montra  plus  de  cou- 
rage qae  de  prudence  et  dliabllet^  :  bless^  k  Taflaire  de 
Siloes,  ie  ITseptembre,  il  pdrit  le  20  d^cembre,  prte  de  Port- 
Vendres,  en  cberehant  k  rallier  les  fuyards.  Les  bonneurs  du 
Paotbfon  lai  fiirent  dtern^. 

FABRE  D*fiGLANTINE  (Piiilippb-Frah90IS-Nazaibe), 
D^  le  28d6cembre  1755 ,  d*ane  famille  boorgeoisey  k  Limonx, 
^it  on  bomme  d'un  talent  remarquable ,  mais  d^in  esprit 
inqdet,  qai  avait  6t6  frire  de  la  doctrine  cbr^tienne  et 
pioCesseur  an  oolK^e  de  Toulouse ,  que  des  erreurs  de  Jeu- 
nease  araient  ensuite  rejet^  de  la  soci^td  et  lanc^  sur  le 
tli^Atre ,  od  son  talent  d'acteur  n'^talt  point  goAt^  du  public, 
qoand  la  i^Tolntion  de  1789  irint  ouvrir  one  carri^re  plus 
fodle  k  SOD  ambition.  D^jk ,  yen  1775 ,  il  aTait  obtenu  aux 
Jeoi  Floraax  T^antine  d'or.  En  d^rant  son  nom  de  la- 
mUle  do  nom  de  cette  fleur,  il  s*6tait  avec  raison  jug^  plus 
propre^  composer  des  pitees  qu*4  les  repr^nter,  et  il  ^tait 
Tena  se  fixer  k  Paris  avec  une  tragMie  d* Augusta  et  une 
comMie  faititulte :  Les  Gens  de  lettres,  ou  le  poite  provin- 
cial AParis,  qui  fbrentreprtonttoen  1787,  runeetPantre 
san^soecte.  11  en  ftit  de  m^me  du  Collaterals  ou  Vamour 
et  tinUrit,  en  1789,  et  du  Prisomptueux ,  on  Vheureux 
iautginairej  en  1790.  Le  Philinte  de  Molitre,  qui  suivit 
imm^atement  ces  deux  pitees,  ^ablit  enfin  la  reputation 
de  leor  auteur;  Le  Convalescent  de  quality,  VHMtibre^ 
Le  Sot  orgueUleux ,  V Intrigue  ipistolaire  surtout ,  con- 
firiD^rent  Tesp^rance  de  roir  naltre  un  nouveau  pofite  co- 
iDtqae.  Mais  la  revolution,  qui  semblait  ne  devoir  amener 
que  des  r^formes  salntaires ,  renversait  rapidement  les  bases 
m6mea  de  la  sod^t^.  Fabre  adopta,  exag^ra  ses  principes, 
avec  la  violence  qu'il  mettait  k  tout  ce  quMl  entreprenait  : 
monbre  de  la  commune  de  Paris  et  secretaire  de  D  a  n  t  o  n , 
il  fat  8oaiM;onn4  d'avoir  provoqu^  les  massacres  desep- 
tembre.  Nomm^  depute  a  la  Convention,  il  devint  un  des 
pins  ardents  persecuteursdes  deputes  de  la  Gironde ,  ses  an- 
densamis.  Enfin,  accost d*avoir  re^u  100,000  francs  des 
admloifltratears  de  la  compagnie  des  Indes  pour  (alsifier  un 
d^cret  qoilesexdnaitde  la  liquidation  des  comptes  de  leur 
assodation ,  il  fut  chass^  des  sod^t^s  des  Jacobins  et  des 
Coideliera ,  et  dierM  d*accusation  par  la  Ck>nvention  na- 
tionale.  Traduit  an  tribunal  r^volotionnaire  en  mdme  temps 
que  Danton,  CamilleDesmouIins,  H^rault  de  S^dielles, etc., 
cenx-ci  se  plaignlrent  bautement  d*dtre  accol^  di  un  vo- 
leur;  ilsn'en  subirent  pas  moinstous  le  m6me  sort,  le  5 
avril  1794. 

La  c4>inddie  des  Pricepteurs ,  OBuvre  posthume ,  joude  en 
1799,  obtint  encore  un  grand  succ6s,  nonobstant  les  cri- 
tiques de  La  Harpe  et  de  Geoflroy  et  la  d^lavenr  attacbte 
ao  nom  de  Fabre  d^figlantine  dans  un  moment  de  reac- 
tion. On  n'a  po  retroover  le  mannscrit  d^une  autre  de  ses 
piteeii,  L'OroTige  de  Malte,  dont  la  perte  toormenta  Fabre 
juaqii'ao  pied  de  recbafaud.  Son  Philinte  de  Molit-e,  ou 
VigoUtej  n'est  pas  mieux  torit  que  aes  autres  pieces.  11 
la  fit  iinprimer  avec  une  preface  dirigee  prindpalemeut 
eontre  Collin-d'HarlevUle  et  contre  sa  pi^  de  VOptimiste : 
c*^tait  one  denondation  d^magoglque  contre  le  plus  doux 
el  le  moins  hostile  des  bommes.  La  famille  de  Falire  d^^glan- 
fine  a  pabUe,  en  1802,  un  recueil  de  ses  poesies  m^ees.  A 
part  sa  satire  ii  ten  JeunePoHe^  sa  Riponse  du  Pope  A  Xn* 
drieux^  sa  chanson  /{ pleut,  il  pleut^  berg^e,  et  sa  ro- 
mance Je  Paime  tant,  morcean  de  predilection  de  Carat, 
tons  les  defaotsdo  ccnir  et  de  Tespritde  Fabre,  son  aigrem 
eC  son  cynismes'y  retrouvent  sana  presque  aucune  des  qua- 
lities qui  le  distmguent  Viollet-lb-Duc. 

FABAE  (  Jean-Pierbe  ),  dit  de  lUtfie,  ne  k  Carcassonne, 
le  8  dteembre  1765,  fut  avocatau  parlement  de  Toulouse, 
ef  figara,  fort  jeune  encore,  dans  le  proc^  des  assassins 
de  la  marquise  de  Ganges.  Depute  aux  etats  du  Languedoc, 
en  t7S3  ,  il  adopta  les  principes  de  la  revolution  de  1789, 
§ai  aoaicne  en  1790  commissaire  du  roi  pour  organiser  ie 

OSCn.  OC  LA   CUNYU.O.  —   1.   UL. 


departement  de  PAude,  dont  il  devint  le  premier  procurevr 
general  syndic,  et  commissaire  royal  prte  le  tribunal  cri- 
minel  de  Carcassonne.  Proscrit  et  fogitif  pendant  la  Terreur, 
il  reparalt  aprte  le  9  themddor.  Eo  1795  il  vient  sieger  an 
Consdl  des  Chiq  Cents,  par  le  chdx  de  son  depariement* 
et  plus  tard  II  fait  partie  de  I'opposition  qui  culbute  le  IM- 
rectdre.  Aprtela  revolution  du  18  brumal  reel  PetabUs- 
sement  du  consnlat,  il  fut  envoye,  conune  commissaire  da 
gouvemement,  pour  condlier  les  partis  dans  les  departements 
meridionaux.  En  deoembre  1799,  nomme  membre  du  Tri- 
bunal, il  en  etait  president  lorsqu'ii  la  tAte  de  ce  corps  11 
Vint,  le  18  mai  1804,  haranguer  Bonaparte ,  qui,  peu  con- 
tent du  litre  de  consul  k  vie,  s*etait  fait  proclamer  empe* 
reur;  il  alia  aussi  compUmenter  TUnperatrice  Josepliine. 
Au  mois  d'octobre  suivant,  il  se  rendit  en  AUemagne, 
avec  une  deputation  du  Tribunal,  pour  feiiciter  Napo- 
leon sur  ses  victoires;  mais  il  ne  put  le  rejoindre,  et 
rapporta  de  Lints  170  drapeanx  pris  sur  Tennemi.  Madame 
mere  ay  ant  ete  nommee,  en  1805 ,  protectrice  des  bospita- 
lieres  et  des  soeurs  de  diarite,  Fabre ,  au  nom  du  Tribunal, 
lui  adressa  un  compliment,  dans  lequd  il  la  compare,  dit-on, 
a  la  m^e  du  Christ ;  mais  il  a  dementi  cette  inculpation  dans 
une  notice  qu'il  a  pubUee  sur  sa  vie,  en  1816,  sans  doute 
pour  refuter  le  Dictionnaire  des  Giroueltes,  qui  d'aUleurs 
n^a  pu  mentionner  qu^une  partie  des  versatility  de  Fahre.  En 
1807  il  fut  nomme  senateur  et  comte  de  Templre ;  en  1810, 
membre  du  grand  consdl  d'administration  du  senat  et 
procurer  general  prte  le  conseil  du  sceau  des  litres. 

La  reconnaissance  qu'il  devait  k  Napoleon  ne  Tempecba 
pas  d'etre  un  des  soixante-trois  senateurs  qui,  le  1*'  avril 

1814 ,  voterent  sa  decbeance  et  la  creation  du  gouvemement 
provisoire  :  aussi  flt-il  partie  de  la  chambre  des  pairs  creee 
par  ordonnance  royale  le  3  juin  1814,  et  il  y  vota  contre 
les  mesuresqui  pouvaient  retarder  la  mise  en  obuvre  de  la 
nouvdie  constitution.  II  n*en  fut  pas  moins  appeie,  en  juin 

1815,  k  la  Chambre  des  pairs  imperiale,  oh  des  la  pre- 
roiere  seance  il  proposa  Tadresse  d'usage  k  J'emperenr. 
Mais  aprte  la  bataille  de  Waterioo  il  s'opposa  vivement  au 
projet  de  prodamer  Napoleon  II,  se  pronon^  pour  la  se- 
conde  restauration  des  Bourbons ,  et  s'employa  pour  hdter 
le  retour  de  Louis  XVm  ^  Paris  avant  Parrivee  des  troupes. 
II  fut  neanmoins  compris  dans  Pordonnance  du  24  juillet 
1815, qui dedara  dechusde  la  pairie  tousceuxqui  avaieut 
siege  dans  la  chambre  des  pairs  de  Napoleon.  Ce  ne  Ait  que 
le  21  novembre  1819  quMl  reoouvra  son  banc  k  la  chambre 
haute.  La  revolution  de  juillet  1830  ne  changea  rien  k  ses 
habitudes  ni  2t  sa  position  :  il  preta  serment  k  la  nouvdie 
dynastie,  et  devmt  un  des  juges  des  ministres  du  roi  dechu, 
II  moorut  k  Paris,  victune  du  cholera,  le  6  juillet  1832. 

Pendant  toule  sa  carriere  legislative,  il  s'etait  principale- 
ment  occupe  des  finances.  En  1796  il  avail  dgnde  des  abus 
dans  Padminislration  des  posies ;  en  1797  II  fit  statuer  que 
les  eiecteurs  preuaraient  serment  comme  les  fonctionnaires 
publics  ;il  fitdecreter  PimpOt  sur  les  billets  de  S|iectacle, 
le  retablissementdela  loterie,  PimpOt  sur  le  sd.  En  179S 
il  fit  divers  rapports  sur  les  loteries  particuUeres ,  sur  le 
retablissement  des  octrois  de  bienfaisauce,  sur  Porganisation 
des  ponts  et  cbaussees.  En  1799  il  s'eieva  contre  Pemprunt 
force  et  la  loidesotages.  En  fevrier  1802  11  publia  une  bro- 
chure mtituiee :  RecherchessurVimpdtdu  tabac,  qui  avec  les 
rapports  dont  il  fill  charge ,  provoqua,  en  1804,  Petablis- 
sementd^un  imp6tsur  les  boiss onset  la  creation  de  la 
regie  des  droits  reunis.  En  1814  il  proposa  d'abolir  la  con- 
fiscation. Outre  plusieurs  rapports  imprimes,  on  a  de  lui : 
Lettre  d  monjils  sur  maconduite  politique  ( 1816,  m-8<>). 

FABRE  D'OLIVET  (N.),  po8te,  grammairien,  niusi- 
den,  ne  k  Ganges,  en  Languedoc,  le  8  decembre  1768, 
mort  k  Parb,  en  1825 ,  etait  de  la  mfime  famille  que  le  pru- 
testant  Jean  Fabre.  II  debuta  dans  la  litterature  par 
qudques  bluettes  dramatiques,  mdees  de  couplets ,  repre- 
sentees avec  un  succ^s  mediocre  sur  diiierents  tliefttres^ 
dopuis  1789  jusqu'ea  1796. 11  publia,  to  outre,  des  Lettree 


^      I 


934 


FABRE 


j^ Sophie sur I* hUioirei^aim,  1801);  puis,  Le  Troubadour, 
ponies  ocettaniqoes  da  treiziteM  sitele  ( 1804 ),  oavrage  sup- 
pose tradait  par  I'auteur ,  et  od  il  y  a  de  Tesprit  et  de  Tima- 
giaation.  Depnis  quelques  aimte  U  ae  Uvrait  k  I'dtnde  des 
langues,  de  la  m^tapliyuque  et  de  laphilosophie,  arec  one 
telle  ardeur^  qu'U  ae  cnit  ea  6tat  de  crter  un  nouYeau 
•ysttoie  de  Unguiatiqiie.  Gea  p^niblea  trsTanx  loi  avaient 
^cbauifid  rUnagmation,  et  leor  auteor ,  aTee  one  aeience  in- 
contestable, nerecueiilit  que  la  renomm^d'an  visionnaire 
et  d'un  fou  de  sens  rassia.  II  pr^tendalt  aToir  d^coavart  la 
clef  des  hi^glyphea ;  11  croyalt  anssi  aroir  troav^  le  moyen 
de  restituer  Tome  aun  aonrds-miiets,  d'aprte  onem^thode 
emprontte  aux  prfttcea  de  I'antiqae  tigypte ,  et  qui  arait 
quelque  rapport  avec  les  phtoomtaes  du  magn^sme  animal. 
U  altacliait  one  si  grande  foi  an  poavoir  de  la  volont^,  qa'il 
assurait  aTolr  sooTont  fait  sortir  un  Tolome  des  rayons  de 
sa  bibliothdque  en  se  pla^anten  feoe  et  en  slmaginaiit  for- 
tement  qn'il  avail  Tautear  en  personne  derant  les  yeax.  Gda, 
dUait-ily  loiarriTa  souTentaTee  Diderot.  Danssesrecherdbes 
sur  les  langues,  il  rejelait  tout  ce  qui  ^tatt  dair,  precis, 
logique,  poor  cbercber  un  sens  d^toom^,  mystique  et  se 
Jeter  dans  les  regions  t^ntt>reuse8  od  il  espidrait  trourer  des 
r^^latlons  inconnoes.  H  imagina  un  nooTeau  systtoie  d'^ 
tymologie  et  d'analyse  des  langoes,  qui  offre  des  r^ultats 
aussi  bizarres  que  tout  ce  que  les  anciens  cabalistes  nous 
ont  iaissd  de  plus  absurde.  Partout  11  Toit  des  all^ries 
morales  et  on  sens  cach^  dans  chaque  mot,  syllabe,  lettre 
et  cbiiTre. 

II  avait  donn^  en  1818  une  traductton  en  vers  eumolpl- 
qoes  firangais  des  vert  dor4$  attribn^  li  Pythagore,  aecom- 
pagnte  d'un  Discours  iur  Peuenee  et  la  forme  de  la  po^ie 
Chez  les  principaux  peuples  de  la  terre.  Trois  ana  aprte, 
il  publia  rouvrage  intitule  iLalangue  MbnOque  restitute 
et  lesens  des  mots  h4lnraiques  ritabli  et  prouv4par  leur 
analyse  radicale  (1816).  Ce  liyreprouTe  une  Erudition 
immense,  m616e  aux  vues  les  plus  bizarres;  Pauteur  neToit 
dans  la  Genhe  qu'un  sens  alligorique,  et  pretend  que  Moise 
a  Youlu  peindre  la  cr^tion  dn  monde  telle  que  la  concevait 
le  college  des  prdtres  Options.  Adam  n'est  plus  un  bomme, 
mais  la  personnilication  du  gienre  bnmain ;  tve  n*est  pas  non 
plus  une  femme,  mais  une  faculty  de  Tbomme.  Nod  (ignifie  le 
reposuni?er8el.En  1832  Fabred'OllTet,  passant  de  la  cr^ition 
aux  temps  bdroiques,  puis  historiques,  a,  dans  deux  gros  to- 
lumes,  i^Ti^ntAPhistoirephilosQphique  du  genre  hMmain, 
Ce  sont  encore  de  nouTeaux  rATes  :  tdmoin  I'expMition  de 
Lama  dans  Tlnde  et  les  guerrea  antiques  des  races  noires 
et  des  races  blancbea.  L'autenr,  poor  coaronner  tant  de 
cliimeres ,  propose  de  soumettre  toute  TEurope  au  pouYoir 
mod^rateurd'un  pontlfe  ou  du  pape.  En  1823  Fabre  d'Olivet 
donna  une  traduction  en  YersUancadu  Ctdn  de  lord  Byron, 
avec  un  commentaire  ayant  pour  but  de  prouYer  que  les 
opinions  do  noble  po^te  sont  faijurieuses  k  la  DiYinitd,  et 
que  lui  seul,  grftoe  k  sa  oonnalsaance  profonde  de  lltdbreu,* 
a  su  p^D^trer  les  myst^es  de  la  Bible.  On  a  encore  de  Fabre 
d'OliYet  Le  Retour  aux  Beaux-Artsf,  dfthyramlie  pour 
Tann^e  1824.  Comma  mosicien,  il  a  compost  un  grand 
nombre  de  romances,  et  publii  on  encore  de  quatuort 
pour  deux  flOtes,  alto  et  basse,  d6did  k  M.  I9U  Pleyel.  Bnfin, 
dans  ses  recbercbes  arcbtologiqnes ,  il  crut  aYoir  retroaY<( 
le  syst^e  musical  des  Grecs.  Pour  donner  un  exemple  de 
cemode  helUnique,  il  flt.ex^niter  en  1804,  paries  pro- 
testants,  ses  co-religioonaires,  k  rooeasion  du  oooronne- 
ment  de  Ifapol^n,  un  oratorio  k  grand  orcbestre.  II  est 
reconnn  anjonrd'bui  que  la  prdtendue  dteuYerte  de  Fabre 
d^Olivet  n'est  autre  chose  que  le  made  mixte,  dont  Bbdn- 
Yille  s'^tait  anasi  cm  HnYenteur ,  et  qui  a  tant  de  rapport 
aYec  Tancien  mode  plagal,  qoi  subsiste  encore  dans  le  plain- 
cbant. 

Fabre  d'OliYOt  avail  un  caract^rc  honorable  H  inddpen- 
dant :  conoentrd  dans  ses  etudes,  il  prit  peu  de  part  aux  te- 
nements de  la  revolution.  II  ^tait  en  1802  employ^  au  ndnls- 
i^edala  gaerre.  Plus  lard,  11  passa  dans  les  bureaux  do 


minist^Yle  rfait^rieur,  et  donna  sa  demission  pour  nepit 
r^iger  une  pitee  qui  ^talt  en  opposition  avec  ses  idto. 
n  avail  6pQusA  une  femme  fort  instruite,  k  qoi  Ton  doit  na 
ouvrage  intituU  x  Conseils  d  mon  amie  sur  r^ucatm 
physique  et  morale  des  enfants  ( Paris,  1821 ).  Gelte  cob- 
formitis  d*occupatlons  ne  rendit  pas  les  deux  dpoox  plus 
beureux.  Charles  Do  Rozont. 

FABRE  (BfARiB-JAGQUBS-JosBPH-Vicroiiu),  po€teet  lit- 
terateur, naquH  le  19  juillet  1785,  k  Janjac,  village  de  PArdi- 
che,  oil  sa  ISimille  etalt  consideree.  Yictorin  Fabre  viot  i 
Paris  vers  1803,  et  y  d^buta  par  quelques  poMies  et  mor- 
ceaux  de  prose  qui  lui  mdrit^ent  Paccueil  bienveilLant  dei 
bommes  de  lettres  les  plus  distingue&(  Viloge  de  BoUetu, 
quMl  publia  en  1805 ,  est  moins  remarquable  par  r^oqueoce 
que  par  les  nobles  pens^es ,  les  sentiments  gdnereux  et  b 
juste  appreciation  dn  g^nie,  de  I'art  et  du  goOt  de  ce  gnod 
poete.  La  deuxitoie  classe  de  TInstitut  ayant  propose  pour 
sojet  deconcoursl'/nef^pencfance  de  Vhomme  deUUrts, 
iiobUnt  I'accessit.  En  1806  il  publia  ses  Opuscules  en 
vers  et  en  prose.  En  1807  il  fut  couronne  pour  bod 
Di5Coiir5  en  vers  sur  les  voyages,  alnsi  que  sob  rifd 
Millevoye.  Viloge  de  Corneille  loi  merita  sans  par- 
tage  en  I8O8  le  prix  de  Tlnstitut.  La  m^me  annee  U  puUu 
son  poeme  sur  La  Mart  de  Henri  IV,  qui  avail  ete  ooDroaai 
par  Tacademie  de  Nimes,  et  il  lut  k  TAcademie  des  inscrip- 
tions son  Introduction  k  one  histoire  ( qu'U  n'a  pas  publite) 
des  peuples  barbares.  Les  materiaux  de  cet  ouvrage  lui  four- 
nirent  le  plan  de  ses  Principes  de  la  seMt6  civile. 

En  1810  11  reparut  dans  iescencours  dMloquence,  et 
remporta  deux  prix  le  memejour.  Tun  en  partagaavec  Jaf, 
pour  le  Tableau  littiraire  du  dix-kuitikme  sitele ;  TautR, 
pour  V£loge  de  LaBruytre,  H  n'avait  encore  que  vingt-doq 
ans.  En  181 1  il  concoorut  de  nouveau  pour  le  prix  de  poena 
sur  les  Embellissements  de  Paris ,  sujet  vainemeat  pro- 
pose depuis  quatre  ans :  11  le  remporta.  Membre  de  VAUiMe 
de  Paris,  y  fit  un  coors  dVloqueuce  en  1810 et  1811.  Sob 
ode  sur  Le  Tasse  fut  couronnee,  en  1812,  par  rAcadeoie 
des  Jenx  Floraux,  tandlsqueson  Eloge  delUehelMontaigae, 
digne  de  celoi  de  Corneille,  n'obtenait  k  rAcademie  Fru- 
9aisc  qu*une  mention  honorable.  D'nn  caract^  fier  et  in- 
dependant,  V.  Fabre  ne  fiatta  aucun  goovememenl :  auisi 
n'obtint-il  ni  places  ni  pensions.  U  sucoomba  k  une  uuladie 
d'estomac,  le  29  mai  1831.  II  laissait  plusieors  moroeans 
inedits,  oompris  dans  ses  csuvres  completes,  imprimees  par 
saflunille. 

FABRE  (Jbaii-Raiiiond-Augdstk),  frto  du  precedaat, 
ne  ^  Jaiijac,1e  24juin  1792,  mourut  k  Paris,  le  12  mars 
1837.  Les  treits  de  sa  vie  se  lient  k  celle  de  son  abie,  avae 
lequel  il  fut  uni  par  la  plus  tendre  amitie.  £n  1824,  il  pubfii 
La  CaUdonie,  ou  la  guerre  nationaie,po£Baeen  12  cbanls. 
II  fit  recevoir  k  I'Odeon,  en  1825,  /r^e,  ou  VMreHne  dt 
Souli,  tragedie  avec  des  chcBurs^  dont  Berton  composa  U 
musique;  mais  la  censure  en  empecha  la  representation.  Ea 
decembre  1826  U  publia  I'jTif  toire  du  St^e  deJtRssolonghi, 
En  1829,  il  Itit  un  des  fondateurs  du  journal  politique  £a  TVi* 
hune,  qu'O  dirigea  Jusqu'au  jour  ou  la  mortde  son  firereloi 
fit  suspendre  tons  ses  travaux.  Cette  feuille  eiait  alors  Uo 
difrerente  de  ce  qu'elle  ftit  depuis.  Fabre,  repnbltcain  mo- 
dere,  a  repousse  toute  responsabillte  avec  la  nonveUe  Jti^ 
bune,  dans  un  ouvrage  qnll  a  pobiie  en  1833,  sous  le  tiin 
de  La  Revolution  de  1830  et  le  v^itable  parti  ttjpii- 
blicain, 

FABRE  (Frah^ois-Xayier),  peintre  distingue,  ne  k 
Montpeiller,  en  1766,  mort  en  1837,  fut  ei^vede  Darid, 
obUnt,  en  1787,  le  grand  prix  de  peinture,  se  rendit  iRome^ 
puis  k  Florence,  oti  11  epousa,  dit-on,  secr^tement  la  0001- 
tease  d'Albany,  veuve  du  dernier  des  Stuarts  et  d'Aifieri. 
Ses  prindpaax  tableaux  sont  La  Mort  de  MUon  de  CroUme, 
PhiloctUedans  Hie  de  Lemnos,  La  Chaste  Swanne,  U 
Jugemenl  de  Pdris,  La  Mort  de  Philop€smen,'\e  portrait 
dUifieri,  It  a  fait  don ,  en  mourant,  k  sa  viUe  natale  de  n 
riche  blbUoth^qoe,  de  n  predeuae  coUectiuii  de  tableaux. 


FABRE  —  FABRIQUE 


cl  te  la  fODime  de  30,000  Oraocs  poor  ijouter  une  nouTelle 
galerie  an  mos^  qui  porte  son  noin. 

FABEETTI  (  Rafabl),  c^l^bre  arcb<k>logue,  ^tait  n^ 
en  1618 » it  Urbino,  dans  lea  £tatB  de  T^glise.  Aprte  aroir 
ramiili  dlTenea  missiona  en  Espagne,  il  fut;  nonun^  par  le 
pape  Alexandre  VII  trterier  da  saint-ai^e,  et  bientdt 
aprte  jorisoonaiilte  attachd  k  ramlxMiaade  pontificate  k  Ma- 
drid. A  son  leloor  k  Rome,  il  troava  de  i^Ms  et  puis- 
nntspiotecteorsyd'aboiddanale  cardinal  Gaspare  Carpegna 
ek  eaaoile  dana  le  pape  Alexandre  VIII.  Innocent  XII  le 
noBuna  garde  des  aicbires  da  chAteau  Saint-Ange.  On  a  de 
loi  de  renmrqnables  dissertationa  sur  les  aqneducs  de  Tan- 
denae  Rome  et  sur  la  colonne  Tnjane.  U  a  consign^  dans 
roQtragie  intiUiM  :  JnscriptUmum  antiquarum,  qua  in 
gdibus  paiemis  asiervaniurfexpUeatk>(U(md^  169d), 
les  pi^dmea  d^couTertea  ituileut  lieude  fai^e  dans  ka  ca- 
tacombes  de  Rome.  II  moarut  le  7  Janrier  1700.  La  riche 
coUectaoB  d^nscriptiona  et  de  monamenta  qu^ii  avait  rtonie 
se  trouTe  aajourd*hui  dans  la  palals  ducal,  k  Urblno. 

FABRICIUS  LUSCINUS  (OAios),  ^ait  ainsi  aomomm^ 

parte  qoH  avait  ks  yeoz  pettts.  Consul  en  471 ,  il  battit  les 

SMmdtes,  les  Bruitienaf  les  Lucaniens,  et  triompha  de  oes 

peuplea.  Apite  avoir  diit  on  botin  si  considtaUe*  que  tons 

ks  fraia  de  la  guerre  restitute  anx  citoyena  qui  y  ayaient 

ceoferibu^,  il  reata  quatre  cents  talents^  qa*U  fit  Terser  dana 

ietiteor  public,  sana  en  riengarderpourloi,  il  refasaun 

cadeao  qae  loi  Toulaient  faire  les  ambassadeurs  samnites, 

qui,  voyant  sa  maison  di6ganiie  de  menbles,  dteiraient  le 

mettre  k  mime  4e  a'en  procorer  :  «  Tani  que  je  oomniaB- 

doai  k  oed,  dit-iiy  en  touchant  les  diversea  partiea  de  son 

coipa,  a  ne  me  manqoera  lien.  »  Pyrrbusayant  battule 

CQMisl  LerfMis,  en  Tan  473 ,  Fabridua  Ait  envoys  vers  ce 

prinee  pour  traiter  de  I'dcbange  des  pdsonniers.  La  r^iuta- 

tion  de  paovrel^  ei  d%idigence  du  Roinain  Tavait  devanc^ 

dana  le  camp  da  roigrec,  qui  lemitli  une  double  ^preuve  : 

d'abord,  U  Ini  ofTrit  beancoup  d'or,  que  Fabricius  refusa, 

ei  k  lfiy<<«>^«  U  fit  subltemenl  paiattre  derrite  hii  un 

aghast.  Ge  apectack,  toutnouTeau  pour  on  Remain »  ne 

pioduisit  aueone  impression  sur  son  grand  caracttoe.  A  isbk, 

Cin^aa  ayant  parl^  de  la  pbilosopble  d'tpicure,  qui  iaisait 

cenakter  k  sooTeiain  bkn  dans  k  TolttplA  :  «  Plaise  anx 

diau^  a'^cria  Fabrieins ,  qoe  Pyrrhns  ist  les  Tarentins  em- 

brasacat  oette  aede  pendant  qnlk  font  k  guerre  aux  Re- 

naioal  »  Pyfrima  fit  des  eflbrU  pour  sc  Taltacber,  ^>rte  qu'il 

aonttiBtea^  on  accommodement  entre  lui  et  ks  Romains. 

II M  piomit  qull  serait  k  premkr  de  ses  amk.  Fabridus 

i^pondii  qne  cek  serait  trop  dteTantageox  an  roi,  paroe 

qoe  oeux  qui  nMooraieBt  ne  nanquerdent  paa  de  lui  pr6- 

§6wr  SOD  noQTd  ami  one  fok  qulk  sanrdent  de  quei  lui 

Fabrieios  ^ait  capable.  Pyrrbusneftit  pdntbkss^decdte 

frandike.  II  rendit  ks  prisonniera  qui  parent  a'ea  retoumer, 

aooa  U  aeote  dkret^  de  k  promesse  de  Fabridus,  qui  s*en- 

gagen  k  ka  renroyer  d  k  steat  ne  ratifidt  pas  k  couYen* 

ties;  «t  en  diet  ik  fhrent  renvoy^s  aprk  la  Cftto  des  Satur- 

nalea  t  1«  s^Bai  ayant  prononc^  k  peine  de  mort  centre 

qnic^iMioe  ae  retoomerdt  pas  aoprte  de  Pyrrhus. 

Ed  rao  476  Fabridoa  fut  revdto  d*an  aouTeau  oonsuiat, 
Bfee  JEmOiaa  Papoa ,  qoi  aTdt  d^ji  M  son  odkgpe.  Q  ^tdt 

CD  eampacpie  oontie  Pyiriraa,  knqpe  k  m4decin  de  oe 
priooD  Ini  oifrit  de  rempdsonner  d  kt  Remains  lui  pro- 
mgffiJOTif  one  rteompense.  Le  conaol  m  a? ertit  Pyrrbus.  Lea 
oDsaiaeDt  qoe  ce  Alt  soeritement  el  sana  se  faire  conndtre-, 
ka  DoliDD  doonent  mtaie  k  taxte  de  k  lettre  qu^aordt 
tette  Fabridus.  A  edte  occasion,  k  roi  rauToya  tens  ks 
ptiaonniera  sana  ran^on.  Et  poor  n'^tre  pM  en  retard  de 
'  ;,  les  Romaiaa  lui  rendirent  un  pareil  nembre 
J  at  de  Saqmites.  Ge  Ait  Fabfkhisquifit  porter 

«■  Tnrri P, •  Cofiidiaa  Rafinusy  sen  ennemi,  candidat 

beava  an  aombat,  mds  krt  avide  de  ricbesses.  Etonn^  de 
cetia  proteetton  inatteadoe,  il  dia.  remerder  Fabridus  : 
•  CasTT  rtpondH  cdui-d,  qua  r*iroe jnlcux  ttre  pHk  par 
la  ooDsol  qu'eramen^i  capUf  par  rcnnemi.  «  En  478  il  fut 


23.S 

du  censeur,  tonjours  avec  son  anden  collie  Papos.  Pyr* 
rhus  avdt  quitt^  Tltdk  aprte  le  combat  d'Ascutum ,  dont 
I'issue  Alt  d  dooteuse  que  pecsonne  n^osa  s'attribuer  ia  Tic- 
tdre.  Lea  oenseufs  dgnakMot  leor  ade  pour  le  maintien  des 
bonnes  nunurs.  Ge  mAne  Gemdius  RuAnus  STdt  6i&  deux 
feu  consul  et  une  fois  dictateur ;  il  Ait  nteunoins  ray^  de 
k  Uate  des  atedenrs',  eomme  ayant  dies  Ini  an-dessus  de 
qaime  marea  devaissdkd'aigaBt  poor  satabk.  Cette  fldris- 
sora  s^attacba  k  sa  desoendance ,  d  bien  que  personne  de  sa 
po8t6ril6  ne  parrint  an  oonsulat  avant  Sylk.  Quant  k  Fabri- 
cius ,Pline  nous  apprend  qM  n'aydt  pour  tonte  argen- 
teck  qu*une  tasse  et  one  sdi4re.  H  ne  Idssa  point  de  fortune, 
d  l*£tBt  fut  obligd  de  deter  sa  fllk.       Ph.  db  Golb^iy. 

FABRIGiro  (JikOMB),  sumemm^  ab  Aquapendente, 
du  lieu  de»  sa  naissance,  aHM  dans  ks  ifitats  de  l*£;gti8e , 
anatomiste  et  cbinugien  od4bre,  n^  en  1S87,  ^dk  k  Pa* 
done  sous  le  c^kbre  Fallepe,  i  qui  il  soccMa,  en  1562, 
corame  proksseur  d'anatomied  de  ddrurgie.  De  nombreuses 
dteouToKes  en  anatomie  et  me  ricbe  eollection  d'obserra- 
tionscbinirglGdes  ont  rendu  son  nom  cdibre  dans  I'histoire 
de  k  m^dedne.  II  mourut  k  Padoue ,  le  23  md  1619.  La 
premie Mtlon doses  Operu  ehirurgica  parut  en  1717,  k 
Padeae,  et  Albtnos  a  donn^ (Leyde,  1727,  in-fol. )  la  meil- 
kure  qu'on  possMede  ses  Opera  phfsiologiea  ei  anato- 
nUca. 

FABEIGIUS  (JaAN-ALBBaT),  odibre  polygraphe  die* 
mand,  nd  le  11  novembre  1666,  k  Leipdg,  mort  professeur 
an  gymnase  de  Hambonrg,  le  30  arril  1736,  avdt  embrass^ 
presque  totttes  ks  branches  du  saToir  humafai , .  possMdt 
d'fanmenses  lectures  dnd  qu'un  in^puisable  tr^sor  de  con- 
naissances  en  histoire,  en  litt^ture  d  en  philologk,  et  sa- 
Tdt  aAodrablement  Urer  pard  de  ses  richesses.  Sa  Biblio- 
theeagrxea  ( 14  Tol.in-4^;  Hambourg,  1705-8);  sa  Bi- 
blMfiecalMna  (1697);  sa  BiblUUheea  media  ei  it\fimce 
iaiiniiatis  (5  toI.  1734;)8a  Biblioiheca  ecclesiasiica 
( 1718,  in-fol. )  d  enfln  sa  Biblioiheca  aniiquaria  ( Ham- 
bonrg., 1718)  sent  des  moddes  d^^rudition.  Ses  ^itions 
de  Sextus  Empiricus  d  de  Dion  Gasdus,  son  Codex  pseu- 
depigmphus  Vei.  Tesi,  (2  vol.,  Hambourg.  1713-1722),  et 
de  nombreux  tefts  rdatifb  k  k  th^logie  dnd  qu'&  Phis- 
toire  litt^raire  et  k  lliktoire  de  llftglise,  t^mdgnent  encore 
de  k  Tarid^,  de  k  profondeuret  de  I'deoduede  ses  con- 

naissances. 

FABRICIUS  ( JBAR-GBa^TiEif) ,  le  plus  c^ldire  des  en- 
tomologistes  du  dix-boitiime  si^le,  n^  le  7  janyier  1743, 
k  Tondem,  dans  le  ducM  de  Schleswig,  ^tudia  succesd- 
vement  k  Copenliague,  k  Leyde,  k  £dimbouig ,  k  Freiberg, 
en  Sate,  d  enfin  k  Upsd,  M>as  Linn^,  qui  lui  sugg^  I'idte 
de  classer  les  insectes  d'aprto  Torg^ne  dels  bouche.  Nomm^, 
en  1775,  professeur  d*histoire  naturelle  k  Kid,  ou  il  mou- 
rut, le  3  mars  1808, 11  se  Avra  compl^kment  k  son  dude 
de  prtdileclion,  et  cr«a  un  systdne  qui  ne  saurait  k  la  t6- 
n\6  fitre  appeW  naiurel ,  mds  qui  n'en  ouvrit  pas  moks 
une  carrifcre  tout  k  kit  neuve  k  rentomologie..S'U  a  dO 
depois  disparattre  devant  d'autres  syst^nes,  du  moks  son 
auteur  eut-il  rincontestable  mMte  d'indlquer  k  Tok  qu'on 
suit  aujourd*hui.  Ses  ouTrages  les  plus  importents  sent  le 
Sysiema  Sniomologix  ( 1775),  d  k  Philosophia  Sniomo- 

FAIJRIQCE,  FABRICATIO«  (duktin/after,  ouTrier). 
Ce  mot  estsynonyme  de  manufaeiure,  et  sourent  on 
les  prend  Tun  pour  Tautre.  Tout  ported  croire  que  les  pre- 
mieispeuplesnecennaissdentguirequedesouvnersisoks, 
d  peu  ou  point  de  kbriques.  Ce  qui  prouve  que  les  IW)n. 
uues  avdenl  acquk  peu  de  d^vdoppement  chcx  les  anawis, 
Jest  krarcl^  des  mdaux,  des  uslendles  de  took  esp^,  ctc.^ 
comme  Tatlestent  d  k  petit  nombre  qu'on  en  Uoute  daw 
les  mines  de  leurs  lilies  d  divers  passages  de  ^^n  icrl- 
Tdns.  On  a  qudques  rakons  pour  croire  que  sur  la  fin  de 
rcnipire  d'Ocddent  Q  s'«UH  6Ubli  en  Europe  dM  kbrlquw 
d'doircs  considerables ;  dies  durent  cesser  de  produire  quantf 

^0. 


' 


386  FABRIQCE 

les  barbares  da  Nord  earent  enyahi  VEurope  meridionals. 
II  n^est  pas  Traisemblable  que  ces  fabriques  aient  re^u  de 
grands  d^Tetoppements  ni  inTtnt^  beancoup  de  proc^d^; 
rempire  d'Orient,  dont  la  capitate  ne  ftit  conquise  qoe  dana 
le  qntnii^me  si^cle,  lesaarait  transmisaux  peuples  d'Occi- 
dent.  On  fixe  an  dooziteae  ntele  Tipoque  od  rindostrie  corn- 
men^  k  reprendre  una  marche  pro^esaiTe.  Colbert  lai 
donna  one  impnlalon  qu*dte  n'aTait  pas  encore  refue  eo 
France;  die  contmna  d^  faire des  progrto  pendant  le  dix* 
holUime  sitele,  mais  arec  moins  de  raindifai  que  cbez  les 
Anglais  :  nous  ^tions  h  Tdpoqae  da  la  Revolution  bien  en 
arriire  de  ce  peuple ,  chex  lequd  nous  etions  obliges  d'acbeter 
une  grande  qnantite  de  prodoits  sortant  de  ses  fobriques ;  et 
Dons  sonunes  encore  moins  aTanods  que  lai  poor  la  confec- 
tion de  certahis  objets.  II  Cant  eonrenir  touteTols  que  depuis 
te  commencement  da  si^e  noos  a?ons  fidt  des  pas  im- 
menses,  progrfes  qu*U  fiuit  attribuer  en  partie  k  la  grande 
revolntion,  qui,  supprimant  les  jurandes,  les  corpora- 
tions ,  etc.,  a  donne  aux  fabrieants  tonte liberty  d'^tendre  et 
de  perfectionner  rindustriequ'ils  exer^ent,  suiTsnt  leurs 
lundiras  et  Icufb  moyens. 

Ce  qui  distingue  surtout  les  modemes ,  ce  sont  les  d^cou- 
Teites qu'ils out faites en cbimie et  les nombreoses machi- 
nes quails  out  iuTentte ;  de  sorte  qu'unefabrique  n'est  plus, 
comme  autrefois,  sealement  une  reunion  d'ouTriers  faisant 
joner  des  limes ,  des  navettes ;  ce  sont  aussi  des  reunions 
de  maclrfnes,  agents  muets,  qui  ex^cutent  certains  ouTrages 
pins  promptement  et  avec  plus  d'exactitode  que  ne  saunit 
le  foire  un  homme  liabfle :  on  a  construit  des  machines  qui 
Gordent,  filent,  tissent,  etc;  mals  il  taut  un  agent  qui  les 
entretienne  en  mouvement  On  n'aTait  pour  cela  autrefois 
que  les  animaux,  levent  et  les  chutes  d^eau.  Les  modemes 
on  trouye  an  quatritoie  agent,  f nfiniment  preferable  aux  trois 
premiers ;  il  est  de  la  force  qu'on  veut,  se  place  partout; 
c'est  enfln  la  machine  dvapeur. 

La  plupart  des  flibriques  sont  dependantes  les  unes  des 
antres ;  la  prosperite  de  celle-ci  est  due  au  has  prix  des 
produlls  de  celle-lk.  La  machine  k  Tapeur  a  permis  d'exploiter 
plus  en  grand  et  ^  moins  de  frais  les  mines  de  fer.  Or,  oe 
roi  des  metaux  sous  le  rapport  de  TutUite ,  est  necessaire 
an  plus  grand  nombre  des  Abriques ,  puisque  les  outils,  les 
instruments,  les  machtaies ,  en  sont  faits,  en  tout  ou  en  partie. 
n  y  a  des  etablissements  qui  en  font  une  grande  consom- 
mation ,  tela  que  les  constructeurs  de  machmes  k  yapeur , 
les  fabrieants  de  quincaillerie ,  de  metiers,  de  coutelle- 
rie ,  etc.,  etc.  Converti  en  acier,  le  fer  est  la  mati^re  dont 
on  fait  tons  instruments  qui  seryent  k  fa^onner  les  hois,  les 
metaux ,  les  mineraux.  Parml  les  causes  qui  contribuent 

la  posperite  de  la  plupart  des  fkbriques,  le  has  prix  du  fer 
ioit  compter  au  nombre  des  premieres.    TBTsstoas. 

FABRIQUE.  On  appelle  de  ce  nom  radministration 
chargee  de  la  recette  et  de  Temploi  du  reyenu  aTTecte  k 
Fentretien  desparolisses,  auxdepenses  interieuresdel'^gtise, 
de  ses  recettes  casuelles.  Les  adnUnisfaratenrs  de  ce  revenu 
s^appellent  marguilliers  dans  quelques  villes,  fabri' 
dens  dans  d*autres,  et  gagiers  dans  qudques  communes  ru- 
rales.  Us  occupant  dans  I'eglise  une  place  distlnguee,  appeiee 
fabrique  ou  banc  d*CBumre,  ou  simplement  Vauvre,  Les 
fabriques  parolssialea  ont  ^  dans  Toriglne  administrees 
succmiyement  par  les  eydques,  les  archidiacres  et  les  cures , 
enfin,  par  quelques  notables  eius  dans  une  assemblee  gene- 
rale  des  paroissiens,  et  choisis  dans  la  noblesse,  la  haute 
bourgeoisie  et  les  boutiqniers.  lis  rendaient  leurs  comptes 
chaqua  amiee  pardeyantreveque  oo  son  archldiacre.  L'of- 
fice  des  tebriciens  ou  marguilliers  a  smrecu  k  tootes  les  ins- 
titutions locales  supprimees  parbireyolution  de  1789.  Deux 
decrets,  Tun  da  30  deoembre  1809»  et  Pautre  du  14  feyrier 
I8IO9  ont  r^e  tout  ce  qui  louche  k  radministration  des 
blens  et  des  recettes  des  eglises. 

Aox  termes  de  I'art  76  de  la  lol  du  18  germinal  an  x,  les 
fabriques  sont  chargees  de  yeiller  k  Tentretlen  et  &  la  con- 
eervation  des  temples;  d*admfaiistrer  les  auro^nes  et  les 


biens,  rentes  et  perceptions  autorisees  par  les  lots  et  r^le- 
ments,  les  sommes  soppiementaires  foornies  par  les  com- 
munes et  generalement  tons  les  fonds  qui  sont  affectes  i 
I'exerclce  du  culte;  enfln,  d'assurer  eetexercice  et  le  main- 
tien  de  sa  dignite  dans  les  eglise»  auxquelles  dies  sont  at. 
tachees,  suit  en  reglant  les  depenses  qui  y  sont  necessafres, 
solt  en  assurant  les  moyens  d^  pounroir.  Les  reyenug  de 
chaque  fabrique  se  ferment  :  1*  du  prodoit  des  bfeos  el 
rentes  appartoiant  ou  affectes  par  decreCa  aux  fabriques  et 
confireries;  V  du  produit  des  biens,  rentes  et  fondatiom 
qu^elles  ont  ete  ou  qu*elles  pourront  ebre  autorisees  par  decret 
k  accepter;  3*  du  produit  des  biens  et  rentes  ce(&  au  do- 
maine,  dont  ils  sont  aotorises  k  se  mettre  en  possessioo; 
4**  du  produit  spontanedes  terrains  servant  de  cimeti6res; 
5"  du  prix  de  la  location  des  chaises;  6*  de  la  conoessioB 
des  bancs  places  dans  reglise;  V  des  quetes  faites  poor  les 
frais  dn  culte;  8*  de  ce  qui  sen  trouve  dans  les  tiona 
places  pour  le  meme  oljet;  9*  des  oMations  faites  k  la  fa- 
brique ;  10°  des  droits  que,  suivant  les  riglements  episcopaax 
approuves  par  decrets,  les  fhbriques  perQoiyent  et  de  celui 
qui  leur  revlent  siir  le  produit  des  firais  d'faihumation; 
11*  du  supplement  donne  par  la  commune,  le  cas  ^cheant. 
Les  fabridens  administrent  ces  differents  revenns ;  il  en  est 
meme  dont  Us  fixent  enx-memes  te  prix,  tel  est  entre  autres 
le  tarif  des  chaises.  Les  chargea  de  la  fabrique  consistent 
en  ced  :  1*  foumir  anx  frais  necessaires  dn  culte,  savoir  • 
les  oniements,  les  vases  sacres,  le  linge»  le  luminaire,  le 
pain,  le  vin,  I'enoens,  le  payement  des  vicaires,  da  sacris- 
tain,  chantras,  organlstes,  sonneiirs,  suisses,  bedeauxMet 
autres  employdi  au  service  de  reglise,  seloo  la  coavenance 
et  les  besohia  des  lieux ;  2*  de  payer  l^honoraire  des  predi- 
cateurs  de  Pavent,  du  car^me,  et  autres  solennites;  I*  de 
pourvoir  k  hi  decoration  et  aux  depenses  reiativea  k  Tern- 
bellissement  interienr  de  reglise;  4"  de  veiller  k  rentretien 
des  eglises,  presbyteres  et  dmetieres,  et,  en  cas  d'inaufll- 
sance  de  revenos,  de  fUre  les  diligences  necessairea  pour 
qu*ll  soit  etabli  dans  la  commune  une  oontribution  extraor- 
dinaires  pour  les  frais  du  culte,  ou  qn'il  y  soit  poorvu  par  un 
emprunt  oonformement  aux  lots.  Pour  foire  fUre  Men  et 
promptement  les  reparations,  les  fbbriciens  ont  la  mission 
de  visiter  les  l)Atiments  an  prlntempa  et  k  rautomne,  avec 
des  hommes  de  Fart,  afin  de  faire  proceder  sur-le-champ 
et  avec  economic,  aux  reparations  locatives  on  autres. 

Lesconsistoi  res  protestants,  outre  leunaltiibaticHU  pu- 
rement  religkmses,  sont  aussi  chaiigee  de  radministration 
des  biens  de  reglise  et  de  la  distribution  des  deniers  pro- 
venant  des  aumtees;  en  cette  qualite,  ils  remplissant  les 
functions  des  oonsells  de  (kbrique  du  cnlta  catbolique.  Les 
consistpires  Israelites  remplissent  aussi  lesmtaies  fooctioas 
relativement  aux  synagogues. 

FABRIQUE  (l?eatMP-ar^s).  Cest  le  mot  que  I'on  em- 
ploie  dans  la  peinture  pour  d^igner  toute  espece  de  cons- 
traction  servant  d'oraement  dans  les  fonds  d*uii  tablean 
dliistoire,  ou  bien  pourembellir  un  paysage,  ou  constitiiaDt 
meme  le  siijet  principal  dans  nn  tableau  d'architectu  re.  Par 
cette  expression ,  00  a  certafaiement  vouhi  designer  ttMit  ce 
qui  est  fidt  domain  dliomme,  par  opposition  aox  art>res, 
aux  rochen,  aux  montagnes ,  et  meme  aox  figures  d'hom- 
mes  ou  d'animanx,  tons  objcis  formes  par  to  Createar.  On 
designe  done  egalement  sons  to  nom  &e fabriques  les  palais 
et  les  cabanes,  les  ponts  eonstruits  sar  les  gnndes  riyf^rea 
et  cenx  qui  sont  jetes  sor  les  mlsseaax,  dM  villes  entttna 
oonstraitea  en  pierre  et  de  petits  hameaux  cooverta  de 
chaume.  Dans  te paysages  de  Nicolas  Pouasin,  les  fjabri* 
ques  sont  remarquaUes  par  leor  masse  imposante ,  par  leoc 
noblesse  et  par  leur  caractere  particulier,  qui  paratt  les 
rendre  propies  aux  peoples  andens  qoe  to  pdntre  a  Toota 
representer.  Bourdon,  an  contraire,  n'a  employe  qoe  des 
parties  de  monuments  k  demi  ralnes,  qui  font  bien  pour- 
tant,  de  la  mani^  dont  il  les  a  places.     Docbcsi^b  atn^. 

FABRIQUE  (Bfarqoe  de).  r<^es  BfAaoos  »c  Fa- 
BRtQrc. 


FABRONI  —  FABVIER 


FABRONI  (AWKLO),  c^^re  biographe  italien,  n^ 
le  7  MTrier  ITSl,  k  Marradi,  en  To8cane,deYint,en  1773, 
lAStitutcnr  d«s  fits  dii  grand-due  Lipoid  de  Toscaoe,  fit  en- 
suite  de  noinbrauz  Tojagea  k  r^tranger,  et  moomt  le  22  sep- 
temlm  1S03.  Ses  Ytlai  Jtahrwn  doctrina  exeellenthnn 
qui  seeuioxfu  et  xim  fhruemni  {20  toL,  Pise,  1778- 
180&)t  toites  en  exeeUent  latin,  appartiennent  aux  meOleors 
<HiYrages  de  ee  genre,  et  renferment  d^inappi^ciables  tr^rs 
d*iteBdition.  On  pent  dter  comme  des  modties  sa  LaU' 
reniU  Medici  tUa  (l  toI.,  Pise,  1784),  et  sa  Vita  nutgni 
Cocrni  Mediei  (2  toI.,  178t-f ). 

FABUL1STE&  L'antiqait^  ne  noos  a  transmis  qn*an 
Men  petit  iioittl>ra  de  fables,  et  le  nom  de  pea  de  ftiba- 
lisles  est  venu  jnsqu'^  nous.  Lea  fables  d'  isope  brillent  an 
j  premier  rang.  Les  Orientanx  en  rerendiqnent  la  gloire  poar 
!  L ok  man.  D'aotres,aQ  contraire,  Toyantque  savte,  terite 
par  Mirkhond ,  a  Iwaneoup  de  rapports  avec  celle  d'fisope 
que  Blaxime  Planndes  noos  a  laisste,  se  sont  persnad^  que 
lea  Greca  aTaient  ddrob6  Lokman  aux  Orientaox  pour  en 
faire  £sope.  Les  Perses  ont  samommd  Lokman  le  Sage , 
comma  la  Grtee  nomma  son  (kboliste.  SuiTant  Quintilien, 
HModeestioTMtableauteurdeslablesdl^pe.  Dans  les 
UHles,  le  hrahmane  Pilpay,  ou  Bidpal,  renferma  toute  sa 
politiqoeet  tonta samorate  dans  un  lirre  de  febles,  qui  fot 
coBserr^  oomme  mi  Triable  Mam  d'^rudition  et  de  sa- 
gesae^  A  tM  da  bboleux  Lokman,  de  Pilpay,  dont  la  Tie 
Bona  paralt  bien  merrelllense,  il  fant  aussi  parmi  les  fhbu- 
fiitCB  orientanv,  placer  Sadi.  Mats  le  po^te  par  exeei- 
l«nee»  Ph  Ad  re,  en  traitant  les  fables  d*£8ope,  s'est  plaod 
•0  ning  des  meilleors  telTains  dn  sitele  d'Augnste,  tant 
par  la  poieti  que  par  I'ti^ganoe  de  son  style.  Une  dtoo- 
verfe  rfeente  a  Ait  oonnaltre  les  fables  d'un  soccesseur 
d'tisope,  dont  on  n'arait  jusqne  id  que  des  fragments.  Ces 
firagmeBfa  aTaicat  d^k  m^t^  kBabrlusune  renommte 
de  Mffet^  et  da  grAce  que  la  lecture  de  son  recueil  justifie 
pieinement  N'onblions  pas  les  gracieuses  fables  latlnes  de 
Fteme,  pobtitaan  seizitee  si^e,  quand  cellesde  PhMre 
ii*^taientpas  encore  retrooTte. 

L'AUmagne  poss^  nn  grand  fabuliste,  Leasing, 
toirain  spirltnely  qui  aoorent  a  toit  la  fable  aTec  des  doo- 
nte  aoaai  nenfis  qn'origiaales.  On  cite  aprte  lui  Gellert 
et  Pfelld.  La  Rnssto  s*honore  de  Krylof,  qui  a  souTent 
empnmtd  ses  inspirations  k  La  Fontaine ,  et  dont  le  comte 
OrioT  a  traduit  le  recueO  en  firan^is.  Litalle  abonde  en 
poMea  de  ce  genre,  teb  qua  le  o^l^bre  Pi^iotti,  Gerard  de 
Sosal,  Roberti,  Passeroni,  LodolL  En  Espagne,  les  fables 
d'Iriarte  ont  le  mdrite  d^une  ?ersification  souTent  heu* 
reuse,  apptiqu^  k  des  sojets  habilement  clioisis.  Son  recueil 
de  Fablet  Utt^rairee  est  anrtout  un  petit  cbef-d*oeuTrB.  En 
Ani^eterre,  Gay,  avec  un  esprit  enjoo^,  un  style  Tif,  une 
▼ersiflcafion  douce  et  parfbis  gradeuse,  a  donnd  un  Tolume 
de  C^ilea  qui  sont  derenues  dassiques,  quolque  les  person- 
nages  soient  en  gdntol  mal  cboisls.  Moins  oniTersellement 
estim^  que  Gay,  Moore  nous  semble  pourtant  lul  6tre  pr6- 
ffnblew  Son  grand  d^fkot  est  de  donner  trop  de  d^Tdop- 
penwttt  k  ses  rteita. 

La  Flranee  ooinpta  beaucoup  de  fabalistes.  A  leur  t£te 
briOa  L«  Fontaine.  Lamotte^  Tabb^  Aubert,  et  Flo- 
rin n  ont  foit  des  fkbles  brillantea  d*esprit  L'ouTrage  de 
LamotteettprMddd'mi  moroeau  remarquaUe  surla  foble. 
De  noa  Jonrsi  Arnault  a  public  un  recueil  de  fables  faitea 
et  teitea  aTec  aoin,  mils  non  sans  une  certaine  pretention, 
ironblions  pas  ceOes  de  notre  oollaborateur  M.  Vlennet, 
aatiriqoea  et  mordantea  dans  leur  bonhomie,  et  qui,  lues 
dans  des  steioce  publiqaes  de  l*Acadtaiie  Fran^aise,  ont  eo 
aouTcnt  le  ptiril^e  de  la  d^rider.  Glnguen^  aTait  aussi 
taH  des  fkbleSy  sur  lesqudles  U  a  rtfpandu  plus  de  poteie 
quo  dans  ses  autres  ouTrages  en  Ters,  mais,  comme  les 
Ikbles  d'Amanlt,  dies  Tisent  trop  k  r^pigramme.  Le  Bailly 
BOOS  lemble  supMeur  k  Arnault;  il  est  plus  fabuliste,  ct 
qndqnea-unea  de  sea  compositions  sont  reroplies  de  tMU^ 
de  grtce,  el  ont  qudque  diose  du  lalssei^iler  du  grand 


287 


maltre,  11  existe  encore  beaucoup  d'autres  auteurs  qui  ont 
6cril  des  fables.  U  bonne  M°^  La  Sabli^re,  Tamie  la  plus 
dftTou^e  et  la  plus  tendre  de  La  Fontaine ,  I'appelait  son/o- 
bUer,  parce  que,  sdon  cette  exoellente  femme,  le  bonliumroa 
portait  des  fables  comme  nn  prunier  des  pruues.  Cette  ex« 
pression,  InTentte  par  I'amiti^,  a  tiA  gard^e  pour  La  Fon- 
taine senlement  a.  GisraTAr. 

FABVIER  (Charles-Nicolas,  baron),  g^n^ral  de  dl- 
Tision,  naquitkPont-k-Mottsson  (Meurtbe),  le  10  d^mbpe 
1782.  A  sa  sortie  de  ll^oole  Pdytecbniqne  et  de  r^cole  d*ap- 
plication  de  Mot/»  il  entra,  en  1804,  au  camp  de  Boulogne, 
dans  le  i"  foment  d*artillerie,  aTec  tequd  il  fit  la  cam- 
pagne  d'Austerlitz,  et  fot  d^cor^  de  la  croix  de  la  L^on 
d'Honneur  k  Pissue  de  ralTaire  de  Diemstdn.  11  sTait  alora 
Tingt  et  un  ans  :  c'6taitle  phisjenne  des  offiders  sur  la  pol- 
trine  desquels  die  brillait  Apris  SToIr  seni  en  Italie,  iJ  fit 
partie,  en  1807,  de  oeux  que  Napolfon  euToyaau  sultan 
S^Um  pour  assurer  Ik  defense  de  Constantinople  contre  les 
Anglais.  De  Ik  il  alia  remplir  une  mission  politique  et  milftaire 
en  Perse.  Ne  pouTant  rejoindre  Tarm^  fran^s^en  1809,  il 
serTit,  comme  Tolontaire,  dans  I'arm^e  polonaise  de  Ponia- 
towski,  se  trouTa  eapitaine  par  andennet^  k  son  arriT^  k 
Vienne,  et  passa  dans  la  garde imp^ride.  Aidedecamp  du  due 
de  Ragusek  son  retour  en  France,  il  fit,  sous  ses  ordres,  la 
guerre  d'Espagne,  rejoignit,  quolque  bless^,  Tempereur  la 
Tdlle  de  la  batdlle  de  la  Moskowa,  et  s'y  comports  d  bien , 
que  Napoleon  le  nomma  dief  d'escadron  sur  le  terrain.  Dans 
lacampagnedeSaxe,  il  re^t  la  croix  d'offiderde  la  L^on 
dHonneur,  la  Gouronne  de  Fer,  le  grade  do  colond  d^6tat> 
mijor,  le  titre  de  baron  de  Tempire,  et  doTint,  k  la  suite  de 
la  retraite  de  Ldpdg,  chef  d'dtat^mgor  de  onze  corps  d'ar- 
mde  rtonis.  Attach^  k  celui  du  mar^bd  de  Ragnse  en 
1814,  il  fit  encore  la  campagnede  France,  et  fht  grikTement 
bless^  sous  les  murs  de  la  capitde.  II  toit  un  des  commis- 
sdres  cbargte  de  trailer  de  la  capitulation  de  Paris  et  d*en 
remdtre  1m  barrikres  k  Tennemi. 

La  Restauration  le  laissa  sans  emploi.  Seulement,  en 
1817,11  fut  nomm^  pour  accompagner  k  Lyon,  comme 
chef  dMtat-maJor,  le  marshal  Marmont,  quiy  dlait 
remplir  une  mission  de  pdx.  Les  intentions  dn  due  ayant 
M  ineriminte  par  les  ultra-royallstes,  FabTier,  pour  le 
Justifier,  publia  une  brodiure,  qui  flit  poursuivie  sur  la  di- 
nondationdu  gdn^rd  Cannel.  Une  condamnation  s^ensui- 
tH  contre  le  colond,  qui  ftitd'abord  mis  en  r^rme,  puis, 
I'annte  suiTsnte,  en  dlsponlbilit^.  Compromis  soccesslTe* 
ment  dans  la  conspiration  militaire  de  1820,  puis ,  en  1822 , 
dans  raffaire  des  sousK)ffiders  de  La  Rochelle,  il  flit,  k  deux 
reprises,  renToy^,  fkute  de  charges  sulflsantes,  des  accnsaUont 
intenties  centre  lui.  Las  cnlln  des  defiances  et  des  Texa- 
lions  dont  il  est  I'objet,!!  Ta  Tisiter  I'Angleterre,  TEspagne, 
le  Portugal,  et  se  dtelde,  en  1823,  k  dier  oOHr  son  ^p^ 
aux  Grecs  combattant  pour  leur  Ind^pendanee.  Aprks  une 
guerre  iktde  aux  Tdnqueors  non  moins  qu*aux  Taincus, 
plus  heurenx  que  Byron,  il  reritaon  pays  sur  la  fin  de  1828. 
L'annte  sulTante,  le  gouTemement  le  chargaa  d'accom- 
pagner  les  troapes  quMl  enToydt  en  Morto.  Il  se  trouTdt  k 
Paris  quand  ytelatala  rirolution  de  1830,  et  prit  part  aux 
dT^nenienta  des  trois  jours.  Dka  le  4  aoAt  il  ^tdt,  comme 
mar^dial  de  camp,  nonan6  commandant  de  la  place  de  Paris; 
mds  11  se  d^mit  de  ce  commandement  en  1831 ,  ^poqne  od 
il  se  maria. 

Promu  au  grade  de  lieutenant  gto^rd  le  29  julllet  18S9, 
il  fut  nomm^  pair  de  France  le  2S  septembre  1845.  Qudques 
Jours  aprks  la  r^Tdutlon  de  F^Trier,  le  gouTemement  pro* 
Tisdre  le  nomma  ambassadeur  de  France  k  Constantino- 
ple. En  1849  le  d^rtement  de  la  Meurtbe  TenToya  k  TAs- 
sembl4e  i^slatiTe;  et  la  mdme  annte  il  accepta  Poffre  que 
lui  fit  le  gouTemement  danoisdn  commandement  sup6rieur 
de  son  armde  destin^e  k  agir  contra  les  duch^  de  S  cli  1  es  - 
wig-Holstein.  Mds  aprks  dx  semaiues  pass^  en  Da- 
nemark,  il  s*en  revint  en  France,  non  pas  comme  il  6tdt 
parti,  car  le  gouTemement  danola  ayant chaug^  d'aTis  et  s*^ 


S38 


FABVIER  —  FACE 


t&ntddckMlk  ae  passer  de  ses  8er?ice8,lui  fit  compter  40,ooo  fr. 
4'iikdenuiit6  pour  ses  frais  de  d^pUoement.  Conseirateiir  et 
eatholique  mystique  au  Lnxembourg,  il  ne  sut  pas  bien  ce 
qu'U  Toolait  6tre  aa  palais  Bourbon,  oil  il  ne  se  fit  goftre 
remarquer  que  par  sa  croisade  en  foyeur  d'Abd-el-Kader, 
qu'il  Toulait  voir  dlaigir  et  qu'il  alia  mfime  Tisiter  k  Ain- 
boise.  Le  2  d^cembre  1851 1'a  rendu  k  ses  loisirs.  On  a  de 
lui  Journal  des  Operations  du  sixiime  corps  pendant 
la  campagne  de  1814  en  France  (Paris,  1819).. 

FACADE,  terme  d'architectnre  par  lequel  on^d^s^e 
09  des  e6t6s  d'un  Edifice  s  on  dit  bien  l^ft^iade  du  nord»  du 
midiy  etc. ;  ntenmoins,  lorsqoele  mot /opoife. est  suiTi  fan* 
m^diatement  du  nom.du  batiment,  U  d^sigiie  Je^  cMle 
plus  important,  le  pins  ricbe.de  I'^iiflce*  Quand  on  dlt^par 
exemple,  Ik  facade  du  LooTce,  oo  entend  commnnAment 
d^igner  eelle  qui  rcjgarde  Forient,  la  plus  liehe  de  oe  ma* 
gnifique  palais. 

De  tout  tenqis  on  a  senti  la  nteessil^  de  r^gleoMoter  la 
coustractioo  des  maisons  des  Tilles,  autant  dans  on  int^M 
de  s^rit6  pobliqoe  qu'ao  point  de  vue  de  rembelljaaemeot 
des  cit^.  Sans  remonter  plus  baut  que  la  r^folution,  nous 
Toyonsli  cette  4[)oque  lea  loisdes  16  et  34  aoOt  1791  attri- 
buer  k  rautorit^  munlcipale  le  droit  d'interdiro  1/i  eonstmc- 
tion  ou  la  r^^fication  de  fa^es  en  bois,  et  celui  de  deter- 
miner la  hauteur  des  maisons  et  de  leurs  fia^ades.en  raison 
de  la  largeur  de  la  Toie  publiqne.  Des  r^glements  sp^daux 
pour  la  Tille  de  Paris  fix^rent  P^TiUlon  des  fii^ades;  un 
arr£t6  du  U  juillet  1848,  avyourd'hui  en  Tigueur,  I'a  d^tcr* 
roin6e  d'aprte  les  bases  suiyantes :  danales  Toies  puhUques 
au-dessoosde  7"*,  80  de  largeur,  U"*,  70;  dans  celles  de?"^, 
80  k  9"*,  76  de  largeur,  14*",  62;  dans  celles  au-dessus  de 
9",  76  de  lai^eur,  17",  55;  c^M  poor  ces  demi^res  Cifades 
5  cenUm^tresdeplus  que  dans  les  arr^t^  pr6cMents,  qui  per- 
mettaient  encore  d*fle?er  des  facades  de  18"^  dans  les  Toies 
ayantune  largeur  de  10  mitres  et  audessus.  Aux  fennes  de 
Parr^  du  15  juillet  1848,  les  fa^es  qui  seront  construites 
sur  la  voie  pnbttque,  mais  en  retraite  de  l*alignement,  ne 
poucront  6tre  ^loYtes  qu'&  la  hauteur  diStermin^  par  la  la^ 
genr  existant  entre  ces  constructions  et  Talig^ement  fix4  pour 
te  c6t^  oppose  de  la  voie  puhliqoe. 

Les  fa^es  d*un  b&timent  occupant  toot  Pespace  compris 
entre  deux  voies  publiques  d'in^gale  largeur  ou  de  niTean 
different  ne  ponrront  d^passer  la  hauteur  fixte  pour  ces  fa- 
^des  en  raison  de  la  lai^geor  ou  du  niveau  de  la  Toie  pn- 
blique  sur  laquelle  cbaque  fii^adesera  sitode.  Un  dteet  du 
26  mars  1852  preserit  aux  propr^taires,  sous  peine  d*une 
amende  qui  pent  s^derer  k  100  fr.,det6nirconstammentlee 
fa^es  de  leurs  maisons  en  bon  6tat  de  propr^  et  de  les 
fairegratter,  repeindre  ou  badigeonner  oue  fois  tons  les  dix 
ans,  sur  Tinjonction  de  l^aotoritft  mnnicipale. 

FAGCIOLATI  (Guoomo),  c^ttm  philologue  italien, 
naquit  en  1682,  li  Torreglia,  dans  les  environs  de  Padoue « 
de  parents  toot  k  fait  d^urrus  de  fortune.  Le  cardinal 
Barbarigo  le  prit  sons  sa  protection,  et  le  fit  entrer  au  s^ 
minaire  de  Padoue.  Dou6  d'une  inteUigemee  pea  commune, 
capable  d'une  infatigable  perseverance  au  travail,  k  l'8ge  de 
vingt  ans  11  fut,  anx  applaodisMments  de  toute  la  foculte, 
le^n  docteur  en  th6olo^e;  bient6t  aprte  11  devint  professeor 
de  cette  sdence,  et  enfin  prefet  du  seminalre  en  m^me 
temps  que  directeur  des  etudes.  A  ce  dernier  titre,  U  dut 
prononcer  tons  les  ans,  lors  de  ronvertnre  des  classes,  one 
harangue  en  latin  snr  quelque  sujet  de  phllosophie  on  de 
rbetorique  :  ces  divers  diseoors,  recuefllis  et  publies  de 
son  vivant,  eiendirent  au  loin  sa  reputation. 

Dans  la  direction  des  etndes,  qu*il  exer^att  a?ec  un  tr^ 
grand  xMe,  tts'apcrcat  bientAt  que  rensetgnement  des se- 
mlnaires  italiens  laissalt  beancoop  lidesirerioos  le  rapport 
des  langnes  andennes.  Jaloux  de  remedier  k  cet  etat  de 
eboses,  11  voulut  favoriser  le  retour  aux  soUdes  etudes  clas- 
siquesenpohliantdebonsIlvieseieBentaires,  et^cetettet 
11  s'a4joignit  un  de  ses  eiives  les  plus  distingoes ,  le  savani 
ForeellinL  Dana  cette  association,  le  maUre  se  reservail 


la  part  de  Texperience,  cdle  de  tracer  le  plan  de  Touvrage^ 
et  d'en  reviser  Texecution ;  Peiive  etalt  charge  dt  rassem- 
bier  les  materiaiix  et  de  les  mettre  en  (»dre.  Ainsi  fureqt 
con^oes  de  nouvelles  et  fort  bonnes  editions  dn  dictioa- 
naire  en  sept  langues  vulgairement  appeie  ca/epl^n;  dn 
Les^qv^  srec  de  Schrevelius ,  du  Jssieon  .dcenmianum 
de  NixoUf  et  dn  Jtait^  des  particides  latin/es  de  Jkur- 
selin,  Mais  Facci<^ti  doit  prineipalement  aa  celebrity  k 
I'utile  travail  qui  pamt  deux  ans  aprta  sa  roort,  sous  oe 
titre  :  ASgidii  Foreellini  totUts  lattnUaiis  isxieon,  ete. 
(1771,  4  vol).  De  tons  les  dictfonpaires  latins  qoi  avaient 
pam  jnsqnealors,  aueun  ne  pent  faii  etre6ompaii$,  etil  est 
la  source  oa  puisent  commodemeat  tons  nos  Abrieants  <te 
lexiquea  qua  l^miversite  impeiiale  adopte  at  praserit  poor 
I'usage  da  nos  lyoeea  eteolieises..Faooiolati  moumt  en  17«9. 

F.  Lavkne. 

FACE  (en  latin  faeUs),  Ce  motparalt  deriver  de/ori, 
parler.  La  region  anterienra  et  anperieora  des  animaox  est, 
en  gen^ ,  U  plus  noble  on  la  dtadeiie  de  la  vie ,  poisqie 
latete  comprend  loeerveanet  tons  let  ocgaaes du  vi- 
sage. CTest  done  le  sie^s  principal  de  ranimaHte;  Le  pins 
dominant  de  tons  les  centres  nerveux ,  lequel  preride'snrUmt 
aux  mouvemeats  Tolontaires^  et  qui  posa^  en  quelque  ma- 
ni^  le  bant  goovemeraent  de  reoonomie,  est  place  au  aom. 
met  de  la  doe :  oeUe-d  presente  toqjours  la.  bondia  et  les 
sens  qui  sont  destines  k\a  recherche  de  la  nonrcitore,  canou 
lis  dirigeat  aussi  toutes  les  autres  actions. do  P6tre  anime. 

Chez  les  aidmaux  vertebres ,  les  os  de  la  ftoa  ou  soaf 
prasqueperpendiculairementsitoes,  chea  rhomue;  ou  ae 
prolonf^  plus  ou  moins  en  mnsean,  chea  .les  autres 
mammlAies,  les  reptiles  et  les  poisaens;  oa  sont  muais 
d'un  bee  corne,  cbee  les  oiseaux.  L'anatomie  ftit  voir  qua- 
tone  OS  dans  la  Hko  humaine.  II  n'existe  d'os  mobile  qoe  la 
mAcdUoirein(erieure;,tousles  autres  s^unissent  par  eograniv 
avec  d'autres.  |1  y  a  des  muscles  nombreux  k  la  faoe,;  les 
plus  supcnrficiels  adherents  la  peau  du  visage,  et  lui  doanent 
U  mobUe  expression  qui  la  distingue ;  lis  font  surtout  gri- 
macer  les  singes.  Outre  ces  muscles  du  front,  des  paupiires, 
les  ycux.  en  ont  de  particoUers,  qui  les  rendent  si  propres 
k  peindre  les  passions  ou  les  besoins  de  la  pensee.  Les 
vaisseaux  de  la  face  sont  des  branches  de  rar&re  carotide 
exteme  divisees  en  plusienrs  rameaux ,  dont  le  principal  est 
I'artere  faciale;  les  vemea,  phis  multipUees  encore  que  les 
arttees,  servent,  dans  leurs  nombreux  lads,  k  injecter 
plus  ou  moins  le  syst^me  cap'llaire  du  visage.  De  \k  resulte 
aussi  cette  prompte  et  facile  coloration  dea  j  o ue  s ,  soit  par 
on  mouvement  plus  rapide ,  tel  qu^un  accte  de  fi&vre ,  soit 
par  la  aeule  emotion  de  quelque  passion  sabite. 

Tons  les  nerfs  dlstribues  k  la  lice  emanent  du  cervean, 
11  n*est  done  pas  surprenant  que  la  lace  soit  trte-mobile  et 
trte-sensible.  Les  observations  pathologiques  viennent  en 
preuve,  car  nulla  autre  region  du  corps  (sice  n'est  la 
sexueUe,  egalemont  sen«ible )  n'est  aussi  exposee  aux  affec- 
tions inflammatoires ,  au  cancer ,  aux  carcinomes ,  aux  ol* 
ceres,  k  des  boutons,  k  des  eCQorescences ,  aux  marques 
de  petite  verole,  etc.  C*est  la  partie  do  corps  q^l  sa  main* 
tient  le  plus  constamment  cbaode ,  quoique  la  plus  expose 
k  Tair.  Elle  possMe  en  elTet  une  vitalite  faitense ,  que  la 
mohidre  impression  agite ;  ses  nmsclesdeiicats  sont  oonune 
autant  de  cordes  harmoniques  sur  leaquelles  vibrant  sane 
cease  les  alTections  derame.  Le  teint  memo  se  ressent  du 
reghne  de  via  :  il  deviant  une  trogne  rubioonde  et  allumte 
cbei  les  biberons  de  profession;  il  deceia  par  la  pAleor  ^ 
ches  les  filles,  la  chlorosa,  et  souvent  une  cachexia  vermi- 
neuse  dans  les  enfants.  On  salt  qua  la  vive  eoloration  dea 
pommettes  indique  les  inflanunations  des  poumona  ou  la 
pDthisie;  les  levres  paiissent,  les  joues  s'a/faisaentetlea 
yeux  se  creusent  chei  les  Individus  qui  abuaent  das  voluptte ; 
one  physionomie  truculenteoo  ferooe  denonce  le  deiire  od 
la  manie;  enfin,  les  yeux,  ces  fenetres  de  Tama,  brilknl 
dans  la  joie ,  s'allument  dans  la  coiere ,  etinoellent  dana  la 
vengeance ,  s'adoucissent  dans  ranK>ur ,  deviennent  momes 


FACE 


339 


du»  ia  tristesae ,  liumides  et  rouges  dans  le  chagrin  ;  on  lit 
dans  lea  regards  lea  traits  ftvppants  de  la  pena^. 

De  foot  temps,  PeiceUence  et  la  dignity  de  la  face  bu- 
inaine,  qui  s'd^re  Ten  le  eiel,  tandis  qoe  oelle  des  animaai 
se  oourbe  basseoient  vers  la  terre,  a  servi  de  texe  aux  poMes 
«t  aux  orateursy  t^moms  oes  Ters  d'Oride  : 

Ot  homini  •obliioc  dedit ,  caelumque  tueri 
Joflsit,  et  ereetot  id  lidcra  toiler*  Tultu. 

I^cacontradicteurs  ( ear  il  y  en  a  partoot )  dlsent  n^anmoins, 
^▼ac  le  aeepti(|ue  Montaigiie ,  que  lei  ehameaux,  les'au- 
tmcbea ,  et  mtoe  lea  oies  et  les  dindons ,  rel^Tent  ^alement 
la  tMe ,  et  que  nous  oe  regardons  pas  encore  si  directement 
le  del  que  le  poisaon  uranosoope ,  dont  les  yeux  sent  sitnte  au 
aommet  de  son  crflne :  enfin ,  I'oiseau  pingonin  ( aUa  tarda) 
marche  aussi  redress^  que  nous.  II  y  aoependant  une  toorme 
diilifirence  entre  la  face  de  rhomme  et  I'ignoble  nauseaudes 
brutes.  L'aUongeinentde  leursmftchoires^  le  reculenientet  Ta- 
piatiaaeoient  de  leur  cerreao ,  montrent  bien  qu'elles  mettent 
l^pp^tit  derant  la  pens^,  qu'elles  tendent  vers  Paliment, 
piemier  besoin  pour  eiles.  L'orang-outang ,  le  plus  Toisin 
de  Dotre  race,  a  plutdt  une  moue  grima^nte  qu'un  risage. 
Mji  il  pr6sente  des  vestiges  de  oet  os  faacisify  ou  Inter-maxil- 
taire,  qui  porte  ebea  les  autres  mammifbres  les  dents 
indsiTes  supdrieuras, .  et  coneourt  k  Mongation  des  m&choi- 
rea.  Le  n^^re ,  ind^pendamnient  de  son  teint  noird  et  de 
see  cfaeveox  laineuz ,  annonce  encore ,  par  le  prolongement 
de  sa  boucbe  et  rabeissement  de  son  ih>nt ,  qu'il  a  des  ap- 
p^lHs  plus  sensuels,  une  disposition  moina  noble,  pour 
rordinaire,  l^remplof  de  la  pens^  que  lliomoie  blanc,  dont 
ia  bouche  est  plua  rentrante  et  le  (tonX  plus  saillant  On 
doit  done  consid^rer  que  phis  le  museau  sera  prolong^  dans 
un  Mre,  plus  son  cerreau  sera  recul^  et  r^trM  en  mtaie 
teibps ,  plus  il  sera  brute  ou  d^urTu  d'inteUlgence.  Le 
xontraire  se  nuinifeste  dans  Ttebelle  progressive  des  ^tres , 
depuisle  reptile  jusqu'^  rbomme » qui ,  6tant  plac^  au  som- 
met  de  la  cr^tion  intellectaeUe;  doit  offrir  par  cda  m6me 
le  cerreao  ie  plus  ddrdopp^  on  les  os  de  la  Cice  les  moins 
aUongAi  de  tons  les  6tres.  Cest  aur  de  tdlea  obserrationa 
que  setrouTe  fondte  la  c61M)re  r^le  de  I'angle  facial 
Aablie  par  P.  Camper.  DaubeotonaTait  ftM  I'obserration ,  re- 
marquable  ^galement,  que  le  trou  occipital  est  d'autant 
plus  recall  que  le  museau  des  animaux  se  prolonge ,  en 
lofteque  dans  les  esptees  k  tr6s*Iong  mus^u  ce  trou  est 
plae6  k  Poppodte  de  la  gueule  et  le  cr&ne  est  trte-petit.  De 
cette  mani^,  la  ^Me,  qui  est  presqne  perpendiculaire 
cbezrhomme,  se  recoorbe  toiqonrs  en  baa  cbez  les  quadra* 
jMes  :  cTeai  poorquoi  ils  out  besoin  d'un  ligament  cerrical 
plus  fort,  k  proportion  de  ce  prolongement  dn  museau, 
poor  leaontenir. 

La  beauts  de  la  fiiuse  n^est  done  pas  tout  4  fait  un  r^ultat 
de  simples  couTentions,  ni  le  fruit  du  caprice  et  des  goOts 
particuliera  de  cbaque  peuple.  Les  seuls  aveugles  out  la 
penniasion  de  nier  que  la  r^larit^  des  traita ,  le  d^vdop- 
pement  d'un  grand  front  d  autres  orgaaes  nobles,  ou  1*^- 
minence  des  quality  intdlectudles,  caract^risent  la  beauts 
d  mtaae  la  muesli  de  la  (^  humaJne.  (Test  oe  qui  rteulte 
de  Fampleor  da  cerreau  d  de  la  diminution  proportionnelle 
des  parties  senrant  li  la  mastication,  pulsque  lea  ignobles 
figures  des  idiots  d  imb^dles  se  carad^risent  par  une 
droite  cerYdle  d  de  grosses  ou  lourdes  mftcboires.  Ce  fait 
est  tellement  manifesto  qu^on  appelle  mdehoires  d  gana-' 
<hes  ces  dree  stopldea. 

La  i^npart  des  animaux  ne  sent  beaux  que  par  les  formes 
gteteles  de  leur  corps,  t&noln  le  eheval  :  aucun  ne 
Teat  spteialeme&t  par  la  faoe  comma  Tliomme  :  hii  senl 
porte  SOT  iOB  firont  Tauguste  emprdnte  dls  sa  dignity. 
LVHnme  est  tout  entier  dans  sa  fhoe  :  e*est  par  la  tde 
qu^  Tit  le  plua  d  qu*ll  dilT^re  d'un  autre  liomroe.  Les 
brutes  se  resaemblent  presque  toufes  entre  dies  dana  leur 
propce  esptee  :  l*tiomme ,  destine  k  la  soci^t^,  avait  besoin 
#ib«  distlQgiiA  d'lm  aum  par  les  traita  de  sa  ^oie  et  par 


son  individuality.  Un  tronc  d*bomme  sans  tdte  n'a  pas  de 
nom  :  et  sine  nomine  corpus.  Les  sauvages  offrent ,  dit-on, 
pen  de  y^Mi^s  dans  leurs  traits ;  il  n'en  est  pas  de  mdme 
parmi  nous :  la  prodigieuse  difTdrencede  fortune  et  de  con- 
dition ,  de  regime  pour  la  nouniture ,  les  habitudes ,  les 
occupations,  les  soins  bygidniques ,  les  dudes  d  Tdtat  so- 
dal ,  apportant  une  foule  de  modifications  k  nos  tempera- 
ments comme  k  notre  constitution  morale  :  diacun  a  M 
tirailld  ou  contrarid  souvent  en  tons  sens.  Le  plus  ou  le  moina 
d^^us  dans  hi  ^bourse  et  les  rangs  sodanx  se  pdgnent 
souvent  en  carad^res  frappants  sur  le  yisage  du  richo  et  du 
pauvre,  du  puissant  et  du  faible. 

D*ailleurs ,  en  doit  distinguer  dans  les  traits  de  la  face 
les  lineaments  reguUersoii  irreguliersquirendent  unepbyslo- 
nomie  belle  on  hride,  del'expression  pathognomonique 
on  de  ces  nuances  fugitives  qui  caraddrisent  les  passions , 
les  fortes  hnpressions  ou  les  Tolontds  dans  nos  afledions, 
soit  naiurdies ,  soit  (kctices.  Cliez  la  femme ,  la  sensibiiite 
dant  plus  prompte  k  s'^mouvoir  que  chez  I'homme ,  I'ex- 
pression  des  sentiments  doit  dre  plutAt  etudite.  Les  enfants , 
egalement  mobiles,  n*ont  presque  jamais  la  face  reposi'e; 
leurs  affections  s'y  succMent  souvent,  comme  les  pleurs 
et  le  rire ,  avec  la  rapidity  de  r^clalr. 

C*est  prindpalement  par  le  visage  qu'on  juge  du  tern  - 
pdramentde  cbaque  hidivldu.  Voyex  cette  face  creuse 
et  allongee,  cea  joues  decbarndes ,  ce  teint  have  et  iivide , 
ces  yeux  enfoncds  d  ombrag6i  d'^pals  sbnrcils,  ce  regard 
sombre,  cette  mbe  voilfe  dsdv^re ,  ce  frontsillonnede  rides 
soudeuses,  ces  cbeveux  plats  et  tombants  t  chacun  y  recon- 
nalt  d^abord  le  triste  mdancolique.  Voyez  prto  de  lui  cette 
face  epanouie  d  rubtconde,  sur  iaqudle  se  depioient  le  con- 
tentement  et  la  galete :  k  oe  teint  fleuri,  qui  brflle  du  prin* 
temps  de  la  yie,  i  ces  joues  pidnes,  k  ces  regards  qui 
hivitent  au  plalsir  de  la  table  ou  de  Pamour,  li  cette  chevdure 
blonde,  mollement  boudde,  vous  reoonnattres  Pheureuse 
complexion  sauguUie.  Plus  loin ,  une  grosse  d  lourde  figure, 
k  joues  flasques  d  pendantes,  k  teint  fade  d  blafard ,  avec 
de  lourdes  mAchoires,  un  oeU  moroe  et  indifferent,  de  longs 
cbeveux  mous,  semble  porter  dcnte  sur  son  fh>nt  I'apatiiie 
du  temperament  lymphatique.  Qu^il  diff^  de  cette  physio- 
nomie  ardente ,  au  regard  etincelant  et  andadenx ,  k  traits 
mAles  dtendns,  au  front  intrepide,  k  la  barbe  tooffue, 
an  tdnt  bruni,  k  cbeveux  crepus,  oik  vous  remarquerez 
sana  pdne  la  complexion  du  bilieux.  En  general ,  Pexpres- 
sion  de  la  face  est  plus  vive,  plua  saiUante  dans  les  tempe* 
raments  sees  d  maigres  que  dans  les  constitutions  empAtees 
d  humid^,  dchea  les  brunsplus  que  cbez  les  blonds. 
La  figure  est  plus  arrondie  parmi  les  femmes  et  les  enfants 
qoe  chez  les  adultes. 

La  bonne  proportion  de  la  hauteur  de  la  fiice  ou  de  la  tete 
k  ceUe  du  reste du  corps  est,  selon  les  peintres ,  d'un  sep- 
tieme  pour  Phomme  fUt,  mais  elle  est  d'un  dxitoie  ou  d'un 
chKiuidne  dans  I'enOoit  d  dans  le  nain ,  qui  ed  un  vieil 
enfant ;  die  est  de  proportion  phis  petite  chez  le  gdant  d 
les  jeunes  gens  eiances  on  Aaets  au  sorthr  de  Paddescence. 
Lea  peuples  des  reg^lons  polaires^  les  montagnards,  out 
une  figure  d  nne  tde  fort  volumineuses,  rehitlvement  k 
lenr  taille ,  qui  est  souvent  rabougrie ,  parce  que  la  froidore 
restrdnt  son  devdoppement.  Mais  il  serait  diffidle  d'expU- 
quer  les  figures  qui  caracterisent  lea  nations  d  les  ra  c  es  : 
PItallen  se  distingue  prindpdement  k  la  coupe  du  nez ,  P£s- 
pagnol  au  fh>nt  d  ^  la  face  longtie^  PAllemand  k  la  forme 
un  pen  quadrai^laire  de  son  cxkna ,  le  HolUmdab  k  sa 
face  ronde»  etc,  J. -J.  TiftEr. 

^ace,  en  termes  de  pdntiire  et  de  sculptvie,  se  ditde 
la  mesure  qui  sert  k  detemdner  les  proiKMiions  d'une  tete, 
d  qui  est  <^le  k  la  longueur  du  visage  :  Dn  bas  du  gcnoil 
au  cou-de-pied  il  y  a  deux  faces. 

On  appdle^ace,  en  numismatique,  le  cdte  d'une  pi6ce  de 
monnaie  oh  est  la  tete  :  Jouer  it  pile  et  dface. 

En  anatomie,  c'est  une  des  parties  qui  oomposeot  la  so* 
perflde  d'un  orgaoe. 


340 


FACE  —  FACHEOX 


En  architoctore,  c*est  oa  le  deYant  d*on  Mifioe,  ou  celui 
d^unede  ses  parties  considerables :  Ce  Mtiment  a  tant  de  m^ 
tres  de/oce;  on  im  roembreplat  qui  a  beaucoup  de  largear 
et  peu  de  saillie  :  Faces  de  ParcbitraTe,  bandes  dont  elle 
est  compost.  Face,  en  terroes  de  fortification,  ce  sont  les 
deux  c6t^  d'un  bastion,  situte  entre  les  flancs  et  la  pointe. 

Faire  faeSf  c*e8t6tre  tonme  rers  un  certain  c6t6;  oo,  en 
termes  de  guerre,  presenter  le  front :  Faire/oce^  Pennemi. 
Faire  face  signifie  aussi  figurtoent  pourvoir  k  une  d^pense, 
k  un  engagement.  Face  se  dit  encore  pour  ^tat,  situation 
des  afTaires.  11  se  prcnd  ^ement  pour  les  dirers  aspects, 
les  diyers  points  de  Tue  sous  lesquels  une  cbose,  une  alTaire 
pent  6tre examine,  consider^  :  il  n'y  a  point  d^affidres  qui 
n*aient  deux  faces. 

FACE  ( G^onUtrie ).  On  donne  ce  nom  aux  diferses 
portions  de  surface  qui  limitent  un  corps  solide;  une  face 
peut  6tre  plane  ou  courbCf  et  parmi  ces  dernitees,  on 
peut  consid^rer  des  faces  concares  et  des  faces  convexes; 
un  de  k  jouer  est  termind  par  six  faces  planes,  qui  sont  autant 
de  carr^s  ^gaux  entre  enx ;  une  coqnille  priSsente  une  face 
concave  (creuse)  d*nn  e6U  et  une  conTexe  de  Tautre.  La 
face  d*un  corps  sur  laquelle  U  repose  prend  le  noin  de  base. 

TEYSStoRE. 

FAGI&TIE,  FAC^TIEUX.  «  La  fac^tie,  dit  I'Academie, 
est  une  boulTonnerie,  une  plaisanterie  de  paroles,  ou  de 
gestes  pourdivertir,  pour  faire  rite.  i»  Mais,li  notre  avi:),  la 
bonne  faoetie  renferme  une  idde  s^rieuse  sous  une  enve- 
loppe  amusante,  et  il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  la  bouf- 
fonnerie,  qui  excite  le  rire  grossier  et  inintelligent.  Le  fa- 
c6tieux,  selonM.  Guizot,  r^pond  assez  exactement  au/oce- 
tus  des  Latins.  Ce  mot  se  prenait  chez  eux  en  tr6s-bonne 
part;  les  meiUeurs  ecriTains  nous  pr^sentent  les  fac^ties 
parses  ou  accompagneesd'agrdment,  ded^licatesse,  d'urba- 
nite,  et  assaisonn6es  de  sel,  sans  melange  de  scurrility  ou 
de  basse  bouffonnerie.  Cic^ron  dit  qu^Aristophane  fut  le  fa- 
cetieox  poete  de  Tancienne  comddie,  et  que  Sdpion  sur- 
passait  tous  ses  contemporains  en  fac^ties  piquantes.  Dans 
son  dialogue  De  l*Orateur,  il  distingue  deux  sortcs  de  fa- 
ceties :  Tune  soutenue  et  ripandue  dans  tout  le  discours,  ou 
la  raillerie;  Tautre,  courte,  piquante,  ou  le  bon  mot.  La 
facetie  est,  selou  lui,  tant  dans  les  actions  que  dans  les  pa- 
roles. Mais,  dans  nos  demiers  si^cles  de  barbarie  et  de  mau- 
Tais  gottt,  des  compilateurs,  dignes  de  ces  temps,  ont  re- 
cueilli  et  public  tant  de  ridicules  plaisanteries ,  tant  de 
boufTonneries  degotttantes,  sous  le  titre  de/acdties  ;  les  his- 
trions  ont  donn^  sous  ce  mtoie  nom  tant  de  mauvaises 
farces,  que  rid^e  du  mot  en  a  ete  corrompue  et  le  mot 
m^me  d^crddite. 

Cependant,  nos  bons  ecrivains  du  siMe  dernier  ont  en- 
core dit  8ouvent/ac^^ie,/ac^^iet<ar,  dans  lesens  primitif 
et  pnr  :  Rabelais,  avant  eux,  a  dte  le  type  de  Tauteur  fao6- 
tieux.  Arlequin,  disant  la  verity  en  riant,  est  un  personnage 
facetieux.  Sans  parler  des  farces  de  Tabarin,  n*oublions  pas 
les  Joyeuset6s,  facities  et  folles  imaginations  de  Carime- 
prenant,  Gauthier-Garguille,  etc.;  les  Dibats  et/ac^tieu' 
ses  rencontres  de  Gringalet  et  de  Guillot  Gorgeu,  son 
maUre;  Les  fac^ieux  paradoxes  de  Bruscambille ;  Les 
fac^tieuses  Nuits  du  seigneur  Straparole;  Les  facdtieu- 
ses  Joumies  de  Gabriel  Cbappuis;  les  Facetice  Facetia- 
rum,  Imprimees  4  Francfort,  en  1615,  etc  Quclquefois  la 
fac^Ueest  plus  s^rieuse,  et  r^sulte  deraccouplement  bbuure 
dc  deux  id^es  qui  s^excluent  dans  rimagination  qui  les  a 
r^unies  :  c*est  le  personnage  biforme  du  ballet  de  Gustaye, 

,  mi-parti  marquis  d^gant,  mi-parti  lourd  et  ^pais  Tillageois. 

;  Les  cumedf&is  ont  souvent  appel6  lears  f a  r  ce  s  de  petites  fa- 
cities.  Les  conies  du  Pogge,  Florentin,deBonayentureDesp6- 
riers,  d'OuviUe,  sont  des  livres  pldnsd*agreables  fac^ties.  Les 
Facities  du  Domenicbi  sont  un  liyre  italien  rempli  decontes 
ct  de  cboses  semblables.  Mais  il  faut  arriver  tout  d*un  trait 
Jnsqu^i  Voltaire  pour  trouver  le  mod6le  de  la  factHie.  Ses 
nooabreux  opuscules  en  ce  genre  sont  tous  de  \>e\\\&  chefs- 
d'cBOTre.  La  diatribe  du  docleur  Akakia,  les  discours  aux 


Welches,  les  Quand,  Iw  Ahl  Ah!  les  Questions  sur  lee 
miracles,  sont  desfac^tiea  trop  connues  poor  qu*il  aoit  ii6- 
cessaire  de  les  rappeler.  L^aoteor  les  a  rtenles  pour  la  plu- 
part  et  publi^ea  sous  le  titre  de  Faeries  parisiennes. 

FacHieux  est  un  terme  k  oonsenrer :  il  dit  plus  que  plai* 
sant  et  mienx  que  bofi^ffon.  Scarron,  booffon  si  souyent, 
est  souyent  aussi  trte-fhoetieux.  Ccst  Id  qui  a  dit  pourtaat : 
«  La  faoetle  est  basse  et  mftme  trop  comique  pour  un  in- 
fortune.  »  Moli^  n'est  pas  seiilement  pUisant,  il  est  &e6- 
tieux.  Sa  plaisanterie  est  agrteble,  yive,  eqjouee,  piquante 
et  trte-comique.  Le  plaisant  plait  et  rtote  par  sa  gaieie^  sa 
finesse,  son  sel,  sa  yivaclte  et  sa  manifere  piquante  de  4ur- 
prendre:  il  exdte  un  pbiiair  yif  et  la gaieU.  he/ac^Heux 
plait  et  r^ouit  par  l^abandon  d'une  bumeor  enjoo^e,  im  me- 
lange heureux  de  folie  et  de  sagesse;  en  un  mot,  par  la  pln» 
grandegaiete  comique,  U  excite  le  rire  et  la  joie. 

Ed.  BASLRt. 

FACaSTTE,  diminutif  dn  mot/oce.  Dans  les  arts,  le» 
pierres  pr^deuses  se  taillent  kfacettes :  c'est  ce  qa*on  ap- 
pelle /aceffer  les  pierres.  L'on  doit  yeiller  k  ce  que  toutes 
les  faccties  soient  parfaitement  polies  et  se  r^untssent  eo 
formant  des  arfttes  viyes  qui  donnent  la  fadlite  de  les  bien 
encbAsser  et  de  les  monter  tr^r6gulierement  On  taille  les 
fecettes  avec  diyers  outils,  et  on  les  polit  soit  ayec  de  r  ^ 
meri,  soit  ayecla  poussite  dediamant 

FAGUERIE,  irritation  passage,  produite  par  les  bom- 
mes  ou  par  les  cboses.  Vient-elle  de  ces  demi^res,  la  {&- 
cberie  a  quelquefois  des  suites  trte-grayes,  parce  qu*il  n'est 
pas  donnd  k  tons  de  se  r^gner  k  la  puissance  d«  ^y^e- 
ments.  Quant  k  cette  flcb^e  qui  pour  les  causes  les  plus 
l^^res  jaillit  au  milieu  de  rapports  joumaliers,  elle  n*a  pas 
assez  d'importance  pour  laisser  m6me  de  traces  dans  la  m^ 
moire.  11  y  a,  d*un  autre  c6fa6,  des  attraits  de  caract^res  tels 
qu'on  a  yo  des  liaisons  intimes  r^sister  k  des  f2k:beries  pour 
ainsi  dire  quotidiennes.  Les  femmes,  par  suite  de  mille  ri- 
yalit^  diff6rentes,  ^prouyent  trop  souyent  des  victoiies  ou 
des  d^faites  pour  ne  pas  £tre  expose  k  des  fAcheries  qui 
disparaissentla  yeille  pour  reconunencer  le  lendemain.  En 
g^niral,  la  concurrence  des  int^rftts,  les  exigences  de  la  ya- 
nit6,  sont  les  causes  les  plus  fr^uentes,  comme  les  plus 
ordinaires,  de  la  f&cberie.  Les  jeunes  filles  elles-mtoies,  en 
s'aimant  beaucoup,  ne  peuyent  ^chapper  k  de  petites  Cl- 
cheries :  c*est  Tinstinct  de  la  coquetterie  qui  commence  k 
les  rendre  inquiites  et  tourmentantes.  Depuls  pr^  de  deux 
tiers  de  sidde,  la  cause  la  plus  fiteonde  en  fAcheries,  c'est 
la  politique,  d'abord  parce  qu'elle  passionne  beaucoup  plus 
qu'elie  n'^aire,  et  que  faute  de  faits  posltifs,  faute  d'une 
instruction  assez  ^tendue,  on  roule  dans  des  lieux-oommuns 
qui  tour  k  tour  semblent  donner  raison  aux  uns  et  aux  au- 
tres.  Sairt-Pbospeb. 

FAGHEUX,  race  nombreuse,  qui  paliule  partout  pour 
cmbarrasser  touL  Les  f&cheux  ne  savent  ni  entrer  ni  sortix 
h  propos  :  presence,  conyersation,  mani^res,  tout  en  eux 
dcirange  ou  fatigue.  Les  uns,  priy^  de  ce  tact  qui  fait  de- 
viner  tout  k  coup  qu*on  ya  devenir  incommode,  n'dcoutait 
que  ce  qui  les  int^resse  dans  le  moment ;  les  autres,  c^dant 
k  la  personnalit^,  restent  oil  lis  se  plalsent,  sans  se  soocier 
si  leur  pr^ence  est  une  indiscr^Uoa  ou  un  contre-temps.  Le 
rOle  de  fikcbeux,  pour  6tre  bien  rempli,  exige  une  certaine 
ind^pendance  de  fortune;  il  faut  ^tre  maltre  de  tout  son 
temps  pour  faire  perdre  celui  des  autres  :  c'est  done  dans 
les  petites  yilles  que  les  flkcheux  de  tous  genres  abondent  pHn- 
cipalement.  Quand  on  n'a  rien  k  faire  cbez  soi,  on  pcend 
naturellement  I'babitude  d'aller  s*lnstaller  cbez  les  autres  ;ct 
comme  on  y  tombe  k  toute  heure,  on  panrientyite  k  fatigucr. 
Moli^re  a  mis  en  sctoe  un  certain  nombre  de  fAdieux,  qui 
par  leur  succession  d^sesp^rent  un  amant,  auquel  ils  font 
manquer  deux  rendez-yous.  Pi  card,  plus  de  cent  ans  apr^, 
a  refait,  sous  un  autre  nom,  cette  pitee,  qu'nn  nouyel  auteui 
comique  pourra  bien  encore  recommencer ;  ear  si  les  foiiae» 
sous  lesquelles  on  est  f&cheux  changent  k  Tinfini,  Ir.  lond 
reste  tomours  le  mAmey  ilcst  indpuisabie.   SAiKT-l*fc3srsft« 


FACHINGEN  —  FACILE 


Ut 


FACHI\G£N  ,  bourg  du  ditched  de  Nassan,  dans  une 
tbarmante  position,  sur  les  bords  de  la  Lalin,  ot  situ^  h  peo 
de  distance  de  Dietz,  est  surtout  c^l6bre  par  les  sources 
d'eaux  mintoles  qui  y  ont^  ddcouvertes  en  1745,  au 
nombre  de  trois,  et  qui  appartiennent  aoi  eaux  min6rales 
alcalines  et  salines  lea  plua  toergiques  que  possMe  TAUe- 
magne.  Leor  temp^ature  eat  de  8"  Rteumur ;  elles  contien- 
feeut  une  grande  quantity  d^acide  carboniqiie,  et  le  goftt  en 
tst  ausai  agrteble  que  ratFaldiisaant.  Ces  eanx  sunt  peu 
consoaunto  h  la  source  mteoe ;  mais  on  les  expMie  fort  au 
loin  et  juaqu^en  Am^rique ,  fit  le  cbi/Tre  dea  exportations 
dans'oertaines  annfes  a^est  dler^  jusqu'i  300,000  crucdions. 
On  lea  emploie  aurtout  contre  les  accumulations  visqoeusea 
dans  les  organes  du  bas-Tentre,  et  m^ies  de  vin  et  de  sucre 
comme  fortifiant  aprte  de  grandes  fatigues.  Conaultez  Bis- 
chof,  Examen  ehimiq^e  des  eaux  minirales  de  Geilnau, 
de  Fachingen  et  de  Setters  (en  allemand;  Bonn,  1828). 

FACIAL  (  Angle ).  Voyez  Akglb  facial  et  Facb. 

FAGIESf  mot  latin  transports  dans  notre  langue,  pour 
designer  les  diverses  modifications  d'expresdon  que  les 
maladies  font  subir  &  la  pbysionomie.  On  a  donnS  le  nom 
de  prosopose  ou  prosoposcopie  k  T^ude  de  ces  auctions 
des  traits,  qui  eat  pour  le  mMecin  ce  qu*est  la  physiogno- 
monie  pear  le  moraliste.  BagUvi  y  attacbaitla  plus  grande 
importance  :  «  0ans  les  maladies  grayes,  dit-il,  ne  manquez 
jaoiais  d'examiner  la  fiice.  »  Chaussier  recommandait  aussi 
beauconp  cet  examen;  et  une  foule  d'autres  mSdedns,  d^nne 
autoritS  non  moins  respectable,  tant  andensque  modenies, 
ont  insiatS  anr  le  m6me  point.  En  un  mot ,  de  tout  temps 
00  a  regards  la  prosopose  comme  an  des  prindpaux  moycns 
de  diagnostic.  Cest  qu'en  elTet  la  face,  siSge  de  presque 
tous  les  organes  des  sens,  formSe  d*eiSments  aussi  nombreox 
que  dSlicats,  ricbe  de  nerfs,  de  vaisseaux,  de  musdea  di- 
rigSs  en  sens  divers,  et  liSe  an  reste  de  TSconomie  viTante 
par  les  sympathies  lea  plus  Stroites,  doit  se  modifier  dana 
son  expresaion,  aa  oouleur,  son  Tolume,  etc.,  aussit6t  qu*un 
organe  malade  transmet  au  ceryeau  Hmpresaion  de  la  souf- 
franoe. 

Le  fades  plus  ou  moins  rouge  et  anhnS,  qo'on  dSsigne  du 
nom  dt  face  vultueuse  daxaXe  degrS  le  plus  intense,  se  lie 
le  plus  ordinairement  ayec  un  Stat  inflanunatoire  de  qudque 
organe  important,et  plus  particuliSrementdes  organes  tbora- 
dqoes.  11  peut  Stre  aussi  le  rSsul tat  d*une  simple  congestion 
des  mSaies  parties,  ou  d'une  plStbore  gSnSrale.  Le  fades 
devient  pdie  aox  approcbea  d*une  syncope,  par  reflet 
d*one  yle  trop  austere,  d*une  mauyaise  nourriture,  d'une 
habitation  ualsaine,  des  maladies  longues  et  douloureuses 
(la  plupart  de  ces  causes  produieent  eo  uiSme  tempa  la  mai- 
greur  de  la  face),  de  lliabitude  de  la  masturbation,  qui  Im- 
prime  en  outre  sur  la  pbysionomie  des  malbeureux  enfants 
qui  s'y  liyrent  un  cachet  particulierde  fatigue  etde  triatesse, 
au  moyen  duquel  on  devine  aisSment  leur  passion  solitaire. 
A  cette  pAleur  de  la  Cace  se  joint  la  transparence  dans  les 
hSmorrhagies  abondantes.  Certahiea  maladies  de  poitrine, 
aecompagnSes  de  difficultS  de  la  respiration,  donnent  k 
rexpreasion  de  Ui  fioe  un  caractSre  d''anxUi6  remarqua- 
Ue.  Dans  les  afTectlona  du  coeur,  ayec  gSne  de  la  circula- 
tion, le/adea  deyientrougoyergetS,  yiolet  ou  mSme  liyide: 
n  eat  Mfttdana  hi  cyanoae.  Le  eerele  bleudtre  qui  entoure 
les  yeux  dana  heancoop  de  cas,  notamment  aux  approches 
des  regies,  k  la  suite  de  yeilles  prolongSes,  d^excSs  vSnS- 
riena,  donne  k  ces  organes  ^nn  caract^  particulier  auqud 
on  a  donnS  le  nom  d*yeux  cem^s. 

La  pdleur  plonMe  de  toute  la  £Me,  jointe  k  un  air  de 
laogueur  et  de  falblesse  gSnSrale,  eat  le  signe  physionomi- 
que  de  to  diloroae  etde  FhystSrie  andenne.  he  fades  Jaune 
pcAlle  est  cdui  de  la  cachexia  eancSnmse  et  de  plusieurs 
afledions  dironlques.  Les  maladies  du/oie  et  \h  constitu- 
tion bilieuse  se  traduiaent  sur  la  fkce  par  une  UknVejaune 
verddtre.  On  remarque  k  fades  pdle  hovffi,  au  dSbut  des 
conyalesoenoes,  dans'  Tanasarque  et  certaines  affections  du 
cupur  \  to  boufllssure  des  conyalesccnts  ne  tarde  pas  I  se 

MCI.  SE  L4  OONVBRS,  «  T,  II, 


dissiper  :  on  la  dSsigne  ordinairement  du  nom  de  tnati- 
vaxse  graisse.  he  fades  houffi^  tantot  pftle,  tantAt  rosS, 
est  un  des  caract^res  de  la  constitution  lymphatique.  Le 
mfime  Stat  de  la  face,  avec  des  modifications  particuli^res, 
se  remarque  chex  les  stjyets  scrofuleux.  L^amaigrissement 
rapide,  le  refroidissement  et  I^Stat  instantanSraent  cadayS- 
reux  de  la  face,  sent  le  signe  de  qoelques  maladies  trds> 
grayes,  du  diolSra-morbus,  par  exemple.  La  stu|ieur  qui 
accompagne  la  commotion  cSrdbralc,  les  affections  dites 
typhoides,  et  toutes  celles  qui  portent  une  attemte  profonde 
au  syst^e  neryeux,  en  paralysant  I'influence  de  celui-ci, 
rendent  le  yisage  immobile,  muet,  sans  expression,  et  lor 
impriment  un  air  d'ilranget6  singulier.  Lorsque  ce  fades 
existe  k  un  faible  degrS,  on  lui  donne  le  nom  (Vhib^tude;^ 
cdui  de  visage  abcUtu  indique  un  caractSre  moins  prononcS 
encore. 

On  dSsigne  par  le  nom  de  fades  grippi  ou  abdominal 
un  Stat  du  visage  dans  lequd  les  muscles  sont  con- 
tractSs,  de  mani^re  k  ramener  les  traits  vers  la  ligne  mS- 
diane  et  la  partie  supSrieure;  ce  qui  fait  paraltre  la  face 
rappetissSe.  Cette  expression  annonce  une  douleur  vive, 
profonde  et  soutenue,  et  liSe  it  la  plupart  des  pbtogmasies 
abdominales  aiguSs.  Elle  contraste  d^un  maniSre  frappante 
avec  le  fades  des  maladies  thoraciques,  qui  est  caractSrisS, 
au  contraire,  parTSpanouissement  des  traits  et  la  dilatation 
des  ouvertures  naturelles  de  la  face.  Mais  la  plus  fAcheusc  de 
toutes  les  expressions  fadales  est  celle  qu^on  a  nommSo 
fades  hippocratique^  parce  que  le  p^  de  la  mSdedne  Ta 
dScrite  le  premier  :  c'est  celle  qu^on  observe  dans  presque 
toutes  lea  maladies  aux  approches  du  terme  fatal.  Ses  prhi- 
dpaux  traits  rSsultent  de  ramaigrissemeut  extrSme  de  la 
face,  et  de  sa  coloration  d*un  p&le  yerdAtre,  qudquefois  li- 
yide, plombSe  et  mSme  nohe.  hR  Jades  des  aMn6s  est  ex- 
trSmement  mobile  et  chaugeant,  d*oh  ce  proyerbe  :  «  Rire 
sans  motif  est  signe  de  folic. »  LMnimobilitS  complete  de  la 
face,  quand  elle  ne  dSpend  point  d'une  cause  passag^re,  est 
an  contrahre  le  plus  souyent  un  signe  d'idioUame. 

Nous  ne  fiuirions  pas  si  nous  youHons  retracer  toutes  les 
yariStSs  d^expression  que  peut  prendre  le  fades  des  mala- 
des.  II  n'est  pas  jusqu*^  la  tristesse,  k  la  gaietS,  aux  pleura,, 
an  rire,  etc.,  qui  ne  soient  qudquefois  liSs  k  une  altSration^ 
morbide,  Ct  ne  rSdament  dte  lors  toute  Tattentlon  du  mS- 
dedn.  Les  yeux  surtout  mSritent  un  examen  attentif,  parti- 
culiSrement  dans  les  aflections  cSrShrales.  L*ftge,  le  sexe,  1& 
constitution,  les  habitudes,  les  maladies  antSrteurea,  lea 
diverses  conditions  sodales,  apportent  qudques  modifica- 
tions k  la  sSmSiologie  de  la  fkce.  Certaines  professions 
donnent  au  fades  une  couleur  particuli^  caractSristique  i 
ainsi,  presque  tous  les  boulangera  ont  un  tehitpd/e  et  bla- 
fard\  11  en  estde  mSmedes  meuniers  et  dea  plAtriera. 

CBAUyET. 

FACILEU  Ce  mot  est  on  de  ceux  dont  il  est  peut-Stre 
le  plus  difftdle  de  dSterminer  bleu  exactement  les  accep- 
tions.  Dans  son  sens  le  plus  ordinaire,  il  suppose  un  acte 
matSrIel.ou  moral,  qui  s*exScute  sans  aucune  peine,  ou  bien 
un  genre  de  travail  dont  iv.  conception,  rexScntion,  ou  l» 
crSation  semblent  en  ayofr  demands  trSs-peu  :  c*est  ahisi 
qu'on  dit  d*un  style  quMl  esXfadle.  De  mSme  que  dans  ce 
deiuier  cas  ou  Tapplique  par  mStonymle  k  des  effeta  rSsnI- 
tant  d^opSrations  mentalea,  de  mSme  aussi  Tapplique-t-on 
parfds  aux  causea  d^oh  dSrivent  cea  effets,  c*est-^-dire  aux 
fkcultSa  de  Phitdligence,  comme  lorsqu^on  dit :  un  gSnie,, 
un  esprit /aci/e.  Ce  mot,  suivant  les  phrases  dans  lesqudlea 
U  se  trouve,  suiyant  lea  termes  auxquela  il  est  joint,  prSsente 
des  acceptions  trte-yariSes,  parfois  mSme  contradictoires. 
De  ce  qu^il  paralt  exdure  toute  esp6ce  d*opposition,  de  rS- 
aisUnce,  on  le  prend  en  mauyaise  part  quand  ila'agit  d'une 
femme.  II  est  Sgalement  pria  en  mauyaise  part  quand  00 
parle  d'un  homme  sans  Snergie,  imhSdle  mSme,  qui,  tola 
sant  prendre  sur  lui  toute  espSce  d'empire,  n'a  de  volonlSs- 
que  celles  desautrea.  Fadle  se  prend  nSanmoins  en  bonne 
part  anand  il  s'agit  de  qodqu'un  qui  a  les  moeurs,  les  ma- 

31 


343 


FACILE 


nitres  sedablei ,  qiiand  on  TBOt  dire  que  le  commerce  de  la 
vie  est  trto-eommode,  sans  ra^n,agri^le  m£me  aveclui.  11 
est  dans  ce  eas  synonymedeeoiuteeeMfoR^  eomplaltant, 
L*abb6  Girard,  cherdumt  k  dtabUr  U  diffdrenee  qn*il  y  a 
entre  facil6  et  ais4i  dit :  «  La  premiftra  de  ces  expressions 
exclut  proprement  les  obstacles  ct  oppoiftloDs  qu'on  met 
k  la  chose;  I'antre  eiclot  la  peine  qui  natt  de  Tdtat  m^me 
deJa  chose.  Ainsi,  une  entriSe  est  facile  quand  personne 
n'arr^e  au  passage;  elle  est  ais4»  quand  elle  est  lai;ge  et 
eommode  li  passer.  »  Nous  abnerions  mieux  restreindre 
l!aeoeption  do  mot  aisd,  tant  au  physique  qir'au  moral » k 
Tabsence  d'obetades,  soit  artifidels,  soft  naturels  dans  la 
chose  dont  U  s^t  t  le  mot  facile,  qui  vient  ^Yidemment 
defaceref  supposerait  toojours  (k  part  les  sens  ddtounuis 
dont  nous  avons  parld)  one  operation  manueUe  on  mentale, 
dans  la  conception ,  la  crtotion  on  Tex^ution  de  laqueUe 
on  ne  renoontrerait  que  pen  ou  point  dediffienlt^.  D'aprte 
cela,  ais4  se  rapportera  toajours  k  la  chose,  ti  facile  k  rao« 
tion.  Billot. 

FACILE  (Littdrature).  Qui  ne  sait  ce  que  ce  mot  si- 
gniiie  et  comblen  il  rteume  avec  bonbeur,avec8imptlcitd, 
avee  justess^,  Pophiion  qu'on  doit  aToir  do  genre  de  lltt^- 
tore  auqoel  U  s'applique?  A  nons  molns  qu'^  tout  autre  it 
appartieni  d'ljoBter  k  ia  definition  qu'en  a  donn^  son  docte 
et  spiritoel  faiTenteiir»  ni  d'en  letrancher  qud  que  ce  soit. 
Siir  la  fin  de  1833,  la  Recue  4e  Paris  poblia  vat  article 
qui  agitajosqoe  danS  ses  fondemeats  lai^pnbUqoe  des  let- 
tres.  On  y  signalait  sons  le  titre  modeste  de  LUt4ralure 
facile  certafnes  productions  de  Tesprit,  Tantdes ,  accoeillie* 
arec  renthouaiasme '  qui  suit  la  .  ddcouTerte  d'one  mode 
nouTelle,  qEmd  eette  mode  aat  ais^  de  peu  de  f  rais  et  ac- 
cessible k  tout  le  monde;  si  abondantes,  qu'on  aupposait  lo- 
giquement  qu^eiles  avaient  dft  ooOter  peu  d'efforts  k  leiirs 
auteors ;  si  naddioeres,  qu^en  aucnne  d'eltos  on  ne  soup^nnait 
le  g^e;  d  ^hto^es,  qu*on  eOt  pu  les  ddfier  de  Tine  an 
delli  de  quelques  lendemains,  et  d^^d  incounues,  qu^elles 
seraient  encore  k  tronver  un  nom,  sHI  n^avait  plo  k  un  ^ri- 
Tain  d*dlite  de  a'occuper  d^elles  et  de  nous  ^ayer  on  pen 
ii  leurd<(peii8.  On  ne  manqoait  pas,  dans  ce  m^me  article,  de 
ddplorer  que  to  mal  eiit  gagnd  quelques  bons  esprits;  on  d^ 
signait  les  uns,  on  laissait  dcTlner  les  antres;  on  Toulait  par 
Iji  les  iinroer  ttrdpondre;1ls  r^ndirent  en  dM.  Un  liorame 
dood  d^nn  incontestable  talent,  ayant  de  la  sdenoe-  et  du 
goOt,sentit  raiguillon  et  regimba*  toot  dtalt  aisd  k  sa  plume » 
point-de  8o]ct  qu*el]e  ne  traitAt,  point  d*espacequ*elldnepar-' 
coorOt  II  craignit  qu^Mi  o'en  tartt  la  source  et  qu'on  n*en 
comprlmftt  I'essor^  il  la  diargea  d'encre,  Bt,  non  pas  aTec 
la  passion  froide  d*nn  aTocat  salarid,  mais  aTee  la  iconTio^ 
tjon  d*un  oonf^sseor  de  la  foi  pers4cut6e,  il  tra^  un  long  et 
^olennd  plaidoyer  en  faTeor  des  doctrines  qn*on  attaqndt. 
Vains  efforts  I  le  mot,  centre  lequd  11  ddployait  toutes  les 
ressoorces  d'uo  esprit  charmant ,  sinon  Tindicatif ,  ce  mot 
r«>sta ,  ina^rable  dela  chose  et  attach^  k  sa  Tictime  comme 
le  vautoor  aux  flancs  de  Promdb^ 

Mais  Tuirent  bientOt  i  la  suite  les  toriTdnt  snbdtemes, 
ceux  qui  pratiquent  excludvement  la  littdrature  ddnonc^, 
qui  en  trafiquent ,  mais  qui  n*en  TlTent  pas  toigours,  bien 
qo^on  en  saclie  plus  d'en  qui  s'y  soit  eurlehi  li  faire  envie 
k  des  soppftts  de  finance.  N^nmoins,  leurs  dameurs  ne 
s'dev^rent  pas  au-dessus  de  la  surface  du  sol;  le  nom  de 
litUrature  facile  passa  en  proTerbe,  et  nous  sommes  en- 
core en  attente  ou  d*ttn  nom  qui  lui  conTfenne  mxent ,  on 
d'OMiTres  qui  le  d^entent  Plus  de  Tingt  ans  se  sent  i6coul^ 
depute  cdte  poltelque,  et  fl  fout  dire  k  la  louange  de  la 
UHirattire  fadle^  qii^indifKrente  k  Pattaque  comme  k  la 
(l^leOiH*,  die  n*«  pas  iaifi.«d  que  de  prosp^rer.  Ses  partisans 
ont  (lit  d*dle  ee  que  GatiUte  disait  de  la  terre  :  «  Et  pour- 
tant  die  mardie.  »  AiijourdMiui,  tout  lui  succMe,  tout  lul 
applaudit;  c*ti:it  nnc  It^  coui  tisane,  qui  taie  sesfaveurs 
k  ile.<  prix  insens(b,  d  qui,  faute  d*un  achelcur  assez  riclie 
pour  I'entrdonir  k  lui  feu  I,  soulTre  qued*autres  secoallsent 
pour  aasouvir  sa  toif  incktinguible  de  Tor.  Une  chose  nous 


frappe  dnguliirement  dans  les  faiseurs  de  la  litUraturefa^ 
die,  k  qnelque  genre  qulls  appartiennent,  c'est  ime  res« 
semUanoe  entre  eux ,  d  parfdte  de  ftmd  d  de  forme,  qo!oii 
dirait  qu^iltsecopioit  les  ons  les  antres.  Cdaest  si  vraiqull 
est  da  notorMte  pabliqoe  qn^oa  des  plus  fgconds  disciples, 
et,  pour  ttre  plus  Trai,  nn  des  maltres  kA  plus  iameox,  les 
plus  oeenpte  de  eette  litt^ratore,  a  pu  se  mettre  klni&te  d*un 
atelier  de  confeetkM  litttebre,  od  trtTdHentqudques  jeunes 
ouTriers  babUes,  dont  il  marque  les  eeuTres  k  'son  estam« 
pilie.  Ansd,  po€tes,  tomanders,  TaodeTiUlsles,  ftufiH^tonistes 
sPbispirent-Us  tons,  se  n6Td^t«ils:toQS,  d^butent-ib  tons 
d*une  maniire  onlforaie.  Auoun  d^enx  n'a  besoin  de  TocatioD ; 
il  n'a  besofai  que  d'uiie  eertabn  flidlite  et  de  beauooup  ds 
m^moire'  Quant  aux  pensfes,  dies  aontd'un  td  ordre  qu*H 
n*y  a  pas  A  a*en  inqui^ter ;  on  lea  a*  toutes nta  dans  sa  t«tei 
il  n*est  pas  n^cessaire  qu*on  Use  son  mod^to  pour  se  les  sug^ 
g^rer;  on  ed  ansd  riehe  deee  ftaide-Uiquelui.  Apr^  cela, 
on  se  met  k  I'oBuTre,  on  a  to  talent-  qoti  fiiut,  c'est  eonvenu ; 
et  pour  peu  qa*oa  y  Jdgne  do  I'intrfguie,  de  robstinaUoo, 
poor  peu  qn'on  ait  de  aouplesse,  de  penchant  k  se  faire  le 
pr6neur  de  cdul-d,  le  eottrUsaiit  de  ed«i-tt,  on  se  erfe  dei 
amis,  des  soutiens,  on  force  rentrtedeeth^tres,  des  feuH* 
Idons,  des  roTiies;  on  entend  parler  de  sd,  on  a  un  nom, 
on  a  de  Pargant,  on  a  des  honneara. 

Un  amateur,  tout  pidn  des  Tera  de  M.  Yietor  Hugo  d.de 
M.  de  Lamariine,  fait  Tolontiers  des  Ters  comme  ces  deei 
messieurs ;  il  y  a  trente  Taudeviiffstesqn!  sont  I'Mio  plus  ou 
mofaisexaddeM.ScHbe,afitantde  feuOtotonisles  qui  to  sod 
de  M.  J.  Janin»  dnqnante  romanclers  qui  ne  le  cMenl  I 
M.  Dmnas  qne  poor  la  rapidity  et  to  aeeret  desmoyensd'ex^ 
Gution.  A  Dieu  ne  plaiise  que  nons  refudons  de  grantk  u-i 
lents  et,  d  l*on  veut,  du  g^nto,  aux  corypbte  de  la  liUe- 
ratttre  facile\  mais  la  plaie  qui  ronge  to  sidcto,  et  qui  lei 
a  ^rgnte  moSas  que  tons  antres,  I'aaaenr  de'  I'argenf,  oe 
tour  Idsse,  nl  to  temps,  ni  le  ddsir  de  aeeoMplder.  Eotr^ 
eux  et  to  libraire  s'^tablissenl  les  mtaMs  rapports  qu'eotre 
^entrepreneur  d  tooompagnon :  ito  mardiandettt  d  on  l«i 
marchande.  II  en  est  qui  traTdllent  k  forfdt,  d'aotres  qui 
sont  k  leurs  pitees.  Ceox-d  fontdea  mardite  k  tenue,  c/fsn- 
14,  d  ce  sont  lea  plus  hupp^,  se^  knA  payer  d'aTsnoe. 
On  n*en  Toit ancnn,  pour  me  aerdrd'une  de  tears  expre:s- 
sions  faforites,  fdre  de  fart  pour  Fati^tidi^  par  im^^ 
possible,  s^^renant pour  lui  d'un  beanxde,  Ds  a^enblideol 
jusqu^^  rSTdr,  oorriger,  poMr,  adierer  leurs  osiTres,  la  co- 
pidit6  serdt  to  qui  tampdi^erdt  tours  sorupulea ,  goormande- 
rait  tour  apatbie,'et  leurcrlerail ':  HStet-TOOsl  D^ilfeurs, 
ont*ils  bten  le  sentiment  dePart  F  Un  trdt,  an  contrdie,  lis 
caractdise  s  o'est  un  fgnoranoe  prbfilnde,  o«^  ce  qui  e^tpis,* 
une  oonndssance  superiidelto  de  toutes  eboses ,  snffisante 
pour  donner  beauooup  de  prtemptton,  Insufitoante  poor 
aider  an  d^doppeuMnt  d^un  talent  durable.  Aussi,  exoeptec- 
en  un  on  denx,  toos  netrooTeres  chez  les  autres  nolle  trace 
de  ces  quality  qui  constituent  les  grands  toriTalBs,  on  sim- 
plementtos  ^rlTains  ntUee^  e*tet'4-dire  la  sdenoe,  to  m^di^ 
latlon ,  des  Toes  Justes,  de  Td^Tatfion  sans  empliase ;  mais, 
en  reranche,  to  Tide,  une  l^gdvt^  touteeataiiiire,  to  £mu,  to 
faux  surtout,  qui  y  r^e  en  monar^  absoln ,  des  idto 
ou  sl^riles  ou  huicceselbtes  k  la  nature  bom4e  de  rbomme; 
enfin,  un  artifice  de  langage  appropritf  k  cdenaeadiie,  on'il 
couvre,  qu^il  prot^e,  auquel  ii  donne  un  air  de  vie  et  de 
sant^  iactice,  et  k  r^ard  duqud  il  rempUt  assez  to  rdle  de 
ces  costumes  de  parade  dont  on  retdles  cadarres  desrois 
jusqu^au  jour  des  fun^rdlles. 

On  se  rendra  aisdneot  raison  de  eette  ignorance  en  con* 
siderant  d*oD  sortent  pour  la  plupart  ces  teriTains.  Ce  soot 
d'abord  des  oisifs,  les  uns  riches,  les  autres  pauTres,  qd 
sentent  ta  n^cessit^,  quoique  dans  des  Tues  difr6rentes,d*agir 
d'une  faC'Un  queloonque,  et  qui  choisisseat  la  plume ;  des 
jennet  ^cns  enrOl^  de  lorce  dans  oertafaies  profesdons,  d 
ayant  rumpu  avoc  elles  par  incapacity  ou  par  orgudl ;  des 
personnages  ruin^,  inca|)ables  dindustrie  d  de  trsTail,  d 
ayant  acquto  asses  d*eip6rience  d  de  jargon  dans  to  moada 


FACILE  —  FACTEUR 


S43 


poor  fle  flatter  da  rebire  leur  fortmie  ao  moyea  de  la  presee ; 
dfs  UU^raleon  ineomfnrU  dans  leor  proTince,  «t  qui  accoo- 
lent  k  Paris  avec  Tespoir  d*y  faira  aensation;  des  clercs 
d'avou^,  qui  ont  quelqaea  mola  de  prooMure  et  qnl  s'ima- 
gineni  qn'en  appliqmnt  le  style  de  T^de  k  dea  r^ts  d'^- 
Tteements  dramatigoea,  Ua  dertieBdront  des  teriTains;  des 
oonunia  de  fiaance,  habitiite  k  quitter  le  bureau  de  bonne 
beore,  ayant  par  eona^iicnl  da  tempa  de  reste,  qu*lla  em^ 
ploierool  ii  ae  Inyer  on  aoote  dandeatin  et  gratuit  dans  les 
boiidoin  des  Iboubms  gaiantes,  et  treutewnt  mati^  k  bro- 
cker  una  pitee,  on  roman,  qui  se  reasefetlFa  da  lieu.  Pas  un  de 
eea  gens  de  lettrea  Improvise  n'a  pu  ni  su  se  faire  un 
foods  de  eonnaiasaBces  aoiides ;  pas  un  d'eux  n'a  manifesto 
le  mooidre  de  eea  symptAinea  prteooes  qui  sont  les  signes 
aTantreoarears  de  la  destiny  et  cependant  tous  eroient  que 
sans  aatre  effort  que  cetui  de  noireir  du  papier,  fls  arriTe- 
ront  par  les  lettres  k  Yivre  sur  un  pled  couTenable  ct  ^  oc- 
coper  d*eoi  le  publie. 

Taiaemeot  qaelqnea  esprita  supMeurs  gtoissent  de 
eette  foaesle  taadance  et  a'eflbrcent  de  la  nentraliser  par 
des  paoteatatlooa  ^loqucales  :  ils  reconnalssent  tous  les 
joors  qoll  eo  est  dea  Ungues  eomme  des  indiridus  et  des 
peoples  y  qu'eUes  ont  leur  enfanee,  leur  TirilitA  et  leor  d6- 
cr^pitode ;  qu'ellea  ausai  pensent  taire  des  progrta ,  lers- 
qa*clles  sobatituent  des  eBOkbelUflaennnts  faetices  k  leura  or- 
nements  natorela»  de  ni6me  que  Ton  sMmagine  en  imposer 
aor  Tige  et  revAtir  una  seoonde  Jeonesae  en  dissimulant 
la  calTttie  sooa  On  fanx  tonpet,  le  d^pouiUement  des  alrtoles 
maxillaires  k  I'aide  d*aa  rfttelier,  les  rides  de  la  peau  avec 
des  oosm^ques.  Ge  qui  adoudt  un  pen  Pamertume  de 
leors  regreUy  c'est  de  croire  k  reiistenoe  d*une  autre  loi 
g^n^raley  en  Tertu  de  laquelle  le  beau  qu'iia  ont  aini^  arec 
paaeioD  ne  p^rit  cbez  un  peuple  que  pour  reflTre  ehes  un 
autre,  et  qoe  oonme  noua  en  aTona  bdritd  dea  Grees  et 
des  Bemama,  quelque  peuple  en  bdritera  do  nous  k  son  tour 
I^ici  tt,  U  font  s*y  rteigner,  la  aaine  litttetare  fran^ise, 
battoeen  brtebe,  moqu^,  inanltte,  n^gUgte  enfin  et  tout 
a  fait  abandoDD^ ,  ira  prendre  place  k  odt6  des  lltt^ratures 
naortea;  et  on  lui  fera  des  btotombes  de  tons  les  chefs* 
d'ceoTre  qn'elie  a  prodults.  Charles  Mismid. 

FAClLlTl£«  On  entend  par  ee  mot  le  moyen  ou  la  ma- 
niire  ais^de  faiie.  La  facilM  d'esprit,  de  g^e,  est  cette 
diapoattion  natnrelle  d'un  auteur  qui  lui  fait  ^Viter  tout  ce 
qui  sembla  reeberch^  tout  oe  qui  porte  le  caract^  d'un  es- 
]irit  qui  fiiit  les  cboses  atec  peine.  Ce  n'est  souTent  qu'& 
Taide  d'un  trSTail  opfailAtre  qu*on  parvient  k  donner  k  des 
productioos  qoelconquea  le  caradiire  d^ign^  sous  le  noro 
d/e/aeiHU  de  diction^  de  tiyle,  Ainsi  Ton  dte  de  grands 
auteurs  qui  font  aToc  difficult^  des  vers  faciles.  On  appelle 
facility  de  nuBurs  la  disposition  k  vivre  en  paix  et  mtoie 
cordialement  aToc  toot  le  monde.  On  nomme  fadliU  de 
mooveuient  la  aouiilesae  des  ressoits,  le  Jeu  ais^  d'une  ma- 
chine, etc.  Billot. 

F  AGIO  UT  DES  ou  DT  FACIAS,  proverbe  latin,  qui 
signifie :  Jef€A$  pour  que  tu  donneSf  ou  pour  quetu/asses. 
tn  termea  de  droit  romain,  le  contrat  /ado  ui  des  ou  ut 
/aciat  est  un  de  ceux  qu'on  d^slgne  par  innomm^^  c'est- 
4-dire  n*ayant  ni  un  nom  ni  un  caract^  essentials,  tels 
que  eenx  d'acbat,  de  commission,  de  prdt,  etc;  et  ne  don- 
nant  dte  lore  lieu  k  une  action  qv*autant  qa'ils  ont  d6}k  6i6 
tuAcaUe  par  Puae  des  parties  contractantes. 

FACON  (da  Utin/oeere,  fabre,  agir  ).  II  se  dit  de  la 
manftre  d*agir,  d'€tre,  de  traTaiilery  etc  U  se  prend  aussi 
poor  composition,  invention :  Ces  vers  sont  de  la/o^n  de 
Racine.  II  se  dit,  en  termes  de  grammaire,  de  la  mani^re 
de  s*exprimer :  Cettt/afon  de  parler  est  on  gailidame.  On 
s'ea  sertpour  la  mine,  Pair,  les  mani^res :  Gena  d^une  bonne 
ftvom,  d*une  certalne/apoitx,  sans/o^on,  ftira  des  fofons^ 
agir  sans  fafon.  En  agricultore,  ce  mot  d^aigne  les  diTers 
labours  qu^on  donne  k  la  terre  avant  de  Tensemencer. 
L*ooTrierd/af on  est  celui  qui  traTaille  cliei  lui  pour  son 
cooiple.  11  a'emploie  aussi  oour  exprimer  les  minauderies 


cbez  les  femmes,  et  cbez  les  deux  sexes  certaines  ma- 
tti^res  contraintes,  c^r^monieuses,  embarrass^.  Un  auteur 
qui  cherdiait  li  flatter  Jusque  dans  un  dictionnaire  avait, 
sous  randenne  cour,  ^tabli  eetle  difference  entre  les  mots 
fa^ons  et  manures  :  le  premier,  d^aprte  Id,  ne  deyait  se 
rapporter  qu'k  une  allure,  k  des  dehors  affects,  ^dite ; 
rautre,  au  contraire,  k  des  dehors  simples  et  de  bon  goftt, 
difE§rence  qui  n^avait  d*autre  but  que  de  faire  passer  la 
phrase  sufyanfe : « Les  mani^es  de  lacour  de?itonent  des 
fagons  dans  les  proTinces.  •  •  Elie  a,  dit  Scarron,  mille 
petiies  fofons  qui  loi  gagnent  le  cteur  de  tout  le  monde. » 

Fafonner  Yeut  dire,  au  propre,  donner  la/opon  k  un  ou- 
▼rage,  TenjoliTer.  U  se  dit,  au  figure,  de  I'esprit,  des  mfleurs : 
Rien  n'est  plus  propre  que  la  sod^t^  des  dames  k  fofonner 
un  Jeune  homme.  Billot. 

En  teonomie  politique,  on  nomme /a^n  productive  une 
modification  op4rte  par  Vindustrie  pour  cr^er  ou  accroltre 
Yutilit^  d^une  chose,  et  par  \k  sa  valeur.  Dte  qu*une/a- 
fOft  ne  contribue  pas  k  crier,  ou  bien^augmenter  la  raleur 
d*un  produit,  die  n'est  pas  productive.         J.-B.  Sat. 

FACONDE»  Ce  mot  marcbait  autrefois  avec  Eloquence; 
c^^it  one  seiile  et  mteae  chose.  On  ne  passait  pas  pour 
Eloquent  si  Ton  n^^tait  pas  orateur  abundant ,  ayant  de  la 
faconde.  Puis  ce  mot  est  derenu,  paraltjSratioo,  le  synonyme 
honteux  de  loquaeitif  et  on  ne  Temploie  plus  que  pour  de- 
signer la  mauvaise  et  sterile  abundance  des  phrases. 

FAG-^IMILE)  mot  latin  compost,  introdult,  sans  alte- 
ration, dans  notre  tongue,  d  qnl  signifie  ressembkmeepar- 
/aite,  Ce  moyen  sert  prindpalement  k  reproduire  avec  hi- 
tegrite  recritnre  des  personnages  cdibres.  Pour  arriver  k 
ee  rteoltat,  on  fixe  une  fenille  de  papier  k  calquer  sur  le 
manuscrit,  dont  on  suit  exactement  tons  les  traits  avee  une 
plume  taiUte  k  ed  effet  et  trempte  dans  une  encre  pr^paree. 
Pais  on  transporte  cette  copie  sur  le  cuivre,  ou  sur  une 
pierre  llthographique,  que  I'on  soumet  k  Paction  d'une 
presse.  Le  goOt  des  autograph es  a  tait  nattre  celui  des 
faC'Simile,  Les  libralres  en  ijoutent  aux  CBuvres  qu'ils  pu- 
blient.  On  en  a  mftme  fait  des  collections  spedales. 

FACTEUR.  Dans  le  sens  propre  de  ce  mot,  ild^slgne 
cdui  qui  fait  qudque  diose  pour  le  compte  d*autrui,  qui 
vend ,  qui  n^gode,  qui  porte  pour  un  autre.  Dans  le  Ian- 
gage  commerdal,  le  mot  faeteur  nous  est  venu  des  an- 
ciennes /ocfories  que  les  Anglais  avaient  etablies  autrefois 
dansdiverses  parties  du  monde :  les  factories^  que  nous  avons 
appeltes /oc/oreriff ,  sont  des  etablissements  commerdaux 
plusimportants  que  la  logCf  moinslmportants  que  le  c  o  mp- 
f  o  ir ,  od  Tagent  d*nne  maison  de  commerce  vend  des  ma^ 
chandisesaux  indigenes  du  pays  od  fls*estdabli,  ddchange 
ses  produits  centre  les  leors.  Nous  avons  encore  des  fac- 
toreries  sur  divers  pdota  de  llnde,  et  dans  certaines  parties 
de  i'Afrique  centrale.  hefaHewr  y  remplit  rofUce  du  com- 
missionnaire,  accompUt  son  mandat  de  vendre  ou  d*acheter, 
et  permit  un  quantum  sur  la  valeur  des  merchandises  qui 
lui  passent  paries  mains,  quantum  beaucoup  plus  consi- 
derable que  cdui  que  les  conventions  usueUes  attribuent 
auxcommissionnaires*  Beaucoup  de  grandes maisons 
ont  encore  leurs  fecteura  dans  diverses  parties  du  monde. 

On  a  plus  tard  appeie  faeteurs  certains  fonctionnairea 
priviiegiea  charges  dans  les  places  interieures,  dans  les  bailee 
et  marchda  k  Paris,  de  la  vente  en  gros  de  certains  objets 
de  consomroation,  venie  k  la  criee  dont  ils  ont  le  monopole, 
niais  k  laquelle  0  leur  est  serteement  defendu  de  prendre, 
par  enx«mtaies  ou  par  dea  prete-nomsy  un  interet  quelcon- 
qoe.  Paila  a  dea  fadeara  de  la  halle  anx  grains,  des  fedeurs 
de  la  halle  aux  charbona,  dea  (acteura  k  la  maree,  des  fae- 
teurs k  la  Tente  de  la  volatile,  des  oeufs,  du  beurre ;  lis  sont 
nommteparrautoiite  munidpale,  (oumissent  un  caution- 
nement,  ont  un  tant  pour  cent  sur  le  prix  des  ventes,  par 
exemple  6  pour  100  sur  cdlea  de  la  marte,  10  pour  ioo 
sur  cellos  de  la  vdaille,  do  beurre  d  des  (enfe  :  la  vente 
dea  denrees  de  consommation  enbre  les  marchands  eu  gros 
et  les  detaillants,  dana  laqudle  ils  remplisaent  en  realite 

31. 


344 


FACTEUR  —  FACTIONNAIRE 


les  foDctions  de  eommissaires  priseurs,  les  fait  r^puter  com- 
merfants;  ilspeuTent  fairecr^it  aux  acheteurs,  ai  bon  leur 
aemble ,  niais  ils  sonl  immMiatenient  responsabies  du  prix 
des  marchandises  c6dUa  eoTen  le  Tendear.  Ces  charges 
sont  tr^s-lucratives,  et  partant  fort  recherche :  aussi  se 
▼endent-elles  fort  cher. 

Le  nom  de  facteur  se  donne  aossi  aa  commissioimaire 
qui  re^it  et  p^,  dans  les  bareaax  de  roulage  ou  de  mes- 
sagerieSy  les  articles  oa  colis,  et  les  d^liTre  contre  ^arge- 
ment  aux  persoimes  pouTant  7  avoir  droit  11  y  a  mainte- 
mant  anpr^s  des  chemin  de  fer  tin  seirice  de  factage  pour 
la  distribution  des  colis  dans  les  yiUes. 

Enfinje /ac^etir  de  la  poste  est  rhomme  charge  de 
lever,  k  heare  dite,  dans  chaqae  botte,  les  lettres  qui  s'y 
trottvent  d^s^^,  et  de  distrlbuer  ensuite  ces  lettres  Itleurs 
adresses.  Fonctionnaire  aristocratique  au  galun  d^or  sur  les 
eoutures  de  son  l^abit,  dana  les  directions  des  Tuileries  et 
da  s^nat,  le  facteur  est  moins  ^Idgant  dans  les  autres  di- 
rections parislennes ,  et  dans  les  Tilles  de  province*,  dans 
les  communes  mrales,  il  se  contente  le  plus  sou  vent  dVne 
blouse,  et  devient  on  pauvre  diable  de  commiasionnaire,  que 
Tun  ddsigne  valg^irement  da  simple  nom  de  facteur  rural 
ou  piston,  et  qui  povr  un  salaire  plus  que  modique  doit 
parcourir  chaque  Jour,  en  an  temps  donn^  assez  restreint, 
un  espace  souvent  de  40  k  50  kilometres.  II  y  a  dans  chaque 
regiment  des  soas-officiers  d^sign^s  poor  remplir  en  quelque 
sorte  les  fonctions  de  facteur  de  la  poste  aux  lettres  vis-k- 
vis  da  personnel  de  lear  foment;  ils  prennent  le  nom  de 
vaguemestres. 

FACmWJVUMatMnuUiques).  Dans  la  multipli- 
cation, oe  nom  a'appliqoe  i  la  foia  au  multiplicande  et  au 
multipUcateur,  qui  sont  dits  les  facteurs  du  produit.  Par 
ei tension,  on  appelle /oc^eur  toute  quantity  qui  entre  dans 
la  composition  d'une  autre  par  voie  do  multiplication : 
par  exemple  30  est  le  produit  des  facteurs  2,  S  et  5 ;  pris 
dans  ce  dernier  sens,  facteur  est  synonyme  de  diviseur, 
Ce  mot  s'emploie  avec  ses  deax  acceptions  en  alg^re 
comme  en  arithm^tiqne. 

FACTEUR  D'lIVSTRUMENTS ,  ouvrier  qni  cons- 
truit  des  instruments  de  musique.  On  appelle  plus  particu- 
li^rement/oc/etirj  les  fabricants  depianos,  d*orgueset 
de  bar  pes.  Ceax  qui  font  des  violons,  des  altos,  des  vio- 
loncelies,  des  contre-basses,  des  guitanrs,  etc.,  ont  conserve 
le  nom  de  luthiers,paTce  qu^autrefois  le luth  (^taitlMns- 
trument  k  la  mode.  11  y  a  des  fabricants  sp^iauz  pour  les 
instruments  en  bois,  tels  que  liautbois,.  clarinettes,  bassons, 
notes,  flageolets,  etc.,  d*autrea  pour  les  instruments  en 
ctiivre,  tels  qae  trompettes,  cors,  trombones,  etc 

Aa  seizi^me  si^cle,  les  foctean  dMnstniments  de  mu 
sique  furent  r^unis  en  corps  de  jurande ,  et  lo  roi  leur 
donna  des  statuts  qui  ont  &A  imprim^.  Avant  cette  dpoque 
ils  ne  pouTaient  employer  pour  la  fohrication  des  instru- 
ments que  retain,  le  cuivre  et  le  liois;  car  s^ils  se  servaient 
d'argent  ou  d'or,  ils  ^talent  querell^  par  les  orf^vre8;s'iIs 
se  servaient  de  nacre  ou  de  bois  colons,  ils  ^talent  que- 
rellds  par  les  labletiers. 

Parmi  les  focteurs  d*2nstruments  qui  ont  acquis  quelque 
c^^britdy  on  dte  Silbennann  et  Clicquot  pour  les  orgues, 
Erard,  Pape  ot  Pleyd  pour  les  pianos,  Sax  pour  les  ins' 
tniments  on  cuivre.  Daniou. 

FACnCSE,  qoalifieation  manvaise,  applicable  k  toutes 
les  imitations,  plus  on  moins  exactes,  de  la  v^rit^.  he  faux 
est  tont^  fait  en  oppasition  avec  le  vrai,  tandis  que  Xefactice 
n*est  que  la  cdhtrefa^on  du  rrai.  Rabelais  a  fait  un  cliapitre 
sur  le$i  ehevaux/oc/ices  de  Gargantua.  Dans  Tordre  maUMel, 
chaque  foisqne  la  science  ou  Tart  veulent  tromper  nos  sens 
en  copiant  quelque  creation  de  la  nature.  Tart  ou  la  science 
nous  donnent  des  productions/oc/tces,  des  eaux  min^rales 
factices^  des  fleurs /oc/ices,  etc  Dans  I'ordre  moral,  lors. 
que  les  peiiples,  d^k  loin  de  leur  berceau,  ont  vieiili,  et 
que  la  civilisation  est  si  avancde  qu'elle  louche  k  la  cor- 
ruption, tout  devient /ac/ice. 


FACTIOIV,  FACTIEUX.  Le  premier  de  ces  mote  d^ 
signe  une  cabale,  an  parti  qui  se  forme  dans  un  £tat ,  dans 
une  ville ,  dans  un  corps,  dans  one  compagnie,  poor  trou- 
bler  le  repos commun  (faeiio,  teditio).  Lefactieux, selon 
le  DictUmnaire  de  Tr^vouXt  est  on  dtres^tieux,  remuant, 
excitant  on  cherchant  k  exciter  dee  troubles,  formant  des 
cabales,  ou  y  adh^rant  Faction  et  parti  sont  synonymes, 
en  ce  que  tons  deux  supposent  ^galement  Panion  de  plusitura 
personnes,  leur  opposition  k  qodques  vnet  diff^^rentes  des 
leurs ;  mah  faction  annonoe  da  OMiavemeat,  parti  n^esprime 
qu'un  partage  dans  les  opinions.  Le  dernier  u'a  rieu  d'odieox, 
le  premier  Test  toujours.  Un  chef  de  pafti  est  constamment 
on  cbef  de  Diction.  Un  parti  encore  faiUe  n*est  qu'une/oc- 
tion  :  \h faction  de  Gter  devint  le  parti  dominant  qui  ea- 
gloutit  la  r^publiquo.  Lea  amis  de  C^sar  ne  formaient  dV 
bord  qn^one /action,  Ils  se  cachalent.  Dte  qu*ils  furent 
asset  forts,  le  secret  devint  Inutile,  Impossible,  ils  fonn^rent 
un  parti, 

Les  factions  k  Rome  ^talent  les  difTi^rente  groupes  de  com- 
battante  an  ci r qne .  11  y  en  avait  qnatre :  la  verte,  la bleoe, 
la  rouge,  la  blancbe.  Domitien  en  ajouta  deox,  Ul  faction 
dorte  et  la  pourpre.  On  les  appelait  Urates,  en  g^n^ral,/ac- 
tiont  des  auriges  on  des  quadriges.  Sous  Justinien,  4 
Constantinople,  40,000  honnmes  ayant  p^  dans  un  combat 
entre  les  partisans  de  {^faction  des  verte  et  oeux  de  la /ac- 
tion des  bleus,  les  tactions  du  cirque  furent  abolies. 

Dans  Part  bermitique,  on  appelait  faction  de  Vcmvre 
divin  raooomplissement,  la  perfection,  Tacb^vemait  da 
grand  ceuvre. 

Dans  les  conclaves,  on  donne  le  nom  de  factions  aux 
partis  des  difliftrento  cardinaux  portte  au  saint-si^e. 

FACTION  (Art  mUitaire).  Ce  mot,  appUqud  aa  m^ 
canisme  du  service  des  troa|ies,  ^Uit  inconnu  il  y  a  tniis 
si^cles;  on  n'employait  dans  ce  sens  que  I'eipression  guet, 
guette  oa  escoute.  Le  terme  faction  so  tronve  pour  la 
premlto  fois  dans  les  ordonnances  de  Ilenri  11,  mais  il 
avait  plut6t  le  sens  defonction  ou  de  poste.  et  de  rondeim 
de  patrouillef  qoe  I'acception  actueUe.  £tre  en  faction  , 
oa  dtre  en  sentinelle,  ne  se  prennent  Ton  pour  Tautre  que 
depuis  Loais  XIY,  et  n'ont  ^t^  consacrte  par  les  ordon- 
nances  qae  depuis  le  millea  du  sitele  dernier.  La  faction 
est  aiqourd'hui  le  poste  oocap6  par  une  sentinelle  cbargte 
de  Tex^cation  d'une  oonsigne  :  le  temps  d*ane  faction  est 
ordinairement  de  deox  heures;  mais  k  rarm^,  aox  postes 
qui  exigent  une  grande  snrvelllance  il  n*est  qoe  dHine  heuie. 

L'^tymologie  da  vaoif action  est  inoonnoe.  Dans  les  asages 
des  troupes  romaiues,  les  factions  s'appelaient  vigilix  ei 
duraient  trois  beures;  du  mofais,  il  on  ^telt  aioat  du  temps 
de  Lucain,  t^moin  ces  vers : 

Jam  autra  siUbanis 
Twtiajam  wgUes  commo^^erat  hcra  secundos, 

Daui  ua  calme  profood  d^jile  camp  repose  ; 
La  troisitoie  heare  aonoDce  one  seeonde  poee. 

Les  buccinateors  en  donnalent  le  signal  aprte  avoir  consults 
Tborloge  k  sable  00  k  eau.  Les  vers  suivante  peuvent  fair« 
croire  que  les  factions  se  comptaient  k  partir  du  soir,  et  que, 
suivant  la  saison,  la  quatri^me  pose  r^pondait  au  point  du 
jour.  On  lit  dans  Properce  : 

St  Jam  quarta  eanii  ^vetUuram  bueeina  lueen, 

L'aorore  et  la  trompette 
AnnoDcenC  aas  loldata  la  quatrieme  guette. 

G**  BABDm. 
FACTIONNAIRE.  Dans  Tantiquit^  romaine,  c'^ait  lo 
chef  d'une  faction  dans  les  jeux  du  cirque.  Au  temps  de 
BrantOroe,  on  appelait  factionnaires  lesfactieux.  Pendant  le 
oours  dadix-huititaie  slMe,/ac/ionnaire  et/bnc/ionatatr4», 
ou  militeire  s*acqaittont  d'ane  fonction  de  service,  ^toient 
synonymes,  et  i'usage  avail  fait  de  factionnaire  one  «pi- 
tliMe  ddsignative  du  rang  doscapitaines.  Un  capiteine 
factionnaire  ^talt  un  capitifaie  non  exempt  de  mooter  la 
garde :  ainsi,  le  colonel ,  le  lieutenant-colonel,  le  major,  dtant 
capitaines,  puisqu'ilsen  toudialent  la  solde  ct  qu'ils  avaieut 


FACTIONNAIRE  —  FACULTES 


245 


4Jnc  compagniey  ne  comptaient  pourtant  pas  au  nombre  des 
lactioiinairesy  parce  qa*ils  ne  montaient  pas  la  garde :  tel 
^it  aussi  le  cas  du  capitaine  de  grenadiers.  Le  premier  fao* 
tionnaire  du  r^ment  6tait  le  commandant  de  ia  quatritoie 
compagnie,  qui  en  m£me  temps  dait  la  premiere  de  ftisi- 
liers.  C*^tdt  on  personnage  consid^raUe;  fl  commandait 
efi  Tabsence  des  ofDciers  sup^rieurs;  il  ^tait  le  d^posi- 
taire  des  fonds  da  concordat.  C'est  pea  arant  la  fin  du 
sitele  dernier  qoe  I'idiomedes  soldats  a  commence  k  donner 
an  mot /aetUmnaire  le  sens  quil  a  oonserr^,  celui  de  «eii- 
iinelle,  od  de  vedett9%  G*'  Bardin. 

FACTORERIE  ou  FACTORIE.  Koyes  FAcrEim, 
CoHPTom  et  Ihdb. 

FACTOTUM  9  odni  qui  est  cbarg^  ou  qui  se  charge  de 
tout  faire  :  tel  est  le  sens  du  latin  quifacii  iolum,  C'est  le 
Dom  qu'on  donne  k  Tintendant  d^une  grande  maison ,  an 
mandataire  cbarg^  des  alTaires  d'une  lamille ,  h  qui  rien  n^est 
stranger,  et  qui  s'occupe  volontiersde  tout,  sansr^e  ni  me- 
sare.  Yoili  ponrquoi  cette  eipression  se  prend  le  plus  sou- 
Tent  en  mauvaise  part,  et  s'appUque^  celui  qui, diarg^  d*un 
mandat  bom£,  s'eflbrce  de  se  rendre  utile  et  parfois  n^ces- 
saire,  grftoe  k  la  faiblesse  de  son  mandant,  en  allant  bien  au 
dela  de  ce  qu'on  lui  avalt  demand^,  s'^tablissant  le  d^fen- 
seur  oflicieux  d*int^6ts  que  personne  ne  songeait  k  discuter. 
Le  propre  du  factotum  est  de  se  donner  une  importance 
qu'il  ne  doit  pas  aToir;  et  aotant  0  Tait  le  plat  Talet  en?ers 
oelui  qu^il  f  eut  eapter,  autant  il  cherche  k  tynnniser  ceux 
que  le  basard  place  sous  sa  dependence :  aussi  le  l^totum 
rtossit-il  g^n^alement  k  se  foire  d^tester  et  m^priser  de 
toot  le  monde. 

FACTUM  9  m^moire  manuscrit  ou  imprim^,  contenant 
Texpos^  d*une  aifaire  contentieuse,  les  faits  d*un  procte, 
racont6s  sonomairement,  et  od  Ton  ^outait  quelquefols  les 
moyens  de  droit  Ces  sortes  de  m^noires,  d*aboi^  t^ig^s 
en  latin,  Toreiit  ainsl  appel^  parce  que  on  y  mettait  en  tfite 
oe  moi  Jfactum,  pour  annoncer  Texposition  du  fait.  Depnis 
que  Francis  I*'  eut  ordonn^,  en  1539,  de  r^diger  tous  les 
actes  en  rran^ais,  on  ne  laissa  pas  de  consenr er  encore  an 
palals  quelqoes  termes  latins,  entre  autres  celui  de  /actum, 
Le  jurisconsulte  Lojsel  remarque  que  le  premier  factum 
imprim^  fut  lait  conire  le  prudent  Le  Maltre,  par  le  sieor 
de  La  Vergne ,  son  gendre,  sous  le  r^e  de  Henri  II.  Ce  mot 
n*est  plus  d'aucon  usage  dans  notre  jurisprudence  actuelle, 
oil  il  est  rem|dac4  par  le  mot,  plus  gdndral,  de  m^moire. 

Factum  se  dit,  par  extension,  de  tout  dcrit  qu*unc  personne 
rublie  pour  attaqtier  ou  pour  se  d^fendre.  Rien  de  plus  c^- 
l^re  dans  les  Castes  de  TAcad^mie  Fran^ise  que  \tsfaetU9ru 
de  Fureti^re  centre quelques  membresde  ce  docte  corps, 
k  Toccasion  du  Dictionnaire  par  leqnel  11  ayait  devancd  la 
publication  de  celui  de  TAcaddmie.  Que  de  factum*  ont 
pam  dans  la  fameuse  querelle  du  jans^nismel  Dans  la 
dicussion  qui  seprolongea  de  1730,  k  1750  entre  la  Faculty 
de  m^edue  et  les  chirurg^ens  de  Paris,  il  fut  public  de 
part  et  d^autre  des  factums  et  des  mimoira  od  chacun 
dirinisait  son  art  et  appuyait  molns  sa  cause  sur  de  bonnes 
ralsons  qu*il  ne  la  g^tait  par  des  personnalit^  inconTenant^s. 
Lors  de  la  d(^p1orable  aflUre  des  couplets,  le  poSte  J.-B. 
Rousseau,  cruellement  calonmi^  par  ses ennemis ,  fit  pa- 
raflre  no  factum  asses  firoid,  et  qui  n'eut  aucun  surx^; 
mais,  dans  son  m^moire,  Saurin,  principal  adversalre  de 
ootre  lyrique,  montra  aatant  de  T^h^mence  que  de  logique : 
c'e^t  ce  qui  fit  dire  dans  le  temps  que  le  gtem^tre  avail  dcrit 
SOP  factum  en  poete,  ct  le  po^te  compost  le  sien  en  gdo- 
mMre. 

Le  factum  diff&re  du  pamphlet  en  ce  que  ce  demiei 
root  indiqne  toujours  on  <crit  agressif,  tandis  que  i^autre 
J  cot  ^gilemeat  lire  coosacr^  k  d^^fcndre  et  h  attaquer;  mais 
quand  il  passe  les  bomes  qui  lui  sent  impos^*f$,  Q  devicnt 
on  libelle.  Charles  Du  Rozoia. 

FACTURE  ou  Compte  de  venle.  On  appclle  aiii«i  IVtat 
d^lirrd  par  on  marclumd  a  celui  aitquel  '1  a  vendu.  Dans  le 
petit  eommerce,  la  lecture  est  asscz  ordinalreoicnl  revaue 


de  la  signature  du  vendear,  parce  qn^elle  suppose  un 
payement  k  vue.  Si  oe  payement  n'a  pas  lieu,  la  signature  est 
biflte  ou  dtebirfe  par  le  porteur.  Apposer  sa  signature  au 
bas  d*une  Cicture  oo  d'un  compte  de  yente,  cela  s'appelle 
Vacquitter,  Dans  le  bant  eommerce,  de  Tiile  k  ville,  d'Etat 
k  £tat,  la  factnre^  toojours  acquit!^,  est  eoToyte  sous  le  pit 
d'une  lettre,  par  la  poste,  par  un  n^odant  k  on  autre  n<^- 
godant.  Alors  elle  doit  contenir :  I*'  la  date  de  I'envoi ;  2^  le 
nom  de  la  personne  qui  le  lait,  et  de  celle  k  qui  il  est  Tail; 
8°le  temps  des  payements;  4**  le  nom  du  Tolturier;  5"  les 
marques  et  nnm^s  des  bailee,  ballots,  oolis,  paquets, , 
caisses,  barriques,  etc.,  qui  contiennent  les  marcliandises; 
6*"  les  esptees,  quantity  et  quality  des  merchandises,  conune 
aussi  leurs  num^ros,  poids,  mcsures  on  aunages ;  7®  lenrs 
prix ;  8®  les  Arals,  comme  droits  d'entrte  ou  de  sortie,  cenx 
de  commission  et  de  courtage  dont  on  est  conveDo,  ainsi  qoe 
cenx  d^nsage,  les  frais  d*emballage,  portage,  etc  Ces  frais 
sent  fljout^  k  Tensemble  da  montant  de  la  factore.  Quand 
il  s'agit  du  commerce  maritime,  il  faut  jolndre  le  prix  du 
fret  et  des  assurances.  F€tire  nUvre  la  frais  d'unefacture, 
cela  Tent  dire  charger  le  Toiturier  oo  le  capitaine  de  navire 
qui  transporte  les  merchandises  dont  elle  fait  mention  de 
toucher  de  Tacheteur  le  montant  de  tous  les  frais  de  ceite 
facture. 

FACTURE  (Musique).  Ce  mot  exprime  la  mani^re 
dont  un  morceau  de  musique  est  compost;  il  s^entend  de 
la  conduite  ou  de  la  disposition  du  chant  comme  de  celle 
de  l*harm<»iie.  On  dit:  une  bonne  ou  unemauyalse/octure; 
mais  sans  ^pith^lc  ce  mot  se  prend  toujours  en  bonne  part 
On  dit  qu'un  morceau  a  de  la  facture,  ou  qu'il  est  d'une 
belle  facture,  pour  signifier  que  le  chant  et  I'harmom'e  en 
sent  disposes  avec  art  Lorsqu'on  dit  simplement  un  mor- 
ceau  de  facture,  on  entend  parler  d'un  morceau  de  longue 
haleine,  fortement  intrigue,  et  dans  leqnel  le  compositeur^ 
en  d^ployant  tous  ses  moyens,  montrera  ce  qu'il  pent  faire. 
On  a  d^k  applaudi  ses  airs,  ses  duos;  on  attend,  pour  juger 
son  talent,  quMl  ait  donn^  un  morceau  de  fiictnre. 

II  est  bon  de  faire  ebsenrer  que  ce  mot  ne  s*applique  gn^ 
qu'il  des  morceaox  d'ensemhle,  k  des  finales,  k  des  sympho-> 
nies,  k  des  fragments  de  messe,  k  des  fugues,  k  des  choses 
d^une  certaine  ^tendue,  d'une  conception  difficile,  ct  parti- 
culiirement  consacr^  au  contrepoint  li  serait  ridicule  de 
parler  de  la  facture  d'une  romance  on  d'un  petit  air.  Mais 
on  pent  venter  la  facture  savante  d'un  canon,  d*un  madrigal, 
parce  que  ces  pieces  fugitiyes  appartiennent  essentieliement 
k  la  science. 

En  termes  d'organiste,/ac/tfre  est  synonyme  de  grosseur. 
les  tuyaox  de  la  petite  et  de  la  grande /oc^ure. 

Castil-Blazb. 

FACTURE  ( Littirature)  se  dit  de  la  maniire  dont 
une  pi^,  prose  ou  yers,  est  compost.  Lbl  facture  tient  au 
g^nie  particulier  de  I'autenr.  II  s'emploie  indiyiduellement 
en  parlant  du  genre  de  yersification  d'un  poete;  on  dit :  Son 
yers  a  de  la  facture,  on  est  d'nne  excellente  facture;  il 
entend  bien  \Bi  facture  du  yers.  Le  yaudeyille  et  la  chanson 
se  seryent  aussi  de  ce  mot  en  cette  acception  :  couplet  de 
facture. 

FACULES9  nom  qne  les  astronomes  modemes  ont 
donn^  k  des  esptos  de  taches  brillantes  que  le  telescope 
leur  a  flEut  quelqnefois  obserfer  sur  ou  au-dessus  de  la  sur- 
face du  soleil,  et  qui  ne  tardcnt  pas  d'ailleurs  k  prompte- 
ment  disparattre;  aussi  sont-elles  extr^ement  rares.  En 
1634,  U^fdlios  en  yit  une  dont  la  largeur  ^tait ,  dit-on , 
^e  au  tiers  da  diamMre  du  soleii.  Le  mot/orctf/es  est, 
par  cons^uent,  le  contraire  de  macules,  terme  qui  sert  k 
dfeigner  les  endroits  obscurs  du  disque  du  soluil. 

FACULTES  (Psychologic ).  Le  mot  faculty,  dans 
son  acception  la  plus  dtcmdue,  signifie  pou i.*oJr.  virtualiti, 
puissance,  mais  une  puissance  dont  on  a  d^termln^  le  mode 
4'actloa.  Ainsi  faculty  ne  pent  pas  ^tre  employ^  pour 
puissance  qu4i«i  on  dit  la  puissance  en  g<*ncraj ;  mais  si 
Ton  d^nnfaie  le  mode  de  celle- d,  et  qu'on  dise  la  jnils- 


346 


FACULTES 


sanee  de  dig^rer,  de  penser,  etc.,  1e  isxoi/aeulU  devient  son 
synonyroe,  e(  cf^ploie  de  ptdflSrenee. 

Leg  faculty  de  TAme  sonttespoureirB  dent  elle  eetdoa^ 
de  se  d^velopper  dims  les  difMretit6>pl«teonitees  par  lesquela 
eile  se  maniieste  k  la  eonscienoe'z'aiitant  Wk  reeonnatt  de 
sortes  distinctesde  pbtoomteee  oi>  de'raodes  de'd^eloppe* 
mentde  Ptoe,  anfanion  Ini  reocmnattidejraeiilttedutinotes. 
Ce  n'est  done  que  par  ie»  cafactire»'di(Miientiels  qne  pr6- 
sentent  les  phteomtoes  qu^on  dintfrencle  les  fiicalt^.  Or 
malgr6  les  innombrables  modificationt  qnol'lne  pent  subhr 
pendant  son  s^jour  iei-bas,  IVslI  de  la  consdenoe  n'y  d^ 
coavre  qne  trois  ordres  prindpanx  de  pMnonines :  i^  des 
piaisirs  on  des  pelnes,  V*  des  oonnaissaneeSy  3*  des  actes. 
Tons  les  laits  psycbologiques  penrent  se  raaener  k  ceux-1^ ; 
ils  n*en  sont  que  des  formes  dilKrentes,  on  Men  des  com- 
post od  ees  fiiits  simples  entrent  comme  ^l^ents.  De  U 
trois  pouTOirs  distinctsdans  I'Ame:  la  faculty  de  jonir  cm  de 
sonffHr,  ou ,  en  on  seol  mot,  de  sentir  :  on  Ta  nommte 
sensibilit^i  \m  Taculttf  de  connaltre,  en  d%otres termes 
rin#0//i^eiice;etla()iciilt6d^agir,c'est4-direrac<iril^. 

Les  faculty  de  Tftme  different  essentieUement  des  facalt^ 
du  corps  i  qui  ont  pour  but  racoomplissement  des  fonctions 
de  la  vie  organique;  elles  s'en  dlstingnent  d'abord  par  la 
nature  de  leurs  phdnomtees.  n  n'eilste  ancone  similitude, 
aucune  analogic  ratre  les  faits  relatifs  k  la  digestion ,  k  la 
circulation  du  sang,  k  la  stoftion  des  bumeurs^  etc.,  et 
entre  les  faits  qui  constituent  le  d^Tcloppement  dn  principe 
pensant,  tels  que  les  idte,  les  sentiments,  les  d^irs,  les 
d^Sterminations,  etc.  Les  pb^nomtoes  des  faculty  de  TAme 
ne  tombent  point  et  ne  sanralent  tomber  sous  les  sens; 
lioos  les  conoaissons  sans  avoir  besoin  de  recourir  au 
scalpel  ni  ao  microscope.  Les  pb<hiomtoe8  des  faculty  du 
corps  tombent,  au  contraire,  sous  les  sens,  et  nous  ne  les 
oonnaissons  que  paroe  qulls  sont  accessibles  k  i^observation 
exteme.  Ges  deux  sortes  de  faculty  different  encore  par 
leur  but  :  aind,  le  but  des  facnltte  de  Vkme  est  de  nous 
laire  connattre  le  vrd,  sentir  le  beau,  accomplir  librement 
le  bien ,  en  un  mot,  de  nous  aider  k  remplir  la  destine  la 
plus  gloriense  qui  pnisse  6tre  assign^  k  une  cr^ture.  Le 
but  des  faculty  du  corpa  est  tout  k  fait  difEftrent :  elles  ont 
pour  unique  misdon  le  mdntien  dela  Tie  organiqne,  c'est- 
k-dire  Paccomplissement  des  fonctions  que  les  organes  ont 
k  remplir  pour  que  le  corps  pnisse  crottre,  subsister  dans 
on  ^tat  normal ,  et  vivre  aind  pendant  un  certain  temps  ao 
senrice  de  VAme,  qui  a  besoin  de  son  minist^.  Mais  ce 
qui  creuse  encore  one  ligne  profonde  de  d^arcation  entre 
ces  deux  ordres  de  faculty ,  c'est  que ,  par  cda  m6me  que 
PArae  est  one  force  intdllgcoite  et  qui  a  pouvoir  de  se  con- 
nattre, die  oonnatt  ses  faculty,  leurs  opitoitions,  leurs  d^ 
vdoppements ,  et  il  n^est  aucun  de  leurs  pb^nom^nes  qui 
lui  6cliappe.  Si  la  force  qui  sent,  pense  et  agit  librement 
<^tait  ausd  la  force  qui  digfere,  qui  fait  drculer  le  sang,  s6- 
cr^ter  les  humeurs,  solidUierlesos,  etc., comme  cette  force 
se  connalt,  die  se  connattrdt  avec  toutes  ses  faculty,  et 
attdndrait  leors  pb^nomtoes  comme  die  atteint  les  pb^o- 
mtoes  affiectifs,  intellectuds  et  volontdres;  la  rdlexion 
seule  lui  suffirait  pour  les  Int  faire  dtoorrir.  Mais  il  n'en 
est  pas  dnd  :  la  consdence  ne  lui  r^vde  en  aucune  ma- 
ni^  les  mystftres  des  fonctions  de  la  vie  orgimique,  de  la 
digestion ,  de  la  stolon,  de  la  drculation;  PAme  a  beau 
se  replier  sor  dloHmtoieet  faire  tons  les  efforts  Imaginablea 
de  reflexion,  ellene  8*aperQoit  pas  qu'dle  dig^re  et  comment 
die  dig&re,  qu^dle  fdt  drcoler  le  sang  et  comment  die  le 
fdt  ciivaler.  SI  plus  tard  die  prend  connaissance  des  ph^ 
nomtees  de  la  vie  organique,  die  ne  les  connatt  dors  que 
comme  die  connalt  1m  aotres  pbteomtoes  de  la  nature  ex- 
tdrieure;  die  les  regarde  comme  ind^pendants  d^dle^mteie, 
parce  quMls  ne  se  manifestent  pas  &  die  directement  par 
la  conscience,  comme  les  phfoomtoesqui  lol  appartlennent 
eftpropre. 

Mds  d  les  facoli^  de  PAme  se  s6parenl  des  facult^s  du 
corps  par  des  caracldres  dUTerentids  ausd  prononc^,  dies 


ODt  eependant  cda  de  commun  avec  dies,  que,  dans  Vdat 
actod  de  i*Ame ,  dies  sont  unles  par  un  lien  mysKrieoi  I 
des  organes  dont  dies  soblssent  Plnfluence,  et  qui  doiTcot 
accomplir  r^liftranent  leors  fonctions  pour  que  l*ime 
pulsse  accomplir  ausd  les  siennea.  Les  d^couTerlesr^centes 
de  la  pbysiologleqn!  le  proovent  reposent  sur  des  fidts  trop 
constants  p6or  qi^  ne  solt pas  Insens^  d*en' dodter  encore; 
mais  ce  n^est  point  du  tout  one  raison  de  les  confondre 
aTcc  sestn^anes  dans  la  dependence  raomentante  desquds 
dies  sont  placte;  dar  les  facdt^  dles-mtees  qoi  consti- 
tuent la  viedu  corps  nedoitent  pas  dtre  plus  qu'dles  con- 
fondues  ayec  les  appardls  oi^aniques  au  moyen  desquds 
dies  ex^Cutent  leurs  fonctions.  ' 

On  distingue  d'abord  deux  sortes  de  facult6s  dans  llntet- 
ligence  :  les  nnes  sont  destinies  k  nous  donner  toutes  les 
connaissances  que  BOtre  entendement  est  susceptible 
d^acqu^rir;  la  fonctton  des  aotres  consiste  k  traTaitler  snr 
les  connaissances  acquises,  soit  pour  les  conserrer,  solt  pour 
les  combiner  de  diffi^rfmtes  mani^res.  On  a  donn^  le  nom 
6efae«it4s  iUmentcAres  k  celles  qui  sont  duuig^es  de  Pac- 
quisition  des  connaissances,  et  on  a  appd6  seeondaires 
odles  qui  sont  cbargte  deles  modifier.  La  premiere  faculty 
d^mentaire  qui  s*offre  k  uoos  est  cdle  qui  noos  apporte  la 
connaissance  desqudit^dn  monde  ext^rieur;  on  la  nomme 
perception  exteme^  do  nom  mteie  de  la  notion  qu*dle  est 
cbar^  d'acqu^rir.  Les  pb^omtees  de  la  mati^  ne  sont 
pas  les  seuls  qui  existent  dans  la  nature.  Les  ph^omtees 
de  la  pens^,  les  sentiments ,  les  actes ,  pour  n*6tre  point 
des  ph^nomtoes  d'6tendne  ni  de  cooleor,  n*en  sont  pas  moins 
perceptibles  kPAme;  die  en  prend  connaissance  au  moment 
piAme  ob  ils  apparaissent  dans  le  nuA,  On  appdle  cous- 
clenee  ce  pouvoir  dont  PAme  est  doo^  de  connattre  tous 
les  pbtoom^nes  qui  nalssent  dans  son  sein ,  et  qu^on  a 
nonmi^/aM»  internes,  par  opposition  aux  fdts  du  monde 
ext^eur  :  la  consdence  est  done  le  pouvoir  de  conndtre 
k  Pinteme.  On  nommdt,  dans  P^le,  cette  facoltd  sensin* 
time;  M.  Laromiguiire  Yti^ipeUe  sentiment  des  fatnUtis 
de  Vdme  :bous  prififirons  le  mot  coiudence  (scire  secum), 
qui  fdt  comprendre,  mieux  qoe  les  mots  sens  intime, 
sentimentf  qu'il  s'agit  d*une  faculty  de  Pmtdllgence.  Les 
id^  qne  nous  foumissent  la  perception  Cxteme  el  la  cons- 
dence ne  penvent  se  manlfester  k  noos  sans  que  nous  aper- 
cevions  lentre  eUes  des  rapports;  uM  de  convenance,  soit 
de  disconvenance;  la  faculty  cbarg^  de  la  perception  de 
ces  rapports  s*appdle  Jugement,  Ind^pendamment  da 
moi,  de  ces  ph^nomtoes,  des  phdnomtoes  du  monde  ext^ 
rieur  el  des  rapports  qui  se  manifestent  entre  les  ofajets  de 
ces  id^,  nous  conoevons  quelqne  chose  d'illimit^,  d'^ 
temd,  d'universel,  de  n^c^saire,  d'absolu,  en  on  mot» 
d'infini.  Cdte  nouvelle  id6e,  qui  n'^contenoe  dans  aucuoe 
de  celles  dont  nous  avons  parid  juSqn'id,  nous  est  donaee 
par  une  (acuity  toute  spddde,  qd  est  la  raison,  sublime 
reflet  de  la  Divinity,  dont  la  dart^  loit  dans  tout  hommc 
tenant  en  ce  monde.  La  raison ,  s'exer^ant  sur  les  donn(ies 
do  Jugementi  op^aot  de  concert  avec  lui ,  prend  le  now 
de  raisonnement,  Le  rdsonnement  prooMe  par  deu% 
votes  difTdrenteSy  qu*on  a  nomm^es  induction  d  ^de- 
duction. 

Lespliflosopbes  ^cossals  ont^t6  embarrass^  des  id  to  dt 
be  a  0  et  de  laid,  de  bie  n  et  de  md,  et  ont  cm  devoir  ad- 
mettre,  poor  les  expliquer,  deux  nouvelles  (acuity  d^men- 
tdres,  le  goOt  et  le  sens  mord ,  oo  la  conscience  morale; 
s*ils  avaient  pooss^  plos  loin  leur  analyse,  ils  auraient  tu 
que  ces  (acuity  ne  sont  point  d^entdres,  mds  qu'dles 
peuvent  se  ramener  aux  faculty  d^ji  connues :  la  peroep- 
tfon,  le]ugenient  etla  raison. 

Lorsque  noos  entcndons  parlor,  qoe  boos  iisons,  qoe 
noos  rAvons,  que  nous  faisons  usage,  de  qudqiie  mani^ 
que  ce  soit,  des  idto  que  nous  avons  acquises,  quoique  lei 
objets  dont  nous  sommes occupy  soient absents,  cx*pcsdanl 
nous  |i00vons  noos  les  repr6senter,  les  concevoir.  La  fa- 
culte  cbargi^  de  reproduire  aliid  dans  notre  esprit  la  notion 


FACULTES 

<)e$  objelB  en  lev  ibeence  est  la  eo  ncep^ian.  Kile  D'est 
point  berate  k  la  reproduetkm  dee  pli^noitotoes  da  moode 
fuible.  Ifoos  ooneeyoos  des  eoUy  nooe  codceTons  un  aeii- 
timent,  an  acta ,  etc  Noa  idte  ne  aa  i^Teillant  point  alnai 
daaanolie  eaprit  Bana  una  oertaine  loi  qni  pr^ida  h  leur  r^p* 
parituNL  Ellaa  tant  excHta  k  repartltra  ainaien  Terta  dea 
rapporfa  qn'attea  penfent  avoir  entra  diea.  Oa  podYofary  que 
Qoa  idte  ont  da  aa  cappelaf  aiaai  at  de  a'aBchaloer  lea  nnea 
un  aolRa,  a  Mappcl6poQTwird'asao«ia/ion.  Savoir 
fa'aaa  notion  prteanto  k  noCit  ci|Mit  eat  la  mama  qna  aella 
qui  s'jr  ait  ^flbrta  prMdamment»  e'ait  le  $ouvenir.  La  ^- 
calt^aa  aMy>CQ  delaqnaUa  la  aonTanir  a  liao s'appeila  m^- 
aiotr^.  QMaftd  naoa  aTonaaoqufa  m  giand  liomljre  de  oon* 
naisaaiiofla ,  nona  ponrona  las  comMnar  dans  un  autre  ordrt 
que  odni  an  «Ustant  leora  olqela  dana  la  nature,  nooa 
poofoos  lea aa^amUer  k  notregr^, de  manfire  k  en  former 
oa  taut  nouTaao^  dont  lea  ^Umanta  «ms  aont  Man  fauraia 
par  floaperceptiooa  anMaurea,  mats  qui  lui-mame  n'exlsta 
pas,  qua  naua  n'avana  reneonti^  nolle  part,  et  qnl  conatltua 
Sinn  ana  vMtabla  crtatiiin  dn  notara  eaprit  La  laeidt^  an 
mojen  4%  laquaOa  nona  ponvona  ester  oea  combinaisona 
iKHiTeUes  a'appaila  ima9inaii9H*  I/lmaglnation  appll- 
qnteanx  prodoctioDa  ittdoaCriellas'prena le  notn  d'inaen- 
tion.  Qnand  leacrtetiona  de  rimaghurtion  nooa  frappent 
par  leur  benvtd,  par  k  perfecfion  da  ranaamble,.  noua 
doonoBsAoalteOMttltdtenomdefitfnia*  Tout  ca  qui  exista 
dans  la  natnre  a*offre  I  nous  k  I'^tat  de  concret,  c*est-ihdire 
que  cfaaqna  d^  aeprteenta  k  notre  esprit  aTeatantes  lea 
parties  qui  In  conatf tnant  Uala  nooa  arona  la  pooToir  da 
omeeroir  s^paiteer  C  oea  partiea  etda  Tea  dttadier,  de  lea 
abitrairameDtalemantdntant  a<^  ellea  taistent  Ce  poofofr 
da  eonoavoir  isnlteient  aa  qui'  dana  la  nature  ne  pent 
existara^paM  dm  iimt,  a'appdlenfrflraelion.  En6n,  U 
Mtuaaaotre  Itenlt6»  aana  laqnalle  nana  naponirioaa  Tina 
aaaatdeaaddl^y  atdsnt  ledteiloppenient  pent  aanl  amener 
la  d^reioppement  de  lontes  les  antra.  (Test  la  potfvoir  d'at^ 
tiflbardasaignaBattxIdteaqai  sent  renfermtea  dans  notre 
oprit  Attx  pauteii  qui  aena  oeoopent  la  ploa  lifement 
aorrespandani  eertainatota  dn  corpa,  eertaina  ebange^ 
ownta dana  PUIihiday  dans  k  pfayakmomla,  certains  oris, 
qaisontlni  immiararfgoaa  Inspirte  par  k  nature  poor  ex- 
priBMr  noa  ■entlmanfs  at  noa  idtea.  Cette  fbenlt^,  inofUd 
mteUednaQe ,  nsoHId  pbyslqae ,  e>at  k  langag$  natnrel;  Ges 
ngaes  deveaanl  InfoOteanti  pour  aiprimer  Urates  nos  Idtes, 
fhoouna^  proAtant  dea  le^na  de  la  natnray  a'est  serrl  de 
ngaeaaonnentlnnniky  afin  da  pontoir  prodoire  an  debora 
da  Id  sa  peaate  to  >plna  eampM^meBi  poasible.  (Test  «a 
qa'an  appeH^/anpnye  1A9  connanlloiinn  nrff/ldei. 

Jaaqaa  k!,  nooa  afolia -eonald^  nntolligBnce  en  die* 
BitaM}  dans:  aa»  kcnltte  propres  el  eenatUntlvea.  Ifds 
poor  que eea  kenltte  pnteaent  aexaroer  afeaauoetey  d 
fant  qua  raedfltd  ktanknne  peurlea'dhigar  vers  knr  but* 
Abaadonatea  k  aUaa-mameay  dks'  ne  Aona-  donneralent  qna 
dea  notkna  vagnaa  et  oonfusea,  qui  na  m^ritaralentpaa  la 
aam  de  eounatsaaHoaa.  <)nand  lea  IscuHte  a*axereeDt  aind 
d*dles-intoaa^  aav  ancun  eflbrt  de  k  iwrt  da  fame ,  dka 
a«t  ditea  kJMat  poMtif.  EUea  son!  Ii  VHat  ocH/qoaod 
ellea  ne  se  bomant  paa  k  raoeroir,*  k  attanihe  les  conaaja- 
saaeea^  makqu'eilea  se  portent,  ae  dirigeut  au-devant  d*dles 
poor  ks  eoropldtar  et  lea  dddrdn  On  kur  donna  akrs  uu 
Boai  diflKrent  pour  iadlqner  le  ifouTd  ^tat  oil  eUea  aa 
trsnTeai  t  aind^  k  paraaptton  extame  k  KMal' aettf  ae 
aomiaa  otoarvaf  im » el  k  kanltd  chargte  de  peftevoir  ka 
Mk  ktanaea  r^fftdeisi  rebeervatta  et  k  i^exkn  out 
nfokaomeonmuind'allanKeii ;  k  Jogeuient  a'prk  k 
aam  da  eamjasrclaea;  k  laiaenacndit  a  gard^  k  dan, 
aksi  que  k  mdmolre ,  rimagkatloii  H  lontes  ka  autiaa. 
L*atteBtkn,  k  eomparaiaoa ,  k  raiaeuMment  k  Vd&i  actif, 
ae  aent  done  point  dea  faeottda  nooveitea  de  rmtdKgeoce , 
ea  aent  senkmcol  dea  6tak  nouteanx  de  cea  faeultte,  d^- 
InaMa  par  rinier?eatlen  de  radmcnt  actlf. 

Dad  ft  ranarqner  qpe  fabserratkn  d  k  rdkxlon  seat 


247 
ks  seals  modes  d'actiTit^  de  rintenigenoe,  e'est-ii-dire  quo 
toutesles  kcaltte  k  V^i  adifn'ont  besoln,  pour  parven'r 
an  but  od  dlea  tendent,  que  d'actes  d*attenlian.  B  en  est 
de  mteie  poor  rimagination ,  k  qui  il  audit  de  Pattention 
donnte  ani  idtes  fooniiea  par  la  conceptiott  pour  dteouvriif 
odtea-qui  conyieanentd  a'adaptent  k  mienx  au  plan  qu'dlo 
s'est  propose.  Nous'  detens  obserrer,  au  sujd  de  rimagi-^ 
nation ,  qu'dle  toe  a*exerce  Jamds  qn'k  V€bX  aetif,  si  co 
n*est  dans  ks  r^Tea,  danaTextase,  d  dads  cerkin^  mo- 
mento  dlnsplralion.  La  plopart  dn  temps  ausd  l^ibstraction 
est  aetive,  Quand  eea  ades  aont  muKlplite ,  c'ed-Mira 
quand  rattaation  est  donnte  aneeesdveinent  k  toutes  lea 
parties  d*an  objet,  elk  prend  knem  dVmafyaa. 

La  sens  ibi  I  ltd  diant  k  ponvoir  d^^rouTer  du  plddt 
ou  de  la  pdne,  on  peutdistinguer  dans  k  sensibilitd  aufaat 
de  pou  vein  divers  que  nous  sommea  susceptibles  d^prouver 
de  sortes  de  peines  ou  de  pkislrs.  Ou  bien  ces  modlfieationa 
aaisfient  dlrectement  des  modificattons  orgattiqde9,et  fe  pou- 
Tdr  d'dprouTar  oea  modificaUona  a  re^  le  nomde  iensi-" 
hilU6  physique,  Ou  foien  nos  sentimentandssent  des  objek 
itttellectuds,  et  le  ponvoir  dont  nous  sommes  douda  ^^ 
pronveir  cette  sork  de  dditiments  a  re^o  lenom  de  sens  du 
beau,  on  JatulU  esthSCique*  Ou  bieik  ks  modlfieationa 
afTectiTea  naissent  dn  ddveloppement  de  i'acttvitd,  et  nous 
pouTons  en  dpranrer  de  k  satlskction,  des  remords;  cette 
facultd  s'appdkadna  moral.  Outre  ces  plaisirs  d  ces  pieines, 
H  est  d*autres  sentiments,  qui  sont  exdtds  par  k  prdsence 
des  dres  sembkbka  ft  noua.  La  ponvdr  d'dprouTcr  de  tek 
sentimento  a  re^  le  nom  de  sfpnpaihfe, 

Lintenrention  de  radlTitd  dans  lea  phdnomftnea  sandbles 
n^ed  paa  moiaa  remarqnable  que  dana  oeox  de  rintelligenoe. 
Enprdsaneadeaohjek  qui  aont  pour  eftenn  dldmeat  de  pkisir 
oa  de  souffiranca^  l^ma  ne  rede  pokt  inerto  et  fiasdTe.  Ella 
aapeite  tars  enx,  tend,  aspira  ft  a'unir  ft.eux  pour  augmenter 
aoa  Irfen-dre,  ponr  .prdongar  sa  jouisaanoe;  on  die  d^ 
tonma  d'aox  sea  regarda,  le  rettrs  en  arriftre,'  ponr  ainsl 
dka,  d  ks  Mt,  a*Ua  Ini  ddpldaent  d  k  blesseot.  Ce  pre- 
adar  dan  de  rime  iFersl'objd  qui  lui  agrte  a*appdle  amour; 
k  aeiitittedtoppoad,o*eat  ravardon,  la  haine.  Quand  elk 
ed  prfvte  de  rol^d  qa*dk  aime,  la  sentiment  qn'dia 
dpronva  prend  k  non  de  cMrir.  Quand  l^oKMir  est  portd  I 
nn  haot  degra  dintandtd,  il  a'appella  passion.  Lea  difTd^ 
rentes  sortea  d^ufionr  que  Tftrae  pent  resaentir  ont  auf^i 
re^  le  nom  de  penckanlff  ^incHnaiions  de  rime.  Ld 
penchant  est  ft  k  sensibflitd  ce  que  rattention  est  ft  Hhtdli* 
gence.  La  sendbflttd  "se  porta  Ters  un  oljd  poor  en  mieuX 
Hmir,  c6mme  llntaliigBnee  se  porte  vers  lui  ponr  le  mieox 
eonnaitre,  C.*M.  Patpb. 

FACVLTE&iPhysidhgie),  motabatrdt,  ampkyddana 
k  kngage  phUoeophiqo^  pour  eipdmer  la  puissance,  la 
force  natnrdk,  k  pontofr,  le  princIpe,  k  proprldtd  eu  k 
qvditd  iobdrente  ft  k  maUftre  organiste,  d  capable  de  pr'6« 
dnke  des  pbdoomftnea  d*un  ordre  particulier.  Toute  fticultd 
ddlenninte  et  active  ddt  dtra  regardte  oonune  to  rdsuHat 
apddd  d'un  organeddtermind.  Alnd,c'e8t  arec  justessb 
qn'on  dit  quale  eouir  a  la  kcnltd  de  se  contractor  d  de  faire 
dreuler  k  sang,  que  to  fok  a  k  kcnltd  de  aterdter  la  bile^ 
que  Pestomac  a  cella  de  digdrer,  d  qnele  oerveau  a  oelle  da 
penser.  La  foraa  oeculta'd  natiirdla  qui  Ait  que  ^  6rganes 
produisent  dnd  kun  eflda  partleuliers  s^appeile  faculty : 
oa  mot  n*ad  done  qo*un  mode  d^^xprimer  one  cause  in* 
connue.  Si  kcervaau  edeemposd  deplusieurs  organes 
diffdreak,  diaque  ongane^en  partievlier  aura  ators  k  tk-^ 
caltd  de  predulra  dea  phdnomaaaa  apddaux  d  esaeutidle- 
mant  dilkrenk  les  unadesantras.  Cedde  cette  maniftre  d 
paa  autrament  qu*on  peut  se  rendre  eoaiipk  des  dilD^rentea 
kcoltds  inatindives,  morales  d  intdlectudles  propres  ft 
ndre  esptea  d  anx  dilTdrentea  espftces  d*anlniaux.  Le  mot 
faeulUf  d'une  acception  natnrdlemeni  trfts-vague  lorsqnll 
ed  pria  dana  on  aens  trfta- large,  s^ap^lique ft  toua  les  phd- 
nemftnea  inhdrank  ft  tout  dre  ur^ni»a  d  Tinnt;  consd- 
qnemment,  oa  peut  dire,  en  parlant,,  par  exempky  d'nne 


348 


FACULTES 


plante ,  qu*elie  a  la  faeulU  de  se  reproduire  d'une  telle 
biani^Te  oa  d'ane  Idle  autre ,  quelle  a  celle  d'absorber  tel 
gaz,  d'eihaler  une  odeur  on  une  humeur  particuli^,  de 
s^cr^ter  telle  ou  telle  substance,  ayant  la  propri^t^  de 
purger,  d^endormlr,  d'empoisonner,  etc. 

Gall,  le  premier,  et  les  phr^nologistes  aprte  lui,  recon- 
nurent  qu'il  existe  une  difT^rence  essentielle  entre  les  attri- 
buU  ginira'ux  des  organes  du  cerreau  et  lenr«  faculty 
primitives  et  fondamentaUs,  lis  ont  fait  ce  que  les  phy- 
siciens  firent  pour  les  corps  de  la  nature,  dans  lesquels  ils 
consid^rent  les  propri^t^  g^n^ales,  au  lieu  de  leurs  qua- 
lit^  partiouli^res  ou  sp^ciales.  Les  attributs  g6n<^raux  des 
facuU6s  appartiennent  indistinctement  h  tons  les  organes 
cdr^braux  :  telles  ,sont  la  sensation,  la  perception ,  la  m6- 
moire,riinagination,  Tattention,  etc.  Les  facult6s  primi- 
tiTes  sont  celles  qui  sont  exclusivcment  inb^reotes  k  chaque 
oigane  en  parliculier,  tds  que  Tinstinct  de  la  g^n^ration, 
Tamour  de  la  progtoiture,  Tinstinct  de  la  propre  defense, 
la  circonspection,  la  fermet^,  le  sens  du  rapport  des  lieux, 
des  nombres,  des  sons,  etc.  Nous  regardons  une  faculty 
comma  primitive  l""  lorsqu'elle  existe  dans  une  espice  d'a- 
nimaux,  et  non  dans  un  autre;  2°  quand  elle  Tarie dans  les 
deux  sexes  de  la  mfime  espice;  3**  quand  elle  n*est  pas 
proportionnde    aux   autres  faculty  du   mdme  indiTidu; 
4*  quand  elle  ne  se  manireste  pas  simultan^roent  avec  les 
autres  faculty ,  c'est-ii-dire  lorsqu*elle  apparatt  ou  disparalt 
de  meilieure  beure  ou  plus  tard  que  les  autres  faculty; 
5«  quand  elle  peut  agir  ou  se  reposer  s^par^ment;  6**  quand 
elle  se  transmet  distinctement  des  parents  aux  enfants, 
7*  quand  elle  peut  seconserrer  s^par^ment  en  ^tatde  sant^ 
ou  tomber  isokment  en  ^tat  de  maladie.  Toutes  les  facultds 
de  Vhomme  peuvent  6tre  divis^  enfacult6s  ciffedives  et 
em  faculty*  inletteciuelles.Xea  premieres  se  subdivisent  en 
penchants  et  en  sentiments  :  le  penchant  n^est  qu'une 
sorte  de  d^ir  ou  dHnclination ,  qui  s^appelle  instinct;  dans 
les  animaux ,  le  sentiment  est  quelque  chose  de  plus.  Mali 
les  penchants  et  les  sentiments  ont  lien  dans  notre  int^rieur, 
on  le  sent  en  soi-m6me ;  mais  ils  ne  s'apprennent  pas  :  de 
Ik  la  yari^td  des  penchants  et  des  sentiments  des  hommes, 
soumis  k  rinfluence  des  m6mes  causes  ext^rieures.  Les  fa- 
cult^  intellecluelles  auxquelles  on  peut  raltacher  les  sens 
ext^rieurs  ae  divisent  ea/acult^s  perceptives  et  en  /a- 
€ult6s  rijflectives,  Les  premieres  font  connattre  les  objets 
extiirieurs,  leurs  quality  et  leurs  relations;  les  autres  se  rap- 
portent  et  agissent  sur  toutes  les  sortes  de  sensations  et  de 
connaissanoes.  Les  affections  dites  de  Vdme  sont  des  modes 
des  faculty  afTectiTes;  les  id(ies  oo  les  connaissances  rteul- 
tent  des  faculty  intellectueiles.  D'  Fossati. 

FACULTES  (Bnseignement),  Ainst  se  nomme  le 
corps  de  professeursconstitu^pour  Tenseignement  sup^rieur 
d^une  science  dans  T  University  Aotrofois,  on  ne  oomptai  t 
que  qnatre  Facuit<^ :  celle  de  thtologte,  celle  de  droit,  celle 
de  m^decine,  et  celle  des  lettres  et  arts ,  qui  fut  la  pre- 
mie de  toutes,  dans  Tordre  chronologique;  une  cin« 
qui6me,  celle  des  sciences,  fut  cr66e  en  1S06. 

La  FaeuUi  de  tMologiedaie  du  douzi<»ne  sitele.  Elle  se 
composait  des  docteors  en  thtologic  de  Paris,  des  provinces, 
et  m6me  de  Tdtranger  :  le  plus  ancien  de  oeux  r^s^dant  k 
Paris  remplissait  de  droit  les  fonctions  de  doffen^  et  sl^geait 
au  tribunal  du  recteur  comme  repr^sentant  la  Faculty.  II 
y  avait  igalement  prto  de  la  Faculty  de  th6ologie  un  syndici, 
^lu  tous  les  deux  ans,  qui  falsait  les  i^uisitolres,  examinait 
les  theses,  surveiUait  les  etudes,  Ces^des  ^taient  fortement 
organiitey  et  les  grades  ^talent  confuSrte  avec  une  r^ularit^ 
tr6s-grande.  Les  aspinmts  au  doctorat  te  tli6oiogie  devafent 
^tre  maitres  is  arts  et  licend^  en  thtelogie.  La  Faculty 
avait  deux  maisons,  ou  teoles  thdologiques,  ceDe  de  Sor- 
bonne  et  celle  de  Navarre;  lee  aspirants  au  doctorat, 
aprte  avoir  termini  lear  CNMire  de  philosophic,  devaient  y 
passer  trois  ans.  Les  candidats  avalent  k  subir  deux  exa- 
mens  et  k  passer  leur  th^.  Ge  n^iHait  que  six  ans  apr^s 
«Teir  re^  le  grade  de  licend^  qu'on  subissait  les  ^^reuves 


du  doctorat  Les  Jennes  pr6tres  de  grande  maison,  destio^ 
aux  pr^latures,  obtenaienbdes  dispenses  d*ige  et  de  temps,  et 
ne  soutenaient  des  examens  que  pour  la  forme.  On  ne  pou- 
vait  6tre  nomm^  ^v£que,  vicaire  g^n^al ,  chanoine  ou  cor^ 
de  premi^  classe  sans  avoir  soutenu  un  exercice  public  et 
rapports  un  certificatde  capacity  sur  ces  matiftres.  Nous  re- 
trouvons  Tesprit  de  eea  dispositions  dans  Tordonnance  du 
25d^oembre  1830;  elle  porte  que  pour  6tre  nomm^  aux 
fonctions  d^archevftque,  d'6vdqne,  de  vicaire  g6n6ral,  de  di- 
guitaire  ou  membre  de  chapltre,  de  cor^  de  chef-lien  de 
d^partement  ou  d^arrondissement  (k  moins  que  le  postulant 
n*ait  rempli  pendant  quinze  ans  les  functions  de  curd  oude 
desservant),  il  fant  6tr6  pourvu  du  grade  de  licenci^  en 
th^ologie.  Le  grade  de  docteur  no  devait  6tre  exigible  que 
pourles  professenrs,  titulaires  ou  suppliants,  de  cesFacultds; 
celni  de  bachelier  devait  ^tre  exigible  pour  6tre  ncmm^  k 
une  cure  de  canton;  mais  on  ne  le  demande  pas  k  celui  qui 
a  rempli  pendant  dix  ans  les  functions  de  Gnr6  ou  de  des- 
servant Pour  subir  Texamen  de  baecalaurtet  en  th4k>logie,  fl 
faut  itre  ftgi  de  vingt  ans,  Hn  tnchelier  ks  lettres ,  avuir 
fait  un  cours  de  trois  ans  dans  une  des  Faculty  de  th^logie. 
On  n*obtlent  les  lettres  de  bachelier  qu*aprte  avoir  soutenu 
une  th^  publique.  On  n^obtient  les  lettres  de  licenci^i  qu^apr^ 
avoir  soutenu  deux  tlitees  publiques,  dont  une  ea  latin,  un 
an  au  moins  apr6s  Pobtention  des  lettres  de  baccalaur^t  Le 
grade  de  docteur  en  th^logie  n'est  confM  qu*apr^  une 
demidre  tlitee  g^ndrale. 

11  y  a  en  France  buit  Facultds  de  thtologle,  dont  deux, 
celle  de  Strasbourg  et  celle  de  Montauban,  appartiennent  au 
culte  protestant.  Elles  comprennent  des  chalres  de  dogme,  de 
morale,  dliistoire  et  discipline  eccl^siastique,  de  droit  ec- 
cl^iastique,  d*£criture  Sainte,  d'h^breu,  d'^oquence  sacr^e. 
Celle  de  thtologie  pour  la  oonfesdon  d^Augsbourg,  k  Stras- 
bourg, compte  une  cliaire  d*ex<fgtee;  celle  de  Montauban 
possMe  une  cbau^  de  philosophie  et  une  chaire  de  haute 
latinit^  et  de  grec 

La  Facult6de  droit  8*appelait  anssi  Faculty  des  droits ; 
la  France  en  comptalt  plnsieurs,  mais  oelle  de  Paris  6tait  hi 
phi^  ancienne  :  au  treizf^me  et  an  quatond^me  sitele,  il  y 
avait  des  teoles  de  droit  au  clos  Bruneau  (rue  Saint-Jean-de- 
Beauvais)  et  rue  du  Fouare;  c*^taient  des  teles  libres,  car 
Jusqu'au  seizitoie  siMe  on  n^exigea  des  avocats  aucune  6preu- 
ve,  ancnn  examen.  En  1525,  Francois  I*'  ordonna  que  nul 
ne  serait  admis  k  parler  au  parlement  s'il  n*<^tait  Ucenci^  en 
droit  civil  ou  canonique.  Ce  n'est  done  k  peu  prte  qu'k  oette 
^poque  que  la  Faculty  de  droit  devint  une  institution  l^le. 
L'andenne  Faculty  de  Paris  6tait  composle  de  six  profes- 
senrs appelte  antecessors  f  d'un  professeur  de  droit  fran- 
^sh  et  de  douze  docteurs  agrdg^s.  Les  cbairea  se  donnaient 
an  ooneours  en  presence  de  la  Faculty  el  de  deax  oonseiUers 
du  parlement  II  en  itait  de  mtoie  poor  les  places  d^Sigr^g^s. 
La  chaire  de  droit  fran^ais  ne  fUt  stabile  que  longtemps 
aprte  les  six  autres.  Le  professeur  dtait  nomm^  par  le  cban- 
celier,  sur  une  liste  de  hull  avocats,  prdsenlia  pair  le  parquet 
du  parlement :  il  prirent  le  litre  de  prqfesseur  royal,  Les 
professeurs  donnaient  chaque  Jour  une  le^on  d'une  heare  et 
demie;  deux  enseignaient  les  Institutes  de  Jnstinien,  les 
Dter^Ies  de  Gr^ire  IX,  modiflte  sniiant  les  maximes 
de  IXglisegalUcane;  les  D^rets  de  Gratlen;  deux  autres, 
les  lots  dti  iHgeste.  Le  cours  dMtudes  dtait  de  trois  ana ;  le 
baocalaurdat  poovait  6tre  postuM  dans  le  dnquidme  tri- 
mestre,  la  hcence  dans  le  onzitaie.  L*exanien  aur  le  droit 
firan^  ne  pouvalt  avoir  lieu  que  dans  le  doozitoie  tri- 
mestre.  Toutes  ees  dispositions  sont  en  vigoeor  ai^oordlini 
encore.  De  plus,  alors,  on  dassait  les  dtndiairts en  deox  ca- 
tteries :  i*  les  6tudiants  par  droit  command  assojettis  aox 
trois  ans  d'^de  pour  la  Hcence;  2*  oenx  par  bdndfioe  d*ege : 
oes  dormers  pouvaieot  6tre  refus  bacheliers  aprte    huit 
mols  d*<itude,  obtenlr  la  licence  aprte  trois  autres  moU.  Ik 
dtaieut  dispense  d*examcn  sur  le  droit  fran^is.  Ge  privi- 
l(^f e  avait  t\t  iHabli  pour  les  dtudiants  Hgte  de  vingt-ctoq 
aiis,  et  desf  m^  k  occuper  une  charge  de  magistrature  i  c*6 


FACDLTfiS 


34d 


tait  on  abus.  Le  doctoral  ne  pourait  £tre  postal^  qu^aprte 
une  ann^  cVdtudes  dcpuis  robtentien  de  la  liceoce;  poar 
concourir  au  litre  d^agr^^  il  fallail  une  annte  de  plus,  qu*on 
appelait  le  stage.  On  distinguail  trois  eateries  de  doctenrs, 
en  droit  dvil,  en  droit  canon,  enfin  docteur  in  utroque.  On 
ne  poQTait  6tre  agr^6  qu*a  Tingt-cinq  ans,  et  professeur 
qu*^  trenie.  Chaque  ann^  la  Faculty  accordait  une  gratifi- 
cation anx  jeunes  ^tudianta  d^j^  graduds,  inslruiU,  mais 
trop  pea  fortune  pour  a'avancer.  Apr^  1793,  la  Facalt^ 
et  les  ^coles  de  droit  furenl  sopprim^,  oomme  loutes  lea 
corporations  d'enseignement;  et  lora  de  I'organisalion  du 
DouTeaa  s;st^me  d'instruction  publiqae,  chaque  dcole  cen- 
trale  eut  une  chaire  de  legislation.  La  Faculty  de  droit  et  les 
toilea  sp^dales  ne  fiirent  r^tablies  que  sons  le  oonsulat.  Le 
systtee  d^enseignement  dela  Faculty  de  droit  fut  cbang^,  le 
oombre  des  teoles  augments. 

On  compte  aujourd'bui  en  France  neuf  Faculty  de  droit : 
Aix»  Caen,  Dijon ,  Grenoble,  Paris,  Poitiers,  Rennes, Stras- 
bourg eC  Toulouse.  Le  nombre  des  chaires  varie  dans 
cbaqoe Faculty ;  elles  nesont  plus  donn^  au  ooncours.  DV 
pite  la  legislation  nouTelle,  les  etudiants  en  droit  sont  tonus  de 
suiTre  lenrs  cours,  06  les  professeors  doiYenl  faire  des  ap- 
pels :  de  plus,  Qs  doivent  s'inscrire  k  denx  cours  de  la  Fa- 
colt6  des  lettrea.  Une  ordonnance  du  17  aTril  1840  a  ins- 
titoe  divers  prix  dans  les  Facult^s  de  droit,  aprte  un  ooncours 
entre  les  eiives  :  il  y  a  deux  premiers  et  deux  seconds  prix 
4  distribuer,  au  ooncours,  k  des  ei^Tesde  troisitoie  ann^e, 
aprte  one  composition  ecrite  sur  on  sujet  du  droit  romain 
et  one  composition  ^crite  sur  une  maliire  da  droit  Iranfais. 
Les  ei^vesen  qaatri^me  anu^e,  aspirant  au  doctoral,  doiTont 
pour  concourir  produire  one  dissertation  terite  sur  un  sujet 
choisi  par  le  ministre  de  rinstruction  pubUque;  deax  m^- 
daillet  d*or  constituent  les  prix  qui  leur  sont  accord^s. 

Les  Facultes  de  droit  possMent  des  diaires  de  droit  ro- 
main (Institutes  et  Pandectes),  de  Code  Cifil  fran^is,  de 
legislation  ciiminelle,  et  procedure  ciYile  et  crimUielle,  de 
4iroit  criminel  et  de  legislation  penale  coroparee,  do  proce- 
dure dvile,  de  commerce,  d'bistoire  du  droit,  de  droit  ad- 
ministratil,  de  droit  des  gens, 

FaeuUddB  midecine,  Elle  etait  originaireroent  eom- 
prise,  eomme  celles  de  droll  et  de  theologie,  dans  la  Faculte 
des  arts.  Elle  en  fut  distraite  k  la  memo  epoque.  Depuis,  ses 
statots  et  ses  usages  ayaient  pen  Tarie,  et  lors  de  la  refonne 
de  rCnxTersite  de  Paris  par  le  cardinal  d^Estouteville ,  au 
quinzi^me  si^e,  il  n*y  fut  ajoute  que  la  these  d^bygiene, 
appeUe  eardinale*  Pour  etro  admis  aux  degres  dans  cette 
Facolte,  les  candidats  doYaient  etre  maltres  hi  arts,  aroir 
snivi  ks  cours  quafare  ans,  et  re^  le  Utre  de  docteur  dans 
one  oniversite.  Tous  les  ans  on  eiisait  les  sept  professeurs, 
le  doyen  et  le  Libliolhecaire,  qoi  pouvaient  etre  reeios 
pendant  deux  autres  annees.  Le  cours  de  licence  etait  d'au 
raoins  deux  annees.  Les  etudiants  prenaient  cbes  le  doyen 
qaatre  inscriptions  par  an.  lis  soutenaient  quatre  theses, 
dont  chacune  durait  six  heures.  Les  aspirants  au  bacca- 
laoreat  en  araient  dnq  k  soutenir  pour  etre  admis  k  ce 
grade.  Le  doyen  el  six  autres  docteurs  donnaieot  des  con- 
sultations gratuites  chaque  samedl  apres  la  messe  de  la  Fa- 
culte. Chaque  mois  le  doyen  etd'autres  docteurs  conferalent 
sur  les  maladies  qui  aTaient  sevi  pendant  le  mois  precedent 
et  sur  les  moyens  employds  pour  les  guerir.  Le  cercle  des 
etodes  s'est  beaucoup  agrandi  depuU  1769 ;  la  Faculte  reu- 
nit  toutes  les  branches  de  la  science  medicale.  De  nombreox 
apeges  sont  en  exerdce,  les  autres  sont  appeies  agreges 
stagiaires.  Des  eieTos  de  tous  les  departements  de  la  France 
et  on  grand  nombre  de  tous  les  pays  etrangers  suiTent  les 
:9oarB ,  coocourent  aux  prix  qui  sunt  decernes.  De  vastes 
amphillieetres,  des  collections  predeuses,  sont  ouTerts  aux 
eieTes,qui  peuvent  suiYre  d'autres  cours  relatifs  aux  sciences 
■aturdles,  k  la  physique,  k  la  botanlque,  k  la  chimie,  etc. 

Comme  Paris,  Monlpellier  et  Strasbourg  ontdcs  Facultes 
el  4les  ecoles  de  mededne  :  quclques  autres  vlUcs  n'ont  pas 
^  Faculte,  mais  ellcs  out  des  Scales  secondaires  denMe* 
ma.  M  LA  coxYxas.  —  t.  ix. 


dne.  D'apres  la  legislation  nouYelle,  nul  ne  pent  etre  admis 
k  prendre  ses  inscriptions  poor  le  doctoral  dans  les  Facultes 
de  medechie  sMl  n^a  prealablement  obtenu  le  dipldme  de 
badidier  es  sdences.  Independammsnt  de  ces  trois  Facultes, 
11  y  a  en  France  Yingt  ecoles  preparatoires  ou  secondaires 
de  mededne,  dont  le  siego  est  k  Amiens,  Angers,  Arras, 
Besan^n,  Bordeaux,  Caen,  Clermont,  Dyon,  Grenoble, 
Limoges,  Lyon,Mar6oOle,  Nancy,  Nantes,  Poitiers,  Rehns, 
Rennes,  Rouen,  Toulouse  et  Tours.  Les  chaires  d^  Facul- 
tes de  mededne  embrassent  I'anatomle,  I'anatomie  patbolo- 
gique,  la  phamude,  la  roaUere  medicale  et  la  therapeutlque, 
riiygiene,  la  cblmie  organiqoe  et  minerale,  la  pathologie  in- 
terne, la  pathologie  exteme,  les  operations  el  apparells,  ac« 
couchements  et  maladies  des  femmes  etdesenfauts,  mededne 
legale,  la  dinlque  interne,  la  dinique  exteme,  la  clinlque 
d'acoouchement,  la  pathologie  et  la  therapeutlque  generaJe, 
physique  medicale,  histoire  natnrdle  medicale,  physiologie. 
L'ensdgnement  des  ecoles  est  le  mime  que  celui  des  Facultes. 

FaeuUi  des  lettres^  autrefois  FaeuUi  des  arts.  C*etait 
dans  I'origbie  toote  PUniYersite  :  aussi  son  histoire  est  en 
memo  temps  cello  de  V0niversU6,  Elle  forme  k  elle  seule  la 
partie  la  plus  considerable  el  la  pins  nombroose  de  Tensei- 
gnement  public  ATetude  des.langues  classiques  andennes 
elle  ajohit  cdle  des  langnes  modemes,  rhistob'e,  lageogra- 
phle,  etc.  Ce  systeme  se  rapproche  bMucoup  de  celui  qua 
soiyaienl  les  benedlctlns  dans  les  colleges  oonfles  k  leur 
direction.  Cette  Faculte  conl^re  les  trois  degres;  mais  le 
baocalaureat  es  lettres  est  le  seul  grade  indispensable  pour 
etre  admis  aux  degres  de  Ucencie  et  de  docteur  dans  les  au« 
tree  Facnltes.  Les  aspirants  au  baccalanreat  sont  sonmis  k 
on  examen.  Le  temps  des  etudes  est  mofns  long,  mais 
mieox  distribue  qu*autrefois,  ob  tout  rensdgnement  sa 
bomalt  k  retude  des  langues  andennes,  et  ou  il  n*y  SYait 
point  de  chain  d^histolre  ni  de  geographie  et  de  langues 
modemes  :  on  compte  en  France  onze  Facultes  des  lettrtis, 
degoanl  k  Aix,  Bordeaux,  Caen,  Dijon,  Grenoble,  Lyon, 
Montpdiier,  Paris,  Rennes,  Strasbourg,  et  Toulouse.  Ces  Fa« 
eultes  ont  des  chaires  de  llttereture  grecqne,  dMLoquence 
latine,  de  poesie  latino,  d^eioquence  fkan^alse,  de  poede 
francaise,  de  philosoplile ,  dliistofa^  de  la  phJIosophie  an* 
denne,  d*histdre  de  la  philosophic  moderae,  d'histofare  an- 
denne,  d'histoire  modenw,  de  geographie,  et  de  Utterature 
etrangere.  La  nouvelle  iol  dont  nous  aliens  parler  doitaug* 
mentor  le  nombre  de  ces  Facultes. 

Faculti  des  sciences,  II  a  ete  histitue  en  1806  un  autre 
ordre  de  Facultes,  cdles  des  sdences  :  on  en  compte  dix  en 
France,  degoanl  k  Bordeaux,  Caen ,  Dijon,  Grenoblo,  Lyon , 
MontpdUer,  Paris,  Rennes,  Strasbourg,  et  Toulouse;  dies 
oomptent  des  chaires  de  physique,  de  chimie,  de  meca- 
nique,  de  mlneralogie,  de  calcul  differentiel  et  integral,  de 
geologic,  de  botanlque,  de  zoologie,  d*anatonAie  et  de  physio- 
logie, d'astronomie  physique,  degeometrie  superieure,  d^as- 
tronomle  mathematique ,  d'algibre  superieure,  de  physio*  . 
logle  generele,  de  calcul  des  probabilites  et  de  physique 
math^natique.  Dans  le  principe  on  ne  pouYsit  se  presenter  , 
k  un  examen  dans  les  Facultes  des  sciences  si  prealable- 
ment on  n*aYait  obtenu  le  diplOme  de  bachelier  h$  lettres ; ' 
ledecret  du  10  SYril  1652  a  supprime  cette  obligation.; 
L'examen  du  baocalaureat  es  sciences  comprenalt  dans  Vo». 
ri^e,  des  interrogations  sur  raritlimetlque,  la  geometrie»1 
la  tr^onometrie  rectiligne,  Palgebre  et  son  application  k  la , 
geometric ;  aujourdliui  les  postulants  sont  astrefaits  k  deux 
compoutlons  ecrites,  et  k  des  questions  orates  sur  tout  ee 
qui  fait  Pobjet  de  la  section  d*ensdgnement  scientlfique  des 
lycees.  Pour  obtenir  ia  licence,  fl  faul  repondre  sur  la  sta- 
tique  et  sur  le  calcul  diirerentid  el  faitegral.  Pour  obtenir  le 
doctorat,  il  faut  soutenir  deux  tlieses,  soil  sur  la  mdcanique 
et  rastronomio,  soil  sur  la  physique  et  la  dilmie,  soil  sur 
les  trois  parties  de  Phlstoire  naturelle,  suiYant  cdle  de  ces 
sdences  k  renselgnement  de  laqudle  on  declare  se  desliner« 
Tellcs  sont  Icfl  dlspodUons  qui  regissenl  avjourdliui  nus 
dnq  Facultes. 


i^o 


FACULTES  —  FAENZA 


I'ne  Un  Ue  l$l>4  vienl  <le  n^lementer  PenseignemeDtsu- 
fKiicur;  c«;Ue  loi  renverse  les  circoascriptioiis  academiques 
Mnhlie^  dans  cbaqiie  d^pariemeat  par  k  loi  du  IS  inai  1850, 
ei  insUtue  seize  academies  ou  w6%j»  dib  Facuttfe  dans  las 
▼iUeAque  voici :  Aix,  Besan^n,  BoVdeaux,  Caen,  Clennont, 
l>yon,  Douai,  Grenoble,  Lyon,  Muutpellier,  Kancy,  Paris, 
P(riUers,  Rennes,  Strasbourg,  Toulouse.  La  Loi  nouvelle  a 
▼oaln  rehansser  Pimportance  des  Fadult^  :  «  Mos  Faculty, 
4isait  It  ce  sujet  le  Moniieur^  duiveiit  cesser  d'6tre  ces 
ainpliith^tres  brillants'  oik  des  imptx>vlsations  spurituelles 
.  Attirent  une  foule  plus  d^sfisuTi^  que  studieose,  qui  en  s'^- 
coulant  emporte  le  souvenir  ^pti^^  d^un  plaisir  pLas  que 
Tenipreinle  utile  d'une  le^n.  Cora  me  en  Aogleterre,  couune 
en  Ailemagne,  dans  ces  palais  des  sciences  et  des  arts,  les 
^i^ves  doivent  ^re  en  contact  babituel  avec  les  professeurs. 
lis  d<jiTent  dans  des  Gdnftences  joumaliires  r^p^ter  et  ap- 
profondir  Fenseignement  donn^  du  haut  de  la  ctiaire.  Dans 
des  biblioth^ues  proprcs  k  nourrir  leur  esprit  et  k  tenir 
celni  de  leurs  maitres  sans  cesse  ^veill^,  au  milieu  de  ooUec- 
tfon^  ou  les  r^es  de  la  nature  soioit  TiyemeDt  reprteent^ , 
Venft  des  laboratoins  oji  Ton  puisse  renouTder  toutes  les 
fxp^riences  de  la  science,  oi^  Ton  puisse,  an  besoln,  agrandir 
les  conqufttes,  its  doivent,  avec  une  ^ulation  soutenue 
par  une  critique  toujours  vigilante,  prendre  au  s^rieun  et 
ill  vif  oe  nK&tier  d'^diant  que  les  hommes  faisaientautre- 
ki%  Hi  lengtemps,  et  dont  il  ne  reste  plus  guire  chez  nous 
^ne  le  nom.  A  ce  prix,  non-seulement  lesbanles  et  fortes 
(jtndes  flenriront  en  France,  mais  encore  une  vie  rdguliire 
d  qui  pourra  constamment  se  suffire  k  eUe-m6me  d6- 
cdalcra  du  soramet  de  rAcad^mie  dans  les  colMges  qui  en 
eomposent  le  degr6  secondaire,  et  Jusque  dans  ies  petites 
^les  qui  en  forment  la  base  lointaine  et  ^tendue.  • 

En  attendant  la  r^isation  dece  programme,  constatons 
lei  principes  pos^  par  la  loinouvcdle  k  propos  des  Faculty. 
I^  gouvemement,  par  un  d^cret  rendu  en  la  forme  des  r^- 
glcments  d'administration  publique,  r^lera  les  conditions 
d^Agfi  et  d'^tude  pour  Tadmission  aux  grades  conf(&rte  par  les 
ifablissements  aup^rieurs  cbarg^  de  leur  collation;  il  d^- 
feroiinera  le  tarif  des  droits  d^inscription,  d^examen  et  de 
.  dipl6uie.  La  loi  a  eu  en  elTet  pour  but  d^amener  une  cer- 
tairieu  ttit^dans  ces  tarifs,  fort  in^gaux  jusqu'ici,  pulique  une 
in^i-ription  coiUalt  50  fr.  Ji  b  Faculty  de  m^ecine, 
ib  tt,  k\h  Faculty  de  droit  et  8  fr.  aux  ^les  de  pbar- 
macie. 

Une  dea  autres  dispositions  de  la  loi  de  1854  ^tablit  un 
budget  annexe  pour  les  Facult^s.  Le  but  de  la  lui  est  de  foire 

KDfiter  exdusivement  renseignement  sup^ieur  des  rdtii- 
tions  impost  aux  families  pour  la  collation  des  grades. 
Le  budget  de  r£tat  encaissait  jusqu'lt  pr^nt  les  recettes 
des  Facult^s,  qui  s*^lev%ient  k  2,000,000,  et  acquittait  leurs 
d^penses,  qui  se  OHMitaient  k  2,800,000  fr ;  toutefois,  le  bud- 
get profitait  des  annulations  de  crddit*  L'augineotation  des 
droits  permettra  aux  facultdsde  se  suflire  eUe-m^es  a?ec 
Jenr  budget,  dont  elles  poorront  reporter  sur  d*autres  exer- 
iices  les  exc^ants  de  recette;  en  caa  dluauffisance  de  ce 
Inidget,  r£tat  les  subventionnera  pour  le  reste. 
I  FADAISE.  Voyez  Billetesi^e. 

FADEUR.  Ce  mot  reprtente  Timpression  en  quelque 
aorte  n^ative  et  presque  d^tagr^ble  que  font  sur  le  goOt 
certaines  substances  coonueasous  le  nom  de  fades.  11  y  a 
cotte  dUC^nce  entre  les  cboses  fades  et  les  cboses  11154- 
§Mes  que  oelles-d  n^^Teillaat  aucune  sensation  dans  les 
otganes  du  goOt,  taadis  que  les  corps  fades  causent  une 
MDsation  falble  qui  appruehe  dud^goAt.  L*eau  distiUte, les 
aiucUages  naturals  et  ceux  qu^pn  Ibrme  avec  les  gonimes  et 
Iff  fteules  bouillies  soQt  les  substances  les  plus  propres  k 
idre  bleu  appr^der  les  idto  defade  et  defadeur.  Presque 
foates  les  saveurs  trte-douoes  tiennent  du  fade.  Sous  un 
iutre  rapport,  la  Udeur  depend  :»ouvent  de  Titat  des  or- 
Moei  qui  la  per^ivent :  ainsi,  par  exeiiipie ,  si  Ton  a  la 
Muche  pAteose,  beaucoup  de  substances  {taraUseot  fades , 
^  m  loat  pas  jug<^  telks  dans  une  auti-e  disposition* 


MOme  en  sant6 ,  la  fadenr  dHme  substance  n'est  pas  la  mCoN 
pour  tous  les  goOts  :  ceux  qui  ont  riiabitude  des  savoin 
salte  et  fortes  accusent  de  fadeur  des  substances  rooins  r«- 
levte,  qui  parattraient  sapides  ef  exdtantes  k  ceux  qui  <iBt 
pris  rhabitude  des  aliments  fades. 

La  fadeur  a  cela  de  oommun  avec  une  foule  de  saveun, 
qu'elle  peut  exister  dans  des  corps  doute  en  mtoie  temps 
d'un  on  de  plusienrs  autres  goOts ;  rien  nVst  plus  coramaii 
que  de  rencontrcr  des  substances  k  la  fots  fedes  et  socrfes, 
fjetdea  et  amtoes,  fades  et  Acres.  Los  raudlagea  des  plantes  de 
DOS  dimats  sent  presque  tous  fades  avee  qudque  autre  qw- 
lit6  :  eette  propria  distingue  surtout  la  ftdeur  de  Viiui- 
pidit4. 

Les  motsyigEtfe,  fadeur,  s^appliqnent  encore  pbysique^ 
ment  k  des  odeurs,  soit  k  cause  del'^roite  liaison  qui  existe 
entre  les  organes  du  goOt  et  de  Podorat,  soft  parce  que  ces 
odeurs  prodoisent  sur  le  systtaie  nervaix  une  impression 
analogue  k  celle  qui  rAsulte  des  savours  fades. 

ly  S.  SAHUaAS. 

An  moral,  la  fadeur  est  ^alement  Pabsence  de  tont 
ce  qui  flatte  le  goOt  en  Texdlant  Dea  cbeveux,  des  soor- 
dls,  des  cils  blonds,  des  yeux  dalrs  et  faieno^  r^uon  I 
an  Idnt  bldme,  que  la  maladie  n^  pas  d6eolore,  compo- 
sent  une  figure /mitf;  un  ananas,  im  melon,  une  IVt^, 
priv^,  sans  Atre  fl^tris,  du  fiarfum  qu*ils  exiialent  or(Iinatr»> 
ment,  sont  des  fhiits  fades;  des  mets  pr^par^  sans  sel, 
Sana  sucre,  sans  6pices,  paralssent /acfei  k  eenx  quieot 
contracts  lliabitude  de  ces  assaisonnementa.  Passaat  dei 
sensations  que  U  fadeur  produit  sur  nos  organes  k  ce  qo'efle 
nous  fait  ^rouver  moralement,  nous  dirons  qu*elle  s^ 
proclie  beaucoup  de  \Hnaipidit6t  mais  se  fkit  moios  seatir, 
et  cons^enunent  provoque  molns  Pennui  et  nrritatkm  de 
ceux  qui  la  remaiquent.  R^tant  des  lieax  commuas,  n»- 
nifestant  de  la  satisfaction  ou  de  Tadmi  ration  sans  csii^e 
soffisante,  d^cidant  niaisement  que  les  gens  ont  do  mMte, 
et  le  disant  de  m6me,  la  fadeur  prend  aouvent  sa  souree 
dans  un  bon  natnrel. 

Tout  ce  qu'on  dit  de  trop  vkKfade  et  rebaUmt, 

a  dit  Bofleau.  11  est  difUdle  «le  louer  sans /oKfeur  les  geas 
puissants  et  ies  femmes,  parce  qu'il  leur  a  ^  prorttgo^ 
tant  d*^Ioges  que  les  mtoies  tours,  les  mdmea  expressioos, 
revenantsans  oe88e,ne  causent  ni  plaisir  ni  surprise.  Doral 
en  fiit  un  modtie  toutes  les  fois  quMI  parla  de  sessentimeats 
et  de  ses  mattresses;  les  poAsies  du  cardinal  de Berais  et 
cdlesde  Gentil  Bernard  n'en  furent  certes  poiAt  exemptei; 
et  en  gto^ral  \Afadear  se  glisse  dans  presque  tous  les  oo- 
vrages  ayant  I'amour  et  les  femmes  pour  sujet.  Cette  obse^ 
vatlon  a  dicid^  les  <k»ivains  de  nos  jours  k  pdndre  I'smoar 
atroce  et  les  femmes  sc^l^rates ;  Moli^re  flftisant  dire  A  un  sot : 

Lt  ballade,  k  bod  go6l,  est  uoe  Awtftide, 
foX  cause  que  pendant  longtemps  on  n*osa  phis  ^rire  dans 
ce  genre.  Quelle  que  soit  la  fadeur  que  Ton  remarqiie  daas 
lea  discours  des  courtisans  et  des  amants,  les  personnel  qui 
en  sont  Pobjet  la  diacement  rarement 

Louer  les  femmea  sur  de^  agrAments  frivoles  s*appdait 
autrefois  leur  d€hUer  des  fadeurs :  C^  ra  fia%iH. 

FADHL.  Poyes  BarmiScides. 

FAENZA  ( la  Faventia  des  Rotuains },  viile  d  si^ 
d*^vMi^  des  £tats  de  r£glise,  dans  la  dddgation  de  Raveone, 
anr  le  Lamone  est  le  canal  Zanelli,  qui  la  met  en  oonmnui- 
cation  au  nord  atec  le  PO  di  Primaro,  est  tr^s^golidre- 
ment  bAtie,  entourfe  de  murs,  et  compte  une  populalioB 
d*environ  20,000  Ames.  Dans  la  grande  place,  qui  est  tout 
entourte  d^arcades,  qu*embdlil<  une  fontaibe  JalUisMBte  et 
oil  viennent  aboutir  Ies  quatre  rues  prindpales  de  la  Tille* 
se  trouvent  la  catliMrale,  lliOtel  de  ville  ot  le  tlidUre.  Us 
dgiisea  des  Servites,  de  TAnnondade  et  de  Saiut-Benurd, 
aottt  remarquables  sous  le  rapport  de  Pardiitecture  dsb 
moius  qii'A  cause  des  tableaux  qu 'elles  renferrocat.  La  TiUe 
poss^de  aussi  un  collide,  dans  lequel  st  trouve  une  gslerie 
de  tableaux,  deux  ^colea  de  pelnture  et  divers  ^tablisM' 
meitts  do  bienfalsance.  Faenxa  est  cddire  par  ses  UAm^ 


FAENZA  —  FAGEL 


35f 


it  majoVqves,  flonf  Timportanre  6ta!t  traiUeurs  bien  autre- 
ment  graxide  jiidis  qo'aujoutdlitti  {voy€%  FaKkncb  ).  Les  en- 
TJroiii  de  Faema,  Vvbo»  dea  ctfntrtes  de^  £tata  da  I'lfeglise  lea 
mien  caltirte,  prodtafaent'  teaucoap  de  tin  et  de  Un. 

FAERNE  (Gabukl),  poSte  latin  ^o  aefelMne  sitele, 
Da(|i^^  Cf^DBone  «b  lUMI,  ct  moiuiit  eil  t561.  Anteor  d'on 
reenal  de  ftiblaa  fort  nAtta  do  aoD  tempa,  II  n^est  en  r^a- 
m  qaVin  IntennMlafre  Al^nt  antra  la  belle  latfnit^  de 
Pli^lrtetle  atyleMnitabledenotre  UFoataine.  Lecardlnal 
Jean-Anga  de  MAIIcia  (Pie' IV)  ftit  le  protedeorde  Fterne. 
(Test  fona  aetf  anapioea  que  parol  h,  Rome  ayee  hue  lei  re- 
cudl  dea  apologiiea  do  cot  anleut.  On  n'aridt  pas  encore 
reCroav^  eeox  de  PbMre.  Faerae  aTait  fait  one  Mde  parti- 
ealj^  das  dcriTaiDa  de  Rome  :  la  philologie  hii  doit  deiix 
liTKs  d'^aaotatiiini  sur  lea  PhiHppiques  et  lea  antrea  ha- 
nagMa  de  CMran »  et  un  eomroentaire  anr  T6ranoe.  Sea 
fables  onl  61^  tr^nitea  en  fraii^  par  Perranlty  en  1699. 

FiEBOR  (Ilea ).  Voyet  Fa«<Eiiiib 

FifiR-^OfiRNB  (lies  )i  groope  d*lle8  relenni  de  la  coo- 
roaae  dn  DenenarlL  et  sltote  dans  lX)e^an  AtUibtiqae,  k  69 
myriamMreaaod-asI  delM  si  ande  et  k  2ft  myriam^tresnord- 
ooeit  dea  Ilea.  Shetland.  EUes  aont  an  nombre  de  Tingtcinq 
float  dli  lept  eenlement  sont  habits,  et  pr^sentent  ensemble 
line  seperflcie  de  25  myriam^tres  canres,  avec  nne  popnla* 
tians  de  8,300  habitants.  Lenrs  cAtes , .  en  general  trts«es* 
carptoi,  aifectent  les  formes  les  plus  bisarres ,  et  oflrent 
one  inihiit^  4^  bales,  de  golfes  et  de  d^troits,  oti  la  mer 
I'eacDoflra  en  conraots  rapides,  qoi  rendent  la  naTlgatlon 
de  OSS  parages  trte^ifficile.  Elles  sont,  pour  la  phipart , 
eaafertee  de  monta^ies,'  dont  L*altitode  Tarie  de  3S0  k  700 
mfttreK^  et  an  pied  desqnelles  s'^tendent  qnelques  plafatea  et 
do  TsU^  airoate  par  des  sources  et  plosieors  misseaut. 
La  pins  grande  de  ces  ties  est  StrcemtBi^  qui  a  41  kilometres 
eante  de  saperfide  et-l^MO  habitants.  On  y  raroarqne  le 
SkttUiiff^fMdf  liautde  080  mMres^  aTec  Tfurshavn,  eHef- 
lien  et  narob6  principal  de  tootes  ces  lies,  ainsi  que  Wssi* 
auouAavji,  bes  port;  11  fant  en  ontre  mentionner  Hie 
d'eMtmil  42kliimi.  cvr^  et  9,000  liab. ),  aTec  le  Slattare- 
and,  qa*on  dit  atteindre  900  mitres  d'^ynftion,  et  un 
portappeid  Kcngtfuam ,  lea  ties  Syderai  et  Vaageti  (che- 
cone  dell  kilom.  carrte),  Sandaiti  Bordai  ( efaacunerie 
14  kUoB.  cairAi ).  Le  cHmat  de  cei  lies,  ed  ^rd  k  leiir 
poiitioB  septentrloDalo,  est  sfognUhemcfnt  adoucf  en  toutea 
ntens  par  Pair  de  la  mer;  mais  il  y-  r^e  nne  liiimidfr^ 
eitrfane;  et  pear  un  jour  clalr  on  en  oompte  toujonrs  deux 
Buagnn.  II  eat  rare  que  la  neige  y  dure  pTos  de  huit  jours : 
ausri  les  moolaas  y  paasent-ifo  mdme  Vtihftt  en  plein  air ; 
loais  il  y  rfignedM  onngans  fnrieiix,  qni  sont  l*nne  des 
cauaes  ds  rabsence  totale  d'artoes  qu'on  y  reroarque.  Dh 
Teste,  on  y  troBTe  comnie  oemboattbles  de  U  tonrbe  et  de  la 
looiUe  (k  8ff€Uftgi ).  Lt  nktiire  dvsol  y  est  en  g^n^raT  plus 
ftronble  vax  pftturagea  qo'k  la  culture  des  c^r^less  ws94 
)es  habitaata  a'adonnent-fts  particnlfferement  k  PMocation 
da  bteil  (  dont  Pespto*  est'  d'anieors  petite  ),  et  sur- 
font  dea  mootona,  dont  la  hdoe  est  asset  fine.  La  race  des 
cberaux  faidSgtaea  estaosai  v4gotti«ttBe  que  Vive  et  sOre. 
te  iolest  de  nature  rocheuse;  mais  Ik  oO  il  est  couTertd'une 
^paiase  ooqehe  dlmmus,  il  eat  d*orie  grande  fertility,  et 
prodoft  beaneowp  d'orge  ef  depommes  de  terra.  La  Flora 
<)€*  flas  Fer-<Eme  comprend  SfSS  esptees,  dont  70  phan6- 
rf^Eamss.  Uneosrioaitd  remarqoable  k  Yisiter,  (fest  cequ'on 
appelleie  Jlbnf  aux  OUeauXf  avec  le  gdufre  de  Westmans^ 
consis^nt'  en  lingt-dnq  deueils  ou  rochffi  sitntot  an  milieu 
d*Ba  portdoplna  sombre  aspect  et  tout  entonr^de  rocliers  de 
plus  de  350  mMres  d'6l4tatlon.  Des  myriades  d'oiseaux 
aqaatiques  ^ligent  oonstamroent  autonr  des  pfcs  de  ces 
rochers,  msla  ehaqne  esptee  y  a  sa  demeiire  k  part. 

U  population  des  lies  Fder<F>ne  ost  une  belle  et  ri^on- 
reiMe  raoe,  dn  caractira  le  plus  loyal  et  le  phis  senriable^ 
■ai  mftors  les  pins  simples  et  les  plus  pnres.  Pendant  Tes 
langveji  soh^  d^i^er,  les  femines  tricotent  one  grande 
<iaantit^  de  baa  dekiine  (aannenemenl  environ  120,000 


paires ),  qui  ferment  nne  brancbe  asset  importante  d'exp(iv 
tation.  L'^ncation  du  bdtailydes  moutons  surtout,  lap6cbB, 
la  chasse  aui  oiseaux  et  la  rt^lie  de  r^dredon,  ^T&i|  dfw 
plus  pfoibles,  constituent  les  prindpales  ressourcea  des  ha- 
bitants. Tout  le  commerce  s^  fait  <d*ait]eurs  an  nom  dn 
gouvemement,  par  IMnterm^iaira  d^me  compagnfe  prfiiV' 
gi^.  Lalangoe  de  ces  insnlaires  est  un  yieux  dlatecta'scfii)- 
dinaTe^  mdange  dislandais,  de  norr^glen  et  da  daiiofs . 
mais  la  langoe  danoise  est  laseulequi  soitemployte  dans  U^ 
^lises  et  pour  la  ruction  des  actes,  tant  publics  qiu- 
priv^.  lis  ne  connaissent  aucun  histrument  de  muslqoe . 
et  leuirs  danses  ne  s'extoitentqu^au  sonde  chants  nationaU'>« 
conisenr^s  oralement  depuls  plusieurs  sidles.  Le  jeu  d*e- 
cliecs  est  le  diTertissement  favorl  des  hommes  et  des  femmes , 
et  il  n'exlste  pas  dans  cea  ties  une  seule  cabane  oO  Ton  n4r 
trouTo  un  tehlquier. 

Les  Hes  PffiT-CKmesont  divisto  en  six  districts  («yj«c/#)y 
qui  compreonentdix-sCpt  parolsses.  L*administ^tion  se  conj> 
pose  d*un  bailU  danbfo,  qui  eat  en  mdme  temps  commandant  de 
la  force  arrodo,  et  d*un  s^n^hal,  qui  eomule  avec  ces  Tone*  ' 
tions  celles  de  directeor  de  la  police.  L*tin  et  Pautre  resident 
k  Thorshcccn,  peUte  Tille  sltute  sur  la  cote  orientale  de 
Straemcefi.  (Test  un  assemblage  d*une  centalne  d'h^ntatiuos 
en  bois,  couvertes  en  gazon,  avec  une  ^ise,  un  gymnase, 
uilo  blbiietli^e  de  2,000  volumes,  une  dcole  latine  et  ua 
hOpHal;  le  toot  prot^6  par  un  petit  fort. 

FA£S  (PlERKK  TAN  OCR).  Vopeii  LtLT. 

PAGAN  DE  LUGNY  (CDRisTOPOfe-BARTn^LBiiT), 
anteur  dramatique,  naquit  i  Paris,  en  1702,  d'ube  famiile 
iriandaise,  qui  pour  cause  de  Religion  ^ft  venue  se  fixer  a* 
Lorraine,  et  puis  k  Paris.  Son  pira,secr^ira  du  roi  et  cot- 
trOleofr  de  la  chancellerie  des  guerres,  ayanf  perdu  une  for* 
tune  consid^ble  dans  lea  agiotages  de  la  r^gence,  Fagaa 
^poosa  la  venve  d*un  ofllcier,  plus  Agte  que  lui,  pen  forton^ 
et  entra,  charge  de  trois  enftnts,  dans  les  bureaux  des  ooi^  ' 
signations  du  parlement;  mais  son  goOt  pour  le  tb^tre^ 
sa  liaison  avec  Panard  dfcid^rentde  sa  vocation.  11  donoo 
seul  ou  en  collaboration  avec  son  ami,  tant  k  POp^ra-Cc^ 
mlque  qu*au  th^tra  de  ta  Fof re,  Le  Sylphe  suppose ;  L'S$* 
elavagede'PsycfU;  l/i  Fatase  Ridicule ;  Isabelte-Arli^' 
quin ;  Les  £veiU^  de  Polssy ;  Le  Temple  du  S6mme$lf 
Momns  ii  Paris;  la  'Poire de  Cylhkre;  etau  Th^trePraft* 
Qais,  onze  comities  ;  Le  Rendezvous ^  ou  Vatnour  suppo- 
s^;  La  PupHle;  Vitourderie;  Les  Originaux,  LUnquietf 
ob  Tautenr  s^est  peint  lul-mdma;  La  Grondeuse;  Lucas  ei 
Ferreite,  oti  te  rival  utile;  VAmitU  rivale  de  V Amour; 
Le  3fari(i  sans  le  savoir  ;  Joconde ;  eiVHmireux  Hetour, 
An  Th^tra  Italien ,  il  fit  jouer  dnq  combes  :  La  Jalousis 
imprivue;  Le  Ridicule supposi;  Vttedes  Talents ;  La  Per* 
mibre;  Les  Almanacks, 

Les  ou vrages  de  F&gan  et  son  caract^  personnel  I'avaienI 
d'abord  fiiit  rechercher  pat*  d^  grands  personnages,  cotr^  t\x* 
tres  par  le  prince  Charles  de  Lorraine,  et  par  le  chevalfer  d'Or- . 
I^tts,  grand-prieOr  de  France,  qui  le  logea  longtemps  clics 
lui.  Mais  ces  seoours,  les  Emoluments  de  sa  place  les  pro- 
dm'ls  de  ses  travaux  dramatiqoes  suffisaient  k  peine,  k 
I'existence  du  pO^te  et  de  sa  famille.  Get  ^tat  deg^ne  aigrit 
tor  h'-meur,nature]lement  douce  etinsoucfante.  Une  sombre 
m^lancolie  d^truisft  ses  habitudes  sociales.  11  ne  quitta  plua 
te  cabaret,  et  une  hydropisie  qui  r^sista  k  tous  les  rcm^dos 
I'enleva,  en  l7S5.  L^  (Suffres  de  Pagan  out  M  ptibilte 
an  nom  de  sa  veuve  et  de  son  fils  ( Paris  1760, 4  vol.  in- 12). 
Outre  les  pieces  que  odtis  avons  dt^,  on  y  trouve  :  Isa* 
belle grosse par  tertu,  parade;  PAI/onom^,  op^ra ;  ettroit 
C4)m^ics :  Le  Musulman,  Le  Marquis  auteur,  eiL'Astre  . 
favorable.  ,  H.  AoDiFpnirr. 

FAGEL9  nom  d^une  famille  hollandaise  qui  a  donh^  k 
la  r^publfqne  des  Provlnces-Unles  plusieurs  liommes  d*litat 
et  des  gnerriers  distingu^  qui  tous  se  montr^rent  les  par- 
tisans x6f68  de  la  malson  d'Orange.  £lle  descend  de  0aS'  . 
pard  Fagcl,  n<S  k  Harlem,  en  1629,  qui  ramplit  les  impor- 
tantcs  fonctionsde  secretaire  d^tat  prte  les  4tats  g^n^raux^ ' 

32. 


2o2 


FAGEL  —  FAGOT 


et  qui  M  diitingua  eatre  tous.  Ion  de  I'mvasiuD  de  la  IIol- 
lande  par  Louis  XI¥»|iar  son  oonrageet  sa  ferniet^.  Ce  lut  lui 
qui,  en  1678,  (Ut  cbarg^  d^acoord  aYee  le  cheyalier  Tem- 
ple ,  de  preparer  les  pr^Umfnaires  de  la  paix  de  Nimigue. 
Le  bat  de ses  eflbrts ^ait  de  &ire  monter  Gaillauroe  III 
sur  le  trAne  d'Anglelenre.  Ce  fut  lai  qui  ridigea  le  manifeste 
lanc^  h  cette  occasion  par  ce  prince,  et  qui  dirigea  tonte 
cette  grande  et  difficile  n^odation.  11  mourut  en  16d8, 
avant  qu'on  eftt  encore  re^n  en  Hollande  la  nonTelle  de  la 
complete  rtessite  du  plus  ardent  de  see  Tceux. 

Fran^  Fagbl,  n6  en  1740,  mort  en  1773,  ^ement 
secretaire  d^tat,  a  ^t^  c^lebr^  par  Hemsterhuys,  dans  un 
pan^yrique  remarqnalile. 

^enH  Fagbl,  neen  1706,  mort  en  1790,  pritune  part 
active,  comme   secr^ire  d'etat,  k  r^dration  de  Gull- 
laume  lY  A  la  dignity  de  stattiouder^  en   1748.  Henri 
Fagbl,  fib  du  pr^c^ent  succ^a  h  son  p^   danssa 
charge  de  secretaire  d*£tat  U  n^goda  et  condot,en  1794, 
rallianoe  de  la  UoUande  avec  TAngleterre  et  la  Prusse, 
accompagna  ensuite  le  statbouder  en  Angleterre,  et  ne  re- 
vlnt  en  Uollande  qu'oi  1813,  ayec  le  roi  des  Pays-Bas,  Guil- 
lanme  I*'.  Nomm^  alors  ambassadeur  des  Pays-Bas  k  Lon- 
dres,  il  condut  le  traits  de  paix  et  d*alliance  entre  la 
Grande-Bretagne  et  les  Pays-Bas.  Rappeie  de  ce  poste  en 
i  824,  il  fut  nomme  4  cette  dpoque  ministre  secretaire  d'Etat , 
11  moumt  k  la  Haye,  le  22  mars  1838.  Son  fi^re,  Robert^ 
baron  db  Fagbl,  general  bollandais,  entra  de  bonne  lieure 
au  service,  et  se  distingua  dans  les  campagnes  de  1793  et 
1894  contra  la  France.  Quand  la  revolution  democratique 
reiuporta  en  Uollande,  partisan  constant  de  la  maison  d*0- 
range,  il  passa  k  I'etranger,  et  ne  reLtra  dans  sa  patrie  qn*en 
1 813.  Des  1814  le  roi  GuiUaume  I*'  Taccredlta  k  Paris,  en  qua- 
lite  d*envoye,  poste  qu*il  occapa  jusqu^en  jan?ier  18&4,  epoque 
k  laquelle  il  prit  sa  retraite ,  k  I'Age  de  qriatre  vingtrdeux  ans. 
F  AGON  ( Gmr-CBBSGBirr ),  premier  medecinde  Louis  XIV, 
professeurde  botaniqoeet  de  cbimie,  merobre  de  1* Academic 
des  sdenceset  surintendant  du  Jardindu  Roi,  naqult  k  Paris, 
le  11  mai  1638.  Son  p^e,  commissaire  desguerres,  avail 
epouseune  nitee  de  Guy  de  La  Brosse,  fondateurdu  Jardin 
des  Plantes.  L*exemple  et  les  consdls  de  son  grand-oncle 
le  pousserent  k  embrasser  la  profession  de  roededn.  Dans 
une  th^  il  soutint  la  circolation  du  sang.  On  trouva  qu'U 
avail  defendu  avec  esprit  cet  Grange  paradoxe,  et  il  re^ut 
le  bonnet  de  docteur  en  1664.  Norome  profcsseur  de  bota  - 
nique  etde  clilmie  des  quMl  fut  medecin,  Fagon  attira  k  ses 
oours  des  jeunes  savants  de  divers  pays.  En  meme  temps  il 
se  llvrait  k  la  pratique  de  la  mededne,  mais  en  liomme  qui  ne 
veut  qu*6tre  utile.  Jamais  il  ne  redamait  et  n'acceptait  au- 
cune  remuneration,  aucun  present  Cependant  sa  reputation, 
croissant  toujours,  luidonnait  accteprtodes  grands :  souvent 
mande  k  Versailles  et  attue  insensiblement  vers  la  cour, 
Lonis  XIV  le  nomma,  en  1680,  pour  etre  le  medecin  de 
Madame,  et  deux  ans  apr^s  il  le  fut  aussi  de  la  reine.  Aprte 
la  mort  de  la  rdne,  le  roi  cbargea  Fagon  de  prendre  soin  de 
la  sante  des  enfknts  de  France.  Or  la  gouvemante  de  ces 
enfants  etait  M"**  de  Haintenon.  L^esprit  de  Fagon  lui 
plut ;  son  zeie  Ini  parut  admirable,  sa  disoretion  Tenchanta. 
M"^  de  Montespan  protegeait  D'Aqnin.  L'amI  de  H"*  de 
Maintenon  avail  la  plupart  des  memes  qualites  qu^elle :  donx, 
fin,  souple,  modeste  et  ingenieui,  patient  surtout,  il  savait 
attendre,  sans  paraltre  soofTrir  nl  meme  esperer.  Ami  des 
savants  plut6t  que  savant  lui-meme ,  U  les  protegeait  sans 
\  envie,  sans  januds  rien  sollldter  pour  lui  ni  pour  les  siens. 
'.  M^  de  Maintenon  le  vantait  k  tout  propos  devant  Louis  XIV, 
etlorsque  le  roi,  fatigue  des  importunites  de  D^Aquin,  se  de- 
lida  k  le  renvoyer,  Fagon  heritade  ses  emplois,  de  ses  pri- 
vileges, et  jouit  pendant  vingt-deux  ans  aupr^s  du  maltra 
d*un  acces  que  les  plus  hauls  dlgnitalres  lui  enviaient 

Au  lalte  des  dignites  de  son  art,  et  tout- puissant  parmi 
ceux  dc  sa.robe,  son  caract^re  ne  devia  jamais.  Implacable 
ennemi  des  emplriques  et  des  cbarlatans,  autant  que  pro- 
lectcur  edaire  des  gens  de  merite,  et  toujours  egalement 


dednteresse,  il  donna  k  la  cour  un  spectade  rare  et  dngo* 
Her :  11  diminua  beaucoup  lesrevenusde  sa  diarge,  Toujours 
attentif  k  enrichir  le  Jardin  du  Roi,  dont  il  avait  la  Sttrinten- 
dance,  quand  les  fonds  de  l*£tat  manquaieot,  II  y  suppieaH 
de  sesdeniers,  de  sorte  que,  comme  dit  FonteneUe,  «  oe  petit 
coin  de  tern  ignorait  presqne  sous  sa  protection  les  mal- 
beurs  de  la  France  • .  Fagon  avait  Tesprit  orne,  une  locution 
fiidle,  un  leie  et  une  ponctualite  incomparables;  mais  Is 
brigue  obsequieusedeceux  qui  Tentouraient  finit  par  le  rendre 
le  defensenr  trap  opiniAtre  des  erreurs  de  son  temps.  Nons 
n'avons  delui  que  qudquesthteeSyquelqius  feuilles  volantes, 
nn  petit  poeme  latin  sur  la  batanique,  une  brodiure  sur 
les  g^^niratUnu  spontanies,  une  autre  sur  le  r^ime  laeU, 
utile  selon  lui  dans  la  gootte;  d'autres,  snr  les  quality  du 
^ingttlna,  sur  les  inconv^ienU du  tabae ^  sur  la  ndees- 
sU4duecifi,eUi.  11  s'etaH  prindpalement  adonne  itHiygiene, 
sansdoute  par  e^oisme,  k  cause  de  Textreme  faiblesse  de  u 
constitution.  L^asOime  violent,  puis  la  plerre,  dout  il  etatt 
tourmente, «  robligeaient,  dit  FonteneUe,  k  un  regime  presqoe 
superstitieux  ».  Cependant  il  vecut  encore  trots  annees  par- 
deU  la  longue  viede  Louis  XIV :  Q  mourut  le  11  mars  1718, 
k  l^ftgB  de  quatre-vingts  ans.  II  (init  sa  vie  ]k  oil  il  Pavalt 
commencee,  au  Jardin  des  Plantes,  oil  il  s^etait  transporte 
ausdt6t  que  Louis  XIV  fut  mort.  Toumofort,  qu'il  avait 
eonstamment  protege  sans  envier  sa  renommee,  lui  a  dedie, 
par  reconnaissance,  une  plante  de  la  famiile  des  rtUacieSt 
genre  de  plantes  a^reables  k  ?oir,  mais  corrosives  des  qu'oo 
les  Uesse.  D^  Isidore  BoinuKiR. 

FAGOT  9  reunion  de  brins  de  bois  k  brOler.  L^fagotage 
consiste  le  plus  communement  dans  les  brandies  et  ra- 
milles  que  l*on  exploite  dans  les  taillis  ou  qui  resteot  de  la 
fabrication  des  bois  de  corde.  On  donne  aux  fagots  diffe- 
rentes  formes  et  des  dimensions  qm  varient  suivant  Fusage 
de  cheque  pays.  A  Paris,  on  les  distingue  sous  les  noms  de 
/o/otcrdes,  fagots  et  coUreCs,  Dans  qudques  provinces, 
on  connalt  le  fagot  tres>long  et  forme  de  brins  minces  sous 
le  nom  de/aguettes.  Les  falourdes  sent  formees  de  |iercba 
ooupees ,  ou  de  qudques  rondins  joints  ensemble ;  leur  ion- 
guenr  est  de  I'^ylO,  et  la  drconference  du  paquet  de  70  jos- 
qu*a  9&  centimetres;  le  poids  moyen  est  de  10  ^  20  kilo- 
grammes.  Les  fegots  dits  de  Paris  se  composent  de  me- 
nues  branches  de  1**,  16  de  long ,  et  ils  out  o",  50  de  dr- 
conference;  leur  poids  moyen,  k  retat  de  secheresse,  est 
de  6  kilogrammes  environ.  Dans  plusieurs  pays ,  on  bat 
des  fagots  beaucoUp  plus  gros.  A  Toulon,  par  exeoipte, 
ceux  que  Ton  brOle  pkent  8  kilogrammes,  mais  assez  ge- 
neralement  en  France  le  pdds  moyen  des  fagots  est  entre 
5  et  10  kilogrammes.  Les  cottrets  sont  de  petits  fagots  ties 
avec  des  baris ;  leur  poids  varie  entre  3  kilogrammes  et  3  kilo- 
grammes etdemi.  Ordinairement  Qs  sont  composes  de  brins 
de  bois  refendtt.EnAn,Ies6ottrr^sontde petits  fagots  foimes 
de  bronssailles ,  d*epines,  de  ronces,d'ijonc,  de  genet, 
meme  de  la  grande  espece  de  bmyere,  etc  Ces  bourrees  se 
font  ordinairement  sans  moiile,  el  les  pay  sans  les  lient  sous 
leur  sabot :  dies  ont  des  longueurs  et  des  grosseore  fort  va> 
riables. 

L*emploi  des  fii^ots  dans  les  travaux  des  nsines  pent  dans 
beaucoup  de  cas  ofTrir  des  avantages  independants  de  la 
quantite  de  dialeur  produite  par  la  combustion  :  c'est  le  cas 
(irindpatement  quand  on  veut  obtenir  desflammes  allongees, 
telles  qu^il  en  faut ,  par  exemple ,  pour  la  cuisson  de  la  diaux 
et  de  la  brique  par  Tancien  precede,  il  y  a  encore  du  profit 
k  fSiire  usage  de  fagots  pour  les  feux  intermittents,  etc,  etc 
Mate  comme  moyen  de  chauffage  des  appartements,  les  f^igots 
sont  en  general  un  combustible  fort  desavantagmix. 

Pelodzb  pere. 
Menage  fUt  deriver  le  mot  fagot  du  latin  faeotlw, 
Nicod  ^  fasciculus f  d*autres  defagus,  hetre.  Du  Cani^ 
dit  que  la  basse  latinite  a  employe  fagatuw  e'  fagotum* 
Ce  mot  s*applique  encore  k  un  ouvrage  de  diarpeuterie,  ds 
menuiserie,  ou  de  tonndlerie ,  qu*on  a  demunte ,  etdont  les 
pieces  sont  liees  en  paquet,  en  faisceau ,  pour  qu^eUes  oc- 


FAGOT  — 

eaoent  moini  d^espace,  et  qn^elles  pnissent  Atre  remonUes 
«ii  besotn. 

Aa  fignr^,  on  dit  d'an  homine  :  C'est  xm  fagot  d*^ptDes , 
0n  nc  salt  par  ob  le  prendre  :  c^est-ii-dire  qa*il  est  fAcheux 
el  rertehe ;  H  est  &it,  U  est  habill^  comme  un  fagot :  c^est- 
a-dire  sans  soin ,  sans  godt.  On  dit  dans  le  m^e  sens 
qu'nn  bomme  est  bien  fagots,  H  sent  \e  fagot  signifie  qn^il 
est  pen  orthodoxe,  quMI  est  digne  de  Vauto^a-fi.  U  y  a 
fagoti  AfagatSj  qualifie  une  difT^rence  entre  des  personnes 


FAIBLESSE  259 

ft  S'GraTesande,  qui  fut  cliarg6  par  ses  Mritiers  de  1* 
mettre  en  <^t  de  Tonctionner,  en  modifia  tellement  le  m^ca- 
nisme,  que  d^  le  premier  essal  on  reconnut  rimpossiiniit6 
de  la  D*ire  marcher,  et  qu'on  renon^  ^  s'en  servir. 

FAIIS  (Le).  Cette  denomination  arabe  correspond,  dans 
notre  langue ,  au  mot  banlieue.  Cette  partie  du  territoire 
alHcain  rayonne  k  enriron  8  kilomMres  d Alger;  elleen- 
serre  la  yille  dans  un  demi-cercle  qui  aboutit  de  deo&  c6t^ 
h,  la  mer;  &u  nord-est,  k  I'emboucbure  de THarrach ,  et, 


00  des  choses  scmblables.  Conter  6m  fagots,  fikire  des  |  an  njrd-ouest,  an  capCaxines.  Elle  forme,  avec  les  z6ne9 


fagots,  c'est  confer  des  choses  frivoles  on  faosaes. 

FAGOT  (Artifice).  Voyez  BnALte. 

FAGOT  DE  SAFE,  fascine  dont  on  se  sert  k  d^faut 
de  ttcs  h  terre,  pour  boocher  les  Tides  entre  les  gabions, 
dans  les  travanx  de  sape;  ils  ontordinairement  nn  m^tre  de 
long  sor  on  m^tre  et  demi  de  diam^tre. 

FAGOTllV,  singe  babiU6  que'Ies  opdrateors,  les  char- 
latias,  font  mooter  sur  lenrs  tr6teanx.  La  Fontaine  a  dit  : 

Qtt'ao  mois  doraot  le  roi  tiendrail 
Coor  pleni^re,  doat  ToaTerture 
Devait  itre  an  furt  graod  festio, 
Sditi  des  toon  de  ragoUn. 

Ce  nom  a  passd  aux  valets  d'opdrateurs  on  de  charla- 
tins  qui  amusent  le  peaple  par  des  bouifonneries  et  des  lazzis. 
Moliire  a  dit  : 

U,  dans  le  caroaral.  ▼ou  poorrcs  etp^rer 

Lc  bal,  et  la  grand'oaode*  kaavoir  deal  motettea, 

St  fwrfoia  Fagotio  et  les  mirlonnettes. 

FAGOTTO  (Musique),  Vogez  Basson. 

FAHLGRANTZ  (Coarlbs-Jean),  Tun  des  plusc^l^- 
brespaysagistesqn'aitprodnitsla  SaMe,  n6  le  22  novembre 
1774,  dans  la  paroisse  de  Stora-Tuna,  province  de  Falun, 
o6  son  p^  ^tait  pasteor,  s*occupa  de  peinture  dte  son  en- 
luee,  et  se  eonsacra  bientdt  an  paysage.  11  apprit  son  art  k 
peo  pr^  sans  maltre,  n*ayant  d^aatre  module  que  la  nature, 
qoH  dodia  avec  an  soin  et  nne  exactitude  infatigables.  C*est 
die  qni  a  dteid6  la  direction  et  le  caract^re  de  son  talent 
II  De  connatt  pas  d^autre  nature  que  oelle  du  nord,  jamab  il 
n'sTu  ritalie;  tnais  il  a  parcoani  la  SuMe,  la  Norr^e 
et  le  Danemark  dans  tous  les  sens ,  ^tudiant  k  fond  le  ca- 
rad^  particolier  k  ces  diverjes  eontrdes.  D6s  les  premieres 
amines  de  ce  sitele,  il  jonissait,  oomme  paysagiste,  d*une 
rotation  fort  Vendue.  En  1815  il  fht  nomm6  professeur, 
et  re^ot  plus  tard  la  decoration  de  Tordre  de  Wasa.  Ses 
principaux  tableaux  ont  M  acquis  par  le  roi  de  SuMe,  et 
dans  ces  demiers  temps  il  avait  4i^  cliarg6  par  le  roi  de 
Danemark,  FrM^ric  VI,dVxteuterune3uitedeTnesdu  Nord. 

FAHLUN.  Voyez  Falun. 

FAHLUN  (Diamants  oo  Brillants  de),  sorte  de  Terro- 
terieqneron  fabrique  particuli^rement  en  SuMe.  Pourcda, 
00  nude  ensemble,  par  lenrs  extr^it^,  plusieurs  bouts 
de  tubes  de  Terre,  qu*on  taOIe  en  forme  de  brillants,  et  qo*on 
ploDge  dans  un  alliage  fondu  et  bien  4cum6;  il  s*y  attache 
uneooQclie  trts-mince  de  m^tal,  qui  pr^sente  un  grand  ^at 
L'alUage  dont  on  se  serf  s^obtienf  en  fondant  19  parties  de 
plorob  et  29  d'dtain. 

FAHRENHEIT  (GABRiBL-DAifin.),  habile  physicien, 
Baquit  k  Dantzfg,  en  1086,  et  avait  €tA  destind  au  commerce ; 
mais  des  dispositions  inn€es  Tentraln^rent  vers  T^tude  des 
ideDces  physiques.  Aprte  avoir  voyagd  en  Allemagne  et 
CO  Angleterre,  il  se  fixa  en  Hollande,  ob  les  savants  les 
plasefiMires,  SX}ravesande,  entre  autres,  devinrent  ses 
maltres  et  ses  amis.  II  se  fit  connaltre  par  divers  travaux 
importants ,  mais  le  senl  qui  ait  r^pandu  son  noro  au  loin, 
c*est  la  graduation  d*onthermomitre  dont  on  se  serf 
CDoore  giniralement  en  Allemagne,  et  sortout  en  Angle- 
terre. Pendant  son  sdjonr  en  Hollande ,  Faiirenlieit  s*oc- 
copa  aussi  4NHablir  une  machine  pour  des^ddicr  les  con- 
trtes  expose  aiix  inondations.  Le  gouvemetnent  liollan- 
daift  loi  aceorda  k  cot  eOet  un  privilege;  tnals  la  moK.  qui 
lesHqiriten  |740«  IVmjMia  de  terminer  cctle  mac^.;:*'  * 


dites  duSabel  et  deStaon^li,  la  ceintnre  defensive  de 
la  capitale  de  Tancienne  r^ence ,  par  Tagglom^ration  d'un 
certain  nombre  de  villages  ou  points  fortifies  et  livr^  It  Tin- 
dustrte  ou  k  la  culture  des  colons  europ^s.  En  1832 ,  sous 
radministration  du  due  de  Rovigo,  des  fiimilles  alsaciennes, 
pr^ntant  un  total  de  416  individuft,  arriv6rent  subitement 
du  Havre  k  Alger,  par  suite  d'avisqui  les  avaientd^tonrn^ 
de  se  rendre  en  Am^rique.  Grand  fut  Tembarras  dn  goo- 
Temeur  k  cette  irruption  insolite;  il  n'y  avait  encore  en 
effet  aucun  travail  k  donner  k  ces  colons ,  qui  mourralent 
de  faim ;  il  fallut  songer  k  fournir  k  leur  subsistance  et  k 
leur  procurer  des  abris.  Des  terrains  leur  forent  en  cons^ 
quence  assign^s  k  Kouba  et  k  D^Iy-lbrahim.  On  leur  hAtit 
des  maisons,  on  leur  donna  des  rations,  des  instrnmcnts, 
des  semences,  des  bdtes  de  labour.  Mafgr^  cette  bienveil 
lante  assistance,  les  deux  colonies  v^dt^rent  ]osqu*en  1839. 
Sans  cesse  inquidt^  par  les  Arabes,  les  travailleurs  avaient 
toujours  le  fusil  en  main ,  la  b^che  se  reposait  dans  une  terre 
k  pehie  ddfrichde.  Cependant,  vers  cette  ^qne,  Pdloigne- 
ment  de  Vennemi  permit  k  la  proapdritdde  visiter  ces  champs, 
f^ond^  par  tant  de  sang  g^n^reux.  On  s'occupa  de  rdgnla- 
riser  la  colonisation.  Divers  arrets  successifs  consacr^renl 
P^tablissement  de  plusieurs  nouveaux.  centres  de  population, 
et  en  ce  qui  conceme  U  z6ne  du  F&bs ,  sept  pctits  villages 
s^^ev^rent  comme  parenchantement,  pen  distants  les  una 
des  autres,  reli^  par  des  posies  de  troupes,  ddfendus  par 
quelques  ouvrages  en  mA^onnerie  ou  en  terre,  et  k  rabrl 
desqnels  le  colon  europ6en  put  recueillir  le  fruit  de  tea 
sueors  et  de  ses  sacrifices.  Ce  furent  Kouba,  D^y-Ibrabim, 
Drariah,  Hussein-Dey,  Birkadem ,  TAchour  et  Clidragas. 

FAIBLESSE,  ddfaut  de  force,  manque  d'^alitd  entre 
les  moyens  et  les  besoins  physiques  ou  moraux  ,  ddbilitd 
que  i'on  confond  souvent  avec  la  ddlicatesse  :  un  organe 
esifaible  quaod  fl  ne  suffitpas  aux  functions  qui  lulsont 
assignees;  on  a  les  yeux,  la  voix  faibles,  quand  on  dis- 
ceme  mal  les  objets  qui  sont  pen  ^oign^,  et  quand  on  ne 
pent  se  faire  entendre  en  parlant  sans  effort ;  on  a  la  m6- 
moire  faiblCf  lorsqu'on  ne  pent  retenir  un  certain  nombre 
de  fails,  de  vers,  de  pages  en  prose,  etc.;  on  a  i^esprit 
faible  lorsqu*onne  pent  comprendre  des  vdrit^  communes, 
lorsqu^on  juge  d^aprte  autml ,  lorsquMn  renonce  k  ses  opi- 
nions sans  conviction,  lorsqu^on  n'achftve point  une  oenvre 
commencde;  on  a  un  caract^re  faible  lorsque,  apr^  8*6tre 
formd  un  plan  seton  des  principes  justes  tA  raisonn^s,  oir 
s'en  ^rte  dte  qu*il  prdsente  des  difilcnltds;  on  e&\  faible, 
enfin,  toutes  les  fois  que  Ton  cMe  k  des  passions  en  les  dd 
sapprouvant. «  L*esprit  est  prompt  et  la  chair  est  faible, »  dit 
i^Ecriture.  L'homme  faible  ne  s*appartient  pas;  le  vice 
dispose  de  lul ,  ainsi  que  la  vertn ;  et  son  sort  depend  de 
ceox  que  le  basard  lui  fait  rencontiw.  C'est  surtout  arrivdi^ 
au  poovoir  que  hfaiblesse  est  k  redouter;  elle  a  fait  plus 
de  mauvals  rois  que  la  mdchancetd.  La  faiblesse  morale 
est  done  une  des  plus  grandes  imperfections  de  I'dtre  in- 
telligent, et  quoiqu*elle  soit  naturelleli  Thomme,  il  ne  peut 
lui  accorder  de  pitid  qu^cn  jugeant  son  semblable.  Lliomme- 
doit  combattre  sa  propre  faiblesse  comme  un  ennemi  de 
son  honneur,  de  son  repos,  de  sa  fdlicitd.  L*orgoeil  de 
lliomme  rdpugne  k  reoonnaftre  qn*il  a^it  par  faiblesse ,  et 
il  n^est  point  de  doctiincs  absurdes  quMI  n*essaye  d^dtablir 
pour  mofiver  les  fautes  ou  los  crimen  que  sa  oonseiencef 
rdprouve.  L^amour,  dont,  suivant  Crebillon, 

Ijik/aibUtte  du  eaw   fait  toate  le  pnissance« 


FAIBLESSE  —  FAIENCE 


254 

est  de  toutos  les  passioiiB  celle  que  Tod  cbercbe  le  plus  ^  | 
justiTier ;  maU  BoUei^  Padasste,  en  diaaot  aux6cri?ains,  qiie 
dans  lears  Uvres 

L^atocrar,  de  rentordt  eomlMttay 

'   PtraiiM  Vin$faibUtstet  boo  Hue  tcrta. 

Oa  ne  peat  accuser  de/aibtes$e  lea  femines  et  lea  enfaDb 
<|ii?e«k  proportion  dea  pr^ntiona  qu'fls  manifeatent :  ren- 
fem^  dana  le  ovrcle  qu*il  lear  a.  €U  donnd,  de  parconrir, 
leor  d^icateaae  n'a  rien  dliomiliant ,  parce  que  Tordre  est 
uoe  dea  plus  belles  lois  de.  la  nature  ,,et  que  le  ciron  et  lliy- 
sope  n'oyRrent  pas  mo^  de  n^erreiUea  que  Til^pbant  et  le 
•c^dret  niiaU.,vS^phant  rcnTerse  des  morailles ,  le  cMreest 
incomiptibie  :  ainsi,  certaioea  ceuvres  ont  M  r^serrto  k 
la  cop^ptionde  rbooune  seui.  Hom^re,  Tacite,  Conieille» 
Michel- Angft,  CaaoTa,  n*ont  point  trouT^d'^mule  parmi  lea 
(emmes,  et  o^les  qui  out  tent6  deVdtre  se  sent  montr^es  fai- 
bits.  En  fait  de  vertaa ,  ellea  ont  .riYalis^  et  souvent  Taincu ; 
dispuier  le  gteie  lenr  6tait  inutile.  On  ne  dit  paa  d*an  fil 
destind  k  Taire  de  la  dentelle,  quil  eat  foible  i  a^il  devait 
dtre  employ^  coinine  cAble ,  on  le  d^signerait  ainai. 

lA  faiblesse  d*un  liTre  ou  de  quelque  auTre  que  ce  aoil 
provient  touiours  d'un  d^faut  de  discemeroent,  qui  ne 
perBoet  paa  k  Tauteur  de  calculer  lea  moyens  d^assurer  son 
extoition  :  ootte  faiblesse  est  ordinaireraent  le  r^ultat  de 
la  pr6soroption  Faiaant  la  part  de  la  faiblesse  huniaine, 
Dieo  a  Youlo  que  sa  creature  lui  dmnandAt  d'etre  pHsenr^e 
de  la  tentaUon  :  la  plus  grande  preure  de  faiblesse,  a  dit 
Bosftuet,  eat  de  craindra  de  paraltrei /aid/e.  Pour  agir  tou- 
jonr»  selon  la  raison,  et  ob^ir  aux  pr^eptes  qui  lui  e^joi- 
gnent  de  faire  le  bien  et  d'^viter  le  mal,  rbonune  doit  non- 
seulement  roister  k  »faibl€sset  mais  encore  ^viter  lea  oc- 
casions od  cetle  resistance  dcTiendra  n^cessaira.  Quelque 
reprehensible  que  soft  la  faiblesse,  die  impose  k  ceux  qui 
en  aont  exempts,  par  organisation  ou  par  courage,  Tobii^ 
gation  de  seceurir  leefaibleSfqvii  sent  toujours  les  opprimes. 
141^  f  prce,  don  auperieur  et  incontestable,  quality  oppos^e 
•k  U  ffUbUue^n^e,  droit  au  respect  de  odle-ci  qu^autant 
qufelle  lui  apparalt  aocompagnee  de  justice. 

AU'(igure,  avoir  lea  nbas  faibles,  c'est  nVoir  -pas  assea 
d^  foods,  de  credit,  de  talent,  pour  reussir  dana  ni^  aibire. 
Uj^  oratenr,  un  ecriTaln  faible  est  cdui  qui  est  depourru 
dcitalent.  Faiblesse  siguifie  qudquefois  defoillance,  eva- 
nopiasemeiity  syncope,  etau  fligure,  manque  de  force  mo- 
rale, disposition  k  trop  dMndulgence.  Une  m^re  faible  pour 
sea  enfanta  est  ceHe  qui  est  avec  eux  trop  indulgente,  trop 
facile.  Avoir  de  la  faiblesse  ou  un  faible  pour  qnelqu*un, 
«*,est  avoir  un  grand  penchant  pour  lui,  on  une  grande  dispo- 
sition ii  Irouver  bien,  k  excuser  tout  ca  qui  v|ent  de  lui.  On 
quaiifie  particnliirement  de  faiblesse  la  oonduite  d*one 
femme  oui  n*a  pas  su  resUtef  k  la  seduction^  C^  de  Bradi. 
.  FAIENGE*  On  donne  ^  nom  It  deux,  genres  de  po- 
le rie  bien  differents,  la  faience  comnune,  originaire  d'!* 
talie,  et  la  faience  fine,  originaire  d*Angletenre.  La  faience 
commune,  ftihriquee  d'abord  par  lea  Arabe^,  se  naturalisa 
ensnite  en  Italic,  et  e*«9t  totme  sans  doutede  la  ville  de 
Faenza  qu'ellea.pria  son  nom.  D'ltalie  die  fot  importee 
en  France,  oft  kss  premises  fabriques  s'etabllrent  k  JNevers, 
dds  le  quatoru6rae  idMe.  BientOt  toutea  nee  provincea 
eurant  ieura  dbriquea  de  filence,  et  cette  farandie  de  la 
<cer antique  ftit  iU^atree  par  Bernard  de  Palias  j. 

1a  faience  commtme,  sons  le  rapport  de  la  texture  de  la 
1i4te,  est  pen  saperieara  h  cette  ppterie  tendre,  poreose, 
opaque,  recouverte  d*un  emaU  brunv  jaune,  violet,  vert,  etc., 
k  ca^sure  grise,  iaanAtie  ou  brone,  poterie  qui  forme  ex- 
clnsivement  la  batterie  de  cuisine  du  pauvre.  Cependant  son 
grain  est  Mn  pea  plus  fin ;  aa  composition  rooyenne  est  de 
trente-cinq  parties  d*a)umine  fernigineose,  dnquante-iinit  tie 
mlioe,  et  sept  de  carbonate  de  cliaux  ;  11  s'y  tronve  en  ontre 
loujours  un  pen  de  magnesia,  et  c^cst  aux  oxyiles  de  fer  t:t 
de  magnesia  que  cette  faTence  doit  d*olfrir  une  rassure  co- 
loree,  die  est  ordinairement  recouverte  d^un  email  btanc 


k  base-d'etain.  On  fabrique  des  faiences  commnnee  destbte 
k  aller  au  feu ;  celles-ci  sont  recouvertes  interieuremeat 
d^un  email  blanc,  exterieurement  d*un  email  brun ;  mais  diet 
ne  sont  plus  gu^re  en  usage  que  dans  les  campagnes,  oft 
Ton  voit  encore  divers  ustensUes  de  ce  genre  amis  deflenn 
ou  de  paysages  de  diverses  couleurs.  Du  reste,  la  dleoce 
commune  n'ayant  paa  un  grain  fin,  et  sa  pite  etant  genera- 
lenient  'pea  ductile,  en  n*en  peut  faiie  que  des  formes 
lourdes  :  aussi  ce  produit  tend-il  pen  k  pen  k  dispafattr^  et 
k  etve  remplace  par  la  faience,  fine*  La  faience  coQunqne 
sert  encore  k  faire  des  <;arreaux  de  foumeaux^  des 
poeies,  etc. 

La  faience  fine,  fderyce  anglaise,  ou  terre  de  pfpe, 
porte  encore  le  nom  de  cailloulage,  parce  que  le  cailloa 
( silex )  entre  en  assea  forte  proportion  dans  sa  composifioD. 
Sa  p&te,  essentiellement  oomposee  d*argile  ptastiqpe  lav^, 
de  silex  ^romaque,  on  de  quarta  broye  tr^fin,  etqaeU 
quefob  d^un  pen  de  cbaux,  est  blanche,  d*un  grain  fin,  et  se 
prete  aux  formes  les  plus  leg^res,  les  plus  elegantes ;  die  est 
recouverte  d*un  email  transparent  k  base  de  plomb.  CeA 
aux  potiers  do  Straffordshlre,  et  prindpalement  ant  de- 
oouvertes  de  Wedgwood,  que  l*on  est  redevable  de  ce 
produit  On  a  commence  k  en  fabriqner  en  France  vers  la 
fin  du  sitele  dernier,  et  des  efforts  des  fidNricanta  fran^ 
est  rdsttltee  une  nouvdle  modHicatien  de  hi  (Wenee  fine,  i 
laqudle  on  a  donne  le  nom  de  poreelaine  opaque  00  tfeail- 
poreelaine,  designattona  qui  vienoent  aana  doote  de  Pen^ 
pld  en  faible  propertimi  dea  miieriaax  da  Ja  porodahie 
( kaolin,  feldspath )  daaa  la  compodtfon  de  la  pile  de  oe 
genre  de  poterie;  mais  ce  qui  distingue  easentidleoieot  h 
poreelaine  6tant  sa  deroi-vitriiication  et  an  transfaiddite, 
on  ne  doit  ragarder  la  poreelaine  opaque  que  comma  oae 
variete  moina  Imparfaite  de  la  falenoe  fine,  ffotre  ponelaiae 
opaque  n*a  paa  la  durete  de  la  terre  dei  pipe  anglaiie;  mus 
die  Temporie  pour  le  blandieur;  la  terre  de  pipeaaglaisea 
en  eOet  one  couleur  jauoAtre,  .<«na  inconvenient  il  est  vni 
en  Angleterre,  oft  il  est  peu  de  pieces  qui  ne  re^vent  pas 
des  impressions  de  gravures  en  noir,  en  bleu,  en  rose,  ea 
violet  on  en  vert  En  France  on  fait  ausd  des  Inspressioas 
sur  fence  de  pipe,  mais  beauooup  moins  qu'en  A^gMerrr, 
et  diee  sont  generaiement  moins  bien  solgneea,  ce  qui  tient 
Sana  doole  en  grande  partle  ft  nnieriorite  dea  pAles  dde» 
vemia.  Quant  ft  notre  poreelaine  opaque,  on  se  garde  bi«e 
4e  cadier  sa  bUtnebeur  en  la  convrant  d^iupresstons;  oa 
Tome  senlement  ^pidqaefois  de  filets  da  eoolenr  ou  de 
desdna  legers. 

Le  posage  des  eonleura  snr  la  Ikience  par  impreasioa  se 
(alt  soit  sur  biscuit,  aolt  aur  glacnre;  la  aeole  difrerenee  ert 
que  le  biscuit  n*a  g^idralement  beaoin  d^aucuneprepemtioD, 
tandia  qne  la  glabra  doit  fttre  preparee  en  Penduisant  soit 
d*ean  alimee  faible ,  soit  d^esaence  de  Urebenthine  meiee  de 
1/12  de  verais  de  copal,  et  lalasanl  'sedier  oompietement 
L'impresslon  s'opftre  de  deux  maniftrea  diffterentea  :  tantet 
on  encre  la  plancbe  type,  gravde  an  taiOe  douce,  avec  une 
enore  grasae  formee  d^liuile  de  Im  ou  de  noix  cuite,  meianjire 
avec  une  couleur  vitrifiable  ou.unc'poudre  metdlique,  d, 
excepte  pour  les  verts,  nobrs  et  rouges,  aveouneproportioo 
variable  de  noIr  de  fumee ;  on  tire  cette  planche  anr  du  papier 
humide  et  sana  coUe,  trts-fin  pour  le  posage  sur  gla^iire, 
beanoouq^  plua  tenace  pour  le  posage  snr  biscuit,  et  en  d^ 
caique  aussit6t  aprte  sur  la  poterie  repreuve  encore  hu- 
mide. TantOt  on  encre  la  planche  en  taiUe  douce  aenlement 
avec  da  Huiiie  de  noix  cuite  rneifte  d'un  pen  J'esaence  de 
terebentiiine;  on  en  tire,  soit  directement,  aoit  per  voie  de 
transport,  une  epveuve  sur  une  phiquc  mince  de  gelatine, 
qui  sert  ft  son  tour  ft  fture  nn  transport  sur  la  poterie;  cette 
demiftre  se  trouve  ainsi  imprimee  en  mordant,  sur  lequd 
on  saupondre  lea  couleurs  vitrifiables  ou  les  poudres  metal- 
liquet.  Lorsqu'on  hnprime  sur  biscuit,  il  isiiil  repasser  ce 
dernier  nn  feu ,  pour  detruire  les  matieres  graasea,  avani  de 
poser  la  gla^ ura. 

En  France,  lea  principalea  iftbriquea  de  faMSce  fine  font 


FAIENCE  —  FATLLTTE 


eeltos  d€  Creil,  Montereati,  Choisy-le-Roi ,  GieD,  Sarrcgae- 
Mfneft,  Toulouse.  On  frabriqae  aussi,  principalemeot  k  Lu- 
a^viile  et  4  SakiiClteflDl  ( Mcortbe),  une  fojeaee  fine  k 
Entail  hlanc  opaque,  c'esl4-dire  k  Uaw  d'^tain ;  oette  faieDce 
«st  mtaie  plot  blanebe  qoe  la  terra  de  pipe,  son  toiail  plus 
dor,  inaia  set  formies  soni  moiiia  pom,  moins  d^licates, 
paroe  que  la  ceoebed'taaily  nT^tant  paa  aussi  mince,  arroodit 
et  ^paUsit  lea  Hgnea. 

La  Prance  n*eiporle  ge^de  feleiieea  fines  que  dans  ses 
colonies.  Qnant  k  la  fdenee  commane,  sa  oonsommation  est 
toute  locale. 

FAILIJB*  On  nomme  ainsi,  en  gfologie,  de  grandes 
fissures  oceasionnte  par  I'aflfatesement  d*an  terrain,  et  wm» 
plies  de  debris  prorenant  de  ce  nidme  terrain.  On  confoit 
que  plti^lenr*  eoaelMsde  rochea  horiiontales  et  saperpos^ 
puisfient  exister  en  nn  certain  endroH,  qu'une  cause  quel- 
eonqoe  produise  des  fissures  perpendiculaires  an  plan  des 
cfioelies,  et  que  oette  mtaie  .cause  ou  une  poatArieure  per- 
melle  k  une  partie  de  ees  oouclies  de  s*aClaisser»  tandis  que 
les  aotrea  parties  du  aysttaie  resteronlen  place ;  on  oon^it, 
flis-je,  que  les  niyeaux  des  couclies  ne  correspondront  plus 
entre  em ;  que  si  les  couches  ^tent,  la  premiere  de  cal- 
caire,  la  seconde  de  grte  tiouiUer,  la  troi^toie  de  boiiUle, 
ei  la  quatritae  de  granwacke,  apite  r^tablisaeinent  de  la 
ftHle,  le  calcaire  correspondra  an  grte,  le  grte  k  la  houiUe, 
la  liooille  k  la  granwacke.  Lea  failles.  sonI  tr^  nomlMreuses 
dana  le  tenraln  boaiilcr,  qui  a  ^  boulef  ers4  d^une  manicre 
si  eitraordinaire.  Sonrent  oes  fenies,  presque  tonjours  rem- 
plica  4*Ugile  impermteble  k  L'eau,  serrent  beaucoup  le  mi- 
neor,  ear  elleft  empAcbent  les  eaux  sooterralnes  de  p^n^trer 
dans  le  nassif-  oil  il  traTaille^  et  les  Corcent  de  prendre  une 
course  ascendante,  et  de  Tenir  fomier  des  sources  k  la  sur- 
taee  de  la  terre.  L.  Possibux. 

FAXLU^TEm  Tout  coouDeq^  qui  eesse  ses  payements 
est  en  4M  de  laiUite.  Kous  nVons  rien  k  ajouter  k  cette 
ddinitioQ  du  l^islateor.  Le  fiiilli  est  tenu  de  (aire  au  grefTe 
do  triboaal  de  son  domicile  la  d^daimtion  de  la  suspension 
de  ses  payemettts,  dans  lea  trois  jours  de  cetta  suspension,  le 
jour  de  la  suspension  oompris.  Cette  dddacatlon  doit  ftre 
acoompngnte  do  &6pU  de  son  bilan,  ou  da  rindication  des 
oK^tifs  emp^cbant  de  le  d^poser.  La  faiUite  est  d6ciar6e  par 
OB  jugemcnt  du  tribnaal  de  commerce,  rendu  soit  sur  la 
d^daratioa  do  (k\\l\,  soit  k  la  requMe  d'nn  ou  de  plusieurs 
cr^nners.  soit  d'oOlce.  L'ou^erture  de  la  failUte  eat  r^put^ 
SToir  lieu  du  jour  du  jugeinent  qui  la  d^are;  mals  un  ju- 
geuient  nllMeur,  rendu  soit  d^office,  soit  k  la  requ6te  des 
parties  Intdrsaste,  sur  le  rapport  du  juge-commissaire, 
pent  la  dire  remonter  au  jour  oji  la  suspension  r^le  do 
(layement  a  eu  lieu,  et  souTent  k  une  ^poque  blen  ant^rieure 
k  la  dddaration  du  failli;  elle  r^ulte  soit  de  la  retraite  du 
dcbiteor,  soit  de  la  cloture  de  ses  magasins,  soit  de  la  date 
d<^  toos  actes  eonstatant  le  refus  d'acquitter  ou  de  payer  des 
('  i^emeots  de  commerce.  Extrait  des  jugements  d^aratils 
de  fiuUite  et  de  ceux  qui  en  fixent  Touverture  doit  6tre  iasM 
dans  les  Joumanx  du  lieu  06  la  faiUite  a  6!tA  d^clarte,  et 
de  toos  les  Ueux  ob  le  faiUi  a  des  ^tablissements  commer- 


A  oompter  de  la  ddclaration  de  faiUite  par  le  tribunal,  le 
failli  est  dessaisi  de  plein  droit  de  l*administration  de  tons 
fes  biens.  Et  comme  la  lol  suppose  qu*U  a  dtt  connaltra 
liHat  de  ses  affaires  au  moins  dix  joif rs  avant  cette  ^poque, 
une  pr^somptiob  de  frande  est  attach^  aux  actes  qu*il  a 
.souscrits  dans  les  dlx  Jours  qui  pr^cMent  TouTerlure  de  la 
Tailtite.  Ainsi,  aucun  pri?il6ge,  aucun  droit  hypotli^caire  n'a 
pa^tra  acquis  sor  aes  biens.  Tous  actes  translattfsde  pro- 
pri^tds  faunobiliferes  iUU  par  lui  k  titre  gratult  dans  les  dix 
joun  qui  prMdent  Pouvertuffe  de  la  faillite  sent  nuls  et 
saos  eflet,  relatiTement  k  la  masse  des  cr^anciers ;  tous  ac- 
tes du  mtoe  genre  k  titre  on^reux  sent  so8ceptli>les  d'e- 
tre annuls  sur  la  demande  des  cr^anciers,  s*ils  paraissent 
aux  jiiges  porter  des  caract^res  de  fraude.  Tous  actes  ou  en- 
gageiiicnU  |>our  faitde  couuuerce  contracts  parle  ddbiteur 


3&5 

dans  les  dix  Joun  qui  prteident  Touverture  de  la  faillite 
sont  pr^um^  frauduleux;  quant  au  failli ;  ils  soul  nuls  lors- 
qu'il  estprouv^qu*il  y  a  fraude  de  la  part  des  autres  coh- 
tractants.  Toutea  sommes  psy^  dans  le  m^me  espace  do 
temps  pour  dettes  commerciales  non  ^chues  sont  rapport^, 
et  en  gto^ral  tous  actes  ou  payements  fails  ^  frai^  des 
cr^anciers  sont  nuls.  Enfin,  I'ouverture  de  la  iailUte  rend 
eiigibles  les  dettes  passives  non  Mue^ 

Aussit6t  que  le  tribunal  de  commerce  a  eonnaissance  de 
la  faillite  otficiellement,  ou  aeulenoent  par  la  notori^  pu- 
blique,  il  doit  ordonner  Pappoaition  des  scell^.  Le  juge  de 
paix  pent  mtaie  se  dispenser  d^attendre  cet  ordre  et  proc^- 
der  k  Tappositfon  des  scell^  sur  la  notori^t^  acqoise.  Le 
tribunal  de  commerce  nomme  un  de  ses  membres  commis- 
saire  pour  la.  sorreiUance  des  operations  de  la  faiUite,  et 
un  ou  plusieurs  syndics  pour  Texteution  de  ces  operations. 
II  ordonnele  dei>Mdelapenonne  do  faiUi.dansla.maisoo 
d'arret  pour  dettes,  ou  la  garde  de  sa  persoone  par  un  of- 
ficier  de  police  ou  de  Justice,  ou  par  un  gendarme ;  il  or- 
donne  egalement  TafXicbedu  Jugement.  Le  juge-commissaire 
doit  spdcialemeot  acceierer  laoonfecUon  du  bUen,  la  convo- 
cation des  cntenciers,  ^  faire  au  tribunal  le  rapport  de  tou- 
tes  les  contestations  que  la  fiilUitepourra  faire  nattri^,  etqui 
seront  de  la  competence  de  ce  tribunal.  Lea  syndics  provi- 
soires.  sont  nomute^  par  le  jugement  declaratif  de  iaillile ; 
ces  syndics  provisoires  sont  ienusde  rendrecompteau  Juge- 
commissaire  de  retat  de  la  failUte,  de  sea  principales  cau- 
ses apparentes  et  descaracteresqu^eUe  peut  avoir.  La  pre- 
miere reunion  des  creanciers  est  consultee  par  le  juge- 
commissaire  sor  la  nomination  d^  nouveaux  syndics;  it 
soumet  au  tribunal  un  rapport  sur  les  observations  de  ces 
creanciers,  et  le  tiibunal  designe  de  nouveaux  syndics  ou 
maintient  les  ancleos.  U  peut  y  avoir  pour  une  faiUite 
Jusqu*li  trois  syndics  definitifs,  pris  dans  ou  bora  la  ma^se 
des  creanciers;  Usre^oivent  pour  leurgestion  une  ind«^n- 
nite  que  le  tribunal  de  commerce  fixe,  sur  le  rappurt  ,du 
juge^ximmissairc,  Les  syndics  appellent  le  failli  aupresd*e^ux 
pour  arreter  et  clore  ses  Uvres  en  sa  presence;  k  Taide  de 
ses  Uvres,  de  aes  papiers  et  des  renseignements  qu*ils  se 
procvurent,  ils  dressent  le  bUan,  dans  le  cas  ob  le  faiUi  ne 
Taurait  pobit  lait,  et  le  deposent  au  grelfe.  Les  symdics  re- 
quierent  la  levee  des  sceUes  dans  les  trois  Jours ;  procedent 
k  rinventaire  des  biens  du  fiulU  dOment  appeie,  se  font  deli- 
vrer  les  marcbandises,  Targont,  les  titres  actifs,  les  livres  et 
papiers,  meubles  et  effets  du  debiteur,  qui  sont  portes  k  cet 
inventaire.  Les  syndics  precedent  au  recouvremeut  des  dettes 
actives,  et  s*il  y  a  Ueu,  a  la  veote,  soit  aux  encberes,  soit  k 
Pamiable,  des  effets  mobiUers  ou  marcbandises  du  i^lU.  lis 
versent  les  sommes  en  provenant^  Ucaisse  desdep6tset  con- 
signations, deduction  &ite  des  sommes  fixees  par  le  juge-com- 
missaire pour  les  depenses  et  faais  courants.  Ils  font  tous  actes 
pour  la  conservation  des  droits  du  iailli  contre  ses  d.bi- 
teurs,  et  prennent  inscription  au  nom  de  la  masse  des  crean. 
ciers  sur  les  immeubles  du  faiUidont  Us  connaissentTexis- 
tence.  lis  peuvent,  avec  Tautorisation  du  Juge-commissaire, 
transiger  aur  toutas  les  contestations  interessant  la  masse, 
memo  sur  ceUes  qui  sont  reUtlves  k  des  droits  et  actions^ 
immobiUers.  Si  le  faiUi  a  ete  afiranchi  du  depAt  k  la  maison 
pour  dettes,  ou  s'il  a  obtenu  un  saul-cooduit,  les  syndics 
peuvent  I'employer  pour  fedUterleur  gestion;  le  juge-com- 
missaure  fixe  les  conditioni  de  son  travail. 

Apres  la  nomination  des  syndics,  U  est  precede  kUi  veri- 
fication des  crdancei^.  Cette  operation,  apres  que  toutes  les 
precautions  out  ete  prises  pour  en  assurer  la  pubUcite  et 
Pexactitude,  est  faite  entra  les  creanciers  et  les  syndics,  en 
presence  du  Juge-commissaire,  qui  en  dresse  proces-verbal ; 
et  toute  personne  dont  la  creance  est  verifiee  peut  assister  et 
prendre  part  aux  autres  verifications.  Le  creancier  est  tenu 
d^alfirmer  que  sa  creance,  ainsi  veriliee,  est  sincere  et  verita- 
ble,et  s'il  y  a  contestation,  le  tribunal  de  commerce  prononce 
sur  les  difficultes  eievees.  Enfin,  apr^s  que  tous  les  moy^s 
possibles  ontete  employes,  soifpour  avertir  Us  creanciersi 


3.S6 


FAILLITE  —  FALN 


soltpour  8*as8orerdela8iQC^riUdes  reclamations,  la  r<^parti- 
tion  (]es  deniere  est  faite,  et  les  d^faillants  n*y  sonl  pas  com- 
pris.  Toutefoi»y  et  s'il  y  a  lieu  de  Cairo  encore  de  nouvelJes 
distributions,  ces  cr^anciers  d^laillantft  peuvent  se  presen- 
ter; mais  iU  ne  peuvent  rien  pr^tendre  aux  r^pairtitions 
consomm^,  qui  k  leur  ^rd  sont  r^pat^  irr^TocableSy 
et  8ur  lesquelles  ils  sont  enti^ment  d^bua  de  la  part  quMls 
auralent  pu  pretend  re.  Trois  jours  apr^s  Texpiration  des  d^ 
laia  flx^s  pour  TaflirmaUon  dea  crdances,  les  cr^nciers  ad- 
mU  sont  convoqu^ ;  le  ]uge-commissaire  fixe  le  Jour  de 
rassembl^,  et  Ik^  sons  sa  pr^idence  et  en  prince  du 
failU,  il  se  fait  rendre  compte  de  toutes  les  optetiona :  le 
failli  est  entendu.  C'est  alors  qu*un  concordat  on  traits 
pent  6tre  oonaenti  entre  les  ci^anciers  d^ib^rants  et  le  d6- 
biteur  faUli. 

SMI  n*intennent  point  de  concordat,  lea  crtociers  aasem- 
blte  forment,  k  la  majority  individuelle  des  crdanciers  pre- 
sents, uncontrat  d'uniott;  Us  sont  consult^ssur  I'utilite  du 
maintien  ou  du  remplacement  des  syndics :  ils  accordent  on 
refusent  un  secoors  an  fallU  sur  Tactif  de  la  failUte.  Les  syn- 
dics proc^dent  k  la  liquidation  de  la  (aillite,  k  moins  que 
les  creanders  neleurdonnent  roandat  de  cbntlnoer  Texploi- 
iation  de  Tactif.  lis  poursuivent  la  Tente  des  imraeubles, 
niarchandiseset  efTets  mobiliers  du  failli  et  la  liquidation  de 
ses  dettes  actives  et  passives,  sous  la  surreUlance  du  Juge* 
•conunissaire.  lis  rendent  compte  tous  les  ans  de  leur  gestion 
anx  crfonciers  convoqu^s  k  cet  efltet.  Lorsque  la  liquidation 
de  la  fidUite  est  tenninee,  les  syndics  d^finitifs  rendent  un 
compte  general  de  leur  gestion  dans  une  demiere  assemhlde 
g^n^e  des  cr^anciers.  Ceux-d  donnent  alors  leur  aris  sur 
VexcttsabUiUdiOi  faiUl,  avis  que  le  JiigeKM>mmis8aire  trans- 
met  an  tribunal  de  commerce  avec  un  rapport  snr  le  carac- 
tftre  et  les  circonstances  de  la  faillite.  Le  tribunal  prononce 
sur  Texcusabilite.  Si  I'excusabilite  a  ete  reconnue ,  le  Cadlii 
demeure  affranchi  de  la  contrainte  par  corps  k  P^^gard  des 
cr^anciers  de  sa  faillite,  et  ne  pent  plus  6tre  poursuivi  par 
eux  que  sur  ses  biens ;  si  an  contraire  il  n'est  pas  declare 
excusable,  les  creanciers  restent  dans  Texerdce  deleurs  ac- 
tions individuelles,  tant  contre  ses  biens  que  centre  ^a  per- 
Sonne.  Le  failli  non  excusable  est  prive  des  droits  dviques. 
^ur  la  poursuite  des  syndics,  de  tout  crdancier,  on  do  mlnis- 
t^  public,  le  failli  peut  etre  declare  en  banqneroute. 

La  loi  a  distingue  les  creanciers  du  failli  en  hypo 
tliecalres  etchirogrspbalres.  Ceux-d  n'ont  droit  qu*^  la  repar- 
tition de  Tactif  mobilier  du  feilil,  dans  la  proportion  et  ao 
marc  le  firanc  de  leurs  creances  Terifiees  et  afiirmees.  Les 
autres  ont  droit  exdnaivement  an  produit  des  inuneubles 
^oumls  k  leur  hypotiieque;  eten  outre,  en  cas  d'Insofflsance 
dn  produit  des  Immenbles,  lis  oonconrent,  k  ra2son  de  ce 
qui  leur  reste  dO,  avec  les  creanders  chirographalres  sur 
les  denlers  appartenant  k  la  masse  chirographaire.  II  est 
d*autres  creanders  priviiegies ;  ce  sont  les  creanders  vala- 
blement  nantis  de  gages;  lis  peuvent  vendre  leurs  gages, 
quitte  k  rapporter  au  syndic  de  la  faillite  ce  qull  a  produit 
en  plus  de  la  somme  qui  leur  etaitdue ;  Us  ne  fignrent  dans 
la  masse  des  creanders  que  pour  memoire;  ce  sont  encore 
les  ouvriers  employes  directement  par  le  Hiilll,  pour  leur 
salaire  acquis  dans  le  mois  qui  aura  precede  la  foiUite,  et  les 
employes  du  Aulli  pour  leurs  salaires  des  six  roots  qui  I*au* 
txmt  precedee.  11  est  une  espto  de  creanders  que  la  lol  a  dft 
proteger  spedalement,  malgre  les  abos  qui  plusieurs  fois  ont 
^te  la  suite  de  cette  protection  :  ce  sont  les  femmes  des 
faillis.  En  general,  dies  repreooent  en  nature  tout  ce  qu*e!les 
ont  apporte,  tout  ce  qui  leur  est  echu  et  tout  ce  qu*elles 
ont  acquis  de  leurs  propres  denlers;  mais  dies  ne  peuvent 
se  prevaloir  des  avantages  qui  leur  ont  ete  faits  par  leurs 
maris  dans  le  contrat  de  mariage.  Le  failli  qui  aura  Integra- 
lenient  acqoitte  toutes  les  sommes  par  lui  dues,  en  capital, 
interetset  (irais,  pourra  obtenir  sa  reiiabilitation.  De 
meme  que  Ton  peut  poarsuivre  en  dedaratlon  de  faiDite 
apres  la  mort  do  failli,  de  mfroe  la  rehabOitation  dd  cdui- 
<i  peut  etre  ponrsuivle  aprto  sa  mort 


Telles  sont,  en  bloc,  les  dispositions  de  la  loi  dn  3S  buI 
1838,  qui  forme  aujourd*hui  le  troiiiitoie  livre  du  Code  de 
Commerce. 

De  1817  a  1 826,  il  y  a  eu  en  France  12,272  faillites,  douiuit 
une  moyennede  1,227  par  an.  En  1840  nous  troavons  ca 
chifTre  plus  que  double;  en  1840,  2,018  faillites;  en  1S41, 
2,514;  en  1842,  2,435;  en  1843,  3,101;  en  1844,  3,024; 
en  1845,3,447;  en  1846,  3,795;  en  1847,  4,762;  en  1848, 
3,541;  en  1849,  3,223;  en  1850,  2,144;  en  1851, 2,305.  De 
1840  k  1844,  le  montant  de  toutes  les  faillites  fut  de 
553,099,  508  fr.  de  1846  k  1850,  leur  montant  se  compost 
de  866,313,938  fr.,  et  leur  passif  de  375,656,760.  De  1840 
k  1850,  sur  1,000  faillis,  &00  obtinrent  des  sauf-oonduits, 
300  furent  dispenses  de  la  mise  au  depot,  62  furent  places 
sous  la  garde  d*un  offlcier  de  police,  93  incaredres,  et  4s 
prirenl  la  fuite.  Pendant  cette  periode,  sur  1,000  faillites, 
189  furent  doses  pourinsulBsance  d'actif,  58  ne  donntreat 
pas  de  dividende  aux  creanders  chirographalres,  132  don- 
nirent  moins  de  10  p.  100,  867  de  11  k  25  p.  100,  75 
de  26  k  51,  22  de  51  k  75,  31,  plus  de  75;  enfln,  26doo- 
nerent  un  dividende  fort  deve ,  mais  qu'on  ne  pouvait  pas 
encore  fixer. 

FAIM.  lies  mots /aim  et  appitit^  quoique  d^- 
gnant  Tun  et  fantre  one  sensation  qui  nous  ports  k  maa- 
ger,  ne  doivent  pas  etre  conlondus.  La  faim  nindiqne  qoe 
le  besob,  qoMI  provienne  d^une  longue  abstinence  ou  de  toute 
autre  cause.  L^appetit  a  plus  de  rapport  au  goflt  et  au  phi- 
sir  qu'on  se  promet  des  aliments  qn*oo  va  prendre.  La  faim 
presse  plus  que  I'appeUt;  die  est  plus  vonoe  :  tout  meli 
Papaise.  L*appeUt,  phis  patient,  eat  plus  deiicat;  certiins 
mets  le  reveillent,  Bien  plus,  quoique  ces  deux  sensattoas 
se  trouTent  rennies  dans  la  plopart  des  cas ,  Tone  pent  ce- 
pendant  exister  sans  Tautre. 

La  faim  a  ete  attribuee  au  froncement  de  restomac,  k  la 
pression  ou  au  lirottement  de  sa  tunique  interne^  k  la  lassHii^ 
de  ses  fibres  mnsculalres,  trop  longtemps  oontnctees,  k  la 
compression  de  ses  nerfe,  au  tiraillement  du  diaphragme,  i 
I'action  des  sues  gastriques  sur  les  parois  qui  les  oontien- 
nent ,  etc.  Toutes  ces  causes  sont  hypothetiques,  et  on  a'a 
encore  rien  pu  eondure  des  lesions  Tariees  que  presenteat 
les  sujets  qui  meurent  de  faim  ou  plut6t  d1  n  a  n  i  ti  o  n.  Us 
effets  de  Ta bsti  nen  c e  aont  mieux  oonnus.  Le  sentiment 
de  la  faim  varie  en  intensite  sulTsnt  TSge,  le  sexe,  le  tem- 
perament, l*etat  de  sante  on  de  maladie;  il  peut  ttredfaniDoe 
par  divers  agents,  tels  que  les  liqueurs  spiritoeoses,  les  oar* 
cotiques,  une  temperature  trte-eievee. 

On  a  donneie  nom  de/alm  caniiie  k  diTerses  alterations 
maladives  de  la  (aim,  laboulimie,  \ml  cynorexieetla 
polypbagle,  qui  sont  ordinalrement  Uees  k  des  affections 
nenrenses  des  organes  digestifk. 

FAIN  (AGATBon-JKAN-Faio^Rin,  baron),  secretaire  la- 
time  de  Napoleon,  mort  k  Paris,  le  16  septembre  1837  ia- 
tendant-general  honoraire  de  la  liste  dvOe  de  Louis-Phi- 
lippe, etait  ne  k  Paris,  le  11  janrier  1778.  Entre  k  seize  ans 
comme  sumumerdre  dans  les  bureanx  du  comite  mlUfaiie 
de  la  Convention,  il  futadmla,  apr^s  la  Joomee  du  13  ven- 
demiaire,  dans  ceux  dn  Directoirc.  A  quelque  temps  de  li 
11  fut  charge  de  la  direction  des  travaux  interieurs  du  seoe- 
tariat  general ;  et  lors  de  retablissement  do  Consulat,  11  entra 
k  la  secretairerie  d*£tat  oi^  il  fut  charge  de  la  direction  des 
archives.  En  1806,  Haret,  due  de  Bassano,  dont  11  avait 
gagne  les  bonnes  grftoes,  le  fit  attacher,  avec  le  litre  dese- 
ci-etaire  archlTiste,  au  cabinet  partkulierde  I'empereur,  qoe 
depnis  tors  fl  acoompagna  dans  la  plupart  de  ses  voyages 
et  de  ses  caropagnes,  et  qui  lid  odroya  avec  le  litre  de 
baron  ^  des  dotations  dans  llle  de  Rogen  et  sur  le  MonU 
Napoleone  de  Milan.  En  1813,  la  maladie  ayant  force  H.  de 
Menneval  k  reslgner  aes  foncUons  de  secrefaire  du  cabinet, 
Fain  fut  appete  k  le  remplacer,  et  des  lors  ne  qoltta  plos 
i'empereur  qu'aprte  rabdlcatlon  de  Fontainebleau.  La  pr^ 
miere  restauratton  Toublia  dans  la  distributionde  ses  l^veare, 
aussi  des  le  Icndenudn  du  20  mars  1815  Fain  etait-fl 


rAiN  —  PAmrAX 


95t 


h^  aui  Toliariei  4ani  ms  fbndtMi  de  leerAaire  du  cabinet. 
Le  21  man  U  ligliA ,  dans  le  oonseil  d^^t,  le  protooole  de 
fade  eoolenant  T^ondation  des  principes  que  Napolten 
aiDoo^  devoir  Mre  i  l*aveiiir  la  r^e  de  aa  conduite  el 
la  baie  de  sa  politiqiie;  et  oe  ftit  lui  qui  le  m^me  Joar  r6- 
difea  le  dteret  par,leqael  ^talent  remises  eo  Tigoeor  tootes 
les  lois  d*flKfl  et  de  proacriptioii  rendues  par  la  Gonveotion 
eoptrela  funlUe  des  Boorbons.  Le  6  Juillet  sulTant,  k  la 
Mile  da  dtestre  de  Waterloo,  le  gouTemement  provisoire 
Tsppela  am  fonettons  de  secretaire  d*£tat ;  mala  il  ne  put 
hs  eiercerqoe  pendant  qiiarante-lioit  beures,  Loais  XVIII 
^tint  reotr^A  Paris  dte  le  surlendemain,  8. 

La  teeonde  restauration  ayant  persists  h  se  passer  de  son 
eoBOOorSy  le  baron  Fain  se  retire  dans  on  domafne  qu^il 
^ost^dait  am  environs  de  Montargis,  et  y  occiipa  ses  loisirs 
k  eomposer  sor  diverses  ^poques  da  r^c  de  Napol^n ,  et 
MMS  le  litre  de  ManuscriU,  des  m^moires  qui  abondent 
en  mat^riam  d*une  liante  utility  pour  rUistoire  conlempo- 
nioe,  et  dont  rauthentlcit^  est  garantie  par  les  lonctions 
oflleielles  que  remplissalt  Tauteur,  lequel  fut  tout  k  la  fois 
lAiioiD  et  acteor  dans  la  plo|iart  des  n^ociations  dont  il 
noonteks  pMp^Ues  et  le  d^ouement.  Quoique  r^criTain, 
lonqoll  aborde  la  partie  strei^gique  des  laits  et  essaye 
d'expliquer  le  roonTement  g^n^ral  des  operations  militaires, 
Mil  re^  fort  an-dessoos  d'une  pareille  tilche,  le  succte  de 
Ml  MImoires  n'en  Ait  pas  moins  tris-grend.  En  void  les 
litrN  :  Manuserii  de  1814 ,  eontenani  Vhistoire  des  Mix 
dernien  mais  du  rtgne  de  NapoUon  ( 1833) ;  a"  Manus- 
crtf  de  181 S,  contenant  U  prMs  des  Mnements  de  cette 
oMie^  pourservir  d  Phistoirede  Fempereur  NapoUon 
( isn) ;  3"  Manuserii  de  i%i2,  pour  servir  d  Vhistoire  de 
HapoUtm  (1827);  Manuserii  de  tan  ni  (1828),  ouvrage 
deitine  par  Pautenr  k  servir  dlntroducUon  k  une  bistoire 
de  Direetoire,  qoe  les  ^Ttoements  snnrenos  k  pen  de  temps 
de  \k  remptebfereBt  de  contlnoer. 

L'uD  des  premiers  sotnsde  I/>uis-Pbilippe,  enmontant 
m  letrtoe,  en  J8S0,  fnt  d*appeler  au  Palait-Royal  Pancien 
Mcr^laire  du  canoet  de  Napolten ,  pour  lui  olTrir  one  posi- 
tion analogue  aoprte  de  sa  personne;  et  Fain,  pour  qui 
rorpbeiin  de  Sehenibmnn  n^^it  plus  depuls  longtemps 
qii'B  eoUmei  auiricMen,  ne  cmt  pas  manquer  k  la  m^ 
noire  dn  eomr,  k  ee  quit  devait  k  la  race  du  prince  qui 
avail  did  son  Meoliafieur,  en  acoeptant  avec  empressement 
kiavanees  et  les  offres  de  Tdlu  des  221.  Aussi  bien,  depuls 
plMiean  anndes  d^  il  avait  sollicitd  et  obtenu  pour  deux 
ic  acs  enCuits  des  emplois  dansla  maison  de  M.  le  due  d*Or- 
Idns,  et  lui  avait  ainsi  donnddes  arrbea  de  ddvooement. 

Des  revirements  ministdriels,  en  obligeant  en  1832  et  en 
iSle  N.  de  Montalivet,  intendant  gdndrel  de  la  liste  civile, 
k  accepter  le  portefeuille  de  Tinldiieur,  firent,  k  deux  re- 
priMS,  eonlier  k  Fain  Vini^m  de  ses  fonctions;  et  le 
rtle  loot  d*abndgation  et  de  ddvooeroent  qu*n  consentit  k 
jouer  dans  oes  drconstanoes,  fut  rdcompensd  d'abord  par  le 
tiliede  eonseHler  d^£tat,  et  plua  taid  par  le  grend-cordon 
de  la  Ldgkm  d*Honneor.  Quand  la  mortle  surprit,  en  1837, 
U  exerfait  depnla  1834  le  mandat  de  ddpotd  dont  Tavaient 
iifesU  les diecleun  du  Loire!;  mais,  i^oute  nalvement  un 
Idographe  pandgyriste,  «  ancune  circonstance  partlculi^re 
Bella  sor  Ini  Tatlention  publique  durant  la  Idglslature  dont 
a  81  partie-. 

FAINIS,  fruit  du  lid  Ire,  espto  de  capsule  ovale,  poln- 
tae,  k  quatre  pans,  quadrivalve,  renfermMit  quatre  se- 
Mtees  triangulaires.  Les  daiins,  les  coclions,  tous  les  qiia- 
dhipUes  babitanU  des  forftts,  ou  qu'on  y  mdne,  sont  trte- 
■Hdei  des  fiatnee ,  qui  sont  d^ailleurs  tr^propres  k  Pen- 
grali  de  la  volatile.  L'amande  est  agrdable  au  goOt  et  Tort 
raoherdide  par  les  enfonts;  elle  est  douce,  mais  cette  dou- 
CBir  est  mdlde  d*ane  eertaine  astriction,  due  k  I'dpidcrme 
9/A  h  incoavre.  On  a  it  juste  litre  appeld  la  (atne  Voiive  du 
Kerd.  En  effety  elle  foomit  une  h  n  i  i  e  comestible  qui  lors- 
fijalleadldexprimde  k  irM,  et  avec  Ich  pN^uuitiofLt  conve- 
rivalirfe  jiisqu*^  nn  certain  point  avec  riiuile  d^olive, 

MCr.  nC  LA  CONVERS.  —  T.    IX. 


du  moins  au  dire  de  eertaiHf  amatenrs  qui  ptdtendeot  mdme 
qu^un  rodlange  k  partie  dgale  des  deux  donne  nne  huile  de 
beauooup  prdldrable  pour  la  salade  k  Pbuile  d^olive  pure. 

FAINEAIVT,  defaire  et  de  nSani,  On  appelle  ainsi 
les  gens  qui  oonsomment  sans  rien  produire,  sans  rien  bire. 
L*btetoire  de  ce  mot  est  oelle  d'une  grande  partie  de  la  so- 
ddtd,  qu*une  injuste,  une  bidgale  rdpartition  des  richessea 
force  k  se  vendre,  et  que  Pautre  partie  a  toujours  le  moyen 
d*acbeter.  II  est  teltes  Uistitutions  que  nous  pourrions  citer, 
qui,  comme  de  bonnes  m^res,  nourrissent  grand  nombre 
de/ainianis.  II  y  anrait  une  bien  grande  rdforme  k  opdrer 
dans  la  soddtd  ai  Pon  voolait  en  faire  dlsparaltre  tout  eo 
qui  mdrite  le  nom  de  /aUUani,  Li/ainianiise  est  nne  pa- 
resse  Ucbe,  qui  oonstitoe  on  Tlce  pins  dangereux  que  la 
paresse  PToprement  diie. 

FAINEANTS  (Rols),  sobriquet  donnd  k  ces  fontdmee 
de  rois  sous  les  noma  desqoels  rdgnalent  eflectivement  lea 
mairesdupalais,  et  que  Bolleauasi  bien  pdnts.  Lea 
rois  fain<^ants  comraenoent  k  Thierri  III,  roi  nondnal  de 
Bourgogne,  de  Neustrie  et  d'Autrasle,  gouvemd  d*ahoTd  par 
£broin,ensuite  par  Pdpind'Udristal.  Les  autresrois  fai- 
ndantssontClovi8lII,Cbildebert  III,  Dagobertlll, 
ChllpdrlcII,Tbierri  IV,  etCbilddriellLCe  prince 
ayant  dtd  ddtrdnd  en  750,  rasd  et  renfermd  dans  le  mona»> 
\hn  de  Sitbfai,  Pepin  dit  (e  Sr^  se  flf  proclamer  roi.  II  est 
remarqnable  que  Louie  Y,  le  dmier  roi  de  la  race  des  ear* 
lovingiens^  et  descendant  de  Pepin  le  Bref,  ait  dtisfldtri  aussi 
du  nom  de/ainiani,  comme  eem  qn'avident  ddtr^nds  sea 
ancdtres.  De  RnFrEFtmiG. 

FAIRE*  On  pent  oonsiddrer  le/aire,  dans  un  tableau, 
comme  nn  cadiet  partlculier  k  cbaqoe  arUMe.  Gdrard  Doir 
a  nn /aire  aoisnd,  Wooirerman  nn /aire  a»'/6ntin,  Salvator 
Rosa  nn /aire  liardi;  tel  autre  arUate  a  un  faire  timlde, 
un /lire  moo,  un  /aire  blxarre.  On  dit  qu'nn  tabieaii  eat 
d*nn  bean  /aire,  Cette  expression  tient  principaleroent  k  la 
pratique  de  la  peinture,  au  mdcanisme  de  la  broese,  an  tra- 
vail de  Is  main.  Elle  est  d*usage  anssl  poor  la  scolpture  el 
la  gravure,  etddsignealors  la  mani^re  dont  I'arliste  emploia 
le  dsean  on  le  burin.  Docbbbre  atnd. 

FAIRFAX  (TnoHJka,  lord ),  gdndrel  des  troupes  da 
parlement  k  Pdpoque  des  guerres  dvilea  d'Angleterre,  sons 
Cbarles  I*',  naquit  en  1611,  A  Denlon,  dans  le  Yorkshire , 
et,  aprto  avoir  fait  ses  dtodes  k  Cambridge,  alia  servir  comme 
Tolontaireen  Hollander  dans  Parmde  de  lord  de  Yere,  dont  plus 
tard  II  dpousa  la  fille,  lady  Anne  de  Yere,  femme  belle,  ver- 
tueuse ,  Instruite  et  doode  d^lne  dneigle  tonte  virile ,  qui 
exer^  toijonre  la  plus  dddslve  influence  sor  son  mari , 
camctdre  lionndte  et  loyal,  msis  bomme  lUUe  el  presqne 
ooropldtement  ddnod  d'tfupulsion  propre. 

A  son  retour  en  Angleterre,  Fairiiix  oonfnt  la  pits  vive 
antipatliie  pour  Cbarles  I**",  et,  au  ddbot  dels  gneire  dvile, 
aocepta  do  parlement  le  posts  de  gdndrel  de  la  cavalerie  k 
Parmde  dn  nord ,  dont  son  pftre ,  lord  Ferdinand  Fairfax , 
fut  le  premier  gtedml  en  cbef.  Les  champs  de  Maralon* 
Moore  furent  tdmofaib  de  Pardeur  gnerridre  de  oes  deux  ca- 
l^taines.  Malbeurenseroent ,  Thomas  Fair€ax  ne  montre 
jamais  de  vigneur  ailleore  que  dans  les  combats.  Son  irrd- 
solution  et  sa  timidltd  en  firent  le  plus  soople  comme  le  plus 
utile  instrument  deCromvrell,  qui,  placd  aoprte  de  Ini 
en  qualitd  de  lieutenant  gdndrel,  exer^  de  fait  Pautoritd,  en 
lefoisanttoi^ours  pUer  sous  son  ascendant.  Loroqn'en  164& 
la  bmeuse  ordonnanoe  du  renoncement  k  soi-mdme,  eenvre 
de  l*bypocrite  Olivier,  retire  le  pouvoir  mUltaira  des  mains 
de  Paristocretie  pour  le  donner  anx  bommes  du  peuple, 
Tliomas  Fairfax ,  investi  du  gdndrelal  suprdme,  en  rempla- 
cement  du  oomte  d^Essex,  denna,  de  concert  avec  Cromwell, 
Parmde  royale  k  Naseby. 

A  la  seconds  explosion  de  b  guerre  dvlle ,  oe  fM  encore 
Fairbx  qui  ddtruisit  et  disperse  llnsnmctlon  royaliste. 
Lorsqne  les  rdpublicains  inddpendants,  dont  Cronivrdl  sir 
faisait  le  chef  malgrd  leurs  d^*fianoes ,  attaqudrent  le  pprH 
presbytdrien  dans  le  parlement,  Pascendant  d^Olivler  Pcin- 

33 


ISS 


FAIRFAX  —  FAISAM 


parte  «Mbi«  tm  Mt  tipaismMk  de  PaMkx.  H  en  fat  de 
mtaie  quand  ramte,  opiMtaiant  la  eapitale  et  le  parlement, 
eipulit  d^finfttvament ,  aTee  laa  preabsfMriens,  tous  ceux 
qui  a'oppQMlaiit  k  latyranniedo  salire.  Enfln,  lonqtie 
rarmfey  on  plotdt  Qroraivflll  avee  son  appiti«  Toalat  ae  dA- 
ftlra  da  la  penoime  do  roi,  «t  s^ontrir,  aor  lea  debris  aan- 
gSantada  tHMie,  lechemhi  de  la  palaaaiee  mprtaie,  foppo- 
aition  de  FaMix  M,  encore  toate  paasWe.  II  ae  borna  ao 
reAia  de  ai^ger  panni  oeox  qni  s^arro^eaient  le  droK  do 
cliatiment  et  da  meurtre.  Lady  Fairflix,  nagii^re  presbyt^ 
rienne  idlde,  et  qui  aa  d^but  de  la  r^Tohition  avail  adopts 
avee  eatbeuaiaaaie  lea  idta  r^mblieaines,  mala  qof  a?ant 
tout  avaltun  ooenrde  TeniHieet  ae  poatait  TobrspnflKr 
sana  ae  lai^ser  aiuuiHdt  do  paiti  da  maHieor;  lady  Fairfkx 
aaaiatait  ao  proete  de  rinforUm^  inonarque  dana  one  Iribane 
rtervte.  QMod  le  iffMm,  liaaiit  PairM  de  mort  rendo 
ooBtre  Chartea  I**,  prooon^  oea  mota  :  «  Ao  nom  de  toot 
le  people  d'Angletarre,  »  elle  ^derla :  ffontpas  mime  un 
quart  du  peuple  (TAnpUUrret  voanignw  proteatatlon 
d'line  femroe,  qtfvn  offider  de  rarmte,  Axtell,  Toohit  ponfr 
en  doonaoty  dil-on,  Tordre  de  bire  Teo  aor  la  tribone  d'o(i 
cea  perolea  ^Udent  parttea.  Aprte  la  roort  de  Charlea  1% 
FalHkx  reliiia  de  aMger  au  eonfleil  qui  exer^  le  pouToIr 
ex^cotlf ;  mala  il  eonaerra  l»  edmrnandeinent  dea  troopea 
en  Angletem  et  en  Iriande.  A  leor  tete,  UrendH  encore  k 
•on  paya  le  aerrioe  de  diaperaer  lea  nireleora,  et  d^apaiaer 
de  oooveanx  troubles ,  pnia  rMgna  bientM  aa  commfasioD, 
pour  ne  poa  eoneovrfr  4  one  eipddition  contra  D&cosae,  qoi 
venait  de  ae  dtfdlai^  en  AiTenr  de  Cbarles  II,  et  oe  fot 
Gromwell  qoi  en  prit  le  ootaunandement  en  chef. 

Fairfix  ae  telira  alora  dana  sea  terrea  do  Yorkshire,  et 
n*eat  ploft  d'antre  pena^  que  la  restaoration  de  la  famine 
royale.  A  la  niort  de  Oromwell,  en  1658, 11  leva  one  armte 
pourrop^rar,et«eeDnda  poittammentrentreprtsedeMonk. 
Ehi  en  16i0  nenbredQ  parlement  par  le  oomt6dnroi%,  fl  fot 
unde  oeox  qoe  catte  aiaeaiblte  dipota  ^  La  Haye  aoprte 
de  Cliariea  11,  poor  I'engager  k  venir  aosaitOt  qoe  possible  re- 
prendre  I'exereioe  dehuitoHt^  royale.  Francliement  recond- 
M  avee  ie  nouTean  #0i,  il  paaaa  paiaiUement  le  r^ste  de  sa.  Tie 
dvM  la  retniite,ioiqa*an  l  A  Omet  1671, 6poqae  de  sa  mort 

Fairbx  dM  inalnilt»  eta  laiisd  plndenra  terita,  cntre  an- 
tree  dea  MimiiAnt,  poMMa  aprte  sa  mort  (1099).  Sa  com- 
podtion  laphta  rdnaiqoable  par  aa  singolarit^  est  slkrement 
la  pMoe  da.Tera'qaH  adreasa  k  Cbariea  if ,  le  joor  de  son 
cooffonnement,  k  I'ooeaaiott  do  dieral  qoe  mootalt  ce  prince,' 
d  dont  le  poetOi  anden  gtodrti  des  armdea  parlementalrea, 
loi  arait  bit  prteent 

UKly  KdHbXy«4lte  fenune  d  pa<ssag^remcnt  mdte  aux 
aflbires  de  son  tempa^  a  laiaid  aosd  qoelqoes  compositions 
UtltininiydeMdioene  bnporfance.  Sea  toita,  prose  d  vera, 
qui  li*ont  Jamala  Uik  piibti^  font  partie  de  la  gnnde  collection 
des  mannacrita  de  Thorasby.  Aubxit  na  VrraT. 

FAISANf  genre  d*oiaeaox  de  I'ordre  des  gallinac^a. 
FoUan^  en  latin  phaiUmui^  vlent  do  grec  9aoiav6c^  iait 
de  ^doK,  ie  Phaae,  fleufe  de  Vanfiqoe  Gdchide.  On  pre- 
tend en  eOd  que  le  fUaan  eat  originaire  des  r^ions  do 
Cancase,  d'o6  il  anvait  M  r^ipoitd  en  Europe  par  les  Ar- 
gonaniea>i  Oe  gmrea poor  earacttrea  prindpanx :  Bee  fort, 
coorb4  k  aa  pointer  eontexe  en  dessoa  et  no  k  sa  baae; 
jouesnoea,  verraqoeoaea;  iaraea  lobasles,  arm^  d'on 
^peron  oanlqM  et  de  mddioera  longueur;  do^^ta  anUrieors 
r^uniapar  one  menbfine  Jnaqon^  U  premMre  articulation; 
qoene  trte-loogne^  <tag<e»  eonpoate  de  dlx-liolf  pennea, 
faraiant  deox  pUna,  etae  reoouffant  iDomme  les  tolles  dhin 
toit  Le  plumage  dea  mUeabrfliedeeouleuraTarWes;  cepen- 
dant  mtk  a  ramarqud  que  lea  fBeodleaquI  eeasent  d'etre  16- 
eondea  prennent  pen  k  pea  nne  llTrtequi  approebe  de  plus 
en  plus  decdle  dea  naiaa;  en  termea  de  cfaaiMe,  ces  Ibmd- 
lea  aont  appeMeseoTiifln,  evpresaion  d*autant  plua  tideuse 
qu*dle  iMaigne  ^alemenl  lea  mdb  que  produit  le  fdaan 
avec  la  poole  onlindra. 

Le  genre/oiion  renfenne  quinaeeapteesy  dont  lea  prin* 


dpales  sont  le/oljun  commune  le  AdMui  d  eoUier,  li 
faiion  argenti  et  le  foAsan  dori. 

hb/aisan  eommun  (phasianui  coUhiau,  JJnS)td 
ai:joord*bni  r^pando  dana  toote  I'Eorope.  Sa  taiUe  est  cells 
d*one  poole.  La  tdnte  g^n^rale  de  son  plumaga  est  oa  bm> 
lange  poorpr^  trte-brillant  de  marron ,  de  bleo,  de  verti 
de  violet  et  de  nolr,  d  ploa  oo  moina  toailUi  de  tadM 
roossatrei ,  blancliAtres  d  grta&tre  oliTAtre  :  lea  parUss  Im 
plos  fonc^,  la  t^te  et  le  coo,  soot  d'on  Tert  dari  diaa- 
geant  en  bleu  d  en  Tiolct,  conune  les  deox  bouquela  da 
plontcs  (io*il  porta  de  chaque  cdt^  de  Toedput;  les  parties  lei 
plus  dairea,  le  bas  du  coo,  la  poltrlne,  le  ventre  d  les 
(lanes  sont  d'nn  marron  roussatre  lostr^ ;  qoant  anx  plu- 
mes scapulaires  d  do  dos,  dies  sont  bnines  dans  le  mlliett 
d  bordte  de  marron,  avec  one  bande  blancbatre;  les  pea- 
nea  de  b  qoeoe  sont  d^un  gris  oliTatre  vari^  de  baodes 
transYcrsales  noires,  d  frang^es  de  marroo  pourpri  De 
larges  membranes,  d'on  ronge  ^rlate,  bordent  le  eootour 
de  ses  yeox,  dont  ilris  eat  jaune.  Gea  papillea  oo  caroDcoles 
ferment  comme  Texpreadoo  visible  de  tons  lea  mouvemeotfl 
de  son  6tre;  dies  deviennent  p&les  oo  poorprea,  sdoa  quH 
est  ioqiiiet,  soofTrant,  dispose  k  la  colore  oo  amooreoi.  U 
femelle  les  a  plos  petites  d  moins  prononote.  Le  plomage 
de  la  femelle  est  kiln  d*avoir  T^dat  de  cdni  do  male ;  e*eil 
un  melange  iondo  debnui,degria,deroQS8Atre  etdenoirltre. 

Le  faiaan  est  d^on  natord  Ikroocbe  dd*one  homeur  saa- 
vage;  aosd  ainie-t-il  sa  liberty  avant  tout  Quo!  qu*on  fuse 
poor  lui  adoHcir  sa  captivity,  on  ne  parvient  jamds  k  Tap- 
privoiser.  II  vit  mal  avec  ses  compagnons,  quil  liarodle  sans 
cessek  grands  coups  de  bee,  nesV>ccope  tie  aa  femelle  qac 
dans  le  temps  de  ses  amours,  d  aluquide  fort  peo  des 
soins  de  famille,  qu^il  laisseenli^rement  k  la  charge  de  edle- 
d.  Sa  fougoe  au  printemps  ed  tdlement  violente,  qu*il  se 
jette  poor  satisfaire  sa  passion  dans  les  basse-ooors  ao  ou- 
lieu  des  pooles,  et  qo*il  fdconde  la  premie  venue.  €epea> 
dant,  les  natoralistes  pr^tendent  qoe  dana  V4itt  loot  k  fmi 
aaovage  on  ne  loi  volt  jamais  qu*one  aeule  femdle.  La  fe- 
mdle  est  plos  sodable;  do  moins  die  ne  toormente  p» 
comme  le  miUe  ceox  qoi  partagent  sa  captivity.  Elle  ftitor- 
dinairement  son  md  ao  pied  des  grands  arbrea,  aa  mlliea 
des  buissons :  die  le  compa<ie  de  brins  de  boia,  de  moosse 
d  de  debris  de  plantes  allies.  Elle  pond  rdguli^nonttoos 
les  deux  jours ,.  d  d^ve  sa  couv^  de  douae  k  quince  eBois  d 
qoelqoefois  ao-dd^.  Les  petits  naissent  apr^  vii^|4rds  oa 
vingt  qoatie  jours  dMncubation,  d  on  les  voit  conrir  on  ins* 
tant  aprte  leor  sortie  de  la  coqoey  cherchant  d  ramasaMt 
dea  brins  d*herbe  et  de  petits  insectes. 

Le  (aiflan  est  le  premier  gibier  en  France;  on  n'en  con* 
nalt  pas  qui  I'^e  pour  le  goikt  d  le  himd  :  aa  chair  est 
d'une  dc^licatesse  extreme,  et,  ootie  qo'eUe  est  fort  noons- 
sante  et  tres-fortifiante,  die  se  dig^  fadlement,  etconvied 
aox  ^tiques  d  aox  convdesoents.  Aotrefoia,  aous  le  regime 
des  privil^es,  le  faisan  dait  un  mats  sp^alement  Ht/trH 
iuix  tables  seJgneurides  oo  aox  banqoeta  de  la  oour* 

Noos  ne  dirons  qoe  qodqoes  mota  des  troia  aotras  cs^ 
p^cea  que  noua  avona  plua  particuli^rement  atgnalte.  Le 
faisan  A  collier  (phoiianui  torquatus,  Temm.},  oiip- 
ndre  de  la  Cliine,  tire  son  nom  d*one  tacbe  d*im  beau  Uanc 
qu^n  porta  de  chaqoe  cOt^du  cou.  Qndques  auteu^lle^^ 
gardent  comme  une  dmple  varidd  dn  faisan  coumuia.  Le 
faisan  argenti  (phasianus  nyetbemerttif  Linn6),  erigi* 
naire  des  m6mes  lieux  que  ie  faisan  k  collier,  et  commen- 
cant  comme  lui  k  ae  natoraliser  en  Eorope,  est  blanc  sur  le 
dos,  avec  de  petites  Ugnes  ndres  sur  diaqoe  plome*  Maas  c'cst 
aortout  id  faisan  dari  en  trieolore  (phasianus  ptelui, 
Unn^),  de  la  Chine  ddo  Japon,  qoi  ae  distingne  entre  tootes 
lea  autres  eapteea  par  I'^at  de  son  plumage.  Une  hnppe  d'ua 
beau  jaune  dord  omesa  tAle;  iinecollerdfeorangte»  maill^ 
4e  noir,  revd  aon  cou;  le  haut  da doaed  vert,  lecroupiaa 
jaune ;  les  atlea  aont  ronasea,  avec  une  tached'un  beau  Uau; 
le  ventre  ed  rouge  de  feu,  tandia  que  la  ''leue,  kmgoa  d 
brune,  eat  tachdte  de  gria. 


I 


FAISANDEBIE  —  FAISCfiADX  D'ARBfES 


259 


FAISANDERIE,  lira  ok  M  <kit#  dM  thUttn%  eC  des! 
perdrixdetovtesttptos.  Les  fidsandenetMUtiMMiitriiiteft 
poor  pearler  eartalmi  eantoiu  qol  nanqdeiit  de  gibier  oa. 
poat  rtparei'  ladertmclioii  qa^cm  eo  a  fiUfe  pu  la  cbasse. 
EUea  doiTent  Atn  eiposte  ato  midi,  daw  le  iroisiiiage  des 
grandg  bois,  Mb  det  baMtationSy  k  k  poiitt  dd  qaeiqnes 
prairies,  afin  dn  se  proemer  l^l^lMiDtdies<eufs  de  faormSB, 
qo!  soot  nnenonrrttiire  Indispauabte  aax  Jettifftt  fefaandeaux. 
On  dispose  dans  l^foMriear  pliuieara  s^es  de  petifs  loge- 
BM&ts,  qu'on  adoase  aox  Buirs,  tea  una  appeite  ioges,  deis- 
ttnte  cox  ooaveiues  el  am  eeavto  Meses,  lea  autres  ap- 
peka  pdrqutiSf  poor  lei  poodeoses.  Le  miliea  de  la  faisui- 
derie,  on  plutftt  toot  te  terrain  qui  B*est  pas  occupy  par  les 
loges  el  1m  parquets,  doit  itre  diaposd  de  maniire  h  reoe* 
voir  les  oouvte  oo  bandea  de  fsisandeam,  nOB  Ibia  quMls 
peoTent  aortir  k  I'alr,  et  k  bAter  leur  <ldttoatioB.  On  laisse 
cniltre  dana  certaines  plaeea  de  grandea  berbes  et  d'^pais 
baiasdns »  et  on  fait  Tenir  dans  (Paotres  on  gazon  menu  et 
dfiicat,  sor  lequel  les  petKs  folsandeaux  aiment  k  se  prome- 
ncr  en  P^pointant  da  bee;  mais  comme  Us  sdnt  anssi  trte- 
fiianda  de  monron  et  deplantes  potag^reSi  11  faut  atoir  soin 
dte  faire  des  semis.  On  doit  encore »  quand  on  Ic  pent, 
pratiquer  ^  et  \k  qaeiques  mares  d'eaii,  dont  on  ganiit  le 
bord  de  joncs  et  de  roseaux ;  car  Tbumldit^  est  qnelquefofs 
ialotalre  aux  petits  falsans,  et  on  les  voit  sonvent  la  recbe^ 
cher  aussi  avidement  que  bi  terre  1^^,  oik  lis  se  roulent 
avec  tant  de  plaisir  par  nn  beau  seleil. 

An  moia  d^trilon  enferme  sept  ponies  fafsanes  tfvec  an  faf- 
san  mftle  dans  les  parquets ;  elles  ne  tardent  point  k  pondre. 
Le  liiisaBdler  doit  recueilllr  chaque  soir  les  oufs,  sous  peine 
d*eB  trouTer  quelques-uns  teras^  oa  mangte  le  lendemaln 
matin.  On  eonOe  i8  &  24  de  ces  oeufs  pour  les  ftlre  couver 
k  des  pooles  de  basee-cour,  de  la  Addit^  desquelles  on  s^est 
assart  Pannte  prMdente.  Qaand  les  petits  soot  Tenus,  on 
place  la  mire  dans  nne  caisse  assec  grande ,  portative,  o6 
on  la  retient  priaonni^re,  mais  dont  la  devantnre  est  k  daf re- 
voie  et  permet  anx  faisandeaux  d^  sortir  et  d'y  rentrer  an 
moindrB  sujet  d'alarme,  ou  quand  laro^  noorrice  les  rap- 
pdJe.  A  mesore  qn^ls  avaneent  en  ftgc ,  on  transporte  la 
caiaae  et  la  wikn  du  petit  eeliier  dans  la  partie  claire  de  la 
loge,  et  de  b  tege  dans  nn  des  coins  de  la  laisanderie.  On 
Udn  la  mtn  quelqoes  jours  aprte ,  et  11  est  bien  rare  qu*elle 
s*tearte  do  voisinage  de  sa  caisse,  ob  elle  revlent  d'ailleurs 
ooocberxhaqne  soir  avec  sa  fomUle  adoptive. 

Le  fiusandier  dans  le  premier  m<^  ne  sauralt  apporter 
trup  (Taltention  dans  la  nourritnre  des  faisandeaux.  Elle 
devrait  Itre  d'cBolide  fourmls  de  pr6 ;  mais  la  difficott^  sou- 
vent  da  s*en  proenrer  y  a  fait  supplter  en  hachant  des  Jao- 
nes  d'amfs  dors  ai ec  de  la  mie  de  pain  et  nn  pen  de  laitue. 
Apfte  le  premier  mois,  on  cesse  pen  k  pen  la  fWquence  des 
rapes,  mais  on  en  angmente  I'abondance  en  y  ajontant 
tanlfll  des  cents  de  foarmls  de  bois,  qui  sont  plus  nourris- 
santiy  tantdl  un  pea  de  bl^.  Les  fidsandeaux  sont  sujets 
alors  k  Hte  attaqn^  par  une  esptee  de  poux  qui  les  met  en 
danger,  si  on  n'y  preaid  garde.  Pour  j  remidier,  il  taut  re- 
doobler  de  soins  et  de  propret^,  leur  preparer  de  la  terre 
bien  Idgi^ ,  ot  Us  polssent  se  ronler,  et  ^hlir  k  Deur  de 
terre  des  petites  coves  d*eaa  bien  entretenues  et  sans  pro- 
foodeur,  ou  ils  puissent  se  baigner.  Plus  tard,  quand  ils  ont 
attaint  deux  moia,  lis  ont  une  autre  crise  k  passer  t  les 
plnmes  de  leur  queue  tombent,  etil  en  ponssede  nouvelles. 
On  bftte  cette  moe  oo  on  rend  cette  ^poqae  oiolns  dange- 
reose  en  lalsaot  usage  d^on  repas,  entre  autres  d'cenfs  de 
tbonuia  de  boia  et  d*0Bufii  dors ,  bacbte  avee  de  la  mie  de 
pain  et  un  pen  de  laitue.  On  a  observe  que  Texote  des  asub 
de  foonnia  dana  celte  cireonstanoe  ^tait  aossi  nulsibie  que 
Pusagp  mod^r^  en  ^it  n^sessaire.  Les  faisandeaux  sont  en- 
core sosiets  i^  la  pd  pie.  Une  autre  maladie  k  laquelle  Us  sont 
espoete,  ci  qui  est  plus  k  redooter,  paree  qu*elle  est  oonta- 
gpeoae ,  a'aanonce  par  one  enflore  eonsldteble  k  la  tftte  et 
aux  plods )  eUe  est  accompagn^  d'one  soif  excessive,  qui 
btte  In  moiiquaaddn  lasatialUt  Le  fiUsandeau  entre  alors 


dans  son  troisitoie  mois.  On  pense  que  cette  maladfe 
tient  du  besobi  d^  fibert^  qu*ii  ^prouve;  aussi  est-ee  te 
moment  ob  on  to  l&che  danft'  les'  bois  ou  les  cantons  qu*0D 
vent  peupler.  Llvrfe  k  eux-ni4meS|  il^  ne  tardent  point  k 
prendre  un  caraetfoe  sauvage  et  k  gagner  les  lieux  les  plus 
soHtaires  et  les  plus  escarp^;  eependant  B  est  rare  qu^on 
les  vole  cbanger  de  canton,  k  moins  qa*ils  D*y  soient  a^ 
tebits  de  dlsette  du  importunte  par  la  prtencede  Pbommo 
on  de  quelqnes  anlmanx  malfeisants. 

La  m^thode  pour  flever  des  jeunes  perdrix  est  la  mdme 
que  Ton  suit  pour  les  faiians,  k  quelques  l^ires  diffi^rences 
prte,  que  nous  croyons  Inutile  dMndiquer ;  mais  on  tente- 
rait  en  vain  de  f appllquer  aux  perdrix  rouges  :  elles  nc 
pondtot  point  dans  les  parquets,  et  11  est  toujours  n^ces- 
saire  de  se  procurer  du  dehors  les  oeufs  qu'on  veut  donner 
k  couver.  Jules  Saiiit-Ahoijr. 

FAISANS  (He  des).  Vopez  Bidassoa. 

FAlSCEAUl  assemblage  de  certabies  choses  lite  en- 
semble :/aisceau  de  verges.  En  termes  d*anatomie,  on  dit 
fdiieeaii  de  muscles^  de  nerfs,  Faisceau  deraffons  iumi- 
neux,  en  optlqne,  c*est  un  c^ne  de  rayons  lumineox  qui  par- 
tent  d'an  m6me  point,  et  qu'on  isole  par  ia  pens^  de  tons 
les  autres  rayons,  pour  les  souroettre  k  d^  consid^ations 
partienlih'es.  Colonne  en/aUceau^  dans  Parcbitecture,  est 
un  grospllier  gothique,  entonr^  de  plusieurs  petites  colonnes 
isolfes,  qui  i^e^oiveht  les  retombdes  des  nervures  des 
voltes. 

Les/(tisceatcr  ^ient  k  Rome  la  marque  de  la  puissance 
souvei^ine :  one  hache,  entourte  de  branches  d'orme,  que 
le  fer  de  cet  instrument  surmontalt,  ^tait  port^e  par  des 
I  i  c  te  0  rs  qo)  pr^cMafent  toujours  les  premiers  magistrats. 
On  en  portait  24  devant  le  dictateur,  13  dovant  les  consuls, 
6  devant  les  proconsuls  et  les  pr^teurs.  Suivant  Plutarque 
et  lite-Live,  ce  tot  Romulus  qui  introduisit  cet  usage  k  Rome. 
Selon  Florus  et  SHius-ltalicus,  ce  fut  Tarquin  PAncien  qui 
Pemprunta  aux  ^trusqnes,  ses  oompatriotes.  Cette  marque 
de  la  sonverainet^  subslsta  k  Rome  sous  les  rois,  sous  les 
Consuls  et  m6me  quelque  temps  sous  les  empereurs.  On  di- 
sait  d'on  consul  qui  entralt  en  cliarge,  qu'il  prenait  les  fais- 
ceaux  (sumere  fasces)  et  de  oelui  qui  sortalt  de  charge, 
qu'U  d^KXsait  les  fidseeanl  ( deponere  fasces ).  Lorsque  ces 
niagistrats  Youlaient  se  tendre  agr^ables  au  peuple ,  ils  foi- 
saient  abaisser  les  feisceaux  devant  lui,  et  on  acta  de  d^f4- 
rence  s^appelait  submittere  fasces,  L.  Valerius  Potltus,. 
Pun  des  dteemv]r8,qtti  fut  consul  Pan  449  avant  J.-C, 
m^rita  le  snmom  de  Publieola  poo^  avoir  plusieurs  (ch 
rendu  cet  hommage  au  people.  Ce  Ibt  lul  qui  fit  Otcr  les  ha- 
cbos  des  (kisceanx,  en  privant  les  consuls  du  droit  de  vie 
et  de  mort  dans  I'int^rienr  de  la  vlOe;  fls  ne  les  conser- 
v^nt  qu*ii  ia  t6te  des  armies.  ^ 

FAISGEAUX  D^ARMES^  assemblage  de  plusieurs 
armes.  B  y  a  diff^rentes  mani^res  de  fonner  les  faisceaux. 
En  gamtson  et  dans  les  casernes,  cliaque  chambr^,  com- 
post de  plusieurs  Kts.  a  un  manteao  d*armes,  servant  b 
placer  les  fbsils,  les  carabines  on  les  mousquetons,  dans  un  or- 
drem^thodique,tel  que  chaque  soldatpuisse  imm^iiatemcnt 
reoonnattre  son  anne.  Les  ftisils  sopt  ptac^  la  crosse  en  baa, 
et  rang^  en  cercle  ou  en  long,  selon  la  disposition  du  local, 
aur  une  forte  planclie,  travers^e  k  sa  partie  snp^rieure  par 
un  m(»tant  en  bofs  dentel^,  destine  k  recevoir  le  bout  du 
fusil,  qui  se  trouVe  toujours  plac4,  de  itoanito  qoe  le  canon 
soit  on  pea  pencb^  du  tM  oppose  k  la  sous-gaidOi  Dans  les 
camps,  chaqoe  ooofipagnle,  cbaqtie  poste  a  son  Aiisceau 
d'armes.  11  oonsMe  en  plusieurs  tbevalets ,  places  sur  un 
m^me  alignement,  9  metres  75  en  avant  do  front  de  bandi^re, 
et  autour  desquela  on  range  les  fusils.  Poor  les  prterver  des 
intemp^ries  de  Pair,  on  les  reco^vre  d*un  manteao ,  dit 
manteau  Sarmm,  On  nomme  JSgalement/oiiosatfx  les 
piquets  ou  cbevaiela  ob  sont  flchte  les  drapeaux  et  les  6ten- 
taids  t  ils  sont  am  centre  du  r^ment  et  sar  falignement  des 
fndla.  Les  caJsses,  les  cUrons  et  les  trompetlea  appartenant 
tux  hommea  de  serviee  amit  plaete  an  pied  de  c«  Cslsceaug 

93< 


)60 


PAISCEAUX  D'ARMES  -*-  FAIT 


et  fonnent,  aveo  quelques  armes,  ane  esptee  de  trophte. 
L'ordonnanca  du  S  mai  1832 ,  «ur  le  aenrice  des  armte  en 

campa^ie,  dit ;  irtide  39  :  « Le  drapeau  eat  plants 

au  Geotre  dvi  bataillon  avec  leqael  il  marche;  lea  compa- 
gnjes  formeot  les  fidaoeaux;  deux  homines  de  conrte  ^ta- 
blissent  les  cheTalets,  sous  la  direction  d^un  sergent^  qai  en- 
suite  y  place  ies  annes.  » 

On  forme  aossi  les  faisceauz  lorsque ,  dans  les  excrcioes, 
la  troupe  est  mise  ao  repos,  et  dans  les  marches,  toutes 
les  fois  qu*une  oolonne  iait  halte.  Le  faisceau  n'est  alors 
qu^un  assemblage  de  rusils,  qu^on  forme  en  engageant  les 
batonnettes  les  unes  dans  les  autres,  de  mani^re  que 
ces  armes  se  soutiennent  mutuellement  et  reprteiitent 
une  esp^e  de  pyramide.  C*est  aUisi  que  Ton  dit :  mettre 
Us  armes,  les  fyails  en  faUceaux;  former  les  faisceaux ; 
rompre  les  faisceaux,  Les  corps  de  garde  soot  Element 
gamis,  en  dedans  ou  en  dehors,  de  laisceanx  d'armes; 
mais  alors  lis  prenuent  le  nom  de  rdteliers  dTarmes,  Les 
ar^enaax  et  autres  magasins  d'arines  sont  gamis  de  oes  rk- 
tellers  :  its  sont  dispose  en  stages  ^  et  destines  k  recevoir 
toutes  les  esp^ces  d*armes  portatiTes.  Ces  fkisoeaux  ou  rftte- 
Hers  sont  ordlnairement  ^tablis  dans  de  Tastes  salles  ou 
traY^es. 

FAISEUR,  PAISEUSE,  ouvrier ,  ouvri^  dont  la  pro- 
fession n'a  point  de  nom  sp^al .  Le  vocabulaire  modeme 
k  substlttt6  k  oe  mot  oelui  defabrkant  daos  beaucoup  de 
cas.  Molitoa  dit  un  collei,  une  f raise  de  la  bonne  faismtse. 
Le  mot  faiseur  s'emploie  aiissi,  au  flgur6  et  au  positif , 
comnie  terme  d'ironf  e  ou  de  m^pris :  on  dit  un  faiseur  (fem- 
barras ,  de  conies^  dTalmanachs,  pour  indiquer  un  homme 
qui  se  donne  de  I'importance,  se  m^e  de  tout,  et  n'est  quln- 
utile,  ou  importun,  ou  hableur.  On  appelle  aussl/oiieurf 
de  vers  les  pontes  mMiocfes.  La  plupartdenos  tlid&tres  ont 
Iftanfaiseurs  attitr^s.  Le  faiseur  d'affaires  est  un  liomme 
qui  se  m^le  d'un  commerces  dans  Pexercioe  duquel  la  probity 
se  Iait  mohis  remarquer  que  Tesprit  d'hitrigue.  Cette  expres- 
sion est  peu  andenne ,  et  s'appUque  k  toutes  ies  hidustries 
qui  emporient  avec  elles  Tidte  de  quelque  chose  de  trop 
liasard^ ,  coraroe  les  jeux  de  bourse ,  ainsi  qu'^  celles  qui 
semblent  avoir  de  Icur  nature  quelque  chose  de  vil  ou  de 
bas,  coinrae  Taction  de  sp<kiuler  sur  la  mls^re  des  partica- 
Hers,  pour  conclure  des  affaires  dans  lesquelles  T^tat  de 
duresse  de  Tune  des  deux  parties  la  livre  presque  comply - 
tement  ft  ia  merd  de  Tautre. 

FAISEURS  DE  FONTS  (Fr^res).  Ya^a  Pontifbs 
(Fr^res). 

FAIT  (Philosophie).  Un  fait,  c^est  ce  qui  commence 
d'etre,  ce  qui  arrive ,  c*est  on  chang^ent  qui  se  produit 
dans  la  nature,  unnouvd  ^tatpar  lequel  nous  voyons  passer 
une  chose,  c*est  ce  par  quoi  se  manifestentdirectement  aux 
regards  de  notre  esprit  les  Mres  on  les  lots  de  oes  6tres.  Les 
diff(^ren^8  6tres  dont  se  compose  la  nature  ne  changeraient 
Jamais  d'etat  sMls  n*y  ^talent  contrainis  par  nue  autre  force 
dont  Taction  les  sollidte  k  anbir  ce  changement;  c'est  cette 
modification  que  nous  appdons  un  fait;  cette  adion  n*aurait 
point  dle-m6mede  r6iultat  sans  une  loi  en  vertu  de  laqodle 
cechangement  s'op6re  et  s'op^rera  constaminent  de  mtoie, 
et  par  laqudle  est  r^M  d'avance  le  rapport  de  la  force  inu- 
difiante  avec  la  force  modifite.  Void  done  les  id6es  qui  ser- 
vent  d'in^vitable  cort^e  k  I'idte  de  fait;  d'aboid,  Vitre, 
Vobjet  qui  subit  une  modification,  un  changement  d*^tat; 
puis  la  force  modifiante ,  qui  d^termhie  *la  modification  k 
avob  lieu,  et  dont  Taction  revolt  le  nom  decatixe  on  d'oc- 
casion  diterminante;  eofin,  U  loi  en  vertu  de  laquelle 
cette  modification  a  Ueu. 

On  pent  encore  envisager  nd6e  de  fait  sods  on  autre  point 
devue.  Un  faiif  c'est  ce  qui  tombe  dhrectement  sous  le 
regard  de  notre  esprit,  c^t  lui  seul  qui  apparait,  se  ma- 
nifeste  k  nous;  car  les  forces,  les  agents  de  la  nature, 
I'fttre  sujet  de  la  modification » la  loi  en  vertu  de  laquelle  la 
modification  a  lieu,  ne  nous  apparafssent  qu*^  travers  le  fait; 
lious  u^  laa  apercevc^na  pas  dlrecteqient,  la  rabon  seule 


nons  en  fUt  deviner  Texisteiioe.  Moos  appdoM  alon  «• 
qui  nous  apparatt,  se  manifeste  k  not  re^jfds,  pk4 
mine.  On  peu  done  encore  d^finir  le  mot  faii  k 
festation  d*nn  6tre,  d'une  cause,  d*Qiie  loL 

Un  flUt  oonsidM  Isolteient,  c^est-^-dire  abstmetioa  kite 
de  la  loi  en  vertu  de  laqudle  U  sa  prodnit,  est  qndqae 
chose  de  fort  Insignifiant  poor  nous;  il  n'a  v^titabieiwat 
d'mtirM  et  de  sens  que  par  rapport  i  la  loi,  ee  plutdl  cPest 
la  loi  seule  d'un  lUt  qui  a  du  sent  et  de  Tint^rtt  k  not  yeux. 
Un  (Utqui  n^est  point  gtedraiis^,  c'est-^-dire  dont  la  loi  ■• 
nous  apparatt  pas  en  mteae  temps  qoe  loi,  ne  nooa  donw 
done  qu'une  eonnalssance  stelie,  sterile  et  roorte.Cest  oe  qui 
a  donn^  lieu  k  cette  locution  :  Bite  eomme  un  fait,  Qa*oo 
lui  passe  oequ'elie  a  de  trivial  en  Aiveur  de  sa  vMt^  Mab 
qnand  on  considto  les  fdts  sous  le  point  de  vue  de  leors 
lois,  quand  on  ne  se  borne  pas  ^  la  notion  des  phtennteea 
isol^,  qu*on  les  gfo^raUse,  et  qu'on  s'd^ve  aox  indocHons 
que  la  raison  pent  en  tirer,  alors  oe  proverbe  est  mentenr : 
Tobservation  des  fSuts  devient  la  aonrce  la  plus  Ucan^ 
d^instruction ;  car  plus  on  dteouvre  de  faita  difCfiienta,  ploa 
ausd  on  connalt  de  lots  difliirentes;  plus  on  remarque  de 
rapports  entre  les  faits,  plus  on  remarque  auad  de  rappoila 
entre  les  lois.  Or,  c'est  la  connaiasance  des  lois  de  la  na- 
ture et  de  leurs  rapports  entre  dies  qui  constitne  las 
sdences.  Autrefois,  ceux  qui  ^tudiaSent  la  nature  ^laiaat 
moins  pr^occup^  d'observer  les  faita  que  de  d^terminev  a 
priori  les  lois  de  Tunivers.  Oomme  ces  lois  n'aoraient  pa  aa 
maniflester  k  eux  que  par  les  faita  qui  en  sont  les  applica- 
tions, et  qnlls  n^igeaient  prteis^ment  Tobservation  de  oea 
faits,  lis  avaient  recours  k  des  hypothtes,  sur  leaqodles  ila 
bAtisaaient  leurs  systtoics,  ausd  pMssaUes  qua  leura  foo- 
dementa  ^ient  mal  assure  Bacon  fut  le  premier  qoi  pro- 
dama  la  veritable  mMiode  des  adenoes,  et  qui  poea  ce  pria- 
cipe,  qu'on  ne  pent  connaltre  la  nature  que  par  Tobsenra- 
tion  rfgourense  et  d^tailUe  de  ses  phteomtoes. 

On  a  d^autorlsd  iis^parer  tons  les  phteomteesdont  la  na- 
ture est  le  th^tre,  en  deux  ordrea  de  fbits  prindpanx  :  lea 
faits  que  nous  manifeste  le  monde  extdrieur,  qni  tombaat 
sous  nos  sens,  et  que  Ton  appdle  pour  cette  raison >iiUs 
sensibles  ou  faits  de  VextMoriti^  et  les  kits  qni  aa 
passent  au  dedans  de  nous,  qui  sont  les  modifications  da 
notre  ime ,  qui  ne  tombent  que  sous  Toeil  de  U  consdenca , 
et  qu'on  a  par  cons^uent  noiaaofy^  faits  de  conscience  oo 
fails  psyckologiques.  £n  efTet,  c'est  k  la  faveur  da  Tobaer- 
vation  donn^  k  ces  deux  ordres  de  ph^nomines  qu*oa  a 
l^gitiraement  condu  k  la  distinction  de  leurs  suJeUraspectik, 
et  qu*on  a  pu  fonder  la  psychologie  comme  sdence  rfelk 
et  bien  distincte  des  sdences  qui  ont  pour  objet  la  oonnaia* 
sance  de  la  nature  ext^rieure.  Mais  ce  qu'il  importe  de  ra> 
marquer  avaat  tout,  c'est  que  les  faits  psychologiques  oo 
de  consdenca  sont  des  faits  tout  ausd  rtels  pour  nous  qua 
lea  kits  de  Text^riorit^  et  que  nous  pouvons  encore  moina 
dootor  de  Texistence  des  premiers  que  de  la  r6alit6  des  se- 
conds. 

On  distingue  en  outre  des  kits  qu'on  poorrait  appeier 
mixteSy  par  ia  raison  qulls  offreot  en  qudque  sorte  un  me- 
lange d*ext^riorit6  et  de  spirituality,  si  1  on  pent  parler  aliiai 
Mais  ces  faits  ne  sont  pas  pour  cda  d'une  nature  partica 
Here ;  ce  sont  des  phdnom^nes  complexes,  dans  leaquds  en 
trent  corame  d^ents  un  fait  sendUo  et  un  fkit  spirituel 
Atnd,  quand  nous  parlous,  le  fait  qui  a  lieu  est  de  oe  genre; 
11  y  a  en  efTet  un  pli^nomtae  d'ext^orit^,  qui  est  T^misaioo 
du  son  par  Torgane  vocal,  et  un  phtoomtoespiritud,  qui  eat 
I'idte  que  Tesprit  attache  au  son  €m%.  Le  son  en  efici  na 
constitue  pas  k  lui  seul  la  parole ;  Tdtoient  essentid  de  ceii^ 
d,  au  Gontraire,  est  k  penste,  representee  par  le  signa  sen- 
sible. C.-M.  Pam. 

FAIT  (Droit).  Un  fM  est  toqioors  k  base  des  olili. 
gallons;  mak  pour  que  les  obllgaliuns  soient  valablas  ,  ii 
kut  le  ooncours  de  plusleors  conditions  :  i*^  U  kut  que  le 
fait  soit  posdble;  V  quil  ne  suit  oontrairo  nl  aux  IoIa  ni 

aux  bonn^  mo^urs;  3*  qu'il  soit  clair  et  d^temiio^;  4*^  enus 


f  AIT  —  FAKIR 


Hi 


qoH  prtfMola  ini  MMi  apprMtMe.  htA/Ms  dtfendus  par 
let  lob  produiaait  let  d  «lits  elles  qoafli-<MKto. 

En  praeMore,  le  mot /oil  ilgnUie  partkolttremeiit  le  cas, 
Pesptee  doDl  U  t'aglt  dans  one  diacumioii  on  dans  one  oon- 
iMtation.  htJaU  pris  dans  eette  acoepUon  est  Texpos^  des 
dmostances  qnl  oonstituent  le  proote ;  les  jogements  dohent 
eonteoir  Texpositlott  sommalre  des  points  dejait.  C'est 
niloat  en  matite  eriminelle  qne  les  jngements  doiveat  d^ 
elBRr  les  fUts  dont  on  pr6vena  est  reconnn  ooupable,  car 
^est  la  qoaifficalkMi  dn  fait  qoi  determine  rappUcation  de  la 
loL  La  eoorde  cassation »  ^tant  institu^  pour  la  opnser* 
TSllon  des  prindpes  dn  droit,  n^a  point  de  jnridlctkm  sar  les 
IsitSy  c'est^HHre  que  les  foits  reconnns  constants  par  les 
tribiuiaoi  oidlnairetf  dolYtnt  dtre  par  eUe  tonus  poor  af  Ms, 
el  que  aes  attributions  se  rMoisent  k  examiner  et  ft  juger  si 
la  Id  a  ^  Uen  appliqute  anx  bits  dtelaris  par  les  Juge« 
mats  qui  Ini  sont  soiimis.  line  faudrait  poortant  pas  Urer  de 
cs  prineipe  la  oons^nenoe  que  le  tribunanx  pourraient,  an 
ntprisde  la  Y^rit^  di^rer  constants  desfaits  dementis  par 
lei  oetet  mtaies  du  procte;  car  dans  oe  cas  les  lois  con- 
fscrant  la  fol  des  actes  pourraient  6tre  Yslableinent  iuTo- 
qota,  et  le  recoursen  cassation  serait  admissible.  C'est 
prindpalement  dans  les  matins  soumises  k  la  decision  du 
jary  que  Im  declarations  de  fait  sont  lirtfragables.  Les 
juris  soot  MbHs  pour  prononcer  sur  les  faits,  et  la  mission 
des  tribunaux  consiste  dans  I'appUcalion  de  la  loi  k  laquelle 
«es  Ikits  se  ratlachent  DimAan. 

FAIT  (BisUnre).  On  appelle  alnsi  les  ^f^nements 
dont  se  composent  les  annales  d*un  peuple,  ou  la  Tie  d'un 
penonnage  Ustorique.  Les  /aU$  sont  Fd^ment  oonstitutif 
de  lliistolre;  nuds  Us  n'y  ont  de  Taleur  que  par  la  ma- 
il^ deles  eonafdfirer,  de  les  grouper,  de  les  coordonner. 
EflbdlfemeBt  les /ailt  qui  dans  un  tableau  chronologique, 
daas  les  cbroaiques  nnes  et  ddoolorte  du  moyen  Age,  nous 
seoiUcnt  si  pea  signlBcatirs,  si  dteute  dlnt^rtt,  se  revMent 
des  eoolenrs  les  plus  expresslYes  et  les  plus  attachantes  sous 
Is  plume  d'un  historien  haMle.  Un  petit /atf  bienappr^^ 
eipUque  tonle  raw  dpoque ;  mais  c'est  k  PtoriYain  sagace  k 
le  mettre  an  Jour.  Rien  n'est  plus  fiMfle  que  d'abuser  de 
ee  talent  et  de  tortureries/atts  pour  leur  arracber  des  men- 
soflges  :  c'est  Ttoieil  sor  leqoel  Tient  sans  cesse  ^cbouer 
cette  modeme  deoie  hlstoriqne,  qu*on  pent  appelerrdcole 
pittoresque.  Aossi,  si  en  matitee  de  pMlosopbie  Ton  a  pu 
dire  :  JNen  d*abiurde  eomme  tin  fait ,  on  pent  m  fUt 
dliistoire  s'dcrier  souTcnt :  ilien  de  menteur  eomme  un 
fait  I  CPest  dans  oe  sens  que  lord  Byron  a  renferm^  dans 
m  Tcrs  oette  bootade :  Je  n'admets  un  taJd  que  quand  il 
€$t  attests  par  deux  bons  faux  t^moins.  Que  n'a-t-on 
pis  dit  sur  PfaicertUnde  des  bits  bistoriques  f 

II  but  prendre  rUstoire  non  pour  ce  qu'elle  doit  Mre , 
mik  seolenient  pour  ce  qu'elle  est,  et  ne  voir  en  elle,  selon 
Is  diiflnition  seasfo  de  Voltaire ,  que  le  r^cit  des  faits  donn^ 
pour  TralSy  an  contraire  de  la  bble,  qui  est  le  r^t  des 
1«U  doonds  poor  bux.  Cost  one  opinion  professde  par  tous 
lesaoepflqnes,  que  les  moins  mauvaises  histoires  sont  celles 
qui  ont  ^  terites  par  des  bommes  qui,  comme  g^niiraux 
on  oomme  poiltiqnes,  STaient  eu  connaissance  ou  partid- 
pstion  personndle  des  bits  qu*ib  raoontent.  Tootefots,  Asi- 
nius  Pollion ,  an  rapport  de  Su^tone,  trouTait  que  C^r, 
ea  ses  Comrnentairei ,  ^tait  tombd  dans  qudques  erreurs 
ds  fait,  parce  qu'il  n*avait  pu  a? oir  les  yeux  sur  toutes  les 
positions  de  son  arro^  et  qu'll  en  avait  cru  des  subaltemes 
qd  Ini  rapportaient  soofent  des  faits  controuTes.  Ces  re- 
flexions ne  dolYcnt  pas  emp^cber  d*etudier  Tlilstoire,  men- 
songe  couTenu  tant  qu'on  roudra,  mais  roensonge  utile,  en 
ee  quil  ofTre,  par  I'asseroblage  des  faits,  une  sorte  de  pliy- 
siologle  des  sentiments,  des  passions  et  des  opinions  qoi 
lour  k  tour  ont  anime,  guidd,  agite  I*esp6ce  Immaine. 

L'art  de  tirer  des  inductions  des  faits  a  donn^  lieu  k  I'^cole 
philosopldque  en  bistoire  :  il  est  encore  bien  facile  d'abuser 
de  ceUe  sdenoe,  ttewUis  Mably,  Raynal,  Voltaire,  en  un  mot 
iMil  le  db-Mttl^  dMe,  qui  ses|  gioatre  <|uelqudbis 


ausd  ahsordedans  son  sceptldsroe  exdndf,  qne  les  iges  pre- 
cedents avaient  pu  I'Mre  dans  leur  credulite.  Comme  dm>- 
ddes  de  l'art  de  tirer  des  faidoctions  des  faits  il  faut  dter 
les  le^ns  d^bistoire  modeme  de  M.  Gulzot,  eties  lettres 
deM.  Augustin  Tbierry  sur  l*bi8tolra  de  France.  Les  Al- 
lemands  ont  ete  sans  doute  beauconp  plus  loin ;  mais  c'est 
une  raison  d'estimer  dsfantage  ceux  de  nos  bistoriens  pbi- 
losopbes  qui,  sadiaut^s'arrftier  dans  la  carriere  immense  des 
faiductions,  respectent  asset  les  faits  pour  ne  pas  les  re? etir 
de  toutes  les  couleurs  d'une  imagination  vagabonde  et  sys- 
tematique.  Charles  Do  Rozoia. 

FAtTAGE,  piece  de  bois  qui  r^gne  tout  le  long  d'un  toit, 
en  forme  la  crMe,  et  k  laqudle  Tiennent  aboutir  tons  les  bouts 
supdrieurs  des  cbef  runs.  Elle  bit  partie  du  comble  on 
de  la  toiture,  form^  ordinairement  de  deux  plans  inclines, 
Torsant  les  eaux  des  deux  c6tes  opposes. 

AuUefois  il  existait  un  droit  de  faitage^  qu*on  payait  an 
sdgneur  pour  poser  k  sa  mdson  hbfaiie.  Cetait  b  partie 
b  plus  eitsf  ee  de  rediflce. 

FaItE.  Foyes  ConsLB. 

FaITE  (Ugnede).  Foyes  Busin  (Bffdrographie). 

FAfrifeRE,  sorte  de  lucanw  pratlquee  dans  btdt, 
Dour  edairer  I'espace  qui  est  sous  b  combb.  Ce  nom  s'ap- 
plique  aussi  k  des  tuiles  courbdes  dont  on  reoouf  re  b  falle 
de  la  maisou ,  et  qu'on  place  les  ones  k  suite  des  antres  et 
foisant  Crete  de  coq.  Elba  servent  4  empecber  que  Tean  ne 
pourrisse  le  faltage  et  ne  laisse  sans  appui  les  dierrons. 

V.  nn  MoUoR. 

FAIX9  charge,  brdeau,  corps  pesant  Nicod  idtddrifer 
ce  mot  de  fascis.  Paix  d  co/,  en  termes  d'eaux  et  foreu, 
indique  le  ddlit  forestier  de  cdui  qui  est  said  charge  de  bob 
quMl  a  ddrobe.  On  appdie  Jaix  de  pontp  en  marine,  des 
planches  dpaisses  et  etroites,  pos^  sur  les  banx  du  pent, 
dans  b  loogueur  d*un  Taisseau.  Les  ralingues  et  bs  rabanM 
de/aix  sont  des  cordages  qui  soutiennent  tout  le  poids  de 
la  Toile ;  les  faix  de  Jaix ,  des  pieces  de  bob  qui  support 
tent  les  poutres  prindpules  du  pont  d'un  bAtfanent ;  les  d^oii- 
ces  ou  aeeores  en  faiXf  de  fortes  pieces  de  bds  desUnees 
4  senrir  d*appub  k  un  naTlre  en  construction.  On  emplob 
aussi  ce  mot  an  figure. 

FAKIR 9  mot  arabe  qui  signlfie  pauvre.  On  ddslgne 
dnd  dans  Tlndoostan  les  mdnes  mendiants  et  vagabonds , 
soit  musolmains,  soil  idolAtres,  qui  ont  beanooup  de  ressem- 
Mance  avec  ceux  qu'en  Perse  et  en  Tnrqule  on  nomme 
calenders  et  derviehes. 

Les  fakirs  malioroetans  qui  se  destinent  k  devenir  mot" 
lahs  ou  docteurs  sont  asses  r^es  dans  burs  roceurs,  et 
Tivent  retlrte  dans  les  mosquees,  ob  lb  etudient  le  Koran  et 
la  le^slation  musulmane.  Quant  aux  fakirs  IddAtres,  ils 
sont  partages  en  plusieurs  sectes,  qui  diiierent  par  lours 
noms  et  leurs  costumes  plus  que  par  leurs  habitudes.  Ces 
pretendus  rdigieux,  dont  la  devotion  n'est  que  de  la  paresse, 
aiment  mieux  Tivre  d'aumdues  que  de  leur  travail.  Si  on  leur 
refuse,  ils  insnltent  ou  volent.  lb  mardient  isol<^.ment  ou 
par  bandes,  sou  vent  de  trois  ou  quatre  miUe ,  sous  la  con- 
duite  d*on  superieur,  et  tralnant  qudques  femmes  perdues, 
qui  leur  appartiennent  en  commun.  Ln  uns  vont  presqiie 
nus,  les  aulres  couvrent  leurs  haillons  d*une  robe  composde 
de  plusieurs  morceaux ,  qui  leur  descend  Jusqu'k  roi-)ambe. 
Des  bkirs  moins  dissolus  et  plus  actifs  se  contentent  de  ceie- 
brer  bs  louanges  de  bur  fondateur,  et  s'adonnent  au  tralic 
d  k  Tusure.  Quidques-uns  se  barbouillent  le  corps  de  cendre 
et  dc  bouse  de  vadie.  11  y  en  a  qui  s*ajustent  d  se  parent 
comme  des  femmes.  D'autres,  ayant  pour  rdlbrs  des  peaux 
de  serpenb  ou  des  ossemento  bumains,  affectent  Tdr  feruce 
du  dieu  Sdiiba.  Les  fakirs  penitenb  sont  nus  Thiver  d 
rete ,  d  se  tiennent  jour  et  nuit  dans  des  positions  gtaantes, 
les  uns  sans  se  coucher,  appuyes  senbinent  sur  une  oorde 
tendue,  tef  autres  enfermes  dans  une  fosse,  sans  boire  ni 
manger  pendant  plusieurs  jours ;  ceux-tt  restent  d  longlemps 
les  bras  deves  au  dd  qu'ils  ne  peuvent  plus  bs  abaisser; 
ctMx-^  St  faotrtDt  sur  des  ej^lnes,  o«  tbuiMOt  w  bur 


162 

Ute  des  charbons  ardents  qai  ies  brftleot  jasqa^aax  os* 
l^aoique  tons  ces  fakirs  se  donnent  pour,  proph^tes ,  la  plu« 
part  finissent  par  derenftr  totaleraent  foiu. 

Des  raisons  de  politique  et  de  sOret^  ont  souTent  d^ter- 
inin6  des  seignears  raoghoto  k  se  faire  fakirs,  maissans 
s'astreindre  k  leor  Tieaastto.  L^empereur  Aureng-Zeyb  loi- 
m^me  s'^tait  fait  inscrire  sur  lear  registre,  les  fr^uentait  et 
feigoait  de  les  aimer  et  de  les  imiter.  Un  des  demiers  rois 
de  Bokhara  avait  aussi  adopts,  tant  par  bizarrerie  que  par 
d6sir  de  popularity ,  le  costume  eC  la  manito  de  vivre  des 
Cakin.  H.  Aouiffabt. 

FAL A.1SE.  On  appelle  ainsl  des  terres  et  des  rochers 
escarp^s ,  taiil^  en  pr^pices ,  sur  les  bords  de  la  mer.  Ce 
mot,  qui  s'est  dit  primitiTement  sur  les  cOtes  de  Normasdie, 
Tient,  d'a^:teScaliger,  de  I'allemand/e^i,  rocher,  dont  on  k 
^ait  faltsia  dans  la  buse  latlnit^. 

Les  falaises  erayeuses  de  la  Normandie  s'dftTent  de  60  k  1 30 
mitres  au-dessus  du  niTeaii  de  la  roer.  Constamment  en 
butte  k  Taction  des  Tagues  et  des  eaux  pluviales,  elies  four- 
nissent  par  leurs  debris  les  galetsqui  encombrent  les  an- 
ses  et  les  ports,  depuis  TemlMucbure  de  la  Seine  jusqu'k 
celle  de  la  Somme.  Souvent  cette  degradation  est  pouss^e 
plus  loin  :  de  grands  fragments  s'teroulent,  et  leurs  debris 
offrent  tos  aspects  les  plus  varies.  Ailleurs  les  falaises  sont 
enti^remeot  form^de  mame,  comme  entreHonfleuret 
Caen ,  ou  d'un  calcaire  coquillier,  comme  aoprte  d'Odessa. 

L^existence  des  falaises  a  servi  k  expliquer  la  formation 
des  d  etro  i  t s.  Ainsi ,  sur  les  cOtes  de  la  Mancbe,  leur  cor- 
respondance  en  France  et  en  Angleterre  annonce  Tantique 
Junction  de  la  Grande-Bretagne  au  continent.  On  ne  pent 
gakte  en  efTet  attribaer  leur  fl^Tation  presque  Terticale 
qu'k  une  rupture  Tlolente  occaslonnte  par  la  pression  des 
«anz  de  Toc^  Atlantique. 

FALAlSEf  autrefois  Falesia,  Tille  de  France,  sUu^e 
4  214  kifomMresde  Paris,  etk  34  sud-est  de  Caen.  Chef-lieu 
d'arrondissement du  d^partement  du  Calvados,  cette  ville 
corapte  8,920  habitants ;  elle  possMe  un  tribunal  civil ,  un 
tribunal  de  commerce,  un  collie  coromimal,  une  biblio- 
tli^ue  de  14,000  volumes,  un  tbMtre,  deux  typographies ;  il 
y  a  un  grand  nombre  de  filatures  de  coton,  de  bonneteries, 
de  teintureries,de  fabriques  de  deotellcs;  etelleoccupe,  pour 
la  bonneterie,  plus  de  4,000  m^ers.  Falaise  doit  surtout 
aujourd'hui  sa  reputation  k  sa  foire  de  Guibray,  I'une 
des  plus  importantesde  France.  C^etait  cependant  autrefois, 
mtoie  dte  le  disdtoe  sltele,  une  ville  assez  renommde  dans 
riiistoire  de  la  Normandie;  elle  6tait  d^fendue,  d^  1027,  par 
un  chiteau  fort,  repute  imprenable,  et  qui  fut,  sous  Phi- 
lippe-Auguste,  le  centre  des  operations  militaires  contre  les 
Anglais.  Falaise  fut  prise  par  Philippe- Auguste  en  1204;  par 
Henri  V  d'Angleferre,  aprisun  siege  de  qnatre  mois,  le  2  Jan- 
vier 1419;  le  cli&teau  tint  bon  pendant  une  annee  entiire 
aprte  la  prise  de  la  ville,  et  ne  se  rendit  que  par  capitu- 
lation. Xaintrailles  Tassiegea ,  et  les  Anglab  capiluldrent. 
Lors  des  guerres  religieuses,  Falaise  fut  le  pomt  de  mire 
des  deux  partis,  et  eut  croellement  k  souffrir;  lescalvinistes 
la  prirent  en  mai  1562,  les  catholiques  k  la  fin  de  la  m^me 
annee;  CoUgny  la  reprit  en  1563;  Montgommery  en  1568, 
Matignon  en  1574,  Henri  IT  en  1590.  II  fitdemanteler  les 
fortifications  de  Falaise.  Guillaume  le  Conquerant  naquit  dans 
le  ch&teau  de  cette  ville,  et  on  y  montre  eocore  la  chambre 
od  il  aurait  vu  le  jour. 

FALARIQCJE ,  arme  projectile  incendlaire ,  aussi  an- 
cfenne  que  les  machines  de  guerre  de  grand  echantillon  : 
c'etalentd'eBormes  dards,  ayant  une  bampe,  une  poutre  pour 
lame  9  nn  fer  de  I  m^tre  65,  accompagne  de  nombreux  pi- 
quants.  On  gamissaitcetlelamed'etoupeyimpr^gneedliuile 
de  sapfn ,  et  entre-m£iee  de  bitume  ou  d*autres  matieres 
innamraables  :  on  y  mettait  le  feu, eC  on  lan^t,  k  I'aide 
de  batistes  00  de  catapulte8,lesfalariqu6s  sur  les  en* 
nemis,  ou  sur  les  constructions  qu*on  voulait  incendfer.  On 
n'iinprimait  k  ces  brOlots  qu*un  mouvement  de  projection 
pen  rapide,  de  peur  que  la  ceierite  de  la  trajection  n*en  eteii 


FAKIB  —  FALCK 


gnttles  matieres  incendiaires.  Us  legloai  romaines,  kinqoe 
Fusage  des  machines  s*y  fut  introduit,  firent  un  rodmonble 
usage  de  falariqoes.  II  en  etait  de  plus  leg^res,  DomiDees 
malUoleSt  qui  se  lauQaient  4  l^aide  d'aiines  portatives  :  lei 
unes  etaient  les  bombes  du  temps,  les  aotras  en  etaieot  lei 
grenades.  Im  Gaulois,  les  Espagnols,  ont  coonu  Tusage  del 
falariques ;  les  gnerres  soutenoes  en  France  sous  la  seconds 
race  et  cdtos  des  Francis  et  des  Mormands  en  rappellenl 
encore  le  souvenir.  On  les  employait  k  Tattaqoe  des  toon 
de  bois  et  des  vaisseaux;  on  e'en  servait  k  la  defense  dM 
tours  en  ma^onnerie.  Les  Bjtantinsi  les  musulmans,  an 
temps  des  croisades,  lan^aient  du  fen  gregeois  k  Faide 
de  falariques.  ..  G«iBabdiil    ^ 

FAL\WES.  Foyes  Cohans.  ^ 

FALBALA,  bande  d'etoffe  plissee,  dont  les  fieouMi 
ornent  le  has  de  leurs  robes,  ou  qu'elles  appUnoent  k  At 
petits  tabliers.  On  met  encore  des  lalbaiaa  aux  rideanx. 
Cette  mode  a  d^A  prte  de  deux  cents  ans  d^existenoe  pamd 
nous,  et  a  occupe  {'attention  des  antlqoaires,  qui  en  gene- 
ral ne  se  passionnent  guAre  pour  les  dames  ou  leurs  babil- 
lements :  aussi  est^ceuniquement  sons  le  rapport  deTeiyno- 
logic  quilssont  intervenus.  Dttchat,le  president  Desbroues, 
et  jusqu*kLeibnitx,ont  consacrequelquesmuiutes  deleor  vie 
docte  et  serieuse  A  disserter  sur  l^origine  premiere  du  faibala. 
Suivant  Duchat,  il  vient  du  mot  allemand  falt-bUUt}  k 
president  Desbroflses  est  de  la  memo  opinion ;  enfin ,  Leib- 
nitz, nous  apprend  que  de  son  temps  les  femmes,  ea  AUema- 
gne ,  portaient  un  habiUement  pUsse  et  fronce ,  anqud  eilei 
donnaient  le  nom  de  falt'blatt^  c*esl-A-dire  jupt  plissie, 
ou,  plus  litteralement,  feuille  pliss^.     SAurr-PnoapsR. 

FALCK  ( AHTO»»>RBiiiHARn ) ,  ministre  hollandais^ne 
en  1773,  a  Utrecht,  fit  d'excellentes  etudes  A  Amsterdam^  et, 
au  retoiir  d'un  voyage  entrepris  en  France  pendant  l^aanee 
1795,  se  fit  inscrire  an  tableau  des  avocats  da  La  Haye.  La 
munidpaliie  d'Amsterdam  l*appeU  A  sieger  dans  son  seia. 
L'annee  suivante  il  fut  nomme  seoretaire  de  legation  eo 
Espagne,  et  pendant  Tabsence  du  ministre  hollandais  Hey- 
ners  gera  seul  quelque  temps  les  aflkires.  Rappeie  d'Espigne 
en  1806,  aprAs  I'avenement  du  roi  Louis- Napoleon,  fl  M 
attache  d'abord  au  minislAre  des  affaires  ^trang^res.  Ea 
1808  11  s'installa  A  La  Haye  en  qualiie  de  commissaire  ge- 
neral pour  les  oolonies.  Feu  apr^  il  devint  secretaire  geoM 
dn  ministre  des  colonies  et  de  la  marine,  fbnetioDS  qnMl  rem- 
plit  Jusqu'i  Tbiver  de  I'annee  1810.  C^est  alora,  comme  ea 
salt,  que,  ne  pouvant  se  resigner  A  n'Atre  qu'nn  prefet  coo- 
ronne  charge  d^exptoUer  la  HoUande,  le  roi  Louis  desoeodit 
noblement  et  volontairement  du  trOne.  Falck  rentra  k  Is 
memo  epoque  dans  la  vie  privee,  et  alia  voyager  pendant 
quelquees  annees  en  Allemagne,  en  Danemark  et  ea  SoMe. 
Dans  les  critiques  circonstances  qu'amena  Tautomne  de 
1813,  il  fit  preuve  d*autant  de  courage  que  d'habilete ;  ca- 
pitalne  de  grenadiers  dans  la  garde  nationale  d'Amslerdaai, 
'  lorsque  dans  la  unit  du  15  novembre  1813  edata  Pinsiir- 
rection ,  il  determina  le  conseil  municipal ,  encore  Ineertaia, 
k  se  prononcer  en  fAveur  du  parti  national.  Nonund  secre- 
taire general  du  gouvemement  provisoire  en  ddoembre  1813» 
puis  commissaire  general  auprte  des  troupes  anglaises,!! 
devint  de  droit  secretaire  d*£tat  dAs  queJe  prince  d'Oraage 
fut  reoonnut  comme  souveram ;  poste  qu'il  oonserva  jos- 
qu*en  1818,  epoque  A  laquelle  le  roi  lui  confia  le  departemeat 
de  Pinstructlon  publique,  de  i'mdustrie  nationale  et  des  co- 
lonies, qu'il  continue  de  diriger  jusqu'en  1835.  Cooime  mi- 
nistre de  I'instruction  publique,  il  rendit  A  la  Belgique  no 
service  immense :  elle  n*avait  Joui  jusque  alors  que  d'un  ea- 
seignement  uicomplet,  sans  solidite  et  sansprofoadeor :  par 
la  creation  de  trois  universites,  elle  se  vit  mitiee  aux  veri- 
tables  doctrines  scientifiques. 

Falck  fut  d'aiUeurs  chaige  k  diverses  reprises,  peodaat 
son  ministAre,  dMmportantes  negoclations  diplomatk|u«*, 
notamment  A  Vienne  en  1819  et  en  1820  au  siget  des  rap- 
ports du  grand-duche  de  Luxembourg  avec  la  GoniederalkNi 
germaniqne^  ^  1824  il  rempilt  one  missloa  aulogoe  k 


tALCK  —  FALCONNEf 


LondrM,  et  eondut  des  arrangemeDts  avec  rAngJeterre 
relaiiveiDeDt  aux  liides  orientalea.  Le  poste  d*amba»adeur 
k  la  eoor  da  Saini-James  lui  fut  confi^  en  1825.  Sa  sant^ , 
das  ddgoAtft  qall  diMimolait  en  philoiophey  le  forefront,  au 
mois  de  ]oia  1829,  de  partir  poor  lltalie.  II  ^tait  de  retoor 
I  SOD  poite  ao  mois  de  Jain  1830,  juste  pour  prendre  part 
aox  dflib^tions  auiqodles  allait  donner  lieu  la  revolution 
deseptembre.  11  g^isaait'sans  doute  de  Toir  s'^crouler  un 
Mifiea  qu'il  avalt  aid^  h  construire.  Cependant,  tout  en  pro- 
ftestant,  selon  lea  ordres  qull  receTait  de  La  Haye,  contre 
un  dtoembrement  dn  royaume,  il  s'eflbrgait  d^engager  son 
noTerain  k  conaentir  k  oe  sacrifice  au  roeilleur  marchd  pos- 
sible. Le  Tieai  monarque  ne  pouTait  ae  r^igoer  k  rompre 
ea  deux  son  diadtoe;  U  ne  prenait  aucunc  mcsure  pdremp- 
loire.  Le  rappel  de  Tambassadeur  fut  enfin  66c\d6.  Au  mois 
deseptembre  1833,  Falck  quilta  Londres,  et  se  letira avec le 
titre  de  minis! re  d'etat  dans  une  petite  campagne  pr^s  de 
U  Haye. 

Dependant  les  talents  de  Falck  ne  pouvaient  rester  stdriles 
poor  sa  patrie.  Apris  la  conclusion  du  traits  ddfinitif  entre 
la  Hollandeet  la  Belgique  en  1819,  il  fut  nommd  ministre 
p(6oipotentiaire  kBnixelles,  odsonarriv^e  fut  saluce  comme 
DB  ^6nement  heoreox  par  tous  les  liommes  de  coeur  et  de 
•ens.  II  mourut  le  16  mars  1843.  Membre  de  la  3*  classe  de 
llnstitot  des  Paya-Bas,  on  a  de  lui ,  dans  les  Bf6moires  de 
cette  fioct^  savante,  une  dissertation  relative  k  rinfluence 
eierofe  sor  leapeaplesdu  nord  de  r£urope  par  la  civilisation 
bdlandaise.  de  Keifpbnberg. 

FALCKENSKJOLD  (S^^NfeQUE-OraoN,  comte  db),  nd 
le  isavril  1738,  ^  Slagels^e  (Danemark),  mort  k  Lausanne, 
le  30  septembre  1820,  entra  au  service  dte  I'iige  de  treize 
aas,  et  ne  tarda  pes  k  passer  oflicier.  Au  commencement  de 
la  goerre  de  sept  ana,  il  obtint  rautorisation  de  prendre  du 
service  en  France ,  et  lut  incorpor^  dans  le  raiment  d*AI- 
!4ce.  Les  queiqu«:8  campagnes  4^*il  cut  occasion  de  faire 
dans  les  rangs  de  Tarm^  fran^aise  lui  foumirent  Potxajsion 
de  perrectionner  par  la  pratique  les  connaissances  tbtori- 
qiies  quil  avail  puiste  dans  son  Mucation  premiere.  A  la 
pais,  il  rentra  au  service  danois,  puis  il  ftit  nommd  adjn- 
dant  gtedial  du  roi  de  Danemark ,  et  obtint  la  clef  de  cbam- 
bdlao.  La  guerre  qui  ^clata  en  1768  entre  les  Russes  et  les 
Tuits  fat  pour  hn  une  occasion  nouvelle  d'employer  I'acti- 
▼it^qni  ks  toumientait.  II  fit  les  deux  campagnes  de  1768 
et  1760,  avec  la  plus  grande  distinction,  dans  les  rangs  de 
Tarm^^  nisse. 

Rappel^  dans  aon  pays  par  Strue  ns^e,  il  devint  Tun  des 
cooiideDtsde  sa  politique.  La  revolution  de  palais  quicoftta 
la  vie  i  eet  homme  d'etat,  en  mtoie  temps  que  le  tr6ne 
et  la  liberty  krinfortunte  Caroline-Mathilde,  brisa  IV 
venir  du  comte  deFalckenskjold.  II  fut  arr^tii  eo  m^e  temps 
que  Sfruensde,  jet^  dans  un  cacliot  et  condamn^  k  la  confis- 
cation  de  ses  bieiis,k  la  degradation  civique  et  k  6tre  en- 
fenn^  le  restant  de  ses  jours  dans  la  forteresse  de  Mnnck- 
kolm.  Toutefois,  au  bout  de  cinq  ans,  on  lui  permit  d*aller 
^▼re,  avec  one  petite  pension,  en  Languedoc ,  sous  I'enga- 
gement  d'bonneor  de  ne  point  quitter  le  lieude  son  exil  sans 
raotorisationdu  roi  de  Danemark.  Kn  1780  il  obtint  la  per- 
nMon  dialler  s'etablir  dans  le  pays  de  Vaud ;  et,  sauf  un 
court  voyage  qu^on  Tautorisa  kiaire  k  Copenhaguc,en  1783, 
il  oonlinua  jusqu^k  sa  mort  k  habitcr  la  Suisse.  Un  ami  se 
ckargeade  publier  sons  letitrede  Mimoires  de  M,  de  Falck- 
€ntl^ld  (Paris,  1826)  ses  souvenirs  postbumes,  oil  Ton 
dKrcherait  vainement  des  explications  au  saiei  des  pers^cu- 
tiona  dent  il  futTobjet;  persecutions  quieurent  leur  source 
<^  la  disgrftoe  dont  furent  frapp^s  tons  les  amis  de  Stni- 
cBsee,  et  qui  darirmt  plualongtemps  que  lea  causes  qui  les 
avaient  produites. 

FALCONER  (  Wiujam),  poete  ecossals,  ne  k  ^im- 
boufg,  vers  Pannee  1735,  se  Irouvade  bonne  lieure  orplielin 
et  nnsappaL  IieCait  roousso  k  borddNm  liAllincnt  marchand, 
l^nll  fut  remarqae  par  Campbell ,  I'auleur  du  Uxi- 
phanu ,  qui  ae  chargea  de  lui  faire  duuner  dt*  riiluiMlion. 


11  compose  son  premier  po(Une  en  1751,  k  roccanon  de 
la  mort  de  Henri ,  prince  de  Gallea.  li  avail  dlx-hnit  ans , 
et  aervait  k  bord  de  la  Britannia  ^  kurequ^il  fit  nanfrage 
dans  la  traversee  d'Alexandrie  k  Venise.  11  parvint  k  se  sao- 
ver  avec  deux  camaradea,  et  trouva  dans  cette  catastrophe 
leaojetd'un  po^eentrois  chants,  the  Shipvoreek^  qui 
parut  pour  la  premiere  fois,  sans  nom  d^auteur,  en  1762, 
mais  qui  depnis  a  ete  r^mprbne  k  diverses  reprises  avec  un 
grand  luxede  typograpbie  et  degravure.  On  a  con^nmeot 
rendu  justice  k  Tbarmonieuse  vers^iflcation  de  ce  poeme ,  k 
la  verite  avec  laquelie  le  sujct  est  traite ,  k  ses  descriptions 
pittoresques  et  souveot  originales;  maia  on  lui  reprocbe  le 
trop  frequent  emploi  de  termes  de  marine ,  intelli^bles  seo- 
lement  )iour  les  lionmH»  du  metier.  Une  ode  adressee  an 
due  d'York  valut  k  William  Falconer  une  place  dans  Tad- 
ministrationde la  marine;  et  sa  reconnaissance  le  porta  k 
ecrire ,  sous  le  pseudonyme  de  Theophile  Tliom ,  une  satire 
politique.  The  Demagogue ^  dirigee  contre  Wilkes  et  Chur- 
chill. Son  dernier  et  meillenr  ouvrage  est  son  Univergal  ma* 
rine  Dictionnarg  (Londres,  1769;  nouv.  edit,  1809).  II 
remplissait  les  functions  de  payeur  k  bord  de  la  fregatOiltf- 
rora,ea  destination  pour  lea  Grandes-Indes,  lorsqnll  peril, 
en  1769,  dans  un  naufrage,  non  loin  de  Macao. 

FALCONET  (^ennb-Mavricb),  statuaire,  naquitk 
Paris,  en  1716 ,  de  parents  peu  aises,  qui  purent  aenlement 
lui  faire  apprcndre  k  lire  et  k  ecrire.  II  entra  comme  ap- 
prenti,  tr^jeune  encore,  chez  un  mauvais  sculpteur  en  bois; 
mais  la  nature  avail  place  en  lui  le  germed'un  veritable  ta- 
lent, et  il  employait  aes  heurea  de  deiasseraentk  modeler 
en  terre  et  k  deasiner  d*aprte  dea  estampea.  Lemoine,  cliez 
lequel  il  se  presenta  avec  quelquea-una  de  cea  fkibles  essais, 
demeia  ce  qu'il  y  avail  d^heureux  dans  TorganisaUon  du 
jeune  Falconet,  et  non-seulement  il  Tadmit  dana  son  atelier, 
mais  encore  ii  Taida  desa  lx>ur8e,  afin  de  le  mettre  k  meme 
de  suivre  sea  etudes.  Falconet  eut  asscz  de  justesse  d^esprit 
et  de  tact  pour  reoonnaltre  que  riiabllete  de  la  mainne  sudit 
pas  pour  faire  un  artiste,  ct  que  Tinstruction  aeule  pent 
feoonder  le  genie;  aussi  il  partagea  ses  joura  et  aea  nuita 
entre  retnde  de  son  art  et  celle  du  latin,  du  grec,  de  Ti- 
talien ,  de  rhistoire ,  etc  II  (allait  encore  quil  employAt 
pour  Tivre  nne  partie  de  aon  temps  k  dea  travaux  d*oo- 
Trier,  et  cepeodant  il  n'avait  pas  encore  trente  ans  lorsqu'll 
termina  sa  figure  dn  3iilon  de  Crotone^  qui  le  fit  rocevoir 
k  TAcademie  comme  agrege.  Cette  figure  n*avait  aucune  res- 
semblance  avec  cdledu  Puget ;  Tanteur  Texecuta  en  marhre, 
en  17S4,  pour  aa  reception  k  TAcademie,  oil  il  fat  socces- 
sivement  profeaseur  et  adjoint  au  recleur. 

Falconet  avail  etabli  aa  reputation  par  un  grand  nombre 
de  productions,  telles  que  Pygmalion^  V Amour  mena^ani. 
La  Bdigneuse^  un  Christ  agonisant  et  une  Annonciation^ 
destines  k  reglise  de  Saint-Roch,  et  un  saint  Ambroise  re- 
fusant  Tentree  de  U  catliedrale  deMilank  Tempereur  Theo- 
dose,  lorsque  Catherine  lirappela  k  Saint-Petersbourg  pour 
y  eaecuter  une  statue  equeatre  de  l^erre  l*'.  Falconet  voulut 
representer  Pierre  I^*"  calme,  sur  un  cbeval  fougueux  qui 
ecraaait  un  serpent  en  gravissant  un  roclier.  Le  roclier,  c'est 
la  nature  sauvage  du  dimat  et  de  la  nation  qu^il  avail  aub« 
jttguee;  qnant  au  aerpcnt,  embl^me  de  Tenvie  qui  a'attaclie, 
k  tout  oequi  est  grand,  H  s'cnpliquede  lui  memo. 

Comme  tous  lea  artistes  et  les  hommea  de  lettres  qm 
Catlierine  appeUit  auprks  d^dle.  Falconet  fut  longtemii 
Pobjet  de  ses  attentions  et  de  ses  prevenances  lea  plus  de> 
licalea;  mais  il  avail  des  envienx  et  des  detracteura,  et  li 
fonte  de  la  figure  et  du  dieval ,  qui  devaient  Atra  mouiei 
d'un  roeme  jet ,  ayant  manque  dans  la  partie  auperieure, 
paroe  que  la  matiire  en  fusion  se  fit  une  issue,  lis  eurent 
beau  Jeu,  et  de  ee  jour  Falconet'ne  vit  plua  I'lmpenlrioe, 
mtaie  k  son  depart  Cependant  ce  malheur  (tit  habilement 
repare.  La  partie  auperieure  refondne  separementy  lea  deny 
morceaiiN  fur**nt  soigneusemenl  rajuates. 

En  revenant  en  France ,  Falconet  aUa  passer  quelqiie 
temps  en  (lollande.  De  reloiu*  k  Paris,  il  crut  que  le  iiiomeiif 


I 


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1 


)ft4 


PALCONNKT  -  FALEftNfi 


^Uft  Tenu  de  dore  ta  onrri^  de  stataaire ,  et  il  s^occupa 
H  reyoir  el  h  completer  lea  diTers  Merits  qn^il  aTait  public 
sor  tea  arti.  Ila  forent  imprimte  de  nouyean,  de  son  TWant, 
k  Laasanne ,  en  7  Tolames  iii-8*»  el  ont  6t4  r6iinpriiii^  plu- 
aicnra  fois.  On  tronve  dans  oes  Merits ,  qui  prooTent  que 
Falconet  aaTalt  bien  let  languea  anciennea,  dea  dissertations 
aor  pliisleurs  Uvres  de  PIfne.  En  1783,  cet  artiste  se  dlspo- 
lalt  k  partir  poor  Pltalie,  qa*ii  n'avait  Jamais  Tne:  toutes 
aes  dispositions  ^lent  prises,  le  Jour  du  d^rt  flii;  mais 
11  flit  arrftt^  par  una  Tiolente  attaqne  de  paralysie,  qui,  en 
lui  enlerant  sea  qualitda  physiques,  n^alt^ra  pas  cependant 
ses  Acuity  rooralea.  li  mourut  le  24  Janvier  1791,  aprte 
bait  anndes  de  aoaffrances.  P.-A.  Codpin. 

FALCONNET(JBiUf),  avocatdu  barreau  de  Paris, 
n^  en  oette  TUley  Ters  175&,  fut  plus  remarquable  par  son 
mdrite  ooddm  i^acteor  da  faetunu,  rdsuni^  de  causes 
on  de  rotoioires,  que  par  s«m  talent  pour  la  plaidoirie. 
Beau  ni  a r eha  i s ,  lors  de  sou  nMknorable  procte  contre  le 
eomte  de  La  Blache  el  madame  Godsroan,  cherchait  mofns 
k  se  Juftttflerderant  sea  Juges  qu*^  exciter  puissamment  To* 
pinion  pnbllque;  11  ^riyait  lui-mftme  ses  ro^rooires,  mais 
aucun  aYOcat  en  crMit  n*aurait  os^  les  signer.  Falconnet 
dMrat^t  alors,  mais  il  ne  donnait  pas  ses  signatures  aveu- 
gl^ment  Je  lui  ai  entendu  dire  k  lui-mtaie,  dans  sa  yieiU 
lease,  qu^ll  n*afait  pas  touIu  s*astre{ndre  k  un  r6lepurement 
paaaif ;  il  se  cbargealt  de  la  partie  contentleufte,  et  foumissait 
pour  la  discussion  didactique  seiileroent  une  espto  de  ca- 
neras,  qoe  Beanmaveliais  enluminait  enautte  de  son  style  in- 
cisir  et  pittoresque. 

Pendant  la  rtrolution ,  Faleonnel  Ttoit  dana  la  retraite, 
josqu*^  ce  que  la  tourmente  r^Tolutionnaire  ftit  calmde.  II 
repanit  alora,  et  surtoat  dans  les  causes  qui  avaient  une 
tdnte  politique.  Telle  (tit  la  ftuneuse  afTaire  du  due  de  Loos- 
Corawarem,  affiiire  k  laqiidle  on  trouTait  quelque  analogie 
avee  eelle  du  collier ,  parce  que  le  due  de  Looa  avail  em- 
prunt^  an  foment  capitaHste  S^in  deux  ou  trois  milllona, 
qui,  k  en  croire  les  gens  d'afTalres,  deyaient  serrir  k  assurer 
le  Yote  d*une  indemnity  princl^re  en  faveur  du  due  par  la 
diMe  de  Ratisbonne.  Une  forte  partie  de  la  somme  aorait 
^  destinte,  toujours  aulTant  la  calomnie,  k  un  membra 
de  la  famille  Bonaparte,  et  deux  colliers  de  diamants,  du 
prix  de  300,000  fr.  cbacun,  deTaient  fttre  ofTerts,  Tun  k  la 
femme  de  Talleyrand,  Tautre  k  la  femme  d*un  ambassadeur 
^nuiger.  Falconnet  lut  k  Taudience,  et  fit  iinpriroer  ensuite 
des  plaidoyera  dont  la  Terre  brOlante  n«  le  cMe  pas  quel- 
qnefois  k  I'dloqaenoe  anim^  de  Padversaire  do  oomte  de 
La  Blacbe.  II  fut  plusmod^r^  dana  la  defense  qu'il  pronon^, 
le  27  Juillet  1811,  deTsnt  la  commission  militaire  chargte 
de  jnger  le  comte  Sassi  della  Tou ,  confident  de  la  reine 
d*£trarie,  Gaspard  Cliifanti,  n^godant  k  Liyoume,  et  d*ao- 
trea  ofliciers  deVinfortun^  princesse,  accuses  d*aYoir  Tonlu 
fadliter  aon  ^raslon  hors  de  France.  Les  deux  premiers  fu- 
rent  condamnJis  k  roort  Le  comte  della  Tosa  obtint  un 
anrsis  ao  moment  de  Tex^ution ,  et  ne  surr^cut  que  troia 
Jonra  k  oette  gr8oe.  Faleonnel  dk^fendit  aussi,  devant  une 
commission  militaire,  en  1812,  le  capltaine  Argentou,  ac- 
cuse dViToir  serf!  d'esplon  aux  Anglais  lors  de  la  retraite  de 
Tarm^  fran^iae  du  Portugal.  Son  plaidoyer  ^tait  aem^ 
de  traits  ac6r6s  contre  le  marshal  Soolt  et  de  sarcasmea 
qui  remontaient  beaucoup  plus  liaut  II  enyoya  lui-iu^me  au 
due  de  Feltre ,  minlstre  de  la  guerre ,  une  copie  complete 
de  son  disconrs,  afin,  disait-il,  qn^on  ne  pOt  accuser  le 
itinograptie  d*lnfid<lit6. 

Lore  de  la  Restauration,  en  1814 ,  Falconnet  montra  le 
royaUsaw  le  plua  ardent ;  II  ne  paralssait  jamais  an  Palais 
sans  eocarde  blanche.  Ce  ftil  lui  qui  dtfendit  M.  Galhiis, 
rMaetenr  eo  chef  du  Jmimal  de  Paris,  contre  un  proc^ 
en  calomnie,  intend  par  M.  M^h^  de  La  Touclie.  II  le 
perdu,  el  dil,  en  aortani  de  i^andienoe,  qu'il  allait  dteiiirer 
aa  robe,  paisqa*on  ne  pooralt  plus  soulenir  la  cause  du 
royalisme  le  pins  pqr  defant  des  jugea  qui  Tenaient  de 
pr^  sennent  k  Louis  XYIII.  Cependant  les  Jngcs  ayaient 


appliqu^  fort  sagement  Paificte  It  de  la  Chuts  de  1814, 
qui  interdisait  toutes  recherches  des  opinions  et  Totes  ^iais 
Juaqu'ii  la  Restauration,  et  qui  recommandaK  le  mtaae  ooUi 
aux  tribnnaux  el  aux  dtoyens.  Le  retour  de  Napot^on  da 
Ifle  d*Elbe  ayait  fait  sur  Falconnet  une  Impreaslon  funesia, 
11  rooumt  on  an  aprte,  tout  k  fait  d^silhuionnif  selon  M, 
anr  les  bommes  et  sur  les  chosea,  car,  nalgivft  son  d<- 
Touement  ^prouy^  k  la  I6gitimit6,  aa  proliitA  Inoonleatable 
et  la  Taste  Vendue  de  aes  connaiaaances  en  droit,  11  n*ayait 
rien  obtpuu.  Barroii. 

FALERES,  Falerii,  Title  dtlnnrie ,  dont  T^se  de 
Santa-Maria  di  Falari,  prte  de  Civfta-Ca«tc1lana,  rappdie 
encore  aigonrd'hul  le  nom.  C^talt  la  capitate  et  peut-£tre 
la  TiUe  unique  des  Falisques ,  peuple  d*origine  pfiasgi- 
que ,  dont  le  territoiro  sMtendalt  depots  le  Tibre  sop^eor 
jasqn*an  lac  Vigo,  et  qui  anx  premiers  si^es  de  Rome 
fbt  il  bon  droit  regard^  comma  Ton  des  plus  dangereux  ea- 
nemls  de  la  r^ublique.  lis  ne  se  aoumirent  qa'aprte  plo- 
sieurs  campagnes  sangiantes ;  et  ce  fut  moins  encore  la  force 
des  armea  qui  les  y  d^rmina  que  le  bel  nemple  de  mode- 
ration que  donnaCa  mill  e  (an394aT.J.-C.),lorsqtt*au  lien 
de  profiler  de  la  trahison  d^un  mattre  d'dcole  qui  Tint  on 
Jour  liyrer  audictateur  les  fils  des  pins  ilhistres  bmilles  de 
la  Tille,  11  eut  la  gdn^roait^  de  renyoyer  ces  enltots  k  leun 
patents.  Ce  r^t  de  Tite-Liye  ne  saurait  dtre  admis  aans  r^ 
senre,  car  il  est  certain  que  loiigtemps  encore  aprte  la  eon- 
dusion  du  traits  de  paix  aign^  aTOc  Camilte ,  lea  Falisqoei 
eurent  malntes  fois  recoursaiix  armes ,  el  quils  ne  furcnt 
compl^tement  subjugute  qne  lorsqne  le  resle  de  Plilnnie 
reconnut  hi  suprtimatie  de  Rome.  Une  demi^re  teaorrection 
quils  tentftrent  en  Tan  341  fut  pnnie  par  la  dealroction  de 
leur  TiUe,  sur  les  mines  de  laqudle  s*deTa  blentdt  nne  co- 
lonic nonunte  Junonia  faliscorum^  k  cause  da  temple  cti^- 
bre  qu'y  ayait  Jnnon. 

F  ALERNE,  canton  cdibre  de  la  Campanie,  dans  le  pays 
dea  Volsques,  aujourd*hui  Terra  di  Lavore,  Lea  champs  fa- 
lemiens  lai;ri  Jalemi)  ^talent  contigus  k  oeux  du  Cfeube. 
Ce  lut  Pan  de  Rome  415  ( 337  ayant  J.-C.) ,  que  le  adnat 
distribua  an  bas  peuple  de  la  yOle  ^temelle  toot  ce  prteienx 
territoire,  dont  les  yina  dana  la  aoite  furent  pay^  au  poids 
de  Tor.  Cbacun  des  plus  pauTrea  dtoyena  romains  eut 
trois  arpenta  de  terre  de  Faleme.  Ce  ne  fut  que  longterops 
aprto  que  les  moots  qui  conronnalent  ce  ridie  territoire  se 
festonn^rent  de  ces  Tignes  fameuses,  ai  bien  culdTdea  par 
leurs  nouyeaux  colons,  el  d  vant6es  des  g^ograpliea  el  des 
^icuriens.  Pllne  parle  auad  des  poires  de  Faleme  comma 
d^nn  fmitddideiix;  dans  ie  pay8,on  les  appdle  encore 
aujourd'hui  poires  de  sucre,  Le  mont  Massique  ( anjour- 
dMioi  monte  Massico )  ^tait  une  branche  du  mont  Faleme 
(aujourdliui  la  rocca  dl  Mondragone):  le  Tin  de  ee  crA 
el  celui  du  Ctoibe  ayaient  ansd  un  grand  renom. 

Le  territoire  de  Faleme  se  nommalt  encore  andennement 
Aminea  re^io(contr6eam{ntenne }.  Virgilc,  dans  sea  G^or-. 
giqueSf  en  yante  lea  Tignobles.  De  tt  on  doit  condure  que 
\ejaleme  ^tait  le  nom  gdn^ral  donn^  anx  Tina  des  diffilrents 
crOs  de  ce  territoire,  dont  le  Massique  et  le  C^ctifredlaient 
les  plus  estimte.  Le  Tin  de  Faleme  contenalt  beaocoop  de 
partiea  spiritueuses;  il  ^it  de  longue  garde,  puiaqu*il  se 
consenrait  plus  d'un  si^Je;  alors  11  se  changealt  en  une  es- 
ptee  de  strop,  ce  qui  obligealt  de  le  roller  aToe  de  Teau  pour 
le  rendre  plus  potable.  II  y  aTait  plosleura  sortea  de  Tin  de 
Faleme,  le  donx  et  le  sec.  Le  sec  ^talt  le  plua  eatimd;  il 
.aTdt  un  pen  d*amertume  :  auad  Horace  rappelle-MI.  jetw- 
rum,  Cette  amertnme  6tail  fort  du  goOt  dea  andena,  d  Ton 
en  crdt  Catulle  et  S^n^ne.  LncaSi  el  Perae  qualifient  le 
Faleme  d'indomiium.  Poor  Padoudr  et  le  domptar,  on  y 
mAlait  dn  mid  d*Hymette  ou  d'ffybla.  Pllne,  dana  aa  no- 
mendature  dea  Tins  d'ltdle,  met  an  second  rang  le  Tin  de 
Faleme  :  «  Lea  Tins  de  ce  territoire,  dit-il,  sont  aalutairea 
an  corps,  ponrTU  qu*on  ne  lea  boiTe  paa  trop  nonyeanx  nl 
tropTieux;  on  pent  commencer  k  les  boire  k  la  qntnai^ma 
ann^.  •  Ce  Tin  cdd>re  serTit  k  Horace  de  tli€ine  adnn* 


f ALERNE  —  FALKLAND 


363 


nble  dans  aet  channaiits  tebleaox  de  la  aageaae,  du  plaiair 
d  de  U  briivel^  de  la  Tie.  Stnboo  a  8%iiali  el  fi\€  Tezcel- 
feace  do  Falenie ;  Horace  lui  a  doiiii6 1'immortalitt.  Les  ▼!- 
gBoUei  de  oe  erO  piMenx  disparnreiit  Ten  Pan  500,  sous 
lertpMdeTModorie.  Dbrio-Babon. 

FALIERO  (Mabwo).  Ceftt  le  Bom  d^an  doge  de  Venise 
qoiioeeMa,  en  1364,  4  Andr6  Dandolo.  La  flkmille  de 
Faliero,  on  Faiieri,  d*auti«a  dfaent  Faledro,  ^ait  depuls 
loBgtemfM  iUustre.  En  iWkf  un  Faliero  fat  ^In  doge  et  senrit 
lartpubliqiie  aTee  gloire.  £a  1102,  on  autre  Faliero  ou  Fa- 
ledro Ordeloffo,  ^galement  dogOt  ^  aignala  par  la  prise  de 
Zira.  Marino  naquit  en  137a.  De  bonne  lieure,  U  roanifeata 
de  raits  talents  el  un  brillant  courage.  Cbarg6  de  commander 
rannia  de  lerre  au  si^  de  Zara,  il  battit  le  roi  de  Hongrie 
e(  ime  um6t  de  80,000  bommes,  en  tua  8,000,  el  tint  les 
ua6^  bioqu^s  en  mtoie  tempa.  AppeM  bienlOl  an  ooni- 
maadement  de  la  flotte,  il  prit  Capo-d'Istria,  et  ftit  ensnite 
Boramd  ambasaadear  k  Gtoea  el  k  Rome.  11 6tait  danscette 
derail  TtUe  qoand  U  apprit,  k  TAge  de  soixante- seize  ans, 
son  ti^Tation  k  la  dignitd  de  doge.  U  comroenga  par  con- 
dure  one  tr&Te  aToc  les  Gdnois,  qui  Tenaient  de  d^tniire 
compMlement  la  flotte  T^tienne ,  dana  le  port  de  Sapiensa : 
ce  premier  ade  semblait  faire  prteger  aox  Vtoitiena  one 
profende  sdcuritd  tant  que  durerait  Tadministration  de  Fa- 
lien).  Mais  un  ^T^nement  aasei  pea  important  Tint  bfare 
mentireesaugurea. 

Le  doge  avail  poor  dpoose  one  fenune  Jeune ,  belle,  dont 
it  Mi  jakwx  k  Texcte.  Un  jeune  patricien ,  Micliel  Steno, 
Tun  d«i  cliefa  <lo  tribunal  dee  quarante,  s*dtant  pris  de 
qoerelle  aTee  lui ,  toiTitsur  les  mors  m^mes  de  son  palais 
oetta  Inscription  injnrieuse :  Manno  Faliero,  mart  de  to 
pins  belle  dee  femmes;  un  autre  en  JmUty  et  pourtant  it 
la  garde,  Marino,  forieux  decet  outrage,  dteon^  Steno 
an  tribunal  dea  «|uarante,  qui  le  condamna^  denx  mois  de 
prison  et  k  une  annte  d*exii.  Getle  punition  fut  loin  de 
calmer  le  ressentiment  du  Tienx  Faliero;  il  ^tendH  sa  liaine 
tar  tont  le  tribunal ,  siir  tous  lea  patricians,  qui  n*aTaient 
pti  mjeux  pris  f3iit  et  cauae  pour  son  honnear,  et  attendlt 
I'occasion  de  la  teire  telater.  Elle  ne  tarda  paa  ii  ae  pf6- 
ttiiter :  Tamlral  du  port,  ayant  ^t^  maltraitd  par  un  noble, 
▼hit  se  plaindre  et  demander  Justice  au  doge  :  oefbi*ci  r^- 
poodit  en  d^ploranl  son  impuissance,  le  degr6  d'abaisse* 
meat  od  il  dtalt  tomb^ ,  el  en  manifestant  ses  ddsirs  de  Ten- 
geance.  D^  ce  moment  la  conjuration  fut  ourdie ,  et  Pani- 
mosit^  de  Manno  Faliero  et  des  pl^b^iens  conti^  li  noblesse 
tdnitienne  en  cimenta  lea  baaes.  Seiie  des  principaux  con- 
jure a? aient  ordra  de  atallonner  dans  lea  dilK&rents  quartiers 
de  la  fille  ayanl  cbacun  sous  leurs  ordres  soixante  bommes 
detennin^,  ignorant  leur  destination;  lis  deTsient  exciter 
queiqoeturoulley  et  la  cloclie  d*alanne  du  palais  de  Saint- 
Marc  aorail  alors  donn^  le  signal  du  massacre.  Au  son  de 
cette  docbe ,  tooa  les  patricians  dtaient  forcds  de  se  rendre 
snr  la  place  de  Saint-Marc  et  de  se  ranger  autour  du  doge  : 
€*e8t  U  que  lea  oonjorte  comptaient  se  porter  et  les  forger 
tous  sans  exception. 

Le  secret  le  plus  profond  aTalt  dtd  gard^  rellgieusement; 
mais  le  hasard,  plutOt  que  la  delation,  fit  que  le  consdl 
des  dix  eol  Tent  du  complot  :  plusieurs  des  coupablea, 
eaipri9omite,d6iono^rent  leurs  complices;  lis  ftirent  mis  k 
U  torture,  el  supplidte  le  U  aTril  1355,  jour  fixd  pour 
Textoition  de  leura  projets.  Le  doge  ne  tarda  pas  k  sobir 
iemftme  sort :  interrug6  par  le  tribunal  des  quarante,  auquel 
on  aTsK  adjoint  Tingt  dtoyens,  mais  sans  Toix  d^UMratife, 
et  iug6  par  le  coni«eil  des  dix,  auquel  Tingt  citoyens  aTaient 
^pardUemcDt  adjohita ,  il  fut  d^ard  coupable  d*Mre  entrd 
dans  on  complot  centre  le  gouTememen^  et  condamnd  k 
tToir  la  tae  tranch^e.  L'arrtt  fut  exdcut^le  17  aTril  1355, 
iur  rescatter  ducal,  au  lieu  mteoe  ob  le  doge  aTait  pr^ 
serment  de-fid^Utd  k  la  n^publique  lorsde  son  intronisation. 
Ua  membre  du  conaeil  des  dix,  saisiasant  T^p^e  sanglante 
des  mabia  do  boorreau,  la  Inrandit  deTant  le  peuple,  en 
di^aal :  «  Le  traltre  a  re^u  son  chAtiiuent.  »  A  ces  mots, 

MCI.  l>t.  UA  UIAY^US.  —  4.  U. 


la  foule  se  prddpita  dans  le  palais  pour  contempler  ee 
restes  furoants  de  celui  qui  aTait  ^  iUTesti  de  la  bouto- 
raineld.  Le  s^nat  fit  remplacer  le  portrait  de  Marino  Faliero, 
qui  se  trouTait,  aTee  ceux  de  tous  ses  prM^cesseurs ,  dana 
la  salle  du  grand  conseil ,  par  un  Toile  noir,  aTCC  cette 
inscription :  Cest  iei  la  place  de  Marino  Faliero,  d^apiid 
pour  sei  arimes.  Plus  de  quatre  cents  personnes  furent  em- 
prisonnto  et  punies  comme  complices  du  dog^.  En  1817, 
Byron  reproduisit,  le  premier,  sous  la  forme  du  drame,  les 
^T^nements  que  nous  Tenons  d'esquisser.  Hoflinann  en  fit 
le  sujet  d*une  de  ses  meilleures  nouTelies.  Casimir  Dela- 
Tigne  s*en  empara,  et  lea  transporta,  aprte  eux,  sur  la 
ac^ne  fran^ise.  Napoldon  Galloib. 

FALISQUES.  royea  FAiiaas. 

FALKIRK  f  Tille  et  bourg  du  oomt6  de  Stirling,  en 
ifccosse,  sur  le  canal  de  Forth  and  Clyde,  d^oik  le  canal 
d^ Union  conduit  k  I'est  k  £dimbourg,  sito^  dans  uae  eon- 
tr6e  maricageuse  produisant  beaucoup  de  bid.  Elle  ne  se 
compose  gotee  que  d'une  seule  grande  rue,  est  asses  irr^- 
guli^rement  bAtie,  et  compte  eniiron  9,000  habitanta,  sana 
y  comprendre  la  population  de  Grahanutown  et  de  Bains* 
ford,  ses  faubourgs.  Falkirk  est  surtout  importantek  cauae 
des  trois  foires  k  bestiaux  {trysts)  qui  s'y  tiennent  cbaque 
annie,  et  ob  il  ne  se  Tend  pas  moina  de  60,000  bcnufo  et 
Teaux.  Elle  est  en  outre  le  centre  d'un  grand  commerce  en 
grains,  colonnades,  culrs  et  articles  de  quincaillerie.  GraU' 
genumth,  au  point  de  jonction  du  Fortb  et  de  la  Clyde,  leur 
sert  de  port  Le  pays  situ^  entre  Falkirk  et  Glasgow  eat 
Tun  dea  plus  riches  en  bouiUe  quMl  y  ait  en  Ecosse;  et  tout 
prto  de  Baintford  se  trouTent  d'buportanta  dtabllasements 
m^tallurgiquea  connua  sous  le  nom  de  Carronworks  ( voye% 
Cairon),  ob  se  fkbriqnent  notammmt  une  immense  qoantitd 
de  canons,  de  boulets,  de  clialnes  et  d'ancres  de  marine. 

Cest  k  Falkirk  que,  le  22  juillet  1298,  les£cossais  et  lour 
roi  W  a  1 1  a  c  e  furent  completement  battus  par  £d  o  u  a  r  d  I*', 
rohfAngleterre.  Le  23  JauTier  1746,  Cbarles*£douard  y 
ddfit  les  troupes  royales  commanddes  par  le  gdndral  Hawley. 

FALKLAND  ( Ilea) ,  prdc^emment  appddea  en  France 
Ues  Malouines;  archipd  de  TOc^an  Atlantique,  appartenant 
k  I'Angleterre,  et  situd  k  42  myriam^tres  k  l*est  de  la  Pata- 
gonie  et  du  ddtroit  de  Magellan.  11  se  compose  de  deux 
grandea  Ues,  West-Falkland  ou  Maidenland,  et  jffaar- 
Fcdkland  ou  SoUdad,  ensemble  d*une  superficie  d*enTiron 
56  myriam^lres  carrds  et  s^pardes  par'le  ddtroitde  Falkland 
ou  Carlisle ;  de  360  k  380  tlots,  rochers,  dcueils  et  banca  de 
sable  entourant  de  toutes  parts  les  deux  ties  principaiea , 
et  portent  k  79  myriam^tres  carrte  la  surperficie  totale  de 
Pardiipel.  V East-Falkland  ( Falkland  orientale)  se  compose 
de  deux  presqulles,  dont  Tune,  cdle  du  nord,  est  trte*mon- 
tagneuse,  bdrissde  de  rochen,  et  attdnt  au  Vsbom  une  al- 
titude de  800  mitres,  ce  qui  n'emptehe  pas  que  plus  de  U 
moitid  du  sol  ne  soil  de  nature  k  dire  mlse  in  culture  on 
n*ofrre  de  bons  p&turages.  L^autre  presqu'Ue,  celle  du  sud, 
forme  une  plaine  ondoloose,  bien  arrosde  et  8usceptibl«^ 
d^are  mise  en  culture.  Le  sol  de  West-Falkland  (Falkland 
occidentale)  est  plus  bas,  couTert  dgalement  d*une  ricbe 
terre  Tdgdtale  en  plaine,  mala  pierreux  aur  les  montagnear 
Les  petites  ties  soul  pour  la  plupart  tr^-montagneuses,  et 
ne  sauralent  guire  dtre  mises  en  culture  que  sur  leurs  cdtes. 
Le  cliroat  y  est  de  nature  oodanienne  tempdrde.  L*hiTer  y 
est  si  doux  que  la  neige  ne  pent  pas  se  maintenir  aur  la 
terre  et  disparatt  pen  de  temps  apr^a  «!tre  tombde;  Tdtd, 
en  roTanclie,  y  est  si  froid,  si  kpre,  que  le  firoment  ne  pent 
pas  murir.  La  Tdgdtation  se  compose  aurtout  des  plantes 
ali>estres  de  la  Terre  de  Feo  et  dea  pUdiMi  aridea  de  la  Pa- 
tagonia; mais  les  effroyablea  tempdiaa  particoliires  k  ees 
rdgions  sont  cause  qu*elle  s'dlkTe  peu  ao-desaua  du  aol. 
L*berbe  appelde  tussak,  la  planta  la  plus  feroarqoable  el, 
comme  fourrage,  la  plus  utile  de  toute  cette  Flore,  recouTre 
toutes  ces  ties,  particuliirement  les  cOtes,  eomme  une  for^t 
de  palmiers  en  miniature.  Cest  surtout  k  Pansence  de  toute 
esptee  de  Tdgdtatioo  arborescente  quil  fenX  attribuer  Ptn- 


366 


FALKLAND  —  FALLOPPE 


succte  deft  difeneft  tentatives  fa\\M  insqu'h  ce  jour  poor 
ooIoniMT  eeM  lies.  EBes  ii*(»t  d'impolrUnce  que  parce  qu^eUes 
se  troufent  plaete  sur  la  grande  route  conduisant  d'Eu- 
rope  aox  cAtes  ocddeotales  de  rAiii6rique,  et  aussi  h  cause 
de  ieur  grand  nombre  de  bales,  de  golfes  et  de  ports  excel- 
lents,  qui  servent  destatkHls  de  fiArel^  aux  ttavires  qui  Tout 
faire  la  pdcbe  de  la  balefne  dans  les  mers  antarctlques. 

Ces  lies  ftirent  aper^ues  pour  la  premf^  fois  au  mois 
d*aoOt  1592  par  TAnglais  Davis.  Elles  flurent  positiyemeot 
reconnues  et  visitto  Tannte  auhante  par  Ricbard  Haw- 
kins, d'od  le  nom  de  Hawkins  Maidenkmd  qu'on  Ieur 
douna  d*abord.  L'Anglais  Strong,  qui  les  visita  de  nouveau 
60  1689,  Ieur  impose,  en  riionneur  de  lord  Falkland,  son 
protecteur,  le  nom  d*Iles  Falkland,  qu^elles  portent  an- 
jourd'bui.  Le  premier  ^tablissement  Qie  qu'on  essaya  d'y 
cn^  Alt  fond^  dam  East-Fatkland,  en  17B4,  par  des  Fran- 
cis. L'Espagne  revendiqoa  alora  son  droit  de  propri^t^  sur 
toot  Tarcliipel ;  et  aprte  de  longues  n^godations  la  France 
Ieur  c^,  moyenuant  Indemnity,  sa  nouretle  Colonie.  Dans 
les  annte  suiraates,  TEspagne  essaya  de  coloniser  de  Bue- 
nos-Ayres  oes  lies,  auxquelles  elle  donna  le  nom  de  Mai- 
vinos.  En  t773  les  Anglais  y  fondant  une  colonie,  sur  la 
cdte  septentrionale  de  West-Falkland;  mais  lis  Tabandon- 
n^ent  deux  ans  plud  tard ,  sans  que  poor  cela  le  gouveme- 
ment  anglais  renon^t  k  ses  droits.  L^pagne,  elie  aussi, 
laissa  vers  la  mtaie  6poque  p^rir  son  ^tablissement,  sans 
renoncer  davanlage  k  ses  pretentions  k  la  souveramet^  de 
tout  I'arcbipd.  Plus  tard  on  y  transporta  les  individus  con- 
damnte  k  to  deportation  dans  \eS  difTdrentes  colonies  espa- 
gnoles  de  TAmerique,  et  on  cbdngea  le  nom  de  Port-Louis, 
qui  etait  celul  de  la  colonnle  fran^ise,'  en  Puerto  de  5o/e- 
dad  (Port  de  la  Solitude).  Mais  eette  tentative  ne  tarda 
pas  k  ecbouer,  comme  eelles  qttil*avalent  pr6ced6e;  etau 
oommenoement  da  dix-neuvieme  sitele  U  n*en  restait  plus 
d^antres  traces  dans  les  deux  grandes  Hes  Falkland  qu^uu 
nombre  inunense  de  bfttes  k  comes  et  de  cbetaux  k  retat 
sauvage.  Des  vaisseaux  de  commerce  et  des  baleiniers  les 
visitaieat  de  temps  k  autre,  quand  en  1810  la  nouvelle  r6- 
puUique  Argentine  en  prit  possession,  etqudqaes  ann^es 
plus  tard  elle  y  cr^a  mi  etablissement,  qtie  les  Anglais  d6- 
traifiirent  en  1883,  6poque  ed  lis  s'emparkrent  de  tout  Tar- 
chipel,  dont  la  propriety  entikre  Ieur  (ut  d'ailldurs  ced^e  en 
1«37,  en  vertu  d'un  tmite  formel,  par  la  rdpubllque  Argen- 
tine. Ce  ne  ftittoutefois  qn*eii  184t  que  TAngleterre  se  de- 
cida  k  coloniser  ces  lies.  La  colonie  qo'eUe  y  a  Stabile ,  et 
qui  ne  compte  gu^re  que  I60't6tes,  a  pour  princlpale  res- 
source  relive  dn  betail. 

FALKLAND  (Locros  CART,  lordvicomte).  Tune  des 
plus  interessantes  6gures  que  pr^sente  la  revolution  anglaise 
dudix«6eptiknieaitele,siricheen  ce  genre  pourtant,  naquit 
en  1610,  d'une  taniUede  hanta  noblesse,  du  comted'Oxford. 
£leve  k  I'universiie  de  Cambridge,  il  etaitk  peine  sorti  des 
bancs  de  Peodte  qnequelqoes  leg^retes  de  jeunesse  le  firent 
condaoNier  k  un  empiliMmemeat  temporaire.  11  voyagea, 
aprka  avoir  subl  cetle  petfte  epreuve,  et  lorsqiie^  tout  jcane 
enoorCv  il  ravint  en  Angleterre,  quelques  ann^ed  plus 
tani,  heritier  d'une  Immense  fortune,  il  avait  juslement 
acquis  dejk  la  reputation  d'un  homme  de  mcBurs  pores  et 
irreprochablesy  et  eelle  dVn  esprit  eieve.  Cree  gentilbomme 
de  la  cbambrek  vtngt-trois  ans,  11  resolutalors,  enleve  k  ses 
doux  loisirs,  de  pnndre  le  parti  det  annes,  et  en  1639,  lors- 
que  (ut  projetee  Texpedition  contra  les  oovenantalres  ecos- 
sais,  il  soUidta  le  eornmaDdenent  d^in  corps  de  troupes  : 
on  le  hii  ptomlt;  mais  eonroe  on  lui  roanqua  de  parole , 
il  se  decida  k  soivre  rarmee  en  qualite  de  volontaire. 

Malgre  ses  repugnaMees  k  se  treuver  en  lace  d*une  assem- 
biee  nationale'j  Ohavles  V  dnt  songerk  convoqner  un  parle- 
menl.  FilktaidsiegeadansiicttekBsembiee,  qui  devait  abolir 
la  rcqrtutt  en  Angleterra.  Son  esprit  semblait  admirablement 
prepare  pour  les  graodes  luttes  qui  allaient  s*ou\  rir.  D'abord, 
il  8uivit  le  niouvemeat  revoldtionnaire ;  il  alia  io6me  fort  loin, 
eton  le  vit  prendre  partau  proc^ileS«rarrord,  tUmi  il  vula 


la  condanmation.  9falB  Falkland  devait  bttntttkVreter,  ear 
il  etait  sincisemetttAttaehe  k  la  conatltatien,  k  la  monar- 
cbie  et  k  lapersonne  de  Ghariea  I**  en  particufier.  Ciependani 
il  hesita  quelqoe  temps  enooie.  II  abborrkit  cette  coor, 
toute  compoaeede  brouilluns  etde  vanitenx,  qui  semblsit 
prendre  k  tkcbe  de  perdre  on  monarqoe  romanesque  et  en- 
tete ;  mais  il  voyait  avecun  egal  degottt  la  morgne,  l*hypo- 
crisle  et  les  ambitions  egolsies  des  parlementaires.  Dsns 
rindecision,  il  fmit  par  se  toumer  genereusement  du  cdte 
ok  dejk  on  pouvait  pvevoir  la  deikite ;  et  lorsttue  diaries  I*' , 
fugitif,  ft'eflfor^ant  de  reconstituer  k  Oxford  ime  sorte  de 
gouvemement,  lui  lit  olTHr  une  place  de  lecretaiie  d*£tat, 
U  aocepta  avee  eoorage  ee  posle  dangereux.  Peuuetre  il 
espera  un  moment  prendre  quelqoe  ascendant  sur  le  rao- 
narque  qui  Teppelait  ainsi  ik  hii ;  pent-etre  il  crut  detouroer 
les  maux  qu*U  prevoyalt  pour  ftun  pays.  Mats  il  n'avait  pas 
devine  lemondeoil  11  allait  vlvre.  Oette  malheareose  covr 
d*Oxfonl  etait  litneetontentlkre  k  rintrigpeetaoxmauvaifles 
passions :  Charles  etail  tout  k  fait  domine  par  Henriette- 
Marie,  qoi  ininteliigente ,  eapricieuse  et  eoqoette,  semblait 
veritablement  son  mauvais  giteie.  Personne,  pas  mtoie  le 
roi ,  ne  clierehait  aveo  sincerite  la  route  du  vrai  et  du  bteo, 
qui  seule  pourtant  oifrait  qvdques  chances  de  salot  It 
etait  impossible  que  Falkland  dominkt  oette  tourbe  malfai- 
sante ,  il  ne  pouvait  menie  la  eomprandre,  non  pins  qu^ktre 
compris  d*elle.  SInckre ,  loyal ,  plain  de  dnrfture ,  les  pefits 
moyens  employes  par  les  eourtSsans  pour  sauver  ta  cause 
royale  lui  semhlaient  capaMee  de  peidre  toua  ceux  qoi  s'ea 
serviralent  Ttiate  et  r6venr,  il  voyait  avecdesespoir  la  guerre 
civile  devaster  sa  patrie.  La  vie ,  que  jadis  il  semblait  ai- 
mer, lui  devint  Instipportable,  et  cheque  fois  que  se  presen- 
tail  {'occasion  d*une  mort  gloriense,  il  semblait  volar  au- 
devant  d'elle.  Le  matin  de  la  premikre  balallle  de  Newbury 
(20  septembre  I64a),  il  sembla  partknlikrement  frapp^  de 
ndee  d'une  An  proebaine :  «  ie  suis  las  do  temps  ou  je  vis, 
dtt-il  alors;  je  prevois  de  grands  malheors  poor  Tavenir, 
et  c'est  avec  joie  que  je  pressens  qn'avant  la  fin  de  cette 
joumee  je  serai  bora  de  cet  ablme  de  crimes  et  de  maux. » 
Falkland  ne  jse  trompait  pas  :  place  aux  premiers  rangs  de 
rarmee  royale,  fl  Ait  mortellement  attaint  d'un  coop  de 
mouaquetdka  le  eoounencement  de  I'action,  et  il  expira 
sur-loHcbamp. 

Falkland  a  lalaaeqnelqnes  onvragea  de  politique  :  ce  abnt 
dee  disoours  aor  les  al&dres  du  temps ,  predeux  sous  tous 
lea  rapports.  Verae  dans  les  mattkras  theologiqoes ,  on  croit 
qu*il  a  beaueoop  aide  ChilUngwerth  dans  son  Ifistoire  du 
Protestantisme,  En  outre,  en  a  die  luf  quelques  pikces  de 
poesie.  Panllne  Roland. 

FALLOPPE  (Gabubl),  en  ItMca  Falhppio,  appar- 
lient  k  cette  generation  de  grands  anatomistes  qui  jeta, 
dans  le  seixikme  aikcle ,  les  bases  de  la  science  de  Torga- 
nlsation ;  il  naquit  k  Modkne,  vers  I'an  1523,  k  ce  que  Tod 
suppose ,  car,  malgrt  la  juste  ceiebrite  dont  il  jouit,  on 
connalt  pen  les  details  de  aa  vie.  On  aalt  aeulejnentqu'eiefe 
du  ceikbre  veaale,  il  (ut,  k  peine  kge  de  Tingt-quatre 
ana,  nomme  pcofeaseur  d'anatemie  k  Ferrare,  puia  k  Pise 
et  enfin  k  Padone,  ok  il  mourut  Jeune  (1662).  Dans  one 
auaai  courts  carrikre,  Falloppio  troova  le  temps  de  Aire 
pluaieura  voyages  acientifiques ,  de  enltiver  aveo  distindion 
la  botanique ,  la  cbirorgie ,  et  d^attacher  son  nom  k  de  nom 
breuaes  et  bellea  decouvertes  en  botaniqne.  L'oatdologie  et 
la  myologie  lui  aont  particulikrenent  redevablee.  II  enricliH 
aussi  d'observalions  neuves  lanevrologie,  la  splancboologi^ 
Tembryologie.  On  hii  doit  one  deacription  et9t^  de  I'o- 
reilley  dont  un  des  caaaux  porte  encore  son  nom,  aInsi  qoe 
lea  trompes  uterinea  et  le  ligament  qui  va  de  Tos  Hiaque  i 
U  sympltise  du  pubis.  Set  deacrfptioiis  aont  d'une  admirabia 
clarte.  Ao/t  vkii  aUum  auetaremf  diaait  de  lui  le  grand 
Haller,  qui  maU$m  tuam  dmiore  et  dktinetiomeniume 
proponertt.  On  lui  a  reproehe,  coomie  k  vesale,  d'avoir 
pousse  le  fanatisme  de  la  adenee  jusqu^k  dlsseqoer  toot 
vivants  lies  cnmhiels  que  lui  anraH  livrte  le  doe  de  Toa- 


f 


^•ALLOPPE  —  ^FALSIFICATION 


ctiie.Cett6  odieuie  imputatioii,  est  em  oppositioii,  pompl^ 
atec  oe  que  les  Ino^phes  de  Failoppio  nou*  od  •  tppris  de 
la  nobletse  de  aon  catac^  et  de  la  boDte  de  son  cceur. 
Des  dilttrents  ooTrages  de  oe  grand  mattre,  ud  leul  parat 
de  son  Tfyant :  (Hnervationes  anatomicm :  U  renferme  aea 
plus  importanta  traTaox.  II  a  ^t6  r^lmpnm^  im  grand  nombre 
de  t(Ai,  SescDOTres  completes  ont  paru  h  VeQise  (1684)  et  li 
Fhmdort  ( leoe ).  D'  SAixasaonE. 

FALLOUX  (Fn^oteic-ALFiicp-PicRai  na),  anden  mi- 
BictrB  de  llnstnictioa  publique,  est  nd  le  U  mai  1811,  ^ 
Aogen.  (Test  k  tort«  diton,  que  sa  fainiUe  a  4ti&  class^ 
panni  la  vieille  noblesae.  Son  grand-p^6  ^tait  marchand,  et 
lortit  de  la  bourgiBoisie  par  r^cbeTinage.  Son  p^,  mort 
en  1S50,  crte  aoua  la  restauration,  un  ni^orat  au  titre  de 
Ticomte.  £l6ve  de  De  Maistre^  adnucaleiir  de  ^inq^iaitiony 
M.  de  Falloux  a  publid  une  Vie  de  Louis  XV[,  une  Vie  du 
pope  saint  Pie  y.  On  Ini  doit  de  plus  ime  Introduction  au 
liTie  de  Louis  XVI,  intituld :  Biflexions  surmeMentfeiiens 
amc  M.  le  due  de  La  Vauguyon,  D^put<S  de  Sdgr^  en  1846, 
il  prtta  aerment  au  roi  constitutionnel,  vota  ndanmoin^ 
itec  Topposltion  ligitiniiate,  et  se  moQtra  un  des  partisans 
lesplusi^  dece  qu'on  appelait  alors  la.  liberty  de  Tensei- 
gnement  Apr^  la  revolution  de  Fdrrier,  il  Cut  ^lu  4  T/Vs- 
aembl^  constitaante  par  le  ddparteiueat  deMaine-et-Loire; 
ii  sccepta  bien  eatendu  la  r^pubUque,  et  le  15  mai  il  lut  un 
de  ceox  qui  reparurent  les  premiers  it  TAssembl^  aprte  sa 
dissolution  par  r^meute.  Rapporteur  de  la  commission 
Dommte  par  TAssembl^e  pour  la  dissolution  deis  ateliers 
nationauiy  sa  parole  acerbenecontribua  pas  pen  J^amener 
les  ^vteemeats  de  J  u  i  n  1848.  Quand  le  gto^ral  CaTaignac 
eat  Ildted^enToyer  dans  les  ddparteroents  des  commissaires 
charge  d'^foirer  l^esprlt  public  sur  T^ection  du  prfeident, 
M.  de  Falloux  Tattaqua  viTeme^t,  et  renvoi  proje^  ,n*eut 
pas  Ilea.  M.  de  Falloux  j  gagna  le  portefeuille  de  Tinstruc- 
lioB  pabUque  dans  le  mini^i&re  du  20  d^mbre^  Ri^eiu  k 
TAssemblte  Mgialative^  il  prit  plusieurs  fois  la'  parole  sur 
les  affaires  de  Rome»  soutenant  avec  vigueur  le  gpnverne- 
meDt  papal,  el  c*est  Ini  qui  prdsenta  la  fameuse  loi  vot^ 
en  1850  pour  organiser  la  liberty  de  Tenseignemen^  On 
lui  a  rcprocbe  d*avoir  recommend^  k  TAcad^mie  des  Sciences 
line  invention  de  roouvement  perp^tuel  et  d'avoir  donn6  4 
on  Anbe  une  mission  scicntifiqne  pour  cbercber  en  Afirique 
rbomme  k  queue.  Cependant  U  fut  remplac^  par  M.  de  Pa- 
rieo  le  31  octobre  1849.  Ensuite  it  voyagea,  et  A  son  retopr;, 
pr^sidant  la  reunion  l^gitimiste  de  la  rue  de  AlvoU,  il.te 
pronoD^  pour  le  r^tablissement  du  suffrage  universel,  en 
mteie  temps  qu*il  altaqualt  les  tendances  pr^identielles. 
Le  coop  d*Etat  du  2  d^canbre  ^it  sans  doute  pen  dc  son 
|odt;  il  recommend  ses  vo)'age.s  et  un  Jour,  k  Rennes,  il  lut 
Tobjet  des  redierdics  de  la  gendarmerie.  C^4tait  yraisem**, 
biablement  un  malentendu,  car  lorsquH  se  mit4  la  dispoj^i-, 
tioo  des  eutorit6i,  elles  se  trouv^ent  sans  ordre.  Depuji^ 
M.  de  Falloux  n'a  pas  quitt6  la  terre  qu^il  poss^de  aux  en- 
virons d*Angers.  II  a  un  fr^re  atn^  attacn^  A  la  oour  de  Rome 
ca  quality  cfaudfteur  de  rote.  L'abb^  de  Falkmx,  propri^t^lre 
d^  pr^endu  suaire  de  sainte  Vdronique  sur  lequel  se 
troaire  nn  portrait  dn  Christ,  croit  tr6s-rermemep|L  possdder 
le  seui  veritable  portrait  de  J^u»€hrist,  relique  ,d'un  prix 
iMppr6dable»  comme  on  pense  bien,  et  ayant  d^jV  opfSr6  nne 
foole  de  miracles  plus  antbentiques  les  uns  que  le§  autres . 

Ii.  LOUVET. 

FALMOUTH,  vilie  maritime,  8ur  la  c6te  m^ridioaale 
<la  comt^  de  Comouailles  ( Angteterre ),  A  Touest  de  Tentrte 
d'oniolfiB  appel^  iWmow^Aririirtocr^  qui  p^uMre  fori 
ivaotdans  rinterieur  des  terres^  forme  Ton  des  plus  v^tea 
ct  des  meilleurs  ports  de  TAngleterre,  k  Tabri  de  tons  lei 
▼ats,  et  aert  de  station  k  un  grand  nonobre  de  yai^ux, 
de  guerre  amsi  quA  la  patacne  dee  douaniers  anglida 
cbargte  de  surveiller  la  coutrebande.  Pendennis-CaetlBf 
forteicsse  coBstmite  sur  uu  petit  promontoire  voisin,  et 
le  fort  Mawes  ou  Muudit^  situid  en  face^  A  festysur  une 
Aralte  langne de  terre,  I'un  et  rautre  datant  du  rtigne  de 


Henri  YIII,  protigent  rentr^  do  port  Charles  II  er6a 
lord  Berkley  comte  de  Falmouth,  et  en  i%ll  ii  octroya  A 
Geoiige  Fitxroy  le  titre  de  eh<ktelain  de  Falmoath.  Plus  tard 
d'autres  seigneurs  ,anglaia  ont  aussi  pcvtd  le  titre  de  Fal- 
mouth. Gette  ville  est  redevable  de  son  accroisaement  et  de 
sa  prosp^it^  aui  Ugnes  de  paqpebots  qui  depuis  les  premiA- 
res  annte  du  aitele  dernier  en  parteot  r^galfirement  pour 
les  Indes  ocddentales,  TAm^que  da  Sud  et  du  Nord,  J'Es* 
pagne,  le  Portugal  et  iesiKirts  de  la  M^iterran^.  La  na- 
vigation A  vapeur  a  sans  doute  fait  perdre  A  Falmouth  une 
grande  partle  de  son  importance ;  mais  eomne  les  steamers 
qui  pauent  par  le  canal  s'y  arrdtent  poor,  prendre  des  past- 
sagerset  du  cbarbon,  la  ville  n'a  pea  trop  d^obn.  Elle  poasMe 
en  propre  130  b&timents,  fait  im  conamerce  trfts^actif  avec  le 
Portugal,  exporte  du  cnivre,  de  I'dtain,  dea  colonnades  et  du 
poisson,  et  tire  un  grand  profit  de  la  pAche;  nais  sea  cfaan* 
tiers  de  construction  ont  sensiblement  perdn  de'leur  acti- 
vitd.  Falmouth  par  elle*mlfne  n*a  que  6,000  habitanta;  mala 
sa  popuUtion  s'^ve  k  22,000  Amea  fi  Ton  y  comprend  les 
diffi^entes  paroisses  de  sa  baolieoe, 

FAJLOUBDE.  Voyet  Facot. 

FALSEN  ( CHRvnAN-MaoNus  na  )^  historien  et  homme 
d^tat  nonrdgjen^  nd  A  Opaolo ,.  prfai  de  Chriatiama,  en 
1782,  fut  nommd  avooat  de  la  oonronne  prka  la  conr  su- 
pdrieure  et,  l*annte  suivante,  juge  dans  les  environs  de 
ChristianSa.  £n  1814,  envoyA  oomme  ddpol6  k  rassembl^ 
eonstiinante  d'Bidawold ,.  il  y  montra  lea  prinelpes  du  li- 
b^ralisme  leplusavancd,  et  renon^  spontan^mei^^  sa  no- 
blease.  Komm^  hailli  de  Nopd-Bergenhuus,  il  fit  partle  dea 
stortbingiB  de  1816, 1816, 1821  et  1822,  comma  d^utd  de 
ce  bailliage.  Ayant»  en  1822,  aeceptd  les  fonotions  de  pro- 
cureor  gdndfal,  et  ayant  dte  lors  cm  devoir  aoulenir  cer^ 
taines  mesures  proposdes  par  le  gonvemement,  qui  ^talent 
en  opposition  manifMs  avee  aea  anciena  prindpea,  sapopn- 
laritd  ne  tarda  pas  A  dderottra.  En  1827  ii  taX  appeid  A 
fUre  partle  de  lacour  aupi^ftme,  doat  le  ai^  est  A  Ghristia- 
nia,  oA  il  mourut,  le  la  Janvier  1880.  Son  plus  bean  titre 
littdraire  eat  son  Histoire  de  la  NorHge  som  Harold 
Haarfager  ei  sesdeseendanis  miles  ( 3  voL ).  II  a  aussi 
rdassi,  dana  un  autre  ouvrage,  A  Jeter  aor  randenne  gdo* 
graphie  do  sapatrie  one  vivelnmi^re. 

Son  1^  cadet,  Charles  im  FAUsaif,  iMiilli  de  Christian- 
sand,  fit  partie  de  loos  les  storthings  idnnia  depnis  1821. 
Choisi  A  divenes  reprises  par  I'aasemblte  poor  president,  il 
se  JBQOBliaoratear  lucideet  parfUtemenCau  fiait  dea  besoins 
du  pays,  et  jooit  oanslaminent  de  tonte  la  oonfianee  de  la 
nation.  II  monnit  en  1852. 

FALSIFICATION,  aellon  dniltdnr,  de  ddnaturar 
tine  chose,  avea  llatentiottde  tromper  aur  aa  natnre.  Oe 
mot  a'emploie  plnaspddalementdans  denx  caa  ddterminda. 

D*ane  part,  U  s'applique  aux  drognes  mMidnales,  aux 
denrtes  allnientairea,  aux  boissona.  Nous  avoaa  fctt  oonnaltre 
au  mot  A%.TteAnQN  les  diffdrenlea  natures  de  fAlaification  par 
lesqnellea  le  commerce  chercbe  A  a^enricliir  Ulloitement,  et 
la  fafon  doot  la  loi  les  rdpdmo*  Nous  devona  ajonter  ici  que 
la  fiateification  des  vhu  par  dea  anixturea  nulsibles  A  la  sant^ 
estponio  df  nn  empriaonnement  do  six  jours  A  deux  aaois ,  el 
d'une  amende  de  lo  A  500  fir,,  sans  compter  la  eonfiacation 
des  boissons  falsifides  trouvtechei  le  vendouronddbitant. 
Quand  cetle  falaificatton  a  dt^  faite  par  dea  voilariers.  chaiig^s 
du  transport  dee  boissona,  eUeestpunie  eomnMi  vol  quallfid, 
et  le  coupable  est  eoodamod  A  la  rdciuskMu  Xa  fUstfcatioia 
,  dea  boissona,  loraqu^eUe  n'est  paa  fidte  avee  dea  aubetancea 
nui^ihles,  constitue  une  contravention ,  qui  est  ptmie  de  6  Ir 
10  (^,  dtam^eiade  poor  les  vendeura  ou  dl^bitants,  ektraitdo 
comma  vol  almple  si  elle  a  dtd  oommlse  par  la  voKurier 
chargA  du.  transport  dea  boissons ,  et  punie  dte  empriaon- 
nement d*un  moia  A  un  an,  et  da  16  A  too  fir.  4'anM»de.    - 

Appliqod  aux  dcritures,  aux  actea  pubUcs  o«  privds,  le  met 
falsifUaiitm  indique  le  plus  g^nendenMOl  nne  optadioA 
frauduleuse,  qua  la  loi  fcraito  de  orteio  et  ponit  eomma  isk 
Elle  conatitue  le  fan x.  Heat  des aavanta  qui  ae  soul  doanl 

3«. 


I 


168 


t'ALSiriCATlON  —  f'ALUN 


la  MtisfactioD  d^alt^rer  desteites,  de  falsifier  des  manuscrits ; 
ce  n'est  plus  \k  qti'uli  crime  litttraire,  et  lonqn'il  est  d^- 
couTert,  si  la  loi  le  couTrede  llmpunif^la  plus  absolne,  Topi- 
Dion  publique  le  bit  expier  A  qui  I'a  oommis  k  bon  escient. 

On  emploie  aossi  le  mol  faU^Hcalkm  en  pariant  de  Pal- 
l^ralion  desmonnaies,  crfiae  qui  reatredans  la  cattf- 
goriedu  raux  monnayaga. 

FALSTAFF  (Jobh  )» le  fidMe  compagnon  de  debau- 
ches du  prince  de  Galles  qoi  derint  plus  tard  le  roi  d*An- 
gleterre  He'n  ri  Y,  mort  en  14^1,  est  le  personnage  drama- 
tique  le  plus  original  que  Sliakspeare  ait  introduitdans  son 
Henri  V,  et,  k  la  demande  expresse  de  la  reine  Elisabeth, 
dans  Les  Joyeuses  Commires  de  Windsor. 

[  FalstafT  est  une  des  plus  belles  creations  de  Sbakspeare : 
e*est  un  type  complet  de  toutes  les  pens^  honteoses,  de 
toutes  les  debauches ,  pr^sent^  sous  on  jour  si  franc,  avec 
une  candeur,  avec  une  naivete,  fallais  presque  dire  avec 
une  bonhomie  si  grande,  que  Thorreur  disparalt,  et  qu^on 
ne  peut  m^priser  ni  injurier  FalstafT  qu'en  riant  de  son  in- 
famie  mdme.  Rien  de  ce  qui  est  mauTais  ne  manque  k  son 
caract^re  :  tons  les  Tices  lui  sont  bons,  paroe  qne  tons  lui 
sont  d*un  rapport  fertile }  il  ^it  de  toutes  les  mauvafses  qua- 
lit^,  en  tirant  d'elles  tout  ce  quHl  peut  en  avoir.  11  semhle 
que  les  sept  p^h^  capitaux  aient  prdsid^  k  sa  naissance, 
et  Talent  dot^  chacun  d*un  don  pr^cieoi  pour  toute  son 
existence;  aussi  a-t-il  vieUi sousle hamals,  n'avan^ant  nine 
retardant  Thorloge  d'une  minute,-  ne  changeant  rien  k  ses 
habitudes.  Youlei-voos  son  portrait,  il  se  peint  lui-mtaie, 
le  fall  «  Cest  un  homroe  de  bonne  mine,  d'un  ricbe  embon- 
point,  qui  a  Tair  gai,  Toeil  gracieux  et  le  port  des  plus  no- 
bles; il  peut  avoir  k  peu  prte  dnquante  ans,  ou,  par  No- 
tre-Daroe,  tirant  vers  soixante.  ■  Mais  6coutez  une  voix 
moins  pr^venue  :  «  C^est  un  monstre  charge  de  graisse, 
un  homme  en  forme  de  tonnean,  un  magasin  d'humeurs, 
un  sac  k  liqueurs,  une  loupe  dliydropisie,  une  tonne  de 
Tin,  une  valise  de  chair,  un  boeuf  gras  rOti  avec  une  farce 
dans  le  ventre.  ■  VoiU  pour  le  physique ;  passons  an  mo- 
ral. Si  FalstaCr^avait  la  moindre  quality  heureuse  pour  tenir 
en  ^cbec,  ne  fdt-ce  qu*un  instant,  les  vices  nombreux 
qu'H  lege  non  dans  sa  I6te,  non  dans  son  coenr,  mats  dans 
son  ventre,  car  FalstafI  est  le  type  le  plus  grossier  du 
roat^rialisme  :  tout  partdu  ventre  ehec  lui;  ou  s'il  <^t«iil 
brave,  ou  sensible,  ou  g^niSrenx,  FalstafT  ne  serait  qu'un 
type  tronqn^.  Mais  FalstafT  n'est  pas  on  homme :  il  a  tons 
les  d^fauts  d*un  enfant  et  les  vices  d'un  vieillard;  il  a  poor 
noorrices  les  premiers  et  pour  b^quilles  les  seconds.  Ge  qui 
fait  rire  dans  FalstafT,  c'est  TenCuit;  ce  qui  d^oOte  et  r6- 
▼olte,  c^est  la  b^uitle,  c*est  lo  vieillard,  Falstaff  est  a(li^; 
il  neaoit  pas  &  la  vcrtu  ,  il  croit  k  la  sottise;  il  ne  soup- 
^nne  pas  le  remords,  car,  au  lieu  de  faire  rire,  il  ferait 
trembler;  il  ignore  le  repentir  :  le  repentir  serait  pour  lui  un 
suicide.  Voyex  le  courir  au-devant  du  prince  Henri,  devenu 
roi :  les  lots  d'Angleterre  vont  ttre  k  ses  ordres;  il  s'avance 
avec  confiance,  et  ik  cette  sotoe  snblime  :  «  Je  ne  te  con- 
naia  pas,  vieillard;  songe  k  prior  le  del.  Que  ces  cheveux 
blancs  silent  mat  k  un  insenslft,  k  un  boulTon !  J*ai  vu,  dans 
le  songe  d*un  long  sommeil,  un  liomme  qui  loi  ressemblait 
ainsi,  charg6  d*un  embonpoint  roonstrueux ,  aussi  vieux, 
•t  bavard  ettr&oA  comme  lui  mais  k  roon  r^veil,  je  m^- 
prise  mon  songe. » 

FalstafT,  loin  de  saivre  un  pareil  exemple,  pense  que  son 
eher  Henri  a  perdu  la  raison.  Cest  cette  candeur  qui  rend 
le  caractte  de  FalstafT  si  coroique;  c'est  cette  foi  si  Imper- 
turbable  et  si  aouvent  attaqu^;  ce  sont  oes  aMScomptes 
nombreux  qui  exdtent  le  rire.  A  la  fin,  aucun  de  ses  vices  ne 
Ini  tient  oe  qu*il  semblait  lui  avoir  promts :  FalstafT  se  croit 
a^<ii8  aollementsor  sa  bMe;  mais  il  n'est  assis  que  sur  la  selle : 
It  montnre  a  M  d^bte,et  quatre  pieux  l*ont  remplacte. 
Ooormandisey  paresae,  vanity,  p«llage,oisivete,  rien  ne  mar- 
die  plus,  et  FalstafT  rests  suspendu.  JoKafeMes.  ] 

FALSTER,  rune  des  ties  dauoises  de  la  BaMique, 
ia  wd  de  la  S^lande,  s^r6e  de  l*lle  de  Mosen  par  Ic  d^ 


troit  de  Groen  ( Gretniund)  et  par  celni  de  Guldborg  (^uU* 
borgsund)  de  llle  de  Laaland  avec  laquelle  elle  forme  le 
bailliagede  Laaland,  prtente  one  superfide  d^environ  8  ray 
riam^tres  carr^  g6n«6raiementphite,  mais  traverse  dans  la 
direction  du  nord*est  par  une  chalne  de  oollines  attefgnaBt 
k  Bawnehoi  une  altitude  ide  60  metres  et  de  63  mitres  a 
Saeshoi^  avec  une  population,  presque  entiiremeot  daaoise 
de  28,000  imes,  dont  Tagricultiireest  la  principale  indostrie. 
La  grande  fertility  de  cette  tie  I'a  fait  suniommer  le  verger 
du  Danemark.  II  est  au  monde  peu  de  vues  plus  endiante- 
resses  que  ccUe  dont  on  joiiit  en  passant  entre  cette  tie  et  la 
SMande ;  mais  les  vaisseaux  6vitent  ordinairemept  de  s^en- 
gager  dansle  labyrintbed^tlotsquirentourent  FalsteTyjadis 
la  propria  particuUire  de  quelques  grandes  fiiroilles  no- 
bles fait  partie  depuis  le  seiiitaie  sitele  du  domaine  royal, 
qui  k  cette  6poque  en  fit  raequisition.  Elle  a  pour  chef- 
lieu  Nykiceping ,  petite  ville  de  1 ,600  Ames ,  admirablement 
situte,  sur  le  Guldborgsund^  et  centre  d*uB  conmKroe  fort 
actif.  Le  roi  de  Danemarii  j  possMe  un  chAtean  qui  servait 
autrefois  de  r^dence  aux  rdnes  dooairiires. 

FALTE,  FAUDE,  FAUTE,  GIREL  ou  TONNELET. 
On  appelait  de  tons  ces  noms  Tesptee  de  basques  d*mie 
cuirasse  de  fer  pldn,  partie  iMufTante qui  couvrait  le  liaot 
des  cuissards,  ou  des  demi-coissards.  CT^Iait  on  bant  de 
diausses,  ou  un  gardfr«liausses  de  m<$tal.  Plus  ordinairement 
les  faltes  r^gnaient  k  partir  du  dessus  des  bandies :  dies 
^talent  le  prolongeioent  de  la  cuirasse,  et  s'^vasaient  k  rai- 
son de  la  corpulence  des  guerriers.  G*'  B4BDi!t. 

FALUN  ou  FAHLUN,  appel^  aussi  Gamla  Koppar- 
berget ,  c'est-A-dire  vieille  montagne  de  etAvre ,  dief-lieo 
du  lisn  du  m6me  nom  ou  andenoe  province  de  Dal^ 
car  lie  (SuMe),  dans  une  vall^  situde  entre  les  lacs  de 
Warpan  et  de  Run,  au  milieu  d*une  contrte  deserts  et  b6- 
ris86e  de  rocbers ,  est  le  si^ge  d*une  direction  des  mines  et 
compte  une  population  de  5,000  habitants.  On  y  troove  un 
collie  fondj  par  la  rdne  Christine,  une  6coie  pratiqoe  de 
mfaieurs  avee  un  laboratoire  et  diverses  cdlecUons  sdenti- 
fiques ,  et  la  mine  de  cuivre  la  plus  ridie  de  la  SuMe  et  peot- 
^tre  du  monde  entier,  que  le  rot  Gnstave-Adolphe  avait 
coutume  d'appder  le  tr^tor  de  la  Subde.  La  foese  situte 
en  avant  de  la  ville,  k  Touest,  et  qui  s*est  form6e  par  suite  des 
dboulements  successifs  de  diverses  fosses  andennes,  a 
400  metres  de  longueur,  sur  200  ro^reft  de  laiigeur  avec 
one  profondeur  de  75  nifttres ;  de  sorte  que  les  ouvriers 
peuvent  sur  presque  tous  les  points  y  travailler  i  dd  d^ 
convert  Aux  approches  de  la  mine,  de  vMtables  noontagnei 
de  pierres  provenant  des  d^blais  suocessifk  opMs  el  aocu- 
m\\\H  pendant  plusieurs  siteles.  Ind^pendamment  de  son 
reinarquable  outlilage,  la  mine  ofTre  enc4ire  d*aatres  cu- 
riosit^s  au  visitetir  stranger,  par  exemple  la  salie  du  con- 
sdl ,  taiUde  dans  le  roc  vif ;  la  salle  oh  le  trilHinal  des 
mines  tIent  ses  sauces;  une  chapelle,  une  bibliotii^ite 
min^ralogtque  et  un  ricbe  cabinet  de  min<^ralogie.  Depuis 
1716  la  mine  de  Falun  appartient  k  une  socidt6,  dont  le  ca- 
pital, compost  de  1,200  actions,  se  trouve  r^paili  entre  phis 
de  trds  rents  actionndres.  La  compagnie  possMe  aussi 
plodeurs  niuies  de  fer  et  de  sdxante  k  soixante-dix  hants 
fonmeaux,  tons  sitii^  k  peu  de  distance  de  to  ville.  Le  pro- 
duit  de  cette  mine  ^it  jadis  blen  autrement  considerable 
qu*aujourdPhuL  En  1650  il  s*deva  k  20,321  quintaux;  il  oe 
va  gu^re  maintenant  au  delii  de  2,500  quintaux.  Elle  ne 
foumit  pas  d*ai1leurs  senlement  du  cuivre  :  on  y  troove 
ausd  du  vitrid  en  abondanoe  et  un  peu  d*or,  d*ar9Bnt  d  de 
plomb.  Le  minerd  de  cuivre  qu'on  en  tire  s*expMie  aux 
fonderies  d^vetto  ou  Awesiad  situ^  sur  le  Daldf,  a 
8  myriamitres  au  aud-est  de  Fdun,  oh  on  rafSne,  on  le  rnon- 
naye,  ou  blen  ofl  II  snbit  d'autres  prorations. 

La  ville  de  Fdun  est  r^li^rement  oonstnilte,  avec  d« 
grandes  et  torges  rues,  ooop6es  k  angles  drdts;  mais  Vas^ 
pect  ne  lalsse  pas  que  d*en  dre  des  plus  tristes  :  ses  mal- 
sons,  bassM  et  btties  en  bois,  dant  constamment  ndr- 
dcs  par  r^paisse  fum6e  qui  s^tehappe  de  to  muie  d  nuM 


fALCW  —  FAMILLE 


969 


mime  k  la  r^6U\imk  d'alentoor.  Cet  endroit  n'est  cepen- 
daat  pas  roabain,  et  en  tempt  de  contagion  on  vient  an 
contraire  de  fort  loin  s'y  rtfo^. 

FALUN  ou  CROU.  On  donne  le  nom  de/alun  A  des  d<^ 
pMs  immensea  de  coquiUea  et  de  polypiera  foaailes.  Cea  d^- 
pAts  aoat  meoblea,  c*eBi4-diro  pen  coMrents.  L*lge  gfolo- 
giqne  dea  falona  eat  recent.  En  efTet,  lea  faluna  aont 
immMiatement  poat^rienra  k  la  formation  dea  meuliirea ,  et 
fool  partie  dea  terrains  tertlaires  aapMenra,  qui  manqnent 
diMle  baaain  de  Paris.  Parroi  ies  d^tota  de  ce  genre,  les 
falans  de  Touraine  aont  e^I^bres.  lis  fonrvirent  k  un  pen- 
sear  profond  do  seiiltoie  sitele,  Bernard  de  Palissy,  I'oo 
cMiOB  d^afaneer  •  que  cea  dip^  ne  pouTaient  point  avoir 
M  fomtepar  on  ddoge  soMt,  instantan^,  et  qu*au  con* 
traire  il  atait  follu  on  temps  consid^raMe  pour  que  ces  co- 
quilles  enaaenl  po  se  d^ioaer  dans  la  vase,  k  la  longue  et 
MM  r^olntioo. »  On  pense  bien  qne  ces  idte  si  pliiloao* 
pliiqoeset  si  TraSea  ne  furent  point  admlses  k  oette  ^poque. 
Les  ibtsiles  qui  eomposent  ces  depdts  sont  surtoot  dea  bul- 
trei,  des  arcbea,  des  p^toncles,  desp^gnes,  dea  c^rites,  la 
tMbratnle  perforce,  des  (krosites,  des  balanea,  qnelqnes 
pbsqoes,  dea  edtaete,  de  norobreox  mammif^respacliyder- 
laes  et  ruminanta.  Lea  lUnna  sont  employ^  af  ec  on  grand 
socofes  poor  rameoderoent  des  tenres.        L<  DuaaiEux. 

FAIIARS9  lo  Fanum  Mortis  des  Romains,  est  un  vil- 
1^  do  d^rtement  du  Nord,  k  5  kilometres  de  Valen- 
deoBeSy  c^Mre  par  le  camp  qoi  7  fut  form^  en  1793,  aprte 
la  tiabisoB  de  DumourieZy  par  le  gto^l  Dam  pier  re. 
Plasieora  operations,  tentte  de  oe  point  centre  lea  Aotri- 
ducon,  qui  avaient  enTabi  la  France ,  manqo^rmt  leor  but, 
et  fliin  legAiiSral  pMt  d*nne  bleasure  Ic  9  roai,  I^e  g^i^ral 
Laanrcbe  lui  soeoMa;  mais  les  Autrichieus  ayantenloTe  les 
ndooles  de  Vk  Rondle  le  ti  mai,  Laroarcbe  ^vaeoa  pendant 
h  Bait  ee  camp,  qol  pendant  qnarante  Jonra  avait  ralenti  la 
mtrche  victorieoae  d*un  ennemi  sop^rieur.  Dix  mille  Fran- 
fiis  se  r^fngi^reot  dana  Valenciennes ;  les  aotres  dlTisions 
M  repliant  sor  Boochain ,  apr^s  aToir  perdu  troia  roiile 
bonnea  dana  on  nouvean  combat;  la  levte  de  ce  camp 
hisBa  ies  alHte  mattres  do  terrafai  et  libres  de  cbolsir  ceUeft 
dsBOA  placea  fortes  qoMla  Toodraient  attaquer. 

FAIKLIQUE^  qui  meoK  de  foim.  Cefte  appellation 
i^orieiise  a  M  appliqote  de  pr^fifirenoe  aux  anteurs,  et  ton- 
joors  par  dea  anteors.  En  efTet,  fl  est  un  degr6  dans  la  ml- 
tkat  qui  m^ne  droit  an  m^ris  dn  public.  Or,  comme  c'est 
UBS  lajaridiction  dece  dmiierque  se  tronvent  essentielle* 
neat  placte  les  ^criTains,  onoon^tt  combien  il  est  donx  k 
ua  anieor  qoi  se  Tenge  d'lmpoaer  one  sorte  de  degradation 
I  lesennemis.  Parmi  les  poHes  qui  ont  le  plus  souTent  abuse 
de  tout  oe  que  eette  ipithMe  renferme  d'insoienee,  on  pent 
dter  Boileao  et  Voltaire,  qui,  nestousdeux  avec  one 
fBrtnae  iadepesdaBte,  aoraient  bien  dA  designer  nn  pareil 
geared'attaque.  SAnrr-PaoaPEB. 

FAMEIJX  (do  latin  fama^  renoromee).  Foyes  G^- 
aaiTl 

FAMILIARITY 9  absence  de  toute  forme  ceremo- 
itaBse.  EBtre  gens  d*un  Age  dejk  fait  et  de  condition  pareHle, 
la  IMHarit^  est  le  resuttat  de  rapports  plus  00  moins  )ta- 
bHaela  :  k  force  de  se  Toir,  on  arrive  k  vivre  sans  fa^on, 
MBHne  en  familie;  mais  cette  familiarity  insolite  ne  tent 
pas  dire  qn'on  s*airoe,  on  mtoie  qu*on  s'estime.  Un  attache* 
tneotvif  et  profond  natt  quelquefois  dans  Tespaoe  de  qnd-. 
qnes  joors,  et  i*on  se  sent  He  comme  si  Ton  se  connaissatt 
dcpnis  looigtempA  :  ainai,  leajeones  gens  eotre  enx  sont 
cbcUbs  k  one  aorte  de  fiunlliarite  aobite,  et  lorsqoe  des 
pairioM  videBtea  ne  lea  divlsent  paa,  cetle  fiimiliarite 
les  mtee  h  on  attaehemeat  qui  dure  toiite  la  vie.  II  n'est  pas 
dsBneii  toua  de  ae  permettre  la  lamiliarite;  il  but  poor 
ca  Hre  di^ie  avoir  re^  une  certaine  education  premiere, 
fm  dn  moina  poaadder  one grande  habitude  dn  monde;  alors 
la  famlliarite  est  d^un  prix  ineatinMble :  k  toutea  les  deiices 
de  riniiiBite  die  joint  lea  charmes  de  ce  natorel  qiri  s'aban- 
(oaae,  aana  ft«ncliir  lea  limitea  de  la  reserve.  Maiiieurenae- 


ment  on  ne  8*arrete  pas  toojoors  an  Juste  point.  Trop  sou- 
vent  on  se  fait  peu  de  scrupule  de  manger  dans  la  main 
d^autrui,  et  alors,  conune  dit  le  proverbe :  lafamUUniU  en* 
gendre  U  m^pris,  Avec  des  personnages  d*une  grande  im- 
portance, lors  memo  qu^on  les  approclie  frdquemment,  II 
faut  beaucoup  de  meaure  poor  s'aventurer  ]usqu*^  un  ton 
noblement  familler;  k  plus  forte  raison,  faot-il  se  preserver 
d'un  abandon  plein  de  famiUarite  dans  les  manieres.  Toutea 
les  fois  qoe  le  commandement  doit  etre  execute  k  la  lettre, 
il  exclut,  dans  un  intervalle  donne,  toote  famlliarite  du 
snperieur  k  llnferieur  :  ainsi ,  enlre  gena  de  guerre  la  fa- 
mlliarite cesse  du  moment  ob  le  service  commence.  II  y  a  des 
professions  ou  la  lainiltarite  est  passee  en  cootume.  Les  avo- 
cats,  qui  en  plaidanl  s'attaquent  avec  one  acrimonle  ai 
perseverante,  se  tntoient  presque  tons,  comme  les  come- 
diens.  Saurr-PaoapEB. 

FAMILIERS.  Voyez  iRQmsmoM. 

FAMIUSTESy  sectalres  dont  fensemble  composait  ce 
qo'ils  nommaient  familie  ou  maUon  d'amour.  La  per* 
foction  chretlenne  conslstait  suivant  eox  dans  la  citarite. 
Aossi  professaient-ils  oniquement  cette  vertu,  etexcluaient- 
Us  Tesfierance  et  la  fot,  comme  des  imperfections.  Cet  atta- 
cliement  reciproque  qui  les  unissait  ies  ons  aux  aufrea,  et 
dans  lequd  ils  comprenaient  toot  le  reste  des  hommes,  leur 
avait  foit  donner  cette  denomination.  Telle  etait  la  puis- 
sance qu*ils  attribuatent  k  la  cbarite,  que  par  elle  Us  se 
croyaient  impeccables  et  places  au-dcssus  des  lois.  Henri- 
Nicolaa  de  Munster,  suivant  lea  una,  Armand  Nicolaa,  ou 
David-George  de  Deft,  selon  d*autres  historiens  de  cette  secte, 
se  donna  d*abord  pour  inspire;  puis  II  se  pretendit  deifie  et 
plus  grand  que  Jesus-Christ,  qui  k  I'entendre  n*avait  ete 
que  aon  image*  Rednit  au  silence  dans  une  discussion ,  au 
lieu  de  s'avouer  vaincn,  il  aliegua  que  PEsprit<Saint  lui  or- 
donnait  de  se  taire.  Lea  diadples  de  cet  entliousiaste  se  pre- 
teodaient  aussi  des  hommes  deioea.  II  a  laisse,  entre  autrea 
ouvrages,  V^vangile  du  royaume  et  La  Terrede  palx. 

FAMILLE,  reunion  dMndividus  (ormee  par  les  liens  du 
sang.  Le  utoi  familie  rappelie  tont  ce  qui  emeiit  le  coeur  de 
Tbomme  :  amour,  devouement,  respect,  reconnaissanee. 
L^amour  qui  unit  le  pire  et  la  mere  s'accrolt  encore  quand 
les  enfants  en  deviennent  Toilet,  et  se  dumge  en  devouement 
qoi  excite  la  reconnaissance  et  le  respect  de  ceux-d.  II  est 
peu  de  cceurs  que  ne  toocbent  ces  noms  d*epoux ,  de  pere, 
de  fils,  de  f^^re,  cette  magnifique  variete  d'affections  qui 
naissent  de  la  familie,  modde  de  la  sodete,  qui  n*existerait 
point  sans  die.  La  fomilie  ne  se  montre  dans  sa  perfection 
que  lorsque  I'union  de  Thomme  d  de  la  femme  est  indisso- 
luble, d  que  cliacun  reserve  pour  Tautre  exclusivement 
Tespeoe  do  sentiment  qui  le  lui  fit  preferer  d  dioisir.  II  n*y 
a  point  de  familie  dans  les  contrte  ofi  la  polygamic  est  en 
usage  :  les  femroes,  jalouses,  transmdtent  k  leors  enfants  IV 
verdon  quViles  ressentent  pour  des  rivales ;  d  dans  les  fils 
que  son  pere  a  eus  d^autres  femmes  cheque  enfant  ne  volt 
qje  Ies  fils  de  renneniie  de  sa  mere.  Sans  les  enfants  d'Agar 
et  de  Lia ,  qui  tronblent  le  repos  des  tentes  d'Abrabam  et 
de  Jacob,  la  familie  au  temps  de  ces  patrlaches  s'ofTrirait 
k  nos  yeox  dans  une  plenitude  de  majeste  d  de  grftoe  qui 
laisse  bien  loin  derriere  die  tons  les  charmes  de  notre  exis- 
tence modeme  :  de  la  pluralitd  des  femmes  viennent  les 
meurtres  qui  ensanglantent  lea  pdds  de  POrient.., 

Cest  du  pere  ct  de  la  mere  que  natt  la  fkmille  :  d'eox 
aussi  en  derivent  les  vertus  d  le  bonheur.  Leurs  exemples , 
leurs  preceptes,  produtront  Talfection,  leor  autorite  la 
maintiendiB.  Le  pere  travailtera  poor  fbomir  aux  besdns  de 
la  fSsmille,  soit  qii*il  administre  lee  biena  re^  de  aes  aleux, 
aoit  qu'il  en  acquiere ;  sea  fils  partageront  ses  travaux.  La 
mere,  renfermee  dans  sa  maison,  allaitera  lea  enfants ,  ins- 
traira  les  fllles,  s'occupera  de  {'administration  hiterieure. 
Ainai,  une  partte  de  la  familie  echangera  sa  force  phydqne 
et  morale  contre  les  soins  tendres,  asstdoa ,  patienta,  de 
Paotre  mdtie.  Tooa  neoessaires,  indispensablea  ao  bien-eti« 
common ,  ila  composeront  ce  toot  compid  qni  constitov  Ig 


i1& 


t'AMILLE 


famOltp  Yofll  rofdre  de  la  natum.  Les  Uens  da  stag  seres- 
flernotenooveparU  iriedeflimilla ,  leor  foroes'te  angmentey 
et  la  floeiM  profite  do  bonhear  dont  cette  Tie  est  la  SDwree 
eidont  l^^golsme  ne  pciam  Jamais  ^tre  le  priiieipe.  La  fiunille 
est  Tabr^  de  la  nation,  et  les  plua  sages  Mgislateors  se  sent 
efforote  de  reprodoire  dans  lears  codes  les  lots  qni  la  font 
prosp^rer^  Ms  qoi  se  rMolsent  k  «n  mot  t  Union*  Eo  vain 
riiomnie  Tovdrait  slsoler,  le  sort  Ta  fait,  dans  son  honnenr, 
dans  sa  fortune,  danssa  eliair,  dans  ses  os,  solldaire  de  sa  fa- 
mille,  on  ses  mistoes :  oo  ses  affronts  Tatteindront  totifours. 

Est-ee  done  do  cette  ntessit^  dHinion  que  nalt  la  violenoe 
des  haines  entre  ceax  que  la  nature  destinait  k  s^airoer?  La 
haine  de  famllle  sembfe  appeler  h  son  aide  tontes  les  pas- 
sions bumaines ,  et  les  hordes  Tenues  des  extrtoiitte  de  la 
terre  pour  se  combattre  montrent  moins  d*achamement  k 
se  d^tniire  que  des  enfants  con^s  dans  le  rodme  sein... 
Les  sod^t^s  roodernes,  par  difttrentes  insUtotions,  par  des 
cootumes  prorenant  du  melange  des  peuples,  par  I'extea- 
sion  du  coQirooroe ,  par  le  goOt  do  phiisir ,  snccddant  k  fa 
satisfaction  des  besoins ,  ont  afTaibU  i'esprit  de  femille;  ces 
soci^tte  ont  voqlu  r^uoiren  nn  large  cerele  les  anneaux  qui 
formaient  une  cbatne,  sans  cesser  d*aToir  un  centre  particn- 
lier.  Uest  douteux  que  le  blen  public  en  soit  augments, 
roais  certes  le  Iden  iiMiiTidoel  en  a  M  dimino^.  Non-seo- 
lement  les  joies  de  la  famille  ^talent  puree ,  mais  encore 
eiles  toiient  fadles ,  prplong(^iS,  et  toules  les  ^poqnes  de 
la  Tie  ^talent  appdto  k  j  partidpcr,  car  dans  la  femille 
le  ridicule  n'atteint  ni  les  cbereux  blancs  ni  les  rides  du 
du  Tieillard ;  la  puerile  et  brayante  gaield  de  Teafant  n*est 
point  importune;  les  cbannesde  la  jeunesse  exdtentPintMt, 
et  non  TeuTie.  Et  les  maux  do  corps,  ceox  de  TAme^  que 
la  soci^t^  rMoitau  silence,  oo  s'adouciront-Us  par  laplainte, 
06  serottt41s  teoot<te,  sooUg^s,  si  ce  n'est  dans  le.  sein  de  la 
Duuille?...  La  sagesse,  qui  nooslSut  aimer  laTcrta  etreeheiv 
cber  notre  propre  bien,  nous  apprendra  toojoors,  seooodte 
par  Texp^rience,  qne  dn  bonheor  de  notre  famllle  nalt  notre 
plus  sAre  et  notre  pius  solide  fidicitd.     C*^  na  Biuih. 

L*^roologie  du  noi  fauUlle  est  ineertaine  ;  Festus  le 
fait  Tenir  de  famel,  qui  dans  la  langue  osque  signUlait^er- 
vus ,  et  dont  Eanios  anrait  fait  famuli  racine  de  fanmhu, 
D*antres  le  tirent  do  gree  6|uX(a,  qni,  aTeo  le  digamma 
toli^ne,  derient  FoiuXioc,  couTersation.  Ge  nom  de  femille 
a,  du  reste,  M  donn^  tr^s-andennement  k  I'ensemble  des 
hommes  libres  d'une  maison  et  4  une  branche  particuli^ 
d'une  gens  romaine.  Qnelqaefois  gens  el/amUia  sont  oon- 
fondu8;cependant  on  lit  dans  Apulte :  QtUndedmliberi  Ao- 
mines^populus  est;  totidemservi/amUia;  toiidemvinctif 
ergasiulum.  A  Rome,  lechef  dela  famille  aTaitsor  die 
une  puissance  sans  Uroites.  La  puissance  pater  nolle  a 
cliez  nous  des  bornes  bien  plos  modestes.  N^anmoins,  la  fii- 
roilie  a  ^U  attaqute  par  des  noTSteors  :  on  Ini  a  reprodi^  de 
porter  k  Toubli  trop  complet  de  ses  seroblables  par  amour  des 
siensp  et  Ton  comprend  en  eflet  combien  rbomme  d^i^rlUi 
des  biens  de  la  terre  doit  souOrir  de  Toir  Tabondanoe  Aire  le 
lot  de  gens  qui  n*ont  souTent  d'aotre  rodrite  que  le  saToir- 
faire,  ravarice,la  bassesse,  les  passions  sordides  de  leursau- 
teurs.  Heureuseroent ,  ce  sont  lit  des  exceptions,  et  sans  re^ 
noncer  aux  Joies  de  la  iamille,  Tdlions  k  ce  que  diaoun  poisse 
Ubreroent  et  lionn^tement<^leTer  la  sienne  par  le  trsTdl. 

FAMILLE  (  Coiiseil  de ).  Voyez  Conseil  db  Famllb. 

FAMILLG  ( Droits  de ).  Voget  Daonra  db  Famillb. 

FAMILLE  (Moonaies  de),  expression  autrefois  syno- 
nymede  oelle  de  monnaies  con  sti /a ires,  et  qu'on  ap- 
plique ai^oard*hai  4  lontes  les  monnaies  romalnes  portant 
le  nom  dHme  famille  ou  d*uae  personne ,  de  sorte  qu*on 
comprend  mtoesoos  cette  denomination  les  monnaies  des 
monnayeors  sons  Angoste,  ele.  La  plopartdes  monnaies  de 
famille,  cooune  les  monnaies  consulaires,  sonl  en  bronze  et 
en  argent;  U  n^en  existe  qu^un  trte*petit  norobre  en  or,  car 
ce  n*est  qa^k  partir  da  Tan  206  aTant  J.-C.  que  ce  m^tal  se^ 
Tit  A  la  fabrication  des  monnaies.  Conmieoelles-d,elle9dir* 
^kreat  esaentiellemeat  dans  leor  empreinte  des  monnaies 


flrappte  aalonps  des  mapMaH^  ear  dies  soat  trts-rtdai 
en  lepr^sentations  hjstoriqoes* 

FAMILLE  ( Noms  de ).  Forres  Noas  nopRES. 

FAMILLE  ( Paetede ),  traits  fkmeux  n6goci6,  arscle 
plos  profond  myst^re  par  le  due  de  Cfaofseui,  princi|N| 
ministre  de  Louis  XV,  entre  ce  monarque  et  le  rn  d*Ei- 
pagne,  el  signd  an  rools  d*aoOt  1761.  II  sediTisdt  en  n 
arlifles.  Lesdenx  rois  y  traKaient  lant  pour  eux  que  poor 
le  rot  des  Deui-Sldles  et  llnfant  due  de  Panne.  C'^tait  nne 
aUianoe  offenslTe  et  dtfcnsiTe  entre  les  princes  r^ants  des 
diffifirentes  brandies  de  la  maison  de  Bourbon.  Cbaqoe 
prince  s'engageait  k  regarder  comme  ennemie  tonta  pais- 
sanoe  ennemie  de  l*un  d*eox ;  its  se  garantissaient  rfcipro- 
quement  tontes  leurs  possessions,  dans  qudqoa  partie  do 
monde  qu^les  fbssent  sitn^,  suiTant  I'^t  ob  dies  se- 
raient  au  moment  06  les  trofs  oonronnes  et  le  doc  de  Parme 
se  trouTeraient  en  palx  btcc  les  autres  puissances.  Us  s'o- 
bUgedent  I  se  foumir  les  seconrs  n6eessaires,  k  ftire  la 
guerre  conjofnteroent,  el  4  ne  Jamais  oonsentir  k  one  paii 
sdparte.  Loots  XV  renon^  au  droit  d'aobaine  en  France  I 
i^igard  des  sojets  des  rds  d*Espagne  et  des  Deux-Sidles,  et 
il  Alt  conTenu  qne  les  sujels  des  trofs  cooronnes  joulraieot 
i*Am  lenrs  Ittats  respeetif^  des  m#mes  droits  d  exemptions 
que  les  naUonaux  quant  k  la  navigation  et  au  commerce, 
sans  que  les  antres  ])u{ssances  europ^nnes  pussent  6tre  ad- 
mlses  k  cette  alliance  de  famille,  ni  prMendve  poor  leors  so- 
jets auxmtoies  aTantages  dans  les  £tats  des  trois  coiironnes. 
Le  due  de  Chofseol  regardalt  oe  traits  comme  Ptete  le  plot 
honorable  de  son  minist^ ;  il  ne  se  fUsait  pas  Itfasion  snr  lei 
rteultats  de  ce  traits  pour  les  Int^r^ts  materials  d^  la  France, 
mais  II  esp^rait  obtenir  une  pdx  moins  dteTaatageose, 
amener  one  utile  diTersion,  affaibiir  en  les  diTisant  les  forces 
de  TAngidenre  d  obligor  le  Portugal  k  se  dtelarer  contre 
rAnglelerre;  dans  le  cas  contraire,  II  esp^rdt  pooToir  s'em- 
parer  faeflement  de  ce  royanme,  oiiTert  de  tootes  parts,  et 
doubktr  les  forces  marllimes  de  la  France  par  F^djonctioa 
des  flottes  espagnoles. 

Ces  provisions  ne  se  r^Hs^rent  point.  La  ddsastrense 
gSire  de  sept  ans  conttnna  aTeo  pins  de  Tlolence.  Haisle 
doc'de  Chdseot  acquit  par  ce  traits  plus  de  pouTofr  d  d*la- 
floenee :  aux  portdenilles  des  affaires  drang^res  et  de  la 
guerve  11  rtonlt  cdd  de  la  marine,  d  le  roi  d*Espagne  lui 
euToya  Pordre  dela  Toison  d'Or,  qo'O  re^nt  das  mains  do 
dauphin  aTec  le  c^rOmonial  d*nsage.  Le  roi  Ini  donna  la 
charge  de  oolond  g^n^rd  des  Suisses  et  Grisons.  A  la  noo- 
Tdle  de  la  signature  de  oe  traM,  les  n^oddioos  de  piix 
entre  la  France  d  TAnglderre  oess^rent.  Le  roi  d^Angiderre 
chargea  son  amlMissadeur  k  Madrid  de  demander  au  minis- 
t^  espagnol  d  le  rd  ddt  r^ln  de  s*dlier  k  la  France, 
d'exiger  one  r^nse  cat^rique,  d  de  d6darer  que  tode 
teigiTersatiott  serdt  regardOe  oomme  one  dtelaration  de 
guerre.  La  fiertO  castillane  f^it  TiTcment  bless^  de  cette  no* 
tifioation,  d  bientdt  les  hostility  oommenc^rent  entre  TCs- 
pagne  d  TAngleterre.  Td  fot  pour  la  cour  d'Espagne  le 
premier  r^snltat  du  pacte  de  famille.  La  pdx  ne  fnt  rendoe 
il  TEurope  que  deux  ans  aprte. 

Ge  fltt  en  Tertn  do  pacte  de  fkmille  que  la  France  d  PEs- 
pagne  se  rdmireat  contre  T  Angleterre  dans  la  guerre  de  lla- 
dOpendancede  TAmOrique  septentrionde;  ce  fot  aosd  ea 
cons^ueace  de  ce  trdt6  que  la  oonr  de  Madrid  fnterrint 
diredemeat  enfhTeur  de  Lods  XVI,  d  qu'elle  fit  f^n  des 
propositions  k  la  CouTention;  td  fbt  aussi  le  motif  de  la 
guerre  que  cette  puissance  sontint  en  1793.  Loads  XVIlIss 
fonda  Element  sur  les  stipulations  du  pacte  de  f^mftte 
poor  faire  marcher,  en  18)3,  ses  armies  au  seconrs  de 
Ferdinand  VII.  Dupbt  (de  I'Yonne). 

FAMILLE  (Statnt  de).  On  appdle  dnsi  en  Allemagne 
on  eontrd  pass^  entre  les  membres  d*une  m^me  ftaiille 
Boble  d  privil^iOe  relativement  ii  des  IntMts  conununi, 
tels  que  laoonsenratlon  de  la  fortune  patrimonide,  I'emploi 
qd  doit  en  itra  fiait ,  les  formes  k  otnenrer  k  ronTertm«  du 
successions  y  las  fonndit^  n^eossaires  pour  nillder  des  ma*  ' 


PAAiCLLE  —  FAMILLES  NATUa£LLES 


J7l 


H«gesy  la  dArfgnation  d^un  chef  ou  repr^senlaiiil  (senior , 
iubsenior)  de  la  Ounille,  etc.,  etc.  Quoiqu^au  premier  coup 
d^ceil  de  pareiUes  conTentions  sembleDt  n^mi^reMer  que  )m 
roembres  des  (amilles  qui  se  trouTent  lito  par  ces  actes,  et 
qu'oD  puiBse  croire  dte  lors  qu^elles  n*ont  pas  besoln  d'etre 
coDilnnifes  ou  infirm^  par  I'itat,  oo  ne  saurait  oier  que  s*U 
^Uit  libre  k  cbacun  d^en  6tabHr  de  pareiUes,  la  masse  de  la 
nation  en  pourrait  6tre  Tivemeut  I^s^.  Ces  statuts  de/amillB 
ayant  suiiout  pour  but  rimmobilisation  des  fortunes  et  la 
coDcentrafion  de  la  oropri^t^  territoriale  en  un  petit 
nofflbre  de  Doains ,  l^tat  ue  doit  jamais  se  dessaisir  du 
droit  de  r^^menter  les  contrats  de  oette  esp^  et  d'en 
sttTYeiUer  Texteution.  Aussi,  dans  ces  deroiers  temps,  dilTi^- 
rente  gouTenieinents  allemands  ont-ils  d^id^  que  I'etablis- 
aement  des  stcUuU  de  famille  he  saurait  a? oir  lieu  sans 
lenr  autorisation  pr^alable.  L'acte  constitutlfde  la  conf^d^* 
ralion  germaoique  dnum^  cependant  (art.  14 )  au  nombre 
des  prif ildges  garautis  aux  families  des  anciens  princes  et 
eomfes  de  TEmpire  le  droit  d'aulonomie  ou  privilege  d*^- 
tabDr  h  Tusage  de  leurs  membres  tels  statuts  personnels  qu^il 
leur  plait.  Mais  si  les  statuts  de  famitle  peuvent  61re 
etabUs  par  Tassejitiment  des  membres  viTants  d*une  m^e 
toiileet  licnt  alors  leurs  descendants,  ils  peuvent  aussi 
^tre  abolis  en  satisfaisant  aux  mtoies  conditions.  Toutefois, 
I'tsseotiment  unanime  des  membres  Tivants  est  pour  cela  n^ 
eessaire ;  Tasaentiment  de  la  simple  msgont^  serait  insuOi- 
santyioit  qu^U  f<^t  question  dMtablir^  soit  qu'il  s'aglt  d'abolir 
uo  statut  de  iamille.  C^est  ainsi  que  les  gto^rations  &.  Yenir 
se  trou^ent  \\6e&  par  ce  que  leurs  p^res  ont  d^cid^. 

£n  Rrance ,  la  revolution ,  en  abolissant  tons  les  priyil^es 
de  la  noblesse  ffeodale,  a  mis  fin  aux  statuts  de/amUU;  et 
ceax  qu^on  teuterait  d'^tablir  seraient  radicalement  nols  et 
de  Qui  effet. 

II  existe  des  contrats  ou  statuts  de  famille  dans  la  plupart 
des  maisons  sou  veraines.  L*une  des  plus  remarquables  coa- 
▼eotions  qu^on  puisse  citer  en  ce  genre  ^tait  le  dtoret  qui  r6- 
glait  r^tat  des  membres  de  la  famille  de  Napolton  et  les 
Boomettalt  compMtement  k  ssl  puissance  paiemelle,  d^ret 
qoele  r^tablissenient  de  Pempire  a  fait  revivre  ( voyei  Fa- 

IliLLB  nOTALEy  FaMILLE  IHP^HULE). 

FAMILLE  ROYALIB,  FAMILL£  IMP^RIALE.  Sous 
Tsncienne  mooardiie,  on  ^tdoUssait  dans  les  (amilles  royales 
trois  divisions  bien  (Ustinctos  :  1®  la  maison  royale,  com- 
prenant  le  roi,  la  reine,  et  leurs  enfants ;  2^  la  race  royale^ 
1«  fibres  et  soeurs  du  roi,  et  lee  enlants  des  premiers;  3°  ie 
sang  royal^  compost  des  princes  qui  n'^taient  pas  tmrn^- 
diateraent  enlanta  de  rois,  ni  eofanto  de  fr^rcs  du  roi.  Ainsi, 
dans  Tordre  de  successituliUS,  tous  les  princes  de  la  maison 
ruyale  pr^c^diuent  ceux  de  la  race  royale,  et  ces  derniers 
pr^cMaient  les  princes  do  sang  royal.  Dans  le  cdr^monial, 
les  princesses  jouissaient  de  lapr^s^ance  qu'elles  devaient  k 
ce  ni^me  ordre  de  primogtoiture,  quoique  par  la  loi  sali- 
que  dies  fuasent  excliies  de  la  couronne,  et  que  tous  les 
princes  qu'ellee  primaient  y  eussent  des  droits  k  un  degr^ 
plus  on  moina  dlolgnd.  Le  titre  d'altesse  royale  ( usit^ 
en  France  depuis  1663  )  appartenait  aux  fils,  lilies,  ir^res 
etUBors'du  roi,  ainsi  qu^aux  femmes  des  fr^res  du  roi  et 
k  leors  enfants.  Lkint. 

La  a^iatua-eonsulte  du  10  novembre  1852  a  ^tabli  pour 
ii  fiuniUe  imp^riale  les  r^les  que  void.  Les  membres  de 
la  iamille  de  Louis-Napol^n  Bonaparte  appelds  6ventudle- 
ment  k  rb^r^dite,  leurs  <^pou«eSy  lour  descendance  1^- 
timedes  deux  sexes,  constituent  la /amifleimjD^Hato;  ils 
portent  le  titre  d*aUess$  HnpMaU.  Us  ne  peuvent,  aux 
termes  de  I'art  4  d\\  ddcret  de  21  Juin  18&3,  se  marier 
ans  rjMitorlsation  de  rirnipereur;  tout  marlage  entre  mem- 
bres de  la  famiUe  imp^rfate  fait  sans  son  consentement  est 
■oi  de  plein  droit.  Les  dispositions  suivanles  sont  appli- 
eaMes  et  1^  la  fami!le  impdriale  et  aux  membres  do  la  fa- 
uiiUp  de  remfiereur  ne  faisant  |)oint  partie  de  la  famille 
irapMale.  L'etupereur  a  sur  eux  les  droits  de  la  puis- 
fance  palernelle  pendant  teur  minority,  et  k  leur  niajorit<& 


un  pouvoir  de  surveiilance.et  de  dlsdpliiie;  ees  droits  ap- 
partiennentau  ri^gent  dans  lecas  4>ii  Pempereur  est  mineur 
iui-mtaie;  Temperear  pcononoe  seul  anr  leur  demande  ea 
separation  de  corps ;  ils  ne  peuvent  ni  adopter,  ni  se  ebargar 
de  tutelle  ofiideuse,  ui  reconnaltre  un  enfant  naturd  sans 
le  consentement  exprte  de  I'empereur ;  rempereor  r^  tout 
ce  qui  concerne  leur  Mucation;  ii  nomme  et  r^voque  k  to- 
lonte  ceux  qui  en  sont  diarg^ ;  il  pent  teur  ordonner  d'dol- 
gner  d*eux  les  personnes  qui  iui  paraissent  snspectea,  en- 
core qu'elles  ne  fassent  point  partie  de  leur  maison;  il 
pent,  pour  des  actes  contraires  k  leur  dignity  ou  k  leurs  de- 
voirs, leur  infliger  les  arr^,  Tdoignement  de  sa  personne, 
Texil,  et,  en  cas  plus  graves ,  sur  \t  declaration  du  conseil 
de  famille  institue  par  ie  titre  cinquiime  de  ce  mtoie  de- 
cret  du  21  juin  1853,  portant  que  les  laita  dont  11  a  ^16  saisi 
sont  reprehensibles,  prononcer  oontre  eux  la  pdne  de  deux 
ans  d'arr^ts  forces  dans  un  lieu  qn'U  designenu 

La  famille  imperiale  se  compose  au)ourd*bui  de  I'eoipereur, 
de  rimp^trice,  du  prince-  Jer6me  Bonaparte,  et  de  sa  des- 
oendaxice  legitime.  ]jes  autres  membres  de  la  famille  de 
Tempereur  constituent  simplementlafamiUe  dvUe. 

FAMILLES  N ATURELLES.  Sous  oette  denomina- 
tiun,  employee  pour  la  premie  fob  parMagnd,  botaniste  de 
Montpdlier,  les  naturalistes  modemes  ontgroupe  la  phipart 
des  productions,  soit  animales,  soit  vegetales,  et  m6me  mi- 
nerales,  dans  Tordre  de  leurs  ressemblances  ou  analogies 
et  aflinites,  comma  si  eUes  possedaient  entre  eUes  une  sorte 
de  consanguinite  et  de  parente  originelies.  La  famille  se  com. 
pose  d^une  collection  de  genres  analogues  entre  eux  par  leur 
structure.  Mais  dans  cette  coordination  dee  etres,  les  metbodes 
et-les  systemes  proposes  par  les  naturalistes  ont  jusqu'li  pre- 
sent sembie  si  incertains,  que  les  fiunilles  et  mftme  les  genres 
detd  botaniste  ouaoologiste  ont  snbi  sou  vent  les  plus  etran- 
ges  noodifications.  Kldn  dassait  les  quadruples  d'aprds 
les  divisions  des  doigts  des  pieds.  De  mtaie,  avant  Tour* 
nefort,  on  n*avait  pas  au  bien  constituer  des  genres  dans  les 
plantes.  Seulement,  cesalpbi  et  qodques  autres  naturalistes 
.avaient  dejk  etabli  des  associations  asset  regulieres,  conune 
ceUes  des  ombellififeres ,  des  graminees,  etc  La  mettKxle  de 
Toumefort  groupa  d'autres  families,  les  emdi^res,  les  pa- 
pilionacees,  les  liliacees,  les  labiees,  les  amentacees,  etc.; 
mais  separa  encore  md  k  propos  les  arbres  des  berbes.  Le 
syst^me  sexud  de  Linne,  d  ingenieux,  et  qui  excita  on  en- 
thousiasme  si  generd,  eut  le  grave  inoonv^aient  de  sdndec 
pludeurs  famiilas  trfes-naturdles  de  Tournefort ,  tdles  que 
les  labiees,  les  graminees,  etc.;  de  coofondre  dans  la  pen* 
tandrie  des  families  tv^s-distinctea,  lea  aolanees,  les  ombd- 
lififeres,  etc.  Cest  en  effet  le  vice  reprocbe  aux  systtmes 
de  ne  vouloir  condderer  les  etres  que  par  une  senle  sorte 
de  caractto,  comma  les  doigts,  ou  les  dents,  oo  les  nageoi* 
res,  etc.,  pour  las  animaux;  ou  la  coroUe,  ou  lea  etamines 
peur  les  plantes.  Ce  n*est  pas  que  par  certaines  liaisons  les 
CamiUesne  se  soudeni  entre  elles.  Les  fiunillea  se  classent  en- 
suite  en  difierents  ordres  dans  cheque  regno  {voyez  Amimal, 
BoTAMiQOB,  etc.). 

La  dasdfication deaminerauxen families,  sdt  cdle de 
Berzelios.  soit  ceUedeBeudant  dde  qudques  autres 
mineralogistes  ou  geologues ,  ne  depend  nullement  des 
memes  prindpes  que  edle  des  etres  organises.  Dans  la  mi- 
neralogie ,  ce  qu'on  appelle  familU  repose  sur  la  predo- 
minance d'un  dement,  ou  dkine  base.  Par  exemple »  la 
famille  fer  ou  cuiwre  parmi  les  metaux,  cdle  du  bore^  du 
soyfre^  du  carbone^  parmi  les  autres  corps,  se  compose 
d^autant  d'especes  qu'ii  y  a  de  combinaisons  ou  de  melanges 
dans  lesquels  ce  prindpe  predomine.  Berzelius  emploie 
cette  base  ou  Tdement  minerdise;  Beudant  prefix  le  prin- 
cipe  mineralisateor,  qui,  comme  dans  les  siliddes^  lea  av/- 
furideSfChlorideSfphospfiorides^  arsenides,  dc.,imprime 
ses  caract^rcs  aux  bases.  Chaque  substance  simple , 
d^apr^  Tillustre  chiiniMe  suedois,  est  done  le  type  d^une 
ftimille;  le  carbone  cnfante  les  divers  carbonates;  le  sou- 
fre,  les  sulfures ,  les  sulfates  |  qui  sont  lea  genres  et  e^ 


979 


FAMILIES  NATURELLES  —  FAMINE 


p^ces  de  cetle  CuniUe.  Quolque  le  8a%aiit  fran^ais  emploie  le 
prindpe  oppose  poor  oomtitaer  les  families,  cette  classift- 
cation  peat  ^galemeiit  condulre  h  la  oonoaisaaiice  des  mi- 
D^aux;  mSanmoinSf  die  est  peiii^tre  plas  inoompl^ 
quand  U  s^agit  de  dasaer  ceui  qui  renferment  des  min^a- 
lisateun  mulUplea.  Deplus,  le  r^gne  inorgaDique,  outre 
ses  oombinte  en  proportions  fixes,  tels  que  les  seU,  les 
oxydes ,  les  sulfures  et  autres  corps  dont  la  composition  est 
d^tinie  en  ses  alomes,  pr^sente  des  agr^ts  en  strates ,  en 
rocbeSy  en  terrams  de  formations  diverses.  Ces  rastes  d^p6ts 
on  accumulations  de  matdriaui  associ^s  prtentent  encore 
de  grandee  Cunilles ,  comme  celles  des  schistes,  des  argiles, 
des  mames ,  des  calcllres  secondaires  on  tertiaires ,  etc. 

J.-J.  ViREY. 

FAMINE  (du  latin  fames,  faim),  fl^u  destrocteor 
des  populations,  caus^  par  le  manque  absolu.de  denrte 
alimentaires.  Cest  \SidiiBtte  panrenue  k  son  dernier  terme. 
Les  causes  ordinaires  de  la  famine  sont  ou  IMntemp^iie 
des  saisons,  Pexcte  soit  de  la  s^cheresse,  soit  des  ptuies , 
qui  ont  Irapp^  la  terre  de  st^rilit^,  ou  des  guerres  d^vasta- 
trices,  qui  ont  ddtruit  des  rteolte^,  ou  enfin  Tliorrible  cupidity 
de  riiomme,  qui  accapare  les  moyens  de  subsistauce  pour 
ne  les  vendre  qu'au  poids  de  Tor,  ttoioin  la  trop  cilfebre 
famine  du  Bengale,  qui  d^rora  par  milliers  les  maUieui^eux 
Hindoos,  tandis  que  les  magasins  anglais  regorgeaient  de  rix. 
Dans  r^  que  nous  appelons  sauf  age ,  les  peuplades  guer- 
ri^res  ,  qui  ne  YiTcnt  que  du  produit  de  leur  chasse ,  sont 
expose  k  des  famines  fr^uentes,  lorsque  le  gibier  Ttent 
.k  leur  raanquer.  Ces  tribus  impr^voyantes  ne  trouvent  pas 
toBJours  facilement  de  nonveaux  cantons  k  d^peupler  d'ani- 
maux.  Les  hordes  pastorales,  Tivant  du  lait  et  de  la  cbair 
de  leiirs  tronpeauz,  peuvent  plus  ais^ment  cherdierde  nou- 
Teaox  pftturages,  quand  cenx  qui  nourissaient  le  b^tail 
sont  6puis^.  Us  ont  oependant  aussi  k  craindre  la  famine, 
si  une  steberesse  a  empteb^  Therbe  nourriGitee  de  croltre, 
et  s'il  faut  cbercber  au  loin  une  contrte  pins  fertile.  Alnsi, 
laraced*Abraham,  au  Uimoignage  de  r£criture,  fut  forc^ 
de  recourir  aux  greoiers  de  TEgypte ,  et  de  s'y  transplanter 
ensuite  eile-m^ne  pour  <^bapper  k  la  famine  qui  mena^lt 
les  pasteurs  bdbreox.  La  btelie  et  la  cliarroe  sont  les  armes 
les  plus  sllres  centre  la  famine.  Quand  les  Orecs,  dans  leur 
mylhologie,  Alevaient  desautels  k  G6rte  l^litrioe,  lis 
consacraient  one  reconnaissance  Mgitime  pour  ragriculture, 
fondatrice  dela  piopridt^  el  des  lois.  Cesteneffet  la  culture 
desgraminte  alimentaires,  c^est  anssi  la  propriety  du  iham\\ 
oil  croissent  les  rooissons,  qui,  rassurant  les  peoples  centre 
la  crainte  de  la  fiunine,  leur  permettent  de  clierclier  dans 
des  travaux  padfiques  et  dans  Tordre  de  la  society,  les 
garanties  de  leur  atoirit^. 

Cependant,  oelte  s^curit^  protectrice  a  ^  trouble  sou- 
vent  par  les  passions  ennemies  de  Tordre.  La  violence ,  ar- 
dente  au  pillage  pour  subsisier  etjouir  sans  travail,  la  fu- 
reur  des  oonqu^tes,  la  cupidity  effrtote  remanent  bientot  la 
diaette  el  la  lamine.  La  spoliation  que  ri^justice  puissante 
exeroe  au  sein  de  la  paix,  les  brigandages  de  la  guerre ,  raTis- 
sent  aux  pauvres  cultiTateurs  leurs  rteoltes,  et  portent,  avec 
le  fer,  la  flamme  et  les  rapines,  la  st6rilit6  dans  les  campa- 
gues.  Lorsque  la  destruction  des  petites  propridl^  eut  livr^ 
Tantique  Italic  k  la  culture  servile  et  au  p4turage  des  bes- 
tianx,  il  fallut  que  les  greniers  deta  Sidle  et  de  TAfrique 
alimentassent,  par  des  distributions  gratuiles  debl^,  la 
population  ronuiine,  r6duite  k  la  mis^  et  sans  ce%se  m^ 
nac<^«  ruir  la  fnuiine.  Cc  lldau  d^soleles  |ieuples ,  soit  lorsque 
la  multitttde,  sans  proprid^,  sans  travaii,ou  rcstreinteli  d*in- 
suRisants  salaires,  ne  pent  se  procurer  une  subsistance  as- 
siirte ,  soit  lorsque  des  peuptes  barbares  et  panares  se  pr6- 
dpilettt  sur  des  pays  florissants,  le  glaive  it  la  main ,  |)our 
en  d^vorer  les  ricbeases.  Aussi  les  ^poques  les  plus  afnfgte 
par  les  famines  sont-eUes  les  temps  d^sastreux  niarqu^ 
par  la  cbute  de  Pempire  romain  et  par  Ica  invasions  des 
peoples  fdroces  et  grussiers  de  TAsie,  de  la  Scandinavie 
et  de  la  Germanie,   Les  mis^res  et  les  guerres  adiar- 


nte  dn  moyen  Age  n*ont  pas  eld  moins  signages  par  ee  i 
Ses  ravages  sont  devenns  pins  rares ,  ou  se  sont  reofermte 
dans  de  plus  ^troites  limites ,  depuis  que  les  progrte  de  Tn* 
grieultnre ,  du  conunerce  el  de  Tindostrie  n'ont  cese6  dm 
multiplier,  pour  lea  nations  dviliste,  les  ressources  et  les 
moyens  de  subsistence.  Les  contrte  fertilise  par  una 
culture  habile  et  active  sont'de venues  les  ones  pour  les  autres 
autant  de  greniers  d^abondance,  ou  le  besoin  et  la  prd* 
voyanoe  peuveut  toujours  aller  diercher  leurs  approvisioii- 
nemenls.  Les  forines  des  ^tatsanglo-am^cains,  las  bids  de 
la  Crim^ ,  ont  aliments  les  mardi^  de  TEurope.  Toutee 
les  brandies  de  IMndustrie  manufaduri^re  ont  rivalit6 
entre  dies  pour  foumir  k  des  multitudes  laborieuses  les  sa- 
laires qui  les  nourrissent  Mais,  qudle que  soit  la  puissanoo 
rdelle  de  ces  ressources,  des  fails  nombreux  n^en  attesteot 
que  trop  rinsulfisance  cuntre  les  efforts  d*une  cnpidil^ 
cfTriote,  toujours  avide  de  propridtte ,  de  ridiesses ,  el  tou- 
jours oooip^  k  diminuer  le  salaire  du  travail ,  poor  angmea- 
ter  ses  profits.  Laissez  crottre  le  monstre,  el  les  disetles  pn 
tielles  qui  d^vorent  une  foule  de  malheureux ,  sans  que  In 
8odet6  s'en  toeuve ,  feraient  bientdt  place  k  la  famine.  On 
verrait  reparatlre  ce  fl^u  ,  comme  aux  ^poques  du  d^cUa 
de  Tantique  civilisation.  Rien  de  plus  important,  poor  en- 
tretenir  dans  un  pays  I'abondance  qui  pnivient  les  dlaettet 
d  les  famines,  qu^une  bonne l^islation  sur  le  commerce 
d»  grains.  AoaEitr  ns  Vitet. 

Depnis  les  teinpa  les  plus  recul^  jusqu'li  nos  Jours  les  fa- 
mines ont  6i6  extrtaieinent  (r^uentes  en  Asle  el  en  Alrique* 
KUes  y  ont  pour  causes  ordinaires  les  inondations ,  les  sd- 
cheresses ,  les  sauterelles,  etc.  Dans  ces  contr6es,  les  tour- 
meets  da  la  faiin  sontd'autant  plus  terribles,  que  les  peuplea 
n'y  petivent  attendre  de  secours  ni  de  lenrs  voidns  nl  de 
tears  gouveniemenls.  La  plus  andenne  famine  g6n6rale 
dont  Thistoire  fasse  mention  est  odle  qui  afRlgea  duranl 
sept  ans  la  grande  monarchie  d*£gypte.  Rome  ftit  souvent 
aussi  en  prole  aux  funestes  effets  de  la  fiunine,  surtout  sons 
Pempire,  et  particuli^rement  durant  le  r^ne  de  Tlluay 
Tan  79  de  Pdre  dir^tlenne.  Neuf  annte  auparavant  le  m^ma 
einiiereur  assldgeait la  ville  de  Jerusalem;  les  combattanta 
qui  mouraient  delkim'sur  les  remparts  daient  anssitOI  par- 
tag^  entre  les  survivants.  Sous  Maro-Aurde,  la  bmine  ee 
combine  avec  IMnvasion  des  barbares;  Tempereur  vendit  aa 
vaisi^elle,  son  ameublement,  leajoyaux  de  llmptetrioe, 
|K>ur  proairer  des  vivres  k  son  peuple.  Famines  affreuses 
en  Angleterre  en  272,  d  en  Italie  sous  Gallien,  en  260.  A 
Constantinople  en  446  les  habitants  se  voient  rMutts  k 
un  td  ^t  de  privations,  qu'ils  essayent  de  se  nourrir  de 
I'dcorce  des  arbres.  Famines  trto-fr^uentes  en  Chine, 
notamroent  en  451,  4&7, 461, 465 ;  pendant  pinsieors  disel- 
tes,  on  s'y  noorrit  de  chair  humahie.  L*£urope  est  soaveni 
aussi  expose  k  des  famines  longues  d  diSsastreases  depuis 
le  dnqui^me  siecle  jusqu'au  quatorel^me.  En  542  et  annte 
sui  vanles,  famine  dans  plusleurs  parties  de  TEurope,  de  PAsie 
et  de  TAfrique.  Cn  France,  en  645,  die  dure  plusleurs  an- 
n6es ;  en  056  et  ann^  suivantes ,  Clovis  II  fait  enlever  les 
lames  d'argent  plac('<es  par  son  p^re  sur  les  b&timents  do 
convent  de  Saint-Denis,  et  les  convertit  en  noonnale,  qu*il 
distribue  aux  pauvres. 

Wilfred,  dv6qtie  d^ork,  durant  une  famine  horrible,  en 
676,  montra  aux  Saxons,  dit  B6de,  le  moyen  de  tirer  de  U 
mer  qiidque  nourriture.  l/es  Ir^tientes  disettes  aiixqudlcs 
les  pays  septcntnouaux  de  TEurope  dtaient  andennement 
livi^  inspir^rt^nt  aux  Normands  leurs  invasions  dans  das 
pays  mieux  situ^t.  En  739,  famine  dans  toute  rAngjIeterre ; 
en  France  d  en  Allemagne,  du  temps  de  Charlemagne,  en 
776,  779, 793  d  794;  retour  de  ce  fl^u  en  France,  en  811 
et  843  :  les  haliitants  m61eut  de  la  terre  k  la  brine,  qui  seit 
k  leur  nourriture;  en  845,  861,  868,  872,  on  vtt  de  chair 
hiimaine  dans  quelques  pays ;  en  874,  une  famine  horrible 
produit  en  Allemagne  d  en  France  dea  maladies  oonU- 
gieiises,  qui  font  pt^rirle  tiers  <les  habitants.  Autre  famine  en 
France,  en  875,  876,  etc.  En  1006,  oe  Il4au  est  presqna 


¥AMfNE 

iMral  en  Europe  durant  pluslean  aondes,  et  y  d6- 
truit  le  tien  de  ia  population.  Autre  (amine,  en  1031 ,  qui 
dure  sept  ens.  Famine  en  Rossie  en  1023 :  lea  liabitants,  qui 
attriboent  oe  mallienr  am  conjorationa  magiques  de  oertaines 
fieillea  femmea,  lea  ^gorgent  toutea  impitoyablement  pour 
^carter  lefl^o.  En  1030  (amine  en  Europe  poidant  plusienra 
annta  :  dana  qudquea  partiea  de  la  France,  on  ae  nourria- 
aait  de  chair  bumaine;  on  alia  Josqu'^  en  mettre  en-Tente 
dana  tea  marchte  de  pludeura  Tillea. 

Autre  bmine,  en  1042  et  1043.  Faminea  en  Europe  en 
1053  et  1069,  qui  durent  sept  ann6ea.  Famine  et  peste  trfts- 
meurtri&rea  en  Russie  en  1092,  altribudea  k  un  6)onne 
serpent  toaM  da  del,  k  des  gdnies  malfaiaanta,  qui  enraient 
jour  et  nuit  h  choTal,  etc,  etc.:  en  peu  de  tempa  la  aeule 
ville  de  Kiew  perd  plusienra  milliers  d^habitanta.  En  1074 
)es  cbroniquea  ruasea  dtent  one  horrible,fiunine  canUe  par 
ksraTagea  de  aauterdles.  Famines  en  Europe  en  1096, 1 101, 
1 108.  En  1125  horrible  fiunine  en  Afrique;  on  grand  nombre 
d*habitanta  passent  en  Sidle.  Dana  la  m^e  ann^,  des  pluies 
etdea  inondationa  aoudahiea,  arriT6ea  au  moment  des  r6- 
coltes,  produiaent  one  disette  tr^meurtriire  en  France  et 
en  Allemagne.  Famine  affreuse  dans  lea  proTinces  septen- 
trionalea  de  la  Russie,  surtout  aux  enyirons  de  NoTogorod, 
enaoftt  1126.  En  1197  fomfaie  en  Angleterre,  qui  est  sniTie 
d*une  peste  trte-menrtri^re.  Les  bistoriens  ontcomptd  10 
fiimines  prindpaiea  en  France  dana  le  dixftoie  sitele,  26 
dans  le  enzitoie,  2  dana  le  douzi6me,  4  dans  le  quatorzi^me, 
7  dana  le  qnbudkne,  6  dans  le  adaitoiey  etc. 

En  £ooftBe  et  en  Angleterre,  famine  en  1314, 1315, 1316. 
En  1334  mtaie  Oteu  en  Italie,  en  Angleterre,  pendant  plus 
de  Tingt  ana.  Les  pluies  oontinnelles  tomb^es  en  1345 
d^trempent  le  soi  &  une  grande  profondeur  dans  la  plupart 
des  pajsde  Pfiorope;  les  semaiUea  du  printemps  et  de  Tau- 
toame  ne  rinaaissent  pas;  les  rteoltesde  Yin  manquent  aussi. 
Qoelques  gouTemements  italiena  font  de  grands  achats  de 
hl6  k  Tunis  et  dana  toute  la  Barbarie  pour  nourrir  leurs  su- 
jels.  La  d^Tastation  des  campagnes  et  la  rufaie  de  plusieurs 
pro? inces  dana  les  tongues  guerres  des  premieres  anntes  du 
qoiBzitaie  sitele  se  font  crudlement  ressentir  k  Paris  en  1420. 
Famine  trte-meurtri^redanscette  f  ille  et  dans  toute  la  France 
en  1437  et  1439;  tea  pays  autour  de  la  capitale  restent 
rinbabit^li  une  grande  distance;  lea  loops  Tiennent  d^Torer, 
Joeque  dana  Feiieeinte  de  la  TiUe,  lea  cadavres  abandonn^ ; 
on  promet  20  aols  pour  cbaque  t£te  de  ces  b^tes  fiiroces. 
Famine  en  France  en  1481 ,  suivie  d*6piddmie :  les  malades, 
alteints  d*une  fi^re  contmue,  ^rouTent  de  Tiolents  trans- 
ports, et  p^risaent  comme  par  des  acete  de  rage.  Famine  en 
Angleterre  et  en  £oosse  en  1483 ;  die  reparalt  dans  le  m6me 
pajs,  d^sole  la  France  et  I'Allemagne  en  1528  et  durant  les 
cinq  annto  anivantes.  Le  cours  des  saisons  paratt  intenrerti : 
le  printemps  ae  mootre  en  automne,  V€ik  eu  biver;  mais 
one  dialeur  excessiTe  r^e  presque  sans  interruption  pen- 
dant ce  temps  de  d^sastre.  Disette  en  llalie,  notamment  en 
Toscaae,  en  1&31  et  1534.  Famine  affreuse  en  1586,  causee 
■par  la  prtenoe  d^innombrables  bandes  de  sauterelles.  Di- 
nette eitrtoie  en  Italic,  particuii^rement  k  Rome,  en  1591 : 
Jes  liabitanta  soot  rMuits  k  une  distrilMition  Joamaliire  de 
qndques  oncea  de  pain. 

Horrible  famine  en  Russie  en  1601 ,  pendant  trois  an- 
Bte  entires:  plus  de  120,000  habitants  pdrissent  de  faim 
dans  la  aeule  Tilie  de  Moscou.  Famine  liorrible  en  Lorraine, 
en  1632,  durant  HnTasion  des  SuMois.  Calamitds  du  mCnie 
genre  endiil^rents  temps,  dans  plusienra  parties  de  t'Europe, 
notammentcnToscaneen  t5a2,etenFranoe,en  1669,  en  1693, 
et  1709.  «  Pendant  cette  annte,  dit  un  historien,  lea  pauyres, 
qui  moaraient  de  fiilm  en  France,  pr^parirent  du  pain  avec 
des  Inlands  oidinaires,qu'iIs  r^iluisirent  en  fifirlne;  Ton  ftt  one 
grande  consommation  de  cepain,  quoiqu*il  fftt  extremcment 
maoraia.  •  En  1768,  disette  extreme  au  Bcngale  :  lord 
Clire,  0MiTemcur  anglais,  exigea  a?ec  ht  plus  grantle  rt- 
gueor  des  Indicji!^  tributaircs  le  payenient  dc  11mp6t  en  ri/; 
ke  magjiains  de  la  Compagnieen  6taicntencombr6s,  tandis  que 

UCr.  nt  LA  COIITERS.  —  T.  IX. 


273 

lea  angoisses  de  la  fabn  d^ruisaient  une  partie  de  la  po- 
pulation bengalaise;  une  a^cheresse  extraordmaire  rendit  la 
fiunme  plua  meurtrite  encore.  Lea  Indous  sacrifiteoit  tout 
ce  quils  possMaient  poor  ae  nourrir  du  riz  qn%  avaient 
sem^  et  recudlli.  Un  grand  nombre  pMrent  debesou  dans 
leurs  maisons,  sur  les  grandes  routes,  aux  portea  m^mes 
de  Calcutta;  longtemps  le  Gauge  fut  convert  de  cadavrea; 
des  maladies  pestilentieUes  suiTirent  ce  fl^u,  et  veng^rent 
les  roaiheureux  Indoua  en  frappant  leura  oppresseors  eux- 
mdmes.  Le  Bengale  perdit  le  tiers  de  sa  population ;  hi  moiti^ 
mAme  p^rit  dana  qudques  provinces.  Pendant  la  diaette  qui 
tourmenta  I^Angleterre,  en  1794,radmini8trationbritanniqne 
de  PInde  exp6dia  pour  lea  ports  de  la  Grande  -  Bretagne 
14,000  tonneaux  de  rix.  A.  Satagreb. 

FAMINE  (Facte  de).  L'histoire  du  dix-septitoe  dtele 
a  fl^tri  de  ce  nom  le  monopole  des  grains ,  dont  la  f  uneste 
exploitation  livra  k  la  merd  d'une  compagpie  d'accaparenra 
privil^^  la  subsistance  de  toute  la  population  de  la  ca- 
pitale et  des  provinces.  Les  guerres  ^trang&res  et  intestines 
avaient  frapp^  de  st^lit^  une  grande  partie  do  territoire  de 
la  France ;  le  systime  de  Law  avait  boidevers^  toutea  les  for- 
tunes ;  nnterroption  des  optotions  agricdea  en  avait  €i& 
lMn<^.vitable  cons^uence;  des  disettes  s'^talent  fait  sentir.  II 
fut  focile  de  faire  agrfer  au  roi  un  nouveau  syst^e  ayant 
pour  but  le  commerce  des  grains  et  Ti^abUvseinent  d*une 
r^rve  sur  les  ann^  fertiles  pour  parer  aux  besoins  des 
mauvaises  annte.  Mais  on  trompa  sa  rdigion,  on  abuse  de 
ses  intentions  pour  exploiter  oe  syst^e  au  profit  de  qud- 
ques sp^ulateurs.  Le  gouvemement,  disait-on,  ne  pouvait 
faire  lui-m6me  cette  operation ;  il  convenait  d^en  charger  une 
r^ie  ap^ciale,  qui  partout  adiderait  des  grains  qiiand  Us 
seraient  almndants,  itablirait  des  entrepots,  et  revendratt  k 
des  prix  moddr^  dans  les  temps  dilficiles.  Tel  fut  le  motif 
qui  determine  Louis  XV  k  consentir  k  r^tablissement  de 
eette  r^rve  et  k  lui  ouvrir  un  cr61it  considerable  Fur  le 
tr^r :  le  premier  bail  date  de  1729 ;  sa  dur<^  devait  6tre 
de  douze  ans;  U  fut  signd  par  le  contrOleur  g6n6ni  des 
finances  Orry,  d  renouvd^  par  ses  suocesseiirs  jusqu'en 
1789.  Le  quatri^e  et  dernier  bail  fut  aouscrit  par  Ta- 
boureau  des  R^ux.  C'est  la  seule  op^tioo  de  son  trte- 
court  minist&re,  en  1777.  Tons  les  baux  ^talent  r^ig^  dans 
les  m^mes  termes;  il  n'y  avdt  de  change  que  le  nom  du 
monopoleur  en  chef.  Des  milliers  de  malheureux  p^rirent 
de  faim,  de  mis^re,  ou  dans  les  prisons,  les  bagnes  et  au 
gil)et.  L'histoire  a  conserve  le  souvenir  des  famines  g<^6- 
rales  qui  d^m^rent  les  populations  en  1740,  1741,  1752, 
1767,  1768, 1769, 1776,  1776, 1778, 1788  d  1789.  Le  people, 
cepeudant,  adressait  au  clief  de  l*£tat  ses  dol^nces ;  mais 
dies  n'arrivaient  pas  jusqu*^  lui :  les  mt^ress^  aux  immen- 
ses  b^ndices  de  la  r^e  obstruaient  toutes  les  avenues  du 
trOne.  Telle  fut  Torigine  de  cette  longue  guerre  au  pain , 
qui  dura  soixante  ans,  et  qu*on  vit  se  renouvder  dans  les 
premieres  annto  de  ia  revolution. 

Le  funesle  royst^re  alldt  cepeudant  cesser,  le  secret  de 
tant  de  d^sastres  allait  etre  r^vde  k  U  France  entiire  en 
Juillet  1768,  lorsqu'un  nouvd  Incident  couvritd'un  nouveau 
voile  les  operations  des  monopoleurs.  Riuville ,  prindpal 
commis  de  Rousseau ,  receveur  general  des  domaines  et 
bois  du  dudie  d'Orldans,  et  Tun  des  prmdpanx  assod^s 
de  la  rdgie,  avdt  communique  ie  dernier  bail  k  son  ami 
Le  Prev6t  de  Beaumont,  agent  general  du  derge,  en 
lui  permettant  d*en  prendre  copie,  et  lui  foumissant  sur  le 
mode  d^exploitation  du  bail  tons  les  renseignements  quMl 
ddsirdt.  Le  PrevOt  de  Beaumont  fit  dnq  copies  du  bail,  et 
y  joignlt  des  notes  explicatives  avec  une  requCte  qu*il  adressa 
au  parlement  de  Rouen.  Rinville  lui  propose  d'envoyer  le 
paquet  sous  le  contrc-sdng  de  la  r(^gic ;  Le  PrevOt  de  Beau- 
mont y  consentit.  Mais  le  paquet  resta  sur  le  bureau  da 
Rinville...  11  fut  ouvert  par  un  inspecteur,  lequd  adrcs>a 
siir-le-champ  Ic  paqni.'t  nu  iinanacr  Boului ,  qui  se  liAta 
d'en  confercr  avcc  le  lieulcnaut  gi^iieial  de  police  Sartines. 
L'inspcctcur  Maraid  fut  di^pechiu^  ti  I'lnstant,  muni  d*unc  lettre 

3« 


274 


FAMINE  —  FANAGE 


de  ciehely  poor  urrMer  Rfaivflle,  qa'<m  nisK  dans  toa  lit. 
On  8*«npara  de  tons  aes  papien.  Sea  dMaratioaa  amenireiil 
PempriamHieiBeiit  de  Le  mvdl  de  Beaikiiioiit  el  de  toiia  eeax 
qne  Pon  soop^onnait  ea  relali<»  iTee  ltd.  II M  aneeesaive- 
flient  enfemii^ ,  nam  de  faux  noma  ,kUL  BaatiHe,  k  ViBcennea 
ct  A  BicMre;  et  ee  ne  fat  que  pltiade  dix  am  aprta,  qu'une 
de  aea  parentea  apprit  ee  qu'H  ^tait  de^eou.  Sa  eourageoae 
r€f4\9lAm  iM  aonidte#xe,  et  pendant  aa  longue  captiTtt^ 
il  n^aTsK  eeaad  d*terire  an  roi  mteioire  anr  mtoioire;  mala 

^aucun  n^tait  parrenu  h  aa  deatinatloa.  Lea  originanx  et 

i  tona  lea  antrea  doeumenta  de  eette  alMre  ont  ^\6  troiHr^a 

^dana  lea  archlTea  de  la  BaatfHe. 

M  Le  dernier  bail  (1777),  qui  derait  Mre  reaoaTel^  ie  17 
Juillet  1778,  nommait  pour  preneura  Rol  de  CliauDM>nt,  re- 
eevenr  dea  dooialnea  et  bob  da  oomt^  deBlola;  Rooaseau, 
reeerear  dea  domainea  et  bola  du  eomt^  d'Orl^ana ;  Per- 
niebot,  rtgiaaeorf^n^rat  dea  li6pitaux  mHHalrea.  Muliaaety 
au  nom  doqnel  le  ball  ^lait  paaad,  agiaaait  comrae  agent 
du  roi.  B  devaK  ae  porter  partout  oft  I'exigeraR  le  aenrioe  de 
I'entrepriae,  poor  I'acbat,  le  tranaport,  la  manutention , 
rentr^6t  d«  graina  et  ferinea  dana  dea  chftteaox  forta 
et  quelquea  rteidencea  royalea.  8a  portion  d*lnt6rM  et  eeUe 
deg  quatre  r^genta  aop^rieura  dtalent  r6gl^  par  im  article 
apto'al.  Quatre  intendanta  dea  ftnaneea,  Tradable  de  Mon- 
tkny,  Boutin,  Langlola  et  Boalongne  ae  partagealent  lea  pro- 
Tmces,  et  oorreapoodaient  parlenra  agenta  aTeelea  hitendanta 
de  ebacone  d'ellea.  Le  lieutenant  g^niral  de  poliee  a'^tait  r^- 
aerfd  rexploitation  de  la  capltale ,  doa  enTirona  et  de  la 
Brie.  Le  bureau  g^n6ral  aTait  pour  aidge  I'bdtei  Doploix,  roe 
de  la  Juasienne :  il  ^talt  dirig^  par  Roi  de  Cbaomoiit  et  Per- 
rucbot ;  la  calaae  gfo^rale  ^(aM  tenue  iMtr  Googet,  auquel 
aoccdda  Mlrlavaux ;  lea  r^uniona  aTatent  Hen  ebei  fiin  dea 
intendanta  dea  finanoea,  ou  cbei  le  lieutenant  g6ntel  de  po> 
lice.  Le  dernier  article  du  bail  preaerivalt  aux  aaaod^  on 
don  annuel  de  900  llTrea  pour  lea  pautrea.  Une  pareille 
clauae  ^tait  plua  qu'une  derision,  e'^tait  on  blaaphtme.  On 
lit  dana  la  correspondance  dea  directenra  avecleiura  agenta  : 
«  SI  dana  Toa  acbats  Ton  tient  af  ec  trop  de  rigoeur  aor  le 
prix  que  Tooa  offrex,  dHea  quIlTieot  d'anirer  k  Rouen  dix- 
buit  bAtiinenta  cbaigia  de  bl^,  et  qu*on  en  attend  encore 
▼bigt-dnq.  On  ne  aait  paa  que  cea  bitimenta  aont  leanOtrea... 
Quand  la  diaette  sera  sensible  dans  Tofare  canton,  Tcndei  fari* 
nesetblte:  e'eat  le  moyen  de  voua  acquMrue  laconaiddra- 
tfon...  Si  la  chertd  montait  au  point  d^xciter  le  ndnistdre 
pubUc  k  Toqa  deoiander  d*expoaerenventelea  bl^  du  roi,  ne 
roanquez  paad'obtir,  mala  fendei  avec  moderation,  toujoura 
k  un  prix  avantageux,  etfaiteaauasitdt  d'un  autreoOt6terem- 
placement  da  Toa  Tcntea.  »  Cependant,  la  flunineallalt  tou- 
jourscroisaant,  aurtout  de  1768  k  nib.  «  Lea  babitanta  dea 
caoopagnea,  dlt  un  biatorien  oontemitoraln,  aetralnaient  avee 
dea  cbaudrona  au  bord  dea  riYiirea,  ddror^  par  lea  angoia- 
sea  de  la  faim  :  lea  yeux  fixda  aur  lea  eaux,  ila  attenddent 
lea  bateaux  qui  tear  apportalent  dea  graina ,  qulla  fidaaient 
cuire  aur  lea  lieux  mtoiea.  »  Dea  maf^trata,  dea  cur^a,  tou- 
lurent  Interrenir  dans  llntdrftt  de  leura  admbiiatr^  et  de 
leura  paroiaaiena;  ila  furent  Jette  dana  dea  prisona  d'Etat. 
Lea  autorit^  aup^rieurea  gardaient  le  ailenoe.  Deux  parie- 
ments  seula,  cenx  de  Rouen  et  de  Grenoble,  baaardirent 
dea  remontrancesy  qui  fbrent  aana  elfet.  LaUgoe  dea  monopo- 
leura  dtait  trop  compacts  et  trop  puisaante  :  elle  avatt  dea 
auxfliairea  ini^reas^  Juaquedana  le  conseil  du  roi. 

La  r^Tolution  de  1789  ^data  troia  joura  avant  Texpinition 
du  dernier  bail;  le  renouTCllement  (Utimpoadble;  lea  en- 
trepreneura  et  lea  croupiers  ae  disp^s^cnt.  Une  grande 
partie  dea  bMa  de  la  rtgie  arait  6td  transports  k  Jersey  et 
Guemesey.  11  fallut  k  force  d'or  Mre  rentrer  cea  approTi* 
siounemeots.  Le  banquier  Piaet,  alora  calssier  general  de  la 
nSgie,  etait  resl^  k  Paris;  le  29  juillet  1789  il  fut  lrou?4 
cxpirant  dans  le  bote  de  Vdsinet,  prte  de  SaintGermain-en- 
Laxi;,  oil  il  avaft  une  malaon  de  campagne:  un  pistolct  dd- 
rUa:;;^  etait  a  quelqiie  distance.  II  aurr^cut  trois  jours  k  sa 
blt5surc,  el  nc  ccssa  dc  soutenir  qull  a?alt  did  assassind; 


H  bisistait  aurtout  poor  qne  fan  aa^Tit  mi  poj1eAMiiller90|f 
qu^l  a?ait  laiaa^  dans  sonbdtd,  k  Paria,  et  aul,  disafi^l,  rei)> 
fermait  des  Tsleurs  eonsidMdea.  Le  portefeullle  nese  re* 
trouYa  point,  et  la  mort  de  Pbiet  Int,  centre  toote  naiaem* 
blance,  signal^  comme  PefTet  d'un  suicide.  On  dralua  le 
deficit  de  aa  caiaae  k  aoixante  mllUona.  Tdle  fut  la  catastro- 
pbe  qui  tennina  f exploitation  du  paete  <f«  fanHne  et  la 
9uerre  au  pain,  qui  a'^tait  perpdtu^e  dans  toute  la  Fvaaoa 
depuis  1729  jusqu*^  1789.  Dorir  (de  rVoooe;. 

FAMPOUX,  Tillage  du  d^partement  do  Pas-de- 
Oa  la  la,  its  kilomMnss  d'Arraa^aTec  1,005  babitauts.  Cest 
en  fkce  de  oe  bourg  que,  le  8  Juillet  1846,  s*accomplit  une 
des  plus  borribles  catastrophes  qn*aR  eu  k  enregistrer  la  duo- 
niqne  fbn^re  dea  cbemina  de  fer.  Le  confoi  piaiti  k  aepi 
beures  du  matin  de  Paria  pour  Brnxellea,  etcompoa^  deriogt- 
buit  Toiturea,  ae  troovait  sur  un  remblai  3ef d  de  aept  metres 
au-desaua  d^one  andenne  tonrblinre  remplie  d*eau.  Toot  k 
coup  un  d^raUlement  a  Keu  dansce  conrpl  trains  par  deu& 
locomoUTee;  onze  Toitores  ou  -wagona  sbnt  prddpit6s  plus 
ou  moins  loin,  plus  ou  mdns  profonddment  dans  le  marais. 
Le  norobre  dea  victimea  s'^leTa  k  quatorsa  peraonnea  tu^  el 
dix  blesades. 

FANAy  un  dea  noma  de  Fauna  ou  la  Bonne  D^esse. 

FANAGE.  Ge  terme  d'agricoHured^gne  lea  manipv- 
lationa  pour  la  conferdon  oe  I'berbe  fiiucbte  dana  ka 
pr^a  et  lea  prairiea  artiiiddlea  en  folp  ou  en  fourrage 
aec.  Elle  a  pour  but  d'erap^cber,  par  r^yaporation  dea  part& 
aqueuaes  que  contiennent  lesplantes,  les  actiona  chimiques  en- 
tre  lears  dltoienta,  leur  fermentation  ^  leor  d^mpa- 
aition.  On  fane  Therbe  en  la  toumant,  la  retoumant,  Pagi- 
tant  en  Tair  pour  la  faire  aMer.  Si  I'on  ae  rappette  que  la 
aantd  dea  beatiaux  depend  en  grande  partie  de  la  quality  des 
foorrages,  et  que  cetle  quaUtd  varle  beaueoop  adon  laa  adas 
apportite  an  Anage,  on  aentbra  toute  PImportance  do  eette 
operation. 

Pour  le  linage  dea  pr^  naturds,  en  eholaft  us  beau  temps, 
UQe  cbdeur  mod6r6e,  un  airsec  et  l^gterement  agit^;  llicdw 
abattue  est  ausdtdt  Asperate  aur  toote  la  aurCsce  du  pr^; 
tons  les  andinSf  formte  atant  qoatre  beorea  de  Taprte-cnMi, 
aont  ^pandua.  La  rteoKe  abid  diaposte  atebe  Tlte  et  faien. 
On  rertent  Tera  la  partie  dpandue  en  commen^ant,  on  b 
retoume^  puia  lorague',  le  aoMl  a'taicUnant,  la  tempMore 
baisse,  etque  la  roadedu  aoir  Ta  se  fonner,  le  foin  edrfaai 
en  masses  plua  ou  moins  grosees,  sdon  le  d^grd  de  aiodtt. 
Le  lendemaiUy  lorsque  la  roa6e  a  disparu,  nonvd  ^jmndage 
yen  nenf  beures  du  matin ,  mdmea  adna  pour  le  dep^ 
convenable  de  deaalceation  k  donner  aux  foine;  enfin,  rte- 
ninn  en  monceaux,  en  meulea,  boltelage  et  transpoit.  Darn 
jours  suffUent  pour  assurer  la  rfodte  du  foin,  quand  aoeane 
drconstance  d^favorable  ne  ralentit  lea  opdratlons  du  lanage. 
Malbeureusement  toutes  ces  bonnes  conditions  n^axlsteot  pas 
toijours  :  si  les  faucbeurs  oat  commene6  par  one  roa6^ 
abondante,  on  fdtun  demi-dpandage,  poor  qne  llieriM  ne  aoi( 
pobit  aalde ;  d  la  plole  eat  aiurenue,  l*berbe  eat  lalaafe  eti 
andma  et  retoumte  k  tempa  pour  emptelier  le  deaaona  de 
jaunir;  si  llierbe  ayalt  dprouv^  un  eommenoement  de  des- 
aiccation  lorsque  le  temps  a  menacd,  die  eat  miae  en  eke- 
vroUes.  Un  soleil  ardent,  un  Tent  dolent  et  sec,  d^vorenC 
lea  v^Maux ;  Tdpandage  eat  mdna  eomplet. 

Le  fimage  dea  prddes  artiflddles  pent  se  eondnire  comme 
cdui  des  pr6B,  et  c'est  en  effet  ee  qui  ae  pratique  dans  pres- 
que  toute  hi  France  :  anasi  ces  fonrrages  out- Us  tths* 
sou  vent  la  t(ge  cassantfiy  It  feoille  ndre  et  grilMe.  Mieux 
Taudrait  cependant  pr^venlr  oetle  desaiecation  Tidenae  par 
qudques  modiflcatlona  dans  la  manipulation.  La  Inxerpe, 
le  trifle,  le  sabifoln,  faucbds,  restent  en  andbu;  le  premier 
jour  on  se  contente  de  retoumer  oas  andins  poor  qu'ns 
^prouTent  dans  leor  masse  un  commencement  de  desafc- 
cation  Icnte.  Le  lendemain,  tots  les  nenf  ou  dix  beuies, 
sdon  la  quantltdde  roste,  on  prooMekun  demi-dpandage, 
dans  lequel  lea  tiges  sont  soulerta  le  plua  poadble ,  alia 
quo  Taur  d  to  cbdeur  operant  uniform^ment  sur  li 


PANA6E  --  FANABIOTES 


)7S 


Ott  raMHiTeile  eellt  optefioB^piiii  MUTent  qu'ii  le  faot,  et 
quand  U  detsiocation  est  eoavenablei  on  mal  en  bottat  on 
«■  mMke^  Mkm  It  dettiofttioB  on  les  habitudes  locales*  Le 
foarraie  aiaai  teaA  eonaenre  mie  bdle  couleor)  la  tige  est 
fleilUe,  la  feaUle  reate  adb^fenle  et  M  80  rWaH  fas  en  po«*- 
mbn  k  la  motedre  presaiea. 

hmfaneyn  el  les/oiMiifef  sent  les  bommea  etieafainnes 
empAoy^  wfatutfe*  Le/anoirMtmi  eOne  en  bote,  k  ctaifo- 
▼oie,  pluaon  moins  Hivfif  our  loqeel  onjcttarherbe  fiMielite 
dans  lea  pnirieB  inartragwiaea»  poor  la  fairo  s6cher. 

P.  GADsnrr. 

FANAL  (da  baa  latin  pAo»«/liMi»  bit  dn  greo  f«vd- 
piovy  lampoi  loml^)f  esptee  dofroaao  lanlarne  dont  on  so 
iert  snr  lea  novires.  Las  inarinB  ont  adopts  ee  terme  ft  Tex- 
dodon  de  toos  antres  :  jamato  les  mota  ioHierne  et  faM^ 
dont  fleet  synonymef  la  sont  prononeds  k  borddes  hMtments. 
n  7  a  des  fanaux  de  plusiears  espftoes.  Le  fanal  de  ia 
miehe  est  sospeadu  dana  la  batterle  banla,  toot  k  M  snr 
ravant;  il  ^elidn  leUea  oti  Ton  conserve  pr^eieusement  la 
Diteho  toujonrsdlamte  qui  sort  k  distribiier  la  kimttre  par- 
toot  06  11  en  est  beaoin.  Les  bousaolea  ont  aussi  lenr  fanal 
partieulier,  amd  de  rtfleetenrs  :  on  le  nomme  /oiMrf  d* AoM- 
taele.  II  7  a  encore  le  /anAl  de  to  ewte  aus  poudree, 
hn/anaus  de  eombtUt  que  Ton  aHume  dans  les  batteries 
eolrelea  canons  pendant  les  enManeiNa  de  nnlti  sont  plats 
d^anc6td,  poor  qu'on  prisse  les  aoerocbsr  eontre  la  mn- 
raiDa.  Le  fanai  simrd  est  nno  laateme  sourdo.  Las  fanaox 
que  Ton  empioiedansla  cale  sont  otdtnaireoMBt  garais  d'on 
grillage  en  filde  for. 

Poor  dviter  lea  abOTdages»  m  dtaret  du  chef  dn  pon- 
Toir  exdcutif  en  164a  a  rendu  obHgatoIre  pour  tonte  la  ma- 
rine fkan^yaise  on  syttae  d*delalrage  d^jh  adoptd  en  Angle- 
terre ,  et  qni  oonsiste  en  trois  finaox  :  blanc  k la  eoraedn 
nUtdemi6afaie,Tertfttribord,  roogeft  babord:  an  OMiyen 
de  cea  faux  de  ooutoors  diversesi  asset  semblables  aus  Ian- 
temes  attachte  aux  eonYois  deehemin  de  fer,  11  est  facile 
deie  rendre  conpte  non-seatonent  de  la  prtenea  d'un  na- 
▼ire,  mais  encore  do  sa  marche. 

Les  signanx  de  nuit  so  font  k  Taide  de  fanaux f  lis  sont 
les  signes  d'un  langaga  de  convention ;  lour  nombre  1  Tordre 
dans  lequel  Us  sont  dispose ,  fixent  leur  expression. 

Ragn^  les  aaTiras  na  portaieat  qn'on  tanl  de  ponpe, 
^osM  k  poste  fixe  au  eounmnemenl  de  I'arriftre.  Quand 
plosieors  bAttments  naTiguaient  de  oonserre  pendant  la  noil, 
lis  suspendaieni  au  mlt  do  Tarri^  nn  fanal  poor  indiquer 
lenr  position;  on  appeUdt  cola  faire  fanal :  eette  expression 
a  TieOH.  Dans  una  armte  navaloi  lea  fanaux  suspendus  k  I'ar- 
ri^  00  dans  les  bunes  sont  nn  signe  d'bonneur  et  de  com- 
mandemenl :  I'aroiral  commandanten  chef  et  les  chefs  d'es- 
cadre  ont  souls  le  droit  d'en  porter  ainsi ,  en  dehors  des  si* 
gnaux  de  nuit 

Fanal  so  dit  aussi  des  feux  qu'on  alluroe  durant  la  nuit 
sur  lea  UmrSy  k  Tentrte  des  ports  et  le  long  des  plages, 
ponf  indiqner  hi  route  aux  valsseaux.  On  dit  plus  ordinaire- 
menipharet 

PASASi  on  FANAL  (en  groe  <l»avd ),  qoartier  de  Co  n  s- 
iantinople,  sitn^  sur  le  port,  et  quirenferme  rdgllse 
de  5«aint-06orges,  devenue  la  m^tropole  et  la  demeure  des 
patriarcbes  grecs  depds  que  Sainte-Sophie  a  M  eonrertie 
en  roosqote.  Le  Fanar  est  habits  par  les  Greos  do  distmc- 
IJon.  C'est  \k  que  virent  dans  la  retraite  les  descendants 
des  Paleolognes,  des  Docasi  des  Oomntoes,  traltdsde  princes 
et  d'altesses  par  lanrs  domestiquea.  Ce  qoartier  est  ft  pea 
prfta  entiftrement  bftti  en  pierrei  et  see  Taatef  maisons  go-^ 
Ihlqoea  ddfienl  les  ineendieSf  si  frdqeants  et  si  terrlbles 
dans  lamMropole  de  Tlslua.  Cost  pw  unoporto  du  Fanar 
qne  lea  Tnrea,  en  I4S3|  pte^trtrent  dans  la  YillOf  tandas  que 
Pcmpeffur  Oonstantin  Draoes^  d^fendail  encore  la  tear  de 
8eint*Roniain. 

FANARIOTES.  On  d^iime  Mits  ce  nom  nne  c\tt^im 
deGfecahabitaBlle  qoatier  du  Kanarft  Oonf^lantinoplc,  qifl 
•ar  lema  riebaas^  et  lenr  esprit  d^inlrigiie  r^issirent  ft  ae- 


qndrir  une  grande  Inflnence  dans  les  eonsdla  de  k  Porte, 
etaorent  iTen  privaloir  poor  obtenir  et  oonsenrer  pendant 
plus  d'on  sMcle  le  gMttemamettt  exdustf  de  la  MoldaTie 
et  de  la  Valachie.  Aprfts  la  prbe  de  OonStantinOpte,  profitant 
de  rignorance  des  Ottomans ,  ft  qui  le  Goran  Interdlsait 
I'dtudedeslangoes,  llss'insinnftrentattprftsdeschefo  de  TEtat, 
d'abord  eomme  simples  traductenrs ,  et  anprfts  des  person- 
aages  riches  et  pnissants  eomme  dcrifains ,  gens  d'aflaires 
et  intendants.  On  donnait  ft  ceox  qui  remplissaient  ces  em- 
pkria  le  nom  oolleetif  de  Ypa|i,(ian«6i  on  ^ctmma^itter. 
Dans  le  principe  lis  ^talent  oonfondos  aYoeles  domestiques ; 
Poffioe  detradoctenr  de  la  SuUimO'Porte  n^emportait  pas 
mtaie  avec  lui  pins  de  considdratlon.  Hais  en  1669 ,  sous 
le  r^gne  de  MaliometIV,  on  mMedn  grac,  nomm^  Panaj*- 
takf,  porsoada  aux  mhiiatrea  qne  la  Porte  troiiTerait  bienplos 
de  fiddlit^et  de  discretion  dans  un  interprftteofllciel,  lionofd 
de  sa  confiance,  que  dans  d'obscurs  tiadoctenra.  Le  divan 
accneilHt  cette id^ ,  et  Panayotaki  fut  nommd drogman 
du  divan ;  on  lui  donna  nn  appartement  dans  le  palais ,  et 
Ton  ajouta  ft  eet  honnenr ,  non  sans  y  avoir  mfirement  r6- 
fltehi,  la  permission  de  laisser  crottre  sa  barbe.  Les  sncces- 
senrs  de  Panayotaki  cMitinuftrent  ft  jouir  de  ces  avanlages, 
et  <Mttrent  de  nouveaux  bonneiirs  encore.  L'l^btUon  des 
families  fanariotea  ae  tonma  dfts  lors  tout  entifttede  ce  cMi ; 
les  phis  dievitea  firent  apprendre  ft  lours  enfants  le  turc ,  Pita- 
Hen  et  le  fran^,  afinde  les  mettrs  en  dtat  de  remplhr  uii 
jour  TofHce  de  dro^nan  dn  divan. 

Plus  tard,  le  divan  crte  un  nouveao  drogman,  le  dropnan 
de  lafiotte.  Lea  ftmctioiis  de  ce  dernier  conststaient  ft  ae- 
compagner  le  capitan^pacha  lorsqo^ilallait,  cheque  aan^, 
recoeillirl1nip<yt  dans  les  ties  de  I'Arcliipel.  II  le  fempla^ 
mftme  aonvent  dans  cette  pereeptfon.  Cette  charge  assoralt 
au  Fanariote  qni  Texerfait  un  ponvoir  presque  sans  bornos 
sur  les  lies  de  TArchipel. 

Les  Fanarioteslnvestis  de  I'emploi  de  drogman  do  divan, 
^tantles  iatermMiaires  cl>ligtedetoiit6sIes  communicatiofts 
qne  les  Ignorants  ministres  de  la  Porte  entreteoaient  aveb 
le  reste  de  PEurope,  acquirent  par  cette  vole  to  plus  grande 
inflnence  dans  le  divan.  Enfin,  lis  en  arriv^nt  ft  Jeter  dei 
regarda  d'envie  snr  les  prorinces  de  Moldati  e  et  de  Va- 
lachie, qiti]osque  alors  avaient  M  goovemte  par  des 
cbeft  nationaux,  qnolque  sons  I'autoritd  jde  la  Porte. 
Tons  les  moyens  furent  mis  en  cenvre  par  les  Fanariotes,  et 
eo  1711  le  divan ,  sdduit  par  les  briHantes  promesses  de  ses 
drogman8,d6posalea  bospodarsnationautde  la  Moldavie 
et  de  la  ValacMe ,  et  coofla  ft  dea  Fanariotes  le  gonvernemefit 
de  ces  belles  prorinces.  Mavrocordato  fut  le  premier  Grec 
qui  qnitta  les  rives  dn  Bosphore  pour  aller  prendre  posses- 
sion de  lliospodarat  de  la  Valachie.  Une  foule  de  FanA- 
notes  s'attaehftrent  ft  hi  Ibrtone  des  nouveanx  hospodars  : 
ceux-d,  poor  aogmenler  le  nombre  de  leurs  cn^tnres  St 
humilier  Vordre  BoUe  dea  htffords,  donhftrent  ft  leurs  0016* 
patrioles  la  plopart  des  emplofs  cirils ,  religienx  et  mill- 
taires,en  oonfirant  letltre  de  hoyardt  ft  cenx  qui  oocupaieilt 
un  posletant  solt  pen  <lev^.  Comptant  ainsi  des  agents  dft- 
von^  dans  tootes  les  divisions  do  poovoftr ,  les  hospodars 
fanariotea  se  livrtrent  aox  exactions  les  plus  odieoses,  mei- 
tant,  comne  leers  proMgds,  la  coorte  dorfo  de  lenr  pula- 
sanoe  ft  profft  pour  ^enriehlr.  Harement  mtee  les  Intrigues 
du  diugnian  dn  divan,  poor  devenhr  liospodar  ft  eon  toof , 
permettaient  avx  hospodars  en  place  de  conserver  leur  an- 
torit6  frtns  de  dedt  on  trois  anites :  au  bout  de  ce  temps , 
patroil  et  cKente  tombaient  tons  ft  la  fois.  L'dpoutantable 
tyrannie  dea  prtnees  fanariotes  ^  enconr^g^  par  la  v^naliM 
dn  godvememeni  tore,  qni  partageaH  avec  eux,  ne  tobsMa 
pas  mains  dhm  aiftele*  Lorsqu'ed  1811  la  Orftce  eonmtanx 
amies  poor  brisef  le  joug  honteux  de  ses  oppreaseurs  4  ee 
f\A  au  aein  memo  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie  que  1*111- 
snrreotion  pilt  naissanee,  et  Mentdt  ces  deux  fyrovincM  se 
rirent  ft  Jmais  aflranclifes  dn  Mespotisme  dM  FAiarioles 

La  poneesion  des  liospodarats  de  Moldavie  el  de  Tela- 
diio  tt*dtait  point  Poniqae  snurcedes  riobesses  et  de  la  pt«is» 

35. 


27G 


FANARIOTES  —  FANDANGO 


s^  Ranees  families  faoanotes;  lesbanquiers  da  Fanar  dis- 
posatent,  en  ouire,  de  la  plupart  des  emploia  civiU  et  mfli- 
taircs  de  Tempfav  ottoman.  Qaoique  incapaUes ,  k  cause 
de  leur  religioii  >  d^'exercer  par  eox-mfimea  aacun  de  ces 
emplois ,  ils  en  achetaient  les  breteta  aa  grand-Yiair,  moyen- 
nant  un  present  considerable  et  une  soumission  pour  le  re- 
venu  total  de  deux  annte.  Tout  seigneur  turc  qui  aspirait 
au  conrniandement  d^one  forteresse,  an  pachalilc  d*une  pro- 
Tince,  ou  a  tout  autre  gootemement,  troutait  chez  Tun  des 
banquiers  afiid^s  du  yizir  le  firman  n^cessaire  k  son  instal- 
lation, atec  le  nom  en  blanc;  ii  s'engagealt,  soit  comme  as- 
soci^  du  banquler,  soit  comme  son  pr6te-nom,  soit  pour  un 
salaire  convenu ,  k  faire  rentrer  ce  dernier  dans  ses  atances; 
puis  il  partait  pour  la  province  muni  du  firman  qui  le  nom* 
mait  bey,  mousseiim,  Tayyode,  ou  paclia.  Un  commis,  Gn^ 
do  nation  el  de  religion,  Taccompagnait  en  qtialft^  de  gram- 
matisteou  secretaire,  et  administrait  en  son  nom.  Cetait 
par  ses  soins  que  les  deniers  arraches  anx  habitants  de  la 
proYince  par  la  cruaute  du  gouyemeur  s*ecoulaient  dans  les 
cofTres  du  banqiiier  et  contribuaient  k  former  ces  fortunes 
colossales  qui  donnaient  auxGrecsdu  Fanar  une  (r^grande 
part  dans  la  direcUon  des  affaires  de  Pempire.  Toutes  les  no- 
minations-aux  places  de  cadis  et  autres  emplois  de  judicature, 
qui  se  distnbuaient  ctiaque  ann^epar  milliers,6taient  igale- 
ment  acheiecs  au  grand-moufti  par  les  n^gociants  et  les 
banqufers  fanariotes;  elies  devenaient  entre  leurs  mains  Tob- 
jet  d'un  trade  fort  lucratif,  au  detriment  des  pauvres  jusli- 
ciables,  qui  en  definitive  supportaient  le  poids  de  ces  Id- 
deuses  speculations.  I^es  Grecs  du  Fanar,  non  contents 
d'exercer  cette  infiuence  occuite  sur  le  maniement  des  af- 
faires publiques,  surent  <^ement  s'em|»arer  ile  la  conduite 
des  affaires  privee;!  des  princes  et  des  seigneurs  turcs.  lis 
aclietaieut,  vendaient  et  geraient  en  leur  nom  une  foule  de 
douiaiufrs  que  Tignorante  apatliie  de  leurs  maltres  laissait 
k  Tabandon ,  et  les  Mn^ftces  quMls  retiraient  de  toutes  leurs 
transactions  irallaient  pas  k  moinsde  40  k  hO  p.  100.  Le  harem 
leur  foumissait  aussi  des  moyens  de  lucre,  et  bien  sou  vent 
ils  dij$putaient  k  de  vila  eunuques  le  honteux  monopole  des 
plalsirs  du  sultan  etles  benefices  que  procurait  la  satisfaction 
des  goOts  et  des  desirs  des  odalisques.  L*education  des  jennes 
Fanariotes  d*un  rang  distingue  etait  I'objet  d*un  soin  tout 
particulier ,  et  rien  ne  leur  repugnait  pour  accrottre  leur 
puissance.  Consulter  Marcos  Jallooy,  Essai  sur  les  Fana- 
riotes (OATseiWe  y  18)4).  PaulTiBT. 

F ANATIQUE.  Le  fanatique  est  oet  etre  foo,  extrava- 
gant, visionnaire,  qui  s^imagine  recevoirdes  inspirations 
subites  d*en  liaut;  c^est  aussi  cet  energnmene  qui  s'exa- 
g^re  les  devoirs  de  sa  religion,  au  point  de  regarder  comme 
des  crimes  toutes  les  croyances  qui  different  de  la  slenne, 
et  de  condaraner  ou  persecutert  an  nom  du  del,  ceux  qui 
ont  le  malheur  ou  le  bon  sens  de  ne  pas  poiser  comme  lul. 
Oette  denomination  fat  plus  particuUiremeBt  appliquee,  dans 
le  seizieme  siede,  It  une  secte  d'Oluminet  qui  parut  en  Al!e- 
magne  sous  la  conduite  de  Vigdlius,  et  d'an  savetier  nomme 
Jean  Bohm.  Celui-ci  se  posait  en  docteur  et  en  prophete :  il 
86  taisait  appelerle  philosophe  teutonique.  Sa  philosophie 
n^etaitpas  des  plus  bumaines;  ellejustifiaittoas  les  crimes, 
de  qoclqae  nature  qa'Os  fussent,  pourvu  qae  les  crimineis 
«e  prodamassent  iiupires  de  Dieu.  II  sufBsait  k  ces  cer- 
veaux  malades  d'associer  la  Divinite  k  leurs  sangofaiaires  ex- 
travagances pour  les  croire  jnstes  et  meritoires. 

VlBIIIfBr,  de  I'Aeademie  Prao^nlse. 
FANATISME.  Le  fanatisme  est  d*origine  reiigleose : 
il  eut  son  berceau  dans  les  anciens  temples  ( Fana ),  antonr 
desqueis  re^t  la  foule  de  ceax  qui  venaient  aspirer  les  va- 
peurs  ^phetiques  exiiaiees  de  leurs  soupiraux,  afin  de 
lendre  quelque  oracle;  car  fanum  lui-meme  vient  de 
/arif  parier.  Fana^  quod  fando  eonseerantur^  a  dit 
Festus.  Aussi  les  temoins  de  ces  iiirears  ridicnles  ont-its 
appde  fanatismB  toute  soile  d*entetement  enrage,  touto 
exaltation  de  senliment  qui  n*est  point  fondee  sur  la 
raison,  ou  qui  depasse  la  portte  des  moyens  ordinaires 


que  la  raison  sons  sngg^fl^nr  accrediier  nos  Uifn,  poor 
fidre  triompher  nos  opinions;  ainsi ,  H  y  a  nn  fanatisme  de 
liberie,  de  patriotisme,  d'amonr,  etc.  II  signifie  plus  par- 
ticuUerement  une  exaltation  aveugfe  et  passionn^e^  qoi  natt 
des  idees  superstitienses  et  poosse  k  des  actions  condam- 
nables,  ridicules,  injustes,  cradles,  qu'on  aonomplit  non- 
seulement  sans  honte,  sans  remords,  mais  encore  avecnna 
sorte  de  joie,  de  consolation,  persaade  qn*on  sera  agreable 
kDleu.  C'estle/ana^Ume  re/i9leiix,c'e8tlasuperstitioB 
mise  en  action ,  maladie  mentale,  contaglease,  qni,  dH 
qa*elle  s'est  enradnee  dans  un  pays ,  y  prend  le  caract^re 
et  I'autorite  d*un  prindpe.  Ainsi  les  sacrifices  bumains  ont 
sans  doute  pris  naissance  et  se  sent  ensuite  continues; 
ainsi  ont  agi  les  Jacques  Clement  et  les  Rayaillac ;  ainsi 
agissail  cette  pauvre  vieitle  femine  soafflant  lestisons  du  bft- 
Cher  de  Jean  Huss,  qui  ne  put  s'empteher  de  dire :  O  iancta 
simpHeitas ! 

F ANCnONNETTES ,  excdlente  patisserie,  qu'on 
sert  en  entremets  et  dont  le  foild  se  compose  d'un  melange 
bien  deiie  de  jaunes  d'oeufs,  de  aucre  en  poadre ,  de  farine 
tamisee ,  avec  un  grain  de  sel.  On  fait  ensuite  un  demi-litre 
de  feiiilletage  et  on  lui  donne  dome  tours,  puis  on  l*abalsse 
de  qiiatre  millimetres  et  demi  d*epaisseur.  Aprfescette  opera- 
tion, on  /once  avec  une  trentainede  moules^  tartelettes,  qu'on 
met  au  four,  clialeur  moderee.  Lorsqne  les  fandionnettes 
sont  bien  ressuyees,  que  le  feuilletage  est  de  belle  oouleur, 
on  les  retire  du  four  et  on  les  laisse  refroidir  On  prend  en- 
suite trois  btancs  dVufs  bien  fermes,  qu*on  meie  avec 
quatre  onces  de  sucre  en  poudre ;  on  remue  re  mi^lange, 
aitn  deTamollir,  puis  on  gamit  le  milieu  de  creme  k  la  va- 
nille,  ou  de  lait  d'ainandes,  ou  de  cafe  Moka ,  on  de  cho- 
colat.  On  (ait  aussi  des  fanclionnctles  au  raisin  deCorintlie, 
aux  pistaches,  aux  avellnes,  aiix  abricots,  ou  avec  des  mar- 
melades  de  pommes,  de  poires,  de  pecties,  de  coings,  et 
d*ananas.  On  masque  le  contenu,  quel  qu*il  soit,  avec  des 
blancs  d*(eufs,  et  sur  chaque  fanclionnette  on  place  en 
couronne  sept  meringues;  au  milieu  de  la  couronne  on  met 
encore  une  petite  meringue,  puis,  apr^s  avoir  glace  et  perie 
cet  entremets,  on  le  remet  au  four,  chateur  douce,  jusqa'4 
ce  qu'il  soit  d'un  bean  meringue  rougefttre  :  c'est  le  mo- 
ment de  le  senrir. 

FANDANGO.  Ni  ces  pyrrhiques  voluptueiises  tantcou- 
rues  des  Remains,  ni  ces  danses  des  Saltans  tant  c6iebrees 
par  Denys  d*Ralicarnasse,  n*approcberent  jamais  du  /%m- 
rfan^o  espagnol.  Mais,  pour  qu'il  plaise,  il  fkiit  que  le/an- 
dango  soit  bien  danse,  bien  execute ;  que  la  tete,  les  pieds, 
les  bras,  ie  corps  de  la  danseose,  se  meuvent  ensemble 
pour  exciter  le  trouble  et  la  volupte.  Les  Espagnols  raoon- 
tent  au  sujet  du  fandango  une  anecdote  qu'ils  donneot 
pour  yraie,  et  qu'on  nous  permettra  de  dter  comme  un  fort 
joli  conte.  La  cour  de  Rome,  scandalisee  de  voir  una  na- 
tion dtee  pour  rausterite  de  ses  moenrs  et  la  purete  de  sa 
foi  toierer  une  danse  ansd  yoluptueose,  resolnt  de  la  pros- 
crire,  sons  pdne  d'excommunication.  Les  cardinanx  s*as- 
semblent,  le  proems  du  fandango  sinstrait;  la  sentence 
ya  etre  mlse  anx  voix,  quand  un  des  juges  fkit  observer 
avec  raison  qu'on  ne  doit  pas  condamner  nn  coupable  sans 
l*entendre.  L'observation  paralt  juste,  die  est  aecndllie; 
on  fait  comparaltre  devant  I'assembiee  un  conple  espagnol 
armedeeastagnettes,  eton  lesomme  de  deployeren 
plein  tribunal  toutes  les  grftees  da  fandango  :  la  sevdrite 
des  juges  n*y  tient  pas;  les  fronts  se  derident,  les  visages 
8*epanouissent;  lenrs  Eminences  se  leyent;  des  pieds,  des 
mains,  dies  battent  la  mesnre;  la  saile  do  eonsistoire  se 
change  en  salle  de  bal;  le  sacre  college  imite  les  gestes  et 
les  pas  des  danseurs,  et  le  fandango  est  absons.  On  a  fait 
de  cette  aventure  nn  fort  Joli  yaodeville;  mais  la  scene  a 
ete  transportee  de  oe  e^te^  de  la  Bidassoa,  en  France,  k 
Saint-Jean  de-Luz,  et  les  cardinanx,  par  respect  pour  les 
roonirs,  ont  cM6  la  place  k  un  petit  tribunal  de  province. 
Tout  cda  s*appelle  Le  Proeh  du  Fandango,  et  c'eat  ftirenr, 
cliaque  fois  qn'on  le  joue  snr  tout  le  yersant  septeatriooal 


FANDANGO  —  FANON 


277 


te  Pyr^nte.  Cette  danse  est  fort  andenne.  CaUimaqoe, 
dans  son  Hymne  sur  D6los,  assure  que  Thds^  I'almait  a 
la  folie.  Le  poete  latin  Martial,  qui  4tait  espagnol,  en  Tait 
r^logs.  Pline  en  parte  fr^uemment  dans  ses  lettres.  On 
danse  encore  Id  fandango  k  Smyne,  dans  I'Asie  Miueore, 
en  Gterigle,  ii  Cacliemire  sardnit,  oil  les  femmes  sont  pas- 
sionnte  pour  ce  diTerttsaemcnt.  txig.  G.  ob  Mo?icl4ve. 

FANE.  Oo  donne  ce  nom  aax  feuiUes  des  c^r^ales  et 
des  plantes  alimentaires  Tulgairement  appddes  Ugumes. 

L'inToiucre  des  anemones  et  des  renoncnles  re^it 
ainsi  des  jardiniers  le  nom  de  fane. 

FANFAIUB.  mot  doUt  P^ymologfe  est  rest^  mal 
^dairde,  et  que  des  dcrivains  ont  suppose  aToir  ^td  produit 
par  barmonieimitatiTe  poor  exprimer  un  air  militaire  court 
et  yif,  on  brillant  effet  dinstruments  de  cuivre.  Cette 
expression  nous  Yient  de  Pe^pagnol,  et  peut-6lre  des  Maures. 
Au  temps  de  la  oonqnete  du  Mexique,  les  Espagnols  appe- 
Uient  fartfaron  an  oroement  de  bonnet  fabriqod  en  or 
da  NoQ^eaa-Monde.  Le  nom  de  fanfaron  dtait  dgalement 
domid  aux  dl^nts  aInsi  coifl^;  et  comme  tous  nos  mots 
d^escrime  sont  sortis  des  ^lles  d'armes  espagnoles,  elles 
nous  ont  aussi  pr^  l^expression  fan  far  on,  dans  le 
seosde6re/ai//euronde  ridomont.  Le  substantir  espagnol 
fanfaria  peignait  leur  vanitd,  leor  arrogance.  Les  fanfares , 
prises  dans  le  sens  de  concerts  d*in&truments  militaires , 
ft'appliquaient  hlstoriquement  k  la  marclie  des  comparses 
d )  ts  la  carrousels  et  les  toumois ;  elles  s*appliquaient  tech- 
ifiquement,  depols  Tordonnance  du  I*'  mars  176S,  k  cei^ 
tarns  signaux  de  caTalerie.  Le  martelial  de  Biron  cr^  k 
ses  frais  et  soutint  jusqu^  sa  mort  une  dcole  de  fanfares  au 
d^l  des  gardes-fran^aises.  Aigourdliui  c*est  un  genre 
d'cffet  musical  connu  dela  cayalerie  etde  Hnfanterie,  et  qui 
difl^  dea  sonneries  d^ordonnance  :  celles-ci  sont  dMnva- 
riables  moroeanx  que  le  cuivre  foit  entendre  sans  le  seoours 
d*one  cid;  les  fanfares  sont  des  airs  Yariables,  capricieux , 
de  droonstance,  que  prodoisent  dans  I'infanteri V|)s  clai- 
rons  k  clef,  ainsi  que  dans  la  cayalerie  les  bugles  a  clef,  les 
con,  les  ophiddides,  les  trombones,  les  trompettes.  11  se  dit, 
en  tarmes  de  cbasse ,  de  Fair  qu*on  sonne  an  lancer  da 
eerf.  G**  Baboiii. 

FANFARON.  Cost  aInsI  qu'on  dteigne  nn  faux  braTe, 
00  oelai  qni  cbercbe  k  passer  ponr  braTe  sans  Tdtre.  La 
fanfaronade  doit  done  dtre  ddflnie  Phypoerisie  du  cou^ 
rage,  Les  habitants  de  la  Gascogne  ont  dtd  de  tout  temps 
r^atds/oT^arona,  et  oette  province,  quoiqu'eUe  contienne 
d'ailieors  d^aitsd  brates  gens  que  toote  autre,  a  dtd  le  ber- 
ceaa  ^one  foule  d'aneodotes  plaisantes,  qui  font  plus  dlion- 
oenr  an  caractte  spiritoel  d«i  Gascons  qu^dles  ne  peuTont 
rdeOement  nnire  k  leur  rdpntation  de  bravonre.  On  ne  donne 
pis  senlemat  le  nom  de  fanfaron  k  un  lAcbe  qui  affecte 
oae  bravoare  qnll  n'a  pas,  mais  encore  k  quiconque  se 
▼ante  outre  mesnre  dequelqaes  qnalitds,  on  mdme  des  dd- 
frats  qnMlne  poss^  pas  da  toot,  on  dn  moins  qo*k  un  trte- 
(Ubledcgrd. 

FANGE9  bone,  boorbe,  terrea grasses,  hnmides,  ma- 
/dcsgeosea.  Ce  mot  Tient  de  phanum,  basse  latinitd,  selon 
Da  Cange,  oa  de  fangue,  vieux  mot  fran^ais  qni  dgnifiait 
lae  eimaraU,  oa  defaignes,  mot  flamand  encore  en  usage, 
oa  dn  ceMe  on  bas-breton /ancg.  U  signifie,  au  figurd  et 
dans  les  disoonrs  ascdtiqaes,  les  souUlures  da  pdchd.  U  se 
ditcneore,  par  mdpris,  d*ane  condition  basse,  abjecte;  et 
s'sppSqoeenfin  kla  bassesse  d'esprit,  de  style,  de  langage. 

FANIONy  mot  dont  Td^mologie  est  allemande,  et  dont 
rorthographe  aea  des  formes  tite-Tarides.  II  Tientde/sAne, 
evdgne  00  drapeau.  Ce  substantif  s'dtait  reprodnit  dans  le 
bas  latin  fano,  f ononis,  qui  s^est  frandsd  depuis  la  guerre 
de  1687.  Le  ftnion  dtait  un  petit  drapeau  dont  I'dtofTe,  en 
serge,  aTalt  k  pea  prte  un  pied  earrd;  on  Femployait  d*a- 
bord,  dam  cette  gnerre,  k  la  police  des  dqoipages;  diaque 
ofllder  gdndral  avait  son  fonion  de  la  eouleur  de  sa  livri^e; 
chaqae  corps  aTait  son  fanion  de  bagages;  c^dtalt  coinine 
rdliqoelle  an  moyen  de  laquello  le  Tagnemestre  gdndral  das- 


sait  et  groopait  les  valets  et  les  cbeyaux  de  bdt  L'osago 
sintroduisit  bieutdt  do  se  servirde  fanions  comroedefiches 
decamperoent,  et  cheque  compagnie  d'infanterie  commenca 
k  avoir  le  sien,  dont  le  sergcnt  d^aflaires  ( il  n'y  avait  pas  en- 
core de  sergents-majors  )  dtait  le  ddpositaire.  11  y  avait  bien 
des  sidcles,  d*ailleurs,  que  les  troupes  diinoises  avaient  des 
fanions,  quand  les  Occidentaux  commencdrent  k  en  employer; 
mais  ceux  des  Chinois  avaient  le  double  avantage  de  servir 
nuitamment  de  rdverbdres  dans  les  camps.  Cet  usage  des 
falots  k  hampe  n'dtait  point  toutefois  Inconnu  des  Idgions 
romaines.  Dans  la  premi^  moitid  du  dix-septidmesitele,  l^u* 
sage  des  fanions  ne  s'dtait  pas  malntenu  dans  les  troupes 
fran^ises ;  mais  dans  les  arrodes  anglaises,  hollandaises 
impdriales,  prussiennes,  ils  concouraient  k  distinguer  les 
compagnies  d'infanterie.  Les  rdgiments  fran^is  en  repri- 
rentdesdtrangers  la  mode;  toutefois,  la  Idgislation  ne  s'en 
occupa  qu'en  1753.  Le  sergent-fourrier  avait  k  cette  dpoqoe 
la  garde  du  fanion,  et,  quand  un  corps  faisait  route,  chaqne 
sergent-fourrier  arrivd  au  lieu  du  gite  faisait  flotter  en  de- 
hors de  sa  fi^ndtre  son  fanion,  pour  indlquer  sa  demeure 
aux  soldats  qni  auraient  besoio  de  la  connaltre.  Les  ordon- 
nances  de  1788  ne  reconnaissaient  par  bataillon  que  trois 
fanions  :  Tun  d'eux  dans  les  manoHivres  reprdbontait  le  dra- 
peau, les  deux  aulres  dtaient  confids  aux  guides  gdndraux, 
guides  dont  Tinvention  venait  d*avoir  lieu.  Quantild  de 
dispositions  rdglementaires  se  sont  de  nos  jours  contrarides 
au  sujet  des  fanions,  sans  qu*il  en  soil  encore  rdsultd  de 
principes  simples,  dairs  et  vraiment  utiles.  11  manque  aux 
Fran^ais  ce  qui  se  volt  en  d'autres  arm<^,  ce  sont  des  ca- 
valiers porteurs  de  fanions  et  cbargds  d'etre  guides  dans 
les  grandes  manceuvres  et  de  ddfendre  le  terrain  des  dvo- 
lutions  centre  les  envahissements  des  cnrieux  et  rimpru- 
deuce  des  badauds.  G*'  Bardin. 

FANNIA  (  Loi ),  loi  somptoaire,  ddcrdtde  I'an  de  Rome 
593,  sous  les  auspiies  du  consul  C.  Fannius.  EUe  bornait 
la  ddpense  des  grands  festins  4  100  as  et  celle  des  repas 
ordinaires  k  10.  Une  autre  loi  Fannia,  ddcrdtde  sous  les 
auspices  du  consul  Fannius,  donnait  au  prdteur  le  pouvoir 
de  chasser  de  Rome  les  rbdteurs  et  les  philosopbes. 

A.  Savagnbr. 

FANO9  le  Fanum  Forttaue,  rt  plus  tard  la  colonia 
Julia  Fanestris  des  Remains,  port  de  mer  et  sidge  dpis- 
copal  des  Etats  remains,  dans  la  ddldgation  d'Urbino  et  de 
Pesaro,  sur  la  route  de  Bologne,  situd  de  la  manidre  la 
plus  pittoresqoesur  les  herds  de  TAdriatique,  k  remboucbure 
d'un  des  bras  du  Metaure, est  une  viile  bien  bdtie,  entourde 
de  murs  etde  fossds.  EUe  possdde  une  cathddrale  et  plosieura 
autres  dglises,  od  se  trouvent  qodques  belles  toiles.  On  y 
voit  sidze  convents,  one  acaddmie  nobl^,  un  grand  et  ma* 
gnifiquetbddtre,  une  bibliotbdque  puhlique,  les  ddbrisd'un 
arc  de  triompbe  remain,  et  qudques  autres  mines  Intdres- 
santes.  En  y  comprenant  ses  faubourgs,  qui  s^dtendent  fort 
au  loin,  die  compte  15,000  habitants;  et  die  est  le  centre 
d'un  commerce  fort  actif  en  soles  et  en  cdrdalea. 

FANON.  On  appelle  afaisi  la  peau  qui  bat  sous  la  gorge 
d'un  bmuf,  d'un  tanreau.  II  se  dit  aussi  de  Tassemblage 
de  crins  qui  tombe  sur  le  derridre  da  boulet  de  pludeurs 
cbevaux  et  cache  Tergot  Les  lames  comdes,  ou  barbes 
qui  pendent  des  deux  cdtds  de  la  gueuie  de  la  baleine,  et 
gamiasent  transversalement  son  palais,  se  nomment  aussi 
fanons,  Ces  lanons  retiennent  les  mollnsques  qui  ferment 
la  nourriture  de  ce  cdtacd.  Cost  avec  les  fanons  de  baleine 
que  Ton  a  commencd  4  faire  tout  ce  qoi  sort  k  mafaitenir 
les  corsets  des  femmes,  les  buses,  baldnes,  et  en  gdndral 
plusieurs  sortes  d'ouvrages  pour  lesquels  on  a  besoin  d'une 
matidre  pliante  et  qui  fasse  ressort,  comme  lea  baleinee 
d'un  parapluie,  d'un  coL 

En  termes  d'dglise,/aiio]i  signifie  un  manipuie  ou  oroe- 
ment de  la  largeur  d'une  dtole,  que  les  prdtres  et  les  diacres 
portent  an  bras  gauche  en  oPidant  En  tcrroea  de  blason , 
c*est  un  large  bracelet  pendant  du  bras  droit,  fait  a  la  ma- 
nidre  du  manipule  dont  nous  venons  de  parler.  Fanon  ae 


J7» 


FANON  —  FANTASMAGORIE 


dit  ^gataient,  au  plorid,  del  den  pendants  qui  sont  an 
derriSre  de  la  mitre  d*on  ^yftqae ,  de  la  oooronoe  dea  etn- 
peredit,  et  dea  pendanta  d^one  bannitee.  Lea  marina  ap- 
pellant fmon  le  raccourdssement  da  point  d^une  Toile, 
lotaqtt*on  la  raraaaaeaTee  dea  garoettea  pour  prendre  taoins 
de  vent. 

•  Le  plnriel  de  foLntm  aTiit  it  n*7  a  paa  longtemps  one 
d^mi^re  aoception  dans  lea  adencea  medicates.  On  nommait 
ainai  dea  attdlea  ou  lainea  flexiblea  el  rteiataiftea,  d'ane 
orme  partlcuUte,  employees  ap^daletnentdana  lea  fracturea 
e  la  ettlaae  et  de  la  jambe  pour  meintenfr  lea  fragmenta 
es  oa  en  eontaet.  On  diaait  appliqaer  lea /ano^t.  Depnia, 
1^8  oltirtirgiena  ont  rcmp1ac6  les  ianons,  k  caase  de  leora 
inconrtot^,  par  dea  attellea  ordinairea. 

Edflni  une  petite  pl^ce  de  nionnale  dea  Indes,  en  argent, 
Talant  at  eetitlffiea,  porte  aoaal  le  nom  deyimoit. 

FANTAISIE^  root  Tenn  dn  greo  fovraaCa,  qui  aignlfle 
viiitm,  Dans  sa  priroititeaceeption,  qui  a  tidlll,  il  d^igoait 
rimaginatlon.  11  ae  prend  aojoiird*hoi  anrtout  pour  caprice, 
bontade,  bfaearrerle,  que  oeux  qni  T^prourent  itiotiveraiedt 
tllffidlement.  G'ett  de  la  l^retd,  protenant  de  rage  on  da  ca- 
raetftre,  que  naftte/ctfflaiaia;  elledifAre  da  capHoe  par  sea 
ob)et«,  qui  aont  dmineniment  fritoles,  et  par  mohu  d'tnten- 
Rit^  encore.  La  fanioiiU  a'eieroeaur  lea  babita  el  lea  petite 
meubl^  inutilea;  lea  fotilit^  aedlea  IVudtent,  el  on  croll 
si  pen  r^r^henaible  de  a*y  litrer  qo'on  atone  lui  6tfe  soumls. 
Oh  ae  raine  pourtaitt  qitdqoefoia  par  dea  fantaialea.  S'aban- 
donner  I  aea/t n/dMlas  noit  an  bonbenr,  ear  II  est  tmpos* 
aible  de  lea  satiaHdre  eonatatmneni,  et  satisfattea,  dlea  rie 
procorent  pins  aoonn  pkdsir.  ij»fiint<A$ie$  diet  les  eft- 
fants  consiaiettt  X  f  odlcrtr  diange^  de  lien,  de  Joneta,  d*aU* 
meatsi  k  ae  plaire  aHetnatitettient  atee  dlfR^tes  pero> 
sonnes.  II  esl  peil  d^horomes,  qudque  sagea  qn'ila  solenf ,  qnl 
n*alent  parfoia  tih^fantaM^i  et  qui  ae  e'en  repentenf ;  mais 
uB  penebant  baMtml  k  agir  sans  moOr  et  k  yarier  cbaqoe 
Jour  est  inoompatible  atec  le  sens  eoiimiua. 

/vmreiifie  aignlfle  paribis  envie  :  Bf^  de  Sdrlgnd  M\i 
q«e  la/d^itolite  Itti  pnnd  de  metlre  de  la  ertoie  dans  son 
cafi. 

IjC  nom  dOttd^  I  Tid^e  ftigitiTe  appe14e/anf aisle  d^igne 
a«asl  les  etioAea  qif*elle  fait  dflafrer.  AhMl^  on  appe1le/an- 
mmm  lei  ometnenta  de  clienrttt<$e,  de  console  on  d'^a- 
tkft,  cofisfafailt  en  petlta  aojeta  d'itdre,  de  porcetafne,  de 
cHstal,  ate.  Il  est  Men  fare  i^  Part  soft  poor  qoelque 
chosA  dans  la  eottfecHliM  de  ees  db|e(s.  Le  prfi  des  tcmtai- 
siis,  baa«  atir  riMstabiritd el  la  d^l?t6  de  rimagf nation, 
est  trte-^leta  I  ft  HbaortRS  (H'dttialremeirt  le  snperiln  de  la 
ftprtmte  dea  riches*  On  Utt  pedt  ftfeefiariiableni  g^n^retR 
qnand  o*  saHafaH  smfoHtaUki ;  en  eit  eonoyeux,  fati^, 
insnpfiarfaMe «  qnand  m  n'agK  ^ttl*k  sa  fimtaisie. 

€"•  ne  BaAbt. 

F  AFfTAlSn  ( MUaqus )  slgnHle  tine  chose  intents  k 
plalalTi  et  dana  taqhdle  m  a  plutdC  sditl  le  eaprlce  que  les 
r^^les  de  Tart.  Les  grands  Maltres,  lets  qtfe  Bach  et  Mt* 
aarti  ofct  m  reediira  k  H/mMMe  p(mt  ouvrir  mi  du^p 
ploa  taafe  I  la  f^ccfuditd  de  ieur  g^,  et  trouyer  aiasi  \^ 
moyen  d'entployer  une  faHnftd  de  reeherdMS  harinoi^ea, 
de  modttUtiona  satafites  et  hardies^  4e  paaaagei  pldas  de 
fbiigue  e(  d'atfdaee,  quMI  ne  Ieur  dtait  pas  permis  dlnt^o- 
duire  dana  m»  pito  rdgnn^.  (Tam  ptm  dMioyef  enMre 
phis  de  selanee  qn'lia  ranhmcMasatent  des  lots  ereserHeA 
ponr  M  eondofle  de  la  aeilafe  et  dif  eofieertd.  Tdfa  dialf  la 
fanioMi  entietes  maind  do  eefl  lidnnMa  oiitraofdHiafrea  t 
die  a  bien  d^gdnM  depiila  lofai  qfumtnin  maiaia  i  co 
■*eal ptos mHnteHanl que k paraphm dnn  af r  eonmi« €*m 
refrahi  qui  eoitfi  lea  rueS|  qaeTon  viffede  t«wiea  lea  ma- 
nitres,  en  le  faisant  prdclsder  d*nne  fntradiidlMi  et  aofy^ 
d\iue  qnetff  j  baaale  pOreirafsoK  oil  la  Mf  aor  la  pddale 
M'cat  }aniils  ouMld. 

La  fbntaisle  alinj  eon^  a  did  adoplle  et  mlsa  il  hi  mode 
par  5He?belt^  qui  finbtlii,  Te#s  tsoi,  sd  finnense  fanfauie 
atir  lea  a^s  da  hi  F/H/a  ifiihonui**  Fen  da  fnoroaana  dc 


piano  ont  en  on  pareO  aoccte.  Le  tttee  eompoattenr  A 
teriyft  d'autrea  iur  le  mkoe  module;  cent  pianialei  se Jl^ 
ttrentdana  eette  earri^re,  qnf  prdsentaft  pen  de  dinieateg, 
et  tons  les  Miteurs  tovlnrent  atoir  des  ftmtaUUs  doM  U 
ancete  approdiAt  de  Tetatra  de  Stdbdt,  qui  JoolsaaK  dStt^ 
aigrande  fateti^. 

L'andenne  fltntaislB,  la  noble,  fa  htXtttfdnuds^  de 
Bach  et  de  Mozart,  a  cependant  repafo  at  de  la  Krfflaata 
parore  que  Tart  nodeme  pent  lui  donner.  thalbefg,  pis- 
niste  d^un  talent  merydllent,  cofnpositenr  de  liaute  portiSs, 
en  prodnisant  plusieura  ceutres  de  Ce  gente,  a  en  qndqoe 
sorte  r^aUlitd  \AftntcAsie.  GAStttrBuLtt. 

FAl^ASIA,  nom  que  les  tnroptois  doiinenf  I  des 
exerdces  on  Jaul  dqnestres  et  militairea  deH  Arabea,  dt  qua 
Ton  Toit  assei  sottTcnt  en  A^pMe.  Oea  |eux,  consaer^  et  r^ 
gl(^  par  la  lol  mnsulmane,  alhi  d^excKef  et  d^mtfetenif  la 
courage  et  d^angmeliterPadresaedcs  coffibattantay  beidttt 
en  qiielqoe  sorte  qd^un  apprefttlasage  de  hi  guerra,  ear  VA* 
rabe  Se  bateonune  11  a*aimise;  c'est-lhdire  bn^t  soB 
cheral  k  fond  da  train,  ffappant  rennend  aoit  d^un  coup  da 
fusil,  soitd'ott  eonp  d*yatagan,  loi  tonmsfltioMMdiatcnient 
ledos,  toujouta  9teb  h  manie  dlnre,  pais  retenant  iur  ses 
pas  poijr  frapper  de  noutean  son  adyersaire.  La  ftmtasUt 
eommence  quelqdefbis  par  nn  d^ffid  pidn  de  momrement  d 
de  bruitj  oh  le  galop  deaebetani  est  aeeompagiiddecdtfpi 
de  fusil ;  puis  tient  le  iotfr  de^  eonrsea,  cbacun  MUdftad 
la  fougne  de  aott  caprice,  oar  if  eM  1^  le  propre  de  la /b^tflto. 
Lei  cayaHers  eonrent  lea  cMi  aof  led  autfiia,  k»  IMili^- 
tent,  se  brandissent,  yolent  en  rdf ,  pMr  Mtontber  dkaeim 
dana  les  mafais  dn  eatalier  qtfi  Pa  laafcd,  61  qnl  le  reeharie 
pour  leddcharger  encore  qnand,  aprte  ad  eonrae  ett  arMfi, 
il  retiettt  aor  sonefmend.  Parfdalei  (MUneaasaiafiuilcsi 
fMes,  dana  les  iUaikhes,  onpalanqdhispntiaMtr  Iddoi  del 
chameaux.  L.  Locfffef. 

FAIVTASIIAGORIE  (de^dyt^u^,  ftntdlilft,«f  &ts^, 
aaaembMk).  Cest  I'art  de  kita  apparaftrd  dea  finttdmes  d  dH 
imagea  de  eorps  afifan^  i  Pafde  des  iOudona  de  roptiqiie. 
Le  moifantasmagmie  ddafgiM  encore  le  apeetade  prodaK 
de  cdlemani^reei  rappareflim  moyen  dnqttd  on  lepfdduft 
Les  prindpes  snt  lesquds  repose  la  construction  de  la  lid" 
terne  magique  aoni  aosd  caaiqfil  eenalftMiit  la  fanUs- 
inagorte  s  dans  lea  dent  faislfuMeBti  ^  leadfefdlsftont  lehdrii 
et  amplidda  par  lea  mdniea  terres  ^uiida  da  la  aaamd  fl^oi. 
Setflemeirt,  dana  lea  Hem  &d  fon  monira  fa  lantdMe  ma^ 
giqoe^  les  spectaeteora  aont  dn  mdme  edid  de  la  tdla  qd 
re^dt  leshnagea^quelalaiiteme.  Dana  la  faaMsrita^aris,  aa 
contrdte,  fiom>  augmentw  rHMiakaii  on  a  en  lldid  di 
tendre  la  taile  antra  lea  spedaieurt  el  I'lnstraoiettt 

Id,  en  effet,  toot  le  mdearilaaaa  de  ropdratton  dMpifatl 
aox  yenx  du  apeatalenr  t  rohievHld  la  frtoa  proOuiddfigM  I 
tont  k  coop  un  apeelfe  apparatli  Idn,  faMn  MA  (POaiit 
et  yieni  se  pdndre  ani  J'ent  de  l*aaieinMde  ewHiM  ttl  pdM 
innmieox.  BteniM  11  i'aecrdll,  grandli,  el  aamtrt^  rap|N»* 
Cher  lentement  d*abord ,  et  puis  se  prddpiter  attf  las  ipo^ 
tdenra.  LWoaion  eat  ampMIe )  oanx  mdme  qw  eoMtolrtlBt 
lea  toisdePopthine  et  la  mMnlamdda  rappardl  nepiiitiit 
ioa  ddlsndfe.  One  la  addM  aa  passe  dana  ttd  Hen  triaia  /  qu*«i 
nwrae  aHaooe  aoft  par  htter? aNea  iwlartompn  par  mid  mi 
dqoe  Itigarbre,  «l  H  ieni  prtsqmi  fhipmiidMo  da  fdpfl' 
ner  une  fl^ayenr  an  aaotaa  mamaimMdei 

Mala  pdn^trona  mataiaMmt  AartMra  la  tdid,  mfafvmi 
ce  qai  a'y  passe  9  mid  imrtam*  BBiilqad  ofdinalfv  aal  4af^ 
ade  da  manfftre  k  ponyair  d'ddgaar  dn  an  nppiaeiardo 
tableaa  dd  lafTdlaa  ffommd  ml  de  Idila  cMn  trls'mrfd  liif 
leqod  y tent  ae  pdndre  I'faiMga  dn  faMdme.  Urn  dea  mffeM 
dehi  lantenw  a  nn  mmiTamett  Inddpdmlant  d*eile;  ftMdprt 
qnand  dfie  ae  rappraeiie  dn  taUeaVf  se  mppfodid  qadM 
dle^en  dlalgHia^aAttdeconaeryartmi}onralPifflagaiaMI^ 
laid  qnl  hii  eonfieiil  peiir  reiiar  eonslamttMat  ffsima  w 
distinde.  Qfnda  ddfeilt  dtre,  dliprte  eda»  leaadBs dafV^ 
pdratenrf  II  comflNaed  d*abord  pm  dkposer  rappafdl  h 
mie  tras-pdita  dblance  de  hi  Idle,-  mi  ddpiaaf  la  fii 


FANTASMAGORIE 

INMfHtlie  le  Terre  mr  lequel  llmage  est  pdote;  to  tpectre 
aiors  Mml)l«  DO  point.  L^op^rateur  dloigne  ensuite  progres- 
civMiient  U  lanterne,  en  rapprocbant  la  lentilto ;  le  spectre 
gvaodlt,  et  to  specUctour  prend  eet  aocroissenient  pour  I'eflet 
d*a9  mooTeoMot  progreasif  :  il  sMmagine  evoir  tu  to  fan- 
fAme  a'^loigper  d^abord,  s'epprocher  ensoile,  et  eofin  veuir 
ee  pUeer  k  cW  de  lui.  Crest  cette  sensation  de  surprise , 
meJfe  d*iiii  pen  de  frayeofy  qui  (ait  ordinairement  to  cliarme 
de  oes  fortes  de  spM^ctos,  qui  pour  6tre  devenus  popu- 
tojres,  n^en  aont  pas  moins  ingiSnieox  et  cliarmants. 

Or,  pour  proddre  ees  TariaUoos  de  grandeur  des  images 
qpif  con^Ment  si  bien  nilusion,  il  Ikut  monter  rinstromflot 
•or  det  roulettes  ganUes  atec  sojn  d^un  coussin  de  drap  cir- 
caUire »  gttn  qn*dles  puissent  rouler  sur  to  plancber  sans 
lUre  de  ImiiL  Cest,  dn  reste,  en  oombinant  les  distances 
de  l*instroment  k  la  toile  et  de  la  leniiUe  k  Toilet,  qu*on 
lianrient  k  reodre  HniBge  pro]et6e  sur  la  toile  plus  petite  on 
plus  grande,  tout  en  luT  conservant  sa  nettetj.  Telle  estla 
diffi^rence  des  spectacles  produits  par  la  fantasmagorie  avec 
ceux  de  U  lanteme  maglque  simple :  mats  un  d^faut  es- 
seotiel  de  la  premi^  est  que  I'objcl  est  plus  Tiveuent 
4daM  qoaad  11  sembto  fort  loin  que  quand  il  paralt  tout 
pres. 

Ob  pent  dlviser  en  troto  classes  les  apparitions  prodoites 
par  la  fontasmagorto :  dans  la  premiere ,  les  ol^ts  sont  d*a- 
bord  trfee-petlts,  et  ne  laisaent  dlstingucr  qn*un  point  lumi- 
umx  i  pub  on  tos  Toit  grandlr  successiTement,  de  mani^e 
quite  serablent  Tenir  de  fort  loin,  et  Us  disparaissent  an 
moment  06  to  spectateor  les  croit  sur  lui ;  dans  to  seconde , 
lb  oot  une  grandmr  fixe ,  et  reslent  k  une  certaine  distance 
dn  spectateor  y  mais  ils  ont  dn  roouveinent  et  paraisseot 
viinolib;  dans  to  trolsltaiey  enfip,  lea  ohjeto  se  montrent  su- 
Mlement  sa  mflton  deTassemblte ,  disparalsent,  et  semblent 
parcourir  tootee  les  parties  du  lieu  de  to  sctoe. 

On  produft  le  troisitae  efTet  fantasmagoriqoef  c^est-k- 
dlre  rapperitkm  des  spectres  qui  se  promtoent  an  milieu  de 
fassemblde ,  pareissent  et  disparaissent  promptement,  avec 
des  mannequins  et  des  masques  transparents,  dans  Hnt^ 
rtosr  deaqods  on  place  une  lanteme  soorde.  Une  personoe 
tranaporte  ees  mannequins  dans  Hit^rienr  de  la  sotoe,  et, 
k  IWe  dTtane  perobe,  elle  d^eooTre  on  recoovre  to  tonteme  : 
en  aperQoH  le  spectre  par  FeM  de  to  lumi^  qui  passe  k 
InTera  lee  maaqpeSy  et  qui  dlsptritt  auasitftt  qu'on  to  re- 
oouTie. 

ta  fantasmagorfe  est  on  speetaeto  out  n^  commencd  k 
Mrebtof  eonooque  anrtoflndudix-huittome  dtele.  QuelqOes 
aiTanta  croient  que  l*on  en  a  (alt  usage  dans  la  haute  antl- 
qoit^;  ib  pensent  mtoie  que  c'^itait  la  (antasmagorto  qui 
aemit  k  effrayer  les  pertonoes  que  I'on  initiait  aux  mys- 
ttres  de  dr^  et  ^Jsis,  et  que  par  ce  moyen  un  grand 
nombiede  ebartotans  (Uasient  apparaltre  les  divinity  infer- 
■ntos  et  tos  morts  que  Pon  evoquait. 

Le  mot  dB/antasmagorie  s*eraploie  aossi  qoelquefois  au 
igor^;  11  aedft  alorsde  Tesptee  de  tableau  mouTant  dont 
loos  les  penoonagea ,  comme  dans  un  bal ,  par  exemple , 
paaeent  rapfderaent  derant  les  yeux  d*on  obserrateur  pour 
di«|iaraUre  Mentdt,  remptoc6s  par  de  nooTeaux,  qui  s*^Ioi- 
gnenl  ii  leor  tour.  I!  se  pr«nd  en  mauYaise  part  dans  la  littdra- 
tora  el  toe  artSy  poor  alms  des  effeti  produits  par  des  moyens 
sonsalnreb  eo  extraordinaires  :  Ge  roman ,  ce  drame  est 
lompU  d^foeatfoBs ,  d*apparitions ,  de  sctoes  nocturnes ;  Je 
oTalnie  pas  teole  eette/an/amui^oHe.    T.  ob  Moiioii . 

FANTASQUB,  earactire  qui  ^ctote  et  se  manifesto 
yaoa  transition,  et  qui  passe  d*B0  extreme  k  Tautre  sans 
itfeaore.  Hoi  ne  pent  eompter  sur  le  i^ntasque,  pas  plus  que 
to  iuileflqtie  ne  pent  eoetipter  sur  lui-mftmc.  Son  existence 
A  ^oooto  daaa  one  fonto  de  sensations  qui  sont  aussi  subites 
que  oonlradiotoirea  :id^,  mani^res,  v6tomente,  tout  dans 
to  fsntasque  se  trooTO  en  opposition  atec  telle  on  teHe  cir- 
CMwIanee  donn^  li  fait  de  premier  raouTemcnt  et  avec 
>apeiiMMil6ee  qoi  exigedeto  reflexion;  et  pour  les  chores 
toi  fflH  iodttMnatesy  II  apporte  de  to  grafitd  et  de  U  m^ii- 


—  FANTASTIQUE  ^o 

tatloo.  On  coropreod  eombien  une  famllto  est  k  ptoindre 
torsqua  son  sort  est  confix  k  on  pareil  homme. 

FANTASSIN,  Gemot rtfpond  an  vieoi  subatantlf^le 
rie;  U  s*to1valt  encore /an/ocAin  au  temps  de  Henri  Es- 
tienne.  Saracineest  italienne,et  ilest  unecorroplionde/hn^e, 
fantoocino;  il  succ^ait  aux  tennes  mmktutre^  otenodtoi', 
paonnieTf  pion,  fionnler,  Mgani^  eQmpagnon ,  qui  se  pre- 
naient  de  mftme  dans  le  sens  de  f  i^ion.  On  treoTe  fan- 
tassin  mentionn^  pour  to  premite  Cab  dans  I'oidannance 
dejuin  1338,  relative  aux  troupes  des  sAi^hauaedes  et  ii  to 
paye  des  arbatotriers.  Us  expressiona  li(/cnilerit,  Aomme 
(Tii^fanterie ,  qui  prirent  naissance  dans  les  preaitorea  tra- 
ductions des  oovragss  de  MachtoTel ,  ont  (ait  onblier  to  mot 
faniauin,  qui  a  oes84  d*6tre  r^tomentaire,  poor  devenir 
une  locution  (kmili^re  et  memo  tont  aoit  pen  ro^risante 
dans  la  boocbe  des  cavaltors,  paree  que  to  biton  etalt  la  jus- 
tice r^ressive  du/oo/oMtn,  tandls  que  l*homme  de  cbe- 
val  ayait  ragr^ment  de  n'^tre  battu  qu'4  coops  de  plat  d^O' 
p^e.  G**  B4BDW. 

FANTASTIQUE.  C'est  un  mot  plus  altomand  que 
fran^b,  et  voii^  justemeat  pourquoi  nous  TaTons  adopU 
a?ec  tant  d^empressement.  Aotre(ii>to,  dans  to  bon  temps, 
ot  notre  Uit^rature  mtoie  partoit  franfais,  noos  n^iona  un 
mot  qui  signifiait  tout  autant  que  le  mot  /inloiilque;  noos 
avions  to  mot/an  fas  ^  tie.  G'^t  unmotcbaraunt,  ptoia 
de  sens  et  de  bon  sens ;  on  n*en  ponrrait  trouver  un  meiltour 
pour  designer  to  plupart  dea  genres  nooveaux  dont  nous 
avons  Out  la  bienbeureuse  d^cooTerte  dopob  blentet  trento 
ana.  Nous  avons  done  le  genre  /tmtastigue^  oomme  nous 
avons  to  ^enre  romantique^  comme  nooa  avons  to  liiti" 
rature  marUime  et  to  lUUraiure  uMMre^  eemmenous 
avioAs  aotiefob  to  genre  Aurfes^iM,  dant  eel  «eeltont 
d*As80ucy  6tait  Tempereor.  Quant  k  Tooa  dire  eomment  ee 
bienheureux  genre  fantastiqoe  nooa  eel  Tenu,  la  ebose  n'est 
paft  diffidto.  II  y  a  tantM  vingt-qoatra  00  i4ngt-cinq  ana 
qu'ua  tr^s-spirituel  articto  du  Journal  dee  Dubois  apprit 
k  la  France  quil  y  avait  U-bas,  en  AUemagne,  an  deU  du 
Rhin,  quelque  part,  un  certain  Ivrogne,  qui  <tail  A  la  (iob 
pefntre,  po^te ,  romancier,  hbiorien,  et  qui  s'appelait  Ho f- 
manni  que  HolTmann  ae  ptobait ,  antra  deux  broes,  k  ra* 
center  mille  bbtoires  ptoines  d'intordt,  dana  tosq^iettea  to 
viritd  ^tait  si  hien  mAtoe  et  entretoote  avee  to  ictton^  qn^il 
^tait  impossible  de  lea  s^parer  Tune  de  rautre.  G^laioot  k 
to  fob  to  Gontede  Cfeaet  toconte  de  to  «k  prlvdr  (  autre 
motnouveau);  c'^tait  notre  grand  Pevraoll  accoopM  avcc 
M.  de  Marmontd.  De  ees  deux  ti^mento  si  diven,  to  men* 
songe  et  to  v^t^,  rbistoireet  to  (abto,  to  poMe  et  to  proso, 
to  ban  Hodbiann  anit  compost  one  esptee  d\tUa  podrida 
littftraire,  qui  n'^tait  pas  sans  cbarme  et  sana  inlMt,  sor* 
tout  quand  on  Paccompagnaii  de  quelqaes  rasadea  de  vin 
du  Rhin.  Or,  ees  contes,  A  moiti<S  vAtua  de  bore,  A  moitid 
converts  de  gaze;  ce  p^le-rotfe  de  riiooMae  et  de  I'enge,  de 
la  terre  et  du  ciel;  ees  minutieox  d^taib  de  to  vie  oidtaaire 
tout  k  coup  biterrompus  par  mUle  tiaioiia  de  IVe-en-del; 
tout  cela ,  ce  rire  m^to  A  cea  tormes,  ce  grotesque  mHA  ao 
sublime,  ce  sans-facon  vulgafare  empAtri  dana  dea  cMmo* 
nles  de  cour,  tout  cela,  c'^tait  to  eonte/anlaa<(fiie,  c'Alail 
le  conte  d^Hoflmann.  VoiU  qui  va  bien. 

Voycz  pourtant  quel  people  nous  aommea  poor  no  penpto 
d*esprit !  Ge  mot  nouveau/on/as/igoe  produisit  chea  neoa 
une  revolution  ^to  pour  le  moins  A  to  rivoluUon  opMe 
par  cet  autre  mot,  rcmantique!^  Tbomrae  d*esprit  qoi  v»» 
nail  de  ddcouvrir  HoflfmanOy  en  CsLsant,  dana  on  ttm  in- 
connu  cbex  nous»  sa  piemiira  version  de  ralteesand  en 
fran^b,  eOt  dik^laiA  tout  simplement  quH  venalt  de  dd* 
couvrir  les  contes  d^un /aafofi^Me ,  A  peine  y  eAt-en  pris 
garde.  Mab  A  ce  tervibto  mot  nooveao  tojknJt ftipug,  ^ 
nous  a  (ous  ^oub,  oomme  on  est  tfitool  dn  tool  eo  qo^eo 
ne  com  prend  pas,  cbacun  de  s^enqudrir  da  ce  que  tfAtaH 
que  le  fnntastique. 

En  ni^nie  temps,  un  autre  liomme  d*esprit,  M.  Lo^vei 
Weymar,  liabile  k  profitcr  de  cette  curiostt^  noorelle  de  sa 


180  FAINTASTIQUE 

nation,  noos  dotinait  conp  sar  coup,  et  k  noire  grando  admi- 
ration, dix  Tolomes  de  cbntes  fantastiques  traduits  d'Hoff- 
mann.  Dix  Tolumest  tontautant  Et  k  cbaqne  noavean  to- 
hiine  c'^tait  one  admiration  nouTdie.  On  admirait  les 
inventions  les  plus  pnMes,  les  details  les  plus  extratagants : 
cMtalt  fantastique.  Et  eomme,  au  milieu  de  ces  podrilitds  et 
de  ces  extravagances ,  il  y  aTait  sans  contredit  des  ^tinceiles 
de  passion,  des  sentiments  allcmands,  roais  nairs  et  Trais, 
beaucoiip  de  oes  petites  grftces  d^au-delli  du  Rliinqui  seraient 
desgr&oes  partout,  on  mettalt  sur  ie  compte  du  genre  fan- 
tastique oes  douoes  ^chappta  k  traters  la  fum^e  du  tabac. 
On  croyait  qu^HofTmann,  Ie  grand  horame  de  Pbeure  pr^ 
sente,  ^talt  ainsi  tonrk  tour  tristeatec  de  douces  larraes, 
et  gal  avec  une  franche  gaiety,  parce  quVA  6tait  fantastique, 
pendant  qu*ii^tait  tout  cela,  ^tcoi^tie  fontastiquet  Surtout 
ce  qui  fit  Ie  grand  sticc^  de  oe  nonvean  genre ,  c'est  qu*en 
sa  quality  de  musicien,  Hoffmann  parlait  de  son  art  fayori 
avectant  d*admiration  et  de  conscience,  U  se  mettaitsi 
bien  aux  genoux  de  Mozart,  la  musique  de  Don  Juan  re- 
tentissait  si  avant  dans  son  CGCur,  quMl  onbliait  alors  tootes 
ses  fantalsies  pu^riles,  ou  plutdt  il  ^tait  tout  entier  A  I'art, 
cette  fantaisie  des  belles  Ames,  des  coeurs  bonnfites,  des  es^ 
prits  derte.  Ainsi,  grftce  k  ce  melange  de  bonnes  qnalit<^  et 
de  frivoles  inventions,  d*ing6nuit6  moqueuse  et  de  niaiserie 
sentimentale,  grftce  k  Don  Juan,  grice  k  Mozart,  gr&ce  k 
ce  Tiolon  de  Cr^mone  dans  lequel  une  Ame  en  peine  est 
enfermte,  grftce  aux  traits  excellents  de  la  vie  de  Kreyssler, 
ces  dix  volumes  de  Contes  fantastiques  furent  ref  us  et 
accepts  tons  les  dix.  Hoflmann  on  instant  contre-balan^ 
cliez  nous  (cha^  difQcile  k  croire)  la  gloire  de  lord  Byron 
et  de  Walter  Scott 

Rientdt  on  ne  vonlut  plus  que  du  fant&^que,  coramean- 
trofal^  on  ne  voulait  plus  que  du  romantiqne.  C^tait  k  qui 
se  rerait  fantastique.  L«s  libraires  disaient  k  leurs  autenrs  : 
Faites-nous  Am  fantastique  tt^mxot^n  temps  de  Montes- 
quieu lis  disaient :  Faites-nous  des  lettres  penannesthe 
fantastique  d^borda  sur  nous  comma  une  avalanche.  Toat 
ce  qui  ^lalt  bizarre  sans  nouveaut6,  fou  sans  esprit,  al>- 
surde  sans  int^r^t,  s'Intitula  figment  fantastique.  Pour 
Ie  iantastlque,  on  abandonna  Ie  moyen  Age;  on  laissa  \k  Ie 
roroanhfetoriqne;le  drame  modemeen  Tot  ^branl^.  Puis 
tout  k  coup,  un  beau  matin,  cette  fureur  s*apaisa,  lescontes 
n^buleux  s'arr^t^rent ;  HofTmann  descendit  de  son  trdne  de 
nuages,  sans  un  ^lair  pour  lui  tracer  sa  route.  Le  genre 
fiintastlque  ^ait  arrive  k  sa  demito  p^riode;  il  finissait 
cliez  nous,  comme  il  avail  commence,  sans  que  pentonne 
pot  dire  ni  comment  ni  pourquoi.  Depuls  lors  je  ne  crois 
pas  qu*on  ait  lent^  de  refaire  du  fantastique,  excepts  pent- 
Aire  dans  les  pensions  de  demoiselles.  Quant  A  ce  bon  Hoff- 
mann, Vempereur  du  fantastique,  il  est  all6  rejolndre 
Vempereur  du  burlesque!  Paix  k  leurs  cendres!  Quand 
par  hasard  voos  lircz  les  vers  de  Pun  ou  les  contcs  de  Tau- 
tre,  ne  voos  en  vantez  pas.  Jules  Jawis. 

FANTI.  Voyez  C^Vte  n'Oa. 

FANTIN  DESODOARDS  (AirromE-^TiENNB-m- 
ooLAs),  liistorien,  ni  k  Pont-de-Beauvoisin,  en  1738,  aait 
to  1789  vicaire  gdndral  d^Embrun.  La  rdvolntiun  avail  k 
peine  telati  qn*il  en  embrassa  la  cause  avec  empressement 
Sa  premiere  pens^,  son  premier  acte  fut  de  rcnoncer  au  c6- 
libat.  II  avail  dijA  publi6  un  Dlctionnaire  raksonni  du 
gouvemement,  des  tois,  des  usages  et  de  la  discipline 
de  Vigllse^  concilia  avec  les  libet  Ids  et  franchises  de  Vi- 
glise  gallicane,  les  lois  du  royaume  et  la  jurisprudence 
des  tribunaux  de  France  (6  vol.  ln-8*).  Ce  livre  fut  suivl 
d*un  nouvel  Abrtgichronologiquede  VHistoire  de  France, 
ftdsant  suite  k  Touvrage  du  president  Hinault.  Pins  lard  il 
lit  paraftne  une  onivre  plas  importante,  son  ifistoire  de 
France  depttis  la  mort  de  Louis  X7VJitsqu*d  la  palx  de  ' 
1783.  II  dtevona  ensuite  cet  ouvrage,  disant  que  son  tra*  i 
vail  avail  M  tellemenl  mutili,  d^ngiiri  par  la  censure,  \ 
quilneressemblaitplus  AToriginal.  Son  Histolre  philo-  \ 
sophiqne  de  la  Revolution  fran^aise  a  eu  plusicurs  Ml-  i 


-  FANTOME 

tions.  C'est  le  plus  court  et  Ie  plus  remarquable  de  ses 
ouvrages.  11  a'estaecru  sueceBsivementjnsqa'Adls  vobmiea. 
Ses  relations  avec  Danton,  Robe^iitrre  et  d'aotres  per- 
sonnages  influents  de  cette  ipoque  lui  avueat  permb  de 
connallre  nne  foule  de  lUts  et  de  details  partScnUert,  da 
juger  et  d*apprteier  les  hommes  comme  les  chosea.  N6an- 
moins,  cette  histoire  a  donni  Ueo  A  des  critiques  sMraa  el 
passionnte.  Le  repr^sentant  Baiileuly  qui  s'y  pff^leodait 
maltrait^,  calomni^,  appela  raoteur  devant  les  tribonaox; 
mais  il  perdit  son  proc^ 

Fantin  Disodoards  publia,  en  1796,  nne  HistoHre  des  Bi- 
volutions  de  VInde  au  dix-kuUiime  siMe,  ou  Mimo^Tts 
de  TippoO'Sdb,  Merits  par  ItU-mSme,  traduUe  de  la 
langue  indostane.  Personne  ne  fbt  dupie  de  oe  titre.  En 
1799  il  livra  au  public  Louis  XV  ei  Louis  JCVL  Puis  U 
fit  parattre  encore  de  gros  volumes  aur  rblstoire  de  Ilnde, 
de  I'ltalie,  sur  rhistoire  de  France,  notamment  one  oonti- 
nuation  de  Velly .  Sonstyle  se  ressent  de  la  rapidity  de  son  tra- 
vail. A  sa  mort,  arrivte  k  Paris  en  1820,  il  laissa  un  grand 
nombredemanuscritsque  sesbdritiers  firentvendre,  eldont 
pas  un  seul  n'a  M  imprimd.  Dofbt  (de  rYoom). 

FANTOCCINI  9  mot  italien,  qui  employ^  ainsi  an  pin- 
rid  signifie  petits  mfants,  poupies.  On  a  particoli^rement 
donni  ce  nom  k  unesortede  marionnettes  perfectionnfes, 
tant  pour  la  forme  que  pour  le  costnme,  et  que  Ton  foil  agir, 
danser  sur  on  petit  thiAtre,  se  grandir,  se  rapeiisser  k  vo- 
lont^,  paraltre  et  dlsparaltre,  soil  par  lea  coulisses,  soil  par 
le  dntre,  ou  par  les  trappes  du  plancber,  au  inuyen  de  fib 
de  fer  qui  les  ticnnent  suspendues,  et  de  ressorts  qui  les  font 
mouvoir.  Les  fantoccini  peuvent  repr^senter  une  action, 
plus  ou  moins  simple,  plus  ou  moins  eomique  ou  merveil- 
leuse,  de  mani^  A  prodoire  une  certaine  illusion,  parce 
qu'aucun  des  acceasoires  qui  lea  entourent  n'est  ii^gUg|6, 
tables,  fiiuteuils,  voitures,  animaux,  etc. 

Le&  fantoccini  soul  connua  en  France  depuis  lediz-sep- 
titoie  si^de.  II  y  en  avail  ao  th^Alre  de  la  Foire,  ao  com- 
mencement du  sitele  sulvant.  Les  premiers  acteurs  de 
r  A  m  bigu  -  Com  iq  ueel  du  IbdAlre  Beau  jolais  furentdes 
fantoccini  g&uits,  car  ils  avaienl  de  65  centimetres  k  i  mitre 
de  haul.  Plus  tard,  les  spectacles  de  M.  Pierre  et  do  Petit- 
Lazari  furent  dcsservis  ^galement  par  des /on/oocinl.  Puis 
un  ancien  adeur  du  Vaudeville,  Joly,  en  fit  voir  de  fort 
reroarquables  au  passage  de  i*0p<5ra.  Les  fantoccini  font  en- 
core partie  int^grante  du  tli^tre  des  ombres-diinolses  de 
S^raphin  au  Palais-Royal.  H.  Aodipfhet. 

FANT6ME9  simulacre  d'un  objet  dont  rapparition 
excite  for  lenient  la  surprise,  la  terreur  ou  la  jole,  le  d^c 
ou  raversion.  On  emploie  fri^emment  Texpression  incor- 
recte  se  crier  des  fantdmes,  \iOur  dire,  se  livrer  aox  il- 
lusions que  produirail  la  vue  de  ces  vaines  images.  Les  il- 
lusions des  rAvcs  et  du  d^Ure  ne  aont  pas  toujonra  des 
fanlAipes  on  ne  pent  donner  en  g6i^al  oe  nom  qo*A  des 
represent  ions,  k  des  simulacres  form^  sans  que  lima- 
g*nation  y  participe,  et  le  plus  soovent  k  des  pbinomtoea 
nalurels  sur  lesquels  Tignorance  el  la  peor  se  m^preoneot 
fadlement.  Des  lueurs  pbaspboriques  auront  pam  dana  nn 
cimetifere,  voilA  des  revenants ;  des  nuages  se  seront  amon- 
cdds  de  mani6re  k  former  une  grossiire  caricature  d'homme 
A  cheval :  c^est  un  messager  venu  d*en  liaut;  une  roche,  vue 
sous  un  certain  aspect,  a  quelque  apparenoe  d'une  tete  bn- 
maine,  de  prodigieuse  grandeur,  ou  de  quelque  animal :  Pi- 
magination  ne  s'arrAte  pas  A  ces  faibles  impressions,  eUe 
anime  la  pierre,  et  voilA  un  fhntOme  qui  ne  sera  pas  sans 
action  sur  les  croyances  populaires  du  pays.  Le  raison- 
nement  a  peu  de  pouvoir  sur  les  intelligences  conraones; 
au  lieu  que  Timaginalion,  exdl6e  par  les  objels  exlMeors, 
maltrise  la  pensU^  et  lui  montre  cliaque  diose  comme  die 
Ta  viie,  sans  iiermettrc  aucun  examen.  On  pent  esp^rer  que 
la  croyance  aux  fantOmes  s*afTaiblira  de  plus  en  plus,  a 
nicsure  que  rinstructiou  sc  rdpandra;  mais  fl  restera  lou- 
jours  ime  portion  de  Tesp^ce  liumaine  qui  Ini  acra  d^volue, 
ct  cette  portion  n^c^t  pas  exclosiveroent  daiis  les  demiers 


PANTOME  —  FABANDOLE 


3fll 


degrte  de  P^ehella  sodale;  elle  est  dissdmiiu^e  partout,  et 
comprend  tons  les  indiTidoft  pea  ca|)ables  de  raisonner,  dont 
rimigbiatiaii  est  mobile  et  le  caraclfere  faible. 

Sana  reinoDter  bien  baut  dans  iea  temps  paaa^,  on  arrive 
aui  ^poqnes  ob  les  fiuitdmea  eiere^vnt  ime  pulssante  in- 
floenoe  aar  la  religioD,  lea  mceara,  lea  institntioiia;  Ua  de- 
vinreDt  qodquefoia  la  eaoae  d'^T^oementa  d*ime  haute  im- 
portaoee;  fla  Uvrftrent  des  populatioiia  IgDorantea  aiix 
prestigea  de  qnelqaea  iroposteura  babilea.  A  mesure  que  lea 
tMbrea  de  IMgnorance  et  du  faux  aaToIr  devfairent  plna 
^palssea  lea  fontAmea  eoreot  leor  temps  de  Togne  et  pa- 
rent laire  toot  oe  qu'ila  ^ent  charge  d*op^r.  Enfin,  lea 
acicBces  oommeoc^nt  k  r^pandre  quelque  lomite;  maia 
ton  roteie  que  leur  flambeau  brillera  de  toot  aon  telat,  et 
chei  tous  les  peoples,  lea  fantdmee  trooTeront  encore  des 
croyantSy  tani  la  poiaaanoe  dea  traditioiis  est  grande,  im- 
prescriptible. 

Le  bntdQie » en  dMnitive,  n*eat  paa  aealeuDent  un  apectre, 
ime  vaine  image  que  Ton  croit  Toir,  c*eat  encore  figar^roent 
€6  qui  n^est  qu^en  apparence,  ce  qui  nVxiste  pas  en  r^alit<^, 
nne  cbintto  qn'on  se  forme  dana  Tesprit  On  appelait 
fitni&net^  dans  le  Ungagede  I'ancienne  acoiastique,  des 
images  prodnites  dana  le  cervcaa  par  Timpression  dea  objets 
cxtMeors.  FaaaT. 

FAON.  C'est  le  nom  que  Ton  donne  gtetolement  aux 
petits  da  genre  eerf  avant  quails  aient  attaint  six  mois. 

FAQUIN  Ce  mot  dans  son  origine  italienne,  faeehino, 
signifiaitpottore  Mre,  commiiatonitoire,  valei  de  place, 
SH  est  Yra!  qne  le  substantif  latin  fascieuius  (i^ot,  botte 
de  foorrage )  ait  ^  la  radne  de/aoeA<no,  Toid  comme  ce 
serait  arriYd :  on  se  aenrait  dans  les  mandg^  dans  les  liccs, 
comme  dble  on  but  d^escrime,  d^n  mannequin,  d'un 
homme  de  paille,  revfttu  de  fer ;  les  aapiranta  k  la  cbcTalerie, 
les  pages,  lea  fl^Tea  en  fiiit  d'armes,  s'Hudlaient  h  dinger 
leers  coops  aur  ce  goerripr  dmul^.  Quelquefois,  poor  s'ititer 
la  pdne  de  oonfectionner  un  maneqnin,  on  trouvait  plus 
eip^dient  de  loner  an  Talet  de  place;  le/oscicti/tta  de- 
▼cnait  le  faeehino.  Cdui-d  ae  lalssdt  armer  de  toutes 
pitees,  on  se  lalssait  Tttir  en  Tore;  on  Tappelalt  dans  les 
teles  Dapditaines  il  Sarraeeno^  le  Sarradn;  lo  stafermo^ 
llmmobile ;  Toomo  armaiOf  Thomme  d'armea.  Plus  d'nne 
fois  des  ^Goliers  roaladrdta  on  des  cherdiers  iTreSytroavant 
trap  bien  le  d^faut  de  la  euirasse,  tu^nt  lo  Ikqnin;  c'^tait 
OB  dea  d^aagrtoients,  nne  des  faiterrupiions  de  ce  noble 
exereice.  Pour  y  obrier,  on  se  aerrit  d'un  mannequin  plua 
periectionnd  que  Panden  faseicuius  :  il  posait  aur  un  pi^ 
destd,  sur  lequd  il  6tdt  soscepUble  de  pi  voter;  il  tendt  de 
diaqne  main  on  groa  aabre  de  boia ;  chaqoe  ^todiant,  qnand 
▼eaait  son  tour  de  coorre  le  faquin,  de  rompre  contra  le  Ik* 
qain,  devait  le  frapper  de  sa  lance  an  mitiea  de  la  figure , 
on,  comme  on  diaait,  le  brider;  mala  s'ii  manqnait  la  pasae, 
d  son  coop  mdhabile  attaqudt  k  Tune  ou  k  Tautre.  6paule 
lliomme  posticbe,  cdoi-d,  pitotant  brusquemenC,  sdndt 
de  son  bAton  le  cavalier  maladroit  et  Ten  flrappdt  rodement, 
an  grand  divertissement  de  tooa  ses  tonics. 

Pooiquoiydepois  qoe  lestournois,  les  carrousels, 
les  qnintdnes  ne  sont  plus  de  mode,  le  motfran^is/aTttin, 
fort  dilttrent  en  cda  du  tenne  iUUen,  a-t-O  donn6  ridde, 
■on  d*nn  miatoble  ou  d'un  stipendi^,  mds  d*un  person- 
aa^B  viaant  k  one  d^^mce  exagMe,  ou  de  mauvaia  goOt, 
ayant  nne  toomure  arrogante,  alliant  la  baaaease  4  llmper- 
tiaenee?  Ancnn  profesaeur  en  linguiaUque  n*a  cherch^  k 
Boua  en  imtruire.  Nooa  aommea  dispose  k  croire  que  le 
langagi  aoldatesqoe  ou  Tidiome  dea  colldgiens  aura  crM 
cdte  acaeption  ddnigrante,  en  aoovenir  de  ce  que  I'anden 
foifntt  vivant  MH  un  gueux  dtoass^,  un  vagabond  endi- 
■aacM.  Boileau  est  un  des  premiers  auteoni  qui  en  dent 
Ml  naaga  cbei  nous,  quand  il  a  dit : 

Qb^ob  iuM  ^ta/kqmn  no  eoMdller  da  roi, 
n  M  rental  toojoars  de  son  prenler  eaploi. 


Saoval,  dana  tmAnti^lUs  de  Paris,  pretend  que  les  iilous, 


lMi.r.   bk,  LA  CUAVLhhATlOM.   —  T.   IX. 


pour  exercer  leurs  adeptes,  disposalent  de  son  temps  on 
faquin  de  paflle,  pendupar  one  ficdieanplancher,  et  qu*ils 
les  exer^ent  k  enlever  au  faquin  ce  qu*il  avait  dans  ses 
pocbes,  Sana  le  faire  remuer,  fante  de  quoi  les  panvres  ap- 
prentis  dtaient  fouett<Ss  dimportance.        G*'  BAaour. 

FAQUIR.  Voyez  Fakir. 

FARADAY  (Michel),  Tun  des  pbyddens  et  des  cM- 
mistes  les  plus  distingu^  quil  y  aU  anjourdliui  en  Europe, 
n6  en  1794,  est  le  fib  d*un  paurre  mar^bd  ferrant.  Son 
p^  le  mit  de  bonne  heure  en  apprentiasage  k  Londres,  cbez 
un  relieur,  dans  TateHer  duqnd  11  travailla  pladearsann6es. 
A  ses  beores  de  loidr  U  s'amusa  k  construlra  une  macbfaie 
dectrique  et  autres  objets  andogues,  que  son  patron  fit 
voir  k  Tune  de  ses  connaissances ,  du  nom  de  Dance,  et  qui 
^tdt  membre  de  la  Roy<U  InstUution.  Dance ,  k  cette  occa- 
don,  emmena  avec  Id  notre  jeane  ouvrier  asdster  aux 
quatre  deml^res  le^ns  d*un  cours  que  sir Humpbrey Davy 
faisdt  dans  cet  dablissement  Faraday  prit  fort  exactcment 
note  de  toot  ce  quMI  entendit  dire  k  Tillustre  professeur,  et 
le  rMigea  en  forme  de  le^on.  Qudque  tempa  aprte,  il 
adressa  son  manuscrit  k  Davy,  en  y  Joignant  une  courte  et 
modeste  lettre  dans  laoudle  II  le  piidt  de  Pemployer,  si 
cda  Id  dtdt  possible,  aux  pr^parationa  du  laboratoire  de 
phydqoe  de  la  Aojro/  InstUutkon.  Davy,  frapp^de  la  nettettf 
de  conception  et  de  la  dart^  d'exposition  dont  fiiisdt  preuve 
ce  manuscrit,  prit  aussitdt  one  grande  confiance  dans  les 
talents  et  I'assiduit^  du  Jeune  bomme,  et  en  1813  une  va- 
cance  ayant  en  Hen  dans  le  laboratoire  parmi  les  pr^para- 
teurs,  il  lui  oflKt  cette  place,  que  Faraday  accepta  avec  re- 
connaissance. A  la  fin  de  la  mtaie  annte,  il  accompagna 
Davy  dana  une  toum6eque  cdui-d  alia  fdre  sur  le  continent, 
puis  revint  en  1814  reprendre  au  laboratoire  ses  occupations 
ordbidres. 

Le  premier  travail  de  qudque  importance  qui  dt  attlrd 
sur  lui  les  regardadu  monde  savant  date  de  1820,  et  depnis 
cette  ^poque  il  s^est  distingn^  par  une  fuule  de  dteouvertea 
aassi  int^ressantea  qu'importantes  dana  le  domaine  de  la 
pbysiqneet  de  la  chlmie.  On  doit  sous  ce  rapport  mentionner 
aurtont  aes  recheidies  sui  la  fabrication  de  I'adar  et  sur  lea 
qudit^  quil  acquiert  quand  on  le  combine  avec  d*autres 
m^taux,  tda  que  Fargent  d  le  platine;  le  procM^  ingdnieux 
k  I'aide  duqud  11  parvint  k  rendre  liquides  et  mfime  k  soli- 
difier  dea  gaz  regard^  jusqoe  dors  comme  permanents,  tela 
que  Tadde  carboniqne,  le  chlore,  etc.,  procdd6  d'extrftme 
compression,  dont  au  reste  Tbflorier  a  pu  lui  contester  le 
m^rite  et  la  prioritd,  lui  qui  ^it  parvenu  k  aolidifier  le  gaz 
acide  carbonique;  son  m^moire  aur  difRirentes  combinaisons 
liquides  decarbone  etdliydrogtae,  qui,  bien  que  compost 
comme  le  gtf  bydrogtae  carbur^,  difRrent  cependant  avec 
lui  de  propri^t^ ;  son  mdmoire  sur  un  nooveau  verre  optique 
fd>riqn4  avec  de  la  silice ,  do  I'adde  borique  et  de  Poxyde 
de  plomb.  Mais  cdni  de  ses  travaux  qui  exdta  la  -plus  vive 
sensation,  ce  f\it  aon  beau  mdmoire  aur  lea  pb^nomtoes  d^ 
la  rotation  des  dmantsautour  dea  courants  ^loctriques,  ainsi 
qoe  do  cea  demlers  autour  dea  dmants,  et  surtout  sa  d^cou- 
verte  sur  leoonoours  del'dectridtd  et  de  la  lumi^  polarise, 
tous  plitoomtaes  qd  n*avdent  point  ^td  observds  avant  lui. 
En  184611  prouTa  parde  conduanteaexpdrienoea  llnflnence 
du  courant  dlectrique  sur  le  mouvement  de  la  lumi^  et 
fit  k  ce  sujet  dana  la  Moyai  Jnstituiion  un  cours  dans 
lequd  il  ddvdoppa  cette  idte  que  la  lunii^,  la  cbdeur  et 
rdectridli  sont  des  manifestationa  diverses  d*une  seule  et 
m^roe  force  existent  dans  la  nature.  Son  trdt4  dea  manlpn- 
lationa  chimiques  est  un  llvre  d'une  baute  utilitd  poor  le 
diimide  praticien.  M.  Faraday  est  profeaseur  de  cblmie  k 
la  Moyal  tnstitutUm  et  k  Pdcole  militdre  de  Woolwicb.  En 
1832,  runiverdtd  d^Oxford  addcemd  k  M.  Farailay  le  dipl6- 
me  de  docteur ;  il  est  en  outre  membre  de  la  Sod^td  Royale 
de  Londres,  et  depots  1844a880cid  dtrangerde  TAcaddmie 
des  Sdenees  de  Paris,  en  remplacement  du  cd^bre  Dal  ton. 

FARANDOLE9  on  plut6t/aran(fot(/e,  esp^  de  danse 
qu'un  grand  nombre  de  personnea  exdcutent  en  formant  une 

36 


I 


)83 


FARANDOLE  ~  FARCIN 


longoe  ehitae  k  VMb^  4e  nxmebofan  qua  cbacan  tient  k 
ilroit#  et  k  g»ocbe ,  wte^U  cepaodMii  oeliei  qui  te  trouvcBt 
Aux  extr^miUa.  ta  famodoala  m  compose  d«  vlogl,  de 
ioixaiite»  de  coot  penoiinet,  pUcte,  anUnt  qu'fl  eat  poa- 
aible,  une  de  ehaque  sexe  altematiTament  Cettt  cliatne  ae 
met  en  mouTement,  parcourt  la  Tille  oala  eampagM  an  aon 
ttea  inatnimeota,  et  recrutedea  dansenn  partootoii  eUe  passe. 
thac9B  danaeoo  saute  de  sen  mieux  en  cadence;  ou  oe  se 
|>iqae  point  de  mettre  one  grande  r^laritA  dana  les  paa, 
tnais  on  a  aoin  de  former  avec  exactitude  lea  difTdrentea 
figures  que  commande  celui  qui  est  en  tftte  de  la  farandoule, 
et  qui  Itii  sert  de  guide.  Ces  figures  oonsistent  principalement 
I  r^unir  lea  bouts  de  la  chaloe  et  k  danaer  en  rond,  ^  la  pe- 
lotonntT  en  spirale,  k  la  £aire  passer  et  repasser  sous  une 
esptod'arc  forro^  par  plusieurs  danseurs  qui  ^l^vent  les  bras 
tans  abandonner  les  mouchoirs.  La  Carandoule  n'esi  en  usage 
que  dans  la  Pretence  et  one  partie  du  Mngoedoc;  elle  a 
lieu  k  la  suite  des  noces  #1  des  baptteies,  dana  lea  f(&tes 
tbampAtres  et  lea  r^ouiaaanoea  publiques,  dont  ToUet  in- 
t^resae  TiYcment,  et  dana  lesqueliea  on  roit  ^ater  les  trans- 
ports d^une  gaiet^  bruyante  et  pleioe  de  Irancbise.  «  Point  de 
demi-mesure,  Cusons  la  farandouley  *  disait  on  politique 
exalte  :  c'est  aiasi  qoHl  Toulait  signaler  le  triewphe  de  aon 
parti.  L'air^de  la  farandoule  eat  un  allegro  k  six*buit,  for- 
lement  cadeno^  Castii.-Bi.4W, 

FARCE  (Art  dranuUi^),  eom^ie  fa«£tieuae,  dont 
Torigine  remonte  aux  nremiers  temps  de  ootre  lilt^atuM 
th^trale,  etqni  porta  d*abocd  le  nom  66  so  tie.  La  force 
de  L*  ii  voca/ Pa  j^Ae /4n  pent  aervir  de  med^e  en  ee  genre. 
Molito  n*a  pas  d^ign^  de  s'esiercer  aouvent  dans  ce  genre 
secondaire.  oft  il  est  te^io«lr9  ^  premier,  le  Mutecin 
malgri  lui,'Pourceaugnac,  aont  de  v^ritablea  farces ,  einsi 
f|ue  quelqoes  seines  du  Bourgeois-gentilhomme,  du  Mth 
fadeimeiinairei  mais  on  yreconnalt  tomjours  l^auteur  da 
7*ar^eet  du  Misanthrope.  Ce  grand  mattre  de  la  oom^die 
tons  enseigne,  par  |es  foliea  qoMl  prodiguait  dana  ces  sortes 
de  pieces  ultra<omiques ,  aaxqueUes  on  doit  ijouter  Lee 
Fwrberies de  Scapin,  ce  que  lesmoeors  populaires  et  basses 
iious  pentent  fournir  de  plaisenleries  pleiiiea  de  morale,  de 
bon  sens  et  de  sel.  U  est  ^  remarqoer  que  lea  portraits  de 
Moliire  ne  sent  pas  roftme  chargis;  Us  ne  aont  que  fiddles, 
mais  consid^^  sous  lenr  cOt^  grotesoue  on  ridicule.  C^est 
leur  parfaite  ressemblancc  qui  les  rend  plaisants,  c^est  lew 
Tranche  T^t^  qui  seule  ^ye  les  esprits  les  plus  d^licats. 
Cette  sorte  de  com^die  a  done,  comme  Pautre,  son  tenne  de 
perfections  el  la  retepne,  la  pruderie  de  notre  goOt,  qui 
n*admet  dans  une  clasae  de  la  sod^  que  les  cboses  adoncies 
on  fardto,  rend  la  bonne  elt  y^table  faroe  de  Jour  eo  Joor 
plus  rare,  U  fout  ^viter  de  confondre  la  l^rce  arec  eea  pi^kses 
d*un  comiqoe  grossier  ou  U  biensiSanoe  n'est  paa  moins  viofate 
4ue  la  naisemblance;  eft  le  jdeisant  consiste  dans  les  ^ui- 
Toques  du  langngB,  dans  lea  m^rises de  npla, dans  des 
grimaces  bisarres;  des  portraita  indtenta  et  cans  Qrigfoaux, 
bu  des  ^Y6nements  impossiblaa.  La  f«ree  rabaisate  ft  oe  d«gr6 
de  triTialit^  d^gteftre  en  parade.        Viomj^u-Dug. 

ITonblions  pas  de  dter  mnw%  em  nombre  des  anteurs  qui 
out  exoelM  dans  la  fareei  SearroBi  eyec  ses  JodeUU  et 
son  i)oii  Japkei  d'Arminiei  Legmnd»  e^ee  vm  Roi  de 
Cocagne »-  Dancoort,  evec  plusieurs  de  aaa  petitea  piftcea. 
Avjourd'bui  la  teree  avrait  de  le  peine  ft  ae  faire  tol^rer  et 
mftmeaecueillir  ft  la  Oom^die  Fran^aise.  Notre  goftt,  trop  d4- 
licat  peui-fttre,  ne  lepermet  plnsqu'aux  tbftfttres  seoondairas, 
•nx  Varifttia  sorieutet  aaPalais^RoyalyOft  U  consommation 
inn  a  ifttd  efiTrayenlB  depuis  las  /ano<,  lea  JocrisH,  lea 
Cadet'Eoweelt  lea  ^enn-Jean^  les  $aUimJbanquu^  ele. 

Farce  se  dltencoie»«Mrigurft,  desactionsqui  ont  quelque 
cUose  de  plalsant.de  bouQuQ.  de  ridicule:  fairt  uneAirM» 
Taire  ses  farces* 

FARCE  Un  en^iiMire),  TiieiB  non  appliqa^ft  uge 
cbose  exceUente*  tiandes  iftrclts,  Idgmnea  l^iMe  me^ 
no,  irempda  dana  du  beumi  fin,  dans  de  lliufled'Alx  o«  de 
FlorenoCi  dans  des  essences  de  Uiiffos.  On  les  diviseit  {edia 


en  farcea  frateheSf  de  reH09  ^freUee.  On  lesdifise  a9- 
jonrd'hni  en  iirces  ftnmes  el  Meailes.  On  met  de  ^  dune 
dans  le  corps  d'one  volailk^  dana  quelque*  vjandea,  d^as 
dee  esols.  (JNn  Aiitoae  force  pour  one  dlnde,^  (ait  d^a^lk 
ft  la  fon^  La  foroeeat  eneere  «n  mefo  d*berfaes  baehtes  : 
^rce  d'eseiUe,  Le  mot  en  gte^el  Tient  de  oe  que  Ucbose 
sert  kferdr  en  gpaaiwen  vaigie.  Peur  foireune  foiee  or- 
dinaire, on  eenpe  «n  ionne  dedii,  M  Ten  met  dana  une  cas- 
serole, des  blanca  de  volaiUe  crue^  vn  pen  de  benrrai  do 
sely  dugres  poifre,defo«iiacade.  Oopasae  le  foul  ft  petit 
Ibo  dix  Ainutca,  et  Ite^geutte  lea  blaaeB»  qnVM  leiase  if 
firoidir;  puis  en  ieUe  on  moNean  de  mie  de  pain  dans  la 
m^e  eaaserole  a? ee  du  beiiAk>n ,  nn  iten  de  pentt  beeli6 
bieBfin,en  fo  iwnmnt  demaniftn  ft  le  fonler  et  ft  In  rMeire 
en  panade.  Ijb  bemUon  rMnit  et  la  mft»  Wen  mitomi^  on 
lalsse  refreldir  cette  demiftM.  On  pHe  ensnite  les  Idanesde 
Tolaille,  que  Ton  passe  au  tamis  ft  quenelles ;  on  pile»  et  Ten 
passe  de  mtee  eu  tamis  leiniedepaj|i;en  pttele  lout  en- 
semble pendant  tMs  qoaiia  d'henre,  en  y  flseUant  cinq 
on  aix  Jaunea  d'eeufo.  On  emploie  ftgalement  celta  force 
pour  les  gratinaavectooteseertesde  ▼fiandes.lJne  foreede 
poisson  nafoit  oibabiHant  etd^seasant  des  broch«fo»  ^arpei, 
ai^illea,  barbeenx  et  aotres  poiasons»  qne  Pen  helchb  bm 
ensemt)le  et  fort  menu.  On  joint  ft  ce  badiis  noe  emeietie 
pas  trap  4»ile^  des  champignoBa,  des  imflba,  du  |iarpil,des 
dbeulea,  one  poignte  dendede  pain  tiemp^  dana  du  lait, 
on  pen  de  beuite  et  des  Jannes  d*osuia.  On  becte  le  tout, 
qu'oB  m^le  avec  le  pejsaon  baebd,  et  ro#  ob  foit  one  faras, 
qa*en  peol  sertfr  aenlei  on  wree  laqoelle  en  forcit  deaeoles, 
dec  carpes,  des  ebOBx«  dea  croquettes,  et  tente  autre  cheas 
ft  ▼olontd. 

F ARGEIJR#  Le /Eirceiif  est  nn  ae|eqr  qui  nn  jooe  qne 
dans  dea /arc  e«,  on  un  comiSdlen  qui  cli«iteini  r6le,eu 
no  bomme  qal  foit  des  bouiTottBeries  t  en  dit  Men  :  Un 
gros  /EircMtr,  bb  nsanvefoyiirosMr,  nn  fitrcew  laeipide.  Le 
faremr  estasaexaemblableaH  bottffen,nMis  H  n  qnelqee 
diose  de  plus  relevd.  Son  Bom  vient  du  ceUHqim  fane, 
moqneiie,  et  de/vtcel,  bonffoB.  Les  foveettrs  dtniemt  cobb— 
chea  les  Reoufttt.  L'empereur  Deadtjen  les  escMdu  spae- 
tade;  sen anceeaaenr  Nerrales  rftlaUit,  par  eendeeeendaBea 
pour  le  people ;  meis  Tr^an  abelHde  nenveaEO  lee  ferees  at 
les  foroaufs,  eoBMoe  daBgeraux  peer  lea  ttaran.  Benueeopde 
nos  ncteurs  des  petito  thaina,  qui  se  diaent  dee  oewiyiiei , 
ne  eont  qne  des  fereeurs.  fli  Pen  Tent  prandmySiree  dans 
le  sens  de  fmeiHe^  ce  naot  ee  dit  tlon  en  benne  pert,  et 
le  faroenr  pent  fttra  un  homme  d'esprit,  on  faettienx,  qni 
dit  dea  plaijmateriea  dnea.  H.  AuMfiMET. 

FARCIN,«iafodie  qni  attaquepartieBliteemeBl  les  cftn- 
▼aux,  lasftnea,  les  mnleU,  et  qu'en  e  ensai  qndqMfofo  eft- 
aerrde  dhen  lea  bosufo.  Lsa  syuqitdmes  earactiriell^eB  de 
farciB  aont  das  taoMora  dares,  presque  Bph<riqoee»  ptesen 
meioa  toinmineuaea,  squirbeoseale  ploa  aoaf«nt»  et  sBifant 
leeonrs  daa  vniaseanx  et  dea  gangttans  lymplMtiqiiaa.  CSS 
Umiears  soppnrent  lentement,  et  donnant  lien  ft  das  otabes 
f(6tides,  ft  bords  irv^ieiB  et  renverafoi  qnelqnea-iBMa  sent 
ft  ale^feBgneox.  Lagnftriaon  de  «p  oloftMa  eal  estrftme- 
ment  difdeiie.  On  e  easeyd  une  terie  de  m^dieamaati  saal 
ebtenir  d'am^Uoralion  aansiUe}  lea  nnyeBa  ebirBi#0Befc 
n'ont  paa  dennd  de  BMilleore  idaoltata,  et  on  ee  lRNiTei4> 
doit  ft  on  trattenient  purensent  byglteiqBe. 

Le  foroinest  tanldt  8peridiqa%  tnntftt  enuoliqieoa  dptaei- 
tiqoe.  Ob  range  perad  eea  caoaes  lea  ptoa  IMqwaBtas  f^aal 
tioB  ft  BB  froid  hnmide,  le  OMnqne  d'air  daaa  dee  dcnries 
tanssee  et  mal  Inmea,  las  ateeaU  de  meuvaiae  qunHltf ,  lal 
eanx  inanlubres,  l^efta  do  trtvail^  PaoWi  dea  antne  de  pio- 
pnid,  elBdeasaairas  aax  animaox  deraestlqnesi  ete.  La  laB>- 
p^rainent  lyrapbatlquesemMefttranae  piddfopeaiUoafteatfo 
afToction  qui  offra  une  eertalBe  enalogfo  evee  lea  »ifefftlii 
de  lliomme  :  c*est  du  moins  ce  qne  Pen  a  Hi  port6  ft  con- 
dure  des  16«lons  que  Ton  a  obscrrdes  d£us  Ice  orgioes  in- 
tdrieurs,  ct  notamment  dans  les  poumons  des  animanx  qoi 
ant  soeeoBBbdan  fofriw. 


PABCIN  —  FARBT 


m 


tkmkdm  cm  MMftnnii  kt  kmUmuMrctnmm  at  d4f«« 
MpfMnl taas  aucMA  InfluaMtapptNali  mrUaaM4 de IV 
■buU^puis  «i  HMlTiKt  mm  laiaaar  4b  Umm^ 

FAj&Du  U  not  tart  4  dMfMff  tMtet  Im  con|iositk»8 
^^oaemiiloie  pour  anballif  latainl,  pmar  nnaMi  tor  dM 
JAMS  IMlriM  par  riga  on  la  Muiraiica  la  fritolieMr  aC  F^ 
clat  da  la  JeoiieiM.  Si  I'ob  m  emit  la  profbftle  taosk^  oa 
Alt  Tan^  Asalid  qnii  langtempi  avaat  la  <MI«0B|  eaaaigM 
la  teerat  da  ford  am  ianiMa  da  la  Mtioa  Johai  pluiaiira 
pasaacM  da  I'Andan  Xastamaiit  noM  appremiaDt  q«e  lea 
baautte  da  J^maalan  amployaianl  la  aMMum,  w  fiiiHurt 
d'anUmoiDa,  pour  la  pMftira  la  ^iaaia.  Gatia  moda^  on  pkh 
m  cette  biurre  nanja,  iafBOta  UerilAt  la  Syria  al  kCbal- 
d^  d'aii  «Ua  m  f^pandtt  parmi  ka  praniait  adaptaa  de 
rfi^  cbr^Ueme.  U  Grtea  eft  VaMiemia  Itotta  m  poranl 
^chappar  4  U  tiraania  da  fMags  t  Vui  da  la  tollatte  y  da* 
iriBl  OM  adaMa  4  part»  noiMa^a  wmm^Uqw,  qui,  ootnma 
tootM  lea  aoliea,  eiU  aM  prafaaiMra  at  8«  diadplca.  On  vil 
lai  damaa  fgnniMa»  ma  Mntoalaa  da  blanchir  laurs  joMa 
d^UaatM  avM  da  la  cdmaa  owdalatarradaOhiodttraaipte 
daM  d»  Tioalgra^  en  iderar  lac  noanoea^  taAtdt  atec  )e 
j^urfmriumm,  tamtsra  TCtaMiila  tiited^Hi  coqulUaga  da 
genradeabacciaai  lant^  avao  la  aae  d'ma  plaiite  da  Syria 
Mmmte  riMion,  qv^aa  oroit  Un  vM  aap4ca  da  garnaea 
00  d'orcaMtta.  DaM  aoK  Art  ^aimer^  Ovide  dooM  «» 
reeettedeiard.  Calaxa  fitdanpideaprciip^tey  lacairnpUon 
da  rempura  enfaToiisa  laa  alms;  mala  la  vohiptMuae  Pop- 
pfe  QHt  la  eamble  aa  acandala  par  liaTantioB  d'mi  fard 
aoetMu  dont  elle  ae  eooTrail  la  iriaage^  at  <^'eUa  NtTait 
aMiitte  avec  do  lait  d'4Ma«a^  paw  aiiymitar  la  Ma&chaur 
deaoateiot 

tre  ford  All  iolraduit  aa  FraMa  par  las  ItaliaM  qa'anieu 
CatberiM  de  IMdiaia ;  U  ii*sr  devinl  fftatel  obea  lai  daiMa 
de  eooditioa  qM  Ters  la  fia  da  dift^aeptitaa  aitela.  Oa  aa 
oM  taancoop  oioiBa  aHiourd'bui  daM  aatia  pajrs  ben  da  la 
aetoa.  JEarevaacba^iilaadanManifiaM  m  •'anadMut  plM 
foa  aourdlfl,  boama  aa  taaipa  da  Itere  le  Grand,  poar  y 
<mb«<ttiiar  aM  coacbe^paiaiadaplaBibagbia,  ailea  a'ani  pM 
eacore  aUor^^  font  a^an  font,  laor  viaU  aiMiir  daa  coaaii* 
tlqoea.  L'lndian  aa  UtoMi  la  aaoTaga  m  d^figaia  «fM 
lea  oooleura  Ua  plM  ridicaleai  at  aoa  baUM  EarapteaM  aa 
maqaeat  da  lear  exlraTagmcak  Qui  craMtoepeadaat  qall 
ea  eat  qndqaes-oaea  qoi  aa  dtelia  da  VAga  onl  aaaii  lear 
tatoaaga  et  lear  raaooa?  Eabnes  daM  oe  boadoir  a4  lapoM.' 
le  galaat  atlMl  da  la  aoqoatterie;  examtaiei  caa  magiqaM ' 
foliimana  qulaTenta  la  dlaa  de  fo  tolletfo  pour  dlendaar  foa 
diannaa  de  la  beauts ;  ^tudSea  le  coataaa  de  eaa  vaaea  mya* 
t^rieax  ob  la  laidear  troava  toi4oara  dea  Ua  et  dea  roaMi 
Qodiea  aorpiiaes!  qM  dlUoaioBa  d^brutleal  Ca  ford,  dont 
la  blaacbeur  Tirginale  tam  soariait  aS  d^UcieuaaBMit  ear 
le  front  du  beau  aexe,  n'eat  plua  qu'un  mdaaga  iapor  da 
craie  de  Brian^on  alUte  4  de Toxyda da  UflDsoth;  ee  roaga^ 
emUteae  de  la  pudeor  et  de  la  aaat^  n*aat  qu'oa  anudlgune 
de  Biercare  at  de  aoufra  porpbyria^;  eetautrey  qu*oa  ap» 
pefle  vigMalf  a^eitratt  da  caHbaaM  daa  taiatnriera.  Aioutai 
iaatfta  liate  aiaguli4ra  I'Aifite  4fa  <ale*  le  aiaoi^re  (la  nwfe, 
Mstoa  aolotieada  aarada  BMpeadM  daM  le  viaaigte  4  Paftde 
d'oM  petite qoaatitd  de  moaflaia;  lear^Mm,  dtoflb  Ma* 
Siia»  tebite  saM  mardaat,  maia  saillaaBuaeal  coloide  pour 
hiaaer  bm  trace  aor  la  pMu  qol  m  rafolt  llmpeaaaloa :  et 
fOM  coaaaltrei  prasqM  toua  foa  aecrela  qateploiaatBM 
moderaaa  Aapaalaa  pear  r^parer  laa  aatngaida  tampa  aa 
palUar  laa  torta  de  fo  natura. 

Malbeaiaoaaaieat  Tart  da  se  njaaair  aaMdlagrieec  aiasi 
1^  aea  fafeura;  la  ooquetteria,  eenaia  raaMtioa»  a  aM 
viclinittet  aM  martyrs.  YoyM  oette  bMald  aS  radleaM  :  en 
d^t  de  Tige.  qui  Ud  eanunaade  U  laodeatia,  4  fane  da 
aofau  et  d'adrasae,  elle  eat  parYaaM  4  dtfgoisar  sea  faapoa* 
lare;  sm  cbannas  tom  surpraaaMt,  ito  toM  dbloahaent, 
Atfoodcil  le  prestige  sera  bientOt  dissip^;  qudqueaaante 
eaoofe,  et  ria.seB46e  iiayera  biea  dier  om  boaunaacs  qu*aBe 
asarpria,  cm  trionipliea  pMsagiera  quVUcdoit4  nagABlaoi 


artiiM  de  sm  pfaM»anc »  di)4  aM  Mto  a'aH4rMt  et  m  fie* 
triaaaat;  foa  ifdM  qu'aia  a  taubi  caebar  a*Meadent  at  i&* 
laaaaat  aoa  froat4  pMa  radoalMa;  m  paaa  derient  rada, 
alcfae,  Ihdde;  aM  deata  aPibraaleat  et  m  oorroaipnl;  bm 
jpnIsM  aaUn  baaade  n  bauaba  et  dfooale  de  sm  14Tres2 
alia  aoodkay  alia  maudit  aoa  ImpradaaM  i  nala  il  eat  tro^ 
lard  :  le  asal  est  saaa  raoi4dei  al  aea  d^sMpoIr  m  fera 
qa*M  acoAiiar  Im  prog«4a.  Qae  ne  saivait-ella  U  aagi 
maxlasa  da  pacta  Afraaiuat  «  Dn  grMM  almplM  et  aains, 
nacafaat  de  la  padMr,  raqjoaaaieat  et  la  eomplalaanee, 
To041aford  la  ptMsddatoaal  dajeuaelss;  ila*ea  Mt  qu'ba 
poar  ambettir  la  Tkntoan,  o^sat  Teaprtt  eoltfvd par  Tittada 
at  mfiri  par  la  r^Miaa.  •  Cmtte  DaiiAnn. 

FARE  (FaaiWe  de  La).  Voff9%  Ia  Fais. 

FAREL  (GntixAaMi),  I'm  Am  plM  aeM  praiaoteara 
de  fo  rMmsatioa  m  SaisM,  a^  ea  1489,  dans  to  Dauphin^, 
M  dtait  iraaa  da  baaae  haan,  par  Mite  de  aM  ntotions 
avM  1m  Vaadofo  da  Pl^aiaat,  4  panser  libraaiattt  ea  n:a- 
tfocade  Ibi.  Apria  SToir,  4  partir  de  Xhl^y  prMi4  n^Tan* 
gUe  ano  aa  ate  ardent  et  mUa»  foaatiqne  dans  lea  patties 
ftaaQaisndMaaatoudaBeraeetdeBlel,ildtablitm  1S80 
fo  rdforaiatioa  4  NeafcbAteL  Mate  aoa  priaeipal  oMtTd 
d*actioaflilGea4Te,  o4,  grifoa  4  sm  afforfo,  tea  ralbmte  ob* 
tbaraat,  ea  1526,  to  libie  axeretoe  da  tear  oalte;  et  pea  de 
taB^Kapr4s  11  d^tenaiM  tocoaaeil  lai*ni4nie  4  adopter  lea 
noanllM  doetriaea.  Ce  ftit  Mssi  lul  qai  d^dda  GaUia, 
da  paasaga  4  GenAra,  m  15M,  4  m  flier  dtenMfo  dana 
cattoTille.  Aa  mofo  d'oetoboe  aulMnt,  Rprit  part  amo  lai 
aa  MUoqoa  de  LaaaaaM,  qui  eat  poor  rtellal  da  iliir^ 
eaibraasM  teparll  da  fo  rdbrmattoa  par  to  caaloa  de  Yaod. 
Ea  IftMyleifttoaearbeafMtoqnalil  ebarobaitb  reuiMtei 
par  aM  rigida  diseipliaa  raligtoase  4  la  eorraptioa  dn 
BMBara,  qai  anit  M  pear  to  pMpto  geaevofo  toidMltat  da 
aa  sanmlwloa  aua  piiaen  de  la  nMlMa  de  Savof e^  to  fit 
aaOer  de  fo  pallte  r^Uiqaa,  at  tt  dat  m  ratlrar  4  If eof- 
cb4tel,  04  il  ooatiaoa  de  idaider  )asqa%  M  morl,  arriTte  ea 
IM5.  Oa  le  Mit  eepeadMt  aacon  aasister  m  ISM^  4  Qe* 
a4fa9  M  sappliM  de  flerret,  qaH  acMmpagn  ]asqa*4 
rdcbafondy  at  dont  la  deraton  prf4n  aa  tal  arracha  qae 
aatto  foraacbaaidamatloB  :  «  VoyM  qaeHe  potaaaaM  to 
dfobto  Mane  anr  aa  homme  qui  a*Mt  donnd 4  luit  »  Flirel 
peat  £tn  ooaaidM  eonmie  to  fondalsar  de  to  seala  presby* 
tortenae,  dont  II  anit  iiaavd  toa  gerniM  ehn  toa  Yandol^ 
daPtomoat 

FARET  (Nioaiju),  l*aa  dn  premlen  nMmbna  de  I'A** 
caddaite  Fnatafoe,  a'eat  ptaa  eoaaa  qw  par  to  trrit  de  u- 
tin  que  Baitoan  a  lanad  aaalre  lai,  ao  conmeacement  da 
aoa  Art  poitiquB.  Fttet  ^talt  nd  4  Boarg  en  Bresse, 
da  panato  obaean^  M  ia0k  oa  i€M.  H  Tint  en  1625  4 
Paris,  ane  dn  lettrM  de  noaauaaadatfon  pour  Mteirfoc .' 
Boisiobert  et  Yangefoa,  aatn,  ooanne  aecrMain,  dans  fo 
malaoa  da  comte  d^Harcourt,  et  fiit  asaea  habile  poor  gagnen 
fo  foTMr  dn  cardinal  de  Btoheltoa ,  aoBMatoment  poor  luf , 
mate  eacore  pour  aoa  maltre.  II  persuada  an  nrdtMl,  qui 
charchait  4  dlviaar  fo  malaon  da  Lorraine,  qu*aa  des  meillear^ 
maysM  tfdt  de  foire  fo  fortoM  dn  cadeto  de  oette  maison. 
MM.  d'Haroeait  el  d*Elbeni;  aui  d^pens  de  tours  ainds.  Ami 
partinller  dn  pranton  Ibadatoon  da  PAndtofe  Fyaa^se^ 
Paret,  qui  anR  d44  paMto  qnetaanouriagn,  iVit  admis  danii 
tear  rtealon,  et  eat  beaacoop  de  pattaai  premiers trataux 
de  Mtte  ofl4bneDnipagnie.  C^argd,  ea  1M4,  de  lUre  un  dts-^ 
oaonsor  teaoeeupatfoM  de  fo  nouTeHe  Aeadtoie,  il  ftit  Tun 
da  8M  aeaf  membm  qai  dona4real  par  iaft  teur  opinio]^ 
aur  In  afoAafo  anxqaeto  Ifo  deYatont  n  aeamettre.  En  163$, 
Baisrabert  to  propon  ao  cardinal,  arn  Yaogefos,  pour 
traniflar  aa  fonwax  diettonnaire,  et  OoeAMeau,  en  moorant 
chargn  Pant  de  eeatlanir  aoa  HUioin  BomaHie.  Farei 
avait  acqufo  qoalqan  Mena  aa  aenriM  da  CMato  d*narcourt^ 
at  prinaipatonieat  4cehit  da  cardinal.  11  n  maria  deax  fois, 
ettooioBrad'aaemani^n  avaatagcnse.  Reoonnalssant  eiiTer^, 
sn  pntaeUmra,  II  tint  an  secours  de  Yaogelas  6H  quMl  I^ 
sot  cmbatnaat.  II  moarat4  Paiis,  en  septembre  1646.  Pat 

30. 


284 


FARET  —  FARIA  Y  SOUZA 


lisson  dit  que  sa  liaison  a^ec  Saint-Amand  to  fit  passer  k 
tort  pour  d^baucMf  et  que  oe  poete,  ayant  trooY^  dans  to 
Dom  de  son  ami  one  rime  fiiclto  avec  cabaret^  se  complut 
i  to  compter  an  nombre  des  goif^fires  dont  il  chantait  U 
gloire.  Quant  k  ses  ouTrages,  ils  sont  assez  nombreox,  et 
foos  en  prose,  k  l*exoeption  d*une  ede  adresste  au  cardinal 
de  Riclielieu,  et  d*un  sonnet  teit  an  bas  d'nn  tableau  Totif 
que  Faret  fit  placer  k  Notre-Dame  en  comm^oration  da 
p^l  qull  aTait  couru  en  Pi^ont,  au  combat  de  la  Route, 
prte  de  son  maltre,  to  comte  d*Harcoart.  On  lui  dott  une 
Histoire  ehronologique  det  Ottomans  (1621),  un  traits  Des 
Vertus  n^essaires  d  un  Prince  pottr  bien  gouvemer  ses 
sujets  (1623).  I'BcnnSte  Homme,  ou  Vart  deplaire  d  la 
eour  (163S),  etc.  Leroux  de  Lmct. 

FARFADET9  sorta  d'esprit  foUet,  le  plus  friTole  de 
ces  Atres  fontastiqnes  tou^  spteialement  k  to  friYolit^.  La 
presence  et  Taction  dn  farfadetne  se  manifestent  que  par  de 
petites  agaceries,  des  malices  enfanlines,  qui  peuyent  impa- 
tlenter,  mais  dont  on  ne  daigne  pas  se  Acher.  C'est  la  nuit 
qn*ils  cboisissent  de  pr^f^rence  pour  se  montrer  ou  se  faire 
entendre.  Qoelques-uns  apparaissent  sous  des  figures  d'ani- 
maux ;  le  plus  grand  nombre  est  invisible.  Diverses  penplades 
de  llnde  oroient  que  leor  oontr^  pollute  de  larfadets ,  en 
commerce  babitoei  arec  oertaines  personnes.  Les  £co8sais 
les  appellent/atf/o/As.  On  ne  les  rencontre  chcz  nous  que 
dans  d^  t6tes  de  pontes  on  de  fous.  Un  de  ces  demiers, 
ancien  magistrat,  mort  depnis  longtemps,  a  fait  paraltre 
en  1821,  ^tant  interdit  par  safamille,  un  ouvrage  en  trois 
TolunieSyintituto  les  Far/adets,  aTecplusieurslitliographies 
curieuses.  L'auteor,  Berbiguier,  de  Terre-Neuve  du  Tbym, 
a  d^dto  son  livre  k  tous  les  sonverains  des  quatre  parties  du 
monde.  11  y  ^tablit  trte-doctement  I'existence  des  farfadets, 
et  en  donne  to  nomenctotnre  complete.  Dans  leors  rangs 
figurent  plusieurs  cdl^bres  mddecins  d^ali^n^,  Esquirol, 
Ptoel,  etc.,  ceux  en  particulierqni  ayaient  8o{gn6 1'autenr,  et 
qu^il  poursuivait  de  sa  haine  Tivace. 

FARGUEIL  (AnaIs),  charmante  actrice,  d^Te  do 
Ck)nservatoire,  fille  d*un  acteor  de  proTince  qui  ^tait  arriT^ 
il  jouer  k  I'Op^-Comique,  d^nitasur  cethMtre  au  mois  de 
mars  1835,  dans  La  Marquise.  Elle  s'y  montra  trte-bonne 
^rice ,  pitoyabto  cbanteuse;  to  public  flit  inexorable  pour 
elle,  et  elto  disparut.  BlenlOt  elle  frappaaux  portes  du  Van* 
devilte,  et  un  an  apr6s  sa  chute  de  Feydeau  elle  d^utait  avec 
^clat  ^  to  rue  de  Cliartres  dans  Le  DHnon  de  la  Nuit.  La 
beauts,  la  grkce  de  M"*  Fargueil  furent  de  moiti^  dans  ses 
succte,  avec  un  tolent  que  Tdtude  et  Teip^rience  ont  d^ve- 
loppd  depuis.  En  1842  MUe  Faiguell  entra  au  thdfttre  dn 
Palais-Royal,  en  1S44  &  celui  du  Gymnase,  qn'elle  quitta 
en  1845.  Pendant  plusieurs  annte  elle  sembla  avoir  renonc^ 
aux  tli^tres  de  Paris;  elto  fit  de  fructueuses  toumto  en 
province,  etelle  y  abordait  avec  on  ^  wacchi  des  r61es  de 
Mii«  Mars  et  des  rOlesde  M"e  D^jazet.  £nfin,  en  1852, 
M"«  Faigueil  est  rentrfe  au  Vandeville,  oil  elle  erda  avec 
distinction  to  r6to  de  Marco  dans  Xes  Filles  de  Marbre. 

F ARGUES  (BALTBAZ4B  oe)  ^tait  un  gentilbomme  des 
environs  de  Paris,  qui  avail  fignr6  assei  activement,  quoi- 
qu'cn  sous-ordre,  dans  les  troubles  de  to  Fronde.  Le  procte 
qui  loi  fut  intents  en  1665,  sa  condamnatton  &mort  et  son 
exteotlon,  pronvent  quels  souvenirs  ptoibtos  Louis  XIV  avail 
conserve  de  cette  guerre  civile  qui  avail  ensanglani6  les 
annte  de  sa  minority,  et  avec  quel  acharnement  de  baine 
et  de  rancone  il  poorsnivit  tous  ceux  qui,  dans  ces  temps 
d'^preoves  et  d'adversit^  pour  rautorit6  royato  et  ses  d<f en- 
seurs,  s'^taient  prononcds  en  favour  d'un  prindpe  et  d^in- 
I6rtts  dont  to  tr5ne  n'dtait  pas  to  personniQcation.  Saint- 
Simon,  dans  sesMtooires,  nous  a  racont^  cette  singuli^re 
histoire.  Des  seigneurs  s'^tant  dgarte  dans  une  partie  de 
chasse  finirent  par  Be  trouver  au  ch&tean  de  Courson;  to 
inaSIn  dn  lieu  les  traito  de  son  mieux,  et  4  leor  retour  ils 
racont^nt  au  roi  tour  aventnre.  Louto  XIV  apprenant  que 
to  mattre  de  Courson  6tait  Fargues,  s'^tonna  qu'il  fOl  si  pf^ 
de  to  cour.  II  en  parla  k  sa  mdre;  to  premier  prudent  La- 


moignon  fat  appeto,  et  on  trouva  to  moy€n  d'impliquer 
Fargues  dans  un  meurtro  commls  au  temps  des  troubles. 
Fargues  flit  arr^t^;  il  eot  beau  se  dtfendre  de  ce  dont  on 
Paccusait  et  all^guer  qu*en  outre  ramnistie  devait  le  couvrir; 
les  seigiieors  eux-mtees  eurent  bean  s*entremettre  auprte 
des  Juges  et  du  roi,  tout  flit  inutile.  Fargues  eut  la  t^e 
coupitey  et  sa  propri^t^  confisqo^e  flit  donnde  en  rfcom- 
pense  au  premier  prfeident.  «  Elle  dtait  fl>rt  k  sa  biens^ance, 
dit  5ato^Simon,  et  flit  le  partage  de  son  second  fils.  II  n*y 
a  qu'une  liene  de  Basville  a  Courson.  »  La  fiimilte  Lamoi- 
gnon,  dans  ces  derniers  temps,  a  clierob^  vatnement  it  d6- 
mentir,  au  moyen  de  rdflitotions  ins^rfes  dans  des  recneils 
comphdsanto,  le  Hdi  de  Saint-Simon ,  qui  se  trouve  cor- 
robor6  par  le  ttoioignage  de  Laplace  et  par  celui  de  L^mon- 
ley,  dans  son  Essai  sur  r^tablissement  fnonarchique  de 
Louis  XIV.  Cette  ramtlle  a  eu  tort  de  se  montrer  d  cba- 
touilleuse  k  Pendroit  de  Forigme  d*one  parttodes  biens  qn>lto 
possMe;  qui  ne  salt  que  les  trols  quarts  au  moins  des  ri- 
cliesses  de  Tancienne  noblesse  provenaient  uniqoement  des 
confiscations  prononc^es  centre  des  families  protestantes? 

FARIAY  SOUZA  (Manobldb),  naqoit  to  19  mars 
1590,  dans  le  cliAteau  de  ses  atonx,  prds  de  Pombeiro,  dans  to 
province  portugaise  d'Entre-Douro-et-Mtobo.  Apr6s  avoir 
appris  le  totin  dans  to  maison  patemelto,  11  alia  faire  ses 
Etudes  supMeurcs  k  Braga,  et  I'^v^uo  de  cette  vilto,  qui 
^taitson  parent,  leclioisitdquatorze  ans  pour  secretaire.  11  en 
exer^t  les  fonctions  depuis  dix  ans,  quand  Penvie  lui  prit 
d'alter  visiter  la  capitate  des  Espagnes,  oil  Pierre-AIvarer 
Perreira,  secretaire  d'l^tet  do  roi,  PaccoeilUt  avec  distinc- 
tion. Ma»  ses  mani^es  fianches  jusqu*^  la  rndesse,  son  ca- 
ract^  bizarre  et  tenace,  choquirent  les  seigneurs  castillans, 
au  point  quMl  dut  renoncer  bientdt^tout  espotr  d*avancement 
Dans  son  d^pit,  il  quitta  la  cour  de  Madrid,  et  roprit  to 
cbemiu  dn  Portugal.  L'arohevdque  de  Lisbonne,  Mendoca, 
gouverneor  du  royaome,  lui  destinait  Pemploi  de  secretaire 
des  Indes;  mats  le  marquto  de  Castello-Rodrigo,  autre  pro- 
tecteur  de  Faria,  trouva  cet  emploi  inferieur  k  son  merite; 
et  le  pretot  le  cr^a  provisoirement  secretaire  d*£tat  Le 
marqms,  ayant  ete  nomme  ambassadenr  k  Rome,  cboisit 
Farto  pour  son  secretaire  d'ambassade,  et  tons  deux  se 
mtrent  en  route  pour  to  capitate  de  to  clirettonte  en  passant 
par  Madrid.  A  Rome  les  vastes  oonnaissances  de  Faria  to 
meriterent  la  consideration  de  tous  les  savants  qui  entoo- 
raient  Urbain  VIU.  Mais,  ne  pouvant  se  faire  ao  cUmat  de 
cette  ville,  O  dut  revenir  en  1634  A  Madrid,  oii  un 
mallieur  Pattendalt:  il  fut  incarcere  par  Pinquisition,comme 
prevenu  d*avoir  outrage  le  catholidsme  k  Paide  d'allusions 
paiennes,  et  ne  recouvra  k  grand'  peine  sa  liberie  que  par 
Pintervention  dn  secretaire  d'Etal  Villanova.  Fatigue  des 
vicissitudes  de  ce  monde,  il  igoutak  son  blason  un  eoropas 
oovert  sur  un  llvre,  avec  ces  mote  :  in  wtnum  laborave* 
runt.  II  mourut  d'une  inflammation  de  vessic,  le  3  join  1649. 

Les  modernes  ont  reproche  k  Faria  les  memos  defauts 
qu'k  Marini,  k  Lope  de  Vega,  k  Gongora:  de  la  pretentioo, 
une  recberche  excessive,  de  Penfiure,  des  images  foroees  et 
des  hyperboles.  11  ecrivait  avec  une  prodigtouse  facUite.  On 
a  de  lui,  entre  auires  onvrages,  des  Commentaires  sur  les 
tAUiades  de  Camoens  (1639),  la  Dtfense  des  Commen* 
taires  (1640),  on  Epitome  de  Chistoire  de  Portugal,  cravre 
tres-estimee,  tres-impartiato  et  tres-veridique  (1626),  Asie 
;wr^ti^abe  (1166-1675),  Europe  portugaise  (1667-1679), 
Amdrique  portugeUse  ( 1681 ),  restee  mannscrite,  des  poe- 
sies diverses  sous  letitre  deFuentede  Aganipe  (1644-164C, 
7  vol.).  II  a  en  outre  mis  en  ordra  ^  pubUe  Poovrage  de 
Semedo,  totitnto  :  Imperio  da  China,  etc 

Farto,  Portugais  de  naissance,  a  presque  constamnMnt 
ecrit  en  espagnol;  dans  la  tongue  de  son  pays,  ilu'a  com- 
pose qu'un  petit  nombre  de  cliansons.  11  mourut  dans  nn 
etatvolsindePindigence.  Ses  longs  etconsciencieux  travaux  ce 
luiavaient  vahi  quedc  minces  bouiieur^  et  |x:u  d^argcnL  Plii- 
lippe  IV,  roi  espagnol  de  la  mesquine  race  autrichienne, 
.  lui  acconia,  il  est  vrai,  sur  la  tin  de  ses  jours,  une  pension 


FARIA  Y  SOUZA  -^  FARINE 

des  plus  modiques ;  et  le  toi  de  Poiiugd ,  malgrti'inqaisi- 
tioQ  de  Usbonne,  digno  sceur  de  celle  de  Madrid,  le  d^ora 
de  8on  ordre  da  Christ. 

FARINE.  On  donne  ce  nom  k  diTeraes  sobstances  r^ui- 
tes  en  poudre  tris-fine  par  des  moyeoa  mdcaniques ,  raaia 
on  le  r^senre  particuli^rement  pour  di^igner,  d*uue  inaniire 
sp^dale,  la  poudre  produite  par  des  c^r^es,  onrant  dans 
leur  composition  une  oertalne  quantity  d*ane  matl^re  gom- 
meuse,  que  les  chimistes  appeUent  ^/u/en »  et  qui  reste 
dans  la  main  lorsque  Ton  malaxe  an  morceau  de  p&te  sous 
im  faible  filet  d^eau  courante.  Cette  mati^re  est  des  plus  im- 
portantes  pour  rend  re  les  farines  nutritiTes,  et  il  est  ii  re- 
narqiier  que  la  farine  de  froment  est  celle  des  c^rdales  qui 
«D  conlient  le  plus,  et  que  le  froment  des  pays  m^ridionaux 
en  poisMe  beaocoup  plus  que  les  bids  des  contrto  septen* 
trionales  :  ainsi ,  on  en trouve  l4  pour  too  dans  la  farine  de 
W  dor  d'Odessa ,  12  ponr  100  dans  celle  da  bl^  tendre  da 
mtoe  pays,  et  de  9  li  10  dans  les  farines  employ^  k  Paris ; 
les  farines  de  seigle ,  d*org6  et  d*av«ine  n*en  contiennent 
gu^  qoe  de  3  i^  4  poor  100 :  aussi  elies  sont  bien  moins  nu- 
tritiTes  que  celle  de  froment.  Cependant,  comme  elles  Invent 
uoins  bien  quand  on  les  boulange,  U  en  r^ulte  que  lepain 
qu^elles  foumissent  est  plus  lourd ,  reste  plus  long-temps 
k  passer  dans  Testomac,  sans  pour  ainsi  dire  y  latsser  de  ma- 
ti^natritive,  et  trompe  par  cons6]aent  Tapp^tit,  sans  r^ 
parer  les  forces  autant  que  pourrait  le  faireun  pain  de  farine 
de  froment  Les  ilarines  contiennent  siirtoat  unegrande  quan- 
tity d*  a  mid  on,  c*est&dire  depuis  56  ou  62,  dans  les  bids 
d'Odessa,  jusqu*^  74  pour  100  dans  la  plopart  des  autres  fro- 
roents.  Les  farines  d^orge,  de  seigle  et  d'avoine  sont  bien 
moins  riches  en  amidon,  ^  poss^ent  k  peine  quelques  traces 
de  socre ,  excepts  pourtant  la  farine  d'avoine,  qui  conlient^ 
md  que  celle  des  bids  d'Odessa,  de  7  k  &  poor  100  de  socre, 
fandis  que  la  farine  des  autres  froments  n*en  prdsente  ao  plus 
qne  de  4  k  5  pour  100.  Plus  le  gluten  etle  sacre  dominent 
dans  les  farines,  plus  elles  fermentent  aisdment ,  plus  ea 
mdme  temps  leur  pain  est  nourrissant ,  et  plus  cependant 
lapltedece  pain  est  Idg^,  car  la  fermentation  ayant 
donndlieu  k  one  assez  grande  quantitd  d'acide  carbonique, 
cet  adds  pendant  la  cuisson  tend  k  s*dchapper ,  et  enlralne 
STeclui  one  plus  grande  qnantitd  d^eau. 

C*est  pour  obtenir  one  action  semblable ,  mats  d^une  ma- 
ni^  facUce,  que  pour  actirer  leur  leTain  quelques  bou- 
langers  ajoutent  k  leur  farine,  en  la  pdtrissant,  on  pea  de 
MttS^arbonated^ammoniaque:  ce  moyenest  inofTensif.  Mai- 
beoreusemeot  il  n'en  est  pas  de  mfime  de  I'addition  dans  la 
p&te  de  beaucoup  d'antres  sels,  et  la  police,  dans  I'intdrdl 
gdndral,  doit  emp^cber  tons  ces  mdlang^  Arauduleux.  Ged 
f'applique  encore  aux  farines  de  haricots ,  de  pois,  de  (tvea, 
de  cbitaignes,  de  nuus,  de  carottes,  de  riz  et  de  pomme« 
de  terre;  car  si  par  ces  mdlanges  on  ne  risque  pas  d'em* 
potsonner  la  population,  du  moins  on  ne  lui  donne  pas  toute 
la  matidre  nutritiYO  que  Ton  est  censd  lui  vendre.  En  effet, 
admettons  qa*au  lien  de  pdtrir  14  kilogrammes  de  farine  de 
froment  ayec  13  kilogrammes  d*eau,  i)our  obtenir,  aprte  une 
bonne  cuisson,  18  kilogrammes  de  pain.  Ton  ne  ddlaye  dans 
la  mdme  quantitd  d'eau  que  12  kilogrammes  de  farine  de  fro- 
ment aTec2  kilogrammes  de  farine  deriz,  il  en  rdsultera  que 
Ton  obtiendra  24  kilogrammes  depain,  c*est-k-dire  quMl  res- 
(era  dans  la  p&te  apr^  la  cuisson  6  kilogrammes  d'eau  do 
pluv  que  dans  le  pain  de  pur  froment;  et  comme  I'eao  ne 
pofis^e  aucune  qualitd  nutritive  par  elle-mtoie,  il  est  cer- 
tain qu'une  paretUe  addition  est  fraodaleose,  poisqu'eUe 
s'exerce  an  ddtriment  des  acheteurs. 

Le  mdiange  de  la  fdc  u  le  de  pommes  de  terre  k  la  farine 
est  tout  k  (ait analogue;  aeolement,  il  est  moins  sensible  dans 
•es  rdsoltats  apparents,  car  le  pain  provenant  de  ce  mdlange 
dtant  moins  nourrissant  et  passant  Irds-promptement  dans 
restomac,  on  est  forod  d^en  manger  davantage,  et  sa  con- 
sommation  est  par  consdquent  beaucoup  plus  grande.  Mous 
ajouterons  que  ce  mdlange  de  fdcule  de  |iommes  de  terre 
avec  de  Sa  farine  n'cst  profitable  qo'au  mcunier  on  bien  k 


celui  qui  fUt  et  vend  ce  mdlange,  ear  il  est  rui&eiu  pi^ur 
le  bonlanger ,  qui  achdte  et  pdtrit  une  farine  ainsi  mdlangde. 
Ceci  pourrait  paraltre  un  paradoxe,  si  Ton  ne  savait  que  la 
plupart  des  faillites  saryennes  parmi  les  boulangers  de  Paris 
ne  sont  dues  en  partie  qa'aax  pertes  quMls  ont  faites  sur  ces 
farines  mdlangdes,  pertes  que  Ton  peutfacilement  expUquer 
parTexemple  suiTant :  gdndraiement,  un  sacde  fannepur 
froment,  pesant  102  kilogQpimes  et  demi,  rend  an  bon- 
langer 102  pams  de  12  kllogaromes;  mait  si  la  farine  a  did 
allongde  d^un  vingtitoie  k  un  dixiime  de  fdcule,  proportion 
habituelle  de  cette  fraude,  le  sac,  quoique  pesant  le  mdme 
poids,  ne  rendra  plus  que  92  pains,  et  mdme  qnelquefois 
que  8/  k  88,  an  lieu  de  102  :  c^est  done  une  perte  de  10 
pains  de  2  kilogrammes,  nn  ddfidt  de prds  de  10  pour  lOO 
par  sac;  alors  ndoessairenkent  plus  un  bonlanger  emploiera 
de  cette  espdoe  de  farine,  plus  il  se  tronvera  en  perte  a  la 
fin  de  Pannde.  Les  pertes  snnrennes  parmi  ies  lx>alang»« 
par  suite  de  cette  aKdration  des  farines  pures  par  la  fdcole 
les  ont  conduits  k  cliercher  les  moyens  de  leconnaltre  les 
farines  ainsi  iUsifides,  et  bient6t,  en  dtalant  la  farine  dans 
la  main  avec  une  lame  decoutean,  et  en  examinant  aTec 
one  loupe,  lis  sont  arrlTds  k  apprdcier  4  pen  prds ,  par  les 
points  brillants  el  lenombre  apparent  de  ces  points,  si  Td- 
chantillon  qu'ils  examinent  est  mdlangd  de  fdcule.  De  plus, 
M.  Boland,  bonlanger  de  Paris,  a  reconnn  que  la  teintnre 
d*iode  colore  la  fdculed*ane  manidre  plus  intenseqae  Pamidon 
des  farines  de  pur  froment :  alon  il  malaxe  un  morcean  de 
pdte  faite  avec  de  la  farine  k  essayer;  il  prend  les  eaax  de 
lavage 9  les  colore  par  une  teintnre  alcoolk|ae  diode,  les 
laisse  ddposer ;  et  s'il  se  troave  an  bout  de  quelques  beures 
deux  coocbes  de  matidre  saperpoades  difldremment  noan- 
cdes,  il  apprdde  la  quantitd  de  fdcule  ajoatde  par  I'dpaisseur 
proportionnelle  de  la  concha  la  plus  fortement  colorde.  Nous 
ne  parlerons  pas  ici  dn  sable,  de  Pargile  blanche  et  de  la 
craieque  des  meuniersajoutent  frauduleusementaux  farines. 
Si  le  oonsommateur  est  asset  habile  ponr  ddmasquer  la 
fraude,  lis  s'excusent  sur  tears  meules,  qui,  disent-Us  ton- 
Jours  aossi,  riennent  d'dtres  battues ,  et  soaslesquelleson  a 
mis  du  grain  par  rodgarde.  Mais  toiites  ces  firaudes  sont  pani»> 
sables,  et  le  mohidra  rodtenge ,  mdme  de  fdcnle ,  peat  dtre 
condamnd  en  verta  des  articles  419  et  420  du  Oode 
Pdnal. 

Si  Ton  doit,  tantponr  rdconomie  que  pour  la  santd,  driter 
d*employer  des  fkrines  mdlangdes,  il  est  dgalement  impor- 
tantque  ces  farines  ne  soient  ni  trop  nouvellM  ni  malsdchdes; 
car  de  Ik  il  rdsnlte  que  les  farines  de  grains  nou? eaux ,  con* 
servant  tonjonrs  avec  elles  une  certaine  hnmiditd,  s^dchaur- 
fent  fadlement ,  se  moisissent,  et  par  suite  de  ce  premier 
degrd  de  fermentation  putride,  il  anrive  que  la  fermentation 
panaire  a  beaucoup  de  peine  k  s'dtabllr  et  ne  s'dtablit  mdme 
qa'imparfaitement.  Auasi  aeraitril  important  qoe  dans  tous 
les  moalins  il  y  eftt  un  systdme  de  ventilation  tellement  bien 
dtabli  que  la  farine  fftt  entidrement  dessdchde  loiaqa'on  la 
met  dans  les  sacs.  G'est  afiln  d'empdcher  les  farines  de  s*d- 
chauffer  qo'on  emmagasine  les  sacs  dans  des  endroits  sees, 
bien  adrds,  et  qo*on  les  empile  de  manidre  que  Pair  puisse 
circuler  de  tons  les  cdtds ;  il  est  mdme  utile,  qaand  on  veut 
foire  voyager  de  la  farine  sur  mer,  de  la  puiiger  autant  que 
possible  de  tout  le  son  quelle  conlient,  de  la  dessdcber  k 
Pdtuve  et  de  Penfenner  hermdUqnement,  en  la  pressant 
fortement,  dans  des  barils  de  76  k  80 centimdtres  de  haot 
snr  40  de  diamdtre,  cerclds  en  fer,  dont  on  gamit  Tin* 
tdrienr  de  papier  blanc  :  c'est  ainsi  qoe  nous  arrivent  les 
belles  farines  des  fitats-Unis.  Si  par  hasard ,  malgrdces  prd- 
cautioBS,  la  fiuine  s'dchaufTe,  soit  ponr  avoir  dC^  embarilldia 
trop  immddiatement  aprds  sa  moutore ,  soit  ponr  avoir  dtd 
mal  emmagasinde  et  mal  solgnde,  alors  il  fiint  la  dessdcber  k 
Pdtuve.  Mais  si  aprds  ce  remdde ,  rarement  puissant,  la  fa* 
rine  conserve  une  odeor  aigre  et  particulidre  Hen  prononcde, 
que  Pon  fait  exbaler  enddlayant  une  cuillerde  de  cette  fkrine 
dans  an  verre  d*ean  ,11  fknt  en  fklre  le  sacrifice  et  la  donner 
aux  bestianx,  car  11  est  positivement  prouvd  qnesaconsooi- 


PARINE  —  FARM 


186 

I 

mat  ion  par  )es  popalatk»s  peot  aroir  qnekiuefois  de  graTes 
oicoaTteietits  rarh  saDt^pobliqoe.  J.  ODOLAifr-Dunos.  . 
FARirVE  F0991LE,tem  ca!ea!re  pnW^leote,  j 
tr^blancheet  trt»-i4S^,  que  Ton  trooTe  quelqaefols  dans 
lea  aioBs  mMaHiqiies  et  dana  lea  fentes  dea  nmntagDea  eal- 
aalret.  On  M  doooe  aoaat  \t  nmn  de  Mt  de  htne,  paree 
qii*aUA  «t  asaat  souTanl  dflay^a  par  lea  eain  sooterrainea 
at  pMaente  alon  nne  BUliire  inidey  MaDCbe  eomme  dn 

laK> 

FARINELLI  (Oablo  BR06CHI,  torDomm^),  naqnlt 
to  94  jtATifl^  1705;  maisle  Kea  de  aa  naiaaaiice  eat  demeari 
ineertaiii.  On  ii*a  pea  dob  plua  de  renaeigneRieiita  pr6di 
for  Perii^aedeaoii  auraom  de  Farinelli :  lea  una  ont  pr^ 
tends  qnH  venait  ^tfiarina,  parce  qoe  Satvator  Broschi, 
ptee  da  chanteur,  aT^  ^t^  meunier  on  marehand  de  ferine ; 
lea  autrea  djaent,  avee  ploa  de  probabilM,  que  le  Tirtuose 
ayant  en  dana  aajeuneaae  pour  piotecteun  lea  troia  Mnea 
Forliiay  amateura  diathigiiite  de  la  tifle  de  Naplea,  le  Don 
de  FarinelU  VA  «iaK  restd.  Qnol  qull  en  aoit,  Farinelli  au« 
Ml  fort  jeune  Pop^ratfon  de  la  eastraiiott,  grtee  k  laquelle 
II  fdt  deu^  de  la  plus  merreDleine  voix  de  aoprano  qu'on 
ait  Jamaia  entendne.  Aprto  avoir  appria  arec  son  p^  lea 
prineipea  de  la  muaiqae,  &  antra  dana  P^eole  de  P  or po  ra, 
et  doYint  aon  Mve  de  prMHecHon.  Agd  de  dii-sept  ans,  il 
aeeempagaft  aenmaRfe  ii  Rome  pour  dAmter  dens  on  op^ 
d'^^ane,  que  Porpora  allait  torire  en  eette  Tllle.  Ses  d^ 
bula  Aireal  onvqiids  pei;  nn  anccte  ^datant,  et  en  1724  aa 
r^pvlatioa  I'altira  k  Yienne;  en  1725  II  ae  0t  apphudlr  I 
Venlae»  dana  la  Diffone  ehbandonaia  de  M^taataae,  miae 
en  Dwaiqne  per  AlMnoni.  H  revfart  eaaoite  k  Naplea»  od  11 
eaeita  lea  phia  yife  transporta  dana  one  airteade  dramatique 
de  Haaae,  dana  laquelle  ebants  la  Ainieaae  cantafrioe  Test. 
DeMilaiiy  ell  n  alia  en  1725  ponr  jener  dana  le  Ofro  de 
f .  CSaanpi,  il  ae readtt  k  Rome,  oil  fl  dtait  impatfemment 
attandB.  Ce  fot  en  1727  qn'H  ae  meaura,  k  Bologne,  avee 
Remaechli  aoraonnd  Ibtoi  dt»  chaniewri.  Dana  lea  an* 
nte  I72»  k  173e»  FariMft  Mvb  aeeond  toyage  k  Ylenne; 
puis  dana  diveraea  toumte  qu'tt  fit  k  Yeaiae,  Rone,  N8« 
plaa^  PiaiaaBoe,  Panne^  R  eot  Poecasion  de  lutter  avee 
lea  plna  efl^brea  ehantettra  du  feupa,  tela  que  Giai,  Hieo* 
■Bly  to  Fauattna,  to  duamii,  qvli  aorpaasa  tone.  Un  trot- 
atome  a6jonr  quti  fit  A  Vkme,  eo  1731,  eoDtribaa  beancoop 
k  modifier  aa  manito ,  grftoe  anrtont  aui  couflella  de  Penh 
pereuf  Cbarlea  YI,  qui  brf-mtaie,  eseeHent  mudcieny  ne 
dMaigna  pea  (Paoeompagnet  pluatenra  foia  to  c^tobre  tIt* 
laoae  ao  etoteelB.  Ce  prinee  tal  dK  on  Jour  que  eea  gigB» 
teaquea  tnite,  eea  loBga  paaaagea  qnl  db  finiaaaient  paa,  eea 
bafdieaaea  de  Pexdcutfon,  poovalenl  Men  esdter  I'dtonn^ 
MNttt  et  Padmiratlon,  Bon  toueher  to  caeur,  et  quil  lui  ae* 
ndt  peurtaBt  biea  toeito  de  Mre  naltre  P^motloB,  aMI  too* 
tali  ecra  qBelqaeloto  ploa  aimpto  et  plus  expreaeif .  A  paiiir 
deee  BMmeBi  FtirindN  est,  aviraBt  lea  dreonstancea,  rd* 
aiater  4  PeBtratneaMBl  gMral,  et  ehaater  aotremeot  que 
danaoe  atyto  de  braveure  que  Bernaoehi  aTalt  mis  eo  Togue. 

Farfnem  fetovma  eneofe  ob  Italie,  et  aur  tea  tb^Atrea 
de  Rome ,  da  Ferrare^  de  Luequea,  de  Turfaiy  fl  mlt  to  aeean 
b  aa  riputation  de  premtor  cbantear  d«  BUNide.  Ea  1784 
II  pasaa  en  Aagtotenre,  et  I4»  pour  le  roalheur  de  Handd, 
fid  avail  IlBtraprlfle  du  IhdAIre  Hay-Market,  H  ae  fit  en^ 
tendae  asr  totbMtre  de  UnoolBVlnB-Ftolda,  dont  Porport 
YflBaH  de  preadra  to  direetioB.  Ce  M  daaa  Pilr^BJEerM  de 
Mime  que  notre ehanlear  ddbeto.  On  ne  ae  figure  paa  lea 
biBneora^  lea  riebeaaes,  lea  prtaeata  de  loulea  aertea  dont 
Fa  taeHi  Ait  combld.  Pendant  lea  Iroia  ana  de  aon  a^ 
Jour  k  Loadrea,  en  17$%,  1736  et  173e,  le  revenu  de  Furl*' 
Belli  ae  a'lleva  paa  k  moiaa  de  dnq  mlHe  livrea  ateriing, 
environ  i2ft,eoe  fr. 

Yait  to  fia  da  t7le»  FbrlaeHI  tyaat  pria  dea  eagagamenta 
avee  lea  eatrepraaeura  de  l*Op^  de  Loadrea,  partit  pour 
PRapegaa^ dMMto  b«l  de  a^  Adrequ*aa  voyage  :  il  y  reate 
vb#^liM|  aaa,  aombM  de  la  toveiir  de  deua  raonarqtiea.  Ce 
IBleBeaet  to  praatlga  de  aoa  talaat  qui  parvint  k  diatraire 


P  hi  1  i  p  V  e  Y  de  la  profonde  m^lanoolie  dana  laqoeDe  il  Wt 
plough.  Farinelli  fat  dte  lors  attadi^  au  aervice  de  la  eoor 
avec  50,000  fir.  d*appointementa ,  aooa  oondiUon  de  ne 
plus  dianter  en  public.  II  eonaerva  aon  poate  auprto  de 
Ferdinand  YI  loraque  celui-d  b^rita  de  la  couronne  de 
aon  p4re,  comma  fl  avait  d^k  bdritd  de  aon  bypocbondrie. 
FarlndH,  nomm^  cbevalier  de  Pordre  de  Catotrava,  finit  par 
acqu^rlr  to  plua  grande  infiuence  k  to  coor  d'Eapagne,  el 
devint  preaque  to  aeul  canel  par  ob  conlftrent  tootea  lea 
grfteea.  «  II  tout  cependant  avoner,  dit  M.  Bocoua,  qu^ll  ae 
lea  accorda  qu'an  m^te,  qn^ellea  n'^taient  paa  pour  hii  Pob- 
Jet  d*une  ap^totion  ptoinisdre,  et  qu*U  n*abuaa  Jamaia  de 
aon  pouvoir.  Ayant  obaervd  I'efTet  qu*avait  produit  to  musi- 
que  aur  I'eaprit  du  roi,  11  lui  perauada  alatoent  d*^tablir  na 
apectade  Haiien  dana  le  palala  de  Buen-ReUro»  ob  il  eppeia 
toa  plua  babilea  artiatea  de  PItoKe.  II  en  fut  nomm^  diree> 
tenr;  mala  aea  fonctiona  ne  ae  bornatont  paa  to«  Outre  U 
grande  preponderance  qoll  continuait  d'exercer  anr  to  mi 
et  aur  la  rdne,  Farindii  dtait  aouvent  employ^  dana  lea  ar- 
Airea  politiquea  $  il  av^lt  de  frequentea  conferenoea  avee  le 
miniatre  La  Enaenada,  et  etait  plua  particuli^rement  consi- 
dM  oomme  Pagent  dea  mlniatrea  de  difliireatea  eours  de 
PEurope,  qui  euient  int^reaada  k  ce  que  to  roi  calbolique 
n'efTectoAt  paa  le  traits  de  famille  que  to  France  lui  propo- 
aalt  »  Ainai,  ai  Farinelli  ne  ftit  paa  mlnlstre  en  titre,  U  ftit 
dn  moina  un  tovori  dont  Pinfluence  dquivatoR  k  celto  d*oo 
mbiiatre. 

A  Pavenemeat  de  Cbarlea  III  au  frOne  dlSapagne.  Fari< 
ndU  refut  Pordre  de  aortir  du  royaume ;  cependant  u  eon- 
aerva aon  traitement,  aoua  to  condition  de  a'dtablir  k  Bologne. 
Retire  dana  aa  aolitude ,  Farinelli  paaaa  vingt  ana  aana  chan- 
ter, mala  Jooant  qudqudoia  de  to  viole  d^amour,  du  clave- 
dn,  et  compoaant  pour  eea  faiatrumenta.  11  avait  une  collect 
lion  de  beaux  inatrumenta ,  de  tableaux,  de  portralto  dea 
prinoea  qui  avaient  did  aea  patrona.  U  aimait  k  patter  de  aea 
honnenra  paaada,  et  aa  vidlleaae  ae  plahaitdana  la  aoovenir 
d*une  foule  d'anecdotea  qull  racontait  un  pen  trop  Mqnem- 
ment.  FarindH  mourut  to  15  Jufllet  1782,  k  l*ige  de  aoixante- 
dix-aept  ana  et  qudquea  mcda.  On  dte  phideura  traita  qui 
font  bonneor  au  canietta  el  k  to  gdadroaitd  deeetartiato. 

J.  dXIrticuc. 

FARIBIEUX9  nom  donne  anx  aobateaoea  v^g^alea  qui 
contiennent  deh  ferine.  Au  premier  rang  aont  lea  cdrea- 
lea,  et  aurtont  to  fh>ment;  enauite  tieanent  toa  menua 
graiaa,  lea  legnmea  aeoa,  le  aarraafai,  to  mala,  lea  poamiea  de 
terre,  lea  chfttaignea,  ete.  Leura  prlndpea  commmia  aont  Pa- 
mldon  et  one  partie  aocrde,  eriataillaaUeoa  non  :  eeadenx  • 
demento,  rtenla  en  proportion  difKrente  dana  lea  differeotea 
aubatancea,  aont  aaaoetoa  an  gloten,  k  l^bomlna ,  dana  to 
froment  et  d*autrea  odrtelea,  b  dea  prindpea  proprea,  PAar- 
tfdiiie  dana  Purge;  I  dea  parttoa  flbrenaea,  k  dea  aeb,  etc, 
dana  d*autrea  aubatancea  de  la  mteie  daaae.  De  eea  com- 
poaea  vegdtaux  fl  rdaulte  dea  corpa  on  ndoeaaafaea  ou  ntflea, 
maia  toua  predeux  pour  Phomme. 

De  nombreuaea  expdrlenoea  ont  conduit  k  eonaiddrer  le 
gl  nt  en  eomme  cehil  dea  diemento  qui  donne,  anrtout  anx 
torineui ,  leura  propridtda  allmentairea.        P.  Oaubekt. 

FARM,  FARMER.  IiO  mot  anglda  fearm  r^xmd  8  ce  que 
nous  appdona  m^fafrle,  ferme,  c'eat-8-dlre  k  une  oertdae 
etendue  de  terre  de  laqudle  dependent  une  malaon  d'babi- 
totion  et  dea  lifttlmenta  d*exploitation,  et  qu*on  looe  mo)cn- 
ant  one  rente  annueHe.  Qudquea  etymologialea  to  font  veoir 
du  latin  fifTna,  qui  algnifle  un  emptorement  entonrd  de 
baies;  d*autrea,  de  Panglo-aaxon  ybarme  oafeorme,  qui 
aignifiait  vivrei,  attendu  que  dana  toa  temp«  antiqnea  lea 
grna  de  la  campagne  ne  payalent  to  louage  de  lenraterra 
qu'en  produita  du  aol.  C^eat  k  partir  do  deiaitaie  aitete  aeu* 
lement  que  la  redevance  en  nature  fut  tranaformee  en  reda- 
Vance  en  argent 

ht  fanner  eat  le  locateire  dHine  fitrm,  et  daaa  an  aana 
plua  general,  un  coHivateury  on  payaan.  Ea  Amerique,  eti 
H  existe  pen  de  fermagea,  on  emploto  to  mot  fiatm  pear 


FARM  —  FARNtSE 


Mt 


ii<jpnfloiite  praprllM  fenettre  rftoft  en  dehors  des  Tillee. 
Ijtfnnwr  B*y  e&t  done  autre  ehose  qa'un  petit  propridalre 

FARIVfeSEt  Mahon  prlseilre  d*Italie,  dont  I'orfgfne  re- 
flHMto  {ttque  merft  le  mfllea  da  trdsitoe  allele.  EUe  possl- 
Mt  ilon  le  ebltoau  do  Faroeto,  prto  Orrieto,  et  donna  li 
nfilgjUfle  iinif  qa*h  la  r6pQbU(|tte  de  Florence  phi^lettrs  capl* 
latoeBdietinKn^,  notarament  fiHro  FARNtes,  mort  en  1 363, 
^  q^  lea  Ftorentuia  fltrent  redevaMes  de  leur  triomphe  sur 
lea  Piaina.  Le  pape  Paul  III.  qui  4taU  de  la  malson  Far- 
ifese,  eC  qni  ayait  fort  ^  eeenr  ra^vation  et  la  grandear  de  aa 
ftimfle,  8*oecapa  snrtout  d'asserer  la  fbrtane  de  son  file 
nafnrri,  Pietro  Luigi  Fabn^c.  Ayant  yaineroent  oflert  k 
i'empefear  Cliaries-Quint  des  sommes  immenses  pour  quMl 
^tfgjrtl  en  aa  fliTenr  le  MHanala  en  duch^^  fl  fit  de  Parme  et 
de  Halaaiiee ,  odev^a  par  Jules  It  aux  Milanais,  un  dnch^ 
dont  Q  hii  fit  don  an  mois  d'aoAt  154&.  Mais  le  r^ne  do 
JPfefro  Xlti^i  ne  (M  que  de  conrte  dun^e.  La  tyrannie  quMI 
eicftiit  dans  aa  capitale,  ii  Plaisance,  finit  par  fttlguer  les 
ehRfs  de  la  noMesae,  qui  Iflrent  de  secrMes  Intelligenees 
avee  Feidlnand  de  Gonzague,  gouvemeur  de  Milan,  puts 
leylmft  onvertement  P^tendard  de  la  r^toite.  Le  10  sep* 
tenbre  1547,  fl  ftitassassin^  par  Giovanni  Anguissola,  etOon- 
zagne  prit  possession  de  Plaisance  au  nom  de  rempereur. 

Otiavto  FAitictei,  fils  et  auccesseur  de  Pietro  Luigi,  se 
trooyiit  alora  k  P^use  auprls  de  Paul  in.  Parme  se  d6- 
dara  k  la  rHiU  pour  OttaTlo,  qui  s*y  rend! t  en  eons^ence 
I  la  tMe  d'one  anntepontlflcale;  mais,  trop  faible  pour  ten- 
ter one  attaque  centre  Plaisance ,  il  dut  se  r^signer  k  con- 
elore  on  armistice  avec  Gonzague.  Le  pape  Julea  III,  suc- 
cesaenr  de  Paul,  le  rMablit  bien  en  possession  de  Plai- 
sattee  en  1550,  k  eause  de  l*attachement  qu*n  portait  k  la 
naiaon  Famte,  en  memo  temps  quMl  le  cr^  gonfalonier 
de  ntglise ;  mtis  nne  alliance  quil  contracta  k  pen  de  temps 
de  li  avec  le  rel  de  France  Henri  II  mtontenta  Tiyement 
le  pape  et  Femperenr,  et  le  Jeta  dans  des  embarrasauiquels 
ua  aeeommodement  honorable  mit  pourtant  un  terme  ao 
boot  de  deux  ans.  Son  spouse,  Marguerite  de  Parme, 
le  nfeoncfltii  arec  la  malson  d'Autrlche.  Apris  trente  anndes 
de  pall,  employes  6H  lors  k  faire  le  bonlienr  de  sea  sujets, 
fl  moufut,  en  1580. 

It  ent  pour  successeur  dans  le  gouyernement  des  deux 
&adMB  son  fils  atn6,  Alessandro  (Alexandre)  FARiftsB,  k 
qd  son  hdroTque  mire  ayait  donn^  une  Education  toute  ml- 
Itaire.  11  eombattit  iesTurcs  k  L^ante,  en  1571,  sous  les  or- 
dres  de  don  Joan  d'Autricbe,  son  oncle.  Plus  tard  il  accom- 
pagnasamire  dans  les  Pays-Bas,  r^yoltds,  o6,  le  31  janyler 
1578, 11  cdntribua  k  la  tictoire  remport^e  k  Gcmbloux  sur 
Im  Gneox.  L'attaque  des  places  fortes  ayait  pour  lul  un 
attraK  tout  particulier.  On  {"y  yoyait  parcourir,  intr^pfde- 
meat,  en  S^exposant  aux  plus  grayes  dangers,  les  batteries 
et  lea  trandito  pour  y  distribuer  ses  ordres.  tin  Jcur  qu^au 
d^  d'Ondenarde,  en  15S1,  II  dlnalt  pris  de  la  batlerie 
de  brtebe  atee  d'antrea  gdn^raux.  un  boulet  de  canon  tua 
troia  effidera  k  tM  de  lul  et  en  blessa  deux  autres.  Quant 
k  lul,  Mns  qaitter  sa  place  k  table,  II  ordonna  froidement 
d'enimr  lea  morts,  de  lui  apporter  une  autre  nappe  et  de 
M  aertir  d'astrea  mets.  Ao  a1^  d'Anyers,  en  1585,  fl 
i'es^eaa  k  de  plus  grands  dangers  encore.  Oomme  la  for- 
Inne  ataltjuaquealors  fkyorisd  toutesses  entTeprlses,rinsuo- 
ete  4e  son  espldltfon  centre  PAngleterre  k  bord  de  IVntHii* 
elM  A rmada,  k  lattte  de laquelle  Payalt  plae6 Philippe  II, 
ne  loi  en  eausa  que  pitis  de  diagrin.  A  aoh  retour  dans  les 
Pays-Bas,  il  re^t  le  eommandement  de  Tarmde  destinde  k 
I  Franee  au  seeonri  des  eatboOques.  Mais,  mal  secondd 
ilgaenrs,  Alexandre  Ftirnlse,  dont  Philippe  11  laissa 
d'anemv  l*lirmle  tmuiooer  de  tout,  Ibt  obllgl  de  c6der  aux 
iMeea  sttpCrlinrea  de  Henri  IV,  et  mourut  peu  de  tempa 
iprte,  en  ddeembre  15M. 

A  Alexandre  auceMa  son  fils  atnl,  Banuzio  r*'FARNlsis, 
■Mft  en  1631,  prince  greasier,  eupide,  sombre  et  d<illant.  II 
le  A^eoatentement  que  son  gouyemement  Ins- 


plralt  I  la  noblesse,  un  prjfexfe  pour  Inyenter  une  conspi- 
ration, dans  laquelle  on  prit  soin,  par  ses  ordres,  dMmpliquer 
les  chefs  des  principales  families.  lis  fhrfnt  tons  exicntis, 
le  19  mai  1612,  et  leurs  blens  confisoute.  II  fit  anssl  ^rger 
dans  un  cachet  son  fils  naturel,  0/fitvto,  eoupable  d*ltre  aimd 
du  peut)le.  Ces  crimes  ne  Templchlrent  pas  de  timolgner  dn 
goOt  pour  les  sciences  et  pour  les  arts ;  et  ce  fot  sons  son 
rlgne  qu^on  construisit,  dans  le  style  antique,  le  thdfttre  de 
Parme. 

Son  fils  et  successeur,  Odoardo  FAAntsE,  mort  en  1640, 
ayait  beaucoup  de  talent  pour  la  satire,  une  remarquabie 
fecilit^  d'Aocution ,  mais  encore  plus  d'amour-propre  et  do 
pr^mption.  II  airaait  passionn^ment  IMtat  miiitaire,  quol- 
qoe  son  excesslye  ob^sit^,  qu*il  transmit  k  ses  enfants  et 
petits-en fonts,  ne  le  rendlt  guire  propre  A  la  yfe  de  Sotdat. 
Son  goOt  inn^  poor  les  ayentures  et  le  d^lr  immodiSr^  qnH 
ayait  dMIIustrer  son  nom  par  quelque  brfllant  fiilt  d'annes, 
Tentratn^rent  dans  une  guerre  centre  TEspagne  et  le  p^f^ 
Urbain  Vill ,  guerre  qui  lui  coOta  de  grosses  sommes. 

It  eut  pour  successeur  son  fils ,  Ranuzio  //  PAMcisB , 
mort  en  1694.  Prince  Ihible,  il  fUtsouyentle  ]ouet  dindignea 
favoris,  entre  antres  d^un  certain  Godefroi^  Ftvn^s  et 
mattre  de  langues,  dont  U  ayait  fait  un  marquis  et  son  pre- 
mier ministre.  Le  fils  aTn6  de  Ranuzio  II,  Odoardo  Famlse, 
€tant  mort  ^uffd  par  la  graisse,  son  fils  cadet,  qni  n'ltait 
pas  moins  oblse,  Francisco  pARfrtsB,  mort  en  1727,  lul  suc- 
c6da;  et  celui-ci,  k  son  tour,  eut  pour  successeur  son  non 
moins  gros  frire,  Antonio  FAKiftee,  mort  en  1737.  Phi- 
lippe Vd*Espagne  ayait  6pousd  £lisabeth  FAARtse,  fille 
d*Odoardo.  D*aprls  une  conyention  pass6e  ayec  les  grajides 
puissances,  et  stipniant  quVn  cas  d'extinctlott  de  la  malson 
Famlse,  ses  possessions  passeraient  k  un  fils  die  Philippe  V 
el  d*filisabeth  qui  ne  fOt  pas  roi  d'Espagne,  les  Espagnols  prl- 
rcnt  possession  de  Parme  et  de  Plaisance  au  nom  de  doU 
Carlos  quand  Antonio  Famlse  yint  k  mourlr. 

Le  nom  de  la  famllleFamlse  se  rattaehe  k  piuaieal'a  pte- 
ductiotts  calibres  de  Tart.  On  cite  le  palals  Farnlseet  la 
Fames ina  comma  de  beaux  morceanx  d'architeclure,  et 
parml  les  antiques,  jadis  propri^tlsdelamaison  Farolse,  qui 
depute  son  extinction,  en  1786,  ae  trouyent  au  mns6e  de  PM- 
pies,  fl  en  est  deux  qui  portent  eneore  aofoord'hnl  le  nom  ae 
leurs  anciens  proprldtalres,  k  sayolr  :  le  Tanreab  FlnlOse 
et  I'Hercnle  Famlse. 

FARNfeSE  (Palais),  ^fiee  oommencO  par  le  pipe 
Paul  III  ayant  son  ayenement  k  la  tiare,  d'hprls  lea  plans  dti 
Florentin  Antonio  do  Bangailo,  et  foment  un  qdadtilatli^ 
isoll  anr  la  place  Famlse  k  Rome.  H  fot  termini  par  Miehel- 
Ange,  deqni  proyiennettt  hotamment  te  gnuid  entablement 
richement  omi  et  la  grande  fenltre  qui  se  trouyent  an- 
desaiia  de  la  porta  d*entrle  de  la  fkcade,  de  mima  que  la 
oour,  k  Fexception  de  la  loggiadt  la  facade  dederrilre,  elll- 
mime  ceuyre  de  Giacomo  della  Porta.  Ca  palaia,  qui  dans 
sa  fbrmeaemble  trahir  ilnflaence  de  rancien  style  en  nsage 
k  Florenee  pour  lea  palals,  est  un  des  plus  beaux  quil  y  alt 
k  Rome.  Les  dues  de  Parme  de  la  malson  Faralse  en  de- 
meurlrent  propriltaires  Jusqu'l  Textinetlon  de  lenr  ftimille; 
aprte  enx,  il  a  pass^  an  rol  de  Naples,  dont  rambassadeur 
pris  le  salnt-si^e  Pocoupe  aujonrd'hui.  Les  aeolptores  an- 
tiques qui  Tayalent  alitrefbis  rendu  olllbre  oment  main- 
tenant  le  muste  de  Ifaples.  Cependant  fl  B*y  trouye  en- 
core quelqnes  monuments  classlauea,  dans  la  grande  aaUl^ 
Dans  une  salle  yofsine,  on  yoit  des  firesques  de  Mylati  et 
de  Taddeo  Zueearo ,  reprlsentant  dea  Itlnements  arritia 
aoas  le  rigne  de  Paul  III.  Mais  ee  que  ee  |falals  renftrme  de 
plus  important,  c^est  la  galerie  eh  ae  treutent  lea  fresquOa 
d*Annibal  Garracbe,  TcBuyre  laploa  belle  etia  plea  oeiisl' 
dlrabie  de  ee  mattre,  et  qui  montre  de  la  manilt«  la  pMa 
frappante  la  direction  artistique  qn*il  ayait  adeptde.  Lea 
prinolpales  de  ces  fresqucs  reprMhtent  le  triotnphe  de  Bao- 
ehos  etd^Ariadne,  Pan  sacrlfiant,  Aurora  et  dpbale,  TEn- 
llyement  de  Ganymlde,  Diane  at  Endytnlon,  et 
Sleets  mytheloglques.  On  attribue  euelqnat^'Unea  dea 


288 

tures  omant  les  ^troits  pans  laUraux  va  DonHnichino » dont 
il  existe  aosri  des  fresqnes  mytbologiqoes  dans  on  salon  at- 
tenant  a  la  galerie. 

FARNESINA,  charmante  Tilla,  ooDstrnitei  Trastette 
par  Peruizi  pour  Agostino  Cbigi,  et  qd  appartient  aujoor- 
d'hui  an  roi  de  Naples.  Elle  est  toote  orn^  de  pilastres  4 
Pext^rieur.  Mais  elle  est  surtout  o614bre  par  les  fresques  de 
Kaphael,  qu*ellecontient.  Le  plafond  d'on  grand  salon  don- 
nant  sur  le  jardin  repr^sente  rhistoire  de  PsycM ;  dans  une 
pi^  attenante  se  tronve  le  tableau  connu  sous  le  noni  de 
Go/a/A^etrepr^sentant  la  diessedes  mersse  promenantsur 
les  flots  dans  sa  conque,  en  compagnie  de  nympbes  et  de 
tritons.  Ce  dernier  morceau  proyient  pour  la  plus  grande 
partie  de  la  main  m£me  de  Raphael;  le  reste  est  ToBUTre  de 
ses  ^vesy  et  malhenreusement  le  tout  a  €tA  fort  mal  restaur^ 
par  Carlo  Maratta.  11  existe  en  outre  4  la  Farnesina  des 
fresques  de  Peruzzl,  de  S^bastien  del  Piombo,et  nne  tftte  co- 
lossale  en  chiarooscurode  Michel-Ange,  de  mtoie  que  dans 
r^tage  siip^icur  des  fresques  de  Sodoroa,  etc. 

FAR  NlCNTE,locutionitaliennecompostederinfinitir 
fcUre  et  du  substantif  rien*  H  fautTivre  dans  les  climats 
chaudspour  scntir  le  channe  resultant  d'une  inaction  absolue 
de  corps  et  d*esprit;  car  leyor  niente  comprend  le  repos  des 
deux  natures;  et  tout  liommo  occupy d*un  projet  ambiticuxy 
d^une  intrigue  galanle,  d'une  d^couTerte  scientifique,  ne 
jouit  pas  du  far  nienttf  son  corps  fClt-il  immobile  et  repos&t- 
il  sur  les  plus  moelleux  carreaux.  Penser,  r6fltebiry  rfiver, 
ce  n^est  pas  pratiquer  le/or  niente;  pour  quHI  soit  parfaii, 
il  faut  avoir  resprit  tellement  libreetcalmequ'il  puisse  s*in- 
teresser  4  toutes  les  impressions  proTenant  d'une  cause  ex* 
t^eure,  impressions  qu'il  n*a  ni  la  faculty ,  ni  ren^iey  ni  le 
loisir  d'analyser ,  tant  dies  sont  yarite  et  rapides.  Sous  ce 
rapport,  Tancien  laizaronede  Naples  est  le  plus  parfait 
amateur  du  far  niente!  Comoie  les  Italiens  et  les  Espagnols, 
les  Orientaux  ont  leur  d^icieux  kt/,  pendant  lequel  ils  fu- 
ment  et  se  font  trasser  ayec  un  bonheur  inconnu  aux  Eu- 
ropeans. C^  DB  Bbaai. 

FAROE  (lies).  Voyes  Fjer-CErhe. 

FAROUCHE)  sauyage,  qui  n'est  point  appriyois^, qui 
s^^pouvanteet  s^enfuit  quand  on  Tapproche.  II  ne  s'appUque 
dans  oe  sens  qu*anx  aniinaux.  11  se  dit,  par  extension,  d'on 
bomme  rude,  misantliropci  intraitable,  ou  d'un  Ctro  pen  so- 
cisblc,  craiguant,  foyant  le  monde.  Und  femme/arotic/te 
est  celle  qni  repousse  toute  galanterie.  Farouche  sedit^a- 
lement  de  Tair,  da  regard,  des  mani4res,  des  sentiments. 
II  ne  faut  pas  oonfondre  farouche  et  sauvage.  On  est/a- 
rauehe  par  caract^,  sauvage  par  manque  de  culture. 

FARQUHAR  (Geoigbs),  run  de  ces  brillants  esprits 
qnl  ont  jet^  tant  d'dclat  et  qui  r^pandent  encore  une  lueur 
cynique  si  bizarre  sur  le  tliMtre  anglais  des  commencements 
du  dix-buiti^me  sidcle.  N^  en  1678,  4  Londonderry,  en  Ir- 
lande,  bien  dev6,  mais  d'une  Csmille  panvre,  Use  Tit  acteur 
dans  sa]«inesse,  et,  mettant  trop  dechaleor  dans  ses  gestes, 
unjour  qu'il  jouait  un  dramede  Dryden,  il  enfon^  jusqu*4 
la  garde  son  ^pte  dans  la  poitrine  d*an  de  ses  camarades. 
Ce  dernier,  qui  sury^cut  4  nneblessuresi  dangerease,  deyint 
4  ce  que  Ton  pretend  I'un  des  meilleurs  amis  de  son  assas- 
sin, et  le  recommanda  4  lord  Orrery,  qui  lui  donna  une  lieu- 
tenance.  II  se  conduisit  en  bon  oflicier,  mais  il  fit  des  dettes, 
et  fut  force  de  se  r6ftigier  en  Hollande,  oil  ses  aventures 
galantes  et  gastronomiques  se  multipli4rentun  peu  trop  pour 
sa  fortone  et  sa  aantd.  Forc6  encore  de  quitter  son  pays 
d*adoption,  il  revint  4  Londres,  et  sema  le  bruit  que  George 
Farqnbar,  le  mauvais  siijet,  etait  4  marier.  II  n*avait  pas 
trente  ans ;  il  etait  bean,  dej4  o614bre  dans  les  lettres,  et  il 
ayait  fait  jouer  plusieurs  spirituelles  et  licencieuses  come* 
dfes;  celle  dont  fl  (bt  Tacteur  et  bi  ylctime  est  aussi  tiien 
intrigpee  et  au«4  plaisante  que  la  plupart  des  siennes.  Far- 
qnliar  youlait  une  lieriti4rc.  Une  jeune  Anglaise  belle,  sans 
fortune,  qui  ayait  M  acirice  et  tr4s-intrigante,  trouya  qu*il 
aeralt  plabant  de  jouer  un  tour  de  Scapin  4ce  createur  d'in- 
trignes  burlesques  ct  lianlics.  Farqniiar  cacbait  ses  dettes. 


PARNfcSE  —  FARSISTAN 


et  faisait  grande  figure  4  Londres;  elle  eacha  les  siennes,  4 
mena  un  train  splendide.  On  fobriqua  des  armofaies,  on 
suppose  des  litres,  on  eut  de  faux  parents;  Farquharde 
son  c6t6  redonblait  ses  depenses  de  taiOeur  et  de  earrossier; 
et  ce  dut  etre  nne  so4ne  fort  plaisante,  une  fois  le  mariags 
accompli,  qne  le  moment  ob  Tdpoux  et  r^pouse  exhib^reat 
la  liste  interminable  des  dettes  que  Pun  espdrait  faire  payer 
par  rautre,  et  que  personne  ne  paya.  Cetait  tout  leur  ayoir. 

Ce  qui  ijoute  4  la  shigularite  du  r^dt,  c'est  que,  d'nae 
part,  la  femme  qui  ayait  trompe  Farquhar  s'etait  prine,  pen- 
dant le  cours  de  I'lntrigue,  d'une  passion  trte-yiye  poor  hd; 
et  que,  d'une  autre,  Farqubar,  qui  ponyait  aisement  (aire 
brlser  ce  manage  enyironne  de  nullity,  lui  pardonna  ayec 
une  g^^osite  parfaite.  II  roourut  en  1707 ,  laissant  aprte 
lui  sept  commies,  toutes  peiillantes  de  saillies  ei  impn^t^es 
de  corruption.  £lles  ont  disparu  du  tli^atre,  malgre  le  talent 
incontestable  qni  s'y  trouye,  et  quoique  Tnne  d'elles.  Let 
Arlificei  d'un  RotU  (Beaua?s  Stratagems),  sesoit  main- 
tenue  longtemps  4  la  sc4ne  et  ait  fait  les  deiices  des  Anglais 
du  sitele  dernier.  C'est  le  sort  des  plus  briUantes  produc- 
tions de  Tesprit,  quand  elles  dmanent  des  fimlalaies  depra- 
ydes  d'une  epoque,  et  non  de  Tobseryation  et  de  retemells 
yMte.  Pbilar4(e  Chaslcs. 

FARSISTIVN  ou  Pay$  de  Fare,  aujourdliui  I'une  des 
proyinces  de  la  Perse,  bom^  par  les  proyinces  de  Koa- 
sistan  etde  Kerman,  par  legolfe  Persique,  le  long  duquelelie 
occupe  une  etendue  de  50  myriam4tres  de  c6tes,  y  oompris 
celles  doLaristan,  qui  en  forme  la  partie  meridionale,  ^  an 
nord-est  par  le  Gruid  Desert.  Sa  snperiicie  est  d'environ 
4,000  myriam4bres  carres  et  sa  population  est  eyalu^e  4  prte 
de  dsux  millions  d'babitants.  Elle  est trayersee  paries  mon* 
tagnes  qui  boment  la  Perse  an  sud-est  et  ferment  la  conti- 
nuation sod-est  du  mont  Ragros.  Elles  s'd4yent  4  une  alti* 
tude  d'enyiron  2,700  metres,  et  s'abaissent  d'un  oOte  yers  le 
plateau  interienr  et  desert  d'lran,  et  de  Tantre  en  terrasses 
successiyes  yers  le  golfe  Persique.  Le  plus  remarqoable  de 
ses  cours  d'eau  est  I'Araxe  des  andens,  appeie  aojoor- 
d'bul  Bend^^nUr.  Dans  les  parties  les  plus  bantes  de  cette 
contree ,  le  climat  est  sain  et  tempore ;  mais  dans  la  partie 
etroite  et  basse  du  pays  decdtes,  entrela  montagnequis*ei4f  e 
4  pic  et  la  mer,  le  long  du  golfe  Persique,  la  cbaleur  est  ex- 
treme en  ete  et  yicie  singuli4rement  l'atmospli4re.  Les  trem- 
blements  de  terre  y  sont  aussi  tr^frequents.  Fante  d^on 
nombre  sutfisant  de  cours  d'eau,  le  Farsistan  estanjourdliui 
sterile  14  ob  on  n'a  pu  su  employer  des  moyens  arlificiels 
dlrrigation  pour  remedler  4 1'aridite  generate  du  sol.  Panm 
les  produits  qui  lui  sont  partlculiers,  il  faut  citer  les  perles 
qu'on  ptelie  prte  de  Itle  de  Kliarak,  de  meme  que  le  vin  et 
les  roses  de  Cbiras.  Les  babitants  du  Farsistan  passent 
pour  les  plus  dyilis^^s  de  toute  la  Perse,  et  leur  langue  poor 
le  dialecte*  persan  le  plus  pur.  De  tout  temps  ils  se  fireot 
remarquer  par  leur  goOt  pour  les  sciences  et  lea  lettres.  lis 
fabriquent  de  beaux  cristaux  et  de  bonnes  armes,  et  le  com- 
merce qu'ils  font  sur  le  golfe  Persique  est  asses  bnporlant. 
Les  principales  yiUes  sont :  Chiras;  I'lndnstrieuse  Yezd,  qui 
compte  plus  de  60,000  habitants;  Lar,  qui  en  a  16,000,  et 
Aboushehr.  Plusieurs  aotres  yilles,  jadis  extrememeat 
0ori8»anles,  telles  que  Ftrotcs-iltecf ,  Darab-^erb,  Sourma, 
FessOf  tombent  aujourd'hui  en  ndnes.  La  plus  grande  par- 
tie,  c'est-4-dire  la  partie  meridionale  du  FandiSun  et  des 
lies  qui  I'ayoisinenl,  est  occupee  par  des  Arabes,  dont  les 
uns  reconnaissent  ia  souyerainete  de  llman  de  Maseate,  et 
les  autres  celle  du  scliali  de  Perse,  mais  dontU  plus  grande 
partie  est  compieumient  independante. 

Le  Farsistan  est,  4  proprement  parler,  le  pays  qu'babi- 
talent  les  anciens  Perses.  Cest  14  que  regnerent  lea  ancMres 
de  Cyrus ,  yassaux  et  tributaires  de  Tempiro  des  M4des, 
jiisqu'a  I'epoque  ob  ce  prince  reunit  les  deux  monarcbies, 
en  siiccedant  4  Cyaxare  II,  son  onde,  et  fonda  I'emplre  des 
Perses.  Soumlse  aux  Mao^oniens,  puis  aux  rois  de  Syria, 
ct  cnfin  aux  Arsacides,  rois  des  Partlies,  oette  oontrde  eiait 
aouyernec  |)ar  Ardescliir-Uabdum  (Artaxenes),  qui,  fen 


FARSISTAN  —  FASHION 


389 


Paa  tt3  da  noire  ke,  s'^tant  r^folU  oontn  eux,  Jeta  l«t 
jbndfltM-t*  da  la  puissanoe  dea  Sassaoidas,  panni  lesqueU 
flgortrant  lat  Sapor  ( Chah'Ptmr)^  las  ClioBroes  ( Khotnm ), 
ai  fiunaux  par  leorB  goerres  oootre  lea  emperean  d*OrleDt 
IstaMar  dtell  alors  la  capitala  da  la  Pane  proprement  dita 
at  da  rampire  paraan.  Mala  oatta  Tille,  nommte  en  grac 
Fen^oUs ,  dtebut  locsqna  las  Saasanldaa  anrent  transfifir^ 
laor  rMdenoa  k  Mad'Ain^  war  le  Tigre;  et  Ton  n'an  Tolt 
ptaa  qua  las  ndnea,  iltates  4  60  kilomkres  nord-ast  de 
ddras.  En  Tan  647,  la  Farsistan  ftit  oonquis  par  las  Arabas; 
ptaa  taid»  U  tomba  k  deox  reprises  sous  la  dominatioa  des 
Solbrides.  En  034,  las  khalifas  le  perdirent  d^finitiTament, 
paiea  qua  la  Boiddes  y  fond^rent  alors  leur  empire ;  et  le 
nnistan,  k  qui  fla  firent  beaucoop  de  bien,  devint  le  centre 
de  ieor  pdasanoe.  A  lenr  tour,  caux-d  en  furent  expulste 
an  Pan  1057  par  les  Sddjooddes,  4  la  domination  desqoels 
les  schabskbowaresmes  mlrent  nn  tenne.  Le  Farsistan  passa 
cnaaita  sooalasouTersinet^  dea  Mongoles ;  puis,  an  I'aoi  1263, 
U  fot  oompl^tement  rfonls  4  I'empire  persan  des  Djingiz- 
kbanidaa.  Timoor  on  Tsmarlan  le  lour  enlera  vers  1393;  et 
ses  sooeessears  le  conserrtoant  josqa*en  1469,  6poque  od 
les  Turcomans  s'en  rendirent  mattres.  lis  en  conserv4rent  la 
poseesslon  josqu*4  oe  qo*en  1503  le  cbah  Ismael  llnoorpora 
k  fcroplradas  Sof^s.  En  1723,  les  Allans  s'en  empar4rent 
pour  qoelqua  tempa;  mats  Nadir  le  Ieor  enleva  dte  1730. 
Aprte  Passaasinat  da  ce  prince,  en  174&,  catta  contrte  se 
troavaan  proia  4  bi  plus  al!renseanarcbie;et  il  en  futalnd 
jasqu'on  1758,  ^poqoe  on  Kirim  Khan,  qui  r^sidait  4  Cbi- 
raa,  y  fonda  la  dynis^  das  7iandides.  GeUa-d  se  mdntint 
aor  le  tr6ne  iuaqu*en  1793,  ^poqua  ob  s'^va  la  dynastie 
Kadilaia  qui  occape  encore  aujoord'boi  le  tr6ne  de  Perse. 

FARTBDiG  (en  anglo-saxon/aorlAtfit^,daranglo- 
saxon  /RHoer,  quatra),  nom  d*one  petite  monnaie  de 
billon  en  usage  an  Angleterre,  et  ^dTslant  4  la  quatri4me 
partie  d'un  penny, 

FASCE9  FASC£.  Le  mot  /duce,  en  latin  fascia,  si- 
gniile  bande  ou  bandetette  da  toile.  En  arcbitedore,  on  Tem- 
ploie  poor  designer  les  frises  on  les  trois  b  an  de  s  qui  com- 
posent  rardiitraTe;  en  termes  de  blason,  il  indiqoe  una  dea 
piteea  prindpdas  de  Ttoi ;  c'estcdle  qui  le  coupe  horizon- 
talement  par  to  milieu.  11  y  a  qudquefois  deux  ou  troia  fas- 
ees;  dlea.dbnbiuent  alors  proportlonnellament  da  largeur. 
Qoand  ellaa  sent  an  nombre  de  plus  de  trois,  on  les  nonune 
hurelles  d  tour  nombre  est  pdr,  et  trangles  d  tour  nom- 
bra  est  impair.  L*origine  de  ces  deux  significations  du  mot 
/aicedeiit^ddemment  d'une  source  commune  :  dans  ces 
deux  cas,  la/asee  ressamble  4  une  pootre  transTersale,  et 
c'esi  prteisteent  dans  la  sens  da  ce  dernier  mot  que  I'em- 
ptoydent  lea  Latbis. 

La  mot /uctf  se  dit  d*un  toi  om^  de  plnsleurs  fasces 
d'teiall  diir(6rant  Cdni  dontT^mdl  est  d^e  contour  dilTi- 
TCDte  dea  foscea  se  nomme  contrefasci.  Enfin  ,  l^^u  fasd 
deneM,  est  cdni  dont  tontes  les  fasces  se  troa?ent  denties, 
11  y  a  des  bsces  dentte  en  haut  et  en  has,  d^autres  seulement 
d'un  cAtd,  oa  qui  les  a  fdt  sumommer  feidlles  de  scie; 
qpielqueaiines  sont  losangtes,  d'autres  crtod^es,  etc. 

Achille  JuancAL. 
FASCINAGE,  FASCINE.  On  appdie/osdne,  dans  Tart 
militdre,  on  ftigot  de  menus  branchages  arrange  de  ma- 
ntore  qn'il  reate  autre  enx  le  mains  de  vide  posdbie,  for- 
lament  scrr^,  et  contenu  par  deft  liens  plao^  4  SO  centime 
tree  endron  da  distance  da  chacune  de  ses  extr^mit^.  Une 
fasdnaa  d'ordinaire  une  tongneur  de  4  mitres  et  un  diam4tre 
de  22  eenlini4tres ;  to  diam4tredaa  Casdnes  goudronn^ddes 
(kinas  d'^Mulemant  edbeaucoup  plus  grand.  Les  bois  pr^f6- 
rabtoa  aont  ceox  qui  donnentdastigestongues,  droito8,flexi- 
btoa,gamiea  da  rameanx,  tds  que  to  chane,  le  coudrier,  le  chfl- 
ta^der,  toiiaule,  rosier,  etcLe  gtole  se  sort  ausdd^oscines 
iiamronner,  de  foueines  d  reviiir,  tongues  de  3"  sor 
a^,22,  d  de/ascina  d  iraeer,  da  1",S0  sur  o",15.  Les  fas- 
daasaont  d*un  grand  usags  4  to  guerre,  d  prindpalement 
pov  las  fortificattons;  on  tos  emploie4  constnfav  des  bal- 
MCT.  an  La  cortcrs.  —  t.  ix. 


teries ,  des  ^ulements,  das  retrancbemants,  4  traaer  des 
oufrages,  oombler  des  foaa^  d  enfhdliter  topaasaga^  dever 
dea  digues,  d  Jeter  des  ponts  sur  les  ruisseaux  qui  ponrraient- 
interrompre  lescommunlcatiotts.  On  fait  avec  tos  Hudnes  des 
saucissons,  desgablons,etc.llnefaotpointlesooofondreaTec 
les  blindes.  On  emploto  les  troupes  4  fdredes  Ibsdnes; 
dans  les  sieges,  la  cafderfe  ert  chargte  de cette  corrte,  de 
prdSftrence  aux  fantassins,  les  cataliers  itant  mains  utiles 
dans  tos  rdrancbements,  d  ayant  la  bdlit6.de  pouToir  ftire 
porter  tos  fudnes  sur  leurs  cbevaux.  Le  sabre-poignard , 
qui  fnt  si  critique  lors  de  son  apparition ,  sert  menreQleu- 
sement  an  ftntassin,  comma  4  rartiUeur,  4  abattre  le  bois 
d  fdre  les  faadnes.  C'est  moins  une  arme  qn'un  outil  tran- 
chant 

Les  ftsdnesne  sont  pas  seulement  a  Tusa^  de  la  guerre , 
elles  serrent  ausd  duis  Tarchitecture  bydraulique  ddle, 
pour  oonsdider  des  terrains  dont  en  vent  border  un  cours 
d*eau,  afin  de  to  retrddr  d  d'arrder  ses  d^bordements. 

FASCINATION  (en  latin  fasdnatio),  enchantement, 
enreur,  charme,  qd  emptehe  de  Yoir  Juste  et  de  porter  un 
Jugement  sain.  Fasciner,  c*est  empteher  de  Toir,  deconsi- 
ddrer  tos  chases  ayec  Justesse,  ensorcder  par  une  esp4ce  da 
charme,  d>louir,tromper,  sMuire  par  unefaosse  appareoce, 
un^if^dat  L'entdementqn^ont  certaines  femmes  pour  cer- 
tafais  honunes  tient  do  IsifaMeinaiion ;  Vunousfucine  leurs 
yeox  d  leur  coeur. 

Faseinaiion  ae  dit  ^galement  das  animaux  auxquds  on 
attribnaitto  hooM  defiuciner,  Le  serpent  exer^dt,  dlsdt 
on,  unegrande/ofdno/ion  sur  le  rossignol;  il  mdtrisalt 
ses  mouraments  en  to  regardant  fixement,  et  finissdt  par 
I'attiiar  4  Id.  Les  grands  adeptes  dn  magn^tisma  prdien- 
dent  axereer  to  mdne  pdsaanoa  sur  tos  personnesqd  ten- 
dent  an  somnamhuHsme. 

FASCIOLAIRE9  genre  de  moUusqnes  trachdipodes, 
dato  ftoiilles  des  canalif4res.  I^apits  MM.  Quoy  d  6d- 
mard,  Panimd  ne  difiha  en  rien  de  celui  des  Ibseaux.  Les 
coquilles  dles-mftmes  sont  fusiformes ,  et  ne  se  distingoent 
des  fuseaux  proprement  dits  que  par  qudques  plis  trte- 
obliqnea  et  In^aux ,  se  montrant  constamment  4  to  base  de 
to  colomdie.  Ces  plis  Tont  endtoroissantd'avanten  arriire, 
d  leur  Constance  lenr  a  fait  attribuer  par  Lamark  une  vdeur 
gtoirique  que  M.  Desliayes  regarde  comme  4  pen  prds 
nulle. 
F AS£OLE«  Voyei  Haricot. 

FASHION,  FASHIONABLE.  Void  un  deS  plus  bor- 
ribles  ntelogismes  dont  notre  tongue  se  soil  tofed^  depois 
longtemps.  Apr4s  le  mot  ariisiiquet  fashionable  est  to 
mot  nooYcao  le  plus  stupldement  niais  qui  se  puisse  ouir. 
Fashionable  Tient  d'un  root  angtois ,  fashion  (ce  mot-14 
se  prononce  dn  boot  des  tovres,   en  ouvrant  la  bouche  et 
en  serrant  les  dents).   Fashion,  cda  ne  se  d^finit  pas, 
c'est  la  fashion,  Tous  les  mots  que   Moli4re  a  balay^s 
dans  to  roisseau  de  Phdtd  Rambouillet  ne  Talent  pas  k  eux 
tous  ce  mot-14, /oiAton.  La  fashion,  c'est  plus  que  1*^16- 
gance,  c*est  plus  que  le  bon  goAt,  c'est  encore  plus  que  la 
grace,  c*ed  plus  que  laddicatesse,  c^est  plus  que  Tarislo- 
eratie,  c^est  Pessence,  c'est  la  quintessence  de  la  mode; 
encore  uqe  fois ,  c'est  [tt  fashion.  On  raconta  de  cettc  pr^- 
eioseU  anglaise  (il  faut  bleu  que  je  fasse  mon  mot,  moi 
aussi)miUe  dt^tails  incroyables.  La  folic  liumafne  n*a  jamais 
^U  si  loin  dans  le  supreme  bon  ton.  Les  exagdrations  em- 
pesto  et  ampoutoes  de  I'lidtol  Rambouillet  idles  que 
TOUS  les  retrouTcz  dans  Les  PrMeuses  ridicules,  ne  sont 
rien ,  compart  4  ( es  minauderies  de  qudques  hommes  d 
de  qudques  femmes  de  la  belle  sod^t^  de  Londrcs.  Dans 
ces  beaux  lleux,  Ih  fashion  est  partout;  die  est  dans  le 
bourreletde  I'enfant  d  to  dentolledeto  Tidlie  femme;  die 
s'inquide  d'un  fer  4  dieTal  et  d*une  lioude  de  choTeux ;  die 
a  dttlois  pour  toutes  choses,  une  loi  pour  coupar  sonpdn, 
d  one  loi  pour  plier  une  lettre;  die  a  sea  accents,  ses 
Toyelles,  ses  consonnos,  sa  graminaire,  son  dictionnaire; 
eOe  a  son  gaste,  sa  Tdx ,  son  sourin,  son  regard;  dto  a  sea 


37 


i90 


FASHION  —  PASTES 


despolM.et  ses  vic(ui^»  ses  tyrans  et  ma  mcUtoi  :  c'est 
ln/ashian ;  eUe  toit ,  eUe  gazouiUe ,  elle  gkMiifle ,  eUe  mar- 
mura ,eUa  minaude;  elle  ne  se  doone  p»  la  pd&e  de m^ 
priser  I'esptee  humaine :  elle  ne  Toit  riem  aa  moiiide  que  la 
fashion  ;^  elfe  ne  reconnatt  ni  rol,  ai  gentilhomaie,  ni 
citoyen,  .ui  homme,  ni  fenune  :  elle  ne  reconnatt  qii9  1& 
fashion;  elle  n^est  ni  bomme  ni  femine  s  elle  n^est  d*aiiciin , 
8e&e  ni  d'aucun  art;  elle  est  \h  fashion.  On  neaait  paa.ce 
queerest,  on  ne  salt  pas  oil  cela  se  rencontre »  comment 
cela  vient  et  comment  cela  s'en  va ;  €*est  la  /ashion.  Mi- 
slSrable  petite  vanity  de  petits  esprits  oiaifs !  mcsquine  ambi* 
tion  de  quelques  t^les  sans  cervelle^  qui  ne  veuleat  jptas  qn'on 
les  prenne  pour  tout  le  monde  1 

Naturellement ,  fashionable  vient  de  fashion ,  et  c'est 
bien  le  cas  de  dire :  tel  ptre,  tel  JUs.  SaTez-vous  ce  que 
c*est  qu^un  dandy?  EAcecAsie  Tons  diral  qu'nn/cuAio* 
noble,  c'est  un  dandy  i>errectionn<^  N'est  pas  dandy  qui 
vent,  n^est  pas  rasliiooable  qui  veut  Et  puis,  qui  est  le 
yrai  fasliionable?  qui  est  le  faux  fashionablef  ^1  7  a  antant 
de  sectes  dans  les  fashions  que  dans  les  partisans  de  Mabo- 
met  Pour  ne  parier  que  de  la  fashion  fran^ise  (ear  nous 
afons  noire  fashion ),  cheque  rue  de  Paris.,  cheque  borne  du 
boulevard,  a  ul  fashion  qui  lui  est  propre;  aiUantde  mai- 
sons,  autant  de  fastiionablea.  Le  moindre  villiige  a  aoa 
fashionable ;  la  moindre  table  d^hdte  a  le  sien.  11  7  a  ^ 
Paris  telle  table  dans  un  cafiS,  telle  loge  dans  ,une  salle  de 
spectacle,  qui  sont  h  elles  seules  tout  un  monde  de  fashio- 
nables. Robert  >facaire,  lenouveau-n^  du  drane  nnodeme, 
cet  assassin  aux  mains  blanches  et  aux  belles  mani^es ,  est 
le  fasliionable  du  Hi^lodraine,  il  a  fait  ^cole.  £n  gto^ral, 
vous  reconnallrez  unfashionable  k  la  forme  de  ses  habits, 
k  la  pominade  de  ses  clieTeux,  k  la  cire  de  ses  jsauUem,  k 
ses  gantsjaunes,  k  la  pomme  d^or  de  sa  canne,  k  son  bi- 
noclc  (le  fashionable  a  la  vue basse),  k  sa  laiilo  eourb^, 
a  son  pied  long  et  ^troit,  au  d^braiU^  de  sa  cravate,  hier  lour* 
dement  empes^ ,  k  toute  Ui  grftce  de  sa  personne  :  seule- 
niont  ne  le  faites  pas  parler»  Jules  JaitiN. 

FASTE»  luxe  exag^.  On  dit  la  magnifwence  (Tan 
roi  et  le  fasle  d^un  partlculier,  parce  que  les  ricbesses  seules 
ne  inolivent  pas  Thabitation  dans  un  palaii,  la  somptuosild 
i\es  ameublements,  la  quantity  des  servitears  et  descbeTaux, 
les  d^penses  n*ayant  pour  but  que  de  fixer  les  regards  d*une 
foule  dont  I'admiration  ne  tourne  point  au  profit  de  I'ordre 
social.  On  n'accusera  point  defaste  le  (ondateur  d'un  hos- 
pice ou  de  tout  autre  ^lablissement  utile;  mais  on  le  repro- 
chera  k  celui  qui  dans  an  monument  n^aura  consid^r^ 
que  sa  propre  e^li^brit^;  k  oelui  qui  multipliera  les  festins, 
les  bals,  les  f6tes,  et  qui,  ne  se  bpmant  pas  k  satisfaire ses 
invito,  youdra  encore  les  ^tonner.  Un  esprit  juste  se  garde 
d'^taler  ua  fasts  qui  denote  encore  plus  deyanit6  que  d*or- 
gueil.  Cest  du  d^faut  de  proportion  entre  Tindividu  et  la 
sensation  qu*il  veutproduire  que  natt  le  bl&me  dont  le  faste 
est  I'objet.  Quelque  chose  nous  oflense  dans  cette  yolont^ 
manifesto  d^extorquernotre  consideration :  c*est  nous  USmoi- 
gner  peu  d^estune,  que  denser  de  tels  moyens :  aussi  les/as- 
tueux  sont-ils  souvent  appel^  insolents,  etayec  justice.  Dd- 
pounrusde  discemement,ils  pr^f^rent  Tdclatantau  beau, 
ne  savent  ni  appr^er  les  arts  ni  r^mpenser  les  artistes, 
blessent  les  gens  moins  riches  qu'eux,  attristent  les  pauvres 
qu'ils  oublient,  et  personne  neleur  salt  gr^  defrais  im- 
menses  quMis  font  dans  Tint^rftt  seul  de  leur  ^isme. 

Les  inconT^nients  du  faste  sent  TeuTie  et  la  liainequ'il 
excite,  le  d^fant  d*aisance  int<irieure  qui  Taccompagne,  et 
la  mine  qui  le  suit.  Les  grands  seigneurs  autreiois  ^talent 
fastueux  pour  la  plupart;  et  le  due  de  Lauzun  nous  apprend 
que»  comme  l$s  m{fants  de  sa  classe,  il  avaii  des  habits 
brod4s  et  des  chemises  dMiiries.  Les  dames  formantla  ooor 
du  Directoire  ^taient/os^ueifseJ,  et  la  premito  d^entre  elles, 
toujours  couverte  de  pierreries ,  etdonnant  des  diners  splen- 
dides,  ne  po$s(^dait  que  detix  nappes.  Ce  sont  les  Romains 
corrompus  par  leurs  succ^  qui  ont  donm^  les  e\('U)pl(»  los 
plus  curieux  d^  faste,  Les  princes  d'Asie ,  q^ielqucs  aei-' 


gaaurt  anglais,  polooais  etnnsea  aonteneore  dopesdaesMe 
fatfoa  de  slUuttrer,  qui  ne  ie  vamarqoe  ptaa  en  Tnaee  que 
parmi  lee  parreaiis.  L'afgent  pradignd  et  bmI  d^ptea^n^eH 
cpi'ane  desooeasions  de  diployer  da  faste;  oumk  nset  dans 
toateaies  actioos  de  la  vie  1  tel  grienlsr  ea  moiiMaii  eoabit, 
tel  plulMopbe  dans  jsA  enieii^enMts ,  telle  wkn  dans  ses 
airecUona,  telle  oommte  dana  let  soSmA  donnU  k  wam^ 
nage.  Enfin,  la  doslenr  mteie  nte  est  point  exonpte. 
Toujonrt  im  peu  de  faste  entre  paimi  nos  pleors.  Attirer 
rattentbm,  faire  parier  de  soi ,  tel  est  le  bnt  du  /vfe, 
d^riTanl'toqioars  de  la  Tanit^  II  n'y  a.  pas  un  taniteux 
qui  ifebe  ae  soit/otsftfeiij;.  C*^  bb  BaABt. 

FASTESw  Ce  mot,  empront^  aux  usages  dea  BoMte, 
n^eat,  ^dana  sa  signiication  prapre,  que  l^ipitMte  do  mot 
dim  (jours  tetea,  fasH ;  jonrt  iMiAM,'n^atii  ;  jours  par- 
tagte,  intereisi)i  les  premieib  entelalit^  lee  demierB  dans 
lemiUea  de.  la  joiunfe  eetdemenl,  poovaieBt  Hn  oonsa- 
crtei  Padministrationde  la  justice.  Dana  les  Jours  ntfastes, 
on  interdlta,  le  pr^eur  ne  pouvait  ^tuer  sor  auenne 
affaire.  Le  mot/sMes  de?int.dte  Porlgine  le  terme  eonsacr^ 
sous  lequelon  ddslgna  le  calendrier  remain,  06  Maicntmar- 
qute  jour  par  jour  lot  fttoa,  lesjeux,  les  oMmonies  de  la 
religloii.  LetfasteSf  ou  dalenirier  ronudn,  tareot  institu^ 
par  Noma,  qui  en  cdnfia  la  rddaction  et  le  d^^M  anxpon- 
tifea.  Le  boia,  le  cuir,  la  toile,  enfin  le  m^tal  el  le  marbre, 
ontsuceeasiTement  s^  k  IHaacriplion  de  oea  documents 
quotidieiia,  qui  durent  6tre  d'abord  tr^peadtendus.  Les 
fastes  deviarent  par  la  auita  des  tables  oidcielles,  sur  le&- 
quellea  ^talent  marquees  les  annte  par  les  consuls  etles  prin- 
cipaux  ^yteements  de  la  piaglstrature.  II  7  ayait  plu^urs 
esptees  deySufer  :  d*abord  les  fastes  des  pontifes;  puis 
lea  grands  et  le$  petits  fastes*  Leagrands  fiistes  (fasti  ma- 
fores)  s'appelaient  aussI  les/Rtes  amnUaireSf  trUmtphaux 
ou  fastes  des  tnagistrats;  lespeClts  ftstes,  noaua^  fastes 
calendaires,  se  diyisalent  en  fastes  de  la  ville  fA  fastes  de 
la  campagne. 

Fastes  pontyhasuf,  Personne  n'eh  aitait  conmaissattcc 
que  keapontiibs.  Tons  lea  autresRomaiaa,  lea  pl^btfens  sur- 
tout,  ^talept  dans  Pobligation  d'aller  consntter  le  saoyeraia 
pontke  poqr  saydr  le  jour  od'ils  pouyaleat  agir  en  justice; 
car  ces  iastes,  quMl  fiuit  bien  se  garder  de  oonfandn  avec 
lea grandas  annalea  dea  pontifes,  n'teient  autre  ehose  que 
I'indieation  des  }oars  de  proc^nre  el  de  pUiidoiiiei  Ge  ca- 
lendrier  judiciaire  indiquait  ainsi  exdnsiyement  les  Joan 
reconnus/M/es  on  ntfaStes  par  la  Ibi.  Lea  joaia  a^iastes 
^taientoamiDe  aea  joars  f^rl^.  Les  joors/ntei  Maient  mar- 
que par  una  F  sur  le  calen drier ;  les  joura  n^flastes ,  par 
les  deux  lettres  i^  #*.  II 7  aVait  des  jours  n^fastea  le  matia 
et  fastes  le  soir,  d'aotres  fastes  le  matin  et  n^fiutes  le 
soir.  On  n*esl  pas  d'accordsur  I^7mo1ogie  de  ce  mot  Le 
docte  Varron,  qui,  dan<i  on  endrolt  de  ses  ouyragea,  fait 
d^riyer /oa/edu  mot /ari(  parier ),  ayanee  ailleors  qu'a 
yient  de  /ooere,  Cairo  :  fas,  fais;  ne  fas^  ne  faia  point 
On  salt  combien  il  ^ait  fadle  aux  pontifes  d'abuser  da 
droit  exorbitant  d'indiqoer  ampouple  lea  joon  06  il  pou- 
yait  Procter  deyant  les  tribunaiix.  De  \k  les  r^damatioas 
fr^quentea  des  pldb^ens.  Tite-Liye  nous  rapporte  la 
diatribe  d*un  trlbun  du  peuple  k  oe  sujeti  EnllA ,  Pan  550 
de  Rome,  Oneus  Flams,  secr^tre  du  grand^ipontiie  Appius 
Claudius  VAveugle,  oea  dresser  une  esptee  de  caleodrier 
sur  les  fastea  des  pontifes,  dont  flayait  la  garde,  et  to  rendit 
public.  Aiasi,  dit  Tite-Uye,  U  r6v«a  le  droit  dytt,  dont 
Jusque  alors  les  pontifes  avaientrlaitan  myisttee.  II  adicba 
ces  festes  dans  le  forum  vafin  que  cbacanafttqaand  il^tait 
permis  de  prooMer  en  Juatloe.  Le  peuple,  poor  la  rtoom- 
penser,  rdleya4  PMilit^curUleetao  trlbunat  Tite-Livenous 
apprend  qne  lea  festea  des  pontifes  andeBl  pdrl  dana  on  in- 
cendie.  > 

Les  grands  fastes  on  fdstes  connMresMimi  les  tables 
sur  lesquelles  on  toiyaft  le  nom  deatonsuls  et  dea  dktateivTs, 
, annate  pacann^o;  on  7.inscriyaitaaasl  les  gnerres«  les  yic- 
toires^  lea  iiaitia  depa|x»  leslois  ^tabltos,  les  <Mdioaces 


PASTES  —  FATA  MQBGANA 


991 


Lti  fastet,  caUnMreit  cantflDiient  lfiii4i<atioA4e  toiitos 
let  eMpKHMM  religi9iiM»  <UWieii!<yto.iiiQi»  k  f anti6 :  ;^^- 
tait,  oumiii^  le  dtt  Fattns ,  la  4<aoriptio»  >da.  loute.  ramufe , 
oa ,  aeloD  Yerriu^^  I'mdieatioii  4e9  jourad^  touia  .rannte. 
II J  eo  aTait  dedeax  aortea,  poor  la  ville  et  pour  la  campagM. 
Lea/wtef  46<a  «tf<«^taMDtirob)iqtt«aiaQteKpoato«a  diff^ 
reota  lieax  de.  Boma.  C'^tait  aur  cea  faates  qv^avaiitnTaiU^ 
OYfde,  daaa,  ^qd  po^^me  intlUM  h»  Fmtw^  •  doAt  U  nous  raaie 
six  Ihrrta.  lis  avaieDt  <igaieQ3iiot  aerfi  defiiidea  idiffiteents 
hiatorieBa  ciite  par  MacrobOt  etdontlaaonfragoi  aomt  pardus. 
On  trooTait  aw  aaa  fostoa  f indication  de  toolaa  lea  fttea,  de 
toatea  lea  Gdrtaioiiiaa  du  culte ,  vrec  le  Bom  dea  magiabraU. 
Ploa  tMid,  Poigiietl  dea  emperaun  «t  Tadulalian  dea  peoples 
proatitutant  oea  table%8acr<ea4  Maro^Aiitoiiift  flit  le  premier 
qui  aasocia  le  nom  d*ua  honMDe.  aux  choaea  de  la  religiQO, 
el  Cio^roa,  dana  aea  PAUvvH^nei ,  a'e  paa  nanqii^  de  kii 
c&  bire  le  reprocbe  .  P^  iora.OD  lutdana  lea fttHei  oalen- 
daires  de  la  vflle  le  nom  dea  copanounl,  le  joqr  de  leu#  naia- 
aaooe,  leuratiUea  honoriiqiiea,  lea  joora  qo\  ieor  ^taieot 
coanorte,  lea  Ataa  et  les  aaciificea  publics ^labtta  en  leur 
honneor;  rien  dtsormaia  nefiol  phia.faoile  qne  de  con- 
fiuidre  cea  laalea  aveo  lea  fraada  Mea  eonaulaireay  et  c'est 
oe  qu'ont  iait  on  gpond  nombro  d'ontenra.  L^  fastet  caUn* 
daires  ruBUque$  on  de  la  eampagne  4taieal  un  c^ndrier 
06  Ton  ne  marquait  que  lea  fMeadie  la  eampagne.  Cea  IMes 
^taie&tmoinaiMNnbrQoaeaque  celles  delaTiile;queiqiies- 
onesilaientparticoliirea  k  la  eampagne,  etneae  e^l^braient 
paa  I  Rome.  On  7  indiquait  encore  les  ioirea,  lea  aignes 
do  a«U«que » raocroiaaementet  le  dtoaiaaament  dea  jours, 
lea  dieua  tut^res- de.cliaqoe.moia,  et  certainea  choaea  k 
faUe  cbaque  moia  pour  la.  culture  dea  terrea  et  poor  le  ma- 
nage mstique.  II  est  aasei  probable  que  certaloa  vera  teclini- 
qoea  dee.&dofi^Kea  do  Virglle  n'^taient  que  la  repro- 
duction dea  prioeptea  consign^  dans  cea  abnanacba  rus- 
tiquea.  Une  foole  de  soTi^nta ,  entre^  autraa  RoalnoSi  le  P. 
Pdau,  Gaaaendly.SigQoinSy  Plghiua  el  Janaon  d^Abne- 
loweeo.^  ont  pobli6  dpa  Caatea  <HNi8ulaiiea  oveo  dea  com- 
meotairaa  pjoa  an  moina  ^tendoa.  Pi^blua  et.Sigonius 
entre  autrea  marquenft  non-senlement  les  consols,  mais  en- 
core lea  didiileoat  lea  ng^Ureade  In  cawalerie,  lea  pr^teora, 
lea  tribona.  lei  trionipbea,,lea  ovatlona,  etc,  Cea  diffidrents 
traTanx  out  ^  fori  otilea  aux  savants  autaora  de  VArt  de 
vMJler  l€t  daUi. 

L'oaagD  dea  fastes  dtaH  common  aux  monidpes  el  a  plu- 
aieora  antcea  v^lea  d^Jtalie.  Chacon  y  consacrait  le  souvenir 
de  qoelque  devotion  parliculi&re.  A  Pr^nesle,  c'^tait  la  For- 
tune, dont  le  culte  pr^valait,  comma  dtase  tot^Uire  dela 
ville.  Dana  aon  traits  De  la  Divination,  Cic^ron  donne  de 
curieox  d^tiJla  aur  lea  Fa$iet  prinettin$. 

Ploa  tard  on  a  ^tendo  le  mot/<u^es  k  toutes  arcbives,  k 
lotts  reglatcea,  od  soot  consign^  les  cboses  mdmorables  ar- 
rivte  k  cbaqoe  nation.  Nooa  avona  parl^  dea  FaUes  d'O- 
vide,  ee  monoment  de  pa&sie  et  d*arch6ologie,  qui  oifre  des 
documents  si  precox  poor  Tann^  romaine  et  tant  de  vers 
remarqoablea  par  la  condaion  beureose  et  U  propria del'ez- 
preasiooA  11  existe  un  poeme  de  Lemierre  en  seize  chants, 
intituld  Xei  Fattes;  mais  quel  rapport  y  a-t-il  entre  cette 
rapaodie  aans  int^^t  et  sans  plan  et  Toeuvre  du  poete  iatio  ? 
fjne  foule  de  eompihiteura  en  fait  d'bistoira  out  public  des 
Castea.  Nona  avona  lea  Fattes  de  UnAs  le  Grand^  par  le 
>teite  de  tandel;  lea  Fa$te»  de  fiapoUon,  par  Petit- 
Radd,eta  Charles  Du  Roxoib. 

FAT*  Foyes  Fatdit^ 

FATALITY  t  FATALISME.  Cea  mota  d^iivent  du  latin 
fatvm/lt  dcstin,  la  destine  Us  prennentltur  origioedans 
rid^  que  tout  ou  partie  de  ce  que  Ton  voit,  ou  de  ce  qui 
arriTe  dans  le  roonde,  issX  l^effist  de  in  n^eaait^  (ivaYxii) 
dont  Horace  a  dit : 


Seta  neceMttM 


<     '  Clavod  trahalei  eteuoratf  niirio 
Geslaos  abena.   .... 

Le  fataUsme  est  le  food  de  toutes  les  religious  et  q^  toutes 
les  doctnnes  plulosophiquesqui  i^'admettent  point  Tinter- 
vention  des  lois  providentiepes  dans  les  aflaires  de  ce  monde. 
La  mythologie  grecqoe  subordonn^  raction  des  dietix  aux 
arrets  infleiibles  du  Des  tin.  Pour  ralhde  Diogoras,  comme 
pour  le  chef  de  la  secle  atU^  du  dix-huiti6me  si^cle,  Dide* 
rot,  le  destin  ou  la  n^cessit^  est  le  dieu  unique.  La  ;pr ^• 
destination  des  musulipans  veut  concilier  renipire  de 
la  destih6e  avec  la  foj  religieuse.  Luther  et  Calvin  cbercbeot 
le  mfime  r^sultat  pour  les  croyances  cbr^tiennes  k  travers 
Tobscurit^  de  leors  explications  sur  la  nature  et  les  eflets 
de  la  gr&ce.  Cette  sortie  de  fatalisme  se  retrouve  dans  les 
doctrines  des  solitaires  de  Port-Royal,  ma]gii§  tous  leurs 
efforts  pour  Ten  ^rter.  On  connalt  le  mot  attribu^  au  c^- 
l^bre  Amatild  sur  la  PhMre  de  Racine :  «  C^est  une  fenune 
Tertueuse  k  qui  la  gr&ce  a  manqu^;  »  et  oes  TQrs,  od  Des- 
pr^ux  semble  avoir  tra(du!t  ce  root ;. 

£t  qai,  voyait  on  jonr  U  douleur  vcrtoeuae 
Up  fhhdtPf  malgrd  toi  p^ficfe,  iooeilHtiue.... 

Le  ayaltae  dea  docteura  Call  etSpuiididm  paraftrait  nV 
▼oir  pour  bot  que  de  donner  lea  nHsons  physiques  de  ces 

foita  moraox^ 

L'aapeotdo  mal  moral  sor  la  terre  el  la  dUnooKd  d'en  con- 
cilier I'eaiaience  atec  la  bont^  et  la  toote-poissance'dfviue 
ont  donn^  naissance  ao  fakiHame.  Geox  qui  trooVaiMt  trop 
absuide  le  imQnichiisme,  ou  la  doctrine  de  deot  prin- 
dpea.  Fun  bon,  I'autre  mauvais,  loltent  sans  oesse  entre 
eux,  ontsuppo8<idea  leis  f^&n^rales  pour  I'ordre  da  l*uaivers, 
en  vertb  desquelles  leu^les  pb6iomtoes  el- loos  les  <iv^ne- 
ments  a'encbalnent  nteessairement,  de  mani^  k  ce  que 
I'ordre  univerael  aoit  toujoura  maJnlcnu,  maia  sans  qu^l 
soil  tenu  oompte  des  partioularitte  qui  noua  semblent  d^ 
roger  k  cea  loia»  TeUe  est  Topinion  de  eeu\  qui  recoonaissent 
la, Divinity  en  rejetant  Taction  perpdtuelle  et  spddale  de  sa 
providence.  GVtait  la  dodrine  de  Voltaire.  Aux  maux  et 
auxecreura^  sooventstufidesiqui  aUligent  le  genre  liumain, 
le  aeol  remMe  ^laR  k  sea  yeox  le  cMe  ^dairi  des  amis  de 
rbumanlU.  Siee-ayattoe  nemiteonnatt  paa  absolument  la 
toute-puisaance  divine^  il  n'en  eboqoe  pas  moins' la  justice 
et  la  bont^,  atirlbota  non  moina  etoentieb  do  soovemin  Mre. 
Le  malbeor  d*an  aeol  hommo  vertoeox,  rimpunit6  de  Top- 
pression  et  do  tloa,  proleatcralent  contrrcas  attributs.  L*ar- 
bitraire  et  la  fatalil6  dana  la  grftee  ne  seraient  paa  dea  ob- 
jections moina  puisaantea.  On  ne  l^eaioai  aucune  difficnlt^. 
Le  basard,,  le  desUn,  la  ndceaait^,  mots  Tides  de  sens,  et 
qui  n*exprimenl  que  llgnoranoe  dea  cauaeal  La  raison  et  la 
conscience  nous  crtentquMl  y  a  pour  nous  dea  loia  morales, 
dont  nous  aommea  libres  de  respecter  ou  de  violcr  les  pr6- 
ceptea,  que  Tordre  bless^  dana  ce  monde  se  r^blit  dans 
un  autre,  que  noa  actea  seront  jug^  d*aprte  nos  racult6s, 
comme  les  recompenses  et  les  expiations  seront  proportion- 
nte  aux  fautea  et  aux  mirites.  Ces  donntede  la  pbilosophie 
naturelle  trouvent  dana  la  r6vdation  ^vangdique  bien  com- 
prise leur  confirmation  et  leur  aancCion. 

On  appelle  ffltaUstes  ceox  qoi  professent  le  dtelant  aya- 
t^e  do  fatalisme. 

La  litttetora  pbilosophlqne  do  dix-buititee  altele  noos 
a  1^06  deux  ouvragaa  renuirquablea  aur  la  fatality :  le  conte 
de  Zadig,  dief-d'omvre  de  Voltaire;  et  le  roman  de  Jacques 
le  Faialiste,  par  Diderot  Victor  Hugo  a  inscrit  le  terrible 
ivflrpcn  ao  (rotttispioe  de  aa  Notre-Dame  de  Paris. 

AUBCRT  DB  VrroT.' 

FATA  MORGANA,  c*est-li-dire /de  Jforpane, 
nom  que  donnent  lea  llaliens  k  on  pbinorotoe  atmosph^- 
rlque  que  Ton  obaerre  k  Naplea,^  Rcggio,  k  MessiOe  et  sor 
les  cAtea  de  la  Sidle.  Ce  phteointoey  qoelea  SidllaDa  attri- 
boent  k  la  bagnette  d*one  ffe,  cenaiste  dana  rapparStion 
in8tantante,dans  lelomtain  00  danale  dd^dedUSfiranta  ob* 
Jets,  tels  que  des  raisseaoxydaa  toora  daanifaiea,  daa  eh$« 

17. 


1 


99  » 

teun*  des  colonnw,  etc.  Toote  oetto  fteie  a'ait  sans  an- 
CUB  doute  qa*a]i  elM  de  mirage. 

FATtGUE.  U  fotigoeest  one  aorto  de  Ciibleaae  Jointe 
k  on  sentiment  dooloareox  qoi  eogendre  la  paresse  et  bit 
d^irer  I'inaction.  Rtoltat  ordinaire  da  travail  on  de  Texer- 
eice»  la  fatigue  provient  anssi  qoelqnefois  d*une  forte  Amo- 
tion, d^in  emportementy  d\in  ezcte,  d*une  Impradenoe  on 
de  qudqae  privation  essentielle.  AioAi,  Tartisan  doit  sa  fii- 
tigne  k  ses  labeunt,  le  citadin  d^soeuvr^  k  ses  promenades 
ou  It  ses  passions,  Thomme  de  gi&iie  k  ses  TeOles,  Pbonmie 
dissoln  k  ses  debauches;  le  malheureox  doit  la  sienne  k  ses 
chagrins,  Tindigent  k  ses  privations,  et  le  malade  k  sa  fi^vre 
ou  li  la  donleor.  (In  bain  trop  chand  on  trop  prolong^,  one 
digestion  languissante  on  ptoible,  on  grain  d*opium  oo  d^^ 
m^tique,  et  I'ennui  oomme  les  soofDnnoes,  peovent  caoser 
autant  de  (atigoe  que  le  travail  le  plus  excessif.  TantAt  la 
fatigue  porte  sur  tout  le  corps,  c^est  ce  qu*on  nomme  one 
courbature;  et  tantAt  sur  les  membres  seulement.  Les 
>ins  et  les  moUets  sont  plus  particuli^rement  fatigue 
x>r8qu*on  gravit  one  montagne  on  qu'on  travaille  oourb^  vers 
la  terre.  La  toux  fatigue  les  ^paules  et  la  glotte,  tandis  que 
de  longs  efforts  fktiguent  le  ventre  et  la  nuque.  Le  travail 
nocturne  fktigue  et  rougit  les  yeux ;  les  bruiU  retentlssants 
fktiguent  et  endurdssent  le  tympan,  et  Tennui  sortout  fatigue 
le  oerveau.  Anx  bommes  fSstign^  il  fliut  du  repos,  du  soro- 
nieil,nne  alimentation  suoculente,  des  bains  tlMes,  deiaqui6- 
tnded*esprit  etdesvinsgto^reux.  Un  plaisir  longtemps  d^r^, 
et  venant  toot  k  coup  combler  I'esp^rance,  est  U  plus  douce 
recompense  du  travaO;  c'est  un  spteifique  centre  la  fktigoe. 

FATUIE9  le  type  de  la  femme  musnimane,  ^tait  rune 
des  quatre  fiUes  de  M  eb  0  m  e  t  •  Elle  eat  pour  m^re  Kadidjah, 
la  premiere  des  ^uses  Mgitimes  du  propb^,  et  naquit 
i'an  604  de  notre  ^re.  Elle  ftit  une  des  quatre  premieres 
femmes  qui  le  reconnurent  pour  prophMe,  et  en  621  die 
dpoosa  All,  cousin  germain  de  son  ptee.  Elle  en  eat  trois 
Ills  et  deux  fiUeSy  dont  la  seoonde  ^^Misa  letameuxOmar. 
EUe  ne  survtoit  gu^  que  six  mois  k  mm  p^  et  mourut 
k  MMine,  k  I'Age  de  vingt-huit  ans.  Sa  mort  pr^maturte 
I'empteba  d'etre  ttooin  des  ealamltte  qui  finappteent  son 
^poux  et  ses  ills.  CTesI  d'elle  que  les  kbalifes/a^imitf  es 
pilrent  leur  nom ;  c'est  d'elle  qoe  tirent  leur  origine  tons 
ceux  qui,  pormi  les  musulmans,  portent  enoon  aijonrd'bai 
le  turban  vert  et  le  titrede  iM  on  de  ehirif^  qulls  soient 
d'aiileurs  princes  on  simples  particoliers. 

FATDilDES,  FATIMITES  ou  FATH£MITES,  puis- 
sante  dynastie  arabe,  qui  rdgna  en  £gypte  pendant  deux  si^ 
des  environ.  Ge  nom ,  de  m6me  que  ceux  dU  lides  et  d7s- 
maOUet,  veoait  de  oe  que  le  fondateur  de  cette  dynastie 
8*etaltdonn4comme  issu  de  Fatbmahou  Fatimeet  d'Aly, 
fiile  et  gendre  de  Mahomet,  par  Ismael,  le  sixi^me  des 
douze  imans.  Mais  cette  illustre  et  respectable  origine  lui 
fot  Un^outs  contests,  bien  que  les  aoteurs  varient  sur  la 
patrie  et  Porigine  du  fondateur  de  cette  dynastie;  les  uns 
le  Hiisant  nattreen  ^ypte,  en  Perse,  k  Fez,  en  Afrique; 
ies  autres  ledisant  fils  d'un  julf  ou  d'un  mage,  oculiste  011 
seiTurier. 

Quoi  quH  en  soit,  Ab<m^Mohammed-^>bM'AUah  s'^tant 
fait  passer  poor  le  Mahady  (dbecteordes  flddes),  annouce 
par  le  Koran,  etattendn  comme  le  Messie  par  les  cbyites, 
oompta  bientdt  pour  partisans  tons  les  adherents  dc  la  secte 
nondireuse  et  schismatique  des  Ismadites.  II  avait  com- 
mence ses  predications  en  Syrie.  IMnonce  an  khallfe,  il 
a'enfUit  en  Egypte,  et  traverse  toote  I'Afriqne  jusqu'li  Sed- 
jelmesse,  oji  il  fUt  mis  en  prison.  Mais  une  grande  r^vo- 
Intion  changea  MentAt  sa  destinee.  La  dynastie  desaglabides, 
qui  depois  cent  douze  ans  r^gnait  a  Kaht>wan ,  Tunis  et 
Tripoli,  ayant  M  daroite  en  909  par  Aboo-Abdallah , 
lieatenant  du  kbalife  de  Bagdad,  le  vainqueor  s'empara  de 
Sedljelmesse,  et  ddivra  le  pr^teodu  Mahady,  qull  fit  recon- 
naltre  comme  tel  par  toute  son  armee,  etqaHpta^a  surle 
Moe  des  l^ts  (910-934). 

I^SQccessewr  d^Ob^iilrAUeh  dtendit  soq  aotoHte  jusqu'k 


FATA  MORGANA  —  FATDIT6 


Fez;  etsonan1te«-pelit4UayJfotes,coiiqiiKl'tgjple  (970), 
d'od  II  expolsa  la  dynastie  r^gnante^  celle  des  i^ei.ll  ft 
de  ce  pays  le  point  central  de  sa  domination,  y  fimdala 
viile  do  K  aire,  od  il  fit  transporter  les  corps  de  ses  sn- 
cdtres,  prit  le  titre  de  kbalife  (oe  qui  <Stait  se  prodttner  le 
soccesseorduprophMe),  puis  conquit  la  Syria  et  la  Pa- 
lestine. 

Aprte  la  mort  de  Motas,  les  FaUmldes  conservteent  ea- 
core  pendant  qudque  tempe  toote  leur  puissance ;  mais  plos 
tard  lis  diSg^nMrant  et  aliandonnftrent  k  dee  vkdrs  les  scu- 
ds du  gouvemement  La  decadence  de  leur  empire  fot  alors 
rapide,  et  leors  £tats  s'en  all^rent  en  lambeaox.  Dans  leur 
politique  IntMenre,  les  Fatinddes,  parvenus  ao  ponvoir 
conune  repr^sentants  dee  partisans  d'Ali ,  se  roontrta«nt  lei 
protecteurs  zflte  de  la  foi  chyite,  et  firent  toot  pour  assurer 
letriompliedee  doctrines  isma^tiques.  Lo  kbalife  Bdktm^ 
Biamrillah  (lOOa-1024)  entre  autres,  conlbndit  dans  la 
mfime  perstation  les  juifs  et  lee  Chretiens  avee  les  maho- 
m^tans  ortbodozes  ou  Sunnites.  II  fbnda  au  Kaire  uneaea- 
ddmie,  k  laqnelle  fl  lattacha  une  sod6t4  secr^  ayant 
pour  but  la  propagation  des  doctrines  isma41itk]oes.  Elle 
Malt  diviste  en  plusienrs  degrte.  Dans  les  dnq  premiers,  on 
fkisait  successivement  voir  anx  initios  toot  ce  qull  y  avait  de 
d^raisonnable  et  dimpraticable  dans  les  doctrines  du  Koran. 
On  leur  apprenatt  an  sixiteie  degr^  qoe  les  r^les  de  la 
pbilosopbie  I'emportent  sur  les  prtoptes  de  la  reUgton. 
Parvenus  an  septieme  degr^,  on  leur  enseJgnait  un  pao- 
tb^isme  mystique.  Au  neovi^medegri,  enfln,ll8setroavaieDt 
assez  convenablement  pr^par^  pour  qn'on  leur  tMM  que 
Thomme  ne  doit  croire  k  rien  etqu*il  est  libre  de  tout  Cs&e. 

Le  dernier  des  Fatimides  fiit  Adhid  ou  Adiied,  vainca 
et  d^pouill4  par  Saldli^'din  (Saladin),  fondateur  de  la 
dynastie  desEyoabides^qoiles  remplstfa  dans  la  soav^ 
rainet6deP£gypte. 

F  ATRAS9  terme  m^prisant,  qui  se  dit  d'un  amas  coaliis 
de  choses.  On  a  mtoie  appeld  fairas  00  futras  on  petit 
poAne  que  Henry  de  Cray  d^it  ainsi  dans  son  Art  et 
Science  de  rMtorique  pour  faire  rimes  et  ballades  : 
«  Antra  esptee  de  rh^torique  nommde  fairas,  et  sont  con- 
venables  en  matik«  joyeuse  pour  la  r^i^titioa  des  nMres, 
qui  sont  de  sept  et  de  bniet  (syllabes),  desqoels  les  nns 
sont  simples  et  n'ont  que  ung  seal  cooplet,  les  aatres  seat 
doubles  et  out  deux  couplets  et  pareille  sabstanoe  et  tenni- 
nation.  Mais  la  preml^  lignedu  premier  couplet  sera  se- 
conde  au  second  couplet.  »  Si  Ton  veot  des  exemples  de 
celte  forme  rhythmiqoe,  on  en  tronvera  dans  le  cnrieoz 
recueil  intitule :  Ritmes  et  r^alns  iowmMent  (Mons, 
1837 ).  On  verra  que  le  sire  Jehan  Cresf^el,  ftks^  Massin  Vi- 
lain,  Jehan  de  Marvis,  Jehan  Nksolai,  ^talent  pass^  mattrei 
en  ce  genre.  Toutefois,  malgr6  leurs  succte,  on  oon^  qoe 
le  mfiifatras  ait  d^n6r6  an  point  d'exprimer  oe  quH  y  a 
de  moins  relev^  dans  les  productions  de  I'esprit 

Db  RanVBICBBRG. 

FATUA^un  des  noms  de  Fauna  ou  la  Bonn  e  Diesse. 

FATUIT]^9  extreme  contentementde  soi,  qui  se  dMle 
par  la  physionomie,  les  manieres,  etjusque  par  la  toumore. 
La  Bruy^  a  dit  :  «  Le  fat  est  entre  Pi  m  pertinent  et  le 
sot.  n  est  compost  de  Ton  etdePautre.  >  On  pardonnerait 
k  la  fatuity  si  elle  se  renfermait  exdnsivement  dans  sa  propre 
adoration;  mais  die  y  Joint  toujours,  poor  6tre  an  eomplet, 
un profond  dddain  poor  les  autres;  c'est  ce  qui  expttqoe  Is 
baine  qu'on  lui  porte  en  tons  pays.  On  aurait  tort,  an  rests, 
de  croire  que  les  jeuues  gens  soient  seuls  attaqnds  de  tsr 
tuitA,  quoiqoe  ce  soit  en  g^tol  leur  maladie.  Mais  die 
existe  ausd  cbez  des  hommes  dont  les  cheveox  blandiisienL 
Cette  exception  se  rencontre  sortout  parmi  les  inAvidos  qui 
ont  passd  leor  vie  k  briguer  des  sncote  de  sakm  aoprte  des 
femmes.  Us  conservcnt  jusqu'an  dernier  jour  de  leur  vie 
one  teinte  de  fatuity  que  riige  pent  adoodr,  mais  Jamais 
effacer.  Chose  remarquablel  cette  infirmity  de  I'esprit  est 
restfe  ^trang6re  aux  femmes  ( le  moifaJt  n'a  pas  de  ftelnfai )  * 
dies  auront  de  la  hauteor,  de  PorgudI,  Jamais  de  la  l^MA 


PATDITE  —  FAUCHAGE 


Pmi6  trante  ansy  la  IkfaM  est  saas  chame  oomme  eUe  est 
saas  eseuae;  e^esl  une  maoTaiae  habttade  qui  ne  nooa  ftit 
pfais  que  dea  enneD^,  et  boob  rend  k  charge  k  nos  meQ- 
leun  amis.  Samt^Prospbr. 

FAUBOURG.  L*ai«mentation  de  la  popalation,  lea  pro- 
grte  dea  arts,  de  I*indDstrie  et  du  commeroe,  la  proap^rit^ 
eroissante  dea  elites,  obligirent  sooTent  lean  habKuits  k 
flerer  de  nooTeUes  eooatnictioiis  an  del&  de  Teoceinte,  quel* 
qoefoia  restremte,  de  lean  maraiUes.  C*est  k  oes  agrandisse- 
ments  soccessifs,  entrepria  aassi  trte-souvent  poar  ^chapper 
aox  esigences  de  roctroi»  que  I'on  a  donn^  le  nom  de/iu- 
hourgs,  Plos  tard,  oea  parties  ext^eares  des  Tilles  Itant 
dereaues  aoad  et  mtoe  plaa  considerables  qn'elles,  on  en 
recola  TeBC^tey  on  les  engloba  dans  la  cite,  et  I'osageleur 
coaserfa  on  nom  qui  ne  oonvenait  plus  k  lear  noardle  po- 
aitioo :  tela  sont  k  Paris  les  faubourgs  Saint-Germain,  Saint- 
Jaeqnesy  Saint-Marcel,  Saint-Antoine,  Saint-Martte,  Saint- 
DeniSy  Mootmartre»  Saint-Honor^,  etc.  Les  Tilles  de  la  ban- 
l  i  e  a  e  sont  aojoordliui  les  veritables  feubourgs  de  la  capitale. 
Les  Hiuboargs  de  qoelquea  Tilles  ont  acquis  une  importance 
considerable.  A  Vienne  (eo  Antricbe),  lis  sont  trois  fois 
aossi  etendus  qae  la  viUe  eUfr^mtee.  Cenx  de  Londres  et 
de  Paris  (tela  que  nous  les  entendons)  prennent  joomeUe- 
ment  plos  de  deTdoppemeat,  tout  en  offrant,  quant  k  I'as- 
pect,  des  differences  qui  ne  sont  pas  du  toot  k  IVantage  de 
ces  demien. 

On  pent  lire  dans  les  pages  sanglantes  de  lliistoire  de 
notre  premise  rerolution  les  detaiU  de  Pinfluence  que  la 
population  de  certains  HiuboaiKs  interieun  a  exercee  sur 
pliuiean  eveneiDents  de  cette  epoque. 

L'etymdogie  du  moi  faubawrgeai  assei  incertaine.  On  Ta 
fott  deriTer  de  TaUemand  vorburg  ( prononcez  forbourg ). 
SoiTant  d'autres  etymologistes,  avant  de  dire  faux-bourgi, 
sulmrbium,  suburbia,  on  aurait  ditybr<6our^<,  c*e8t-lt-dire 
bora  do  boarg,  on  hon  de  la  TiUe. 

FAUBOUBIEN.  Ge  mot,  qui  Josqo'lt  present  n'a  po 
Madr  droit  de  boorgaoisie  dans  le  Dictionnaire  de  TAca- 
demie  Fran^atse ,  est  re^a  dans  la  conTersation  faroili&re,  ct 
a*appliqo6  k  cette  dasse  d'babitants  des  extremitea  de  la 
gruiide  ville  qoi ,  en  depit  de  la  dyilisation ,  a  oonsenre  une 
phjfsionomie  tout  k  fi»it  distincte.  En  proie  k  la  miste,  livre 
k  des  indostiies  rapportant  pea,  le  Csubourien  s'est  ba- 
bitoe  k  TiTre  de  presqoe  rien ;  il  ne  pense  qu*lt]ooir  do  mo- 
ment present,  seoonsole  avec  on  petit  verre  d*eaa-de«Tie^  et 
ne  coonalt  go^  lea  affections  de  la  famille.  S'il  pent  se  pro- 
carer  on  plaisir  plos  releve,  c'est  an  theatre  do  boolcTard 
qn'il  Ta  le  cbercher.  n  fl&ne,  il  joce,  tralne  sor  la  Toie 
pobliqne,  couche  aoorent  sur  la  paiUe  et  dans  les  ordures, 
traTaille  le  moins  possible,  et  ne  s*inqai6te  pas  plus  de  sa 
aante  que  des  maladies  qui  t6t  oo  tard  doivent  Tatteindre; 
alon  II  Ta  droit  k  Thospice,  comme  4  on  liea  de  retraite 
qoi  a  ete  fait  tout  exprte  pour  lul.  On  dte  k  Paris  une  pe- 
tite roe  du  faubourg  Saint-Marcean  ok  de  temps  imme- 
morial on  n'a  compte  ni  naissances  ni  decto,  les  femmes 
aceoocbant  toijoun  k  la  Matemlte,  et  lea  bommes  mourant 
tons  dans  lea  b6pitaux.  Les  grandea,  les  Teritables  epo- 
qoes  de  gloire,  de  triomphes  et  de  deiices  pour  le  faubourien , 
sont  les  troobles  et  les  emeutes  :  il  n*y  a  sana  doute  aucun 
interet,  puiaque  leur  denoOement  netoumera  jamais  h  son 
profit  :  nlmporte!  il  est  toujours  le  premier  en  ligne, 
tirant  son  coup  de  fbsil  et  presentant  sa  poitrine  au  feu. 

FAUGET9  du  latin  fauces,  faucium,  la  gorge,  le 
ffosier,  et  nonde/a2na,  oppose  de  Juste,  comma  Pindi- 
qoent  loos  ka  lexicographes  etles  grammairlens,  qui,  dV 
prte  cette  derniere  etymologie ,  ont  toojoun  ecrit  faussei. 
On  designe  par  ce  mot  une  sorte  de  Toix  aiguA,  qu*on  nom- 
me  auasi  wHx  de  UU,  mais  que  nous  avons  propose  d'ap- 
pder  voixphaningienne^  poor  indiquer  la  partle  do  tube 
focal  qui  contriboe  prindpalement  k  aa  foraiation.  Si  dans 
la  plus  grande  etendue  de  redidle  musicale  la  glotte  est 
Je  seul  organe  productenr  des  son^,  il  n'en  est  pa^  de  roeme , 
■eluo  nous,  lorsque  le  larynx  est  parvenu  k  son  plus  haut 


S9t 

point  d'ascension ;  alors  le  diapason  de  la  ▼  o  i  x  natnreUe  est 
pooase  an  deUt  de  sa  portee,  et  le  chanteor  est  oblige  d'ayoir 
recoon  k  one  autre  esptee  de  Toix,  dependante  d'un  meca- 
nisme  particnlier.  Le  point  de  depart  de  cette  nonrdle  serie 
de  sons  se  trouve  fixe  aprte  laderni^  note  do  premier  re- 
gistre  Tocal,  c*est-i-dire  k  la  premitee  da  second  ,  qoi  peot 
ttre  sooTent  portee  k  I'octaTe  de  cette  note ,  plos  00  moins 
loin  selon  les  indiTidos.  (Test  k  la  reonion  da  sons  qd  cons- 
tituent ce  second  reglstre  qu'on  donne  ordinairement  le  nom 
de  voix  de  tSte  ou  defaucet.  Pour  produire  ces  sons,  le  pha- 
rynx se  contracte  et  se  resserre ,  te  Toile  du  palais  se  tend 
fortement ,  et  a'eieve  demaniireli  boucher  compietement  lea 
orifices  posterieon  des  sinus  nasaux ,  la  luette  se  raocourdt 
au  point  de  s'ef&oer  dans  lea  notes  les  plus  bautea ;  la  langue 
s^eiftve  k  sa  base ;  les  pilien  se  npprochent  et  se  dessinent 
en  saillies  trte-prononcees ;  les  amygdales  se  tomefient 
condderablement;  Tisthme  du  gosier  se  resserre ;  enfin,  le 
son  Tocal  ne  sort  plos  en  partie  par  le  net,  comme  dans  les 
notes  graves ,  mais  fl  retentit  dans  la  booebe  aprte  avoir 
ete  produit  par  Pair  qui  est  venu ,  par  un  filet  deue,  se 
briser  «x>ntre  une  nouveUe  ^otte  formee  par  le  voile  du 
palais ,  la  base  de  la  langue  et  tous  les  organes  contractes 
et  rapprocbes  que  nous  venous  d'lndiqoer. 

Dans  le  mecanisme  du  faucet ,  c'est  surtout  la  forme  du 
tuyau  vocal  qui  paralt  changer  le  plus  :  en  effet ,  dans  la 
voix  de  poitnne  ou  Uxryngienne,  Pinstrument  a  deux  ori- 
fices externes,  le  nez  et  la  bouchc.  II  est  recourbe  superieu- 
rement,  tandis  que  dans  le  faucet  il  n*a  qu*un  orifice  avec 
une  direction  verticale  et  droit*,  fkvorisee  par  Peievation 
du  larynx  et  la  tete  renyersee  en  arri^ ,  ce  qui  fadlite  le 
resserrement  des  oiganes ,  et  empeche  que  le  son  ne  sorte 
par  les  sinus  des  fosses  nasales.  Enfin,  dans  la  voix  de 
premier  registre  ou  voix  de  poiitine ,  la  cavite  bocco-pha- 
ryngienne  forme  deux  c6nes  creox  dont  les  bases  toomees 
ven  la  glotte  se  confondent ,  et  dont  les  sommeta  separea 
sontanterieurs;  au  contrdre,  dans  la  voix  du  second  rej^stre, 
la  boucbe  et  le  pharynx  ne  ferment  quVm  oAne  k  sommet 
posterieur  et  k  base  anterieure.  Pendant  le  mecanisme  du  fau- 
cet, le  larynx  ou  plutdt  la  glotte  ne  vibre  plusd'une  manite 
apparente;  son  usage  don  est  de  retredrcondderablement 
Porifice  par  ou  a*echappe  le  petit  filet  d*air  qui ,  joint  k 
cdui  qui  se  trouve  diik  dans  la  boucbe ,  sulSt  pour  produit  e 
les  sons  du  fSiucet  et  ceux  des  cri  s  dgus.  Ce  qui  prouve 
encore  que  Pair  nesort  que  par  la  boucbe  dans  la  voU  haute , 
et  non  par  cet  orifice  et  par  le  nez,  comme  dans  les  sons 
graves ,  G^est  quMl  est  impossible  de  prononcer  purement  les 
sons  nasaux  dans  les  notes  eievees  du  faucet  Aind ,  pour 
dire  main ,  lointain ,  on  dira  ma ,  huata.  Ctft  poor  cette 
rdson  que  les  fSunmes  en  g6aerd ,  les  tenors ,  et  sortoot  les 
soprani  9  sont  moins  fadlement  compris  loraqolU  chantent 
des  paroles  que  les  barytons  et  les  basses.  Ausd^  les  per- 
sonnes  qui  ont  une  voix  nasonnee  et  desagreable  dans  les 
sons  du  medium  et  surtout  les  notes  basses,  font  entendre 
des  sons  flfites,  pun  et  harmonieux,  en  prenant  le  faucet 

ly  GOLOMBAT  (de  Plsire). 

FAUCHAGE,  action  de  faucher,  c'est-li-dire  de 
couperavec  la  faux.  On  fauche  le  bie,  Porge,  Pavoine  et 
les  fourrages;  cependant  Papplication  du  fauchage  aux  ce- 
redes  n*est  point  encore  generdement  admise :  en  beaucoup 
de  departementSy  cdte  reoolte  est  faite  avec  la  fauc  il  1  e, 
malgre  Pexcedant  de  depensequi  restilte  de  ce  procede.  On  y 
|)eniste  paroe  que,  dit-on,la  secousse  imprimee  auxepte 
par  la  faux  fait  perdre  une  partie  du  grain,  ce  qui  n*e8t  pas 
exact. 

Le  fauchage  s'applique  surtout  aux  pres  et  aux  prairies 
artifiddle.  Si  VherbedoU  Ure  consommitttn  vert,  et  pai 
consequent  coupie  succesdvement ,  le  fkucbag^  est  mene  de 
maniire  k  feumir  constamment  aux  bestiaax  une  nourriture 
tendre  et  succulente,  c'est-i-dire  qu*il  doit  etre  commence 
un  |ieu  avant  la  floraison ,  surtout  d  Petendiie  du  champ 
et  la  quantite  de  fourrage  qu'il  porte  prolong^t  le  temps 
de  cette  operation;  s\  Vherbe  doit  6tre  eonvertie  enfoin 


394 


FAUCHA6E 


ou  fourrage  sise^H  fimt  se  rappder  que  les  chevaux  pr4- 
l^rent  on  foarrage  fibr^^x,  presqne  cassant,  ^  une  berbe 
molle  et  oans  coosistaocci^  que  \e»  mmioauta  pot  un  g6i](t 
Gontraire;  d'apr^  oette  doon^y  on  ayance  ou  l^on  retarde 
de  quelquea  jours  T^poqu^  4u  fauchage  aelon  l^esp^  des 
bert)iTore8  k  laqnel]^  le  fourrage  est  destio^ ;  roais  en  gto6- 
ral,  lordqne  lea  pUmte»  qui  eomposent  le  pr^  Yiennent  k 
perdre  leura  fleuis,  fl  est  temps  de  les  abatti^e.  Les/cmrra- 
ges  verU  sont  coup^  rdguli^emeotetle  piuspr^  possible 
de  la  terre,  s'ils'doWent  foumir  dVutres  r^ltes;  dans  le 
cas  contraire^  il  importe  peu,  qu'H  reste  une  partie  plus  #)u 
raoins  considerable  de  la  tige,  car  la  charrue,  qui  passe 
dans  I^  champ  imm6diatement  apr^s  la  faux  »  conYertit  en 
engrais  cequi  reste  k  sa  surface;  \e&  fourrctges  sees  sont 
conp^  constanunent  le  plus  has  qu^on  le  pent,  parce  que 
si  les  faucheurs  U^ssent  une  partie  de  I'berbe  qn'Us  auraient 
pu  abattre,  il  en  rtoulte  une  perte  d'autant  plus  conside- 
rable que^  beancoup  de  plantes  s'eievant  moins  que  les  au- 
tres ,  Therbe  est  plusj^sse  h,  la  sdrfaoe  du  sol ;  en  outre ,  la 
prairie,  encombr^e  de  tiges  mutil^es  qui  Jaunissent  et  meu- 
rent,  ne  reccYant  plus  Tinfluence  immediate  de  la  lumi^re 
et  de  rdr,  est  priY^e  pour  la  r^colte  suiYante  d*une  grande 
partie  des  nouYcUes  pousses^  arrfitdesdans  leurd^Yeloppe- 
ment  par  la  couche  morte  qui  les  etouRle.       P.  GximEBT. 

FAUGHARD  ou  FAUCHON»  espto  d'arme  d^bast, 
form^e  d*une  pito  de  fer,  longue  et  trancbante  des  deux 
cdtesy  dans  laquelle  Yenait  s'emmancher  Textremite  d^une 
hampe ,  et  qu*on  Yoit  jBouYent  representee  dans  les  minia- 
tures et  antres  monuments  des  quatondeme  et  quimd^me 
sidles.  C'^t  I'arme  des  gens  de  pied,  qui  adopt^rent  plus 
tard  lapertuiaane,  et  ensuitelahallebardei  lien  fut 
fait  usage  an  combat  des  Trente,  en  1351. 

FAUCHE-BOAEL  (toms)  naquit  k  NeufcbMel 
(Suisse)^  le  12  syiII  1762,  d'une  famUIe  de  reHgionnaireS 
fran^fs,  ori^nairede.la  Francbe-Comte,  etquela  reYoca- 
tiondel*editde  Nantes  AYaft  forcee  de  s'expatrier.  Destine  au 
commerce  de  la  librairiepar  son  p^re,  Tun  des  fondateurs 
de  la  ceiebre  Society  typographique  de  NeufchAtel,  il  se 
trouYa  lui-intoie  k  la  t£te  d*une  grande  imprimerie,  et  se 
produisilt,  comme  editeuir,  en  France.  Ce  Tut  de  ses  presses 
que  sortit  la  premito  edition  des  CoT^usions  de  J,- J, 
Rousseftu,  banis  un  de  ses  frequents  Yoyages  k  Paris,  il  re^t 
de  Tauteur  d*un  pamphlet  centre  Marie-Antoinette  la  pro- 
position de  llmprfmer;  mais  fl  s'y  refuse,  et  porta  le  libelle 
k  la  reine.  Cette  demarche  loi  Yalut  une  presentaGon  k  Ver- 
sailles et  quelques  mots  de  cette  princesse.  II  n*en  falliit  pas 
daYantage  pour  exalter  son  imagination  et  detenniner  son 
deYOuement  k  d'augustes  infortunes.  La  premiere  preuYe 
qu*il  eh  donna  fbt  do  se  charger,  apr^  Tarrestatfon  de 
Louis  XVI  ik  Varennes,  dlmprimeretderepandre  le  factum 
Intitule  :  Protestation  des  princes,  etc.  Phis  tard  il  pr6ta 
ses  presses  k  I'aYOcat  royalisto  FenouiUot,  et  imprima,  aprte 
lacatastrophe  dn  21  jauYier  1793,  le  testament  4e  Louis  XVf, 
ce  qui  Itti  Yalut  Texil.  De  ce  moment  il  fut  acqnis  a  la 
cause  dii  pretendant,  Louis  XVIII ,  et  re^t  du  prince  de 
Conde ,  par  I'entremise  du  comte  de  Montgaillard^  la  mission 
importante  d*entamer  des  pourparlers  ftYec  Pichegru. 

Sous  le  simple  nom  de  Louis,  il  se  rendit  k  Altklrch,  ob 
etait  le  general  de  Tarmee  reYolotionnaire,  se  fit  presenter 
k  lui  sous  qoelque  Tain  pretexte ,  et  le  trouYa  bien  dispose 
k  seconder  les  entreprises  royalistes.  Pour  mieux  masquer 
ses  menees,  Fauche-Borel  s'installa  comme  imprimeur  k 
Strasbourg ,  d^oti  il  suiYalt  sa  negoclation  aYec  Pichegru.  II 
yfutarretek  21  noYeubre  1795,  par  ordredu  Directoire,  qui 
ne  put  toutefols  saisir  ia  moindre  preoYe  de  nature  ^^blir 
jndiciairementlec6mpTot.  A  peine  eot-ll  recoirYre  sa  liberte, 
qnll  renoiia  ses  intelligences  SYecle  general  retire  k  Arbors. 
Pluft  tard  ce  fut  k  Paris  que  Tintrepide  agent  dut  se  rendre 
pour  etre  de  nouYeau  llntermedlalre  du  prince  auprte  de 
Picliegru,  nomine  pre^dent  du  Ccn^^eil  des  Cinq-Cents. 
lUenlOl  le  18  fructidor  renYersa  les  projets  royalistes. 
B arras,  qui,  fiddle  k  sa  naissance   abandonnait  la  cause 


—  FAVC9ER 

reYolutionnaire^  accorda  pIusieurs^treYues  ^  Fi^oc^^orc^ 
qui  Yenait  de  la  part  d^  princes  ^  et  lul  fit  donner  im  paW 
portsous  le  nom  de  Boreliy.  Fauche  passa  pfi  Ang^^errs, 
od  il  reYit  PicbegrU|  qu*il  entralna  dans  de  nouYeUes'intri; 
gues.  Mais  elles  furent  ruinees  par  la^  Jdfoifm  lour^ 
du  is  brnmaire  an  Yin,  oh  le  bireotbire  liit*  renverse 
pour  faire  place  au  Consulat.  Toujoprs  plein  Se  courage  et 
d'ardeur,  Fauche-Borel  ne  craignit  pas  de  se  rendre  k  Paris, 
ou  il  serYit  d'intermediaire  entre  M  o  r  e  a  u  et  Pichqpu,  ainsi 
que  Georges  Cadoudal;  roais  cette  fois  la  police  le  salsit, 
et  le  plongea  dans  les  cachots  du  Temple^,  ok  il  resta  trois 
ans,  et  d'ou  il  ne  sortit,  comme  etraioger,  qiae  sur  la 
demande  pressante  de  TenYoye  de  iPrusse.  On  le  recondiiisU 
jusqu^^  la  fronti^re;  il  se  rendit  det^  k  Berlin,  ou  son  activite 
se  ralentit  si  pen  que  Bonaparte  lui  fit  riionneur  de  s*eQ 
plaindre  au  roi  de  Prusse,  et  d^euY oyer  des  agents  cha^^ 
de  s^assurer  de  sa  personne.  Mais,  aYerti  &  temps  par  la 
reine,  Fauche  put  reprendre  la  route  d^Apgleterre, 

Les  desastres  de  Russie,  qui  amen6rent  la  chute  du  trdne 
imperial,  remplirent  son  coeui^  de  nouYell6s  esperaoces. 
II  put  rentrer  en  France  k  la  Restauratipn ;  mais  alors 
il  ne  trouYa  plus  Louis  XVIII  aussi  accessible  qn^il  Tafait 
Yu  k  Mittaiu  ou  k  Hartwell ;  les  courtisans  eioign^rent  ua 
senriteur  qui  pouYait  aYoirpart  aux  largesses  du  prince,  et, 
malgre  son  deYouement  pour  la  cause  royaliste ,  Faucbe- 
Horel,loin  d'obtenir  le  million  qu'on  lui  aYaitpromis,  avee 
la  croix  de  Saint-Michel  et  la  direction  de  rimprimerie 
royale ,  ne  reciicillit  que  dedains ,  ingratitude  et  calomnie?. 
U  s'en  Yengea  en  publiant  ses  Memoires;  il  fit  connaltre  la 
correspondanoe  de  Louis  XVJII  aYec  un  certain  joumatiste, 
du  nom  de  Perlet;  celui-cf  Taccusa  d'avoir  ete  un  agent 
trattre  et  sans  loyaute.  Fauche,  indigiie,  Youlut  une  repara- 
tion publique  :  il  attaqua  Periet  et  le  fit  condamner  comme 
calomniateur.  En  eftet,  Perlet,  nMtait  qu'un  agertt  de  la  po- 
lice de  Napoleon.  Ce  succte  n^ebloult  pas  Fsudie-Borel,  qui, 
decourage,  le  coenr  naYre,  rAmeulceree/retoumaA  ficat- 
chAtel,  en  jnillet  1629;  mais  Taspect  de  la  belle  contrte  qui 
TaYait  YU  naltre  ne  put  calmer  son  ihiagtnation,  frappee  tit>p 
douloureusement ,  et  le  7  septembre  soiYant ,  api^  aYoJr 
ecrit  une  lettre  touchante,  dans  laquelle  ft  reoomnmiidaftYa 
fille  au  roi  de  Prusse ,  k  fAngleterre  et  k  Charles  X,  fl  le 
precipita  d'un^troisitoie  etage  snr  le  paYe.  Toute  son  adi- 
\ite,  tout  son  courage,  tons  ses.  serYfces  n'aYaSent  about! 
qu'lides  lettres  de  noblesse,  donnee^^  par  le  roi  de  PmssCi 
^au  suicide.  '     '  Jules  Paotct. 

FAUCHERCCiSsARet  CbmrANrm),  sumomroesles/tf* 
meaux  de  La  R^le ,  etaient  fils  d'on  offieier  que  ses  bles- 
siues  aYaient  force  de  quitter  le  senrice  et  qui  deYint  soe- 
cessiYement  secretaire  k  Tambassade  de  Torin,  cliai]^ 
d'affaires  prfts  de  la  republique  de  G^nes,  et  secretaire 
general  du  gouYemement  de  Guienne.  Fr^res  jumeaax ,  ib 
etaient  nes  ^  La  Reole  (Girondc) ,  le  12  septembre  1760. 
Kntres  ensemble ,  k  TAge  de  quinze  ans,  dans  les  cheYan- 
legers  de  la  maison  du  roi,  ils  pass^rent,  en  aoOt  1780,  Offiders 
dans  le  roeine  reghnent  de  dragons.  Leur  ressemblanoe 
etait  si  parfaite,  qu*elle  trompait  leurs  parents  eux-m€mel. 
Retires  du  service  k  repoqoe  de  la  reYolution ,  tons  deux 
lors  de  la  joumee  du  21  jauYier  se  tronYaieut  reYetos  de 
functions  publiques,  auxquelles  les  SYait  appeies  le  cboix  de 
leurs  concitoyens :  ce$ar  etait  president  du  district' eC  com- 
mandant des  gardes  nationales  de  rarrondissement;  Cons- 
tantin  ,  chef  de  la  municipality  de  La  Reole  :  ils  ae  dend- 
rent  de  leurs  fonctions.  Leur  inaction  toutefoia  fUt  covrte; 
I'appel  aux  armes  pousse  par  la  CraYention,  If  la  soite  des 
reYers  militaires  de  1793,  les  fit  acooorir  dains  fes  rangs  de 
la  nouYelle  armee. 

Entres  k  PAge  de  trente-trofs  ans ,  comme  sfmples  yoIoii- 
taires,  dans  un  des  corps  diriges  contre  la  Veodde.lear 
intelligence  et  leur  braYOin^  leur  Yaluiient  an  aYanoHnent 
rapide  r  chacun  de  leurs  grades  fut  le  prix  d*une  action  dV 
clat ,  et  lis  furent  nommes  le  mteae  jour  ( le  13  roai  179S, 
k  Pattaque  de  la  (oret  de  VouYance)  generaux  de  bfigade. 


FAUGHER 


29$ 


Poqr  JofepMT  tars  ;bl«isiirei,  iU  ft'4Uie«t  rtWn  4  Saint- 
Utiwmif  locscpnN.ie  i*'  janyier  1794,  siir  and  d^ooncift- 
tiai  paiti«  40  leiur  ihiiMrteBaent ,  \b  TeprOscnlant  xlu  people 
LBqitiiito'.jOfiikuiiia  to^rcQinpaiTiUon  4e?ant.ie  tribMDiU  r^ 
TOtatJonnakpe  de  Bocbefiirt  Jl$  iUiflnt  aoeus^  d'avoir  (ait 
l^ikige  de  louia  XVI  <c(  dVkvoir.  ptthUqoei^eiil  poit6  son 
deuil.  Ces  faits,  avou^  par  eox,  motiv^rent  teor  condam- 
mfiaB  k  mort  JLt  M^aVmm  ttt.trouva  iHusi  caimes  que  le 
dnaip  de  bataille.  Bien  qu^affoiblis  par  la  aonffirance ,  ils 
ilpndre ipied  anr  le  lieu  du  suppUce ;  ils  ae  firent 
leur  uiarcbe^  et  arriv^rent  ainsi  soutenus  jus- 
qa'ao  pied  da  Tteliau&ud.  C^sar  s'apprftlalt .  d^  k  en 
franehir  tes  degr^,  qnand  ie  repr^aentaiit  du  people  Lequi- 
win  Ofdonna  de  aospendre  rex6cution«  Leur  sentence.,  r^ 
Yiste  par  on  autre  tribonal ,  fiit  annnltop  el  les  ideux  frnrcs, 
reaToy^  absoas ,  se  firent  transporter  k  La  R^ole^  Oblige, 
par  ieiMmbra  et  la  gravity  de  leura  biflssum ,  de  renoncer 
an  eerrloe  actif ,  ils  obtinrent  leur  r6fbrnML 

Ce  rtpos  fore^  prafita  k  lenr  pays  niM.f  la  (orlnne  des 
jnoMaax  lenr  permit,  en  1794,  d'op^rer  pu  loin  das  achats 
dec^ftelea,  qui  d^umirent  de  La  Rfole  In  fl^n.  dc  la 
famine  ,^  leorinflueoce,  uise  an  aenriced*an  grand  nombre 
de  prasaita^  fit  obienit  anx  nns  lenr  liberty,  k  d^aolres  la 
leditnlioiidelenrabinna.  Leconsulat  nnt :  Cdsar  re^ut  le 
liira  de  soua-pi^letde.  La  Rtele  ,  Gonttaolinoelni  de^  raem- 
bre  do  eonseil  glutei  du  d^partenieat  Toon  deiix  dona6rent 
lenr  dimission  lors  de  FaTdnement  dn  prender  consul  k 
Tenptre.  L*inviaion  de  1814  les  tranmi  dans  la  Tie  prtfi^ 
lee  royaftstea  de  Bordeaoi ,  voyant  en  enxdas  adtersaircs 
du  gouTiemement  dc?fapol6on,  leur  firent  qObiqnes  oa've^ 
tune;  mais  les  deux  Mew  rdpepdinsnt  qn'lls  resteraient 
itrangers  k  toot  mouvement  qui  iv'anrait  pan  pour  boi  de 
eookbattre  renaenii ,  etilspropostentanxaulorifiifoinipdria- 
iesde  ae charger  de  tedtfensed'nne  partie  de  U  rive  dttute  de 
la  Oaraime.  GettiB  oflVe ,  qui  ne  fdtcependant  jia$  accueillie, 
rapprocfate  de  lenr  r^poose  anx  royalistca  bordelais,  valnt 
am  donx  IMrea ,  durant  la  preniSte  restanration,  in  renoiii 
de  rifolulienaalieKetdebonapartfetiBittcorrlgihleSi  Uiir.at- 
titnde  4  i*)6poqae  des  Cent-Jotirs  donna  one  nouveila  iorcd  k 
eeCte  aecHsatJon:  Ndnieenlement  tons  denx  sdln^ent  a?ee  joie 
lajonnitedt»20  mars,  noaia  Cdsar,  nomm^  memhm  de  la 
Ohamlne  de^reprttoitants,  et  Gonstantin,  41u  mairede  La 
R^ole ,  os^rent  dn  tonte  leur  influence  poor  diriger  l*optnion 
de  leora  eondloyena  en  fsTeiir  de  Temperenr  et  d^unec^is- 
tanoe  liootmnce  k  I'lnyasion.  Leur  intimity  avee  le  gto^ral 
Clansel  dennt  on  notfrean  cikoe  anx  yeux  des  royallstes 
bofdeUia. 

Le  d^Murtement  de  la  Gironde  ayant^t^  mis  en  totde 
sidge  aprta  la  bataille  de  Waterloo ,  C<»statttin  fttt  appel^ 
an  oommaoDdement  des  deux  arrondissementsde  La  R6>le  et 
de  Bazas.  Mais  k  qoelquea  jours  de  Ik  le  mbsiatre  Gonvion 
Salnt-Cyr  ln(  enjoignit  de  cesser  sea  fonctions  et  d'arborer 
le  drapean  blanc  Gonstantin  recni  eet  ordre  le  21  joillet; 
et  to 22,  an  point  du  joor.  en  pr^spnee  du  lieutenant  de  gen- 
danaeiiat  aenle  autprit6  militalre  de  La  Btole,  U  fiteolorer 
'  '^(endard  trkolore  et  replacer.  lo  drapeau  blanc.  A  oe  moment 
na  d^tacbement  du  40*  de  Kgnc ,  se  rendant  de  Toulouse 
k  Bardeanx ,  Tint  k  traTerser  la  ville  :  la  vue  des  drapeaux 
bbnesy  arboip^  sur  la  soo»>prifecture et  snr  la  mairie » ir- 
ritates adidattf;  ils  abattent  les  Aoadanla.royalistes,  les  d^ 
cbinnt,  |ea  uWent  anx  flammea,  poisGontinuent  lenr  route. 
<Apnteienrdd|»rt,  les  drapeaux  blanos  sent  r^blis.  Mais  la 
nonvellede  oetinddent^taitpromptementiMvfek  Bordeaux, 
it  toai6ratioB.babilneUe  aux  populations  dn  midt  donnait  k 
cet  aete  de  celte  de  qaelqncs  soldata  en  mardii  les*  propo^ 
lions  d^naerdiolte.  La  RMa,  sontev^ ,  disait*on,  par  les 
flfatanx  Pandierv  seAisalt  de  nconnaltra  rautorltA  royale. 
Laanriendananin,  24,  une  Irqnpo  norobraose  devolontaires 
baidelaia  aoooonit  k  La  R4k>le,  et  ac  prteipita  dans  les  niea! 
1eialiieau|>Qlng^et  anx  cri»':  A  besha  Mgands  Fawlurl 
A  btu  Im^mruux  de.laRMr\  il/^ut  les  iwrX  Ces 
eteeseris  seproleng^nt  si%  jonrs,  pendant lesqoels 


les  jumeauxt  enfannte  dans  lenr  demeore  avee  lenra  dones- 
tlquea  et  qoelqoes  Toisins,  se  teDalent/;pr|taiik  nponssv 
tonte  attaque  de  Tive  force.  «  Nnos-'ne^iaiMflrona  fiaa  violer 
notre  domicile,,  nous  aoqs  d<U<androna,  y  aYaient4l8  ^crit 
an  nooTean  maire«  qnl  appionxa  leur  sMution  dana  una 
lettre  dont  lecture  ftit  donnte  ptnatard  devant  to  conaeil  de 
guerre*.  Malbeureusement  lis  ^?iient  :anaai  an  gte^ral 
Clausal  pour  ie  pr^Tenir  de  lenr  s^eatratl^n.  volontaire ; 
et  dans  cetle  lettre,  adresate4  nn  ami^  ils  paclaiant  de  lenr 
roaison  comma  d'nne  place  de  guerni.  Le  gdaidral  ClaMel 
transmit  cette  lettre  an  nooveau  prdfet,  M.  de.Tonraon; 
celoi*ci,  prenant  au  a^rienx  lea  plaiaanteviea  daa  jnmeanx 
aor  leurs  pr^ratifs  de  defense,  et  oonsidtomt  qtb^d».oetie 
Uttr0  r4nUiaU  Vavmi  que  les  siewrs  Faucher  mfoieni 
dans  leur  maisan  uneanas^.d'mrmes  et  quHls^  oroieiU 
rduni  des  iiadiTidna  annte^ .  ordenna  an  conunandant  de 
la  gendarmerie  du  d^partement  de  se  transporter  k  La 
R^e  cliex  les  deux  ftires,  et  de  feiie  k  lenr  domicile  lea 
pina  s4v^es  perquisitiona.  Gee  recbercbes  amentoantladd- 
couverte  de  dix  Aiails  da  cfaafna,  dontfapoisi  bora  de  aerrice, 
d*un  fusil  de.monition,  dedeux  pairea  de  pialoletBd'aiyon, 
de  troia  aabras  de  canralerie  l^gtee,  de  denx  aabres  d'infim- 
terie,et  d'autres  annes  hors  de  service; 

Quoique  le  proc^verbal  nVrffltt  laprenve  d'ancnn  d^, 
le  procorenrdn  roi  n'en  ordonna  pas  mebis  farrestatlon 
dea  denx  fr^res ,  motiT^  sur  le  bmit  pnblic  De  Ja  prison 
de  La  Rtole  lis  furent  tranafiftr^  k  Bordeaux,  oil  on  Im 
incarc^a  an  fcnrt  du  HA,  a«  mittau  de  for^ata  attendant  la 
chatne  qui  devalt  les  emmener  au  bagne.  Le  22  aepCembre 
ila  compamrent  dovant  le  conaeil  de  gnevra.  En  vain  ils 
invoquircnt  Tappoi  du  talent  de  tour  parentet  ainlRavex. 
Geiui*ci,  aprte  avoir  d'aboixl  rormdlement  proinia  do 
se  cliarger  de  lour  defense,  eni  ia  lAcliet^ ,  pour  ne  pas  se 
comproinntUeavec  le  pouvoir,>de  leur  refuser  son  mlnlst^re. 
lis  durent  en  cons^nence  comparattre  seals  devant  le 
cooseif*  Le  r^uisitoiredu  capitaine-rapportenr,  rempliasant 
lea  foncHons  de  proeuvour  du  >roi,  condut  contre  eux  k  la 
peine  de  mort  Pendant  les.ddbats,  Gdsar.  et  Gonstantin  ft- 
rent  preove  du  pins  grand  cairoe  et  d'dna  rare  fermet^. 
Lenr  defense  ne  fut  ni  moina  ferme  ni  moina  digne ;  ils  fu- 
renttooa-  lea  denx  6loquents«  mais  ils  ^lent  condemn^ 
d^avance,  et  la  sentenoe  fetale  fut  rendne  k  Yunanimiiii, 
Us  en  appel^rent  an  eonseil  de  r6vislon,  qui  rendit  une  di^ 
oision  confirmative,  etr^xtaition  des  eondamn^  Ait  fix<H) 
an  lendemam  27« 

G^sar  et  Gonstantin  pasadrent  la  nuit  du  26  et  la  matinee 
du  27  k  icrire;  pas  una  de  leurs  lettrea  ne  se  ressentait  de 
leur  position  :on  y  retrOdve  lafaottitd  et  la  liberty  d'esfjri! 
des  temps  les  plus  benreax  deleurvife.  AnmomentdequiKnt- 
leur  cachet,  tons  deux  s'embrassdrent;  puis,  se  prenant 
par  la  main,  ils  all&rentse  placer au.miiiea  du  d^tacbeinent 
charge  de  les  conduire.  On  avail  d^ployd  to' plua  grand  ap- 
pareil  militalre.  Arrive  au  lieu  de  rex^cution,  ils  refuse- 
rent  de  se  mettre  bgeoOux  et  de  se  laisser  bander  lea  yeux ; 
Ito  ae  placdrent  devant  les  soldats,  debont  et  tonjoiirs 
nnis  par  la  main.  Gter  oommanda  le  feu  :  tous  denx  tom- 
bteenty  Cter  toA,  Gonstantin  seuleraent  bless^  an  ventre ; 
11  aedreaaa  sur )es  poignets,  et  regaida  son  trkre;  un  des' 
soldata  s'approeha,  et,  lui  pto^ant  le  canon  de  son  Aisii 
contre  roielUe^  l'd|endit  roide  moft 

"    AcfaiUe  nn  VaulabbIiXb.  . 

FAUGHER  (  UtoN  ),  tomomiste  distingue,  d*origine 
Juive,  ndli  Limoges^  en  1804^  antra,-  vers  ta26,  en  quality  de 
pr6cepteor  dana  la  famille  d'un  riche  indusirielde  Paris, 
dont  to  salon  ^taitto  rcnde]&<voos>babltuel  de  boo  nombre 
d*bomnM8' influents  dana  lea  lettres  etla  politique.  C^tait 
to  pour  un  jeune  bemme  qui  avatt  son  avenir  k  faire  une 
situation  des  plus  fiivorables,  carelie  Ini  cr6aitdes  retotions 
utiles  li  na  Age  oil  on  a  rarement  lien  d*en  avoir.  Aussi  T^ 
ducatton  porticnIi^^^.dolft  il  «*<tait  ohargA  ftit  k  pebw  ter- 
mini, qu*un  mariage  aaantagettx  vint  assurer  arM.  L^on 
ITaucker  Hnd^endance  delbrtuneqaieat'  aiqo«rd*hni  to 


296 


FAUCHEA  —  fAUCHET 


pramita  eondllkHi  do  taerti  dans  toutei  \m  carrttras  UM- 
ralet ;  «l  il  se  traiiTa  libra  dte  Ion  de  se  liTrer  k  U  cuttora 
det  lettras,  ten  laqneUe  le  portatt  la  naUira  de  ses  ^des 
et  de  SOD  talent  11  eit  doaienx  tootefoU  qnll  ftti  jamais 
ali^  liien  haut  Di  Men  Mn ,  s^  s'Atait  born^  k  des  traTanx 
de  pure  Edition,  tela  qoe  forant  ses  premiers  esaals,  par 
exemple,4  tradoire  qael<iaes  livres  da  TiUmaque  en  grec, 
on  eneore  k  puUier  des  dissertations  archtelociqDes  dans 
des  recnells  spManx.  Toat  oe  qa*on  peat  raisonnablement 
esp^rer  en  salTsnt  cette  Toie-Uiy  c'est  d*arriTer  qnelqne Joar, 
k  force  de  soUicitations,  de  gteuflexions  et  dintrigues,  k  se 
ftfare  enterrer  yif  dans  qnetqne  bibUotfaAqoe  par  on  ministre 
jtrotedmir  iclcAri  des  sciences  et  des  lettres,  Henrease- 
ment  pour  lui,  M.  LtonFaucher  eat  le  bon  esprit  de  8*ar- 
rlter  k  temps  sar  cette  pente  fktale  et  de  se  {^  dans  le 
JoomaUsme.  H  offrit  avec  an  entier  dMnt&ressement  son 
coneonrs  le  plasactif  It  qnetqaes  joamaax  de  second  ordre, 
dont  les  administratenrs  s'estlmteent  bearenx  d'avoir  ainsi 
constamment  sous  la  main  an  Yolontaire  exact  et  laborieax, 
grand  poarfendeor  d'abus,  implacable  redresseordes  faates 
do  gooTemementet  bomant  k  I'origine  Urates  ses  pretentions 
k  placer  son  nom,  contrairement  k  Tosage  d'alors,  an  bas 
de  cliacon  des  articles  qnMl  toirait  pour  Tamoor  de  Dieu 
et  ad  majorem  popuU  UberkUem. 

On  rit  d'abord  besuooap  dans  la  coulisse  d'nne  innoTstlon 
qui  mettait  en  reUef  une  indhridualit^  encore  parfeitement 
incounne,  qnand  Tingt  antres  toriTains  de  tout  autant  de 
talent  et  attacbte  depnis  longues  annte  k  la  mAme  entre- 
prlse  gpirdaient  un  modeste  anonyme.  Mais  il  se  tronva 
en  fln  de  oompte  que  cette  innovation  4tait  on  fort  bon 
calcul  de  la  partde  celui  qui  ayait  os^la  tenter.  En  effet, 
one  certalbe  notoii^t^  d'opposltion  quand  mime  finit  par 
s'attacher  dans  le  gros  do  public  k  ce  nom  qu*li  propos  de 
toates  les  questions  d'adminlstration,  d'^nomie  politique,  de 
l^islatlon  et  de  diplomalie  on  retrouvait  toigoors  ao  bas 
d'onelongue  Aocobrationdont  l*aateordemontrait  Tictorieu- 
aement  k  nos  gooTemants  d'alors  qolla  ne  savaient  pas  le 
premier  mot  de  leur  metier  d*hommes  d'etat  Aossi  quand 
Cliltelabi,  ce  publidste  puritain  qui  s'teriait  un  jour  dans 
un  aoote  de  naive  franddse  :  «  Sont-iis  bdtes,  ces  boos 
abound!  Yoilk  quinze  ans  que  je  leor  fais  toos  les  matins 
le  m^e  article,  et  Us  ne  s*en  sont  pas  encore  aper^  I  » 
aossi,  disons^nous,  quand  ChAtalain  passa  de  vie  k  tr^pas, 
lo  public  troura-t-il  tout  natural  que  les  propri^taires  du 
Courrier  Francis  lui  donnassent  poursuccesseorM.  Lton 
Faucher,  dont  le  nom  ^tait  aussi  connu  des  abonnte  de  ce 
journal  que  de  eeux  du  Temps.  Le  talent  incontestable  mais 
pen  brillant  de  cet  tolvain  fot  d'aillenrs  impuissant  k  ar- 
rtter  la  decadence  et  la  ruine  de  ces  deux  feuilles,  r^ig^es 
dans  llntMt  de  la  coterfa  pariementaire  d^ignte  sous  le 
Bom  de  tiers  parti.  Inresti,  en  sa  quality  de  rMacteur  en 
ebef,  d'un  droit  plus  grand  d'im'UatlTe,  M.  L^n  Faucber 
eompta  seulement  alors  pour  quelque  chose  en  politique  et 
se  fit  blentdt  accepter  pour  Tun  des  hommes  de  la  presse 
pAriodique  4  qui  il  ^tait  permis  de  brigner  les  triomphes  de 
la  deputation.  DViUeurs,  oomprenant  parfaitement,  avec 
son  tact  habitoel,  qu*un  journal  sans  abonn^s  est  une  im- 
passe od  Ton  r^colte  beauooup  d'bonneurs,  sans  doute,  mais 
pen  de  profits  r^elset  solides,  il  avait  dtorte  4  temps  arec 
armes  et  bagsges,  et  etalt  alie  ofTrir  an  journalisme  au  ra- 
teb,  k  la  presse  k  40  francs,  au  SUele^  qui  grandissait  k 
Tue  d*oeil,  Tapput  d'un  nom  depuis  longtemps  dans  la  circu- 
lation. Les  articles  d*eoonomie  politique  qu*il  lui  foumit 
avaient  peut-4tre  le  d^fout  de  ne  pas  etre  il  la  port^e  des 
eeteurs  liabituels  de  cette  fooille,  gendraiement  recrut^s 
dans  les  classes  laborieuses  mais  peu  Aclairttes  de  la  popula- 
tion, et  dont  rintelligenceseinonlre  assez  r^ve  k  I'endroit 
des  ineflables  bionfalts  que  doit  op^rer  an  jour  le  r^e  du 
libre  ecliange;niaisilsnelalss6rentpas  du  moinsquede 
▼nlgariser  quelques  id6es  utiles.  Collaborateur  de  la  Bevue 
sfof  Deux  Mondes  pour  I'tSconomie  politique,  M.  L^n  Fau 
pttblia  en  1$4S  des  Eludes  sur  la  Grande-Mrelagne 


( 3  ToL  ins"*  ),qu'il  destinait  4  lui  servir  de  passe-|Mrt  peor 
arriver  k  TAcademie  dea  Sciences  morales  et  potttiqusi; 
et  cette  compagnie  fadmiteffeetifement  dans  son  selaeo 
1849,  en  remplacement  de  Roa  si.  II  lot  ett  M  dilBcOe,  an 
traitant  un  pareil  si^et,  de  parattre  toiOours  neuf ;  mais  oe 
ll?re  n'en  est  pas  moina  rosurre  d'un  obaervatenr  atlentif 
et  intelligent. 

En  1846  il  ayait  enfln  obtenu  la  rteompense  de  quime 
annto  de  Inttea  inoessantes  dans  le  journalisme.  11  await 
eteeio  depute  4  Reims,  et  etaitaliegroaair^la  ehambreles 
rangs  du  tiers  parti,  de  cette  coterie  taqnine,  francliement 
devooee  an  fond  k  la  dynastie  de  JuiUet,  et  qui  cepeodant 
contribua  tant  k  sa  chute.  An  banquet  reformiste  de  Reims, 
M.  Faucber  declare  que  «  Tagitation  legale  est  rarme  des 
peoples  qoi  cot  atteint  I'flge  de  la  Tirilite.  »  Le  24  fevrier 
1848  Ini  apprit  que  la  France  etait  encore  enei^onee,  epo- 
que,  disait-il,  oil  « les  peuples,  poor  trencher  les  difflcoltes, 
en  appellent  k  la  vietoire.  »  A  la  suite  de  cette  rerolntioB 
eiu  par  ee  memo  departement  de  la  Maine  representant  do 
peuple,  il prit  nnepart  importante  aox  discussions  de  PAssem- 
bieeoonstituante.  Uy  combattit  avec  uneenergie  dont  U 
France  lui  saura  toujonrs  gre  les  tendancesanarehiques  dn 
soda&me,  bnvant  courageusement  la  haine  d'on  parti  im- 
placabledanssesnobunes,  etqui  inseriritalorason  nomparaii 
cenxdes  pins  redontables  ennemis  du  people  et  dela  revoio- 
tion.  Sans  se  labser  intimider  par  les  vociforations  de  la  Mon- 
tague et  par  les  insultes  de  ses  journaox,  M.  Leon  Faucber 
pcffsista  k  payer  de  sa  personne  et  k  Toter  aTec  la  mijorite 
dans  tootea  lea  discossions  od  la  cause  de  Tordre,  de  la 
iamille  etde  la  propriete  se  trouva  en  jen.  Aprte  reiection  de 
Louis-NapoUondla  presidence,  il  fotnomoie  nunistre 
dea  traTanx  publics,  puis  bientdt  aprte  ministre  de  rinterieor, 
et,  dans  i'exerdoe  de  oea  fonctions,  il  a'asaoda  A  la  pemee 
reparatrice  qoe  six  millions  desoflhiges  parfaitement  fibres 
Tenaient  d'appder  k  la  directton  des  affaires  du  pays.  Ce- 
pendant,  eon  administration  n*a  pas  plua  laisad  de  traces 
que  ceDe  de  tons  lea  grands  faiseurs  de  Topposition,  qui  one 
foia  an  poovoh*,  n^aTaient  eo  rien  de  pins  presse  que  d'oo- 
blier  leors  engagements  les  plos  precis  et  s'etaient  montres 
encore  plosinsolents  et  plos  despotes  que  leors  predeoesscnrs. 
Son  wtie  ne  fot  meme  pas  toojoors  inteOigent,  et  force  loi  fot 
de  donner  sa  demission  k  la  suite  d'un  vote  desapprobateor 
ends  k  la  presque  unanimite  par  I'assembiee  k  propos  d'oae 
depecheteiegraphiqneadresaeeparlaiaux  prefeta,  qoelques 
Jours  avantles  elections  da  is  mai.  Le  to  avril  1851,  Loois- 
Napoieon  rendit  le  portefeoUle  de  Hnterieor  4  M.  Leoa 
Faucber,  dont  les  formes  angoleoses,  blessantee,  etles  ten- 
dances Tiolemment  reaetionnaires  •  n'etaient  gui^e  propres 
k  faire  beancoop  d'amis  k  la  pblitiqoe  dont  fl  etait  le  bru. 
II  oocopa  ee  poste  josqa'ao  26  octiAre  1851.  Rapporteor 
de  la  oommittion  nommee  poor  I'examen  de  la  fameose  loi 
du  31  mai  i860,  qoi  avait  restreint  le  soffirage  oniTersel,!! 
ne  voolot  pas  se  prMer  k  on  retoor  k  Tesprit  de  la  constitution. 
Inscrit  d^office  par  le  president  de  U  repubiique  aur  la 
liste  des  notabllitea  qui  deraient  oompoeer  la  commiasion 
consultative  aprto  le  coup  d'etat  du  2  deoembre  18&1 ,  il 
refuaa  aTec  eclat  de  8*associer  au  systeme  que  oe  grand  ere- 
nement  Tenaitd'inaugurer  en  France,  et  depuis  lora  il  a'est 
compietement  retire  de   la  politique.  Toot  demontre  qoe 
jusqu'au  dernier  moment  U  avaK  cm  treTailler  k  la  restau- 
ration  do  trdne  en  fiiTenr  des  d*Orieans;  on  comprend  dte 
lore  combien  dut  etre  Tif  son  desappointement  en  Toyant  U 
reafisation  dn  plos  cher  de  ses  tgbox  indefiniment  reco- 
leo.  M.  Faocber  est  mort  k  Bjkres  ( Var),  en  deoembre  1854. 

FAUGUET  (Claooe),  Ton  des  bommea  lea  pins  sa- 
Tants  sur  noire  bistob«  et  nos  antlqultes  nationales,  naquif 
k  Paris,  Ten  Tannee  1529.  Jeune  encore,  fl  liabltait  Mai* 
seiUe;  une  rerolte  populaire,  dans  laquelle  il  fut  pilie,  lai 
fit  perdre  une  grande  partie  de  ses  liTres  et  de  ses  ma- 
nnscrits.  II  s'altacha  an  senrice  du  cardinal  de  Toumon,  qoi 
I'emmena  aTec  lui  lore  de  son  ambassadeen  Italie.  Ce  pre< 
lat  tnroya  Faucliet  en  mission  prte  du  roi  de  Firanoe^  k 


FAUGHET  —  FAUCnXE 


90t 


phMieaiB  rtprifet,  m  iWk,  pendant  qoe  la  iriUe  de  Sienne 
Mail  aiaUg4e  par  lea  troopea  du  pape  et  ddfendne  par  lea 
Fran^aia,  Caa  voyagaa  le  flrtnt  connaltre  avantagensement  k 
la  COOT,  et  la  fiiveur  dont  il  ne  tarda  paa  Itjoofar  autti  blea 
qne  aea  Tiatea  eonnaiaaancea  loi  Talnrent  una  charge  de 
prMdent  k  la  ooor  dea  moonalea.  Dans  lea  moments  de 
loiair  qne  Ini  laiasaient  sea  fonctions»  Claude  Fauchet  se 
Bvrait  k  aea  dtndea  faToritea,  et  oonaacrait  sea  lessouicea  et 
Urn  an  delk  k  I'achat  d'andena  mannseiita  dont  il  se  ser- 
¥Blt  habilement  pour  eompoaer  ses  onfragaa.  Ayant  dMi^ 
nn  de  aea  oumges^  Henri  lY,  oelui-d  fit  mettre  son  efiigie 
dans  nn  niMailkm  du  diAtean  de  SainUGcnnain.  Faucliet 
le  reoiereia  dans  dea  Ters  ob  Q  disait : 

Le  roif  de  pierre  ■*■  fait  faire  j 
S*tl  poorait  ausi  bin  de  fain 
Me  farantir  qve  omd  ima^. 

Le  rol,  ae  aentantpiqnd,  le  fit  coocher  aur  son  ^t  k  sit 
cents  tens  de  gages,  atee  le  tltre  de  son  hSstoriograpbe. 
FauehsC  mourut  vers  I'annte  1601. 

Las  onvrages  qn*ll  nous  a  laiss^  atteslent  une  grande 
Audition^  beancoup  de  lecture ;  mala  11a  sent  confos,  sans 
eri6(|ue»etd'un8tylepen  soigne.  On  pretend  qne  Louis  XIII, 
ajani  ^  foro6  dana  aa  jennesse  d'appiendre  notre  histoire 
dana  lea  livraa  toita  pw  Fauoliet»  en  ftit  toilement  rebuts 
que  dqmia  il  ne  Yonlnft  jamala  entendre  pailer  de  cette 
^Inde.  Onlui  doit  t  Let  AntiqtMtgmiMiesei/rangoiseSf 
MeeueU  derarigim  de  la  langue  etde  lapoMefranQolse^ 
rime  ei  roMona;  Ortglne  det  JH^nU^  cu  Oiigine  des 
Chevaliers^  AmuMet  ei  BirauU  (1600) ;  Traii6  des  Li- 
beries de  Pifflise  galUcane  ( 1608) ;  une  traduction  de  Ta- 
dtcetc. 

FAUGHET  (GuLusaO  naqdt^  Dome(Ifl&Tre),  le  22  sep- 
tembre  1744.  Entr^dana  lea  ordres,  llse  fit  on  renom  comme 
prMlcalenry  et  defint  grand>Tlcaire  de  rareheTecM  de 
Booisaa,  run  dea  prtdicateurs  da  roi,  atec  b^nMoe  de  I'a- 
baye  de  Montfort«ir*Men,  dans  le  dioctee  de  Saint-Malo. 
En  17899  Faocbet  semoBtra  ardent  poor  la  canae  de  la  r^To- 
hilion ;  il  ftit  du  comM  dea  tiectenn  ^  lliMel  de  TiUe  de  Paris, 
dela  commnnede  Paria,  rMigea  le  Journal  to  Bouchede 
Fer  et  pronon^  des  barangnes  palriotiqnea  qui  le  firentnom* 
mer  dv6qae  eonstitntionnel  par  lea  tiecteun  dn  Calvados.  Ge 
d^parftement  I'enToya  k  I'AsscmbMe  legislative ,  o<k  il  Alt  an 
des  pramoteura  de  10  aoOt;  puis  k  la  GooTentlon,  oO  11  mar- 
cha  avecla  Gironde,  etTotaTappelan  peupleet  lebannlsse- 
UHnt  de  Louis  XVI.  Fanebet  avait  conduit  Cbariotte  Ooiday 
dana  une  dea  tribunes  de  la  Conventiony  le  jour  oA  elle  arriva 
kPseh  ;  Cbabot  le  dteon^a  k  ce  propos.  Envelopp^  dans  la 
proscription  des  01  rond instil  compamt  avec  euxdevant 
le  tribunal  rtvohitionnaire ,  ftit  oondamn^  et  mourut  aur  le 
mteM  tebaluid  qa*eux;  il  se  fit  asaister  d'un  pretre  k  ses 


FAUCBEUR  (phakmgktm^  Linn6),  genre  d'aracb- 
nidea  tnchtaines,  appartenant  k  la  ilunille  des  bol^res,  ok 
il  estle  type  de  la  tribu  des  plialangiens.  Void,  d'aprte  La- 
treille,  les  carad4res  de  oe  grenre  :  «  Tete,  tronc  et  abdo* 
men  rtenia  en  une  masse, sous  un  4piderme  commun ;  dea 
pito  anr  l*abdomen  formant  dea  apparences  d'anneaux ; 
aaandibnleaarticnlteysoudte,  termlDto  en  pince,  sail- 
IsBtes  en  avant  du  tronc;  deux  palpea  filiformea,  de  cinq 
articles,  dont  le  demier  termini  par  un  petit  crocbet;  buit 
patlea  aimplement  ambnlatoirea ;  six  ni4cbofa«s  dispose 
par  paii«s,  lea  deux  premieres  formto  par  la  dilatation  de 
In  Insedea  palpes,  et  qnatre  autrea  par  la  kanche  des  deux 
pwi>rca  paires  de  pieds;  une  langue  stemale,  arec  un 
traadechnquecOtA  servant  de  pharynx ;  deux  yeux  portte 
anr  un  pMlcule  commun.  » 

Lea  esptees  qui  compoaent  ce  genre  aont  toutes  d*une 
taille  tr^ihgrlie.  Lenra  patlea  ont  une  longnenr  d^mesnrA 
proportieBnelleaBent  k  la  petilesse  du  corps,  et  rendent  leur 
dftnarrhe  trte-remaninable,  onlsqne  le  nom  de  ces  aracb« 
nidsa  vieml  de  ce  qn'on  lea  a  compaite  anx  ouvriers  qui, 
MGT.  nn  LA  oonvaaaanoN.  —  t.  ix. 


en  bncbant  lea  prairies,  marchent  k  panda  pas  et  lente- 
ment.  Une  autre  partlcnlarit6  qu^offrent  leurs  pattes,  e'eat 
qn^aprte  a'4tra  fadlement  d^taebto  du  corps,  ellea  conser- 
fent  encore  des  mouvements  pendant  des  beures  entiAres, 
en  se  pliant  et  se  d^Uant  altemativement,  ce  qn'on  attri- 
bue  k  Taction  inritante  de  I'air  aur  lea  fileta  nervenx  et  im- 
pereeptlblea  dea  musdea  ddi^  qui  a'taisteent  k  chaqne  ar* 
tide. 

Les  Ibndienrs  sent  asset  commune  :  on  les  rencontn^ 
sur  les  murallles  eodnites  de  plAtre,  sur  les  troncs  d'arbre 
et  dans  beancoup  d'antrea  lienx  k  la  eampagne.  Lear  d6- 
marcbe  estagile ;  ansd  arpentent-ils  avec  leurs  grandeapattea 
un  long  espaee  de  terrain  en  fbrt  peo  de  tempa  t  par  tt  ila 
^cbappent  fadlement  anx  dangera  qui  les  menaeent;  nuds 
fls  savent  ansd  s*en  preserver  dans  r^t  derepoa  an  moyen 
d'une  ruse  aasei  sbignli^re  :  le  corps  appoy^  sur  le  sol,  el 
les  pattea  ^tendnea  drcniairement  et  occupant  un  espaee 
condd^rable,  les  liiuchenra  restent  alnd  aaaei  longtempa 
dana  llmmobilit^;  dtOt  qu^un  anfanal  vient  k  toucber  una 
de  leura  pattea,  fls  d^vent  leur  corps  et  forment  une  ea- 
ptee  de  pent,  aous  lequd  leur  ennemi  peut  passer  Ubrament; 
cependant  Us  s'doignent  promptement  si  ie  moyen  bien 
simple  que  leur  organisation  leur  permet  d'empleyer  n'a 
pasrtoiBl. 

La  durte  de  la  vie  des  Hiucbeurs  est  d'un  an;  pendant 
ce  temps  fls  ne  filent  point,  comme  qudqoes  auteurs  Tout 
pr^tendu.  Toua  sent  camassiers,  et  qudques-uns  compor- 
tent  une  odeur  forte  do  leulUes  de  noyer.  Leur  nourriture 
conslste  en  petlts  insedes  qulls  saisissent  avec  leurs  man- 
dibulea,  et  dont  ils  socent  les  liquides  apvte  les  avoir  percte 
avec  les  crocbets  dont  ces  mandibulea  aontarmte;  on  aa- 
sureauad  quila  se  livrent  entre  eux  des  combats  k  mort^ 
d  s'entre-d^vorent  On  ne  trouve  ordlnairement  an  prin- 
tempa  que  de  petlts  bncbeura  qui  proviennent  deaeBoiii  d6> 
pos^rantomne  prte^dent ;  ce  n*est  gu4re  que  vers  la  iUi  de 
l'd6  qu'Us  ontpris  tout  leur  accroissement,  et  c*est  alors 
qu^bs'accouplent «  L'accoupleroent,  dit  LatrdUe,  n*a  paslien 
quelqnefois  sans  un  combat  entre  les  mAles  d  sana  on  pen 
de  resistance  de  la  part  desidndles.  Quand  cdlo-d  se  rend 
au  d^sir  du  mftle,  cdui-d  se  place  demanite  que  aa  partie 
ant^rieure  est  en  face  de  oeUe  de  la  femdle ,  dont  U  saisit 
les  mandibules  avec  ses  places.  Le  plan  lnf(6rienr  des  deux 
corps  est  sur  une  memo  ligne;  dors  Torgane  du  m41e  at* 
tdnt  cdul  de  la  icmdle,  d  racooaplement  a  lieu;  U  dure 
trois  on  qnatre  secondes.  Aprte  raccouplement,  la  femdle 
depose  dans  la  terre,  k  une  oertaine  distance  de  sa  surface, 
des  oenb  do  la  grosseur  d*un  grain  de  sable,  de  coulenr 
blancbe,  entaaste  les  una  prte  des  autrea.  » 

Pamii  les  nombrenses  esptoes  de  ce  genre,  nousciter^ns  le 
faueheur  des  murailles,  dont  le  corps  est  ovale,  roosaAtre 
00  cendr^  en  dessus,  blanc  en  dessous;  ses  palpea  aont 
longues;  U  a  deux  rangtes  de  petites  ^ines  sur  le  tnber- 
cule  portent  les  yeux,  et  des  piquants  aur  lea  cuisses;  les 
antennes-pinces  sent  oomoes  dans  le  m41e :  la  femeUe  a  aur 
le  dos  one  bande  noirAtre  li  borda  festonn^  Lefasicheur 
des  fnousses  a  le  corps  ovde,  dHme  couleur  cendrfo  tirant 
sur  le  jaune ,  avec  des  tacbes  obscures  en  dessus,  et  une 
baode  ndratre  sur  le  milieu  du  dos;  les  cuisses  sent  an- 
guleuses.  N.  CLEanoirr. 

FAIIGILLE9  petite  faux  courb^  en  demi-cercle,  qu'on 
tieot  au  moyen  d*un  mancbe  fort  court  Les  liuidlles  ser- 
vant k  moissonner  les  bl^,  cooper  de  l*berbe,  etc  II  y  en  a 
de  trois  series  :  i*  cdles  qu*on  aiguiae  aur  la  meule,  ou 
avec  une  pierre  qu'on  tlent  k  la  msifai  :  eUea  sent  les  plos 
communes;  2*  lea  fondllea  dont  on  reldt  le  trancbant  a 
froid,  au  moyen  d'une  endnme  d  d'nn  marteau;  3*  lea 
faiidlles  dont  le  trancbant,  dentd4  comme  une  sde,  ed  ra« 
irddil  avec  la  lime  d'nn  c0t4,  d  sur  la  menle  dn  oOt^  op- 
pose. Ces  instruments  coopent  en  sdant,  d*ob  ed  venn  I'ex- 
praaaion  scier  les  bids.  La  faudlle  ed  un  des  attribots  de 
CMs,  L'£te,sai8on  de  la  matuiitA  dde  larteoltedes  grdns, 
est  ansd  reprteent4  avec  ed  Instrument 


•j>i 


298 


FAUGILLB  -^  FAUCONNKRIE 


On  nomme  faucUlon  me  petite  foiMai*deDt  ^MHvtage 
dans  les jardini,  iefe.,  p(mr:c<iiipei'  deft  faertMH,  deftMlts.' 

'    '  ■  T^ntafM. ' 

FACCdN,  genre  suNanf  leswift,  tiMiMtnt  Mautree; 
de  Tordre  dei  tapfeoes  dioriMS.  LefMcttti  (  en  litiil/Wdo,  uol 
diriv^  de  /bto  flibh;  k  came  de  la  resaeittblanee'  da  bee  iM 
eel  oiseail  aTee  la  forme  courMe  de  oet  Mtrament )  est  r^ 
panda  dans  tootes  les  r^ons  da  globe,  quelle  qae  soitleaf 
tempMtnre,  Men  qM  eoit  116  en  Edrepe  ^os  im'  diinat 
temp6r6;  mais  la  force,  la  gTossear,  le  -pliiaiage  el  les  ht^ 
bHades  deeet  oisean  Tarieni  en  raison  da  pnysqall  fesibfte; 
de  li^  sans  donte  les  errenrs  daM  lesqtieUes  soM  fomMs 
fes  anciens  naturalistes,  et  qoi  ont  ea  poafrfeoHat  de  BMri^ 
tiplier  k'  1i>rt  le  nombre  des  esp^ees.  Celles-qa)  nulaa* 
jourd^oibien d^termin^  9oti\efBiucm  c&mmuH(/aie6 
commtmtj,  L.),  ^lont  lefakcon  pterin  de  Umi6  nTest, 
afnsi  que  Ta  reconnu  Javier,  qd*an'  jeune  MWida  on  pea 
pins tioir qite les ailtres;  le gerfau t\\»  lanier de  Bof' 
Ton;  leftover ^au  do  ro^enatiiraK8te;U  cr'tfSfereUe, 
rang<^  par  Bris^n  pflntff  les  6pe  r  Tier  s  iAtfft&ssBreUeite: 
le  kobez  de  Somiinl/'en /otceon  ft  pieds  roHges. 

Tons  les  fattcons  sdnt  vortees  et  cmels  *  its  se  nooiTiBseHt 
d'ordinaire  die  chair  pid|iitante,  se  plaisent  k  ttrre  solitaires^ 
par  couples,  dans  les  montagnes,  les  bois  et  les  roeliersles 
pins  escarps ;  ils  font  leaf  nid  on  aire  dans  des  lienx  inaeees- 
siMes,  et  pendent  g^^rtfement  trois  00  qaatie  cnfii;  les 
petits  sent  ^r^,  j(t«qa*k  oe  qnHls  qalttent  lenr  11M,  par 
le  p^re  etla  m^;  lenr  plnmage  Taf4e  jusqn'lil'Sge'de  trois 
ans,  ^poqne  seulern^nt  o<i  ta  iiAnpart  prennent'lear  Kn^ 
d^HnftiTe;  encore  sobissent-ills  dans  toot  le  oonrs  de  leor  vie 
des  Tariations  acddentelles  trte-noubreases;  4enr  plamage 
ofTrecbec  tons  le  bran  pins  oa  moins  fonc^,  le  roini,  pres* 
qae  jamais  le  nolrpur,  qadqeefois  Tistbdle,  Fardoisd  et 
le  blaneL  La  femcJUe  est  toojoitrs  dMn  tiers  enTinm  pins 
grosse  que  le  mSle,  oe  quia  felt  domier  k  ee  denrier  le  nom 
de  hereelet,' 

■  Lesfaucons soot  des  olsesax  d'one  Mg^vtt  sans  igale. 
Leor  vol'est'rapide  et  soatenu.  La  rapldtti  aTeclaqaeile  Us 
parooorent  les  distances  est  telle  qu^un  (ancoD  Mupp4  de  la 
fiiueeiinerie  de  Henri  IV  franchit  en  one  seule  jonm^  la  dis- 
sance  qui  s^pare  Paris  de  Malie.  L'envergore  de  cet  oisean 
est'de  plus  de  deux  fois  la  longueur  da  corps.  Alnsl  I*  pins 
grande  esp^ce,  le  gerfaut,  long  de  9",  56,  a  one  entei^are 
de  !•,  2A. 

Le  /oMcon  c&nunun  d'Eorope  a  le  bee  long  de  0^,  es, 
crochu  et  courb^^  entour^  k  sa  baese  supMeure  de  petltes 
phimes  ^roites,  blanchAtres,  finclinte  en  arrl^re ,  et  ^mf  k 
son  extr^mit^  d*6chancnires  oa  petites  dents  qoi  lai  faeili- 
tent  ie  d6chirenent  de  sa  proie.  Les  tarses  sobt,  soirant  les 
Tarl^tfe,  rerfttos  de  plomes  oa  lisses  et  reooorerts  d'tallles. 
II  a  la  main  gamie  de  quatre  dolgts,  dont  trois  antMears  et 
an  post6rieory  plus  on  moins  allong^  et  arro^  d'ongles 
acMs,  trto^rochas,  mobiles,  r^traotiles,  et  presqne  ^gaux; 
la  membrane  qui  les  recouvre  et  les  unit,  oomme  la  mem* 
brane  qoi  recoone  la  base  de  la  mandibole  sop^rieure, 
est  d^ne  coolenr  Jaone  Terdfttre  an  pen  fonc^,  qnel- 
quefois',  ntenmofais,  dHm  Jaone  dair  brillant  Le  feucon  a 
la  tAte  parfeitement  proportionn<^  atec  le  restedu  corps, 
le  cou  fort  et  nerrenx ,  les  tarses  ^pais  et  la  forme  dn 
roqw  oUongne,  on  peu  aplatie  carr^ment  sar  le  des.  U  a 
Pattitnde  noble  et  fi^e,  le  regard  imposant  et  le  sens  de 
la  Tue  d^une  finesse  extreme.  On  le  volt  latter  4  plomb 
contra  la  farenr  des  Tents,  et  franchir,  malgr6  la  temp^te , 
lies  espaces  considtebles ,  sans  d^rier  de  sa  route.  Les 
faucons  entrtat  en  amoor  ters  la  fin  de  lliiTer,  -et  oeMme» 
cent  k  bitir  \hxr  vSA  lorsque  la  glace  estenoora  pendante  am 
fochers.  Leurs  oboA,  de  la  grosseur  de  oAii  do  feisan,  sont 
•I'm  jaone  roogeAtreet  tachette  debron.  Ln  fbmelle  les  ooofe 
avee  soin,  les  d^flend  atec  eonr^se,  et  meart  qnelqaerois 
phitdt  que  de  les  abandonner.  fi'ineobntion  cbex  oesoiseaox 
est  trl»ectiTe ;  les  p^ts  naissent  en  moins  de  Tingt  jours , 
«t  m  sent  en  «tat  de  prendre  letfTTOl  ters  le  milieu!  dumoiH 


demal. Lepra  et  la'nrtre  lestfoanfMSHl  dlDMSlei,  de 
petits  reptttev  ei  de  cbafr,  et'  ee  n^est'^'apfia  leer  nveilr  ap- 
pris  k  ddcMrer  mU'  praie  Titutt  ^*lls'  lei  tbixiol  ilea 
qonter.  ■     •  '"•.:»>">  r* 

lyaflassllota  qaelefMeoMaper9oltaa''pMiey  iltadev 
elle  commv  rMair;  U  saiilt  avee  •ersems,  la  tiNie»r4' 
toardit,  en  passant,  d>n  choc  dMomae,  od  Ibiifidt;  slela 
lai  offhl  qoelqae  rMslanee,  en  li  raiint  iietrto«prls»  de 
profond^  Messntes  atee  foigto  de  ito<MglS'|idstMeBiti 
qui  est  tr^s-tranehant^  afln  de  I'llfeiblfn'  4oaaltOt  qtfil  dvtt 
pouToir  s'en  rendre  naltiwi  i^Pntli^dey  et«e  la •  Italia 'plis 
qoe  I'nn  on  reulrene  soeeoabe.  6^  est  vietbHeuK ^  ft  hd 
donne  sans  tarder  la  moit^  eten  felt  sor  piaee-vnetam^ 
cur§e.  n  salt  oil  porter  le  ooop  fotal  poor  Mitepr  la  mort  de 
sa  Tictlme  :  alnsi,  <f est  ordinaureinent  w  cnm\  de  I'oeo^ 
qa*il  frappe  les  oiseaux,  et  aa  d^au^.  de  r^paole  gauche 
qu*il  attaque  les  quadruples,  n  se  nonrrit  de  glMer,  d*oi- 
seatix  detevle  esptee,  depettts^qoadnipdtay'da  itpiM,  de 
IMifies,  de  reptilee,  de  tortnes,  etc:  CenVst  ^  danedes 
cas  extremes  dedisette  q«1l  se  Jettd  sar*deroaditta4.  Le 
fenoona  lecaraelMtrte4dfiant,mais  trtenWddd  i;imelbis 
Iane6  eoiftresipreie^UnebatiamaibflB'ralrailay  et  b^est 
to^joors  dd  sa  part'lm  combat  k  mtni,  Lorsqini  eatanpr, 
H  se  plait  dans  le  fepoa>  ettonfioiseaif  fsnl  passer  iaip«» 
ndmentppto db fall;  OnatiidestaqmtivMaqal^vifaient 
en  bonne  InleUlgsiica  ewic- rlea ihalHaiits  das  faasae»«mne*et 
qui  acoonr^lent  mtae  rdtMir  roidfe\)artni'eail  iqaaad  lis 
se  prenaient  de qaSniie;  mais H  MMt  sfoilbeditf  dtenetei 
laisser  jaroeis  nanqtar  di  lien.  toDSboont <panl  vsapportei 
de  trte-IOBgdts:dMtes,  et  Tift  trte^bmgtemps.  ^OaMveottCa 
qa'en  17D7  oaeoprit  maneap^defionm^DspilietMe  q«l 
s^^tait  tehapp^  de  la  feuconnerie  royale  en  Anglcteine>  et 
qoi  portsit  on eoOier cnor HTpecelta doTJse ^ Jii. ft#  Jte- 
quet,  idte.  n  «liit -eihcore  pletade'foroa.etdRvi^ttnr; 
mais  11  fut  tnd  queiqaas  annte  a|irte:par«eddM* 

Joies  ^JMn^'Ajnen. 

FAUGON>  FAUODNNBAU  (AriOkhe)^  i  V^ea  Cjmr. 

FAI7CON*«LAN<;  (Ordndo')rdi»>dn8d:0ml^  ife 
ia  ri^tfdnoe.  11  Ibtidstitad'en  l7e8,|HrlediM  BiseiM» 
guste  de  5axe-Weini»r^  tt  diait  .preiqnefeaibdieft  'OnUlt 
lorsqa*il  ftit  iqneaiteK  etL  fei6  par-  le  grandnlnoH^lMria^- 
Angnste,  comma wdredrll  ^  militlirrk-  IVtatdiwM^m 
trois  dmsek  La  dtawattsn  eoHsiste  eni  ittie  tnrixnifm 
oetogone,  dmalHde  de  tert  et,  cbang^a  d*a»  feneoB  Idane^ 
amft  etbetoqnd  d*oc.  Getta  croixesKmailMe  da^lMienn 
refers',  treo'  ona^toile  Torte  k  qoatre  pOtatea^inar  'teqnetts 
se  trooTe  nn  den  dmailld  de  Men  ameealta^eflie  t  Plfi» 
lando  aioautimm ,  et  calanr6  d^armei  poor  lermilitaiies, 
et d^ne cooronneidelaarier ponr lee  awmbies  apperftenaat 
k  Pordre  dTN.  Les  dense  grand'a-croix  (panai  Iraqmilu  le 
grand-dnc,  en  qnalltd  de  grand.  matlre)pertnt  k'd^eoo 
ration  sospendoe  k  un  large,  ruban  rouge 'taed-  ct^aeird, 
passd  4  r^ole  droite,  stoc  one  plaque  sifftbltMe'MMliee 
k  gauche  sor  la  poMne.  Les  Tingl>oiBq'  faarniamliinB  Ir 
portent  attach^  4  on  vaban  ipoinft  laige^  V^Md  en*  sanloik 
autoor  dn  col;  les  dnqnaale  cbeTaUsrs^  en  module  rddai^ 
4  la  bootonni^.  Le  prMdent  do  eooacfl  des  oinktaeaest 
de  droit  le  cbanceUer  de  Pordra. 

A  Tordredn  Fanoon  aarattaeheat  nne  mddaJlla  en  eoim, 
avec  eetle  iaseriplloa ;  Awrgmnitn  iWlaStet  ana^nd- 
daille  d^er  poor  le  mdrtte  drU. 

FACCmmERlE,  •rtdedraaserlea'etoeaa&dafffai^ 
et  partienlkrement  les-lancoiis,  pear  Ja  chassa.  Oei  art, 
trtoesHmd  an  aioyea  Age,  est  compMtetaaaHomb^an  dd* 
•n^tnde  depois  k  fin  da  Si6cle  dernier.  On  dsaaaltaaaaik 
nom  da/a«Monaerle  an  Ilea  a&  aa  dleraitaai:  feaaaa&t 

Comma  les  fenoona  ne  prodnisant  paaea  captffMieftsa  las 
lyrecmaKaofteapfaBaat  des  petf|a  an  aid,  eott  en  Mtaaat 
tomberlea  alaltes  daas  des  pMgaaj  Oasdemiars  dialwt  im- 
rnddiatement  enehatn^,  et  peadapt  troiajoafiat  Ms 
lea Iteconniars  lea  portalnrt sor  toaipoiaiganii  ^m 
Mm  leer  permeltra  nl  rapes  ni-sbihal.  '4>aaBdigaf<ftawat 


FAUGOINJNfiRIE  _  FAUNA 

eottTnit-te  tM*d'iiD  chaperon,  qui  ieur  d6- 
riball.lBJliinittnr4a  jMDV  ^  qnand  on  1«  emi^ait  wiRUam^ 
wnt  -doraptte I  da^lenr  eQl«iiit  le  clnpcroii,  qn'on .  letur  le- 
■tdaitiottVttit  poar.«'attarar.dftJeiic  docttil6«  Oa  a^cou* 
tUDMtCDSiBle-  KoBftap.i  .tanteroir J6  foing  pour.iiraDdre 
1b  pdiwi  aMoritiiie,  qiiipEin»Htalt,«o  ciiair.  do  boufcM 
dBimoBiui  oonpte  tt  biiidflt  iMgnat  d  ^froilBa,  et  di^tgite 
dft  lagrtiaM  M  dM  |iu1itpteidteBati.  JPMBdant  Je  repat^  OD 
•idtait  Jes.dieMiK  pw  on  eii  paitidili6r»  mais  toiyoan  le 
nAma,  ppurqulla  ppmenlle  racoonattrp  Oa.ita  eomman* 
failkttraam.^ajflueaqiieqiiaiidikayfeuant  totites  leura 
phii^  et  volitetavee  aUanca. 

DePetarciaepric^dent  on  passait^  oelui  du  leurre^  cs- 
ptea  d!iaAi0a.dV>iieaii.  8^r  laqaaila  on  pla^l  la.  iSottrkMbre 
dea  fif  nnn,  lOn.  ne'tour  prteaotatt  jamais.  In  teurre  sans  on 
algnal  qui  ftiiait  paitied^  r^ducafiOn'dePofaean^et  quand  il 
foodpilrteuhiOMnldeaain,  on  temiinait  its  lemons  par  Vescap^ 
mmiea  qui  cottMait  4i  le  ftmiliariier  avec  ke  ^enre  do  gil>ier 
anqael'ii  ^tail  destin6>  Toutes  ces  instnittiona  S0  donnalent 
ill  ilMBa,«t  qoand  l^oMan  staiUiibi  oatta  derni^re  ^preave, 
a  4(Bil  rendu  k  In  UtmUr  en  qu'oa  appelaft  voier  pour  ban. 
II  fiUaitnnfiinB  nnmoia.ponrdreiaar.  nn  Aneon;  quinxo 
Joura  iiulcwanl  pom^VtiucattoodeaJiiaU  (oiaaaq  pria  an 
■id^;  an  pen  pins  longtampa  ponr  le  sort  ^oiaean  qnl  n*a 
pat  ivbi  sa  premito  mnn;)  et  ponr  le  hagard  (  ftncon  qui 
a  en  nnor  ou  plnaieamnineft).  On  dreasait  ainii  lea  gerfoots, 
le*  iaiiDona  pMerina  et  le  ianiar,  .qni  chaiaaient  le  li^ron,  la 
dsB^My  la  bose,  ie  ntilan,  ielidm;  dea  petttes  eaptes,  telles 
qoertaeriUonet  le  hoberean,  aervaient  k  la  perdrix,  k  la 
iTiBbi  et  i  il . l!alonetta>  Lea  fattoonniera  distingoaient  deux 
9olarlef ,  la  toifte,  oaUe  dn  fanoon  anr  le  h^ron,  le  canard 
et  lea  gniea,  du  gerfaut  cur  le  aacre  et  la  milan;  et  la  iHisse, 
ceile  mumtteyur  le fander  et  le  tieroalet  do  lluicon  snr  Us 
ftiaana,  let  pcfdrix,  lea  caflles,  etew 

L*enaeniMe  dea  moyens^cmployite  pour  rendre  lea  oiseaux 
de  proie  doeilea  et  oMiiuanta  ae  noinme  a/faUage, 

Bn  tout  tamps,  enFiinceJusqu^rabolitiondelaftodatitd, 
lea  gnmdaont  fkit  de  leur  feoconnerie  une  dea  ddpendances 
piindpnlea  de  leun  domatnes^et  on  jugealtaooTentmtaie 
de  nmportinoe  d'tenelerre  seigneuriale  par  Taspect  de  eet 
dtaUlaaement;  ila  latonalddraient  comme  one  rteidence  paA- 
aagtee^  commenn  rendea-vons  de  chasse.  Ces  ^tablissemeuts 
diaient  tonjonrs  constmits  avec  got!kt,  avec  ^Mgance,  et  assez 
iraslaa  pour  loger  beaucoup  de  monde  et  contenir  tout  le 
BMlArid  d*une  chaaae  nombreuae.  Lea  plua  belles  foui-on- 
neriea  qn*on  ait  vues  sont  les  feuoonnaies  royales  d'AUe- 
magna  et  d*Anglelerre  et  celle  de  Versaittes. 

FAUQONNIER  ( Grand ).  C'^it  le  tflre  que  portait  Pof- 
ider  qni  avail  la  surintendance  de  la  fauconnerie  du  rpi  et 
nonnnait  k  tons  les  offices  de  eet  i^tablissenient.  Le  premier 
de  cea  ofBeiers  dont  Thistoire  fasse  mention  e^  Jean  <)c 
Bfaone,  qui  exer^  de  1)50  k  1258,  sous  saint  Loui8«  Oe  fut 
Ktt^tadie  de  Gauoourt,  dit  Tassin,  seigneur  de  Yiry,  qui 
porta  to  pMBfier  le  titre  de  grand'/aticonnier  de  Prance. 
See  pr^d^eeKieurs  8^a|)pelaient  simplement  maiires  de  /a 
fauconnerie  du  rot.  Sous  Francois  I*'  les  foiolumeuts 
et  la  eharge  dc  ces  ofiiciers  prirent  une  eitension  consid^- 
nbie.  Le  grand-ranoonnier  toucha  par  an  4,000  florins ;  il 
eet  sous  lui  50  gentilsiiommes,  dont  les  appointements,  sans 
Mre  nnaltfevte  que  les  aicns,  r<^ient  ceitendant  beaucoup, 
et  50  aldtti  5  MO  fr.  La  fauconnerie  fut  dte  lors  fellemeut 
aogmenUe  epiole  roi  entrelint  plus  de  300  oiseaux. 

Kn  mteae  temps 'lea  grands-fiiuconniers  ^tendirent  leurs 
prifiKgaa;  iia.oommencerent  d'abord  par-s^arroger  to  droit 
de  ebnaser  eo  tout  tempo,  en  tout  Hen,  dana  le  royaome.  Tous 
lea  tnarelianda  4bneonniers  iMaient  oblige ,-  sons  peine  de 
rimiiTittim  de.  lenrs-  oheatox ,  de  lea  lui.prteenter  avant 
«te  tea  mnttraeDvente^  afin  quit  dioislt  eeua  qui  ponvaient 
eotfenir  k  la  fauoonneiie  du  roi.  A  lul  seol  '4talt  r^serv^ 
le  droit  de  presenter  le  f^ucon  au  roi,  lorsque  eeini-ci  tou- 
laR  Jeter  ttdmonieaon olaaan. Hous  Louis  XIV^  r^at  du 
'^iBd-luieQiinier  tot  ^Moit nngment^,  et  lesd^penses de 


390 


la.  (aufionnarie  royale  mont^rent  k  dea  sonmes  ^nornies. 
Louis  XVI  esaaya  de  rdfonncr  cea  abuf ;  mm  U  n'y  ^rtesait 
point.  Ill  ne  cesii^rentaNupIetement  que  lonque  la  r^o- 
iution  eut  lenTerai  la  monardiie.  , 

FAjqCON  teCH£UR»  nom  Yulgaioe  dn  b^lbn- 
«nrd#    . 

PA.UGRE*  On  appelaii  aiBai^  au  moyen  Agja,.una  pi^ 
de  fer  on  d*ader  placte  sur  In  cOtd  droit  dd  U  enicasse  dea 
hommesd'amies,etdeBtinte  probablement^utenbr  la  lance. 
La  Corme  de  cat  acoeasoire,  qui  nn  vemonta  pas  au  deU  du 
milieu  du  quatonitoie  ai^qle,  a  beaucoup  varid.  TaotOt 
CO  n'est  qu'nne  aorte  de  ebenUe  en  fbr  coodte,  fixte  Jk  via; 
tantOt  une  pl^  fort  bnYaiO^  munie  d?un  fossort^  et  pou* 
vant  sVUever  on  s'abaisser  k  volenti  Fiuucre  vSent  de  fitl- 
crunL,  appui;  lea  Anglais  I'appeialent  lance-^eU. 

FAUDE  on  FAIHTE.  VogeA  Paltb. 

FAU4AS  DE  SAINT-FOND  (BAnniLBHY ) » uatu- 
raliste  fran^,  naqnit  k  Mont^mart,  le  17  mai  1741^  d'un 
ptee  homme  de  robe.  U  comment  ses  ^tudea  dans  sa  viUe 
natale,  et  vint  les  adieYor  k  Lyon,  an  ooU^e  dea  j^anites.  11 
manifasta  d'abord  nn  goOt  trte-vif .pour  la  po&ie,  puis ,  an 
aortirdn  eolUge,  U  so  rendit  k  Grenoble  pour  y  laite  son 
droit.  Cependant,  aon  goftt  pour  la  gtologie  so  ddreloppait 
jnaensihlement  :  dea  excursions  fr^quenlea  dans  le&  Jupes 
^talent  pour  Faijas,  devenu  avocat,  d*agr6ablea  diver^ns 
aux  ftodes  du  droit.  En  170&  ft  fut  nomm^  pnftsidtot  de 
la  atfn^cbanss^e  do  son  paya,  emploi  qu'il  remplit  bonorable- 
ment.  Son  pte'  ^tant  mort,  11  ae  d^mit  de  sa  cliarge  pour 
ae  liTier  ezdusiTement  k  T^tude  de  la  nature,  et  U  vint  k 
Paria,  en  1777.  Bufron,  avec  quiil  ^tait  en  correspondence 
depnii  qoelque  temps,  lui  fitTaccueil  le  plua  affectueux,  et, 
par  le  bant  credit  dont  II  jooisaait  k  la  conr ,  il  obUnt  en  sa 
favour,  de  Louis  XVI ,  le  titre  |i^ioiot  natnralisteau  Jai^ 
dtndu  Roi,  nvec  dea  appointements  de  6,000  franca.  Quel- 
que  temps  avantla  idvolution,  il  re^ut  lelitre  deoommissaire 
du  roi  pour  les  mines,  nvec  4,000  firanes  dlionoraires. 

Fanjas  employa  la  plus  grande  partie  de  son  temps  et  de 
ses  fessouroes  ptfcuniainis  en  voyagea,  qni  tons  avaient 
pour  bnt  r^ude  de  la  surfMe  du  globe,  de  sa  constitution 
et  des  niatiiret<|ni  Incomposent.  On  le  voit  done  parcoo- 
rirleDanpldn^,.la|leuigogne,la  Provence,  I'Auvergne,  le 
Boorboniiais ;  puis  quitter  la  FVanoe  poor  aller  explorer  1*1- 
taHe,  le  Pl^ont,  laCarintbie,  la  Bob6me,  TAllemagne,  les 
Pays-Bas ,  TAngjIeterre,  les  lies  Hebrides.  Pendant  ces  ex- 
cursions, il  d^nvrit  dans  le  VAay  une  ricbe  mine  de 
pottzzolane,  qu*il  fitonvrir  k  ses  fMs.  On  lui  doitanssi  U 
d^couverte  de  la  ricbe  mine  de  fer  de  la  Vootte  (AidMie). 
Cest  lui  qui  signala  k  PEurope  lea  basaltes  et  la  grotle  de 
Fingal,  de  l*lle  de  StafCa  (una  des  H^rides). 

Soup^nn^  de  royalisoie,  quand  la  revolution  so  fkitem- 
parte  de  tone  les  pouvoirs,  le  naturaBste  du  cabinet  du  Jardiu 
du  Jtoi  ftit  priv^  d'une  partie  de  sea  traitementa.  Mais  en 
1797  le  ConseU  des  Cfaiq-Cents  lui  acoorda  vingt^nq  mille 
francs  comme  indemnitd  des  d^penses  qu'il  avail  faites  pour 
augmenter  et  enrlcbfir  les  collections  du  Cabinet  d*Uistoire 
Naturelle.  Quand  Penseignement  public  reprit  son  cours, 
Faujas  fut  nomm6  professeor  de  gtelogie  au  Jardin  de:» 
Plantes;  il  proflessait  encore,  quoique  septuag^naire,  en  18ia. 
£puise  par  V&ge,  il  a'adgnit  le  18  juillet  1819,  dans  sa 
terre  de  Saint-Fond,  en  Daupliin^. 

Les  principaux  ouvrages  de  Faujas  soot :  M^nunres  sur 
Us  Bms  de  Cerf  fossUes .  trouv^  dans  les  environs  de 
MonMimari  (Paris,  1776);  Recherches  sur  les  Volcam 
feints  du  Vivarais  ei  du  Vilay  (1778);  Menwire  sur  la 
maniire  de  reconnaiire  les  d\ff4rentes  espies  depouz- 
xolaue  (1780) ;  Min^ralogU  des  Vokans  (1784 ) ;  Voyage 
en  Angleierre,  en  ieosse,  etc.  (1797,  s  vol.) ;  UisUAre  no- 
turelle  de  lamantagne  de  Saint-Pierre,  pris  MaistriefU 
(1798);  EssaUde  Giologie  (Paris,  I803«'in09»  3  vol  ln-8«); 
nn  grand  nombre  de  mteooires.  TBvaBtonn. 

FADLX.  Foyes  Faux  {AgricultHre). 

FAUNAou  FATUA.  Yogez  Boimi-Dteafiet  Faonk. 

58. 


3QD  FAUNAUES  — 

FAUC^aUES  (/awna/iii),  fiMes  romalnetenllioiineor 
dt  F.avniit.  Reflet  paisiUe  et  dom  do  sitele  de  Satume , 
elles  aeea^braient  deux  fob  Fami^  dans  llle  da  Tibre.  D'a- 
bondantes  Ubations  de  vin  noo^eaa,  ([oelques  grains  d*en- 
cens^  atee  le  sang  d'une  breUs  on  d'un  cbeTreao,  teient 
toutes  les  exigences  des  autels  du  dieo  Faunas  on  plat6t  des 
mAnes  dPon  bonrd.  La  crojance  ^tait  que  Faunas  passait  riii- 
Ter  en  Arcadia  et  1*^  en  Italie,  son  anden  royaome;  on 
pr^tendait  qa*ii  cpiittait  les  solitudes  da  M6naleaa  commen- 
cemant  de  Cftvrier.  Sea  fMes  avaient  done  lien  le  11,  le  is 
et  le  15  de  oe  mois.  EUes  se  rtp^ftaient  le  9  novembre,  ^po* 
que  o<k  U  quittait  lltalie  et  lemont  Lnerdtilepoar  retoumer 
en  Arcadie,  sur  les  soounets  da  Lyc^ 

FAUMB.  De  mteae  qoe  les  botanlstes  donnent  le  noin 
de/lore  k  la  description  des  plantes  d'un  pays,  de  mftme 
les  loologistesont  emprunt^  le  nom  de/stme  4  la  mythologie 
pour  d^s^crPbistoironaturelle  des  animaux  d'un  |iays,d'nne 
province.  C'est  Linn^  qui  le  premier  Ta  mis  en  usage  :  ce- 
pendant,  nous  avons  peo  de  iaunes,  tandis  que  nons  avons 
des  ilores  d*un  grand  nombre  de  pays.  Pannl  les  Ikunes 
pnblite  jusqu^i  oe  Joor ,  on  pent  dter  celle  de  M.  H.  Clo- 
qnet  s  die  comprend  an  grand  nombre  d'animaux  utiles  en 
mtfedae;  puis  celle  qui  porte  le  nom  de  Faune/ranfaise^ 
et  qui  a  paru  sous  les  auspices  de  Vieillot,  Desmarest,  De 
Blainrille,  Serville,  U  PeUetier  et  Walckena§r. 

FAUNESydiYiniUschampttres,  demi-dieux  qui,  ainsi 
que  les  dryades ,  mouraient  aprte  qudques  siteles  d'exis- 
teDCOi  ^talent  les  descendants  de  Fannos,  le  roi  du  Latium. 
Demi-dieox  comme  les  satyres  et  les  sylvains,  ils  ^talent 
de  pins  de  sang  royal;  aussi,  de  m6me  que  leur  illustre  an- 
cdtre ,  on  les  reprteentait  sous  des  traits  moins  bideux  que  les 
pans,  ^pans  et  syWainsy  bien  que  parfois  les  pontes  etles 
statuaires  les  montrassent  sous  la  forme  d^un  bomme  demi- 
bouc  depuia  laceinture.  En  g^n^ral,  les  faunas  sont  repr^ 
sentte  sous  la  forme  bumaine ,  avec  des  grftces  juvtoiles  : 
des  oreilles  pointues  et  une  queue  courte  et  friste  Ie3 
distlnguent  de  notre  bumanit^.  Pan  et  les  satyres  sont  for- 
mula de  mtoie  dans  les  monumenia  antiques;  leur  pby- 
sioaomie  seule  les  Ciit  leconnaltre  an  premier  coup  d'ceil 
de  Tartiste  ou  do  connaisseor.  Les  ftumeset  les  satyres  pa- 
ralasaient  tooioors,  aur  le  tb^tre  antique,  dans  les  scenes 
comiques,  libres  et  mordantes. 

Siint  JMme  atnduit  par/oimet  le  Mohrim  (les  vdus) 
de  la  Bible  :  «  Les  fannes,  dit  Isale  en  parlant  des  Yilles 
d*£dom  devenues  des  solitudes,  de  loin  k  loin,  s^appeileront 
par  des  cris  dans  ces  lieux  de  delation.  •    Dbmnb- Baron. 

FAUNUS9  troisi^me  roi  des  Latins,  fils  de  Picus,  au- 
qud  il  succMa,  ^tait  petit-fils  de  Satnrae,  le  premier  roi- 
dieo  du  Latium.  Le  r^gne  de  Faunus  toucbait  il  TAge  d*or. 
Contemporain  d'Uercule ,  d*£fandre  et  de  Pandion,  il  rd- 
gnait  environ  120  ans  avant  la  guerre  de  Troie,  130C  ans 
avant  Vkn  cbr^enne.  N6  en  Arcadia,  dit-on,  il  apporta  de 
cette  oontr^  et  le  culte  des  dieux  et  les  traTaux  de  Tagri- 
culture.  Toujoors  s'isolant  dans  les  campagnes  solitaires, 
00  il  m6ditait  I'art  qui  nourrit  les  hommes,  il  se  ddrobait 
et  se  uontrait  tour  4  tour  aux  regards  de  ses  sqjets,  k  la 
mani^re  des  divinity.  Son  peuple  en  eat  pour  lui  d*autant 
plosde  v^a^ation  :  aassi,  apris  la  mort  de  ce  pruice,  le 
placa4-il  an  rang  des  dieux  rostiques,  etla  chaste  Fauna , 
sa  femme,  parmi  les  divbiiUSs,  sous  le  nom  de  la  Bonne 
Diesse, 

Le  culte  de  Faunus  teit  4  peo  de  cbose  pite  cdui  de 
Pan,  le  dieu  d'Arcadie;  on  lea  confondit  m6me  souTent, 
mals  k  tort,  putsque  oe  fut  Fannua  lui-mtoie  qui  fit  ^ever 
sor  le  moot  Palatin  un  temple  au  dieo  Pan.  Que  de  lois  les 
fsrouches  Roniains,  parmi  les  cbaumiftres  et  les  villages,  au 
milieu  des  prairies  verdoyantes,  se  reposteent-Us,  ayec  lea 
f^ttea  riantes  de  Faunus,  nommto  Faunalies^  de  leurs 
liiompbet  nugnifiques  et  craebt 

Les  troupeanx  6taient  sous  la  protection  s|i^ale  de  ee 
4ktu  Horace  loi  a  dMi^  on  bymne  cbarmant.  Ledon  des 
tfrades,  qoe  Ton  aocorda  k  Faonos^  vient  de  Tidcntit^  de 


FAUSSAIRE 

son  nom  avec  le  mot  grae  ^wth  veix.  Les  peialns,  las  pe^ 
tes,  et  les  statnaires  repr^sententqndqoefoia  Fanms,  afaisi 
que  Pan,  avec  des  comes  et  des  pieds  de  booc  00  dich^ 
▼re,  et  aooventsooa  one  forme  Umte  bnmaine ;  Us  ont  gwis 
cependant  de  loi  donner  ee  nea  aiqo^  ces  narines  oovertes 
et  coorraoctes  do  dieo  Pan,  type  bien  conmi  de  reOronte- 
rie  obex  les  andens.  Faonoa  eat  olfort  par  eox  avec  on 
front  large  et  cabne,  on  net  presqoe  droit,  ^as^  vers  las 
extrdmitte  oo  ailes,  qo*aooompagne  one  boocberiante,  gra* 
deuse,  qooiqa'on  pea  grande  et  on  pea  lasdre,  sor  la* 
quelle  est  pebite  la  bienTeOlanoe,  et  sons  laqudle  aurgftuB 
menton  barbo,  mais  non  incolte,  comme  oekd  des  satyres. 

DEmifi-BanoH. 

FAURIEL  ( CBARUBS-CLAnna),  d6  k  Saintpftieone,  la 
37  odobre  1772,  mort  k  Paris  le  15  joillet  1S44,  oommea^ 
ses  ^tndes  an  eoll^e  de  Toomon,  lea  acbeva  k  Lyon,  chei 
les  Oratoriens.  En  1794,  k  Plkge  de  vingt^eoxans,  la  r^qoiii- 
tion  TenrOla  dans  Taniite  des  PyrAntes-Orienlales,  sods  les 
ordras  da  gtoAral  Dogonunier.  Sous  le  Directoire,  fl  revint  k 
Paris,  oili  il  antra  dans  le  cabinetde  Fooch^  anden  orstoriea, 
alora  ndnlstre  de  la  poUce.  Hals  k  rav^oonent  de  Tempire 
il  renon^  poor  toqioors  anx  fonetions  adnUniatratiTes.  11 
fit  alors partie  de  la  fkmeoseSod^  d'Aoteoil,  oil  les  id^o- 
iogaes  se  rftonissaient  dans  lea  aalons  de  H"**  de  Con- 
dorcetetde  Destnttde  Tracy.  Cast  k  Faurid  qu'est 
adres«^  la  fiuneose  L$ttr€  de  Cabania  sur  Us  causes 
premUres,  En  mdme  temps  il  se  Uvrait  k  dea  etudes  ap- 
profondies  sur  les  langoes ;  il  remontait  4  la  langoe  romane, 
pour  surprendre  les  litl^ratnres  modemes  k  leor  beroesa, 
devan^ant  ainsi  Raynouard  dans  cette  voie.  11  recueOliit 
tfgalement  les  d^ris  du  edtiqoc  et  do  bawpie;  il  apprsnait 
Tarabe  et  le  Sanscrit 

Oes  etudes  si  varite,  si  patientes,  si  approfiwdies,  na 
d^passaient  gate,  do  reste,  l*enodnte  de  son  cabinel,  et 
restaient  sans  rtoltat  pour  le  public.  11  avatt  <^fpw»'««n* 
d^jii  fait  paraltre  les  traductions  de  la  ParihinMe  (I8I0), 
poeme  du  Danois  Baggesen,  aon  and,  et  de  deox  tragtiiei 
de  Manxoni.  Le  ComU  de  Carmagnola  (1823)  et  Adelghis, 
dont  la  premite  lui  avait  M  d6^  par  Taateiir,  aind  qoe 
qudques  articles  d^arcbtelogie  et  de  Ungnistiqae  dans  di- 
vers  recuefls,  lorsqu'en  1824  et  1826  il  publia  les  CManis 
popuUAtes  de  la  Grice  modeme,  en  en  doonantalafois  le 
texte  et  la  traduction.  Cdtait  le  temps  de  la  iotte  biroiqoe 
que  soutenait  la  Grtee  poor  secooer  le  joog  ottoman.  Oelte 
publication  vint  en  aide  an  moavement  de  Topinion,  qui  se 
pronon^t  dki  lore  pour  la  cause  des  Ilellines.  Dfes  lors 
ausd  son  nom  conmien^  k  6tre  connu  do  public 

Aprte  1830,  ceox  de  ses  amis  qoe  la  rdvolotion  avail  por- 
t^au  poovoir  crdtent  pour  loi  la  diaire  delitttelure  4tnn- 
gte  liIaFacultC'  des  lettresde  Paris.  B  la  remplit  avec  6dat 
Faurid  voyait  dans  la  France  mdridionale  U  sooroe  de  toute 
la  dvilisation  modeme;  k  la  po6de  proven^^  U  rattacbsit 
la  litttetnre  espagnole  et  celle  de  Tltalie;  les  Minnesinger 
allffliands  n*avaient  pas  tehapp6^  aon  inOoenee;  les  faiva* 
sions  dea  Arabes  Tavaient  mise  en  contact  avec  TOrienL 
VHisMre  de  la  Gaule  m^ridionale  sous  la  dominatton 
des  eonquirants  germains,  dont  il  publia  qaatie  vdomes 
en  1836,  n'daitqu^une  partie  du  vaste  plan  qoilavait  contu. 
EUe  le  fit  admettre  la  mtaie  annte  k  PAcadAnie  des  Inscrip- 
tions et  Bdles-lettrea.  Bientdt  il  fiit  mis  au  nombre  des  coUa- 
borateors dePiSria^oireli^Mraire  de  la  Franee^^aarlsqpdle 
0  compose  plusieurs  notices,  entre  antrea  one  trte*remar- 
quable  soir  Brunetto  Latini.  Ckmiine  conaervnteor  adjoint 
des  mannscrits  k  la  Bibliotbiqae  royale,  il  publia,  dans  la 
ooUectiondes  Documents  inMits  sur  Fhisloire  de  Franu, 
l*bistoirede  la  Croisade  contre  les  hir^iques  aUdgeois, 
potaie  bistoriqaeenversproven9aux,attqadil  joignitune 
tradodioa  etune  faitrodnction.  EnAn,  U  alaiss^  one  HisMre 
de  la  PoMe  proven^e^  public  aprte  sa  mort  en  1846, 
3  vol.  in-8*. 

FAIISSAIRE9  cdui  qoioommet  oo  qui  a  oommis  &e 
crime  de  faux,  qui  a  ialsifi^  an  acta  aotbentiqiM^  eonawp 


FAUSSAIBE  --.  FAUSSER  LA  CX>UB 


SOI 


M,  ^  a  canMUt  tos  timbm  et  aoeanx  de  l'£tat  On  doit 
flOfiora  na§at  pinni  tos  tumukm^  qooiqiie  la  Id  ne  les  tt- 
tci0M  pas  de  la  mtaie  maottny  ceox  qui  fUfliflenl  d«  ma- 
Bmoitay  qui  oontnfoiit  dec  mMafllM,  dei  obJeU  d'antt- 
qMf  poor  lea  veiidre^de  nalfs arcMologiiea. 

F AUSSE  AMUBE.  Ceit,  en  termee  de  marine ,  une 
eoide  de  loagoenr  wffiitante poor  etre  arrets  parundeses 
iMnia  k  rexMoolt^  do  boid  InfiMeur  de  la  grande  voile  on  de 
la  misaine  d^an  Mtiment,  afin  d'ljouter  plus  de  force  k  eelle 
qoi  lert  k  mefaiteDir  cette  partie  de  la  voile  dans  la  position 
qn*on  Ini  a  donn^  poor  Um  msrcher  le  navire  an  plus 
prte  dn  vent  La  Ikusse  amuce,  port^  par  un  piton  attacM 
an  bord  exttrieur  dubAUmenty  sert  de  plus  k  retenir  la  voile 
dans  le  GU  ob  i'antre  cordage,  c'est-k-dire  Vamure  v6ita- 
bie,  viendnit  ^  etre  casste  par  la  force  du  vent  on  par  toate 
antxe  cause,  et  k  donner  le  tempa  de  r^tablir  une  nonvdle 
amure,  sans  etre  oblige  de  cargner  la  voile,  et  sans  retarder 
la  marche  du  navire.  Merloi. 

FAUSSE  BAIE.  La  plupartdesbotanistes  donnent  ce 
nom  aux  baleit  qui  ont  des  loges  et  des  gralnes  raog^  dans 
un  ordre  apparent;  d*autres  I'appliquent  k  une  varl^t^  du 
drupe. 

FAUSSE  BRAIE.  Une  braU  de  fortification,  par  allu- 
akm  k  la  braie  ou  liaut  de  chausses,  dtait  la  portitee  dhine 
das  issues  d*une  forteresse.  Tant  que  ie  systtoe  de  la  forti- 
ficatioB  dn  moyen  Age  a  durd,  la  brale  dtait  un  avant-mur, 
une  barbacane,  un  poste  tant  toit  peo  avanc^  qui  mas- 
qnait  la  porta;  on  en  retrouve  la  preuve  dans  Rabelais. 
Dans  la  roodane  foctiflcationdes  Hollandais  quand  un  sys- 
Iteie  de  debors  a  commence  A  prendre  favour,  quand  les 
enceintes  se  sent  bastionntes,  la  dtfease  analogue  k  Tau- 
denne  braie  s*est  dtendue;  on  ne  savait  quel  nom  lui  don- 
Mr  :  en  1^  appdte /ausse  braie,  baue  enceinte,  seconde 
miuinte.  C*dtsit  on  repos,  un  pied4roit  terrassd,  (pil  rdgpialt 
entie  le  rampart  et  le  bord  dn  fossd ;  c'dtait  un  rempart  d'une 
ber  me,  qni  poovait  battre  la  contrescarpe  et  le  fossd,  quand 
Passidgeant  cbercbait  k  s'en  rendre  maltre.  Quantity  depro- 
fBiaeura  se  sont  prononcte  contre  les  fausses  braies ;  Vauban 
lenr  a  sobstitnd  les  ''enailles,  parce  qu'une  fois  la  derai-lune 
occnpte,la  rfeisUncedes  busies  braies  devenaitimpuissante, 
el  que  Tescalade  endtait  fadle  quand  le  fossd^tait  sec  ou 
Cel6;d'af)tors,  les  ddcbinires  que  les  batteries  de  brtebe 
cansaieat  an  revetemeot  rendaient  bient6t  inbabitaUes  les 
bosses  braies,  par  la  chute  des  Eclats  et  r^boulement  des 
matdrianx.  Les  cap  on  nitres  ontMJugtes  prtf<6rables; 
les  demi-revetements  leur  ont  succMd;  on  do  moins  les 
fimsses  braies,  an  lieu  d'etre  continues,  a*ont  plus  ^  que 
partielles,  et  ont  r^6  seulement  devant  les  coortines  et  les 
bees,  00  devaot  certains  flancs.  G^  BAanni. 

FAUSK  BBANCfllE-CBSlNE.  V<^ez  BEacs. 

FAUSSE  CLEF.  Voyez  Cixr. 

FAUSSE  COLOQUINTE.  Yoyez  Coloquikellb. 

FAUSSE  COTE.  Koyes  C6tb  (AnaUmie). 

FAUSSE  GOUGHE.  Voyet  Avortehbiit. 

FAUSSE  EQUEBBE*  Voyes  ^queiibb. 

FAUSSE  MESUBE.  Voyez  Fadx  Poms. 

FAUSSE  MONNAIE.  Koyes  Faux  Momkatagb. 

FAUSSE  NOUVELLE.  Voyet  Nouvellb. 

FAUSSE  OBANGE.  Voyet  Goloquihellb. 

FAUSSE  OBONGE,  nom  vulgaire  de  Vagarieus 
psmidixntrantiaeui.  Cet  a  ga  r  i  c,  extremement  vfodneux, 
eat  d*anlant  plus  dangereux  qn*on  le  confond  qudquefois 
nvee  Poron^e,  esptee  compldtement  inoflenstve.  11  est , 
eomme  Toronge,  d'une  belle  couleor  torlate  en  dessus, 
d'nn  blanc  de  lalt  en  dessous ;  mais  I'esptee  vdndneose  se 
distingue  de  i*antre  par  des  moucbetures  Uandies  qui  con- 
vrent  le  chapean,  et  dans  leaquellec  paratt  rfeider  le  prin- 
cipe  toiique  dont  dies  rdv^ent  Texistence. 

FAUSSE  POSITION  (R^le  de).  Cette  r^e,  qui, 
snivant  la  remarque  de  plusieurs  auteurs,  devrait  plutet 
porter  le  nom  de  rigle  de  fausse  iuppasktion,  a  pour  but 
de  rdsoudre  avec  I'uniquu  secoursdcsnombres  tous  lespro- 


bltoes  d^terminte  k  une  seole  inconnue,  e6  Vn  donnfes  lont 
eUes-mteMS  nomMques.  La  r^e  de  fausse  position  dia> 
pease  en  effet  de  Temploi  des  formoles;  eependant,  sa  d6* 
monstration  appartieni  k  Palgftbce ;  c*est  done  nae  opdnlioa 
dont  I'esprit  est  essentieUement  algttriqne. 

Supposons  que  nous  ayons  k  traiter  one  question  dn  pre* 
mier  degr^k  one senle  inconnue.  Mettons an  Uendellneon- 
nue  un  nombre  qpetoonqne;  sll  satisfUt  aux  conditions 
dn  problime,  la  question  est  rtelue.  Mais  en  gtetel  il 
n'en  sera  pas  ainsi,  etle  rteultat  offrira  one  erreur.  Faisons 
poor  la  valenr  de  Pfaioonnue  une  nouveUe  suppoiitkm; 
nous  aurons  une  autre  erreur.  A  Taide  de  ees  qoatrenombres 
(les  deux  suppositions  et  les  deux  erreurs) ,  nous  aurons 
tout  de  suite  la  valeur  de  Hnconnue  par  la  i^e  de  fkusse 
position  que  Ton  pent  teoncer  ainai :  Multipliei  ekaeune 
des  suppositions  par  l^erreur  correspofiddJite  d  Pauire, 
prenez  la  difference  ou  la  somme  dee  produiU  (tuivant 
que  les  erreurs  sont  de  mime  sens  ou  de  sens  ooniraiTe), 
ei  divisez  ce  dernier  risultat,  dans  le  premier  cas  par  la 
difference,  dans  le  second  Caspar  la  somme  cfei  erreurs^ 
Comme  les  suppositions  sont  arbitraires,  si  Ton  prend  Uro 
poor  la  premi^  et  tin  pour  la  seconde,  I'^onc^  prMlent 
se  simplifte  de  cette  manitee :  Divisez  la  premike  erteur 
par  la  d\ffirenee  ou  la  somme  des  erreurs^  suieant  que 
ces  erreurs  sont  de  mime  sens  ou  de  sens  eontraire, 

Prenons  poor  exemple  le  probl^me  suivant :  On  veutfor* 
mer  la  longueur  du  mHre  avee  40  pOees  d^orjuxtapoUes, 
les  unes  deiOjr,,les  autres  de  20 /r. :  comMan/oiif-i^ 
prendre  des  unes  et  des  autres ,  sachant  que  les  dianU^ 
tres  respecHfs  de  cespOces  sont  de  om,026  et  de  0m,021  r 
1*  Supposons  que  e  soit  le  nombre  des  pitees  de  20  fr.,  et, 
par  suite,  40  celui  des  pitees  de  40 1^. ;  la  longueur  rteiltant 
de  la  Juxtaposition  de  40  pitees  de  40  fir.  sera  40  X  0^,026 
ou  l"',040;  ce  qoi  donno  une  erreur  en  plus  de  0^,040* 
2*  Prenons  i  pour  le  nombre  des  pitees  de  20  fr.,  d^oe  ce- 
lui des  pitees  de  40  fr.  sera  39 ;  la  longueur  resultant  de  la 
jnxtaposition  de  39  pieces  de  40  fr.  et  d'une  de  20  fr. 
sera  39X0°',e26  -f  0"',021  ou  1",035;  ce  qui  donne  une 
erreur  ^galement  en  plus  de  0^,036.  Nous  avons  done  : 
i'*  Supposition  0  i*^  erreur  +0,040, 
2*  Supposition  i  2*  erreur  +0»035. 
Divisant  la  premi^  erreur  par  la  diff&ence  des  deux 

0  040 
erreurs,  fl  vient  pour  le  nombre  des  pieces  de  20  fr. :  -^ — 

0,005 

ss  8.  On  voit  en  effet  que 

8  X  0,021  +  32  X  0,020  =  t. 

La  rfegle  de  fausse  position  ne  serait  qo'un  objet  de  piire 
curiosite  si  die  se  bornait  aux  questions  dn  premier  degr^. 
Mais  elle  s'applique  foment  aux  ^nations  des  degr^ 
sup^rienrs.  Soilement,  quand  on  veot  Temployer  k  la  rteo- 
lution  de  ces  ^nations,  il  fluit  d'abord  se  procurer  d*une 
mani^re  qnelconque  des  valours  d^ji  approcbces  des  raci- 
nes ;  plus  les  suppositions  sont  approclides,  plus  on  doit  at- 
tendre  de  succte  de  cette  m^thode,  qn'il  dint  alors  appli- 
quer  suivant  la  H^e  g^n^rale  que  nous  avons  dnoncte  la 
premiere.  E.  Mbbubiix. 

FAUSSE  QUILLE.  Cost  un  bordage  d*une  seule  ou 
de  plusieurs  pitees  de  bois,  de  huit  k  dix  centim^ties  d*6- 
patssenr,  que  Ton  fixe  au-dessous  et  dans  toute  la  longueur 
de  la  quille.  II  serik  la  fois  de  renfortli  laqulUe  et  de 
defense  contre  les  c1k>cs  qu'elle  est  expos6e  k  ^prouver  en 
toucbant  anr  nn  bas-fond.  n  arrive  quelquefois  que  la 
fiuisse  qniUe  est  enlevte  sans  que  la  quiUe  revive  aucun 
dommage  notable.  Mbblw. 

FAUSSEB  LA  COUB,  FAUSSER  LE  JUGEMENT. 
Dans  le  droit  ftodal ,  c'^tait  s*attaquer  k  llionneur  du  juge 
et  Paccnser  d'avoir  menti  It  sa  foi,  d*avoir  rendu  un  jug^ 
ment  qni  n'avait  poor  base  ni  la  vMte  m  le  droit  Gette 
accusation,  ce  dtoienti  constltuaient  un  veritable  appel  qui  se 
termfauit  par  le  comfraO'i^<ficiaire,  par  le  jti^emen^ 
de  Dleu.  «  On  ne  pouvait,  dit  Pardessus,  fausser  le  Joge- 
ment  que  devant  Icn  cours  des  barons ;  devant  celles  des 


z&% 


PAUSSBR  LA  GOCR  —  B^ACST 


Ioorge6it>i  tette-  Insolto  dMaalt  tetilemeat  tiea  k  \mt 
Amende,'  eC  M  Jog|ii»eiit  ne  s'en  ex^cotalt  paft  sioins.* 
Qttand  le  d«el  jadidaire  eut  dispani,  rexpressioo  qui  le  pro- 
«4Ntaait:deBiei]i«^defts  le  langagei  de  ^iroit,  sens  qn'on  y  at' 
tacbAt  la  port^  inlbmaote  qo^ette  aralt  d'abdrd ;  fauuer  let 
amr  ae  aigiiifia  plOB  qa^teijeter  appel*-  Saint  Louift  ehei> 
eha  eniTaiB  4mmplaeer  cette  location  {lar  cefle-oi :  De- 
nuutder  amendmntnt,  Ntomoios^  pentet  longtemps  en- 
core^ Ik  oil  fl  y  waft  9iMn  cas  dans-racttoo  defausser  le 
jitgemSnif  il  y  eut  sajet  k  bataUle;  maSs  qttand  Tintention 
dii  jugft  D*4tait  pat  attaqote,  qnand  on  ne  faussaSt  la  cour 
que  poor  crrenr  <fappr6dation  dans  lea  feits  ou  application 
emmte  de  la  loi,  11  y  avait  toatsiinpiement  k  (Siire  dtelarer 
la  sentence  Traie  oa  fauese,  k  la  faire  reviser  on  mafntenir 
en  appeL  ' 

FADSSES  DISCRISTALES.  Voif^s  Dtoi^rAUES. 

PAUSSES  TfilGNES.  Rteamur  a  donn^  ce  noni  k 
nne  sectioa  de  son  genre  teigne,  renfermant  les  espies 
dont  tea  cheniUea  quittent  leur  foorreaa  pour  marcher  : 
telles  sent  fesd  eri  to  ides  deLatreflie.    - 

PAU8SET.  Vayez  FAeasr. 

FAUSSST^)  organisation  fldieose  par  laquelle 
I'leipresfiion  dit  Tisage,  le  son  de  la  Toix,  lea  disooors,  les 
gerteSflaconduite,  sonten  eontrtidiction  avec  la  pens^^ 
£lle  eat  natliNlle  a  qaelques  individnSy  et  il  feat  one  probity 
rare,  une  grande  force  d'&me,  poor  renoocer  aox  aTantages 
q»'on  sendMe  devoir  en  retirer.  Pins  sontent  ia  fausseti 
C8t  le  resoltat  d'une  passion  qai  prend  toates  \k  formes 
pour  aniTer  k  ses  fins  et  putse  dans  sa  violenoe  le  poa<» 
toir  de  se  Contraindre  et  d*appara)tre  sous  divers  aspects. 
Le  besoia  on  Penvie  de  plaire  k  ceux  qoe  l*on  n'ftbne  point 
rend /mm?.  I!  est  difiicile  de  se  pr^unir  centre  \h  fausseti 
naturtHe,  et  le  temps  seul  apprsnd  k  la  discemer,  tandis 
i|iie  \9i  fausseti  a6quise  k  la  suite  de  reflexions  -sugger^ 
|ttr  Knt^dt  se  trahit  dans  mille  droonstances.  Ia  fausseti 
naturelle  se  remarqne  dans  les  femmes  et  dans  lous  les 
Mres  tiroidesi  ainsl  que  dans  ceux  dont  les  volenti  sont  in- 
ttrieores  aux  forces,  hsi  fausseti  aoqnlseest  commune  k 
prosque  tous  les  gens  qui  approchent  les  grands  et  vivcnt 
dans  le  mende.  Lk,  sans  autre  intMt  qoe  cdui  d*ttre  en  paix 
avec  les  sots,'  les  fats,  les  coquettes,  les  fripons,  et  tout  ce 
que  la  aodM^  rdunlt  de  m^prisable  et  d'ennuyeux,  on  use 
&e  fausseti.  11  est  curieux  d'obsenrer  'que  cette  fausseti 
n'<^  qu*une  provocation  k  une  fausseti  semblable,  qu'on 
le  sait  par  experience,  et  qu'on  n'en  est  pas  moins  dispose 
A  bien  TaccueiUir.  Mala  si  Ton  pent  toldrer  la  fausseti 
quand  elle  se  montre  sous  la  forme  de  la  polUesse^  elle  ne 
peut  qu'indigner  alors  qa*eUe  est  employee  k  corrompre  et 
k  nulr/B. 

On  se  defie  des  gens  reoonnus  poor  faux;  on  les  fuit 
Justem^,  our  de  \^fausuU  k  la  traldson  et  k  la  perfidie 
la  pente  est  rapide.  La  fausseti  ne  procure  done  que  des 
suco^  passagers;  elle  force  k  changer  frequemment  de  re- 
lations, quelqoefois  merae  depays,  parce  qu'il  ne  faut  qo'un 
regard,  ua  accent,  pour  devoiler  la  i^enseede  lliomme  et  sa 
maligpite;  et,  tout  bien  considere,  on  decouvre  souvent 
que  les  allaires  seraient  plus  avancdes  au  moyen  de  la  sin- 
cerite  et  de  la  droiture.  Les  gens  qui  se  jugent  sever^ment 
out  p<»|j  k  cramdre  des  personnes  busses;  mais  la  vaoite, 
toiigours  Cff6dule,  felt  qu'on  en  devient  le  jouet  et  la  m- 
time.  CMdeBRAM. 

L  FAUS^  TBACUJ^.  Foyes  Tracb^. 

FAUST  ou  FUST  (  Jeam  ),  rbomme  qui  fit  feire  le  plus 
de  progr^  k  I'invention  de  IMmprimerie,  mort  en  1460, 
etaitimricbe  bourgeois  deMayenceetlebeau-pte  dePierre 
Sebmffer. 

FAUST  ( Lfr  docteur  Jean  ) ,  dont  la  tradition  fait  un 
magiden  femeux,  et  qo'oii  confond  soovent,  msxs  k  tort,  avec 
rimprimeur  Fauit  ou  Fkisl,  ^taftortginaire  de  KnittiingeB,  en 
Wurtembei^g,  et  suivant  d^autrea  de  Roda,  prte  de  VTeimar, 
vecot  dans  la  seconde  moiue  du  quinziftme  sitele,  ou  au 
coomienceinent  du  aeialtaie,  et,  dlt*on,  avalC  etudie  k 


CracoviiB  la  magie,  sdence  4aB»  laqoeQefilastnilslI' 
tard  BOB  serviteur  Wagneir.  Aprte  avbirdisd|id  le'Hcbe 
patrimolne  de  son  onde,  Vaiist,  ajdute-^dn,  tetti  profit 
lea  vastea-  connaissanoes  qall  avait  aequiaea  podf  eoi^urer 
le  demon  et  condnte  av(Bc4ut  mi  piaete  devingt^alre  ans. 
Le  demon  Ini  donna  alors  poor  dom«9Ai4ne*nn  esprit,  Mi' 
phistophitis ,  dont  le  nom'  a  ete  ilialhte^'fcli  -tnodifie  d^ 
puis  par  ceux  qui  ont  rac6nte'' celteiegende','avecfqni  Use 
mit  k  courir  lemonde, me&ant  partbut  fo^euse  vie,  et  ftap- 
pant  cbacun  d*etonneitaent  par  lest  prodiges  qu^  aooom- 
pUssait,  jusqu'k  ce  que  le  demon  finft  par  ll^orger  entre 
mintrit  et  une  heure  de  matin ,  k  Rimling,  village  de  Wnr- 
tembefg ;  on  cKe  d'ailleors  encore  d'autres  Reux  comme 
ayant  ete  le  theitre  de  cette  catastrophe.  - 

G*etait  autrefois  une  question  fort  eontroversee  qote  celle 
de  savoir  si  jamais  il  avait  redlement  existe  tm  homme  tel 
que  ce  Faust.  Mais  ai]4oord*hui  on  s'accorde  generalement  k 
reconnaftre  quMl  y  eut  en  effet  nn  individn  qui  par  ses  con- 
naissanoes dans  les  sciences ,  peot-etre  bien  ausai  par  des 
tours  de  passe* passe,  palrvint  k  imposer  au  vulgaire,  k  se 
fUre  regurder  comme  nn  gralid  magicien,  enf ratenant  d*e- 
troites  et  secretes  relations  avec  les  manvais  esprits.  Sa  le- 
potation  s'etendant  deplus  en  pins,  on  en  vint  noil-eede- 
ment  k  Ini  preter  les  frodiges  appartenant  en  propre  aoi 
magidens  desepoques  anterieures ,  mais  eoloore  fc  focons- 
tituer  le  heros  d'une  foule  de  contes  et  de  tradiiiona  reoHmtant 
k  la  plus'  haute  antiquite,  si  bien  qu'on  finft  pair  en  feire  le 
veritable  genie  de  la  magie.  Le  redt  de  ses  prod^es  etant 
en  possession  de  charmer  le  peuple,  on-  vouliit  y  jolndre 
nn  c6te  instroctif  et  moral;  et  on  montra  dans  IMffrayaote 
destinee  de  Faust  les  dangers  des  sortileges  et  des  pratiques 
de  la  magie ,  ainsi  que  i'horreor  profonde  que  doit  Inspirer 
une  viepassee  dans  le  desordre  ^  la  debauche.  On  Arraiigea 
donclaiegende  deFaustde  mille  felons  difrerentes.  On  racouta 
d'abord  ses  prodesses  et  ses  aventures  dans  des  livres  k  Tu- 
sage  du  peuple.  Le  plus  anden  de  tous  fut  imprime  k  Fl^tnc- 
fort-«af-Mein,  en  1588 ;  et  ^dmann  le  reifondSf  en  llnti- 
tulant :  HisMre  viridique  des  Gambles  pichis  du  doeteur 
Jean  Faust  (Z  vol.;  Hambourg,  1690).  11  ftitd*kiHeurs  tra- 
duit  dans  la  plupart  des  langoes  de  rEurope,4et  notarament 
en  francs,  par  Palma  Gayet.  Sairadoc^n,  qal  aete  souveat 
reimprimee ,  est  fort  recherchee  des  bibliomanes.  EUe  est 
intitule :  HisMre  prodig$eu$&  €$  lammiable  deJean  Fausi 
grand  tiuxgieien,  avee  son  testament  et  savie  epouvan^ 
table  (Paris,  in^2;  lfi74).  Le  travail  de  Wiiknannfut  refeit 
ensuitepar  Pfitxer  ( Nurembeig,  169^ ):  Des  impoRteurs  ima- 
gimferent  alors  de  pnblier  sous  divers  titres,  tels  que :  Grande 
Condasnnation  de  Faust  AVei^fer,  VArtmerveiUeux  de 
Faust ,  La  triple  Condamnation  d  Ve^fer  (avec  la  fensse 
date  de  Lyon,  1669 ) ,  le  Corlfeau  noir,  eta»  des  fivres  de 
magie  attribues  a  Faust  lul-meme,  tout  heilsses  en  conse- 
quence de  caractkes  et  de  figures  l^zarres,  niab  sans  aucno 
sens,  farcisen  outre  de  dtations  dela  Bible,  et  auxquels  la 
superstition  atfachait  des  effets  sumaturds.  La  poesie  ne 
pouvait  manquer  de  s'iemparer  d*un  si^et  qui  offralt  une  si 
riche  matiereilimagination,  et  de  s'en  servir  pour  des  com- 
positions eiegiaques,  des  pantomimes,  des  pieces  k  spec- 
lade,  des  tragedies  et  des  comedies.  De  lout  le  repertoire  da 
the&tre  des  Marionnettes  ^  Touvrage  demeure  depuis  la  fin 
du  dix-septieme  sl6de  Jusqu*li  nos  jours  en  possession  de 
divertir  le  plus  la  foule  de  Tautre  cMe  du  AhM,  est  la  pike 
du  doeteur  Faust ^  arrangee  de  viugt  fa  jons  differeBtes.  ( Oo 
s'est  avise  pour  la  premiere  fois,  en  1850,  de  I'lmprimer.) 
Getteoeuvre  draniatiqueest,  dans  sa  naivete^  comme  un  terme 
moyen  entire  les  grossiers  contes  de  magie  et  la  cone^on 
philosonhiqne  d*une  legende  devenue  l^xpresdonpoeHquela 
plus  Bohevee  de  retlrneUe  Inde  durbien  et  du  mal,  et  de  11b- 
quiete  et  incessante  aetivite  du  genie  del^mme,  qndqos 
limltee  que  sdt  d'ailleora  aa-  aphei^  d%ctbn. 

he  premier  dramatoiige  de  qudque  fenom  qui  ait  essaye 
de  trailer  ce  ai^et  fat  rxnglalt  Mariow,  vers  1600.  Mais 
tout  oe  qui  avaft  ete  feit  Jnsane  alors  en  ce  genre  fat  sur- 


FAUST —  FAOTE 


903 


3is8£  ptr  Gcetbe  dans  la  prasai^  partie  de.^Qii  ftiusf » pu- 
blic d^'abord  apw.U^  titre  de  i.ZeMocteur  Fau$t,  trag^ie 
( Leipi^y  l7M)^jipi*il  refondit  plua  tar^  compUtement  sous 
le  titre  de  J^aust,  trag^ie  (T^b^lg|e^,  1808}»  et  dont  la 
veconde  partie  ne  paryt  ^Q^aprte  la  luort  du  poete  <  1833 ). 
II  fant  ensoite  sigpaler  ['admirable  fragment  de  Lessing 
qo'Engd  nous  a  consenr^,  ^  <)ai  est  btftiil^  iFcnUt  et  Us 
Mept  M$prUs  ;  reami  dnunatiqiie,  Infbiliie  mais  tigoureut 
eCorigiiial^  deManv,  la  Vie  du  Dodetir  Faust  (Manbebn, 
1778) ;  Vie,  gestes et  deseente  enen^du  D&ctei& Faust^ 
par  KHnger  ( 5  liTres ;  IieipEig,  1791 );  JP'ouK^lrag^ie  po- 
polairef  par  le  comte  de  Sodea  (l79i);  Jean  Faust ^  fan* 
taisie  draroatiqdey  d^aprte  une  tradition  da  seizi^me  si^cle, 
par  Scbink  (  1809 ) ;  anfin ,  les  traTaux  de  Klingemann ,  de 
Grabbe,  de  Jienaa,  de  Bocbtlein ,  etc.  Dans  son  Moinjred , 
Byron  a  Tisiblement  imit^  TceuTrede  (kethe. 

Les  beam-arts  prif;ent  aussi  de  bonne  henre  poursvjet 
la  )^gende  de.  f  anst  Deux  jpeintures,  dans  le  cellier  de  la 
Cour  d^Auersbach  k  Leipzig^  datant  de  152&y  repr^ntaient 
dem  apparitions  que  Faust  etM^phistophi)6saaraient  faites 
en  ce  lieu.  On  a  de  Rembrand  une  belle  plancbegrav^  re- 
prtentant  Faust  dans  son  cabinet  pendant  une  apparition 
d*eaprits,,  Christophe  de  Sichem  a  repr^sent^  dans  deux 
graTures  Faust  et  M^pbistc^b^fte,  et  le  valet  Wagner  avec 
son  Esprit.  Tout  r^cemment  Cornelius  et  Retzscb  ont 
eompoe^  de  fpirituelles  illustrations  pour  le  Faust  de  G<Bthe« 

FAUSTA  (Flatia  Maxouaiia),  fille  de  Maximien-Her- 
cule  et  d^Eutropia,  soeor  de  Maxence,  ftit  la  seconde  femme 
de  Constantin  le  Grand;  eUe  embrassale  cbristianisme, 
el  paitit  d^abord,  par  sea  Tertus,  digne  de  partager  le  tr6ne 
impdriaL  Dies  pan^gyristes  ont  c^^^  sa  g^^reuse  compas- 
sion pour  les  maux  du  people  et  ses  soins  Tigilants  pour 
r^Qcatlon  desestrois  fils,  Ck>nstaDtiny  Constance  et  Cons- 
tant, qui  rappd^rent  leor  p^  plut6t  par  leurs  noms  que 
par  leur  mMte.  Pourtant,  rinterrention  de  Faustadans  les 
afTatres  pabliques  n*est  signal^  que  par  des  malbeurs.  Maxi- 
mien-Hercule  conspire  contre  Constantin;  eller^v^e  le  com- 
plot,  et  ne  saure  son  man  qu'en  sacrifiant  les  jours  de  son 
pire.  L^amperenr  aralt  de  sa  premise  femme  Minendna 
on  IDs  obmm^  Crispua^  ^tc  de  Tfloquent  Lactance,  re- 
marquablc  par  de  bifilUintes  quality,  et  illustr^  par  sa  tIo- 
toire  navale  sur  Lldnius.  Tout  k  coup  fl  est  arr6t6,  jug6  en 
secret  et  ex^cut^  Fausta,  nouTelle  PbMre,  avait  accost 
on  Bonrel  Hippolyte ;  et  le  marl,  qui  se  crojait  outrage. 
Be  a^^tait  plus  souvenu  qu^il  ^t  p^re.  Qudqoe  tenps 
aprte,  Fansta  p^rit  elle-mtoie  par  ordre  de  son  ^ux.  Ce 
r^dt  a  trouT^  beaucoap  de  contradicteurs  et  dincrtiules. 
La  mort  seole  de  Tinfortan^  Crispus  est.certaine;  mais 
pent^tre  fut-il  victime  des  soup^ns  de  Constantin ,  qui^ 
jaloux  de  ses  suco^  et  de  sa  popularity,  redoutait,  i  tort 
sans  doute,  une  conspiration  et  en  m^me  temps  frappa 
d*exil  00  de  mort  les  nombreox  amis  de  son  flls.  On  pent 
croire  aussi  que  Tambitieuse  Fausta  eut  reconrs  \  la  perfidie 
pour  faire  p^rir  un  prince  qui  fermait  ^  ses  fils  le  cbemui 
da  trOne.  Enfin,  la  m^ort  violente  de  llmp^ratriceest  racontte 
ti  ^yersement  par  certains  aoteurs,  si  complr^tement  oroise 
oa  x&bt  par  d*antres,  qu^il  est  difllcile  d*asseoir  sonjugement 
.Sons  Constantin  et  sons  ses  (Us,  Hustoire  fut  muette  on 
pmdente;  plus  tard,  elle  fut  alGrmatiTe,  mais  sans  preuves. 
On  ne  salt  si  Fausta  p^rit  poor  aYoir  injostement  a9cusd  son 
bean-iSs ,  on  pour  s'^tre  Uvr<^  k  de  honteuses  d<^baucbes. 
Penf-^tre  ses  (aiblesses  d^voilt^  la  firent-elles  soup^onner 
d*aToir  suppo96  le  crime  de  Crispus.  Selon  d'autres  versions, 
elle  aarr^cat  ii  soi;!  fila  Constance,  et  pleura  sa  fin  pr^ma- 
tnrfe. 

FAUSTIN  l**,  empcreur  d'Haiti. 

FAUSTINE^  nora  commnn  k  phisieors  imp^ratrices 
ronudnes. 

FACSTnrc  (AiiiQA  0AU9UA  Faustuu}^  nile  dUonius 
▼exQs,  issu  de  Numa,  et  tante  de  Marc-Aur^le,  ^pou.^  A  n- 
Conin  le  Pienx.  Elle  s'exposa  par  ses  galanteries  au\  trails 
Hi»  la  satire,  ot  Julius  Capitolinus  la  traite  plus  que  s<^v(^rc* 


ment  dansla  tW  da  son  j^pon)(»  F31e  en  aTaiieu^  qnatre  ea- 
fants,  deux  prmoea  et  une  pridcesse  ^  qui  mou^ent'en  bai 
4ge,  et  one  autre  princesae,  Faustina  la  jenne^  lemmc;  de 
<te,  Maro-Aurde.  Antonin,  soit  qu^i)  a^t  ferm^  les  yeux.snc 
leserreurs  de  son  ^ppuse,  soit  qu*il  n'j  crQt  pas,  la  fit  pla- 
cer an  rang  des  dresses,  d^s  qu'etle  eut  expir^  h  trenle*six 
ans,  la  troisitoie  ana^  de  son  rigne,  lui  deYa^es  temples  et 
des  aotels,  et  fit  frapper  en  son  bonneur  des  jm^daiQea  dont 
ni^  consacre  rinstttution  des  Caustiriien^nes,  jeones  Roroai? 
nes  noUes,  sa/i^s  foctpne,  qui  ^'ebt  dey^  anx  Ccaia  dal'fU^ 
sous  le  patronage  de  llmp^ratrlbe.  .     . 

FAXJSTINE  (AiQOA  Faustina)  ^iisa  son  cousin  igat'^ 
main  Marc-AurMe.|  destine  M'empire.  Elle  surpa^sasa 
m^  par  la  dissolution  de  sea  monirs,  et  fut  une  Triable 
Messaline.  C*^tait  dans  lea  demiers  rangs  de  la  population 
qu'elle  chercbait  sea  adoratenra.  EUe-md^M  les  aUaitcbotoir 
au  bord  de  la  mer,  pvmi  les  bateliera  et  les.  inateTots,*  et 
cela,  dit  Aurelius  Victor^  parce  que  pour  l^ordinaire  lis  al« 
laient  nua,  Les  bistoriena  aont  unanimes  pour  dire  que  le  Als 
qn*elle  donna  k, Marc-Anrtie,  Com m ode,  ayait  pour  pfere 
un  jeune  et  Tigoureux  gladiateor.  L'emper^ur  nlgnoraiL  au^ 
cun  des di^rdres  de  aa  femme;  mais  u  1^  ipi^niii.  On  lui 
repr^sentait  un  jour  que  pui8qu*il  ne  ^oulait  pas  toer  sa 
femme,  dont  les  iippodlcitfo  i^taient  port6ea  au.  (^mble  de 
rinfamie^  il  la  devait  r^udier ;  «  inais  si  je  la  r^podie ,  r^, 
pondit-il,  il  iaudraluirendresadot;  •  etcette  dot  ^taijt  Pcii)- 
pire.  11  paralt,  du  reste,  que  dans  sa  condnite  poUtiqiie 
Faustina  n*^it  pas  moins  o^^chant^que  oetl^ayai^it^  '^^iV. 
pine.  EUe  fut  accuse,  entre  autres  cripies^  4  ^^^^  contri- 
bu6  4  la  mort  de  Lodua  Venu,  aon  (Qendre,  poor  qui  elle 
avail  eu  de  criminelles  complaisances,  et  qui  s'en  ^it  vant^. 
Elle  fut  enlev^  fort  Jeune  par  one  maladie  aiguC,  dans  un 
bourg  dela  Gappadoce,  nomrn^  Halala,  an  pied  du  moht  Tau- 
rus. Blarc-Anr6Ie  lui  donna  des  larmes,  et  fit  de  cette  bour- 
gade  une  Tilie  nonmi^  Faustinopolis,  II  mit  son  ^use 
au  nombre  des  divinity,  et  lui  prodigua  les  mtoies  bonneurs 
qu*Antonin  avait  rendus  k  sa  m^re.  Sur  ses  m^dailles,  Faus- 
tina fut  appel^  de  aon  yivant  Mater  castrorum  (la  m^re 
des  soldats),  titre  qui  n*aTait  encore  4t6  dtomd  I  aucone 
impdratrice,  et  dont  plusieurs  princesses  sed^r^rent  apr^s 
elle.  Mais  rien  de  plus  strange  que  de  troover  sur  ses  m^- 
dailles  la  l^ende  Pudicitia. 

FAUSTINE  (AuMA  Faustina),  qn'on  croA  l^'te-fiUe  de 
Marc-Aur^e  et  de  )a  prdcddente ,  avail  dpousd  Pomponlus- 
Bassus.  Lgrsque  leSyrienHdliogabalederintempereur, 
il  fit  assassiner  Pomponius,  et  dpousa  sa  feipme ,  malgrd 
elle.  Un  caprice  Tavait  oouronn^,  un  caprice  la  d6tr6na ; 
Hdllogabale  reprit  la  Testale  Julia  Aquilia  Severa,  qu1l 
avail  r^pudite  pour  elle.  Faustine,  aussi  belle  que  vertueusc, 
Tdcnt  dans  Tobscnrit^^,  sans  qu^aprte  sa  mort  aucnn  tem- 
ple, aucun  autel^  aucune  mddaille,  lui  fossent  consacr£s. ' 

Une  quatrii^e  Faustinc  (ht  la  seconde  fenime  de  Tempe- 
reiir  Constance,  et  eut  pour  fiUe  une  cinquiiroe  Faus- 
tine, qui  dpousa  Gr alien.  Cbarles  Oiu  Bozom. 

FAUTE.  Dans  aon  aoception  la  plus  g^ndrale,  c'est 
toute  violation  d*une  r^e,  d'nn  principe  de  la  loi  natn- 
relle,  on  mQroe  d*une  loi  en  vigueur.  La  sag^sse  exige  qu'on 
fuie  toute  esp^  de  fantes,  m^me  cellea  qui  ne  clioquent 
que  les  convenancies. 

Le  pdchd  est  une  (ante  contre  la  loi  divine;  le  crime,  le 
ddlit,  sont  des  fautei  contre  la  lot  bomaine.  L^riture  al- 
tribue  la  chute  derbomme  et  rintrodudion  du  mal  sur 
la  terre  k  la  faute  de  nos  premiers  parents.  «  C*^  plus 
qu'un  crime,  c*est  une  faute,  »  a  dit  on  bomme  plus  poli- 
tique que  moral  k  I'occasion  d*on  acte  sans  g<^n<^rosltd  ni 
cl^ence.  «  On  Juge  de  la  conduite  par  le  siicc^,  dit  Saint- 
£vremond,  et  si  r^v^nemenl  n*est  pas  lieurenx,  la  mau- 
vaise  fortune  bent  lieu  de  faute.  >  Les  fautes  qui  proytennenl 
de  rem|H>riement  de  la  jeunessc  arrfitent  le  conrs  de  noire 
fortune  ou  nutsent  a  notre  ayancement;  mais  tant  qu*clles  ne 
portent  pas  atteinte  k  notre. ddticatesse  on  a  notre  lionneur, 
nous  pouvons  les  r^parer  :  c^est  un  diemin  en  apparence 


804 


FABTE  —  FAUTKUiL 


phu  long  et  pliurade,  inaisle  repentir  de  o«  mteMifMites 
nous  inspire  maintef  fois  one  telle  ardear  da  blen  que  nom 
arrivons  plus  rite  et  plus  bant  dans  la  Tertu  que  oeux  qoi 
ne  cbeminent  Ten  elle  qo^ayec  one  sorte  de  mMiocritft  r6> 
guli^  et  qnotidienne.  Lea  femmea  peuvent  aaocoraber  k 
certaines  fantes  qol  dMvent  do  la  senaibilif ^ ;  mala  fl  est 
bien  rareqnedana  le  monde,  etlonqa'dlestont  diSsint^resate 
du  cAt4  du  Goenr,  ellea  faasentdea  fentes  de  oondoite.  £clai- 
rtes tout  k  coop,  dies  ont  poor  cbaque  dlflicalt^  snhite  vne 
riierve  in^puisaUe  de  tact,  de  finesse  et  de  di8oerneinent< 

Dans nn  sens  pnrement  materiel,  /aute  signifie  tout  pro* 
MA  oonstitnant  one  erreor.  On  fiiit  des  (kutes  centre  la 
tactique  militaire,  centre  les  r^es  de  Tart «  contrele  gottt; 
on  fait  des  fantes  d^orthograpbOy  de  grammaire,  etc 

Sairt-Pbospbb. 

FAVTE(DroU).  L'ignorance,  Timp^tie, la  n^igenoe, 
amteent  souvent  des  foits  on  des  omissions  qui  penTont 
occasionner  do  dommage  k  antroi ;  c*est  ce  qa*cn  droit  on  ap- 
pelle /ou^e.  La  faote  n'est  done  jamais  intentlonnelle;  les 
fixutes  inteniionnellM  constituent  des  d^lits  on  des 
crimes; les  botes  nonintentionneUesoonstitnent  k  pefaiedes 
contraTentionSy  mala  donnent  lien  k  des  reparations  dYiles. 
Les  l^stes  dlTisent  les  fautes  en  trhS'Ugbre$»  Ugires,  et 
lourdes  on  grouUres,  Les  Jnges,  dans  la  reparation  dn 
dommage  qn'elle  ont  canse ,  doivent  tenir  compte  du  carac- 
ihn  de  la  personne  qui  les  a  oonmiisesy  de  son  degr^  d^igno- 
ranoe,  dn  oontrat  qui  les  a  amen^es.  La  Taute  legireest  celle 
qui  rteuHorait  de  ee  qu*nne  personne  n*aurait  pas  apportA 
aux  alTaires  dont  elle  s'est  cbargfe  plus  de  soin  qu'elle  n^en 
apportek  ses  propres  afTaires;  I'beritier  beneficiaire  qui  se- 
nit  dans  ce  cas  n^enconrrait  aucune  responsabilite  pour  faute 
Ugkre,  tandis  que,  k  regard  du  mandataire  oo  du  d^posi- 
taire  salarie  die  eonsUtneriit  une  dote  graTO,  deot  il  serait 
responsable.  La  faute  lourde  lesulte  de  llgnoranoe  des  plus 
simples  notions  de  ce  que  tootle  monde  doit  savoir,  d*nne 
negligence  poussee  k  un  point  impardonnable.  Autrefois  la 
Jurisprudence  atait  adopts  k  propos  des  fautes  certains  prin- 
dpes  qui  sent  encore  appliques  aujourd'bui.  Cdui  qui  avail 
ete  charge  d*une  chose  sana  en  rettrer  ayantage  n'etait  tenu 
que  dn  dot  personnd ,  on  tout  an  plus  de  ]a  faute  grot" 
sUre;  dans  lescontrats  od  ravantage  rcTenaitk  unseni  des 
contractants ,  et  od  les  inconTedents  etalent  A  la  charge  de 
rautre  seul,  le  premier  etait  tenu  de  la  Jauie  tris-Ug^e 
seulement,  et  le  second  de  la  (i&utegrossite;  tons  deux  etaient 
tonus  de  la/a«fe  Ugire^  seulement  dans  le  cas  oA  les  deux 
contractants  retiraient  dn  contrat  un  egal  avantage;  cdui 
qui  8*etait  ofTert  Tolontairement  k  feire  une  chose  ou  qui  en 
retirait  senl  aTantage  etait  naturdlement  tenu  de  la  &ute 
tr^iegfere. 

FAUTES  milPRESSION.  Les  erreurs  typographi- 
ques  ont  souvent  eu  des  consequences  f&cbeuses.  On  sent , 
par  exemple,  de  quelle  importance  doit  etre  la  purete  du 
teste  des  lois.  Un  livre  que  tant  de  Chretiens  regardant 
coinme  la  base  de  leur  croyance,  la  Bible,  ne  saurait  etre  ausd 
irop  exempt  de  feutea  dimpression.  En  J  047,  les  autorites 
anglaises  Mrent  brOler  une  edition  de  la  Bible  qui  renfer- 
mait  des  erreurs  denatnrant  le  sens  du  texe.  Addison  parle, 
dans  un  des  numeros  du  Speetaieur.f  dhm  libraire  qui  fut 
condamne  k  une  forte  amende  pour  avoir  laisse  imprimer 
dans  le  Decalogue :  «  Tu  commettras  adultere,  «  an  lieu  de : 
«  Tn  ne  commettras  pas  d*adultere.  «  Voltaire  mentionne 
dans  une  de  ses  leitres  la  mesaventure  d*nn  avocat  qui  s'etait 
eerie  r «  Le  roi  n'a  pas  6te  insensible  k  la  justice  de  cette 
cause ;  •  on  Imprima : «  n'a  pas  ete  sensible.  »  Grftoed  cette 
omission  de  deux  Idtres,  liiororoe  de  loi  iot,  malgre  lul, 
lege  dnnntqudqiies  mois  dans  nn  des  cliAteaux  de  Sa  Ma« 
Jeste.  Pardlle  ineprise  etait  excusable  en  comparaison  de 
oelle  qui  plus  tanl  vint  k  tomber  sur  une  plirase  de  Vol- 
taire lui-meme.  II  ayait  dit  dans  TEloge  de  M"*  du  Cli&te- 
let :  «  Elle  se  Uvrait  au  plus  grand  monde  comma  k  Petnde  ; 
«  un  imprimeur  hollandais  mit  i  •  au  plus  grand  nombre,  » 
et  cdte  monstrueuse  erreur  a  consdcncieuseroent  ete  rcpro- 


duHe  dans  dnqou  six  editioos.  llestbon  de  remarqu«r  aaul 
qn^Q  s*est  rencontre  des  feutes  dlmpresdon  qui  ontete  lieu- 
reuses;  dies  ont  Conml  k  des  auteors  lldee  de  eorrectioni 
qui  ODt  ameUore  le  premier  Jet  de  leur  pensee.  Dsns  ant 
ode  cdebre ,  MaRieriw  avatt  eerit  d'abord  x 

El  Rosette  «  Teeii  ee  que  vireBt  let  roeee. 

Ce  Alt  un  ouviter  Imprimeur  qui,  lisant  non  ceqne  Tan* 
teur  avait  trace,  mala  ce  qu^il  anralt  pu  mettre  dans  sa. 
copie,  fit  de  ce  vers  cet  autre,  si  connu  : 

iZt  Rose,  die  t  vfea  ee  que  ti? eot  lei  retei. 

Nouvdle  leoon,  que  le  podte  adopta  avec  enthoosiasme. 

Les  editions  soignees  et  vraiment  correctes  de  nos  bens 
auteurs  sent  en  petit  nombre ;  une  multitude  d*editions  fsites 
trop  vite  et  dans  un  seul  but  de  speculation  oommerdale 
presententles  fantes  laaplna  grossieres.  Ce  ne  sent  pas  seule- 
ment des  imprimeur^  obscurs  quiontmontre  d  pen  de  sood 
de  la  correction  des  Tolomes  qui  sortaient  de  leurs  prestos; 
les  Aide  eux-memes,  dana  leur  Horace  de  1519  et  dans  cdd 
de  1527  ont  ooblie  les  deux  premiers  vers  de  la  slxiteoe  ode 
du  deuxitaie  llvre  :  SeptinUf  Gades,,.  Dans  redltioa  des 
Contes  de  La  Fontaine,  executee  avec  luxe  aux  irds  des 
fermlers  generaux,  en  1762, le  huitl6me  vers  dn  JHable  de 
Papefigui^meaqpt^  ainsique  dans  lardmpresrion  de  1764. 
CeA  dans  one  edition  de  VAnthologie  donnee  chez  les  Junta 
(Florence,  1519)  qu'a  commence  I'etrange  confusion  quia de- 
ligure  dans  plusieura  reimpressions  le  texte  d*une  piece  de 
vers  de  Paul  le  Silentlaire.  Aprte  avdr  parie  de  diverses 
editions  dhine  hioorrectlon  desbonorante,  ce  serait  Justice 
de  dire  qudques  mots  de  cdles  qu*ont  reoomnandees  ao 
contraire  des  soins  particuliers;  nous  mentionnerons  le  Lu- 
coin  deM.  Renooard,  1795,  06  11  n'existe,  k  oequH  pa- 
ratt,  que  deux  erreurs;  nous  dterons  le  Fir^Ue  de  DUot 
atne,  an  vi,  dont  le  premier  tirage  superieur  au  aulvant,  se 
reoonnatten  ce  que  le  premier  vers  de  la  page  177  porte  : 
Ne  te  natter  amor,  au  lieu  de  Kee  /e...  Cette  erreur  e^  la 
seulc  qui  existe  dans  cette  edition,  et  les  meflleurs  exem- 
pldres  sont  ceux  qui  ant  la  faute,  droonstanoe  qui  se 
reproduit  de  mfime  k  regard  de  qudques  autres  oovrages : 
les  exemplaires  dn  premier  tirage  de  V Horace  grave,  de 
Londres,  1733,  se  distingnenten  oe  qu'^  la  page  108  du  t  n 
le  mot  potut  a  ete  mis  sous  la  forme  de  pott  ett,  Un  d6- 
mocrate  anglais ,  odebre  dans  les  premieres  anndes  du  rhgpe 
de  Georges  III,  John  ^^Hkes,  pr^tendit  un  Jour  quHl  se 
falsait  fort  de  faire  imprimer  deux  volumes,  l*un  en  iKtia, 
Tautre  en  grec,  sans  qu*il  s*y  glissftt  aucune  erreur  typo- 
graphique.  II  en  resulta  un  pari;  Wflkes  fit  fanprimer  Ca* 
tulle  en  1788,  et  les  Caractbret  de  Ttieophraste  en  1790. 
Nous  ne  sevens  point  s*il  gagna  sa  gageure,  mals  oes  edittons, 
fort  bdles  et  tirees  k  cent  exempldres  seulement,  sont  gran- 
dement  recherchees  des  amateurs.  G.  BRuifir. 

FAUTEUIL.  Qui  ne  connalt  ce  menhle  utile  P  La  date 
de  llnvaitlon  dn  premier  fauteuil  et  le  nom  de  cdui  qui 
merHa  d  bien  de  U  poMerite  en  fabricant  ce  dege  commode 
nous  sont  egdementincoonns.  Cependant  ^  tout  porte  k  crdre 
que  son  orighie  remonte  k  Tantlqulte  la  plus  recuiee.  On 
trouve  en  effet  des  liiuteuils,  de  la  memo  forme  k  pen  pr6s 
que  les  nAtres,  sur  des  medailles  fort  andennea  eC  sir  pfai- 
sieurs  monuments  grecs  et  romalns.  Dnrant  le  moyen  Ige, 
Pusage  du  fauteuil  etdt  loin  d'etre  dedaigne.  Nous  sevens, 
k  n'en  pas  douter,  que  les  rois  et  les  grands  avaient  dee  lan- 
teuils  dans  leurs  pdds.  Pails  possede  encore  le  lantenil  do 
bon  roi  Dagobert,  que  Napoleon  fit  transporter  au  Cbamp- 
de-Mars,  lors  de  la  federation  de  1815,  et  sur  leqod  il  ne 
refuse  pas  de  s*asseoir  en  face  de  la  grande  nation.  La 
people  de  TAsie  qui  a  ete  l^un  des  premiers,  sans  eontredit, 
k  comprendre  les  bienfiiits  de  la  dviliaation,  le  Chlnds, 
preconlse  les  flnrteuils depuis  un  temps fanmeiiiorld.  Denes 
Jours,  le  fouteuil  est  devenu  un  menble  dHitlllte  et  de  luxe 
dana  tons  les  paya,  et  II  n'est  pas  une  maison  Jouissant  d^une 
certaine  aisance  dans  laqudle  on  ne  solt  sftr  de  le  Iroover. 
Cost  d'abord  ce  fauteuil ,  de  forme  particuliere ,  baptie^ 


PAUTEUIL   -   FAUX 


d05 


da  Dom  de  VoUairBf  et  dont  i'aaage  est  aojonrd'hai 
li  s^nM  chex  les  malades  el  les  oonvalesoents,  les  fern- 
mes  d^cates  et  waiSna^  les  bumiicrates,  les  bommes 
ifoi  te  livrait  k  des  travaax  intellectaelSy  les  indolentsama- 
teon da ybrntefile..Gertaines  ftmilles  oonserrent  religiea- 
sement  cenx  qui  ont  supports  le  poids  de  kurs  aocdtres ;  la 
•od^M  entite  Youe  im  culte  non  moins  ferrenl  k  oeaxqui 
Qot  appsrtenn  k  des  homiDes  ofl^res.  11  est  dans  la  petite 
TiDe  de  P^ateas  une  toute  petite  boutiqne  de  perraquier 
dms  laqodle  tons  ees  peuples  du  midi » k  la  tdte  ardente^ 
Tont  apporter  leur  tribnt  d*adndration  ponr  le  g^e;  le 
pHerinace  dum  toute  Pannte :  et  ponrtant  oette  bootiqae 
ne  contient  quHm  ftntenil ;  mais  son  possessenr  ftit  jadis 
J.-B.  Poqoelin  de  MoUtoe. 

n  est  des  firateafls,  bat  de  bien  des  ambitions.  Qne  de 
foil,  depuls  le  commencement  de  notre  sitele ,  U/auieuU  de 
laffisidenee  dans  nos  assemUte  d^libdrantes  nVt-il  pas 
^  robjet  deslnttes  les  pins  yItos  !  Les  ijn^rlcains  du  Noid 
foot  asseoir  lenr  cbef  sar  nn  lanteniL  Letr-dne  n'est  lai- 
mtoe  qn*un  fauteml  pins  ^ler^  et  par  eons^aent  moins 
•elide.  Koas  ne  parlerons  pas  des  fouteutls  des  pr^idents  de 
coofs  ettribunaox.  Dans  de  moins  graves  assemble,  et  m6me 
dSDs  lesrepas  de  corps,  celui  qni  preside  a  ^galement  les 
hmnewrs  du/auteuiL  D^saugl ers  occapa longtemps  le 
ftoteoildu  C  are  an  moderne.  Un  autre  fanteuil  estdevenu 
le  synonymede  place  ou  de  fonciion  d'acaddmicien,  de  mem- 
hn  derinstitut.  GdaYientdece  qnel'Acad^mie  (ran^seeut 
longtemps  qnarante  fanteoils  exactement  pareils.  Si  nous 
en  croyons  oertalne  chroniqne,  voici  quelle  serait  Torigine 
de  ces  qnarante  sl^es.  «  Le  cardinal  d'Estr^,  deTcnu 
tris-iofimiey  et  dieichant  nn  adoncissement  k  son  6tat 
daos  Tassidait^  aux  assemUtes  de  I'Acad^mie ,  dont  il  ^tait 
Bembre,  demanda  qa'U  Ini  flkt  permis  de  foire  apporter 
an  81^  plus  commode  que  les  chaises  qui  toient  encore 
ea  usage ;  car  il  n'y  avait  en  jusque  alors  qu'un  fauteuil,  et 
il  appartenait  exdusiTemait  an  directeur.  On  en  rendit 
compte  k  Louis  XIV,  qui,  prdvoyant  les  cons^ences  d*une 
pareille  distiactioa,  onlonna  k  nntendant  du  garde -menble 
de  Cure  porter  qnarante  fauteuils  k  TAcadtoiie,  et  consacra 
sinti  poor  toujonrs  T^galit^  qui  doit  r6gner  partout  ok 
les  gens  de  lettres  s'assemblent  >  Quoi  qu*il  en  soit 
de  cette  4galit^  qa'on  voulait  reconnattre  ou  ^taUir,  le  fau- 
tsoil  de  raiustre  sodM  savante  ne  fut  pas  plus  tdt  en  yue 
qoH  devint  le  point  de  mire  des  quolibiets.  Fontenelle  eut 
ringiatitiide  de  le  d^finir  :  «  Un  lit  de  repos  oik  le  bel  es- 
prit s*endort  »  Etles  hommes  k  cenrdle  satirique  ne  cess6- 
rent  pas  de  Lut  flaire  supporter  leur  mauvalse  humeur  contre 
les  acad^addens.  Lors  de  la  rteeption  de  Cresset  k  TAca- 
dteue,  Plron  imprima  I'^plgramme  suivante  : 

En  France,  on  fut,  par  an  plaifant  mojeo, 
Tairc  an  aotear,  qoand  d'^eriu  il  aaMmme  : 
Dnna  ua/atUeuil  a^aeadenueien, 
I^tti  qoarantiime,  on  fait  aaaeoir  mon  homme  : 
Lori  il  a'eodort,  ct  ne  fait  plos  qu'un  iomme ; 
Pint  n'ea  avez  pbraaea  ni  madrigal; 
An  bel  esprit  \t  fauteuU  taX^  en  somme, 
Ce  qa*Ji  1  amour  ctt  le  lit  conjugal* 

II  est  encore  d*autres  fauteuils  par  lesquels  nous  fini- 
roDs  :  d:*abord,  le  terrible  fiiuteail  dans  lequel  les  chirur- 
giens  placent  les  malbeureux  auxqueUt  ils  font  subir  lenrs 
plus  atroces  operations;  puis  le  IJuiteuil,  k  dossier  mobile, 
ob  les  dentistes  installent  le  patient  qui  r^lame  le  secours 
de  lenr  art,  T^tabtes  cbevalets  de  torture,  qui  rappellent 
involootaiiement  ceux  ob  les  bourreaux  de  llnquisition  es* 
pagoole  martyrisaient  sans  piti6  les  victimes  condamntes  k 
la  question.  Napolton  Gallois. 

FAIJTEUR9  ^^^  4^1  appuie,  prot^e  et  favorise  une 
action  ou  une  entreprise  quelconque;  c*est  ce  qu'expTique 
d*elle-BBteie  T^ymologie  du  mot,  qui  Yient  du  latin  /a- 
vere,  Cavoriser,  dont  le  supin  est  fauium.  Ce  mot  ne  se 
prend  plus  aujounf  hui  qu*en  mauvaise  part,  k  propos  d*ac- 
tiotts  criminelles  r^primte  par  les  lois.  Les/aii/etfr<  d*un 

bICT.  DE  LA  COXTCRS.  —  T.   IX. 


crime,  c*est'i-dire  ceux  quf  7  ont  pouss^,  qui  en  sent  les 
v^tables  instigateurs ,  sont  traitis  et  punis  comme  les 
complices  auxquels  laloi  les  assimile. 

FAUVETTE  ( curruca,  Bechst ).  Les  nombreux  oi- 
seaux  auxquels  on  donne  le  nom  de  fauvette  appartien- 
nent  k  I'ordre  des  passereaux,!^  la  faille  des  bee s-f Ins; 
ils  ont  presque  tons  un  ramage  agr^able,  de  la  gaiety  dans 
leurs  babitudes,  volettent  continudlement  ^  la  poursuite 
des  insectes,  nichent  dans  les  buissons,  anx  bords  des  eaux, 
dans  les  joncs,  etc. 

Les  fouTcttes  ont  le  bee  droit,  gr^e  partout,  un  pen 
comprim^  en  avant;  I'ardte  sup^rieure  se  courbe  nn  peu 
vers  sa  pointe.  Toutes  les  espioes  nous  quittent  lliiver, 
alors  que  les  arbres  d^ponill^  de  feuilles  et  de  fruits ,  les 
insectes  morts  ou  engourdis,  no  leur  offrent  plus  une  nour- 
ritnre  fadle ;  mds  dks  que  les  fleurs  commencent  k  s^^pa- 
nouir,  que  le  bocage  se  convre  d*nne  naissante  Terdure,  et 
ofAre  de  tendres  aliments  k  des  millions  de  pelits  animaux, 
la  nombreuse  famOle  des  fauTCttes  reparalt  dans  nos  climats 
et  se  disperse  dans  nos  campagnes,  dans  nos  jardins ,  dans 
les  bois,  les  lienx  aquatiques,  et  les  anime  par  laTivadtd 
de  ses  mouvements,  par  ses  jeax  et  ses  combats  amoureux. 
Si  quelqoes-unes  ne  vivent  que  d'Insectes,  il  en  est  d'autres 
qui  se  nourrissent  aussi  de  raisins,  de  figoes,  de  mfires  et  de 
tous  les  fruits  succulents,  ce  qui  rend  lenr  chair  auad  sa- 
▼oureose  que  celle  des  bec-figues.  Leur  ponte  ordinaire  est 
de  quatre  ou  dnq  oeufs. 

Cuvier  place  en  t6te  des  fauvettes  une  esp6ce  assez  grande 
poor  avoir  presque  toujours  ^t^  mise  dans  le  genre  des 
merles ;  c*est  la  rousserolle^  bran  ronssAtre  dessus ,  jan* 
n&tre  dessous,  ayant  la  gorge  blanche,  un  trait  pAle  snr 
rmil,  ne  Tivant  guire  que  dMnsectes  aquatiques.  La  fau- 
vette des  roseaux,  beaucoup  plus  petite  que  la  pr^c^lente, 
d'nn  gris  olivAtre  dessus,  d'un  jaune  tr^pftle  dessous,  et 
portent  un  trait  jaunAtre  entre  Tceil  et  le  bee,  la  fauvette 
d  tite  noire,  la  fauvette  proprement  dite,  la  fauvette 
baMllarde,  Isl  fauvette  roussdtre,  la  petite  fauvette  on 
passerinette,  etc.,  etc.,  sont  des  espices  qui  se  tiennent 
dtroitement;  enfln,  la  traine-buisson ,  la  seule  e&pkce  qui 
nous  reste  en  hiver,  et  qui  ^ye  un  peu  cette  salson  par 
son  ramage,  est  en  dessus  d'un  fauve  tachet^  de  noir  et 
oendr^  ardois^  dessous.  EUe  niche  deux  fois  Tan ;  YM 
die  Ta  dans  le  Nord  et  dans  les  bois  des  montagnes,  riiiver 
die  se  contente  de  grains.  Cuvier  range  encore  dans  ce 
groupe  les  ros  signols.  N.  Clermont 

FAUX9  FAUSSE,  d^igne  non-seulementunecbose  qui 
n*estpas  vraie,  ce  qui  est  la  definition  d^un  mensonge  or- 
dinaire, mais  plot6t  on  genre  de  faussete  on  de  mensonge 
qui  est  i*imitation  d'une  iMU  qudconque.  II  a  beaucoup 
d^acceptlons,  qui  varient  snivant  la  nature  des  termes 
auxquels  il  est  joint.  Faireun/atixpox,  an  figure,  c*est  error, 
foire  une  faute.  Avoir  un  faux  air  de  qudqu'un,  c*est  lui 
ressembler.  Une  faussejoie  est  une  joie  mai  fondle;  un 
vers  faux  est  un  vers  irr^gulier;  nn  faux  Jour  est  une  lu- 
mi6re  qui  ^claire  mal  les  objets;  faire/atM?/eu  se  dit  d^une 
arme  dont  le  coup  ne  part  pas,  qnoique  I'amorce  ait  pris. 
Vnefausse  sortie  au  th^fttre  est  une  feinte  de  sortie.  Faux 
s^appliqne  k  tout  ce  qui  est  simnie  oupostiche :  faux  che- 
veux ,  faux  toupet ,  fausse  barbe ,  fausee  dent ,  faux 
mollet,  fausse  parte.  Faux  se  dit  aussi  des  personnes :  un 
faux  brave,  un  faux  prophite,  un  faux  d6vot ,  un  faux 
ami,  £tre  faux  comme  unjeton,  locution  vulgdre,  c'est 
avoir  Fair  faux.  Vnfaux-titre  en  imprimerie  est  le  premier 
titre  abr^ge,  imprime  sur  le  feuillet  qui  pr6cMe  celui  ou  est  le 
litre  entier  de  Touvrage.  De  fauxfrais  sont  des  d^penses 
accidentdles.  Plaider  le  faux  pour  savoir  levrai,  c'est 
dire  k  qudqu'un  une  chose  qu^on  salt  6tre  fausse  pour  en 
tirer  la  v^rite. 

I>e/at»se5  vertus  supposent  Phypocrisie,  la  mechancete. 
dans  ceux  qui  les  pratiqnent :  mais  on  pent6ndtre  des  pen- 
ste  fausses,  avoir  l^esprit  et  le  godi  faux,  quoique  restant 
toufjours  honn^te  liomme ;  ce  n'est  qu*un  tort  de  la  nature, 

20 


J06 


/ottdP  M  dit  auMi  de  dissoi^oanQ^w  smique  :/ai^;  (3^- 
cord,  fausse  note,  faussc  ^ordfi, 

A  foux  ^t  pris  pour  fautsement,  m^i^  Tacc^tioo  ao 
▼arijo  suivaot  las  ipots  auxqueU  9  est  ioiot,  cooiina  dans 
occuiar  lita^Xy  et  cotijp  ;7or/^  i/aux.  ^  siipufia  un  crime 
dans  la  pretoier  cas,  uca  ijn^Iadressa  daos  I9  sacood. 

En  ardiitecture,  on  appall.^  /au^^f  i^rco^ei  /aufif  Ao/4a, 
famst  fenitre,  fausse  porte,  una  arcana,  etc.,  qui  est 
leinte,  poor  qa*un  corps  de  |)&tin9eat  ne  choqua  MS  la  rue 
par  di^faot  de  sym^trie.  Uoe  porta,  una  fen^ti^  feuites  res- 
ienUenty  par  lean  jambages,  leurs  dimensions,  etc.,  au:L 
portes  et  feQ^tres  4u  ro^me  ^didce ;  9  y  9  m^ma  de  (aijisses 
fenfttres  qui  ont  des  litres. 

FAUX  ou  FAULX  (Agriculture) f  gr^nd  coutalas  plus  on 
uioins  coorb^  en  arc,  qu*09  fixe  au  bout  d*u9  tang  maQLcliei 
ft  dont  on  fait  usage  pour  couper  las  foijos.  las  avoinas,  ata. 
Qoolque  ces  Instruments  aoient  connus  aepoi^  raniiqylt^ 
la  plus  recuIiSe,  leur  (abricalion  est  demeyr^  longtemps 
cottcentr^  dans  certains  pays  :  U  n'y  a  pas  encore  biep 
longtemps  qua  la  France  tirait  presque  toutes  ses  faux  d*Al- 
iemaKne ,  et  principalament  de  ia  province  de  Styrie.  Au- 
j<nirdniui  oa  genre  d'Indnstrie  a  pris  cha^  nous  ud  gr^nd  d^- 
▼doppement. 

La  fabrication  des  fon^  ne  prtente  pas  4fi  difdcult^s  bieo 
aitraordfaialrat,  et  toutefols,  elle  exigc  une  suite  d*op^rations 
qui  damandant  une  grande  habitude  daps  le?  OM^riers  qui 
tes  exdcntent  Les  faux  sojil  formdes  de  deui(  barreaux  d V 
alar  da  qvaHtd  diffirente  soud^  Tun  sur  Tautre  :  |e  tran- 
chant  est  pris  dans  celui  qui  est  le  plus  ppr;  le  dos  9u  la 
mrvure  peat  sans  incoi|y<$nient  se  faire  iHitf^e  ( melange 
da  far  et  deader ).  Le  travail  de  la  fabrication  des  Aiujl  sa 
lait  enfl^rement  an  cbarbon  de  bois ;  on  les  fogonne  k  Taida 
de  raartinetSy  dont  qudqoes-uns  frappent  jiisqu'i  300  coups 
par  ndnote;  quelqiies  operations  sa  fQi^t  avac  des  marteau;^ 
I  la  main.  En  Angletarre  on  fait  das  faux  dSina  ii^ani^a 
fart  tonomique :  oa  dtoupe  Jes  lances  dans  una  feuille  de 
Mia  deader,  et  Ton  rapporte  la  nervyre  destine  i  lew 
donner  la  roidaurn^cassaire  pour  qn'elles  oe  sefaussept  pa^ 
aisdment.  Les  faux  ra^oiTentune  ^mpe  douce;  leur  dpais- 
seur  est  <te  sept  dixltoies  de  millimMre,  plus  ou  moins  : 
aussi  cdles  qui  viennent  4e  )b  pcovince  da  Styrie,  et  q^i 
passent  pour  les  moins  im|iarfalt^,  ne  ptent-eUes  que 
5S0  \  560  grammas. 

On  entratient  le  tranchant  de  ces  Instnimants  da  ddux 
manl^res  :  au  moyen  de  }a  meula  et  par  le  martelaga.  Le 
premier  de  qes  procM^s  est  uslt^  ches  lea  Anglais,  qui  al** 
gttisent  leurs  f^ux,  plus  dpaisses  que  les  nOtres,  comme  un 
rsmouiettr  alTbta  one  hache.  La  faucheur  du  continent  est 
mimi  d'une  petite  eiiduma  qu^  fixe  en  teore;  il  s*assied  au- 
prte,  at  an  moyen  d'nn  marteay  acidr^  fl  anundt  le  bord 
du  trancbaut  da  la  fanlx.  Cette  op^tioq  ex^e  une  cartalne 
dext^rit^,  qui  s'acqulert  par  la  pratique.  La  faux  ^tant  bat- 
tue, on  raVive  son  tranchant  de  ^mps  en  temps  au  moyen 
dHme  pierre  k  aignlser  que  te  faucheur  porta  dans  ua  vase 
de  bpis  qu  de  fisr-blaac  stispendy  i  sa  cdpture,  qui  s^ap- 
pelle  coffin ,  dans  lequd  il  met  aiissi  de  Teau.  On  a  tu  des 
ftnc^enrs  donner  le  fil  &  leur  Instrument  a^ec  uo  morce^u 
de  bola  saopoodr^  d'taieri. 

Lorsqu'on  coupe  les  bids  avec  la  faux,  on  rounit  cdle-d 
d\me  espte  de  claie,  dans  le  but  de  ramasser  toutes  les 
pailles,  et  de  les  jeter  avec  ordre  sur  Vandkn,  lequd  (brme 
une  JaTdle  continue  :  C*est  ce  qu*on  nomme  une  faux  d 
rdieau  qq  ramassette^ 

On  appdle/hux  arldsienne  ime  petite  faux  emmancbde 
au  bout  d\in  manche  vertical,  avec  laqudle  aa  coupa  les 
bids  sans  avoir  presque  besoin  de  se  baisser. 

Dans  les  dm^tea  de  cam|)|gne,  les  troubles  civUs,  daas 
les  gtierres  de  Pologne,  etc.,  on  a  vu  des  viOageais  s'anoer 
de  teiirs  fiiux,  qulls  ijustaieot  de  fagon  que  la  lame  et  U: 
manclia  avaioU  one  m^nia  direcUon.  Ces  aortas  d'amiea 


FAUX 

aont  fort  dangereuias,  car  one  tusx  coupe  comma  le  uieH* 
leur  damas.  TifasfeME. 

IfAVJi  (  AMaiomi$).  Ce  nam  ae  donna  k  certains  re 
plis  mambraaeiix  qui  onl  la  forma  d^naa  fiiux,  eomm^  la 
/otijp  4u  cerveaUp  la  faux  duc$rveUt  ( Mifas  Doaa-lltaB), 
to  grande  faux  dup4ritQiM$. 

FAUX  (Vroit ).  Dans  U  loi  ramaine,  le  Ciux  Mgal  dait 
fdv^amaot  rdprimii;  c'efit-4-dira  que  des  mattalentiDiinte, 
iloneonuna  aujourd'boi,  aitdii^iani  la  v^itddans  on  bat  frau> 
duleuv,  S(dt  par  des  paroles,  soit  par  das  dcritorss,  soil  par 
des  Ms.  La  pomendaftun  des  orioBas  que  les  Romaittt 
quatifidevldanuxaelroavedaM  la  loi  CorMliatfa  FMsis, 
qui  fuft  pubUda^  rocaadon  das  taatanBaats  et  qui  forme  un 
titre  du  Digeste ;  toutes  les  faussctda  comoMsea  daas  la  vie 
privteoudeoa  laTiepubliqiie,laateilioDal,iaAitd*avdr  re^ti 
de  raiWQt  de  qudqu'w  poor  intaBter  da  procte  injoate, 
daiaftt  placds  par  em  daoa  la  cafedgoria  des  lauz.  La  ddpor- 
^tion^ia  peine  daa  miAes,  al  quaid  H  y  avail  dea droons> 
tancas  aggravaatas,  on  quaad  las  coopables  dtaient  des  es- 
daves,  ia  ^ori  punissatt  la  crime  de  Dmix. 

Nos  loU  aodaniiea  Irappaiaot  dgalement  le  lluix  de  la  peiae 
de  rooit;  Louis  XiV  pubUa,  an  ifiao,  un  edit  qui  paiiail 
d'una  maayiibre  ahsolua  ia  iieiaa  de  mart  poor  lona  les  hat 
commis  dans  rexerdca  das  fonotioos  pnfailiqnea,  tandis  qu'i 
r^ard  das  individus  aoa  Ibnotioooairaa  aceosds  de  fkux, 
die  n*^t  qua  facufttatif  e.  Le  faux  rdsultant  do  la  eontre- 
fa^oo  del  aceaiix  de  la  i^ande  ou  petite  chanoeUeria  dtaH 
Igalanient  puoi  da  mofl  d'uno  manidre  absolue.  Hotra  M- 
Ration  atadenie  aW  Mantrte  naoina  rigoureoae.  Camme 
laloiromaine,elleadasadialkux  en  troia  catdgorias  r/aur 
par  paroles,  faux  par  faUs,  eifaux  en  ierUures,  U 
faux  par  parahs  ae  comnet  par  le  faux  idmoigaagaea 
justica  on  par  da  fuMsea  ddolarations,  ooranaa  daaa  la  atel  • 
lioaat. 

La  faux  par  desfaiis  aa  produit  sous  cent  fonaes  di- 
Tenas,  ei  n'ast  paa  toqlours  envisage  coouae  eriiae  par  les 
lois,  mais  soovent  coouae  ddlit,  et  parfois  aosd  eamne 
simple GoatraventioB  :  la  vaate k  faux  poida,  la  tromperie 
au  no|on  de  faasses  mosores ,  i'altdratioa  dea  oKNiades 
d'or  etd'oTKeat,  le  faux  monnayage,  la  contraft^an  des 
aceanx  de  l%lBt,UoontrefiMHMaoo  lacdrttUoa  dea  Umbiesna- 
tionaiu,  daa  marqoaa  do  Iwt,  ou  ianr  usage,  crimes  jmnis 
dos  travanx  fMcda  k  toapa;  laoontrelki^oB  daa  anrques  de 
fabriquSf  la  ^bricatioB  de  fiuxsaes  clefs,  aoqtautaat  de  va* 
ridtds  do  faax  par  aolea  on  par  Cuts. 

Le  faux  aa  dcrilura  eat  la  ptaa  ooaaaun  de  loos  les 
ISsuv,  cdol  qae  la  toi  ddarit  at  llrappe  d'nae  aianlte  toote 
particoU^ra. 

On  distingue  d*abord  lo/oiui  aa  doriltiret  pubtiguesom 
ttuihentigues.  Tout  fondionaaire  ou  ofl&der  public  qui 
dans  Texerdce  de  ses  (onctiona  commet  un  (aox,  sdt 
par  fausse  signature,  soit  par  aUdratku  des  aotes,  dentures 
ou  dgnaturea;  aoit  par  suppaailion  da  peraoanos,  aoit  par 
des  dentures  failas  00  lalnrealdea  sur  des  r^stres  on  d*aa- 
tres  actes  publics ,  depuia  lenr  confection  ou  ddture;  sdt 
en  ddnaturant  la  substance  ou  les  dreonstances  des  acles 
rddigds  par  son  ministdre,  soit  en  dcrivant  des  oonventioDs 
autres  que  ceUas  qui  aursieal  did  tnatea  on  rtirldw  par  les 
partiaa*  aoit  eo  conatatant  eonuae  vrais  das  Idls  fiaix ,  oe 
comme  avondi  dea  fiidla  qui  ne  rdtaieal  paa,  eat  poai  dei 
travaux  forods  k  perpdtoUA 

Lesparticolieia  qui  ae  leodaat  cottpabiea  de  foax  en  dori- 
tvos  publiqoos  n'eoeowoBt  qua  la  peiae  des  Imvaax  foccds 
k  tempa. 

lAfau9  e»*4arUaru  da  banque  made  aammerea  edpow 
des  travanx  foccda  k  temps,  qiiMl  ait  did  coounis,  soit  par 
oontrefi^oa  ou  altdralioa  d*dcri|ares  oa  de  dgoataras,  Miit 
par  fabiicatioa  do  coaveotioas,  dispodtioBs,  obligatioot 
ott  ddcbargjBS,  oh  par  ieor  iasartion  aprta  ooup  ^mbs  oei 
actes,soit  par  addiiioa ou  aUdiatioa  dea  dausea, des  ddda- 
rations  ou  diss  faits  quo  eas  acles  aTaieal  immv  obif  t  da 
racavoir  ou  de  condaier* 


FAUX  -  FAUX 

Le  f&ax  en  eeriiure  pr(ve$  eA  ptm)  de  h  rMuslon. 

Le  crime  de  Aiiit,  en  gto^ral,  ne  conslste  pas  senlement 
\  SToir  personnetlemeiit  eommis  la  eontrefe^  otr  att^ra- 
tioD;  le  simple  usage  folt  sciemment  de  h  pltee  feinsse  rentf 
passible,  dans  tons  les  cas,  de  la  m^me  peine. 

La  feosse  signature  ne  consiste  pas  senlemenf  k  tmifef, 
contrefotre  on  alt6fer  nn«  signatnre  riniMe.  tfoH  6tre 
consid^^  comlne/ciwiaire  celol  qui  auraft  sign^  d*un  autre 
Dom  que  le  slen,  fttt-ce  d'un  nom  imaginaire  et  n*e<kt-il 
pas  chefctid  &  d^uiser  son  ^Hture. 

La  fUsificallon  des  passeports,  (Muffles  de  foute,  la  fkbr!- 
cation  on  la  d^liTrance  de  faux  certificatSy  sodt  tfalt^es  irtt 
molns  de  s^T^ft^.  La  fhbrlcation  tm  la  f?Js}ficat(on  de  passe- 
poris,  Tnsage  d*an  foui  passeport,  la  fabrication  ou  la  lSils(- 
fication  d^une  feuilte  de  ronte  dans  le  but  de  tromper  la 
sorveillance  publlque,  sont  frapp^s  d'nn  an  Ji  cinq  ans  d*em- 
prisonnemcnt;  pour  la  feuflle  de  ronte,  si  la  falsification 
a  en  pour  but  de  f^lre  payer  par  le  trdsor  public  ce  qu^ll 
ne  dcTait  pas  et  si  la  somme  pay^  par  ce1u!-ci  est  an  des- 
sous  de  100  fr.,  la  peine  prononc^  est  la  fMuslon,  et  le 
bannisseraent  si  elle  est  moindre.  Le  faut  qui  consiste  k 
prendre  ou  k  faire  d^lrrer  un  passeport  sous  im  nom  s<jp- 
pos^  est  puni  d*un  emprlsonneraent  de  trols  mois  h  on  an  $ 
rofljcier  public  qui  connaissant  la  supposition  de  nom , 
aura  ddirrd  le  passe -port  sera  flapp^du  bannlssement  Les 
logeors  et  anbergi^tes  qui  aufont  inscrit  sons  des  noma  faut 
oti  supposes  stir  leurs  registres  les  personnes  log^es  cha 
eut  soot  paf^sfbles  de  six  Jours  k  ud  moia  de  prison.  Lea 
faux  certificats  ayant  poor  but  d'afTranchir  nne  per- 
5onne  d^mi  serrice  pnblic  quelconqne  attlrettt  sor  leurs  ail- 
teurs,  m^ecitts,  chirnrgiens  et  autres  omders  de  sant^,  oit 
contre  cetui  qui  les  aura  fkita  connne  ^manant  d*eux ,  la 
peine  de  deux  k  cinq  aiis  de  prison.  TJn  empHsonnement 
de  six  mois  k  deux  ans  frappe  qniconqne  fkbrlque  sons  le 
nom  d'un  fondlonnaire  ou  pfflder  public  on  certlllcat  de 
bonne  conduite,  d 'Indigence  propre  k  appder  I'attention  ef 
la  MenTeillaace  da  gouTemement  ou  des  partfcullers  sor  la 
personne  y  d^gnte ,  et  ft  lul  procurer  places ,  CrMit  on  se« 
cours.  La  mtoie  peine  atteint  cetui  qui  falslfie  on  certiflcat 
de  cette  esp^ce,  originalrement  T^rftable,  pour  ratfrlbner 
k  one  autre  personne  que  son  titulaire  et  celul  qui  se  ierf 
do  certiHcat  ainsi  fabriqu^  ou  falsifi^. 

Quant  anx  d^Uts,  aux  contrarenttons  qui  par  lenr  nature 
teanent  du  faux,  d'autres  dispositions  en  rdgissent  la  r<S- 
pression. 

Le  faut  peut  donner  lieu  k  nne  action  citflc,  Ind^pen* 
dante  de  Paction  crimfnefle,  que  Ton  nomme  le/oi/jf  Incf- 
dent  civil;  c'est  ce  qui.se  prodoH  dans  one  Instance  entre 
des  parties,  quand  une  d*e1ies  declare  iHnscrire  en  faux 
cmitre  Tade  qn*on  loi  pr^tente  en  d<$clarant  que  lA  slgna 
tore  que  Ton  produft  est  fausse.  II  y  i  lieu  alofs  k  une 
proc6lure  particullftre ,  dont  tes  articles  44S  k  464  do  Code 
destruction  criminelle  out  r^gtd  la  marclie. 

Les  comptes  rendus  de  la  justice  criminelle  eh  Prance  nous 
oitt,  k  propos  de  faut ,  donn^  les  rdsultats  sfatlstlques  que 
▼oiid  :  l>e  1826  k  1S30,  it  y  a  eu  en  France  une  moyeirne 
annnellede  40)  faui;  de  1S3I  k  1835^  454;  de  1836  k  1840, 
606;  de  1841  k  1845,  606;  enfln,  de  1846  k  1849,  S80.  Sur 
1,000  accost  de  Oiux,  544  Jpparfiennent  aux  communes 
rurales,  et456  aux  vUles.  0c  1826  k  1830,  sur  1^000  accost 
de  faux,  on  en  comptait  22)  ne  sacbant  ni  tire  ni  ^rire; 
de  1841 1  1850,  on  en  coioptaft  164  suf  1,000;  mois  c*est 
surtout  ponr  \t&Jaxix  en  matlbre  de  recrulemenl  que  la 
part  <le  ffgnorancc  est  la  plus  large;  sur  1,0«)0  accnsds,  dA 
1826^  1830,  on  en  compte  635  ne  sucbant  ni  Hre  nl  dcrire; 

elde  1841  k  1850,604. 

FAtTX  (A/tif/or/^ue).  Le /ztrx  dans  te  style  eststtrtottt 
oppo«d  ^.nnatureLW  peut exister dans  Xeip^nsies  on  dans 
les  sentiments.  Lefatix  dans  les  penseej  consfsfeft  pf(^ler 
aux  objets  des  quaUt^  qui  nc  Icur  convieihrent  pas,  a  Iter 
des  id^  qui  se  rfpoi(<:sent,  ou  k  dt^sunir  eeltidqiii  ont  des 
mpiYorts.  Comeillie,  genie  accoutumii  k  I>enf^!r  des  ctioses 


MfONNAYAGE  8«t 

sublimes,  est  odtf6  eft  prasfeun  endfflffta,  ooiinme  lorsunH 
faH  dire  k  PnichMo,  dani  ffiraelhit  i 

fjk  ttntat  de  laeB  ttug  Irt  poi^r  l«  foadrf 

One  nieu  tlent  d^ji  ptHb  k  U  rMoIri  M  poodre* 

Cette  pensde  de  i.-fi.  Konsseao  n'ett  pas  fnoins  fiittM  4 
intolerable : 

...  Cherrtiez  bicD  de  Paris  lus^ti*!  tlDirie. 
One  Dd  rerfet  iof  <(dl  toil  boofl^te  nomme, 

Le/atfxdans  iessen/imen/j  consiste  k  les  Conlrefaire,  I 
les  exag^ri  si  Ton  fait  parter  un  personnage.  If  faut  lOi 
preter  des  sentiments  conrenables  k  son  caract^r^ ,  k  sa  ii  • 
tuation,  aux  dispositions  de  ceux  auxquels  il  s^adresse,  etc. 
Dana  Racine,  le  rteit  que  Tb^m^ne  fait  k  ttids^  de 
la  mort  d*Hippolyte  est  magnifiquc  de  style,  mals  11  n^est 
pas  naturel;  la  douleur  ne  sexprime  pas  arec  tant  d*aft  et 
de  pompe.  Uemani  dans  le  drame  de  M.  V.  Hugo,  repfO- 
chant  k  don  Gom^  la  mort  de  sa  fianc^^i  lui  dit : 

«  «  •  .  •  Ah  1  loo  Amc  cm  eraellel 

Poa?ai»4a  p«  chotsir  d'auu-c  poison  pour  elle? 

ce  aentliiient  aomble  Men  lotn  de  ce  que  dolt  rMlement 
direct  penaer  un  bomme  qui  volt  expirer  ai  railtreite. 

Aug.  HualoN. 

FAUX  (syovlerie  en ).  Le  besoln  de  aeprocflrer  an  moins 
Pappareooe  de  eertaina  ol^eta  fabrtqnte  en  or,  argent «  et 
autres  tnatittes  prtelentes  ^  a  donnd  naissintce  aux  indtli^ 
tries  qui  eonlteUmmefit  ces  objeta  en  maUires  de  baa  prit« 
on  trodTO  per  etemple  dans  leeommeree  one  quantity  ex- 
traordinaire de  bijouterie  fort  bien  exdcnt^  en  coiTre,  ver 
roterie,  qvl  tmite  asset  bien  les  Mjoin.  en  or  et  dlatnanta;  on 
fait  aussi  de  fllosses  perles  ou  des  imitations  en  yentf  ete«, 
dea  perles  T^ritaUes.  On  imite  les  diamanta  avee  tant  do 
M&M  qoe,  tos  d^une  oertaine  distance,  Pail  le  plus  eaerod 
pcNurrait  s^y  tromper  ( pefie,  stras).  Teyss^dbb. 

FAUX  ACACIA.  Vofes  RoiimER. 

FAUX  ATTIQUCy  conranoament  d'nn  Mifiee  qui 
s'616te  II  une  oertaine  taoten^  ra-dessus  de  Tentablenient^ 
qol  est  lisse  et  sans  omement :  tei  est  ceHii  da  palaia  de  la 
Bourse  il  Paris. 

FAUX  BAUDOUIN.  Fo^la  BaooooiM  VI  et  /sArnm 
vt  pLAinmn. 

FAUX  BaUADOri  ISntmnolofU).  On  nOmme 
ainsi  plusieurs  bymenoptftres  do  genre  tfoitrdon^  et  M 
m&le  des  ebeltles. 

FAUX-*BOURDON  ( JTittifne  ),  sorte  de  mnsiqne 
Il  plusieurs  parties,  en  usage  poor  le  diant  des  psaumes, 
dont  les  notes  sont  presque  tonics  .^gales,  et  dent  IMiar* 
monie  est  toujours  syllabfqne  ( voices  PIaIr-Oa^  ).  Les 
Italians  appeltent  encore  fitUx-hturdtM  oifO  progntoslon 
de  plosienrs  accords  de  sixte  dans  laqoetle  le  denos  forme 
des  qnartes  de  suHe  avea  In  ptrtle  IntennMiaite,  et  des 
sixtes  de  snfte  ivec  la  basse. 

FAUX  DAUPHINS.  Yoye%  DAtPBlNs  (  Fan  ). 

FAUX  D^ll^TRIUS.  Fofes  IMniniot  ( Les  iaai). 

FAUX  Ib^  GBRVEAU9  FAUX  DU  OKRVELET  on 
PETITE  FAUX,  rosres  Doaa-M^B. 

FAUX  ^BBNIER.  Vo^a  Crrtsa. 

FAUX  MONliAYAOE.  Depuia  qoe  lea  bommes  feel 
usage  M  piteea  Ai^aUlipiea  ponr  reprtenter  certaines  va* 
leurs  et  rendre  par  tt  les  ddtiknges  plus  faciles,  il  s*est  ren- 
contrd  des  IndiTldnsqui  ent  ebereh^  k  imiter  les  pitees  de 
roonniie  a?ee  des  meianx  d*ane  raleur  comparallf e  inf^* 
rieure.  II  y  en  a  qui  se  contentent  de  rogner  lea  pieces  k 
Taide  de  Hmes,  di  barins>  d'atides.  Mala  la  phipart  des  faux- 
moonayours  eootent  ledrs  plioes  dans  des  moules  de  bois ,  de 
plAtre,  etc;  Us  ne  pendent  par  ce  moyen  obtenlr  que  des 
eopiei  impnrfaites,  ARsflea  k  reeonnaltre.  II  y  a  enfin  des 
Aiux-*mOBnsye0fS  qni  frabriquent  trte-eerreciaroent  des 
places  d*or  et  d^argent  k  Taide  des  preedda  iisiMs  dans  lea 
tiAiels  de  monnaieS(  mats  leurs  pi6oea  ont  nne  raleur  in* 
f((rietire,  soit  k  cause  d*un  exete  d'alliagai  00  bien  parce 
qu*e}les  n*Ont  pas  le  polds  Tonla.  Pea  taossalrea  knit  dss 

39. 


808 


FAUX  MONNAYAGE  —  FAUX  SYCOMORE 


pitees  dont  le  corps  est  one  ronddle  de  eoiTre  reooorerte 
d*iifie  pelllGoIe  dV  oa  d'argent  Ces  momiafes  ont  trop  de 
volome,  on  bien  elles  n*ont  pat  le  poldt;  d*aillean,  il  est 
facile  de  les  reconnattre  h  la  couleur;  car  da  coirre  dor^ 
ott  argents  ne  r6fl^chit  pas  la  lumi^  exactement  comme  Tor 
oa  Targent  par.  En  g^^ral ,  on  distingue  beaoconp  de  noon- 
naies  fonsses  an  son  qn'elles  rendent.  Anjonrd'hai  les  mon- 
naies  sont  frapp4es  avec  tant  de  perfection  qu*il  n'y  a  que 
des  Insens^  qui  pnissent  tenter  de  lescontrefaire.  Tetss&dre. 

Les  Articles  182  k  138  da  Code  Pteal  sont  consacr^  k  one 
nature  tonte  spMale  de  fanx  qui  compromet  k  la  fois  et  les 
intMts  particoUers  et  Tint^rM  de  l*£tat ;  noas  Toulons  parier 
de  la  tausse  monnaie  :  le  crime  de  fausse  monnaie  6tait 
antrefois  pnnf  de  mort;  anjourdliui  11  est  puni  des  travaux 
forc^  k  perp^tnit^y  lorsquela  contrefa^n  ou  remission  s*est 
attaqu6e  aux  monnaies  d'oret  d'argent,  et  des  travaux  forces 
k  temps  s'llne  s'agit  que  de  monnaies  de  cniTre  on  billon;  la 
contrefa^n  on  falsification  d*effets  ^is  par  le  tr^sor  public 
avec  son  timbre,  des  billets  de  banques  autoriste  par  la  loi, 
leur  usage,  sont  punis  des  trayanx  forc^  kperp4tnit6. 

La  falsification,  contrefa^on  oa  toission  en  France  de 
monnaies  ^trangiies  alt^rte  on  contrefidtes  est  panic  des 
travanx  forc^  k  temps. 

Cenx  qui  ayant  re^a  pour  bonnes  des  pitees  fansses  les 
remettent  en  drcnlation  n'enconrent  pas  ces  peines;  mais 
s*ils  en  ont  v^fi^  on  fait  T^rifier  les  Tices,  ils  sont  panis 
d'une  amende  triple  an  molns,  et  sextuple  an  plus  de  la 
somme  qn'elles  reprtentent,  sans  que  cette  somme  puisse 
en  aucan  cas  Atre  Infiirieure  k  16  Arancs. 

La  r^y^lation  dn  crime  de  fausse  monnaie  ayant  toutes 
poursnites  ou  m8me  aprte  poursuites ,  s'il  s'ensuit  Tarres- 
tation  des  coupables,  exempte  des  peines  ci-dessus  men- 
tionnte  ceux  qui  auraient  particip^  k  la  fabrication  on 
Amission.  Ndanmoins,  ils  peuvent  ^tre  mis  pour  leur  Tie,  ou 
k  temps,  sous  la  surveillance  de  la  bante  police. 

La  contrefa^n  ou  alteration  de  la  monnaie  rtelte  de 
toute  operation  qui  marque  nntention  de  faire  passer  la 
pi^  pour  one  valeur  sup^rieure.  Ainsi  on  oontrefait  la  mon- 
naie quand  on  la  couvre  d*un  enduit  qui  lui  donne  la  fausse 
apparence  de  Tor  on  de  Targent  quand  mAme  on  I'altto 
et  on  la  contrefait  si  grossiteement  qu'il  est  impossible  de  la 
prendre  pour  bonne;  qnand  on  la  rogne  dans  I'intentton  de 
la  mettre  en  circulation  sons  une  fausse  yaleur. 

Pour  les  fSiux  monnayeurs ,  la  statistiqne  nous  ofTre  la 
moyenneannuelle  sulvante :  de  1826  k  1830,  46;  de  1830  k 
1835,  84;  de  1836  k  1840,  106;  de  1841  k  1845,  105;  de 
1846  k  1849,  123. 

FAUX  PLATANE.  Fcyes  I^eablb. 

FAUX  POIDS  y  FAUSSES  MESURES.  Quiconque 
trompesar  la  quantity  des  choses  vendues  par  usage  de  faux 
poids  on  de  (knsses  mesures  est  punid^un  emprisonnement 
de  trois  mols  an  moins  et  d*un  an  au  plus  et  d*nne  amende 
qui  ne  peut  excMer  le  quart  des  restitutions  et  dommages- 
intMts,ni  6tre  au-dessous  de  50  fr.  Les  objets  du  ddlit, 
en  leurvaleor,  s'lls  appartiennent  encore  an  vendeur,  sont 
confisqutey  les  (kux  poids  et  les  fausses  mesnres  sont  aussi 
conilsqate  et  de  plus  bris^.  Si  le  vendenr  et  Facbeteur  se 
sont  servis  dans  leur  marcb^  d'auties  poldt  on  d'autres  me- 
sures que  ceux  qui  ont  (AA  ^tablis  par  les  lols  de  r£tat,  Ta- 
cbeteur  est  prif<  de  toute  action  centre  le  vendeur  qui  Ta 
tromp^ ,  sans  pr^udice  toutefois  de  Taction  publique  pour 
la  pimition » tant  de  cette  flraude  que  de  Temploi  mtoie  des 
poliff  ei  mesum  prohibte. 

Laloi  du  27  mars— I*'  avril  1851  porta  lamteM peine  que 
d-dessus  pour  cenx  qui  cmplolent  des  roananmres  on  pro- 
e6dte  tendant  k  Itosser  l*optetion  dn  pesage  et  dn  mesu- 
rage,  oa  k  augmenter  flrandnleusement  le  poids  oa  le  vo* 
lame  de  la  marcbandise/mtaie  avant  cette  operation,  on 
qui  donnent  des  indieationsfrandnleasestendant  a  faire  croire 
k  an  pesage  on  k  on  mesurage  ant^rienr  et  exact.  Sont 
punIs  d*une  arocode  de  16  fr  A  25  et  d*un  emprisonne- 
ment de  six  k  dix  jenra ,  ou  de  4*une  de  ces  deux  peines 


senlement,  sidvant  les  droonstances ,  ceux  qui  aans  mo- 
tifs l^times  anront  dans  lenrs  roagasins,  boutiques,  ate- 
liers ou  maisons  de  commerce ,  ou  dans  les  belles ,  foires 
on  marcbte,  des  poids  ou  mesures  laux ,  oa  antres  appa- 
reils  inexacts  servant  au  pesage  et  au  mesurage.  En  eas  de 
rteidive  dans  les  cinq  ans  qui  suivent  le  d61it,  la  peine  pent 
6tre  devto  jusqu*an  doable  du  maximum.  Le  tribanal  pent 
ordonner  raffichage  du  jugement  dans  les  lleux  qn*il  d^dgne 
et  son  insertion  int^grale  on  par  extraitdans  les  joomanx, 
aux  frais  du  condemn^.  Les  deux  tiers  du  prodoil  des 
amendes  sont  attribute  aux  communes  dans  lesqnelias  les 
d^lits  ont  ^tA  oonstalte. 

FAUX-PONT.  Au-dessous  dn  premier  pent  d*on  aa- 
vire,  il  y  en  a  un  second  qui  diminue  la  profondear  de  la 
cale,  aide  k  Tarrimage  de  la  cargaison,  consolidele  navire ,  et 
facilite  le  logement  de  T^quipage :  on  l*anomm^/a»x^poii/. 
A  bord  des  navires  de  guerre,  le  fauvpontestprindpalement 
destine  au  logement  des  offiders  et  de  T^uipage  :  on  dis- 
pose ,  k  partir  de  Parri^re  de  cheque  bord ,  one  s^e  de 
petites  cbambres,  oa  cabanes,  que  Ton  r6paftit  entre  les  di- 
vers membres  de  T^t-mijor;  I'espace  vide  qui  se  trouve 
au  milieu  sert  de  salle  k  manger  anx  offiders  k  bord  det 
fr^tes  ou  navires  de  moindre  rang ;  snr  les  vaisseaux , 
cet  espace  reste  libre.  Les  ^l^ves  ont  learposte  en  avant  du 
logement  des  offiders.  Enfin,  les  maitres ,  on  offiders  ma- 
riniers,  ont  lenrs  chambrettes  tout-^-fait  k  Pavant  du  navire. 
La  partie  interm^aire ,  comprise  entre  le  logement  dee  mal- 
res  et  cdui  des  offiders,  est  occup6e[  par  dM  caissons ,  par- 
tagte  en  petites  cases  dans  iesqueUes  sont  rangte  les  sacs , 
c*est-^-dire  tonte  la  garde-robe  des  matelots.  A  bord  des 
fMgateset  desbAtimentsinf^rieurs,  lesmatdots  snspendent 
leursbamacs  dans  le  fanx-pont;  mais  aur  les  vaisseaux  o6  fl 
y  a  plusienrs  batteries ,  c'est  dans  les  batteries  que  coocbent 
lesmatdots,et  lefaux-pont  reste  enti^rement  d^g^.  L'hy- 
gitoe  uavale  approuve  cette  mesure,  car  le  faux-pont,  ^taht 
sous  Veau,  ne  revolt  Pair  et  la  lumi^re  que  par  des  Incameit, 
00  hublotSf  qu*on  est  obligd  detenlr  strictement  et  herra^* 
qnement  fermteila  mer.  L'atmosph&re  qu*ony  respire  serait 
done  bient6t  vidde  par  les  exbalaisons  d^une  multitude 
d^hommes  aind  concentres,  tandis  que  dans  les  batteries  on 
peut  k  volo^t^,  et  presqne  toiyours,  renouvder  Tair  par  les 
sabordsdes  canons. 

Ainsi  que  la  cale,  le  fanx-pont  a  ses  habitants,  race  k 
part ,  qui  vit  k  Tombre,  et  semble  redouter  Texposition  k  cid 
ouvert.  C*est  ]k  que  Ton  trouve  continndlement  les  cam- 
busiers  on  agents  des  vivres,  parce  que  c*est  dans  lefaux' 
pont  qu'el^t  placte  I'ouverture  du  cabanon  ou  se  fait  la  dis- 
tribution des  vivres  de  r^qnipage/et  que  Ton  nomme  caM- 
bu$e.  La  dose  d*dr  pur  n^cessalre  ^Pexistence  de  ces 
hommes  est  trte-faible;  il  faut  quePbabltude  inflne  aingaH^ 
rement  snr  les  organes  de  la  respiration^  pour  qalls  poissent 
s*en  contenter.  Au  milien  de  cette  atmospbtee  m^pbitique 
et  rar6fl6e ,  les  cambuders  ont  tons  un  tdnt  p&le  et  bitoe ; 
rarement  ils  viennent  se  rafralchir  k  Tdr  vif  du  pont;  il 
semble  que  son  action  snr  lenrs  poumons  soit  trey  forte. 
Tons  ces  hommes  ont  un  aspect  terreux  d  unifbnne,  on 
d*un  blanc  mat,  qui  fdt  md  k  voir.  Et  cependant,  rarement 
les  maladies  qui  dteiment  les  Equipages  descendant  jusqn^ 
eux.  Tli^toe  Pagb,  capitame  de  TdtsMo. 

FAUX  SABORD.  Koyes  SABonn. 

FAUX-SAUNAGE,  FAUX-SAUNIERS.  Ces  deux 
mots,  sous  I'anden  regime,  a'appliquaient  k  la  oontre- 
bande  dn  sd  d  anx  individus  qui  exergaient  cette  iadustrie , 
trte-rigouren^|»ient  punie  par  les  lois  et  ordonnanoea.  Les 
individus  reoonnns  coupables  de/snup-iawiaya  oommis  k 
main  arm^e  ^talent  punlsde  neuf  annte  de  galtees,  d  pendus 
en  cas  de  rMdive.  Qaand  le  ddit  ddt  oommis  sans  port 
d*armes,  la  pdne  ^tdt  une  forte  amende ,  den  cas  de  rfei- 
dive  les  galores. 

FAUX  SCORPIONS.  Voyes  AaicniifMS. 

FAUX  SYGOMOREf  nomvulgairederaa^ifaracA 
hipenni. 


FAUX  TfeMOIGNAGE  —  FAVART, 


FAUX  TEMOIGN  AGE.  La  ftnx  t^oigoage  oonsUte 
^  declarer  en  justiee  des  faits  dont  on  connalt  la  fausset^. 
n  cat  frappd  de  la  d^adation  dyique  et  d*im  emprison- 
nement  d*nn  an  k  cinq  ans,  lorsqu^il  a  ^t^  oommia  en  sim- 
ple police ;  de  la  rtelusion  en  police  correcUonnelle  et  en  ma- 
tiire  civile,  et  destravaax  forc^  i  temps  en  matito  crimi- 
nelle.  Si  Paccos^  a  ^t^  condamn^  k  one  peine  plus  forte  que 
celle  des  tiaTanx  forc^  k  temps,  le  faux  ttooin  subit  la 
mteM  peine.  Le  &ux  ttoM>in  en  mati^  ciTile  et  correc- 
lionneOe  est  t^uni  des  travaux  forc^  k  temps  lorsquMl  a 
le^  de  Targent  on  des  promesses  pour  son  faux  t^oi- 
gnage ;  dans  le  mtoie  cas  en  simple  police  la  peine  est 
la  rtclniien,  Une  deposition  fauase  en  mati^re  criminelle  ne 
pent  dtre  argu^  de  faux  ttooignage  que  tout  autant  qu'elle 
a  M  faite  k  Taudience ;  la  loi  a  Touln  qn*il  en  f At  ainsi  afin 
que  les  ttooins  qui  dans  la  premise  instruction  auraient 
pa  s^dcarter  de  la  vdrit^  ne  fnssent  pas  induits  a  persiv^rer 
dans  le  mensonge  par  la  crainte  d^Mre  ponrsuivis  comme 
fimx  t^oins.  En  mati^re  dvile,  toute  fausse  declaration 
faite  en  dehors  du  procte  devant  Tofficier  public  ayant 
caract^re  pour  la  recevoir  constitue  le  faux  t^moignage.  Le 
prrsident  d'une  cour  d^assises  peut,  soitd^office,  soit  sur  la 
r^quisitJon  d'une  miniature  pubUc,  de  Taccus^  on  de  la  partie 
cirile,  faire  arr^ter,  audience  tenante,  le  t^moin  dont  la 
d^xMition  loi  sonblerait  fauase. 

FAUX  VERTIGILLE,  Terticille  dont  les  pidon- 
coles  partent  seolement  de  deux  cAt^s  opposes,  mais  dont 
les  dears,  plus  on  moins  nombreoseSy  s'^taient  k  droite  et  k 
gaucbe ,  de  mani^  k  former  un  anneau  autour  de  la  tige, 
comme  cela  a  lieu  dans  la  plupart  des  labi^es. 

FA  YARD  DE  lANGLADE  (Guillachb-Jean,  ba- 
ron), Jurisconsolte  estime,  n^  le2  ayril  1702,  k  Saint-Flour 
(Poj-de-Odme),  fit  eonstamment  partie  de  nos  differentes 
assemblies  legislatives  depnis  les  premiers  jours  de  novem- 
bre  1795  jusqu'k  sa  mort,  aRi?ee  k  Paris,  le  14  novembre 
1S31.  Sesprindpanx  ouTrages  sent :  Conference  du  Code 
Cmlf  avee  la  discussion  particulUre  du  conseil  d'etat 
€i  du  iribuntU  avant  la  redaction  dSftnitive  de  chaque 
projet  de  loi,  etc,  (Paris,  an  xui;  8  volumes) ;  Code  Civil 
des  FranfttiSf  suivi  de  Vexposi  des  mot\fs  sur  chaque 
loi,  pr^senUs  par  les  orateurs  du  gouvemement  ( 12  vo- 
lomes  in-12;  Paris,  1804);  Bipertoire  de  la  fumoelle 
Ugislation  civile,  commerdale  et  administrative  (&  vo- 
lumes in-i**;  Paris,  t823);7yai<^<f»privi2^ef  etdes  hy- 
pothiques,  etc,  etc.  Au  moment  oil  eclata  la  revolution, 
Favard  etaitiavoeat  au  parlement  de  Paris;  en  1792  il  ftat 
sonime  oonunissaire  pr^s  le  tribunal  dUssoire.  Sous  le  con- 
salat ,  II  prit  one  part  importante  k  la  discussion  du  Code 
Gvil ,  et  fat  particuliteement  charge  de  soutenir  devant  le 
Oorpe  legislatif  cdledes  cbapitresdu  troisieme  livre  relatifs 
aox  donations  entrev\fs  et  testamentaires,  aux  contrain- 
tes  et  obUqaiUms,  anx  dipdts  et  s^questres.  En  1808  il 
flit  DMBund  ooDseiUer  k  la  cour  de  cassation,  et  en  1819 
la  presidence  de  la  chambre  des  requMes  de  cette  cour 
loi  fat  deferee.  Un  decret  imperial  I'avait  attache  au  con- 
sdl  d'ftat  en  1818,  aTec  le  titre de  mattie  des  requetes;  la 
Rcstaofation  le  confirma  dans  ce  titre ,  et  loi  acoorda  en 
1817  cdui  deconsdUer  d'etat. 

FAVART  (CvAaLES-Sinoii),  ne  k  Paris,  en  1710, 
eiait  ills  d'oD  pAtiasier,  chansonnier-amateor,  qd  avait 
lieaiiooop  d'esprit  natnrel  et  de  gyiete.'  CTest  k  lui  qu'on  doit 
llnTcntion  deseehaudes,  et,  comme  de  ralson,  II  chanta 
SOB  onnrre.  Aprte  avoir  fait  de  bonnes  etudes  au  college 
Loois-le-Grand ,  le  jeune  Favart  fut  eouronne  par  les  Jeux 
Floraox  poor  on  poeme  sur  la  France  diliorle  par  la  Pu- 
eeUe  d^OrUans,  L^education  lyrique  du  jeone  poete,  pour 
leqoel  son  pttt  mettait  la  morale  et  la  grammaire  en  cou- 
pMs,  et  qu*il  menait  soatent  k  TOpera-Comlqae,  dedda  sa 
vocation.  Devenn  Tauteur  le  plus  fecond  et  le  plus  distin- 
ga6  <le  ce  thefttre,  il  en  soutint  et  en  augmenta  la  prospe- 
rite  par  une  foole  d*oiivrages  ingenieux;  il  siit  y  ramener 
la  deccncc,  trop  souTent  bannie  de  cc  spcdade  forain,  et, 


300 

en  la  revetant  dNme  gaxe  podique ,  conserver  k  eette  Muse 
otttre  une  Tive  et  piquante  allure.  Les  Njfmphes  de  Diane, 
he  Coq  du  village.  La  Chercheuse  d^ esprit ^  surtout, 
sent  des  moddes  en  ce  genre.  Les  cagots  et  les  pnidei 
s*etant  montres  fort  scandalises  du  succes  de  cette  demidre 
pi^,  Henaut,  lieutenant  de  police  de  ce  temps,  Toulut  ju- 
ger  lui-meme  du  plus  on  moins  de  fondement  de  leors 
plaintes.  II  assists  done  k  l*une  des  representations,  muni 
d'un  calepin  sur  lequd  il  devait  prendre  note  des  couplets 
dont  la  trop  forte  gaillardise  exigerait  la  suppression ;  mais 
k  chacun  d*eux  la  grftoe  et  la  finesse  du  trdt  arret&rent 
la  main  prete  k  les  porter  sur  Vindex;  la  pitee  finit,  et  le 
calepin  resta  vierge  de  notes  de  proscription.  Pea  de  temps 
apr^,  Ane  jeune  et  Jolie  actrice,  qui  debuta  k  Paris  sons 
le  nom  de  MUe  de  Cbantilly ,  vint  ajouter  le  diaime  de  son 
Jen  k  celui  des  ouvrage^  de  Favart ,  qui  bientdt  devint  son 
epoux.  La  grande  Togne  de  rOpeia-Coinique  ayant  excite 
centre  lui  de  Jalouses  inimiUes,  qui  entralnerent  sa  fcmie- 
tnre  momentanee,  Fayart  et  sa  femme  formerent  une  troupe 
qui  alia  jouer  le  vaudeville  dans  les  camps,  et  qui  fiit  atta- 
chee  k  Tannee  du  marecbal  de  Saxe.  Malheureusement, 
le  heros  de  Fontenoi  etdt,  comme  on  sdt,  trte-facile  k 
s*eprendre;  il  roulut  ijouter  M>n«  Favart  k  la  liste  de  ses 
conquetes,  et  sa  resistance  fut  de  la  part  du  marechai  Toc- 
casion  dHme  suite  de  persecutions.  Rappdesde  lear  exil  par 
la  mort  de  leur  persecuteur,  Favart  et  sa  femme  revinrent 
offrir  k  la  capitale,  par  leurs  doubles  talents,  de  nouvelles 
Jouissances.  II  fit  pour  elle  la  charmante  piece  des  Trois 
Sultanes,  et  ceiebra  la  paix  de  1763  par  la  jolle  comedie 
de  V Anglais  d  Borde^aux,  representee  au  Ttientre- 
Fran^is. 

La  reunion  de  Tancien  Opera-Comique  et  do  Thefttre- 
Italien  fut  poor  Favart  une  nouvdle  occasion  de  montrer 
la  variete  de  sa  muse  fadle  et  gracieuse.  Le  genre  de  la 
pitee  k  ariettes  lui  valut  de  nouveaux  succ^s ,  et  Voltaire 
feifdta  Thabrle  commentateur  de  ses  conies,  odui  qui  arait 
fait  applaudir  sur  la  scene  non-sculcmcnt  Ninette  d  la 
cour,  VAmitii  d  V^euve,  mais  encore  La  F^e  UrgHe, 
Jsabefie  et  Gertrude,  eiLa  Belle  Arshie.  £n  vain  la  ma- 
lignite  de  qudques  envienx  fdgnit  de  reconnattro  dans  ces 
ouvrages  la  cooperation  de  Tabbe  de  Volsenon,  que  de 
mecbantes  langues  avaient  d^^  suppose  dans  une  commu- 
naate  phis  que  litteraire  avec  Tauteur;  les  succ^s  prece- 
dents de  Favart,  le  genre  d*esprit  de  Tabbe,  suffisaiciit 
pour  reitater  cette  assertion.  Depnis  la  mort  prematuree 
desa  femme,  quMl  avdt  yivement  regrettee,  Favart  babi- 
tdt  presqne  toujours  sa  petite  mdson  de  campagne  k  Bel- 
leville. II  s'y  fixa  tout  ^  fdl  k  repoque  de  la  revelation  de 
1789 ,  qui  lui  enlevdt  ses  pensions  et  le  froit  de  ses  eco- 
nomies, revers  de  fortune  qu*il  supports  avec  une  pbiloso> 
pbie  sans  ostentation.  C'est  \k  qu^octogendre ,  U  s'etdgnit 
pdsiblement  dans  les  bras  de  ses  enfants,  le  12  md  1792. 
Favart  ne  fai  point  de  TAcademie  :  le  Jour  des  vandevillistes 
n*etdt  point  encore  venu.  Certes,  il  aurdt  pu  luire  avec 
justice  pour  Tautenr  de  V Anglais  et  de  Soliman  II,  pour 
remule  de  Tacademicien  Sedaine,  qui,  par  sa  correctioo 
et  son  elegance ,  meritait  inieax  le  fauteuil. 

FAVART  (  Marie-Jostinb-Bcnoitb  DURONCERAY,  dite 
M*"*  DE  Chantillt,  femme),  euit  nee  k  Avignon,  le  15 
Juin  1727.  Sesparents  etdent  des  artistes  distingues,attacbes 
k  la  musique  du  roi  Stanislas,  qui,  descendu  du  tr6ne  dePo- 
logne,  tenatt  sa  petitecour  k  Luneville  et  k  Nancy.  £levee  par 
les  soins  de  ce  prince,  qui  avdt  reconnu  dans  la  petite  Justine 
des  dispositions  precoces,  sa  mere  Tamena k  dix-sept  ans 
dans  la  capitale,  o6  die  devint  repouse  de  Favart  et  la  perle 
de  ropera-Comique.  Elle  excelldt  dans  te  chant,  la  panto- 
mimeet  la  danse.  Amourwues  tendres  on  Ingenues,  piquan- 
tes  soubrettes,  naives  viUagaoises,  die  remplissdt  tons  les 
rCles  avec  un  egd  suocis.  Pour  completer,  dans  ces  der^ 
niers  personnages,  la  verite  de  leur  representation,  die  osa, 
la  premiere,  pardlre,  avec  un  gros  jupon  de  Idne,  des 
sabots,  et  les  cheveux  sanspoudre,  sur  une  scene  o^  Ton 


810 


FAVART  —  FAVOBIS 


n'ayaH  to  jusque  tk  que  des  paysannes  atec  des  robes  de  1 
Roie,  des  souliers  de  satin  et  les  cheveux  pondi^s.  Vn  des  | 
Tolomes  da  th^tre  do  sun  man  a  paru  sous  le  nom  de 
M"«  Favart;  eile  a  en  effet  foumi  son  contingent  de  cou- 
plets et  de  traits  heureux  anx  pieces  agr^bles  de  Sastien 
et  Bastietine,  &* Annette  et  Lubin,  etc.  Ch^rie  an  tlit^Mre 
pour  ses  talents,  dans  la  soci^t^  ponr  les  excellentes  qua- 
lU6s  de  son  ciBur  et  le  charme  de  son  esprit,  partont  pour 
son  in^t>ui5abl6  blenfafsance,  M"**  Favart,  apr^  une  longne 
nialadie,  od  elte  montra  beaucoup  de  resignation  et  de 
conrage,  fot  enlev^  k  la  sctoe  le  20  arrfl  1772,  h  peine  ftg^e 
de  quarante-cinq  ans.  A  ses  derniers  moments,  ^e  arait 
compost  son  ^pitaphe  en  vers,  et  Tavalt  mise  en  musfqne. 

Ootbt. 

FAVfeUli,  penchant  que  les  princes  et  les  hommes 
puissants  ^prouyent  pour  quelque  personnc  p\ac6c  dans 
lenr  entourage,  ou  que  le  hasard  a  rapproch^e  d*eax.  Quo!* 
que  ce  sentiment  n'ait  pas  le  rang  de  pas;don,  il  est  qael- 
quefois  aussi  tif,  aussi  aveugle  dans  ses  efTets.  Aussi  n^est- 
il  presque  jamais  le  fruit  des  yertus  ou  des  services ;  il  se 
fonde  principalement  snr  des  agr^ments  personnels  ou  des 
talents  frivoles.  Ce  n'est  pas  Tabus  de  leur  faveur  envers  le 
prince,  mals  envers  le  peuple  qui  perd  quelquefois  les  la- 
Yoris.  lis  peovent  dfemander  sans  lasser  la  bienreillance 
du  maltre,  s^enrichir  sans  6puiser  sa  g^n^rosi:^,  accaparer 
les  plus  hautes  dignit^s  sans  rdrolter  sa  faiblesse.  Tant 
qu^elle  dure,  la  faveur  peat  asplrer  k  tout :  on  immolera 
ponr  elle  Jusqu^aux  Uens  da  sang,  jusqn*aax  ncends  les  plus 
sacr^.  Mais  si  la  favenr  n^a  pas  de  bornes ,  elle  a  ses  con- 
ditions, qnll  faut  snbir.  Elle  ^yeille  Tenvie,  expose  k 
(ous  les  trails,  condamne  k  des  hostility  continnelles  et 
implacables.  II  faut  lui  sacrifier  son  repos,  son  honneur, 
ses  aflections,  et  sonvcnt  (inir  par  la  payer  de  son  sang. 
On  Tacquiert  sans  m^rite,  on  la  perd  sans  motif,  par  un 
mot  qui  frappe ,  par  one  circonstance  impr(^Tue.  II  fant 
done  poBs(kler  seul  le  prince,  robs6)er  k  toutes  les  heurcs 
par  sol-m6me  ou  par  autrui ,  le  tenlr  enUn  dans  nne  sorte 
d'esclavage  quMl  ne  puisse  soup^nner.  Car  8*11  yoit  f^ 
chatne,  il  la  brise ;  et  comment  la  rendre  toujonrs  invisible, 
ou  assez  forte  pour  qu'elle  ne  se  rompe  pas  ?  II  est  done 
peu  de  positions  aussi  dures  et  aussi  pesantes.  Sem^e  d^in- 
quidludes  pMgnantes,  de  defiances  ^ternelles,  elle  vons  force 
k  repousser  tons  les  sentiments  comme  antant  de  pi^es. 
L'amiti^  ne  paralt  plus  qirane  flatterie,  le  d^Tooment  qif  un 
men.^onge,  le  ddsintdressement  qu^une  sp^ulatlon. 

Quant  k  la  /aveitr  poputa&e,  elle  enivre  plus  encore 
ccux  qui  la  recherclient,  mals  elle  offre  la  mine  ou  la  inort 
en  perspective,  el  peut  s'^vaporeren  un  moment.  Meeker, 
rappei^  au  pouvoir  au  milieu  d^acclamations  unanlmes,  o<^a 
iuvoquer  la  cl^mence.  Soudain  les  cocurs  se  refroidircnt , 
et  quelques  beures  sdpar^rcnt  son  triomplie  de  sa  chute. 
Cette  le^on,  si  r^cente  et  si  forte,  n^a  pas  ddgoDK^  de  la  fa- 
veur popiilaire.  Au  re$$te,  la  Raveurdn  {leuple  n^est  si  volage, 
que  parce  quelle  natt  de  Tenthousiasme,  et  que,  formr^c  de 
tant  de  volont^s,  elle  ne  peut  £tre  cons^quente  comme  an  seul 
homme;  si  elle  est  si  ingrate ,  c^est  qu'elte  est  affranchie  de 
toute  consideration,  nul  ne  rdpondant  personnellement  de 
ses  decisions. 

Suivant  les  auteurs  da  Dlctionnaire  de  Trdvoiix,  «  fa- 
veurs,  au  plnriel,  significnt  tout  ce  qn'une  maltresse  ac- 
corde  a  celul  qu^elle  alme  «. 

Coaibien  en  TOTons^DOUs  se  laisser  pas  h  pas 
RiTir  jusqirauv  faveun  dernieres , 
Qni  dans  Pabord  ne  crovaicnt  pas 
p0a?nir  aecorder  les  premieres? 

Cette  remarque  avait  6te  faite  pins  d^m  slide  avant  La  Fon- 
taine par  le  due  de  Nemottrs,  Tun  des  princes  les  plus  ga- 
lants  de  la  cour  de  France  au  seixi6me  sidcle.  Quo!  qu'ii  en 
soil,  si  la  mobility,  le  changement  et  Tinconstance  s'ntta- 
chent  k  tout  cc  qui  est  faveur,  on  peut  anirmer  du  moins 
que  ic:^  favours  du  boau  sexe  donncnt  en  plaisir  tout  ce  que 
x'llc  des  rois  donne  en  ennuis.  11  est  vral  qn*en  retonr  la 


fav^r  des  princes  emiehit  pour  des  sidles,  taaidts  qQ€  ttt 
faveurs  de  mainte*  dames  nmienf  en  (^dqoes  mfnotes 
tonte  une  famille.  Sawt-Prospek  Jenoe. 

FAVORimUS,  phlfologue  et  lexicograpbe  &fi  aelzfMd 
Slide,  s'appelait  Gtiarino.  D'abord  11  se  contmita  de  lafiai- 
ser  son  nom ,  dont  il  fit  Vafinui ;  pm's  il  y  4^ta  ctsMit 
de  FavoriniUy  qnf  devalt  pr^taloir,  it  qu'ii  aiaft  prf^f 
de  Favor  a ,  lietr  de  sa  naissatice;  puis  encore,  to(i)ottr$ 
curieux  d'accnmuler  les  appellations  snr  sa  \Bje,  il  em- 
prunta  de  Camerino,  YiHe  capitate  de  FOmbrie,  rotsfiM 
de  son  berceaa ,  le  nom  de  Comers,  contracts  dt  Ca^ 
marinensis,  qni  en  lathi  signifie  habitant  de  Camerino, 
Dis  qu'il  fat  en  dge  d'^todier,  ses  parents  TenToyirent  k  Flo- 
rence; il  y  pufsa  la  science  dn  grec  anx  le^ns  de  JeanLas- 
caris  c(  d*Ange  Potftien.  Favorinas  appartenait  k  I'ordre  de 
Saint-Benoft  qnand  il  fat  appeli  k  dtriger  la  blbliothiqne 
des  MMicis,  emploi  qni  hil  procura  Texcellente  fortune  de 
devcnir  Ton  <ie&  pricepfeurs  de  Jean  de  Mddicis,  depntt 
pape  sous  le  nom  de  L^on  X.  II  dtit  k  cette  circonstance  6a 
nomination  k  Tivicfai  de  Nocera ,  qn*il  conserva  josqn'a  sa 
mort,  arrivde  en  1537.  L'onvrage  qui  Ta  faft  connaltre  est 
intiluli  ;  Magnum  ac  perutile  dictionarium ,  etc.  ( Rome, 
1523 ).  Ce  dictionnaire  a  sans  donte  perdn  beaaconp  de  urn 
prix  par  la  publication  snbsdqnente  d\m  grand  nombre  d^oa- 
vrages  du  mime  genre;  mais  fl  anra  toujours  sa  valenr  rela- 
tive. On  doit  encore  k  FavoHnns  nne  tradocfion  latine  des 
Sentences  de  StoMe.  E.  Latigne. 

FAVORIS)  toaffes  de  polls  qa*on  laisse  erottre  de 
chaque  c6td  dn  visage ,  le  Itfng  des  oreflles ,  et  qoi  paHbis 
vont ,  ou  s^unir  aux  monstacbes,  otf  former  on  collier  au- 
tour  du  con.  Sons  le  menton.  Les  Ffan^s,  les  Angfafs  et  les 
SiKl^doIs  passent  ponr  avoir  les  plus  heanx  faroris.  h» 
gentlemen  n*ont  ancmie  ripngnance  k  porter  des  flvoris 
ras<^  k  la  haateur  de  la  bondie,  k  fixdoslon  de  la  barbe  «( 
des  montaches. 

FAVORIS,  FAVOfttrtS.  On  donne  le  nom  de  fa- 
voris  k  certains  personnages  qni  se  gKsseht  dans  la  Amri- 
liarrt^  du  prince,  entrent  dans  ses  boimes  grAces,  dominent 
ses  volontis ,  et  finissent  par  s*emparer  dn  poiivoir,  qnHs 
exploitent  au  profit  de  tear  ambition.  L'ennaque  llagoas , 
Sijan,  Flantten,  Rufln,  £atrope,  et,  dans  nan  temps 
modemcs,  Alvaris  de  Ltma,  Wolsey,  Ctnekiiigham, 
Olivaris,  Concini,*Luynes,  s'dlevirent  par  cette  voie, 
sans  fafre  amnlstler  leur  fortune  par  des  services  rendus  i 
la  patrie.  IToubHons  pas  de  clter  encore,  parmi  les  favoris, 
Biren,  Cinq-Mars,  Escoiqnfz,  Essex,  Gadoy, 
Leicester,  L'Estocq,  Potemkln,  etc.  Si  la  pinparf 
s*occupent  si  pen  des  intirits  pablies,  ce  n*est  pas  toujoait 
faute  de  bonne  volenti  on  de  capaciti;  mafs ,  attaqois  sans 
rcldchc  par  des  ennemis  diclaris  on  converts,  II  tear  fatit 
veilter  jonr  et  nnlt  anpris  da  mattre  ponr  les  ('carter.  An 
reste,  les  favoris  sent  k  pen  pris  Inivitables  dans  les  gon- 
rernements  despotiques  et  monarclifques ,  flfssent-fls  i^gfs 
par  les  plus  grands  princes.  Ces,t  que  toot  s^se  aree  le 
temps,  mime  la  passion  du  conmiandement;  Famonr  dn 
repos  poursuit  jusque  stir  li  trdne  les  caractires  les  p\ni 
fermes,  et  les  engourdlt.  TIbire,  capitaine  haMle ,  [Kiiflfique 
delii,  livra  k  Sijan  la  jouissance  d'un  empire  (y>nr}tris  avrc 
tant  de  peines  et  cimenti  par  tant  de  crimes.  S#vii-e,  d(i*ie 
des  mimes  talents,  permit  k  Plaalien  de  rignerft  sa  pbc**, 
et  Lonts  XIV,  subjugai  par  ime  fetnme,  laiast  le  pmivotr 
tomber  en  quenouille.  Toulefols,  malgr^  ees  exemples,  fl 
faut  rcconnaitre  que  la  cause  principal  du  feiroritisme  vi'^nf 
des  sottveraina  trop  faibles  et  frop  fnitaMlea  poor  sooti^hr 
le  poids  des  affaires.  Ce  qui  sonlive  le  plus  comtre  les  fa- 
voris, c*est  qa*ils  ne  portent  Jamais  leur  fortune  avec  n:^- 
destte.  Kniouris  d^nne  pompe  insultaBte,  qui  eontrmte  atfc 
leur  bassesse  primitive,  lis  y  joignent  enoorv  rin<>olence  «V*4 
manrires  et  des  diseonrs.  lis  riyoMefit  par  111  la  fierli,  re- 
frofdissent  le  ditooement,  ivelllent  les  haines,  et  jetteiil  rftt 
coti  de  Icurs  ennemis  tons  les  resMntimeiits  quits  oirt  bit 
'Uitre  par  leur  propre  fiiote. 


FAVORIS  —  FAVRp 


On  9e  r^neontre  gi^re  aussi  des  favorites  ^e  dan9  ies 
nonarchJes  et  1^  ctats  despotiqnes,  car,  daos  Ies  r^pu- 
btiques  riBflaence  des  femmes  &*est  toujours  renferm^  dons 
des  bornes  asses  ^troitea.  La  seule  doot  Thistoire  ait  con- 
fertile  noip  est  lafomeuse  A  spa  si  e.  En  Orient,  Ies  fem- 
mes, depuis  un  temps  immi^morial  condamn^es  ^  ToisiTetd 
du  harem,  sont  toujours  resides  loin  des  alTaires,  et  si  la 
sultane  favorite^  la  sultane  pr^f^r^e,  fait  tomber  un  visir, 
on  monter  2lutl  honneurs  un  prot6g6 ,  elle  ne  gouverne  pas 
l^t,  el  son  rOle  est  anssi  obscur  que  circonscrit.  Dans 
I'Eiirope,  an  contraire,  oil  le  se^ie  aconquis  son  arfrancliis- 
scmeni,  il  a  doming  souvent  Tesprit  des  hommes  ies  plus 
remanjnables,  aid^  par  ses  charmes,  qui  peisuadaient  ses 
raisons.  Mats  c*est  en  France  que  Ies  femmes  ont  eu  le  plus 
de  socci^de  ce  genre.  Longtemps  confln^  ndanmoins  dans 
Ies  soins  domestiques,  elies  n^en  aortirent  qu'di  T^poque  oil 
Francois  1*'  Ies  installa  souTeraines  dans  sa  coor ;  c'est  de 
ce  moment  qne  date  rexi^tence  dea  faTorites.  La  cour  se 
partagea  alors  entre  la  ducbesse  d^tampea  et  Diane  do 
Poitiers.  Henri  IV  eut  beaucoup  de  mattresses,  mais  pas 
une  favorite.  Comme  lui,  Louis  XJY  tint  d'abord  le  gou?er- 
Daild^one  main  ferme,  mais  (init  par  Tabandonner  h  une 
faTorite,  M**  de  Ma  in  tenon.  Louis  XV  eut  plus  d*une 
favorite,  de  la  ducbesse  de  Cbftteauroux  i  M"**  de 
Pompadour  et  &  la  Dubarry. 

D'aiitres  £tats  en  Europe  ont  subi  des  favorites.  An  qua- 
torxiime  si^cle,  une  femme  sumunim^e  la  Catanaise, 
sortie  des  demiers  rangs  du  peuple,  regit  Naples  et  la 
rdne  Jeanne  I*^,  la  poussa  au  crime  et  la  perdit.  Dans  le 
mteae  si^le,  Marie  de  Padilla  r^na  en  CasUUe  sur  le  cotur 
et  Ies  £tats  de  ce  farouche  Pierre,  fl^tri  du  nom  de  Cruel, 
Une  autre  essaya  de  Jouer  prte  de  Pliilippe  V  le  rOle  de 
M™  de  Maintenon;  c*6tait  la  princesse  des  Ursins.  £n 
Angteterre,  oil  Ies  femmes  ont  r^gn6  par  le  droit  politique,  la 
c^ibre  £li  sabcth  eut  des  amants,  non  des  favoris;  mais 
la  fille  de  Jacques  IT,  Anne,  fut  constamroent  doming  par 
des  faTcrites,  entre  autres  par  la  femme  de  Marlborough. 
£n  Prusse,  la  comtessede  Lichtenau  gouvema  aussi  Ic 
conir  et  lea  jfctats  du  successeur  du  grand  Fr^d^ric. 

Sairt-Pbosper  jeune. 

FAVRAS  (Tbouas  MAHI^  marquis  oe),  n^  ^  Blois 
en  1745,  entra  au  service  dans  Ies  mousquetaires,  et  fitavecce 
corps  la  campagne  de  1761.  Capitaine  aide-major  dans  ie  rd- 
giment  de  Belsunce,  puis  lieutenant  des  Suisses  de  la  garde  de 
Monsieur,  ii  qoitta  cette  diarge  en  1775,  pouraller^Vienne 
faire  reconnaltre  aa  femme  comme  l^itime  et  unique  h^ri- 
tl^  du  prince  d*An)ialt-SchauemI>ourg.  Lors  de  i^insurreo* 
tion  dc  I^  Hollande  conlre  le  slaUioud^rat,  en  1787,  il  com- 
battit  i  la  t^te  d^ane  l^on.  It  revint  en  France  au  milieu 
de  la  toormente  r^volutionnaire.  Dou^  d^une  t6te  ardente, 
il  prdsenta  aux  divers  ministres  des  plana  de  r^forme 
fiaaociire  et  politique.  Tout  h  coup,  en  d^cembre  17S9,  on 
annoa^  Tarrestation  de  Favras,  accuse  de  haute-trabison. 
11  devait,  assurait-on,  introduire  des  brigands  arm^s  dans 
Paris,  forger  Lafayette,  Necker  et  Bailli,  sou&traire  le  sceau 
de  IXtaty  enlever  Louis  XVI,  pour  le  mettre  A  la  t^e  des 
troupes  contre-r^volutionnaires,  et  affamer  la  capitale.  DV 
prte  la  rumeur  publique,  le  chef  du  complot  ^tait  Monsieur. 
Le  Cb&le!et  de  Paris,  cbargd  dinstruire  Taftaire,  venait 
d^acquifter  Bezenval;le  peuple  regardait  en  consequence 
le  tribunal  comme  Tendu  k  la  cour.  Favras  soutint  devant 
stt  jngea  quMl  avait  6t6  cliarg^  d^efTeduer  un  emprunt  pour 
Monsieur^  et  qu*a  eel  effet  ce  prince  lui  avait  souscrit  une 
obtigation  dedenx  millions.  Quant  au  rocrutementdesoldals, 
il  pr^tendlt  ayoir  touIu  aider  k  la  revolution  du  Brabant 
TorquaU  el  Morel,  denonciateurs  et  t^moins,  ddclar^rent 
que  Fanas  Ies  avail  charges  de  recniler  dea  liommes  pour 
an  oorpa  de  1,300  cavaliers,  qu*il  avait  le  projet  de  r^unir  k 
VcrsaJUesy  alitt  de  proteger  la  retralte  da  roi  sur  Metz. 
G>oime  la  voix  du  penile  meaa^it  Monsieur,  qu^on  s'ohs- 
tinait  k  voir  a  la  Idle  du  complot ,  le  ficre  du  roi  vint  se 
iitttifier  k  U  comnuine  de  V'aiis  de  IomU  liaison  avec  Favras. 


311 

I  Cette  demarche,  le  bant  rang,  I'luHuence  de  cebii  qui  la  fiii- 
sait,  etaient  autant  de  coups  mortels  portea  k  Taccuse. 

Cependant,  lea  denonciations  de  Turquati  et  de  Morel 
etaient  appuyees  par  la  declaration  du  banquier  Ghomel. 
Favras  se  deiendii  avec  beaucoup  de  courage.  La  ioule  fu- 
rieuse  qui  entourait  la  salle  du  palais  demandait  la  vie  de 
Taccuse;  elle  Tobtint  le  18  fevrier  1790. 

Le  lendemain  eut  lieu  I'execution  :  k  trois  heures,  le 
condamne  partit  de  sa  prison  :  il  etait  sur  one  charretle,  en 
chemise;  ii  portait  suspendu  k  sa  poitrioe  un  ecriteau 
sur  lequel  on  lisait  :  conspirateur  cotitre  Viiat,  Apr^s 
avoir  fait  amende  honorable  devant  le  parvia  de  Kotre-Dame, 
il  demanda  k  ^re  conduit  k  Th^tel  de  villc  pour  y  reveler 
des  secrets  unportants.  Favras  dicta  son  testament  avec  la 
plus  grande  indifTerence  :  «  Si  je  reveiais,  dit-il  ensuite, 
le  nom  du  grand  personnage  qui  m'a  doooe  lea  100  Louis 
dont  on  parte  dans  le  proems,  serais-Je  aanve?  «  Le  juge 
lui  fit  un  aigne  negatif :  «  Alors,  dit-il,  Je  mourrai  avec  mon 
secret.  »  Jusqu*au  dernier  instant,  le  malbeurenx  crut  que 
sa  grdce  Ini  serait  accordee.  Eniln,  k  huit  heures  du  soir,  il 
descendit  le  perron  de  ThOtel  de  ville ,  compldtement  illu- 
mine. II  etait  p&le  et  defait;  il  attendait  toiiuours  le  retonr 
d^un  message  envoye  k  Monsieur...  II  ne  regut  point  de  re- 
ponsel  £n  mettant  le  pied  sur  rechelle :  «  Cttoyens,  dit-il, 
je  suis  innocent ;  priez  Dieu  pour  moi!  »  Trois  fois,  Favras 
protesta  de  son  innocence  en  montant  Ies  fatals  eclielons. 
II  fut  pendu  k  la  lueur  des  torches,  k  dix  heures  du  soir. 
Deux  heures  apr^s,  son  corps  fut  rendu  k  sa  famille. 
Comme  il  n^etait  pas  encore  froid,  on  congut  Pespoir  de  le 
rappeler  k  la  vie.  Un  medecin  le  saigna;  le  malbourenx  ou- 
vrit  lea  yeux,  poussa  un  soupir  et  expira.  Son  testament, 
que  publiferent  Ies  joumanx,  avait  ete  altere  auisi  que  Ies 
inlerrogatoires.  Les  contre-revolutionnairea  avaient  mia  toot 
en  ceuvre  pour  liAter  son  supplice.  Le  lieutenant  civil  Talon 
s'etait  rendu  aupr^s  de  lui  avanft  qu'il  fAt  interroge  par  la 
rapporteur.  II  retira  du  OhAlelet  tos  principalea  pitos  du 
proces,  qui  pass^ent  dans  lea  mains  de  aa  fille,  U  ceiebre 
comtesse  du  Cay  la,  laquelle  sous  Tempire  lea  commnni- 
qua  au  due  de  Rovigo,  et  aoua  la  Bestauration  en  fit  don  k 
Louis  XVIII,  qui  se  hAtade  les  brOler. 

FAVAE  ( Joixa),  avocat  k  la  cour  imperiale  de  Paris  et 
ancien  membre  de  rAasembiee  nationale,  eat  ne  k  Lyon, 
le  31  mars  1809,  dana  une  femille  dMionoraUes  oomroer- 
^ants,  et  debuta  au  barreau  de  Paris  pen  de  teropa  apr^s  la 
revolution  de  juiliet  1880.  L'independance  deaon  caractere, 
la  nature  acerbe  de  son  talent  et  le  radicaliame  de  ses  opi- 
nions politiques,  mirent  souvent  dans  le  pins  cruel  embarraa 
les  membrea  dn  parquet  et  meme  lea  jugea,  k  Foccasion  des 
nombreux  procte  politiqaes  oi^  il  lui  appeie  k  figurer  au 
banca  de  la  defense.  Avocat  dea  muiuellisies  de  Lyon, 
en  1881,  il  courut  pins  d'une  foia  des  dangers  personnels; 
ce  qui  ne  Tempecba  pas,  en  1834,  ^e  ae  diargor  encore  de 
la  defease  devant  la  ciiambre  d^  pairs  d\m  certain  nombre 
des  accuses  dU  vr i L  Dans  cette  drconatance  on  remarqua 
aurtout  la  hardiesae  avec  laquelle  il  pla^  dans  Fexorde  de 
son  ptaldoyer  une  profession  de  foi  eompietement  republi- 
caine.  A  la  revohition  de  fevrier  1848,  M.  liiles  Favre  de- 
vena  secretaire  general  du  ministere  de  rinterieur,  redigea 
en  cette  qualite  la  Cuneuae  circulaire  par  laquelle  M.  Le- 
dru*Bollin  investissait  de  pouvoirs  dictatoriaux  les  com 
missaires  envoyea  dans  lea  departements  par  le  goaverne" 
ment  provisoire.  Nomroe  par  la  commission  executive 
aous-secretaire  d'£tat  au  miniat^e  des  aflaires  etrang^rea, 
il  donna  sa  demiason  k  la  auite  de  la  discussion  du  pro;{et 
demiseen  accusation  de  MM. L.  BJancetCauasldi^re, 
presente  par  MM.  Portalis  et  Landrin,  et  qu'U  avait  appove. 
Elu  representant  du  peuple  a  la  oonstitnante  et  k  la 
legislative  par  le  departement  du  Rhtee,  il  y  fit  preove 
de  brillantes  facuUes  oratoires ,  et  vota  toujours  avec 
Textreme  gauclie.  On  remarqua  surtout  aes  non^reux  dis- 
coui'K  sur  les  aflaires  d'ltalie,  sur  la  liberie  de  la  presse, 
couUe  la  deportation,  etc.  Elu  consciiier  gendral  dana  ik 


i 


S12 


PaVRE  —  t'AYOUM 


Rbdiie  et  U  Lolra  en  1852, 11  refiua  de  prMer  le  sermeot 
ezig^  par  la  constitutioii  notiTeUe. 

FAWRES  (Ginr)y  leehefdela  fomeuae  conspiration 
des  Pond  re  a,  ^tait  n6  en  1570,  dans  le  Yorkahire,  d'one  &- 
miUe  protestante.  Mais  tout  jeone  encore  il  a'^tait  conrerti 
au  cathoUcisme,  et^tait  aU<S  prendre  du  aerrioeen  Flandre 
dans  rarmte  Espagnole.  Amm6  dn  xMe  le  pins  fanatiqae 
poor  sa  foi  nouvelle ,  k  son  retour  en  Angleterre  il  entra 
avec  quelques  indiYidas  qui  pensaient  eonune  lui  dans  une 
conspiration,  et  se  chargea  de  mettre  le  feo  k  des  barils  de 
poudre  plao^  sous  le  local  des  stances  do  parlement  et  dont 
Texplosion  eftt  Ciit  p^rir  du  mdme  coup,  le  jour  de  roinrer- 
ture  de  la  session  (5  novembre  1605),  le  roi  Jacques  T',  les 
gensde  saoour,  et  les  membres  des  deux  chambres;  Arr6t^ 
par  soite  d'one  d^nondation  d*un  de  see  complices  au  mo- 
ment od  la  mtehe  k  la  main  U  allait  perp^trer  son  crime,  Guy 
Fawkes  fot  d^abord  soumis  h  la  question,  puis  dtopit^,  et 
subit  d'ailleors  son  sopplice  ayec  une  in^branlable  Termet^. 
En  commemoration  du  danger  auquel  ^bappa  le  pays  en 
cette  dreonstance,  on  prom^e  encore  aijourdliui  dans  la 
plupart  des  TiUes  d'Ai^eterre,  le  5  noTembre  de  cheque 
ann6e,  un  manneqnin  grotesquement  affubl^  d*nn  uniforme 
d*ofBcier.  La  populace,  qui  forme  le  cort^  oblige  de  oette 
bizarre  mascarade,  &it  retentir  Pair  d'one  chanson  oommen- 
fant  par  ces  tots  : 

Pl«ase  to  remember 

The  fiflh  of  noTember. 

The  gunpowder  treaeon  tod  plot,  ete. 

Puis  qoand  elle  est  fatigu6e,  elle  jette  le  manneqnin  dans 
un  Ten  de  joie,  dont  il  devient  le  prindpal  <3^ent  En  1850 
cette  d^onstration  populaireeutun  caract^re  dMmportanoe 
qu'dle  n'avait  plus  depuis  longtemps,  parce  qu*on  y  Tit  un 
moyen  de  r^pondre  k  ce  qu^on  appdait  the  papal  agres- 
sion, c'esi-k-dire  aux  tentatiTCs  faites  par  la  oour  de  Rome 
pour  etendre  son  influence  en  Anglderre ;  et  cette  annte  Ik 
le  mannequin  d^usage  nerepr^sentapas  Guy  Fawkes^  mais 
le  cardinal  Wiseman. 

G'est  par  allusion  au  grotesque  accoutrement  dont  on  af- 
fubie  ce  mannequin  que  les  Anglais  donnent  le  nom  de 
Guy  Fawkes  aux  femmes  et  aux  hommes  dont  la  toilette 
ptehe  par  rexagi6ration  et  la  bizarrerie. 

FAWKES  (  Francis)  ,  po6te  anglais,  n^  en  1721 ,  connu 
par  ses  traductions  d'Anacrton,  de  Sapho,  de  Bion  et  au- 
Ires  pontes  dasdques,  et  de  qudques  poesies  originales  fort 
agr^bles,  ^tait  ministre  k  Hayes,  dans  lecomt^  de  Kent, 
et  mourot  en  1771. 

FAY  (CttDSBNAT  no).  Voyez  Dufat. 

FAY  (LtoNTUCB).  Vayei  Volnts  (M"^). 

FAY  (Andbbas),  po^teet  torlTain  hongrois,  n^en  1786, 
k  Kohany,  dans  le  comitat  de  Zempiin,  dot,  en  raison  de  la 
faibiesae  de  sa  sant^,  renoncer  suooessivement  au  barreao 
et  k  la  carrikre  de  la  magistrature.  Use  Tooa  dks  lorsavec 
d'autant  plus  d'ardeurk  ia  culture  des  lettres  et  de  la  po&ie. 
En  1808  il  Gt  parattre  un  assez  m^iocre  reciidl  de  Ters, 
intitule  Bokrita,  auqud ,  aprte  une  pause  de  dix  annte, 
succ^a  son  Iris  Bokrita  {Nouveau  Bouquet;  Pestli, 
1818),  qui  fondasa  reputation  comme  po£te.  Ses  Mes^k 
( Fables,  Vienne,  1820),  remarqnables  par  la  richesse  de 
rinvention,  par  la  almplidt^  et  In  naturd  de  I'exposition, 
obtinrent  encore  pins  de  soccte.  Ses  Kedvcsapongasok 
( 1824 ) ;  sa  tragic  A'ket  Batory  (1824) ,  son  roman  oo- 
miqne  A'  Belteky-Haz  (1832) ;  les  Nouvdles  et  commies 
qu'ii  pubiia  dans  VAurora  de  Kisfaludy,  dans  VAthenmim, 
dans  VBmleny,  et  autres  joomaux,  Id  asslgnkrent  un  rang 
distingue  parmi  les  prosateors  bongrois.  Ces  comedies ,  qui 
toutes  out  obtenu  de  nombreuses  r^resentations  sur  la 
aokne  nationale,  brillent  par  un  grand  fonds  de  gaiete  et 
par  Pdegante  correction  du  style. 

L*agitation  politique  qui  se  manifests  en  Hongrie,  kpartir 
de  1825,  compta  Andreas  Fay  au  nombre  de  ses  fauteurs  les 
plus  actils;  et  iusqu*en  1840,  ^poque  de  la  piemito  appa- 


rition de  Kossuth,  Pay  resta  forgane  hatiitnd  de  I'opposl* 
tion  do  comitat  de  Pesth,  qoll  represents  Josqn'ai  1835  k 
la  diMe.  Si  alors  des  tal«its  plus  Jeunes  et  plus  teerpques 
Tinrent  le  jeter  au  second  plan,  il  n'en  resta  pea  meins  un 
des  representants  les  plus  importants  du  parti  da  progrte. 
Une  edition  complete  de  ses  OBUTres  litteraires  a  para  en 
huit  Tolomes  ( PesUi,  1843-1844). 

FAYAL,  Tune  des  Azores,  d'une  superfide  d'eoTiroa 
13  myriametres  carres ,  n'est  separee  do  Ille  do  Pic  ou 
Pico  que  par  un  canal  de  5  kilometres.  Son  port,  ou  plutet 
sa  rade,  s'appdle  Villa -da-Horta.  Decouverte  d'abofd  par 
les  Flamands,  die  est  depuis  tombee  au  ponroir  dea  Portn- 
gals.  Ses  montagnes  sont  tres-hautes,  et  semblent  %trt  des 
aiguilles  du  fameux  pic  qui  donna  son  nom  k  IHe  sa  vd- 
sine.  Fayal  abonde  en  excdient  gibier,  en  bestianx.  Lei 
▼ins  et  le  pastd  sont  le  principal  conunerce  de  cette  tie. 
FAYARD.  Voyez  Hfinut. 

FAY  DE  LA  TOUR  MAUBOURG.  Voyez  U 
Todr-Maobourc. 
FAYENGE.  Voyez  VnSmKau 
FAYETTE  (LA).  Voyez  La  Fatetr. 
FAYOUM9  nom  d'une  province  de  la  moyenne  ^gypte, 
situee  k  Touest  du  Nil  et  k  qudques  jours  de  marche  da 
Kaire,  et  ne  communiquant  avec  la  valiee  dn  Nil  que  par 
un  etroit  defile.  La  depresdon  remarquable  que  subit  id  le 
sol  dvL]  desert  est  d'une  etendue  totde  d'enriron  40  kilo- 
metres du  nord  au  sud  et  55  kilometres  de  Test  k  I'ouest.  Au 
point  od  elle  a  le  plus  de  profondeur,  die  se  trouTe  k  33 
metres  au-dessous  du  point  du  rivagedu  NU  qui  I'aTOisine, 
k  Benisouef.  A  Forighie,  cette  contree  etait  compldlement  ste- 
rile et  depourrue  d*eau,  sauf  un  lac  sale  existent  encore  au- 
jourd^hui  dans  sa  partie  la  plus  basse,  tout  k  rextremite  oc- 
ddentale  de  I'oasis,  et  appeie  Birket^el-Kem  ou  Birkei-el- 
Karoun,  soit  parce  que  ses  deux  pointes  fonnent  deux 
especes  de  cornes,  sdt  parce  qu*il  n*est  qu*k  pen  de  distaooe 
du  labyrinthe  cdebre  dont  la  garde  etait  confiee  kunof- 
ficier  nomme  Caron  ou  Charon,  qui  presidait  aussi  aux  fo- 
neraiUes  des  rois  qo'on  enterrait  dans  une  lie  dn  lac.  (Test 
pourtant  aujourd'hui  la  province  la  pins  fertile  de  toote 
r£gypte,  cdle  qui  est  le  plus  entrecoupee  de  cananx  artiTi- 
dds  pour  I'arrosement  des  campagnes.  Elle  produit  en 
abondance  le  bie,  Torge,  le  millet,  le  lin,  toutes  sortes  de 
fruits  et  de  legumes,  de  llndigo,  dn  sucre.  C'est  en  outre 
la  seule  de  ll^pte  qui  ait  des  vignobles,  et  le  Tin  qu'oo  y 
recolte  scrait  deiideux  s'il  etait  mieux  fkbrique.  On  en 
pent  dire  autant  de  Thuile  que  produisent  ses  oliviers.  On 
y  trouve  aussi  d'inmienses  champs  toos  cultives  en  roslen, 
dont  les  flenrs  servent  k  la  distillation  d^une  eau  de  rose, 
objet  d*un  grand  commerce  d^exportation. 

Cette  transformation  est  le  resnltatd*une  operation  g^sn- 
tesque,  entreprise  environ  2,500  ana  avant  notreere  paries 
pharaoDS  de  la  douzieme  dynastie  de  Manethon,  op^tion 
qui  consista  k  deriver  du  Nil,  dans  la  direction  de  I'ooest, 
et  k  20  myriametres  an  sud  de  Benisouef,  k  Doroot-d- 
Schdrif,  un  canal  apppeie  aujourd'hui  Bahr^Joussovf;^ 
k  le  conduire  le  long  du  desert  de  Lybie,  avec  une  pente 
aussi  faible  que  cdle  du  Nil,  jnsqu'au  defile  donnantacois 
au  Fayoum,  de  telle  sorte  que  ses  eaux  pussent  frandiir  is 
point  le  plus  eieve  de  ce  barrage  de  rochers  et  penetrer  dans 
I'oasis.  Apres  avoir  alors  separe,  au  moyen  d'une  digue  pais- 
sante  de  40  kilometres  de  devdoppement,  la  partie  la  plus 
eievee  et  la  plus  orientde  de  la  contree,  ok  le  Bahr-JouS' 
sotf/amene  d'abord  ses  eaux,  du  terrain  situe  derriere,et 
qui  va  toujours  en  s'abaissant  davantage,  on  forma  le  grand 
lac  artifidd  connu  sous  le  nom  de  lac  Masris.  L'eau  dece 
lac,  regiee  par  des  eduses,  fut  ensuite  utilisee  k  repoqoeoii 
le  Nil  attdnt  son  point  ft^nimum  d'eievation,  soit  poor  a^ 
roser  le  Fayoum  memo,  soit  les  contrees  voidnes  de  la  val- 
lee  du  Nil,  en  y  fatsant  refluer  Texcedant  des  eaux.  Toufela 
province  regut  de  ce  lac  le  nom  de  PMom,  comme  on  le 
prononce  en  copte,  d*oii  lea  Arabes  out  lait  FayoHVL  Sur 
la  rive  onentale  dn  canal,  Ik  on  le  lac  Maoris^  vendt  s^f  d^ 


FAYOUM  —  FEBRIFUGE 


««ner,  se  trovTiit  to  haeax  labyrinthe  dont  il  a  d^J^  M 
qifBstioB  plus  bant ,  ct  de  U ,  en  travereant  diagonalement 
1e  laCy  on  arriTait  an  ctief-Ueu  de  la  proyince,  appel6  d'a- 
bord  Crocodilopolis,  pais  plus  tard  Arsino6,eiqm  avait 
donn^  son  nom  an  n&me  ArsinoUe,  lequel  comprenait  le 
Fayoom.  Sor  les  mines  de  cette  Tille  est  bAti  le  Medinet'el- 
JFbytfm  actoel,  qni  est  toqjonrs  le  chef-liea  de  la  proYince. 
On  7  Toit  plnriearsmosqnteet  aotres  ^flces  publics.  Les 
naisons  sont  oonstruites  soit  en  pierres ,  soit  en  briqaes 
recoites  au  soleil.  Les  habitants  sont  pour  la  plupart  maho- 
mdtans,  mais  dans  le  nombre  setrouTent  aossi  des  coptes. 
"^      FAZY  (  James  ),  Tun  des  cbeb  dn  parti  d^mocratique  h 
Gen^Te,  et  Tun  des  principaux  fauteurs  du  mouvement  r6- 
Tolutionnaire  qni  en  1S46  fit  passer  la  direction  des  affaires 
de  cette  petite  r^pnbliqne  des  mains   de   Taristocratie 
dans  celles  da  partt  popalaire,  est  n^  k  Gen^Te,  en  1796,  et 
de  1825  k  1S32  prit  one  part  acOre  aux  lutteo  de  notre 
propre  presse  opposante,  d*abord  contra  le  syst^me  retro- 
grade de  la  Restauration,  et  ensoite  contre  les  tendances  il- 
libdraks  dn  poovoir  issu  des  barricades,  ticonomiste  dis- 
lingD^  il  a  les  quality  et  lesd^uts  de  T^cole  g^neToise,  h 
laqn^e  il  appartient  par  ses  ^todes  et  par  ses  prindpes. 
Le  Merevre  de  France,  la  France  ekritienne  et  la  Jeune 
France  le  compt^rept  successiTement  au  norabre  de  leurs 
r6dactean.  Enjuin  1830  il  doTint  Pun  des  fondateurs  d'une 
leoille  ayant  pour  litre :  le  Pour  et  le  Contre,  et  pour  sous- 
litre  :  La  Revolution  et  la  Contre- Revolution;  accouple- 
ment  monstmeox  d^nn  jonmal  do  progrte  avec  un  journal 
retrograde,  nnis  comme  les  fiimeux  jnmeaux  siamois  et  en- 
voy^ sous  la  mtoie  bande  an  m£me  abound.  James  Fazy, 
cda  Ta  sans  dire,  travaillaitk  la  partie  de  cette  fenille  bic^ 
phale  qui  avait  pour  mission  de  d^fendre  les  int^ftts  de  la 
r6Tolation,  etdont  le  r^lacteur  en  cbef  ^tait  M.  Plagnol.  Tons 
deoi  sln.slall^rent  des  premiers,  le  38  jnillet,  k  YhibUX  de 
TiUe,  tombd  au  pouvoir  do  people;  et  les  murs  de  la  ca- 
pitale  se  cootrirent  pen  dMnstants  aprte,  comme  par  en- 
efaantement,  d^e  ^nergique  proclamation  signte  par  ces 
deux  toivains,  qui  y  prenaient  une  qualification  analogue 
a  ceOe  de  membres  du  gouTcmcment  proTisoure.  L'arriTte 
de  Lafayette  k  VhAUA  de  yille  fit  cesser  leurs  ponvoirs,  qni 
aTaient  dur6  li  peine  une  heure.  Quelques  jours  plus  tard, 
par  suite  dela  retr8ite  volontaire  deM.  Plagnol,  J.  Fazy  de- 
▼enait  le  rddacteur  en  chef  de  La  Revolution  ( le  seul  des 
deux  jomeanx  de  la  presse  pdriodiqoe  qni  eftt  surrteu  k 
la  temp6te  des  trois  Jours ) ;  et  sous  sa  direction  ce  jour- 
nal se  montra  tont  aussit^t  hostile  k  la  dynastie  d*Orldans. 
]1  ne  cessa  de  la  poursniTre  de  ses  attaques  de  tous  genres 
que  lorsqoe  T^puisement  complet  de  la  caisse  le  for^  de 
capitnler  arec  les  bonapartistes  ou  partisans  de   Napo- 
Ifon  II,  represents  par  an  certain  comte  de  Lennox,  qui 
metlait  k  ta  disposition  des  d^fensenrs  des  droits  dn  Fits 
de  Chomme  les  debris  d*one  fortune  Jadis  assez  consid^ 
rable.  James  Fazy  refusa  de  pactiser  avec  les  interns  de  la 
canse  iroperiale,  et  abandonna  La  Revolution  k  son  triste 
soft.  11  fonda  ensuite  la  Revue  republieaine,  recoeil  dont 
le  Utre  indique  suffisamment  Tesprit,  et  qui  mourut,  lui 
aossi,  faute  d^abonnes,  mais  non  sans  avoir  eu  malUet  k  par- 
tir  avec  le  parquet;  et  alors,  fatigue  sans  doute  des  d^sil- 
losionnements  qaietaient  aoo lot  decbaque jour,  comprenant 
auasi  la  foussete  de  sa  position  d^etranger  an  milieu  de  nos 
luttes  intestines,  il  sedteida,  vers  1833,  ^  s>n  retoumer  en 
Suisse,  od  il  a  eu  tout  an  moins  la  consolation  de  voir  ses 
priDiipes  politiqaes  finir  par  triompher  dans  sa  ville  natale. 
An   moment  o6   la  revolution  de  fevrier   1848   vint 
si   inopinement  ebrtnler  l^Enrope  snr  ses  bases,  James 
Fazy  fut  on  de  ceox  qui  insist^rent  leplns  vivement  pourqne 
la  Suisse  prIt  nne  part  active  k  la  lutte  dont  le  nord  de 
l^talie  etait  le  tbe&tre.  La  Revue  de  GeniveeA  depuis  nom- 
bre d*annees  son  organe  officiel.  Ce  reeueil  sVtant  declare 
en  1852  en  fiiveor  du  maintien  de  la  neutrality  Suisse  et 
rxmtre  toote  intervention  dans  les  aflaires  de  Petranger,  on 
doit  croire  que  telles  sont  aujourdMiui  ses  opinions  sor  cette 

Did.   M  LA  GORVEaSATION.   —  T.   IX. 


813 

question,  et  qirdles  ont  ete  singnUkement  modifite  do-- 
puis  1848  par  la  transformation  complMe  qui  8*est  operte 
dans  les  divers  fitats  de  I'Europe. 

En  ce  qni  louche  les  affaires  interleores  de  Gen^e,  on 
pent  dire  que  Tune  des  mesures  les  plus  importantes  pro- 
voqnees  par  James  Fazy  a  ete  la  demolition  des  oiiYrages 
de  defense  qui  entouraient  antrefois  cette  vllle.  On  nesau- 
raitnierqu'ilen  est  resulte  pour  Geneve  de  notables  ayan- 
tages;  aussi  ses  ooncitoyens  reconnaissants  lui  ont-ils  (kit 
don  d*une  vaste  etendue  de  terrain  devenne  libre  par  suHe 
du  rasement  des  fortifications.  Ce  n'est  pas  pourtant  que 
quelques  voix  discordantes  ne  s'eievent  de  temps  k  autre 
pour  reprocber  an  meneur  du  parti  democratique  ses  ten- 
dances arbitraires  et  une  ambition  qn'on  ne  trouve  pas  suf- 
fisamment justifiee  par  son  talent.  Cette  opposition  taqoine 
n'a  pas  senlement  pour  centre  le  parti  aristocratique,  elle 
s^est  encore  recmtee  dans  ces  demiers  temps  de  bon  nom- 
bre d*adherents  du  parti  democratique  lui-meme,  oil  a 
surgi  une  petite  fra<^on  sodaliste  anx  yeox  de  laqueDe 
James  Fazy  et  consorts  ne  valent  guere  mieux  que  les  valn- 
cus  de  1840.  Par  bonheur,  le  mot  de  Paul  r'  sur  les  trou- 
bles de  Geneve :  «  C*est  one  tempeie  dans  un  verre  d'eau !  • 
sera  toujours  une  veritd.  On  a  de  James  Fazy  nn  Pricis  de 
VHistoire  de  la  Ripublique  de  Genkve  fusqu*d  nos  Jours 
( 2  vol.,  Geneve,  1838-1840)  et  mie  brochure  intituiee:  De 
la  tmtative  de  LouiS'NapoUon  (Geohye,  1846). 

FE AL  9  terme  de  chancellerie  correspondant  k  Panden 
titre  de  fidile.  Sons  I'ancienne  monarcfaie,  le  roi  qualifiait 
ainsi  les  grands  vassaux  et  ofBders  de  la  cooronne,  les 
prindpanx  de  Pepee  ou  de  la  robe,  et  memo  indifleremment 
tons  ses  sujets.  Les  lettres  patentes  adressees  aux  pari»- 
ments  et  autres  cours  du  royaume  commen^aient  toujours 
afaisi :  A  nos  ames  et  flaux  les  conseillers,  etc 

FEARNLEY  (  Thomas  ),  ceiebre  paysaglste  norvegien, 
ne  en  1802,  k  Frederiksball,  avail  d^abord  embrasse  la  car- 
riere  commerdale ;  mais  il  Pabandonna  k  PAge  de  dix-neof 
ans  pour  se  livrer  sans  contrainte  k  son  gofit  natorel  poor 
les  arts  du  dessin,  et  se  fit  recevoir  deve  k  Pecola  des  beaux- 
arts  de  Copenbagoe.  En  1822,  le  prince  royal  de  Suede  Oscar, 
aujourd*hiii  roi,  passant  par  cette  capitate  k  son  retour  d'un 
voyage  en  Allemagne,  eut  occasion  de  voir  qudqoes-unes 
de  ses  esquisses,  et  jugea  tont  de  suite  qu^elles  annon^aient 
un  veritable  talent;  il  lui  oouimanda  en  consequence  une 
grande  toile,  et  lui  donna  poor  snjet  une  vue  de  Copenha- 
gue.  Qtiand  ilPeut  achevee,  Feamley  alia  passer  k  Stockholm 
dnq  annees,  durant  lesqudles  11  fit  de  nombreoses  excursions 
artistiques  en  Suede  et  en  Norvege.  En  1828  il  se  rendit  k 
0resde,  ob  il  frequenta  pendant  dix-huit  mois  Patelier  de 
Da  hi;  puts  k  Munich,  od  un  sejourdedenx  ans  perfectionna 
encore  notablement  son  talent.  De  nombreoses  vnes  de  la 
Norv^e  qu^il  y  executa  attirerent  tur  lui  Pattention  et 
tronverent  des  acquereurs  pour  Paris  et  pour  Londres.  En 
1832  il  alia  k  Rome,  od  son  premier  paysage,  representant 
egalemenl  une  Tue  de  Norvegf ,  lui  fut  achete  par  Thorvraie- 
sen.  Apres  diverses  toumees  dans  la  basse  ItaUe,  11  alia  faire 
dans  les  gladers  de  la  Suisse  les  plus  serieusesetndes*  L'une 
des  toiles  quil  y  pdgnlt,  et  qui  represente  one  too  dn  glacier 
de  Grinddvrald,  est  remarquaUe  par  sa  saisissante  verite. 
Feamley  visita  encore  la  France  et  PAngleterre,  recneillant 
partoot  en  ete  des  esquisses  qn*en  hiver  il  transformalt  en 
magnifiques  paysages,  que  se  dispntalent  aussitdt  les  ama- 
teurs, et  dont  les  copies  memes  sont  extremement  Techerchees 
aujonrdlini.  Apres  hull  annees  d^absenoe,  Feamley  retonma 
dans  sapatrie,  on  11  se  maria.  En  1 8S6  il  parcoomt  de  noorean 
une  grande  partie  de  l*£iirope  et  le  nord  de  PAnglelerre  sur- 
touU  En  1840  il  essaya  de  s'etablir  k  Amsterdam;  mais 
le  climat  ne  convenant  pas  &  sa  sante  afhiblie,  il  sedecida 
k  alter  se  fixer  definitivement  k  Munich.  A  pdne  arrive  daua 
cette  capitate,  il  y  mourat,  le  10  janvier  1842. 

Fl^BRIFUGE.  Ce  mot,  qui  derive  de/sMi,  fievre, 
et  de  fugare,  diasser,  indique  one  dasse  de  medicanMnts  op- 
poses k  la  fievre.  H  ne  se  dH  gnece  neaomoint  qw  dea 

40 


814 

moyens  qui  oombatteot  d'une  mani^re  sp^iale  les  fifevres 
iotermittentet  et  rteittentes,  et  non  de  ceux  qui  sont  pro- 
pres  k  rem^dier  aux  fi^vres  continues,  rrr^gullerM  ou  ano* 
males.  Comme  les  fi^Tres  r^mitteutes  on  intermitteDtes  re- 
coDoaissent  des  causes  trts-varito  et  pi^seotenk  beauconp 
de  modifications,  il  en  rfealte  que  les  moyens  de  lescombattre 
sont  eux-mfiroes  tr^s-Tari^,  d'od  k  nombre  et  la  diversity  des 
remiss  Bp^^  ftbr\fuges  proprement  dits.  Les  Dns»  et 
c-est  le  plas  grand  nombre ,  sont  des  substances  toniques , 
amdres,  tir^  da  r^e  v^^tal :  tela  sont  les  divers  q  uin* 
q  u  i  n  a  s  et  leurs  nombreuses  preparations ;  le  sulfate  de  q  u  I- 
nine,  qu*on  est  parvenu  k  en  extraire ;  le  sauie,  le  marron- 
nierd^nde^Ia  camo  mille,  la  petite ce ntaur 6 e,le petit 
boux,  le  syringa,  Tarnica^  lacasearille,  labenoite,le 
trifle  d*eau,  Vangusture,  la  serpentaire  de  Virginie,  etc. 
Les  febrifuges  de  la  seooude  esp^ce  nous  sont  foumis  par 
Id  r^ne  mineral :  de  oe  nombre  sont  remet  ique,  et  quel* 
ques  autres  preparations  antimoniales ;  Tarseniate  de  po- 
tasse ,  la  teinture  arseidcale  de  Fowler ,  le  carbonate  de 
potasse,  le  clilorhydrate  d^ammoniaque ,  le  sulfate  de  fcr 
et  autres  sels  ferrugineox ,  queiqiies  eanx  mindrales  salines^ 
siilfu reuses,  ferrugineuses,  etc.  Nonsne  considerons  pas  ici 
comme  febrifuges  plusienrs  medicaments  qu'on  associe  dans 
certaines  circonstanoes  k  ceux  que  nous  Tenons  d'indlquef) 
pour  rempBr  des  indieatioiis  acoessoires  et  particulifcres :  dans 
cette  classe  se  trourent  Topium  et  d^autres  narcotiques » 
les  ethers ,  quelqoes  huiles  essentielies,  des  gommes  resifles 
douees  d*ttne  tertu  anti-spasmodique ,  etc. 

Les  febrifuges  se  donnent  le  plus  ordinairement  k  Tinte- 
rieur ;  on  pent  toutefois  les  admlnistrer  par  absorption  eu- 
tanee ,  quand  les  voles  digestives  les  reponssent,  an  moyen 
de  frloUons  atec  lemedicameiit  incorpore  dans  de  la  grais!^, 
de  la  salive ,  ou  par  des  applications  bites  sur  la  peau  pri- 
vee  de  son  epiderme  :  c'est  ce  qu*on  appelle  la  nUihodt 
endBrmique,  La  manKre  d'agir  des  febrifuges  n*est  pas 
eonnue;  leur  action  est  la  memo  que  celle  des  medicinments 
spedflqoes.  If  Bricbetbav. 

F^BRILBy  qui  conceme  la  fiivre,  qui  a  rapport  k  la 
fievre.  On  applique  cette  epitliite  k  tons  les  phenomenes  qui 
se  rattachent  d^une  maniere  qaelconqne  k  la  fievre.  Ainsi, 
on  dit  le  troi^fibriUj  pour  designer  le  premief  temps  d*un 
accte  de  fi^vre ,  qui  eonsiste  dans  un  tremblement  plus  qu 
moins  long,  suivl  dechalenr  etdesueur;  on  appelle  iusoinnie 
fibrile  celle  qui  est  occasionnee  par  la  fidvre;  ^aulsftbrile, 
eelui  qui  caraeterise  la  fievre.  _ 

GAteau  fibrtU  est  aussl  le  nom  qu'on  donne  k  I'engor* 
gement  de  la  rate  ou  de  qnelque  autre  visc^re  abdominal, 
qui  est  la  suite  dea  fietres  intermittentes  d^une  longue  du- 
ree.  On  appelle  encore  da  nom  de  mouvement  febrile  un 
ensemble  de  faibles  symptdmes  qui  constituent  une  petite 
fievre  00  fibricule.  D'  Brichcteao. 

FEBRUALESou  F^BROES,  c*est-^-dire  jmri^cation, 
nom  d*une  fete  que  les  Romains  oeiebraient  au  mois  de  fe- 
vrier,  en  Thonneur  de  Plutt)n,de  Jupiter  et  de  Junon,  pour 
apelser  les  roAnes.  «  On  y  faisait  des  sacriOces,  dit  Macrobe ; 
on  y  rendait  les  demiers  devoirs  aux  Ames  des  morts ;  et 
c*estde  cette  fete  que  le  moisde  fevrier  a  pris  son  nom.  » 
Suivant  PlinC)  son  butetait  pIntM  6%  rendre  lesdieux  infer*" 
naux  propices  aux  morts ,  que  de  les  apaiser.  EUe  duralt 
douae  jours. 

F^GAltP)  ville  de  France,  cheMiea  de  canton ,  dans 
le  departemeni  delaSetne-Inferieure,  k  35  kilometres 
nord-estdu  Havre,  sur  la  Mancbe,  ^  Pembouchure  de  in 
riviere  de  son  nom»  avee  ll,40t  habitants,  one  ecole 
d*bydrogra|>hie,  un  tribunal  deoomnierce,  un  bureau  de 
douane,  on  theatre,  trois  typographies,  des  fabriques  de  ca* 
Ueotet  d^ndiennes,  de  toiles,  de  cbaussures  pour  expeditions , 
da  cordages  ^  dMiiiiles,  d*hame9ons,  d'ancres  de  navlre, 
decardes,  de  ceavertures,  de  salaisons,  de  <«ude  de  varech, 
des  filatures  de  cnton,  des  sucreries  de  lieHeraves,  des  mou- 
Um  k  (arine  et  &  tan,  des* tanneries,  des  tonnelleries,  une 
iMpertante  OfMStmctloli  do  jiavircs  et  uq  commeroe  de  den* 


FfiBRIFUGE  —  FfiCOND 


rees  coloniales,  de  the,  de  genlSVfe  de  Holllftde ,  de  Ml 
du  Nord,  de  sel.  La  peche  do  la  monie,  du  hcreftg  et  dn 
maquereau  occope  un  grand  nombre  de  bitlttents. 

Fecamp  est  une  ville  tres-andenne.  On  pretend  que  dn 
temps  de  cesar  elle  s^appelait  Fisci  campus,  pdrce  qn^on  y 
recevait  les  contributions  des  locaHtes  volsides.  Mah  cette 
etymologic  n^est  rien  moios  que  proutee.  En  622,  Maniog , 
seigneur  de  Fecamp ,  y  fit  b&tir  et  y  dota  richemeot  on  nio- 
nastere  de  fiUes.  Sur  les  mines  de  cet  etablisseraent ,  Ri- 
chard I*'  fonda,  en  9HS,  une  ceiebre  abbaye  de  religieuk, 
qui  subsista  avec  toutes  ses  prerogatites  juaqu'A  la  fin  da 
dix-hultieme  Steele.  Richard  II  confirraa  et  augineuta  les 
donations,  et  exempta  Tabbaye  et  ses  doute  paroiss^s  de  la 
juridfction  de  Tarcheveque  de  Rouen ;  privilege  qui  fbt  eom- 
firme  par  le  roi  Robert,  le  pape  Benolt  VIII,  et  etendu  par 
d*autres  docs  de  Normandle,  rolsde  France  etpapes.  Ao  Ste- 
ele dernier,  Tabbaye  de  Fecamp  rapportait  encore  cent  mills 
livres  de  rente.  De  tons  les  bAtiments,  11  ne  subalste  plus  an- 
jourd'hui  que  regitse ,  bel  edifice  gothique. 

En  1594,  b  citadelle  de  Fecamp  fUt  surprise  par  nn  chef  ti- 
gueur  nomme  Bois-Rose,  k  la  suiie  d'un  coop  de  main  d'ons 
aiidace  presque  fiibuleuse.  II  y  penetra  avee  cinquante 
hommes  resolus ,  par  une  nnit  tres-noire ,  au  moyen  d*na 
cable  fixe  au  sommet  d^un  roclier  k  pic  de  six  cents  pieds 
de  bant  par  un  soldat  royaliste  qull  avaitgagne.  II  rendit  tt 
place Jannee  suivante  k  Henri  lY. 

FECI  AUX  (Feciales),  college  de  pretres  romains 
dont  les  uns  attribuent  la  creation  k  Ituma  et  les  autres  I 
Ancus  Martins.  Ilsecomposaitde  vingt  membres  qui  appsr- 
tenaientanx  families  les  plusduitinguees,  exergaient  leorsroflo- 
tions  II  vie  et  se  recrutaient  par  vole  de  eooptatlon.  Le  ehef 
de  ce  college  sacerdotal  portait  le  titre  de  pater  patraitu. 
La  mission  des  feciaox,  institution  qu^on  retrouveegalement 
ehez  la  plapart  des  anciennes  nations  italiqoes,  se  raltacliait 
an  droit  des  gens.  II  leur  appartenait  de  prononcer  sur  la 
legitimite  d*une  guerre  qu'on  voulalt  dt^larer;  depute  ven 
les  nations  qui  avaient  vioie  la  fol  juree  on  le  territoire  ro- 
main ,  quand  eties  se  refffsaient  Iterativement  k  donner  sa- 
tisfaction, c*etaient  eon  qui  allaient  solennellement  leur  de* 
noncer  les  hostilites.  Arrive  snr  le  territiore  ennemi,  le  So- 
cial, la  tete  couverte  d*un  voile  et  couronne  de  verveine, 
pronon^^it  aion,  en  presence  de  troiS  lemoins,  la  formiile 
suivante  :  «  Ckimme  ce  peuple  a  outrage  le  peuple  romain, 
mot  et  le  people  romain,  du  cunsentement  du  senat,  lui  de- 
darons  la  guerre.  *  A  oes  mots,  il  se  retirait  apres  avoir 
lance  sur  les  terres  de  ce  peuple  un  javelot  enaanglante  et 
brOie  par  le  bout;  et  les  hostilites  ne  tardalent  pas  5suivre. 

Les  fe^aux  figurafent  aussi  lors  de  la  conclusion  des 
traites  d'alliance,  afin  de  leur  imprimer  le  caractere  saot 
de  la  religion;  de  memo,  ils  avaient  mission  de  veiller  aa 
maintien  de  la  paix  et  5  la  striate  observation  des  traitfe. 
Qoand  Rome  devint  plus  puissantes  les  functions  des  feciaui 
perdirent  k  vrai  dire  leur  caractere  primitif,  et  ne  oonsis- 
terent  plus  que  dans  le  vain  accomplissement  de  formalHfe 
Burannees ;  mats  on  retrouve  encore  des  traces  de  cette  inrti- 
totion  ainsi  compietement  modifiee  Jtisque  sous  le  rigne 
d'Adrien. 

FEGOND)  qui  abonde  dans  un  genre  de  produits.  Unt 
terre  est  (econde  en  moissons »  die  donnera  dans  une  ann^ 
piosieurs  recoltes;  un  bomme  est  fecund  en  ruses,  en  in- 
ventions et  en  subtilites ;  il  est  telle  annee  qui  a  ete  feoonde 
en  grands  hommes  :  ainsi ,  Napoleon ,  Cuvier  et  Cblteau- 
briand  naquiivnt  en  1769 ;  il  y  a  des  noes  qui  ont  ete  feooti* 
des  en  heros :  fcHes  sont  cdlea  des  Gnises  et  des  Condes ;  il  j 
en  a  d*autn5S  qui  sont  feeondes  en  savants,  teis  que  les 
Euler  et  les  BerMouiU. 

Fdcondani ,  qui  apporte  les  gernies,  les  princlpes  de  la  Di- 
condation  :  ainsi,  h*seRgrais,  ies  mames,  les  fumleni,vent 
fecondant  un  terrain  ,  quel  qu*il  suit.  En  fin,  Xhfleondiltft 
prise  dans  son  ensemble ,  annonce  le  nombre  et  la  fiuan- 
tlte,  mats  pas  toujours  la  quaiite  de  oe  qd  est  H^cottd.  U 
feeondite  des  eprivains  est  rarement  •ccompAgaft  du  $(S 


PECOMD  --  Fi^CONDATION 


SIS 


nk  et  ifci  taittil;  k  feooadita  det  raoU  d0  oondiiii  louveal 
4M*i  l|l  K^rllK^  das  idte.  fiAnfr-PBotvu. 

F£C0NDAT10K.  Le  trtTaU  pbysioiogiqM  qu'aiise 
la  (^condation  ast  tr^complexa,  loisqu^U  ait  fait  par  dfl« 
iadividiis  oo  das  Oi^anes  i^iNir^  oa  rapprochte  chaiig^  da 
aacNkr  laa  uiu  les  produjfs  IfeoodaaU  oa  C^ndatears ,  les 
aaCraa  dea  ccnrpa  reproductaars  on  ovalas  qui  ont  beaofn 
<*Mra  fteond^  poor  davaaJr  dai  aanbryoas.  Ca  mtoie  UaTall 
eat  moiaa  coaspos^  kmqua  dea  organea  sexuds  siia|4as 
aaal  r^unja  daoa  ua  aaul  individu  d^J^  cryptogame ,  ou  en- 
aore  adpai^  okez  dea«  iadividua  k  aaxaa  peu  dialincts.  EnOa, 
la  tranil  phfaiologjkiue  da  la  ttcoadatioo  asl  arrive  k  son 
swMnum  da  simplifioatioii  lorsqu^on  robserra  dans  las  v4- 
g^ua  et  ias  aniraaux  las  plus  simples  parfutenant  agames, 
a'cst-a^ira  toat-ii-fiut  d^poorrus  d'organaa  aexiiela ,  et  qui 
aapendaat  produiseiit  encore  de  v^ritabtes  azurs  aaturellaineat 
fiteonds  par  CMX-m^mes. 

Latnvailphysiologiqocqn^exige  la  f4kx>pdalion  est  d'abord 
caafie  k  des  organea  plus  oo  moins  nombreux,  se  concentra 
ease  ainsplUiantgradQelleinent  au  point  da  n'aToir  plus  besofn 
d'organes  apddaox ,  et  s'efTectue  dans  le  tisso  fondamental 
qui  sort  an  mtaie  temps  h  la  nutrition  et  ^  la  reproduction 
dea  arganisaMs  vivants  las  plus  simples.  Nous  arons  cons- 
tats coowMpt,  diez  dcttx  organismea  animaox  trte-simpUis 
(rbydraet  rSpongad'eau  douce) »  le  tissu fondamen- 
tal da  oea  deux  eaptoessuffisait  i  hit  seul  pour  la  nutrition  at 
poor  la  production  de  vSritables  ceufs  que  nous  avons  tus 
Itre  natoreUeoaant  fiends  par  eux-ratees».  Noua  ayons 
pris  k  eet  ^rd  toutes  las  prteautions  eonvenablea  pour 
Bous  bien  assurer  que  le  fluida  nutritifou  la  sang  ne  prdsento 
ancnn  Teatlge  de  loospermes.  Ces  animalcutas,  qua  presqtie 
teas  les  pbystologistea  consid^rent  comme  caraeUristiques  du 
iuide  (Scondant  deaanimauxy  auraient  bien  pu  exister  dans  le 
flnide  nutritif  ou  le  sang  du  polype  etdel'^nge  d*aau  douce, 
paiaqu'on  las  a  abservfe  dans  lasang  das  poly  pes  bryozoaires 
(afeyanelie,  tenda  aos^aricoto,  etc. ) ;  maiSynous  le  rSp^ns, 
talis  nos  soina,  tout  notra  bon  vouloir  dans  cette  recberche, 
n'ontpu  Dous  faira  arriTer  ii  lea  y  ddcou?rir.  II  est  done 
pft)babla  qa%  dans  oea  organlsaoes  animaux  entldrament 
dtpourTus  de  sexes,  et  qui  pourtant  produisent  des  orulas^ 
fort  simples ,  la  fdeondation  e^  produite  par  le  sang  ou  le 
•uide nutritif ,  soil  qu'U  contienne  des  aoospernes ,  soitqu'il 
an  soit  to«t-ti-fait  ddpourvu,  et  e^ert  alors  que  las  CBiifs,  qui 
seat  prodoits  aana  aocun  indice  appreciable  de  fteondatioo 
parainaiit  £tra  natnrellanaeBt    f6conda  par  aux-mtoias. 

Ce  qua  naua  venons  de  Toirs^effectuer  dans  les  organia- 
BMS  aniaaaux  lea  plus  simples  pent  encore  dira  observe  et 
coaatatS  dana  les  organismea  T^^taux  les  plus  infimes  et 
tout  4  foil  aganea,  qui  produisent  des  ovules  vdg^ux 
simples,  cobwk  sous  les  noms  de  spores  eidesporules.  Nous 
derana  mentlomier  ici  la  d<^eouverte ,  faitedans  ces  derniers 
temps,  deoorpusGules,  les  uns  de  forme  granuleuse,  nom- 
mte  fovilla^  les  anlres  sous  forme  de  filaments,  dans  le 
taide  fi^ndant  oa  le  pollen  dea  v^^aux  pban^rogames 
ateryplogamea.  Ges  corpuscules ,  k  cause  de  leur  existence 
dans  le  fluide  contenu  dans  les  grains  de  pollen ,  ont  St4 
appall  pk^te$perm€$  par  les  physiologistes,  qui  les  ont 
eaosidSrfo comme  rsasemblani  aux  animaeuleasperma- 
tiqaas  ouxoaapamea. 

fin  gMml ,  la  J6c%n4aiUm  eat  le  feit  oo  Facte  de  Hndi- 
tMu  mMe ;  la  eo  ntepi  ion  eat  le  rSsultat  d'one  attraction 
vHale  da  M4e  ffgcondant  par  le  germe  ou  ToTule  de  llndi- 
ndn  feroelle.  La  ftcondation  pent  aussi  Hre  considSr6e  comme 
Vimpt^gnaikm  ipiq^nMique  de  ToTirie  par  les  humeors 
do  aperma  etdu  pollen.  II  fttitdaac  que  ces  humeursaoienl 
pai16ea  jusqoe  snr  les  ovaires  pour  queHes  soient  mises  en 
eoatact  avec  les  onifs  qu*elles  sont  destine  k  f^eonder. 
Les  pbysiologistes  des  deux  rignes  organiques  sent  enftn 
parvenus  ii  d^montrer  campKlement  cette  mise  en  conctact 
imroMiat  des  huroeurs  f<^ndantes  avec  les  oeufs  non  en- 
core d^eh^  de  Fovalre,  ou  dc^jh  sorlis  de  cet  orgaiie ,  et 
rqet^  borsdu  coqis  dea  mirea.  On  Tuit  dc^ii  que  la  | 


.  ttfiondation  pant  Atre  produite  soit  dana  rmtdrievr  da  Torga- 
nisme  des  esp^ces  dites  Tiyipares  ou  ovoviWpares ,  ou  bors 
decat  erganisme ,  soit  au  moment  da  la  ponte  des  issok , 
soit  plus  ou  moina  longtempa  apr^  oette  ponte  (tw^s  G^iii- 
BATion). 

Quoique  le  m^canisma  physiologiqua  de  la  fitoondation 
n'ait  point  <t6  scrutd  ausei  profond^meat  qu'U  m^tte  de 
I'Atra,  k  cause  da  riBfiiienoaqu'il  axerce  surles  ressamManeea 
dea  novveaux  indiTidiis  avee  leors  parents  iramSdiatsou  avae 
leura  aieux ,  noua  soasmaa  ntenmolBs  aasea  a?ano68  dana 
cette  ^toda  pogr  M)aterl'faypotb4sada  XauraiMUnaks  el 
celle  da  iloaprdgnation  gteSrala  da  tout  rorgaaisme  fbnetla 
par  le  fluide fteondant,  qui,  agissant  k  la  naai^re  d'na  vims, 
r^rait  aur  lea  osufs  mOrs  dea  ovairas  pour  lea  f(teonder. 
Parmi  les  d^couvertes  r^oentes  qui  serrent  k  ^laf rer  la  m^ 
canisrae  employ^  par  la  nature  pour  Isire  arriTer  le  ihitd» 
fiteondant  Jusqu'ii  Tovaire  des  animaux ,  il  faut  mettre  en 
relief  celle  des  cils  Tibratlles  des  membranes  muqueuses  de 
Tappareil  genital  des  femelles.  Ge  sont  les  mouvements  tres- 
rapides  et  continus  de  ces  cils  qui  portent  jusqu'aux  ovaires  le 
fluide  f<§condant  TersS  dans  lesappareilsgtoitaux  connussous 
les  noms  de  matriee,  de  irompe  de  Fallope  ou  d^oviduete, 

Chez  les  esp^ces  du  r^e  animal  dont  les  indtvidus  sont 
des  A  e  r  m  ap  A  r  0  d  i  ^  e  J  in^i(jSiS5aB^s,  la  f^condation  r6sul - 
tant  d'une  oor^onction  peut  itre  rteiproque  et  aroir  lieu  sur 
les  deux  individus conjoints,  ou  bien  ne  s'effectuer  que  sur 
un  seul  agissant  comme  fenielle ,  et  faotre  remplissant  les 
functions  de  m&le.  En  Studiant  les  mmurs  d'un  certain 
nombre  d'esp^ces  demoHusques  gastSropodes,  nous  avons 
pu  recueilltr  des  faita  in^ts  et  trds-curieux ,  qui  nous  au- 
toriseut  k  croire  que  ehex  les  hermaphrodites  insuffisants 
la  feoondation  peut  avoir  lieu  sans  conjonction  de  deux  In- 
dividus ,  et  mfime  que  lorsque  oette  conjonction  a  lieu , 
ehaque  individu  f^eonde  lui-m^me  les  onifs  qu'U  poadra 
ultSrieurement.  L.  LAvaaNr. 

La  f^condation  des  v^Manx ,  du  moins  celle  des  v^g^taux 
plianSrogames,  la  seule  bien  connue,  offre,  suivant  Topi- 
nion  la  plus  g^n^rale  de  grandes  analogies  avec  fa  f^oonda- 
tion  des  animaux :  les  <^ta mines  remplissent  les  fonctfons 
de  Torgane  m&le,  et  le  pistil  joue  le  rMe d'organe  femelle. 
Toutsemble  com^nrir,  dans  Torganisationdes  flears,  pour 
favoriser  Pacte  important  dont  depend  la  conservation  de 
Tesp^.  Atnsi  la  corolle  est  construite  da  mani^re  k  pr^ 
server  les  famines  jusqu*au  moment  de  la  fteondation.  Si 
dans  les  campanulas  eA  dans  on  grand  nombre  de  compo- 
sto ,  la  nature  semUe  n*avoir  pas  pris  ce  soin ,  c'est  que  la 
l^foondatlon  s^optee  avant  P^panouissement  de  la  fleur.  Dans 
tons  les  eas,  les  proportions  relatives  des  diamines  et  dit 
pistil  concourent  avee  leurs  positions  respaotives  k  amener 
le  pollen,  lors  de  sen taission ,  en  contact  avec  le  stig- 
mata. Anssi  dans  la  plupait  des  fleuis  hermaphrodites  les 
dtamines  sont-elles  plus  longues  que  le  pistil ,  de  sorte  que 
la  seule  action  de  la  pesanteur  suflit  pour  que  la  poossi^e 
poliittique,  au  moment  od  eile  s'dchappe  de  l*anth^,  lombe 
sur  le  stigmate.  Lorsque  cette  r^e  n^estpas  observie,  Linn^ 
a  le  premier  fait  cette  cnrieuse  remarque,  que  la  fleur  est 
renvers^e,  da  mani^re  k  arriver  an  mArne  but  par  les 
ni6mes  nioyens.  Dans  les  plantes  oKmoiques,  il  flint  attri* 
biier  k  la  mfime  cause  la  position  dea  flenrs  mdles  k  l^xtr^ 
rail^  des  branches.  Mais  l^  ne  se  boment  pas  les  re8Sonfc(*s 
de  la  nature.  Dans  beaacoup  de  caa,  las  diamines  s*appro- 
dient  des  pistils  pour  d^poser  leor  pollen  :  par  extniple,  durvt 
les  liliac^,  les  this,  les  saxifrages.  Dans  les  kalmias  et  les 
g^ranluraa,  les  filets  se  courbent  pour  poser  Pantli^re  sur  le 
stigmate.  Dans  la  capucine ,  les  hult  Amines  sUnclinent 
chacune  k  leur  tour,  pendant  huit  jours,  avec  une  sorte 
de  r^utaritd.  Dans  la  pamassie ,  ehaque  famine  s^approche 
a  son  tour  du  pistH,  et  ae  retire  aprte  aa  dMoretion  poui 
faire  place  k  une  autre,  etc.  Des  mouvenienfs  analogues  se 
remarquont  dans  les  stfgniates  d'un  grand  nombre  de  plantes 
Le  piit^iiomdne  de  la  fi^condaflon  est  probablemnnt  toiiyours 
accompagne  d*un  direloppement  de  chaieiir,  qui  jusque  Ici 


*' . 


FfiCONDATION  —  FfiCONDATlONS  ARTIFICIELLES 


816 

n'a  ^  constats  d*ane  manitee  notable  qoe  dans  les  plantes 
de  la  fiunflle  det  aroSd^. 

Si  tons  ces  fdte  sont  aiqourd'hui  bien  ^tablis,  il  n'en  est 
pas  de  m^e  de  ceux  qui  sont  relatifs  k  Inaction  da  pollen  sor 
les  OTules  on  k  IMmpr^gnation.  hk  encore  on  se  troove  en 
pi^sence  des  denx  tbik>ries  de  1*  <  v  o  I  a  t  i  o  n  et  de  T^pig^nte. 
P^autres  diflicultte  se  prtsentent  encore  quant  an  mode  sui* 
▼ant  lequel  la  mati£re  fifeondante  se  trouve  transports 
dn  sUgmate  Jusqa'anx  ofules.  Nous  lalsserons  de  cAt<  ces 
questions  difBcUes,  mals  nous  ne  pouvons  quitter  oe  scjet 
sans  parler  de  I'opbiion  profess^  en  Allemagne  sur  le  r6le 
des  organes  gtodratenrs  dans  I'acte  de  la  Cteondation. 

Suif ant  If.  Schldden ,  qui  a  foit  6GoIe  de  I'antre  G6t6  du 
RUn  I  le  pistil  n'est  pas  un  organe  que  Ton  puisse  assimiler 
k  Torgane  sexuel  femeile  des  animaux ;  ce  n'est  pas  lui  qui 
foumit  le  genne  ou  Fembryon  destine  ^  la  propagation  de 
Fesptee.  Cest  tout  simplement  un  organe  de  gestation  dans 
lequel  le  germe  embryonnaire  est  apport^ ,  pour  s*y  d^Te- 
lopper  et  y  paryenir  ^  sa  maturity.  Le  germe  est  foumi 
par  r^tamine,  qui  est  essentieUement  I'organe  femelle. 
M.  Schlc»den  ne  Toit  dte  lors  aucune  analogie  entre  la 
f^condation  des  animaux  et  le  phtoomtae  qui,  selon  lui, 
porte  improprement  ce  nom  dans  la  Tie  des  v^^taux.  Cette 
thtoriey  adoptee  avec  des  modifications  par  MM.  Unger, 
Widler ,  Endlicher ,  etc. ,  a  ^t^  r^futte  par  MM.  de  Mirbel, 
A.  Brongniart ,  et  autres  pbysiologistes  habiles. 

Quoi  qu^il  en  suit,  nous  pon?onSy  avec  M.  A.  Richard, 
rteumer  ainsi  les  fiiits  principaux  sur  lesquels  doit  se  baser 
toute  thterie  de  la  fiteondation  :  « 1*  Dans  les  T^^taux  k 
sexes  s^par^,  les  individus  femelles  ne  portent  des  fhiits  et 
surtout  des  gralnes  mttres  que  quand  le  pollen  des  fleurs 
mAles  a  M  mis  en  contract  arec  le  sUgmate  des  fleurs  le- 
melles.  2*  Dans  une  plante  dioique,  on  pent  f<Sconder  ar- 
tifideUement  et  k  volont^  une  ou  plusieurs  fleurs  d^nne  ro^me 
grappe  en  y  d^posant  du  pollen;  toutes  les  autres  restent 
st^es.  8*  Si  dans  une  fleur  liermapbrodite  on  retranebe 
les  diamines  avant  la  ddhlscenoe  des  antb^res,  le  pistil  reste 
sterile.  4*  Dans  les  fleurs  doid)les ,  c'esUk-dire  dans  cdles 
dont  toutes  les  diamines  se  sont  transform^  en  p^tales, 
les  pistils  se  bnent  sans  se  conrertir  en  fruits.  5"  Les 
plantes  by  brides,  c'est-2t-dire  celles  qui  rteultent  de  la  t^ 
condation  artlfidelle  ou  naturelle  d'ond  esptee  par  une  autre 
esptee  analogue,  mals  diffi^ente,  sont  encore  une  des 
preuves  les  plus  conTaincantes  de  Taction  que  le  pollen 
exerce  sur  le  pistil.  Ces  bybrides  en  efliet  r^unissent  k  la 
fois  les  caract^res  des  deux  esptees  desquelles  dies  pro- 
▼iennent,  comme  on  le  remarque  pour  les  bybrides  ou  mulets 
parmi  les  animaux.  >  E.  MsauEux. 

F^GONDATIONS  ARTIFICIELLES.  Ube  fois 
qu'on  eot  acquis  la  certitude  que  les  poissons  et  beaucoup 
de  reptiles  mAles  ne  fdcondent  les  oeufs  de  leors  femelles 
qu'iprte  la  ponte,  il  Tint  k  Tesprit  de  qndques  pereonnes 
d'imiter  artifidellement  ces  fteondations.  Spallanzani  sur- 
tout, ce  savant  abbd  k  qui  l^istoire  naturelle  doit  tant  de 
d^couTcrtes ,  fit  ^  ce  sujet  beaucoup  d'exp^rienoes,  et  des 
experiences  tellement  ^tnnges  que  les  gens  scrupuleux  s'en 
montr^rent  scandalise.  Notre  abbd  commence  ses  essais 
par  les  salamandres  (ce  que  le  Tulgiaire  nomme  mouronSf 
petits  reptiles  bruns  et  Jaunes  qui  crient  le  sofr,  an  voisinage 
des  babitations  ebampfttres).  Or,  tant  que  Spallanzani  n'em- 
ploya  que  la  semence  pore  des  miles  pour  en  arroser  les  ceufr 
des  femdles,  H  n^obtlnt  ancmi  rteultat :  les  uoub  ainsi  asper- 
gi^  furent  inlands,  tandJs  que  la  fteondatlon  fut  parfaite 
toutes  les  fois  qu*il  ddaya  la  semence  dans  de  I'eau,  dans  du 
sang,  dans  de  la  bile,  dans  de  Turine,  et  m6me  dans  du  vi- 
naigre  :  quelle  que  fhtla  nature  du  T^bicule,  les  r^ultats 
^talent  identiques.  La  seule  condition  qui  sembl&t  essentidie, 
c'est  que  la  semence  ne  fftt  point  employee  k  I'^tat  de  con- 
centration ou  de  puret^;  sans  cette  precaution,  la  sterility 
etait  irremediable.  Aprte  aTobr  rdtere  les  memes  experiences 
sur  dea  oeofs  de  crapauds  et  de  grenouillcs,  et  en  avoir  ob- 
lenu  des  resullats  analogues,  Spallanzani  s'assnra  par  beau- 


coup d*epreuTes,  que  la  semence  conserve  ses  proprieies  pro* 
lifiques  plusieurs  beures  aprto  la  mort  de  Tanimd  de  qol 
die  provient,  mais  surtout  lorsque  le  temps  est  mediocrs 
ment  froid.  Une  autre  remarque  singuliire,  c'est  que  lei 
cenfii  sont  encore  susceptibles  d'etre  fecondei  dix  k  doose 
lieures  apr^i  la  mort  des  femelles,  tandis  quils  demeoreot 
4  jamais  steriles  quoique  cbauds  et  nouvellement  extraits  oa 
pondus,  s'ils  sont  restes  plonges  dans  Tean  plus  de  dome 
minutes  avant  d^avoir  eprouve  le  contact  dn  fluide  semiaal. 
Quant  ^  la  puissance  lecondante  de  cette  liqueur,  le  meme 
experimentatenr  s'assura  qu*ll  suffisalt  de  trois  grdns  ds 
semence,  deiayes  dans  douze  onces  d*ean  ordinaire,  poor  16- 
oonder  et  amener  ^  bien  les  oeufs  reunis  de  dnquante  grs- 
nouilles.  Pen  importe  meme  que  ces  ceufs  n'aient  ete  im- 
merges  dans  ce  liquide  mixte  qu'un  instant  ou  de  longoes 
beures;  quails  en  soient  de  toutes  parts  iropregnes,  on 
touches  seulement  par  un  seul  point  de  ieur  sur&ce.  II  sof- 
fit, par  exemple,  qu'une  pointe  d'aiguiile,  trempee  dans  le 
fluide  seminal,  soit  appliquee  sur  un  oeuf  pour  feconder  oe- 
lui-ci ,  et  meme  la  fecondation  s'etendra  k  un  deuxieme  oeaf 
conligu  et  colie  au  premier,  sans  que  Taiguille  l*ait  tooclie. 
Si  Ton  jette  des  ouifs  de  grenouille  non  encore  fecondes  dans 
une  mare  renfermant  dij^  d*autres  oeufs  fecondes,  toos  oes 
omh  seront  productifis,  tons  donneront  le  jour  k  des 
tetards.  D*oii  il  suit  que  remission  seminde  d*one  seole 
grenouille  suffirait  pour  feconder  tous  les  oeufs  de  U  meme 
espeoe  contenus  duis  la  meme  piece  d*eau. 

On  a  cdcuie  dans  quelles  proportions  etalent  la  semence 
et  les  oeuft  fecondes  par  die,  et  Ton  est  arrive  k  des  rhsA- 
tats  vraiment  incroyables.  Une  fois,  entre  autres,  SpaUsn- 
zani  avdt  plonge  dans  du  sang  des  oeufs  non  encore  fecondte 
de  crapauih;  et  fl  s'attenddt  bien  k  les  voir  rester  sterilet. 
Jugez  de  sa  naive  surprise  quand,  qndques  Joors  apres,  il 
y  vit  apparattre  des  tetards  bien  formes  et  vivants !  £mer- 
vdlie  d'un  resultat  ansd  inattendu,  il  n*en  poovdt  deriner 
la  cause.  Gependant  il  se  rappda  que  cette  masse  d'oenfii 
avait  ete  tiree  de  I'oviducte  d^un  crapaud  femelle  avec  dei 
pinces  qui  avdent  servi  k  dissequer  les  testicules  d^un  en* 
paud  mdel....  On  a  varie  ces  operations  k  i'infini.  On  a  m 
que  Teau  spermatisee  conserve  plus  longtemps  sa  vertn  fi^ 
condante  que  la  semence  pure;  que  la  chaleor  commQ- 
nique  d'abord  plus  d'energie  k  cette  vertn  fecondante  de  la 
semence  deiayee,  mais  qn*ensuite  die  la  lui  fisit  perdra,  et 
que  lorsqu'en  le  filtre,  le  liquide  flltre  perd  ses  proprietts* 
tandis  que  le  dep6t  forme  sur  le  filtre  les  conserve  enenfter. 
Enfin,  cette  eau  seminde  cesse  d'etre  fecondante  quand  oa 
Tagite  k  I'dr  libre,  quand  on  Pexpose  k  un  froid  ^adal  oo 
k  une  chaleur  de  44^,6 ,  de  meme  que  lorsqn'on  la  meie  a 
de  I'doool  00  k  du  sd  marin.  De  \k  on  pent  inierer  que  les 
polRSons  de  mer  ne  fecondent  les  oeufo  dea  lemdles  qu'en 
repandant  Ieur  semence  imediatement  sur  eax  et  ao  mo- 
ment meme  de  Ieur  sortie.  Mals  les  poissons  d'ean  doooe 
et  les  reptiles  peuvent  effectuer  cette  leoondation  k  distance : 
Vean  sort  de  vehicule  k  Ieur  semence,  k  pen  prte  oonune 
Tair  sertd'intermediaire  etde  messager  au  pollen  des  pladei 
dioiques. 

Ces  fScondations  artifiddles ,  que  Spallanzani  realisa  poor 
les  eenfs  de  qndques  reptiles  et  du  ver  ^  loie,  d^  Liniie  st 
Kooelreuter  en  avaient  effectue  de  semblables  poor  )m  plantts, 
en  seoooant  sur  le  pistil  des  fleurs  la  poosdera  grairae  des 
etamines.  On  s*euil  de  meme  assure  qnll  est  possible  de 
repenpler  des  etangs  et  dea  vlviers,  en  y  jetant  les  oeafli  ar- 
tifideUement  fecondes  des  poissons  qu*on  detrult  Idle  eit 
I'origine  de  la  nouvdle  Industrie  dite  pisciculture.  Vi- 
magination  ensuite  devan^ant  les  fdts,  on  a  suppose  qoe 
meme  les  grands  animaux  peuvent  se  feconder  k  distance, 
un  liquide  inerte  servant  de  vebicule  au  fluide  prolifiqoe  : 
c*est  aind  qu'on  a  afRrme  qu'une  jeune  fille  avdt  coagt  k 
la  maniere  des  poissons  pour  avoir  pris  un  bain  equivoqod 
conune  si  les  fdts  verifies  par  Spallanzani  n*etdent  pas  asset 
merveilleux  sans  y  joindre  des  fables  ausd  rii^icules  quia- 
vraisemblables  t  Toutefob,  on  trouvera  dans  notre  Phfisio- 


FfiCONDATIONS  ARTIFICIELLES  —  RECONDITE 


^it 


logie  comparde  plusiears  exemples  de  fiteondatioitt  artt- 
Adellat  efTectute  sar  des  mammifires. 

II  mUit  k  saToir  si  la  aemenoe  d*one  esptee  serait  apte 
k  Uoaodw  let  oeoft  d^uie  eaptee  diflifirente :  or,  Spallanzani 
16  ooDTainqiiit  que  la  aeinence  d^iDe  eaptee  de  grenouiUe  na 
poorait  senrir  k  f^teonder  let  obuIs  proYenant  d'une  autre 
esptee,  maia que le  m^laiige  des  deux  tortes de  aemences 
jovdasaitde  la  propria  dettoonderlesoMb  del  deux  flunil- 
lea.  D'oii  pent  proTeuir  cette  inadioii  dn  fluide  sAuinal 
panant  d^ineraoe  k  Pantrer  Ifouf  ne  laTons  rieu  lur  cet 
etwsesy  maia  nouaen  mesurons  lea  oona^quencea,  eteiies  noua 
aemblent  dlgnes  d^ACre  m<dltfea.    -  V  Isidore  BooaDOR. 

F£GOBn>IT^  quality  en  Tertu  de  laqoeUe  lea  Mraa 
origBnlste  peuTeut  reprodnire,  par  Toie  degeneration 
un  OQ  plusieura  individos  semblables  k  eux-mdmes.  La 
pniaaance  Greatrfce,  co  menreiUeux  attribnt  des  seuls  corps 
organiaea »  se  diveloppe  dlTersement  chez  les  Tdgetaux  et 
lea  animaux.  Dans  lea  uns  et  dans  lea  autres,  elle  paralt 
egalement  prodigieuse.  Qa*une  tige  de  mala  produise  2,000 
graines ,  qa*nn  soleil  en  ait  le  double,  qn'un  pied  de  parot 
donne  Juaqu^lt  32,000  semences,  une  tige  de  tabac  plus  de 
40,000,  qu*un  orme,  qu'un  platane,  fournissent  Jnsqu'A 
100,000  gninea  par  an ,  qn*on  giroilier  produiae  plus  de 
720,000  clooa  de  girofle,  qu^en  comptant  les  bourgerons 
qull  pent  donner  en  outre,  on  double  le  nombre  de  ces 
mojens  de  reproduction  cheque  ann6e,  ils  sont  immmses 
sans  doute ;  et  si  toute  r^nergie  procr6atrice  d'un  aeol  t^- 
getal  ae  d^reloppait  en  autant  de  nouTeaux  etrea ,  la  terre 
et  les  aphirescilestes  mime  ne  soffiraient  bientftt  pbia  pour 
lea  nourrir  tons.  Mais  tout  cela  est  pen  encore  en  compa- 
raison  de  certains  animaux.  Ainai  Reaumur  a  calcuU  qu'k  la 
dnquitoie  g^nerationun  pnceron  pent  compter  5,904,000,000 
de  descendants.  Jurine  a  egalement  dtahli  qtt*un  seul  indiv 
tidu  d'une  ebp4ce  de  crustac^,  le  qfclqpe  quadfieome^ 
pouTaH  produhe,  dana  Pespace  d*une  annfo,  taut  par  lui- 
mteae  que  par  ses  produits  suoceasiTement  f^condes,  le 
cbilTre  ^norme  de  plus  de  3  milliards  et  demi  d'individus. 
Une  autre  supputation  de  ce  genre,  trts-aisee  ^  y^rifter, 
c'cst  qu^en  qnatre  ans  une  paire  de  lapina  pent  avoir 
1,274,000  descendants.  On  salt  que  cea  animaux  uettent 
bas  jQsqa'ii  buit  fois  par  an,  que  chaeune  de  lenra  porteea 
est  de  quatre  k  buit  indiyidus,  lesquels  sont  eox-ULfimaa 
aptea  k  engendrer  au  boutde  aix  moia.  Sana  parler  des  dnq 
k  mx  mille  oenls  qu*une  reine  d'abeilles  pond  chaque 
annte,  non  plus  que  des  moucberons ,  n!  des  sauterelles, 
qui  s^Tancent  dans  les  champs  de  la  Tartaric  en  nu^ea 
assci  epalases  poor  obscurdr  le  soleil ,  et  d^rorer  en  quel- 
qoes  beares  loutes  les  productions  T^g^tales,  bomons-nous 
k  citer  lea  animaux  aquatiquea,  et  pafticuUdrement  lea  pois- 
loiia.  Le  moindre  bareng  a  pris  de  dix  mille  oeu6.  Bloch 
en  a  troure  100,000  dans  unecarpe  d*nn  quart  de  kilo- 
gramme; one  autre,  lotngne  de  0",M,  ayait,  de  calcul  fait, 
miTant  Petit,  262,254  oeufs,  et  une  autre  de  0'*,43, 342,144 ; 
una  perch e  avail  280,000  oaofs;  une  autre,  380,640.  Cela 
a^est  rien  encore.  Leuwenhoek  a  pronT6  Texistence  de 
8,344,000  OMifo  dans  une  senle  morne.  Or,  ti  Ton  consi- 
An  quo  ce  seul  poisson  en  pent  donner  autant  pendant 
beaneoop  d*annte,  que  Pocten  noorrit  Uendes  milUonade 
caa  mCmaa  momea,  que  tooa  leora  cenfii  penreat  donner 
aoUnt  dm  pobaona  qni  en  produlraient  dea  mflUarda  de  mQ- 
Baids  k  War  toofy  Pon  aera  effra j6  de  Pepourantable  fteon- 
due  de  la  nature.  Lea  bomea  de  Punlvera  mtoie  derien- 
dnlant  k  la  fin  trop  etroltes,  si  Pon  suppose  cette  puissance 
pcodoctiTe  agisaant  de  tous  ses  mojens,  sana  que  rien  Par- 
rile  ;  car  la  nature  se  porte  d*ailleors  aTcc  impetuosity  vers 
la  reproduction  par  PattraU  inconcevable  du  plalsir;  de  sorte 
que  Peqnillbre  de  Punirers  ne  poorrait  pas  snbslster  sana 
lapolssanee  de  destmctkm  qni  retabllt  le  niveau  de  toua  lea 

Dans  Pesptee  hnmaine ,  la  puissance  de  reproduction  eat 
heorenseroent  plus  limitde,  quoique  Punion  sexuelle  y  soil 
plus  freqoente  que  chei  les  autres  esp^ces;  et  Pon  nepcut 


meconnaftre  en  cela  une  ftveur  de  la  nature.  La  puissance 
de  reproduction  commence  k  s*exercer  lor^qu^il  y  a  deve- 
loppement  complet  de  llndividu  et  surabondanoe  de  vie; 
puis,  qoand  arrive  Pige  mOr,  les  forces  assimilantea  el 
nutritives  diminuent,  et  avee  eUes  la  puissance  reproductiTe. 
Cost  en  general  de  quarante-deux  k  quaranta-neuf  ana  que 
les  femmes  cessent  d'etre  fecondes;  chez  l*bomme,  la  puiis- 
sance  de  reproduction  se  perd  d^ordinaire  de  dnquante  k 
cfaiquante-aix  ans,  quoiqn'on  ait  dea  exemplea  d'individus 
qui  la  conaervent  Jusqu'k  solxante  ans  et  memo  k  un  8ge 
beaneoop  plus  avance.  On  se  tromperait  au  reste  en  pre- 
tendant  fixer  cea  epoquea  comme  falsant  lot  pour  toute 
Pespeee  bumalne.  Le  fait  est  que  cette  rigle  sublt  de  gnindes 
modifications,  en  raison  du  climat,  dea  mosurs  et  des  pas- 
sions. Par  exemple,  les  Orientaui,  qui  deviennent  puberes 
dea  P8ge  de  douie  k  treize  ans,  perdent  souvent  leur  force 
creatrice  k  trente  ans;  et  leors  femmes  cessent,  elles  aussi, 
d'etre  fecondes  k  cet  Age.  Chex  les  peoples  du  Nord,  tout 
au  contraire,  cette  faculte  ne  ae  developpe  que  beaucoup 
plus  tard;  en  revanche,  elle  y  dure  plus  longtemps,  car 
presque  partoot  il  y  a  rapport  egal  entre  son  developpe- 
ment  et  sa  disparition. 

Quant  aux  causes  qui  flivorisent  la  lecondite  chez  llionmie, 
il  fiiut  porter  en  premiere  ligne  une  nourriture  abondante. 
En  effet,  par  tout  pays,  les  bonnes  annees  sont  ioojours 
marqueM  par  une  augmentation  notable  dans  le  nombre 
des  naissances.  On  a  aussi  remarque  que  les  peuples  qui 
sc  nourrissent  de  poisson  se  multlplient  avec  plus  de  (iudUte 
que  ceux  qui  ne  consomment  guere  que  de  la  viande;  un 
fait  certain,  c'est  que  les  populations  des  cdtes,  liabituees  k 
se  nourrir  en  grande  partle  de  poisson,  sont  plus  fecondes 
que  les  populations  fixees  dans  Pinterieur  dei  terres.  La 
feoonditeestplusgrande  dans  les  pays  froldsquedans  lespaya 
chanda.  On  ade  lout  temps,  par  exemple ,  ceiebre  la  fetondite 
des  Suedoiaea.  En  Allemagne,  lea  femmes  out  en  moyenne  de 
six  k  buit  enfanta, en  France  de  quatre  k  dnq,  en  Eapagne 
de  deux  k  [trois ;  mala  les  exceptions  individuelles  ^  cette 
regie  naturelle  abondent  Certains  pays  sont  plus  parti- 
ouUerement  ceiebres  pour  leur  tecondite;  ainal  lea  femmea 
des  negres  d'Afrique  sont  extremement  fecondes,  et  rien 
de  plus  common  en  £gypte  que  de  rencontrer  des  Jumeaux. 
Les  bainadontleaOrientaux  font,  comme  on  salt,  un  si  grand 
usage  contribuent  sana  doute  pour  beaneoop  dans  ce  pays 
k  un  tel  resultat.  Lea  regions  equatorialea,  malgre  la  ri- 
chesse,  la  proAision  de  leurs  productions  alizMutaires, 
malgre  Pardair  et  la  beaute  de  leur  cUmat,  qui  favoriaent 
tant  le  rapprochement  des  sexes,  malgre  la  aurabondauce 
des  fiemmes,  la  polygamic,  la  facUitd  dea  Jooiaaances,  sont 
beaucoup  moina  fiteondes  que  lea  regiona  aeptentrionales 
ou  australes. 

En  general,  la  fecondite  est  tres-grande  parmi  les  popu- 
lations agricolea  vivant  dans  un  etat  de  bien-etre  reel.  Les 
Tillages,  les  bourgs  oil  abondent  les  travailleors  et  uu  les 
gens  reellement  riches  sont  Pexception,  contribuent  bien 
plus  II  Paugmentation  de  la  population  d'un  paya  que  les 
grandes  Tillea.  II  y  a  dea  temperamenta  et  des  constitutions 
pfaia  aptea  que  d'autrea  k  la  fecondation.  Ainsl,  les  hommes 
k  largea  epaulea,  k  la  toIx  forte  et  pWna,  aux  mnadea 
Tigoureux,  aont  particulierement  aptea  k  rendre  ftoond 
I'teta  de  l>Bulon  dea  aexea.  Cost  une  erreur  de  crolre  que 
les  plus  beOea  femmea  soot  auaal  les  i^ua  fioondea ,  car  la 
nature  n'etabllt  paa  toujoura  un  equilibre  parfait  entra  la 
perfection  dea  formea  et  la  force  phyaique  dHm  hidividu. 

SI,  comme  nous  Pavona  dit,  lea  anneea  heureuses  sont 
fjiTorablea  k  la  multiplication  de  Peapece  bumaine,  par 
oontre,  lea  anneea  de  famioe  et  de  misere  sont  constam- 
ment  sulvles  d'une  diminution  sensible  dans  le  nombre  des 
naiasances.  Chez  lea  peuples  nomadea  et  chez  ceux  ot  les 
deux  sexes  yivent  liabituellement  isoies  Pun  de  Pautre,  il 
nalt  beaucoup  moins  d'enfants  que  parmi  les  nations  oti  les 
deux  sexes  ont  entre  cux  de  phis  frequents  rapports.  Le 
defaut  d'harmonie  entre  le  temperament  des  deux  eponx. 


I 


TaDtipathie,  ie  d^ofit,  I'iodifr^ence,  des  mfinxut^,  im  ^tat 
de  maladie  qui  ne  pr^ispose  pas  aax  sensations  amoureu- 
ses,  la  d^licatesse  de  constitatioOy  une  trop  grande  irriU- 
biiiU  des  nerfs,  un  embonpoint  tr^-pronouc^  ou  une  trop 
grande  maigreur,  i'^puisement  et  La  faiblesse,  de  trop  grands 
e(Toi1s  de  corps  et  d'esprit,  des  passions  trop  Tives,  l^in- 
terapdrance,  l*abus  des  plaisirs  de  i'amour,  telles  sont  les 
causes  les  plus  ordinaires  de  st^rilit^  chei  les  deux 
sexes.  On  a  remarqud  que  la  multiplication  de  Tesp^ce  est 
touJQurs  d'autant  moiodre  que  la  jouissance  sensueUe  est 
facile  et  fr^quente.  L*usage  de  yfitementstrop  ^troits,  couime 
culottes  et  pantalons  collants,  ou  I'babitude  de  faire  de 
longues  courses  h  cheval ,  peut  aussa  faire  perdre  k  un 
liomme  la  puissance  de  reproduction.  Cest  k  cette  demi^re 
cause  qu^U  faut  notainment  attribuer  le  peu  de  fi^ndit^ 
deB  anciens  Scythes ,  ainsi  que  des  Tartares  et  des  Arabes 
de  nos  jours,  peoples  qui,  comme  on  salt,  passent  une  bonne 
partie  de  leur  Tie  k  che?al. 

FECULE.  Si  Ton  donne  le  nom  de  /artneaui  ma- 
ti^res  pulvdris^  contenant  un  melange  d' amid  on  etde 
gluten,  on  appelle  /dcule  la  poussi^re  d^amidon  pur  ou 
le  d^pdt  pulverulent  d'amidon  qui  se  pr^dpite  au  fond  de 
Teau  quand  on  y  lave  divers  v^^taux,  pr<^lahlement  broy^ 
par  un  moyen  m^canique.  Les  pommes  de  terre,  le  manioc, 
Torchis,  le  sagoutier  et  plusieurs  autres  plantes  fournissent 
de  la  fi^cule. 

Pour  oblenir  \&/^cule  de  pommes  de  terre  ^on  rftpe  ce  tu- 
bercule  k  T^tat  de  erudite  par  un  moyen  quelconque;  on  lave  ces 
rApuresdans  un  premier  baquet^on  les  tamise  k  grande  eau 
en  les  recevantdans  un  second  baqiiet;  on  laisse  reposer,  on 
di^cante  Teau ,  on  enl^ve  une  couclie  supdrieure  grisAlre , 
meiangde  de  f<6cule  et  de  parencbyroe  ou  pelure  qui  s*est 
form^  au  fond  du  baquet  au-dessus  de  h  veritable  f^^cuk. 
On  r^p^te  ce  lavage  trois  ou  quatre  fois ,  puis  on  lait  egout- 
f er  la  f^cule  dans  des  paniers  doubles  eu  toile ;  on  purte 
ensuite  la  masse  qui  en  r^ulte  se  dess^Uer  dans  une  ^tuve 
chaufTito  d'abord  k  30**,  et  que  Ton  finit  par  amener  k  60 
ou  70°  centigrades.  Ces  formes  de  fi^ules,  semblaiilcs  k 
eelles  de  savon,  une  fois  dess^chto,  sont  pulvdrisdes  et 
bliitees  :  le  produit  de  ce  blutage  est  la  f^cule,  qu'on  livre 
a'Dsi  au  commerce,  lies  pommes  de  terre  jaunes  sont  les 
plus  produclives,  et  ieur  fdcule  est  la  mcilleure.  Cette  nid- 
thode  d*extraire  la  fi^ule  de  la pomme  de  terre  k  Ictat  de 
crudit<^  laisse  au  produit  une  petite  Acret^  ou  l^ger  goQt  d6- 
sagrdable,  du  a  quelques  atomes  d'une  liuile  essentielle 
fournie  par  le  d<^cliirement  du  parencliyme.  Pour  6viter  cet 
inconvenient,  on  a  propos<^de  faire  cuire  prealabicuicut  les 
pommes  de  terre  k  la  vapetir,  et  de  les  introduire,  une  fois 
cuites,  dans  le  corps  d'un  cylindre  vertical,  ferm^  d*an  bout 
par  une  t£te  d^arrosoir,  puis  deles  fouler  par  Touverture  su- 
perieure  du  cylindre  avec  un  piston  sur  les  tubercules,  dont 
la  fccule,  par  suite  de  cette  pression,  est  forc^ede  passer 
k  travers  les  petiU  trous  du  cylindre  et  de  tomber  dans  un 
baquet,  oil  elle  forme  tranquillement  son  d^pOt,  tandis  que 
le  parenchyme  reste  dans  le  corps  de  pompe. 

La  preparation  des  f^cules  -exotiques,  telles  que  celie 
du  manioc  ou  caasave,  s^execute  k  peu  pr^  de  la 
memo  mani^re.  Par  une  nouvelle  operation  on  tire  de  la 
cassave  le  /api  oca,  qU'e  Ton  ialsifie  ou  que  Ton  knite  au 
moyen  de  la  f^cule  de  pommes  de  terre.  Dans  le  pays  d,ii 
manioc,  ct  surtout  k  la  Guyane  fran^aise,  quand  on  veut 
obtenir  de  la  f^cule  ou  amklon  tr^s-pur,  on  ne  s^adiesse 
pas  au  pain  de  cassave ,  mais  on  laisse  d^iHiser  le  sue  que 
Ion  vient  d'extraire  par  la  pression,  et  cette  f^cule,  des 
pli.'S  belles,  appelde  cipfpa,  est  employee  poiu*  faire  des 
p&l's«€ries  dclicatos ,  dc  la  colle,  des  apprftts,  et  pour  fa- 
briqner  la  poudre  a  mettre  sur  les  cheveux. 

C  est  ici  ie  lieu  de  parler  d'une  ddcouverte  due  k  un 
lionuue  qui,  declare  complice  de  Fiesclii,  a  fmi  comuie 
lui  sur  recliafaud,  ^  Pepin.  Cclle  d^couvcrte  etait  la  decor- 
tication et  la  pulverisation  des  Idgumes  (arineux.  Longtemps 
CD  avail  cUercltd  cc  moyen, et  pourtaatU  ^tait  fort  simpk*. 


FECONDlTit  --  FEDfeRATlF 


car  il  Gonsiste  k  jeter  daoa  Teau  bouiUante  lea  barMa, 
pois  ou  autres  legumes  que  Ton  vent  d^rtiquer,  c'est-i^ 
dire  depouiller  de  leur  peliicule,  Ik  les  y  laisser  quelques 
minutes,  jusqu*^  ce  qu'ils  soient gonOes ,  puis  k  lea  retirer 
de  Teau  et  k  les  dessi^cber  dana  une  etuve  k  fi^uW;  alori 
le  grain  se  condense,  la  peau  se  d^tre  et  le  moiDdre 
concassage  et  yannage  met  ais^ent  tous  les  grains  h 
nu.  II  ne  a^agit  ensuite,  pour  avoir  U  Urine  ou  U  ficuW 
puWeriaee  de  ces  legumes,  que  de  les  porter  k  un  mouUi) 
qui  les  r6duit  en  poudre  auau  fioe  que  Ton  le  peut  dftelrnr. 

Fj^D^EALIiNfif  F^I>^ALIST£,  r^aUsation  du  sya- 

ifeme  f^d^ratif,  et  partisan  de  ce  syst^me.  Par  e«  preioicx 
nom  on  a  d^igne,  pendant  la  revolution  de  1789,  le  proj«t 
attribo^  aux giro n dins  de  rompre  I'unit^  Rationale,  et  cU 
composer  des  quatre- vingt-troia  d^arteroeata  de  la  France 
quatre-vingt-trais  ^ts,  tous  egaux  entre  eux  et  conM^r^, 
comme  les  £tats-Unis  de  TAm^que  du  Kon).  Da  reste 
Buzot  et  Brissot  defendaient,  au  food,  Itfid&alisme  pluf4U 
comme  une  opinion  tbeoriqiie  que  corome  un  ayst^e  pra- 
tique applicable  ^  la  France ;  ce  qui  n'emptolia  pas  la  Con- 
vention, k  la  suite  des  d^bats  relatifs  k  Taccusation  .de/4^^- 
ra/tsm6,  ded^r^tar  Tunit^  et  TindivisibiUt^  de  la  v^ublique 
fran^ise.  On  a  cru  voir  avec  raisoa  une  contrefacon  mes- 
quine  du  f^d^alisme  am^cain  dans  lea  ellorta  tent^  sous 
la  republique  de  184a  par  les  r6actionnairea  de  TAssembl^ 
natiooale  pour  investir,  dans  certains  cas  pr^voa,  kss 
conseils  gendraux  des  d^partements  du  pouvoir  souverain, 
sous  priitexte  d'opposer  one  digue  aus  ^lueutes  de  la  ca|M- 
tale ;  impuissante  contrefa^on  dont  ont  eOt  bient^t  reconno  le 
ridicule,  ai  la  r^publique  se  fikt  conaoUdito  en  France. 

Le  secret  dea  r^votutions  continueUes  qui  d^aoleot  les  beaux 
climats  de  TAm^que  du  Sud  eat  tout  entier  dans  la  lutle  des 
deux  partis/M^o/U^e  et  unltaire,  auxquels  se  ralliealtema- 
tivement,  auivant  les  int^rfits  de  leur  ambitbn,  toot  oe  peu|4« 
de  g6n6raux  Sgnorants  et  grossiers  que  les  guerres  intestines 
deces  malheoreiises  r^ubliques  ont  (ait  sortir  de  terre.  Dans 
notre Europe,  c'est  en  S  u  i  ss  e  que,  sur  une  ^cbelle  r^uite , 
le  fid^aiisme  est  en  rigueur,  comme  il  Teat,  dans  de  plus 
grandes  proportions,  au  aein  des  £tats-Unis  du  nord  de  I'A- 
ro^rique.  Sor  lea  ancieones  conC&l^rations  etlea  moderaes  on 
peut  coosulter  Texcellent  recueil  des  articles  publife  ee  Anw- 
rique  par  Hamilton ,  Madisson  et  Gay,  lors  des  diseiiisions 
sur  le  projet  de  constitution  federate,  pri^nt^  par  la  oenvan< 
tion  anglo-am^ricaine  quepr^idait  Washington,  en  1787 ."Ce 
recueil  parut  sons  le  titre  du  FMircUiste,  et  fut  trednit,  per 
le  girondin  Lantbenas,  ea  1793.  Toutes  lea  constitutions 
federatives  y  sont  signal^  et  appr^cieea  avec  un  jugemeni 
sAr.  II  n'est  pas  inuUle  de  rappeler  que  cette  publlcatioii 
servit  de  pretexte  k  Taccusation  de  fi^eralisme,  sur  laqueita 
les  jacobins  bas^rent  la  proacriptioo  de  leurs  adversairea. 

FEUERATIF  (Syst^me).  Un  £iat  M^ntn  cst  ceka 
qui  se  compose  de  plusieurs  £tata  unia  entre  eux  par  un 
pacta  coromun.  De  tout  temps,  les  pettts  itats  oat  seati  la 
n^cessit^  de  s'onir,  soit  pour  fonder  leur  liberie ,  soit  pout 
la  defondre.  L*antiquit^  eat  pleine  d*exemplas  de  cea  unions^ 
temoin  la  confederation  dea  r^publiques  lydennes,  atgnaMe 
par  Montesquieu  conune  le  mod^e  dea  l^tata  fiedcratys;  la 
ligue  amphyctioniqne  des  dt^s  grac^es ,  la  Ugae  %cli^en* 
ne,  etc.  Pendant  six  ai^clea  U  r^ublique  mmine  fut 
ea  Italic  le  oenlre  d'une  oonfiideratMn  qu'eHe  ilawineili,  ei 
qu^elle  fut  eafin  forc6e  de  s^asaimiler  par  PadMSsioa  dea 
allies  au  droit  de  cite.  Quand  cesar  envabit  ka  Gaules,  les 
peuples  de  cette  contr^  formaient  des  eonfed^rations  inpar* 
faitcs,  dont  les  divisions  Taid^nt  k  les  aaaervir.  Le  senii* 
meat  du  hesoia  deFunion  manqua  aux  r^publiqyea  ilalieaaes 
ilu  meyen  Age.  Aveu^d^es  par  leurs  rivalit^,  ellea  ae  com* 
prireni  point  la  n^cessit^  d^une  associatioa  forte  et  durable 
pour  n^sister  aux  grandes  puissances  que  leurs  ricliesses  iik 
vitaienl  k  les  d^titjire.  Le  ni6ine  aveiiglement  tivra  au  glaive 
do  la  noblesse  fdodale  les  opulentea  cit^  dea  Pays»Bas. 
L'amour  de  leur  ind^pcndance  et  one  vie  fnigale  ia.<(pirtecnl 


F£d£rATIF  —  F^D^RATION 


Ifls  etntoBft  fioisses.  Leon  ligoes  Aireni  assez  fortes  poor 
ftire  respecter  leur  liberty.  Animte  dee  monies  sentimeaU, 
lee  ProTteceft-Cniet  Mlandaises,  malgf^  rimperfection  de 
leur  tyBMine  M€nUty  sttrent  pendant  prts  de  denx  nicies 
seioaiDteidr  teddpendantes  et  s^lerer  k  une  grande  prosp^- 
rite. 

Jmf^*k  tioa  Joun  ce  sysltoe  d'union  entre  des  peoples 
fSbre^f  eomme  moyen  der^lstance  conlre  ragression  ^Iran- 
gfcre,  n'airait  ^  appliqod  qo*k  de  petits  ^tats;  car  la  con- 
fM^ration  rormant I'e m  p  1  r e  d'Alleman^ne,  pretque  toujoura 
troobl^  par  des  goerreB  intestines,  on  doming  par  ime  oo 
deux  poissances  pr^pond^rantes,  ne  semblalt  destine  qu'^ 
aCtester  l^mpo»s1bint6  de  I'application  de  ce  syst^me  ftnr  une 
ffvn^  ^helle.  Le  cbef  de  cette  ilgoe  formte  d*6l^ments  M 
ineob^nnts,  remperetir  d'Alleniagne,  nMtaltqu'un  suzeratn 
en  hitte  perp^toeite  avec  ses  yassaux  et  seft  co-£tabt ;  encore 
anjourdiiol, laconf^d^ration  germaniqiie laisse voir 
trop  sonvent  la  lutte  des  deux  puissances  pr^pond^rantes. 
C*est  seoiement  depuis  pr^  de  quatre-vingts  ans  que  le 
monde  a  to  s'dtablir  pour  la  pretni^re  fois  une  cm r^^ra- 
tion  d'Stats  Hbres  unis  entre  eux  par  un  pacte  conimun, 
que  fait  respecter  un  gouternement  central.  Pendant  cette 
p^riode  la  puissance  des  ^tats-Unis  n*a  cess6  de  grandlr. 
Dans  les  nombreuses  r^publiques  de  rAmcSrique  du  Snd, 
toutes  d'origine  espagnole,  c*est  le  syst^me  f^d^atif  ou  uni- 
taire  qui  est  constamroent  la  cause  ou  le  pr^texte  des  re- 
volutions qui  les  ensanglantent. 

Montesquieu  a  vu  dans  les  r^publlques  conRkl^r^  le 
Dioyen  d^^tendre  la  sphere  des  guuvernements  populaires , 
et  d*tfnir  les  avantages  de  la  monarchie  d  ceux  du  gou* 
vemement  r^bticain,  «  II  y  a  une  grande  apparence, 
dit-il,  que  les  hommes  auraient  6i^  k  la  fln  obliges  de  tivre 
toujours  sous  le  gonvemenient  d*un  seul,  s'ils  n^atalent 
Imaging  une  maniire  de  constitution  qui  a  tons  les  avantages 
inl^rieurs  du  goutemement  r^ptiblicain  et  la  force  ext^rieiire 
du  monarchique.  Je  parte  de  la  r^publique  federative.  Cette 
forme  de  goovemement  est  nne  convention  par  laquelle 
pinsteurs  corps  politiques  consentent  k  devenir  citoyens  d\in 
l^t  qu'ils  veulent  former.  CTest  une  society  de  societes 
qui  en  font  nne  nouvelle,  qtii  pent  s*agrandir  par  de 
noareaax  a.s8ocie$  qui  se  sont  unis.  Composee  de  petites  re- 
pobliques,  elle  Jouit  de  la  bonte  du  gouvemement  interieur 
de  diacune,  et  k  l^ard  du  dehors  elle  a,  par  la  force  de 
Passociation ,  tous  les  avantages  des  grandes  monarchie:!.  » 
Jean-Jacques  Rousseau,  k  son  tour,  promet  de  fkire  voir 
eomment  on  pent  reunir  la  puissance  exterieure  d*un  grand 
people  avec  la  police  aisee  et  le  bon  ordre  d*un  petit  tint, 
II  atiraft  accompli  cette  promesse  lorsqu^en  traitant  les  re- 
lations externes,  il  en  serait  Tenu  aux  confederations ,  ma- 
ti^,  ajonte-til,  toute  neuve,  et  oh  les  princlpes  sont  encore 
k  etablir.  On  ne  saurait  trop  regretter  que  ce  grand  ecri- 
vain^  qui  ne  s'avan^it  pas  legerement,  n^ait  point  tcrroine 
scs  fnsdtutions  po/lfigi/es,  ou  il  eOt  explique  son  systeme 
federatif.  Acbert  ub  Vitrt. 

Flto^RATION.  Si  la  revolution  fran^aise  a  eu 
sea  joomees  de  deuil  poor  tous  les  partis,  elle  a  cu  aussi  ses 
beaux  jours  de  t^e^  sur  lesqtiels  Phistoire  aime  h  s^arreter. 
En  premiere  ligne  de  ces  fetes  r^volutionnaires  se  placent 
les  federations.  La  prertitdre  idee  de  ces  imposantes  reunions 
datede  1T90.  A  cette  epoque,des  fetes  nationalos  avalcnt  ete 
oirganisees  dans  un  grand  nombre  de  departements ,  pour 
la  prestation  du  serment  civiqoe  :  ces  fetes  avaient  donne 
lieu  ^'des  pactes  d'alliance  entre  les  gardes  nationales  (te 
pinsieurs  districts  et  les  troupes  de  ligne.  Ces  federations 
particolieres  insplrerent  k  la  commune  de  Paris  le  projct 
d*one  federation  generale,  dans  laquelle  les  serments  civi- 
qircs  de  la  nation  toutentiere  seraient  confondus  en  un  seul 
serment :  «  Nous  proposons,  disait  le  maire  Dailly  k  I'As- 
sembh^e  nntioiiale ,  en  hii  soumettant  ce  projct.  que  cette 
r^mirni  ait  lieu  le  14  Juillel  prochain,  anniveri^airc  de  la 
prise  de  la  Bastille.  »  L'assemblee  accepta  le  plan  <pii  liii 
ttalt  presente  y  et  flxa  le  contingent  qu*auraient  k  envoyer 


819 

les  gardes  nationales  et  les  troupes  de  terre  et  de  mer. 
Chaque  100  bommes  de  garde  nationale  devait  choisir  six 
citoyens,  lesqueU,  reonis  au  cl^ef-lieu,  designeraient  sur 
deux  cents  citoyens  on  depute  pour  venir  k  Paris  acsister  k 
la  federation  generate;  la  depense  etait  mise  k  la  charge  des 
districts.  Chaque  rei^ent  dMnfanterie  devait  egalement 
fournir  six  deputes;  chaque  regiment  de  cavalerie,  quatre. 
Ces  federes  furent  loges  chez  les  habitants  de  Paris,  qui  se 
disputerent  Phonneur  de  les  recevoir.  On  choisit  le  C  b am  p- 
de-Mars  comma  le  lieu  le  plus  con venable  pour  la  fete 
projetee.  Cette  immense  esplanade  n^tait  pas  bordee, 
comme  aujourd^hul,  de  talus  en  terre.  On  employa  douze 
mille  ouvriers  k  construire  cenx  que  nous  y  voyons;  mais 
ces  douze  mille  ouvriers  ne  suffisant  pas  encore  k  enlever 
du  centre  plusieurs  pieds  de  terre,  et  k  les  voiturer  sur  les 
bords  pour  y  former  des  gradins ,  de  t9utes  parts  on  courut 
aider  k  ce  travail.  Sur  ces  entrefaites,  les  federes  se  r^unis- 
saient  k  Paris,  et  y  recevaient  Taccueil  le  plus  fratemeJ. 
Quelques-uns  meme  arrivaient  assez  k  temps  pour  partager 
les  travaux  des  Parisiens. 

«  CMtait  la  liberte  faisant  eile-meme  les  apprets  de  sa 
pompe  triomphale,  a  dit  M.  Pages  (de  TAriege).  Le  roi  la 
desirait  pour  Iter  les  FranQais  k  sa  cause.  II  fit  ouvrir  le 
pont  Lotiis  XVI,  qui  rappelait  un  bienfait  de  la  monarchie 
dans  cette  fete  de  Tindependance.  11  accueillit  tous  les  fe- 
deres avec  bonte  :  «  Dites'^  vos  concitoyens,  repetait-ii 
sans  cesse,  que  le  rot  est  leur  pere,  leur  frere,  leur  ami; 
quMI  ne  peut  etre  heureux  que  de  leur  bonheur,  grand  que 
de  leur  gloire,  puissant  que  de  leur  liberte,  souffrant  que  de 
leurs  maux.  »  Et  le  peuple,  attendri  par  ces  paroles,  croyant 
k  la  loyaute ,  penetre  d'amour  pour  le  prince,  faisait  re- 
tenlir  la  capitate  des  oris  de  t;it;6  le  roi!  Les  federes  deie- 
gnes  par  quatre  millions  de  soldats  citoyens,  et  ranges  par 
departement  sous  quatre- vingt-trois  bannieres,*partent  de 
la  place  de  la  Bastille  pour  se  rendre  au  Champ-de-Mars. 
L'Assembiee  nationale,  precedee  des  veterans ,  suivie  des 
jeones  eieves,  arrive  k  son  tour.  Le  roi  s'assied  sur  sou 
trdne,  entouro  desa  famille  et  des  ambassadeurs.  Talley- 
rand benit  les  drapeaux.  Lafayette ,  k  latete  de  retat-major^ 
monte  k  Tautel ;  il  jure  d'etre  fideie  k  ia  nation,  k  la  loi  ei 
ao  roi.  Les  bannieres  s*agitent,  les  sabres  nus  et  crotses 
etincellent ;  federes,  soldats,  marins,  s'unissent^  ce  serment ; 
le  president  de  TAssembiee  nationale  le  repete;  les  deputes 
y  repondent;  le  people  entier  s'ecrte  :  Je  lejure!  Le  roi  se 
leve  alors :  Mot,  roi  des  Francois ,  dit-D,  je  jure  d'em- 
ployer  le  pouvoir  que  m*a  d6l6gu4  Vacte  constHutionncl 
de  I'hlat  il  maintenir  la  constitution  d^Me  par  VAs- 
sembUe  nationale  et  accept^eparmoi.  —  Voild  monjils, 
ajoute  la  relne ,  en  eievant  le  dauphin  dans  ses  bras ;  il  por- 
tage avec  moi  les  mimes  sentiments.  Aussit6t,  les  oris  de 
Vive  le  roil  vive  la  reine!  vive  le  dauphin!  fontretentir 
les  airs ;  les  acclamations  du  peuple ,  le  bruit  des  tambours, 
les  sons  d*une  majestueuse  musique,  les  deeharges  guer- 
rieres  de  Tartilierie,  annon^ant  les  promeases  mutoelles 
d^m  peuple  llbre  et  d'un  roi  citoycn,  repandent  dans  Paris 
une  aliegresse  unanime.  Mais  depuis  le  jnatin  hi  pluie 
tombait  ^  torrents,  et  le  ciel ,  par  un  effroyable  orage , 
sembiait  annoncer  k  la  terre  qn'il  ne  garantissait  pas  la  fui 
de  ces  serments.  » 

Un  arc  de  trioraphe  d*une  grande  dknension  etait  place  k 
Pentree  dn  Champ-de-Mars.  Au  milieu  dece  cirque  gran- 
diose se  dressatt  majestueusement  Tautel  de  la  patrif . 
Les  n^deres  se  rangerent  dans  la  plaine,  ou  plut<H 
dans  ce  lac  de  boue ;  des  torrents  de  pluie  venaient  du 
temps  en  temps  les  mouiller  jusqu*aux  os,  mals,  loin  do 
cherclier  k  s*abriter,  ils  formaient  alors  de  lougues  faran- 
doles,  et  cet  exemple  etait  snivi  par  tous  les  assistant*. 
«  CYlait  un  spectacle  digne  de  Pobservatcur  philosophe,  dit 
le  niAnpils  de  Ferrieres ,  que  cette  foolc  d'hommes  venus 
(tcs  parlies  les  plus  opposees  de  la  France,  entralnes  par 
I  impulsion  du  caraciere  national,  bannissanl  tout  souvenir 
du  pas.(;e,  tonteniee  du  present,  tonte  craintc  de  Pavenir, 


320 

86  liTTftot  k  one  d^idease  confiance;  et  trois  centmille  sp^- 
tateara  de  toot  lige ,  de  tout  seie,  suiyant  lean  momre- 
ments ,  battant  la  mesnre  avec  lea  mains,  oobliant  la  plnie , 
la  faim  et  reniral  d^une  longae  attento.  »  L'offlce  diTin 
lilt  c^ldbi^  sar  I'antel  de  la  patrie  par  r^6que  d'Autan. 
Au  moment  de  I'^I^ration,  le  dd,  josque  alors  roil^  de  nua- 
ges ,  laissa  dchapper  comme  an  sonrire ;  on  rayon  de  soldi 
^laira  sobitement  lepr6tre  etrbostie.  II  n'en  eftt  pas  faliu 
aatant  dans  le  moyen  ftge  poor  crier  an  mirade.  Les  d^ton- 
aations  de  Tartillerie,  la  mnsiqae  guerri^re,  qai  se  m6- 
bient  de  tous  c6tfo,  les  cris  de  joie  qui  rempliasaient  les 
airs,  toot  cda  formaiton  ensemble  qa*ane  plame  bnmaine 
essayerait  en  Tain  de  retraoer.  La  ciu^monie  termini,  les 
fM^rte  se  rendirent  h  un  banqaet  de  25,000  coorerts  qoe  lear 
oCTrait  la  commnne  de  Paris.  Les  joamte  soiTantes  forent 
encore  de  noaTdles  flttes  :  roTues,  illaminations,  tpectades, 
ascension  de  ballons ,  joOtes  snr  I'eaa,  bals,  feox  d'artifice , 
rienne  tot  n^ig^  pourenthoosiasmer  leAfrires  des  d^par- 
tements.  Les  foss^  hideax  de  laBastille  aTaient  ^couTertis 
en  Ilea  de  pliusir,  et  on  lisait  sar  les  mines  de  la  forteresse : 
Id  ron  dame! 

Toates  les  communes  de  la  France  araient  o61<br4  en 
mtoie  temps  la  l%te  de  la  F^d^atlon  :  au  m6me  joor,  k  la 
m6me  beuie,  an  m£me  instant,  dans  tootes  les  parties  du 
royaume ,  tons  les  bras  se  levaient  pour  prononcer  le  m^me 
serment ;  le  rdentissement  s^en  fit  sentir  jusqne  cbex  Y^ 
tranger  :  k  Londres,  k  Hamboarg,  les  amis  de  la  liberty 
eurent  aussi  leur  FM^ration. 

La  seccmde  F^dtotion  ent  lien  le  10  aoOt  1793.  Le  Mfyth- 
^isme  n'^tait  pas  encore  mort  en  France  :  la  plopart  des  dd- 
partements  ^talent  bosUles  a  la  capitale,  et  d^ane  rfeonci- 
liation  sincte  d^pendait  le  salut  de  la  i^pablique.  On 
profita  de  I'acceptation  de  la  constitation  d^ocratique  de 
i*an  1*'  pour  provoquer  cette  r^condliation.  Cbacune  des 
assemblta  primaires  dut  enyoyer  son  repr^sentant  k  Paris , 
et  U^  an  Jour  anniTorsaire  de  la  chute  de  la  royaut^,  ils 
Tinrent  tons  Jurer  sur  I'antd  de  la  patrie  de  d^rendre  jus- 
qu'a  la  mort  la  constitution  nonydle  que  la  nation  venait 
d^adopter.  Dans  le  mdme  moment,  tons  les  dtoyens  fran- 
fais,  rtonis  en  fifidtotions  particuli^res ,  juraient  aussi  de 
la  maintenlr.  Les  r^ltats  de  cette  FMiration  furent  tels 
que  la  Convention  FaTait  espM.  Dn  reste,  rien  n^atait  ^t^ 
n^ig^  pour  que  la  f6te  do  10  aoOt  fit  oublier  celle  du  14 
juillet  1790;  David  en  avait^t^  Tordonnateor. 

La  troisikne  et-demito  FM^ration  flran^ise  Ivit  celle  du 
champ  de  mai  en  1815.  Cette  fois  ce  n'6tait  plus  un 
penple  Tenant  se  jurer  k  lui-mtaie  de  maintenlr  sa  liberty  et 
ses  droits ;  c*dtait  one  reunion  de  fM^r6s,  au  milieu  de  la- 
qndle  le  souTcrain,  revenu  de  Texil,  Jetait  i^^tincelle  quMl 
destinait  k  r^veiiler  le  patriotlsme  indispensable  pour  re- 
pousser  one  nouTdle  iuTasion.  Les  d^put^s  pr^tirent  ser- 
ment ^Tacteadditionnel anx  constitutions  de  Tempire, 
et  une  distribution  de  drapeanx,  faite  par  Napolten,  tormina 
la  joum^.  Mais  la  FM^ration  de  1815  n*eot  et  ne  pouvait 
avoir  aucon  rteltat  NapoUon  Gallois. 

F1^£r£&  Cest  le  nom  qn'on  a  donn^  anx  d^pot^s 
enToyi^  des  d^partemenU  aux  trois  F  ^d  d  ratio  nsde  1790, 
1793  et  1815.  En  1791,  on  TappHqoa  aux  votontaires  des  ba- 
taillons  lev^  dans  les  d^partements  qui  s^joum^rent  k  Paris 
ayant  de  r^oindr e  Parmte  actiTe,  et  qui  y  partidpirent  k  la 
Joumtedn  lOaoOt :  On  disaitU»/4^6*^  marseUlaU^  les 
fULMi  bretoru.  Vers  les  premiers  jonrs  de  la  Convention , 
lorsqne  la  guerre  telata  entre  les  girondins  et  les  monta- 
gnaitls,  et  que  les  premiers  propos^rent  la  cr^lion  d*une 
gpurde  d^partementale  pour  Teiller  sur  Tassembl^,  pludeurs 
d^partements,  dcran^nt  Fadoption  de  cette  mesmv,  en* 
Toy^rent  ^  Paris  des  bataillous  qu'on  appda  aussi  batail' 
Ions  defidiriM.  Enfin,  en  1815  U  s'en  forma  aussi  en  Br»> 
tagne  poor  tenir  ttteaux  Vendtes  et  aux  chooans.  Cest  de 
Rennes  que  partit  le  premier  appel,  qui  tronTa  de  Tdcbo  k 
Nantes,  k  Yannes,  k  Brest*  ^  Saint-Malo ,  k  Morlaix,  ^  Lo- 
rlsnt.  Aux  fM^rfo  bretons  r^pondireBt  oeux  de  Paris,  de 


FISDI^RATION  —  FfiE 


Rouen,  de  Strasbourg ,  de  Metz,  de  Nancy ,  de  la  Boofgo* 
gne,du  Berri,  deTAuvergne,  du  Dauphin^,  etc.;  pui8,avec 
an  nouvd  61sii,  cenx  des  faubourgs  Sain^AntDine  et  Sainl- 
Marceau,  qui,  au  nombre  de  12  k  15,000,  en  habits  de  tra- 
vail et  sans  armes ,  ftirent  pr^sentte  k  I'empereur  dans  It 
coor  des  Tuileries,  au  grand  effrol  des  courtisans.  BientAt 
an  dteret  ordonna  la  formation  de  24  bataillonsdef6d^r^, 
tirailleurs  de  la  garde  ruUionale^  qui  devaient  dtre  4qah 
pds  et  babill^  anx  frais  de  la  ville,  avec  des  olflders  pris 
dans  la  ligne.  Le  glutei  Dorricau  fnt  d^sign^  poor  en 
prendre  le  oommandement  en  chef.  Mais  cette  oiganisation 
redouble  les  alarmes  de  la  cour,  qui  se  croyait  meaacte 
d'on  nouvean  10  aoOt,  du  pillage  et  du  Jaoobbiisnie.  Elle 
essaya  bientAt  de  calomnier,  d*entraver  les  Cftd^rfe,  et  Ton 
finit  par  refuser  leurs  services.         Napoleon  Gallois. 

FEDERIGI  (Cahillo),  Ton  des  meillears  poetes  co- 
miqnes  modemes  de  Fltalie,  et  fondateur  d'une  noovelle 
dcole  dramatique,  naquit  ea  1755,  ^  Poggiolo  di  Garesuo, 
dans  la  province  de  Mondovt  Son  nom  veritable,  dit-on, 
^tait  Giovanni-Battista  Viassolo,  ou,  suivant  d^autres,  Ogeh, 
En  1784  il  fut  nomm^  juge  k  Govone ,  petit  bourg  de  la 
province  d*Asti.  Le  roi  Victor- Am^^  III  ayant  en  occasion 
de  Ty  connattre  et  de  Tappr^cier,  le  nomma  joge  k  Monca- 
lien ,  petite  ville  k  pea  de  distance  de  Turin.  La  passioo 
que  con^  Yiassolo  pour  une  comMienne,  appd^e  CamiUa 
Eicci,  Tengagea  k  renoncer  k  la  magistrature  pour  se  vooer 
au  th^tre  et  s^engager  dans  une  troupe  de  comMieus.  Re- 
pousse par  sa  famille,  qui  ne  put  lui  pardonner  cet  ouUi 
des  convenances  sodales ,  il  prit  d^rmais  le  nom  de  Fe- 
deridf  contraction  des  mots/edele  alia  Riceif  et  moonit 
k  Turin,  en  1803.  Les  meiUeures  pitees  de  son  tMAtn  soot 
VAvviso  ai  maritif  Lo  ScuUore  e  ijl  Cieco,  et  Enrico  IVid 
passo  della  Mama.  Creuz^  de  Lesser  et  Boger  ont  imit^, 
sous  le  titre  de  Partie  et  Revanche^  one  exoellente  co- 
m^diede  Federici,  intitnlte  -.  La  Bugia  vivapoco,  trans- 
ports aussi  sur  la  sctoe  allemande  par  Yogd,  sous  an  titre 
anal^e  (Gleiehes  mit  Gleichem). 

FEDOR.  Fbyes  FitonoR. 

F£E  9  F£ERI£.  Nona  n'avons  sans  doote  pas  besoin 
de  d^finir  ces  fttres  merveilleux  qui  occopent  one  si  grande 
place  dans  lamythologie  et  les  oeuvres  po^ques  du  moyea 
^e;  il  n*est  personne  de  nous  qui  ne  se  souvienne  de  oei 
contes  dont  on  a  berc^  notre  enfance,  et  de  ces  belles 
grandes  dames  qn*on  nous  (aisait  apparattre  avec  nne^arpe 
d^or  et  nne  baguette  magique;  il  n^est  personne  de  nous 
qui  n*ait  cm  de  tout  son  cceur  aux  fifes,  et  qui  ne  vodQt 
peot-^e  y  crdre  encore.  Le  mot  de  fie  a  donn6  lieu  k 
plnsieurs  discusdons;  qndques  savants  oat  pens^  qn^Q 
provenaitprimitivement  du  root  persan  pert,  d*oa  Ton  an- 
rait  fiiit  d^abord/sris  ( en  anglais /airy  );  mais  Toptnioa 
gto^ralement  admise  aujourd'hui,  c'est  que  ce  mot  vient 
defatum^/ata.  En  espagnol,  le  nom  de/(^  se  traduit  par 
hada  ou  fada,  en  italien  J^a.  Boiardo  n*a-t-ii  pas  dit  ? 

Iiri  i  ooa  fata  ooraata  Morgaoa. 

De/ata  est  venu  le  verbe/a^or,  puis  Tanden  verbe  fran- 
^is  /oer,  et  le  partidpe  fad,  Cette  ^tymologie  est  nun- 
seulmnent  trte-logiqne  sous  le  point  de  vue  grammatical, 
mais  die  s^accorde  parfaitement  avec  le  caract6re  et  la  mis- 
sion attriboS  anx  fifes.  C*^tait  en  dfet,  comme  on  le 
sdt,  des  ^res  puissants,  soit  par  leur  propre  nature,  soit 
par  le  secours  de  leurs  enchantements,  et  qui  exer^ient 
une  grande  influence  sur  I'hommeet  sursa  destine  (/o/um ). 
Mallet,  dans  son  blstoire  de  Danemark,  pretend  que  U 
croyance  aux  ffes  nous  est  venue  du  Nord;  et,  pour  soo- 
tenir  son  assertion,  il  s'appuie  sur  ce  que  les  divinity  scan- 
dinaves  connues  sous  le  nom  des  nor  nes  ont  plnsieurs  at- 
tributs  des  ffes.  H  est  bien  vrd  qu'il  existe  plodenrs  rap- 
ports entre  ces  deax  natures  d'^tres  fictifs;  il  est  bien  vrai 
encore  que  les  nomes  ^tuent  v^n^rfes  en  Danemark,  en 
Norv^e,  avant  que  les  fifes  fussent  connnes  dans  la  partie 
m^ridionale  de  I'Europe.  Mais  on  aurait  tort  d^attriboer  an 


FEE  —  FEUVTE 


Nofd  !■  crtetloD  de  noire  monde  fderique.  L*hl8toire  de 
not  U»  ii*csl  point  empreinte  des  sombrea  fanages  du  Nord ; 
die  est  tODi  orientate  par  lea  MWea,  par  la  coatear.  Lea  f^ 
Tiemientdel'Oiient :  leaPeraesleaonttransmfsesaai  Arabea, 
leaArabeaanEapagDols,  anProven^ax^i^tooteGettefoiile 
de  pontes,  detronbadoara,  qui  a^en  allaient  porter  de  chA- 
tean  en  chlteaa  lenra  trobtu^  leora  vera  d*amour  et  ieara 
ficttona. 

n  J  ayait  deox  aortea  de  Ita  :  lea  nnea  ^talent  des  nym- 
pbea  d'one  nature  auT'htiniaine;  lea  autrea,  teUea  que  Mo r- 
gaiie,  VlYiane,  n'dtaient  que  dea  femmea  inatniitea  dana 
la  magie.  II  y  a?ait  auaai  de  bonnes  et  de  mtehantea  f^  : 
lea  premi^rea,  loujours  prfttea  h  donner  un  appui  an  mal- 
heor,  h  r^parer  un  d^aastre,  h  pr^yenir  la  discorde;  lea 
aecoodea ,  ne  songeant  qu*^  ezercer  lea  mal^flcea  lea  plua 
dangereox.  CeUea-d  ayalent  k  leora  ordrea  les  d^ona,  et 
dlea  poovaient,  avee  leura  conjnrationa,  enftinter  de  grands 
nanx.  Le  people  lea  redoutait,  et  employaitdiTera  moyena 
pour  ae  mettre  k  Tabri  de  leur  pouTdr.  Dana  Tabbaye  de 
Pdaay,  on  disait  autrefoia  diaque  annte  nne  messe  pour 
prtenrer  le  pays  de  la  col^  dea  mauvaises  t6eB.  Quand 
on  fit  le  pro€^  de  Jeanne  d'Arc,  on  lui  demanda  ai  die  n*a- 
▼ait  paa  aaaiat^  quelqndoia  anx  asaemUto  tennes  par  lea 
malina  eaprita  pi^  de  la  fontdne  aux  fites.  La  pauTre  fille 
avoua  qu'dle  y  avait  ^.  Les  andena  poemes  de  la  cheva- 
lerie,  lea  contea  et  l^endes  pr^sentent  souyent  le  tableau 
dea  Inttea  d*une  f6e  bfenfoisante  ayec  une  manyaise :  c'est 
toot  aimplement  cedualismequise  retrouye  dans  chacune 
dea  croyancea  letigieoses,  le  sentiment  du  bien  et  dn  mal 
penonnifi^  aoua  I'lmage  d^une  fde.  Nona  ayons  dit  que  les 
ffea  eieriQaient  une  grande  influence  sur  la  destinde  de 
l*bODune.  Les  ones  se  d^youaient  tout  entiires  an  sort  d^uie 
feittillc , eomme  M^lusinekla famille Lusignan ; d*autre», 
au  sort  dWindiyidu,  oomme  Viviane  k  Lancelot  du  Lac ; 
fPaotrea,  comoie  Aldne,  attenddent  les  dieyaliers  au  bord 
de  leur  fie,  et  leur  donndent  k  boire  un  pbiltre  niagiqoe 
qui  les  enifrdt  et  leur  dtait  toute  rtolntion;  d'autres,  enfin, 
orraient  k  trayerale  monde,  chevauchant  sur  un  cbeyd  ail^, 
tanfM  inyidUea  k  tons  les  regards,  tantdt  apparaissant  pour 
aoolager  un  opprim^  on  r^parer  une  ii^ustice.  Les  cheya- 
licra  qui  a*en  dldent  k  la  rocberche  dea  ayenturea  rencon* 
tnient  qndqoefois  sur  leur  chemin  une  bdle  dame  qui  sd- 
Udtait  Pappui  de  leur  bras,  dans  unepMUenseentreprise; 
et  c^^tait  nne  fte  qni  se  aenrdt  de  ce  pr^texte  pour  les  at- 
f  irer  k  die.  Souyent  la  i6e  emmenait  I'ayentoreux  pdadin 
dans  aon  palals  de  diamants ,  et  lui  donndt  tant  de  bonlieor 
qoH  ne  pouydt  plua  ilen  regretter  an  monde.  (Test  aind 
que  la  Cte  Moorgue  emmena  Ogier  le  Danois  dans  aa  ma- 
sque demenre  d*Ayalon.  ^ 

Chaque  grande  maison  ayait  sa  ffe  protectrice,  qui  ^tdt 
eomne  aon  bon  gteie.  On  Tappdait  dans  les  drconstancea 
aoleondles,  k  la  naiasance  d*un  enfant,  k  un  mariage.  EUe 
amcndt  ayec  die  qndques-unes  de  ses  compagnes,  nipan- 
ddt  sea  dona  sur  renfimt,  et  cherchdt  k  deyioer  son  avenir. 
Dana  la  Scandinayie,  lea  nomea  ontaosd  le  don  de  pr^io- 
tioD.  Les  ffes  appardsaaient  encore  sous  la  forme  de  drtoes, 
da  Bymphes  des  eaox,  comma  on  le  yoH  dana  plosieurs  M- 
geodes  et  dana  le  po^e  de  Bolardo.  Au  reste,  pour  com- 
prendre  toute  la  yari^  et  la  ricbesse  de  cea  fictions  fteri- 
quea,  il  fandrdt  lire  lea  romans  de  cheyalerie,  les  vieux 
poemes,  les  contea  populairea,  06  les  fites  se  montrent  tour 
k  tour  d  pniasantes  et  d  gracieoses. 

Le  mot /ferie  proyient  naturdlement  de  la  mtoie  soucbe 
que  le  mot  fie;  mds  on  Id  a  donn6  quelquefois  deux  ac- 
eapiiotta  difH^rentes.  Dana  certains  romans,  il  sert  k  dM- 
pmr  le  pays  des  fitea;  mala  le  plus  soavent  on  s*en  sert 
pourdedgner  un  prestteOf  un  endiantement.  Aojourd*liui  on 
dome  plua  paitlcnli^ranenl  le  nom  de  /Series  k  dea 
piteea  de  tb^re  ridies  en  changements  k  yue.  Au  figurd,  on 
tmploie  le  mtaie  mot  pour  designer  un  beau  spectacle. 

Tontes  les  CMiyresdu  moyen  Age  respirent  odte  mervcO- 
lauw  anoyance  aux  fdes.  Lea  vieux  podmes  fran^*s  du  dou- 

Kcr.  ne  u  cony na,  — •  t.  n. 


zitoie  et  du  trddime  sitele  la  reproduisent  souyent  Le 
Roland  amoureux  de  Bolardo,  Le  Roland  furieux  de 
I'Arloste,  la  pr^sentent  sous  les  images  les  plus  s61ui- 
aantes;  Spencer  I'a  prise  pour  base  de  son  ^popte;  Shaks- 
peare  lui  doit  qodques-unes  de  ses  plus  bdles  pages.  Plua 
tard,  qnand  la  po^  dMdgna  oes  cbarmantea  fictions,  la 
prose  y  eut  reconrs,  et  les  contes  de  ffes  parurent  d  obtin- 
rent  une  yogue  uniyersdle.  Le  premier  recudl  de  contes 
oil  lea  fifiea  commenc^rent  k  prendre  place  ed  le  Pentame- 
rone  de  BasDe  (1667 ).  En  i697,yinrent  les  contes  de  Per- 
rault,  que  noua  connaiasons  tons,  et  en  1698  ceux  de  M"* 
d'Adnoy.  En  1704  Galland  publia  sa  tradudion  des  mile 
et  une  Nuits;  et  en  1786  la  collection  connue  soua  le  titre 
de  Cabinet  dee  Fies  absorba  dans  ses  longs  rteits  tout  le 
monde  fiderique.  Xader  MABiiiEa* 

FAERIES.  On  appelle  amsi  an  tb^tre  les  pieces  dans 
leaqudles  I'interyention  d'une  fife,  d*un  g^nie  on  d'un  6tre 
doo^  d*une  puissance  sumatnrelle  prodmt  des  fdts  mer- 
yeilleux.  Les  furies  sont  nto  en  Italic;  dies  tiennent  du 
mysttre ,  d  on  les  trouve  k  TenfiBince  de  la  sotee  dans  la 
patrie  de  TArioste.  Ce  fut  aux  marionnettes ,  i  Burattini , 
que  parurent  les  premieres  faeries;  de  U,  dies  out  escdad^ 
I'Olympe  de  TOp^ra.  Le  caract^re  origind  de  ces  ceuyres  ne 
s'ed  point  dt^r^.  Ce  sont  toujours  deux  amants  yertueux, 
prot^S^  P^  une  bonne  f($e ,  ou  par  un  bon  g^nie,  contre 
d'injustes  persecutions.  Le  plus  souyent  il  y  a  un  roauyais 
g^nie  qui  combat  l*infloence  fayorable.  Ordindrement  aussi 
ceux  quele  bong^nie  adoptepossMentnntdisman,  an  moyen 
doqud  lis  agissent  eux-m6mes ;  le  mauyds  gtoie  emploie 
toutea  ses  resources  k  leur  rayir  ce  talisman  par  ses  artifices, 
par  la  ruse  ou  par  la  yiolence.  Td  est  le  cadre  commun  k 
toutes  les  f(Series;  on  yoit  combien  H  pent  6tre  fiteond  ei^ 
prodiges.  La  fterie  aimelessctoes  populaires,  d  la  foule 
en  raffole;  die  se  pldt  aux  tbtttres  forains;  die  y  fleorit 
encore.  Cependant,  die  a  brills  d^one  splendeur  sans^gde 
k  rop^ra,  sous  la  forme  my  thologique,  sous  le  faste  orientd 
et  sous  Tappareil  b^rolqoe ;  die  a  eu  des  triompbes  dans 
la  ballet  et  dans  le  diant,  et  Ton  a  yant^partoot  les  mer- 
ydlles,  la  magnificence  et  les  surprenantes  Evolutions  de 
son  spectade.  Pour  la  fiferie,  il  faut  un  th^fttre  machini^ 
c'est-i-dire  propre  k  tons  les  changements,  apparitions,  dis- 
paritionsi  yols  dans  Tair,  et  abimes  qni's'entrouyent,  et  dis- 
pose pour  tons  les  pbtoorotoes  du  cid  etde  b  terre.  Chaque 
faiddent  d^une  faerie  se  nomme  un  true,  H  y  eu  a  de  fort 
faig^eux  d  de  yraiment  donnants ;  uu  bon  true  doit  £tre 
impr^YU,  rapide,  net,  et  ne  pas  montrer  la  ficelle.  La  clow- 
nery anglaise  a  introduit  dans  nos  fderies  des  charges  yiyes, 
biusques  d  fort  originalea,  et  ausei  des  tours  de  force  in- 
.concevables.  La  ftoie  est  drang^re  k  I'art;  pourtant,  die  a 
eu  qudquefois  des  bonnes  fortunes  d'esprit :  le  Pied  de 
Mouton^  de  Martainville,  est  resl^  dans  la  mdmoire  de  tons 
les  hommes  nte  ayec  le  sitele.  Le  Cirque-Olympique,  ayec 
ses  Pillules  du  Diable  d  sa  Poudre  de  Perlinpbtpin ; 
la  Porte  Saint-Martin,  avec  Peau  dAne  d  la  Biche  aux 
Bois ;  la  GdtE,  avec  lea  Sept  Chdteaux  du  Viable;  TAm- 
bigu-Comique,  avec  Les  Contes  de  la  mkre  VOie^  ont  donnE 
aux  fderiea  r^centes  le  plus  pompeux  d^vdoppemenL 

E.  Baifpault. 

Fi^ES  ( Contes  de).  Voyez  Cortb. 

F£ES  (Roches,  Grottes  aux).  7oy«s  Droidiqdbs  (Mo- 
numents). 

FI^ES  (Tables  ou  Tulles  de).  Voyez  DouitM. 

FEHRBELLIN,  pdfte  yille  del, UK)  habitants,  situ^ 
dans  la  Marche  centrde,  cerde  de  la  Ifavd  orientde,  goo- 
yemement  de  Potsdam  (Pmsse),  est  cdd>re  par  la  victdre 
quV  reroporta  (18  join  1675)  sur  les  SuMois  Tdecteur  de 
Brandebourg  FrM^ric-Guillaume;  victoire  qui,  dana  les 
circonstanccs  critiques  oil  se  trouvait  oe  prince,  sauva  ses 
Etats.  Un  monument  a  d^devd  sur  la  hauteur  qd  domine 
Fehrbdlln,  pour  perpduer  la  lu^moire  de  ce  fdt  d*armes« 

FEirVTE  est  synonyme  de  d4guisement^  d^artiflee. 
M.  Gutzot  caractdrise  ainsi  la  diif<ireuce  qu*U  y  a  entre 

il 


833 

feindre  et  dissimuler :  Feindre,  c'est  se  senrir  d'one  fausse 
appareoce  pour  trooiper,  faire  semblant;  dUaimuier,  c^est 
cach«r  des  sentiiDenta,  des  projets.  La  diaaiinulation  fait 
partie  de  la/einte;  Tune  cache  ce  qui  est,  I'autre  montre 
ce  qui  n'est  pas.  Les  femmes  savent /eindre  bien  mieux 
que  dissimuler,  parce  que  la  dissimulation  demaode  plus 
de  discretion,  et  la  /einte  plus  d'adresse.  La  dissimulation 
est  le  contraire  de  la  franddse ;  la  feinte  est  le  contraire  de 
la  sinc^rite.  Feindre  la  gaiety  est  un  moyen  de  dissimuler 
sa  tristesse.  £n  termes  d'escrime,  feinte  se  dit  de  Taction  de 
diriger  un  coup  vers  un  point  da  corps  quand  on  le  dirige 
rtellement  vers  un  autre« 

FEITH  (Rhunvis),  Ton  des  pontes  boUandais  les  plus 
remarquables  des  temps  modernes,  et  qu'aTCC  Bilderdijk 
on  peut  consid^rer  comme  le  r^formateur  de  la  po^ie  de 
son  pays,  naquit  en  1753,  kZwoU,dans  I'Yssel  supikrieur,  et 
y  mourut,  en  1824.  Nomm^  d*abord  bourgmestre,  et  peu  de 
temps  apr^  reccTeur  au  collie  de  Tamiraut^  dansssTille 
natale,  ms  foncUons  administratives  ne  Temptebirent  pas  de 
continuer  k  cultiver  la  po^ie,  pour  laquelle  il  avait  de  bonne 
beure  annonc^  les  plus  beureuses  dispositions.  Ses  premiers 
essais  se  ressentent  du  sentimentalisme  mis  k  la  mode  par  fi  e  1- 
lamy  dans  son  roman  de  Ferdinand  et  Constance  (1785). 
Dans  son  Het  Gr(^  ( Amsterdam,  1792),  po^e  didactique 
bien  ordonnanc^,  on  remarque  encore  des  traces  du  genre 
faux  auquel  Feith  ayait  commence  par  sacrifier.  Ce  ddfaut 
n'exiftte  plus  dans  son  poSme  De  Ouderdom  (1802),  auquel 
on  peut  d*ailleurs  reprocher  Tabsence  d'un  plan  bien  arr^t^. 
Panni  ses  po^es  lyriques,  Oden  en  Gedickten  (4  vol., 
1796-1810) ,  il  en  est  plusieurs  oi^  briilent  Tenthousiasme 
le  plus  ^ev^  et  le  plus  pur  sentiment  de  Tart.  Les  pieces 
de  son  tb^&tre  que  Ton  estime  le  plus  sont  les  trag^ies 
Thirza,  Jeanne  Gray  (1791),  et  surtout  Inis  de  Castro 
( 1793). 

Feith  entreprit  avec  Bilderdijk  de  donner  une  forme  plus 
noble  au  c6l^re  poeme  de  Haren,  De  Geuzen,  dans  lequel 
ce  po^te  a  chants  I'^tablissement  de  I'inddpendance  des 
Pays-Bas. 

FELAPTON.  On  appelle  ainsi,  en  logique^  Tun  des 
six  modes  de  la  troisi^me  figure  du  syllogisme ,  oil  la  pre- 
miere proposition  est  une  native  universelie,  la  seconde 
one  affirmative  universelle,  et  la  troisi^me  unendgatiTe  par- 
ticuli^e. 

FELDMARMcHAL,  ou  plus  correctement/e2(fmar- 
schalL  Mot  qui,  quoiqoe  allemand  par  ses  racines,  a  4t^ 
imit^  des  usages  firan^is;  11  a  ^t^  la  traduction,  sous  forme 
germania^  k  gteitif  reavers^,  du  mar^chal  de  camp, 
terme  qui  dans  I'origine  donnait  id^  d*un  grade  plus  61ev6 
que  ne  Tdtait  dans  oes  demiers  temps  celui  de  maricbal 
de  camp.  Ce  dernier,  de  revolution  en  revolution,  est  devenu 
le  ma  r^chal  de  France;  et  depuis  le  dix-sepUeme  si^cle 
le  feldmarechal  ou  le  marechal  de  campagne  y  correspond. 
Mais  il  n'avait  dans  la  guerre  de  trente  ans  que  le  sens  de 
roiyor  general  ou  de  chef  d'etat-major ;  un  feldmarecbal 
servait  sous  un  general ,  maintenant  il  est  lui-meme  un  ge- 
neral d'armee.  11  en  est  ainsi  obex  les  Anglais,  les  Aatri« 
cbiens,  les  Hollandais,  les  Prussiens,  les  Rosses,  etc.  Dans 
Parmee  autrichiflnne,  inmiediatement  aprto  le  feldmari" 
chalf  Tiennent  dans  la  bierarchie  le  lieutenant  general  et 
le  g^ieral  de  cayalerie,  puis  \e  feldmardchal-lieutenant 
et  enfin  le  general-nujor,  grade  equivalant  k  celui  de  nos 
generaox  de  brigade. 

FELDSPATH.  Dans  Tancienne  mineralogie,  on  de- 
signait  sous  ce  nom  plusieurs  mineraux  de  composition  as- 
ses diirerente.  Beudant  a  partag6  ces  mineraux  en  deux  es- 
ptees  du  genre  silicate  dans  la  familledes  silicides.  Ces  deax 
esptees  sont :  Vorthose  et  ValiHte. 

Vorthose  cristallise  en  prisme  oblique  rhomboidal,  a 
poor  poids  specifique,  de  3,39  k  3,58,  raye  le  verre,  foit  feu 
ao  bfiiiiiet,  mais  Men  moins  que  le  quartz ;  fond  au  cha- 
loinetn  en  email  bkae,  n*est  point  attaque  par  les  addes. 
L'orthoae  est tioii  oompose :  Siiioe,  de  64  &  66;  alumine, de 


FEINTE  —  F^ETZ 


17  ik  19;  potasse,  de  lU  17 ;  chaux,  de  0,354  1,35;  oxjdi 
de  fer,  de  0,47  k  1,75.  Les  oouleurs  de  oettesubstantt  Mot 
le  vert,  le  rouge,  le  blanc  jaunAtre,  le  gris  et  le  noir.  Son  as- 
pect est  chatoyant,  nacre,  opalisant,  vitreux,  aveohirine. 
On  troove  Porthose  k  Tetat  cristallin,  schisleux,  granulaii^ 
compacte,  decompose.  L^orQiose  forme,  en  se  meiaogeant 
avec  d^autres  mineraux ,  plusieurs  rocbes,  teUes  que  le 
gneiss,  le  leptinite,  le  granit,  la  protogyne,  la  pegma- 
tite, la  syenite,  lediorite,  ladoierite,  lesbasaltei, 
plusieurs  laves,  et  le  porpbyre  rouge  antique,  etc  Ln 
usages  de  Torthose  sont  nombreux ;  ies  rocbes  formees  par 
ce  mineral  sont  employees  dans  les  constructions,  dans  lei 
arts  :  ainsi,  c*est  U  pegmatite  qui  foumit  5  U  fois  le  kaolin 
etlepetunze,  mati^resdela  pAteet  de  lacouvertedeU 
porcelaine.  La  pierreefe  lune  deCeylan  onfeldspaik 
chatoyant^  et  la  pierre  de  soldi  ou/eldspath  aventvriiUt 
sont  employees  en  bijouterie;  on  en  fait  aussi  des  tabati^ 
et  meme  des  vases  et  des  pendules. 

Valbite  (fsldspath  vitreux,  /eldspath  de  soudi^ 
eisspathf  clevelandite,  schorl  blanc ^  etc.)  cristallise  eo 
prismes  obliques  \k  base  de  paralieiogramme  obliqoangle,  a 
pour  poids  specifiqne2,61,  raye  le  verre,  fond  en  email  blanc, 
n*est  pas  attaquee  par  les  addes.  £lle  est'alnsi  composes : 
Silice,  de  67  4  70 ;  alumine,  de  18  4  19 ;  soude,  de  9  A 11 ; 
chaux,  de  0, 15  A  0,66 ;  oxyde  de  fer,  oxyde  de  inangan^ 
et  magnesie,  qudques  traces;  potasse,  de  0  k  2,41. 

La  maniere  d^eiredel'albite  estk  peu  pres  celle  de  Toithose. 
Sacouleur  estordinairement  le  blanc.  £lleconstitue  plusieurs 
rocbes,  notamment  reuptiolide,  la  variolite,  quelqute  rocbes 
byperstiieniques,  le  petrosllex,  le  retinite,  robsidienne, 
'k»  trachytesetla pumite.  L*albiteet Porthose  s^assodeot 
k  peu  pr^  avec  les  mAmes  mineraux.         L.  Dussieitx. 

FELDZEUGMEISTER,  grade  partScuUer  k  Tarm^ 
autridiienne  et  intermedialre  entre  celui  de /eldmarichal 
et  cdui  de  feldmar^hal' lieutenant ,  mais  qui  n'a  pas 
d'equivalent  dans  l*armee  fran^aise.  Jadis  en  Allemagne 
et  en  Russie  les  grands-maltres  et  les  generaux  de  rartill^e 
etaient  qualifies  de  feldzeugtneister, 

FJ^LETZ  (Charles-Marie  DORIMOND  de),  un  des 
plus  spirituels  critiques  du  commeDcement  de  ce  si^Ie, 
membre  de  TAcademie  fran^ise  et  administrateur  en  diel 
de  la  biblioth^ue  Mazarine,  apparteoait  k  une  ftnille 
noble  Qt  avait  re^u  les  ordres  ecciesiastiques.  11  rests  par- 
faitement  fidde  k  ce  double  engagement^  et  ceui  u6ii)e 
quiprofessaient  des  opinions  contraires  aux  siennes  ne  pureot 
qu'estimer  et  bonorer  la  Constance,  Vuniformite  et  la  fermet^ 
de  sa  conduite.  Td  Use  montradansle  prindpe,  opposes 
la  revolution  ft'an^se  et  defenseur  deTancienne  monarcble, 
td  il  ne  cessa  de  se  montrer  depuis.  11  (kut  avooer  aussi  que  son 
debut  dans  le  monde  ne  devait  point  le  rendre  favorable  sax 
mouvements  qui  allaient  s*operer :  condamne  k  la  deportation 
comme  ecdesiastique,  apr^s  avoir  ete  trob  ans  maltre  de 
conferences,  en  philosophie  et  en  tlieologie,  k  Sainte-Barbe, 
oh  il  avait  Cait  ses  etudes,  il  passa  onze  mois  d*une  craeUe 
captivite  sur  divers  bAUments  en  rade  k  Rocbefort,  etvit  cent 
trente  de  ses  compaguons  d'infortune,  sur  sept  cent  soixante, 
expirer  k  bord  des  memos  navires  faute  d'an*  et  de  nour- 
riture.  ReUche  ensuite,  puis  repris  k  Orleans,  il  parvint  k 
ecbapper  aux  gendarmes  qui  dejk  dressaient  le  proc^ 
verbal  de  son  arrestation. 

Ce  spirituel  et  ingenieux  ecrivain  etait  ne  k  Brive-la-GaO- 
larde,  en  1767.  Jpignant  k  d*excdlentes  etudes  les  cessouroes 
naturdles  d'un  espnt  fin,  incisif  et  pidn  de  grAce,  il  devait 
reussir  egalement  dans  la  sodete  et  dans  les  lettres.  II  avait 
trente-quatre  anslorsquMl  revint  k  Paris,  oil  il  put  enfin  joiiir, 
k  Tabri  du  sceptre  consulaire  et  imperial,  de  ce  repos  qoeks 
gouvernements  precedents  ne  lui  avateot  pas  encore  laisse. 
La  societe  reprenait  une  forme  normale  ct  TeguUto;foatsf 
reorganisait,  et  les  esprits  demeores  fideies  k  Tonlre  de 
choses  qui  avait  succombe  s'appretaienf  k  prendre  lenr 
revanche  et  k  venger,  du  mohis  par  rironle,  les  sonfEranees, 
les  pertes,  les  douleurs  que  U  sodete  nouvdle  lear  avail 


F^ETZ  —  FI6LIX 


Imposes.  Ftiets  se  trouTait  natoreUement  dass^  dans  ce 
faataiUon,  dont  il  ftit  l\in  des  combattants  leu  plus  habUes 
et  let  plus  loyanx.  On  le  Tit  prendre  place  k  c6tA  de 
Geoff roy,de  DussaoU,  de  Hoffmann,  et  collaborer 
k  la  foia  k  la  rMaetiou  du  Mtrcure  de  France  et  k 
edledtt  Journal  des  D4bats.  L'atlioisme  de  la  plaisan- 
terie,  la  sQret6  exqnise  da  goM  le  plus  par,  diatinguaient 
lea  artidea  de  F^etz,  qui  contribuirent  beauooop  k  la  for- 
tone  du  Jwmal  de$  DibaU^  alort  Jeumal  de  VBm- 
pire,  C'est  surtout  par  lea  noma  de  quelquea  critiques  de 
Pordre  le  plus  d^lieat  et  le  pina  rare,  querto>le  de  litt^ra- 
tnre  hnp^riale  se  recommandera  au  sonTcnir  de  la  pos- 
Mrit6;  dana  le  nombre  de  oea  bommes  distiogu^,  il 
n'en  est  pas  de  plus  ingtalenx,  de  plus  caustique,  et  qui 
rappelle  mieux  les  traditions  fl^gantcs  de  Tandenne  roo- 
narcbie,  que  F^letz.  Nomm^  en  1830  inspedenr  des  etudes 
de  Tacad^ie  de  Paris ,  et  sept  ans  aprte  membre  de  i*A- 
eaddmie  Fran^ise,  il  r^unit  et  publia  en  6  ▼olumesin*s<'  ses 
principanx  artides;  oe  recneil  de  melanges  litt^aires  con- 
tient,  sous  une  formetrte-amusante,  une grande  pariie  de  This- 
tolrelHt^raire  du  commencement  de  oesitele.  La  fermet^,  la 
mod^ation  et  le  tact  exquis  dont  F^letz  fit  preuTe  k  trayers 
one  Tie  longue  et  bonorfe,  hii  permirent,  cbose  rare,  de 
eonserrer  la  grAce  et  la  Tigueur  de  I'esprit  dans  la  tieil- 
lesse,  d^Tohr  des  amis  dans  tous  les  partis,  tout  en  se  main- 
tenant  dana  la  ligne  de  ses  opinions,  et  d'etre  honors  de 
tootes  les  to>le8^  sans  fUre  de  conctisslons  aux  exigences 
des  unes  et  des  aatraa.  L'abb^  F6letx  mourut  en  1S50. 

Phllar^te  Chasus. 
F^LDHEN  (Anj»^),  sieur  des  Avaux  et  de  JaTercy, 
d6  k  Cbartres  en  1519,  suiTit  k  Rome ,  en  1647,  Tambassa- 
dear  de  Franee,  marquis  de  Fonteney-Mareuil ,  en  quality 
de  secrMaire.  Ayant  eu  occasion  de  voir  le  Poussin  dans 
cette  patrie  des  beaux-arts,  il  se  lia  d^amiti^  avec  luij  et 
perfectionna,  sous  cet  artiste,  son  goAt  pour  la  peinture, 
la  sculptare  et  i'architectnre.  Le  sorintendant  Fouquet,  et 
Q»lbert  aprte  Ini,  employ^rent  ses  talents.  II  eut  la  place 
dliistoriograpbe  dea  Uitiments  du  roi  en  1666  et  celie  de 
garde  dea  antiqaes  en  1673.  Deax  ans  aoparayant  il  avait 
it6  nommd  secritaire  de  TAcad^mie  d^Architectore.  II  mou- 
mti  Paris  le  11  join  1695.  II  fut  an  dea  huit  qui  oompos^rent 
r Academie  des  Inscriptions  et  Bell es-Lettres,  lore 
de  sa  fondation.*Il  avait  compost  de  nombreux  ouvrages : 
le  pfaM  eonnn  a  pour  titre  t  EntreHens  sur  les  Viet  et  Us 
thunrages  des  plus  exeellents  peintres.  On  cite  encore  : 
Ori^inecfolapeinMreC  t660,in-4^);— iPriiieipef  de  Var- 
cMiecture,  de  la  seulpture^  de  U^peinture  et  des  autres 
arts  qui  en  dependent  ( 167&-1696,  fai-4* ) ;  —  Description 
vmmakre  du  chdteau  de  Versailles  (1674),  etc.  Son  fr^re 
Jacques f  chanoine  et  arcbidiaere  de  Cbartres,  mort  en  1716, 
daos  an  ige  avano^,  a  eompoad  qudques  oovrages  rettgieux. 
F&IBIEN  (JsANoFajLiifon),  fils  atn^d'Andr^,  suoc^a 
k  son  p^  dana  toutes  ses  places ,  et  eut  comme  hii  le  goOt 
dea  beaux-arts.  II  mournt  en  1733.  Son  meilleur  ^rit  est 
intitule  :  Reeueil  Mstorique  de  la  vie  et  des  ouvrages  des 
nlus  ciUbresiorchitectes. 

F£UBIEN  (Dom  BfuaiL),  fMredn  pr^cMent,  bto<^c- 
tio  de  la  congr^tion  de  Saint-Manr,  n^  k  Cbartres 
ea  1666,  soatint  a^ee  bonneur  la  reputation  que  son  pto 
et  MO  Mre  s'^taient  acquise.  Lea  ^cbevins  de  Paris  le 
choisirent  pour  terire  rhistoire  de  cette  Tille  :  il  ravait! 
Iieaaeoap  a?anete  lorMiaHl  mourut  le  10  septembre  1719. 
Ella  fat  oontinate  et  publl^e  par  dom  Lobineau.  On  a 
cneore  de  dom  F^libien  Vffistoire  de  Vabbaye  de  Saint- 
DenjfS  en  Prance ,  livre  plein  d'^udition  et  de  recherches. 
FELICITATION.  Cestun  compliment  que  Ton  fait  a 
qiielqu*un  pour  ttaioigner  la  part  que  Ton  prend  k  un  ^t^- 
nement  beureux  00  raalbeurenx  qui  lul  est  arrive.  Ce  mot, 
qui  a  re^  de  noe  jonra  une  grande  extension,  on  qui  plutot 
est  devenn  d*une  appUcaUon  de  plus  en  plus  famili^re,  est 
tTone  formatloA  assex  r^cente;  on  le  connaissait  k  peine 
Franee  il  y  a  un  sitele.  II  n*y  a  preMine  iias  d'dv<Snement, 


333 

si  indiffi^rent  qo'il  soil  en  apparenee,  qui  ne  derienne  Toc- 
casion  de  f^Udtatlons.  C'est  surtout  k  I'^poque  da  jour  de  I'an 
qu'on  s*en  adresse  mutuellement  le  plus.  Bnxor. 

FELICITY.  Foyes  Bonnxun. 

FEUNSKI  (AloIsb),  n6  vers  1770,  k  Loutak,  yiile  du 
palatinat  de  Wolbyiiie,  avail  k  peine  attaint  TAge  de  dix-buit 
ans  qall  s'enrOlait  dans  Tarmie  nationale  qui  avait  surgi  k 
la  voix  de  Kosdusxko.  Quand  la  Pologne  descendit  au  tom- 
beau,  il  demanda  k  la  caltore  des  lettres  des  consolations  pour 
ses  patriotiques  regrets.  Les  universitte  de  Varsovie  et  de 
Wilnaluioffrirentvainement  des  cbairesde  llttdrature;  et 
eene  ftit  qu'klMnstantesollidtationde  ThadeusxC  sack  i  quil 
consentlt  enfln  k  accepter  les  fonctions  de  directeur  du  iyc^ 
de  Krxemienielx,  devenn  btentOt,  grftce  k  ses  soins,  une  p€- 
pinlkre  f^conde  d*bommes  marquants  dans  les  sdences  et 
les  arts.  Fdinski  mourut  en  1820,  et  la  Pologne  pleura  en 
Ini  le  boa  dtoyen,  Tardent  patriote,  non  moins  que  le  Utt^ 
rateur  distingue.  Ses  premiers  ouvrages  eont  des  lettres  en 
vers  k  ses  amis,  et  one  traduction  des  Jardlns  de  Detille, 
qui  se  distingue  par  une  grande  ^l^ganoe  et  une  remarquable 
puretd  de  langage.  Mais  ce  qui  fera  surtout  rivre  son  nom 
dans  Pbistoire  de  notre  litt^rature,  c^eat  la  rtforme  qu*il 
op6ra  dans  notre  ortbograpbe.  Avantlui  die  n'avait  rien  de 
fixe  ni  d'arr^.  Felinski  Ini  impose  des  r^les  sAres  et  in- 
variables;  il  y  mtroduidt  les  accents  et  la  voyelle  J,  qui 
rendirent  la  langue  plus  barmonieuse  et  plus  propre  k 
exprimer  les  pensto  sentimentales  et  podtiques. 

Felinski  osa  plus  encore.  II  entreprit  la  r^iorme  de  notre 
tragddle.  Jnsqu'li  lul  on  s'^tait  bom^  cbex  nous  k  tradulre 
les  tragMies  grecques,  latines  et  firan^ises.  La  sctoe  ne  re- 
tentissait  jamais  d'anlrea  noma  que  de  ceux  dea  Miltiade, 
dea  Brntus,  des  OSsar,  etc  On  n'y  voyaitque  togas  romaines 
00  cblamydea  greeques.  Un  absurde  pr^og^  d^larait  que 
rbistoire  nationale  n*ofl)nit  pas  un  seul  ^v^nement  qui  se 
prOtftt  aux  exigances  du  tbMtre,  ob  dte  lore  on  n'avait  encore 
jamaia  entenda  prononoer  le  nom  dea  SobieskI ,  dea  Batbory, 
et  de  tant  d'aulres  b^ros  polonaia.  Felinski  brava  le  pre- 
mier cet  absurde  pr^jug^,  et  publia,  en  1814,  une  tragMIe 
intitulte  :  Barbara^  qui  obtint  de  nombreuses  reprints- 
Uona  sur  lea  tb^trea  de  Yarsovie,  de  Wilna,.  et  autres 
villas  de  Poiogpe,  ob  toiqours  le  publie  raccudlllt  avec  en- 
thousiasme.  Le  snjet  en  est  empruntd  an  seixitoie  dtele  et 
k  Pbistoire  de  Pdogne.  n  s'agit  du  mariage  secret  que,  du 
vivant  de  son  ptoe,  Sigismond-Augoste  avait  contracts  avec 
Barbara  Radziwil,  et  qu'il  voulut  fidre  reconnaltre  pour  le- 
gitime an  moment  ob  il  f\it  appeM  k  ceindre  la  couronne. 
L'opposition  quMI  rencontre  dana  rex^cution  de  son  projet 
de  la  part  de  la  rdne-m6re.  Bona,  de  la  famille  du  Sforze  de 
Milan,  forme  le  noead  de  la  pi^;  et  c'est  au  moment  ob 
le  rd,  k  force  de  fennet^,  est  parvenu  k  triompber  de  tous 
lesobstadea,  que  U  jeane  rebie  meurt,  empdsonn^  par  un 
m^dedn  italien,  compatriote  et  complice  de  Bona. 

LMntrigue  de  cette  pitee  est  conduite  avec  beaucoup  d'art, 
les  caractirea  en  sent  trac^  avec  une  remarquable  v^rit^ 
historique,  et  le  style  y  a  constamment  la  noblesse  et  1*41^- 
vation  que  reclame  le  genre  tragiqne.  Quant  aux  sentiments 
qneTauteur  y  exprime,  lis  sent  de  ceux  qui  feront  toujours 
treasaillir  des  coenrs  polonaia. 

Micbd  CZAIKOWBKI    (MuHAHXD-SADIX-EFFBlfDl). 

FJ^LIX.  Le  saint-si^  a  ibh  occupy  par  dnq  papesou 
antipapes  de  ce  nom. 

FELIX  1*'  etait  fils  d*un  Remain  appeM  Constantius, 
II  succ^da  k  Denys,  I'an  269,  sons  le  r^e  de  Tempereur 
Claude  II.  L'fglise  ^tait  dora  troublte  par  Pb^i^e  de  Paul 
de  Saraosate.  Cet  ^vAqued'Antiocbe,  d^pos^  par  on  eondle, 
refusait  d*obdr  k  la  sentence  et  de  cMer  son  palais  Episco- 
pal k  Domnus,  quale  eondle  avait  nommE  k  sa place.  L*em* 
pereur  Aur^lien,  juge  de  ce  difli^rend,  s'en.  remit  k  la  deci- 
sion del'ev6que  dellome  etdes  prtlats  dltdie;  et  Fdix, 
ayant  refuse  sa  communion  k  Tberesiarque,  le  fit  cbasser 
d'une  figlise  que  Paul  avait  scandalisee  par  son  faste  asia- 
tique.  Anrdlien  dementi!  bientOt  cette  apparence  de  respect 

11. 


324  Fl^IX 

pour  let  prttres  chr^ens  :  an  ^it  de  persecution  fut  lanc^ 
contra  eux.  F61ix  soutint  par  set  discoars  et  par  son  exemple 
le  z^e  de  son  troupean.  n  affermit  et  conaola  les  Tictimet 
de  la  colto  imp6iale.  On  aurare  qa*il  enseTelit  de  seg  mains 
342  martyrs.  Mis  en  prison,  il  y  moorat,  le  22  dtoembre  274. 

F£LIX  II  fut  6\ew6  sur  le  saint-si^  en  3S7,  aprte  I'exil 
du  pape  LiMre,  et  malgn^  les  protestations  da  people  et  de 
ia  partie  du  clerg^  qui  tenait  pour  ce  pontife,  .d^posd  par 
Tempereur  Constance.  A  en  croire  saint  Athanase,  Fdlix 
n'aurait  M  (\u  que  par  trois  eonuqnes  et  sacr6  par  trois 
^Tdqnes  yendusk  Peropereur;  d^tres  toivains  ecd^as- 
tiques  I'accusent  d'arianisme.  Mais  le  ttooignage  de  saint 
Atbanase  est  tort  suspect,  puisque  le  pape  LiMre  ne  fut 
exile  que  pour  avoir  refuse  de  signer  le  d^cret  du  oondle  de 
Milan,  ou  plutdt  des  preiats  ariens  centre  cet  ev6que  d'A- 
lexandrle.  Quoi  qnll  en  sott,  Felix  11  ne  jouit  pas  longtemps 
de  sa  puissance  pontificale  :  les  dames  romaines  lui  prece- 
raient  Ubere;  ellei  se  presentftrent  k  I'emperear  Ck>nstance 
dans  tout  reclat  de  leur  parure,  pour  lui  demander  le  rappel 
de  leur  e^eque  favori.  Constance  se  laissa  flechir,  k  condi- 
tion que  Libere  signerait  la  condamnation  d'Athanase,  ainsi 
que  la  profession  de  foi  soascrite  par  le  concile  de  Sirmium 
'ui  faveur  de  Tarianisme,  et  qu'en  outre  il  consentirait  i 
partager  le  saint-siege  atec  Feiix.  Libere,  impatient  de  ren- 
trer  dans  Rome,  signa  tout  ce  qu'on  voulnt,  et  ftit  re^udans 
sa  capltale,  en  368,  aux  acclamations  des  dames  etdu  peuple. 
Mais  k  peine  I'emperear  eot-il  quitte  cetteville,  que  le 
peuple  se  ma  sur  les  partisans  de  FeUx,  et  le  chassa  de  sa 
capitate.  Retabli  un  instant  par  le  zele  de  ses  amis  et  par 
la  protection  de  Constance,  il  fut  banni  une  secondefois4 
force  ouTerte,  et»  aprte  aTotr  vegete  bait  ans  dans  one  terre 
quil  avait  en  Toscane,  il  y  mourut,  pea  de  jours  avant  son 
competiteur.  Sa  memoire  eprouva  les  mftmes  vicissitudes 
que  sa  vie.  Saint  Augustin,  Optatus  de  Miieve  et  plusieurs 
autres  ne  Tout  jamais  compte  an  nombre  des  pontifes  de 
Rome ;  et  ce  ne  fut  que  trois  siedes  aprte,  qu'il  fut  declare 
tout  k  la  fois  pape,  saint  et  martyr  par  un  decret  de  Gre- 
goire  le  Grand. 

F£LIX  in  etait  fils  d*an  prfttre  remain  du  mfime  nom, 
et  portait  le  prenomde  CalHu,  II  etait  marie,  et  passe  pour 
le  quadrisaieul  de  G  r  eg  oi  re  I**,  dit  le  Grand.  II  succeda, 
le  8  mars  483,  k  Simplicins,  sousle  r^e  d'Odoacre.  Vb6- 
resie  des  eutycbi onset  les  debats  pour  le  siege metro- 
politaio  d'Alexandrie  occup^rent  les  premiers  moments  de 
son  pontificat.  Pierre  Monge  Tarien,  et  Jean  Talaios  Portho- 
doxe  se  disputaient  cette£gUse  d'Afrique.  Acace,  patriarche 
de  Constantinople ,  protegeait  le  premier,  tandis  que  le  se- 
cond etait  soutenu  par  le  saint-siege.  A  I'aide  de  oette  qoe- 
relle,  Feiix  III  essaya  de  soumottre  le  siege  de  Constanti- 
nople k  oelui  de  Rome.  Le  patriarcbe  et  Tempereur  zenon 
se  jou^rent  de  ses  legats,  les  firent  mettre  en  prison,  et  deux 
d'entre  eux  n*en  soitirent  qu'aprto  avoir  coramoniqoe  avec 
les  heretiques.  Fdix  les  fit  excommunier  k  leur  retour,  le 
28  juiUet484,  par  un  concile,  qui  enveloppa  le  patriarche 
Acace  dans  la  sentence.  Un  nouveau  legat,  charge  de  la  si- 
gniiier  dans  Constantinople,  tut  seduit  k  son  tour  par  le 
patriarciie  et  frappe  du  memo  anatheme  par  le  pape.  Les 
evdques  orthodoxes  ayanl  ete  cependant  retablis  dans  les 
eglises  dUfrique  par  le  Tandale  Gondebaod,  Felix  III 
lan^  unedecretale  centre  les  catholiques,  clercs  ou  laiqnes, 
qui  pendant  la  domination  des  ariens  s'etaient  fait  rebaptiser 
par  eux.  11  leur  interdit  les  ordres  sacres,  les  soumit  k  une 
penitence,  ^  d^rada  tous  let  pretres  on  eveques  tombes 
dans  ce  peche.  Acace  etant  mort  en  489,  et  son  successeur 
Flavita  ayant  voulu  menager  les  deux  partis,  Felix  III  de- 
couvreses  menees,  et  chasse  ses  envoyes  de  Rome ;  bient6t 
la  nort  derobe  Flavita  h  Tanatliemc,  et  le  nouveau  |iatriar- 
die  Cuplieinius  sollicite  la  communion  du  saint-siege.  Mais 
««  n^est  point  assez  pour  I'intraitable  Feiix  III.  Euphemius 
<i  conserve  dans  les  diptyques  les  noms  d'Acace  et  de  Fla- 
vita, l^e  pape  lui  reAise  la  comniuniou,  et  Jut  ordonoe  de  I«h 
*«.» » r.  GrUe  disoute  dura  trenio  an?*,  et  finil  iiar  la  ra<li:«tion 


des  noms  coudamnes  par  ie  saint-siege;  mats  Felix  ni  ns 
fut  pas  temoin  de  ce  triompbe;  il  ne  re^ut  pas  mteu  la 
reponse  de  Temperear  Anastase  k  la  lettre  qn'il  avait  ecrita 
k  ce  saccesscur  de  zenon  pour  Tengager  k  pToteger  la  foi  c»- 
tholique.  H  mourut  le  2&  levrier  492,  apris  on  pontificst 
de  neuf  ans  moins  donxe  jours. 

F^LIV  IV  Alt  le  soccesseor  de  Jean  I*',  sons  le  r^ 
de  Tempereur  Justin  et  do  roi  Theodoric,  qui,  traacbaot 
tootes  les  brigues,  le  fit  dire  ou  Peiut  lai-meme,  de  sa  pkine 
autorite,  Tan  526.  Il  etait  fils  d'on  Samnite,  appeie  CatUh 
rius;  etrendit  un  service  signaie  an  saint-siege,  en  faisaal 
revoquer  par  le  roi  Atbalaric  redit  de  Valentinien  n  qui 
autorisait  l*appel  du  jngement  du  pape  i  Pautorite  secali^ 
C*est  k  lui  que  sent  dues  encore  la  leparation  de  reglise  de 
Saint-Satumin  et  la  fbndation  de  celle  de  Saint-Ctaie  et 
Samt-Damien.  Son  pontificat  dura  trois  annees,  et  finit  le 
12  octobre  529. 

F£LIX  T,  sous  le  nom  d*Amedee  Y  III,  etait  doc  soo- 
verain  de  Savoie.  La  mort  de  sa  femme,  Marie  de  Boargo- 
gne,  ftlle  de  Philippe  le  Hardi«  que  la  peste  de  1428  lui  avait 
enl^ee,  et  un  assassinat  tente  sur  sa  personne  par  un  gen- 
tilbomme  le  degoftt^rent  du  monde.  II  fit  bAtir  un  palais 
sur  les  bords  du  lac  de  Geneve ,  prte  du  convent  qu*il  avait 
fonde  a  Ripaille,  et,  remettant  les  rftnes  de  l'£tat  k  son  fits 
Louis,  il  s'y  retira,  sous  Phabitd^ermite,  avec  six  clievaliers. 
Ce  fut  le  7  Dovembre  1434  qn*il  prit  cette  resolution,  pen- 
dant la  tenue  du  fameux  condle  de  B&le,  ou  de  vioieali 
debats s^etaient eieves entre  EugenelVet  les Peres. Ces 
debats  se  prolongerent longtemps  encore,  et  la  liainertei- 
proque  s'aigrit  k  tel  point ,  qu*£ogene  IV  fill  ddpose  le  25 
join  1439.  Loin  de  songer  k  le  remplaoer,  Anied6e  Till  pr»- 
teste,  le  20  juillet,  centre  un  acte  qu'il  considere  comme 
attentatoire  aux  droits  du  saint-siege;  et  cette  protestation, 
regardee  comme  unepreuve  de  aeie  pour  PEgliae,  attire  les 
regards  du  concile  vers  sa  retraite.  Sur  les  trente-trois  pre* 
lata  choisis  pour  former  an  conclave,  seize  scrotins  dM- 
gnent  Amedee.  Alors  les  brigues  eclatent;  la  ealomnie  s*en 
meie.  On  presenteson  pretendo  ermitagede  Ripaille  comma 
un  lieu  de  debauche  et  d*orgies.  Mais  une  voix  poissante 
le  protege,  c*est  cdle  d'JEneas  Sylvius,  qui  se  fera  connaltre 
plus  tard  sous  le  nom  de  P  i  e  1 1. 11  atteste  Pausterite  deics 
moDurs,  son  xeie  pour  la  religion,  sa  piete,  le  grand  nombre 
de  ses  fondations  religieuses ;  d'autres  refutent  les  objedieAs 
qu'on  tire  de  son  caract^  de  laique.  Ces  raisons  Pempor- 
tent;  le  cardinal  d'Arles',  president  du  conclave,  le  pro- 
clame  le  5  novembre  1459. 11  va  le  chercher  k  RfpaiUe;  et  le 
due  Amedee  est  intronise  sous  le  nom  de  Felix  V. 

Cette  exaltation  lui  valut  I'anatheme  d*Eugtee  IV  et  las 
grossieres  injures  des  partisans  de  ce  pape,  qui  retint  sons 
sa  domination  les  trois  quarts  des  puissances  chretienneB, 
la  Tille  de  Rome  et  le  piSbriiaoine  de  Saint-Pierre.  Feiix  V 
ne  fut  pape  que  de  nom.  Le  concile  de  B41e  se  troovaflStyrce 
de  lui  allooer  pour  revenu  le  di&ieroe  denier  de  tons  les 
benefices  ecdesiastlqaes.  Mais  ce  decret  a*etant  execute  que 
dans  les  terres  de  son  obedience,  Feiix  vit  dediner  rapide- 
dement  sa  puissance  splrituelle,  et  se  r^ira  en  1442  k  Lau- 
sanne pour  lecbapper  aux  ennuis  de  sa  position.  Les  con- 
ciles  de  BAle  etde  Florence  finirent  de  lassitude ;  et  qnand 
Eugene  IV  fut  mort,  les  cardinaux  de  sa  bction  se  hAiereat 
de  lui  donner  un  successeur  dans  la  personne  de  Nicolas  V, 
de  peur  qu*on  ne  les  for^t  i  reconnaltre  Feiix.  Cehii-d 
etait  bors  d*eut  de  les  y  contraindre.  Malgre  ses  legats  et 
ses  bulles,  toutes  les  paissances  chreUennes  adheralent  k  Pe- 
lection  de  Rome.  II  ne  restait  k  Felix  que  la  Suisae  et  la 
Savoie.  i£neas  Sylvius  avait  depuis  longlemps  deseite  sa 
cause ;  et  Nicolas  V  renonvelait  les  anathemes  d*Eugtee  IV. 
La  mediation  de  Charies  VII,  roi  de  France,  mit  un  tenne 
k  ce  schisme.  Felix  abdiqua  la  papaateen  avril  1449,  et  re- 
devint  Amedee  de  Savoie;  mais  il  rests  le  second  dans  Vt- 
glise,  sous  le  litre  de  cardinal  de  Sainte-Sabine,  qa*ll  aPa 
ensevelir  avec  lui  dans  son  ermitage  on  son  palais  de  Bt- 
(latllc,  au  milieu  des  six  clievaliers  pour  lesqoela  U  avail 


F^LIX  —  FELLENBERG 


foihl^  Tonlre  s^culier  de  Saint-Maurice.  11  moarutk  Geneve, 
|p;  7  jaaYter  1411.  Ywrna^  dc  rAeAa^mie  fran^aiae. 

F^IJXy  gouTerneur  de  la  Jiidte  pour  les  Romains,  yen 
ran  53  de  notre  ^re,  6tait  Mn  de  Pallas,  affrancbi  de  Clattde» 
et<poasaDrufiille,fiUeduTleuxroiAgrippa  I*'.Saint  Paul 
comparat  devant  lul  h  Gterte,  et  11  le  retint  en  prison. 

FJfiUX  DE  MOLE  (Saint) ,  prdtre  de  Note  en  Campa- 
Die,  eut  beaoeoup  i  flouiliir  pour  la  foi  sous  Dto  et  Va- 
Mrien.  Aprte  la  mort  de  Maxima ,  ^vdqne  de  Nolo,  on 
vonlutlemettrelilatfttede  oekte^gliie;  maia  il  reftasa  par 
hnmiliM  et  passa  le  reste  de  see  Jonrt  en  paii  sur  un  petit 
coin  de  terre  qu'il  cultivait  Ini-mdme  et  dont  11  partageait 
les  fruits  ayec  les  pauTres.  II  ayait  en  de  grands  biens  avant 
la  perstoition  et  aurait  pu  facflement  se  les  (aire  rendre; 
nals.il  aima  mieux  Tivre  dans  rindigenee,  ch6re  k  Dieu.  11 
modnit  Tan  256  et  fut  honors  comme  un  saint  i  Nole  d'oii 
son  culte  passa  en  Afrique. 

F^IX  D'URGEL ,  ^vdqiie  d'Uigel  en  Catalogoe,  ami 
d^Elipaod ,  ^vdque  de  TolMe ,  soutint  oomme  ce  dernier 
que  J^uS'-Christ  est  seulement  le  fils  adoptif  de  Dieu.  Ce 
qui  avait  donn^  naissance  i  cette  li^rteie,  trte-r^pandue  k 
cette  ^poque  en  Espagne ,  c'^tait  le  d^ir  de  repousser  I'ac- 
cosatioii  d^idolAtrie  que  les  musulmans  portaient  centre  les 
clir6tieDSy  coupables  k  leurs  yeux  de  ne  pas  reconnaltre 
VmM  de  Dieu.  F^ix  d'Urgcl  soutint  ses  opinions  dans 
les  tents;  mais  elles  furent  condamnta  aux  conciles  de 
Batisbonne  en  792,  de  Francfort  en  794,  et  de  Rome 
eu  799.  F^x  fut  d^poss^d  de  T^piscopat  dans  cette  der- 
nifere  asseroblte  et  rel^u6  k  Lyon ,  d'od  11  ^crivit  i  son 
peopte  d*Urgel  une  Lettre  qui  contenait  Tabjuration  de  sou 
systfeme.  U  mourut  Ters  I'an  818. 

FtUXy  rbdteur,  Ganlois  d'origine,  aprte  aToir  proress<i 
la  rb^lorique  k  Clermont  en  AuTergne,  Tint  se  fixer  k  Rome 
dte  Tan  532.  II  y  corrigea  les  sept  livres  d'bumanit^  d'un 
autre  F^ix,  sumomm^  Capelta.  II  mourut  en  549. 

Fl^LlX  (Rachbl).  Voifez  Racbb.. 

FELLAHS.  Cest  te  nom  qu*en^nbie  et  sortout  en 
£gy pte  00  donne  aux  Arabesqui  cultivent  te  sol.  n  ne  faut 
point  confondreles Fellabs  avec  \eB  Foulahs^  race  n^gre 
do  iiaut  Soudan,  qui  est  extr6menient  r^pandue,  non  plus 
qu'aTec  les  FelUUahSy  peuplade  nigre  de  m^me  origine 
que  les  Foolahs  et  qui  babite  Touest  de  TAfrique.  Le  fellah 
d*ti;gypte  Tit  de  Ayes,  de  l^umes  verts,  de  riz,  de  mais; 
il  babite  une  cabane  de  quatre  pieds  de  haut,  n*a  d*autres 
menbtes  qu*une  natte  pour  ydormir,  une  crucbe  k  eau,  quel- 
qnes  natensiles  de  cuisine,  et  d'autres  Tfitements  qu'une  cbe- 
mise  de  toile  blene ,  relevte  sur  le  genou  par  une  cdnture, 
et  un  tarb<mch  pour  eouTrir  sa  t6te  ras^.  II  a  la  figure 
OTale,  les  traits  rollers,  rceil  noir  et  per^ant,  la  barbe 
divis66  par  bouquets.  Sa  pbysionomle  est  noble ,  fito,  fran- 
che  et  ou?erte ,  et  sas  manikres  sont  plus  distingotes  que  sa 
position  ne  te  comporte.  Qu<dque  naturellement  paresseux 
et  indolent,  il  est  ftpre  an  travail  et  supporte  la  fatigue  avec 
eoorage  et  vigueur;  fl  accompagne  m6me  ses  travaox  de 
cbanls  pieux  et  d*inTocations  k  Dieu  et  k  Maliomet  11  est 
d^ailleuTS  doux,  patient,  soumis,  d^sintdress^  et  surlout 
obligeant,  gto^reux  et  trte-bospitalier.  Les  fellahs  ne  sont 
point  Jalonxde  leurs  femmes,  et  out  pour  elles  les  plus  grands 
dgards.  fortes,  sooplea  et  bien  d^couplto,  elles  oot  les 
traits  molns  rollers  que  les  hommes ,  maisde  beaux  yeux, 
on  beau  buste ,  desjambes  musclte  et  nues;  elles  oommen- 
ecBt  i  se  d^sbaUtuer  de  voiler  leur  visage  et  de  tatouer 
CB  noir  leur  front,  leur  menton,  le  dessus  de  leurs  mains, 
el  en  rouge  leurs  ongles ,  le  dessous  des  pieds  et  rint^rieur 
dcs  mains.  Bien  que  voluptneuses  et  fteondes,  les  femmes 
des  iellabs  sont  laborieoses;  dies  supportent  ais6ment  la 
marcbe,  la  fatigue,  le  poidsdes  fardeaux;  elles  parlagent 
les  tnvauxdes  liomroes,  et  leur  servent  de  manoeuvres  lors- 
iia*ils  oonstraisent  des  bAtiments.  II.  Audiffret. 

FELLANISyFELLATAHS.  Voyez  Foulaus. 

FELLENBERG  (  Pnii.iPP£-£uMAM'EL  ne  ),  fondaletir 
eA  directeur  de  plusieurs  graniU  ^lablissenicnls  d'aj^ronomie 


S2& 

et  d*enseignemenl  public  en  Suisse,  naquit  k  Berne,  en  1777, 
d^une  famUle  patricienne,  et  re^t  uue  Mueation  distin- 
gue, que  perfectionnteent  encore  de  nombreux  voyages  k 
r^faraoger*  Lors  de  la  revolution  de  1798,  qui  cbangea 
tout  le  systime  gouvememental  de  la  Suisse,  il  se  soumit 
aux  nouvelles  autoritto  de  la  r^ublique  helvdtique :  com- 
mandant de  quartier  k  Berne ,  11  parvint  k  comprimer  par 
des  moyens  de  conciliation  une  toeute  des  paysans  de 
roberland;  nudsksautorit^  supMeures  ayant  refusA  da 
r^ser  les  promesses  qu^  avail  faites  en  leur  nom,  il  se 
d4aaAi  de  son  commandement,  rentra  dans  la  vie  privfe, 
et  renon^a  k  toute  function  publlque,  pour  se  livrer  d^r- 
mais  exdusivement  au  perfectionnement  de  P^ducation  po- 
pulaire  et  aux  etudes  agricoles.  Mari6  et  dijk  pdre  de  plu- 
sieurs eniluits,  11  acbeta  le  vaste  domahie  d*Hofwyl,  k  deux 
lieues  de  Berne,  sur  la  route  de  Soleure.  II  entra  k  quel- 
que  temps  de  U  en  relation  avec  P  es ta  I ozzl ,  qui  ne  taida 
point  k  transporter  son  ^cole  de  Burgdorf  au  di&teau  de 
BuGhs<^,  voisin  do  domaine  d*Hofivyl.  Le  projet  de  FeU 
lenberg  et  de  Pestalozzi  avail  ^  de  partager  la  direction 
de  cet  etablissement;  mais  la  difRSrence  comply  existant 
entre  leurs  caract&res  fUt  cause  que  leur  bonne  fntelligence 
dura  peu.  Pestalozzi  transf^Sra  alors  son  ^blissement  k  Iver- 
dun,  dans  le  canton  de  Vaud;  et  Fellenberg,  de  son  cdt^, 
n*en  oontinoa  pas  moins  k  poorsuivre  isol^ment  la  r^ltsa- 
lion  de  ses  id^  particuli^res  en  mati^  d^Mucation  et  d*a- 
gronomie.  11  redouble  m6me  d^effbrts  poor  accroltre  le  re- 
venu  de  son  domaine  d*Hol\nryl  au  moyen  dinnevations 
Judicieuses  introdoites  dans  la  culture,  prtebant  ainsi 
d*exemple  en  faveor  de  la  r^fonne  agricole  k  laquelle  11 
s'^talt  vou^,  et  dont  il  propageait  en  outre  les  id^  an 
moyen  de  nombreux  Merits.  En  m^.me  temps  11  cr^t  une 
maison  de  refuge  poor  les  enfants  abondoniMSs,  ainsi  qu'uue 
6»le  agronomique,  pour  laquelle  le  gouvemement  de  Berne 
lui  donna  pendant  quelqoe  temps  la  jouissance  dn  domaine 
et  du  cIiAteau  de  Buchs^;  en  1808  11  comply  ces  dlverses 
cr^tions  en  fondant  un  ^tablissement  dUnstmction  snp^- 
rlenre  k  I'usage  des  enfants  de  families  ricbea. 

En  1817,  la  mine  de  r^tablissement  fond6  par  Pestalozzi 
d^termina  Fellenberg  k  se  r^ncilier  avec  lui  et  k  tenter  de 
fusionner  les  ^les  d'Hofwyl  et  dlverdon,  on  du  mofais 
d*etabltr  entre  elles  de  tels  rapports,  que  Tune  ne  f At  que  la 
succursale  dePautre.  Mais  ce  projet  ^cboua  compl^ement, 
et  il  en  fut  dem^raedes  plans  qu*on  Imaglna  plus  tardpour 
fonder  dans  chaque  canton  de  la  Suisse  des  ^tablissements 
analogues  k  celui  d'Hofvryl,  et  qui  auraient  ^  tons  plac^ 
sous  une  m6me  direction  sop^rleure.  Et  puis,  fl  fuit  bien  le 
dire,  les  liommes  etles  cboses  n'ont  qu'un  temps;  et  il  vint 
un  moment  oti  les  id^es  qui  avaient  prteid^  k  la  fondatiun 
de  reiablissement  dinstruction  publique  d*HofWyl  k  I'usage 
des  classes  supdrieures  de  la  eoci^  parurent  vieilles  et  ar> 
ri^r^es.  L^^tranger  cessa  peu  k  peu  de  foumir  des  recrues 
k  cette  p^pini^re,  de  laquelle,  disait^n ,  ne  devaient  Ja- 
mais sortir  que  des  bommes  forts  et  des  sujets  sup^eurs. 
CVtaient  les  profits  qu'on  r^isait  sur  ce  pensionnat  dn 
grand  genre  qui  servaient  k  couvrir  les  firais  de  IMnstitut 
agronomique  de  Bucli»te :  or,  ces  profits  cessant  d^avoir  lieu, 
il  fellut  fermer  lVx)le  d'agrlculture.  On  ne  sauralt  nier  ton* 
tefois  qu*eu  d^pil  de  tons  les  obstacles  quMl  dut  surmonter, 
et  qid  lui  vinrent  quelquefois  du  mauvais  vouloir  dn  gou- 
vcmement  de  Berne  lui-m£me,  Fellenbeig  n^ait  en  defini- 
tive propagis  des  id6es  utiles  et  ffoondes.  II  ne  fut  pas  pr6- 
clsdment  regard^  comme  un  proph^te  dans  son  pays ;  mais 
retranger  fut  plus  jnste  k  son  ^gard.  De  tons  les  points  de 
derEurope  on  veoalten  Suisse  <^tttdierPorganisationinterieore 
deses  diCT^rents  itablissements,  comme  autant  demoddesft 
suivre  pour  des  creations  analogues  projetta  paries  diffi^ 
rente  goiivememento.  En  1833  Fellenberg  fut  Au  landan* 
man  de  Berne.  II  mourut  le  21  novemhre  1844.  Son  fib, 
Guiilaume  db  FELLErasac,  avail  essay^  de  conserver  r^ta> 
br.ssement  d^llofwyl;  mais  11  avait  flni  par  ac  trouver  fbro4 
dc  le  fermer  bien  avant  la  mort  de  sou  p'va 


826 


FELLER  —  FEMERN 


FELLER  (Joachim  ),  oA^re  profeMearstxon,  somnam- 
bule,  n^  en  1628,  k  Zwickau,  ddbata  k  traize  ans  par  on  potaie 
btin  sur  la  Passion  de  J^s-Christ.  GonserTatanr  de  la  bi- 
bliotb^ue  de  Leipiig,  et  I'un  des  rMacteora  des  Acta  Eru- 
dUorum,  il  fot  mtM  dans  les  qnereHes  littdraires  da  son 
temps,  et  moarut  en  169t. 

Son  flls,  Joachim-FtidMc  Feller  ,  mortk  cinquante-trois 
ans,  en  1736,  est  connn  en  Allemagne  par  son  lifre  intital^: 
Otium  hanoveranum^  sive  Biiseellanea  exore  et  sehedis 
LeibniiUL  Cast  nn  excdient  ana^  od  Ton  trooTe  ane  foale 
do  particQlarit^  curieuses  siir  Leibnitz. 

FELLER  ( FRAN^ois-XATncii),  j^snite,  naquit  en  1735,  k 
BrnxeUes*  Ses  Etudes  acheTte  k  Rdms,  il  flit  envo^^  par  se« 
sup^riears  k  Li^ie,  pour  ensdgner  les  hnmanit^s.  II  pro- 
Tessa  ensoite  k  Paderbom,  et  occnpa  k  Tymao,  en  Hongrie, 
darantplosienrs  annto,  nne  chaire  de  tbfologie.  En  1771  il 
roTint  dans  sa  patrie,  et  s'^tablit  k  Li^,  od  il  se  livra  k  la 
composition  de  divers  ouTrages.  Lors  dn  sonl^yement  des 
Pays^Bas,  en  1787 ,  Feller  prit  parti  dans  cette  lutte ,  et  se 
rangea  da  oOtd  national,  dont  il  appoya  la  cause  par  des  bro* 
chares.  La  revolution  fran^se,  qui  ^lata  deux  ans  aprto, 
bJussait  trop  YiTement  ses  opinions  politiques  et  religieases 
pour  quMI  pot  en  adopter  les  principes.  Aussi ,  quand  notre 
arm^e  s*empara  du  pays,  en  1714,  Feller  abandonna-Mlsa  pa- 
trie  poor  86  retirer  en  Westphalia.  Il  moarut  k  Ratisbonne,  le 
23  mai  1802.  Quoiqall  ait  beancoupterit,  nous  ne  mention- 
nerons  id  nises  oetiTres  sdentifiqaes,  ok  ils'efTor^it  de  ren- 
verser  le  systteie  de  Newton,  ni  ses  cenyres  morales  et  th^ 
logiques.  Nous  dterons  settlement  son  Dieiionnaire  histO' 
rique,  qui  a  eu  plusieurs  Editions.  Une  si  Taste  entreprise, 
e\^ut^  par  un  seal  homme,  pr^sente  natordlement  des 
lacunas  et  des  iniperrections ;  on  regrette  surtout  quMl  ait 
copi^  trop  souTent  celui  de  Cliaudon  et  que  Tesprlt  de  secte 
ait  fausfld  son  jugement  au  point  de  le  rendre  injuste  envers 
toot  jans^niste  et  toot  philosoplie  dn  dix«buitikme  sikcle,  tan- 
dis  qn*U  cberche  k  grandlr  certidns  hommes  m^liocres,  n'ayant 
d'autre  m^rite  qued^ktre  orthodoxes.  SAnrr-PaospER  jeune. 

FELLETIN.  Vogez  Crecsb  (D^partement  de  la ). 

FELLOW.  On  appelle  de  ce  nom  qui  signifle  compa- 
gnon,  conArkre,  dans  les  uni?ersil^  d*Ox  To  rd  et.de  C  a  m- 
b  r i  d ge ,  les  membres  des  colUges  ou  fondalions  savantes , 
chargte  d'administrer  les  affaires  int^rieures  et  ext^rieures 
de  ces  fondations.  Leur  nombre  varie  snivant  l*importance 
des  colMges ;  dans  quelqnea-uns  il  n'est  que  de  dix  k  douze, 
et  dans  d'autres  va  de  soixante-diz  k  cent.  lis  se  partagent 
autre  euXy  par  ordre  d^anciennet^,  les  revenus  de  ia  fondatioa, 
d^uction  failes  de  tootes  les  d^penses  n^cessaires;  la  quote 
part  de  cliacun  ne  descend  Jamais  au-dessous  de  25  livres 
sterling  (600  fr.),  et  parrient  souvent  k  an  chldre  furt 
eiev^.  Lm  fellows  per^iventd'ailleursdes  traitements  par- 
ticuliersattachte  auxdiferses  functions  dont  lis  sontrev6tus. 
Us  habitent  les  bktiments  appartenant  au  coll^  dont  ils 
fout  partie,  et  y  sont  nourris  gratuitement ;  mais  ils  ne  sout 
tenus  d^  rMder  chaque  ann&  que  fort  peu  de  temps.  La 
jonissance  de  oes  espkes  de  b^n^Oces  uniTersitaires  (fel- 
iowshipM)  est  k  Tie;  elle  ne  cease  de  droit  que  lorsque  le 
titulaire  se  marie,  acquiert  une  propridtk  fonclire  d*un  re- 
▼enu  sup^rieur,  oo  encore  lorsquli  obtient  on  emploi  unl- 
▼ersitaire  mieax  nttribu^,  suit  nne  cure  avantageuse.  L*un 
de  cei/ellowia  le  titre  de  prorecteur^  et  remplit  les  fonc- 
tions  de  prteident  (head  on  master)^  et  ses  pairs  ont 
seals  le  droit  de  le  choisir.  Les  uniyersit^  de  Dublin  et  de 
iXirham  ont  ^galement  des  fellows.  A  la  grande  teole  d'^- 
toa  se  trouTO  aussi  attach^  un  concede  sept/e/Zotrs,  char- 
ge de  la  direction  sup6rieiire  de  relablissement  et  de  l^ad- 
mlnistration  de  set  revenus.  Ils  ont  Ic  privil^^ge  de  poavoir 
se  marier  sans  perdre  leur  place,  et  peurent  lacumuler 
•▼ee  one  cure.  Enfln,  les  Anglais  appellent  encore /e///)tri 
les  membres  des  soci^t^  saf  antes. 

FELON,FtL0NIIC.Au  moyenkgc,onqaaliriait  defilon 
le  vassal  qui  ne  voulait  pas  rcconnaltre  son  seigneur,  ou  qui 
violaitenvert  lul  son  serroent  de  fid^ild;  on  (tonnait  aus.si 


cette  qualification  an  sdgneur  qui  faisait  injnra  k  son  vaiid« 
Dans  la  langne  du  moyen  kge,fihn  signifiait  anssi  cruel  st 
inhufnain.  Ge  mot  est  rest^ ,  avec  le  sens  de  trattre ,  dans  le 
langage  Tulgaire.  Selon  les  uns,  il  yient  de  lli^breo  nq/b/,psr 
m^thteou  d^placement  desyliabe ;  sdon  les  autres,  il  ddiva 
del'allemand  fehlen,  manquer,  Milir;  d^antres  luidonnent 
pour  radne  le  grec  9T}Xetv,  ou  le  latin  >^/,  colkre,  fid.  • 

Dans  le  droit  (Stodal,  le  crime  defilonie  emportait  eoafls* 
cation  du  fief:  c'est  de  cette  ioi  que  s'arma  Pbilippa- 
Auf^uste  centre  le  roi  Jean  d*Angleterre.  On  connaltce 
yieil  adage  du  droit  f6odal  :  «  G*est  fihnie  si  le  rassal  st- 
tentek  la  personne  de  son  sdgneur.  »  Le  crime  de/ffonie^ 
selon  les  Tidlles  lois  d'Angleterre ,  comprensit  le  menrtre, 
le  vol,  lesuidde,  la  sodomie,  IMnoendie  aree  prtoMlta- 
tion,  etc.        ^  Charles  Do  RoniR. 

FELONGENE.  Toyas  I^clairb. 

FELOUQUE.  Les  fdouqnes  s'en  Tont  avec  les  demiires 
puissances  barbaresques  qui  les  aTalent  conserrta.  La  felou* 
que  florissalt  dans  le  quinzikme  et  le  seizikme  dMe  sar  la 
MMiterran^e.  Afin  de  prbfiter  de  tontes  les  droonstanoss 
du  temiM,  11  fallait  aiix  forbans  qui  avaient  ^Itbli  fours  re- 
paires  sur  la  e6H  septentrionale  d*Afriqoe,  des  nayiiesallaot 
k  la  voile  et  k  i*aviron.  La  fdouqne,  qui  n'est  qu'unegaKrs 
de  trks-petites  dimensions,  convenait  parfaitement  Comme 
la  ga  I  k  r  e,  die  n*a  que  deuz  mkts  un  peu  incline  sur  ravant, 
et  leurs  noms  indiquent  son  origfaie  italienne;  oeini  de  Tar- 
rikre,  ou  le  grand  mkt,  s'appdle  Varbre  de  mesire ;  Pantre, 
l*ar^6  de  trinquet.  Chacun  d*eux  porte  une  rofle  dnurme, 
du  genre  de  oelles  qu^on  nomme  A  antennes  :  cette  Tdlors 
permet  de  naviguer  tr^prks  de  ia  direction  du  vent ;  pds, 
quand  la  brise  tombe ,  on  amkne  les  antennes  snr  te  pent, 
et  le  reste  dn  grtonent  n*o(Ire  plus  qu'une  bien  ftiMe  r^is- 
tance  k  PefTort  de  la  rame.  De  la  prone  saille  on  ODlterean,  en 
pikce  de  bots  ronde,  quV>n  appdie  JUehe  :  elle  fkdlHe  la 
manceuvre. 

La  felouqoe  a  douze  arirons  de  chaque  bord;  les  ra- 
menrs,  dont  la  moiti^  du  corps  se  trouve  au-dessoos  da 
pont,  sont  bien  abrit^  par  la  muraille.  Son  artillerle  est  fo^ 
nadable;  I'avant  est  arm^  de  deux  canons,  el  tool  antoorp 
sur  des  montants  en  bois,  qui  portent  le  nom  de  ehande* 
Uers,on  ajoste  des  pierriers,  ou  petits  canons,  en  cniTre,  avea 
piTot ;  lear  nombre  est  ordinairement  de  trente-deux.  Qoait 
aux  logenients,  il  n'y  foul  chercber  ni  le  luxe  ni  la  commo- 
dity; les  matdots,  qui  sont  trte-nombreuxrelatiTement  anx 
dimensions  du  navire,  s^arrangenl  oomme  lis  peoTenI  sous 
le  pont,  dans  de  petites  cases.  Le  capitaine  a  son  posterterv^ 
sur  I'arrikre  :  on  dispose  pour  lui  une  espkoe  de  cairosse 
ayec  des  cerceauz  de  bois,  reconverts  d*ane  lolle  pdnte  on 
gondronnte;  et  de  chaque  c6t6  de  cette  cabine  on  done  des 
caissons,  quiservent  k  lafois  d'armoires,  de  tits  el  decbaisei; 
une  petite  table  peut  tenir  au  milieu.  G*est  autour  dn  cabaoon 
du  capitaine  que  les  felouqaes  denies  prodiguent  leurs 
omements  :  la  muraille  est  sculpts  en  arabesques,  iapein- 
ture  fralchemententretenuey  le  tableau  qui  porte  lenomdu 
navire,  enjoliy^  d*une  foole  de  fantaisies,  an  gr^  da  propria 
taire  ou  duconstructeur.  En  arrikre  de  la  cabane,  il  y  a  en« 
core  une  saillie,  od  se  place  le  timonnier,  qui  tient  la  baire 
du  gouvemail ,  et  ordinairement ,  pour  ne  pas  lout  boole- 
verser  chezle  capitaine,  on  a  soin  d*employer  une  barreren- 
renvers^.  L*anteur  de  Don  Quiehotte  nous  alatss^une 
charmante  description  de  la  navigation  sur  uoe  fdouqne. 

Th<$Ogkne  Page,  capitaim  de  tmiiaeao. 

FELTRE  ( Due  de).    Voyez  Clarke. 

FEMELLE.  Voyez  Male. 

FEiMERN  ou  FKMARN ,  petite  He  de  la  Baltiqae, 
dependant  du  duch^  de  Schleswig,  k  rextrfoiit^  nord-est 
du  duch6  de  Holstdn ,  dont  elle  n'esi  s^r6e  que  par  la 
Femarsund,  Hdroit  large  k  peine  de  2  kilomMres^  estgtek- 
ralement  plate,  d^poorvue  de  bon  port,  pauvre  en  bois,  sans 
eau ,  mais  produit  des  cer^ales  en  abondanoe,  et  compte  sor 
une  superfide  de  4  myriamktres  carrte  environ  9,600 
habitants,  dont  la  p^he,  Vagriculture  et  la  navigation  sont 


FEMBRN  —  FEMME 


827 


Im  piiMl|nlM  tadnslriM,  et  qui  font  en  ootre  im  commerce 
important  en  lias  de  laine  de  leor  fabrication.  Burg  on 
Birgy  prta  da  lac  du  mteie  nom,  sor  la  riTe  m^ridionale, 
a?ec  environ  1,000  iiabitants  et  nn  fort  mauvais  port,  est 
le  chef-lieu  de  cette  lie. 

Femeni  d^pendit  dte  Ie«  temps  les  pins  recall  des  comtes 
et  des  dncade  Holstein,  qui  en  1326  lui  donntont  son  droit  j 
propre  le  pins  anden;  lenoa?eau  date  de  1558.  En  1406, 
Burg  obtint  le  droit  de  Lnbeck ;  le  traits  condu  en  1580  i  ' 
FIcMboarg  attriboa  la  possesion  de  Femam  k  la  ligne  de  ' 
HolsteiA-GoUorp;  et  ceux  de  1767  et  1773  root  ftit  passer, 
de  mtaie  que  tootos  les  iwssessions  de  cette  maiBon ,  sous 
la  domination  du  Danemark.  La  oourbore  que  forme' au  sud- 
ouest  la  cOte  opposte  s'appelle  la  Lande  de  Kolberg,  et 
est  ofl^re  par  la  yictolre  navale  que  le  roi  Christian  IV  y 
remporta  le  I*'  jniUet  1644,  snr  la  flotte  suMoise. 

FEMME  {Phgsiologie),  La  taiile  de  la  femme  est  moins 
^leTtequecellede  lliomme,  condition  d'barmoniequise  con- 
eilie  ayeclabeant^ :  unefemme  trte-grande  est  rarement  grA- 
rieuse.  «QaeUe  est  la  taiile  de  ma-aomr  Marie  f  demandait  la 
reine^lisabetb^rambassadeardeMarie  Stuart —Madame,  la 
prinoease  Marie  est  plus  grandequeVotre  Mijest^  d'enyiron 
deux  pouceSy  r^pondit  Tambassadeur.  —  G*est  deux  pouces 
de  trap,  r^partit  Elisabeth  :  j*ai  pr^ds^ment  la  taiile  qui  sled 
le  mieux  k  mon  sexe...  «  Toutes  les  femmes  jeunes  et  belles 
penaent  comme  Elisabeth,  on  ce  serait  lenr  fkute  :  an  moins, 
oe  sont-ce  pas  les  attestations  qui  tear  manquent  Toutefols , 
la  V^nns  de  MMids  a  7  tfttes  et  demie,  oomme  disentles 
ar(istes,tandisquerApononduBelT6d6rea8t6tes  et 
quelqnes  modules ,  ce  qui  fait  k  peu  pr6s  la  diflKrence  d'un 
adtltoie.  Les  deux  sexes  dans  nos  cUmats  temp6r6s  ont  ap- 
prodiant  les  m&nes  proportions  jusqu'^  douzeoutreixe  ans; 
Dials  la  erne  des  lilies  s*arr6te  presque  enti^rement  dks  que 
▼ieat  I'ige  de  la  puberty,  tandis  que  llximme  continue  de 
crotfre  jnsqu'ii  Tii^ans,  et  quelquefois  au  dett.  Les  propor- 
tions difl^nt  aussi  d'un  sexe  k  Pautre.  Chez  Thomme,  la 
moiti^  du  corps  correspond  k  la  bissection  du  torse,  k  peu 
pris  au  pubis;  taodis  que  cliez  la  femme,  oe  point  median 
est  situ^  plus  haul ,  dans  Hnterfalle  du  pubis  k  roiubiiic. 
Vt  tronc  chei  elle  a  done  proportioimellement  plus  de  lon- 
gueur que  obex  Thomme;  les  meinbres  inf(Srieurs  sont  plus 
>  c»urts ;  et  pour  peu  qu*on  veuille  y  songer,  on  comprend 

que  eela  derail  £tre. 

La  tfite  de  la  femme  a  moins  de  tolumeque  dans  la  race 
masculine  :  lediaro4tre  transversal  a  moins  d*^tenduc;  le 
front  a  moins  de  largeur,  moins  d'^l^vation;  et  Toil^  pour- 
qooi,  s'U  fiiut  en  croire  ieiA  phr^nologistes,  jamais  femme 
n*a  cM  de  religion,  n'a  faitde  po&ne  6pique  ni  de  grandes 
dteonvertes.  An  moins  existe-t-il  des  difTi^rences  manifestos 
entre  le  crftne  d'un  homuie  et  celui  d*une  femme.  Le  finont 
de  celle-d  est  en  g^n^ral  moins  in^  que  le  nOtre ;  et 
c'est  afin  de  rompre  cette  uniformity  du  front  que  qudques 
femmes  d^antes  foment  de  noeuds  ou  de  pierres  ^tince* 
laates.  La  senle  chevelnre  suffirait  pour  caract^riser  les 
•exes.  Les  chereux  de  la  femme  sont  asset  longs  pour  la 
Tttir,  asses  beaiix  pour  la  parer,  assez  toufftis  pour  exiger 
dea  soins  Infinis  oil  se  consument  de  longs  instants.  Les 
yeax  de  la  Hsnme  sont  un  peu  plus  dearth,  et  ordinalre- 
inettt  mleux  Toil^,  soil  par  des  oils  plus  long^  que  ceux  de 
Itionuoe,  soit  par  des  paupi^res  dont  le  tissu  Hii  etcumme 
maOm&  se  ddroule  atec  une  rapidity  magique,  sans  garder 
ni  plis  ni  rides.  Les  sourclls  sont  aussi  mleux  arquds,  ca- 
ractte  que  qudques  femmes  rendent  encore  plus  sensible 
CB  colorant  les  sourdls  et  les  oils  k  la  maniire  des  Orien- 
tales  ei  des  Grecques  du  Fanar.  Le  nez  est  presque  toi^ours 
plus  petit  qu'en  Tautre  sexe,  affectant  an  reste  milte  for^ 
mea,  menaces  ou  promesses;  tantAlse  continuant  fitomeut 
arec  le  front  oomme  celui  de  la  V^nus  grecque ;  tantOt  ddian- 
crt  Immodestement  vers  le  liaut ;  qudquefois  court,  retroussd 
oa  4igM,  rarement  aqnilin.La  boucheest  presqne  toujoors 
plus  petite,  on  dn  moins  plus  gradeuse^memesans  leseoours 
daiourire.  Biaia  cfestan  tronc  prlndpalement  que  diffl^r<%nt  les 


caracttres  dteisifs  du  sexe  :  un  iMssin  irk^iuk,  la  lou- 
plesse  du  torse  et  son  ddgantel^ftret^,  le  gradeux  contour 
des  ilancs  et  le  parfait  poll  du  ventre  que  des  corsets  m^l- 
liques  deferment  d  fr^quemment.  La  poitrtne  de  la  femme , 
quant  k  Tespace  pulmonaire,  k  moins  d'ampleur  que  cdle 
de  Pbomme  :  la  double  pyramide  forro^  par  le  tronc  est 
beaocoup  plus  ostensible  chet  te  femme,  au  moins  dans  la 
Jeunesse...  Pour  que  les  seins  sbient  irr^pix>duibles ,  11  doit 
exister  autant  d'espace  d'un  mamdon  k  Tautre  qne  de  cha- 
cnn  d'eux  k  cette  fossette  entre  davicules  formant  la  limite 
Inl6rieure  du  con.  Mais  cette  conformation  premiere,  di- 
verses  droonstances  la  modifient.  Enfin ,  d  nous  ^udions  les 
membres,  nous  verrons  quits  ont  pour  charpente  solide  dans 
la  femme  des  oe  plus  blancs,  moins  anguleux,  moins  hdriss^ 
d'emprdnles  musculaires;  pour  rooteurs,  moins  dneigiques 
qu'agiles,  des  muscles  plus  arrondis,  moins  rdsistants,  plus 
ductiles;  pour  envdoppe  coounune,  et  condition  dhmitd,  une 
peau  plus  fine,  plus  dastique  et  plus  unle.  Le  bras,  descen- 
dant moins  bas  que  cdoi  de  Thomme,  est  aussi  articuld  plus 
en  levant,  la  davicule  dtant  moins  courb^;  et  deik  vient 
que  r^ule  est  plus  arrondie.  La  main  est  plus  petite,  plus 
ddicate,  d  toutefols  les  labeurs  ou  le  dimat  ne  Tout  pas 
d6formte.  Et  quant  aux  membrea  infifirieurs,  T^asement 
du  bassin  fait  qne ,  les  fdmurs  dtant  plus  ^rt^  vers  te 
haul,  les  genoux  d  les  pieds  tendont  k  se  dieter  Tun  vers 
I'autre;  ce  qui  rend  la  station  naoins  assure,  et  la  marclie 
plus  vadllante.  Atissi  la  femme  cour^elle  p^blement,  die 
dont  la  danse  est  d  l^^e ;  die  bolte  mtoie  un  peu  qudque- 
fois, quand  die  prdvoit  qu'on  la  rcgarde.  Le  pied,  oh  le 
deuxi^e  ortdl  di^passe  tous  les  antres,  tant  qne  d'droites 
etcourtes  chaussures  neTont  pas  oourbd,  a  les  formes  les 
plus  ddlicates,  surtout  parmi  les  classes  devdes,  ok  Fopu- 
lence  autorise  llmmobite  ddseeovrement. 

Un  trdt  remarquable  dela  figure,  c'est  lapurd^du  blanc 
des  yeux  formant  contraste  avec  la  tdnte  fonotede  I'lris.  11 
est  d'autres  causes  de  beauts  tout  aussi  irrdcusables  :  Idles 
sont  ces  petites  fosseltes  capricieuses  qui  se  dessinent  aux 
jooes,  aux  bras  ou  aux  lombes,  quelquefois  au  menton. 
D'autres  fois  c'est  un  signe  brun  ou  noir  qui  s*incorpore  k 
quelque  partie dela  figure,  etfait  singuliirement  ressorllr  la 
finesse  dela  peau  et  sablancheur, dolors  moins  uniforme.  La 
purely  nacrte  des  dents  est  de  m6me  uno  trte-ricbe  parure, 
qui  ne  se  remplace  ni  ne  s'adi6te,  et  qu'on  doit  pi^rver 
attentivement  de  tont  ce  qui  serdt  mdtdlique  ou  mineral. 

Mais  k  quo!  sert  d^teom^r  les  caracteres  de  la  beautd^, 
d  chacun  de  nous  la  con^it  k  sa  mani^,  et  d  ce  qu'un 
peuple  admire  est  rdputd  ddiaut  diez  une  autre  nation?  Le 
N^re  ne  trouve-t-il  pas  adorables  les  grosses  tevres,  le  nex 
dpatd  et  le  tdnt  d'i^b^e  de  sa  n^gresse?  Ses  Canova  et  ses 
Thorwaldsen,  si  la  race  nigre  en  possddait,  enfauteralent 
des  Ytous  aux  cheveux  crdpus  et  des  graces  couletir  ba- 
sdte.  L'Anglds  attache  un  grand  prix  k  la  clievdure  dorte 
des  anglaises,  k  leur  taiile  svelte  etddite ,  et  k  leur  pAleur 
autant  qu'li  leur  indifflirence.  Le  Franks ,  plus  unlversel 
dans  ses  goOts,  et  plus  digne  d'dre  cosmopolite,  pr^ffere 
n^anmoins  Tdr  enjoud  ou  capricieux  des  Parisiennes  au% 
physionomles  plus  sentimentales  ou  plus  majestueuses  des 
femmes  grecques ,  des  Allemandes ,  des  Espagnoles  ou  des 
Orientales.  J'avoueral  en  mon  particulier  que  le  nex  grec 
dela  Vdius  de  Mddicis,  ainsi  qne  sa  pbysionomie  trop 
puerile,  a  dO,  sdon  moi,  restreindre  le  nombre  de  ses  ad- 
mirateurs  exclusKs. 

Quant  auxappardls  de  la  nutrition,  ce  sont  dans  les  deux 
sexes  les  m^nes  organes,  ne  diCKrant  que  par  le  volume  et 
I'toergie.  La  femme  a  pour  la  mastication  des  organes  moins 
prononcte.  EUe  a  parfols  en  mouis  deux  ou  quatre  dents 
moldres,  ses  dents  de  sagesse  faisant  souvent  ddkut  L'es« 
tomac  en  die  est  plus  pdit,  moins  dnergiqne,  mlenx  fa^nnd 
k  I'abstinence,  tant  lea  soins  de  sa  sant^  comportent  de  pri- 
vations. Mds  11  est  plus  ddicat  et  plus  susceptibte,  plus 
prompt  k  s'affecter  par  une  multitude  de  causes,  outre  les 
reiaillissemeats  sympatliiques  de  I'ntdrus^  organe  cssentid, 


398 


FEMME 


par  qui  tons  let  autret  sonl  doming,  et  dont  chaque  acte 
vital  retrace  rinflueoce. 

Le  coeur  de  la  femme  est  plus  petit,  et  ilbat  plos  Tilaqae 
celni  de  rhomme;  eon  pouls  a  mollis  de  force  et  plus  de 
fr^quenoe;  mais  de  certaines  p^odes  ont  en  loi  pour  pr^ 
sages  des  rebondissements  siogiiliers.  La  femme  a  ce  trait 
d'analogie  avec  renfaoce,  que  sa  clialeor  Tttale  est  moins 
devte.  Aussl  est-c^  plus  accessiUeau  frold,  disposition 
qo'aocroisseiit  encope  et  sa  sobri^t^  et  les  r6les  sMentaires 
que  lui  assignent  les  moenrs  ches  la  plupart  des  natioiis.  Son 
temptement  est  plotdt  lymphatique  que  sanguin ,  et  plus 
rarement  bUieax  que  celoi  de  Tbomme.  Les  vaisseaui 
lymphatiques  et  le  tlssu  cellolaire  abondenten  elle;  et  ce 
genre  de  stractore,  favorable  k  la  beauts  des  formes,  est 
pour  nn  grand  nombre  de  femmes  une  cause  fi^coode  d*iu- 
firroiUs.  Eiies  sont  quelqoefois  nerveuses,  ce  qui  les  expose 
aux  souflrances,  a  la  maigrenret  au  d^laissement.  Tout  est 
lent  dans  leurs  maladies ,  auxqoelles  les  chagrins  servent 
fr6quemmeut  de  cause.  Les  distractions  et  le  plaisir  doivent 
tenir  une  grande^place  dans  lenr  bygitoe,  et  Thygitoe  de- 
trait  en  grande'partie  composer  leur  m^ecine ,  tant  dies 
sont  InAuen^ables.  Famill^res  avecles  souflrances,  eiles  ex- 
cellent k  supporter  ladoulenr. 

Le  larynx  des  femmes  a  pea  de  saillie;  on  ne  volt  point 
k  leur  cou  la  pomme  d'Adam,  et  lenr  glotte  est  plus  ^troite : 
un  grain  de  raisin  les  ^toufferait  encore  plus  aisl&ment  qu'A- 
nacriton.  Leur  voix  est  en  cons^uence  plus  aigud,  plus 
baate  quand  elles  chantent,  plus  ^mouvante  quand  elles 
crient,  plus  persuasive  et  plus  p^n^trante  quand  elles  par- 
lent  II  r^e  dans  les  sons  qui  s'envolent  de  leur  bouche 
une  vie  d^expression,  une  douceur,  one  m^lodio,  qui  ^bran- 
lent  et  cbarment  les  nerfs  de  ceax  qui  ^content.  11  faut 
qu*nne  femme  don^  d*une  belle  voix  soit  d^ailleurs  bien 
disgrad^e  de  la  nature  pour  qu'elle  ne  susdte  pas  aotour 
d'elle  de  tendres  sentiments* 

Pour  ce  qni  est  du  langage,  la  femme  conserve  longtemps 
dans  son  accent  la  douceur  et  rind^cision  du  Jeune  Age. 
Elle  r^duit  en  syst^e  tout  ce  que  le  doux  parler  de  l^n- 
fence  ad^almabie.  Ajoutonsque  la  voix  de  la  femme,  in- 
eomparablement  plus  ladle,  a  plus  de  moeUeox  que  celle  de 
rhomme  t  Tune  a  en  ^tendue  et  en  durte  ce  que  Tautre  aen 
force  et  en  volume.  Observons  aussi ,  pour  nous  en  fdiciter, 
que  la  femme  en  cons^oenceparle  plus  que  lliomme...  Ilbre 
d'enchalner  I'attention  et  de  commander  le  silence,  un  simple 
conp  d*oeil  est  son  exorde,  et  sa  pdroralson  un  sourire. 

L'accroissement  des  individus  du  sexe  f<§minin  est  d'abord 
plus  lent  On  croit  h  raisou  dece  fait  que  ley  accoudiements 
tardife  concement  le  plus  ordinairement  les  enfants  de  ce 
sexe.  Mab,  aprte  la  naissance,  les  progrte  sont  inverses.  La 
femme  est  plus  vlte  accrue ,  ce  qui  est  un  caract^  dlnfi6- 
rioriU;  plus  \6i  pub^,  plus  tdt  nubile :  plus  hfttive  aussi  est 
M  vieillesse,  qvoiqoe  assez  g^n<Sralement  son  existence  soit 
plus  prolong6e  que  cdle  de  Thonune. 

Une  remarque  assez  sinj;uli6re,  qui  a  trait  aux  premiers 
Ages  du  foetus,  c*est  que  ces  premieres  ^bauches  d'un  nouvel 
Atre  paraissent  toutes  form^es  sur  un  patron  femeiie,  tant 
les  differences  sexuelles  sont  lentes  k  se  dessiner.  De  ce 
fait  qudques  personnes  ont  mf^  que  les  mikles  ne  sont  que 
des  femdies  plus  parfailes,  ou  que  les  Jemdles  sont  des 
niAles  dont  certains  organes  ont  discontinue  de  crottre  avant 
leur  entier  accomplissement;  mAme  aprte  la  naissance,  il 
n'est  IMS  rarequ*on  vole  subsister  qudque  diosed'analogue 
quant  aux  traits  de  la  figure. 

A  repoque  de  la  puborte,  les  sebis  sediveloppcnt,  tout 
s*arrondit;  les  organes  caracteristiques  dusexe  se  p^ndtrent 
desang,  et  finalement  le  flux  menstrud  s*etablit,  pour  re- 
venir  d^sormais,  hors  le  temps  de  gestalion  et  TAge  mOr,  par 
periodes  fixes  de  vmgt-huit  A  trente  jours,  comme  la  lune  : 

L'iacontante  Pli^e  lui  niarquant  ki  retonn, 
DaM  les  fasles  dn  iu<»it  lui  fail  suit  re  son  court, 

Cctle  sini^itliCre  revolution  s^acconiplit  ordinairement  lorsque 


les  solas  s'elivenl  d^jA  d'envlion  deux  do%U :  c*est  alois  qus 
le  temperament  se  forme,  et  qoe  la  saate  maaifeile  ses  plm 
brillants  caractAres.  La  puberty  est  le  grand  mAdedn  dsi 
maux  de  Tenfance;  mais  quelquefois  elle  prApare  desmao- 
pour  toute  la  jeunesse.  A  partir  de  cette  epoqne,  qui  est 
comme  le  nceud  de  la  vie,  la  firalcbeur  ei  la  santA  des  fem- 
mes depend  par-dessus  toot  de  la  rAgnlaritA  du  flox  mem- 
trud.  Les  femmes  non  rAglAes  sont  Men  rarementlAcondes, 
et  les  lenmies  cncdntes  trAe-rareoient  rAglAes.  L^intemptioa 
des  mensfaroes  en  des  feoiroea  jeones  et  non  phthUAqoes  est 
nn  dee  signes  les  moins  douteux  de  la  conception. 

Un  lAger  embonpoint,  indicede  santA  comme  de  Jeunesse, 
marque  ordioabrement  le  rAgne  de  la  fAcondiiA,  qo'Q  rend 
plus  froctnenx,  plus  prospAre.  Cest  on  AlAment  de  fiat- 
cheur,  un  tAmoignage  do  calme  de  TAme,  une  promesse 
d'allAgresse  oo  de  sArAnltA,  nn  aimant  pour  la  Constance, 
un  gaga  de  bonbeur.  Une  jeune  femme  maigre  est  fort  A 
plaindre..*  La  roaigreur  ammdt  les  lAvres;  die  Alargit  la 
bouche,  arrondit  et  dAnudeen  partle  les  yeux,  qnl  laissent 
voir  alnd  plus  d*une  demi-sphAre,  soit  de  la  pruneUe,  sdt 
de  IMris  ou  de  la  comAe :  autant  de  pertes  pour  la  poAsie  de 
la  figure. 

Depuis  longtemps,  la  longAvitA  des  femmes  caose  Teton- 
nement  des  philosophes.  DAs  Tautre  siAde,  on  trouvait  suh 
prenant  que,  dans  le  dAnombrement  de  la  ville  de  Mont- 
pellier,  on  renoontrAt  plus  de  femmes  qued'hommes  parmi 
les  vidllards  de  60  A  80  ans,  nn  nombre  double  parmi  ceox 
de  80  a  90,  et  un  nombre  quadruple  de  00  A  100  ans.  (In 
recensement  fait  A  Paris  prouva  qu'en  dix  annAes  il  s'Atait 
trouvA  dans  la  capitale  3,800  femmes  de  80  A  85  ans  poor 
2,800  hommes  du  mAmeAge ;  807  fiunmes  et  188  hommesentre 
90  et  95  ans;  et  enfin  50  femmes  centre  29  bommesde  TAge 
de  95  A  100  ans.  Les  femmes  offrent  done  plus  d*exemples 
de  longAvite  que  les  hommes,  si  ce  n*est  toutefois  pour  les 
cas  de  longevitA  phenomenale,  qui  tons  concement  des 
hommes.  Partout  il  a  ete  constate  que  les  femmes  avaient 
un  grand  avantage  sur  les  hommes,  non-seuleroent  pour  la 
vie  probable  aprAs  40  ans ,  mais  encore  pour  la  vie  rooyenne 
ou  la  durAe  absolue.  A  Cahors,  parexemple,  oik  la  vie  pro- 
bable, A  la  naissance,  estde  45  ans  pour  les  hommes,  die 
est  de  50  ans  pour  les  femmes;  tandis  qu'A  Blois,  od  U  vie 
moyenne  n'est  que  de  22  ans  pour  les  hommes,  die  est  de 
27  pour  les  femmes :  efTrayante  difference,  qui  paralt  due  A 
TextrAme  mortalitA  des  enfants  et  surtout  des  enfants  mAles 
dans  ce  dernier  pays.  DIsons  cependant  qu'il  meurt  plus  de 
femmes  que  d*bommes,  depuis  la  paix  de  1815,  parmi  les 
personnes  de  20  A  35 ans,  Apoque  de  la  vie  od  les  femmes 
ont  A  supporter  tant  de  pAnibles  devoirs,  tant  de  sojflrances 
et  de  pdnes  de  coeur.  On  croyalt  ausd  nagnAre  qall  inourait 
plus  de  femmes  de  45  A  50  ans,  qui  est  un  temps  critique 
pour  dies;  mais  on  s^est  assurA  que  oelte  disproportion, 
trAs-faible  en  France,  est  nnlledans  d^autres  pays  de  l*Eu- 
rope ,  oik  sans  doute  les  femmes  montrent  moins  d'entralne- 
ment  pour  les  plaisirs.  On  a  mAme  constatA  qu*A  Berlin  d 
Sauit-PAtersbourg  la  difference  de  la  mortalitA  des  sexes 
entre  45  A  50  ans  etait  A  Tavantage  des  femmes.  C*est  sur- 
tout dans  la  premiAreenfance  qu*ii  meurt  beaucoop  plusde 
gardens  que  de  filles.  )£nsuite,  quand  I'Age  critique  est 
passe,  A  cdtepAriiide  de  la  vie  oil  les  fonmes  n*ont  plus 
rien  A  redouter  ni  des  irregularitAs  de  la  menstniation,  si 
des  soins  matemds ;  plus  d^infirmitAs  A  conjurer,  plus  de 
tourments  A  craindre;  alors,  devenues  hommes  A  leur  tour 
par  une  sorte  d'affranchissement,  dies  jouissent  d'autant 
d^energie  que  nous ,  sans  avoir  nos  ambitions,  nos  Cublesses, 
et  presque  toujours  elles  nous  surrivent 

A  la  verite ,  par  compensation  A  tous  les  maux  de  lenr 
jeunesse,  lesfemmea  ont  pour  dies  la  sobriAtA,  la  modera- 
tion ,  la  conslante  protection  du  toil  et  le  climat  dn  foyer, 
raffectlon  et  le  devouement  de  Tautre  sexe,  aiusi  queTlia- 
bitude  des  soms  liygieoiques,  eux  dont  rhifluence  est  si 
grande  sur  la  sante;  elles  inoutrent  en  un  mot  plus  de  do- 
cilitA  quant  aux  conscils  de  la  mAdedne  et  de  la  aa^etscb 


FEMME 


229 


Ea  oatie,  tons  1m  naiix  ne  sont  pas  poor  eOes  :  presqna 
UMyoun  la  gootte, la  gravelle ,  lea  caloilft  et  Tapoplexie  lea 
^paignent;  aoavwt  aniai  dies  aont  k  Tabri  de  graTes  aoci- 
denls  et  des  trte-gnndea  maladies  :  les  an^iUnies ,  les 
hendMy  lea  fluxions  de  poitriney  etc.,  attelgnent  rarement 
In  feoimes.  Ajootei  d*ailleiin  que  P^tat  de  mariage  n'a  pas 
poor  eUea  toua  lea  daogen  qii*on  lul  attriboe,  pulsque  les 
crfUbataires  de leur sexe ,  conune  ceox  da  iiMre,  TlTent  en 
gMral  troia  ooqoatreanntedemoins  que  les  gens  marite. 
Notoiis  tonlefola  qa!niie  femme  snr  douxe  et  one  ilUe  sur 
ooae  paiTieiuient4  quatre-Tingts  ana  ;ensoi1e  qoe  lesTleiUes 
fiUea  aoraleat  un  petit  aTantage  snr  les  fenunes  marltes. 

Aiosiqiie  rhoinme,  la  femme  n*a  qae  qoarante-denxpaires 
de  necf^  depois  Posil  )iisqo*4  Pextrtoiit^  des  membres ;  et  ces 
qoafiiit»deiix  nerls  doubles,  paitootdistribu^et  confondus , 
donnent  Ilea  cbes  elle  k  d'innombrables  Amotions...  Ses  sens 
aonttooa  d'anegrande  finesse.  Les  odeors  ontbeancoap  d'em- 
pire  snr  elle :  les  saa?es  perfums  I'enlTrent;  les  odeurs  f6- 
tides  la  ealoMsot  et  la  maltiisent  Le  grand  broit  dpouvanle 
les  femmes ,  la  simple  parole  lea  troore  soa?entindilf ^rentes 
oo  distnltes;  mais  im  ebant  mdlodieax  les  ^meot,  on  cti 
per^ant  excite  leor  oummisdration,  one  plainte  les  afllige. 

CTest  anx  yenx ,  c*est  ik  la  Tiie  que  les  feomies  sont  rede- 
Tatdes  deh  plopairt  de  leors  connaissauoes  et  de  leurs  plai- 
sIrsprdlMs.La  Toe  est  le  sens  deramoor  et  de  la  coquette- 
lie.  Auaai  vojez  combien  les  fenunes  excellent  k  d^chiffrer  le 
grimoire  si  illisible  de  la  pbysionomie ,  le  soorire,  ies  gestes, 
la  cootenancel...  11  est  eertain  qae  ks  femnoes  tiennent 
pins  i  platra  qo'li  possMer,  ei  qa'elles  seat  plus  heureoses 
de  ieora  eombats  que  denos  triompbes.  Conune  le  del,  leor 
digue  patrie,  dies  ont  fait  une  Terto  de  Tesp^rance. 

Las  goftta  de  la  fenmie  sont  caprideax  et  Tersatilee.  Son 
iaoonstance  en  felt  de  pararea  peot-^tre  induit  h  plus  d*in- 
▼entiona  qae  ses  vrais  besolns.  Son  extreme  et  changeante 
ddUeatesse  derieot  one  mine  pour  les  arts,  une  fdconde  ins- 
piration pour  leg^nle. 

En  gfo^al,  les  femmes  sentent  trop  vivement  pour  bean- 
coop  raiaonner  et  longtemps  r^^chir.  Leor  pr^coce  expe- 
rience do  monde  lea  persuade  ais^ment  de  la  Tanittf  des 
tbfories  etdea  syst^mes.  Un  secret  instinct  les  ayerlit  que 
les  gteteUlte  en  toutes  diosea  ne  sont  que  de  superbes 
meBsongeSy  et  c*est  ce  qui  les  a  oonstamment  rendoes  ^tran- 
gdres  aox  dteeorertes  et  anx  doctrines.  £Ues  n*ont  jamais 
bieneompris  qoe  les  effets  IndiTidueb.  L'^tude  des  causes 
et  des  abetradions  les  ddooncerteet  lea  ennnie...  Peut- 
ICre la  fenune  esl-dle  trop  persuade  de  notre  superiority, 
trop  occopee  desesattraits  ou  trop  fierede  nos  hommages; 
an  moina  est -11  certain  que  son  intdligence  en  beaucoup  de 
points  a  nM)ins  de  puissance  qoe  la  ndtre. 

Jfaia  de  qodle  adresse  dies  font  preove  danslesmystdres 
da  sentlmeotl  Faoi-il  eorrespondre,  tout  leur  est  td^grapbe 
oa  meaiager  :  une  fleur,  on  ruban,  on  Jeton,  une  coquille, 
eooBie  daas  Le  Majorat;  un  cbant  d'oiseau,  corome  dans 
Les  Aveux  au  Tombeau;  des  lettres  piqute  dans  on  livre, 
euouae  dans  JfVr/i.  Sopbie  Teot^le  causer  des  remords  k 
Tom  Jooce,  elle  depose  sur  le  lit  de  Tinfidde  le  mancbon 
qa'il  n  taat  de  fois  baisd.  Pour  enoourager  Paul  k  la  pa- 
tience, Tirginle  lui  envde  en  poit'seriptum  des  graines 
qai  croltront  k  Tombre  des  deux  cocotiers  jomeaox.  Trop 
pmdente,  trop  sage  poor  garder  pris  d*dle  le  portrait  do 
doc  de  Nemours,  dont  Pattachement  la  desesp^re,  la  prin- 
de  Cieres  omera  son  pavilion  d'one  bataille  oii4e  doc 
an  premier  rang.  Bien  de  plus  ingenieux  qu*un  es- 
prit de  femme,  sortoot  d  cette  femme  inspire  et  ressent 
ramoor. 

L^id^edepatrie  a  sur  les  femmes  moins  d*empire  qoe  sur 


Leur  ftttie  est  •ax  liens  on  I'Aae  est  eocbaioec. 

dies  tiennent  plus  k  la  mdaon  qo'ao  pays,  plos  k  riiorome 
de  learcbdx  qa*i^  toote  leur  nation.  Horsdes  Episodes  de  la 
vie  domestlqoe,  les  femmes  sontde  mediocres  observateors 
iHi^entadie  presque  toi^ours  rexagtetion,  la  partiality. 

WOT.  DE  L4  oomriaSATIOlt.  —  T.  IX. 


Peintres,  on  leor  VdtUs  mtoies  qudit^s,  les  mtenes  ddaots. 
Ordinairement  incapables  d'atteindre  k  la  veriM  bistorique 
et  k  lldid ,  dies  excdlent  dans  la  pdnture  du  portrait,  les 
sctees  d'interieur  et  le  paysage.  U  est  dans  leur  destinte 
intdlectudle  d'imiter  tout  ce  qui  n^est  pas  sentiment  En 
musique,  dies  brillent  surtout  dans  Texecution;  composer 
serdt  one  t&die  qui  exc^derdt  leors  forces.  Ausd  compte- 
ondix  Sontag  oodixMalibran  pour  une  Sophie  Gay 
d  uneP.Ducbambge.  Depuis  Sapho  jusqu'ii  M"^  Deshou- 
liires,  iusqo*k M"^  T a s  t  o  et  M"^  L.  C o  1  e  t,  quede foison  a 
TO  la  lyre  inspiratrice  aux  mains  des  femmes!  qoe  de  fois 
leors  beaox  vers  noos  ont  ^mos !  Pldns  de  tendresse  et  de 
mdancolie,  ces  vers  expriment  toujours  ou  les  r^ves  d*un 
coeur  passionne,  ou  le  desenchantement  d'one  tendresse 
de^e.  Pour  qu'il  y  dt  tant  de  femmes  poetes  au  milieu  de 
noos ,  di  1  sans  doute  11  fkut  que  les  bonunes  aient  de 
grands  reproches  k  se  faire!  Exaltte  et  vdiementes,  et 
tour  k  tour  g^nereoses  Jusqo'a  I'beroisme,  oo  vindicatives 
jusqo'k  la  croaoUi,  leor  imagination  les  rend  excesdves  en 
tootes  clioses.TanU)t,  attentives  aox  cooibats  de  rardne,  do 
regard  dies  exdtent  Tardeur  des  combattants ;  tantdt ,  vive- 
ment  Uprises  des  cbarmes  d'on  repos  partage,  dies  etd- 
gnent  en  nous  le  goQt  de  la  glolre,  d  noos  aveuglent  ao 
point  de  noos  faire  prodamer  meritaote  one  lAcb^te  qol 
leur  pldt : 

FerreoB  illc  fait  qui,  te  cun  pouot  habere, 
Mduerit  pradas,  11111(08,  et  arma  Mqd. 

TantAt ,  ivres  de  liberty  dans  les  revolutions  oo  les  emeotes, 
dies  enhardissent  les  citoyens  k  la  sedition  et  ao  carnage; 
et  tantdt,  redevenoes  compatissantes  d  genereoses,  leors 
dooces  mains  pansent  des  pldes  et  consolent  des  miseres. 
On  les  a  voes  on  joor  accompagner  triomphantes  la  tete  de 
la  princesse  de  L  a  m  b  a  1 1  e ;  one  aotre  fois  dies  offrdent  des 
fleurs  mooiUees  de  larmes  k  un  roi  indignement  condamne 
que  la  fonle  abreovdt  d'afllronts.  Aojoord'hol,  devonees 
conmie  M"*  Lavalette,  soovenantes  comma  Fran^lse  de 
Rimini,  oo  fiddes  comme  Artemise;  domain  perfides 
comme  J  odi tb ;  crodles  un  joor  de  fomine,  et  sobUmes  aox 
jours  de  terreur  on  d^epidemie.  Cette  versatility  dlrameur, 
qui  tant  de  fois  a  place  le  repentir  k  leor  chevet,  plus  soo- 
vent  encore  les  a  rendoes  mallieorenses.  Mais  poor  bien 
joger  do  coeor  et  de  r&me  des  femmes  11  faot  les  vdr  as- 
sidoes,  la  noit  comme  le  joor,  aopres  d'on  enftnt  malade 
oo  d'one  mere  infirme,  oo  occopees  k  rdever  le  ooorage 
de  ceox  qoi  desesperent.  Ce  qui  platt  sortoot  cbes  ia  femme, 
c'est  la  pudeor  naive,  c*est  la  cliastete.  LMnnocence  et  Tin- 
genuite ,  td  est  le  plos  irresistible  attrdt  des  fenunes.  Mais 
dies  ne  saordent  croire  combien  les  pretentions  excesdves 
leur  sont  prejodidables.  D'  Isidore  Bouanoii. 

FEMME  (AforaIe).Les  femmes,  moifiedu  genre  bumdn, 
doivent  etre  oondderees  sous  un  double  rapport ,  tdles  que  la 
nature  les  a  fdtes ,  et  tdles  que  les  fait  la  societe  suivant  la 
variete  de  ses  moenrs.  Les  nuances  que  la  Providence  a 
etablies  entre  les  sexes  doivent ,  sll  est  permis  de  suivre 
cette  figure,  former,  par  leur  reunion  un  ton  complet.  A 
chacun  se  place,  ii  diacun  son  r61e.  Mds  un  vaste  cbarap 
a  ete  Idsse  aux  pasdons  humaines;  la  force  est  devenue  op- 
presdve,  la  beauie  seductrice ,  et  ce  bd  assemblage,  trop 
souvent  renverse,  ne  I'a  pas  ete  seulement  par  des  Indi- 
vidus  isoies,  mais  par  des  nations  entieres,  par  lee  lots  et 
les  religions  dles-meraes.  Toute  association  entralne  supe- 
riorite  et  subordination,  aind  ie  veot  nroperfedion  bu- 
maine.  five  avait  etedonnee  pour  compagne  k  Adam ;  mais 
apr^  le  peche  die  dut  hii  etre  soomise,  et  od  arret,  en- 
core aojoord'bui,  a  dans  les  cootrees  od  il  fot  prononce 
one  execution  dont  la  rigueur  semble  devoir  offenser  la  bonte 
du  pere  commun  plutdt  que  satisfidre  sa  justice.  L*abus 
du  poovoir  a  inspire  k  des  boromea  d*aillears  esUroes  sages 
les  systemes  les  plos  ofTensants  pour  cdle  moitie  du  genre 
bumain,  pour  ces  femmes  qui  sont  leurs  meres,  etdont  ils 
retracent  si  souvent  les  traits  ou  Iss  dt^pusitions;  car  il  est 

Hi 


S80 


FEMME 


k  refnarquer  qne  le  Cr^ateur ,  qui  n'a  point  Toutu  ^tablir 
eutre  lea  sexes  cette  in^alit^ ,  oette  distance  imaginaire 
dont  la  force  s'est  pitivalue ,  croisatit  en  quelqae  sorte  les 
dispositions  h^rMitaires,  a  de  prtfiArence  form^  le  fils  snr 
rimage  de  sa  m^n,  et  la  fitle  sur  la  ressemblance  de  son 
p^re.  Nous  ne  rctracerons  point  ici  ces  opinions  d^lirantes 
qui  ont  refuse  aux  femroes  la  spirituality  de  Vkmt ,  ou  les 
ont  exciues  des  recompenses  ^temelies.  La  plante  que  Tair 
Tivifie,  que  le  soldi  (^cbaulTe,  se  oouTre  de  feuiUes  et  de 
fruits ;  celle  qui  est  ^foufT^e  n'^nd  sur  la  terre  que  de  pAles 
et  st^riles  rameaux.  Mais  il  en  est  aussi  qui ,  rendues  h 
force  d'art  plus  fortes  et  plus  belles,  demeurent  ndanmoins 
sans  rejetons  et  sans  utility.  De  m^e ,  les  femmes  sufli- 
ront  k  tous  leurs  devoirs  dans  l'6tat  de  naturelle  liberty , 
tandis  quModoientes,  ^oTstes,  fritoles,  partout  oh  eliesse- 
ront  priv^  des  droits  de  la  famille  et  de  la  society,  ou 
amolUes  par  la  sati^ttf  du  bien-^tre,  elles  renonceront  to- 
lontairement  h  des  detoirs  qu'elles  doiventregarder  comme 
les  plus  pricienx  de  leurs  droits.  L*&me  s'alimente  d'occu- 
pations  et  dIntMts.  La  privation  en  est  aussi  mortelie  h 
VtaM  que  Hnanition  au  corps.  Les  femmes,  que  la  nature 
a  Yonines  actives,  pr^voyantes, ni^nag^res/rapportent  i*in- 
action  plus  mal  encore  que  les  hommes;  leur  esprit,  sou- 
vent  l^er  et  curieux ,  dvidemment  destinft  aux  Int^rMs 
priv^,  lea  pr^pite  plus  vite  dans  lea  toieila  de  roisivet^ 
et  dans  les  <g»i«mentB  4e  la  vantti. 

L'enfiuice  des  femmes  est  k  la  foia  plut  douce  ^  plus  |ir6- 
coceque  celle  des  bommis ;  il  semble  que,  ne  devant  pas  aller 
aussi  loin,  elles  arrivent  plus  vite ;  leur  adolescence  est  pleine 
de  cbarme.  La  Jeunefille  dont  le  ccrar  s*ouvre  au  sentiment  le 
portetout  entier  snr  sa  famille ;  elle  respecte  et  ch^rit  son  p^e, 
dont  la  voix  prend  un  accent  plus  doux  lorsqull  lui  adresse  la 
parole,  elle  aime  et  soigne  ses  petits  fir^res;  mais  rien  i^^e 
son  amour  pour  sa  m^re  et  la  conflance  enti^  qu*elle  place 
dans  son  affection  et  son  experience.  Rien  de  plus  doux  qne 
I'union  qui  s*6tablit  entre  une  bonne  mte  et  sa  Jeune  fille : 
c'est  pour  toutea  les  deux  une  des  ^poques  les  plus  heureuses 
de  la  vie,  ^poque  passag^re,  comme  f  outes  les  fdUcites.  Le  d^sir 
de  plaire ,  le  goM  des  parures ,  I'attrait  du  plalsir,  vont  agiter 
ce  coeur,  troubler  cette  vie  li  catme  et  A  pure  :  heureuses 
celles  qu*une  bonne  Education ,  de  bons  exemples ,  ont  pr6- 
munies,  celles  qu'attendent  une  destinte  simple  et  des  de- 
voirs cbers  k  leurs  coeursl  La  beaute,  qui  transfomie  les 
esclAYes  en  reines,  Joue  un  trop  grand  r61e  dans  Thistoire  des 
femmes  de  tous  les  pays  et  de  tous  les  temps  pour  ne  pas 
etre  regard^e  comme  la  chance  principale  de  leur  destin^e 
et  la  premi^  cause  de  leurs  faiblesses  ou  de  leurs  fautes. 
Les  avantagea  exterieurs  sont  lea  plus  t^t  reconnus,  les 
plus  viiement  sentis;  leurs  triompbes  sont  les  plus  eni- 
vraota.  Inutilement  la  raison  reconnalt  leur  vanity  :  lis  la 
r^duisent  elle-m^me.  Us  enllent  le  oceur.  Heureuse  la  femme 
dontila  ne  troublent  que  momentanement  la  raison,  dont  ils 
ne  perrertissent  pas  I'espriti  Toutes  ne  sont  pas  belies,  mals 
toutes  voudraient  T^tre ;  et  Tamour  de  la  parure ,  Inspire 
par  le  d^sir  de  plaire,  est  comme  inne  chex  elles.  Les  or- 
nements  piaisent  aux  femmes,  et  leur  vanite  est  devenne 
souvent  la  cause  des  profusions  les  plus  insensees. 

Gependant ,  les  premieres  de  toutes  les  parures ,  la  grftce 
et  le  goQt,  sont  des  dons  naturels.  Aimables  dddommage- 
ments  de  la  force,  ils  embellisscnt  la  bcaute  et  souvent  y 
suppieent.  Compagne  de  la  jeunesse ,  qu^elle  n*abandonne 
tout  a  fait  dans  aucune  conation,  la  grftcc,  qu*on  ne  sau* 
rait  definir,  sMmite  mal  et  ne  s'acquiert  pas;  le  goOt, 
8*11  ne  se  donne  enii^rement,  se  forme  du  moins  et  devient 
par  Ik  un  attribut  plus  special  de  reducation  et  de  la  bonne 
coiopNignie.  Mais  aussi  il  s'tfgare  avcc  la  mode  :  la  mode , 
ilont  icH  femmes  adorent  les  caprices ,  g$te  bien  souvent  la 
nature ;  et  Gependant,les  yeux  qu*ellc  fascine  s*y  accommo- 
dent  encore.  Les  aberrations  du  goAt  sont,  au  reste,  te 
moindre  inconvenient  de  oet  amour  de  la  parure ,  anquci 
te  necessaire  esi  quelqucfois  sacriiie,  et  dont  le  but  n^cst  pa^ 
seiilenient  de  plaire  el  dVlrc  belle ,  inais  de  rivallscr  avec 


les  autres  femmes  et  de  les  surpaaser.  La  Jalousie ,  noa  pu 
celle  que  la  passion  rend  homicide,  nuds  la  jalousie  de  vanite, 
n'aigotse  paa  de  poignards;  elle  enAuiteaeulemeot  de  man- 
valses  actions,  steoe  Fa^renret  trooble  la  sodete. 

Une  cause  non  mofau  grave*  de  oes  effeta  ftmestas,  c'est 
le  trop  parler,  ee  sont  les  Indiaeretio&s  si  souvent  repie- 
cliees  aux  femmes.  Peut^tre  ce  penchant  est-fl  molBs  a 
attribot  du  sexe  que  la  consequence  de  sea  oceupatloBs  prf* 
sibles  et  sedentaires  qui  n'entratnent  nl  effort  depensee,  ni 
deploiement  de  force.  Quo!  quit  en  aoit ,  la  vivacite  des  In. 
pressions,  une  oertalne  mobilitf  de  pensee,  suite  do  vida 
de  Tespiit  ^  souvent  du  defknt  d^istruetion,  la  eoriesM 
ausaiy  tr^  caraeteriatiquedes  filles  d*tve,  expliquent  asia 
cette  aisi)08itipn  qui,  lors  mCme  qu'dle'est  sans  but  et  sans 
malice ,  pent  etre  mise  au  nombre  dec  fManx  dela  aoeiete. 
On  a  dit  que  les  fenunes  apercevaient  plus  vite  que  les 
hommes,  voyaient  aussi  blen ,  mais  obaervaient  moins  loi^- 
temps.  La  senstbilite  et  Pofgueil,  trte-irrttaUea  chei  dies, 
les  ei^vent  jusqn'i  nierefsme  du  sentiment;  maia  dies  les 
egarent  jusqn'aux  phis  crimlnds  emportemcDta  de  la  )a- 
loude  et  de  la  vengeance.  Lenrs  fkntes  sent  Jngtea  plus  se- 
v^rement  que  ceDea  des  honunea ,  paree  qu'elles  ont  des 
consequences  phis  graves.  IMpodtaires  du  premier  de  tons 
les  interMs,  cdui  de  la  patemite,  dies  tiennent  entre  leun 
mains  rintegrite  de  la  famHle,  rhomeor  et  la  paix  dn  l^er, 
la  prosperi te  do  menage.  CM  d'dlea  que  les  Jennea  anbots 
recoivent  cea  premieres  coltnrea,  cea  premiteea  semences, 
si  inlhientes  sur  le  reste  de  la  vie. 

L*amour  matemd ,  on  aeolementl'taMir  poortateca, 
est  cbei  les  femmes  un  sentfment  insthMHf,  que  lei  vaniies 
du  luxe  etla  depravation  dle-m6ine  peovent  dnerver ,  leirir, 
mais  Jamais  detruire.  A  ee  premier  amour ,  que  la  nature 
aussi  unpose  k  la  brote,  succident  des  aoins,  despf^oyan- 
ces,  dont  I'mtdligenceetla  contfaioite  soot  eaacDtidlement 
du  domainedea  femmea.  Chargeea  d*eiever  et  de  cherirFea- 
fance,  de  servir  PinArmite ,  de  consoler  la  douleor,  il  lenr  ap- 
partieut  encore  de  calmer  h  colte,  d*eieiDdre  lea  leMCoti- 
ments,  d'adoudr  tesmosura.  Souaceademiers  rapports,  Pedo- 
cation  etend  bflnhnent  leur  inlloeDce ;  rinatmetion,  qui  ddve  • 
loppe  et  rectifle  reapiit,  les  talents,  qui  ajouteoC  aoi  mojeis 
de  plaire  et  de  fhter,  leur  devieonent  de  pnisaanta  aosilialitB. 
Partout  oh  Pesprit  des  femmes  est  onltive ,  partoot  oi  dies 
prennent  rang  dans  le  monde  intdligent  et  qrfritnd,  la  in- 
desse  se  pollt,la  soddte  se  perfectionne.  Maia  nae  Ucbe  si 
honorable  et  d  Hatteose ,  reservee  an  trte-petit  aombre,  est 
dans  Phistoire  generale  des  fismmes  oomne  oea  points  de 
repdre  qui  montrent  seulement  jnsqu'oh  Pen  pent  aller.  Le 
niveau  ordhiaire,  la  Juste  part,  c'est  le  libra  exerdoe  da 
leun  devoirs.  Ce  partage  vouhi  per  la  natvre  eat  lofai  e^ 
pendant  de'leuretre  partout  accordd.  Llaflueiiee  dn  dimat 
sur  les  mdeure  etablit  une  immense  inegaHtd  daaa  lesort 
Gomne  dans  la  moraHtd  des  fbmmea.  La  nature,  mohM  pi4> 
coce,  et  les  passions,  moms  fougueoses,  permetteot  diM  les 
pays  temperes  une  presque  egalite  entre  les  sexes.  La  raisoa 
et  I'experience,  reropla^ant  i^ndleroent  chez  lea  Kmums 
le  diarmedc  la  Jeunesse ,  entretiennent  Palfeetion ;  Phd^ttuda 
et  la  comraunaute  dinterftts  cimenlent  POnlon ;  et  I'epoux , 
communement  plus  Age  que  sa  femme ,  vidttit  doucemeat 
avec  dfe.  II  n*en  est  pas  de  memo  dana  tea  contrees  meri- 
dionales,  oii  les  femmes,  niibiles  dte  hoitoo  neuf  ans,  sent 
nehies  II  vingt.  Elles  ont  etd  traiteea  en  enfanit,  et  la 
raison ,  si  elle  survient ,  ne  saunit  lenr  donner  on  wai^n 
dont  la  beante  n*a  pas  en  le  temps  de  jeler  lis  prendert  fon* 
dements. 

La  plurelitedes  femmes,  premi^  antidpation  de  lafeice, 
les  fit  gradudlement  descendredo  rang  de  compagnea  ft  Cdd 
d'esclaves;  car  l^dpoux,  tranaforme  en  mattre*  ne  put  ndn- 
tenir  la  paix  dans  ce  foyer  de  rivalitea  et  de  disoonlea,  an- 
trement  que  par  la  force  et  la  erainte.  La  lot  natnrelle,  eedaat 
au  dimat,  toierait  la  polygamic,  maia  avec  des  rastrie- 
tions,  qui  furent  dans  la  suite  regieespar  Meise.  Abraham, 
si  longtemps  fidde  k  Sara,  dioisil  poor  avoir  an  ila  ons 


FKAIME 


811 


MtrD  fiBuune  panni  mi  eKlayes^  maiB  saos  nianmoins 
r^lererao  nog  d'^ose^  sans  la  soustraire  k  l*autorit^  de 
aa  rivale.  Isaac  n'aima  jamais  que  R^b^cca,  et  Jacob ,  saos 
la  tromperie  de  Laban ,  n^eAt  eti  d*enfaot  que  de  Rachel. 
Hom&re  nous  int^resse  k  la  Tieill^  union  depriamet  d'H4- 
cnbe,  an  chaste  amour  d'Hector  pour  Andronfaque.  £^  ces 
tempSy  r^use  6tait  senle  admise  au  partage  du  rang  et  des 
droits  de  chefde  fiunille ;  et  si  Pesdave  satisfaisait  aux  in- 
constances  du  maltre»  c^dtait  du  Qiolns  sans  troobler  le 
ibyer  domestiqne  par  ces  rivalit^  qu^entralnentla  sopplanta- 
Uon  et  r^galit^  des  titres.  AinsT,  rescla^age ,  contribuant 
SOBS  ce  rapport  au  repos  des  (amilleSy  cooservait  au  manage 
des  droits  n^cessaires  au  maintien  de  la  sod^t^.  Chez  les 
£gyptiens ,  Tautorittf  de  la  femme  4galait ,  surpassait  m6me 
eeUe  da  mari;  elle  lui  6tait  assure  par  les  conventions  du 
mariage  et  par  contrat  S^miramis,  puissante  par  la  vic- 
toire,  ed^hre  par  des  UuTaux  dont  le  rteit  semble  miracu- 
leux;  cette  reine  de  Saba  Tenant  ^prouver  par  des  questions 
la  sagease  de  Salomon ,  etpar  ses  prints  ^tonner  sa  ma- 
gnifieence;  Thalestris  et  ses  Amazones ,  dont  lliistoire  n'est 
pas  entiinment  fabuleuse ,  proovent  que  dans  Fancienne 
Asie  le  aexe»  loin  d'etre  assenri,  pouvait  attteindre  k  la  plus 
baote  domination  otmtoiekuneind^pendance  contrairei 
lanatore. 

Le  Ugislateur  de  Sparie  avait  voulo  que  les  femmes  par- 
tageassent  les  exerdces  et  les  privileges  des  hommes  :  aussi 
^galaienl-dles  anx  moins  leur  d^vouement  patriotique.  Pis- 
ton va  plus  loin ,  11  vent  dans  sa  R^publique  les  admettre  an 
gomrernement  da  V£tat,  au  commaadement  des  troupes; 
mais  Xteophon,  pins  raisonnable^  reconnaissant  k  cbaque 
sexe  des  devoirs  auxquds  s'adaptent  des  dispositions  parti- 
culi^resy  compare  la  m^e  de  fSunille  k  la  reine  desabeilles, 
qni  gouveroe  la.mchey  anime  les  travaux  et'pourvoit  k  tons 
les  besoins.  La  liberty  dont  les  liemmes  Jouissaient  k  Rome 
ful  Jnstifite  tant  que  la  s^v^t^  des  mmurs  r^pubiicaines  les 
empAcha  d^en  abuser.  Honorte  du  titre  de  dtoyennes,  on 
les  voH  souvent  s'en  montrer  dignes  par  des  actes  de  d^voue- 
raent,  el  Coriolan,  sourd  &  la  voix  de  la  patrie,  s^^meut  k 
celle  de  sa  mkn ,  aux.sappliGations  des  femmes  qui  Taocom- 
pagnent.  Cependant,  la  repudiation  et  le  divorce  laissaient 
aa  champ  assez  Ubie  k  I'inconstance,  mais  sans  qu'il  fOt 
permit  d*avoir  deux  spouses  k  la  fois.  U  etait  reserve  au 
chiistianisme  dMparer  la  loi  naturelle,  et  de  corriger  les  codes 
des  nations.  Libteteur  de  toutes  les  oppressions ,  reparateur 
de  toQS  lesabos,  11  ^galise  les  balances  ot  Tamour  du  Cr^a- 
teor  avait  pes^  les  destinies  de  ses  commons  enfants.  Le 
manage  t  rendu  indissoluble,  remit  aux  mains  des  femmes 
ce  soeptre  do  foyer  domeeUque,  que  la  nature  leur  a  In- 
ooBtestaUement  destjn^ 

Oependanit  la  loi  ae  Mahomet,  que  sa  conformity  avec 
lesdispodtlons  des  dimaUchauclsa  dgeneralementrepandoe 
dans  rorienl ,  ayant,  centre  nature,  d^tr^ne  les  femmes  du 
goovcmenent  interieur,  a  permis,  centre  nature  ausd,  quHl 
fAtcoafid  k  des  hommes  ddgrad^s,  victimes  comme  dies  de 
ce  videaz  renversementdes  lois  naturelles  :  en  Perse,  les 
emuiqaea,  charges  de  tons  les  soins  domestiques,  enldvent 
aux  temmes  iusqa'4  cdni  de  leurs  vetements.  Subjugu^es, 
svittes  par  Tignoranoeet  Poidveie,  ces  creatures  dediues, 
presqne  assimiieesaox  animaox  domestiques,  deviennent 
u  objetde  luxe,  I'nne  des  vanites  du  faste  asiatique,  doot 
In  Bible  noas  montre  dans  Salomon  le  premier  exemple. 
€>tle  depravation ,  toiqoors  perpetuee  dans  I'Orient,  y  existe 
encore  diet  les  grands,  cbez  les  princes ,  depuis  tant  de  sid- 
des,  avec  les  difficultes ,  les  inconvenients.qu*entralne  ne- 
cosairemeni  le  maii^ien  d*un  ordre  de  choses  centre  nature. 
Os  cootnnies  tyranniqaes  n*ont  ponrlant  pas  toiuours  etd 
aeos  qodquet  exceptions.  Do  temps  des  klialifes  ^  diez  ces 
Maorea  d'Espagae,  createara  de  la  chevalerie,  dies  les 
peemlera  emperears  mogols,  k  toutes  les  epqqnes  de  per- 
fccHonnemcnt  on  de  gloire,  lea  femmes,  mieiix  devees ,  en- 
TCRl  pfaisdInflueMeet  de  Uberte*  LesCliluois,troppolis  pour 
ffuTpcr  Icon  epoosei,  ont  eu  Tart  d'attacher  una  opinion 


de  beauteet  de  distindion  k  la  mutilation  de  leun  pieds.  lis 
les  estropient  dis  Tenfance  pour  les  rendre  sedentaires,  en 
vertu  du  droit  du  plus  fart,  droit  plus  crudlement  impose 
encore  par  certains  peuples  sauvages,  et  mtoie  chez  les  Be- 
douins, oil  les  femmes,  chargees  de  tons  les  travaux  penibles, 
sont  employees  comme  betes  de  somme. 

La  finesse  et  la  ruse,  armes  du  faible,  Instrufsent  k  la 
tromperie  k  proportion  que  la  sodete  accorde  moins  :  leg 
femmes  y  recourent  surtout,  lorsque,  les  moyens  de  plaire 
ayant  cesse ,  dies  esp^rent  encore ,  par  des  charmes ,  des  iil- 
tres,  de  pretendus  arcanes,  exercer  quelque  empire  sur  la  cre- 
dulite.  Le  surnaturd,  dont  I'ignorance  est  tonjours  avide,in- 
flue  puissammentsurrimagination  des  hommes  meridionaux. 
L'astuce  feminine  s'en  est  partout  emparee.  Dte  les  temps 
les  plus  andens ,  les  femmes  juives  etaient  accusees  de  sor- 
cdlerie.  Les  sibyllessnrprenaient  la  conflance  par  leurs  sen- 
tences enigmatlqnes,  et  les  pythonissesjoigndent  les  grands 
eflfets  de  Tenttiousiasmekqudques  secrets  naturds  dont  dies 
tiraient  habOement  parti.  Associees  au  culte  par  le  paganis- 
me,  les  femmes  partageaient  en  plusieurs  pays  avec  les  pre- 
tres  les  functions  et  les  privileges  do  sacerdoce :  comme  eux, 
dies  consultaient  les  entrailles  des  victimes;  la  pr6tresse  de 
Diane  egorgeait  les  etrangersquelo  sort  jetait  en  Tauride, 
et  la  barbare  druidesse  concourait  dans  les  Gaules  aux 
sacrifices  humains.  Les  bonneurs  rend  us  aux  vestalespar 
les  Remains  tenaient  k  desidees  plus  seines :  ils  honoraient 
en  dies  une  pureie ,  une  innocence  de  moeurs  qui  semblenl 
rapprocher'lliomme  de  la  Divinite.  C'est  le  meme  sentiment 
qui  dans  le  chrfstlanisme  a  consacre  les  vierges  au  culte 
du  Seigneur. 

Les  dispositions  affectueuses  et  enthousiastes  des  femmes 
les  eievent  fadlement  aux  idees  contemplatives  et  rdigieuses. 
Le  devouement  semble  une  production  spontanee  de  leur  Sme. 
Kt  Thonneor,  Thonneur  que  le  raisonnement  diss^que  et  de* 
truit ,  est  vif  aussi  chez  les  femmes,  qui  sentent  plus  qu'elles 
ne  raisonnent  :  il  etoulTait  I'aroour  des  m^res  lacedemo- 
niennes ;  il  conduit  au  bdclier  la  vaove  de  THmdou ;  il  se 
montre  dans  les  crises  de  la  fortune  et  sous  les  traits  du 
courage  dans  les  douleurs  physiques ,  aux  approcbes  de  la 
morl,  oil  les  femmes  paraissent  souvent  plus  fortes  que  les 
hommes.  M"**  ob  Madssiok. 

Malgre  rinferiorite  des  femmes  dans  les  oeuvres  de  IMn- 
telligence,  inferiorite  rdatee  par  tant  d'ecrivains,  meme  de 
leur  sexe,  I'liistoire  constate  cependant  de  nombreoses  ex- 
ceptions en  tons   genres,  notammentdans  la  litterature. 

Les  femmes  chez  les  Grecs  ont  cultive  le  genre  erotique 
et'  d'autres  genres  encore.  Mdheoreusement  le  temps  n'a 
conserve  aucun  des  onvrages  qui  fondaient  leur  renommee: 
toute  Tantiquite  atteste  que  les  modernes  ont  fait  k  cet 
egard  une  pierte  immense.  Sap  ho,  dont  nous  ne  possedons 
que  quelques  vers,  reste  k  jamais  comme  un  grand  nom. 
Rien  de  semblable  n^apparaft,  du  reste,  dans  Rome,  heri- 
ti^re  de  la  litterature  grecque.  La  fi^re  matrone  de  la  ville 
aux  sept  coUines  se  deddait  blen  parfois  k  sortir  de  son 
gynecee  pour  exciter  on  partager  le  patriotisme  de  son  epoux 
et  de  ses  flls.  Jamais  il  n^eOt  pu  lui  venir  k  Pidee  d'en  des- 
ccndre  pour  se  livrer  k  ces  travaux  litterdres,  longtemps 
le  partage  exdusif  des  aflirandiis  et  des  fils  d'esdaves ;  et 
cliez  les  barbaires ,  vainqueurs  de  Rome,  la  femme  etait  trop 
esclave  dle-meme  pour  songer  aux  deiassements  deTesprit. 
Aussi,  jusqu^aux  premieres  lueurs  du  moyen  Age,  k  part 
qudques  rdigieuses  inspirees,  n'en  voit-on  aucune  s'aven- 
turer  dans  cette  carriere.  Mais  quoi  d'etonnant  k  cela? 
Quand  Thomme  barde  de  fer  tenait  k  bonneur  de  ne  pas 
savoir  dgner  son  nom ,  comment  la  femme,  resignee  aux 
ordres  de  son  seigneur  d  mallre,  edt-dle  ose  se  permettre 
d'en  savoir  davantagef  Cependant,  il  ne  devait  pas  en  etre 
longtemps  ainsi  :  •  Les  femmes  du  moyen  Age,  dit  M.  Mi- 
chdd,  sentlrent  bient6t  qu'elles  ne  devaient  pas  rester  in- 
dignes  du  respect  enthousiaste  et  de  I  esp^ce  de  culte  dont 
les  entourait  U.  clievalerie.  Dans  les  monast^res  elles  ne  se 
resurvereut  p'qs  tout  endures  ^  Uieu,   mais  aussi  k  la 

42. 


333 


FEMME 


science  ie  2>ieu ;  elles  devancirent  le&  docteurs  dans,  cette 
carri^;  siles  (iirent  aossl  shTontes  et  souTent  plus  sabtiles 
qu*eax  dansl'interpr^tation.AumonasttredeCheUeSy  prtede 
Paris,  les  hommea  et  les  femmes  6coutatent  avec  an  ^gal 
respect  les  le^ona  de  sainte  BertUla,  et  les  rois  de  la  Grande- 
Bretagne  lui  demandaient  quelqaes-uns  de  ses  disciples 
poar  fonder  des  teoles  dans  leur  pays. » 

Insensiblement  uu  trouve  des  femmes  pr^idant  aux  lattes 
po^tlqaes  des  troubadours  et  des  IrouY^res.  La  reine  Cons- 
tance amtoe  ces  chantres  galanls  des  r^ons  de  TAquitaine 
4  la  cour  bigote  de  Robert,  et  ayec  enx  y  introduit  une  ^16- 
gancCy  une  culture  inconnues  jnsqu'alors.  On  compte  m6me 
dijk  un  grand  nombre  de  dames  qui  se  font  eUes-m6mes 
pontes ;  et  quelques  noms  de  oes  troubadours  fdminins  sont 
▼enus  jusqu'4  nous.  Elles  fondent  des  cours  d'amour  et 
de  gtxy  sf  avoir,  et  CMn^ce  Is  a  u  re  s'immortaJise  par  la 
creation  deFAcad^mie  des  Jeu\  floraux  de  Toulouse. 

Plus  tard,  tandis  qu*nne  femme,  one  fiUe  du  peuple, 
Jeanne  d'Arc,  reconqulert  2i  son  roi  le  patrimoine  de  la 
France,  qu^uie  rdne  d^onorte,  une  ^trang^re,  a  venda 
aux  Anglais,  une  autre  feuime,  Ohristine  de  Pisan, 
chante  la  premiere,  dans  un  po&ne  national,  Ph^rolsmo 
de  la  Pucelle.  Parml  les  femmes  galantes  de  la  cour  de 
Francois  I*',  il  en  estde  plus  dignes  d'estiroe,  dont  la  post^- 
rit^  se  souviendra  toujours  avec  v^n^tion;  telle  fut,  cntre 
autres,  la  suaur  du  roi, Marguerite deValois,  ^cbesse 
d'Alen^n,  reine  de  Navarre,  princesse  lettrto,  protectrice 
des  savants,  amie  des  huguenots  persteut^,  m^re  de  Jeanne 
d^Albret  et  grand*-mto  de  Henri  IV,  samommde  la  Mar* 
guerite  des  Marguerites,  auteur  de  VHeptam&on,  on  Re- 
eueil  de  nouvelles,  dans  le  genre  de  Boccaoe.  Une  autre 
Marguerite  de  France,  reine  de  Navarre,  brille  encore  h  I'au- 
roredn  r^e  de  Henri  IV  et  s^immortalise,  reine  ddlaiss^, 
par  ses  m^oires,  Elle  a  pour  rivale  dans  Tart  d*toire  la 
belle  Lyonnaise  Louise  Lab^, qui  manie  ^galement  bien  la 
plume  et  T^pte,  et  laisse  loin  derri^  elle  Cl^mence  de 
Bonrges,  Pernette  du  Guillet,  les  dames  Desroclies  de  Poi- 
tiers, ses  contemporaines.  «  Le  temps  est  venu,  dit-elle 
dans  une  de  ses  prefaces,  od  les  s^vires  lols  des  hommes  ne 
ddvent  plusempteher  les  femmes  de  s^appllquer  aux  scien- 
ces... Je  ne  puis  (aire  autre  chose  que  de  prier  les  vertueuses 
dames  de  mon  sifecledMlever  an  peu  leurs  esprits  par-deasus 
leurs  quenouillee.  • 

Un  sitele  aprte,  dans  ce  bean  pays  de  France ,  ce  n*est 
pas  seulement  k  la  cour  de  Louis  XTV  que  Tinfluence  des 
femmes  se  fait  sentir.  Tandis  que  les  La  Valli^re,  les 
Fontanges,  les  Montespan,  les  Maintenon,  agitent 
Versailles  et  soumettent  le  roi  .\  leur  poo  voir,  k  Pa- 
ris la  soci^t^  brille  aussi  par  I'esprit  et  les  talents  que  ce 
sexe  montre  dans  tous  les  rangs,  dans  toutes  les  classes. 
M™*  de  Rambouillet,  entourde  de  son  artopage  ftaiinin,  d^ 
cide  souverainement  du  mdrite  des  ouvrages  et  des  person- 
nes,  jusqu*ik  ce  que  Moli^,  Pimpitoyable  enneini  des  femmes 
savantes,  ait  par  une  comMIe  dlscr^it^  ses  arrets.  Cheque 
homme  de  gdnie  trouve  alors  sa  providence:  Quinault 
dans  M***  de  Thianges  et  de  Montespan;  Racine  et  Boileau, 
dans  M*^  de  Blauitenon;  La  Fontaine,  dans  la  duchesse  de 
Bouillon  et  dans  M"*  de  La  Sabli^re.  BientAt  beaucoup  de 
femmes  ambitionnent  de  nouveau  puar  elles-mfimes  la  gloire 
littdraire :  M"**  de  S^vign^fait,  dans  ses  courses  deplume, 
briller  non-seulement  pour  elle  et  pour  sa  sod6t/&  intlme, 
commeonTa  pititondu,  mais  un  peu  aussi  pour  la  post6rit^, 
comme  elle  Tavoue  elle-m^e,  son  imagination,  sa  joie  et 
ses  larmes.  «  Je  saisis  bien,  a-t-elle  dit,  que  les  clioses  plai- 
santes  et  jolles  que  j*teris  k  mes  viellles  amies  iront  plus 
loin. » 

M'**  de  Scuddri  est  prodam^  la  Sapho  de  v>n  sitele, 
M^  DeslioulUres  en  devient  la  Calliope,  la  savante 
M**  Dae  ier  se  fait  le  champion  des  anciens  centre  Ics  mo- 
dcraes,  et  Johnson,  comme  .Manage,  la  proclame  la  femme 
la  plus  Erudite  qui  ait  jamais  exists,  feminarum  quot 
sunt,  quotfuSre,  docthsima.  Le  m6me  doge,  Ic  mfime 


droit  de  pr^teiinence  dans  les  sciences  OAatbteiatiqiies  ne 
peuvent  Hn  contests  k  cette  snbHme  taXOe,  k  eette  e^ 
bre  marquise  do  ChAtelet,  qni  necraignft  pasde  suivre 
Newton  dans  les  baotenrs  prodigleoses  oA  sMIeva  son  gteie, 
et  entreprit  la  premito  de  rivder  k  la  France  la  th^oria 
du  nonvean  systtaie  du  monde.  Avant  die,  1^^  de  Ne- 
mours et  de  Motteville,llf*"*  de  Montpensleravaient  racoot6 
avec  esprit  les  agitations  rteentes  du  royaame.  Maia  qnaad 
Louis  XIV,  accabli  par  lei  levers  et  doming  par  la  Main- 
tenon,  se  ftti  fait  ddvot,  una  autre  artoe  que  lea  sakMia 
8*oavril  anx  femmes  spiritoellet :  ce  ftit  oeOe  des  qaercOes 
religieoses.  On  lesvit  s'y  lancer  avec  one  ardeer  qu'on  a 
peine  k  comprendre  au]ourd*huf.  Rappelona  aeulemenl 
M"^  6u yon,  Tamie  de  F6nelon ,  et  ks  soxirs  Amaald  de 
Port-Royal  qui  luttirent  si  vigoureusement  k  la  tfte  do  part* 
jans^ste. 

Rien  k  dire  delMnfluence  llttteire  des  femmeaau  tsmpe 
des  orgies  do  Palais-Royal,  do  Parc-au-Cerf,  et  dea  Petitea- 
Maisons.  Un  grand  changement  s*introdait  dans  les  mcenrs 
an  commencement  dn  dix-hultitaie  sitele.  Ce  sont  lea  fem- 
mes de  la  viUe  qui  contribuent  le  plus  an  moovement  de 
I'opinion.  Dans  la  rdpuUique  mteae  des  lettres,  ce  sont  dea 
bourgeoises  qui ,  conservant  les  traditions  de  la  marquise  de 
Ramboufllet  et  de  la  duchesse  du  Main e,  tiennent  les  bu- 
reaux d'esprit :  M"^  Doublet,  Geoff rin,  Dochitdety 
DuDeffan^M*"*L'Espinasse,M"*DuBoccage,rte- 
nissent,  accaparent  les  gens  de  lettras  et  sortout  lee  philoeo- 
phes;  M'^de  La  Fayette,  Graffigny,  Riccobonl, 
deTen  cin^  et  plus  tard  Bf^  Gottin  et  M"*  de  Geiilis,  se 
font  un  nom  dans  le  roman.  Qnand  vient  la  revolution,  11 
se  trouve  une  femme,  la  fllle  d*un  gravenr,  qni  se  distingne, 
entre  toutes,  par  Tddvation  de  son  talent  et  par  la  force  de 
son  caractto  :  c'est  M*^  Roll  and,  qui  fnt  plntdt  que  son 
mari  le  mhiistre  de  la  Gironde.  Sous  Pempire,  les  femmes 
ne  purent  s*exercer  que  dans  la  iitt6ratnre :  celles  qni  von- 
Inrent  faire  de  leur  plume  une  arme  politique  fornt  bfen- 
t6t  rMuites  an  silence.  Citons  ponrtantBf^  de  Slael,  qui 
brilla  m^e  dans  Toppositlon. 

Sur  les  traces  de  Tautenr  dtCorlnne,  mais  k  one  grande 
distance  d'dle,  brilla  dans  le  m6me  temps  nne  femme  bean- 
coup  trop  vant^de  ses  contemporains,  on  pea  trop  onbllte 
peut-6tredes  ndtres,M"**  Dufresnoi,  d^vede  Tlballeet 
de  Properce ,  nourrie  de  la  lecture  dHorace  et  de  Virgile, 
dont  elle  possMait  la  langue.  Alors  brillaient  encore  en 
Angleterre  M*^'  Inch  bald,  rauteor  de  Simple  Mttaire, 
Humans  et  Landon,  comme  brille  aojourd*hui  sane  rivale 
aux  l^ts-Unis  Tantenr  de  radinirable  roman  de  Vonele 
Tom,  En  France,  parml  les  contemporaines,  nous  boos 
bomerons  k  dter  M'"*'Tasta,Desbonle8*Valmore,  de 
Girardin,  Anais  Sdgalas,  Louise Colel  et  M**  la  ba- 
ronne  Dudevant,  qui  sous  le  pseudonyme  de  Geoi^  San  d 
s'est  depuis  iongtemps  placde  k  la  tte  de  noire  litttetnre. 

L'ltalie  est  le  pays  qui  a  produit  le  pins  de  femmes  dls- 
tinguto  par  leor  tradition ;  et,  chose  dtrange,  c^est  la  contrfe 
de  I'Europe  oil  I'tiucatlon  des  femmes  est  le  pins  gteteale- 
ment  n^ligde.  Les  universitds  de  Padone  et  de  Bologne 
ont  en  le  rare  privil^e  de  compter  plodeurs  femmes  parmi 
leurs  docteurs.  M"*  ClotildeTambroni  a  iignr6  jasqa*en  1817 
parmi  les  professeurs  de  rnnivernt6  de  Bologne;  die  y 
avait  occup^  durant  plusieurs  aimte  la  didre  de  Utttea- 
tore  grecque,  qu'dle  quitta  poor  reftis  de  sennent  k  la  r^pu- 
blique  cispadane.  A  Padooe,  Hdtae  Pisco|^  cnseigaa  la 
philosophle  et  toivit  doctement  sur  la  thtelogie,  lea  malii6- 
matiques  et  Pastronomle.  Dana  la  mtaie  oniverdl^  Novdla 
d*Andrea  supplto't  son  p^  dans  rensdgpienient  dn  droit  ca- 
non. Mais  ce  jour-lk  on  avait  la  prteantiondeiendremi  rideaa 
devant  la  chaire ;  car  cbez  cette  dame  profenear  la  selcace 
etait  loin  de  nuire  k  la  beaut6.  On  voit  sous  le  porUqne  de 
cette  university  et  dans  T^ise  de  Safnt^ Antoine  deox  Imstea 
d'Hdtoe  Piseopia,  en  costume  de  b^nMictine,  qui  JustifienI 
la  passion  malheureuse  qu'dle  hispira  anx  plus  grands  ad* 
gneursdeson  temps.  On  peot  admirer  dana  Tomasiiii  ( Flfi»- 


FEMME  —  FEMME  LIBRE 


S3S 


rum  Ulusirium  Blogia )  Ics  portraits  des  lotres  dames  il- 
Imtres  des  oniTersit^  italiennes  :  elles  sont*  poor  la  plu- 
party  remarquablement  gradeoses  et  nnllenieDt  pMantes. 

Aprte  Pltalle*  ^est  la  Hollande  qui  est  la  contntela  plos 
licbe  en  lemmes  saTantes.  Nous  ignorons  si  elle  en  possMe 
anssi  les  portraits ;  mais  ee  que  Ton  connalt  par  oul-dire 
des  cbarmes  do  M*^  Ruhnkenius  suffit  k  donner  une  haute 
opinion  de  leor  beauts.  Eo  Toii^  certes  plus  quHl  ii*en  faut 
poor  rMiter  les  m^cbanoette  de  Moli^re.  Une  antra  savante 
hollandaise,  W^  Wyttenbadi,  docteor  en  TuuiTersit^  de 
Marboorg*  dait  d'origine  firan^aise.  Le  milieu  piatonique 
dans  leqnd  elle  aTait  y^cn ,  et  qui  se  r6y^  dans  son  Ban-^ 
quet  d»  LAmtitf  la  (it  accuser  de  paganisme  par  les  pi^- 
tistes.  Cette  Inculpation  n^ayait  pas  le  moindre  fondement, 
qooiqne,  la  Tcille  de  sa  mort,  elle  ait  encore  toit,  de  sa 
main  d^nte  et  ferme,  oes  huit  mots :  le  vaiiseau  dB  D61om 
St  fait  Htn  aitendre, 

Ges  eiemples  de  femmes  savantes  n'ont  point  M  perdus 
pour  les  mtB-Unis,  et  dans  le  mois  de  d^cembre  18&3  la 
mnnlcipalit6  d*Antloche  ( £tat  de  TOIiio )  a  nonun^  proles* 
•enr  de  langne  ei  de  litti^ratnre  latines  au  coU^e  de  cette 
yille  nae  }rane  fiUe,  miss  Obediah  Pennell,  nitee  et  ^live 
dtt  recteor  de  ce  eoU^.  On  est  mteie  oblige  de  conyenir 
qne  les  femmes  ont  su  rendre  aux  ttats-Unis  de  grands 
aerriees  k  Peducation.  Eug.  6.  nn  MoRCUkyB. 

FEMME  (DroiO*  ^  femme  est  soumise  k  une  14- 
gislaticm  spteiale*  dans  les  dilf^entes  positions  que  lui  re- 
connalt  la  loi ;  flile  mineore,  fille  nujeure,  marine  ou  yeiiye. 
Cette  Ugislation  impose  h  la  femme  plus  de  deyoirs  qu^elle 
nn  lui  reeonnatt  de  droits;  car  elle  la  priye  des  fonctions 
d^nne  magistratnre  pobllque,  des  droits  politlqoes,  et  m6me 
de  certains  droits  se  rattacliant  simplement  i  Tdtat  ciyil. 
An  reste,  cette  inH^iorit^  Mgale  de  la  femme  se  retronye  k 
pen  prte  chei  tons  les  peuples.  Par  one  assez  strange  excep- 
tioB«  en  France,  nous  les  exduonsde  Th^r^it^  k  la  couronne ; 
et  cependant  les  hautes  fonctions  de  r^ente  peuyent  leur 
Mre  confite,  k  elles ,  qui  ne  sont  pas  m6me  aptes  k  foire 
des  conselllers  munidpaui.  Nous  nVons  pas  ii  prteber  ici 
rdmancipatlon  de  la  femme;  elle  a  eu  ses  ap6tres  en 
jopoat;  ^  a  trouy^  d'ardents  partisans  ches  qudques 
bommes  disposes  k  partager  ayec  elles  leurs  droits  dyiques 
et  drils;  nous  n^ayons  qu'^  runnier  les  dispodtions  de  nos 
codes  qd  les  n^gfssent. 

La  femme  est  m  incur  e  jusqn^l^ yingt etun  ans,  k  moins 
qne  le  mariage  ne  yienne  rtoumciper  ayant  cette  ^poqoe; 
nais  cette  ^mandpatimi  de  puissance  patemdle  la  place  sous 
la  pDinance  maritale.  Elle  ne  pent  se  marier  ayant  quinze 
ana  rtyolus,  k  moins  de  dispenses  d*lge  poor  motirs  grayes, 
neoordtespar  lechefde  FEtat  A  partirde  sa  majority, 
die  dispose  de  sa  personne  et  de  ses  biens  comme  die 
Featend;  dlene  pent  cependant  contraeter  mariage  sans 
le  eonsenteroent  de  ses  p^  et  mdre^  en  leur  adressant 
desaomroations  respectoeoses,  qu'aprte  I'Age  de  yingt-cinq 
ans  r^yolus.  La  femme  mari^  doit  fiddit6,  secoors,  asds- 
tance  et  obdssance  k  son  mari;  die  peut  se  rdseryer  la 
disposition  de  ses  rcTenus,  en  se  mariant  sous  le  r^ime 
de  la  separation  de  biens,  ou  laconfier  k  son  marl, 
lertqo'eUe  eontracte  Tunion  conjugde  sous  le  r^me  de  la 
€0  moan n  ant d ;  mais  dans  ce  cas  die  a  une  hypothique 
UfoU  sor  les  fatais  de  son  mari,  comme  garantie  de  I'ad- 
mfailatration  de  cdnl-d.  La  femme  est  obligte  dMiabiter  ayec 
son  mari  et  de  fe  sniyrv  partoot  ou  11  yeut  raider,  excepts 
la  cas  ob  il  s'expatrierait.  SI  die  Spouse  un  stranger,  die 
salt  sa  condition  dylle,  et  deyient  ^traog^ ;  die  ne  peut 
ester  en  jug^ment  sans  autorlsation  de  son  marl ;  die  ne 
peat  donner,  di^er,  bypotb^ifer,  acqu^rir,  k  titre  gra- 
tult  00  onirenx,  sans  le  concours  ou  le  consentement  du 
asarl  dans  Facte ;  die  ne  peut  contraeter.  La  femme  peut 
<tre  autoriste  par  son  mari,  solt  tacitement,  soft  par  un  scte 
antlieittiqiie  rdyocable,  k  falre  le  eommerce;  la  femme 
marcliande  publlque  pent  s*obHger,  pour  tout  ce  qui  con- 
ccne  son  ndgoce,  sans  Pautorisatlon  de  son  mari,  dinner 


et  hypotb^uer  ses  immeubles;  mais  die  ne  peut  ester  en 
Justice  sans  Tassistance  ou  Tautorisation  de  xidui-ci. 

La  femme  yenye  deyient  rteUement  libre,  ind^pendante, 
comme  la  fille  majeure,  le  yeoyage  arriyit-il  ayant  la  miyo- 
rit6 ;  die  jooit  dors  de  Tadministration  comply  de  ses  biens, 
die  peut  yendre,  alitoer,  bypoth^uer,  contractor,  aoquMr, 
sans  que  ces  actes  d'administration  puissant  ^tre  attaqute 
en  rescLsion  motiy^e  sur  la  fhigilitd  du  sexe. 

La  liBmuiemari^  qniade  justes  motifs  pour  se  soustraire  k 
la  puissance  maritale,  peut  intentar  un  procte  en  separation 
de  corps;  mds  mtoie  cette  se|>aration  prononcto,  aind 
que  la  separation  de  biens,  die  est  tonjours  indirectement 
placte  sous  la  tutdle  de  son  mari,  d  continue  k  ne  pouyoir 
donner,  dinner,  hypotb^quer,  aoquerir,  sans  Tautorisation 
de  son  mari. 

Si  le  droit  dyil  a  pris  texte  de  la  foibles^  de  la  femme 
pour  Tastrdndre  k  la  protection,  k  I'bntorite  du  mari,  le 
droit  criminel  y  a  eu  4gard  en  plusleun  drconstances.  Gc- 
pendfmt,  la  peine  de  mort  lui  est  encore  appliqudc  Les  tra- 
yaux  forote  sont  moins  durs  pour  die,  et  consistent  par- 
ticuli^ement  dans  une  rteludon  ilgourensei  La  lot  da  30 
md  1SS4  porta  que  les  fenunes  condamnte  anx  trayanx 
forc^  pourront  etre  conduites  dans  nn  des  etablissements 
cr6te  aux  colonies;  mais  qu'dles  seront  s^par^  des  iiommes 
et  employees  k  des  trayaux  en  rapport  ayec  leur  Age  et  ayec 
leur  sexe. 

FEMME  ( tmanclpation  de  la).  Fojres  ^haiicipation  db 
laFemub. 

FEMME  LIBRE.  Un  de  nos  yen^rables  collaboratenrs 
a  dejlttraltederemancipation  de  lafemme.  Laseule 
chose  que  nous  youlions  i^outer  id,  c'est  one  propodtion 
devenne  triviale  k  force  d'ayoir  M  ressass^e  dans  les  tra- 
ditions  et  dans  les  llyres,  et  dont  Tapplication  se  retronye 
poiuiant  de  uilse  toutes  les  fois,  sans  exception,  que  les 
sdences  annoncent  une  d^nyerte  et  la  perfectibUte,  un 
progrte  :  il  tCy  a  rien  de  nouioeau  eout  le  Moleilf  axiome 
inunimorid  de  Sdomon,  qui  le  trouya  probablement  toot 
feit  Or,  cette  ^mandpation  de  la  iiunme  qn*on  nous  donne 
pour  une  id^  noiiydle  est  une  des  yfdlleries  les  plus  snran- 
nte  de  la  sod^te  chretienne,  et  on  sdt  qu'il  ne  pouydt 
pas  en  ayoir  ete  question  dans  les  autres.  Cast  depuis  le 
denxitoiedicle  le  ydiicule  desnoyateurs,  la  prteantionora- 
toire  des  yidonnaires;  et,  n*en  d^plalse  aux  saint-dmoniens, 
Jamds  cette  tbeorie,  yrde  ou  feusse,  ne  s*est  renooydte  qu*dle 
nefOt  marquee  au  sceau  de  llgnorance,  de  la  superstition,  on 
du  deiire.  Je  ne  sais  si  les  eompagnons  de  la  femmes  qui 
ont  yainement  cherchd  \h  femme  libre  k  Paris,  oh  die  sem- 
blait  plus  fadle  ik  trouyer  que  partout  dlleurs,  la  decouyri- 
rent  en  coorant  le  monde.  Ce  que  Je  les  prie  de  tenir  pour 
certain,  c^est  qne  le  I*'  Jdn  1794  la  femme  libre  babitdt 
rue  Contrescarpe,  section  de  PObseryatoire,  n^  1078,  an 
troidtoe  dtage,  sur  le  deyant.  Elle  s'appdait  Catherine 
Th  eot,  dont  elle  aydt  fait  Thdos,  par  amour  pour  le  grec, 
on  blen  k  cause  de  la  belle  et  mystique  signification  que  la 
proyidence  des  illumines  aydt  attachte  k  ce  nom,  par  une 
pr^yidon  singulito).  Dans  le  sanctuaire  de  Catiieiine  Tbto, 
rue  Contrescarpe,  an  troidtaie,  sor  le  deyant,  on  la  recon- 
ndssdt  pour  la  nouvelle  Sve,  diaigte  de  r^parer  une  pe- 
tite mi^yrerie  de  I'autre,  dont  f  fanagbie  que  personne  n*a 
perdu  souyenance,  et  de  rdiablliter  la  femme  dans  tons  ses 
droits  politiques.  Malheureusement,  ce  temps  de  liberty  pl6- 
ni^  Mix  pen  feyorable  k  la  Ubertd,  et  on  le  fit  bien  yoir 
k  \a  femme  libre  :  sur  le  rapport  do  dtoyen  Vadler,  die  fht 
envoys  par-deyant  le  tribunal  r6ydutionnaire,  le  17  Join 
suiyant,  ayec  le  cbartreux  dom  Gerle,  son  grand  pontife, 
et  tout  le  choeur  des  saintes,  Jeunes  ou  yieUles,  qui  prenaient 
place  autour  de  son  tr6oe.  Le  9  tbermidor  suryhit  fort  k 
propos  pour  sanyer  llnnocente  famllle  de  la  femme  libre , 
mais  die  aydt  pris  lluitiatiye  sur  les  consequences  de  cette 
grande  joumte.  Elle  etait  roorte  au  bout  de  cinq  semaines, 
et  on  n'a  jamais  reparld  d*elle  Jusqu*i  ce  Jour. 

CatiMrine   Thta  n'dtdt  que  llieriUto  d'un  plan  d'd- 


334 


FEMMB  LIBRE  —  FE&fMES 


mancipation  des  fenunes  qui  avait  fait  plus  de  bruit  sans 
en  fUre  beancoop,  et  qu*eUe  se  contenta  de  broder  de  p{4- 
tiame  et  d'asc^titme,  pour  lui  donner  un  peu  de  credit  cliez 
lesd^Totes.  C^talt  Tcijet  des  rddamationB  quelquefois  ^lo- 
qoentes  de  rinfortunde  OlyiUpe  de  Gouges,  assassin^  sur 
Ptehafaud  sept  k  huit  mote  auparavant,  pour  avoir  pris  au 
pied  dela  lettre  la  liberty  r^Toktlonnaire.  La  pantre  Oiympe 
ayait  fond^ces  soeldt^  dtfemm6s  lihres  qui  lutt^rent  sou- 
Tent  de  T^^eace  avec  le^  Jacobins,  et  qui  dispahirent 
toutefois  de  la  seine  politique  sans  atofr  conquis  sur  leurs 
fti^es  et  amis  nne  seide  immunity.  Leors  privil^es  se  r^- 
duisirent  k  tigurer  de  temps  en  temps,  charge  de  ruhans, 
de  rouge,  d'oripeaux,  surVautel  op.  m  peuple  d^Urant 
allait  adorer  la  Raison ;  de  sorte  que  la  liberU  fran^ise  ne 
Tut  pas  plus  llb^rale  envers  les  femmes  que  le  despotisnie 
asiatique.  EUe  en  fit  des  almte  et  des  bayaderes.  Le  plus 
amine  des  liommes  de  la  revolution,  le  berger  Sylvain 
Mar^bai,  proposa  mfine  assex  s^eusement  de  leur  d^- 
fendre  d'apprendre  k  lire.  Bonaparte  arriTa  beureusement 
wr  ces  entrefeltes,  et  c'^est  ce  qui  fait  que  les  femmes  li-- 
sent  encore.  Nous  auriotis  beaucoup  k  perdre  s!  elles  n'icri- 
vaient  plus. 

Pendant  les  rigues  totuptueux  de  Louis  XT  et  du  r^eut 
les  femmes  furentsi  libres  d^une  certalne  fa^n,  qu^elles  se 
soudirent  fort  peu  de  Titre  autrement.  II  faut  remonter 
jusqu'i^  la  demiire  moitii  du  dii*fieptiime  siide  pour  re- 
trouver  la /emme  Ubrewas  les  traits  disgracieux  d'Antei- 
nette  Bourignon,  monstre  de  naissanoe,  auquel  un  cur^ 
maossade  avait  contests  ks  droits  du  baptime,  et  qui  exdta 
souvent  depuls  des  passions  fort  extravagailtes,  s*il  faut  en 
Juger  parson  portrait.  AntoinetteBburignon  r^statotyours, 
et  se  d^ba  aux  poursuites  de  ses  adorateurs,  tant6t  par 
Pafxsendant  de  sa  vortu,  tantOt  par  fa  promptitude  de  la  fuite, 
la  mission  de  \%/emme  Hbre  exigeant,  suivant  die,  dans 
la  per  Sonne  qui  en  itait  revitue,  la  pureti  de  la  plus  infacte 
vii^nite.  (Test  petit-itre  pour  cela  qu'il  ne  s^en  pr^nte 
itlus.  Une  particularity  assez'  curieuse,  c'est  qu^Antoinette 
Bou  rignon  avalt  soumis  k  son  systiroe  le  puissant  g^nie  de 
SwaiTimerdam',  qui  avait  soumis.  li^i,  kwA  Investigations 
tnute  la  nature  a^e.  La  sublime  intelligence  qui  yenait  de 
se  rendre  mattresse  de  tant  de  faits  ^choua  centre  une  vi- 
sion. 

II  en  fut  tout  an  contraire  de  la  savante  et  spiritneQe 
Anne-Marie  de  Scburmann,  autre /mtn«  Hbre  du  mime 
temps.  Anne-Marie  de  Schurmann ,  philologue ,  artiste  et 
po^te,  re^t  sob  brevet  de  rMcmptrice  du  sexe  dont  die  dtait 
Tomement,  d^un  fanallque  fort  exalt^^^  mals  tris-midtocre, 
qu^on  appdait  Jean  de  iaiiadle,  espice  de  sectaire  enti  sur 
un  apostat  EUe  fit  aasaut  de  diasteti^  avec  Antoinette,  si 
tontes  deux  ne  se  hiariirent  point  aecritement,  ce  qui  n*est 
pas  bien  d^brouill^ ;  mais  ce  n*^t  pas  une  mince  difficult^ 
dans  les  conditions  ^manCipatoTres  de  l^itat  politique  des 
femmes.  J*en  iaisserai  Jugeir  k  de  plus  savants  que  moi. 

Leur  contemporaine ,  Jeanne-Marie  de  Laraotte,  plus 
connue  sous  le  nom  de  M*"*  Gu y on,  r^unft  toutes  les  qua- 
lltis  qui  peovent  justifier  r<{mandpation  des  femmes  et  la 
rendre  desirable;  mais  elle  n*aspira  |>as  au  r61e  scabreox 
de  la /emme  Hbre.  Elle  borna  son  empire  aux  liinites 
que  Dieu  semble  avoir  impost  aux  femmes ,  comme  aux 
flots  de  la  mer,  en  leur  diunt :  Vous  nHrei  pas  plus  loin! 
et  sa  puissance  se  composa  tout  entiirede  beauts,  de  vertu, 
de  tendresse  et  d*enthousiasme ;  ce  qui  n'est  df^k,  pas  trop 
roal.  Aussi  vit-eileF^helon  se  raiigcr  parmi  ses  dSsdpIes, 
Findon,  dont  Jean-Jacq^ues  eftt^t^  si  fier  d*6bre  le  valet  de 
cbambre. 

II  y  a  Ik,  si  ]e  ne  m^abuse,  une  progression  de  transccn- 
dance  morale  qui  vaut  mieiix  que  I^imaodpation.  La  veri- 
table/emme  libre  laiaguissait  alors  depute  trenteans  dans 
un  asile  obscur  ^  apris  avoir  M  foiiettee  et  marquee  ,*^le  14 
mars  t6C3,  au  pied  de  I'^diafand  de  Simon  Morin.  La  fille 
Malberbe  etait  en  efiet  la  nouvelle  ive  de  ce  paiivre 
homme ,  qui  n*avait  pas  reconnu  les  facult^s  propres  k  un 


si  haut  emploi  dans  Jeanne  Honadier,  sa  feDune.q^Miqn^ 
eOt  dibaucbe  cdle-d  k  cette  intention  dans  Ptehoppe  dNioa 
fruitlire  du  qnartier  Saint-Germain-PAuxerrote.  La  perfeeUbi- 
lite  a  d^etranges  grftces  d^etat ;  mate  0  faut  avooer  aussi  que  1m 
bonnes  civilisations  out  de  mauvais  moments.  Lesupplice  du 
malheureux  Simon  Morin  concourt,anneepar  ann6e,  et  pent* 
etrejour  par  jour,  avec  l*etablissement  des  trote  academies. 
On  donnait,  quelques  beures  apris,  Idi  Critique  de  r£eoU 
des  Femmes,  avec  reprise  de  la  pike.  Le  grand  Colbert 
etaitministre,  et  Louis  le  Grand  repiait  sur  le  grand  dtele. 
Deplora1}le  humanlte! 

Voilk  bien  qudques  femmes  libres;  mals  ne  croyei  pai 
que  nous  soyons  au  bout  de  riiistoire  retrograde  de  cette 
dynastic  gynscocratique.  11  s*en  fiiut  de  beaucoup.  Les com- 
pagrions  de  lafemme,  et  on  ne  saurait  trop  les  fdidter  sur 
le  choix  d*une  d  agreable  vocation,  n^ont  ete  jusqoe  id, 
comme  vous  voyex,  que  les  ptagiaires  de  dom  Gerle,  qui 
fbtplagiaire  de  Jean  Labadie,  qui  fut  plagteire  de  Simon 
Morin,  qui  fut  plagialre  de  Guilteume  Postel,  qui  ftit  pb- 
giaire  de  trente  generations  d'beresiarques  auJourd*hni  fort 
obscurs,  mais  dont  vous  retrooverex  le  nom  et  les  doctrines 
dans  Putile  Dictlonnaire  del'abbe  PluqueL  GuUlaume  Postd, 
un  des  bommes  les  plus  emineots  en  bon  savoir,  et  un  des 
plus  grands  fous  de  son  si^e,  avait  prodame  Pemandpa- 
tion  do  la  femme  deux  cent  quatre-vingts  ana  avast  qo*on 
8*en  avis&t  dans  Peoole  de  Sdnt-Simon,  savoir,  en  i&&3  k 
Paris,  en  1555  k  Venise,  et  ea  iihSk  Padoue.  La  femme 
libre  de  Postel,  qui  s'appeldt  la  mtre  Jeanne,  ne  vecutpas 
longtemps,  parce  qu*elle  etait  assez  vieille  quand  il  la  reo- 
contra,  ce  qui  dispensa  cette  pauvre  creature  de  s^engager 
par  le  vceu  de  la  virginite,  comme  la  Scburmann  et  U  Bou- 
rignon ;  mais  die  eut  la  complaisance  de  s^incamer  apr^ 
sa  mort  dans  la  substance  de  Postel,  «  qui  sVn  trouva,  dit- 
il,  notablement  etendue  ».  II  fut  qnitte  de  cette  usurpation 
de  substance,  qui  n'etait  pas  pi^vue  par  les  lois,  poor 
qudque  reprimande  canonique  ou  pour  quelque  leg^re  pe- 
nitence de  disdpline  monacale,  lesquelles  ne  Pempechereat 
pasde  professerleslangues,  si  peu  oonnues  alors,  de  POrient 
jusqu*^U  fin  d*un  grand  Age,  aux  applaudisseoients  de  tons 
les  savants  du  sitele  de  la  sd^mce.  Les  jansenistes  oot 
pense  depute  que  \h  femme  librt  oe  Postel  pourraitetre 
une  personnification  embiematfque  de  la  raison  bumaine. 
Les  Jansenistes  n*ont  jamais  ete  d  poUs.  J'auraia  bien  de  la 
pdne  k  partager  citte  opinion. 

Cette  longue  eiucubration  a  dfi  faire  penser  souvent  au 
lecteur  quMl  serait  temps  que  j'arrivasse  au  deluge;  mais 
je  ne  m*y  arreterais  pas,  si  je  Pavate  dans  la  fautateie.  On 
m'etonnerait  peu  du  moins  en  m^apprenant  qu^llve  premiere 
eOt^ntendu  paricr  de  Pemandpation  de  la  femme  dans  le 
paradis  terrestre.  La  Gen^se  lui  donne  \k  un  interlocuteur 
qui  etait  de  son  metier  un  philosoplie  tres-subtil,  et  qui  se- 
rait fort  capable  de  lui  en  avoir  touche  qudques  mots. 

Cliarles  NoDIER,  de  PAcademle  Fran^iae. 

FEMMEUSni'JBtdiminutifde/emme.teime  de  de- 
dain,  par  lequd  on  desigiie  cdle  qu*on  pent  dire  ^iminie, 
Cette  epithete  s^adresse  encore  figurement  k  Plionune  faible 
et  sans  energie  :  beaucoup  dMiommes  k  cet  eganl  peuveot 
etre  traites  de  femmelettes  {voyez  Cffj^hination). 

FEMMES  ( Education  des).  Un  mdange  fort  extraor« 
dfaiaire  d'amonr  et  dlndifierence,  d^bommages  et  de  de- 
ddns,  s*est  attacbe  pendant  bien  longtemps  en  France 
au  sort  de  U  femme.  A  la  voir  dans  son  bet  Age  un  objd 
d'adoralion,  ne  s^etonne-t-on  iias  du  pen  de  soin  que 
semblaient  meriter  les  premieres  annees  de  son  existence? 
L*education  donnee  aux  filles  de])uls  des  siteles  ferdt 
ccoire  que  jusqu*id  Tenlance  et  la  vieillesse  ne  comp- 
taient  pas  dans  la  vie  d'une  moitie  du  genre  bumdn.  Sans 
doute,  kla  naissance  de  la  societe,  et  loe^  dans  le  moyen 
lige ,  quand  le  premier  merite  d'un  komme  etdt  la  force  d 
la  vaillance,  il  etdt  natnrd  que  le  r61e  de  la  femme  se  re- 
duislt  k  plaire  tant  qu*elle  etdt  belle  ,et  I  mettre  au  moode, 
si  son  bonlieur  Ic  vouldt,  dea  enlants  ausd  foitS|  ausd  va- 


FEMMES 

leureia  qaelenrp^;  mais  quandlesprof^rte  de  la  ctyiliM- 
Gon  earent  f^  acqo^rir  k  l*inleUigence  sa  juste  snp^orite 
tor  let  iTantages  physiques ,  comment  s'est-oa  obstin^  k 
priver  la  jeune  fiUe  d^ane  dJncatioii  qai  la  rendtt  propre  aux 
emplols  que  lui  destioait  la  nature?  Ci?tte  jeone  fille ,  mari^ 
et  deTenne  mhn^  n*est-elle  pas  appel6e  k  r^  one  maison, 
k  malntcnir  oa  crfor  une  fortune ,  k  gouverner  une  famillei 
et  sartout  k  grarer  sur  la  molle  substance  du  cerveau  de  son 
fib  ees  premieres  idies,  ces  premieres  connaissaaces,  qui  ne 
s'eOacent  jamais  et  devienuent  la  base  de  touto  intdlig^ce 
hnmainef  Pour  ^clairer,  il  faut  des  Iumi6res;  pour  ensei- 
gper,  n  faut  saToir ;  et  que  sataiciit  les  femmes  aux  ^po- 
qoes  doDt  je  parle?  Lea  plus  habilea  cousaient  proprement, 
danisaient  ou  faisaient  on  peu  de  musique. 

Ftodon  Itat  le  premier  dont  TAme  tendres*6nut  utilement 
en  hweat  de  oe  pauvre  sexe.  H  didgna  rev^tir  de  son  doux  et 
beau  iangisge  des  idto  Civorables,  d^  avis  propices  k  Viduca^ 
tion  des  filles.  ■  Je  n^expUqiierai  pas  ici,  dit-il,  toot  ce  queles 
femmes  dolTentsaToir  pour  I'Mucation  de  leursenfants,  parce 
que  ce  m^o^oire  leur  fera  sentir  T^tendue  des  connaissances 
qull  foodrait  qo^eDeseussent »  N6anmoins,  il  veot  que  toules 
les  filles  apprennent^  ^crire  correctement  leur  iangue ;  pour 
eelles  des. classes  ^levto,  11  insiste  sur  rarithm<iUque,  sur 
les  principales  regies  de  la  Justice ;  par  exemple,  il  yeut  qu'elles 
eonoaissent  la  difference  gu^U  y  a  entre  un  testament  et 
Hne  donation  t  ee  que  c'estqu*un  contrail  un  portage 
entre  co-A^fi/iers, etc.,  eic^,  en  un  mot  le  Code  Civil.  11 
va  m&me  jusqu^k  conseiller  f^tude  du  latin ,  afm  qu^elles 
eoroprennent  leurs  priires,  et  parce  que  cette  Iangue  ofTre 
des  beauts  de  discours  plus  parfaites  et  plus  solides  que  les 
auUes  laiguee.  Toutefois,  quels  que  fusscnt  le  charme  et 
la  persuasion  qui  s*attachaieot  aux  Merits  do  chantre  de  TiU- 
tnoque^  longtemps  encore  aprte  lui,  beaucoup  de  du- 
chesses ^rivaient  sans  meltre  un  mot  d'orthographe ,  et  pas 
one  serirante  ue  savait  lire.  Je  sais  bien  que  I'on  peut  citer 
onedouzaine  de  femmes  qui  dans  le  grand  siMe,  si  disUngui 
en  toutes  cboses»  se  distinguaientelles-m^mes  par  le  charme 
de  leur  entretien  et  par  un  talent  ^pistolaire  qui  devait,  ii 
ienr  insu,  (aire  passer  leurs  noms  Jusqu'^  nous.  Servies  par 
lei  ciroonstances,  mesdames  de  S^vign^,  de  Lafayette,  de 
Mainteooa  et  quelques  aotres ,  out  fait  leur  Mucation  dans 
cctte  oour,  dans  ce  monde  ^  tout  remplis  dliommes  et  de 
de  talents  sup^eors ;  mais,  outre  quil  Eaudrait  les  avoir 
connoet  penonnellenient  pour  les  juger  en  leur  quality  de 
femmes ,  on  ne  peuit  se  former  ainsi  soi-m6ine  et  triomplier 
aossi  Tktorieusement  du  difaut  d*instniction  premiere 
sans  avoir  re^u  de  la  nature  des  dons  qui  malbeureusement 
sont  relbs^  k  la  plopart  des  humains. 

Depola  la  r^voiution,  il  faut  en  convenir,  les  parents  se 
sont  beaucoup  phis  occuptte  de  T^ucation  de  leurs  filles 
qu'ila  neleftisaient  autrefois.  Soit  que  les  fortunes  restreintes 
aiest  iait  chereher  desjouissances  et  des  occupations  au  sein 
de  la  Csmllley  soit  que  les  Jeunes  personnes  elles-m^mes 
aient  aeoti  quMl  n'^tait  plus  temps  de  ne  jooer.  dans  le  monde 
que  lo  rdte  d^une  Joliepoupde,  un  grand  nombre  de  femmes 
malntenant  possMent  des  talents  et  des  connaissances  pro- 
pres  k  les  fdre  briller  dans  le  monde ;  mais  ce  qu*^  I'avenir 
il  lautsurtout  tenter  pour  les  filles,  c^estde  leur  donner  Fins- 
truction  qui  lepr  est  n^cessaire  pour  inlervenir  uUlement 
dans  ce  qui  tonche  les  int^r^ts  de  leurs  maris.  Ces  avantages 
soot  trte-loin  de  poovoir  conduire  une  femme  k  n^gligerses 
premiers  devoirs;  elle  les  remplira  d'autant  mieux  au  con- 
tfoln  qo*eUe  appr^ciera  plus  juslemeot  leur  valeur  et  sa  v6« 
rjUUe  posttion  ^ociale. 

On  aeot  bien  qu*en  demandant  pour  les  jeunes  filles  une 
MsMatieiiplos  forte  qoe  celle  qu^elles  reQoivent  malntenant, 
oa  ne  pretend  pas  tes  Clever  pour  qu*elles  devienuent  des 
littteteurs  oo  des  artistes.  L'observation ,  aussi  bien  que 
I'exp^rieDoe ,  proo  ve  asses  que  jamais ,  dans  aucune  carri6re 
ooverte  an  talent^  ies  femmes  n*#gaIeront  les  hommes.  Leur 
constitution  ne  serait  pas  aussi  falble,  les  vives  Amotions 
qpi'eidtent  en  eUes  des  sentiments  de  mflle  natures  ne  ren- 


835 


draient  pas  leur  esprit  aussi  d^ndantde  leureoeur,  qu*elles 
n*en  poss^eraientp^  davantiige.  je  crois^ cette  continuiU 
d^attention  que  ]ftuffon  ap{(elait  le  g^ie  ."Dieo  n'a  pu  le 
vouloir  qiiand  il  les.  a  cr^ta  pour  6tre  les  compagnes  de 
i*homme  ^t  pour  Clever  les  enbnts,puisquele  gteie  absorbe 
r6tre  qull  favorise  dans  une  spteialit^  noisible  k  toote  autre 
mission.  C*est  en  vain  qn'on  pourrait  citer  le  grand  nombre 
deitounesqui,  depuisquelquesannte  surtout,  ontsu  se  laire 
une  ressource  honorable  de  leiir  plume  ou  de  leur  pinceau. 
On  ne  peut  attribuer  cette  partlcularite  qu^aux  maiheors  des 
temps ,  qui  ^  booleversant  les  fortunes,  ont  oblige  beaucoup 
d'entre  elles  k  trbuver  de^  moyens  de  subsister.  Que  Ton  in* 
terrogeles  fbmmesqof  vivent  de  leurs  telents,  la  phipart  di- 
ront  comblen  il  leur  en  a  cofit6  pour  rendre  leur  uom  pu- 
blic^ pour  exposer  aux  traits  d^une  critique,  trop  soovent 
incohvenante,  upe  vie  destine  au  calme  et  aux  jooissanoes 
de  rint^rieur  ;que  s*ilenexiste  une  oo  deux  sur  la  multitude 
qui  se  sentent  r^lement  appeldes  k  devenir  auteurs,  c*est 
une  exception  qui  n'infirme  en  rien  la  r^le  g^ndrale.  Libre 
de  choisir  sa  destin^e,  sa  nature  fr6le,  I'esprit  de  r^rve 
et  de  timidity  qui  caractdriseiit  une  femme,  la  porteront 
toujours  de  preference  k  remplir  les  doux  et  nobles  devoirs 
anxqueU  I'appeUe  son  instinct ,  plutdt  qvl'k  s*^ancer  vers 
un  but  ot  les  hommes  la  devanceront  toujours. 

Toutefois «  de  ce  queles  jeunes  filles  ne  sont  point  appe« 
1^  k  devenir  meuibres  des  acaditoies ,  il  ne  s'ensnit  pas 
qu'on  doive  les  priver  d*uiie  MucaUon  forte  sous  le  rapport 
du  moral ,  et  d^une  instrucUon  aussi  ^tendue  que  le  com- 
porte  le  degr^  dMntelligence  de  chacune.  «  Comma  cr^ture 
intelligente,  la  femme  n^est  pas  diffiirente  de  Thomme,  a  dit 
M**"  de  R^musat.  Elle  pos&Mesans  doute&un  moindre  de- 
gr4  les  mtoxes  facuUis,  mais  die  les  posside ;  et  c'cst  assei 
pour  qu^dle  m^rite  qu^on  lesexerce  :  leur  nature  ^tant  com- 
mune, leurloi  doit  6tre  la  mtoie.  L*6ducation  de  la  femme, 
pourvue  par  la  nature  des  mfimesmoyensque  lliomme  pour 
connaltre  et  remplir  les  conditions  deson  existence,  ne  doit 
pas  difC^rer  essentiellement  de  cdle  de  l*homme,  du  moins 
quant  aux  principes.  En  sa  quality  d'etre  dou^  de  raison , 
d'etre  moral  et  libre ,  parce  quH  est  raisonnable,  son  Ques- 
tion, si  elle  est  raisonnable  aussi,  ne  peut  que  vouloir  se 
conformcr  k  sa  nature,  en  assurantsa  morality  par  I'empire 
de  sa  raison  Rur  la  liberty.  • 

Le  sort  dels  femme ,  d^ailtcurs ,  quolqne  dependant  sous 
phisieurs  rapports,  est  loin  d'ofTrir  lldte  de  i'esclavage.  On 
voit  au  contraire  que  dans  un  manage  Fempirese  trouve  tout 
naturellement  partag4.  La  mire  de  famille  ^l^ve  ses  enfants, 
conduit  la  mai$on,gouverne  etdirigelesdomesUques,  sou- 
vent  mtoie  elle  dispose  de  la  fortune ,  oo  poor  le  moins  elle 
est  consults  sor  la  mani^re  d'en  disposer.  Tons  ces  devoirs 
A  remplir  ne  sont-ils  pas  assez  importants?  N*exigent-ils  pas 
un  fonds  de  raison ,  de  lumi^res  et  de  connaissances  trte- 
rares ,  et-qui  s'acquiert  difficilementf  C*est  vers  Taccomplls- 
sement  de  ces  devoirs  quil  tkui  diriger  touto  I'^ducation 
d*une  fille;  car  de  \k  naltra  pour  sa  jeunesse  du  bonheur, 
de  la  consideration ,  et  pour  ses  vieux  jours  la  satisfaction 
d'avoir  bien  v^cu.  Le  plus  grand  soin  d'une  mire  seradlns^ 
pirer  k  sa  fille  raversion  d'une  mauvaise  conduite.  La  vertu 
est  le  premier  element  du  bonheur  d'une  femme;  oo  ne  sau- 
rait  trop  le  lul  r^p^ter  en  s'appuyant  des  exemples  qu*of- 
fre  k  cliaque  instant  la  societe.  Mais  de  ce  que  la  vertu 
ameiiore  prodigieusement  la  situation  d*une  Gunme  dans 
son  manage  aussi  bien  que  dans  la  society ,  il  ne  s*ensait  pas 
qu'elle  la  dispense  des  autrcs  devoirs  qu*elle  est  appel6e  k 
remplir  dans  la  communaute  qu'eublit  le  marlage.  D^  son 
plus  jeune  Age,  il  tet  bon  qu^elle  soit  penetr^e  de  lld^e  qoe 
femploi  de  tenir  une  malson  est  one  des  aflaires  les  plus 
importantes  de  sa  vie.  Ne  lui  laites  pas  de  longs  discours 
sur  ce  sujet ;  montrcx-luiavec  une  grande  Evidence  les  avan* 
tages  qui  r^sultent  pour  voos,  pour  votre  marl,  pour  vos  en^ 
rants,  d^une  pratique  constantede  rordre  et  de  reconomie. 
Cbargez-la  de  tris-bonne  heore  du  soin  de  voos  aider  dans 
quelques  details  du  manage.  Mille  occasions  se  prtenteront 


836 

toat  natureUemeDt  de  Ini  faire  seatircombien  Tonscontri- 
boa  au  bien<4tn9,  k  raisanoede  la  famille,  et  lai  donnerunt 
le  dMt  de  ▼cms  imiter;  car  beauooap  de  fenimes  ne  Dili- 
gent les  devoin  de  oe  genre  qne  fante  d*en  aToir  recounu 
Umte  rimportance ,  que  faute  de  ponvoir  apprMer  an  juste 
le  tort  de  celles  qui  a'en  dispensent  et  le  mi^rite  de  celles  qui 
les  remplisaent  « 

La  premito  habitude  quMl  conTient  de  donner  k  une  fille 
est  odle  de  riTre  toujonrs  occnpte  :  c'est  oonunun^meot 
de  ToiiiTet^  que  naissent  les  erreurs ,  les  torts,  et  par  suite 
le  malbeor  des  femmes.  L*ennui  est  une  si  cruelle  chose 
que  pour  s*en  d^vrer  tout  semble  bon ,  tontsemble  bieni^ 
ceuxquir4>rouTent :  cequi  explique  fori  nahireliementcom- 
nient  tant  de  paovres  femmes,  qui  ne  sayent  que  blre  des 
heures  de  leurs  joum^es,  ont  reconrs  k  la  galanterie,  an  jeo, 
k  des  d^tpenses  effrteto.  Mais,  poor  mettre  les  fllles  k  Tabri 
de  i'ennui,  gard«»-Tous  de  compter  aTant  tout  snr  les  talents 
agrtebles.  D*abord ,  parce  qu'il  est  douteux  qu'nne  jeone 
personne  en  aoqui^re  qui  soieot  assez  perfecUonn^  poor 
qu*elleneles  abandonnepas  le  Jour  de  son  maiiage ;  ensuite 
les  talents  d'une  femme,  comme  sa  beauts,  n'ontqu'un 
temps,  pass^  lequel  la  musique  et  la  danse ,  par  exemple, 
ne  sont  plus  d*aucune  ressource.  Or,  il  fant  Clever  une 
femme  pour  son  flge  roOi  et  sa  Tieillesse  aussi  bien  que  pour 
son  jeune  ^e.  Cest  done  prindpalement  des  occupations 
GonTenables  k  toutes  les  ^poques  de  la  vie ,  et  surtout  de 
celles  qui  n*exigent  point  le  secoors  du  monde,  qu*il  faut 
inspirer  le  go<lt4  une  jeune  &lt.  Dece  nombre  sont  le  tra- 
Tail  k  Taiguille  et  la  lecture.  Le  goAt  dn  travail  k  ralguille 
est,  pour  ainsi  dire,  inn^  dans  la  femme ;  toute  petite  encore, 
son  principal  amusement  est  de  coodre  les  vdtements  de  sa 
poop^  Serrea-Tous  de  ce  penchant  pour  la  rendre  habile  k 
toos  les  ooTrages  d'agr^ment  comme  k  tons  les  ouvrages 
utiles;  en  un  mot,  qu'elle  polsse  tout  faire  elle-meme dans 
Toccasion.  Pour  moi,  Je  ne  sals  rien  qui  me  plaise  plus  k 
Toir  qn'une  Jeune  et  jolie  femme  travaillant  aux  habits 
de  ses  enfants.  Quant  k  la  lecture,  comme  elle  est  la  source 
de  toutes  Dosoonnaiftsances,  que  nous  lui  devons  led^ve- 
loppement  de  notre  esprit,  i^^tendue  de  notre  Jugement,  il 
eel  bien  inutile  dlnsister  sur  Tavantage  qui  rteulte  pour  nne 
jeune  fllle  d*aimer  k  lire.  S'll  lui  rcste  du  temps ,  nous  aime- 
rions  k  lot  Toir  apprendre  le  latin,  quelque  langue  vivante, 
des  notions  de  quelques  sciences  utiles;  comme  il  faut  k 
r^tode  quelques  d^lasseipenU,  nous  aimerions  mieox  la  Toir 
dessiner  que  chanter.  Nous  voudrions  qu*on  lliabituAt  k  la 
discretion  en  Ini  confiant  quelques  petits  secrets.  II  faudrait 
aussi  Ini  prteher  la  douceur,  la  bont^;  Texercer  enfin  ii  la 
Menfaisance. 

Un  point  sur  lequel  il  est  plus  facile  de  se  faire  ^oter, 
c*est  I'article  de  In  toilette,  et  k  Di&i  ne  plaise  que  j'en 
fasse  un  reproclie  k  notre  sexe!  II  est  bien  qu*une  femme 
annonce  en  elle  par  sa  toilette  le  soin  et  la  propret^.  On 
dolt  done  accoutuiner  de  trte-bonne  beure  une  fille  k  ne 
point  saliret  d^cliirerses  vfitements,  ainsi  qu'a  se  mettre 
avec  goAt ;  bien  entendu  que  par  ce  mot  on  comprend  qu'elle 
se  meltra  simplement,  la  simplicity  d^une  toilette  <^tant  de 
reicgance.  Faltes  qu'une  propret^  recliercli^  r&gne  toujours, 
Don-seolement  snr  sa  personne,  mais  encore  autour  d*elle, 
en  lui  faisaut  prendre  Hiabitude  de  serrcr,  de  ranger  k  leur 
place  ses  llvres,  tous  ses  effets  d^  quVlle  s^en  sera  senrie  : 
l*appBitement  d*une  femme  ne  doit  jamais  offtir  I'aspect 
du  il<^rdre,  encore  bien  moins  celui  de  la  nialproprcU^. 
All  n*ste,  cette  partie  de  TMucatlon  des  filles  est  celle  qui 
pnl<ente  le  plus  dc  facility  :  Tordre,  la  propretd,  et,  puis- 
qu*il  faut  en  convenlr,  la  eoguetterie,  sont,  pour  ainsi 
dire,  innte  clicx  la  plupart  d'entre  elles;  il  ne  s*agit  done 
que  de  s'aider  de  leurs  iMmclianU  natui'els,  et  m£me  d*em* 
p6clier  souTent  qu*ils  ne  les  entratnent  trop  loin. 

F^nelon  dit  que  Ton  doit  consld^rer  dans  Tedncation 
d*uue  Jeune  fllk  sa  condition ,  les  licux  ou  elle  doit  pas^ 
ser  sa  vie,  el  la  profession  gu'elle  embrassera  selon  les 
apparenees.  Sans  doiite,  il  parte  de  profession  parce  qu*il 


FEMMES  —  FfiMUR 


▼ivait  dans  un  temps  oil  beaoconp  de  filles  ^talent  desU- 
nte  k  dcTenir  religieuses.  Quant  k  la  condition,  il  est 
certain  qn^aujourdliui  encore  pour  une  fille  destinte,  seloi 
les  apparenees,  k  ^ponser  nn  jour  un  mardiand,  U  eit 
dMrable  que  Pen  snpprime  toos  les  talents  d'agntaMot; 
qal^k  Texception  de  la  lecture,  qui  lui  sera  d'une  InuMoss 
ressource  dans  un  comptoir,  son  instruction  se  r6dulte  k 
6ex\n  parfaitement,  et  k  savoir  compter  aussi  Men  que  son 
mari,  afin  de  le  seconder  dans  son  commerce,  et  de  m^ 
riter  sa  confiance  et  sa  oonsidtetion  en  Taidant  k  Aire 
sa  fortune.  Mais  quant  k  ce  que  ilons  appellerans  rAfuco- 
tion  morale,  comme  Je  ne  sacbe  pas  de  condition  qui  dis- 
pense une  femme  d*<)tre  douce,  sage,  discrete,  tenome, 
et  d*aimer  le  travail,  Je  pense  qu'elle  doit  Aire  absohmient 
la  mAme  dans  toute  les  classes  de  la  soddUS,  attendu  que 
dans  aucnne  \\  n'est  pas  indilli&rent  pour  une  femme  d'acqu^- 
rir  I'tfstime  de  ceoi  qui  I'entourent  et  de  Tine  contents 
d'elle-mAme. 

Quant  k  cette  classe  si  intiressante  dans  laqudle  rhomme 
doit  diaque  Jour  au  travail  de  ses  bras  son  pain ,  celul  de 
sa  femme  et  de  ses  enfants ,  II  est  bien  rare  que  les  femmes 
n'y  travaillent  point  aussi  du  matin  au  soir  pour  ijooter  k 
la  petite  aisance  de  la  flunille,  et  que  par  suite  les  filles, 
grAce  aux  Monies  primaires,  n*y  resolvent  pas  I'Mucation 
publique.  Cest  done  au  gouvemement  et  A  ses  agents 
qu'il  appartient  de  s'occuper  sans  relAche  dn  soin  de  porter 
les  Scales  primaires  k  leor  plus  haut  degri  de  perfec- 
tion, en  n^admettant  dans  ces  ^blissements  poor  instito- 
teurs  et  pour  maltres  que  des  personnes  dont  les  roorars 
soient  irr^prochables  et  Tinstniction  solide;  en  foumissant 
des  livres  propres  k  d^velopper  rintdligence  humaine,  tout 
en  respirant  la  morale  la  plus  pure.  Ces  livres  sont  bien 
difBdIes  k  fiure ;  car  11  faut  k  la  fois  qulls  amusent  et  qulb 
ne  puissent  Jeter  dans  I'esprit  des  enfants  que  les  idte  les 
plus  Justes,  les  plus  honnfttes  et  surtout  les  plus  claires.  Ce  sont 
les  toivains  du  plus  grand  m^te  et  du  plus  grand  talent 
qui  devraient  les  toire.  M»«  nn  Bawb. 

FEMMES  (£dit  des).  Voyes  £orr,  tome  Yfll,  p.  37S. 

FEMMES  MAllINESy  pure  creation  de  IHmaf^nation 
des  poetes  et  des  voyageurs,  qui,  pen  avanete  en  faistoire 
natiirdle,  ont  cm  voir  des  hommes  oy  des  femmes  aquatiqoes 
U  06 11  n'y  avaitque  des  lamantins,  des  dngongs  et  d'antres 
anlmaux  marina  ( voyez  StbAiies). 

FEMMES  PUBLIQUES.  Voyes  Paosmnmoif. 

F£MUR.  L*os  de  la  cuisse,  ainsi  nomm^  par  les  ana- 
tomistes,  est  toujours  unique  dans  toutes  les  dasses  d^ani- 
maux.  Dans  lliomme,  le  f^ur,  le  plus  long  de  tous  les 
OS,  est  presqne  cylindrique,  l^^remeot  arqo^  en  dedans  et 
en  dehors.  Son  extr^mit^  supMenre  offre  trois  Eminences, 
dont  la  plus  d^tach^e  porte  le  nom  de  tile  et  8*articule 
avec  la  hanche,  en  p^n^ant  dans  la  cavity  cot  y I oide, 
oA  die  est  malnteuue  |iar  un  ligament  capsulaire  qui  vient 
de  tout  le  poortour  de  la  cavity,  et  qui  s*ins^  autour  du 
col  et  de  la  tAte  du  ftoiur.  II  y  a*  en  outre  dans  TartSoila- 
tion  nn  ligament  rond,  qui  natt  dans  la  petite  fosselte  de 
la  cavity  cotylo'ide ,  et  qui  s'attache  dans  un  enfoooement 
de  la  tAte.  Les  deux  autres  Eminences  donnent  attache  k 
des  muscles  nombreux  et  puissants,  et  portent  le  nom  de 
petit  et  de  grand  trochanter,  L'extr^itA  infArienre  de 
Tos  prAsente  infArieurement  une  large  surface  qui  s*articnle 
avecle  tibia  et  la  rotule  pour  fonnerle  gen  ou.  Comme 
tous  les  OS  longs,  le  fAmur  est  formA  extArfeurement  par 
une  substance  compacte ;  cdle  desextrAmltAs  est  spongieose, 
tandis  que  cdle  qui  forme  les  parois  du  canal  central  de 
ros  est  dite  riticulaire, 

Dans  les  mammifAres,  la  forme  do  fAmur  varie  on  peo; 
mais  sa  proportion  avec  les  autres  parties  du  roemj>re  abdo- 
minal dAfiend  en  gAnAral  de  cdle  du  mAtatarse.  Clies  les 
ruminants  et  les  sdipAdes,  par  exemple,  il  est  sa  eoort  qn*il 
se  trouve  comme  cachA  dans  Tahdomen  par  -les  diair^ ; 
c^est  ce  qui  fait  qu*on  nomme  vulgpirement  cuisse^  dans 
ces  animaux,  la  partie  qui  correspond  rAdlement  k  la  jamU. 


Fl^MUR  —  F^NELON 


lyaillenn^  dans  oette  dasse,  tt  n'est  point  arqn^;  son  coo 
esl  ansfli  plus  court  el  plus  perpendiculaire  k  Taxe  que 
dana  l*tiomme.  Dans  lea  singes,  U  eat  absolument  cylindri- 
que,  et  si  court  dans  ie  ptioque  que  aes  deax  extrimiMs 
articolairea  sont  plus  de  la  moUl^  do  sa  longueur.  Dans  les 
oiseauxy  fl  n*aqu*un  seul  trochanter.  Sa  forme  est  cylin- 
driqoe,  aa  longueur  minime  en  proportion  des  os  de  la 
jambe;  dans  rautrucbe,  ii  esttr^ros  oomparatiTement 
k  I'oa  du  bras,  car  cet  oiseau  eat  destine  k  marcher  plutAt 
qn'^Toler.  Dans  lea  reptiles,  ii  ressemble  beaucoup  icelni 
des  animaux  Tivipares.  Lea  tortoes  ont  des  trochanters  trte- 
prononc6a;  les  Iterda  et  lea  grenouiiles  n'en  ont  pas.  Dans 
Jes  inaectea,  la  nature  et  T^tendue  du  mouvement  de  la 
cuisse  paraissent  avoir  d^termin^  aes  formes.  Les  iosectes 
qui  roarclient  beauooup  et  qui  TOlent  peu,  comme  les  ca- 
labes,  lea  cicind^ea,  ont  deux  toineoces  ou  trochanters 
i  la  base  du  fteur.  Chcx  oeox  qui  ont  besom  de  muscles 
forts  pour  sauter,  la  cuisse  est  ^paisse  et  souTent  alloog^, 
oomme  dans  les  sauterelles,  1m  altises,  les  puces,  etc. 
Dana  ceiix  qui  fouissent  la  terre ,  et  chez  lesquels  la  cuisse 
dolt  op^rer  un  fort  mouTement,  elle  porte  nne  focette  arti- 
cuiaire  qui  correspond  an  plat  de  la  hanche  sur  laquelle 
elle  appuie. 

L^adjectif /^morcU  Tent  dire  qui  a  rapport  au  fimur ; 
il  eat  synonyme  decrural,  ets'appliqne  k  un  grand  nom- 
bre  des  parties  qui  entrent  dana  la  composition  de  la  cuisse. 

fi.  Clebmokt. 
FENAISON 9  saison  oh  Ton  coupe  les  fo ins.  Ge  mot 
a'appUque  surtout  k  renaemble  des  tra?aux  pour  la  r^colta 
des  Ibms :  II  coroprend  done  le  fauchage,  le  fan  age, 
Tentr^  ao  fenil  on  la  mise  en  meule. 

FENDERIE)  m6:aniame  au  moyen  duquci  on  dirise  en 
petites  barres  des  bandes  de  fer  rMuites  pr^abiement  k 
r^Missenr  des  barres  que  I'on  Tent  eo  tirer,  dans  les  forges 
de  TAngleterre  et  dans  cellea  du  conthient  que  Ton  a  mon- 
tte  k  Vanglaise;  ce  m^canisme  sert  malntenant  k  fa^onner 
le  fer  en  barres  de  toutes  les  dUnensions  et  de  toutes  les 
fohnea  demandtes  par  le  commerce,  line  fonderie  se  com- 
poae  ordinairement  de  deux  systtoes  de  couteaux  circu- 
laires  mont^  sor  des  arbrea  en  fonte  et  s^par^s  par  des 
rondeUes  de  mtme  ^aisseur,  mais  d'un  plus  petit  diam^ 
Ire.  Le  fer  fondu  est  surtout  employ^  poor  les  besoins  de  la 
douterie. 

FEXELON  (FHAHfOiS  db  SALfGNAC  ob  LAMOTHE), 
naqmt  en  1651,  an  cbAteau  deF^elon,  en  Pirigord.  II  passa 
scs  premises  annte  dans  la  maison  de  son  p6re.  Ag6  de 
douzeans,  il  entra  k  runiversit^  de  Cabors,  oh  il  prit  ses 
degr^,  et  d*oh  il  passa  an  coll^  du  Plessis ,  dont  il  devmt 
bjentdt  romement  Comme  Bossuet,  il  prteha,  k  TAge  de 
qaiue  ana,  decant  nne  illustre  assemble,  et  Tenfant  tra- 
Tcna  heureosementcette  ^preuve ,  moins  dangereuse  encore 
par  dle-ffltoe  que  par  les  applaudisseroenis  quMl  deTait  en 
lecoeillir.  L*abb6  Olier  ayait  fond^  I'asile  de  Salnt-Sulpice , 
qoe  dirigeait  alors  son  successeur ,  Pabb^  Tronson  :  ce  fut 
U  que  le  jeune  F^nelon  se  retira  pour  mArir  sa  penste  et 
dif^r  son  Ame  de  ce  monde  qui  I'appelait  La  confiance  de 
I'arcbeT^ue  de  Paris,  M.  de  Harlay,  I'appela  k  la  direc- 
tioD  des  nouoelles  catholiques ,  communaut^  r6cemment 
iostitute  ponr  les  femmes  de  la  religion  r^formde  qui  em- 
bnssilent  le  catboliclsme.  II  lui  Tallut  alors  entrer  dans  la 
Toiede  oes  devoirs  aust^res  de  la  prdtiqne  sacerdotale,  et 
oe  ne  fut  pas  peut-6tre  sans  serrement  de  coeur  et  sans 
m^rite  aox  yeux  de  Dieu  qu*il  devint  Thnmble  oonfesseur  de 
ces  paavres  fiUea.  Dix  ans  il  en  remplit  les  fonctions ,  et  ce 
ftit  poor  loi  r^poque  de  Texp^rience ,  de  I'^tude  de  Tftme  et 
de  la  vie  positive ;  ce  fut  aossl  celle  de  ses  premiers  travaux 
littMrea. 

A  ce  tempa  de  aa  jeunesse  remonte  le  commencement  de 
Ks  fiaisons  intimes  avec  Bossuet,  plus  flg^  que  lui,  et  qui 
hma  prMd^  dans  la  gloire.  F^nelon  s'attaclia  k  Torateur 
i(l  cd6bre  avec  un  abandon  et  une  enti^re  abdication  delui- 
).  Cede  liaison  fut  longue,  et  Ton  sail  les  circoustancea 

MCT.  DB  LA  CO:ffEMJi*  —  T.  IX. 


837 

anxquelles  il  fanten  atfaribuer  la  rupture.  Le  due  de  Bean* 
villiers  fht  ^galement  du  nombre  des  amis  qoe  cultiva 
F^nelon  k  cette  premiere  p^riode  de  sa  vie  :  ce  fut  pour 
M™*de  Beauvilliers,  m^re  chr6tienned'one  nombreose  famille, 
qu'il  compose  leimU  dePJiducation  des  Filles^  livred'un 
sens  si  droit,  d'une  observation  si  fine,  d^e  unagination 
si  delicate ,  mais  en  mAme  temps  si  contenue.  Dans  cette  vie 
obscure  ei  presque  ignor^e ,  il  soivut  avec  courage  et  Cons- 
tance ces  etudes  s^v^res  qui  font  le  pr6tie  Eminent.  Aprte 
avoir  compost  nne  rtf  utation  de  Malebranche,  dont  le  ma- 
nnscrit  est  perdu,  refutation  d'autant  ploa  ^ergique  que  le 
critique  ^it  ploa  vivement  Impressionn^  par  le  spiritoa* 
lisme  thdosophique  de  la  Recherche  de  la  viriU,  F^nelon 
terivit  le  traits  Du  Minist^e  des  Pasteurs.  Ainsi  que  le 
fait  remarquer  M.  de  Bansset,  en  se  reportant  anx  confe- 
rences de  Bossuet  avec  le  ministre  Claude,  sur  la  mati^ 
de  l^Iise,  les  deux  antagonistes  avaient  pam  convenir 
eux-m^mes  que  toutes  les  questions  qui  les  divisaient  de- 
vaientse  rallier  n^cessairementk  cette  question  fondamentale. 
Bossuet  avait  indiqud  les  caract^res  qui  pouvaient  faire  re- 
connaltre  dans  r£glise  romaine  le  nom  et  raotoritd  de  la 
v^table  £glise ;  ce  fot  la  mtoie  question  que  F^nelon  s'ef- 
for^  de  produire  sous  on  point  de  voe  plus  pratique  et  plus 
populaire. 

Ce  livre  le  prepare  k  la  t&che  la  plus  importante  de  sa 
vie  :  il  Alt  d^ign^  au  rot  et  nomm^  par  lui  missionnaire  dans 
le Poitou.  Louis  XIV venaitder^voquerr^dl t de Nante s; 
il  avait  viol^,  dans  on  int^rftt  qoll  croyait  6tre  celui  de  la 
religion ,  des  engagements  sacr^  pris  par  le  roi  son  aieul,  et 
que  ses  serments  sanctionnalent  en  m6me  temps  que  la  bonne 
politique.  Les  populations  de  la  Saintonge  et  du  Poitou  s*a- 
gitaient;  etce  fut  pour  cahner  <^te  irritation  et  pour  faire 
contre-poids  aux  dragonnades  que  la  conr  se d^da k 
envoyer  dans  ces  malhenreuses  provinces  quelques  pienx  et 
savants  ecddsiastiques,  ao  premier  rang  desqueU  ^tait  F^ne- 
lon.  II  porta  dans  ces  p^nibles  fonctions  one  telle  charity , 
une  telle  prudence ,  que  ses  paroles  furent  accneillies  avec 
confiance  et  finirent  bient6t  par  Ihictifier.  La  persuasion  sue- 
c^da  k  la  terreiir ;  on  eut  dans  les  ^lises  catholiques  autre 
chose  quo  des  troupeaux  d*esclaves  et  d*hypocrites.  «  Sl- 
Ton  voulait,  ^crivait  k  cette  ^poqne  Fdndon  k  Bossuet, 
fUre  k  ces  hommes  abjurer  le  christianisme  et  sui?re  TAl- 
coran ,  11  n*y  aurait  qu*k  leor  montrer  des  dragons;  ils  ont 
tdlementviol^,  par  leurs  perjures,  les  choses  les  plus  saintes 
quMl  reste  peu  de  marques  auxqudles  on  pnisse  recon- 
naltre  ceux  qui  sont  sinc^res  dans  leur  conversion.  H 
n*y  a  qa^k  prior  Dieu  pooreox  et  qu*^  ne  se  rebuter  point  de  les 
instruire. »  Fidde  k  Tespritde  prudence  etde  chants,  F^nelon 
portait  la  condescendance  Jusqu'^  accommoder  les  formes 
exhSrieures  et  libres  do  catboliclsme  k  la  faiblesse  de  ces  mal* 
heoreux  cat^.hnmtoes  s  c*est  ainsi  quMl  supprima  VAve, 
Maria,  dans  les  sermons  qu'il  pr^cbait  cheque  jour  k  ces 
populations  ignoi  antes  et  fanatisto.  Sa  conduite  lui  attira 
d'am^res  censures ;  mais  les  firufts  de  son  apostolat  furent 
abondants ,  et  U  r^potation  do  missionnaire  grandit  k  la  cour 
et  pr^  du  rol. 

Ce  fut  sous  cette  inspiration  quit  fut  d&dgn^  k  la  con- 
fiance de  Louis  XIY  comme  pr^pteur  du  due  de  B  o  u  r- 
gogne.  Cette  Mucation,  k  laquelle  s'attachaient  tant  d'es- 
p<Srances,  venait  d^6tre  organist  :  le  due  de  Beauvilliers, 
le  plus  honn^  hommede  la  cour,  avait  re^u  du  monarque 
cette  mission  de  confiance,  et  F^ndon  futindiqu^  au  nou- 
veau  gouverneur,  dont  il  ^tait  dej&l'ami,  par  les  motifs  m^mes 
qui  avaient  appdd  sur  lui  ie  choix  do  prince.  Les  abb^  de 
Beaumont  et  de  Fleuri  le  seeond^rent  comme  soos-pr^cep- 
teurs.  II  est  peu  d'actes  de  Louis  XIY  qui  Thonorent  autant 
que  le  dioix  des  hommes  appel^  k  cette  location  :  leur 
nom  jette  sur  ce  r^e  un  reflet  de  dignity  aost^,  qui  re- 
parail  toujours  au  dix-septi^mesitele,  ao  sdn  m6me  des 
plus  fougueox  ^remenis.  On  sent  qu'unfonds  de  morality 
subsiste  dans  c^Ue  society  que  les  sources  de  vie  n^y  sontpaa 
tariea ;  on  respire  je  ne  sals  qod  air  fibre  et  fort  qui  reiu- 

43 


•  »    *ri«  m  ■ 


I 


Bsa 


FENELON 


ph'l  'a  pottrine  et  ^l^e  rime.  Veat-on  ttvoir  eomment  F^ 
nelon  ^tait  appr^d^  dana  une  carri^re  oil  ildevait  reneon- 
trer  tant  d*uaertiiiiie)  qu'on  ^eoiUe  deux  illostres  ^criTains 
eo  qoi  vit  et  respire  le  gdnie  de  cea  temps  qui  nous  aont 
si  strangers  i  «  Varcber^qae  de  Gambniy  dit  le  chancelier 
d'Aguesseao  t  Mi  on  de  eee  boounet  qpk  hoDDient  autant 
iiiumanitd  par  lenrs  Tertos  qnlb  font  houiear  aox  lettret 
par  dee  talenta  supMeort :  ftdle,  briUaot,  doot  lecarae* 
t^re  ^tait  une  imagiiiation  fiteonde ,  gradeose,  domtoante, 
sans  Ciire  sentir  sa  domination.  Lea  giAces  ooulalent  de  see 
I^Tres,  et  U  semUait  traiter  les  grands  anSetft,  pour  ainsi 
dire ,  en  se  jouant ;  lea  plus  petits  s'ennobUss^ent  sous  sa 
plume  9  el  il  eftt  fait  naltre  dea  fleura  du  sein  des  Opines.  • 
Yoid  maintenant  comment  a*6xprtane  le  doc  de  Saint^imon : 
«  II  6tait  dou^  d'une  Aoqoenoe  natorelle ,  douce  d  fleorie , 
d?une  poUte8aeinsinnante,mai8  noble  et  proportionnte;  d'une 
locution  ftcfle,  nette,  agrtoUe,  embeUie  de  cette  dart6 
n^cessaire  pour  se  Diire  entendre  dansles  malices  les  plus 
embarrassta  et  lea  plusabstraites;  avec  cday  un  bomme 
qui  ne  Toolait  jamais  avoir  plus  d*esprit  que  ceux  I  qui  il 
parlait,  qui  se  mettait  k  la  portte  de  chacnny  sans  le  faire 
jamais  sentir,  qui  leanettaitki'aiseetqaisemblaitenchattter; 
de  ra^n  qu^on  ne  pouT^it  le  quitter,  ni  s'en  d^fendre ,  ni 
ne  pas  cbereber  k  le  retroaver. » 

Tons  les  mtooi^.du  temps  attestent  que  le  due  de  Bour- 
gpgne  etait  n^  a?ec  des  dispositions  Tiolentes  et  un  carac- 
t^re  iptraitable :  F^nelon  sut  dompter  cette  nature  dure  at 
hautainesans  briser  le  ressort  deTAiae;  U  contint  tout, 
r^la  tout,  assoupKl  toot  Du  moment  06  U  avait  4AA  appel^ 
k8eG0Bder.M.  de  BomfilUers^  toutes  sea  penstas'^faient 
concentrdea  sur  ces  grayes  de?oira.  On  suit,  pour  ainsi 
parier,  k  la  Irace ,  dani  ses  ouvnyes,  le  progrte  d^.  cette 
Education :  ses  traits  litt^ahresj  ^  r^sum^s  bistoriques  et 
jusqu'^ses  fables  sont  compost  pour  ibss  besoina  de  diaque 
jour,  pour  d^felopper  une  Tertu  naissante,  pour  extirper 
le  genn^  d'nne  quality  dangereuse,  Cette  ^ucation  fut  tout 
expC'rimeniale»  foule  d'observation  e|  de  patience.  V\m^ 
tnicUon  classique  de  T^Uive  r^pondit  it  ce  qu'on  avail  droit 
d'attcndie  d^un  td  prteptenr,  et  ran  nepeut  lire  sans  6ton- 
uement  et  sans  admiration,  les  prescriptions  contenoea  dans 
les  lettres  que  le  pieox  arcbev^ue  adressait  de  Cambrai.aox 
hommes  cstimables  et  savants  cbarg^dele  supple  dansoea 
focdions  dirSciles.  A  la  cour,.Fteelon  consenra  cette  ind^ 
pcndance  4u  caract^  et  de  la  pais^,  plus  commune^  il  faut 
le  tlire,  en  ce  si^  que  dans  le  nOtre»  mtoe  dans  ratmos- 
pli^de  Versailles.  Qu*on  Use  sa  correspondence,  d  digne 
et  si  sens^e,  et  Ton  trouvera  de  nombreoses  preuvea  de 
cette  exquise  ddicatease  et  de  cette  fenDeti&  de  ¥ues  qui  ne 
ll^it  pas  plus  devant  les  prestiges  du  pouvoir  que  devant  , 
les  seductions  de  la  vanity  Ses  rapports  avee  M"**  de  Main* 
tenon  se  maintinrent  toujours  sur  on  pied  parfait  de  noblesse 
et  de  dignity.  Mais  jugeant  avec  s^v^t6  Louis  XIV,  il  ne 
pouvait  manquer  d^  se  preparer  des  disgrftces,  qui  ne  tar- 
d^rent  pas  en  elTel  k  ^prourer  sa  lie. 

M°^  Guyon  avail  public  pludenr$  ouvrages,  donl  un  Cam- 
mentaireiur  le  Cantique  descantiqueSfei  un  Moyencourt 
pour /aire  onOton.  Cette  dame,  jeune  encore,  et  que  la 
inort  de  son  mari  avdt  laias^  veuVe,  aprte  avoir  habits 
le  PidmoDt,  venalt  de  parconrir  lo  Daupbtn^ ,  ob  die  avail 
li<  des  relatktts  d*un  ordre  mystique  avee  pludenrs  eccl^ 
siastlques  ^minents  en  vertu  comme  en  sdence;  son  esprit 
distingoi^,  sa  conversation  abondante  et  inspire,  ses  moeors 
Irrlpiochables,  lui  pr^parkent  k  Paris  «i  aocitdl  d'autant 
plus  fiivoreble  qu*k  odte  ^poque  les  bauts  problknes  de 
llntdHgence^dans  ses  rapports  avec  dle-m4me  et  avec  Dieu, 
^talent  Pobjet  des  mitiitations  gtotales ,  an  sein  de  cette 
socidt^  si  prolond^menl  chniienne  et  en  mtee  temps  si 
pr^  de  ne  Tdtre  plus.  Bossuet  lui-m^me  avail  nou^  avec 
Mn«  Guyon  dea  rdations  suivies;  M»«  de  Maintenon, 
M"**  de  Beanvilliers,  ftrent  accuelll  cette  femme;  Ftoelon 
abonda  dans  le  sens  d*une  spirituality  tendre,  d*un  amour 
d4gag6  de  toute  prfoccupaUon  perBonneUe.  La  doctrine  de 


M*«  Guyun  eftt  pent*Mre  pass^iaapercoe,  comma  unedeees 
opioiooa  librea  d  commonea  ches  les  mysUquea ,  ai  die  ne 
s'4tait  atlach^e  k  fdra  seete  el  k  troobler  Tordre  de  cette 
bi^rarchie  et  de  cdte  socMli,  si  edme  et  d  r^glte.  Eropri-  • 
sonn^  par  ordredo  rol,  die  Ail  remise  en  tibertt,  puis  em* 
prisonnte  de  nooveao,  el  ce  qn*ll  y  avail  de  liMral  dana 
Tesprit  el  le  coeiir  de  F^eloo  se  sooleva  k  lidte  de  Toppres- 
slon  el  de  I'arbitdre.  Lea  doctrines  de  M"*  Guyon,  aprta 
avoir  longtempa  ooonpA  le  clergt  et  lea  aalons ,  oil  il  se 
falsail  ators  anlanl  de  thtologle  que  dans  lea  s^mioaires, 
ftareni  eondamn^M,  aprte  des  confirencea  ecd^dastlqoes , 
tenoes  seerMemenI  k  lad,  eatre  I'^vdque  de  C%Alooa  •  M.  de 
Nodlles,  Bossnet  at  Tabb*  Tronson,  sop^iteur  de  Saint- 
Snipiee. 

D^  r^vAqnede  Bleaox  avdt  rompo  avee  Ftedon ,  dev^ 
depuia  pen  de  temps  k  Tarchevldi^  de  Oambrd ,  ses  rda- 
tioos  d  intimes  qoi  remontaient  aux  premieres  anote  de  la 
jeunesse  de  ce  dernier  :  dans  sa  Reiatlon  du  ifuUiisme^ 
il  Kavdl  appel^  le  Monian  d'une  nouvelle  PrUcilie,  Le 
refiia  de  Ftodon  de  donner  une  adhteion  toite  k  Ttoit  sur 
le  qni^tlsme  |>ubli6  par  T^v^que  de  Meanx  d^ennioa 
one  rupture,  dans  laqoelle,  d  Tun  eotdeslerta  d'«sprit, 
Tautre  cut  des  torts  deoosur;  encore  est-il  juste  de  reoon* 
naltre  qne  le  reftas  de  P^nelon  teiiak  beaucoup  rooins  k  des 
dissidences  doctrinales  qo^li  noe  ddicalesse  de  podtion  qtt*il 
y  eul  de  la  cruant^  k  mteonoaitre.  L'erreor  dogmatique  de 
I'ardiev^ue  de  Cambni  ne  comment  qu'^  la  pabllcalion 
des  Maximes  des  Saints,  dont  les  proportions ,  sans  Mre 
h^rodoxes  par  dles^mAmes,  pnisqu'eHea  avaieni  oblenu 
rapprebation  des  tbdologiens  les  plus  a^v^rea ,  pr^aenlaient 
pependant  une  tendance  doign^e  vniment  dangereose.  C'est  ' 
le  prepre  de  r£glise  oatholique  l*avoir  de  longs  presaeoti- 
ments,  de  p<^n^trer  oft  vont  les  pens^  m^me  innocentes 
et  les  passions  encore  ignorantes  de  leur  but  LVtell  d'aigle 
de  Bossuet  ne  s'arrftta,  dans  celte  grande  et  malfieureuse 
afl^ire ,  que  sur  les  oons^uences  obscures  qne  sa  perspi- 
cadt6  rendail  vislbles  pour  lui  ;{|  brita  rhotnme  sous  lld^f , 
et  fit  taire  la  cbaritj  devant  son  inexorable  fo!.  U  est  difS- 
cile ,  sans  donte^  d*excaser  la  conduite  de  ce  grand  <v^oe 
dans  une  quereUe  qui  devint  vitetrop  personnelle ;  lea  lettres 
de  son  neveo,  TsbM  de  Bossuet,  son  agent  k  Rome,  portent 
des  ttoiolgnages  accablanta ,  et  rodent  digoobfes  intrigges 
donl  on  s'^tonne  qu'un  grand  bomme  ail  pu  ^tre  complice , 
an  moins  par  son  silence.  Ainsi  est  faite,  notre  paovre  na- 
tulre  humaiae  i  elle  ne  pent  go^re  se  d^voner  qn'A  une  id(t 
k  la  fob;  et  quand  ellecroit  avoir  rdson  an  fond,  elle  semi  I 
vile  en  sftrel^  de  conscience  sur  toot  le  rests.  On  salt  qn*ln- 
Bocent  XII  pronon^  par  une  bnlle  la  condamnadon  de 
VBxpiicaiion  des  Maximes  des  ScAnti,  aprte  plus  d'une 
aun^  employee  li«rexameo  dea  bautes  questions  soulevto 
par  cette  oontroverse.  Des  motifii  humalns  eotrftrent  sans 
donteoomme  dements  dans  la  ddermfnatlon  du  saint  d^e. 
Lea  pasdona  des  hommes,  leure  erreure  et  lenrs  cn'roes , 
coocoorent  k  rceovre  gte^nle  de  la  Providence,  et  rinfait- 
KblKt^  rdigiettse,  qni  pent  et  doit  ^re  dnsi  comprise,  est 
k  eel  4^t4  tar  plhs  parfkite  expression ,  dans  Tordre  intel- 
lectuet,  defaetioo  de  Dieo  dans  rordre  g^n^ral  des  M- 
nements  terrestres.  «  Dieo  veitle  toujours,  a  dif  F^nefon 
luiHn€me,  aftnqn'aueon  motif  corrompo  n*entraine  jamais 
centre  la  v4rit6  ceux  qai  en  sont  d^posftaireii,  11  pent  y 
avdr  dans  le  coors  d'un  examen  certains  mouvements  irr^- 
guHers;  mais  Dieo  en  sail  tlrer  ce  qu*il  lui  plaft  :  il  lea 
amtee  k  la  fin,  et  la  oondnslon  promise  vient  infailliblemeni  . 
ati  point  pr6ds  qu'il  a  marqu^.  »  * 

L'eflpril  et  la  conscience  de  Penelon  se  feposSrent  avee 
hottlicnr  dans  noe  sonraisslon  que  la  simplidt^  de  sa  foi 
voulut  rendre  raanifeiite  plutdt  qu*^clatanle ,  et  qui  reste 
pourtant  comma  son  plus  beau  titre  k  une  gloire  m6ine  pn- 
rement  humaine.  Sa  docilit4$  h  une  coodaronatioa  que  tant  do 
pensto  devaient  loi  rendre  am^re  ne  d6darma  pas  cependaal 
d*afaord  sesennemis :  ilsnese  turent  que  devant  radmiretioa 
du  monde.  On  sdl  qne  la  condudon  da  cette  aflaire  aftliil 


FfiNELON  — 

rnaTrit  pas,  du  reste,  les  Toles  h  la  fareor  dn  monarque  s 
il  7  arait  one  sorle  d^oompafSbiilt^  de  nature  entre 
Louis  XIY  et  rarclier^qne  de  Cambrai,  Tun  professant  le 
poaToir  absola  cofume  un  article  de  foi,  Tantre  le  aabis- 
santconune  one  n^eeBsM  que  la  religion  devait  incessam* 
ment  terop^rer.  Le  THimaquef  soastrait  ^  Fteelon  par  Tin- 
fid^t^  d'un  copiste ,  aVait  para»  et  ce  livre  causa  an  roi  nne 
irritation  que  son  aoteur  n*a?ait  pas  song^  k  falre  nattre,  ct 
qui  fut  sans  doute  d^autant  plus  viTe  que  ToeaYre  ^tait  tm 
tableau  d*bistoire,  et  non  point  une  satire  personnelle.  D4< 
fendu  par  des  amis  ardents  et  nombrenx,  que  Bossuet  ap- 
pelle  la  cahaU^  ador^  dans  son  dioc2»e,  respects  des  en- 
nemis  de  la  France  pour  son  g^nle,  et  peut^tre  aussi  pour 
sa  disgrace  et  pour  TiUmaque^  involontatre  expression  de 
ses  regrets  et  de  ses  voeuxy  F^elon  menait  ^  Cambrai  cette 
Tie  de  charity  pratique  et  de  devoirs  quotidiensy  at  grande  et 
si  belle  quand  elle  est  lllnminte  par  k  foi ;  il  ^panebait  dans 
un  commerce  de  cheque  Jour  les  trters  de  son  Aroe,  ^- 
fiant  ses  amis,  r^ant  leur  conduite  en  des  occurrences  d^ 
licatesy  proToquant  leur  avancement  spiritnel,  MiaufGant 
et  contenant  leur  ardeur.  Sii  lettres  seront  peut-^tre  pour 
la  postfriii  son  premier  titre  de  gloire  i  jamais  on  n*unit 
plus  de  tact  des  chpses  bumalnes  et  plus  de  hauteur  dans 
la  penste  h  plus  de  saintel^  dans  le  but  CTest  la  menreil- 
Jeuse  fusion  de  la  Tie  do  monde  et  de  la  Tie  religieuse  en 
line  onit^  forte  et  souple;  c*est  la  prudence,  cette  Terta 
clir^enne  de  tous  les  Jours,  la  prudence,  qui  fait  les  sages 
fehm  le  ritele,  combing  avcc  Pamonr  divin,  qui  mArit  les 
saints  pour  le  del.  II  y  a  cbes  F^nelon  un  temperament  en 
tant  de  chosesl  sa  correspondence  stcc  le  due  de  Bour- 
gogne  en  offire  de  constants  t^oignagss;  c^est  la  perfection 
chr^tienne  rialiste  dans  la  Tie  commune.  Esprit  pr^Toyant, 
coBur  pen  iUt  pour  le  despotisme,  alors  mAme  qu'il  ^tait 
ccMiTert  d^un  manlean  de  gloire,  il  oflrait  un  parfait  con- 
traste  aTec  Bossuet,  dont  la  nature  jnclinait  Ters  le  pouvoir, 
poonru  que  ce  pouToir  fdt  grand,  noble  et  anim6  par  une 
puteante  et  sainte  pens^ 

On  salt  qnelles  douIoureioseB  ^rtuTcs  remplirent  les 
demiers  Joan  de  Ftoelon  :  la  France  ^tait  euTabie,  sa 
gloire  d^truite  et  son  a?eair  semblait  s*abtm«r  dans  une 
sombre  et  uniTorselle  catastrophe.  Dien  avait  rappel^  k  lui 
le  prince  dont  le  seol  titre  avjourd*hu!  est  d*aToir  ^t^  r^^?e 
de  F^elon  :  Germanicus  nouTeau,  pleur6  par  un  peuple 
malbeureox,  qui  sTait  besoin  de  se  consoler  par  Tavenir 
des  dooleors  do  prtent,  le  due  de  Bourgogne  mourut  en 
Ahrrier  1712.  Dte  ce  jour  comment  la  lente  agonie  de  F^ 
nekm,  qui  termloa  ses  Jours  qnelques  mois  STant  le  grand 
roi,  mesurant  dn  regard  les  turpitudes  de  la  r^gence,  et 
ti^ayant  pour  entretoiir  ses  demi^res  penste  que  des  bruits 
sinistres  d'empoisonnement  et  d'assassinaL 

Louis  naCABiii. 

Fl£NEflTRANG£,  petite  Tille  de  randcDme  Lorraine 
aUemande,  cheMieu  d'une  terre  libre(  baronle )  et  d'une  des 
arciii-mar^chausstede  Pempir^  est  auJoord*hui  un  chef-lien 
de  canton  du  d^rtement  de  la  Menr  the,  sur  la  ri?e  gau- 
che de  la  Sarre,  4  IS  kilometres  de  Sarrebourg,  aTccnne 
population  de  l,epo  habitants,  des  fUniques  de  bonneterie, 
des  tanneries,  des  buileries,  des  Manchisaeriesde  toiles,  etc. 

La  maison  de  Finesirange  s'^tant  tointe  au  quinsitoie 
si^de,  de  ses  domaines  les  nns  passkentaux  princes  de  Salm, 
lesautres  anx  princes  de  Crol  d^HsTrt,  d'antresenfln  firent 
relourao  domaine  imperial,  et  entrkrent  par  cons^uent  dans 
le  domaine  de  I'ttat,  quand  la  Lomine  M  derenue  proTince 
fran^aise  Ges  domaines,  dMgnte  sons  le  nomde  barMie^^ 
Fine8iran§$,  noos  fbornlssent  nnexerople  frappant  dn  scan- 
dalenx  abus  desdomaiiiei  enga(^  (t^estomeVII, 
p.  731 ).  GfAoe  4^  erMitsans  boraee  dont  elle  ^taitparTenue 
it  jonir  k  la  coiir  du  roi  Louis  XVI,  et  snrtout  dans  les  petits 
apparleracols  de  Marie-Antoinette,  la  famille  P  o  I  i  g  na  e ,  na* 
goire  ob5(core  et  indi^cente,  obtintde  ministreseomplaisanUt, 
eotre  autresmenue.<fa?eurs,  que  labaronoledeF^nestrange 
raiserait  engagit  moyennant  nn  prixprindpalde^, 300,000 


FENfcTRE  839 

liTreat,  payables  k  l*£tat  par  le  concessionnaire  Inutile  sans 
doute  d^^outer  que  ce  fot  le  tr^sor  royal  qui  acquitta  cette 
sorome,  en  Tertu  d'une  ordonnance  au  porteur,  inscrite  au 
fameux  Hurt  rtmge^  diapitre  des  dons  et  des  gratifications. 
L* Assemble  constituante  roTint  sur  cetacte  de  honteuse  di- 
lapidation de  la  fortune  publique,  et  par  un  d^ret  du  14  fi^ 
Trier  1791  elle  r^Toqua  cette  cession  en  se  fondant  sur  ce 
que  le  prix  n^en  STait  pas  ^t^  r^ilement  payd  k  ritat.  La 
terre  de  Fdnestrange  fit  done  retonr  au  domaine  de  r£tati 
et  continue  d'en  fairepartie  jusqu^li  la  restanration.  A  cette 
^poque,  la  lamille  Poligoac  Jouissait  aux  Tuileries,  et  suHout 
an  pavilion  Marsan,d'uncr^t  au  moins^l  k  celni  qu'elle 
aTait  eu  k  Versailles.  Des  ministres,  jalonx  de  capter  la  bien- 
Teillanoe  du  (kvori  de  TliMtier  prisomptif  du  trOne,  ne  crai* 
gnirent  pas  de  pr^^senter  k  la  chambre  des  d^put^,  le  20  avril 
1816,  un  projet  de  loi  ayant  pour  but  d'annuler  le  d^cret  de 
TAssemblte  constituante  et  de  restitner  la  terre  de  F^nes- 
trange  k  la;ftunille  Polignac  On  aTait  comptA  sur  la  lassitude 
d'une  assemble  r^onie  depuis  plus  de  six  mois ;  cependant, 
les  intrwvdbUi  eux<m^es  reculftrent  dcTsnt  Tdnormit^ 
d'un  td  acte  et  rcjetteent  le  prejet  minist^rid.  Le  ndnistre 
Corretto,  pouss^  par  M.Decaxes,  reproduisit  ce  malencontreux 
projet  dans  la  sessloa  de  1S17 ;  mais  la  commission  char- 
ge de  Texamhier  se  montra  si  mal  disposteqne  le  gouTcr- 
nement  se  bftta  de  le  retirer,  et  depuis  on  n^osa  plus  le  re> 
presenter.  Mais  la  famille  Poligpac  ne  se  tint  pas  pour  bat- 
tue :  die  trouTa  enfin,  qudquesannte  plus  tiurd,  dans  Tad* 
ministration  Villde  la  compldsante  GeiiK>lidt4  qui  de- 
Tait  la  faire  rentrer  en  possession  de  cette  terre,  ^dute  k 
plus  de  deox  millions.  Vdd  le  bidsqu'on  adopts  pourob* 
tenir  sans  bruit  Tabandon  gratuU  des  droits  du  domdne  ; 
Comme  le  conseil  d!£tat ,  mis  k  trois  reprises  dtfTiirentes  en 
demenre  d'sToir  k  se  prononcer  sur  la  Tdidii^  des  r^ama- 
tions,  les  STdt  constanmient  repoussto,  on  Unagina  d^in- 
tenter  une  action  directe  en  roTendication  oontre  le  domdne 
par-deTantle  tribund  de  premi^  instance  de  Saarbruck* 
Fidde  aux  instructions  que  lui  envoya  la  dianodlerie,  le 
ministtee  public  se  garda  bien  d^oppoaer  le  mohidre  d^* 
natdre,  ou  d'doTer  un  conflit.  II  s'en  rapporta  anx  umiirea 
du  tribund,  lequd,  sans  plus  de  famous,  a^jugea  aux  de- 
mandeurs  leurs  condudons.  Le  jugement  contenant  cette 
daormlt^  une  fois  rendu,  le  minist^re  public  felgnit  de  n*eo 
pdnt  comprendre  la  graTiti ;  11  laissa  to  ddai  tetd  de  trdi 
mois  s*^uler  sans  interjeter  appel,  et  le  Jugement  d*un 
obscur  tribund  de  premi^  instance,  compost  de  cr^tures 
d^Tou^  du  faTori,  doYenn  de  la  sorte  d^finitif,  acquit  torce 
de  chose  Jug^  Cest  atnd  que  TAssembl^  constituante,  la 
chambre  des  d^Htf^,  le  consdl  d'£tat,  en  furent  pour  leurs 
arrMs,  leurs  Totes,  leurs  STis,  et  que  la  terre  de  F^estrange 
fut  restitute  k  la  fiunille  Pdignac  Get  Episode,  peut-dtre 
oubli^,  de  Thistoire  de  la  restanration,  est  un  des  plus  hon< 
teux  scandales  d'une  ^poque  si  riche  en  ce  genre. 

FENESTRELLES^  Tillage  pi^montds  de  la  diTision 
de  Turin,  dans  la  proTfaice  de  Pignerol,  sur  la  Cluson  et 
sur  la  route  eonduisant  de  Brian^on  au  mont  Gen^vre ,  est 
remarquable  par  son  fort,  lequel  ftit  eonstruit  en  1696  par 
les  Fran^  poor  oouTrir  la  ftxmtito  de  Sa?oie.  Le  due  de 
SaToie>'en  rendit  mattre  en  1706,  et  la  pdx  dlJtrecht  lui 
en  assure  la  posiessktn  d^finitiTe.  Phis  tard ,  le  gouTeme- 
ment  sarde  en  fit  heauoonp  augmenter  les  ouTrages  de  d^ 
fense  x  ansd  le  rogarddt-on  g6n^alement  conune  impre* 
nable.  CependanI,  en  1706  I'armte  franfdse  le  contraigntt 
k  eapitnler,  etie  rasa.  Hns,  lard  les  fortifications  en  (firent 
relevte.  Sooa  la  domhiatkm  fran^aise,  U  senrit  longtemps 
de  prison.  Anjonrd'hoi  encore  sa  destination  est  la  m6me. 
11  a  perdu  d'dUeors  de  son  Importance  strat^glque  depnis 
rdtabllssement  des  deux  routes  d'embranchement  eondui- 
sant par  le  mont  GenftTre  ii  Suse  et  k  Pignerd. 

FENETRE  (en  latin  Jenestra,  de  focCvsiv,  teiairer). 
ouverture  m^nagte  dans  un  roor,  par  laqudle  le  jour  s*in 
troduk  dans  llnt^rieur  d'unemaison.  Les  temples  desaociens 
qui  flont  perTenus-Jusqu'A  nouan*ont  presqoe  jamds  de  re- 

43. 


840 

u6tres  lor  lean  flancs,  oe  qui  a  fait  dire  k  qiielques  auteurs 
que  ces  ^fiees  ne  receyaioDt  de  Jour  que  par  la  porte.  Cela  tie 
con^it  des  temples  ^gyptiens,  dont  le  deyant  <^tait  ferm^ 
par  dea  colonnes  isoltea,  qui  formaient  comme  une  sorte 
de  balustrade,  au  travers  de  laquelle  la  lunii^re  pouvait 
alutroduire  dans  le  temple  sans  difficult^.  Mais  pour  ce 
qui  est  des  temples  grto,  du  Parthenon;  par  exerople,  dont 
la  porte  ^tait  ombrag^  par  un  portique  form^  de  deux  rangs 
de  colounea,  il  n^est  pas  probable  que  son  int^rieor  n^t 
^dair^  par  la  porta  seuleinent.  Quatrem^re  de  Quincy  d^ 
montre,  h  I'aide  de  quelques  textes  antiques  et  de  raisonne- 
ments  d^luits  de  la  destination  de  ces  monuments,  et  des 
omements,  des  statues,  qui  ddcoraient  leur  int^rieur,  que 
les  temples  antiques  d*nne  ^tendueun  pen  condd^rable 
reoevaient  lejour  par  des  ouvertures  mdnagte  dans  leurs 
combles.  Ces  toitures  ^tant  en  bois,  aucune  n'a  pu  r6sister 
aux  injures  du  temps. 

Pour  ce  qui  est  des  malsons  antiques,  nous  ne  pouvons 
guire  saToir  quelle  ^it  la  grandeur,  le  nombre  relatif  de 
leurs  fenetres  :  aucun  Mifice  de  ce  genre  ne  s*est  oonsenr^ 
jusqu*^  ce  jour  assez  entier  pour  quil  suit  possible  de  se 
former  une  opinion  snr  les  fen^tres  des  anciens.  S'il  faut 
en  Juger  par  les  mines  d'Hercolanum  et  de  Pomp^i,  les  habi- 
tations des  anciens  araient  fort  peude  fen^tresdonnautsur 
la  rue,  encore  ^ient-elles  fort  petites.  On  les  pratiqnait 
au-dessous  et  toot  prte  du  plafond ;  de  sorte  que  de  la  cliam- 
bre  qu'elles  dclairaient  on  ne  pourait  roir  les  personnes  qui 
se  trouvaient  au  dehors  ni  en  6tre  tu.  Comment  les  anciens 
fermaient-ilsienrs  fen^trest  On  llgnore.  Bon  nombre  de  sa- 
vants ont  pr^tendu  quHls  ignoraientTart  de  sooffler  le  yerre 
et  de  le  d^velopper  en  plaques.  Cependant  on  a  truuv^  dans 
les  mines  d^Herculannm  une  Titre  dont  le  chassis  ^tait  en 
bronze,  avee  des  carreaux  comme  ceux  dont  les  moderaes 
font  usage.  Ce  fait,  s*il  est  vrai,  ne  prouverait  pas  que  les 
Titres  ^talent  communes  chez  les  peuples  antiques,  car  le 
Terre  est  ineormptible :  or,  si  les  maisons  des  Romains 
avaient  eu  des  vitres,  on  en  trouverait  des  fragments  dans 
les  fouilles  nombreuses  qu'on  a  faites  dans  le  sol  de  cette 
antique  dt^.  La  Titre  d'Hercolanum  fut  un  tour  de  force 
ezfyiM  h  grands  frais.  11  est  permis  de  supposer  qu*on  coula 
d'abord  du  verre  dans  des  moules,  qui  produisirent  des  ta- 
bles grossi^res,  lesquelles  ^tant  recti  fi^,  amincies  et  po- 
lies,  au  rooyen  de  sable,  eurent  les  propri^t^d'un  carreau 
de  yerre  transparent. 

Les  fendtres  des  Mifices  moderaes  sont  nombreuses,  plus 
ou  moios  grandes,  plus  ou  moins  orates.  II  y  en  a  qui  sont 
une  ouyerture  toute  simple,  d*autres  ont  leurs  jaml^gcs  or- 
n^  depilastres,  d'autres  sontsurmont^  d*unlh>ntontrian- 
gulaire  ou  arc  de  oercle;  il  y  en  a  enfin  qui  sont  abrit^s 
par  un  petit  portique,  form6  de  deux  colonnes  Isolds  :  on 
en  yoit  de  ce  genre  aux  stages  sup^rieurs  des  facades  de 
la  cour  du  Louyre. 

Parmi  les  formes  qu*on  donne  aux  fendtres,  on  en  distin- 
gue trois  prindpUes:  1^  \eifinitres  en  pMn-cintre  ou  en 
arcades f  comme  celles  qui  se  yoient  aux  ayant- corps  ex- 
tremes de  la  fa^de  orientale  du  Louyre.  Ces  ienetres  font 
un  bd  effet  dans  lea  ^lises  et  les  palais.  Les  yitres  qui  les 
ftrment  ont  Tihcony^nient  de  ne  pas  pouyoir  s'ouyrir  com- 
mod^ment  dans  la  partie  comprise  dans  I'int^rieur  de  Tare. 
2^  Les  fenStres  A  plaie-bande  dont  le  linteau  en  bois,  en 
pierre  d^une  seulepitee,  ou  form^  de  dayeaux,  est  toujours 
droit;  ces  fen^tres  sont  les  plus  communes.  Z^  Les  aiis- 
de-bmuf:  ce  sont  des  fen^tres  dont  le  cadre  est  un  cerde , 
00  se  compose  d^un  demi-cerde  et  d'une  tablette  d'appui. 

Les  habitants  des  pays  diands  ont  pen  de  fences  k  leurs 
maisons ,  sortout  du  c6i  de  la  me.  Au  contraire,  les  peuples 
du  Nord  et  des  dlmats  temp^r^  de  r£urope  et  de  TAmd- 
rique  percent  leurs  demeuresde  fendtres  surtoutes  les  faces. 

TETSSiORB. 

FENILy  b6timent  destiny  ^  scrrer  le  foin:  les  gran- 
ges, et  plus  souyent  les  greniorH  situ^  au-deAsus  des  <^ta- 
blea,  senrent  k  cet  osaya.  Les  cultif ateon  iMplustetolr^t 


FENl^RE  —  FENOUIL 


Matthieu  de  Dombasle  k  leur  tete,  ont  reconuu  que  le  foin 
dispose  en  meule  au  dehors  se  conserve  mieux  et  plus 
longtemps  que  dans  les  feniis.  N^anmoins,  comme  dans  la  pin- 
part  des  bfttiments  d'exploitatton  rarale  les  feniis  existent, 
et  que  d^ailleurs  Tusage  y  est  la  lol  souyeraine,  nous  aliens 
d6crire  la  mdlleure  disposition  du  fenil:  Q  a  ^t6  balay^; 
les  debris  de  fein  yieux  ont  dispara ;  un  vent  see  et  chaod 
a  p^^tr^  quelques  Jours  dans  toutes  les  parties.  On  apporte 
le  foin,  dont.  la  masse  est  formte  par  des  ouyriers  intdli- 
gents,  de  mani^  k  ce  qu'elle  soit  partout  ^aleroent  foo- 
1^  De  cette  uniformity  dans  la  pression  qu*elle  6prouye 
r^ulte  r^alit^  dans  la  fermentatiottf  6galit^  si  n^cessaire  i 
la  bonne  quality  du  foin.  L'entassement  termini,  une  ooo- 
che  de  paille  reoooyre  la  partie  qui  n'est  point  en  contact 
immMiat  avec  les  parois  du  grenier;  toutes  les  ouyertures 
sont  fermte.  Mais  rartout  point  de  courant  d'air  k  Vrnti* 
rieur,  point  de  chemln^  dans  la  masse.     P.  Gaubert. 

FENNEE  DE  FENNEBERG,  cbef  deVmsurrection 
du  Palathiat  en  lft49,  n^  ^Trente,  dans  le  Tyrol,  estle  fils  dii 
baron  Frangois  PAi^ippe  Fentibb  ns  Fenrebbrg  (n^en  1763, 
mort  en  1824  ),  fddmar^shaMieutenant  au  service  d'Aur 
triche.  £ley^  k  Tdcole  militaire  de  Wienerisch-Neustadt,  U 
antra  dans  I'arm^e  en  1837  comme  cadet  etpairint,  ensuKe 
]usqu*au  grade  d'offider;  mais  dte  1843  il  donna  sa  d^is- 
sion.  Les  obseryations  quMl  avait  eu  Keu  de  faire  dans  le 
cours  de  sa  carri^  militaire  lui  foumirent  le  sajetd^an  ou- 
yrage  intituM :  VAuMche  et  son  armie  ( 1847 ),  dans  le 
quel,  tout  en  rendant  justice  k  ce  quMl  y  a  de  bon  dans  Tor- 
ganisation  de  Tarmte  autrichienne,  il  en  signalait  aussi  les 
yiccs  r<^els  ou  apparents.  A  la  suite  de  cette  publication,  il 
jugea  pradent  de  quitter  le  tenitoire  autrichien,  et  alia  s'^ 
tablir  au  sud  de  TAllemagne.  Mais  les  ^^nements  de  1948 
netardferent  point  k  lui  rouyrir  les  portes  de  sa  patrie.  Lors 
des  ^y^ementsd'octobre,  k  Vienne,il  fUt  le  cUef  de  T^tat- 
migor  g^n^ral  des  insurg^ ;  et,  apr^  la  prise  de  Vienne  par 
les  troupes  imp^riales,  il  r^iissit  k  se  refugier  sur  le  tern- 
rove  bayarots.  Quand,  en  1849,  le  Palatinatdeyint  fe  thd&tre 
d^m  soul&yement  popolaire,  il  y  accoumt,  et  fut  nomm^ 
par  le  comity  national  gdn^ral  en  clief  de  Tarmte  insufrec* 
tionelle.  Mais  il  n'exer^  ces  fonctions  que  fort  pen  de  temfis. 
LMnsuccte  de  la  tentative  faite  k  son  instigation  pour  sur- 
prendre  la  forteresse  de  Landau  le  d^termina  k  donner  sa 
demission.  A  la  suite  des  ^v^emeuts  dont  le  Palatinat  et 
le  pays  de  Bade  ftirent  le  th^tre ,  il  dut  aller  demander 
asile  k  la  Suisse.  Mais,  expuls^  k  qudque  temps  de  \k  du 
territoire  de  la  Confdkl^ration  belv^tique,  il  passa  aux  Etats- 
Unis,  oti  depuis  1851  il  fait  parattre  k  New-York  une  ga- 
zette hebdomadaire  en  allemand,  Atlantis.  On  a  de  lui  ^ 
Histairedes  Joumies  d'octobre  A  Vienne  ( I^pzig,  1849 ) 
et  Precis  pour  servir  &  Chistoire  de  la  Revolution  des 
Provinces  rh^anes  ( Zurich,  1850 ). 

FENOUIL,  en  latin /e»icii^t<m,  mot  d^riv^  defenttmf 
foin,  k  cause  de  la  ressemblanoe  de  I'odeor  des  deux  berbes, 
lorsqu'dles  sont  faudito  et  qu*elles  se  d^stehent  au  soldi. 
Sous  ce  nom ,  Adanson  a  cr66,  dans  la  fkmille  des  omhelii- 
fiferes ,  on  genre  qui  ne  se  compose  plus  anjourd'liui  que 
d'une  senleesp6ce,le/enictt/umq;jftdna/e,  originaire  des 
contr^es  m(h*idionales  de  I'Europe.  Les  anciens  en  faisaient 
beaucoup  de  cas  :  outre  qu*ils  s'en  senraient  comme  aliment 
propre  k  augroenter  les  forces  du  corps,  ils  TempIoyaieBt 
en  m6decine  comme  m^icament.  Sa  radne  ^ait  autrefois 
une  des  dnq  racines  aperitives,  et  ses  semences  une  des 
quatre  semences  chaudes  majeures. 

Le  fenouil  est  une  plante  herbac^e,  qui  sMIdve  ordinalre- 
ment  dans  les  pays  chauds  kdeax  niMres  de  hauteur;  ilcrott 
volontiers  dans  une  terre  U^brt  et  pierreuse ,  et  exige  pen  de 
soin  dans  sa  culture.  Cependant  quand  on  le  cultive  poor 
la  table,  comme  font  les  Italiens  et  les  Espagnols,  qui  le 
mangent  cuit  ou  en  salade,  comme  le  cderi ,  on  le  transplanle 
dans  de  petites  fosses  pr6par^  a>ec  du  terreau,  et  on  le 
butte  pour  le  faire  blancliir  et  le  rcndre  plus  tendre.  Le  fe- 
nouU  a  U  radne  ^paisse,  semblable  k  un  fuseau ,  et  d*uM 


FENOUIL  —  FfiODALITjS 


couleur  blandiAtre  tirant  8ur  im  jaune  pdle ;  elle  est  quel- 
quefois  rameuse,  mais  seolemcnt  quand  la  nature  do  ter- 
rain 8*oppose  k  ce  qu^elle  piTote.  La  tige  de  cette  plante  est 
d^un  yert  glaaqne  noiagnifique ,  surtout  dans  sa  partie  sop^- 
rieare,  qai  deTient  rameuse,  et  s'^tale  enbdsson  k  partir  de 
queique  distance  dn  sol.  Ses  feailles,  aropleiicaules  et  d<^- 
ponnmea  de  toutes  asp^rit^,  sont  tem^  et  deux  on  trois 
foia  ailte,  et  ent  lenrs  proles  membraneax  k  jeurs  bords. 
La  Hear  da  fenouU,  qui  paralt  ordtnairement  en  Jnillet  ou 
aottt ,  est  d'un  beau  jatine  orang^  clair ,  et  i^pand  k  one 
grande  distance  son  odeuragrteblei  Le  frdt  est  lenticalaire, 
comprim^,  strid,  et  fornix  de  denx  semences,  petites, 
orales,  appBqn^  Tune  sur  Pautre,  nnes  et  marqute  de 
trois  nervares  au  dehors.  Le  fenouii  est  bisannoel ;  mais 
on  peat  le  conaenrer  aussi  longtemps  qu'on  le  d^re «  en 
coopant  solgneusement  les  fleurs  au  for  et  k  mesure  qu'elles 
paraisscnt 

Les  chimistes  retirent  de  cette]planfe  plusieurs  substances, 
entre  aotres  une  huileTolatlle  aromatique  trte-suave,  dont 
le  poids  spdcifiqoe  est  0,99.  Dans  les  pays  chands,  le  fe- 
nooill^sse  4chapper  de  ses  rameaux  une  liqueur  blanche 
^paisse,  qui  se  durdt  a  Tair ,  et  qui  est  connue  sous  le  noin 
de  gamme  de  fenouii.  On  faisaSt  entrer  le  fenouii  dans  la 
composition  de  la  th^riaque  d'Andromaque,  du  Mithridate, 
dn  philonium  romanom,  du  diophaenic,  des  pilules  dor^, 
et  dans  la  composition  hamech.  On  fait  aussi  avec  la  graine 
de  cette  plante  nn  Tin  aromatique ,  qui  est  trte-prdconis^ 
dans  oertaines  maladies.  L'eau  distill^  du  fenouii  entre  dans 
la  composifiondeplusieors  collyres  r^lutifs.  Dans  le  midi 
de  la  France ,  on  r^colte  la  graine  da  fenouii  pour  la  Tendre 
anx  conflaeors,  qui  en  font  de  petktes.drag^  d*un  go<lt 
anis^  trte-agr^able.  Les  Allemands  la  rMuisent  en  poodre, 
et  s*en  serrent  en  guise  de  polTre  pour  assaiaonner  qoantiti 
de  mets  et  donner  an  pain  on  parfum  qui  ouvre  Fapp^tit. 
A  Paria'y  les  confiseurs  remplacent  dans  beaucoup  de  prepa- 
rations r ang  e  liq  n  e  par  les  tiges  tendres  de  fenouii,  et  les 
font  Element  confire  dans  le  sucre  en  formes  de  bAtons. 
On  ne  saurait  laire  one  grande  difl<6rence  au  go  At  entre  ces 
deux  plantes  ainsi  pr^parte.  Les  Romains  aimaleot  tant 
I'odeor  du  fenouii  quMh  8*cn  couronnaient  dans  les  festins. 
Ce  sont  eux  sans  donte  qui  ont  laiss^  en  France ,  dans  les 
pays  qui  avobanent  les  ports  de  mer,  I'usage  d'enyelopper  de 
feuilles  de  fenouii  beorr^es  certains  poissons,  tels  que  le 
maquerean  et  I'esturgeon ,  poor  les  faire  cuire  sur  le  gril. 
Cette  preparation  ajoute  singuli^reroent  an  goOt  <le  ces  pois- 
sons,  et  les  yrais  amateurs  de  bonne  cb6re  ne  sauraient  la 
d^dalgner.  On  r6tit  de  la  mftme  mani^re  les  cailles  et  les 
perdreanx;  mais  les  gourmets  les  pr^ftrent  en  g^n^ral 
enilR  dans  les  feoillea  de  Tigne,  oa  bardds  de  lard  settlement 

Jules  SAiirr- Amour. 

'  FENOUIL  iraSAUt  nom  Tnlgah«  de  roenanthe 
aquatique  et  dela  renoncnle  ilottante. 

FENOUIL  BiAAIN, FENOUIL  DE  MER,  noma  Tul- 
gaires  da  eriihmum  maritimum  ou  bacile. 

FENOUIL  PUANT  ou  ANETH.  Cest  Vanetheum 
graveolenSf  aujourd'hui  unique  esp^dHin  genre  d*ombeIli- 
fifcres  doot  plusieurs  plantes  ont  ^  retirto  par  les  bota- 
nistes  moderoes,  poor  former  diyers  genres  Tosins,  entre  ao- 
tres le  genre/enictf /urn  (  voyes  Fehooil  ).  Le  fenouii  puant 
crolt  spontaxiitoient  dans  tonto  la  r^on  m^terrantoine. 

FENTE  et  REFENTE,  rieux  termes  de  jurispru- 
dence. Le  mot fente  ^tait  synonyme  iA  portage ,  et  rtfente 
signiGait  subdivision  d'un  lot  en  deux.  En  mati^re  de  suc- 
cession ascendante  ou  collat^ralc,  on  procMait  k  la/071  ^e, 
(^est-Mire  k  la  division  des  biens  en  deux  moiti^.  Tune 
pour  la  ligne  patemelle,  Tautre  pour  la  llgne  matemelle.  La 
rtfenlt  M\i  Tacte  par  Icquel  on  partageait  entre  les  branches 
d'Une  mtoie  ligne  la  portion  qui  lui  ^tait  dcvolue.  Le  Code 
Civil  n*a  admis  ni  ce  systtoie  ni  ces  distinctions. 

FENUGREC,  nom  vulgaire  de  la  trigonella  fenum 
grxcum  ( voyez  TMi(io^Ei.LB}. 

FEO  (  Fr4:(cc800},  c(^l6brc  compositeur ,  n^  aNaiiles, 


341 

en  1699 ,  y  stadia  le  chant  et  hi  composition  sous  la  direc- 
tion de  Domenico  GizzI,  et  se  rendit  ensoite  k  Rome  pour 
y  prendre  des  lemons  de  contrepoint  de  Pitonl.  Ses  etudes 
termini,  11  composa  dans  cette  ville  son  premier  op^ra, 
Ipermmestra,  qni  obtint  le  pfos  grand  saccte.  Trois  autres 
operas  sacoM^rent  k  cet  ouvrage  dans  rintcrvalle  de  I72g 
li  1731.  En  1740  Feo  retooma  k  Naples,  et  y  fot  charR6  de 
U  direction  de  la  c^lfebre  ^le  de  chant  fondte  par  Pitoni. 
Ind^pendamment  de  phisiears  opi^ras,  on  a  de  Ini  on  certain 
nombre  de  psaames  et  de  messes ,  dont  one  k  dix  voix,  on 
OratoriOt  desUtanies  et  on  Requiem.  Le  style  de  ce  maltre 
est  noble,  grave  et  plain  d'expression,  chaleureux  et  vral; 
il  porta  le  caracttoe  de  la  perfection. 

F£0DAL  (Droit).  Voyez  DnorrFioDAL. 

F^ODAL  (Syst^e).  Voyez  Viohkurt. 

F£0DALIT1£.  a  la  fin  do  dixi^me  si^le,  lorsque  It 
rdodalitd  fut  d^finitivement  constitute,  son  ^Itoient  territo- 
rial portait  le  nom  de  ftef  (feodum,  feudum).  Ce  mot  ne 
se  rencontre  qu*assez  tanl  dans  les  documents  de  notrc  bis- 
toire.  II  apparatt  ponr  la  premiere  fois  dans  une  charte  de 
Charies  le  Gros,  en  884 :  il  y  est  r^p^  trois  fois,  et  k  pen 
prte  k  la  mAme  ^poqoe  on  le  rencontre  aussi  aillenrs.  So- 
lon les  toivalns  allemands,  son  ^tymologie  est  d*origine 
germanique,  et  vient  de  deax  andens  mots,  dont  Tun  a  dls* 
para  des  langnes  germaniques,  tandis  que  Tautre  subsiste 
encore  dans  plusiears,  sp^cialement  en  anglais :  du  moife, 
fee  (salaire,  rteompense),  et  do  radical  od  ( propridt^,  bien) ; 
en  sorte  qae  feodum  disigne  une  propri^t6  donate  en  ri^ 
compense,  k  titre  de  soldo,  de  salaire.  Cette  origine  me  paralt 
beaucoup  plus  probable  que  Toriguie  latine  ifides) :  d*abord 
k  cause  de  la  structure  mteae  du  mot,  ensuite  parce  qu*aa 
moment  od  il  s'introduit  dans  notreterritoire,  c*est  de  Ger> 
manie  qu*il  vient;  enfin,  parce  que  dans  nos  anciens  docu- 
ments latins  ce  genre  de  propria  portait  un  autre  nom, 
eelui  de  beneficium.  Dans  la  charte  m£me  de  Charles  le 
Gros,  et  ]usque  dans  une  charte  de  l*empereur  Frdddric  I*', 
de  1162,/eocfKm  et  frene/Scium  sont  employte  indiffi^rem- 
ment.  Ce  qne  nous  avons  dit  des  bdn^fices  s^applique 
done  anx  flefe,  car  les  denx  mots  sont,  k  des  dates  diverses, 
{'expression  du  mtaie  foit 

A  la  fin  du  dixi^e  sitele,  la  socidt^  ftedale  est  d^finiti- 
vement  formte;  elle  a  atteintlila  plenitude  de  son  exis- 
tence ,  elle  posaMe  notre  territoire.  Ces  ch&tcanx  qui  ont 
convert  notre  sol,  et  dont  les  mines  y  sont  ^parses,  c'est  la 
ftedalit^  qui  les  a  construits ;  leur  dl^vation  a  6X6,  pour  ainsi 
dire,  la  dtelaration  de  son  triomphe.  La  guerre  ^tait  par- 
tout  li  cette  6poque;  partout  devaient^tre  aussi  les  monu- 
ments de  la  guerre,  lea  moyens  de  la  faire  et  de  la  repousser. 
Non-seulement  on  construisait  des  chAteaux  forts,  mais  on 
se  faisait  de  toutes  chosea  des  fortifications,  des  repaires  on 
des  habitations  defensives.  Vers  la  fin  du  onzitoie  sitele,  on 
voit  k  Nlmes  nne  asaodation  dita  des  chevaliers  des  ar^ 
nes :  ce  sont  des  chevaliers  qui  a'^taient.^tablia  dans  I'am- 
pliithd&tre  romatai  ets'y  retrancbaient  an  besofai.  La  plupart 
des  andens  drques  ont  6U  employte  an  m^me  usage  et  oc^ 
cupte  qaelque  temps  en  guise  de  chftteaa.  Les  monast^res,  les 
^lises,  se  fortifi^rent  aussi ;  on  les  entoora  de  fosses,  de 
remparta,  de  tours  ;lesboargeois  firent  comme  les  nobles. 
Les  villes,  les  bourgs,  forent  fortiflte.  Bien  plus,  Tennemi 
6tait  souvent  au-dedansdes  murs;  la  guerre  pouvait  6clater 
de  quartier  k  quartier,  de  porte  k  porte,  et  lea  fortifications 
pdn^traient  partout  conmae  la  guerre.  Chaque  rue  avait  ses 
barri^res,  cheque  maison  aa  tour,  sea  meartri^res,  sa  plate- 
forme. 

Dans  quelle  direction  devait  se  d^vdopper  la  petite  so- 
ciety que  renfermait  le  ch&teaut  Le  premier  trait  do  sa 
situation  est  Pisolement ;  le  second ,  c'est  une  oisivet^  sin- 
gullftre.  De  \k  cette  longue  s^rie  de  courses,  de  pillages,  do 
guerres,  qui  caract^rise  le  moyen  Age,  elTet  du  genre  de 
riiahitatlon  fcodale  et  de  la  situation  matdrielle  au  milieu  de 
laquelle  ses  maltres  ^talent  placte.  lis  ont  cherch6  partout 
Ic  mouvemont  sodd  qu*ils  ne  trouvdent  pas  dans  leur  uit^- 


843 

rleur,  An  douitoe  liteie,  les  croi  a  a  d  es  n^ont  pas  ^\6,  k 
beauooup  pr^,  anssi  siuguli^res  qu^elles  nous  le  paraissent. 
CoDoevrait-on  aujourd'hui  uu  people  de  propri^taires  qui 
toat  d^un  coup  se  d^pla^  abandooD&t  ses  proprii^Us,  sea 
femillesy  poor  aller,  sam  one  n^cessit^  absoloe,  cbercber 
aillenrs  de  telles  aventitres  ?  Rien  de  pareil  n*eat  ^  possible 
si  la  Tie  quotidience  des  possesseure  de  fiefs  n*eQt  d^  pour 
^Rsi  dire,  un  avant-^ftt  des  croisades,  s'ils  ne  se  (ussent 
trauT^s  tout  pr6t8  pour  de  telles  eupMitions. 

Deux  traits  caract^stiqoesdclatent  dans  la  fifodalit^.  L^un 
^t  la  sauvage  et  bizarre  toergle  du  d^Yeloppement  des  ca- 
ract^resindlviduels;  le  second^  c^estTobstination  des  moears, 
Inir  longue  resistance  an  changement,  an  progrte.  Les  rem- 
parts  et  les  foss^  des  cb&teaui  ont  fait  obstacle  anx  id^ 
ix>inme  aux  ennemis,  et  la  dvilisation  a  eu  aatant  de  peine 
que  la  guerre  k  les  percer  et  k  les  envabir.  Mais  en  m^e 
temps  lis  dtaient,  sous  un  certain  rapport,  un  principe  de  ci - 
Tilisation.il  n^est  personne  qui  ne  sache  que  la  Tie  do- 
mestiqne,  Tesprft  defamille,  etparticuli^rement  la  condition 
des  fenunes,  se  sent  d^Tclopp^}  dans  I'Europe  modeme 
beaucoup  plus  compl^lement  que  partout'ailleurs.  Parmi  les 
causes  qui  ont  contribu^  k  ce  d^Teloppenient,  il  faut  comp- 
ter la  vie  de  cliAleau.  Toutes  lesfois  que  l*bomme  est  plac^ 
dans  une  ccrtaine  position,  la  partie  de  sa  nature  morale 
qui  correspond  k  cette  position  se  d^Teloppe  fortement  en 
jui.  Bst-il  oblige  de  Tivre  babituellement  au  sehi  de  sa  fo- 
mille,  auprte  de  sa  femme  et  de  ses  enfants,  -les  Id^es,  les 
stotiments  en  hannonie  aTec  ce  fait  ne  peuTent  manquer 
de  prendre  un  grand  empbre. 

iUnsi  arriTa-Ml  dans  la  r^odalite.  Quand  le  possesseur  de 
tef  sortait  de  son  cbfttean  pour  aller  cbercber  la  guerre  et 
ta  aTentures,  sa  femme  j  restait,  maltresse,  cb  &te  Uine, 
repr^sentant  son  marl,  cbarg^een  son  absence  de  la  defense 
et  de  rbonneur  du  fief.  Cette  situation  eicT^e  et  presque 
souTCrabie,  au  sein  m^me  de  la  Tie  domestique,  a  souTent 
donne  aux  feinmes  de  P^poque  une  dignity,  un  courage,  des 
Tertus,  mi  ^dat,  qu^elles  u'aTaient  point  deploy^  ailleurs,  et 
^Ue  a ,  sans  nul  doute,  puissauunent  contribue  k  leur  d^Tc- 
loppement  moral  et  au  prqgris  general  de  leur  condition. 
LMmportance  des  enfants,  du  flls  atn^  entre  antres,  fut  plus 
grande  dans  la  maison  f^odale  que  partout  ailleurs.  Le  fils 
atne  du  seigneur  etalt  aux  yeux  de  son  p6re  et  de  tous  les 
siens  un  prince,  un  h^ritier  prdsomptif,  le  d^positaire  de  la 
glolre  d*une  dynastie.  En  sorte  que  les  fiiiblesses  comme  les 
bons  sentiments,  I'orgudl  domestlque  comme  raffection,  se 
rdunissaient  pour  donner  k  Pesprit  de  famiUe  beaucoup  d*6- 
nergie  et  de  puissance.  Ajoutez  k  cela  Tempire  des  id^es 
cbretiennes. 

Les  relations  domestiques ,  aussi  blen  que  les  STentures 
cxterieores,  laissalent  k  coup  sQr  dans  le  teojps  et  TAme 
des  posscsseurs  de  fiefs  du  onzi^me  si^Ie  un  grand  Tide. 
On  deTait  cherdier  k  combler,  k  peupler  le  cb&leau,  k  y  at- 
tirer  le  mouTement  social  qui  y  manquait.  On  en  trouTa 
les  moyens.  Quand  on  aniTe  k  P^poque  oil  la  ffodalite  at 
tcint  son  complet  d^Teloppement,  on  retrouTe  antour  des 
grands  possesseurs  de  fiefs  une  petite  cour,  non-seulement 
la  ptupart  des  offices  quails  STaient  emprunt^s  de  Tempire, 
mais  des  olfices  et  des  noms  nouTeaux,  des  pages,  des 
varlets,  des  ^cuyers  de  toutes  sortes  :  Tecuyer  do 
corps,  recuyer  de  la  cbambre,  Fecuyer  de  r^curle, 
de  la  panneterie,  les  toiyers  trancbants,  etc.  Et  la  pin- 
part  de  ces  charges  sont  eTidemment  occupies  par  des 
bommes  libres,  sinon  les  ^gaux  du  seigneur  auprte  duquel 
lis  TiTent,  an  mohude  m^me  dtat,  de  mAme  condition 
que  liri.  Lea  benefices  en  terres  aTaient  rinconT6nient  de 
disperscr  les  compagnons,  de  les  s^parer  du  chef.  An 
conlraire,  ces  offices  donnas  en  fief  les  retenaient  auprte 
de  lul  et  Tassuraient  abid  bien  mleox  de  leurs  serWces  et  de 
leur  fideiite.  Aussi,  dte  que  cetle  ioTention  de  Tesprit  f6odal 
eat  paru,  la  Tit-on  se  r^pandre  aTec  one  extreme  rapiditd. 
Des  ofliocs  de  toutes  sortes  furent  donnas  en  .fief,  et  les  pro* 
piidlaiies,  ecddsiastiques  aussi  bien  que  laiques,  s'entour^ 


FfiODALITE 


rent  ainsi  d*un  nombreux  cortege.  Mala  V\xMA\t/6  ne  yrhk- 
lut  pas  aussi  compietement  dans  les  offices  que  dans  les  be- 
nefices feodaux  :  on  rencontre  tant(yt  des  documents  qui  la 
reconnaissent  ou  la  fondent,  tant^t  des  documents  qui  la 
nient  ou  Tabolissent. 

L'megalite  etaitdeTenue  tr^rande  entre  les  possesseurs 
de  fiefs  :  tel  suzerain  etait  infiniment  plus  ricbe,  plus  puis- 
sant,, plus  considerable  que  les  douse,  quinxe,  Tingt  Taasaax 
qui  tenaient  leurs  terres  de  lui.  Or,  c'est  la  tenduice  aato- 
relle  anx  bommes  d^aspirer  k,  s'eieTei^  k  TiTre  dans  une 
I  spli^  sup^rieore  k  la  leur.  De  ]k  Tosage,  bientM  adopte 
{  par  les  Tassaux,  de  faire  eicTcr  leurs  fils  ^  la  cour  de  leur 
!  suzerain.  Cetait  d'ailleurs  une  mani^edes^assorer  d'aTance 
I  sa  bienTcillance.  Le  suzeraui,  de  son  c^,  en  ayant  auprto 
!  de  lui  les  fils  de  ses  Tassaux,  s^assurait  de  leur  fideiite  d 
!  de  leur  deTouement,  non-seulement  dans  le  present,  mais 
dans  PaTenif.  Ainsi  se  peupla  et  s'anima  Pinterieur  du  cha- 
teau ;  ainsi  s'eiargit  le  cerdede  la  Tie  domestiqoe  fiiodale. 

En  m^me  temps  se  deTdoppait  un  autre  fait  dans  I'mtio 
rieur  du  chiteau.  La  cbcTalar ie  y  prenait  naissance. 

Descendons  maintenaut  au  pied  du  cliAteau,  dans  ces  cfae- 
tiTcs  demeures  ob  Tit  la  population  sujette  qui  en  cultive 
les  domames.  Sons  Pempire,  la  rente  due  par  le  colon  au 
proprietaire  etait  fixe;  line  depeodait  pas  du  proprietaire  de 
PeicTtr  k  son  gre.  Mais  b  c  a p i  ta t  io  u  que  je  colon  i^yait 
k  Pempereur  Tariait,  s^aggraTaitsans  cesse,  et  la  Tolonte  de 
Pempereur  en  deddait.  Quand  la  fusion  de  la  aouTerainete 
et  de  la  propriete  fut  operee  au  sdn  du  fief,  le  seigneur  fut 
biTesti,  comme  souTerain^  du  droit  d'imposer  la  capitation^ 
et,  comme  proprietaire,  du  droit  de  perceToir  la  redcTance. 
Selon  les  andens  usages,  la  redeTsuce  derait  rester  la 
meme ,  et  ce  principe  passa  dans  la  feodaUte.  Mais,  quant  a 
la  capitation,  qui  deiint  la  taille,  le  sdgneori  comme  jadis 
Pempereur,  la  r^la  et  Paugraenta  selon  son  plaisir.  Amsi, 
le  meme  maltre  disposa  de  la  redevance  et  de  rimp6t,  et 
ce  fut  Ui,  sans  nul  doute,  un  graTe  cbangemenL  non-seu- 
lement le  seigneur  taxait,  taUUUt  ^  son  gre  ses  colons, 
mais  toute  jutidiction  lul  appartenait  sur  eux.  En  prindpe, 
et  dans  P&ge  de  la  Traie  (eodalite,  il  aT«t  le  droit  de  faire 
grftce  aussi  bien  quele  droit  de  punir. 

Au  milieu  de  Panarchie  et  de  la  tyrannic,  il  etait  impos- 
sible que  id  distinction  entre  la  condition  dies  colons  et  cdle 
des  esclaTcs  se  maintlnt  daire  et  predse.  Aussi,  quand  on 
parcourt  les  documents  de  Pepoque  feodale,  on  t  retrooTe 
tous  cos  noms  qui,  dans  la  legislation  romaine,  designaient 
spedalement  les  colons,  oo^c^ni,  adscripUM,  inguilini, 
censitif  etc.  Mais  on  les  trouTe  employes  au  basard,  pres> 
que  indifreremment,  et  confondus  sans  cesse  stcc  cdni  de 
servi.  La  distinction  cependant  ne  cessa  jamais  d^etre  non- 
seulement  redle,  mais  reconnue  par  les  jnrisconsultes  : 
c'etait  par  le  mot  de  vUoin  squalls  designaient  ordinaire- 
ment  les  colons.  «  Et  sacbe  bien,  dit  Pierre  de  Fontaine, 
ke,  sdon  Diax,  tu  n*as  mie  pidne  poeste  seur  ton  Tilain. 
Done  se  tu  prens  du  sien  fbrs  les  droites  redcTances  ki  te 
doit ,  tu  les  prens  centre  Dieu  et  seur  le  peril  de  Paroe,  d 
comme  robitoes.  »  Pen  k  pea,  par  cela  soul  qu*en  prindpe 
les  droits  du  possesseur  de  fief  sor  les  Tilains  qui  cultiTaient 
ses  domaines  n*etaiont  pas  tout  k  fait  illimites  et  arbitraires, 
la  condition  des  Tilains  acquit  qudque  fixite. 

Telle  est  la  Tertu  de  la  seole  idee  de  droit,  que  partout 
oil  die  existe,  dte  qu*elle  est  admise,  qudque  contraires 
que  lul  aoient  les  faits,  die  y  penHre,  les  combat,  les  dompte 
peu  k  pen,  et  deTient  une  iuTindble  cause  d'ordre  et  de  de- 
Tdoppement.  Ce  fut  en  effd  ce  qui  arrira  an  sein  du  re 
gime  feodal.  Du  cinquiime  au  dixitoie  sfede  on  Toit  la 
population  agricole  constanmient  decboir,  etde  plus  en  plus 
miserable.  A  partir  du  onzieme  le  progrte  commence , 
progres  partid,  assez  longtemps  insendble,  qui  se  manifests 
tantdt  sur  un  point,  tantAt  sor  on  autre,  lalsse  subsister 
des  iniquites  et  des  souffrances  prodigieuses,  et  que  cepen* 
dant  on  ne  sanrait  meconnaltre.  Ce  progrte  eut  bient^t 
Pdfet  qu'on  en  dcTaU  atteodre,  et  la  fameuse  ordoBaaacr 


FEODALIXe 


^43 


de  Louts  le  Hutinrarrafiranchissementdes  serfsprodama 
leprindpA  que,  «  8elon  le  droit  de  nature ,  cbacun  doit 
naltre  frauo,  et  que  la  cboM  doit  s'accorder  au  nom  ». 
Looif  n'enteiidait  point  donner  la  franchise  aos  colons  :  il 
la  leur  rendait  k  bonnes  et  convenables  conditions ;  mais  il 
n'en  est  pas  moins  certain,  en  principe,  que  le  rd  croyait 
doToir  la  lear  Tendre;  en  bit,  quHs  ^talent  capables  de 
Tacbeter.  C€t^  %  entre  le  onziime  et  le  quatorzitoie  tih- 
de,  iliie  immense  diinirence  et  un  immense  progrto^ 

La  d%nilA  des  ileb  tariait  comma  leur  nature.  Qudque- 
fois  trte-l^tee  et  presque  nominale ,  hi  difKrenoe  est  le  plus 
sourent  r^e.  0'autre  part,  la  situation  des  possesseurs  de 
fielii  ^talt  tris-complexe;  la  plupart  d*entre  eux^taientea 
mteie  temps  suzerains  et  rassaux  :  suzerains  d*un  td,  Ik 
raison  dW  fief  quMls  lui  araient  donn^ ;  Tassanx  da  rn^me 
ou  de  td  autre,  k  raison  d'un  autre  fief  quails  tenaient  de  lui. 
te  mtoM  bomme  poss^ait  desflefli  de  natures  trto-diverses  i 
id  on  fief  re^  k  charge  du  serrice  mifitaire,  \k  on  fief  tenu 
de  serfioes  infiMeurs.  Enfin,  la  ro-]^aut4  et  les  commu- 
nes, partoot  et  sans  cesse  en  contact  vrec  toutes  les  parties 
de  la  soci^t^  fitodale,  y  ^laient  partout  une  jiouTdle  source 
de  complexity  et  de  vari^t^.  Ck>mment  la  fitodalit^  se  serait- 
elle  d^Ydopp^  sous  des  formes  pures  et  sbnplest 

Les  relations  f<fodales  n'^taient  qu*une  transformation  des 
fdatlonsde  l*ancienchef  barbare  aTCO  sescompagnons.  Sur 
la  pefsonnalit^  et  la  liberty  reposait  cette  sod^tis  mobile, 
tMse  premttre  de  la  sod^  CMale.  Ce  earadte  primltif  de 
la  rdation  ne  Alt  point  aboli.  Instinctirement,  par  la  seule 
puissance  4es  mcBors,  on  fit  effort  pour  qu'elle  restftt  libre 
et  personndle.  A  la  mort  dhia  vassisd ,  quoique  le  prindpe 
de  fb^r^t^  des  fids  (dt  compUtement  ^tabli,  son  fils  dtait 
tenu  de  fidre  bommage  do  fid  4  son  suzerain.  «  Le  sd- 
gneiir  fiSodd  doit  estr)e  requis  humblement  par  son  bouime.  .* 
ayant  la  teste,  nue ;...  et  le  Tsasd  doit  descdndre  sa  ceinture, 
sH  en  a,  osier. son  espte et  baston,  et  sd  mettre  h  un  ge^ 
nottil  et  dire  ees  parples  »  :  «  Je  dcTdgne  vostre  bomme  de 
cest  jour  en  avant,  de  Tie  et  de  membres..*  >  C'est  id 
^Yjdemment  un  acte  analogue  k  celoi  par  lequel  un  compa-- 
pagnon  choiaissait,  d^darait  autrefoiiB  son  chef :  «  Je  de*. 
Tieos  Totre  bomme.  »  Et  le  mot  mftme  hommage  (homU 
nium),  que  Teut-il  dlk«,  sinon  qu'un  td  se  foit  honune  de 
td  autre  ?  A  la  suite  de  lliommage  Tendt  le  serment  de  fid6- 
lit^;  les  deux  actes  ddent  esseutleUement  distincts.  Cda 
lait,  le  suzerain  donndt  au  vassd  TioTestiture  du  fief,  lui 
remettant  une  moUe  de  g^zon  ou  une  branclie  d'arbre,  on 
une  poignte  de  terre,  on  td  autre  symbole.  Alors  seulement 
le  vassal  ^tdt  en  pldne  possesdon  de  son  fief.  Malgri  Tin- 
troduction  de  Td^ent  de  la  propri^t6  (onci^e,  le  prindpe, 
qui  a^dt  pr^d^  k  la  formation  de  Tandenne  bande  genua* 
nique,  le  cboix  Tolontalre  du  chef  par.  les  compagnons  et 
des  compagnons  par  le  cbef ,  perdsta  dans  la  noutdle  sod^ 
Le  consentement  ddt  u  bien  exig^  pour  serrer  le  ncrad  de 
Tassodation  dtodde,  que  soutent  la  formule  m6me  del'bon^ 
mage  rexprime  nettemnt  Le  mineur,  I'entot  au  bercean, 
^taiedt  admis  4  fdre  bommage;  mais  le  serment  de  flddit^ 
oe  pouTsit  renir  qu*4  Tdpoque  de  la  msjorit^.  L'hommaga 
Hui  une  esptee  de  c^r6monie  proTisoire,  qui  cootinudt  en- 
tre le  suzerain  et  le  mineur  les  rdation^  qui  aTsient  exists 
^eutre  le  suzerabi  et  son  pte,  mais  qui  n^dtablissait  pas  plei* 
nement  la  soddi6  entre  eui :  il  felldt  qu*4  la  nuyorit^  le  ser» 
ment  de  ftddit^  et  rinvestiture  Tihssent  confirmer  les  en« 
gagements  quele  mineur  avdt  pris  en  pretaot  Tbommage. 

Les  obligitions  que  contractdt  le  rassd  enters  son  suze* 
rain  ^laicnt  de  deux  sortes :  obligations  mordes  et  obligstions 
ipat^dles,  derobs  et  serTices.  Voyez  en  quds  temies  les 
Arises  deJ&u$alem  posent  lesprindpdes  obligations  mo* 
rdes  da  Tassd  envers  son  suzerain.  CTest  qu*entre  Tenfance 
des  sod^t^s  et  leur  plus  grand  d^fdoppement,  U  y  a  une 
4poqoe  od  la  legislation  s^empare  de  la  morale,  la  r^ige ,  la 
pobiie,  la  commando,  ob  la  dtelaretioa  desdeToirs  est  consi- 
d^rte  eomme  la  mission  et  Tun  des  plus  puissnots  moyens 
de  laloi.  Cest  tt,  dans  riiistoire  de  la  sociiitd  dfilemoderne, 


le  caract^e  distinctif  de  la  Mglslation  {itodale..La  morale  y 
tient  une  grande  place,  elle  6mm^re  les  dcToirs  rteiproqiies. 
des  Tsssaux  et  des  suzerdns,  les  sentiments  qu*Us  dolTeni 
se  porter,  les  preutesqu^ils  sont  tenus  des*en  douner.  Quaot 
aux  serYices,  le  premier  et  cdui  que  Ton  peut  consid^rer  « 
comme  la  source  d  la  base  mtoie  de  la  rdation  f^^e,  cW  ' 
le  service  militdre.  On  ne  saurdt  afflrmer  rien  de  g^ral 
sur  la  nature,  la  dur^  les  formes  de  cette  obligation,  Uk 
11 6tdt  de  soixante  jours,  id  de  quarante,  ailleurs  de  vingt. 
Le  rassd,  sur  la  r6quidtion  de  son  sdgneur,  ^tait  tenu  de 
le  suirre  tantdt  seul,  tantdt  avec  td  ou  td  nombre  d'hom*. 
mes,  tantM  dans  les  limitesdu  territoire  ffodal,  tautdt  par- 
toot,  tantAt  pour  la  dtfense  seulement,  tantdt  pour  rattaqua 
comme  pour  la  defense.  Les  conditions  du  serrice  milltaiia 
▼arident  sdon  l*dendue  do  fief  :  un  fief  de  telie  ^ndua 
obligedt  k  on  serrice  couplet;  un  fiefmoitie  moins  grand* 
n'hnposdt  que  la  moitl6  du  service.  En  un  mot,  la  varidi6 
des  conditions  d  des  formes  de  TobUgation  ^tdt  prodigreose.. 
La  second  service  dA  par  la  vassd  k  son  suzerdn,'  et 
qu'«xprimdt,  sdon  Brassd,  le  moijlduei^  (fiancel,  tftdt 
I'obllgatiQn  de  tervir  le  suzerain  dans  sa.  eour,  dans  sesi 
pldds,  toutes  les  fois  qu'il  conToquait  sbs  rassaux,  sdl 
pour  leur  demander  des  consdls,  soit  pour  qu^jls  prisseat 
part  an  jugement  des  craitestations  portte  devaat  lui.  La 
troidtoe  service,  J«ffi/ia,  ^tdt  robligatioa  de  reconnaltre 
la  juridictlon  du  suzerain.  Le  quatri^me,  otur^ki^amsiatdt 
en  certains  secours  ptoniaires,  que  dans  certains  eaa  les) 
rassaux  devdent  k  leur  sdgneur  :  i*  quand  Q  Mt  en  pri-s 
son  d  qu*il  faUdt  payer  sa  rancon ;  7!*  quaad  il  armdt  am 
fils  atn^  cheTalier;  3*  quand  |1  maridt  sa  filla  alnte.  Ontre 
oes  aides,  ditas  I4gaie$^  il  y  avdt  encore  les  ddes  gracUU'i 
MS,  que  le  sdgneur  ne  ponvdt  obteuir  que  du  consentement 
des  vassaux. 

L*u8age  introduidt  de  plus  en  fiiveur  du  suzerain  queU 
ques  prerogatives :  1*  le  drdt  de  relirf  ( relevHfm,  rtUva* 
mmtuim),  que  llkdritier  d*ua  fid  devait  payer,  comme  d  le 
fief  etait  tombe  par  la  mort  du  possesseur,  et  qu'il.fallfit  la 
relever  poor  en  reprendre  posiMssloa;.  a*  le  droit  appelA 
placUum^  raehahen,  reaeeap^tumt  et  qui  consistdtan  une 
somme  qu^  tout  aeqoereui  d*un  fief  vendo  payait  au  suze- 
rain k  cheque  motatioo;  S*  hfarftdture  ou  decbeance  :. 
lorsqoa  le  rassal  manqudt  4  td  ou  td  de  ses  prtndpaox 
devdrs  ftodaux,  il  tombdt  en  forfeiture,  c^ed-lndire 
qu'il  perddt  s«»n  fief,  soit, pour  un  temps  Unite,  soit  pour  )a 
vie,  soU  meme  pour  toqjours;  V^  le  .droit  de  totdle  ou  da 
garde-noble  :  pendant  la  miaorit6  de  ses  Tasaaux^  le  suze« 
rain  prendt  radministratiQU  du  fief,  d  jouissdtdu.reveou; 
5®  il  avdt  aosd  le  drdt  de  manage  {maritagiuni},  c'e8t«^ 
k'din  le  droit  d'oCfrir  on  mari  k  llieritiire  du  fief :  la  jeuna 
fille  ne  pouvait  se  dispenser  d*accepter  un  des  maris  qu'oii 
lui  offrait,  d  ce  n'est  en  payantau  suzerdn  ana  somme  egde 
IkceUequ'lls  lui  sTdent  of ferta  pour  Tafoir  pourfemme; 
car  cdui  qui  prdenddt  k  la  main  de  rheriUere  d*uafief  I'a* 
cbetdt  dnsi  du  suzerain.  Non^eulement  rmdepeudanee  da 
Tssaal  qui  avdt  rempli  ces  diverMS  obllgatioas  etalt  cook 
pl^,.  mais  il  avdt  des  drdts  sor  son  snzmin,.  at  la  MLn 
prodte  entre  eox  eidt  vedla.  La  sd^Mar  ddt  (ena  non*< 
seulement  de  ne  foire  aucun  fort  i  son  Tassd< '  mais  de  la 
proteger,  de  le  mainteair,  envera  d  co.ntro  tous^  eft  posses- 
sion de.  son  fief  d  de  tons  aes  droits. 

Les  vassaux  d'to  m^e  suxerain,  etablis  .autour.da  Inl 
sur  un  mtoie  territoire,  inTcstis  de  fiefo  de  meaie<  rang,.sont 
designes  an  moyealgs  par  anHH>t  qui  est  leste  dans  la  Ian* 
gage  des  tamps  modames^  par  le  not  paru  <les  pdrs).. 
Hors  des  rtonions  autour  da  l^or  snaeraln,  eti  mdns  qulla 
ne  sdent  lids  les  ims  aux  antres  k  titre  de  soseraia  et  ^% 
vassal,  ces  eganx  n*ont  entre  aux  pdnt  de  rapports  obl|g^». 
Iiabttuds;  lis  n9  se  doivent  rien,  ne  font  xienen  conmua :. 
ce  n'est  que  par  Tintermedlaire  de  leur  sozeraia  qpillsse 
rduaisseht  et  seformeat  en  sodete«  Ce  (ait  trop  pea  remar** 
que  est  un  de  ceu9^  qui  pdguent  et  expliquenl;  le  mieaxc 
I'extreme  faiblesse  de  la  spjcfake  fi^addd.  Ce|«dant«,  mdgiA 


844 

leur  isolement  1^,  par  cela  seal  quits  habitaient  le  mftroe 
territoire,  lea  Taaaaax  du  mtoe  smerain  avaient  des  rap- 
ports accideateby  irr^galiers;  H  fallait  absolument  que 
quelques  garanties  d'ordre  et  de  Justice  prteidassent  k  ces 
relations :  il  en  fallait  aussi  pour  les  rapports  du  suzerain 
avec  ses  Tassaux.  Quelles  ^latent  ces  garanties?  Quand 
fl  7  ayait  k  prononeer,  en  matiire  de  droit,  entre  deux  vas- 
•aux  du  mtoie  suxerain,  cMtait  au  sup^rleur  qu*on  deman- 
dait  Justice  de  llnfiSrieur.  Blals  le  smerain  n^avait  nul  droit 
de  juger  senl ,  fl  ^talt  tenu  de  convoquer  ses  yassanx ,  ks 
pairs  de  Taccns^;  etceux-d,  r^unis  dans  sa  cour,  pronon- 
^ent  sur  la  question.  Le  suserain  prodamait  leur  juge- 
ment.  Lors  mtoie  que  le  syst^e  Jud&daire  fiodal  eut  re^ 
une  profonde  atteinte,  lorsqu^  y  eut,  sous  le  nom  deb  ai  His, 
line  dasse  d*homoies  sp^ialement  charge  de  la  fonction 
de  juger,  la  nteessiti  du  jugement  par  les  pairs  se  perp^ua 
longtemps,  soit  k  c6t£  de  la  nouvdle  institution,  soit 
rn^me  dans  son  sdn.  Qu'arrivait-il  quand  la  contestation 
avait  lien  entre  le  suzerain  et  son  Tassalf  On  la  contes- 
tation avait  pour  objet  quclqu*an  des  droits  et  des  devoirs 
du  Tassal  euTers  son  suzerain ,  ou  du  suzerain  enyers  le 
Tassal  k  raison  de  leur  relation  ftodale  :  die  devait  alors 
dtrejugte  dans  la  oour  du  suzerain,  par  les  pairs  de  son 
vassal,  comme  toute  contestation  entre  rassaux.  Ou  bien  la 
contestation  ne  roubit  point  sur  le  fief  et  la  relation  fitodale, 
mais  sur  quelqne  attdnte  portte  par  le  suzerain  k  qudque 
droit,  k  qudque  propri^t^  du  va^  autre  que  son  fief;  et 
alors  le  procte  n'^tait  plus  jug^  dans  la  cour  du  suzerain, 
mais  dans  cdle  du  suzerain  supMenr. 

Si  le  sdgneuf  refusait,  ou,  sdon  le  langage  du  temps, 
vMt  la  JusLc4>  dans  sa  cour,  le  plaignant  formaitune  plainte 
dite  en  difuwte  de  droU;  ou  si  I'une  des  parties  trouvait 
le  jugement  mauvus,  die  se  plaignait  en  faux  jugement; 
et  dans  les  deux  cas  la  plainte  ^tait  port^  devant  la  cour 
du  sdgneur  sup^eur. 

Mais  quds  moyens  assuraient  le  maintien  du  droit  une 
fois  reconnu  et  prodam^?  II  n*y  avait  nuUe  autre  Toie  que 
la  guerre.  Le  se^enr  dans  la  coor  doqud  le  jugement  avalt 
^t^  rendu,  ou  le  plaignant  au  profit  duqud  il  avait  ^t^  rendu, 
confoquait  ses  bonmies,  d  tentdt  de  contraindre  k  Tob^is- 
sance  odui  qui  avait  ^  condamn^.  La  guerre  partidle ,  la 
force  employte  par  les  dtoyens  eux-mtoies,  telle  6tait,  en 
ddfinitiTe,  la  senle  garantie  de  Tex/teution  des  jugcuents. 

Le  mode  d'examen  des  droits  contests  vdait-il  mieux? 
Pour  qu'un  precis  qudconque  soit  bien  jug^  par  les  d- 
tuyens  eux-m6mes,  11  importe  que  ceux  auxquds  on  s'a- 
dressedans  ce  dessdn  puissent  6tre  r^unis  promptement, 
facilement,  souvent;  quils  vivent  habitueUement  rappro- 
cb^;  quails  aient  des  intMts  oommuns;  qu*il  leur  soft  ais^ 
et  naturd  de  considdrer  sous  le  mime  point  de  vue,  d  de 
bien  connaltre  les  faits  sur  lesquds  XiA  sont  appdis  k  pro- 
noncer.  Or,  rien  de  td  n*existait  dans  la  soditi  fdodale.  Le 
plus  souTent,  les  vassanx  s^inquiitalent  peu  de  venir  k  la 
cour  de  leur  suzerain ;  ils  n*y  venaient  pas.  Qui  les  y  aurait 
contrainU?  Ils  n'y  avaient  point  dIntMt  direct;  et  I'in- 
t^iitginiral,  patriotique,  ne  poavaltitre  fortement  ezciti 
dans  un  td  itat  sodal.  Aosd  les  cours  fitodales  itaientdles 
fort  peu  suivies;  on  itait  obligi  de  se  contenter  dHin  tris- 
petit  nombre  d'assistants.  Sdon  Beaumanoir,  deux  pairs  de 
I'accusi  suflisent  pour  juger;  Pierre  de  Fontaine  en  veut 
quatre;  saint  Louis, dans  ses i^^afr/iiiemen/i,  t\e  ce 
nombre  k  trois.  Le  sdgneur  appelait  ceux  qui  luiconvendent; 
rien  ne  Pobligeait  k  les  convoquer  tons,  *  k  convoquer  les 
uns  plutAt  que  les  autres.  L'artntrdre  r^gnatt  dnsi  dans  la 
composition  de  la  cour  fifodale;  et  ceux  qui  8*y  rendaient 
y  itaioii  le  plus  souvent  attiris  soit  par  qudque  intirit  per- 
sonnel, soit  par  le  seal  disir  de  oomplaire  k  leur  suzerain.  11 
n*y  avail  point  \k  de  viritables  garanties.  Aussi  en  cherdia- 
t-on  d*autres  :  la  guerre  privie  d  le  duel  judidaire,  qui  de- 
Tinrent  deviritables  institutions,  des  institutioas  r^ies 
aelon  des  principes  flses,  et  avec  des  formes  roinutieuse- 
»ent  convcnues;  principes  bien  plus  fixes,  formes  bien 


F^ODALITt 


mieux  oonvenues  que  n*^taient  edies  des  jugements  pacr« 
fiqoes.  On  trouve  dans  les  monuments  fiodaux  beaueoup 
plus  de  details ,  de  prtoiutions,  de  prescriptions  sur  les 
duels  judiciaires  que  sur  les  procte  proprement  dits,  sur  les 
guerres  privies  que  sur  les  poursnites  juridiqnes.  Qu*est-ce 
Mire,  sinon  que  le  combat  jndiciaire  et  la  guerre 
privie  sont  les  seules  garanties  auxqudles  on^dt  con- 
fiance,  d  qn'on  les  institue,  qu*on  les  rigle  avec  soin,  parce 
qu*on  y  a  plus  souvent  recours. 

Le  lien  fiodai  ne  se  formdt  que  par  le  consentement  de 
ceax  qui  y  itaient  engagis ,  du  vassal  comme  du  suzerain, 
de  rinfirieur  comme  du  supMeori  on  entrait  dans  la  so- 
diti  fitodale  k  des  conditions  oonvenues,  bien  diterminies, 
connues  d^avance;  aucune  nouvdle  toi,  aucune  nouvdle 
charge  ne  pouvdt  itre  imposie  au  possessenr  de  fief,  si  oe 
n'est  de  son  consentement;  le  jugement  des  contestations 
devies  entre  les  propriitaires  de  fiefs  appartenait  anx  pro* 
priddres  de  fiefs  eax-mimes;  le  droit  die  ridstance,  que  les 
peuples  dvilisis,  avec  tant  de  raison,  redoutent  taut  d*in- 
voquer  et  mime  d^inoncer,  ddt  formdiement  proclanii 
dans  les  itablissements  de  saint  Louis';  enfin,  ie  vassal  d 
le  seigneur  pouvaient  igdement  rompre  Fassodation  d  re- 
nonceraux  charges  comme  aux  avantages  dela  rdation  fio- 
dale  :  par  exemple,  d  le  vassd  croyait  avoir  qudque  grave 
motif  d^appder  son  seigneur  au  combat  judidaire,  il  en  itdt 
le  mattre;  il  fallait  seulement  qu*il  renon^t  k  son  fid;  le 
sdgneur,  dans  le  mime  cas,  devait  renoncer  ao  lien  fiodal. 

Tds  itaient  les  prindpes  de  droit  et  de  liberty  qui  pr^- 
sidaient  a  Tassodation  des  possesseurs  de  fiefs.  Qn*itdent-il8 
destinis^  protiger?  La  libertiindivldudle  contre  toute  force 
extirieure.  Mds  qu'est-ce,  k  vrd  dire,  dans  l*itat  aocid,  que 
Tindipendance  individudle^  C*est  la  portion  de  son  exis- 
tence et  de  sa  destinie  que  I'individu  n'engage  pas  dam 
ses  rdations  avec  les  autres  hommes.  Or,  oe  n'est  poini 
par  la  pridominance  de  llndipendance  indivldoelle  que  se 
fonde  d  se  divdoppela  soditi;  die  condste  esseDtidle- 
ment  dans  la  portion  d'existence  et  de  destinie  que  les 
hommes  mettent  en  common,  par  laqudle  ils  tiennent  les 
uns  aux  autres,  et  vivent  dans  les  mimes  liens,  sous  les 
mimes  lois.  C*est  1^,  k  proprement  parler,  le  fait  sodd. 
Sansjdoute  llnd^pendance  indivlduelle  est  respectable,  sdnt , 
et  doit  conserver  de  puissantes  garanties.  Mds  ividem- 
ment  dans  le  rigime  fiodd  cette  indipendanoe  itait  exces- 
sive, et  s'opposait  k  la  formation,  au  progris  viritable  de 
la  soditi;  c'ddt  Tisolement  encore  plus  que  la  liberti. 

Ansd,  indipendamroent  de  toute  cause  itrangire,  par  sa 
seule  nature,  la  soditi  fiodale  itdt-dle  incapd[>le  de  sub- 
sister  riguliirement  et  de  se  divdopper  sans  se  dinaturer. 
D'abord,  une  prodigieuse  inigaliti  s'introduidt  tris-vite  entre 
les  possesseurs  de  fiefs.  Dans  les  premiers  temps,  la  mul- 
tiplication des  fiefs  fut  rapide.  Dis  le  milieu  du  onzlime 
slide,  commence  le  phinomine  contraire  :  ie  nombre  des 
petitsfidk  diminne ;  les  fiefs,  dij&  grands,  s'agrandissent  aux 
dipens  de  leurs  voisins.  La  force  prisiddt  presque  seule  k 
ces  rdations;  d  dis  que  Pinigditi  itait  qudque  part,  die 
allait  se  diployant  avec  une  rapiditi ,  une  fteiliti  fnoonnoes 
dans  les  soditis  od  le  faible  trouve  contre  le  fort  protection 
et  garantie.  Quand  IHnigaliti  des  forces  est  grande ,  I'iniga- 
liti  des  droits  ne  tarde  pas  &  le  devenir.  Orlgindrement^ 
tout  possessenr  de  fief  avait  dans  son  domaine  lea  mimes 
droits,  Ie  pouvoir  ligislatif,  le  pouvoir  judidaire ,  souvent 
mime  le  droit  de  battre  monnde.  Dis  le  onziime  dicle, 
rinigditi  des  possesseurs  des  fiefs  est  ividente  :  les  uns 
possident  ce  qu'on  a  appdi  la  haute  justice,  c'ed-i-dire 
une  juridicUon  complde,  qui  comprend  tons  les  cas ;  les 
autres  n*ont  que  la  basse  justice,  juridiction  infirieure  d  li- 
mltie,  qui  renvoie  au  jugement  du  suzerain  les  cas  les  plus 
graves.  Sous  le  point  de  vue  ligidatif  et  politique,  le  mime 
fait  se  diclare.  Les  dmples  liabltants  d*un  fief  dipen- 
daient  complitement  du  sdgneur,  qui  exercait  sur  enx  les 
droits  de  la  suzeralneti.  On  voit  au  bout  d*un  certain 
temps  le  suzerain  intcrvenir  dans  le  gouvemementint($rieor 


f£odaut£ 


U£ 


Jes  fieft  de  set  yassftax,  exercer  un  droit  de  sunreUlance, 
de  protection,  dans  les  npports  du  simple  seigneur  avec  la 
population  sujette  de  ses  domaines.  D*autres  cbangements 
s'aocomplissaioit  en  rodme  temps'par  les  memes  causes.  Le 
prindpe  fondamental  en  matl^re  de  contestations  privies 
itait  d'abord  le  jugement  par  les  pairs,  ensuite  la  guerre 
priT^e  et  le  combat  Judidaire.  Mais  le  jogement  par  les  pairs 
^tait  presque  impraticable;  et  les  plus  grossiers  esprits  ne 
oonfondent  pas  longterops  la  force  avec  la  justice.  Alors 
sintroduistt  dans  la  f^odalitd  un  autre  systime  judiciaire, 
one  dasse  sp^ciale  d'bommes  tou^  k  la  fonction  de  juges. 
C*est  III  (a  veritable  origine  des  baillis,  et  meme,  avant  eux, 
des  pr^Y6ts,  cbargte,  au  nom  du  suzerain,  d'abord  de  per- 
oeToir  sesrevenus,  les  redevances  des  colons,  les  aroendes , 
ensuite  de  rendre  la  justice.  Ainsi  comment  I'ordre  judi- 
daire modeme,  dont  le  grand  caract^re  est  d*avoir  fait  de 
Tadministration  de  la  justice  une  profession  disUncte ,  la 
Ucbe  sp^ale  et  exclusiye  d*une  certaine  classe  decitoyens. 

Nous  ayoDs  assists  h  la  lente  et  laborieuse  naissance  du 
n^gime  kodal;  et  cet  expose  snffit  pour  d^truire  Tidde  que 
se  sont  fonn^  de  son  origine,  non-seulement  le  public,  mais 
beauGOup  d*hommes  savants ,  qui,  par  un  anachronisme 
Evident,  mals  naturd,  ont  transports  ie  dixiime  sitele  an 
sixi^me,  et  suppose  que  la  fitodalitS  s'etait  faite  d*un  seul 
coup,  telle  qu'elie  fnt  cinq  cents  ans  plus  tard ,  lui  donnant 
ainsi  pour  origjne  V^i  sodal  que  son  triomphe  progressif 
deyait  aiuener.  De  grandes  Glioses  et  de  grands  liommes, 
la  cbeyalerie,  les  croisades,  la  naissauce  des  langues  et  des 
litttoitures  populaires  Tout  illustrte.  De  U  datent  presque 
tontes  les  families  dont  le  nom  se  lie  aux  ^y^ements  na- 
tionaux,  une  foule  de  monuments  religieux,  od  les  hommes 
se  rassemblcnt  encore;  et  pourtant  le  nom  de  la  fSodalitS 
ne  r^ydlle  dans  Tesprit  des  peuples  que  des  sentiments  de 
craintCy  d'ayersion  et  de  d^oAt.  Peut-on  s*eD  StonnerP  Le 
despotisme  Stait  l^  comme  dans  les  monarchies  pures,  le 
priyil^e  comme  dans  les  aristocraties  les  plus  conoentr^, 
et  I'un  et  Pautre  s*y  produisaient  sous  la  forme  la  plus  of- 
fensante,  la  plus  crue ;  le  despotisme  ne  s'attSnuait  point  par 
rsioignement  et  Tdi^yation  d'un  tr6ne;  le  priyil^e  ne  se 
ydlait  point  sous  la  majesty  d^un  grand  corps ;  Tun  et  Pautre 
appartenaieut  k  un  homme  toujours  pr^nt  et  toujours  seul, 
toiijours  yoisin  de  sea  siijets,  jamais  appelS,  en  traitant  de 
leur  sort,  h  s*«;Dtourer  de  ses  ^ux.  Or,  de  toutes  les  tyran- 
nies, la  pire  est  celle  qui  peut  ainsi  compter  ses  sujets  et 
voit  de  son  si^e  les  iimites  de  son  empire.  Les  caprices 
de  la  yolontS  humaine  se  deploient  alors  dans  leur  intole- 
rable bizarrerie  et  ayec  une  irresistible  promptitude.  C'est 
alors  que  Hnegalite  des  conditions  se  fait  le  plus  rudement 
sentar ;  la  ricbesse,  la  force,  I'independakce,  tous  les  ayan- 
tages  et  tons  les  droits  sWent  k  cliaque  instant  en  spec- 
tacle k  la  mis^re,  k  la  faiblesse,  k  la  seryitude.  Les  habitants 
des  fiefe  ne  pouyaient  se  consoler  au  sein  du  repos  :  sans 
cesse  compromis  dans  les  querelles  de  leur  sdgneur,  en 
proie  aux  d^yastations  de  ses  yoisine ,  Us  subissaient  k  la 
fois  la  contioudle  presence  de  la  guerre,  du  privilege  et  du 
pouyoir  absoiu. 

Mais  si  la  ftodalite,  en  plaint  le  maltre  prte  du  sujet, 
rendait  le  despotisme  plus  odieux  et  plus  pesant,  die  pla- 
^t  aussi,  dans  la  nation  souyeraine,  rinf^rieur  pr68  du  su- 
perieur,  cause  tr^efficace  d'^liie  et  de  liberty.  La  gran- 
deur fSodale  etait  accessible  et  simple,  la  distance  courte 
du  yassal  au  suzerain,  llsviyaiententreeux  famiii^rement 
et  comme  des  compagnons,  sans  que  la  superiority  se  pOt 
croire  illimitee,  ni  la  subordination  senrile,  presque  egalc- 
inent  necessaires  Tun  k  Tautre,  seule  garantie  assur^e  de 
(a  j^procite  des  deyoirs  ct  des  droits.  Do  14  cette  etcndue 
de  la  yle  domestique,  cette  noblesse  de  services  personnels 
ou  Tun  des  plus  gSnereux  sentiments  du  moyen  Age,  la  fi- 
ddite,  a  pris  naissance,  et  qui  conciliait  merydllousement 
ta  dignite  de  Tlu^mme  ayec  le  devouement  du  yassal.  D'ail- 
leors,  les  situations  n*etaient  point  exdusives  :  le  suzerain 
d*un  Gef  eiait  le  vassal  d*un  autre  {  souvcnt  les  mfimcs 

OI'JT.   Oe  L4  CO>VLK»ATIO.N.  —  T.  IX, 


bommes,  k  raison  de  fiefs  diflerents,  se  trouvaient  entre  wt 
tant6t  dans  le  rapport  du  vasselage,  tant6t  dans  cdui  de  It 
suzerainete  :  nouveau  prindpe  de  li^prodte  et  d*egalite. 

(sole  dans  ses  domaines,  c^etait  iichaquepossesseur  defief 
k  S7  maintenir,  ^retendre,  k  se  conserver  des  sujets  soumis* 
des  vassaux  fiddles,  k  punir  ceux  qui  lui  manquaientd*obeis- 
sauce  ou  de  foi.  Les  liens  qui  Punissaient  k  ses  superieurs  ou 
k  ses  egaux  etaient  trop  faibles,  les  garanties  qu*tl  y  pouvait 
trouver  trop  lointaines  et  trop  tardives  pour  qu'il  leur  con- 
dki  son  sort.  De  \k  cette  individualite  si  forte  et  si  fi^, 
caract^re  des  membres  de  la  liierarchie  feodale.  Cetait  un 
people  de  dtoyens  epars,  dont  chacun,  toujours  arme,  suivt 
de  sa  troupe  ou  retranche  dans  son  fort,  yeillait  loi-mdme 
k  sa  sOrete ,  k  ses  droits,  comptant  bien  plus  sur  son  cou- 
rage et  son  renom  que  sur  la  protection  des  pouvoirs  pu- 
blics. Un  tel  etat  ressemble  moins  k  la  societe  qu^k  la  guerre, 
mais  l*energieet  ladignite  del'lndividu  s*y  maintiennent;  la 
sodete  peut  en  sortir.  En  effet ,  jusque  \k  dlssoute  et  sans 
forme,  die  a  retrouve  enfin,  avec  une  forme  detenninee,  un 
point  de  depart  et  un  but.  Le  regime  feudal,  k  peine  vain- 
queur,  est  aussit6t  attaque,  dans  les  degres  infi^eurs,  par 
la  masse  du  peuple ,  qui  essaye  de  reconquerlr  qudques  li- 
bertes,  quelques  proprietes,  qudques  drdts;  dans  le  degre 
snperieur,  par  la  royante,  qui  travaille  k  recouvrer  son  ca- 
ract^re  public,  k  redevenir  la  tete  d*une  nation.  Ces  efforts 
lie  sont  plus  tentes  au  milieu  du  choc  de  systtoies  divers , 
confus,  et  qui  se  reduisent  Tun  Tautre  k  Timpulssance  et  k 
I'anarcbie;  ils  naissent  au  sein  d'un  systeme  unique,  et  ne  se 
dirigent  que  centre  lui.  L'aristocratie  feodde,  plus  que  toute 
autre  aristocratic,  provoquait  les  resistances  par  les  exces 
dhme  tyrannic  individodle  et  toujours  presente ;  et  en  memo 
temps  die  etait  beauooup  moins  capable  de  les  surmonter.' 
Ses  rangs  n*etaient  point  serres ;  die  opprimait  et  rt^sistait 
tndividndlement.  Son  oppression  en  etdt  plusarbitaire,  mafa 
moins  savante,  et  sa  resistance  moins  dficace,  surtout  moins 
obstinee.  Ensuite,  Texemple  de  ia  liberte  etait  yoisin  et  in- 
dividud  comme  la  source  de  Toppression.  Dans  ses  rap- 
ports avec  son  suzerain,  avec  ses  yassaux,  cliaque  sdgneur 
revendiquait  sans  cesse  ses  droits,  ses  privileges,  Texecu- 
tion  des  contrats  ou  des  promesses.  II  appeldt  la  population 
de  ses  domaines  k  les  soutenir  avec  lui  et  par  la  guerre. 
Cette  population  comprit  qu^elle  aussi  pouvait  rddamer  des 
droits,  condure  des  traites;  die  se  sentit  renattre  k  la  vie 
morale;  et  un  siede  s^etait  k  pdne  ecouie  qu'au  mouvement 
general  des  communes  yers  raffrandiissement  et  les 
cbartes,  on  put  reconnattre  que  le  peuple,  loin  de  s'avilir, 
avait  recouvre  quelque  dignite  et  quelque  energie  sous 
le  regime  le  plus  arbibraire ,  le  plus  vexatoire  qui  (ut  ja- 
mais. 

La  feodalite  n^etait  pas  plus  compacte  centre  ta  royaute 
que  contre  Tailranchissement  du  peuple.  A  Tune  et  k  I'antre, 
un  senat  eftt  oppose  la  force  d'un  corps  unique,  permanent, 
toujours  anime  du  meme  esprit  et  voue  au  meme  dessin. 
La  feoddite  ne  leur  opposa  que  des  individus  ou  des  coa- 
litions mal  unies  et  passageres.  Qu'on  y  regarde  :  la  for- 
mation progressive  de  la  monarchic  fran^ise  n'est  point 
une  oeuvre  politique,  la  lutte  d'un  ponvoir  central  contre 
une  aristocratic  qui  defend  et  perd  ses  libertes,  c'est  une  serie 
de  conqoetes,  la  guerre  d*un  prince  contre  d*&utres  princes, 
qui  defendent  et  perdent  leurs  Etats.  Les  rapports  et  les  de- 
voirs feodaux  etaient  le  seul  lien  qui  les  unit  entre  enx ;  et 
ce  lien,  par  sa  nature  meme,  touma  au  profit  non  de  Taris- 
tocratie,  mais  de  la  royaute.  Toute  aristocratic  veritable  est 
une  association  d'egaux.  L'aristocratle  feodale  ne'  fut  en 
France  qu*une  hierarchic  de  superieurs  et  d^inferieurs; 
hierardne  fondee  sur  des  droits  et  des  devoirs  redproques, 
maintenue  par  de  genereux  sentiments,  mais  qui,  ne  con- 
sacrant  que  des  rapports  Individ ueW,  ne  put  jamais  acque- 
rir  la  consistance  d'un  corps  politique.  Quand  le  roi  se  fut 
enfin  place  au  sommet  de  cette  confederation ,  ou  domiuait 
le  prindpe  de  IMsolement  et  de  rinegalite,  il  devint  le  centre 
de  toutes  les  obligations  feoddes»  Tobjet  le  plus  eieve  de  1^ 

44 


146  F£0DALIT£  —  FER 

MHt4  et  do  ddTOuement  Dte  lors  b  fdodalit^  fut  yaincue. 

F.  GUIZOT,  de  rAcadenie  Frftucaite. 

F£0DAUX  (Droits).  Voyei  Droits  f^odaux. 
F^ODOEy  nom  qui  a  ^i6  commun  a  trois  grands-priDoes 
40Btttsie. 


FtolX)R  i*%  fils  d'lTan  le  Terrible,  r^a  de  ibU  k 
1608.  Piinee  foible,  il  abandonna  presque  compl^tenoeDt 
la  pouvoir  it  SOD  beau-fr^re,  Boris  Godounof,  quiaon- 
Mldenient  dirigea  avec  habiletd  les  aCTaires  int^rieares  de 
nttst,  mais  encore  s*effor^  de  le  d^fendre  eontre  ses  en- 
Mttkis  ext^rieurs.  La  race  de  Rourik  s*^Ceignit  en  lui,  et  oe 
hi  Boris  Godonnof  qui  lui  suocMa,  aprte  avoir  foit  assas- 
alner  D^m^trius,  fr^re  de  F^MMlor. 

F£ODOR  II,  fib  de  Boris  Godounof,  ne  r^gna  que  pen 
de  temps.. 11  (hi  assassin^  en  1606;  et  il  eut  poor  succes- 
f^  le  premier  des  faux  D^m^trins. 

F£ODOR  UI,  fib  du  czar  Alexis,  r^gna  de  1676  k  16S2. 
11  gnerroya  centre  les  Polonais  et  les  Turcs,  el  gagna,  k  b 
lliix  de  BaklschisaraS,  Kief  et.qndques  autres  YiUes  de 
rUliraine.  Le  fait  b  plus  remarquabb  de  son  rfegne,  c'est 
fall  mit  fin  aux  pretentions  de  b  nobbsse  k  b  possession 
MrMilaire  des  liaotes  dignity,  et  qu'il  aboUt  bs  r^ements 
JDsqa'aiors  en  yigueor  sur  b  hitordiie  k  observer  par  bs 
aoUes  dans  les  empiois  publics,  rfeglemento  qui  donnaient 
Beo  k  de  nombreuses  contesUtions,  en  faisant  puUiquement 
brfiler  les  registres  contenant  les  litres  de  b  noblesse,  ap« 
pei^  raaiimd.  Le  plus  jeune  de  ses  frires,  Pierre  T',  lui 
Mce^,  an  m^ris  des  drotb  divan,  autre  fr^re  que  b 
lot  de  primogeniture  efit  appeie  a«  tr6ne>  mab  trop  bibb 
d'ifllelligence  ponr  faire  valoir  ses  doib. 

F£oDOR  IWANOWITSGH^  artbte  lemaiquable, 
Wfk  vers  176&,  au  milieu  d*une  borde  de  Kalmoucks,  sur  bs 
fimntl^res  de  b  Cbine  et  de^  Hussie,  ftit  fait  prisonnier  en 
1770  par  les  Rnsses,  qui  remmen^rent  k  Saint*Peierabottt^, 
06  rimperatrioe  Catlierine  b  prit  sous  sa  protectbo  parti* 
cliU^  et  le  fit  baptber  sous  ce  nom  de  FMtw  Iwano- 
Witich.  Plus  tard,  eependant,  elb  b  dda  k  b  prinoesse 
BMditaire  Am^lie  de  Bade,  qui  se  cbargea  de  son  ddnca* 
Hon*  Aprte  avoir  pendant  quelque  temps  suivi  bs  cours  de 
Vdeob  de  CarbrulML  il  se  d^dda  k  etudier  b  pdnture. 
Quand  il  eut  acquu  les  notions  pr^liminaires  indispensabbs, 
11  alb  passer  sept  anii4es  k  Rome,  ob  son  talent  se  d^ploya 
de  b  manito  b  plus  varide.  De  b,  fl  acoompagna  en  qua- 
nta de  dessbiateur  lord  Elgin  en  Grtee,  pub  k  Londies 
ponr  y  presider  k  b  gravura  de  Toeuvre  d'Elgin.  Aprte  nn 
l4<nir  de  Irob  ann^es  danseette  eapitale,  il  revint  k  Carb- 
tube,  ob  le  grand-due  Gbarbi-Freddric  le  nomma  peintre 
dto  sa  cour,  pbee  qu'il  oonserva  jtisqu'lt  sa  mort,  arrivde 

OD  1821. 

Gr&ce  k  retude  assidue  des  antiques  et  k  oeUe  des  anoiens 
mattres  floreutins,  Iwanowitscli  dtait  parvenu  k  s'approprier 
Compbtement  leur  styb,  4  b  fob  grandiose  et  s^vtoe.  Toutes 
les  tetes  temoignent  d'une  varidte  et  d*une  individualitd  dlon> 
aantes,  mais  ildoboua  toojours  dans  ses  eflbrte  pour  repro- 
dube  la  douceur  des  tralto  de  b  femme.  On  a  de  hii  quel- 
ques  pbncbes  merveilleusement  gravies,  entre  autres,  bs 
portes  de  bronze  de  Ghiberti,  et  une  Deseenie  de  er<Hx 
d*«pr|s  Daniel  de  Volterre. 
.  FEODOSIE.  Foyes  Kappa. 

FER* «  Le  fer,  •  dit  notre  calibre  Haiiy,  tel  que  la  na- 
tuns  Fa  prodnit  en  immense  quantity,  est  bten  dilf^rent  de 
eeUii  dent  I'aspect  el  Tusage  nous  sont  si  famiUen.  •  Ce 
a*est  en  eflet  presque  parioul  qu'une  masse  teoreuse,  une 
fouflte  sale  el  impure;  et  lors  m^me  que  b  fer  se  pr^sente 
dans  b  mine  avec  Tdebt  mdlalUque,  il  est  encore  trds-dlolgnd 
d'avoir  bs  quatilte  qn'eiigeni  bs  services  multiplies  qull 
ooos  rend.  L*bomme  nb gwbre  eu  besotn qued^epurer  For: 
fla IkUtt,  pour  ainsidira^ quHl  crttt  b  fer. 

Le  fer  est,  apris  Main,  b  plus  bg^j*  des  metaMx;son 
poids  spedfique  est  7,788.  Sa  durete  est  assei  considerable; 
it  kmqu'il  est  k  retat  d*acier  trempe,  die  aurpasKC  cdb  de 
tan  lei  anlrei  metaux.  Fnppe  eontre  uiie  picrre  quartieuse 


ou  siliceose,  il  donne  des  etboeUes  qui  sont  does  k  b  com- 
bustion  subite  des  particules  de  ce  metal  qui  ont  ete  ddb- 
cbees  par  le  choc.  Sa  lenacitd  est  si  grande  qu*uD  fil  de  fer 
de  deux,  millimetres  de  diam^tre  peut  supporter  laas  se 
rompre  un  poids  de  2&0  kilogrammes.  Sa  ductilite  pennet 
de  b  reduire  en  plaques  minces  sous  le  martean,  et  de  b 
tirer  par  b  fili^re  en  fib  presque  aussl  fins  que  des  dieveinu 
D  est  trte-diffidle  k  fondre ;  mab  it  Faide  de  b  chabur,  on 
peut  hii  donner  toutes  les  formes  imaginables  et  b  reodn 
propre  k  une  infinite  d'usages  :  c'est  de  tous  les  mebox 
b  plus  important  par  les  services  qu^ii  rend  k  la  sodete,  et 
il  n*est  pas  mofais  beau  qu'otile,  par  b  brillant  poU  (bot 
il  est  susceptible.  Sa  couleur  est  b  gris  ayec  one  nuance  de 
bleu&tre.  II  est  solubb  dans  presque  tous  bs  addes,  et 
susc^tibb  de  trob  degree  particuliersd'oxydatiun  :  il  brfib 
k  une  haute  temperature.  Le  fer  est  attire  par  Faimaat, 
qui  lui  communique  ses  proprietes ;  il  devient  aimant  bi- 
meme ,  il  acqubrt  b  polariUp  et  nous  devons  k  cette  admi* 
rable  proprieie  I'invention  debboossole. 

Ce  metal  est  abondamment  repandu  dans  b  nature  : 
presque  toutes  les  substances  minerales  en  sont  oobrtes; 
et  ses  diveises  alterations  produisent  une  dtonnante  variete 
de  oouburs,  depub  b  bleu  jusqu'au  rouge  et  nu  bnm  b 
plus  fence.  On  observe  meme  qu'il  est  formd  joumeUement 
ou  du  moins  eiaboredans  les  corps  organises.  On  b  troove 
dans  b  cendre  des  vegetaux  qui  n^oni  ete  allmentesqne  par 
Pair  et  Feau.  On  donne  le  nom  de  miJie  on  minerai  de  fer 
aux  diverses  esptees  de  ce  genre  qui  font  I'ofcjel  d'une  ex* 
ploltetion.  La  nature  n'offre  que  tr4->nrement  ce  metal  dans 
un  etat  de  pureie;  Uestmeie  plusou  moins,  dans  bseinde 
b  terre,  k  diverses  snbsUnoes  beterogtaes. 

Dans  b  mineralogby  le  genre  fer  oomprend  quatorae  es- 
ptees  prindpales,  subdivisees  en  un  tris-grand  nombre  de 
varietes;  ces  quatone  espeoes  sont :  l**  le  fer  nat^f^  oo  I 
Fetat  de  metal  pur;  V  lefer  axffduU/fer  magn^igtie^ 
ou  aimantnaturd; 3°  le/er  oligUte  ou  fer  sp^culaire; 
4<^  b  fer  arsMcal;  b""  le  fersulfur^  ordinaire,  plus  conna 
sousb  nom  depyri/e;  e""  le/er  sui/iari  bbnc  (pprUe 
rhambique  ou  sperkUe  de  Beudant );  7°  le  fer  oxyd€;  ^f*  b 
fer  kffdraxifdif  dout  les  varietes  sont  b  gathiU  et  b  fi- 
monites  9^  le  fer  phosphati  ou  vivianite,  aussi  nomme 
bleu  martial  fossile,  ocre  bleuet  etc.;  10<'  b/er 
chromai4  Quchromale  de  fer  {tid^rochrmne  dt  Bea* 
dant);  11<>  b/er  arsinktU;  12°  le/er  carbonai^^  ou  it- 
d^rose,  ayant  ponr  varbtes  b  fer  epathique^  et  b/er 
carbonate  liiluMe^  on  fer  des  houiUkres;  13*  le/er  sifl- 
caii^  lUwrUe  ou  ilv(Ate ;  14°  b/er  sul/dti ,  dont  ime  des 
varietes  est  bcouperose. 

Le  sidermigiste  appdle  nUnerais  defer  les  substances 
minerales  que,  dans  .les  operations  e&  grand,  11  peut  em- 
pbyer  avec  avantage  poui:  en  retirer  le  fer  qu*elles  contien* 
nent.  Toutes  lea  antrea ,  queUe  que  aoit  mtoe  leur  ricbesse 
en  fer,  si  quelque  ciroonstanoe  s'oppose  k  cette  extraction 
utile,  nem^ritent  point  oe  nom  sous  b  rapport  metaflurgi- 
que.  C'est  kV^%  d*oxyde  que  b  fer  se  rencontre  b  plus  abon- 
damment dans  la  nature.  L'A^ma^i^erotipe,  ou  I'oxyde 
rouge,  le  plus  pur  sous  le  rapport  de  b  oomposition,  ne  dif- 
Are  pas  da  fer  spiealakre.  Cdui-d,  dlant  plus  dor  et  plos 
oompacte,  prend  Taspect  metaUique,  tandis  que  b  premier 
Jooit  d'un  aspect  soyeux.  Les  ti«nsitions  de  l*an  k  Fauire 
sont  si  imperceptibles,  que  le  mineralogbte  est  souvent  em* 
barrassd  pour  dasser  Tune  ou  Pautre  esptee.  La  mine  rouge 
est  en  gendral  impregnee  de  quarts,  de  caiUoux  fermgittenx, 
de  petr«K6ilex,  de  Jaspe,  de  fddspatb,  ou  d'aotres  fossibs 
ar^bux  ou  quartzeux,  dont  ib  est  impossible  de  b  sepa- 
rer  par  une  preparation  mecanique ,  et  qui  sont  suscepti- 
bies  de  b  rendre  trte-refractaire.  L'oxyde  rouge  se  trauve 
presque  tovjours  combine  avec  des  ierres ,  sans  perdre  son 
caract^re  essentbl,  b  coubur  roog^;  il  peut  conienir  une 
Idle  pi-oportion  de  ces  inatieres  etrangfcres,  qui!  ne  idnne 
plus  qu'une  transition  entre  les  substances  metalUques  et 
bs  inatiires  tcrreuses.  Une  augmentation  de  sflice  el  d*alar 


FER 


ZH 


mine  le  fail  |>a.^scr  aujaspe;  unc  Additioq  de  silice  seiilement 
le  rapproche  do  cailloo  ferruginettx  et  de  I'opale;  e^An ,  line 
plus  forte  dose  d^alumine  le  change  en  fer  aigileui  ou  en 
ar^e  schUtease. 

Lee  hydrates,  qui  sontdes  compost  divert  d^oxyde  rouge 
et  d^eao,  pr^ntent  un  ph^omtoe  bien  reinarquahle»  en  ce 
que  le  peroiyde,  dans  ce  mineral*  perd  son  caractdre  essen- 
tiel,  la  couleur  rooge,  On  ne  connalt  pas  dMiydrate  nature! 
pnti^ment  pur;  tons  les  peroxydes  colore. en  jaune  par 
Tean  contiennent  toi:gouni  de  ralnmine  et  de  la  silice;  ils 
rt'prennent  leur  couleur  rouge  en  abanjdonnant  le  Uqoide 
dans  les  temperatures  ^lerto.  Les  fers  brum  vdritables 
5;oDt  compost  de  peroxyde  de  fer,  d*oxyde  de  mangante 
et  d'ean ;  Icurs  propriil^  et  leur  aspect  sont  modifi^  par  la 
presence  des  terres.  VfUmatite  brune  oonstitue,  dans  cette 
p^p^e,  le  mineral  le  plus  pur :  sa  coukur  est  brune  et  sa  rt- 
dure  jaune.  Expose  au  feu,  ce  mineral  ne  doit  pi^  devenir 
rouge ,  car  alors  ce  ne  serait  quVn  hydrate  compacte ;  U  reste 
d'autant  plus  brun  qn*il  contient  plus  d'oxyde  de  mangante. 

Le/er  spatkique^  compost  de  protoxyde  de  fer  et  d^a- 
cide  carbonique,  est  d^une  haute  importance  dans  la  sid^ 
rurgle.  U  est  probable  qu^on  ne  Ta  jamais  dans  un  ^t  de 
puret^  parfaite.  On  le  trouve  loujonrs  uni  au  carbonate  et 
k  roxyde  de  mangan^,  k  la  diaux,  h  Targile,  h  la  magn^- 
sie,  h  Poxyde  de  fer.  Lorsqa*!!  est  pvfaitement  pur,  le  fer 
spatliique  ne  se  compose  que  de  protoxyde  de  fer  et  d'a- 
cide  carbonique;  ^  couleur  est  alors  le  jaune  pAIe.  L'Al- 
(eroagne  abonde  en  fers  spatbiques.  L'AutridiQ  et  la  "^est- 
{jhalie  sont  surtout  dot^  par  la  nature  dn  meilleur  mi- 
nerai  de  cette  espto.  Cest  cdui  dont  le  traiteroent  exige 
le  inoins  dcd^penses,  k  cause  de  sa  puret^  touteparticuUto 
et  de  sa  ftisibiUt^,  qui  n'est  point,  comme  favaient  pens^ 
plusieorsm^tallurgistes,  nne  suite  naturellede  la  presence  du 
niangan^.  Ce  m^tal,  quand  il  existe  dans  cette espto  de  mi- 
neral, s'oppose  seulementii  la  formation  du  graphite,  rend  la 
fonte  blanche  et  la  rapproche  de  T^tat  de  fer  mailable.  (Test 
le  mineral  qui,  en  exigeant  le  moins  de  manipulation ,  pro- 
duit  un  des  meiOeurs  fers  et  des  meiileurs  aders  de  forges. 

Le  minerai  des  houilUres^  (er  carbonate,  argileux  ou 
lithoide,  mdrite  uue  place  k  part,  qui  semble  marqu^  k  la 
suite  du  fer  spathique,  dont  il  fonne  one  soqs-esptee.  H 
existe  en  couches,  en  veines  continues  et  en  masses  rtoi- 
formes,  balles  ou  galettes,  en  dessus  et  en  dessous  des  cou- 
ches de  charbon  de  terre ;  mais  on  pent  le  troover  aussi : 
1®  dans  le  calcaire  gris  Uenfttre  coqniller ;  a*  dans  les  ter- 
rains des  debris  degrte  etdeschistes  bouillers  propremeiit 
dil.s ;  3**  enfin,  dans  les  terrains  tertialres.  Sa  couleur  est 
le  i^ris  enfum^,  passant  au  noir ;  ca^ure  terrepse,  conchoide 
plate  on  scliisteuse ;  en  g^n^l  peu  dur,  mais  nSsistapt  cepen- 
dant  aux  outfit.  B  rend  aacreuset  d'essai  de  6,10  li  Q,3l[( 
4te  fonte,  et  en  grand,  de  0,20  k  0,33,  sur  la  matiire  crue. 

Le/(pr  argileitx  comprend  tous  les  minerals  d^s  les- 
4|iiels  Toxyde  se  trouYe  combin<$  avec  une  si  grande  quan- 
tity de  terres,  qu^lperd  son  caracUre  essentiel.  Un  aspect 
terrenx,  peu  ou  point  dVclat,  dans  les  fers  aqgilenx,  sont  des 
indices  certains  d'une  formation  nouvelle.  Le  peroxyde  est 
raractdris^  par  le  rouge  de  sa  r&dure,  lliydrale  par  le  jaune, 
et  I'hydrate.  combing  avec  Tbxyde  .  de  mangan^  par  le 
bran  jaundtre.  Les  fer^  argUeqx  de  la  ^enii^re  formation , 
1orsqu*lIs  contiennent  du  protoxyde  on  dn  protocarbonate, 
sont  blancs  en  sortant  de  la  mine,  deviennent  gris  par  Texpo- 
sitlon  continue  k  fair .  ou  par  un  falble  grillage ,  passent 
ensuite  au  bmn  foac^*  et  ftnissent  par  prendre  une  cou- 
leur brune  rouge&tre  quand  le  grillage  est  pouss^  plus  loin. 

La  richesse  de  ces  minerals  est  aussi  variable  que  leurs  antres 
propriety.  Ce  sont  les  drconstaoces  locales  qn*on  doit  consul- 
ler  pour  savdir  si  iairtraitement  pr^nte  des  benefices.  Les 
terres  qui  les  accompagnen!  sont  ordinaircment  la  silice  ou 
raJumine.  Cette  derni^re  est  presquc  toujours  pr^oroinanfe. 

[  Pour  convertir  le  fer  k  na^  divers  usages,  on  le  fait  pas5<:r 
par  trois.^tatsdifTdrents  :  l^onle  retire  du  mineral  par  une 
simple  fusion  dans  les  liauts  fottrneaux;et  il  porte  alors 


lenom  6%  fonte  oude  gueuse;  2°  on  travaiUe  celle-d 
dans  un  loumeau  d*afluiage,  et  on  i*^tire  sous  le  marteao  on 
martinet  des gro&ses forget  ou  dans  des  lamlnolrtf 
c*est  le/er  fm-gi;  3®  on  lecoavertit  en  oeier, en  ie  traltaal 
avec  des  mati^res  diarbonoeuses.  Ce  n*est  pat  seutemenl 
dans  les  trois  ^tats  de/onte,  defer  dotuf  oviforg4  et  deader 
que  ce  m^tal  est  d*nne  utility  majeure;  ses  oxydet  foomii* 
sent  encore  des  preparations  imporfantes,  tolt  en  roededBa, 
soit  dans  les  arts.  Passoos  done  une  raplde  revue  det  ooni* 
breuses  compositions  chimiques  dans  leMioelles  entre  toter. 

On  oonnalt  deax  ox  y des  de  fer  bien  determines :  le  firth 
toxyde  on  asffdule,  qoi  Ti*a  pu  encore  etre  iaoie  k  retat  i$ 
.purete,  et  le  les^uioxytfe,  peroxgde^  ou  oxgd^de  fer, 
qui  porte  dans  le oommeroe  le nom  de  c o Ico tar, Couunt 
le  mangantee,  le  fer donne,  en  outre,  des oxydes  inlerine- 
diaires,  dontJes  prindpaux  sont  Yoatyde  magn^ique,  qirf 
oonstitue  Taimant  naturel,  et  Voxyde  des  battUures,  quf 
te  forme  k  la  surface  du  fer  lorsqu^oa  le  obauffe  an-  ooniaet 
deTair,  et  qui  se  detacbe  sons  le  marteao  pendant  le  Ahv 
geage.  La  rote  i/ /east  do  peroxyde  de  for  combine  OTat 
une  certaine  quantity  d'acide  carbonique  et  d'eau;  die  eos* 
tient  souvent  ausd  des  traeet  de  oarbonate  d*ammonHiqiie, 

Let  autret  composes  binaires  de  ee  corps  que  Ton  otAieel 
dans  not  laboratoiret  tout  des  sulforos,  det  dilomresy  det 
bromuret^  des  iodures,  des  fluorures,  un  ptiotpbore,  un  ar* 
seniure  et  un  borare. 

Les  prindpaux  sdt  de  peroxyde  de  fer  tont'  le  tuliyi 
(voyet  COopbro^b);  Taiotate;  to  carbonate,  qui  dqeoe  le 
s  of  ran  de  Mars  apMt\f\  et  qui  ae  ceneootro  dans  l>eao« 
coup  d*eauxmineralet;le  phosphate,  et  Parseniate.  Cett 
de  texquioxyde  appartieooeDt  aux  rataies  fomiUes. 

Les/erricyaiiffres,  ou.qKxniifet  doubles  de  fer  etd'im 
autre  mitalj  sont  des  sdt  quePoft  obtient  par  voie  de  double 
decomposition.  Les  ferricyanures  alcalint  sont  seuis  soluhlei; 
les  prindpaux  aont  le  /erricyanure  defer  ou  b  leu  d§ 
Prusse;  le  ferricyanure  de  peiassiun,  eoeote  nonmi 
set  rouge  de  GmeUn  et  prussia$e  rouge  de  potasse;  et  ie 
ferricyanure  de  zinc,  le  seul  sd  de  doc  qui  soit*  colore 
(il  est  jaune).  hesferroeyanures,  qu'il  ne  faut  pas  confoB* 
dre  avec  les/erHcyoittifiSf ,  soi4  d»cyanures  doubles  de 
fer  et  cT tin  autre  m^taL  Le  plus  connn  est  le  fenocya* 
nure  de  potassium  (set  jaune  ou  prussiate  jaune), 

Le  nickd  et  le  cobdt  s*allient  fiidlement  avec  le  fer  en 
toutes  proportions ;  oes  alliages  sont  blancs,  et  ont  les  meroet 
proprietes  que  le  fer.  Le  onivro  ne  pent  s'allier  avec  le  fer 
qu^en  petite  proportion  et  ^  une  trte-haute  temperature;  un 
Tingtieme  de  cnirre  donne  plus  de  tenadte  k  la  fonte.  Let 
dllages  de  manganese  et  de  ler  sont  presque  infusibles,  lort* 
quele  mangantoe  y  est  en  proportion  considerable ;  ils  sont 
plus  oxydases  que  le  fer,  et  exfaalent,  sous  rinsufllation  de 
Thddne,  Podeur  de  Hiydrogene  impur.  Le  platine  donne 
avec  Tader  des  alliages  (Usibles  et  susceptlbles  de  prendre  un 
tres-bean  poll;  ees  dliages  sont  tres-ductUes  et raalieablet. 
Let  dliaget  d'antlmoineet  defer  sont  assez  fusibles  et  tret> 
cassants.  Bnfln,  on  salt  que  le  f  e  r-b  1  anc  peut  etre  regarde 
comme  un  alllage  de  fer  et  d'etain. 

Ontre  ses  mllle  emplois  Industriels ,  le  fer  entre  done  dans 
une  foule  de  substances,  telles  que  lesdifrerentes  ocres,  le 
bleo  de  Prusse,  le  colcotar,  etc.,  toutes  recherchees  dant 
let  arts.  Kn mededne,  teotes  les  preparations  ferrugineuset 
tont  toiilquet ,  et  pandttent  en  mtoe  tempt  agir  sur  le«yf 
temenervenx.  Elletimprimenti  It  drculation  uneactivite 
qui  rd^e  let  forces  Ik  la  tnite  d'e^temento  ou  de  maMie* 
Elles  proroquent  chei  let  femmet  debilet  Paecomplissenient 
i^ulier  de  la  menstraatloo.  Les  nusrtiaux  (les  alchhnitfet 
donnerent  ce  nom  tax  preparations  femigbieuaet ,  paroe 
que  le  fer  etait  place  tout  Pin  vocation  de  Mars)  Aont  autti 
employet  pour  combatlre  let  debllttes  et  les  douleur*  spat- 
modiques  de  Pestomae.  Le  lactate  defer  est  aujonrd*lnii 
prefere  aux  autres  preparations  ferru^ineHses,  en  laison  de 
Ml  fadle  absorption.  Les  eaux  minerales  naturelles  d  artilh 
ddles.  Idles  que  cdles  de  Passy ,  de  Vichy «  de  Spa,  de 

44. 


us 


FER 


Bourbaa4'Afcbaiiibau1ty  etc.,  doiyent  ^e  comprises  au  noin- 
bre  des  mMicaioients  ferrogineux. 

Si  maintenant  noas  reyenons  k  Templof  des  masses  immen- 
sesdeoe  m^l,  Htt^  chaque  amite^  laconsommation,  force 
noos  est  bien  de  donner  aa  fer  la  premiere  place  parmi  les 
m<^taiix.  Qn'oD  essaye  de  d^ombrer  les  mtoiiismes ,  les  ap- 
pareOs,  les  outiis,  les  ustensUes  dont  la  mati^  premiere  est 
le  fer  ou  encore  la  fonteou  Tacier,  qui  sont  deax  aspects  par- 
ticuliers  deoe  m£me  m^tal,  on  reconnaltra  que  c^est  nne  ya- 
rl^t^  infinie,  quil  n'yapoar  ainsi  dire  pas  nne  industrfe  qui 
ne  s'en  serre,  pas  nn  ouvrier  qui  n*alt  sans  cesse  au  bout  des 
doigts,  k  litre  d*instrument  de  travail ,  quelque  objet  en  Ter, 
en  fonte  ou  en  ader.  Un  savant  illustrey  M.  Th^nard ,  a  dit 
justement  que  Ton  pouvait,  jusqn^^  un  certain  point,  me- 
surer  la  civilisation  d^un  peuple  k  la  quantity  de  Ter  qu'il 
consonmie. 

•  Le  f er  ^tait  extrftmement  rare  dans  la  dvilisation  an- 
tique, a  dit  M.Michel  Chevalier.  II  est  bien  connu  que 
pendant  tr^-longtemps  lesarmes  furent  non  en  fer,  mats  en 
bronze.  C'estce  qui  r6suUe  clairement  du  texte  d^Homere. 
En  ces  temps  read^  le  fer  <^tait  r^put^  une  substance  pr4- 
cieiise.  Quand  Achille  c^ibre  des  jeux  poor  les  funeral  lies 
de  Patrocie,  un  des  prix  qu'il  d^ceme  est  un  morceau  de 
fer.  Les  temps  sont  bien  changte ;  la  civilisation  modeme 
consomme  ^orm^ment defer.  »  L'agriculture  a  besoin  d'un 
grand  nombre  d*ustensiles  en  fer.  Les  rails  des  chemins  de 
fer  en  exigent  d'immenses  quantit^s.  Aijourd'hui  que  ce 
mdtal  a  ^  rendu  inoxydable  par  le  gal  van  is  me,  aprte 
Pavoir  convert!  en  objets  d'ameublement,  aprte  lui  avoir 
lait  remplacer  lacharpentede  bois  dans  une  foule  de  cons- 
tructions, on  a  6t^  Jusqu'k  construire  des  maisons  entiires 
uniquement  en  fer.  On  a  (hit  en  fer  galvanise  et  6iAm6  non- 
seulement  des  maisons  d'habitation  de  deux  k  vingt  pieces, 
mais  encore  de  vastes  magasins,  des  manufactures,  etjusqu'a 
des  nsines  m^tallurgiques.  Le  palais  decristal  de  Londres 
montra ,  en  1861 ,  ce  que  Ton  pouvait  faire  de  grandiose 
avec  ce  mdtal.  Que  demerveillesne  doit-on  pas  encore  au  fer 
lorsqu'on  Tapplique  aux  grands  navires,  aux  ponts,  etc. 

Le  tableau  suivant,  que  nous  empruntons  k  M.  Debette, 
donnera  une  idte  des  ressources  n^cessaires  pour  suflire  k 
une  telle  consommatfon.  La  production  du  fer  est,  d^aprte 
ce  document,  de  21,963,900  quintaux  m^triques,  ainsi 
r^partis  : 

Angleterre   (1850) 12,000,000  quint,  mitr. 

Franee  (1846) .  3,601,900 

Ruttie  ( mojenne  de  1836  4  1838 ).  1,027,000 

SuMe  (1844) 900,000 

Autriehe. 900,000 

PrniM 860,000 

HoUande  at  Bclglqqd, 800,000 

Harts. 600,000 

lie  d'Elbe  et  lUlie 280,000 

Plimont. 200,000 

Eepagne.  .   ...    ••• 180,009 

Norv^ 160,000. 

Daaemark.  • 135,000 

BaW^ 130,000 

Saxe. 80,000 

Pologne. 76,000 

RuMie. 30,000 

SaToie 25,000 

Total. .  .  21,963,900  qnint.  m^tr. 

etce  tableau  ne  renferme  que  TEurope.  Or,  les  £tats-Unis 
donnent  d^j^  1,500,000  quintaux  m^triques. 

Jamais  k  aucune  dpoque  la  oonsommatlon  du  fer  n*a  ^t^ 
aiissieonsidteble  que  de  nos  jours.  Aussi  nos  usines  sont- 
elles  loin  de  pouvoir  satisfaire  k  tons  nos  besolns.  Plusieiirs 
indostries  rtelamaient  depuis  longtemps  nne  diminution  sur 
les  droits  per^us  k  Teatrte  des  fers.  Un  d^cret  du  22  no- 
vembre  1853  a  diminu6  les  droits  snr  les  fers,  k  partir  do 
I*'  Janvier  1855,  dansde  notables  proportions.] 

L*Augleterre  occupe  aujourd^hui  le  premier  rang  parmi 
iDUtes  les  nations  cliez  l<»quelles  Tart  de  travailler  Ic  fer 


est  dans  un  ^tat  d*avaneement  et  de  prosp^rit^.  file  n  dis- 
tingue particuli^rement  sous  le  rapport  de  ses  proo6d^  si- 
d^rurgiques ,  de  la  perfection  de  ses  macliines  et  de  Tira- 
mense  production  qui  en  est  le  r&ultat;  elle  est  devenue  I 
juste  titre  T^colc  du  sid6rurgiste,  quoiqu^elle  ait  ^  dans  To- 
rigine  redevable  au  continent  de  Tinventlon  des  haots  foor- 
neaux  et  de  la  cementation  de  Tader.  L'esprit  entreprenant 
des  Anglais  s^est  poT{j6  avec  une  ^le  activity  vers  la  pr^para* 
tion  du  fer,  la  fabrication  des  objets  oouMs  en  fonte,  do  fer- 
blanc,  dont  elle  aprodigieusementpeifectionn($  lesproc^i^, 
deTader  et  surtout  de  Pacier  fondu.  La  mdtallurgie  du  fer  a 
prischez  eux  un  d^vdoppement  v^ritablementgigantesqoe, 
eties  prix  ontbaiss^en  proportion.  En  Rossie,  la  fabrication 
du  fer  est  devenuedepuis  soixantedix  ans  un  objet  important : 
la  Rnssie  nous  offre  aujourd^hui  des  ^tablissements  degros^ 
ses  forges  qui  peuvent  rivaljser  presque  avec  ceux  des  An- 
glais. La  Su6dc  tient  le  troisi^me  rang  parmi  les  pays  pro- 
ductils  en  fer.  La  nature  Ta  dot^  sous  ce  rapport  avec 
tant  de  lib^ralit^  qu*elle  y  laissc  pen  de  clioses  k  faire  k  I*io- 
dustrie  de  Thomme  pour  augmenter  et  am^liorer  les  pro- 
duits  sid^rurgiques.  La  France  a  fait  des  progres  dans  cer- 
taines  parties  de  la  mdtallurgiedu  fer;  mais  dans  d*autres 
elle  reste  encore  arri^rde.  La  monardiie  autrichienne  pos- 
sMe  d*excdlents  mineraisen  Boh6me,  dans  la  Hongrie,  le 
Tyrol,  la  Styrie,  laCamiole,  et  ni6me  dans  presque  toutes 
les  provinces  de  sa  domination;  mais  la  manidre  d*y  con- 
duire  les  grosses  forges  est  encore,  dans  ces  localitds,  sus- 
ceptible d'une  foule  d'am^liorations.  La  quality  sup^rieore 
des  minerals  y  est,  comme  en  Su6de,  qui  le  croirait?  ta 
prindpale  cause  de  la  lenteur  dans  le  progres  des  proc^dds  ; 
cenx-d  n*ont  pas  k  lutter  contre  la  nature.  L*Espagne  fat 
c^l^bre  pour  ses  fers  dans  les  temps  anciens ;  elle  les  expor- 
tait  au  loin,  mtoie  encx>re  au  dixi^me  si6de.  De  nos  jours, 
il  nc  lui  reste  gu^re  en  ce  genre  que  la  reputation  de  ses  pro- 
duits  sous  le  rapport  de  la  quality  naturelle.  En  Portugal, 
la  production  du  fer  est  k  peu  pr^  nolle.  En  Prusse,  les 
produits  des  grosses  forges  sont  considerables  et  d'une  qua- 
lite  parfaite  pour  la  plupart.  Pelouzb  p^re. 

Dans  la  langue  poetlque,  aussi  bien  que  dans  la  prose 
vulgaire,  le  fer  n*a  pu  se  preserver  d^une  sorte  de  fletrissuie; 
son  nom  est  presque  synonyme  d^esclavage,  dMnstrumeut 
de  meurtre  et  de  destruction.  C'est  un  mal  sans  remidc ;  car 
Tart  de  la  guerre  n'est  certainement  pas  dispose  k  changer 
la  matiire  de  ses  armes,  et  quant  k  la  servitude ,  ii  serait 
pueril  de  sVxiiper  des  entraves  dont  die  charge  le  m.ilheu- 
reux  esdave ,  si  ce  n'est  pour  Ten  deiivrer.  Les  fers  qui  6teDt 
k  un  sceierat  endurd  dans  le  crime  le  pouvofr  de  conti- 
nuer  ses  attentats  contre  la  societe  ne  sont  pas  deslionor6s 
par  leuremploi,  puisqu'ils  sont  imposes  au  nom  des  lois,  et 
pour  Pinterfit  de  tons  les  citoyens.  Ferry. 

FER.  Plnsieurs  metiers  out  des  outils  qu*iLs  nomment 
fers.  La  repasseuse  en  a  pour  faire  dispafattre  les  plis  da 
Huge;  die  a  des/er5  A  repasser  qui  sont  plats ,  avec  una 
poignee  ajustee  en  dessus,  et  des  fers  ft  tuyoter  qui  se 
composent  d'une  tige  de  fer  ronde  emmanchee  dans  da 
bois.  Les  fers  des  tailleurs  prennent  le  nom  de  carreaux;  lit 
sont  plus  epais  que  les  fers  k  repasser  et  portent  du  feu 
sous  la  poignee.  Le  coiffeur  emploie  des  fers  pour  soumdtre 
les  papillottos  k  Paction  de  la  chalenr  et  de  la  pression  :  ce 
sont  des  fers  h  /riser  ou  ft  pajHUotes;  lis  lessembleot  k 
des  tenailles  arrondies.  La  fabrication  des  fers  k  repasser  a 
fait  la  fortune  d*un  industrid  du  nom  de  Gendarme.     - 

FER  (Bois  de).  Plusienrs  arbres  etrangers  foumissent 
cequ'on  nomme  en  France  le  bois  defer.  Tous  difftreot 
entre  eui ,  mais  tous  croissent  dans  les  contrees  diaudo  de 
PAsieet  de  PAmerique.  Les  caract^jres  generaux  de  ces  Ixms 
sont  une  grande  durete,  une  grande  pesantenr,  un  grain  fm, 
la  faculte  de  recevoir  le  poll,  et  en  general  des  coolcur& 
agreables;  ilsservent  principalement  pour  les  ouvrages  de 
tour.  Nous  nommerons  les  plus  employes. 

Le  siderodendron  triflorum,  qui  crolt  dans  les  lies  de 
la  Martinique  et  de  Mont-Serrat,  et  qui  appartieat  k  la  fa- 


FER  —  FERBLANTlER 


849 


mille  des  lubUoees,  est  plus  particuliirement  appel^  bois 
defer  dans  nos  colonies.  A  Maurice,  ce  nom  s'appllque  an 
sideroxfflan  einereum ,  de  la  famIHe  des  sapotaci^ ,  que 
Ton  appelle  soorent  aiissi  bois  defer  blane  et  bois  de  fer 
^Afiiqtte,  Aui  Antilles ,  on  nomme  bois  de  fer  le  g6ni- 
payer d'Am^que et  une esptee  du genre  chionanthe;k 
Ceylan,  c'est  le  mestia  ferrea  ou  bois  de  naghas;  h  la 
GujanOf  les  robinia  panacoco  et  tomentosa;  chez  les  Ma- 
lais,  un  metroiideros ;  k  New-York,  une  esp^  deeharme. 

Oo  nomnw  bois  defer  de  JanuAque  le  fagara  pierota , 
bois  defer  A  grandes  feuilles  le  coccoloba  grandifolia , 
bois  defer  de  Juda  ou  bois  de  Juda  le  cossignia  pinnata. 

FER  (Chemins  de).  Voge^  Chemins  ne  fer. 

FER  ( Couronne  de).  Voye%  Codbonne  ns  fer. 

FER  ( Fil  de ).  Voyez  Fa  de  fer. 

FER  (lie  de),  la  plus  ocddentale  des  lies  Canaries, 
avec  une  population  de  5,000  &mes,  sur  une  superficie  d'en- 
wiron  4  myriam^tres  carr^,  est  trte-nud  culliv^e,  manque 
d*eaa,  et  a  pour  chef-lieu  un  bourg  appel^  Valverde.  Comme 
celte  lie  passait  jadis  pour  I'extr^mit^  occidentale  du  monde 
connn  des  anciens,  on  y  pla^a  le  premier  m^ridien,  em- 
ploy^ d^rdinaire  pour  calculer  les  degr^  de  longitude. 
Les  Anglais,  les  premiers ,  sed^partirent  de  cet  usage  g^n^ 
raiemaii  adopts  par  les  gtographes,  et  calcul^rent  les  Ion- 
g< lades  d'aprte un  m6ridien  6tabli  ^  Green  wich.  Aujour- 
d'hm*  les  Francis  comptent  dum^ridien  de  Paris ,  etc. 

FER  A  CHE  V  AL«  Lefer  est  cette  espto  de  semelle  m6- 
talKque  que  Ton  fixe  sous  le  pied  ducheval,'de  rflne,etc., 
k  TdKet  d^en  garantir  Tongle  de  Pnsure  trop  rapide  ( voyez 
Ferrxr).  Tout  Ic  monde  connalt  la  (orme  du  fer  k  chcval, 
qui  est  devena  un  point  de  comparaison  pour  ce  qui  a  la 
Qgtire  d'ime  sorte  d'd  renvers^. 

F^RALlESy  f&tes  romaines  en  l*honnenT  des  m&nes. 
Elles  fkisalent  partie  Aes  februales ,  ou  fifties  des  morts  et 
sacrifices  d^expiation  pour  les  Yitants,  commen^ant  le 
7  r<^¥Tier,  et  se  terroinaient  le  18.  Onapportait  demodestes 
offrandes  sur  les  tombeaux  de  ses  parents  et  de  ses  amis ; 
ur ,  soiTant  Pexpression  d'Ovide ,  les  mAnes  se  contentent 
tie  pen ,  et  les  dieux  du  Styx  ne  sont  pas  avides.  On  offrait 
des  Mgomes,  te!s  que  lentllles  et  l%ves,  a?ec  du  miel  qu*on 
posait  sur  une  brique;  on  y  ajoutait  do  pain  tremp^  dans 
do  \in,  des  gateaux  sal^  et  des  violettes.  CesolTrandes 
elaient  accompagnte  de  pri^res,  et  des  feux  ^talent  alium^ 
pour  la  c^r^roonie.  Les  jours  des  f^ralies  passaient  pour  mal- 
heureux.  On  ne  se  mariait  point,  et  les  persoones  mari^ 
ne  deyaient  point  user  des  droits  du  mariage  oes  jours-l^; 
le4  temples  etaient  fermds,  les  autels  sans  feu ;  I'encens  ne 
fumait  pas.  Th.  Dblbarb. 

FISRAUD,  n^  en  1764,  dans  la  Tall^  d'Aure,  d^puf^ 
des  Hautcs-Pyrto^s  k  la  Convention  en  1792,  se  mootra 
Tennemi  d^lar^  de  Tanarchie ,  et  ddfendit  avec  courage  les 
d^put<^  girondins.  Partisan  sincere  de  la  liberty,  11  fut  Tic- 
time  de  son  d^vooement  a  la  cause  quMl  servait :  dans  la 
joum^du  1*'  prairial  an  iii  (20  mai  1795),  II  s'opiMsa  h 
la  r^volte  do  people,  quiforgait  les  portes  dela  Convention, 
el  fut  tn6  d^un  coup  de  pistolet  dans  cette  ^meute;  sa  t6te 
ooopte  fut  pr^sent6e,  au  bout  d'une  pique,  au  pr&ident 
Boissy-d'Anglas,^ui  demeura  in6branlable,etsalua  ces- 
pectueusement  la  t6(e  de  son  malheureux  coll^ue,  dont  11 
partageait  les  opinions.  F^raud  avail  beaucoup  contribu^  k 
renyerser  Robespierre.  On  assure  qu^une  m^prise  fut  la 
cause  de  la  mort  de  F^raud;  son  nom  Taurait  fait  cciifondre 
avee  le  r^cteur  Fr^ro  n.  La  Convention  lui  rendit  les  bon- 
neurs  funibres. 

FER-RLAIWG.  Le  fer  ayant  le  d^faat  de  8*oxyder,  les 
lames  minces  de  ce  m^tal ,  outre  qu*elles  aont  d^un  aspect 
d^sagr&ible,  se  criblent  blentdtde  rouille;  fl  n*est  done  pas 
possible  de  faire  en  t61e  de  fer  des  vases  propres  et  durables. 
Les  Allemands,  les  Bohdmes,  peut-^tre,  obvi^rent  les  pre- 
miers k  cet  inconvdnient  en  couvrant  des  feuilles  de  fer  d'une 
eooclie  mince  d^^tain.  Telle  fut  Torigine  du  fer-blanc,  Un 
ipretrele  transporta  en  Saxevers  1610.  Colbert  Hntroduisit 


en  France ;  nos  premiers  ferblantiers  s'^tablirent  k  Cbenecey^ 
en  Franche-Comt6,etli  Beaumont-la-Ferri^re,enNivemait; 
mais  bient6t,  faiblement  prot^g^ ,  divis<^  entreeox,ils  s*^ 
loignirent.  Sur  la  fin  de  la  minority  de  Louis  XV,  ii  8*tie?» 
k  Strasbourg  une  manufacture  de  fer-blanc.  Quatre  autres 
furent  fondte  successivement  a  Massevaux,  en  Alsace 
(1717);  k  Bains,  en  Lorraine  (1733);  k  Morambert,  en 
PrancheOomt^,  et  k  une  lieue  de  Movers ,  en  1775. 

11  y  a  deux  maniires  prindpales  de  fabriquer  le  ferUane, 
celle  des  Allemands  et  celle  des  Anglais.  Dans  la  fobriqne 
de  Graslitz,  en  Bobtoie,  on  se  procure  d^abord  des  barres 
de  fer  de  la  meilleure  quality;  on  les  rMuiten  feuilles  minces 
au  moyen  dulaminoir;  puis  on  les  d^blte,  k  I'aide  d'unca* 
dre  de  fer  et  de  cisailles,  en  rectangles  tons  ^aux  entre  enx. 
Avant  de  proc6]er  &  T^tamage,'  ii  faotd^per  (nettoyer) 
les  feuilles ,  car  la  moindre  crasse  emp^erait  retain  de 
prendre  sur  le  fer.  On  pent  dtoasser  un  m^tal  en  lefrottant 
avec  une  lime,  du  gr^s,  du  sable,  etc.  Mais,  outre  que  cette 
op^tion  serait  longue,  et  qu*il  faudrait  user  les  feuilles 
jusqn'^  une  certaine  profondeur  pour  enlever  toutes  les  cras< 
ses,  onaeu  la  bonne  idte  de  lesplonger  pendant  vingt  quatre 
heuresdans  descuves  contenantuu  bain  compost  d^eau  et  de 
ferine  de  seigle  :  ces  cuves  sont  placte  dans  une  chambre 
vot^t^,  oh  r^e  une  temperature  ^lev^,  ce  qui  provoque 
la  fermentation  du  bain.  C*est  dans  cette  eau,  devenue  sOre, 
qu*on  plonge  les  feuilles  pour  que  les  cresses  se  dissolvent. 
II  snffit,  aprto  cette  immersion,  qu'on  frotte  les  feuilles  avee 
du  sable;  et  quand  elles  sont  bien  nettoy<^s,  on  lesjette 
dans  un  vase  contenant  de  i*ean  pure ,  afin  de  les  preserver 
dela  rouille,  apr^s  quoi  on  proc^e  k  r^tamaije.  Dans  une 
chaudi^re  de  fonte  de  fer,  on  jelte  18  quintaux  m^ques 
d'^tain,  on  y  ajoute  environ  13  kilogrammes  de  cuivre;  on 
met  Talliage  k  Tabri  du  contact  de  I'air,  en  jetant  dessus 
une  couche  de  suif  et  d'eau  de  dix  centimetres  environ  d'6- 
paisseur.  Lorsqu*on  Juge  que  les  matl^res  sont  fondues,  et 
qirelles  ont  acquis  le  degrade  chaleur  convenable,  on  plonge 
vcrticalement  les  feuilles  dans  le  bain  on  les  retire  au  bout 
d*un  quart  d'heure,  et  on  les  place  sur  deux  barres  de  fer, 
|K>ur  que  retain  qu'elles  ont  pris  de  trop  puisse  8*^outter. 
On  les  plonge  une seconde  fois  dans  le  bain  detain,  mais  on 
ne  les  y  lais^  qu*ttn  instant;  on  les  frotte  ensuite  avec  des 
tftoupes,  do  la  sciure  de  bois,  operation  qui  a  pour  but  de 
donner  k  la  couche  dMtain  une  sorte  de  poK.  On  place  lea 
feuilles  etamtes  par  30  ou  40  sur  un  billot,  et  on  les  frappe 
avec  un  marteau  plat  pour  les  dresser.  L*expMence  a  appris 
que  la  quantity  d'^tain  qui  adhere  au  fer  est  proportionnelle 
k  la  surface,  quel  que  soil  d*ailleors  le  poids  des  lames,  et 
qu'il  fant  de  130  &  140  grammes  d^^tain  par  m^tre  carr^  de 
surface  k  recouvrir. 

Voici  comment  Anglais  oi)^rent  :  le  fer  est  dianffd  au 
charbon  de  bois ;  les  feuilles  ^tant  d^coupte,  Touvrier,  ap- 
peie  d^capeur,  les  plole  vers  le  milieu,  etleur  lalt  prendre  1^ 
gdrcment  le  profil  d'un  C.  Ces  feuillesainsi  courb^es  sont 
mises  dans  un  four  k  r<$verb^,  dont  la  chaleur  d<itache  les 
^cailles  d^oxyde ;  on  les  d^cape  en  suite  dans  des  bains 
compost  d'eau  et  d*acide  sulfurique,  dans  lesquels  on  les 
agite  pendant  une  heure;  lorsqu^ellessont  bien  nettoy^,on 
les  plonge  dans  une  cnve  remplie  de  graisse  fondue ,  puis 
dans  un  bain  detain  etc.  Tetss^re. 

FERBLANTlER,  ouvrier  qui  fait  des  onvrages  en  fe  r- 
bIanc,tels  que  casseroles,  entonnoirs,  cafeti^res,  monies 
k  pAtfo,  etc.  Autrefois  on  faisait  anssi  beaucoup  de  lampes  en 
fer  blanc.  Leferblantier  a  quelques  rapports  avec  le  chau- 
dronnier,  Torf^vre  :  k  Texemple  de  ces  ouvriers,  11  fait  pren- 
dre au  fer-blanc  des  formes  convexes,  concaves,  fuMton- 
n<^s.  Les  outils  du  ferblantier  sont  destas(enclumes)d'a- 
cier,  des  bigornes,  des  marteaux  de  diverses  sortes, letoot 
d'acier  poll ;  il  fait  encore  usage  de  maillets  de  bois.  Qooi- 
qne  le  fer-blanc  ne  puisse  6lre  faQonn^  qu*k  froid,  le  ferblan- 
tier a  n6anmoins  besoin  de  feu  pour  faire  chauffer  ses  fers 
k  souder,  qui  consistent  en  un  coin  de  cuivre  rouge  portent 
un  manchede  fer,  au  bout  duquel  est  fixte  une  poignte  de 


9A0  FERBLANTIER 

Jxftto  i  c*e8t  avec  cet  liuvtrument,  chaufE^  k  uo  certain  degi4, 
que  rouYrier  {irend  la  sondnre,  alHagie  dedeuK  parties 
ji^^tain  9ur  aoe  partie  de  plomb.  Lea  .ferMaut'ierB  font  quel- 
tq^efois  usage  d^^mpes ;.  niais  le  plus  aouTent  ils  font  6taiu* 
per »  dtouper ,  etc.,  par  des  gena  qui  exteutent  cea  aortes 
•d'ouvrages.  Lea  ferblantiera  font  nne  grande  consommation 
,de  zi  nc  laming :  ila  confectionnent  en  cette  mati^  des  bai- 
gnoires, des  aeaax,  dea  goutti^res.  Quelques-utis  d'entre  eox 
,ont  |«ia  k  cause  de  cela  la  qoaiilication  de  lingtieurs. 

TETSsiioaiu 

FERDINAND*  Trois  empereprsd^Allemagpeont  port6 
«e  nom,  sana  compter  rempereor  d'Autriche  Ferdinand  I*'. 
.  FERDINAI9D  I*',  empefeur  d'Allemagne  de  tS56  k  i  564 , 
.n^  ea  1403,  k  Alcala,  en  Espagie,  itait  fila  du  roi  d'Espagne 
P b i n p p e  i*' etfr^re de  C bar  1  es - Q a  i n t,  ^  qui  il  succ^a 
-commeempereur  d'Allemagne  ^)r^  avoir  d^j^  6t6  inresti,  en 
1&S6,  des  oonronnes  de  Bohtoie  et  de  Hojigrie,  et  avoir  4tfi 
4Ia  rol  dea  Romains  dte  Tannie  1531.  A  ces  diffi^rents  tttres 
se  rattachait  une  puissance  r^lto^  et  en  diverses  oocasions  il 
intenrint  aetlvement  comma  mMateur  entre  son  firire  et 
lea  princea  ailemands.  C'est  ainsi  noiamment  que  ftitcondn 
sons  sa  mediation ,  en  1552 ,  le  traits  de  paix  de  Pasaaa , 
entre  I'Aecteur  de  Saxe,  Maurice,  et  Chacles-Qnbil.  En  aa 
quality  de  fol  de  Hongrie, U  eui  aussi  k  souteoir  de  longoes 
et  sanglantea  Inttes,  d'abord  avec  Jean  de  Zapolja,  qu*ap- 
puyaitSoliman,  et  avecqui  il  dui  finir  par  partager  la  Hon- 
4Snt,  puis,  k  laroort  de  son  redoutable  rival,  avec Soliman 
Iui*m6me,  an  sujet  de  la  posacssion  dece  territoire;  luttte 
antrement  sanglantes  encore,  et  qui  ne  eess&rent  que  lorsqoMl 
-Bt  futdteid6  kacbeter  la  paixaux  Turcs  moyenpant  un  tribot 
^Biinel.  Ileut  encore  denombreux  ddmfilds  avec  le  samt- 
ai^e.  Paul  IV  lui  contesta  la  l<^tiroit^  de  son  litre  d^era- 
pereor,  sous  pr^texte  que  le  pape  eOt  dA  intervenir  dans 
son  Election  comma  dans  Tabdicatioa  de  Cbarles-Quint. 
Ferdinand  protesta  hautement  centre  cette  pretention  de 
la  ooor  de  Rome;  et  aucun  de  ses  aueoesseors  ne  crut  non 
.phis  devoir  demander  au  Vatican  la  confirmation  de  son 
.titre.  Ferdinand  I«r,  en  prafitant  de  la  tenue  da  concile  de 
Trente  pour  rddamer  avec  inaistance  la  suppression  de  nom- 
breux  et  eriants  abas,  de  m6me  (jue  rinlrodoctioa  d'utiies 
^r^rmes  dana  r£gUse ,  ne  contraria  pas  moins  vivement  la 
politique  des  papea.  L*Allemagne  lui  sat  gr6  de  la  tol^^mte 
doocenr  avec  laqnelle  il  fit  trailer  lea  prolestants,  de  Ti^t 
•telatif  anx  monnaiesde  I'Empire  qu^il  rendit  lora  de  la  di^ 
>ienue  k  Augibourg  en  1559,  el  de  l*tnstitution  du  conseil 
auliquedeTEmpire.  11  moorut  le  25  juilJet  1564,  apr^  avoir 
iait  dire  deox  annte  aaparavant  son  fils  Maximiiien  II  en 
•quality  de  roi  des  Roinains  et  aprte  avoir  partag^  ses 
Etats  entre  ses  trois  fils,  Maximiiien,  Ferdinand  et  Charles. 

FERDINAND  11,  empereur  d'Allemagne  de  1619  k 
ij637,  fils  de  IVorcbidac  Charles  due  de  Styrie,  et  frere  cadet 
de  Maximiiien  II,etatt  n^^Gratz,  leSjuillet  1578.  Sam^re, 
Marie  de  Bavite ,  lui  inspire  la  baine  la  plua  ardente  contre 
les  protestanta;  et  T^ducation  qu'il  regut  dea  jdsuites  k  In- 
golstadt,  en  mtaw  tempa  que  Maximiiien  de  Baviire,  pen- 
dant lea  annte  1580  k  1696,  ne  put  qu'exalter  son  fanatisme. 
Aussi,  dans  an  pMerinage  k  Notre-Dame  de  Lorefte,  avait-il 
solennelleroent  (ait  voao  devant  Taulel  de  la  Vierge  m^  de 
Dieu  de  ne  reculer  devant  aucun  sacrifice  pour  r^blir  le 
.ciathoUcisme  oomme  seule  religion  dominante  dana  sea 
Etata.  11  ne  Cut  done  pas  plus  t6t  arrive  an  pouvoir  soprftme 
quit  entreeonnA  la  violence  afin  desupprimer  la  religion 
protestante  danssea  Etata  bMditaires  de  Styrie,  de  Carintbie 
cl  de  C4miole;  et  il  essaya  d*en  foire  autant  en  Autricbe  et 
4sa  Bob^e  loraqne,  du  vivant  mime  de  Tempereur  Mat- 
tliias ,  qd  n*avait  point  d*enfant ,  11  eut  ^  prodaro^  roi  do 
Bolitoie,  et  en  1613  roi  de  Uongrie.  Lea  Boli^mea,  s'ap- 
poyant  aur  les  lettres  patentes  de  rempereur  Rodolphe  II, 
opposirent  la  force  k  la  violence,  et,  comm&nd<!s  par  le  comte 
deThum,  6*avanc6reot  m£mejusquesous  lesmurs  de  Vienne; 
mais  one  diversion  op^rde  par  Bucquoi,  gto^al  flamand ,  les 
oontraignit  Ik  battre  en  retiaite  avant  d*avoir  pii  s*etnparcr 


—  FERDINAND 

.  de  cette  capitale.  Cecl  donna  le*  temps  k  Ferdinand  dew 
dure  dtire  empereur  a  Francfort,  en  IMD,  ead^t  de  Top- 
position  des  Etata  de  la  Boli^me  et  de  tooa  les  efforts  de  la 
Ugue  protestante.  Les  Bohtoieaeureni  bean  le  dearer  d^iu 
du  trtoe,  et,  d*accord  avec  lea  Etata  de  bi  Siltoie,  de  la  Mo- 
ravia et  de  la  Lnsace,  dlire  pour  roi  PdlecteuT  paiatin  Fr^ 
ddric  V ;  le  nouvel  empereur,  grAce  4  la  ligue  eatholique  et 
aux  secoura  de  Pdecteur  Jean-Georgea  1*'  deSaxe ,  ne  tarda 
point  k  avoir  raiaon  dea  opposanta.  La  Boblme  en  fut  poui  ta 
'  perte  de  tooa  ses  privQ^es;  et  oe  ualheureux  pays  fut  ra- 
'  men^  au  catholicisme  ^  force  de  sopplioea  et  de  confiscations , 
'  de  m6me  que  par  Tintroduction  des  Jtaltea  et  par  les  plut 
cruelles  pers^utions  k  regard  dea  prolestants.  En  1612,  Fer- 
dinand nScompensa  i'appui  6iergique  que  le  dae  de  Bavi^re 
lui  avait  pr6td  contre  les  BohAmes,  en  lui  oetroyantde  son 
autorit^  [Mivte  la  dignibS  d^dfectenr  palatin,  malgrd  rofjpo- 
sition  des  diecteurs  de  Saxe  et  de  Brandebourg.  Wallenstein 
ccntraignit  le  premier  de  cea  pruioea  k  reeonaaltre  on  arran- 
gement contre  iequel  il  ne  pouvait  plus  rien;  quant  an  se- 
cond ,  on  le  lit  taire  en  lui  engageant  la  Lusace.  En  mtau 
temps  I'empereur  transportait  duisle  reste  de  rAJIemagne 
la  guerre  d^rmais  termin^e  txi  Dobtoe ,  mala  qui  en  pre- 
nant  alora  esaentiellement  le  caract^re  de  guerre  de  reljgioa 
en  Vint  ainsi  k  avoir  une  durte  de  trenl^  ana.  A  la  v^rit6 
le  roi  de  Danemark,  Christian  IV,  seoondd  paries  Etatsdo 
cerde  de  la  basse  Saxe,  arrftta  un  instant  lea  progrte  dei 
gte^raux  imp^riaux  Tilly  et  Wallenatein ;  mala  vabico  k 
Latter  aur  le  Barenberg,  et  oblige  de  battre  pr^pitanuneat 
en  retraite ,  ce  prince  ne  tarda  point  k  se  tnmver  dans  la 
ntesail^  de  faire  la  paix.  Les  deux  duct  de  Mecklembovrg, 
qui  avaient  pr6t^  aide  et  assistance  k  Christian  lY,  forent 
mis  au  ban  de  TEmpire;  et  Wallenstein,  en  recompense  de 
sea  services,  obtint  Hnvestlture  de  leurs  flats.  En  revandie, 
Ferdinand  ^choua  dans  ses  plans  pour  se  rendre  mattre  de 
conuneroe  de  la  BalUqoe  en  asai^geant  Stralsond,  qni  fut 
vigourensement  soutenne  par  lea  villesanaiatiques.  En  1629, 
pldn  de  confiance  dans  rasoendant  qn*n  6tait  parveno  k 
exercer  sur  TAllemagne,  Tempereur  rendit  un  Mitordonoaiit 
la  restttation  des  biens  usurpis  en  AUemagne  par  les  pro- 
lestants. C'^tait  leur  enlever  d^un  aeol  coup  k  pea  prte  tons  les 
avantages  qu'ila  avaient  obtenus  depuis  bienlAt  un  &Mt  k 
furoe  de  lottes  et  de  sacrifices;  et  Wallenstein,  4  la  IMe  des 
troupes  de  la  ligue,  se  mit  imm<^diatement  en  devoir  de 
lUre  exteuter  snr  divers  points  de  TAllemagne  les  pres- 
criptions de  cet  MIt  Mais  le  renvoi  de  Wallensteitt,  auqiiel  U 
didte,r^nie  ^Aatisbonne,  for^  Tempereor  de  consentir,  et 
d'un  autre  c6t6  la  ration  op^r^  par  Richelieu ,  qui  mil  ea 
jeu  tons  les  ressorts  de  la  politique  la  plus  consonun^  k 
Teffet  d^affaiblir  la  puissance  de  la  maison  d*Autricbe,  em- 
pteb^rent  ce  prince  de  faire  tout  progrto  ultArieur.  Ea 
m6me  temps  Ferdinand  II  rencootrait  dans  le  roi  de  So^ 
Gustave-Adolphe,  qui  appamtalors  oomme  le  sauveor 
da  protestanlisme  et  r^mittous  les  £tatB  et  princes  protes- 
tanta sous  sa  direction ,  un  ennemi  dont  les  glorieuses  vir- 
toires  etles  conqu6tes  mirent  un  terroe  k  ses  prospMt^  uii- 
litairea,  et  qui ,  lorsqull  mourut  de  la  mort  dea  b^ros  an 
diamps  de  Lutzen,  laissa  encore  de  puissants  appuls  k  la  cause 
protestante  dans  Axel  Oxenstjerna  et  les  gdn^ux  Bernard 
de  Saxe  Weimar,  Horn,  Baner  et  Torstenson.  Qnand  Wal- 
lenstein eut  p^ri  assassin^,*  Ferdinand  II  gagna  blea  encore, 
en  1634,  gr&ce  k  GaUas,  la  bitaille  de  Nordllngen,  victoire 
qui  eut  pour  rteultat  de  d^termmer  la  Saxe  k  se  retirer  de 
Talllance  su^doise ;  mals  les  g^i^raux  suMois,  auxquels  PAu- 
triclie  ne  put  paa  opposer  autant  d*hommes  de  talents  et  de 
capacity,  de  m6me  que  la  part  puMtquement  prise  par  la 
FVance  k  la  lutte  contre  la  niaison  de  Ilabsbuurg,  firent  de 
nouveau  tellement  pencber  la  fortune  du  c6te  desprotestaots, 
que  Ferdinand  lorsqu'il mourut,  le  15  fi§vrier  1C07,  avait  ddji 
perdu  depuis  longtemps  Tespoir  de  jamais  r6allser  ses  plans 
ambitieux.  Son  i^nc  fut  un  des  plus  calamlteux  que  pr6- 
sente  rbistoire  de  I'Alleroagne;  11  couvrit  ce  pays  ile  sang 
et  de  mines  (voyez,  Gobbrk  m  nsKn  am)* 


FERDINAND 


851 


FERDINANOIII,  empereur  d'Alleinagne  de  1637  a  1057, 
fllfi et SDeeesseiir deFerdi]iandiI,n6k Gratz,  le  1 1  juiUet 
1608*  et  tiu  roi  deaRomauu  en  1636,  aemontra  moinsd^- 
Tou^  qae  ton  p^  tux  inUrfito  des  jteuites  et  ^  la  politique 
de  TEspa^ie.  Aprte  la  mort  de  Wallenateiii,  ii  arait  aivist^  en 
penoniM  k  qaelqaea  campagnes  et  appris  par  experience 
peraoDnelle  qoelles  aflieuses  calamit^  la  gaerre  entratne 
UHijoun  avec  die;  mala  qnoiqae  IncUnant  i  la  pafx,  force 
511  lot  de  ocmtinaer  lea  hoatiUtite ,  parce  que  la  divergence 
jintMta  dea  puissances  beUig^rantes  mettait  k  une  rteon- 
ciliation  gtetole  des  obstacles  presqae  insuimontables.  Ia 
guerre  contlDua done,  entrainant  aTee  die,  enraiaon  de  la 
dtoMMalfsatlon  de  plus  en  plus  grande  de  la  soldatesque, 
des  d^astationa  peut-^e  pkis  horribles  encore  que 
celles  qui  avaieiit  signal^  le  r^e  de  son  p6re.  Toutefois, 
ks  Tictoues  des  Su^dols  d  ks  coiicesdons  de  Tempereur, 
qui  acGorda  de  compUAes  amnisties  h  diTers  £tats  de  Tem- 
piiv,  de  mAme  qii*en  1641  il  signa  les  prdiminairesde  Ham- 
bourg,  eurent  du  mobis  poor  r^sultat  de  preparer  le  r^ 
tabfissemeBt  de  la  paSx  g^n^^le.  Enfin,  un  congris  ser^unit 
en  1643  k  Monster  d  Osnahruck,  des  ddibtetions  duqud 
rteulta  en  1646  la  palx  dite  de  Westphalie.  Tandls  que  les 
n^godafions  en  ^talent  encore  pendantes,  Tempereur  avait 
fait  dire  sonftb  dn4  Ferdinand  IV  en  quality  de  roi  des  Ro- 
Bains;  mais  ce  prince  mourut  en  1654.  A  la  diMe  de 
J6SS-1654,  la  dentin  qo'un  empereur  ait  pr^d^  en  per* 
•ODne,  Ferdinand  III  r^alisa  d^importantes  amdiorations 
dans  rofganlsatlon  de  la  justice  en,  Allemagne.  Luiet  son 
fits,  Lfopold  r',  ^talent  d'babiles  d  fi^conds  compodteurs. 
On  poaskle  encore  la  partition  manoscrite  d*un  op^ra  terit 
par  Fer£nand,  d  qui,  dit»on,  abonde  en  mdodies  heureuses : 
J>rama  mmieum  composUum  ab  augustissifno  Ferdi- 
nando  Itl^  Ecmanwum  ImperatoTt^  etc.  Le  texte  est  toit 
en  Hallen ;  le  sofd,  e^est  la  lutte  d^nn  Jeune  liomme  plac^ 
entre  le  Tioe  et  la  vertu.  Le  chant  n*e8t  accoiiu)agn6  que 
de  deux  Tiolons,  d*ane  basse  de  irlole  et  d'une  contre-basse. 

Foidinand  m  mourut  le2  aoOt  1657,  peu  de  temps  apr^s 
anrolr  e(mdu  on  nouveau  traits  d'allianoe  arec  la  Pologne 
eontre  la  SoMe.  Son  second  ills,  Leopold  r%  lui  succ6da 
Gomme  empereur  d^Allemagne. 

F£EDiN AND  I*'  (CnaRLBS-LiopoLn-FRANgois-MARCEL- 
lih),  empereur  d'Autridie,  fils  atn^  de  Peropereur  Francis  1"* 
et  issu  de  son  second  mariage  ayee  Marie-Th6rtee,  princesse 
des  Deux-Sicilea,  est  n^  4  Vienne,  le  19  ayril  1798.  D'une 
constitution  cbdife  et  maladlTe ,  ce  prince  eut  peu  k  se 
looer  des  honunes  auxquds  fut  confl^  son^ucation,  et  qui 
se  poss^daient  aucone  des  quality  qu'eAt  exig^  une  sem- 
bSable  mission.  Mds  ce  qu'dle  eut  de  ddedueux  ne  I'em- 
p6dia  pas  de  donner  de  nombreuses  preuTos  d'une  bont6 
de  ceeor,  d^velopp^  d  fortifi^  par  Texemple  de  son  onde 
rarchidue  Ctiarles,  pour  qui  11  t^olgna  toujours  Talfection 
U  plus  vIyc.  Un  Yoyagp  qu'il  fit,  en  1815,  en  Italic,  en  Suisse 
et  dans  une  partie  de  la  France,  raffermit  on  peu  sa  sant^ 
ddiile,  d  eut  en  outre  pour  rteultat  de  lui  donner  qudques 
]d6es  antres  que  cdles  qu*U  atait  pu  pmser  dans  son  Educa- 
tion premitoe.  (7est  de  cdte^poque  que  date  la  prMilection 
loute  paiHeall^  qn^U  a  toujours  montree  depuis  pour  les 
Iravaux  tecbnologiques  et  les  dudes  b^raldiques.  CouronnE 
le  18  septembre  1830,  k  Presbourg,  en  quality  de  roi  de  Hon- 
grie  sous  le  nom  de  Ferdinand  V,  ce  titre  Uil  Talut  de  valns 
bonneurs  de  phis,  sans  doute,  mais  ne  lui  donna  pas  plus 
ainfluence  sur  les  aflaires.  Le  27  l!6Trier  1831  il  Epousa 
la  pf  Uicesse  Cardine ,  (roisi4me  fille  du  roi  de  Savoie  Victor- 
Enunanud;  mariage  demeorE  sterile.  Dans  TdE  de  Tannee 
stttnmte ,  II  fcliappa  4  une  tentative  de  mcurtre  commise 
sur  sa  persoone  par  un  capftaine  en  retraite,  du  nora 
de  Franz  RMl^  que  le  refus  d'mi  seconrs  d^aigent  avait 
dderminE  4  ed  aasassinat.  Le  1  mars  1835  il  succ^a  4  son 
p4re  comme  empereur  et  roi,  et  Inaugura  son  accession  au 
trtee  pair  de  nombreux  acies  de  d^inenoe  4  l^^gard  d'lta- 
lens  ddenus  dans  les  cacliots  pour  crimes  ou  diiiits  poli- 
tiques.  Da  reste^  son  ri^ne  ne  fat  gucre  que  la  cmiUnuation 


dtf  cdui  de  son  p4re ,  car  le  pouvolr  r^  continua  4  4tre 
exercE  comme  avtmt  par  le  prince  de  Mettemich  d  par  I'ar- 
cbiduc  Louis.  Son  couronnement  en  quaUtd  de  roi  de  Bo- 
h4me  eut  lieu  4  Prague  le  7  septembre  1836.  La  c^r^monie 
analogue  n'eut  lieu  pour  le  royaume  de  Lombardle  que  le 
6  septembre  1838,  et  fut  signdte  per  Toctroi  d*une  amnistie 
4  peu  pr48  g^Erde  pour  kss  ddits  politlqnes  commls  jusqu*4 
oette  Epoque  dans  les  provinces  d^Itdie* 

L'industrie  prit  sous  Ferdinand  I**  un  essor  rapide  dans 
les  £tat8  autrichiens,  et  fest  dors  qn'on  entieprit  la  cons* 
traction  du  vaster^seau  de  chemins  de  fer  qui  rdiera  proehd- 
uement  entre  dies  toutes  les  provinces  de  la  monarcfaie. 
Linsurrectlon  dont  la  Gdlide  fot  le  thdktre  en  1846  amena 
rincorporation  deCracovie  et  de  son  (erritoire  aox  ^ts  au- 
trichiens. Quand,  vers  la  fin  de  1847,  se  manifestirent  les 
dgnes  avant-coureurs  des  troubles  qui,  4'  peu  de  temps  de 
14,  devdent  d)ranler  PEurope  jusqiie  dans  ses  fondements , 
il  ne  d^pendit  point  des  excdlentes  intentions  et  du  coBur 
bienveillant  de  I'emperenr  d^en  pr^rver  ses  £tats.  En  mars 
1H48  11  consentit  au  renvoi  de  Mettemich ,  dnd  qu*4  T^ta- 
blissement  d*un  minlst4re  responsable,  d  sanctionna  les  prin- 
dpes  qui  devdent  servirde  base  4  une  constitution  represen- 
tative {voyti  AuTRicDB).  Mdsles  troubles  qui  ^claiferait  4 
Vienne  en  md'suivant  le  ddtermin4rent  4  abandonnei  cette 
capitale  pour  aller  fixer  sa  r^ddence  4  Inspruck ;  et  ce  ne  ftit 
que  sur  les  pressantes  Instances  des  babltanls  de  Vienne 
quMl  consentit  4  revenir  liabiter  patml  eux  au  mois  d*aofit. 
LMusurroction  dont  cdte  ville  fut  encore  une  fois  le  th^tre 
en  octobre  le  ddcrmina  4  quitter  de  nowvean  Sdia-nbrunn, 
pour  se  retirer  4  Ohnutz,  oti,  le  S  d^cembre  1848,  il  abdiqua 
phllosophiquement  en  faveur  de  son  neven  Francois- Jo- 
se ph.  I>epuls  loFB,  11  rMde  4  Prague. 

FERDINAND,  nom  commnn  4  divers  lois  d'Espagne. 

FERDINAND  I*'  ou  le  Grand,  premier  rd  de  CastUlfr 
depuis  Tan  1035,  fils  de  Sandie  III,  roi  de  Navarre,  ettlev» 
4  sonbeau-fr4re  Bermudes  le  royaume  de  Lton,  d  eut  avee 
son  fr4re  Garcia  IV  de  Navarre  des  ddn616s  qui  oo614ronl 
la  vie  4  ce  dernier.  Ferdinand  I*'  conqult  une  partie  du 
Portugal,  fut  heureux  dans  ses  expMitiona  centre  les  Mau* 
res,  d  finit  m6me,  en  1056,  par  prendre  le  litre  d'empereur^ 
ce  qui,  de  sa  part,  annon^it  ^videmment  la  pretention  d'e- 
tre le  souverain  de  droit  de  toute  I'Espagne.  La  Castille  lui 
fut  redevable  de  la  premi4re  constitution  r^uli4re  qu*dle 
ait  cue.  II  mourut  en  1065. 

FERDINAND  II,  fib  d  sucoesseur  d*AI  phonse  nil  dans' 
les  royaumes  de  lAoa,  d*Asturie  et  de  Gallce  4  partir  de 
1157,  combattit  avec  succ4s  les  Maures  et  les  Portogais. 
Cependaut  son  r^e  ne  fut  qu^une  suite  non  Interrompue* 
de  troubles  et  de  odamitte,  parce  que  jamais  il  n'eut  d'an- 
tre  r^c  de  conduite  que  ses  caprices.  C*ed  sum  son  r4gne 
que  fut  fond^  Tordre  d'Alcantara.  Ii  mount  en  1188. 

FERDINAND  III,  autrement  dit  le  Saint,  occtipe  une 
place  bien  plus  importaote  dans  I'histoire.  N6  en  1199, 11 
succ^da  en  1217  4  sa  m4re  comme  roi  de  Castille,  et  en 
1230  4  son  p4re  Alphonse  IX,  en  quality  de  roi  de  L^on. 
C*est  sous  son  regne  que  des  prescriptions  l^latives  r6uni- 
rent  les  oouronnes  de  Castille  d  de  L4on,  pour  ne  plus  former 
dtermds  qu*un  m4me  royaume  individble.  Dans  une  guerre 
heureuse  eontre  les  Maures,  11  fit  la  conqu4te  de  tout  le 
royaume  de  Murcle,  s'empara  des  Importantes  viiies  de 
Seville  et  de  Cordoue,  d  rendit  ses  armes  redoutables  aua 
princes  mahomdtans  de  I'Afrique.  En  fondant  I'universit^ 
de  Salamanque,  11  ne  contribua  pas  peu  4  fdre  fleurir  lea 
sdences  et  les  Idtres  en  Espagne.  II  mourut  en  1261,  d  fot 
canonist  en  167 1  par  le  pape  Clduent  X.  Son  mhiistro,  Tar- 
chev4que  de  Tol4de,  Kodrigo  Xlmen4s,  a  ^crit  I'ldstoire  de 
sa  vie  dans  sa  Oronica  del  santo  rey  don  Fernando  III, 
saeada  de  la  libreria  de  la  iglesia  de  Sevilla. 

FERDINAND  IV,  rolde  Castille  et  de  lAon,  fils  de  San- 
ehe  IV,  monta  sur  le  trOne  en  1295,  et  cut  tout  aussitOl  4 
^oulenir  des  guerres  acliam^es  d*abord  eontre  le  roi  de 
Portugal,  puis  centre  le  roi  d'Aragon ;  mais  il  s*cii  tin  aTee 


853 


FERDINAND 


bonhenr.  Seft  succte  dans  aes  expeditioDS  contre  les  Maares 
ne  rorent  pas  moiidres.  U  Yainquit  le  roi  de  Grenade,  et 
^tait  engage  dans  de  DouTellea  entreprises  militaires,  loraque 
la  inoitle  aorprit,  en  1312,  et,  hce  que  raconte  la  tradi- 
tion,  an  dernier  jonr  do  di^ai  de  trente  ana  que  lui  avaient 
aaaigu^,  poor  comparaltre  k  son  toor  deyant  le  tribonal  de 
Dieu ,  les  deox  fr^rea  Canrajal ,  accost  de  meortre,  et  qu^il 
arait  fait  pr6cipiter  do  haut  des  morailles  de  la  Tille  deMar- 
tas  aana  Tooloir  entendre  leur  defense.  La  mort  de  Ferdi- 
nand IV  fut  poor  aes  £tata  le  signal  des  plos  grayes  d^or- 
dres ;  car  son  flis  et  successenr  Alphonse  XI  n'^tait  encore 
^^  alors  que  de  deux  ans.  • 

FERDmAND  Y  ou  le  Catholique,  roi  d'Aragon  ( 1479- 
151 C),  n^  le  10  mars  1452,  ^tait  fils  de  Jean  lld'Aragon ,  et , 
qooique  prince  habile,  a  laiss^  dans  lliistoire  on  nom  triste- 
ment  fameox,  k  cause  de  son  despotisme  et  de  sa  politique 
f«dlacieuse.  La  reunion  des  deux  couronnes  de  Castillo  et 
d'Aragonsornne  m6met6te,qui  s*efTectua  post^rieorement, 
avait  iK6  pr^parte  do  Ti?ant  intoie  de  son  p6re.  En  Castille 
r^ait  alors  Henri  IV,  prince  qui  ne  reconnaissait  point  sa 
fiUe  Jeanne  poor  son  enfant  l^time.  A  la  mort  de  Henri,  la 
sttor  dece prince,  Isabel  le,  qni  a?ait  ^pous^  quelques  an- 
nte  auparavant  I'h^ritier  de  la  couronne  d'Aragoo,  s*empara 
do  tr6ne  de  Castille.  Qoand  ensuite,  k  la  mort  de  son  p6re, 
arriT^  en  1479,  Ferdinand  V  devint  roi  d*Aragon,  les  deux 
Foyaoraes  d*Aragon  et  de  Castille  se  troov^rent  de  la  sorfe 
rtanis  sons  la  domination  de  Ferdinand  et  d'lsabelle.  Tou- 
tefdis,  tant  qu^elle  v^ut,  Isabelle  resta  reine  de  Caslille,  et 
n*accorda  en  cette  quality  d'autre  prerogative  k  son  ^poux 
qoe  celle  de  mettre  son  nom  k  c6i6  do  sien  au  bas  des  lois 
it  ordonnanoes  qo*dle  ^tait  appel^  k  rendre  cuinme  sou- 
veraine.  Lej^e  tout  entier  de  Ferdinand  V  ne  futqu^one 
snite  non  interrumpoe  de  (fuerres  beureuses.  Apr^s  avoir 
triompli^  d'Alphonse  V,  roi  de  Portugal,  il  r^uisit  sous  son 
ob^ssauce,  en  1491,  &  la  suite  dedlx  aun^es  de  lultes  son- 
glantes,  et  singuli^rement  favoris^  par  les  discordes  intes- 
tines de  ses  adversaires,  leroyaume  de  Grenade,  dernier  de- 
bris de  la  puissance  des  Maures  en  Espagoe.  En  1503  son 
lieutenant  Gonsalve  de  Cordoue  lui  conquit  le  royaume  de 
Naples,  et  en  1512  il  soumit  k  ses  lois  tout  le  royaume  de 
Navarre  jusqu'aox  Pyr^n^s.  La  ddcouverte  de  I'Amdri- 
que,  favorisde  par  la  protection  quMlaccorda  k  Christophe 
Colom  b,  demeurera  d*ailleurs  k  jamais  r^v^nemeut  le  plus 
memorable  de  son  r6gne.  Ferdinand  et  Isabelle,  en  employant 
les  artifices  d'une  politique  macbiav^lique ,  r^ussirent  k 
etablir  dans  leurs  £tats  un  syst^e  degouvemement  comply 
(ement  nouveao.  Us  d^truisirent  la  puissance  de  la  f^odalit^ 
en  introduisant  I'Inquisition  en  Castille  ( 1480 )  et  en 
Aragon  (1484  ) ;  mesure  qui  n'avait  pas  seulement  un  but 
religieux,  mais  anssi  et  avant  tout  un  but  politique,  et  dont 
la  persecution  des  jaifs  (1492)  et  Pexpulsion  des  Maures 
(1501)  ne  Turent  que  des  r^sultats  accessoires.  Dans  leurs 
efTorts  pour  fonder  une  monarcliie  absolue,  its  furent  puis- 
samment  second^s  par  le  cardinal  Ximen6s.  Apr^s  avoir 
vo  mourir  tons  sea  enfants,  k  Texception  de  la  plus  jeone 
de  ses  fiUes,  Jeanne,  qui  en  1459  avait  epous^  Philippe,  re- 
gent des  Pays-Bas  et  fils  de  Tempereur  Maximilien  I^', 
Ferdinand  V  perdit  aussi  sa  femme  Isabelle;  de  sorte  que 
le  gouvemement  de  la  Castille  passa  alors  aux  mains  de 
Jeanne  ou  plut6t  de  Philippe  son  ^poux.  Le  d<^pit  qu'il  en 
ressentit  d^termina  Ferdinand  k  convoler  en  secondes  no- 
ces  avec  la  comtesse  Germaine  de  Foix ;  mais  ce  mariage 
demenra  sterile.  Philippe  dtant  mort  d^  1506  et  Jeanne 
etant  devenue  folle,  le  gouvemement  de  la  Castille  revint 
encore  une  fois  k  Ferdinand  qui  mourut  le  23  Janvier 
1516,  ik  Madrigalejo,  des  suites  d'un  breuvage  que  sa  femme 
lui  avait  fait  prendre  dans  Tespoir  de  lui  rendre  la  puissance 
de  perpetuer  sa  race.  II  eut  pour  successeur  le  prince 
qui  r^f^a  en  Espagne  sous  le  nom  de  Charles  1''  et  qui  lut 
en  AUemagne  Pcmpereur  Charles-Quint.  Consoltez 
Prescott,  History  of  Ferdinand  and  Isabella  ( Boston, 
1«38;  5*  edit.,  Londres,  1849 }. 


FERDINAND  VI,  ne  k  Madrid,  en  1712,  eiait  ills  de  Phi- 
lippe 11,^  qui  il  raccedasur  le  tr6ne  en  1746.  Prince  d?aa 
esprit  non^uoina  faible  que  son  p^re,  eieve  par  lea  jesnitef 
dans  les  ridicoles  pratiques  de  la  devotion  la  ploa  exageree, 
et  oela  en  depit  d'un  temperament  dea  plus  ardents,  il  aban- 
donna  compietement  k  ses  ministres  le  soin  de  dinger  lea  af- 
faires ,  et  il  etait  tombe  dans  un  etat  d'imbedllite  foriense 
meiee  d'erotomanie  lorsqu^il  rooomt  en  1759,  sans  laicaer 
d'enfonts  de  sa  femme,  la  princesse  Maria  Barbara,  fille  da 
roi  Jean  V  de  Portugal,  nee  en  171 1,  quMl  avait  epooaee  en 
1729,  et  qui  ie  preceda  d'une  annee  dans  la  tombe. 

FERDINAND  VII,  ne  le  14  octobre  1784,  euit  liia  da 
Charles  IV  etde  Marie-Louise  de  Parme.  En  1801,  il 
epoosa  Faimable  et  spirituelle  Antoinette-Ther6se ,  iiile  du 
prince  berMitaire  des  Deax-Siciles,  devena  plus  tard  roi 
sous  le  nom  de  Ferdinand  I^,  et  qui,  bien  que  tendrement 
aimee  de  son  eponx,  mourut  des  1806,  des  chagrins  de  toote 
espece  dont  Pabreuverent  k  Tenvi  Godoy,  et  k  i'inati- 
gation  de  celui-cl  le  roi  son  beao-p^re  et  la  reine  aa  belle- 
mere.  La  haine  inspiree  par  un  faidigne  fovori  k  la  plos  grande 
parUe  de  la  noblesse  et  de  la  nation  groopa  bientOt  autoor 
do  prince  des  Asturies,  visiblement  en  butte  aux  outrage  de 
Godoy,  on  certain  nombre  de  licigncurs  et  de  courtisans 
influents  qui  representerent  k  Theritier  du  trdne  que  lea  ma- 
chinations et  les  intrigues  de  Godoy  n^allaient  k  rien  moins 
qu'a  le  priver,  k  la  mort  de  son  pire,  de  ses  droits  k  la  cou- 
ronne. Ce  fut  pour  conjurer  ce  peril,  que  Ferdmand,  apr^s 
quelques  pourparlers  avec  le  comte  de  Beauhamaia,  alort 
ministre  de  France  k  Madrid,  ecrivit  le  1 1  octobre  1807  k 
Napoleon  une  lettre  dans  laquelie  il  lui  demandait  la  mahi 
d*une  de  ses  nieces ,  de  la  fille  atnee  de  Loden  Bonaparte. 
Godoy,  ayant  en  vent  de  cette  negocialion,  fit  saisir  les 
papiers  du  prince,  qui  fut  arrete  k  TEscurial,  le  11  octobre 
1807,  et  declare  trattrea  la  couronne  et  au  pays  par  une  lettre 
autographe  qoe  le  roi  adreasa  aa  conseil  de  Castille.  L'exas* 
peration  dela  foule  contre  Godoy  produisit,  le  18  mars  1808, 
la  revolution  d*Aranjuez,  par  suite  de  laquelie  Charles  IV 
abdiqna,  le  19,1a  couronne,  qui  passa  des  tors,  conforme- 
ment  au  droit  monarchique,  k  Ferdinand.  Maiden  mtoe 
temps  qu^il  sooscrivait  son  acte  d^abdication,  Charles  IV 
ecrivait  secretement  k  Napoleon  en  protestant  coutre  la  vio- 
lence dont  il  etait  victime ;  protestation  dont  Napoieoa  prit 
pretexte  pour  intervenir  dans  les  affairea  d'Espagne,  de- 
trdner  la  branche  de  la  maison  de  Bourbon,  qui  y  regnait 
depuis  un  siecis,  et  lui  substituer  un  membre  de  aa  famille. 
On  sail  avec  quelle  genereuse  unanimite  l* Espagne  refosa 
de  se  courber  sous  le  joug  honteux  qu*on  voulait  lui  imposer, 
et  quelles  suites  eut  pour  la  fortune  de  Napoleon  la  goerra 
essentieHement  nationale  qui  s'alluma  alors  dans  la  Penin- 
sule.  Depuis  cinq  ans  Ferdinand  VII  avait  pour  prison  le 
chdtcao  de  Valen^ ay,  appartenant  k  Talleyrand ,  loraqoe 
Napoleon,  reduit  en  1813  k  defendre  le  sol  fran^aia  contre 
Tinvasion  etrangere,  lui  fit  offrir  de  le  retablir  snr  le  trAne 
de  ses  peres  moy  ennant  qu*il  souscri  vtt  anx  conditions  posees 
dans  on  traite  en  datedu  11  decembre  1813,  qoi  avait  poor 
but  de  separer  les  interets  de  TEspagne  de  ceux  du  reste  de 
TEurope,  mais  que  les  cortes  refuseront  de  aanctionner. 
Ferdinand,  en  verta  de  ce  traite,  n*en  rentra  pas  molna  dfes 
les  premiers  jours  de  mars  en  Espagne,  o6  ilfutaccoeilli  par 
les  populations  avec  les  plus  chaleu  reuses  demonstrations 
d*amour  et  de  fideiite.  Mats  alora,  n^ecootant  qoe  les 
conseils  de  la  noblesse  de  ooor,  do  cleige  et  de  qoelquea 
generaox,  ce  prince,  avant  .meme  d'etre  arrive  k  Madiiid, 
refosa  de  preter  sermcnt^  la  constitution  des  cortes  de  1813, 
et  la  repoussa  comme  contraire  ao  principe  monarchique. 
Cette  declaration  fut  d'ailleurs  suivie  de  la  promesse  aolen- 
nolle  d*une  constitution  qoi  repondrait  k  1*^  dlnstmction 
generale  aoqoel  l*£orope  est  aujourd'hui  parvenue,  de  mdma 
qu*aux  besoina  moraux  de  la  nation  espagnole  dans  les 
deux  hemispheres.  Cependant  k  peine  le  general  Egoia 
fut-il  arrive  k  Madrid  avec  on  detachement  dea  gard&ty 
deux  joors  avant  Tentree  do  raiy  qoe  lea  membret  de  la  t^ 


FERDINAND 


85S 


genee,  les  ministres  et  un  grand  nombre  de  d^put^  des 
corlta  forent  arrdt^  aa  miliea  de  la  nnit  et  jette  dans  les 
cachoU.  Le  14  mai  laU  Ferdinand  VII  fit  son  entrte  bo- 
leniMlle  k  Madrid,  oil  il  chercha  h  gagner  resprit  des  masses 
en  foisant  preore  de  la  plus  grande  aflhbilit^.  II  ne  se  fbt 
pas  plos  tot  saisi  des  rtaes  de  Vttai,  qu*(m  Tit  se  snccMer 
nne  Mrie  d'actes  et  de  mesnres  qoi  exdt^rent  en  Europe  la 
plosTiresDrpfise.  A*i  lien  de  la  constitution  reprtentative 
si  fonnellenient  promise ,  on  Tit  alors  s'organlser  le  plos 
TioUmt  systtoie  de  persiScotion  oontre  tons  les  bonunes 
soup^nnte  d*aToir  des  idte  Hbtoles.  Les  arrestations  ar- 
bitraires,  les  emprisonnements,  les  confiscations  et  les  sap- 
plioes  deTinrent  h  Tordre  do  Jour  dans  toutesles  parties  de 
l^pagne.  On  r^bUt  les  ordres  monacanx,  rinqoisltion  et 
«es  tortures,  et  tonte  manifestation  de  sentiments  lib^ranx 
fot  s^T^rement  r^prim^.  Pea  k  pen  tonte  Tadministration 
publique  se  trouTa  sous  la  d^ndance  d*ane  camarilla 
aTengle  et  inepte.  Enfin  nne  insurrection  Mata  en  janvier 
1»10,  et  le  7  mars  sniTant  Ferdinand  VII  ^tait  contraint 
de  coosentir  aa  ritabttssement  de  la  constitution  des  oortte 
de  1812.  Maisrinterrention  arm^  de  la  France,  en  1813,  eut 
pour  T^snltat  la  restauration  du  ponToir  absolu  en  Espagne. 

En  1816  Ferdinand  YII  s'^tait  remari6  aTec  la  seoonde 
title  da  rot  de  Portugal  Jean  VI,  Maria  Isabella  Franciscan 
qui  raoorat  le  26  d^cembre  1818.  Au  roois  d*aoAt  1819,  il 
conrola  en  troisi^mes  nooes  aTee  Jos^hine,  fille  du  prince 
Haximffien  de  Saxe,  laqnelle  monrat  le  16  mai  1829.  La 
mfime  ann^  il  contracta  an  quatritoie  marlage,  aTec  Marie- 
Christine,  fille  de  Francis  I*',  roi  des  Deux-Siciles,  de 
laqnelle  il  eut  deux  filles,  Isabelle,  anjonrd*hni  reine 
d'Espagae,  et  llnfante  Marie-Louise,  mari^  an  due  de  Mont- 
penster.  L%flaence  que  Marie-Christine  exer^  sur  Tesprit 
de  Ferdinand  Vn  led^termina  k  mettre  k  n^uit  dans  la  mo- 
narchie  espagnole,  en  Tertn  de  sa  pragmatique  sanction  du 
29mar8 1880,  laloi  salique,qaed^ili,  dans  les  cortte  de  1822, 
fl  avalt  M  question  de  sopprimer,  et  de  la  remplacer  par 
Tanclenne  loi  dli^^dit^  en  nsage  en  Castille,  et  aox  termes 
de  laqnelle  les  femmes  et  leur  descendance  pouTaient  arriTer 
k  la  coaroone.  Cette  mesure  d^rmina,  du  TiTant  mtee  da 
roi,  les  partisans  deson  frfere  don  Carlos  k  ourdlr  les 
trames  lea  plus  dangoreuses,  et  fit  plater  tout  de  suite  aprte 
aa  mort  la  plus  terrible  des  gnerres  ci?fles.  Menace  tant6t 
par  le  parti  liberal  et  tant6t  par  le  parti  rtectionnaire,  et 
constamment  le  jouet  de  sa  camarilla  et  des  intrigues  de  sa 
coar,  le  roi,  qnand  il  Tint  k  tomber  gravement  malade  en 
oetobre  1832,  remit  k  la  reine,  sa  femme,  la  direction  des 
aflUres  de  VtM  Jnsqu'an  r^Uissement  de  sa  sant^;  et  toot 
aosritdt  an  systtoe  plus  liberal  rempla^  ceini  qui  aTait 
doming  josqn'alors.  Leministre  Calomarde,  entldrement 
d^oo^  aa  parti  Carlisle ,  et  qui  aTait  profits  d*un  moment 
ob  le  roi  n'aTait  plus  la  conscience  de  lui-mtoie  pour  lui 
faire  signer  an  dteret  qui  retirait  la  pragmatique  sanction , 
fat  contraint  k  prendre  la  fuite.  Quand  Ferdinand  rerint  k 
la  saatd,  n  d^lara,  en  prince  d'une  assemble  de  tons  les 
nmustres  et  de  tons  les  grands  d^Espagne,  co^roqu^  le  31 
d^oembre  1832  par  la  reine  Marie-Christine,  qne  ce  dtoet 
loi  arait  M  surpris ;  et  le  4  JauTier  1833  il  reprit  Pexerdce 
dn  pooToIr  sooTeraio.  Le  20  jufai  de  la  mftme  ann^,  il  fit 
solomellement  prater  loi  et  hommage  k  la  princesse  des  As- 
tnries  par  les  d^put^  des  eortto  et  par  les  grands  d'Espagne, 
et  moorot  le  29  septembre  1833. 

FERDINAND,  roi  de  Portugal.  M  en  1340 ,  ce  prince 
moata  sar letrOne en  1367,  4  lamortde  Pierre  leCrnel, 
BOO  p^.  On  lai  reprocbe  d*aToir  enlcTtf  k  un  sdgneur  de 
aoB  rojanme  sa  femme  pour  la  placer  sur  le  trOne  k  ses 
oai^ ;  roais  son  administration  fot  pleine  de  sagesse  et  de 
dooeeor.  II  ne  fot  pas  heureax  daos  la  guerre  qull  soiitint 
oontre  les  roisde  Castille  Henri  II  et  Jean  I*',  etdut  rencncer 
k  ses  pretentions,  poor  obtenir  la  paix.  n  mournt  en  1383. 

FERDINAND.  Cinq  princes  ont  r^^  sous  ce  nom  k 
Naples.  Lequatritoe  a  recommence  unes^enouTelleoomme 
roi  des  Deux-Sidles. 

aiCT.  nC  LA  OOiCTEItS.  —  T.  ix. 


FERDINAND  I",  fils  naturel  d^Alfonse  le  Magna- 
nime,  naquit  en  1424,  et  suco^da  k  son  p^  en  1458.  Ce 
prince,  d*nn  caract^re  lAcbe,  sombre  et  Tindicatif,  s'attlra 
bientdt  la  haine  de  ses  siyets,  et  la  conjuration  des  barons 
edata.  Dej&  ii  etait  rddnit  k  la  demi^re  extremity,  aa  point 
que  la  reine  Isabelle  sa  femme,  pour  lui  ionmir  quolque 
argent  et  quelqaes  effets  d'^quipement,  fit  eHe-mftme,  aTec 
ses  enfimts  une  qu6te  dans  les  rues  de  Naples,  quand  les 
secours  que  lui  enToyirent  le  pape  Pie  II  et  Francois 
SfoTza,  due  de  Milan,  puis  rarrlTde  de  S  candor  beg,  le 
heros  de  i*Albanie,  qui  Tint  se  mettre  k  la  tete  de  son  armde, 
raffermlrent  son  trOne  cbancelant  Ferdinand  I*'  souUla  son 
triomphe  par  sa  cruaute  et  sa  perfidie;  au  mepris  de  la  foi 
jur^e,  il  ne  songea  qu^k  se  Tenger  de  tons  cenx  qui  aTaient 
embrasse  le  parti  de  la  maison  d'Anjoa.  Jacques  Piccinino, 
ruinstre  general,  fut  nne  de  ses  Tictimes.  Cependant  son  r^ 
gne  ne  fut  pas  sans  ^clat,  et  son  fils  Alfonso  eut  la  ^oire  de 
reprendre  Otrante  sur  les  Turcs,  sauTant  alnsi  ritalie  du  joug 
mnsnlman(10Beptembre  1480).  Cinq  ans  plus  tard  les  ba- 
rons se  revolt&rent  de  nouveau,  et,  comme  la  premiere  fois, 
Ferdinand  se  d^barrassa  de  ses  ennemis  par  la  trahison.  £x- 
communie  par  le  pape  en  1489,  il  moorut  en  1494,  au  mo- 
ment od  Charles  VIII  se  pr^parait  k  fondre  sur  Naples. 

FERDINANDD,  filsd*Alfonse  n,  etpetit-filsdo  pr6c6dent, 
succMa  en  1495  k  son  p^,  que  la  haine  de  son  people  con- 
traignit  d*abdiqoer.  ATant  de  mooter  sur  to  trdne  ii  aTait 
inutilement  essay^  de  former  to  passage  dans  la  Romagne 
k  Tarm^  fran^aise.  Charles  Vm,  accoeilli  comme  un  Iib6- 
rateur  par  les  populations  enthouriasmtey  se  trouTa  bientdt 
doTant  Naples;  cette  capitate  et  Capoue  se  soulerteent  en 
sa  faTour,  Tarmte  mtoie  de  Ferdinand  Tabandonna  et  passa 
k  Pennemi.  ATant  de  s*embarquer,  le  jeune  prince  adressa  k 
ses  sijots  de  nobles  et  touchanis  adieux,  et  les  d^lia  de  tears 
senuents  pendant  que  la  populace  pillait  d^A  son  palais. 
Mais  la  fortune  inconstante  ne  tarda  pas  k  trahir  son  beu- 
reux  riTal ,  dont  les  roTers  forent  aussl  prompts  qoe  ses  suc- 
cte  aTaient  616  rapides.  L*^p6e  deGonzalTodeCordoue, 
le  grand  capitaine^  ne  contribua  pas  peu  k  la  restauration  de 
la  maison  d'Aragon.  Ferdinand  rentra  k  Naples  le  7  juillet 
1495 ,  cinq  mois  apr^  quMI  en  ^it  sorti,  et  STant  to  mi- 
lien  de  Tannic  suiTsnte  U  aTdt  reconquis  tout  son  royaume. 
II  ^pousa  alors  sa  tante  Jeanne,  et  monrut  presque  aussitAt 
(5octobrel496). 

FERDINAND  HI.  C*est  to  nom  sous  lequel  Ferdinand  V 
d'Espagne  gouTemala  Sidle  k  partir  de  1479,  et  le  royaume 
de  Naples  de  1504  k  1510. 

FERDINAND  IV  on  FERDINAND  I*',  roi  des  Deux-Si- 
ciies,  n^  le  12  jauTier  1751,  troisitoe  fils  do  roi  d^Espagne 
C  h  a  rl  esl  1 1,  fut ^toT^  par  le  due  de  Santo-Nicandro,  homme 
loyal,  mais  esprit  de  peude  portte.  Quand,  en  1759,  sonp^ 
monta  sur  to  trOne  d'Espagne,  11  lui  succ^da  sur  celni  de 
Naples,  conformtoent  au  statut  de  famille  qui  prohlbait  la 
rfonlon  des  deux  couronnes  sur  la  mdme  t^;  et  pendant 
sa  minority  on  le  pto^a  sons  U  direction  d*un  conseO  de  t6- 
gence,  pr^sid^  par  to  marquis  Tanocd,  anden  professeur  de 
droit  k  runiTorsit^  de  Pise.  Par  sa  rate  affabilitd  II  ^ait 
d^j^  doTona  I'ldole du  peuple,  quand,  le  12  jauTier  1767 , 
y  prit  lul-mdme  les  rftnes  de  TJ^tat,  sous  to  nom  de  Ferdi- 
nand /F,  eten  1768  il  ^usa  Caroline-Marie,  filtode 
I'impfiatrice  Mi^rie-ThMse,  qui  panrint  oi  pen  de  temps  k 
exereer  sur  lui  la  phis  d^dslTo  inOuence,  et  sans  Tassenti- 
ment  de  laqoeUe  il  n'eAt  rien  osA  fairo  plus  tard,  lorsqu*a- 
prte  le  reoToi  de  Tanocd  ( 1777  )  elle  s^occupa  daTaatage 
des  alfoirea  de  l^taL  Sous  to  ministre  Acton,  homme  enti^ 
rement  k  to  d^Totton  de  la  rdne,  le  cabinet  de  Madrid  perdit, 
k  partir  de  1784,  toute  influence  sur  la  cour  de  Naples,  qui 
s'allia  plus  ^troitemcnt  aux  cabinets  de  Vienne  et  de  Lon* 
dres,  et  par  suite  se  rattacha  (en  1793}  k  to  coalition  contra 
la  France. 

Quoique  Tun  des  plus  Tiotents  adTcrsaires  de  la  r^Tolu- 
Uon,  Ferdinand  se  Tit  contraint  en  1796  de  conclure  la 
paix  aTec  to  r^Kbliqiie  fraofalse,  qui  en  1798  lui  d^darm 

45 


>•- 


/ 


-»«.-v     .^  J 


164 


TERDIMAND 


s 


la  gutfre,  loni|iie  de  BOUt eaa  il  acc^a  k  la  eiiatitioji.  tJne 

Amfo  fran^aise  aux -ocdreft  dn  g^^ral  CbalnrpiDDiiet, 

k  la  Buite  d'one  rapide  sacceBsfoft  de  Tfctolres^  ebtcaiiNv- 

'pl«8^  oik  le- 23  Janvier  1799  bn  iJ^roelama  la  r^pubUqim  par- 

'tlMif^ne ,  a^rte  qoele  fdi  idMHtf^  k  PaltriM  dte 

:1a  94  d^eembi^  l^Ofti  Itontafbiii  ^  ane  ^odtre-t^Toliilion  0t 

W(6Hibtir;  le  2il  JAib.l799,  latapfiate^ali  poUtoir^^iMafiiife 

irdyiikliBW  conmiandte  par  leciidAial'Mniy  eTMotance^ 

^feiett^y  ^ouff  la  difkllctf*dd*ira)QieQif€pK       ta'pim^ii^rto 

^an^oftte'  k  I'^gard  d^  lindltidiis  qui  ataidiit  ^rta 'paii tila 

,  l^obitioii;  'et  debt  'iitf'tftod  iidffibi« 'fuMiil  '^6iMBMMk 

ttOiiei  ex&btoi  La  c6brW're>»flft  d^niJbwl  iMi^  qd^aii 

'BioiadielBiitite'  lS(M»/^ptf(|(aa 'off  rfc0|tt|h«t^ 

'  vremfer-  iBotAtt)  Ittr^ti4f(8  ^qtl!  '^a^'amMll  'riuMiFiUI  tti 

foyatim^'  de 'N&^leir  dt  dii  U  9»elle.  t^iJipeikdaDt;  )<H«deia 

■■  ptA%  cM«lD6at«clk'Fitiiee1i^'2S'  iMrBidal,  irerdiHand  diit 

abialidbnafer  enfre  aatres  Itf  S^dlo '  deifH  'Prrndf ,  >  MMtMr 

dans  seA  £tit«iiii^  armMlhuj^afft^d'ofcaupatiMy'et  tMrielMft^ 

d^  A^ub^ttd  yie(l'sesi(  a^tj^^al^ea  Ivrefieiist^totit  dSM-- 

qtHSnent  'dit  ^(iop<^^ult)«wrtait  etftf*  tentt  porlaa  jpiois- 

MJfleea  engneirredoiitrela  Francii.  DiMta'sidisd^'  iiovembre 


fbt  de  iiA)JuVt!att  t^dtttU/  &  AetreftgTei'te  firefle* 

GrAbe'k I'^pptii'-de'rAiigletents,  I^erdlttuid  t^iWM  ir ft^y 
maimeiiir  i  nakk en  fMd, 'do  diOifi^eiMl 'a^Ctant ' «Mrr«  elllta 
la  reifie  ell  lecafaiaet  aii|^lal&,  A  abinfdonifakMii  fila  Fran^la 
ladireetidadedaflkfyes,  ifufltiJeftpepHt  qii'en  d^Oibre  1611, 
loraqike  la  rein^  iA  ftif  >eHrd^  4  VieaUe.'  ReOdAbu  fifat"  le 
congnte  de  Yieftiie  dbiiB  tiiiis  ^eft  dr6its  de  rot  de^  Deat-SI- 
ciles,  quoiqueftrtirat  i(A eneere en pdssbMrclii datoyaunie 
de  Naples,  ilTentora'datis  «li  tiipitale  S)  17'Juftf  1916,  quattd 
eelui-d  ent  a^  cetotralnt  de  se  #adVer  erf  Ffatiee;'et  to  12 
d^cembre  1816  it  il6adil  sea  pofl8^^<foii»  d^d^  eC  d'aa. 
deli  du  ddtroU-en  lib  seul  royaunie,  qui  re^t  U'd^omi- 
liatiottde  royaiimede^  Deux-Eidl^M,  Oeunne  rbide  ce 
noavei  £tat,  il  pt'it  le  litre  de/'€rdtnan(ir^.  Safeaime^tait 
morte  le  8  septembre  1814 ;  e€  la  meme  aniu^  il  atait  ten- 
Told  eh'teeondea  neces  avee  la  priocesse  d<Miairfere  de  Palr- 
faiia,  qu'en  J8tMUr^  duc^d^de  Floridia.  A  la^ailede 
la  r^oMtion  de  1820 ,  force  tni  Alt  dtmtrodttSi^  daitt>  aes 
Etats  la  constitution  des  cort^  de  I8l2  ^'k  la^ineUe  It  dnt 
'aiissi  priter  seitneiit,  inais  qui  Tat  reiiver^  d^§  1 82f1  k  l*aide 
des  balonnettes  aatrichiennes.  Si  alors  son  gottvemanent 
d^ploya  une  grande  rigueur  dana  la'  pbafsniitedes'&d'r^o- 
na'Ti\VL  ^ot teccbdattre'd'aavDtre  c4f^  qdHl  m^rltaliien 
'  do  pays  par  Petpfilsion  des  j^ttite§,'par  la  sappi^ioii  d^kn 
grand  nombrede  convents  inatllea  et'par  d^eun^iDDies  reld^- 
nies^op^r^datas  radministratioii  Int^eiire*  llfnourat)e4 
}aiit!er  1825,  et  eut  poor  saccessenraea'fitt  Fran^  t*'. 
F^RDINA'MDII,  roi  des  Deiix-Sidles,  neie  12  Janvier 
'1 810,  fils  dn  toi  Francis  'I*',  issn  de  aod'seeond  mariage  avec 
Vinfante  d^paghe  /aaMfe-^JIfmie,  antcddic  k  son  p^  en 
1830.  Le  inoyattttiedea  Deut>4fdlei ;  ^  auite  delaoMM- 
vaise  adminiaU'atioil  qui  TaVait  d^nts  longteinp^  r^,  des 
charges  qneil^t  tf^aim  Mguees  les  aiideBiMB  goerres  tt  de 
celles  qu'illuf  avait  ftllft  supporter  en  plelne  paix,  ae  treu- 
vait  daM  la  plus  d^pldrable  situation;*  On  mab'qdait  de 
liberty  dans  b  v1e'«lvile,  de  atofritd'l  PfnUHenr:,  oi  pdine 
iempa  ttne"  lea  prodlgafitds  dela  cbor  etufaa  Mndnialralimi 
inintdtigente  avaient  ruin^  las  finaneea'.  Danadeidltsa  cir- 
Constances;  il  ^tait  natural  qiii  le  Jenn^  roi  inspirit  les  plus 
vrtes  esp6mncesi  son  people.  Auasf  la  joie  poblfc]tie1^i|Meile 
grande  lorsqo'on  vit  Ferdinand  ttyli'son  avi^tfement  nu 
trdne,  adoucirle  sort  des  indlvldiM  peljtiqoelnent  cortipromis 
et  ordotoer  la  oessktidn  dea  pdnrsuff  es' dlitj^  eontre  eox. 
\jb  roi  fit  aussi  i)ubHer  Tdtat  de' stiuation  do  tresor;  et  promit 
de  dlminoer  le  poids  dds  impdts  an  moyen  de  sages  i^no- 
tties.  Mais  Ferdinand  II  ne  pf«ta  que  trop  tdt  Tordlle  aui 
aonaeOa  inldresa^'  d^dtrinage^  qui  *  voyaient  dans  raononce 
tf  one  oigjuisatian  adbdniatritM  fIiu  IIMrile  on  dangereux 


example  pour  le  reste  de  la  Ptetnsole  ila&que;  et  I'l 
ctfalie,  d^aooprd  avec  le  elerg^y  acheva  de  In  cmnreillir'eQoi- 
f  Mwnent  anx  iddes  aTiiohitistes.  Ausai  depnis  lorale  rayiMae 
de  KapM  et  celoi  de  far  Sidle  aortoot  onIA  ^ift'prsqno 
•aana  interruption  le  thditrade^ona^Fatiooar'el;  dn.r6Mltei, 
aoiviea  toajOinra  dis  pnloto  poKtiquea  el4e'aanglantes  exaea- 
/floiiS(  dent  ta  cona6qnenep  diaeetn  a'«et4>de:phlpagsr  dtas 
lepeople<das  idteadd  viofenee  M^de  f^rodtt^  wmeniatenfs 
"qnelaf  plna  diptomble  dMrdre  sMtooMaait  dans  lautes  let 
pailjaaide  TadniniBtmion. 

"  La  tanenlntinn  jp6<»olotiaiwiah<i ^ne  pat^tte^pnadiaaB 
ddvalaplieaMntde  ptaa  eil  pldaiiHnafnnti^anqae  Mala,«B 
1647, 1'BcltaUoA  itetfrala  da  la;  PMnattla  iMiqde.  U^  di- 

>  verses  idrfolte&avaientrtn  Abe  oompcfniMe  par  't'cmploi,  loit 
des  moyena de aimple iH>litia^  aoitdala fonee  arante,* km- 
(qnfao  conubanoainelitide  rannda  1648  In  Sicila  toot  anti^ 

se  aaniava^deauiln  itnn  in  l»  jaoviar.  la  rdl  dtait'rMait  i 
cooaaiitir  k  llitrodnctiaL  d*  qvelqdM'  rtfMpBsaa  at  anrea- 
voi  daaeauinMie^imisiliaeouidMtla  nadnttteeman, 
one  conatiteflsn  eonnnobnnifa  dao&pirtiBa  da  kmonardue, 

'el  MmtdtanemaA  pfeadv  paat  A^la.^MBMCDiitaa  rAntridK 
an  noid  deE'TUnlie.*  lla||S(<les'*8idUeD»iia  mokaranftpts 
avoir  "Odnflance  an  oeafaaiaa'  da:toarmi;:el  an  molf  d« 
vaai  1646>  ila d^daiArcnVmftna  <ftia la lamfUada B^ubaa 
ceasait  tMsbftnaiadie  rdgnKtsprrieof  tlek-^  An:  oanaiQior- 
mant  de  eette,niiBtieanli6n4646^  FapdioandU,  anKievaws 

'  de  Jn  eanililnttan,iomvai|na  Kll*ebaii4ma|  nanism  jalaan.de$ 
empifteiaenta  qa'il  lent  vograif^oammettre  «baqiie  jenrmr 
oe  qull  consid^rait  wmxm  it9^4K^llM^  II  on  ^«dn  -poiaba 
les  diasoudra*  Apr^  :qoe  U  6ldle  eut  ^  forc^  de  raea^- 
nattre  de  nonvean  aon  nolorit4.(  mai  164a ),  eiWrsqaeU 
idaaflott;  devjnt  ^Mitale  en  Jtalie,  0  a'ao^^naaa  de  metire 
k  n^Mr  la.  aanalitatlaaqui.kn  avait  did  biqpoadean  kd4e 
lacnse-de  1646^  en.nidnM  tduipa  qua  tona-iea  banmiesqui 

.  avaient  pris  part  nut  r^fbrmei.op^rtes  kae^flMwaent  daas 
les  dtversas  biiantotiaa,  de  Fadminiatratieii  pnblique  def^ 
'natentvi'alaet  dca  ponrauiles  lea  plm  ligooreanaa*' 

"  La  21  novamltiw  1862,  Ferdinand  II  ^ponaa . Jlorii^esM- 
Mneda  finidaiigna,  qd  le  16  Janvier  1886'aeooQolindaiiHace 

-itoyal  Jhran9oU*MOh£^L4opoUf  doe'  nr  OiLannn;  ,msis 
catle  pUneassanionKUt  quinae  jonra  aprte.  An  mala  de  jm- 
tier  sttivant,  U  ^(Masa  rAdr^,  fiUe  de  Pnnfiidpa  Obailes 
d'Anlriehey  de  laqndle  11  a  en,  antra  1rQia>  fittea^  eiaq 
file  :  LMtU^Marie^  cointe  an  Xuami,  mA  en  1626;  Aikert- 
Mari/^mrtanQQ^t  eamta  ns  OAsma  GrovAm^  nd  en  18S9, 

"ibort  en  1644^ ,  Alphmm-Maii€'J^>»ph-MbirK'  «06>le  k 
(GASBRti,  nden'1841;  Ga({lAiaCaHa-/ydddno,-  eawtetK 
Giaonin,  n6>eB  1846-}  Joteph^Mtirief  oamte  nB'UNm, 
n^en  1648.     •••.»'• 

FERDINAIIiQ.'Tnb  granda^neade  Taaeana  ant  pod^ 
eenoni.FttoaiAiinl^,grimd'ducde  1567  4  l609»at  Tmn- 
luxD  U,  da  1621  4  teaa,  nppnrlenaient  4  la  niaison  de 
Mdd46ia,at  aVttt  lienftut  da  remacqnable. 

FBRDUfAND-  IH.  ( Jaam-JfiMUi-JUffmm  }i  gnnd- 
due  de  Toscane  el  aitUteo  d^ntriaba,  'iAt^  da  Teoipcnur 
d'AotiicbaFran^oUl*',  tt6  la  6  naai  1769»  aucaMa»  le  l 
|oiMat*179a,  k  r^empeiear  LtepoldH^  edbttnacaii  aeaond  61s, 
en  qnaiiM  de  gmnd-duade'ToaGnne,  etaemaatra  prince 
auaai  affiibia  at  biebvaiUant  qu'tetadr^.  Ami  da  In  paix,  il 
observaone atrietb  nadtralUd danb  lagneiia tontfe  la  r^ 
publique  fran^aise,  et  lut  le  pfeaaibr  aonvenin  4|aft'  In  leesa- 
not  ( 16  Janvier  1782 ketqnt  4labiitateb  bll»daa:f4ialions 
dipkMiatiquea;  A'  Idvdriie^  ll.tBttMlnlnt  |iar  la  Rosie 

>  et  aurtont  par  lamteaoa  qua  4nft  fitadrasaerrAnalairrmaa 
moiad'oetoUra  I7»t  da*  boibbarderLivodmesI  dana  les  tiq^- 
quatra  haarea  il  na  kenOi^^  paa  i  ia  Aautrtf  td^4*aee«kr  i 
la  eaalitlon ;  maiail  iTenddtadM  anlaitdt  qna  la  SUnaant  eot 
MoecbpdpariuDeiaMteifaa^isa.  Lea  Mvfiar>  1765 it 
fitila^pab  avec  li  Fanea;'par  Is  todtd  de  1797,  Haanvnla 
■cntralil6  de  aes*£tata  an  milieu  de  eifeonalahceades  phs 
critiques;  maia-  lea  finna  qatt  ta  France  avail'oohifus  4  r4> 
gaid  de  ritalie  dtant  devenus  de  plus  -ch  t>lua  iDanifeites, 


FERDINAND 

foree  lid  Hit  de  ae  rappi^feber  de  la  coor  de  Tienne;  oou- 
dniie  qid  foimit  k.\A  Fhuiod  un  pr^texfe  pour  ltd  d^ola- 
rer  to  gnerre  aa  mote  de  mars  1799,  tn  m6me  toiAps  qu*Ji 
rAotriche;  et  liieiiUH  les  &r4tmnent8  ie  mirent  dans  la  il6- 
0Msii6  de  se  rangier  h  Yienne.  Aux  termes  de  la  pair 
condtie  en  1S01»  k  Lnn^Tllle,  il  dut  rononoer  k  la  80ih> 
▼eninett  de  la  Towane.  Une  eiikyentioa  sign^  k  Pai'ie, 
Ie  M  dicembve  iSOt,  liii  aceorda,  comme  indemnlM,  T^led- 
torat  de  SeUzboorg,  de  crtetioh  nouretle;  mate  la  paix  de 
Presbonrg  Ie  eonfrafgnit  de  nouTean  h  c6der  oet  ^leetorat, 
parile  II  rAutriche  et  partie  k  la  Bati^re,  et  k  Tecetoir  en 
Change  l^orlzbonrg;  iti^  en  ^ectorat,  puis  en  grand-du- 
ch^  par  saite  de  son  accoMion  I  la  oonfifidtolimi  do  Rhsn. 
En  djterses  occasions  Napolten  t^moigna  d'one  esfime 
tonte  particaH^  pour  la  personne  et  Ie  caract^  de  Fer- 
dinand Ilf/et  en  Juin  1812  il  Ie  d^signa  m6me  aux  Polo- 
nais  oomme  1^  fiitar  roi. 

La  premiere  paix  de  Paris  (1^14)  Ini  restitua  Ie  grand* 
dadi^  de  f  oscane,  anqnel  Ie  congrte  de  Yienne  ajonta  en- 
core Ie  SttUo  degli  Presidf  et  la  sooTerainef^-de  la  prind- 
pauM  de  Piombino.  Ferdinand  III  fut  encore  une  Tois  obKg6 
d'alwndonner  sa  capitale,  quand,  en  1815,  Bf  nrat  essaya 
de  procliuner  IHnd^pendance  de  ritalie  et  niareha'  oontre 
rAutriche ;  m^  il  put  rentrer  k  Florence  dte  Ie  20  avrii 
de  h  mfime  ann^.  H  avait  ^ns^  en  preniifresnoces^ifotiltfe, 
fillede  Ferdinand  I*',  rbi  des  I>ebt^iclies,  qui  moamt  k 
Vtenpe,  en  1802.  n  ee  remaria  en  18f7  avec  Ie  princesse 
Mariei  Dt|e  do  prince  Maximillen  de  Sate.  Ferd&Muid  IH 
HMunit  Ie  it  join  1824 ,'  et  eut  pour  snooessear  soA  fife  unf* 
que  L^opoi^dn.  • 
Ff^llDIl^AND )  docs  de  BronsWick.  Voifei  l^Romwici. 
'PEIlBlNAND(VraLippa-Loois-RosoLii<-Q9ARLB»-HBmu- 
JosBKi);  doe  lyORUANS,  prince  royal  4  Voyez  Oiiljabs. 

FERlDiMAlAD  (iOrdres  de  SAINT-).  II  eiisleaujoar- 
dliuldon  brdtJBade  ebeValerie  de  ce  nomj  ran  rut  ibnH 
en  fnob,  (laoB  Ie; reyanine des  Mnx^tcileVl^  Ferdi*  ■ 
n  a  tt  d  ly^k!'  roodotott  de  sa  rentrde  dans  la  dapltale  de 
see  ttals,.  qui  ^nmatt  d*€lre  oecopte  petfdaflt  sii  moispMr 
Ua  troupes  tinm^aMi.  La  d^rattiDin  eohdstcl  (kk  one  crofx  • 
dVir,  form^  aReraatimitoent  de  rayons  et  de  floors  de  lis, ' 
el  ayaat  an  centM  nn  m^anion  a¥ee'rima£e  de  saint  Ver- 
dinand et^  la  Wpftde.*  Fidei  €t'miefii»jOttla  porle  suspen- 
dne  ik  nn'ruiien  moir6'bleo,  aTeeliser^pbnceatk 

L'iittlreohiredeSiKnl-Ferdlnaiid  falehS^^n  1811,  par' 
les  ooHte  de  Gadb,  pour  Hire  difttribnd  aDx  d^ltesears  de 
lind(gpeaaafnee  naWonale^  Ferdinand  YI I,  au  ien  de 
TabeHr,  comme  ft  avait  fail  de  la  eonMttllsi  de^  ^sortts ,  se 
-4iBC6ntad^eiltnbatter  fe««tatnts^fmltaMei  eeHLboH  XYlH, 
qui  avidt  Dhuntenn  la  U^en  dlionneinr.  Ltf  diooriliott  eon- 
OsU  tt'n^'er<rtxdloi'pommel(Se,;ddaiiUe  de  Mine,iiyanf' 
Ml  cenM 'dn  wriOfikm  atee  llmage  de  saint  Ferdinand/ 
eatourde  par  la  l^gende :  Bl  rey'y  ia  pttiriaj  0»  laporte' 
sospendue  k  pnhihw  poabko,  Hser^  drange.  La  bl^rar- 
cbie  de  Vordi«  ert,  duteAe,  dM  plw  cempKqu^,'  et  '^la 
ddnotafnatien  deft  ctases^  en  sens  prtdsteent  ^Inverse  dO) 
cdle  iqQi««t' adepts  dknt  lea  tnstifntfons  anaiegoies,  ^^ 
dHlire  que  la  preini^  dasM  ek  Ie  dipd  le'pltts  idjfake  d^ 
rordre.  '    •  •'  .     '       .'.'•...  ,;.■':  J ,.   i 

FERDOUGY.  Vofe*  ninbuf^/    <    -  --  'i 

F£RE  (La),rilledeFrance.dier-lieudeeairton  dansledd^i 
imtemtetid^f  ]|krs  nisvi  Pextrft^iid  d*mie  gMMdelle^AMnAte 
p»  rahe(  ifli  pen  :aMeAMM  de^nf  oohfloenl  ente  fit  Senre;' 
CTeel  lif^  pl^  f9rted(i  qnatriidjed^asfe^  qui  renli^mtfe'nn^ 
dcoler49fntetdred^r0lerie,£(aiAledin8loniMden 
dl  utf  aMnM'd^  cu>tt»t^dHett,  tHMsttpant  nn  tiers  de  laaiiie.* 
lA  PdHsi'/b^^lif  t^Mtion*  eiit  de'4Mi  b^Mfents,  peiiilMe 
dfes  CAHifiMi'^pro^tijis  cfaftnfooes^tle  saronsTeru^detoiQe^ 
«t  de'  tfeflttsl  -C*^  une  ]stlk6on  dti  dMniin  de  fitt  cle  CrdI 
\  Saittt^entin.  Le  roi  Eudes'  r^la  k  La  Fire  et  y  Mouhit  \ 
die  appartint  enftuite  I  IMy^qiie  ide  Laion,  et  fut  Mg^e  en 
comniiine  en,  1207..  Le^  Espagnols  s^cn  rendirent  maltres  eft 
t936»  aimtqi-e  lei^incedeObnd^,  en  1879;  nais  les  Hu'* 


-  FERETRILS  $6$ 

guenots  la  reperdirent  presqde  'aussitOt.  Ett  '1&89  les  li- 
gueurs  la  ttrrftrent  aux  Espagnols,  et  Henri  lY  ne  la  reprit, 
en  1597,  qo*aumuyend*mie  digue qui^  faisant  refluerleseaux 
deia  rivl^,  submergea  les  magasins^depoudre.  Bbmbanlde' 
et  prise  par  lee  aHi^en  1914,  die -fut  essi^gifefnalileinettt 
rann<^suiTante  parlesPrnssieiis.  -  •  w  j 

Fl:REH2HAMPEN0I%t BataVtedeLA ).•  U F^  ' 
Champenoise est  unepetite  TUIedfrdiipartem^Dt de*te  Mar^^' 
ne,  stitn^  k  Vk  'kilomMree  dfipemay,  sur  la  tofte'  qOi'i 
mteedeSdaanne  ik  Yibey-le-Fran^s^  avec'ime  poiiulationi 
qui  ne  d^passe  pas- 1,000  Mnes<  Elle  est  dooloureusenwiil') 
cd^r^  par  lajoomte  do  25  mars  1814|  dans  laqodlM  Tafle  ' 
gauche  deNapolten,  dierdiant  A  le^jeiodre,  fUt  ed  partie  ' 
^oras^,  en  partie  vefouMe  «ttr  Paris.  i    ' 

Les  mar^diaux  Marmo«4et  M'Ortier,  qni  se- treii*  . 
vdent  entre  Rdma  et  Soissons,  airalent>reQu  de  IVsmperenr  ' 
Tordre  formel  de  Tenir  se  raUier  k  lui  en  suivant  la  direction  > 
qu'll  aTait  prise  etqui  ^tait  cdlede  Yftry,  locsqucla  ieavii*  \ 
lerle  enbemfe  les  aittaqba ,  les  s^para  et  les  ocmfralgiitt  A  f%* 
Guler.  IlsVJItalent  k  pehie'r^ointAf  qtt*unpdeoiiteie;ooloBQe 
auslro^rdsse  les  rempU  de'  nouveau.*  Aprte  sept  Heosel  d'uii  \ 
combat  aoham^,  fis  esp^rdent «agner  endn  les  heuifai^d* 
La  F^reCbanpenotse ;  nuis  un  violent  drage  seoonda  eneoiv ' 
les  sittaqoes  de  Keniieml^  d  augmenia  leddsordre  de  la  ^\ 
trflite.  Dtfpofit^  k  ditex  reprises  de  La^F^  et  de  Lintbes,  ;c«  \ 
n'esi  qii^A  la  hoit  qe'ilsparvinrinl  k  trouTer  one  position  od  • 
f  is  porent  se  maiofenir  entne  S^zamie  et  Allement 

^Snr  oes  enfapsMtes  v '  dne  cQlbnoe  de  6,doo  balonnettcto  ^ 
ceaipos6»  des  dividend  PactboddtAmeyv  qui  Kendtatdi' 
se  rfank  nox  ddnunaMdlaos ,  dtonnA  et  inqaiiila  Pemenl  • 
en  ddionchant  inopin^mnit  deviitlnij  Tow'les  efterladai 
aUMase  toqrn^rentaiiadtOtoMreiell^.  Laicaflderie  dii*Laii» ' 
geron  et  celle  de  Sackon  la-Tdecirant  A^oitter  lft:iBat8  el  A  le  i 
rallrer  A  traveraehampa  ant  La  Ulre^Cbampenblse. '  Us  ooo* 
▼ead  d^clieaieBt'-de eaT^ieda  httseYint.enodveluilNirw ' 
leebenin.  <)ependant,  ilas  4BU»^b4rBnx.he.  perdaieat  pea 
courage  i  Ha  enteuddedt'le  canon  de  Mannont  fetcpapfdenl ; 
tooloora  ae  rdUer^  Lea^fspoir'fiitvmallieniieusecAetd^dJSca  i 
comme  Oar  sViTin^nt^  iirafe^  cm  ioari^*,  bray/mi  dntr^^ 
pidement  lesehargto'  deaescadrons  qid  les  enTeloppalenti. 
la  caTaMeda  iterra  de  ftdiwartaenberg  fundit  suTieu, 
En  m^e  leiqis  ces  bvavas^.  pre^pler.UHU  fM-dsanattoiiaiiK ; 
on  coBscrita^dMedt  Ibndivy^  pat  le  feitd^une  arUllei^^lbr*  I 
midaUe  dtspiiadtanr;  lek*  hantauiis  Tolslnea.  £nto«i;iteidSiioe 
maasede  tO,000:oh(eoraux^cribMaddJBilrd%,,ile4r^ppiidtiil> 
par  qn  tea  terrible.  En  itaili  oil  lea^sQiittne  ^o  ddposerles  ar« 
meft'  s '  tts  puisent  de  noAvdlesi  Itftcesi  daii&  la  ^andeqr  d«  > 
piSril,  id  nb'inal-obaiidtel  pa^  lenr 8a%;  quoi^ueiocrtBiaB  dr 
ne  pas  obtenl^  -la  'vlotolra^  Oes<  deuldivmonH  auC^omlMr;  eiit 
ait^gleire,  Bteeaa8ttiffresdiyerA<|*ei|n<mi  des  (teftesi  dnm^ 
mea.  h  pdne  nfritiisrfdbtenombre  pai^vint-il^A  Dejoiotdre  Jt 
cotpsdogMfid  ^faM:dit.La4oordteideLaF^rQ<ObampilBioiNe 
none  edOla  9/oealie»m^doB|  MAOprisonnid^s,  et  \  4««a^ 
nonsi  L'eiinemi  n#peidlt  iquTenxironiS^ooo  Jiomiaes.  '.  : 

TfeRft  tilN'^ ARDENOM  (LA);y  die^ttea  de  Mftou 
dansle  d^Mrieitoeat'de^rAi^iie,:  sur  TOnreq,  aYoc  3,5&rt 
habitants,'  ^mefebtlcation  deboanderfe  de  laine,  de  fioton 
A  dMiie  efr  A  tHditea,  -de  fteole^  de  tecra  de  betterave  et 
de  saboterie,  un  commerce  de  cheyaux;,  «gniAi,  ^beis,  'Vflis/ 
Cbantrei' il[tttf«lbte  "vttor  fcitte  et  cbefdieB  de.  randen  pays 
d^'imidettoV^He  ftit  prisd.ea/l5ft:&.  parses  calyinlstea  i  oi 
1589;  pa^1es  fignenrst  en  1500,  par  les  reteliste^^  deil  |(3i^ 
pa^  hes  BapagMls*  ^iyydtles  resteftlmporlants  d'm  aih 
cfencMkMi  ferii^dontlagaMrie,  consfaroite  en  I8d9,d^aptilil 
les  ordMed^Attne  deMontmeNiiey^  prdsente  une  ardldtitft 
tore  ^^ante  d  des  scniptores  attrii»i6i&  A  JeaO  Goi^on;  ^ 
'  FERE'fRlU^'  siimoiili  de  Jo  piter  cheat  lea  Itomdilau 
On  lid  offrdt  les  d^pouil  1€<  opiidea.  Ce  fut  Romules  qtd 
le  prattler  deta  un  temple  A  Jnpfter-Feretrios,  sur  le  Oa« 
pitole.  Ancns^Mariiosagranditce  lemple,  qui  dans  l*origiBe 
^idt  tr^pdit,  d  phis  tard  AugusCe  le  reoonatruidt  entUnr 
rement. 

45. 


856 

Sous  la  ResUnratkm,  un  Inspecteor  gMial  des  diodes , 
boinme  d'esprit  et  de  MYoir  dii  reste,  eut  on  beau  jour  le 
luallieiir  de  prendre  ce  Dom  de  Fereirius  pour  celui  d^un 
des  sept  rois  de  RooaOy  et  de  parler  fort  longuement  en  pu- 
blic des  fidts  et  gestes  du  roi  Feretrius.  Cette  b^f  ue  fiit 
expMtte  a?ee  d*autant  pins  d^empressement  par  la  presse 
'opposante,  que  le  coupaMe  ^taft  un  des  eoryphte  dn  parti 
absolutiste.  On  trouTe  sonvent,  dans  les  torits  poldmiques 
de  r^poqne,  des  allusions  pins  ou  moins  piqoantes  k  cette 
iuTentiondu  roi  Feretrius,  allusions  que  lelecteor  ne  coro- 
prendrait  plus  sans  cette  courte  explication.  C'^tait  le  bon 
temps  litt^rairc,  oil  une  bonrde  de  ce  genre  enterrait  un 
bonune  k  jamais,  tout  comme  il  arri?ait  k  Jouy  de  se  sui- 
cider  rien  qu*en  crdant  le  mot  latin  agreahilis !  On  est 
moins  difficile  aujourd^hui.  Ok  en  serious-nous  si  un  pen 
plus,  un  pen  moins  d'ignorance  suffisait  pour  entraTor  la 
carrito  des  po^Stes,  des  hisloriens,  des  romanders  et  des 
publicistes  k  la  mode? 

FERGUS  V  Cut  le  premier  roi  d'Ecosse,  Tan  403  de 
r^re  chrMenne ;  il  passa  sa  Tie  li  combattre  les  Romains , 
et  p^rit  en  420,  dans  une  exp6iition  centre  la  proTince  ro- 
maine  de  Bretagne.  Voilk  tout  ce  que  nous  racontent  de 
ce  personnage  les  liistoriens  les  plus  jaloui  de  faire  remon- 
ter  bien  liaut  cette  Tieille  dynastie  calMonienne  qui  s'^- 
gnit  (1292)  en  la  personne  d*Alexandre  III;  mais  anx  yeux 
de  la  critique  Texistence  de  Fergus  n*est  attests  par  au- 
cun  monument  authentique.  11  enestde  lui  coouue  du  roi 
Arthus,  oomroe  de  Marcomir,  de  Phanunond,  guerriers 
qui  ont  probablement  exists,  et  dont  les  noms,  perdus  dans 
la  nuit  des  liges,  sont  devenus  un  texte  de  fables  et  de  tra- 
ditions merreilleuses  pour  les  chronlqueurs  enclins  ^  flatter 
les  Yanit^  nationales.  Walter-Scott  ne  uomme  pas  m^me 
Fergus  I*'  dans  son  Histoire  (TJicosse. 

FERGUS  II,  qui  succ61a  k  Eugtoe  VII,  en  764,  ne 
r^na  que  trois  ans  :  ce  fut  un  tyran  ddtauch^,  dont  la 
reine  sa  femme  d^livra  l'£cosse ,  en  T^tranglant  dans  la 
concliQ  nuptiale.  Charles  Du  Rozoin. 

FERGUSON  (AnAM),  philosophe  et  historien  anglais, 
n6  cu  1724,  k  Loglerait,  dans  le  comtiS  de  Perth  (^sse), 
fut  attach^  comme  chapelain,  pendant  la  guerre  de  1742 
centre  la  France,  k  un  n^mentde  montagnards  dcossais,  a?ec 
lequd  fl  rcTint  en  £cosse  k  la  conclusion  de  la  paix  d*Aix- 
la-ChapcIle.  Ayant  6cbou^  alors  dans  ses  efforts  pour  obtenir 
une  cure,  il  reprit  ses  functions  de  chapelain  dans  son  an- 
cien  r^ment,  qu*on  avait  envoys  tenir  gamison  en  Irlande, 
et  ne  le  quitta  que  lorsque  lord  Bute  Teut  choisl  poor 
prtopteur  de  son  fils.  En  1759  il  fut  nomm6  professeur  des 
sdenoes  natiirelles  k  £dimbourg,  et  obtinten  1764  la  chaire 
lit  philosophie  morale  dans  la  m^e  uniTcrsitd,  qu'il  con- 
fcer?a  Jusqu'eu  17&4, 6poque  ou  il  s*en  d^mit  voIontairemenU 
Ses  traTaux  comme  professeur  ne  furent  interrompus  que 
par  deux  yoyages,  Tun  sur  le  continent,  ok  il  senrit  de  men- 
tor au  jeune  lord  Chesterfield  pendant  lesann^  1773  et  1774, 
Tautre  en  1778  en  Am^rique,  ok  il  remplit  une  mission  pa- 
cifiqoe,  avec  quatre  coll^ues,  auprto  dn  congrte  des  £tats- 
liaU.  Apr6s  avoir  plus  lard  encore  voyag^  en  Italie,  k  Teffet 
d*y  recueiilir  des  mat^rianx  pour  son  ouvrage  relatif  ^  la 
r^publique  romaine,  il  se  fixa  k  Saint-Andrews,  oil  il  mou- 
rut,  le  2  f^Tfier  1816. 

Ferguson  s^est  montri  k  la  fois  pliilosophe  et  historien 
^rudit,  ^lair^  et  Judicieux.  Son  Essai  sur  la  SocUti  civile^ 
1 1767)  est  digne  de  rattentlon  des  penseurs.  Ses  le^ns  de 
philosophie  morale  It  runiTersit^  d*£diml)Ourg  lui  ont  foumi 
la  mati^  de  deux  ouvrages  :  Institutions  de  Philosophie 
morale {ne9)t  ct  Prlncipes  des  Sciences  morales  et 
politiques  (1792).  Mais  Ic  plus  renomme  de  ses  travanx 
est  son  Histoire  des  progris  et  de  la  chute  de  la  Repu^ 
blique  romaine  (Londres,  1783),  traduit  en  fran^is  par 
Desmeuniers  et  Bergier.  Emule  de  G  ibbon  pour  T^tenduc 
de  rinstniction  et  la  sagaciUi ,  il  s*en  faut  de  beaucoup  que 
Ton  puisselelui  comparer  pour  le  st>le.  Des  hUtoriens 
de  l^Ecole^cossaise,  Ferguson  est  le  plus  froiU  el  le  plus  pro- 


FERETRIUS  —  FURIES 


lixe;  oependant,  sa  diction  ne  manque  ni  d*d4;ance  ni  dc 
dignity.  Ce  n^est  pohit  dans  son  ouYrage  qn^il  foul  chereher 
les  Tues  profondes  du  gtoie,  ni  cette  ^neripe  d*expressicii 
que  pent  seule  inspirer  un  amour  ardent  de  Thumanit^. 

AUBEBT  DB  YriBT. 

FERGUSON  (JAMBS),  m^canicienetastronomcde ta- 
lent, n^  en  1710,  k  Keith,  dans  le  comt^  de  Banff  (£cosse), 
de  parents  pauvres,  montra  de  bonne  heure  pour  P^de 
des  sciences  un  goOt  des  plus  Yit&,  que  contraria  anguU^re- 
ment  son  indigence,  qui  le  oontraignit  k  commencer  parga- 
gner  son  pain  par  un  travail  manuel.  Mais  il  triompha  de 
oes  difficult^s  k  force  de  patience  et  d'dnergie,  et  parvint 
k  savoir  asses  bien  dessmer  poor  vivre  disormais  en  f^sant 
des  portraits  et  ayoir  en  m6me  temps  les  loisirs  ndcessaires 
pour  se  livrer  k  T^tude.  En  1743  il  vint  k  Londres,  od  plus 
tard  il  se  lan^  aussi  comme  ^rivain  ct  o6  il  fit  sur  les 
sdenoes  naturelles  des  cours  publics  qui  attir^rent  un  grand 
nombre  d^auditeurs ;  et  les  cours  analogues  qu'il  fit  en  pro- 
vince n*obtinrent  pas  moins  de  succte.  Georges  in,  qui  en 
avail  suivi  un  lorsquMl  n*6tait  encore  que  prince  de  Galles » 
lui  accorda  une  pension  de  50  livres  sterl.,  somme  plus  que 
suffisante  pour  les  besoins  essentiellement  bom^  du  noodeste 
savant.  II  mourut  en  1776.  Ses  principaux  ouvrages  sont : 
Astronomy  explained  upon  sir  Isaac  Newton's  principles 
( 1756);  Lectures  on  subjects  of  mechanics,  hydrostatics^ 
pneumatics  and  optics  ( 1760);  Select  mechanical  exer- 
cises  (1773),  avec  une  autobiograpbie  de  Tauteur. 

FERIES,  en  UAm  firise,  d^riv^,  soil  de/eiire,  im- 
moler  des  victimes,  soil  dt/erendis  epulis,  des  festins  qu^oii 
y  servait,  soit  de  festa  f/estse^  fesiss,  jours  de  ftte.  Dts 
les  temps  les  plus  recul^  on  voit  chez  les  Romains  des 
jours  de  repos,  pendant  lesquels  on  s^abstenait  de  travailler. 
Quelqnes  auteurs  ont  confondu  les  fiiries  avec  les  f^tes; 
d'autres  ont  dit  que  les  f^tes  ^taient  cd^brte  par  des  sacri- 
fices et  par  des  jeux,  ce  qui  n*avait  pas  toujours  lieu  dans 
les  fi^ries.  Les  f^tes  ^talent  des  fi^es  ou  jours  de  repoe, 
mais  les  furies  n*^taient  pas  toutes  des  fifties.  II  y  avail  des 
f(§ries  de  plusieurs  esp^ces  :  les  unes  ^talent  publiques,  an- 
niversaires  et  fixes  {stativx  ) ;  les  anlres  ^talent  mobiles. 
Les  premieres  figuraient  dans  les  fastes  au  nombre  des  jours 
nomm^  ntfasti,  ou  de  repos.  Tout  le  monde  ^tait  oblige 
de  les  observer.  Les  autres,  telles  que  celles  des  semaiUes , 
des  vendanges,  ^taient  indiqu^  par  le  magistral,  de  m£roe 
que  lea  fiiries  votives  ( conceptivx  );  les  fiiries  des  gens  de 
la  campagne,  ou  jours  de  marcli^,  s'appelaient  nundina, 
Les  fiiries  privto  ,/erfap  privatx ,  ^ent  celles  qu*on  c^ 
l^brait  dans  certainea  families;  on  les  appelait  aussi  s€tcra 
gentilitia;  aucun  pr^texte  ne  pouvait  dispenser  de  les  ob- 
server :  on  eOt  craint  de  s^attirer  le  courroux  des  dieux; 
la  guerre  mtoie  n'en  dispensait  pas.  P.  FaUussort  du  Capi- 
tole  assi^^  par  les  Gaulois  pour  aller  sur  le  mont  Qiririnal 
oflrir  un  sacrifice  de  famille. 

Les  principales  fi^ries  ^taient  les  suivantes : 

Ferise  denicales ,  pour  Texpiation  des  families  sooillto 
par  un  mort ;  en  revenant  d*un  enterremeut,  on  faisait  cbei 
soi  des  ablutions  avec  de  l*eau ,  et  Ton  passait  |iar-dessos 
un  feu  allum^.  Cette  sorte  de  purification  se  nommait  s^f' 
fitio  (fumigation);  le  jour  des  denicales,  11  nVtadt  pas 
pennis  d^atteler  des  mulets.  Ce  nom  de  d^icales  venait  du 
mot  nex  ( la  rood  ). 

Ferim  imperative  ou  indictivse.  Elles  ^talent  ordon- 
n^es  par  un  magistrat ,  k  Toccasion  de  quelqoe  ^vdnement 
extraoruiuaire,  comme  une  victoire,  des  prodiges,  uu  trem- 
blement  de  terre«  et  duraieut  un  jour,  quelquefois  deux  ou 
trois,  mais  se  prolongeaient  jusqu'lt  neuf  pour  une  pluie 
de  pierres  :  on  les  appelait  alors  novemdiitke.  Aulu-GeUe 
parle  d'un  d^cret  des  pontifes  qui  diMciiduit  de  uommer  le 
dieu  en  Thonncur  duquel  la  (Mv  avail  lien,  do  pcur  qu*eo 
en  iovoqnant  un  pour  un  autre,  le  pouple  ne  rcndit  pas 
hommagc  k  celui  a  qui  il  le  devait.  Quand  on  avail  profane 
les  fdries,  il  fallait  sacrificr  une  vicUine,  ct  iK>ur  ne  pas 
se  tronqicr  dc  divinity,  on  se  servait  d'une  foYmule  dent 


F£R1£S  —  FERMAtiE 


S€7 


le  teosy  Tagueet  ambigUy  pouvait  s'appliquer  h  tous  les  dieax. 
Les  supplications  qui  avaient  lieu  dans  les  grandes  fi^ries  po- 
bttqiiesdtalentdes  espices  de  processions,  oh  les  jeunes  gens 
des  deox  sexes,  eouronn6i  de  floors  et  de  verdure,  cban- 
taient  des  hymnes  en  Thonneor  des  dieax.  I^es  magistrats  , 
les  pontifes,  les  chevaliers  et  le  people,  T^tus  de  blanc, 
formaient  le  cort^e.  On  dressait  des  tables  cbarg^es  de 
mets  poor  les  statues  des  dieux.  Dans  ces  c^r^monies,  les 
feoimes  ^talent  s^parto  des  bommes,  et  primitivement  il 
ue  leur  6tait  pennis  de  porter  de  Tor  et  des  habits  de  diffi^- 
rentes  coulenrs  qoe  dans  ces  jours  de  furies  publiques. 

Ferix  UUtfUBf  f(6ries  latinos.  Ce  forent  celles  queTarquin 
^tablil  pour  unir  aux  Romainsles  Hemiqoes,  lesYolsqoes 
rtautres  peoplesdu  Latium,  an  nombre  dequaranto-sept.  Elles 
^(aient  partlculi^rement  consacrte  a  Jupiter  Latialis,  on 
protecteur  du  Latiom,  et  se  ofl^braient  avec  beaucoop  d*ap- 
pareil.  £n  temps  de  guerre,  on  snspendait  k  cette  occasion  les 
hostilit^s.  Ces  £6ries  ne  dnr^rent  d'abord  qu'un  joar.  Aprte 
I'expolslondes  rois,  elles  fnrent  de  deux.  An  retonr  do  peuple 
.aprte  sa  retraite  snrle  mont  Saer6,  Tan  260  de  Rome,  on 
*en  lyonta  on  troisitoie,  puis  un  qnatridme,  en  m^mofre  de 

isa  rteondliation  avecle  s^nat.  On  sacrifiait  un  taureau  pour 
la  prospArit^  de  tous  les  peoples  de  la  configuration,  et 
chaqoe  Tille  receyait  une  portion  do  taureau  immol^.  Les 
Roinalns  pr^sidaient  k  la  fSte;  mais  les  confM6r6s  parta- 
geaient  les  Ma  da  festin  en  apportant  tootes  sortes  de  pro- 
▼isions.  Le  qoatritow  Jour  on  cfl^rait  des  jeux  dont  le 
prix  Halt  un  Terre  d^absintbe. 

Les  consuls  ipdlquaient  les  f(6rie8  ordinaires  et  annuelles ; 
et  qoand  lis  partaient  pour  la  guerre,  Wa  commettaient  on 
luagistrat  pour  les  e^k^brer  en  lenr  absence.  II  y  avait  en- 
core des  furies  latinos  extraordinaires,  poor  lesquelles  on 
cr^ait  on  dictateor ;  mais  ceta  n^aniTait  que  dans  des  cir- 
constances  oil  le  saint  de  la  i^publiqne^tait  int^ress^  et  sur 
lesquelles  on  oonsultait  les  liyres  sibyilfais.  On  en  cite  peu 
d^exemples :  I'un^  sous  ladictatorede  Valerius  Pnblicola ,  en 
410,  poor  d^toornerreffetde  prodiges  sinistres;  l*aotre,  en 
663,  apr^nntrembiement  de  terre,  sous  les  consols  L.  Quin- 
tins  et  M.  Domitius :  ces  furies  durirent  trente-huit  joors ;  on 
troisitoie,  en  572,  sous  la  pr6tore  de  M.  Ogulnins  Gallus. 

Dans  les  ferUB  sementinx,  fifiries  poor  les  semaiiles,  on 
offrait  des  sacrifices  h  C^te  et  i  la  terre,  on  &  la  d^esse  Tel- 
lus,  dans  le  temple  de  cette  diTiniti.       Tb.  Dblbarb. 

F£R1J^  ( Jours  ).  Les  jours  (6n6s  sont  oeux  qui  sont 
consacrfo  k  rexerdeedu  colte,  aux  i^Jooissances  publiques, 
les  jours  ot  les  travaux  publics  sont  suspendus.  Ce  joor- 
la  lestribunaux  vaquent,  les  boissiers  ne  peovent,  sans 
s'exposer  k  Tamende,  bire  des  actes  de  leur  minist^e.  Les 
jours  firite  ont  ^,  dans  le  principe,  instltu^  dans  le  but 
foot  philanthropiqued'empteber  les  nialtresd'accablerde  tra- 
Taii  ieurs  esclaves ,  en  leur  procurant  on  jour  de  repos  sur 
sept.  Les  Jours  r<§ri^  ou  de  f6te  l^le,  sous  la  premito  r6- 
puliltque,  toit  leafUcadis^  et  les  jours  compl^entaires, 
ajoutte  k  quelqoes  anniversaires  n^volutionnaires.  Les  Jours 
f^^  sont  moins  nombreux  aujonrd'hui  que  sous  Tancien 
regime  :  nous  demons  dasser  dans  cette  estrone  les  di- 
mancbes,  lei*'' Janvier,  r Ascension,!' A ssomption,  la 
Toussaint  et  NoSi ;  les  lundls  de  PAques  et  de  la  Pentec6te,  le 
Maidi  gras  ne  sont  point  des  joors  l^alement  fM&s,  mais 
lis  sont  f<6t^  comme  tels  par  une  partie  de  la  population 
et  par  les  fonctionnaires. 

FERLAGE  et  FERLER.  Cost  aux  nations  duNord  qoe 
nous  sommos  redevables  du  root  ferler;  il  vient  de  Tan- 
l^hfwrlt  plier,  ramasser :  les  andennes  ordonnances  por- 
tent ,  0-6ler  et  tferler.  Ferler  appartenait  exdostvement 
k  la  marine ;  il  enridiissait  le  langisge  des  marins,  car  on  ne 
peut'lui  refuser  une  certaine  dcH^ance,  et  reparation  qu'il 
lepr^sente  n*a  peut-^tre  son  analogue  nolle  part  ailleurs 
qu*4  bord  d^un  navire,  celie  de  ramasser  et  deplier,  en 
tonne  de  cylindre  oo  de  c6ne,  toute  la  totle  d*une  voile  le 
loog  de  la  vergue  qui  la  maintient  au  mAt;  et  cependant, 
par  un  ioexpitcable  caprice,  les  marins  Tout  ddaiss^;  lis  lui 


ont  px^tM  le  mot  banal  serrer,  qui  n'exprime  qu'impar- 
faitement  la  manoeuvre  k  laqudle  il  s'appliqne.  Ferler,  in- 
dignement  chass^  du  navire,  sa  vMtable  patrie,  s'est  rtfugU 
dans  leslivres  :  on  le  retrouve  dans  nos  romans  maritimes. 
Par  une  autre  incons^uence,  le  marin,  en  eflacant  le  mot 
ferler  de  son  Tocabolaire,  y  a  conserv^/erto^re  :  il  nomme 
rabans  de  farlage  les  cordons  ou  tresses  qui  retiennent 
oontre  la  Tergue  une  voile /er/^  ou  serrie. 

A  la  mer,  quand  on  veut  se  d^barrasser  d'une  voile,  parce 
qoe  le  vent  est  trop  frais  pour  la  conserver,  ou  pour  toute 
autre  raison,  on  commence  par  T^tooffer  sor  sa  vergue, 
00,  comme  on  dit,  par  la  carguer^  k  Taide  de  cordes  qui 
vont  aboutir  k  ses  divers  points.  D^  que  la  Toile  est  en  cet 
6tat,  les  matelots  grimpent  sur  la  vergue,  ramassent  la  toile 
pli  k  pli,  la  roulent  en  paquet,  et  Tattachent  avec  les  rabans 
de  ferlage.  Leferlage  des  voiles  est  la  base  de  Tinstroction 
des  matelots.  lis  s*y  exercent  k  des  tours  de  force  merveil- 
leux ;  une  voile  disparatt  en  un  clin  d'oeil. 

Th^Ogtoe  Page,  capitabe  de  Taineaa. 

FERLIN9  vieille  monnaie  qui  valait  le  quart  d'un  de- 
nier. Elle  est  mal  appclde  frilin,  dans  la  Chronigne  de 
Bertrand  Dugnesclin,  On  dlsait  aussi  un/erlin  de  terre , 
comme  on  disait  une  livr^  et  une  soud^,  des  mots  de  livre 
et  de  600.  Le  ferlin  de  terre  contenait  32  acres. 

FERM AGE.  Le  fermage  est  le  loyer  d*un/onds  de  terre 
pr^t^,  ou  bien,  en  termes  plus  exacts,  le  prix  de  Tachat 
qo*un  fermier  fait  des  services  producli/s  d'un  fonds  de 
terre  poor  un  temps  et  k  un  prix  convenu.  Le  fermier  ( en 
mettant  hors  de  la  uuestion  les  profits  de  son  industrie  et 
ceux  de  son  capital )  gagne  ou  perd  sur  le  fermage,  selon 
que  le  fonds  de  terre  obtient,  pour  sa  part  dans  la  pro^ 
duction,  un  profit  soperieor  ou  infdrieur  au  fermage.  L'offre 
des  terres  k  donner  k  loyer  en  cbaque  contr^  est  n^ces- 
sairement  bom^,  tandts  que  la  demande  ne  Test  pas  n^- 
cessairement;  de  \k  nalt  une  concurrence  plus  grande  de  la 
part  des  fermiers  pour  prendre  des  terres  k  bail  que  de 
celle  des  proprHtaires  finders  pour  en  donner.  Aussi,. 
quand  11  n'y  a  pas  de  raison  pr^pond^rante  contraire,  lo 
taux  des  fermages  se  fixe  plutdt  ao-dessus  qu'an-dcssous  du 
profit  r6el  du  fonds  de  terre.  J.-B.  Say. 

hbbail  dfirme  est,  d'aprte  ce  qui  pr^c6de,  un  contrat 
en  vertu  doqnel  le  propri^taire  de  la  terre  en  abandonne  la 
jouissance,  Texploitation  etles  prod  nils,  moyennant  une  re- 
derance  d^termfai^,  qjaeVa^icuU^r  o\i  fermier  s'eii- 
gage  ordinairement  k  payer  en  argent.  Le  moi /ermage  d^- 
stgne  indiff(^remment  tantM  la  rente  pay6e  au  propriitalre,. 
tantdt  la  forme  d'exploitatlon  agricole  dans  laqudle  les  trois 
int6r6ts  du  propri^taire  de  la  terre,  de  Tentrepreneur  des 
travaux  et  des  Joumaliers  qu'il  emploie  k  leur  exteution,  se 
trouvent  nettement  s6par^,  ainsi  que  nous  venons  de  Tex- 
pliquer. 

Aprfes  avoir  pos^  en  prindpe  que  dans  Toriglne  les  terres 
de  la  meilleure  quality  furentseules  cultiv6es,  Ricardo 
place  la  naissance  du  fermage  au  moment  oh  les  terres  de 
premiere  quality,  ^tant  tootes  occup^,  et  les  progrto  de  la 
population  on  les  besoins  croissants  de  la  soci6t^  exigeaut 
une  quantity  de  produits  sup^rieore  k  celle  que  Ton  pou- 
vait  retirer  de  leur  culture,  la  u^cessit^  s*est  fait  sentir  de 
metlre  en  rapport  les  terres  de  seconde  quality.  Alors,  dit> 
il,  qodques-uns  de  ceux  qui  cultlvaient  et  poss^aient  des 
terres  de  premiere  quality  ont  pu  proposer  aux  nouveaux 
venus,  qui  se  disposaient  k  roettre  en  valour  les  terres  inf(6-, 
rieures,  de  leur  abandonner  b  jouissance  et  les  prodnits  de 
leut  domaine,  ik  la  diarge  de  payer  comme  fermage  une  re- 
devance  dgale  k  la  difference  du  revenu  brut  des  deux  quali- 
t^s  de  terrains.  Eneffet,  si  un  hectare  de  ttjre  de  premiere 
quality  convenableroent  travaill^  doonait  par  an  80  hecto- 
litres de  bie,  tandis  qu'un  hectare  de  seconde  quality  n'en 
prodnisait,  avec  le  m6me  soin  et  le  meme  travail,  que  60» 
il  etait  indtrti^rent  pour  IMiomme  que  la  u<^s.siui  for^ait  a 
d<^fricher  un  terrain  de  seconde  quality,  de  recueillir  sur  re 
I  terrain  une  r^lte  cnti^re  de  60  hectolitres,  ou  tic  u.ul.>- 


?r •*■ 


3^8 


SQnner  sur  one  terre  plus  f^nde  une  r^Ite  de  BO  becto- 
litrei;  h  la  cliarge  d^en  payer  20  h  titre  de  fermage.  De 
m^ma,  les  terres  de  second^  et  de  troisitoie  quality  ont  k 
lear  tour  rapports  un  fermage,  k  mesure  <iue  lea  progrte  de 
la  popvdalion  ODt  rendu  ndc^saire  la  mise  ea  culture  des 
terrains  moins  fertiles.  De  cette  tbtorie  du  fermage,,  Ri- 
cardo  condut  que  le  fermage  n'est  pour  rien  dans  la  cberi6 


FERMAGE 

Nous  TObloDS  bien  acoorder  k  Ricardo  que  la  suippreaaiov 
da  fermage  ( es  la  siipposant  tmm^diatement  possible  >  ae 
produirait  pas  ane  baisse  directe  dans  le  prii.  des  dear^ ; 
mais  k  coup  aOr  elle  profiterait  au  traTailleur^  et  en  iui 
donnant  des  mojfens  d^am^Uoratioa  qui  Iui  manqaent,  elle 
amtoerait  indirectement  nn  baisse  certaine. 
Void  maintenant  lesavaniages  priadpaux  que  pr^seaAe  le 


du  h\6 ;  que  c^est,  au  contraire,  ta  cbert^  du  bl^  qui  ^tablit  et ;  fermage  sur  le  mode  d'eiploitatioo  agricole^  qui  le^  pr^o^e 
maintient  le  fermage.  Le  c6td  faux  de  cette  tbdorie  de  Ri-     imm^atemenl  dans  la  s^rie  prograsdf e  ^talilie  plus  liaut. 


cardo,  c^esl  qu'elle  n^Iige  enti^remient  deux  fafts  capitaux 
dans  la  formation  des  socl^t^  bumaines  :  rappropriation 
pHmitive  des  terres,  et  I'exploitation  de  Pbommepkr  Tbomme. 
Bicardo  raisonne  constamment  commie  si  les  conTentiods 


Le  propri^tairCy  certain  d'uii  revenn,  moins  fort  peut- 
6tre,  mais  plus  fixe  que  oelui  qa*ii  obtiendrait  dn  lo^yaga 
OM  contrat  k  moiti^  fruits,  d^fiTr^,  si  le  fenpter  est  babiie.  et 
sglTable»  de  toule  inquietude  snErissoe  bonne  oumanTaise 


entre  les  bommes  des  premiers  Ages  avaient  eu  le  caract^re     des  r^celtes,^  peul  libremeint  raqveri  d'autres  qocapatlons 

._  .■>««<••  A  •  J«.^   i IJ !__ -^_l,  .  •    *      k      J A —       t .aJ*.! ■ 


paciflque  et  l^al  doiit  elles.sont  aujonrdlnii  ordinairement 
re?6tues ;  il  oublie  qu^alors  la  force  bmlale  6tait  tout,  et  que 
rimpitoyable  droit  des  gens  de  cette  ^poque  jetait  ihliu-  > 
mainemeht  leplus  faible  sons  la  main  de  fer  dii  plus  ^rt  ■; 
Fiddle  representation  des  formes  sociales,  qui  les  ont '! 
toujoursengendrees  k  tear  image,  les  formes  de  Texploita-  ! 
tion  agricole  oitt  passi  comme  toute  autre  insTitulion  par  i 
une  s^rie  progressive  d^eVoluiions,  dont  chacuoe  resume  j 
la  pr4o6dente,enmemetempsqu'iellecontientcelle  quisw't  j 
Vexploitaiion  patHarcalCf  dans  laquelletou^  les  membres  i  tion  prpportionnf^.  k  ses  trannx  et  k  son  babUete.  lui.de- 


et  cqnsacrer  sa  Tie  >  des  travaux  iacompatiblea  aree^  la 
surreillaQM^  m^  indireole,  .qu'e;^g,eiait  una  inetaineL 
SOr  de  nViOir  k  pnyer  pbaque  ^mj^  qu^ne  sooune  Mitt- 
mbi^e,  Qecti|ii|.de  gardcsr  k  son  profit. ito«tVexo6dant  des 
prodoitsqui  r^teraentre  set  mains,  leaficBia^d'axiiloltation 
pay^s^le  l^ermier  se  Mm  a?ec  ardeur  ii  des  am^rations 
dont  Iui  aenl  I'^cueilJera  ie^b^^ces.  41  ne  craint  point  de 
mettre  ea  avant  sofi  propre  oapHal :  il  est  libre^  il  est  hen- 
reux,  il  traTaiUe  pour  Iui,  et  la  persped^vp  d'uoe  retribn- 


de  la  famille  ou  de  la  tribu  soumis  au  despotisme  absoliu 
du  chef  se  liirraieiit  sous  son  autorit^  supreme  k  quelques 
cultures  di^jLlTes,  et  consommafent  en  commun  les  fruits 
du  trayairde  la  communaute,  paratt  la  forme  la  plus  an- 
cienne'et  la' plus  imparfaite*  Apr^s  o'o,  pour.mieux  dire, 
presque  k  cdU  de  Texploltation  pairiarcale,  se  niontre  Vex- 
ploitation  servile,  dans"  laquelle  Pennemi  ou  retranaer^  rd- 
duit  par  le  droit  de  guerre  en  esclayage,  exteutait,  ^  la  ma- 
ni^re  do  Ixi^uf  00  du  cheval ,  la  Tolonte  du  tofittire  dont  }i 
etait  devenu  la  c/U»e.  Heiitier'  direct  deresdaTe,;le' serf, 
encore  lie  ^  la  glebe,  comment  cependant^  grftce  i  Tin- 


tion  des  societes  qu'U  faut,  avec  plusieiirs  auteurs}  ra|>p9r 
ter  une  amelioration  paralieie  dauB  (a  (ornie  de  )'ex|>loiA^« 
tion  agncole,  el  la  mise  en  pratique  ,du  contra^  de<  i^  ' 
/aya^e,'danslequel1e  culiiTsieur,  tenant  dupj^oprietaire^la 
tei^re,  les  instruments  et  les  bestiau)t,  abporte  son  Indus- 
trie et  ses  labeun,  et  recoit  pour  salaire  la  molUe  des  fruits. 
Le  fermage  ehfin,  demiere  forine  de  reiplbitatioo  agncole. 

■ »      •  *■  I         »  •«  *    «4'    •♦  .til*'  *  ■    "a     -'  a" 


du  traTaHleur,  et  .surtobt  la  preiive.dVne  grfokle  apaeiio 
ration  dansla'fqrmaiion  ^  la  distrlbuUbh-des  fiobc»ses.  .. 
Td est  To  tableau  so'mmaire  d^s (brfnes'que  les  relations 
des  trayailleuts  agricoles  ayec .  las  pn^fvieidj^  onf.  succes- 
slTement  pftse^  el  quWees.  ttallRlcardon^e  s*est  huUem^t 
occupe  dft  dette  recnercbe^'  £ieve  dji  djx-buitleine  siecle,  il 
a  tais<^hhe  d'une  rjaniere' absirdte,  et  voile  pooropoiil  n^a 
pii  voir  ta  question  d^ns  toute  fon  eien'^uem  la.po^erdahs 
ses  verita^les  fermes.  Le  cdte  vrai  de  sa.tb'^^  c'est  que 
le  payement  dti  fermage  donne  (a  preuve  sans  Ntplique,  qoe 
la  terre  afTeroM^  produit  asstt  pour  que^.  Aprils  le^  frais 
d*exploitation  converts  et  la  rabsbtaiijDD.,du;ferinier  ii^it 
bien  que  mal  assur^»  il  resi^encire  uni)  M>ji;nme  (jul^  sous ; 
le  nom  de  rekt^  6n\U/ermaJie,(orif^)tLt  ' 

proprietaire.  II  '<e^t  done  vrai  d|une  cefiainf  maniefe'qjae  le 
fermage  est  TefTet  plutOt  gup  Isi 'cause  de'  U  «|ieij)e  ie^  d^- . 
rtes  a^coles ;  inais  la  Verite  co'^p'iete^  «^c;sj[qi]te  le  fei^;nage, . 
dernier  vestige  de  U  bnitale  do^inatfoi\,  j)ar  laqudlo  le 
plus  foft  etabiit  jadis  e.soi|  profit  lyppropriatiqn  exclusive 
de  Ik'  terre,  est  de  nos  lours  encore  une  diarge  pesanle  im- 
posee  eii  travallleur,  sans  aucun  avantajge  pour  la  societe. 
Toute  terre  af/ermee  nourrit  le  fermier,  et  paye  le'  proprie- 
leire :  oda  est  vrai,  mais  aussi  comment  le  icrmicr,sa  famille 
et  les  travailleurs  quil  emploic  sont*ib  sou  vent  noiirris! 


vient  on  eontinvd  et  paiasaiitaigQilloD.Paaale  metayage^ao 
contraiie,  ou  bail  A  m^tiijr^ittp  le  pfx>prjetai0e  die  <H»- 
lon  no  sont  point  Tua  vis-'^''Tift.  de  Pantre  daweet  eUat  A'itk- 
dependance  ei  de  liberte.  Le  proprietdre,  eoilinudlement 
oblige  de  snnrdUec  sea  metayers^  aa  pent  exdodvaiMat 
s'adonner  k  d'autres  occapationft  t  la  diTisian  4u  travail  ert 
moins  parfaite.'  D'oa  aatrecOte»  ia  netafer  m  peat  jasp^er 
ni  la  liberte  Hi  lea  ppoflU.da:fei«»er  i  U  depend  to^om 
du  mattre;  qnela  qua  aoioDtr.  sea  .dfofts^  ta  peraeD^Mwe 
et.  sea  babHeie^  soa  adalia  irofla  e:  pea  pises  iavariakleaMat 
fixee  aae^mtaine  Kmiie  qu*a  aepM depaam.  Ea  effirf, 
Mttaibiva  d'etpMiatloii^.pold  »«a2il)aa  id'aia^MBra* 

9aeki)rQfRMikaiiiilecokmiiifoiitiaiei[ALeilesr«9tra4f 

praadfe^aar^ebd  ;ilesdenv4aiea!fentl  la^epense^  d^wjat o 
eapartager  teiMaeiDapar  moHie^iTearaift  ioA.tratailtaaii 


ses  avawsaa  profit  k.  Ptntra  .pli|a  qa-'k^^qi-iaeme, 
mtaio daaa  lepays  o^rla  Ml k. moitie finatat efst  la  phis 
loagteaipa  mdii  aayii^r.:(ifetiea  daax  Imib  .de  Ja  Vraaca  • 
sont  daos  oa  .eai  )v  la  fonaa  eaienUeUa  de  oa.  eooteat  s^ritere.  i 
chaque:  jenr«  Cea.i^yt  taat  en  gteeral  tin|»«>auvicl^lirii- 
dpslnria  7..asttfop  pen  iievdoppea,  le.oredU4n>|i'timide,  lea ' 
terras  tiap  iaprefdeea»  poatqaelefennaga.Vyifaitffadai^;  I 
mais  1^  l>N|wfetaires>  aa«queU  ,PancieBBe  .babitaaai  de  ■ 
sanaillw  lai.  aietalriea  a  i«Bda>aMattl^ra  lea  protedia  :de  : 
l*WioqltaMi»ypf«aaeatda}«OretfjovrapoliartpkutfgBaade  . 
daaa  la,  fibaetttfl  db  ia.oaltOTa  rla  ball  i  mqHM  irai6is*y  * 
tPMisfonyw  all  .0)i|lacoiit»ts  aq6dauxv  d/oot  iea<ooaditibas  - 
vatieaii  rin^al,  asab^dantaaMMdAosiet  redpdtatMiiB*at- 
tribaat  aajna^tra  Ja  pMne  let'eatsera-gestloh  lirtakaapjae,  . 
kU  ebanga.par  hii  4a  pa^r  aim  paysaaa,  apltripfisaliire 
file,  Mit  oae^ratificaflte  prbporliaaBteeria'fffeolU^ 

.Aioulraa  eafia  que  Jaayateiaafdeiaieta^res^  tpilTSuppase 
dai  ^xploitatibas  pea  eteidaeai^  caltf^eat  toota rahyieaf^iar 
aB.meaiaatombre  da  braa,  te-  pue*'  asililix  >eid4enBea  4rs 
aoovallaaiaetbodaa  de  Onltare^  dansieiqndlas  la  varietddes 
assoleaMfitaexigiiiMCoeqMni'aBi^  large  baaadV)petetiin^  et* 
la  possibilite  par  coaaeqnent  de  rassaaiMer  et'daHeeacler  ^  > 
valmite  tea  .traTalllears  aaxlHalMi*  ^doil  lea  cttMrt;  IMH- 
paaaables  ea  eerlii(Ba1empiv  aendeaft  inlileii^  «l  l«r  aaite.'! 
forfcdispeadleasc,  d  IVMaeimavail  Jaaaoastdieir  »  toa^re. 

;Cetta  laaMrqaaaaaa  cpndalt*dlraBMniMII  k)  eatoilaer  la  i 
queslioa  du  fiBttaega-seaa  na  aitile  )k>iia'de  vue,  noii-  BMias 
important;  aoatvoubaa  parler  de  iiafluaaaeUea  dittCreate ; 
qualeftmiageet  leaoelayageexefteat  ear  la  cobditkiadelaT 
classy. aamhReaaeat  iiauvre.  Aai^ramiereoap  dHdl»  oa  voii^ 
que  le  sysiemede  fermage  serapprodiabeaucoop  da  syattaia  i 
du  tcavait  des  mannfactures.  Gamme  le  naoufacturier,  la  ^  • 
mier  fonae  an  chiUaoa  ialcnaediaif^  catre  le  propridlairt. 


F£RMAG£  —  F£RMAT 


359 


<<|iif  posaMe  rimtniment  de  travaU  et  le  Hmnialier  qoi  le 
«nel  en  inoarvenieDt ;  commer  le  manvfadurier,  M'  ferinier 
<ipere  avee iietbdoup  de'  eapitaox;  coibme  lui,  enfln,  U 
emfMe^  fM  cartaiiu  momeBti,  dea  annte  de  tiiTalUeure, 
qall  tbIdealiioaRit  an  jlMir  le  fokir,  1^  piyant'duBrqnaad 
MfaniaoBf  lare^^boii'nafcM  <|n>nd  UbirikHidAnfy'lea'ton- 
igMiant-dteilutt  n'ett  »pk»<t)euin^  tanr  oifl  tend  de  ce 
qnlla^eimatdtrttiiK  Telle  n^est  peiil  Itf^posfUoBdeBlm- 
^vlkan  agrioblee  dflia  let  pa^  de  mdiyi^ ':  fiu  le^i^* 
rtfrkH'pM^reoNttl-dU'eftlneonnai  l^ttEtatefacedi  claqae 
indifldiiie^{iaime,  naaik^moihs  pr^re^  cfaaquef  ih^lairie 
eel  If plbiM»  fkt  vae  fainllle,'  dont  let  Membra^  y^  THent 
timtd '  Famidey  ippetant  k  peine,  in*  tempa  de  ria  moision  ^ 
quelqaes  anifflUireis  pen  noiDiMvn.  Sous  caY^giintf,  ik  part 
dn  ii&dtife  «lt  ping  forte,  et  celle  dn  tranHepr -ploB.petite 
qne  tonaleMetettdn  fermaga;inal8odi€Ms^est  pliM'fratii^« 
nellemeBit  r^partle  entre  lea  tratallears.'Ea'  ivruicftej  lea 
praptet  '^"^  tardi(l^  lairontinereBraeia^  PeapHt  dHudna- 
lrieeld'eBlf«prtae.Mti^M(nidt  le  idnfll»do;raBbition 
Bea^  idt-fdnt  k>n:  tmaqoeipaa  8enlir;!.l^taniatlbn  -ii*y 
^ctaaufM  point  lea  eoedw;:  l^ei^onnliaaeoMnt  pai^lile  «t:  r6-> 
fligB^daiaeyalt  ift|e-d<aftiiiieteoereiqne  p^pidatioii  easani^re 
d.tiinidfe  EntriA  le  praprtttaire  HfoA  pdaaMe  liMdIfaircBMnt 
la  tore  elle*iotirnalicE  qtliJa  retoorne  ne  ae  troUTe  pofat 
de  dasae  lAitotnne  enfidna  da'ael^aiienni  eC  parveuoe^  k 
ioffte  de  tratidl  ctdlM^fletd^  ^  aa  cvternne  sorte  d*hiddpen- 
danoe.  Voflib  powqiM>i;  indlgrd:la  aq^^norit^  inconfcataUe  du 
fetinaga^'  n^eve  eroyona  point  lea  pnya  de  m^t^age  dbs- 
tin^^ JMaeer  par  iceiM^  fofaie  ties -proprMtiiirda  y  d^icn-* 
dfont  agrieoltemtfrant^qoelaa  payaana'ae  laaientfetiBlan. 
Pell  {mporte  d^aiOauro::  la'baiaae  eontlnnelle  du  loyer  dea 
inalromentS'  de  tfavailteiid  perp^tndldment  k  dlminner  le 
taoft  dn  temage^  jnaqoP&'le  ,lliira  pent  dra  diapnrritreinn 
jonr.  Dana  lea  paya  de  mdtayage,  le  mdtie  tend  k  devenU 
liii4aiteie  le  dh^dedr-'de'eon  doniaine  :  dea  dent  oAtte^ 
•  c*6d  ie  mhat  foil  qui  a'accomplit  par  dea  voiea  dLveraea.- 
FartDBt  rbemme  c^Mble,  -UI»orieax,  aaste  ridie  eta  aaae< 
bieo-feni6  ponr  poaadder  oa  |)onr  obteair  derempmnt  ]e4 
capHanx  n^teaaairea,  anite  h  prendre  enagriodture  la 
aourenine  directien  et  lea  proilla  lea  plna  torta,  pendant 
que  rinfloence  'Ot  lo'TCiveiin  de  ilionime  incapable  on  d6-i 
90BBWT6  diminuentv  Ced  k  -aeeonder  eedooUe  metfvement 
que  dtivent  a^ppiiqner  toofea  lea  loia  et  toutea  lea  meaorea 
qni  eon<9ernentl?fndnatrie,agriede.    Obarlea  Luoiiiitn. 

FERMAlLytende  ^  Uaaon,  qui  ae  dit  dea  fennolrai 
agpafea,  ou  boodea  gami^^e  Irava  ardOlona,*  qui  aMap*» 
tcBi  anx  nanteaax,  cbappea,  baudiiera  on  cdbtaiet  ifi^ 
^uUe).  EDes  aonfTeprteotdea^  on  rondea,  on  en  loaangeas 
ee  qn*il  fontaTolf  aoin  de<  apdcHer  en  Maaomant  0ld&it 
autnefoia  one  marqne  0e  dignltd.  On  appdle  ten  /ermaUli 
cdtai  qni  eat  diai^  depbiaiesra /<rtwni:0.  On  dit  anaai 
dana  le  mfine  acnil  r  «  «eiiidde  boudea  d*or. » 

FEBliANAGH^  eamMdfl  laprorinee  dmater,  enlr» 
I  lande,  altndtentFa  leaeomMe  de.^rrdine»  de  Bfottagban,  de 
GtefaB^deLdtrimetdeOoneiSBl,  Qdtanldt  plat^  tantAt  oonvert 
decolline8«lde'Alodtonciicofedelaca,  d'obi^nhe  pear 
reaped  g^ndrel  dn  ^paya  Je^earaetton  le  pina  vaiM  d  le  phia 
pilUfreaque.'B  eal  dMaddanalaidireatioi^do  noniH>ned>  pen 
prtedgalemeni^.IeXoii^irarft,  on  UoEarne,  ki  ^n^ 
grand  qoHl  7  dt«n  Irlande  aptte/le  lao'4olfeagb  et  le  pbia 
ridie en^toaotA-Mtuidleavaprta  Jea.laoa:deKiHanagr»  6a 
kmgnaar  eal^'en^rondnqimydanidlna; naia ft  ae  rdlff^ 
teUemenl  laon  centra  iqne  da  ntetiplua^gnto  alora  qn'un 
canaliBettaBlieaieenmittniQdieni'.deilx  baaafawdiflMffeBlal 
aqaai  diatlttgne*l*0BnnlacanpMenreliunlBirittttrieHr^8ea 
mca  aont.  ednfiertea  de  'bonqoota  de  b^iai  dfr  maiaonad^ 
campagnvt'de  Imneapdo  mdairiea,  de  ierieak'  bidd  de 
pttorigeai  et  il  ftafcrmo  nn.  grand  nonibre  d'llea,-  Ice.  nnei 
boiaM,|aanHtfBacnitifM.en;frament.L',Eanie,  quia>  pv^-* 
dpite  do  fanttt'dNm  mebor.  fonqant  cascade,  le  Inveree  d 
hm  mtl  de^cbcnd  pour  eonduire  aea  eaux  k  la  bde de  Do* 
negaL  On  dralue  la  soperficie  du  comt^  de  Fermanagli  a 


•  24  myriamMrea  carrfe,  dont  h  cinquftoie  pHrfie  ae  compoat 
delandea,  pfttis/ bray^res  et  montagnea  noo' BOsee^tiblea 
de  culture,  d  la  dixi^me  partie,  de  Inca' et  de  rivl&t^.  Le 
aohan  ed  d'dfleora  aasea  gdndrelettiM  IMIM ;'  ef  'ee  comt^ 
'  ed  nii.dea  ideas  1)oi«to  de  rirlandie*  Dana'ia  pakfe  aep- 
^  tentrionale^  il  eat  mleux  eotth'^  qoe  tonl'lfrtteattfdola  pro- 
:  tfnoe  d'Ulater $  mda  an  ftid  aoo  agricoltor^  tOittitnte  dea 
i  j>ltta  artMr^.  LVoine^  t'ofge;  le  Ardmenf,  1«  In  et  lea 
pomibea  de  terre  en  aont  lea' principaiix  prodtmftVDana  la 
pirlie  inontagneoae,  oiirto  i^^e  Mauoonp*^  b^l,  le 
beum, le lillt,  le (rom^i dla'^vitfttdede'bouebeHe abon* 
ddft  ;«t  le  liaaago  dn  Ibi  est  r^n^o  partont  l/'^xportation 
eondate  eb'btellaNix,  \pdaaoM^  teliei  TonfemfoV  il  ne 
.j{^nid*daahcc^'que  daiib  la.pertie  prolealante  dela  popn- 
lationfet:leacktliolii(nea)  bienautreinei^nonitfri»ii,'y  crou- 
piaaent  g^toteikievt  4tm  la  plna  rvtlikaainte  mia^.  Lo 
recenacmeotdeissi  aecnadt  one' population  ioided'k  peine 
lt6,l}00  Amea;  fandls'qOe  edoi  'd^'Mi  Mnldalt'enebre 
I'iBsiaiettce  de  l&g,80<»' baMtaots(  Oboinie  dana^lelcoiAtd'de 
Dbnegd,  le  i^ple  ne  parle  que  hlangoe'^:  Oe  doAitd 
ed  dMdd  en  8  baronnUa,  I8'pardaate;>et  eniiol^^YMrle- 
mtettroiB  membrea^  dont  on  cdnine  rep»MttA!il<^  aon 
cheMien  'i(it)iijAi{/en.-€ette'Tine  eit  bdte  ilantf  nno'  Vk  d* 
-rintenn  milien  dd  canal  iiervoatde-connnnnioBtSi&'aux  deox 
bntf,  d  on  y'  irrlrode  diaque  cdt^  par  on^t^en  pierrea ;. 
dea  baUeriea'en  prot^ent  rentr^.'  ^On  y  tronre  nnO  belle 
bdle,  un  bOpitalpariliitement  or^ais^'  et  unoolli^'  ibHd^ 
par  £llaabdb/La  popolation  sld^vrk  8,000  babfUoftSy  qui 
ftbriqoent  de  bdlea  toil«s  dponr  qtri  leptebe^de^t^angaille 
ertnne  trte^profitable  retooree,  VnriiettanmdBaons?  def  la 
Tillc  ed  dtnde  hrddideooe  He  appel^  2>ere)ilf  ft-Za/oncT,  otr 
Pon  volt  lea  ndnea  frnposahtea  d^un  eooi^enl  jndla  tompt^ 
parmi  leaploa  beanx'deTlrlande. 

FERMAT  ( Pidna  oB ),  hommede  g^de^  qni  ^obappt 
iongiempa  k  la.  gidre  ¥  force  de  naodestie.  I^^cd  ^Brivait 
It  Format  :'M  Je  'Voiii'tlena  poor  b^  pina  ^nnd  gfom^tre 
detoote  l^oropel./Ves'enl^iitaportent  le  nem  da  premier 
boAide  dnnondlj.'ifF^nnatdiapate'lkDeaeartOale  m^te 
>d*a?oir  et6A  la  g6okn^trie  analytique;  fl  portage  an  moina 
ayec  Pascal  Tinventlon' do  calcul  dea  probabilit^s. 
Amnt  L'elbnitx  et  Newton  tl  avait  trouTd  lea  prindpea 
dn  calcnl  infinlldaiinal.  Dana  lalh^rie  deanombrea, 
B  ed  all^  ploa  Idn  que  lobs  se^  devanders,  on  pent  mOme 
dire  qoe  toua  sea  snccefcseora,  poisquHl  aavanoddea  tb^ 
rdnes  dont  il  poaaMalt  InduBitablement  lea  dtoonabrationa  ; 
etlearacbercbte  dea  Eo]er,'des' La  grange,  n^ont  po 
mdtre  cea  penaenrs  tS^ea  aur  la-  voie  dea  ddmonstrationa 
detootes  lea"  propoiltiona  Hume6es  parFennattaind,  ct 
nTM  qnertommdnt  que  M*.  t;a n  c  b y  ed  parvenn  h  don- 
ner  la  dteondratfon  gdioli^ledo  l^wd^dtea,  dont  Eulel 
et  M.'  Ganaa  n*avdent  pu  trouter  quo  dea  oaapartioaliera^ 
Dana  cea  demitres  anil^es,  rAcad^mfe  dto  Sdencea  il  mis 
Inulilemontploaienra  fbia  atf'concoutaladteonatration  do 
cet  autre'  tbiorteo  de'Fennat  i  Jiu  dessus  du  oorrd,  il  n > 
a  ofictriie|»tif»«wi€Ofiil^dftfdc<mijm^^ 
MOneefd^jnimedegri  ot^el/e(  en  narfcbreardlonnds) ;  Ru- 
ler adtewntrA  la  ph>poettlattpodrretpo«ant  t  ;Legendre,. 
MM;  L^eOne^Dlrf  etitet  et  LamIS,  poor  lea  expoaanta,  5,u 
d  7 ;  mala  on  attend  tonjonra  one  demonstration  gte^rde. 
OonaeRler  an'  pariement  de  Toolouae ,  Format,  entike- 
ibent  odenpe  do  aeefondlona  demagistrat,  qn*H  remplisadt 
nvec  le  xde  le  pHk  acrapoloux,  conaacrant  aea  loiaffa  k  m^- 
diter  anr  lea  adenceaexactea^  cadA  ai  Men  aa  yIo,  qnll 
reate  encore qnelquefiicertitude aoi^  la  date  ot  le  lieu  do 
aa  naissance.  II  tti  certatar,  tontefbis,  qu^il  tft  le  jour  de 
169S  k  1600,  anx  tntlrons  de  Toulouse,  d  qoMI  moomt 
dans  oette  vilte,  en  1665.  II  ^!f  en  comespondance  avee  lea 
'  aayants  les  pins  iliustres  de  son  ^poqne.  'Bien  did^rent  de 
la  phipart  dea  ^Tatita  actoels,  qoi  rempUaaent  lea  joiiraanx 
de  ieurs  annoncea  d  de  leors  qiierellea,  Fldrmat  ne*  vonliil 
Jamaia  rien  lirrer  k  la  |HiblicH6  aooa  son  nom;  II  •  petaaaait 
Piasouciance  jusqu'i  ne  pas  garder  copie  dea  papieni  d^ona 


«60 


FERMAT  —  FERME 


loiiito  Importance  quil  adressait  h  ses  correspondants,  et 
dans  tesquelsil  conognaH  ses  plus  belles  d^couvertes.  C'est 
nur  les  marges  d'lm  livre  qn^il  a  d^pos^  qnelques-ons  de 
ses  plus  beaax  thtortoies ;  et  si  parfols  il  n'a  point  donn^ 
ces  dteonstrationsque  cherclient  encore  des  gtem^itres  dn 
premier  ordre,  c'est,  dit-il  nalyement,  parce  que  la  place  lot 
a  manqo^  poor  les  ^crlre.  Aprte  la  mort  de  Fermat,  saeor- 
respondance  ^it  diss^minte  en  cent  lieux  dlTers,  ses  manm- 
;  xrits  ^parpill^  el  n^lig^s ;  son  61s.  iroalot  recueilUr  les 
■  Merits  d*un  p^  qu'il  T^n^ait;  mais  Samuel  db  Fbrhat 
.  n*^taSt  point  g^om^tre,  et  qodqae  soin  qu*il  se  donnAt,  fl 
.  ne  parrlnt  k  retrouver  qn*une  faible  partie  de  ce  qui  6tait 
'  sorti  de  la  plume  de  TiUostre  consdller;  anssi  les  Varia 
opera  mathematica  qn'il  mit  an  Jour  en  1679  ( Toulouse, 
jn-folio)  laissent-lls  beancoupi  d^sirer.  M.  Yillemain,  dn- 
rant  P^poqne  ob  11  tenait  le  portefeuille  de  llnstruction  pn- 
bliqne,  ▼ouint  61ever  un  monument  durable  k  la  mdmolre 
de  rbeureux  riTal  de  Descartes,  du  sage  prteurseur  de 
IVewton  et  de  Leibnitz;  la  chambre  desd^pot^ysor  le  rap- 
port d*Arago,  Tota  15,000  Ir.  ponr  Mre  appliques  k  la  r^im- 
pression  des  oeoyres  scientlfiqnes  de  Fermat  M.  Libri  Tut 
^iarg6  de  diriger  ce  travail;  mais  II  se  boma  k  publier  dans 
le  Journal  des  savants  quelques  notices  sur  la  Tie  et  les 
roanuscrits  du  gfomitre  toulousain.  G.  Brdhet. 

FERME*  On  nomme  ainsi  Fensemble  d^nne  exploita- 
tion mrale  afTerro^,  c'est-ik-dlre  des  b&timents  etdes  Isrres 
dont  le  propri^taire  abandonne  la  culture  et  la  jooissance 
fionr  nn  temps  d^termin6,  moyennant  une  rederance  fixe. 
On  dMgne,  au  contraire,  sous  le  nom  de  m^tairies  les 
exploitations  tenues  k  moitiijruits  par  des  miiayers  on  eo- 
hns  partittires.  La  superiority  de  richesse,  d*intelligence 
•et  de  liberty  que  le  fermier  possMe  gtetelement  sur  le 
metayer  se  traduit  aux  yeux  dans  I'^tendne,  la  commodity, 
la  proprete,  I'opulence  m^me  de  rhabitatlon  du  premier, 
comparfe  k  la  petitesse,  k  la  salet^,  k  la  mis^re  et  an  mau- 
vais  etat  dn  rMnlt  oeeupd  par  le  second.  La  Flandre,  PAr- 
tois,  la  Normandie,  la  Picardie,  llle-de-France,  1' Alsace, 
sent,  en  France,  les  oontrto  o(k  sont  ^blies  les  plus  belles 
fermes;  le  Berry,  l*AnJou,  le  Poiton,  la  Bonrgogne,  la  Fran- 
«be-Comte,  la  Gnlenne,  la  Gascogne,  le  Languedoc,  la  Pro- 
vence, sont  encore  soumis  an'm^tayage. 

Une  grande  cour  carr^,  dans  laqudle  s'^irent  des  pyra- 
mides  de  fagot^t  et  de  hautes  menles  de  paille,  entonrfes 
par  des  ^curies;  des  stables,  des  hangars,  sous  les- 
quels  on  remise  tes  charrettes,  les  chariots,  les  charrues, 
les  herses,  les  rouleaux ;  des  toils  k  pores,  des  ponlalUers,  et 
'enfln,  le  corps  de  logis  qu'habite  la  fSimille  dn  fermier,  tel 
est  Taspect  ordinaire  des  grandes  fermes  dans  la  plupart 
<les  contrte  que  nons  avons  nommte.  Un  carrA  do  terre 
en  friche,  non  dos,  an  centre  duqud  s'^^ye  une  ch^ve 
•masure,  dont  les  grangea  et  les  bestiaux  occnpent  le  rexnle* 
•ehansste  pendant  que  I'unlque  dtage  au-dessus  est  habits 
p61e-mMe  par  les  individus  des  deux  sexes  qui  ferment  la 
lamille;  antour  de  la  maison,  des  bandes  de  canards  ou 
d*oies  qui  glapissent,  qnelqnes  ponies  qui  vont  k  la  pico- 
rte ,  une  jument  It  tous  crins,  qui  broute  avee  son  poulain 
une  herbe  conrte  et  maigre :  teUis  est  la  physlonnomie  d*une 
m^tairie  dn  Berry  on  du  Languedoc*  Llnt^rioir  des  deux 
exploitations  correspond  k  leur  apparence :  chei  le  fermier, 
de  bona  meubles  en  chtee,  en  noyer,  parfois  mdme  en  aca- 
jou, d'une  forme  un  pen  vieille,  mais  en  bon  ^t ;  d^excel- 
lents  lits,  des  secretaires,  des  lyureaux,  nn  table  k  jen ;  chex 
les  plus  riches,  des  gravures  assei  bonnes,  qnelquefois 
mftme,  dans  le  voisinago  des  Tilles,  un  piano,  temoignent 
4iue  les  goilts  et  les  d^sirs  du  mattre  du  logis  ne  se  boment 
l»as  an  strict  n^cessaire  :  on  respire  chex  lui  je  ne  sals  quel 
parfum  de  ciyilisation;  on  sent  avec  plaisir  que  sa  famiUe 
ne  reste  pas  compietement  etrang^re  aux  arts  et  aux  jouls- 
aances  intellectnelles ;  on  y  trooTe  des  joumaux,  q::elqiie8 
liTres  nonveaux,  que  Ton  fait  Tenir  par  cotisation.  Chez  les 
•metayers  les  plus  opolents,  au  contraire,  les  habitudes  et  les 
4(oiUsd*HneYie  pauTreet  cbetire  reslsnt  enracini^.  Beauconp 


de  m^tairies  du  Languedoc  ne  sontpobit  carreiees;  II  n^est 
point  rare  de  les  trouver  sans  fenfires  et  sans  vitres,  receyant 
la  lumi^etlefh>idpar  une  ouTerturequine  se  fermequ'au 
moyen  d^nn  Tolet  grossier.  Les  mura  et  les  plafonds  sont 
enduits  d*une  epaisse  coocbe  de  (\imee,  on,  ce  qui  est  un 
grand  luxe,  mal  reblancbis  k  la  chaux.  La  mftme  pitee  sort 
k  toute  la  fiunfDe,  de  ehambre,  de  salon,  de  coisine,  de  saHe  4 
manger  et  de  magasln  aux  provisions.  Une  lourde  table  el 
qnelqnes  banes,  una  esp^  de  bahnt  grassier,  quelqnes 
chaises;  le  long  des  poutres,  une  double  clairvoie  oti  durds- 
sent  et  s'enftnnent  de  compagnie  quelqnes  andouilles  et 
une  doozaine  de  pains,  des  Uts  fermes  sur  trois  odtes 
comme  des  armoires,  dans  chacnn  desquds  ooucbent  trois 
on  quatre  personnes :  tel  est  i  pen  pr6s  rameoblement  d^une 
exploitation  mrale  dans  les  pays  de  metayage. 

Ajontons,  ponr  etre  compietement  rrai,  que  le  tableau 
^qiie  nona  venous  de  tracer  ne  represente  que  Taspect  g^ne- 
'ral  des  choses.  Nons  ne  voulons  point  dire  que  la  richesse 
et  la  civilisation  accompagnent  si  exdusivement  le  systeme 
dn  fermage  qu'entre  le  fermier  et  le  metayer  on  ne  poisse 
jamais  etablir  avec  raison  le  paralieie  inverse*  Le  fermier 
hrlandais,  par  exemple,  qui  ne  pent  memo  compter  snr  la 
pomroe  de  terre,  unique  sontien  de  sa  triste  exktenee,  est 
bien  paovre  auprtedn  metayer  gaseon  on  langnedocien,  qni 
bolt  de  la  piquette  six  mois  de  I'annee,  et  goikte  deux  fois 
par  an  de  la  viande  de  boucherie.     Charles  LnoniiiEn. 

La  maison  femUire  doit  etre  placee  k  c6te  de  la  porte 
eharretiere  et  exposee  an  snd-est,  et  eievee  sur  nn  berceau 
de  caves  suffisant  pour  contenir  la  bolsson  d'nne  on  deux 
annees,  et  eievee  d*nn  on  denx  pieds  au-deasos  du  sol.  Ce 
rei-de-cbansaee  doit  etre  compose  de  dnq  on  six  pieces 
eommuniquant  entre  dies  :  1®  d'une  cnisbie  pavee  k  large 
l&fw;  7?  d'une  saile  k  manger  briquetee,  et  oontenant  des 
armoires  en  hois  de  chene;  8*  d*ime  on  denx  cbambres 
k  concber,  pour  le  fermier  et  sa  fenune;  4*  d'une  on  deux 
ehambres  partieulieres,  poor  les  enfonts  de  la  maison.  An 
premienr  etage  on  doit  trouver  la  chambre  dn  mattre  oo  de 
son  ddegue  et  trois  ou  quatre  cbambres  ou  cabinets  ponr 
les  servantes  de  la  maison.  Qnant  aux  servitenrs  attaches 
anx  ecuries,  etables  ou  berg^ries,  on  doit  disposer  des 
ills  par  etage  les  uns  sur  les  antres  dans  les  lieux  ob  sont 
lean  betes  de  service.  Le  lit  des  fennien  doit  etre  dispose 
de  tdle  maniere  qnlls  puissent  aperoevoir  de  len^  chevet 
tout  ce  qui  se  passe  depnis  leur  cuisbie  jusque  dans  re- 
civie  des  cbevaux  de  labour,  lesquds  doiveut  etre  pla- 
ces &  la  suite  de  rhabitatlon,  ayant  une  fenetre  vltree  qni 
permet  de  Toir  tout  ce  qu'on  y  foit,  et  c'est  peut-etre  id 
le  lien  de  placer  les  conditions  qu'il  Itat  exiger  ponr  le 
choix  d'un  fermier,  d'apris  Olivier  de  Serres :  «  Snr  Tdec- 
tion  doncques  d'un  fermier  on  d'nn  metayer,  cnrieusement 
avisera  notre  p^re  de  ftmile,  et  par  sonblable  adresse, 
se  chdsira  et  I'un  et  I'antre,  lenn  charges  aymbolisant  en- 
semble, comme  a  este  dit  Td  sera  le  fermier,  de  mesmele 
metayer :  Homme  de  bien,  loyal,  de  parole  etde  bon  oompte ; 
sain ;  aage  de  vingt-duq  k  soizante  ans ;  marie  aree  one 
sage  et  bonne  mesnagere;indnstrienx,  laborienx,  diligent* 
espaignant,  sobre;  non  amateur  de  bonne  chere,  non  yvro- 
gne,  ne  babillard,  ne  plaidenr,  ne  villotier;  n'ayant  an- 
cun  bien  terrien,  ou  au  soldi,  aina  des  moyens  k  la  bonrce. 
Ainsi  qualifie  et  rencontre,  sen  celuy  qu'il  vons  fant,  avec  le 
qneln'entrezen  piques  k  pen  d'occadons,  Ihais  snpporterez 
doncement  ses  petitea  imperfections :  tontefoia  ayec  un  jus- 
ques  od,  gardant  vostre  anUiorite,  afin  de  ne  pas  I'acoouturoer 
a  desobeyr  et  &  ne  craindre.  Compterez  sonvent  aveo  lui,  de 
penr  de  meseoropte.  If e  laiaserez  courir  sur  Ini  terme  snr  terme. 
ny  aucnne  autre  chose  en  laqudle  11  vons  soit  tenu,  pour 
petite  qu'dle  soit ;  comme  par  to  oontrdre  n'exigerez  de  lui 
outre  son  deu,  rien  qui  M  prejndicie.  Lui  monstrei,  au  reste, 
Tamitie  que  luy  portez;  loOant  son  industries  sa  diligeoce, 
et  vons  resjouissant  de  son  prottt,  trenvant  bon  qu'il  gaigne 
honnestement  avec  vouspour  Taffectionner  tousjiMirarolaiv 
a  Tostre  service.  Ne  changerez  de  fermier  etde  metiTcr,  ai 


FERME  —  FERxMES-fiCOLES 


Jt  IfeuYez  passable,  que  1«  plus  raremept  que  pourrez;  et, 
au  ccmtraire,  n*en  soufTrirez  aucua  qui  n*aU  la  plus  part 
des  quality  susdites.  £t  quel  que  soit  vostre  fermicr  ou  vos- 
tre  mdtayer,  n^abandonnez  tellemcBt  vostre  terre  qu^en 
toute  saison  ne  la  visitiez  ( le  plus  souvent  estant  le  mefl- 
leur) ,  pour  rem^ier  k  temps  aux  destracs  surrenants. 
Principalement  en  la  r^colte  des  fruits,  tenex-Yoos  en  de  si 
prte,  qu'en  tiriez  vostre  raison.  Ne  soaffrant  au  reste  en 
vostre  domaine,  aflerm^  ou  non,  aucune  introduction  de 
Douveliet^  qui  vous  prejudice,  soit  des  chemins,  soit  de 
pasturages,  abbruvoirs,  couppes  de  bois,  et  aatres  servi- 
tudes. Non  plus  laisserez  prendre  aucune  partie  des  autbori- 
in,  prominences,  franchises,  libertec,  privil^es,  bonnes 
coastumes,  que  vous  aves  sur  vos  subjects  et  sur  vos  voi- 
sins.  »  C  Frak(ais  (  de  Nantei ). 

FER1IE-1I10DI:LE«  Le  g6n6rai  Clausel,  voulant 
tavoriser  T^tablissement  imm^iat  d*une  ferme  exp^ri- 
mentale  dans  le  territoire  d' Alger,  pour  y  essayer  en 
grand  la  culture  des  produits  coloniaux  ou  des  produits  que 
la  France  ne  fournlt  pas  k  rindustrie  en  raison  de  ses  be- 
soins,  confia,  par  un  arr6t^  special  (1830)  k  une  association 
industrielle  et  financite  que  le  gonvernement  devait  pro- 
teger,  une  ferme  dlte  Haouch-Hassan-Pacha,  situte  dans 
la  plaine  de  la  M^tidja,  avec  une  contenance  de  1,000  hec- 
tares de  terres  incultes ,  prises  sur  les  deux  rives  de  PAr- 
rach.  Cette  soci^  prit  le  titre  de  Ferme  expMmentale  d'A- 
frique;  elle  dut  payer  au  gouvemement  un  prix  annuel  de 
un  franc  par  hectare  A  dater  du  f  Janvier  1831,  avec  r^rve 
de  dcvenir  propri^taire  de  la  ferme  et  de  ses  d^pendancejt  en 
payant  le  prixdu  formage  capitalist  au  denier  vingt.  Cette  lo- 
cation fut  faile  pourneuf,  dix-huit  ou  vingt- sept  ans, 
aTec  faculty  de  r^iliation,  mais  en  faveur  de  Fran^  seu- 
lemcnt.  La  soci^t^  s^engageait  k  c^der  500  hectares  aux  co- 
lons qn'elle  £tait  tenue  d^appeler.  PourTaider  dans  le  prin- 
cipe  de  son  exploitation,  il  lui  liit  fonmi  pour  la  premiere 
ann^e,  et  k  charge  de  remboursement,  un  secoursen  rations 
de  vivres  et  de  fourrages ;  et  die  ent  la  pr^fi6rence  pour  I'a- 
chat  des  chevaux  ou  mulcts  de  r^forme  ainsi  que  des 
mat^riaux  existants  dans  les  magasins  de  Tadministration, 
et  propres  k  Texploitation.  Enfin,  elle  fut  plac^e  sous  la 
sauvegarde  de  Tarmte.  Cette  forme-module  ne  r^ussit  pas 
k  placer  toutes  ses  actions.  Plusieurs  causes  se  sont  oppo- 
M^  au  d^veloppement  de  cet  ^tablissement,  dont  Ic  gou- 
vemement est  redevenu  propri^taire :  d*abord  riusaluhritd 
de  la  position,  ensuite  les  incursions  des  Arabes,  qui  Tatta- 
qu^rent  souvent  et  d^truisirent  ses  r^coltes.  Ce  n*est  qoVn 
].si2  que  Ton  a  relev(i  la  plupart  des  ouvrages,  et  qu*on 
s>st  occupy  d'acliever  les  foss^  ouverts  sur  les  bords  de 
rOoed-Kerma  pour  Taasainissement  de  la  contrte.  La 
ferme-iift)dMe  servit  ensuite  de  fioste  k  un  fort  d^tache- 
ment  d'infanterie  chargd  de  veillbr  k  la  sAret^  de  la  Md- 
tidja. 

FERMENT.  Si  Ton  entend  ddsigner  par  ce  mot  tout 
corps  ayant  la  propri^t6  d'exciter  dans  one  eau  sucr^  un 
loouvement  tumultueux  d^oii  rfeulte  und^gagement  d'acide 
carbonique  et  une  production  d*alcool,  comme  j*ai  fait  voir 
qu*une  multitude  de  mati^res  animates  azot^  sont  dans 
oe  cas,  et  qu^aucune  matifere  non  azot^e  ne  pent  le  faire, 
fen  conclus  que  la  plupart  des  matiires  animales  azot^es 
sont  des  ferments:  Tur^e  seule  se  comporte  autrement. 
Mais  si  Texpression  de  ferment  devait  £tre  excluaivement 
r^rvte  aux  corps  qui,  tels  que  la  1  ev  n  r  e  de  bierre,  d^ter- 
mincnt  sur-le-champ  la  fermentation  de  Teau  sucr^, 
le  ttom  ^ferment  ne  conviendrait  plus  qu*aux  levures  de 
faierrtf,  de  raisin,  de  groseilles,  etc.,  c*est4-dire  aux  d^pdts 
fori!i<^  pendant  la  fermentation  des  moOls  sucr^  :  c'est 
ainsi  que  Tentendent  M.  Th^nard  et  la  plupart  des  chimis- 
tes.  Ccpendant,  comme  des  mots  dirr&rents  sont  ordinaire- 
mcnt  foils  pour  exprimer  des  cboses  diverses,  f ai  pens^ 
que  le  nom  de  levure  6tant  d^j&  affects  k  ces  depots  d^une 
action  si  6nergique,  celui  de  ferment  devait  £tre  r^servd  k 
tout  corps  azot6  susceptible  d'op^rer  la  conversion  du  sucre 

IMCT.  D£  LA  C0i^V£ttS.  —  T.   IX. 


361 

en  alcool.  L^albumine  est  une  des  substances  qui  op6- 
rent  ce  changement.  Colim. 

FERMENTATION.  Cest  le  mouvement  spontan^ 
dans  lequel  entre  une  matito  organique,  et  duqnel  r^sul- 
tent  des  substances  difr($rentes  de  ceUe  oti  s^est  manifesto 
cette  action.  On  distingue  plusieurs  sortes  de  fermentations : 
Ia  fermentation  alcoolique  ou  vineuse,  dans  laquelle  un 
moot  sucr^  devient  spiritueux  en  laissant  d^gager  de  IV 
cide  carbonique;  la/mtiento^lon  acide,  ou  Toxyg^nede 
I'air  passe  k  T^t  de  gaz  adde  carbonique,  en  portant  I'al- 
cool  d*une  liqueur  spiritoeuse^  celui  de  vinaigre ;  la /er- 
mentation  putride,  par  laquelle  nn  corps  d^origine  v^^- 
tale  ou  animate,  apr6s  avoir  pass<S  par  diverses  phases,  se 
trouve  transform^,  en  d^fhiitive,  en  eau  et  en  acide  car- 
bonique, et  si  la  mati^re  est  azotte,  en  plusieurs  autrcs 
produits  caract^ristiques  (  voyei  PDra^Acnoii ).  La  fer- 
mentation panaire  n*est  que  la  reunion  des  fermentations 
alcoolique  et  acide  ( voyez  PAHiFiCAnoif ) ,  et  celle  des  fro- 
mages  fails  ne  paralt  6tre  qu^une  des  phases  de  la  fermen- 
tation putride.  * 

La  fermentation  alcoolique  s^optee  toutes  les  fois  que  se 
trouvent.  en  presence  du  sucre,  un  ferment,  one  quan- 
tity d*eau  sulfisante,  et  une  tempteture  de  printemps  ou 
d*^t^,  c'est-4-dire  de  18  &  27^.  Une  temperature  plus  basse 
seralt  moins  oonvenable;  et  j'ai  exp^riinent^  qu'au-dessous 
de  7  ^  8^  la  fermentation  ne  pourrait  avoir  lieu.  Si  la  tem- 
perature atteignait  100®,  ou  si  elle  exc^dait  cette  limite,  elle 
s'opposerait  k  I'etablissement  de  ce  mouvement  spontan^, 
et  le  ferait  cesser  s*il  etait  d^j^  commence.  La  presence  de 
i'air,  ou  plut6t  de  Toxygfene  qu'il  renferme,  est  necessaure 
k  rcCTet  initial,  Gay-Lussac  I'a  demontre :  il  a  tenu  du  moOt 
de  raisin  k  Tabri  de  Tair  dans  une  cloche  remplie  de  mercure, 
et  la  fermentation  ne  s'est  point  developp^e,  la  chaleur 
etant  de  18  k  20° ;  mais  aussitOt  qu*il  a  poite  dans  ce  moOt 
une  buUe  d*air  ou  d'oxygtoe,  la  fermentation  s'y  est  promp- 
tement  etablie  et  s'est  continuee  d'elle-mfime  sans  aucune 
autre  addition  d'air.  Le  mouvement  tumultueux  que  Ton 
observe  alors  est  do  ^  un  degagement  de  gaz  acide  carbonique 
parfaitement  pur ;  et  lorsque  ce  mouvement  s'est  apaise,  la 
liqueur,  de  sucrde  qu'elle  etait,  est  devenue  vineuse:  si  on 
la  distille  k  ce  moment,  on  obtient  de  I'alcool  ou  esprit 
de  vin.  C'est  en  s'opposant  par  une  fermeture  convenable 
au  degagemcnt  d'une  partie  de  I'acide  carbonique  que  se 
font  les  vins  mousseux  et  plusieurs  autres  boissons  analo- 
gues. Colin. 

FERMES-lSCOLES,  FFJlMES-MODiXES,  FERMES 
£XP£riM£NTAL£S.  Les  premiers  de  ces  etablissements 
sont  destines  k  initier  les  pay  sans  aux  avantages  d*une  cul- 
ture rationnelle  et  k  Temploi  d'outils  et  de  madiines  per- 
fectionnes.  Tandis  que  les  ecolesd* agriculture  donnent 
plus  k  la  tlieorie,  les  fermes-ecoles  s'occupent  davantage  de 
la  pratique.  On  en  compte  69  en  France,  reparties  dans  62 
departements.  Ces  fermes-ecoles,  dont  le  nombre  a  toujours 
etc  croissant,  instituees  sous  le  ministere  de  M.  Cunin-Gri- 
daine,  sont  des  etablissements  departementaux  ou  pri- 
ves.  L^^tat  n'achete  ni  le  domaine,  ni  le  cheptel,  ni 
les  instruments  aratoires,  et  n*avance  pas  les  fonds  ne- 
cessaires  k  I'exploitation.  Ces  depenses  sont  k  la  charge  des 
departements,  qui  peuvent  s'en  exonerer  en  traitant  avec 
des  particuliers.  Les  conseils  generaux  ont  done,  suivant 
leurs  ressources  financieres,  k  opter  entre  Tun  ou  I'autre 
deces  modes.  L'£tat  se  charge  de  solder  lesfrais  dMnstruc- 
tion  :  soil  traitement  d*un  directeur,  2,400  francs ;  d*un 
chef  de  pratique,  1,000  fr.;  d'un  surveillant  comptable, 
1,000  fr.;  d'un  veterinaire,  bOO  fr.;  d'un  iardinier-pepinie* 
riste ,  1,000  fr.  De  plus  il  se  diarge  de  payer  par  an  et  pour 
chaque  eieve  175  fr.  pour  frais  de  nourriture,  blandiis- 
sage,  etc.,  plus  75  fr.  pour  entretien  de  trousseaux  et  pe* 
lites  primes  d*emulation.  II  ajoute  cliaque  annee  une  prime 
de  400  fr.,  attribuee  k  relive  qui,  k  sa  sortie  et  k  la  fin 
de  son  temps  dMnstruction,  obtient  le  n^  i  dans  le  classe> 
men!  arrCte  par  un  jury  d'cxamcn.  Le  travail  luanuel  dtf 

46 


862  FERMES-ECOLES  —  FERMIERS-GENERAUX 


d^ves  est  abandonn^  k  r^Ubtissement.  La  d^pense  de  1"^- 
tat  dans  diaque  ferme^cole  est  done :  poor  le  corps  ensd- 
gnant  5,900  Tr.,  plus  pour  S3  bourses  d'^^Yes,  nombre 
moyen ,  et  pour  ia  prime  au  plus  m^ritant,  8,650-  fr.;  en 
tout  14,550  fr. 

L'Alleoiagne  et  TAngleterre  ont  aussi  de  nombreoses  fer- 
mes-^coles.  De  plus,  nos  Toisins  d'outre-Manche  ont  des 
/ermes  expiriment€Uei ,  dont  le  nom  indiqne  suffisam- 
ment  la  destination.  Le^  ^abllssements  de  cette  nature  man* 
quent  en  France.  Louis  XVI  et  ensuite  Napolten  avaient 
Toulu  en  cr6er  un  k  Rambouillet ;  mats  i!  a  ^  transform^  en 
une  bergerie  imp4riale.  Cependant  ilous  avons  dt&/ennes' 
tnod&leSf  qui  suppUent  ea  partie  les  femie»  exp^mentales. 
C0B  fermes  modttes  sont  ordinairement  des  entreprises  par- 
ticoU^rea,  qnelqnefois  subventionn^  par  le  d^partement 
Elles  diftteent  des  fermes'^les  en  ce  qu  au  Heu  d'ab^ 
sorber  des  capitaux,  elles  dtM^ent  en  produice  ie  pius  pes* 
sibie.  ^ 

F£HMET£  (du  latin /rmiros ),  quaUt6  de  oe  qui  est 
Bolide ,  difficile  k  ^branler,  de  ce  qui  ne  chancelle  pas.  Elle 
imprime  k  nos  doictrines,  k  nos  desseins,  k  nos  actions 
une  suitei  una  perw^v^nincei  que  rien  ne  peat  ^ranler. 
La  fermetA  a  des  rappoKsaTec  la  Constance,  le  courage, 
rent^tement  L*e<p4rience  a  d*aiUeurs  prouY^  que  la 
fermet^  tieat  plus  au  caracttee  et  k  TMueation  qa'aux  lu- 
miferes  et  auK  connaissancas.  Let  hommes  de  cabinet,  k 
force  d*aToir  In  sor  toutea  choses  le  pour  et  le  centre,  sa- 
Tent  rarement  se  d^eider :  ils  ont  toujonrs  dans  la  iqtoioire 
on  argument  qui  en  balance  un  autre;  dans  les  occasiona 
importantesy  Us  sont  done  en  g^ntel  sufets  k  manquer  de 
fermet^.  11  en  est  de  mdnie  des  a^ocats,  et  c'est  ce  qui 
explique  leur  m^iocrit^  dans  les  alTaires  pnbliques.  Da 
n'ont  pas  la  source  qui  ftconde  les  bommes  d'etat ,  one  fer- 
met^  tout  ^  ta  fois  prompte[6t  oourageose :  Us  pr6parent  les  yoies 
maisne  ouu-cbentpas  droft  au  bat  Dana  OAllle  droonstancea 
impr6¥ttes,  on  homme  du  people,  un  simple  paysan,  toir- 
teront  successivement  toos  les  obstacles.  En  proie  k  one  seule 
id^,  lis  y  puisent  one  vigueur  d*action  qui  vautbeaucoop 
mieux  que  la  profondeor  de  reflexion  de  tela  oo  tds  eaprtts 
sptoilatifa.  Lea  femmes,  qui  sont  doote  de  tant  de  timi- 
dity et  de  dooeaor,  refoifent  des  devoirs  on  des  sentiments 
qui  ddri?ent  du  ocsor  tiiie  fennet^  (lai  maiutes  fds  d6con- 
certe  I*intr4pidit6  des  bommes.  11  y  a  one  fermetd  qui  Tient 
du  cmur,  eomme  un  fcrmefA  qui  vient  de  I'esprit :  il  feot 
en  gi^afynl  beaucoop  plus  compter,  dans  les  rapports  ordi- 
naire»,  sur  la  premiere  que  sur  la  seoonde,  paroe  que  leoocur  a 
de  r^lan  et  dttfeu,etqne  rasprit)  aueontraire,  incline  t^iujours 
do  c6t6  de  la  prudence  :  or,  rien  n*e:it  plus  oontraire  k  la  fer- 
met^.  II  est  des  ^peqnes  oil  celie-c|  brille  d'un  Mat  parti- 
culier :  ce  sont  les  guerresciTilesprodnitespar  des  opinions, 
soit  religienses,  soit  politiques.  Enyahissant  les  masses,  elles 
se  convertissent  poor  elfes  en  devoirs  d'autant  plus  sacr^ 
qolls  sont  volontaires;  la  fermet^,  de  particuli^.  quelle 
^tait  d^abord,  se  montre  gte^rale;  qnelqoefois  m^me  elle 
devient  nationale.  Alors  il  n'y  a  plus  que  le  temps  qui.puisse 
la  vaincre  :  c^est  une  tAclie  devant  laquelle  le  pouvoir  con- 
temporain  reste  impniasant  i^Aiirr»PRospEB. 

FERMETURE,  systime  de  piteea  en  bois  oo  en  m^ 
tal  qui  senrent  k  former  une  onverture.  La  fermeture  des 
boutiques,  par  exemple,  se  compose  de  volets  mobiles,  de 
barres  de  far,  qu'on  assujettit  avee  des  boolons  et  des  cla- 
vettes.  En  g^i^ral,  on  peut  designer  par  cette  expression 
une  grille,  une  porte,  une  barre  placte  en  travera  d*un 
passage.  Os  mot  signifle  aussi  Taction  de/ermer;  on  dit  : 
Quand  llieure  de  \^  fermeture  des  portes  sera  arrive,  etc. 

FEAIIIER9  locataire  A'un  fonds  de  terre.  Le  propria- 
tttire  lui  cMe,  moyeonant  un/ernio^e,  le  droit  de  vatlrer 
lea  pro/its  du  fonds.  Le  fermier  fait  un  march^  A  forfeit  siir 
leqoel  iigagnesi  lesproOtadu  fondexcMcnt  lefermage,  et  ou 
il  pent  dans  le  cas  contraire.  J.-B.  Sat. 

Le  fermier  est  done  Hiomme  qui  exploite  et  cnltive  pour 
ton  eoajple  et  k  son  profit  la  tcrre  d'un  autre ,  k  la  cliaige 


de  payer  au  propri^taire  une  redevance  d^iemua^.  Le 
fermier  tient  le  premier  rang  dans  la  hi«rarcbie  des  In- 
vailleurs  agricolea  :  c*est  un  entrepreneur  de  culture ,  oa 
vdritable  manufacturier  de  denrte  agricoles.  Le  fermier 
est  en  g^n^l,  on  peut  m6me  dire  tovyours,  pins  capabis 
que  le  propri^taire  de  diriger  {'exploitation ;  il  est  done  utile., 
natural  nk^me,  que  ce  soit  lui  qui  r^Ie  d'nne  mani^  ab^ 
solue  le  mode  de  culture  et  d'assolement  quMI  Juge  coare- 
nir  le  mleox.  11  a  tout  k  gagner  k  avoir  de  longs  baux.  La  seule 
crainte  l^itime  que  puisse  concevoir  le  propriiftaire,  c'est 
que,dansrfaieertitudedurenouvellementdesonbail,lefeniuer 
n'^puisela  terre  pendant  lea  demi^res  annte,  et  ne  cher* 
cbe  alors  exchisivement  son  propre  iniMt  aux  d^pens  du 
domaine  :  mais  c*est  un  p^  contre  lequel  il  est  facile  de 
se  melfre  en  garde,  en  r^ant  par  le  bail  ou  canon  de  ferae 
la  culture  que  le  fenlffier  sera  tenu  de  suivre  pendant  les 
trois  00  quatre  demi^res  anndes.  C'est  vraiment  la  seule 
stipulation  que  le  propri^ire  doive  exiger  dans  son  propre 
int^rftt;  les  antres  clauses  restrictrvea ,  dont  beaocoup  acca- 
blent  et  chargent  leurs  fermiers,  ne  wad  bonnes  qu'i  de- 
oourager  cea  demiers,  k  les  d^umer  de  leors  traraux,  a 
mettre  obstacle  aux  amdioratiens  dont  ils  auraicnt  pu  con- 
cevoir le  projet  :  car  les  entreprises  d^agriculture  conwie 
tootes  les  autres  sont  mente  avec  d'autant  plus  de  pen^ 
v^ance,  de  soina  et  d^habilet^  que  celui  qui  les  dirige  est 
plus  Ubre  et  plos  assort  d*en  retfarer  excludvement  le  pro- 
fit et  I'honneur.  Les  mfimea  raisona  plaident  en  fiiveur  de 
la  longueur  dea  baux,  qui  devraient etre  au  moins  de  viagt 
et  un  ans,  et  souvent  de  vingt-iept  etdavantage.  II  sufiit  de 
consid6rer  la  lenteur  d?8  operations  agricoles,  le  temps  que 
lea  capitaux  consacrte  k  cette  Industrie  mettent  k  rentrer, 
la  n^cessite  cependant  de  flUre  cbaqne  annte  des  avances 
trte-lbrtes ,  afln  de  mettre  et  de  mainlenir  lea  terras  en  bon 
^t,  pour  comprendre  combien  n  est  absurde.et  nuisiUe 
aux  IntMts  mtoes  des  propri^taires  de  ne  consentir  au 
fermier  que  des  baux  k  court  terme  :  on  peut  avoir  en  oe 
caa  la  certitude  que  le  fermier  ue  fera  tout  au  plus  que 
maintenir  le  domaine,  ^et  qu*il  se  gardera  d'entreprendre 
aucune  amelioration  de  longue  lialeine,  incertain  qu^l  sera 
de  rentrer  k  temps  pour  en  profiter  dana  lea  avances  qu1l 
aurait  pu  fiiire. 

Une  autre  condition  fort  importanta  pour  les  fermiers, 
c*est  que  le  ferroage  soit  stipule  en  argent,  et  non  point 
en  denrees  ou  en  argent,  k  la  volonte  du  proprietaire.  Dans 
ce  dernier  cas,  eneffet,  le  fermag^  setronve  beaucoup  plus 
fort  quHl  ne  le  paratt  au  premier  coup  d*aeil ;  car  si  Faan^ 
est  mauvaise,  et  le  pain  cber  par  consequent,  la  meme  quan- 
tite  de  bie  representera  plus  d'argeot,  et  c*est  alors  que  le 
proprietaire  ne  manqoera  point  d'exiger  le  payement  ea  na- 
ture; au  oontraire,  si  la  recolte  est  abondante  et  le  grain 
bon  marcbe,  Udemandera  !e  payement  en  argent.  Le  for- 
mage  dot-il  memo  bivanablement  se  payer  en  dearies, 
cette  condition  est  moins  fiivorable  an  filmier  que  celle 
du  payement  en  argent,  car  le  tanx  du  fennage  en  argent 
etant  calcoie  eur  la  moyeuoe  des  recoltes,  le  fermier  perd 
en  payant  en  nature  lea  cbanoea  du  gain  qu*il  peotr^aliser 
sur  la  hauase  et  la  baisse  alternative  du  prix  des  deniess. 

,     ,  Charlei  Lsnoinim. 

FERMIERS  Gl^Nl^RAUX,  association  finand^ 
et  privil^ee,  qui  tenait  &  ball  les  revenus  pubUcs  de  la 
France  avant  la  revolution  de  i7&9 ,  et  qui  oceupe  one 
large  place  dana  notre  bistoire  fiscale.  Ses  baux  compr^ 
naient  les  graudes  gabelles,  les  gabelles  locales,  les  petites 
gabelles,  le  tabac,  les  traites,  les  entrees  des  octrois  de 
Paris  y  les  aides  du  plat  pays.  Cliaque  genre  dUmpOts  foimait 
un  departement  special,  dirige  par  Tun  des  fermiers  gtee- 
raux ,  00  par  un  adjoint  aux  fermiers  generaux.  Ce  mono- 
pole  est  d*une  origine  (ort  ancienne  :  lea  mots/ermef  et 
fermiers  indiquent  assez  qu*originairement  oetle  exploita- 
tion des  deniers  publics  etait  precedee  d'une  adjudicatl4Mi; 
mais  depuis  longtemps  tout  se  paasait  entre  le  ministre  des 
finances  et  lea  financiers  de  son  cboix.  Ces  financiers  ae 


FERMlERS-GfiNfiRAUX  —  FERNEL 


863 


Hffsnkai  aa  traits  do  bail  que  oomme  eaotioos  du  fermier 
titulaire ,  qui  ^tait  toujoura  un  pi^te-nom ;  un  modique 
traitemeot  annuel  de  2  ii  3  miKe  franca  ^tait  alloo^  au  signa- 
laire,  scul  personneHemani  rasponaable  dea  conditions  du 
bail.  Le  renouTellemenl  dea  baax  ^ait  one  bonne  fortune 
pour  ie  miniatre  ei  lea  favoris  :  il  y  avail  un.  pot-de-vin  con- 
sid^able  pour  lui,  pot^e-Tin  bantement  aTou^,  Kgardd 
sous  le  noni  bizarre  de  croupe ,  oomme  on  teolnroent  Uh^ 
l^ime ,  et  dont  le  chilljre  ^tait  fii4  par  le  miniatre  mAine^ 
puis  des  parta  dlnt^r^  poor  lea  sefgoeora,  lea  damea  de 
la  conr,  et  tons  c«ux  que  le  roi  Yoolait  en  gratifien 

Le  nombre  dea  fermiera  g^ndraax  ^tait  ordkiairement  de 
quaranley  comme  k  TAcad^mie  Fran^aifei  qnlla  remplaoftr 
rent,  en  1673,  dana  local  qu'elle  avail  occap^  ioBt^  tlon 
^  rb6tel  Segoier,  rue  du  Bouloi,  appel^  encore  aqjowd^bui 
hdUl  des  Fermes,  Leur  nombre  avait  fini  par  a'<4everlt 
soixante.  lis  se  divisaient  an  trois  cat^oriea quant  i  leur  por- 
tion d^nt^M  dana  lea  b^n^ficea :  r  lerroiera  gte^raax  ayant 
place  ou  part  entire  aana  croupes  ni  pensiona;  le  nombre 
en  ^taii  trte-limit^;  2"  fermiers  g^n^anx  ayant  place  en- 
tiire,  maia  grevte  de  penaiona;  3"*  fenouera  gtoteux 
ayant  croupes  et  pensions  snr  leur  place.  Les  b^odOcea 
^taieot  ^Tala^  de  6  It  7  milUons,  lea  croupes  et  penaiona 
a  2  millions 9  le  chiffre  des  sommes  k  verser.ao  ir^r  a- 
180  millions  ao  plus.  Le  tout  se  composait  des  impdta 
dunn^  h  bail  ou  en  v^to  k  la  feme  gto^ale.  Dea  ordon- 
nances  spddales  fixaient  lea  attributions,  lea  droila  et  les 
obligations  des  fermiers  gte^raux.  Dea  lois  fiscales  d'une 
eiceasive  sdvdritd  les  protdgeaient  eontre  la  fraude  et  la 
contrebande.  II  dtait  d^endu  aux  of&ciera  dos  Elections  et 
^  tous  les  magistrats  des  juridictions  fiscales  de  s'inttosser 
dana  les  sous-baux,  a  peine  d*interdiction  de  leura  cbargea, 
de  confiscatioBS  de  leura  avanoes,  et  de  SOOliTresd'amende. 
Le  roi  ATait  droit  de  oontrainte  eontre  les  fermiers  g^4* 
raux,  et  ceax-ci  contra  lea  sous4enniera,  lea  sous-fermiers 
eontre  leurs  d<ildgu^  et  commis.  Les  instances  se  preacri- 
Taient  par  dnq  ans.  Ces  oontraintes  par  corps,  dont  Texer- 
cke  ^tait  rdservd  au  ti<ter,  n'dtaient  dana  le  fait  applica- 
blea  qu^ao  signataire  du  bail,  prMe-nom  aalaritf  des  feiciiers 
gdndiaux.  Tootes  oes  dispositions  co&citiTes  6taient  fonnu- 
Mes  dans  Tordonnance  royale  de  1081.  Les  bdndficea  des 
fermes  gtodrales  ne  peuvent  etre  dvalote  i  Us  ^talent  con* 
sid^nbtea;  pen  d'annte  suffisaieni  pour  a'y  crter  une  im- 
mense fortune.  11  est  bioi  Trai  que  le  cbiffre  nvoud  n^^tait 
pour  tooa  que  de  2  millions ,  ce  qui  n*e6t  donmS  k  chaque 
femier  gtotol  que  M),000  franca  de  bte^ee  annuel; 
inais  ila  ne  se  contentaient  pas  do  si  pea. 

Eo  1789,  les  cabiers  des  trois  ordres  demandteent  una- 
niinement  la  suppression  des  fermiers  g^idraux;  Topinion 
publiqoedtaitexaspdrte  eontre  leur  duret^  leura  reactions, 
et  lea  atiaques  qu'elle  leur  adresaait  sous  tootes  les  formes 
forent  si  vigoureuses,  qu'aprte  atoir  essay^  de  les  main- 
tenir,  en  d^rmioant  exacUxnent  leura  attributions  et  leur 
» indemnity,  la  Constituante  dut  les  aopprimer  compl^ement, 
•  le  2  ddcembre  1700.  La  revolution,  lancto  dana  des  voles  de 
colore,  ne  se  contenta  pas  d'avoir  bris^  rinslitution  ;  un  d^ 
cret  du  3  juin  1793  ordonna  I'appositioii  des  aceli^  snr  les 
papiers  dea  fermiers  g^draux ,  et  leur  interdit  de  veodre 
Hi  d'bypotlA^uer  leurs  immeubles  joaqu'lk  ^pnration  et 
quittance  de  kurs  coroptes.  ila  furent  bient6t  emprisonn^ 
leurs  Mens  s^oestr^;  presque  tous  furent  traduits  au 
tribunal  r^volotionnaire  et  la  pluparl  pdrirent  sur  P^iafaud, 
cntres  autres  Lavoisier.  Dqfey  (de  TV oopc). 

FERMO,  ville  mal  b&tie  et  tr&i-imparfaitement  foitifi^e 
des  £taU  de  r^gtise,  cbef-lira  de  la  d^atlon  dn  mdme 
noni  (superficie  :  IS  myriam^rea  carr^;  population, 
lo»,000  toes),  dans  la  nouvelle  lotion  dea Marclies,  sur 
la  grande  route -^rAncOne  k  Naples,  est  situ4e  sur  un  ro- 
cber  escarp^  d'ou  Ton  d^couvra  une  magnilique  vue  sur 
PAdriatique,  qui  n*en  est  ^gn^s  que  de  7  kilometres,  et 
•u  se  tfcuve  son  petit  perl  appcl^  Pwio  di  Fermo. 
Cetle  Tille  est  le  m^*  d'un  arcliev^ue,  el  pessMe  tme 


university,  fondee  en  1824.  On  y  voit  une  cath^drale, 
une  ^ise  ^piscopale  et  sept  paroisses,  seize  convents,  un 
fort  beau  th^tre;  et  sa  popuUtion  est  d*environ  20,000  ha- 
bants,  qui  font  un  commerce  asses  important  en  grains  et 
laines.  Tout  prte  de  la  on  voit  encore  les  mines  de  Tan- 
tique  FirmuMy  devenue  colonic  romalne  Tan  264  av.  J.-C. 
Au  moyen  Age,  Fermo  fnt  altemativement  chef-lieu  de  mar- 
quisat  et  de  duch^. 

FERMOIR,  eap^ce  de  crochet  que  les  andens  relieurs 
fixaieqt  sur  lea  bords  des  couvertures  d*un  Uvre,  et  qui 
servalent  k  le  tenlr;  les  gros  ifirfolio  dans  lesqnels  sont 
not^  les  chants  des  offices ,  ainsi  que  certains  gros  regis- 
trea,  eont  ponrvna  de  fermoirs. 

Lea  menuisiarB  et  autras  artisans  snr  bols  appellent  fer- 
moir  un  gros  ciseau  plat  k  deux  biseaox,  dont  lis  font  usage 
pour  detacher  d'une  plandie,  etc.,  le  hois  qui  exc^de  une 
oertaine  mesure  arrets  en  largeur  ou  en  ^palaseur- 

FERNAMBOUC  Foyes  Pehxarbuoo. 

FERNAlfBOUG  <Boisde),  produtt  dn  exsalpinia 
eckinata^  arbre  de  la  femille  des  l^guminenses ,  qui  crott 
dans  les  for^ts  du  BrM,  od  tl  deviant  trto-grand,  trte-g^s, 
^plnenx  et  tortu.  C'est  le  phis  importanl  des  bolstincto- 
riaux ,  celut  qui  foumit  le  plus  de  eouleur  rouge  et  la 
plus  belle.  II  est  trdfr^or,  tr^pesant,  eorapaete,  rouge  k 
la  surface,  plus  p&le  k  l*int^rieur  quand  11  est  rteemment 
fendu;  mats  eette  tdnte  se  retiausse  bient^t  par  Texposi- 
tion  kl'air,  et  passe  mdme  l^g^rement  au  brun.  11  est  d*une 
saveur  socrfe,  il  exhale  une  Mg^  odenr  aromatique.  II 
sert  avec  avantage  non-seiilement  dans  la  teinturerie,  mais 
pour  )a  Ihbrication  dela  laqne  canning  ;ks  luthiers  en  font 
des  archets  do  violon.  Ce  bois  nous  arrive  en  bOches,  par- 
tie  roDdes,  partie  m6plates,  et  en  ^olats  de  toutes  grosseur  s, 
pesant  de  2  ^  20  kilogrammes*  Pelouzb  pdre . 

FERNAND  CXIRTEZ.  Voyez  Cortes. 

FERNANDO*PO  ou  FERNANDO-DEL-PO,  la  phis 
septentrionaledes  quatretlesde  Guin^  les  plus  rapproch^es 
de  la  eOte,  dans  la  baie  de  Blafra.  EUe  a  19  royriamMres  de 
circuit,  est  de  formation  volcanique,  trte-montagneose  (  au 
Clarencepeah,  eOe  atteini  8,400  metres  d*d6vation),  piei^ 
reuse  et  aride  dans  certains  endrolts,  trte-fertile  dans  d*an> 
tres,  et  abonde  en  sources  d'ean  eten  mlsseanx,  en  forftts  et 
en  betes  fauves  de  petite  taflle.  Jadis  propri^t^  des  Portugais, 
qui  la  d^coovrirent  les  premiers,  die  Ait  ci6A^  par  eux, 
en  1778,  aux  Espagnols,  qui  la  n^g^rent  compldtement. 
En  1827,  les  Anglids,  toujours  k  rafffkt  des  bons  points  de 
rel&cheet  mouillage,  y  fond^ent  la  colonic  de  Clnreneetown, 
sur  la  cAte  septentrionale,  dans  une  vaste  baie  qo*y  forme  le 
promontoire  fortifl^  de  Point'WUliam.  En  1841,  fls  en  ob- 
tinrentdu  gouvernement  espagnol  la  ceasion  complete;  et 
depots  lors  oette  He  leur  est  d*une  grande  utility  comme 
poste  de  surveillance  pour  la  c6tedes  Esdaves  etdu  delta  du 
Niger,  comme  ^ape  de  commerce ,  de  navigation,  de  con- 
valescence et  de  mission,  de  mtane  que  comme  point  de  de- 
part pour  des  exp^itSons  de  d^ooovertes  danaWnt^rieur  de 
I'Afrique.  On  y  compte  auuourd'hoi  environ  9,000  habitants, 
les  .UBS  m^tis  de  Portugais  etde  NigTes,  laide  race  de  mu- 
lAtrea,  qui  sont  dViilleurs  d*excellents  p^cheurs;  les  autres, 
N^gres  affrandiia  par  les  Anglais,  et  un  fort  petit  nombre 
seulement  d'£oro|>4ens,  qui  onta  redouter  cedimat  fi^vreux, 
mais  moins  malsain .  encore  que  odul  de  la  c6te  oppos^e 
dn  contment 

FERNEM  Jbak),  mMcdn  et  mathdniaticien,  n^eu  1497 
k  Clermont  en  Beauvoids,  mort  le  26  avril  1558,  est  surtout 
c^l^rd  parce  qu^il  f  ut  le  premier  parmi  lea  modcmes  qui  on- 
reprit  de  determiner  denooveau  la  grandeur  de  la  terre.  ^ 
«  II  alia,  dit  Monluda,  de  Paris  k  Amiens,  mesuraut  let 
.  dicmin  qu*il  faisait ,  par  le  numbre  de  r^vohitions  d'une  roue  - 
de  voUure,  et  s'avanfant  jusqn'A  ce  qu'il  eOt  trouv6  |>r6cise- 
mentuttdegr^dophisde  hauteur  dup6le;etipar  la  il  d<itermiua 
la  grandeiv  dn  degr^,  de{)6,746  tolses  de  Paris.  Cette  exac- 
titude fierail  beaucoop  ^us  d*honncur  k  Femel  si  die  i^lait 
un  eOetde  la  bont<^de  sa  m^thode,  car  on  sait  aniounriini 

4«. 


3G4 


FERNEL  —  FERNEY 


que  ce  degi^  est  de  57060  tofaes  en?iron ;  mais  ce  fat  seiile- 
ment  un  heareui  hasard  qoi  Papprocha  si  fort  de  la  v^rit^.  » 
Outre  plusieura  toiU  retatifsila  mMecine,  on  a  de  Fernel 
un  ourrage  de  matb^naliques  pures,  intituM :  De  Proporiio- 
nibus  lUfri  duo  ( Paris,  1  &28,  in-foUo ),  et  deux  ouTrage  astro- 
nomiques :  to  Monalosphcsrium  (Paris,  1626  in-folio) ;  et  la 
Cosmotheoria  (Paris,  1528,  in-folio);  c'est  dans  ce  der- 
nier traitt  que  Feme!  expose  la  ni^thode  qu*il  eraploya  pour 
mesurer  un  degr6  du  ro^ridien.  E.  Merlieox. 

FERNEY*  L'int^rftt  inspire  par  les  honunes  c^l^bres 
s'attache  anx  lieux  quits  ont  habits :  Tibor,  TitoU,  Man- 
tone,  Antenil,  Windsor,  Monlbar,  ErmenonTille,  conserre- 
ront  toujours  un  reflet  de  la  gloire  dea  ^criyaina  dont  iis 
furent  Tasile.  Femey  frappe  plus  TiTement  encore  Timagi- 
nation  :  Femey  est  h  fois  la  demeure  et  la  creation  de 
Voltaire.  LorsquMl  acheta  cette  terre,  Tera  i  755,  elle  n*^tait 
habits  que  par  une  quarantaine  de  paysans,  abrutis  par 
la  misto;  en  pea  de  temps,  elle  se  penpla  de  laboureurs 
aiste  et  d^artisans  industrieux.  Lea  dissensions  qui  d^o  - 
laient  Gen^Te  depuis  dix  ana  faiaaient  fiiir  tons  les  ourriers 
que  la  guerre  civile  n*aTait  point  enr^ment^  :  Voltaire 
les  recueillit,  tear  donna  one  demenre  propre  et  saine,  leur 
ayan^a  des  fonds,  et  les  empteba  ainst  d'ailer  porter 
leur  Industrie  h  I'^tranger.  Le  commerce  dliorlogerie  fleu- 
rit  k  Femey.  Une  partie  dn  sol  dtait  en  friche,  des  labou- 
reurs furent  appel^,  la  terre  deyint  fi^nde;  une  laborieuse 
colonto  s'aocroissait  rapidement  sous  les  regards  de  son  il- 
lustre  bienfalteur.  Des  AUemands,  des  Suissea,  des  Sa- 
Toyards,  des  G^uevois,  s'empreasaient  de  demander  un 
asile  h  Voltaice  et  de  lui  offrlr  leur  Industrie  :  sa  bourse 
leur  ^tait  toujours  ouverte,  et,  pour  achalander  ieurs  nais- 
santes  manufoctnres ,  il  youlot  6tre  lui-m6me  leur  ftcteur. 
11  exp^dia  Ieurs  produits  h  Paris,  en  Prasse,  en  Espagne, 
en  Russie;  partout  il  int6re»sa  en  leur  faveur  les  souto- 
rains  et  Ieurs  ministres.  La  gloire  du  cdebre  ^rivain  bril- 
iait  alors  de  son  plus  yif^at;  plus  que  septuag^oaire,  ce 
g^nie  universel  n^avait,  k  aucune  ^poque,  d6ploy6  une  si 
pni&sante  actiyit^. 

Voltaire,  devenu  le  flambeau  de  la  raison  publique,  6tait 
le  y^table  souveiain  du  sitele.  On  con^oit  d^s  lors  que 
le  lieu  oti  ce  monarque  tint  sa  cour  attire  Tattention  uni- 
verselle  :  aussi  Femey  Toit-il  se  succ^er  sans  cesse  une 
foule  de  yoyageurs.  Le  chAteau,  bAti  par  lui-meme,  est  con- 
seryd  dans  T^tat  o6  il  le  laissa,  lorsque  fig^  de  quatre-yingt- 
quatre  ans,  il  yint  k  Paris  triompher  et  roourir.  M ™«  De- 
nis s'empressa  de  se  d^faire  de  oet  hiSritage  :  elle  n*eut  au- 
cun  ^aM  aux  recommandations  de  son  oncle ,  qui  ai'ait 
manifesto  le  yif  d^ir  qu'il  rest&t  dans  sa  famille.  Une  aye- 
nue  de  tiUeuls,  ouyerte  sur  la  route  de  Lyon  k  Gen^ye, 
conduit  an  cliiteau,  dont  Tarchitecture  est  simple,  mais 
41^8nte  et  noble ;  Q  domtne  le  bourg  et  les  campagnes 
yotsines.  De  la  terrasse  qui  longe  I'^ifice,  le  regard  plonge 
k  Torient  sur  le  pare,  le  franchit,  descend  jusqu*au  lac  de 
Gen^ye,  dont  il  erobrasse  I'^tendue  et  remonte  sur  les 
premieres  cbatnea  des  Alpes ,  jusqu^au  roont  Blanc.  Lors- 
que le  voyageur  a  parcoura  les  jardins,  le  pare,  les  ayennes, 
oil  il  a  interrog^  ayidement  les  lieux  les  plus  ft^quentte 
par  Voltaire;  quand  son  guide  lui  a  montr^  to  berceau 
fayori  o6  I'h^te  illustre  se  plalsait  A  rftyer,  le  banc  de  ga- 
zon  o6  il  ayait  coutnme  de  s'asseoir,  le  bosquet  quMl 
airaait  k  parcourir,  le  banc  de  feuillage  form^  par  des  ra- 
meaux  entrelac^,  et  qui  lui  ofTrait  un  si^ge  ^lastique  et 
mobile,  I'arbre  majestuenx,  le  frtoe  qu'il  a  plants  lut-mAmef 
il  reyient  au  diAteau,  monte  Tescaller  qui  le  conduit  k  la 
diambre  k  coucher  et  touclie  ayec  un  religieux  fl-^misse- 
ment  la  rampe  presste  si  souyent  par  la  main  qui  tra^  tant 
ile  cliefs-d'oeuyre. 

Cette  cluimbre ,  pendant  pins  da  yingt  ans  I'asile  des 
f(teondes  m6ditations  dn  philosophe,  est  d*une  extreme 
sim|4isit4i.  Lo  lit  est  en  bois  de  hAtre;  les  rideaux,  d*nne 
f ieille  ^tofle  de  sole  janne  k  ramage.  Prfes  du  Mi,  k  sa 
place  accoutum^ey  se  tronyo  encore  la  table  de  nuit,  en 


bois  oomraun ;  un  fauteuii  et  six  chaises ,  en  yelours  yen 
pass^,  sont  rang^  des  deux  cMH  de  la  cbambre.  Entre  let 
ridttux  du  lit  est  suspendu  to  portrait  de  FrM^ric ;  sur  le 
mAme  panneau,  celui  de  Lekain :  prAs  de  Ui,  le  portrait  de 
Voltaire  k  I'Age  de  quarante-cinq  ans;  en  face  du  lit,  le 
portrait  d^j^milie,  et  pour  pendant  celui  de  Catherine  U 
Grande,  brod^  en  soie,  oflert  k  Voltaire  par  elle-m^me.  La 
chemin^  est  de  marfore  blanc,  de  forme  assex  gothique. 
En  face  de  la  chemin($e  est  une  espAoe  de  e^otaplie,  aa- 
dessos  dnqnel  est  terit :  Mes  mdnessant  consolies,  puis- 
que  fMn  cceuresi  au  milieu  de  vous  ;  mais  h^las  1  ce  tr^ 
sor  n'est  pins  lA  :  il  a  ^t^  enley^  par  M"*  de  "^liette,  k  qui 
ii  appartenait  La  table  de  marbre  qui  portait  llnscription 
a  dt^  bris^  en  1814  par  les  Autrichiens.  De  la  chambre 
k  coucher  on  descend  au  salon ,  les  denx  seules  pitees  du 
chAteau  qui  n*aient  point  snbl  de  changement  depuis  le 
d^rt  de  Voltaire.  Prte  du  salon,  on  montre  la  place  ok  fot 
la  statue  du  c^l^bre  toiyain,  que  Fr6d^ric  ayait  fidt  ex6cuter 
dans  ses  manufactures  de  porcelaine.  Sur  to  sode  ^tait  6cni, 
de  la  main  du  poete*roi :  Viro  immoriali ,  et  le  roi  des 
po^Stes  lui  n^pondit :  «  Votre  Majesty  me  donne  une  habita- 
tion dans  ses  domaines.  »  II  disait  k  ceux  qui  remarquaiest 
I'inscription  :  <  C^est  la  signature  de  celui  qui  me  Ta  en* 
yey6e.  » n  n'est  gu^  de  personnage  cdl^bre  de  cette 
^poqne ,  si  f<teonde  en  hommes  remarquables,  qui  ne  soit 
yenn  rendre  bommage  an  patriarcbe  de  la  litt^ature.  (^aque 
Jour  arriyatont  k  Femey  des  hdtes  de  toutes  les  parties  do 
raonde  :  artistes,  sayants,  lettr^  grands  seigneurs  de 
toutes  les  nations ,  princes  de  I'^glise ,  princes  allemands , 
princes  poionais,  princes  rasses  et  grecs,  tons  briguaieot 
la  tkyeur  de  s'asseoir  au  banquet  hospitalier  dn  philosophe. 
Une  seule  exception  ftit  due  A  Joseph  n  :  cet  empereur,  ea 
1775,  passa  prte  de  Femey,  et  resists  an  d^ir  de  s*y  ar- 
r6ter.  Danstodispositiond'espritoh  se  trouyait  to  noble  yoya- 
geur,  cette  exception  ^tait  encore  nn  bommage  iodirect. 
L'auteur  de  La  ffenriade,  accoutum^  A  Tadulation  des  prin- 
ces ,  sourit  de  I'oubli  alTecU  du  prince  germain,  et  se  fdicita 
de  ce  qu^une  semblable  absence  Ini  ^rgnait  la  perte  d*ane 
matinee,  quil  employa  k  eompoaer  nn  ade  entier  de  la 
trag^ie  d'Irine,  Qnelquefois,  fatigue  on  souffrant,  le  y^o^ 
rabie  patriarcbe  ne  yenait  point  occupernne  place  parmi  ses 
h6tes  :  il  chargeait  sa  nlAoe  de  faire  les  honneurs  de  sa  mai- 
son ;  mais  quand  il  se  prAsentait  un  poete,  un  simpto  i^yain, 
Voltaire  se  montrait,  animait  to  banquet  par  sa  gafetA  yire 
et  piquante,  sa  raison  fine  et  profonde.  11  yariait  sans  oesse 
son  aimable  canserie.  Alors,  sa  figure  octogAnaire  rayon- 
nait  d*une  ardeur  de  jeunesse ;  ses  yeux,  tour  A  tonr  ^tuh 
cclanta  de  malice ,  empreints  de  sensibilitA,  laissalent  aper- 
ceyoir,  A  trayers  les  Adairs  du  gAnie ,  U  gAnArositA  d*AWa- 
rAs  et  i'Ame  de  Zaire. 

On  montre  encore  aux  pAlerins  une  foule  d'objets  usuds  qui 
ont  appartenu  au  seigneur  de  Femey  :  sa  tongue  canne,  son 
cachet,  son  Acritoire  d^argent,  Tune  de  ses  penruques,  son 
bonnet  de  satin  blanc  parsemA  de  paillettes  d'or.  Sa  corres- 
pondanoe  manuscrite  ayec  FrAdAric  et  la  bIbliotbAqoe  de 
WagniAre,  son  dernier  secrAtaire,  oh  se  tronyent  les  ouyra- 
ges  du  mattre  ayec  des  corrections ,  des  additions  et  des 
notes  explicatiyes  faites  par  WagniAre ,  qui  a  laiuA  dans 
cette  bibliotliAque  une  rdation  mAdite  de  to  mort  dn  pa- 
triarcbe et  de  son  retonr  k  Paris.  An  dApart,  en  sortant  de 
to  grille,  on  remarque  de  cheque  cAtA,  prAs  du  mur  d'en- 
ceinte,  un  petit  Adifice  :  l*un  est  Tandenne  salle  de  spec- 
tacle, Taiitre  TAglise  bAtie  par  le  philhsophe.  On  Ut  ayec 
Atonnement  et  presque  ayec  pdne  Hnscription  dn  portail : 
Deo  erexii  Voltariue,  Pr^  de  to  grille,  en  face  des  appar- 
tementa  dn  chAteau,  onlyoft  to  tombeau  que  le  grand  Acri- 
yain  sVtait  AestinA :  il  Tayait  fait  consttuire  ayec  les  aoins  les 
plus  minutieux.  Femey  a  beaucoop  perdu  de  ses  ayantages 
et  de  son  Industrie  depuis  la  mort  de  son  fondateur;  mais 
les  habitants  ont  consenrA  nne  yAnAration  hArAditaire  pour 
le  grand  liorome  dont  Ieurs  pAres  ont  re^a  tant  de  bienAitu 
Db  PoxcaiTlU.R«  de  rAcadonie  Frao^iM. 


FfiROCITfi  —  FERRAND 


Fl^OGITJ^y  vice  qui  tient  k  l^esseuce  du  coeiir  ou  k 
r^tat  g^n^ral  des  moeors  dans  use  nation,  ou  mtoie  dans 
one  simple  peoplade.  La  fdrocit^,  dans  sa  definition  la  plus 
g^ii6rale,  est  une  disposition  de  caract^re  telle  qu*on  ne  se 
d^lede  ayec  d6Iice  que  par  1e  spectacle  do  sang ,  des  meur- 
tres  et  dessupplices.  La  f(&roctti  annonce  qu'un  peuple  n^est 
pas  enoore  entr6  dans  la  route  de  la  T^ritable  ciTilisation , 
ou  qne  dn  moins  il  n'y  oocnpe  qu'une  place  secondaire. 
En  tout  pays,  les  deml^res  dieses ,  lorsqu'elles  sent  profon- 
d^ent  remu^Ses,  soit  par  des  calomnies,  soit  par  de  fausses 
apparences,  se  liTrentkdes  excfe^  de  fi^rocit^  qui  les  d^a- 
dcnt.  La  UrodiA  des  masses  n^indique  pas  toujours  chez 
dies  mie  absence  totale  de  sensibility  :  dans  bien  des  circons- 
tanoes,  an  contraire,  c*est  1e  sentiment  du  bien  qui ,  port^ 
k  re&cte,  perd  cliez  elles  tonte  esp^  demesure.  II  est  ar- 
rird  k  des  peoples  qui  ont  oonstamment  v^cu  dans  T^tat 
de  guerre  de  roir  briller  chez  eux,  k  one  certaine  ^poque, 
les  lettres  et  les  arts;  mais  la  puissance  de  leurs  sanctions 
n*a  jamais  pu  d^raciner  la  f<^roclt^  dMnstinct  qui  ^it  r^- 
pandoe  dans  toutes  les  classes.  Les  Remains  conserr^ent 
la  passion  des  combats  de  gladiateurs  longtemps  apr^ 
que,  par  leurs  cheCiMi^OBOTre,  Gic^ron',  Virgile  et  Horace 
enrent  parifi6  leur  goOt  et  telair^  leor  raison.  Les  femmes 
rom^nes  se  monlraieut  encore  plus  ayides  d'assister  k  ces 
horribles  scdnes ,  06  les  Testales  avaient  une  place  k  part : 
ks  ones  conmie  les  antres  excitaient  Pardeur  des  combat- 
tants,  ei  lenr  demandatent  de  nouvelles  blessures;  le  sang 
Be  ooulait  jamais  assez  pour  dies.  Chez  les  peoples  moder- 
nes  f  dont  la  dTilisation  est  sortie  du  christiauisme,  et  od  la 
charity  tient  one  si  grande  place,  la  fi§rocit^  qui  natt  des  r^- 
▼ototions  ou  des  monfements  popnlaires  passe  en  gto^ral 
arec  rapidity ;  die  d^letrop  le  present  pour  s*^tendre  dans 
raventr.    ^  SAiirr-pRoeiKii. 

Fl^OE  (lies).  Foyes FAR-CERNg. 

F16R0£  (Bois  de)  ou  BOIS  DE  Fl^OLE.  Voyez  Bois 

8ATI?r^> 

FERONIE  (F^nmia),  antique  diYinit^  particoUdre 
aHx  nations  italiques,  parmi  lesqudles  die  passait  pour  la 
deesse  de  la  liberty  parce  que  c'est  dans  le  temple  qu'dle 
avait  k  Anxur  (aujourd*bui  Terraclne )  qu*on  aflrandiis- 
sait  les  esdares.  Elle  ayait  aussi  un  autre  temple  dans  un 
t)ots  sor  to  mont  Soracte,  en  £tmrie.  On  y  c^I^brait  chaque 
anR<^  en  son  honneur  une  grande  f^  populaire,  qui  serrait 
de  pr^texte  k  une  Poire  importante ,  et  k  i'occasion  de  la- 
quelle  on  offrdt  k  la  deesse  les  pr^mices  des  fruits  de  la 
terre  et  des  sacrifices  expiatoires.  Strabon  rapporte  que  les 
pr^res  de  F^nmie  marchdent  dans  ces  occasions  solen- 
nelles  pieds  nus  sur  des  cbarbons  ardents  sans  se  brOler. 
Cest  poor  cela  que  Ton  consid^rait  aussi  F^ronie  comme 
one  diyinit^infemale,  et  qu'on  Tidentifiait  ayec  Proserpine. 

FERONNI^RE  (La  befie)*  Voyez  FERROMntRs. 

FERRAILLEUR.  Voyez  Breitb,  Brettbdr. 
'FERRAND  ( Artoink-Fran^ois-Claudb,  comte),  naquit 
h  Paris,  en  1751.  II  entra  fort  jeune  dans  la  magistrature , 
et  fot  re^Q  oonsdller  an  parlement  de  Paris  en  1769,  an 
moyen  d'nne  dispense  d'flge.  II  se  fit  remarquer  de  bonne 
beore  dans  cette  compagnie,  et  figura  parmi  les  magistrats 
les  plus  hostiles  au  chanceUer  Maupeou.  Compris  dans  le 
ooup  d'etat  qui  frappa  les  cours  souyerdnes  du  royauroe, 
ctenyoy^  en  exil,  11  en  adoucit  les  rigueurs  par  la  culture 
des  lettres.  11  se  liyra  d*abord  k  la  po^ie,  et  compose  plu- 
sienrs  pitees  dramatiqnes.  Charge,  en  1787,  de  r^diger  les 
remontrances  du  parlement  de  Paris ,  au  sujet  de  Tenregts- 
trement  forc^  des  ^dits  royaux  et  de  rimp6tdu  timbre,  il 
no  r^pondit  pas  k  I'attente  de  ses  coll^ies,  qui  crurent  re- 
marquer trop  de  moHesse  et  de  timidity  dans  sa  reaction. 
Cette  impression  nuidt  k  Tinfluenee  dont  il  ayait  joui  jus- 
<|iie  \k  dans  sa  compagnie  :  aussi  s'empressa-t-il  de  saidr 
roecasionde  rdeyer  son  cr^lit  par  la  liardiesse  du  discours 
qn^fl  pronon^,  en  presence  du  monarque  meme,  k  la 
i^uMe  royde  qui  eut  lieu  quclques  mois  apr^  les  reroontrances 
dttpafleroentToiitdrois,  il  faisait  de  ropposition  sans  6tre 


365 

imbu  des  iJ^  du  jour.  Consenrateur  inflexible,  il  cnm- 
battait  seulement  la  cour  au  point  de  vue  du  maintien 
des  privileges  aristocratiques  etdes  prerogatives  parlemen- 
taires.  A  ses  yeux ,  c^etdt  le  gonyemement  qui  se  donnait 
on  r61e  reyolntionnaire  par  ses  projets  de  r^rorme.  Aussi  s'op- 
posa-t-il  de  toutes  ses  forces  k  la  convocation  des  etats  g^ne- 
raux.  dependant,  la  majority  ayant  opine  contrdremcnt  ^ 
son  opinion,  il  n'en  accepta  pas  moins  lemandatde  formuler 
la  demande  de  convocation  dont  il  8*etdt  montre  rener- 
gique  adversaire,  et  s*acquitta  avec  tdent  de  cette  mission 
difficile,  sans  compromettre  ses  convictions. 

Aprte  Tooyerture  des  etats  g^neraux  ,  qui  se  formerent 
bient^t  en  assembiee  nationale,  Ferrand  attaqua  cette  assem- 
biee  dans  des  pamphlets.  Cependant,  la  revolution  ponrsui- 
yant  son  cours,  il  jugea  prudent  de  s*eioigner  de  Paris  et  de 
transporter  k  Tarmee  de  Conde  Tatelier  de  ses  diatribes. 
Emigre  des  septembre  1789,  U  fut  admis  dans  le  consdl  du 
prince  de  Conde,  qu*il  accompagna  dans  sa  premiere  cam- 
pagne,  tout  en  continuant  sa  poiemique  centre  la  revolution 
fraoQaise.  Monsieur  Ten  recompensa  en  Tappdant  dans  le 
consdl  de  regenceen  1793. 

Bientftt  Ferrand  quitta  Parmee  des  princes,  d  se  retire  k  Ra- 
tisbonne.  Fatigue  de  la  litterature  milltante,  il  congotle  plan 
d*un  livre  d'education  destine  ^  son  fils,  qu*une  mort  prema- 
turee  lui  enleva,  k  Tftge  de  seize  ans.  Accabie  de  ce  mdbeor, 
mine  par  remigration,  deconrage  dans  son  royalisme  par  Pa  ve- 
nement  prodigieux  de  Napoleon,  11  retouma  les  yeux  vers 
cette  terre  natdecontre  laqndle  il  s^etait  arme,  et  obtint  du 
roi ,  en  1801 ,  la  permisdon  de  rentrer  en  France.  Li  il  pu- 
blia  son  liyre  De  V Esprit  de  rhistoire,  qui  renferme  la 
condanmation  la  plus  expUclte  des  prindpes  liberaux  de 
1789  d  la  justification  la  plus  bardie  de  la  monarchie  absolue. 
L'universite,  qui  partageait  les  doctrines  gouvemementales 
do  nouyeau  mdtre ,  et  dont  la  plnpart  des  membres  regret- 
tdent  Fordre  et  les  institutions  de  la  vidlle  France,  ac- 
cudllit  avec  empressement  cet  ouyrage,  et  le  recommanda 
oomme  clasdque  dans  tous  ses  etablissements.  Seulement , 
un  discours,  qui  poorvaitpreteri  rallnsion  en  faveur  du  roi 
l^itime^  fot  cartonne  par  injonction  de  la  censure.  Le  sue- 
ote  de  Ferrand  fut  eneore  plus  grand  k  retranger  qu*en 
France,  auprte  des  partisans  dn  ponvolr  absolu.  Sa  Uiese 
devait  flatter  surtout  Tautocrate  du  Nord ;  ausd  lui  valut-clle 
de  la  part  de  ce  potentat  one  manifestation  eclatante  de 
eontentement  et  d^estime. 

De  d  hauls  temoignages  d^approbation  Tenhardireut  dans 
lavoie  historique.  II  crut  pouyoir  modifier  au  gre  de  ses  opi- 
nions personnellesun  manuscritqu'il ayait  ete charge  de  com- 
pleter, sur  VHistoiredeVAnarchiede  Pologne  commencee 
par  Rhulieres.  Cette  tentative  fut  ebruitee ;  et  comme  la  modifi- 
cation annoncee  n*etdt  pasconforme  k  la  direction  de  la  poli- 
tique du  gouyemement  ftan^ais  touchant  la  Pologne,  la  police 
intervint  poor  enteyer  le  mansscrit  an  libraure  et  le  confier 
k  Daunon ,  qui  acheva  le  liyre  et  accuse  hautemeut  Fer- 
rand d'ayoir  altere  le  texte  de  RhuUeres.  Dte  ce  moment  ie 
vieux  royaliste  perdit  tout  credit  auprto  de  la  monarchie 
nouvelle;  et  il  ne  manquapas  d'entrer  dans  le  comite  royal 
oil  la  chute  de  Napoleon  et  le  retour  des  Bourbons  ftirent 
eiabores,  dans  lesdemieresanneesde  Tempire.  La  part  quMl  \ 
prit  au  retabllssement  des  Bourbons  ne  rests  pas  longtemps 
sans  recompense  :  des  le  mois  de  md  1814  il  etait  nomme 
ministre  d'£tat  et  directeur  general  des  postes,  en  remplace-  [ 
mentde  Bonrrienne,  qui  lui  en  a  garde  rancune  dans  ses 
Mdmoires,  od  il  Taccuse  d*avoir  ditde  la  diarte  que  ffitait 
une  bonne  chose,  i^aU  quHl  lui  nuinquait  d'avoir  6U  en- 
regisMe  auparlement  de  Paris. Tous  les  actes  de  Ferrand 
et  tous  ses  discours  k  cdte  ef  oque  rendent  cette  imputation 
vraisemblable.  C*est  lui  qui  imagine  la  fameiise  distinction 
de  la  ligne  droite  et  de  la  ligne  eourbe  pour  en  (aire  le 
pouit  de  depart  d'une  vaste  et  proronde  reaction.  Dans  son 
rigorisme  monarch ique,  il  nedemandait  pas  seulement  d  ex- 
clureou  de  frapper  les  ennemis  de  la  royaute,  il.comprenait 
encore  dans  ses  vengeances  les  amistiedes  et  les  royaliste^ 


i|ui  aTaient  quelqne  penchant  poor  les  \d6es  liberates. 

Malgr^  son  aTenion  inv^t^rde  pour  la  nouTeautd  politique, 
il  fut  Tun  des  commissaires  cboisis  pour  preparer  la  cbarte. 
Le  pr^ambule  de  Voctroi  royal  d^cela  Tesprit  illiberal  qui 
avait  pr^sid^  k  aa  redaction.  Ce  fut  ^alement  aur  lui  que 
tomba  le  cboix  de  la  couronne  quand  il  fallut  pr^aenter  le 
projet  de  lot  qui  devait  rendre  aux  ^migr^  leura  biens  in- 
▼endus.  Remplac^,  an 20 mars,  parLaTatette,^la direc- 
tion gdn^ale  des  postesy  U  refusa  de  quitter  Fhdtel  sans 
aToir  obtenu  un  sauf-condult,  dont  il  n^avait  nullement  be- 
aoin,  et  qu'il  deTait  faire  serrir  plustard  h  la  condamnation 
de  son  succe^seur.  Me  voulant  pas  suivre  le  roi  k  Gand , 
od  les  royalistes  constitutionnels  qui  entouraient  le  monar- 
que  fugitif  ne  manquaieut  pas  d'imputer  aux  r^acteursles 
nouTeaux  malbeurs  de  la  royaut^  l^time,  Ferrand  se  retiia 
dans  la  Vendue,  et  v6cut  ensuite  tranqoUle  k  Orleans  jos- 
qu*&  la  fin  des  cent  jours.  La  catastropbe  de  Waterloo  ayant 
ramen^  Louis  XVIII  i  Paris,  la  faTCur  de  la  coor  revint 
alors  entifere  k  Ferrand ,  qui  reprit  la  direction  g^n^rale  des 
postes,  et  fot  nomin^  pair  de  France,  membre  dn  oonseil 
priv6,  et  membre  de  TAcad^mie  Fran^ise  recompos^  par 
ordonnance.  .11  mourut  subitement,  le  17  Janvier  1825. 

FERRAilE(  Ferrara),  autrefois  Station  particuli^e 
des  £tats  de  l*£glise,  mais  depuis  1850  d<il6gation  de  la  le- 
gation de  la  Romagne,  d*une  superficie  d^euTiron  35  myria- 
mMres  carries,  avec  une  population  de  220,000  ftmes,  cons- 
tituait  autrefois  un  duch^  ind^pendant^  conc^£  k  titre  de 
fief  moQTant  du  saint-si^e^  la  ma!sond*Este  par  le  pape. 
I;e  due  Alphonse  n,  qui  n'avait  pas  d*enfant^  ayant  d^sign^ 
son  cousin  C^sar  d^Este,  due  de  Modtoe  pour  lui  suc^ 
der,  le  pape  Clement  VIII  r^unit  en  1^98  ce  duch^  aux 
£tats  de  I'^glise,  conune  fief  tomb^  en  desbdrence,  mal- 
gr6  les  tentatives  f^ites  k  diverses  reprises  par  les  dues 
d'Este'et  de  Mod^ne  pour  faire  Talolr  leurs  pretentions  k 
sa  possession.  En  1797,  oe  territoire  fut  r^uni  k  la  r^publi- 
que  Cisalpine  et  plus  tard  incorpor^  au  royaume  dltalie. 
£n  1814,  il  rentra  sous  la  souTerainet^  du  Pape,  k  Tex- 
ception  d^une  portion  situte  au  nord,  dont  le  congr^  de 
Vienne  attribua  La  souverainet^  k  VAutriche  en  m^e  temps 
qull  concha  k  cette  puissance  le  droit  de  tenir  gamison 
k  Ferrare. 

FERRARE,  cbef-lien  de  la  dS^tion  et  ville  tortifi^e, 
bAtie  dans  one  contr^e  basse  et  malsaine,  sor  un  bras  du 
PA,  avec  des  rues  larges  et  r^Ii^res,  plus  de  cent  ^lises 
et  nn  grand  nombre  de  Tastes  et  beaux  palais,  dont  les  plus 
remarquables  sont  ceux  d'Este,  de  Pallaviciui,  de  BcTillac- 
qua,  etc.,  etait  autrefois  une  ville  extr&nement  florissantCy 
et  comptait  an  deI4  de  80,000  habitants,  quand  elle  ^tait 
la  residence  des  ducsd^Este,  mais  tombe  aujourd'hui  pres- 
que  en  mines,  et  necompte  plus  que  32,000  habitants,  dont 
plus  de  2,000  juifs.  Le  caract^re  de  profondetristesse  qu'elle 
offrede  nos  jours  Ta  fait  k  bon  droit  comparer  k  Versailles^ 
Tille  avec  laquelle  elle  pr^nte  plus  d*un  genre  de  rappro- 
chements. La  plus  belle  de  ses  places  publiques  est  celle 
qu*en  Thonneur  de  TArioste  on  a  nomm^e  Piazza  Arios- 
tea,  L*ancien  palais  ducal,  ^ifice  carr^,  flanqu^  aux  angles 
de  tours  tr^-fortes,  et  entour^  de  ross^,est  habits  aujour- 
.  dlini  par  le  I^t  pontifical ;  les  belles  fresques  de  Titien,  de 
,  Carpi,  de  Dossi,  etc.,  qu^on  y  voH  encore,  rappellent  son 
I  ancienne  magnificence.  La  cath^rale,  avec  une  belle  fa- 
v^e  de  vieux  style  gothique,  et  construite  k  llnt^ieur 
dans  le  style  moderne,  est  un  Edifice  vaste  sans  doute,  mais 
qui  n*a  d*ailleurs  rien  de  bien  remarquable.  La  plupart  des 
autres  ^glises,  dont  les  plus  dignes  d^^tre  visits  sont  celles 
de  Sancia-Maria  degV  Angelieiile  San-Benedetto  ou  se 
trouve  le  tombeau  de  TArioste,  contiennent  des  toiles 
des  plus  grands  maltres,  n  4amment  de  Garofalo,  qui 
kabitait  Ferrare.  La  maison  de  TArioste  est  considirde  i 
r^l  d*une  relique;  celle  oil  demeurait  Guarini  est  aussi 
au  numbre  des  curiosity  que  Mrangcr  va  visiter.  A 
rhdpital  Sainte-Anne,  uae  inscription  indique  Ic  cacliot 
Mmbre  et  bumide  oii  le  doe  d'Este  AJpbQn<e  II  fit  languir 


FERRAND  —  FERRARI 


pedant  sept  ani»  Torquato  Tasso  qu^il  faisait  pasiser  poor 
fou.  L'universite  fond^  par  l empereiir  lT<m<<ric  IT,  agran« 
die  en  1402,  rforganis^  en  1824.,  mais  qui  n*est  plus  guto 
aujourd^hui  qu'un  lyc6e  avec  200  ^l^vea,  possMe  une 
riche  biblioth^ue  ,  oil  Ton  trouve,  bd^pendamment  d*un 
grand  nombre  de  manoscrits  et  de  miniatures,  divers  an- 
tograpbes  des  couvres  do  Tasse  et  de  Guaiini.  On  voit  au 
palais  Cantucini  une  belle  galerie  de  tableaux.  Lea  fortifi- 
cations qui  entourent  Ferrare  sont  assez  importantes,  et  se 
relieot  k  une  citadelle  de  premier  ordre. 

Lors  des  troubles  dont  Ferrare  fut  le  th^tre  en  1847» 
TAutriche,  pour  la  stlret^  de  la  gamison  qu'eUe  entretieiit 
dans  la  citadelle,  pr^tendit  occuper  toute  la  viUe;  et  dmI- 
gr^  le  refus  du  l^t  du  pape,  eUe  mit  sa  maiace  k  execu- 
tion. Mais  apr^  de  longues  n^ciations,  elle  ^vacua  la 
ville  k  Tautomne,  et  concentra  de  nouveau  ses  (orces  dans 
la  citadelle.  Quand  en  lj848  des  troupes  romaines  se  rduni- 
rent  sur  les  bords  du  PO,  le  prince  Liechtenstein  franchit 
ce  fleuve  le  14  juillet,  et  contraignit  la  ville  de  Ferrare  k  se 
rendre  k  merci.  La  citadelle  et  sa  gamison  autricbienne» 
command^  par  le  colonel  Khuen,  furent  de  la  sorte  secou- 
rues  et  rav]taill6es ;  et  les  Autrichiens  s*y  maiutinrent  en. 
d^pit  de  toutes  les  menaces  qu^on  leur  adressait  de  Rome. 
Le  17  fi^vrier  1849,  le  gdn^ral  Hayiiau  occupa  la  ville;  mais 
il  r^vacua  peu  avant  Tarrivde  des  troupes  ripublicainea  de 
Rome,  et  aprte  Tavoir  frappte  d'une  contribution  de 
2,000,000  scudL  Le  7  mai  suivant,  Ferrare  fut  de  nouvean 
occup6e  par  les  Autrichiens,  conunand^  par  le  comte  de 
Thura-Hobenstein;  et  le  pr^ident  du  gouvemement  r^pu- 
blicain  quitta  alors  la  viUe  pour  aller  s'dtablir  k  ArgenU. 
L'uuiversit^  fut  fermte;  mais  on  la  rouvrit  le  f  novem- 
bre  1850,  aprtele  r^tablissement  de  Tautorit^  pontificate. 

FERRARE  ( £cole  de  ).  Voyez  £golb8  db  Peohiab,. 
t.  Vin,  p.  313. 

FERRARI  (  Gaudeneio  ),  Tun  des  peintrea  lea  plus 
remarquables  de  Ttoie  lombarde,  naquit  en  1484,  k  Yaldng- 
gia,  dans  les  environs  de  Milan,  ^tudia  «on  m)  dans  Tan- 
cienne  6cole  milanaise,  et  se  perfedionna  ensoite  dana  lea 
ateliers  du  P^rugUi  et  de  Raphael.  £n  ce  qui  eat  de  la  puis- 
sance de  la  composition  et  de  Texpression ,  ainai  que  de  la 
noblesse  de  Texposition,  il  s*^^ve  quelqnefois  k  teute  la 
hauteur  des  plus  c^ebres  artistes  de  son  ^poque;  mais  il 
Id  arrive  souvent  de  manquer  de  mesure  en  ce  qui  touche 
le  coloris  ainsi  que  Part  de  disposer  aes  gronpea,  et,  aMoit 
par  son  incomparable  faciUt^,  il  tombe  quelqaiefois  dana  one 
mani^re  plate  et  commune.  La  plupart  de  aes  toiles  ee 
trouvent  en  Lombardie :  la  Brera  de  Milan,  entre  anlrea, 
contient  de  lui,  outre  un  grand  nombre  de  fresques,  un 
Martyre  de  sainte  Catherine,  qui  est  peut-£tre  son  chef- 
d*ceuvre.  L*4gUse  de  Varallo ,  i  Pouest  du  lac  Mijeur,  a 
aussi  de  lui  toute  une  s^ie  de  fresques.  Un  Saint  Paul  en 
nUditation,  voilk  tout  ce  que  possMe  noire  Mus^  do 
Louvre,  de  la  main  de  Ferrari.  Ce  peintre,  qui  6tait  en 
mftroe  temps  sculpteur,  arqhitecte,  math^atiden  et  poete, 
mourut  k  Milan,  vers  la  fin  de  1549. 

FERRARI  (  Baetoloiiheo  ),  scnlpleor  italien,  ii6  k. 
Venise,  en  1780,  descendait  d'une  des  famillesnobleslesplus 
ridies  et  les  plus  consid^^  de  Ferrare,  que  des  revers  de 
fortune  d^termin^rent  k  venir  s^^tablir  i  Venise  vera  le  mi* 
lieu  du  dix-huiti^me  si^de.  11  eut  pour  maltre  son  onde 
Giovanni  Ferrari -Torretti ,  qui  fut  anasi  pendant  quelque 
temps  celui  de  Canova.  Aprk  avoir  aabi  de  nombreusea 
vicissitudes  de  fortune,  qui  le  oontraignirent  souvent  k 
s'occuper  de  travaux  d'un  genre  tout  k  fait  aeoondaire,  oa 
vit  toujours  Ferrari  revenir  avec  amoor  i  la  pratique  de 
Part  dans  lequd  il  excellait.  On  a  de  lui  nn  grand  non^bre 
de  statues  et  de  monuments  fun^raires  en  marbre,  ainai 
que  de  remarquables  sculptures  en  bois.  II  existe  aussi  dc 
lui  qudques  morceaux  en  bronze;  et,  diarg^  de  la  restaiH 
ration  ducdl(M)re  lion  ail^  qui  orne  de  nouveau  aifjourdUiui  la 
Piazetla  de  Venise,  et  qui  n'^tait  revenu  de  Parjs  que  brise 
en  milk  morceaux ,  par  suite  de  la  pr^dpitation  maladroite 


FERRARI  — 

tp|K>rtfe  i  rembaHage,  11  s'aoquitta  de  cette  t&cbe  diflicile 
avec  un  rare  bonheur.  Cet  artiste  est  mort  le  8  fdvrier  1S44. 

F£RRARI  (LuiGi),  fils  da  prMdeai,  n&  k  Venise,  eo 
lOiO,  fitses  Glides  sous  la  dtredtkmde  ion  p^re,aiuion^de 
bonne  beare  uu  talent  remarquable,  et  est  ocmpt^  aujour-* 
d^hui  an  nombre  des  premien  sculpteors  qu^il  y  ait  en 
Italie.  II  est  un  de  eeux  qui  out  traTaill^  an  monument  que 
CanoTa  avait  projet^pour  leTitieny  et  qui  a  ^  4k!v6  depois 
i  CanoTa  lui-mAme.  On  cite  encore  de  lui  un  Lapeoon,  au« 
quel  U  a  doim^  une  attitude  tout  autre  que  celle  de  la 
tradition  et  du  dief-d^fleuvre  dassique;  un  berger  avec  un 
petit  ehien,  morcean  qu^ona  appell^  Endpnkm,  L'artiste  a 
da  plus  tacd  exteuter  deux  copies  de  oes  statues  pour  le 
uuste  Tosi  de  firesda.  Deux  de  sev  plus  remarquables  pro* 
auctions  sont  une  Nymphe  cueiUaiu  tmefleur  de  lotos 
«t  une  M^aneolie^  deox  statues  assises.  Une  statue  en 
marbre  reprtentant  Daoid  au  miKnent  ob,  Tainqnenr  de 
Coliath,  il  rend  grice  ^Dieu,  n^est  pas  moins  remarquable. 
Son  groBpe  de  havid  et  GolkUh  n*a  pas  k  beaucoup 
pr^s  le  mtoie  mM/t.  II  a  pris  d'ailleurs  sa  reTanche  aTec 
la  statue  de  la  Madonna  della  Concezione,  extoit^e  pour 
ia  cbapelle  particoli^e  dn  oomte  ViUadaizere^  La  Tille  de 
Venise  &tierd  It  la  m^moire  du  hardi  nayigateur  Marco- 
Polo  une  statue  en  pied,  dont  elie  confia  Pex^cution  k  Lulgi 
Ferrari.  L^artitte  a  repr^sent^  avec  un  bonheuf  extreme  ce 
savant  voyageur.  II  travaille  en  oe  moment  au  mausol^  en 
jnarbre  de  feu  rarebidue  VM^ne  d'Autriclie^  pour  F^lise 
Sain^Jean  i  Venise. 

FERRlS  ( Le  Grand ),  sobriquet  sous  lequeL  est  deroeur^ 
'Cd^re  dans  Phlstdre  dela  Jacquerie  un  paysan  d'une 
vigueor  atiU^tiqua  el  d*UBe  taiUeprodigiease,  n^  y^rs  le 
milieu  du  qnatorzitoie  dtele,  au  village  de  Rdvecour,  pr^ 
Verberie,  et  qui  fit  merveHles  an  temps  oii  Jacques  Son- 
hommet  aprte  s*Mre  battu  conbre  les  nobles,  oontinuait  la 
queitile  cootre  TAnglais^Le  eontinuateur  de  Nangis  rapporte 
qu'il  Caisait  partie  d'une  troupe  de  deux  cents  paysans  en- 
viron, refogi^  dans  le  chateau  de  Longndl,  sous  les  ordres 
<l*un  certain  GuUtaume  aux  Aloueties,  qa*ils  avaient 
choisl  pour  chef,  et  que  les  Anglais  vinrent  un  joor  y  sur« 
prendre.  Le  capitaine  fbt  frapp^  mortdleinent  au  d^but  de 
I'afTaire ;  mats  notre  Goliath,  ma6  d*nne  bacbe,  se  pr^pite 
arecquelqoes  camarades  sur  les  eonemis,  en  tne  quarante- 
cinq  de  sa  propre  main,  culbute  le  reste  des  assaillants  et 
d^tivre  la  place.  Une  nouveHe  tentative  des  Anglais  ne  fut  pas 
moins  vigonrensoment  repoussde.  Cette  fols  le  Grand  Ferr^^ 
M%SiXkft€  par  une  si  rude  besogney  but  de  Peau  Troide  en 
quantity,  et  ful  saisi  de  la  fi^vre.  II  s*en  alia  k  son  village , 
r<*g^gna  sa  diaumiire,  et  se  mit  au  lit,  non  sans  garder  pr6s 
de  lot  sa  liache,  qu^un  bomme  ordinaire  pouvait  i  peine 
soulever.  Bien  lui  en  prit;  car  les  Anglais,  ayant  sq  qu'il 
^tait  malade,  envoyirent  unjour  douze  bomraes  poorle  tuer. 
Avert!  par  sa  femme,  le  Grand  ttit^  bublie  ison  mal,  se 
l^ve,  prend  sa  bacbe  et  court  en  chemise  repousser  les 
brigands.  Adoss6  k  un  nror,  ii  eu  tua  cinq,  et  contralgnit 
le  reste  A  s'enftiir.  £pui8^  par  ce  dernier  effort,  la  ii^vre  le 
reprit  de  plus  bdle,  et  il  mourut  quelques  jours  aprte. 

FEBlBlEIBA  ( Amtmio},  calibre  po^te  portugais,  n^  k 
Ltsbonne,  en  1 528,  fbt  dev6  k  Ck>Imbre,  oh  il  se  Uvra  sortout 
a  Vdude  des  po€tes  de  Tanttquitd,  et  Tut  ensulte  ponrvu 
frutt  tiaut  emplol  k  la  cour  de  Lisbonne.  Avec  Sk  de  Miranda 
11  fut  le  fondatenr  de  I'teole,  dite  dassique,  qui  fit  pr^valotr 
dans  la  poteie  portngaise  limitation  des  poetes  latins  et  qui 
«lelasorte  fut  tmprima  un6  direction  contraireao  g^nfena* 
lional.  II  perfeetionna  le»  genres  que  Sii  de  Miranda  avait 
d<(jA traits  avec  succ^,  Td^,  I'^pltre  etie  sonnet,  et 
introdnisit  diex  les  Portngais  I'^idialame,  T^pigramme, 
rode  et  la  trag^die.  Son  Inis  de  Castro  est  encore  con- 
fiidMe  au]ourd'hui  comme  Tun  des  plus  beaux  monuments 
dela  lltt^>rature  portui^^ise,  ft  cause  de  I'd^ration  des  pern 
«to  et  de  la  peri'ectiun  du  style.  On  a  en  outre  de  Ferreira 
deux  comMlea,  Comedia  do  Brisio  et  Comedia  do  Cioso, 
ttnvres  de  sa  ieunesse,  pour  les  queUes  S&  de  Miranda  fut  sou 


FERRER AS 


ssr 


module,  mats  qui  ne  soot  pas  gnus  m^rite,  et  qu*au  contraire 
on  estime  encore  aujourd'liiii.  La  seconde  (le  Jaloux)  passe 
m^me  k  bon  droit  pour  la  phis  andenne  comMie  de  caract^re 
do  th^tre  modeme.  Les  oovrages  deFerrdra  sont  d'aiUeurs 
peo  nombreux,  car  ses  fooctions  lui  laissaient  pen  de 
loisirs,  et  il  mourut  dte  1569.  Ce  qui  distingue  paHScuii^- 
rement  les  productions  de  ce  poete ,  c'est  la  profondeur  de  la 
pens^.  Son  exposition  est  grave,  son  expression  forte,  pldne 
de  vfvacitd  et  tout  impr^gn^e  de  ce  feu  qui  d^ve  Tesprit  et 
^lanffe  le  coeur.  Mais  le  d^ir  d^^reooncis  I'entratne  qud* 
quefois  trup  Idn,  et  il  lui  arrive  trte-souvent  de  sacrifler 
rharmonie  k  Ttoergie  de  la  pens^  Ses  Poemas  lusitanos 
ftirent  public  pour  la  premiere  fois  en  corps  complet  d^ou- 
vrage  k  Usbonne,  en  1 598.  L*6diUon  des  Todas  as  Obras  de 
Ferreira  estde  1771. 

FERRER,  flser,  au  nooyen  de  clous  ou  de  vis,  de^ 
pieces  mdalUques  sur  une  porte,  un  meuble,  etc.  Ferrer 
un  cheval,  o^est  attacher  avec  des  dous  riv6s  des  arcs  de 
fer  au-dessousde  ses  sabots.  A  P^tat  snovage,  les  sabots  dt's 
animaux  qui  en  sont  pourvus  sont  sufSsamment  risistants ; 
mais  k  r^tat  de  domesticity,  pour  Writer  Tusnre  trop  prompt e 
de  la  corne,  il  faot  souvent  renouvder  le  fer  du  cheval, 
de  I'Ane,  du  mulet  et  du  iMeuf  ( voyet  MARitenAL-FEnHANT ). 

En  quel  pays,  k  quelle  ^poqoe,  Part  de  ferrer  a-t-U  pria 
nalssance?  On  Pignore;  on  doute  m^me  que  les  Greos  et 
les  Remains  aient  ferr^  leurs  chevaux ;  X^nopbon  consdlle 
de  (kin  coocher  ces  animaux  sur  un  plancher  bien  sec,  de 
paver  leur  ^urie  en  petites  pierres  rondes,  retenues  par 
une  bande  de  fer,  afin,  dit-ll,  que  les  comes  de  leurs  pieds 
se  durdssent  et  puissent  soutenir  une  longue  marche  sur 
des  chemins  rocailleux.  Toutefols,  il  ne  faut  pas  conclure 
de  ce  passage  que  les  chevaux  des  Grecs  n^dtaient  pas  fern^, 
puisque  de  nos  jours  eeux  qui  d^vent  ees  quadruples 
se  condttisent  conformdnent  aux  pratiques  ensdgn^es  par 
Xdnophon.  Lea  Remains  ferrdent  les  mules.  On  lit  dans 
Suitone  que  celles  qui  tralnaient  les  chariots  de  ff^ron 
avaient  sous  leurs  pieds  des  semelles  d'argent  An  rapport 
de  Plme,  les  mules  de  Poppde,  femme  de  N4ron,  ddent 
ferries  en  or*  Catulte  compare  un  bomme  paresseux  k  une 
mule  dont  \es/ers  sont  retenus  dans  un  bourbier  ^pais.  Si 
les  Romains  munissaient  de  plaques  mdAlliques  les  pieds  de 
leurs  mules,  tout  porte  k  croire  qu'lls  faisaient  jouir  les 
chevaux  de  semblables  avantages;  ndanmoins,  comnie  le 
fer  ^tait  rare  cliez  les  anciens,  et  que  fort  pen  de  leurs 
chemins  ^tdent  pav^,  11  est  permis  d*avancer  que  Pusage 
de  ferrer  les  animaux  ^tdt  fort  restrdnt.  Comment  les 
anciens  flxalent-ils  les  fersP  11  est  probable  que  ce  n*6tait 
piis  avec  des  dous :  un  fer  &  cbevd  trouv^  dans  le  toinbeau 
de  Justinien  ferdt  croire  que  les  fers  ^talent  fix^  par  des 
liens  qui  passaient  par-dessus  le  sabot.  Mds  on  est  certain 
que  dte  le  dlxi^me  sitele  on  flxait  les  fers  avec  des  dous 
comme  <m  le  pratique  de  nos  jours. 

En  hiver,  lorsque  les  chemins  sont  converts  de  i^aees; 
les  chevaux  qui  voyagent  glissent  el  courent  le  risque  de 
se  casser  les  Jambes  :  afin  de  pr^venir  oes  accidents,  on  air 
tache  les  fers  avec  d^  dous  dont  la  tftte,  termini  en 
pomte,  eutre  dans  la  glace;  ce  qui  emp6che  Panhnd  de 
gUsser.  C*est  ce  qa*on  appelle /errer  d  glace. 

On  dit  proverbialement  de  qudquhm  qui  ne  se  laisse  pas 
mener,  quMl  n'est  pas  ais4  d  ferrer.  Un  bomme  Jerri  A 
^(ace  sur  une  science,  un  art ,  est  cdui  qui  connalt  k  fond 
cette  science  on  cet  art. 

Ferrer  un  animal  signifie,  dans  certaines  provinces, 
le  marquer  avec  un  fer  chaud.  Enfin  une  route  ferrie  est 
cdle  qui  est  faite  avec  des  cailloux.  TKTSs£:i>Be. 

FERRERAS(Jdaii  de),  historien  espagnol,  n^  k  Laba- 
iieza,  en  1562,  de  parents  nobles  mais  pauvres,  fut  dev^  par 
unonde,  qui  ledestinaA  Pdat  ecd^siastique  etqui  l*envoya 
terminer  ses  dudes  k  Salamanque.  Ordonn^  pr6tre,  il  selit 
une  grande  reputation  d'^loquence,  parvlnt  rapidement  k 
i  de  hauts  emplois,  et  ftit  m^^meadmis  dans  la  congr^tion 
I  de  r'mquisition;  mds  il  refusa  un  ^vteh^  qui  lui  futoflert. 


3'G:> 


FERRERAS  —  FERRY 


rjpliilippe  V  Tavait  nomm^   ton  btbtiotn^ire.  II  rooarat 

I  en  1735.  Son  ffistoriade  Bspaha  (derni^re  Edition,  17  vol. 

'  1775— 1791 ),  qa'il  a  conduite  jus^ir^  I'annde  1598,  jetle  les 

plus  vives  clart^  sur  les  origines  de  Phistoire  d'Espagne. 

Encore  bien  qae   TouTrage  de  Mariana  soil  plosestim^, 

:on  y  tEouTe  un  r^cit  lucideet  impartial  des  faits. 

I    FERRETTE,  bourg  d'environ  750  habitants ,  chef- 

'  lieu  de  canton ,  dans  rarrondissement  d^Altkirch  (  Haut- 

Rhin ),  kib  kilom6tres de  B41e, est  b&ti  sur  la  pente d^une 

montagne  appartenant  h  la  cbalne  du  Jura ,  et  doming  par 

les  restes  d'un  des  plus  beaux  manoirs  du  moyen  Age,  ja- 

dis  si^e  d'un  petit  comtd  Torino  au  douziime  sitele,  lors  du 

ddmembrement  du  comt^  de  Monlb^iaid.  Au  quatorziime 

si^cle  un  manage  le  porta  dans  la  maison  d*Autriche.  Les 

empereurs  Maximflien  et  Charles-Quint  prirent  souTent , 

dans  des  actes  et  des  dipldmes,  le  titre  de  comtes  de  Per- 

rette,  Ce  domaine  resta  dans  la  maison  d*Autriche  jasqo'ji 

la  paix  de  Westphalie  ( 1648 ),  ^poque  oil  il  fut  c^6  i,  la 

France  en  Change  du  Sundgau.  L'6cbange ,  retard^  par 

dMnterminables  contestations, ne  fut  tootefois  compl^tement 

op^r^  qii'en  1660. 

FERRIGYANURE.  Yoyez  Fer. 

FERROyla  plus  petite  des  ties  Canaries.  Yoyez  Fer 
( He  de ). 

FERROGYANURE.  Voyei  Fer. 

FERROE  (He  de).  Voyei  Fjer-GErme. 

FERROL  (  Le ) ,  chef-lieu  de  Tun  des  trois  d^parte- 
ments  maritimesde  I'Espagne,  est  one  vllle  fortiftte  de  Tan- 
cien  royaume  de  Galice,  i  12  myriam^res  N.-E.  de,la  Co- 
rogne,  remarquable  par  son  arsenal  maritime  et  par  T^tendue 
de  son  port,  Pun  des  meilleurs  de  I'Europe  que  d^fendent,  les 
forts  San-Felipe,  la  Palma  et  San-Martin ,  et  accessible 
seulement  par  un  dtroit  chenal  de  3  kilometres  de  long  sous 
le  feu  de  formidables  batteries.  En  1752  ce  n^^tait  encore 
qu'un  petit  bourg  sans  importance.  Sa  population,  qui  en 
1826  s*deTait  &6}i  k  14,000  Ames,  est  6valu(^e  aujourd'hul 
k  plus  de  25,000  habitants.  On  y  trouve  une  <lcole  et  une 
acad^mie  de  marine,  un  Taste  aisenal,  de  magniliques  chan- 
tiers  de  construction,  d'importantes  corderies  et  fabriquet 
de  toile  k  TOiles.  En  1799  les  Anglais  tent^rent  inutilement 
un  coop  de  main  contre  cette  place. 

FERRO^^AYS  (La).  Voyez  La  Ferronnays. 

FERRONNIERE  (La  belle).  Les  IiLstoriens  du  t4rmp8 
ne  sont  point  d^accord  sur  le  pays  de  cette  maltresse  de 
Francois  I^.  L^opinion  la  plus  g^n^rale  estqu*elle  naquit 
en. Castillo,  et  vint  en  France  k  la  suite  de  ce  roi,  (n^I^  k 
la  foule  de  vagabonds  et  de  saltimbanques  qui  le  sqivit  k 
son  retour  de  captiTit^.  A  la  beauts  des  yeux  noirs  de  la 
jeune  flUe,  k  leur  langueur  voluptueuse  et  tendre,  k  toute 
cette  figure,  telle  que  nous  I'ont  transmise  les  portraits  de 
Tiipoque,  on  doit  croire  qu^elle  6tait  r^lement  Espagnole. 
11  est  certain  qu'elle  ^tait  pauvre  et  qu*elle  serait  imman- 
quablement  devenue  la  prole  du  Ubertinage  si  un  homme 
d*un  &ge  mur,  dVn  caract^re  grave,  m^lancolique,  s^v^re, 
ne  lui  etX  tendu  une  main  secourable.  En  1538  ou  1539, 
Jean  Ferron,  bourgeois  de  Paris,  ^pousa  la  jeune  aventu- 
ri^re  sans  nom;  du  moins,  on  ne  lui  en  a  jamais  connu 
d'autre  que  celui  qu'elle  tenait  de  son  ^poux  :  la  Ferron- 
ni^re  ou  Ferrate,  comme  on  la  nommait  dans  Tintimit^.  II 
fut  longtemps  question  dans  la  me  Barbette  de  ce  manage 
.  disproportionn<^.  Un  jour,  Jean  Ferron  reconnut  les  ^mis- 
!  saiccs  de  Francois  1'^  entrant  cliez  lui.  Mais  comment  r^- 
sistcr  aux  seductions  du  monarque,  aid£  de  Triboulet,  son 
fou,  ct  de  Bonnivet,  le  plus  insinnant  desflatteurs?  Lecceur 
de  la  pauvre  Espagnole  s'y  laissa  prendre. 

Jean  Ferron  aimait  sa  femmc  comme  un  vieillard  tient  k 
Ka  derni^re  passion  :  il  concut  et  ex^uta  une  vengeance 
liorrible.  La  France,  la  vilie  de  Paris  suriout,  ^taient  k 
cette  ^poque  en  proie  k  une  maladic  lionteuse,  qui  causait, 
apr^  d'horribles  douleurs,  une  mori  prcsquc  inevitable.  En 
1539  la  mortality  devint  si  efK)uvantable  qu*a  |)einG  avait-on 
la  temps  d*enterrcr  les  morts.  Jean  Ferron,  sage  et  vieux 


bourgeois,  sMnfeda  volontairemenl  de  cet  odieoi  ve&ui,  qiii 
Goula  bientAt  dans  les  veines  de  sa  jeune  compagne ,  et  at- 
teignit  ainsi  le  roi,  qui,  malgr^  tons  les  soms,  tons  les  efforts, 
en  mourut  an  bout  de  buit  ans,  le  31  mars  1547,  aprb 
d*intol6rables  soulTrances. 

La  Ferronni^re  etait  morte  quelques  anneesauparavanl,  en 
proie  aussi  k  d'atroces  douknrs,  que  D'adoucit  jamais  on  seul 
souvenir  du  roi.  A  Theure  de  la  mort,  elle  appdait  encore 
son  bel  archer;  car  c'etatt  sous  ce  degnisement  qoMlsVlait 
d^abord  presents  iieUe.  Elle  n'avait  ced4,  la  tendre  Ferron- 
ni^re,  ni  i  I'ambition  ni  au  d^sir  de  s*eiever;  elle  n'avait 
demand^  ni  terres  ni  titres.  Jean  Ferron  assista,  dit-on ,. 
aux  demiers  moments  de  sa  femme,  et  la  maudit.  On  as- 
sure que,  las  de  vivre,  il  s'empoisonnaavec  de  Topiom  ;d'aii- 
tres  pretendent  qu'nn  spectre,  dont  le  visage,  k  demi  rongd; 
brillait  d'une  joie  crueUe,  suivit  le  convoi  do  roi,  et  vint  at 
frapper  ensuite  d'un  stylet  sur  le  tombeau  de  la  Ferronni^. 
place  dans  le  convent  de  Saint-Maur,  sa  paroisse. 

Cesi  de  la  Ferronni^re  qu*est  venue  .cette  coiffure  gra 
cieuse,  formeede  bandeaux  retenus  par  unetressede  cbeveux 
ou  une  chatne  d'or,  qui  fait  le  tour  de  la  tftte  en  se  fennant 
au  milieu  du  front  par  un  camde  ou  une  pierre  prteieuse, 

Camille  Bod«  (Jenny  BAsnns). 

FERRUGINEUSES  (Eaux).  Voyet  Eadx  Muf^RALES. 

FERRUGINEUX  ou  MARTIAUX.  Voyet  Fer. 

FERRY  (Nicolas).  Voyez  BtBi. 

FERRY  (Cladoe-Josbph),  ancien  depute  k  la  Conven- 
lion,  naquit  en  1756,  k  Raon-aux-Bois  pris  de  Remiremont 
( Yosges  ).  Apres  de  fortes  etudes,  commencees  k  Vtcole 
milltaire  de  Paris  et  continuees  sons  la  direction  de  D'Aleoi- 
bert,  qui  devint  son  ami,  il  fut,  k  peine  ftge  de  trente  ans , 
appeie  k  remplir  les  fonctions  de  professeur  k  l*Ecole  do 
Genie,  alorsetablie  k  Mezieres.  Enthousiaste  de  toot  oe  qui 
etait  grand  et  honnete,  il  dut  applaudir  au  moovement  de 
renovation  qui  en  1789  entralnait  la  France.  Son  departe- 
ment  Tayant  dioisi  pour  representant  k  la  Convoition,  il  ap- 
porta  dans  les  discussions  de  cette  assembiee  la  jostesse 
d  esprit  et  la  moderation  d'opinion  qui  etaient  le  trait 
saillant  de  son  caractere.  En  179S  la  Convention  Tenvoya 
en  mission  dans  les  departements  du  centre,  k  refTet  d^y 
survcilleretd*y  activer,  de  concert  avecMonge,  la  fabri- 
cation des  armes  et  la  fonte  des  canons.  Plus  tard,  le  Di- 
rectoire  lui  confia  diverses  missions  politiques,  dont  il  ne 
s^acquitta  pas  avec  moins  de  succte.  Son  mandat  legis* 
latif  une  fois  expire,  il  alia  reprendre  ses  fonctions  de  pro- 
fesseur A  I'^le  du  Genie,  qui  dans  Tintervalle  avait  ^te 
transferee  It  Mete.  Mais  la  creation  de  T^le  Polytechnique, 
appeiee  d*abord  £cole  centrale  des  travaux  publics,  k 
laqoelle  il  fut  tout  de  suite  attache  en  qoalite  d'examinateur, 
le  rappela  bient6t  k  Paris. 

Republicain  sincere.  Ferry,  qui  lors  du  vote  sur  la  peine 
k  infliger  i  Louis  XVI  avait,  la  main  sur  la  conscience, 
prononce  ce  mot  terrible  :  la  mart!  parce  qu'il  etait  con- 
vaincu  que  Pinfortune  prince  trahissait  la  France,  ne 
vit  pas  sans  regret  s*operer  la  revolution  qui  portait  Bona- 
parte au  pouvoir  supreme.  Lors  de  retablisseraent  du  con- 
sulat,  ii  renon^  meme  aux  diverses  fonctions  publiques  dont 
il  etait  investi,  pour  cherclier  dans  la  culture  des  sciences 
et  des  lettres  une  consolation  k  ses  illusions  perdnes.  De 
longs  voyages  scientifiques  au  nord  de  TEurope,  notam- 
ment  en  Russie,  lui  permirent  d'acquerir  un  inepuisable 
tresor  de  connaissances  pratiques.  Au  retour  de  ces  pere- 
grinations, il  fut  invite  avec  instance  k  reprendre  sa  place 
de  professeur  a  r£k»le  du  Genie,  et  en  1812,  qoand  b 
mort  vhit  si  inoplnement  et  surtout  si  prematorement 
(rapper  Tilluslre  M  alus,  I'auteur  de  la  belle  deoouverte  de 
la  polarisation  dc  la  lumiere,  qui  Favait  remplace  comme 
exaroinateur  k  Vtco\e  Polyteclmique,  Tophiion  unanime  du 
mondc  savant  forca  le  gouvemement  k  hit  rendre  un  eroploi 
que  mil  ne  pouvait  micux  occupcr.  11  le  conserva  jwqu*eri 
1814.  A  cette  epoqucde  reaction  contre  tons  les  liomnies  qui 
avaient  pris  part  k  la  revolution  de  1789,  il  en  fut  arbitral- 


FERBY  —  FERTE 


d«9 


rement  d^pouilld  sans  receToir  mAme  la  pension  modi- 
que  doe  tout  au  moins  k  ses  IoDg9  serrioes.  II  aopporta 
sans  se  plalndre  eette  injustica  criante;  ei,  fid^e  aux  con- 
Yktioiis  de  toote  sa  tie,  refusa  pendant  les  Cent-Jours  de 
signer  Tacte  additionnelanx  constitutions del'empire. 
An  second  retoor  des  princes  de  la  maison  de  Bourbon,  il 
se  troovait  d^  lors  ^xMgfi  par  cet  aete  si  r^cen^  de  sa  Tie 
pulitScpie  contra  Todieose  ruction  dont  les  membres  de  la 
ConTentkm  qui  avaient  cm  deYotr,  Yingt-deox  annte  au- 
paravant,  oondamnar  k  mort  le  maDieorenx  Lonis  XYI, 
etalent  Tobjet  de  la  part  da  gouTemement  royal.  Gela  n'em- 
p6cha  pas  ie  ministre  Deeaxes  de  lefaire  arrftteret  mettre 
au  secret,  sans  autre  cause  que  sa  quality  de  r^ffieide.  II 
f ut  oependant  bientAI  flargi ,  et  quelques  annto  plus  tard 
uue  pension  lui  fnt  acoordle. 

£n  1819,  la  fondation  de  la  Revue  eneyelopMquie^  k  la 
redaction  de  iaqueUe  il  ne  cessa  de  prendre  la  part  la  plus 
active  y  lui  foomit  Poocaslon  d^utiliser  les  etudes  qui  avaient 
fait  le  cbarme  de  sa  longue  carritoe.  Tout  d*abord,  il  s'as- 
socia  k  la  redaction  de  notre  DicUonnairef  dontil  compre- 
nait  la  portde  et  Tutiliti.  II  s'^teignit  doucement  le  1*'  mai 
lS45y  4  Liancourt  (Oise),  oil  il  YiTait  depuis  longues  ann^es 
dans  one  philosophiqneretraite. 

FERS.  La  peine  des  fers  existait  sous  Tancien  regime; 
elJefut  conserve  par  la  loi  du  25  septembre  1791  et  par 
le  Code  des  Dflits  et  des  peines  du  4  brumaire  an  it,  en  tant 
que  peine  militaire.  Cest  la  mtaie  peine  que  celle  des  tra- 
Taux  foTC^que  lui  a  subsUtu^  le  Code  P^nal  de  1810 ;  elle 
produit  les  mimes  effets  dTils,  la  mtoie  incapacity,  et  elle 
est  subie  de  la  mtoie  mani^re.  Les  conseils  de  guerre  pro- 
noncent  la  peine  des  fers  pour  les  d6lits  suiTsnts :  le  pillage, 
Tabsence  k  la  g^n^rale,  le  ddait  d^animaux  morts  de  conta- 
gion, la  Tiolationdes  consignes,  le  d^pouiUement  des  morts 
sur  le  diamp  de  bataille,  le  faux,  Tinsubordination,  la  lA- 
cbet^  simple,  la  maraude,  le  sommeil  en  fiiction,  le  toI  chez 
5on  bdte,  etc.^ 

[Les  fers  sbnt  infiigfo  comme  peine  purement  discipli- 
naire  i  bord  des  Taisseaux  aux  matelots  qui  se  rendent  cou- 
pables  d'infiractions  un  pen  grsTes  k  la  discipline  et  k  leurs 
devoirs.  Void  en  quoi  cette  peine  consiste :  dans  une  partle 
de  Tentrepont  rterT^  pour  reccToir  les  matelots  qui  ont 
^•t^  oondamn^  aux  fers,  se  trouTent  plao^es  des  barres 
de  fer  portant  chacune  un  certain  nombre  de  boucles  ou 
d'anoeaox  en  mtoie  mdtal ,  dans  lesqnels  la  jambe  d'un 
bomme  pent  6tre  retenue.  Ces  boudes  peuTent  s'ourrir;  et 
lors  qu'on  y  a  fait  entrer  la  Jambe ,  elles  peuTent  se  former 
an  moyen  d^m  cadenas ,  de  mani^re  que  cdui  qui  y  est  re- 
tenu  ne  peat  en  sortirquelorsque  la  personne  qui  a  la  cl^ 
du  cadenas  juge  4  propoe  de  rouTrir  ou  est  autorisde  k  le 
Cure.  Plttsiears  bommes  peaTont  itre  ainsi  retenus  k  la  fois 
aux  boucles  d'une  m&ne  barre. 

\j»ftTt  sont  ane  panition  qui  ne  pent  6tre  ordonnde  que 
par  le  capitaine  oa  par  Tofflder  qui  comaiande  en  son  ab- 
aeoce ,  et  qui  dans  ce  cas  doit  lui  en  rendre  compte.  Le 
plus  ordinairement  ceux  qu'on  y  condamne  n*y  restent  que 
peo  de  temps,  quelques  heures  ou  qudques  jours ,  sui  vant  la 
gravity  de  la  Tante  pour  laquelle  ils  sont  punis ;  mais  ceux 
qo*oa  yretient,parce  quails  ontcommisouqu*ilssontprerenus 
d*aToir  commis  qudque  crime,  ou  bien encore  parce  que  la 
ti^T^A&  du  Taisseau  pourrait  6tre  compromise  s*ils  ^taient 
litres,  y  demeorent  jusqu^A  FarriTte  dans  quelque  port  ou 
ils  poissent  6tre  d^barqu^et  livr^aux  tribunaux,  ou  jus- 
qu'4  cequ'ils  aient  ^t6  jug^  par  un  conseil  de  guerre  tenn 
sor  le  vaisseau  mfime.  V.  db  MoLtoN.] 

Les  ndgriert  ont  des  fers  pour  maintenir  leur  cargalson. 
A  bord  des  bAtiments  marcbands ,  comme  sur  les  vaisseaux 
He  VtXA^  le  capitaine  ne  se  g6ne  pas  pour  faire  mettre  aux 
fers  le  passager  stiitieux  ou  raisonneur.  Demandez  plutdt  a 
Dotre  dier  coUaborateur  Jacques  Arago  ce  qui  lui  arriva  lors 
de  son  voyageenCaliromieenl849.  Le  capitaine n*est-il  pas, 
comme  U  se  platt  k  le  r^p^ter,  monarque  absolu  dans  fvon 
I/el 

MGT.  OE  LA  CONTERS.  —  T.  IX. 


FEte  ( Commerce  de ; .  Les  lexiques  les  plus  voluml- 
neux  et  les  plus  r^oents  ometient,  nous  ne  savons  du  reste 
pourquoi ,  mais  k  llnstar  du  JDietionnaire  de  VAeadMnie , 
de  rapporter  une  des  acceptions  usuelles  de  ce  mot ,  qui 
exige  imp6rieosement  ime  explication.  Nous  touIods  parler 
de I'emploi  que,  par  catacbrtee  sans  doute ,  on  Cait  du  mot 
fer$  (au  pluriel),  pour  d^igner  Tensembie  des  dircrses 
marcbandises  dont  se  compose  le  commerce  des  objeU  de 
Htarie  en  gdn^ral,  tds  que  laine,  crin,  duvet,  plumes, 
coutil ,  toiles ,  oouvertures ,  tapis,  etc. 

FERSEN  (  AXEL,  comte  db  ),  grand-marshal  de  la 
di^te  de  SuMe,  issu  d'une  ancienne  famiUe  iivonlenne  qui 
sous  les  r^nes  de  Christine,  de  Charles  X  et  de  Charles  XI, 
a  (oumi  un  grand  nombre  de  personnages  distingufo,  na- 
quit  vers  1750,  k  Stockholm,  et,  aprto  avdr  termini  ses 
etudes,  se  ren<Ut  en  France,  od  il  fut  nonun^  colond  du 
regiment  Royal  su6dois,  II  servit  alors  en  Am^que,  et 
Toyagea  plus  tard  en  Angieterre  et  en  Italic.  Quand  telata 
la  revolution  fran^ise,  il  se  distingoa  entre  tons  par  les 
preuves  de  d^vouement  et  d'attachement  qu'il  donna  k  la 
famille  royale.  Ce  fai  lui  qui,  d^uis^  en  oocher,  se  chargea 
de  la  condoire  de  Paris  4  Varennes;  puis,  quand  die  fut  d6- 
tenne  au  Temple,  on  le  vit  braver  tons  les  obstades,  tons  les 
dangers ,  pour  adoodr  ses  souffrances  et  lui  faire  passer 
qudques  consolations.  Forcd  de  quitter  la  France,  le  comte 
de  Fersen,  aprte  avoir  successivement  sejoum^  k  Vienne, 
k  Dresde,  k  Berlin,  rentra  dans  sa  patrie,  ou  le  roi  ie  nomma 
d'abord  grand-maltre  de  sa  maison,  puis  chancdier  de  I'u- 
niversite  d'Upsal,  et  enfin  grand-marshal  de  la  diite.  Cepen- 
dant,  il  ne  t»rda  pas  k  encourir  la  haine  des  masses  popu- 
laires,  et  cette  hdne  acquit  la  plus  terrible  ^nergie  quand 
une  mort  tout  au  moins  mystirieuse  enleva  k  U  Su6de  le 
prince royd,  Charies-Auguste.  Le  bruit  s'dtant  r^pandu 
alors  que  le  comte  de  Fersen,  sa  soBur,  lacomtesse  de  Piper, 
et  qudques  autres  grands  personnages,  n'dtaient  pas  dran- 
gers  k  cette  mort  s*  soudaine,  une  dneute  ^clata  dans  les 
ruesde  Stockholm,  le  20  Juin  1810,  k  I'occasion  de  la  trans- 
lation des  restes  mortelsdu  prince  ddunt,  ramenS  en  grande 
pompe  de  Liljeholm.  A  la  vue  du  carrosse  dans  lequd  le 
comte  de  Fersen  snivait  Ie  corl^e  ftmdire,  le  peuple  lan^ 
une  grde  de  pierres  contrel'homme  devenu  I'objetdes  plus 
injurieux  soup^ns.  Cette  actoe  de  violence  prit  toat  de  suite 
un  caract^re  td,  que  le  comte  de  Fersen  dut  au  plus  Tite  se 
r^rugier  dans  la  maison  la  plus  proche.  Mais  le  peuple  I'y 
poursuivit.  Alors  ie  comte  Silfvespaire  esp^ra  le  soustrdre 
au  danger  de  mort  qui  le  mena^dt,  en  donnant  au  peuple 
Tassurance  quHl  alldt  le  conduire  k  I'hAtel  de  ville.  M.  de 
Fersen  y  fut  effectivement  amen^,  mais  sous  une  grde  de 
pierres  et  autres  projectiles;  et  k  peine  eut-ii  frandii  les  de- 
gr^  du  perron,  qu^une  bande  de  furieux  courut  aprte  lui 
et  le  massacra.  Son  cadavrefut  traln6  nnsnr  la  dde  jusqu'ii 
la  place  du  mardi6,  oil  il  resta  longtemps  expose  k  tootes 
les  insultes  de  la  populace. 

La  comtesse  Piper,  objet  de  hdnes  non  moins  ardentes, 
r^ussit  k  s'Shapper  de  Stockhohn.  L*enqu6te  judiddre  qui 
eut  lieu  ensuite  ddmontra  la  complMe  innocence  du  comte 
de  Fersen  et  des  dens. 

FERTE  (La),  nom  commun  a  une  ioule  de  locality 
que  I'on  distingue  entres  dies  par  I'additlon  d*une  denomi- 
nation partlculi^rc.  II  estddiv^ ,  sui  vant  Ducange,  du  vioux 
moi  fermeti  (Jtrmitas),  oui  au  moyen  Age  dgnifldt  for- 
teresse ,  cli&teau.  Les  plus  importantes  sunt : 

FERT£-B£RMAAD  (La),  chef-lieu  de  canton  du  d^par- 
tement  de  la  S  a  r  t  h  e ,  sur  la  rive  gauche  de  PHuine ,  avec 
2,615  habitants,  une  importante  fabrication  de  toiles  occu- 
pant 1,000  k  1 ,200  metiers  dans  la  ville  et  ses  environs,  des 
fabriques  de  cdicot ,  des  filatures  de  Idne  cachemire  et  de 
lahies  longues,  occupant  700  ouvriers,  des  tuileries,un 
commerce  de  bosufs  et  de  gralnes  de  trifle.  On  t  voH  une 
belle  eglise  golhique,  un  anden  cliAteau  servant  d'hOtel  de 
ville,  une  bibliolh^ue  publique  de  1,800  volumes.  Place 
importante  ]adis,  elle  (ut  prise  en  1 189  par  Philippe-Auguste 

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1 


170 

sur  Its  Ai^ala.  Gmi^  ite  Nudlrail  flMora  aminBl  en 
1424  6t  eo  1449. 

FERTi-GAUCHER  (U) « oM-lIn  4«  enlon  &n  difn^- 
temeot  de  S  e  i  n  e-e  t-M  a  r  b  6,8ar  le  Orao^Moritf,  a?  ae  1 ,097 
liabitanU,  des  tannerieSt  des  fours  k  cliaox,^  tnto^  k  briqiws, 
k  des  rooulinfl^  tan^deapapeleriesi  desfabriquea  de  serges^et 
un  oommerca  da  grains  al  iarfnas.  Les  marAcfaanx  Marmont 
at  Mortier  j  livrtont  na  Mfer  oonbat,  la  M  nars  isr4»  k 
line  hrigada  annemia,  ions  las  ofdiaa  du  |«inaa  Guiltnmia 
daPrusse. 

FERTt-MACti  ( La)  ^  cfaef-Uan  da  canton  d«  dtf^artanient 
de  rOma,  areeOy  0)9  habitants,  ona  faMeation  taiportanle 
4a CO  ills ^ rotors , sianoisas^ guingurta ,  calieals ,  rekana de 
di,  de  paigpiosi  de  tabatiires  de  bois^  do  ntehaa  4  qolnqnel,  de 
passementerie,  des  distilleries  d*eaox«dei-Yie^  des  tanneriea, 
des  tiiileries«daa  teintureriaa^  dea  blancMsseviaB,  »ier4eoltB 
de  miely  de  cire,  de  lin. 

FERlt-MILON  ( U),  elief-ttm  de  canton  da  d^parfemont 
da  rAisne,sar  ronreq,  atec  1, 850 habitants,  dea Manehis- 
series  detoiles,  un  d^t  da  bob  et  do  W4  pour  Paria.  Henri 
IV  assi^^,  en  1&94,  la  Chilean  fori  da  la  Fert^Milon,  s^an 
rendit  mattre  par  eompoaition,  at  lo  fit  dteantelarpar  las 
habitants  da  Tlngt-bnit  filla^Ba  enTironnants,  qui  furant  e»- 
ployte  k  CO  traTsil  pendant  hnit  Joura.  Lea  ruiikea  de  oe 
Yieox  manoir  ont  anoora  nn  aspect  fort  imposant;  la  ^iUe 
po884do  en  outra  una  atatno  em  marbra  de  Racine  par  DaTid 
d'AngMTS. 

F£RT£.S0USJ0UARR£  ( U),cliaf-lien  de  canton  dn  (M- 
partenientde  Sotno-ot-MarneySurhiHame,  avee  4,189 
liabitants,  nne  importanta  exploitatian  da  plerres  meuliiras 
renommdes,  des  fslniqnes  de  monies  k  mouMn,  des  fiibriques 
de  carreaux,  de  hien  d'outro-BMr ,  de  poterio  de  terra,  de 
serrurerie,  do  toiles ;  dea  fours  k  ohaux  at  k  plilre,  one  pape- 
terie  mteaniquo ;  dc»  oorroyeries,  nne  typograpldo,  vn  com- 
meroa  important  da  hois,  charbona,  grains  al  forinea.  Cost 
une  station  dn  cherain  de  for  de  Paris  A  Strasbourg. 
^FERT^SUR-AUBK  ( La  >,  petite  fiilo  dn  ddpartement  da 
la  Haute-Harna,  snr  la  rira  guicha  de  rAobe,  aTeo 
1,131  iMhitants,  una  ferga  el  on  baut  foomaao,  un  ^rand 
ddpotda  hois  tatld,  deal  00,000  attraa  aont  ospdMannnal- 
lement  sur  Paris. 

FERTi-VIDAME  (La),  eheMien  do  oantondn  d^partamont 
d*Bttro-ot-Loir,af«e88ahabttantaet  una  source  mhid- 
rale  remiginaaae. 

FERTIUT^^  qnalH*  do  ee  qni  miJMiU,  c*e8t-lk-dfre 
de  00  qui  prodnit  beancoop.  Lea  champs  fortiles  sent  oenx 
qui  payent  le  InTail  par  d*abondantes  rfooltes  :  la  fertilitS 
est  done  en  partie  la  rdsuMat  du  labeor  at  de  rhidustrie  de 
rhommo.  Mais  bien  d'autras  causes  ind^pendantes  de  sa 
ToloBtd  modifient  las  v^^ax  qull  cnKive,  eentuplent  ses 
prodttils  an  d4tmiMnt  ses  esp^ranoes.  Les  tam^ajiriUes 
aont  raios^  at  tout  le  talent  do  cuMtateur  oonsiste  k  s'aider 
des  circonsUnces  favorables ,  k  pr^Toir  les  inOueoces  fiicheo- 
aes  ponr  so  prteiunir  contra  elles,  aoCant  qu*il  le  peot,  et  oh- 
tenirahMllad^rt  de  fertilltd  Iaphi4  conTenablo  et  le  plus 
ooostanL  Lea  angrala  at  les  amendemeets  rendent 
les  terras  fortiles;  encore  fout-il  cliolsh'  les  r^tes  qid 
oonTiennentlemiaux4  chaqnasot,  ▼arierlosassolemen  ts, 
fdcandar  la  terra  pir  un  tratail  foeessant  et  aftendre  do 
bonnes  eondttions  atmoaph^riquea. 

L^ /ertilUi  abiohte  d*un  champ  depend  de  la  quantity 
de  terra  Totals,  de  ton  degrd  moyeo  de  densHd,  d'une 
juste  proporlioft  d^bnmidit^,  de  chaleiir,  de  loml^re,  et  de 
fo^ns  oonvenaMea.  Bk  fertUiti  relative  depend,  d*une 
part,  da  hi  nature  do  la  terre,  et,  de  Tantre,  de  respftcedcs 
phmtea  phis  on  moins  approprl^.  La  fortilit^  den  ann^es  di- 
P«!nd  d*uno  henreuso  altematlte  des  jours  citauds  ct  des  jours 
da  pluio,  01  aussi  de  Tdtat  de  Patmosph^re  k  Tdpoque  des 
seamnees ,  de  hi  floraison  et  de  hi  r^cotte.     P.  GAOBEirr. 

I^'ERULB  i  genre  &t  plantes  de  la  fomille  des  ombelHfo- 
res|  dont  tootes  lesesp4ces  sontlierbacto  oo  snflrutescentes, 
l^n^^raltnnjnl  grandaa,  el  ae  ioat  romarquer  par  Tampleur  et 


Fnmft  —  ntesssAG 


laflaamo#eMr  fooiteige.  IfoiitiTofn  en  Eoropo  la/Me 
eemmiM (fitnla  coanntnrii) ,  qitf  d^oore  tei  boitb  dels 
IMdAerraofe  el  bOMooop  d^atftres  eOtes  marffimes.  Sts 
fleura  on  ombeHestouffuessottf  jtonea.  ite  tlge,  haute  de  i^fii 
k  9  matron ,  oaf  IrOi^^ndsae,  forme,  presqo^ ligtieuse, mth 
rendno  \6%ktt  par  la  mooHo  qu'olM  conttort.  On  employait 
autrefola  eette  mootle  spongleasO  cftf  guise  d'amadoo. 
DanseorlalneapanfosdePltalie,  les  befgefs  ifistL  senrentea- 
eora  pewr  la  memo  nsaga. 

Cfno  autre  espOce,  Itfetulaassd/ogtuia^  est  stirtoo<  rs- 
marqnabfc  par  as  Racine  dont  ort  exfMt  hi  ftiafifere  gommo- 
r4ijneuse,  eoifnuo  sons  lenoM  6^  dssUfottidJot, 

Sons  le  rapport  de Pantiqnit^  Ot  des  iourenln  qO^^e  nomi 
laissOs,  il  font  eiter  le  ferula  gkmta^  iutrthes  dtt  Grees, 
belle  planto  du  mOme  genre,  ^flt  |nirtent  Thdopbraite, 
DIoseorMe  el  PHne.  EHe  lone  cm  gf  and  rOfe  dans  la  lOytbo- 
logo  dea  nadens.  La  Fable  reot  quo  eO  soft  dans  Pint^rieor 
noeMeux  do  la  tige  de  oelte  gnttdt  forule  que  Prom6tfa4e 
ait  renformd  to  ftn  qnll  d6roba  an  dd.  Les  adorateurs  de 
Baeohns,  dans  une  Mhrte  irresse ,  so  frappatent  saasie 
btesser  afoo  me  canne  do  forule.  Ott  toft  encore  flgnrer  h 
fomte  aor  le  sceptre  des  emperears.  On  nons^  aussi  que 
c*est  dans  une  tige  de  forule  tidds  de  sa  taoellO  qn' Alexandre 
oottserTait  religfensement  les  poddes  d'RomOre,  itant  de 
las  avoir  logics  dans  ta  riebo  cassette  qa'il  trouta  parmi  les 
d^ooilles  de  Dnrint.  PtLOota  p^re. 

FISRIJLE4  petite  palette  en  bob ,  asseis  dpaisse,  el  an 
bout  plat  et  Idgteement  arrondl ,  dont  so  sertaient  autrefois 
les  pddagogues  ponr  frapper  dans  lA  tnahi  les  dcoUers  (joi 
avaient  manqnd  k  four  detoir.  La  ptemi^  fdrule  fot  Taife 
4  limitation  de  fo  plantede  ce  nom  (voyei  rarlicle  prfcMent) 
quo  les  andens  empfoyatent  an  m4me  usage.  Quand  les  p^- 
di^oguea  aRatent  pttrteat  revOtos  de  la  robe  noire ,  ils  por- 
talent  auspendu  ao  cdt6  ce  redooteble  faistrumeaf  :  de  Uk 
Bom  de  ffeni  porte'firul^* 

Tu  tat  ptuer  poor  ridieale 
Ches  let  roii  du  pays  Utio 
Donl  le  tcepU'e  est  one  f^rale, 

8  dit  on  vienx  poOte.  Noa  p4res  dtafeni  Aerda  4  lkfir%h; 
ks  ^ooUen  do  lour  temps  avaienleu  aor  la  mahiphia  de  jV- 
rule$  que  de  mots  latins  dans  la  t4te.  Aijonrd'hnf,  qne  toots 
punition  corporelteest  faitarditeanssi  Men  per  lea  mcrarsqai 
par  les  r4glemente  unirersitelres,  te/i^Je  a  dte  reMgofc, 
afaisi  que  les  verfes^  ao  rang  des  tteUMes  honnies  el 
oublite  sans  reteur.  Mate  noa  eiitfiaritt  d^Ocoie  et  de 
coU^  s*en  dddommageni  a*  aecablanl  de  ptmum  el 
d'arriis  eea  panrrea  dcoiteraqnl  n'en  peofreM  mais, et  qd 
n*en  sont  ni  mieux  appris,  nl  piaa  aatints.  R  iTesI  pas  t» 
aobi  d'aTob*  r^gnd  dans  Syracnso  ponr  OtrO  dans  Ptole  oa 
rude  et  stuplde  tyran. 

Us  pddants  k  dtetionB  mppeleront  IOH|btti^  afec  Aort^ 
que  la /<ni/e,  chantee  par  Martiil  el  Ivydnai,  4  en  dOi 
usages  plus  reier^s  :  an  moyen  Oge^  on  appeMK/^ltf  h 
crosse  et  le  b4ton  des  pr41atii.  Dans  le  Bas-Empfre,  firtiU 
aignifiait  fo  sceptre  des  eroperenra.  De  14  fo  nom  db  porte- 
firule  (vflcpOvi  xofopoc )  donnd  aox  prinoea. 

On  dit  fignrdment  qa*nn  honmie  est  so«s  In  Jirule  de 
qnelqu*iin,  pour  dlreqn'il  depend  do  lot.  *  II  fot  doftfe  obNg^  de 
ma  mettre  sous  kt firule  d'un  antiro;  il  ni'e»n>ya  dies  le 
docteur  Godinea,  la  plua  hnbito  p4dnnl  d^Ovtodo,  >  dit  U- 
sa^eaud^but  dason  GU  Bos.  On  dit  elaaslquement  la  llfirute 
d*Aristerque,pour  indiquar  une  critique  doaoe  et  mod^r^ 
par  opposition  au  fouet  de  Zoile.  L«  mokfinOt  s'emploie 
au&si  qudqoefois  comme  synonyme  do  toot  testrunmt 
servant  k  Trapper  :  c'est  dantf  ea  aena  qneLa  Fontiten,  par* 
lent  do  la  discfplioed*un  ddvot,  a  dft : 

II  se  fAt  fah  on  grsiwf  tenipule 
D^iriner  de  poiotei  it  f^ruK*. 

CliaHw  DtJ  ftOXoiS. 

FERUSSAC  (ANDR^CTiE^vNa  d'AUDKBARD,  baroa 
DC),  issu  d'une  fomille  de  noblesse  d^^pdo,  d4  au Cbartron 


F&U8SAG  —  FESGH 


•T| 


(TaflMetHQMnMM)»lft  M  4teiBbn  i7M,  Mrvttd'dM^ 
l%iBplr»{  m^U^  fiNtttf  p«r  une  blHsnra  graTe*  rt^m  ^ 
PvwMte  d'EftpagMy  d*afcaaAD—w  U  carriteo  militaira,  fl 
•Mill  de  r«ii^pMaiir  la ma$'ft^iuiat%  d'Olonoa,  dant  Im 
BasMs-Pyrtete ;  ca  ^«i  na  I'en^ba  paa  d*accoeilUr  avea 
anflwnwaaRia  laRaslawitiMi,  (9m  k  bmuUbI  en  place.  iUis 
Gaat-)Qyn,  fl  aa  d^voiia  m  aaliii  du  pays ;  at,  6*11  a'alU  faa 
^  Gaod  |M)r^ar  tfei  amseiU  k  Uak  XYIU,  U  eaaMBtit 
dii  moliia  k  aocaptar  da  Tuivrpalatfr,  d'afaord  la  aaua-pid- 
toDCiifa de  Baiaa,  paiicetia  da  Goaapiigiie.  fta  bonH§  eon- 
iuiU  an  ea  momaai  d'dproava»  pour  la  i^igiUmit^  Cat  r^ooati- 
paiflda  pliis  tard  par  dei  tinploiit  lacratift  d^peadant  du 
Kdnialre  da  la  guam,  qui  tt  de  liii  praatpie  euMtotaeiit  el 
Sana  tno^on  iiniealeBanUaotoaal  d^^taft-SMJor.  Fils  d'lm 
ivlitaira  tnto-dialiagjuft  oranae  aa? aal  at  sw tout  Qootfoa 
sMogoev  cond^lMiiriphatiHriiii&aa ,  il  a'^taii  fait  d^i^  «n 
MfB  par  Ma  NistiOirgiuUmniU » ^itUraU  U  pariicutiire 
dss  m&liusqua  imrniru  ei  JUuriaUles^  doot  il  avatt 
traavd  lea  pnacipales  duaate  dans  das  papiara  de  laaiHa. 
Daoa  ott  oarrage,  qui  fiit  Fo^da  divera  rapporta^  i^Acadd- 
loie  des  Sdaocea,  toules  las  caiqiiillai  sa  troavaat  igurtey 
d*apraa  oatany  avac  la  plofl  graad  aaio.  Yen  Taute  1824, 
a  peine  dgt  da  tTeiite4iiiit  aas, qnittant  la  service,  il  londa, 
en  coBctiflreBeeavec  la  Eeoue  miey€UfpidiqH€  deiulUca  (da 
Paris , )  ie  ^«  Ut'ti n  makmiii  dst  Sctenee$  a/  da  I7ii- 
dustrie^  qae  le  dufid'ABgoiiidBM,  daos  lea  dennfttess  ananas 
da  la  ftestaBiatiaa,  ayait  pria  soaa  aa  prolectioa  apdoiate. 
Cette  ?afllaeBlKprise  aapoufait  sviisisfteripi'avac  fappoi  at 
les  sobTenlioas  da  peayair.  Get  appai ,  oas  aabrentions  Ud 
forent  tout  &  coap  m^m^  par  les  cfaambres  k  la  svite  da  la 
R^Tofaitiaa  de  Jaiilat ;  at  le  BuUeiim  natoaraeldisparut ;  ¥6- 
roftsac  cepaadant  Itait  deveau  ddpvld  de  saa  d^adeoMftt  k 
l^fssae  de  oettenteM  rdroIntioQ  quHk  tf&nk  certes  pes  ap- 
pelte  de  ses  wusok,  aaajs  k  iMppeUe,  selon  sen  niage  et  ectlid 
de  laat  d*autias ,  il  s^^it  eoiprassd  d'eflrir  sea  aerfteas  at 
aoB  ddvoueooeat.  II  momwi  la  tl  Jaatlar  1866. ' 

FERVER,  bopstese,  sprte  d'aags  gurdiaa  daaa  la  nH- 
gioD  des  Panes  <«oyas  Mmm ). 

FERVEUa.  afdeor ,  wiAa ,  seoliipaBt  Yif  at  aAectuaua , 
ftTac  ieqiiel  an  se  parte  aui  aeavraa  de  pi^td  et  dediaritd. 
On  prie  Diea;on  serl  Dieu  avec  (enreur;  la  fervcur  d'ane 
devotion  bien  entendue  est  agitable  k  Dieu ;  main  il  faut  se 
d^fier  d^une  ferveur  trop  exclusive,  trop  arde^te el  sarfoot 
trop  svbite;  car  sou  vent  alors  elle  cbt  passogere,  et  se  refroi- 
dit,  se  ralentit  aussi  promptementqu'elle  est  renue :  de  \k  le 
vie0x  prararbe  Fervtftr  de  nmHee  w  dur€  pas  iongtanps, 

FES  oa  FEZ(du  larc Fais,  bolte),  Bom d'ane  oaiaiiva 
ca  9aaga  diea  \m  Grees,  les  Tuias  et  autres  Orieataax,  et 
qni  ca  ce  qui  ioiiiBfae  lea  Grace  fait  partia  da  eostuane  na- 
lioDal ;  dte  ^on  aaux  d'aatie  evi  qui  est  adopts  la  castune 
curopdaa  aa  la  portent  pas.  Ella  est  eanunane  aussi  parmi 
les  fisouiies  gnKq^^^s.  En  Turquie,  depuia  les  r^ormes  poU- 
tiqaea  •pontes  par  le  sultan  Malunaud,  to/fis  est  pneserit  k 
tooa  les  fooatiannairas  publics  an  remplaeement  da  t  u  r  li  a  a , 
et  aM  intradait  ^ans  Farastei^lito.  Cliea  lea  Gkcs,  le>it 
Tarie  k  Finfini,  et  quaol  k  la  mati^re  avae  Uqualla  it  eat  eo»- 
fedioaady  et  qoaat  k  la  manttra  de  la  patter,  tantdt  fart 
diaydy  tantdt  bas.  Celui  das  gaas  da  la  eampsgna  est  Inm,  et 
d'dUifle  grossite}  diet  les  ridies,  H  eat  plus  ^lay«  et  V4iMtk 
ea  eat  plus  dalicalament  travaUl^a.  La/fS  aa  ikbrique  arec 
one  dtofle  da  laiaa  fieutrte  teinle  an  rouge,  ta  quality  de 
la  laiatura  et  la  dun^ade  la  coulaur,  lui  doancnt  une  vaievr 
plaa  oa  mpins  granda.  Cast  k  Tunis  qu^on  fabriqiie  les  plus 
baauK/b.  D*onlinaire  ils  sent  aiirmoab^  d*un  gland  en  (Us 
Ualiaa  ou  tissds,  da  sole  bleue  ou  d'or.  G^ast  dans  le  gland 
qu'aaiste  la  plus  ^%  diversiU  $  les  oiaHas  et  le^  liabilanls  des 
lies  at  dea  cdlas  portent  de  lon^aea  tioupes,  randes  et  Men 
fbumies :  cUez  d^autres,  par  aaemple  eliea  eeux  qui  portent 
las  longs  vMemanti  asialfqnes,  lea  glands  sunt  aussi  simples 
que  lesyHf  sonlbas.  En  Turqule,  leplasoa  molns  de  rfchessa 
dea/df  indiqua  la  dilffircnaa  du  rang  oecupd  (Mif  les  dlTers 


FESCA ( Fadrtiwi  ftwHT ) ,  eBaapoaftadr  dWiagod^ad 
la  16  f6mer  1769,  k  Magdabooas,  daviBt  an  1816  chef  d'or« 
diestra  k  Carisrabe,  at  raoonit  dans  eetts  ntte,  la  iO  asaas 
1826.  II  bNMamobis  par  Porlgpaaiitd  etla  apaotanditdde  aoa 
talent  ^m  par  Ttode  attenlive  qa*il  avail  fiute  des  granda 
Bsaltraa,  et  grAce  k  laqoeMe  aes  paadactions  aont  taotaa 
Buurqa^  a«  edn  da  oette  aage  mesure  et  de  oeUe  belie  oal* 
forniit^  biea  pidttrabia  il  one  origiaaiiCd  qui  aa  aa  aoaaiierta 
qoa  par  la  mipris  de  lautas  les  regies.  ComoM  il  ]aaait  ra* 
inarqoableineat  blM  da  «?aioa ,  M  caMposn  one  foole  da 
petits  quatuors,  dont  une  Mition  complete  etd'oa  piiK  IM 
dey^  a  dt«  feite  i  Paris.  On  a  aped  da  fad  ptadeara  ayai- 
pboniea  vigaweasemeat  deritaa,  at  qaeiques^op^raa;  par 
exerople,  Caniewnbm  et  Oaicr  a  Leiia,  tA  Pon  rennrqw 
moias  rorigpoali^  qoa  lliaaran  agsaaaaait  des  idteet  Tab- 
seaoe  de  taata  ISuata  isoaira  la  goftt;  et  ecpendant,  waifprd 
tout  leor  at6tiU,  ils  n'ofatiareat  j/uaafs  an  JJIaBiegoa  un  da 
cas  aocofcs  grands,  iaospiaslda  et  papaldtaa  qui  fimdeat  aaa 
r^putatian. 

FESC£irNili6(yers),a|Bi«libraBatgraedersqu'aadiaB« 
talt^  Rome  daaa  laslltes,  daas  las  dlvartisaenMata  oriinairBS, 
dprindpalementdanslaspoees.iiesfarBlbsceaala8ea  sstur" 
nin«,  ear  oaleur  a  donnd  ealteseoondetfpitbMe,dldeBtnides, 
ddpounrnadeBMsare,  assalaaaatedaplalHaateHasladdoetttes, 
semblablas,  en  unnsot,  ii ces fasppomptas  da  taverne,  k  ees 
saiWes  bacbiqoas  qne  dicCe  Haresaa  kdes  convives  sans  gett 
etsans  pudaur.  On  les  cbaatait  surunten  grotesqae,  en  f 
Joignaat  las  daasas  lea  plus  lasdvas  et  les  postaraa  las  plus 
Iramodesles.  Qn'aa  se  repidesate  une  fbute  de  nutres,  tr6- 
pigaaaiau  sond'un  aigia  pipaaa,  a*aga^ant  par  dee  i^dlteries 
avec  des  vdx  diseardsates,  dee  iaveetivaa  plelaaA  de  M  et 
de  grossi^retf :  mM  I'inuige  des  vers  fesaettdaa,  qafHaraea 
a  caractMs^  avee  taut  d'teergie  . 

Fefceoiiina  per  huae  invcnia  liceoti*  foonrnt 
Yersibus  alteruis^  ^pprobria  rustics  fiidit« 

Cea  scandaieoses  prodoottona  avalent  empraat^  leor  aom  k 
la  ville  d'teoria  Feseenala,  dont  las  baUtanls,  e^Mbras  par 
leufs  extravagances  et  la  nislldtd  de  leaie  UMSan,  s'daient 
les  premiers  excrete  dans  ce  genre  de  eompodtian.  Accuell- 
lies  par  une  populatien  fnenlte  et  aauvage,  qui  ne  deman- 
dait  que  des  piddrs  ausd  grassiars  que  ses  peaebaats,  lea 
btearres  pasquinades  de  Feseeoaia  Irouv^rent  4  itame  one 
sympatlile  d  viveet  d  durable ,  que  pendant  prtede  emit  vtagi 
ans  le  villa  de  Mars  aa  eonnat  pas  d*aMtve  poteia  dramatiqae. 
Le  caraeUfe  mordaat  et  saUriqita  qn'on  tear  lo^irina  dans 
la  suite  les  fit  tomber  dans  oa  diserddit  oomplet;  mais  eHea 
se  relev^ent  de  eet  ^diec  avee  un  saeete  out  les  rendK  ploa 
formidaMes  qae  JaaMls.  On  rapperta  qu'Aagada,  peadant 
le  trlumvfrat,  fit  des  vers  fescennina  contra  PoWan,  qui  a> 
i^pondit  que  par  le  aHenee,  «  paroe  qne,  disait-ff,  fl  ^talt 
trop  dangereux  d'^crire  centre  un  bomme  qui  peuvait  pros- 
crire  ».  Ce  Tut  le  chantre  d'Ariane  qui  ressnsdta  ee  genre 
monstraeux,  en  le  produlsant  sens  ta  forme  d'nn  badinage 
aussi  spirttud  qne  liceneieux.  Amlle  Doivame. 

FESCn  (Iosepb),  cardind  etarVhevgqne  de  Lyon,  Mm 
ut^rin  de  Lsetf  tia  RamoKnl,  m^  de  Ifapdton,  etait  fHs 
d'un  cttoyen  de  fi8!e  pervemi  an  grade  de  lieutenant  dans 
I'nn  des  regiments  suisses  an  eervice  de  France.  116  k  Ajac^ 
do,  le  3  Janvier  17es,  II  a'avdt  gnire  qne  six  ens  de  plus  que 
son  neveu ,  Tonlqueautettr  de  son  ^^vaflon  d  de  sa  fbrtune. 
Son  p^  renvoya,  k  TAge  de  trdsc  ens,  Aire  aes  etudes  au 
a^ndnaire  d'Alx,  od  It  fut  ordennd  pr6Cre.  Mds  la  tourmente 
r^dutionndre  TarradA  momentan^ment  au  servloe  des 
autds,  et  en  1793 ,  soit  que  sa  vocation  se  fOt  rsfrddlej  soli 

Su'H  comprit  qiiH  n'y  avalt  pas  en  Id  rdloffe  d'un  martyr, 
dma  micux  jdcr  le  froc  aux  ortles  que  de  s'etj»ser  aux 
p6ri!s  et  aux  persecutions  qui  mena^aient  niabK  ecd^da^ 
tfque.  J1  cntra  done  dans  le  service  des  vivres ,  et  ne  tarda 
pas  k  obtenlr  un  emploS  de  garde-magadn  k  rarmte  des 
Alpes^coromandte  par  le  g6n6rd  Montesquieu;  mds,  dte 
qae  le  ritabKssement  dela  reNgioa  qifbdique  eu  Frsacelbt 


S73 


FESCH  —  FESTIN 


chose  aiTfttde  dans  la  IMe  de  Napolten,  il  re^tordre  dial- 
ler bin  one  letraite  de  quelques  semaines  dans  un  s^mi- 
naire  de  Lombardie,  poor  reprendre  lliabit  eccl^aiastiqne.  Le 
2  afril  1802  UdeviiitarcbeTdqae  de  Lyon.  L'ann^e  d'aprte , 
Pie  V0,  qui  avail  tant  aujet  de  se  montrer  reconnalasant 
enTen  le  premier  eonsul,  comprit  son  t^^o^teoncie  dans 
une  promotion  de  cardinaux-prdtres;  puis,  k  queiqnes  mois 
de  b,  le  caidinal-arebeTftque  de  Lyon,  nomm^  ambassadeur 
de  France  prte  le  saint-si^e,  partait  poor  Rome  aTec  C  hA- 
tea  ub  ri  and  qu'on  lui  aTait  acQointen  quality  de  secretaire 
d'ambassade. 

Quand  le  cardinal  Fesch  quitta  la  capitale  do  monde  Chre- 
tien, ce  fot  poor  acoompagner  le  soorerain  pontire  dans  le 
voyage  qnll  fit  h  Paris,  vers  la  fin  de  1804,  k  I'eflet  d'y  sa- 
crer  et  oonronner  NapdMon  en  qnattte  d'empereur  des  Fran- 
ks, et  blent6taprte  ii  fut  sacoessivement  nomme  grand- 
amn6nier,  comte  de  I'empire,  senateor,  grand-aigle  de  la 
Legion  d^Honneur,  et  coadiuteor  dn  prince  primat  de  Franc- 
fort,  avec  le  titre  d'ol^esse  sMniuime,  NapoMon  fournit 
lar^ment  aux  besoins  da  r6le  princier  assign^  parlni  k  son 
oncle;  et  celui-d  se  conlorma  aux  vues  politiques  de  Tem- 
pereur  en  8*entoarant  de  tout  le  prestige  do  luxe,  cort^ 
oblige  de  la  grandeor  dans  les  monarchies.  (Test  ainsi  qnll 
se  fit  constrdre  k  I'extrtoiite  de  la  roe  do  Mont-Blanc  (aa> 
lourdliui  de  laChaussee-d'Antin)  un  palais  d'assez  maovais 
godt  sansdoote^.aox  proportions  tout  k  la  Tois  etriquees  et 
gigantesques,  mais  ob,  en  revanche,  Tor  et  les  marbres  pre- 
cieox  dtaient  partout  prodigues,  dont  I'ameublement  seul 
n'avait  pas  coOte  moins  d'un  million,  et  ou  Ton  remarquait 
notamment  one  chapelle  qoi  pouvait  avantageosement  sou- 
tenir  la  comparaison  avec  ce  que  les  palais  imperiaox  of- 
firaient  de  mirax  en  ce  genre.  Bientdt  la  galerie  du  cardi- 
nal acquit  k  Juste  titre  une  c6iebrite  europeenne.  La  m^sin- 
telHgenoe  ne  tarda  pas  toutefois  i  edater  entre  Toncle  et  le 
neveu.  Le  cardinal  improuvait  la  conduite  tenue  par  I'em* 
pereur  envers  lepape;et  son  improbation  consciencieose 
fioit  par  se  changer  en  une  energique  opposition.  £n  vain 
Napoleon  tenta  de  I'adoncir  en  le  nommant  au  siege  de 
Paria,  deveno  vacant  par  la  mort  de  M.  de  Bel  loy :  le  car- 
dinal Fesch  tint  bon,  refnsa  Tarcbeveche  de  Paris,  et  se 
vit ,  en  ponition  de  sa  desobeiasance  anx  volontes  de  Pem- 
pereor,  depouilie  du  titre  de  grand-aumtoier ,  qoi  resta 
vacant  pendant  quelque  temps.  U  lui  fot  rendo,  11  est  vrai, 
4  la  fin  de  1811;  mais  les  caoses  qui  avaient  amene  cette 
scission  entre  Poncle  et  le  neveu,  c'est-i^-dire  la  persecu- 
tion et  la  captivite  du  pape,  sohsistant  toojours,  le  cardi- 
nal se  retire  dans  son  dio6kse,  oil  il  continua  de  resider 
pendant  les  trols  demi^rea  annees  de  Tempire ,  y  meuant 
d*alileors  nne  existence  princl^re.  HAIons-nous  neanmoins 
d^i^outer  que  Topinion  publlque,  toujours  si  diificile  k  sa- 
tisfaire,  ne  cessa  de  rendre  hommage  k  la  r^olarite  de 
moBurs  et  k  la  dignite  de  conduite  de  Joseph  Fesch  depuis 
son  retour  k  la  vie  ecciesiasti<|De. 

Les  evenements  de  1814  eurent  pour  resultat  de  lui 
faire  partager  Tostradsme  dont  le  goovemement  de  la  res- 
taoration  ftappa  tons  les  membres  de  la  famille  de  Napo- 
leon. II  se  retire  k  Rome,  ou  Pie  YII,  reconnaissant  de  son 
devouement  k  regard  du  saint-siege  dans  des  circonstances 
dlfficiles  od  plusd*un  haut  dignitaire  de  l^^glise  avail  failli, 
loi  fit  un  accueil  propre  k^le  dedommager  de  la  perte  de  ses 
lionneurs  en  France.  La  noavelle  du  debarquement  de 
Cannes  et  de  la  marche  triomphale  de  Napoleon  sor  Paris, 
en  1815,  Art  re^ue  par  le  cardinal  Fesch  comme  nne  mani- 
festation visible  des  volontes  de  la- Providence,  et  il  s^em- 
pressa  de  quitter  Rome,  avec  madame  Mto,  pour  venir  re- 
joindre  Tempereur,  qui,  le  2  juin,  le  nomma  palrde  France. 
A  qnekpiei  Joqit  de  Ik,  le  desastre  de  Waterloo  vint  briser 
nne  fofede  plus  les  esperances  qui  se  rattachaient  k  la  fortune 
de  Napoleon,,  ct  le  cardinal  Fesch  dut  reprendre  le  chemin 
de  Texil.  U  put ,  du  reste,  realiser  la  fortune  considerable 
qu*il  possedaiten  France,  (aire  vendre  Ic  mobilier  somptueux 
qui  gamissait  son  palais,  en  m^me  temps  que  la  riche  ga- 


lerie de  tableaux  des  maltres  andens  et  modemcs  qa*fl  y 
avail  reonie,  et  se  defaire  de  Timmeoble  meme,  dont  la  spe- 
culation ne  tarda  pas  k  s*emparer  pour  en  iSure  cinq  oo  six 
h6tels  particoliers.  Toutes  les  instances  anxquelles  on  eot 
reoours  par  la  suite,  au  nom  du  gonveruement  des  Bour- 
bons, ponrle  decider  k  donnersa  demission  dn  siege  archi- 
episcopal  de  Lyon  echouerent  contio  son  inflexible  ohstios- 
tion.  Use  ratraucha  opinifttrement  dans  les  canons  de  I'^giifie, 
secretement  encourage  par  la  coor  de  Rome,  qui  n^eiait  pai 
fftchee  de  defendre  en  sa  personne  les  droits  do  conconlit; 
il  fallut  meme,  en  1825,  obtenirdn  pape  nn  href  special  poor 
le  deponiller  de  sa  Jnridiction  spiritneUe  et  nonmer  on 
administrateor  provisoire  k  son  siege  vacant  de  fait.  En 
1837,  lilamortdeM.  de  Pins,  anden  eveque  de  Umogu 
et  archeveque  d'Amasie  in  partibuSf  qui  avail  ete  tbai^ 
par  le  gpuvemement  de  la  branche  alnee  de  radminisln- 
tion  du  dioctee  de  Lyon,  la  coor  de  Rome  essaya  d'obteair 
le  retablissement  dn  cai^inal  Fesdi  sur  soa  si^e  ardii- 
episcopal ;  mais  le  goovemement  deJuillet  repoussa  peremp- 
toiremcDt  tootes  les  oovertores  faiteskcetegard.  Le  cardi- 
nal Fesch  monmt  le  13  mai  1839,  trois  ana  environ  aprte 
sa  soeur  Ltttitia,  k  laqoelle  rnnissaienl  les  liens  de  la  plus 
Vive  amitie,  et  i  qui  il  avail  donne  lui-mfime  les  deibiers 
secours  de  la  religion.  Les  lettres,  les  arts  et  les  devoirs  de 
son  etat  avaient  ete  son  refuge  dans  Tadversite;  lis  firent 
la  consolation  d^  demites  annees  de  sa  vie.  Lanonh 
breose  collection  de  tableaux  qu*il  avait  reonie  dans  son  pa- 
lais de  Rome  etait  visitee  avec  empressement  par  tous  les 
aoklteurs,  qui  k  sa  mort  s'en  disputerent  les  d^Mis  au  feu 
des  encberes.  Sesrestes  ont  ete  transports  en  Corse. 

FESSE-M  ATTHIEU,  sobriquet  pen  conrtois,  deri¥e, 
disent  les  etymologistes  de  face  de  MaitMea.  On  rait 
qu'avant  sa  conversion  wintMatthienetait  pnblicain 
et  sans  doote  lUtf  rier.  On  pretend ,  d*un  autre  cAt6,  re- 
connaltre  k  li  &ce  les  preteurs  k  la  petite  semaine :  de  la 
la  designation  At  face  de  saint  Matthieu  oo  de  Matthieu, 
pour  designer  un  usurier  ,:puis,  par  corruption,  ou  pluiet  par 
insulte,  on  a  dit  feue  de  Matthieu  ou  Fesse-Matthieti, 
De  cette  location  est  peut-etre  venue  cette  autre  :  il  se  fe- 
niifisser  pour  un  iiard.  Moliere  a  employe  ce  mot  dans 
ffktourdi  : 

C»r  enfin  en  Tru  ladre  il  a  toujonrs  Teen  : 

11  M  tertitjesser  poor  moios  d'oo  quart  d'ecu. 

BaioT. 

FESTIN9  banquet,  grand  repas  qn'on  donne  avec  o^e- 
monie.  L*usage  de^festins  a  ete  commun  k  tons  les  dedes 
et  k  tons  les  pays.  D^s  les  premiers  temps  dn  monde^  il  j 
avait  des  occasions  marquees  poor  des  repas  d'apparat  etde 
rejouissance.  L'ticriture  dit  qn'Abiaham  fit  nn  gjand  fistin 
le  jour  qu*il  sevra  Isaac.  Laban  invita  nn  grand  nombre  deses 
amis  au  ^epas  prepare  pour  les  nooes  de  sa  fille  avec  Jacob. 
Cest  par  un  grand /es<in  que  le  p^re  de  famille  cAibre  le 
retour  de  Tenfant  prodigne.  Toot  le  monde  ooonalt 
le  festfai  de  Balthaaar.  Dans  Tantiqoite  profane,  ks  sacri- 
fices n'etaient  soovent  que  des  festins  sacres.  H  y  a  un 
Trattidet  Festins  par  Moret  Heiss,  dans  son  ffistotre  de 
TiPinpire,  decrit  le/es(iii^ue  Charles  IV  donnaaox  eiecteurs 
apres  la  promolgation  de  la  BoUe  d*Or.  Jamais  les  Persei 
ni  les  Atlieniens  ne  disoooraient  d'affaires  serienses  qu'an 
milieu  d»  festins.  Festin  vientde/ss^nm,  pares  que  les 
premiers  Chretiens  n^avaient  de  festins  que  les  joort  de 
fetes  ott  &agapes,  Huet  fait  deliver  ce  mot  d^festinare, 
qu^on  trouve  dans  i'ancien  interprete  latin  dn  Commentaire 
d*Origtoe  sur  saint 'Matthieu  :  Ut  veniens  Ulue  Jesus  fis- 
tinet  cum  dUdpuiU  suis.  L'^critore  repr6sente  ia  hM- 
tude  eternelle  sous  Tembieme  d^nu  festin.  Les  paiens  parleot 
des  festins  des  dienx,  du  banquet  des  dienx,  comme  de 
la  feiicite  parfhite.  Les  Anglais  sent  grands  amateurs  de 
festins :  c^est  un  de  leurs  ■  prindpaux  moyens  dinfiuence  et 
dc  gouvemement.  II  y  en  a  pour  les  elections,  poor  le  sacre 
des  rois,  pour  la  reception  des  chevaliers  de  la  Jarreli^ 


FESTIN  —  FfiTES 


pour  let  consecrations  d'^^ques.  Les/estins  da  lord-maire 
de  Loodnsont  eu  en  Agleterre  un  grand  retentissemeot.  En 
France ,  on  a  /esHn4  aassi  d*nne  maniire  asset  copieuse 
Mos  le  r^me  Electoral.  Les  banqnets  ont  renvers^  Lonis- 
Pbilippe.  Noosne  sommes  oependant  encore,  pour  I'abon- 
danoe  monstmeose  dm/estins,  que  des  enfants  aoprte  de 
nos  toisina  d^ootre-Manche. 

FESTINO.  Cest  le  nom  qo^on  donne  en  logique  au 
troisitee  mode  de  la  leoonde  figore  d'nn  syllogismey  oil  la 
pr«mMre  proposition  est  une  ndgatlre  uniTerselle,  la  se- 
cotide  une  affirmative  particulito,  et  la  troisikne  une  n^- 
gairve  particulito,  comme  dans  Fexemple  soivant : 

Fas    4acQn  bomne  uMchant  ne  uurait  £tre  heareas  : 

Tf      QaelquM  richM  float  m^banU  : 

no.    ilg^f  qaelqttet  riches  oe  soot  pas  heareoi. 

FESTI  VAL»  mot  anglais,  synonyme  de  nos  termes/d/c, 
r^auissance,  mais  qui,  g^ntalement  d^nm^  aujoard*hai 
de  son  acception  primitive ,  s'applique  cbei  nos  voisins, 
comme  en  Allemagne,  cnBdglque,  dans  la  Flandre  frau- 
^ise,  etc.,  bdesfdtes  industridles,  It  des  expositions  de  pro- 
dtiits  de  Part  et  de  llndustrie,  dont  on  s'efTorce  d'angmenter 
TaUrait  en  offrant  en  outre  an  public  le  plaisir  d'entendre 
exocuter,  par  des  orchestres  monstres,  de  coiossales  sym- 
phonies. ha/estivaU  de  nosvolsins  sontdonc,  k  proprement 
parler.des/^/es  mvsieales. 

FESTON9  gnirlaude  ou  feisceau  de  petites  branches 
d^arbres  gamies  de  leurs  feuiUes,  et  entrem^Kes  de  fleurs, 
de  fruits,  qui  sert  ordinairemoit  de  decoration,  et  qu*on  sus- 
pend alors  par  les  extrtoiit^s,  de  manito  que  le  miUeu  re- 
toiube.  On  en  dteorait  les  tetes  des  victimes  aux  sacrifices 
d«s  ptfens.  Chez  les  premiers  chr6tie&s  on  omait  de  festons 
et  de  couronnes  de  lleors  la  porte  de  r^^isaet  des  tombeaux 

fie  saints. 

Les  Italians  ont  des  d^rateurs  qulls  appellent/estoro/i, 
et  qui  font  des  festons  et  d'autres  omements  pour  les  ilHes. 

Feston  se  dit  aussi  d*un  ornement  d'architectore,  de  pein- 
tare,  de  sculpture,  en  forma  de  guirlande,  qui  estordinaire- 
ment  compel  de  fleurs  et  de  fruits  tiesste  avec  des  feuil- 
lages  00 des  banddettes.  AT^poque  de  la  dtodence  et  dans 
le  moyen  Ige,  les  aichitectes  en  ont  foit  usage  dans  leurs 
frises  d'ordre  composite.  On  se  sert  beaucoup  de  festons  dans 
le  d^oor  des  salles  de  f)fetes,  parce  que  la  forme  en  est  rtel- 
Icment  gradcuse,  et  qu*il  est  facile  de  lea  agencer. 

Festonner,  c*esi  faire  du  feston,  dteouper  en  feston; 
outrage  de  femme  qui  consiste  k  ourler  ou  d^couper  en 
feston  le  bas  d'une  robe,  le  bord  d^un  moochoir,  Textrdmite 
dhine  manchette,  etc. 

I>ans  la  poMe  descriptiTe,  comme  dans  la  prose  pom* 
peoae,  les  mots  feston,  guirlande,  sont  fr6quemment  em- 
ploy^ pour  exprimer  des  formes  arrondies  et  gradeuaes. 

P.-A.  GOQPIN. 

FESTUS  ( PoHPEius  Sextos),  cd&bie  grammalrien  la- 
tia,  qui  vivait  probablement  vera  la  fin  du  troisitoie  ou  le 
commencement  du  quatritoe  sitele.  Dans  tons  les  cas,  il 
eft  postMenr  &  Martial,  puisqu^fl  ftit  Pdoge  de  cet  ^plgram- 
inaliste.  Vossins,  sur  un  simple  mot  employ^  par  Festus 
(crttcem),  oonclut  qn*il  a  vtoi  lors  de  rinvention  de  la 
sainte Croix;  et  Dader  applauditft  oette  conjecture,  quMl 
adople  pleinement.  Mais  d'autres  savants  r^pondent  que  ce 
que  Fertnt  appdle  me  croix  n'est  autre  chose  que  le  la- 
b  arum,  4m  ^lendard,  sur  le  voile  duqud  CoBStantin  rem- 
pU^a  r^gle  par  la  eroix.  Qnoi  qull  en  aoit,  Fflitns,  dans 
son  tratte  De  Sign^flcaiione  Verborum^  unique  base  de  sare- 
Bomm^  n'avail  fitti  qu*abr^  un  oovrage  bien  plus  con- 
aid^rable  sur  le  mteiesujet,  portant  le  mtaie  titre,  et  com- 
post par  Verrius  Flacoos,  que  Sodfone  a  dt6  comme  un 
grammairien  trte-babile,  pr^epteur  des  petits-fils  d'Auguste. 
L*abr^  de  Festoa,  qui  existait  complet  encore  du  tempi*  de 
Cliariemagne,  ne  nous  est  parvenu  que  muUlii,  gftt^  in^me 
par  le  Lombard  Paul  Dl  acr  e .  Festus  avait  encore  ^rit  ou 
«e  prooosait  d*terire  un  traits  sur  les  mots  latins  qui  avaient 


373 

vieilli,  Priscorum  verborum  cum  extmpUs  libri :  cet  011- 
vrage  ne  nous  est  point  parvenu.  £.  Lavigne. 

FETE  DES  ilNES.  Voyei  Anes  (F6te  des). 

FETE  DES  FOUS.  Voyez  Foos  (F6te  des). 

FETE-DIEU  ou  F£:TE  DU  SAINT -SACREBfENT 
(  Festum  corporis  Christi ) ,  solennit^  particuUto  i  Vt- 
glise  catbolique,  institu^  en  1264,  par  le  pape  U r  b  a  i  n  lY , 
k  I'effet  d*honorer  la  presence  r^le  de  Jfeus-Christ  dans  le 
-aacrement  de  Ten ch a  r  i  sti  e.  Dans  Torigine,  le  jeudi  de  la 
semaine  sainte  ^tait  le  jour  consacr6  k  h  od6bration  anni- 
versaire  de  IMnstitution  du  Saint-Sacrement  Plus  tard,  on 
pensa  dans  qudques  ^gUses  que  es  longs  offices  et  les  c^r^- 
monies  lugubres  de  ceHe  semaine  ne  permettaieiit  pas  d'ho- 
norer  ce  myst^re  avec  toute  la  solenniti  requise,  et  on  jugea 
k  propos  dHnstituer  une  fiMesp^dale,  le  Jeudi  d'aprte  Toc- 
tave  de  la  Penteodte ,  c*est-ii*dire  aprto  le  dimanche  de  la 
Trinity  Cest  le  concordat  de  1802  qui  en  France  Ta  repor- 
t^e  au  dimanche  suivant.  L'figlise  de  Ll^e,  od  le  pape 
Urbain  IV ,  Fran^ais  de  nation,  n^  an  diocise  de  Troyes , 
avait  d*abord  M  archidiacre,  avait  adopts  de  bonne  heure 
cet  usage.  Quand  il  cdgnit  la  tiare,  il  instltua  cette  m^ine 
f^tc  du  Saint-Sacrement  pour  toute  l'£glise,  et  fit  composer 
sp^dalement  un  office  k  cet  effet  par  saint  Thomas  d*Aquin. 
Les  troubles  anxquds  Tltalie  ^tait  alors  en  proie,  par  suite 
des  querdies  des  godfes  et  de.)  gibdins,  emp^chirent  long 
temps  que  la  nouvelle  Me  fttt  partout  admise  et  cd^br^e; 
mais  au  condle  gto^ral  de  Yienne,  tenu  en  1311^  sous  le 
pape  CMment  Y,  en  presence  des  rois  de  France,  d'Apgle- 
terre  et  d'Aragon,  la  bulle  dlJrbain  lY  fut  confirm^  et 
robservation  en  fi^t  d^clarde  obligatoire  pour  toute  l^ise. 
Cinq  ans  plus  tard,  le  pape  Jean  XXII  y  ajouta  une  octave 
pour  en  augmenter  la  solennit^,  avec  ordre  de  porter  pu- 
btiqoement  le  sainVsacrement  en  procession.  La  litt^ra- 
ture  religieuse  est  riche  en  descriptions  de  la  Fite-JHeu,  as- 
sortment Pune  des  cdr^roonies  du  culte  catbolique  k  la  fois 
les  plus  touchanteset  les  plus  imposantes.  Le  gouvemement 
de  la  Restauration  commit  malbeureusement  une  de  ses 
plus  lourdes  fautes  en  pr6tendant  rendre  obligatoire  pour 
tons  I'observation  d*une  fdte  qui  doit  emprunter  son  carac- 
t6re  le  plus  saint  k  h  spontandt^,  k  Punanimitd  des  popula- 
tions appd^  k  la  c416brer.  Les  processions  splendides 
que  nous  avons  vues  parcourir,  entre  deux  haies  de  gen- 
darmes et  de  soldats  de  la  garde  royale,  les  rues  de  Paris 
tapisste  etjoncbte  de  fleurs,  en  f^ifaant  des  stations  k  des 
reposoirs  dev^  d'espace  en  espace  par  la  pIM  de  certains 
fiddea,  n'avaient  en  r6alit6  rien  d*^difiant  pour  les  masses, 
et  leur  moindre  inconvenient  dans  les  grandes  villes  est  de 
violenter  les  oonsdences.  Le  gouTernement  de  Louis-Phi- 
lippe crat  devoir  aupprimer  dans  la  capitale  toutes  les  cM- 
monies  extMeures  dn  culte  catbolique,  d  par  cons^ent 
les  prooesdons  de  la  FiiC'lHeu.  La  vraie  religion,  cdle  qui 
parie  k  I'Ame  et  non  aux  yeux,  cdle  qui  est  une  afbire  de 
oceur,  de  consdence,  et  non  de  speculation,  y  a  gagn^.  De- 
puis  la  restauration  de  Pempire,  la  procession  dela  f6te-Dieu 
a  reparu  partout  od  les  cultes  dissidents  reconnus  n'ont  pas 
d^^lise  constitute. 

FETES*  Tons  les  peuples  de  I'antiquite,  depuis  les  H6- 
brenxjusqu'aux  Remains,  depnis  les  Grecs  Jusqu^aux  Cdtcs 
ou  Gaulois,  ont  en  leanfiies,  c'est4-dire  leurs  jours  d'as- 
sembltes  et  de  r^ooissances.  Jamais  un  peupie  n'a  eu  de 
de  cuite  pnbUc  sans  que  la  files  en  dent  fut  partie.  Obex 
toutes  les  nations,  pendant  les  jours  de  fitte,  on  ne  rendait 
pas  la  justice;  le  n^goce  et  ie  travail  des  mains  cessaient, 
le  peupie  settvrdt  k  des  r^ouissances ;  on  ofTrdt  des  sacri- 
fices, on  fklsdt des  festi ns ,  on  cdd>rdt  des  jeu x. 

Les  fdes  des  Joifs  ( mohadim  en  hdiren )  ddent  de  trois 
series  ;Ies premieres  avaient  d6  institutes  par  les  patriarcbes; 
les  secondes  par  Molse,  sur  Tordre  exprte  de  Dieu ;  les  troisi^ 
mes  furent  stabiles  post^rieurement,  k  Poccasion  de  quelque 
^vteement  remarquable.  La  plus  ancienne  des  ffttes  primi- 
lives  dece  peupie  est  le  sab  bat,  institu4  par  Dieu  lui- 
mime  le  septiime  jour  de  la  cr<^ation.  La  Genise  paHe  en* 


f*:tes 


574 

core  d*qD6  esptee  de  tt(a  qne  ^»cob  c^Mbra,  lorsque,  par 
Tordre  de  Pieu ,  il  alia  lui  ^rlger  up  aut^  dans  uq  lieu  ap- 
pel6  Bdthel  (la  Jl/awQ«  de  f(i$u)  1 1  Fari(|e»-fOQs,  Ojt  pe 
patriarche  1^  sa  famiUe,  et  cbangei  de  T^teipenta-  «  Ua  H- 
Tfes  4e  Mo)3e  ne  parlent  paa  d*autres  f^es  primiUT«s»  et  U 
est  k  proire  qn*U  q'a  gard<^  pe  silence  que  parce  quMl  cod- 
servfi  )e  c^r^n^e^ia)  des  patriarches  dans  celui  qu'U  prescri- 
tH  hut^  Juk's.  Cfipendant,  de  ce  passage  dq  )03"  psaurpe  : 
«  pj^u  a  pr6^  la  lun^  P^ur  iparqner  les  jours  d'assembl^e,  k 
oq  pent  cfoire  que  la  contume  de  a^assembler  aux  n^omd- 
nies,  oq  noq?elles  lunes,  a  616  c\m  lea  imt^  anUrjeure  ^ 

Molse. 

Ua/a^  {ostiii?^P3  par  ce  l^glslateur  sont  aq  nombre  ^e 
ciqq,  trqjs  graqdes  pt  deu^  de  moindre  Iqiportaqce.  Les  trots 
graqdes  ^vai^t  r^ppo)1  qonrseqlement  1^  ragricqllure, 
mals  ^  trois  blepfaiU  signal^  dq  Sejgpeqr :  iAf4te  de  Pd- 
g  « e4,  Ma  sortie  d'£gypte  et  h  la  d^livrance  des  preqiiefs  q^ 
des  ll^breux;  la  pen(ec6 U,  sept seqnaines  apr^,  k  |a pu- 
blicatioq de  la loi  sur  le  Slna! :  la/d/e  des  Tabernacles,k 
la  r^pqlte  des  fruits.  lis appelaient  le  grand  sabM  celui  qui  sa 
trou?aitparqii  les  sept  jourade  cette  fl&te ;  il  en  ^tajt  de  m^e 
pour  les  deui^  sabbats  qui  tombaient  dans  les  sept  jours  des 
n&tesde  P&qqeset  de  PentecAle.  Us  deqx  qjoindres  f^tes  ^laient 
ceUe(/esrrpmpe/<e<etcelledes^a;p<anon«;(:esso- 
lenqU^tlndependamment  deleor  rapport  religieua,  ^talent 
des  monqments  irrecusables  des  faits  sur  l^qels  ^tait  fon- 
dle la  religion  juItc.  Les  trois  principales  ^talent  seules  d'ob- 
ligation  pour  les  bomroea.  Outre  les  femmes,  la  loi  dispen- 
sait  d>  assister  lea  insens^i,  les  sourds-muelSt  les  esclaves, 
lesavaqgles,  les  boiteus,  les  Tieillards  et  les  indrmes. 

Les  f^tes  des  Julfs  institute  depuis  Molse  sont  eq  petit 
nomM  :  ^Ues  ^taient  destinte  k  la  poq^rodqioratiou  d*^- 
v^enieuts  cbera  k  la  nation.  Te|le  ^tai^  la  /4te  des  Pu- 
rim/ou  $oris,  en  ip^qH>ife  deravantagequelaqrs  anc£tres 
avaieqt  reqqtort^  sur  Aqua n,  qqi  avait  voulu  d^trqire  toute 
la  qatipq  juiTe.  lis  a?^eqt  encqre^  aq  )4  dn  m\^  casleu, 
[^/iiedela  p^dicqcedu  temple^  iqstitu^e  par  Judas 
MacliaNe  lorsqqMl  puritia  le  teqaple  profane  par  Antiochus. 
Apr^  le  schisine  dPS  di«  tnbus»  Jeroboam  seqtit  combien 
les  solennit^  qqi  se  pil(§braient^  Jerusalem  ^talent  capables 
d'y  at^irer  ses  sqjets.  Pour  consomni^er  la  separation  entre 
son  royaqqie  et  oelui  de  4uda,  il  pla9a  des  idoles  k  Pan  e( 
k  Bethel ;  il  y  ^tablit  des  pr^tres,  des  saeri(ices  et  des/^e^» 
afm  de  retenir  sous  son  ob^ssance  )es  trjlius  qui  s'dtaient 
donn^ps  a  IqL  W  e^t  k  reqoarquer  que  toutea  1|^  f(ttes  des 
Juifs  cpq)inep(aient  k  six  heures  dq  soir  e(  Unissaient  \  la 
mftme  beure,  quel  que  fOt  le  noqabre  de  jours  de  laqr  dur^ 
Si  Toq  en  croit  le  prophite  flz^liiel,  dans  J^rqsaleqf)  eor- 
rompuey  les  JuiA,  lirr^  k  tou(ea  les  superstitions  de  I'ldo- 
latrie ,  ci^Ubraient  des  solennit^  sacrileges.  M  signale  eq(r9 
autres  les  femmes  Israelites  celebrant  U/il^e  d^AdanU. 

Les  files  et  ceremonies  des  liniqsis  sont  encore  aqjoqr- 
9\\\x\  k  pay  pr^  ce  qu*elles  etaieqt  dans  ^  temps  les  piqa 
recqies.  Ayeo  le  mois  tchaitra  pommence  Tannee  luqaire  de 
Yikramaditya ;  qqy  cei^bre  la  fdtede  Cartikeyn  oq  icundot 
second  fils  du  dieu  SiTa,  le  6*  jour  de  la  eroissance  de  la 
Iqne ;  le  |,  eelle  de  la  naissaqce  de  Sri- Rama,  ^Is  de  Viph- 
noq,  Qu  plutdt  sa  septiime  inearpaMoq.  h»  iz  et  le  14 
du  mojs  tcMtra  sont  consapr^  k  la  feU  de  Coma,  dieu  de 
Tamouret  des  plaisjrs.  On  cei^re,  en  outre,  les  7,  a  et 
9  de  ce  iqeme  mois,  la  fete  du  printempa  et  una  f&le  tres- 
solennelle  en  TUonneur  de  Site.  PqOPt  le  B,  on  coqsapre 
k  Wjscliqou  lea  fleurs  d'asoca.  Le  a  de  la  lune  de  va^alska, 
^nniyersaire  4§  le  desceote  de  G^nga  (deesse  dq  Gange) 
sur  la  terra,  et  le  10  de  diyc^chtkaB  anniversaire  de  la  naie- 
sanpe  de  Qanga ;  k  la  pleine  lune,  on  liaigqe  Tidola  de  ma- 


in. Rieo  p'egale  redat  de  ces  fttca,  qui  alt2reB|  im  vmk 
nombre  de  peieriqa.  Le  it  de  bhadra,  Ate  tr^  i irfejwyHi 
en  rboqneur  d'lndvQ,  dieq  de  I'etber  et  dq  joor ;  sf  ataUie  ei| 
promenee  I  daqs  ce^  aoleqmte  sqr  up  bel  eiep|»f#f •  pp  i* 
ao  9*  jour  lunaipe  d'asvffim  ( septenUvB-pdolm )  /pte|- 
tion  de  Dourga,  deesse  qq|  n'est  autfie  qqe  ^Aapwl ,  psaia 
BbaTani  armee,  invincible,  vengerease ;  le  e  lywnmpisri  k  pvo> 
premept  parler,  si|  fete,  appejee  ^lmra-^i}f<$,  oci  |p/(tfe  €^ 
tomne:  eiledure  quipae  joqra.  Le  q  pat  ledermr4ea  tipis 


grands  ioqra  :  qp  iimpole  en  rhopocor  de  |p 
quantiteinpombrable  d'animaqx,|>ripcipa)eroep|  jtabnOles; 
le  lendemain,  on  jette  sop  image  daps  le  Qange.  M  1^»  ^  ia 
pleine  lune,  on  ceiebre,  surtout  par  de  brillantes  illomitt* 
tions ,  une  grande  fete  de  nuit  en  llionneor  de  la  desccole 
eur  la  terre  de  Lackmi,  la  premiere  des  deux  feinmes  de 
Wischnou.  Le  m6roe  Jour,  on  ofTre  des  fleurs  4  Sf^ama  on 
Cali  la  poire,  qp  des  poms  de  ^liaTaqirPpqr]^,  ^o^ie  de 
Siva.  Le  i*'  dp  aarfika,  aptrafete  dp  pqjf  a^ep  dea  IMpou- 
nations,  ep  mempire  de  Tapcien  rot  ^p/^.  l0kd»  magAa, 
rete  tres-solepnelle  de  Sourya  ( up  des  d^ze  aoleils )  :  ella 
estceiebree  princlpalemept  par  lesfprnqtes.  Pe  1 4,  fete  dp 
Lingam,  accompagnee  deceremonies  extravrdipairea.  Les 
Indians  opt  aussi  plusienrs  fetes  pp  llioppew  dpa  iplpes  des 
apcetres,  autquela  on  offrp  de  la  ^lair  et  dea  T^^g^taiu.  An^ 
fetes  no^iirpes  de  la  deesse  Call,  pp  off  rait  des  ?ictirops  ba- 
maines ;  et  il  n'est  pas  certain  qpe  eat  afTreui  psagp  spit  a»- 
core  partout  aboH* 

Lea  PKnstt  a?alept  un  cqlfe  eemparable,  poor  aa  simpti- 
cite  seTere,  4  pelul  des  Hebreox.  Leur  annee  solairp,  <ki  paoee 
de  Dacbemachid,  eomposee  de  360  joqrs  et  de  ft  jouia  inter* 
calaires, se divisait  en  six  saisons  appeieea  ^oAanikzra,  da 
Bom  dea  aix  fetea  p4iebrees  par  le  dieu  Ormnad,  ppr4a  ebMoa 
de  sea  travauz  de  la  ereatiop ,  e|  aolepnlseps  daps  |a  spite  k 
son  exemple  par  ses  adorateurs.  Le  jour  ae  divisait  pareMle* 
mept  en  poAi  ou  temps,  etcbaiiPPdiyisiQBderppiieeeompw 
da  jouravait,  parmi  lesamscAopa^^^s  etles  Isedi, 
aop  president  celeste,  aqquel  op  adresaait  dea  prieres,  st 
dopt  OP  eeiebrpit  la  fete.  Daps  lea  aipq  jours  iptercalaiiWt 
op  rendait  de  seleapels  Immpiages  aux/arepra  qpi  pr4« 
sidaient  4  cette  periode :  e'eiait  qne>vfle  d«/PtM  Ma  loipll 
ou  de  ioutee  les  dmes,  Durant  ees  aolannites,  pppeiees  fer« 
vadians,  les  eviea  etalent  eenaeea  venir  ear  la  tprae  viiitai 
lepra  procbes,  qui  s'empressaiept  de  lea  aeeneillir  par  dei 
festins,  dee  pri4rea  et  dea  cereoionies.  Tout  I0  ritpd,  teet 
le  serYice  sacr^  dea  magea  ae  sattaebalt  4  co  cplepdrier. 

II  y  pvait  quatre  grandea  fltea  da  aoleil.  La  iVeicretis,  oe 
le  pouvel  ap,  ae  ceiebnit  an  asois  /arrarilUi,  ?crs  reqni- 
noxedu  printemps ; leifeAer^/on,  ouAteda  AfllAre, aa 
BMiis  dumeme  nam,  vera  Pequtnexe  d^aatoeapp}  Ip  CAear- 
remrotu,  an  oomneneeoMnt  de  rhiyer;  le  Neiranf  au  lel? 
stice  d^.  Chacopp  de  caa  ACea  dnrait  aix  jpura,  par  aaa 
relation  maaifeste  aux  six  gahanbars  et  4  la  creation.  Les 
aix  Ales  des  gabanbars  op  de  la  ereatioB  avaiept  cipq  joeis 
ebacune  :  eUea  rappelaient,  even  lea  FairvMomtf  lea  Qtfii- 
quatria  du  calendrier  mmaip,  couspcrees  4tdtfMeors  di- 
viniies.  Lbs  fetes  specialeroepi  copsacreea  an  feu  efaieet  Is 
Sede,  la  plusanciennede  loqtes,  introduite  par  Donsclumi 
ou  Huschang,  patriarche  de  la  premiere  loi ,  en  l^opaaar 
de  la  deoQovertada  cet  element,  pt  fixee  aa  10  de  4aAauui 
(a  reTricr); etia  fete dn  fen  renouveiee paron  nddePM-diao, 
Gustap,  au  tt  d'odar  ( novembnHieeemhre).  Vepaieot  sp« 
soite  lea  trab  Ates  de  la  victoife,  lea  tnia  Atas  d^  la  liberie, 
etlesdpoip  Ates  des  gdniea.  La  premiere  Ale  dp  {a  victoiit 
raiipdait  le  triomphe  de  I'lron  aur  lp  1Viih>ui;  la  seconds, 
celui  du  heroe  Pvpidaun  aur  JTpAoA.  U  tniaiene  M  da  Is 
vicloin,  oa  ifapepApaie,  est  pr^ntee  par  les  Oriantsux 


gannaihat  qui  est  una  dea  imagea  aeqs  lesquelles  op  adore  compM  la  Ale  de  l^eatiapatiop  de  toolea  lea  erefitufea  d*Ali- 

"Wisbnoq  daqs  la  Title  de  Pjagarqat,  at  qp  peiebre  pendant  1  rimap,  lea  dent ,  lea  dwnmdjs  ( PMUTaia  geniea ),  las  ftax 

qeuf  Joura  sa  Ateappqelle,  appelde  ;Spapp-yalra.  Le  3  d'o-  !  mages;  elle  se  ceiebrait  4  la  An  de  Avrier.  Lea  Atai  de  U 

chadha  ( juin,  julllet ),  op  promene  dans  qp  enorme  eliar  liberie  eiaient  s  i*  celle  dea /mi ;  ella  temliait  an  i^  adr, 

la  meme  idolc,  af ec  cellea  de  itoto-i?amaet  de  Saubhadru,  epvirop  4  la  ml*BOTenbve,  el,  eolPcidaBt  area  las  letpi  ds 

Cette  ceremppie,  qui  se  noamieil0lAa*  Yairef  dure  jusqu'en  |  la  vendan«B  dio  lea  Giaea,  alia  rappdait  les  lteechapa^l  ct 


FftTES 


3i5 


leiiHe*  4e9iltoe;  2*  tt^  dd  manfteiuinf  qtrt,  (ant  par 
scMt  «^irK  qtie  par  P^^oqti^  oil  tilci  M  soletmisKft  ( la  tin 
d6  d^eemifrt ),  HOi  praptisiheiii  H  teUi  de  U  liberty ;  elte 
r«|(HMrtan  tes  Sftehftales  ratRMfH^  «t  ritppelle  ft  qtielqoes 
^^ktds  16  oort^e  da  boeitf  gra^  eti  France »  ad  eainatal  : 
eh  1  pttttom^  tar  utt  ttuteati  bn  tnatin^tlln,  p2ir<;  des  or- 
nMedte  royam ;  putt,  ta  prottenade  termini ,  (m  jetait  an 
ibd  te  ttafttfMiuiit;  t^  h  fMe  des  morts,  tro!s!6ine  (fife  de  la 
Rberife,  qtd  ae  cti^braH  le  20  a6an,  dans  lit  preoiiftre  luoitl^ 
de  ftorembre.  Ce  ]oor-I&  on  ptotaK  des  eyprte  dOt  pleds 
des  morts,  eoutbnfe qnl  s'obsetvc!  encore  ai4oQrd*hi]f;  paree 
tfae  dMa  fOrient  cet  ttbte  i  (oojoots  dt6  regard^  comme 
rirbre  do  bt  liberty,  el  la  mort  cotmne  le  gage  d6  la  liberty 
HxMMb,  Qoaot  ant  ffties  des  g^le^,  elles  s6  cdl^raient 
diaqoe  ttOis.  Enfln,  eliaqae  f otir  ^talt  sote  le  patroriag^  d^an 
gtoio.  to  ealettdrier  des  ftUis  ehes  les  Perses  dtaH  tnlettx 
ordoand  ^pfaneon  do  eeoi  qoe  noos  a  fransrals  rattfiquff^. 

Toote  Ul  tIetUe  reRgion  persano  sTalt^ra  lorsqwj  Padora- 
Um  sPcJeflAe  el  dr^st^rlefns^  do  MMhras  derin t  k  firhicf psle 
religion  dA  secCtfleafS  de  Zoroisfre  :  alors  s'Introduisirent 
dans  10  enlte  des  imioratioos  qai  flront  dtsparatfTe  les  traces 
do  sa  simplicity  primitive.  Ce  culte,  r^psndn  de  bohAe 
hortro  dans  I^Amdnio,  le  PoOt,  la  Cappadoce  Ot  \t  CiHcio, 
fill  tiHH  mix  Romaikis  par  les  pirate*  qti'avalt  droits 
Pompde  atrr  lea  cdtes  de  PAsle  MIneorO ;  bfentdt  les  ftoraafns 
Padaplftrent.  Do  li  ces  horriblOs  cdr^monf^  Odsangtsntto 
p»  dos  saerfffcos  bvmaiils.  Les  Gtears  dotin^rent  retempte : 
fenporettr  Jidlen  6tabtit  d«g  Mithriaqnes  U  CbUstanthiopte. 
UflO  aiitre  fito,  edlo  do  te  naissOnce  dn  sOM  btrhtcibt^, 
tambsft  n  0  des  calendes  de  Janvfor,  on  an  25  d^cembre. 
CeOe  ^poqw  prMdait  die  qnehtaos  Jonrs  la  feto  des  f^erses 
•ppeMo  Mirrhagan,  mot  qnl  etpHme  une  id^c  analogue. 
Iff'miO  oi  POntre  de  oes  deui  solennitte  avaient  Element 
rappbrt  k  HMhnto.  La  precOl^re  ^It  nne  ftte  gdn^rale  k 
Jlofne  et  dMks  tout  roccident.  Le  people  86  r^ndalt  en 
fMo  an  dehors  patrml  des  c^montes  do  toot  genre,  ot  te- 
Arit  S08  fOUafds  attach^  an  ctel. 

Comme  les  tcTrtizRS  ttvaxent  los  premiers  donnd  nais- 
isttoo  k  fat  (depart  dos  dhinftls  paleanes  connaes  des  Grecs, 
lie  mMo  Ss  araient  les  premiers  dtabli  les  IStes  cAdbrdes 
en  tear  bomiear,  la  poinpo  de  Iooj^  cnlte,  les  c^rdmonies, 
les  oradeSy  eti.  An  resto,  lei  lltes  prindpales  do  co  people 
avaient  M,  comme  cdles  dos  Perses  et  des  Indiens ,  ^fa- 
fallos  d*aprte  les  ^poqnes  naturdlos  de  Tann^e.  La  pins  so- 
tennelle,  appeli^o  Ufite  des  Lameniaiions  dTlsU,  oq  de  la 
disparitien  d*Osiris,  eommen^t  le  17  ttathyr,  ou  13  no- 
Ycmbre,  on  rapport  do  Phitarqae  :  c^dtalt  une  (^te  de  deaf  I 
et  de  larmes.  Tors  le  solstico  driver,  on  c^li^braft  la  Ite- 
eherehe  dTCslris^  et  le  7  tffU,  on  3  Janvier,  V Arrive  cTIsis 
de  hk  Phteide.  Pen  de  jonrs  aprte,  la  fftte  d'OslrU  tttrouvi 
(  ofte  sooondO  Ibis  )  onissalt  les  crfs  d*all^esse  de  toute 
r£gypte  k  lajoiepuro  d'liAs.  La  Iftte  des  semailles  et  de  la 
S^inHtun  d'Osiris,  cello  do  sa  JtisurrecHon ,  lors  de  la 
poosse  des  jeunes  herbes,  ceffe  do  la  Grossesse  (Vlsis^ 
oBeefnfe  dnirpotrote,  <fe  la  naissdnce  do  ce  dieo  enfant , 
anqod  on  olTrSit  les  pr^mices  de  te  r^lte  prochaine;  cello 
dos  Pamiflies  on  do  la  ptocessim  duphal lus,  lt6es  plus 
OB  BK^M  ant  prMdontes,  tombafent  dans  nne  grande  p^- 
rfode  qtrf  embrassalt  te  moitid  de  rantrte,  depnis  T^ufnoxe 
d*aiitomne  liisqn*ft  cOlnf  du  printemps,  et  dn  raois  paophi  au 
moispAixrmoiiMt  ( do  2ft  novembro  an  27  mars  ),  au  com- 
meacement  daqui«f  ^  e^C^brait  la  PuHflccUion  d^lsis.  Un 
pea  avant  te  nonveDie  fane  de  phamenoth  (mars),  les  £gyp- 
fiens  solennisaieilt  Pentr^  d^Osiris  dans  lalnoe,  qaH^iait 
eensd  ffieondef,  poat  qir^i  son  tour  die  f^ndAt  la  terro. 
ttttti ,  te  30  d*^pM  ( 24  jolliet )  trait  lien  te  ISte  de  to 
Jfaiisanee  d  ffoi^uSf  le  repr^sentent  d'Osiris,  lo  vainqueur 
de  Tjptiony  dans  te  seoonde  grande  p4riode  qui  s'^tendait 
de  phamumM  en  thoth  ( da  27  mars  an  29  aoQt ),  oi^  re- 
eomnjen^affi  Pannde. 

Oatre  0^  fHies,  g^^rales  dans  toute  Vtgj/pid ,  H  y  avait 
dflt  Meilocatei^  dont  qadques-unet  attlratent  an  immense 


codcoiirs  do  poputetlon  :  tetles  ^talent  les  f^tes  do  Bubastis, 
dafii  te  vill6  de  co  horn ;  cdle  de  NHth  ou  Minerveii  Sals , 
appd^O  hjile  des  Lafnpes  ardehtes;  cello  do  Soleil, k  H£- 
llopolls;  colte  de  Buto  00  Latone,  dans  la  dt^  de  ce  nom; 
cello  de  Mars,  k  Paprenis.  toucafr^es  par  H^rodote.  Toutes 
^talent  flx^  k  te  nouvdle  ou  k  la  pleinO  luhe.  La  rste  des 
lampes  ardentes  ressethblait  beancoup  k  cdle  des  iahternes, 
qui  i  lieu  encore  dans  te  Cbine.  Qui  h^a  entehdu  parler  des 
Idles  qui  so  C(\l^bra!ent  par  toute  PEgypte  qiiand  il  ^teit 
n6  un OoUteau  boeuf  Ap  is,  ou  quaud  1  ancieh  ihourait  ?  Ce 
peuplo  devalt  au  Nil  une  si  grande  fertility,  quit  n^est  gb^ 
(Stonndnt  que,  dans  sa  superstition,  il  en  ait  fait  un  dieu :  aussi 
c^I^brait-n  en  soli  honOeuf  des  l^tes  appdto  Pfitiaques. 
C^teit  le  24  septembre,  an  sobtice  d*dt6,  que  Pinondation 
bienraisanto  de  ce  fleuve  attdgnait  sa  plus  grande  hauteur. 
£n  ce  Jour  d^all^resse,  en  cette  ffite  deS  plus  solenndles , 
on  ouvrait  les  ^clusos  au  bruit  des  acdamations  univer- 
sdles  et  des  oris  de  Jole  d^une  foulo  immense.  La  patire 
qu*on  Jetait  dans  le  fleuve  ^tait  une  ofTrande  qu*on  faisalt 
au  dieu.  Ces  f6tos  duraient  sept  Jours,  pendant  iesquds  on 
^(ait  persuade  que  l6s  prdtres  Jouissaient  d'une  trdve  avec 
les  crocodiles,  et  pouvaient  so  baigner  sans  danger  dans  le 
Nil.  Depuis  les  Ptol^m^es,  et  sous  les  Romaiiis  surtout,  rien 
ne  snrpassalt  l^^latet  la  solennit^  desO&tesdu  dieu  sirapis, 

3ui  avait  d^trdnd  les  vieilles  divinity  de  P^^pte,  et  6tait 
evenu  le  dieu  onlversd  du  pays. 
Dans  la  Babvlorib,  PAssyrib,  en  Strie,  en  Asm  Mi- 
REORB,  en  on  mot,  dans  toute  PAsib  occidehtale,  il  6tait  an 
culle  qui  domioait  toos  les  autres,  ot  dont  les  i^tes  so  c^I^ 
braient  partout  avec  magnificence.  Cdtait  ceiul  d*uno  d^esse 
appel^e  Mytitta  en  Babylonio,  AstarU  k  Sidon ,  ^oa/^lr 
et  Dtone  k  Byblos,  Alytta  chez  les  Arabes,  V4nus  chez  les 
Grecs  :  die  avait  pour  ^poux  Bd  ou  Baal ,  ou  Adon ,  etc 
Qui  0*0  lu  dans  H^rodote  te  description  des  fltes  en  I'lion- 
neur  do  MyHtta,  dans  lesqnelles  la  prostitution  des  pre- 
mieres ftoimes  de  Babylone  tenait  une  si  grande  place?  La 
f6tO  d*Adonl8  dfait  la  plus  cd^bre  de  PAde  occldentaie;  die 
dteK  solsticlale  comme  la  prdc^ente,  et  tombalt  vers  la  On 
de  Join,  dans  le  mo!s  appel^  thammus,  du  nom  m^e  du 
dieu.  Cdldbrte  originafremcnt  k  Byblos  en  Pb^nide,  dte  te 
fut  plus  terd  k  AntluchiO  sur  POronte,  k  Jerusalem,  k 
Alexandrie  d*£gypte  et  k  Atb^nes.  Mais,  an  lieu  do  roster 
solsticlale  comme  dans  POrient,  la  f&(e  d^Adonis  k  Athtoes 
paratt  ^tredevenue  ^qulnoxiale,  tombant  en  avril  et  en  mai, 
k  te  nouveHe  lune.  Cetto  llftte  avait  deux  parties,  Pune  con- 
sacrfe  k  la  douleur,  Pautre  k  la  Jole.  Elles  ^talent  cons<^cu- 
tives,  mais  sans  se  succ^er  partout  dans  le  m^mo  ordre. 
A  Byblos,  la  (file  lugubre  venait  la  premiere;  k  Alexandrie, 
c^^tait  la  rete  Joyeusequl  pr^^dait.  A  Byblos,  les  femmes 
devalent  se  cooper  les  clieveux,  ou  Men  ofTrir  au  dieu,  dans 
le  temple,  le  sacrifice  de  leur  chastet^.  A  Alexandrie,  elles 
paraissaient  seulement  les  dieveux  ^pars  et  en  robes  flot- 
tantes  sans  cdntures.  Outre  les  lamentations  d^usage ,  des 
hymnes  do  deuil  ^teient  chants  avec  acccompagnement  de 
notes.  L*lroago  d'Adonis  ^lalt  plac4e  Sur  un  magnifique  lit 
fbn^bre,  ou  sur  un  catatelque  colossal.  A  Byblosi  les  lamen- 
tations so  termuiaient  par  Pensevdissement  du  dieu.  A 
AIOMudrie,  lo  jour  qui  sulvait  la  fSte  d*all^^resse,  on  por- 
tait  en  procession  te  stefue  dUdonis  jusqu'au  rivage ,  et  on 
la  prteipitait  dans  te  mer.  Une  idylle  de  Thorite  donoe  uno 
id^  do  la  magnificence  qui  pr^idalt  k  te  fiSto  d^all^resse. 
En  Plirygic,  la  fite  de  Cybtle  et  d'Atys  rappclait  cellos  de 
V^nus  et  d*Adonls.  Efle  commen^it  avec  le  printemps,  R\6 
an  2t  mars.  Le  poite  Lucr^ce  a  ddcrit  cette  f^tc,  dans  te- 
quelle  les  prCtres  de  Cyb^Ie,  au  milieu  des  transports  d*une 
joio  sanvage,  so  mutilaient  eux-m(^mes  k  rimttation  du  dieu 
Atys.  A  Comana,  en  Cappadoce,  et  dans  le  Pont,  on  fi&tait  par 
des  danses  bdllquetises  uneV^nusguerri^re  appel^  JETnyo.  On 
retrouve  partout  dans  ces  l^tes  de  PAsie  Mineiro  dos  orgies  ou 
Tolupfueuses  ou  guerrlires ,  des  danses  armi^cs,  des  prostitu- 
tions sacrto,  des  ^changes  do  sexe,  indiqu6»pardes  ^liangos 
de  T6temento,  et  souvent  ro^me  de  rigoureu^tes  abstinences. 


876  F^ES 

Dans  la  Tauride,  rien  de  sombre  et  d'afTrcox  couLMe  les 
f6tes  de  la  terrible  U^cate.  Le  sang  humain  j  coolait  k 
grands  flots,  an  son  d'one  inusiqne  effiroyable.  Le  mtoie  ca- 
ract^  dlstingoait  les  f^tes  deBelpb^or  k  Tyr  et  k  Carthage, 
•ii  Ton  immolait  des  enfonts  par  ceotaines.  Dans  la  (Uq  so- 
lennelle  qa*oa  c61^brait  k  Tyr  en  I'honnenr  de  Melkarth  ( I'Her- 
cule  ph^cien),  laprindpale  c^r^onle  consistaitk  duller  la 
statue  du  diea :  c'6tait  nn  symbole  de  liberty,  car  Melkarth  pas- 
sQit  poorrappui  des  opprim^  et  la  consolation  des  esdates; 
c^^tahanssinn  symbole  astronomiqne,  car  son  colter^omait 
une  forme  d'adoration  du  sdeil.  Tons  les  ans,  k  Tyr  et  k  Car- 
thage, et  dans  tovtes  les  colonies  phtoidennes,  on  allamait 
en  l*honneur  de  Mdkarth  un  Immense  bOcher,  d'oii  8*flevait 
uu  algle,  pareil  au  phinix  d'£gypte,  symbole  da  soleOetdu 
temps,  qui  renatt  de  ses  piupres  cendres.  Cette  grande  so- 
lennit^  avait  lien  k  rooverture  du  prlntemps.  lAse  rendaient, 
k  r^poque  de  la  ISte,  desambassades,  on  tMories^  de  toutes 
les  colonies,  apportant  au  dien  national  par  excellence  leurs 
liommages  et  leurs  riches  tributs.  En  Lydle,  les  fi&tes  duller- 
cule,  T^ritables  satumales,  dtaient  d'one  sensuality  du- 
rante. FiUes  et  femmes  s'y  prostituaient;  et  les^enx  sexes 
^hangeaient  leurs  r61es  en  souvenir  d'Omphale.  Que  dire 
des  phallagogies,  on  procesdonsdu  phallus,  si  c^6bres  dans 
toute  TAsie,  tttes  dflirantes ,  dans  lesquelles  la  corruption 
la  plus  monstruense  se  couvrait  du  roanteau  de  la  religion  ? 

Les  prindpales  (6tes  des  Giiecs  consistaient  en  assem- 
blies soiennelles  od  Ton  c^l^brait  des  jeux  publics  :  il  y  en 
avait  de  communes  k  toute  la  nation,  tdles  que  les  jeux 
Olym piques.  Les  autres  Ates  g^^rales  de  la  Gr^ 
^taieut  les  jeux  Pytkiens^  les  jemilsthmiques  et  les 
jeux  Nimiens,  I!  y  avait  encore  des  f&tes  fixes  qui  reve- 
naient  chaque  mois,  conimc  les  n6ominies^  ou  joors  de  la 
nouvelle  lune.  Les  diverges  dt^  de  la  Gr^  avaient ,  en 
outre,  leurs  f^tes  particuli5res;  maSs  aucune  n^en  c^^rait 
un  plus  grand  nombre  que  les  Ath^niens.  C^taient,  en  Ilion- 
neur  de  Bacchus,  les  jeux  agrioniens ,  ou  Agranies^ka 
Anacies,  la  f6te  de  Bacchui  en  liber U;  en  Thomieur  de 
Minerve,  les  Panath6n4es;  en  Hionneur  de  C^rte,  les 
jdux  Ala6ens,  ou  Aleves;  les  Aphrodisies,  <x>nsacr<$es 
k  V^nus ;  les  i4 marines, &  Diane;  les  Anthesphories^  k  Proser- 
pine; ]esPromM4eSf  dans  lesquelles  onhonorait,  en  allu- 
mant  des  torches  et  des  flambeaux,  l^venteur  de  I'nsage  du 
feu.  Parmi  les  i%tes  ath^ennes,  on  trovive  encore  deux  fetes 
politiques :  les  Jeux  Aleetoriens,  ou  Aleetrionon ,  en  md- 
nioire  de  ce  que  Thimistode,  marchant  centre  les  Perses, 
fit  combattre  deux  coqs  pour  animer  ses  soldats ;  et  la  fftte 
d'^AratuSf  qui  avait  ddlivr^  Athtoes  de  la  tyrannic  des  Ma- 
e^oniens  (I'an  230  avant  J.-C.).  A  Lac^ldmone,  on  c^l^- 
brait  la  fftte  du  ris,  les  Nudip6daUs,  ((ftte  dans  laqudle  on 
dansait  pieds  n»s  en  riionnenr  des  dieux;  la  fftte  des  Nour- 
rices;  les  Hyadnthies^  en  mtooire  dela  perte  du  jeune 
Hyacintlie;  enfln,  la  f6te  de  la  Flagellation^  danslaquelle 
on  faisait  subir  ce  cruel  supplice  aux  jeimes  gens  en  Thon- 
ncur  de  la  d^esse  Diane,  ou  If^ate-Opis,  divinity  sangui- 
naire,  venue  de  Scythie,  et  qui  d*abord  r^lama  des  hommes 
pour  victimes.  Mentionnons  encore  la  fftte  d'AntinoOs,  ins- 
tiUide  k  Mantin6e  par  Tempereur  Adrien. 

Les  RoHAim  appdaient/e5/i  certaines  Joum^s  consa- 
crdes  k  des  pratiques  rdigieuses.  Ces  jours-lk  on  ofTrail  des 
sacrifices,  on  c^I^braitdes  fi&tes  et  des  jeux,  ou  du  moins  on 
suspendait  leg  travaux  accoutum^.  Ily  avait  trois  sortes  de 
fiStes  :  \e3jitei  fondles  (statx),  les  f6tes  fixte  k  un  cer- 
tain jour  par  les  magistrats  ou  par  les  pr^tres  (concep- 
tivx)f  enfin  les  f&tes  cddbr^  accidenlellement,  d^aprte  les 
onlrcs  du  consul,  du  pr^teur  ou  du  grand  pontife  (impera- 
tivx).  On  possMe  le  calendrier  remain,  et  par  consequent 
lecat  liogue  dc&/iles  fonddes.  Au  mois  de  Janvier :  c*(itaient 
\e^  Agonales^  en  Thonneur  de  Janus,  le  9 ;  les  Car  me  n- 
iff  lessen  Phonneur  de  Carmenta,  mhre  d*^vandre,  le  11 ; 
eufiOy  au  i**"  Janvier  on  se  souhaitait  r^ciproquement  bon- 
lietir  et  sant^,  el  Ton  envoyait  des  pr^f^nts  a  ses  amis.  C*<5- 
Icil  liicn  \k  notre  jour  de  Tan  avcc  les  ^t  enn  s.  Ln  fc- 


vrier,  troin  ffttes  agricoies  :  Faunalia,  au  dien  Fanne, 
le  13;  les  Lupercales,  k  Pan-Lyc^en,  le  15;  les Ter* 
minaleSfAu  dien Terme.  Deux  flutes politiqaes  i  Quiri* 
nales,  le  17 ,  on  l^onneur  de  Romulus;  Meg^iigium  on 
Regis  fiiga,  en  mdmoire  de  Pexpulsion  de  Tarquin,  le  34. 
n  y  avait  en  outre  les  Firalies^  aux  dieox  mAneSy  le  17, 
selon  Ovide ,  le  21,  aelon  Festns ;  enfin,  les  EqtUria^  courses 
de  chevaux  dans  le  champ  de  Mars,  en  rhonneor  de  oe 
dieu,  le  17.  En  mars,  Matronalia,  en  mtooire  de  la  media- 
tion par  laqudle  les  dames  romiaines  avsuent  termini  ta 
guerre  entre  ies  Romains  et  les  Sabins  de  Tatios ;  \^fHe 
des  boucliers  (festum  anciliorum)  de  Mars,  qui  dorait 
trois  jours,  et  6tait  marqnde  par  les  danses  guerrldres  des 
prdtres  saliens  et  par  leurs  festins,  dont  la  sensuality  ^tait 
devenne  proverbide;  les  Zdberalia^  le  18,  en  rbonneor  de 
Bacchus; les  Quinquatries^dvi  19  au  24,d^ite  k  Minerve; 
les  EikarieStXe  25,  k  la  m6re  des  dieux.  £n  avril,  la  U^ 
MdgaUsienMf  le  4 ,  en  rbonneur  de  la  grande  mkn  des 
dieux;  l»  Jeux  de  C^is ,  le  9;  les  Palilies,  d^ditfes  k  Pa- 
Ite,  le  21 ;  les  Robigalia  au  dieu  Eobigus,  [Kiur  le  prier  de 
preserver  lebie  delanieUe;  la  jeux  F  lor  aux,  conaacr^ 
k  Flora  et  k  Chloris. 

En  mai,  aux  cdendes  (le  1*'),  ffttes  poor  les  vestales  et 
les  femmes  uniquement :  eiles  cd^ralent  les  rites  eaer^s  de 
la  bonned^esseloinde  la  presence  (2e /ou/ fR4/e,  dans 
la  maison  d'un  des  consuls  ou  d^un  des  pr6tenrs,  pour  le  sa- 
lut  du  peuple ;  les  Co  mp  i  /  a  /  e  «,  le  2 ,  en  llionnenr  des  dieui 
lares ;  les  lemuria,\(i  9,  oonsacr^aux  Ltoiures  on  fiuit6nMs. 
La  tito  des  marchands,  festum  tnercatorum,  se  cd^Mt  Ik 
mtoie  jour.  On  fMaJt  aussi  les  Vuleanalia,  i^Tolcain,  fiUes 
appdte  encore  Tubilustria ,  parce  qn*on  poiifiait  alors  les 
trompettes  sacrte.  En  juin,  aux  calendes  (le  i*' ),  f&bt  de  la 
d^esse  Cornea^  qui  prfoidait  k  la  vie,  k  Pembonpoint; 
de  Mars  extramuraneus  (hors  des  murs),  dont  le  temi^ 
dtait  bftti  prte  de  laporteCap^ne;  enfin,  de  Junon  Mon6ta; 
le  4,  R^te  de  Bellone ;  le  9 ,  Vestalia,  en  Thonneor  de  Yesta ; 
le  10,  Matralktf  f£te  de  la  d^esse  MaltUa,  En  juilleC,  le  4, 
fftte  de  h/ortune  des  /enimes ,  en  m^moire  de  la  retnite  dc 
Coriolan,  qui  doigna  son  arm6e  de  Rome  k  la  soUidtation 
de  sa  m^  V^turie  :  le  &,  Jeux  d'Apollon,  analogues  aai 
jeux  pythiens  des  Grecs;  le  12,  jour  de  la  naissanoe  de 
Jules  0§sar;  le  15,  cavdcade  des  chevaliers  romains;  le 
16,  Iftte  en  Hionneur  de  Neptune. 

En  aoOt,  f^te  de  Diane;  le  13,  ffites  des  vendanges,  ViMa- 
lia  :  Ton  y  fdsdt  des  libations  de  vin  en  llionneur  de  Ju- 
piter et  de  V^nus;  le  18,  Consudlia,  ou  Ate  de  Consus, 
le  dieu  des  bons  consdls,  ou  Neptune  ^estre ;  le  29,  autre 
f6te  en  llionneur  de  Vulcdn,  Vulcanalia.  Septembre,  grands 
Jeux  on  Jeux  romains ,  en  llionneur  de  Jupiter,  Junon  et 
Blinerve,  pour  le  sdut  de  la  ville.  Oclobre,  le  \l,fUe  ou 
Jeux  ^Auguste ;  le  13 ,  l(&te  en  Phonneur  du  dieu  Fanne. 
Novembre,  le  13,  fSte  solenndle,  appd^e  Epulum  Jovis 
( festin  de  Jupiter) ;  le  27,  rites  sacn^  en  m6moire  de  run- 
molation  sur  le  mardi^  aux  bosufs  de  deux  Grecs  et  deux 
Gaulols,  homme  et  femme,  durantla  secondeguerre  punique. 
Ddcembre,  f(Me de Faune, le 5 ;  le  17,  Saturnales^  temps 
de  jubOation  pour  les  esclaves  et  les  inf^rteors. 

Les  Romains  cdebraient,  en  outre,  \e&Jeuxsieulains,  qui 
rcvenaient  tons  les  cent  ans,  et  pour  lesquds  Horace  fit  on 
si  beau  chant,  et  les  files  ou  F dries  latines^  qui  n^avaicnt 
pas  de  Jours  fixes,  etc.  Nous  ne  puursuivrons  pas  pins  loin 
cette  Enumeration.  Remarqoons  seuleinent  que,  quoique  oes 
fifties  et  bien  d'autres  paraissent  occuper  la  partie  la  plus 
considerable  de  Tannee,  il  ne  faut  pas  s^imaglner  que  tous 
les  jours  fussent  employes  en  solennit^s  qui  suspendissent 
les  travaux ;  car  de  ces  fetes,  un  trte-petit  nombre  obUgeaient 
tout  le  monde  k  leur  cddiration.  La  plupart  n^etaient  que 
des  fetes  particulieres  k  ccrtdnes  families  {gentes),  com- 
niunautes  ou  colleges  de  pretres.  Au  surplus,  les  historicns 
nousapprennent  que  Vempereur  Claude  en  redulsit  le  nombre, 
et  que  I  empereiir  Antonin  rEgla  qu^il  n*y  aurait  dans  Pan- 
ndc  ouc  35  fetes  universellement  cei(^brecs.  Le  caraderedei 


FETES  —  FifeTES  DE  FAMILLE 


HAm  romaines  6tait  grave  et  austere  soas  les  roia  et  dana 
lea  beaux  temps  de  la  r^ubliqne.      Cbaries  Do  Rozom. 

Lea  IHes  aontla  partied*un  cnlte  la  pins  brillante  et  la 
plus  popnlaiie.  Les  i^glons  les  molnsenTeloppto  de  formes 
ext^rieurea  ont  lears  fMes  comme  les  aatres.  Cest  un  besoin 
de  la  nature  bnmalne  et  nn  inatinct  dea  peuples.  Malgr^  la 
tJMeur  et  rindiffi^reiice  religieuses  qoe  Ton  reprocbe  h  notre 
aitele,  11  n^eat  pas  rare  de  roir  anx  grandes  solennitte  du 
culte  eathc^qne  la  foole  se  presser  dans  les  ^ses.  Ceai 
done  k  tort  que  qudques  philosophes  ont  vonlu  proscrire  le 
culte,  et  ont  pr^tendu  qu*^  mesnrc  qiiHine  religion  se  spiri- 
tualise, le  eulte  disparalt  II  n*en  saurait  6tre  ainsi.  La  dlA 
ference  entre  deux  religions  dont  Tune  est  plus  spiritnelle 
«|ue  rantre  ne  consiste  pas  en  ce  que  la  premiere  n'a  point 
de  culte,  tandia  que  la  seconde  en  a  un,  roais  en  ce  que  les 
aymboles  qui  constitaent  le  culte  de  Tune  expriment  une 
pens^  rdigieuse  plus  ^levte  et  plus  pure.  AInsi,  le  christia- 
nisme  est  sup^eur  au  polylb^isme :  aussi  ses  symboles  ex- 
priment-Qs  Tunit^  divine,  tandis  que  les  symboles  grecs 
exprimaient  la  plurality  des  dieux.  Le  culte  justifi^,  les 
fttes  le  sottt  par  1^  ro^me.  Les  sentiments  humains  se  d^ 
▼eloppent  en  nous  sous  la  condition  du  temps,  forme  ine- 
vitable de  notre  existence  actuelle.  II  s'ensult  qu'Qs  ne  sau- 
raient  tons  se  produire  au  m^me  moment,  ni  former  on  en- 
semble durable  Element  senti.  De  U  ces  alternatives  de 
joie  et  de  tiistesse,  d'ardeur  stndieuse  et  d*apathie  intellec- 
tuelle,  d'amour  et  dMndiffi^rence ,  de  spiritualisme  eiev4  et 
de  languenr  cbamelle ,  par  iesquelles  nous  passons  tons.  II 
en  est  de  mteie  de  ces  ^poques  de  Joie  et  de  reconnaissance 
par  lesqueDea  Tbomme  exprime  sa  v^6ration  pour  la  Pro- 
vidence ;  et  oomme  dans  un  culte  qui  appartient  quelqne- 
foia  k  des  nations  entiires,  on  ne  peot  attendre  Tinspira- 
tion  de  cbacun ,  les  fifttes  ont  dft  fttre  l^galemenl  ^bliea  et 
fixies.  D'ailleurs ,  il  y  a  dans  le  retour  p^riodtque  des  dif- 
fifirentes  pbases  de  Fannte  quelqne  chose  qui  ravive  mys- 
t^rieusement  la  m^moire  de  lliomme.  Qui  ne  se  sent  point 
tea  k  Tanniversaire  de  la  mort  d'un  ami  ou  d^m  parent  I 
Quel  peuple  ne  tressaille  d'alldgresse  au  jour  dont  la  date 
lui  rappelle  une  victoire  gagn^e  on  sa  liberty  reconquise? 

L'£gHse  catholiqne  a  a(fect<$  de  mettre  dans  ses  fttes  la 
pompe  la  plusgrande  et  la  majesty  la  plus  imposante.  II  lui 
appsirtenait  d'agir  ainsi  :  aasise  au  centre  de  la  chr^tient^, 
aucc^dant  k  une  tradition  non  intcrTonipue  qui  la  ratta- 
che  an  SaoTeur  lni-m6me,  elle  ne  pouvait,  ap6tre  de  TEu- 
rope  et  du  monde,  ministre  actif  de  la  civilisation  modeme, 
faire  moins  poor  T^tendue  de  sa  domination  et  I'^l^vation 
de  son  pouvoir.  La  r^forme,  au  contraire,  tendant  Ji  IMn- 
dividualisme,  se  divisant  en  mille  communions  diverses,  et 
niicesaaireineDt  pea  dtendues,  devait,  ind^ndauunent  du 
prindpe  rationnel  qui  I'y  portait  encore,  adopter  les  formes 
d'on  culte  plus  roodeste  et  dont  la  simplicity  pr^ludilt  k 
one  ^poque  oH  le  cuKe  disparattrait  tout  entier  pour  laisser 
lliomnie  intMeur  seul  anx  prises  arec  Dieu. 

Ij^obligation  des  flMes  a  M  ^blie  par  Tancienne  loi  dans 
ce  passage  formel  du  Deut^ronome  :  «  Vou^  c^l^brerez  la 
fiie  des  semaines  en  Thonneur  du  Seigneur  votre  Dieu ; 
Toosloi  ferei  Foblatlon  volontalre  des  firuits  du  travail  de  vos 
mains ,  sekm  I'abondance  que  tous  avei  regue  de  lui ;  vous 
ferei  des  festins  de  r^jouissances  vous  et  tos  enfonts,  vos 
senriteurs  et  vos  servantes,  le  Mvite  qui  est  dans  Tencdnte 
de  vos  mura,  T^tranger,  I'orphelin  et  la  veuve  qui  de- 
menrent  arec  tous.  »  Vid6e  de  Dftte  entralne  toujours  avec 
eOe  cdle  de  joie  et  de  plaisir,  solt  qu'on  fasse  d^river  ce 
mot  defeitwn  ei/eriari,  soit  qu'on  en  rapporte  Toriglne  au 
mot  grec<oTia,  banquet.  Dans  la  nouvelleloi,  les  ap6tres, 
d^poeitalres  ImmMlato  de  la  doctrine  du  Sauveur,  fondd- 
rent  la  solennit^  dndlmancheen  m^moire  de  la  r^urrec- 
tion.  Les  aatres  CMes  fnrent  stabiles  d'une  manl^  analogue. 

n  est  visible  du  premier  coup  dVil  que  les  fStes  institute 
ct  c^Wbrfes  par  liaise  catholiqne  se  partagent  en  deux 
grandes  classes  parfalteraent  distlnctes  :  i*  celles  qui  ont 
rapport  k  la  doctrine  religieuse  el1e-m6me»  mi  dogme ,  qui 

WCT.  DE  LA  OONVEaS.  —  T.  II* 


477 

c^l^bre&t  les  mystics  qui  en  font  partie;  et  2*  celles  qui 
ont  poor  objet  d'honorerles  martyrs ,  les  confesseurs  et  les 
saints,  quelles  qu'aient  ^t^  leurs  conditions  dans  cette  vie. 
En  defendant  le  fait  gte^ral  da  culte,  nous  avons  suffisam* 
ment  justifi^  les  premieres.  Quant  aox  seoondes,  remarquons 
que  i^Eglise  n*acoorde  pas  aux  saints  en  gto^ral  le  m£me 
culte  qu'aus  myst^res  de  la  religion,  k  trarers  lesquels  le 
fiddle  attaint  Dieu  lul-m^e;  en  consacrant  ces  cultes ,  die 
n'a  gn^  fait  que  l^galiser  ce  qui  s*f  tait instincti vement  ^tabli, 
ind^ndammentde  son  intervention.  Partont  oh  un  bomme 
remarquable  a  re^  le  jour ,  ou  a  v^ca,  II  se  forme  une  sorte  » 
d'habJtude  de  y^ntotion  pour  lui  qui  ressemble  bientdt  k  t 
un  culte.  Ses  oompatriotes  se  glorifient  d*un  liomme  qui  a  ^, 
contribu6  k  IMllustraflon  de  leur  pays,  ceox  qui  ont  6lk  ^^ 
Tobjet  de  ses  bienfaits  venlent  t^moignerleur  reconnaissance 
k  sa  mtooire.  De  Ik  ces  statues  et  ces  monuments  dev^ 
par  des  villes  et  par  des  royaumes  k  la  gloire  des  h^ros  et 
des  bienfaiteors  de  Tbumanit^.  Comment  aurait-H  pu  en 
^treautrement  dans  les  siteles  recul^du  christianlsme?  Une 
soci^t^  de  Chretiens  Toyaitp^rir  dans  dea  suppllces  que  lui 
avaient  attir^  sa  Constance  et  sa  foi,  IMvftque  qui  lui  distri- 
boait  la  nourritnre  spiritnelle  ou  assistalt  avec  recueillemen  t 
au  dernier  soupir  de  I'apdtre  qui  loi  avait  apport^  las  lu- 
mi^res  de  la  vraie  doctrine  :  comment  eAt-il  pu  se  laire 
qu'elle  n*en  gardAt  pas  la  m^moire? 

La  longoe  domination  de  ll^Use  catholique  k  I'occident  de 
l^nrope  a  accoutum^  les  peoples  aux  solennitte  qu^elle  a 
Stabiles.  Les  prindpales  sent  N  o  e  I ,  oti  se  cd^bre  le  myst&re 
de  la  nativity  et  de  llncamation;  Pflques,  cdui  de  la  re- 
surrection; J'Ascenslon,  en  m^moire  du  jour  oil  le  Sau- 
veur monta  anx  deux ;  la  Pentecdte,  en  souvenir  de  la  des- 
cente  du  Saint-Esprit  sur  les  apAtres  ;laF6te-Dieu,  consa- 
cr6e  au  mystfere  de  la  presence  rtelle  dans  I'Eacharistie.  Au- 
dessous  de  ces  f<6tes  d*antres  attirent,  quoiqu*^  un  molndre 
degr6 ,  rattention  et  la  pi^  des  fiddes,  rEpiphanie,  la 
Chandele nr,  etc.  ;certaines ont  M  oonsacrte  au  culte  de 
la  Vierge  :  la  Concept!  on,  la  Visitation,  etc.;  laprin- 
cipale  est  PAssomption.  Qudques  Mes,  fruit  d*une  sorte 
de  m^taphysique  mystique,  se  sont  ^blios,  non  sans  peine, 
dans  des  temps  plus  rapproch^  de  nous.  Nous  n*en  dtarons 
qu*une,  cdledu  sacri  ectur  de  Jisus  et  de  Marie.  On  pouvait 
k  bon  droit  se  plaindre,avant  la  revolution,  do  grand  nom* 
bre  de  fttes  cb^mees.  II  y  avait  en  effet  one  mesure  conve- 
nable  k  tenlr  entre' condamner  tontes  les  fifttes  et  les  mul- 
tiplier k  Texcte.  Le  concordat  de  ISOl  en  a  supprim^  avec 
raison  un  certain  nombre,  dont  la  solennite  se  remet  ordi- 
nairement  au  dimanche  suivant  H.  Boochitt^. 

On  distingoe  XtAfUesmobileM desfites  non  mobiles* 
Les  premieres  suivent  les  variations  de  la  fttede  PAqoesdans 
Pann^e;  les  secondes  reviennent  tous  les  ans,  au  mteae 
quanti^me  du  mois ;  ainsi  la  Circondsion  est  toujours  le 
1^' Janvier;  l*£piphanie,  le  6;  TAssomption,  le  15  aoOt;  la 
Tou  s sal n t ,  le  f  novembre ;  Noel  •  le  25  d^cembre,  etc. 
II  en  est  de  mtoie  de  la  fete  des  differents  saints. 

On  distingue  aussi  les  f^tes  qui  sont  obllgatoires  de  cdlea 
qui  ne  sont  que  de  ddvotlon.  Avant  la  revolution  de  1789 
on  comptait  qnatre-vingt-deux  jours  de  dimanche  et  de 
fete  ch6mee  ou  d^obligation.  Le  concordat  de  1802  n'a 
conserve  que  quatre  fHes  obligatohes  en  dehors  des  diman- 
ches  :  ce  sont  TAscension,  FAssomption,  la  Toussaint  et 
Nodi  (voyez  F^aiis  [Jours]  et  CbOiiagb ).  Les  Wtes  obllga- 
toires doivent  etreattimiiees  aux  dimandies.  Les  deerets  ac- 
tuellement  rendus  poor  autoriser  de  nouveaux  marches  ou 
de  noovellesfoirea  reservent  robligation  d'avancer  oude  re- 
culer  le  jour  oil  leur  tenue  colndderait  avec  Tune  des  fetes 
legales,  et  les  maires  ont  re^  Tavis  d'en  aglr  de  memo  k 
regard  des  foires  andennes. 

FETES  DE  FABilLLE.  C*est  one  andenne  et  res- 
pectable institution  que  cdle  de  ces  ffttes,  nouvd  aliment 
pour  les  affections  domestiqoes,  occasion  de  rapprochemeat 
et  de  reconciliation  pour  des  dissensions  passageres.  Ontn 
lejourdeTan,  fete  commune  k  tontes  les  families,  ch4- 


FiTES  DE  FAMILLE  —  FfiTES  PUBLIQUES 


S78 

cune  ft  ses  flutes  partkoll^es  kcd^brer :  tela  sont  les  nais- 
sances,  tes  raariages  deceax  qui  la  composent,  ainsi  qae  les 
annitersaires  dt  ces  grands  ^Ttoeinents  de  son  bistotre. 
Cltons  encore,  ao  premier  rang  ds&fite$  de/amille,  celles 
que  ramtoe  chaque  ann^e  le  ioor  oonsacr^  par  I'^glise  au 
patron  qui  nous  fut  donn^  Sans  doute,  Tesprit  satirique  a 
pu  8*exercer  plus  d*une  fois  au  sujet  de  ces  diverses  f&tes : 
on  ne  s*y  borne  pas  toujoors  h  ofTrir  des  flenrs » symboles 
d*all^res8e^  ou  de  pelils  prints «  gages  de  tendresse  et 
d'affection.  bans  notre  France  surtout,  la  manie  Tersifiante 
y  trouTe  un  pr^teite  et  nn  encouragement;  elle  les  c^l6bre 
anssi  par  une  offrande  de  mauvals  vers  ou  de  fades  cou- 
plets: mats,  aprte  tout,  od  est  rinconT^nient?  Cela  ne  fait 
de  mat  h  personne,  et  fidt  toojours  plusir  i  qoelqn*un ,  ne 
fAi-ce  qn*&  Tauteur  et  k  celui  qu*il  a  chants.  On  a  pu  plai- 
santer  aussi  sur  les  surprises  annuelles  faites  aux  grands 
parents  fdt^s ,  qui  doivent  oomplaisamment  fermer  les  yeux, 
pour  se  montrer  ^tonn^s  de  Thommage  p^odique.  La  r^- 
ponse  victorieuse  k  ces  banales  railleries,  c*est  le  mot  da 
bon  Henri  h  Tambassadeurqui  le  surprend  servant  de  chcTal 
k  ses  enfants  :  «  Voua  6tes  pere,  monsieur  Tambassadeur; 
alors  ]e  peux  continuer. »  Malgr^  lepouvoirderdpigramme 
parmi  nous,  11  ne  va  pas  jusqu'^  pr^Talotr  contre  les  f^ilicit^s 
du  foyer.  La  surabondance  de  foi  qui  exlstait  cbeznos  aieui^ 
avait  fait  pour  eux  de  plusieurs  ffites  religieuses  de  v^ri- 
tables  fl&tes  de  famille,  telles  que  Moel  avec  sa  oftche  etson 
rdveillon,  PAques  avecsesceub  rouges,  les  Rois  et  le  tlrage 
de  la  ffeve  dispensatrice  d'une  ^pb^^e ,  royaut^.  Cette 
demi^re  (ftte  seule  se  cd^re  encore  en  (amille.  Sachons,  du 
moins,  conserver  avec  soin  ce  qui  nous  reste  de  toutes  ces 
peUtessolennit^  dHnt^rieur,  de  ces  diverses  fdtesde  famille, 
utile^k  la  fois  k  la  morale  et  au  bonheur.  Ouaav. 

FETES  FOftAINES.  Les  fi&tes  rostiques  ont,  airome 
celles  de  la  ville  et  beaocoup  d^autres divertissements,  subi 
I'iiifluence  d*une  dvilisation  dont  les  progrte  sont  peut-6tre 
moina  favorables  aux  plaisirs  qu'aux  sciences  et  auT[  lu- 
mi^res.  Un  bal  sous  ^umbrage,  dirig6  par  un  ou  deux  vio- 
lons,  Toie  suspendue,  devenant  le  prix  du  vainqueur,  qm*, 
lesyeux  band^*,  avaitsu  hii  porter  le  coop  fatal;  I'innocent 
specUcle  de  PolkhineUe ,  et  les  modestes  boutiques  des 
marchands  de  pain  d*6pice  toU4  tout  ce  qui  composait 
autrefois  une  de  ces  Mes  champ^tres.  Aujounl'lmi,  on  reflet 
du  dileUantisme  parisien  exige  da  renfort  poor  Torcbestre 
campagnard ;  11  lui  est  bien  permis  d'etre  toujoors  aussi  dis- 
cord ,  mals  U  fiiat  qn^il  soit  plus  bruyant.  Des  tirs  au  fusil 
ont  reroplac^  Toie,  et  ce  prix  vulgaire  de  Tadresse  a  fait 
place  k  des  gobelets,  des  couverts  d^argent;  car  il  font  que 
le  dieu  du  jour  soit  aussi /<l/^  dans  ces  reunions;  le  com- 
merce en  i^clame  ensoite  sa  part ,  et  la  (Iftte  se  transforme 
en  foire,  ou  en  bazar,  par  rimmense  ^talage  de  marcbandLses 
de  toutes  sortes  dost  eiledcvient  I'occasian.  Enfin,  I'immorale 
roulette  y  avait  troav6  on  pr^texte  d*6tablir  dans  nos  villages 
des  soccursalea  de  ses  anclens  temfiles  parlsiens,  sinon  avec 
la  permission^  du  molnt  avec  la  tolerance  de  Af.  le  maire, 
scandale  que  Ton  sentit  le  besoin  de  r^primer.  De  toutes  ces 
ameliorations,  il  est  r6salt4  dans  les  f6tes  de  nos  campa- 
gnes  plus  de  raouvement  et  moins  de  gaiety.  Les  fites  des 
villages  voisins  de  Paris  (brment  use  classe  particuUftre; 
elles  sont  moins  k  Tusage  des  habitants  du  lien  que  de  ceux 
d&  la  capitale  :  celle  de  Saint- Cloud  particuli^rement 
attire  chaque  ann^ » pendant  les  trois  premiers  dijuancbes 
deseptembre, une  affluence  considerable :  on  y  est  couvert 
de  poussi^re,  foul^  commedans  la  rue  la  plus  populeuse  de 
la  grande  dt^^  rangonn^  dans  ses  guingueltes  comme  dans 
les  plus  fameux  restaurants  urbains ;  mais  niroporte  \  tout 
bon  musut man  doit  avoir  fait,au  moins  une  fois  dans  sa 
vie,  le  p^rinage  dela  Mecqiie  :  tout  Parisien  dolt  avoir  fait 
plusieurs  /ois,  le  jour  de  la  l(&te,  le  voyage  de  Saint-Cloud. 
Passt>  Auteuil,  Vincennes,  La  Villelte,  Belleville,  Bati- 
gnolles,  etc.,  voient  aussi  ^  leurs  f^tes,  quand  elles  soot 
^voriste  par  le  beau  temps ^  une  repr^ntatlon  assez  nom« 
breusc  <iet  diverses  da«<;es  dc  la  capitate :  jcux,  spectacles, 


boutiques,  tout  y  est  un  emprunt  fait  k  celled ;  mais  m 
passant  la  barrite  tout  cela  semble  avoir  acquis  pAus  d*at- 
trait  pour  die.  Dans  qudques  locality,  tootdois,  le  pro- 
granune  oblige  de  ces  fttes  est  varid  par  qudques  diver* 
tissements  particuliers  :  ainsi,  le  voihinagis du  canal  permel 
k  La  ViUette  de  joindre  aux  dens  les  promenades  en  bateae; 
Asni^res  a  ses  rigates;  ailleurs,  let  courau  en  sac,  to 
tremplin,  etc,  ^yent,  aux  ddpens  des  maladroits,  ks 
nombreux  spectateurs  de  ces  luttes  bizarres.       Ooriit. 

FETES  MOBILES,  f^tes  qui  ne  sonl  pas  fixement 
attachte  k  un  oertun  jour  du  mtoie  mois ,  etqui  changent 
de  place  cheque  annte  dans  le  calendrier.  Pdques^  TAf- 
c4nsiont  \a  Pent$cdte  ti  la  F 4 te^VieUf  soot  dei 
Oles  mobiles.  Les  trois  demi6res  dependent  de  la  premiirsi 
et  sont  toujours  k  la  m^e  distance.  P^ues  ne  pent  tomba 
plus  t6t  que  le  22  mars  ni  plus  tard  que  le  lb  avril.  L'As- 
cendon,  qui  vient  quarante  joars  aprte,  ne  peut  torober  plot 
t6t  que  le  30  avril  ni  plus  tard  que  le  3  juin.  La  Peutecdle, 
qui  vient  dix  jours  apr^  TAscenslon,  ne  peut  toober  plus 
\6i  que  le  10  mai  et  plus  tard  que  le  13  juin ;  eoiin  la  F^ 
Dieu ,  qui  vient  dix  jours  apr^  la  Pentecdte,  ne  peut  tomber 
plus  tot  que  le  21  mai  ni  plus  tard  que  le  24  juin.  La  mobi- 
lity de  la  Idle  de  PAques  entralne  en  outre  celle  de  beaocoup 
d'autres  jours,  entre  autres  du  mercredi  des  Cendres^ 
premier  jour  du  Carfime,  et  de  la  Septuagisime  ^  etc  Le 
mercredi  des  Cendres  ne  peut  tomber  plus  tOt  que  le  4  fi^ 
vrier  dans  les  ann^es  ordinaires ,  et  que  le  &  daivi  les  anote 
bissextiles;  etdans  qudque  annte  que  ce  soit,  il  ne  saarait 
tomber  plus  tard  que  le  10  mars.  La  Septuag^me  oe  peot 
tomber  plust6t  que  le  18  Janvier  dans  les  annte  ordinaires, 
et  que  le  19  dans  les  annte  bissextiles,  d  die  me  peut  tomber 
plus  tard  que  le  21  £6vrier  dans  les  anndes  ordinaires,  et  que 
le  22  dans  les  bissextiles.  11  y  a  dans  Tannte  un  antra  joor 
mobile  qui  ne  depend  point  de  la  ()&fe  de  PAques ,  c^est  le 
premier  dimanche  de  1'  A  v  en  t,  qoi  est  le  quatriime  av«i 
Nod.  Le  plus  tdt  que  ce  premier  dimanche  pnisse  arriver, 
o'est  le  27  novembre,  et  le  plus  tard  le  3  ddeembre.  Certainei 
(files,  sans  4tre  mobiles  par  dles-mAmes,  le  devienneot  ptr 
les  circonstances :  ainsi ,  TAnnonciation,  qui  eat  le  26  rasrs, 
quand  elle  tombe  dans  la  quinzaine  de  Piques ,  se  remet 
apr^  la  quinzaine,  le  lendemain  de  Quasimodo ,  oe  qui  a^ 
rive  toutes  les  fois  que  P&ques  tombe  aadessua  du  2  avril 

F£:TES  PUBUQUES.  Il  Caut  aux  hommes  d*oi 
mfimepays  des  jours  de  oonunune  6aaoUon,  desjoors  de 
ffite.  Les  ffites,  liens  des  Camilles,  font  ^galement  la  foree 
des  soci^t^.  D*abord  consacrdes  k  sanctifiar  lea  travanx  dc 
ragriculiure,  k  remercier  le  Cri^atenr  de  ses  dons,  dies  pri- 
rent  les  difldrentes  formes  nficessitte  par  les  progrte  dc 
la  civilisation.  Aux  fi&tes  de  rantiquil^  suoc^erent  les  t^im 
chr^tlennes.  Puis  k  raesure  que  la  religion  perdit  de  see 
empire  parmi  les  nations  civilisto,  k  mesure  que  s'deigDit 
la  v^nfiration  que  ses  ffites  inspiraient ,  les  gouvernemeals 
suppl^rent  k  ce  besoin  de  rhnmanit^  en  instituant  ausd  dei 
fttes.  La  revolution  eut  les  uennes.  Puis  sont  revenues  les 
f&tesderancien  regime,  et  encore  aujourd'bui  ce  sont  des  p^ 
tards,  des  m&ts  decocagne,  des  spectacles  gratis,  des  pitee*  a 
spectacle  enpldn  vent,quelques  concerts  ditsd*harmooie, 
des  hdlons,  des  ifs,  des  lampions,  des  feux  d  Vtifiees,  des  ba- 
teieurs,quicomposentno^iifei  nationcUes.  Nosr^jouissances 
publiques  se  r^ument  d*ordindre  en  de.hideiises  cobues,  aox- 
quelles  d6daigne  de  se  mder  tout  bomme  qui  se  respecte.  II 
est  triste  d'avdr  i  reproclier  k  T^poque  la  plus  glorieuse  de 
noire  bistoire  contemporaineler^tablissement  du  plus  ignoble 
de  tous  les  divertissements  en  usage  dans  kss  temps  ffodaux : 
nous  voulons  parler  des d  i  st  r  i  b  u  t  i  o  n sde  vln  et  de  viands, 
repas  servis  par  des  gendarmes ,  en  plem  vent ,  k  touis  de 
bras,  avec  un  vin  noir  et  boueux,  jailUssant  de  baules  foe 
tatnes  sur  une  populace  en  guenilles.  Depuis  1S30  on  a 
remplac^  ces  di^adantes  orgies  par  des  dislributieos  aux 
indigents  dans  les  bureaux  de  bienfafsance.  Pour  riionime 
dvilis4  du  dix-neuviduesj^le,  ciuHl  soit  FraD^ais,  CsMg^^ 

Itaticn,  Anglais,  il  n'y  a  plusde  fetes  pobliques.  Ce  rest  p^ 


i 


ftXES  PUBUQUES  -  F£TES  K^VOLUTIONNAiaES 


CQ  effet  tan  qpeeUcles  forains  des  Champs-El jsdes »  dans  | 
I'artne  od  se  Uvrent  les  combats  de  taureaux  h  Madrid ;  ce 
n*est  pas  non  plus  en  Angleterre,  quTil  troutera  des  ^mo-  ' 
tkns  de  (file.  Kome  catUoIique,  ayec  toutesses  splendours, 
ne  lui  oifre  plus  Element  que  dUmposantes  representations 
de  thMtre,  auxqnelles  11  assiste  sans  eonTiction  et  par  d^- 
scsurrement  Enfin,  jnsqu^^  ce  que  les  gouvemements  et  les 
rdigious  se  solent  ^lev^  k  sa  hauteur,  11  n^y  aura  plus  pour 
Id  de  teritabtes  (6tes  qu*au  seinde  la  famille,  autour  du 
foyer  domestiqae.  Taicoot. 

FtTES  R^VOLUTIONIVAIRES.  La  pbilosophie 
du  dix-buiU^me  sl^e  avait  remport^  un  double  triomphe 
sor  les  intelligences  et  les  Tails.  Des  esprits,  mfime  ^clair^, 
en  ^talent  Tenus  h  ro^priser  la  religion ;  et  le  cliristianisme, 
quant  k  ses  pratiques  ext^rieures ,  mourait  cbez  nous  ayant 
la  monarchie....  I>es  nouTeaux  mallres  de  la  France  pens^- 
reot  qu*^  OB  penpie /t6re  il  fallait  des  fetes  pa<fio/i^ei; 
qn^one  immense  reunion  de  ci  toy  ens,  des  solennitds  tli6&- 
trales,  des  danses,  des  chants  civiques,  deyaient,  k  des 
^poques  fixes,  Tcnir  remuertoutes  les ftmes,  et ,  en  r^vefl- 
lant  de  grands  souvenirs,  r^cbauOer  Tamour  de  la  patrie  dans 
let  masses ,  gtoiralemcnt  trop  oublieuses. ,  enfin  que  le 
people,  Au  lieu  d^etre  simple  spectateur  des  plaisu'S  publics, 
devait  d6iormais  y  prendre  part  comroe  acteur. 

Les  fetes  de  notre  premiere  r^publique,  de  mCme  que 
la  pi  opart  des  dioses  de  cette  ^poque,  il  faut  bien  le  recon- 
nallre,  furent  des  idto  renouTeltes  de&  Grecs  et  des  Re- 
mains, cbez  qui  des  solennit^s  religienses  consacraient, 
taal6t  one  Tictoire,  tant6t  le  r^tablissement  de  la  paix,  ou 
toot  autre  dv^inent  memorable.  On  pent  les  diviser  en  so- 
lennites  politlques  etcomm^moratives,  fun^raires,  religienses. 

La  prise  de  la  Bastille  (le  14  juillet  17S9)  eut  sa  {tie 
eomm^morative ,  celle  de  toutes  qui  fut  le  plus  religieu- 
sement  observe.  Le  premier  anniversaire  en  fut  c^l^br^ 
par  une  grande  federation  des  gardes  nationales  du 
royaume.Le  lOaoOt  1793  on  fl&ia  Tanniversaire  du  10  aoAt 
1792  i  et  en  m^me  temps  la  nouTelle  constitution  fut  solennel- 
lement  inauguree  au  Cbamp-de-Mars  et  dans  les  divers  qoar- 
tiers  de  Paris.  On  eieva  sur  les  mines  de  la  Bastille  une 
statue  colossale ,  de  la  base  de  laquelle  on  Tovait  couler... 
de  Teau  daire.  Le  president  de  hi  Conyention  en  reQut  dans 
une  coupe,  et  apris  en  avoir  bo,  en  pr^senta  aux  envoyds 
ad  hocdei  departements,  qui  Timitferent.  Un  d*eux,  sexag6- 
uaire ,  dit,  en  Tapprocbant  de  sa  bouche  : «  Je  touche  aux 
bords  de  mon  iombeau ;  mais  en  pressant  cette  coupe  de 
flies  Uwres  je  crois  renaitre  avec  le  genre  liumain,  qui  se 
r^&Rh-e!  »  Naif  et  pu^tique  Tieillard,  va! 

Divers  d^crets  de  tliermidor  an  it  ordonnirent  la  cele- 
bration solennelle  de  trois  fetes  r^Uicaines,  Tune  pour 
Tanuiversaire  du  14  Juillet  1789,  Tantre  en  roemoire  du  10 
aoAt  1792,  etla  troisiime  pour  la  fondation  de  la  republique. 
Ledramedn  21  Janvier  1703  donna  lieu  aussi  k  nne  lete  com- 
mtoorative.  Ce  Jour-la  cliaque  membre  des  autorites  supe- 
rieares  renoovdait  lesermenl  de  baine  etemelle  k  la  royaute. 
A  Saint-Sulpice,  appeie  alors  Je  temple  de  la  Vicloire ,  on 
lisait  cette  inscription,  empmntee  an  Brutus  de  Voltaire  : 

Si  tUuis  la  r^pmllitftu  il  M  troQvait  no  trailre 
Qai  re^eUit  Its  rois,  ou  qui  voulut  uo  maitre* 
Qoe  It  per6de  mcure  au  milieu  drs  toormenU! 

A  ces  grands  anniversaires  on  ajouta  pkis  tard  ceux  do 
9  tbermidor,  du  18  froctidor  et  do  18  brumaire. 

L'apotlieose  deNlirabean  (4  avril  1791}  oovre  la  serie 
des  f^iOiJkmSr aires.  Le  12  juillet  eut  lieu  ceUe  deVoUaire, 
puis  les  ceremonies  fim6bres  du  nuiire  d^Etampes ,  du  com- 
iDanoant  de  la  place  de  Verdun,  Beaurepaire,  de  Lep  elle- 
lierdeSainl-Fargeao,  deFeraud,  du  general  Dam- 
pi  errc,de  Marat,  1^  qui  un  decretdo  14  brumaire  an  ii 
asslgna  une  place  av  Pantli^n. 

Les  axttre^  li^tes  revolutionnaires  que  nous  atons  designees 

sous  le  nom  ds  religieusies  eurent  moms  de  retentissement 
et  d*ecUt  ( si  on  en  excepte  deux  :  la  preiuidre  (tie  de  la 
lUison  et  ceile  de  r£tre-Sapr6me )  que  les  fetes  comm^o- 


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ratives  ^un&aires :  elles  furent  cependant  beaocoup  plus 
nombreuses  et  plus  variees.  Le  20  bmmaire  179S  fotceie- 
bree  k  Notre-Dame,  devenue  le  temple  de  la  JRaUoTi  ,*  ja 
premiere  Hftte  de  cette  nouvelle  deesse.  Les  representanis  de 
peuple  y  asslsterent,  et  on  y  chanta  des  hymnes  composes 
pour  la  clrconstance.  Quelques  jours  avaot,  dans  la  sallo 
de  la  Convention,  avaient  deiiie  des  deputes  de  ptusieurs 
con^munes,  revetus  d^babits  fantastiques  et  suivis  de  jeones 
filles  couronnees  de  fleurs,  cbantant  au  son  des  Instruments : 
une  femme,  en  costume  de  deesse,  et  represenfant  la 
Raison,  enlra,  portee  sur  uu  siego  eieve ,  dont  elle  descendit 
pour  venir  prendre  place  h  c6te  du  president.  Les  departe- 
ments  eurent  aussi  leurs  fttes  de  la  Raison,  Le  II  Doreal 
Robespierre  pronon^  sur  les  iddcs  religienses  et  mo- 
rales, et  sor  les  (%tes  nationales,  un  discours  tres-remar- 
quable ,  qu^il  termina  en  proposant  Tinstitution  de  trente-six 
(etes.danslesquellesle  people  reuni  ceiebrerait  les  droits 
de  la  nature,  le  genre  humain ,  la  vieillesse,  Vamour 
de  la  patrie,  lahaine  des  tyrans,  la  tendresse  matemelle, 
la  pi^6  filiate^  etc.  La  premiere  etait  dediee  k  VAre-SU' 
perSme  et  t^  la  nature,  Elle  fut  ceiebree  le  20  prairial , 
au  Ctiamp-de-Mars  et  dans  tons  les  temples  avec  le  plus 
grand  appareil.  Des  bymnes  o6  la  majeste  de  Dieo  et  la 
fierte  republicaine  etaient  asscz  bien  peintes  y  remplacaient 
la  vieille  Hturgie  romaine.  Les  ajrs  en  etaient  sublimes  ei 
cltantes  par  les  plus  belles  voix  de  Paris.  Les  decorations 
magnifiques  et  les  pompes  m^estueoses  de  ees  representa- 
tions ,  I  aspect  de  lete  pris  li  cette  occasion  par  la  ate ,  firent 
oublier  on  moment  les  massacres  de  la  Terrenr.  C*est  k 
dater  de  ce  jour  qo'on  vit  ao  fronlispke  de  tootes  les  ci- 
devant  igfms  cetU  inscription :  Lepiuple  fran^ais  reeon- 
nait  Veaistence  de  Vttre-Suprime  et  VimmoriaVUi  de 
Vdmt,  et  que  Ton  divinise  la  Libcrte,  la  Frateraite ,  TIIos- 
pitalite,  la  Bienlaisance,  la  Jeune&se,  TAgriculture,  etc 

Dte  le  15  avrU  1792  arait  eu  lieu  \h  premiere  fite  de  la 
likerti,  en  Thonneur  des  Sulsses  de  Cli&teau-Vieux.  Tout  s'y 
passafort  paisiblement,  quoiqu*U  n'y  eOtni  gardes  ni  balon- 
nettes;  on  epi  de  bie  fot  la  seole  arme  dont  aot  besoin  poor 
maintenir  Tordre  i^ordonnateor  de  cetle  (tie  qoasi-pa&torale. 
L'annee  soivante  on  ceiebra  k  la  roeme  epoaue,  en  Tlion- 
neur  des  Uegeois  proscrUs,  one  fete  dile  de  la  Fraternity 
et  de  V Hospitality.  On  y  chanta,  entre  aatres»  ce  complet  : 

Si  U  llbeiSi  fagiltrc 

tu\i  proscriteea  lout  pays, 

CUc  Wemli^  tar  eeUe  rvit, 

Pour  se  raBsurer  dans  Paris. 

Partagrz  done  avec  vos  friret 

Le  paiD  de  U  Frateraite; 

Dana  te  aetn  de  I't^alite 

Atteudet  des  jours  plus  protperw 
Amis*  n8sares*vM8,  let  i^is  D*feon>iit  qoNu  leSific, 
Paris  lera  toqotwt  le  tomfcean  des  tyraes  I 

V Agriculture  re^ut  leshoromages  des  Franks,  comme 
^e  avait  reQo  ceux  des  penples  andens :  un  temple  de  ver- 
dure lui  fut  erige,  le  10  messidor  an  n,  eton  lui  consaenione 
ftte,  comme  en  germinal  on  en  avatt  dedie  une  k  la  Jeunesse, 

Une  solennili  d^un  genre  nourean,  et  emprdnte  cette 
fois  d^n  caractere  utile  et  national,  signala  la  fin  de  la 
6^  annee  de  Tire  republicaine.  Pendant  les  Jours  compl&- 
men /aires,  une  foire,  ouplutdt  nne  veritable  exposition 
des  produits  de  Tindustrie  fut  etablie  au  Clwmp-de-Mars. 
Les  seuls  objets  manufactores  en  France  y  etaient  re^ns ,  aprte 
avoir  eie  soumis  k  Texaraen  d'un  Jury  special.  Ces  diverses 
fetes,  de  meme  que  celle  de  la  Souveraineli  du  peuple, 
sumommee  par  certains  plaisants  la  Kte  des  SOints-Tnno- 
cents,  laquelle  fut  ceiebree  le  .10  ventdse  an  vi,  rcnlrent  dans 
la  categoric  de  celles  que  nous  avons  appeiees  poUtiques, 

Les  fties  auxquelles  on  s'efforQa  de  preier  un  caract^ 
rellgieux  furent  celles  der£tre-Supreme,  de  la  Jeunesse, 
de  la  Fratemite,  et  la  pliipart  de  celles  qu'on  ceiebra  dans  le 
temple  de  la  Vicloire,  et  qui  furent  consacrees  anx  vertus 
de  Marc-Aurite,  k  VMroisme  de  Guillanrae  Tci!,  ^  la  To- 

48. 


FfrTES  RI&VOLUTIONNAIRES  —  FEtH-ALl-CHAtt 


SBO 

lerance,  aa  Courage » k  Tactive  bieDfaisance  de  Tincent  de 
Pauly  k  la  Bienfaisance,  &  la  Pi6t^  (aTec  coUecte  poor  lea 
Tictimes  de  rattentat  du  3  nivtee ),  aux  Bona  M^Dages. 
k  la  R^anion  des  Families  etc.  En  rndme  temps  qae  cette 
dernite  ftte  avait  Ilea  ao  temple  de  la  Victotret  une 
autre  k  la  Bienfaisance  se  c^Ubratt^i  Saint-Germain-rAuxer- 
roia,  tranaform^  en  temple  de  la  ReconnaUsanee.  A  me- 
sure  que  le  poavoir  de  Bon^rtegrandit,  ces  mascarades 
politioo-paiennes  fiirent  remplacte  par  dea  aolennit^  plus 
graves,  et  r^pondant  auxbesoins  moraux  des  populatioiis. 

FETFA)  en  turc,  ei/ethwa^  en  arabe,  signifieutdans 
oesdeax  langues  r4pome  et  jugement  d^un  homme  sage, 
iMfetfas  sout  les  decisions  rendues  par  le  m  o  u  f  t  i  ou  chef 
de  la  religion  chez  les  Turcs,  et  formulto  en  courtes  sen- 
tences pour  fadliter  IMtude  et  I'application  de  la  lo!  dans  les 
tribunaux.  A  Constantinople,  les  mati^res  sur  lesquelles  le 
public  vient  connilter  la  loi  sont  rMigte  en  forme  de  de- 
mandes  et  en  termes  requis,  dans  un  boreaa  special,  oh 
une  vingtaine  de  oommis  nomm^s  mmieuAds^  r^dacteurs, 
sent  pr^id^  par  un  chef,  le/e</a-eminl.  Le  moufti  r6pond 
k  ces  questions  d*une  mani^re  fort  eondse  et  de  sa  propre 
main,  toujours  confonn6ment  aux  decisions  deses  prdd^ces- 
seurs  et  aux  principes  de  Tislamisme.  Ces  r^ponses,  Writes 
au  has  de  la  deroande,  sont  k  pen  prte  ainsi  conges  :  ouif 
cela  se  pent,  on  non^  eela  ne  se  pent  pas;  eela  est^  ou 
n*est  pas  pemUs ;  cela  est^  ou  n*est  pas  n^eessaire,  Quel- 
quefois  cependant  la  r^ponse  du  moofU  est  motiT^e,  et  pr^- 
sente  des  explications ,  des  restrletkins,  des  conditions,  etc. 

Les  mati&res  qui  proToquent  Xee/etfas  sont  natoreliement 
diTiste  en  deux  classes  :  Puue  relatiTe  an  droit  public, 
Tautre  au  droit  partlculier.  La  premito  est  sp^cialement 
r^senie  au  gouTemement :  s'agit-U  de  la  paix,  dela  guerre, 
de  la  punition  d'un  virir  ou  d'nn  pacha,  d'on  nouveau  r^ 
glement  politique  on  militaire,  on  consulte  le  moufU;  mais 
avant  qn'il  rende  son  fe^a,  on  discute  raflahre  avec  lui  et 
les  principanx  onl^maa.  Quoique  nl  la  religion  ui  la  consti- 
tution de  Tempire  n*obligent  le  Grand-Seigneur  k  se  pr^- 
munir  d'un^^a  sur  les  objets  d'adrainistration  pnblique, 
il  y  a  reoours  par  politique  forsqnll  s^agit  d'une  grandcon- 
trepiise  on  d*une  innoTation  importante,  et  pour  s*en  faire 
une  sorte  de  bonclier  dans  les  circonstances  orageuses.  II 
est  arrive  sonvent  que  les  sulthans  n*ont  eu  aucun  ^ard 
aux  Jetfasi  mais  on  a  vu  aussi  les/e(Ais  provoquer  la  de- 
position de  plus  d*un  sulthan. 

Les  /e(A»  d^livT^  aux  particuUers  sont  dHine- nature 
diffi^rente  :  tout  individu  peut  s'adresser  an  moufti  pour 
s'dclairer  sur  des  points  relatifs  au  dogme,  au  culte,  k  la 
morale,  aux  lois  clTiles  et  crimineiles ,  m6me  k  des  aftaires 
litigteuses.  Les  consultations  d^poste  au  bureau  du  ftfjor 
emini  sont  ordinairement  fkites  par  terit,  et  toujours  k  la 
troisitoie  personne,  ^  sous  des  noms  suppose,  corome 
ZMy  Khaledt  etc,  povleshommes,  ZHneb,  Amina,  etc., 
pour  les  femroes.  Lorsque  c*est  le  souverain  qui  consulte, 
il  est  tocgours  d^sign^  sous  les  titres  les  plus  respectables. 
Si  les  questions  portent  sur  des  mati^res  neuTes ,  sans  ana- 
logie  avec  les  prindpes  de  Pislamisme,  le  moufti  se  borne  k 
r^pondre  qu^aucun  des  liyres^canoniques  n'en  fait  mention. 
II  a  flallu  des/e</iu  discutte  et  sign^  non-seulement  par 
ce  pontife,  mais  par  les  prindpauxfoul^mas ,  pour  auto- 
riser  dans  Tempire  otboman  I'usage  du  car(&,  du  tabac,  de 
Topinm,  et  r^tablissement  de  rimprimerie. 

11  existe  en  turc  plusieurs  collections  de/etfas  par  de- 
niandes  et  par  riponses,  embrassant  toutes  les  metises 
contenues  dans  le  Multeka,  ou  Code  universel^  et  d^Telop- 
pant  Tesprit  de  la  loi  dans  toutes  ses  applications.  Comme 
le  but  des  Je(fas  est  dlnstruire  le  peuple  et  de  diriger  les 
juges,  il  n'est  point  de  tribunal  dans  Fempire  othoman  qui 
n*en  possMe  deux  ou  trois  collections.       H.  Audiffret. 

FETH-ALI-GHAII,  second  roi  de  Perse  de  la  dy-^ 
nastie  des  Kadjars^  aujourdMiui  r^nante,  succ4^a,  en 
1797,  Ji  son  oncle,  Teunuque  Aga-Moliamed,  qui  Tavait 
choisi  pour  li^rltier.  Avant  de  monter  sur  le  trdne,  il  s^ap- 


pelait  Baba-Khan,  et  gouvemait  le  Farsislan.  Ileal 
trois  concurrents  k  la  fois  sur  les  bras :  un  de  ses  fr&rss ,  un 
gto^ral,  qui  avait  provoqu^  Tassassinat  du  demier  roi ,  et 
im  prince  de  la  dynastie  d6cbue  (les  Zends),  n  fit  aveuglef 
le  premier,  qui,  sonvent  vaincu ,  avait  toujours  abos^  de  sa 
d^mence.  II  paidonna  d'abord  au  second,  qui  en  se  rendant 
lui  avait  livr6  la  caisse  militaire  d*Aga-Mobamed;  mais  il  le 
laissa  ensuite  mourir  de  faim,  dans  une  maison  dont  il  aval! 
UM  murer  les  portes  et  les  fen6tres;  enfin,  il  Ibr^  le  troi- 
sitoie  k  se  r^ugier  sur  le  territoire  otboman.  II  avail  ras^ 
sembie  une  arm6e  pour  punir  les  Wahabis  des  aflreux 
excte  qu*ils  avaient  commls  en  1801,  et  notaounent  k  Iman- 
Houcaln,  lieu  vto^r^  des  Persans  quoique  situ^  dans  la 
Turquie  aslatique,  lorsqu'il  fut  obUjg4  de  s'opposer  aux 
Busses,  qui  venaient  de s'emparer delaGeorgie,en  vertn 
dn  testament  du  demier  roi,  George  XI,  file  d*H6ra- 
dius  II,  dont  lesanc^tres  avaient  ^t^vassanx  de  la  Perse.  La 
guerre  telata  en  1803  entre  les  deux  empires.  Les  Persans 
y  furent  presque  toujours  malheureux,  et  la  paix  de  Galls- 
tan,  signte  le  12  octobre  1813,  y  mit  scule  an  terme, 
mais  en  faisant  perdre  k  la  Perse  tons  ses  droits  sor  le 
Daghestan  et  sur  les  di verses  principaut^  de  la  G^rgie, 
puis  le  Sdiirwan  et  les  khanats  de  Gandjah,  de  Karaba^gh 
et  de  Talischah. 

Le  gouvemement  britannique,  regardant  la  Perse  comme 
un  utile  auxiliaire  centre  le  roi  de  Kabool,  qui  mena^l 
les  possessions  anglaises  dans  Tlnde ,  avait  envoys  k  F^- 
Ali-Cbah ,  dte  Pann6e  1800 ,  un  ambassadeur,  le  major  Mai- 
coim,  qui  fit  avec  lui  un  traits  d'alliance  et  de  commerce.  Na- 
pol^,  dans  ses projets  de  nuire  partout aux  Anglais,  recber- 
cha  aussi  Tamlti^  du  roi  de  Perse ;  et  nn  ambassadeur  persan 
vinttrouver  I'empereur  des  Francis  k  Varsovie,  en  1806. 
L*ann6e  suivante ,  le  g^n^ral  Gardanne  partit  pour  Tambas- 
sade  de  Perse  :  il  devait  ofTrir  k  Feth-Ali-Chah  des  8«»coarB 
centre  les  Busses;  mais  la  paix  de  Tllsitt  et  Talliance  de 
Napoleon  avecTempereur  Alexandre  rMuisirent  les  relations 
de  la  France  avec  la  Perse  k  un  vain  Change  de  poUtesses 
et  de  presents.  Gardanne  revint  en  1808,  avec  an  ambas- 
sadeur persan,  qui  remit  k  Tempereur  des  Francis  les  pr6- 
tendus  sabres  de  Tamerlan  et  de  Nadir-Chah ,  et  un  volume 
de  poesies  manuscrites  de  son  souverain.  Les  Anglais,  quoique 
peu  inquiets  de  ces  insignifiantes  et  inutiles  n^godations, 
firent  de  nouvelles  dtoardies  auprte  de  la  coor  de  T^^ran, 
qui,  ne  pouvant  compter  sur  les  secoors  de  la  France,  et 
ayant  plus  k  cralndre  ou  k  esp6rer  du  voisinage  des  An^ais 
et  de  leurs  forces  navales  dans  le  golfe  Persique,  renouvela 
son  alliance  avec  eux  en  1809,  par  rinterro^diaire  de  sir 
Harford  Jones,  leur  envoys  extraordinaire.  Elle  fht  confirmee 
par  un  nouveau  traits,  sign^  le  14  mars  1812  4  T^idran, 
par  sir  Gore  Ouseley.  Dans  i'intervalle,  Feth-Ali-Chah  avail 
eu  avec  les  Tores,  dans  le  Koordistan  et  le  padiallk  de 
Bagdad,  qudquesd^m6Ife  suivis d*hostilit^  peu  importantes, 
qui  se  terminirent  aussi  par  un  traiU^  en  1813.  Co  prince, 
qui  depuis  dix  ans  se  reposait  sur  ses  fils  du  commande- 
mentdosarm^,  marcha  en  personne,  la  mtoieann^, 
vers  le  Khoragan,  pour  faire  entrer  sous  sa  domination  la 
province  de  H^rat,  incorporde  au  royaume  de  KabonI,  et 
contre  laquelle  son  fils  atn4  venait  d^tehouer.  II  reprit 
H^rat,  et  dut  ses  succto  k  sa  cl^menee  plus  qu'i  la  terreur 
de  ses  armes.  Deux  de  ses  fits  furent  moins  beureux,  en 
1818,  dans  one  expedition  pour  reconqu^rir  cette  province, 
qui  dtait  retorobte  au  pouvoir  du  roi  de  Kaboul. 

Felh-Ali-Chah  eut  encore  uoe  guerre  avec  la  Turqide  en 
1821 ;  cdle  qu'il  d^ara  k  la  Bussie,  en  1826,  fat  heureose 
d'abord,  par  suite  des  troubles  survenus  k  rav^uement  de 
Tempereur  Nicolas,  les  Busses  ayant  M  pris  au  d^pourvn; 
mais  laoonquMed'£rivan,le  13  octobre  1827,  parle  g^i^ral 
Paskevitch,  la  soumission  de  Tauris,  douze  lours  aprfes,  el 
la  roarche  de  Parmte  ennemie  dans  llni^rieur  de  la  Pens 
d^termin^rcnt  ie  roi  k  demander  la  paix.  En  vertu  da  traits 
sign6  le  21  f^vrier  1828  k  Tourkmautchaf,  la  Perse  Mm  k 
la  Bussie  les  khanats  d'^rivan  et  de  Kakhitschwan,  tant  au 


FETH-ALICHAH  —  FltlTlS 


detk  qu*eii  deg2i  de  TArate^  et  s  obligea  k  payer  k  la  Ruwie 
une  indemiiit^  de  80  milUons  de  frauca  pour  lea  fraia  de  la 
guerre. 

Feth-Ali-Cbafa  avait  en  plus  de  soiiaate  fila  et  de  cent 
fiUes.  le  troisitoe  de  aet  fila,  Abbaa-Mirza,  doot  la 
mkn  appartenait  k  la  triba  des  Kadjars,  atait  dft  k  oette  dr- 
coQfitaiiee  PaTantage  d^dtre  dtelar^,  dto  son  enfance,  bdri- 
tier  prteomptif  de  to  couronne.  II  trayaiUait  af  ec  ti^e  k  se- 
conder lea  efforta  de  eon  ptee ,  pour  la  r^entotion  de  sa 
nation  y  on  du  moins  de  sea  armte.  LVganisation  de  sea 
BODveaux  aoldata,  nomm^s  serbaz,  dont  U  aTait  pria  lui- 
mtaie  le  costume ,  fot  contimi^e  et  perfectionn^e  par  ies 
Anglais  et  par  des  offiders  (iran^  qui  se  retirtoent  en  Perse 
apr^  la  chute  de  Kapoldon.  Ces  innovatlooa  eurent  lieu 
sans  obstadea,  sana  efTusion  de  sang,  gr&ce  au  caract6re 
inconstant  et  i^r  des  Persans.  II  Tenait,  en  lb33,  de  con- 
quer H^raty  lorsqn'il  monrut,  au  retour  de  cette  exp^i- 
tlon,  k  PAge  de  dnquante  ans.  Feth  AH  ne  surr^cnt  pas  long- 
tempa  k  son  fils  bien  aim^.  Accabl^  d^ifimut^,  il  monrut 
a  Ispahauy  le  20  novembre  1834,  kgi  de  pr^s  de  soixante-dix 
ans. 

Feth-Ali-Cbah  fot  un  bon  prince ,  ai  on  le  compare  k  la 
plupart  de  ses  prM^cesaeurs.  Saul  un  trts-petit  nombre  de 
cas ,  il  ae  montra  juste ,  iboAM,  cldment,  et  surtout  tole- 
rant en  matiirea  religienses.  II  aimait  le  faste :  il  6tait  toujcrurs 
couTert  de  diamants  et  de  pierreries ;  il  ^tait  bd  homme, 
et  sa  longue  barbe  n^a  pas  peu  contribu^  k  la  dur^  et  k  la 
prosperity  de  son  r^e ,  par  la  T^neration  qu'eHe  inspirait 
k  ses  sujets.  n  a  foitrenattrelealettresen  Perse ,  et  11  cultivait 
lui  m6me  la  po^sleavecsuccte.  Son  petit-fils,  Mohamed-Mlrza, 
fils  aln6  d'Abbas-Mlrxa,  qu'il  ayait  design^  pour  b^ritier,  lui 
sooo6da  sur  le  trdne;  mais  ce  prince  moumt  le  C  septembre 
1848  (pgres  Persb).  H.  AunimiET. 

FEn  (DoMBNico),  pdntre  calibre, n^  k  Rome  en  1589, 
mort  k  Teniae,  k  FAge  de  trente-dnq  ana,  des  suites  d'une 
Tie  debauchee,  eut  pour  mattreCigoli,  regenerafeur  de 
Fart  k  Florence ,  et  se  fixa  ensuite  k  Mantoue,  od  Tappda  la 
protection  edair^e  et  g^nerenae  dn  cardinal  Ferdinand  de 
Gomague,  deyenn  plus  tard  due  de  Mantoue,  et  ou  il 
s'exerfa  k  reproduire  ia  mani^  de  Jnlea  Remain.  Ses  ou« 
fragea  se  recommandent  en  g^^ral  par  une  grande  correc- 
tion de  desdn,  par  la  yiyadte  du  coloris ,  par  nn  caract^ 
lie  yerite  naiye ,  fi^re  et  originate.  lis  se  troqyent  aujourd'liul 
parlag^s  entre  la  plupart  des  grandes  galeries ;  notre  Mus^e 
du  Lonyre  poas^e  notamment  de  lui  rempereuriV^ron,  un 
Angegardien,  une  Ft/etiM,  to  MUmeolie^  ou  Ton  admire 
una  nettote  d'expression ,  une  ylguenr  d'effet  et  une  entente 
du  dair-obscur  fort  remarquables.  Aprte  la  mort  de  Dome- 
nioo ,  aa  aeeur  ae  fit  religieuse,  et  extenta  dea  pdntures  pour 
plo^rara  conyents  de  Mantoue. 

Fl&nCHESy  FtinCHISME.  Lea  Portugais,quid'abord 
fondirent  anr  leaodtea  d'Afriqne  dea  etablissements,  obser- 
T^rait  parmi  lea  N^gres  de  groasiires  idolesqu'ils  nommirent 
/etiuat,  cboses  enchantees,  charmes,  d'ob  nous  ayona  tire 
le  root  ibfiiiche.  On  a  ensuite  remarque  que  la  plupart  dea 
natlona  sanyagea,  s'61eyant  k  pdne  k  Tidee  d^un  Dleu  su- 
preme, 00  d'un  esprit  createnr  de  I'uniyers,  croient  trouyer 
qnelque  Image  de  la  puissance  diyine  dans  des  animanx  ou 
(fautres  objets  materiels;  et  Ton  acompris  quale  cultede 
ces  demiera  ne  dilTerait  pas  essentiellement  du  fetlchisme 
des  Kigres.  On  ea  decouyre  des  preuyes  irrecusables  dans 
la  religion  des  andens  £gyptiens.  En  efTet,  d  Ies  N^gres  de 
Jnida  adorent  encore  le  serpent  deyin  et  plusieura  grandes 
conleuvres;  si  d'autres  peuplades  yenirent,  Ies  unes  des 
yautours,  lea  autres  des  caimans,  on  des  mammif^s, 
on  mteie  des  poissons,  et  jusqu*k  des  insectes  (le  pregor 
Dkm^  mantis  reUgiosa^  etc.),  le  bousier  sacre  (ateuchtis 
sacer^  etc. ),  lea  antiques  sujets  des  Ptiaraons  ne  trouyaient- 
iU  pas  de  commodes  dirinitesdans  lesoignons  et  Ies  lierbca 
4e  Icursjardins,  dansleur  bwuf  Apis,  dans  teur  ctiien  Anubis, 
taodis  que  Ies  ddyotes  du  pays  se  soumettaient,  dit-on,  au 
bone  lacre  de  Mend^? 


$81 

Outre  ces  fetlciiea,  Ies  N^res  ont  encore  d«^  gris-gris,  es* 
ptees  d^amnlettea  prescnratrices,  de  petits  dienx  domes- 
dques,  tds  qne  lea  lares  des  andens.  Cbea  lea  tribus  de 
TAmerique,  Uy  a  dea  manitaus,  dea  nani^o^of,  des  ockL 
Les  insolairea  de  la  Polynesia  ne  possedent  pas  moins  d'i- 
doles  et  de  ces  marmoosets  qn'apportent  les  yoyageurs 
pour  les  cabineta  des  curieox;  on  en  a  rencontre  cbez  lea 
Siberiena  et  Jusqa*au  Kamtchatka,  au  Groenland,  en  La- 
ponie,  comme  parmi  lea  Ostiaqnes,  les  Samottdes,  etc.  La 
plupart  de  cea  nations,  toutefois,  n'ont  pas  une  fd  bien  yiye 
dans  leurs  idoles.  Lorsque  leors  pri^rea  et  leurs  sacrifices 
n^en  obtiennent  pas  un  grand  succte  pour  la  cliasse ,  ia 
guerre  ou  Pamour,  il  n'est  pas  rare  de  yoir  les  Siberiens 
rosser  leanburkhans,  on  les  briser,  enleur  reprocbant  liu- 
gratitude  dentils  payent  leura  supplications.  Les  miasionndres 
ont  cm  yoir  dans  ces  pratiques  llnfluencedes  demons. 

II  est  plus  juste  de  penser  que  le  feticbisme  est  la  pre- 
miere rdigion  des  bommes,  dans  Tenfance  de  leur  intdli- 
geuce.  Comment  des  esprits  brutanx  s'deyeraient-ils  au- 
dessus  de  cequi  flrappe  d'abord  leurs  sens?  C'eat  dej^  un 
puissant  effort  poor  enxde  remonterjusqu'^  Padoration  des 
astre^,  wasabiisme,  D'aiileurs,  toute  adoration  d'objets 
materiels;  si  Ton  ne  les  considere  point  comme  emblemes 
d*une  puissance  immateridle,  n*est  qu'nn  feticbisme  plus 
on  Rifiins  grossier,  dont  on  trouyerdt  des  preuyes  jusque 
dans  nos  croyances  populaires.  Ainsi,  le  feticbisme ,  le  sa- 
beisme,  toutM  ces  adorationa  d'objeta  tombant  sous  ies  sens, 
n'oflTrent  aux  esprits  epures  que  dea  embiemes  qui  fixent  les 
regards  des  bommes  impuissants  k  s*eieyer  k  des  idees  ce- 
lestes. Et  il  font  des  images  frappantea  pour  encbalner  I'at- 
tention  de  ces  Ames  croupissantdans  une  ignorance  super- 
stitieuse ;  dies  refiiseraient  de  yona  suiyre  dans  dea  concep- 
tions plus  subtiles ,  ou  ae  plongerdent  dans  nn  borrible 
atheisme.  Par  III  le  feticbisme  (memo  cdni  de  plodeors 
diretiena)  et  le  sabfisme  ne  sent  encore  que  dea  prepara- 
tions k  la  yrde  et  pure  religion,  toute  splritudle ,  qui  attaint 
le  pins  liaut  falte  de  Tbumanlte.  (Test  par  cette  aerie  de 
oruyancea  que  lea  nations  s^eiancent  progressiyement  dans 
la  yoie  faidefinie  de  leur  perfectionnement  intdlectud  et 
moral,  J. -J.  VmKT* 

F^nS  (FBAHQOiaJoaspn),  mattre  de  chapeOe  do  roi 
dea  Beiges  et  db'ecteur  du  Gonseryatoire  royd  de  moaiqne  de 
Bmxdles,  ne  le  25  mars  1784,  ^Mona,  od  sonfpere  etdt  or- 
ganiste,  profita  si  bien  de  Texcdlente  education  Mndcde 
que  cdui-d  lui  donna,  qu'k  TAge  de  dix  ans  11  pnt  remplir 
un  emploi  d*oiganiste  dans  sa  yifie  natde.  En  1800  il  yint 
k  Paris  suiyre  les  conrs  du  Gonseryatoire  et  surtout  les  le^os 
de  BoTddieu.  De  bonne  beure  sesetudes  prirent  one  direction 
plus  theoriqueqne  pratique.  Aprfes  nn  long  yoyage,  qui  lui  four- 
nit  Poccasion  de  se  fkmUiariser  ayec  lea  ouyrages  des  grands 
maKres  itdiena  et  allemands,  il  reyint  k  Paris,  oO  nn  ricbe  ma- 
riage  lui  donna  les  loidrs  neoessdres  imur  se  Siyrer  &  une  etude 
approfondie  de  Pbistoire  de  la  mnsique,  et  plus  particulidre- 
mcnt  de  cdle  du  moyenAge.  Mais  en  1811  des  reyers  de  for- 
tune le  contraignirentk  ae  retirer  en  proyince,  et  k  accepter 
les  fonctions  d'organiste  k  Doud  en  memo  temps  que  de  pro- 
fesseur  k  P^colede  Mudque  de  cette  yille.  En  1818,  il  reyint 
k  Paris,  oh  on  yendt  de  le  nommer  professeur  an  Gonserya- 
toire; et  il  deyint  ausd  bibliotbecaire  de  cet  etablissement 
k  paitir  de  1826.  En  1827,  il  fonda  le  premier  recudl  de  cri- 
tique musicde  qui  ait  paru  en  France ,  la  Revue  Musicale, 
qui  jonit  bientOt  d'une  grande  autorite,  et  qui  se  mdntint 
jusqu'en  1834.  Pendant  le  cours  de  cette  publication,  M.  Fetis 
fit  parattre  deux  yolumes  intitules  :  Pun,  CuriosUSs  histo- 
riques  de  la  Musique,  et  I'antre,  to  Musique  mise  &  la 
porUe  de  UnUlemonde,  Si  le  premier  n*etdtgu^  que  la 
rdmpression  de  qudques  artides  precedemment  pnblies 
dans  la  Rome,  en  reyanche  le  second  etdt  un  liyre  neuf , 
oil  brille  unyeritable  talent  d'expodtion,  de  metbode  etde 
clarte.  En  meme  temps,  il  redigedt  le  feoilleton  musicd  dans 
le  National  et  dans  le  Temps;  mais  le  plus  souyent  les  ar- 
ticles n'etdent  qn'une  pAte  contre-epraore  dea  jufOMila 


382 

d^j^  insdr^  par  lui  dans  la  Revue  Muskcale,  Dte  1833,  a  la 
f uite  de  d^in^t^  quHl  avait  ens  avec  la  directitm  du  Conser- 
tatolre,  et  8or  la  nature  desquels  nous  n^avons  pas  h  nous 
expliquer,  il  6tatt  all^  s*dtablir  k  Bruxelles,  ou,  ind^pendain- 
ment  d*un  certain  nombre  d^onvrages  thforiques  sur  rart, 
il  fit  parattre  nn  EsscA  sur  les  services  renduspar  les  AVcr- 
tandais  it  Cart  musical ,  que  I'lnstitut  des  Pays-Bas  cou- 
ronna.  C'est^galementi  Bru\elles  que fut  public  (i835-lSU) 
son  ouTrage  intitule :  Biographic  universelle  des  Musiciens 
et  Bibliographie  ginirale  de  la  Mttsique,  ouTrage  qui 
contient  sans  doute  une  foule  d*erreurs ,  et  qui  ptelie  snrtout 
par  le  c6(6  pbilosopliique ,  mais  qui  a  dn  moins  le  iiic^rite 
d*6tre  plus  complet  que  ceux  de  ses  de?anciers.  On  lui  doft 
aussi  la  fondation  des  concerts  historiques,  dont  II  est 
juste  cependant  de  faire  remonter  Fidte  premiere  li  G  h  o  r  o  n , 
et  qui  ont  trouT^  depuis  des  imitateurs  en  Belgiqiie,  en  Alle- 
magne  et  en  Angleterre.  Ses  direrses  compositions  pour 
IV-g^ise  on  pour  le  tli^tre  ont  obtenu  moins  de  succ^  que 
ses  ouyrages  relatifs  k  Hiistoire  de  Tart.  Cependant  ses  operas : 
L'Amant  et  le  Mart  et  La  Vieille,  reprdsentds  tons  deux 
au  tii^atre  Feydeau,  ont  eu  IHin  cent  treute  et  Tautre  cent 
soixante  representations.  On  a  aussi  de  luiun  Traits  (tHar^ 
monje qui  a souley^  de  Tiyes  discussions;  ettout  rfceronient 
il  a  public  en  sod^t^  avee  Moschelte  une  MHhode  des  Mi- 
thodes  de  piano.  On  annonoe  aussi  comme  devant  prochai- 
nement  parattre  une  Bistoire  ginirale  de  la  Musique, 
une  FMlosopMe  de  la  Musique  ei  Le  Plain  Chant  gr6go- 
rien  rameniet  restitu^A  ses  vMtables  sources, 

[  Quand  on  consid^re  la  masse  des  ^rits  de  tons  genres 
dus  k  ta  plume  de  M.  F^tis ,  de  ses  compositions  dramatiques 
reiigieuses  et  instrumentales,  de  ses  traits,  de  ses  m^tbodes 
de  tontes  esp^ces,  de  ses  entreprises  cjmmerciales,  on  est 
^tonu4  que  les  forces  d*un  seul  hotnnie  aient  pu  suffire  k 
une  semblable  tAche.  H  est  Trai  que  M  F4tis  a  eu  k  sa  dis- 
position des  ressoorces  si  miractileuses;  quMl  a  tu  les  triors 
de  sa  bibltotb^ne  s*accrotlre  par  des  procM6s  si  rapides, 
si  ingf^nieux,  et  s*^cartant  quelqne  pen  m^me  de  la  marcbe 
ordinaire  des  choses,  que  Ton  est  tent^  do  penser  que  dans 
cette  masse  d*id^,  d*opinions,  de  conceptions  parroia  in- 
cob<^retites,  toutes  ne  Tiennent  pas  du  m6me  fonds,  mais 
que  telle  d6M)UTerte  anonyme,  telle  production  orpbeline, 
sont  venues  comme  par  encbantement  se  placer  sous  les 
mains  decet  liorame  privildgi^,  et  lui  demander  le  b^n^fioe 
d*un  nom  qui  lea  mettra  en  lumi^re  et  leur  serrira  de  passe- 
port  k  hmniortaiit^.  J.  n'OBTfctTB.] 

F^TUQUE,  genre  de  gramin^es,  renfermant  un  assea 
grand  nombre  d'esp^ces,  qui  tontes  font  un  fourrage  de 
bonne  quality  pour  lea  bestiaux.  Ia  fttuque  flottante  {/es- 
tuca  Jluitans^  L.)  est  Tivace ;  ses  balles  sont  d^pourrues  de 
barbel,  ses  panicules  longuesde  0'*,t3  environ,  ses  rameaux 
tr^-fcart4s  :  cette  plante  aquatique  setrouve  en  abondance 
dans  les  Toss^  les  marais,  les  ^tangs,  etc.  Ses  tigcs  et  ses 
feuilles  sont  fort  recliercli4es  du  gros  b^tail ;  ses  graines , 
rfk^dlt^  avec  grand  soin  en  Allemagne  et  siirtout  en  Polo- 
gne,  servent  de  nourriture  k  Tbomme;  mond^es,  elles  sont 
connues  sous  le  nom  de  manne  de  Pologne ,  et  la  plante 
elle-m6me  porte  vulgairement  celul  d*herbe  ii  la  manne; 
on  la  nomme  aussi  chiendent  aquatique.  La  fituque 
ilev^e  i/estuea  elatior,  L, )  est  aussi  sans  barbes;  les  ra- 
meaux de  sa  pantcule  sont  rapproch^s;  die  pousse  dans  les 
pr6s.  lAfttuque  inclin^e  (Jestuca  deeumbens,  L. )  a  la 
panicule  de  dnq  centimMres  au  plus  :  on  la  rencontre  le 
long  des  bales,  sous  lesarbres,  dans  les  terrains  sablonneux. 
L&fituque  queue  de  rat  {festuca  myuros,h.\  vulgaire- 
ment queue  de  rat^  a  ses  baries  gamies  de  barbes ;  sa  pa- 
nicule, tr68-reaserr6e,  est  plus  longiie  que  le  restc  de  la  tige ; 
elie  pousse  dans  les  endrolta  sees.  lAfUuque  rouge  {fes- 
tuca rubra,  L. )  pousse  dans  lea  terrains  pauvres,  sur  le 
bord  des  bois.  l^fitnque  ovine  (festuca  ovina,  L. )  a  re^u 
ce  nom  parce  qu'eltc  est  rccbercbte  des  moutons ;  on  n'est 
pas  bien  d'accord  cependant  sur  Pespto  que  ces  animanx 
|»r^l^rent.  En  certains  lleux,  la  fdtiique  ovine,  Pcni^e  ixtiir 


FfiTIS  —  FEU 


leur  usa^e,  n'a  point  ii&  attaqu^  par  eux ;  plosiears  ado* 
vateurs,  forts  de  leurs  experiences,  ont  pr^oonis^  la  fftuqni 
rouge  comme  pr6f6rable  pour  les  moutons  ii  la  fittoque  ovioe. 

P.  Gacbext. 

FEU,  terme  d^riv^  soit  dn  latin  >bcttf,  foyer,  sdt  d« 
verbe  grec  ^tayta,  }e  brttie,  on  du  mot  fire  des  langnes  Us 
Nord,  tir6  de  icup,  (eu  chez  les  Grecs,  ou  de  fir  dins  ks 
langnes  orientalet,  la  cbald^nne  et  autres  Idiomes  s6m- 
tiques,  pourexprimer  la  splendeur  dn  soleil,  alnsi  que  cette 
nature  active  et  crdatrice  qui  anime  Tonlvers,  sdon  lesn- 
ciens  adorateurs  du  feu  et  des  astres.  Ck>ns{dM  comiM  to 
plus  immat^riel  des  quatre  ^Uments  qu'admettaft  ranti- 
quite,  k  cause  de  sa  purete  et  de  son  activity,  le  feu  fot  lon«> 
temps  adore  comme  la  source  premiere  de  la  vie  et  da 
mouvement  de  Tunlvers,  le  symbde  visiMe  de  la  diviait^ 
{vogez  Feu [ Culte  du ]).  11  etatt reserve  anx  adences  pliya- 
qees  de  distingner  la  lumi&re,le  calorique,  Teieetri- 
cite ,  tons  ces  principes  que  Panttquite  oonfondait  sous  la 
denomination  commune  de  feu,  differentiant  cependaat  le 
feu  artifidely  celul  de  nos  foyers ,  qui  consume  toos  la 
corps,  dn  feu  artiste  on  vivifiant  de  la  nature,  qui  deT^ 
lop|>e,  au  contraire,  toutes  les  creatures,  les  fait  crottre  el 
multiplier,  fait  pousser,  k  ehaque  printemps,  les  germei  de 
tons  les  vegetaux,  comme  11  susdte  Tamour  et  la  g^neratioB 
des  animaux. 

Dans  la  philosophie  dn  uoyen  Age,  le  fen  oomervi  le 
titre  dVI^menf.  Ce  n'est  memo  que  dans  la  demiere  mortis 
du  dix-huitieme  siede,  lorsqne  les  decouvertea  de  Priestley 
et  de  Lavoisier  enrent  etabli  la  nature  comburanta  de 
Toxygene  et  la  passivite  des  bases,  que  la  theorie  de  b 
combustion,  en  s'eiocidant  ebaque  Jour,  effa^  les  der- 
niers  vestiges  de  cette  opinion.  Lefeu  n*est  plus  poor  dobs 
que  la  generalisation  de  cette  aerie  d*eflfets  transitoim 
ressortant  de  la  combustion,  et  dont  la  dnree  n*excede  pas 
celle  des  causes  redles  mises  en  aotivite. 

FEU.  yoytz  iNcenniB. 

FEU  {Art  militaire),  L*emploi  do  fen  comme  noTa 
de  guerre  est  anterieur  de  bien  des  aieeies  k  llnvention  des 
armes  k  feu.  Les  Cblnois  le  projettent  depufs  un  tempi 
immemorial,  et  dte  le  sixitoie  siede  de  notre  ^.re  les  Byxaa- 
tins  avaient  fait  un  puissant  moyen  de  destmction  do  fen 
gregeois.  Entre  ces  deux  epoques  il  y  avaft  eu,  comme 
projectiles  enflammes,  les  fatariques  grecqnea  et  le$ 
malieolesromaines.  Mais  cequMl  feut  entendre  an  jour* 
d*bu{  par /etc  tactique  on  feu  de  guerre  est  PefTet  de  fei- 
plosion  de  la  poudre  qui  cbasse  nn  projectile,  qu*il  sdt  in* 
cendiaire  ou  non. 

II  y  a  snrtout  deux  genres  de  feux  :  ceini  de  Partillerie, 
et  celul  de  I'infanterie.  Le  feu  de  la  cavalerie  compte  i 
peine;  c'est  un  accessoire  pen  puissant  de  Pescrime  do  ca- 
valier, tandls  que  pour  Partilleur,  le  feu  est  sa  tactique  tod 
enf  lere,  et  pour  le  fantassin,  il  en  est  Pagent  prindiai.  U 
feu  d'artilerie  est  de  diverses  esp^ces;  il  vise  ou  il  ricoelie 
{vdyez Tin);  il  fVappe  dVn  bonlet  ou  U seme  la  mitrailte; 
il  est  k  effet  simple  ou  il  est  k  double  explosion,  comme 
dans  le  tir  de  la  bombe  et  de  I'obus. 

Le  feu  du  cavalier  n'est  qu*a  volonte,  aouvent  saas 
signal  ni  commandement,  sauf  toutefois  le  feu  des  dragons. 
Nous  ne  parlerons  pas  Aufeu  du  mineur,  qui  est  unfea  i 
grande  explosion,  ni  du  jet  des  grenades  i  la  main. 

Lefeu  d^infanterie  demande  k  etre  envisage  comme  le 
moyen  des  actions  de  feu ,  en  conformite  des  prindpes 
de  la  tactique  revue.  II  s*execute  suivant  des  if^les  dif- 
ferentes,  selon  qu*il  s*aglt  du  feu  de  riufanterie  de  battille 
ou  du  feu  de  tirailleurs  :  c*est  une  difference  que  lea  legls- 
lateurs  militalres  de  France  avaient  tongtemps  negligee, 
mais  d<nit  on  a  enfm  teuu  compte  pour  rorgaoiaation  des 
cbasseura  k  pied.  Combattre  metliodiqiiement  partes 
feux  d*ensenible  est  un  fUt  pour  ainsi  dire  d*hier,  et  cepen- 
dant Hen  de  moins  conuu  que  les  prindpes  qui  s*appliqiieB( 
a  cette  branclie  de  la  sdence  des  annes.  Les  temps  oft  re^ 
gnait  Tusage  de  Tarqucbuse  et  du  mousquct  ne  nous  ont  pai 


FEU 


%st 


1^^  de  souTeoIn  qui  piussent  6tre  un  objel  d*^tu<1es  :  on 
eroft  qifavanf  Padoptiou  g^n^rale  da  fusil ,  les  mousquetaires 
k  pied  de  France  ex^cntaient,  par  petits  groupes,  des  feux 
pendant  le^iiels  leurs  officien  se  tenaient  genou  h  terre ; 
mais  le  marshal  de  Puys^gur  convient  qu*il  n*existait  pas 
avant  le  milieu  du  d!x-liui(i^me  siMe  de  m^tliodes  offH 
delles  et  g^n^rales.  Uann^e  1750  voit  nattre  la  legislation 
des  feux ;  il  y  avait  feux  de  ranj^,  de  deml-rangs,  de  quart  de 
rangSy  termes  synonymes  de  ceux-ci  :  feux  de  batiiilfon,  de 
d^mi-bataillon,  de  division.  L*ordonnance  de  1755  reconnalt 
en  outre  des  feux  de  peloton  et  de  section :  c*dtait  uoe  com- 
plication saus  excuse  A  cette  ^poque  Tordre  sur  trois  rangs 
pr^Taat  et  fait  abandonner  Tordre  sur  quatrerangs.  Dans  plu- 
sienrs  ser?ices,  le  syst^medes  feux  de  trois  rangs  et  a  genu- 
flexion se  r^Iarise.  On  essaye  des  feux  de  deux  rangs,  le 
froisi^e  ne  tirant  pas ;  on  pratique  un  feu  de  trois  rangs, 
restant  tous  debout,  mais  il  se  faisait  sans  havresac  au  dos, 
eequi  permettait  une  bien  plus  grande  compression  des 
rangs.  L'lustniction  de  1769  s'occopait  des  feux  dMufanterie 
l^^re;  rinstruction  de  1774  recourait  aux  leux  h  genuflexion, 
que  rinfanterie  fran^se  n^avait  pas  encore  adoptde.  L'or- 
donnance  de  1775  connaissait  des  feux  de  bataillon,  de 
deml-batailloo ,  de  deux  rangs,  de  peloton.  L^ordonnance 
de  1776  supprimait  les  feux  k  genuflexion,  et  pratiqoait  un 
genre  bientdt  abandonne,  celui  des  feux  de  trois  rangs  res- 
tant debout.  Ler^lement  de  1791  connaissait  des  feux  di- 
rects et  des  feux  obliques,  et  retablissait  les  feux  h  genu- 
flexion. Cn  Tan  xni,  un  ordre  du  jour  du  premier  consul 
prescriTait  un  feu  de  rangs;  chaque  rangne  tirait  que  sue- 
cessivement  et  k  la  voix  de  son  clief  de  bataillon.  Une 
drctilaire  de  1822  etablissait  quelques  modiflcations  de  pen 
d^utilite.  L*ordonnance  de  1831  ne  fit  faire  aucun  progr6s  k 
cette  partle  de  la  science, etsupprima  le  feu  de  rangs,  mal- 
gre  sa  superiorite ,  torsqu*au  coramandement  :  Troisidme 
rang,  feu,  il  est  enjoint  au  premier  rang  de  medre  gcnou  en 
terre  ponreviter-toute  atleinle  des  balles  du  troisi^me  rang. 

Les  tacticiens  qui  ont  ecrit  depuis  le  dernier  si^cle  sont 
lom  d*£tre  d*accord  :  les  uns  demandcnt  des  feux  aji:sti%, 
les  autres  non;  il  y  en  a  qui  prefbrent  un  feu  vite,  d'autres 
un  feu  juste;  (els  profefseurs  invoquent  les  feux  de  Fre- 
deric II,  feux  qui  eiaient  rapides  et  pour  ainsi  dire  meca- 
niques;  tels  autres  leur  preiirent  ceux  de  rinfanterie  an- 
glaise,  qui  est  parrenue  k  en  tirer  le  parti  le  plus  meurtrier. 
Napoleon  r*',  dans  ses  Merooires,  ne  veut  que  des  feux  k 
volont^,  tenne  qui  k  cette  epoque  etait  ohscur,  parce  qu^il 
avait  cess6  d^etre  technique  depuis  1791.  Mais  dans  ce  cas 
le  grand  capitaine  demandait-il  que  les  trois  rangs  resfas- 
seut  debout,  au  grand  prejudice  du  premier  rang,  sonvent 
compromis  par  Timpatience  on  la  maladresse  du  troisi6me? 
Les  feux  k  volonte  ne  devaient-lls  se  faire  que  sur  deux 
rangs,  ce  qnl  ocx^sionne  presque  la  perte  du  tiers  du  feu? 
Fallait-il  maintenir  la  genuflexion,  dont  Tusage  est  Tobjet 
d'un  blime  general?  Fallalt-il  adopter  Tordre  sur  deux  rangs, 
a  la  mani^re  aoglaise,  quoique  deja  Pordre  actuel  soil  trop 
lolnce?  La  dilTiculte  est  grave.  La  France  |usqu*li  ces  der- 
niers  temps  etait  le  pays  od  Ton  avait  le  moins  travailie  k 
yremedier;  rAutriche,  la  Russie,  la  Prui^se,  s'en  etaient 
occupies  avant  elle,  et  parmi  Ics  moyens  qui  avaient  ete 
adopts,  celui  qui  momentanement  deplace  le  troisi6me 
rang  poor  le  (airt  comhattre  en  tirailleurs,  semblait  le  plus 
pn>pre  k  resoudre  la  difficulte.  En  admeltant  ce  mecanisme, 
le  debat  au  sujet  du  feu  ajuste  ou  non  ajuste  n*a  plus 
d*objet :  c^est  aux  rangs  restes  en  ligne  k  faire  le  feu  pres- 
qne  horizontal;  c'est  au  rang  qui  combat  eparpiiie  k  e\6c\i- 
ter  le^  feux  ajustes. 

Dans  la  guerre  de  la  revolution,  le  feu  a  perdu  une  paiiie 
de  Pestune  que  lul  avaient  value  les  succisde  Frederic  II. 
La  puissance  des  charges  k  la  baionnette  Pa  discredite;  les 
Ceux  methodiques,  alternatifs,  regies,  n'ont  plus  ete  regardes 
que  oooune  un  accessoire  important,  et  uon  comme  le  mode 
principal.  G**  BAjmin. 

FEU  (  Armes  &  ).  Voyei  Arhe. 


FEU  ( Bouches  k  ).  Voyez  Bouoies  a  no. 

FEU  (  Champ  de ).  Voyez  Nai*hte. 

FEU  ( Culte  du  ).  Lc  culte  du  feu ,  qui  puriAe  tout ,  qui 
ecliaufTe  et  consume  tout,  qui  seroble  emane  du  soleil ,  dont 
il  est  Pembl^me,  paralt  avoir  ete  une  consequence  natu- 
relle  du  culte  des  astres?  L'un  et  Pautrc  prirent  naissance 
cliez  les  Chaldeens,  qui  se  representaient  Dieu  sous  Piinage 
d^un  feu  infinime&t  pur,  et  auquel  lis  donnaient,  par  meta- 
phore  ou  par  respect,  le  nom  d*<mr  ou  or  ( feu  prIncipe,  lu- 
miere  Increee ).  Mais  Us  admettaient  un  autre  principe,  lea 
tenibres,  cruel  les  ennemies  de  la  lumiere.  Disciples  et  voi- 
sins  des  Chaldeens,  les  Perses  adopterent  une  partie  de  ces 
Iddes,  que  partag&rent  aussi  les  £gyptiens,  les  Arabes,  cfc. 
Us  pratiquerent  d*abord  lesabeismeou  culte  des  astres ; 
mais  en  reconnaissant  le  bon  principe,  OrmUzd  ou  Oro^ 
maze,  et  ie  mauvais,  ii^riTnan,  quMls  representaient  par 
divers  symboles,  la  lumiere  et  les  ten^bres,  le  jour  et  la  nuit, 
pete  et  Piiiver,  le  ciel  et  la  terre,  le  taureau  et  le  serpent,  etc. , 
ils  en  ajoutaient  un  troisidme,  le  soleil,  dont  le  nom, 
Mihr  (mil hr  a  en  grec ),  signifiait  amour  et  mis&icorde. 

Ce  fut  sous  le  r^gne  de  Hourcheng,  second  prince  de  la 
dynastle  des  Piscbdadieus,  que  les  Perses  coamienc6reot 
k  adorer  le  feu.  La  vue  dun  sol  Impr^gne  de  naphte  et 
spontanement  illumine  les  conduisit  pcut-etre  k  ce  culte, 
quele  roi  Djemschid  conflrina,  ainsi  que  celui  des  astres, 
en  admettant  Pexistence  d'un  Dieu  superieur.  Kai-Kliosrou, 
chef  de  la  dynastle  des  Kaianides,  donna  la  preference  k 
celui  des  astres,  sans  abolir  Padoration  du  feu,  qui  se  per- 
peiua  jusqn*au  temps  du  roi  Gustasp  (  Cynis ,  ou  Darius 
fits  d^Hystape).  Jusqu*alors  les  Perses  n*ava  ent  pas  eu  de 
temples;  c'etait  sur  de  hautes  montagncs  qu*IIs  adoraient 
les  asfrcs,  qu'ils  allumaient  de  grands  feux.  Zoroastre, 
par  sa  doctrine,  affermit  et  perfcclionna  le  culte  du  feu.  II 
fit  bdtir  les  premiers  temples  ou  pyr^es,  oil  Pon  commen^a 
d^entrefenir  le  feu,  et  qui  se  muHipli6rent  par  la  suite.  Ce 
culte  se  conserva  sans  alteration.  Les  mages,  qui  etaient 
k  la  fois  philosopbes,  pontifes  et  theolugieus,  prfichalent 
le  monotheisme  ou  Pexistence  d*un  seul  Dieu,  et  les 
hommes  edaii-es  regardaient  les  astres  et  le  feu  comme 
des  symboles  de  la  Divinite.  Mais  le  vulgaire,  qui  par- 
tout  et  en  tout  temps  s*attaclie  au  culte  posilif  et  mate- 
riel, adorait  les  astres  et  le  feu  curnme  des  diciix,  et  fai- 
sait de  Mihr  ou  Mithra  un  feu  iutclligent,  un  etre  divin , 
capable  d'exaucer  les  pnftres  des  mortels.  D^ailleurs,  les 
Perses  n^eurcnt  jamais  d'idoles  ni  de  statues.  Les  sculp- 
tures d'aniraaux  que  Pon  voit  sur  les  antiques  monuments 
de  Persepoiis  n*etaient  que  des  figures  aliegoriques,  et  ces 
mines  ni  celles  des  autres  parties  de  la  Perse  n^ofl'rent  au- 
cuue  trace  du  culte  du  feu,  si  ce  n'est  peutri^tre  la  flamme 
representee  sur  deux  tombeaux  k  Pei'sepolls.  Tout  ce  qui 
conceme  les  dogmesct  les  pr^^ceptes  de  la  religion  des  Perses 
est  ecrit  dans  le  Zend-Avesta  de  Zoroastre  et  dans  le  Sadder, 
qui  en  est  Pabrege.  Cette  religion  prohibait  le  jeOne,  la  vie 
contemplative  et  le  ceiibat ;  elle  donnait  k  Pflme  de  Peieva- 
tiun  et  de  Penergie  :  aussi  les  Perses  ont-ils  ete  appeies  les 
purieains  du  paganisme.  Tel  etait  leur  respect  pour  le  feu, 
symbole  des  signes  celestes  et  de  la  pnrete ,  qu'il  leur  etait 
derendu  de  le  sou  flier  avec  la  bouche. 

Le  culte  du  feu,  entrctcnu  par  les  mages,  fht  persecute 
par  Alexandre  le  Grand,  qui,  ayant  conquis  la  Perse,  voulut 
detruire  les  livres  de  Zoroastre;  mali  11  ne  put  en  deconvrir 
qu'un  petit  nombre.  Apr^s  la  cliute  de  Pempire  des  Parthes, 
Ardescliir-Babekan,  fondatenr  de  la  dynastie  sassanldeet  du 
nouvcl  empire  persan ,  retablft  le  cutte  du  feu,  et  Ini  donna 
plus  de  solennite.  Les  temples  oil  le  feu  etait  conserve  s'ap- 
pclaient  pyrdes,  d^ob  sont  venus  les  noma  depyroldtrie  et 
de  pyroldtres,  donnes  k  la  religion  et  anx  secdlteurs  de  Zo- 
roastre par  leurs  ennemis.  Le  centre  du  magisme  parattarofr 
ete  laMedie-Atropateneou  Adzerbaidjafi,  qoi  fut,d1t>on,  la 
patrie  de  ce  phllosophe.  Les  Perses  appelalent  le  fen  8acr6 
azer  ou  adher,  dont  le  nom  entre  dans  celui  de  cette  pro- 
vince, qui  abondcen  sources  de  naphte,  en  mati^res  bitu* 


884 


FEU 


mlDeoAesetr^ineuaes,  dont  les  lacs  mtoae  sont  couTerU , 
et  doDt  la  combustion  apontante  pr^senteaouTentau  milieu 
de  la  nuit  des  flammea  briUantea.  Le  calte  du  fea  ne  Ait 
eDti^rement  aboU  en  Perse  qu'aprte  la  mort  d'Yezdedjerd  II I , 
le  dernier  dea  monarques  aaasanSdes.  Les  Arabea  musulmans, 
conqu^rants  de  U  Perae,  donniir'.tit  aux  peuples  yaincus  les 
nomainiodenx  de  pyroldtres  et  dHgnicoles,  de  dfiaours^ 
guhbres  oa  infid^ea,  d*adoratears  d'astres,  de  stupides  ou 
insenste.  Au  neuTitaie  al^e,  Mardawi4i»  prince  persan, 
ayant  enler^  Ispahan  an  khaUfe  de  Bagdad,  Toulot  y  r^ta- 
blir  la  religion  de  ses  p^res,  et  fit  allamer  de  grands  feux 
sur  les  montagnes  qui  entourent  cette  capitate;  mats  il  fut 
assassin^  en  rentrant  dans  la  TiUe.  La  pyrolitrie  existe  encore, 
mais  obscnre  et  secritey  dans  quelqaes  cantons  de  Plndoustan 
et  dela  Perse,  d'Ispahan ,  et  surtout  dans  le  Kerman,  ou  ^tait 
le  grand  pyr^e,  m^fropote  de  tous  les  temples  de  1  empire. 
C'dtait  \k  que  snr  un  brasier  perpdtnel  Tarchimage  brOIait 
Tencens.  A  Sari,  dans  le  Mazanderan,  on  Toyait  encore  au 
milieu  dn  dix-septi^ne  aitele  quatre  anciens  temples  dcs 
Peraes,  en  forme  de  rotonde.  On  en  trouTe  anssi  quelqu&n- 
unsli  BakboUy  dans  le  Schirwan,  (Ui  appartient  aux  Russes, 
et  ou  le  naphte  abonde;  et  sur  des  esp^ces  de  caves  toA- 
tto,  auprtede  i'autel,  est  fix^  snr  la  terra  un  tuyau  par  Ic- 
quel  sort  one  flamme  bleuAtre  plus  pura  que  celle  quedon- 
ncnt  les  liqueurs  spiritueases.  Ces  pyrte  et  ceux  des  aotres 
parties  de  la  Perse ,  sorte  de  chapelles  oil  le  feu  sacr^  est 
repr^sent^  par  des  lampes  constamment  allom^,  od  chacun 
est  oblige  de  renouveler  tous  les  ans  la  lumi^  qui  tolaire 
sa  maison,  sont  Yistt^  d^Yotement  par  les  pyrolAtres  indous. 

Les  plus  G^l^res  philosopbeset  les  nations  ciyilis^  ont 
regard^  le  fen  comme  le  symbole  de  la  Divinity. «  Dieu,  a  dit 
Plutarque ,  est  un  feu  artiste,  proo^dant  a^ec  m^thodc  h. 
la  formation  du  monde.  »  Les  stoTciens  connaissaient  Dieu 
sous  IMdte  dn  feu,  non  comme  le  premier  des  quatre  (\€- 
ments,  mais  comme  ^<Aer,  substance infiniment  active  et 
subtile,  qui  p^nMre  tout,  qui  prend  toutes  les  formes.  A 
Rome,  le  feu  sacr^  ^tait  confix  ^  la  garde  des  Testales,  char- 
ge de  Tentretenir  sous  peine  de  mort.  Les  andens  Scythes 
adoraient  aussi  le  feu  sous  le  nom  ^Artimpara,  Enfm,  le 
fou  joue  un  rdle  important  dans  les  cMmonies  de  r£glise 
catholique,  soit  ponr  ^lairar  les  autels,  suit  pour  brOler 
reneens;  et  on  to  reooavelle  tons  les  ans  k  Toflice  du  sa- 
medi  saint 

FEU  (Li vies  condamn^  an).  L'nsage  de  condamner  au 
feu  les  ^criU  dilTatnatoiics  ou  contraires  k  la  rdigion  et  aux 
moeurs  remonte  k  une  ^poque  recul^.  Get  usage  a  ^  en 
vigueur  cbez  les  Grecs  et  diez  les  Remains.  Protagoras 
d'Abdire,  ayant  mis  en  doute  I'exlstence  de  la  Divinity,  fut 
poursuivi  par  les  magistrats.  Ses  ouvragea,  saisis  dans  les 
maisons  des  paiticuliers,  furent  brfiJ^  sur  la  place  publique. 
Trois  siteles  avant  J.-G.,  Antlochus  £piphane  fit  brAler  les 
livres  des  Juifs.  Auguste,  deux  ann^  avant  de  monrir, 
ordonna  que  les  Miles,  dans  Rome,  et  les  gonvemeurs, 
dans  les  provinces,  fissent  brttler  tousles  libelles  quMls 
rencontreraient;  sous  Tib^re ,  les  ^rits  de  Labienus  furent 
condamnds  an  feu,  et  ceux  que  Fabridns  de  Veiento  avatt 
compost  contra  les  steatenrs  et  les  pr^tres  de  Rome 
eureot  le  mtoae  sort  sous  N^n,  Men  que  leur  auteur  fDt 
seolement  banni  de  Rome.  Les  emperanrs,  qui  oombatti* 
rent  le  christianisme  naissant  par  la  persecution,  ne  man- 
querent  pas  d^appliqner  aux  liyres  de  la  raligion  noovelle 
les  prindpes  en  vigueur  ponr  les  terits  difllunatoires.  En 
303,  Diod^en  et  ses  collies  rendirent  on  6dit  qui  por- 
tait,  entra  antres  prescriptions,  qne  les  livres  relatils  an 
christianisme  seraient  recherche  avec  soin  et  YxrtMA. 

L*£gtise,devenue  triomphante,  suivit  les  monies  principes 
que  cenx  de  la  l^slation  romaine ,  et  trop  souvent  les 
fiammes  ne  consum^rent  pas  seiilement  les  ouvrcges  enta- 
cfa^s  d^hMde,  mala  dies  consumirent  aussi  ceux  qui  les 
avaient  oompoate.  En  321 ,  un  concile  tcnu  h,  Alexandria 
coudamna  pour  la  seconde  fois  les  erreurs  d*Arius;  les 
ouvrages  de  cct  h<$r<^siarquc  furent  bi-AI^  publiqiiement; 


ceux  de  Porphyre  eurent  le  m£me  sort  en  38S ,  par  oidn 
de  Th^dose  le  Grand.  Au  sixtoie  si^e  (vers  &9&),  le 
pape  Gr^oire  le  Grand  fit  brOIer,  dit-on,  un  grand  nnibre 
d'ouvrages  des  auteurs  palens,  craignant  rinfloeooe  de  cu 
ouYrages  sur  les  membras  du  derg^,  trop  adoon^  in 
etudes  profanes.  Jean  de  Salisbury,  ^crivain  anglais  du4o« 
zitoie  Slide,  a  le  premier  avanc^  ce  fait,  qoi  est  fort  doo' 
teux.  Au  commencement  dn  onutoie  si^e,  Olaiis,  roi  di» 
SuMe,  donna  Tordre  de  livrer  aux  fiammes  tous  les  lirm 
runiques,  attribuant  k  Pinflnence  de  ces  livres  les  difiiaillH 
quMl  eprouvait  k  etabllr  la  rdigion  cbretienne  dans  set  tmlok. 

£n  1121 ,  le  condle  de  Soissons  ayant  tronv6  dun  le 
traite  que  Pierre  Abeilard  avait  compost  Sw  la  Tr\MU 
qudques  propositions  contraires  aux  doctrines  de  r£gliie, 
condamna  ce  traits ;  le  condle  de  Sens,  en  1140,  eonfinu 
cette  sentence,  et  for^ a  Tauteur  k  declarer  son  erreor  et  i 
brAler  ini-m6me  son  ouvrage.  Am  and  de  Brescia,  disdple 
d*Abdlard,  ayant  ecrit  contra  les  biois  temporals  du  clcfg^ 
fut  hTt\&  vif  k  Rome,  en  1 155,  avec  les  ouvrages  qullivait 
composes.  Amauri  de  Chartres  vit  fl^trir  ses  maximes 
dans  un  condle  tenu  k  Paris  en  1209,  et  les  livres  qui  les 
contenaient  furent  brOl^s  par  la  main  du  bonrreau.  Aprte 
sa  mort,  les  prindpanx  d'entre  ses  disdples,  coodama^ 
au  suppUce  dn  feu,  par  le  condle  de  Paris,  fareuc  iirr^ 
au  bras  secnlier.  Le  m^me  bOcher  consume  plosieuii  oo- 
vrages  d'Aristote,  que  le  concile  avait  aussi  ooodanuies.  £& 
1327,  Francis  de  StabUicecco  d^AscoU,  astrologoe  septal- 
ginaira,  auteur  d'nn  traits  sur  la  sphira  et  depoMes  rem- 
plies  de  propositions h^t^rodoxes,  futbr014vif  i  Bologne,  ivec 
plodeun  exemplaires  des  ouvrages^qu'll  avail  compost  Le 
16  aoOt  1463,  les  mattres  des  comptes  de  la  chambre  de 
Dijon  furent  mis  en  possession  d^un  livra  provenant  de  b 
succession  de  Thomas  de  Dampmartln.  Ce  livra,  en  papier, 
rdi^  en  cuir  vert,  6tait  rempli  d'invocations  an  diable,  de 
formules  pour  encbantements  et  sorts  magiques,  aiosi  que 
de  figures  en  caracttres  d^testables,  Ce  livra  ayaot  ^ 
soumis  h  Texamen  desconseiilerede  la  ooor  de  Bourgogne, 
assists  de  Jehan  Bonvarlet,  prfttra  de  la  cliapdle  du  due 
Philippe  le  Bon,  et  de  plusieurs  autres  doctes  persomies, 
fut  brOl^  et  mis  en  cendres,  afin  que  jamais  on  ne  pAt  y 
avoir  recoura. 

«  Vera  150S,  ditM.  Pdgnot,  le  cardinal  Xim^nte,  voobot 
ramener  les  mahom^tans  k  la  rdigion  dn^enne,  en  asMoi' 
sembia  plus  de  trois  mille  dans  une  place  spadeose,  et  leor  fit 
donner  le  baptftme ;  ensnite,  il  fit  apporter  dans  la  mteie  place 
tous  les  livres  mahom^tans  qn^l  put  ramasser,  deqndqueiu- 
teur  quUls  fussent  et  qndque  mati^  qu'ils  traitassent;  U  en 
r^unitjusqu'li  dnq  mille  volumes,  etlesbrOlapubUquemeat, 
sans  ^pargner  ni  enluminure,  ni  rdiurade  prix,  ni  antres  or- 
nements  dV  et  d*argent,  qudques  pri^res  qu'on  Im  fttde 
les  destiner  k  d*autres  usages.  »  Qudques  auteurs,  II  est 
vrai,  ont  pr^tendu  que  Xim^fes  n'avait  fait  brOler  <pie  des 
exemplaires  du  Koran  et  de  ses  commentaires.  Aux  tdmoi- 
gnages  qui  pr^cMent,  on  pourrait  encore  en  ijouter  phi- 
sieurs  qui  ne  manquent  pas  de  c(SldEnrit6.  Ainsi,  YivangUt 
(ftemelf  brOl^  k  Rome  en  1250 ;  Marguerite  de  Hanoooia, 
dite  Perrette  la  Bretonne,  brOl^  en  1310,  k  Paris,  k  la  place 
de  Gr^ve,  avec  son  Hvre;  Ganthier  Lollard,  en  1322;  iein 
Huss,  en  1414;  J  ^rO  me  de  Prague,  en  1416,  loos  la 
trois  aussi  brOl6s  avec  les  onvrages  qui  les  avaient  ential- 
nds  k  leur  perte.  A  diflS6rentes  6poqnes,  les  holies  des  soo- 
verains  pontifes  adresste  anx  rois  de  France  ont  €tiM' 
Ito  Juridiquement.  Robert,  comte  d*Artois,  k  la  ledore 
d*une  buUe  de  Boniface  YIII,  qui  ei|}oignait  k  Philippe  le 
Bd  de  partir  pour  la  croisade,  rarrecha  des  mains  de  I'am- 
bassadenr  anglais  et  la  fit  brOler  par  le  boorreao.  Kn  1580. 
une  bulle  de  Gr6goira  XIII  fut  public  subrepticeoient  co 
France  et  acceptee  par  qudques  ^6qoes.  Cette  bulle,  con- 
traira  aux  liberty  de  I'^ise  galUcane,  excommuniait  led 
princes  qui  ekigeraient  des  ecd^siastiqnes  quelque  omtri- 
bution.  Le  petit  volume  qui  renfermait  cette  bulle  fat  saisi 
par  arr^t  du  parlement  et  brW  en  pbuse  poMiqiie. 


tHnveiitioD  ^e  lMrot»rilii«rtemiilliplta  bientdlkrinflni 
le  Bombre  deft  oonaget  jiig68  digues  du  feu,  non-seutement 
p«r  PuitoritA  eecl^siafttique,  mais  encore  par  les  tribunaux 
civtla.  Moiit  noof  contenteroos  dMndiqoer  id  les  plus  re- 
narqnaUes  dei  lifres  condamnte  aa  fea  depois  le  seizitoie 
iitele»  en  ehoisiasanl  sartoot  cenx  qui  ont  rapport  k  la 
Fraooe.  La  rtfonne,  comme  chacon  le  salt,  fot  la  grande 
penste  du  aeizitaie  sitele,  non-sealement  la  r^fonne  reli- 
gfeiise,  mais  encore  politique,  philosophique  et  litt^ire ; 
c^eit  poDrqnoi  tons  les  IWres  condamn^  au  feu  pendant  oe 
sitele  prtelialent  oette  r^forme.  En  1537,  c*est  un  Talet  de 
cbambre  do  Marguerite  de  Navarre,  soeur  de  Francis  T^ 
Booaventnre  Desperriers,  qui,  dansquatre  dialogues  in- 
titule :  Cpnbaium  Mundi,  9e  moque  des  gens  qui  croient 
k  la  pierre  philosoptiale,  an\  M>nges,  k  la  philosophie  d'A- 
ristote  et  aux  pratiques  superstitrenses  de  tout  genre.  Son 
livre  Alt  brdl^  k  Paris,  le  7  mars  1537.  En  1543,  c*est 
£tienne  Dolet,  qoi  dans  plosieors  ooYrages  prfichait  liaute- 
meat  la  r^foroDe  religiease,  et  qui  n^avait  pas  craint  d'inti- 
toler  l*on  de  ses  lirres  :  Cato  christianta.  Le  U  C^Trier 
1M3,  le  parlement  de  Paris  condanina  tons  les  ounages  de 
Dolet  k  Ure  hHU4i  ei  cmsum^s  ensemble,  comme  conte- 
fumi  damnable^  pernieieuse  et  h&r€tique  doctrine. 
Deux  ans  plus  tard,  I'antcnr  lui-mtaie  subit  le  m^me  sup- 
plice  4  la  place  Maubert.  En  1653,  c'est  Michel  Servet, 
anteur  de  plosieors  liTres  remplis  de  blasphemes  oontre  le 
cbristianisaie  et  toutes  les  croyances  stabiles,  et  Tun  des 
plos  rades  adversaires  de  Galym.  Quelqne-uns  deses  livres 
avaicDt  df^\km  brOMs  dans  diff^rents  pays,  quand  lui- 
afiine  fet  arrfitf  4  Geneve,  od  ii  croyalt  trouver  un  refuge; 
OMis,  eondaiun^  par  les  solus  de  son  terrible  antagoniste,  il 
pMt  dans  les  flanmies,  le  37  octubre  1553.  Plusieurs  de  ses 
oawages  fiifent  encore  brAMs  avec  lui.  En  1569,  Tun  des 
ploshaUlesiiDpriinearBdecette^poqae,  Henri  Estienne, 
eonposo  soos  le  titre  d7n<rotftf cfion  au  Traiti  des  Mer- 
veiiles  anelennes  avec  tes  Modemes,  ou  apologies  pour 
BHwlote,  on  lifreonrieox,  libreraent  pens^,  et  qui  deman- 
dait  la  rtforme  de  tous  les  abus ;  il  se  voit  aussltdt  poursuiTi, 
ae  sanve  dans  les  montagnesd'Aovergne  et  laisse  brttler  son 
IfvreaTec  son  efllgie.  Henri  Estienne,  cachii  au  milieu  des 
neiees,  disait  plaisamment  qn  il  n^avait  jamais  en  si  (roid 
que  le  Jour  oil  II  aTait  M  brills.  Au  milieu  de  nos  guerres 
de  religion,  an  nulheureux,  nommd  Geoflroi  Vail^,  s*a- 
Tlard'toire  quelques  pages  avec  un  Utre  ridicule,  dans 
ksqoelles  il  prtebe  un  ddisnf^  insens^.  Le  procte  ne  Tut 
p«  long  k  instruire :  La  Biaiitude  des  Chretiens  et  son 
anteur  furent  brftl^  en  1578.  Un  grand  nombre  de  pam- 
phlets polltiques  eorent  le  roftme  sort  ii  la  fin  du  seizi^me 
siMo.  Sous  ce  rapport,  I'Angleterre  ne  le  c^a  en  rien  k  la 
France,  et  one  coor  de  Justice,  eonnoe  sous  le  nom  de 
ekamhreitoilief  ordonna  plusieurs  auto-da-fS  dans 
leaquels  forent  consamds  des  oovrages  de  toufes  natures. 

Parmi  les  livres  condamnte  au  feu  pendant  le  cours  du 
dhL-septitoe  sitele,  contentons-nous  de  citer  les  suivants : 
ea  1633,  Le  Pamasse  des  Poiles  satiriques  ( par  le  sieur 
Tbtephile deV laud).  Le livre  seal  ftat  brOI6  au  mois  d*aoOt 
1633.  En  1651,  Joannis  Miltoni,  Angli,  pro  populo  an* 
giicano  Dtfensio,  contra  CtaudH  anonymi,  alias  Sal- 
moMii,  Defensionem  regiam,  in-folio.  Milton  recevait  k 
Loadreaoii  pi-tent  de  1,000  lir.  sterl.,  tandls  que  son  ou- 
▼rage  ^fait  brA14  k  Parts  par  la  main  du  bonrreau.  En  1657, 
Leitrts  Gerties  A  un  Provincial  (M.  Perricr,  beau-Tr^rede 
Pascal ),  par  un  de  ses  amis,  sur  le  sujet  des  disputes 
prHentes  de  la  Sorbonne,  L'arrftt  du  pariement  d*Aix,  qui 
condamne  ks  Lettres  provinciates  k  €\re  hrU\6es  par  la 
mindu  tourreati  est  du  0  fdvrier  1657.  En  1665,  Recueil 
des  Maximes  viritables  etimportantes  pour  Vinstitution 
dm  roi,  con/re  la  fausse  et  pemiciettsepolitlque  du  cardi- 
not  Masarin,  pritendu  surtntendant  de  VMncation  de 
Umis  XIV  (  par  ClaiMle  Joly,  Pari.*,  1653,  in-8<* ).  Get  oa- 
▼nge,  tr^  vlmlent,  dirig^  contre  le  canlinal-ministre, 
M  ii6impritti6  en  1663,  et  condamnd  ileux  ann<^  plus 
Hd*  M  La  oo?if  caa.  -•  t.  ix. 


FED  n<i^ 

tard  k  Atre  iivrd  am  daroines  par  la  maiii  da  boorreait; 

An  dix-huiti^me  bitele,  ce  furent  princlpakment  los  ou- 
Trages  philosopbiques  des  libres  penseurs  qui  derinrent 
Fobjet  de  poursuites  et  qui  furent  livr^  anx  flamiwis. 
Fdnelon,  Lingoet,  d'Holbach,  Fr4ret,Lamettrie, 
Diderot,  Bayle,  Jean-Jacques  Rousseau,  Voltaire, 
Raynal  et  Volney,  vireni  tour  k  tour  leurs  oeuvres  con- 
danmte ;  du  reste,  ce  moyen  de  repression  fut  impuissant^ 
et  ne  contribua  qn'a  r^»andre  davantage  les  maximes  et 
les  id^  de  ces  grands  ^crivaius.  En  1C99,  un  serviteur  in- 
fiddle  ayant  oopi6  la  premie  partie  du  TiUmaque,  en 
fit  imprimer  sealement  308  pages;  aussll6t  le  livre  fut  ar> 
r6t^  scrupuleusement  recbercli^  dans  toutes  les  librafries 
et  brOI6  avec  soin.  Jnsqu'il  la  mort  de  Louis  XIV,  aucune 
Mition  complete  de  ce  chef-(ra;uvre  n'a  pu  voir  le  jour. 
L'annte  1776  fut  T^poque  de  Tauto-da-fi^  du  livre  de  Fr^ret^ 
Bxamen  critique  des  Apologistes  de  la  religion  chri" 
tienne;  de  celui  du  baron  d'HoIbach,  Systtme  de  la  iVo- 
fiire.  Cette  persecution  donna  k  ce  dernier  ouvrage  uno 
hnportance  qull  ne  m^ritait  pas.  Deux  anuses  auparavant, 
en  1768,  Linguet  fut  poursulvi  pour  son  Hisloire  impar- 
tiale  des  J6suites;  et  le  29  Janvier  un  arrfit  du  parlement 
d^clara  cet  ouvrage  contraire  aux  ordres  monastiques, 
et  il  fut  brOie  par  la  main  du  bourreau.  (Test  le  9  juin  1763 
que  le  parlement  ordonna  que  le  livre  de  Jean-Jacques 
Rousseau,  intitule  J^nUle,  ou  Education,  seraU  lacir6  et 
brau  en  la  cour  du  palais,  au  pled  du  grand  escalier 
d'icelui,  par  Vexicuteur  de  la  haute  justice.  Cet  ouvrage 
n*en  fut  pas  moins  lu  avec  fureur;  Rousseau  gagnasept  mille 
livres  en  peu  de  temps.  Loin  de  se  laisser  abattre  par  la 
condanmation  lanc^e  contre  lui,  peu  de  mois  aprfes ,  il  re- 
pondit  au  mandement  de  Tarcheveque,  et  se  montra  dans 
cette  reponsebeaucoup  plus  bardi  que  dans  la  Cuneuse  pro- 
fession de  foi  du  Vicaire- Savoyard.  Des  nombreux  ouvrages 
que  Voltaire  nous  a  laisses,  hi  meilleure  parUe  a  ete  ceneuree 
on  livree  aux  ftammes.  Void  une  indication  chronologique , 
fliite  par  M.  Peignot,  de  cenx  qui  ont  ete  brtiies  :  1739,  lef- 
fre5pAi/o«opAi^es,ecrites en  anglais,  etc,  1755;  la  Pucelle 
d*OrUans,  poeme,  1759 ;  Cantique  des  Cantiques;  VEo- 
cUsiaste;  1763;  Cat^hisme  de  Vhonnite  homme,  etc.; 
1764,  Victionnaire  philosophique,  condamne  k  Paris  et  k 
Geneve;  1767,  Le  Diner  du  comte  de  Boulainvill'tpr^ ^ 
Tune  des  productions  de  Voltsire  les  plus  lianlies  et  les 
plus  fortes;  1769,  Dieu  et  les  ffommes,  cnivre  tlidolo* 
gique,  mais  raisonnable.  Depuls  1750  Jusques  et  y  compris 
Pannee  1789,  les  condamnations  au  feu  de  livres  et  de  bro- 
chures sur  la  religion,  la  pUilosopliie  ,  la  politique ,  furent 
tres-multipliees.  Cliaque  annee  on  en  vlt  paraltre  plusieurs ; 
dtons  V Hisloire  du  Peuple  deDieu,  do  pere  Berruyer» 
condamnee  en  1757 ;  le  livre  1/e  V Esprit ,  par  II  e  1  v  e  t  i  u  s« 
condamne  en  1759;  celui  de  Tabbe  Raynal  (Hisloire  phi- 
losophique des  deux  Indes),  en  1781;  celui  de  Linguet 
(Annates  politiques,  eiviles  et  littiraires),  en  1788 ;  et  une 
lettre  de  Volney  sur  les  AssembUes  des  itats  g€n4raux, 
condamnee  le  6  mars  1789.  Consultez  IHctionnaire  critique^ 
lUt&raire  et  bibliographique  des  principaux  livres  con* 
damnis  au  feu,  etc.^etc.  par  M.  Peignot  (Paris,  1806» 
3  vol.  in-8*).  Li  Roox  ni  Lmct. 

FEU  (Pierres  k).  Voyet  Silex. 

FEU  (Pults  de).  Voyei  Purrs  ni  Fed. 

FEU  (Terre  de),  Tierra  del  Puego,  archipel  situe  par 
53«  41'  et  55*'  11'  de  lat.  sud,  et  67''  14'  et  IT"  10'  de  longi- 
tude est,  4  Textremite  meridionale  de  TAmerique,  compose 
de  onze  grandes  ties  et  de  plus  d^une  vingtaine  de  petites, 
occupant  ensemble  une  superficie  d*environ  1,100  myria- 
metres  carres,  et  separe  du  continent  par  le  detroit  de  Ma- 
gellan dont  la  longueur  est  dVnviron  56  myriametres.  La 
plus  considerable  de  ces  ties,  appeiee  King  Charles  Souths 
land,  est  ediancree  sur  sa  rive  occidentale  par  un  grand 
nombre  de  baien  et  d^eiroits  bras  de  mer  et  herissee  demon- 
tagiies  (caract^re  commun  d^ailleurs  k  tout  rarchipel,  da 
nieme  qu'a  la  cdte  du  continent  qui  lui  fait  face),  iiiait 


imfMi  et  plate  k  Test  et  coiiVert6s  6t  fordts.  L'aspect  dii 
groupe  enUer  est  des  pins  tristes;  car  on  n*y  aper^oii  partout 
qu*une  nature  saavage  et  ddserte.  La  rodie  stri^  doniine 
dana  tea  nnontagnea ,  oil  Ton  rencontre  atissi  de  Taiigile  par 
grandes  mahsea  et  du  granit  Jusqu*&  tine  liauteur  considera- 
ble. Lea  rocliera  f*5  troa?ent  accumul^  tea  una  sur  lea  atitres, 
de  U  mani^re  la  plua  abnipte  et  la  plus  confuse ,  et  leura 
pica  a*6l^veBt  bten  an  del4  de  la  r^on  des  neiges,  en  mtoe 
temps  que  les  glaciers  qui  se  soat  formte  dans  leura  pro- 
fondes  gorges  se  prolongent  jusqu*aux  approclies  de  la  mer. 
Des  tourhiires  recouvrent  les  Tersanta  les  plus  ^levte;  tandis 
que  ceux  de  la  T<^on  moyenne  sont  taptss^  d^^pai&ses  fo- 
r^ts  d'arbres  ne  perdant  Jamais  leur  sombre  yerdpre,  cir- 
Constance  qui  ajoute  encore  k  ra.<pect  d^sol^  de  ces  parages. 
C'est  sur  la  cdte  occidentale  de  la  plus  grande  des  ties  de 
i'arclifpel  qu*on  rencontre  les  plus  hautes  de  ces  montagnes  : 
le  Datwin  (2,125  mMres),  et  leSarmien/o  (2,155  metres), 
<|ui  rec^Ie  un  Tolcan  dans  ses  flanca,  de  m6nie  que  dans 
ti)ut  farchipel  on  rencontre  de  la  lave  et  autres  produits  toI- 
caniques.  Les  ties  formant  reitr^mit^  aud  du  groupe  soiit  les 
iles  Ermites,  sur  Tune  desquelles  le  cap  Norn  ^I^f  e  ma- 
jestueuseraent  sa  tftte,  incessamment  battue  par  la  temp^te, 
k  uDe  altitude  de  547  metres  au-dessus  du  niveau  de  TO- 
c^i.  L'lle  sttu^e  le  plus  k  Vest  est  VUe  des  JitatSf  ap- 
partenant  k  TAngleferre,  et  s^par^  de  King  Charles  South" 
land  par  le  d^troit  de  Leinaire,  qui  est  la  route  ordinaire 
que  choisissent  pour  aller  sur  les  cOtes  occidentales  de  TA- 
m^rique  les  navires  qui  ne  doublent  point  le  cap  Horn. 

Le  climat  de  tuutcet  ardnpel  est  extrftmement  rude,  frold 
et  liumlde.  An  snd-ouest  de  PAro^ique,  Phiverestla  saison 
des  pluiea,  tandia  que  surle  versant  oriental  des  Cordil- 
l^res  les  pluies  ne  viennent  qu^en  ^t^.  Mais  k  laTerr&>de-Feu 
et  an  cap  Horn  les  deux  r^ions  se  trouvent  confondues ; 
il  n'existe  plus  de  periodicity  de  temperature ,  et  il  y  tombe 
pendant  toute  rannde  des  cataractes  de  pluie  ou  des  ava- 
lancliea  de  neige.  Au  eap  Horn,  la  quantiie  de  pluie  tombee 
dans  un  espace  de  41  Jours  a  ete  de  pr^  de  145  pouces. 

Les  lies  de  la  Terre  de  Fieu  ont  une  ilore  toute  particuli^ 
et  n*bnt  de  conimun  avec  la  Palagonie  et  les  Andes  qu*un 
trte-petit  nombre  dc  plantes  pour  la  phipart  antiscorbutiquea : 
en  revanclie,  on  y  relrouve  beancoup  de  plaolesqui  croissent 
dans  la  Grandc-Brctagne.  Une  particularity  c'aracteristique, 
c^est  la  predominance  des  plantes  toujours  vertes.  Le  ceierl 
sauvage  et  le  cocliieiiria  sont  les  seuls  vegetaux  co- 
mestibles qu'on  7  rencontre;  et  un  chaiupignon  d'un  jauna 
foni*4^,  qui  crott  sur  les  arbres,  con.<ititue  en  grande  partie  Ta- 
Kmentation  des  indigenes,  t^es  insectes  y  sont  fort  rares ;  et, 
aaurqtielqiies  vaulours  et  antours ,  on  n*y  trouve  pas  d*oi- 
aeaux  terrestres.  Le.  seiil  quadrup6de  est  le  cliien.  En  re- 
▼anclie,  la  mer  folsonne  de  baleines,  de  lions  et  de  cliiens  de 
mer,  de  crustaces  et  d^oiseaux  aquatiques,  notamment  de 
canards,  de  mouettes  d*une  espace  particuliere,  de poulea 
d*eau  dites  de  Port-Egmont^  et  d'oies  sauvages.  Les  natu- 
rels,  appeies  P^herais^  nom  qui  signiiia  amis,  au  nombre 
d^environ  2,000,  sont  petits,  laids,  maigres,  iraberbes;  leur 
teint  est  Tortement  cuivre;  ils  portent  leurs  cbeveux  extre- 
meroent  longs,  et  en  sont  encore  au  point  le  pluslnfime  de 
la  civilisation.  Its  n^ont  pour  tons  vetements  que  des  peaux 
de  plioque ,  qu*tla  Jettent  sur  leurs  epaules  sans  leur  Talre 
aubir  aucune  preparation,  et  qui  viennent  se  nouer  au  baa 
des  jambea  en  forme  de  aaca.  Gea  maibeureux  ont  cepen- 
dant  le  goOt  de  la  parure :  ils  portent  aox  bras  et  aux  jambes 
des  bracelets  conrectionnes  avec  des  ooquillagea,  et  peignent 
des  cerclea  blanca  autour  de  leurs  yeux.  Us  ne  connaissent 
pas  d*aatre  bolsson  que  I'eaa ;  et  la  chair  des  anbnaux  marina, 
inie  et  quelquefois  meme  gAtee,  forme  leur  aliment  ba- 
Utoel.  lis  n^ont  pas  de  demeures  fixes,  et  errent  ^  et  14  & 
la  recherche  de  leur  oourriture.  Leurs  cabanes  se  com- 
posent  de  quelques  pieux  liclies  circulairement  en  terre,  re- 
converts de  brandies  d^arbres  et  d'un  pen  de  gaion ;  elles 
■'ont  qu'une  setile  ouverture,  servant  tout  4  la  foia  de  porta, 
4t  teitra  et  da  rhrmiiWto  Lenia  CHioli  MnoiflBCBl  tola 


.  ment  de  leur  defaut  abaolo  d'babilete  dans  lee  arts  maawibt 
ils  les  fabriquent  avec  dea  ecorcea  d*arlves ,  qvflU  a«qet> 
tiasent  an  rooyeo  de  oerfa  el  de  tendooa  d*animanx,  et  la 
enduisent  exterieuremeut  de  poix  reaine.  Leurs armeiieaki 
sont  fabriqueea  avec  on  peu  plus  d'art  Leors  arcs,  laon 
fl^cbes,  leura  Javalota  et  lears  instnuDaata  da  ptehe  Mat 
bieo  confectionnes,  et  ils  a^en  aerveat  aveeadreaae. 

FEU  CENTRAL,  nom  donu^^  la  haota  ImpertfarB 
que  Ton  auppoae  exister  au  centre  dn  globe  laneatra  {w§a 

CUALEUa  TBRaaSTVE.) 

FEUGIIERE  (JB4K.JAOQUB8),  I'oa  daa  plui  feooads 
sculpteurs  de  I'tcole  modeme,  etait  ne  k  Paris,  le  24  aoM 
1807.  £ieve  de  Cortot  et  de  Ramey,  dontil  devaH  biea  vite 
oublier  les  le^ns,  il  debuta  k  I'epoqua  de  renerveseeaoe 
romantique  par  dea  cauvres  qui  alTectaient  le  caraciered» 
grands  maltrea  du  seiadtoie  siecle.  Use  JudUh  et  un  IMtf 
montrani  latite  de  Goliathf  qo^ilexpaaa  an  salon  de  1831, 
furent  tres-remarques;  maia  on  loi  reprocha  una  imitatioa 
trop  aervile  du  style  de  Jean  (>oi]gon..I>e|Kiia'lora,  il  ne  ceM 
de  produire ,  avec  une  aingnlita  faciiite ,  atatuea,  baski, 
bas-relieCB  et  ornaments.  Feucb^re  axpoaa  auooesaivementla 
statues  de  Raphael  (marbre),  Satam  (brotae)  (18S5) ;  la  Rt- 
naissance  des  arts  (baa-relief)  (iai6) ;  BemvemUo  CdM 
(1837);  Sainte  TMrhse,  atatua  de  pierra  poar  regttse  dels 
Madeleine  (1340) ;  la  Po4sie,  groupe  de  breoae  (184 1) :  Bn- 
suet 9  poor  la  fontainede  la  place  Saint-Snlpioe ;  Jeanne  iPArc 
sur  le  bUcher  (1845),  atatue  doiit  lea  juges  lea  plea  eompi- 
tenta  ont  blAme  les  bras  et  lea  maina,  oomaae  pen  eorredi. 
Lea  meilleura  buatea  de  Feachte^  sont  oeox  de  M"*  Mttifl- 
gue,  de  Raffet  et  de  Provost  Indepaadauimant  decea  divm 
ouvragea,  il  a  aculpte  le  monament  eiavd  k  la  meoioin 
de  George  Cuyier,  ao  coin  de  'la  rue  Saint-Vietor;  U 
Passage  du  pont  <fArcole,  baa-relief  de  VArt  da  triomphi 
de  n^toile,  et  enfin  lelronton  de  Saint-Deaia  dn  Satat-Sa- 
crement,  production  malheureuaa  d'un  talent  qui  davait  toa- 
Jours  echouer  dana  lea  aujeta  oil  domine  le  aantimeat  nli- 
gieux.  Malgre  cea  travaux  de  toutea  espteea  ,  Fenebere  a^ 
[MS  cesae  un  instant  de  foumir  d'exeellenta  modeiea  poar 
les  arta  induatriela,  Torfevrerie  et  la  Atbricatioii  des  broani. 
(Test  peut-etre  Ui  son  meilleur  titre  k  la  ceiebrite.  11  a  ap- 
porte  dana  ce  genre  de  sculpture  beaucoup  ^  lantailieflt 
d*invention.  Quoique  moins  beureax  dana  Part  eieve,  Fee* 
cb^re  eat  pourtant  remarquable  par  la  faeilil6  de  aon  exe- 
cution, la  variete  de  aes  typaa  et  de  aea  attitudes;  maisM 
aculpture,  pleine  de  vulgaritea  et  de  Ue«x  oommons,  eat  Ma 
d*avoir  la  correction  et  la  grftce  qu*on  aimecait  k  y  troaver. 
Feucb^re,  qui  avail  eie  nomme  chevalier  de  la  L^^ 
d'Honneur  en  1846,  eat  niort^  Paris,  le  25  juillet  1852. 

FEU  CniNOlS.  Leaartificiersappellentainai  aoe  ceah 
position  d*artifice  formee  de  9  parties  de  pulvdrin,  de  6  par* 
tiea  de  salpetre,  de  1  partie  da  soiifre,  da  i  partie  de  char- 
bon  et  de  5  partiea  de  fonte  da  far.  Gette  eompaaltion  d'ar- 
tifioe  produit  un  tres-bel  effet,  par  aea  etinoallaa,  qui  brilleat 
longtemps;  aussi  Temploia-t-on  anrtout  poor  figurer  des 
roues  de  feu,  dea  fontaiaea. 

FEU  D'AATIFICE.  La  eompoaition  daa  fgu*  d^ar- 
tifice  constitue  cet  artqa'oaa  nonundfiifrolecAfite.  Lapoa- 
dre  en  eat  la  matiere  prindpale;  k  aea  divers  eiementi 
( aalpatre ,  souf^  et  charboa)^  on  adjoint  daa  IhaaHles  ne- 
talliquea,  rantimoine  pulvdrise,  Tambre,  le  set  oommua,  la 
noir  de  (bmee,  etc.,  aolvant  lea  eflieta  et  lea  cooleurs  qua  Ton 
veut  obtenir.  Ainsi  le  soufce,  loraqu'il  predomina,  doaoe  ua 
bleu-dair;  le  fer  produit  des  etinoellea  dont  ledat  a  iiit 
nommer /etf  brillant  Ui  composition  dana  laquelle  il  eatie. 
La  liroaille  d'ader  donne  un  leu  encore  pluaedatant,  avec 
das  rayona  onduMa.  Celle  -da  cuivre  produit  un  fea  ver> 
ditre ;  cdle  de  zinc,  un  beau  bleu.  La  toumure  et  lea  copeaux 
de  fonte  brOlent  en  Oeurs  (tetanies  oomroe  celles  du  jas- 
min. Pour  obtenir  une  belle  couleur  Jaune,  on  empioi  le 
aucdn,  la  poix  redna  uu  la  ad  marin.  Le  ndca  lamdlifonDe, 
Tulgalranant  or  de  cAol,  produit  daa  nyooa  de  fen  ood- 
lanr  jama  d'or.  La  noIr  da  ftunea  d^vak^ipe  une  eoolcar 


FEU  D'ARTIFICE  —  FEU  DE  LA*  SAJNT4EAN 


887 


tif  II  imigif  hftc  U  poodfe,  et  one  oooleur  rose  dans  les  com- 
poMamiA  le  wipjtre  doodoe.  Le  lycopode  donne  aussi  ium 
CDtt&evfote. 

Li  MmpoiitioD  dtant  pr^parte,  Tarti  ficier  la  met  dans 
&m  tttbei.de  cwtiA »  de  formes  et  de  grosseurs  yariahlet. 
Quand  vm  tabeeil  piein,  il  f^trangle,  et  fait  un  noead  au- 
toor  lie  la  gorg*  dans  laqodle  U  met  Taraorce  et  la  m^he. 
la  mkhd  eil  ea  eoloii  impr^6  de  poudre,  d*eau-de-irie 
et  lie  fomne,  qui  loi  doone  de  la  censistance ;  Tamorce  eat 
riinpfinent  de  la  poudre  homectte. 

Lm  artifieien  diYiseiit  les  feai  en  trois  classes  :  ceiix  qui 
brdtet  sur  tene,  eenx  qui  sTti^ent  dans  Pair,  et  ceux  qiif 
font  leur  effet  ear  I'eaa  ou  dans  reen.  Parmi  les  premiers, 
les  principaux  sont :  les  toleiU  fixes,  compost  d'an  certain 
nombre  de  fusta  fishes  circolairBment  comme  les  rayons 
d'aae  rooe,  et  preaant  feo  toutes  a  la  fob,  an  moyen  de 
conduits  ganis  d^^Uwpille;  les  glohres,  grands  soleils  k 
plasieors  rangs  de  fiaate ;  lea  iventaUs,  portions  de  soleil  en 
lorme  de  aeetenr  dreulail«;  les  eascadeSf  imitantdes  nap- 
pea  el  des  jets  d*eaa,  qne  Ton  Tarie  de  millemani^res;  les 
^Mla  fijsett  formte  d*une  fbste  perc^  de  dnq  trous,  par 
ou  a'^chappentdea  rayeoa  loniineuY  iraftant  one  ^oile;  les 
toleiis  $auman(Sf  roues  4  la  circonfftrence  desqnelles  on 
fixe  des  fuste,  qui  cpmmuniquent  par  des  conduits  conte- 
nant  de  r^toupille ,  de  manitee  que  Tune  ayant  fini  son  Jen , 
U  suivante  commence,  et  ainsi  de  suite;  les  girandoles,  les 
eaprieeSf  lea  spirales ,  qui ,  tandis  que  les  feux  pr^cMents 
fHmluisent  leur  elfiBt  dans  un  plan  vertical ,  ont ,  an  con- 
traire,  leur  mouTemeat  de  rotation  Itoriiontal ;  lesyfommef 
de  Bengale,  dont  tout  le  monde  connatt  la  belle  clart^; 
eofin  les  Umees  el  lea  cordef  de  eouleur,  qui  senrent  k 
imiter  lesdteomtions  d'arehiteeture.  Les  kmees  sont  de  petits 
cartDuebea  dfs  papier  de  la  grosseur  du  petit  doigt ,  reroplia 
de  CKMnpoaitiona  oolor^  et  brillantes,  qui  brOlent  lente- 
ment;  on  lea  fixe  sur  de  grands  cbAssis  de  bois  repr^sen- 
tant  des  temples,  des  palaia,  des  arcs  de  triomphe,  etc.,  et 
on  ka  ftii  communiqner  per  des  conduits,  pour  leur  fidre 
pceadre  feu  simoHaotoient  Lea  confef  de  eouleur  repr6- 
aenteot  nTec  plus  de  prteiaion  encore  les  parties  circulalres 
dcad^eoratkna,  lea  devises,  les  cbilTres,  les  Tolotes ;  ce  sont 
des  eordes  pen  teodnes,  et  tramples  dans  une  composition 
de  nitre,  de  souflne^  d'antimoine  et  de  gomme.  M.  Rugglerl 
file  a  ioUt^  ka  afbtes,  et  parUcoHteement  le  palmier,  arec 
une  composition  qui  donne  une  flamme  d'un  beau  vert ;  ce 
sont  des  nattes  de  colon  imprdgnta  d*alcool,  de  Tcrdet 
cristaOis^,  de  aolfote  de  cuivre  et  de  sel  ammoniac,  qu*on 
Saue  sur  ka  brancbagea  d*nn  aibre  artifidel. 

Pannllea  tax  qui  a'dtorent  dans  I'air,  les/tft^e<  vo- 
lasUes,  qui  partent  avecune  vitesse  prodigleuse,  sont  one  des 
plus  Mlea  piices  d'^rUfice.  Employdes  avec  profusion, 
dies  Idimait  ces  fmmensea  bouquets  qui  cooronnent  ordi- 
naircmenl  les  fliea  pyrotecbnlqoea.  EBes  ditftrentdes  aotres 
jets  de  feu  par  un  vide  conique  qo'on  laisae  dans  leur  lon- 
gueur, et  que  les  arlifiders  ont  nomm^  Vdme  de  la  fbs^ 
Par  «elle  disposition  trte-sfmple,  la  Itos^  prend  feo  ao  mo- 
ment do  depart,  dans  presqne  toote  sa  longueur,  et  aoqniert 
en  oaiBstaBt  um  vitesaequi  la  porle  aux  noes.  La  baguette 
qui  seitk  dirigsr  les  teste  est  en  osier,  en  roseau  ou  en 
sapin.  Comueoes  baguettes  penventproduire  des  accidents, 
M.  Raggleri  flis  lea  a  remplacte  par  dea  baguettes  ddtonnan- 
les,  qui  ^dalent  et  ae  diasipent  dans  Tair,  en  augmentant 
rdTct  de  la  (Me,  sans  hdsser  de  traees.  Grftoe  aux  ailes 
qnll  a  adaptto  anx  teste,  on  pent  ausd  les  dirlger  comme 
dea  fltelMs.  Le  boot  de  In  foste  porta  la  garniture^  c*est- 
^-dira  ka  Mif7ie»Matf»,  ks  mnrroiif,  les  Hailes^  etc.,  qui 
aonl  plaotedans  un  pot  ou  tube  de  carton  reconvert  d'on 
cbapiteau.  Les  dteiiei  qu*on  met  dans  les  garnitures  de  fu- 
ate  sont  de  petits  aoUte  rends  ou  eublques,  falls  avec  une 
eonpodtion  tadribfod'ean«de-vfe,  et  qui  donnent  des  feux 
Tsrlte,.  blaaet,  jaunea,  on  qui  ae  rtehrent  en  plmle  d'or  ou 
dtargent*  Lea  serpenleaux  sont  de  petites  foste  faites  avec 
oadsMx  cartes  It  louer.  Les  pitwrds  sont  des  cartooclics 


rempIisdepoudreet^trai«16sparlesdeax  bouts; les  ioxons 
ont  de  plus  deux  trous  oppose,  ce  qui  les  fidt  toomoyer  en 
tons  sens.  Le  marron  et  une  botte  de  carton  pidne  de 
poudre  greode  est  biea  enficdde,  de  manlte  qu*dle  telate 
avec  une  forte  explosion*  Les  fuste  dites  artiehauts  sont 
des  cartouches  qui  s*^16vent  en  tounoant  borbontalement, 
par  rdTet  de  quatre  trous  inf<Srieors  et  de  deux  trous  lat^ 
raux  oppose ;  les  quatre  jets  infiMeurs  fontmonter  la  fus^ 
pendant  que  les  deux  jets  lat^ranx  ia  foot  tournoyer.  Les 
chandelles  romaines  sont  produites  par  des  teste  qui  Ian  - 
cent  successiveroent  des  ^toiles  trte-lumineuses,  qui  ne  son 
autre  diose  que  des  disqoes  fails  avec  one  compodtion  d^- 
tremp<^  dans  de  I'eau-de-vie  gomm^  Les  girandes  ou  bou- 
quets lancent  dans  Tair  une  multitude  de  jeta  qui  oouvrent 
le  del  dans  toutes  les  directions  et  retombent  en  partie  vers 
la  terre  en  pluie  de  feu  :  on  dispose  h  cet  effet  un  grand 
nombre  de  caisses  ouvertes  par  le  liaut,  et  contenant  cha- 
cune  140  fuste;  le  tout  communique  |iar  des  conduits  des- 
tines h  les  enflammer  afanullan^ment.  Les  feux  quMn  foit 
partir  sur  le^  baUons  ne  devant  Plater  qu*a  une  certaine  hau- 
teur, on  leuradapte  un  retard^  forni^  d*un  carteuche  ou 
d'une  lance  brflUnI  lentement;  lea  pites  communiquent 
d^ailleurs  toutes  entre  elles ,  de  manite  k  prendre  feu  si- 
multanteent  on  succesdveroent ;  ce  sont  onHnairemmt  te 
etoiles,  des  bombes  lomineuses,  des  dMndclles  romaines. 

Les  feux  sur  Teao  se  pr^parent  comme  les  autres ;  mats 
on  les  soutient  sur  desjattes  de  bois,  te  rondelles  ou  des 
cartouches crenx ;  atesi lesaolef/a d*eau sont de»  fuste  at- 
tadite  autour  d*une  s^ile  de  bois ;  la  gerbe  d*ettu  est  une 
teste  lestte  et  soutenue  par  une  rondel  le,  et  le  piopgeon  est 
cette  m6me  teste  k  charges  altemativea  difftentes,  qui  U 
font  plonger  et  revenir  sor  Peau. 

Pour  quils  paraissent  dans  Unite  leur  beautt,  lea  feux 
d^artifice  doivent  6tre  tirte  pendant  la  nult  lis  forment  avec 
les  illuminationa  un  des  speetades  les  plus  rechercbte  dans 
les  f6tes  publiques.  Autrdois  il  n'^tdt  tir^  de  feux  que 
dans  ces  grante  soknnitte,  et  les  arUsles  qui  en  telent 
charges  n*avdent  albire  qu*k  eux>ni€nitn  pour  la  oonfedion 
de  toutes  les  pitees.  Les  cboses  ont  bien  cbang^  depuis;  la 
maiite  des  feox  d*artifice  est  presque  devenue  uoe  mar- 
chandiae  coorante.  II  y  a  de  noinbreux  ddp6ts  de  ces  oljets 
k  Paris,  trap  mtee  peot->Mre  poor  la  tttrM  pnblique.  n 
n^est  plus  d  minoe  prppri^tdra  no  iocataire  de  quelquea 
perches  de  jardin  aux  dentoora  de  k  capitate  qui  ne  veufUe 
cddirer  k  nalssanoe  de  sod  bMtkr  prtemptff  ou  la  noce 
de  mademdsdle  so  fille  en  brtlant  on  pen  de  poodre,  d 
qui  se  refuse  dans  ces  grandea  oocasions  la  ehandelle  ro- 
malne  ou  lafianmes  die  Bengaie.  En  un  mot,  on  envoie 
chercber  nn  fen  d'artifice  comme  mipAtA  de  foie  gras;  II 
7  en  a  de  tons  ks  prix,  poor  k  petite  proprkl6  tout  comme 
poor  les  fifttes  sftedidei. 

FEUDATAIRESyoeoxqufdanakfeodalite  poss^ 
ddent  les  fids.  On  appddt  grands  feudataires  de  la  eou- 
tonne  les  haots  et  pofasaato  adgneon^  poasMant  les  grands 
fi^s  d  rdevant  directement  de  k  coonmne.  Prlmitivement 
tout  fendataire  tendt  son  bMlage  en  flef  de  qodqu'un;  d 
k  vassal  on  sdgneor  de  toot  fid  servant  ^tait  toujoors  le 
feodatdre  du  sdgneor  domfamnt  Gbaque  feudataire  ^tdt 
Ik^  un  feudatdre  snpdrienr,  en  sorte  que  le  roi  seul, 
comme  premier  seigneur,  pouvdt  le  dire  fendataire  inde- 
pendent; mds,  en  fait,  les  grands  d  les  petiU  fendataires 
visdent  tous  k  Tindependanee,  d  ks  eommencrments  de 
notre  bistoire  sont  pleins  de  la  lutte  des  grands  feudataires 
avec  k  royautd,  qiri  Temporfa  enfln. 

FEU  DE  LA  SAINT-JEAN.  Les  arcbtelognes  ont 
cm  recopndtre  dans  ces  feox  la  tradition  d*une  andenne 
Iftle  soididale..Cd  usage  n'exkte  plus  depiiis  la  fin  du  dtele 
dernier  dans  nosgnmles  dtiia;  mais  on  te  rrtrouve  dans 
quelques  pdites  viUes,  d  surtout  dans  les  villages.  On  y 
allume  encore  des  feux  sur  les  placiw,  la  veitle  de  la  Saint 
I  Jean.  C'<^tail  jadls  k  Park  une  grande'«olennit^  pnbli- 
que. LliiBloire  nous  a  conserve  tons  lev  i\^fA\%  de  cdni  ue 


S88 


FEU  DE  LA  SAINT-JEAN  —  FEU  FOLLET 


k  placA  de  Grtre.  On  y  entaisait  nn  grand  amas  de  boU : 
an  roi  leol  appartcnait  riiunoear  d^  mettre  le  feo.  Lonia  XI, 
en  1471,  suivant  rexsniple  de  sea  prMtosaaean,  Tint  pr6- 
aidei  k  cette  aingutt^re  oMmonie.  Le  feo  de  la  Saint-Jean 
1573  futtrte-ranarquabte.  Un  arbre  on  mdt  de  20  mMrea 
de  haul,  h^riasA  de  traTersei  de  boia,  auxquellea  6taient  at- 
tach^ cinq  oento  bounces,  deux  oenta  cotterets ,  dii  voiea 
de  bois  et  beancoup  de  paille  fonnaient  la  base  de  ce  Yaste 
bucber.  On  y  pla^  on  tonneau  et  one  roue.  Cet  appareU 
(U)kM8al  ^tait  aiUonn<i  par  dea  cooronnes  et  des  guirlandes; 
dea  foata  et  dea  p^ards  ^taient  plac^  dana  lea  diveraea 
partiea  do  bftcher.  On  auspendit  h  l^arbre  un  grand  panier 
renrerniant  deux  douzainea  de  cbats  et  on  renard.  Le  feu 
consunMi ,  le  monarque  rentra  dena  l*bdtel  de  Tille,  oh  Tat- 
tendait  une  collation.  Tandia  qne  le  roi,  aa  coar,  les  ma- 
gUtrata  et  les  notables  booigeoia  Tidaieot  les  bnifets  du  ban- 
quet municipal,  la  foule  se  ruait  aur  les  d^ria  du  bClcher 
et  s'en  disputait  k%  moindrea  tisons.  Un  tison  de  feu  de 
la  SaintrJean  6tait  un  gaga  de  bonlieor.  Louia  XIT  n'aasista 
qu^une  seule  fois  k  cette  c^rdmonie;  Louia;  XV,  jamais.  Le 
fu  de  la  Saint-Jean,  Jusqu'i  Tdpoque  dela  r^yolution  de 
1789,  n*<^tait  plus  une  solennitd  ptiblique.  Le  corpa  muni- 
ci|ial  paraissaii  un  instant  pour  mettre  le  feo,  et  se  retirait. 
Un  autre  leu  de  la  Saint-Jean  dtait  allomd  h  la  Bastille, 
par  les  soiua  du  goovemeur  de  cette  forteresae. 

DUFEY  (  de  I'Yoone ). 

FEUCRBACII  (Pavl-Jkah-Anseuib  de).  Tun  dea  plus 
ciSldbres  crIuiinaliMes  alleinands,  naquit  en  1775,  k  Franc- 
furt-ftur-Ie-Alein,  oil  son  |)^re  exer^tt  la  profesaion  d^avo- 
cat  Apr6a  avoir  terit  son  Anti-Hohbes^  ou  cessat  sui'  le$ 
limites  de  la  puissance  civite  et  sur  le  droit  des  sujets 
d  regard  de  leurs  sotiverains  (Crruitli,  I79a),  et  avoir 
prift  place  pariiii  lea  criininalistes  |)ar  sea  Recherches  fiur 
te  crime  de  haute  Trahison,  W  comment,  en  1799,  k  faire 
dcA  coura  publics  k  l^na,  oil  deux  ann^  plua  tard  il  Tut 
nomni^  profesweur  oniinaire  Diverseii  publications  relatives 
au  droll  crinilnel  plac^ent  dte  lors  Feiierbacli  k  la  tdte  tie 
la  nouvelle  dcole  de  criiuinaliMes  qu^m  appelle  en  Allemagne 
lex  hyorUtfS,  parcequ'ils  ne  s^attar.hent  qu*k  la  lettretitricte 
de  la  loi ,  el  lui  Kubordonnent  enti^remeot  la  decision  du 
Jugc.  Appel<^  en  IK04  k  orcu|ier  une  cliaiie  k  t^universitd  de 
Landsliiit,  il  fiit  charge  de  preparer  un  projet  de  code  p^nal 
pour  la  Ravicre,  Son  Aouveau  Code  p^nalpourle  royaume 
de  UavUre  (Munich,  18 13),  apr^  avoir  aubi  un  examen 
proaUliie  et  ((uetques  miMiitlcations,  oblint  la  sanction  royale 
en  1813.  Kenil  plu8tardd«  base  k  la  nouvelle  codification 
pr^nale  intnxluite  en  Wurtemberg,  dans  le  duclu^  de  Saxe- 
XVe'Hiarpt  auttcs  ItlatA  alleniands, et fut  adopti^  par  legrand- 
di:cli^  d'Oldci.bourg.  On  le  traduisit  mfime  en  suMois.  En 
iii^iiie  lempA,  un  ordre  du  roi  de  Bavi^re  enjoignit  k  Feuerbacli 
defaiif  un  travail  duqiiel  pOt  r^ulterl^adoptiondu  Code  Ao- 
pol^n  dans  ct's  PJats;  iiiais  le  projet  qu'il  rMigea  ne  fut  ja- 
mais mis  a  exmition. 

Panni  les  produc|ions  de  oe  jurisoonsulte  appartenant  k 
cetle  p^riode  de  sa  vie,  nous  devoos  encore  mentionner  sea 
Cause*  criminelles  c^l^res,  premiere  publication  de  ce 
genre  qui  ofTre  la  preuve  de  profondes  dtudes  psycliologi- 
ques ;  et  ses  Considerations  sur  le  Jury  (Landshut,  1812) , 
ouvrage  dans  lequel  il  se  pronon^it  contre  Padoption  du 
jury  tel  qu*il  est  organist  jtar  la  loi  francaise,  et  qui  provo- 
qua  une  vive  poltoiique  entre  lui  et  quelquesjuriaconaultes. 

£n  1817  il  futnomro^  Ylce-prfeident  de  la  cour  d*appcl 
de  Bamberg,  et  In  mftroe  annte  premier  prudent  de  la 
eourd'appel  du  comUi  de  Rezat,  k  Anapacli.  A  la  auite  d^un 
^yage  quMl  lit  k  Paris  en  1821,  il  publia  dea  obaervations 
Sur  lorganisation  Judiciaire  et  la  procMure  des  tribu-' 
naux  de  France  ( Giessen,  1825).  Dana  lea  demiires  an- 
n6ea  de  aa  vie ,  il  prit  le  plua  Yif  inU&rfit  k  la  roallieoreuse 
destine  de  Gaspaiti  II  a  u  a  e  r ;  II  recueillit  oet  infortun^  cliex 
lui  a  Anspacli,  el  terivlt  aoua  le  litre  de  :  G.  Hauser^ 
Bmmple  d'un  attentat  contre  la  vie  intelleetuelle,  le 
D^t  da  lous  ks  Mis  qui  a^  rapporteot  1^  celU)  m^ratdrieiiae 


eilatence  (Anspach ,  1832).  Feuerbach  mooral  k  Fianefiwi 
aur-le-Mein,  le  29  mai  1883,  lalaaant  dnq  fila,  qui  tona  u 
aont  fait  un  nom  dana  les  lettrea. 

FEUERBACH  (Loi]i8-Aiimu6),  fila  do  prMdent,  n^  k  Am* 
pach,  le  28  juillet  1804 ,  oocupe  una  plaee  teiineBte  pami 
lespliilosophesallemands  oontemporaina.  Diaciple  de  Hegel, 
il  avail  commence  par  6tudier  la  thtelogie;  maia  U  y  ffenonei 
bientdt  pour  se  vouer  excluaivement  k  la  cultnre  de  Inphila- 
sophie.  Dans  cette  direction  d*idte  11  est  panreon  k  aortir 
de  la  foule  par  dea  publicationa  dana  lesqueUea  Path^iaaK 
se  disaimule  Yainement  aoua  de  vagnes  formulea,  dont  naa 
critique  positive  a  bient6t  perc^  lea  nuagea.  Le  premier  on- 
vragp  dont  on  lui  est  redevable,  Intituii  :  Petuies  eur  la 
tnort  et  Vimmortaliti,  parol  en  1830,liNnrBmberg,  aom 
le  voile  de  Panonyme,  et  paasa  d'abord  ioaper^,  biaoqifily 
combattlt  formellementlacroyanoe^  llmmortalit^  dePAme, 
et  qu'il  y  romptt  audadeusement  avec  toute  tradition  pbi* 
losopbique  et  tbtelogique.  II  a  fait  enauite  paraltre  aoc- 
cessivement  une  Histoire  de  la  Philosopbie  modeme 
depuis  Bacon  de  Verulam  Jusqu*A  SpUioea  (1833); 
un  Essai  critique  sor  la  pUiloaopliie  de  Leiboitc  (1837) 
Pierre  BayU  ( 1838} ;  Ve  la  PMlosopfUe  et  du  CkrUHa' 
nistMt'k  propoa  du  reproclie  felt  d  to  pkUosopkie  de  Beget 
de  ne  pas  ilre  chr€tienne  (1839);  enfin,  De  VBssenee 
du  Christia  nisme;  etc. 

FEU  FOLLET.  iMjeux/oUeU  sont  de  pelitea  flam- 
mes  feibles,  i^^res,  capricieoses,  d^one  exoesaive  mobility » 
qui  roarclient,  volent,  danaent  il  pen  de  distance  du  aol,  a 
environ  deux  metres,  et  raaent  queiquefoia  le  limbedela  tene. 
Elles  se  plaiaent  dans  lea  lieux  sintatrea ,  aur  lea  andem 
diamps  de  bataille,  dans  lea  dmeti^m,  au  pied  dea  gibets, 
dans  les  foodri^rea,  dans  lea  mania,  dont  la  perfide  ver^ 
dure ,  au  moment  du  cropuacule,  aimule  une  prairie  aox 
yeux  des  voyag^urs.  Les  pourauit-on,  eltea  Intent;  lea  AutM, 
dies  poursuivent.  Elle  ai^paraiasent  tanUM  oonune  la  luini^ 
d^une  ciiandd.e,  tani6t  comma  une  poigotede  vei^m  brniant 
dans  Pair.  Ellea  olTrent  qodquofois  one  loeur  plus  pure,  ptaa 
brillante-quecelled'une  bougie,  quelquefuis  aaaex  obaeore, 
d'une  couleur  pourpre,  ou  de  celledela  lUmme  bleoe 
d*un  punch.  Le  plus  fr6quemmcnt  dies  aimeot  k  prendre  la 
forlne  de  ces  Ungues  enflamindes  qui  vinrent  ae  piaoer  ear 
la  t^te  des  douze  a()6tres.  Souvent  dlea  roulent  k  la  ma- 
ni^re  des  vagues,  souvent  ellea  re^plendiaaent  et  a*^ndent 
cumme  des  6lincelles;  mais  elles  sont  inoflensiveaet  ne  brA- 
lent  pas.  Dans  ieurs  caprices,  ellva  se  diiatent  ou  aeoan- 
densent.  Quand  le  follet  est  prodte,  ii  brille  moina  qu'a 
une  certaine  distance.  Im  savant  Auglaia  Deriiam  dit  ea 
avoir  \u  un  qui  dansait  aur  la  tfite  d^un  diardon  poorri,  et 
qui  prit  la  fuite  k  son  approcbe.  Le  c^l^bre  pliysicien  Bee- 
caria  assure  que  Pun  d^eux  pourauirit  un  voyageor  pend^t 
plus  d'un  roiile  Un  personnage  illustre  rapporte  en  avoir  vn 
un  k  miuuit  sur  les  hauteurs  de  Wetliicb,  poom^  par  le 
vent,  aussi  laiige  que  la  lune  quand  eile  estpldne,  qui  entn 
dans  sa  voiture,  dont  ii  le  diaasa  avec  son  cbapeao.  Daniel 
raconte,  dans  son  Bistoire  de  France,  que  le  roi  Char- 
les IX  ^tant  ^  la  chasae  dana  la  forftt  de  Lions  en  Normandie, 
on  vit  paraltre  tout  k  coup  un  apectre  de  feu,  qui  eflraya  Id- 
lement  aa  suite,  qu^elle  le  laisaa  seul.  Le  rot  ae  jeta  sur  cette 
llamme  P^p^e  k  la  main ,  et  elle  prit  la  fuiie.  Gea  (lamaMs 
vagabondea  sont  communes  en  Syrie. 

Les  feux  folleta  sont  la  frayeur  des  viilagMia,  des  Toya- 
geurs  superstitieux,  des  femmes  et  des  enfanls.  On  croitae 
bameau  que  ce  sont  les  Ames  des  excommnni^  dea  damnds 
ra^me,  qui  entf  ouvrent  lea  limbes  de  la  terra  et  en  aor- 
tent  pour  venir  tourmenter  les  vivanta.  Qodques-ona,  noa 
mollis  cr^dulcs,  pensent  que  les  fblieta  sont  dea  eaprila  boD!», 
Inoffensiis,  qui  alleclionnent  certainea  roalaona,  dont  lla  en- 
richissent  les  maltres.  llsaimentibalayer,jardiner,  panaer 
lea  clievaux,  pdgner  et  tresscr  leur  crini^ ;  ila  Yont  m8me, 
dans  leur  divouement,  juaqu'i  d^rober  fiendant  la  Buitfa- 
▼oine  desvoisins,  pour  ladonneraodievaldeleorboiiiseoii. 
Td  es|  le  fpllct  mof^ol  de  La  f  ontaine  (pof e^  PlfuuQ.  Jl  |  « 


FED  FOLLET  —  FEU  GRfiGEOlS 


889 


de  boniiw  lemmet  qui  cnifent  quMU  beiC'Cnt  ies  pMits  eofonti 
pour  1m  flndormir.  SPilssoiit  quelquefois  maling,  selon  ellw, 
loate  leur  espi^iglerie  •onslste  k  distnire  le  Yoya^s^ur  du  md- 
lier  quit  toil,  k  T^garer,  puteli  ricaner,  sans  lui  faire  plus  de 
Dial;  0  en  est  m^me  qui  vont  jusqn*i  raser  les  gens,  U  nuit, 
pendant  qu*ii8donnent  Hans  le  Nord,  la  malice  des  foUets  a 
pris  la  teinte  sombre  du  climat.  Les  bergers  scandinaves 
croient  qu'^  I'endroit  ou  Tun  de  ces  espilts  s^est  arrtt^ , 
OB  trouve  le  gaxon  br(il6  le  matin,  et  que  Jamais  il  ne  re- 
pooaae  ni  lierbe  ni  fleur  sur  oe  lieu  maudit. 

Les  physidens  out  reoonnu  que  les  feux  toilets  sont  dfis 
k  la  combustion  spontan6e  du  sesqui-pbosphure  d'bydrogtoe, 
cpii  ae  d^gage  des  lieux  ob  Ton  a  enfoui  des  mati^es  anis 
males.  Quant  k  leur  caprice,  k  leur  l^^ret^  k  nous  ponr- 
snfvre  ou  k  nous  fuir,  le  premier  pbtoomtoe  s'expUque  par 
le  Tide  que  dans  la  roarebe  on  laisse  derrito  soi ,  Tide 
dans  lequel  ces  feux  Idgers  se  jettent  aussit6t  N^cessaire- 
ment  cliaque  muuvement  qu*on  fait  les  attacbe  k  nos  pas ; 
alors  ils  semblent  nous  poursuivre.  Si,  au  contraire,  ib  se 
trouTent  doTant  nood,  Pair  que  notre  corps  d^bux  et  pousse 
en  avant  les  cbasse  dans  la  mtaie  direction;  alors  ils  sem- 
blent fuir.  Ces  feux  paralssent  le  plus  ordinairement  en  ^ 
et  en  automne,  parce  qu'alors  la  duileur  excessive  du  jour 
Stre  les  gai ,  qui,  bientdt  ^paissis  par  la  fralclieur  du  soir, 
se  formulent  en  flammeltes  qui  TolUgent  peudant  Tabsenoe 
du  soleil.  Demne-Babon. 

FEUGIUfiGEOlS.  L*emplo{dusalp6tre  fit  faire  un 
paa  immense  k  Tart  des  compositions  inoendlaircs.  Cetle  sub- 
•tanoe,  qui  a  la  propria  de  fuser  quand  elle  est  en  contact 
avee  des  diarbons  ardents,  se  troave  k  la  suriace  du  sol  en 
Chine.  Ayant  remarqu^  cette  propri^t6  du  salp6tre,   les 
Chittois  le  mdang^rent  avec  des  snb&lances  biflammal)les,  et 
prodnteirant  des  combustions  difliciles  k  ^telndre,  qui  (irap- 
p^rent  d'aulant  plus  viTement  les  imaginations  que,  par  nn 
excfes  de  gte^isation  que  Ton  trouve  toiyours  eomme 
prindpe  des  erreiirs  de  ces  temps  doign^ ,  la  proprid«6 
d*Mre  inextinguib!e  ne  fut  pas  seulement  atlribute  k  ces  com* 
podUons ,  mais  k  tons  les  embrasements  qu*eUes  produi- 
salent.  Non-seulement  ces  compositions  purent  sans  s*6- 
leindre  traveriser  I'air  avec  de  graudes  vitesses,  mais  on  Tit 
ATec  admiration  qu^eiles  pouvaicnt  dles-m^mes  produire  le 
mouTetnent.  L'dat  actuel  de  nos  oonnaissances  nous  per- 
met  de  reconnaltre  et  d*expliquer  le  progrte  immense  que 
Tart  des  feux  de  guerre  avait  fait  par  rintroductioa  du  sal- 
pMre.  Le  nitrate  de  potas.«e,  quand  il  se  decompose  ^  four- 
nit  une  grande  quantity  d*oxyg6ne;  cet  ox)gene  sert  k  la 
combustion  des  autres  sob^tanoeit,  qui  ne  sout  plus  oLllgte 
de  le  prendre  k  Pair  exU^rieur.  C'est  ce  qui  fait  que  les  com- 
positiont  salp<ttreesy  dont  la  combustion  ne  s*arr6te  pas  k 
la  suriace,  sont  Ir^sKlimdlea  k  ddndre.  Callinique  avdt 
apfiris  dans  TAsie  la  nature  des  compositions  Incendiaires, 
qn'il  apporta  aux  Grecs  Ters  I  an  670  de  notre  ere.  Avec 
res  wmposilions,  dont  plusieiirs  contenaient  du  saliidtre,  il 
ksoi  apporta  divers  moyens  d*en  faire  usage.  Les  Grecs  du* 
rent  il  cet  art  de  nonibi-euses  Ticiolres  navales ;  leur  feu 
etait  one  arroe  terrible  dans  la  guerre  maritime ,  4  une  ^po- 
que  oo  les  naTires  etaient  obliges  de  s^approdier  fort  prte 
poor  se  coinbattre.  Nos  anc^tres,  dont  ce  feu  frappa  vive- 
ment  l^fmagination ,  Tappelirent  /eu  grigeois  (les  Greos 
eUioDt  alon  nomuM^  les  Gr^geols ).  Les  Grecs  firent  de  leurs 
compodtions  un  grand  secret  d*£lat,  et  Ton  a  cru  g^ud«- 
lement  ce  sdbret  perdu;  mds  ils  ne  furent  pas  seuls  k  le 
poss^der,  car  les  Arabes  allirent  prendre  I'art  des  compo- 
sitjoiis  incendiaires  k  la  source  ni^me  oil  Callinique  Pavait 
puis^ ;  ils  en  Arent  usage  conire  les  Chretiens ,  ct  plusieurs 
dironiqueiirs,  nutammcnt  lesirede  Joinville,  nous  ont  laiss^ 
beauooup  de  details  sur  ce  sujet.  Joinville  raconte  trte-nm- 
Tcraent  la  frayeur  incroyable  dont  les  crois^  <Staient  salsis 
qoaad  iltapercevaicnt  oe/fn  gr^geols,  dont  la  nature  aiiralt 
pii  donner  lieu  tongtenipa  encore  k  de  nombrcuses  suppo- 
aHfens,  d,  par  un  lieuroux  liasanl,  Pautcnr  de  cet  article , 
Ml  da  iSTaiit  oiientalisle  H,  ftdmud,  n*ftvait  \to\x\6  k  la 


Biblioth^ue  imp6rfale  un  manuscrit  arabe  du  treizitoie 
aitele  qui  trdte  avec  beaucoup  de  details  Tart  tout  entier 
deces  compodtlonabicendidres;  nous  disons  k  dessdn  Part 
tout  entier,  car  cet  compositions  et  les  instruments  servant 
k  leur  usage  daient  en  trte-g^and  nombre.  Let  compodtions 
bioendiaires  ^talent  devenues  cbez  les  Arabes  du  trdddne 
si^e  le  moyen  prindpd  de  guerre  (voyei  Abtillerie,  t.  it , 
p.  S7 ).  lis  employaient  des  compositions  analogues  4  notre 
pond  re,  et  pourtant  ces  compddtions  ftisaient,  mais 
ned^tonnaient  pas.  Cest  que  le  sdp^tre  quells  employaient 
n'ddt  pas  assei  purifi^.  Le  sdpetre  ne  se  trouve  dans  la 
nature  que  mdang^  avec  des  substances  ^trangires,  dont  11 
est  diffidle  de  le  s^parer ;  il  a  fallu  que  les  preparations  dii- 
miques  fissent  de  notables  progrte  pour  que  le  sdpMre  de- 
Tint  assei  pur  pour  produire  Texplosion.  On  retroove  au 
reste  les  traces  de  tons  les  progrte  succesdfs  de  la  purifica- 
tion du  salp^tre.  La  propriety  d^tonnaute  de  la  poodre  vint 
done  se  r^vder  pour  aUisi  dire  toute  -seule,  sans  que  per- 
Bonne  la  cbercbAt,  par  le  lait  seul  de  Temploi  d*un  aalpfttre 
plus  pur  introduit  dans  lea  compositions  incendiaires. 

1.  Fat*, 
OCfider  d'ordoimancc  de  rEuip«reur. 

Le  p^  Amiot,  misdonndre  en  Cbine,  donne  des  ren- 
sdgnements  ^tendus  sur  Temploi  du  feu  It  la  guerre  par  les 
Cliinois  :  il  rapporte  partlculi^rement  au  deuxitoe  si^e 
de  notre  ^re  nn  systtoie  de  ftiste  fainliier  aux  Asiatiques. 
Uu  oflider  de  Tarm^e  prusalenne,  M.  Mayer,  lait  remontei 
k  Pannte  aso  la  oonnaissance  du  feu  gr^eois  chez  les  By- 
xantins.  Furetid«  regarde  le  feu  gr^eois  comme  inrenti 
en  660,  k  Hdiopolis  en  Syrie ,  par  I'arcbitecte  Cdlinique, 
sous  le  r^gne  de  ConstanUn  Pogonat :  ce  prince  aurdt  li- 
Tr^,  k  Paide  du  feu,  le  premier  combat  nard  de  ce  genre 
aux  califes  Ommiades.  Sigebert  pretend,  au  oontrdre, 
qu'on  devdt  le  feu  gr^geois  k  un  tranduge  de  Syrie, 
nomro^  Babinicus,  qui  Tapporta  aux  Remains  de  670  k 
780.  Ces  dcrivains  s*accordent  4  regarder  le  feu  gr^geols 
oomme  dilTihtsnt  du  feu  ordindre,  en  ce  qu*il  br61ait  dans 
Teau  et  dait  enipori6  dans  une  direction  suit  borizontde, 
soit  parabolique,  sd  descendante,  suivant  la  mani^re  dont 
on  le  Jetdt  ou  suivant  rindrunient  dont  il  s'^bappdt 
Ducange  pretend  que  le  feu  gr^geois  se  compoadt,  au  temps 
des  croisades,  d'un  mdange  de  souffre,  de  bitume,  de  na- 
plite,  auqud  on  igoutait  de  la  poix  et  de  la  rtelne.  •  Des 
macblnes  grandes  ou  petites,  li  ressorta  ou  n^vrobaUsti* 
ques,  des  sarbacanes,  des  dplions  4  main,  comme  les  ep- 
pdaient  les  Grecs,  des  espices  de  inortiers,  que  les  Latins 
appdaient  phialx^  ^tdent,  dit  legdidal  Bardin,  les  moyens 
de  projection  du  feu  gr^eois;  il  se  tirdt  par  masses  enflam- 
rote,  par  iielotcs  de  toutes  grosseurs,  depuis  la  dliaenslou 
dune  olive  iusqu*4  celle  d*un  tenneau...  Une  trace  luini* 
neuse,  comparfe  k  une  queue  de  comde ,  dllonndt  k  leur 
suite  Tespacc;  le  tir  de  ce  genre  de  mobile  dait  acoompa* 
gn^  d'un  bruyant  retentissement.  Des  machines  de  Jd  qui 
vicnneiit  d*6tre  meniionntes,  qudques^unes  seringuaient , 
en  inani^re  de  pompes  foulantes,  le  feu  aliments  par  des 
matiires  Itquides,  huileuses.  D^autrea  agents  on  engins 
dirigeaient  vers  le  but  le  feu  sous  forme  d*aif  iocAet ;  dud 
le  faisaient  les  arcs,  les  arbd^tes  de  passe.  Ces  astiodies 
dlaient  des  capsules  ou  des  vases  de  terre  cuite  rempiisd'un 
feu  inextinguiblS'et  comparable  aux  grenades  et  aux  bombes 
des  modomes.  D*autres  madilnes  lan^icnt  le  feu  gr^goois 
mis  en  contact  avec  de  Tdoupe  qui  envdoppdt  la  lame  des 
dards,  qu'on  appelait  malUoles  et  falariques.  »  On 
retrouTe  le  feu  gr^eols  employ^  en  1098  par  la  flotte  d'A- 
lexis  Comn^ne  opposte  aux  Pisans.  Les  biltimcnls  aTdent 
k  Tarrid^  d  k  Pavant  <les  sypbons  en  forme  de  gargouillea 
quilan^dentla  mati^re  enflammie.  D4k  au  dixiime  sitele, 
les  soldats  de  Pempereur  L6on  avdent  des  dpbons  gamis 
de  mati^rc  incendiaire  adapts  k  leurs  boudieii.  Au  si^  de 
Montrcuil-Ddlay,  en  il48,  Plantagend  seservdt  du  fen  gn^ 
geois,  dont  le  secrd  avdt  p6ndr6  en  France  k  la  suite  de 

la  croiside  4<i  1096,  On  combat  encore  k  cou|«  de  fenp^ 


S90 


FEU  gr£geois 


geob  ttt  si^e  de  Saint- JeaiHTAcre,  en  1191 ;  i  Vattaque  des 
Anglais  i  Dieppe  par  PhiUppe-AiigDate,  ea  1193;  dans  la 
croisade  de  1208,  an  si^e  de  Beancaire  en  111«.  Jeanne 
Hacliette,  an si^  deBeauvais^en  1472, yenait,  s^l faot 
en  croirc  M^rai ,  la  mati^re  incimdiaire-  sur  lea  assaiUantB. 
Selon  Villaret,  les  premiers  canons  qoe riiistoire  mentionne 
out  servi  k  lancer  le  feu  gr^geois. 

«  On  a  avanc^ ,  dit  encore  le  gdn^ral  Bardin  que  nov 
suivons  ici  en  tons  points ,  qu'en  1702  Paoli,  chimisttt  c^ 
i^re  de  Rome,  aTait  bflert  4  Louis  XIV  de  faire  rerivfe 
plus  terrible  ce  feu  ^r^eois.  On  a  dit  qu*en  1766,  Torre, 
artifider  renommd,  d*autres  disent  Dupr6,  en  17^7,  avail 
voulu  vendre  k  Louis  XV  ce  m^e  secret  Des  toi veins 
modemes  affirment  que  sous  les  yeux  du  marquis  de  Mon- 
tesquieu Texp^rience  fut  faite  sur  le  canal  de  Versailles, 
et  que  des  bateaux  frapp^  par  des  bouleU  au'dessons  de 
la  flottaison  y  furent  Inceiidite.  »  De  nos  jours  le  gtoiral  an- 
glais Oongr^vea  surtout  travaill^  k  faire  revivce  oe  pro- 
M6  ou  des  procM^s  analogues.  L*armte  autricbienne  s'en 
est  aussi  l)eauooup  occupy,  et  la  France  est  entrte  dans 
la  m^me  voie.  Dans  ces  demiers  temps  mtaie  (1S64) ,  le 
public  a  pu  voir  brOler  sur  le  bassin  du  Palais-Royai  une 
composition  incendiaire  de  la  nature  du  feu  gr^geois. 

F£U  GRISOU,  FEU  TERROU  ou  FEU  SAUVAGE, 
OAZ  HOUILLER  (en  anglais  firt-damp),  Voffez  Grisoo. 

FEUILLADE  (U).  Voyez  La  Fiuillads. 

FEUILLAGE,  toules  les  feuilles  d*ttn  ou  de  plusieurs 
arbres,  abondance  de  feuilles  qui  soot  sur  les  arbres,  qui 
donnent  de  I'ombre.  U  se  dit  aussi  de  brancbes  d'arbre 
couvertesdc  feuilles,  et  m^mequelquefois  d*nn  amasde  feuilles 
vertes  d^tacb^  de  Tarbre :  un  arcde  trlomphede/etii//a^, 
an  lit  de/euUlage,  II  se  dit  Element  de  certaines  represen- 
tations capricieuses  de  feuillage,  soil  en  sculpture,  soil  en 
tapisserie,  en  broderie  :  voile  orn^  de  feuillageSf  damns 
k  ramages,  k  feuHlages. 

FEUIIXANTINES,  oongr^tion  raligiettse,  fondle, 
comme  celle  des  feui  Hants,  par  dom  Jean  de  La  Barri^, 
soumise  aux  m^mes  r^Ies,  au  mtoie  regime.  Elle  dtait 
sous  la  direction  imm^iate  des  feuillants.  Le  premier  con* 
vent  etahli  en  France,  k  Montesqoiou,  prte  de  Toulouse, 
fut  transfi^r^  dans  cette  villeen  1599.  La  reine  Anne  d*Au- 
Irir.lie  terivit,enmai  l622,anxPP.  feuillants,  assemble 
en  chapitre  g6n^al  a  Pignerol,  pour  lesprier  de  lui  envoyer 
(ies  religieuaes  de  leor  ordre,  afm  d'en  former  une  roaison  I 
Paris.  Six  y  arriv^rent  et  s'^tablirent  d'abonl  an  convent  de 
rarmdlltes  du  faubourg  Saint-Jacques.  Elles  prirent  posses- 
sion Tann^  suivante  de  leur  maison  conventuelle,  attune 
au  fond  d'une  impasse  de  la  rue  Saint-Jacques,  qui  a  con- 
fterv^  leur  nom.  Ce  convent  eut  pour  premi^  prieure  la 
jeune  Marguerite  de  Clausse  de  Marchaninont,  veuve  la  se- 
eonde  lois  k  vingt-deux  ans.  L*6gUse  futouverteen  1719. 
Pour  fournir  aux  frais  de  construction  le  roi  avait  autoris6 
une  loterie  au  capital  de  660,000  livres,  snr  lesqnelles  le  oou- 
vent  pr^lovait  16  pour  100.  Dopbt  (de  nronne). 

FEUILLANTS,  ordre  religieux,  Inaction  r^form^  de 
la  grande  oongr^tion  de  Ctteaux,  qui  n'^tait  elle-m6me 
qu^une  autre  branehe  r^form^e  de  Tordre  de  Saint-Benolt 
Get  ordre  prit  son  nom  de  Tabbaye  de  Feuillants,  dans  Tan- 
cien  diootae  de  Rieux  anx  environs  de  Toulouse.  1)  lut  fond^, 
en  1577,  par  dom  Jean  de  La  Barri^re,  premier  abb^ 
de  oe  monast^.  Ausslt6t  apris  sa  prise  d'liabit,  11  s^occupa 
d*un  projet  de  r^forme  et  soomit  see  statuts  an  pape 
SIxte  V,  qui  les  appronva.  Plus  tard,  Clement  Vltl  et  Paul  V 
accord^rent  k  son  monastfere  des  sup^rieors  particuliers.  En 
1687,  tc  roi  Henii  111  fit  venir  k  Paris  soizante-deux  de 
ces  religieux,  qn^U  ^blit  snr  un  terrain  conilgu  aux  Tui- 
lerioA,  attenant  k  la  terrasse  qui  a  con8erv<^  le  nom  de  ce 
monast^re.  Les  libi^ralf  1^  de  ce  prince  et  de  quelqnes  grands 
seigneiiis  permirent  k  cei  moines  d*elever  de  vastes  et  somp- 
tueux  b&timents.  L'^endue  et  la  magnifique  distribntion  de 
leur  ^ise  et  de  leur  doltre  contraslaient  avec  la  s^vdriti 
desr^les  impos6sspar  leur  fondateur.  lis  mardialentpieds 


a  b 


■rlB 


maismi  de  Parit, 


Mil 


kie- 


-^  FECILLANT$ 

nus  avec  des  socques,  et  n'ohtinrent 

mission  de  se  chaosser  quahd  Us  alb^eBl 

Us  avaient  la  t6le  nue.  dormaient 

plandies,  mangeaient  k  genoux  et  buv 

linmains.  Un  regime  ans<ii  s^v^  Malt 

ordinaires;  plusieurs  religieux  en  moumreHL  B  K 

oo  piutAt  tout  k  fait  cliang^  en  1615, 

ndral  tenn  k  Saint-Mesmin ,  prte 

Barri^re  ^it  mort  en  1600.  La 

vocable  de  Saint »■  Bernard  de  la  Penitemct,  daitf  cfcd 

d*ordre.  En  1630,  Urbain  YITI  s^para  les  ooovcA  de  crfk 

capitale  de  Oeux  d'ltalie,  el  ordonna  que  la  vmpf^tm 

serait  gouvem^  par  un  g<^n6ra].  Les  leafllaats  CrancaiiBa 

avaient  pas  moins  conserve  un  couveat  k  FloraBcc  d  ■ 

hospice  k  Rome.  En  1670,  les  feuillants  dluik  fant  a»> 

toriste  k  se  cbausser  comme  ceux  de  France,  d  noolk 

nom  de  r^orm^  de  Saint-Bemard,  Celle 

ne  comptait  chez  nous  que  vingt-qualre  maisoi 

k  Rome,  un  k  Florence  et  un  troisi^ne^  PigiKrai.Uc» 

vent  chefd^ordre  de  Paris  dtait  fort  riclie;  le  portaiani 

^  construit  par  Mansard ;  IVglise  comptait  de  namknmm 

et  belles  chapelles;  on  y  remarquait  les  s^pultares  de  p^ 

sleors  personnages  roarquants.  Outre  tear  gmiie  mm 

conventuelle,  les  feuillants  de  Paris  pose^daienl,  prb  di 

la  place  Saint-Michel,  rue  d^Eiifer,  un  hospice,  on  as  nk' 

raient  leurs  vielUards.  n  avait  d*abord  aerri  de 

son  ^ablissement  datait  de  1633.  L'^glise  dtatt  m 

cable  des  Saints  Anges  gardiens ;  elle  s*booorait  d*< 

pour  fondateur  le  chancelier  Pierre  Seguier. 

Nos  premieres  assemble  r^unies  au  Man^ 
une  partie  des  b&timents  de  ce  monast^re,  snr  !'< 
ment  desquels  on  a  perc^  depuis  la  rue  de  RivoM. 

Les  feuillants  se  firent  remarquer  k  Paris  dans  les  Ina* 
bles  de  la  ligue.  On  les  retrouvatt  dans  toutes  let  awemhWri, 
dans  toutes  les  processions.  L^un  d*eui,  Bernard  de  Moat- 
gaillard,  se  rendit  surtout  fameux  soosle  nom  de  H- 

tit'Peuillant.  Ddfet    (de  l*Yoae). 

FEUILLANTS  (Club des).  Lnrsde  la  premite  r^nkh 
tion ,  les  c  1  u  b  s  avaient  envalii  la  France.  Ce  fnrent  d'aboid  da 
paisibles  rtenions,  mais  trop  tOt  Tintrigne  et  lea  paitia  s'ci 
empar^rent.  Celui  des  Jacobins,  fond6  le  leBdcnam da 
la  joum^  dn  5  octobre  1789,  ne  tarda  pas  k  dicier  d« 
lois  k  TAssembl^  nationale.  Lea  cr^ateors  de  ce  ckib,  ap- 
pel6  d*abord  des  amis  de  la  Constitution,  et  qni  dot  sa 
seconde  ddnomhiation  au  local  de  ses  stances,  Lafayette, 
Bailly,  Duport,  les  fr^resLameth,  le  due  de  la  Ro- 
chefoucauld, se  voyant d^bord^  paries  faottenx,  sere- 
flr^rent  et  allirent  fonder,  en  1 790,  une  Soci^  dite  de  1789, 
au  Palais-Royal,  oJi  eUe  c^l^bra,  le  17  juin,  Pannivcrsaire 
de  la  constitution  des  d^put^  dn  tiers^^t  en  aaaembMs 
nationale.  Le  nombre  de  ses  membrea  s'^lant  accm,  le 
convent  des  Feuillants,  voisin  de  TAasembl^  et  dea  Tnlle- 
ries,  devint  le  lieu  de  ses  s^nces ,  et  dte  lort  on  la  d«a- 
gna  dans  le  public  sous  le  litre  de  club  des  FeuiUanU, 
BientAt  son  personnel  se  grossit  encore  de  tons  les  nobles 
qui  jusqu*aiors  s*^taient  prononcte  dans  TAsaenibld  natio- 
nale pour  la  cause  populaire,  et  des  d^pntds,  des  dcrivains 
pli^b^iens  qui  esp^raient  que  le  parti  de  la  cour,  mieox 
telaird  sur  les  v6ritables  int^ts  du  roi  et  de  la  roonareliie, 
n*opposerait  plus  d'obstacles  k  Vitablissement  de  la  cons- 
titution. Mais  des  royalistcs  quand  mime  se  giisairent 
dans  leurs  rangi,  et,  sous  le  masque  d'un  hypocrite  patrio- 
tisroe,  parvinrent  k  dominer  ce  club  et  k  en  exploiter  lee 
tendances  au  profit  de  la  monardiie  abaolne.  Ausai  les  la- 
cobins  le  gratifi^rent-Us  bient6t  du  litre  dn  tiMb  mmmr- 
cMque.  Le  comte  de  Clermont-Tonaerre  en  ayaol 
^t^  ^lu  pr^ident,  son  l)6tel  fut  assi^^,  le  S7  Janvier  1791, 
dans  une  ^meute  populaire;  et  ie  28  mars  un  attronpe- 
roent  nouvean ,  assi^eant  le  club  lui-mtaie,  en  diassa  lea 
membres  k  coups  de  pierres.  Cette  rennion  n'eut  dcpnis 
lors  quVme  oxlstence  ^ph^mte;  ellecontinna  qndque  tcnpa 
encore  aprte  la  mort  de  Hirabeau  les  inquiries  et  peu  no«  > 


FEUILLAMS  —  FEUILLETON 


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breiisei  ttencflft,  et  al  le  23  flSfrier  1792  no  grand  tomulte 

t'eiera  dans  li  premi^  Assemble  l^gislatite  tor  la  pro* 
posiUoo  liiite  d^enptelier  iM  d^pot^  ^I'aller  aHx  Feuillanto, 
e^est  qo*e)le  comprenait  amloiit  la  ddienae  d'aller  aux  Ja- 
cobim.  Aprte  ie  10  aodt  il  ii'eat  plus  question  du  club' 
del  Feoillantei 

FEUILLE  {Boicmlqne}.  La  feoille  est  im  desoi^nea 
ip6daai  dont  lea  v^gftam  pffianifogattito  et  tea  crypto- 
games  lea  plus  ^let^  aont  gMralement  garnia.  Avant  que 
Ton  efit  cr^  poor  la  bQtanfqne  on  vocalralaire  particuller, 
oo  conroodait  sous  le  nom  de  fBuilh  diTCfrses  partiea  de 
la  planle,  auxqudlea  on  a  donn^  depula  dlffiftrenta  noma, 
plus  ooB?enables  :  ainsi,  on  d^signe  aojonrd'hui  par  la  d^ 
DomiDalion  depita  Us  ce  qn'on  appelait  autrefoia/euJ//e 
dela  JUur;  bracties,  ceitainea  foUolea  qui  se  rencon- 
trent  soof  aon  calice;  $paihei,  de  grandee  reuHIes  en 
(btne  de  eomee,  dana  leaqoellea  nne  on  plosieurs  fleurs 
sootenvdoppte;  co/y/^tfonj,  des appendices  contenant 
b  lobstanee  dont  ae  nonrrit  rembryon;  ila  aont  auasi  nom- 
mkfeuiUes  iimknales^  mais  ^  tort,  poiaqn'fls  n'ont  dee 
feoiltesque  Tapparence,  et  qullan'en  font  pas  lea  fonctions; 
C9llerettes,  eerteines  Mloles  plaotes  h  la  rfonfon  dee 
p^loBculea  qui  "portent  dea  fleurs  en  ombdle. 

Les  fenOles  ont  pour  fonctlona  de  meltre  le  Tdg^tal  en 
oontaet  avec  Patmosphtee,  d'absorber  les  corps  gasenx  qui 
peovent  serrlr  k  Tentretien  de  la  Tie  do  t^^tal,  et  d'exha- 
ler  les  nutMiux  inotflea  k  son  existence.  Ce  aont  done  de 
TMtables  appareila  respiratoires.  Sous  I'lnfloence  solaire,  les 
feailles absorbent Pacfde  carbonlque  de  Fair,  retiennent  son 
eirbone,  etexhalentde  Foxygtoe;  pendant  lanoft,  elles 
absorbent  de  Foxygtoe  et  d^gageht  de  Faeide  carbonlque. 

Qoand  une  fealDe  se  ddreloppe  inunMiatement  sur  la 
tige,  eOe  est  dite  sessile;  mais  le  plus  sou?ent  die  s'y 
rattacbe  par  un  fiusceau  fibreux^  nomm^  petiole;  si  le 
p^ole  est  assez  court  pour  qti'll  y  ait  doote,  la  feuille  re- 
volt P^thftte  de  subp^ttoUe,  Les  faisceaux  fibreox  qui 
s'^panooisscntendivergeantsont  les  nerimres,  \ulgairement 
leie^ef  de  la  reoiUe,  dont  elles  forment  en  qoelque  sorte 
ia  cbarpente.  Ces  nernzres  se  subdivisent  et  s*anastoraosent 
en  on  rdseau,  dont  lesmalUes  sont  rempties  par  un  tissn  eel- 
loJaire  qu*on  appelte  parenchyme;  le  tout  est  reconvert 
(i'uoe  pellicole  Irte-mince,  qu*on  nomme  ipiderme.  On 
reeonnalt  encore  dans  la  feuille des  trach^esou  vcAsseaux 
Vortux^  qui  mettent  en  communication  directe  avec  l*air 
eit^'eur  VHui  midullatre  et  le  liber  de  la  plants. 

la  feoille  atlire  Pattentton  de  Pobservateur  sous  une 
ToQle  de  rapports.  Elle  prend  des  formes  rondes,  ovales,  en 
lotaoge,  triangulaires,  lin^res,  elliptiques,  en  lame  d^£p^, 
en  sabre,  en  lyre,  en  cylindre.  Elle  est  charge  de  giandea, 
<lapotls,  d'aiguillons,  dVpines,  de  tubercules,  de  soles,  de 
ob.  Elle  se  colore  en  vert  clair,  vert  fonc^,  vert  glauque ; 
ii  T  en  a  de  rouges,  de  dorto,  d^argentdes,  de  rouill^. 
Sa  position  sur  la  plante  est  radicale,  ou  caulinaire,  on 
^oflUDitale,  ou  alteme,  ou  dparse,  ou  oppose,  ou  en  spirale, 
oa  en  faisceau,  oo  en  verticiUe.  Beaucoop  de  feuilles  sont 
odorantes,  surtoot  lorsqu^on  les  froisse  entre  les  dolgts. 
Qnelqaes-unes,  comrae  celles  de  la  dion^e,  des  (fro^era, 
do  nepenthes  phyllamphoraj  etc.,  ont  des  appendices  Tort 
eitraordinaires.  Une  chose  mervellleuse,  c^est  la  maniire 
<^t  les  feuilles  s'erobrassent  et  se  roiilent  dans  la  pr^ fo- 
liation. LesflMiilles  sont  d'un  grand  euiplol  en  m^decine. 
^uis  qne  le  sysf^me  floral  a  fi\^  les  caract^res  qui  d^ter- 
B^Bcnt  les  classes,  les  tribus,  les  families  et  les  genres, 
sniTant  Pordre  bifrarcliique  des  plantes  h  fleurs ,  la  forme 
des  feuilles  achive  ce  grand  ouvrage  en  d^teruiiuaut  les  es- 
P^  de  cheque  genre.  L.  LEFf.Bi}Rs. 

FEUILLE  on  FUETIN,  poisson  d^un  an  (voyez  £taiic). 

FEUILLE  DES  BENEFICES.  Voyez  B£k&ices 

KCUsiASTiqUES. 

FEUILLEE  (Louis),  religieux  de  Pordre  des Minimes, 
jinleinpnt  c<^I6bre  par  scs  beaux  travaux  relatifs  h  la  bota- 
Pi<ieeet  k  Pa^itronoinie,  naquH  en  li>60,  h  Mane,  pr6s  de 


Foncalquier,  de  parents  pen  fortune,  et  roontra  dte  sa  pre* 
mi^  Jeunesse  un  goAt  dteid^  pour  F^de  de  Fastronomie» 
dans  laquelle  Caasini  fut  son  maltrei  £n  1700  et  1701  II  en« 
treprit,  par  ordre  de  Loui^  XIV,  un  voyage  aslronomique 
dans  le  Levant,  od  11  eot  k  lutter  centre  une  Ibule  de  dan« 
gers;  eten  1703  il  en  entreprit  un  semUahle  en  AmMqoe , 
ofk  11  a^jouma  plosieurs  annta.  11  par oourut  ensoite  Poo6in 
Paciflque,  cherchant  snrtout  k  determiner  dee  longitudes 
gtographiqnes  par  les  distances  de  la  lone;  aussi  pent-on 
le  consid^rer  comme  le  premier  qui  ait  fait  en  grand  des 
applications  de  cette  m^tbode.  Les  variations  de  Faiguiile 
aimantte  furent  ^lennent  de  sa  part  Pobjet  des  observer 
lions  les  plus  attentives  et  les  plus  suivies.  II  mourut  di- 
recteur  de  FObservatoire  de  Marseille,  le  18  avril  1732.  Son 
Journal  des  observations  fMes  sur  les  c6tes  orienlales 
de  VAm^rique  miridionaleet  dans  les  Indes  (3  vol.  in -4", 
Paris,  1714-1725),  et  son  Histoire  des  plantes  mdditinalet 
qui  sont  le  plus  en  usage  aux  royaumes  du  Pirou  et  du 
Chili  (1709-1711 ),  ttooignent  d\in  savoir  peu  common  et 
d*Dne  grande  habileie  sdentiflque. 

FEUILLET)  nom  du  troisitaie  estomacdes  rumi- 
nants. Les  aliments,  aprte  fttre  entnSs  de  la  pause  dans 
le  bonnet,  reviennent  dans  la  boocbe,  ob  ils  sont  m^ch^  de 
nouveau;  de  U  ils  passent  dans  le  feoiilet,  et  ensutte  dans 
laeaillette. 

FEUILLETON,  FEUILLETONlSTeS.  Le  but  des 
iournaux  ^tant  de  reproduire  les dv^nements quotidiens, 
dUmalyser,  de  commenter  les  faits  et  les  id  to  du  jour,  il 
etait  impossible  que  les  productions  de  la  litt^'ature  tehap- 
passent  k  leor  contrite  et  k  leur  examen.  Apk-te  la  critique 
politique,  qnand  elle  4talt  permise,  la  crillqoe  llft^raire  de- 
vait  naturellementtrouver  sa  place  dans  lejouitis  :  elle  Fa 
prise ,  die  8*est  blottie  dans  les  colonces  inf^rieurcs  de  che- 
que feoille;  one  llgne  de  demarcation  a  s^par^  le  royaimie 
de  la  critique  politique  et  le  ducb^  de  la  critique  litt^ire , 
et  dies  ont  v^  en  bonnes  soeurs,  Fune  portent  Pautre. 
Nous  n^avons  pas  inouis  pccuper  desnoms  itlustres  de  Plio- 
tins,  regarded  tort  comme  Pin  venteordu  journal;  d^tirasme, 
de  Bayle,  de  Hoet,  de  Baillet,  et  de  tant  d*autres  critiques, 
Le  feuilleton,  cette  critique  oourante  de  la  litt^rature  cou- 
rente,  a  une  date  plus  rteente.Plusieurs  joufrianx  ontdu  leur 
vogue  k  la  cti^brite  de  leurs  feuilletons ,  le  Journal  des 
D4bats  sortout,  qui  a  compt^  parml  ses  collaboratcurs 
pour  la  partie  litt^raire,  Geoffrey,  Duviquet,  Roff- 
man,  Dussault,  Feletz,  et  qui  conserve  encore  toute 
sa  reputation,  grAce  au  talent  de  M.  Jules  J  a ni n.  Apr^s  ces 
journalisles,  nous  citerons  l^variste  Dumoulin,  redafctear 
do  Constitutionnel f  et  Charles  Nodier,  MM.  Lo^ve-Vci- 
mars,  Nisard,  Gustavo  Ptanche,  Hippolyte  Rolle ,  Saintc- 
Beuve,  Tlidophiie  Gantier,  liste  k  laquelle  on  pourrait  en- 
core ajouter  quelques  noms  connus  au  milieu  de  cette  foule 
de  feuilletonfstes  qui  puUulent;  car  11  n*est  pas  si  mince 
journal  qui  n^ait  son  feuijleton,  la  manie  litt^raire  ayant  ga- 
gn^jusqu'aux  jonmaux  d'annonces  et  de  locations. 

Dn  reste,  il  faut  bien  le  dire,  le  feuilleton  modeme  n*a 
pas  suiv!  la  route  de  Pancien  feuilleton.  Sa  marclie  est-elle 
plus  sOre,  son  aiitorlt^  mieux  stabile?  C'est  ce  quMl  serait 
assez  difficile  de  decider.  L'ancien  feuilleton  se  recomman- 
dait  par  de  pr^^deuses  quallt^s,  par  un  jugement  sain,  con- 
CIS, par  une  grande  conuaissance  des litt^ratures  anciennes, 
par  d*ingteieux  rapprochements,  par  une  grande  retenue 
dans  ses  appreciations.  Cequ*on  pouvait  lui  reproclier,c*d- 
tait  quelquefois  un  pen  de  s^heresse,  un  respect  trop  ml- 
nutieux  de  la  lettre ,  un  pas-&-pas  trop  continu,  et  sortout 
son  intolerance  pour  les  litteratures  etrang^res.  Le  feuilleton 
modeme  a  ptusde  vivacity,  plus  d*eian,  II  a  la  pretention 
de  voir  les  clioses  de  plus  haul ,  et  son  iogement  se  ressent 
de  cette  pretention;  il  esquive  souvent  la  difTicolte  d^in 
compte-rendu  consdencieux  par  une  plaisanterie  :  on  volt 
qu*il  se  propose  plutOt  d*atni«8er  ses  lectenrs  que  de  aet 
edifier ;  il  cherche  moins  k  faire  de  la  critique  que  de  ia  sa« 
tire.  Le  feuilleton  modeme  a  plus  d'agacerlea  et  de  Mvn^^ 


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PEDILLETON  —  PEU  S  AINT-AM  tOlOTS 


tfbiM  qiie  te  fennieton  aDden;  m  ^en^  serpente  avec  plot 
de  ftciHM ;  11  est  d*tiiie  leelora  pint  alrte.  Son  grand  cheval 
da  batante,  c'est  le  paradoie;  il  fi*y  oomptatt,!!  ft*y  retourne 
k  loialr.  Loriqall  Teot  faire  de  f  ^mditton ,  il  est  loin  d'y 
troQTer  aon  eonipte,  et  daos  de  pareilles  dispositions,  qni 
oontraslent  atec  sea  liabitodes  ordinaires,  il  est  cent  fois 
plus  pManI  que  Tanclen  ieuilleton.  Son  tradition  oonsiste 
ordinaireinent  en  one  s^rie  de  noms  pen  connos ,  qiril  da* 
ronle  atee  complalsanee,  et  en  citations  apprises  la  Teille. 
En  fin,  son  plus  grand  d^faot,  c'ei>t  d'etre  toujoiira  k  tMA 
da  sajet  qu'il  se  propose  d'etarolner.  Nous  ne  croyons  pas 
f  xag^rer  les  man?  als  c<Vlte  dn  feuilleton  actual ;  nous  sa?  ons 
que  sons  la  plume  de  plusleors  ^ri? ains  il  posrMe  la  pliipart 
des  qiialltasopposto  aax  nombreux  d^fanlsdont  nous  venons 
de  parter.  Mais  one  cliose  certaine,  c^est  que,  loin  de  serf  ir  les 
inlMts  lltt^riires ,  il  tend  k  s'^rter  des  engagements  s4* 
vares  que  ses  anciens  maltres  lui  avaient  fail  prendre  en- 
ters le  pul>lic,  que  son  aotorit^s'afTaibUt,  et  que  blen  prii  de 
personnes  sont  dispos^es  anjonrd^hu!  k  le  croire  sur  parale. 
Qnelleii  sontTes  causes  de  cetle  disgrlcef  La  prfmiire,  la 
canse  rapitale.  c'est  que  le  feuilleton  nert  d*exercice  litti- 
raire  k  tout  ddlMilant.  Une  fois  la  plume  k  la  main,  on  s'ea- 
crime  do  son  niienx ;  on  frappe  d*estoc  et  de  tailie  poor 
feire  le  plus  de  bruit  possible ;  on  s^attaqne  aox  haoles  ra« 
putationa,  qu*on  escalade  k  I'aide  d*on  JB  empbatique;  on 
fait  feo  des  quatre  pieds,  on  s'dpoise,  on  s'extfone;  on  pent 
le  pen  d'imaginatlon  Juvenile  qn'on  avait,  pour  copier  nne 
allure  de  penste  plus  virile.  Parce  quMl  se  trouYe  k  la  tate 
du  fenilleton  actual  on  bomme  plein  d'esprit,  de  ▼enre  et 
de  saiUies,  an  terivaln  qui  dans  ses  maoTais  jonrs  pent 
foot  se  permettre ,  sftr  quMI  est  de  ne  jamais  rester  court, 
on  s'est  imaging  que  poor  arriTer  k  la  rapotation  il  n'y  avait 
rien  de  mieax  k  faire  que  de  la  copier,  que  d'atudier  non* 
seiilement  son  style ,  mais  encore  de  singer  son  rire  et  de 
calqner  son  tic  f^vori.  Pour  attHndre  ce  but,  on  (Ut  mentir 
son  earactftre,  on  se  met  nn  masque  rieur ;  on  tratrallle  pa* 
niblentent  k  se  donner  on  air  libra,  hardi,  moquaur;  et  le 
fauilieton  devient  nn  tissn  de  plalsanleries  nerTenses  et  ma* 
ladives  frouTte  an  fond  d*un  bol  de  punch  on  d*une  tasse 
de  caf6.  II  seralt  bon  de  mettre  en  tate  de  chaque  feuilleton, 
comma  aplgrapbe,  cetle  phra.«e  d*un<^crivain  do  dix-liuiriaine 
sitele  :  «  L*art  dn  journaliste  n'est  point  de  faire  rire,  mais 
d^analyser  et  d*instrulre :  nn  journaliste  plaisant  est  un  plai* 
sent  Journaliste.  •  La  camaraderie,  a  son  lour,  est  venue 
barceler  le  feuilleton,  A4\k  si  ^puis6 ;  elle  s*est  introduite  dans 
la  place  damantelte.  On  met  son  fbnilleton  au  service  de  ftes 
amis  par  pure  obligeance,  et  qnelqiiefois  mame  par  venality ; 
car  on  oublfe  sou? ent  ce  pracepte  du  mame  acrivsin :  «  Qua 
rint^rat  du  joureaKste  soit  entiftrement  sapara  de  c^lni  de 
racrivain  et  dn  libraire.  ■  Soumis  k  de  si  trisles  apreuves, 
ie  feuilleton  acluel  serait  tomba  dana  le  discradit  \f>.  plus 
complet si  des  acrivalns  de  talent,  de  science, de  goOt,  et 
surtout  d^honoenr,  ne  ehercliaient  k  retarder  oalte  mine  im- 
wioente,  et  k  le  tenir  a  la  hauteur  du  but  qoll  doit  se  pro- 
poser. J0IIICI^.RES. 

Outre  le  feuilleton  critique^  les  Joumalisfjas  ont  introduit 
an  has  de  leurs  eolonnes  ley^t//a/on  littiraire^  qui  n*est 
autre  qu*nn  morceao  de  roman  dacoupa.  Ces  romans  feoil- 
letons  ont  fait  la  fortnne  de  quelques  joomanx  el  de  qnel- 
qnes  acrivaina,  entre  antres  de  PrMaric  Sonlia,  do 
MM.  Alexandre  Dumas  et  Eogane  Sne.  Une  croiMde  fuf 
praclito  par  les  a? aquas  et  le  parii  pratre  contra  ces  feuille- 
tons  venimeux ;  et  I'assembiae  ligislalive,  sur  la  propcsiiion 
deM.de  Rianrey,  les  frappad'un  timbre  sp^ial  de  un  con- 
tame  k  ajouter  k  oeini  du  journal.  On  changea  alors  le  ro- 
man en  mamoiraa.  et  bien  qua  d^pnis  la  2  dtorobre  la&t 
ce  timbre  special  ait  €\^  aupprim^,  la  Feuilleton  roman  n*a 
pas  repria  sa  vogue.  L.  Loover. 

FEUILLETTE,  futailie  lerrant  k  mettre  du  vin,  dea 
e^prtts,  des  liqueurs,  et  dont  la  capacity  est  de  )32  litres  en* 
viron.  La  feiilllatta  e^t  appelde  quelquefois  demi-muid^ 
furtout  en  Bourgogne. 


Anx  environs  de  Lyon,  feMlitU  a'ati  dit  aoui  d'dia 
petite  roesure  k  liqueur,  valant  nne  chopiAe  oo  la  iiiaiti6  ds 
la  pinte  de  Paris. 

FEU  PERSTQDE.  FoyesFcu  SAnrr-AiiToniB. 

FEUQUIERE  ( MAifxasis  on  PAS ,  marquis  m),  lioh 
tenant-ganaral  sous  Louis  XIII,  na  k  .Saumoren  tS90,esn' 
tribua  poissamment  k  la  prise  de  La  Roclielle ,  fat  chaigi, 
en  1033,  d'nne  rolasion  en  Allemagne  pendant  la  gKna 
de  treote  ans,  et  fit,  en  1639,  leaidge  deTbionville;  ily 
fnt  blessd  et  pris ,  et  mourut  qaelques  mots  apr^ ,  lafanant 
sur  ses  n^goctations  en  Allemagne  de  ciirimx  Af^moirct, 
qui  ont  4ta  pnblias  en  17&3  (3  vol.  in-12). 

FEUQUIERE  (AmrofNi  ob  PAS,  marqiiii  ne) ,  lientanaat 
gan^ral  sous  Louis  XIY,  petit-flls  du  pr6radeat,  naqoitl 
Paris,  en  1648,  dibuta  k  di»-huit  ans  dens  le  r^gimeolda 
roi,  parvint  en  1667  ao  grade  d'enselgne,  travailla  dte  lors 
avee  ardeur  k  oombler  les  lacunea  de  son  aducation  pre* 
mierei  se  signala  aux  sieges  de  Douay,  deTournay,  de  Gear* 
tiay,  d*Oudenarde  et  de  Lille,  re^ut  un  coup  de  Ceo  devaat 
eelte  demise  place,  devlnt  en  1668  capilaine,en  t672atila 
de  camp  de  son  parrnt  le  marfclial  de  Lu\emi>oorf,  Vvmbt 
auivante  colonel  de  cavaierie,  fit  la  campagne  He  Hollande  dt 
1678,  assista  aux  siages  de  Resan^n,  de  D6le,  de  Saliot, 
particlpa  k  la  oonquate  de  la  Franche-Gomta  et  obtfnt,  pocr 
ses  services  k  la  bataille  de  Senef  et  it  la  ievde  do  si^ 
d*Oudenarde,  le  commandement  dn  raiment  de  Ro^al* 
marine.  Puis ,  If  servit  sous  Craquy,  Conda,  Torenne,  Ca- 
tlnat  at  Montecuculli,  se  distingua  encore  au  combat  d*Al- 
tenheim,  anx  siagea  de  Cond4  et  de  Boachaln,  k  la  baltaiUs 
de  Saint-Denis,  fut  fait  brigadier  en  1688  et  asarachal  ds 
camp  I'annde  suivsnte,  au  retoor  dn  si^e  de  Philipaboorg, 
cambattit  les  Vaudois  en  Pi^mont,  commaoda  rinfanlerie  I 
la  bataille  de  Staffarda,  et,  nommd  lieolenant-gdnaral  ca 
1693,  ent  une  grande  part  au  gain  de  la  bataille  de  Nenrioda. 
Disgraci^  pour  avoir  paria  trop  librement,  11  occupa  ses  loi« 
sirs  k  terire  das  Mimoires  sur  la  guerre  ^  dans  lesquels  Vol- 
taire a  ahondamment  puisa  pour  son  SiieU  de  Louis  JC/f, 
et  que  son  neveu  publia  en  1770  (4  vol.  in-4*).  II  moont 
k  Paris,  en  1711, a  rage  de soixante-trote ans. 

FEURRE  uu  FOARE.  Vopez  £tapb. 

FEU  SAGR^.  Foy«s  Feu  SAiKT-AifioncB. 

FEU  SAINT-ANTOINE,  roalsdie  «pidamiqiie,qol 
parut  k  plosleurs  reprises  dans  quelques  provinees  de  la 
France  ,  en  Allemagne ,  en  Sicile  et  en  Espagne  du  sixikna 
au  douzi^mesiacle,et  que,  suivant  les  locaiitas  on  d^ 
gnait  encore  sous  les  noros  Ae/eusaer^,feu  pertique^Jk 
Saint'Fiaere ,  mat  des  Ardents^  mal  Saini'Mareou,  mal 
Saint-Main.  La  plus  ancienne  apparition  de  oette  laaladis 
remonte  k  Tan  945;  elle  solvit  de  prte  rinvnsion  des  Nor* 
mands ,  et  enleva  pras  d^un  tiers  de  la  population  de  Paiii 
et  de  ses  environs :  Frodoard  la  mentionne  dana  sa  Cbra- 
nique. 

En  993  et  994,  suivant  Raool  Glaber  et  Adhdmar  de  Clia* 
bannais,  plusienrs  provinces,  entre  autres  PAquitaine,  Is 
Pdrigord  et  le  Limousin,  furent  ravagdes  par  le  liaan.  Le  mal 
«l(^butaii  bnisquemf  nt  et  brOlait  les  entrailles  on  qtielqne  auln 
partie  du  corps,  qui  tombait  en  places.  En  1089,  au  rapport 
da  Si^ebert  da  Gemblours,  le  mal  savit  en  Lorraine  avee  uas 
granda  Intensita ;  beauconp  de  gens  en  furent  attaints  :  Icon 
membres,  noirs  comme  du  cliaibon  se  d^tachalent  du  oerps. 
Dans  Tannic  1130  le  feu  Saint-Antoine  t6vit  k  Paris  avee 
plus  d*intan.vita  que  jamais.  On  fit  des  processions  et  Pen 
transports  k  Notre* Dame  la  chAsse  da  Sainte-GeiyTiAfe, 
qui  avait  une  vertu  miraculeose  pour  gudrir  lea  affedioai 
oootagieuseft.  Pendant  le  si^clc  suivant,  la  flaau  se  mantra  ca 
Espagim,  k  Majorque  et  aussi  k  Paris.  Au  qoatoni^me  si^clc^ 
celte  capllala  tot  encore  dteiro6e  par  le  mal  des  Ardeolk 
«  II  auit  dans  nne  telle  horrent,  dit  Germain  Brice,  que  psr 
iraprteatlon  on  ne  disait  autre  chose  qua  U/eu  Sa$nt'A»' 
toint  Varde ,  comme  le  dernier  malhenr  que  Ton  pooTsi 
souhailer  4  ses  ennemis.  »  l^e  mal  das  Ardents,  comme  taal 
d^autres  maladies  contagieoses,  disparutavec  If  moyen  Ifi 


FEU   SAINT-ANTOINE  —  FEUTBIER 


S9S 


defant  les  pnigrte  de  U  ciTilUatioii » deThygitoe  et  de  la 
salubrity  publique.  Les  modernea  ont  cru  retrouver  le 
feu  Saint- Aotoine  dans  rergotisme  gangr^eux,  dans  una 
^id^qiie  d'^rysip^e  ou  de  cbarbon  pestilentiel ,  dans  une 
▼ari^  de  apiloplaxie,  etc.  II  est  possible  que  I'on  ait  com- 
pris  soinoe  noiii  plosieors  affections  diatinctes  au  principe, 
quoique  se  terminant  toutes  par  la  gangitne. 

[  Pierre  de  Lobet^  abb^et  gdn^ral  de  Tordre  de  Saint-Au- 
gustin,  ^gea,  dans  le  quartier  Saint-Antoine  k  Paris,  une 
maison  rellgieuse,  dont  U  dtablit  anp^lear  Antoinede  Fulvy 
( septembre  1301).  Ce  n'itait  originairement  qu*un  petit 
hospice.  Le  nouveau  anp^rieur  y  rtonit  un  nombre  suili- 
sant  de  religieux  pour  y  recevoir  et  soigner  les  pauvres  at- 
taints du  niai  sacr6  oo  de  Saint-Antoine.  On  I'appelait  la 
Chapelie  des  ArdenU,  EUe  a  t\A  dtoiolie,  ainsi  que  l^^ise 
eC  les  bAtlments  qui  en  d^pendaient,  et  c^est  sur  son  em- 
placement qu*a  €Uk  oonstruit  le  passage  du  Petit-Saint-An- 
toine.  DUFET  (de  TYoDDe  ).  ] 

FEU  SAINT-ELME.  Quelquefois,  en  mer,  par  un 
teutps  d*orage  et  des  nuits  obscures,  on  voit  ties  llammes 
00  Yapeurs  lumineusea  voltiger  aux  extr^iitte  des  vergues, 
des  oiAU  des  na? ires  :  c'est  ce  que  les  marins  appdlent 
ftu  Sttini'Eime  oa  feu  Saint-Nicolas,  Ce  m^Uore  igu6, 
qu'on  regarde  corome  une  aigrette  dectrique  ou  quelque  gaz 
enflamm^,  est  g^ntelement  attribo^  k  un  efietd'declricit^: 
il  paralt  assea  ordinairement  aprte  une  temp^te.  Les  an- 
cieus  narigateurs  connaissaicnt  ce  feu  sous  le  nom  de 
Castor  el  Pollux,  Lorsqu'iis  en  voyaient  deux,  lis  les 
consid^raienl  comme  un  indiee  de  beau  temps;  s*il  n^en 
paraissait  qa*ttn,  c'^tait  le  presage  funeste  d^une  temp^te 
imoiinente;  on  Tappelait  U^lkne.  De  nos  jours,  le  /eu 
SaiiU'Elme  on  feu  Sainl-mcolas  produit  une  impression 
de  terreur  sur  les  marins,  oa  ranime  leur  courage  et  leur 
espoir,  auiTant  les  circonstances.  U  n'est  sorte  d*influence 
logubre  ou  de  protection  eflicace  que  Jes  matelota  ne  pr^tenl 
k  ce  m^ttore.  Sous  le  rapport  mat^el,  oe  feu  n*of(re  aucun 
danger ;  et  malgri  les  contes  plus  ou  moins  accr^t^  des 
malelota,  il  n*y  a  pas  d*exenple  d*un  incendie  surrenu  k 
bord  p«r  suite  de  I'apparition  da  fea  Saint-Elme.    Merun. 

FEUTRAGE.  On  a  pu  faire  I'obsenraUon,  depuis  un 
temps  immtoiorial,  que  les  poi  1  s  des  animaux  ont  la  faculty 
de  secrisper,  de  s^entre-croiser,  dans  ccrtaUies  circonstances, 
lorsqa*on  lea  presse  les  nns  centre  les  autres  et  qu*on  leur 
imprime  des  mouTeoienta  en  sens  divers.  C*est  en  mettant  k 
profit  cette  disposition  natnrelle  qu'ont  les  polls  des  animaux 
ji  s'entrelaccr,  que  Tart  eat  parvenu  k  fabriquer  des  ^toOes 
solidcs,  durables ,  non  formees  de  Ills,  et  qu^on  a  appel^os 
feutres,  poor  les  diatingner  des  tissus.  Les  matitoes  qui 
cntreiit  conuiiun^mentdans  la  composition  des  featres  sont 
les  laines,  les  polls  de  castor,  de  ii^vre,  de  lapin,  de  veau, 
(lecbameau,  de  vigogne,  etc.  Quant  aux  maU^res  v^^tales, 
on  n'a  po  Joaqa'ici  en  fabriquer  des  ^toffes  de  quelque  soli- 
dity par  ie  sinaple  foulage. 

1^  fabricant  de  featres  ayant  re^u  les  peanx  couvertes 
de  ieors  polls,  les  donne  k  des  ouvriers  qui  les  peigneut, 
les battent  et  les  nettoient  aussi  exactement  quo  possible, 
apr^s  quoi  des  femines  raccourciasent  les  Jarres,  poiis  lungs 
qui  ne  se  feutrent  pas,  niais  qui  ndanrooins  (acilitent  Ten- 
trelaeement  des  autres.  Afin  de  donner  aux  polls  plus  de 
tendance  k  ae  fentrer,  on  leur  fait  subir  Taction  cliimique 
de  certains  agents,  dont  les  auciens  cliapoliert  faisaient  un 
■ecret,  d'ou  est  venu,  dit^m,  le  mot  secrelage.  AujourdMtui  la 
■■lite  de  disposer  les  polls  k  se  crisper,  k  s'entrelacer,  etc, 
plus  promptement,  est  bicn  connoe;  void  la  recette  de 
M.Malara  :  acidenltrique(eau  forte),  &00 grammes;  mer- 
core,  environ  125  grammes;  le  tout  est  ex|ios6  k  une  tem- 
P^ture  douce;  et  lorsqne  la  dissolution  est  compile,  on 
^nlednq  a  six  iivrcs  d*eatt.  Suivaal  ftobiquet,  on  dit  dis- 
Muilfe  32  grammes  de  mercure  dans  dOO  grammes  d*adde 
■itrique  ordinaire;  lorsquc  la  solution  est  adievte,  on  1*6- 
lead  de  deux  tiers  d*eau,  quelquefois  seulement  du  moiti^, 
«>i?int  Iedegr6  de  conoentnOioa  de  Padde  employtt,  Pour 

MCf.  M  U  GUfiVKMS.  ^  T.  1^ 


appliquer  cette  preparation,  on  6tend  la  peaa  ear  one  table, 
puis  on  la  frotte,  en  appuyant  fortement  avec  one  brosso 
de  sanglier  imbibie  l^^reroent  de  la  dissolution ;  on  r^p^te 
la  manceuvre  plusieurs  fois,  afln  que  les  polls  soient  humec- 
ts jusqa*aux  deux  tiers  de  leur  longueur.  Cela  fait,  on  place 
les  peaax,  poll  centre  poil ,  les  unes  sur  les  autres,  et  on 
les  ports  dans  one  ^tuve  pour  les  y  faire  s^cber. 

Aprte  Paction  du  secretage,  on  procMe  k  I'arrachement 
des  polls.  D'abord  on  bumecte  les  peaux  du  c6t6  de  la  cliair, 
on  les  empile  ensuite  cbair  contre  dialr,  par  dnquantaines. 
Vingt-qoatre  lieures  aprto,  on  arrache  les  polls,  ou  bicn  on 
les  coupe  avec  un  instrument  trancbant.  Des  femmes  se 
diargent  de  cette  operation,  etfont  en  m^me  temps  Mriag^ 
des  polls,  mettant  ceux  du  dos  avec  ceux  du  do:i,  etc.,  etc. 
Les  qualll^s  d*un  feutre  di^|»eiident  de  la  nature  des  matieres 
qui  entrent  dans  sa  composition ;  11  iiiiporte  done  de  ni^- 
langer  les  matieres  convenaliltiuent ;  oo  y  parvient  [tar  le 
cardage,  ou  pluscoinmuu^inenten  les  agitant  k  raiUed^Jiie 
machine  lorm^  de  sd^e  cordes,  el  qu'on  appelle  le  ciolon, 
Aprte  quoi  les  poils  passeiit  k  Varqon  :  c'e^t  un  a|)pareil 
compost  d'uiie  table  couverte  d'une  dale  d'osier,  au-dessus 
de  laqudle  est  auspendu  au  plancber  un  arc  en  bois,  de 
2^,60  de  long,  aous-lendu  par  une  corde  de  buy  aux. 
L'ouvrier  ^tale  sur  la  claie  la  quantity  de  iHiils  quM  juj^e 
sunisante  pour  lalre  un  clia|)eau ;  il  introduit  la  corde  de 
rar^on  dans  le  petit  las,  et  teuaut  i  arc  de  la  luaiu  gaui  lie , 
II  pince  la  corde  au  moyen  d*uu  instruineut  apiiele  cucAe, 
terming  par  deux  boutons  eu  funne  de  cliainpiguou,  el  quil 
tient  de  la  main  droits.  Les  vibrations  de  la  corde  di\iM:iit 
la  matid^  fadlitent  le  melange  des  p4»il.H,eu  le^'faisaul  vuier 
dans  tons  les  sens  :  car  Touvrier,  en  uidiie  temps  (|u  il 
pince  la  corde,  avance,  recule,  tourne  k  droile,  a  gauclic..« 
Pare  de  PiitstrumeaL  Les  matieres  etaut  bieu  di\isces  et 
mdang^es,  il  fait  prendre  au  tas  la  figure  d'uu  triangle,  ou 
plutOi  cdle  d*un  sedeur  de  cerde.  Ce  tas  de  |Kiil6,  aiu^i 
arrange,  s'appdle  piece  ou  capade,  L  ouvrier  e.Ciid  sur  la 
capade  bumectee  une  feuiile  de  pardiemin  ap|>e!di  curie; 
il  presse  le  tout  avec  la  uiaiu,  de  la^un  que  la  capade  prend^ 
josqu*k  un  certain  poiut,  la  cousiatauce  d  un  leulre.  Aprcs 
quoi  die  passe  au  iasliuage. 

Pour  eCTectaer  cette  oiteration ,  on  etend  une  pi^ce  de 
toile  ecrue  sur  une  table  de  bois  dur  bien  uuie.  La  cai>ade 
est  envelopp^e  dans  cette  toile ;  on  bumecte,  on  precise,  on 
foule  le  tout  tdlement,  que  la  pitee  est  en  etat  de  r^siblcr 
aux  manipulations  6u  foulage  ^  qu'on  pratique  aiusi :  daus 
une  cove  en  cuivre  rouge,  de  iorme  rectaiigulaire,  coute- 
nant  de  Teau  en  ebuliiliou,  on  delaye,  au  iuo)en  d'uu  baiai, 
36  kilogrammes  de  lie  de  vin  pressee  pour  cliaqqe  muid 
d^eau.  Des  planches  indm^es  vers  la  cuve  sont  dispos^es  tout 
autour.  Les  ouvriers  trempent  de  temps  en  tmnps  les  leu  ires 
dans  le  bain;  puis  ils les  pressent  avec  les  mains,  ou  a\ec 
un  bAton  appde  roulel^  les  tournent  d  retounieot,  etc.  Lu 
sortant  du  foulage,  ie  feutre  a  acquis  toules  se^  quaiiies; 
il  ne  reste  plus  qu'4  le  tdndre ;  aprte  quoi  on  lui  douue 
Vapprit,  c'est-a-dire  qu*on  Timbibe  de  malides  gommeuMis 
et  coUantes,  afin  de  lui  faire  prendre  plus  de  fermcte  en 
augUiCutaut  radhercnce  des  poils  qui  le  comiiosent  On 
appdle  feutres  dores  ceux  dont  la  surface  est  recouverle 
d'une  couche  dc  poils  aupd-ieurs  en  finesse  k  ceux  qui  lor 
ment  le  corps. 

Outre  les  cliapeaax,  on  fait  encore  en  feutre  des  tapis,  etc 
Les  ouales ,ieibougranSt sont  des  feutres imparfaits. 

TEtShCUIlE. 

FEUTRE  ( Cluipeaux  de ).  Voifez  CnarcLLenis  et  Fco- 

TRACE. 

FEUTRIER  ( JeAK-F|i.\K^iS'llYACi:(TiiB,  abb^  ),6viV{he 
ds  lieauvais,  etait  ne  a  Paris,  le  2  a^iil  17si,  et  a«ait  em- 
braiu^  r^tat  eocUsslastitiue,  aprte  avoir  leruiinc  ses  rtndes 
tiitologiques  au  semiuaire  Saint-Sulpicc  A'ounae  seen  lair  u 
gdn^^al  de  la  grande-aumOnerie,  sur  Is  pr6ieutaUou  du  c;u  - 
dinal  Fescb,  alom  graiul-aumOuier  d«  l-rajtce,  qui  avail 
90 occaaion d'apprtdsr »» rarca diHKudliwit  pour  laprcOh 


t04 

catioii,  a  atpirtle,  ailsio^du  conefle  iwtiinMl  convoqu^^ 
Paris  par  Napolton»  k  YMi  de  r^er  let  dimrands  8iir?6Da8 
entre  lui  et  le  sAint-ti^;  et,  oomme  sea  coUftgMs,  \[  f^siala 
aux  ordrea  de  ieinpereur,  el  protet»ta  oootre  lea  •  ? ioleooea 
doDt  le  pape  ^Uit  TobjeL  La  Restauration  le  maintiDt  dans 
aa  |H>siUoD  k  la  grande  anmOnerie,  ek  rdcoropenaa  en  18U 
la  H(l^lit4  dont  ii  avail  fait  preuve  pendant  lea  cent  Jours, 
en  reTusant  de  pr^r  aerment  k  lemperenr  malgi^  lea  ins- 
tances du  cardinal  Fescb,  par  une  placode  chanoine  au  clia^ 
pitre  royal  de  Saint-Denis,  H  par  la  cure  de  la  Madeleine, 
Tune  des  plus  riches  de  U  eapltale. 

Dou^  d'une  pliysionomie  beureuse,  d'une  grande  deooeur 
de  roani^res,  d*une  rare  aminitA  d^esprit,  il  vlt  sn  sermons, 
non  moins  remarquaUes  par  Tonctlon  et  l*harmoiiie  du  style 
que  par  la  dignity  gracieuae  du  d^bit,  devenir  h  la  mode 
dan:»  touies  les  paroiasea.  INtatt  vicaire  g^niral  du  diocte 
de  Paris,  et  depuis  longtemps  I'opinion  publiquele  d<^signait 
pourun^Tteli^;  aa  promotion  au  si^  de  Beauvaia,  en  ia2A, 
ne  surprit  done  peraonne ,  et  la  mani^re  dont  U  gouvema  ce 
dioc^  acheva  de  lui  gagner  tooa  les  ctturs.  Les  lib^raua 
lui  surent  particuli^eroent  grA  de  n'avoir  point  permia  anx 
missionnairea  de  venir  pr6cher  son  troupeau,  el  son  noor 
devint  tout  k  tUt  popnlalre  qoand  on  le  Tit  panir  les  pr^lres 
refusant  les  sacrementa  anx  maladea  et  la  sepulture  chr^ 
tienne  anx  morts. 

M.  de  Martignac,  port^  an  poavoir  par  la  mar^emon- 
tante  de  Topinion ,  ne  pouvait  foire  choix  pour  la  direction 
desaflaireaecclMaatiqoes,  s^rtesdellnstruction  pubHque, 
confite  &M.  deVatimesnil,  d*un  coUaborateur  dont  les 
ant^cMents  fussent  autant  que  les  siens  une  garantie  de  sa* 
gesse  et  de  mod^tion.  Son  nom  se  rattachera  indissoluble* 
ment  k  uneroesure  restte  c^ldire  dans  lea  annates  de  la  Res-^ 
tauration  :  nous  voulon^  parler  des  ordonnances  du  le  Join 
1828 ,  en  vertu  desqueUes  les  maisona  d'^ducation  tenuee 
par  lea  Jfouites  devalent  Hre  ferrate  et  les  petits  stei- 
nairesse  soumettred^sormais  k  la  inridietion  unlversitaire. 
Le  parti  prdtre  cria  k  I'impi^t^,  k  la  persecution',  les  joor- 
naux  k  sa  soldo  aiTed^rent  de  ne  ploa  Toir  dans  I'^Aqoe 
de  BeauTaisqu'un  transfuge,  qu'un  apoatat;  etces  elanitura 
passioonte  bless^rentau  ccenr  Tabb^  Fentrier,  esprit  droit, 
honnftte,  consdendeux,  maia  limide.  Sea  colMguea  de  f^- 
piscopat ,  de  passage  dans  la  capitale,  lui  renToyaii«nt,  sans 
un  mot  de  r^ponse  ni  d'excuse,  les  invitationa  ^  dtnerqull 
croyait  devoir  leur  adreaser.  Ces  outragea  publica,  et  les 
calomnies  de  toot  genre  que  la  gent  devote  ae  pint  k  r^ 
pandre  contre  son  caradire  le  flrent  toraber  dana  une  m^ 
lancolie  profonde,  dont  ne  put  le  distraire  son  ^Idvatlon  k  la 
pairie  avec  le  litre  de  comte.  La  dissolution  do  cabinet  Mar- 
tignac ful  done  k  ses  yeux  r^v^nement  le  plus  beoreux  de 
sa  vie;  car  die  lui  permetfail  d*aller  onblier an  adn  de  son 
dioc^  les  vaines  passions  dea  hommes,  dans  Tacoomplia- 
sement  des  devoirs  de  son  ^tat.  Mais  ii  ne  lui  fut  pas  dorni^ 
de  jouir  longtemps  de  sa  philosopliique  retraite.  Venu  k 
Parb  le  26  juin  1830,  pour  y  eonauller  lea  m^edns  aur  Taf- 
faiblissement  toujoura  croissant  de  aa  aantA,  on  le  trouva, 
le  lendemain  matin  morl  dans  son  lit.  Ii  avail  snceomb^^ 
k  ce  quil  paralt,  k  un  ^pandiement  au  cerveau.  Le  vul* 
gaire  attrDioa  aa  mort  au  poison,  et  accnsa  les  Jteites  de 
s*dtre  veng6>.  Maia  Taiitopsie  fit  justice  de  cea  rumeora.  II  a 
laiss^  des  Pan^ffriques  de  JeannedCArc  ( 1821 ),  dt  saint 
I/mis  (1822  ),  die  Oraisons  ftaMres  du  due  de  Berry 
( 1820)  et  (fe  to  Duehetse  d'Orl^ans  ( 1821 ). 
FEUX  ( Marine ).  Voyei  Faral. 
FEUX  (TMdire).  Ce  leme^  qui  nea^emploiegnte  qn'au 
plurid,  d^iigne  la  rdribution  accord^  anx  artistes  draaaa- 
tiquea,  soil  ind^pendamment  de  lenra  appoinianeals,  aott 
pour  en  tenir  lieu,  quand  Os  n'ont  pas  d*engagnmert  amuid,  < 
on  qu*ils  ne  sent  chargte  qn'tcddenldlemoit  oad*an  on  de. 
plusieorarOlea  pour  nnnoaibn(dtorniii6deraprteiitaliona... 
L*origine  de  cetle  expresalon  derive  aana  doute  de  Tusage 
de  la  Inmiire  dont  les  artlsteaont  beaoin  dana  leur  lege  poor 
lliabUler,  on  dn  diaulbfe^  qui  est  ^om  tax  d'une  otaa* 


PBUTRlfiR  —  FfeVE 


ritt  absoine  pendant  la  |4us  granoepartie  derann^  etdoot 

OS  ^ient  obliges  primltivement  de  se  pourvdr  I  Isun 

frais.  Cette  r^ribuUon  a  probablement  ^t^  imaginte  poor  e&- 

dter  le  t^le  des  artistes  et  les  int^esser  aux  reoettei,  m 

proportlonnant  leur  traitement  i  leurs  travanx.  Lhisatt 

dans  les  granda  tb^Mres  surlout,  est  d'ailouer  des  feax  poor 

cheque  rOle  oa  cheque  rcpr^senlaUon.  Lea  feox  d  les  amca- 

a^  sont  un  pr^servaUf  contre  les  rlipmes  d  les  roigraiaei 

de  ces  messieurs  d  de  ces  dames.     Dupbt  (de  rYoone) 

FEUX  (A  I'cxtindlon  des ).  Voyez  Extiiictiom. 

FEUX  DE  DENTS.  FoyesDaifTiTioii  d  Bomm(Ilf<$. 
decine). 

FEUX  DU  B^NGAta  Voffex  Flahmbs  do  Bwoku. 

FEUX  PERPlgTUELli  Vopez  Napbt. 

FE  VE,  genre  de  plantes  de  la  famille  des  l^mfoeaics, 

tdhu  des  papilionac^es,  dans  lequd  la  plupart  des  botaoiitei 

ne  rangenl  qo*une  esp^ce,  la>^e  ammune  (/aba  vulpirit^ 

Moench.),  probablement  originaire  de  la  Perae  ddes^* 

virona  de  la  mer  Caspienne,  d  offrant  de  nombraoses  va- 

rl^t^.  Sa  tige,  creose,  rdeyde  de  quatre  anglea  saillanti,  s*^ 

l^ve  de  6  It  8  d^m^tres ;  sea  feuOles  sont  formte  d^uM  oa 

deux  pairea  de  grandes  folioles  un  pen  chamnea,  ovales, 

mocronto,  entiires  et  glabres;  dies  n'ont  qu'un  ludimeal 

de  vrille;  leurs  stipules  sont  demi-sagitt^es,  maiqutesn- 

dessus  d'une  tAche  brunel  Ses  grandes  fleursaonl  blancbes, 

marqo^  snr  cheque  aile  d*nne  grande  tache  noire.  SesK- 

gumea  sont  gros,  renll^,  k  paroia  aasei  ^paisses,  et  lis  rea-. 

ferment  dnq  ou  six  graioes,  dont  Je   volume,  la  forme, 

la  couleur   varient   notablemenl  dana,  lea  diverses  vi- 

ri^t^s  de  fespto.  Panni  ces  vari^t^,  on  culUre  priDdpal^ 

ment  dans  le  poUger  Itgrosse/tvede  mndsar,  defome 

orbicolaire;  la  Jhfe  de  nutrais  (/aba  mqjor),  de  forms 

allonge ;  la^^  Julienne  (/aba  nUnor),  bMve,  nuis 

molnsgrosse  que  la  prMdente;  \a/h>e  naine  hdtive  (/aba 

minima  ],  d*un  volume  encore  moindre  que  la  pr^o^dants, 

Irds-estim^,  d  qui  crott  avec  un  ^1  auecte  aooa  cblssisd 

en  pidne  terre ;  la  fbve  verte  (/aba  viridii )» origiaaiie  de  Is 

Chine,  dont  les  fiiilts  sont  toujours  verts»  mdme  danl  sees; 

\^/^e&  longue  coue(/aba  tongisiliqua  ),trte-|»)dndive, 

I'nne  des  plus  recherchte  d  des  mdlleurai ;  h/^violeUe 

(/aba  violacea ),  encore  rare,  d  qui  ne  d\((kn  de  la  five 

verte  que  par  la  couleur ;  h/bvepourpre  (/aba  purpurea)^ 

dont  les  fleurs  sont  dignes  de  figorer  dana  lea  jaidins  d'a- 

grtoient  Une  autre  vaiid^,  plus  sp^ialemc»ldectiBte41a 

nourrlture  dea  bestiaux,  est  la  /b>e  4e  chevalt/doaroie  oo 

gourganne  (/aba  equina),  dont  Ja  graine  <bsI  allonge  un 

peu  cylindrique,  d  dont  les  fleuraaonljioirea  on  d*un  blanc 

sale. 

La  fi6verole  comple  plusieurs  varid^  :  in  petite^  la 
moyenne  d  la  grosse^  dite  /iterate  angtaise,  qui  paise 
pour  la  plua  productive;  aa  tige  ed  en  efld  plus  .devte, 
maia  die  demande  un  meilleur  terrain. 

Modifite  par  la  culture,  la  Ave  a  aoquia  plna  de  moel- 
leox,  et  une  saveur  tui  generit  que  noua  essayeiJons  vii 
nement  de  d^crire ;  auad  d^ne-ft-on  vivement  diaqne  etuda 
la  voir  reparaltre  aur  nos  tablea.  C*edun  mets  fortagr^Me, 
soil  qn'on  les  mange  enti^resi  au  commeneement  de  leur 
apparition,  ou  dirabits  un  peu  .plus  laid.  C^esl  auasi  one 
dea  primeurs  que  lea  mMedns  permetlent  le  |ilus  laeil»- 
ment  aux  maladea.  Lea  l^ves  sont  tr^SHnntrili%cs,  trte-saines, 
d  d^uue  ftdle  digestion,  sous  queique  forme  que  jkms  les 
pr^parions;  c*ed  aussi  une  nonrriturede  gaide  poor  lea 
bestiaux.  Ces  plantes  possMent  enooie  deux  nvantagea  qd 
mAritent  de  fixer  Tattention  i  Ton  ed  de  ne  point  fatigiier 
la  terre,  mala  de  la  ddianrasaer,  an  contralra,  deamanvaiies 
herbea  par  leur  feuillage»  d  dela  divlaer  par  Jenra  radnea, 
la  diaposenl  ataid  k donaer  de  plna  abondaotea  rtedies; 
Pautreb  de  devenir,  aprte  avoir  dA  renversdea  par  la  cbarrue^ 
d  enfoulea  aoua  terre,  un  dea  owiHenra  enipais  vdgdaox. 
Elles  se  adnent  m  printempa,  d  mtaie  en  Mloame,  dans 
loniM  lot  piftiea  d#l«  Fnuifie;  aenlnMit  lea  asala  d*di« 


WIVE  — 

loame  dohenl  Mre  fatts  k  twime  eip<l8iUon,  ou  prot^^s 
ptr  dm  abrfo  natureb  oo  artlfiefels.      C.  Tollaro  atn^. 

Let  aadeiit  attMchaint  aui  ifevea  des  idte  superetitieoses 
el  fbit  ^tFanget.  Lea  figyptiens  ae  gardatent  d'en  manger,  et 
Pytbagore  parausait  avmr  pnfe^  ches  eox  Teap^  de 
Tdtttotion  qoHl  avait  poor  ce  i^me.  «  Ge  phllosophe,  dit 
Jaoeoarti  enae^aatt  qua  la  Afe  6tait  nte  en.mtaie  teinps 
qua  l*boroaia,  et  fomite  de  la  mAme  oomipUon ;  or,  comme 
il  troDTait  dana  la  ftyeje  ne  aato  queHe  reasemblanee 
avae  lea  eorpa  anhnte,  il  ae  doutalt  paa  qu'eile  n'eftt  aussi 
IBM  ftoM  sujelter  eomnM  lea  autrea,  aux  Tielaaitudes  de  la 
tcanamigratloii,  pat  eans^ent  que  queiquea-una  de  sea 
panota  na  fiNiiseai  da? anna  Avaa;  de  U  la  raspect  qa'il  aTait 
paur  oe  Mguma. »  !     # 

FEVE  00  FkVE  D0B£E  (BntmnologU),  Voyez  Chbt- 

PeVE  (Roi  dela),  cdnl  it  qui  est  teliue  ia  thfe  du  gft- 
laau  oo'oa  aiaiige  an  finnlDey  atee  sea  amis ,  la  ▼eille  oo  le 
jour  des  Roia  oo  da  I'tpiphanle;  Tieille  coutiime,  qui 
r^gnaeaoore  depala  lea  ebaumiirea  josqu'aux  palals.  II  r^^ 
aaita  de  VMcci^tUtttique  qoe  eet  usage  exiatait  d^jk  cliez  lea 
jHlb.  I^ea  Romalna  tlralant  au  aort  avee  dea  dds  le  roi  du 
faatln.  De  U  nous  Tient  ceitainemeDt  le  roi  de  la  f^ve. 
lla  taaaieiit  eet  naage  dea .  Grace ,  qui  s*eo  serraieDt  pour 
lea  aoflrages  du  people.  La  ^w^  blanclie  aigniflait  absolu^' 
turn ;  la  ooiie,  tfmdamiuUUm.  A  Ath^nea,  oa  erteit  lea  ma- 
giatrata  an  aort  de  la  Ave.  Ge  fltat  IVIglae  du  prteepte  de 
Pythagaie  :  k  fahU  abstine  (ne  tons  mttea  paa  des  af- 
ftirea  dn  goavemement),  maxioie  qoe  sea  dladplea  tradoi' 
airent  dana  la  auite  dea  temps  par  t  Ne  mange%  pas  de 
fbfes.  Laa  Romaiaa  appelaient  to  premier  jour  de  join  leg 
eaiendei  des  fives.  (JUbarim  eaiemis),  parce  qo'on  fliisait 
ea  Joor-li  on  aaerifiee  da  f^tea  k  la  dtaae  Carna . 

.A  lalln  dedMmbre,  duiant  lea  Stetumalea,  lea  earants 
tifileBl  an  aort  aiee  dea  fivea  h  qui  aerait  roi.  Lea  peoples 
cbfi^ticBs  otti  tranapoft^  oat  wage  au  eommenoement  de 
janfier,  Opaque  ok  Tfiglisa  efi^re  i'adoration  de  J^aua 
noQveaMApar  lea  troia  rola  magea.  Ce  Joor-lk ,  dans  cheque 
laaaOlay  anaert  to  gdieamdes  roil,  danalequel  ae  trooTe  one 
a^nle  iS^fe*.ll  est  partag*  en  antant  de  portlona  qnMI  y  a  de 
oenTitea,  at  eaini  qal^  tronva la  Ave  dans U  denneeat  pro* 
damd  roi»paiivra  ni  tyrannlad  k  UA  point  par  sea  sujets, 
qoPil  pa  peal  approcher  to  tene  de  ses  Unfes  sana  lea  en- 
tendre tona  criar  L$  ro*  boiit  An  molnsa-MI  pour  dMom- 
magunent  to  droit  de  ae  cboisir  tme  reine ,  covtome  remon* 
taBteneocip  ana  Remains,  comma  le  prootent  ees  paroles  qoe 
Ptouta metdana to  boocba d*nn de  ses personnages, conron- 
ttantdetauB  naajennafilto:  DohaneMH  Jlwrentemflo- 
renii;  iu  aic  aria  diqtairis  noslra.  HAaal  lea  rota  et  lea 
ninea  de  to  ftve  s'en  Tont  peie-mtfe  aveo  lea  maaquea  du 
BDartHgraa. 

FfiVfi  DB  SAfNlVIGIVAGE  oo  F&I^E  DBS  itSVh 
TCS«  CMIa  graina»  ainai  nomnito  paroequ*elle  fot  rapporUe  en 
Enrope  par  toa  jteiHaay  eat  le  prodnlt^a  sirpehnos  IffnatH 
de  llaqpiia>  doBi  Liini6  llto  a  fldt  nn  genre  dtotinct,  aooa 
to  Boaa  6*t9naiia^  eUe  a  lea  plos  grands  rapports  nee  la 
aftiz  Tamlqiie.  Laa  ftvaa  de  Saint*lgnaoe  sent  d*on  gris 
neMlrap  tarae;  tonr  fonneaat  aaaei  Irrdguli^,  angulaire; 
dtoa  aonldnraaet  pierreaaea,  ionguea  de  l&  ii  lO^miUimMrea. 
On  lea  rdeolte  not  PIdllppinas,  oil  eltoa  aont-  employte  en 
tbArapantiqoe.  En  Bnrope,  on  lea  connalt  snKout  k  cause 
de  toor  aatton  ailrteiement  teeigiqua :  prlaeali  haute  dose, 
eltoa  d^tenninent  to  moit,  non  par  unaaetion  T^ndneosa, 
mato  en  pradotoaat  to  tManoa^  el,  par  one  auite  nteeaaaire^ 
i'aap hpia.  £llea  doirent  aetta  actton  toxfque  k  to  presence 
da Ja  atryehnine^  qui  eiiste  aaaai  danslea  grainea de 
to  plppart  dea^lyycAiioCy  nato  aolto  part  aiisai  abondam- 
BMBt que  itona  toa  ftveada  Saint-iymee,  od ses  proporttons 


\iailk  it  poar  ice. 
FEVEHOLC.  Fafis  Fftva. 


FEVEBSHAM  (Lord).  Fofes  Duras. 

#'tV£  TOMKA  (Mt  dH  donmarouno  otforoii/  ((fip- 


PftVRIEft  806 

teryx  odoraia,  Wild. ),  irt»-grand  arbre,  de  to  famiUe  dea 
l^mineoses.  Get  arbre,  qui  crolt  k  to  Guyane,  s*^ve  jua- 
qa*k  plus  doTingt-cinq  metres.  Son  tronc  est  coovertd'une 
^roelisse,  btanchAtre.  Sesrameaox,  nombreux  au  sommet, 
soot  trfes-feoillus.  Les  feoUIes  sont  fort  Ionguea  ,  compos^es 
dedeux  00  trois  paires  defolioles  pre(quesessiles,eati^rea 
et  acuBiinte.  Les  fleurs  sOnt  trU-bdles,  d^un  pourpre 
violet,  dispose  en  grappas  axillaires  et  terroinales.  11  y 
succMe  one  guuiise  oblungae,  cotonneuse,  et  ne  renrermant 
qu'une  seole  graine,  qui  a  presqae  la  forme  amygdalolde  : 
c^est  to  cdl^bre  (feve  tonka,  dent  Todeur  suave  est  fort  es- 
tjmte  des  personnes  qui  out  pour  habitude  de  gAter  le  tabac 
k  priaer  p^  tons  ces  parfums  strangers. 

Le  eoutnarouna  croft  princlpalement  dans  le  pays  des 
Galibis  et  des  Garipons.  Cos  sauvages  font  grand  cas  du 
parfum  de  la  f^ve  tonka;  ils  en  composent  des  colliers 
odorants,  des  bracelets.  Pelouzb  utre, 

F£VR1CR.  C*est  to  nom  qu*on  donne  en  France  au 
second  mois  de  Tann^.  Les  Remains  le  nommaient  /e- 
bruarius  (de/e^ma,  sacriflces  expiatoires ),  parce  quMl 
dUit  princlpalement  consacr^  k  dea  expiations  et  k  des  pori- 
flcations  religieusesy  dont  les  plus  reroarquables  ^ient  lea 
Lupercales  ou  courses  des  loperques,  que  rappellent  en- 
core notre  car  naval  et  tea  r6raliesouf(&tesfi6ralea.  Quand 
Jules  Gter  rdforma  le  calendrlcr,  il  oonsenra  au  moia  de  f<6- 
vrier  les  vingt-liult  Jours  qu'il  avait  primitivement ;  et  comme 
ilcroyaitl'ann^e  compost  de  troia  cent  aoixante-dnqjoura 
et  six  henres ,  11  ordonna  qne  de  quatre  ana  en  quatre  ans  on 
intercalerait  un  joor  compost  de  quatre  fois  six  benres.  Ce 
jour  ftitappdd  (Hssexlilf  parce  qu*ondevait  i'inster  entre 
le  23  et  le  24  fivrler,  sixi^e  joar  des  calendes  de  mars. 
La  correction  de  Jules  Cter  porto  sur  ce  mois  parce  qu'il 
^tait  to  plus  court  de  tons,  comme  11  avait  dt6  le  dernier 
de  Pannte,  ainsi  qn*il  Pa  M  longtempa  pour  nos  aieux ;  mala 
d6^  chea  lea  Remains  U  ^toit  devenu  to  second  mois  lors 
de  to  rtforme  de  Numa. 

F^VRIER  1831  (Joumto  du  la  et  du  14 ).  An  com- 
mencement de  1881,  les  l^itimistes,  qui  commenfaient  k 
relever  to  tftto ,  voolurent  faire  acte  de  parti  on  aolennisant 
I'anniversaue  de  to  mort  du  due  de  Berry.  Lu  Gazette  et 
to  QwUidUnne  annoncirent  qo*on  aafvice  fiin^re  aerait 
cd^br^  k  Satot-Rocb.  Le  mmistre  do  rint^eor  en  terivit  an 
pr^et  de  police;  en  m^e  tempo  to  mmistre  des  cultes  flt 
savdir  k  l^arcbev^ne  de  Paiia  qne  to  eMmonto  projet^ 
poorrait  devenir  une^oocasion  de  troubles;  en  cons^ence, 
le  cur^  de  Saint-Rooli  crut  devoir  s'absteoir.  La  o^rteionto 
fut  renvoyte  k  Saint-Germain-PAuxerroto.  Un  certain  nom* 
bre  de  togltimistes  (brent  fid^esau  reodez*vous ;  des  6qulpa« 
ges  stotionnaient  devant  l*^ise;  des  drapeaux  blancs  ^toient 
arborte  aux  quatre  coins  du  catotolqne.  On  quMa  au  profit 
des  soldats  de  to  garde  royato  bicaste  dans  les  trois  journte 
dejufllet  1830.  A  to  fin  de  la  c^remonte,  un  Jenne  liomma 
attacba  an  catafalque  une  lithograpUto  repr^seotant  to  <lttc  de 
Bordeaux;  on  suspendit  an-denus  una  oouronne  d*immo^ 
telles;  des  mllitaires  y  aitach^rent  tours  ddoorattons,  et  la 
femme  d'nn  bandagisto  de  to  me  do  Coq  a*teria  :  «  C*esl 
id  qu'il  faut  vaincre  oa  mourlrl  •  Cette  manirestotion  dtoii 
en  elle-m^ne  trop  ridicuto  pour  ofrrir  un  danger  rdel;  mato 
die  altestait  routreculdanca  du  parti.  Tone  oaa  liommes, 
qui  s'etaient  cadids  dans  tours  caves  pendant  lea  troia  jour> 
nto ,  retrouVaient  to  parole  et  usalent  largement  de  la  U* 
bert^  reconquiae  par  tes  vainqueurs  de  Jidllet.  L'annonoa 
de  ce  complot  de  sacristto  avait  attir6  la  foule  sur  la  place 
Saint-Germain*rAuxerrois;  le  prtfet  de  police  avait  mAine 
assistd  k  la  sc^ne  principale  dans  un  coin  de  i'^ise.  La 
people  assemble  sur  to  place  voulut  aussi  jouer  son  rOle  dana 
to  pite;  il  n'y  avait  \k  nl  troupe  ni  garde  nationale  :  on  eii- 
vablt  r^Iise,  on  p^n^tra  dans  la  sacristto,  on  a'empara  dea 
liabits  sacerdotoux.  C*^toit  le  Inndi  gras :  on  peut  imaginer 
quelles  satumales  aniena  eette  coincidence*  U  presbytdra  fut 
envaiU  k  son  lour;  nuds  le  penpto  a*arr6tat  saisi  de  rasped 
sur  to  leuU  d*un  appartament  sitn6  au  mime  ^tage  que  celu| 


106 


FfiVRtEft 


du  car6  :  cVtait  rappartement  da  TabM  Paratey,  qui  au 
niois  de  Juillet  avail  b^ai  le  ciineli^re  du  Louvre  cl  pri^ 
pour  ceu\  qui  eUiiinit  inortit  en  combat lant.  En  ni^me  temps 
la  croii  qui  Kuriaoutait  IVglise  est  abattue  |iar  ordre  du 
maire  du  ({ualridine  arrondidsemeiit,  M.  Cadel-GaMicourt , 
lequel  n*arr6ta  lea  d^gikU  qu'en  Taisant  fermer  i*^lise  et 
peiiulre  sur  ie  fronton  cetle  inscription  :  Mairie  du  911a- 
iiH^nie  arrondissrmeni, 

-  O'tle  dt^nonstratiun  Idgitimisle  montra  aux  carlistea  la 
Tanit^  do  Icurs  es|)6rances,  ct  au  derg6  les  piirila  dont  le 
menacait  son  alliance  obslinde  avcc  la  dynastie  d(^cbue. 
Blais  si  lei  ddsordresde  cette  premiere  journ^e  sont  d^j&on 
iujct  assez  grave  d'^tonnement,  que  dire  de  ceux  qui  a'ac- 
coniplirent  la  joumde  cuivante ,  cans  repression  aucune  de 
la  part  de  Pautoril^?  Des  mdices  assez  clairs  avalent  appen- 
dant annonc^  lea  troubles  du  lendcmain.  Dans  la  nuit  du  13 
au  14,  une  bande  de  (leilurbateurs  avail  tent^de  faire  ir- 
ruption dans  la  niaison  de  M.  Dupin,  celui  de  tous  les 
oraleurs  qui  exer^it  le  plus  d^induence  sur  la  chambre  et 
qui  d^^rendait  avec  le  plus  de  vigueur  tous  les  instincts  con- 
aenalcurs  de  la  bourgeoisie.  11  ^lait  done  naturel  de  s*at- 
lendre  k  la  suite  des  agitations.  Des  le  matin  en  elTet  des 
rasnemhlcnieuts  parurcnt  sur  la  place  du  Palais-Royal;  mais 
\k  touies  les  mesures  ^talent  bien  prises,  etia  police  aval t 
fait  soigneuscment  garder  les  avenues  de  lademeure  du  roi. 
Pen  h  (teu  ccs  groiipes  se  dispcrs6rent  et  se  dirigferent  du 
c6ldde  rarcbev^cb<^.  Bientdt  la  grille  qui  entourait  le  jardin 
fut  assaillie  par  une  masse  dMiommet  vigoureux,  qui  T^bran- 
l^rent  par  de  violentes  sccousses  et  {larvinrent  k  la  faire 
plicr  sous  leurs  efforts  redoublt^s.  AussitAt  Tinvasion  com- 
mence; on  p^n^tre  dans  lea  appnrtements;  les  portes  sont 
brisiVA,  les  mcubles  mis  en  pieces,  les  tableaux,  les  ome- 
mentsde  toutfae^p^'esd^liir6senlamlNsaux;livres  pr^eux, 
nianuscrits  rares,  misseU,  chasubles,  soutanes,  voleiit  dans 
le<  airs,  tondient  dans  le  jardin,  sont  brOlds  dans  la  cour  ou 
]et(is  dans  la  riviere  Apr^s  la  dtWastation  du  mobilier,  com- 
niinice  la  dt^inolilion  des  muraille< ;  des  pans  de  mur  s^^- 
croulent,  le  palai*  se  transfornie  en  d^^conibres  sous  milie 
mains  acliarntNi'^  k  dcUndre ,  tandis  que  quelques  compagnies 
de  gardes  nationales  |)«issaient  en  jetiuit  sur  cet  strange 
spectacle  des  regaids  impuissanls.  Des  trou|)Csde  mastfues 
se  m6lax*nt  k  la  liande  des  d^molisseurs ,  et  des  exclama- 
tions burlesques  se  perdaicnt  parnii  les  cris  furieux  de  T^- 
incute.  Rien  ne  saurail  ivndre  les  prodigieux  contrastes  que 
pn^sentait  Tasifect  de  Paris  dans  cette  joumcu ,  la  colere  du 
pcuple  s'iexhalant  au  milieu  de^  Iax7.i  les  plus  bouffons  du 
camaval.  Cependant  on  abatlait  les  croix  des  porlails  des 
^glises ,  on  effa^ait  pailout  les  fleurs  de  lis ,  devenues  des 
embl^mes  de  la  s(^iUon  carliste.  Elles  avalent  M  con- 
serv<{es  jusqu*aIors  sur  le  sceau  de  PEtat :  de  ce  jour  elles 
furent  supprim<^ ;  un  nouveau  modele  fut  d^finitlvement 
adopts.  Elles  disparurent  sur  les  ptmneaux  des  voitures 
royales.  Ce  fut  \k  le  produit  net  de  Tdmeute. 

A  la  diambre  des  d(^put^,  lorsque  des  explications  fu- 
rent demandi^  sur  ces^v^nements,  le  minislre  de  Tint^- 
itour,  le  prdfet  de  la  Seine ,  M.  0.  Barrot,  et  le  pr^fet  de 
police,  M.Baude,  ^liang^rent  des  recriminations  rteipro- 
ques ;  cliacun  de  ces  hauts  fonctionnaires  ne  trou?a  pour 
Justifier  son  inaction  que  des  r^ponses  embarrass^es,  am- 
blgu^  f  ou  des  divagations.  M.  de  M  0  n  tali  vet  se  d^fendit 
en  imputant  tout  le  mal  k  la  negligence  du  pr^fet  de  la 
Seine,  qui  k  son  tour  se  plaignit  de  n*avoir  ete  ni  consults 
si  pr^venuy  etd*a?oir  ete  compietcment  mis  k  recart  par  le 
ininistre  de  Tinterieur;  les  joumaax  seuls  Ini  avalent  ap- 
pris  les  instructions  adress^es  aux  malres  pendant  remeute. 
M.  de  Montalivet  ayant  rdpllque  qne  la  susceptibility  seralt 
pins  naturelle  de  baut  en  bas  qne  de  bas  en  liaut,  M.  Odilon 
Barrot  termlna  le  conQit  par  Tolfre  de  sa  demission. 
M.  Raude  avait  dte  remplaoe  dte  le  IS.  Un  mois  apr^s  le 
mioistdre  lal-mtoe  snccnmbait.  Artaco. 

FJ^VRIER  1848  ( Revolution  de).  Depuis  I*avenemenl 
^mlnist^rc  du  29  octobre  1840,  leroi  Louis- Philippe  avait 


pu  se  croire  asitt  fort  poilr  (aire  triompher  partoot  td 
idees  personnelles.  11  avait  obtenu  les  fortifieatioftsdt 
Paris,  les  lois  de  eompressioa  etuent  rigoareosemeBt  ei4- 
cutees,  la  loi  de  r  e  ge  nee  avait  «t^  vol^e,  00  esp^ait  ameocr 
Topinion  k  la  necessity  d*une  dota  tlon  pour  le  ducde  Ne- 
mours ;  le  devoueroent  des  ehambres  s'^tait  manifesIA  snr- 
tout  dans  les  questions  etrang^res  :  Tabandon  de  la  souve- 
rainete  des  lies  de  laSodete,  Tindemnite  Pritcbard,  avaicat 
ete  acceptees ;  on  avait  bien  reclame  centre  le  droit  de 
visite,  mais  la    combinaisoo   onereuse  Imagloee  ponr 
sortir  de  U  difficulte,  avait  ete  adoptee;  en6n,  le  roi  avait  pu 
nomnier  unde  ses  (ils  gouvemeur  general  de  PAlgerie,  dwit 
il  devait  ebre  un  jour  vice-roi,  on  autre  avait  epooee  la  mbbt 
de  la  reine  d*Espagne ,  au  risque  de  roropre  Ventente  or- 
diale  avec  TAngleterre.  SAr  du  corps  electoral,  le  gooveme- 
ment  croyait  ne  devoir  aucune  attention  k  I'opinloD  du  rests 
du  pays.  Cependant  la  desalfection  de  la  garde  natioaale 
etait  connue,  car  le  roi  n*osait  la  passer  en  revue,  et,  an 
mepris  de  la  loi ,  le  ministere  cliercliait  partoot  k  a'en  d^r- 
rasser.  En  voyant  Tautorite  royale  prendre  une  si  grande 
extension,  les  dl  verses  oppositions  se  coalis^rent,  et  se  ran- 
gerent  sous  le  drapeau  de  la  reforme  eiectoraJe  et  parte- 
mentaire. 

Chaque  fois  que  ce  cri  avait  ete  porte  dans  le  paricment,  U 
s'etait  perdu  sans  echo ;  et  soit  qu*on  demandAt  radjonction 
des  capac^es  k  la  liste  electorate,  soit  qn'on demand^ Tex- 
tension  das  incoropatibilites  entre  le  mandat  de  depute  et 
certaines  cliarges  pobliques ,  toujours  la  majority  avait  re- 
pousse les  pro^tions  par  un  refos  dedaigneux.  Lea  elections 
generales  de  1846  fbrent  encore  fkvorables  an  systeme  goe- 
verneroental;  mais  alors  des  banquets  s^organiserent, 
et  Tagitation  ibt  portee  au  sein  meroe  du  pays.  Pendant  qoe 
la  cherte  du  pain,  augmentee  encore  par  la  maladie  des 
pommes  de  terre,  amenait  un  ralentlssement  dans  lea  affaires, 
des  proces  fameux  jetaient  Tinquietude  dans  les  esprits.  Oe 
n'etaient  plus  alors  les  adversaires  du  gouvemeroent  qui  ve- 
naient  s*asseoir  sur  la  sellette  de  la  justice ,  c*etaient  d^andeM 
ministres  convaincus  d'avoir  tralique  d'une  ooneeasion  de 
mines;  c'etait  un  pair  de  France,  genlilliomroe  de  la  do- 
cliesse  d'Orieans,  qui,  k  la  suite d*une  vie  scandaleuse, 
donnalt  la  mort  k  sa  femme;  c^etalt  nn  frfere  de  la  doctrine 
cliretienne  qui  avait  assassine  une  jeune  lllle  et  trouvait  des 
temoins  qui  mentaient  dans  lacrainte  de  noire  k  la  religion. 
Et  au  milieu  de  tous  ces  falls  la  majorite  se  dedarait  iotis- 
faiie,  et  nn  ministre  s'ecrtait  devant  ses  commettants :  Vous 
senUZ'Vous  eorrompuiP  Btouiliee  avec  PAngleterre,  la 
France  chercha  ses  alliances  dans  les  oours  abaoluea,  et  nn 
ioiir  la  ooor  desTnileries  se  trouva  d^accordavee  rAutricha 
contre  le  mouvement  national  qui  s^operait  en  Suisse;  el 
cela  ail  moment  mtoie  oil  I'ltalie  semblalt  renaltre  k  la 
liberie. 

Cette  politique  k  rdioors  des  sentimeins  natlonanx  avaft 
son  contre-ooup  en  France.  £n  rotane  temps  qu*on  taiuit 
des  concesaions  an  parti  prfttre  dans  la  loi  sur  I'enseignemeBt, 
on  cherchatt  k  reorganiser  une  oeitaine  aristocratie.  Lenia- 
rechal  Bugeand  etait  cree  due ,  alnsi  que  le  baron  Pasquier. 
Le  marecliui  Soolt  devenait  roarecbal  general.  On  demandait  k 
retablissement  des  ministres  d*Etat  ainsi  qneU  reorganlsilioa 
do  chapitre  de  Saint- Denis.  Mais  le  vieux  roi  n^avait  jamais 
pu  donner  d^one  main  sans  retirerde  Pautre;  alnsi,  apris 
avoir  fait  declarer  qu*il  y  avait  abus  dans  certains  maade- 
ments,  il  laissait  Interdbne  la  cbalre  deM.  Quinelet  soapendait 
le  coursde  M.  Michelet,  adversairesdedares  desjeiniles;aprte 
avoir  repousse  verteoient  Parcheveque  de  Paris,  qui  Id  de- 
mandait la  celebration  do  dimandie ,  il  exigeait  de  la  Suisse 
le  retablissement  des  convents;  aprte  avoir  fkit  eondamoer 
des  pretres  pour  leurs  attaques  contre  les  membrea  de  fn* 
niversite ,  il  laissait  les  jesuites  relever  Herement  la  teie. 
Poiirtant  de  toutes  parts  on  s*etalt  mis  k  ecodier  la  r^volatioa 
fran^atse,  et  fieranger  annon^t  le  deioge  des  rola  sees  Is 
Hot  |)opulaire. 
Vers  le  milieu  de  Pannee  1847,  M.  Guir4  dedinHlli 


F^VRIER 

Phncft,  da  bint  da  U  trllMme ,  (|ii11  Auidraft  longtemps  at- 
iHidre  encore  oette  r^onatd  <lec(orale  ei  dimie  et  que  lai- 
uAnie  ugn^re  ao  bawfuet  de  Lisieox  aTait  annone^.  Ce 
langase  amena  ane  petite  adsakm,  dans  ia  majority.  M.  D  u- 
chAtely  miBistredellot^rieur,  allaot  pins  loin,  ddclara  que 
le  paja  aait  indifMrent  h  cea  idta  de  r^forme.  L'oppo- 
ailioa  ae  roidit;  un  banquet  fut  organist  au  Cbiteau-Rouge 
poor  le  9  jaillet,  et  dans  cet  ^tablittement  public  de  la 
banlieoe  de  Paris,  die  prodama  sa  devise  et  d^eloppa  ses 
moyens  d*actioD.  Sa  define,  c*^tait  la  rtforme  Electorate,  ses 
moyeu,  la  ftnion  de  toutes  les  nuances  de  Topposition  et 
l^^itatioo  propagfe  an  moyen  des  banquets.  Cette  manUes- 
lalion,  dans  laqucUe  on  Tit  M.  DuYergierde  Hauranne  s'asseoir 
^  eOC4  deMM.  Recurt  et  Pagneive,  r^unit  plus  de  1,200  Eiec- 
tearsde  Paris  et  un  grand  norobrede  d^putte.  Elle  troo?a  de 
ffeho  et  des  imitateors  sur  beaucoop  de  points  de  la  France. 

An  banquet  de  MAcon,  qui  eut  Uai  le  18  du  rndme  mois , 
M.  de  Lamartine ,  Tanden  bardede  la  MgitimitE,  paisE  dans 
Is  camp  r^olutioiinaire,  s'^riait  :  «  La  France  sent  tout 
k  coop  le  besoln  d'Etudier  Tesprit  de  la  revolution,  de  se  re- 
trsncber  dans  aes  prindpes  Epor6i ,  s^r^  des  eiote  qui 
lei  altArtenl,  da  sang  qui  la  souilla,  et  de  puiaer  dans 
ion  passE  les  le^ns  de  son  pnSsent  et  de  son  avenir.  »  Puis, 
glofifiant  cette  r^Tolotion,  11  adressait  k  la  djrnastie  d'Orl^ns 
on  svisfoodroyaBt,  dans  lequd  il  disait  que  d  la  royaut^de 
1830,  au  lieo  dese  regarder  comme  un  rdgulateur  du  m^ca- 
nisnie  do  goDvernement,  marquant  et  modtent  les  mouve- 
nenli  de  la  voloDt^gEnErale,  sans  Jamais  les  eontralndre  ni  les 
llNiMer,  sans  jamab  les  dt^rer  ni  les  corrompre,  cberchait  k 
se  perpdtner  en  a*lsolant  sor  son  d^ation  consUtutlonndle, 
en  8*entoorantd'une  aristocrdie  dectorale,  en  se  liguant  avec 
Isi  lisctlons  sourdes  du  saoerdoce ,  en  se  campant  dans  une 
capitale  Ibrtilite,  en  dtermant  la  garde  nationde ,  en  ca- 
reMsnt  Tesprit  niilitaire,  en  achetant  sous  lenomd'lnflnences 
use  dictature  dangereuse;  alors  au  lieu  de  subsister  un 
nonbre  d*anntes  ddennin^  par  ses  services  et  sufllsant  k 
SOB  ceovre  de  preparation  et  de  transaction ,  la  royautE  re- 
prtentatlve  loaiberdt  non  dans  son  sang,  comme  cdte  de 
1789,  mats  dans  son  pi^ge,  «  d  apr^  avoir  eu  les  r^vo- 
IdioBs  de  la  lilierl^  et  les  conlre-revolulions  de  la  gloire , 
sjooldt  le  brillant  orateur,  vousaurezia  revolution  de  la 
eoBsdeneepubliqued  la  rivolution  du  mipris.  » 

En  gfotel  les  membres  de  toutes  les  oppositions  se  con- 
loadaient  dans  les  banquets,  et  la  gauche  dynastique  y  trin- 
qoaitl  la  rdorme  avec  l*eYtr6nie  gauche.  Les  Odilon  Ba  r  ro  t , 
les  Dovergier  de  Hauranne,  sans  abandonno'  leurs  prin- 
ctpes,  se  trouvaient  d*aooofd  avec  les  Larayette ,  les  Gamier^ 
Psgte  d  les  Ledro-Rdlin.  Dans  qnelques  lianquets,  cepen- 
dant,  rondssion  calcuiee  du  toast  ate  nA  donna  anx  mani- 
liBtstioos  rdormistes  une  signidcation  nouvdie  que  ne  put 
8ctepter  ropposition  dynadiqae.  Malgre  cette  scission,  prte 
<ie  idxantfl^x  banquets  eurent  lieu  dans  Tintervdle  des 
(tSQi  sessions,  et  nnlle  part  I'ordre  public  ne  fut  trouble. 
Cepeodant  le  gouvemement  ftnit  par  sMnquieter  s^rieusement 
de  ce  bruit  d«  verres  qui  annon^t  une  explosion  des  e^ 
prits.  Et  k  Foovertnre  des  diambres ,  le  28  decerobre  1 847, 
le  roi  disait  dans  son  discours  :  •  Messieurs ,  plus  j'avance 
dins  la  vie,  plus  Je  consacre  avec  d^vooeroent  au  service 
de  la  Fkance,  an  soin  de  ses  interftts,  de  sa  dignite ,  de  son 
bonhenr,  tool  ce  que  Dieu  m'a  domd  d  roe  eonserve  encore 
d^ctfvite  d  de  force.  Au  milieu  de  VagiiaiUm  que  foment 
ttnt  des  passions  ennemies  ou  aveugies ,  one  convidion 
iB*adnie  d  ne  sootient :  c*est  que  nous  possedons  dans  la 
Bwitirehie  eonditotionndle,  dans  I'union  des  grands  pon- 
vdri  de  rttd,  les  rooyens  assures  de  surmonter  tons  ces 
sbstsdes  d  de  satisbire  k  tons  les  interets  nioraux  d  inat^ 
rich  de  ndre  cbtee  patrie.  » 

Css  paroles  devaient  sonlever  dindignation  la  gandie 
dynsstlque.  Le  ministtee,  disdt-dle,  n*avdt  pas  craint  de 
OMitre  dans  la  bouclie  du  chef  de  l*lttat  une  accusation  et 
Me  iisttlla  poor  une  partle  considerable  de  la  chanibre. 
O^it  dt^pufts  peut-^tre  avaient  asstdd  aux  baBTiidn  rdbr. 


S9t 

mistes;  un  grand  nombre  avalent  pHs  la  parole  dans  ces 
manifestations,  d  on  les  qualifidt  d'ennemii  ou  de  com* 
pliees  aveuglesi  N*etdl-ce  pas  trop  transformer  le  rd  en 
chef  de  parti?  La  nu^orite  au  contraire  louait  la  fermeie  du 
gouvememeat  Ne  pas  parler  des  banquets  ntformistes,  di- 
sait-on  de  ce  cOie,  aprto  les  scandales  d  les  provocations 
de  Cous  genres  qui  avaient  lieu  depots  quatre  mois,  e*efit 
M  lAcbeU.  La  cbarte  et  le  tr6ne  avdent  ete  insoltes  dans 
ces  reunions.  An  banquet  de  Castres,  le  socialisroe  avait 
fratemdlement  communie  avec  ropposition,  representee 
par  M.  Leon  de  Maleville.  On  avdt  sur  plusienrs  points 
lance  des  anathteoes  centre  les  riches,  centre  la  bourgeoisie. 
A  Montpellier,  M.  Gamier-Pagte  avdt  qualifie  les  seines 
de  la  Terreur  de  necessites  doukiureuses  qui  devaient  sauver 
le  pays.  Puisse  la  France,  avdt*on  ajout^,  rddre  sous  le 
drapeau  de  la  reforme  ce  qu'dle  a  manque  en  1830. 

Dans  les  debats  de  Padresse  k  la  chambre  des  pairs, 
M.  d*Alton-Shee,  qui  d'abord  avdt  souleve  les  clameurs  de 
la  chambre  haute  en  osant  fairs  Tdoge  de  la  Convention  a 
la  tribune,  attaqua  les  actes  du  ministers,  en  s^associant  k 
Tagitation  qui  comment  k  grandir  dans  le  pays.  M.  Ben- 
gnot  parla  k  son  tour  des  alarmes  qu*entretenait  une  agita- 
tion factiee,  d  desavoua  les  tentatives  reformides.  Organo 
du  gouvemement,  M .  Duchitel  dedara  que  le  cabind  ne 
voyait  pas  la  necesdte  d*une  reforme  parlementdre;  ra-> 
dresse ,  votee  k  une  eminente  majorite,  reproduisit  les  mots 
de  passions  ennemies,  d  y  lyouta  ceux  de  souvenirs  di* 
lesto^tef, -appliques  aux  apologies  fdtes  de  la  premiere 
revolution  dans  un  certain  nombre  de  banquets. 

A  la  cliambre  des  deputes,.  M.  Janvier  demanda  coropte 
k  roppodilon  moderee  de  son  alliance  avec  Topposition 
radicale.  La  discussion  degdnera  en  personnalites.  La  com- 
m'ssion  do  Padresse  avait  reproduit  dans  son  projd  les 
paroles  du  discours  du  trOoe  :  passions  ennemies  et  en- 
tratnements  aveugies.  M.  Duveigier  de  Hauranne  defen- 
dit  les  banquets,  dont  11  avait  ete  le  promoteur.  M.  Maire 
pretendit  que  Ton  calomnidt  le  parti  radical;  d  un  depute 
inconnu,  M.  Roubaud,  resuma  aind  les  manifestations  raises 
en  cause  :  «  M.  Duvergier  de  Hauranne  organise  la  pensee 
des  banquets,  M.  Thiers  n'y  assiste  pas,  M.  Ledru  Rollin  les 
envahit,  d  M.  O.  Barrot  y  est  cdomnie.  » 

Au  milieu  de  ces  debats  la  querdle  s^envenimdt  On  avait 
d*un  cdte  nie  la  legality  de  Tagitation  reformide ,  de  Fautre 
M.  Duvergier  de  Hauranne  dedarait  qu'U  ne  s'arrderait 
pas  devant  un  ukase  du  minist^.  L'honorable  depute  se 
dedarait  meme  pret  k  s^assoder  lul«meme  k  ceux  qui,  par 
un  ade  dclatant  de  resistance  legale,  vondraient  epronver 
s'il  sufBt  d*un  simple  arrete  de  police  poor  confisquer  les  droits 
desdtoyens.  M.  Ducbfttd  ayant  dit  dans  le  cours  de  cdte  dis- 
cussion : «  Si  Ton  erdt  quele  gouvemement,  acoomplissant  un 
devoir,  cedera  devantles  manifestations  quellesqu*dlessoient, 
on  se  trompe.  Non ,  11  ne  cedera  pas ; «  M.  O.  Barrot  repondit : 
«  PoUgnac  d  Peyronnd  n*ont  Jamds  fUt  pis  qne  voosS  » 
M.  DudiAtd  ofTrit  de  soumdtre  la  question  de&  banquets 
aux  tribunaux;  Justement  un  oomite  du  dousiime  arron- 
dissement  de  Paris  organisalt  un  banqud  dont  M.  Boissel , 
depute,  devait  accepter  la  preddenoe.  M.  DnehAtel  prit  le 
parti  de  nnterdire ,  invoquant  une  Id  de  1790  qui  acoor- 
dait  aux  munidpalites  le  droit  d'aotoriser  les  reunionjt. 
L'opposition  nia  la  vaiidite  de  cette  Id.  La  discussion  tralua 
en  longueur  pendant  qudques  jours  k  la  tribune,  d  {'op- 
position, par  la  bouche  de  M.  O.  Barrot,  prit  rengagement 
solennd  de  mdntenir  le  droit  de  reunion,  roalgre  rbiter- 
diction  du  ministere.  M.  de  Lamartine  vint  k  son  tour  pre- 
fer Pappui  de  sa  parole  1^  la  discussion ;  mais,  vdns  dforts, 
le  paragraplie  de  Fadresse  paraphrasant  mot  pour  mot  le 
discours  de  la  couronne  fut  adoptd,  aprte  une  epreuve 
doiiteuse,  k  la  majorite  de  trente  vdx.  Le  midstere  etalt 
sauve;  mais  la  question  allalt  sortir  de  la  ebarobre. 

Les  deputes  de  ropposition  eurent  d'abord  la  veUdte  de 
donner  leur  demission  pour  aller  r^pandre  Tagltation  dans  les 
d^nartAroentsiaorteuneloiuniediscussioB  ceproidfulabai* 


898 

itonn^.  On  prit  aiora  Vengageineiit  d*aller  an  banquet  do 
douzi^me  arrondiMement  Le  gte^ral  Thiard  ofTiit  aoii  jar" 
din  dans  la  rue  du  CbeminfVert,  k  Cliailkit,  prte  dea  Champ** 
filyste.  Le  jour  fut  fM  att  21  C^vrier.  Vn  couAU  dtretteur, 
oomposft  d'^lecteurs,  de  d^pnl^a  ctde  jcNimaliatBs  ■^offganisa* 
Dea  notes  Aiipnt  publito  dans  les  jonnaux.  Le"Ten«- 
deat-Tous,  le  depart,  Tordre  de  la  raarche  pne  fois  airM^, 
line  conTocatiott  fot  adreaate  aox  jeonea  gens  das  ^coles. 
Les  gardes  natlonaux  furent  invito  k  ae  joindre  sans  atmea 
et  par  pelotons,  sous  les  ordres  de  levra  olfieiera,  k  lamap 
nifestation,  poor y  maintenir  Tordreet la  prol^geraia besoin. 
Le  miniature  aTait  pris  d^abord  une  altitude  de  neutrality. 
U-disait  ne  touloir  recourir  iaucnne  Tiolenee,  ii  aucune 
mesure  priTentive,  k  aocun  d^ploiement  de  force  arm^e 
pour  arrdter  le  banquet.  II  se  i^senrait  seuiement  le  droit 
de  faire  constater  ce  qu^ii  regardait  comma  un  d^lit,  par  ua 
commlssaire  de  police*  uniquement  pour  donner  aux  tribu- 
naui  une  oocauon  de  vider  la  question  de  l^lit^.  L^op- 
positioD)  tout  en  pr^tendant  que  la  question  ^tait  da  resaorl 
du  parlement,  avait  accepts  cette  sorte  de  compronds! 
Mais  la  Teille  m£me  du  banquet,  le  ministire^  pr^tevtant 
de  la  convocation  qui  tvait  M  faite  des  ttudianta  «t  dea 
gardes  natlonaux,  retira  Tengagement  tadte  qu*]!  avait  pria 
envers  i'oppositlon,  et  refusa  aox  con? ivea  le  dnoit  de  ae 
F6unir.  Cette  nouvelle  determination  fut  oonnue  k  la  eham* 
bre  dans  la  joum^u  21.  M.  Bacrot  sepr^ite  k  la  tribune, 
etbiterpelle  leniilnist^re.  M.  DuchMel  dtelarequ*ii  a  A  main- 
tenir la  tranqoillitd  publtque,  que  la  lei  est  Tiolte  par  la 
convocation  de  la  garde  nationale,  et  quetoute  tentative  de 
rtenion  ou  de  manifestation  sera  dissipide  par  la  force  arnvfe. 

L*opposition,  frappte  de  stupeur,  se  retire  en  d6sordre 
ohei  M.  O.  Barrot  pour  d^lib^rer.  M.  Ben7er  emit  reeuM 
de?ant  le  danger  d*un  appel  aox  passions.  M.  TItiect  pro- 
posa  de  s*abstenir  devant  I'intimtdation;  M.  Barrot  hteite, 
tergiverse,  adopte  enftn  i'opinion  de  M.  Thiera  et  eatrahie 
avec  lui  la  majority  des  membres  presents.  Dix-buit  d^t^ 
parmi  lesquela  on  comptoMM.  Dupont  (de  I'Eure),  Biarie, 
L'Herbette,  MauratrBallange,  Ferdinand  de  Lasteyrie,  Ma- 
thieu  (de  Sa6ne-et> Loire),  Tlilard,  Duveigier  de  Hauranne, 
Lamartine,  eto.»  insistent  pour  que  Toppoaition  accompUsse 
son  acta  l^gal  de  r^iatance  en  ne  lalssant  pas  le  penple  ae 
presenter  seul  au  banquet  du  douzl^me  arrondissement. 
Troia  pairs  de  France,  MM.  de  fioissy,  d'Alton-Sbto  et 
d'Harcourt  son!  du  m^e  avi^.  Tous  se  r^unlssent  cliea 
M.  de  Lamartlne ;  et  pendant  qu'ils  d^iib^rent  le  pr^fet  de 
police  fait  afficber  k  toua  lea  coins  de  rue  rinteidiotioB  dn 
banquet  et  la  loi  contre  lea  attroupementa.  Cea  alBcbea  Ibnl 
nattre  pr^cis^ment  les  raasemblements.  Une  soiirde  inqni^ 
tude  s'empare  de  la  population.  La  proclamation  du  prdfct 
de  police  et  celle  du  commandant  des  gardea  nationalea  de 
U  Seine  sont  commentte  et  arraebteen  plusieursendroita» 
Le  soir  on  se  r^unit  autour  des  vendeurs  de  joumaux,  ei 
le  mot  de  rfelstanoe  vole  de  boucbe  en  bouclie.  A  mesure 
que  la  crise  approcbe,  M.  de  LanoartUie  devieni  plus  tn6- 
branlable  dans  sa  r^utioa.  «  La  plafie  de  la  Coacoide 
dOt-elle  ^tn  dterte,  disait-il  encore  k  minuit,  et  toua  lea 
d^tis  dttssentrila  se  retirar  de  leur  devoir)  i'irai  seul  an 
banquet  avee  mon  ombre  denize  mol.  »  Une  demiheure 
apr^,  on  Tint  lui  apprendre  que  les  commissaires  avaient 
fait  disparattce  lea  pr^paratifs  du  banquet,  et  qa*en  se  pr^ 
sentant  an  Ueo  de  rtenlon  on  ne  trouverait  qu*uue  porte 
eloaa. 

Le  gottvemement  avait  coqfiance  dans  Tissue  de  la  lutte 
qui  se  pr^parait.  Soixante  mille  liommesde  troupes  ^Uient 
concentre  dans  Paris  et  aui  environs.  Lajoumfe  du  21  Tut 
agitte.  De  nombreuses  patrouillessilionnent  Paris.  Des  muni> 
tions  de  guerre  sont  distribu<&ea  k  Ja  troupe«  Le  22,  des 
■passes  de  curieux  se  dirigent  vera  la  placode  la  Concorde, 
oil  des  rassemblemenU  existent  ddjiu  Le  matin  les  joumaux 
de  Toppositioa  mod^rte  contenaient  une  d<k^fation  de 
M.  O.  Barrot  et  deqMelquesautres  ^lembres  de  la  gauche  dy* 
pistlqaepar  laqaelle,daiislacrainte  del'efAision  du  sang,  11$ 


tfiVRIER 


annon^ient  qtalla  tiM(|ateidevdra^ahiteiiir  de  panttiiil 
bAnquet,  Uuasant  an  ponvoir  la  KapoBaabillt6deaea  mews 
et  engageaient  tous  les  bons  dtoyensi  aumelear  exenqite. 
La  deputation  dea  ^coles,  rtonie  dte  le  malin  aar  la  plaea 
dn  Panthten,  ae  forme  en  colonne  et  s'^bmile  aax. cfaaats 
de  la  Mar8tillai$e  et  du  dimwr  des  Girondin$;  gronie  ei 
route  par  une  masse  d'oovriers,  elle  se  dirige  vera  la  de* 
meure  de  M.  0.  Barrot,  ruede  la  Ferme-dea-llatburina,  puis 
revient  tenter  le  ai^  du  roinistto  des  aCEiirea  itrangferei, 
qui  est  vigoureuaement  ddfeodupar  dea  gardes  munieipaBx. 
La  foule  ae  retire  aJors  vers  la  Chambre  dea  Depute ;  mais 
le  pont  de  la  Concorde  tat  barr^  par  nn  petotoa  de  gwdes 
municipaux.  Une  lourde  charretteest  iaaete  desoui  et  ewne 
un  paaaage;  auaait6t  le  punt  eat  envahi ,  et  lea  lanHns  de  la 
prudence  aont  eacaladte.  Maia,  k  la  t6te  d*an  eacndnada 
dragons  et  d*un  escadron  de  ^ude  rauniclpale,  te  gteM 
Tiburce  S^bealiani,  itommandant  la  l'^  divisioa  militaire, 
d^ge  le  palaia  l^gislatff ,  et  lea  maaaes  soni  refottl^jus' 
que  sov  la  place  de  la  Guncurde  et  dana  lea  Champa-ilystei. 
Poor  d^barraaaer  la  place,  un  escadron  extoute  une  charge 
qui  ooote  la  vie  ^  un  bunnme  et  k  use  femme.  Pendant  ca 
temps  la  chambre  dea  d^pul^a  duwutait  un  proiel  de  loi  sor 
la  banque  de  Bordeaux,  et  la  chambre  4ea  pairs  refosait 
d*entendre  dea  urterpellatiotts.  Vera  la  fin  de  Ja  stance  da 
Palais-BourboB,  Mh  O.  Barrot  desalt,  an  nom  des  d^- 
tte  de  Topposltioa,  une  demande  de  mise  en  accusatioa  da 
miniature,  conmie  ooupaUe  :  1*^  d'avoir  trahi  au  debois 
Thonneur  etlea  intMtodela  France;  2''  d*avQir  fanss^  ks 
princlpes  de  la  oonatitutfon,  vfol^  lea  garantiea  de  la  liberie 
et  attent^  aux  droila  dea  citoyena;  S<>  d*avoir>  par  «|e  cor- 
ruption systematique ,  tent6  de  aubatiluer  k  la  libre  expraiF 
sion  de  Topinloii  pubiique  les  calculsde  rmt^rtt  priv6  et  de 
pervertir  ainsi  le  gouvememient  reprtfsentatif ;  4*  d'avoir 
trafiqu^  dans  un  int^t  ministerial,  des  fonctiona  pobliquei, 
ahisi  que  de  tous  lea  attribots  et  privildgea  4u  pouvoir; 
k*  d'avoir,  dans  le  m6me  int^r^t,  ruM  les  finances  de  Vt 
tat,  et  compromis  ainsi  les  forces  et  la  grandeur  nationalcs; 
g«  d'avoir  violemment  d^pouiU^  dea  cAoyena  d'oa  droit 
inhdrent  k  toote  oonstitutfon  libre,  etdont  I'exerdoa  Jear 
avaitdte  garanti  par  la  charte,  par  les  lois  et  par  les  pr6o^ 
denta;  7*  d'avoir  enfin,  par  une  politique  contre-r^vola- 
tionnaire,  remis  en  question  toutes  lea  oonqii6tes  de  bos 
deux  revolutions,  et  iete  dans  fo  pays  use  pertorbation  pro- 
fonde. 

.  M«  GubEOt  ayant  lu  oet  acto  aur  le  bureau  du  prdBidert 
redeaoendit  froidement  k  s^n  banc,  Tair  oalme  el  dedaigneox. 
Vera  la  mAme  beure ,  aux  Tuileries,  Lonis*-PhiUppe  laisait 
des  jeux  de  mots  sur  les  banquets,  ejt  un  ddputd  disaitca 
plaisantant :  «  L'^meutoest  dana  Tair.  a  A  qoatre  beoras, 
la  troupe  est  harceiee^  les  banicadea  aont  oommenoto  d 
abandonnte;  les  grilles  do  ministk^  de  la  nutfine  sont  en- 
leveei  presque  sous  lea  yeux  de  la  tr^Mipe;  les  grilles  da 
TAssomptfon  foumissent  de  nouvelles  armes ;  rinsurrecliaa 
se  replie  vera  le  centre  de  la  viile ;  les  boutiques  d'armurien 
sont  enfoncte.  Le  soir,  le  diant  dea  Girondins  est  antooae 
dana  la  galerie  d^Ori^ana  ao  Palais-Royal  $  leadiaisea  et  las 
baraquea  des  Cliamps-^lystes  sont  lacendides.  A  sept  beu- 
rea  du  soir ,  le  rappel  est  battii  dans  te  deuxitae  arrondis- 
sement; pen  de  gardes  natlonaux  so  readenti  Ja  aiairis. 
Dans  la  soiree,  des  barricades  s*ei^vent  dana  .le  qpiarlier  da 
Temple.  On  fond  dea  ballea,  ma  lait  des  cartoudiea.  Les  ln>a< 
pes  ont  pris  leurs  positions;  elles  bivouaqueni  dana  la  boae, 
sous  la  pluie ,  devant  leura  feux  k  moitid  dtdnts.  Les  bal* 
les,  la  place  du  Carrousd,  U  place  de  la  Concorde,  les 
quale ,  les  boulevards  sont  remplis  de  soldats  vcnua  pout 
la  plu|»art  dea  foris,  et  d^k  latiguda.  A  minuit,  le  eahne  sein- 
ble  r^tabli  partopt.  Le  23,  d^s  dnq  lieuras  du  matio,  uM 
grande  agitation  rigne  dansle  faubouq^  du  Temple;  leMa- 
rais  se  couvre  de  barricades.  Le  haut  de  hi  me  Saiat-Oeail 
et  celui  de  la  rue  Saint-Martin  ae  fortiOent,  afaisl  qoe  la  nia 
deCiery,laruedu.Cadfan,  la  rue  du  PetiiCarrean  et  1| 
me  Ifeuve-Saiot-Kiialache. 


F^VaiER 


SM 


•Peodaat  q^ie  la  rMitaiice  t'orpoisail^  on  dormiit  tcan- 
.^Ue  am  Tiuteriei.  Leote^  9MM«tiiai  avaU  paroovu  Iw 
boalerarU  U  cravacbe  A  U  main;  U  oa oroyait  d*ftlioniqu*i 
one  tehauUbur^de  fiiubogiv^fliaislas  fapporte  quil  rccevait 
de  tons  c6i6%  lui  firaot  eoAn  oomprendre  la  fravit^  de  la  ai- 
toatioa.  De  bonne  heure,  le  merondi ,  il  deinande  k  parler 
ao  roi»  et  luieipose  timidement  rimminenoe  dn  p^dl ;  Louia- 
VhiUppe  se  prit  k  rire,  et  le  traita  de  visionnaire.  Lea  rap- 
porti  du  pr^fel  de  polioe,  pleina  de  firanchiflo  el  de  loyaoM, 
noMHit  paa  mieux  re^ua  k  la  coor;  M«  Du|to  Inl-nAmeeat 
k  peine  ^oouU ;  quant  au  g^n^al  Jacqaeminol » il  itait  ma- 
lade.  Lea  soldats  soot  baraaads.par  dea  marcbea  et  dea  eon- 
tre-marclies  inutiles;  dea  r^meuta  entieraannt  ouMite  dana 
,1a  distriballoD  das  vivrea.  De  npuveaux  r^menta  arrivent 
a  marche  Ibrete  et  au^bentent  renoombrement  aana  ajouter 
aui  moyena  d'action.  Le  matin » le  mar]6chal  Bugeaud  par- 
court,  an  milieQd*un  nombreox  ^taUiqajor,  una  partiede 
li  lignedea  bouleiarta;  il  re^ient  aux  ToUenas,  et  d^mande 
la  oooTocalion  de  la  garde  nf  Uonaie,  qni  juaqoe  1^  avail  MA 
k  pen  prte  oabli^  Depuia  la  rentrte  dea  ceadrea  de  Tempe- 
rrar^  oil  una  portion  de  lagarda  nationale  avait  triA  d  ffos 
k  miniiUreJ  on  n*avait  paa  os6  convoquer  la  mllice  ci- 
toyenne ;  on  ae  m^ait  m^me  de  la  petite  bonrgeoiaie  armda. 
Eofin,  to  23  9  la  garde  natjonato  eat  couToqute ;  on  eapte 
queles  bommea  liostileaau  myiiattea'abatiendront  de  pren- 
dre lea  aimea ;  maia  lea  jourqanx  avaient  engage  lea  gnrdea 
natiooaox  k  paraltre  k  tour  rang  et  k  aaoyer  la  monarcbto 
en  demandant  la  rtfonne. 

A  roidi,  toutaa  lea  togiona  ae  aont  rasiambtoea  dana  tours 
mairieg;  rattitucto  de  la  garde  nationato  diffto  anivant  lea 
qoarliers.  IMYOute  iqI^  elto  estboatile  ailtouia;  en^gte^ 
cfleesl  froide  et  mdcontenta.  Sur  laplaea  dea  Petita-P^rea^ 
la  5*  l^'on  eat  r^nnto ;  une  Conto  immenae  Tentoare  aax  cria 
de  Vive  la  r^/orme  lAba9  GuisotI  Un  escadron  de  cuiraa<^ 
aieri  s'^branle  pour  charge  la  Toul^i  auaail6t  lea  chaaaeura 
de  la  3*  togion  se  forroeni  en  carr^,  et  croisent  la  balonnette 
devantles  cuirBssiers,  qui  ae  retirent  laiasant  aux  gardea  na- 
tionaax ,  d*aprte  leur  prome^ae,  Ic  8oin  de  faire  ^Tacuer  U 
place.  Au  coin  de  la  rue  Lepelletier,  to  m^roe  sctoe  ae  re* 
BOQTelle :  lea  gardes  nationauxde  to  2*  l^on  arr6tont  un 
escadron  de  chasseurs  qui  youlaient  aller  prendre  poaition 
pr^de  rOp^ra.  Dans  le  quartier  de  la  JBanque,  les  gardes 
naUooaux  saluent  to  troupe  de  ligne  du  cri  de  Vive  la  r^ 
forme!  La  troope  r^pond  :  Vive  la  garde  nationale!  et 
laisae  paster.  Partoot  lea  patrouillea  de  la  garde  nationato 
Mot  aocompagpdea  d'bonmiea  sana  armeschantant  la  Mar* 
t^'aite  et  to  cl)ceur  dea  Girondins,  Pourtant  on  se  pr^ 
P«rait  i  prendre  roffenaivecontre  nnsurrecUon.  Depnto  midi, 
Qae  Tive  fusillade  se  fait  entendre  dans  le  clottre  Saint- 
M^.  Le  penptoy  mal  arro^,  ae  defend  avec  Inlr^pldiU^.  Le 
combat  dura  to  jusqu'^  qoatre  beures.  Dana  to  mating  ^  lea 
barricadea  da  to  rue  du  Petit-Carreau  et  de  la  rue  du  Caire 
aTaient^t^  enlevte  par  la  troope.  - 

Cepeodant  des  estafettes  arrivenl  k  T^tot-major  etaux  Tul- 
kricsy  et  font  connattre  an  roi  la  conduite  de  to  garde  natio- 
Mie,  qui  se  porte  comroe  m^dtotrice  entra  to  population  et 
Itrojaut^.  Au  mtaoe  moment,  une  dentation  de  la  s*  legion 
▼enait  remettre  au  g^n^ral  Jacqueminot  one  petition  deman- 
daat  le  renvoi  du  mlnist^re.  La  duchesse  d*Orldans  accourait 
aossi  auprte  du  roi,le  suppliant  de  sauver  1  li^ritoge  de  son 
Ab.  Une  seule  planclie  de  aalut  sWrait  encore  ^  la  royant^  : 
il  failait  se  jeter  dans  le  mouvement,  an  risque  d'etre  em- 
port^  par  lui ;  peut-^tre  un  retour  lui  ent-ll  ramen^  to  fa- 
veor  populaire  et  rendu  une  partie  de  aa  puiasanoe.  Mais 
Louts-Ptillippe  croyait  encored  lacliarte  de  1830,  et  il  tenait 
aux  Gcllons  qu*elto  avail  cr^te.  11  <iUit  peidu«  Le  eonseil 
des  mioistrea  eat  oonvoqu^ ,  et  devant  Tattitude  de  to  popu- 
btioQ  il  doane  sa  demission ;  mais  le  roi  penae  encore  pon- 
voir  marchander  lea  rtforincs  et  oontintier  son  gouveme- 
nent  personnel  D*on  autre  c6l^,  les  d^ulda  aMtaient  ran- 
dm  de  bonne  lieure  k  la  cliambre.  Le  Palals-Boorbon  eat  oo- 
^  par  dea  (bro^  Imposanlaa.  Ua  d^pulds  eux-rotoes 


passent  avee  la  plus  grande  diffieult^.  C'est  k  peiiiie  si  to 
mtiaiUe  parlementaire  peat  lenr  servir  de  sauf-conduit. 
M.  Vavimoiivrato  adancepardes  interpellatiotts  ao  mlnist^ 
aur  Pabsenoe  de  tofpaide  nationale.  M.  Guizot  monte  k  to 
tribune^  et  declare  qua  la  i«i ,  uaant  de  sa  prdro^itive,  vient 
de  feire  appetor  M.  Motopanr  le  charger  de  former  no  nou- 
veao  cabinet.  A  cette  rdvdtotion  inattendue,  dea  bravos  par- 
lent  di^to  gancbe;  lea  centrea  aont  foudroy^ ,  et  le  mot  de 
Utohet6  est  jetd  k  la  face  du  gouvemement  par  ses  souUens 
ordinaires.  La  stence  est  lev^  aussit At;  on  se  pr^dpite  sur 
les  quaU,  sur  lea  ptoces,  dana  les  mes,  poor  onnoncer  to 
grande  nouvelle.  Des  gardea  nationaux  et  des  aides  de  camp 
monlent  k  cheval  et  parooorent  les  boulevards ;  de  tous  c6- 
1^  les  bravoa  telalenl.  Poor  lout  le  monde  11  est  Evident 
que  le  renvoi  du  rointot^  va  mettre  fin  k  Pinsurrection. 
On  fratemiaey  on  a*embrasae  snr  les  boutovards;  si  Ton  se 
bat  encore  dana  lea  mea  do  vfoux  Paris ,  Tarriv^e  des  oflB- 
ciers  d'ordonnanee  fait  tomber  lea  fusila  des  mains ,  et  le 
feu  oeasade  toutaa  parts.  BieotAI  Pordreesl  donn^  aux  trou- 
pes de  rentrer  dana  leora  casernes  ou  de  quitter  Paris.  Exl^- 
nutede  fatigue,  tos  troupes  ne  pourrontplus  revenir.  Le 
g^Bdral  Frtont  annonce  k  la  garde  nationale  que  pas  un  coup 
de  fusil  ne  aera  tlr^dn  cdt^  de  la  troupe;  le  peupto  conduit 
to  garde  nationale  aux  corps  de  garde  o6  les  prisonniers  de 
to  joumte  sunt  ddtenus ;  lea  portes  s'ouvrent,  et  lea  captift 
aont  rendua  k  to  liberty  Le  aoir,  one  illomination  g^iu^nile 
dctoire  lea  quartiers  od  Ton  s*est  battu  dans  le  jour,  et  des 
bandea  ae  rtpandent  dans  les  qnarttors  habits  par  la  for- 
tune en  demandant  dea  tompiona  pour  cdl^rer  la  victoire 
du  peupto;  mato  larichesse  hMte,  etia  voix  du  people  se 
perd  sans  Mio  dana  lea  mea  ddsertea  du  haul  commerce. 
Pendant  ce  tempa-to,  le  roi  et  M.  Mold,  qui  venait 
d'etre  appeld  anx  Tuileriea,  discutaient  entre  eux  les  condi- 
liona  de  to  formation  d*un  nouvean  cabinet  En  sacrifianl 
M.  Guiiot,  Louia-Phillppe  s'dtoitsans  doote  flaltdde  revenir 
aussit6t  il  sa  propre  politique.  M.  Mold  avail  po  Juger  par 
ses  yeui  de  Topinion  unanime  de  to  population  en  fa- 
vour de  la  rtforme  dlectorala  et  parlementaire;  il  voulait 
poser  les  bases  d^una  adminktratlon  encore  timide  et  in- 
aufGsante,  mala  du  molns  ddgagde  dea  liens  de  la  po- 
litique personneUe ;  le  roi  sa  rdcria  sur  lea  conditions  qui 
lui  dtaient  faites  s  il  avail  tout  concdd^ ,  disail-il ,  m^me  la 
dignitd  de  to  oouronne;  queluidemandait-on  encore?  Vou- 
lait-on  faire  causa  commune  avec  lesennemis  de  l*^tot  et 
pr^piter  to  monarcbto  vers  sa  mine?  L^agitatlon  produite 
par  tosbanqueta  dtait,  malgr6  la  levde  de  boucliers  popu- 
laire, one  agitation  Notice,  eausde  par  des  ambitions  en 
qu^  d^un  portetouilto;  encore  quelques  Jours,  et  cette 
agitotion  serait  calmde.  A  travers  les  managements  et  les 
r6ticencea  impoadea  par  ritiquettedeacours,  M.  MoldtA- 
chait  de  faire  comprendre  k  Loots- Pliilippe  toute  la  gravitd 
des  circumstances  et  to  ndcessitd  de  c^der.  Le  roi  remuait 
to  t£te  conune  un  bomme  dont  respritsnpdrieur  ne  se  laissc 
paa  domlner  par  lea  exag<$rations  de  la  crainto ,  et  M.  Moid 
dut  se  retlrer  aprte  avoir  re^u  Pinvitation  d*un  second  ren- 
dez-vous,  mato  sans  emporter  Peapoir  d'auc^ioe  concession .  Un 
instant  auparavant ,  le  due  de  Nemoura  disatt  au  colonel  de 
la  2*  l^ion  :  «  Le  gouvemement  du  roi  ne  fltebira  pas  de- 
vant Pdmeute.  • 

La  poputotion  cdlilbrait  ndanmoins  sa  victoire.  Des  pa- 
trouillesse  fontaux  flambeaux,  accompagntordechants  popu- 
laires.  La  musique  des  quelques  rdgiments  qbi  sont  encore  au 
bivouac  se  toil  entendre;  seulement ,  dans  le  cceur  de  Paris, 
quelques  liomroea  du  people  ont  refuse  de  rendre  leurs  bar- 
ricades. Versdix  heures  une  cotonne  de  quatre  ou  cinq  cents 
indi vidua,  dont  qnarante  au  plua  ont  des  fusils,  parcourt 
les  boulevards.  Arrivds  k  Plidtel  dea  affUres  dtrangeres,  alors 
.  sur  le  boutovard  des  Capucines ,  ils  trouvent  ce  boulevard 
barrd  par  nn  balaillott  de  troupe  de  Kgnaa  el  une  compagnie 
do  grenadiers  de  to  garde  nationale.  Dea  gardea  municipaux 
sont  cam|i^  dans  Ic  jardin  du  ministire ,  en  aur^vation 
du  boulevard.  Le  masaa  de  ourienx  dtail  ^orme  sur  ^ 


400 


FfiVRlER 


point :  hommetet  famnias  9*7  promenaieot  conune  en  un 
ioiir  de  fftte.  La  colonne  approche  dans  le  carr^;  nn  petit 
nombre  de  gardea  nationaux  se  root  h  la  t^,  et  la  conduit 
k  la  place  Venddme  par  la  rue  de  la  Paix.  Lk  on  force  le 
ministre  de  la  jndtice  I  Uluminer  Bapropred^faite.  On  revlent 
h  rii6tel  des  Capndnes  pour  renoaveler  la  mtoie  plaiflanterie. 
L*h6tel  ^tt  ^lair^  comme  pour  une  rteeption;  le  mintstre 
renvoy^  n'^it  done  pas  parti.  La  foule  s^accumulait  sur  le 
boulevard.  Un  homnie  portant  un  drapeau  demanded  par- 
lementer  avec  le  commandant  de  la  force  mtlitaire.  Alors  un 
coup  de  feu  part,  on  ne  salt  d'od,  et  blease  le  clieval  du 
commandant.  An  bruit  de  Texplosion ,  les  gardes  municl- 
paux  qui  sont  dans  le  jardin  de  rh6tel  abaissent  leurs  fusils, 
et  font  une  d^harge.  La  troupe  r^pond ,  et  quatre  ou  cinq 
feux  de  peloton  abattent  une  soixantaine  de  personnes ,  la 
plupart  inolfensiTCs.  La  foule,  effrayte,  indignde,  exasp^rfe, 
se  pr^cipite  dans  toutes  les  directions.  On  se  bouscule ,  on 
marclie  sur  des  cadavres  et  sur  le  corps  des  bless^ ;  quel- 
ques  personnes  se  pr^dpltent  par-defsus  les  rampes  dans  la 
rue  Basse -du-Reroiiart,  od  Ton  se  heurte  et  se  renverse. 

Aucune  sommation  n^avalt  ^t6  faite  k  cette  foule  qui  sta- 
tionnait  paisiblement  depuis  plusleurs  beurcs  devant  le  front 
de  la  troupe ;  pas  un  roulement  de  tambour ,  pas  un  aver- 
tissementn*avaient  prdcM6  cette  ^pouvantable  fusillade  a  boot 
portant.  Bient6t  le  cri :  «  Nous  soromes  trahis,  on  nous 
assassine,  aux  armes!  aux  armest  »se  fait  entendre  detous 
c6t<^  dans  Paris.  Des  lioromes  effar^s,  la  t£te  nue,  ^cliapp^ 
a  la  fusillade,  vont  partout  semer  les  details  de  ce  drame.  Les 
chants  de  triomphe  se  cbangent  en  cris  de  vengeance  et 
d^appel  aux  arnics.  La  ville  enti^re  reprend  son  aspect  morne 
et  sinistre.  Les  illuminations  s'l^teignent;  des  groupes  se  fer- 
ment menagants  sur  toutes  les  places,  Hans  toutes  les  rues.  Des 
barricades  s*6liTent  comme  par  encliaiitement.  Partout  les 
maisonssont  fouilldes  pour  en  enlever  les  armes ;  le  tocsin 
Sonne  dans  tontea  les  dglises ,  dont  rinsorrection  s'est  em- 
parte.  Pendant  ce  temps  la  colonne  qui  avait  ^t^  arrfttte  k 
riidtel  des  Capndnes  revient  avec  des  tombereaux  sur  le 
Iteu  du  carnage  pour  enlever  les  morts.  Elle  j  jette  une  dou- 
laine  de  cadavres,  et  se  dirige  vers  Tes  bureaux  du  NcUional , 
k  la  lueur  de  torches.  De  la  rue  Lepelletier  le  tombereau,  sur 
lequel  se  dressent  quatre  hommes  du  peuple  aux  bras  nns, 
repart  tratn^  ct  ^lair^  de  la  m£me  maniire,  et  va  faire  une 
f  tation  dans  la  rue  Jean<Jacques  Rousseau ,  devant  la  mai- 
son  du  journal  La  Rtfbrme^  suivi  d*une  foule  exaspereo. 
Enfin,  le  lugubre  convoi  s'enfonce  dans  les  quartiers  sombros, 
pour  ne  s*arr6ter  qii'a  la  place  de  la  Bastille.  En  quelqius 
heures  toutes  les  rues  sont  barricades.  Les  arbres  des  bou- 
levards tombent  sous  la  hache.  Des  voitures  sont  ameti^ 
et  renverstes  aux  coins  des  rues.  Lescolonnesdes  boulevarts 
foumissent  des  projectiles.  L*entrtedu  faubourg  Montmartre 
devient  une  cidatelle.  An  point  du  Jour  les  barri^res  se  fer- 
ment, et  se  barricadent.  Les  malsons  de  I'octroi  sont  sacca- 
gtes.  Les  fils  conducteurs  des  til^aphes  sont  coup^.  Paris 
se  trouve  compl^tement  Isol^.  Les  troupes  sorties  sont  d'ail- 
leurs  trop  fattgutes  pour  pouvoir  revenir.  Pendant  toute  la 
nuit,  on  s*6talt  battu  dans  la  rue  Rambuteau  et  dans  la  rue 
Transnonain ;  le  matin  des  dragons  sont  reponsste  devant 
une  barricade  de  la  me  Cuvier. 

L*attitude  prise  par  le  peuple  avait  jet^  I'elTroi  dans  les 
Tuileries.  Alors  que  le  roi  supposalt  le  danger  ^vanoui,  la 
tristesse  s'^tait  empar^e  de  lui  :  «  Pour  la  premiere  fois  j*ai 
c&Ah  devant  T^roeute,  disait-il  au  due  de  Nemours ;  c*est 
une  abdication  morale.  »  Vers  dix  heures ,  des  d<(put<is 
conservateursavaient  demand^  k  voirle  roi.  «  lis  anraient 
trop  de  reprodies  k  me  faire  sur  ma  faiblesse,  r^pondit-il, 
]«!  neles  verraipas.  »  En  apprenant  TalTalrede  rii6tcl  des  Ca- 
pocincs,  Louis-Philippe  sorlit  de  son  abattcment.  «  H  faut 
en  finir,  s^toie-tpil ,  et  prendre  toutes  les  inesures  nteessai- 
res  poor  sauver  la  monarchic!  »  Mt'content  de  la  faiblesse 
du  g<^n^ral  S<ibastian!  et  de  la  langueurdu  g^niral  Jacquemi- 
not, lecommandementdes  troupes  est  conllA  au  mai^cbal 
^igeandp  aioii  que  le  coounandemeiit  de  la  garde  n*f<*>»«h 


Cette  double  nomination,  signte  par  le  roi,  eat  eontraipife 
par  MM.  DucbAtd  et  Tr^zd.  Le  marshal  Bogomdest  Mil 
k  combattre  toergiquement  insurrection.  LegMralBa- 
dean  doit  prendre  le  commandement  de  la  cohNun  di 
gauche  qui  paroourra  le  boulevard ,  le  gfe^ral  Sdnrtiut 
doit  se  mettre  k  la  t^  de  la  colonne  de  droite ,  qui  loegn 
lesquais,  pendant  que  le  marfchal  dirigera  lui-mlnie  Is 
trolsitoie  corps  k  travers  le  centre  de  Paris.  Lea  barricsdei 
doivent  £tre  enlevtes  k  la  baionnette.  Le  g^n^ral  SAastiaai 
observe  que  les  troupes  sont  trop  btigudes  poor  combtttn 
de  suite ;  le  roartehal  Bugeaud  consents  lear  donoerunpeB 
de  repos,  ct  I'attaque  gfo^ale  dolt  commenoer  k  dnq  benrci 
du  matin.  Pendant  ce  temps-li ,  le  roi  avait  ftit  appder 
deux  fois  M.  Mol4;  la  seconde  fols ,  M.  Md^  fit  rtpcmdn 
quMl  rteignait  ses  ponvoirs.  Alors  Lonis-Phitippe  envojt 
chercher  M.  Thiers ;  celui-d  arrive  aux  Tuileries  k  deox 
heures  du  matin.  U  accepta  la  nomination  du  marfehil  Ba- 
geaud ,  mais  k  la  condition  qu'on  retarderait  Tattaque  da 
barricades.  M.  Thiers  prdsenle  ensuite  au  roi  aa  liste  roiaiit^ 
rieile :  le  roi  fait  mille  difficult^  sur  les  noma ;  fl  vent  biffier 
Tun,  en  ijouter  un  autre;  il  demande  snrtout  que  le  porta- 
feuille  de  la  guerre  soit  donn^  an  mar^cbal  Bogesud. 
M.  Thiers  tientferme,  et  Louis^PhilippecMe,  toot  en  se  phi- 
gnant  des  exigences  du  nou  veau  ministre.  Le  gdn^ral  Lam  0- 
rici^re  sera  commandant  en  chef  de  la  garde  natiottile. 
EnfIn  le  mlnist^re  est  compost  de  MM.  Thiers,  O.  Barrol, 
Lamoridire,  R^musat,  Duvergier  de  Hauranne^  Loois- 
Philippe  veut  envoyer  les  noms  des  nonveaux  mtnistrei 
au  Moniieur ;  mais  M.  Thiers  s'y  oppose ,  disant  qull  as 
pent  engager  d^une  manf^  definitive  la  volont^d'hommei 
qui  n'ont  pointencore  ^  consults.  Au  lieu  de  les  aller  cher- 
dier ,  de  r^unir  tout  de  suite  son  administration ,  M.  Tbim 
se  retire  k  quatre  heures  du  matin,  et  le  roi  alia  se  ooodier. 
Le  matin ,  loin  d^annoncer  un  changement  de  minist^, 
le  Moniteur  <^talait  la  nomination  du  marddial  Bugeaud. 

Quand  leroi  se  r^veOla ,  les  Tuileries  6taient  d^  oem^ 
d  il  pot  entendre  les  premieres  detonations  de  la  fusillade. 
M.  Guiaotavatt passe  la  nuit  auxTuilcries :  en  vonlant  trsver • 
ser  la  rue  de  Rivoli ,  des  coups  de  feu  le  forc^rent  k  rebrousser 
chemin.  A  sept  heures  du  matin.  M  Thiers  revintau  di&tcaa  a 
la  teted*un  groupe  de  deputes  deroppodtion,MM.Dovergier 
de  Hauranne,  Cr6mieux,  Lasteyrie,  de  Beaumont  d  La- 
moriciere.  La  nouvelle  de  la  nomination  du  roaddnl 
Bugeaud  au  commandement  de  la  force  arm^e  a  prodoitaB 
«fTet  si  detestable,  que  la  premiere  demande  deM.  Thiers  (d 
la  revocation  du  marechal.  Le  roi  revoque.  L'ordreestdoao^ 
de  faire  cesser  lefeu  partout,  mais  en  gardantles  positioBs. 
A  cette  heure  supreme,  Louis-Philippe  discotait  encore 
les  conditions  du  programme  posees  par  M.  Thiers;  eofia, 
en  cedent  sur  tout,  il  dit  au  president  du  consdl :  «  Maio- 
tenant,  je  puis  etre  tranquil  le,  je  suis  convert  parvous 
d  par  M.  Barrot.  «  Puis  it  commande  son  dejeAner.  £n 
sortant  de  chez  le  roi,  M.  Thiers  d  M.  Barrot  monteat  a 
cheval;  ilsdonnent  aux  troupes  Tordre  dene  pas  tirer,  d 
s'echappent  dans  les  roes.  La  proclamation  qui  annonce  leur 
arrivee  aux  aflaires  est  lacdrde  :  «  C'est  done  uoe  abdica- 
tion? »  dit  M.  Barrot;  «  c'est  peut-etro  plus  que  cela ,  •  n^ 
pond  M.  Thiers.  La  coor  du  ohAteau  ed  gardee  par  trois 
mille  hommes  de  troupes  de  ligne  et  par  six  pieces  de  caBun. 
Vers  neuf  heures ,  des  coups  de  fhsil  partent  de  la  raaistM 
qui  faisait  le  coin  de  la  rue  de  T^dieDe  d  de  la  ma  de 
Rivoli.  L'avant-garde  del'insurredionassiege  deji  la  goidd 
de  r£chel1e.  Ta  dncliesse  d'Orieans  se  rdire  dies  le  rof. 
en  ordonnanl  d^liabiller  aes  enfants  d  de  lesconduirecbo 
la  rdne. 

Neanmoins,  k  dix  heures  d  demie,  on  se  rassefliblepoor 
dejeOner  comme  dliabitude  dans  la  galerie  de  Diane.  A  ce 
moment,  M.  de  Remusat  paralt  k  la  porte  de  la  aalle  I  nag- 
ger sans  etre  annonce,  et  demande  k  parler  an  due  deMoot- 
pensier.  Le  roi  Tinvite  k  prendre  place  k  Ubie,  M.  deR^ 
musat  refuse;  le  due  de  Montpensier  se  leve;  M.  deil^* 
musat  lui  parte  a  roix  basse  t  bientAt  tout  b  wm^^ 


FEVRIER 


4C)f 


AthaaL  Le  rol  apprend  que  led  soldate  rendent  lears  armes  | 
iur  les  boolerards.  Ausdtdt  Tordre  du  depart  est  donn^ ; 
mais  M.  de  ChabanneBf  dans  la  crainte  d'achever  la  demo- 
ralisation des  troopeSy  refuse  d'amener  les  voitures.  La 
reioe  applaodit  k  eette  isolation.  Qudqoes  offiders  propo- 
seat  de  ooaper  par  des  barricades  les  mes  qui  aToisinent 
le  pahis  et  de  s^  dtfendre  k  outrance.  Maria-iLm^Ue  engage 
)e  roi  kmonter  k  cberal;  le  roi  adopte  eette id^,  et  passe 
la  revae  des  troupes  rfonies  an  Carroosel.  La  troupe  Tao- 
cotiDe  am  cria  de  :  Vive  le  rcil  Mais  deux  batafllons  de 
garde  nationale  orient  Vive  la  rS/ormel  Et  en  entendant 
ce  cri  Lonis-PliiUppe  reotre  an  chftteaa.  Au  m6me  instant 
M.  Thiers  rerenait  demander  la  pr^sidence  do  consell  poor 
M.  O.  Barrot  Cdni-d  n'afait  pas  €b&  plus  beareux  que 
M.  Thiers.  Kntonr^deUM.  Horace  Vemet,  Oscar  Lafayette 
et  de  qnelqaea  d^pnt^  de  Fopposition,  fl  avalt  todIo  par- 
courir  les  booleviurds.  Panrenu  de  barricade  en  barricade 
JQsqa'ii  U  Porte-Saint-Denis,  le  cort4ie»  qui  m  rendait  k 
rh6td  de  TiBoy  arait  ^t^  forc^  de  rebronsserchemln. «  Mes 
boas  amis,  aTait  dit  M.  0*  Barrot »  nos  efforts  comnrans 
rent  emport^  Nous  avona  reconqois  la  liberty  ^  et  ce  qui 
Taut  mieux  rUonnftCet^.  —  Cela  ne  nous  snffit  pas,  r^pond 
Is  people,  nooa  arons  M  tromp^  trop  souvent  >  En  ni6me 
temps  on  bomme  s^avance  dans  one  attitude  6ieigique, 
et  (kit  entendre  que  les  conoessiona  arrirent  trop  tard; 
M.  0.  Barrot  est  foro6  de  retonmer  sur  ses  pas. 

Le  Carroosel  ^tait  attaqn^  par  tootes  ses  Issues.  Les  dl6?es 
de  I'feale  Polytecbnique  s'dtaient  mtfte  anx  combattants. 
La  troupes ,  dfeoncertto  par  des  proclamations  sans  suite, 
sans  liaison,  qui  leur  annon^ient  tant6t  un  changement  de 
commandant,  tantOt  nn  changement  de  minist^,  ne  sa- 
vaieot  plus  k  qui  ob^r;  la  d^rganisation  ^tait  k  son 
eomble;  des  r^fanents  entiers  mettaient  la  crosse  en  Tair 
et  renlndent  dans  leurs  casernes;  partout  le  people  prenait 
la  place  des  troopes.  Pendant  que  le  roi  terivait  Tordonnance 
qui  de?ait  M.  Barrot  k  la  pr^idence  dn  consell ,  deux 
boDBDes,  deus  joonialistes,  se  pr^pitent  dans  le  cabinet 
de  Louis-Philippe;    c*etaient  MM.    £mile   Girardm,  de 
la  Presse,  et  Merroan,  dn  Constitutionnel :  «  Sire,  dit 
M.  E.  Girardin,  les  minutes  sent  des  beures ;  tous  perdez 
m  temps  prteieux.  Dans  nne  heure  peut-^tre  U  n'y  aura 
plus  de  monaichie  en  France.  »  Puis  M.  Merrnau  d^iare 
qo^il  a  Tu  d^chirer  toutes  les  proclamations  et  maltraiter 
les  hommea  charge  de  lea  r^pandre;  il  raconte  ensuite 
qa*k  deux  paa  des  Tnfleries,  sur  la  place  de  la  Concorde^  la 
troupe  Tioit  de  rendre  ses  armes  :  «  Que  liaire  done?  »  dit 
le  roi  en  laissant  tomber  sa  t6te  sur  sa  poitrine.  Un  silence 
de  mort  r^e  dans  Tasseinblto.  Enfin,  le  due  de  Montpen- 
der  s'dcrie : «  Sire,  il  Caut  abdiquer.  »  Alors  M.  E.  Girardin 
roontre  une  proclamation  toute  pr6te  ainsi  con^e  :  c  Abdi- 
cation du  roi.  —  R^genoe  de  la  ducbesse  d'Orl^ans.  —  Dis- 
solution de  la  chambre.  —  Amnistie  g^n^rale.  »  Le  roi  res- 
tait  atterr^  sur  son  fauteufl.  A  ce  moment  les  Titres  des 
Tuileries  fr^missent;  une  ftisillade  6date  dans  la  direction 
da  Palais-Royal.  A  ce  bruit,  le  roi  se  redresse  et  semble 
sortir  de  son  irrtelotion.  «  Eh  bieni  J'abdique, »  dit-il. 
MM.  E.  Girardin  et  Merman  se  retirent  pour  alter  annoncer 
I'abdjcation.  Les  deux  Joumalistes  se  pr^sentent  k  la  bar- 
ricade de  lame  Saint-Honor^.  On  leur  demande  la  signature 
do  roi.  Cette  demande  est  transmise  aux  Tuileries.  Le  roi 
prend  la  phime,  et  lentement,  tristement,  il  6ct\i  ces  mots : 
«  J^abdique  en  foveur  de  mon  petit-fili«,  le  corote  de  Paris; 
je  d^re  quH  aolt  plus  benreux  que  moi.  »  Le  g^n^ral  La- 
noridto  emporte  cette  fmille  de  papier.  II  se  pr^sente  k 
la  barricade  dela  rue  Saint-Honor^,  annon^ant  I'abdication 
do  roi.  On  lul  r^pond  par  les  cris  :  La  d^chdancet  II  essaye 
da  forcer  le  passage;  son  cheTal  est  tu^  sous  lui,  et  lui- 
loteie  est  bless^  an  poignet 

Depuis  onze  beures  le  combat  durait  sur  la  place  du  Pa- 
lais^Royal,  derant  le  poste  du  Ch&teau-d*£au ,  qui  ^tait  d^ 
faidn  par  deoi  compagnles  de  ligne  et  des  gardes  munici- 
paox,  retranches  derrito  des  meurtri^res  crineltes.  Lea 

WCr.  M  La  OOHTBRS.  —  T.   IX. 


gardes  nationaux  et  le  peuple  tiralent  de  U  cour  du  Palaia- 
Royal  et  des  barricades  formte  aux  coins  des  rues  adjaoen- 
tes,  sans  pouvour  entamer  cette  sorte  de  forteresse.  L'exas- 
p^ration  6tait  k  son  eomble.  Tout  k  coop  on  apprend  que  les 
▼oitures  du  roi  ont  ^  amen^es  sur  la  place  dn  Carrousel. 
On  y  court  :  un  piqueur  est  tu^,  denx  dieraux  sont  abat- 
ttts ;  le  feu  est  mis  aux  Toitures,  rt  des  hommes  du  peuple 
les  amtoent  sur  la  place  du  Palais-Royal.  On  les  accule  ao 
poste,  un  tonneau  d*esprit  de  Tin  est  roul6  sur  oe  foyer  ar- 
dent, et  Ton  jette  au  milieu  de  ce  crat^re  les  meubles  du 
Palais-Royal.  La  fusillade  cdntinuait  ponrtant  derri^  la 
Aimde ;  mais  enfin  tout  est  d^vord,  et  le  Chftteau-d'Eau  n'est 
plus  qu'une  mine  Aimante,  sous  laquelle  sont  enserelis  les 
demiers  d^fcnsenrs  du  tr6ne  et  quelques  prisonniers  du 
peuple.  Le  roi  en  apprenant  le  peu  de  succte  deson  abdica- 
tion aTait  en  efTet  demand^  ses  Toitores ;  les  Toyant  incendier, 
et  d^posant  les  faisignes  de  sa  grandeur  ^Tanouie,  il  songea 
k  se  retirer  par  one  autre  Toie.  La  reine,  pile,  Immobfle, 
s'approcha  de  Mi  Thiers,  et,  Taccablant  de  reproches  amers, 
lui  dit :  «  Ah ,  monsieurt  tous  aTCZ  allum^  Hncendie,  et 
Tousn*aTez  pas  su  f^eindrel »  M.  Thiers  d^umaUt^te,  et 
ne  r^pondit  pas.  Louis-Philippe  ayant  change  de  costume, 
embrassa  la  ducbesse  d*Orl^ans,  lui  recommandant  de  ros- 
ter, salua  les  assistants,  oflKt  son  bras  k  la  reine,  et  sortit 
accompagn^  de  M.  C  r^mieux.  II  s^en  alia  par  le  souter- 
rain  qui  conduit  k  la  terrasse  du  bord  de  I'eau,  et  traTersa 
une  hale  de  troupes  de  ligne  et  de  gardes  nationaux.  ArriT^ 
au  milieu  de  la  place  de  la  Concorde,  Louis-PhQippe  se 
touma  Ters  quelques  gardes  nationaux,  et  leur  dit :  «  II  y 
a  dix-sept  ans  tous  m^aTcz  appeI6,  je  suis  Tenu ;  tous  me  ren- 
Toyez,  je  m*en  Tais ,  mais  je  n'ai  rien  k  me  reprocher.  «  L'at- 
titude  de  la  troupe  et  de  la  garde  natlonale  ^iait  triste  et 
respectueuse,  mais  flroide  et  a^T^re.  La  relne  portait  la  t6te 
haute,  et  affectait  une  tranquillity  impassible.  Au  Coura-U- 
Reine,  06  Tenait  de  p^rir  nn  d^ut^  M.  JolliTet ,  Louis- 
Philippe  et  Marie-Am6lie  montirent  dans  une  Toitnre  de 
triste  apparence,  qui  s'enfuit  tots  Saint-Cloud.  Un  groupe 
d^ommes  dn  people  s'^it  aTancd  Ters  le  roi,  au  moment 
od  Uallait  mooter  en  Toiture.  Un  escadron  de  cuirassiers  s'ap- 
procbe;  mais  la  masse  est  compade,  mena^ante  :  die  In- 
tercepte  le  passage.  La  charger,  e'est  exposer  le  roi,  car 
un  conflit  appelle  dea  repr6sailles.  •  Respectez  le  roi  1  »  s'^ 
crie  le  commandant.  «  Quil  parte,  r^nd  une  toIx  dn 
peuple ;  nous  ne  sommes  pas  des  assassfasl  »  L'escadron  de 
cuirassiers  put  enfin  rejouidro  la  Toiture,  et  lui  serTit  d^es- 
corte.  Une  seconde  Toiture  sulTait,  emportant  la  ducbesse 
de  Nemours.  Dana  le  tnjet  des  Tuileries  k  la  place  de  la 
Concorde,  la  ducbesse  de  Montpensier  s*^gara  et  se  perdit 
dans  la  foule  arm^  Cette  jeune  princesse  ne  connaissait 
pas  Paris ;  elle  erra  seule  toute  la  jourate.  Ce  ne  fut  que  Ters 
le  soir  qn*nn  aide  de  camp  put  la  rejomdre.  Bf™*  de  Las- 
teyrie  lui  donna  TboopitalitS^. 

Pendant  que  le  ni  a*enfhyait,  la  garde  nationale  arriTait 
compacte  autour  du  chAteau  des  Tuileries  et  le  cernait  de 
toutes  parts.  Ce  Tut  alors  que  M.  Aubert-Roche ,  lieotenant 
dans  la  5*  l^on,  s'aTanfa  rteinment  Ters  la  grille  et  de- 
manda  k  parier  au  commandantdes  Tuileries.  Le  comman- 
dant conduisit  M.  Aubert-Rodie  doTant  le  paTiUon  del'Hor- 
loge,  06  se  trouTait  le  due  de  Nemours  au  milieu  d'un 
groupe  de  g^neraux  :  «  Monseigneur,  lui  dit  le  lieutenant, 
si  le  cb&teau  n'est  pas  ^Tacu6  a  Tmstant  m6me,  et  remis  a 
la  garde  naUonale,  un  combat  terrible  Ta  a'engager.  »  Le 
due  de  Nemours  se  consulteun  instant  aTcc  son  dtat-major, 
e(  I'ordre  de  retraite  est  donn^.  L'artillerie  file  par  la  grille 
dn  Pont-Royal;  le  doc  de  Nemours  et  P^tat^mi^or  s'icbap- 
pent  par  le  pavilion  de  THorloge,  et  descendent  k  dieval 
I'escalier  qui  mtoe  au  jardin.  La  caTalerie  se  retire,  puis 
IMnfanterie.  La  retraite  se  fit  avec  tantde  pr^pitation,qu'oiJ 
oublla  de  relever  les  postes  int^enrs.  Alors  la  garde  na- 
tionale p^nMro  dans  la  conr  des  Tuileries,  la  crease  en 
fair;  le  people  se  pr^cipite  k  sa  suite;  iTre  des  fumte  d« 
hi  Tictoire,il  passe  comme  la  foodre,  brisant  tout  sur  son 

•5t 


403  FEVaiEK 

paMaifeu  leg  y«i0i,  l^  flIacM,  k»  liistrfl9»  l«  T^onn^  i«  ri- 
(kmx  M  ioi«.  |4»  wms,  le»  T^iemeikUy  l#s  naublw  to* 
iw\  fV  \w  (Mise$f  «t  Vqu  m  ^t^  ku%  ^  joie,  ha  fit* 
«(:ax  Jeu  du  trdntt  «a  rf»o¥TcUe.  Ckfucm  awnte  ^  ton 
tour  Mr  le  l&vleail  rpyiil»  s'y  iiut«lle»  dkt  wa  mot,  ^  c^ 
I9  placi»  ^  UA  autre.  Tout  It  ooup,  um  4^baiie  jreteotit; 
o'oa )«  biiste  de  UHiig-PtuVppo  qiu  f i4e  ^  4cUtt :  U  loyaut^ 
Ttot  d'((tro  oxtoitte  en  edlsia.  Poart«ui  1«  pe«y[>le  #*aiT6te 
d^f aat  r«pparteiiieii(  da  Ja  4iichMi9  d'Orltoa.  lies  poitraits 
(}e  la  reUcy  4e  la  ducheMe  4'OrUaas  at  du  prjoaa  de  Joiai- 
yiiie  ioni  respect^;  Wna  aw)^  dea  aotjras  poenjiras  da  ia 
(aniUa  nayala  float  lap^r^*  JPana  la  aalla  de»  roartcbaitt»  U$ 
iifuiaa  en  pied  da  mar^chal  Soult  et  da  nar^cbal  Bugeaod 
aaut  dtoirto*  Ceile  d«  luarMnl  Grouchy  rafoit  im  coop 
da  Moouatta.  l^  Chriat  at  lea  omamaota  da  i'^gUM  du 
cbateao  aoot raspeet^  et  port^a  ea  trioiopliaii  SauU-Kocb. 
BieoUkt  on  $^9iim  d*aikv  brder  le  U^a^  h  la  place  da  la 
Bastiila^  Pn  ijnpronsa  an  cort^e;  das  Umbouri  liatteot  la 
cbaraa;  on  aoit  le»  l)oulaTardfl,  en  traTartaot  las  bariicadas, 
at  sur  la  place  dm  marijrn  da  la  i^obitton,  le  tr^aa,  aa 
darnier aoibUiiia  da  la  royaut^»  est  nWuit  eg  candras  anx 
cria  da  viv$  Uk  rifublique I  JLa  foyaaU,  niatdriaMe  daaa 
un  symMe*  ast  oUipria  ea  Imlocamta  ao  s^pia  da  la 
libari^  La  aoir,  ie  pemde  4aaflait  aii»  ToUarias,  aw^  soaa 
du  piano  da  ia  4uctasa  &•  ]SaaH>ura,  tenu,  dR-oa,  par  la 
fila  d'uq  anaiaa  iniaifltre  da  Cbarlae  X.  Powtaot  on  pea 
d'ordre  fla  aJUwa  daoa  la  foula,  Jae  Tolaura  aont  puius  da 
nort.  El  artaapaoim  la  PaUM-Eayal  est  borribleqient  diirast^, 
das  objeU  d*art  iont  nia  an  piacae  par  dae  barbaraa,  1« 
caves  floDtaaccagdaSy  eti|uelqaoi  e&a^«  maoiaiit  r^pom^, 
souillant  aatta  Tictoic^  laaila* 

Ual)aaiteadaspi«raatJa«bwalNne4aa4^t4s  a'^taienft 
iMiiuiABi  rfSimiei  ^ads  lean  Bideii  resoeeiift :  a  la  fifaeontm 

daspakfyles  laainbiwdalVwposilmTouluBaataDCQ^ 
adraasar  das  iaterpaUalioasat  pouttar  ^aasenblte  a  qualqoas 
diHnonsfantionfl.  Le  orAiidaitf  annoaiTii  4Ui'on  atteiidait  les 
wamlire^  da  latauUa  i>pyatei  auoaa  «a  viut  (Jo  oMssaga  lut 
aB¥oy4it  la  cbavihra  das  d^pat^;  Ja  messsgar  Bsvint  4iw  qaa 
iaCbawbra  das  Mpoltfs  apparteMlt  an  peupki  La  diaoibaa 
das  {Mors  u  s^ipara  sana  avok  nan  lait.  ]>apaia  midi,  la 
«Jia^AiDe  des  d^pNit^  <tait  ateie.  Ob  ^tait  anq^ 
vellas.  if.  Tkilara  arrive. «  Vooaaiaa  miniataai  »  U  arie  un 
groupa  da  d(6patte.  «  Ia  marte  moota,  monta, »  i^pond 
if .  TfaiflfSypalaU  dtopaiatt.  Ob  oasait  a*  ast  M.  Odilon  fiamt. 
M.  Sanaa t  a  qaittf  IMtel da  la  pr^ddanoa.  Eafin,  ^9n 
«iia  faansi^  M.  fiawal  ouna  la  atenae  pnUlqiiBf  qooique 
i'ocdra  do  jaar  indlqiitt  um  raunlon  daaa  las  boraaux.  Le 
jbaAC  dea  winistrm  esl  TidOy  las  tribnaaa  sonit  d^sertas.  Les 
d^aUs  aoat  k  laors  places.  M.  Charlea  Laflitta  daraanda 
qua  la  cbaaBbra  se  d^aca  an  panmanance.  La  stance  reete 
au^paadne.  Uji  oOclar  arriTa»  pariaaa  prdsideaL  M.  Saniat 
r^dama  le  siloice,  et  annonce  I'amvte  4e  U  dwcbesse  4*Or- 
Itaa.  ISo  aCnty  la  priuoassa  paralt  tenanl  d'ona  mam  le 
aomla  4a  Paris,  da  Taatra  le  due  4le  Gbarlras.  fiUe  vleat 
«a  plaoar  aalra  aaadaux  ealants,  an  miUan  de  llitoieycia, 
^  on  Aiiteuil  at  des  cbauas  oot  did  pr^pac^.  Le  due  de 
IKaBMNiffs,  qualquas  afliaien  at  des  gardes  aatlonaui  fao- 
aoospsgnaot  Lsprfacewe  est  pale,  sa  iignra  est  dtfaite,  dea 
lannes  cooleot  sttenciaaseBseBt  ear  eon  Tisage,  malgra  iaa 
afforta  qu'elleiyt  pour  Iaa  relaair.  Le  due  da  Nemowa,  en 
cosliame  de  ttcatanant  gfo^al,  sa  tiant  dabout  darri^  le 
lauteuH  da  la  dudiesse.  Sa  figura  eat  cahna.  Un  profond 
silanoe  a^a  dans  rassambUe.  II  semble  que  persooae 
a'Qseftarlar.  «  La  parole  est  a  M.  Dupin,  »  dil  la  president. 
«  Je  ae  Tai  paadnaaudde,  »  r6pond  le  procureur  gtoaral , 
qui  avail  uncBd  la  oomta  de  Paris  4  la  diawbre.  Cependanty 
pfas3d  de  questions,  il  monte  k  la  iribane  :  «  Youe  coo- 
Raifisex,dil»il»  la  situation  de  la  oapitala ,  las  maalfosUtions 
qui  «Bt«u  lieu;  elles  onteu  pour  r^sultat  I'abdicatioo de 
h.  M.  iAoiM'Uibppa ,  qui  a  dMar^  an  mame  f empa  qutl  da- 
potait  te  pauToir,  et  qu*U  en  taissait  la  libra  transiaisaion 
aur  la  tMa  du eoBla da  Parisy  avae  bii^anaa de  il""  la <»• 


cbessa  d*Oridana.  •  Gas  parolee  soul  ^^^V&m  oar  de  vim 
acalamations  dana  lea  centres :  On  crie  :  FIm  £1  ruil  rise 
l$wm$$ da  Pmriil  Fiaa  la  r^an/a/  U  dtaila alia giadie 
gardent  la  aiiance.  M.  Dupin  aioute  :  ■  Messlears,  vos  so- 
danatiooa,  ai  prdotassas  poor  la  nouvaau  roi  at  pour  ma- 
dame  la  r^gaata,  oe  aont  pas  las  pramiiras  qui  IWatta- 
luae;  alia  a  traverse  k  piad  las  Tuilarias  el  la  plaeede  U 
€onoofde»  aaoorlda  psr  la  pauple,  par  la  garde  nalioBile, 
aspripiant  ca  vara  ooium  11  art  an  food  da  son  coor,  de 
n'admNatmar  qu'avac  la  santimfnt  profond  da  llnt^rClpQ- 
biia»  du  vara  national,  de  la  gloira  at  da  la  prosp^  de 
la  Fnoaa.  «  M.  Sanaet  vent  oonstatar  les  aadamatioosaBi- 
nioas  ^  la  cbaasbn,  maia  iaa  artrdmitas  pratertent;  d 
des  axclamalions  parteal  daa  tribunes  qui  sa  aool  iciasilia 
depuis  I'anivae  iA  la  dnfhessa. 

La  piaoa  da  la  CQncofde,qaa  das  pastes  de  gardes  maai- 
dpanx  avalant  ddfandue  le  matfn,  dtait  aa  pouvoAr  du  people. 
Una  fois  la  piamiar  pasta  pris,  la  g^ndral  Badeau  avail  bit 
folr  les  gaidas  du  second;  et  il  avail  (aitaeseer  le  fee  deli 
troupe.  Lea  aoanhattants  arrivaient  done  sana  giABe  |asqa% 
la  Ghambra  das  IMpul^  Le  silence  ne  a^atak  pas  radrii, 
que  la  Gbambra  dtait  envabla  par  dee  bonunas  armte  el 
par  la  garde  nationala.  I>ea  jnterpdiationa  asaea  vivas  spat 
^bsngftas  antra  le  dHcde  Kamonrs  at  lea  nouveaux  veaas; 
caux-dy  ear  I'obaenalion  da  qudques  d^puate,  fiainflnt 
par  recoler  jusqua  dans  lea  aonluba  sHute  a  drotteaia  guidie 
da  la  tcil)iuia.ii.Mai«as'^anoei  la  tribuna;  malsllnepeut 
obtour  leaUenoa.  if.  da  Lamartina  iadiqua  da  la  DHia  qi/il 
veal  pariar.  II  deasanda  qua  ia  adanaa  aoil  au^andne.  Le 
prteideni  dddaia  qua  la  adaaoe  sera  suspandua  jusqo'l  ee 
que  if  "^  la  dudiesse  d'Oddans  at  la  nouvaau  rol  aa  eoist 
iwtiiite.  Un  gnuipa  da  ddpul^s  eptowa  la  prinoassa;  Is  dec 
da  Namonrs  insista  aupras  d'aUa  poor  qu'alla  aa  retire.  PIk 
oouragaasa  qne  le  pASsident,  plus  polttiqua  qua  sas  aaui; 
son  coMur  iui  dit  q^  la  tempades  ietioas  est  paaaa,  at  qat 
pour  saavar  la  eouranna  da  aon  file  II  ne  fani  pas  quktcrli 
place.  «if"*  laducbasaa  dMta  raster,  •  dit  if.  UieibslU. 
f  Qu*aUa  reste,  dk  le  gtedralOudinol,  on  acaoaapagaoos^s 
oil  elle  vent  adar.  »if.  0.fiarralentBB;maia  M.  ilaheec- 
cupe  la  tribune,  at  rappelatti  la  Id  qui  aouAra  la  r^gcncel 
if.  ia  due  da  Hemaurs,  11  aanlieni  qn'on  doil*BQmnier  aa 
gouvanenMoft  pfldvisaine  poor  aviaar  k  la  sitnation  el  ra- 
meoer  Tordra  dans  ia  oap^Ula.  Dea  braius  acaualllent  cm 
paroles,  qui  aont  appa|itea  par  if*  Gcdmiaux.  «  On  sM 
Irop  praMd  en  laaa,  dil Tavooal  isntfta,  e'ael  pour  oda 
quU  a  lattu  reooMuencer  en  laaa.  Lapropadtion  qui  voos 
est  Idta  violanil  la  id  qui  est  d^  portda.  Poisqna  nou 
en  sonunes  arrivda  an  point  da  anbir  una  rdvolulkm,  coa- 
flons-nous  an  pays.  Je  propose  un  gouvanaaaaol  provisoire 
dednq  membres.  »  if.  O.  Banrol  faitappd  aux  aantimeoto 
g^n^caux.  «  Kotra  devoir  est  tool  Irae^  dH-ll.  La  oourouoe 
de  JuElat  repose  sur  la  lata  d*una  fiBmaaa  el  d*un  aniant  > 
Da  vivas  tfThmt^^*  partant  du  centre.  La  dnchease  dX)r 
Idans  aa  Ifeve,  salue,  fail  aahiar  son  file,  at  Indiqae  dt 
^aste  qu'dia  vaul  parler ;  mais  aa  voix  sa  pard  dans  le 
tumulta,  et  la  princessa  sPaffaisaa  sur  eon  fiuileuil  ao  re- 
gardant son  enfant 

A  ce  moment  if.  da  Laroaha|aqualdn  a*torie  an  dievant  b 
voix  :  «  ifeflBiaun,  aoiourd'bui,  voas  n*atos  riau  id.  »  Et 
aassildt  une  foule  nombrensa  cnvabit  U  aalle.  Des  drapeaax 
soni  ddploff!a,  el  la  cbaaabra  rdantil  des  cris  :  «  Pas  da 
rigencel  plus  deroyautdl  »  Un  hommedu  paupla  ^ampare 
da  la  tribune,  el  prononca  un  disoours  aix  Ton  anlend  le  nwt 
de  rdpubUque.  La  dudiesse  d'Oridana  est  entratude  avec  sei 
enfants  k  rendrdl le  piua devd  dele  duunbre  par  ceux  qei 
I'entoureot;  on  esp^re  que  le  flat  populdae  ne  moolerapas 
jusqu'aux  gradins  du  centra  gaudie.  Alors  unasaaul  asl  iivri 
contra  la  tribune;  griice  k  sa  foree  afhMtique,  if.  Ledru- 
RoUin  en  r».sle  mattre.  «  Aunom  du  pcupla,  pstftout  an  ar- 
mes,  mattre  de  Paris,  quoiqu'on  lasae,  dit-il,  je  vteas 
vrotester  aontre  Tospaee  de  gouaarmaiieni  qu'on  asl  vsna 
ffoposar  A  aalle  MMwa.  Pas  da  a^eoea  paodbla...  Aiqeu^ 


FlfiVRIER 


iliiii  le  pays  est  deboot,  et  Tons  ne  pomra  rien  (aire  uns 
to  eonsalter.  Je  demande  done ,  pour  me  r^umer,  un  gou- 
yeraeoieDl  proTisoire^  non  pas  nomm^  par  la  cliambre,  mais 
par  le  people;  on  gouTeroement  provisoire  et  on  appel  im- 
m^diat  k  one  eoiiTentioo  qui  regularise  les  droits  du  people. » 
M.de  LamartinesuooMeauc^^bre  tribon ;  Ini  anssi  demande 
im  goavememeat  provisoire ,  un  gouvemement  qui  ne  pr6- 
jvglB  ria^  nide  nos  sympathies  ni  de  nos  col^res,  sur  le  gouver- 
nement  d^finitif  qo*il  plaira  an  pays  de  se  donner,  qu^nd  il 
aura  M  eoosnltA.  «  Le  gouTememeut  proYisoire  aura  pour 
missloa  i  ijonfe  le  grand  orateur ,  pour  premiere  et  grande 
misaioB,  d'^tabUr  la  tr6?e  indispensable  et  la  paix  publique 
entre  lea  citoyensi  deuxitaiement  de  preparer  k  Tinstant 
les  mesures  u^cessaires  pour  convoquer  le  pays  toot  enUer 
et  pour  le  consulter,  poor  consulter  la  garde  nationaie  tout 
ODti^f  tout  oe  qui  porte  dans  son  titre  d'bomme  les  droits 
du  dtoyen.  » 

A  oet  appel  au  suffrage  universel  >  des  coups  de  fusil  r^- 
pendent  daos  les  couloirs  et  dans  les  corridors.  Les  portes 
des  tribunes  tombent  sous  les  coups  de  crosse.  Une  foule 
d*bommes  eneore  eni?r6s  de  I'odeur  de  la  poudre  et  de 
rardeor  da  combat  inonde  les  tribunes.  Un  d'eux  sepenche 
sor  la  rampe,  et  ijuste  le  president,  qui  n'a  que  le  temps 
de  diqMraltre  sous  son  bureau;  un  autre  met  le  due  de  Ne- 
mours en  Joue;  mais  un  de  ses  camarades  lui  fait  relever 
aosaitdt  ie  canon  de  son  fusil*  La  pamques'empare  des  de- 
pots du  centre;  tons  s*enfuient  La  ducliesse  d'Orltos  est 
entrain^  malgrd  elle  jusque  dans  la  salle  des  Pas-Perdus. 
Dansle  tnjet  elle  est  s^par^deses  enfents;  le  duo  de  Me- 
moors  lutte  ausei^  a? ee  ses  officiers,  oontre  un  groupe  qu*il 
parrient  eHfin  k  traTerser  aprte  avoir  perdu  ses  decorations 
et  sea  ^paulettest  Un  garde  national  porte  dans  ses  bras  le 
cemtB  de  Paris,  et  le  jeone  due  de  Chartres^  renvers^  sous 
lea  grading  est  ramasse  par  un  huissiery  et  conduit  plus 
tird  chei  M.  de  Momay.  La  duchesse  d^Orldans  avait  M 
coBdnite  h  VMUH  de  la  Presidenee;  elle  prit  une  voitnre 
qui  la  oondulsit  aui  Invalides.  Le  lendemainelle  quitta 
la  France.  Lofsque  le  due  de  Nemours  fut  parvenu  ^  les 
chflveuK  en  d6serdre  et  les  liabits  d^cliires,  dans  la  salle  de 
la  Paix ,  tm  bidssier  le  oonduisit  dans  un  des  bureaux ;  U 
il  revttit  un  umfonne  de  garde  national,  et  disparut.  C'est 
ainii  qn'en  mofns  d'one  beurela  temp^te  avait  disperse  les 
membres  de  celte  fomille  royale  qui  se  oroyait  si  puissante 
qu^ques  {outft  aoperaVantt 

Mafs  pendant  que  les  difnli6i  ftilcnt  de  toutes  parts,  le 
peopte  eontiteue  k  s'entaaser  dans  la  salle  des  sesooes ;  M.  Du- 
pont  (de  I'fiure)  monte  an  fsuteuil^  au  milieu  d'un  vacarme 
dont  il  cat  impbastbte  de  se  (ilire  one  idee.  If.  de  Lamartine 
cat  tim|oors  k  la  tribune ;  il  fkil  des  eflbrts  inntiles  pour  se 
Wfte  entendre.  M  eUtend  le  cri  de  Vive  la  rejpuMiftte  / 
«  FrenoBs  la  place  des  tendus; »  s'eerie  one  voix.  «  Plus 
de  Bourbons;  un  geoVemenleltt  provisoire,  et  ensuite  la  re- 
pnbliqne,  »  reprend  une  antra  voix.  «  lis  ne  rauront  pes 
Toie ;  c'est  nn  prMd  rendu^ »  repond  M»  de  Lsrochcjaqveldn , 
qui  »*&  pis  qnilte  la  ateice.  M*  Cienienx  reussit  k  falre 
eomptendrs  que  to  president  vafaire  eennattre  les  nems  des 
membtes  dH  gonvemanent  provisoire.  MHie  cris  s^etovent  k 
to  Ibis  poor  fidaner  le  sitonee^  et  ne  foot  qu'augmenter  to 
toMolln.  Atovs  en  l^atise  d'ecrire  en  gree  caractires  to  nom 
dn  plttsleolv  membres  inr  une  fienille  de  papier  qn'on  pro- 
ntee  dans  rAseetaiMee  an  bout  de  tobaionnette  d'un  msil. 
L*aete«r  Botage  erto  :  «  A  Theytel  de  vHto!  »  M.  de  La- 
■uirtfoe  eoootie  ce  cnnteil  ^  et  sort  aceompagpe  d'un  grand 
nmttHra  de  dtoyens.  Aprte  son  depart,  M.  Ledro*RoHm 
pnrle  au  mitteil  de  l^tetfioni  puis,  nn  demi-silenee  se  r^- 
Msftant  par  ihioments^  H  lit  les  noms  proposes  comme  mem- 
bres dn  gewemement  ptbvisoire  i  MM.  Dupont  (de  TEere), 
Arage^  liamartine^  Ledhi-ReUin  eont  adopies  sabs  recla- 
matfoB.  Attx  noms  de  MM.  Marie »  Bethmonti  Cremteux, 
GMi^e  Lafeyette,  n«e  vive  discussion  s'engage.  «  Pas  Gar- 
nggNPagtet  a*«criemie  voix.  II  est  nmrti  to  bon. »  -«  «  Vons 
veyea  qirancen  dea  uiembres  de  voire  goovemcnieiit  pro* 


40S 

visoire  ne  vent  to  republiqiiel  Vons  serez  trompes  commo 
en  1830,  »  ^oute  un  ei6Ve  de  r£cole  Polytecbniqne.  M.  Le- 
dru-Roliin  se  decide  k  son  tour  k  partir  pour  rb6tel  de  ville. 
Tout  le  monde  sent  que  c*est  to  que  vont  se  jouer  les  des- 
tinees  de  la  France.  Le  peuple  se  retire  aussi  du  palais  U- 
gistotif,  non  sans  avoir  dicbire  le  tableau  qui  represeqto 
Louis-Philippe  pretant  serment  k  to  cbarte.  La  royaute, 
respectee  dans  ses  dernieiis  representants,  est  profkn^dans 
ses  images.  Cependant  un  ouvrier  s^eiance  k  la  tribune ,  at 
pronooce  ces  moto  :  «  Respect  aux  monuments  1  respect 
aux  proprietesl  Pourquoi  detruire?  pourquoi  tirer  des  coups 
de  fusil  sur  ces  Ubleaux?  Nous  avons  montre  qu^il  ne  tout 
pas  malmener  le  peupto ;  moutrons  maintenant  quele  peupto 
salt  respecter  les  nionumenU  et  bonorer  sa  victoire !  »  Ces 
paroles  sent  couvertes  d'apptoudisseraento,  et  la  salle  est 
bientOt  evacuee. 

Pendant  ces  discussions,  M.  £tienne  Af  ago  s*emparait 
de  rh6tel  des  postes .  et  se  nomnuint  directeur  de  sa  propri 
autorite,  preparait  le  depart  des  depeclies  republicainei. 
M.  Caussidiere  s*iastoUait  aussi  li  la  prefecture  de  police. 
Nulle  part  la  revoiotion  ne  rencontrait  de  resistonoe4  En 
arrivant  k  rh6tel  de  ville  M.  de  Lamartine  et  ses  coU^ues 
trouvirent  to  foule  occupee  k  proclamer  un  gouvernement 
provisoire.  Un  autre  gouvernement  s^etait  constitue  an 
bureau  du  National,  et  avait  ete  amende  au  bureau  de  la 
R4forme,  Les  secUonnaires  de  la  Societe  des  DroiU  do 
THomme  en  avaient  organise  un  autre  k  to  prefecture  de 
police.  Ces  quatre  gouveraements  se  rencontrereat  face  k 
face  k  llidtel  de  ville.  Apr^s  quelques  instants  de  lutte  et 
d^hesitotion,  ils  se  confondirent  en  un  seuL  Mais  une  nou- 
velle  foule  arrivait  et  remettait  toot  en  question.  Eniin,  to 
gouvernement  parvint  k  se  refugier  dans  une  salle  obscure i 
et  k  oommencer  une  deliberation  de  soixante  heures  qui 
va  donner  de  noovdles  bases  k  to  forme  democratique 
de  la  FranoOk  Le  soir  toute  la  population  de  Paris,  etait 
transformee  en  soldats.  Les  hommes  do  peupto,  armea 
avec  les  fusils  de  to  troupe,  se  reunissent  aux  gardes  na* 
tionanx  pour  defendre  les  banicades.  Sur  tons  les  mooomento 
pobUcs  on  ecrit :  Respect  aua  propriit^^  naUonales,  La 
formule  republicaine  t  lAberti^  igalUi^  fratemUS  defend 
I'entree  des  temples  et  marque  T^sprit  de  la  revolution.  Les 
Tuileries  sent  dedarees  ffdtel  des  Invalides  civHs^  et 
oommencent  par  servir  dliospice  et  de  lieux  de  convales- 
cence poor  les  blesses  de  fevrier.  Des  troncs  sont  places  pris 
de  cheque  barricade  poor  reoevoir  les  ofTrandes;  I'ordre 
paralt  se  retoblir»  Bientdt  le  fort  de  Vineennes  se  rend  k  to 
population  I  et  reconnatt  to  gouvernement  provisoire.  LeS 
forts  deteches  font  acte  d'adheslon ,  et  le  lendemaln  toute 
to  troupe  obeit  au  nonveau  rainiftre  de  la  guerre. 

Le  gouvernement  provisoire  etoit  enfin  compose  de 
MM.  Dupont  (derEure)i  president,  de  MM.  Arago,  La- 
martine, Ledra-Rollin,  Cremieox,  Marie,  et  Garnier-Pagte. 
MM.  Armand  Marrast,  Fiooon,  Louis  Blanc  et  Albert,  d*a- 
bofd  acceptes  comme  eecretoires  du  gouvernement  provi- 
soire, finissent'  par  en  devenir  membres  titulaires.  M.  Pa- 
gnerre  prend  to  place  de  secretaire^  Un  ministere  se  cona- 
titue  t  il  est  compose  deMM.  de  Lamartine,' poor  les  alfai' 
res  etrangferes;  Ledru-Rollini  pour  Plnterieur;  Arago^  pour 
la  marine;  MariOi  poor  les  travaux  publics;  Cremieux,  poor 
la  justice;  Garaier-Pages^  pour  lea  finances;  Carnoty  pour 
riBstrnctioB  publique;  BetlmiOBt,  pour  to  oeramerce.  Aprto 
to  refus  du  general  Aedean»  M*  Subervto  est  eppeie  au  mi- 
nistere  de  to  guerre,  et  M.  Garnier-Pages^  devenn  maire  de 
Paris  avec  MM.  Recurt  et  GNioard  pour  adjoints,  toissa  to 
portefeuille  des  finances  k  M»  Govdcliaux^  MM.  Cauesidtore 
et  Sobrier  euient  quaKfies  dc  commiasaires  du  gouverne- 
ment Ala  fyolioe;  le  general  Cavalgnac  etait  nommegouver- 
neur  de  TAlgerie^  el  M.  Oourtato  commasdant  de  to  garde 
nationaie.  Oes  nominattons  circnlatont  to  aoir  memo  du  M 
fevrier  dans  Paris>  et  lui  rendaient  quelque  IraaquiUite.  La 
multitude  abandonnait  l*h6tel  ^e  ville.  oti  one  salle  rece- 
tait  les  morts.  Des  volonlaires  slnstallaicat  pooi^  to  defend 

'  5f. 


404 


FfiYRIER 


du  gouveraement  proTisoire.  Une  proclamathm  annon^it 
que  le  toru  du  gouTernement  provisoire  6tait  pour  la  rd- 
publique;  niais  que  la  forme  du  gouTemement  devait  dtre 
lyoumte  jusqu*^  ceque  la  France  consults  pfit  faire  enten- 
dre sa.voix.  Le  25  on  86  r^unit  detoutes  parts,  et  une  lon- 
gne  manifestation  Tint  k  I'hdtel  de  Tiile  crier  Vive  la  ri- 
pubUquel  Albert  lut  ^  la  foule  une  proclamation  par  la- 
quelle  le  gonTemement  provisoire  s^engageait  k  garantir 
rexistence  de  rourrier  par  le  trarail.  EnQn,  un  groupe  arm^ 
paralt,  et  ae  pr^sente  k  la  porte  de  la  salle  des  stances,  o(i 
Ud^ploie  on  drapeau  rouge,  symbole  de  Tunit^  r^olu- 
tionnaire.  Mais  M.  de  Lamartine  parle  k  oette  foule  hostile ;  et 
aprte  des  elTorts  inouis,  il  la  oonvertit  au  drapeau  tricolore, 
dmbltoe  de  la  liberty,  de  T^galitd  et  de  la  fraternity  dans  Tn- 
nit^  Le  mtaie  jour  le  drapeau  rouge  disparatt  des  barricades. 
Les  oouleurs  repremusnt  dans  le  drapcan  tricolore  Tordre 
qn'elles  araientsousla  premitor^puhiique;  maisbient6t  on 
rerient  an  drapeau  deremptre.  Enfin,  le  gpuTernement  proTi- 
soire  proclame  la  r^publiqne,  et  la  royaut^  est  abolie.  Les 
barricades  s'ouyrent  pour  laisser  passer  les  approyisionne- 
ments. 

Une  fois  install^  k  rh6tel  de  viUe,  les  membresdugou- 
Ternement  proTlsoire  avaient  fait  taireleurs  sentiments  per- 
sonnels derant  Tlnt^r^t  commun  et  le  besoin  de  r^tablir 
Tordre  et  d'^viter  la  guerre  civile.  lis  se  regardaient  cha- 
cuncomme  le  repr^sentant  de  quelque  partie  de  la  popula- 
tion. M.  de  Lamartine  rassurait  la  classe  bourgeoise; 
MM.  Ledru-Rollin  et  Marrilst  tranquillisaient  les  r^publi- 
cains  formalistes ;  MM.  Dupont  ( de  TEore ),  Arago,  Ma- 
rie, Crtodenx,  Gamier-Pagte  donnaient  k  la  fois  des  ga- 
ranties  k  la  forme  r^publicaineet  &  T^tat  social;  filM.  Louis 
Blanc,  Flocon  et  Albert  promettaient  aux  r^ormateurs  une 
part  l^time  d'influence.  Mais  dans  les  deliberations  ce  de- 
Taient  6tre  des  discussions  sans  fin,  entre  des  bommes  d'o- 
rigines  et  d*opinions  si  diffi^entes.  Comprenant  que  la  d^ 
mission  de  Tun  d'eux  serait  le  signal  d'une  explosion,  ils 
oondurent  une  sorte  de  trdve  au  nom  du  peuple,  et  se  pro- 
mirent  de  se  faire  toutes  les  concessions  imaginables  pour 
maintenir  la  palx  publique.  Cest  \k  ce  qui  explique  ces  d^ 
crets  empreints  Jusqu'li  un  certain  point  d*un  esprit  con- 
tradictoire.  L^un  6taitooncM6  pour  obtenir  i'autre.  Le  droit 
an  traTail  ^tait  concM^pour  retenir  le  drapeau  tricolore;  la 
r^publique  ^tait  prodamte  pour  renverser  les  barricades. 
En  moins  de  ringt-quatre  heures  le  gouvemement  provi- 
soireavaitdissous  les  chambres,  llcenci^  la  garde  munici- 
pale,  reconnn  le  droit  ^'association,  dtor^t^  la  formation 
de  Tingt-quatie  bataillons  de  garde  nationale  mobile,  faiit 
rendre  la  Justice  au  nom  du  people  francs,  rendu  la  liberty 
aux  detenus  pditiquesy  aboli  la  peine  de  mort  en  mati^re 
politique,  sapprimii  le  timbre  des  Jonmaox,  et  dter^t^ 
Torganisation  d'ateliers  nationaux. 

Le  soir  du  25,  la  Tille  rempla^it  les  r^verb^res  cass^ 
par  des  lampions ;  la  population  Tdllait  encore.  On  ne  sa- 
yait  ce  qu'^talt  devenu  Louis-Philippe  n!  les  princes.  Per- 
sonne  ne  s*en  pr^occupait;  oependant  on  restait  en  armes, 
bien  plus  pour  sunreilier  les  actes  du  gooTernement  pro- 
▼isoire  que  par  cnunte  du  retonr  da  roi.  Au  dehors,  des 
bandes  d'liommes  armte  se  portaient  sur  Neuilly,  sacca- 
geaient  le  chAteau,  Tidaient  \k  caves  et  mooralent  an  milieu 
de  Pincendie  qu*ils  avaient  allum^.  Le  chAteao  de  Soresnes, 
appartenant  i^  M.  de  Rothschild,  ^tait  ^alement  incendi^; 
les  ponts  d^AsniireSy  de  ChaUm,  ^taient  brAlfe ;  plusieurs 
stations  de  chemins  de  fer  ^talent  d^fastte.  En  s*61oignant 
de  Paris,  la  rdrolution  allait  devenir  une  guerre  sociale. 
AustitAt  des  Tolontaires  sVrganisent,  et,  sons  la  oonduite 
des  jeunes  gens  des  toles,  on  court  sau?er  la  France  de  la 
barbarie.  Le  goureniement  provisoire  abolit  le^  titres  de 
noblesse,  et  le  27  f(§?rier  il  proclame  publiquement  la  r^pu- 
Mique  sur  la  place  de  la  Bastille.  Pendant  ce  temps  Louis- 
Philippe  errait  sur  les  cOtes  de  U  Manche.  Parti  sans  ar- 
gait  de  Versailles  pour  Droux,  oil  il  se  ber^t  encore  de 
Tespoir  d^ulie  r^gence,  il  apprend  par  iedue  de  Montpensier 


le  rteltat  de  la  fktale  stoce  de  la  chambre  des  d^potte  J 
alors  toote  la  familleroyale  se  saure  incognito  vers  les  bords 
de  la  mer  :  Louis-Philippe  a  coup^  ses  favoris  et  mis  des 
lunettes  yertes,  en  oouyrant  le  bas  de  son  visage  d^nn  ca- 
che-nez ;  enfin,  aprte  trois  jours  et  trois  nutts  pass^  en  quel- 
que sorte  il  la  belle  ^toile,  chasste  de  yille  en  ville,  la  la- 
mille  royale  put  s^embarquer  sur  on  bAtiment  k  vapeor  aiiglats. 
Le  due  de  Nemours  se  dirigea  vers  PAngleterre  par  Bou- 
logne. La  duchesse  de  Montpensier  pot  prendre  le  mioM 
chemin.  La  duchesse  d'Ori^ans  ^tait  partie  poor  I'Aliema- 
gne.  Les  ministres  Dudifttel,  Goizot,  et  de  Montebello  s'en- 
ftiirent  aussi  k  Londres,  les  autres  s^en  all^rent  en  Bel- 
gique.  La  cour  d'appel  a?ait  e?oqne  contra  eox  dm  poor- 
suites,  et  Gaussidifere  avait  fait  aflicher  I'ordre  de  leor  ar- 
restation ;  mais  aucun  ne  fht  anM. 

La  r^publique  avalt  ^t^  reconnne  a?ee  empressement  par 
le  ministre  des  l^ts-Unis,  les  autres  puissances  suiTirent 
cet  exemple;  et  d'abord  les  ambassadenrs  strangers  foreol 
d*ayis  de  rester  k  leor  poste  en  attendant  les  ordres  da  leors 
gouTemements  respectife.  Dans  on  manifeste  k  l*Earope, 
M.  de  Lamartine  posa  les  conditions  de  la  France  nooTdle. 
Elle  ne  yeut  point  s'agrandir.  Elle  ne  fera  pas  depropagande. 
Si  elle  se  croit  mAre  pour  la  r^publique,  elle  est  loin  de 
youloir  imposer  cette  formede  gouyemementaox  aotres  na- 
tions ;  mais  elle  ne  saorait  cacher  ses  sympathies  poor  les 
peoples  qui  youdront  entrer  dans  les  Toles  du  progrte  et  de 
la  liberty  A  ce  cri  fratemel,  la  r^yolotion  Mate  en  Italle 
et  en  Aliemagne;  Milan,  Venise  et  Palerme  donnent  le  si- 
gnal; Yienne  et  Berlin  y  r^ndent.  Les  trtees  craqoent  de 
tootes  parts.  Pour  se  d^barrasser  des  questions  soeiales,  le 
gouyemement  proyisoire  dter^te  Torganisation  dVine  eom- 
mission  pour  les  trayailleurs,  pr^dte  par  MM.  L.  Blanc 
et  Albert,  et  compoe^e  des  d^^o^  des  ooTriers,  puis  des 
d^^gute  des  patrons,  ainsi  que  de  tons  les  bommes  qui  se 
sont  occupy  d*6conomie  sociale.  Ces  sortes  d'assises  do 
travail  s'oovrent  le  i***  mars  ao  Luxemboorg,  dans  Taa- 
denne  Chambre  des  Pairs.  La  commission  obtieot  on  d6crot 
qui  limite  k  dix  heures  la  joum^  de  travail.  Les  discossions 
dn  Luxembourg  jettent  bien  vite  le  trouble  dans  le  pays. 
Le  travail sVr^te  dans  les  manufoctores;  les  ateliers  na- 
ti  onau  xprennentone  extension  formidable,  et  pasaentdans 
les  mains  de  meneurs  dangereox.  Cependant  des  fStes  sVm-- 
ganisent,  et,  sans  le  secours  de  la  police,  des  masses  dior- 
mes  de  baionnettes  drculent  avec  ordre  dans  Paris  an  oon- 
voi  des  victimes,  k  la  distribution  desdrapeaox,  et  A  la  ftte 
dela  Fraternity.  De  toos  c/tAiA  des  clobs  s'oovrait  Le 
ministre  de  TintArieor  envoie  des  commissaires  en  province 
avec  uneautorit^  r^volutionnaire.  Des  drcolaires  makdroi- 
tes,  des  bolletins  irritants  menacent  d'imposer  le  gooverae- 
ment  des  tribuns  au  pays.  Les  r^bUcaliis  dootent  de  leor 
eeuvre,  certaine  au  d^but  La  resistance  a^organise.  La  laa- 
gistrature  perd  son  inamovibilit^,  les  offiders  gMraox 
perdent  leor  ^t  garanti  par  la  loi. 

Des  corps  arm^  sont  reorganise ;  deox  bataillons  de 
garde  republicahie  sont  formes  poor  la  police  de  Paris  eC 
la  garde  du  gouvemement  provisoire.  Dibs  gardiens  de  Pa- 
ris prennent  la  place  des^dens  sergents  de  ville;  mais  la 
troupe  est  condgn^e  aux  portes  de  Paris,  comme  on  ins* 
trument  de  despotisme.  Des  arbres  de  la  liberty  sont  par- 
toot  plantes  avec  I'appul  de  la  garde  i^obile  et  la  bMdic- 
tion  do  derge.  Le  manqoe  d'argent  a  fait  reooorir  aux 
moyens  extremes;  il  a  fallo  order  on  impdt  extraordinairB 
deqnarante-einq  centimes  adidtionnels  ao  prindpal 
des  contributions  directes,  donner  coors  foro6  aux  billets 
des  banqoes  r^onies  tootes  k  la  Banqoe  de  France.  On  me- 
nace demettre  on  impdt  sor  les  revenos;  on  diminue,  il  est 
vrai,  nmp6t  do  sd,  on  supprimerexerdce,  on  menace  roc> 
troi ;  mais  la  province  ne  vdt  Ik-dedans  qa*un  sacrifice  ca 
faveurde  Paris  ,car  en  attendant  on  continue  k  peroevoir  ki 
contributions  dans  leur  andenne  assiitle,  et  avec  une  ri- 
guenr  noiivelle.  Les  travaox  cessent,  les  denr6es4ombeBt  k 
un  bas  prix  extraordinaire;  tootes  les  valeun  balsieBii 


FfiVRIER— FEYDEAU 


poor  ae  procurer  du  nomteire,  on  porte  des  masMs  do  1116- 
teoi  prMoax  aux  bMds  dea  monnaies.  Lea  atelieraae  fer- 
ment, lea  bootiqiiea  ae  tidentp  la  iaiUite  ae  promtae  partoatp 
malgr^  la  aonia  accord^  ain  ^ch^ancea ;  la  propri^ti  (ait  dea 
pertei6ioriiieay  etneaaitlaire  anconaaciifiGeatile.  M.Marrast 
d6daie  quale  goaTerneoient  ne  aauralt  tnterTemr  dana  I'ex^- 
cotiondea  eontrtta  prir^.  Mdanmoina,  lacontramte  par  corps 
est  abolie,  et  mi  esaai  d'atelier  social  est  teat6  dans  I'an- 
Qemie  prison  poor  dettea.  Le  aang  coule  dana  plosieora 
Tiltes.  La  reaction  Ta  profiler  de  cet  6tal  de  choaea.  Chaqoe 
autorit6  posaMe  one  police  sp^aale.  Le  ministte  de  Tin- 
tMor,  la  pr^feetore  de  police,  la  mairie  de  Paris,  le  mi- 
mat^  dea  affaires  ^trangtoa,  ont  chacnn  dea  aorreiilants 
^articDliers.  Partoot  on  se  m^fie. 

Uo  jour  on  supprinie  lea  compagoies  d'^te  dans  la  garde 
Bitionaie.  Les  booneta  k  poil  a'irrltent  de  cette  mesore;  on 
ae  Teot  paa  monter  la  garde  aTec  dea  inconnua.  Une  d^- 
moostration  est  organist  pour  r^clamer  centre  cette  me- 
sore. Le  commandant  Courtaia  arrdte  la  manifeatation,  et 
traite  d'^meti^ierf  ceux  qui  en  font  partie.  Le  jour  auivant 
oae  oontre-manifeataKon  de  plus  de  cent  miile  bommes 
arrife  k  l*b4tel  de  TiUe,  et  impose  an  gouvemement  proTi- 
soire  la  remise  des  Sections.  Faute  irreparable  t  Le  lende- 
maindelaTictoiredn  peuple,U>otesle8  tiectionsdeTaientdtre 
r^abUcainea  et  progresaivea;  deux  mols  apvte  dies  6taient 
hMliles  et  rdactionnaires.  Les  duba  sent  alora  euTahia  par 
les  andena  serriteors  de  la  monarchic.  On  rend  hommage 
au  talent,  on eroit  aux  intentions:  on  admet  les  r^pnblicains 
da  lendemain.  Pendant  oe  temps  qndqoea  duba  deriennent 
exigeanii  et  oppressenrs.  Les  andena  conspirateurs  sUmagi* 
nent  que  d?un  toor  de  main  ila  renyerseront  ce  goo?eme- 
ment  prorisoire  tellement  tiraill^,  qu'il  y  a  lieu  de  croire 
qua  qudqnea-uns  de  aea  membrea  seralent  bien  aises  de 
le  ddbarrasaer  de  leura  coll^ea,  aana  avoir  poortant 
la  force  de  jouer  k  Jen  dtourert  dtoisaion  centre  ddmis- 
siw.  Dea  bruits  ^tranges  drculent  Une  manifestation  ma- 
gaiique,  on  toute  one  unit  la  garde  nationale  defile  apon- 
taa^ment  derant  rh6td  de  fille  aux  cris  de  i  A  bas  la 
CDflMMcnlfiesI  donne  une  force  r^elie  au  gouvemement 
proriadre,  qui  n'en  sait  pas  profiler.  Chacon  se  prot^e 
tour  ^  tour.  Le  paratonnerre  conspire  a?ec  la  foudre,  soivant 
Teipression  de  M.  de  Lamartine.  D*un  signe,  M.  de  La- 
nurtiiie  serait  le  mattre  de  la  situation;  mais  il  n'ose  :  il 
payers  eeCiD  h^Uation  par  la  perte  dela  pluagrande  dea  po« 
pttlaril^.  A  IMtranger,  on  ne  aait  (vendreaucune  initiative. 
Malgri  la  drculaire  dn  ministre  dea  aflairea  ^trang^res,  on 
laisse  dea  bandes  armte  partir  de  Paris  pour  r^vdntionner 
Is  SaToie  et  la  Bdgique,  qd  repooaaent  cette  invasion,  et 
DOS  arm^  restenl  Tarme  an  bras  devant  TenvahissemeDt 
desgoovemements  despotiquea  en  Italic  et  en  Allemagne. 
EafiQ,rAssembMe nationale ser^unitenconstituante  le 
4  Old.  Son  premier  cri  est  la  consteation  solenneUe  de  la 
r^Uiqoe,  votted'acdamation.  Mais  la  ddfiance  perd  tout. 
L'aKcmbl^  declare  que  le  gouvemement  provisoire  a  bien 
Bi^t^  de  la  patrie,  et  auadtdt  die  en  dearie  qudques  mem- 
brespoor  fonner  unecommisdon  exdcutive.  Le  15  mai 
rasaembl6e  est  envabie  et  cbaaste  du  lien  de  ses  stances; 
iDssiMt  la  population  se  l^e  spontandment:  en  qudques 
Iwores  le  palda  Idgislatif  est  rendu  k  la  representation  na- 
tioBaleit  lea  envahiaaeurs  aont  aaida  k  I'bAtd  de  ville.  La 
MdiaBce  ne  revient  pourtant  paa  encore;  lea  atdiera  na- 
wnanx  foot  peur.  On  veut  bmsquement  les  dissoudie : 
In  r^wBdent  par  la  terrible  insurrection  de  Juin.  Alora  un 
IMnremement  plus  fort  et  plus  uni  auiglt  sous  la  prdsidence 
do  g^n^rd  Ca vaignac.  Mais  la  vivacitd  de  lar^resdon  a 
KKilerd  bien  des  colteea.  Aprto  le  vote  de  la  constitution,  lea 
<#iians  les  plna  dlveraes  se  rallient  pour  donner  la  magistra- 
tosoprtaieau  prince  Lonis-Napoldon.  La  reaction 
se  montra  6hs  lors  active  et  violente.  On  voit  dea  hommes 
^luJ^oot  hitte  (oute  leur  vie  pour  la  libertd  d^passer  ceux 
qalk  combattalent  autrefois  dans  tea  mesurea  oppresdves, 
pn<es  an  nom  du  sdut  public ,  et  la  France  oe  peut  plus  gn^re 


405 
espdrer  de  voir  s'accompdr  de  d  t6t  lea  promesaea  de  Fdvrier . 

L.  LODVET. 

FEYDEAU  (Tbd&tre).  Ce  thdfttre  fut  fondd  par  une 
compagnie  d'actionnaires,  dontles  chefs,  Ldonard  Autid,  coif- 
feur de  la  rdne,  et  ie  cdd>re  violoniste  Viotti,  ayant  obtenu 
un  privil^e  de  Monsieur,  fr^re  de  Lonia  XVI,  donn^rent  a 
leur  dtablissement  le  nom  de  ce  prince.  Le  Thd&tre  de  Jtfon- 
aietir  fiit  ouvert  le  26  Janvier  1789,  au  pdaia  des  Tiiileries, 
daos  la  salle  qu'avdent  nagu^  occup^  provisoirement  le 
Thdfttre-Frangais  et  I'Acaddmie  royale  de  Mudque.  A 
Topdra  bouffon  italien,  auqud  il  dtdt  particnli^ement  con- 
sacrd,  il  unissait  la  comddie  fran^aise  et  Top^ra-comique. 
On  y  lyoota  Tannde  soivanle  le  vaudeville,  ddldsad  par 
la  Comddie  Itallenne.  Aprte  les  joumdes  des  5  et  6  octobre 
1789,  le  roi  dtant  revenu  k  Paris,  le  Thditre  de  Monsieur 
quitta  les  Tnileries  et  dla  donner  ses  reprdsentations  k  la 
foire  Saint-Germain,  dans  Pandenne  salle  dea  Yaridtds- 
Amusantes,  Jusqu'k  ce  qu'on  efit  b&ti  dans  la  rue  Feydeau 
une  nouvelle  salle,  dont  Touverture  cut  lieu  le  6  Janvier 
1791,  et  qui  prit  la  mdme  annde  le  nom  de  Tbd&tre- 
Feydeau,  lorsque  son  anden  patron  eut  quittd  la  France.  Les 
acteurs  de  la  Comddie  furent  congddids  k  Piques  1792 , 
comme  inuUles  et  ondreux.  Les  suites  de  la  rdvolution  du 
10  aofit  1792  ayant  dpouvantd  leschanteurs  itdiena,  ils  obtin- 
rent  au  moia  de  septembre  la  rddllation  de  leurs  engage- 
ments, et  reloum^rent  dans  leur  palrie,  Uiasant  de  vifs  re- 
grets k  Paria,  od  ilaavaient  fdt  connattre  les  chefs-d'oeuvre 
de  la  muslque  itdienue  et  propagd  le  gofit  et  la  bonne  mdthode 
dn  chant.  lis  avdentmontdtrente-trois  opdras,  qu'lisjoudreot 
enmoms  de  quatre  ans.  L'lm  des  deux  administrateurs-pro- 
pridtafares,  Viotti,  qui  avdt  dirigd  la  construction  de  la  salle  et 
organisd  la  troupe ,  ayaot  perdu  ses  pendens  de  la  cour  et 
le  firuit  deses  dconomies,  partit  ausd  pour  Londres,  laissant 
en  d'autres  mains  cette  entreprise ,  bomde  dors  au  genre 
lyrique  firan^ais  et  au  vaudeville. 

Quoiqne  recrutd  successiveroent  par  Tadmission  de  Juliet 
etde  Roicourt,  mdlleura  comddiens  qa*habiles  chanteurs, 
de6avaudan,quifit concevoir des espdrances qu'il  devait 
rdallser  depuis,  et  surtout  de  Bfl™*'  Sdo  et  RoUandeau ,  le 
Thd&tre-Feydean,  qui  possddaitddjii  Martin,  comptait  beau- 
coup  de  sujets  mddiocres;  il  manquait  d*ensemble,  et  son 
rdperioire  ne  se  composait  que  d*une  quarantalne  de  pi^ 
ces,  dont  quelquea-unes  dtaient  parodides  sur  de  la  mu- 
dque itallenne  de  Paiddlo,  d'Anfosd,  etc..  Le  reste  consis- 
tdt  en  vaudevillea  et  en  npdras-comiques ,  on  comddies 
lyriques,  ouvrageade  musiciena  francs,  dont  un  trds- 
petit  nombre  avdent  seuls  obtenu  un  grand  succds ,  comme 
Le  Nouveau  don  Quiehctte^  de  Champdn;  Lodoiska,  de 
Cberubini ;  Les  TisiUmdines^  de  Devienne ;  V Amour  filial^ 
ou  lajambe  de  bois^  de  Gavaux;  L'Qfflcier  de  fortune, 
de  Bruni.  Desauglers  et  son  p^re  avaient  ddiood  en  voulant 
mettre  le  Midecin  nuUgri  lui,  de  Molidre ,  en  opdra-comi* 
que,  et  Les  Plaideurs  de  Radne  avaient  encore  plus  mat 
rdussi  aoua  un  pareU  travestissement.  Cependant,  ce  thd&tra 
se  soutendt  par  la  fralcheur  de  ses  ddcorations  et  de  ses 
costumes ,  par  les  soms  apportds  k  tous  les  ddtdls  de  la 
mise  en  sctee  •  et  surtout  par  la  supdrioritd  de  ses  cboeurs 
et  de  son  orchestre  sur  ceux  de  la  salle  Favart.  Mais , 
en  ddpit  du  sucote  de  £a  Caveme,  par  Lesueur;  de  Ro* 
tneo  et  JuUette,  par  Stdbelt;  des  Deux  HermUes  et  de  La 
Famille  indigente,  par  Gavaux ;  de  Claudine,  ou  le  petit 
commissionnairef  par  Bnine,  11  perdit  un  pen  dans  la  faveur 
publique  par  la  ddsertion  de  Martin  et  de  Gavaudan,  qui  pas- 
sdrent  en  1794  &  Favart  II  les  rempla^a,  tant  bleu  que  md , 
par  de  nouvdles  acquisitions,  notamment  par  Lebrun  et 
M"*Lesage. 

Toutdois,  plus  riche  en  cantatricea  qu*en  chanteurs,  et  gd« 
ndralement  pauvre  en  acteurs ,  en  actrices,  ce  qui  dtait  Tin- 
verse  de  son  rivd,  il  commen^ait  k  ddchoir,  lorsque  les  Comd- 
diens frangds,  emprisonndssous  lerdglmede  la  Terreur,  et  se 
trouvantsans  asiledepuisleurmiseenlibertd,  furent  engagds 
b  FeydeaUfOCi  lis  d^tftrent,  le  28  Janvier  179Sy  par  ia  Mort 


406 


PEYDEAU  —  FEZ 


deC4sarf^  La  Surprise deV Amour.  Ilsy  j<raa!eiitde  dom 
Joan  I'un.  Mais  la  d^union  se  mit  parmi  eux.  M"*  R  ao- 
court  ot  les  aotres  aeteat^  tragiqaeS)  r^dtt  presqae  k 
la  tin\\\i6 ,  se  rttlrftrent  ^  A  la  fin  de  1796?^  «t  ftttitnen^itnt  an 
tliMti-e  LOQTDis  4tielqiiea  acteon  dd  la  edtn^e.  11  hel-esta 
k  Peydeaa,  aVeo  la  troupe  lyriqti«,  qde  Dazili courts 
Fleutt,  Bellemont,  M^^Goiitat  et  sa  Metu*,  M"**  De* 
Tletitie,  Lange,  ete.,  et  qaelqaes  sdjeta  dduTeaui^  Caatoont* 
Damas,  Antiand,  M^**  Mars,  etc.  Malgt^  ee  Atircrottde 
d6penses,  le  z^e  du  directear,  Sageret  ^  ne  se  ratentiftsait 
pds.  II  recueillit ,  &  la  fin  de  1797,  qoelques  pr^cieux  d^bria 
dela  tlroupe  ftdasionnaire  de  Loovois  :  Moi4,  La  Rochelle^ 
M""  M^zet-a^.  Btala  11  perdit  M"*  Lange,  qui ,  Jalodse  At 
sa  titale  en  talent  et  en  beauts,  qnitta  le  tli6&tre  et  detiht 
M™*  Simons.  Pers^T^rant  ndanmoins,  11  proflta  de  la  deca- 
dence dilTh^Mre  de  la  R^publique  (rtiede  Riclielieu)  poUt 
en  attircr  les  princfpaux  sujets,  qui  vinrent  di^bUter  h  Fey- 
deau.  On  y  vlt  toar  h  toor  M"**  Petit-Tanhoye  (depnis 
M"^  Talma),  Grandmesnil  et  Dngazon.  Cette  r^unloti protl- 
soirey  dura  cinq  mols,  et  se  compltfta  le  5  septtmbre  1798, 
au  thdfttre  de  la  rue  de  Riclielieu.  Mais  elle  ne  r^pondlt  pas 
aux  esp^rances  de  Sageret ,  car  die  se  fortna  Tann^  sul- 
▼ante  en  society  dramatique.  Apris  aroir  sacrifl^  sa  fbrtnne 
et  perda  cette  direction,  H  ne  put  msme  conserter  celle  de 
FeydeaU,  qui  continualt  iise  tratner  p^blement. 

Cependant ,  la  concurrence  contiUuait  k  miner  ^galement 
Favart  et  Fbydean.  Celul-ci  oUrrit  et  fbrma  plusieurs  fois 
sous  diterses  directions,  de  1799  h  1800.  La  troupe  de  Pi- 
card,  isrranto  depuis  riUcendie  de  POd^on  ,  Tint  8*5r  r6- 
fugier,  et  t  attlra  la  (bule  jnsqu'^  ton  instalhtion  datis  la  saile 
Loutois.  Les  cbUcerts  de  Oarat  y  fbivnt  trds-brillattts  k  la 
m^me  ^poqoe.  Mais,  au  mllien  de  cet  dclat  emprunt^ ,  la 
troupe  lyriqued^clinait^yUed'ceil.  M*^  Scio,  quien  ^tait  le 
palladium^  venait  de  d^ertcr  k  la  salle  Favart ;  et  M*^  Bache- 
lier  (depuis  M™*  Fay)  arrivatrop  tard  pour  la  remplacef. 
Aprfesdenoutelleslricissitudes,Feydeauflt8acl0turedeflttitiVe 
en  avril  1801.  Le  Ih^tre  Fatart  ayaUi  aussi  IbrmiS  ped  d6 
temps atir^,  d^  amateurs, des gehsde  leltres ,  parvlnrent, 
non  sans  t^etUc,  k  ilHinir  1^  deUx  tironpes,  saof  la  r^fbrme 
de  queiqnes  sujcts  mrmocres.  Ce  (bt  ^  FeydeaU  que  s^op^ra 
la  fusion ,  et  ittt*ent  lieu ,  le  16  septembre  l80t ,  le  d6but  de 
la  nouvelle  Mdi&ti^,  quiprit  le  nora  de  Th^tit  dfe  VOp^ra- 
Comique.  Comme  la  salle  Feydeau  mena^it  ruirte ,  elle 
rut  feirm^,  Ik)U^  ki  demiei«  (bis,  le  iB  anil  iS^,  et  d^ 
molie  TahU^e  auivante.  Elle  ^tait  taste,  itbposantc,  mala 
d'one  ^^Tation  d^esur6e ;  sa  Ibrhie  trop  drculaire,  et  Par^ 
cade  qui  snpportait  favant-scftne  y  RiiSaiebt  perdre  300  pla^ 
ces  d^  cbaque  cbU,  kret  la  salle  dispanit  le  i>assage  FeydeaU, 
^troit,  obscur,  tort^ifUx,  et  pourtant  fllmeUx  k  une  ^poqne 
oh  leluxe  de  ces  galeHes  ^tait  inconUu.       B.  Aunitrhct. 

FEYEBAREND^  fiimille  de  FrancFort  suMb-Mein  qui 
au  sdzl^me  sitele  produisit  un  ccrtairt  nombre  de  librairea 
c^Iibrea.  A  partil-  de  1580  on  voit  figurer  dates  le  cata* 
logtt^  de  la  foire  de  FrancroH  le  nom  de  J^tan  FEY£RABeNb, 
qui^dtta  lui-mtaie  deux  de  ces  catalogues  ( cdol  d6  lafbire 
d*aubmne  1593  et  celul  de  la  foire  de  P&qnes  1599);  et 
JMiM  FBTfeA4B«io  y  est  aussi  mentiuhn^  comme  libraire 
d&s  1568.  Le  plus  importaut  de  tous  (bt  jn^iHUnd  Feter- 
Abend,  dont  les  relations  de  parents  ayec  les  deuk  |)r<^c^ 
dents  ne  aoUt  pas  Uen^clafrcies.  11  Rtt  IMn  des  plus  grandk 
iibralres  de  toU  aitete ;  et  le  catalogue  de  \k  foikt  de  Franc- 
fbrt,  en  mentlonnant  obmme  ayant  i^t^  pubtiite  par  ses  soins 
un  grand  nombre  d'ontrages,  nous  IbUrhll  la  preute  de  sa 
capadtiSiftt  deson  actlTltii  commettiales.  II  ^laltn^  k  Franc- 
foit,  en  lSi7  ou  1528,  et  paratl  atoir  m  tetir^.  n  ^tait  en 
ro^me  temps  graveur  sur  bois,  et  on  lui  attribne  les  bois 
qui  oment  la  Bible  imprimiSe  par  D.  Zo^tlein  eb  1561, 
afnst  que  les  portraits  dto  doges  de  Vchiste  d«  la  Chroni- 
qnto  de  Kdlnet  beses  magasins  sortlrent  uA  graud  nombre 
d'oitTrages  orn6s  diB  ft^Utiss  sUr  bois  pak-  V.  8oUi,  Jost, 
Amantt,  Botbeigkr,  Ch.  «t  T.  Scunmeir,  Matar^,  elt.  Plu- 
sieurs w  MS  pAt^ta,  p<MiaUl  aussl  in  nom  de  l^efftrttbtndy 


tratailt^rott  4  la  gratnre  des  nombreirt  onftagMi  <|a1l  |«« 
blla  atee  dea  omeiiieiili  xylogra|iblqiiei< 

Slgiamottd  FeyerabeBd  tnottM  tara  iS86.  Dn  OMiiM  cM 
ann«e-tt,  Uprte  elnq  onttagiia  indlqnla  wMiriM  (lulilMAftt 
lui,  on  »i  thittfe  un  tneiitliiiiniA  eomme  Mitt  ||iai>  Itt  hm- 
tiers  de  Sigiauioiid  FeyMbttid.  A  paHir  M  la  mtiM  Mlitt 
son  flls,  CA(ir;e»-Sf|;iatfiofl<f)  mMSA^M  eoittllieriiildtt 
librail>es  de  Francfort  tt  CbUtiie  Mlteef  d*oU¥hagea  k  figures 
grat^  SUr  bois. 

FBYJOO  Y  IIONTBHEGIIO  (F«Ai«dBeto.B«m«' 
jBttoifnio),C€l^reerltiqua  topagnol,h6en  1679^  iGftrdabieref 
Tillage  de  PdttehA  d*Oreiise ,  prit  I  qnatorie  ana  PhaMt  ds 
Salnt-teuottdatts  10  monast^  de  saiHt-Julieii  d«  saiMiS) 
et  alia  ensuite  k  PuniTersit^  d'OtledO,  oU  liMl-sMleMMt  it 
^tudia  latb^logie  atee  la  |rtus  gnlnde  ardeur,  miiadO  il 
trouta  encore  lo  tampft  dii  suivre  lea  eours  di»  autl^  Pa- 
cUlt^a,  et  atee  blUt  de  aUcCM  qull  put  ad  filit«feeetoif  doe- 
teur  dans  chacun^  d*dlea.  La  tenommtt  At  sbtl  aaTMrel  dl 
la  puret^  etempiaire  de  ^  mcfeu^s  Id  fit  appeler  A  des  (B- 
gnitds  qull  tt'ambitiottnait  pttB«  C^est  afaisi  qUil  Mt  aueeMita- 
vementilomm^  prof^sseur  dethdologie  IdvlMo,  abM  dtt 
coutebt  de  San-Vicente,  g<$n6ral  de  sa  compagiiiei  et  etflH 
conseiller  d'hoUbeur  par  Ferdinand  Vl.  ConTaltteu  qbe  Isi 
excdlentes  dispositions  uaturfellea  dn  peuple  espdgnol  as 
restaient  ittertes  que  faute  d'lnstruetion  et  dd  idoiiftrea » que 
c^est  uniquemeut  dttlt  id€ea  fausses  el  aut  pr^ufi^  ^  la 
dominent  qu'on  doit  attrlbu^  P6tat  d'illfdriorit^  IXI 11  ae  trOoira 
encoft  comparatltament  k  d^autres  nations,  11  r^aolutd^ac* 
qo6rir  des  counaisaauces  toutes  pratiques  dans  liss  dliwhei 
brancbes  dU  saVoir  bamaiu,  afln  de  poufOllr  eombattreU 
superstition ,  le  ehilrlatanlsme  ti  la  routino,  non  pas  aeole- 
ment  avec  left  traits  de  la  satire ,  mala  aussi  atee  tea  aimes 
du  raisbnnemeiit.  Cast  ainsi  prtpar^  qu*il  eotttmett^,  Cfi 
1726,  ton  Ttoff-o  ^^tico  Ufiiwnal^  o  diseursos  fnlHUf  ell 
todo  genttt  da  fiteiferkii,  ptura  desehgUtfio  dt  errptet 
contunes,  qua  plus  tard  il  eontintta  Jusqo'en  tTBO,  soua  le 
litre  dd  Cartns  eraditati  rdCudl  de  dissertations  IScritol 
sUr  les  questions  et  lesprojets  autquels  lea  drecmataneesdal- 
naient  Pint6ret  de  Paebialitd,  et  oH  11  sigualait  et  ridfediUlR 
lea  Inrtombrablea  etreurs,  pr6]ugd8  etabusell  tlgueuTHi 
Esp^e.  Les  quaiorfeO  tolum^a  in-4<^  dont  il  sd  ooitt)N)se  ob- 
tihrent  lea  lionneura  ih  qdihie  Mltionl  snccdiaftei.  Pmaa 
mourut  k  Otiedo,  m  1764. 

FEZ 9  (!t  iniettl  FJ&S  on  FAS,  cheMiM  dU  Mttanat  da 
m^me  nom  et  si^onde  Msldence  de  Pampereuft-  de  Hai-oc, 
tond^  en  80S,  pAr  tAtis^  l^assait  to  moyeU  Iga ,  alot«  ^^ 
dtait  la  capltale  unique  da  Pi*mpire  dt  Maroe,  sauf  une  cobrfe 
ihterhiptioh  sous  les  Almoravldas  (it  les  AlmohAdes,  poUt 
Pune  des  plus  grandea  et  de§  plus  bfeUea  tlllea  du  moade 
mahom^n.  On  ^  coM))tait  efitiron  90,000  mafsons  et  78S 
mosqu^;  et  die  ^lait  cei6bi«  par  la  magnificence  de  ses 
ddifices,  par  ^  (Scolas  et  ses  Institutlona  sclentiflques.  Qoand, 
ters  le  militio  du  dik-mmtlMhe  sfteie,  les  souteralns  tralt»- 
(^rebt  leur  rdsldettceA  Manic,  ^lle  p^*t  tk  pennaneuce,  d 
diSchnt  tottjonra  de  pltts  en  ptUs  I  la  softe  de  la  d6ca<lence g^di- 
rale  de  la  dtillsatiott  mahom^tane,  de  torte  quVlle  finest  ptttk 
au]ottrd*bni4uePombrfedeeequ>lIe6taltauti^oiB.OpeAoaili 

dib  nis  laisse  pM  tjdit  d^ttM  toujouH  una  tflte  importann 
SituA  dadft  ^nt  tAll€to  ent0Ulr6e  de  hautea  moutagnte,  eiiHt 
de  d^UdeUli  jardihs  dt  de  charmantA  bosqueb  de  dtititttofeh 
et  deglmadiel^;  |>ariagito  en  MdM/ine  H  n&Uv^U  Fts  Mr 
uti  alfiU^ni  dU  ISebou  Ott  Sbou,  POUad-dl-Qonaba  ou  Stftim 
a^x  PMts,  ^  edmt>M  encore  prto  de  9d,b00  hftbttiBU, 
avec  une  cehtaine  de  moitqu^^  dont  la  ploi  ufllb^  at 
celle  du  sUltan  &rlft,  ob  l\m  Voit  son  tombeau,  el  qdl  «f 
consHKi^  comme  un  nana  Mtfblabto.  EHe  (tbsMb  aikcori 
sept  «ctoibs  publfqites,  ektrtmement  n^etattea  \  aussi  ae- 
citpe-t-elie  todjodra  ube  triads  imtK)Hant«  danilb  via  sM- 
tifique  dtii  mahomitana.  L'add^n  petals  des  tultite  aAi^ 
Miflca  grandiose,  bMu's  qui  tombe  eh  hiin^a.  Lda  Jtti^  baH- 
tebt  nn  qoartler  a^rfr,  ob  oH  les  entbrmft  pHidafit  II  WHt; 
fla  sont  tiraltsea  atee  mi  td  Mpil^  qdit  leMr  eUbk^M^ 


FEZ  -r-  FIAC&E 


467 


iBit  JMmin  <!•  doceBdie  dant  U  vWe  Mtianeiil^ie  nu- 
fi9d»,  11  eiisto  ^  Fm  uii  bofptoed'diipte  ricbemeitt  dott  et 
oftmt  not  fingnlarittaiMi  ronaniaible.  Uns  portk»  cond- 
MiUe  det  foBdi  t  M  l^de  av«e  Poniqae  ol]!J«t  d*as8is- 
t«r.d«  »oi§Mr»  de  pourroir  de  remMct  et  d'enterrer  dans 
llMpMal  Ics  9nus  et  lea  el^egnes  maladaa  oa  mortea.  Le 
peuple  croit  Tofir  daas  eea  oiaeaux  des  hommas  de  quelques 
Ilea  trta  loiiitafaieii,  qui  ehaqne  aniite  prenneat  cette  forme 
poor  Tenir  le  ifialter. 

Gette  viUe ,  ot  a'est  groups  presqae  toote  IMndostrie  de 
Pempire  de  Maroe ,  eat  enoore  anjoord'hui  le  centre  d'un 
teportaat  ceaunerce  de  earayanes  wrecles  contrfes  tUtaies 
au  and  et  k  I'esty  et  Baftme  avec  Tombouktoo.  Lea  prindpanx 
lirodiiito  qoi  sortent  dea  fabriqnea  de  Fes  aont  des  balks 
( DMBteaax  dea  Kab]fles )  ea  laiiie,  trto^reeherch^ ;  dea  cein- 
Inrea,  dea  moaoholrs  de  aoie^  dea  pantoofles  ou  baboudies 
de  cnky  qa'on  tanne  sap^earemeBt,  des  bonneU  roogea  en 
liNitre,  qoi  en  ont  pris  le  nom  de  /aa  on  fSsi  de  la  mau- 
wse  uiks  de  lin,  d'exeelleRts  tapis,  de  la  faience  trte-com- 
uNme,  dea  armes,  dea  objeta  de  sellerie  et  des  natenailes  de 
eiHTre.  Lea  diffl^reata  corps  de  metiers  et  de  marchands 
•eeopeat  chacon  mie  roe  8^r6e;  cdlequ'on  appelle  Bl 
KaiuMa  offlre  anx  acheteors  tons  les  produita  de  l-£an>pe, 
de  ft'Ofieat  et  de  rAfriqiie. 

An  reate,  a^ee  aesnombreax  bains,  caraTanaerattsetbasan, 
Fei  reesemble  extlnearement  h  toutes  les  autres  TiUea  mn- 
sulmanes ;  et  e'eat  uniqaement  la  grande  quantU6  d'au- 
iMttfea  et  de  boutiques  qi/on  y  toH  qui  loi  donne  aae  pby- 
SMMMMDle  particoli^re,  ayant  quelque  chose  du  tjpeearopte. 

Le  aultanatde  Fez,  formant  la  principaleproTincede  Pem- 
pin  de  Maroe,  et  difis6  en  14  districts,  aor  le  yersant  nord- 
evest  de  TAtlaa,  eompte,  ear  one  auperfide  d'evTiroa  3,S65 
aayiiam^rea  earrte,  une  popolation  de  a,300|MO  faabitants, 
qoi  ae  conpose^  comma  dans  tous  les  antrea  £tata  barba- 
rasqnes,  de  Berb^res,  appel^  id  et  dana  tout  le reste  da 
Karaa  iima«<j;A«(homnie8  auxyeux  loocbea),delCaares, 
d'ArabeseeB^doainSydeNftgrea,  les unsllbraa,  les  autres 
esetoTea ;  de  JoHs  et  d'un  petit  aondire  d^Europtaa,  pour  la 
pbiparl  reacts  et  habitant  les  ports  de  mer.  Aprts  Fes , 
diel-lieo  du  saltanat,  les  riifes  les  plus  bnportantes  de  cetfe 
contrite  aont  :  Miquinez,  T^touan,  Tanger^  Bl 
ArisehoaLaraehe^  SaU  9i  Niveau  Said oARabai, 
Twa,  l^ane  des  plus  belles  yilles  de  Pempice,  et  li^  de  rte- 
aioR  dea  caravanes  pour  La  Mecqne,  avec  environ  11,000 
habitants,  qui  font  on  grand  commerce ;  A  Ikauan  ou  A  Ikdsir, 
triste  etsale  vUle  de  10,000  Ames,  situte  sur  le  Loucoa  su- 
p^rieor,  dans  une  bdle  contr^e  et  pr6s  du  champ  de  ba- 
taiUe  oil,  ea  1578,  p^rit  le  roide  Portugal  Sebastian. 

FEZ,  bonnet.  Voyez  Fts, 

FEZENSAG,  anden  comti  compris  dans  TArmagnao 
depois  1148 ,  et  dont  le  chef-lieu  ^tait  Vie-Fezensae,  au- 
jonrdliui  cbd'-Heu  de  canton  du  6  e  r  s,  sur  la  Losse,  k  28  ki- 
lomMres  d'Aucb,  aTec  une  population  de  prtede  4,090  Ames, 
deafflatnres  et  des  tdntureries  de  iaine,  des  tanneries,  des  At* 
briqaea  de  ci^des  et  de  tartre,  et  un  commerce  coaaidtoble 
devfos,  eanx-de-Tle,  grains,  difttaignes,  merrains,  etc.  La 
BMlsoa  de  Fennsaa  eat  une  des  plus  andennes  de  France, 
qa'on  admette  ou  non  sa  descendance  du  M^roTingion  Clo- 
faire  li  par  son  Ills  Caribert,  due  d'Aquitalne.  Le  premier 
qui  sit  port^  le  litre  de  comte  de  Fezensac  est  Guillaume 
Garde,  second  fils  de  Sanche  Mittara,  due  de  Gascogne 
en  890. 

An  eoBunencemeDt  du  dixi^e  sftele,  le  eomt^  de  Fe- 
aensac  ranfennait  la  vlHe  d*Audi,  avec  PArmagnac  et  I'As- 
tarac  Vers  IMO ,  tout  ee  pays  fot partag^  en  trols  comt^  dis- 
tincts.  Le  Fesensac  out  des  comtes  faMditalrea  jusqu^au 
doozitaie  si^e,  ^poque  oil  11  entra  par  mariaga  dans  la 
maiaoa  d'Arroagnac  CTest  en  1777  que  le  roi  de  France 
permit  k  la  famille  de  Montesquieu  de  ioindre  k  son 
nom  cdui  de  Fezensac,  aprfes  s*Mre  fait  rendre  coroptedes 
fitres  parleequels  le  marquis  de  Montesquiou  pr^tendait  dea- 
CHidre  d^OB  eoasla  de  Fezensac,  mort  au  oasiteie  si^e. 


FBZZAUfi  et  mieax  FESSAir,  g<««aa  aaala  dn  l^Afinque 
aaptentiionala,  entre  le  tropique  et  le  31^^  da  latitude  pord  i 
et  environ  taff  3i  de  latitude  orieatal^,  anaod  de  la  r^^nce 
da  Tripoli,  Ibnne  un  tUi  partioulier  qui  en  depend,  et  dont 
la  population,  r^iartie  sur  2  A  8,000  myrinm^es  carrte,  est 
^Fdnte  de  75  It  110,000  ^mea.  Par  suite  du  manque  d'eau 
et  des  chaleufs  accablantea  qui  f  r^ent  et  s'd^f ent  parfois 
ju^k  46f»  B.,  la  sol  ea  est  stdrile.  II  se  compose  taotdt 
d*un  grte  compUtement  an,  d*un  aoir  brillant,  et  tenant  de 
la  nature  du  quarts,  tanlOt  d'un  a^ble  arida,  qui  d'ordia^irc 
rempUi  mAme  les  fonds  ou  oasis,  mats  qui  alors,  en  raison 
de  rhnmiditA  qui  y  rtigBe,  ae  oauvre  de  tailUa  et  m^me 
de  petits  bois  de  palmjers,  at  oil,  aux  approdies  des  bour- 
gades,  pii  cnltiTe  le  froment,  Forge,  etc.  Qn  ea  tire  aurtout 
des  d^aneau^  et  des  cbev^ux.  ei|  fait  de  bdtes  ikuves, 
on  y  troavele  tigre,  le  chat  aanvage,  Hiy^,  lechacal, 
le  sarigue,  le  porc-^ic ,  elA.  Ses  habitants  sont  une  race 
d'bomroes  trte^mdlaagte,  d'un  teiat  brunltra,  qoi  se  rap- 
procbe  beaucoop  de  cdui  das  ndgres,  mais  au  total  d'assez 
belles  proportions.  Enoore  extrftmement  arridrte  en  tout  ce 
qui  regarde  la  dvilisation.  Us  n'ont  gute  d'indnatrie,  outre 
la  cultqre  de  Icnrs  jardins,  que  la  fafiricaUon  de  qudques- 
uns  des  objets  les  plus  indlspensables  k  la  vie.  Le  grand 
commerce  de  caravanes  qui  a  lieu  k  travers  leur  ierrtloire, 
entre  la  cAte  et  Flntdrieur  de  TAfrique,  constitue  leur  prfai- 
cipaie  raasouroe. 

La  cfpitale  de  ce  pays  est  Mourxouk^  residence  du  soltMi 
et  importaata  ^pe  oommordale,  oik  se  imeontrent  les 
caravanes  de  Taais,  de  Gadames,  de  Tripoli,  dnKaire,  de 
Bomou  et  de  Tomboaktou.  11  faut  encore  mentionner  G^- 
vwhou  Bimrmshf  snivant  toute  apparence  la  capitde  des 
andens  Garamaalea,  et  TVo^Aan,  autrafoia  oapitale  de  la 
contr^  oh  se  trouvent  qudquea  fkbriques de  tapis;  Sokna, 
et  aux  firoatiires  mMdioaales  Teglmry.  La  FezzAn  est  la 
Phazania  dea  aadeas,  oh  les  Romains  enlreprirent  one 
exp^Uoa  soaa  les  ordres  de  Goraelius  Balbua.  Au  aeptidme 
dtele  de  aofatt  ^  il  deviaf  la  proie  das  Arabes,  kaquels 
y  introdoisirent  le  mahomdtisme,  qui  est  auioujrd'hui  la  re- 
ligion da  paya.  II  est  probable  que,  comme  dans  Tanti- 
quitd,  il  obdssait  au  moyen  Age  k  des  princes  partieuliers, 
feudotaires  da  la  puissaaee  arabe,  qui,  inddpendants  k  IV 
rigine,  Onlnat  par  deveair  tributaires  des  pachas  de  Tripoli. 
En  1811,  leurdynastie  tut  ezterminte  par  le  Bey  Moha- 
ned-  d  -  Mokny,  qui  a*empara  de  la  conlr6e  an  aom  du 
pacha  de  Tripoli,  et  contuiua  k  la  gouvemer  sous  sa  suze- 
raindd.  Le  Fezzia  et  surlout  sa  capitd^,  Mourzouk,  coat 
d'une  grande  importance  pour  le  commerce  eptre  |e  nord 
et  I'iat^ieur  de  rAfrique,  de  m^e  que  cpmme  pomt  de 
depart  pour  des  voyages  d'exploration  au  sud  de  ce  conti- 
nent, que  nous  connaissona  encore  d  imparfaitement.  NuUe 
part  on  n^aper^oit  un  d  grand  mdange  des  diverses  races 
et  nations,  nolle  part  on  a'a  aous  les  yeox  an  d  instructif 
remous  de  peuplea,  que  dans  ce  port  principd  de  Toc^an 
desahle. 

FHAS.  Vogn  Fabs. 

Fi !  interjection  familikre,  dont  on  se  aed  pour  expruner 
la  m^ria,  la  repugnance,  le  ddgoOt,  qu'inspire  qndqu'un  ou 
quelque  chose.  Oa  la  (ait  d^river  du  grec  ftu,  et  du  latin 
phi  ou^,  qui  a  la  mAme  aignification.  Boqoefort  n'y  vol 
qu'une  simple oaomatopte.  Fit  la  vilame/  a  d|t  Scarroo; 
Un  AU  de  jage,  ka  I  fit  disait  Radne;  Fi  ipoua  1  a'Acridl 
Molikn;etMazQt: 

Fi  de  Vhonneiir  I  iiTe  U  Tia  I 

FIACRE  (Saint).  Ceaaiot,  solitaire  daas le  diocese  de 
Meaux,  an  septi^me  d^de,  ddta^  enlrlandCy  d'uae  (iimiHe 
distingude.  Qodque  son  culte  sdt  trte-rdpandn  dans  le 
peaple,  qui  le  rMre  comme  le  patron  dea  J^r^Kaiiirs,  son  his- 
toire  n*en  est  pas  moins  obscure.  11  paratt  ndanmoins  certain 
qu'il  s'appdait  Fiifre,  d  qu*tl  ne  fut  connn  dans  T^gHse  sous 
le  nom  de  Fiacre  que  dnq  ou  six  cents  ans  apr^i  sa  inurt. 
11  vint,  dit-on,  en  France  avec  qudqnes  compatriotes  pour 


408 

se  soumettre  4  la  direction  d«  saint  Faroo,  ^dqne  de  Meaux. 
Ce  prdUrt  loi  donna,  k  pen  de  distance  de  sa  yflle  ^iscopale, 
k  Breuil,  dans  la  Brie,  un  lieu  od  il  fit  bAtir  une  cbapelle  en 
llionneur  de  la  Vierge,  avec  un  b6pital  06  il  reeerait  ies  pas- 
aants  et  Ies  strangers.  Ce  fbt  U  sans  doote  qnMI  se  livra  au 
iardinage,  et  m6rita  d'etre  inToqu^  dans  la  suite  par  ceux 
qui  consacrent  leor  vie  aux  mtoies  travaux.  Saint  Fiacre 
monnit  rers  Tan  670,  et  fut  inhnm^  dans  la  retraite  qu'il 
avait  re^ue  de  saint  Faron.  On  c^lftbre  sa  f6te  le  SO  aoOt  Les 
l^endes  racontent  un  gnmd  nomine  de  miracles  arrive 
sur  son  tombean.  H.  BoDCHrmS. 

FIACRES*  Les  premieres  Toltures  publiques  auxquellcs 
on  donna  ce  nom  furent  invents ,  vers  le  miliea  du  dix- 
septitoe  dtele,  par  im  nomm6  Sauvage.  On  les  appela  dV 
bord  carrosses  d  einq  smis^  paroe  qu'on  ne  payait  que  cinq 
sous  par  heuro  pour  y  monter.  Les  eondudeurs,  ainsique 
leurs  Toitures,  port^rent  ensuite  le  nom  de  Fiacres,  On 
explique  de  deux  manidres  Torigine  de  ce  mot.  «  Je  me  sou- 
▼iens ,  dlt  le  p^  Labat,  qui  donne  Tune  de  ces  explica- 
tions, d'avoir  yu  le  premier  carrosse  de  louage  quil  y  ait 
eu  k  Paris.  II  logeait  dans  la  rue  Saint-Antoine,  k  Timage 
Saint-Fiacre,  d'od  il  prit  son  nom  en  peu  de  temps,  nom 
qu'il  a  communique  ensoltB  k  tons  ceux  qui  ont  suiTi.  » 
Yoici  I'autre  expUcation  :  un  moine  nomm^  Fiacre  mourut 
au  couTeiN  des  Petits-Pires,  en  odeur  de  saintet^;  sa  m6- 
moire  ^tait  si  rivMe  que  chacun  voulait  aroir  son  portrait 
Cette  YtotoUon  alia  si  loin  qu^on  le  peignit  sur  les  portidres 
des  Yoitures  de  place,  d'o6  lenr  serait  Tenu  leur  nom.  A 
Londres,  I'^blissement  des  fiacres  date  de  1643. 

FIAUNdePERSIGNY:  ;^oyes  Pbbsignt. 

FIAMINGO9  sumom  d*un  certain  nombre  d^aitistes 
flamands  en  Italle,  notaomient  de  Dionys  CalTaert,  de 
Jean  de  Calcar  et  de  Michel  Coxcie. 

FI ANQAILLES.  On  appelle  ainsi  la  cqnventlon  par  2a- 
queDe  un  homme  ct  uno  femme  se  promettent  r^Sciproque^ 
roent  de  s*6pouser.  Les  ^ux  futurs  prennent  alors  le  nom 
de>fanc^, du  tieux  mot  flrtBcais /oncer,  qui  signifiait  pro* 
mettre,  engager  sa  foi  (Jlanee).  L^usage  des  fiancailles  est 
un  de  ceux  que  leur  anciennetft  et  leur  uniYersalit^  pour- 
raient  faire  considdrer  comme  un  ^^ment  constitutif ,  es- 
sentiel,  de  toute  sod^  Ainsi,  nous  les  trouTons  pratiqute 
dhs  les  premiers  temps  liistoriques  en  Chine  et  cbez  1^  In- 
dous,  eq  Phdnide  et  chex  les  patriarches,  chex  les  H^breux 
et  Chez  les  peuples  du  Latium,  en  Grtee,  k  Rome,  et  dans 
la  cbn^ent^.  C'est  un  expMient  propre  lirem^dier  aux  in- 
convtoients  dlon  marl  age  trop  pr^pit^.  Dans  le  pass^, 
c^est  presque  toujours  Teflet  d'une  pr^yoyance  patemelle 
▼igilante;  les  parties  sont  trop  jeunes,  et  oependant  elles  se 
oonTiennent,  on  bien  leurs  fkmilles  d^rent  contracter  al- 
liance :  elles  se  donnent  done  par  les  fian^UUs  une  mu- 
tuelle  assiuranoe,  pour  un  avenir  plus  ou  moins  eloign^.  Par- 
\k  les  concurrents  sont  ofQcieUement  teartte ;  puis  c^est  une 
9&cxin\A  pour  P^tablissement  de  sen  enTants  ou  pour  I'afleo- 
tion  des  jeunes  amants«  G^ntelement  en  Orient,  oik  les 
femmes  sont  oondamnto  k  U  rtelusion,  et  oh  la  chaleur  du 
dimat  aTance  TAge  de  la  puberty,  on  fiance  encore  enfants 
les  individus  qu'on  destine  Tun  k  I'autre,  ou  plutdt  oet 
fian^^illes  sont  un  Y^ritable  mariage  qo'on  leur  feit  eon- 
tracter  en  attendant  rige  de  puberty ;  car  ii  est  rare  que  le 
pacta  de  promesse  soit  rompu.  Mais  les  fiancte  n'ont  gu^ 
la  liberty  de  se  Tolr,  et  il  arrlYe  sourent  cbei  les  Cbinois,  les 
Indous  et  les  Persans,  qn*ils  se  Toient  pour  la  premie  fois 
le  jour  des  noces. 

Les  Julfs  et  les  Syrlens  oonnaisaaient  anssl  les  fian^lles. 
Clieilesdefnieri,  on  poorsniTait  oomme  adnltto  la  fianc^ 
qui  abosalt  oatrafiquait  de  sa  tendresse.  Chei  les  H^reux, 
les  fian^Ues  araient  Hen  de  trois  mani^res  :  1^  par  une 
pi^  d'ai^ent  que  le  Jeune  bcmime  remettait,  en  pr^ence 
de  tteoitts,  k  la  Jeune  fiile,  en  disant :  »  Derenei  ainsi  mon 
^use;  9  2*  par  une  eonvention  toite  qui  exprimait  le 
consentement  des  futurs  dpoux,  la  promesse   de  la  dot, 


FIACRE  —  FIANgAILLES 


etrangete  Inoule  y  exigeaU  la  presence  de  tAnofais.  fi  7 
aTait  aussi  des  fian^lles  conditionneiles ;  il  y  en  avait  de 
contracts  p^  procuration;  mais  si  la  Jeone  fiUe  suit 
M  influenc6e  par  la  crainte  ou  la  Tiolenee,  elles  ^tsicBt 
nulles.  Le  Jenne  bomme  ne  poofait  argner  des  mtem  motib; 
car  on  tenait  coropte  de  la  faculty  qui  lui  restait  de  rtpo- 
dier  sa  femme.  Les  flan^'lles  ne  donnalent  k  Womut 
aucun  droit  sur  les  biens  de  sa  fiancte,  mais  cDes  hii  ei 
donnaient  sur  sa  personne.  Sans  doute.  Us  ne  pouraleot  tV 
bandonner  encore  k  tootes  les  liberty  du  mariage,  msis  It 
fiancte  derenait  ooupable  en  cMant  aux  d^strs  d*ua  aotie. 
Le  droit  de  fiancer  appartenait  an  ptoe,  et  mtae  le  codscd- 
tement  de  la  fille  n'^tait  n^cessaire  qu^autant  qn'elle  afiik 
plus  de  douse  ans  et  demi.  D*un  autre  MA ,  la  Jeune  fiHe 
ne  pouvait  cdl^brer  des  fian^les  k  llnsu  de  son  p^  soik 
peine  de  nullity,  le  p^  eOt-il  touIu  les  rendre  Talidei  pir 
son  approbation  ult^eure.  Si  le  p^re  ^talt  mort,  la  m^ 
et,  k  dkiut,  les  fibres  avaient  le  mdme  priTil^  sur  la  jeiuii 
fille.  Seuleroent,  jusqu'li  TAge  de  puberty  elle  conserrait  la 
faculty  d'annuler  la  promesse  par  un  acta  de  renonciatloB, 
dans  lequel  des  femmes  digues  de  foi  dern&ent  atteiter 
qu*dle  ^tait  impubto.  Mais  Tis-4-vis  de  ce  droit  dtait  edai 
donnd  k  lliomme  de  la  r^pudier  sans  aucun  d^dommap- 
ment.  S'il  y  avait  contrat,  la  dot  ^tait  cependant  exigible, 
bien  que  le  mariage  n*eOt  pas  M  fait;  il  en  ^tait  de  mteie 
dans  le  cas  06  la  mort  yenait  k  frappcr  le  fianc^.  Cette 
mort  en  effet  avait  pour  la  fiancte  les  mfimes  suites  qo^oa 
▼euTSge  r6d;  c'est  pourquoi  la  disposition  de  la  loi  qoi 
diflendait  aux  pr6tres  d*4>ouser  une  yeuTe  lui  Wt  ap- 
plicable. 

Chez  les  Romains,  qui  avaient  trouv^  cet  usage  (HM 
parmi  les  peuples  du  Latium,  les  fian^lles  se  faisaient  par 
le  seul  consentement  des  deux  fianote  et  deacfaefiB  des  don 
families :  il  sufBaait  que  les  deux  fianc^  eussent  plus  de  lept 
anset  pussent  contracter  l^alement  mariage  par  la  suite; 
mais  ce  lien  ne  donnait  aucune  action  pour  contraindre  aa 
mariage.  Cheque  partie  pourait  y  renoncer  en  le  notifiaat  \ 
Tautre  en  ces  termes  :  CondUione  tua  nan  tUor,  Cooi- 
mun^raent  le  fianc^  donnait  des  arrhes  k  la  fianc^  00  &  aoa 
p^re ;  et  s*il  manquait  par  sa  yolont6  propre  k  son  e^gigB- 
ment,  il  perdait  aes  arrhes.  Quand  il  y  ayait  faute  de  b  part 
de  !a  fiancte,  elle  deyait  rendre  primitivement  les  airfaes  aa 
quadruple,  et  plus  tard  au  double.  Si  la  rupture^tait  coa- 
sentie  de  part  et  d^autre,  de  part  et  d*autre  aussi  <»  reodait 
les  arrhes.  Les  fian^Ues,  comma  le  mariage,  afaleot  ua 
caract^re  purement  dyil. 

Au  moyen  ftge,  l^urope,  deyenuechr^tienne,  oonsenra  le 
droit  remain  et  connut  les  fian^aiUes,  telles  k  peu  pr^  cpie 
les  ayalent  prescrites  les  dispositions  canoniques  et  le  code 
Jostinien ,  le  Digeste  ou  les  Pandedes,  etc.  Toutefois,  en 
adoptant  les  fian^ailles,  r£glise  grecque  et  llSglise  latine  les 
enyisag^rent  autrement.  Alexis  Gomntoe  fit  une  loi  qui  doa- 
nait  aux  fiauQailles  la  mtoie  force  qu'au  mariags  effedif;  et, 
conform^ent  k  oe  prindpe,  le  sixitee  condle  in  Trullo 
d^dara  que  cdui  qui  ^pouserait  une  fille  fianctekun  autre 
serait  puni  comme  adultte^  si  le  fiano6  yiyait  au  temps  do 
mariage.  L'figlise  latine,  au  contraire,  enyisagea  constam- 
ment  les  fian^lles  comme  de  simples  promesses.  Cependant, 
le  dterdre  s'dtant  introduit  dans  les  relations  des  sexes,  00 
contracta  des  fian^les  par  parole  de  prUent^  c^est4- 
dire  ayant  les  mames  consequences  conjngales  qu^uD 
y^itable  mariage.  Or,  dies  se  contractaient  clandestine- 
ment,  et  la  pinpart  des  femmes  ainsi  fianote  ^talent  aban- 
donnte  et  sacrifite.  Le  concile  de  Trente,  ettnf6  de  taot 
d^abus,  prohiba  les  fian^Iles  par  paroles  de  present,  en 
exigeant  la  prtence  du  propre  cure  et  celle  de  deux  oo 
trois  t^moms.  Uneordonnancede  Louis  XIII,  de  1639,  oonnue 
sous  le  nom  d*ordonnance  de  Blois,  adopta  cette  dbposi* 
tion  du  ooncile,  en  difiendant  k  toutnotaire  de  passer  00  de 
recevoir  aucune  provesse  de  ce  genre.  Depuis  cette  ^poque 
4usqu*k  la  rdfolution  de  1789  on  n'a  plus  eonnn  en  Fraaoe 
prix  de  la  ^irginil<i,  etc.;  3'  par  Taction  conjugate.  Une  |  que  les  fiancaOles  par  paroles  dc/utur,  on  singles  pro- 


FIANQAILLES  —  FIBRE 


409 


meases.  Trois  choMs  aTsient  coatame  de  les  accompagner : 
la  b^D^dSction  nopUale  en  face  de  r^ise,  les  arrbes  et  les 
presents  de  mariage,  Facte  qai  oontenait  les  conTentions  de 
maiiage.  L*us«ge  de  la  benediction  ^tait  pratique  par  F^glise 
dhs  le  quatritee  si^cle;  mals  Jamais  cette  benediction  ne  fut 
de  Pessencedes  fian^Ues*  qui  etaient  parfaitement  valables 
sans  qa*elle  interTlnt  Seulement,  c^etait  la  coutame  generale 
en  France  de  la  rechercher ;  eile  consistait  k  declarer  de- 
Tant  le  cure  de  la  paroisse,  dans  son  eglise,  qa*on  promet- 
tait  de  s*epoaser,  et  le  pretre  recitait  sur  les  fiances  les 
pri^res  da  ritael  de  snn  diocese.  Les^noes  se  donnaient 
reciproqnement  des  gages ,  et  celle  des  parties  qui  sans 
motif  l^time  rompait  ilinion  projetee  perdait  ses  arrbes , 
a  moins  qu'eiles  ne  fiissent  trop  considerables  eu  egard  k 
la  qaalite  et  k  Taisance  des  parties »  auqnel  cas  la  justice 
intervenait  pour  U  fixation  de  Pindemnite.  Les  presents 
que  le  fiance  fidsait  k  la  fiancee  se  repetaient  aussi  lorsque 
le  mariage  Tenalt  h  manqner  sans  la  Tolonte  du  dona- 
teur. 

Les  fian^lles  se  prouTaient  par  nn  eerit  redige  en 
presence  de  quatre  parents ;  et  nn  acta  reqi  derant  notaire 
determlnait  ordinairement  les  conventions  mabrimoniales. 
Le  premier  eflet  des  fian^illes  ainsi  contractees  etait  d*o- 
bliger  les  parties  etdedonner  action  mutuelle  poor  Taccom- 
plissement  de  la  promesse;  c'etait  ensnitOy  tant  qu'eiles 
subsistaient,  un  empechement  prohibiHf  ou  passager  au 
mariage  Ucite  de  Tune  des  parties ;  mais  I'obstacle  se  levait 
par  la  dissolution  legale.  £nfin»  memo  aprtola  dissolution, 
il  y  avait  empecbement  dirimant  absoln  an  mariage  de 
ebacoae  des  parties  avec  les  parents  de  la  ligne  directe  de 
Taulre  partle,  et  memo  avec  ceux  dn  premier  degre  de  la  ligne 
collaierale.  En  cas  de  contestations » le  jugc  ecdesiastique 
ne  pouTait  connaltre  des  finanfailles  qu'en  ce  qui  regardait 
le  fiance  et  la  fiancee;  pour  les  dommages  et  interets  re- 
raltant  de  la  non-execution  de  la  promesse,  il  fiiilait  se  ix>ur- 
Toir  dcTant  le  juge  seculier  de  la  partie  refusante.  Tout  le 
ponToir  du  prender  se  bomait  4  Fexbortation;  mais  il  ne 
pouTait  forcer  k  accompUr  Pengiigement  par  censures  ec- 
ciesiastiques.  Si  la  partie  persistaxt  dans  wa  refus,  il  de- 
vait  prononoer  la  dissolution  des  flan^ailles,  en  lui  impo- 
sant  nne  penitence  pour  son  manque  de  foi.  Cette  penitence 
consistait  dans  quelques  prices  on  de  leg^res  aum6nes. 
Quant  aux  dommages  et  int^rets,  le  Juge  securer  arbitrait 
la  somme  que  lui  paraissait  comporter  le  prejudice  cause 
par  Hnexecution  de  reogagement  Le  consentement  mutuel 
des  parties  suflfisait  d'ailleurs  pour  les  aflirancbir  ( sauf  le 
cas  des  mineurs ,  qui  avaient  besobi  de  Tinterrention  do 
pere  oo  du  tuteur ).  Les  flan^ailles  etaient  dissontes  de  plein 
droit  lorsque  les  parties  laissaient  passer  le  temps  contenu 
d*aceomidirla  promesse.  Si  les  promesses  ne  fixdent  aucun 
tempsy  les  empereurs  Constance  et  Constant  airaient  decide 
que  pour  des  fiances  de  la  memo  province,  la  fiancee  poovait 
trnponemeotsemarier^  un  antrean  bontde  deux  ans.  Eneas 
d'abseoce  du  fiance,  la  fiancee  etait  dispensee  de  Tattendre 
plus  de  trois  ans.  La  fornication  de  Tune  des  parties  fiancees 
avecun  Granger  degageaitl'autre.  Le  pape  Innocent  In  avait 
poortanl  dedde  qu*on  ne  pouvait  se  dispenser  de  tenir  sa 
promesse  4  sa  fiancee  sous  le  pretexte  qu^elle  avait  manque 
aux  devoirs  de  la  chastete  avant  les  fian^aille^.  Des  v(eux 
soiennels  de  religion ,  on  la  promotion  aux  ordres  sacres, 
degageaient  anssi  Tune  des  parties  sans  le  consentement 
de  Tautre.  Td  etait  du  moins  le  droit  suivant  les  dicr6- 
tales. 

L^Alleroagne  protestante  et  les  royaumes  du  Rord  sont  les 
pays  od  les  flan^tles  se  prennent  aujourdliui  le  plus  au  se- 
rieux,  et  od  les  titres  de  /ianc4  et  de  fianede  surtout  soient 
sntoinres  de  pins  de  respect etd'hommages.  En  France,  depuis 
la  revolution  de  1789  les  fian^illes  out  cesse  d'avoir  aucun 
caracttee  legal;  et  dejk  il  y  avait  longtemps  qu'eiles  n*etaient 
plus  dans  les  maeors  nationales.  C.  Pecqueor. 

FIASCO  ( Faire ),  locution  que  la  plupart  des  langues 
europeenaes  ont  empmnteek  Titalien.  EUe  est  dans  le  laii- 

UlCT.    DE  LA   C0MVB»«4TI0N.  —  T.  IX • 


gage  des  tbeAtres  le  contraire  du  mot  furore,  dont  on  se 
sert  au  6e\k  des  monts  pour  designer  ces  transports  d'en- 
thouslssme  qu'une  belle  piece  ou  le  Jeu  d'un  grand  artiste 
excite  au  milieu  d'un  auditoire.  Cette  piece,  cet  artiste,  au 
lieu  d'appiaudissements,  recneillent-ils  des  sifllets  ou  seule- 
ment des  chui  !  its  anront  fait  fiasco,  Les  livres  aussl  et  ies 
autenrs  ne  font  que  trop  souvent  fiasco,  II  serait  an  reste 
difficile  de  dire  comment  les  Italiens  en  sont  venus  k  faire  de 
ce  moi  fiasco^  qui  litteralement  sigoifie  flacon,  bouteille, 
requivalentd'insucces.  OUi,  oM,  fiasco!  crie  le  parterre  de 
la  peninsula ,  toujours  feroce  quand  il  est  meoontent ,  au 
malbeureux  cbantenr  qui  fUt  entendre  une  note  douteose. 

FIBRE  (en  latin,  fiira).  Ce  mot  est  du  grand  nombre  de 
ceux  dont  il  est  tres-diffidle  de  donner  une  bonne  definition ; 
car  on  s'en  est  servi  pour  designer  une  foule  de  parties 
n'ayant  entre  elles  que  des  rapports  de  similitude  exterieurs. 
Cependant ,  on  peut  dire  d'une  maniere  generale  que  les 
fibres  sont  des  corps  longs ,  grfiles ,  demiers  filaments  aux- 
quels  on  arrive  par  la  dissection  des  animanx  et  m6me  des 
vegetanx ,  et  qui  par  leurs  dispositions  ou  leur  connexion 
donnMit  naiasance  k  tons  les  oiganes. 

Longtemps  les  autenrs  ontadmis  deux  classes  de  fibres, 
des  simples  et  des  oomposees.  Mais  Isl  fibre  simple  oomme 
ils  I'entendaient  est  une  pure  abstraction  de  Pesprit ,  elle 
ne  peut  tomber  sous  nos  sens ;  d^ailleurs ,  Us  la  consideraient 
comma  inorganique  et  composee  de  particules  terreuses , 
tres-deuees  et  nnies  entre  elles  par  un  fluide  visqueux.  Les 
fibres  composies  sont  formees ,  suivant  la  doctrine  de  ces 
andens  autenrs,  parPunion  de  pinsieurs  fibres  simples;  elles 
ont  toujours  asses  de  oonsistance  et  d*epaissenr  poor  qn'on 
puisse  les  distingner  sensiblement  par  tout  le  corps.  On  leur 
donnait  nne  oo  plusieors  denominations  dUrerentes,  sui- 
vant leur  direction  et  surtont  suivant  les  organes  dans  la 
coonposition  desqnels  on  les  voyait  entrer.  Ainsi  on  disait : 
fibre  membratieusBf  J^e  ekamue,  apon^vroHque^  oS' 
seuse,  vasculaire^  tendineusef  etc.  Mais,  outre  que  les 
fibres  ainsi  nommees  etaient  souvent  d'une  nature  Identique, 
cette  classification  avait  Pinconvenient  de  creer  des  es- 
peces  de  fibres  qui  n'existent  point :  par  exemple  la  fibre 
osseuse. 

Cbanssier,  apres  de  nombreuses  observations  sur  la 
structure  des  divers  organes  et  nne  longne  meditation  sur 
lestravaux  da  Bichat  et  de  ses  snocesseurs,  a  cm  devoir 
etablir  pour  les  animaux  de  Pecbelle  snperienre  quatre 
especes  de  fibres ,  essentieUement  distinctes;  ce  sont :  i*  la 
fibre  laminairep  large,  molle,  pen  extensible,  soluble 
dans  I'eau  booillante,  et  paraissant  etre  entiiroment  formee 
de  gelatine  concrete ;  2**  la  fibre  dlbugin^e^  blanche,  resplen- 
dissante,  luisante  etcomme  satinee,  pen  extensible,  soluble 
dans  Peau  booillante  et  formee  de  gelatine  combinee  avec 
une  certaine  quantited'albnmfaie;  S^  la  fibre  musculaire^ 
dite  aussi  motriee  ou  ehamue ,  molle ,  pins  ou  moins  rouge 
chez  les  animaux  k  sang  rouge,  eUstiqne,  susceptible  de  se  con- 
tracter  et  composee  de  fibdne,  d'albumine  et  de  gelatine 
(voyei  CBAia,  Musglm );  4*  U fibre  nerveuse  oo  nervate^ 
lui^dre,  cylindriqoe,  molle,  ditfloenta,  UanchAtre,  sans 
eiastidteet  formee  en  grande partie  d'albomlne  (voyez  Nsar). 
Cette  classification,  qooiqoe  blen  imaginee,  ne  resistapas  k 
unexamensevefe.OD  s'aper^itblentfttque  la  fibre  albnginee 
et  ta  fibre  eeUnlaire  ne  sont  ao  fond  qua  la  meme  sons  deux 
formes  difStoites,  qui  tiennent  au  plus  ou  au  moins  d*ecar- 
tement  des  moieraks;  puis  la  fibre  nerveose  n'a  qu^uile 
existence  apparente ,  et  quoique  la  pnipe  ncrveuse  presente 
manifestement  une  diq>06ition  fibrense  dans  beaiiooup  de 
points  de  sa  masse,  11  en  est  d*autres  ansd  oo  elle  n'a  quo 
Paspect  d*nne  polpe  parfUtement  homogtae.  Aojourd'bui 
les  plusrecentes  reeberches  en  organograpbie  ne  permettent 
de  reconnaftre  dans  les  animaox  eonune  dans  les  vegetaux 
qu^m  seni  titto  etementaire  et  fundamental;  c*est  le  tissu 
laminenx ,  qui  par  la  disposition  de  ses  parties  forme  des 
areoles  ou  cellules ,  ou  bien  se  roule  sur  lui-meme ,  et  domie 
naissanoe  aux  vaisseaux.  Cast  pourquoi  t  il  nous  senibie, 

53 


410 


FIBRE  —  FICHE 


a  (lit  Jourdan,  que,  danfl  T^tat  actoel  de  nos  coonaissances 
en  pliystologie,  on  deTrait  proscrire  le  mot  fibre^  auquel  se 
rattacbaot  malgr^  noostant  dMd^eserroDte,  et  qui  d^ailleurs 
entralne  ntossaireoftent  IHdte  d^un  corps  aolide,  allonge  et 
tr^minoe;  les  ^latreordresde  fibres  indiqu^  par  Chaiusier 
sont  ioauifiaants  poor  rq)r^senter  les  divers  tissos  secon- 
dairet  ou  sysltones  organiquesdont  r^nomie  aoimale  ren- 
fenne  sans  contradit  an  plus  grand  nombre ;  d'on  autre 
c6t6 ,  fls  8(mt  trop  multipUte  8*ils  n^eiprimeDt  que  les  formes 
il^tnentaires  primitiTes,  puisque  les  derni^res  obserratiens 
permettent  4*6tablir  que  le  nombre  de  ces  formes  se  r^uit 
4deuiy  ta^oir  :  letissucellulalre  et  letissu  tsscu- 
laire.  »  N.  Clermoiit. 

FIBElNEy  principe  Immddiat  des  animaux  qui  fait  la 
base  du  tissu  mnsculaire,  et  dans  lequel  on  a  plac^  mfiroe 
le  si^  de  rirritabilit^  de  ce  tissu.  On  le  trouve  aossi  dans 
la  cooenne  sanguine  ou  inflammatoire ,  et  dans  le  chyle.  La 
llbrine  a  ^  nomm6e  autrefois  matiire  plastique,  et  on 
lui  a  fait  jouer  un  grand  r61e  dans  la  production  des  phleg- 
masies.  On  Tobtient  facUement  du  sang  en  laissant  coaguler 
ce  Uquide,  ou  en  I'agitant  aTOcde  petites  branches  de  bouleau 
T^uniea  en  faisceau;  on  rassemble  ensuite  les  filaments 
fibreux  qui  s*attachent  au  balai,  et  on  les  lave  pour  les  d^bar- 
rasser  enti^rement  de  la  mati^re  colorapte.  Aiosi  obtenue , 
la  fibrine  est  blanche,  solide,  sans  saveur,  sans  odeur, 
plus  pesante  que  Teau.  Elastique  tant  qu*elle  est  liumide , 
elle  defient  cassante ,  jaune ,  en  se  dess^ant.  Elle  est  inso- 
luble dans  I'eau ,  mats  se  dissoot  dans  les  acides  et  certains 
alcalis  (la  potasse,  la  soude);  par  la  distillation,  elle 
foumit  beaucoup  die  carbonate  d*ammoniaqUb :  le  r^idu 
earbonis^  contient  du  phosphate  de  chaux,  de  magn^sie,  du 
carbonate  de  cbaux  etde  sonde.  Vanalogie  de  composition  a 
fait  donner  le  nom  de  fibrine  v^dialew  principe  essenliel 
du  gluten,  que  Ben^us  nonunait  albumine  vig6tale, 

D'  BaicoBTE^u. 

On  ayait  admis  gto^ralement  que  la  fibrine  est  une  sub- 
stance identiqoe  arec  T  a  1  b  u  m  i  n  e,  quant  k  sa  composition. 
Les  nombreuses  analyses  de  M.  Mulder,  cellesdeM.  Liebig 
et  tea  dl^fesoonduisaient  it  cette  cons^uence.  L^analyse  des 
diTerses  fibrines  nous  a  conduit  i.  un  tout  autre  r^ultat. 
Pour  preparer  la  fibrine  destin^e  ^  Tanalyse,  on  la  purifiait 
d'abonl  par  un  lavage  prolong^  ^  Peau  froide,  puis  on  la  trai- 
taitli  chand,  par  Talcool  et  ensuite  par  Tether.  Ia  fibrine  traits 
de  la  sorte  ^t  dess^chte  et  pulvdris^ ;  ensuite  elle  ^tait  sou- 
mise  &  de  noavelles  digestions  iraleool  et^  Tether  bouillants, 
puis  on  la  dess^chait  k  140*  dans  le  vide.  Quant  k  la  fi- 
brine de  &rin6,  celle  qu*on  retire  dn  gluten  brut,  elle  avait 
k  subir  un  traitementparticuUer  pour  la  d^barrasser  soit  de 
Tamidon  qu'elle  entralne  mteaniquement ,  soit  de  la  cas^lne 
et  de  la  glutlne  qui  Paccompagnent 

Void  la  moyenne  de  Tanalyse  de  la  fibrine  de  sang 
d^homme :  Carbone  52,78;  hydrogtee,  6,96;  azote,  16,76; 
osyg^,  23,48.  La  fibrine  ^uisiSe  par  Teau  bouiUante  ofhre 
exactement  la  mdme  composition  que  Talbumine.  Dans 
cette  droonstanoe,  la  fibrine  oMe  k  Peau  une  mati^re  par- 
ticulite«,  et  pard  de  rarooooniaque  par  r^bullition.  La  ma- 
tite  dissoute  par  Teau  difl^re  des  mati^res  albumineuses  par 
sa  composition  et  ses  propri^tds ;  elle  dilTere  de  la  gelatine, 
dottt  on  Pa  rapprochie,  en  ce  qu'elle  ne  se  prend  pas  en 
geUe ;  elle  pr6cipite  par  le  tanln  et  par  PaddQ  nitrique. 
J.-B.  DOMAS,  de  l'Ac«d6inie  det  Mi«nocs. 

FIBRO-GARTILAGES.  Sous  ce  nom,  on  comprend 
en  anatomie  des  corps  consistants,  d'un  blanc  gris&tre,  ^lasU 
ques^qui  rappellentparleur  texture  fibreusela  structure  des 
ligaments,  etparleoroouleur  etleur density Porganisatlon 
dea  cartilajgea.  Lesfibro-cartilages  sont  toujours  situdsau 
Toisinaga  des  oa  et  des  ligaments,  entre  lesquels  ils  ^tablis- 
sent  comme  une  transition  par  leur  consistance  et  leur  ^asti- 
dt^.  On  peuten  <i8«fiinjii^  plusienrsTari^t^  :  queiques-uns 
n*ont  qu^uneexistenoepour  ainsidiretemporaire,  et  setran*- 
fbrasent  k  la  longne  en  tiaau  osseux;  les  autres  ne  cbangent 
jamais.  LespitnSersse  ^veloppent  ordinairemeot  dans  P6-r 


paisseur  des  tendons,  comme  cela  se  Toit  pour  la  rokiU  el 
les  OS  s^samoides,  qui  ne  sont  dans  le  prindpe  que  des  fi- 
bro-cartilages.  Us  se  ferment  aussi  dans  P^'sseur  du  p^ 
riosle  ou  du  tissa  ligamenteux  qui  adh^  aux  os,  ainsi 
qu*on  Pobserve  toqtes  les  fois  quVn  tendon,  glissant  contn 
un  06,  n^est  s^par6  de  celui-d  que  par  le  pirioste  ou  par 
une  galne  ligamenteuse.  Les  fibro-carUIages  de  la  seooode 
classe,  c'est-I-dire  ceux  qui  ne  subtsaent  aucune  transfor- 
mation ult^rieure ,  se  rencontrent  surtout  au  voisinage  des 
articulations,  dont  tantdt  ils  occupent  Pint6rieor,  et  dontiis 
circonscrivent  d^autres  fois  le  pourtour.  Nous  arons  des 
exemples  de  ces  demiers  k  Particulation  de  la  coisse  atec 
le  bassin  et  k  celle  du  bras  avec  P^paule.  Dans  ces  deoi  ar- 
ticulations en  eOTet,  la  tdle  arrondie  de  Pos  du  membre  e^ 
re^ue  dans  une  cavity  de  Pos  du  bassin  ou  de  Pos  de  1*6- 
paule,  qui  serait  bien  superfidelle,  si  la  profondeor  n'en 
^tait  accrue  par  la  saillle  que  forme  k  la  drconf(6renoe  de 
la  cavity  un  epais  sourdi  de  tissu  fibroK»rtilagineux.  Dans 
d^autres  cas,  ils  sont  interposes  aux  surfaces  articulaires 
contigues.  Ils  se  pr6sentent  alors  sous  la  forme  de  mdnU- 
ques,  remplissent  tout  le  champ  de  Particulation  ou  n'en  oc- 
cupent qu^une  partie.  Ils  sont  plus  ^pais  k  la  droonf(6raicc, 
oil  ils  adherent  aux  ligaments,  et  amincis  k  leur  centre  ou 
k\eav  bord  int^rieur,  qui  flotte  dans  Particle.  lis  sont  blancs, 
lisses  et  unis.  Tds  sont  ceux  des  articulations  temper^ 
maxillaires,  quis^parent  enti^rement  la  surface  articulaire 
du  temporal  de  la  surface  articulaire  de  Pos  maxiltair&  its 
sont  perc^  k  leur  centre  d'une  ouverture  circulaire.  Tels 
sont  encore  ceux  de  i^articulation  du  genou ,  qui  ont  une 
forme  semi-lunaire,  sont  dpais  k  leur  circonf^rence  ext^- 
rieure,  adh^rente  aux  Ugaments  de  Particulation ,  et  sent 
amincis  et  tranchants  k  leur  bord  interne,  qui  est  ooncsTe. 
Ils  couvrent  done  une  partie  des  surfaces  articulaires  da 
tibia,  qui  ne  touchent  quo  par  leur  partie  centrale  aux 
m6mes  surfaces  du  f^mur.  D'aulres  fois  enfin,  ces  flbro-car- 
tilages,  intimement  unis  aux  surfoces  correspondantesdesos, 
r^tablissent  entre  eux  la  continuity  Cest  ce  qu*on  obserre 
pour  les  OS  du  cr&ne  et  d^une  mani^re  blen  plus  sensible 
pour  les  corps  des  ▼erttt)re8.  Ce  moyen  d'unioa  apoureffct 
de  donner  une  oertaine  souplesse  au  syst&me  d^os  qui  sont 
ainsi  reli^  entre  eux.  Les  fibro-cartilages  desyertibres  sont 
^pais,  denses  et  fibreux  k  leur  contour,  rooins  <Epais,  plus 
dastiques  k  leur  centre.  C*est  k  cette  dastidi^  qu*ils  doivent 
de  roister  aux  frottements  destructeurs  dont  les  Tert^ies 
subissent  Pinfloence,  lorsque  des  an^yrismes  de  Paorte  6e 
d^veloppent  dans  leur  voisinage.  D'  Fonuieton. 

FIG.  Les  chirurgiens  ont  donn^  ce  nom  k  certains  fon- 
gus.  II  n*est  plus  go^re  usili  que  dans  Part  ▼(^t6rinaire. 

FIGAIRE^  un  des  noma  de  la  petite  6  c  I  a  i  r  e. 

FICELLE.  Voye%  Corde,  Corogrie. 

FICHE.  Ce  mot,  qui  Tient  ^Tidemment  defigere^  fixer, 
introduire  daaa,  est  susceptible  d*un  grand  nombre  d'accep- 
tiona.  D^abord  il  sert  k  designer  de  petits  moroeaux  de 
bois,  perches  on  jalona  fix&  en  terre  pour  indiqnerles 
limitea  d^un  espace  de  terrain  qudconque,  comme  Pempla- 
cement  d*un  camp ,  par  exemple.  On  donne  f r^uemmeat 
aussi  dans  les  arts  le  nom  de  fiches  k  des  corps  6x^  dans 
d'autres  corps.  C*est,  en  teruies  de  lutherie,  le  nom  que  por- 
tent les  cheYiUes  antour  desquelles  on  entortille  les  oordes 
de  fer  ou  de  coiTre  d'nn  grand  nombre  dMnstruments..Dans 
la  serrurerie,  on  d^igne  sous  le  mtoienom  les  corps  en  lier 
sur  lesquels  se  meuvent  et  sont  t outenues  lea  fenitres,  In 
portes,  etc. :  c'est  ce  que  le  public  nomme  ordinairement  del 
gondi.  On  d^slgne  aussi  en  ma^onnerie  sous  le  nom  de 
fiches  vn  outU  plat,  long  et  pointu,  serrant  k  ohasser  k 
mortier  dans  les  jointures  des  piarres. 

Le  VDifAfiche  est  trte-usit^  dans  les  ieox;  dans  ce  cai 
Roquefort  le  fait  d^river  de  Panglaisjm,  poisson.  Les  fi- 
ches  sont  de  petites  lames  ou  morceaux  de  bois,  dlroire  oo 
de  tout  autre  corps,  destine  k  repr^senter  de  Pargent  oudes 
jetons,  quand  ceux-d  rienneot  k  manqner  ou  lorsqnVNi 
Tout  en  sttbdlTiaer  la  Taleur.  U  y  en  a  de  dinfirai^  c«i 


picfiE  _  ncfftt 


fenrft  OQ  de  difTdrentes  formes.  Poor  justiiier  cette  ^tymo- 
lofS^e  de  JbA,  le  m^me  aotear  remarqne  qa'il  est  encore  de 
ees  poissooft  dans  les  andennes  bottes  de  jeo  et  cbez  lea 
marcliands  de  curiotit^.  L'origineen  remonte  an  riigne  d*£* 
Usabethy  c'ert-li-dire  vers  la  fin  du  seizltoie  sitele.  Perdre 
un  panler  de  Jlches,  c*6tait  alors  perdre  un  panier  de  goa* 
Jons  en  dcaiUe  oo  en  nacre.  On  donne  aox  fiches  la  yaleur 
qo^on  Teat,  et  i  la  fin  de  la  partie  ou  da  Jeu  dies  servent 
k  ^Yaleor  le  gain  ou  la  perte  de  chaque  Joaear. 

On  nomme  JUhes  de  eonsolationdes  fidies  qu*on 
donned  eertains  Jeox  en  sarcrott  de b^i^ce  h  ceax  qui  ga- 
gnent.  On  sesert  anssi  fignrtoent  de  la  ra6me  expression  ponr 
designer  quelqae  incident  heareox  survenu  en  mtoie  temps 
qn^nn  malbear,  oo  bien  encore  pour  indiquer  qu*un  mal- 
hear  n'a  pas  4U  anssi  grand  quMl  eAt  pa  Vfitre;  que  la  perte 
qa'on  a  €pT0uf6e  n'est  pas  g^n^ale,  irrte^iable,  et  qu^il 
est  encore  rest^  quelqae  motif  de  s'en  consoler  ou  mtoie 
de  la  r^parer,  comme  an  Jooeur,  qui  pent  quelquefois  avec 
one  seole  ficbe  se  relever  d'une  grande  perte. 

FIGHTE  (  Jban-Gottli£b}^  Tun  des  plus  c^I^res  pen- 
leurs  qu'ait  eus  TAlIemagne,  naquit  en  1762,  k  Rammenau, 
prte  Kscbo&werda,  dans  la  baute  Lnsace,  et  apr^  atoir 
^todS^  k  I^na,  h  Leipzig  et  h  Wittemberg,  passa  plusieurs 
annto  comme  pr^pteur  k  Zuricb,  ob  il  se  lia  atec  Pesta- 
knzf,  et  plus  tard  k  Kocnigsberg.  Son  Essai  d'une  critique 
de  Umte  rivilation  ( 1792 ),  qui  excita  Tatteution  g^n^rale 
et  fut  d*abord  attribui  k  Kant,  lui  yalut  en  1793  une  chaire 
de  philosopbie  k  Itoa.  II  y  d^veloppa  sous  le  nom  de  Science 
de  la  science  un  sysltoie  dans  lequel  il  exposait  les  germes 
d'id^alisme  contenus  dansle  criticis  mode  Kant,  s*^Ioi- 
gnant  dte  lors  de  plus  en  plus  de  Kant,  et  pr^parant  les 
Toies  aoxphilosopb&nes  de  Scbelling  et  de  Hegel.  Ac- 
cost deyant  le  consistoire  saxon  de  prteber  Tatli^isme,  k 
cause  d*un  article  publid  dans  le  Journal  philosophigue 
(t.  8,  liT.  1")  sur  les  bases  de  notre  croyance  au  gou- 
vemement  du  mondepar  la  Povidence,  son  enseignement 
fatrobjetd'uneenqu^te  qui  n^eflteu  pour  lul  aucund^gr^- 
roent,  k  cause  des  prindpes  ^lair^  qui  dirigeaient  le  gou- 
Temement  de  Weunar,  s'll  n'avait  pas  &  ce  propos  menacd 
de  donner  sad^mission ,  qu^on  prdvint,  en  1799,  par  un  re- 
trait  d'emploL  Pour  sa  defense,  Ficbte  publla  un  Appel 
centre  Vaecusation  d'athdisme  (1799).  II  trouTa  bon 
accneil  en  Prusse,  T^cut  quelques  annies  k  Berlin,  et  dans 
TM  de  1805  fut  nommd  prof&sseur  de  pbilosophie  k  Er- 
langen,  avec  autorisation  de  venir  passer  les  bivers  k  Ber- 
lin. A  r^poque  de  la  guerre  entre  la  Prusse  et  la  France,  il 
se  rendit  k  Koenigsberg,  oii  ilfitaussides  cours  pendant  qud- 
qoe  temps.  Au  r^blissement  de  la  paix,  il  revint  dans  la 
eapitale,  ob,  en  1810,  il  fut  appeI<S  k  occuper  la  cbaire  de  pbi- 
losophie dans  la  Bouvelle  university  qu'on  venaft  d'y  fon- 
der. Ficlite  nMtait  pas  seulement  un  penseur  original  et  in- 
dependant,  c*^tait  encore  un  palriote.  C*est  ainsi  qu^en  1808, 
alors  qu^ne  gamison  fran^aise  occupait  Berlin,  11  n*avait  pas 
craint  d^y  prononcer  ses  Discours  i  la  Nation  allemande 
(  Berlin,  1814;  nouv.  ^tion  1824 ),  et  qu*en  1813  0  y  prit 
pour  sojet  de  ses  cours  Vid^e  que  doit  viritahlement 
reprisenter  la  guerre;  le^ns  qui  produisirent  une  vive 
impreuuon,  mais  qui  ne  furent  imprim^es  qu'aprte  sa  raort 
(Tubingen,  1815  ).  La  mort  de  Ficbte  fut  digne  d*une  vie 
consacc^  tout  enti&fe  au  bien;  il  succomba,  le  27  Janvier 
1814,  4  une  fi^vre  dlidplfal,  gagn^  k  porter  des  consolations 
k  des  malades  et  k  des  bless^. 

Daas  la  carriire  scientlfique  de  Ficbte,  on  remarque  deux 
pModes  bien  distinctes,  et  dont  la  premise  a  bien  plus  d^ira- 
portance  que  la  seconde  poor  bi  signification  bistorique  de 
son  iddalisme.  Void  ceux  de  ses  prindpaux  oovrages  qui 
•e  rattacbent  k  cette  premiere  p^riode :  De  la  notion  de 
ia  Science  de  la  Science  (I^a,  1794);  Esquisse  de  Fen' 
temble  de  la  Thiorie  des  Sciences  ( 1795  );  Esquisse  des 
Caractiresparticuliersd  la  Science  de  la  Science  (1795); 
/>e  la  Destination  de  r Homme  (1800);  Le^ns  sur  la 
Destination  du  Savant  ( 1794);  Prindpes  du  Droit  na- 


411 

turel  ( 1796-1797 };  Syit^M  de  Morale  ( 1798  },  tr^-cer- 
tamementdetous  les  ouvrages  de  Ficbte  celui  qu*fl  a  le  plus 
mQri.  L'ouvrage  de  Ficbte  De  la  Destination  de  tSomme 
forme  la  transition  entre  la  premito  et  Ul  seconde  p^riode 
de  sa  pbilosophie,  quUl  a  expose  d*une  mani&ro  populaire 
dans  ses  Conseils  pour  itre  heureux  ( 1806 }.  Elle  a  i«^u 
d'ailleurs  une  veritable  exposition  scienUfiqu§  dans  ses  Le- 
^ns,  qu*a  fait  connattre  la  publication  faite  par  son  fiU  de 
ses  GBuvres  postbumes,  ob  Ton  doit  surtout  remarquer  sa 
logique  speculative  et  ses  Essais  sur  la  Science  du  Droit 
et  sur  la  Morale,  Bien  que  Fichte  n*ait  jamais  cTi6  d*^ 
cole  particuli^re,  et  que  ses  doctrines  n'aient  ^16  adopts 
que  par  un  petit  nombre  de  penseurs,  son  influence  sur  les 
d^vdoppements  nit^rienrs  de  la  philosopbie  allemande  n*a 
pas  laiss^  que  d'etre  fort  grande  :  car  ScbdUng  et  Hegel 
n'ont  go^re  M  que  ses  continuatears. 

[  Ficbte  pretend  qull  y  a  en  nous  deux  moi,  fun  absola, 
r^;  Tautre  relatif,  pb^nomdnal.  Comment  entend-il  ces 
deux  moif  Le  void.  Conceves  une  activity  lllimit^,  infl- 
nie,  qui  tend  enssentidlemont  k  produire,  et  supposes  qu*dle 
ne  produise  pas  :  eUe  est  le  moi  absolu,  r^ ;  supposes 
qu*dle  produise,  sa  production  estlemo<  relatif,  pb^nom^ 
nal.  I^  premier  est  appd^  absolu :  paroe  qu'^tant  toot ,  II 
ne  depend  que  de  lui-m6me;  U  est  appel^  rM  paroe  qa^6- 
tant  tout,  11  est  lar^lit^par  excellence,  Funique  r^t^;  le 
second  est  appel^  relat\f  parce  quUl  depend  du  premier, 
dont  il  est  la  crdation,  et  qu^il  n*a  de  fondement  qu'en  lui; 
11  est  appd^  pMnominal  parce  que,  paraissant  et  dispa- 
raissant  avec  chaque  production  du  moi  absola,  Q  em- 
prunte  de  celni-d  loot  ce  quUl  est,  et  n*a  aucune  MSM 
par  lui-m^me.  Suivaot  Ficbte,  le  moi  se  pose  lui-mSmCf 
c'est-i-dire  qu'il  s'appdie  lui-m6me  k  I'existence,  en  se  don- 
nant  de  savoir  qu*ll  existe;  car  pour  lui  exLster  ou  savoir 
.qn*n  existe,  c'est  la  m^me  chose.  Ck)mment  6lre  moi^  com- 
ment pouvoir  se  dire  moi,  sans  se  savoir  exister?  Et  com- 
ment se  savoir  exister  sans  Mre  moi ,  sans  pouvoir  se  din 
moil  £videmment  l^m  bnplique  Tautre.  Par  quol  notre  6tre 
pensant,  notre  esprit,  sait-11  qu'il  existe?  Par  rbnpression 
!nt6ieure  qu'il  ^prouve  de  lui-m£me,  impression  qu*on 
nomme  ordinairement  sens  intime,  et  queP^cole  6x)ssaise 
appdle  et  que  j*appellerai  id  avec  f^e  conscience.  Or, 
p<rar  que  notre  6lre  pensant,  notre  esprit ,  ait  consdence 
de  Iui-m6me,  II  faut  qu^il  produise  des  pens^ ,  c'est-a-dire 
quMl  agisse,  parce  que  ce  n*est  quepar  Taction  et  dansraction 
quMI  a  impression  desoi.  AfaisI,  le  moi  ne  peut  prendre  cons- 
cience de  lul-m6me,  se  savoir  exister,  se  poser,  qo^autant 
qull  agit.  Mais  Ficbte  nous  donne  deux  moi :  quel  est  celui 
des  deux  qui  a^^t  ?  C*est  le  moi  absolu.  Cependant,  ce  n^est 
point  lui  qui  a  conscience  de  soi,  puisque  d^  qu^O  agit  11  ne 
peut  plus  6tre  consid^r^  comme  moi  absolu.  Comme  pour* 
tant  c*est  par  Taction  que  la  conscience  se  salt,  qui  revolt 
la  conscience,  qui  en  est  saisi?  C'est  le  moi  rdatif ,  lequel 
est  formd  par  Taction  du  moi  absolu  :  lui  seul  done  prend 
conscience  de  soi.  Ainsi,  quand  Fichte  dit  que  le  moisepose, 
11  ne  Tentend  d*aucun  de  ces  deux  moi  pris  s^par^ment, 
mais  de  leur  ensemble  et  de  leur  concours.  En  effet,  d^un 
c6i6f  c*est  du  moi  ph^nom^nal,  vu  que  c*est  lul  qui  a  cons- 
cience de  sot ;  de  Tautre,  c'est  du  moi  r^l,  par  qui  a  6i6 
pos6  le  moi  ph£nom4nal.  Poor  lors,  dans  cette  proposition 
fondamentale  de  Tauteur  :  le  moi  se  pose  luU-mSme,  le 
mot  moi  a  une  acception  dilf^rente  de  cdle  qu'il  lul  donne 
quand  il  parte,  soil  da  moi  absolu,  soil  du  moi  reUtif.  Ce 
mot  signifie  id  un  moi  qui  r&ulte  du  jeu  des  deux  autres, 
et  qui  est  le  moi  complet,  le  moi  de  la  vie,  notre  individo, 
non  pas  seulement  en  tant  qu^il  est  doui^  du  penser,  mais 
de  plus  en  tant  qull  pense  actuellement  II  ne  s^ensuit  pas 
moins,  dans  ce  syst^me,  que  le  moi  de  la  vie  n*a  de  r^it6 
que  dans  le  moi  absolu ,  et  que  c'est  cetul-cl  qui  constitue 
viritahlement  notre  dtre,  qui  fait  que  noos  sommes  sub- 
stance absolue  comme  lui,  et  parlant  Dieu.  C*est  pourquoi 
Fichte  ne  volt  dans  Dieu  que  Tordre  moral,  et  non  point 
une  existence  substantielle  difl(6rente  de  la  nOtre.  Cette  opi* 

52. 


412 


FICHTE  -  FICIN 


nion,  il  est  vrai,  es.  oe  .e  de  ses  premiers  ooTrages.  Com- 
batta  par  Schelling,  il  a  change  plus  tard,  et  dans  les  der- 
niers,  tels  qw  la  Destination  de  V Homme,  par  exemple, 
ao  Hen  de  fondre  Dieo  dans  le  moi,  H  a  fondu  le  moi  dans 
Dieu.  De  sorte  que  ce  n'est  plus  k  Diea,  mak  bien  an  moi , 
quMl  raTit  I'existence  sobstanttelle. 

De  la  distinction  du  moi  absolu  et  da  moi  phteom^al, 
il  dMuit  trois  axiomes^  qtii  sont  k  ses  yeux  le  fondement  de 
ce  qu*il  appelle  la  science  de  la  seienee,  c'est-^-dlre  de  la 
science  premito,  qui  n*est  autre  qoe  la  m^taphysique  : 
!<*  Le  moi  absolu,  avant  de  se  determiner  ou  d'agir,  ^tant 
toiijours  4gal  k  lui-mdme,  on  peut  dire  de  loi  sans  restric- 
tion :  moi  est  moi,  taiomndHdentiti,  V  Dans  chaquepens^, 
il  y  a  cequi  pense  et  ce  qui  est  pens^  :  ainsi,  je  pense  un 
cercle,  c'est  moi  qui  pense,  le  cercle  est  I'objet  de  ma  pen- 
s^;  et  qnoique  cet  oljet,  c'est-k-dire  lUdte  ou  Timage  qui 
me  le  repr^nte ,  soit  dans  ma  penste ,  cependant  je  le 
distingue  de  ma  pens^  dle-m^me.  Ma  penste,  c*est  le  moi 
ph^om^nal,  comma  nous  TaTons  tu;  Tobjet  de  ma  penste, 
c*est  le  non-moi.  Le  moi  ph^nom^al  6tant  toujours  dis- 
tinct du  non-moif  on  peut  dfare  des  deux :  le  moi  n'est  pas  le 
non-moi,  axiome  de  contradiction,  3'  Enfin,  le  moi  absolu 
produisant  one  infinite  de  moi  pMnom^naux ,  auxquels  cor- 
respond une  parellle  infbiit^  de  non-moi,  lesquels  sont  aossi 
pb^nom^iaux,  on  pent  dire  que  le  moi  absolu  oppose 
au  moi  pMnonUnal  divisible  ou  multiple,  un  non-moi 
igaiement  divisible  ou  multiple,  axiome  de  rtUson  svffir 
sante.  Soirant  Tauteur ,  oes  trois  axiomes  entrent  essen- 
tiellement  dans  toute  conoaissance,  et  rtfpondent  aux  actions 
n^cessaires  de  Tesprit  bnmain :  c*est  poorquoi  ils  sont  les 
prindpes  de  la  science  de  la  science. 

Quelle  application  Ficlite  a-t-il  faitede  son  syst^me  k  la 
religion,  k  la  morale,  k  la  politique?  Les  details  ne  sau- 
ralent  trouver  place  id;  je  me  borne  k  Tindiquer  d^une 
fa^n  g&i4rale.  Toucbant  la  rdigion  :  dans  la  premiere  ma- 
nidre  de  Toir  de  I'auteur,  le  moi  absolu  ^tant  toute  r^'l^, 
Dieu  est  r6duit  k  n*ttre  que  Tordre  moral  :  done  point  de 
religion,  puisqu^dle  n^estque  le  lien  de  lliomme  avec  Dieu. 
Dans  la  seconde  manito  de  Toir,  il  admet  Dieu,  mais  il  nie 
le  moi :  point  de  rdigion  encore ,  puisque  Tun  des  deux 
termes  sur  lesquels  porte  la  religion  manque.  Et  si ,  dans 
sa  Destination  de  C Homme,  il  prodame  une  Tie  future,  ce 
n*est  qu*une  incons^ence  de  plus.  Touchant  la  morale, 
le  qtoi  absolu  ^tant  ind^pendant,  iliomme  est  sa  loi  lui- 
m6me,  etn*a  d'autre  obligation  que  cdle  quil  s'irapose.  Dte 
lors,  quoi  qu^en  dise  Fichte,  point  de  dcToirs  envers  ao- 
trui,  partant  point  de  morale.  Touchant  la  politique,  Tau- 
teur  serait  conduit  k  nier  toute  loi  commune^  et  k  consti- 
tuer  chaque  membre  de  la  soci^t^  dans  une  souYcraine  in- 
dependence, ce  qui  serait  Tanarchie.  Mds  point  du  tout  : 
loin  de  les  etabUr  dans  une  telle  independence,  de  recon- 
nattre  k  chacun  des  droits  absolus,  propres,  naturels,il  se 
jette  k  I'autre  extreme,  ne  leur  reconnatt  aucun  droit 
inherent  ^  leur  nature,  et  ne  leur  attribue  que  des  droits 
empruntes  ^  l*£tat.  Et  la  perfection  de  la  sodete  pour  lui 
est  la  mine  totale  de  rindifidualite.  Ainsi,  par  les  prin- 
dpes, il  etablit  Tanarchie;  par  leur  application,  le  despo- 
tisme. 

Qud  jugement  porter  sur  Fichte,  dont  le  nom  retentit  d 
fort  en  France?  Pour  qui  les  theories  bizarres,  les  para- 
doxes emphatiques,  sont  des  creations  d*une  intdligenoe 
superieure,  Fldite  est  un  puissant  genie.  Pour  qui  une  pa- 
rdlle  intdligence  ne  se  re?de  que  par  la  possession  nette, 
•  sOre,  des  yerites  capitales,  Je  le  diral,  dusse-jo  attirer  *ur 
moi  les  anathemas  decenx  qui  seposent  les  arbitres  dePo- 
pinion  phflosophique  parmi  nous,  Fichte  n*est  qu'un  brillant 
songe-creux.  Bobdas-Dbmouloi.  ] 

FICHTELGEBIRGE  ( litteralement  montagnes  aux 
sapins ),  Tune  des  chalnes  de  montagnes  les  plus  importantes 
de  TAlIcmagne,  situee  dans  le  cercle  bavarols  de  la  haute 
Franconie  et  occupant  en  siiperfide  un  espace  d*environ 
29  myrfametres  carres,  se  rattache  k  Touest  aux  Rhcpnege- 


birge  et  au  Spessart,  au  nord-ouest  k  la  foret  de  Franoooii 
et  it  la  foret  de  Thoringe,  au  nord-est&  VErzgebirgtti 
au  sud-est  au  Bcehmerwald.  Elle  est  en  grande  pailii 
de  formation  granitique  sur  ses  deux  T^uunts;  mais  ses  n 
mifications,  notamment  celles  qui  se  dirigent  Ters  U  B6 
gnitz,  sont  de  formation  calcaire.  Toute  oette  cbatneetf 
riche  en  fer,  vitriol,  soufre,  cuivre,  plomb  el  marbre;  die 
est  d'ailleurs  parfaitement  boisee,  abonde  en  boia  de  cods' 
truction,  et  est  cultiyee  jusqne  sur  ses  plateaux  extremes. 
Ses  pics  les  plus  eieyes  sont  le  Sehneeberg,  haul  de  l,07S 
metres;  VOchsenkopf,  haut  de  i,04i  metres;  le  Kctssein, 
haut  de  1,020  metres.  Le  Main,  la  Saale,  Tl^er  et  la  Mab 
ont  leur  source  dans  ses  flancs.  Goldfuss  et  Kscboflf  out 
publie  une  interessante  Description  du  Fichtelgebirp 
( 9  Yol.,  Nuremberg,  1817 ).  Le  Fichtelberg,  k  WiesenUul, 
dans  VErzgebirge  saxon,  a  1,26C  metres  d^eieration,  el 
forme  le  plateau  le  plus  eieye  du  royauroe  de  Saxe. 

FIGIN  (  Mabsilb  )  naquit  k  Florence,  le  19  octobre 
1433.  Son  pte  etait  mededn  de  COme  de  Medicis.  S'ilfaot 
Ten  croire  lui-meme,  retude  de  la  philosophic  platonidenne 
fut  des  son  enfance  une  vocation  de  son  esprit ,  que  (a- 
voriserent,  des  le  commencement,  les  bienfaisants  auspices 
de  ce  protecteur.  Outre  la  philosophic,  il  etndia  la  m^ 
decine  et  la  theologie.  II  fiit  pretre  et  chanoine  de  la  ca- 
thedrale  de  Florence :  on  a  meme  de  lui  qudques  bomeiies, 
publiees  avec  ses  lettres,  et  dont  IHme  a  pour  titre :  DU- 
cours  de  Marsile  Ficin  sur  la  charity,  prononc^  dewaU 
lepeuple,  dans  le  colUge  des  chanoines  de  Florence,  Le 
goOt  des  arts,  qui  etait  instinctif  chei  loi,  comme  le  senti- 
ment des  lettres,  Tavait  encore  porie  k  retnde  de  la 
musique.  II  avait  pour  eieves  les  plus  nobles  seigneurs  de 
la  Toscane,  tons  empresses  aux  le^ns  de  philosophic  qoli 
professait  dans  Tacademie  foodee  par  les  Medicis. 

La  renommee  de  Ficin  s*etenddt  audeUi  des  limiies  de 
ritalie;  le  savant  de  Florence  re^utde  Matthias  Co  rvin 
rinvitation  de  venir  k  sa  cour.  Ce  roi  de  Hongrie  voa- 
lait  entendre  de  sa  bouche  les  doctrines  de  Platon.  La 
sante  debile  de  Ficin  Fempecha  d^entreprendre  ce  lolntsio 
voyage.  En  1474  cette  meme  faiblesse  de  complexion  lui 
causa  une  maladie,  k  laquelle  il  foillit  sucoomber.  n  toorna 
alors  ses  regards  vers  la  rdigion,  et  ce  retour  k  la  piei§  fut 
durable;  mais  comme  la  superstition  s'en  meiaqndque  peo, 
et  que  le  culte  qu'il  avait  voue  k  Platon  n'en  ftat  pas  poor 
cela  exclu,  il  en  resulta  dans  son  esprit  une  confudou  sin- 
guliere  dMdees  mystiques  et  de  pensees  philosophiqnes, 
qo'il  chercha  k  condlier,  en  etabllssant  one  pretcadoe 
concordance  entre  les  doctrines  de  Moise  et  oeUea  de  I'dere 
de  Socrate.  Mais  ses  Jours  etaient  comptes.  A  soixante- 
dx  ans,  il  mourdt  k  sa  maison  de  campagne  de  Corregio, 
en  1499. 

Ses ouvrages sont  nombreux.  Le  pluscdebre  est  son  edilioa 
de  Platon,  qull  traduidt  le  premier  tout  entier  avec  d'in- 
nombrables  commentaires.  Ce  grand  ouvrage  ftit  Tobjet  de 
toutes  ses  etudes,  le  but  de  tons  ses  efforts;  il  passa  sa  tie 
entiere  k  lerefdre  et  k  le  rendre  irrepochable.  On  ditque, 
lorsque  le  premier  travail  en  fut  termine,  il  Palla  eomma- 
niquer  k  son  ami  le  Grec  Marc  Musurus,  et  que  cduind, 
I'ayant  In,  se  contenta  pour  toute  reponse  de  repandre 
son  comet  plein  d^encre  sur  la  premiere  page ;  Ficin  com- 
prit,  recommence  sa  traduction,  et  la  lendit  tdle  qu'elle 
nous  est  parvenue.  Cette  oeuvre  immense  serdt  sans  de&ut, 
si  retude  que  Ficin  avait  faitedes  platonidens  dUlexandrie 
ne  s*y  faisdt  pas  jour  par  des  subtilitte  hidignes  de  la  se* 
rieuse  majeste  du  mattre,  et  si  qudquefois  on  n^y  pressentai*' 
pas  sous  les  gloses  du  commentateur  Tesprit  de  Jamblique, 
de  Produs,  de  Porphyreou  de  Synedus,  entretenant  par 
leurs  reveries  le  penchant  de  Ficin  poor  le  mervdlleax. 
L'ouvrage  od  le  phUosophe  de  Florence  s*abandonna  avec 
le  moins  de  mesure  k  cette  etude  des  sdences  occiiltes  est 
son  livre  Stir  la  Vie,  Les  idees  qu*il  y  developpa  au  stijet 
des  figures  astrologiques  etde  la  correlation  intimeqiii  exi^le, 
k  Ten  croire,  entre  les  ev^neroentsdela  vieetla  conjonrlioo 


FIClN  —  FICTION 


418 


des  uUes,  ie  firent  accuser  ue  magte.  Son  livre  fat  frapp^ 
dinterdit  par  la  censure  du  aainV-si^,  et  il  ne  dut  lui- 
■itiiie  qn^  fappoi  de  sea  amis  d*^¥iter  one  condamnation. 
On  a  eneore  de  MarsUe  Ficin  on  UYre  Sur  U  PlaUir,  oh , 
•ana  d^rdopper  sea  propres  pensto,  il  rteome  avec  finesse 
et  ^Idganoe  les  opinions  des  andena  philosophes;  puis  un 
Tecadl  de  tettres,  public  de  son  Tiyant,  et  qui  serait  in- 
t^ressant  si  Ton  j  rencontrait  moins  de  ces  all^ries  et  de 
eea  snbtilit^  phUosophiques  et  astrologiqoes  qui  d^rent 
toates  les  oniTres  de  Marsile  Fidn.     &iouard  Foobribu 

FICQUELlf  ONT(CBARLBS-Loin8y  comte  di),  gtoiral 
et  dlplomate  autrichien,  issu  d'uno  andenne  (iunille  noble 
de  Lorraine  et  fits  du  comte  Joseph  de  Ficquelmont,  mortdans 
la  campagne  d'ltalle  de  1799,  atec  le  grade  de  major,  est 
n^  le  23  mars  1777,  h  Dieoze,  en  Lorraine.  H  entra  an  serrlce 
d^Autricbe  dte  I'annte  1793,  fit  avec  distinction  toutes  les 
campagnesoontre  la  France,  etobttnten  f(&Yrier  1813  le  grade 
de  g^ntel-major.  Nomm^  la  m6me  annte  membredu  con- 
iieU  anliqae,  11  fat  envoys  k  Stodibolm  en  quality  de  ministre 
pl^oipotentlaire,  puis  en  1820  accr6dit6  prte  la  oour  de 
Toscane,  etl'annte  suivante  k  Maples.  En  1829  il  fiit  charge 
pres  la  oour  de  Saint-P6tersbourg  d'une  mission  extraor- 
dinaire»  et  y  fit  preuTe  d^une  grande  habOet^  diplomatiqne. 
Nomm6  en  1830  fdd-mar^chal-lieuteoanty  et  en  1831  pro- 
pri^talre  d*on  regiment  de  dragons  aotrichiens,  11  fat  rap- 
peM  en  1839  k  Yienne  poor  y  prendre,  pendant  an  Toyage 
de  M.  deMettemich  au  Johannisberg,  ladirecUon  des  affaires 
^trangferes,  notamment  k  propos  de  la  question  d*Orient. 
£n  1840M.  de  Flcquelmont  fut  cr66  ministre  dH^t  et  de 
conCirence,  et  chef  de  la  section  de  la  guerre  au  minist^ 
dee  afCures  ^trang&res;  enfin,  le  3  mars  1843,  gto6^  de 
caTalerie.  Dans  cette  position,  dimportantes  misdons  loi 
fbrent  confito  :  par  ezemple,  au  printemps  de  1846,  ^.Bei- 
lin,  k  propos  des  affaires  de  Pologne. 

Aprfts  la  r^Yolotion  de  mars  1848,  M.  de  Ficquelmont 
entra  dans  le  minist^  responsable  (  21  mars ),  oil  il  eat  le 
d^partement  des  afldres  ^Irangires.  A  oe  moment  Titaiie 
^tait  en  pldne  insurrection,  la  Hongrie  et  la  Bobtoie  s'agi- 
taient,  toutes  les  natlonalitte  diverses  de  la  monarchic  ^tdent 
en  proie  il  la  fermentation  la  plus  Tive,  et  le  gouYernement 
central  ^Yienne  manquait  tout  k  la  fois  de  force  et  de  con- 
sideration. Le  fait  le  plus  remarquable  de  radministration 
de  M.  de  Ficquelmont  dans  ces  jours  orageaz,  ce  fut  la  de- 
claration de  guerre  k  la  Sardaigne.  Dans  nnterYaUe,Ko- 
lowrat,  Jusqo^aiors  president  du  minist^re  du  21  mars,  s'^tait 
retire  an  bout  de  qudques  semaines,  etM.de  Ficqadmont 
afdt  pris  la  direction  da  cabinet  La  constitution  du  25  ayril, 
qui  disparut  ausd  Yite  qn'dle  etait  Yenue,  fut  le  fruit  de 
cette  d  courto  administration.  Mdgre  ses  concesdons  au 
paiH  da  mooYemeot  et  ses  efforts  pour  cdmer  ausd  rirrita- 
tlon  des  esprits,  il  ne  parYint  point  ^  obtenir  la  confiance 
pobUqne.  On  le  regarddt  eommePami  de  la  Rnade,  comme 
leiai^t  de  la  politique  de  Mettemicb,  et  il  deYintl'objetdes 
attaqoes  genenles  comme  representant  de  la  reaction  dans 
ie  ndnist&e.  Une  demonstration  populaire  (  4  md  )  le  de- 
terminal  donner  sa  demission,  et  depuis  lors  il  est  demeure 
stranger  aoi  afldres.  En  roYanche,  U  a  publie  divers  ecrits 
do  plus  haut  interet;  par  exemple :  Explications  sur  fin- 
tervaUe  du  20  mars  au  4  nud  1848  ( 1850 ) ;  PAllemagne, 
PAuiriche  et  la  Prusse  ( 1851  )•  RIen  de  plus  Ingenieux 
que  son  dernier  llYre,  bitituie :  Lord  Palmerston,  F Angle- 
terre  et  le  Continent  (Yienne  et  Paris,  1852 ). 
FIC  SAINT-FIACRE.  Voyez  Feu  Sadit-Aiitoime. 
FICTION  {fietlOfdeftngere,  fdndre,sapposer ).  Dans 
Tacception  la  plus  etendue,  on  entend  par  ce  mot  tout  ce 
^iest  en  dehors  de  la  redite.  L'homme  cherche  la  verite 
dans  la  nature,  dans  les  repUs  de  son  coeur,  dans  la  sodete 
de  ses  semblables;  mais  la  Yerite  lul  echap|ie  presque  tou- 
jours.  La  nature  est  couYerte  d*un  Yoile  epais,  dont  il  lui  est 
doime  desouleYcr  k  peine  an  coin.  Le  coeor  est  rempli  dMI- 
losioos,  et  ses  mouYements  passionnes  egarent  le  jugement. 
La  societe  hamaine,  qui  doYrait  reconnaltre  la  Yerite  comme 


la  seule  r^e  de  ses  rappon^,  est  eUe-meme  etayee  sur  doe 
fictions.  La  nature,  tdle  qn'elle  est  dans  see  ressorts  les  plus 
caches  et  dans  cette  regie  des  regies  que  nous  entreYoyons 
sans  pouYoir  la  comprendre,  est  poor  nous  un  mystere  im- 
penetrable. Nos  systemes  ne  font  que  rendre  plos  difficile 
rabord  des  Yerite  naturdles;  nous  Yoyons  pea  dana  la  na- 
ture, parce  que  nos  sens  sont  fdbles  et  nos  instruments  im- 
parfaits ;  nous  doYlnons  encore  moins,  paroe  que  notre  esprit 
est  borne.  Nous  en  saYons  neanmoins  beaocoup  ao-deUi  de 
ce  qui  serdt  oecessaire  k  notre  bonbcur.  Les  illudons  do 
coear  ne  sont-dles  pas  dles-memes  un  bienfiiit  de  la  ProYi- 
dence?  £st-ce  que  la  reallte  seule,  SYec  sa  preddon  mathe- 
matique,  aYCc  sa  roideur,  aYec  ses  scrupules,  avec  son  de- 
senchantement,  pourrdt  remplir  le  coBurde  l'homme,  et 
donner  de  la  dideur  ^ses  affections,  deTedat  k  ses  con« 
cepUons?  Ne  soyons  done  passorpris  d  la  sodete  humaine 
a,  die  aussi,  son  imagination  et  ses  rfiYos,  et  si  qodques-anes 
de  ses  fictions  ont  un  caraetere  d'immutabilite.  La  sodete 
ne  pourrait  pas  subsister  sans  certaines  regies;  et  lorsque 
la  Yerite  il  laquelle  on  dcYrait  les  soomdtre  est  une  Yerite 
introuYable,  il  foot  bien  mettre  qodque  chose  k  sa  place. 
11  y  a  done  des  fictions  necessalres,  et  le  mensonge  est 
un  element  de  la  sodete  humaine  ausd  essentid  qne  la 
Yerite. 

Les  Romdns  ont  exploite  an  dd^  de  ce  qui  etdt  neces- 
saire  oet  aYantage  des  fictions  :  c*est  ce  qui  faisdt  dire  k  &- 
ceron,  dans  son  plddoyer  Pro  Murena,  -que  la  sdence  des 
Jurisconsuites  condstdt  tout  entiere  dans  des  fictions.  II  y 
a  une  rdson  spedease  k  donner  de  la  mnltiplidte  des  fic- 
tions introduites  par  les  jurisconsuites.  II  eidt  qudquefob 
diilidle  d'executer  stridamentla  loi :  Tasage  contraire  pre- 
Yddt  sooYent,  et  la  desobeissance  k  la  Id  s'anoblissdt  da 
nom  de  consuetude.  On  sentait  dors  en  mteM  temps  Tim- 
possibilite  de  foire  obserYer  la  loi  et  Ie  danger  dInnoYer; 
on  Youlait  respecter  la  sagesse  andenne  et  ne  pas  blesser 
les  oontempordns  dans  leurs  exigences.  On  aYdt  done  re- 
cours  k  la  ruse,  et,  moyennant  certaines  subtiUtes,  on  yIo- 
laft  la  loi  par  le  fait,  en  ayant  Tapparence  de  lui  obeir.  Nous 
sYons  beaocoup  d*exemplesde  ces  fictions,  fondeeaqndqae- 
fois  sur  un  rdsonement  subtil  et  philosophique,  qudquefois 
ausd  sur  une  deception  maladrdtement  cachee.  Cost  dnd 
que ,  poor  ne  pas  faire  son  testament  dans  rassembiee  ge- 
nerde  du  peuple,  on  SYdt  Tdr  de  Yendre  ce  qu'on  donndt ; 
c'est  dnsi  que  le  pretenr,  n'ayant  pas  le  droit  d'adjuger 
un  heritage,  en  donnait  neanmoins  la  possesdoo.  An  moyen 
d'une  Yente  simuiee,  le  pire  de  famille  emandpait  son  enfiuit, 
en  le  faisant  passer  par  PesdaYage  pour  lui  donner  plus  Yite 
la  liberie.  Dans  le  droit  erimind,  pour  ne  pas  toucher  au\ 
Yidlles  Ion,  nous  Yoyons  les  Romdns  forcer  des  coupables 
k  rexil  par  l*inlerdietioo  de  Teau  et  da  feu,  et  dedarer 
un  dtoyen  esclaYe  de  la  pdne  qa*il  a  enconrue,  afin  de  pou- 
Yoir  le  pnnir  de  mort. 

Mais  passons  anx  fictions  politiques,  qui,  par  leur  creditet 
par  leur  duree,  ont  exeroe  une  influence  plus  marquee  sur 
les  destins  de  tliamanite.  Le  mot  li  berte  est  un  de  ceux 
qui  ont  le  pins  prftte  k  la  fiction.  Les  andens  peoples 
croydent  etre  libres  lorsquMIs  partidpdentde  quelque  ma- 
niere  au  gouYemement  de  leur  pays.  De  meme,  au  moyen 
Age,  on  appdait  nations  libres  toutes  cdles  qui  SYaient  le 
droit  d'interYonir  dans  la  direction  de  leurs  affaires  publi- 
ques  et  dans  I'eiection  de  leurs  magistrals.  Mais  la  liberie 
finissdt  Ul  Cette  autre  liberie,  bien  plus  substantidle,  qui 
consiste  dans  la  foculte,  la  moins  genee  que  posdble, 
d'exercer  ses  droits  dYils  et  de  fomille  sons  la  garantie  d*on 
pouYoir  protecteur  et  sous  Tantorite  d'uno  loi  uniforme , 
cette  liberie  dont  la  connaissance  et  Tapplication  est  d'une 
date  plus  recente,  cette  liberie  etdt  alors  presque  inconnue. 
Les  indiYidns  qui  coroposaient  le  people  souYerdn  etaient 
assujettis  4  one  tyrannle  de  tons  les  Jours,  et  les  magistrats 
populdres  aYdent  un  pouYoir  plus  eiendu  et  beaucoup 
moins  surYdlie  que  les  magistrats  choisis  par  le  monarque 
le  plus  absolu.  Le  mot  liberti  4\»ii  done  une  fiction,  dont 


414 


FICTION  — 


on  abasait  pour  calmer  IMmagiaation  ardente  du  peuple, 
qui  croyait  se  d^gager  des  Hens  du  despotisme  en  choisissant 
Ini-mftme  ses  despotes. 

La  majority  des  Toix  dans  lea  d^Mrationa  est  anssi  une 
fiction  d'aneienne  date.  L'homine  tout  seul  se  trompe,  par 
dtfant  de  lumi^res;  les  hommea  assembles  se  trompent,  par 
IVncendant  de  quelques-uns  sar  le  plus  grand  nombre,  et 
par  )e  prestige  de  I'^loquenoe,  qid  fasdne  les  hommes.  La 
loi  suppose  que  la  yinU  est  du  cdt^  du  plus  grand  nombre, 
pendaiit  que  rdelleraent  la  T^rit^,  comma  la  Yertu ,  comme 
Pb^rolsme,  comme  le  talent,  comme  la  fortune,  se  r^fugie 
bien  des  fois  dans  la  nmonte.  Et  pourtai^  la  fiction  est 
n^cessaire,  car  11  Taut  mieux  s*exposer  k  tomber  quelque- 
fois  dans  Perreur  que  se  condamner  k  resler  toujours  dans 
rincertitade.  Le  gou?emement  repr^sentatif  n*est  lui- 
H^me  qu'one  fiction  tant  qu*il  conserre  rinYiolabilit^  du  chef 
de  I'Etat,  un  cens  flectoraf,  etc. 

Ces  fictions  de  baute  port^e  peuyent  donner  la  mesure  de 
tootes  les  autres  fictions  d'esp^ce  infi^rienre,  qui  se  sont 
gUsste  dans  les  relations  sociales;  car  si  la  sod6t^  a  dfi 
s'assujettir,  k  d^faut  on  par  peur  de  la  viSrtt^,  k  ces  fictions 
monstres,  die  a  dA  aussi  toMrer  que  le  meme  esprit  de  dis- 
simulation s'introduistt  partout,  dans  les  devoirs ,  dans  les 
convenances,  dans  les  plaisirs  de  la  vie.  Les  grimaces  de 
la  haute  compagnie,  la  bonhomie  apparente  des  hommes 
nis^y  le  respect  sans  estime,  la  crainte  sans  respect,  Paflec- 
tation  de  la  vertu,  les  ofTres  contre  consdence,  les  restrio* 
tions  mentales,  les  serments  qu^on  ponrrait  appeler  cbrono- 
logiqnes,  car  Us  marquent  exactementJes  di verses  phases 
de  notre  histoire  contemporaine ,  tons  les  actes  enfin  qui 
epmposent  notre  commie  de  chaque  jour,  tout  nous  fa^onne 
k  une  fiction  presqne  contmuelle.  La  po^ie,  qui  exalte  notre 
eoeur,  qui  embellit  et  embanme  toute  notre  litt^rature,  n*est- 
die  pas  une  fiction  hig^nieuse?  Ponrrait-elle  etre  si  univer- 
sellement  aim6e,  ponrrait-elle  exercer  une  si  gronde  In- 
fluence sur  Tesprit  humain,  d  nous  n'avions  pas  d^j^  dans 
notre  Ane  nne  po<teie  toute  faite,  dont  la  po^ie  qui  nous 
diarmepar  ses  henreuses  conceptions  nW  qu^une  image, 
un  souvenir,  un  contre-coup,  un  retentissement?  Fhiissons 
done  par  reconnaltre  que  lliomme  a  un  besoin  irr^stible 
de  fictions,  et  que  I'terivain  qui  en  parle  doit  respecter  les 
fictions  n^cessaires,  honorer  les  fictions  utiles ,  loner  les 
fictions  agr^les ,  laisser  de  cdt^  les  fictions  indiffigrentes, 
mais  droller  et  combattra  toutes  les  autres,  qui,  partant 
du  mensonge  pour  arriver  k  la  tromperie,  ne  font  qu^entre- 
tenir  de  (hnestes  illusions. 

Bon  J.  Marno,  dc  rAcad^mie  de  Turia. 

Consid^itSe  dans  les  arts  dMniitatiou,  la  fiction  a  un  tout 
autre  caracl^re.  C'est  le  moyen  qulls  emploient  de  pr<$f4- 
rence  pour  prodnire  ruiusion ;  mats  ils  n*y  rdussissent  qu'en 
la  revetant  de  tons  les  dehors  de  la  vraisemblance.  Son 
domaine  le  plus  6tendu  est  la  litt^ratnre.  Avec  raison 
La  Fontaine  a  dit : 


L'homme  ctt  de  glace  aux  ?^rit^, 
U  est  de  feu  pour  les  meDsoDget. 


et  Boileau 


La  poMe  ^piqne 

St  aeutieDl  par  la  fable  et  Tit  de  fiction. 

Cetle-d  est  en  effet  I'd^ment  eonstitutif  de  1'^  po  p^e  dans 
son  ensemble  et  dans  sea  parties.  Vlliade  et  VOdf/ss^e  sont 
de  sublimes  flctiotts,tde  mtaie  que  le  combat  d^AchiUe  con- 
tre le  Xantheet  la  description  de  la  cdntnre  de  Tenus  dans 
le  premier  de  ces  po€mes ;  de  mftme  que  Tantre  de  Poly- 
pti^me  et  le  stratagime  d*Uly8se  contre  les  Syrtees  dans  le 
second.  Dans  le  roman,  la  qualification  de  fiction>ppartient 
plus  sp^iatemcnt  aux  ddtdls  qui  offrent  lo  caractdre  du 
merveilleux ;  on  la  retrouve  encore  sous  cet  aspect  dans  les 
dtveraes  ^pop^ea.  Le  potaie  des  Mitamorphoses  d'Ovide 
n'(st  qn*une  longue  saite  de  fictions. 
FIDALGO9  ^  portugais,  le  m6me  mot  qoe  hidalgo 

eu  espagnol. 


I 


riDfiLlTR 

FID^IGOillllS.  Ordinairement  on  entend  par  ea  ml 
une  disposition  siinulte ,  faite  en  appareuce  an  profit  di 
quelqn'un,  mais  avec  intention  secrete  de  faire  passer  le 
b^n^fice  de  cette  dispodtion  k  une  autre  personnt,  qui  n^est 
point  nomm^  dans  le  testament  ou  la  donation.  Le  bntde 
cette  manito  de  disposer  est  d*avantager  indirectement 
qudquea  personnes  au  profit  desquelles  la  loi  ne  permet  pic 
de  faire  des  lib^ralit^,  conune  le  mari  ou  la  femme,  dim 
le  cas  oil  ils  ne  peuvent  se  constituer  des  dons  ^  ou  les  «&> 
fanta  naturals  (incestneux  ou  adulterine ),  qui  neddfcst 
rien  recevohr  au  dd&  des  aliments.  Ceux  qui  vealent  (aire 
des  fiddcommis,  disent  les  jurisconsultes,  choisissentoixli- 
nairement  un  ami  en  qui  ils  ont  confiance,  ou  bien  qudque 
personne  de  probity,  sur  le  dteint^ressement  de  laqacfie  Ik 
comptent ;  ils  nomment  cet  ami  ou  cette  personne  bMtier, 
Idgataire  ou  donataire,  soit  muversd  ou  particulier,  dui 
Tesp^rance  que  rh^ritier,  l^ataire  ou  donataire,  fidUe  i 
leurs  intentions  secrMes,  remettra,  pour  s*y  conforoier,4h 
personne  prohibde  que  le  testatenr  on  donateur  a  eue  en  tk, 
les  biens  qui  font  Tobjet  du  fid^iconunis.  Ces  aortes  de  dii- 
podtions,  faites  en  frande  de  la  loi  par  personnes  iaterpo* 
s^es,  ont  toujours  6te  d^fendues,  tant  par  la  l^slatioD  ro- 
maine  que  par  les  coutumes,  ordonnances  et  statuLs  franfaii. 
Elles  sont  dgalement  interdites  par  Part.  91 1  du  Code  Ci- 
vil, en  ces  termes  :  «  Toute  disposition  au  profit  d*un  ia- 
capable  sera  nuUe,  soit  qu'on  la  d^ise  sous  la  forme  d'ui 
contrat  on^reux,  soit  qu'on  la  fasse  sous  le  nom  de  per- 
sonnes interpose.  >  Le  Code  Civil  admet  aeulement  qud- 
ques  substitutions  dans  le  r^ement  des  successioos. 

DuBARO,  anden  procorear  geocral. 

FID^iUSSEUR,  FIDtlUSSION.     Voytz  Cactiox. 

FIDELE,  qui  garde  sa  foi,  qui  remplit  ses  devoirs,  so 
engagements,  qui  est  constant  dans  ses  afiections  (twfes 
FioiuTi ).  On  d^igne  gto^rdement  par  oe  mot  les  catlioli- 
ques,  en  opposition  avec  toutes  les  autres  sectes  dir^tienoes 
et  avec  toutes  les  soci^t^  rellgieuses  ^trang^res  au  christia- 
nisme.  C'est  meme  k  cette  derniftre  opposition  qu'il  s'arr£- 
tait  dans  les  premiers  si6des ,  oil  Ton  dUait  les  fidtUis  d  iss 
infidtles.  II  vlent  du  mot/oi  {fides\  et  slgnifieeo  ce 
sens  ceux  qui  participent  k  la  foi  en  J^us-ChrisL  Ce  D'e«t 
qu*indirectement  que  la  dgnification  pent  se  rapporter  i 
celle  de  I'adjectif  J!(f^/e  :  fiddle  k  sa  parole ,  k  sa  promesse, 
k  sa  doctrine.  On  n'entendit  pas  toujours  par  ce  moifidkUi 
tons  les  catholiques  ortliodoxes  sans  exception.  Dans  is  pri- 
mitive £glise,  on  distingndt  par  ce  nom  les  laiques  bapUsti 
d*avecles  cat6chum^nes,  qui  n*avdent  pas  encore  re(9 
ce  sacrement.  Dans  le  condle  d'Elvire,  le  cat^diamtee  est 
appeie  Chretien ,  et  ceux  qui  sont  baptist  fldiles,  Cette  de- 
nommation  distinguait  aussi  ces  dernicrs  des  clercs  engage 
dans  les  ordres ,  et  attaches  par  qudques  fonctions  au  serriee 
de  I'fglise.  Les  privities  des  flddes  condstdent  k  partidpcr 
k  I'Eucharistie,  k  assister  au  sdnt  sacrifice  de  la  messe,  ap- 
pelfe,  k  cause  de  cda,  tnesie  des  fiddles^  k  a'unir  k  foula 
les  priires,  k  rdciter  Poraison  domhiicale,  nomm^  pour 
cette  raison  la  prUre  des  fidUes  et  k  entendre  les  discoun 
00  Ton  traitait  le  plus  k  fond  des  myst^res,  droit  qui  n*ap- 
partenait  ni  aux  cat^hum^nes  ni  aux  patents.  On  a*est 
demand^  k  dlveraes  ^poques,  et  surtout  depuis  la  r^forine, 
s'il  ne  sufllsait  pas  pour  etre  oonsid^r^  comme  fidUt  de 
croire  k  J^sus-Christ,  lors  mtoe  que  Ton  dUTiirdt  sur  les 
autres  parties  de  la  doctrine  chr^tienne :  les  protestants  oat 
gto^ralement  admis  ce  prindpe.  L*£gUse  catliolique  a  too- 
jours  exig6  une  foi  plus  expllcUe  k  ses  dogmas. 

n.  Boocnnr^. 

VlUttXTt  (du  mot  latin >l(fei,  c'est-ii-dii«  qui  est  X^ 
par  la  foi ).  Les  sentiments,  les  affections,  la  reconndssaooi 
qui  d^ve  des  services,  ne  produisent  pas,  k  propremed 
parler,  la  fiddlt6  :  c'est  allleurs  qu*on  a  plac^  sa  vMtsble 
source.  En  efTct,  11  peut  arriver  qu'au  nom  mtoie  de  la  fid^ 
lite  on  soit  oblige  de  combattre  ceux  qu'on  aime  et  qa^ 
quelqnes  egards  on  ventre.  La  fidelity  est  la  conseqooice 
de  certains  devoirs  qui  nous  attdgneat » on  bioB  encore  d'ci- 


FIEF  —  FIEF 


415 


fagements  que  nous  aToBS  contracts  &bl  toute  connaUsance 
de  cause  et  dans  la  pltoitude  de  notre  liberty.  Consid^r(^>e 
sous  ces  deux  points  de  me,  b  fid^lit^,  dont  le  ch  ien  est 
rembl&me  vivant,  est  one  des  yertus  les  plus  fdcondes  en 
rdsultals  utiles;  car  elle  donne  k  chaque  instant  des  garan- 
ties  SOT  lesquelles  on  pent  compter,  poisqu^elles  ont  pour 
point  de  depart  la  conscience.  On  trouve  done  la  fid^Iit^ 
m^l^  It  tons  les  actes  et  k  tons  les  mouvements  de  notre 
existence  :  elle  est  indispensable  h  lliomme  comme  au  ci- 
toyen;  et  d^s  qu*elle  disparatt,  il  n'y  a  plus  de  sociability 
propiement  dite.  Dana  les  rapports  commerciaux,  c'est  de 
la  fiddlit^  aTec  laquelle  on  tient  ses  engagements  que  nalt  le 
cr^ity  qui  en  s'^tendant  multiplie  les  ressources  presque  h 
rintini.  Au  moyen  Age,  oil  le  pouYoir  ^tait  ^parpillf^ ,  on 
comprenait  la  (id^it^  relativeroent  aux  individus,  mais  ra- 
renaent  yis-^-Tis  de  TEtat;  c'^tait  un  ^cart  dans  le  bien.  Une 
des  causes  qui  ezpUqnent  la  barbaric  pers^v^rante  des  gou- 
▼ernements  despotiques  en  Orient ,  c'est  que  dans  le  roa- 
riage  nifiuie  il  n*y  a  pas  de  place  pour  la  fiddit^,  la  plu- 
rality des  femmes  ^tant  h^r^ditaire  chez  les  riches  et  chez 
les  puissants.  Dans  ces  monies  contr^%  les  princes  ont  des 
multitudes  d^enfants,  mais  ne  laisseut  jamais  de  famille 
proprement  dite.  £n  r^um^,  la  difTi^rence  qui  existe  entre 
les  pen  pies  civilis^  et  les  peuples  sauvages  provtent  de  ce 
que  cenx-ci  ont  une  idde  imparfaite  de  la  fld^it^,  ou  mtme 
n'en  ont  aucune ;  lis  yiyent  abcorb^s  dans  les  sen^tions  do 
moment,  el  sent  si  peu  li^  par  les  engagements  quMls 
oontractenty  qu*ils  s'en  d6gagent  sans  raison  ni  sansremords : 
lis  n^ont  pas  le  discernement  de  la  fid^il6  :  aussi  forment- 
ils  des  tribns,  mais  jamais  des  peoples.       Saint-Prosper. 

FID£LIT£  (Ordres  de  la).  Divers  ordres  portent  ce 
Bom  :  il  en  existe  dans  le  duch^  de  Bade,  en  Prusse,  et 
en  Danemark ;  mais  Pordre  prussien  est  plus  connu  sous 
le  nom  tVordrede  VAigle-Noir,  et  Tordre  danois  sous 
oelni  d'ordre  deDanebrog. 

Vordre  de  la  Fideliti  de  Bade  jfut  institu^  en  1715,  par 
le  margraTe  Charles- Guillaume  de  Bade-Dourlach,  &  Toc- 
casion  de  la  pose  dela  premiere  pierre  du  ch&tean  de  Carls- 
robe  :  c*est  le  grand  ordre  de  la  maison  de  Bade.  II  subit 
qoelqnes  modifications  en  1803,  lorsque  le  grand-due 
Charles-Fr^^ric  parvint  k  la  dignity  Electorate.  La  decora- 
tion consiste  en  une  croix  d^or  k  huit  pointes  sunnonti^s , 
Emaillte  de  rouge  et  angl^  d'an  cluffre  de  deux  C  accol^ 
en  sautoir;  au  centre  est  an  ^cusson  Uanc,  charged  d'un 
groupe  de  nnages  supportant  le  monogramme,  au-dessus 
duqoel  on  lit  le  mot  fidelitas, 

FIDiSNESy  ancienne  Title  romaine,  situ6e  entre  leTibre 
et  TAnio  (Teverone),  k  enriron  7  kilometres  de  Rome,  au 
point  de  jmiction  des  fronti^res  des  Sabins  atec  celles  des 
Latins  et  des  ^trusques.  Les  Fid^nates,  ses  habitants, 
^ioit,  autant  qu'on  pent  en  jugef ,  le  produit  du  melange 
de  ces  trois  peoplades.  Aprte  SToir  ^tE  Taincus  par  Romulus, 
ils  abandonn^rent  le  parti  des  Remains  h  diverses  reprises, 
etnotaounent  Tan  438  arant  J.-C.  Reprise  Tan  485  avant 
i.-C.  par  le  didatenr  Aulus  Servilius,  Fidtoes  ddchut  peu  k 
pea  de  son  antique  importance »  jusqu^A  ne  plus  former 
qo*an  gros  booig » aoquel  one  deplorable  catastrophe  acquit, 
MTOS  le  r^gne  de  Tib^re,  une  triste  ceiebrite.  Un  amphi- 
tbtttre  qu'Attilins  y  STait  fait  construire  pour  des  combats 
de  gladiateors  s'ecrouhi  tout  k  coup  an  milieu  d'une  de  ces 
sanglaates  representations.  50,000  spectateurs,  au  rapport 
deTacite,  «k  20,000  seulement,  suivant  Suetone,  perirent 
teases  sons  aes  mines. 

FIDJl  (lies),  designees  aussi  sousle  nom  d^ArcMpel 
Vifi,  entre  les  IfouTeUes  Hebrides  et  les  lies  de  TAmitie, 
par  1^*  l/a  et  }(r  de  latitode  sad  et  174''-179°  de  longitude 
orieolaley  ferment  on  gronpe  compose  de  quelques  grandes 
Has  «t  d'eBTiron  200*  Uots.  Les  premises,  VUi-Levou  (de 
U  k  13  myr.  de  longuear ,  sur  moitie  de  largeor ) ,  Vanoua- 
leMti  (l&Biyr.,  snr  3^4  ),MitMm/to,  etc.,  sont  fort  eievees 
d  eBlonrecfde banes  de  eorail;  les  petites  sont  basses,  et 

^otes  iur^an  (end  de  oorail.  Mais  les  unes 


etles  autres  AOnt  d^nn  acc^  difficile ,  k  eanse  dn  grand 
nombre  de  rocbers  et  d'ecueils  qui  les  avoisinent  :  anssi  cet 
archipel  est-il  peu  flrequente.  Le  sol  donne  en  abondance 
tons  les  produits  ordioaires  des  mers  dn  Sud;  mais  la 
fameuse  foret  de  bois  de  sandal  qu^on  Toyait  dans  la  plus 
grande  de  ces  ties,  et  d*ou  les  Europeens  exportaient  autrefois 
des  chargements  complete,  n^existe  plus.  Plusieurs  esp^ces 
de  bois  particuUeres  k  cet  archipel  sont  propres  aux  cons- 
tructions nayales  et  k  I'exportation;  on  exporte  aussi  de 
I'huile  de  noix  de  cocos.  On  y  trouTe  une  grande  quanfite 
de  pores,  de  chienset  de  ponies,  de  mtoie  que  des  Tampires 
et  des  rats.  Les  habitants ,  dont  la  langne  paratt  tenir  de 
cefles  des  popolations  de  la  Malaisie  et  de  la  Polynesie,  sont, 
d'apres  leur  configuration  exterieure,  un  tenne  moyen  entre 
les  Papons  et  les  Malais;  ils  sont  plus  grands  et  d^nne  con^ 
leur  plus  foncee  que  les  insulaires  Toisins,  et  leur  physio- 
nomie  a  quelque  chose  de  belliqueux.  Lears  cheTeux  lai- 
neux,  arrivent  de  bonne  heure,  grftce  k  Tart  du  coifTeur,  k 
acquerir  de  remarquables  proportions.  Cast  \k  une  afCaire 
de  grand  luxe  parmi  les  chefs,  qui  ont  les  friseurs  en  grande 
consideration,  lis  setirent  anssi  tellement  lebotit  de  l*oreille, 
qu'ils  finissent  par  le  faire  pendre  jusqu'k  repaule.  lis  ne 
manquent  pas  d'adresse  manuelle;  mats  les  Toyagenrs  les 
represcnlent  comme  des  anthropophages  determines.  Cecan- 
nibalisme,  dont  les  prisonniers  de  guerre  font  les  frais,  de 
meme  que  Tusage  d^egorger  les  tieiUards.et  d'etrangler  les 
veuves  des  chefs,  et  surtout  leurs  incessantes  guerres  intes- 
tines, expliquent  comment  cette  population,  qu'on  estime 
s'eiever  eocore  ^  300,000  tetes,  va  en  diminuant  tot^jours 
plus  rapidement.  Ils  sont  aujourdliui  en  fort  bona  termes 
avec  les  Anglais.  Thahambau^  qui  prenait  il  y  a  quelques 
annees  le  litre  de  Toui-Viti,  ou  rot  des  lies  Fidji,  passe 
pour  le  souverahi  de  tout  Tarchipel.  11  reside  k  Ban  on 
Amh(m,  petite  tie  voisine  de  Viti-Levou,  et  traite  fort  bien 
les  blancs,  voire  mtoie,  tout  idolfttre  quil  est,  les  misslon- 
naires  an^ais,  qui  ont  leur  principal  etabllssement  dans  la 
petite  lie  de  Feira  on  Biva,  Cet  archipel,  deoouvert  en  1643, 
par  Tasman,  fat  retronve  en  1789  et  1792  par  Bligh,  et 
depuis  1794  a  re^u  maintes  fois  la  visile  de  navires  mar- 
chands  venns  d* Europe.  Ceux  qui  y  viennent  le  plus  ordi- 
nairement  sont  des  bAtiments  de  Sydney,  dans  la  Nouvdle- 
Hollande,  et  de  TAmerique  du  Nonl. 

FIDUCIE,  FIDUCUIRE  (du  mot  latin  fldtuAa,  con- 
fiance).  C^estainsi  que  les  Romains  appelaient  uoe  vente 
simuiee  faite  k  Tacheteur,  k  la  condition  de  retroceder  dans 
un  temps  determine  la  chose  au  vendeur.  L*emancipa- 
t ion  des  enfants,  quietait  complete  quaod  le  p^re  les  avait 
vendus  et  rachetes  trois  fois,  ne  se  faisait,  on  le  comprend 
tres-bien,  que  par  une  veritable  fiducie.  L^alienation  des 
immeubles  par  fiducie  etait  une  sorte  de  mlse  en  gage,  sous 
hypotheques,  des  biens  engages;  il  y  avail  dans  la  loi  ro- 
maine une  formule  appeiee  judUArtm  fiducix,  par  laquelle 
les  parties,  en  contractant,  s'engageaient  k  agir  de  bonne  foi 
et  sans  fraude.  Aujonrd'hui  encore  la  flducie  est  admise  par 
le  legislateur,  qui  repousse  d*une  fa^on  si absolue  les  f  i  dei- 
commls  et  les  substitutions;  c'est  dans  le  cas  oj^ , 
en  matiere de  succession, un  testateur charge qaelqu*uB, 
qu'il  insUtue  son  heritier  seulement  pour  la  forme,  d'admi- 
nistrer  sa  succession  jnsqu*4  repoque  oil  11  devra  la  remettre 
^  son  veritable  heritier,  disposition  qui  pent  etra  employee 
dans  rinteret  des  minenrs  dont  les  tnteurs  nMnsplreraieot  pas 
de  confiance.  L*beritier /duciaire  n'a  aucan  droit,  4  moias 
d*une  clause  expresse,  aux  fruits  de  la  succession,  dont  la 
propriete  repose  siir  la  tete  du  veritable  Institoe.  81  riieri- 
tier  fiduciah«  n*avait  ete  institoe  que  dans  rinterM  de  per- 
sonnes  incapables  de  reoevoir  du  testateur,  U  loi  consld^ 
rait  son  mandat  comme  nn  fldeicommls. 

FIEF.  Un  fief  {/eudum,  dans  la  basse  latiidte)  euif 
une  terre,  nne  sei^eurie,  ou  dea  droits  qu'eo  tenaitd'an 
seigneui^ominant,  4  charge  defoi  et  hommageet  de  qnel- 
ques  redevances.  Les  bbs  ibat  remontier  cette  instiUitiOB  aux 
Romains,  et  pretenden!,  trouver  nne  kUe  des  devoirs  du  vaa> 


416 


FIEF  —  FIELD 


sal  dans  ceux  du  client  k  T^rd  de  son  patron ;  d'an- 
tres  la  fontTenir  des  Lombards,  et  Dumoulin  en  voit  iM- 
mage  dans  les  distribations  de  terres  que  les  empereurs  fai- 
saient  aax  T^t^rans,  en  leur  Imposant  la  condition  de  pren- 
dre les  armes  pour  la  defense  de  Tempire.  Cependant,  il  y 
a  entre  o^binifiees  tXXe&fitfs  proprementdits  une  trte- 
grande  difliirence.  Les  premiers  d'abord  n*6taient  point  h6- 
rtfitaires ,  et  ensnite  n^entratnaient  auonne  redeTance,  pas 
mtoie  lajbiet  rhommage.  Ces  deax  clioses ,  au  contraire, 
entrcnt  dans  la  oonsUtntion  des  seconds.  Comme  le  mot 
fief  ne  se  rencontre  dans  aucun  auteur  k  une  ^poque  plus  an- 
cienne  que  celle  de  Hugues  Capet  on  de  Charles  le  Simple, 
il  est  prfeumable  que  ce  (ut  vers  la  fin  de  la  seconde  race 
que  s^^blit  oe  noavean genre  de  possession,  qui  ne  futauc 
tre  cliose  qn^une  usurpation.  Ainsi  naquit  la  f  ^  o  d  a  1  i  t  d  et  la 
noblesae.Cefttt la  possession  des  terres  qui  fit  les  nofr/es^ 
car  elle  leur  donna  des  esptees  de  sujets  (  des  vasscntx), 
'lesquels  8*en  donnirent  aussi  par  de  saus^it^fiodatlons  ou 
crtotions  ^arritre-fiefs. 

Quand  Tusage  de&fitfs  fot  compl^tement  ^tabli  en  France, 
la  plupart  des  grandes  charges  de  la  couronne  deTinrent  fik>- 
dales,  dans  le  but  de  transmission  en  faveor  des  enfimts 
des  possesseurs.  Cost  ainsi  que  Temploi  de  grand-cham- 
bellon ,  de  grand-bouteiUier,etc.,  derint  hMditaire;  mais 
II  n*y  eutpas  que  les  offices  et  les  terres  d*inf^od6e8 ,  on  en 
fitde  mdmedes  villes  :  ainsi, il  y  ataitii  Paris,  autonr  de 
rhdtel  de  Bourgogne ,  seixe  maisons  qui  formaient  un  flef 
royal ,  que  Henri  IV  c^a  plus  tard  aux  religieux  de  Sainte- 
Catlierine ,  lorsqo'il  bAtit  la  place  Royale.  Le  reste  de  la 
ville  ^tait  divis^  en  une  multitude  de  fieb,  dont  la  plupart 
appartenaient  ades  religieux.  Les  ^v^ues  seuls  avaient  k  Pa- 
ris nenf  grands  fiefii,  qui  les  rendalent  pres^ie  aussi  puissants 
que  le  roi . 

Les  difRSrentes  denominations  des  fii^  s'doYaient  k  un 
nombre  immense,  dont  il  serait  fort  inutile  de  donner  une 
id^.  ]1  y  atait  des  fieb  d'AoHneur,  des  fiefs  liges^  des  fiefs 
de  reiraUes,  des  fiefs  d^amiiid,  des  fiefs  &  vie,  etc,  etc.; 
mais  leur  principale  division  a  M  d'abord  en  fidb  terriens 
eten  fiefs  de  re9eii«5,en  fiebde  maf^res.et  en  fiefs  d*q/fice; 
ensuite  en  fieb  de  digniU  et  en  fiefs  simples. 

Le  fitif  simple  (sine  m/ero  ei  mixta  tnperio)  n'attri- 
buait  que  le  droit  de  connaltre  des  diffi^ends  survenus  k  Tocca- 
sion  des  fonds  qui  en  relevaient;  le  fief  dominant  ^tait 
celoi  k  qui  t'on  devait  foi  et  hommage;  le  fief  servant , 
celut  qui  relevait  d*un  autre  fief. 

Aprte  les  fieb  de  dignit^^  les  plus  nobles  ^talent  ceux 
de  haubertf  paroe  qu*ils  tenaient  imm^iatement  du 
prince.  A  enx  appartenait  le  droit  de  colombier.  Le  fief  no- 
ble ou  rural  ^tait  oelui  oil  il  y  avait  justice  au  cha- 
teau :  des  m^tairles  tenues  en  fiefs  formaient  un  fief  rotu- 
Her,  et  Ton  appelait  fiefs  de  camera  des  rentes  oo  pensions 
que  les  seigneurs  donnaient  k  leors  serviteurs,  qui  leur  en 
devai<mt  foi  et  hommage.  On  leur  donnait  aussi  le  nom  de 
fiefs  de  revue. 

Quant  aux  fieb  de  dignity,  d*aprte  un  Mit  de  mars  1682, 
une  terre  ne  pouvait  Mre  ^rigfe  en  duch^pairie  k  molns 
qu*elle  ne  vahkt  8,000  ^eus  de  revenn;  et  d*aprte  un  ^t  an- 
t^rieur,  rendu  en  1679,  un  marquisat  devait  fttre  compost 
de  trois  baronnies  et  de  troia  chAtelleniea;  un  comt£  de  deux 
haronnies  et  de  trois  ch&teUenies,  etc  he  fitf  episcopal  ou 
presbyt&al  se  disait  des  biens  eccl^iastiques ;  fief  de  d^vo- 
tion  ou  depiM,  des  £tats  ou  prindpautife  c|ue  des  souve- 
rains  reconnaissaieiit  par  humilttd  tenir  de  Dieu,  k  charge 
d*hommage  k  see  repr6BentantB  on  aux  ^ises ;  enfin,  on  d6- 
signait  sous  lenom  de  francs  Jitfs  ceux  qui  ne  devaient  6tre 
Unns  que  par  pertonnes  franches  et  nobles  de  race.  Mais 
la  necessity  oil  se  virent  ces  pertonnes  de  vendre  leurs 
biens ,  les  nnes  parce  que  leurs  d^penaes  babitndles  6taient 
au-dessus  de  leurs  revenos,  les  autres  parce  an^elles  ne 
poovaient  sans  cela  suffire  aux  voyages  dans  la  Tme  Sainte 
oflHtauxroturiers  une  occasion  dont  UsproAtirent,  d^adieter 
et  de  possdder  des  fleb.  Comme  il  lUlait  pour  cela  obtenir 


le  consentement  des  rois,  la  chose  f^lit  ^ehouer ;  mail  la 
papes  ievirent  tons  les  obstades.  En  1275,  Philippe  le  Hirdi, 
moyennantune  redevance  qu^on  appda  drtAis  de/roKfi^^ 
permit  aux  rotnriersdepossider  les  terres  desgentilshoana; 
et,  en  I&79,  Henri  UI  6ta  ^  la  possession  des  fiefs  b  tiuM 
d*anoblir. 

Les  fi^  r^galiens  ^ient  ceux  qui  relevaient  de  h  per- 
Sonne  m6me  da  roi  (la  pairie  6taituu  fief  r^gaUen  da  pre- 
mier ordre).  On  suivait  pour  les  d^fftrer  Tordre  de  primoge- 
niture et  cdui  des  lignes. 

On  nommalt  profits  de  fief  les  droits  seigneorianx  qu^e 
payaient  k  chaque  mutation  des  h^ritag^.  Le  moijl^iilits' 
venait  encore  dans  one  multitude  d'acceptions,  dontnooiK 
nous  occuperons  pas,  attendu  que  les  termes  n*ont  pl«  n* 
jourd'hui  d'appUcation,  et  que,  bien  que  les  fiefs  eox-rotees 
aient  fait  aux  idtes  modernes  une  plus  opiniAtre  r^sistam 
que  certains  autres  usages  de  la  ftodalit^.  Us  sont  ndanmoiBs 
depub  longtemps  compl^tement  ddtruits. 

AchiUe  JUBIMAL,  dipuU  la  Corps  l^giil«tir. 

plEPpjg.  On  trouve  aussi  dans  quelques  vienx  titreict 
qudques  vieux  livres  fi^v4  pour  Jl^S.  Un  offider,  un 
sergent  ft^S,  dtaient  ceux  qui  d^pendaient  d*un  Jief,  11  y 
avait  grand  nombre  d'olTices  fi^6s  et  b^r^taires.  On  ap- 
pelait tailUfvar  fitffi  cdui  qui  teoait  en  foi  et  hommage  do 
roi  le  pouvohr  de  tailler  les  monnaies  de  France.  Hodok 
fieffit  c'^taitun  vassal  on  feudal ,  qui  tenait  un  btftase 
en  foi  et  hommage.  HMtier  fi^/M,  c*^it  un  vassal  pro- 
pri^taire  de>E^,  dont  il  avait  h^itd,  c^est-^-dire  caisiet 
vMu  par  k  seigneiir  fdodal. 

Ce  mot  s*emploie  encorofigur^nent  et  famiU^mentaTcc 
des  denominations  qui  marquent  nn  vice,  un  d^ut,  etii 
signifie  que  ce  vice ,  ce  d^aut ,  est  port^  au  supreme  degrt : 
fnppon  /Uiff6,  coquette  ft^6e. 

FIELc  Ce  mot,  synony me  de  6  i  f  e,  est  surtout  nsit^  dam 
les  arts.  Le  fid  de  bceuf  ayant  des  propriety  dissolvanlcs, 
les  ddgraisseursTemploient  comme  savonpour  enlever  les 
taches  de  graisse.  Les  pdntres  emploient  aussi  le  fid  dess^ 
ch^  dans  la  composition  de  leurs  couleurs. 

Au  figure,  flel  est  synonyme  &dcret6,  d^omerfune,  de 
haine.  La  plume  de  cet  ecrivain  distille  lefiel;  cethomne 
est  sans  fiel.  Boileao ,  k  Timitation  de  Virgile ,  s'6erie  dans 
son  Ztf^rin  : 

TsDt  de  iel  entre-t-il  dau  I'lme  Jet  d^oU? 

Des  toiTents  de  flel  et  de  bile  coulent  de  sa  plume.  II  a 
vomison/ef. 

Fiel  se  prend  aussi  pour  chagrin,  diplaisir.  11  boit  a 
longs  traits  et  le  flel  et  Tabdntlie.  Badne  a  dit  dais  ce 
sens  : 

Me  DOorrinantdeyfW,  de  Urmcs  abreurce. 

FIELD  (John),  c^l^bre  pianiste,  naquit  a  Dublin,  en 
1782,  et  fut  l^d^ve  de  Clement!.  Cdui-d ,  fier  de  son  d^e, 
le  prodnidt  en  public,  et  se  fit  entendre  avec  lui  a  Paris 
en  1798.  Quand,  en  1802,  Clement!  entreprit  son  grand 
voyage  artbtique  en  France,  en  Allemagne  et  en  Russie,  Field 
accompagna  encore  son  roaltre  et  obtint  partout  les  phis 
brillants  suocte.  En  1822  il  s^dabllt  k  Mosoon,  ok  ses  con- 
certs ne  cessirent  d'attirer  one  loule  d^dite ,  et  oo  surtoot 
son  ensdgnement  obtint  le  plus  grand  succ^.  En  1832  il  at 
dteida  il  entreprendre  de  nouvean  une  grande  tonrnfe  artifr- 
tique,  et  parconrut  I'Angleterre,  la  France  etntdle:  une  ma- 
ladle  le  retint  k  Naples,  eten  1835  ils'en  revint  avec  one 
(amille  rosse  k  Moscou,  o6  il  monrat,  en  1837.  Qudqueins- 
trumentiste  d^une  babilet^  consomm^  Fidd  g*attadiaithict 
moins  k  fidre  preuve  de  dext^rit^  dans  I'ex^^ution ,  qa*i  rte* 
liser  rid^  de  la  plustonchante  mdodie.  Ses  compodtioM, 
pen  nombreuses  •  et  gto^ralement  d*nne  difficult^  extrtee, 
brillcnt  moins  par  la  profondeur  de  rbarmonie  que  par  la 
noblesse  du  chant.  Avec  ses  Nocturnes  0  fonda  nn  Doovasa 
genre  de  mndquedesakm,  que  llmmense  snoete  d«  Cktmit 


FIELD  —  FIER  A  BRAS 


sans  paroies  de  Mendel^hn  el  autres  a  pa  seal  faire  oublier 
dans  ces  derniers  temps. 

FIEL  DE  VERRE.  Vayez  £come  ot  Ybrrb. 

FIELDING  (  Herbi  ),  cdl^bre  romancier  anglaU ,  naqait 

en  1707 ,  ^  Sharpham-Park ,  dans  le  comt^  de  Somerset. 

II  €tiii  flls  d*Edniond  Fielding,  qui  atait  servi  comme  g^ 

n^ral  soas  le  doc  de  Mariborooj^.  La^  fimiiUe  de  son  pire 

^!ail  nombreose ,  et  Fielding  entra  dans  le  monde  avec  an 

wsei  beau  nom  (son  grand-p^re  6tait  comte  de  Denbigh), 

mais  sans  fortane.  Son  pin  l^aida  peu.  Aprts  ttre  allA  com- 

menoer  T^Code  des  lob  h  Leyde,  il  ne  put ,  (iuite  d*aigent , 

se  mafaiteidr  dans  oette  Tille.  11  revint  k  Londres,  et  y  T^cut 

dans  ledteordre.  Un  mariage  qu^il  contracta  avecone  Jeane 

personne  qa*ilaimait,  et  qui  ini  apportait  qnelque  fortune,  le 

relindecetteyie  disdpte.  11  se  fitgentilliomme  decampagne ; 

cl  il  rftra  une  existence  raraie  et  tranquille.  Mais  11  ne  pos- 

a^dait  ni  Ttomomie  ni  la  prudence  d^in  bomme  des  cliamps ; 

il  eot  des  domestiqnes,  une  li?rte,  une  table  ouverte,  des 

clieYaux  yune  Toiture,  et  se  ruina  vite.  11  s*e8t  Teng6 ,  dans 

AnUlie,  des  Toisins  qui,  lors  de  ses  ^rements,  le  bl&m^- 

r«ot  et  le  trabirent ;  et  refTet  que  produisit  sar  eux  son  car- 

rosse,  quand  il  en  pritan,  est  racont^  d*ane  fa^on  originale 

par  Booth.  Mais  enfin  il  n*en  eat  pas  moins  tort.  Revenu 

k  Londres ,  il  ^idia  le  droit,  il  prit  place  au  barreau ;  mais 

la  maladie  des  bommes  de  plaisir ,  la  goutte,  Ten  ^loigna. 

U  fit  dela  litt^ratare,  nn  roman  (Jonathan  Wild  U  Grand ), 

ctne  passdtque  pour  an  bomme  de  d^rdre  et  d^esprit,  quand, 

le  succte  de  Pamita  Timportunant,  il  lui  prit  fontaisie  de 

protester,  aunom  deCenrantte,  c'est-a-dire  an  nom  de  la 

gaiety  y  du  natnrel,  de  la  YiTacit6,  contre  des  romans  qui 

^taioit  si  beaux,  si  longs,  si  pftles,  qu'oo  les  looait  m^me  en 

ciMlre.  Joseph  Andrews  UA  la  saillie  d'an  esprit  libre  et 

original.  Onne  lit  plus  PanUla;  on  lira  toujours  les  aven- 

tures  de  son  trire.  Le  roman  manque  de  condnite ,  de  plan ; 

luais  que  les  caract^es  sont  agr^ablesi  vifs ,  joyeux !  Comme 

don  Quidiotte,  lecur^  Adams  est  toiiuours  errant;  si  le 

dieralierde  la  Manclie  voulait  ressusciter  rancienne  cbe* 

Taierie,  Adams  ^eut  croire  k  rexistenoe  de  la  vertu  antique, 

et  tons  deux ,  pour  prix  de  leur  crMulit^,  re^ivent  force 

coups  de  b&ton,  qui  ne  peuvent  les  d^onorer  et  noas 

^yeat.  Joseph  Andrews  a  ^t^  public  en  1742. 

Peade  temps  aprte,  la  femme  de  Fielding  mourut;  11 
manqoa  d'en  perdre  la  raison.  II  lutta  ensuite  contre  le  be- 
soin ,  totrit  pour  le  minist&re,  et  fut  heureox  d*^e  nomm^ 
Juge  de  paix  pour  Westminster  et  Middlesex.  Ce  n*<^tait  \k 
qu'une  place  d*olficier  de  police,  od  Ton  n'^tait  raribu^  que 
sdon  son  activity,  pr^levant  an  droit  sur  ciiaqued^litque  Ton 
CQOstatait,  position  triste,  mais  oil  11  sut  encore  ^todier  le 
monde,  ainsi  que  le  prouve  la  polnture  de  la  prison  dans 
Am^lie.  Il  6tait  dans  cet  office ,  quand  il  publia  (en  1750) 
T&m  JoneSf  le  premier  des  romans  anglais.  11  est  inutile 
de  parler  de  cet  admirable  ouvrage,  que  chacun  connalt, 
qae  chacun  a  la,  qui  fait  les  d6lices  de  la  Jeunesse  par  les 
passioiis  qu*il  repr^sente  et  le  cbarme  de  TAge  milr  par  les 
r^Hexions  qu*il  inspire.  On  a  beaacoap  dispute  sur  la  mora- 
lity de  ee  roman.  Les  uns  ont  touIu  qu'on  y  troovAt  des 
eneouFagements  pour  le  vice :  les  autres ,  que  Fielding ,  en 
s'attaquant  k  lliyfiocrisie,  le  pire  des  vices,  alt  rempli  la 
lois^on  d*un  grand  moraliste.  Nous  pensons  que  celte  dis- 
pute est  Yaine.  Un  bon  roman  ne  peut  pas  etre  plus  immoral 
que  la  nature  quMl  rcpr^sente.  11  ne  faut  pas  juger  de  la 
mofaliU  d*un  livre  par  les  fails  qu'il  raconle  et  les  tableaux 
quit  trace,  mais  par  felTet  qu'il  prodoit.  Or,  qui  n'est  per- 
saml&ak  lisant  TomJonesBi  les  autres  livres  de  Fielding  (car  il 
laiit  tous  les  d^fendre  de  ce  reproche)  de  son  amour  pour 
les  malbeuroux,  les  pauYres,  les  amig6»,  de  sa  sympathie 
pour  ceux  qui  souffrent ;  sa  morale  n^cst  point  ^lev^,  pr6- 
cbeose,  il  est  moraliste  par  le  sentiment.  Tom  Jones  obtint 
un  grand  succ^,  ct  fut  sulvi  blentdt  A'Am^lie  (17&1 ),  qui 
est  un  roman  bien  inK^rieur,  mais.ou  se  trouvent  encore  des 
iieaul^de  premier  ordre. 

Fielding,  outre  ses  romans, a  terit  beaucoup  <1e  coinMiei^, 

MGT.  it,  L\  C02(VEfl8.  —  T.   IX. 


417 

etence  point,  comme  en  beaucoup  d^autres^il  ressembie 
k  notreLesag^.  Mais  il  attacbait  peu  dMmportance  A  ses  coin- 
positions  dramatiqaes.  Malgr^les  soins  assidus  de  la  seconde 
femme  de  Fielding,  dont  il  atrac^  Taimable  caract^re,  et 
malbeoreusemeut  aussi  les  soaffrances  dans  Amilie,  sa 
sant6  ^lait  totalement  perdue  k  quarante-buit  ans.  On  lui 
conseilla  pourremMeleclimat,  plusdoux,  du  Portugal.  11  a 
^critson  Voyage  d  Lisbonne;  et  ce  journal  est  plein  de  m& 
lancolie  et  de  verve.  U  mourut  dans  cette  ville  le  8  octobre 
1754.  Quelques  ann^es  aprte  sa  mort,  on  lui  61e?a  sur  ce 
sol  stranger  un  modeste  monument.  N'avalt-il  pas  droit  k 
une  tombe  dans  Westminster,  auprte  de  cdle  de  Sliaks- 
peare?Lademi6re  Edition  de  ses  (Euvres  computes  est  cdle 
de  1821 ;  Walter  Scott  Ta  enridiie  d'une  introduction  blogra- 
phique  et  critique.  Ernest  Desclozeacx. 

FIENTE9  nom  donn^  aux  excrements  de  certains 
animaux,  oiseaux  ct  mammil^res;  la  fiente,  comme  en- 
grals  aidmal,  m^ritetooterattentiondes cultivateurs.  Obex 
les  oiseaux ,  les  urines  se  rendent  dans  une  poche  commune 
avec  les  mali^res  fkales,  auxqudles  dies  se  m61ent;  aussi 
leur  fiente  est-dle  plus  ricbe  en  prindpes  actifs  de  T^dla- 
tionque  celledes  mammif^res.  Les  culUvateurs  experiment's 
nlgnorent  point  ce  fait ;  lis  prennent  en  consequence  le  plus 
grand  soin  pour  ne  pas  laisser  perdre  cdle  des  oiseaux  de 
basse-coor  et  des  pigeoos.  Quelques  sacs  de  celte  mati^re 
mdes  au  fumier  augmentent  de  beaucoup  ses  qualites.  Des 
experiences  comparatives  ont  prouve  que  \fkcolombine 
et  la  pouline  ne  le  cedent  en  rien  &  la  p oud  re tte. 

P.  Gacbert. 

FIER  X  BRAS  9  bomme  dont  les  gestes,  Tattitude  et  les 
discoorsappeUentles  disputes  et  les  rixes.  Parmi  les  querd- 
leurs  de  profession ,  lefier  k  bras  est  un  peu  au-dessus  do 
bravo,  c'est-k-dire  qu*il  n^est  pas  place  bien  haul  danslW 
time  publique.On  represente  ordinaireroent  lefier  k  brasun 
pied  en  avant ,  une  partie  du  corps  effacee,  el  les  manches  de 
chemise  retroussees.  Du  reste,  il  court detr^s-iegers perils; 
dans  les  combats  qu*il afTectionne,  les  armes  k  feu,  repee, 
comme  le  sabre,  sont  prohibees  :  on  ne  se  confie  de  part 
et  d^autre  qu*ii  la  vigueur  du  poignet.  Le  fier  k  bras  vieillit 
done  en  general ;  car,  dans  sa  profession,  les  blessures  nesonl 
que  rarement  dangereuses ,  et  disparaissent  bien  vite.  Le 
fier  k  bras  a  son  veritable  domicile  dans  tous  les  lieux  pu- 
blics de  has  etage ;  il  se  glis&e  m^me  qudquefois  jusque 
dans  Teslaminet  et  le  cafe ;  enfin ,  il  est  une  des  varietes  les 
plus  brillantes  du  faubourien.  Les  etymologistes  ont 
cherche  k  qui  mieux  mieux  Torigine  du  niot^erd  bras, 
seton  les  uns ,  il  deriverait  d*un  Nonnand  Guillaume  Fier  a 
Brach ,  bomme  tr^courageux ,  et  fr^re  de  Robert  Guis- 
card ;  d'aotres  doctes  en  us,  tds  qtie  Bollandus  et  Ileinscbi- 
nius,  soutiennent  quele  veritable  fier  ^  bras  etait  Guillaume 
le  Graod,  due  de  Gulenne  et  comte  de  Poitiers.  Quelle  que 
soil,  au  reste ,  Torigine  du  mot,  le  fier  k  bras  se  civilise  de- 
pots qne  les  professeurs  de  savate  et  de  diausson  portent 
la  cravate  blancbe  et  chantent  la  romance.  La  vieille  esp^ce 
s'en  va  iisparaissant.  SAiirr-PnosPER. 

Fier  d.  bras  est  aussi  le  nom  d'un  geant  qui  joue  un  grand 
r61e  dans  les  andens  romans  de  cbevaleric.  Le  plus  anden 
ouvrage  qui  nous  ait  conserve  le  redt  des  prouesses  de  ce 
beros  est  une  e|K>pee  en  dialecle  proven^l  :  die  compte 
5084  vers  de  douze  syllabes.  Composee  au  douzi^mesiede, 
elleaete  pour  la  premiere  foispubliee  en  1829,  par  les  soins  de 
M.  H.  Bekker.  S'emparant  de  quelque  autre  podme  fran^is 
surle  memesnjct,  l^  contours  du  quinzieme  siede  en  firent 
un  roman  en  prose,  dontredition  originale  porte  la  date  de 
Geneve,  1478.  C'esl  un  in-folio  de  115  feuillete ,  dont  la  ra- 
rete  est  excessive,  et  dont  un  exemplaire  s'est  |)aye  jusqu'i 
51  livres  sterling  (1,300  flrancs)  k  la  vente  des  collections 
d'un  bibliophile  renomme,  sir  Richard  Heber.  Cette  edition 
fut ,  dans  I'espace  de  vingl  ans,  suivie  de  bait  autres.  Tra- 
duite  el  plusieurs  fois  reimprimee  en  Alleniagne ,  die  douna 
lieu  k  un  pocme  italiun  ( II  cantare  di  Fierabracclo  ),•  k  uue 
epop'^c  «in;ilai-H!  (Sir  t^entvibras),h  un  roman  c«i»agiiol,  d^ 


418 


FIER  A  BRAS  —  FIESCHI 


ceux  que  don  Qoichotte  afmait  tent  et  dont  oo  a  tant  do 
peine  k  trouver  aojourd^ui  yestige.  Les  guerres  de  Charle- 
magne avec  les  Sarrasins  d'Espagne  forment  le  aujet  de  ce 
liTre.  Fier  k  bras ,  adTersaire  des  Chretiens,  qui  ont  aouYent 
senti  le  poids  de  son  ^p(fo,  finit  par  se  convertir :  d^^clatanU 
miracles  lai  d^montrent  i'absurdit^  de  la  loi  de  Mahomet ;  il 
re^t  le  bapttme ,  il  arrive  mfime  au  rang  des  saints.  Sa 
soeur,  Floripur,  abjure  en  m6me  temps  que  lui.  Cetle  ter- 
rible heroine  pr<fcipite  sa  du^e  dans  la  mer ;  eUe  assommo 
son  ge6Iier  d'unooup  debftton  ;ellee8t  Uprise  de  Guy  de  Bour> 
gogne ,  et  sa  passion  s*exprime  avec  une  v^h^mence,  one  im- 
petuosity qoi  ne  rappelle  en  rien  ces  sentiments  ddlicats  que 
lagalanierle  chetaleresque  mettra  plustard  en  honneur.  Un 
Tidl  4mir,  pire  de  Fier  k  bras  et  de  Floripnr ,  ne  yent  point 
soiyre  Texcmple  de  ses  enfants  :  il  s'obstine  k  rester  fiddle 
k  I'islamisme;  les  plus  forts  arguments  ne  pouyant  triom- 
pher  de  sa  rMstance,  on  prend  le  parti  de  tetuer.  En 
somme,  cette  ^pop^,  r^digte  k  l*epoque  des  croisades,  d'a- 
prtedes  traditions  obscnres,  prdsente  le  tableau  le  plus 
curieux  des  opinions,  et  des  habitudes  de  la  soci^US  de  ce 
temps.  6.  BnoNET. 

FIERTE.  Yieux  mot,  tir^  du  latin /?re^rt<m,  cercueil, 
chAsse,  et  exclusiyement  usit6  pour  d^igner  la  chflsse  de 
saint  Remain,  archey^que  de  Rouen,  au  septi^md  si^cle. 
Le  cliapitre  de  la  cath6drale,  possesseur  des  reliqute  du 
saint,  ayait  obteno  des  dues  de  Normandie,  yers  le  milieu 
du  doozitoie  sitele,  le  priyil4ge  de  ddliyrer  cheque  annte, 
au  jour  de  T Ascension,  un  prisonnier  condamn^  k  mort. 
Pour  jouir  de  cette  immunity  le  criminel,  choisi  par  les 
chanotnes,  deyait,  aprto  s*6tre  confess^,  prendre  la  chfisse 
do  saint  et  la  souleyer  trois  fols ,  ce  qui  s^appelaft  lever 
la  fierte  :  apr^s  quol,  il  la  portait  an  milieu  d*nne  proces- 
sion solennelle,  couronn^  de  fleurs,  avec  festins,  danses 
momeriesy  mascarades.  Puis,  le  lendemain,  si  ses  enne- 
mts  ne  lui  fiiisaient  pas  un  manvais  parti,  il  6tait  renyoy^ 
libre  et  absous,  avec  ses  complices.  Les  crimes  de  Itee-ma- 
jeste,  d'h^r^ie,  de  yiol,  d'homicide  ayec  guet-apens,  n'd« 
taient  pas  Jieriables.  Tant  que  le  priyildge  de  saint  Remain 
exists,  il  fot  un  avjet  dtemet  de  disputes  entre  I'^Use  de 
Rouen  et  les  magistrats s^culiers.  Le  chapitre  prit,  en  1473, 
ayec  succte  et  ^nergiquement,  sa  defense  centre  Louis  XI; 
mais  k  dater  de  1499 ,  ^poque  de  r^tablissement  perma- 
nent d'un  ^chtquier  dans  cette  yille,  les  chanoines  6prouy6- 
rentplus  d^obstaclesdansrexercice  de  leurpriyil^.  Cepen- 
dant,  sous  Francis  1",  ce  tribunal  dut  en  passer  par  oo  les 
chanoines  yonlurent,  dans  lacrainte  d'une^meute  populaire. 
Henri  IV,  etant  k  Rouen  pendant  la  tenue  de  Tassemblc^e 
des  notables,  en  1597,  signa  une  d^laration  qui  restreignait 
^e  beauooup  ces  monstnieux  abus.  Ce  ne  fut  qu'en  1790, 
un  an  aprte  rabolition  des  autres  privileges  par  TAssenibiee 
nationale,  que  celui-ci  fut  exerc^  pour  la  dernt^re  fois  :  le 
ministre  Dupont  en  noUHa,  en  1791,  la  suppression  au  tri- 
bunal de  Rouen. 

FIERT^*  Ce  n'est  pas  \k  un  vice  :  dans  bien  des  cir- 
Constances,  c'est  plotdt  un  sentiment  inyolontaire,  qui  dou- 
ble la  force,  comme  la  grandeur  de  Thomme  ou  du  citoyen. 
Le  moraliste  le  plus  severe  ne  condamnera  done  la  fiertd 
que  suiyant  les  objels  qoi  la  feront  nattre.  Toos  ceux  qui 
sent  plaote  trte-haut,  soit  par  la  naissance,  soit  par  la  for- 
tune, loin  de  d^ployer  de  la  fierte,  doivent  d^sarmer  l*enyie 
par  des  maniires  deuces  et  blenyeillantes  :  ce  n'est  pas 
asbcz  que  les  bienfiiUts  rapprochent  Tinteryalle,  il  fout  que 
repanchement  et  la  cordiality  le  remplissent.  Dans  certaines 
occasions,  on  se  sanve  des  perils  les  plus  extremes  par  Pem- 
ploi  subit  d*une  legitime  (ierte  :  die  vous  commando  tant 
de  deyoirs,  et  yous  roontre  pret  k  tant  de  sacrifices,  qn^elle 
Alt  recnlerjusqu^^  llnsotence  de  la  Ibroe  triomplutnte.  Au 
milieu  des  plus  grands  desastres  de  sa  yieillesse,  Louis  XIV 
a  en  une  inspiration  de  fierte  qoi  a  maintcnn  la  France  k  sa 
lilace  :  on  Ta  blessee,  mais  on  ne  V^  pas  yalncne  dans 
son  independance.  Les  femnies  avaient  jadis  une  si  haute 
idee  des  yertus  qnl  sent  le  plus  essentlellement  recomman- 


dees  k  leur  sexe,  qu*eUes  en  faisalent  t'oljet  d'one  oonUniwDt 
fierte.  Dans  ce  sens,  elles  avaient  anssi  leur  ^re.  «La  Rerte 
de  r&me  sans  hauteur,  a  dit  Yo)taire,  est  uameiite  eonpa- 
tible  avec  la  modestie.  »  SMnr-PuMm. 

FIESCHI.  Ce  nom  passera  k  la  posterite.  Mj^  il  gmsitt 
la  listede  ceux  des  grands  coupables  qn'enregistro  A  regret 
rhistoire,  et  le  but  du  Corse  e^  attaint;  ear^  aioai  que  I'a 
dit  nn  homme  de  sens  et  d*esprit ,  «  Fiescld  a  yonla  Mre 
r£rostrate  de  la  poudre  k  canon.  »  On  a  beaucoop  recher- 
che la  cause  et  le  but  de  son  attentat.  EUe  est  tnscrite,  ce 
nous  semble,  dans  cheque  page  de  sa  vie,  et  rtiomine  qnl 
disait  k  tout  propos :  «  Vous  entendrei  parler  de  moi;  quel* 
que  chose  me  dit  que  je  passerai  k  la  posterite,  »  avec  son 
caractere  d'orgueil  et  de  fausse  ambition,  devait,  k  defant 
de  talents ,  d^heureuse  chance  et  de  yertu,  tronf  er  U  ceie- 
brite  dans  le  crime. 

/oxejiA  FiESCoi  ayait  ete  baptise  kMorato  (Corse),  le 
3  decembre  1790.  Tant  qu^il  demean  en  Corse^  il  fut  ber- 
ger,  comme  Tayait  ete  son  pere.  A  Plige  de.dii-huit  aos, 
le  15  aoOt  1808,  11  s*engageA  yolontaireroent  dana  nn  ba* 
taillon  qui  allait  en  Toscane  au  service  de  la  grande-docbesse 
£lisa  Napoleon.  II  fit  ensuite  la  campagne  de  Buasie,  passa 
an  service  de  Murat,  roi  de  Naplesp  entr^  dans  le  regjioient 
provincial  corse,  fut  fait  sergent,  decore  de  Tordre  des 
Deux-Siciles,  et  accompagna  enfin  Murat  dans  son  aventu- 
reuse  expedition  sur  ses  anciens  £tats.  On  connalt  la  san- 
glante  catastrophe  qui  denoua  ce  drame.  Fieschi,  condamne 
k  mort  avec  ses  oompagnons  dinfortune,  fut  remis  au  gou- 
vemement  fran^ais,  qui  le  Jugea  k  son  tour,  Pacqiiitta  et 
le  remit  en  liberie.  II  revint  en  COrse,  et  s'y  fit  condamner 
k  dix  ans  de  reclosion  et  k  rexposition  pour  vol  d*nn  banf, 
faux  en  ecriture  privee  et  fabrication  du  sceau  d'une  com- 
mune. Fleschi,  apr^s  Tarret,  fut  transfere  dans  la  maison 
centrale  d'Embron,  ob  il  se  lia  avec  Laurence  Petit,  veove 
Lassave,  femme  Abot,  condamnee  comme  hii.  A  I'erplra* 
tion  de  sa  peine,  il  ^lla  travailler  dans  les  fabriqoes  de 
Lodeve,  Sainte-Colombe,  Givors,  et  se  presenta  an  sergent- 
meioT  de  la  coropagnie  des  sous-officiers  sedentaires  k  Pa- 
ris, porteor  d*un  ordre  du  general  commandant,  poor  etre 
regu  en  subsistence.  A  Tinspection  generate,  on  lui  proposa 
d*entrer  dans  un  regiment  avec  le  grade  de  sergent  It  re- 
fuse, il  voulait  etre  Lomme  sous-lieutenanL  Admls  dans  b 
compagnie  de  veterans  em  ploy  (^e  k  la  garde  d*nne  maison 
centrale,  il  se  plaignit  de  son  eioignement,  et  revint  k  Parii^, 
Ob  il  rentra  dans  les  sous-ofliclers  sedentaires.  L^  il  fit  la 
rencontre  de  Laurence  Petit,  qui  avait  perdu  son  second 
mari,  et  qoi  «  s^abaissa  jusqu'^  lui  pour  Veiever  jusqo^ 
elle,  *  suivant  ses  propres  expressions.  Nous  les  retrouvons 
tons  deux  plus  tard  gardiens  du  moulin  de  Croollebarbe,  ac* 
quis  par  la  ville  de  Paris.  La  ville  de  Paris  avait  acbeie 
en  1827,  pour  faciliter  les  travaux  de  canalisation  de  la 
Bievre,  les  quatre  moulins  etablis  sur  cette  riviere  et  situes 
intra  muros.  11  etait  deveno  necessaire  d*y  constltoer 
deux  gardiens  :  k  la  demande  et  sur  la  recommendation  do 
general  Franceschetti,  M.  Cannes  donna,  i  to  fin  de  1831, 
k  Fieschi  une  de  ces  places,  celle  de  gardien  dn  monlln  de 
Croiillebarhe,  qui  se  trouvait  disponible. 

Abusant  des  circonstances  anterieures  de  sa  vie,  Fieschi, 
qui  avait  ete  admis,  par  une  decision  dn  mintetre  de  la 
guerre,  en  date'dn  21  septembre  1830,  k  la  soldo  de  sous- 
lieutenant  d*etat-major,  sans  accessoires,  racontait  aux  nns 
qu'il  avait  ete  condamne  k  mort  pour  crime  poliUqoe,  et 
grade  apres  une  longue  detention ;  anx  autres,  qu%  ayait 
jone  un  rdle  iuiporiant  dans  la  conspiration  de  Dldier  k 
Grenoble.  II  entra  k  cette  epoque  dans  la  societe  des  Amis 
de  V^galiU.  M.  Baude  etait  prefetde  polioe;  il  employa 
Fieschi.  Paris  s'agitait,  le  sang  ooulait ;  Fieschi  brava  le 
danger  pour  rapporter  des  renseignements ;  son  anooar-pro- 
prc,  exalte  par  la  confiance  qu*on  lui  temoignait ,  le  penetia 
de  reconnaissance.  Les  rapports  qn*il  avail  avec  le  prefet 
de  police  n*etaient  connos  tontefois  que  de  celui-ci  et  de 
son  secretaire.  Cependaot,  la  cliambre  des  deputes  avait 


FIESCHI 


419 


adopts  la  iiroposHkHi,  faite  par  M.  Baude,  d^accordar  dea 
tecoun  aux  condaiiiii^  poiniques.  Fieacbi  le  pria  de  slat^- 
resser  k  lui  pour  le  faire  paitidper  k  oea  aecoun.  II  obtint  n 
una  aUooation  da  30  a  40  fr.  par  moia.  Les  aanglaiites  joar- 
Dtea  dot  5  at  •  Juin  l83a^at&rent;  Fieaclit  fut  alors  tent^ 
de  ae  jeler  dans  lea  raogi  de  la  rivolte  et  de  prendre  un 
fusil  oamme  le$  autree.  U  r^slata  k  oette  impulsioD. 

Au  commeneement  de  183&,  la  jeune  Nina  LasaaTe  avait 
da  quitter  ie  domicile  commuii  de  aa  mtoe  et  de  Fiesebi 
pour  entrer  k  Ja  Salp4tri^re.  Fieschi,  k  cette  ^que,  se 
portait  oontre  aa  concubiiiey  la  fenme  Petit,  aux  plua  gra- 
vea  exetei  et  la  TioleDce  de  aon  caraetto  I'ftTait  rendu  la 
terreof  da  aon  Toisinage.  Stir  oea  entreftifea,  las  mensoDges 
de  Fleaohi  fiirent  ddoouyerta;  aea  penaiona  et  aon  traitement 
fareat  adapendua.  II  fut  incolp^  d'avoir  er^  de  laoasea  pii- 
oea  et  de  feux  certificata ,  d^avoir  appeal  de  faufiaea  aigua- 
torea  aur  cea  adea,  ^  d'ea  aToir*  fiiit  uaage  ademment. 
Une  procddure  a'inatruiait  aur  la  plaiate  do  miniature  public. 
Alors  il  a'teria  d*on  ton  de  menace : «  qoll  ne  aoufnrirait 
pas  toujoura,  maia  qu'avant  de  moorir... ! «  Et  il  ajouta  que 
«  all  anivait  queiqiie  a^iUon,  U  aerait  le  premier  aux  Tui- 
ieriea  pour  aasaaainer  le  roi  at  lea  prinoeal »  BientAt  Lau- 
rence PetU  rompit  ouYertement  avec  lui  :  eette  rupture  et 
lea  torla  qu'il  imputait  k  cette  femme  paraiaaent  aYoir  exerc^ 
uue  grande  influence  aur  aea  d^rminations.  Anden  mili- 
taira,  aans  grade  ni  retraite,  ouvrier  aana  occupation,  d^ 
pouiUi  de  la  pension  qu*il  avait  uaurp^  expula^  d*un 
domicile  qu^il  pr^toodait  Mre  le  aien ,  repouaa^  par  la  femme 
qu^  avait  cbolaie ,  posaM^  d'une  passion  violente  pour  une 
jeune  fiUe,  sona  le  poids  d*une  inculpation  grave  et  de  me- 
na^anlea  poursuitea  Judiciaires,  Fioclii,  pour  condMa  de 
disgrftoe,  «a  trou?ait,  an  commencement  de  Tann^  1835,  k 
la  yeille  de  perdre  eon  dernier  eroploi  et  sa  demi^re  rea- 
soarce  ;  le  27  jauTier,  un  arr^t^  du  pr^fet  du  d^partement 
de  la  Seine*  en  anpprimant  le  poste  de  gardien  du  moulin 
de  GrouUebariw,  eonsomma  sa  mine  et  d^truisit  sea  der- 
Mrm  eaptranoea. 

Alors,  aoudeux,  pr^occup^  rftreur,  il  se  cache  sous  les 
noma  d'Alexis,  de  Bescber;  11  a  reconrs  k  miUe  ruses  pour 
se  sonatraire  aux  inYcatigations  de  la  police.  U  cberche 
un  aaile  tour ii  tour  chex  fioireau,  ches  Morey,  cliez P^pin , 
et  ne  sort  Jamaia,  dans  cea  jours  de  d^treaae,  sans  Joindre 
au  poignard  qu'il  porta  toujours,  ce  flteu  redootable  dont 
il  eat  enflore  anoad  dans  sa  ftiite  le  28  juiliet,  et  k  I'aide 
duquel  il  prMend  se  d^faire  de  ringt  assaillanta.  Cast  alors 
quileoo^oitleplandeaamacbineinfernale.  Sans  con- 
▼ictiott  et  mAme  sans  passions  politiquea,  Fieaclii  aurait  ^t^ 
dispose  il  les  exploiter  toutes  k  son  profit  Dans  son  profond 
d^ain  pour  toos  ies  partia,  poussd  par  ses  dispositions 
aventureuaea  et  ce  m^pria  de  la  Tie  qn*fl  portait  au  plus 
liaut  d^gr^,  ce  qn^fl  d^rait  aortout,  c*^tait  un  grand  bou- 
lerertemenl  social,  au  aetn  duquel  il  piki  d^Telopper  aea  fa- 
cult^  intellectuelles,  dont  il  se  formait  une  si  baute  idde, 
et  la  rare  dnergie  de  son  caract^ra. 

Lemardi  28  Juiliet,  aeoondjour  du  dnquitoie  anniTersaIre 
de  la  r^olution  de  1830 ,  le  roi  Louis-Philippe  passait  la 
ravue  de  la  gdrde  nationale  et  de  la  troupe  de  ligne,  accom- 
pagnd  deatioia  princesses  ills  ainte.  La  police  de  Paria  aTait 
^Id  ndae  en  €m\  dki  le  Jour  prte^dent;  divers  avis  Tavaient 
pr^venue  que  dM  armea  k  fen  dirlg^  aur  la  personne  du 
roi  deraient  Aire  explosion  de  TinUirieur  d'une  maison  que 
Ton  d^signalt  vaguement.  Le  quartier  ^tait  surveilld  avec 
8oin.  Dte  trois  beores  du  matin,  il  avail  6U  explore  en 
loua  seas,  et  au  moment  de  la  revue  un  d^tacliement 
d'a^Dntade  police,  mnnls  d*armes,  et  piacte  en  dehors  de  la 
Itgne  militaira,  prdo^ait  le  roi  de  quelques  pas  et  avail  pour 
conslgpe  d*exaininer  altenlivement  les  croisto  el  d'arrOler 
la  marcbe  dn  cort^e  au  moindre  signe  mena^ant  Le  roi 
achevait  de  paroourir  les  rangs  de  i'infanlerie.  11  arrivail  au 
boMilevard  dn  Temple ,  en  avant  de  son  A>corte  de  plus  d'une 
loQ^sair  de  dieval.  Tout  k  coup  une  forte  ddtonation  rc« 
lentit :  un  grand  vide  se  fait  autour  du  roi ;  le  pavi  est 


inond^  de  sang,  jonch6  de  morta,  de  blesste,  de  cbevaui. 
Le  marshal  M  or  tie  r ,  due  de  Tr^viae ,  six  g^n^ux,  deux 
colonels ,  neuf  officiers ,  grenadiers  et  autres  dtoyens  fiUsant 
partie  de  la  garde  nationale,  un  ofBder  d*^tat-midor,  de 
simples  spectatenrs ,  bommea ,  femfmes ,  enfonta,  au  nombre 
de  vingt-et-un,  sont  frappfo ,  onze  tombent  aans  vie,  sept 
ne  aorvivent  que  pen  de  Jours.  Le  roi  cependant  n*avait 
^  que  Mg^rement  attaint  d'une  balle  k  la  aurfiice  du 
front;  son  cheval  avail  dt^  frapp^  k  la  partie  sup^rieure  da 
rencolure;  les  chevaux  du  due  de  Memoura  et  du  prince 
de  Joinville  avaient  ^td  bless^ ,  I'un  au  jarret  et  i*autre  au 
flanc 

Totttefoia,  au  moment  de  b  ddtonation ,  on  avail  vu  «^ 
soulever  la  Jalousie  d'une  fenfttre  silu^e  au  troisitae  dtage 
d*une  maison  du  boulevard,  n*  50;  d*dpais  tourbillons  de 
ftnnte  s'en  6taient  dchappte.  C'^tail  de  U  qu'^taient  partia  lea 
coups  meurtriers.  Presqne  anasltdt,  un  bomme  convert  de 
sang,  Uessd  au  vi^yige ,  en  chemise,  et  n'ayant  pour  tout 
vdtement  qn'un  panUdon  detoile  tone,  a'dtaHdlancd  d'une 
fendlreplaote  k  I'extr6nit6  de  cette  maison,  du  o6td  oppoad 
donnant  aur  laconr;  et,  saisissant  une  double  corde,  il 
s'dtait  laissd  glisser  Jusqu'au  niveau  d^in  petit  toil  appartenant 
k  la  maison  voisine;  nud^il  avail  did  ddoonrert  dana  aa  (bile. 
La  ibule  aecourfit  :  un  garde  natieoai  aomma  le  fugitif  de 
ae  rendre,  le  mena^ant  de  tirer  aur  lui  a'il  bdaitait  Oelui- 
ci ,  ^cartant  de  sa  main  droitele  voile  de  sang  qui  ae  rdpan- 
dait  sur  aes  yeux ,  gagna ,  sana  tenfar  comple  dela  menace, 
une  fenttre  qiii  donnJl  surle  petit  toil,  et  s'^lan^  dans  une 
pitee  dependant  de  I'appartement  du  aeoond  dtage  de  la 
maison  voisine.  Une  femme  se  tronvait  li :  tremblante, 
^perdue  k  la  vue  de  cet  bomme  tout  coovert  de  aang ,  elle 
se  prfeipilait  vers  la  porte  en  Jetant  des  eria :  «  Lalsses-moi 
passer,  »  lui  dit  le  ftigitif ,  en  la  poussant  rudement  d'une 
main ,  tandis  que  de  I'aulre  it  esauyait  le  sang  qui  I'aveugiait 
et  I'taipficbait  de  dirlger  ses  pas.  Bientdt  il  trouva  I'escalier, 
et  le  fhmcliit  d'un  bond  rapide,  laisaant  partont  sur  son 
paasagedex  traces  d*un  sang  netr  :  4^k  il  se  tronvait  dans 
la  coor.  C'^talt  trop  tard,  la  fuite  dtait  impoasible.  La  garde 
nationale  vettlait  aux  deux  iasues  de  la  maison;  elle 
se  saiait  de  lliomme,  et  le  oondniait  au  poate  du  ChAleau- 
d'Eau. 

Au  moment  de  I'exploaion,  la  maison  d'oh  les  coops  ^talent 
partis  avalt  did  envahie.  La  force  avail  dU  ndcessaire  pour 
s'inlroduiredansl'apparlemenl;  et  la  porte  n*avait  c6dd  qu'^ 
TefYort  des  crosses  de  Aisil.  Un  nuage  d'une  himde  exhaUnt 
une  forte  odeur  de  poudre  empteha  d'abord  d'avoir  une 
perception  exade  des  objets.  Maigrd  la  dialeur  de  la  eaison, 
de  I'beure  et  dn  Jour ,  un  fen  trte-ardent  brOlait  dans  la  die- 
minte.  De  la  paille  enflammde,  un  tison  ftimant  gisalent 
sur  le  pbmeber ;  le  sol ,  convert  de  morceaux  de  verre  el  de 
fragmenta  de  canons  de  fusils,  dtait  souilld  d*un  sang  fluid e 
fratchement  r^pandu.  Dans  un  endroil  voisin  du  mur,  et 
prte  de  la  porta ,  une  mare  de  sang  en  caillots  semblait 
indiquer  qu'un  homme  gri^vement  blessd  y  dtait  tombd.  Les 
vilres  dtaient  brisdea,  le  ch&ssis  de  la  jalousie  d6monld ;  nne 
large  tralntesang^le,  longuede  six  pieds,  souillaille  papier 
de  lenture,  etle  mur  mis  ii  nu  portait  remprdntedes  balles, 
des  fragments  decanon  de  fusil,  et  mtoiedes  visquiravaient 
rteemment  endommagd.  Devant  hi  fenHre,  un  bAtis  en  bois 
dechdne,  de  trois  pieds  et  demi  de  hauteur,  s*^evail  sur 
quatremonlanta  on  chevrons  Avis,  munis  de  sept  traverses. 
La  plus  haute  tplacdederri^re,  pouvatl  s'dlever  ou  s'abaisser, 
sdon  la  direction  qu*on  voolail  donner  k  la  machhie.  Cette 
machine  avalt  aopportd  vhigt-qiialre  canons  de  ftisil ,  dis- 
poses en  plan  hidind  vers  le  boulevard.  Quinie  canons  fu- 
manls ,  brdlauts,  ensangllant^,  dtaient  encore  dans  leurs 
embrasures;  sept  crevds  an  lonnerre  Ot. Maids  vers  la  cu- 
lasse ,  gisalent  k  terre,  fracassds;  deux  n*avaienl  pas  fait  Ibu. 
Ce  lieu  de  ddsolatlon  ^tatl  desert :  un  aeul  indice  pouvait 
faira  oonnaltre  le  nom  du  ooupable  :  dans  I'alcove,  on 
voyait  un  matelas ;  sur  un  des  coins,  on  lisail  Girard,  C6Xaii 
le  nom   sous  leqitel  il  ^lAit  connii  (hi  propridtalre  et  du 

53. 


4 -JO 


FlESCHl  —  FIESOLE 


xoisiuagG  :  line  hetire  apr^s  tout  Paris  retcntissait  de  ce 
nom. 

LliommearrM^  daos  m  fbite  dtalt  Mess^ ,  et  sea  blesaures 
jMuraiaaaieDt  extiteement  grayea.  Au-deasna  de  la  partie 
extreme  du  aoorcU  gauche,  one  plaia  oblique,  irr^uli^re, 
^  borda  dtehirte ,  p^n^trait  josqu'aux  oa.  Ceux-ci  dtaieot 
(hicturte,  et  lea  borda  de  la  fracture  laissaient  entreroir 
lea  mouvementa  da  cerreao.  De  la  l^vresup^rieure,  uoe 
autre  bleasore  a'^tendait  Juaqu'aa  cou.  Les  borda  de  cette 
plaie  6taient  irr^goliera  et  dtehlrte,  la  Uvre  fendue  dans 
toute  son  ^paiaaeur,  Toe  de  la  mAchoire  mis  k  nu.  Trois 
doigtsde  la  main  gauche,  Tbidicateur,  I'annulahe  et  le  petit 
doigt  ^taient  courerta  de  plaies  irr^guli^rea,  k  herds  meur- 
tris,  le  petit  doigt  et  rannulaira  avaient  chacun  deux  pha- 
langes bristo.  Le  bless^  ne  pouvait  parier  qu^avec  one  difS- 
cnlt6  extreme.  On  trouva  sur  lui  nn  fouet  ou  fl^a  k  mancbe 
de  hois ,  portant  trois  branches  compost  de  lani^rea  en 
cuir  tress^,  garnish  lour  extremity  de  fortes  balles  de  plomb ; 
un  oouteau  k  plusieurs  lames  et  de  la  pondre  fine  eny  iron 
la  charge  de  quatre  cartouches.  II  avait  conserve  assez  de 
calme  pour  jeter  ftirtivement  sous  ie  lit  de  camp  un  poignard 
dont  11  ^tait  amni. 

L'attentat  a?ait  mis  Paris  en  ^inoi ;  de  nombreuses  ar- 
restations  en  avaient  M  iramMiatement  la  cons^ence. 
Partouton  parlait  de  complots;  on  neconsid^raitle  coupable 
que  oomme  un  obscur  instrument ,  et  la  crainte  de  le  voir 
mourir  avant  d'avoir  r^v^  ses  complices  pr^oocupait  tons 
lea  esprits.  II  avait  ii&  tranaport^  k  la  Ck)nciergerle,  ettous 
les  soins  de  Tart  lui  <Staient  prodtgu^.  11  nV^tait  connu  que 
sons  le  nom  de  Girard ,  et  persistait  a  dtolarer  que  seul  II 
ayait  oon^  le  crime  et  seul  Tavait  e%6cai6,  Nul  iadice 
ne  prouyait  encore  le  contraire,  lorsque  Ton  apprit  que  quel- 
quea  Jours  auparayant  il  avait  enley^  unc  malle  de  aon  do- 
micile, et  qa'k  la  suite  de  longs  detours  cette  malle  dtait  par- 
yenue  dans  les  mains  de  Nina  Lassaye,  la  fiUe  de  Laurence 
Petit  Les  depositions  de  Nina  ne  tard^rent  pas  k  faire  con- 
nattre,  quoique  yaguement,  les  rapports  du  coupable  avec 
P^in  et  Morey.  BientOt  on  sutley^table  nom  du  f^ux  Gi- 
rai^cl ;  llnspecteur  g^niral  des  prisons  le  reconnut ,  ainsi  que 
M.  Ladyocat,  et  il  ayoua  se  nommer  Fieschi.  De  ce  jour 
rinstniclion  du  procte ,  dont  une  ordonnance  da  roi  ayait 
46tM  la  connaissancek  lachambre  des  pairs,  deyait  suiyre 
une  marche  r^guli^  et  rapide.  P^pin ,  qui  ne  tarda  pas  k 
tomber,  entre  les  mains  de  la  justice ,  Morey ,  qui  ne  tenia 
pas  m^me  *\e  fuir;  Boireau,  dont  les  confidences  ayaient, 
d^  la  yeille  de  l^attentat,  et4  reports  &  la  police;  un 
ouyrier,  Bescher,  k  Taide  du  liyretduquel  Fieschi  s^^tait 
soastrait  aux  poursuites,  fhrent  tous  quatre  renyoy^  de- 
yant  la  courdes  pairs. 

L'attltude  de  ces  quatre  accuse  deyait  6tre  anx  d^ts 
aussi  diff^rente  que  IVtait  leur  position.  Fieschi  se  posait 
seni  Bccusateurde  ses  complices.  P^in,  aelon  lui,  ayait 
connu  ses  projets ,  et  lui  ayait  fourni  les  sommes  n^cessairea 
k  leur  r^kllMtion.  Morey  ravait  encourage  dans  son  entre- 
prise  et  Tavait  mtoie  aid6  k  ctiarger  les  canons ,  dont ,  par 
line  pr^yoyance  perfide,  il  avait  traltreusement  pr^par^  Tex- 
plosion.  Boireau  avait  re^  aes  confidences,  et  avait  eu 
connaissance  de  tous  les  details.  A  ces  accusations  P<^pin 
rdpondail  par  de  vives  rteriminations,  discutant  avec  chaleur 
les  charges  <Uev6es  centre  lui ,  et  protcstant  de  son  innocence. 
Morey  se  contentait  de  nier ,  et  pas  une  parole  de  colere, 
pas  line  expression  de  trouble  ou  de  faiblesse  n*teliappait 
a  ce  vieitlard,  accabl^  par  la  maladie.  Boireau  faisait  des 
deini-aveiix.  Dte  le  premier  jour  I'innocenoe  de  Bescher 
avait  die  stabile.  Ce  proc^  avait  excit6  Taltention  et  Tin- 
t^rfit  de  la  Prance  enti^re;  Tarr^t  de  la  conr  i^tait  attendn 
avec  impatience.  II  fut  rendu  aprte  dix-sept  jours  de  d^bats. 
Fieselii  <^tait  condemn^  k  la  peine  de  mort  et  an  supplice  des 
parricides ;  P^pin  et  Morey  devaient  i^lement  subir  la  peine 
rapitale ;  Boireau  dait  condamnd  k  vingt  ans  de  ddtention 
dans  une  maison  de  force;  Bescher  ^tait  acqoitt^. 
Ficschf  f'afV^n'hit  ^snn  sort:  il  neltfniolgnaaucuntroub'e, 


aucune  Motion.  En  entendant  la  lecture  de  VurH ,  quaad 
les  dispositions  qui  le  concemaieat  hii  eorent^  aipiifite  * 
«  Mes  complices  9  dit-ii ,  ont-ils  M  du  moins  ^pargn^?  ~ 
C'est  doramage,  ijouta-t-il,  non  pas  pour  Moray,  dont  la 
vie  s'aeh^ve,  mais  pour  P^,  qui  a  una  ferome  et  quatre 
enfants....  Mais  }e  n*ai  dit  que  la  y^rit^,  coatimia*t-&.  Ik 
sent  coupablea  comma  moi;  ma  tMe  apparammeat  ne  soffit 
pas?  >  Depuis  ce  lugubre  moment ,  Fieschi  s*ooeiipa  pies- 
que  constamment  k  toire  :  on  avait  permia  4  la  Jeoae  Niaa 
Lassave dep^^trer  dans  aa  cellule,  etce  fht  pour  lui, dit- 
il,  la  plus  douce  des  consolationa  que  de  revoir  avant  de 
mourir  cet  mfant  qu*il  avait  ^evte.  Le  16  Janvier  iaS6 
rarrftt  de  la  oour  des  pairs  re^ut  son  extoitioa.  P^  et 
Morey  monttent  aucoeasivement  sur  r^balluid  avec  on 
^  courage.  Le  tour  de  Fieschi  venn  :  «  Je  vala  paraltie 
devant  Dieo,  s'teria-t-il ,  ea  s*adressant  k  l*hnmenae  concoan 
de  people  aaaembl^  pour  son  aupplice;  J'ai  dit  la  vte't^,  je 
meurs  content;  J'ai  rendu  aervice  k  mon  pays  en  signalaat 
mea  complices ;  j*ai  dit  la  vMt« ,  point  de  mensonge ,  j'cn 
prenda  le  ciel  k  t^oin  :  je  suis  heoreux  et  satislhit  ie  d«- 
mande  pardon  k  Dieu  et  aux  hommea,  maia  aurtoot  4  Dieii! 
Je  regrette  plua  mes  victimes  que  ma  vie  I  »  Cela  dit ,  il  ms 

retourna  viveinent ,  et  se  livra  aux  extoiteors Telle  fuC 

la  fin  de  cet  homme  pouss^  au  crime  par  la  aoif  de  la  c^- 
l^brit^  plutAt  que  par  celle  de  Tor :  «  To  enteiidraa  parier 
de  Fieschi  I  disait-il  un  jour.  •  Son  caract^re,  son  crime, 
aont  tout  entiers  dans  ces  mots.  WoLua. 

Aprtelamortde  Fieselii,  larameoseNfaia  Lassave^irexeoi- 
ple  de  M"^  Manson  (voyez FuALofea),  s'avisadelcHiersiitriste 
c&&ini6k  uncaf(6 :  die  tint  un  comptoir;  et  la  fbale  arrhra 
pour  la  voir.  Mais  la  foulese  lassa,  et  Minaalla  recommencer 
rexhibition  k  Londres.  En  1942  £e  ConstiiutUmnel  s*a- 
visa  de  la  faire  mourir;  elle  ^tait  tomb^  disait-il,  dans  la 
mis^re  et  avait  dd  chanter  dans  les  roes.  Maialfinay  occom- 
pagn^desamdre,  yintelle-mdmedonnerun  dtoenti  an  Jour- 
nal; loin  d*6tre  tomb^  dans  le  dtoOment,  die  ae  tfoovait, 
a-t-elle  dit,  dans  une  excellente  position  de  fortune;  die 
s'^it  markSe  et  ^tait  devenue  m4re  de  Ikmille. 

D*un  autre  c6t6,  Tauteur  de  la  machine  infemala  iiis- 
sait  un  fils,  nomm^  Pierre  Fiebcoi  ,  qui  est  mort  obecui^ 
ment,  4  Vkge  de  vingt-et-un  ans,  4  llioapioe  des  ali^nte  d*Aix, 
au  mois  de  f^vrier  18&3  :  depuis  kmgtemps  ce  malheDreox 
teit  priv^  de  sa  ralson. 

Dans  le  temps  on  racontait  que  Fieschi  avail  en  deux 
fr4res,  dont  Tatn^,  Thomas  ^  sumomm^  Nisttme^  avait  <^le 
tu6  4  la  bataille  de  Wagram;  le  second,  Anfoiiie,  nmat  de 
nalssance,  habitait  Murato,  oh  il  se  fUsait  remarquer  par 
son  intelligence,  sa  bonne  conduite,  ses  goAts  latiorieox  et 
son  amour  pour  sa  vieiUe  m4ie.  L.  Loovbt. 

FIESOLE  (Fra  GiovAiim  oa)  ,  nom  que  re^  en  en- 
trant en  rdigion  Santi  ToHni^  aumomm^  par  la  anite  iln- 
gelico  ou  il  Beato,  Tun  des  plus  cel<^bres  peintres  itaHeos 
de  la  renaissance.  N4  en  1387,  4  Mugello,  non  loin  de 
Florence ,  il  entta  en  1407  dans  Tordre  des  dominicafais, 
ou ,  avec  son  fr4re,  11  s'occopa  de  peinture ,  maia  nnique- 
ment  pour  des  sujets  de  pi^h^.  C'est  ainsi  qu*ii  commeofa 
paromer  de  miniatures  des  livres  d'^lise ;  et  cette  direction 
premiere  donn^  4  son  talent  se  reconnatt  ladleinent  daiu 
ses  (fiuvres  postmen  res ,  4  la  mani4re  dont  il  airoe  4  pro- 
diguer  les  donires,  4  Uvivadt^  de  aon  ooloris,  au  flni 
qu'il  apporte  dans  Tex^cotion  des  moindres  omements. 
Apr^  avoir  ex6cut^  de  grandes  peintures  4  fresqne  poor 
son  convent ,  et  plnsieurs  granda  tableaux  dans  d^autret 
monast^res ,  il  fut  charge  par  Cdme  de  MMIds  de  la  deco- 
ration do  convent  de  Saint-Marc  et  de  T^ise  de  rAanon- 
ciade.  II  ornt  chacune  des  cellules  du  convent  de  Salnt-lbre 
d'lme  grande  figure  4  fresqne,  et  parmi  plusieurs  tableaux 
exdcfit^s  par  lui  sur  les  raurailles,  on  reinarque  encore  ao- 
joiirdMiui  une  Annonciation,  Ces  difl^rents  travaux  lui  fi- 
rent  une  si  grande  reputation,  que  le  pape  lOcolas  V  le 
inanda  a  Rome  ct  Ie  cliargea  d'ex6cuter  dTtnn  sa  chapdie 
partifullfere  au  Vatican  ,  la  cliapellc  Saint -Ijaurenl  ,  w» 


FIESOLE  —  FIlfivfiE 


i^ne  de  sc^es  de  la  vie  de  ce  saint.  Fiesole  n^acceptait  pas 
de  traTaoi  pour  d*autres  coaTents  oa  pour  dea  particuliera 
lans  en  avoir  obtenu  )a  penniasion  de  sea  snpdrieara ,  et  11 
leur  remettalt  int^gralement  leprix  de  tons  aes  tableaax. 
Apr^  avoir  refuse  TarchevteM  de  Florence,  11  mourot  ea 
U&4,k  Rome,  od  11  peignit  encore  la  cliapdle  da  Saint- 
Sacrement ,  dana  le  Yatkan ,  et  fat  b6atifii  en  raiaon  de 
M  grande  pi^  et  de  reitrftroe  purely  de  sea  rooBara. 

La  galerie  de  Florence  poss^e  de  Flerole  piaaleura  te- 
lileanx  de  chevalet ,  dontle  coloria  blatant  n*a  point  (aibli, 
et  parmi  lesquels  une  Natititi  de  saint  Jean-Baptiste  ae 
foil  surtout  remarquer  par  la  grAce  naive  de  aa  composition. 
L*ane  de  sea  plus  grandes  et  pins  belles  toiles,  repr^aentant 
le  Couronnement  de  la  Vierge  Maries  au  milieu  <fim 
grand  nombre  d^anges  et  de  saints ,  et  Us  Miracles  de 
saint  Deminiquej  qnl  omaient  antrefois  T^ise  de  San-Do- 
menico,  pr^  de  Fiesole,  font  aujoard*bai  partie  de  nofro 
coUedion  du  Loavre.  Fieaole  et  sa  roani^re  sont  de  nos Jours 
dans  le  nwrnde  artiste  Tobjet  des  pins  vlves  discassions,  de- 
puis que  pludenrs  romantiques  Tont  pris  poor  module,  en 
opposilion  expresse  k  Michel-Ange  et  anz  prodactions  les 
piuspaiasantes  et  les  plus  mAries  de  Raphael.  II  bAsent  leur 
opinions  sor  ce  que  l^art  a  un  but  plna  grand  et  pins  noble 
encore  que  le  bean ,  et  qull  dolt  en  outre  aervlr  k  la  pl^t^. 
L'esp^  de  cuUe  dont  Fiesole  a  longtemps  M  Tobjet  com- 
mence, ilest  Trai,  a  se  refroidir.  Cependant,  tant  quMl 
existera  un  tableau  de  cet  artiste,  les  connalssenrs  iront 
i'admirer  relii^ieuacment  et  rendre  bommage  k  Vkme  nobln 
ti  pare  qui  s*y  roanifeste. 

FIESQCE  (Conjoratton  de}.  Giovanni-Luigi  Fibsco 
ou  plutot  nn'  Fiebchi  ,  eorote  de  Lavagna ,  ni  k  Gtoes,  en 
1S24  on  1575,  h^rita  fort  jeune  encore,  par  la  mort  de  son 
p^  d*une  fortune  consld^able  :  sa  famille  occupait  le 
premier  rang  dans  la  bi^rarchie  tiodnk  de  G^es.  Jean- 
Loois  Haii  ambitieux ,  capable  de  concevoir  et  d^exteuter 
les  plus  andacieux  piojets ;  et  d^s  T^e  de  onze  ans  on  I'aTait 
vtt  prendre  part  contie  la  r^publique  do  Gftnes  k  une  entre- 
prise  qa*il  eOt  pay^  de  sa  Tie  si  I'on  n*avait  pas  ea  pitid 
d'on  enfant.  A  vingt  ans  il  briHalt  en  (re  tons  les  membres 
dels  jeune  noblesae  g6noise  par  ses  graces  exteridures, 
5on  MbUMf  son  courage  et  sa  fortune.  Son  palai<  M»''\ 
ouTert  a  tootes  les  nulabilit^s ,  sa  bourse  a  toutes  leA  inror 
toneK.  Homme  d'avenir,  il  se  voyait  pourtantcondamn^  k  one 
Hoiniliaoteobscurile,  tant  que  les  Do  r  i  a  re/iteraieot  maltres 
(lu  gpuveroemeiit.  Une  de  c<*s  insulles  qn'on  ne  se  par- 
(tonne  point  entre  jeunei^  gt^i^s ,  vi  dont  s'etait  rendu  cou- 
pAl)le^80B  ^gard  le  neveu  du  du;e,  Htovannt  Doria,  vint 
cncorp  ajoiiter  a  sa  haine  pour  cellc  loule-puissante  famille, 
riontil  teMiiiit  la  perle,  d'accord  avec  ses  trols  plus  intimes 
»ni!s ,  Viucnizu  Calcagno ,  Giovanni  Yerina,  et  Raphael 

Les  fileors  de  soie  composaient  la  plus  grande  partie  de 
la  populaiion  ouvri^re  de  Gtoes.  Les  guerres  que  la  r^pu- 
lilique  avaiteu^  sooteniravaientconsid^rablementdiminui^ 
la  coDsommation  inl^rieure  et  iuterrompo  les  relations 
eoinmerciaies  de  la  rf  publique.  Fiesque  fit  venir  dans  son 
palais  les  plus  inlluents  de  ces  ouvriers,  leur  distribua  avec 
proTusioD  de  Targent  et  des  vivres,  en  leur  rerommandant 
iefilence  le  plus  absolu  sur  ses  bienfaits.  II  bornait,  disait- 
il,  tooteson  ambition  k  6tre  obscur^ment  utile  k  ses  malheu- 
reax  coucitoyens ,  et  s*assuralt  ainsi  de  leur  d^vouement. 
Leiir  coocours  ne  poovait  seui  garantir  le  succ^  de  sa  con- 
joraiioo.  II  parcourut  ses  domaines,  s'assora  de  ceuxde 
tes  vusanx  en  <^lat  de  |H>rter  les  arroes,  et  les  r^mit  poor 
l«s  accouliimer  a  la  discipline  miiitaire.  Le  due  de  Plaisance 
IqI  aiait  prtr.nis  deux  mllle  bommes  de  ses  meillenres 
troupes.  Jl  acheta  quatre  galores.  II  en  fit  d'abord  entrer 
nnedanste  pott,  sousic  pr6iexted*uneex()^itioD  en  course 
dans  I  Orient.  11  fit  entrer  en  m^me  temps  une  partie  des 
genx  de  guerre  qu'il  avail  recrutte  dans  ses  domaines  et  lea 
ioldats  du  due  de  Plaisance ,  et  ent  ainsi  bientdt  k  sa  dis- 
position prte  dedi^  mille  (lommes,  qui  ignoraieut  epcpre 


42t 

leur  destination.  L^ex^ution  deson  projet  futfixde  k  la  null 
do  i*'  an  3  Janvier  ( 1547 ) ,  et  son  palais  devint  un  arsenal. 
Poor  tarter  les  soup^ns  dont  0  aurait  pu  ttre  Tobjet,  le 
aofr  ro^me,  au  palais  Doria,  11  prodigua  hn  caresses  la  plus 
aflectueuses  aax  enfanta  da  Giovanni  Doria.  U  reotra  diet 
loi  avec  trente  gentilshommes  qn*il  avait  invitds  k  souper. 
Mais  an  lieu  d'un  festin  pr^par^,  lis  ne  tronvirent  qne  des 
armes  et  des  soldats.  Fiesqne  lenr  ddvoila  alors  la  secret  de 
la  eoi^nration.  Deux  seulement  refus^rent  de  a'associer  a 
son  dessein,  11  secontenta  de  les  enferroer.  Sod  spouse, 
filtonore  Cibo,  qoi  jnsqne  alors  avait  ignore  ses  prcjets,  ent 
inutilement  reconrs  anx  supplications  et  anx  larroes  pour 
ren  ddtoiimer.  «  Madame,  dit-il  k  la  comtesse,  il  n'est 
plus  temps ;  bient^tje  ne  serai  plus,  ou  vons  verrez  dans 
G^nes  tootes  cboses  an-dessous  de  vous.  »  II  fit  ses  der- 
ni^es  dispositions,  asslgna  k  ses  gens  les  postes  quails 
devalent  occnper ;  et  un  coup  de  canon  donna  le  signal  con- 
venn. 

Giovanni  Doria,  r^veill^  par  le  bmit,  se  leva,  et  sortit 
aeoompagnd  d^un  sent  page,  qui  portait  un  flambeau :  reconna 
par  les  conjor^,  11  tombA  perci^  de  coups.  Les  domestlqnea 
do  vieox  doge  Doria  se  r^missent,  ils  le  font  monter  k 
cheval.  Plos  heureux  que  son  neveo,  11  tehappe  aux  con- 
jure, et  parvient  k  se  r^Aigier  ao  cbfltean  ds  Masone,  k 
kuit  lienes  de  Gdnes.  Maltre  de  la  vllle,  Fiesque  place  des 
corps  de  garde  dans  les  postes  les  plus  importants,  et  se 
dirige  vert  le  port,  mais  en  mettant  le  pied  sor  une  planche 
pour  entrer  dans  nne  gal^,  il  tombe  k  la  mer.  Dans  le  tu- 
multe ,  ses  oris  ne  sont  point  entendos,  personne  ne  vient  k 
son  seconrSy  et  11  se  noie,  retenu  an  fond  de  Teau  par  le 
poids  de  son  armore.  II  n*^tait  6^k  plus,  quand  les  co^jur^s, 
parcoarant  la  ville  en  vainqueurs ,  criaient  partout  $  Fiesque 
et  liber  te  I  An  milieo  de  robscuritd  de  la  nuit,  do  tumulte 
et  des  d^rdres  inseparables  d^ona  insurrection,  ils  sem- 
blaient  avoir  oobii^  leur  cbef.  Tons  les  citoyens  trem- 
blants  s*<itaient  enfermds  dans  lenrs  maisons.  Les  nobles 
n'osaient  se  rendre  au  palais  de  la  republiqae;ils  craignalent 
que  pendant  leur  absence  les  insurgds  ne  pillassent  leors 
b6tels.  TAmk  la  nouveile  de  la  mort  de  Fiesque,  qui  se 
rt^|iandit  dte  la  pointe  do  jour,  le  s^nat  osa  se  roontrer. 
L^ardeiir  des  conjur^  faiblit ;  le  plus  grand  nombre  se  dis- 
persa ;  et  la  r<^voluUon  avorta  d*autant  plus  coropl^temeiit 
qu*une  amnistie  gdn^rale  assora  tout  aossitdt  le  pardon  et 
I'oubli  du  pass^  a  tons  ceux  qui  avaient  pu  se  oompromettre 
dans  oelte  ^chaoiTourto.  Mais  plus  tard  le  vieil  Andr^  Doria 
sut  bien  decider  le  stoat  k  revenir  sor  cct  acta  de  modiira- 
tion ;  et  touta  la  ftunille  de^  Fiesehi  ainai  que  les  princi- 
paux  conjur^  forent  bannis  k  perpetoit6  da  territoire  de  la 
r^pobliqoe,  enm^me  temps  que  leurs  propriety  ^ient 
confisqoies.  Les  fibres  de  Fiesque,  Hieronimo  et  Ottoboni , 
furent  punis  de  mort;  le  premier,  aprte  avoir  sotitenu  un 
sioge  de  quarante-deux  jours  dans  lechAteau  de  Montolio, 
oil  il  s*etait  retire ,  la  second,  seulement  buit  ans  plus  tard. 
11  n^avait  tremp^  en  rien  dans  la  conspiration ;  mais  son 
grand  crime  dtait  de  porter  le  nom  de  Fiesque.  Entre  au 
service  de  France,  il  fut  fait  prisonnier  par  les  Espagnols,  qui 
le  livrerent  lAcbement  kla  vengeance  de  Doria.  La  veuve  de 
Fiesque  lut  seule  except6e  de  la  proscription  qui  frappa  sa 
famille,  et  elle  ae  remaria  avec  le  gtoiiral  Cbiappino  Yitelli, 
qui  plus  tard  exer^a  poor  I'empereur  no  commandement  im- 
portant dans  la  guerre  contre  les  r^volt^s  des  Pays  Das. 

DUFEV  (dc  rVoone). 

FIE  V£E  (Joseph  ),  lilttateur  et^crivain  politique,  naquit 
k  Paris  le  g  avril  1767.  Ayant  perdu  son  p^re  dte  son  bsu 
Age,  il  flit  dlevd  k  Soissons,  oCi  sa  m^re  avait  ^pous^  en  se- 
condesnoces  le  directeur  des  postes.  De  retour  k  Parin, 
ii  embrassa  Tdtat  d^imprimeur,  qu'il  oontinua  d*exercer  tout 
en  se  llvrant  a  la  litttatore  et  li  la  politiqoe.  Arrira  la  n^- 
volntion  de  1789 ,  dont  11  avait  adopts  les  principes.  II 
d^buta  par  6tre  Tun  des  collaborateurs  de  MIlUn,  «le  Con- 
dorcet,  etc.,  k  la  reaction  de  la  Chrcnique  de  Poris.eC, 
par  Les  nijueurs  du  CloUre,  pi^c  en  deux  actus,  repr^- 


FltVtE  —  FIlfeVRE 


433 

seotte,  eu  1790,  au  Tb^Atre-FaTart,  od  elle  dot  principa- 
lemeiit  son  succte  au  talent  deM""*  Salnt-Aubin  et  h  la  mu- 
siqut  de  Berton.  Le  biis  de  sea  presses  en  17d3  et  les 
excte  da  rdgfme  de  la  Terreur  ayant  refroidi  son  enthoa- 
siasme  et  modifi^  ses  idto,  il  se  rangea  parmi  les  ennemis  de 
la  ConYentidn.'Dou6  d'un  ext^rieur  avantageux,  d*un  bel  or- 
gane  et  des  quality  qui  constituent  rbomme  Eloquent,  il 
acquit  line  grande  infhience  dans  les  assemble  section- 
naires  de  Paris  par  une  brochure  qu*il  publia  Sur  la  n6- 
cessit^  (Tune  religion  (1795),  et  par  un  discours  en  fa- 
reur  des  d^put^  procrits  au  31  mai.  II  ^it  alorsprfeident 
de  la  section  du  Th^trft-Fran^ais  (depots  Od^n);  il  y  oc- 
cupa  le  fauteuU  dans  les  drconst^uices  oragenses  qui  ame- 
n^rent  la  joumte  du  13  Tend^miaire  (octobre  1795); 
oblige  de  s*61oigner  de  Paris  pour  se  soustraire  aux  pour- 
suites  des  r^Yolutionnaires ,  11  rentra  cependant  bientdt 
dans  la  capitate,  et  y  continua  la  reaction  de  la  Gazelle 
frafiQaise ,  Tun  des  joumaux  royalistes  les  plus  reinar- 
quablesde  I'^poque.  Proscrit  de  nouveau  apr^  le  ISfruc- 
tidor,  il  parvint  k  se  soustraire  au  ddcret  de  d^portatidn,  et 
v6cut  quelque  temps  k  la  campagne ,  oti  il  composa  deux 
romans  :  La  Dot  deSuzette,  ou  hisloiredetP^deSenne- 
terre  (1798),  compodtlon  pleine  de  grflce  et  de  fValcbeur, 
et  Frid6ric  (1799);  mais  deux  lettres  que,  pendant  sa  re> 
traite,  il  terivit  aux  commissaires  do  rot,  k  Paris,  et  qu^on 
saisit  enlreleurs  mains,  proToqu^rent  son  arrestation,  en 
Janvier  1799,  par  ordre  de  Fooclid,  et  son  incarceration  au 
Temple,  ou  il  demeura  environ  dix  mois.  11  dut  sa  mfse 
en  liberty  k  la  revolution  du  18  brumalre  et  k  Bonaparte, 
dont  la  police  fit  depuis  impriroer  ces  deux  lettres  dans  un 
volume  intitule  :  Correspondance  anglaise. 

Fievee  reprit  k  Paris  la  direction  de  la  Gazelle  de  Prance, 
et  coopera,  avec  Laharpe,  Fontanea,  etc.,  k  la  leOactlon  du 
Mercure.  Phisieurs  de  ses  articles ,  et  surtout  sa  brochure 
le  DiX'huU  Brwnaire  oppos6  au  syslhne  de  la  Terreur 
( 1802),  publiee  en  reponse  k  une  autre  intituiee  :  VArt  de 
rendre  les  revolutions  utiles,  ayant  frappe  le  premier  con- 
sul, Ini  persnad^rent  que  Fiev^e  avail  pris  parti  pour  son 
gouvemement;  il  lui  fit  done  proposer,  par  RoDderer,  un 
voyage  en  Angleterre.  Parti  en  1802,  Fievte  n'adressa  de 
Londres  &-t-il  dit,  que  trois  notes  k  Bonaparte,  tandis  qu'il 
envoyait  an  Mercure  de  longues  lettres  qn'k  son  retour  il 
reunit  et  publia  sous  ce  litre :  Lettres  sur  V Angleterre  et  Re- 
flexions sur  laphilosophie  du  dix-huiti^e  siMe  (1802). 
Comme  I'auleur  y  jugeait  sev^ment  le  pays  qu'll  vcnail 
de  visiter,  elles  furent  vivement  critiqu^es  dans  plusieurs 
loumaux,  surtout  dans  VEdinburgb-Review.  Aprfes  avoir 
publie  sixNottvelles,  la  Jalousie,  Figoisme,  V Innocence, 
le  Divorce,  le  Faux  revolutionnaire ,  VTf&oisme  des 
femmes  { 1803),  il  se  livra  de  nouveau  k  la  redaction  des 
joumaux,  et  par  ordre  exprte  de  I'empereur,  roecontcni 
des  fr^res  Berlin,  Alt  pendant  plusieurs  ann^es  directeur 
et  Tun  des  proprietaires  du  Journal  des  D^hats,  qui  prit 
le  nom  de  Journal  de  V Empire.  En  1807  Etlenne  le 
reropla^a.  Nomroe  chevalier  de  la  Legion  d*Honneur,  puis 
maltre  des  requites,  il  ftit  envoye  k  Hambourg  en  1810, 
pour  y  operer  la  liquidation  des  departements  anseatiques, 
dont  la  comptabilite  avait  compromis  plusieurs  personna* 
ges.  Sur  rinsistance  de  Napoleon,  il  avait  continue  avec  lui 
la  correspondance  comroencee  k  Londres,  k  la  condition  ex- 
presse  qu*il  lui  diralt  la  verite  etqu'il  ne  s*en  formaliserait 
pas.  L^emperenr  rcsta  fideie  a  cet  engagement  lors  roeme 
que  Fievee  blAma  le  meurtre  du  due  d^Enghien ;  et  I'ecri- 
vain ,  predisant  k  rambttieux  monarque  sa  chute  prochaine 
d^  mars  1813,  cessa  k  oette  epoque  de  correspondre  avee 

lui. 

Fievee  venalt  d'etre  norome  k  la  prefecture  de  la  Nievre, 
qu'il  conserve  sous  la  premiere  restauration ,  apr^s  avoir 
idresse  k  sei  administrea ,  le  9  avrll  1814 ,  une  proclama- 
tion^  r^rodoile  dans  le  Journal  des  Dubois  du  14,  dans 
laquelle,  sans  demeatir  lea  sentiments  de  sa  correspon- 
dance, II  donnait  des  eioges  trop  exageres  k  la  generosite 


des  puissances  etrangeres  et  au  bonbeor  que  leors  armdes 
avaient  apporte  en  France.  11  perdit  sa  prefecture  le  32  man 
1815,  au  retour  de  Napoleon,  ne  la  recoavra  pas  sous  la  is> 
conde  restauration,  ne  fit  plus  partie  d'aucone  adniiiiitn- 
tlon  et  n'ecrivit  que  pour  le  public.  II  ne  cessa  point,  diai 
La  Quotidienne,  Le  Conservateur,  ie  Journal  des  DAait, 
de  lutter  avec  talent  et  conviction  contre  les  divers  mlaii- 
t^res  de  oette  epoque.  Un  des  ouvragfss  qui  oontriliaerent  le 
plus  alors  k^  sa  imputation  tut  sa  Correspondance  pofi- 
tique  et  administrative  de  mai  1814  d  1819,  dediee  ao  doc 
de  Blacas  d*Aulps.  La  hardiesse  de  ses  attaques  ie  fit  tn- 
duire  en  police  correctionnelle,  en  1818,  et  condamner  k  trois 
mois  de  prison  et  k  50  fr.  d'amende.  Ses  articles  dans  le 
Journal  des  D6bats  etaient  signes  T.  L.,  initiales  do  aom 
de  son  ami  Thdodore  Leclercq.  DepuLs,  ii  ecrivK  dans  U 
Temps,  et  aussi,  dit-on,  dans  Le  National,  sous  le  pseodo- 
nyme  de  Lacroix.  Ses  articles  du  Journal  des  D6bais  ne  ooo- 
tribuerent  pas  peu  4  la  chute  du  mlnistere  Viiieie. 

Fievee,  mort  k  Paris,  le  7  mai  1839,  dans  sa  soixanta- 
treizieme  annee,  latssant  une  veuve  et  un  fUs ,  n'avait  pu 
joiii,  sous  le  rapport  moral,  d*une  reputation  intacte.  II  avail 
edite  avec  Petitot  le  Repertoire  du  TMdtre  Franpsis 
(1823 ,  23  vol.  in-8^) ,  coojpere  k  Blbliothdque  des  Romans 
(1799  et  annees  suiv.,  112  vol  in-12),  etfoomi  de  nombrein 
articIe^s  k  la  Biographic  universelle.       H.  Auvifpbit. 

FIEVRE  (dulalin/e6}*i5,  derive  de/eiror,  chaleor).  On 
donne  ce  nom  k  des  maladies  tres-variees  dans  leor  mar- 
che,  dont  les  symptOmes  les  plus  constants  sont  la  freqoeott 
du  pouls  et  Taugmentatlon  de  la  clialeur  animale ;  ees  symp- 
tOmes  sont  ordinairement  precedes  de  frisson ,  et  acoompa* 
gnes  dela  lesion  desdiveraes  fonctions,  et  Dotammeotde 
la  diminution  des  forces  mosculalres.  La  fl&vie  est  elle-intae 
le  symptdmede  beaucoup  de  phlegmasies,  de  ndrroaes,  d'af- 
fections  catarrhales,  etc.  Ceiles  qui  ont  ete  regardees  comne 
essentielles  ou  primitives  se  presentent  ayec  des  pbte«- 
menes  si  varies,  que  les  patholugistes  en  ont  admis  plusteon 
ordres  ou  classes,  qui  sont  aujourd'hui  trfes-restreinles.  Oa  m 
sail  pas  si  Hippocrate  et  les  autres  medecins  grecs  Goosid6' 
raient  la  fievre  comme  un  symptOme  remarquable  dans  ks 
maladies, ou  s*ils en  falsaient une maladie essentiell6.Dei 
auteurs  recommandables,  sinceres  admirateuisdes  andeoi, 
se  sont  prononces  pour  la  negative  :ils  croteAt,  parexen- 
ple,  que  les  expressions  dtfltvres  Hngodes,  phricodes,  li* 
pyriennes,  ipiales,  etc.,  ne  designent  point autant  de  fievm 
distinctes ,  mats  des  pbenomenes  dont  il  paraissait  neoe»- 
saire  de  faire  une  mention  spedale.  Quolqn'on  ait  die  avee 
un  enthousiasme  merite  les  belles  descriptiona  des  epid^ 
mies  d^Hippocrate  comme  des  exemples  de  flftrres  essen- 
tielles, cela  ne  prouvepas  du  tout  quit  couildera  ces  ma* 
ladies  sous  lememe  pohit  de  vue  que  les  modemea.  II  est 
bien  presumable  qu*eux  seuls  en  ont  fait  one  dasae  d'afiec- 
tions  distinctes. 

Les  medecins  hippocratiques  de  Tandenne  Rome  ne  pen* 
s^rent  pas  non  plus  k  fliire  des  flevres  une  classe  de  maladia 
spedales  et  k  en  noter  les  diverses  varietes.  Aretee,  le  phi 
illustre  d^entreeux,  se  borne  presque  exdusivement  I  tracer 
rhistoire  generate  de  lafifevre  ardente  appdeecatuon,  dost 
ii  fit  d^ailleurs  le  tableau  le  plus  frappantet  le  plus  anim^- 
•  Ontrouve  pen  de  lumieres,  dit  Pinel,  sur  la  doctrine  des 
fievres  dans  les  ecrits  de  la  plupart  des  aaciens  mededns, 
quoique  formes  par  la  lecture  assidue  et  la  meditatioo  dei 
ecrits d*Ulppocrate,  comme  Coelius  Aurdianus,  Aleiandrs 
de  Tralles ,  Celse,  Galien,  Oribase,  etc.,  dont  on  ne  peiit 
citer  aucune  serie  d*observations  particulieres,  et  qui  sem- 
blent  s^etre  homes  en  grande.  partie,  sur  ces  objeCs,  k 
quelques  uotes  i^enerales ,  k  des  souvenirs  soperfideU  de 
ce  qu'ils  ont  cru  voir,  on  k  de  pures  eompilatlons.  • 

II  faut  remonter  jusqu^au  sdzieroe  sitele ,  oft  le  eMre 

Forestus  forme  k  lui  seul  une  epoque  memorable,  poor 

rhistoire  des  fievres.  Sans  fdre  une  classification  ueibodi- 

quede  ces  maladies,  il  en  donna  une  description  d^iioeati- 

I  mirable  exactitude.  SI  cet  auteur  se  perd  d^in  rdte  dans 


FlfcVRE 


43S 


d^^angei  dhragitkimi  au  svjet  d«  flerres  interrolttentes, 
qa^O  teil  d^pmdre  des  tIcm  de  la  bile ,  de  la  pitnite  et  de 
la  mflaneoiiei  d'on  antra  edt^,  11  reprend  tous  seri  avan- 
tagea  tm  tmitaiit  d*iioe  manMre  lamiiMaae  de  la  JlMnre  hee* 
fique^  el  lait  pmrre  k  eette  oocasion  d*ane  rare  sagacity 
dans  Tart  de  detainer  let  symptdmea,  d*en  tracer  rensemble 
d  la  BoecetBiott,  et  deremonter  aux  cfaroonataneet  ant^rfeoret 
qni  out  pa  oonoonrir  Jk  let  prodeire,  etc  Bien  que  Forestna, 
ainai  qoe  noua  I'nTont  d^  dit,  n*atk  point  compote  une 
PjfT^koiogie  propremant  dite>  11  eat  impoaaible  de  mteon* 
naltre  lea  progrte  qall  fit  faire  h  la  doctrine  det  fi^yret , 
aoit  paronediatrlbiitloB  nouTcHe  des  hittoiret  particali^s, 
auivaal  Tordra  de  leur  aflinittf  respectlTe,  toit  par  let  noa- 
veilea  hnniferea  qn^il  r^pandit  tnr  la  fi^vre  beetlque  et  cer^ 
tiines  Bknm  intarmittentet ,  cumme  celletappeUet  Mmi- 
iriiiefp  |Mmid0f»es ,  etc. 

La  doetrfaM  det  fi^Trea  ^tait  k  peine  afliranchie  da  joug 
des  tlidorleagaltoiqnet,  qnlaTaienl  pet6  aor  elle  pendant 
b  seiiiteMetledix-aeptitee  tildes,  qu'dletomba,  oomme 
lofitaa  leaaolreamaladiet^  toot  eelui  det  tytttaiet  physioo- 
m^caaiqaea  on  mathtoiatiquet ,  anxqoela  let  nomt  k  ja- 
ioaia  eOttret  de  Boerbaaveet  de  FnM^ric  Hoffmann 
est  4100116  laat  d'ddat  an  commencement  do  dix-buiti^e 
si^le.  Lhuiaut,  k  Talde  d^une  Eloquence  entratnante,  en- 
cliftaaer  adroilement  let  prfncipet  de  la  m^dedne  grecqne 
arec  rappareil  aeSentifiqoe  du  m^canitme;  I'autre,  moint 
brillanl ,  cm!  de? oir  Atjer  ta  tli^rie  tobtile  det  tpasmet 
nervan  el  ▼atcolairet  dant  let  maladies  fi6brilet  d*un  grand 
nonalirBdeMta  exaetementobterr^s,  et  par  cela  tenl  it  rendit 
na  bonuaage  ladle  k  la  mMednebippocratique,  dont  il  t*6tait 
^cartA  coanae  ton  iUuttre  oauteinporafai  :  destin^e  in^Ti- 
table  dea  etprila  tnpdrieurt ,  de  laisser  6diapper  des  traits 
de  Inmi^re  el  dea  Mncdies  de  laiton  du  milien  m^mc  d'on 
amaa  ooofot  d^enaart  et  de  faux  Jogements  I 

S  ta  h  1 9  antie  ebef  d'one  c<§libre  teole  allemande ,  confia 
la  direction  das  mduTementt  idbriles  k  son  dmeprivoyante , 
aiaqaeHe  il  donna  det  intentions,  det  prdvisiont  m6me; 
qiill  cbaiisaa  ea  .quelqae  torte  de  modifier  les  humeurs , 
de  leur  Imprimer  une  t^rie  socceasiTe  d'actions  combin^es 
el  dirigfet  danadet  Tueatpfeiales  de  salutet  de  conservation. 
Mais  ee  qni  ett  remarquable  dant  cet  auteur,  c^est  qn^li 
pdne  art*il8acrtfi6  au  godt  dominant  de  son  sitele  poor  les 
liypolb^sea  quMl  revient  au  rtfsultat  s^r^re  de  la  mMccine 
d  obtenratka*  II  parle  alort  dea  tympt6met  fondamentaux 
de  la  fi^yjre  connna  depuit  la  plus  haute  antiquity ;  il  rap- 
peile  lee  pdrfodea  d*invation ,  d'accroisseroent ,  de  persis- 
tanoe  et  de  d^fai  des  fi^Tres ,  leurs  alternatives  de  pa- 
roxiaoie  el  de  Ttoisslon,  lenrs  crises  ou  leur  solution  in- 
sensible, lenra  types  de  continuity  et  d'intermittence,  letir 
inarcbe  leote  oa  acc^l^r^,  etc.  Les  fi^Tres  dont  Stable  trac6 
let  taUeanx  lea  plus  animus  dans  son  Collegium  coiualt 
sont  la  fitort  hieiiquey  Viphimtre,  \9LContinente  synoque^ 
Yardenie,  UkJUwre  intenUltenteiierceeiquarte,  dont  il 
a  Bol^d*aillenrtaiwc  nn  aola  tcnipulenx  les  dkerses  causes, 
ea  mteae  tempa  qn'il  a  recndlH  avec  exactitude  et  rapprocli^ 
aiec  onefftade  habilet^  toutet  les  notions  aocesioirea  de 
ndstoiie  de  cet  maladies. 

Llmpalaioneomrauniqn^e  k  la  mddecine  par  let  ^les  c^ 
lebrea  dont  nous  Tenons  de  parler  deyait  changer  presqiie 
enllireaient  la  face  de  la  pyrftbologie  en  faisant  naltre  I't- 
d6e  et  le  besobi  d*one  dasslAcation  ra^liodiqne  des  fi^yres, 
k  laqndle  pi^lud^rent  ayec  un  immense  avantage  les  tra- 
Tanx  det  deux  edibres  cbefs  de  P6cole  cliniqtie  do  Vienne 
(lie Haea  et  StoU ).  L*un cherclia  avec  une  sagacil^  rare  k 
ddairdr  phitiears  pdnttde  lapyr^thologie,  comme  les  ter- 
nunaiions  critiquet  des  floret  en  g^n^ral,  la  nature  des 
tttnm  dilea  malignes;  il  r^paadit  aussi  de  nouyelles  lu-^ 
miirat  toreeqa'on  appdait  alort  lea  jS^vresf  exantMrno' 
lifWfy  piiiehUUes,  miUakres-  II  estaya  quelqoet  rappro* 
cbienentatnr  let  divitions  et  let  divers  genres  de  fi^vres,  etc. 
L'aatre,  edttae  par  le  talent  ayec  lequd  il  a  trac^,  saison 
par  taitoa  9  moia  parmois,   les  constitutlont  4pid^lques 


rdgnantes,  (bt  le  premier  k  entrevoir ,  k  travert  le  chaos 
de  la  doctrine  des  fiivres ,  qu^dles  pouvdent  6tre  rMnites 
k  certahis  genkes  primitlfe,  propret  k  devenir  la  base  solide 
d*one  classification  r^liftre;  il  fit  faire  ainai  de  v^ritablet 
progrte  4  la  doctrine  des  fi^vres.  La  publication  dea  Hudi 
menu  depffrHhologie  de  Selle  r^vda  btenlAt  oes  progrte , 
en  mtaie  tempa  qn^die  fit  conuattre  la  dasslQcation  la  plus  m^ 
thodique  qui  eOt  encore  paru  des  fi^vres,  oonsld^r^  comme 
mdacHes  essentidlet.  Le  prindpal  reprocbe  qu'pn  fitkceno- 
tologisle  ftitd'ayoir  oompiit  dans  lesm^es  genres,  les  m^mes 
esp^^,  les  fiftvres  et  les  phlegmasies,  et  d*aydr  n^lig^  de 
recourir  k  rinstmment  de  Tandyse,  qui  fait  ddcouvrir  les 
caractftres  distbictlfs  des  maladies  et  d^termbie  le  degnS  de 
leur  affinity  respective. 

Cest  principalement  ii  ^vlter  ce  ddaut,  qu^on  croydt  alors 
capitd ,  que  s^ttacha  Pin  el ,  anqod  la  doctrine  des  fiivres 
est  redevable  d'un  progrte  Imroense,  progrte  qui,  quoi 
qu*on  dt  dit ,  a  en  une  graade  influence  sur  le  rette  de  la  pa- 
thologie.  Tout  en  admettant  Texistence  des  fi^vres  comme 
malad^'es  essentidles,  il  en  r^hiidt  singuli^ement  le  nom- 
bre,  el  de  plus  chercba  k  en  prteiser  le  si^.  Vdlk,  k  notre 
avis,  lea  deux  phis  grands  services  qti'on  pouvaft  rendre 
ators  a  la  sdenoe ,  services  que  ceux  qui  ont  ii6,  par  leur 
position ,  les  tuoeetseurs  de  Plnel  dans  Tenadgnement  m6- 
died ,  el  les  onvnges  destines  k  rinstmction^les  d^ves,  ont 
m^eonnnSk  Si  en  examine  les  prindpes  qui  dirigferent  cet 
auteur  dant  sa  daadfication  m^lhodiquedes  fibres,  on  volt 
qn'lls  reposent  anr  deux  pivots  aotour  desquds  vlennent 
se  ranger  toutes  les  reeherches ,  tontes  let  mductlons  philo- 
sopbiques  de  ce  grand  m^edn,  savoir :  l*observation  exacte 
et  rigooreuse  despMnomteesextdieurs,  k  lamani^red*Hip- 
pocrate,  et  Tanalyse  de  cea  mtaies  pbdiom^oes  dirig^  dans 
la  yue  de  grouper  les  genres,  les  esp^ces  et  les  varid^s 
dont  oesphdiomdies  lont  Texpression.  OetUhistre  nosogra- 
phe,  en  pr^conisant  la  mdbodedes  naturalistes  et  en  Tap- 
pllquant  trop  rigoureusement,  il  fautblen  ledire,  aux  ma- 
ladies qui  ne  sont  pasdes  atres  natnrels,  ne  ndgligea  pas 
enti^rement  d'appliquer  I'analyse ,  qu^l  maniait  avec  taut 
d'art,  k  la  rechei^die  des  causes  mat^ridles  et  du  si^e  des 
affections  morbides ;  mais  ti  n*y  attache  pas  assex  d*impor~ 
tance  en  ce  qui  conceme  les  fifevres.  Domini  par  IMdde  va- 
gue et  ind^finissable  d*dat  fdSbrile  primitif ,  il  ne  fit  entrer 
qu'en  seconde  ligne  et  que  comme  itccessoires  certdnes  le- 
sions cadav^riques.  Ce  tort  fut  cdul  deson  6poque.  Chacun 
salt  que  Find  admit  dx  ordres  dans  la  classe  'det  fi^vres  : 
iesfiivres  inflammatoire(an9lo<<^ni^e),  bilieuse(  gastri- 
que),  muqoeuse  (m^in^o-goj/H^e ),adynamique,  ataxi- 
que  et  ad^no-nerveuse;  qu*il  pla^lt  successivement  leur 
si^e  dans  les  appareils  clrculatoire,  gastrique,  nerveux, 
mosculaire ,  folHculaire  et  glanduleux. 

Aucun  ouvrage  un  peu  considerable  de  notre  langue  n*a- 
yait  paru  sur  les  fiftvres  depuls  1798 ,  lorsqu*nn  m^edn 
de  Sanmur  publia,  en  1 8t  1 ,  un  Traits  analyllque  des  flares 
essentielles,  dans  lequd  11  cherahait  k  locatiser  de  plus  en 
plus  ces  affections,  mais  en  leur  assimilant  plusieurs  autres 
alTections,  comme  les  b^morrhagies ,  les  hydroplsles,  dc. : 
marcbe  qui  sembldt  k  la  fols  progressive  d  retrograde,  piiis- 
qu^dle  tenddt  d^un  c6t6  k  nous  faire  connattre  le  si<^ge  de 
ces  fidvres ,  et  que  de  Tautre  elle  les  confondait  avec  des 
a/fedions  dont  I'analyse  lesavdt  s^parto.  Cafin ,  auteur  de 
cd  ouvrage ,  admettait  dnq  genres  de  fidvres  :  les  gtandu- 
leuses,  les  foUiculeuses,  celies  des  organes  exhalants ,  des 
capilldres  tanguins,  muqueox  et  parenchymateux,  enlin 
cdles  des  organes  nerveux.  Cet  ouvrage,  mdange  unpeu 
confbs,  assemblage  do  diverses  theories,  ressemblait  trop  k 
cdui  de  Sdle,  que  la  Nosographie  philosophique  avait 
fdt  oublier,  pour  faire  qudque  sensation  :  aussl  y  fit-on  peu 
d'attention;  mats  on  se  le  rappela  plus  tard,  lorsque  B  r  0  u  s  - 
sats  attaqua  ai  vivement  la  doctrine  des  fi^vres  M«en- 
tielleSf  et  voulut  siippruner  de  sa  nosologic  cette  classe  de 
maladies,  quil  rapporte,  coinroe  chacun  le  salt,  aux  phleg* 
masics  du  canal  intettind. 


4-i4 

La  quMtioa  aduelle,  par  rapport  k  la  doctrine  et  k  lliis- 
toira  des  fi^ms »  n^est  pas  de  reclierdier  ai  lea  fk^rea  ditaa 
usentMles  ont  una  cauae  mat^rielle;  car  certea  il  n'y  a 
pM  d*eflfet  Sana  canae;  inais  ai  cette  cause  matirieUe  eat 
ijuant  k  priaent  apprteUble,  et,  d*Dn  autre  c6t< ,  ai  elle  ne 
peut  pu  lire  gtoJnle,  an  lieo  d*Mre  locale,  coimne  on  le 
pretend  ■nioin^'hai;  et  par  gMraU  nooa  n^entendona 
^aa  une  canse  qui  affeeterait  un  appareU  on  pint ^  un  dea 
ayatteiea  fltetenx  de  I'teonomie  animaley  comme  le  aangain, 
le  nenreoK,  lemuscalaire,  etc  Or,  nooa sontenona d'abord 
qoe  cette  qnestion  n'esten  ancone  manite  rteloe,  et  en 
aecond  lieu  nous  penaona  que  lea  MYrea  fort  mal  nommte 
aana  doute  €uentielle$  peirrent  d^pendre  d*alt^rations  an- 
tres  que  les  plilegmasiea ;  que  ce  que  lea  aoteura  exacta  et 
<udicieux  ont  appdA  JUvres  aiaxiques  i^entlcietMesconaiste 
dans  dea  Maiona  profondes  dn  systtoe  nenrenz ;  qoe  lea 
fUTrea  in  termittentes  aontpareillement  des aCTectiona 
du  mtoie  syattoie,  qui  n^ont  pour  rordinaiie  aucun  rapport 
de  causality  avec  les  inflammaUons ;  que  dana  ce  qu^on  a 
appel^  fikvres  adynamiques  11  paratt  y  avoir  k  la  foia  al- 
teration profonde  do  aystime  nerveux  et  atteinte  portte  anx 
forces  moscnlalrea  par  une  IM>n ,  quelle  qn*elte  soft;  qu^en- 
fin,  s*il est  Trai  qne  les  phlegmasies  puissentprodoire  aou- 
veot  nne  adynamie  apparente,  11  Test  pareillementqne  cette 
adynamic  est  quelqoelbia  le  prodnit  d*un  ^puisement  de  la 
plupart  dea  organes,  d'un  ddllMit  de  nutrition,  etd^aflections 
▼i?es  de  rime ,  comme  dea  chagrins  prolong^.  Du  reste,  it 
BOOS  paratt  urgent  de  rayer  les  mots  JUmre»  euentUlUi  du 
cadre  nosologique,  paree  qne  la  fl^Tre,  n'^lant  que  Texpres- 
aion  d*on  dtat  moibide,  ne  peut  pas  dtre  la  dtoomination  gto6- 
rique  de  ecttftat  morbido,  quel  qn*il  aoit,  oonnu  oolnconnu. 
II  yaudralt  done  beancoup  mieiix  donner  aux  fi^?res  attxl- 
ques,adynamiqnes,  qu*on  appelle  aujoord*bui  t^hMeSf 
le  nom  d'  adfnamitf  d^a/axie,  comme  on  donne  le  nom 
de  pnmtmonie  k  rinnammation  des  poumons,  sauf  k  adop- 
ter plus  tard  des  denominations  plus  r^iliires  quand  la 
nature  de  cea  aflections  aera  mieux  connue.  De  mtoie,  nous 
penaons  qne  la  fiivre  mnqueose ,  appeMe  ausd  miitnU-' 
riquet  sera  beaucoup  mieux  dteommte  dothinentirie, 

DF   BaiCHITEAU. 

FifeVRE  g£R]£bRALE,  nom  ynlgaire  de  dlrerses 
maladies  du  cenreau  et  de  aes  euTeloppca,  rentrant  dansl'en- 
eiphaliU  oo  infiamnuUion  des  diverses  partUt  de  Ve  nci* 
phale.ht^  sympt6mes  propres  k  rinflammatlon  de  cheque 
partiederenedphale,  soitdes  meninges,  soitducerveau, 
soot  trte-obseurs;  la  plupart  sunt  coromuns,  et  il  y  a  une  dUB- 
culte  extrtoie,  pour  ne  pas  dire  de  riropossibilit^,  pour  le 
pratiden  d^en  d^torminer  la  difKdrence.  Une  inflammation  de 
renc6phale  ne  ae  limite  presque  jamais  4  une  seule  de  ses 
parties ,  et  dte  lors  il  n'a  pas  ^^  facile  aux  toiTains  de  la 
traitor  distindement  et  avec  prMsion  dans  ses  difTc^ntes 
parties.  II  a  falhi  une  longue  suite  d'obsenrations  et  d*ex- 
p^riences,  et  des  id^es  plus  justes  qu'on  n*en  avait  eu  jus- 
qu*id  snr  la  physiologic  et  la  pathologie  du  cerreao,  avant 
d'aToir  pa  ^tablir  atec  qudque  exactitude  la  dilTerence 
des  signes  propres  k  cheque  esptee  d'inflammation  c^ri- 
brale.  A  present  mime  il  rigne  encore  beancoup  de  conlu* 
sion  dans  les  Idto,  dans  les  prlndpes  et  dans  les  doctrines 
de  rendpbalite,  et  le  physiolc^ste  voit  continnellement  avec 
surprise  attribuer,  par  exemple ,  le  d II  i  r e  I  llnflammatioo 
des  mininges,  et  spldalement  4  cdte  de  raraehnoide, 
membranes  entilrement  passives  dans  lea  fondiona  de  la  pen- 
sle ,  roals  qui  dana  leurs  Inflammatlona  peuvent  comprimer 
d  Irriter  le  cerreao ,  d  causer  ainsi  le  ddire.  Nous  tralterons 
fianfl  cd  artlde  de  Pinflammation  des  mininges,  ainsi  que  de 
celle  du  cenreau ,  ne  poovant  pas  entrer  dans  les  dltalls  des 
symptAmes  qui  appartiennent  plutAt  k  Vvane  qu*ji  I'autre  in- 
flammation. Au  aurplus ,  si  les  sIgnes  distindift  sont  Iquiyo- 
ques  on  obscure ,  le  traitement  qui  convient  si  cea  inflamma- 
tions ed  tonjours  le  mime.  « 

Les  phlegmasies  de  Tendphale  ae  prlsentent  sous  des  for* 
Ai's  trIs-Yariles,  d  ces  niodificatlons  sont  dues  au  si^e 


Fi£VRE  —  FlClVRE  CEREBRALE 


difr(£rent  de  llnflammation ,  I  son  degri  dlntensiie ,  «t  n 
mode  de  terminaison.  Les  sympt^mes  priodpanx  des  Mm- 
mations  enclphaliquea  sont,  en  ginlral,  la  fllTrc,rii- 

ao  m  n  i  e,  la  cl  p  h  a  1  a  1  g  i  e  intense ,  la  difBcoltl  de  sappoiler 
la  lumilre,  d  le  ddire.  Plus  frlquenunent ,  les  mtsi^ 
sont  primitivement  afledlea ,  d  la  ciphalalgie  d  la  ftm 
sont  les  signes  qui  lui  sont  propres ;  le  cerreaa  nepaftidpe 
qoe  par  la  auite  de  llnflammation  de  ees  nemfaraaes.  11  y  i 
oependant  des  caa  d^inflammatioB  drdmle  o6  il  n'y  a  li 
filTre  ni  douleur;  seutement, on  remarque  nn  diaoidre  iat- 
perceptible  dans  les  facultis  a(fedi?ea  d  intdleetueBes,  de 
nmpatience  dana  le  caradln,  dc;  puia  vieoaent  Ti^ 
tion ,  Pinsomnie ,  le  dflire  plua  on  moins  grave » et  nne  tM- 
table  alilnation  mentale.  La  manle  dgoe  avee  flirear  doit 
Itreconslquemmeotregardle  comme  une  vlritablecMMf. 
Cdte  sorte  d'lnflammation  ed  plua  trompeuae  ^ne  celle  qai 
commence  par  lea  membranea,  paroe  qu*dle  est  dlOidlsnail 
aper^e  dans  son  origlne  d  dana  aea  progria,  «t  les  nitie- 
dns  mimes  ginlralement  la  mioonnaiaaent 

Lorsque  Tinflammation  attaque  profondlment  lecerrcas, 
d  spldalement  les  parties  qui  approchent  la  modiedle^fe, 
il  y  a  des  conTulaions  plus  ou  mofais  fortes,  qd  loal 
suivies  promptement  du  coma  on  de  la  paralyde.  Lbs  Cbbc- 
tions  des  sens  extlrfeurs,  dans  Tenclpbalite ,  aont  gMn- 
lement  perverties :  c'est  le  strabisme  avec  ii^iedion  des  yesi, 
ou  la  perte  de  la  voe ;  c'est  le  tmtement  dea  oreillea,  la  perte 
du  goat ,  la  difllcultl  de  la  parole ,  I'imensibilitI  du  taodier, 
on  observe  tris-aouvent  de  graves  dtlrations  dana  les  tints 
de  la  face ,  du  apasme  dans  ses  muscles,  on  des  contfl^ 
tions  involontaires.  Le  slgne  le  plus  constant  de  rinAaam»> 
tion  de  la  d  u  re  -  ml  r  e ,  none  avons  dit  qoe  e*ed  la  dedeor 
locale  d  rabsenee  du  ddire  d  des  alHrations  dea  fteallH 
IntellecUidlea.  Souventles  vomissements  aecompagnsd  ies 
inflammations  du  cerveao;  le  pools  ed  d*ordlnalre  petit, 
serrl,  d  tris-frlquent,  nuds  qudquefois  il  est  ansd  an-dcsMMs 
de  son  rhythme  normal.  L'aflkiblissement  de  Padloo  moi- 
culdre  est  un  des  symptdmes  propres  de  Penelpbalite ,  d  lei 
fondiona  de  la  vie  organiqne  sont  aouvent  pen  altldei. 
Llnflammation  du  oerveld  ed  Men  aouvent  aecoaipagnli  de 
priapisme.  Lea  nUningiies  se  prisentent  oidinairemeat  avec 
desconvulsions  cheat  les  enfimts,  et  avec  onevive  ciphalal- 
gie, une  forte  filvre,  ct  un  certdn  degrI  d'afanttcned  diet 
les  adultes.  Ges  phlnomlnes  s'expliquent  par  la  chaleor ,  It 
presdon  d  la  perturbation  que  lea  membranea  enflamnlei 
doivent  exeroer  sur  la  moelle  aUongle  d  lea  nerfa  k  leor  eor- 
tie  du  cenreau.  L*inflammation  des  parties  les  phis  centralei 
du  oerveau ,  dn  corpa  calleux,  du  septum-lncidom  d  de  Is 
membrane  qui  revd  les  parab  des  ventriculea  embrasse 
les  diverses  formes  de  maladie  que  les  auteurs  ont  traits 
aous  la  dinomlnation  ^hffdroe^fuUe  aigui,  Cette  aorte 
d'inflammation  ae  termine  par  le  ramolliaaement  dea  partiei 
affects ,  00  par  un  Ipancheroent  sirenx  dans  les  ventriedei 
du  cerveau.  On  a  vu  la  mdadie  parcourir  lootea  aes  pMMfcs 
sans  que  le  malade  ae  suit  pidnt  de  la  mohidre  doolenr,  rt 
sans  qull  ae  manifestit  des  symptlmea  graves  bidlquant  le 
danger,  jusqu*4  l^invasion  hiophile  dn  coma  profond,  sdri 
de  la  mort.  La  marche  de  cette  esplce  d*enolphallte  doit 
mettre  le  mldecin  en  garde  dans  ses  pronoetics  aor  lea  mdt- 
diesdrlbrales. 

Les  causes  qui  dlierminent,  en  gMral,  les  faiflanma- 
tions,  peuvent  produire  Tendphalite;  mala  odiea  qd  loi 
aont  plus  propres  sont  les  commotions,  les  coops  portis  k  la 
tltd ;  Tusage  des  bolssons  stimulantes ,  dcooliques ,  repfann , 
etc.,  et  surtout  Paction  du  soldi  snr  la  tite ,  la  contention  de 
Pesprit ,  les  vdlles  prolongles ,  les  Imotlons  vioientes ,  la  d- 
percussion  d*une  afTedion  cutande,  d  faction  decertafau  viras 
contagieux,  comme  sont  cdui  du  typhus,  de  la  petite  vdrolc^ 
de  la  scarlatine ,  d  plusieurs  autres.  La  forme  de  oelte  der- 
nilre  esplce  d'endplialite  exige  des  vues  particulilres  de  Is 
part  du  midedn  sous  le  rapport  du  diagnostic  d  do  lid- 
tement 

La  conatitution  du  malade  modlfie  beancoup  U  (ornc  do 


FIEVRE  OfeREBRALE  —  FIEVRE  INTERMITTENTE 


la  mabdie ,  et  doone  lieu  k  un  degr6  <Pinflamnwition  plus  on 
■MHfti  iDtaue.  Quelquefoia  renb^phalite  prtente  lea  aignea 
d'une  inflammation  aiisad ;  d*autres  fois  elle  eat  lente  et  foible, 
eomme  «mt  lea  pfalegmaaies  scroAileiisea.  Laterminaison  de 
reao^pbaHte  pent  avoir  Ilea  par  la  nSaotution»  c'eat-li-dire 
par  la  go^riaon;  elle  peat  se  temuoer  par  la  roort  dana  la 
p^riode  inflammatoirey  on  bien  par  ui  ^pancbement  de  s^ro- 
aitf  y  ee  qai  conatitae  lli^droc^bale,  on  par  le  ramoUisae- 
nMnt  du  cerveau ,  on  par  la  aappuration  oa  par  la  formatiott 
de  fiiiiaaea  membraneB,  oa  par  rendureiflaement  du  cerreau. 
Quand  la  r^sdution  a  Ilea,  lea  aympttoea  oesaent  pea  h  peu^ 
maia  lea  forcea  muaculaires  ont  de  la  pdne  h  se  rtftablir,  et  lea 
fonetbna  intdiectuellea  jie  reTiennent  que  lentement,  ayec 
difllcult^ou  imparfaitement.  L'enodplialite  ^tant  mie  maladie 
trte-grave  et  g^^raleroent  mortdle,  le  premier  aoin  du  m^ 
dedn  dolt  Mre  d'arrdter  nnflammation  dte  aon  eommenoe- 
ment ,  et  de  s'y  prendre  de  la  mani^  la  plus  toergique  a^l 
Yeat  privenir  la  formation  de  I'^panchement  s^reux  qui  suit 
I'Inflammation ,  et  emptelier  le  ramoHisaement  do  cerreau , 
qoi  est  une  desplua  fr^uentes  terminaiaoas  dea  phlegmaaies 
cMbrales,  particuH^rement  quand  ellea  ont  attaqud  lea  par^ 
ties  intemea  du  o^vean.  On  a  mia  en  doate  si  Tabeorption 
du  fluide  s^reux  r^pandu  dans  les  caritte  o^r^brales  pent 
a'opdrer;  nonsaTona  dea  felta  qui  noua  portent  poor  raffirma- 
live  9  pourvu  qu'on  emploie  un  traitement  convenable.  De 
toute  mani^,  le  traitement  de  Hnflammation  c^r^brale  et 
dea  att^rationa  qui  peovent  en  Mre  la  suite  doit  6tre  continue 
avec  perseverance;  on  pent  toujours  esp^rer  on  d'eioigner 
oa  d*empteher  la  terminaison  liitale  de  la  maladie. 

Lesmoyena  les  plus  propres  pour  arr^ter  toute  esptee  d'en- 
eepluJite  sont  les  saigneeageneralea  et  locales :  c'estle  sou- 
Terain  remMe.  11  fant  employer  en  mtoie  temps  les  pur- 
gatila  lei  ploa  actifs,  tela  que  le  croton-tigliuro,  la  gomme- 
gutte  et  le  Jalap ;  maia  parmi  les  medicamenta  internea,  nous 
doMnonsIa  preference  an  tartre  atibie.  Nous  I'avons  employe 
trte-fiouvent,  k  bautes  doses  el  avec  le  ploa  grand  sucoes. 
On  obtient  aussi,  dit  Abercrombie,  de  Tavantage  des  antimo- 
niaux,  et  dansqoelqaes  cas  de  Tuaage  de  ladigitale.  £n  effet, 
oe  medicament  est  utile,  non-seoiement  pour  dter  l^inflam- 
mation ,  mais  encore  poor  dissiper  les  epanebementa  sereux 
qui  se  Torment  k  la  soile  de  rinflammation.  Lea  veaicalolres 
sont  de  quelque  efHcadte  aprtoque  les  premiers  sympldmea 
inflammatolres  out  ete  valnoua,  el  contribnent,  comme  la 
difiitale,  k  disaiper  les  alterations  causees  par  rinflammation. 
L*eflicadte  do  mercure  nooa  paratt  moins  evidente,  maia 
nous  le  croyons  on  bon  remMe  dans  Tencepbalite  lente  et 
chrottiqoe.  L'applicatlon  da  froid  est  Tun  des  meiUeura 
moyena  ^  aasoder  k  la  saignee  et  aux  porgatifa.  Ordinaire- 
ment  on  rappHque  an  rooyen  d'une  vesaie  k  moUie  remplle 
de  glace  piiee.  Si  ce  moyen  est  utile,  II  ne  fautpas  non  plus 
en  abuser.  Les  bains  frolds  de  tout  le  corps,  les  douches  et 
les  alTuaiotta  froides  conviennent  dana  plusleuTs  caa  d'ence- 
phalite;  mais  nous  les  reeommandona  apecialement  dana  le 
deilre  et  la  manie.  D'  Fossati. 

FIEVRE  CHAUDE.  Voyez  Cbauo. 

FIEVRE  UBGTIQUE.  Vayn  FoIvre  et  Hectiqoe. 

FIEVRE  INTERMITTENTE.  On  designe  de  la 
aorte  one  maladie  febrile,  essentiellement  constitoeepar  des 
aoote  revenant  4  des  faitervalles  k  pea  prte  egaux  entre  eux, 
et  entre  lesquels  il  existe  cliea  le  malade  une  apyrexie  com- 
pteie.  Cbaque  aocte  de  fiivre  intermittente  se  compose  de 
trois  periodes  se  sucoedant  dana  an  ordre  regnlier :  la  pre- 
miere, caracterisee  par  le  fHsson  et  un  refroidisaement  ge- 
neral ;  la  acconde,  par  la  cbaleur ;  la  troisieme,  par  la  saeur. 
La  duree  de  la  premiere  varie  depuia  one  demirbeare  jusqu*ii 
cinq  et  sii  beures ;  la  seconde  dure  communement  plusieurs 
beurea,  maia  quelquefoia  unedend-beure  aa  plus;  la  troi- 
ukmfb,  enfiut  ne  depaase  guere  troaa  k  qoatre  lieures.  Lorsque 
Taecte  est  termine,  toute  trace  de  symptOmes  lebrUes  a 
dispani,  el  si  la  fievre  intermittente  est  exemple  de  compli- 
cations, il  n'existe,  dans  les  premiers  teiops  du  moins,  au- 
cun  phenomena  moibide  pendant  les  intervalles  qui  svparcnt 
les  accea.  i«cs  malades,  surtout  ceu\  qui  sont  doucs  d'une 

OICT.  nS  LA  CONTfiHS.  —  T.  U. 


435 

constitution  roboste,  se  sotttettt  si  bien  portants  qulla  se 
livrent  immediatement  k  kmm  occopationa,  et  ne  pefcal 
croire  que  de  nouveaux  accda  paissent  lea  frapper.  Qnei^ 
ques-uns  conservent  cependant  on  pen  de  malaiae  et  de  coup* 
batnre  dans  les  membres;  leur  appetH  ne  ae  leiablit  paa 
comptetement,  Us  restent  foibles  :  on  a  lien  de  IrrmMfrfwr 
plus  particulierement  quand  lea  aocia  sont  rapprocbea.  Lea 
fonctiona  se  retabllssent,  an  contraire,  plus  complritement 
quand  tlntervaUe  qui  separe  le  retour  deaaeoea  eat  de  deux 
ou  troia  jours.  C'estd'apresces  intervalleaapyretiqueaqa^on 
a  etabli  dana  cette  espice  de  maladie  les  classifications  aoi- 
vantes  :  Ufthfre  quotidienne,  dont  les  acois  revienneni 
fioos  les  jours  apris  une  periode  egale,  et  la  quotidiennB 
doubUe,  qui  prodolt  cheque  Jour  deox  acoes  k  dea  beures 
correspondantea;  la  Jllvre  tierce,  qui  a  deux  acces  en 
trois  jours,  avec  un  Jour  intercalaire  compieiement  apyre- 
tique  :  on  la  nomme  fierce  doublU^  quand  le  Joor  pyre- 
tique  eat  marque  par  deux  acces,  et  doiUfle  /iarce. lorsque 
le  malade  eprouve  tons  les  Jours  des  accia  altemativemenl 
inegauK,  se  correspondant  reciproquement  (cette  correla- 
tion des  acces  de  deax  en  deux  Jours  est  le  sympltee  qui 
distingue  la  fievre  tierce  de  la  fievrequotidienne);  la^l^re 
qtuirtej  caracterisee  par  des  acoes  se  reprodnisam  cbaque 
quatrieme  Jour,  en  laiaant  entre  eux  deux  joura  plains  :  on 
I'appelle  quarle  doubUe^  lorsque  le  Jour  de  fievre  preaente 
deux  accte,  et  quarie  tripl^Bf  s'il  y  en  a  trois.  Ce  qui 
constitue  la  double  quarte,  cW  un  acces  revenant  deux 
jours  de  suite,  et  manquant  le  troisieme  Jour,  faeces  du 
premier  jour  ressemblant  k  celoi  du  quatrieme,  et  celui  du 
deaxieme  jour  4  Taccea  du  cinqnieme. 

Nous  venons  d'enumerer  Im  fievres  intermittentea  lea 
|du8  comnmnea.  Qudques  aoteurs  font  mention  Atftbvres 
quintaneSf  sexianeSf  hebdomadaires,  octanes  ^  nona" 
nes,  etc.,  voire  meme  deJUvres  mensuellee^  tri$nestriel' 
lea,  annuelles,  maia  Texistenoe  de  la  plupart  de  ces  der- 
nieres  formes  que  prendrait  la  fievie  intermittente  n^est  pas 
positivement  demontree.  La  duree  de  ces  diverses  fievres 
varie  comme  leura  sympt6mes ;  il  n'est  pas  rare  d'envoir  un 
certain  nombre  disparaltre  par  les  seuls  efforts  de  la  nature, 
apres  cinq  ou  six  acces.  On  voit  les  fievres  tierces  et  dou- 
bles tierces  soomises  an  traitement  le  plua  aimple  cesser 
avant  le  onxieroe  acces.  Mais  les  fievres  quotidiennes,  quer- 
ies 00  erratiqpes,  se  prolongent,  an  contraire,  le  plus  aonvent 
pendant  des  mob  entiers,  et  entralneni  divers  accidents  flk- 
chenx.  Lorsque  la  fievre  intermittente  a  dure  longtempa, 
elle  est  quelquelois  rebelle  k  toutes  les  ressources  de  la  ma- 
tiere  medicJe.  Mais  a'il  survient  une  fievre  continue,  elle 
peutdtsparattre  parsoitede  ce  seul  epiphenomene.  Cestainsi 
qo*elle  cede  quelquefoia  k  un  acces  de  coiera ,  4  un  trans- 
port de  joie ,  4  un  exercice  Ires-violent,  4  Tivrease,  lo^ue 
ces  diversea  circonstancea  peuvent  determiner  une  fievre 
continue.  On  en  trouve  une  foule  d'axemples  dans  les  re- 
cueils  d'observations.  Lies  medecins  qui  saveni  4  propos 
produire  nne  fievre  continue  artiflcielle  en  retirenl  de  grands 
avantagea  dans  quelques  cas  de  fievre  intermittente. 

Certainea  fievres  intermittentea  sont  ditea  pemicieuses, 
parce  que  leurs  sympt6mes  sont  tellememenl  gravea  el  lenr 
marelie  tellement  raplde,  que  les  malades  succombent  sou- 
vent  au  quatrieme,  au  cinquieme  acces,  quelquefois  au 
troisieme  ou  an  second.  Ces  fievres  airectentordinairement 
le  type  tierce  ou  double  tierce,  moina  souvent  le  type  quo- 
tidien,  bien  plosrarement  encore  le  type  quarte.  Dans  les 
fievres  intermiltentes  pernicienses,  il  y  a  toujours  un  ou  plu- 
sieurs organes  importants  qui  deviennent  brusquement  le 
siege d*une  douleur  insupportable,  et  du  c6te  desquels  se 
manlfestent  les  acddenU  les  plus  graves.  C'est  d'apres  ces 
symptdmes  predoroinantsqu'on  a  divise  les  fievres  intermit- 
teotes  pemicieusesen  :  cSphalalgiques,  lorsque  la  douleur 
a  son  siege  4  la  tete;  pleuritiqueSf  lorsqu'il  se  developpe 
une  douleur  de  c6te  tellement  aigue,  que  le  malade  croit  4 
cliaque  instant  qu'il  va  etoiilfcr ;  cardialgiques,  lorsque  U 
douleur  est  ii\ee  sur  le  cunir;  dioUriques  ou  dtfssent& 
riques,  lors(|ue  des  doulcurs  vives  existent  dans  le  ventie  et 

54 


FIEVRE  INTERMITTENTE  —  FI^VEE  JAUNE 


436 

mmi  aeeompagntes  d'<STaciiatioiis  aboodanteft;  titaniques, 
eommM9€ifiqporeuseM,paralffHques^  lonqifau  lieu  d'nne 
•iinple  doiileurde  t£te,  U  exiate  plua  paitidUi^ement  des 
d^sordrea  nerveux. 

On  a  remarqo^  que  let  accte  dea  fi^vres  iDtermitteotea 
arrireat  le  pliia  umweiai  avant  ie  ooacber  du  soieil;  quant 
aux  heurea  d^ioFasioiiy  ellea  Tarient  iofiiiuiieiit  auivant  les 
droonataneea.  Lea  bommes  de  Tart  n'ont,  da  reate^  en- 
core pa  jusqu^ii  ce  jour  a*accorder  aor  le  T6itable  ai^se  dea 
O^Trea  intermittentea.  Qoant  k  lean  cauaea ,  on  lea  attriboe 
plus  gto^ralement  aux  effets  d^l6t^rea  prodaita  par  la 
trop  grande  chalcur  aiir  I'^nomie  animate;  car  tite-frd- 
qoe&tea  en  6t^,  ellea  aont  rarea  en  kiver.  Cette  action  d^ 
\^kn  de  U  cbaleur  eat  d'ailleun  puiasaroment  aeoond^ 
par  Tabua  du  Tin  oa  dea  liqueura  alcooliquea,  qui  rend  cea 
maladiea  fr^ueotea  dana  des  clasaea  oii  ellea  seraient  rarea 
ai  les  r^ea  de  la  temptonce  ^talent  plua  atrictement  ob- 
aenrtey  et  si  on  a'abstenait  de/aire  dea  traTaux  p^niblea  h 
Tardeur  du  soletl.  Lea  exhalaisona  mar^cageuaea  doirent 
aussi  Mre  compt^  au  nombre  des  causes  des  fi^vres  inter- 
mittentea ;  du  moins  on  a  remarqu^  que  lea  paya  oil  cea  fi^ 
Tres  sont  endtoiques  sont  tons  entour^  de  marais. 

Le  quinquinaest  de  toua  lea  rem^ea  celui  qui  a  lepiua 
de  succte  dana  le  traitement  dea  fi^Trea  intennittentea.  Sa 
dose  Tarie  suivant  TAge  et  la  force  du  malade.  La  meiileure 
niani^re  de  radministrer  eat  de  le  donner  en  dissolution 
dana  de  I'eau  Mg^rement  acidulte.  On  doit  en  g^6ral  le 
donner  ausait6t  que  Taccte  est  Oni.  Pendant  Taccte,  il  n*y  a 
qu^li  prendre  quelquea  prtoutiona,  tellea  que  de  cbanger 
le  malade  si  la  sueur  est  trop  abondante.  dependant,  dana 
lea  fi^rres  qui  ont  un  caract^re  pemicieuxy  Taccte  est  sou- 
Tent  acoompagn^  d'acddents  graTes,  auxquela  il  faut  porter 
rem^e.  Ainisi,  s'il  surTient  une  Tiolente  congestion  sanguine 
Tera  la  t^te,  onappliquera  douze&  quinze  aangauea  derri^ 
lea  ordllea ,  et  dee  sinapismes  aux  pieda.  II  importe  ausai 
de  faire  remarquer  que  si  une  fi^Tre  intermittente  simple 
gu^rit  souTent  toute  seule,  ou  par  le  seul  fait  d'un  change- 
ment  de  lieu,  jamais  uncfi^Tre  pemicieuse  bien  dtelnrte  ne 
gu^rit  sans  le  secoura  de  Tart  et  par  le  seul  b^n^fice  de 
la  nature. 

FIEVRE  JAUNE.  U  Ji^e  Jaunt  ( mat  de  Siam 
dea  anciena  blstoriens  des  Antilles,  typkus  d'AmMque, 
sjfnochus  iderodeSf  typhus  icierodes,  k  raison  de  la  co- 
loration  du  corps  en  jaune  chei  presque  toua  lea  indiTidua 
atteinta  de  cette  maladie;  fiivre  gattro-adynamigue  de 
P'mei,  vomito  negro  dea  Espagnols)  est,  selon  ses  diff^^ 
rents  degr^  d'intensit^ ,  une  simple  inilammation  de  I'esto^ 
mac  (gasMte\  de  toot  le  canal  digestif  (gastro-eniiro' 
co/tto)  ,le  plus  souTent  rinflammation  du  foie  (h^patiteU 
celle  dea  reins  (niphriie),  celle  du  cerTcau  (enc^pkalUe), 
desea  euTeloppes  (aracAnot(/i/e,  etc.),  sejoignent  k  la 
gastrite,  k  la  gastro-^nlMte^  dans  le  tableau  que  nous 
pr^seiite  cette  maladie  terrible.  L'^ude  attentiTC  dea  aymp- 
t6mes,  celle  dea  l^ions  cadav^riques ,  ont  prouT^  josqu^ii 
r^Tidenee  sa  nature  inflammatoire.  Elle  s'est  d^Telopp^ 
dans  le  NooTeau  Monde  sous  IMnfluence  de  cauaea  exiatant 
dana  lea  lieux  m^mea  de  son  apparition,  et  jamaia  par  auite 
de  Taction  sp4cifiquede  miaames  import^  par  dea  indiTidua 
sains  on  malades  ou  par  des  Taisaeanx.  Lea  immensea  re- 
cherches  du  docteur  Cher  Tin,  les  t^moignages  nombreux 
des  m^ecins  les  plua  ^lair^  en  faTenr  de  I'opinion  de  ce 
saTant,  permettent  d'aflirmer  que  cette  maladie  n^eat  point 
contagieuse,  mala  que  seulement  die  se  transmet  par  in- 
/ecHon,  c^est-i-dlre  que  dea  hommea  bien  portania  en 
rapport  aTec  lea  malades  sont  attdnta  de  la  fi^Tre  jaune 
en  plua  ou  moins  grand  nombre,  sans  qn'ils  puissent  la 
transporter  au  ddidu  Ueu  infects,  ni  par  leurd^piacement, 
ni  par  aucun  effet  k  leur  uaage. 

Unechaieur  excesslTo  et  constante,  une  humidity  con- 
siderable, agiasant  sur  des  debris  plus  animaux  que  Tdg^- 
taux,  produisent  dea  gax,  dea  miasmea  Tto^neux,  dont  ra|>- 
plication  aux  organea  fiTaats,  surtout  cliex  lea  aujeta  non 


acdimatte,  eat  rapidement  suiTie  dea  symptAmes  de  Fen* 
poisonnement  miasmatique  :  noua  avons  done  ^k  dsat 
retude  dea  causes  (cbaleur  et  humidity  excesaiT<s,  mias- 
mea putridea  xoophiUquea,  non  aodimatement)  un  moyea 
de  diiKrencier  cette  gastro-entinte  dea  autrea  qui  toot 
simples,  en  disant  qu'elle  proTient  de  causes  sp6ciliiiiwsx 
Aucun  de  cea  aymptdmea,  pria  a^partoient,  n*est  carad^ris- 
tique  .  la  fi^Tre  jaune  se  reconnatt  k  la  co-exiatenoe  de  pla- 
aieura  d^entre  eux;  car  lea  Tomfssements  noira,  l*ict^,  la 
suppression  des  urines,  les  douleurs  de  la  t^te  el  dealombes, 
qui  r&unis  la  diOi^rendent  de  toutea  lea  maladiea,  appsr- 
tiennent  isoUment  k  d*autrea  alfectiona.  Lea  nanste ,  lei 
rapporta,  lea  hoqueta,  la  fr^uence  on  la  raret6  dea  d4«c- 
tiona,  la  gtoe  et  la  douleur  ^pigastrique,  lea  douleurs  on* 
bilicalea,  et,  dana  la  region  du  colon,  la  tension  du^Tcntre, 
Tardeur  brOlanie  de  Testomac,  de  la  gorge,  el  de  Vceio- 
phage;  lea  souplrs,  oppressions,  palpitationa  ^pigutriqoes, 
toux  atomacale ;  le  Tisage  Toltueux ,  I'injection  dea  ooiyoBc. 
tiTca,  le  malaise,  Tanxi^te,  la  iaiblesse  apparente,  I'accs* 
blement,  le  ddire,  leasoubresautades  tendons;  la  fir^uence, 
la  plenitude  et  la  force  da  poula,  etc.,  ae  renoontrent  daas 
la  ti^Tre  jaune  aussi  bien  que  dana  la  gaatro-ent6rite  tio- 
lente de  nos  paya.  Cast  cette  m6me  maladie  k  laqueUe  la 
c4imat  et  lea  cauaea  localea  donnent  une  phyaionomie  parti* 
cttli^re. 

La  graTit^  da  pronoatic  depend  de  Hntensit^  dea  synp- 
tdmea,  de  leur  nombre  et  de  la  rapidit6de  leur  aoooessioa : 
d  les  Tomissementa  sont  Tiolents  et  r^p^t^  dte  le  d^t, 
d  leur  coloration  noire  indique  le  mdange  du  sang  ^pincM 
et  alt^r^  aTec  lea  fluidea  contenua  dana  le  Tiactee,8i  la 
coloration  en  jaune  de  la  pcau  Tient  du  premier  an  second 
jour,  d  lea  douleura  dea  rdna  sont  Tiolentea,  etc,  lecas 
est  graTe  et  le  pronoatic  fftcbeux.  Que  la  mort  aoTTie&ua 
rapidement  du  troidime  au  dnquitoie  jour,  oa  qu*dle  la 
fasse  plua  attendre,  rinapectlon  des  cadaTrea  montre  coos- 
tamment  dea  l^dona  en  rapport  aTec  lea  aympt6mes  pins  oa 
moina  nombreux  obserr^  pendant  la  Tie.  Dana  lea  cu  les 

}ilu8  dmples,  Pestomac  seul  oilre  des  tracea  dlnflammation, 
ort  Tariablea  pour  I'^tendue  et  i*intendt6;  ploa  aooTcnt, 
lea  signes  dMnflammation  a'^tendent  aux  inteslina,  qui  pa- 
raissent  phlogos^  en  pludeura  pointa  de  leur  ^lendue,  k  la 
T^icule  biliaJre,  aux  rdna,  k  la  Teaaie,  aax  Epiploons, 
au  ioie,  au  cerTcau  ou  4  aea  membranes.  Toutefob,  la  cor- 
relation entre  Pintenaiti  des  aymptAmea  et  la  graTite  del 
ledona  n^esl  point  exacte  el  constante,  el  rodme,  dans  lei 
caa  oh  les  sujeta  aont  comma  foudroyda  par  Sa  Tiolencedcs 
miaames  putrides ,  rinnerTation  est  trop  rapidement  anto- 
tie  pour  que  les  organea  prteentenl  dana  leur  texture  une  al- 
teration profonde,  alteration  qui  resulte  en  grande  partie 
de  la  turgeacence  inflammatoire  dea  tissus  longtemps  pro- 
longee.  Un  second  fdt  rdatit  aux  cas  od  la  roort  est  promptr, 
c'est  le  pen  d'dteration  qui  s'obaerTe  dana  rbabitiide  exte- 
rieure  du  corpa ;  la  maigreur  n*est  paa  considerable ,  la  coo- 
leur  meme  de  la  peau  pent  bien  n*^e  pas  trte-cliangte, 
quoiqiie  le  plus  souTent  elle  soil  tdnte  en  jaune  pins  oti 
moins  fonoe,  entremde  de  Tergetures  liTides  el  Tiolac^, 
aurtout  k  la  face,  au  cou  el  au  tronc. 

11  est  rare  que  cette  maladie  ait  d^eUe-meme  ane  termi- 
naison  heureiiae;  lorsqu'dle  est  le  moins  intense,  la  jannina 
eat  k  pdne  sendble  el  bomee  aux  partiea  supihieoies  da 
corps ;  le  pouls  ne  conserTe  ni  sa  plenitude  nl  sa  frequence; 
la  peaureprend  sa  cbaleur  natnrelle,  die  dcTienl  aoapled 
moite;  lea  aymptdmes  gastriques  diminnent;  k  Petal  aopo- 
reux,  s*il  a  existe,  succMe  un  sommdl  r^paratenr;  Vi^ 
tation,  lemslaise,  ou  bien  la  proetration,  son!  remplaoea  par 
un  sentiment  de  bten-etre;  lea  defiiillances  n*ont  plus  lien. 
Ce  cliangement  (aTorable  pent  resulter  de  phenonienea  crl 
tiques,  tela  que  dejections  alTinea  abondantea,  aueura,  re- 
tour  des  urines,  etc.;  il  pent  surTenirsana  crise  oMrq^ee, 
le  plus  souTent  du  quatriime  au  septitaie  oa  lioititaN 
jour. 

Dans  la  fl^yre  jaune,  plus  qu*en  auctme  autre  maladia. 


FIBVEB  JAUNE  -  FIEVRE  TYPHOlDE 


\t  iuoc^  det  iDoyenA  employ^  depend  surtout  de  la  promp- 
titiide  de  leor  application.  Le  ro^dfidn  emploiera  d'une  ma- 
ni^  ^nergique  et  soutenae,  dans  la  premito  pMode,  lea 
antiphlogistiqaes  de  toute  eaptee :  aaign^,  aangsues,  bains 
tMeSy  boissons  temp^rantes,  ^moUientea,  fomentations 
de  m6me  nature,  applications  froides;  las  r^Tulsifs  dans  le 
dernier  stade ,  lorsqne  les  malades  sont  dans  le  coma  et 
VinsensibiUi^,  que  la  peau  est  froide,  le  ponls  miserable,  etc. ; 
frictions  avac  les  tranches  de  citron  on  aTec  les  teintures 
aromatiques,  T^catoires  caniphrds,  sinapismes  aux  pteds, 
aux  mollets,  aux  cuisses,  quelqoefois  mtoie  k  la  noqoe. 
Un  point  d'une  haute  importance  dans  la  pratique,  c'est  de 
ne  point  confondre  la  prostration  qui  r^ulte  de  I'excte 
d^inflammaticm  awec  T^tat  v^ritablement  adjnamique,  dans 
leqael  les  stimulants  convena^lement  administrte,  peu^ent 
«tre  d!pn  grand  secours.  Paul  Gaubeht. 

FIEVRE  MILIAIRE.  Voyes  Miuairb  (Fi^rre). 

FlilVHE  PERNICIEUSE.  Voyez  Fiiyns  irtermit- 

TK.^TB. 

FIEVRE  TYPHOIDE,  DOTHINEMT£rI£  ou  mieux 
I)0THI£N£NT£RI£  (de  doOiViv,  clou,  furuncle,  et  ivrepw, 
ititestio).  De  ces  d^ominations  de  la  mdme  maladie, 
rune  rappelle  T^ruption  intesttnale,  et  Tautre  I'^t  de  stu- 
peur  ainsi  que  la  resserohlance,  lldentit^  peut-^tre  avec  le 
typhus, 

Ssi-ee  Id  une  maladie  nouvelle  ou  nouvellement  d^cou- 
verte?  liCsnoms  Tari^  sous  lesquels  on  la  d^gne  le  fe- 
raient  supposer  k  tort.  II  suffit  en  effet  de  feuilleter  les  an- 
ciens  aoteurs  pour  en  rencontrer  de  nombreuses  observations; 
et  sans  remonter  k  Hippocrate  ( £pld.,  Ut.  1 ,  2*  malade  , 
Silenus),  ce  quipourrait  donncrlieu^  contestations,  iesterits 
de  Fracastor  (1 505),  de  Chirac  ( 1742 ),  etc.,  ne  laissent  aucun 
doute  h.  ce  sujet.  L'attenlion  a  M  partictili^rement  appel^e 
sor  le  sl^e  de  la  i^ion  prindpale  par  Rosderer  et  Wagler 
( 1762),  Prost  ( 1804),  MM.  Petit  et  Serres  ( 1813),  Brous- 
iais  ( 1814),  et  plus  encore  par  M.  Bretonneau  ( 1826).  A 
M.  Louis  (1829)  rerient  le  m^te  d^avoir  prouv^que  la 
Hik^Tt  typbolde  renfermait  toutes  Xenfiiwres  esseniielles 
ditea  inflammatmre,  bilieuse,  muqtxeuse^  putride  et  ma- 
ligne^  admises  jusqu^alors;  v^iit^  confirm^  par  les  travaux 
de  BCM.  Cbomel ,  Bouiliaud  et  Andral. 

£n  quoi  consitte  lafibvre  typhdide  et  quelle  est  sa  cause? 
Nous  savons  que  celle-ci  est  sp^fique  et  agitsur  tout  I'oiga- 
nisme;  qn^elle  a  pour  dement  principal  une  alldration  sp6- 
dale  des  folllcules  de  la  membrane  muqueuse  de  I'intestin 
gr^le  ( glandes  de  Peyer  et  de  Brunner ).  On  salt  que  cette 
aflection,  rare  avant  la  cinqui^me  et  plus  encore  aprto  la 
dnqnantitoie  ann^ ,  s^vit  parti  culi^reinent  entre  dix-buit 
et  trente  ans.  Les  causes  d^ilitantes,  le  s^jour  rtont  dans 
les  grandes  villes  ont  6i6  consid^r^  comme  des  pr^dispo- 
aitions,  mais  sans  preuves  sufHsantes  :  Tencombrement 
dans  des  cbambres  mal  a^r^es  paralt  avoir  plus  d'action ; 
mais  en  quoi  constste  la  cause  essentielle?  Tour  k  tour 
die  a  ^t^  cherch^  dans  les  liquides  et  dans  les  solides; 
dans  la  bile,  dans  la  rate,  dans  les  centres  nerreux,  dans 
Talt^ration  primitive  do  8ang,  dans  rinflammation  de  la 
membrane  muqueuse  gastro-inteHtinale ,  dans  Pexantli^me 
intestinal,  qui  ne  se  rencontre  dans  aucune  autre  maladie. 
R^cemment  on  a  pr^sent^  cetle  m&me  druption  comme  la 
retrocession  du  piindpe  de  la  petite  v^role  comprim<S  par 
le  Taodn ,  oubliant  que  Joumellement  on  observe  la  fl^vre 
typlioide  surdesindlvidusportant  de  nombreuses  dcatrices 
de  variole.  L^espace  nous  manque  pour  discuter  ces  causes 
plosou  moins  bypotliitiqucs,  et  aussi  pour  nous  arr^r 
aur  Yantagonisme  cberdi^  entre  les  fi^vres  intermittente  et 
typlioide.  II  suffirade  dire  que  cette  deml^  procMo  comme 
la  scarlatine,  la  variole,  etc.,  d^une  cause  sp^fique ;  qu*dle 
ae  d^doppe  presque  n^cessairement  une  fois  dans  la  vie 
et  one  seulefoia.  D*autres  caract&res  la  rapprochent  encore 
4eM  maladies  ^ptives :  ahisi  la  forme  ^Idimique,  la  eon- 
MogUm  (possible  seulement  dans  oertaines  dreonstan* 
ces )» etc;;  et  comme  eUes,  cette  li^vre  ne  pent  avorter 


427 

sons  rinfloence  d*un  traiteinent  ^ergique.  Heureux  encore 
le  mMedn  s'il  parvient  k  mod^rer  certains  ph^nom^nes 
roorbldes  et  k  diminoer  )a  dnrte  dn  mal ,  sucote  import 
tant,  car  en  se  prolongeant  I'afTection  typlioide  determine, 
outre  les  IMons  primitives ,  des  ulcerations ,  des  plaques 
gangrenenses  et  des  complications  moltipliees  et  dange- 
reuses. 

Bien  que  le  dSbut  de  la  dothienenterieBoit  ndtement  ca- 
ractdrise  et  parfois  subit,  le  plus  souvent  qudques  troubles 
de  fonctionb  la  precedent  de  un  k  quinze  jours,  puis  appa- 
raisaent  les  frissons,  la  oepbalalgle  fVontale,  des  epistaxis, 
des  coliques,  la  diarrb^e  et  une  faiblessa  tdle  que  dte  Pin- 
Tasion  les  malades  sont  contraints  k  cesser  tout  travail. 
Dans  cette  premise  pMode^  que  signalent  ^galement  rei- 
teration dea  traits,  le  trouble  de  llntdiigence,  la  demarche 
chancdante,lesbonrdonnements  d'oreille,  les  vertiges,  la 
pertc  de  I'appetit,  la  soif  vive,  la  langue  blanche  et  pois- 
seuse,  parfois  des  vomissements,  le  Tentre  est  meteorise  et 
douloureux,  particuUerement  dans  la  fosse  iliaque  droite, 
oil  la  pression  determine  des  gargouillements;  la  rate  est 
tronvee,  k  la  percussion,  pins  volumlneuse;  le  pools  bat 
plus  de  cent  loi^par  minute;  l*au6cultaUon  de  la  poltrine 
y  fait  reoonnattre  un  rftle  sibllaire  et  ronflant  inegalement 
dissemine  des  deux  c6tes ,  sans  dyspnee  nt  toux  proper- 
tionnee  k  cet  etat;  le  sommdl  est  nol  ou  interrompu  par 
des  reves  penibles;  Tintdligence  se  trouble  :enfin,  c'est 
aonvent  vers  la  flu  de  ce  septenaire  que  paratt  reruption 
typbolde  de  taches  rosees,  lenticulaires,  pen  saillantes,  8*ef- 
fa^nt  sous  le  doigt,  sur  {"abdomen ,  la  poitrine  et  parfois 
sur  le  dos  et  les  roembres. 

Dans  la  seconde  pMode,  Men  que  hi  cephalalgia  cesse 
oudiroinue,  tousles  antres  symptOmes s'aggravent,  parti- 
culierement  du  cOie  du  systfeme  nerveox,  la  stupeur,  la 
sordite,  les  spasmes,  le  deiire,  les  selles  involontaires ,  la 
retention  d*nrine  et  la  deglutition  difficile  des  liquides.  La 
peau  se  couvre  souTent  sor  qudques  points  de  vesicules 
incolores  (sttdamina),  de  rongeurs,  d'escar res  et  d*ulce- 
rations,  rarement  de  peiediies.  Enfln,  survient  la  troi- 
sHrne  pMode,  Tariable  suivant  le  mode  de  termlnaison  : 
dans  les  cas  funestes,  marquee  par  les  sueurs  visqneuses, 
Pembarras  de  la  respiration  et  le  coma ,  et  en  cas  de  gue- 
rison  par  la  diminution  du  meteorisme,  le  ralentissement 
du  pottis  et  le  retour  du  sommdl. 

Chez  les  ettfants ,  la  fievre  typbolde  conserve,  mais  avec 
moins  degravite,  ses  caraderes.  Nona  n'entrerons  pas  dans 
des  details  sur  les/ormef  in^mmatoire ,  bilieuse^  mu 
queuse,  adynamique  on  putride ,  ataxique  numaliqne, 
on  encore  ciribrale  :  il  suffira  de  noter  que  la  predomi- 
nance de  certains  symptAmes  motive  ces  denominations. 
L*absence  on  I'amoindrissement  de  la  plupart  des  pheno- 
menea  morbides,  au  contraire,  motive  U  designation  de 
Jlivre  typhMe  latente.  La  dothienenterie  pent  se  com- 
pliquer  de  pludeurs  ^dents.  Les  bemorrhagies  intesti* 
nales,  les  inflammations  des  voies  aeriennes,  rerysipeie, 
des  escarres  nombreuses ,  des  abces ,  viennent  trop  sou- 
Tent  aggraver  la  maladie  quand  die  se  prolonge.  Mds  la 
plus  grave  de  toutes  ces  complications  est  la  peritonlte  con- 
secutive k  la  perforation  intestinale,  accident  que  rien  ne 
pent  f^ire  prevoir  ni  empedier,  et  qui  est  au-dessus  des 
ressouroes  de  I'art 

Le  pronosticest  toujonrs  grave,  dl'on  ne  doit  Jamais  oublier 
qu'il  est  impossible  d'afOrmer  quelle  sera  Tissue  de  la  fievre 
typlioide  memo  la  plus  benigne  enapparence.  Les  reehutes 
sonttresiiredouter.  Quant  aux  reddives,  nous  avons  dej^  dit 
que  la  maladie  n^alfeete  generalement,  comme  la  scarlatine, 
la  variole,  etc.,qu'une  seule  fois  le  mfime  indlTido.  La  durit 
de  cette  affection,  presque  toujours  fortlongue,  est  rarement 
de  moins  de  vingt  jours.  La  mort  memo  arrive  tre»-rarement 
avant  le  septieme  jour.  Laconva/escenct,  ordinalrement  ton- 
gue et  diffidle,  demande  beaucoup  de  sunrailianco  et  de  sains. 
Le  diagnostic  n*est  point  toujours  aiisd  fiicile  que  Ton  poui^ 
rait  le  supposer,  et  souvent  le  debut  d^une  variole  et  de 

54. 


428 

ouelqaes  iifliMliaM  dcs  contres  nenrenx  peat  cntratner  une 
«rreiir. 

Si  la  oMHeesseotielle  de  la  maladie  6tait  coniiiiey  lefroi- 
iemeni  deTrait  sans  doute  are  dirig^  eontre  eUe.  II  tendrait, 
•i  elle  se  rattaehait  li  Keiaothtaie  intestiiial,  k  moddrer  I'^nip- 
tioaetplnstard^  bdUter  la  cicatrisation  desolctee8.Maisdaiis 
cette  maladie  toute  fonction  est  trouble ,  tout  rorganisino 
aouffre.  Dea  diverses  thtories  qui  se  sont  snccM^  est  r^ 
sult6  Temploi  des  saignto  largos  et  r^p^tte » dea  dvacoants, 
des  tonlii^,  etc.  Mais  g^^ralemeot  les  Amission  sangnines 
sontv  k  DMHns  de  contre-indicatlon ,  employte  an  d6but ,  en 
wtnae  temps  qne  les  bains ,  les  lotions  g^n^rales ,  addulte^ 
les  applications  teoUientes  sur  le  Tontre ,  chandes  am  eitr6- 
mit^  et  froides  sor  le  front,  les  laTements,  les  boissons 
gjueosWy  acidnltoy  Teau  pore.  On  prescrit  sonvent  ausai  el 
un  Tomitif  et  des  pui^tifs,  qui  semblent  abr^er  la  dorte 
da  mal.  £st-il  n^ceaaaire  d'ajouter  que  la  pins  grande  im- 
portance doit  Atre  attach^  aux  soins  liygi^ques ,  k  la  pro« 
pret6  f  aa  renouTellement  de  l'air?Les  formes  inflammatoire, 
bilieose,  adynamique,  ataxique,  font  insister  daTantage  sur  tel 
on  tel  mode  de  tiaitement.  II  en  est  de  mtaie  de  quelqoes 
pbdnomtoesmorbides  etdescomplicatiorfR  La  convalescence 
elle-m6me  rtelame  non-senlement  une  surreillance  trte- 
grande  poor  pr^enir  les  recbates ,  mals  encore  des  soins 
parlicuUers  pour  diminner  les  saenrs  ou  led^Toiement, 
rappeler  lesommeil,  etc.  Inutile  de  parler  d'un  traitemeiit  pr6- 
tendu  pr^enratif ,  qui  en  tous  cas  se  Iwmerait  k  pr^venir 
la  contagion,  Tinfection,  par  desprteautionshygi^niqaes, 
et  particnli^rement  en  s^opposant  k  rencombrement  des 
malades.  W^  Auguste  Goupil. 

FIFE)  I'nn  des  oomtte  les  plus  riches  et  les  pluspeupl^ 
der^cosse,  sur  la  c6te  septentrionale,  coroprenant  la  pres- 
quile  sito^  entre  le  goif*^  de  Forth  et  le  golfe  de  Clyde,  et 
bom6  k  Fouest  par  les  comt^  de  Perth ,  de  Kinross  et  de 
Clackmannan,  pr^sente  une  snperficle  de  15  myriam^tres 
carrte  avec  one  population  de  153,000  habitants,  appartient 
poor  sa  phis  grande  partie  aax  Basses-Terres  de  I'Eeosse. 
La  partie  nord-H>aest  presente  une  snccession  de  coUInes  el 
de  montagnes,  et  atteint  son  point  extreme  d*^^Tation  aax 
l/mumd'hiUs  f  sur  les  limites  du  comtd  de  Khiross,  •<! 
VBoit'Lomond  a  358  mttres  de  haul.  Le  sol  y  est  le  plus 
sottvent  mar^cageux  et  st^le.  La  partie  sud-est  est  g6n^- 
ralement  plate  et  fertile.  La  vall^  de  T^den,  appelte  Bcw 
qf  Fife  et  situ^e  au  centre  du  oomt^,  est  plate  anssi  et 
fertile.  Independamment  de  T^en ,  le  Leven  et  TOre  vont 
se  Jeter  k  Test  dans  la  mer  du  Nord.  An  total ,  les  quatre 
dnqultenes  de  ce  comt^  sont  aussi  bien  coltiv^  que  quel- 
que  autre  partie  de  Tficosse  que  oe  soil.  On  y  r^colte  bean- 
coop  de  froment  et  d*orge,  mais  surtout  de  Tavoine,  de  m^e 
que  beaucoupde  nayets,  de  pommes  de  terre  et  de  haricots. 
On.  y  A^TO  aussi  une  grande  quantity  de  b^tail,  et  la  ptebe, 
tant  floTlale  que  maritime,  y  est  fort  importante.  La  race  des 
bcBoli  du  comt^  de  Fife,  tachette  de  noir  et  de  gris ,  et  k 
petitea  oomes  droites,  est  snrtoot  cti^re.  L'^I^tc  des  mou- 
lona  d  le  perfectionnemcnt  de  U  race  choTaline  y  ont  felt 
dans  ces  demiers  temps  de  grands  progrte.  £n  fait  de  mi- 
B^rauK,  on  y  tronye  de  la  houille  en  abondance,  un  peu  de 
plomb,  de  ctuYre  et  de  ihic,  d'excellente  piesre  calcaire  et 
du  marbre  gris  k  Kingsbarns,  Tillage  de  la  c6te.  Dans  les 
coUines  qui  apparent  le  bassUi  de  I'^den  de  celul  du  Tay , 
fl  exislade  la  comaline,  de  Pagate  et  an  peu  de  jaspe ;  k  tXie 
ou  trouTO  une  esptoe  de  grenat  connue  sous  le  nom  de  ru- 
bU  iTilU,  Llndustrie  mannfecturi^  embrasse  surtout  la 
fabrication  des  diff^rentes  esptees  de  tolles,  qui  y  a  acquis 
an  remarquable  degr6  de  perfection.  Les  services  de  table  de 
Dnmferline  sont  surtout  renomm^.  On  y  fabrique  aussi 
des  draps,  du  savon  et  des  cliandelles.  Les  brasseries,  les 
briqueteries  y  abondent,  et  la  constrnction  des  navires  a 
pris  dans  quelques  ports  de  lai^es  proportions.  Les  princi- 
piux  articles  d>xportation  sont  les  prodirits  manufoctunte, 
el  notamment  les  toilea. 
Cc  coinU^  rcnfvrmc  61  paroisses,  13  bonrgs  royaux,  une 


FifeVRE  TYPHOiDE  —  FIGUE 


unifersit6  (ScAnt- Andrews)^  la  plus  ancienne  de  nSoosae,  4 
enToieqoatred^pot^an  parlement.  II  a  pour  clieMleu  Cupar 
on  Cupar'(tf''Fife^  sor  l^fidea ,  ayec  5,700  habltanta,  dai  U- 
iMriqaes  de  tolles  et  qoelqaes  anfresgrandea  faidoslries,etaa 
coll^.  La  Tillela  |rias  peopl^e  est  Dumber lint^  etlei 
points  les  phis  importants :  Dysart  (8,000  hab.)»  Sotet-ia- 
drews  (5,100  hab.),  Kirkaldy  (1,800),  et  BumUilgMd 
(2,300). 

FIFE9  fiunflle  doossaise,  qui  prdtend  desoendre  de  Mae- 
duff,  tfume  de  Fife,  le  c^ldbre  rival  de  Macbeth ,  quoiqnH 
lui  serait  peot-^tre  fort  diflBdlO'  de  produire  des  preom 
historiqoes  de  cette  origbie. 

William  Durr,  de  BalTerie-Castle,  tatcM  en  1734 
baron  Braco,  en  1759  vicomte  Macduff  et  comte  de  Fife,  et 
rooomt  le  3  septembre  1763. 

James  Dopp  ,  vicomte  Macduff,  comte  de  Fife,  chef  ae- 
tuel  de  ki  fimiille,  petit-ills  du  prtoMent,  est  n^  le  6  octobte 
1776.  En  1798  11  assista  au  oongn^  de  Ra^adt,  et  fot  a* 
snite  chai^6  de  dlverses  missions  prte  les  cours  de  Berlin  etda 
Yienne.  II  ooinbattit  plus  tard  en  Espagne  les  Fran^ais,  fiit 
nomm^  par  les  oortte  gte^ral-mijor ,  et  re^t  des  blesnni 
en  1809»i  b  batailledeTalaTera,  ^  en  IsiOli  raiCaire  do  fort 
Matagorda.  A  la  roort  de  son  p^  ( 17  arril  1811 ) ,  fl  bdrita 
de  ses  biens  etde  ses  litres,  et  futnomm^en  1827  pair  d'Ao^ 
terre  GuOlaume  IV  le  choisit  pour  chambellan ,  fonctioM 
dans  rexercice  desquelles  11  cut  occasion  de  Men  m&iterde 
Tart  dramatique.  U  remplit  aussi  eelles  de  lord-lieutenant  du 
cornt^  de  Banff.  H  a  pour  holier  de  son  nom  un  nereo,  le 
fils  de  fen  son  f^^ ,  le  gto^ral  sir  Alexander  Duff,  Jamu 
DuFF,n^  en  1814,  qui  depuis  1837  repr^nte  au  parlemeat 
le  comt6  de  BanfT,  et  qui  en  1846  y  Tota  en  fiMreor  de  l*abo- 
lition  des  com-knos,  II  est  mari^  deguis  184G»  k  lady  Agnh 
Georgeana  Elisabeth  Hjlt,  fille  du  comte  d'Erroli,  et  pe* 
tite-fllle  du  roi  GuUlaume  iV. 

FIFHEy  instrument  de  muslque  militaire  emprunttf  des 
Suisses,  et  dont  le  nom  est  originaire  de  la  langne  ailemaade. 
Le  fifre  est  one  petite  fh^te  traversito  perote  de  six  troiii; 
elle  a  6t6  en  usage  dans  finfanterie  fran^aise  k  pactir  do  r^ 
gne  de  Louis  XI.  Les  dragons  et  les  mousquetaires  s*en  iont 
servis  depuis  leur  creation  jusqu*^  I'^poque  oil  lis  ont  re- 
nonc6  anx  tambours.  Quant  k  l^hiftnterie ,  elle  a  tour  i  tour 
abandonn^  et  repris  le  fifre,  suivant  que  Tont  touIu  les  li- 
glements  ou  la  mode.  11  ne  s'en  est  tu  depuis  les  goencs 
de  la  r^Tolution  que  dans  quelqoes  corps,  et  seolemeat  par 
le  fUt  du  caprice  des  colonels  :  alnsl ,  il  y  en  a  en  dans  la 
garde  du  Directoire  et  des  consuls,  dans  la  garde  fanptriale 
et  dans  cello  de  Paris,  dans  les  cent-suisses  etc.  Longlemps 
cette  petite  flOte,  comparable  k  Taneien  galoubet  qoant  i 
Tusage,  sinon  quant  k  la  forme,  a  ^t^  musicalement  le 
dessus  du  tarn  hour.  Le  mot^^e  est  on  de  oeux  que  la 
langue  militaire  a  adopts  k  tort ,  poisque  sa  fAcheuse  bo- 
monymie  confond  l*instniment  jou6  et  rhomme  qui  lejooe. 
Si  on  prend  le  terme  sous  la  premiere  acceptlon,  et  comme 
objet  inanim^,  U  a  dl6  synonyme  de  arigot;  si  on  le  coo^t 
corome  un  ^tre  anim^ ,  il  a  6td  synonyme  de  p{fre;  il  pio- 
duit,  en  souTonir  de  I'intemp^rance  des  mosidens,  le  Teriie 
popniaire  a^emp\frer  et  la  triviale  locution  boired  lire 
Varigot,  11  y  ayalt  k  la  bataille  de  Marignan  des  filires  qui 
accompagnaient  les  tambourins,  les  tambouriniers;  mals  la 
coulnme  de  Jouer  du  fifra  a  r^gn^  surtout  sons  Henri  IV , 
Louis  XIV  et  Louis  XV.  Dans  le  principe,  le  fifre  glapi^sait 
tant  que  battait  le  tambour;  quand  le  haut-bois  s*y  adjoi- 
gnit,  11  concertait  de  m^me  en  tutti;  mals  quand  le  haat- 
bois  devint  clarinette,  il  joua  kpart,  et  ful  comma  le  moyen 
de  repos  ct  d'altemation  de  la  muslque  de  haul  bruit,  qui 
conlinua  k  se  composer  des  bruits  simultan^  des  cais- 
ses  et  des  fifVes.  Dans  son  />ic/iojinaire  de  mtMi^,  Jean* 
Jacques  tdmolgne  le  regret  qu*il  ^prouvait  de  raboUiioa  dtt 
fifH».  Les  mitsiques  aUemande,  anglaise,  pmssienne,  elc, 
ont  encore  des  fifhss.  G**  Bakmr. 

FIGARO.  Vogez  Beauharcuvis,  tome  U,  p.  073, 
FIGUE.  Vogez  FiciiLh. 


FIGUE  —  FIGUIER 


439 


FIGUE  (Fain  U),  traduction  de  Titalien  far  lafiea, 
OB  raeonte  que  les  Biilanais  s'^tant  r^Toltte  oontre  FrMdric, 
ct  ayant  chass^  de  leor  Tille  riinp6ratric6  son  ^poose, 
noiilfe  SOT  one  tieille  mule  norom^  Taccr^  et  le  viaage 
tooffii^  vera  la  queue,  FrM^ric  les  aubjngua,  fit  meltre  une 
figne  dans  le  derriira  de  Taeor,  et  obU^  toua  lea  Bfilanaia 
captifii  d^arracber  pubUqnement  cette  figue  avec  lea  dents » 
cl  de  la  remettre  au  mftme  Ueu  sans  le  seconrs  de  leurs 
maim,  k  peine  d'Mrependus  snr-le-champ.  Petidant  long- 
lempa  la  plna  grande  Injora  qu'on  pdt  falre  anx  Uilanais 
Mait  de  knr /aire  la  figue,  en  montrant  le  bout  du  pouce 
aerr^  entre  les  deux  doigts  Yoisins.  De  \k  on  emploie  cette 
locntoi  d*uBe  mani^'e  g^i^rale  pour  dire  :  M^riser  quel- 
qu*un,  le  brater,  le  d^fier,  se  moquer  de  lui. 

FIGUE  BANANE.  Voy«s  BAitAiiiEB. 

FIGUE  DE  BABBABIE,  FIGUE  DINDE.  Voy€% 

RAiQCBnC 

FIGUEROA  (Frahcisoo  db),  Tub  des  poetes  espagnols 
les  phis  renonum^  du  seizitaie  si^cie,  n^  vers  1540,  i  Alcala 
de  H^arte,  suifit  d'abord  les  cours  de  runiversitd  de  sa 
%ill6  natale,  puis  prit  du  senrice,  et  alia  rejoindre  Tarm^) 
capagnola,  alors  en  Ifalie .  Son  goflt  pour  la  Tie  des  camps  ne 
rempteha  pas  de  oontinuer  ^  cultfrer  les  lettres;  et  ses 
aooete  de  pofltelui  Talurent  le  sumom  de  divin\  Comme 
il  paseait  k  boo  droit  pour  Tun  des  liommes  les  plus  dlstin- 
gn6a  qnll  y  ettt  alors  en  Espagne^  don  Carlos  d^Aragon,  pre^ 
itiier  doc  it  TerranoTa,  Tengagea  en  1579  A  Taocompagner 
CD  Flandre  avec  le  tltre  de  gentilhomme  d'bonneur.  Mais 
'I  ne  paratt  pas.  SToir  fait  long  s^jour  dans  ce  pays,  et  les 
Jeiuiftres  aniites  de  sa  Yie  se  pass^ent  dan«  sa  Yille  natale, 
oft  il  mourut,  vets  1620.  Son  extreme  modestie  le  porta, 
pen  de  temps  avanl  sa  mort,  k  faire  brOler  tous  ses 
potoea ;  mala  qiielques  amis  en  STaient  conserve  des  co- 
llies, que  don  Louis  Tribaldos  dc  TolMe  put  faire  impiimer, 
cb  1616.  Ba  oat  416  rfimprimte  depuis  dans  la  collection 
de  Ramon  Fernandez  (Madrid,  1785  et  1804),  etseoom- 
poaent  de  soonels,  de  canzonea,  d'd^ea  et  de  T^ogue  si 
edibre  intitnl^e  Ttrsi,  le  principal  tHre  de  gloire  deFlgue- 
roa,  et  qui  hii  a  vaiu  une  place  dans  la  Galatea  de  Cer* 
vantte.  Avec  Boscan  et  Garcilaso ,  il  fut  un  de  ceux  qui 
contrtboteBt  k  introduire  le  goOt  italien  dans  la  po6tie 
OBpagnole;  et  il  versifiait  ^ement  bien  en  italien  et  en 
e^Mignol. 

FIGUIER9  genre  de  la  (limille  des  mor^,  ayant  pour 
type  le  JIguier  eommun  Ofctu  earica,  L.),  arbre  origi- 
naire  dea  pays  mMdionaux  de  la  Grhce  :  la  Pliocide,  la 
Dtolie,  TAttique,  TArgolide  et  la  Laconie  en  dtaient  couyer- 
tes;  maia  les  andena  estimalent  par-dessus  tout  le  flruit  du 
figoSer  qui  croissait  dans  Ttle  de  Naxos,  le  long  du  Bibli- 
Bos.  Attjourd^ui  le  fignier  est  naturalist  dans  tons  les  cli- 
mata  cbands  de  llBurope;  en  Ahrique,  dans  toutes  les.con- 
tr^es  qui  aToisinait  le  rirage  de  la  mer ;  en  Am^rique,  dans 
toutes  les  proYinces  du  midi,  et  dans  la  plopart  des  grandes 
\H»  dont  la  temp6«tore  a  quelque  rapport  aTec  le  ciel 
d'ltalie  on  d*£spagne.  Ses  produits  sont  trte-lucratifs  pour 
les  ProTon^ux  et  les  habitants  du  Langoedoc,  qui  le  cul- 
tiTont  par  ebampa  comma  I'oUvier.  On  pretend  qu*il  a  M 
apportt  dans  ees  contrto,  600  ans  ayant  J.-C,  par  les  Plio- 
c6eBs,  foadateors  de  Marseille. 

Le  figoier  a*tiive  en  France,  en  Espagne,  en  Italie,  de 
cinq  k  bnit  mMres.  Sa  cime  s*arrondit  en  dOme  comme  eelle 
do  ponuBier,  et  r6pand  antour  de  sa  base  un  large  cercle  de 
fralcfaear  qui  prot^e  tea  radnes  contre  I'ardeor  du  solell 
et  la  sfehcresse.  Get  arbre,  dans  les  pays  cbands,  crolt 
dPuB  sent  Jet,  comme  noa  arbres  firoitiers,  et  n'^tale  ses  ra- 
meanx  qu*&  une  certaine  Imutenr.  On  en  a  vu  en  Provence 
de  plna  de  deui  mitres  de  circonf^&rence;  mala  transports 
aoua  UB  oUmat  moins  favorable ,  oomroe  dans  le  nord  de  la 
Fnttce,  il  d^ntee,  et  ne  Ibrme  plus  quHm  buisson  dpais, 
da  la  hanteor  de  troia  k  quatre  mitres  au  plus,  brancbu  k 
putirdea  nudnea,  et  dont  les  rameaux  les  plus  vigoureux 
atleigneBt  avee  peine  Sa  grossenr  da  bras.  L*icoroe  du  fi- 


guier  est  Usee,  d'un  vert  fonci  sur  le  trenc,  mais  d'un 
vert  moins  fonci,  et  rude  au  toudier,  aur  «es  Jcunes  poos- 
ses  ou  rameaux ,  qui ,  cpmme  le  dessous  oes  feoUles,  sont 
converts  de  polls  courts  et  nombreux.  La  graine  que  pro- 
duisent  ses  deurs,  monoiques,  est  comprimte,  apptodiant 
de  la  grosseur  et  de  la  forme  d*un  grain  de  poudre  de  chasse 
ordinaire ,  et  entourfe  d*une  pulpe.  C*est  la  rtenion  de  ces 
graines  en  nombre,  daas  nntirienr  de  Tinvolucre,  qui 
forme  le  fimit  connu  sous  le  nom  defigue^  qui,  soit  dit  en 
passant,  mOrit  parlaitement  sans  qu*il  aoit  bcsoiu  de  reoou- 
rir^la  caprification.  Lesfiguesqui  oecupent  le  basdes 
ramules  sont  les  plus  prices  et  en  gtoiral  les  plus  gros- 
ses :  en  Provence,  on  les  appdle>ipt<e5-/letir<;  oelles  qui 
naissent  vers  rextrimitS  des  ramules  roOrissent  deux  4  trois 
mois  plus  tard  que  lea  aotres.  La  (euille  du  figuier  a  dans 
sa  forme  quelque  chose  d'iK^gant  :  elle  est  longue  environ 
comme  la  main  ital^,  ichancrte  en  coeur  k  sa  (ase,  munie 
d*un  pitiole,  et  ivid^  r^liirement  sur  ses  bords  en  trois 
on  dnq  loba  presque  obtns;  aussi,  lea  andens  la  prenaient 
lis  ftouvent  comme  nx>dde  pour  des  omements  d'ardii- 
lecture. 

Le  figuier  est  un  arbre  spongieux,  lactescent  et  tris-po- 
reux ;  il  lalsse ichapper  I'iti  de  ses  rameaux,  quand  il  nVt 
pas  tourmenti  par  lasdcheresse,  une  grande  surabondance 
de  liqueur,  qui  se  condense  k  Tair  et  forme  une  espice  de 
gomroe  ^lastlqoe  semblable  au  caoutchouc.  Le  figuier  exige 
peu  de  culture;  il  suffit  de  lui  donner  un  labour  au  prin- 
temps,  de  le  renouvder  avant  I'hiver,  et  de  jeter  de  temps 
en  temps  autour  des  radnes,  sans  les  en  couvrir,  qudques 
mannes  de  bon  ftimier.  Cependant,  conune  il  est  sujet  au 
frold  et  k  d^xirir  quand  il  est  pris  de  s^cberesse,  il  faut  V^U 
Farroser  souvent,  et  k  Tapproche  de  Tbiver,  sMl  menace 
d'dtre  rigoureux,  lui  garantv  le  tronc  avec  de  la  longue 
paille  et  en  jeter  aussi  sur  ses  radnes,  en  le  recouvrant  de 
terre.  On  cite  comme  une  exception  remarquable  le  cildire 
fytrier  de  Reailver,  C*est  dans  Tile  anglaise  de  Tttanet, 
coDtrte  peu  favorable  k  la  longSvitS  d'un  arbre  ausd  dili- 
cat  que  le  figuier,  que  cet  arbre,  plants  par  les  Remains, 
a  v^u  de  treiie  k  seize  slides. 

En  Provence  et  dans  les  pays  oi^  on  cultive  le  figuier  par 
grandes  exploitations,  on  fait  s^er  les  figues,  et  on  en 
fait  des  envois  considdrables  dans  toutes  les  provinces  du 
globe.  Les  figues  ont  ^ti  regard^  en  tout  temps  comme 
un  aliment  tris-sahi  et  tris-lavorable  au  corps.  Les  athlifes 
autrefois  s*en  alimentaient.  Z^non  et  quelques  pytliagori- 
ciens,  qui  en  avaient  fait  longteinps  leur  nourriture  exdo- 
sive,  pr^tendaient  que  leur  usage  1&tait  propre  aux  Agita- 
tions philosophiques  et  4  la  conservation  des  bonnes  mceurs. 
Les  figues  fratches  sont  plus  faciles  k  digirer  que  les  figues 
sicbes,  mais  ce  sont  ces  deralires  qui  Jouent  le  plus  grand 
rOle  dans  la  m^edne  moderae.  On  kia  oonseflle,  soit  par 
dicoctions  ligires,  soit  dans  de  Teau  ou  do  lait,dans  les 
phlegroasies  aiguis,  les  toux  siches,  les  pleur^ies,  les  pSri- 
pneumonies,  les  douleurs  n^hr^tiques ,  Tesquinande ,  les 
fluxions  aiguis  des  gendves,  la  petite  virole  et  la  rougeole; 
en  un  mot ,  dans  toutes  les  afTections  patliologiquea  contre 
lesquelles  11  est  nteessaire  de  diriger  ime  puissance  midicale 
6molliente.  On  s*en  sert  ausd  comme  cataplasmes  pour  les 
tumours  Inflammatoires.  L*exp^ence  a  dimontrS  k  nos 
midecins  modemes  que  d  Tusage  dea  figues,  comme  ali- 
ment, Stait  salutaire  aux  bommes  sees  et  ardents ,  et  en  gi- 
nSrai  k  tous  les  peuples  des  pays  chauds ,  11  itdt  pen  favo- 
rable aux  personnes  faibleset  cachectiques,  aux  fiBmmea 
chlorotlques,  aux  viefilards  dicripits,  aux  hommes  attemts 
de  profonds  chagrins,  ou  Uvrte  k  une  vie  sidentdre;  enfin, 
aux  habitants,  en  gSnird,  des  contrtes  froides  et  des  pays 
baa  et  humides. 

Le  figuier  a  joui  longtemps  dans  Tantiquiti  d*une  grande 
cSI^briti;  tous  les  peuples  de  la  Grioe,  les  Carthaginois  et 
les  Romains  lui  avdent  voui  une  espice  de  culte  :  les  uns 
le  regardaient  comma  un  present  des  dieux,  et  I'avalent 
consacr^  k  Mercnre,  k  Saturne  et  k  Bacdius;  les  autres  ei^ 


4S0 


FIGUIER  —  FIGURE 


oouronnalent  la  pliipart  dejeun  statues,  et  8*cn  cdgnafeDt 
le  fHuii  dans  les  fttes  publiques. 

Le  bois  du  ilgaler  est  sans  aocane  yalear  dans  le  com- 
merce. Oepeodant  les  semiriers  et  les  armuriers  s*en  ser- 
Yoit  pour  poltr  leivs  oavrages,  paroe  qu^il  s'empreint  fad- 
lemflot,  k  caose  de  sa  nature  spongieuse,  d'buile  et  de 
poudre  d*^meri.  Les  anciens  en  faisaient  si  peude  cas,  quails 
ne  remployaient  que  pour  (Uever  des  statues  h  leurs  dieux 
subalternes.  Le  sue  Acre  et  laiteux  du  figuier  sert  k  la  coa- 
gulation du  lait  pour  (aire  le  fromage,  et&  la  composition 
deplnsieurs  encres  sympathique«.  On  se  sert  aussi 
de  la  liqueur  blanche  du  figuier  pour  fairs  disparattre  les 
cors  et  les  TemieSy  et  on  Temploie  centre  la  l^pre  et  autres 
eianthtoies  dironiquea.  Cette  liqueur  est  trfts-oorrosive. 

Le  nombre  des  autres  especes  du  genre  figuier  s*d&Te 
h  plus  de  cent  L^une  des  plus  curieuses  est  \e  figuier  in- 
dien  (fiats  indiea,h, ),  h  cause  de  son  mode  de  propaga- 
tion. II  pousse  de  ses  branches  de  longs  jets  pendants  qui 
attdgnent  la  terre,  s^y  enracinent,  et  forment  de  nouveaux 
troncs ;  ceux-d  en  produisent  d*autres  de  la  m6me  mani^, 
de  telle  sorte  qu*un  seul  arbre,  s'<Hendant  et  se  multlpliant 
anlsi  de  tons  o6t68  sans  interruption ,  ofTre  une  cime  d*une 
^tendoe  prodigieuse,  pu86e  sur  un  grand  nombre  de  troncs, 
comroe  la  ToQte  d'un  vaste  4diflce,  soutenue  par  quantity 
de  colonnes.  Mais  lea  fruits  du  flguier  indicn ,  globuleux, 
rouges  dans  leur  maturity,  d*un  godt  fade,  douce^tre,  ne 
sont  gnire  recherdi^s  que  par  les  oiseaux. 

Deux  autres  figuiers  des  Indes  ro^rileot  d*6tre  cit^s  :  ce 
sont  le  figuier  ^kutique  (ficus  ^lastica  ),  grand  arbre  k 
feuiUes  elliptiques,  ^paisses,  enti^res,  dont  le  sue  laiteux  donne 
du  caoutchouc  en  abondance;  et  \e  figuier  des  pagodes 
( iictu  religiosa^  L.  ),  encore  nomm6  bogon  ou  arbre  de 
JDieu,  parce  que  les  Indiens  croient  que  Vichnou  est  n^ 
sous  cet  arbre,  quMls  regardent  en  cons^uence  conune 
sacr^;  ce  dernier  donne  de  la  laq  ue. 

FIGUIER  ou  SYLVICOLE,  genre  d'oiseaux  am^cains 
de  Tordre  des  passereaux.  S^pares  par  Buffon  des  fauvettes 
et  des  manges,  auxquelles  Linn^  les  avait  r^unis,  les  fi- 
guiers n^ont  €U  bien  caract^rifi^s  que  par  Swainson.  Leurs 
narines d^oouvertes les  doignent  des  m4sanges.  Comme 
elles ,  lis  Tivent  en  troupes ;  comroe  dies ,  ils  se  suspendent 
aux  rameaux,  vottigeant  sans  cease  de  braucbe  en  brancbe, 
d*arbre  en  arbre,  de  broussaille  en  broussaille,  poor  y  dier- 
cherleur  nourrlture,  qui  consiste  principalement  en  insectes 
et  en  fruits  roous ,  tds  que  les  bfiuaiies ,  les  goyaves  et  les 
figues:  Ces  oiseaux  vifs,  l^rs,  confiants,  fr^uententles  lleux 
habits.  Quelques-uns  out  un  ramage  assez  agr^able. 

On  nomme  encore  figuier  ou  sucrier  figuier  une  esp^ 
du  genre  soui'tnanga. 

FIGUIER  D'ADAM.  Voyez  Bamanier. 

FIGUIERES  (Figtteras),  ville  de  la  Catalogne,  d'en- 
viron  5,000  Ames,  Justement  c^l^bre  par  sa  dtadelle,  ap- 
pd^  Castello  de  San-Fernando,  construite  au  milieu  du 
dix-huitifeme  si^e  par  le  roi  Ferdinand  YI  et  regard^ 
comroe  Tune  des  plus  fortes  de  I'fiurope.  Prise  le  27  no- 
vembre  1794  par  les  Francis,  aux  ordres  du  g^n6ral  P^- 
rignon,  et  qui  y  trouv^nt  un  materiel  immense,  die  fut 
reprise  le  14  Jnillet  suivant  par  les  Espagnols. 

FIGURANT,  FIGURANTE.  Le  figurant  est  cet  6tre  qui, 
au  th^Mre,  semble  plut6t  faire  partie  du  mobilier  de  la  sc^e 
et  de  la  deration  que  de  I'acUon.  Cette  famille  d'acces- 
soires  viTants  se  compose  de  trois  Tari^t^  distinctes,  les 
ehfuristes,  \e&  figurants  et  les  comparses;  le  figurant 
occupe  la  region  mitoyenne;  11  n*a  ni  Tart  du  dioriste  ni 
rinertle  du  eomparse;  mais  il  est  soumis  h  des  devoirs  com- 
plexes et  multiplite.  II  faut  quMl  se  pile  k  toutes  les  con- 
ditions de  la  Tie  dramatique;  sa  forme  varie  k  rinfini,  et 
rimaginatlon  recule  devant  la  diversity  et  le  nombre  des 
transfigurations  quMI  doit  subir.  Depuis  la  nudity  et  les  hail* 
Ions  iusqu'ii  la  pourpre,  le  figurant  endosse  les  costumes  de 
tous  les  temps  et  de  toutes  les  conditions ;  tons  les  Ages  de 
la  Tie,  n  les  reproduit  sur  ses  traits;  il  se  m6le  k  tous  les 


faits  et  il  paroourt  successivement  tous  les  degrte  du  oiait 
et  de  la  vertu;  chez  lui  Thabit,  le  caract^re,  le  raalntfoi, 
le  gesle  et  le  langage,  sont  soumis  k  de  perji^eUes  va- 
riations. Les  mdtamorphoses  gates  ou  sinenses,  terriUes  m 
plaisantes,  basses  ou  dev^,  vidlles  ou  jeunes,  a'accumokot 
sur  lui,  non  pas  seulement  dans  la  mtoie  soir6e»  mais  dau 
la  m^me  pi^e.  Les  figurants  des  scenes  de  vaudeviUe  dna- 
tent.  Dans  les  troupes  nomades,  les  acteurs,  lorsqu'ils  ne 
jouent  pas,  sont  obliges  defigurer,  Dana  la  bi^rarcfaie  ik 
la  sctoe,  le  figurant  est  placd  (brt  has;  il  a'babille  en  com- 
mun,  et  il  a  ordinairement  un  foyer  s^par^  de  odoi  des 
com^diens.  dependant ,  les  locality  ne  pennetteot  pas  liw- 
jours  cette  separation ;  mais  la  morgue  des  comMlensr^tabfit 
les  distances.  II  faut  en  convenir,  Taspect  des  figurants,  qui 
dans  le  Jour  exercent  toutes  sortes  d^^ta,  est  gdoMe- 
ment  pen  attrayant  et  toujours  Toisin  du  ridicule.  Plosb 
seine  est  devde,  plus  le  danger  s'accrott  par  U  oompani- 
son;c'est  lile  secret  de  rincommensurable  hilarity qn'ori- 
talt  jadis  si  fr^quemment  Tarriv^  des  figurants  au  Tli^ltre^ 
Franks. 

Ce  que  nous  venous  de  dire  des  figurants  peat  sTappUqoer 
diux  figurantes ,  mais  seulement  en  ce  qui  conceme  letiavil 
commun ;  les  figurantes,  les  plus  jeunes  du  moins,  aspved 
toutes  k  devenir  actrices,  et  ne  regardent  leur  position  que 
comme  provisoire.  Leur  tenue  est  plus  d^gante  que  celle 
des  figurants,  qu^dles  d^daignent  Souvent  dies  rivaliieBt 
de  luxe  avec  les  comediennes ;  quand  dlea  aont  dmabks 
et  jolies,  dies  resolvent  les  hommages  des  viaitears  et  des 
habitues  des  coulisses.  Un  anteur  en  cr^t ,  un  directeur 
sdduit  par  leurs  charmes,  peuTent  les  dever  tout  4  coup.  Ea 
un  mot,  presque  toutes  out  des  ressources  et  des  esp^ranoes 
que  n*ont  pas  les  figurants.  En  8o6ue,  ellea  sont  coquettes  et 
provocantes ,  dies  dlsputent  aux  actrices  les  odllades  des 
lorgnettes  de  ravant-so6ne.  C*est  par  les  figurantes  que  d6- 
butent  les  Lovelaces  des  coulisses  et  les  roo^  en  babe.  H 
y  a  eu  ^  TOpdra  une  Tari^td  de  figurantes  appdte  snor- 
eheuses;  dies  ^talent  de  la  creation  de  M.  Duponcbd  •  ellei 
portaient  gravement  le  manteau,  la  robe  de  oour  k  queue 
tr«lnante.  Une  demite  classe  de  figurants  et  de  figurantes, 
qu*on  ne  trouve  qu*&  I'Dp^ra,  est  destinte  k  figorer  aux  Uriih 
tains  et  aux  espaliers ,  ce  que  dans  le  monde  on  appeile 
/aire  tapisserie.  II  est  sorti  du  corps  des  figurantes  qod- 
ques  actrices  aimte  du  public.        Engine  Buffavlt. 

FIGURE*  Ce  mot,  appliqu^  aux  arts  du  desain,  est  sp^ 
dalement  consacr^  k  la  repr^ntation  de  lliomine;  oepeo- 
dant, on  dit  qu'un  paysage  est  enrichi  de  fibres  d^homma 
et  d'animaux.  La  figure  de  l*homme  6tant  rob|et  le  plus 
beau  et  le  plus  digne  que  les  arts  puissent  repr^senter,  Tar- 
tiste  doit  surtout  s^exercer  k  dessiner  et  k  peindie  la  figure, 
parce  que  c'est  die  qui  donne  k  son  ouTrage  le  plus  de 
charmes,  et  qui  peut  lui  attirer  le  plus  liaut  degr^  d'admi- 
ratlon.  Comme  la  beauts  de  la  figure  se  retrouve  priad- 
palement  dans  le  nu,  c^est  cette  partie  que  Tartiste  doh  prin- 
cipalement ^dier,  et  c*est  Ik  qu^il  doit  surtont  ticher  d*at- 
tdndre  k  la  perfection  :  pour  y  parvenir,  U  est  n^cessaire 
qu'll  se  livre  k  des  Etudes  anatomiques.  On  dit  dhm  d^e 
qu'il  fait  Isl  figure,  lorsque  apr^  avoir  extoitd  des  tMes  d 
des  dudes  de  pieds  et  de  mains,  il  desslne  eafin  one  figure 
entiire,  qui  souvent  re^it  le  nom  d*acacfdmie,  paroe 
qu*dle  est  trac^  d^aprte  le  modde  pos^  dans  une  des  sal- 
les  de  Tacad^mie.  Dans  un  tableau,  on  d^signe  oomme^* 
gure  principale  celle  qui  en  fait  le  sujet,  et  anloor  de  la* 
quelle  les  autres  figures  viennent  se  grouper  en  queiqus 
sorte  comme  accessoires.  Un  sculpteur  fait  des  figures  en 
terre,  en  pI4tre,  en  bronze  ou  en  marbre. 

On  emploie  g^n^ralement  le  mot  figures  pour  designer 
toute  esptee  de  sujet  grav^,  servant  k  romement  d*nn  li- 
Tre;  ainsi,  on  dit  :  les  oeuvres  de  Racine  ou  de  Boileu 
avec  figures:  un  llvre  de  madiines  ne  peut  bien  serrir 
que  lorsqu'il  a  des  Jl^tiref;  un  grand  nonbra  d*ewnges  ds 
botanioiie  out  616  publi<te  avec  figures. 

En  tennes  de  blason,  figure  se  dit  des  pitas  dont  us 


FiaURB 


481 


ku  est  charge »  et  qui  repi^sentent  une  fiioe  bomaine,  one 
ttte  d'ange,  le  vent ,  le  soleil. 

Le  mot/gure  scrt  k  dteigoer  (oute  esptee  de  dessfn  de 
fleun  on  d'ornenjents  reprtentte  dans  du  Unge  damass^ , 
dans  les  Telonrs  cisel4s,  o«  dans  les  ^toflfes  brocb^  on 
brodto. 

En  astrologfe,  le  mot  figure  sert  k  d^igner  la  position 
de  diff6rents  astm  k  certaine  beure.  En  g^omancie,  en  n^ 
eromande,  on  cmploie  aassi  le  moiJUfure  poar  d^igner, 
dans  IHine ,  la  suite  de  points  jet^  au  basard ,  et  dont  on 
croit  pooVdr  tirer  quelque  boroscope ;  dans  i'autre^  la  re- 
presentation«  solt  en  ore,  soit  en  laine,  soit  en  tonte  autre 
mati^re,  de  la  personne  sar  laqoelle  on  voulait  jeter  un  ma- 
Mice  on  k  laqudleon  ddsirait  porter  bonbeor. 

Ddcbesns  atn^. 

Figure  se  dit»  en  gtedral,  de  la  forme  ext^rieure  d*an 
corps.  On  dit  la  jll^re  de  la  terre,  une  strange  figure 
iThoinme,  Mbienre  cacbte  sous  ]a>t^re  de  Mentor.  En  un 
sens  particulier,  c'est  le  Tisage  de  Tbomme  :  II  est  bien  de 
figure;  jolie  figure  d'enfant  ( wyes  Fagb  )•  Par  extension , 
on  le  dit  de  la  contenance,  de  I'air,  des  maniires  :  J*y  ferala 
nne  strange  figure,  11  signifle  aussi  V€Ut  bon  on  mauvais 
dans  lequd  se  trouve  quelqu'un  relatiTement  k  ses  affaires, 
a  son  erMit  :  Get  bomme  bit  une  bonne  figure  dans  le 
nionde.  Dans  le  langage  de  bi  chaire :  La  figure  dn  monde 
passe  f  80  dit  poor  exprimer  la  courte  dnrie  des  cboses 
de  ce  monde.  Dans  le  sens  purement  mystique,  figure 
dfeigne  oe  qui  est  regard^  comma  image  symbolique  oo  al- 
l^goriqne  :  Joseph  et  Salomon  sont  des  figures  de  Jteos- 
Christ;  I'Agneau  pascal  ^tait  une^l^re  de  TEucharistie. 

FIGURE  (Grammaire  et  RMtorlque),  maniM  de 
parler  qui  a  pour  objet  de  donnar  aux  sentiments  et  aux 
pens^  plus  de  force,  plus  de  TiTscIt^,  plus  de  noblesse,  on 
plus  d^agr^ment.  L'abus  que  les  d^clamateurs  ont  fait  des 
figures,  les  noma  pMantesques  qu^ls  lenr  ont  donn^Ss^  les 
lubdiTlsions  qn'ils  ont  introdoites  k  Pinfini  dans  leor  clas- 
sification, et,  par-dessus  toot,  I'ignorance,  la  friTolit^  du  tuI* 
gaire,  ont  contrlbud  k  discr^iter,  k  ridiculiser  mdme  I'emploi 
de  ces  difl(6rentes  formes  de  style.  Souvent,  pour  Jeter  de  la 
de&Teor  snr  nne  composition  oratoire,  il  a  sufB  de  dire  que 
ee  n*^t  qn'un  tissu  de  figures  de  rMiorique.  Et  cepen- 
dant,  ces  figures,  dont  on  se  fait  une  sorte  d'^pouvantail, 
•ontk»  principaux  organes  de  Tart  d'^crire  et  de  parler; 
c'est  bi  nature  seule  qui  les  a  cr^te;  la  rb^torique  n*a 
fiiit  que  leor  donner  des  noros,  pour  qu*il  devtnt  plus  facile 
de  1m  distinguer  les  unes  des  autres. 

Dans  I'enHuice  des  langues,  les  bommes ,  ponr  se  fkire 
eomprendre,  ^talent  forces  de  joindre  le  langage  d'action  et 
cdd  des  fanages  sensiblesaux  sons  articol^  dd  leur  idiome 
imparbli  :  de  Ui  on  langage  nfcessairement  figure.  Ainsi , 
1*00  a  d4  prendre  au  besoin,  et  par  analogic,  Texpression  d^me 
foule  d'objets  mat^riels,  et  Ton  en  a  revfttn  des  id^  pour 
lesqodles  on  manqnait  de  termes.  Get  usage,  ^bH  par  la 
n^eessiti,  derint  si  fiimilier  par  suite  de  la  f^cilit^  avec  la- 
qoelle fl  mat^alisait  les  cboses  mtaae  les  plus  abstraites , 
qn^Dn  grand  nombre  de  mots  prImitiTement  Invents  pour 
exprimer  des  objets  sensibles  ont  pass^  de  cette  sorte  dans  le 
langage  osoel, el,  par  Tempire  de  lliabitude,  sont  deTenus 
faisensiblement  des  termes  simples  et  prlmitif^  Ce  qui 
proorerait  que  I'origine  des  figures  est  tout  natureile,  c'est 
que  le  paysan  le  pins  grossier,  Thomme  do  people  le  plus 
ignonnt,  ne  saoraient  ooTrir  la  boocbe  sans  faire  usage  du 
style  flgnri :  Ton  dira :  ffut  maison  est  trisiel  Tautre :  Cette 
campagne  est  riantel  Et  chacun  fera  une  figure,  sans  s'en 
dooter.  Dumarsais  (tail  persuade  qu*il  s*en  falsait  plus  un 
jour  de  march^,  k  la  liane,qn'en  plusienrs  stances  acad^i- 
qoes.  Dans  la  conversation  la  plus  indiff^rente,  toot  le  monde 
fait  oontinuellement  des  figures  sans  y  xonger,  comma  le 
boorgBois  gentilliomme  de  Moli^re  Ikisait  de  la  prose  sana 
le  saTolr. 

Ges/fwref  si  d^ri^  ne  sont  done  pas  one  fbtile  inven- 
del'art  Mais  Tart ,  fiddle  imitateur  de  la  nature,  a  dA 


naturellement  s*en  emparer  comme  d*une  pr^cieose  res- 
source  pour  donner  de  la  force  et  de  U  rlTacitA  k  I'etpres- 
sion  dn  sentiment  et  de  la  penste.  En  effet,  qne  seraJent 
r^Ioquence  et  la  po^ie  sans  le  secours  des/f^iirei?  Que 
resteralMl  dans  la  Bible,  dans  les  poemes  d'Homfere  et  do 
VIrgile,  dans  les  discours  de  D^osthtoe  et  de  Cic^itin,  si 
Ton  Tenait  k  les  en  d^pouiUer?  Les  figures  sont  one  partie 
essentlelle  de  Vilocution;  non-seulement  elles  serrent 
de  parure  aux  penste,  mais  aossl  dies  leor  prMent  on  corps , 
dies  leur  impriment  do  mooTcment,  elles  lenr  donnent  la 
vie.  Longtemps  aprte  qoe  la  po^ie  et  TdloqQence  eorent 
fkit  un  merrdlleox  emplof  des  figures,  vinrent  les  rh^teors, 
qui,  Toulant  exposer  la  partie  thdorlqoe  de  Tart  d'ferire, 
eurent  k  cliercher,  a?ec  la  loupe  de  Tanalyse,  ces  diffirentes 
formes  de  style,  k  les  appuyer  d'exemples  bien  clioisis,  k 
les  classer,  k  leur  donner  des  denominations  prteises  et  ca- 
ract^ristiques.  La  iangue  grecque,  si  riche  en  mots  lieii- 
reusement  combing,  leor  foomit  en  abondance  des  term«i 
propres  k  toblir  la  classification  des^f^rei .  Peot-^tre  abu- 
s^nt-lls  queiquefois  de  cette  facility  d'appdUtion ;  peot-^tre 
multipliirent-ils  trop  minutieusement  des  distinctions  ol- 
seuses,  ou  du  moins  trte-subtites.  Quoi  qoMlen  soil,  il  nous 
semble  qu*il  y  auraiteu  plus  de  justice  k  leor  safofr  gr6  de 
leurs  travaox  consciendeox  qu*k  leur  faire  un  reproche  d*a- 
▼oir  impost  des  noms  savants  aux  figures  qu'Us  ont  re- 
marqu^.  Dans  toutes  les  sciences  et  dans  tons  les  arts, 
n'est-il  pas  des  termes  .consacr^ ,  inconnos  aox  personnes 
auxquelles  ces  sciences  et  ces  arts  sont  dtrangers  ? 

On  distingue  les  figures  de  mots  des  figures  de  pens6es, 
Les  premieres  dependent  essentidlement  do  mat^rid  des 
mots ;  les  secondes  n*ont  besobi  des  mots  que  pour  6tre 
toonc^.  Si  dans «  e  figure  de  mots  on  relranclie  tel  ou 
tel  terme,  Itfigxtre  disparatt;  mais  la^E^wre  de  pens^e  sub* 
siste  toujours ,  quels  qoe  soient  les  mots  qoe  i*on  emplole 
pour  Texprimer. 

Les  figures  de  mots  sont  trte'nombrenses  :  il  y  en  a  qol 
consistent  en  changements  qui  s*op^rent  dans  les  lettres  oo 
dans  les  syllabes  des  mots,  comme  Usyncope;  d'aotres 
qui  se  rapportent  k  la  construction  de  la  phrase,  comme 
relIipse,lepl4onasme,  lasyllepso,rhyperbate; 
d'autres,  appelte  tropes,  au  moyen  desqoelles  les  mots 
prennent  des  significations  diCfiSrentes  de  leur  sens  primitif, 
coramela  catachr6se,1a  m4tonymle,lametalapse, 
la  synecdoqne,  Pantonomase,  la  lltote,  l*hyper- 
bole,  Phypotypose,  la  m^taphore,  PalUgorle, 
Pallusion,rironie,l'eupbAmisme,la  p6ri phrase, 
Ponomatop^e. 

Les  figures  de  pens^  sont  celles  qui  condsteot  dans  la 
pehste,  dans  le  sentiment,  dans  letour  d'esprit,  Ind^pen- 
damment  des  paroles  dont  on  se  sort  pour  les  exprimer. 
Leur  fonction  est  de  repr^senter  fld&lement  les  attitudes, 
pour  aind  dire ,  et  les  divers  mouvements  de  Pesprit  et  de 
Pdme  decdul  qui  toil  oo  qoi  parte.  Les  plos  notables  sont 
Pantith^se,  Papostrophe,  la  prosopop^e,  Pex- 
clamation,  Pinterrogation,  la  concession,  la 
gradation,  lasuspension,  la  reticence,  Pinter- 
ruptlon,  Poptation,  Pobs^cration,  hi  commu- 
nication, P6numeration,ete. 

On  distingue  enfln  une  demlMv  sortade  figures,  qo*il  ne 
fbut  confondre  ni  avec  les  tropes  ni  avec  la  figures  de 
pensies,  poisque,  d*une  part,  elles  conservent  aux  mots 
leur  signification  propre,  et  qoe,  dePautre,  ce  n'est  que 
(ies  mots  qu^dles  tirent  leur  qudiPication  :  par  example, 
dans  la  r^tiiion ,  le  mot  se  prend  dans  sa  dgnifkation  or- 
dinaire; mais  d  Ponne  r6p^te  pas  le  mot,  11  o*y  a  plos  de 
tigore  qn*on  puisse  appder  r^tition, 

Afin  de  rendre  plus  sensible  ce  que  nous  venons  de  dire 
sur  les  figures,  nous  emprunterons  k  Marmontd  on 
exemple,  oh  la  plupart  de  ces  formesde  styte  sont  emplojte 
par  un  homme  du  peuple  en  colore  oontre  sa  femroe  :  «  Si 
je  dis  oui,  die  dit  non ;  soir  et  matin,  nuit  et  joor,  dio 
gronde  {antith^e).  Jamais,  jamds  de  repos  avec  die 


432 


FIGURE 


{r^pSlHion),  Cest  une  furie»  un  d^mon  (hyperbole).  \ 
MaiSy  inaUieureiMe »  dis-moi  done  ( apostrophe),  qae f ai- 
Je '&it  (interrogaiion )?  0  del!  quelle  fut  ma  foUe  en  t*^ 
poosant  (exclamation)!  Que  ne  me  sois-Je  plutdt  noy^ 
( optation ) /  Je  ne  (e  reprocbe  ni  ce  que  tu  me  coOtes,  ni 
lea  peinesi  que  je  me  donne  pour  y  auflfire  (pret^rition); 
maifly  Je  fen  prie,  je  t'en  conjure,  laisse-moi  IraTaiUer  en 
patx  (oAs^a/ton)/ouque  jemeure  «...  Tremble de me pous- 
serlibout  (impr^caiUm  tt  reticence),  £llepleure.  Alt!  la 
bonne  Ame !  Tons  allez  Toir  que  c'est  moi  qui  ai  tort  ( ironie ). 
Eh  bien!  Je  suppose  que  cela  soiU  Qui,  je  suU  trap  vif, 
trop  sensible  (concession).  J*ai  souhait^  cent  fols  que  tu 
fusses  laide.  J*ai  maudit,  ditest^  ces  yeux  perfides,  cette 
mine  trompense  qui  m'avait  slfoH  (ast^me ,  ou  louange 
en  reprocbe).  Mais  I  dis-moi  si  par  la  douceur  il  ne  Taudrait 
pas  mieux  me  raroener  (communication)?  Nos  enfants, 
nos  amiSy  nos  Toisins ,  tout  le  monde  nous  voit  faire  mau- 
vais  manage  (inwndration).  lis  entendent  tea  cris,  tes 
plaintesy  les  iqjures  dent  tu  m'accables  (accumulation). 
lis  t'ontToe,  les  yeux  ^garte,  le  visage  en  Ten,  la  t^te 
teiieTel<^y  me  poorsuivre,  me  meuaoer  (description).  lis 
en  parlent  avec  frayeur  :  la  Toisine  arrive,  on  le  Ini  ra- 
conte;  le  passant  teoute,  et  va  le  rdp^ter  (hypotypose).  Us 
croiront  que  je  snis  un  mtehant,  un  brutal,  que  je  te  laisse 
manquer  de  tout,  que  je  te  bats,  que  jefassomme  (gra- 
dation). Maisnon,  Us  savent  bien  que  jefaime,  que  J*ai 
bon  OGBur,  que  je  ddsire  de  te  voir  tranquUle  et  contente 
(correction),  Va!  le  monde  n'est  pas  injuste;  le  tort  reste 
icelui  quiTa  (^phonhne^  ow  sentence).  B€i»s  I  ta  pauvre 
ro^re  m'avait  tant  promts  que  tu  Ini  ressemblerais.  Que  di- 
rait-dle?  que  dit-elie^  Car  elle  voit  tout  ce  qui  se  passe. 
Qui,  j'esp^  qu'elle  m'^coute,  et  je  Tentends  qui  te  reprocbe 
de  me  rendre  si  malheureux.  Ah !  mon  pauvre  gendre,  dit- 
eUe,  tu  mdritais  un  meilleur  sort  (prosopopie)  I  » 

Le  comblo  de  Tart  est  de  savoir  cacber  la  bardiesse  des 
figures  w^ns  une  Elocution  si  naturelle  en  apparenoequ*elies 
ne  soient  en  quelque  sorte  perceptibles  qu*&  la  seule  re- 
flexion. C'est  ik  le  grand  talent  de  nos  plus  iUnstres  ^cri- 
vains.  Dans  Temploi  des  figures  on  ne  saurait  se  passer  du 
Goncours  d*un  jugement  sain  et  d'un  tact  exquis :  sans  quoi , 
ainslque  le  remarque  Voltaire,  le  style >S^r^,  qui,  par 
des  tours  etdes  expressions  convenables,  devrait  flgurer  les 
choses  dont  on  parte,  les  d^figure  par  Tusage  de  tours  et 
d'expressions  manquant  de  justesse.         Chahpagrac. 

FIGURE  (Danse).  Les  figures  d*un  ballet  sont  les 
mouvements,  les  Evolutions  sym^triques  qu>xteutent  les 
cbflBurs  de  danse  de  mani^  k  fonner  un  tableau  agrdable  \ 
Toeil  du  spectateur.  Le  ballet  dansant,  sauT  quelques  excep- 
tions fort  rares,  avait  enti^rement  perdu  dans  le  dix-hn> 
U^me  sitole  Timportance  qu*!!  avait  acquise  comme  pan- 
tomime cbes  les  anciens,  et  que  Ton  cbercha,  avec  assez 
de  maladresse,  k  lui  rendre,  en  France,  sous  Henri  iV, 
Louis XI II  et  Louis  XIV,  enessayant  de  lui  faire  repr^senter 
des  actions  mytbologiques ,  b^roiques,  et  m6me  comiques. 
Quand  les  vers  que  Kacine  introduisit  dans  Britanniciis 
eurent  d^idE,  ditron,  Louis  XIV,  Ag6  de  plus  de  trente  ans, 
k  cesser  de  monter  sur  le  tb^fttre,  et  d*y  danser  des  ballets , 
cette  sorte  de  spectacle  ne  fut  phis  consider^  k  TOp^  que 
comme  un  accessoire,  on  un  intermMe.  £lle  devint  alors  la 
representation  froide  et  inanimEe  d^un  bal  donne  pour  la 
r('*ception  d'un  b^ros ,  pour  la  celebration  d^un  manage,  etc., 
et  partlcipa  de  toute  U  roidenr,  de  toutes  les  grAces  affectees 
de  repoqne.  Bseiit6l,  la  science  du  compositeur  de  ballets 
se  boma  k  regler,  pour  ses  premiers  sujets^  des  pas  de 
trois,  dednq,de  sept,  que  Ton  nommait  entr^^  eik 
coordonner  des  pas  de  progression,  propres  k  ouvrir  et 
clore  le  ballet,  auquel  prenaient  part  les  coryphees  et  les 
choristes  de  la  danse.  Cest  Tagencement  de  ces  pas  entre 
eux ,  la  formation  des  groupes,  leurs  divers  mouvements, 
clialnes  et  entrelacements,  que  Ton  noinma  figures.  L'une 
de  leurs  necessites  classlques  fut  la  symetrie,  et  durant 
plusieurs  siteles  le  iiombre  de  figurants  Upissanl  Tun  des 


cAtes  de  la  sc^ne  dut  se  trouver  nou-seulement  repete  ant 
exactitude  de  Tautre  c6te,  mais  encore  11  fUhit  que  les  pn, 
les  mouvements,  les  gestes  des  bras  et  de  tout  le  corps  Im- 
sent  identiques  et  simultanes.  Ces  cboeurs  de  danseun  as 
paraissaient  appeiessur  la  sc^ne  que  pour  occuper  lesyeai 
du  spectateur,  dans  l^mtervalle  de  repos  des  proniers  sajeti 
dansants.  D^  lors ,  le  maitre  de  ballets  dut  savoir  que  b 
danse  ne  possede  que  sept  pas  fondamentaux,  k^  rexempls 
de  la  musique,  qui  n*a  que  sept  notes,  et  de  U  peintare, 
qui  n'a  que  sept  oouleurs.  Pour  le  premier  de  ces  arts, 
comme  pour  les  deux  autres,  ees  elements,  on  rudiments, 
au  nombre  de  sept,  formerent,  par  un  lieurenx  mSaage, 
une  foule  de  temps ,  de  demi-temps ,  S'enchainements  et 
de  mouvements^  en  nombre  incalculable,  qui  constituaieat 
la  danse  et  les  figures  qui  en  resultaient 

Ce  n*est  que  vers  la  fin  du  sitele  dernier  que  Von  sVisa 
de  penser  que  le  ballet  k  \pi  seul  pent  peindre  une  actioB. 
Never  re,  le  premier,  senUt  que,  rentrant  dans  la  danse 
pantomime  des  anciens,  il  doit  proceder  aiitrement  que  par 
entries ,  que  par  des  pas  de  trois  ou  de  cinq ,  o6  ce  nombre 
d*uidividus  viennent  etaler  des  grftcesde  convention  etpi- 
rouetter  en  mesure,  jusqu^^  ce  que  la  lassitude  les  oblige  k  fidre 
pbice  aux  comparses,  qui  forment  en  cboeur  des  figures  r6- 
guli^es,  plus  ou  moins  agreables  k  VaaU  mais  dont  les  oom- 
biuaisons  sont  bientOt  epoisees ,  et  qui  n^ont  aacun  rapport 
k  Taction.  II  pensa  que  ce  n*etait  pas  par  des  sauts  preclpi- 
tes ,  par  des  tourbillons  violents ,  par  des  gesles  ftarieox ,  dei 
gargouillades,  des  entrechats ,  etdesj{ic-/fac  que  Pap- 
parition  desEomenides  prod  uisait  sur  lethe&tredes  Greef 
ces  effets  prodigieux  dont  la  memoire  est  venue  juiqn*i 
nous.  Noverre  recommanda  done  aux  mantras  de  balleb 
de  substituer  aux  pirouettes^  qui  ne  disent  rien,  desgeslei 
qui  parlent;  aux  entrechats,  les  signes  que  lea  passiens  im- 
priment  k  laphysionomie;  aux  figures  syinetriqneB  et  m- 
guli^es,  des  tableaux  pittoresques  et  vrais.  Qnelqaes  ebo- 
regrapbes  ont  repondu  k  cet  appel.  Mais  sn^  bi  scte  da 
girand  opera  le  baUet  d^action  n*attemdra  k  la  perfectioi 
que  quand  les  acteurs,  appeies  k  le  repr^senter,  oubtienot 
avant  tout  quails  sont  des  danseurs^  ponr  se  rappelerqolb 
sont  seulement  des  mim««,  des  acteurs,  et  qo*ilasedeferool 
entierement  de  ces  manieres  guindees,  de  oes  poses  acad^ 
miques  et  de  convention,  qui  pretent  kcroire  an  ^ectateor 
quite  vont  passer  un  ux  au  moment  souvent  le  plus  path^ 
tique  de  Taction,  VioLLsr-LB-Dcn. 

La  danse  de  societe  a  aussi  ses  figures  ^  amnoes  de  toot 
le  monde,  et  que  la  vieiile  oontredanse,  qui  e'en  m,  a  pris  ^ 
peine  le  som  de  verier  nne  on  deux  fois  dans  sa  longoe  ca^ 
riere,  A  cheque  quadrille,  vous  avei  tongours  lepantahM, 
VM,  la  poule,  la  trdnis,  la  pastoureUe,  Vavani-deus^ 
la  chaineangUnse,  la  chaine  des  dames,  le  mouUnet,  k 
balance,  le  chassi'Croisi ,  le  galops  et  retemdle' ^tteitf 
cfticAa^.Ueureusementla  val&claschottisch,  la  polka 
biredowa,  la  maxnrka,  la  varaoviana,  la  sidlienoe,  et 
une  foule  d*autres  tourbillons,  plus  ou  moins  exotiques,  lo&l 
venus ,  depuis  quelques  annees,  essayer  de  varier  raotiqoe 
repertoire  de  nos  salons,  en  rejeitantenfin  sur  le  second  plan 
la  contredanse  suranneeet  ses^f^ures  centenaires. 

FIGUBE  ( GdonUtrie ).  Cemot  se  prend  daasdeuxacoep- 
lions  difrerenteSi,  Dans  U  premiere,  il  signifie  en  general  ur 
espace  termine  de  tons  les  c6tes,  soit  par  des  surfaces ,  soh 
par  des  lignes.  SMI  est  termine  par  d^  surfaces*  c*est  na  so- 
lide;  s*il  est  termine  par  des  lignes,  c'est  une  surface.  Dans 
cesens,  les  lignes,  les  angles,  ne  sont  pas  des  ji^tira. 
La  ligne ,  sqit  droite ,  soit  conrtM ,  est  plutAt le  tenaeetla 
Ibnite  d^une* figure,  qu^elle  n'est  une  figure.  Au  reste,  oa 
appliqueplus  souvent  lenom  dejl^ureaux  anr  faces  qu^aoi 
s elides,  qui  conservent  pour  I'ordinaire  ce  dernier  non. 
La  geometric  considere  les  figures  ^ales,  semblablts 
(voyez  SiunjmntE)f  Equivalent es,  etc  Les  figures , 
ou  plutdt  les  surfaces,  se  clasaent  en  planes  et  comrbes. 
Les  surfaces  pbines  sont  dites  reciUignes,  curviliifus,  oa 
mixtitignes,  suivant  qu*dles  sont  termincfes  uniquaiics*' 


fkr  dM  l)g(l«i  ^>l«*|MiqiMmelit  |Mr  des  lignea  courbes, 
«u  pftrtieparteiignesdroitesy  partiepardeslignescoorbet. 

M^r»,  pris  dam  la  seconde  aeceptioo,  signifiela  repr^ 
■eDtation  bhe  tar  ie  papier  de  rokjel  d*iiii  tMortoie,  d'un 
pniblteie,  pour  a  rendre  la  dteiODstraUon  ou  la  aolutkm 
ptM  Mle  It  ooBceroir.  En  ce  sens  une  aimple  ligDe,  on 
angle*  etc.,  aoot  dei  fyures,  quoiqu'ila  n^en  adent  point 
dans  Ie  premier  aena.      D*ALBnBikT,  de  FActd.  d«i  leieBeei. 

FIGURlS  (Sena).  Vofez  Sana. 

FIGURES  (Nombrea).  On  nomme  aind  dea  auites  de 
nombrea  que  Pon  obtient  de  oettemani^re  :  ayant  toit  lea 
nombrea  1, 3, 3, 4, 5,  etc.,  on  igoate  auooesaivement  chaque 
terroe  ft  tona  oeux  qui  Ie  pr^cMent;  on  a  lea  nombrea 
1, 3, 6,  10, 1&,  etc. ;  operant  de  ro^me  sor  ceux-ci,  on  ob- 
tient la  nouvelle  auite  1, 4,  to,  20, 3&,  etc. ;  on  continue 
afaisi  IndMnlment. 

Lea  nombrea  i,  S,  0»  iO,  15,  etc.,  ont  M  appeMa>^r^, 
en  conald^ration  d'ane  analogic  gfom^trique  (acile  k  aaisir : 
OB  peut  toujoura  former  one  mfiuMjigure  (un  triangle) 
vnc  antant  de  pointa  qu'ib  oontieonent  d*onit^;  ce  qui 
reaaort  ^idemment  do  tableau  d-dessous  : 

1  3  e  10  15 


-tlUoe 


4(lj| 


qoe  Ton  prolongera  autant  qn'on  Ie  vondra  :  oea  nombrea 
fignrte  aonl  dila  trUmgulaires,  Ceox  de  la  aoite  1, 4, 10, 
90, S5,  etc,  aont  dita  pyramidaux,  paroe  que  Ton  peut, 
avee  autant  de  pointa  qu'ils  ont  d*unit^,  former  dea  pyra- 
niidea,  oomme  noua  Tenona  de  former  dea  triangiea  aTce 
lea  prteMentB.  Lea  nombrea  triangolairea  et  pyramldaux 
nfritent  aeols  Ie  nom  dejigur^,  car  II  n>  a  paa  de  figure 
qui  alt  plua  de  troia  dimensions.  Ce  n'eat  done  que  par  une 
noavelle  analogie  que  Ton  a  appel^  figiwrU  lea  nombres  qui 
juWent  lea  pyramidaux.  On  appdle  encore  nmnJbru  /^ 
rtff  du  premier  ardre  lea  nombrea  natorels ;  du  second 
ordre,  lea  nombres  triangnlalres;  du  traisiime  ordre, 
lea  nombrea  pyramidaux;  du  quatriime  ordre,  oeux  qui 
Tlenneot  aprte;  etc 

Cea  suites  ont  beauooup  occupy  d*iUu8trea  analystea ,  par- 
tienli^rement  Pascal,  L'HOpital,  Jacques  Bernoulli,  parce 
qtt*eilea  ont  la  propri^  de  donner  lea  coefficients  des  diverses 
poiaajnoea  d'un  binOme,  et,  par  aoite,  de  serrlr  k  determiner 
Ie  nombro  de  combinalaona  d^une  clasae  donnte;  ce 
font  oea  suitea  qd  constituent  iefuneux  triangle  arlth- 
m^tique  de  Pascal.  Mala  dies  n*ont  plus  aucune  impor- 
tance depoia  la  dtooverte  de  la  Id  connue  sous  lenom  de 
bindmede  Newton, 

Lee  nombrea  pol  >  gonea  ont  qudquefoia  ^t^  confondua 
avec  lea  nombrea  figurte;  mais  ils  en  dlfi^rait  en  ce  qu'ila 
ne  d^TCttt  paa  comme  cenx^  d'une  mtaie  progreaaion 
arithm^tique.  E.  Mbrliiox. 

FIGURE  DE  LA  TERRE.  Fbyes  Tebrb. 

FIGURES  DE  UCBTENBERG.  Voyez  £ucni. 
cnt,  tome  VIII,  p.  463. 

FIGURINE.  Quelqudois  en  emploie  ce  mot  pour  de- 
signer des  figurea  de  trte-petitea  dimenaiona,  plao^ea  dana 
un  tableau,  oo  plut6t  encore  pour  de  peUtea  statues  antiques, 
erdinairement  en  bronxe,  representant  des  divldtes  des  an- 
dcQs.  L^usage  est  malntenant  de  les  designer  sous  Ie 
nom  de  statuettes.  On  appelle  encore  Jl^urinef  cea  peUtea 
atatnelles  en  plAtre  quoTendent  les  moulenrs,  et  surtoutdea 
Jfdicna  dits  marchands  de  figurines, 

figurine  eat  anasi  Ie  nom  que  Ton  donne  It  de  petitea 
eatampea  reprisentant  dlTors  objets,  an  bas  deaqueUes  sent 
tracda  lea  iaitidea  ou  mfime  lea  noms  enUers  de  ces  objets. 
Gee  eapteea  de  figurines  serrent  k  apprendre  k  lire  aux 
cnfanfa. 

PIL9  corps  cylindrique,  aoiipic  et  plus  on  mdns  ddid. 

luroup  de  oorpa  sent  suscaptiblis  d*4tre  tranafomda  en 
nicr.  ipB  LA  oonrsas.  *  t.  ix. 


Wt  par  I'operdion  du  filago;  mda  tea  matitoaa  qua  Pod 
emplde  Ie  plua  ordindrement  k  cet  usage  sent  Ie  lin,  Ie 
cbanvie,  leeoton,  la  laine,  lasde,  Ie  pdl  de  plusieiirs  ani« 
maux,  etc  Un  fll  bien  eonfectionne  caase  sous  Ie  m6me  pdda, 

qudle  que soltsa  longueur.  Sa  force se  mesure  par  Ie  pddsqoi 
Ie  foit  rompre.  Sa  finesse  a'appr^de  par  Ie  rapport  du  poida 
d'une  eertdne  quantity  de  filli  aa  longueur;  de  \k  r^sulte  Ie 
numirotage.  Comme  none  I'aTona  dit  k  rarticle  DtTtooia .  Ie 
11,  en  aortant  des  metiers  en  fin ,  est  mis  en  echeveaux; 
chiuiue  ecbereau'renferme  10  echcYettes  de  100  roMret«,  par 
consequent  1,000  mMres;  aprte  les  avoir  pes^s  on  met  ensem- 
ble tons  les  ecbeveaux  qd  ont  Ie  m^me  poids,  et  Ie  nombre 
qull  en  fout  pour  former  un  demi  kilogramme  donne  Ie  nu- 
mero  du  fil:  ainsi,  un  fll  de  colon  etant  an  n*  150,  cela  vent 
dire  que  150,000  mdrea  de  ce  fil  p^nt  une  liTre;  Ie  plus 
bant  numero  indlque  done  Ie  fll  Ie  plua  fin.  On  est  arrive  ea 
Anglelerrejnsqu*an  n*  400. 

Lea  flia  se  distinguent  en  sHnpUs  d  en  report,  en  ^citit , 
Manehis  d  teints, 

Les  flte  de  colon  an^lesaoQa  du  n*  143  d  les  fils  de  lafne 
biancheou  tdnte  sent  prohibeadlesfils  d'un  numerosuperieor 
sodtariresk40oo50pour  lOOdelenrvaleur.Jusqu'aumdsde 
de  juini834  la  prohibiticA  aur  lea  fils  de  colon  detout  genre 
avail  ete  generale.  L'Anglderre,  qd  avail  en  la  premiere  Pa- 
vantaged^employeraur  une  grandeechdle  lea  precedes  meca- 
dques  poor  la  filature  du  Hn,  avdt  fini  par  aoquerirsur  nous 
une  immense  auperiorite:  auad  lea  Importaliona  de  fit  en 
France  sretdent-eUesaccruesavecunerapidiieefrrayante.  De 
dvea  redamationa  a'eieverent  akira,  mala  rederant  sana  resul- 
td  pendant  plualeora  anneea.  En  1841 II  fUlut  aviser,  d  une  Id 
eteva  li  11  d  12  pour  100  de  la  vdeur  les  droits  sur  les  fils. 
Cettemesnre  demeura  impuiasante.  L'importation  anglaise  ne 
se  deTdoppa  pas  mdns  dana  les  pluagrandes  proportions.  Le 
20  Jdn  1842  une  ordonnance,  sigide  d*ni%8nee,  porta  lea 
drdts  du  larif  k  20  poor  100  de  la  valour.  Cependant  on  y 
ddrogea  en  Ikveur  de  la  Bdgique^  qui  continua  par  exception 
k  ne  payer  que  le  larif  de  1841. 

F1L(  Coiitoi/erie),  en  psdant  d'un  inatrument  trancbant, 
sedH  delapropriete  qu*on  donne  li  uncouteau  k  un  rasoir,  etc 
de  diviaer  plua  ou  mdna  focilement  certdnes  mdieres  en 
rendant  Tangle  que  forment  aea  deux  plans  aussl  aigu  qoe 
possible.  C*est  presque  toujoura  an  mo jen  de  pierres  k  d- 
guiser  qu*on  donne  le  fil  aux  tranchanta.  Qudquefois  on 
renverse  le  fil  d*un  dsean  en  le  frottant  do  meme  cOte  au 
moyen  d*un  morceau  deader  trempe.  Lea  ebedstea,  les  tour- 
neura,  etc,  renversent  sou  vent  le  fil  de  qodquea-una  de  leurs 
outfla,  oe  qd  les  rend  propresi  terminer  certains  ouvragea 
avee  i^nsdenetteie.  Le  mof;^  ed  une  pdllcole  aana  eonsla- 
tance,  laqudle  pend  k  rextremlte  d*un  trancbant  qui  vient 
d'etre  passe  sur  la  meule.  On  detache  le  morfil  avec  la 
pierre  k  aiguiser. 

Passer  aufilde  Vip4e,  c'ert  tuer  des  bommea  k  coopa 
d'epee  :  cdte  expression  ne  seralt  plus  exaote  au]ourd*bul; 
noa  epees,  de  forme  triangnldre,  ne  sent  dan(Fereuaea  que 
par  la  pointc 

FILAGE^madere  de  filer  tonte  substance  fliamenteoae, 
telle  que  lecb  an  vre,lelin,lalaine,  leooton,  lasoie, 
etc  L*art  d'execnter  le  filage  ou  de  filer  remonle  k  la  plua 
baute  antiquite ,  car  plusleurs  nationa  redament  llnvention 
du  fosean.  Ils  ed  d  utile  It  I'bomme  que  les  Ones  en  ont 
attribiieiHnTentionkMinerve,  lea  Lydlens  liAraehne, 
lea  Chlnola  k  leur  empereur  Tao,  etc.  II  oonsiste  en  ge- 
nerd  k  former  avee  lea  eiementa  on  lea  brins  d*une  matiere 
filamenteuse  qudconque  un  cyllndre  plua  ou  moina  groa, 
plus  ou  mofais  fin,  d  d'une  longueur  iDdetermfade.  Cea  brina 
aont  distrlbues  k  eOtd  d  A  la  soHe  lea  una  des  autres ,  d  aur 
une  machine  qd  lea  tortille  ensemble  pour  rendr  tons  lea 
fils  en  foisceau.  Lorsque  le  fil  n'ed  paa  defodneux,  tous  cea 
cylindrea  forrnds  doivent  avoir  le  meme  poida.  H  fliut  auad 
avoir  egard k la  eoulenr  du  fil,  k  sa  Uanchewr  d  auilout  k 
sa  force. 

Le  mode  du  filage  varie  sdon  la  matiere  k  laqudle  on 


414  FILA6E  — 

TappUqiM*  CMd  da  ehantre  «i  du  Un  le  (kit  de  U  m^me 
D)ani^»  k  cause  de  ranakicie  des  substances;  mafsy  . 
comme  le  lin  est  beaaeoup  plus  soople,  plus  fin ,  on  le  file 
k  un  degr6  ou  nuindro  beauooup  plus  ^?^  Le  produit  du 
ti&sagedtt  lihsert^ladenteile,  Itlabatiste^tandisque 
eelui  dn  cban? re  est  employ^  aux  toiles  k  voile,  aoi  cor- 
da^  et  k  tons  lestissus  quieiigentde  lafoice. 

On  a  quatre  rnqjens  pour  op6rer  ce  filage ,  le  fuseau^ 
to  rouei  de  la  bonne/emme^  Itrouet  du  cordier,  et  les 
machines  d'in?eiitUMi  plus  rteente.  On  salt  que  la  premiere 
mani^re  consiste  k  disposer  les  uatitos  k  filer  sur  une 
qiienotiUle  que  la  fileuse  place  k  ses  o6tte;  arec  une  main 
elle  distribue  ^ement  les  brins  du  fil ,  et  avec  Tautre  elle 
fait  toumer  le  fuseau  pour  donner  au  fil  le  tors  convenable. 
Ce  fil  s^envide  autour  du  fuseau;  et  pour  Tunlr ,  la  fileuse 
le  mouilie,  soit  arec  de  la  salhre,  suit  avec  de  l*eau  coute- 
ttue  dans  un  gobelet.  On  ne  penserait  pas  que  ce  moyen 
procure  un  trte-beau  fil.  CTest  cependant  celui  qulest  pr^rd 
poor  coudre  et  pour  fUre  de  la  dentelle.  II  se  vend  de  7  fir. 
it  3,000fr.la  lifie.  Leyfto^e  otiroti  e^esttrteconnu.  Une  roue 
met  en  mouvement  une  brodie,  autour  delaquelles'enroule  le 
fil.  L* Anglais Spence  raperfectionn6,en  ce  que  sur  lesien 
le  fil  se  rpuie  ^galement  sur  toute  la  longueur  de  la  bobine. 
LtJUage  au  rouei  de  cordier  ne  s'applique  qu'au>U  de 
c  arret,  hdjllageaoee  les  machines  est  une  opdration  tout  k 
faitm^caniquedont  Tasageestpresque  universel.  Onaobtenu 
un  plein  succte  pour  filer  k  la  rotoinique  le  ooton  et  la  laine 
cardte,  et  on  a  cherch^  k  en  avoir  une  semblable  pour  le 
Un  et  le  chanvre,  Le  proUtaie  6tait  trte*difficlle,  et  pour 
aider  k  vaincre  tous  les  obstades,  Napolton  avait  propose  le 
prix.  d*|ia  million.  Les  premi&res  reeherches  n'ont  pas  M 
satisfaisantesy  roais  la  persdvtence  des  m^canidens  est 
venue  i  boot  des  prindpales  difficult^.  Les  frires  Girard, 
qui  out  M  s*^tablir  en  Autriche,  ont  le  plus  approcli^du  but. 
Leur  systems  de  macbine  se  compose  de  peignes  conttmis 
qui  se  modifient  de  heaucoop  de  mani^es ,  et  qui,  placds 
entre  deux  paires  de  laminoirs  ^tireurs,  agissent  sur  la  nna- 
ti^re:  on  ne  ddcoope  plus  les  matiires  fllamentenses,  et  on 
ieur  laisse  toute  leur  force. 

Quej  que  soit  le  systtase  de  filage  qu*on  adopte,  le  but 
prindpal  qu'on  se  propose  d'attetndrey  c'est  d'obtenir  one 
rotelie  d*une  grosseur  nniforme,  pas  trop  tendue,  et  dans 
laquelle  tous  les  6l6ments  du  Itt  ou  les  brins  soient  dans 
un0  direction  parall^le.  Divers  systtoea  amteent  ces  r6- 
Rultats  au  OKiyen  de  machines  k  filer  le  Ifai.  Toutes  ces  ma- 
chines se  0Nnposent  d'nn  assei  grand  nombre  de  pitoes 
dont.oo  peut  oependant  rteumer  ainsi  I'^nomtotion  i 
1' tambour  6taleur,  ou  syst^ede  peignes  continns,  ou  ees 
deux  machines  jofaites  ensemble;  3*  macbfaie  k  dooMer  et 
k  ^tirer  les  rubana;  S*  un  boudinob;  4*"  on  bobinoir,  et 
5*  machine  k  filer  en  fin. 

Dans  )b  filage  du  lin  et  du  chanvre,  0  dut  que  lea 
pdgnons  soient  du  mteie  poids..  La  premiere  op^ratloti  a 
pour  but  d*obtenir  un  premiier  niban  d'une  grosseur  irr^- 
li^re,  mais.sa  longueur  et  son  polds  sont  constants.  Le  tam- 
bour de  la  machine  peut  recevoir  quatre  de  ces  mbans. 
Lorsqn'ils  sont  finis »  on  les  rompt  prte  de  la  Ifsitee  et  on 
lea  porte  apx  machines  k  4tirer»  aprte  les  avoir  mis  dans 
dea  pots  de  fforrblanc.  Les  peignes  eootinus  ont  ^  mddiflte 
de  plusieiirsmani^resy  et  Ton  doit  k  M.  Lagorsay  on  mo- 
dule qui  prfeente  de  grands  avantagss.  Aprte  que  les  pei* 
gnes  ont  r^pU  lenra  fonetkmsy  vfent  Fop4ntlon  de  VHirage 
et  doublage ,  qui  a  pour  ofajet  de  raodre  le  ruban  pailU- 
tenent  ^gal  de  groaseor  partoot ;  ensuile  celle  du  houdinage^ 
dent  Tobjet  est  de  donner  une  yk^tstt  torsion  au  ruban  fiuL 
Dans  les  machines  k  filer  en  An»  les  gros  num^xM  sont  fiMs 
saaa  passer  la  mtebe  au  boudinoir,  et  quant  au  filage  en  fin, 
U  ne  prtente  pas  aatantde  difficult^  que  les  pr^rationat 
Lb  n  qui  provfent  du.  filage  des  6tou  pes  sert  k  fUre  dea 
1 41es  d*emballage,  de  tfitltire,  etc.  CvX  aux  AuRtais  qu'on 
Jpii  IttA  luetlletirc!^  jiiadiines  pour  filer  lesXonpeH. 

\^w^  le  filafe  de  la  laina  irasse  on  cardde,  la  laine  <tant 


niAIRES 

d^ijli  lav^,  ^plucbie  et  trite,  et  prtte  A  snbir  Pop^ralioD  dn 
filage,  la  premiere  operation  est  le  battage  el  le  dimilage. 
On  passe  la  Uine  A  la  machine  k  ouvrar,  ou  diable ;  eugite, 
on  lul  fait  suhir  un  second  battage  ou  dtoftlage ,  et  on  Is 
ventile.  Aprfes,  on  huile  la  laine  avec  de  FhuUe  d'oliveda 
mMiocre  quafit^,  dont  on  met  un  quart  La  car  de  en  fin.oo  a 
loquette  produit  des  boudins  d'une  longueur  trte4)omte.  On 
emploie  des  enfants  k  les  souder  bout  A  bout,  et  A  les  placer 
derri^re  la  machine  qui  sert  A  filer  en  grus  on  en  doux. 
Pour  filer  en  gros,  une  machine  appelde^eanne/^e  suflit;  ri 
Ton  veut  tiler  en  fin,  i I  en  fant  deux.  C*est  A  James  Har< 
greaves  qu^on  en  doit  Tiavention.  Le  metier  eniin  ne  dttt^rs 
point  de  la  machine  pr^c^ente.  Uestseulement  aliment 
par  de  la  m^che  pr^parte  k  la  machine  en  gros. 

Pour  le  filage  de  hi  laine  peignte,  ies  proc^dds  difllrcnt 
essentieliement.  II  faut  Id  que  le  fil  soit  uni  et  form^  ds 
brins  parall^es,  comme  le  sont  les  fils  de  ooton  et  de  tin. 
M.  Dabo,  de  Paris,  est  le  premier  qui  ait  mis  en  activity  ds 
bonnes  machines  k  filer  la  laine  peignte;  sont  venos  ensuite 
MM.  Declanlieux,  Laurent,  J.  Collier,  etc.  Actuellement,  on 
a  des  machines  qui  Glent  parfaiteinent  la  hiine  de  cacha- 
mire,  hi  bourre  de  sole  maide  a  la  laine  et  tout  autre  me- 
lange de  mati^res  filamenteuses,  soit  qu'on  les  prisealB 
peiffites  ensemble  ou  s^par^ment.  Les  Anglais  ont  des  m^ 
tiers  fort  simples  pour  faire  les  m^mes  operations. 

Le  filage  do  coton  nous  est  vena  de  TOrient,  et  prindpa- 
lement  des  grandes  Indes,  oh  les  enfants  mteoe  sont  flbit 
adroits  pour  extoiter  ce  travail,  car  avec  la  quenouille  et 
le  fuseau  seulement  lis  filenMe  coton  avec  une  finesse  tdle 
que  nos  machines  d'Europe  ne  peuvent  pas  Patteindre.  Get 
art  ibt  transport!^  en  Italic,  ensoite  dans  les  Pays-Bas,  dTou 
il  passa  en  Angleterre.  Ce  fut  lA  que  se  firent  les  perfection* 
nements,  dont  le  plus  Important  fut  celui  de  Arkw  right 
Dto  oe  moment  \e  filage  au  laminoir  fut  d^coovert.  Au 
reste,  le  coton  se  file  comme  la  labe,  en  gros  ou  en  doux, 
et  en  tin.  C'est  au  moyen  de  mulUjennys  que  se  font  ks 
deux  opdratlona  :  s'il  s*agit  du  filage  en  fin,  on  peut  anssils 
faire  par  continu.  C*est  par  un  autre  procMd  qu'on  tire  le 
fil  de  sole  des  cocons.  Y.  db  Moiioa. 

FILAGE  (Corderie),  Voyez  Corde. 

FILAGRAMME.  Vopez  Fiugrakb. 

FIL  AIRES  9  vers  intestinaux ,  qui  ont  pour  caract^res 
g€n4riques  un  corps  cylindrique  fiilforme,  ^lastique,^, 
lisse,  ayant  une  bouclie  terminale  plus  ou  moms  peroep- 
tlbte,  simple,  k  I^vres  arrondles.  Les  filaires,  que  Ton 
rencontre  dans  toutes  les  parties  des  anhnaux,  sont  eitrft- 
mement  abondants  dans  la  nature,  car  on  ouvre  peu  ds 
quadruples  et  d'oiseaux  sans  en  rencontrer ;  les  Inaectes 
roftme  en  sont  fk'dquemment  infectfe.  lis  paraissent  phis 
rares  chez  les  poissons  et  les  reptiles  On  en  a  observe 
dans  le  ventre  et  autres  cavitte  du  chevai ,  dans  les  iotes- 
this  du  lion,  de  la  marte,  du  llivre,  dans  l*ahdomen  du  Isu- 
con,  la  tftte  de  la  chouette,  U  poitiine  de  U  comeille,  daas 
les  intestins  de  hi  poule  et  de  la  oouleuvre,  dans  les  cavity 
des  scarabies,  dn  griUons,  des  chenilles,  etc.  Sur  trds 
esp^ces  de  filaires  parasites  de  Tesptee  humaine,  deux  seat 
encore  bien  pen  connaes :  oe  sont  le  filaria  hnmehialis  et 
le  filaria  ocuU ,  dont  le  nom  rappelle  les  organes  06  on  ki 
a  rencontrds ;  11  n'en  est  pas  de  mtoie  6u  filaria  medinensls, 
volgairement  wr  de  M6dine,  ver  de  Gtcin^,  ou  enoort 
dragonneau,  Ce  dernier  vit  prindpalement  aous  la  pent, 
oh  11  occasionne  sou  vent  un  dnorme  abcte,  et  se  trooTs 
snrtout  chez  ies  honmies  qui  habitent  les  contrfes  chaodss 
de  I'anden  monde,  rAbyssbiie,  la  Gnhi^,  TArabie  Pttrte, 
les  bords  du  golfe  Persique ,  de  la  mer  Caspienne  et  du 
Gange.  Sa  longueur  atteint  qudquefois  ]iisqu*A  quatre  m^ 
tres,  mals  son  ^paisseur  ne  d^passe  pas  3  ou  4  uiiUiitiitres. 
Pour  extraire  ce  parasite,  on  saisit  Pune  de;^  extrtaiil6, 
eton  Tenroale  antourd^un corps  allonge,  A  i*axe  duqodoa 
fait  op^rer  chsque  jour  un  certain  nombrs  de  rolatioiis, 
siiivant  la  parfie  du  ver  qui  peut  Atre  mise  A  rextericur.  On 
nesanrait  trap  prendre  de  prtaiutioBsdaBaoetteop^nfioiy 


FILAIRE  —  FILASSE 


4t5 


'sir  fef  Alafres  <ie  M<kline  sont  TiTipirw,  6t  coidim  c'est 
ofdiiuiKineDtIa  famelle  que  Ton  trouTe  parasite  de  llumuiiey 
si  00  la  briae  en  la  retirant,  lea  Jeunes  filairea  qui  reatent 
alon  en  grand  nombre  dans  la  plaie  y  occaalonnent  de 
violates  dooleora,  et,  loin  d^avoir  €bi  eoW^^  le  genne  de 
Is  maladie  a  ^  ao  contraire  moltiplM  h  I'extrtme. 

Comment  oea  filairea  aMntrodoiaent-ila  dana  lea  tiaaaade 
PhommeP  Ce  fait  est  encore  inexpliqo^.  En  Afrique,  soi- 
Tutropinion  Tulgaire»  on  en  prendrait  le  gerroe  dana  lea 
endroits  martageox  loraqu^on  Ta  a'y  d^aalt^rer.  «  En  se- 
rait-U  de  cee  helminthea ,  ajoote  M.  P.  Gerraia,  h  qui  nona 
Avoos  empraot^  la  plupart  de  cea  d^taila,  comma  dea  gor^ 
ditM,  des  mermi3  et  de  certalna  filairea,  qui  sont  certai- 
Dement  ext^rieura  pendant  nne  partie  de  lew  existence  et 
l»arasites  des  insectes  pendant  une  autre  P  » 

FILAMENT,  antMtantif  employ^  pour  dfeigner  en  bo- 
taniqoe  on  en  anatomie  des  fibres  tellement  petitca  qae 
I'ceil  pent  k  peine  les  distinguer.  C'eat  done  un  aynonymede 
/Mile;  on  dit  x  filament  nerveux,ftlixment  eharnu  et 
tissu  filamenieux,  c'est-lnlire  compost  de  petites  fibres. 
On  appelle  du  mtoe  nom  des  fileta  glaireni  ou  mudlagineux 
que  I'oQ  troQTe  dana  rnrine  des  calculeox  ou  dana  le  pro- 
doit  d*origanes  8<$crdtolre8  atteints  de  reUchement. 

FILANGIERI  (GaI^mi  ),  Pun  dea  publiciatea  lea  pins 
distingu^  du  dix-huiti6me  si^e,  naquit  k  Naples,  le  18 
aoftt  17&3,  de  Cter,  prince  d'Araniello,  et  de  Marianne 
Montalto,  fllie  du  due  de  Fragnito.  Fllangieri  fut  destine  dht 
To^ee  par  son  pto  h  la  carri^re  dea  armes  :  k  TAge  de 
de  sept  ans  11  ayait  un  grade  dana  un  des  r^ments  du  roi, 
et  n  comment  son  senrice  k  quatone.  Pendant  longteuips  on 
le  cmt  incapable  d'ancune  tode  litt^raire,  parcequ'il  n*aTait 
fait  aacon  progrte  dana  la  langue  latine ;  malsU  prouva  bien- 
tdt  que  le  d6go(kt  qu'il  avalt  montr^  d*abord  pour  cette  lan- 
gue tenait  au  Tice  des  m^odes ,  et  non  k  la  portfe  de  son 
Intelligence.  En  eflet,  un  Jour  il  aper^t  une  erreur  qn^avait 
ooomiise  le  prfoepteur  de  aon  fi^re  aln^  dans  la  solution 
d*on  probltote  de  gfom^e;  il  la  dtoiontra  au  roattre.  En- 
oooragd  par  ce  premier  sncote,  il  quitta  le  aerrice  pour  ae 
livreraux  adenoea  et  4  la  philosophle,  si  blen  qu*li  Tlngt 
tns  fl  savait  le  grec ,  le  latin ,  lliistoire  ancienne  et  modeme , 
les  prineipes  du  droit  natui^  et  dea  gens,  lea  acfences  ma- 
ttiteiatiqiiea,  etc 

IMa  lora  il  ne  songea  plus  qu'ft  se  criec  un  nom  parmi 
les  puUidstes  :  H  d^uta  par  le  projet  de  deux  ouTrages, 
I*un  8ur  raucatfon  publique  et  privte,  Pautre  sur  la  morale 
des  princes,  fondde  snr  la  nature  et  Tordre  social.  Ces 
deux  ouTrages  ont  k  peine  M  commencds;  mala  les  idte 
quIU  deraient  oontenir  ont  trouTd  leur  place  dans  le  grand 
travail  auque!  Fllangieri  doit  sa  renomm^  La  direction 
Boofelle  dteson  esprit  le  Jeta  dans  la  carri^re  du  barreau , 
oik  il  obtint  bientAt  de  nombreux  succte.  Toutefois,  le  mou- 
venent  et  racti?itd  dea  afTaiies  ne  lui  firent  pas  perdre  de 
▼oe  les  granda  traTaux  auxqueb  il  aTait  r6iolu  de  se  consa- 
crertout  entier.  Fllangieri,  commeBeecaria,  son  contem- 
penun,  s^^tait  de  bonne  lieure  enthousiasmA  pour  lea  prin- 
eipes de  la  phfloeopble  fran^aise,  et  I'occaaion  deles  proda- 
DMrsepr^senta  hient^t  FOangieri  prit  chalenreusenient  la  de- 
fense d'une  ordonnanoe  royale  ayant  pour  but  d*anidliorer  la 
inttiee,  et  qui  e^ioignait  aux  Juges  do  rootlTer  leurs  senten- 
ces; la  magistrature  et  lebarreau  jetaient  les  bauts  cris  eontre 
cette  r^forme«  dont  il  d6niontra  les  bienfaits.  L*toit  quMl 
pnblia  k  cette  occasion  dteotalt  une  tode  profonde  et  blen 
•entiede  Monteaquleu.  LeministreTannucd,  liquirouTrage 
teit  d^di^y  Toulut  t^moigner  sa  reconnaiaaance  k  son  Jenne 
d^fenseur,  et  I'attin  k  la  eour.  Dte  ce  moment,  Fllangieri 
quitta  le  barreaa  poor  se  partager  entre  diffdtaitea  fondions 
decour,  qu'il  reroplit  snccessirement,  et  lea  tra?aux  de  la 
idenoe,  qnll  B*abandonna  jamais,  el  qu*il  d^posa  dans  le 
grand  ouvrage  qui  Adt  aujonrd^bui  sa  gloire ,  aous  le  litre  de 
\^ScUnudela  MAgitUUUm. 

Void  coaunent  Fllangieri  lui4ntaie»  dana  aon  pr6ambule, 
p  expliquele  plan. » Ceiouvrai^e  sera  dltfs^  en  sept  Vntph 


Dansle  premier,  J' txpoeerai  lea  regies  gMndes  de  h  fdeaov 
de  la  Mglslation;  dans  le  second,  je  parleral  dea  loia  poii« 
tiquea  et  doonomiques;  dans  le  troisitaie,  des  lols  erimf- 
ndles;  le  ddrdopperai  dana  le  quatritoe  cette  partie  de  la 
sdeace  de  la  legislation  qui  regaide  I'^ducation,  lea  luoenrs  et 
rinstruction  publique ;  le  dnqnitaie  aura  pour  objet  lea  loii 
rdatives  k  la  religion;  le  sixifeme,  les  lois  rdatlTes  k  la  pro- 
pria; le  septi^me,  enfln,  sera  cooaaerd  k  parier  des  lola 
qui  ont  rapport  k  la  puissance  patemeile  et  au  bon  erdre  de 
la  families  » 

Lea  deux  premiera  livrea  parurent  en  I78e,  el  le  troiaitoie 
en  1783.  Fllangieri,  qni  vendt  d'dpouser  Oarolinede  Frendel, 
noble  hongroise,  directrice  de  TMucation  de  HnTante,  8»- 
conde  fille  du  roi ,  se  d<lmH  de  see  emploia  mUitairea  et  de  sea 
cbargea  k  la  coor,  pour  se  livrer  entiiremeiit  aux  jouissances 
de  rdtnde  et  du  bonbeor  domestiqoe.  II  se  retire  dans  la 
petite  Tille  de  Cava;  et  ce  fut  U  qu^O  terlTit  son  quatiitose 
livre,  pubSid  en  1784.  II  ae  mil  aussil6t  aToc  ardeor  4  la  rd- 
dacdon  du  dnqultew;  mala  sea  forces  ddja  dpuisAes  par  dea 
efforts  excesdfe,  ne  lui  permirent  pas  de  eentinuer  aTCC  la 
mdme  activity;  sa  santd  Tobligea  k  laisser  dana  son  tnvail 
de  frdqoentes  iacunea;  et  il  n'avan^  plus  qu'arec  lenteur. 
D'autres  intemiptiona  lui  surrinrent.  En  1787 ,  le  noovean 
roi  Ferdinand  IV  Pappda  dana  aon  conaeil  soprftme  dea  finan- 
ces;  et  dte  ce  moment  les  fonctlons  adminiatratiTes  Pabsor- 
bteent  tout  entier.  Sa  santd  s*altdra  de  plus  en  plus ;  one  nui- 
ladie  grave  de  son  filsalnd  et  nne  oooche  naalheureuse  desa 
femme  Paffedirentprofonddment,  etil  pritle  parti  de  se  reti- 
rer,  avec  toute  aa  famllle,  k  Ylco-Equense,  qui  appartenait  k 
sa  sceur ;  mais  11  n*y  jodt  paa  long  tempa  du  repoa  qu*il  a'dta»^ 
promis :  aprte  Tingt  jours  d'one  douloureuae  maladie,  ilsuo^ 
comba  le  21  juillet  1788,  Ag6  seulement  detrente-dx  ans.  La 
premitee  partie  du  dnquitee  line,  qu'il  avdt  rdd^te  a?ant 
de  fflourir,  a  dtd imprijode  k  la  suite  dea  quatre  premiers; 
on  n'a  retrouvd  de  la  seconde  partie  que  la  division  par  cha- 
pltres. 

Fllangieri  eol  le  sort  de  tons  ceux  qui  tenteni  des  innova* 
lions :  certdns  passages  de  son  livre  (urent  nwligncment  in- 
terprdtds,  et  la  Selmice  de  la  Ugistation  fut  mise  k  Pindex 
parun  dteret  du  0  fi^viier  1784.  L'ouvrage  de  Fllangieri  se 
signde  par  des  etudes  profondes  et  consdendeunes ,  et  I'on 
s'explique  llmmense  succte  qui  I'accodllit  dans  toutes  lea 
partiea  de  PEurope.  La  Science  de  la  l4gisUUion  est  bien  su- 
pdrieore  k  Poeuvre,  plus  restreinte,  de  Beccaria.  Oea  deux  ou- 
▼rages,  emprdnts  du  mtaie  esprit  et  sortis  de  la  mtaie  dcole, 
ont  eu  sur  les  esprits  et  snr  la  Mgislation  une  action  qu'on 
ne  saurdt  nier.  Cesl  U  encore  une  belle  gloire ;  ^{ootons  que 
dans  odte  gloire  conunnne,  la  plus  grande  et  plus  soHde 
part  appartlent  de  droit  k  Fllangieri. 

Fllangieri  avdl  encore  projetd  deux  oorragea,  qu'il  comp- 
tdt  pnbUer  dana  la  suite.  Le  premier  derail  Mre  Intllold : 
iVttooa  Sdmua  delU  Sdenu;  son  objet  eftt  did  de  ddcouvrlr 
dans  cheque  sdence  les  vdritda  prindtivea,  etde  lea  ramener 
k  une  vdrild  plna  gdndrale  dt  aupdrieore  k  toatea  lea  antres : 
projet  dminemment  pbilosophique ,  et  peutpdlre^udessus  des 
forces  de  Pintdligence  bomalne.  Le  second  ourrage  derail 
dtre  intituld  :  ITifloirf  civile  ^  univenelle  etperpituelle; 
n  dtdt  destind.  It  propos  dea  histdrea  partleuliiras  de  toutes 
les  nationa,  k  ddvdopper  Phlstdre  gtedrale  et  conslante  de 
Phomme,  de  aes  facoltds,  de  ses  pencbania  et  dea  consd- 
quences  qui  en  rfoultenldans  la  varidtd  inflnie  dea  oonstitu  • 
Uona  dviles  et  pdlliques  s  projet  plus  vaste  encore  que  le  pre* 
mier,  mais  qd  atteste,  comma  Pautre,  un  esprit  supdrieut 
et  une  tendamoe  pbiloaophique  pen  oommune. 

E.  M  Cnanou 

FIL  A  PLOMB.  Koffes  Apu>m  el  Nmuu. 

FILASSE  9  rebut  du  pdgnage  du  chanrreoa  do  Ha.  L*d> 
coroe  dea  tiges  filamenteuaea est  tapissdek  llntdrieur  de  fi- 
bres courtead  moina  textiles  que  odles  qol  recouvrent  Immd- 
diateroenl  le  boia.  Gea  fllamenta  courts  d  plus  rddes  sont 
agglutinda  et  comma  edlda  k  Pdeoree  par  une  esptee  de  glu 
yoo|nn*rdainenae.  yopdiitlon  4a  roqissaie  dtto  beny** 


436 


FILASSE  —  FILE 


coop  eetta  nibstanoe,  et  alon  l€8  fibrflles  pfluvent  se  d^ta- 
cber.  On  s^ranoela  fiUaM,  on  la  peigne,  et  elle  prend  alors 
le  Dom  d^4toupe»  Dans  oet  ^tat,  elle  jooit  de  propri^t^ 
qui  r^loignent unpen  dnchanTre  et  do  lin  dechoix,  mats  la 
rapprochent  d^antant  du  eoton.  La  filasae,  ou  ^upe«  est 
fort  en  vsage  dans  la  flibrication  des  cordages  qui  n'exigent 
pas  poor  leor  emploi  un  grand  degr^  de  force  et  de  ttoacit^. 
On  en  liiit  anssi  des  toiles  grossieres  et  de  pea  de  durte. 
On  a  soumis  I'^toupe  k  de  nombreux  procMes  m^cantques 
et  mtaoe  chimiqaes ,  pour  la  rapprocber  de  plus  en  plus  de 
la  texture  du  coton  et  mime  de  la  soie.  Nous  avons  vu  pren- 
dre plusieon  breretsdlnvention  pour  tous  ces  procM^;  mais 
il  ne  paralt  pas  que  le  succte  ait  compl^tement  r^pondu  anx 
esp^mnces  qu?on  avait  con^oes.  Pbloozs  p^re. 

FILATURE 9 manufacture  ouTon  fabrique  des  file  li 
Taide  de  madiines  (ooyes  Filacb).  Les  filatures  sont  les  grands 
^tabh'ssementa  industriels  les  plus  nombreux  en  France;  eUe 
en  possMo  prte  de  raiUe.  Les  demiers  documents  ofBciels 
public  en  Angleterre  portent  le  nombre  des  brocbes  dans  les 
filatures  de  coton  du  Royaume-UnI  k  un  chiffre  de  21  mil- 
lions. 11  y  a  quatre  ans,  on  ^valuait  le  nombre  des  brocbes 
existant  en  France  k  prte  de  5  millions.  Quoiqull  se  soit 
notablement  accru  depuis  cette  ^poque,  ce  nombre  n^arriTe 
h  peine  encore  qu'li  6, millions.  L'Alsace » k  elle  seule,  ren- 
femie  an  moins  1  million  de  brocbes ;  la  tille  de  Lille  en 
coutient  prte  de  500,000.  La  plus  grande  filature,  non-seu- 
lement  de  France,  malt  de  tout  le  continent,  estli  Molhouse : 
1 10,000  brocbes  y  sont  en  mouvement  11  est  difficile  de  ae 
faire  une  idte  de  ce  gigantesque  atelier.  Mnl  house  est 
d^ailleurs  la  cit^  rrine  de  Tfaidustrie  du  ooton;  c^est  dans 
cette  Tille  et  dans  la  rayon  dont  elle  est  le  centre  que  nos 
manofiictures  peuvcnt  Itre  compar^es  sans  trop  de  dte- 
Tantage  aux  plus  belles  bbriques  du  oomt6de  Lancastre,en 
Angleterre.  Isolte  dans  les  montagnes,  les  Tastes  ^tablisse- 
menta  de  Guebwiller,  Munster,  Wesserling,  dont  le  r^me 
dconomique  et  moral  est  si  cnrieux  k  ^tudier,  i^anissent 
de  50,000  k  00,000  brocbes,  sans  parler  des  ateliers  de 
tissage  et  dimpression  qui  y  sont  annexte. 

FIL  D'ARCH  AL.  Foyex  Fil  m  ran. 

FIL  DE  CARET*  Voye%  Gibbet,  Gqbdb,  CoanAGi,  etc. 

FIL  D^^GOSSEy  esptee  particulite  de  fil  de  coton 
rond,  imitant  le  grain  du  oordonnetet  le  brlllant  de  la  soie, 
ordinaireroent  dMgnte  dans  le  eommeroe  iooa  le  nom  de 
fils  eablis.  Ce  fil,  qui  demande  k  Itre  fabriqn^  aTCc  du  co- 
ton  de  premier  diolx ,  est  foma^  de  )  ou  3  flia  trte-retors, 
Il  la  difli^rencedes  aotresfils  de  coton,  qui  n'ont  que  2  on  4 
fils  simples,  et  qu*on  appelle  JiU  plats,  n  est  doux  au 
toucher ,  caase  difficilement  et  s^^Tcnte  pen.  Comrae  ii  est 
de  beauooup  pr^f^rable  k  toutes  les  autres  esp^ces  de  fits 
de  colon ,  il  8*en  fait  une  consommation  immense.  Le  fil  d*^ 
coese  re^it  Element  Men  toutes  les  eouleurs  qu'on  Teut 
lui  donner ;  cependant  le  Uanc  et  le  noir  Temportent  Mir  les 
autres  nuances.  Les  bas  et  surtout  les  gants  dltsde^E/  ef'i'- 
eofse,  recliercli^  princlpalement  k  cause  de  leur  durte  et 
de  la  fralclieur  qu'ils  proeurent,  attestent  snfflsamment  les 
quality  prMeuses  de  ce  fil. 

La  d<^nomination  de  jf<  dPteoise  proTient ,  sulTant  toute 
apparcnce,  deeequec'est  T^cosse  qui  la  premie  s'est  Ii- 
Tr^  k  letle  fabrication ;  comma  taut  d'autres  appellations 
en  usage  dans  le  oomroerae,  elle  ne  prtente  plus  de  sens 
depuis  longtempsp  ear  il  exlste  aoJoord*bui  des  Ibbriqoes  de 
cette  esptee  de  fil  dam  une  foule  de  locality. 

FIL  DE  reR.  Cest  une  tige  de  fer  tirte  k  traTers  les 
trous  d*uD  outil  appel^/iii^re.  Le  fer  en  Terges,  pour  ^tre 
amen^  au  degrA  de  recuit  etde  douceur,  de  parfaite  mal- 
IMiilit^,  qui  permet  de  le  rMuira  ainsi  en  fils,  doit  sup« 
porter  des  ehaudes^  des  itirage»  et  des  martelaqes  r^pJi- 
Xihs  ;  noot  le  supposona  id  anient  k  ViM  eouTenalile  pour 
pouToir  Mre  filA.  Sdon  le  diam^tre  des  trous  de  la  fili^re, 
dans  lesqnels  le  fer  a  passd  pour  la  demttre  tois ,  on  obtient 
des  fils  plus  ou  moins  gros,  depuis  cdui  qui  a  environ  13 
i||U)ini^tr^  de  4iam^  jusqu'au  plus  pa,  qui  portcdans  lo 


commerce  le  nom  de  manieordUm,  (Teat  ce  denier  qui  erf 
employ^  pour  les  cardes  fines  k  carder  la  lafane ,  la  suie  el 
le  ooton ;  il  s'en  fait  aussi  une  asaes  grande  oonsomaatioa 
pour  Us  instruments  demusiquek  cordea.  La  fitbricatioa 
des  fib  de  fer,  prindpalenient  dans  les  tebaitilloM  de 
moyenne  groeseur ,  est  trte-consid^rable  en  France  et  11^ 
tranger ,  surtout  depuis  les  nombreux  emplois  qu*on  liyt  des 
toiles  m^talliques.  Les  pays  de  fabrication  les  plus  r6- 
put^  I  r^trangersont  la  Suisse,  TADemagne,  prindpakment 
k  Hambourg  et  aux  euTirons  de  Cologne;  en  Bdgiqoe,  \ 
Li<^.  Cdui  de  cette  TiUe  est  parfait  duis  rordre  da  boot! 
Yient  ensoite  cdui  de  Suisse.  Cest,  pour  la  plus  grands 
partie,  de  Cologne  qu'on  tire  le>lf  Marched  trte-ddi€.  Lh 
Anglais  etles  Hollaiidais  nous  en  apportaient  Jadls  de  grso- 
des  quantity ;  mais  le  perfecttonnonent  des  fabriques  fran- 
^ises  ayant  permis  de  DMSttre  des  entrates  k  oette  impo^ 
tation,qui  faisait  sortir  beaucoup  de  numeraire  de  France, 
pculi  pen  nous  nous  sommesaffranchis  Jusqn'ii  un  certda 
point  du  tribnt  que  nous  avions  aocoutumtf  de  payer  k  X^ 
tranger  pour  le  fil  d'arcbal.  Une  grande  partie  du  fQ  de  fer 
que  nous  apportaient  les  Hollandais  proTcnait  du  relour  de 
leors  flottes  de  la  roer  Baltique. 

En  France,  lesprindpaux  licux  de  fabrication  sont  la  Nor 
mandic ,  la  Uourgogne ,  la  Champagne  et  le  Limousin.  Les 
gros  tehantillons  sont  ordinairement  de  ikbriqne  de  Boor- 
gogne  et  de  Champagne ;  c*e8t  eng^n^ral  le  fii  qni  sort  pour 
border  les  marmites,chaudrons,  etc.  Mais  le  fil  d'arcbal  ds 
Normandie  riTalise  de  finesse  et ,  jusqu'k  un  certain  point, 
de  quality  aToc  cdui  d^Allemagne.  Cette  topographic  do  fil  da 
fer  ne  doit  s*entendre  que  de  la  fabrication  en  grand ;  eUe  as 
serait  pas  rigonreose  poor  lea  ddtaOs ;  car,  depuis  une  treo- 
taine  d'annte  surtout ,  il  s^est  4tabli  des  t r  4  f i  I  e  ri  e  s  daai 
presqoetoos  nos  ddpartements  du  Nord ,  de  Test  et  do  cen- 
tre ,  et  m6me  aux  portes  de  Paris :  nous  pouTona  dter  entre 
autrea  r^blissement  deMontatsire  prto  Senlis. 

Mdnagetirelenom  du>lf  <rarrAa<deaicHcAafeiim(90fex 
Oricrai^que).  D'autres  pr^tendent  que  Richard  Archal  fnt 
le  premier  inventeur  de  la  manite  de  tirer  le  fil  de  for,  d 
qu'il  lui  donna  son  nom.  Pelooxb  pira. 

FILDE  FER  (Pouts en).  Foyes  Ports. 

FILD^R,FlLD'AR6EKT,ele.  FoyesPiUHtfTAUjQOis. 

FILE,  longue  ligne  de  choees  ou  deperMwnw  dispotto 
Tune  auprte  Pautre.  Boileau  a  dit: 

Vingt  earroiiei  bieBt6t  arriTent  i  hJiU, 

lb  toot  en  moins  d«  rien  »wvk  de  plus  de  nille. 

Cest  un  mot  pen  ancien,  n  on  le  prend  sans  un  sens  teehni^- 
qoe  et  dans  l*acception  d*un  nombre  ddlermin^  dliomniei 
de  guerre  plac^  1^  uns  derri^  les  autres,  k  une  distanee 
d^terminte,  soit  k  pied ,  soit  k  choTal.  Longtemps  la  md 
file  dgnifia  troupe  dHine  dimension  qndconque,  dispose 
de  mani^re  k  d^er  ais^ment  ou  m^e  sur  une  senle  ligne. 
Tdle  n'est  plus  son  acception.  Aujourd*hui ,  dana  Tusage  g^ 
n^al,une>f/edMni)mterie  est  un  assemblage  de  deux  ou  troiii 
hommes  presque  jotntife ,  les  uns  derant  les  autres;  one  file 
de  caTslerie ,  Mn  ensemble  de  deux  hommes  k  cheTd,  run 
deTant  Tautre.  Dans  le  dicle  dernier, des  torirains  oonfoa- 
daient  encore  les  temnes  rang  HJUe ,  actuellement  si  dif- 
f($renta.  S'ordonner  par  file  pour  le  combat  ^tait  hmsH^ 
dans  la  diOTderie  de  France ,  paroe  que  cheque  diefalier, 
ne  prenantd^ordre  quede  lui-na^me,  se  rangciait  k  sa  guise. 
Quand  la  dievalerie  se  chaiigea  en  gendarmerie,  force  hi! 
f^il  de  cesser  d^Mre  un  Mie  rul>an  :  die  se  Tit  obfigfe  d« 
restrdndre  son  Afont  pour  la  Ibdllt^  de  la  transmlsdon  do 
oommandement.  En  prenant  aind  de  la  profondeur,  lei 
liommesd'arroesfiran^is  imitferent  I'AHemagne  eti'E«pagne, 
dont  les  troupes  k  dioTd  se  rangealent  k  pen  prte  en  carr^. 
kUk  roanl^re  antique.  A  octte  ^^^i*®*  llnftnlerie  perms- 
nente  prandt  nais8ance;dle  s'onionnalirfaiatirdea5uisM% 
en  donnant  k  ses  >f/es  autant  de  lianteur  que  aon  firont  d 
soft  rangsaTaient  d'^tendiie.  L*artillerlc,  qui  alors  sortait  ds 
Tcufance,  fif  bientOt  repentir  les  ^  |)i|li4MoQa  de  lev  pr^ 


FILE  —  FILET 


4.17 


Ibsteff  nagdrfe.  Le  Mrisson  helT^qae  perdit  faTcur,  et 
Jes  JUn  all^rent  s*acGoard«unt  de  tout  oe  qui  allonge  lea 
ranp.  Lea  /Uet  de  (fii  bominea  du  oommenceiiient  du  r^ 
gne  de  Henri  IV  s'amoindrireat  progresalTeiiieot;  ellea  n*^- 
talent  plua  que  de quatre  en  1755;  ellea  a'arrMftrent  k  troia 
CD  1776. 

Le  rtglement  fVan^b  de  1791 ,  qiii  a  ^  le  rudiment  de 
toatea  lea  inbnleriea  d'Europe,  connaiaaait  dea  /Ues  de 
guerre  et  des  filei  de  paix«  Lea  premiirea  ^talent  k  troia, 
lea  autraa  k  deux  boimnea.  Gette  alternative,  ce  ayatteoe 
Tideux,  puiaqoe  la  pafat  doit  fttre  T^cole  de  la  guerre»  ne 
fut  paa  longtempa  mla  en  pratique,  si  tant  est  qu*on  a'y 
aoit  jamaia  conform^.  L'^tat  perp6tuel  de  guerre  pendant 
ba  quart  de  aitele  ne  permit  que  Tordre  sur  trois  rang^. 
Lea  Anglaia,  qui  depuia  qu*ila  ont  alNindoon^  Tare  n*ont 
Jamais  manoeuvre  qu*k  la  Aran^ise,  ne  furentpaa  des  der- 
nlera  k  a*emparerde  notre  rfeglementde  1791 ;  nuda,  n*ayant 
fait  la  guerre  continentale  que   fort  tard,  a'^ant  habitu^ 
au  m^canisrae  dea  filea  de  paix,  aux  fuaila  d^nne  dimenaion 
proporlionnte  k  cetie  profondeur,  ils  ont  dft  oontlnuer  k 
combatlre  aur  une  hauteur  de  deux  liommea.  Un'  ordre  du 
jour  roodifia,  en  1808,  dana  ce  aena,  Tordonnance  on 
regulation ,  par  un  addenda.   Dans  noa  intenrallea  de 
patx,  la  routine  noua  laiaait  d^wbdr  an  r^lement,  et 
ranger   noa  fantaasina  aur  trob  rangs.  Dans  les  interrallea 
de  guerre ,  la  routine  dea  Anglala  el  le  genre  de  confection 
de  letir  materiel  lea  faisaient  d^beir  au  r^ement  en  com- 
iMttant  sur  deux  rangs.  Au  oommeuGeinent  du  r^ie  de 
Louis-Philippe,  dea  novatcurs,  d^pla^ant  le  centre  de  gra- 
i\i6  et  r^uilibre  des  milices  tmltanteset  imildes,  propos^rent 
lie  ranger  k  Taoglaise  les  bataillons  francs.  L*ordonnance 
de  1831,  pronon^ant  magistralement,  promulgua  mdme  des 
dispositions dont  Yoici  sdrieusementla  traduction.:  « \eA flies 
k  trois  peuTentAtre  bonnes,  ks  flies  k  deux  pea  vent  n*dtre 
paa  mauvaises;  Tinfanterie  adoptera  les  flies  bbiaires  si  elle 
n*adopte  paa  hi  flies  ternaires.  •  Depuis,  on  en  est  revenu 
^nx  files  k  trois ;  cependant  k  i'armde  d'Orient  le  martehal 
commandant  a  fait  prendre  Pordre  paries  files  I  deuxde  pro- 
fondeur,  se  doublant  au  l)esoin.  G*'  Bar  din. 

he  chef  deflle  est  Phomme  du  premier  rang  d'une  jf2e , 
qu^en  bataille,  comme  dans  la  marche  de  front,  les  liommes 
de  la  file  doivent  couvrlr  exactement.  Dans  la  marclie  de 
flanc ,  lea  boromes  de  la  file  marchent  k  hauteur  de  leur 
chrf  de  filr.^  qui  leur  sert  alors  de  guide.  £n  marine ,  le 
chef  de  file  est  le  vaisseau  qui  est  le  premier  de  la  ligne 
de  bataille  tenant  la  t6te  de  Tarm^.  Seire-fiUs,  ce  sunt 
le»  oClicaers  et  sous-officiers  plac^  derri^re  une  troupe  en 
bataille,  sur  une  iigne  parall^le  au  front  de  oette  troupe. 
Dans  la  tactique  navale ,  11  se  dit  du  vaisseau  qui  ferme  la 
li<^e,  qui  marche  le  dernier  de  tous.  Lefeu  defile ,  c^est 
le  feu  d*une  troupe  qui  tire  par>l/e  sans  interruption.  Toutes 
les  fois  qu^one  troupe  est  mise  en  mouvement  par  le  flanc, 
elle  marche  par  file.  Pour  la  faire  changer  de  direction,  on 
Itii  eommande  par  iUe  A  droUe  on  far  file  &  gauche^  et 
la  premiere  file  accomplissant  sa  converaion  dana  un  sens 
tm  clans  I'autre ,  toutea  lea  autres  files  toument  successive- 
iDCDt  U  ob  la  premie  a  commence  son  mouvement.  On 
oompte  U  force  dea  pelotons  par  le  nombre  de  leurs  files 
eiiMMi  parcelul  des  hommes.  La  file  est  l^unit^  du  peloton, 
FILER  (marine).  Pendant  les  manmuvresii  Imrd,  filer 
en  douceur^  c*e«t  l&cher  un  cordage  l^^renient  \  filer  en  re- 
foisr,  c'est  le  lAclier  en  le  retcnant  k  quelque  point  fixe , 
d*o&  il  se  deronle  pen  k  peu;  filer  h  r^a,  c*est  le  laisser 
couler  avec  vitesse,  mala  sans  Tabandonner;  >l/er  en  ga^ 
ran/,  c'estle  Ucheravecprtoiution  eten  le  tenant  en  retour; 

4ier  en  grand  ou  en  bande,  c'est  tout  lAcher,  ou  larguer, 
dana  Paceeption  maritime.  Lorsqu^on  veut  dlminner  la  trop 
forte  tension  d^un  cftble ,  d'un  grelin ,  d'une  manmuvre, on 
Mie  h  la  demande,  ou  par  aaccadea.  Lorsque,  dans  les  at« 
terrages,  on  Tcut  sender  pour  connaltre  la  distance  et  ki  na- 
ture dufond,  onlaissedescendre  librement  dans  Teau  lall- 
wBii  de  food  I  <|iie  le  plomb  entralne  jua()u'k  ce  qii'il  porM) 


aur  le  sol;  c'est  ce  qu^on  appelle  filer  la  ligne  de  sonde. 
Filer  le  lochy  c'est  laisser  gUsser  \h  ligne  du  loch  dans 
le  sillage  du  navire ,  poor  connaltre  la  vitesse  de  la  marche. 
Un  navire  fileun  nonid,  deux  ncrads,  trois  norads,  quand 
dana  Tespace  de  30  aeoondea  II  pareourt  une  fola,  deux 
fois ,  troia  foia  la  longueur  qui  s^pare  les  nceoda  de  la  ligne 
deloch. 

Filer  U  cdbU  par  le  bout,  c*est  laisser  alter  toot  le  cA- 
ble  du  bAtiment  dans  la  mer,  Fabandonner  avee  son  ancre 
en  caa  d^appareillage  urgent.  Lorsqu'un  vaissean  k  raribre 
eat  tourment^  par  dn  gros  tempa,  on  file  du  cdble  pour 
le  soulager.  MeaiJif . 

FILET,  petit  JU.  Ce  mot  a  un  grand  nombre  d'acccp- 
tiona  :  H  signifie  lea  petita  filamenta  qui  se  Tolent  dans  le 
tissu des  chairs ,  des  plantes.  Vn filet  d'ean,  de  vinaigre,  etc., 
eat  un  trte-petit  jetou  conrant  de  cea  liqoldes.  Filet  de  voix, 
voix  falUe  et  delicate.  Filet  debceof ,  de  cbevrenil,  la  par- 
tie  qui  se  live  le  long  delVpine  du  dos  de  Tanhnal,  quand  il 
eatalMttu.  En  typograpbie,  nn  filet  est  une  petite  r^le  de 
fonte  qui  produit  une  ligne  noire  sur  le  papier :  il  y  a  des  filets 
simples,  deis  filets  gras,  des  filets  doubles,  dMjllets  an- 
glais, etc.  Filet  de  vis,  nervure  rouMe  en  biilioe  autonr  du 
cylindre  qui  aert  d^axe.  Filets  d*or,  d^argent,  omements  cir- 
culaires  ou  redilignes  de  oea  nK^nx,  qu*on  applique  sur  lea 
Gonvertures  des  livres,  etc.;  en  orf<$vrerie,  omementa  en 
aaillie  qu'on  rterve  sur  certahu  ouvrages  :  on  dit  ainsi  on 
couvert  k  filets.  En  architecture,  les  filets  sent  de  petites 
moulurea  rcMidea  ou  carrte  qui  en  aooompagnent  une  plua 
grande. 

FILET  ( Piehe),  Ge  nom,  d'une  sorte  de  tissn  I  clalre- vole 
fait  de  diverses  matiires,  prindpalement  avec  de  groa  fils  ou 
petites  cordes,  dont  on  fabrique  dea  iMmrses,  dea  ganta, 
des  chAles,  etc.,  est  ausal  celui  de  certains  instruments, 
confectionn^  de  meme,  et  dont  on  fkit  usage  poor  prendre 
dea  poissons,  des  oiseaux ,  et  m^me  des  quadmpMea.  La 
forme,  la  grandeur  decea  fileta  est  prodlgieusement  vari^ : 
on  en  compte  plua  de  deux  eenta  esptees  dllfdrentes.  Les 
premiers  filets  dont  on  dot  faire  usage  ^talent  apparemment 
des  clayagea  d*06ier.  Mala  comme  ces  appareils  ^ient  n^ 
cessairement  volumineux,  kmrda  et  dilBciies  i  manoeuvrer , 
on  dierclia  k  lea  remplacer  par  dea  tiasns  plus  sooples  et 
moins  pesants.  Une  toile  dont  le  tissu  ^H  trte-Uiclie  pou- 
vait  aervlr,  jusqu*li  nn  certain  point,  k  rempiir  cet  objet ; 
mais  les  file  d'un  semblable  tiasu  pouvaient  se  d^lacer  par 
lea  mouvements,  le  choc  du  poisson,  etc.  On  chercha  done 
le  moyen  de  fixer  cea  Qla  d'une  maniire  invariable  k  des  dis- 
tances  convenablea,  de  sorte  que  le  filet  prtentdt  un  certain 
nombre  de  carrds  ou  de  losanges  de  mtaie  grandeur.  Quoi- 
que  aujonrd^hui  encore  beaucoup  de  ptelieurs  Otbriquent 
eux-mtoies  loirs  filets, dte  1802  le  gouvemement  fran^ia 
acoordaitune  piime  de  10,000  franca  k  llnventeur  d*ttn  me- 
tier propre  k  cette  fiibrication.  D*autrea  machines  ont  paru 
depuis;  mais  aucune  n'eatansai  aatisfeisante  que  celte  de 
M.  Peoqueur,  que  Ton  a  vue  fonctionner  k  I'exposition  de  1 849. 
Les  fileta  les  plus  simples  sent  les  rets,  II  y  ades  fileta 
cyluidriques,  d*autrea  qui  ferment  nn  sac  eoniqoe;  ces  der- 
nlers  portent,  entre  autrea  noma,  celui  de  verveux  snr  les 
rivieres;  oenxqul  serventila  mer  sent  ditaaacf  oucocAei, 
queues,  manches,  etc.  A  la  forme  prte,  cea  flleta  sent 
mailkte  comme  lea  seines.  Parmi  lea  fileta  destine  aux 
oiseaux ,  on  distingue  ieBhalliers  et  le  rafie;  oe  dernier 
ne  s'emploie  que  centre  les  merles,  les  grives  et  les  petits 
oiseaux. 

FILET  (Botanique),  partie  de  P^tamine,  qui  sup- 
porter anther  e.  Lea  fileta  aoBt  qoelqnefols  ai  coorta  qu*ila 
paraissent  manqner,  et  alora  on  dIt  que  lea  anthfcres  aont  ses- 
siles.  Ordhiairement,  Us  sent  pluaou  moina  allongte,  eyllndri« 
queaoo  diargis  en  lance.  Ila  penvent  ttre  librea  on  aoodis  entre 
eux  :  aMIa  sent  aoodte  en  un  aeol  eorpa,  comme  dana  la 
mauve, on  dit  lea  diamines  ntoicufe/pAes;  alls  lesonten 
deux  ou  trois  falaoeaux,  leadtaminea  sont  diadelphes,  tria- 
delphesi  ou  ^fin  folgadelf^^  all  y  «  iw  plua  grand 


4t»  riUBT  — 

noBibrede  Mmmmii.  I^iiMpnDdleiionid'iindropAorf 
lonqati  porte  plutienn  antMres;  s'U  n'en  porte  ^da 
tout,  on  le  dit  stirUe  on  inantMri,  Boitabd. 

FILET  00  FREIN  DE  LA  LANGUE.  II  est  forni^  par  la 
membrane  mnqueuae  de  la  bouche,  qui,  aprte  avoir  quitt^ 
la  partie  post^rieore  de  Parcade  alYtelaire  inrMeore  et  re- 
ooovert  leaglaodes  subliogoales,  m  porte  k  la  face  inf^rieure 
de  la  langue,  en  formantau  niveau  de  laBjmphyse  maxillalre 
on  repli  plus  onmoin8^tendu,reoouTrant  les  muscles  g^nio- 
glosses.  Le  frein  de  la  langue  se  prolonge  presque  jusqo'i 
la  pointe  deeet  organe,  et  laiase  voir  sur  sea  cAtte  les  vei- 
ncs  ranines.  A  droite  et  k  gauche,  ce  repli  est  acoompagnd 
par  deui  franges  dentieoltes ,  analogues  k  plusieurs  aulres 
franges  membraneoses  qui  se  touvent  en  diverses  parties  du 
corps.  Si  le  flrein  de  la  langue  se  prolonge  trop,  il  emptehe 
d*ex6cuter  avec  liberty  tous  les  mouvements  dont  elle  est 
susceptible;  qoelqueTois  son  ^tendoe  et  sa  disposition  sont 
telles,  que  Tenfant  nouveau-n^  ne  saisit  que  diffidlement  le 
sein  de  sa  m^,  et  ne  pent  point  op^rer  la  sucdon  du  ma- 
mdon  avec  assei  de  force  pour  faire  cooler  le  lait  Pour  re- 
m^dier  k  cet  tneonv^uent ,  il  suifit  de  soolever  la  langue 
avec  la  plaque  fendoe  d'one  sonde  cannel^ ,  et  de  cooper 
avec  des  dseaux  ce  repK  membraneux  dans  one  ^tendoe 
convenable,de  manitee  k  ne  point  blesser  les  art^res  rani- 
nes; car  il  se  produirait  nne  htoorrhagie  qu*on  devrait 
arrdter  en  caot^risant  Tooverture  del'art^  au  moyen  d*un 
stylet  rougi  au  feu.  N.  Clsrhoitt. 

FlLEUEyFILEUSE,  cdoi  ooeene  qui  file  ou  qui  est 
employteaux  diterses  operations  du  filage  dans  les  manu- 
factures. On  donneanssi  ce  nom  k  Ton  des  ooTriers  qoi  fa- 
briquentdela  corde.  hd  JUeur  d^or  est  TouTrierdont 
Temploi  est  de  coucher  sor  un  fil  de  sole  le  fil  d'or  ou  d'ar- 
gent  qui  enlace  le  premier.  V .  db  Mol^r . 

FILEUSES  ou  ARAN^IDES.  Vayez  Aoacbnidss. 

FILHEDA.  Voiftz  Babdbs. 

FILIATION  (cut  du  latin  JUius,  de  Oi&c,  fils).  Par 
filiation,  on  entend  en  gto^ral  nne  suite  continue  de  g^n^ 
rations  dans  one  fomllle,  la  ligne  directe  remontant  des  en- 
Cuits  aox  aieox,  oo  descendant  des  aienx  anx  enfants.  Mais 
danslalangoedo  droit,  qoand  on  parlede  filiation,  onn'envi- 
saga  qo^on  seal  degr^  de  parents ,  celoi  de  I'enfant  relative- 
ment  an  pto  et  li  la  m^re.  Le  Code  civil  s'occope  dans  ses 
articles  312  k  SSO  de  la  filiation  des  enfants  l^times  et 
des  preovesde  cette  filiation.  Le  mari  est,  aux  yenxde 
la  lol,  le  pire  de  TenCiuit,  bors  les  cas  ob  il  peut  intenter  une 
action  eh  dteveude  paternite;la  filiation  l^time  de  Ten- 
fant  peut  6tre  attaqute  lorsqu*il  e^t  n6  310  joora  aprte  la 
dissolution  do  mariage.  La  filiation  des  eniants  i^times  se 
prouve  par  les  ades  de  naissanoe  inscrits  snr  le  reglstre 
de  retat  civil ;  la  possession  constante  d^^tat  d'enfant  l^gitiroe 
sufBt,  k  d6faut  de  oe  titre.  La  possession  d'etat  s'^tablit 
par  nne  reunion  sofBsante  de  faits  qoi  indlqoent  le  rapport 
de  filiation  et  de  parents  avec  la  familleii  laqoelle  on  pretend 
appartenir.  Les  prindpaoxdeces  Kiits  sont  qoe  rindivido  a 
toujoors  porte  le  nom  do  p^  aoqod  U  pretend  appartenir ; 
qoe  le  p^  Ta  traits  conune  son  enfant  et  a  poorvo,  en 
cette  qualiie,  k  son  education ,  k  son  antretieD  et  It  son 
etablissement;  qo'il  a  ete  reconno  constamment  poor  td 
dans  la  sodete ;  qo^  a  M  reoonnn  pour  tel  dans  la  fiunflle. 
A  defaot  de  titres  et  de  possession  eonstante,  oo  si  I'enfiuit 
a  ete  inscrit  soit  sons  de  i^ox  noms,  soil  comme  de  p^re  et 
m^re  inconnos,  la  preove  de  filiation  peat  se  Mre  par  te- 
moins,  lorsqoMI  y  a  commencement  de  preove  par  ecrit  oo 
lor^ioe  les  pr^mptlons  oo  indices  reaoltant  des  faits  dto 
lors  constants  sont  asset  graves  poor  determiner  Tadmission 
de  cdte  preove.  La  recherche  de  la  patemite  etant  Interdite 
aox  enfants  natoi^els ,  la  filiation  natoidle  remonte  des  enfants 
k  la  m^. 

FILIGAJA  (•Vincent  oe)  ,  poete  italien,  ne  en  1641, 
k  Florence ,  etait  fils  do  senateor  Bracdo  et  de  Catarina 
Spini.  Ses  premiers  essais  poetiqoes  forent  adresses  k  one 
maltresse<}iie  la  mort  ratlt  bimt^t  h  mn  amoor.  Plot  tard  il 


FILIERB 

epoosa  la  flUe  do  senateor  Sdpion  Cappool.  ReM  m 
fthumpa,  il  y  compoM  00  grand  nombre  de  poesies  en  itifiei 
et  en  laUn,que  les  instances  de  ses  amis  porent  seoles  le  dte- 
miner  k  publier.  Ses  odes  sor  les  difTerentes  victdres  m« 
portees  par  Sobiesk!  et  le  doc  de  Lorraine  snr  les  Tnrcs ,  fs- 
rent  imprim^^  en  16H4,  et  ie  fimt  regsrder  comme  le  pie- 
roier  poete  itilien  de  son  temps.  Cependant  la  gidre  o'lyM- 
tait  rien  h  Texigoiti^  de  ses  ressources  et  ce  ftat  la  rdne  Cbrii . 
tine  qui  la  premiere  vint  ao  secoors  de  FindigeBee  dh 
poete,  en  le  nommant  merotHt*  de  Pacademie  qo'dle  instlbii 
a  Rome ,  et  en  f^e  diargeant  de  pourvoir  k  PedocatioB  de  tm 
deux  fiUes.  Plas  tard,  Filicaja  devint  ansri  Tolijet  dsb 
protection  et  des  favours  do  grand -doc  de  Floreoce,  qd  b 
nomma  senateor  et  secretaire  do  goovemementdeYoUan 
et  ensoite  de  Pise.  Qoand  la  vidllesse  vfnt,  Fiiic^a,  d^ 
vivement  affecte  par  la  parte  de  plusieurs  de  ses  enfhnls,  as 
songea  plus  qu'a  son  saint.  La  mort  lesurprit'le  14  seplen- 
bre  1707 ,  i  Florence ,  au  moment  oh  il  s'occopdt  dhme  Mi- 
tion  desescBuvres  completes,  que  son  fils  Scipioo  fit  psrrftre 
la  memo  annee  sous  le  titre  de  Poe$ie  toscane.  On  estime  nr- 
tout  dans  ses  oeovres  ses  ^Cansoni ;  et  ao  point  de  vne  ly- 
riqoe,  qoelqoes-ons  de  ses  sonnets  sont  regsrdea  comme  da 
diefs-o'cROvre. 

FILII2RE9  instroment  dont  on  fait  nsage  poor  fsfae  pren- 
dre aox  metaux  la  forme  de  f  i  I  s  plus  ou  moins  fins,  oo  di 
baguettes  prismatiques ,  cylindriqoes ,  canndeee ,  etc  II  j  a 
des  fiUeres  simples,  des  filieres  composees :  lesfiUeretsiniptef 
consistent  en  one  plaque  deader  trempe ,  dans  laqodle  aos- 
pratiqoees  des  series  de  troos  drcoldres ,  carres ,  dedivcrM 
grosseors,  mats  semblables  entre  eox.  S*agit-ll  de  convertir 
on  barreao  de  fer  en  fil  d*arcbai,  on  le  fait  passer  de  fbroeei 
succesdvement  par  tous  les  trousd*une  serie,  4  oommeaeer 
par  le  plus  gros :  dans  cette  operation,  11  s^aflonge ,  d  sob 
diametredlminoe.  On  opire  d*une  maniere  semblable  qoand 
on  veut  obtenir  des  baguettes  metalliques  canneiees ,  carreei 
triangulaires,  etc.,  pourvu  que  lestrous  de  la  filiereaisBtli 
(brme  d^un  cane,  d'un  tirangle,  etc.  Pour  les  oovrages  ddi 
cats,  tdsqoe  la  fabrication  des  fils  d^or  employes  dans  la  pai- 
sementerie,  on  emploie  des  filieres  en  pierre  fine. 

Les  Jiliires  eompos6es  sont  de  plosieors  sortes,  soiviBt 
I'osage  aoqod  on  les  destine.  On  les  fait  ordinairement  ea 
ader  et  en  lier.  Si,  par  exemple,  lafiliere  doit  regolarisei 
des  bandelettes  de  colvre ,  soit  lisses,  soit  canndees ,  en  la 
compose  d*on  cadre  de  fer  ou  d'ader,  dans  lequd  mooted 
descend  une  coulisse  que  Ton  presse  k  vdonte,  au  moyea 
d*nne  vis :  le  barreau  de  coivre  que  Ton  vent  regularisev  et 
amindr  est  au-dessous  de  la  coulisse ;  on  le  saidt  par  on  de  te: 
boots  avec  des  tendlles ,  et  on  le  tire  avec  force;  qoand  b 
est  entierement  passe,  on  toome  la  vis,  la  coolisse deacsBd. 
et  Ton  fait  passer  le  barreao  dans  la  filiere  ooe  aeoonde  foia 
d  dnsi  de  soite.  Ces  sortes  de  filieros  se  fixent  sor  Teitfe 
mite  d*on  banc. 

On  donne  encore  le  nom  de  filitm  k  des  ootils  bien  dif- 
ferents,  ceox  qoi  servent  k  former  les  filets  das  vis.  Lea 
fiUtrei  simples ,  dont  on  fdt  osage  pour  talUer  des  via  da 
metd,  sont  des  plaquerd^acier  trempe,  percdes  d^nncer- 
tdnnombrede  trons,  danalesqudsona  introdoit  un  taraod, 
qoi  leor  a  donnd  les  proprieies  de  vis  creusea,  qu'on  appelle 
derottf.  Les  filieres  simples  sont  aujourd*hoi  dt^igDeeadea 
mecanidens ;  on  n'en  fait  osage  qoe  poor  tailler  de  petites  via. 

Les  fiUeres  pour  vis  en  bds  ae  composent  d'une  piece  de 
hois  dor,  td  qoecormier,  pemmier,  etc.,  dans  laqoelle  on  a 
pratique  un  ^rou.  Un  fer  coupant,  qu*on  appdle  le  V,  paroa 
que  son  trenchant  presente  la  figure  de  cette  lettre ,  est  fixe 
k  Tentree  de  recrou,  d  dispose  de  sorte  que  d  Pon 
dans  cette  ouverture  un  cylindre  de  bob  d'une  grosseor 
venable,  le  Y  le  taille  en  vis  dans  une  seule  operation. 

La  fili^e  d  vis  mSiallique  eomposie,  que  les  oovriers 
appellent  improprement  Jlliire  doubie,  ed  un  ootfl  toaU 
d*un  cli&ssis  de  fer  forge,  le  plus  soovent  d'nn  aeol  nor* 
ceau;  il  est  perce  d'un  troo  rectanguldre  plus  oo  moins  loagi 
dans  lequd  00  introdoit  to  coulisse  d^  moroaBn  iWv 


tivinp^ » appei^  eoussinels :  ce  eoot  des  moitys  d*^rou , 
ou  piuldt  des  portions  d'tox)a  moindres  que  la  moiti^,  car 
deux  couftsinets  rapproch^  l^un  contre  l*autre  pr^eotent  la 
forinf  d'un^rou  ovale.  La  fiUere  double  porte  deux  manclies 
plus  ou  moins  longs,  d<nt  I'nn,  taill^  en  tIs  en  partie,  sert 
i  presier  le  eoossinet  mobile  ooutre  la  via  qu'on  taiUe.  La 
fUire  double  a  deux  avantages  sur  lesyf /i^es  simples :  d*a- 
bord,  eUe  permet  de  tailler  une  vis  sans  crainte  de  la  tordre 
ou  de  la  courber;  en  second  lien ,  comme  les  coussinets ,  qui 
flODt  les  coupanto  de  cet  outil ,  peuvent  6tre  rapprocli^  ou 
<cart^  Tun  de  I'autre  k  volontd,  on  a  la  faculii  de  tailler 
del  vis  de  mtaae  pas  de  grosseurs  dlfi^rentes.  II  faut  autant 
de  paires  de  coussinets  qu'on  vent  avoir  de  pas  difll^rents. 

TSYSSfeDRB. 

FlLliZRE  {Blason)y  sorte  de  bordure,  mais  qui  u^a  que 
le  tiers  de  la  b ordure  proprement  dite;  cette  derni^re  ayant 
la  sq)ti^me  partie  de  la  largeur  de  T^cu ,  la  fili^re  ne  doit  en 
avoir  que  la  Tingtnit-unitoie  partie.  La  fili^e  se  distingue 
de  Vorle  en  ce  qu^elie  touclie  le  bord  de  I'^u ,  tandis  que 
I'orle  en  est  d^tacbd  par  un  vide  ^gftl  k  sa  largeur. 

FILIERE  (Entomologie).  Voyez  Chenillb. 

FILIGRANE*  Dans  le  langage  ordinaire,  on  confond 
«ooveot  ce  mot  avec  celui  defilagramtM.  Les  acceptions 
fraies sont  pourtant  bien difTigrentes,  car  la  filagramme  indi- 
que  les  lettres,  les  figures  et  autres  orneroents  que  le  fabri- 
cant  dispose  sur  la  toile  mdtallique  dont  se  composent  les 
fonoesqui  servent  h  faire  le  papier,  tandis  que  le  moifili- 
grane  (tir^  de  Titalien  JlHgrana,  compost  de  filum ,  fil,  et 
de  granum  ,  grain :  filet  k  grains)  d^gne  un  ouvrage  d'orfd- 
vrerie  travaill^  k  jour  et  fait  en  foraie  de  petit  filet. 

Pour  la  confection  de  cette  sorte  delicate  d^ouvrage ,  fl  faut 
employer  du  fil  d'or  ou  d'argent  tir^  k  la  fili^re.  D*abord , 
rouvrier  se  trace  un  plan,  puis  it  sonde  d^licateroent  toutes  les 
parties.  Cette  soudure  est  indispensable  4  la  solidity  de  cette 
fr6le  construction ;  mais  elle  exige  une  grande  l^^ret^  de 
maln-d^ceuvre  et  beaucoupd'adresse,  car  11  faut,  pour  ainsi 
dire,  qu'eile  reste  inaper^oe  par  Tobservateur.  Des  masses 
trop  considerables  ou  p&tons  de  soudure  feraient  un  tres- 
mauvais  eflet.  Le  filigrane  s'ex^cute  beaucoup  plus  fr^uem- 
menten  or  qu'en  argent,  et  en  g^n^ral  la  difficult^  de  la  main- 
d'oBuvre  est  telle  que  Touvrage  iui  emprunte  un  prix  de  beau- 
coop  sup<'rieur  h  la  valeur  du  m^tal. 

L'extrtoie  difficult^ ,  la  d^Iante  lenteur  d'un  travail  dans 
lequel  il  s*agit  de  dissimuler  k  roeil  une  quantity  innombrable 
de  loodures ,  a  ftiit  que  beaucoup  d^artlstes  se  sont  Ingtoi^ 
pour  troover  un  proc^6  plus  facile  et  surtout  plus  prompt. 
H.  Michel,  de  Paris,  a  imaging,  pour  atteindre  ce  but  si  de- 
sirable, le  precede  suivant.  On  sonde  sur  uneplanchede  fer- 
blanc,  en  employant  pour  cela  I'alliage  dit  de  Darcet,  fusi- 
ble i  Teau  bouillante,  du  fil  de  cuivre,  tr^s-fin,  argente, 
eoatourne  suivant  les  traits  du  dessin  arr6te  par  Tartiste. 
Ced  forme  une  sorte  de  bas-relief.  On  moule  ensiiite  ce  bas- 
relief  en  terre  qu*on  fait  cuire,  et  on  coule  dans  ce  creux  du 
cnivre,  de  Targent  ou  de  Tor.  De  cette  mani^re ,  on  pent  ob- 
tenir  k  bien  moindres  frais  Timage  parfaite  du  dessin ,  et  le 
grain  mdme  du  fiUgrane  dans  toate  sa  purete.  II  ne  s'agit  plus 
eosulle  que  de  d^couper  les  dessins,  qn'on  applique  sur  un 
forid  pour^eur  donner  plus  de  relief. 

On  filigrane  aussi  le  verve.  Pelodzb  p^re. 

FILIPEM>ULE  (spirxa  filipendula ).  Le  nom  spect- 
fiqoe  et  vulgaire  de  cette  plante  Iui  vient  de  la  forme  de  sa 
radne,  compos^e  de  fibres  denies,  fil\formes^  k  laquelle 
sont  attaches  des  tubercules,  qui  y  sont  oomme  suspendus. 
Ges  tubercules  sont  arrondts ,  noirAtres  en  deliors  et  blancs 
dans  leora  sections.  La  filipenduleappartlent  au  genre  spirie 
(imilUe  desrosaodes).  Tun  de  ceux  qui  ontfoumileplus  d'e»- 
^i^eeB  aox  bosquets  d^agr^ment.  Comme  sa  tige  n'est  pas  II- 
(neose;  die  ne  pent  avoir  la  m^me  destination ;  mais ,  grice 
inx  aoiat  des  jardinlers,  on  a  maintenant  ui^  variety  de  fiU- 
PMduIe  k  fleurs  doubles  trte-digne  de  figurer  dans  les  par- 
lenm.  Dans  son  etat  naturel,  la  fili|»endiile  plait  aux  yeux  par 
ftieganee  deson  port  et  de  ses  feuilles  ail^eset  proioiitit  inent 


riLtll^E  —  FILLES  DU  CALVAmfi!  4id 

decoup^ee,  par  ses  fleurs  asses  grandes^  blanches  en  dedane 
et  rouge^tres  en  dehors.  Elle  est  moins  grande  que  la  r^ne 
des  pr6s,  sa  congen^re;  mais  elle  paralt  encore  plus  agr^a- 
ble ,  et  Ton  n'est  point  surpris  qu'eile  ait  obtem  de  prefe- 
rence Tattention  et  les  soins  des  jardinlers.       Febrv. 

FILIPEPI  (Alessandro).  Foytfz  Botticblu. 

FILISTATE,  genre  etabli  par  Latreille  dans  la  famille 
dearachnides  fileuses ,  section  des  tetrapneumones.  Ce 
genre  ne  renferme  qu'nne  seule  esp^ce,  qui  est  tubicole  et 
ludfiige.  On  la  rencontre  dans  TEurope  meridlonale,  ainsi  que 
dans  le  nord  de  I'Afrique. 

FILLE.  On  appelle  ainsi  Tenfimt  du  sexe  feminin ,  consi- 
dere  quant  k  la  filiation  entre  iui  et  ses  p^re  et  m^i  e ;  le  nom  de 
fille  reste  kla  f  emme  jusqu'li  Tepoque  du  manage :  de  \k  les 
distinctions  en  jeunefille  et  vieilleftlle.  En  France ,  la  fille 
pent  se  marier  k  quinze  ans  revolus,  et  meme  avant  en  obte- 
nant  des  dispenses  du  chef  de  VtiaU  Elle  pent  k  I'ftge  de 
yingt-et-un  ans  se  marier  sans  le  consentement  de  ses  pire 
et  mere,  en  leur  adressant  des  actes  respectueux.  La  fille 
est  majeure  k  vingt-et-un  ans ;  elle  est  emandpee  de  droit  par 
le  manage ,  avant  cet  Age;  la  mort  du  man  n^emptobe  point, 
malgre  la  mtnorite  de  la  femme ,  cette  emancipation  d'e- 
tre complete,  imprescriptible.  La  fille,  oomme  le  fils,  a  dans 
la  succession  de  ses  ascendants  le  mime  droit  que  les  autres 
enfants. 

FILLES  BLEUE&  Voyei  Amnomciabes. 

FILLES  DP  LA  PASSION.  Voyest  Capuciiibs. 

FILLES  D'HONNEUR.  Voyez  Damb,  tome  YU, 
pag<>  117. 

FILLES-DIEU9  monastere  de  filles,  situe  k  Paris, 
d'abord  sur  reroplacement  de  Timpasse  de  ce  nomet  de  la  rue 
Basse- Porte-Saint- Denis ;  puis,  rue  Saint-Denis,  U  oil  out 
ete  betlsla  me  et  le  passage  du  Cairo.  Guillaume  III9  eveque 
de  Paris ,  etant  parvenu  k  convertir  on  certain  nombre  de 
filles  publfques ,  les  r<^unit  dans  un  b6pital  hors  de  la  ville, 
sur  un  terrain  dependant  de  Saint-Lazare.  C^etait  en  1226  : 
I'abbe  de  Saint-Martin  des  Champs  et  le  cure  de  Saint-Laurent 
mirent  obstacle ,  dans  le  prindpe,  k  cet  etabHssement,  et  il 
ne  falhit  rien  moins  que  Tintervention  de  personnes  puissan- 
tes  pour  les  faire  se  desister  de  leur  opposition.  Le  poete 
Roteheuf,  dans  sa  piece  des  Ordres  de  Paris^  toume  en  ridi- 
cule le  nom  donne  k  ces  pecberesses  couTeriies,  qui ,  dit  la 
charte  de  fondation ,  avaient  (oute  leur  vie  abus^de  leur 
corpSfeldlaient  dlajintomb^es  en  fnendicilS,  SaUit  Louis 
fut  undo  leurs  bienfaiteurs.  Leur  nombre monta  k  plusdedeux 
cents;  mais bientot  lerelAchement  succedaparmi  ellesll  la fer- 
veur;  elless*acquitterent  avec  negligence  etdegofitdu  service 
de  leur  hepital.  La  peste  de  1280  eu  ayant  fait  perir  plusieurs , 
et  le  prix  du  pain  etant  devenu  exoessif,  rev^ue  de  Paris  en 
reduisit  le  nombreii  soixante,  etdiminoa  leur  rentede  mottle , 
maisle  roi  Jean  eut  pitie  d^elies,  remit  leur  rente  k  I'anden 
taux,  et  porta  leur  nombre  k  cent.  Leor  maison  fut  ravagee 
par  les  Anglais  sous  Charles  V.  Elles  se  refugierent  alors  dans 
la  ville,  rue  Saint-Denis,  dans  un  h^pital  ou  l*on  recevait, 
k  la  nuit,  les  mendiantes.  Elles  y  firent  bfttir  des  edifices 
convenablesmais  ledesordres*introt1uisitchex  dies.  Les  bAti- 
ments,  k  pemeconstniits,  tombaient  en  mine,  les  religieuses 
8*en  allaient ,  on  ne  ceiebrait  plus  le  service  divin  dans  leur 
convent.  Charles  YIII  donna,  en  1483  cette  maison  et  sea 
revenusk  Pordrede  Fontevraul  t,  qui  y  installa,  en  1495» 
hnit  religieuses  et  sept  religieux ,  ceux-ci  devant  obeir  aux 
premieres.  En  1648,  deux  gentilshommes,  les  sienrsde  Cliar* 
moy  et  de  Saint- Ange,  masques,  armes,  penetrerent,  de 
nuit,  par  violence,  dans  le  bercailf  avec  une  suite  nombreuse, 
et  s'y  porterent  k  de  graces  excks.  A  la  fkoe  exterieure  du 
chevet  de  reglise,  11  y  avait  un  crucifix  qu'qn  faisait  baiscr 
aux  criminels  qu'on  allait  exeruter  ii  Montfaucon ;  lis  y 
reoevaient,  en  outre,  de  Teau  benite,  trois  morceaux  de 
pain  et  un  verre  de  vin.  Sur  Templacement  du  convent .  de 
reglise  et  des  dependances  on  a  constmit ,  en  1798,  le  passaj^ 
ei  la  run  dii  Cnire,  en  memoire  de  rexpedition  d'£gypte. 

FILLES  DUCALVAIRE.  royezCALVAuus(l  ilie»dii)^^ 


440 

FILLES  I^UBLIQUES,  FILLES  DE  JOIE.  Voyez 
Pbmtitutioii. 

FILLETTES  (Coutume  des).  On  dfeigna  pendant 
loiH{tempt  ainsi,  dans  laBeauee,  on  droit  particulier  au  petit 
pays  appel6  comt^  de  Dun oi 8»  et  en  vertu  doquel  toate 
fiUe  on  Teuve ,  ou  femme ,  qui  ^ait  enceinte  des  csuTres  d*un 
autre  que  ton  mari ,  ^tait  tenue ,  sons  peine  d*amende ,  d*en 
aiier  faire  la  declaration  k  ia  Justice.  Lee  amendes  infligdes 
aux  oontrevenantet  ^taient  conc61te  k  femie  avec  les  au- 
tres  formes  muahles  deoe  camU;  et  Bacqoet,  dans  son  Trai' 
U  du  Droit  de  Bdtardise,  nous  apprend  qu*en  cas  de  con- 
travention ,  le  reeoYeur  fermier,  averti  de  l*acconchenient ,  se 
transportait  avee  un  balai  au  domicile  de  la  patiente ,  et 
n'en  sortait  pas  qu'il  n*efit  re^  le  montant  de  Tamende,  la- 
quelle  ^tait  d*un  teu. 

FILLEUL9.FILLEULE,  termes  corr^latifs  At  par  rain 
et  de  marraine^  et  qui  se  disent  deceloi  ou  de  c^le  qui  ont 
HA  tenus  sur  les  fonts  baptismaux  par  rapport  au  parrain 
et  ^  la  marraine  qui  les  y  ont  tenus.  II  en  i^ulte  comme  une 
parents  mystique  entre  le  ntephyte  et  rtiomme  et  la  femme 
qui  dans  cette  drconstance  solennelle  lui  senrent  de  p^re 
et  de  m^e  devant  Dieu.  Autrefois  le  parrain  et  la  marraine, 
qui  dte  lors  ne  pouvaieotplus  se  marier  entre  enx,  prenaient 
au  pied  des  antels  rengagement  solennel  de  traiter  comme 
leur  propre  enfant » U  fUleulf  enfant  adoptif  de  cette  union 
mystique  {quasi  JUiolus).  Son  p^reet  sa  m^re  ne  pouvalent 
le  prtenter  eux-rotoies  sur  les  fonts  baptismaux.  Si  cette 
iifraetion  ^taiteommise,  ce  n^Mait  point  le  bapttoie,  devenu 
irr^ocabie,  qui  en  pouvaitfttre  ikiA,  c*^itle  mariage  des 
p^  et  mkre  qui  se  trou?ait  IVapp^  de  nullity. 

Dans  la  primitive  £g|ise ,  le  ntopbyte  ^It  un  adulte,  qui, 
eo  renon^ant  aux  osuvres  de  Satan»  eonnaissait  la  port^  de 
rengsfemant  qui!  prenait.  Les  parrains,  en  nombre  illimlt^ » 
n*6taient  que  des  tAnolns  de  son  action ,  8*obligeant  k  lui 
servir  de  guides  et  de  soutiens  dans  lespers^tions  qu^ilpoor- 
rait  avoir  k  subir.  Plus  tard,  quand  I'Eglise,  plus  libre,  son- 
gea  a  soustraire  Tenfant  nooveau  n^  au  danger  de  mourir 
avant  d^avoir  M  regu  dans  la  communion  des  fld^es ,  le 
r6ledn  parrain  cbangea :  il  n'yeneutplus  qu*un,  et  il  s'a^joi- 
gnit  une  seule  marmfaie,  et  Tenlknt  quMIs  tinrent  sur  les  fonts 
baptismaux  devint  leur  fUteul.  Aujourdliui  encore  ib  loi 
donnentle  nomdequdque  saint,  qu*U  doit  se  proposer  poor 
modde,  efqui  deviant  par  Ui  le  patron  ou  le  protectenr  dn 
DOQveau  clii^en. 

FILLMORE  (MiUARD),ancien  president  des  ^ts-Unis 
de  r  Am^que  du  nord,  n6  le  7  Janvier  1 800,  k  Cayuga,  dans 
r£tat  de  New-York,  est  le  flis  d^un  farmer  qui  cultlvait 
son  petit  (ends  de  terre  de  ses  propres  mains.  II  grandit 
sans  recevoir  d^autre  instruction  que  cdle  qu*il  pouvail 
puiser  dans  les  trte-d^fecUieuses  ^4)les  d'une  contr^e  alors 
presque  enti^rement  diserte,  et  k  I'Age  de  quinxe  ans  fut 
eovoy^  k  Langstone  pour  y  travaillerdans  une  fabrique  de 
draps  :  biivtdt  aprte,  son  pire  le  mit  en  apprentissage  chex 
im  cardeur  de  laines  de  sa  petite  vllle  natale.  Une  biblio- 
tbique  poblique,  qu*on  venait  tout  rtoinment  d*y  fonder, 
lui  loumit  la  premiere  occasion  d'omer  son  esprit  11  ^alt 
Agi  de  dix-neuf  ans  lorsqu'il  fit  la  connaissance  d*un  ]uge 
appeie  Wood,  qui  lui  eonseilla  d*^dier  le  droit  et  lui 
foumit  Iui-m6me  les  ressources  n^cessaires  k  cet  efTet 
Fillmore  se  consacra  pendant  deux  annte  avec  le  z^le  le 
plus  infatigabie  k  cette  etude,  remplissant  en  m^me  tem|)s 
les  functions  de  maltre  d'teole  poor  pouvoir  d^dommager 
son  protecteor  de  ses  sacrifices.  En  1S21  ii  se  rendit  k  Bof- 
folo,  oh  il  eontinoa  ses  etudes,  et  oil  il  gagna  aussl  sa  vie 
en  donnant  en  mtme  temps  des  le^ns  jusqu^  ^5^*^'  ^'^ 
ete  reqi  en  1813,  avocat  k  la  coor  aoprtoie  de  I'clat  de 
Mew-Yori.  II  se  fit  bientAt  une  brillante  reputation  au  bar- 
rean,  et  fut  ein  m  1828,  membre  de  la  legislature  particn- 
Ittre  de  l*^tat,  ota  il  prit  une  part  importante  k  la  rl^forme 
dn  la  loi  relative  anx  dettes.  En  1832  il  ibi  nonime  rmre- 
aentant  de  Ncw-Yorii  au  congr^,  o<i,  quoiqoe  son  parti 
p^  trottvAt  en  ininoritei  il  parvint  a  y  exercer  une  influence 


WLLES  PDfetlOtJtS  -    FiLLON 


nou  moins  grande  que  dans  la  legislaiure  paiitcnifat  M 
son  £tat  natal.  £lu  une  seconde  fois  en  t886,  et  une  troisite 
fois  en  1841 ,  il  devint,  oonmie  president  du  oomlte  des  finaa* 
ces,  Porgane  du  gouTemement  dans  la  chambre  des  rcfwi- 
sentants.  Aprte  les  epnisants  travanx  d*nna  session  era- 
geuse,  Fillmore   se  refuse  anx  honneurs  d^one  reeiediQa 
nouvdle,  pour  songer  k  ses  affaires  particoli^res,  du  soin  dtt- 
qoelles  I'avait  distrait  son  activite  politique ;  et  dans  Its 
cinq  annees  qu'il  consacra  alors  k  la  pratique  de  son  ettf, 
il  acquit  une  fortune  sufBsante  poor  la  modestie  de  ses  goAb. 
II  se  mit  alors  sur  les  rangs  comme  candidat  des  whtes 
pour  les  elections  k  la  vioe-presidence,  et  obtint  la  ni»- 
Jorite  des  sufTrages  en  1848.  11  avait  pris  possession  de  eei 
hautes  functions  le  4  mars  1849,  quand  la  mortdu  g^n^ 
rai  T  a  y  1 0  r  Tappela,  le  9  JuOlet  1850,  au  poste  de  prMdcst 
des  £tats-Unis.  Millard  Fillmore  est  nn  bomme  d'opintons 
moderees  :  quoique  ennenu  en  prindpe  de  resclavagf , 
il  n*a  pas  tiesite  k  declarer  ouvertemcnt  qu*A  son  sos  ks 
pouvoir  central  n'avait  pas  le  droit  dMntervenIr  dans  one 
question  ob  il  y  allait  des  droits  de  certains  ^ts  pariiai- 
liers;  et  son  administration  fot  si  habile,  qu*une  fradioa 
considerable  du  parti  whig  le  porta  de  nouveau  en  novem- 
bre  1852  sur  la  liste  des  candidats  poor  reiection  pr&ida- 
tieile.  Pendant  son  administration  il  s'opposa  de  tootes  «rs 
forces  aux  expeditions  montees  contre  Cidw;  mais  il  retort 
de  signer  avec  TAogleterre  et  la  France  un  tnite  qd  garan- 
tissait  la  possession  de  cette  tie  k  TEspagne. 

FILLON  (La),  sumommee  la  FrMdents,  etaU  app»- 
reilleuse,  et  fille  d*un  porteur  de  cliaises.  Le  basard  en  tit 
un  personnage  historique.  Son  nom  se  rattacbe  en  efTet  k 
Ton  des  evenements  les  plus  remarqnables  du  couimeocr- 
ment  du  dlx-huititoie  sitele,  la  conspiration  de  C  el  la  m  a  re. 
Un  des  commis  de  Tambassade  d^Espagne,  qui  rivatt  aire 
une  des  filles  de  la  Fillon,  s'etant  un  Jourattarde  ii  un  ren- 
dez-vous  pris,  dit  pour  s'excoser,  k  ce  qtt*on  raoonte,  qoll 
avait  ete  retenu  par  Texpedition  d'importantes  d^ptebes 
pour  I'Espagne,  et  qu'attendalent  les  deux  connjers  qui  de* 
▼aient  en  etre  charges.  La  Filion,  qui  avait  aes  graadeft  en- 
trees chex  le  cardinal  Dubois,  aiors  premier  mlnistre ,  ft 
hftta  d'aller  prevenir  de  ce  fait  son  eminence;  le  regrnt 
etait  k  ce  moment  k  TOpera.  Dubois  ne  pcrdit  pas  un  Ins- 
tant pour  faire  courir  aprte  lea  deux  Toyagenra.  On  ki 
arreta  k  Poitiecs;  leors  depecbes  furentsai^  et  renvoy^ei 
k  Paris.  Le  plan  de  ki  conjuration,  la  liste  dhni  conjuro«, 
leur  correspondanoe,  tout  etait  IA.  Le  regent  n'appiit  1V\^ 
nement  que  le  lendemaln  k  son  lever,  lorsque  d^  les  |ia- 
piers  de  Pambassadeur  etaient  entre  les  mains  de  Dubois, 
et  Cellamare  memo  consigne  dans  son  bdtel.  Sulvant  une 
autre  version,  les  deux  voyageurs  anralent  emmene  avec 
eux  un  banquier  en  etat  de  banqueronte,  dont  ils  conip- 
talent  favoriser  la  fuite ;  mais  les  creanders  A  la  plite  l*aa« 
raient  rejoint  A  Pdtiers,  et  en  le  Ikisant  arr^ter  auratent 
mis  la  police  an  courant  de  la  conspiration.  Ce  Ikit  ne  de- 
truirait  pas  le  service  rendu  par  la  Fillon,  et  la  voiture  an- 
rait  ete  arrdtee  A  Poitiers  par  les  creandm  en  mAme  UmfA 
que  par  les  agents  de  Dubois.  Une  autre  version  met  ua 
employe  de  Tambassade  espagnole  en  relatton  direde  avec 
le  mlnistre  franfals. 

L*histoire,  comme  rexigeait  sa  dignlte,  sTeit  bomee  A  re 
propos  A  enregistrer  le  nom  de  rappareillense  FOloo ;  ea 
revanche,  les  memoires  du  temps  se  sunt  beancoup  oceupt% 
de  sa  personne.  Sa  vie  aventureose  est  le  tableau  le  plus 
vrai  et  le  plus  varie  des  dkbutb  de  la  regence.  Mise  en  ap- 
prentissage chei  une  blanchisseose,  la  Fillon  devht  m^rc 
A  quinxe  ans.  A  sa  sortie  de  Pbospice,  son  pAre  loi  propo$a 
U  main  d^un  porteur  d'eau  bien  achalande  et  A  son  atse. 
Elle  refu&a,  «t  s^eoAiit  de  Paris  avec  un  dere  de  procurrar. 
Le  Jeune  bomme  etait  Breton ,  et  sa  femille  etait  one  del 
plus  bonorables  de  Rennes.  Deiaissee  bicDlOt  par  cet  anaot, 
la  Fillon  revint  A  Paris  avec  on  nouveau  ooBpagnoo  ds 
Toyage.  Cdtalt  un  coinmis  ODarchand,  qui  avait  abanHoane 
pour  die  sa  Jeune  epouae  A  les  enfiuta.  U  Fillon,  fig 


FILLQN  —  FILOU 


4lt 


aprte  ion  ralotir  dans  la  capitale,  fonda  an  ^tablissement 
doDt  nocM  De  pouTona  pas  torire  le  nom.  Elle  ^pousa  le 
beau  Suisse  de  VbMiA  M aiarfii,  qui  n*eii  gaida  pas  molns 
MM  Uaodiier  et  sa  bal)«i>arde.  Notre  homme  sMtant  k^sA 
d*ttre  jalouXy  battait  souTent  sa  moitii,  qa'fl  ne  pat  n^n- 
moina  Jamais  d^famiiner  k  qaitter  son  ^tat.  II  moanit  en- 
fin,  el  la  Ftllon  cooTola  en  secondes  noces  avec  le  oocber 
du  eomte  de  Saice,  qui  te  montra  aoasl  jaloax,  aassi  exigeant 
qne  le  bean  Solsse,  et  qui  rdnsait  k  lui  foire  quitter  son 
coounerce.  Elle  c^a  ou  parot  c^der  sen  /onds  k  une  de 
aea  coasines,  et  panrint  bkaitOt,  grtee  h  sea  hautes  relations, 
ii  se  dAarrasser  de  son  nonvel  6pouz,  qn'elle  fit  jeter  dans 
ce  qu*on  ai^pelait  alors  un  four.  £ngag6  malgr^  \n\,k  la 
•uite  de  trop  nombreoaea  et  blen  perfides  libations,  le  pauTre 
citable  dot  partir,  malgr^  qu*il  en  eiU,  et  le  sac  snr  le  dos, 
pour  nn  foment  Devenne  libre,  elle  reprit  la  direction  de 
sa  Rialson,  lendei-Tons  babitoel  dea  plua  grands  seigneurs 
^t  dea  bourgeois  les  plus  hupp^.  On  comprend  qae  l*esiH- 
tence  d'nn  tel  ^tablissement  devalt  entrer  dans  left  vues  de 
I'lottme  cardinal  Dubois  et  servir  sa  police  secrete.  Habile 
{>rox^n^  la  Fiikn  portatt  impunement  le  d^lionneur  et  la 
4l4^1ation  dansles  families  desjeunes  on vriiresdii  quartier 
4lu  FaJaianroyal,  et  ae  Tanlait  hautement  de  sea  puisAants 
|irotecteurs,qu*elle  6tait  toujours  sdre,  en  eriei,  de  Toir  venir 
4  son  aide  qoand  elle  ayait  malUe  k  partir  avec  la  police  on 
la  iiistioe. 

Reeonnaissant  du  serrioe  qu*elle  hii  avait  rendu  en  tenant 
lui  rapporter  lindlseret  propos  tenu  ches  elle  par  le  com- 
mis  de  I'ambaasadeor  d^pagne,  le  r^ent  lui  fit  compter 
30,000  franca  de  gratification ,  et  acoorder,  sons  un  nom 
d'^empnint,  le  brevet  d'une  pension  viag^re  de  12,000  flrancs, 
A  la  condition  expresse  de  se  faire  passer  pour  morte  si 
cUe  Toolail  en  toucber  lea  arrtoges.  La  Fillon,  bonne  flUe 
ea  toot,  oonsentit  k  assister  incognito  k  ses  propres  ftm^- 
raiiles.  Lea  mtaioires  contempordns  racontent  encore  que, 
Krftoe  i  la  dot  fort  Jolie  qu*elle  pouvait  ofRrir,  et  sous  le 
non  noateaa  qn*elle  dut  prendre  une  fois  qo'elle  fiit  offi- 
cielleoieDt  morte,  la  Fillon  trouTa  encore  un  trolsitoie 
nan.  C^t,  ma  fol,  un  comte,  mais  un  rrai  comte,  qui 
▼ous  Temmena  dana  son  manoir,  6ita<&  en  AuTergne.  11  pa* 
raft  qu*eUe  cbangea  tont-&-foit  de  condulte,  que  la  oomtesse 
lit  oobUer  la  prMdenie,  et  qu'elle  mourut  baute  et  puis- 
aante  dame,  Toire  prasque  en  odeor  de  sainteti,  en  1742. 

DOFBT  (de  TYonne). 

FILON  (HiniraiogUi),  masse  min^e  remplissant  lea 
grandes  fissures  que  Ton  troure  dans  les  dilTdrentea  coaches 
solides  do  globe,  fissures  qui  dolvent  elles^mdmes  naissance 
aiix  dialoealiona,  aox  aoul^ements  que  Tteorce  min^rale 
«  ^prouT^  k  ditersea  ^poques.  Quant  k  la  mani^re  dont  ces 
longuea  ererasaes  ont  ^t^  remplies ,  on  pense  g^n^ralement 
que  c*est  tantOt  par  Eruption,  tantdt  par  sublimation  des 
mati^rea  en  fusion  au  centre  de  notre  plan^te.  Les  filons 
foot  compost  tantOtdesubstancM  m^lliques,tantOt  for- 
nix de  aubstances  pierrenaes,  tellea  que  le  quartz,  le 
granit,  le  porphyre,  le  basatte,  etc  Ces  derniers 
refoivent  en  Angleterre  le  nom  de  dykes,  qui  a  pass^ 
dans  notre  vocabulaire.  Les  filons  mdtalliques  sont  ordinaire* 
ment  euTeloppted^une  gangue  (catcaire,  quartz,  baryte,  etc.), 
laqoelle  est  toujours  d'une  nature  diffiferente  de  la  rocbe 
que  ces  filons  traversent.  TantOt  le  m^tal  forme  des  veines, 
taniOl  il  est  en  grains,  en  masses  arrondiea  on  ro^oiu. 

En  m^laUorgie,  la  partie  sop^ieure  do  filon  s*appelle  le 
iaii;  la  partie  opposde,le  mtfr;  rextr^it^aup^ieure,  la 
Uie  <Hi  le  chapeau ;  les  deux  fiKCs  lat^rales ,  lea  salbandes. 

Oa  a  remarqu6  que  les  filons  dirig^  dans  on  sens  paral* 
Kle  appartiennent  k  des  formations  conlemporaines,  tandb 
qiKs  oeox  qui  ae  croisent  sont  d'une  ^poque  difK^ente.  Lors- 
qoe  cieiix  filons  se  traverBent,  I'un  est  toujours  Interrompu 
par  Tautre,  qui  se  continue  et  qui  doit  n^cessairement  6tre 
poMrieur  au  praoaler.  D'  SAOCBaoTrs. 

FI1X>SELLE9  partie  dela  soieqn^on  rebate  au  d^?{* 
di^f^  dea  cocoas.  La  filoseUe  est  ^  la  soi^  fe  qu*^  U^ 


files  se  ou  ^upe  au  cbauTre  et  au  lin  peign^.  Mais  la  ra- 
re!^ et  la  grande  Taleur  de  la  sole  font  attribuer  k  la  filoselle 
un  bien  plus  haul  prix  qa*k  Moupe.  On  la  file  toute  pour 
la  fabrication  des  padons,  des  ceintures,  des  lacets,  des  baa 
et  de  certalnes  6tolfes  qui  consenrent  en  g^n^rai  une  valeur 
naoyenne  entre  cdlea  de  sole  et  celles  de  colon.  On  donne 
qnelquefois  k  cette  mati^re  lea  noms  de  bourre  de  soie  et 

tfleuret.  Autrefois  les  Italians  safaient  seuls  tirer  un  parti 
ayantageux  de  la  bourre  de  sole.  Pendant  loogtemps,  dana 
nos  d^partementa  du  midi,  aprte  avoir  d^vid^  la  soieyraie, 
on  jetait  les  cocoas  au  fumier,  sans  leur  (aire  subir  aucun 
autre  traitement.  On  s^est  ravish,  et  on  a  eu  raison.  La  ma- 
ti^re  de  rebut  des  cocoos  est  dure,  stehe  et  cassante.  Pour 
rem^er  k  ces  iacooT^nients  il  faut  la  fiiire  longtemps  ma- 
c^rer  daos  Teau;  la  plus  grande  partie  de  la  subMance 
gommo-r^fiineuse  s*y  dissont  et  Laisse  k  nu  la  partie  fiiamen. 
teuse,  qu'on  souroet  k  Taction  d^une  forte  preside  puur  en 
extraire  la  dissolution  gommeiise  qui  Piinpr^<;n«  encore.  On 
r6pite  les  immersions  et  les  s^Jours  dans  I  eau  nnivant  le 
b^in.  Aprte  le  dernier  pressage,  on  fait  s^.ber  la  filoselle, 
puis  on  la  bat  fortement  et  longtemps,  apr6s  PaToir  bu- 
rned^ d*une  tr^-petite  quantity  d*huile  d'olive.  En  fin,  on 
la  carde.  Cette  substance  est  susceptible  d'etre  filte  k  la  qu» 
nouille,  au  rouet  on  au  fuseau,  k  peu  pr^  comroe  la  lalne 
peignto.  Mais  comma,  quelque  soin  que  Ton  prenne,  ce  fil 
n*acquiert  jamais  la  finesse  ni  surtout  la  touplesse  et  la 
moelleox  de  la  sole,  il  n'eat  gn^re  possible  de  le  faire  servir 
que  pour  les  ^toffes  gren^,  connues  sous  les  noms  de 
moiref,  ou  dans  les  petites  dtoffes  appel^  satinades, 
brocatelles,  etc.  Les  proc^^  se  sont  dtonnamment  pcrfec- 
tionn^,  etont  laiss^  bien  loinle  traTail  des  Italiens,  qu^au. 
trefois  nous  d^sesp^rions  d'imiter  avecsuccte.  Les  fabricanta 
de  Lyon  et  de  Nlmes  nous  ont  fait  voir  tout  ce  qu^on  peut 
attendre  d*une  pers^vthance  intelligente  et  6clair^ 

Pblouzb  D^re. 
FILOU,  FILOUTERIE.  Le  /Uou  est,  d'aprte  P Acad«- 
roie,  ceiui  qui  Tole  avec  adresse,  ou  celul  qui  trompe  au 
Jen.  Filouter,  c^est  exercer  Tune  ou  Tautre  de  ces  coo- 
pables  mdustries.  lAjllouterie  est  Paction  daftlou.  On  a 
dit  autrefois  ftloutage,  et  noas  lisons  dans  les  Mtooires 
du  cardinal  de  Retz  cette  pbrase  remarquable  :  «  Le  car- 
dinal Mazarin  porta  leJUoutage  dans  le  roinist^re.  » 

Quels  que  soient  les  progrte  de  la  civilisation  ( ou  plutOt  k 
cause  de  ces  progrtepeot-6tre),  lesgrandes  vlllesabondenten 
individus  qui,  trop  paresseux  pour  embrasser  one  bon- 
n^te  et  utile  profession,  trop  adroits,  trop  intelUgents  pour 
eroupir  sans  mnrmurer  dans  la  mis^re,  adoptent  k  vol  comma 
moyen  d^existence  et  font  k  la  propri^t6  une  guerre  de 
tons  les  instants.  Voler  est  devena,  grftce  k  eux,  ua  art,  une 
iadustrie  qui  a  son  vocabulaire  et  sea  r^ea.  Tons  les  jours, 
qnoi  qu*on  disc,  le  r^e  du  sabre  et  de  la  force  brutale  dis- 
paralt  de  nos  moeurs;  les  Toleurs  suivent  le  progrfes.  Qui 
maintenant  assassine  et  tueP  Seulement  le  mauvaissujet  que 
la  nature  a  totalement  priv6  d'adresse  et  d'esprit.  II  suflit  k 
cet  £tre  grossier  et  sans  culture,  d*un  s^Jour  de  qaelquea 
mois  dans  une  maison  de  r^clusion  pour  lui  apprendre  qu'on 
peut  fiiire  d^aussi  belies  prises  dans  les  boutiques,  les  pro- 
menades, les  lieux  publics,  qu'au  milieu  d*une  sombre  forM. 
Si  le  s^jour  des  condemn^  dana  lea  prisons  a  le  triste  in- 
couT^nient  de  former  au  vol  de  jeunea  yagabonds,  peut-^re 
ofTre-t-ii,  d'nn  autre  cOt^,  Payanlage  de  lUre  enrOler  parmi 
les  fitona  des  liommes  que  leor  temperament  efit  appel^  k 
exploiter  Passassinat  sur  la  grande  route.  D'ailleurs,  chacun 
cboisit  le  genre  ponrleqnel  il  se  sent  le  pins  d'aptitade. 

Passei-voaa  daos  une  rue  d^amto,  le  soir,  on  paqoet 
k  la  main ,  voire  parapluie  de  rantre,  et  ooifl4  d'un  cba- 
pean  qui  vadlle  anr  Totre  t6te,  le  filou  qui  vooa  allutne 
(observe),  a  blentOt  calculi  les  cbancesde  r^ussile,  et  un 
coup  de  poing  ass^n^  sur  Totre  coilfore  vuus  la  fait  entrer 
jusqu*aux  oreliles.  Pendant  que  too  maina  ae  portent  en 
avant  pour  repousser  cette  attaque  impr^e ,  ToIre  boono 

'  a  ^U/aite  (vo|^)  fi^  r^on^ement  Le  vol  A  la  fia^ 


'442 


FILOU  —  FILS 


n'est  qa'une  ▼ari^  du  toI  au  renrunceiueut.  11  s'accoinplit 
le  pica  souvent  dana  lea  circonstancea  soivaotea  :  un  on 
pluaieon  individua,  qui  feigaent  rivrease,  voua  henrtent, 
Tous  bousculent,  tous  frappent  et  voua  d^Taliaent  eo  on  clin 
d'(Pil.  Une  deijlcelles  les  plua  us^  conaiste  k  demandcr 
au  paaaant  attard^  Thenra  quMl  est  pour  lui  arracber  aa  mon- 
tre,  a*il  a  la  bonhomie  de  la  sortir  de  aon  gooaael.  fTallei 
Jamais  au%  feux  d'artiflce,  k  la  queue  de  TOp^ra;  ne  voua 
trouYez  jamais  sur  le  passage  du  bceuf  graa  ou  de  tonte  autre 
cti<^brit^,  sans  a?our  mis  en  lieu  de  sOret^  ce  qui  pourrait 
tenter  la  cupidity  dea  grinches  (Toleurs).  Au  milieu  de  la 
fonle,  k  quelques  pas  du  garde  de  Paris,  protecteur  dea 
paisibles  bourgeois,  vous  pouniez  tout  k  coup  yous  aentir 
enlever  de  terre  par  des  indiTidus  qui  paraissent  odder  k 
rimpulsion  de  la  foule;  bouscul6,  meurtri,  dtoufTii,  Toua 
agitei  Yos  bras  en  I'air  et  criez  k  yos  Yoisina  :  Ne  pousaei 
done  paa  si  fort!  (Test  Au  vo/eur /  quMl  eOit  fallu  crier,  car 
cette  bourrasque  passag^re,  ce  flux  et  oe  reflux  dtaient  cal- 
culi d'avance,  et  quand  yous  respires  plua  4  Taiae,  Youa 
#ons  apercoYez,  maia  trop  tard ,  de  la  disparition  de  Yotre 
tiontre,  de  Yotre  cbalne,  etc.;  heureux  si,  profitant  de  Yotre 
absence,  des  Yoleurs  arm^  de  rirr^stible  monseigneur 
(leYier  de  fer)  n'ont  pas  mis  Yotre  boutique  en  dtat  de  ai^e 
et  d^Yalis^  Yotre  coroptoirl  Vous  yous  trouveriei  dana  la 
mfime  soirte  enlevd  d^esbrouf  et  servi  par  lea  uquinteur9 
de  boutanches,  Ce  dernier  yoI  n*est  pas  le  seal  qui  menace 
le  boutiquier,  dont  le  z^  pour  le  sennce  de  la  garde  na- 
tionale  deYrait  au  moina  Texempter  de  pareila  acddeota. 
Croiriez-Youa  que  cesont  prdcisdment  les  joura  oil  oe  paci- 
6que  bourgeoia  monte  la  garde  que  cboisitle  peuple  argotier 
pour  pdndtrer  dans  son  domicile  et  escroquer  k  sa  Gd^le  Spouse 
soit  de  Targent,  aoit  une  montre,  qo'iis  sont  cens^  Yenir 
chercher  de  sa  part!  Lea  (Utoumeurs  Yieonent  en  fl^- 
nant  examiner  son  ^talage  et  font  fr^uemment  dea  acquisi- 
tions Sana  bourse  duller. 

Les  canreurs  dl^nta  et  fashionablea  lui  propoaent  de 
changer  dea  pieces  de  cinq  francs  de  la  restauration,  de 
Louis-Philippe  ou  de  la  rdpublique,  pour  de  la  monnaie  k 
refligie  de  Napolton  III,  empereur;  et  sous  le  prdtexte  de  I'ai- 
der  dans  sa  recherche,  plongent  famili^rement  la  main  dans 
aon  tiroir  et  en  retirent  de  quoi  sUndemniser  laigement 
desemplettes  quils  ont  ^  forc^  de  faire  pour  capter  dV 
bord  sa  confiance.  Malheur  au  cbangeor  dont  les  pi^ceadV 
et  les  billeta  de  banque,  nd^emment  dtal^  derri^  on 
grillage  de  fer,  font  aooffrir  k  V^comeur  le  aupplioe  de 
Tantde!  SilaroiMje  (la  police)  ne  Yeille  pas  dana  I'in- 
t^6t  do  marcband,  une  pointe  de  diamant  a  bient6t  Kyt^ 
passage  k  la  main  de  Pteomeur  et  mia  k  sa  port^  la  awhile 
qu*il  coHYoite.  Pendant  que  le  changeur  se  reproche  aa 
ni^ligence,  son  garden  de  recette  est  ehamffi  en  plein  jour 
dans  les  rues  de  Paria  par  lea  numtewrs  de  verve  enfiewrs, 
les  flamblanU  du  chaniage,  du  vol  d  la  graisse  on  au 
pot,ou  kA/aiseursii  VamMcaine,  quatre  classes  de  filoua 
qui  n*ont  entre  ellea  que  de  l^irea  diffi&rences.  Tons  saYent, 
au  moyen  de  contes  abaurdes,  faire  passer  sur  lea  ^ules 
d'un  associd  la  aacoche  du  gar^n  de  caisae,  ou,  k  Taide  de 
ciroonstances  qu'ila  font  naltre,  le  dteider  k  enterrer  aon  ar- 
gent dans  on  troa,  qui  est  bientAt  Yisit^  par  un  ami  reat^ 
derriire. 

Mais  de  ce  qui  prMde  U  ne  font  pas  condare  que  la 
magasin  du  ndgodant  soit  poor  lea  Yoleura  one  eaptoe  de 
terre  promise,  k  la  conquMe  de  laquelle  lis  bornent  leur  am- 
Mlion.  Les  carroubleurz  (Yoleurs  aYec  fauaaes  clefs)  filent 
autlacieosement  deYant  la  logo  do  portier^  et  grimpent  leste- 
mesoi  dibofueler  la  lourde  ( ouTrir  la  porte)  do  riche,  qol 
pasae  VM  k  la  campagne,  oo  de  Temployd  o^bataire  qd 
sort  k  neof  heorea  do  matin  pour  ne  rentrer  que  le  soir,  cir- 
constancea dont  le  cammbleur  est  instmit  par  le  plua  in- 
gtoieuz  proo6d<&  :  un  cheveu,  coll6  en  triYera  de  la  porte 
qoi  doit  6tre  forcte,  lui  fait  coonattre  les  babitndea  du  loca- 
taire  et  la  dar6e  de  sea  abaences.  Lea  bon/curiens  oo  cam' 
PrMmtn  entrant  en  campagn^  k  ilMue  ^4  Ift  ipoiti^  de 


Paris  se  repose  dea  (ktigues  de  U  reitte;  lis  raonidiC  k^ 
stages  d*uiie  maiaon  joaqu*4  ce  qu'iia  raneontnjnt  un  lB|t^ 
mentdont  Timpnidentlocataire^  Iaist4lkr  porte  entr*oaYei^v 
ou  la  clef  dans  la  serrure.  Le  bonjoorieb  eatre  hardiment. 
YOUS  salue  du  nom  de  Monsieur  un  M;  el  pendant  que 
YOUS  6tes  k  raoiti4  r6Yeill4 ,  aorpria  de  Yefar  a»  niliea  de 
Totre  cbambre  une  figure  inconnue,  U  TOQa  fait  milleticiMcs, 
se  retire  k  reculona,  et  pouase  la  prteaotion  joaqnl  BMltib 
entre  Yotre  montre,  qo'il  emimrte,  el  Yooa  on  boo  tour  dr 
clef.  Le  Yol  &  la  rouloUe  conaiste  k  enleYor  lea  oljeli  q» 
se  trooYent  sur  lea  4»mions  atationnant  dana  lea  nwi  ^ 
comme  si  Ton  diait  ud  gar^on  ou  on  employ^  do  mgisia 
auqnel  on  apporte  lea  marchandlaea.  Et  cetle  ingteieair 
combinaison  par  laqoelle  on  fait  tomber  de  I'tmpMile  d^une 
Yoitore  des  paquets  et  des  objeta,  auasit6t  ramaas^  par  an 
complice  1  Et  cette  autre,' plua  difTidle,  ok.  Ila'agit  d^entefer 
une  malle  k  la  force  do  polgnet  de  deaaoa  on  fiacn  qnk 
marche,  sans  qne  le  cocber  et  le  bourgeois  a*en  apervolYcal ! 

On  comprend  que  noua  aYona  yoqIo  seolement  iodiqiier 
id  qoelques-unes  dea  ruses  les  plua  bahitoeUea  dea  Yoleur^ 
et  les  brandiea  lea  plua  importantea  de  leor  indostrle;  est 
il  7  a  one  foole  d'autpes  genrea  de  travail  eatpUMs  par  dea 
esprits  trop  fiers  poor  ae  bomer  au  simple  rdle  d'lorilateon. 
II  aecrteainai  des  types  particoUerade  filooa  quidchappeat 
k  I'analyae,  et  mdme  k  Vaa\  vigilant  de  la  poliee.  Nous  nt 
terminerous  pas  tootefois  aans  parler  dea  tireurs,  les  plm. 
adroits  do  metier,  lea  plua  habilea  k  calcoler  lea  dianoei. 
de  culpability;  car  le  tireur  aaU  aon  Code  P4nal  sor  le 
bout  du  doigt  Aoaai  opte-t-Q  en  plain  Joor,  ^na  les  pnK 
menades,  au  apectade,  au  salon,  partoot  od  ae  tieuve 
une  rtonion  de  montres,  de  foularda,  etc  Avee  lol,  ]a* 
mais  d^attaqoes  nocturnes,  de  port  d'annea,  de  bria  de  boa- 
tiqnes ,  qui  aggravent  le  d^it  aox  yeox  die  la  lei,  et  fciil 
expier  par  dix  ans  de  galteea  k  Vesquinteur  maiadrdt 
I'enl^Yement  d'on  bijoo,  que  le  tireur  ae  procure  poor  la  ba- 
gatelle de  trofo  mois  de  prison.  hemaquUleur  de  Mmes, 
c'est  ce  monaieor  bien  mia,  an  llnge  blanc,  k  U  riche  cbe- 
Yaliire,  qoi  Yient  a'aaseoir  k  one  table  de  booillotte,  ok  9 
n*a  jamais  beaoin  de  faire  Charlemagne  poor  emporlsr  lea 
napoltena  de  sea  tenanta.  PerMnne  de  la  maiaon  ne  le  coo- 
natt;  le  monsiear  s'est  lui-mtoe  inYlti,  et,  grftoe  au  broo- 
haba  de  la  fKte ,  II  reJUe  chez  loi,  aosd  piislblement  quit 
est  Yeno,  reY^r  one  bloose,  un  oostome  d'oDYrier,  avee 
lequd  il  Ya  sur  les  bouloYards  toustir  au  jeo  dea  traia  caitea 
un  Jean  Pacot,  apprenti  roar^cbal  de  France,  qoi  a'en  r»- 
tourne  au  quartier  le  goosael  ride  dea  €eoM  matemela.  H  y 
a  encore  on  yoI  dont  I'auteur  et  la  Ytottme  Inapireot  on  Igal 
ro^pris :  €eis\  Is  void  la  tante  :  de  jennea  mfateUes  aoni 
lano^  dana  oaa  lienx  tortda  od  aooYent,  li  la  laYenr  des 
t^n^rea,  ae  paaaeni  des  scenes  d*one  bonteoae  lofpltnde. 
Les  filooa  ae  font  aloia  d^fenseon  de  la  morale  pobUqae,  et 
tombent  k  rtanproYfate  aor  leadeox  hidiYldoa  pthJtairaiUe 
delicto,  Ao  nom  de  la  police,  dont  lis  ae  diaent  agenta.  Us 
a'emparent  de  la  dope,  qui,  cralgnant  de  Y^r  dhrulgaer  son 
aventore,  ne  mardiande  paa  aa  liberty.  Pula,  le  nSffKmds 
baa  4tage  et  lea  monteurs  de  coups  YonI  enaemble  bofae  k 
la  8ant6  de  la  tante  qoMla  ont  fiOi  chanter,  e'ert4Hllra 
du  bonteox  peraonnage  auqoel  ib  ont  eicroqii6  de  rargnit 

C'est  la  dYilisation,  le  climat  d*on  paya,  qui  ddlenniMBt 
la  Yocation.  Td  est  adroit  filoa  en  France  qoi  n4  aoos  la 
beao  dd  deNaplea  efit  adopts  la  Tie  rooUe  et  oidve  do 
laxzarone,  boniant  aon  ambition  k  Ytvre  libra  an  aoMeti 
ae  boorrer  de  macaroni.  Noa  filooa  de  Paria  D*ont  de  digacs 
Amulea  qo^A  Londrea,  od  lindoatrie  dapiek-poeket  a  fo^ 
poorlemoina  antantdoddYdoppemenlaqnecailedeaaoie* 
rias«  des  dtoflisa  el  des  madiinea  k  Yapenr. 

ThMore  Tteccvr. 

FILS  (do  latin  jUHif,  qoi  Yient  Ininnteie  dn  gree  «i^). 

,C'eat  I'enfant  do  aexe  masonttn,  conddM  qnanti  Is 

filiation  entie  loi  et  aea  p^re  et  mire.  Aotrefioia  le  fils  alB< 

adt  aYantagftaoxd^wnadesea  fMreaetaoBura;  ai^oonilid 

qoa  no«i  n'evona  |daa  le  droti  d^atMesse^  Jm  4rd|i  du 


FJDLS 

wlkntt  dans  li  MMMutoa  dt  ledfB  pke  el  Bite  lont^ax. 
A  Rome,  ott  appelait  fU  od  Jliles  dt  famUU  lee  enfimts 
fleote  was  Ja  puiiaaiioe  petemelle;  oette  dteominatioii  est 
pasftedans  noCrelangiiejadidaire. 

FILS  D£  LA  VIERGE  on  FILS  NOTRE-DAME.  Oo 
fottaooTeot  en  aotomne,  k  I'^poque  des  premien  brouil- 
laida,  dee  filameoto  trte-bUnes  et  trte-l^gers,  transports  par 
l*air.  Od  croyait  autrefois  qnlls  prorenaieot  dHme  esptee 
de  roa^  de  nature  teirestre  et  Tisqneose,  <iue  la  chalenr  da 
loleil  eondcoaait  pendant  le  Jour.  Plus  tard,  Hermann  fils 
les  attribuaU  k  de  petHea  esptoea  de  ciron,  qull  nommait 
krmiMdIiitm  telarHtm,  dent  Linn^  faisait  un  aeanu ,  et 
Latreille,  alnai  <iue  Fabricins,  un  ganiaae.  Les  obsenratlons 
ies  plna  r^centes  ont  pSemptoirement  ^tabli  que  oes  fila- 
oenta  aont  prodnhs  par  dee  arachnid es. 

FII^  METALUQOES.  L'or,  Targent,  le  pUtine,  le 
cuhrre,  le  lor,  le  lincy  le  plomb^  eUx,  soumls  k  Taction  dela 
H I  i  ^  re ,  sont  sosceptibles  d'etre  transform^  en  fils  de  gros* 
seur  arbitraire.  On  en  fait  d'one  tdle  finesse,  qu'on  peat  en 
labriqoer  des  toiles  m^talliqnes.  Leproo6d6  de  fii- 
bikatioo  de  ces  fils  est  toajoars  le  mame,  seulement  il  est 
rare  que  Ton  en  fasse  en  or  pur;  presque  toujoors  les  fils 
d'or  ne  sont  qne  de  irMlables  fils  d'aigent  on  de  coiTre  re- 
coQTerts  d^nne  mince  pdNeole  d'or;  le  pins  soovent  auasi 
les  file  d*argBni  sont  simplement  des  fils  de  coitre  argents. 
A  rartkle  DiTttniurt,  nous  aTons  dit  par  quel  proc^  on 
obtleDldea  fils  de  platinedhme  ttenit6  extreme. 

Qooiqae  le  f  il  de  fer  soit  encore  le  plnaemploy^  de  tons 
les  fils  m^talliqaea,  on  lui  a  aobatitu^  dans  an  certain  nom- 
bie  de  caa  le  fit  de  line  qnlne  se  d^oU  paa  anssi  rapide- 
menl  dane  lea  Ueni  bomldea. 

Les  fib  d*er,  d'aiient  elde  cuirre,  destinte  k  la  fabrica- 
tion de  la  paasementerle,  de  la  broderie,  se  m^langent 
sonTCDt  mwtc  dea  filade  aoie,  de  ceton,  de  lin,  de  laine,  ete. 
Cestdana  oette  eattfgorie  que  lentrent  lea  cor  des  m^ta  I- 
liqoeade  nos  inslnmieiita  de  nuisiqae. 

FILTRATION,  moyen  qn'on  emploie  pour  d^iarrasser 
on  liquUe  de  certaines  matiires  qn'il  tient  en  suspension 
ou  aToe  lesquelles  il  est  combing.  II  j  a  an  moins  denx  ma- 
aiires  d'op^rer  nne  filtntlon  :  1*  on  pnrifie  an  liquide  en 
le fiiisant  paaser  k  tmtn  mie  toile,  do  papier,  one  pierre 
HWgfe"^  9  etc. :  cette  operation  est  porement  ro6canique; 
cv  le  filtre,  dane  ces  diTen  caa,  fait  les  (onctionS  d*on 
lamls;  !•  la  maUM  filtiante  agit  qoelqnefois  chimiqoe- 
mcnt :  alttsi,  par  exemple,  lorsqu'on  fait  passer  de  Tean 
eombinfe  aTocdes gai  m^phitiqaes, des  matlirea  animales, 
i  trafers  une  coucbe  de  poossitoe  de charbon,  on  la  reQoit 
Kmpide  elaana  odenr,  les  floidea  strangers  i^^tant  oombindi 
aveele  charbon.  TaTsstoaa* 

FILTRATION  ( Coatfcfaande  de ).  VayeM  GoirrnB- 

BAMOK. 

F1LTRE  (dafnUrum,  feutie).  Qaand  on  Teut  s^parer 
dVn  liqaide  les  matiires  soUdes  qull  tient  snspendaes,  on 
hJUtre,  A  proprement  parier,  on  >f/fra  eat  nne  sorte  de 
crible.  Ob  lliit  de  oes  flitrea  en  tOotea  sortea  de  matiirea 
doote  d'one  certain  degr^  de  porosity  :  il  y  a  des  filtrea  en 
papier,  dnp,  toUe,  piene.  II  y  a  anssi  des  filtrea  qu'on 
poorrait  dire  composdf  :  on  les  foit  en  sable  plna  ou  moins 
fin,  en  poussitede  charbon,  etc.  Dans  toos  les  cas,  le 
liqaide  qui  passe  an  traven  d'on  filtre  ne  doit  avoir  aucune 
action  sur  lea  matikea  qui  le  composent  i  ToUi  poorquoi  on 
porifie  lea  addes  dana  dea  filtrea  lUts  de  caUkmx  non  cal- 
cairea  on  de  yerre  piM. 

Pour  aec6l6rer  le  passage  d'uD> liquide  k  trayera  un  filtre, 
oa  pent  CiUre  usage  de  deni  raoyens  :  i*  en  enieyant, 
au  moyea  d*ane  machine  pnenmatique.  Pair  qni  eat  audes- 
lons  de  Pappareil  t  le  poids  de  la  colonne  atroosph^qoe  qui 
agit  an-deaans  du  liqaide,  n*6tantpius  contre-balanc^,  for- 
€eii  ee  denier  A  aMntroduire  dans  les  pores  du  filtre  ayec 
plas  d'teergle  qne  s*U  tt*y  dtait  aollicit^  que  par  son  propre 
poids :  oe  moyen  prtfisente  trop  dlnconvdnients  pour  qu*il 
•OH  giBlralemenI  mis  en  pratiqae;  2*  on  obtiendrait  une 


-FIN  444 

filtration  phis  rapide  eil  aogmentant  la  bautenr  de  la  eo« 
lonne  du  liquide.  Oela  se  oomprend  :  la  coucbe  qui  forme- 
rait  la  base  de  cette  colonne  serait  d'autant  plua  presateque 
la  banteurdeoelle-ci  serait  plus  grande. 

La  piupart  des  filtres  agissent  m^caniqaement  :  ce  sont 
des  grillages  k  mailles  plus  ou  moinf  serrta.  H  y  aaossi  des 
filtres  qni  agissent  en  mtaie  temps  chimiquement  i  tela  sont 
cenx  qui  sont  fkits  de  charbon  ptl^;  ils  sont  excellents  pour 
clarifier  les  eaux,  pour  leur  enleyer  les  gaz  et  les  metises 
animales,  etc,  qu'eUes  contiennent  II  eiiste  k  Paris  des 
itablissementa  od  Ton  filtre  en  grand  les  eaux  au  moyen  du 
duirbon  :  ce  mode  est  de  beaucoup  pr^fiirable  aax  filtres 
en  pierre  on  en  sable,  qui  laissent  aux  eaux  lear  manvaise 
odeur  on  leur  mauvais  gofit,  tandis  qu'en  sortant  d^un/lUre- 
charbon^  ellea  sont  d'one  puret^  parfiute.     TiYsatoai. 

FILTRE,  breuyage.  Foyes  Philtre. 

FIN.  On  entend  par  /n,  en  philosophic,  un  rteiltat  votc/v, 
amen^  avee  inientUmj  A  detMein,  d^termin^  k  ayoir  lieu 
par  le  fait  d*une  puissance  intelligente  qui  s'eat  propose  ce 
rtenltat  pour  but  Si  on  conaidto  I'oiigane  de  Tceil  et  son 
rteltat  seulement  sous  le  rapport  de  causality,  on  dira  que 
le  phteomtoe  de  la  vision  est  le  rt^ultat  de  Taction  de  cet 
organe.  Mais  si  on  s*^6ye  plus  hant  que  le  rapport  de  Teffet 
k  la  cause ,  si  on  fait  intenrenir  Tidte  de  la  puissance  Infe/- 
ligente  qui  en  errant  cet  organe  a  eo  PintentUm,  le  dessin 
de  produire  le  pbtoomtee  qui  en  rtelte,  on  dira  que  I'osil 
a  dt6  cM  A  cetiefn  que  Fanimal  doo^  de  cet  organe  pfit 
connaltre  eertaines  quality  de  la  matito.  Par  opposition  A 
lldte  de  /In,  on  appelle  moftem  les  agents  oo  le  ooncours 
d'agents  qne  la  pnissance  crtetrice  a  mis  en  cBuyre  pour 
produire  le  rfeultat  qu'elle  s'^tait  propos^  agents  qne  Ton  a 
appel^,  par  opposition  k  PefTet  qu*ils  amtoent,  du  nom 
impropre  de  cotue.  Ainsi,  les  mots  cause  ^  d'une  part,  de 
Pautre,  ^et^  r^tultat^  re^oiyent  le  nom  de  mopen  et  de^n 
quand  on  les  considto  par  rapport  k  la  puissance  intelligente 
qui  s'est  seryie  de  I'nn  pour  amener  I'autre. 

Comment  arriyons-nous  k  croired'abord  que  tout  ce^qui 
exUte  a  une  Jin,  ensuito  qne  tout  r^ultat  prodoit  est 
le  fait  d'une  intelligence  qni  s'est  propose  de  le  produire  est 
une  Jin?  Nous  pnisaons  en  nous  I'idde  de  cause,  en  nous 
yoyant  donner  Uen  k  certains  mouvemeoto,  k  certains  actes 
qui  n*eus8ent  pas  en  lieu  sans  notre  yolont^.  Do  moment 
ou  nous  ayons  per^  le  rapport  qui  existe  eatre  une  cause 
et  ses  eflets ,  noua  gdn^lsona  oe  rapport ,  c'est-li-dire 
que  nous  nous  deyons  k  cette  y^t^  g^n^rale :  tout  fail 
a  une  cause.  Mais,  quand  nous  considirons  quelque,  temps 
ridte  de  cause,  que  nous  ayons  puiste  en  nous,  nous 
remarquons  que  I'^ltoient  totellectuel  y  joue  un  rdie  obIig6, 
car  noua  sayona  que  nons  n'anrions  pas  produit  tel  acte  si 
none  n'ayions  paa  pens^  k  le  produire  et  voulu  le  produire. 
Qoand  rbomme  a  donn^  k  la  cause  le  caract6re  dHntellh 
genle^  il  s'^ye  k  cette  ^eooiide  y<&ritd  g^n^rale :  un  phdno- 
mtoe  ne  pent  6tre  d^temdn^  que  par  une  cause  qui  I'a  pro- 
duit sckemmenif  c'est-4-dire  par  une  cause  intelligente. 
Mais  ce  n'est  paa  toot :  Fbomme,  aprte  ayour  ainsi  attach^ 
Pnae  k  Pantre,  par  nn  Infisaoluble  lien ,  les  Idte  de  cause 
et  dHntdUgence,  a  remarqn^  que  quand  fl  est  y^ritablement 
cause d'un  fait ,  U  n*ag|t  iamais  sans  intention,  c'est-^-dire 
sans  ayoir  con^n  plus  on  moins  k  Payanoe  le  dessein  de 
produire  ce  fUt;  il  y  a  toujoors  nn  rteultat  auquel  il  a  youlu 
paryenir.  De  Vk  noua  nous  tieyons  k  cette  y^rit^ :  il  y  a  un 
but  k  tootes  les  actions  d'une  cause.  Or,  les  objets  de  la 
crtetion  ^lantantant  d'actes  de  la  p%rt  du  Crteteur,  tout  ce 
qui  a  M  crtt  a  une  iln;  la  puissance  intelligente,  cause  de 
tons  les  atres,  a  en  en  lea  crfent  une  intention ,  nn  but,  et 
quand  nous  ne  saurions  pas  quel  est  ce  but;  quand  nous  ne 
ponrrions  noua  rendre  eompte  de  Pexlstenoe,  du  jNmr^oi 
d'une  crteture,  nons  ne  croirions  pas  moins  qn'elle  a  una 
fin. 

Nous  ayons  montr^  comment  Phomme  anrlfa  k  sayoir  qua 
lout  oe  qui  exfstc  a  nne  fin :  maintenant ,  oonment  arriye-t-ll 
k  sayoir  quelle  est  la  fin  des  difi^rents  (treaou  des  diffi&refitl 


riN 


•gefiU  de  la  nature?  B'oiieiliaiiike  bien  facile  :  t^  la  con- 
BaMsanoe  de  laora  r^sultata.  En  eflet ,  nous  saTons  d^aTance 
quetoot  dans  la  Datnreeatcrtt  poor  amener  uncertain  r^soltat. 
Da  moment  qoe  noos  nous  sommes  asaarte  que  td  agent 
produit  immMiatement  tel  efTet,  iel  pMnom^ie,  et  qu'il  Ta- 
mtae  oonstammeot ,  nous  pronon^ons  que  oe  phdnomtoe 
eat  le  rtsultat  toulu  par  la  nature,  puisque  ce  rteultat  est  tou- 
Joors  iemtaie,  et  qued'aUleoraragentan  moyen  duquel  11  a 
^t^  d^temun^  h  paraitre  est  d^pourra  de  TinteUigence  et  de 
la  liberty  qui  lui  seraient  n^cessaires  pour  en  6tre  lul-mtoie 
cause.  En  on  mot,  la  connaissance  exacte  des  effets  d'un 
agent  de  la  nature  est  pour  nous  indentique  a?ec  sa  fin. 

Consid^ns  maintenant  Fid^  de  fin  dans  ses  rapports 
ayec  oelle  de  roojen.  On  donne  le  nom  de  moyens  sox  agents 
que  la  nature  emploie  pour  prodnire  les  pMnomtoes  dont 
le  monde  est  le  th^tre,  paroe  qo*ils  senrent  corome  d^inter' 
m^diaire*  entre  la  cause  cr^triceet  les  rteultats  prodoits 
par  cdle,  quMls  sont  comme  les  instruments  qu*elle  emploie 
pour  eiteuter  ses  desseins.  Dans  beancoup  de  cas,  ces 
desseins  ne  s'accomplissent  qoe  par  un  con  -oursd'agents, 
c*est-li-dlre  qu'lly  a  ptusieurs  moyens  employ^  poor 
amener  un  seol  rteoltat  C*est  suiout  en  remarquant  ce  oon- 
ooors  de  moyens  employ^  par  la  nature,  que  noos  sommes 
Irapp^  de  l'^?idenee  de  llntentlon  dans  le  Cr6ateur  i  produire 
tel  rteultat;  car  si  nous  voyonsce  rfoultat  amen^,  nonpar  un 
seul  agent,  mais  par  un  grand  nombre,  chacun  d*eux  vient 
d^poser  de  intention  du  Crteteur,  et  plus  est  grand  le 
nombre  de  cea  agents,  plus  noos  avons  de  raisons  de  croire 
qu'ils*est  propoaA  pour  fin  le  phtoomtae  k  la  production  du- 
quel tant  de  moyens  Tiennent  aboutir.  Mais  ce  qui  de?ient 
pour  nous  une  nouvelle  preuve  d*intention  de  la  part  de  la 
cause  premie,  c*eat  Tingtoieux agencement  de  toutes  les 
parties  oonstitotiTes  d^unorgane.  II  nous  est  dtoontrtf  alors 
a?ec  lademito  Evidence  que  lefait  qui  rtelte  de  cette  sa 
Tante  combinaison  derait  6tre  nteesaairement  dans  la  pens^ 
de  celui  qui  a  d^ploy^  poor  le  produire  one  si  profonde 
babtlet^,  one  si  minutieuse  soUicitnde. 

Noos  venons  de  falre  observer  que  la  nature  emploie  un 
grand  nombre  de  moyens  pour  atteindre  une  seule  fin ;  nous 
pou¥ons  ^element  remarquer  que  souTent  aussi  un  seul 
moyen  lui  sulfit  pour  atteindre  plusieurs  fins  dlfRireiite^. 
Ainsi ,  dans  les  arbres ,  le  bois  nom  foumit  des  mat^riaux 
poor  la  construction  et  on  combustible  ponr  nous  gaiantir 
du  froid ,  pour  preparer  nos  aliments ,  pour  forger  et  fondre 
les  m^taux ,  etc. ;  les  feuilles  entretieunent  dans  Patmos- 
pli^re  une  fralclieiir  saliitaire  k  la  ▼^dtatlon ,  prot^nt  les 
aniinaui  contre  les  ardeursdu  i«oleil,  reposeiitagrtebJement 
la  vue  |Nir  leiir  douce  veniure,  enfln  contribuentli  engraisser 
le  sol  v^Atal  et  k  eo  angmenier  la  masse. 

11  est  important  aussi  d'observer  que  ce  qoe  nous  ap- 
pelonsyfn  ou  moyen  n'e<;tpas  invariablement  fin  ou  mofen 
dans  la  nature,  inais  que  tel  fait,  que  nous  regardons  comme 
fin  par  rapport  k  un  autre  qui  a  serri  k  le  produire  pent  k 
son  tour  nous  apparaltre  comme  moyen ,  si  noos  le  consldd- 
rons  par  rapport  au  rteultat  qu'll  sert  lui-m^me  k  amener. 
Mais,  dira-ton,  si  tout  ce  qui  existe  est  It  la  fois  fin  et 
moyen,  selon  le  point  de  Tue  sous  leqnel  on  ren?isage,n*est* 
11  done  rien  qui  soit  iuTariablement  fin ,  et  que  Dieo  se  suit 
propose  comme  dernier  but  de  son  sublime  travail  P  Asso- 
s^ment  Tliomme  noos  apparalt  comme  plac^  k  on  rang  trte- 
^lev^  dans  rtebelle  des  fins ,  car  toote  la  nature  semble  ci^te 
en  Yue  de  lui ,  et  aboutir  k  son  ttre.  Mais  est-ll  blen  vrai  que 
le  d^veloppement  de  ses  bcult^  et  Taccomplissement  de 
la  destine  soit  Upens^demiiredo  CrdateurP  6tait-il  besoin 
poor  qoe  cette  destintea'accomplltde  tons  les  Mres  qoi  peu- 
p lent  I'espace  ?  Ce  vaste  ensemble  lui-m^me  que  nous  appelons 
l*onifer8  est-il  cette  fin  definitive  que  noos  cberchons?  £st-ce 
en  vue  de  Ponivers  seul  que  Punivers  a  €IA  crM?  Mais  pai 
cdam^me  que  cette  vaste  liarmonie  est  une  crtetion,  qu'elle 
est  I'objet  de  la  pens^  et  de  faction  divine ,  elle  aussi  a 
une  fin,  et  Ton  pent  sedemander  pourquoi  elle  eiiMe. 
Or  I  oomuic  an  (\c\k  d*elle  il  n'y  a  que  son  Cr^teur,  c*est 


lui  qoe  nous  sdtnoies  foro^  de  ree<ttittaltre  eooune  la  li  dtf' 
oi^re  de  tootes  cboses ,  et  de  mtoie  qoe  la  ration  bom 
oblige  k  remonter  k  one  canse  preml&re  aodeU  de  taqoeOe 
nooa  ne  ponvons  en  concevoir  d^aotre,  de  mtaie  ellmGot 
oblige  k  noos  arrdter'an  Cr6ateor  comme  ao  but  d^finitif  ol 
toot  abootit  et  qui  n*a  pas  d'autre  fin  qoe  hii-mtaie, 
comme  ao  seol  6tre  qoi  rteme  en  lui  toute  son  onivre  et 
eat  invariablement^n.  Cest  cette  grandepena^eqaiinspinit 
les  pofites  des  premiers  Ages  quand  ils  fiidsaient  dire  4  Is 
Divinity  :  «  Je  sols  le  prindpe  et  le  but  de  tootes  chosei,  le 
oonunenoement  et  la  fin :  ego  st/m  alpha  ei  dmiga,  > 

It  noos  reste  k  envisager  lldte  de  fin  par  rdpport  inMe 
d'etre  crM.  11  yades  crtetoresdontla  missions*accoinplit  parte 
fait  seul  de  la  nature ,  comme  la  plante  oo  la  brute,  qui  ae 
peuvent  manquer  k  leur  destin^,  qu'elles  ne  connilsseBt 
pas,  et  k  laqoelle  elles  sont  poosates  par  one  lirMstible 
puissance  qui  pense  et  agit  pour  dies.  Mais  il  n'en  est  pat 
ainsi  de  l*homme :  DIeu  lui  a  donn^  pour  attribut  principal, 
disons  mieux,  lui  a  accord^  comme  privil^e,  d*aller  par 
Ivi-mimt  i  sa  fin,  c*est4-dire  d*aider  parson  activitepropre 
ses  tendances  a  accomplir  leur  ddvelopperoeot ,  de  mam^4 
atteindre  le  but  auquel  elles  sont  destinies.  Comment  done 
d^coovrira-t-il  sa  fine!  les  moyens  de  TatteindreT  par  fofr- 
servation  attentive  desfacuttis  dant  it  estpomTuetda 
rapports  qxf elles  ont  entre  eltes.  En  effet ,  lea  facelt^s 
dont  Ta  done  la  nature  ne  sont  autre  diose  qoe  les  moyeai 
qoi  dolveot  le  condoire  4  sa  fin ;  il  ne  pent  done  leraoDler  k 
cette  fin  qu'en  etudiant  les  diverses  tendances  qoi  rioivent 
Py  mener,  en  les  snivant  dans  leor  devdoppement  Joaqo'aui 
derniers  r^soltats  oil  sa  raison  loi  montre  qo'dlea  ddvent 
aboutir.  II  existe  entre  noa  fkcult^s  oomme  entre  les  orgaaes 
du  corps  des  rapports  de  subordination  et  de  dependanoe  qd 
lea  rendent  nteessaires  Pone  k  Pautre;  et  de  ntee  qoe  la 
Men  du  corps  rteolte  du  rapport  harmonleox  des  fooctions 
organiqoes,  de  mteie  le  blen  de  Pftme  r68olte  de  rheereose 
harmonie  qui  exlstera  entre  tootes  sea  facultes.  Alosi  Pbomme 
qoi  pour  ^viter  de  fUre  le  mal  se  s^parerdt  de  la  sodete, 
et  se  retrancherait  derri^re  on  rempart  qoi  le  gnrantinit  I 
jamais  des  dangers  aoxqoela  ses  passions  Texposent,  le 
priverait  des  moyens  d^attdndre  la  fin  qo'il  poonoit,  car  9 
se  ravirait  la  liberty,  coodiUon  essentidle  de  raceoroplisfle- 
ment  do  bien  moral.  Aucon  des  penchants  de  notre  natnre 
ne  doit  done  etre  indifferent  poor  Pliomme :  il  doit  tous  les 
regarder  comme  des  moyens  phis  oo  moins  directs  d*attein* 
dre  sa  fin.  Seolement  ,c*e8t  k  lui  k  remarquer  qodle  part  y 
preod  Chacon  d'eux ,  qod  r6le  il  remplit  k  Pegard  do  hot 
principal ,  afin  de  savoir  quelle  attention  fl  merite,  dans 
i|iiHlle  proportion  il  doit^tre  d^vdoppe,  afin,  en  un  md, 
de  pouvoir  gouvemeur  d  condlier  le  plus  heoreosemeat 
possible  tous  ces  ressorts  qoi ,  abandonnes  k  eux-mdmes , 
ne  sauraient  se  mettre  en  harmonie ,  d  n*am&neralent  par 
leor  jeu  irrdgolier  que  desordre  et  confusion. 

C.-M.  Paptc 

FIN,  FINET,  FINAUD,  FINASSIER.  Ces  moU  ont  des 
significations  nombreuses,  qudquefois  mtoie  enti^rement 
opposees.  Applique  k  certaines  matieres  predeuses,  comme 
Por,  les  diamants,  les  perles,  fin  signifie  pur^  sans  nUlange, 
vrai  naturel^  tandis  qu*employe  It  qualifier  one  persoone , 
11  emporte  eertatne  ideede  doplidte,  qodqoefob  mteiede 
perfidie.  Fin  est  encore  osite  poor  dedgner  ce  qoi  est  le  plus 
redierche  dans  aon  genre,  le  plos  ddicat,  le  pina  exqnis,  le 
mieux  fait ;  il  est  alors  oppose  It  eommvn ,  k  grassier.  One 
tallle/neest  une  tallle  mince,  svelte,  degngee,  bioi  lilte. 
On  dit,  dans  le  m£me  sens,  avdr  la  jambe  jCne.  Ua  pin- 
cean  fin  ,on  burin  fin ,  one  tooche/ne  indlqnenl-dans  la 
peintore  la  gravure,  etc .,  des  effets  de  toocheremarqaabiei 
par  leor  leg^rete,  leor  grftoe,  leor  deilcatesse.  On  emploie 
la  meme  epithde  poor  exprimer  qo^one  chose  a  de  r^epmoa 
d  de  la  deiicatesae :  Dea  oontoors  >f  iia  d  gradeox ;  lea  tnila 
de  la  fiemme  sont  pUuJins  qoe  eeox  de  niOBinie.  Miii- 
dique  encore  ce  qoi  ed  meno ,  mfaioe,  ddUe  *  p&pkrfin  - 
toile/ne,  dentdlea  fines. 


PIN  —  FINANCES 


un 


kppnpiU  anft  lAAM  d«  feiprit,  SI  tent  dire  subtil,  dili- 
tait  inginiemxi  Avoir  le  goftt,  le  diuemement,  resprit/Sn, 
la  raillerie  Une,  Cest  avec  celte  signification  qu*on  I'appli- 
qoeaiix  sou,  lorequMU  per^ivent  exactement  les  moindres 
imprettioos  :  Avoir  Todorat,  le  tact  fln,  Vwie  fine.  Par 
analogies  on  dire :  Get  homme  a  I'oreiUejtne,  pour  exprimer 
qu^il  est  expert  en  musique. 

Fin  t*einploie,en  parlantdes  personnea,  dans  le  sens  de  ra- 
ke idtstfUkfin  inatoia.  II sadit^galement  de  certains animaax : 
Le  renard  est>ln  ;etdes  actions  des  bommes  :  Le  tour  est  fin , 
•aconduiteest/n^.  Pour  d^igner  unhoinmc habile iinianier 
r^ptey  OQ  dit :  CTest  une /7I6  lame.  On  appeUe  partie  fine 
me  partie  de  plaisir  eu  i'on  met  quelqae  myst^re.  Dans  le 
laogage  famllier,  on  dit  le  fin  fond ,  pour  d^fgner  Fendroit 
la  pins  profond ,  le  plus  racul^;  et  le  fin  mot  pour  signifier 
leaens  cacb6,  le  motif  secret 

Fin  sVmploie  quelquefois  aubstantivement.  En  parlant 
des  monnaieSy  11  d^igne  I'orou  Targent  m616  k  un  alliage  : 
II  y  a  tant  de  deniers  de>!n  dans  cette  monnaie.  Le/n  d'une 
afbire  est  le  point  dteisif  et  principal ,  .la  connaissance  par- 
fiite  de  toot  ce  quMl  y  a  de  secret  et  de  m>sttfrieux  dans 
duis  eette  afTaire.  Fatre  le  fin^  c^est  se  piquer  d'adresse, 
de  roae ,  de  finesse.  Le  finassier  ou  finasseur  est  celui  qui 
use  de  petite  on  de  mauvaiae  finesse;  le  finaud  celui  qui 
est  rus^  dans  de  petites  cboses.  Finet  est  le  diminntif  de 
^;  eependanty  il  s^^carte  de  son  acception  primitive  quand 
11  dMfpie  celui  qui UXXldfin,  le  rusi,  et  ne  Test  que  m^io- 


FirVALE  ( GramiM^t ).  C^est  le  nom  que  Ton  donne  k  la 
syllabe  qui  termine  un  mot :  ainsi,  dans  g^&ofiti^  en- 
cmtragement ,  amour,  les  syllables  ti,  mmt,  mour  sont 
les  finales.  Ce  n*est  pas  sans  raison  que  les  rMteurSy  pour 
r^pandre  du  nombre  et  de  Tharmonie  dans  le  discoors,  re- 
commandent  la  plus  grende  attention  dans  le  cboix  des  mots 
par  repport  k  leurs  ftnates.  On  peut  voir  dans  nos  grands 
tolvainsy  dans  MassiUcm  particuli^rement ,  avec  quel  art  lis 
aavent  employer  altemativement  les  finales  longues  et  br^ 
vas,  lea  UnaUs  muettei  et  \ts finales  sonores^  pour  donner 
plus  de  cliarme  k  r^ocution,  et  avec  quel  soln  iU  ^vitent 
demultiplier  les  mots  dont  les  finales  trop  nniformes  intro- 
dniraient  des  consonnances  ct  des  rimes  que  la  prose  doit 
locjours  rejeter.  En  g^n^ral ,  on  ne  saurait  trop  oonsolter  la 
d^ieatesse  de  Toreille  pour  allier  lieureusement  les  syllabes 
finales  aux  syllabes Initiales  qui  viennent  k  leur  suite,  et  les 
syllabei  initiales  aux  syllabes  finales  qui  les  prdcMent.  L'e 
produit  un  grand  nombre  de  finales  muettes  dans  notre 
prose  eomme  dans  notre  po^e ;  roais,  suivant  Marmontel , 
loin  que  la  multitude  de  ces  Jina/es  suit  nuisiblek  Paccentet 
^la  m^lodie,  elle  leur  est  trto-faTorable,  pourvu  que  Pora- 
tesfi  Tacteur  ou  lolocteor  ait  leaentiment  de  la  prosodie. 

Champacnac. 

FINALE  (Mhuique).  Les  airs,  les  duos,  ouvrent  bien 
n  op^ra,  et  figurent  ensuite  avec  avantage  dans  les  pre- 
niires  sctees  de  cheque  acte.  Kaia  lorsque  les  r^ts  de  Pex- 
pedtioa  ont  tout  expUqn^ ,  et  que  Pintrigue ,  marchant  avec 
i^idit^  y  tend  k  s^embrouiller;  lorsque  le  noeud  de  la  pitee 
va  se  farmer  ou  se  d^nooer,  et  que  tons  les  ressorts  mis  en 
)en  pour  y  parvenir  amteent  des  incidents  qui  cliangent  les 
•itoatloiis,  et  font  refiner  vera  la  fin  de  Tacte  les  grands  ta- 
btoattXf  leseflets  produits  par  I'expression  du  contentement, 
de  llvrease ,  de  la  tristesse ,  de  la  fbretiry  du  tumulte  et  du 
dte>rdre;  lorsque  le  moindre  r^t  brappe  tellement  des  per- 
sonnages  dont  Pagitation  est  au  comble  qu'ils  ne  peuvent 
rentendre  aans  manifester  aoudain  leurs  sentiments;  lors- 
que Paction  et  les  passions  occupent  tour  k  tour  la  sc^ne ,  et  k 
des  intenralles  si  rapprocb^  qu^on  ne  saurait  passer  subite- 
nent  da  ebant  aa  rteitatiTooau  dialogue  parl^,  pour  revenir 
casoite  k  la  mdodfie*  le  compositeur  traite  toute  cette  fin 
d'aetecn  eliant  proprement  dit,  lie  les  seines  les  unes  aux  au- 
Ires ,  et  fait  one  suite  non  interrompiie  d'airs,  de  daos,  de  trios, 
deqoatuors,  de  quintettes,  de  sextuors,  de  ch(i*ors  m^me, 
pitibaervant  d'toire  en  diant  vocal  lout  ce  qui  exprinie  les 


passions,  rdservant  la  d^damailon  mestirie  qui  s*unit  aox  traits 
d'orchestre  et  le  rteitatif  pour  le  dialogue  en  action  et  les  r^ 
dts.  Ce  morceao  de  musique,  le  plus  long  que  la  seine  Ijf  rique 
puissenous  oflHr,  s*appelle/iia^,  motemprunt^de  Pitallen, 
et  qui  a  dfi  garder  chez  nous  son  genre  et  son  orthographe. 
Cest  Lograsctno,  compositeur  qui  florissait  du  temps  de  Per- 
goltee,  qui  en  est  IMnventeur;  PaisieUo  est  le  premier  qui 
Pait  Introduit  dans  Pop^ra  s6rieux.  On  ne  rencontre  point  de 
finales  dans  nos  andens  operas.  Ce  genre  de  composition  dmU 
nemment  dramatique  n*^1ait  cependant  pas  inconnu  de  nos 
devanders ,  puisque  les  Italiens  et  les  Allemands  leur  en  four- 
DiBsaient  de  tris-beaux  modules.  On  avaitentendu ,  en  1771, 
cduide  £a  Bonne  Fille.  Mais  Pinexp<*rience  des  acteors  de 
ce  temps  emptehait  de  dinner  nne  certaine  extension  aux 
morceaux  de  facture,  et  nos  compositeurs  craignaient  de  s*a« 
venturer  dans  des  effets  karmoniques  que  des  cbanteurs 
oonsomm^  auraient  seuls  pu  rendre. 

Philidor,  Duni,  Monslgny,  Gn&try  terminaient 
leurs  actes  par  des  qiiatuors,  des  qfiintettes,  des  sextuors. 
Ces  morceaux,  compost  avec  la  retenue ,  f  oserai  dire  la 
timidity  qui  accompagne  la  naissance  de  Part  et  les  premiers 
pas  de  Partiste ,  n*ont  point  la  marcbe progressive,  rapide, 
intrigue,  Ptolat,  la  chaleur,  la  fougue  du  finale.  Si  tons  les 
actes  des  operas  de  Gluck,  de  Piccini,  de  Salieri,  de 
Sacchini,  finissent  par  des  chceurs,  des  trios ,  des  duos , 
et  mime  par  de  simples  airs,  c'est  que  les  ballets  et  les  diver- 
tissements suppldaient  qudquefois  au  finale.  D*ailleurs ,  on 
ne  peut  en  imaginer  de  plus  beaux  que  le  choenr :  Poursui" 
tons  Jtuqu'au  trdpas,  d^Armide,  et  cdui  du  second  acfe 
d*OrpMe,  qui,  de  la  maniiredont  il  est  coup6  par  les  solos 
et  par  le  vif  int^rit  qu^il  inspire ,  pourralt  ^tre  consid^r^ 
Gomroe  un  vMtable  finale.  La  nonvelle  toile,  suiTsnt  les 
glorieux  exemples  que  Ini donnaient  lesMozartetlesCI- 
marosa,  introduisit  le  finale  sur  nos  th^tres  lyriques;  et 
nos  compositeurs  ont  excell^  dans  ce  genre  brillant  et  pas- 
sionn^ ,  qui  pr^ente  tant  de  moyens  pour  produire  de  grands 
effets. 

Les  plus  beaux  finales  sont  cenx  de  Don  Juan ,  des  ffoces 
de  Figaro,  de  Cosi  fan  tutie,  de  Moiart;  do  J?ai  ThMore, 
de  Palsidio ;  du  Mariage secret,  de  Cimarosa;  des  Deux 
Joumies ,  de  la  Vestale,  de  Spontini,  d'^lisa,  de  Cberu- 
bint ;  du  4*  acte  de  Robert  le  Diable,  de  Meyerbeer.  Le  cboeur 
des  conjures  dans  Les  Huguenots,  du  mime  auteor,  est  as- 
sez  intrigue  pour  former  un  beau  finale ;  mais  il  est  snivi  par 
un  duo  qui  termine  Pacte.  Je  mentionne  Rossini  le  dernier, 
parceqnece  compositeur  est  le  plus  fdcond,  et  quel'on  admire 
de  superbes  finales  dans  presque  tons  ses  operas;  Je  ne  cl- 
terai  pourtant  que  oeux  de  Moise,  d'Othello,  de  La  Fie  vo« 
leuse,  de  Simiramis,  de  La  Dame  du  Lae,  de  Guillaume- 
Tell ,  pour  le  genre  s^rieux ;  et  ceux  du  Barbier  de  SivUle , 
de  Cenerentola,  de  La  Pietra  di  paragone,  dans  le  style 
comique.  Les  plus  courts  de  ces  finales, ceux  de  Don  Juan , 
de  la  Pie  voleuse,  durentqumze  minutes ;  il  faut  une  demi- 
heure  juste  pour  Pex^cution  du  finale  de  S^iromis,  le  plus 
long  de  tons.  Castil-Blaze. 

FINALES  (CAuses).  Voyez  CAcaAuri. 

FINANCES.  Les  uns  font  d^river  ce  mot  definatU)  g<i 
finantia,  mot  qui  dans  la  basse  latinit^  repr^sentait  Pidt^e 
d^une  indemnity,  d*une  amende;  les  autres  le  font  venlr  de 
finare,  comiption  de>Iniri,tenniner,  conclnre,  arrdter  nn 
compte;  les  autres  encore  du  mot  saxon/ne,  qui  dMgnait 
un  imp6t ,  et  signifie  en  anglais  amende,  forfaitare;  d^autres , 
enfin,  pr^tendent  que  les  agents  du  fise  et  les  bororoes  de 
finances  (aisant  usage  d*dcritnres  diff^rentes ,  les  premiers 
grossoyant  et  les  seconds  se  servant  de  caract^res  plua  fins, 
le  mot  finance  aurait  pris  naissance  de  cette  vari^  d^teri- 
ture.  Nous  ne  contestons  aucune  de  ces  etymologies,  de  peur 
de  les  conlester  toutes.  Quant  ^  ce  qui  conceme  les  finan- 
ciers, les  finances  ne  sont  autre  cbose  que  la  connaissance 
des  formes  k  employer  pour  obtenir  les  fonda  des  contribua- 
bles ,  et  Part  de  r^uire  ces  formes  aux  r^lea  et  aux  usages 
de  la  coroptabnit^.  Quant  aux  contribuableiy  ee  n*est  ^ 


446 


FINANCES 


Taction  da  fisc  aor  ies  moyens  k  empbyer  poor  hAter  les  paye- 
ments  et  I'emploi  des  formes  plus  ou  moiiis  rigoareases  qui 
aident  k  ce  r^tat.  Quant  aux  ministres  et  aux  agents  du 
gouTeraement,  c^est  la  science  de  rejeter  sur  Tavenlr  les 
charges  du  present,  ou,  en  termes  de  tactique,  ia  science  de 
fester  centre  de  mouvement,  en  regardant  la  recette  comme 
aile  droite,  la  d^nse  conune  alle  gauche.  Mat^riellement 
consid^r^,  c^est  Tart,  en  raison  des  besoins,  de  arte  des 
ressources,  de  solidifier  la  puissance  mobile ,  et  de  supplte 
k  Taide  du  crMit  k  tout  ce  qui  manque  d'efTectif. 

L*^conomie  politique  d^Onit  les  finances  :  Tart  de  percevoir 
au  moins  de  frais  possible ,  en  prenant  pour'bbjet  de  la  per- 
ception les  produits  rtels  et  imm^iats  de  la  terre ,  et  en 
dioiinuant  la  mati^re  imposable  k  TefTet  de  diminuer  aussi 
les  hrais  de  perception.  Une  preuve  que  les  finances  ne  sont 
point  encore  parvenues  k  la  dignity  de  science ,  c'est  que  clia- 
cun  des  syst^mes  a  tour  k  tour  6t6  essay^  avec  succte,  et 
que  les  principes  les  plus  oppo&^s  ont ,  dans  une  certaine  me- 
sure ,  obtenu  les  r^ultats  d6$irte  de  leurs  auteors.  l^a  raison 
g^n^rale  de  ce  fait  est  que,  tant  que  le  syst^me  a  ^t6  dans 
le  vrai ,  et  quMln*a  pas  d^pass^  la  limite  de  cette  v^td,  il  a 
joui  de  toot  le  cr6dit  quMl  ^tait  en  droit  d^obtenir  et  dc  con- 
server;  roais  chaque  fois  Texag^ration  du  syst^me  i'a  perdu. 
Chez  les  Atlitoiens.  les  finances  publiques  dtaient  Ic  pro- 
duit  du  domaine  de  PEtat ,  celui  des  amendes  et  confiscations 
et  celui  des  concessions  de  mines,  qui  repr^ntait  la  Tingt- 
quatri^me  partie  de  leur  produit,  la  capitation  des  strangers 
et  des  afTranchis,  les  droits  de  douanes,  consistant  en 
deux  poor  cent,  quelques  droits  secondaires,  entre  au- 
tres  sur  les  marches,  sur  les  maisons  de  prostitution,  et 
enfin  les  tributs  impost  k  des  villes  ou  k  des  lies  con- 
qnises.  Tous  les  revenus  dtaient  arferm^  k  des  compagnies, 
par  adjudication  publique ;  ces  compagnies  payaient  le  total 
de  leur  engagement  le  neuvi^me  roois ;  comme  garantie  en- 
ters l*ktat,  qui  risquait  fort  [>eu  avec  elles,  elles  ddposaient 
un  cautionnement :  comme  les  traitants,  elles  trouvaient 
moyen  de  se  recompenser  de  leurs  risques  par  de  larges  b^- 
n^fices.  Quand  les  ressources  ordinaires  ne  saffisaieot  pas , 
en  temps  de  guerre  par  exemple,  une  taxe  extraordinaire 
<^taitdtablie  sur  tous  les  citoyens  divis^s  kcetefTet  en  deux 
classes  de  contribuables  dont  la  premise,  celle  des  plus 
riches,  r^pondait  pour  la  seconde,  la  plus  pauvre,  et  faisait 
m6rae  pour  elle  les  avances  de  fonds  ndcessaires. 

Les  Romains,  dont  les  d^penses  ^taient  fort  restreintes,  te 
content^rent  d'abord  de  prdlever  de  modiques  tribuls  sur 
les  nations  quails  avaient  soumises;  mais,  quand  ils  eurent 
une  cour  imp^ale,  des  l^ons  de  fonctionnaires,  de  rui- 
neuses  armte  permanentes,  ils  dOrent  secrter,  enmati^re 
de  finances,  des  ressources  nouvelles.  Alors,  on  Tit  surgir 
une  multitude dMmpiits  divers,  capitations,  quote  part  sur 
le  revenn  territorial,  p^es,  droit  du  vingti^mesur  les  suc- 
cessions, droit  sur  les  affranchissements.  Ckmime  cbez  les 
Ath^ens,  des  compagnies  afTermaient  la  plupart  de  ces 
impdts,  et  rdalisaient  sur  leur  prodnit  de  fastes  b^ndfices. 
Le  s^natavait  la  sorveillance  des  finances  de  T^tat,  excepts 
la  caisse  de  Tempereur  od  venaient  s'engoafTrer  les  revenus 
de  provinces  enti^res ,  sans  qu'il  en  (bt  jamais  rendu  compte. 
Le  Bas- Empire  cherche ,  lui ,  des  ressources  financi4res 
dans  iMmp6t  unique  ;rimp6t  personnel  repr^nte  k  lui  seul 
tous  les  autires  imp6ts.  Sous  le  r^me  f^odal,  les  villes  ad- 
ministraient  leurs  finances  k  leur  mani^re,  tandis  que  les 
seigneurs  et  les  rois  subsistaient  du  produit  de  tears  vastes 
domaines.  Les  ItaUens  nous  apport^rent  les  premiers  la 
science  do  fisc,  qoe  Venise  avait  parfaltement  so  pratiquer 
par  r^tabUssementdes  contributions  directesou  territoriales 
et  des  imp6ts  Indirects  on  de  consommation  :  tors  des 
guerres  de  leur  pays,  de  Louis  Xn  k  Francois  I",  sous 
divers  prdtextes,  et  au  fur  et  k  mesure  des  besoins,  ils  se 
pr^sent&rent  pour  offrir  des  ressources  :  celles  de  se  faire 
r^gisseurs  on  ftrmiers^  moyeniant  un  prix  de  fermc,  ont 
M  plus  Foavent  propose,  et  les  besoins  les  ont  fait  ac- 
lepter.  Loots  XII,  par  la  vdnaliUi  des  charges  de  uagistra- 


ture,  offrit  on  exemple  dangerenk.  Praams  I*  eat  f«o , 
et  te  $ros  garfon  a  toot  glt<;  il  a  d^pass^  les  limiteB  qns 
Louis  XII avait  postes ;  la  taille  a  4U  pins  odieose;  et  looi 
pr^xte  de  r^lariser  des  produits ,  on  a  cM  des  fermei, 
toujoors  on^uses  aux  contribuables,  sans  rendre  davaa- 
tage  au  tr6sor.  II  est  remarquable  de  voir  que,  pendant  te 
qoinzltom  et  le  seixitene  siteles,  on  a  vingt  fois  recberdi^  «t 
pan!  avec  une  extrtoie  rigueor,  comme  concossionnaires, 
lea  financiers;  qu'on  les  a  soumis  k  des  amendes  teormei, 
attach^  ao  pi/ori;  pourtant  il  s*est  trouv6  toqjoara  des  fi- 
nanciers qui  ontvexdd'une  mani^  plus  ignoble  encore  les 
contriboables.  La  p6riode  de  1550  k  1589  ne  prdsente  que 
dterdres  poUtiques,  d^rdres  moraox  el  d^sordres  finaa- 
ciers,  plus  grands  encore.  Sully,  parvenu  k  U  sorioten- 
dance des  finances,  crut  quMl  fallait  ddblayer  la  soarce  pour 
qu'ellepAtfoumir  abondamment;  ilrecherdia  la  nature  des 
abus  et  les  moyens  d'y  rem^ier ;  il  parcourot  les  provinces 
pour  connattre  les  besoins;  il  fot  te  premier  k  eompreo<be 
le  veritable  syst^me  des  finances ,  lequel  consiafe  k  teisser  ii 
cenx  qui  doivent  payer  nne  aisanoe  suffisante  poor  leur  en 
faciUter  les  moyens.  Sa  premiere  optetion  fut  la  remise  da 
53  millions  dMmp6ts  sur  les  tallies  dues  par  l*agricttltare,el 
ce ,  malgr^  tes  emt>arras  du  trisor.  II  oomprit  encore  qoe 
c'est  par  la  diminution  des  frais  de  perception  qu*on  peat 
diminuer  te  fardeau ;  enfin ,  qu'en  regard  des  besoins ,  il 
faut  toHJoors  mesurer  T^tendue  des  ressoarces ,  de  mani^ 
k  ce  que  celles-ci  puissent  Mre  invoqute  sana  les  ^pniser. 

Sous  Louis  XIII,  les  finances  ne  furent  pan  Tobjet  prin- 
cipal qui  occu))a  le  cardinal-ministre.  Les  flnandera  c^iea- 
dant  augment^rent  leur  action,  et  trouv^rent  dans  les  formes 
de  nouveaux  moyens  de  concussion;  jamais  on  ne  s'est 
pennis,  plus  q\j!'k  cette  ^poque ,  de  vexations,  d^extorsions, 
de  moyens  abusifo  de  sacrifier  les  intMts  privte.  Soos 
Louis  XIV,  Col  bert  cr6a  one  nonvelle  hrt  finandtee.  Ami 
esseotlel  de  Tordre,  tout  ce  qui  6mana  de  Ini  porta  ce  ca- 
chet; ce  Alt  lui  qui  ^veilla  Tattention  da  sooverain  sor 
I'adininistration  deFouquet,  qui  paraissalt  vooloir  r^ 
liser,  comme  Calonne,  la  maxime  inverse  de  Caton  dde 
Sully  :  //  vaut  mietix  itre  que  paraitre,  Colbert,  coa- 
trairement  au  systime  de  Sully,  et  d*aprte  les  gonts  de  sob 
maltre,  imprima  k  Tindustrie  un  r^sultat  productif,  a  la 
fois  plus  vif  et  plus  telatant,  et  lui  donna  la  pr^fiftrence  sor 
Taction  plus  lente^mais  plus  assnrde  de  ragricolture.  Afin 
de  favoriser  les  manufactures,  qui  ne  peovent  VHn  que  par 
Pabaissement  des  salaires  et  par  la  certitude  d^nvoir  toote 
r^tendne  du  march^  national ,  Colbert  prohibe  les  giains, 
en  avflit  le  prix  lorsquH  arr^te  leur  exportation;  mais  en 
m6me temps,  il  porte  Ilmp6t  sur  la  consommatioii,  etcrte 
nne  masse  ^norme  dMmpits  indirects  :  les  droits  d*aide  et 
d'octroi  rendirent,  par  des  combinaisons  noavellea,  prtedo 
triple.  L^augmentation  on^reusedu  tanx  du  marc  d*argent, 
dans  rint^rftt  du  tr^sor,  et  au  detriment  des  forCnnes  pri- 
v<^,  facilita  les  grandes  d^penses  de  Loots  XIV.  Qu*oo 
ne  s*y  trompe  pas,  en  augmentant  par  des  empmnts  on  da 
toute  autre  maniire  U  masse  do  numeraire,  Top^ratiot 
n*est  profitable  au  goovemement  que  dans  sa  posHJen  da 
d^biteur ;  il  n'y  a  pas  un  sou  de  production  de  plos;  mais 
cependant  la  r6al{t6  de  U  dette  angmente  en  raison  de  Vae- 
croissement  dn  capital,  car  cet  accroissement  amtae  la  ra- 
pidity de  la  circulation.  Dans  le  cas  actual ,  oe  nomMra 
est  d^jl  en  sus  de  la  masse  do  nnm^raire  total ,  eC ,  si  vons 
augmentez  encore  ce  numdraire,  voos  changex  les  rapports. 
Mais  il  y  a  on  Inconvdnlenl  terrible ,  pas  assez  apprtei^  par 
les  ^conomistes  actoels  :  llmportanoe  des  fortunes  pri- 
vdes  dimlnoe  d'autant,  et  de  1^  snrvient  la  nteessit^  des 
fortunes  colossales.  Or,  il  ne  s*en  ti^ve  pas  une  sans  quit 
ne  soigisse  en  m^me  temps  nne  multitude  reUtive  de  pan- 
vres  :  c*est  le  credit  qui  crto  le  paop^risme,  et  c*est  te  pao- 
pMme  qui  toe  les  empfanea.  Le  giand  roi,  dans  les  aoixante- 
dooxe  ans  de  son  rigney  a  d6pensd  T^norme  sommff  de 
dfx-hoit  millianls. 

Snu<;  le  regent,  le  syst^me  de  Law  se  fit  jour;  on  sail 


FINANCES 


447 


qudles  CAlastroplies  il  amena.  Aprte  la  emt  financt^re  de 
Liw,  le  gottveraement  ne  prit  aacone  precaution  poiir  en 
diminiier  les  efTeta.  U  laUsa  lea  ^v^ementa  k  eax-mftmea ; 
ft  tree  le  tSurdeau  des  rentea  sur  ThMel  de  TiUe,  el  cdui 
des  rentea  Tiagftrea,  qu'on  diminua  tout  ^coup,  en  lea  r^ 
iloisantde  qoelquea  aoua  pour  livre,  on  condoiait  lea  aflairea 
MOfl  encombre  joaqu'^  I'^poque  du  miniature  du  cardinal 
Flenry.  La  a^riedea  miniatrea  dea  financea  depuia  1720 
Juiqa^en  17&0  olfre  quelques  hommea  habilea  dana  lea  d^ 
tails,  tda  q-.ie  Dodan,  Orry  et  de  Sichellea,  et  quelquea 
hommea  bonorables  par  lew  haute  probity.  Lea  aflkirea 
a'empirkent  pas  soua  Tune  et  Taatre  influence,  et  ai  la 
guerre  de  1743  n'aTait  pas  exigd  dea  reaaourcea  nooTelles, 
peut-^tre  eussent-ils  conduit  le  ayat^me  financier  aana  aug- 
menter  led^cit  et  lea  besoina;  raais  cette  guerre  entratnait 
degrandea  d^pensea,  dea  angmentatlona  aux  anciens  sub- 
sides, dea  emprunta  mai  dig^r^,  dea  anticipations,  et  par 
dessus  toot  le  faux  syst^me  qui  substituait  au  crMit  du  tr^- 
sor  celui  dea  fermiers ;  toutes  ces  causes  r^unies  rendirent 
phis  p^nible  encore  la  situation  financi^re. 

Vers  cette  ^poque  commence  une  fere  nouTolle.  Les  ^co- 
Bomistes  discutent  lea  moyens  d'augmenter  la  richesse,  de 
h  distribuer  dana  les  int^rftts  de  la  80ci<^,  la  nature  de  Tim- 
p6t,  conclaent  qu*il  nedoit  6tre  conald^r^  comma  Jnste  et  1^1 
qn^antant  qu'il  aura  616  conaenti  par  les  contribuablea  eux- 
mkaes,  nuMlatement  on  immMiatement :  on  discute  sur  la 
prifitoice  kdonner  k  Timpdl  direct  sur TimpAt  indirect;  on 
compare,on  appr^cie  lea  incouT^nienta  de  toua  lea  modes  de 
perception  ;on  remonte  k  la  source  dea  privil^gea,  on  en  dis- 
CDte  les  titreSyet  on  prepare  atnai  un  Tiolent  ^ranlement  L'ad- 
ministration  ne  tut  point  sourde  k  la  clameor  nniverselle,  elle 
nefnt  point  indiff^renteaux  rdclamationa :  elle  Toulut  tenter 
quelquea  efforts;  mala,  en  pr^&ence  des  besoins  dont  le  far- 
desu  Taccablait,  sea  tentatl?ea  furent  impuissanlea,  et  elle 
resta  meurtrie  du  poida  immense  qui  comprimait  sa  bonne 
Tolont^  Honnenr  k  Berlin ,  qui ,  durant  les  trois  ann6e8 
quH  appamt  au  ministfere  des  financea,  pr^para  les  moyena 
de  les  am^liorer !  Son  projet  <&tait  de  reporter  lea  douanes  k 
la  troDti^re,  d'6ter  aux  aldea  leur  action  vexatoire;  il  pro- 
jeta,  dfes  son  entrte  an  ministfere ,  un  tarif  de  douanes  dont 
le  taux,  ad  vtUorem^  n*aurait  pas  d^paaad,  auirant  lea  caa,  5, 
10,  ou  1 5  p.  100.  Lea  intrigues  de  la  cour,  et  plus  encorecelles 
desfermiers  g^n^raux,  le  forcferent  k  donner  sa  demis- 
sion, et  SOB  projet  de  tarif  demeura  enaeveli  dana  les  cartona. 

Lorsqu'cn  1774,  k  la  Toix  de  Louia  XVI,  Turgot  arriTa 
aux  affaires,  il  trouva  le  tr^sor  dans  un  6iaX  deaesp^rant. 
LInllexibOitd  de  son  caractfere,  le  d^air  immod^rd  de  faire 
pfiraloir  Peconomiame,  des  incsureatrop  h&tees,  quelquea- 
ones  4roineniment  fausiea ,  imprimferent  k  son  ministfere  une 
grande  deiayeur  pour  lea  prindpea  quil  y  avait  apport^s,  et 
dont  qudqnea-uns  ont  eu  consacr^a  par  la  revolution.  II 
faot  pourtant  rendre  justice  k  ce  pbilosoplie ,  trop  lou4  et 
trap  blAmd  :  c^etait  un  honune  de  bien,  qui  avail  foi  k  aes 
prbicipes ;  aea  vues  etaient  droitea ,  mala  U  connaissait  trop 
pen  Itt  hommea.  II  n*appela  pas  le  temps  comme  auxiliaire, 
pour  faire  prevaloir  sea  opiniona,  et  il  quitta  le  ministfereen 
perdant  une  grande  partie  de  cette  reputation  dliabiletequi 
fy  avait  fait  arriver.  Quand  Necker  parvintau  ministere, 
nmmense  fortune  qu*il  avait  amaaaee  comme  banqnier,  le 
rigorisme  de  ses  principes,  la  bruaquerie  de  aeamanierea, 
ion  orgneil  demesure,  son  opini&trete  nkeme,  tout  futmoyen 
poor  Ini.  11  sonde  la  profondeur  de  Tabtme,  mit  la  plaie  k 
deoonvert;  mala,  bomme  k  Tue  courte,  il  n^aper^t  dans 
lea  financea  qu'une  banque;  il  n'eot  de  moyen  de  credit  que 
:*enpmnt,  de  moyen  d'economie  que  cette  parcinioniense 
avarice  qui  ajontee  k  la  roideur  de  sea  foimea,  k  la  mes- 
qwinerie  de  aea  anccea,  le  for^a  k  rentrer  dana  la  vie  pri- 
vee  aprte  ayoir  oecupe  le  miniature  durant  quatre  ana. 
Calonne,  intendant  de  Flaadre,  developpa  dana  lea  aii 
anaeea  qu^il  fnt  ministre  un  ayst^me  abaolument  nouveau. 
Le  prindpe  etait  vral,  maia  ponase  k  aa  demifere  limite  il 
pfuqva  qu'ancuii  ociscipe  n'ea(  ebaolii.  Son  ^ttaia  dtM$ 


que  le  mouvement  imprime  an  numeraire  par  la  circulation 
double  non  le  capital,  mats  le  profit  qu'on  en  peut  retirer. 
Jamais  Tagio ,  pria  dana  son  acception  propre ,  c^est-li-dire 
la  difference  entreTargent  en  repoa  et  celui  en  mouvement, 
ne  fnt  plua  actif  et  plus  heureux.  L*aisance  dana  toutes  les 
affairea  aignala  cette  epoque :  la  creation  de  la  caisse  d*ea- 
compte,  preferable  k  un  emprunt,  aida  beaucoup  Calonne. 
Son  ecole  a'est  reproduite  de  nos  jours  sous  le  ministeredu 
baron  Louia.  Le  principe  a  eu  le  meroe  auccte;  et  noua 
devons  lyouter,  k  la  louange  de  ce  dernier,  qu*il  a  evitd 
Texageration  de  Calonne;  et  qu^en  surveillanl  Teffet  du 
principe ,  il  a  evite  recueil. 

La  reMte  de  Calonne  laiasa  k  nu  le  piteox  etat  des  fi* 
nances  :  vingt  systemes  se  succederent  sans  qu^elles  fbssent 
ameiioreea  :  la  criae  etait  inevitable ;  et  un  deficit,  qu'au- 
jourd'hui  Ton  regarderalt  comme  sans  importance,  puis- 
qu^il  n'etait  que  de  56  millions  par  an,  eot  pour  resultat 
cette  revolution  terrible  quia  englouti  plua  de  capitanx  que 
les  dix  siedes  qui  Tavaient  precedee.  La  creation  des  as  si- 
gnats  sous  la  Revolution  fut  une  de  ces  grandes  idees  qui 
peuvent  sauver  lea  empires.  Par  one  hypotiieque  anticipee, 
disposer  du  capital  de  1 100  millions  dea  Mens  du  clerge , 
de  700  millions  des  biens  du  domaine,  etait  un  levier  puis- 
sant; le  levier  etait  trouve,  et  habilement  place,  on  eOt 
po  remuer  le  monde.  Un  seul  mot  suffira  pour  caracteriser 
les  systteoes  de  finances  qui  se  sont  succede  depuia  lors  sous 
la  Constituante  et  U  Convention.  Le  genie  de  la  neceasite 
inspire  liCambon  et&  Ramel,  success! vement,  ce  qu'ils 
erurent  le  mieiix  pour  sauver  la  France  du  desordre  dans 
lequel  etait  tombee  la  fortune  publique.  On  ne  coosultait 
plua  lea  chances  d*avenir,  toujoura  neoessaires  au  succes 
des  grandea  operations  finanderes;  il  failait  vivre  au  jour 
le  jour,  et  interesser  au  maintien  precaire  d'une  mesure, 
quelle  qu*elle  fOt,  par  le  sentiment  de  llnteret  prive.  Le 
projet  de  Cambon,  d'onifonniser  et  de  republicaniser  la 
dette,  tut  une  veritable  inspiration.  Sa  creation  do  grand- 
livre  de  la  dette  publique  fut  une  bonne  mesure,  dont 
Paglo  et  remnrunt  doivent  finir  par  ebranler  la  securite. 
Rainel  connaisaait  les  prindpes  generaux,  groupait  admire- 
blement  lea  chiffrea,  aeduisait  par  dea  rapporta  anxqucis 
il  eot  le  malheur  de  croire;  mala  fallait-il  executer,  rien 
n'etait  prevu ,  et  lea  routiniera  de  Tandenne  finance  ausd- 
taient  des  entravea'  k  chaifue  pas.  Lea  aaaignata  deperiasaient 
cheque  joor :  en  multipliant  ce  signe  de  Targent,  on  en  fa- 
▼orisa  encore  la  depredation. 

Heritiera  de  la  Convention,  lea  deputes  du  Conadi  des 
Cinq-Centa  sentirent  la  necessite  de  sortir  des  abstrac- 
tiona  et  d*arriver  k  une  reallaation  dea  impOts.  Le  pas- 
sage dea  assignata  k  Targent  se  fit  d'one  meniere  mira- 
culeuse  :  nutte  secousae,  nuUe  entrave,  et,  aana  que  la 
legislation  ^en  mftttt ,  la  necessite  fit  Tordre.  En  I'an  vii 
Ramd  etait  aux.  financea;  il  comprit  la  situation  et  mieox 
encore  les  ressctU'ces.  Comme  finander  il  a  rendu  d*im- 
mensea  services.  II  a  recree  la  machine,  et  c'est  sur  les  loia 
de  frimaire  an  m,  qui  sont  surtout  son  ouyrage,  qu'est 
base  le  mode  dimposition  actud :  on  n'a  fait  que  le  conti- 
nuer.  Plua  habile,  il  anrait  voolu  creer;  mais  appredateur 
sage  de  cea  moyena,  il  a  rapproche  lea  debria  et  empruntd 
aux  andennea  impodtions  ce  qu'elles  avaient  de  tolerable 
pour  le  moment  d  d'apr^a  la  position  nouvelle.  Napoleon 
etait  un  homroc  d'ordre.  Le  premier  soin  qu'il  prit  fut  de 
remonter  la  machme  financiere.  Pour  cela,  11  choisit  des 
hommea  sdon  son  esprit,  et  surtout  pour  ses  mlnistres  des 
hommea  d^nne  faiattaquable  probite-.  Son  hiatoire  finandere 
a  eteecrite  par  Gaudin,  doc  de  Ga^,  qui  eut  souTent  sa 
pensee.  Les  directions  pour  cheque  nature  d'impOt  se  regida- 
ris^rent.  JiCa  recettea,  previnrent  les  difflcultes  localea.  Le 
payement  seul  par  dooxiemedea  Impoaitiona  directes  eut  ce 
grand  avantage  pour  le  tresor,  de  pouvoir  aflbrroer  prte  dea 
reoeveura  generaux  et  de  realiser  pour  nneannee  la  totalite 
de  rimpOt;  11  eut  pour  la  masse  llnconvenient  de  tripler 
)ea  GraU  de  perception  ef  do  yoir  1^  q«art  du  aacriM  <tai 


44  <{ 


FINANCES 


peoples  devenir  la  carte  d'ane  niifo  d'€mploy4i»  dont  IV 
IMM  ett  aujourdliiii  regard^  comme  on  droit.  One  ioononiie 
vMUble  ed  ]k  :  unenes  la  dimiDotioa  de«  frais  de  percep- 
tion, et  ToiM  aarei  bien  vaMA  dea  oontriboables.  Nous  de- 
▼ons  cependant  signaler  une  administration  exempte  de  toat 
reprodiev  celle  des  domaines  :  la  perception  s'y  fkit  k  rai- 
son  de  10  p.  100  des  prodoits;  tandis  que  poor  les  oontri- 
bations  directes,  elle  d^passe  ce  taox,  et  que  pour  les  con- 
tributions indlrectes,  les  dooanes  et  les  postes,  les  recou- 
vrements  ont  lieu  k  raison  de  30  p.  100. 

Lorsque  le  trteor  public  fut  confix  k  ses  soins,  Mollien 
y  apporta  Tordre  et  llnt^rit^  qu^on  devait  attendre  de  son 
nitrite  et  de  son  d^vonement  au  pays.  II  emprunta  au  com- 
merce Futile  m^tiiode  de  tenir  les  toitures  en  partie  double , 
crte  des  moyens  de  reprtentation  des  Taleurs  sur  tous  les 
points  de  la  France,  de  sorteque  tous  les  fonds  disponibles 
se  trouvalent  sous  m  main ,  4  Taide  de  I'agio  accord6 , 
nioyen  connu  dans  le  commerce  sous  lenom  de  commission 
de  banque.  C'est  a  cc  systtoie  oomplet  d'teritures,  modifi^ 
et  perfectionn^  par  son  bon  esprit ,  que  ce  mlnistre  dut  de 
dteouvrir  plusieurs  erreurs  qui  a^aient  ^commisesavant 
lui  et  de  les  ^Tiier  k  ravenir.  On  a  beaucoup  blAm^  Topd- 
rationde  VilUle  relative  k  la  distribution du  milliard.  Le 
but  politique  est  en  dehors  de  notre  discussion;  mais  le 
moyen  prouvait  une  haute  capacit6  financito ,  et  ses  plus 
grands  adversaires  caressent  peut-^tre  un  pen  trop,  dans 
TintMt  de  l*aTenir»  la  penste  ffeonde  qo*augmenter  un  ca- 
pital en  diminuant  l^tftrM,  c^est  senrir  les  finances  et 
aider  k  leur  mouvement.  Depuis  iai4,  nous  sommes  irr^ 
^ocablement  jeite  par  la  nteessit^,  la  premita  des  lois, 
dans  la  vole  de  1*  e  m  p  r  u  n  t.  Les  cons^uenoes  commencent 
k  se  fain!  voir  aujoordliui :  la  production  a  trou?^  de  nou* 
veaox  moyms  d'action ;  jamais  elle  n^a  offert  au  march^ 
une  plus  grande  masse  de  produits ,  parce  que  Timmobili- 
satlon  des  capitaux  a  produit  un  nouveau  capital ,  qui  est 
rint^r^t.  L'appKcationdece  capital  s'est  partagfe  entre  l*in- 
dustrie  agricole  et  rindustrie  manufoctnri^.  Mais  en  s^aug- 
mentant,  mais  en  excitant  r^mulation  d*un  grand  nombre 
dHioounes  qui  se  sont  portte  dans  les  aflklres,  on  a  change 
les  rapports  de  la  consommation  k  la  production.  La  con- 
sommation  n*a  pas  augments  en  raison  de  la  production  : 
celle-d  a  toojoors  M  sup^rieure,  de  mani^  que  le  gain  oo 
la  rente  d*un  capital  donn^  a  toojours  4M  en  dteroissant 
Cet  ^tde  cboses,  dont  se  fifiicileiit  certains  financiers,  a 
pourtant  aussl  sa  limite ;  et  si »  oororoe  on  paratt  le  dteirer, 
le  tanx  de  la  rente  arrive  4  2  p.  100,  alors,  attendu  que  les 
salaire^,  sous  peine  de  perturbation,  auraient  dO  augmenter 
dans  la  proportion  de  la  diminution  de  I'intMt,  la  conclu- 
sion sera  forc^mentque  pour  avoir  de  I'aisance  11  fandrait 
one  ^orme  quantity  de  capitaux ,  qui,  devenant  de  plus  en 
plus  rares,  n^olfriraient  UentOt  dans  ia  9odM  que  deux 
classes  (Vbommes :  ceux  qn'un  iuxeeCTrte^  condnirait  It  une 
corruption  plus  effr^nte  encore,  et  ceux  qui,  par  la  ro6dio- 
crit<  de  leur  fortune,  ne  pourraient  plus  attelndre  anx  n^ 
cesi^itte  de  la  vie.  Si  nons  formons  des  vceux,  c'est  pour  le 
maintien  d*une  portion  inlerniMiaire  de  la  soci6t6,  dont  la 
masse  s'interpose  to^Joars  entre  qodques  riches  et  une  ef- 
firayante  multitude  de  paovres. 

II  seralt  superflo  d*4tablir  un  parall^le  entre  les  systtenes 
de  finances  qui  r^gissent  les  divers  ^Is  de  TKorope  et  de 
TAm^que.  Gbaqoe  people,  eomme  cheque  individu,  pHs 
isoMment,  s*applique  k  reehercher,  dans  sa  position  rtelle 

00  relative,  les  meiileoni  moyens  d^arriver  k  la  prosp^ritd. 
II  seraU  d'antant  plus  imprudent  k  la  France  dimiter  sous 
ce  rapport  PAngleterre,  que  les  sources  de  leor  crMit  po- 
blic  sont  compl^tement  diffireates.  La  fortune  anglaise  est 
toute  en  deliors  d*elle-m6me;  ses  ressoiirces  ne  lui  appar- 
tiennent  que  parce  que  son  inflnenoo  s'exerce  sor  des  peo- 
ples esdaves.  La  France,  au  contraire,  doit  sa  prosp^rit^  k 
son  sol.  L'industrie  conmiereiale  ftut  la  prindpale  force  de 

1  AJi^ielerii*;  ui  iiuiru  sic'iiibc  devoir  reposer  plus  ^p^^iale* 
inant  sur  rUnlustrie  agricole,  V.  i>i  Mol^m* 


FINANCES  (Gonseil  des ).  Vofez  Consni.  B*tr4T.' 

FlNilNCES  ( Mmistto  des ).  Les  attributions  da  ca 
minist^e  comprennent  4  la  fob  radministration  de  tmiei 
les  branches  du  revenn  public ,  r^tabllasement  et  le  tk^ 
ment  do  budget  gioML  de  chaque  exerdce. 

Pour  suffire  k  cette  ttehe  immense,  il  se  partage  en  piDi 
sieursgrandes  sections,  dontcbaconepoorraiten  qodque  sorts 
(aire  un  petit  minist^re. 

L^administration  centrale  proprement  dite  comprend  dV 
bord  huit  services  prindpaox  on  directions,  savoir  le  per- 
sonnel et  Pinspection  gfo^rale,  le  secretariat  gtedral,  le  ooo- 
tentieux,  le  moovement  g^n^  des  fonds,  Udette  inscrite, 
la  comptabilite  g^ntele,  la  caisse  centrale  du  trttot  pobiie, 
le  contrOle  central. 

Les  grandes  administrations  annexte  au  mmist^  des 
finances  sont :  I'admlnlstration  des  cent  ri  b  u  ti  ons  diredes, 
la  direction  g6n€n\e  dt  I'enregistrement  etdes  do- 
maines, la  direction  gte<Me  desdouanesetdes  con- 
tributions indirectes,  la  direction  gtetele  des  poster 
I'administration  desforAts.  II  y  ressortit  encore  dlmpor- 
tantes  institutions,  qui  existent  en  dehors  de  son  sehi;  telb« 
sont  la  commission  des  monnaies  etmMalUes,  U  caisse  d'l- 
mortissement,  la  caisse  des  depots  et  consigna- 
tions, la  cotir  des  comptes. «  La  concentration  dans  obo 
seule  main  de  ces  vastes  attributions,  dit  fif .  Boolatignier,  a 
sans  doute  des  avantages :  elle  assure  VumU  dans  radooi- 
nistration  de  la  fortune  publiqoe,  et  cette  unite  est  peol- 
Mre  plus  prMeuse  en  France  que  dans  toot  aotre  pays, 
poisqoe  notre  organisation  politiqoe  et  admittlstratiTe  re- 
pose sor  le  prindpedelacentralisation.  Tontefois, des 
poblidiites  et  des  bommes  d'etat  ont  regrette  que  la  diroc- 
tlon  suprftme  de  toot  ce  qui  conceme  I'assiette  des  rerenus 
publics,  laquelle  exige  sortout  des  connalssances  eoonomi- 
ques,  ne  fdt  pas  separ^e,  comme  elle  Ta  4i6  longtemps,  de 
la  direction  du  service  de  la  tr^sorerie,  qui  demande  des 
etudes  et  des  notions  d*un  aotrv  genre,  qn*nn  aeol  homme 
possMe  rarement  ensemble.  » 

Nulle  partie  de  I'administration  gouvemementaia  n'a  sobi 
plus  de  changements  que  radmlnistration  dea  finances.  Som 
les  premieres  races,  les  rois  n^avaient  de  revenns  qoe  oeox 
de  ienrs  domaines  et  les  misH  dominki  sont  les  prenden 
ofHciers  des  finances  dont  Thistoire  (iisse  mention.  Ce  ne  fiit 
que  lorsque  remandpation  des  communes  et  l*6tablissenieat 
des  Atats  g^neraux  eurent  mis  on  terme  k  Panarcliie  IMtk 
et  rdeve  Tautorite  royale ,  qu*nn  systtoie  d'administration 
des  finances  devint  indispensable.  Ce  fht  sans  doute  IV- 
croissement  rapide  des  revenue  de  la  couromie  qui  deter- 
mine alors  les  rois  de  France  k  investir  specialement  on 
de  leurs  ministres  de  radmlnistration  des  finances.  Aopan« 
vant,  ces  fonctions  avaient  M  comprises  dans  les  attribi* 
tionsdu  senechal. 

La  dignitede  swintendemt  deifinaneti  fut  alors  oeee. 
Engnerrand  de  Marigny  paratt  avoir  le  premier  porie 
ce  titre.  Les  etats  generaux  de  1355  s^attribu^rent  le  chmx 
des  preposes  k  la  perception  des  aides,  nomro^rent  des  eios, 
et  designerent  neuf  g^iraux  on  superintendemU  des 
aides ,  hauts  fonctionnaires  k  Tinstitutton  desquels  on  peol 
rapporter  Torigine  de  la  coter  des  aides.  Charles  Y  ra 
doisit  k  qoatre  le  nombre  des  g^niraux  on  mpeHJi/ea- 
dants  des  finances;  la  France  fot  alors  divisee  eo  qoatre  ar- 
rondissements on  gin6ralit€s,  Les  pays  d'eiatscooti- 
nnerent  seuls  k  nommer  les  agents  charges  dn  recouvieman« 
des  impOts  vot<^  par  les  assembiees  provindales.  Dana  tous 
les  aotrea,  les  elxa  tit^vinrent  des  offidtrs  royanx,  et  ces  pays 
prirent  le  nom  de  pays  d V/ec/toiu. 

Cependant  le  tresor  pubUc,  qui  etait  ea  meme  temps  la 
tresor  royal,  oonservait  le  modeste  nom  (Tespargnet  at  la 
ministrJB  cdui  d*argentier, 

Francis  1**  crea  Toffice  de  Msorter  de  Vipargme  eC  cehd 
derecevettf  giniral  des  parties  easuelles,  Seine  lecetenw 
generaox  fnrent  charges  de  recuefflir  les  prodnita  de  tMM  les 
imp6t8;  et  tls  rendaient  compto  aa  treaoriar  d»  Fdpaigne^ 


FINANCES  —  nN&AL 


449 


Aoprte  d«  celni-ci  on  pla^a  comme  soireillant  de  ses  aetos 
un  iniendant  des  ftntmeei.  De  eette  inftitation  utile  aor- 
lirenty  sous  le  rt^e  sniTsnt,  les  intendaots  des  Ommces  qui 
fumt  dUblis  dans  les  proTinces  et,  pen  aprte,  les  surin- 
tendants  d'abord,  pais  tea  oontrAleun  g^ntenxy  qui  enrent 
eoioite  le  gouvernement  des  finances. 

Soos  Henri  II  on  institna  dix-sept  eommisxaires  d^pariU 
pour  Vexicution  des  ordres  du  roi  dans  les  dix-sept  g6- 
n^raiit^  aloraexistantes. 

Henri  TV  supprima  la  place  de  snrintendant  des  finances, 
d  ^tablit  an  eonseil  des  finances,  compost  de  huit  membres. 
La  tentative  ne  (bt  pas  beureose;  car  UentAt  il  toifit  h 
Sully : «  Je  me  sois  donn^  halt  mangenrs  an  lien  d'on  I  » 
Sully  rempla^  qoelque  temps  aprte  ce  oomieil  dllapi- 
datenr,  et  purda  la  direction  de  la  fortune  pnbUqne  insqo'^ 
la  mort  du  roi.  La  surintendance  des  finances  finit  aveo 
Fouquet.  Son  successeur  Colbert  prit  le  tKrede  con- 
trdieurgin^al  des/inances,  Louis  XIV  n'ayait  pas  touIu 
quelenouTeaoministrepQt  Jamais  Atrecomptableetordonna- 
tear,  eomme  lesanciens  surintendants.  An  delk  demille  francs 
lotttes  les  d^penses  ^talent  seolement  eontreslgpite  par 
lui,  le  roi  se  rterrant  de  les  signer  et  de  les  dfliTier  en  son 
nom  9  afin  d'exercer  an  contrite  de  tons  les  Instants  sur 
remploi  des  deniers  pablics.  Un  eonseil  permanent  des 
fin««<^<Hi  ^dairait  le  contr61eur  gto^ral  de  ses  aTis. 

Vad6e-Delessart  fat  le  dernier  contWMeur  ^/kiML;  TarbA 
Ini  aucc^da  en  1791»  avec  le  titre  de  mWiistre  des  contH^ 
huiions  publiques.  La  Convention^  oontrairemeot  k  son 
prindpe  d^unit^  et  de  centralisation,  partagea  la  direction  de 
la  forttme  publique  entre  les  trois  membres  da  eonseil  des 
finances  et  des  reyenos  nationaux.  Mais  le  Diractoire  rerint 
k  ronii^  administratiTe,  et  Faypoalt  fnt  nomm<,en  noYembre 
1795,  ministie  des  finances,  titie  qoe  tons  ses sacoeaseurs ont 
port^  depuis.  Sous  rempire,le  miniature  du  t r^sor  public 
fnt  distrait  do  minist^re  des  finances;  il  a  dttf  supprim^  de- 
puis la  Restauration.  W.-A.  DocuTr. 

FINANCIER »  celui  qui  manie  les  deniers  de  l'£tat 
ou  qui  fait  des  operations  de  banqoe,  de  grandes  affaires 
d*argent.  II  se  disait  particuli^rement  autrefbis  de  ceux  qui 
aralent  la  ferme  ou  la  r^e  des  droits  do  roL  On  dit  aussi 
cip^rations  Jlnaneiires ,  I^slation  JlnancUre.  L'^criture 
finanMre  est  aneteriture  en  lettres  rondes  et  fines.  La  Fon- 
taine a  dit : 

Le  sarrtier  alnni  en  rhantants*ereiilait, 

Et  XefinaneUr  ae  pUignait 

Qae  les  xoina  de  la  Provideoce 
WVaiaent  paj  aa  roarch^  fait  Tendre  le  dormir. 


FINANCIERS  (TMdtre),  On  a  d^ign^  sous  ce  nom 
no  des  emplais  de  notre  sc^ne  comiqae,  qui  comprend  non* 
seolement  les  gens  de  finance ,  mais  les  divers  r^les  dans 
Jesquels  la  rondeur,  le  laisser-aller,  une  bonhomie  francbe 
et  gale  sont  des  quality  indispensables.  Le  Lysimon  du 
Gtorieux  est  cite  comme  le  rde  le  plus  brillant  de  oet  em- 
ploi ;  Tufcaret ,  de  Le  Sagie ,  Orgon  et  plusieurs  antret  per- 
somiages  de  Moliire  sent  dgalement  classes  entre  les/Snon- 
eiers,  Parfois  anssi  nn  ton  bourru ,  des  manlires  brusques, 
•ont  Tattribat  de  ce  genre,  oomme  dans  le  Commandeur 
da  Pire  de  Families  et  dans  tous  les  marins  de  notre  an- 
cientheAtre  classique.  Moli^re  excellait  dans  cet  emplol,  qui 
depuis  a  M  teno  par  Bonneval,  Grandm^nil ,  Devigny,  etc 
I>aiis  le  si^e  dernier,  Desessarts  jona  les  financiers  k  la 
ConiMie-Fran^ise  aTec  un  succte  dont  les  fastes  dram*- 
f  iques  nous  ont  transmis  le  soayenir.  La  nature  sonblait 
TaToir  cM  pour  cette  destination  :  sa  rolondit^  physique, 
texte  fi6cond  des  plaisanteries  si  connues  de  son  camarade 
Dogaion,  excitait,  dte  son  enir^  en  sc^ne,  un  rire  que  le 
eofniquede  son  jeu,le  naturel  de  sa  diction,  rendaient  bientAt 
plus  flaUeur  pour  son  talent.  A  une  dpoque  r^oente,  Hichot, 
ncteor  plein  de  natarel  et  de  v^rii^,  a  jou4  avec  distinction 
phicienrs  rftles  se  rattncliant  k  Temploi  deajSnanders. 

OOMIff. 
Wrr.    HP.  LA  COIVVERS.  —  T.    IX. 


FIN  COURANT,  FIN  PROCHAIN.  Voyez  Bocasa 
(Op^tiotts  de ),  tome  III,  page  603. 

FIN  iy*AUTRUCHE.  Voyez  Duvbt. 

FINDE  NON  RECEVOIR,  exception,  moyen 
de  proo6dore.  An  palais,  on  dntingue  encore  les  ftns  de 
non  proe^der  et  ies  Jlns  de  non  reeevotr.  Les  premieres, 
Y^ritables  eioeptions  dilatoires,  ne  se  rattachent  qu'^  dea 
nullity  de  forme,  qui  n*emptehent  point  llnstance  de  se 
reproduire  quand  dies  ont  (A  acyngtes.  Les  fins  de  non  re- 
ciToir  portent  sur  le  fond  mteie  de  I'instance;  et  quand  les 
moyens  pr^judidels  qui  les  constituent  sontadmis,  IMnstance 
ne  peut  plus  se  reproduire.  Tetles  sont  les  exceptions  d'  i  n* 
competence,  de  nullity  d'asaignation,  de  p^remp* 
tion ,  de  p  r  esoripti  on,  et  en  gto^ral  toutes  les  exceptions 
connaes  en  droit  sous  le  nom  d^excepHons  p^emptaires, 

FIN  DU  MONDE.  Voyez  Mondi. 

FINESSE.  A  ne  PeuTisager  que  sous  le  rapport  moral , 
la>fiies«e  est  une  faculty  ou  plnt6t  une  quality  qui  tient  k 
la  fois  de  la  pte^tration,  de  la  sagacity  et  de  la  rose.  Elle 
tient  de  la  p^^tratlon,  en  oe  sens  qn'elle  Cslt  aperceroir  et 
reconnaltre  comme  die  certains  ddtails  qui  ^cbappent  k 
Phomme  ordinaire;  mais  la  penetration  est  quelqoefois  ac- 
ddentdle,  et  ne  s'acqniert  pas  oomme  la  finesse :  on  homme 
ne  sera  pas  toujours  penetrant;  il  ponrra  etre  toojonrs  fin. 
Au  restOy  la  finesse  ne  Utt  aperceroir  que  certains  details 
spedanx,  tandis  que  la  penetration  les  neglige  pour  oonsi- 
derer  les  cfaoses  en  grand.  Anssl  M armontel  a-t-il  compare 
la  finesse  k  on  microscope  et  la  penetration  k  un  telescope. 
La  finesse  s*eioigne  dela  sagadte  en  ce  sens  que  oeIle>d,  qui 
reside  dans  le  tact  de  Fesprit,  est  moins  siijetle  k  I'erreor ;  la 
finesse,  au  eontrdre,  est  plus  superfiddle,  et  se  trompe  at- 
sement ;  cfle  s'doigne  de  la  ruse,  car  die  n*est  point  offensire 
comme  die :  sooTent  la  finesse  oonsiste  seolement  k  eTiter 
des  pieges  tendus  par  cdle-d ;  la  ruse  n^est  que  la  finesse 
Jointe  k  I'artifice.  «  La  finesse,  a  dit  La  Brujbre,  n'est  ni 
une  trop  bonne  ni  une  trop  mauTuse  qnalite  :  die  flotte 
entre  le  Tice  et  la  vertu.  »  «  On  ne  se  sert  de  finesse,  ^oote 
La  Rocbefoucanld,  qu'k  defeat  dliabOete.  »  La  fiuMse  des 
femmes,  de  ce  sexe  qui  ne  pulse  sa  force  que  dans  sa  fai- 
blesse,  degen^  trop  souvent  en  tromperic.  Qu'est«ce  qtie 
la  finesse  de  la  diplomatic,  sinen  la  perfldie  pditique  se  eou- 
▼rant  d*on  masqnede  convention,  one  fonrberie  manieree  se 
parant  d'bn  nom  d'emprunt  pour  se  lUreinnocenter  ?  Qu'esi- 
ce  que  la  finesse  de  tant  dliommes  d'esprit,  dnon  certaina 
malice  de  bongoOt,  oertdne  maurdse  bumenr  de  bon  ton, 
degenerant  deiicatement  en  epigrammes,  qa*on  poorrait  qua- 
lifier  de  penchant  irresistible  k  la  satire? 

Consider^  comme  une  qnalite  de  respritel  des  ouvrages 
d'esprit,  la  finesse  est  encore  la  sorar  de  la  deiicatesse  •*  dia 
est  le  sentiflMnt  d«i  yerites  que  toat  le  monde  n'aper^oit  pas ; 
la  deiicatesse  est  cdui  des  convenances  qoe  toot  le  monde 
ne  sent  point.  On  a  dit,  a?ee  asset  de  ralson,  que  la  finesse 
etait  la  deiicatesse  de  resprit,  et  la  deUeatesse  la  finesse  de 
TAme.  Que  de  finesse  n*j  a-t*U  point  dans  La  Bruyere,  La 
Rocbefoucanld,  MoUtee,  Voltaire,  La  Fontaine?  Dans  les 
productions  llttenires  conune  dans  la  oonyersation ,  la 
fiikesse  oonsiste  line  pas  eiprimer  directement  sa  penaee, 
maisli  la  laisser  deviner.  Elle  s'etend  anx  choses  piquantes, 
au  bttme,  etc  Alors  Peplgramme  s'en  empare;  et  eUe  ddt , 
poor  rtesslr,  en  user  a?ee  la  plus  grande  deiicatesse. 

On  appdie  finesses  d*ane  langne  see  elegances  les  plna 
exqulses,  ses  nuances  les  plus  deiicates,  les  tours,  les  eUipsea 
qui  loi  sont  propres,  les  tons  varies  dont  die  est  soscep* 
tiUe ,  les  caractftres  qn'dle  donne  k  la  pensee  par  le  choii , 
le  melange ,  Tassortiment  des  mots.  On  dit  dans  le  raeaie 
sens  ita  finesses  do  style. 

Les  finesses  eousues  defil  blane  sont  des  finesses  groa- 
u6res,  auxqueUes  personne  ne  se  laisse  prendre. 

FINGAL(Fui-Mag-Coul),  p^re  d*Osslan,  vivail  au 
troisiteie  siede  de  rere  chretienne,  et  etdt  prince  de  Morven 
(ou  Morblidn),  provincederandenne  Caledonia.  1*  reddait, 
ditron,liSehiia,qa*on  place  dans  la  vaiieede01anco»coMK 

67 


4S0 


FINGAL  —  FINISTfcRE 


d*ArQrle  ( teoflse);  etdans  tootes  ks  parties  de  n^cosse  da 
f enoontre  det  niines  et  des  caTenies  ( voyez  Tartide  ci-aprte) 
qui  portent  son  noni.  II  doit  son  illpstration  goerriftre  sur- 
toot  k  ses  tuttes  contre  lea  Romains  en  Bretagne,  oil  il  en- 
treiirenut  sooTent  desexpMitions  poor  en  rapporter  comme 
Imtin  de  la  dre  et  du  Tin.  Quo!  qo'en  disent  Gibbon,  Mac- 
pberson  et  autres ,  il  est  trte-pev  Tralsemblable  qoe  1e  Ro< 
mainqu^OssiannoDune  Corocou/ ait  (M  Caracalia.  Fingal 
Ma  iouvent  s'aventorerpariner  Jusqu'en  SuMe,  en  Irlande 
et  aux  Orcades ,  pays  qo'Ossian  d^dgpe  sous  les  noms  de 
lioeMingt  Innislore  et  Vllin,  Ossian  c^^bre  ^piMdiquonent 
k  mort  de  Fingal ,  sans  donner  de  details  sor  sa  Vie.  II  le 
reprtente  eomine  le  plus  noble  caractdre. 

FINGAL  (Grotte  de).  L'extr^it^  sud-ouest  de  lUe  die 
Itafra,  Itraedes  Hebrides,  porte  enticement  sor  des 
'fasgtes  de  colonnes  de  basal te  qui  ont  pr6sde  70 mitres 
4PA^?ation,  et  qul^  d^criyant  tous  les  contours  du  sol,  for- 
^  ment  en  rentrant  trois  grottes,  dont  la  plus  remarquable  a 
.  1^  le  nom  deFingal^  parce  qu^mel^ende  populairc 
■^  M  attribuait  Fhonneur  d'avoir  scrvl  de  demenre  au  h^rds 
duuit^  par  les  bardes;  oe  qui  est  fort  pen  traisemblable,  du 
.  jesle.  Si,  en  temps  calme  et  k  l*beure  de  la  mar6e  basse, 
ta  pcQt  p^^trer  dans  la  grotte  en  bateau ,  ou  de  cAt^,  en 
marchant  sur  les  debris  entass^s  des  prismes,  cela  devlent 
ft  peu  pr^  impossible  quand  la  met  agit^  vient  se  briser  en 
bouillonnant  contre  les  colonnades.  Mais  au  seoll  de  la 
gitRte  le  Toyageur  Joult  d^^  d'un  magnifique  spectacle.  Que 
foil  se  repr^sente  un  antre  de  80  mitres  de  profondeur  sur 
.19  de  liauteur,  30  de  largeur,  figurant  k  son  entr^  nn  gi- 
^mtesque  portail  gotliique,  et  dont  les  parois,  compost 
4e  colonnes  verticales  d'un  seul  jet ,  supportent  une  YoOte 
lormie  de  prismes  entrdac^  dans  tous  les  sens,  tandis  qu'lls 
iont  dispose  dans  le  fond  comme  un  vaste  buffet  d'orgues, 
41  Ton  n*aura  qu*une  faible  idde  de  la  beauts  de  ce  spec- 
lade  ,  k  Peifet  magique  duqud  vicnnent  ajouter  la  douteuse 
lueur  de  quelques  rayons  de  lumiire  qui  pdnitrent  dans  les 
iounenses  prpfondeurs  de  la  grotle  et  le  muglssement  de  la 
boule,  qui  se  brise  avec  fracas  contre  le  roc,  puis  njaillit 
en  tongues  gerl)es  d^dcume  k  cheque  obstacle  qu*elle  ren- 
contre. D*  I^ADCCEOTTE. 

FINI,  adjectif  qui  signlfle  d4iermin6,  bom4,  limits, 
«t  qui  se  dit  suriout  des  fitres  physiques.  Les  partisans  des 
Wes  innies,  s'icartant  de  la  voie  shnple  de  la  nature  et 
4e  la  raison,  ont  pritendu  que  nous  ne  connaissions  le  fini 
que  par  Tidte  inn^  que  nous  avlons  de  Vinfini,  \eflni, 
iofrant  eui ,  supposant  Vinfini  et  n*itant  qu\uie  limitation 
4e  ridie  que  nous  nous  en  faisons,  les  itres  particuliers  ne 
flous  dtant  connus  que  parce  que  nous  a^ons  coascience  de 
fitre  en  giniral.  Plus  on  rdflteliit  It  cette  dtrange  hypolh6se, 
plus  on  la  trouve  opposie  k  TexpMence  et  aux  lumiires 
ilu  bon  sens.  Saint  Paul,  au  lieu  dc  nous  dire  que  11d6e 
innfe  de  Virtfini  nous  rivMe  les  crtetures,  nous  ensdgne, 
tu  contra^re,  dans  son  ipttre  aux  Romains,  que  «  les  per- 
fediotts  invisibles  de  Dieu,  sa  puissance  dtemdle  et  sa  dt-' 
^itAU  sont  detennes  Tisibles  depuis  la  creation  du  monde 
par  la  connaissance  que  ses  crtetures  nous  en  donnent  » 
Ifest  par  les  idies  particuliires  que  nous  nous  Aevons  aux 
jdte  gteirales ;  ce  sont  les  divers  objets  blancs  qui  frappent 
aotre  vue  qui  nous  donnent  lld^  de  lablancbeur;  ce  sont 
les  divers  animattx  qui  nous  ont  entourte  depuis  notre  en* 
Csnce  qui  nous  ont  donni  Vidie  gtednde  de  ranimal.  Sur 
ceprincipe  bien  divdoppd,  et  non  allteurs,  reposent  let 
Inses  d*un»  bonne  et  sa&ie  logiqne. 

On  appdle  ^a/idmr/nieeelle  qui  a  des  homes ;  nombre 
ilnif  celui  dont  on  peut  eomprendre  et  exprtroer  la  valenr ; 
proffresiionfinie,  celle  qui  n'a  qu*un  certdn  nombre  de  te^ 
flMs,  par  q>|^tion  k  Uprogrtttim  infinie^  dont  le  nombre 
•  de'  termes  peut  6tre  aussl  grand  qu*on  vondra.  Nous  n'avons 
d*idtes  distinctes  et  dlreclec  que  des  grandeurs  fifties;  nous 
Be  connaissons  Vinfini  que  par  une  abstraction  negative  de 
Dotre  esprit  II  est  si  vral  que  Pidde  que  nous  nous  faisons 
de  Vinfini  n'esi  point  directe,  mats  purement  negative,  que 


la  denomination  mime  d*ii^nileprooTe.  Cette  dteMidnatioB, 
qui  signlfie  nigatUm  dufini,  ui\  voir  que  nous  oonoevoiis 
d*abord  \efirH,  et  que  nous  nenous  devons  ensuite  k  rtn- ' 
fini  qu^en  niant  les  hordes  du  fini. 

FINI  (Beaux-Arts),  Lorsqu*un  artiste  commence  un 
oavrag^  lorsqull  fidt  son  iba ucb e,  it  travaille  avecpres- 
tesse,  et  ne  pense  qu^lt  Vdfet,  2t  la  disposition  ginirale,  saos^ 
s'occuper  aocunement  des  ditails.  Le  peintre  ne  sfnqiiUits 
ni  de  la  brosae  qu*fl  tient  I  la  main,  ni  dea  tons  qui  soot 
sur  sa  palette ,  nl  de  la  pureti  de  son  dessin.  Le  atahialre , 
aussi  ne  pense  qu'Ala  pose  de  sa  figure.  It. son  moavemeai* 
giniral ,  ma{s  eii  avan^ant  son  travail,  Tartiste  apporte  pins 
de  soin^  prend  plus  de  prteantion  pour  arriver  k  la  perfection* 
qa*il  veut  toujours  atteindre^  il  chercbe  kfinir  avec  atten- 
tion, soit  enr^prfmant  la  fongue  de  son  iniaginatioo,  soit  en 
prenant  tous  les  moyens  posdhtes  pour  (Ure  disparattre  ks 
tadies,  les  rugosltis  qui  pourralent  diplaire  aox  yeux.  Ctti  oe 
travail  miHutieui,  cette  attention,  ce  dernier  aoin,  qd  fait 
remarquer  le  beau  fini  d*un  tableau.  An  contraire,  on  ta- 
bleau manque  de  fini  quand  Tartiste  a  nigligi  ces  denners 
mioyens.  n  est  inutile  de  dire  que  le  fini  doit  itre  en  raisoii 
de  la  dtuation  dHm  oyvcage.  Ainsi ,  un  tableau  historiqoe 
de  10  mitres  n*a  ancun  h^ln  d^avoir  le  fini  que  Hon  re* 
dicrdke,'que  Ton  exige  dans  un  tableau  de  40  centimitres. 
Les  bas-rdiefs  du  Partbinon,  k  Athines,  n'avaient  pas  Je 
mime  fifii  que  la  statue  de  TAmour  grec  et  de  la  V^us  du 
Capitole.  La  Descente  de  Croix  de  Qubens  ne  peut  avoir 
le  mime  fini  qoe  les  tableaux  de  Mieris  et  de  Girard  Dow. 
Ce  travail  prideux  et  mimeminutieux  n^est  pas  sans  inoon- 
vinient :  qudquefds  le  pdntre  qui  s'y  laisserait  entralnef 
n'obtiendralt  pionr  risultat  qu'un  oovrage  lichi,  sec  d 
frold.  n  faut  done  ivlter  les  excis ;  car  un  tableau  peut  maii- 
quer  de  fini ,  oy  bien  Titre  trop.        Dochbsne  atni. 

FINIGUERAA  (  Maso  ou  plut6t  Toumaso  m  ),  ctiibre 
sculpteur  el  orlivre ,  k  qui  qttdques  auteurs  attribuent  Pin- 
vention  de  lagravure  sur  cuivre ,  vivait  It  Florence  vers 
le  milieu  du  quinaiime  dide,  et  fut  un  des  dives  de  torento 
Gh iberti,  sons  la  direction  dequi  II  paralt  avoir  it^  em- 
ployi  k  la  construction  de  la  seconde  porte  en  bronze  du 
baptistire  de  Saint-Jean-Baptiste  k  Florence «  qui  fut  coni- 
mencie  en  1425  et  terminie  en  144&.  Une  plaque  de  m^tal 
qu^  exicuta  pour  I'iglise  Saint- Jean  de  sa  ville  natale,  et  sur 
laqudle  se  trouve  nidlile  couronnement  de  la  Vierge  Marie, 
porte  la  date  de  1452 ,  et  ome  aiyourd'bui  le  mnsde  de  Flo- 
rence. Un  hasard  rayantconduitiprendresur  un  lingeinouill^ 
une  empreinte  de  cette  plaque  nidlie,  Finlgnerra  itendit  Ka 
dicouverte  en  Tappliquant  sur  du  papier,  et,  dit-on,  iaventa 
ainsi  la  gravure  sur  cuivre.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c^eat  que 
le  cabinet  des  estampes  de  la  Bibltothique  imp^riak  a 
Paris  posside  une  ipreuve  sur  papier,  de  la  plaque  en  ques- 
tion. II  en  existe  ausd  diverse^  reproductions  en  aoofre, 
qui  jouissent  d*une  grande  cilibriti.  La  galerie  de  Flo- 
rence posside  aussi  divers  dessins  k  raquareDe  da  Flni- 
guerra. 

FlNISTEIl£ouFINISTERRE(Cap),  Cflpo  finisterre. 
Cost  le  nom  donniau  promontoire  formant  Pextrimit^Dord- 
ooest  de  I'Espagne,  dans  la  province  de  la  Conma  (Gorogike), 
ancien  royaume  de  Galioe,  le  Promontcrhan  Neriium  des 
andens,  devenu  cdihre  de  notre  temps  par  deux  bataflles 
navales.  Dans  la  premiire,  livrie  le  14  johi  i745,  one 
escadre  anglaise,  forte  dedlx-sept  vaisseaux  de  Mgne,  et 
commandie  par  Pamird  Anson ,  enleva  une  escadre  Craa- 
^ise  de  quatre  vaisseaux  de  ligne  et  de  dnq  fMgates,  ooi»- 
mandie  par  le  marquis  de  Jonqnlire,  convoyant  phiaiears 
navires  de  la  Compagnie  des  Indes  Orientates  et  des  Mti- 
ments  de  commerce  vcnus  de  la  Martinique. 

Le  second  engagement  dont  les  eaux  do  cap  FiaMdra  fo- 
renttimotns  ent  lieu  le  9  juUlet  1905,  entre  one  eandre 
anglaise  dequlnze  vdsseaux,  commandie  par  ramiralGal- 
der,  et  une  flotte  combinie  de  France  et  d*£spagne,  eouk- 
mand<^  par  les  amiraux  ViUenettve  et  Gravina.  Qnalre 
vaisseaux  anglds  fiirent  dimAtiSy  eC  deux  bitiments 


J 


FBNISTERE  441 

piolBy  tombte  dai^  la  (lotte  angjaise,  farent  pris.  Cette  fob,  |  oi|^aiqaes  qu'iU  rec^ent  des  vidimes  d^une  den  premikw 
la  champ  de  bataille  resta  aax  Fran^.  r^Tolutions  du  globe.  Le  FinUt^e  se  troaye  ainsi  diTisd  en 

FINISTERE  (  D^rtement  da).  Fornix  d*anepartie 
de  la  basse  Bretagno,  U  est  boro6  k  Test  par  lee  d^partements 
dea  C6tet-da-Nord  et  da  Mori>iban,  au  and  ek  k  Toaestpar 


rOc^an ,  au  nord  par  la  Manche. 

Divia^cn  5  arrondiaaementa,  dont  lea  chef  lieax  aontQuim- 
per  p  Breaty  CliAteaulin,  Morlak  et  Qnimperl^ ,  45  cantons, 
!183  conimunea,  il  compte  617,710  habitants,  enToiequatre 
d^t^ao  corps  l^gialatif,  forme  la  trolaitoiesubdlTislondela 
siii^e  dlTision  militaire,  fait  partieda  ▼uigt4roisitoMarron- 
dissement  forestier,  est  du  ressort  de  la  cour  imp6iale  et  de 
Taead^mie  de  Rennes,  et  lorme  le  dioote  de  Qaimper,  suCTra* 
^ntde  Toor8.Son  acadtoie  oomprend  un  lycteet,  dnq  eol- 
l^es  communaax. 

Sa  superficie  estde  666,705  hectares,  dont  273,21 1  en  tenea 
labourables;  3 1 , 1  i  7  en  bois;  266,573  en  landes,  p&ds,  bruyires; 
40,91 1  en  pr6s;  4,525  en  propri^t^  bftties;  10,035  euTignes, 
p^^plni^res  e(  jardins;  3,668  en^tangs ,  abreuvolrs;  2,624  en 
rivieres,  lacs,  misseaox;  2,069  en  for^ts,  domalnesaonprodac- 
tifii;  28,495  en  routes,  chemins,  places pobliques,  rues;  447 
en  ckneti^KS,  ^lises,  presbyt^res ,  b&timents  publics.  Le 
nombre  des  propri^t^  b&ties  est  de  90 ,020,  dont  87,712  con- 
sacrtes  I^Tbabitation;  2,217-  moulins,  4  forges  et  hauts  foor^ 
maux ;  87  CdBriques  et  usines  dhrerses.  Led^partement  paye 
1,472,011  francs  dlmpOt  fonder. 

[  Coamie  IMndiquc  son  nom  niodeme ,  cette  partie  de  la 
Brefagne  fonne  an  sein  de  la  mer  le  poste  aranc^  de  Tancien 
contiiient.  Qnelleque  soit  raire  decent  d'ob  la  brise  s'^l^ye,  les 
Tagues  d^Torantes  ? iennent  assaillir  nos  gr^es  d^ham^; 
et  cbaqne  Jour  emporte  un  lambeau  de  lenr  ceiature  de  ro- 
clies.  Ddcoup^es  en  mille  festons,  elles  pr^senteotun  nombre 
infini  de  criqaes,  de  ports,  de  sailUes  rocheuies;  mille 
^caeils  montrent  lenrs  tfitea  noires  bien  loin  dans  les  flots.  Dea 
Ilea  riolemment  s^par6es  de  la  terre  ferme,  des  pans  de 
murs  h  demi  cacbds  sous  les  sables ,  des  traditions  de  yillea 
engioaties,  tteoignent  partout  des  progrtede  I'Oote.  Holo- 
cauate  vou^  pour  I'Europe ,  FArmorique  s'amoindrit  sana 
-oesae  sous  T^reinte  des  flots.  Les  deux  polntes  du  Rax  et  de 
SaiDt-Matthieu ,  conune  deux  antennes  de  granit ,  8*avancent 
au  seia  des  mers,  et  soutlennent  leurs-  premieres  attaques. 
Le»  roches  de  schistes,  moins  r^sistantes,  ontoiM^  sous 
Tellbrt ,  et  la  yague  se  crease  au  milieu  d'elles  la  rade  de 
Brest  et  la  bale  de  Dooarnteax.  Un  dernier  chaloon  da  Mte6- 
bom,  enfant  perdn  des  montagnes  Nokes,  s^ie  oes  deux 
basains,  et  prJsenta  ses  flancs  quartxeax  k  routrage  des  con- 
rants.  Lorsqoe  les  flots  du  Gtf(/Si^eafft,  repoass^  par  le 
Noayeau  Monde«  et  gonlMs  par  les  orages  de  Pouest,  se  ronlent 
TerB  nous  en  yagues  mena^antes ,  le  oolosae  immobile  yoit 
Icor  rage  expirante  burner  en  yain  aar  ses  noirs  oontonrs^ 
^  da  adlien  des  toorbillons  de  yapeurt  qu'ils  yomisseni 
dans  I'air,  sea  flront  chauye  se  dresse  de  100  metres  au- 
dessua  des  fnreurs  de  rAtiantiqae.  D'un  bras ,  11  abrite  oon- 
treses  yiolences  et  folt  yiyre  de  ses  bienfkits  un  peuple  de 
paayiea  ptebeors;  de  Tautre,  ohargft  par  Vauban  d'on  bra- 
celet de  oanona,  il  prot^  les  yalsseaux  de  guerre  de  la 
FraDCo.  Comma  one  borne  Memelle  an  pouyoir  de  TOcdan, 
ae  desaine  daaa  le  fond  de  la  presqu^le  le  Ranbras,  aux 
fonnet  grantee;  g^nie  tut6laire,  una  couranne  de  nuage  se 
d^liloie  sorsatftte,  et  dddaignenx  da  flot  qui  rugit^  ses 
pieds,  II  lalsse  trainer  sur  la  gr^ye  son  manteau  d*ajonos.  Le 
Ranbcas  est  an  des  points  coiminants  de  TArmoriqae. 

Denx  diatnes  de  montagnes,  k  pea  prte  parall^es,  parta^ 
gent  le  ddpartement  sur  toote  sa  largeur.  Les  montagnes 
d'Arte  prenaent  nalsaance  an  fond  de  la  rade  de  Brest  i 
eoureift  yers  Test ,  et  leur  plus  grande  ^l^aHon ,  an  sonmiet 
do  Saint-Mlebel ,  n'excMe-pas  400  mMres.  Les  montagn«is 
ffoires  oommencent  lla  poiole  du  Rax,'  se  dirigent  anssi 
dans  la  direction  de  Test,  et  n^atteignent  pas  plus  de  350 
metres  au-dessua  du  niyeau  des  basses  mardes.  Les  schistes 
aigileiix  dont  ces  montagnes  sont  fornixes  possMent  ile 
cnndtt  riebeiiei  minifales;  et  Ton  leconnatt  dans  las  d^ris 


trois  parties  bien  distlnctes,  nne  yall^  centrale,  comprise 
entre  les  montagnes,  et  denx  plateaux  diyersement  incline  t 
run,  dont  le  sommet  est  form^  par  Tar^te  des  montagnea 
Noires,  plonge  au  sud  yers  i*Oc^an ;  Tautre,  appuy^  sur  les 
monta^Des  d*Ar^,  a^abaisse  au  nord  vers  la  Manche.  N'allei 
pas  croire,  eq»endant,  qu'une  pente  ^Ic  vous  conduise 
du  Saint-Michel  au  riyage.  Le  relief  quo  pr^i^ente  le  sol 
n'est  partout  qu'une  suite  d^asp^t^.  Devaat  yous,  too* 
jours  una  coUine  quML  Cuit  grayir  ou  descendres  ses  flanca 
sont  creos^  de  ravins ;  una  coocbe  l^^  de  terre  y^^tale 
n*a  pas  toujours  recouyert  son  cir&oe  de  granit,  et  ^  et  1^ 
de  blancs  rochers  de  quartz,  comma  des  spectres  couyerls  d* 
leurs  Unceuls,  surgi&ient  k  trayers  les  bruy^res.  arides.  Un 
ruisseau  toumep^niblementles  sinuositte  do  yallon,  gcandil 
k  trayers  mille obatacles ;  et  quelqu^-una  de  nos  torrents  oat 
usurps  le  nom  de  riyiire  ayant  de  se  perdre  sans  retoor, 
Leurs  bords,e8carp6i,  couyerts  de  bois,  ou  taiU^  dans  le  ro^ 
pr^ntent  k  cbaquepas  des  contiastes  yari^  de  sites  gra* 
cieox  ou  saayages.  Pendant  la  belle  saison ,  leurs  eaux  m 
d^robent  sans  bruit  sur  un  sable  ^tincelantde  micaj  mii§ 
lorsque  les  pluies  d'hiyer  oommencent  k  sulnter  des  yebMi 
de  la  montagne,  k  IMtroit  dans  leurs  riyes  qu*elles  rongantf. 
elles  s*<Uancent  turbuientes  an  milieo  des  troncs  d'arbras  et  d^ 
blocs  ^normesqu'elles  roolent  pde-m6le  dans  leur  fuite  ddHNv* 
donn^ 

Le  cours  d'eau  le  plus  important  du  Finisttee  est  b  Hr 
yi^re  d'Aulne  on  riyi^  de  la  Peur,  Ella  prend  naissance  k 
la  limite  orientale  do  d^partement,  arrosa  la  bassin  comprin 
entre  les  deux  cbatnes  de  montagnes ,  et  se  Jetta  dans  la 
rade  de  Brest  k  travers  una  gorge  de  100  mitres  de  profon» 
deur.  Elle  revolt  dans  son  lit  lout  ce  qu*il  y  a  de  torrenCa 
dans  cette  partie  centrale ;  at  ses  eaux ,  gonfl6ss  aprte  chaqua 
orage,  allaient  naguire  iMurter  an  basard  les  yastes  parois 
de  rochers  aa  milieu  desquels  s'est  oaverte  sa  route  tor* 
tueuse*  Maintenant ,  an  lien  de  cette  fougue  ayengle  k  trayers 
des  ^cueils  blanchis  de  son  toime ,  elle  s'ayance  grayement 
d*6eluse  en  telose  et  suit  partout  entre  denx  talus  parallelei 
una  marche  calme  et  digne.  An  brnit  confbs  des  galeta  a  sue* 
e6dA  U  yoix  nniforme  des  casc;ades  industrielles;  et  rien  na 
manquarait  k  ca  bean  canal ,  qui  joint  les  deux  boots  de  la 
proymce,  a*il  ayait  rendu  la  nayigation  possible.  Les  autres 
riylftres  du  Ffaiisttee  s'^happent  encore  Ubres  du  load  da 
leurs  raylnes ;  et  d^ordinaire  quelques  bourgades  out  profits 
du  Wenfait  de  leurs  eaux.  Sur  le  yersant  mMdIonal  des  mon« 
tagnes  Noires,  Qulmperl^  s^^ve  an  confluent  dlsoleet  d*EXi6, 
Le  Ster  et  I'Odet  marient  leurs  flots  k  Quimper,  et  et  yont 
ensemble  les  porter  di  rOcdan,  Le  plateau  du  nord  est  sllHm« 
n^  par  plusiears  roisseaax,  dont  les  plua  importants  sont  le 
Bosseyn  et  rfiom.  Tantas  ces  riyiires  d^pouillent  prte  de 
leur  embouchure  leor  caractire  de  tioleaoa.  Le  flux  de  la  mer 
remontelideax  ou  trois  lieoes  dans  les  terres,  et  pennal  k 
leurs  eanx  de  s^Hendre  k  False  snr  nn  lit  plua  oomomoda.  La 
point  oi  la  banteor  des  mardes,  laissant  encore  remonter 
les  nayires,  a  oess^  d^'fttra  an  obstacle  anx  commanicatlona 
des  riyerains,  paralt  ayolr  d^dd^  de  la  position  de  praaqna 
toutesnoayiUes.  En  jetant  les  yanxsnr  la  carte,  onestirapp^ 
de  yoir  comme  chaque  petit  centre  de  popnlaUon  est  pigoor 
reusement  d^termin^  par  les  formes  du  pays  qui  I'antooro^ 
Dans  la  pfadne,  Thomme  abientdt  bris4  lea  entrafres  qua  la 
nature  lui  donne  et  conquts  lea  moyens  de  r^er  sur  elle. 
Au  sein  des  montagnes^  II  n*est  plus  qu*an  jooet  sous  sa 
main  |iuissante,  un  i-propos  de.fdus  dans  ce  monde,  dont 
les  pit>portions  Ttoaseat;  et  sa  Adblease  aeplie  timidement 
aux  exigences  de  cliaqne  locality* 

Les  communications  commodes  ne  farent  oayertes  en  Bra^* 
tagnes  que  par  le  due  d*AiguiUon ,  et  noa  arri^e-grands* 
pires  n'ayaient  jamais  yu  de  grandes  rootas.  L^agricultane 
est  la  y^rilahle  et  presque  la  seule  Industrie  de  nos  contrNn 
Le  yoyageur  ae  sonpfonne  gnto,  en  trayarsantnoa  laodea, 
lea  trteoia  agriooles  da  nos  eMes.  Qnll  s'appracbe  da  ep 

47, 


453 


FINISTfeRE    —   FINLANDE 


beni*  0  J  la  mar  a  dot^  de  rieheues  nouvellet  lesen&nts  d^sh^ 
rii^s  d*uiie  terre  ingrate ,  11  Terra  le  sol  se  eacher  sous  lea 
^18  de  froment  et  lea  gras  pAturages.  Qo^ii  aurmoate  aes 
pr^ventiona  tt  daugae  interroger  le  vieux  laboareur  qui , 
de  p^  en  fiU ,  se  tratne  dans  rornitee  de  la  nmtine ,  H  iai  r6- 
pondra  qoli  retrouve  aprte  la  moiaaon  Juaqu'lt  Tingl^deax  foia 
la  aemenoe  qa^ii  eoaerre ,  et  son  modeate  encloa  n'envie  rien 
aux  plaa  bellea  eoltures  de  France.  Le  Finiattre  ^aoge 
Texc^dant  de  aea  graina  poor  des  Tina  de  Bordeaux.  11  noorrit 
40,e00  j&menta  pouUnidrea;  et  10  ^  il  ,000  clieTaux,  plna 
renommtepoiirleiiraobridt6  patiente  et  leur  Tigaeor  infoti- 
gable  qoepar  dea  formea  dl^gantea,  aont  achette  toua  les  an& 
par  dea  maquignona  du  Poitou  et  de  la  Normaadie.  Nona 
exportona  en  outre  dea  beatiaux,  te  toQea,  du  poiason, 
do  beurre,  des  ardoiaea.  Tons  lea  objeta  de  luxe  noua  aont 
encore  apport^,  qooiqoe  rindnstrie  prenne  cbaque  Jour 
quelqne  d^Teloppement.  Noua  aTona  dea  moulina  h  papier, 
dea  manufactures  de  poudre,  de  poteriea  et  de  briquea.  Dea 
lerrainaque  la  mer  aTait  euTahia  sont  reconquia  sur  alle.  Plu- 
aieura  machines  k  Tapeur  aorteut  d'une  lisine  de  Landemau ; 
et  le  cultivateur  ^nn^  demande  quelle  force  Inconnue  fait 
Toler  aur  lea  flota  oes  naTires  d^pouUlte,  «n  d^pit  dea  oou- 
ranta  et  des  oragea.  Dea  mineraia  de  plomb  et  d'argentaont 
exploits  prte  do  Hudgoet 

On  court  bien  loin  de  la  patrie  cbercber  dea  impreaaiona 
nouTeUes;  on  ae  preaae  aux  pieds  des  Alpes,  autour  dea 
caacades  de  la  Suisse,  dans  les  grottea  de  Capr6e,  et  per- 
sonnen'a  to  noa  grottea,  plus  belln  que  la  grotte  d'axur,  ni  ces 
gr^Tea  escari)^  que  TOc^an  d^Tore,  ni  la  cataracte  de  Saint- 
Dabot  Personne  ne  Tient  interroger  ce  recoin  isoli  de  la 
terre,  mMaille  bientdt  edacte  de  peoplea  qui  n*aaront  plus 
de  aouTenira  dans  la  m^moire  dea  liommes.  Et  cependant, 
depuis  ces  flots  irritte,  qui  frdmissent  encore  comme  autre- 
fois autour  du  btfceau  de  Tenchanteur  Merlin  ( i'tle  de  Sein ), 
jusqu*^  riiumble  demenre  du  premier  grenadier  de  France 
( Carliaix ) ;  depuis  les  pierrea  ^igmatiques  de  C  a  r  n  a  c ,  Jos- 
qo*4  la  caTeme  du  Dragon  de  Saint-Pdl  (dana  llle  de  Batz, 
partout  de  Tieiilea  traditions  et  de  Tieux  monuments,  des 
d^ris  de  tours  ffodales ,  d^abbayea  d^sertes ,  de  d  o  1  m  e  n  a 
bris^,  et  parmi  toutes  ces  mines,  Tbabitant  de  nos  campa- 
gnea,  ruine  TiTante  des  temps  fabuleux  de  la  Gaule. 

Louis  dbCarh^.] 

Le  gibier  abonde  dans  le  d^partement  du  Finist^re;  ses 
bois  renferment  dea  sangliers,  dea  loops,  des  renards,  et 
d'aotres  animaux  aauTagea.  Les  Clangs  sont  poiaaonneux;  la 
ptehe  est  abondante  sur  les  c6tea ;  lechtoe,  le  h6tre,  le  boo- 
lean, le  cbAtaignier  aont  lea  essenceadominantes  dans  les  fo- 
rftts;  le  laorier,  le  figuier  y  Tiennent  en  pleine  terre.  Le  r^- 
gne  mintol  y  produit  du  plomb,  de  la  bouille,  du  granit,  do 
porphyre,  de  la  serpentine,  do  quartz,  de  la  litharge,  du 
«inc,  du  bismuth,  des  pierres  caicaires,  dea  marbres,  des  ar- 
doises,  de  Pargile  blanche,  du  kaolin,  etc. 

L*agriculture  y  est  arri^rte;  on  y  r^colte  desc^r^es,  des 
pomroes  de  terre,  des  pommea  que  I'on  conTertitencidre.  On 
y  fl^TO  beaucoup  de  cbeTaux,  de  b^tea^  cornea,  de  pores  et 
de  moutons ;  I'^ucation  des  abeilles  y  produit  des  rteultats 
aaaez  notables. 

Onq  routes  imp^rialesetonze  routes  d^partementales  sil- 
kmnent  le  Fhiist^re,  oh  Ton  compte  30  porta  de  mer,  grands 
ou  petits. 

Parmi  lea  locality  remarquablea,  nous  citerons  Qui ni' 
•eryClieMieudu  d^partement,  Brest ,  Morlaix,  Lan* 
dtrnaUy  Quimperli,  et  Chdteaulin  {Castrolinum)  ^k 
M  kilometres  de  Quimper  et  k  559  deParia^  aTOC  2,594  ha- 
^tants;  cette  petite  Tille  est  le  ai^e  d^une  soua-pr^fecture; 
elle  est  situ4e  dans  un  Tallon  pittoresque,  sur  TAulne  et  le 
«:anal  de  Brest  k  Mantes;  lea  rumea  du  chkteau  b&ti  en  Tan 
1000  par  Bud<^,  comtede  Comouailies,  le  dominent.  Con^ 
tarneau ,  chef-lien  de  canton ,  k  20  kilomktres  sud-est  de 
Quimper,  et  551  de  Paris,  compte  2,353  habitants;  Concar- 
neau  fut  pria,  en  1373,  par  Du  Guesclin,  qui  en  passa  1^ 
ivnisoii  au  fil  de  T^p^ ;  le  Tk»mte  de  Rohan,  en  1489,  les 


proteatanta,  le  17  jauTier  15S9,  s^en  emparkrent  aossi  ;l«f  ca 
ttioliques  en  chasskrent  ces  demiers  le  mkme  jour.  Conesr 
neau  eat  d^fendu  par  un  fort  et  d^andennes  moraiHes;  c'ett 
on  bon  port  pour  des  naviread^un  petit  tonnage.  Pont-VAtM^ 
chef-lien  de  canton,  k  18  kilomktres  aud-ooest  de  Quim- 
per, compte  3,810  habitants ;  U  y  a  un  port  d'^cbouage  stk 
200  mktres  de  qoai  en  ma^nnerie  et  2  cales.  Le  Congttd, 
chef-lieu  de  canton ,  k  28  kilomktres  de  Brest  et  628  4e 
Paris,  a^,  dana  les  temps,  une  Tille  maritime  importaala; 
lea  Anglais  la  d^Taatkrent  au  quinxikme  aikcle ;  on  y  Toit 
encore  quelqoesmaiaons  gothiqnes,  les  seulesqui  lurent^par- 
gnte  dana  le  sac  de  la  Tille;  Le  Conquet  ne  a*est  pasrdev^ 
de  ce  d^sastre.  Saint'Pdl-dt-Uon ,  chef-lieu  de  canton,  i 
20  kilomktres  de  Morlaix,  est  one  trks-ancienne  Tille,  doat 
on  fait  remonter  la  fondation  a  une  ^poque  ant^rieore  so 
chriatianlsme.  Les  principaux  chefs  dela  Bretagney  tuireot, 
en  645,  uneassemblte  solennelle.  Cette  Tille,  qui  a  pour  port 
Roecofr,  ^tait  autrefois  si^e  d*evteli6et  capitate duLtenais; 
die  compte  aujourd^hui  7,059  habitants,  et  fait  un  com- 
meree  aaaez  considerable  en  productions  agricoles  et  ma- 
nnfachirte,  chcTaox  et  bestiaox  du  pays. 

Wi^^'Ouesiant  apparlient  aussi  au  d^partement  da 
Finistkre,  ainsi  que  l*fle  de  Bats^  situ^  dans  la  Mancbe,  a 
35  kilomktres  de  Morlaix,  et  dont  la  population,  toute  mari- 
time, s*dkTe  k  1,132  habitants  seulement. 

FINLANDE9  enfinnois  Souomenmaa,c  ^esl-k-dire  pa)i 
de  maraia,  grande  prindpaot^  r^unie  k  Tempire  de  Russie 
depuis  la  paix  conclue  en  1809  k  Freileriksiiamm,  mais 
qu^une  legislation  particolikre,  une  administration  distincte 
ix  diTera  priTil^ges  en  dltferencient  sons  toua  les  rapports. 
En  1811,  le  lam  on  cerde  de  Yiborg,  incorpor^  depots  1721 
k  la  Russie,  fht  de  nouTeau  rduni  k  la  Finlande,  dont  la  so- 
perticie  totale  se  trouTa  ainsi  port^e  k  4,788  myriamklres 
carr^s.  Cette  oontr6e  est  Tun  des  pays  de  la  terre  les  plus 
richement  arros^a.  En  effet,  tandis  que  les  laca  y  occopent 
line  superficie  de  7,257,000  tonneaux  ou  arpents  de  pays  et 
les  marais  et  mardcages  35,095,000,  au  contraire  les  col- 
lines  et  ddTations  sablonneuses  du  sol  n^en  recouTrent  que 
7,680,000,  les  foreta  de  haute  futaie  que  22,744,000,  et  la 
terre  arable  aTec  les  p&turages  seulement  3,335,000.  U  n*y 
existe  pas  du  toot  de  montagnes,  et  on  ne  trouTe  d^^i^va- 
tions  un  peu  considerables  du  sol  qu'en  Laponie,  oO  k 
Peldoivi  atteint  une  altitude  de  666  mktres  et  VOuncstun" 
tour  643  mktres.  Toute  cette  contr6e  est  traTerste  par  le 
Maanselkx  (c'est-k-dire  dos  du  pays ),  succession  non  in- 
terrompue  de  collines  sablonneuses,  qui,  continuant  d'abord 
sous  le  nom  de  Lapitountourit,  la  crete  roclieu^e  de  Ja 
NorvkgeettraTersant  la  Laponie  jusqu^k  Talkounaoici,  sur 
les  frontikres  russes,  se  prolonge  k  partir  de  ce  dernier  point 
au  sud  le  long  des  frontikres  jnsqu^a  Jonkerinkivi,  et  de  la 
k  Tooest  et  au  sud,  en  s^parant  la  Bothnia  orientale  de  la 
K  a  r  e  1  i  e,  de  SaTolaks,  du  pays  de  TaTast  et  de  Satakounta , 
s'etend  jusqu'au  goife  de  Bothnie^  aTec  une  hauteur  moyenne 
de  100  k  200  mkhres.  Le  Maanselkse,  en  decrivant  ce  par- 
cours,  euToie  dans  la  direction  du  sud  diTers  embranche- 
ments,  qui  diTisent  la  Fmlandeen  dnq  prindpaux  systkmes 
hydrographiques  :  t**  ie  systkme  septentrional,  comprenaot 
le  grand  lac  d*£nari,  qui  se  dechai^e  dans  lamer  Gladale,  par 
le  Patsjoki;  2®  le  systkme  du  nord-ouest  ou  de  la  Bothoie 
orientate,  renfermant  le  bassin  central  du  lac  d^Ulea  (On- 
lonimrvi)  et  les  fleuTes  appelds  Tbntiq/oKki (il  aertde  froD 
tikredu  c^te  de  la  Sukde),  Kem\ioki  (son  parcours  est  de 
46  milles  de  Sukde)  et  Ouloujoki  (serTant  de  dedtarge  ao 
lac  d'UUa);  Z^  le  systkme  du  sud-onest,  renfermant  le  lar 
central  de  Pyrhxjaervi ,  leqoel  re^it  les  eaux  d*un  grand 
nombre  de  lacs  d'importance  moindre  et  se  jette  dans  le  golfe 
de  Bothnie,  par  le  KoumO'Elf;  4°  le  systkme  du  centre,  aTec 
le  grand  bassm  du  Paijaune^  qui  se  jelte  dans  le  golfe  d« 
Finlande,  parlekymyoki  ( Hymmene'Klf);  h**  enfin,  le  sys- 
tkme oriental, qui  a  plus  de  .SO  milles  de  devdoppement ,  ct 
dont  Ic  lac  centrul,  appeie  Enonvesi,  aprka  aToir  regu  les 
eaux  d*un  grand  nombre  de  laca  plus  considerables  da  noid 


FINLANDE 


46t 


et  4u  nord-tti,  se  jette  dans  1«  c^l^bre  lacSaima,  A  son  tour , 
ce  dernier  le  diverse  dans  le  Ladoga,  par  la  chute  d*Imatra, 
httita  da  S8  mMrea.  Pour  mettre  oe  systtaie  hydrographique 
en  eommuBicatioa  direde  aveele  golfe  deFinlande,  on  a  oom- 
mene^  en  1844,  aox  Araia  de  la  Finlande,  la  oonstmction  du 
canal  de  Sabna,  d*un  d^eloppement  tot^  de  6  miUea  de 
SoMe,  entre  Willmanstrand  etViborg,  qu'on  espftrait  pou- 
Toir  temiioer  dans  le  eonrant  de  la  prtente  annte  1S&4 ,  et 
qai  a  dO  I'ttre,  k  moina  que  la  guerre  actudle  ne  adt  ^enue 
paniyser  lea  granda  traTaux  poblica. 

D*aprte  le  recentement  de  1S50,  ta  population  totale  de  la 
Finlande  a^dl^re  k  1,636,915  b^itanta.  Sur  oe  nombre, 
1,462,371  Finnoia,  enfiron  un  millier  de  Lapons,  125,000  Su6- 
dois  (Fiolandab)y  400  Allemanda  et  1,000  Boh^iens, 
par  ooos^uent  1,569,771  indiTidua,  se  rattacbaient^  r£gliae 
hithdrienne ;  r£gliae  grecque  comptait  pour  adbireota 
8,000  Ruiaes  et  39,144  Finnoia  r^partis  dans  lea  ten  de  Yi- 
borg  et  de  Kooopio.  La  population  a^accrott  en  moyenne 
chaqoe  ann^  de  19,000  indWidua,  c'est-di-dire  de  1,28 
pour  100.  Lea  32  TUtea^  dont  20,  aitueea  aur  lea  golfea  de 
Botbnie  et  de  Finlande,  aont  des  porta  de  mer  et  dea  placea 
I  decommerce,  oomptent  ensemble  107,892  liabitants.  L'agri- 
'  culluro  eat  la  prindpale  Industrie  de  la  Finlande;  on  y  r^ 
oolte  annndlement  environ  2,500,000  tonneaux  de  aeigle, 
1.600,000  t  d*orge,  800,000  d'avoine,  22,000  de  Aroment, 
15,000  de  bl6  noir,  16,000  de  poia  et  1,500,000  de  pommes 
de  terre.  L^^I^ye  du  b^tail  donne  cheque  annte  25  millions 
dekilogrammeadebeurre  et  2,000  quintaux  de  laine.  Le  goii- 
dron  et  les  planches,  prodults  des  for61a  et  oonsUtuant  avec 
(a  cbaase  et  la  p^che  la  prindpale  richesse  du  pays,  troavent 
lurtoQt  des  d^bouch^  en  Angleterre.  Le  rigne  mineral , 
quoique  pr^ntant  des  indices  de  cuivre,  de  plomb  et  de 
qudqoes  autres  mdaux,  a^t^  fort  n^Ilg6Jusqu*k  ce  jour. 
Cependant,  dans  cea  demiers  temps  on  y  a  entrepris  Tex- 
ploitaUoD  de  diveraes  mines  de  fer.  Les  argilea  k  porcelaine, 
les  marbres  et  lea  granits  sont  presque  les  seuls  mln^raux 
doDt  riodustrie  finlandaise  alt  su  tirer  parti.  Si  le  luxe  felt 
qoelque  jour  un  plus  grand  emploi  du  granit,  c*est  k  la  Fin- 
lande qullderra  demander  cette  mati^rede  aonnouveau  be- 
toin ;  aocune  autre  contr^  n*en  foumurait  d^ausd  bean.  Dans 
ceioi-d  le  fddspath  rlTaUae  aTec  Topale,  et  le  bleu  du  lapis 
qu'il  contient  n^'est  pas  surpass^  par  celul  que  Ton  tire  de 
TAsie  pour  la  fabrication  de  Youtre-mer,  Les  140  usines 
•'i/rorentesqu'oii  compie  dans  le  pays  repr6sentent  ensemble 
in  capital  d'un  million  de  roubles  d^argent.  La  navigation, 
gfncraicmenlfuriactife,  avail  employ^  en  1850  :  457  navires 
iaugeant  51,764  lasts,  etportant6,041  marins.  Aquoi  ilfaut 
eocore  ajouter  10  b&timents  k  vapeur,  927  barquesemploy^ 
Ju  cabotage,  jaugeant  25,000  lasts  et  mont^  par  1 2 1 3  hommes 
d'^uipage. 

Sous  le  rapport  administratif,  la  Finlande  est  aujourd*bui 
<livis<^  enbuit  ten  ou  cerdes,  k  savoir  :  1®  Nylandl^  avec  la 
caprtale  detente  la  prindpaut^,  Helsingfors.et  160,252lia- 
bilants;  V  Aha-Bjameborg  avec  Aland  ^  TandenneFin- 
iuide  proprement  dtle,  et  Satakounta,  population :  292,098 
habitants;  8*  Tawastehus  (  en  Su^dois  TawastUmd;  en 
£naois,  Houmeenmaa) ,  avec  152,256  habitants ;  4""  Viborg 
(Kar^e  du  and ),  avec  237,  01 1  habitants ;  5**  Saint-Michel 
(Savolaks  du  sod),  avec  148,039  hab.;  G<>  Kouopio  (Savo- 
^Lsdunord  et  Kardie,  en  finnois  Karjala),  avec  196,155 
hab. ;  7**  Wasa  (BoUinie  du  sud-estet  Tawastland  du  nord), 
&vec  257,824  hab.;  8*"  enfio,  Vleaborg  ou  Kqjana  (toote 
la  Laponie  et  la  partle  septentrionale  de  la  Bothnie  orien- 
tale,  en  fiinnois  :  Pohjanmaa  et  Kajanien)^  avec  157,010 
habitants.  Sous  le  rapport  ecd^iastique  ces  cerdes  sont  plac^ 
>oas  rautoritdde  trois  ^v6ques  (Abo,  Borga,  et  Kouopio), 
tvec  des  consistoires  dont  rd6vent  les  214  paroisses.  En 
^\  d^^tabllsscments  dMostructiou  publique,  il  existe  k 
Helsingfors  une  university  dont  les  cours  sont  suivis  par  en- 
tiroQ  600  ^ludiants,  et  dont  Abo  avait  ^t^  le  ai^e  Jusqu^en 
is29,  5  gymnases,  32  ^coles  d^mentaires  du  premier  degr6 
^  12  du  second  degr^«  SmaisoDS  d*6ducaUon  pour  les  lilies 


et  une  ^oole  milltalre  ob  Ton  compte  120d^ves.  L^autoritd 
admhiistraUve  sup<Srieure  de  la  province  est  le  $inat  de 
Finlande,  compoa^  de  16  Indigenes,  nomm^a  par  l^empe- 
reur  et  pn^dte  par  le  gouvemeur  g6n<(ral  de  la  Finlande. 
Tousles  jugements  ettoutes  les  decisions  administratives  son! 
rendus  an  nomde  Tempereur.  Le  gouvemeur  gdn^ral  ou  smi 
adjoint  estcbarg^  conjointementavec  nnprocureur  de  veiller 
an  maintien  et  k  Tex^ution  des  lois;  et  c*est  loi  qui  com- 
mande  lea  troupes  stationndes  en  Finlande.  Les  revenue  de 
la  province,  qui  s'divent  k  environ  2,500,000  roubles,  dd« 
passent  les  d^penses  d'environ  800,000  roubles,  et  oet  ex- 
cMant  est  employ^  It  des  entreprises  d^otilitd  publique. 
Consultex  Rein ,  Description  statistique  du  grand  ducM 
dt  Finlande  (en  allemand.  Helsingrors,  1839);  le  prince 
Gallitzin,  Notes  reeueillies  en  i^is  pendant  une  excursion 
de  Saint'PUershourg  d  Torhea  (Paris,  1852). 

Ce  fut  soas  Gustavo  IV  que  la  SuMe  perdit  la  Fin- 
lande. La  population  n'opposa  point  de  r^stance  k  la  con- 
qu^.  L'annte  su6doise,  mdcontenteet  dtooraliste  par  le& 
extravagances  du  rol,  manquaitdes  ressoarces  ndoessaires. 
Sveaborg  et  la  flotte  furent  livrds  aux  Russes  par  ungto^ 
ral  qui  sacrifia  sa  patrie  k  son  animosity  centre  Gustavo ; 
peut-6tre  ne  croyait-ilpas,du  reste,  que  I'ennemi  retiendrait 
cette  forteresse  k  la  paix.  Mais  la  Rnssie  envahissait  la  Fin- 
lande pour  r^jouter  5  ses  autres  provinces  de  la  Baltlque,  et 
Jusqu^a  ces  demiers  temps  die  poss^ait  les  deux  tiers  de 
cet  immense  littoral ,  dommant  sans  rivalttd  dans  une  mcr 
oil  le  Danemark  et  la  Su^e  sont  trop  laibles  pour  y  con- 
trel)alancer  sa  puissance. 

|La  SuMeressentit  vivement,  en  1808,  la  perte  de  la  Fin- 
lande k  la  suite  des  bouleversements  caus^i  par  Tuisatlable 
ambition  de  Bonaparte,  perte  qui  PaiTaiblissait  rtellement 
sans  augmenter  tea  forces  de  la  Russie.  Les  Finlandais,  qui 
n^avaient  Jamais  pu  devenir  Su^ols  ni  s^attadier  k  un  gou- 
vernement  qui  lea  traitait  pourtant  avec  un  extrtoie  bien- 
vdllance,  devaient  6lre  encore  moins  dispose  k  sMdentifier 
avec  lea  Russea  :  dans  tous  les  temps,  lis  se  regarderont 
comme  strangers  k  Tempire  qui  les  poss^de  par  droit  de  con- 
qu6te,  et  seront  tent^  de  dire  au  tsar  ce  que  Torateur  des 
envoys  scythes  osait  exprimer  dans  son  dtscours  au  con- 
qudrant  mac^onien  :  «  Quelles  que  soieutta  grandeur  et  ta 
puissance,  personne  ne  vent  souITrir  un  maltre  qui  ne  soil 
pas  de  sa  nation.  •  L'esprit  national  exclusif  des  Finlandais 
a  r^isld  jusqu*li  pr^nt  k  toute  influence  eitdrieure,  ct  \T 
entretient  dans  ce  pays  la  division  entre  les  families  d'ori- 
gine  difEdrente  des  munitids  implacables ,  pcrpdtue  les  as- 
sassinats  et  les  vengeances  h6r^ttaires ,  a  peu  pr^  comme 
dans  la  Ck>rse.  Cependant,  llnstmction  avail  fait  en  Finlande 
autant  de  progrte  que  le  comportent  la  nature  du  pays,  Tiso- 
lement  des  habitations,  le  petit  nombre  de  villes  et  leur 
faible  population;  runiversit6  d'Abo,  fondle  par  la  reine 
Christine,  dont  la  m^oire  sera  toujours  ch^re  aux  lettres 
et  aux  sciences,  avdt  n^pandu  des  connaissances  dans 
toutes  les  classes  ais^,  et  formd  des  savants  distingue  : 
il  sera  done  tr^s-diffidle  de  changer  Tdtat  moral  d'un 
pcuple  parvenu  k  ce  degrd  de  dvilisation  sans  que  son 
caractfere  aitdtd  modifid  senstblement.  L'empereur  Alexandre 
et  ses  conseils  ne  Tignoraient  point,  lorsque  aprte  la  con- 
qu6te  de  U  Finlande  il  fut  question  d'organiser  cette 
noiivdle  province  de  I'empire ;  cependant,  on  eut  soln  d'y 
laisser  tout  ce  qui  n*6tait  pas  absolument  incompatible 
avec  les  lormes  du  gouveraement  russe,  alin  que  le  ctian- 
gement  de  domination  pflt  s*accoropIir  sans  froissemenl 
trop  pdnihle.  Le  r^me  municipal  fut  conserve ;  la  pro- 
vince fut  rdtablie  dans  son  ancienne  grandeur  par  I'adjonc- 
tion  du  gouvernement  de  Viborg;  les  lols  suMolses  con 
tinu^rent  k  r^r  la  nation.  Mais  le  stdge  de  Tadmlnistratioa 
gdndrale  fut  transf(^r6  d'Abo  k  Helsingfors,  plus  k  porlte  de 
Siiint-Pdtersbourg  et  surtout  de  Texcellente  forteresse  de 
SvtNihorg,  toujours  hien  pourvue  (Kune  garnison  ''usse.  Dans 
ces  derniers  temps,  rcniperour  Nicolas serait,dit-on,  rcveuu 
sur  plusieurs  des  concessions  accorddes  k  le  Finlude  :  h 


4M 


FINLANDE  —  FI>NOIS 


couure  serait  devenue  plus  dure  contre  la  langue  finnoise  ;  ' 
des  lev^  d^hoiiiines  auratcut  €16  faitea  malgr6  rexemption 
de  recnitemeot  donn^  par  rempereur  Aleiandre;  en&Up  U 
aerajt  questloa  de  disaoadre  le  stoat  fiolandais.  La  Fin> 
landedoitjoaer  on  eertain  r6le  dana  la  guerre  actuelle;  on 
a  parM  de  la  rendre  k  la  SuMe  si  les  ^TdnemenU  permettent 
de  Parracher  k  la  Ruasie.  Et  cependant,  tout  considM,  les 
Finlandais  ne  de?raieiit  pas  mat^eUement  a?oir  k  se 
plaindre  du  sort  que  la  Ruasie  leur  a  pr^par6.  Sous  une  pro- 
tection plus  poissante,  leurs  relations  oommercialcs  sont  k 
la  fois  plus  dtenduea  et  plus  faciles.  La  SuMe  avait  appr^ 
fiends  d'y  rendre  lea  communications  trop  (r^quentes  en 
constniisant  des  routes  dans  Tint^eur;  le  gonvernement 
russe  est  au-dessus  de  cette  defiance,  et  des  routes  mill- 
taires  trayeraent  sa  nouTdle  proTince^  comme  autrefois  la 
puissance  romalne  fit  multiplier  ses  voies  aurtoutel'^tendue 
ie  sa  domination.  YoiU  desamdiorationstrte-rteiles;  mais 
cela,  noua  le  savons,  ne  rend  paa  la  nationality  t     Fsbht.  ] 

FINLANDE  (Golfe  de),  partie  de  la  mer  Baltiqne 
bom^  au  nord  par  la  Finlande,  au  sud  parrEsthonie 
et  SainUP^tersbourg,  d*une  ^ndue  d'enViron  42  myria- 
m^tres,  sur  une  largeur  Tariant  de  17  kilom^trea  ^  110.  La 
navigation  de  ce  golfe  (est  aussi  difGdle  que  p^rilleuse,  k 
cause  des  nombrenx  bas-fonds  et  bancs  de  sable  qu^on  y 
rencontre ,  particnliirement entre  Cronstadtet  Saint-P^- 
tersbouig,  ainsi  qa^k  cause  de  la  ceinture  d*teueils  et  de  n>- 
cbers  escarps  qui  bordent  de  toutes  parts  la  c6te  de  Fin- 
lande. Ces  dangers  s'augmentent  encore  au  printemps,  et 
souTent  mtoae  en  automne,  par  suite  des  ^normes  masses 
de  glace  que  les  diffiirents  fleuves  de  la  Finlande,  et  surtout 
la  Newa,  d^Tersent  dans  leseaui  du  golfe,  longtemps  aTant 
ou  aprte  le  moment  od  une  <&pais8e  couche  de  glace  recouyre 
sa  surface  tout  enti^re.  Le  premier  tiers  du  tnget  de  Cron- 
stadt  k  Hogland  offre  surtout  tant  de  dangers,  que  les  pi- 
lotes  doivent  constamment  yeiner  It  se  guider  d*aprte  les 
balises  dont  il  est  ordinairement  parsem^,  mais  que  T^ 
paisseur  des  brouillards  du  Nord  n^empdcbe  que  trop  souTent 
d*aperce?oir.  Llle  de  Hogland  s'^l^ve  du  sein  des  flota 
«omme  un  immense  bloc  de  granit,  et  avec  ses  formes  gi- 
gantcsqucs  oflre  Paspect  le  plus  imposant.  Tout  autour  sont 
ranges  les  lies  de  LaTensaari,  Penisaari,  Seskttr,  le  grand 
et  le  petit  Titters ;  la  demite  est  celle  de  Cronstadt  Le  golfe 
de  Finlande  est  une  des  parties  de  la  Baltique  lea  plua  fr6- 
<|uentto.  Le  commerce  immense  dont  Saint- P^tersbourg  est 
le  centre  attire  cheque  annte  dans  ses  eaox  des  miUiers  de 
bAtiments  de  toutes  les  contrto  de  I'Europe  et  mtoie  de 
TAm^rique ;  ce  monvemeot  s'accrolt  encore  de  toute  Tacti- 
Tit^  des  Tilles  maritimes  on  conunerciales  situto  k  pen  de 
distjince,  conune  Hapsal,  Baltischport,  Reyal  et  Koonda 
en  Esthonie;  Narwa,  Tiborg,  Fredericksbammi  Lowisa, 
Borga,Helsingfora,  EcluuesetAbo  en  Finlande.  Presque 
toutea  ces  yillea  ont  d*esceUenta  ports ;  Reral ,  Cronstadt, 
RuotzinsalmiouRotacbensalm,  prte  Kymmengard  etSrea- 
borg,  pris  Helsingfora,  serrent  de  stations  ^desescadres 
enll^res  de  la  flotte  russe.  Cea  porta  soot  tous  dtfendus  par 
d*exceUenta  ouTragea,  et  qaelques-uns  par  des  forteresaes  de 
premier  ordre;  les  pina  importanta  sont  les  ports  militaires 
<ie  Reval,  de  Cronstadt,  de  Rotschensalm  et  de  S?eaborg. 
Le  golfe  est  pounni  de  vingt  pliares,  dont  onae  bAtis  sur  lea 
c6tes  et  neuf  au  milieu  de  U  mer,  sur  lea  rochers  dont  elle 
est  parMm^.  De  nombreox  bateaux  k  vapeur,  dont  lea  un: 
mettent  les  proTinces  rusaea  de  la  Baltique  en  communfca 
Cion  aTec  TAllemagne,  la  Scandinavia  et  ie  reate  de  TOoci- 
dent,  et  dont  les  autrea,  employ te  au  cabotage  entre  lea  princi- 
paux  ports  des  dedx  cdtes,  sillonnent  Incessamment  les  eaux 
du  golfe  de  Ffailande  et  oontribuent  sioguli^rement  au  mou- 
vement  d'aniroation  extrtoie  dont  il  est  le  tli^tre  pendant 
les  mols  oil  la  navigation  est  libre. 

FINXMARK,  c'eat-l^dire  Marche  finnoise,  extrteut^ 
septentrionale  de  la  Norvige  el  aussi  de  TKuropc,  for- 
mant  un  bailllage  partioullcr,  celtii  de  la  Laponie  tiorv6* 
^nne,  le  compose  d*un  ^troit  pays  dc  cOtes  de  la  nature  I 


des  plateaux ,  avec  une  d^vation  moyenne  variant  sntra 
3S0  et  700  metres,  mais  traverse  par  des  nu>ntagoes  ooo- 
vertes  de  glaces  et  de  nelges  ^ternelles,  tebancr6  en  outra 
par  une  innombrable  quantity  de  bales  onfiords,  et  dont  b 
pointe  est  dans  la  direction  de  la  mer  Gladale,  ob  ses  rivaga 
sont  bord^  de  roebers  horriblement  escarpte  el  d^one  ceia- 
ture  dlles  de  mtoae  configuratfon.  Les  bales  Im  plus  ooa- 
sid^rables  sont  ks /lords  d'Alten,  de  Parsanger,  <k  Tana  ct 
de  Waranger^  et  les  fleuves  les  plus  importanta  FAlten  eth 
Tana. 

Le  dimat,  quoique  n^^tant  pas  ausd  exoesalYement  froid 
que  dans  d^autres  r^ons  plac^  sous  la  mtoie  latitude  giiH 
grapliique,  et  cela  k  cause  de  Pinfluence  adoudaaante  qo*t 
exeroe  POc^n,  qui  se  trouve  Ik  libre  de  glaces,  n^  est  p» 
moins  tr^-froid  et  tr^rude.  Ced  a*applique  sortoot  aa 
cap  Nord  d'Europe,  situ^  par  71*  10'  de  latitude  sepln- 
trionale,  dans  llle  de  Magerce,  dont  les  c^tes  pr^sentent  les 
^hancrures  les  plus  tourment^,  eaftce  du  cap  Nordkja 
ou  Kynrodden,  point  extreme  de  notre  continent  au  nord. 
En  cet  endroit  le  soleil  cesse  d'etre  visible  k  partir  de  la 
mi-novembrejU8qu*k  la  fin  de  Janvier ;  en  revanche,  depois  le 
milieu  de  mat  jusqu'k  la  fin  de  Juillet  fl  ne  disparaft  jamais 
de  Phorizon.  La  temperature  moyenne  du  court  ^t^doot  oa 
jouit  est  de  5  degr6s  R^udAir.  Ce  n^est  qu^en  aoftt  que 
disparaissent  les  dernl^res  ndgea;  I  ce  moment  a'^panooxft- 
sent  lea  fleura  de  ce  dimat  l^r^il,  et  d*innombrables  es- 
saima  de  cousins  qui  couvrent  le  sol.  Les  femp6tes  dliiier, 
dont  la  violence  d^passe  toutededOlption,  y  sont  bienplus  re- 
doutaUes  que  les  f  roids  de  cette  m^me  salson,  dont  la  temp^ 
rature  moyenne  est  de  4®  R^umur. 

Le  renne  et  Pbermine  aont  les  seals  quadruples  qu'on 
rencontre  k  V€Ui  sauvage  dans  Pile  de  Mageroe;  mais  les 
ours  et  lea  loups,  fort  communs  dans  tout  Ie  reste  de  la 
Finnmark ,  n*y  peuveot  pas  arrlver  k  cause  de  la  largeur  du 
bras  de  mer.  La  v^^latlon  dans  cette  contr^  d^pirit  k 
mesure  qu'on  s^avance  davantage  vers  le  nord.  De  riches  d^ 
pdls  de  tourbe  y  suppl^t  k  l^absence  de  bob.  Ce  n'est  que 
dans  qudquea  endroits  favorablemeot  expos<^  qii^il  est  pos- 
sible de  cultiver  un  pen  de  sdgle,  d*orge,  de  pommes  de 
terre  et  quelques  l^mes.  L*herbe,  qui  continue  k  ri%6ki 
meme  en  hiver,  sous  une  ^aisse  couche  de  ndgje^  fo^niit 
aux  vachea  et  moutona  une  nourrilure  sufBsante.  Mais  les 
rennes  coiistituent  la  prindpale  ridiesse  de  la  popolatioo. 
La  ptehe  est  aussi  d'une  grande  importance ,  et  ae  IkH  avec 
une  remarquable  liabilet^.  Dans  la  bale  de  Kaaf  ( Kattfjord) 
on  exploite  une  ridie  mine  de  cuivre. 

h^  population,  k  qudques  exceptions  prte,  se  compose 
de  Lapons,  tribu  finnoise;  et  sur  uae  auporfide  de  900  my- 
riamitres  on  ne  compte  gu^  que  46,000  habitants.  Le  bail- 
llage eat  divis6  en  deux  pr^vdt^.  Dans  la  pr^v^td  de  la  Finn- 
mark  ocddentale,  on  remarque,  outre  i'ile  Magertt  et  aoo 
port,  Klelwig^Altengacardtxa  iabaied'Alten  (Altentf/Jord), 
ancien  chef-lieu  et  rj^sidence  du  ballU  de  la  Finmark,  boorg 
qui  ne  se  compose  qoede  qudques  habitations  de  ptebenrs, 
au  milieu  d*une  for^t  de  pins,  traverse  par  de  bdles  rootei, 
d*oik  Pon  jouit  d'nne  vne  magnifique  sur  les  montagnes  qoi 
entourent  la  baie;  en  ^,  lien  der^union  d*un  grand  nomhre 
de  navirea,  qui  viennent  y  tehanger  diversea  marchaadlses 
centre  des  poissons  sees.  Cest  le  point  extrtaie  de  U  terre 
ou  le  bl4  soit  cultiv^.  Plua  au  nord  encore ,  on  reoeontre 
Hammerfest ,  capHale  de  la  Fhmmark.  De  la  pr6vdtd  de  la 
Finmark  orientale  depend  Hie  de  WardcBj  od  ae  fronve 
la  forteresse  (assez  pen  importanta  d'aineurs)lapliis  voi- 
sine  da  pOle  Nord  qull  y  ait  en  Europe,  et  oil  on  ne  complt 
gu^re  que  600  habitanta. 

FINNOlSy  appd^  dans  leur  propre  langpe  Sotnuiia- 
/ai>ies,  c'eat-k-dire  habitanta  dea  marals,  et  chei  les 
russes  Tschoudes,  c^est-k-dbe  grangers.  Ce  nom,  d^origloe 
germanique,  est  d^riv^  de/eit«  mot  qui  dans  la  langue  smd- 
dinave  slgnifie  un  marals  ou  plut6t  une  lagune  boia6e ;  et  on 
pent  voir  k  Particle  FnuKDt  que  td  en  efTet  ^lalt  le  pays 
habits  par  les  Finnois.  Dans  la  plus  dtroite  aceepttooy  ce 


FUNNOIS 


459 


nom  eti  celni  sons  leqnel  on  d^igne  aa  penpl^  Habitant 
re&trteit6  sord-ooest  de  la  Rouie  d^Europe,  les  gpaiFenie- 
meats  d'Arcbangel  et  d'Olonetz,  etfortout  la  girande  princi- 
paut^de  Flinlaade.  jDaat  ua  sens. plus  Uw*.^^  Fianoia 
sont,  sous  lo  rapport  de  la  aatioDalttd  et  de  la.laagae,  ua 
des  qaa^  prin^paui  ram^aui  de^a  race  aitaique  ( appelte 
aiutti  ooralieDBe-altaique,  scjtha  ou  tatar)9j.  Cetle  race 
^tait  aatrelbia  et  est  encore  aajourdliui  r^paadae  daas  tout 
le  aord  de  L*Asie  et  de  r£ui;opey  et  mtoie,  en  £nrope«  beau* 
coup  i4u8  bas  eacore  yers  lesud.  SuiTaat  lesreebercbesde 
Castrtoy  elle  se  diTise  en  qnatre  fandllesde  penples  i  la  fa- 
mille  tungouse^  la  fomiUe  turque,  la  famiUe  samoiide  et  la 
fami]le>Snnoj5e. 

La  famiUe  fiaaoise,  c^le  qui  s'est  ^teadue  le  plas  loin  k 
Ponest,  constitue  eacore  de  aos  jours  la  populatioa  da  aord 
de  TEurope  et  du  aord-ouest  de  TAsie,  et  coaquit  mtoie  jadis 
une  grande  partie  de  la  Seandinayie.  A  son  tour,  eUe  s^est 
ftubdiyiste  en  quatre  groupes  distincts  : 

1*  Le  gronpe  Oocaa,  compost  des  Oiljaqueif  des  Wo- 
(fouUs  ot  des  Hagyarts,  Toutefois,  parmi  les  Ostjaques, 
dont  la  langue  a  Ab  grainmaticaleoieat  traitte  par  Castr^a 
(Saint-P^tersbour^,  1850).  il  n'y  a  queceux  de  TObi  qui 
se  rattacbent  r^eUement  par  leur  langue  et  par  l«irs  UHaurs 
aox  Finnois.  Les  Ostjaques  Kondiens  at  Pou^pokoi,  de 
rotoie  que  les  Inbatses,  apparliennent  ^lafamiUe  aa  m  oUde. 
Les  'Wogoules,  au  norabre  d'environ  30,000,  babitcnt  les 
gouTemeroents  de  Pemiy  de  Tobolsk  et  de  Tomsk.  La  race 
qui  a  le  plus  d'a/fijiii^  aveceux  est  celle  des  Mag  j ares 
ou  Hongrots. 

T  Le  groupe  Bulgare,  oomprenant  les  Tehir4mi$seSf  les 
Mordwines  et  les  Tekouwaehes,  Les  Xcb^remisses,  surla 
langue  desquels  Wiedemann  a  public  un  cssai  grammatical 
(ReTal,  1847),  sont  au  nombre  d*cn?iron  1100,000,  dont 
S5,000  habitent  le  gouvemement  de  Kasan.  Gabelmtz  a 
donn^  dans  le  2'  volume  dn  Jcvmal  pour  la  connais^ 
sanee  de  V Orient  (Ztitschr\ft  fur  Kunde  des  Mor- 
genUmds),  une  grammaire  de  la  langue  des  Mordwines,  qui 
coat  au  nombre  de  392,000.  Les  Tcbouwaclies,  an  aombre 
de  450,000,  babiteat  surtout  legouTemementde  Kasan.  lis 
oat  renonc^  k  leur  langue  nationale,  au  sujet  de  laquelle 
Sebolt  a  public  un  esaai  (Berlin,  1841),  pour  adopter  on 
dialecte  tatare  en  m£me  temps  que  la  religion  gr^co- 
russe. 

3®  Le  groupe  Perhien ,  form^  des  Permiens^  des  Syrjxnes 
et  des  Wotjsuiues,  Les  Permiens  ou  PermiKques,  au  nom- 
bre de  50,000  au  plus,  habitent  les  gouTemeroenta  de 
Wj«tka,  de  Wologda  et  d'Arcbaagel.  Les  Syrjttaes,  au 
nombre  d^enTiron  30,000,  habitent  les  gouvemements  de 
Wjsetka,  de  Wologda  et  d*Archangel.  Leur  laogiie  h  ^t^ 
grammaticalement  trait^e  par  Gabeleatz  (Altenburg,  1841), 
Gastrin  (Helsingfors,  t845)et  Wiedemann  (Reval,  1847). 
Les  Wotjsques^  qui  dans  leur  langue  s'appeHeat  Moendi 
(hommes),  comptent  k  peo  prte  50,000  tfttes.  Dans  le  gou- 
Temement  d^rebburg  on  troure  aussi  lesTep/«re<,  autre 
soBche  finnoise,  de  nationality  tr6s-di?er8es«  formte  des 
debris  d*Qn  grand  nombre  de  peuplades  difl(6rente8,  au  nom- 
bre d*eaTiron  29,000,  et  dont  la  langue,  les  mceurs  et  la 
pbysionoroie  nMndiqueat  qu*k  rooiti^  une  origine  finnoise. 

4**  Le  groupe  Fuiaois  proprement  dit,  oomprenant,  outre 
U  natioii  finnoise  proprement  dite,  fix^  plus  particuli6re« 
nent  &k  Finlande,  et  ojk,  d'aprte  le  receasement  de  1851 , 
die  pr^aentait  uncbirTrede  1,521,515  Ames,  les  Esthiaud^^ 
PEsltMMiie  et  de  U  LiTonie  septeotrionale  et  orieatale,  an 
nombra  d'environ  450,000  Ames;  les  Lives^  habitants  pri- 
ndtifii  de  la  Livoaie,  rdduits  aujourdThui  k  5,000  au  plus, 
babitaDt  le  cercle  weode  du  gouTemement  de  Uvooie,  sur 
la  eOle  d'Anger  et  prifs  de  Bansk  en  Courlande ;  les  X  op  o  n  «, 
au  nombre  d^environ  0,000,  dont  1,000  en  Finlande  et  le 
reste  disa^in^  dans  la  Fin  mark  norT^gienne  et  dans  le 
gouTemement  d^ArchSngel ;  les  Ingres,  dans  llngrie,  tout 
aotonr  de  Saint-P^tersliourg ,  trte-rapproclii^s  des  Finnois 
ptopremant  dits,  mais  fort  pen  nombreiix  aujourd'hui ;  les 


Wesses  on  Woies,  dont  il  n*existe  plus  de  traces ,  et  les 
Tchoudeskpen  prte  dispams  aujoord'hui. 

La  soncbe  ftmoise  pent  dtre  r^ard^  comme  un  antique 
people  agricole,  doal  on  sdt  aisteent  la  auurohe',  depais  ie 
moat  Altai,  k  travers  rooral,  jnsqu^k  lamer  Blanche,  dans 
les  monuments  qu*il  a  lalisto  en  route  ( aes  tombeaox  dans 
la  Siberia  meridionale*,  la  teigne  des  Tcfaoodesdans  les  gou- 
yememeats  dlttat^rinbourg  et  de  Werchoturie,  les  huttes 
toboudes  dans  la  Tondra ),  et  qui  de  bonne  beure  eut  des 
points  de  contact  et  des  rapports  ayee  les  peuples  bfstori 
ques  da  Tanden  monde.  Ge  peaple  4tait'Connu  des  Penes, 
damtoe  que  des  €rrecs  et  des  Romafais,  sur  le  territoire  des 
quels  il  s'^tait  aussi  ^tabli.  II  est  trto-yraisemblable  que 
les  Scythes,  que  les  anciens  distingoent  des  Sarmates,. 
no  sont  autres  que  les  Finnois,  pdr  opposition  aux  peo- 
ples slayes,  ayee  lesquels  ils  fi*ont  d'afllears  rien  de  coal- 
man. U  en  rteulterait  que  les  monts  MipMes^  la  mer  Cas- 
pienne,  Tlaxarta  et  I'Oxus,  par  consdqueat  les  coatrte  ob 
se  rencontrent  les  monameats  dont  il  yient  d*6tre  question^ 
forent  la  promts  demeore  confine  des  Finnois.  lis  y  ha- 
bitaient  d^jk  k  P^poque  de  Cyrus;  c^^tait  une  race  pacifiqae 
et  nomode,  nais  qui  plus  tard  finit  par  coltiyer  la  terre  et 
par  ayohr  une  rdskienee  fixe.  Leur  histoire  se  r^ome  en 
mythes  obscors  et  en  traditions  qui  n'ont  rien  d'authentique. 
U  paratt  constant  tontefois  que  i^est  k  la  suite  de  la  grande 
migration  des  peoples  qu*iis  yinrent  phis  tard  s'^tabUr  dans 
les  oontJ^es  plusocctdentales  de  la  Russieok  nous  fes  trou- 
vons  aujpurd'hni.  11a  toilgrteent  d6jk,  k  ce  qu^il  sembie,. 
yers  r^poqoe  de  UaaisMnce  de  Mos^hri8t,k  Papproche 
des  Imrdes  des  Goths ;  et  les  r4;ions  occidentales  de  I'Oural^ 
notamment  la  ooatrte  oil  le  grand  et  le  petit  Volga  confon- 
dent  ieurs  eenx,  derdnrent  leur  seeoade  patrie.  Mais  dans 
les  sidcles  sniyants,  et  plus  particuli^rement  au  qualri^me 
siifecle,  qui  futkbien  dire  T^poque  de  la  grande  cohoe  des  peu- 
ples, iis  fnrent  encore  refouMs  pins  k  I'ouest  et  Jusque  dans 
leur  patrie  actuelle,  c'est-k^ire  Josqa'k  ootte  extr^mit^ 
noid-ooest  de  la  Rossie  d'Europe,  ot,  comme  nons  Tayons 
dit  plus  haut,  se  trouye  encore  de  nos  jours  la  souche  prin 
clp^e  de  toute  la  race  finnoise,  bien  que  d'importants  de- 
bris de  oette.raoe  soient  restte  sur  les  bords  du  Volga,  de 
roka,  de  la  Kama,  aux  sourees  de  la  Dwina,  dans  I'Dural 
St  mtoie  josque  dans  les  monts  Altki,  ou  bien  y  soient  re- 
yenus  plus  tard.  De  mtoe  que  les  Esthtois ,  rameau  des 
Finnois  (vogei  Esthoiiis),  deyinrent  la  prole  de  divers 
peuples,  la  sopehe  finnoise  proprement  dite  fut  altema- 
tiyement  tribotaire  des  Nory^'ens,  des  SoMois  et  des 
Russes.  II  y  eut  cependant  pour  les  difPitentes  peuplades 
de  la  race  finnoise  one'  4^oqae  de  splendour  et  de  pros- 
p^ritd  ot  elles  earent  entre  elles  des  rapports  mutuds  et  di- 
rects bien  plus  ^troits  et  solides  que  ce  a*est  au]ourd*hoi  le 
oas.  Ainsi  qnand  la  grande  route  commerdale  Sd  l*Asie  yen 
les  contrte  ciyilis^  de  r£urq)e  passait  k  traVers  la  Bui-* 
garie  etia  Pemrie  (  Archangel),  des  ^ts  independents 
s'^ent  oonstithte  parmi  elles,  qui  eur^at  pendant  quelque 
temps  une  importance  historique,  par  exemple  la  Permie  ou 
Biarmie,  et  le  double  royaome  d'Oudorie  et  de  lougorfid,  les 
quds  d*ailleurs  (brent  dks  la  fin  du  quatorsitarie  sitele  sub- 
jugo^  et  conyertis  par  les  Rosses  k  I'^gUso  ortfaodoie.  II 
ne  fut  pas  longtemps  questioa  des  tributs  impost  par  les 
Morv^ens  d^  la  Marche  laponne  et  dans  la  Marehe  fin-^ 
noise  (  Finmark  ),  ot  cenx-d  ayaient  pdndtr^de  bonne 
beure ;  et  cequ'on  appelle  la  Karaite,  contrto  yoisfaie  dela 
Bothnia  orientale,  prts  du  golfe  de  Bethnie,  qn^en  1)48  les 
yictoires  de  Birgtr  iari  fircnt  tomber  an  pouyohr  des  SaMds^ 
ne  tarda  pas  non  plus  k  leur  Mre  rqirise.  En  reyanche 
tout  le  reste  dn  territoH^  des  Finnois,  depuls  le  Volga  jus- 
qu'en  Sib^rie,  se  trouya,  k  partir  de  Tannde  1571,  sous  la  do- 
minationdes  Russes,  dont  bientOt  les  treiieprindpales  triboa 
finnoises  reconnurent  hi  souyeraineU.  Les  yictoires  rem- 
porldes  plus  tard  par  les  Snddois  au  ooeur  mftme  de  la  na- 
tionality finnoise,  et  qui  eurent  pour  rteultat  la  oonqoMe  da 
la  Finlande  proprement  dite,  ftirent  encore  une  fob  annu* 


456 


FINNOIS  —  FIONIE 


H»k  parUr  da  rtgnede  Pierre  le  Grand^dont  r^pte  Tieforieiifte 
ATait  aoumis  dte  1703  Tlngrie ,  qui  ea  17 1 1  oonqaH  rEstbonie 
et  la  LiTonie,  et  qui  en  1714  s'ennpara  aoaai  de  ce  qu'oa  ap> 
pelle  aujourd'hoi  It  Fiiilande  orieiitale(Karaie) ;  oooquAles 
que  la  pais  condne  en  17S1  k  Nyatadt  tatora  pour  tocljoon 
k  la  Rusaie.  On  pea  moiaa  de  cent  ana  aprte,  la  Ffnlande 
'.  occidentale,  toute  raendoe  de  cMea  tMlgnte  par  le  golfe 
de  Botlinie,  de  mtaie  que  la  Laponie  propreroent  dite  et  le 
nofd  de  la  Ffnlande,  teient  enler^  k  la  SaMe  par  la 
Ruasie  k  la  snite  dea  ^Tdnementa  de  la  guerre  de  1808;  et 
la  paix  de  1809  lui  en  confirma  la  possession. 

Kn  ce  qui  est  de  la  conformation  et  de  la  pbysionomle 
dea  peoptades  flnnoises,  on  pent  direqu'elle  sent  d*ordinaire 
d'nne  constitution  vigouiense,  et  de  stature  moyenne,  afee 
un  cfAne  na  pea d^m^,  one  Ikce  aptotie,  et  des  pom- 
mettes  aaiilantea.  Lea  ehereax,  d*un  blond  clair  dans  la  jeu- 
neise,  prennent  plua  tard  une  belle  ieinte  brane  et  boacient 
naturellement.  La  barbe  est  dalr-semte,  les  yeai  gte^rale- 
ment  gris  fonc^a,  le  teint  bltoie  et  aouTcnt  Jaun&tre.  Lea 
racea  tea  pins  noblea  panni  les  tribaa  finnoises,  teliea  que  les 
Finnois  proprement  dits  et  les  Esthiens,  ne  peident  jamais 
le  type  primitif ;  tandis  que  les  TcbMmisses  et  les  Tcliou- 
wachea  ofiient  d^j4  plus  de  ressemblanoe  aTec  le  type  ta- 
tare,  lea  Wogoules  avec  les  Kalmoncka ,  de  mtaie  que  sous 
le  rapport  de  la  couatitutlon  pbysiqae  les  Ifordwines  prteen- 
tent  beaucoap  d'analogie  aTec  les  Russes.  Le  Finnois  propre- 
ment dit  est  loyal,  hospitalier,  fid^,  serriable,  braye,  con- 
stant et  laborieai ;  par  contra,  11  est  entAl^,  opiniftlre,  que- 
relleor,  et  oooTe  loa^empa  le  d^r  de  la  Tcngeance,  qnl  son* 
vent  leporteanxaetea  lea  plus  tioients.  11  ya  aossiparfoia 
ches  lai  one  graTit^,  one  modestie  et  une  dmnspection  qui 
contrastent  singuUdrament  aTec  la  position  opprf  m6e  oh  il 
se  trouTe.  Un  Tienx  proTerbe  des  Finnois  peint  admiraLie- 
ment  lear  loyant^  et  lenr  bonne  fol  :  «  On  prend  rbomme 
par  ses  parolea,  et  leboeuf  paraes  comes. »  Les  moMirs  de 
ce  people  sont  Jusqa'4  prtent  restte  asaei  puree;  U  est  dooA 
d'on  sentiment  de  religiosity  des  pins  prooeocte,  maia  on  ne 
laisse  pas  que  de  pouToir  remarqaer  cbes  Ini  une  certalne 
tendance  k  la  auperstition. 

Les  dons  sup^rieora  de  Tesprit  ne  lai  font  nnllement  di- 
fiut,  comme  le  prouTo  I'^tat  de  ciTilisalion  ayancte  ob  11 
parrint  de  bonne  lieure.  Dana  toute  cette  race,  il  y  a  one 
disposition  remarquable  pour  la  po^sie,  surtoat  pour  celle  qui 
rtpfete  les  m^lancoUqoes  aooenta  de  Tidylle.  Les  Finnois 
proprement  dits  poss6dent  one  podsie  popolaire  d'nne  ri- 
chease  extreme,  et  qui  dans  cea  demiers  temps  a  appel^  fhU 
tention  toote  partlcoli^  des  lettrte,  non  passeulement  dana 
les  contrtes  m^mes  ob  die  est  nationale ,  mais  encore  k  P^ 
tranger,  notamment  en  AUemagne.  Le  pins  ramarqoable  mo- 
noment  de  la  lltttetore  finnoise  est  Ic  grand  potaie  ^ique 
inUtuM  K a  leva  la.  Panni  les  ssTants  contemporaina 
qui  se  sont  pins  spMalement  occupy  de  recheiches  sur 
la  iangue  finnoise  et  les  diflerents  dialectea  qoi  s'en  rap- 
prodient,  il  faot  citer  aortoot  SjKgrte,  Ctatrtn,  Kellgr^^ 
Scbiefoer  et  Eorte  en  FInlande  mtan,  et  en  AUemagne 
Gabdentx  et  Sdiott.  Le  meillettr  dictminaire  de  la  Iangue 
finnoiseqn'oapossMeencoreestle  lexicon  iAngumFennUx 
de  RenTall  ( )  toI.  ,  Abo,  18S6),  el  on  a  d*Eorte  une  tr^ 
bonne  grammanre  finnoise  (/^liuik5praA(jrra,  [Abo,  1849]). 
En  fait  d*essaia  et  de  recbercbes  ethnograpbU|ues  sur  les 
tribos  flnnoisea,  noos  mentionnerons  en  pfemMre  ligne  Sja- 
gr6n ,  qui  pendant  ploslenn  annto  parooonit  aox  fraia  do 
goovemenient  russe  le  territoire  qo'eUea  oocopent  depois  la 
Coorlande  Josqo'4  la  mer  gtodale,  et  qoi  lea  stadia  aortoot 
sooa  lerapportdes  langneaetdesdialectea;  Erdniann(£asaii 
sur  VMMeurde  la  Ru$8i$[na  allemaad,  Riga,  18)1; 
Ldpiig,  18)5  I);  etsortont  les  dUHrantes  notices  de  Cas- 
trteim^itedans  les  £ulleiiiu  de  PAeadimie  de  Saint- 
PUenbaurg^  de  1845  k  1851. 

FI9IS.En  procMare,on  appeUe/fni  le  bat,  I'objet  d'one 
dewande»8tredd>oat6de  aesjlfw,  e'est  ttre  d«cUr«  mal 
iaBd6,  M«  reeefiUe  en  sa  demande.  On  appelle  fm  d- 


viU$  tooCe  demande  qui  se  risood  ea  one  reputation  ptoi- 
niaire  pour  on  dommage  ^roov^  et  qoi  n'appelle  sor  le  d^ 
fondeorancune  autre  penalllA.  On  dlsait  antrefoia  des  partin 
qo*dleaprenaient  lenrajlmel  eonehMonz;  et  f on  dIt  enooia 
aojoord^hol  qu*en  coor  impMale  il  fimt  eoncliire  A  toeJtu 
fkn»^  parce  qoec'est  U  le  dernier  degr6deiaridlellon,aprti 
leqoel  aoeone  ondsalott  ne  pent  ploa  Hn  r^parfe  par  lapio- 
dnction  de  condadons  adrntlonndlea  on  aobeidiairBS. 

Du  droit,  le  mot  Jfiif  est  pass^  dana  la  Iangue  osoeUe,  d 
00  dit  arrlver  d  sesjlns,  parvenir  d  eesJUu,  pour  annoneer 
que  Ton  a  r^osd  dans  ce  qoe  Ton  entreprenalt. 

FINSTERMUNZ, d6AM  cd^bre  do  Tyrol,  diaile 
cerde  de  Plnn  sup^rieur,  an  point  ob  Tlnn,  k  aa  aortis  4e 
la  Tallde  d'Engadin,  canton  des  Grlsons,  attdnt  le  teniloin 
tyroUen.  Atcc  aes  andennes  fortifications  et  le  fort  qa'sa 
y  a  lout  rteemment  construit,  il  coutre  la  Trontike  adri- 
chienneet  ceqo*on  appelle  laroti^e  haute^  conduisant  d*\u- 
prock  et  de  Landeck  dans  la  Tall^ede  Tlnn  ,  pots  par  Rai- 
ders et  la  lande  de  Mais  k  GInma  dana  la  Tallifa  supMora 
de  TAdiga.  On  y  passe  Tlnn  sar  on  pent  an  milleo  duqud  le 
trouve  une  masdTe  tour  serTant  tout  4  la  foia  d'omeaed  d 
d'ouTrage  de  d^fbnse,  et  traTers^  par  la  grande  route.  Dsai 
Tun  des  auglea  de  ce  d^fil6  existe  na  aTaut-toit  ooos- 
truit  aTec  de  masdTos  poutres  et  sor  lequd  rouknt  dam 
Tabtme,  sans  causer  le  moindre  dommage,  tootea  les  pierm 
que  les  pluies  d^chent  des  parobduddiM.  Get  antiqued 
fice,  les  dfroyables  masses  de  rocbers  qd  aarplombent  de 
la  fa^on  la  plus  mena^nte  an*dessos  de  cette  profoade  km- 
dri^  les  mogissements  dn  torrent,  toot  oda  doone  k  otOt 
porte  del  Alpes  le  caraetto  teinemineot  roonatiqae  ^vi 
Ta  rendoe  d  cd^bre. 

Ce  ddlM  oocope  one  place  importante  daaa  lliistoire  te 
gnerras,  aoad  biea  dans  cdlea  do  moyen  Age  qoe  dans  cdlei 
des  temps  modemes.  En  1079,  le  doc  Godfo  de  BaTi4ie  se 
rendit  maltra  de  la  forterease  de  Flnstermum;  et  en  1799 
ces  m^mes  lieox  forent  le  tbtttre  de  sanglantes  luttes  cntre 
les  troopes  fran^ises  aux  ordres  dn  gtotel  Leeoorbe,  d 
les  Antricbiens  command^  par  Bdlegarde. 

FIN  SURNATURELLE.  Vogez  Caon  oaiciiiEUi, 
tome  V,  p.  588. 
FINTE.  Voftt  Alosb. 

F10NIE»endanois  Fyen,  aprte  la  Sddande  Pile  la  pins 
oonsid^rable  de  Tarcbipd  danob,  est  situte  eatra  la  S^ 
lande,  dont  la  s^pare  le  grand  Bdt,  le  Jotland  et  la  Scbleswii, 
dont  la  s^re  le  petit  Bdt,  et  forme  STce  Langdand  d 
seiie  Hots  de  difli^rentes  grandeors  r^Tteb6  de  FiMde,  deal 
la  soperlide  totale  est  d'eoTiron  43  mynamMres  cairib,  d 
la  population  de  190,000  Ames,  La  Fionie  a  eUe-mtaie  39 
myriam^rea  de  soperfide;  eUe  est  feliaacrte  an  nord  par 
le  golfe  de  Stegestrand  ou  Odent^Jard  ;  k  i'ooest  par  le  Gamr 
borg-JJordf  leFctnt-Vigeil^  TV^Ha^-Fi^,  et  prteente  dam 
la  dlredfon  do  sod  k  Toued  qudqoes  oolUnes  doat  rdtltnda 
Tarie  entre  loO  et  140  mMrea.  Llnt^rteur  en  est  platd  fer- 
tile, notamment  ea  M.  II  est  arrosA  par  ua  grand  aombn 
de  petitas  rlTlires ;  aussi  aTec  ses  cbampa  de  bl6,  aea  pitaragBs 
et  ses  bols,  cette  lie  forme>t«lle  Tunedes  plus  bdlaa  parties  da 
Danemark.  EUe  est  diTiste  en  9  bdlliages  :  Odens^  d 
STenborg,  c*est  de  ce  dernier  qoe  d^wnd  rUa  de  Lange- 
land.  Le  dief-liea  de  la  Fionie  et  de  toot  V^wtchk  est 
Odens^e.  Middtlfahrt^  petit  port  de  mer  aTee  1,600  ha 
bitants,  oft  on  s'embarqoe  poor  Snoybol  et  Frederida  ea 
Jotland,  ed  oddire  par  la  ptebe  an  marsoaia.  La  Title  de 
Svenborg  oo  Stmndborg^  aTec  on  bon  port  d  4,000  habitants, 
one  naTigatlon  fort  actiTe,  des  cliantiers  de  constmctioa,  ua 
commerce  floriasant  et  d*importantea  tanneriea ,  dCait  Jadis 
la  residence  de  STon  Gabdbart  (Suenon ),  qui  y  ftit  da  rd, 
en  986.  De  soa  baiiliage  d^nd  la  Tille  de  Ngbarg ,  aor  la 
oOte  offentale,  principal  point  de  passage  poor  aa  reato 
en  S6dande,  od  Ton  tronTe  un  college,  des  chantiera  de  ooo» 
tniction ,  une  population  de  3,000  Ames ;  centre  dHm  com- 
meroe  oondd^bie  en  cMales,  d  oeid>re  par  une  Tictoin 
que  les  troopes  danoises,  polondses  d  brande  bourgeoiaoi 


FIONIE  ^  FIRMAMENT 


4&7 


y  rampdrt&roit  1e  14  noTembre  1659  tur  iine  annte  sad-  • 
doiies. 

FIORAVANTI  (Baume  de  ).  Voyez  Badkb. 

FIORAVANTI  (LtoumD),  ofl^bre  empiriqoe  da 
seiu^mesi^e,  dont  penonne  ne  oonnaltnit  lenoniy  n^dtait  le 
baome  aoqud  ce  nom  eit  reatt,  et  qoe  Tingt  autrea  prd- 
parationa  analogues  peuTent  ranplaoer  aTec  aTantage. 
Sa  Tie  D^eat  d^ailleors  rien  do  remarqaable.  FioraTanti 
«xer^  sucoessireiiient  kPalermey  ea  1548,  puis  4  Rooieet  k 
Teniae.  U  a  terit  en  italien  sor  la  cbirargie,  la  mddedne  et 
ralcbimia.  Ses  oea?res,  pleines  d'emphase,  portenf  Pemprdnte 
de  son  cbarktanisme.  Fioravanti,  qui  ayait  ^proclaoid  k 
Bologne  docteur,  comte  et  cbeTaUer,  mourot  le  4  septem- 
bre  1588.  La  brillante  reputation  quMi  s'dtait  acqulse  par  sa 
forfanteriey  ne  lui  a  pas  aurrdca. 

FIORAVANTI  (  Yalektino  ),  compositear  distingud 
de  rancienne  dcole  italienne,  nd  en  1764,  k  Florence,  fit  de 
si^v^res  etudes  muskales,  d'abord  k  Rome  sous  Jannaconi, 
et  ensuite  k  Naples,  sous  Cimarosa,  Paeslello  et  Guglidmi. 
II  ne  tarda  pas  It  so  montrer  le  digne  ddve  de  tela  maltres, 
et  les  operas  comiques  qu*il  fit  parattre  k  partir  de  1791 , 
entre  autres  :  Jl  Furbo  contra  il  Furbo^  II  Fabbro  pa- 
rigino^  Le  Cantairici  villane,  ne  firent  pas  seulement  sen- 
sation 4  Naples,  et  furent  bient6t  Jou^  sur  toutesles  sctoes 
lyriques  de  l*£urope.  Nonun^  Ters  1800  directearduth^tre 
italien  de  Liabonne,  il  compose  dans  cette  eapitele  an  bp^a, 
Camilla.  A  son  retour,  en  1807,  il  ft/t  aussi  parfaitement 
aecueilli  en  France  qu'en  Espagne.  Juaqu*!^  Fannte  1815,  il 
eoropoea  encore  dnq  partitions,  parmi  lesquelles  celle  d7 
Virtuosi  om^u/an^eobtintan  succ6s  europ^.  En  1816,  le 
papele  nomma  roaltre  de  chapelle  k  Saint-Pierre;  etdte  lors 
Fioravanti  ne  s^occopa  plus  gu6re  que  de  musique  sacr6e, 
genre  dans  leqad  un  Bftserere  poor  trots  Toix  de  soprani 
lui  assure  on  renom  durable.  II  mourutle  10  jnin  1837,  dans 
nn  Toyage  de  Naplea  1^  Capoue. 

FIOAITURE,  trait  que  les  clianteurs  babiles  impro- 
Yisent  pour  omer  la  mdlodie  terite  par  le  compositeur.  Ces 
traits,  rapides  ou  lents,  doiyent  6tre  adapts  ayec  artifice  au 
caract^re  de  la  phrase  musicale,  soil  que  le  Tirtuose  les  place 
parnii  lea  passages  mesur^  qu^l  double  et  triple  afln  de 
les  verier  et  de  leur  donner  une  allure  plus  brillante ,  soit 
qn^l  lesdonne  surun  repos,  lorsque  les  symphonistes  le 
laissent  Kbre,  en  s*arT6tant  aprte  avoir  frapp^  Taccord  fon- 
damental  du  trait  k  improviser.  Le  chanteur  ram^e  alors  le 
motil  principal,  et  se  Uvre  k  toute  la  fiteondit^  de  son  ima- 
gination pour  d^ployer  les  ressources  de  son  organe  et  de 
son  talent.  Chaque  chanteur  ijuste  ses  fioriturw  d*aprte 
ses  moyens  d*exteution ,  et  salt  placer  adroitement  les  traits 
dont  il  attend  le  plus  de  succte.  Autrefois ,  ces  floritures 
^taient  toojours  I'ceuvre  improvise  de  Tex^tant;  Rossini 
en  a  toit  beaucoup  dans  ses  ouviages ,  afin  de  guider  I'in- 
exp^rience  de  quelqnes  acteurs  lyriques.  Les  grands  vir- 
tuoses  ne  prennent  de  ce  texte  ^t  que  ce  qui  leur  con- 
Tient ,  et  savent  le  broder  richement  en  le  recomposant  k 
leur  mani^re. 

On  dit  les  fleurs  do  discours ,  les  fleurs  de  rb^torique ; 
c*est  dans  le  m6me  sens  que  les  Italiens  ont  donn^  le  nom  de 
fioriture  aux  omements  ajout^  k  la  musique  Tocale  et  a  la 
munique  instmmentale  par  dMiabiles  executants.  Noosavons 
adopte  ce  mot  en  abandonnant  deux  termes  qui  signlfiaient 
la  meme  chose.  Nos  andens  appelaient  doubles ,  diminu- 
tions, les  traits  que  nous  d^ajgnons  aujourd'hui  sous  le  nom 
de  /ioritures;  doubles ,  parce  que  rex^cutant  doublait  les 
notes  en  changeant  les  nohres  en  croches ,  les  croches  en 
doubles  croches;  diminutions,  parce  qu*il  duninnait  les  va- 
lean  en  donnant  un  plus  grand  nombre  de  notes  d^une 
dnr^  moindre.  Lorsque  Ton  volt,  dans  des  Merits  du  temps 
de  Louis  XIY ,  que  tel  chanteur  a  fait  entendre  un  air  et 
aoo  double ,  cela  signifie  quHl  a  dit  le  tli^nie  d*abord  et  les 
Tariations  ensuite.  Castil-Blazic. 

FIRDOUSI  et  mieux  FIRDAUSl  (  Aboul-K  sek-Man- 
).  b  plus  c<il^bre  pocte  dpiquc  des  Persans ,  vteut  de 

DiCr.   DE  LA  COM^LltS.  —  T.  O* 


l*an  940  k  Pan  1020  de  notre  ^re.  Sou  vent  il  prit  le  nom  de 
7odsi ,  le  Todisite,  parce  qu'il  6tait  originaire  des  enviroib 
de  la  viUe  de  ToAs  dans  le  Khora^n.  II  regut  le  nom  de 
Firdousi  d^un  petit  domaine  ainsi  appel^,  et  dans  lequd  son 
p^re  4tait  jardinier .  Soivant  le  rteit  de  Djami,  ^crivain  persan, 
le  sultan  Mahmoud  de  Ghasna  le  lui  aurait  donn^  parce 
que  ses  po&nes  auraient  transform^  la  cour  de  ce  prince 
en  un  paradis,  car  Firdousi  est  ausii  synonyme  des  mots 
paradis  et  ddideux. 

Firdousi  paratt  s'6tre  occop^  de  bonne  heure  de  rhtstoiie 
des  andens  rois  de  Perse.  A  Ghasna,  k  la  cour  du  sultan 
Mahmond  le  Ghasn^de,  il  se  lia  avec  le  poSte  de  la  oonr 
Ansaari ,  qui  le  reoonunanda  au  saltan  pour  continuer  le 
grand  po£me  historique  sur  les  rois  de  Perse,  commence  par 
Daldki;  Firdood  acoepta  ce  travail,  et  achevasuccesdvement 
dans  I'espaoe  de  trente-chiqans  son  grand  poeme  Schdhndmi 
(c*e8t-Mire  Livre  des  Rois),  qui  contient  environ  60,000  vers. 
II  y  raconte,  d*aprte  d'andennes  chroniques  et  traditions, 
Phistoira  et  les  hauls  faita  des  souverains  de  la  Perse  depuia 
Torigine  du  monde ,  c^est-^-dire  depuis  le  hdros  fabuleux 
Cayomers,  qui  dispute  la  lerre  aux  g^nies  ( div  ^  Jusqu^ii  Tin- 
vaston  deB  musulmans,  sous  Yezdjerd,  dernier  roi  de  la 
dynastie  des  Sassanides  (632  aprte  J.-C).  Le  rteit  des 
proucsses  du  h6ros  Roustem  forme  la  partie  la  plus  int^res- 
sante  de  ce  potoe.  Pendant  quMl  le  composait,  Firdousi  avail 
^U  calonmi^  anpr^  du  sultan ;  et  lorsqu*il  lui  pr^senta  son  cm- 
vre,  il  ne  re^ut  de  lui,  au  lieu  de  60,000  dinars  ou  pieces 
d'or,  qui  lui  avaient  ^16  promis,  que  60 ,000  dyrhem,  ou  pieces 
d'argent,  valant  environ  40,000  ir.  de  notre  monnaie.  Fir- 
dousi, furieux  de  voir  son  travail  d  pi^rement  r^mun^r^ , 
alia  sor  la  grande  place,  y  prit  un  bdn,  pour  lequel  il  paya 
20,000  dyrhem,  en  donna  20,000  autres  pour  se  faire  servir 
on  sorbet,  et  distribua  le  reste  aux  pauvres.  11  toivit  en- 
suite  en  secret  une  amere  satire  contre  le  sultan,  dans 
I'exemplaire  mtoie  de  son  po&ne  qn*il  lui  avail  remis,  et 
prit  la  fuite.  Par  la  suite  le  sultan  regretta  d*en  avoir  agi 
de  la  sorte  avec  Firdoud,  et  lui  envoya  en  pr^nt,  k  ToOs, 
donze  chameaux  charge  de  60,000  pieces  d'or.  Cette  rdpa- 
ration  fut  trop  tardive :  le  convoi  fun^bre  de  Firdousi  sortait 
de  la  ville  au  moment  ou  le  riche  cadeau  du  schah  y  arrivait. 
La  sosur  du  poete  reftisa  de  le  recevoir  pour  elle-m6me,  et 
Temploya  k  construire  un  aqueduc. 

Le  SchdhndnU  offre  sans  doute  de  grandes  beauts  po6- 
tiques ;  mais  la  moiti^  au  moins  de  ce  vastc  ouvrage  est 
plut6t  une  Uistoire  en  vers  qu'un  poeme.  11  n*a  d^autremytbo- 
logie  que  la  d6monologie  des  andens  perses.  Lumsden  en 
publia  d^abord  le  commencement  du  texte  persan  original 
(Calcutta,  1811 );  Turner  Macau  donna  ensuite  une  Mition 
complete  du  po^me  (4  vol. ;  Calcutta,  1829  )  avec  un  glos- 
sdre  et  une  biographic  de  Firdousi.  M.  J.  Mohl  a  entrepris  une 
Edition  critique  de  Toriginal ,  avec  une  traduction  litt^rale 
enlangue  franQaise  (volumes  ik  3;  Paris,  1844). 

FIRMAMENT*  Ce  mot,  dans  pludeurs  passages  de 
r£criture,  veut  dire  moyenne  region  de  Vair.  Les  andens, 
par  firmament  (Jirmamentum,  appui,  soutien)  entendaient 
le  hulti6meciel,  cdui  oti  les  ^toiles  semblent  attach^.  La 
lerre  dtait  censde  au  centre  du  monde,  et  les  deux  se  sni- 
vaient  dans  Tordre  suivant ;  1**  cdui  de  la  Lune,  2*  de 
Blercure,  3"  de  Ydnus,  4"  du  Soleil,  5°  de  Mars,  6^  de  Ju- 
piter, 7^  de  Satume,  8°  enfin,  le  cid  des  ^toiles,  ou  firma- 
ment. Ceux  qui  I'avdent  nomm^  ainsi  le  croyaient  d^one 
mati^re  solide.  Aristote  pensait  que  cet  ^tat  de  solidity  ^tdt 
une  condition  attach^  k  la  noblesse  de  la  nature  des  deux, 
et  n^cessaire  k  leur  incoriruptibUit^.  Les  th^ologjens  ayant 
n^nmoins  admis  que  la  lumi^re  devait  passer  k  travers  ce 
del,  on  le  fit  de  cristal.  Puisqu'on  avail  entre  le  firmament 
et  la  terre  interpose  le  Soldi,  il  eOt  ii6  plus  simple  de  faire 
venir  la  lumi^re  directement  de  ce  dernier  corps;  mais  on 
ne  Tosa  point :  la  lumi^re,  d*aprte  la  Genise,  ayant  (^td  cr^ 
avant  Ic  Soleil  et  ind^pendamment  de  cet  astre,  on  e\|»iiqua 
de  la  mani^re  suivante  le  mouvement  apparent  du  boldl  ct 
la  LoiiiciMencu  de  la  lumi^re  avec  la  presence  do  cet  aslre 


I 


'46s 


FIRMAMENT  -.  FISC 


8ur  notre  borizon  :  il  retootnait  pendant  la  nuit  an  lieu  d^oii 
'  il  B*^it  ler^  le  niattn;  et  si  on  ne  le  voyait  plus  alore,  c*6- 
tait  uniqiienient  parce  qu'il  faisait  nnit.  Mais  conime  ii  est 
'dans  la  nature  de  Pesprit  liumain  de  Tooloir  toat  eompren- 
dra,  totttexpUqner,  mtaie  les  choses  lea  plus  inexplicables, 
on  admit  par  de  \k  le  firmament,  ponr  se  rendre  ndson  des 
rooarements  dtumes  annuels  et  autres  des  corps  celestes , 
denx  nouTeaox  deux  ota  nouTeDes  spheres,  nomm^  pre- 
mier et  second  mobile^  au-dessns  desqnels  on  en  pla^  en- 
eore  nn  troisftaiey  dteigni  tons  le  nom  d*empyrAf  ou  s4- 
fowr  dee  Menheufeux. 

Ptoltoi^»  disiteitx  de  htn  eonoorder  oe  ph6nomtee  des 
corps  cfleAes  airee  Tesprit  de  la  philosophle  de  son  ^poque, 
sapposa,  lui  anssi,  que  la  terre  6tait  immobile  an  centre  de 
TnaWers,  et  que  la  lune,  Bferoute,  ytons.  Mars,  Jupiter, 
Satame,  pifoteient  antour  sur  des  spheres  solides ,  mais  de 
manures  transparentes.  D'apris  cette  premi^  supposition, 
il  imagina  une  huitltoie  ftpliire,  sur  laquelle  ^ient  plac^ 
les  ^toiles  fixes,  et  qu'il appela  lejlrmament  des  €toiles fixes; 
puis,  une  autre  enveloppe,  qn'il  nomma  premier  mobile^ 
et  tons  oes  globes  embolt^  les  mn  dans  les  autres  ftirent 
contenns  dans  xat  dernier,  le  del  on  Vempyr4e^  absurdity 
astronomiques  dont  le  temps  devait  fidre  justice. 

Aajourd*hui  le  mot ;/{rmamtfn^' est  encore  emplo7d,mais 
il  n'a  plus  de  limites  :  il  d^^e  tantdt  la  region  des  ^toiles 
fixes,  tantAt  nne  region  partleuliftre  des  deux. 

FIRMAN  ou  FfiRMANN  est  le  nom  turc  de  tons  les 
Mts,  ordonnances  etdto^  Amends  de  la  Porte-Othomane. 
II  sont^eritsen  caract&res  diwanys,  Cbacun  des  ministres 
et  des  membres  du  diYan  a  le  droit  de  signer  des  firmans 
relatift  aox  afAiires  de  son  ressort  partlcuUer j  mais  c'est 
le  nichandfi'tfendi  qui  est  spMalement  ebargd  d*y  placer 
en  tMe  le  tho^(d,  chiffre  en  lettres  entrdac^  contcnant 
le  nom  du  sultan,  pour  leur  donner  plus  de  force  et  d*au- 
tbentieit^.  Quant  aux  innans  rerttus  de  laslgnatore  auto- 
graphe  du  souTerain,  on  sur  lesquds  il  MX  de  sa  propre 
main,  ao-dessos  dulbogra!  :  soitfiiUcamme  il  est  dil  d- 
deesouSf  ils  sont  appel&  hat  ii-chirifs,  Les  firmans  de 
cette  espice  sont  en  grande  T^n^tibn  chez  les  Turcs,  qui 
les'baisent  en  les  toodiatot,  et  en  essuient  la  poussidre  a?ec 
leurar  joues.  '  B.  AvniPPRET. 

FIRMIN9  andenflod^rede  la  Ckjm^e-Franfaise,  est 
n^&  Paris,  Ten  1790.  Ils'essayasnrdessctaes  presqueenfan* 
-tines ,  et  par  le  charoM  deses  premiers  jeux  promit  un  acteur 
d'^llte.  11  ^taitrenfbitgftt^dttlbtttredesJeunes^liTesde  la 
rue  de  Thionville.  Ilpasside  fenfiince  i^  lajeunesse  par  une 
suite  d'tedes  pratiques  sans  fiit^ues.  tJn  commerce  conti- 
nue! des  mcBurs^  des  bafUtudes  etdes  coutumes  du  thefttre, 
cette  intimity  de  la  Vie  dramatiqne,  lui  flrent  contracter  de 
bonne  beure  une  desf^his  aimables  quality  de  son  Jeu,  et 
qui-  dans  toot  le  conrs  de  son  existence  do  comddien  a  ^16 
le  plus  atlrayant  de  see  m^rltes.  C*dtait  nne  aisance  dngu- 
Mre  et  parliiilte  dan*  son  gesle,  dans  son  d^bit  et  dans  toute 
eon  attitude;  il  ^rait  nne  bonne  grftee  et  une  Intelligence  qui 
lui  dtaient  propres,  et  que  les  anuses  laiss^rent  intactes ; 
le  tbMtre  dtait  pour  ltd  sa  ftunilie  et  son  Ibyer;  11  7  troun 
dte  ses  premiers  pas  one  atoirft^et  une  oonflanco  qui  ^talent 
im  eigne  certain  de  sa  t^catlon  scitoiqoe. 

Ldrsqne  FIrmin,  virHabU  ttitfdnt  de  la  balle,  entra  an 
tb^fttre  de  rimp^ratrlce,  nom  que  portait  ators  la  salle  de 
1'Od^on,  c^dtaiit  un  bd  adoleicent,  qui  etprinlait  k  raTir  les 
lendres  sentiments  des  rCUki  d*amofireux^  que  Ton  appelalt 
d^k  les  Jeunes  premiers,  et  anxqueU  il  flT^tait  consacr^. 
Pidird,  floors  directeor  et  adeur  de  ce  th(^Atre,  distingue 
MenUyt  Firmitt,  et  hri  confia  la  parlSe  Jeune,  pasdonn^e  et 
■ttrayante  desprindpaox'  ouTrages  du  repertoire.  Firmin 
deTint  Pidole  d'nn  public  ^pris  de  tons  les  dons  qui  paraient 
sa  jeunesse.  Napolton,  aprte  Tavoir  enfendu,  lui  fit  donner 
nn  ordre  de  ddxit  au  Tli^tre-Fran^ls.  A  cette  ^poque  les 
r^ementsdu  Th^tre-Fran^s  imposaient  aux  debutants  To- 
bl%atlon  de  jouer  la  tragMie  et  la  com^die.  Les  essais  de 
flnniii  dans  la  tragMiene  Aireot  nibUm^  ni  approuT6s.  U 


fut  accueilil  avec  une  honorable  et  paisible  bienTdllanee.  Plus 
tard,  il  obtint  une  bonne  renomm^  dans  deux  r6ies  do  rt- 
pertoire  que  Talma  appdalt  le  repertoire  sacri\  S^de,  dt 
Md/wnetf  et  Britannieus  lui  firent  beaucoop  d^bonneor 
Dans  la  comMie,  il  sut  se  fiiire  une  place  plus  ^mioente 
II  Alt  remarqu6  parmi  des  aeteurs  qui  dtalent  en  longoe  pos 
session  de  la  faveur  pnblique.  Fleury,  Michelot,  Aimiod 
fnrent  ses  mattres  bien  plus  que  ses  chefs ;  Firmin  6tsit 
I'objet  de  toute  les  alTections,  et  Ton  a  pn  dire  de  lui  quii 
etalt  Pd^Te  chdri  de  la  Com6die.  II  se  montra  digne  de 
cette  honovable  bienTdllanee;  ses  progrte  Airent  rapides 
et  dgnal^  et  ce  (bt  en  ce  temps  que  ses  dispositioas  h 
tourn^rent  manifestenient  Ters  la  com^die.  Be^  sodft- 
taire,  il  Tit  grandir  set  travaux  et  sa'  podtion  an  Tb6ltrft- 
Franfais,  et  aussi  sa  renommie  de  common.  Kn  fmgt  an* 
nte,  la  mort  fit  de  larges  rsTages  dans  les  rangs  de  la 
ComMie  Fran^se,  et  bientAt  Vbonneur  du  grand  repertoire 
eut  poor  l^gitimei  rqir6sentants  M"*  Ma  rs  et  Firmin. 

Fhrmin  ajoo^  les  premiers  rAles  en  com^ien  xd^  Mxati 
et  fenrent;  il  entralt  dans  Pordre  et  dans  la  oonscienoe  de 
ses  etudes  de  se  liTrer  an  traTail  des  r61es  importants,  qiiH 
n'a  d'ailleurs  abord^s  qu*au  moment  oft  ses  efibtts  ddeiit 
utiles.  Dans  le  jeune  repertoire,  Firmin  a  en  des  socetede 
bon  aloi,  et  que  Pon  n*a  jamais  songd  k  lui  contester:  U 
Jeune  mari,  Un  Mariage  sous  Louil  XV,  Mademoiselle 
de  Belle^Isle  Pont  pfoduit  boos  un  aspect  ebarmant  Lui 
senl  pouTdt  montrer  aux  spedateorsia  personnede  Riche- 
lieu aTec  des  agrements  d  des  formes  conTenables;  il  ayail 
une  courtoisie,  une  leg^td  d  une  cbdenr  de  maintien  doat 
Tftge  n'aTdt  point  alttfre  la  TiYacite  et  la  souplesae.  On  beao 
succte  de  drame ,  le  r61e  de  don  Juan  ^Autriehe,ml  es 
relief  ses  etonnantes  qu elites;  U  dtdt  impossible  de  donoer 
k  ce  personoage  une  phydbnpmie  plui  TaillantB',  plus  cbe- 
Taleresque  et  plus  castiUAne  que  cdleque  Ftrmln  aTait  com- 
posee  avec  un  art  admirable.  Firmin  eut  le  fortune  prifi- 
lege  de  ne  pas  TieOlir;  tandis  que.  tout  se.  fietrissait ,  il  reata 
jeune  et  Tordoyant ;  aprte  ^Tolr  accompM  Ic  temps  de  son 
contrat  de  societalrc,  il  etdt  detoumurecft  de  force  k  con- 
tracter nn  engagement  de  pendonnalre :  il  eat  la  modeetie 
d'etre  leserrlteur  dans  la  maison  dont  d'  aTxIt  etd  on  dei 
maltres;  mals  sa  sopefiorlte  n*en  soiifhrft  pas. '  Dans  sa  Tie 
priTee,  Fbmin  etdt  dmable  opmme>  14  se^e;il  eansaft 
de  sa  profeadon  aTec  goQt  et  aTec  une  experience  edairte; 
II  se  piaisdt  4  reunir  ses  camarades,  et.  ses  soirees  du  di- 
manche  aTalent  nne  ddicieuse  reputaificm.  En  leToyant  se 
retirer  du  thdltre,  on  ne  pouTaft  ccoire  k  cette  rdsolotios. 
Enfant,  jeune,  d  dans  PAge  Tiril,  11  ayalt  traTersd  ees  troh 
Ages  de  la  Tie  et  de  la  scene  aTec  toutes  lea  qnalites  qoi  les 
caractMsent;  laTidllesse  seule  ne  le  trouva  point jirei,  d 
sa  Tigoeur  ne  put  point  fdndre  les  allures  bris^  contre  les- 
quelles  se  redressait  xine  nature  rebelte.  tl  etalt  toujoors  tfop 
jeune ;  il  fit  mentir  le  proverbe  qui  pretend  qne  e*est  un  de- 
fautdontonsecorrige  tousles  jours.  FinniniUtpresqye  ieder- 
nier  d'une  generatiota  decomedlens  qui  oontlnoalent  aae  race 
illustre;  il  se  retire  4a  Uieitre  le  6  decemboe  iS|^ 

Eu^e  BnifrAULT. 

FISG9  du  latio  /icitf, J>anier  d'oaier,  oft  pdndaiit  long- 
temps,  dans  Pandenne  Rome,  on  depose  son  argent  :  de 
\k  Temploi  de  ce  mot,  pour  signifier  le  tresor  d\3i 'partl- 
culler,. d  spedal^ment  le  tresor  du  prfnoe.  Sons  Pempir^ 
ce  trdsor  fut  distinct  du  tresor  public  (jBrorHcm  ].  Oette  » 
tin<;tion  e^t  fondamenlaie  dans  1|^  gouTernenoents  eoiiattti^ 
tionnds  des  temps  mddemes'j  le  ixia6r  ^  la  Qste  dvile^  oe 
de  lac9uronne»  ed  cdof  dii  princ0;  il  ne  dispose  du  tr€S(^ 
de  I'Etat  que  pour,  les  depenses  publlqoa  preyoea  |Mf  Itti 
lois.  A  Rome,  les  mauTals  empereurs,  se  croyant  mfltreaA 
la  Tie  et  des  biens  de  tons  les  Boinains ,  8'an;pg«ueQt  Ik 
libra  disposition  des  deniera  publics.  Tant  que  ootreiiMiDar- 
chle  a  ete  absolue ,  le  prince  a  dispose  dn  trdaor  pMk 
corome  du  sieh  propre :  il  avait  bien  sa  cassette  partienli^re , 
mais  c^etait  pour  sa  oommodlte.  Les  atfcrttmliQttS  te  fiscoot 
preaoue  loujoulv  ete  exorbitantea.  PUm  lejeyne,  louat^ 


FISC  — 

cet  ^rd  lliamaniMetla  modtetkm  deTn^^ » lui  ^^^  <ltte 
la  cause  da  fisc  est  toujoars  maaTaise  sous  un  bon  prince. 
Od  peut  Toir  par  les  ^its  de  Conslantiii,  quand  il  Toulut  re- 
m^dier  aux  Teialions  autoriste  poor  le  fisc,  Ik  quel  point 
ces  croeUes  e&actioos  ^talent  porUes  :  les  efliBts  mdme  des 
naofragte  ^taient  ia  profe  da  ftec.  Constantln ,  en  abrogeant 
cet  inAme usage,  procJama  comme  odiease  la  penste  de 
firer  un  lucre  public  d*un  drinement  ausii  deplorable. 

Fite,  dans  lesandens  autenrs,  sfgnlfie  aussi  quetquefois 
fie/ou  binifiee^  paroe  que  dans  ta  premite  Institution . 
des  fiefs  les  princes  donnaient  quelquefois  k  leura  fidiles 
des  terres  fiscalesoo  patrimonlales  ktitre  de  benefice,  sou- 
Tent  mtaie  k  simple  titre  Tiager ;  et  eomme  elles  n*dtaient 
point  alidndes  sansretour,  on  les  regardait  toujoars  comme 
lidsant  partie  du  domaine  ou  JUt  du  seigneur. 

Aulourdlitti ,  en  France,  on  d^igne ,  dans le  langage ju- 
diciaire  et  administtatif,  par  le  tenne>Uc  le  tr^r  de  Vt- 
tat,  consldM  oomme  personne  monde,  exercantdes  actions, 
et  contre  qui  on  en  peut  exercer.  Le  ^  a  droit  aux  biens 
Tacants  et  sans  roattre;  il  recueUle  la  succession  de  ceux  qui 
meurent  sans  bdrltiers;  II  a  une  bypoth^ue  l^e  sur  les 
biens  des  comptables  de  deniers  publics ,  et  un  prifil^ 
pour  le  reeouTrement  des  contributions  directes,  des  firais 
de  justice,  etc. 

FISCAL  9  FISC ALTTi.  Ces  motss^edtendent  comme  in- . 
diquant  une  direction  d*esprit  ou  des  dispositions  idgales  qui 
exagirent  les  pretentions  du  fisc  :  ces  dispositions  sont  le 
Tice  radical  de  nos  syst&mes  de  f  i n  a  n  ee . 

"L'avocat  fiscal  ou  procureur  JUcal^  e'dtait  Tafocat  ou 
procurear  d^ofSoe  d'un  seigneur  justicier  et  il  etait  ebargi, . 
en  Tertu  de  ce  titre,  de  soutenir  les  droits  de  son  fUc*  De 
]k  des  foncUonnaires  publics  qui  sous  cette  denomination 
ont  existe  ou  existent  encore  en  France,  en  Espagne,  en  Ai- 
lemagne,  en  Hollande,  etc.  En  Allemagne,  il  y  avait  ^Jiseaux 
attaches  k  la  chambre  imperiale  de  justice  et  au  consdl  au- 
lique  de  TEmpire.  En  HoUande,  il  y  avait  des  Jiscaux  ou 
baQlis  dans  toutes  les  villes. 

FISCBAAT  (  Jbah),  dit  Menizer ,  le  RabelaU  de  nos 
Toisins  d'outre-Rbin ,  naquit  k  Mayence.on  k  Strasbourg, 
de  1520  k  1530. 11  fot  re^u  dodeur  en  droit,  puis  avocatau 
tribunal  de  la  chambre  imperiale;  et  vers  1586  il  exer^t 
les  fonctions  de  bailli  ^  Forbacb ,  prte  de  Saarbrucli ,  on  H 
moorut,  en  1590ou  1591,  En  ce  qui  est  de  seseeuvres,  ecrl- 
tea  les  unes  en  prose,  les  autres  en  Ters,  quelquerois  me- 
langees  de  prose  et  de  Ters,  pubUees  de  1560  k  1590,  sous 
dl/ftrents  pseudonymes,  et  qui  presque  icMJours  d'ailleurs  oot 
les  litres  les  plus  bizarrea ,  nous  de?rions  peut-etre  dire  les 
^Itm  supercoqttentieiLx  fdoni  Useraitdes  lors  impossible  de 
donner  feqaiTaletit  en  Aran^ais,  fl  rftgne  non  moins  d'am* 
bigulte  %t  d'obscurite  que  dans  celles  du  Joyeux  cure  de 
Meadon.  Fiscliart  est  in^HiiBAble  en  saillies  drdlatlques,  gates, 
^irituelles ,  mals  parfoia  iSquiYoquea  et  meme  obsotoes. 
n  connalt  aa  mieux  les  travers  et  les  folies  de  son  siicle; 
tant^t  il  les  ridiculise,  tantOt  il  les  flagelle,  el  toujours  U 
s*en  lit.  Du  reste,  II  traite  la  langue  allemande  avec  i*icr^ 
Terence  la  plus  grande,  creant  des  mots,  des  tournures  de 
phrases,  sebn  qu'il  lui  oouTient  et  sans  jamais  le  moins  du 
monde  s*lnqaieter  de  I'analogie;  ce  qui  nerempeche  pas  de 
prodigaer  resprit  et  l^erudition  au  inilieu  de  tool  ce  deTer- 
fond^  de  la  pensee  etde  la  langue.  II  est  demeuie  iitin^ 
table  dans  le  genre  burlesque,  ainsi  que  dans  la  grosse  chaigei 
et  joaque  dans  les  productions  les  plus  desprdonnees  de  son 
Ifoond  genie  dominent  partoot  la  gaiete  la  plus  fraoche  et 
]«  bonhomie  la  plus  naiye.  Au  dire  de  Jean-Paul,  il  I'en^ 
porte  h  beaoeoqp  d'egarda,niais  aurtout  pourleilnidea 
portraita,  sur  Rabelais  lal-meme,qu1l  egaled^aflleore  oommt 
^rodiC  et  sous  le  rapport  de  la  profonde  connaissanoe  d« 
criglaes  de  la  langue; 

FISHES 9  Title  de  France,  chef-lieu  de  canton,  dans 
le d^pflrteoient  de  la  Marne,  sarl'Ardre,  kson  confluent 
«T9e  la  Veslea*  La  population  est  de  2,425  liabitanta.  On  y 
looe  liqueur  dite  vkn  de  Fismes^  pour  coiorer  lea  Tins 


FISSURE 


4&$ 


roses  de  champagne;  on  y  (abrique  de  la  poterie,  des  toUes 
et  des  briques.  Aux  enTirons  de  Fismes,  on  trouTC  une  (a« 
brique  de  Tltriol  k  Ronrg,  une  sucrerie  de  betteraTes,  1^  Beau 
rfeu ,  une  filature  de  lahie  aux  Venfeaux.  Fismes  exisiajt 
d^k  k  repoque  de  la  domination  romafne.  Elle  forma  en- 
suite  la  limlte  de  TAustrasie  et  de  la  Neustrie ,  et  c'est  4e  Vk 
que  lul  Tient  son  nom  (du  latin  fines).  Au  commencement 
de  ce  siftele  on  y  Toyatt  encore  un  tIcux  monument  qui  aTait 
eie  eicTe  pour  marquer  cette  limlte.  II  s^  tint  deux  con- 
cfles  en  88t  et  935. 

FISSIPEDES  (du  laUn  JUsus,  fendu,  ^X  pes,  pedis. 
pied ).  Ce  nom  a  ete  donne  par  Blumenbach,  par  opposition 
k  celui  de  soli'pkdes,  k  un  ordre de  mammif^res  dont  le 
pied  est  dlTise  en  deux  ou  quatre  sabots.  Latreille  a  appeie 
ftssipktes  une  famille  de  rordredes  pachydermes ;  Sdioeffer, 
les  oiseaux  dont  les  doigts  ne  sont  pas  reunis  par  une  men»> 
brane;  Lamarck ,  une  famille  de  crustaces  horoobranches 
maoroures  ayant  les  pattes  bifides. 

FISSIROSTRES  (du  latin ^itMjendu,  et  rostrum, 
bee),  nom  que  G.  CuTler  dbnne  It  une  famille  d*olseaux,  de 
Fordre  despassereaux.  Elle  est  cararterisee  par  un  bee 
court,  large,  aplati  borizontalement ,  l^rement  crochu, 
sans  echancrure,  et  fendu  tres-profondement,  en  sorte  que 
TouTerture  de  la  bouclie  es^  assefi  liu^e  pour  permeltre  k 
ces  oiseaux  d^engloutir  aisement  les  insectes  qu'iU  pren- 
nent  au  toI.  A  cette  famille  se raltacbent  les  b  ir o nd elles , 
les  marline  is,  lespodarges^  les  engqule  vents. 

N.  CLEanoNT. 

FIGURE  ( Chirurgie).  Employe  d*une  maniere  gene- 
rate ',  ce  mot  sert  k  designer  toute  lesion  de  continuiie  dont 
la  longueur  est  beancoup  plus  considerable  que  la  laigeur; 
cependant,  on  n'applique  gu^re  cette  denomination  qu'anx 
ulcerations  lineaires  qui  silent  k  Tanas,  les  autres  recevant 
platCt  lenom  degerfures*,  Boyer  a  le  premier  decnt 
d'une  maniere  un  peo  satislaisante  cette  maladie  comme  une 
afTection  distincte.  II  s'en  font  cependant  qu'elle  doiTe  etre 
aussi  n^igee  qu'on  pourrait  le  croire  au  premier  abord :  les 
douleura  qu'eUe  produit  sont  souTcnt  tr^penibles  k  suppor- 
ter et  sa  guerisoii  fort  difficile  k  oblenir, 

L^ulceration  qui  constitue  ia  fissure  k  Tanus  a  ordinairemeiit 
de  six  k  neuf  millimef  res  de  longueur,  sur  deux  environ  de 
largeur ;  elle  peut  sieger  au-dessus,  au*des&ous  ou  au  niTe»u 
du  muscle  sphincter  anal;  mais  sa  attnation  la  plus  com- 
mune est  en  partie  au  nlTcau ,  en  partie  au-deasoos  de  ce 
muscle;  le  plus  souTcnt  die  eat  cacliee  ,dana  on  des  repUs 
de  la  muqueuse,  et  U  fauldeplisser  ceUe-ci  poor  raperceroir; 
elle  est  piiesque  constammcnt  unique ,  fepend^t  q^ivslqueCols 
il  en  existe  deux  et  mime  daTanlage.  Lorsqu*elle  est  aituee 
au-dessous  du  sphincter  anal,  ou  meme  a^  niveap  dece  oins* 
cle,  rien  n'est  plus  facile  que  de  la  cdnstai^r;  mais  qoand 
elle  sl^  plus  haul,  il  est'diflicile  de  a'amrar  de  |on  eaia- 
tenceautrement  que  par  les  sympt^mes  qu'elje  produit,  lea- 
quels  sont:  1*  des  douleurs  tItcs,  quelque(oia  comme  br4- 
lantes,  pendant  les  garderobea;  2°  la  Gonstrl4:tion  plus  on 
moins  energique  du  muscle  sphincter  aniti  en.  rabsence  de 
toute  lesion  materlelle  apparan^  de  (^muscle;  3^ M  pre- 
sence de  Tuloera^n  elle-meme.  Ces  cancteres  indiqnent 
Ju'on  ne  doit  point  donner  indlstinctepnent  le  nom  de  fissure 
toute  ulceration  allongee  de  Tanua;  on  ohpervc  en  effet 
un  bon  nombre  de  ces  nloeriitiona,  et  en  particulier  toutes 
celles  qui  se  deTdoppent  souTent  sous  FiiMluence  de  la  sy- 
p!lulls,  connues  sous  le  nom  do  bliogri^des,  qu^  ne^  s^accom- 
pagnentqii6d*unetr6a-iecte  douleur,  ciqui  guerisaent  avee 
ham. 

Lea  douleura  et  les  conttiklions  du  sphincter  n'arriTcat 
pas  immediatement  k  leor  degre  le  phweieTe ;  dans  presque 
tous  les  cas,  lea  naladea  ne  sentent  d'abord  q«e  de  leg^ 
picotements  pendant  le  defecation;  puis  ccapiootementa  ang- 
mentent  de  plus  en  plus,  et  dans  un  tempt  Tariable,  nafs 
qui  est  ordlnairement  de  plusieun  inois  au  moins ,  ellfls 
arrlTent  k  un  point  td  que  pinsieura  BMlades  les  compareflt 
k  la  sensation  que  prodairait  Fapplication  d'wie  poinle.de 

58. 


460 


FISSURE  —  I  [STULAIRES 


fer  rougie.  La  douleur  existe  rarement  dans  rintervaile  des 
gude  robes;  elle  diminoe  pen  k  peu  aprto  la  d^^cation , 
et  fintt  par  cesser  compl^temeiit  une  ou  deal  heares  aprte. 
Oependant,  chez  certains  malades,  elles'^blit  d^une  mani^re 
permanente,  ou  ao  moins  se  d^Tcloppe  sous  une  fonte 
d^nfloences ,  et  particuli^rement  sous  Tinfluence  des  bob- 
sons  excitantes,  de  la  chaleur  do  lit,  des  efforts,  d*un  long 
s^joor  sur  an  si^e  chaud ,  etc. 

La  fissure  est  sans  exemple  chez  les  enfants,  et  rotoe 
extrtoiemeiit  rare  au-dessous  de  Tingt  ans;  les  vieillards  eux- 
mtaies  en  sont  rarement  atteints :  <^est  done  pendant  la  p6- 
riode  moyenne  de  la  Tie  que  cette  affection  i&y\i  sp^ciale- 
ment.  D*aprte  les  obserralions  de  plusiears  auteors,  die 
serait  plus  fr^qoente  chez  la  femme  que  chez  Thomme.  Parmi 
^es  causes  qai  agissent  directemeDt,  et  qu^on  nomme  occa- 
sionnellis,  la  constipation  est  peut-^tre  la  seule  dont 
IMnfluenoe  soft  bien  constatee  Lorsque  la  d^f^cation  ne  s'efTec- 
taeque  de  loin  en  loin,  il  en  H^lte  ordinairement  des  di- 
latations considerables  de  Tanas,  lesquelles  produisent  des 
d^cbimres  qui  ga^rissent  d^abord  facilement ,  mais  qui  de- 
viennent  de  plos  en  plus  opiniAtres,  et  finissent  enfin  par  d^- 
g^n^rer  en  f  istules .  II  faudra  done,  lorsque  des  dtehirures 
se  prodairont  pendant  la  d^toition ,  ayoir  soin  de  r^gula- 
riser  les  garde  robes  et  de  les  rendre  pins  faciles  h  Taide  de 
lavements  Emollients  on  l^^rement  porgatib.  Presqoe 
jamais  la  fisiore  ne  guErit  spontantoient ,  et  le  plus  son- 
Tentm^e  elle  s'aggraye  4  mesure  qu*eUe  devlent  plus 
ancienne. 

Outre  les  moyens  bygi^iqoes  propres  k  diminuer  la  Tio- 
lence  des  accidents,  comme  la  priTation  du  cafl6  et  des  li- 
queurs, trois  m^tliodes  princlpales  de  traitement  ont  M 
raises  en  usage.  La  premiere,  et  aussi  la  plus  efDcace,  con- 
slste  dans  Tintroduction  de  mtehes  dans  le  rectum;  ces 
m6clies,  enduites  on  non  de  substances  m^icamenteuses , 
lont  renouTclte  chaque  jour  aprte  avoir  pr^alablement 
-Evacu^  rintestin  par  un  ou  plusieurs  lavements.  Ces  ro^ 
cbes,  quoiqne  d*abord  trte -minces,  sont  trte-difDciles  k  sup- 
porter; mais  avec  wi  pen  de  oouragCy  dans  les.  premiers 
jours,  les  malades  s*y  accoutument  assez  promptement,  et 
Ton  arrive  beancoup  plus  facilement  qu*on  n*aurait  pu  le 
pr^voir  1^  lenrdonuer  jusqu^lk  deux  centimetres  de  diam^tre. 
Quand  on  est  arrive  k  ce  diaro^tre,  les  malades  sont  ordi- 
nairement trte-soulag^s,  sinon  complEtement  gu^ris.  Dans 
Tun  comme  dans  Pautre  cas,  il  est  n^cessaire  de  persister 
dans  I'usage  de  la  miche  jusqu^k  ce  que  la  disposition  du 
sphincter  k  nne  contraction  ezag^rtfe  soit  eoti^rement  dE- 
truite;  mais  on  pent  se  dispenser  de  la  laisser  en  perma- 
nence :  qnelques  heures  d*application  par  jour  solfisent  pour 
obtenir  t'efTet  dteirE,  snrtout  si  on  peut  lui  donner  une  gros- 
eenr  on  pen  forte.  Quand  on  ne  veut  introduire  qu'nne 
mtehe  simple,  on  secontente  d^ndaireles  brins  decharpie 
^  la  forment  de  c^at  oa  dliuile;  dans  les  cas  contra!  res, 
on  les  endait  avee  de  lapommade  de  belladone,  avec  du  c6rat 
opiaod,  avec  de  Tonguent  roercuriel,  etc 

Lorsque  le  traitement  pr^cMent  n*a  pas  suffi,  aprte  un 
certain  tempt,  pour  amener  la  gudrison,  on  a  recours  k  la 
eanlErisationde  la  plaio  avec  le  nitrate  cPargent,  sans  cesser 
poor  oela  Pusage  de  la  m6che.  La  cauterisation  doit  etre 
r^pette  tons  les  quatre  ou  dnq  Jours,  jnsqn^lk  ce  qu'il  y  alt 
on  soiilageraent  marquE :  cependant,  ri  aprte  six  semaines' 
on  deax  mols  on  n^avait  obtenn  ancun  r^sultat  avantagaix » 
il  faodrait  renonccr  k  ce  moyen.  On  poarrait  alort  essayer 
im  caastiqua  (4tn  puissant,  comme  le  caustique  de  Vienne; 
malsrdai-d  nedevrait  Htt  employe  qa*nne  ou  deux  fois, 
k  caote  des  Mordrei  graves  quMl  pourrait  occasionner  ti 
Ton  en  Taisail  usage  plus  longtemps. 

L^cbloa  du  tptdncter,  propo^  d*abord  par  Boyer,  et 
•oopiee  eosulliS  par  tow  le«  rliintrgien^ ,  ne  doit  cependant 
€tre  employee  qiielvsqno  Umis  les  aatres  moyens  ont  eclioue. 
Lonqoe  les  bcurdf  deh  d^vnt  sontdurset  callenx,  il  fant 
M  Incisar  aTeodesdseanx  conrbes  prfeautlon  sans  laquelle 
mk  B'en  obtiendrtil  probtMement  pas  la  dcatrbatioa,  Boyer 


pensait  qu'on  poarrait  Indifferemment  pratiquer  rindsioa 
sur  tous  les  points  de  la  drconferenoe  de  Panus;  mais  ii  est 
evident  qu^il  est  preferalile  de  choisir  le  centre  raems  ds 
I'ulceration.  Si  la  fissure  est  double  ou  tnple,  il  est  neoes- 
saire  de  pratiquer  autant  dMncisions  qu*U  y  a  de  lesions  de 
continuite.  Apr^s  que  les  indsions  sont  pratiqa^,  il  Cut 
panser  les  pbies  comme  dans  Toperation  de  la  fistnle,  ct 
continaer  pendant  longtemps  Tapplication  des  m^cbei, 
comme  dans  les  cas  oil  ce  moyen  est  seal  employe. 

D'  Castelrao. 

FISSURE  ( G4ologie).  On  donne  ce  nom  k  des  excava- 
tions terrestres,  dont  les  dimensions  en  longueur  et  en  Ur« 
gear  sontbeaucoup  plus  considerables  que  la  dimensioa 
en  epaisseur :  ce  sont,  k  proprement  pailer,  de  vastes  Centcs. 
Quelqudob  oes  fentes  sont  vides,  c*est-k-dire  rempiies  seo- 
lement  par  des  substances  gazeoses,  mab  le  plus  sonvent 
dies  sont  bouchees  par  dlflferentes  matieres,  en  sorte  qoe 
la  fissure  n*est  redlement  que  Active,  et  qa'on  n*en  coasts- 
terait  point  I'exlstence  d  les  substances  qui  TobliterentD'e- 
talent  pas  difTerentes  de  cdles  qui  en  forment  les  parois. 

Les  formes  qu'sffedent  les  fissures  sont  ausd  variees  que 
rimagination  pent  les  concevolr  :  tantdt  ce  sont  des  feotes 
uniques,  tantAt  des  crevasses  plus  on  moins  ramifiees,  et 
dont  les  ramifications  sont  tres-integuUeres;  qiielquefob  oa 
volt  one  fente  prindpale  traversee  par  des  fentes  motas 
etendues,  qui  forment  avec  elle  plusieurs  croix ;  d'aatres  fois 
ce  sont  des  fentes  qol  rayonnent  d^un  point  centrd  k  U  ma- 
niere  d*onevitre  cassee  dlte  dfoi/^e,  etc.,  etc.  Dans  la  forme 
tres-variee  qoe  presentent  les  fissures,  il  y  a  une  droooi- 
tance  fanportante  k  remarquer,  c*est  que  lear  eeartement  n 
tant6t  en  augmentant,  k  mesure  qu'dles  deviennent  plos 
profondes,  tantdt,  au  contraire,  en  dimtnuant.  Dans  le  pre- 
mier cas,  il  est  fadle  de  voir  que  la  fissure  s'est  effedute 
de  Texterieur  k  Tinterieur  de  la  terre,  par  suite  d*an  eearte- 
ment produit  lai-meme  par  un  tremblement  de  terre;  dam 
le  second  cas,  la  fissure  a  ete  prodnite  de  llnterienr  k  Vexie- 
rieur,  par  la  projection  de  matieres  Uqnides  qui  se  solidi- 
fient  dans  la  cavite  qu'dles  ont  formee,  en  exhanssantqoel- 
quefois,  dans  leur  seln,  des  fragments  detaches  des  rocbes 
qui  les  envlronnent.  Les  matieres  qni  remplbsent  les  6s- 
sures  sont  connoes  sous  le  nom  de/i/ona. 

Les  dimensions  des  flssores  sont  ausd  variables  qoe  leer 
forme  :  la  plupart,  et  sartout  cdles  qui  se  forment  de  ria- 
terieor  k  i'ezferieor,  ont  le  plus  souvent  quelqaes  metres 
seulement  de  largeur  ou  meme  moins ;  parmi  ceOes  qoi  it 
forment  en  sens  contraire,  U  y  en  a  qui  possedeot  des  di- 
mensions Tralment  effrayantes  :  ainsi,  pendant  les  tremble- 
ments  de  terre  qui  desoierent  la  Calabre  en  1783,  il  s'en 
forma  plusieurs  dont  qadques-ones  n*avdent  pas  moins  de 
150  metres  de  largeur.  D'  Castvliuv. 

FISSURELLE.  Ce  genre  de  mollosques  gasteropodes, 
etabli  par  Bnigaiere,  conserve  par  Lamarck  et  par  tons  les  an- 
tresoonchyliologues,  prtente  les  caracteres  generaox  soi- 
vants :  Animal  ayant  nne  tete  tronqaee  anterieurement :  deux 
tentacules  oonlqaes  portent  des  yeux  k  leur  base  exterieore; 
deux  branchles ,  en  forme  de  pdgne  dans  leur  partle  so- 
perleare,  s'devent  de  la  cavite  branchiale,  et  forment  nne 
sailUe  de  chaque  cAte  du   cou ;  perforation  de  la  coquille 
k  son  sommet  Les  espeoea,  assez  norabreuaes,  sont  geoe- 
ralement  recouvertes  de  cdtes  rayonnantes  et  enridilea  de 
▼ives  coulenrs;  qndques-unes  sont  assez  grandes ;  il  en 
est  qui  n*ont  que  de  trob  k  halt  centimetres.  On  en  eoo- 
nalt  plusieurs  esp^ces  fo<»lles,  trou  vees  en  grande  partie  dan 
les  terrains  qui  avoisinent  Parb,  mab  tonjours  dana  les 
couches  les  plus  recentes  da  globe.  N.  Clermoxt. 

FISTULAIIIES  (  iehihyologlB),  genre  ile  poissons, 
etabli  par  Laeei^edeet  conserve  par  Cuvier  11  prfisente  une 
seule  nageoiredorsale;  Icso^  tnlennaxillaires  el  ia  mftchoire 
Inferieiire  sont  gamis  de  petttes  dents.  DVntro  ks  deox 
lobes  de  la  caudale  sort  un  filament  qnelquefot*  aussi  long 
que  tout  le  corps;  le  tube  d4  museao  cM  tr^-long  et  d(^ 
prime;  la  vessie  natatoire  extrteemeni  petite;  les  fcttllea 


PISTDLAIRES  —  nSTULE 


4$t 


MDtiiiTiNbleB.  On  en  trouve  dans  les  men  chaudes  des  denx 
liteiispb^ras.  Li  Jhtulahe  p^timbe^  la  seole  esptee  bien 
eooDiie,  parvient  k  uu  metre  de  longueur.  Son  filament  res- 
lembto  A  on  brin  de  faron  de  baleine;  eUe  paralt  TWre  de 
pettti  anunaux  marins;  sa  chair  est  maigre  et  pea  sapide. 
Ble  est  eommmie  dans  la  mer  des  Antilles.  N.  Glbbmoiit. 

FISTULAIMSS  (MaUuologie ),  genre  de  mollusques 
itabli  par  Brugoidreet  Lamarck,  et  appartenant  4  la  famflle 
des  enfermto  de  CoTier.  Les  fistolaires  ressemblent  anx 
tsnis;  ils  Tivent  k  pto  prte  comme  eux»  dans  la  sable,  le 
bois,  Iss  pierres ;  ils  ne  forment  pas  toi^ours  des  fourreaax 
cskaires,  oo  Uen  Us  n*en  ont  que  de  trte-minces.  Quand  il 
eikte»  ca  tobe  est  eatttrament  ferm^  par  le  gros  boat,  et 
rcMomMn  plus  on  moins  k  one  bouteille  on  k  one  massae. 
Ob  en  connatt  dnq  esptees  fiyantes ,  qui  nous  Tiennent 
loates  des  cdtea  da  S^n^gal  et  de  I'oe^an  des  grandes  Indes. 
Defranea,  dana  le  JHetUmnairB  des  Sciences  naturelles, 
m  dteit  troia  esptees  foasiles,  que  Ton  trouTe  dans  les 
cocdiesde  noa  terrsins  secondaires.      N.  CLannoiiT. 

FISTULE  (  de  JlsMa^  chalumeao).  Ce  mot  est  usit^ 
ea  ehirargie  pour  designer  certains  nlctees  4  bords  calleux, 
iftotaes  membranes  suppurantes,  dont  Touverture,  ordinal- 
raneot  pins  Mroite  que  le  fond,  resterait  Ind^flniment  beante 
si  Ton  n>  portait  remide  d'une  fli^on  particali^.  Plo- 
deuis  ciitODStances  peorcnt  dooner  anx  plates  le  caract^re 
de  fistttle  I  ainsi,  pour  certaines  plaies,  le  passage  presque 
ooatiao  de  mati^res  autres  que  k  suppuration ;  pour  cer- 
taiaes  autres,  une  forme  on  one  sitnation  particulMie,  etc., 
nffitpour  que  rouTerture  ext^eore  de  la  plaie  ne  se  ferme 
pas,  qu'une  faasse  membrane  s'orgBnise  et  en  tapisse  tout 
le  tr^,  qn'au-dessoos  de  cette  fausse  membrane,  qui  s^ 
opMe  on  pus  comparable  aux  mucosit(Ss  produites  par  les 
vMtables  membranes  maqueoses,  le  tissu  oellalaire  prenne 
pios  de  eonsistance  que  dans  I'^tat  normal,  devlenne  cal- 
leu,  dnr  et  moins  ftdle  k  enflammer,  ioutes  ciroonstanoes 
qolexpUqoent  les  istnles,  comme  il  est  facile  de  le  prouver 
fu  des  exemples.  Un  instrument  piquant  oo  tranchant  a 
9MM  jusqu'ao  conduit  excr^tenr  de  la  glande  parotide, 
ceile  qui  Terse  la  salive  dans  la  bouche,  on  bien  jnsqu'i  la 
Teane;  le  cbirurgien,  malgr^  tons  les  solos  qu'il  s*y  est 
doan^ ,  n'a  po  emptelier  la  salive ,  dans  le  premier  can, 
et  daos  le  second  cas  rnrine,  de  passer  contfaiueUement 
par  la  plaie  :  il  en  rdsulta  que  ce  corps  stranger,  remplis- 
tant  alors  le  mtae  r6le  que  la  mtehe  de  cbarpie  joue  dans 
na  attoB,  s'oppose  k  Tadh^on  que  les  bords  de  la  plaie  ten- 
deat  k  oontracter  Tun  avec  fautre  et  les  oblige  k  se  courrir 
d^nnemembranequi  les  mette  k  l^abride  Tirritation  continuelle 
daaslaquelle  ils  sunt  tenus ;  de  M  une  fistule  saliYaire ,  une  fis- 
tula orinaire.  II  est  aussi  fort  commun  de  rofar  des  fistules 
produiles  pardea  abcks  qui  surviennent  aux  euTirons  du  con- 
doit  excr^tear  :  dans  leur  tendance  It  s'ooTrir,  ces  abc^  finis- 
teat  par  percerle  conduit  excr^teur,  en  mtoietemps  qu^  s*ou- 
▼reat  aa  dehors  :  de  Ui  un  trte*grand  nombre  de  fistules , 
parmi  lesqaelles  se  trouTcnt  prindpalement  celles  qui  arri- 
▼catik  Tanus,  k  Tangle  interne  de  rosil,  aux  enTirons  de 
la  tnchte  art^,  dans  les  poumons,  etc.  La  forme  et  la 
atoatloo  de  la  plaie  ne  contriboent  pas  moins  k  produire 
boa  nombre  de  fistules  dans  d'autres  cas  encore.  Par  exem- 
ple»  one  suppuration  ay  ant  lien  dans  un  point  quelconque 
do  corps,  to  pus  se  r^pand  dans  les  Interstices  des  organes, 
^fieat  se  faire  Jour  plus  ou  moins  loin  de  son  lieu  d*ori- 
glae :  oes  fistnles  scat  quelquefois  d*autant  plus  filcheuses 
qnH  est  impoesiblede  porter  des  reniMes  de  quelque  cffica* 
litt  ear  le  point  de  depart  des  accidents.  Itfentionnons  enfin 
OB  dernier  proc6dd  par  lequel  des  fistules  s^^tablissent  en- 
core beaucoup  trop  souvent :  quelqne  corps  dur  engag6  dans 
•a  conduit  exaf^tear,  comme  des  calculs,  des  maUires  f6- 
edas  eadurcies  et  stehta,  des  os,  appuient  sur  les  pards 
^  ce  conduit,  le  oonfondent  on  le  compriment  an  point  d*en 
dAermlner  la  gangrtoe;  de  \k  separation  des  parties  frap- 
pte  de  aMwtt  peribratioa  du  condoit.,  et  par  cons^ueat 
istttia  8*oaviiatdireetenMttta«  dehors  ou  bien  dans  quelqiie 


orga^  Toisin,  k  moins  que  le  chirurgiea  ne  trouTC  moyen , 
dte  que  Tacddent  primitif  est  arriY^,  de  pr^venir  T^pan- 
cttement  fr^uent  ou  continu  des  mati^res  excr^mentiellet 
par  la  plaie  qui  Tient  de  se  flilre. 

Onentend  done  par  JlstuU  un  trajet,  an  condait  anor- 
mal  liTrant  passage  k  on  teoulement  centre  aatore,  sett 
de  liquides  qui  derraient  passer  par  une  autre  Toie,  soit  de 
Uqnides  morUdes  crMs  sur  place  par  la  fausse  membrane  qui 
tapisse  k  la  iongne  le  tr^  fistnlaox.  Tonte  fistule  a  poor  ca- 
raettoe  one  fausse  membrane  arec  sa  ster^ition  muqoeose 
purnlente;  k  quo!  fl  font  ijonter,  ponr  presque  tontes ,  des 
indurations  soos-jacentes  k  cette  fausse  membrane,  et  par- 
ticuli^ement  tots  les  orifices  du  trajet  fist uleux.  On  con^it 
dte  lors  trte-biea  la  ressemblance  qu*on  a  tronvte  de  tout 
temps  entre  le  crenx  d'ua  chahmieau  et  une  Mule ;  et ,  ce 
qui  est  beaocoop  plus  important,  on  se  fUt  une  id6e  asset 
Claire  des  dilBcnltte  que  prtente  le  traiteinent  dea  fistules , 
pnisqu*il  but  non-seulement  d^vmer  du  cours  Tideux 
qu'dles  ont  pris  les  bnmenrs  qui  sortent  par  la  fistule,  mais 
encore  d^trutre  la  busse  membrane ,  ramollir  les  indura- 
tions sur  lesqndles  eUe  si^ ,  et  enfin  determiner  rocdusion 
des  orifices  de  la  fistule,  de  mani^re  k  ne  pas  laisser  accu- 
muler  dans  le  fond  de  la  plaie  des  mati^res  qui  ne  manque- 
raient  pas  de  renouTder  la  maladie,  dans  on  temps  plus  ou 
moins  eloign^,  mais  qui  ne  serait  jamais  trte-long  d  on  s'y 
etait  mal  pris. 

Les  fistules  s*appellent  eompUies  quand  dies  ont  deux 
ouTertures,  une  k  cbaque  bout  de  la  fistule;  on  lea  nomme 
borgnes  quand  eUes  a'ea  ont  qn\me  :  ce  n'est,  an  reste, 
qu'one  distinction  de  mots.  Ajoutons  que  souTcnt  le  trivet 
d'une  fistule  se  partage  en  divers  embranchements,  et  qu'il 
en  resulte  soaveat  que,  quantl  on  n'y  prend  pas  suffisamment 
garde  en  operant,  die  peut  se  renouTder  ou  perslster,  parce 
qu'on  n^aura  pas  determine  Padbesion  compile  et  unlTer- 
selle  de  tons  les  points  du  trajet  flstuleux,  dont  quelques 
portions  excentriques  ont  pn  eebapper  aux  moyens  curatifs. 

Les  moyens  curatife  employes  oontre  les  fistules  ont  ton- 
jours  pludenrs  effets  commnns  :  1*  on  ttehe  d'emptelier 
recoulement  da  liquide  dontle  passage  entretient  la  fistule, 
soit  qu*on  eberebe  k  en  tarir  la  source,  comme  dans  les  fis- 
tules proTcnant  de  qndques  maladies  des  os  ou  de  corps 
etrangers  introduits  dans  le  corps,  soit  qu'on  chercbe  1^  pre- 
senter an  liquide  excrete  na  eooulenBeat  plus  fadle  et  tou- 
jours  ouvert,  soitqu'on  traTafllek  hii  etablir  one  issue  plus 
conrenable  et  plus  prte  de  son  orlgine ;  t*  on  cberche  k 
detroire  la  fausse  membrane  et  4  la  remplaoer  par  des 
bourgeons  cbamus,  disposes  k  adherer  les  uns  anx  autres 
et  k  serrir  de  base  k  une  bonne  dcatrice ;  3"  en  memo  temps 
on  detruit  les  indurations  sor  lesqueOes  s*est  formee  la  feusse 
membranne :  ces  denx  demieres  indications  sent  ordindre- 
mentrempHes  par  tons  lespnwedes  qui  determinant  Pinflam- 
maUon  du  trij  d  fistuleux ;  4*  quand  la  fistule  tient  au  retreds- 
sement  morbide  dequdque  canal  naturel,  on  traTaille  k  lui 
donner  une  dilatation  contenable ;  5°  quand  le  trajd  fistuleux 
a  pour  parois  de  la  peau  ou  des  tissus  aminds  d  trop|4enudes 
pour  con  trader  avec  les  parties  environnantesdes  adherenoes 
parfaites,  on  chercbe  k  redonner  au  sujd  de  Pembonpoint,  et, 
autantque  possible,  on  eniere  toutestos  parties  trop  amuides 
d  trop  denudees;  6^  puis,  enfin,  on  tAche,  par  la  situation 
qn*on  donne  aux  parties  ou  bien  par  la  disposition  des  pitees 
d^appardl,  d'obtenir  la  dcatrisation  au  fond  de  la  plaie  arant 
de  penser  k  Idsser  fermer  la  partie  la  plus  superfiddle. 
Cette  demiere  indication  est  la  plus  importante  de  toutes, 
nae  fols  qu'oa  a  opere,  d  il  est  fort  rare,  qoand  on  sdt  s'y 
prendre,  qu*on  ne  reusslsse  pas  compietement  k  debarrasser 
le  patient  Presqne  toojonrs  la  portion  de  Ka  fistule  qui  se 
tronre  comprise  dans  les  inddons  faites  poor  Poperatioo 
s*aiflamme,  comme  loot  le  reste  de  la  plaie;  la  fausse  mem- 
brane change  de  nature;  les  pdites  indurations  qui  envi- 
ronnent  la  fistule  se  fondent;  tout  rentre  dans  les  condi- 
tions ordinaires  de  la  plaie  la  plus  simple.  On  est  astut 
avaace  aijoanl'liui  pour  obteolr,  meme  dans  len  raf^  lee 


4«1 

|ilii8  robaOaft  aobeioia,  vneparfadte  fltMsop.  quand le  mal 
fiAndpal  M  rtdnitd'iillean  iilafl8tote;car  U  eitdeg  6stales 
quH  B»  livt  pas  aaaayar  da  ^^rir. 

La  ^iule  lacrymdle  sncaMa  ordiBairaiiMnt  k  la  tumeur 
locrymate.  Catte  .tnmanr  ooenpa  ie  baa  de  Tangla  de  IVeU 
g|in  asi  Tart  la  mb.;  eilft  aat  pen  doolonraiuaf  paa  Tolanii- 
ileQaa^  el  qoand  on  k  prane,  alia  aa  irlda  an  Tananty  antra 
las  panpiftoea,  par  la  poiiil  laarymil  InfMaor  priociptf*- 
naal^  an  liqoidAMaiGbAfapa;  laaarine  da  vaimt  cdl6aat 
ateba^  Faeil  lamoyant )  puiaifiifa  on  moiiiflnt  ob  ia  tmnaor 
a'anflamna,  s'abcMa^  at  .las  tanoas  at  la  pus  sortent  an* 
aan^  .par  Tonvarbira  de  Pabcbs;  U  y  a  alors  fistula  lacry* 
nala.  On  y  «cmMla  da  dUEtaitas  mani^raa,  an  dilatant  la 
conduit  <laanrnial  par  ana  aorta  de  a^n  liiit  da  fils  de  8oia» 
^  Ibit^on  a^ea  das  aordas  da  boyaa.  on  aTeodes  tigea  m^ 
talliquaada  plnsan  plosTOlinniaeusas,  qn'on  y  bitrodult; 
oa  ao  moyanr  d'one  cannle  rndtalliqae,  qiri  agit  li  la  fois  at 
comma  corpa  dilatant  las  voiea  laciyinales,  et  eamme  con* 
dail  poar  diriger  dans  le  naila  aaparflu  daa  li|raiaa.  II  van* 
drait  ndenx  comaianaar  par  ampAchar  latumaar  kcBymala 
de  s'abcMer,  aoH  an  opdranl  la  dOatation  das  Tolas  lacry* 
males  avant  I'abcte,  ce  b  qnoi  lea  maladas  na  consentent 
pas  tacUementy  aoit  ea  y  ftiaani  do*  iiOectiona  on  das  ap* 
pUcatians  approprite.  Lea  anteurs  aont  plenis  de  snccte 
obtenuadecetteaianltea.  Quand  11  y  a  iistale  laorymala^  le 
prooMd  le  plus  sAr  et  le  moins  douloureux  aat  sans  can- 
tredit  rintrodnction  d*ane  oanule  4*or  pu  d'acgent  dans  le 
canal  nasal.  On  Ibit  pea  malntanapt  daces  op^Uona  oooh 
pllqu^  auxqadles  lea  cbinirgpens  d'autrefols  se  livraient 
pour  gu^rir  une  maladie  si  pei^  grave^  roais;8i  deniable. 
La  pratique  de  Dupuytren  n*a  paa  pen  eantribu^,  par  sa  sioh 
plidt^  et  ses  6acete»  b  aecrMiter  ce  procM^  qal  goirit  plus 
▼ite,  pluasUramanty  mofaiadouloureusementqa^aiicun  autre, 
et  qui  n'a  paaplus  de  dtevantaga  que  lesautreay  aousquelque 
rapport  qn*ea  renyisage. 

LkfiitnU  d  VoMU  est  une  asaladie  fort  simple^  qui  con- 
siste  en  ce  qn'il  s'eat  ^tabU  un  Irijet  anormal  antra  on  point 
plus  oa.BM>ias  devd  du  rectum  et  la  peau  daa  euTironsde 
Tanus;  quelquefois  la  fiatuleest  ter^  ^UnM^^  dHiutres 
fois  bof^na  exteme,  plus  souvent  eUe  est  wmpUte,  L'o> 
p^ration  oonsiste  b  iadser  touia  la  portion  du  rectum  qui 
forme  Tespbce  de  delta  oompria  entre  la  fistule  et  Tanus. 
Cette  indsioo  pent  ae  ibira  de  diffteatea  manibres » aTec  le 
bifilouri,  uTee  daa  Ugrturas  da  difr^rentea  aortea;  puis  on 
travaille  b  daatriser  le  fond  de  la  plaie  avant  la  aaperfide. 
L^daion  afanple  est  le  procM^  le  plus  employ^,  et  avee 
ralaon;  U  a  ^  eannu  et  mis  en  usage  de  temps Imm^mo- 
ria]»  et  11  rteasit  tooa  las  Jours  parfaltement.  Sans  la  fistula 
de  Louia  XIY,  cette  maladie,  si  peu  graYO  en  g6o6ral,  n*eK« 
citerait  pas  parmi  lea  gens  du  monde  le  quart  deaappr^ben* 
ftions  qu'elle  y  predutt^  11  est  peu  de  maladiea  cliirurgk$ales 
qa'oa  gu^isse  pbia  simplement;  Aoasi n*est-ce qua titre de 
jcorioaitd  que  nouacitenxis  le  passage  sulvant,  tirA  du  Caun 
tP&p&aii0ns  d^moalrte  au  iardin- Royal  par  Dion  1  a, 
aur  cette  flalule,devenue  b  la  modedepuis  celle  du  roi,  « tel- 
temantqn^il  y  a  en  mbmedesaonrtlsanaqui  ont  clioisi  ye^ 
aaiUea poar  ae aoumetbm b  eella  operation,  parce  que  le 
rot  alnfonnait  de  toutea  lea  drconslancea  de  cette  maladie. 
Ceax  qui.  aTairnt  quelqne.  petit  auintemeot  ou  de  simples 
lutanorrbbides  nediff^raient  paa  b  prfeaoter  leur  derribraan 
chfarurgleB  pour  y  ibire  dea  inciafona.  Ten  ai  va  plusde  bnanla 
qui  TonlaieniqoVm  leur  fit  I'optoUioa,  el  dontia  foUe  btatt 
ai  grande,  qtt*ila  paraissaiani  Ocb^  lorsquToa  lea  aaaurail 
fu^ii n'yavait point •denteesatt^de  la  Mrau  »Bnfla»api«sna 
an  db  taatatlYas  infrwcitnaBses  ear  de  paovieadiablas*  qa*on 
aoumettatl b  taatas aortead*eanbi daaa  das cbambrea b  la 
anrinteadanoa,  eons  la  direetioo  ^  toua  las  proposeura  de 
icmbdea,  dea  cMnugieBS  da  roi  et  de  M*de  Lauvois,  le  ral* 
aoBvamcu  quHl  n*y  arait  d*aaptattce  de  gudrir  que  par  To* 
pdration,  s*y  ddermina,  el  la  subit  le  31  aovembra  t6a7« 
«  La  cure  Cut  trbi-Uen  coodulte,  ijoute  Dionia*  S.  M.  rteom* 
en  roi  tons  cenx  qui  hd  radireut  saniaedan  aalta 


FISTULB  —  FITZ-G^RALD 


maladie  :  il  donna  b  M.FAix  (qui  aTait  C9^}4a,00ataa, 
etbM.  D'Aquin  100,000  vrea;  b  M.  Fagon  .aOiOOO  bv., 
b  M.  Besaiires  40,000  Uy.  (ceux-ci  ayaieat  aasist6  sa^^ 
uTecM.  deLooYois,  b  rop^tion);bahacao  desasapa- 
thicaires,  qui  sent  quatre,  ia,opO  U^,,  et  au.  imaaaA  U 
|laye,gAr^9  de  H.  F^x,  400  pi8{olea.^FH,aaJUIait•fa• 
moins  quci  la  loague  ind4c|aioa  de  I/>ais  XIV,  JTaippnBQs- 
maat  et  lea  inqui^tudea  int^resabaa  4as  courtiuuis,  tesaaaii 
autbeatiqnoa  et  lea  magnifiqaas  r^pompenaas  dasgaH.bi 
Tart,  pour  donner  da  llmportancy  b  dea  ebosas  si  draplak 

•  • .  .  D^  S.  SaanaAa.  .' 
FITK^andaA  not  narroaadyqai  a'dYidemaMatpsar 
dtymolQgiA  le  mot  latin  jUltia,  fila.  Da  ^aabmaqaa  le  JBk 
dea  ftmuaia,  TO  daa  Irlaodaia  ou  le  ira»/dea  OiieataBK,  k 
motFttsajentdbxunnom  propaaindkHia  ane*fiiiaiiaKii 
lattacbanlbcaabm;  par  example,  laa.AaniUasJPi|B*ittba; 

nu-Qtrald,  FiU^MauriOB^  FtixrGMM  an  Briaada,  la 
anas  et  lea  antieadescfladaatdettobieaaottnamiai(|B<lijae 
fobauaai  le/VteeatunindicedafabtBrdiae,  qdObiaeeeBe 
adt  paatoi]jouTa  nbceaaairament  le  caa.  <?eat  daaa  cesder* 
niera  tempa  aeulement  qn'on  e'en  est  senri  poar  dteamoRr 
JeaeaAoita  naturals  dea  roia  at  das  princes,  oomaw poor  ki 
fbmillea  JVs-Jof,  JfiU- James  et  FUti'Ciarweei 

FITaK-OfiRALD^fiDwaan ,  lord),  ffla  ptUabdndae  6t 
Leinslar  et  run  des.aaartyradia  Ja  lifaartA  irlaadaiia,  4tait 
Bban  1763,  b  Gartoq^^Caatle,  pt^  da  Dublio.  A  Vb^i  da  tsin 
ana,  tt  aatra  an  aeraicadana  aora^gimaat  que  le  gcwiene- 
maat  eavaya^proodcb  paiib  lagoemcontse'lepfaMoigfltde 
rAmdriqae,da  Nopd,i  e$  ■ee*y.fit.paaaaoiaar>wiw|iiiff.|ar 
aoa  courage  que  pariaestaleats  pv^coces.  Apete  la  pafa^,il 
rcYlntea  Europe,  et  Aitdiu  anpariemantfarlaadais  fiarie 
bomg  d'Atliy ;  maia  il  TetQmmt  bientdt  combien  aaiafart  hia- 
tilea  tons  lea  ellorta  qu'dlponrratttbutar  daaaoatteasicteM^ 
pour  am41iorer  la  aituatlbn  de  aea  cOndtoyeBa.  Ba.  i7l7t  i 
quittadoncy  profond4mentddooarag6,laafieaBittaDiqnespoar 
aller  lalra  ea  Bspagn^  an  voyage  qui  ftit  auivi,  pao  de 
tempa  aprbi,  d^une  eitcardon  plaa  Idntalna.  Dea  peiaai  4c 
coBor,  caoadea  par  na'amour  oentrari^,  le  d6tennin4nd  ai 
eflbt  b  a'embarquer  pour  TAmdrtque  du S|ord ,  ob.  il  vtaiC 
deux  ana  d'uae  Yie  lopte  podtique,.  errant  ao  caaot  sar  In 
laca  et  lea  flauves,  a'<Sgaraat  daaada  iongneaebaaias  aa  M 
dea  fordts  de  TAcadi^  Hals  la  aooYeoir  dea  raiibras  da  u 
patrie  la  pouianiYdt  pacmi  lea  aanvagaa  da  la  Ifoovdlf 
Ecoaae,  dont  il  aouhaitait  le aort  aox  paysans  d'iilBida 
Une  exiatence  aolitafa«  et  oontemplatiYe  na  pouYait  labbt 
longtempa  b  an  bemme  maentiellementofgaiMpaar  sgir 
aur  lea  autna  hommea.  De  graada  dYdnementa  aafidpa- 
laieat  dans  notre  lidaaiapbbra  :  lord  Edward  Eita^kiakl  tc 
bitadereYeairen  Europe  (1790),  et  re(irilmteie  place  aa 
parlameni  d*lrlande*  AInd  que  Fox,  SbMian  et  las  priad- 
paux  patriotea  anglaia^  U  ardt  adad  aim  apUwasiawaali 
rdYolotien  ftmncaiaa,  oomnie  I'auroie  de  Ja  Iibcrt4aaifa<- 
aelle;  llYoulutea  dtndier  deprbalamaraba,  etaereadit^ 
Paria  ( 1792).  Ses.  liaisons  et  aartoot  tt  candnita  dani  aa 
banquet,  ob  il'  porta  laibliquement  un  toastaax  aradas  ftw- 
fdaea,  lefirant  doninyer  dai contrOlea  de  fasndabiitaBi- 
nique. 

Fiti-Gerald  ae  tarda  pu  b  ratoomer  m  Iriaada;  oHi^ 
il  n*y  roYfait  paa  aeul  &il  aYdt  dpooad b  Touraay  aaa  Jcaae 
paraoona  doat  la  naiaaance  didt  damenrde  eatYafeppda* 
nyatdra,  d  que  M**  de  Gealia,  alors  goaYcnianle  daa  » 
fanta  da  due  (TOrldana ,  uYait  doYde  atae  lea  JeonaspriaiM^ 
aooa  le  aom  de  Pomdla,  aa  la  tbtaaat  paaaer  poor  ana  m* 
pbeUBaang|ldae,maia  que  bcaneoop  de^eoa  croydcaldbc 
kille  nduralleduducd*0|rldaaa  (ooyaal'artkdad-aprd^aMi 
qa*UeB  adt,  Edward  else  noaYdledpouaeaefixdraat  daaa 
aa  petit  dwadne  du  comtd  de  Kildara.  Goamia  ladaitei 
bmes  aimplea  et  graadea  b  laCda,  Edward  Fttx-Oeiddcad- 
prandt  le  bonbeur  domestfapie  et  les  jouiaaaaees  cdmaf  db 
foyer  :  lealetlrea  ob  ilpdnt  btt  asbre  n.pddble  da  dmt 
lea  caiapi^iM  de  Kildara  aont  pldMS  d'aae  ddfideuat  fid- 


FITZGERALD  —  FITZ-JAME5 


463 


rlitiiir  Jeseotimeot.  11  dcTait  bient6t  abandoniier  celte  trao- 
quille  (6\ldi6  pour  une  existence  de  trouble  et  de  p^ril. 

Fitz-Gerald  ne  powait  sMsoler  dans  sen  boaheur  au  milieu  . 
des  souftrances  pubtiques,  dont  le  eri  montait  sans  cesse  jusqu^^ 
liii.  La  plu|)art  des  patriotea  irlandiii^,  k  quelque  religion 
qulla  appartinssent,  ne  virent  plutf  alors  d'avenir  pour . 
lew  pays  que  dans  une  separation  absolue  d^avec  TAngle* 
frrre.  Tel  tat  le  but  Ters  lequel  se  dirlgea  la  c^l^bre  asso- 
ciation des  IrlandiHs^ Unis  qui,  d'abord  form^ pour  obte- 
nir  une  rtforma  padfique,  bas^e  sor  la  liberty  dvile,  poli- 
tique  et  celigieuse,  avail  promptement  reconnu  rimpossibilil^ 
d*]r]iarTenir,  et  aTait  cbang6  tout  k  fait  de   caract^re.  Les 
dnq  directeots  ^ient  Edward  FiU-iGerald,  Arthur  0'Ck>n- 
BOTy  descendant  des  anciens  xois  dlrlande,  Olivier  Bond ,  le 
docteur   Mac^Mevin  et  TUomas  Addis-Emmett  La  France 
pconait  des  seconrs;  mioA  toutes  sea  .tentatives  dchou^nt. 
Yen  la  fin  de  f^vrier  1798 ,  le  jdlrectear  O^Connor  Tut 
arr^t^  k  Margate ,  avec  fieui  de ses  amis,  oomme  ii  essayait 
de  se  rendre  en  F;rance.  Jls  jug^rent  quHl  itait  temps  d'agir. 
Tout  se  pr^para  done  pour  la  levde  en  masse,  filalgr^  I'ab- 
sence  des  secours  fran^,  ce  peupte immense,  se  levant 
le  mftme  jour  d'une  eitr^mitd  k  Tautre  deTUe,  edt  inlailli- 
blem«nt  triompb^  La  trahiaon  aeula  poavait  aauver  les 
^ippraaseurs  de  l*Irlande  :  cette  trabison  eut  lieu.  L'homme 
qui  veadit  la  libe^de  son  payset  la  vie  de  tant  de  g^n^reux 
dtoyeos  se  nommait  ThomoM  Heynolds^  repr^sentant  du 
^oomt^  de  KMdare,  avee  rang  de  colonel  dans  VVnion^ 
C^tait  un  maroband  cathoUquede  Dublin.  Le  prix  du  sang 
liri  tat  pay6  6,000  liv  attsrling  comptant,  avee  one  pension 
de  i,50Q  liv.  sterl.  La  12  mars»  sur  les  d^nondaUons  de 
Reynolds,  les  directeura  Emmett,  Blac-Nevin  et  Bond, 
fonat  arr^tto ,  et  toua  lea  plans  des  patriotes  tqmb^rent  an 
ponVQir  du  gouvemement.  Lord  Fiti^Gerald  ftit  avert!  k 
temps  du  roalheur  de  ses  collies  :  on  ditque  le  gonveme- 
meat  toiy  MMik  (rapper. en  lui  on  membre  de  la  plua 
liaute'afistoeratieAnglo-irlandaiae^  et  I'eAt  laissA  4cbapper, 
s'fl  ^t  oaisentf  k  qnitler  le  pays ;  il  s*y  reAisa.  Cacb«  dans 
DtibiiD  mta»,  il  dominait  toote  ririande  da  fond  de  son 
adlet  leAdfrefiteu»et1esapt|waclietearrdt^furent  rempla- 
ate;  la  hi^rarchie se  r^tablit,  et  le  grand  jour  de  la  lev^ 
«n  fiwitf  totfix6aa  aimaL  que  leconde trabison,  celledu 
eapitninede  milioe  Armstrong,  apprit  au  gouvernement  et 
le  jour  de  llnsunection  et  ka  dispositions  miUtaii«s  arr«- 
t^ea  par  Fits^Gamldrf  La  prise  en  la  mort  de  lord  Edward 
devint  dte  lers  le  Irat  de  tons  lea  efforts  de  la  poUce.  Une 
pranrito  fois,  U  iullit ,  lo  M  aai^  6tre  mM  dans  lea 
niesde  Dublin ;maiabuitjoursapr^  le  19mai,Ufut8urpria 
eliex  nn  assod*,  nomm^  Murpby,  dans  Thomas  Street, 
pv  HA  ddladiement  &la  tAtedocpiel talent  lejuga  Swan,le 
major  SIrr  et  le  capttaine  Ryan.  Edward,  kwA  seulemen^ 
d*«npoignard,  tualeeapitaine,  blessa  le  Juge,  et  se  dtfendit 
aveo  unetellevigueur  quesesamiaeofentleteBVsd'aceourir; 
Jn  Irlandal84lBi8  oonunencaleDt  k  a'asMmbler,  et  pcnt-6tre 
Edward  e6t-il  M  ddivr^i  si  un  coop  de  feu,  parti  de  la  main 
du  alitor  Sirr,ne  lui  e^t  fracaas^  L'^paula.  Edward,  bora  de 
combat,  fotennnai^  prisomiier  audiAteao  da  Dnblin,  et 
cAltormi^'ik  U  New*Gate. 

Du  l««a  ai,  lea  deux  MresSbearesetbeancoup  d*autrea 
persoBoagea  imporUnta  ftirant  ^galement  aaisia.  Toot  ^ 
pndu  innir  I'iriande;  n^aM&oiBa,  rorgaoifation  da  la  soei^ttf 
^tattalpuissenteqael'esplo^onfutenooreterriblie.  Upeuple 
d«  campagnes^  sans  ordria,  sms  cbalii,  presque  aana  autr^ 
aivea  que  des  piqoee  et  dss  Mtoss,.a1nsuffgea  en  masse 
danaliMis  lea diatricU  voMBa.de:  iMdte,  ot  se  porU  sur  la 
capltale  dans  la  nuit  do  93  mtf  i  Eity-G«rald  da  fond  de  sa 
nrisoil  pot  eoteodre  grondtf  U  AisiUede  dans  toutes  lea 
diieetkMM;  inais  Tarmte  ang|a>ae6tiit  partont  sur  ses  gardes  i 
iespotrietes  de  Doblia  ne  parent  seconder  les  paysans,  et 
rinsMrecttott  tet  'IdenlAt  refonlte  vers  rint^rieur  du  pays, 
eotfdot  verale  sttd»  o6  lealrlandeia^Unis^  tout  dterganis^a, 
totit  piff>tt^reas4Nimsinililaii«aqa'iU  fussent,  soutinrent 
^usieora  batailles  eontie  lea.feroea  anglaisea,et  ne  tuecom- 


b^rent  qu*apr^  une  r^stance  ddsesp^r^.  Lord  Edwai^l 
ne  fut  pas  le  t^moindes  derni^res  convulsions  de  la  soci^te  ; 
la  ruine  de  ses  grands  desseins,  les  calamlt6s  de  sa  patrie, 
aggrav^ent  sa  bles^ure,  et  la  rendirent  nwrtdle  :  durant. 
quinze  jours  d'une  agonie  solitaire,  11  lutta  contra  ses  dou- 
leurs  physiques  et  morales  avee  toute  I'i^nergie  de  son&me ; 
il  se  lit  iifre  par  son  d^irurgien  la  passion  et  la  nu)rt  de  J^sus- 
Cbrist,  puis  il  expira  le  4  juin  1798 ,  apr^  avoir  entendu 
le  bruit  des  pr^paratifs  da  Tex^atlon  de  CUnch ,  Tun  des 
aasod^,  que  ron  roenait  k  Ttehafaod*       Henri  Marhn. 

FITZ-GEBALD  (Pamela  ***,  lady),  regard^  g^n^alement 
comme  une  fille  adulterine  du  due  d*Orl^ans  £galit^  et  de 
M"**deGen]is,quir61evabravement  aumilieu  des  enfants  du 
prince  son  amant,  en  la  faisant  passer  pour  une  jeune  or- 
pbdine  anglaise  dOnt  elie  ne  pouvait  r^v^ler  la  filiation, 
epousa  enl790,I^Toumai,  lord  Edward  Fitz-Ge raid ,  sur 
le  Goeur  duqud  eUe  avait  produit  une  impression  des  plus 
vives  k  cause  de  sa  frappante  ressemblapce  avee  la  belle  et 
spiriUidle  mistriss  Sheridan,  dont  ce  noble  Irlandais  avait 
4t6  autrefois  tr^pris,  et  cut  de  Jui  deux  enfants.  Apr6s  la 
mort  tragique  de  lord  Fitz-Gerald ,  Pamela  se  remana  avee 
un  Am6ricain  appel^  Pitcaim.  Cette  seconde  union  ne  fut 
point  beureuse,  et  une  separation  volontaire  en  rel&cha  les 
liens.  Pamda  revint  alors  en  France,  oil  elie  continue  d'ha- 
biter  le  fond  d*une  provhice  jusqu^^  la  revolution  de  Juillet, 
epoque  oik  eUe  erut  poavoir  ae  rendre  k  Paris,  pour  se  re- 
commander  k  la  bioivdUance  de  Tanden  compa^non  de  son 
oifance  qui  venait  de  ceindre  une  couronne.  Louis-Philippe 
refuse  obstuiement  de  la  reoevolr ;  et  PameUi  mourut  dans 
an  grenier,  Ik  la  fin  de  Tannto  1831,  en  proie  k  U  plus 
navrante  mis^re. 

F1T2-BERBERT  (Lady),  belle  Irlandaise,  n^e  en 
1744,  epousa  d^ebord  on  fr^re  du  cardinal  WoId.»  puis  en 
secondea  noo^  lord  Fitz-Uerbert,  k  la  mort  de  qui  die 
forma  avee  le  prince  de  GaUes,'devenu  plus  Urd  Georges  lY, 
une  tendre  liaison,  qu'un  manage  secret  contracts  k  Rome 
aurait,  dit^n,  l^gitim^  Le  marieg^  16gal  du  prince  de  Galles 
avee  la  princesae  Gar  o Line  de  Brunswick  ro'mpit  entre  eux 
toutes  relations.  Mais  lady  Fltz-Herbert  n*en  cons<erva  pas 
moins  sa  position  dans  le  monde  aristocratique ,  et  mpurut 
k  Brighton,  en  1837,  objet  des  respects  de  tons  ceux  qui  U 
connaissaient. 

FllX-JAMESt  fiunille  illustre,  Aran^se  k  partir  du 
martebal  de  Berwick,  mala  qui  eteit  originaire  d'Angle- 
terre ,  et  dont  la  souche  est  Janus  on  Jacques  Stuart  ,  d'a- 
bord  due  d*York,  puia  roi  d'Angleterre  sous  le  nom  de 
Jacques  IL  Berwick,  son  fils,  nd  bora  de  manage,  fut  le 
premier  due  de  Fit^Jamea. 

Son  fils,  Fran^  na  Fitx-Jaiibs,  n^  k  Saint  Germain 
en  Laye,  le  9  juin  1709,  r^puifia,  pouT  embrasser  retat  ec- 
oMaatlque,  lesdignit^  de  son  pore,  anxquelles  Q  deyait  suc- 
ker ae  lieu  et  place  du  oomte  jETenrl,  son  fr^  ame.  En 
1737,  il  fotnomm^  par  le  n^  abb6  de,  SidntrVictor,  puis 
6v«que  de  Soissooa  ^  1739^  ci  moUrut  le  19  juillet  1764., 
II  ts%  auteur  d^  plosleora  ouvrages  de  pi^  et  de  contro- 

Le  iroisitoie  i^ke,  CAdr^,  due  ne  l^ih^Aints,  piur  de. 
France,  ne  le  4  novembre  1712,  fit  sea  premieres  armes 
tons  les  ordrea  de  son  p4re,  ^  li^  t^  da  raiment  de  son 
•om,  et  asaisto  aux  siegei  del^l  et  de  l^ibourg  en  1733 
et  1734.  il  prit  part  k  ioutea  les'  guenrea  de  Boheme,  de 
Flandre  et  d'Aileinaipie  sooii  Louis  XV,  se  trouva  aux  ba- 
tailles de  Fontenoy,  d*jtlastembecket  de  Minden,  et  det^r- 
mine  en  gnnde  partie  le  aucdis  de  cette  demise  Joum^  ed 
cbargeant  I'en^emi  il  la  tete  de  la  cavalerie  CiranQaise.  Cree 
lieutenant  general  en  1'748,  )l  re^ut  le  collier  des  ordros  da 
rol  en  1756,  le  biton  de  mafedialen  177&,  etmouillit  en 
1787,  laisaantdeux  fils,  donit  le  second,  idouatd-Henri^ 
mareebal  decamp,  ne  eu  1750,  et  mort  en  1805  dans  Teml* 
gration,  fut  le  p^  du  dernier  due  da  Fits^ames,  tdouard^ 
anoien  pair  de  France,  n6k  Versaillea  eo  1776. 

Dte  lea  premieres  tentativea  do  U  revolution  de  1789,  fl 


464 

protesta  oontre  toote  innoTation  teodant  k  afbibUr  raotoriU 
foyale,  ahandonna  la  Franee  pour  se  retirer  en  Italia,  et  fit 
ia  campagna  des  princes  en  1792,  oomme  aide  de  camp  da 
martehal  de  Castries.  Aprte  le  ilcendement  de  Parm^  de 
Condi,  il  seretira  en  Angleterre,et  refint  en  France  en  1801, 
fans  Tooloir  accepter  aaeone  des  bantes  Ibnctions  qoe  lui 
propose  le  gouyernement  imperial.  Le  SO  mart  1814,  simple 
caporal  d^  la  premite  l^on  de  la  garde  nationale  de  Pa- 
ris ,  il  s'dera  avec  ^eigie  contre  la  mesnre  prise  par  Jo- 
seph Bonaparte  pour  mobiliser  la  milioe  bourgeoise,  et,  mal- 
gri  one  viTe  opposition,  son  opinion  pr^Talut;  it  rexoeption 
de  qaelques  indiridus,  son  bataiUon  resia  immobile  k  son 
poste.  Le  lendomain,  aprte  la  capitnlation  de  Paris,  il  se 
r^unit  aux  royalistes  qui,  aprte  avoir  arbori  ia  oocarde 
blanche,  ail^nt  exprimer  leurs  roeni  pour  la  maison  de 
Boorbon  k  reropereur  Alexandre.  Louis  XVII 1  le  cr^  pair 
de  Franee,  et  le  comta  d*Artois  le  choisit  pour  aidede  camp 
et  premier  gentilhommedesacbambre.  Aprto  les  Cent-Jours 
et  le  retour  de  Gand,  le  i&le  firdn^tique  du  due  de  Fitx-Ja- 
mes  pour  la  l^timiti  ne  oonnut  plus  de  bornes.  Dans  le 
procte  dn  martehal  Ney ,  il  mit  tout  en  oenyre  pour  enlever 
une  oondamnation  k  mort.  Quand  Tarrit  fatal  eut  enfin  ^ 
rendu,  dans  ianuit  du  6  dteembre  1815,  il  s^empressa,  avec 
une  joie  fiSrooe,  dialler  porter  le  premier  cette  bonne  nou- 
velle  aux  Tuileries.  Beau-fr^re  du  g^iral  Bertrand,  ins- 
crit  sur  une  Uste  de  proscription  comme  l^ui  des  fiiutenrs  et 
complices  de  la  conspiration  du  20  mars,  il  ne  rougit  pas 
d^aggrayer  la  position  de  ee  fid^  ami  de  l*empenar  en 
publiant  une  lettre  dans  laquelle  il  didarait  que  le  g^^al 
ayait  prdti  serment  de  fid^liti  k  Louis  XYIII.  Dementi  par 
la  famille  de  Bertrand,  il  ripondit  par  une  seconde  lettre, 
dans  laquelle  il  ne  respectait  ni  les  liens  de  famille  ni  los 
^gards  dns  an  malbeur. 

Quand  le  cabinet  Decazes  fut  contraint  par  les  nices- 
sit^s  mtoies  de  sa  position  politique  de  pencher  vers  un 
certain  syst^me  de  modtetlonet  de  eonttitutionnaliti ,  on 
yit  ie  due  de  FitzJames  se  Jeter  dans  nne  opposition  des 
plus  tranchte.  C*est  ainsi  qu'il  combattit  la  loi  ilectorale 
de  1817 ;  qu^ii  parla  contre  les  lois  d*exception  du  moment, 
aprte  avoir  si  hautement  prteonisi  celles  de  la  terreur  de 
1815 ;  quMl  fit  la  proposition  formelle  d*accorder  une  indem- 
nity aux  imigr^  et  de  constitner  une  dotation  en  biens- 
fonds  au  clergi;  enfin  quo,  dans  llnt^rdt  de  son  parti,  il  d^ 
feodit  la  liberty  de  la  prease,  pour  laquelle  il  avail  naguere 
roontri  moins  de  predilection.  Cette  opposition  lui  attira 
des  ennemis  k  la  cour  de  Louis  XYIII,  et  defense  lui  fut 
faile  d'y  paraltre.  Mais  une  fois  M.  de  Yill^le  au  mioist^re, 
et  la  reaction  monarchique  hien  et  dOment  organist ,  tout 
aux  yeux  du  due  de  Fitz-James  fbt  ponr  le  mieux  dans  le 
meilleur  des  mondes  possibles. 

A  la  revolution  de  Juillet,  on  fnt  g^ndralement  etonni  de 
mi  voir  prater  serment  k  la  dynastie  nouveUe,  alors  qoe  la 
branche  aln^e  de  la  maison  de  Bourbon  conservait  tout  son 
devouement.  11  nefutpasneanmoinsincons^uent;  iln'itait 
qu*adroit.  En  effet  lea  stances  de  la  chambre  des  pairs,  de- 
venues  publiques  en  vertu  de  la  charte  nouvelle,  lui  offraient 
une  tribune  dn  haul  de  laquelle  il  poovalt  tout  a  son 
aise  protester  contre  Tordre  de  choses  issn  d'unerevolaliou 
qu*ll  ddtestait ;  et  il  ne  se  fit  faute  d^y  manquer  tootes  les 
fois  que  Voccasion  s'en  piisenta.  Ses  dlscours  eurent  un 
retentissement  immense  dans  le  pays,  et  popularia^rent  un 
talent  jusqu'alors  rest4  inconnu  aux  masses.  Convaincu 
cependant  de  la  sterility  de  ses  eflorts  dans  cette  assembiee, 
11  donna  sa  ddmisaion  en  1832,  puis  il  s'exposa  auz  chances 
du  scrutin  Electoral,  et  Alt  nommi,  en  1834,  depute  par 

;  le  collie  extra-muros  de  Toulouse,  qui  lui  oontinua  son 

i  mandat  aux  elections  de  1837. 

Au  palais  Bourbon  U  ne  le  departit  pas  de  la  ligne  de 
conduite  qu'en  1830  il  avail  adopts  au  Luxembourg,  et 
pronon^  plusieurs  beaux  dlscours,  un  entreautres,  en  1837, 
contre  Talliance  anglaise  au  sujet  de  la  quadruple  alliance 
et  dc  rintervenUon  en  Espagne.  Cetait  une  nouvelle  protes- 


PITZ-JAMES  —  nxZ-WILLIAM 


tation  violente,  adressee  an  pays,  k  TEurope,  eootn  la  i^ 
volution  de  1830,  en  bveur  des  droits  de  Henri  T,  c(  v^ 
fet  en  fut  immense.  Son  eloquence  avail  on  ne  sail  qwrf  di 
cbevaleresqne,  d'ais^ ,  de  nature!,  nn  eu^uit  abandoa  qoi 
ne  semblait  apparteoir  qn*4*lnl ;  et  son  souriie,  u  paiels 
aon  geste,  son  regard  exprimaient  nn  sentiment  de  fierte  qd 
n'etait  pas  sans  une  fine  nnanee  de  dedain.  «I1  a,  dit  M. ds 
Cormenin,  dans  son  livre  Des  Oraieurs,  le  laisser-aller,  la 
sans-gene,  1^  debootonne  d'un  grand  seigneur  qui  parie  d^ 
vant  des  bourgeois...  Son  disoours  est  tisao  de  mots  fias, 
et  qoelquefois  il  est  bardi  et  colore...  II  a  des  eipreiiioBi 
famili^res  quMl  jette  avee  bonbeur  et  qui  d^assent  la  cbaai- 
bre  des  superbes  ennuis  de  retiquette  oratoire.  On  dint 
qu*il  vent  bien  reoevoir  la  legislature  k  son  petit  lever.  • 
Le  due  de  Fitz-James  moumt  presque  subitemeot,  dani  aoa 
cb&teau  de  Quevillon ,  prte  de  Rouen ,  le  15  novembre  1838, 
mediocrement  estime,  dn  reste,  oomme  homme  prive,  dies 
son  parti,  qui,  malgre  tons  ses  services,  ne  lui  pardoDaait 
pas  l*obscurit4  de  quelques-unes  de  aes  liaisons.  Comma 
il  etait  Joueur,  il  lui  arrivait  trop  souvent  en  eflet  dW 
blier  que  sa  place  ne  pouvait  edre  que  dans  ia  graode  et 
bonne  compagnie.  Son  fils  alne  ne  lui  a  aurvecu  que  peo 
d'annees.  II  est  mort  en  1846. 

FITZ-WILUAM,  (amille  anglaise,  qui  fait  ranooter 
son  origine  k  William  FiTz^jonatc,  cousin  du  roi  tdoosrd 
le  Confesseur,  dont  le  fils  William  Fitz-Willui,  icomi- 
pagna  Guillaume  le  Conquerant  de  Normandie  eo  Angieterre, 
et  combattit  k  Hastings.  L*un  de  ses  descendants  ftit  aH 
comtede  Southampton  par  Henri  VII,  mais  inourutsanslaittei 
d'heritiers  m&les.  Sir  William  Frrz-WuxuM ,  qui  de  1560  k 
1594,  fut  cinq  (oh  lord  deputy  dlrlande,  qui  possedait  toute 
la  confiance  d'£lisabetli,  et  qui  monrut  en  1599,  appaite- 
nait  k  nne  branche  cadette.  Son  petit-fils,  William  Fm- 
WiLUAK  msMiLToif,  fut  cree,  en  1620,  lord  Fittb-WHUam 
de  mybrd  en  Iriande ,  et  fut  le  grand-p^  de  William 
( ne  en  1643,  mort  en  1719),  cree  en  1716  vicomte  miim 
etcomte  Fiti- William,  WUliam,  troisitoieoomte,  futcrM 
pair  d*Angleterre  en  1742,  et  ^pousa  en  1741  Udy  Anae 
Wentworth,  soeur  du  dernier  due  de  Rockingham,  de  laquelle 
la  famille  prit  desormais  le  nom  de  Wentworth  Fit>  Wil- 
liam. 

A  sa  mort,  arrivee  en  1756,  son  fils  William^  ne  le  30 
mai  1748,  herita  de  sa  pairie,  et  pendant  le  oours  de  is 
longue  vie  fut  le  type  du  gentilhomme  liberal.  £leve  k  tUm, 
oh  il  se  lia  d*amitie  avec  F ox ,  U  termina  see  etudes  kCani- 
bridge,  voyagea  ensuite  sur  le  continent  et  vint  pieadre 
son  siege  k  la  chambre  haute  en  1769.  Pendant  toute  la  do- 
r^  de  ia  guerre  d'AmMque,  il  fit  la  plus  vive  oppositioQ  ^ 
au  gouvemement,  et  quand  son  oncle  Rockingham  fut  noa^ 
me,  en  1782,  prender  lord  de  la  tresorerie,  il  refusa  d^entreraa 
minist^.  Peu  de  temps  apr^,  la  mort  de  oet  oncie  le  fit 
heriter  de  son  immense  fortune.  Sons  radmlnistration  de 
Pitt,  il  fit  ega!ement  partie  de  I'opposition ;  mais  k  la  suite 
des  evenements  dont  la  France  devint  le  Ui^tre,  et  de  ia 
condanmation  k  mort  de  Louis  XVI,  il  se  separa  de  Fox  avec 
une  partie  des  whlgs  pour  se  rattacher  au  gouvemement 
En  1794  il  fut  nomme  president  du  conseil  priv6,  a  Panaee 
suivaute  il  alia  en  Iriande  remplir  les  fonetions  de  viee^oi; 
mais  au  bout  de  trois  mois,  il  (ht  rappeie  poor  avoir  ap- 
puye  un  bill  presente  par  6 rattan  pour  I'teandpalion 
des  catholiqnes.  Fitz  William  juslifia  sa  conduite  dans  le 
parlement ;  mais  son  desaccord  avec  le  ministdre,  oo  plu 
tdt  avec  Georges  111  personnellement,  prit  nn  tel  caractke 
d'aigreur  qu'en  1798,  on  lui  enleva  meme  pour  qudqoe 
temps  les  fonction.^,  pureroenthonorifiques,  de  lord-lieutenant 
du  West' Riding  du  YorksUre.  Apr^  la  mort  de  Pitt,  il 
futdenouveau  nomme,  en  1806,  president  dn  conseil  prive; 
et  il  conserve  ce  poste  Jusqu^en  mars  1807,  ^poque  ok  le 
refus  du  roi  de  consentir  k  l^emancipation  des  catlioliqoes 
provoqua  sa  demission  et  celie  de  tout  le  cabinet.  Depois 
ce  moment,  lord  Fitz- William  ne  prit  pins  qu^one  MUa 
part  aux  affaires  pub^ques.  Tontefois, il  se  vil  enoore  nna 


nTZ-WILUAM  —  YLkCON  DE  MARIOTTE 


466 


fcb  enkTCTyen  Iai9,  ion  titre  de  lord-tteatenant  dn  Wut- 
MkUng,  pour  aToir  ^nergiqaemoit  bUim6  dans  un  meeting 
la  conddite  da  gouTeniemeDt  k  propoa  des  troubles  de 
Manebester.  II  mourut  en  1833. 

Son  fils,  Charles-WUliam  Wbmtwobtb  Fitz-Wiluam, 
n^  le  4  mai  1786,  prt^c^denunent  coona  aooft  le  nom  de 
iord  MiltoHf  entra  dte  TAge  de  ▼ingt'^t-aii  ans  k  la  charobre 
basse,  et  s'y  fit  bienldt  on  nom  oonune  orateor.  II  prit  one 
part  des  plusactrresl^re&qnita  ordonnteen  1&09  contre  le 
doc  d^ork,  et  qui  eut  poor  rteultat  de  Cadre  enlerer  k  ce 
prince  le  commandem^t  en  cbef  derarmte.  Le  dnc  ayant 
de  noureau  iM  appel^  4  ce  posfe  en  1811  par  les  ministresy 
lord  Milton  proposa  k  la  cbambre  un  vote  de  bl4me;  mais 
la  cbambre  refnsa  de  s'y  assoder.  Par  suite,  il  eut  4  diverses 
reprisesd'opinUtres  luttes  k  sootenir  poor  conserrer  son  si^e 
au  parlemeot  comme  reprtentant  do  f^est'Riding,  et  dans 
IHme  de  ces  occasions  les  i^ais  qu'il  dut  foire  all^rent  k  dIus 
de  50,000  Ut.  St  (1,350,000  fr.).  En  1829  il  parla  et  Tota 
en  faveur  de  P^mandpation  des  catboliqoes;  en  1881  ilfot 
flu  k  Nortbampton,  et  contriboa  au  triompbe  dn  bill  de  r^- 
lorme.  Entr^  k  la  cbambre  des  pairs  comme  comte  Fitz- 
William,  k  la  mort  de  son  p^re,  son  libtolisme  sembla 
alors  se  relh^idir  quelque  peu;  et  quoiqu*en  1840  il  ait 
Tot^  en  fayeur  de  Tabolition  des  com-totot,  il  d^dara  ex- 
pressdment  k  cette  occasion  qu'il  ^tait  loin  d^approuver  cette 
mesore  dans  toot  son  ensemble.  Partisan  du  minbt^e 
whig,  celoi-ci  lui  a  foil  donner  Tordre  de  la  Jarretito. 
Mais  en  fi&vrier  1853,  lors  de  I'arriTte  d*un  cabinet  oonser- 
tatevar  aux  affaires,  il  se  pronon^  poor  les  prindpes  pro- 
dam^  par  lord  Derby. 

FIUME,  en  illyrien  Reka  ou  Rika^  en  allemand  Sand- 
Veit  am  Flaum,  en  latin  Fanum  Sancti-Viii  ad  Flumen, 
cbef-Iieu  du  comitat  du  m6me  nom,  compost  des  deux  cer- 
des  de  Rucetnri  et  de  DelniezCf  et  form4  en  partie  de  I'an- 
den  pays  de  oOtes  on  littoral  hongrois  compris  avjour- 
dliui  dans  le  royaume  de  Croatie,  et  qui  compte  une  po- 
pulation de  50,000  Ames  r^partie  sur  une  snperfide  de  40 
kilometres  carrte.  Cette  Tille,  d^  d'un  tribunal  de  pre- 
mie dasse,  d'un  tribanal  de  cerde  et  d'une  cbambre  de 
commerce  A  d'industrie,  est  sitnte  k  Temboucbure  de  la 
petite  mais  tr^poisaonneusc  riyidre  de  Fiumara,  dans  le  golfe 
de  Quamero,  et  se  compose  d'une  Tieille  ▼ille  et  d'une  yille 
neuTO,  comptant  ensemble  11,000  babitants.  Les  plus  re- 
marqoables  de  ses  ^lises  et  cbapelles  sont  I'andenne  ca- 
tliedrale  de  PAssomption  de  ta  Vierge  Marie,  avec  un  beau 
portail  dans  le  genre  du  Pantbton  de  Rome,  et  I'^glise  de 
SaintrVeit  (ancienne  ^Ise  des  J^uiles) ,  imitati<m  de  I'^gliae 
Maria  delta  Salute  de  Yenise.  Parmi  ses  autres  Mifioes, 
on  remarque  le  tb^tre,  randenne  raflinerie  de  socre,  le 
palais  du  gouTemement,  Tanden  s^minaire,  PbOtel  de 
TiUe,  etc.  Cdte  yille  possMe  un  coll^ ,  une  ^le  sup^- 
rieure,  un  convent  de  bdn^ctins,  auqud  est  adjointe  one 
tole  pour  les  Jeunes  filles,  une  ^cole  de  musique,  une  ^cole 
de  navigation,  un  lazaret,  une  socidt^  d*assurances  mari- 
timeset  on  grand  nombre  d'^tablissemeots  d'utiliti  pubiique. 
On  y  trooTC  des  manufadures  de  toiles,  de  draps  et  de  cuirs, 
des  distilleries  de  rosoglio,  des  brasseries,  des  fabriques 
de  biscuit  et  de  boogies,  des  blandiisseries  de  dre,  descor- 
deries,  une  manulacture  de  tabac,  une  raflinerie  de  sucre, 
une  fonderie  de  cloches,  etc  Les  moulins  appartenant  k  Ul 
compagnie  privil^<^  connue  sous  le  nom  de  Stabilimento 
commerciiUe  di  farine  peuyent  moudre  500  minots  de 
grains  par  jour.  La  manufadure  de  papier  de  MM.  Smith 
et  Meynier  prodoit  par  an  100,000  raroes  de  papier,  d'une 
valeor  d'environ  500,000  florins. 

Fiume  pos«Me  des  chantlers  de  construction,  oil  r^e 
one  grande  activity,  plusieurs  mOles  en  pierres  et  en  bois, 
et  le  long  de  la  mer  un  beau  quai  construit  en  pierres  de 
taiUe.  Son  port  franc  en  foil  Tune  des  yilles  maritimes  les 
plos  importantes  de  la  roonarchie  autricliienne,  par  I'inter- 
■!4diabre  de  laqudle  Pint^ieur  de  ses  provinces  oricntales, 
dites  pags  de  la  couronne,  participe  au  commerce  gdn^ral 

J>lCr.   OE  LA  COMVBRS.   —  T.  UL. 


de  PEnrope  et  du  monde.  Ind^pendamment  dn  oommerea 
fait^rieur  qui  a  lien  par  la  route  de  Charles  ( Karlitrasse ) 
entre  Fiiune  et  Karlstadt  sur  la  Koulpa,  le  port  de  Fiume 
pr^sente,  tantk  Pentr^  qu'k  la  sortie,  un  mouvement  annnd 
de  plos  de  160,000  tonnes  de  marcbandises. 

FIXE  (Idte).  On  dit  d'une  id^e  qu'elle  est  fixe  lore- 
qu'dle  s'esi  tdlement  emparte  de  qudqu'un  qu'dle  absorbe 
en  quelque  sorte  cbes  lui  toutes  les  autres;  qu'eU^  occupe 
constamment  odui  cbez  qui  eUe  existe,  et  qu'il  y  rapporte 
tout  le  reste.  Elle  pent  Mre  dgalement  un  signe,  un  commen- 
cement de  folie,  ou  d^cder  PopiniAtret^  d*un  g^nie  qui  a 
confu  qudque  chose  au*dessus  de  la  port*^  moyenne  des 
hommes.  Pascal  voyaitsans  cesse  on  precipice  b^ant  k 
ses  cAt^s;  Gaspard  Barl^  ^tait  oonvaincu  quesatdte^tait 
de  Yerre.  VidUJixe  d'arriver  au  pouvoir  absolu  quitta  peu 
sans  doute  Cromwell  jusqu'k  son  illation  au  protecto- 
rat  d'Aogleterre.  Colomb,  avant  d'aborder  PAm^rique, 
fut  longtemps  tourmentd  de  Vid6e  fixe  de  Pexi&tence  et  de 
la  ddcouverte  d*nn  nouveau  monde. 

FIXES  O^toiles).  Voyet  £toile. 

FIXIT^.  Ce  mot  pent  ^tre  pris  au  figure  et  au  propre, 
et  dans  les  deux  cas  les  definitions  qu*on  en  donne  doivent 
avoir  ced  de  fondamental  et  de  common,  qu^dles  indlquent 
des  choses  ou  un  syst^e  de  choses ,  d'objets,  arr6t^  dans 
des  positions,  des  limites,  des  rapports  inamovibles et  sous 
des  formes  bivariables.  Ced  toutefois  ne  sanrait  6tre  Traiab- 
solument,  surtout  dans  Pordre  physique  des  £tres,  ou  aucun 
corps  n'occupe  et  ne  pent  occuper  une  place  constante  que 
d'une  mani^e  temporaire  et  relative  dans  les  limites  de 
Paspace  od  il  a  d'abord  M  fisci.  En  consid^ant  le  mot 
fixiU  sous  ce  point  de  vue,  c'est-k-dire  au  sens  propra, 
il  s'applique  k  tout  coips  mat^d  destine  k  occuper  pendant 
un  temps  donn6  la  place  oil  on  ]»fixe.  Au  figur^  on  idt 
presque  tocjoors  abstraction ,  dans  les  cas  od  I'on  applique 
ce  mot,  des  conditions  d'  d  t  er  ni t^,  d'immu  ability,  et  il 
sert  seulement  k  caract^riser  des  choses  ou  des  systtoMS  de 
dioses  qni  doivent  subsister  plus  ou  mohu  de  temps,  d'aprte 
des  rapports  d^terminds ,  sons  des  formes  arretlfes  :  aossf 
n'y  a-i-il  sou  vent  rien  de  plus  variable  que  ce  qui  a  iA&fiai 
par  las  hommes. 

FLACKIUS  (CaIvs  Valerics),  poete  latin  contemporain 
de  Vespasien  et  de  Domitlen,  ^tait  n^,  suivant  les  unes,  k  Se- 
tia  en  Campanie,  sdon  les  autres  k  Padoue,  oii  il  passa  la  plus 
grande  partie  de  sa  vie  dansun  isolemeot  complet,  uniqueiiient 
occupy  de  po^ie,  et  ou  il  mourut,  k  la  ileur  de  I'Age,  Pan  89 
de  J.-C.  Quintilien  prisait  beaucoup  les  ouvrag^  de  FUccns, 
auqud  il  accordait  de  vil^  regrets  :  UuUum  in  Valerio 
Flacconuper  amisimiUf  dit-il,  en  parlant  desa  moit  r^cenle. 
De  tons  ses  ouvrages,  nous  n'avons  plus  qu'un  po^meen  huit 
livres,  rest^  inachev6,  ses  ArgonatUica.  Quoiqoe  la  compo- 
sition n'en  soit  pas  d^pourrue  de  m^rite,  il  n'y  a  point  de 
force  ^que,  point  de  lueur  de  g^nie.  Flaccus  s'attacbe 
surtout  a  Uercule;  il  enrichit  sa  fable  de  beaucoup  de  per- 
M>nnages,  dont  Q  dolt  ^Yldemment  la  connaissance  k  Hyginus. 
Du  reste,  il  y  a  dans  le  style  de  Pemphase,  de  Pafliectation ; 
mais  ce  sont  les  d^ots  du  siteie,  et  Us  n'emplchent  pas  de 
reconnaltre  k  I'autenr  sonmdrite  particuUer,  Pd^nce  et  la 
puret^.  Le  Pogge  est  le  premier  qui  ait  d^uvert  quekjues 
livres  de  cet  auteur.  P.  de  Golb^t. 

FLACCUS  (QonmnHoEATius).  Voyet  Uoracb. 

FLACCUS  (  Verrius).  Voyez  Yerrids  Flaocos. 

FLACON  DE  M  AUOTTE  ou  VASEDE  MABIOTTE. 
Cet  Ing^nieux  appardl,  qui  porta  le  nom  de  Pillustre  phydcien 
qui  Pimagina,  a  pour  bat  deproduire  un  to)uiemment  cons- 
tant. On  sait  que  lorsqu'un  liquide  s*^coule  par  une  ouver* 
ture  pratique  dans  la  parol  d'un  vase,  la  vitesse  del'doou  e- 
roent  diminue  k  mesure  que  le  niveau  du  liquide  s'aba*isse 
(voyez  £couLEMEirr  oes  Liquides).  Dans  beaucoup  de  cas, 
U  y  auralt  Ik  un  grave  inconvenient ;  le  vase  de  Mariotte  a 
pour  but  d'y  rernddier.  Poor  cda  on  remplit  d'eau  un  flacoii 
muni  d'un  ajutage  a  sa  partie  InllSriettre,  et  dont  la  tubulure 
estexactemcnt  fermee  par  un  bonchon  que  traverse  un  tuu» 


FLACON  DE  MARIOTHS  —  PLAOELLATtON 


466 

oavert  k  set  deiir  bouts,  tube  dont  Teitrtaiit^  inKrieare 
ptonge  dans  I*eao.  En  ouvrant  le  robinet  d(>  IV^utage ,  on 
obtient  un  ^coolement  nnffortne.  Cela  tlent  k  ce  que  la 
portion  du  liqoide  plaofe  an-detsiis  du  plan  horfaontal 
men^  par  Textr^niit^  faifi6rieare  da  tube,  neponrrait  desoendre 
en  TertQ  de  son  poids  qu'en  ooeasfonnant  un  Tide  dans  la 
partie  sup^rieure  du  flaoon  :  cette  partie  da  Hquide  est  done 
maintenne  en  ^)libre  par  la  pression  atmosph^riqoe ,  et 
n'op^reaucunepression  sur  le  liquide  Inffrieur.  La  rltesse  de 
r^couleineut  est  alors  due  ^  la  dlfli^rence  de  niveaa  qui 
existe  entre  rextrtoit^  Infi^rieure  du  tube  et  I'ofifiee,  et 
par  cons^uent  elle  est  constante,  car  h  niesure  que  F^u- 
lement  a  Ueu,  de  Talr  rentre  par  rextrtoiK^  inf^rieure  du 
tube;  0  permet  au  Hquide  supiSrieur  de  deseendre,  et  par 
U  les  conditions  de  T^ulement  uniforme  se  trouTent  mainte- 
nues.  Get  appareil  donne  un  .toulement  aiiasi  lent  qu*on  le 
£iMre  en  approehent  bonrenablement  du  fond  da  Tase  Tex- 
tn^mlt^  infi^rieure  da  tube.  La  sortie  du  liquide  pent  mdme 
8*op^r  gouttei  goutte. 

Lb  Ybbrier,  (fe  TAcadWe  des  ScieocM. 

FLAGELLANTS  (du  latin^to^eZ/tim,  fouet). «  Lorsque 

ritalle  entiire  j§tait  plODg6e  dans  toutes  sortes  devioes  et  de 

crimes,  dit  dans  sa  Chrmiique  le  moine  de  Sainte-Justine  de 

Padoue,  une  superstition  inouie  depuis  un  sitele  se  glissa 

aabitement  chei  les  P&usins »  ensuite  chei  les  Ramains, 

eC  de  U  se  r^pandlt  presque  pamd  ions  les  peoples  de  la 

pteinsule. »  Ce  passage  se  rapporte  k  la  seconde  apparition 

de  lavede  d<»  flagcUanto,  en  1349,  au  bruit  de  la  venue  do 

SauVeur  et  da  Jugement  dernier,  qui  counit  vers  ce  temps, 

aprte  lesramges  de  la  paste  noire,  tile  ^^tait  montrfe  pour 

la  premi^  fols  en  1260  k  P^use,  oil  on  grand  nombre 

dniommes,  pousste  par  on  ermtte,  nommd  Relnier,  se 

mirent  k  marcher  en  procession,  deux  "k  deux,  le  ooips  d^ 

couvert,.  se  fouettant  publiquement  jusqu^au  sang,  pour 

tmplorer  la  diTine  mis^corde.  lis  8*appelaient  lei  divots, 

et  lenr  sup^rienr  prenait  le  litre  de  giiUral  de  ta  devotion. 

Dans  les  commencements,  une  pi^t^  asset  sineire  ahmisaaft 

%  eette  bizarre  pdnitence  :  de  nombreoses  reatltnlions  et 

rteonciliatioDs  aralent  liaa;  malt  l*aaforit<  vralt  prifu-  les 

d^rdres  qui  dcTaient  rteulter  d*une  aussi  tinguli^re  coor 

fume;  et  les  papes  oondamndrent  ces  flafellalions  oomme  oon- 

tratres  aox  bonnes  moeors  et  k  la  lol  de  Dleu.  En  1S49,  ces 

^nerguTii^nes  pass^rent  dMtalie  en  Allemagne,  oil  is  causftrefA 

4e  graves  d^rdres,  exhortant  toot  le  monde  k  se  flageller, 

(t  attribuant  k  la  flagellation  la  mdme  vertu  qu'au  bapttaie 

^taaxautres  sacrementa.  Les  seditions,  lemeortre,  lepillage, 

le  massacre  des  JoUs,  ftirent  let  taites  de  leor  eialtation. 

AttaquteparlesdcritsdeGerson,  condemn^  par  Clement  VII, 

ils  virent  lears  cbefs  Hnfe  an  tuppUce  par  llnquftition. 

Pourchasste  p^  let  princes  et  les  ^v^es  dTAlleniagne,  ib 

IrouT^nt  la  France  ferm6e  deVant  eux  par  ordre  de  Philippe 

tie Valois.  Vert  1414,  ietm^et  excte  et  let  mtaeterrenrt  ae 

renoovel^nt  dans  la  Misnie,  dans  la  ThorDig^^  dans  la  basse 

Saxe,  et  centde  ces  fanatiques  fbrent  bdkl^  par  rinqaisition. 

La  coutume  dcs  fla  gel  lotions,  inoonnue  It  l*anliquit^ 

clir6tienne ,  a  tobsist^  '  jusquHt  hot  jours  dans  qudques 

communautte  refkieuses.  En  1700  ou  1701 ,  l*abb6  Boileau, 

ctianoine  de  la  Salpte-Chapelle  et  flk^e  du  po^te ,  tcandaUsa 

les  d^fott  par  tonUyre  de  VHistoire  des  Flagellants^  oh 

ilproove  fort  bfeo  que  les  flagellations  ont  M  inusftto  dans 

l*Eglise  avant  le  onziime  fiide;  qu'eHet  ne  tont  autorittoi 

ni  par  rferitore  ni  par  la  tradition,  et  que,  loYn  d'etre  favo- 

rables  k  une  sincere  pilfnitence,  eUes  tout  trfet-propres  k  exciter 

etii  fiiforiaer  leliberilnage.  Malgr^  la  solidltd  de  ses  raisons 

et  la  Taleur  des  exemplea  qu^l  cite ,  11  Tut  attaqa6  par  le 

tb^logien  Tliierit,  dans  une  r<(ftitation  trte-faible,  et  par 

li!t  j^uites  de  Tn^oux ,  i  qui  son  Mat  r^pondit  par'l*6pi- 

gramme  qui  se  troure  dans  ses  anivret : 

N«o,  U  line  dei  flagellaau,  olc. 

II  Diut  avouer  oapendant  que  tout  moral  quMI  etf,  l^mnage 
fie  !*ahb<  ik>ileau  renrerme  qoelquet  termespeu  convenablef » 


malt  on  ne  dolt  pat  oublier  qutl  a  ^  MX  en  litia,  et  que 
let  exprettlont  trop  Hbres  de  la  tradoetion  ne  sauraiMt  Hit 
attribute  k  raotaor  original.  EL  Booonml 

On  Tit  apparattre  les  flagellants  k  Paris,  en  l&tl,  dm  h 
eonfrMedesBlanea-Battot,  fondte par  Henri  UMlPatait 
eompoade  de  tet  mignont ,  dea  grandt  de  sa  eov  tt  di 
beaneoup  de  gentilahommet ;  11  y  fit  entrer  aussi  les  prtd- 
dents  et  un  nombre  ehoisf  de  eonseiUers  dv  parlement,  da  li 
diambre  dea  oonptet,  et  antret  ooora  de  Jurididion,  ilaii  ^ 
eeKaintbenrgeoit,  tet  plot netibleadeParft  Lanoovqat, 
^intprolMaitaBed^otfonpaMliBoMrapoarla  ViervelM, 
•plata  let  nodvetttx  frteei  tomrson  hivoeattonen  levdeuiaak 
le  nom  de  pinUents  d$  VAssoekUkm  de  Ifetn-Dam.  H  A 
dreater  d  imi^nier  tet  Atafntt  de  rofdre,  qoi  ^CUeot,  dit-oa, 
assex  rigoureux;  ailasf  Airent-itt  raal  obtenr4l.  Cei  bm- 
reauxp^tentr,  qni  anient  fMnt  dVtfeYobe  blandiedeloHe 
de  Uollinde  en  forme  de  tae,  poftaieot  i  la  cfttetore  aae  db- 
dpUne.  Le  vendredl  15  f(6iFrier  1583  ilt  vinrent  en  yrooei- 
tion ,  dit  le /dtmial  (le  X' AoMe,  tnir  let  qnafafe  benrei  de 
raprit*midi,  au  oonreal  det  Attgotfint ,  mirdMnt  dm  I 
deux,et  de  U  tereniiriBten  la  grande  teUte  de  HolieMBe. 
Le  rol  tttltait  k  ton  rang ,  taiia  ganlet  nt  difl^rente  aoenne 
det  autret  contrtcts,  Le  cardinal  de  Gtfite  poiialt  la  croh ; 
le  due  de  Majenne  dtatt  mat  bra  det  o6r^monies,'  et  Mn 
Auger.,  fteUe,  batdeur  de  son  pnMiler  asdlier,  avee  va 
noDimd  Dopeirat,  Lyonnais,  oonduliiit  le  restedela  proeo- 
don.  Arrive  k  Notre-Dame,  ils  diantirent  tons  k  geaon 
le  So/re,  KeginOf  en  trte-harmonieute  mutlqne ,  d  la  grone 
pinle  qui  dura  toot  le  long  do  Jouf  ne  let  emptebi  pn 
de  fidre  et  achever,  avec  leurt  taca,  iont  moalM  d  perds, 
leuft  mystftres  etcMmonies.  Cette  inddcente  madfeitelioa, 
loin  de  convaincre  les  esprits  de  TaUadieineBt  de  Henri  III  n 
ealhoUdsme,  ne  fit  que  PaTflir  aox  yeax  da  people  en  Tes- 
posant  aux  brocards,  qui  commeocferent  k  [Aeovoir  tor  Mi 
du  hant  de  la  chaire.  Le  prMicateor  Pencet,  prfiohad  le 
Car«me  k  Notre-Dame,  thnta  lei  nouveaax  fla((iBnanla  d'atbte 
d  d1)ypocrites  I «  Tai  dt6  avertl  de  bon  lieu,  dit-0,  qoliiar 
au  sdr,  veiidredi^  jour  de  leur  proceasion,  la  broche  toaraoit 
pour  leur  souper ,  et  qn'aprte  avoir  mangd  le  grat  dupoa, 
ils  enrent  iwrnr  oollalion  de  nult  le  petit  tendron...*  Ah,  mal- 
heureux  hypocrites!  c'est  alAd  qoe  vooa  vout  moqiiei  da 
bon  Dieu  d  que  voos  portez  par  contenanee  un  foodi  vdre 
cdntore ;  ce  n^est  pat  la  que  vout  devriei  le  porter,  ndnur 
votre  dos,  sur  vot  dpaulet,  d  vout  en  driller  tden,  eft  11  a^eit 
pat  un  de  voot  qui  ne  Talt  m4rit6.  »  Le  rd  ditque  Poaeet 
dait  un  fol,  et  le  contenta  de  le  fiiile  eonduire  en  eocbe  k  iob 
abbaye  de  Melun.  H  n^en  continna  pat  moint  set  procetaioas 
mteaedurant  la  nuit,  un  toir  dejendi  taint,  auivl  dHia  grsad 
nombre  de  p^nitento  qui  te  foudtaient  darant  la  Banfae. 
lit  aOaient  ausd  foire  de  semblables  p^lerlnages  k  Rdie- 
Dame  de  Cl^ry,  pr^  d'Orltens,  piedt noa,  oooverts  d*aa 
sac,  pour  iliire  cesilier  la  ttdrilitd  de  la  rdne  Leake  de 
Lorrdne.  An  reste,  la  conMrie  det  Blanes-Battus  doia 
k  pdne  autant  que  le  monarqne  qui  PavaR  fottdde :  la  ligae 
r^toufTa;  d  ton  apologia  tfot  publidepar  le  eordeHer  bidta 
Cheffuntaine,  dans  an  livre  devenu  fbrt  roe. 

SAmt«Pnoam  Jeone. 

FLAGELtATION,  acUon  de  fouetter,  de  Ikhe  toMr 
k  qudqu*un  le  tupplloedniou^t,  appUeation  snrleeorps 
de  coups  de  discipline.  Onto  tertaotddeee  mdpaot 
dteigner  les  taldeaux  reprtentant  h  flagdlatlon  de  JdMs- 
Clirist.  Cdte  pdne  ddt'oa  usage  cbex  let  JnlA ;  en  Penooo- 
rail  pour  des  butet  Idg^ret ;  ausd  n*dait-eOe  point  iafe* 
manle.  On  la  tuUttdt  dant  la  tynagogue  :  le  pMeet  diK 
aft|icli6  k  un  pilier ,  let  ^ulet  nitet.  Trds  joget  attMded 
k  son  soppllce :  fun  lisattlelexte  dela  Id,  lesccmideompliil 
les  coups ,  le  troisl^c  excHait  Pexteuteur .  qui  datt  ordi- 
nairement  le  prfitre  de '  semaine.  La  tiageflation  tet  aotti 
fonnue  diet  les  Greet  d  cfiei  les  Romdns.  CTdCaft  un  sop- 
pllce pluii' chid  que  la  rusligation!  On  flagelldt  d'aboid 
•ccux  qu*oa  devait  erodfier;  malt  on  ne  cndfidt  pas  toei 
oeux  qif on  flagdlaft.  On  aUacbait  k  one  coienae  dam  li 


-.J 


FLAGELLATION  — FLAMANDE 


467 


Palais  da  la  justtoe,  oa  Ton  proitt«iiafl  dm  In  cfrquc^, 
les  patienti  qui  ^taient  fsondaniDte  h  la  flagdlation.  H  -Mii 
plus  hODteax  d'etre  flagell^  que  battn  de  rerges.  Les  fooets 
^talent  quelqaefois  arm^s  d*08  de  pleds  de  mouton ;  alors  le 
(tatfent  eipihdtf  d'ordinaire  sous  les  coups. 

On  trouTK  dte  Pan  &08,  dans  one  rigle  dtahlie  parsatnl 
Gteired'Arite,  la  flagellation  stabile  comme  peine  eontnf 
les  religiedl  indociles.  PlDsfenii  fondateon  en  us^renldMis 
la  suite;  mais  if  ne  paralt  pas  crani  y  ait  eo  del  flagellatidtl 
TOkmtalre  atant  le  oniiteie  si^e;  6ar  'saint  Guy  et  saint' 
Poppon,  qui  se  souteirent  les  preMiers  h  ces  tYi^c^ration*/ 
monrarent,  Tun  en  I04b ,  et  t'aulre  en  1048.  Cehii  qui 
s'est  le  plus  astingttd  dans  U  ff^eHation  volontali^  a  ^ttf ' 
siltet  Dotninique,  suinommiS  VSncnfrass^^  k  cause  de' 
la  tbemise  de  mallles  qn'H  pbrtatt  tobjours,  et  quMl  n*6tait' 
que  poor  se  flagelter  k  oot Anee.  te  pape  Cl&iient  VI  dtfen- 
dit  les  ilagdlations  pui)Iiques.  Le'parlemeiit  de  Paris  les 
l^robiba  Element  par  un  arr^  de  l6dl. 
'  VlAGfiOLET,  petit  Instrument  it  vent  de  buts,  d1* 
fuire,  de  toute  sorte  de  bcfis  dur,  qui  a  on  bee  par  lequel 
en  I'emboucbe.  On  Tarie  les'sons  dn  flageolet  an  moyen  des 
di  trouB  dont  il  est  perc^,  outre  remboucbure,  la  lumi^e  et 
celd  de  la  patte  ou  d'en  bas. 

Cest  aossi  on  des  jeux  de  I'orgne.  Le  tuyau  est  de  la 
mtooe  largenr  que  eeux  d'^ITe;  il  est  d'^tain  fin  et  oavert. 
fce  flajgeofet  est  ce  qu'on  appelle  un  jeu  k  boucbe  ou  de  uiti- 
totion. 

FLAGORNERIE,  FLAGORNEUR.  Flagorner,  c'est 
flatter  fioayent  el  iMssement,  comme  ces  gens,  dltLaTeaux, 
qui  fopt  les  bonsTaiets  pour  8%isinucr  dans  Tesprttdu  mattre^ 
en  tftcbant  d*y  d^tnifretout  concurrent  {lar  de  faux  rapporu ' 
lies  faiftriears  flagomiiit  leurs  sup^ileurs;  les  llommes  ricbes 
ne  soot  entourite  que  de  parasites  qui  les  flagoment.  lA 
fli^rnerieest  nne  flattierie  basse  et  fr^ente;  c'est  par 
leers  fiagomeries  que  les  intrigants  s'lnsinuent  dans  les 
bonnes  maisons.  Le/a^oritettr  enfin  (termeplus  Itoilier 
encore  que  le  pr^c^ent),  est  celul  qui  flagome;  et  c'est 
rabaiiMer  quislqu^in  bien  bas  que  de  loi  Jeter  ik  la  fiioe  cette 
6pitiiMe. 

PLAGRANT  DitLtr,  Oette  expression  de  la  I^isla- 
Won  criminelle  signifie  le  d^lit  qui  se  commet  actuelle- 
ment,  ouqui  Tient  de  se  commettre;  la  loi  repute  aussi 
flagrantd^lit  le  cas  ot  le  pr^Venu  est  pomsuiTi  par  la  clameur 
inbliquo,  et  celui  od  il  est  trouTd  saisi  d'effets,  armes, 
instruments  ou  papiers  faisant  prdsnmer  qn*U  est  auteur  ou 
complice,  pourm  que  ce  soit  dans  un  temps  Toisin  du 
dait(Code  dlostniction  crimbielle,  art.  41).  La  loi,  en  cas  de 
flagrant  d^t,  exig^  des  ofBcieni  de  police  jodiciaire 
niotBS  de  garantie  qne  dans  les  clrconstances  ordinaires  : 
e*esl  ainsi  que  les  Jnges  d'instroction  et  les  pro- 
cnreors  imp^rianx  peuTent  agfr  l*un  sans  I'autre.  II  y  a 
plus :  tandb  qu'ordhiairement  lis  ne  peuvent  agir  seuls  en 
cas  de  flagnmtd^it,  les  aotre^  offiders  dis  police  jndidaire 
peoTiot  rempln*  p^sonneUement  les  fonctions  ordlnauv- 
ment  attribute  aux  procureurs  bnpdriaux  et  aax  Juges  d'ins- 
tmctioo  (ibid.,  art  33,  49  et  59).  Enftn,  It  droonstance 
de  flagrant  ddit  dispense  de  la  garantie  prdiminaire  do 
naandat  d'araener;  de  telle  sorte  que  non-seulement 
Us  sont  d^posftaires  de  la  force  pnblique,  mais  encore  tout 
dtoyea  a  le  droit  d'arr^ter  rindlTlda  surpris  en  cas  de 
flnsrant  dm  (ibid. ,  art.  IM).  E.  avCbabiiol. 

FLABAUr  DE  U  B1LURDERIE  (PamlUe  de),  ori- 
gioAlre  de  Picardfe,  denoblesse  ^  surtout  dUlastration  ren- 
tes, car  la  premiere  ae  remonte  pas  au  deU  des  demises 
Muides  do  dix-septltaie  siftde,  et  Tantre  ne  date  gu^que  du 
flomtede  Flahaut,  ambassadeur  Ik  Vlennesous  Louis-Pliilippe. 
Juaqd'k  lai ,  nous  trouTOns  trois  lieutenants  g6n6raux , 
honunos  de  m^ite  sans  doute,  mals  pen  connus,  et  un  ma* 
rdoinl  de  cbamp ,  le  comfe  de  Flaliaut ,  bon  p^e,  qui  paya 
dte  ta  W/$  son  dtrouement  in6branlable  au  maSheureux 
LoobXVI. 

VLABAOT  ( Avoofn^JiuMBi-JoaEra,  comte  ob)  est  ub 


en  1785.  Sa  mhte,  plus  g^u^ralement  connue  sous  le  nom  de 
AP^ deSo  u  za ,  rentra  en  France, aprtele  1 8  brumaire,  avec 
son  flis ,  qui  sur-le-champ  s'enrdia  dans  vn  'corp^  de  c^Va^ 
lerie  form^  par  BonatMrte ,  et  s^attaeha  k  ee  grand  bomihtf  ^ 
aVec  nne  M£&\£  qui  nese  dtoientit  {amais  et  qui  surrteut' 
k  sa  poissaoee.  It  fit  ses  premiiTM' armes  dans  la  cainpagu^ 
si  gtortense^  «t  bourfe  et  si  d^sty«  de  Marengb.  D*Ita]ie' 
flpassaenFOfldgal.'SimpA^ioidat'dans  nn  rdgiment  dd 
dragons, 'MsntM  sons^tetttenant,  fiMenant,  capitiine;  iV 
derint  aidede'eimt>  de^  Mural;  ete'est^eB  eettequaili«6'que' 
nous  le  fMronvoiis'4  Austtriita^  II  gagns'de  noureaux  grades 
en  EspafTie,  edui  de cokmd  ila  batalllede Wagram,  et,  aivec 
le  tttre  do  baron'delVttipIre,  rbonneufr^  ti^radiercb^,  d'dtre 
admisdaau  F^tHt-ibajor  de  Bbtlfaler.  CM  ^t-ma]or  se  recn*: 
tait  de  tout  ctoqu'U^  toat  de  plus  briUant  dans  I'aristocratie 
nouTeOe  etdetom  ee^u1»yiKTait'd'iivl(l«{f,  c'est4i-dira 
de  raisonnable,  dinft  randtnne:  11  eidtaSt  l*eirHe;  d  les  Tieux 
grognardft  dela  r^pdblqne  Ael/OiiYtientjpas  dUns  la  nidesse 
toeigiqaeetpltt^Kisqae'deflearlatagage  asses  de  sareasmes 
amers  eoatrelciB  iiUures -pimpantbs,  les  flai^ons  d^gagto ,  1^ 
jargon  pMtenUMtt  derita^a^rdoM.  M;  deFlatiautendlait 
la  Jleur  iiet  pais.  Une  loumoTe  (SUgante,  dos  mani^res  dis- 
tingttta,  de  I'esprit,  Ifo  bigraee,  undtotic  agriS^ble,  que  les 
lemons  du  cd^re  Garat  avaient  periMkmnee,  co  Je  ne  sals 
qool  do  geDtUhomme  qui  ne  se  perd  patf ,  tous  oes  dons 
beormi,  embdUsdn  feu  dela  Jeonesse,  avafent  fait  de  liti  cir 
qu'on  ^ppelair  alors  Vm^ftM  chMdei  dames;  d  son 
aodace,  eommo  edlo  des  bMs  d*Homire,  s*attaqoait,  dit-on, 
aux  diTinltte  cffes*mtee8.  Dn  restev  11  faut  dire  k  sa  looange 
quTil  ne  s'efldbrniit  pas  dins  tes  ddloes;  le  tn^te  ue  lui 
ft  pas  ni^iger  le  laurier  (style  de  reMpIre).  II  tebangeait 
nraTementies  moellevx  tafvis  du  bdudd^  eonire  la  paille 
bnmide  dn  l)ifouae,  et'paitout  U  se  conauisdu  uoble> 
mentd  briOamment.  Dans  la  cattpagne'de  1812,  U  fut 
du  petit  nombre  de  eeux  qui  oppOs^rent  une  fndoniptable 
^neigio  aux  Apres  rigue^rii  dePbivet',  d  qui  montr^rent  une 
invindbte  donstance  au  milieu  des  lamentable  d^sastr^  de 
la  retraite.  II  acquit  slors  le  grade  de  gfo^ral  de  brigade,  ef 
r^ut  diloi  de  g^n^ral  de  division  k  Leipzig. 

Aide  de  camp  de  !^apoI^n,  cdibto  de  feinpire,  rien  ne 
manqualt  k  cdte  brfllante  d  raplde  carri^re.  Le  rdour  des 
Bourbons  biterrompit'brusquemetft  le  cours  de  ces  prospd- 
rit^,  d  celul  de  I'empereur  ne  le  renoua  que  qudques 
Instants.  Dans  les  Cent-Jours,  M.  de  Flabaot  fut  enroy^  k 
Vienne  pour  en  ramener  Marie-Louise.  Mds,  arrets  k 
Stuttgard,il  ne  put  exteoter  cdte  bonorable  et  dURdle 
mission ,  etfrevint  en  France,  od  nous  le  royons  passer  de 
la  thambre  des  pairs  ^  Waterloo,  toujours  d€ioxi6  k  la  cause 
de  IVapolten.  La  Restauration  le  traita  en  enneml.  Trop 
Jeone  pour  aimer  Plmden  r^me^  il  tenait  au  noureao  par 
earadke,  par  son'  location,  par  ses  babilddes,  par  la 
position  brillante  qu'il  y  ayait  prise.  II  pr6f6rdt  le  present 
au  pass^,  parce  quHI  deTatt  plasi  sonmdirite  qn*&  ses  aieux. 
II  quitta  la  France  pour  voyager  en  Suisse,  puis  en  Angle- 
terre,  ob,  en  1817',  11  ^pousa  miss  Mercer  Elphinstone, 
fill^delord  Kdtlr.  11  Vihtenfiu'seftxer  k  Paris  en  1827.  La 
flotation  de  JdHet  !ui  rendit  son  graded  la  patrie. 

Nomi^  mfadstrt  de  France  en  Prusse ,  U  ue  resta  k 
Berlin  que  six  mois,  d  alia  alors  en  la  u8uie  quality  k 
Miinicb.  L^ntesutrant^,  fl  aoompagilaleduc  d*OH^ns  an 
sl^  d'Anrers;  diorsquece  prince  monta  sa  mniaon,  il  lul  fit 
accepter  la  cbarge  de  premier  teuyer.  Le  salon  de  M"*  de 
Flahaut  ent  longtemps  une  certaine  linportanee  politique.  En 
1841  M.  de  Flahaut  tai  nomm^  k  Pambassade  de  Vieane, 
jKMte  quil  conserva  Josqu^lk  la  chute  de  Louis-Pbflippe.  Le 
gouTemement  j)rovisoire  le  mit  k  la  retraite ;  d  tt  ne  demanda 
paslk  rentrer  dans  les  cadres  de  I'armte  lorsque  PassembMe 
MgfslatiTe  le  releya  de  cdte  d^cManoe.  Au  2  dteembre 
1851,  il  se  mit  4  la  disposition  de  11tlyste,'et  fit  partie  de 
la  conmiission  consoltatlTe. 

FLAMAND£  (£cole).  Koyes  £colbs  de  Pci^tTuae, 
tome  yill,p.3l5. 


.ij. 


4«S 


FLAMANDES  —  FLAHEL 


FLAMANDES  (Ungue  et  LilUrafnro).  On  ne  d>- 
eigne  pu  seulement  sons  le  nom  de  langue  fiamande  le 
dialecte  partteoUer  de  la  Flandre,  maU  Tidiome  germano- 
belge  en  gdn^raL  Cette  langue  se  distingue,  par  aes  inflexions 
nattleSf  de  la  langue  hollandaise,  a?ec  lacinelle  elle  a 
d'ailleun  tant  d*affinit^ ,  mais  dont  ies  fnfle&iona  tont  plua 
palatales.  L'origine  ei  la  propagation  de  ret  idiome  8*expli- 
quent  par  ie  m^nge  suoeesair  det  populatkma  qui  dans  Ies 
premiers  temps  du  moyen  Age  occuptenl  Ies  eontrte  oil  il 
domine;  et  depuU  lors  il  s'est  munteno  sans  modifications 
esaentielles  en  regard  de  la  langue  romano-belge  (le  vmUon), 
On  oommence  ^  leparler  aus  enr  irons  de  Grayelines,  d'oii  il 
gagne  on  sulvantdrrerses  directions  Berguea,  Gaasel,  BaiUeol, 
Blessines,  Menin  en  descendant  la  Lys  ju8qQ'4  Gonrtray, 
puis  an  deU  d'Oudenarde  jusqu*4  Renalx,  Grammont,  £n- 
ghien,  Hal,  BruxeUet,  Lou?a!n,Tirlemont,  Saint>Trond 
et  Tongres  josqu'i  Maestricht  Lea  plus  andens  OKmuments 
de  Mangue  flamande,  k  saToir  Ies  documents  braban^ns 
et  la  Bible  rimte ,  de  m£me  que  le  Miroir  historique  de 
J.  de  Blaerland,  remontent  aux  premieres  annte  du  trei- 
litene  sitele.  Vint  ensuite  le  droit  urbain  d'Anrers,  de 
1300 ,  puis  un  grand  nombre  de  chroniques  et  de  l^endes, 
dont  la  plus  oonnue  estcelle  des  QwUrtfiU  Aymon,  De  la 
domination  de  la  maison  de  Bourgogne  date  Tintroduction 
d*un  grand  nombre  de  mots  fran^is  dans  la  langue  fla- 
mande;  oependant,  m^e  k  cette  ^poque,  die  se  trouvait 
encore  loin  de  V^i  d^abjection  od  elle  en  arriya  k  tomber, 
sous  ka  tristes  rftgnes  des  princes  de  la  maison  de  Haps- 
bourg,  alors  qu'elle  ne  fut  plus  gudre  qu'un  patois,  dont 
toute  la  littteture  se  boma  k  des  Uvres  de  piures,  k  des 
ouTrages  et  k  des  chants  populaires.  A  partir  du  rdgne  de 
Louis  XIV  snrtout,  I'usage  de  la  langue  Tran^ae  pr6do- 
mina  dans  Ies  lilles,  notamment  dans  la  partie  ^clairte  et 
instmite  de  la  population;  et  tous  Ies  efforts  tent^  aprto  1815 
par  le  gooTemement  ntorlandals  poor  r^tablir  le  flamand 
dans  see  anciens  droits,  ^hou^ent  en  raison  de  Timpopula- 
iH/k  extrftme  qui  s'attachait  k  tous  ses  actes.  Le  gouTerno- 
ment  beige  semble  mienx  r^ossir  aujourd^bui  dans  la  mise 
k  execution  d*un  plan  k  pen  prte  identique;  et  on  ne  sau- 
rait  nier  que  beauooup  n'ait  6t^  fidt  dans  oe  but,  Des  gram- 
malrea  flamandes,  des  dicUonnaires  de  la  langue  flamande 
out  poor  la  premiere  fois  (AA  compost  dans  Tespoir  de  pro- 
▼oquer  la  naissanoe  d^ne  litt^ture  flamande,  et  tout  an 
moins,  en  attendant,  de  pousser  k  la  culture  et  k  la  mise  en 
lumi^re  des  ancicus  monuments  de  la  langue. 

[  La  langue  flamande  est  abondante,  eipressiTe,  plelnede 
franchi^  et  de  Tigueur.  Moins  traTaillte  que  la  hollandaise, 
qui  en  est  un  dialecte,  elle  a  peut-ttre  plua  de  naivete  et  se 
tient  plus  prte  des  origines  oommunesaux  idiomes  du  Nord. 
Depuis  1830  le  flamand,  ayant  renonc^  k  son  r61e  de  mtea- 
nisme  bureaucratique,  a  ^t^  cultiv^  ayec  un  succte  qui  n'a- 
Tait  pas  encore  eu  dVSgal.  MM.  Willems,  Serrure,  I'abb^ 
David,  Bormans,  Snellaert,  Lebrocquy,  lui  out  ^^  parti- 
culi^rement  utiles,  an  point  de  Tue  grlonmatical  et  histo- 
rique; d'autres  se  sont  livr^  k  la  po^ie,  et  ont  mdrit^  des 
applaudtssementSytelsqueMM.  Van  Ryswyck,  Ledeganck, 
Rens,  Van  Duyse,  F.  Blieck,  M"*'  Courtmans,  etc.  Le  plus 
populaire  des  ^crirahis  flamands  et  le  plus  connu  k  IMtranger 
estM.Conscience,  dont  rimaghiation  brille  dement  en 
vers  el  en  prose.  Toutefois,  le  Pamaue  flamand  est  bien 
petit;  c'est  un  Ihtttre  bien  6troit  pour  le  talent.  En  outre, 
la  critique  y  est  presque  nuUe  ou  puerile. 

De  REirFENBERG.  ] 

FLAALANT  ou  FLAM M ANT  (OrnUhologie ).  Ce^  le 
ph€nicopttrt  de^  anciens.  La  forme  singuli^re  de  son  bee, 
le  peu  d'dpaiaceur  de  son  corp«  et  Texcessire  longueur  deses 
jambes,  demies  de  plumes,  enreraient  un  oiseauremarqua- 
ble,  Vilne  retail  d^ji  par  la  beauts  de  lacouleur  queprend 
eon  plumage  la  seconde  ann^e.  D^abord  Yari<i  de  gris  et  de 
blanr,  ii  dcTient  alors  d'un  rouge  clair  ou  d*un  blanc  anim<i 
par  une  teintede  rose.  Les  plumes  scapulaires  sont  d*un  rouge 
^dataot,  ce  qui  TaTait  fait  ap[)eler  par  Ies  Grecs  oiseau  aux  ailes 


dAjUanme,  et  cbn  wmfiambanit  d^oil,  par  corroptioB, 
on  a  tdXifiawmant  tiflanumt.  Le  flamant  habite  en  geotet 
lea  oontrtes  m^ridionales :  on  le  tronTe  aur  lea  cOtea  ocoi- 
dentales  de  TAfrique  et  dans  Ies  regions  de  I'AiD^rique  ot 
ia  dialeur  se  foil  le  plus  fortenient  sentir ;  on  lerenoontre 
auaai  sur  notre  continent ,  le  long  des  o6tea  de  la  M6diter- 
ran^ ;  il  recherche  lea  lieux  solitaires,  et  si  Ton  en  a  w 
qudquefois  dans  I'intMeur  des  terrea,  c^^taient  l^oelquea  in* 
dividua  ^rte  etbors  de  leur  route.  En  France,  lea  cAteaquli 
fir^uente  le  plus  aont  celles  de  Languedoe  et  de  Proveooe, 
principalement  vers  lea  Martiguea ,  Montpellier  et  lea  mania 
des  environs  d'Arlea.  Les  flammants  voloit  preaqoe  Ioimoots 
en  troupes  nombreusea,  en  obaerrant  nn  ordre  semblable 
k  celui  des  grues  :  soit  quails  se  raposeni  ou  quails  ptehent, 
ils  se  rangent  sur  une  seule  file;  il  y  a  toiyoufs  cbes  enx 
qudqiies  sentindles  poor  donner  ralaime  au  beaoin ,  par  on 
cri  semblable  au  son  d*une  trompette.  La  femeUe  niche  dana 
les  lieux  mar^cageux ,  baa  et  noy^;  nn  amaa  da  terre  el 
de  glaise,  dont  la  partie  basse  est  ploogte  dans  Teau  et  dont 
la  partie  snp^rieure,  dess^dife,  cieuse  et  d^rin^e,  se 
trouve  dev^  de  dnquante  centimetres  environ,  re^oit  sea 
ceufs,  au  nombre  de  deux  ou  trois.  Les  flamanta  ae  noor- 
rissent  de  coquiUages,  de  frai  de  poisson  et  d'insectes  aqua* 
tiques.  Les  andens  estimaient  beaucoup  la  chair  de  eel 
oiseau ;  quelques  tribus  arabes  ont  conserve  oe  goOt. 

Le  genre  pMnicopttre  (  de  foivtxoc,  rouge,  et  irc^, 
alle),  qui  ne  renferme  que  quatre  esp6ces,  appartieat  k 
Tordre  des  ^chassiers. 

FLAMBE  et  FLAMME  ont,  en  vieox  fran^,  ^t^  sy- 
nonymes;  Jlamme  est  rest^  acad(^que,>Iaifi6e  est  rest6 
technique.  Ce  dernier  terme  donnait  Tidde  d'un  geare  d« 
lame  d'arme  blanche,  dont  la  forme  ondulte  ressemblait  k 
un  rayon  de  feu;  II  avail  pour  analoguea  :  flambard,Jlar 
mard,  flammard^flamberge,  Les  pdntres  ont  mis  Uflambe 
de  0*",  60 1^  i^  dans  ies  mains  de  Tarchange  Micbd,  et  aur 
r^ule  des  gardiens  du  paradis  terrestre.  Les  ericA  -mids, 
les  poignards  indiens,  sont  des  flambes  de  moyenne  dimen* 
don.  Quantum  d^toormes  <p^  k  deux  mains  da  raoyen  Ige 
sont  des  flambes  da  1°*,  60  4  2  m^es,  qui  deouadeot,  poor 
etre  manitea,  un  poignet  de  gtent ;  mais  U  y  avait  aoad  de 
petites  flambes.  Par  alludon,  des  narquois^  c*est-4-dire, 
des  associations  de  filous ,  la  plupart  anciens  aoldata  licea* 
d^,  avaient,  sous  Louis  XIV,  des  staluls  sous  lenom  de 
^6715  de  la  petite  flambe;  ils  hantaient  m6me  A  Paris  on 
quartier  bien  connu,  la  cour  dea  Miracles.  Ce  nom  de 
petite  flambe  leur  6tait  donn^  k  raison  de  la  paire  de 
ciseaux  dont  ils  se  munlssaient  pour  couper  les  bourses  et 
les  aumOni^res.  g*'  BAiunir. 

FLAMBE  OU  FLAMME  ( Botanique ).  Voyez  Iris. 

FLAMBEAU  ( de  flamma ) ,  flamme  artificidle  doot 
la  lueur  ^daire  et  sort  de  guide  dans  les  t^ndires ;  on  a  ap- 
pd^  ^element  le  soleil  It  flambeau  du  monde.  Radne  le 
fils  a  dit  dans  son  poSme  de  La  Religion  : 

Toi  qa*anooiicc  Taurore,  admirable ^am^eau , 
ktUt  toojoura  le  Barney  tatrt  toojoura  Douveaa, 
Par  qael  ordre,  t  aoleil,  vieot-ta  du  tein  de  Poode? 

On  donne  ausd  abudvement  le  nom  de  flambeau  aux  c  b  as- 
deliers  sur  lesquds  on  place  des  bougies,  des  cban* 
delles,  etc. 

FLAMBERGE,  andogue  6e  flambe  ou  /Ummte 
( voyii  EsPAuoN ).  C*^tdt  ausd  le  nom  de  la  grosne  ^p6t  du 
ciievalier  Renaud  de  Montauban ,  Tun  des  quatre  fils  d*Ay- 
mon.  Ce  motnese  dit  plus  aujourdliui  qu*en  plaisantant; 
encore  n'est^ce  gu6re  que  dans  cette  phrase  :  mettre/am- 
berge  au  vent,  pour  tiier  T^p^  du  fourreau. 

FLAMEL  (fliooLAs),  Tune  de  ces  od^briti^  dtranges 
que  la  cr^duUt^  de  leurs  contemporains  l^ue  k  riibloire, 
envdoppte  d*une  atmosphere  mysl^ieuse,  qui  leur  survit 
k  travers  les  sidles.  S*il  ne  seservit  point  de  recelles  dcbiwi- 
ques  et  de  la  pierre  phtlosophde,  comme  on  Ten  a  ac^as^  bien 
gr^'iiitcuient ,  il  n'eat  pas  mdns  vrd  qu'il  sut  amasser  vne 


FLAMEL  —  FLAinNINUS 


469 


flteCane  MMi  eoBsidteU»  ponrattlnr  mrluf  leiyeaxdM 
bonuMi  de  ton  tonpt  et  de  a  posUriM.  M  h  PontolM,  il 
ttail  ntuk  eiereflr  k  Paris  la  lacntiTa  pror(Bsil<iiid'teiTaiii 
et  de  lilHvin  Jai^  4  ane  ^poqoe,  oa  llmpriiiierie  ^tant  en- 
core inoonnne,  les  maBiiacrita  ^talent  bora  de  prii ,  et  ne  poii- 
▼aieftt  ttn  aehette  que  par  des  penoniies  tort  riches.  Ar« 
nf6  pauvre  dana  oette  vflle,  tt  ne  tarda  pas  k  r^pandrede 
(iMtoeoses  auoidnes,  k  fonder  et  k  i^parer  des  hdpitaui  et 
des  fglisea.  D*oii  tirait-U  see  richessest  On  Tignore,  et  4  oet 
igud  las  dWers  historians  qni  se  sent  oocopis  de  lui  sont 
trts-dlris^  NaiMM  et  queiqaes  autres  ont  pr^tendu  qu'il  en 
anialt  4IIA  lederahte  ana  jnUk ,  dont  il  se  serait  charg6  de  re- 
eooTfar  las  erteces,  lors  de  lenr  expulsion  de  France,  et 
k  la  confiscation  de  leors  biens,  en  1394.  Le  president  H6- 
oaolt,  Sainte-Foix,  et  plosienrs  encore  combattent  cetie 
opinion,  dont  iis  dteiontrent  Pabsurdit^.  £nfin,  les  alclii- 
mistes  essayent  k  lenr  tour  d^en  d^eouTrir  la  source ,  et  ne 
manqnent  pas  de  rattiflNier  k  la  connalssance  qoll  aurait 
cue  d\in  livre  myst^rieox,  d^reloppant  la  science  de  la 
transmutation  des  m^ux  en  or.  Les  faiscriptions  et  figures 
hi^roglyphiques  dont  il  ayait  d^r^  les  maisons  et  les  ma- 
nuscrits  qui  lui  appartenaient,  celles  qu^  STait  (ait  graver 
ao  dmetiire  des  Innocents,  ne  pouraient  4  leurs  yeux  avoir 
d!autie  but  que  la  recherche  de  la  pierre  philosophale;  et  il 
Panrait  enfin  trouT^e,  selon  eux,  dans  son  logis,  au  coin 
de  la  rue  des  BlariTanx.  Gette  foble  a  eu  de  nombreux  parti- 
Sana.  A  direrses  reprises ,  des  fouiUes  out  ^t^  tentte  dans 
cette  mai4on  poor  y  ddcourrir  des  trters. 

Ns  pottvant  eipliqoer  cette  fortune  par  des  moyens  natn- 
rels,  on  a  fini  par  vooloir  la  rMuife  k  des  proportions  trte- 
modestes.  L'abb^  Vilain,  dans  son  HiiMre  crUiqu6deJ<H' 
colas  Flamel  et  de  PemtUe,  sa/emme,  ne  la  tait  roonter 
qu'k  5,300  livres  toomois,  k  I'^poque  de  la  mortde  Per- 
nelle,  <^«t-4-dire  en  1397,  sonune  ^uivalant,  lors  de  la 
publication  de  son  ouvrage,  k  aa^OOO  franca  environ;  elle  se 
serait  accrue  depufs ,  et  &  la  niort  de  Flamel,  arrirte  le  12 
mars  1418,  ses  revenns  auraient  mont^  k  076  livres  5  sols 
toumois,  on  4,506  francs.  En  admettant  Texactitude  de 
ces  calculs,  nul  doote  qu'on  ne  pnisse  raisonnablement 
nier  lea  divecses  fondations  d*bdpltaux  et  dVglises ,  etc , 
que  Ton  a  attribute  4  Flamel,  et  qui ,  dans  Thypoth^  de 
VaYM,  se  bomeraient  ails  portails  de  Saint-Jaoques-hi-Bou- 
cherie  ( du  c6X&  de  la  rue  des  Marivaux),  de  Safaite-Geoe- 
vidre-^es-Ardents ,  et  de  la  chapelle  Salnt-Gervais,  au  tom- 
beau  de  sa  Temme,  et  k  deux  arcades  du  cbamier  des 
Innocents.  Quelque  considerables  que  pussent  6tre  alors  ces 
constructions,  il  est  fort  douteux  qu^elles  eussent  suffi  pour 
donner  k  Flamel  cette  renomm^  populaire  que  la  recon- 
naissance dispense  k  ceux-14  seuls  qui  Pont  m^rit^e  par  de 
T^iitables  services.  Quoiqu'll  en  soit,  il  n'est  pent-£tre  pas 
d^raisonnable  de  croire  que  la  connaissance  qu^il  avait  du 
coDunerce ,  1^  une  ^poque  oh  pen  de  monde  s'y  livrait  et 
savait  y  rdussir,  lui  aura  foit  amasser  des  biens  considerables 
qui  lui  permeltaient  ces  grandes  d^penses. 

Flamel  et  Pemelle,  sa  femme,  forent  enterr^s  dans  P^- 
glise  Saint- Jacqnes-Ia-Boncherie,  M  non  pas  au  cimetlere 
des  Innocents,  corome  on  Pa  dit  lis  etaient  repr^Mntes  sur 
le  pilier,  pr^  de  la  chaire  sur  le  petit  portail,  ainsi 
que  dans  une  infinite  de  bas-reliefs  dissemines  dans  I  s 
eglises  auxquelles  il  fit  travailler.  S'imagineraiton  main- 
tenant  qu'un  voyageur  connu,  Paul  Lucas,  ait  avance,  quatre 
Slides  pinstard,  qu*un  derviche  hii  avait  assure  que  Flamel 
n'etait  pas  mort,  qu^on  avait  enterre  deux  bOches  k  sa  place 
et  k  cellede  sa  femroe  Pemeile,  et  qu'4  Pepoque  oil  iiecri- 
vait ,  c*est-k-dire  au  dix-septiime  si^e ,  FUmel  se  trouvait 
anx  Indes  orientales ,  el  avait  encore  six  cents  ans  k  virre  1 
On  a  atlribue  k  Flamel  un  tris-grand  nombre  de  livres  sur 
Vaichimiet  la  transmtitaiUm  des  mitaux  et  Pejrp^ica- 
tUm  des  figures  hUroglyphiques  du  cimetUre  des  Inno" 
cents ;  mais  tout  porta  1^  croire  quMI  ne  fut  pas  plus  Pauteur 
da  ces  oonages  que  le  possesseur  de  la  pierre  philosophale. 

IVa|K>ieoD  Gauxns. 


FLAMUVESf  prAtrea,  sacrificateors  de  eertafaies  divl« 
nites  partlcuUiras  cImk  tes  komains.  lis  etalent  au  nombre  de 
quinae,  dont  trois  m^enrs,  tires  des  &milles  patriciennes  et 
jouissantde  la  plus  grande  consideration;  et  douse  nunenra.  ' 
Lea  trois  flandnes  msjenrs  etalent  les  flamines  dialiSp  ou  de 
Jupiter,  martUilis,  on  de  Mars,  et  quirinaUs,  on  de 
Romulus.  Selon  Tite-Live ,  le  premier  aurait  ete  instttue  par 
Romulus,  eties  deux  autres  par  Numa  Pompiiius.  Lea 
douie  flamhies  ndnenrs  et^ent  le  carmentalis ,  ou  pr6tie 
de  ladeesseCannenta,le/a/ocer,  sacrificateur  du  dien 
Falacra,le/ora/if  ,pr«trede  Flore,  lefiiamen  pomonalis» 
on  de  Pomone »  v&bialis ,  on  de  Virbius ,  que  Pon  pretend 
etrele  memo  qu^Hlppolyte,  vuleanialis,  ou  de  Vulcam, 
vtUtumcUU  ou  du  dIen  Vultume,  et  les  flamines  furinalis 
levinaUs ,  lucUuUis  ei  palatualis  $  doni  Porigineest  in- 
connoe.  Par  la  suite,  la  flatterie  donna  des  flamines  k  quel- 
ques  empereurs,meme  de  leur  vivant.  Tels  eiaient  les  fla- 
ndnes  de  Jules  cesar ,  d'Auguste,  d'Adrien,  de  Commode. 
Ceux-dy  bien  que  portent  toua  le  roeme  nom ,  no  formaieot 
cependant  pas  une  corporation.  Chacun  etait  specialement 
affecteii  unedivinitdparticuliire,  et  ne  pouvait  pratiquer 
le  culte  des  autres  divhiitea.Cependant9  ily  en  avait  un,}la- 
men  divorum  omnium,  quise  meiaitvraisemblablement  du 
culte  de  tons  les  dieux«  Les  flaminea  etalent  eius  par  le 
peupte  reuni  dana  les  curies,  et  sacres  ensuite  par  le  sou- 
verainpontife.  Leur  sacerdoce  etaiti  vie ;  mais  ils  pouvaient 
en  etre  prives  qnand  ila  aTaientdemerite.  Leflamen  dialis , 
ou  de  Jupiter,  etait  le  plus  considerable  de  tons.  II  avait 
seul  le  droit  de  porter  PoZ^o^o/erta,  ou  bonnet  termine 
en  pointe,  reconvert  de  la  pean  d^une  victime  blandie,  et 
d'unmoler4  Jupiter  une  yictime  blanche.  Les  flamines  ti- 
raient  leur  nom  de  leurs  bonnets  pomtus,  couleurs  de  feu, 
surmontes  d^une  grusse  houppe  de  fil  on  de  laine. 

On  nommait  anssi  fiamines  oo  flaminiques  les  eponses 
des  flamines,  ou  lea  pretresses  particuli^res  de  qiuslques 
divinites.  Celles  qui  ne  rentraient  pas  dans  cette  demiere 
categorie  portaient  l^omement  de  tete  et  le  sumom  de  leurs 
maris.  La  femme  dn>Iameii  dieUis^  U  flaminique  par  ex- 
cellence, etait  astreinte,  comme  son  mari ,  k  un  tris-grand 
nombre  d'obligations,  qu^elle  ne  pouvait  transgressor. 

FLAMIMNUS  (Tnvs  Quurrios)  fut  successivement 
questeur  et  consul,  et  prit  la  direction  des  operations  contra 
PbllippeY,roi  deMaoedoine. 

[  Cette  guerre  duraitdeja  depuis  trofs  ans  (an  de  Rome  548), 
et  ses  deux  predecesseurs  n'avaient  rien  fait  dMmportant.  Co 
jeune  general,  qui  sut  bient6t  acquerir  une  si  bdle  reputa- 
tion comme  militaire  et  comme  homme  d^Etat,  ouvrit  sa  pre- 
miere campsgne  en  for^ant  les  gorges  dUn^i^onto,  ou  le  roi 
Philippe  sMtait  porte  poor  couvrir  ses  £tats.  Ce  ddfiie,  forme 
par  une  coupure  dans  le  moot  Mertchica^  que  traverse 
VAoiU  ou  YoyuttOj  s*eteod  le  long  de  ce  fleuve  entre  C/is- 
sura  et  Tepeleni  en  Albania.  Philippe,  batln,  se  refugia  k 
Pextremite  de  la  Thessalie,  vers  Pembouchure  du  Penee, 
pour  reorganiser  unearmee,  et  Flamininus  alia  en  Phodde 
prendre  ses  quartiers  d^hiver.  Apr^s  ce  premier  ediec, 
Philippe,  eraignant  de  s^xposer,  en  continuant  la  guerre,  k 
de  plus  graves  desastres ,  profits  de  ce  temps  de  repos  pour 
entrer  en  negodatlons  avec  Flamininus.  Aprte  avoir  eu  k 
ceteffet  trois  conferences  avec  le  proconsul  et  avec  les  chefs 
des  aiuea  de  Rome,  le  roi  de  Macedolne,  ayant  rc^u  leur 
ultimatum,  obtint  I'autorisation  d*envoyer  une  ambassade  au 
senat  pour  regler  les  conditions  de  la  paix,  tdles  quMI  les 
esperait  enoore.  Mais  Q  ne  put  rien  obtenir,  et  fut  oblige  de 
se  preparer  k  one  nouvelle  campagne,  poor  laqudle  il  con 
centra  ses  tronpea  k  Larissa. 

An  commencement  du  prinfemps  de  Pan  549  de  Rome , 
Flamininus  quitta  ses  qnartlers  dans  la  Phocide ,  et  s^avan^a 
avec  son  armee  vers  la  Thessalie ,  oi^  il  comptalt  rencontrer 
Pennemi.  Aprte  une  tentative  malheureuse  contra  Thebes  de 
Plithiotide  (auJourd*hui  Cermlro,  prte  de  Volo ),  le  proconsul 
sVan^a  k  Pherx  (Vdestm).  Le  roi  de  Macedolne,  qui 
avait  quitte  ses  quartiers  d'hiver  pour  revenlr  an-devant  des 


4^0 


FLAMININDS 


Eomaini ,  se  mcontra  arec  eui  prto  de  Pheras;  ce  qui  dOn- 
fli^  lifQ  I  on  combat  de  caralerie  dans  lequel  les  Mac^oiriens 
tnbirent  im  idtiec.  Mais  les  deux  g^i^raux ,  se  trooTadit  dans 
nil  Cerrsin  ccup^  et  masqiid;  qui  n'^ait  pas  propre  k  une 
bktanie/ie  d^d^itAt  h  ciumger  le  tli^tre  des  op<§ratiou8. 
Ftiflifipe  86  dirigea  reiis  Se&tasa  (Bekirdgik),  au  sud  de  La^ 
risea,  dans  le  but  de  rSunir  des  bl6s.  Flanuninus,  qui  avait 
divine  rintention  de  Tenneml,  prit  la  m^e  direction ,  dans 
16  destein  de  Temptelier  de  s^apprarislonner.' Pendant  irois 
Jours  y  les  deux  armta  marcherent  parall^ement  snr  les 
deut  re  vers  des  Cynoc^phales.  Mais  ie  quatriinM  jour  tin 
broulllard  6pais  arr^ceUedes  MaoSdoni^etla  forca  k  res^ 
ter  dans  son  camp ,  qui  dtait  courert  &  gaudke  par  un  grand 
poste  d^intknterie  et  de  caTalerfe,  plaCii  au  baut  de  la  cbaine 
de  coteaui.  Le  m6me  Jotir  le  proconsul  avail  pouss6  k  sa 
droiteune  reconnaissaujce  de  800  cberaus  etde  l  ,000  horn- 
mes  de  pied,  qui,  ayant  rencontre  le  poste ennemi,  Fatta- 
qoirent  et  le  maltraitirent.  PliiUppe » "volant  les  slena  en  dan- 
ger, les  fit  soutenlr  par  un  fort  ditacbeUionty  qui  repoussa 
les  Romains  et  les  ramena  Jusqu'au  pied  des  coteaux.  Alors 
le  proconsul  fit  sortir  son  arm^,  et  la  na^'ea  bataille.  Ce 
mouTement  ot^llgea-Pbillppe  k  accepter  un  combat  sur  lequel 
il  ne  comj^tait  pas ,  et  11  s'y  prit  mal :  s*6tant  rapldement 
port^  en  avant  avec  raile  droite  de  sa  pbalange ,  11  donna 
Pordre  ii  sesgto^raux  de  (kite  soivre  raili  gauche  en  colonne 
de  rout^.  En  arrltant,  Pbilippe  s*engagea  tout  de  suite  avec 
raile  gaucbe  des  Rbmains.  L*avantage  du  terrain ,  le  cboc 
di  masse  el  les  armiss  de  longueur  de  la  pbalange  lui  don- 
n^rent  d^abord  rarantage  sur  len  coliortes  romaines,  qu*il 
fit  plier  et  qu'il  poussa  devant  lui.  Flamininus,  sans  se  d^n- 
oerter,  se  mit  k  ia't^te  de  son  aile  droite,  et  altaqua  r^oIO- 
ment  la  phalange  gauche  deS  MacMoniena,  alors  encore  en 
colonne  de  marche  et  embarrass^  dans  les  anfractuosit^ 
des  coteaux.  flle  fut  als^ment  culbut^e  et  mise  en  d^rdre. 
Pettfiantia  poursulte,  un  tribun  l^onnalre  romain,  se  d^ 
tachaUt  k  gauctM  avec  tingt  manlputes,  tourha  la  phalange 
de  droite  ded  ennemis,  et,  l^ayant  attaqu^  Itdos,  la  rompit 
et  la  mit  dans  nn  d^sdrdre  pareO.  Ce  mourement  d^cida  la 
victoire  des  Romains,  qui  Tot  complete. 

Les  Macedonians  perdirent  8,000  morts  et  5,000  prison- 
niers,  a(nsi  que  leurcamp  et  toutes  leurs  ressources;  la 
pertc  des  Romains  ne  a^flOra  qu*k  700  bommes.  Abattu  par 
ce  d^sastre,  Philippe  fut  contndnt  de  demander  la  paix  aux 
conditions  qu*il  plalrait  aux  vainqueurs  de  lui  imposer. 

G^  6.  ns  Vaudoncoort.] 

Philippe  euToya  des  ambassadeurs  k  Rome ;  le  proconsul 
y  d^puta  de  son  c6U,  Le  s^nat  d^ida  que  la  paix  serait 
iaite  &  la  oonditlon  que  tontei  les  Tilles  greeques,  en  Europe 
et  en  Asie,  aoiraient  ta  liberty  et  rexereice  de  leurs  lois,  et 
que  les  garnisons  des  Mac^oniens  ai  seraient  retirte. 
C'etalt  au  commencement  derannde  556.  Les  jeux  Isthmiques 
allaient  se  cd^brer  k  Corinthe.  Le  concours  des  spectateurs 
Aait  immense,  lorsqu^nn  bteut  s'avan^  au  milieu  de  Pa- 
rana et  proclama  au  nom  du  stot  et  du  peuple  remain  la 
liberty  des  Corintbiens,  des  Pbootois,  des  Locriens,  de  toutes 
les  nationsi  enfln^  qui  aTaieat  ^  assqjetties  par  Philippe. 
L'enthousiasme  futalors  si  grand,  que  la  foole  se  pr^pita  au- 
tour  de  Flamhiinus  pour  lui  bals^  tes  mains  et  le  courrir 
de  couronnes. 

L'ann^  soiTante»  la  guerre  fut  r^lOe  par  les  Romains 
centre  Nabis,  tyrao  ue  Sparte,  qui  s'^tail  perildement  empartf 
d^Argoc  Aprte  avoir  une  premitee  lois  repoussd  un  assaut 
des  Romains,  Natrfs  dut  s^estiroor  trop  heilreux  d^obtenur 
la  paix  en  renon^ant  k  sa  oonqufite. 

Flamininus  retoama  alors  trtompber  It  Rome;  le  fits  du  roi 
de  Mac^doine  etle  fils  du  tyran  da  Sparta  man:liaient  devant 
son  ciiar.  11  revint  ensoite  en  Grtoe  pour  dissuader  la  ligue 
Adi^mned'embrcsser  la  cause  d'Antiochus,  roi  de  Syrie;  11 
y  r<us9lt.  En  503,  il  fnt  nommd  oenaeur;  en  669,  n  remplit 
une  mission  aprte  de  Pnisias ,  roi  de  Bitby  nie  qui  avait  donn^ 
asile'k  Annibal.  lYeul  ana  plus  t«d,  11  fit  c^lebrer  des  jetix 
•omptueux  poor  bonorer  la  m^uoiie  de  son  pire,  qo*il  ve- 


-I 


—  TLMfME' 

naltde  perdre.  Le  consulat  lui  ftit  enbo^  dMh^etf  ^.  A 
partir  de  ce  moment,  tniistohre  ne  parle  plat  de  faii. ' 

FLAMfNIUS  GAIUS,  gto^rai  doQ6  de  pen  de 
moyens,  maisd*un  grand  courage  et  de  beancoop  d'opinli- 
tretd,'  Alt  nomm^  tribun  du  peuple  en  Pan  S20  de  Rom«, 
et  ne  se  signala  dans  ce  poste  que  par  U  propoeition  d^me 
lo(  agraire.  II  passa  ensuite  en  Sidle  oomme  pr6tear,  et 
ayec'  on  commtodement.-  IlbminA  consul  en  517,  avee 
P.  Furins,  11  attaqua  les  Qaulols  an  deft  du  Pd,  et  fut  Tatacu. 
Le  s^t  rappda  les  consuls,  ordre  aoqnel  Flamfnioa  enit 
devoir  rfeister,  enhardi  par  one  dtfaltequfl  fit  k  son  four 
esauyer  aux  Gaulois.  On  lui  refuse  le  triomphe  k  son  retoor, 
ce  dont  11  ftit  amplement '  d6dommag)§'  paf  de  grtttiies  d^ 
monstrationsde  hi  favenr  popnlaire,  Nomm6  oenseor  en  53t^ 
il  fit  construire  un  drrjue  et  ^tablir  de  Rome  k  Rimini  un 
chemin  qui  porte  encore  ion  tiotn ;  via  FlanUttia.  Appel^ 
en  535  k  un  second  cdnsulat;  apr^  la  mallfeureiise  affaire 
de  la  Trebbia,  il  se  rendit  secr^tcmeiit  dans  les  provinces 
oO  II  devait  commander,  et  sai^  nccomplnr  les  c6rtoonies 
religieuses  d*usage  en  pareil  x^.  Le  stoati  faiit^,  le  rappda 
en  vain.  Il  passa  PApennln  avec  sonarm6e  poorcntrer  dans 
ritrurie,  ob  Annibal  se rendait  di/ son  cMi.  Ce  dernier » 
iustruit  du  caracl^  de  sbn  adveraaire,  ne  s*occupa  qu*a 
rirriter  par  le  spectacle  de  la  d)6vastation ,  du  carnage  et  de 
Tincendie.  Ftaminlus  ne  tint  pai  centre  cette  manoeuvre,  et 
r^lutdecombattre  sans  altendresontbilegoe.  Les  angures 
lui  furent  en  vain  6ontralres.  It  marcha  ver^le  lac  de  Tra- 
symtae,  ob  Annibal,  profltahl  des  locality,  lol  avait  pr^- 
par6  une  embuscade.  Au  moment  du  combat ,  le  g^n^ral 
carthaghiois,  d6masqaant  toutes ^ses  forces,  cacbto  jusque 
]k  par  des  plis  de  terrahi ,  que  Plaminias  avait  mtoie  eu 
iPimprudence  de  ne  pas  faire  reconnaltre,  leS  Romains  ae 
vfrent  compl^tement  oem^.  lis  ne  s*en  battirent  pa$  moins 
ayec  la  plus  bdrolque  valeur,  an  pohit  qu*ils  ne  ^aperfurent 
pas  mtoie  d*un  tremblement  de  terre  qui  eot  Heu  pendant 
Paction,  renversa  plusieurs  rilles  d^talie  et  di^touma  phi- 
sieurs  fleuves  de  leur  cours.  FlaAdnius  d^^ploya  surtont, 
mais  envahi,  le  plus  hitr^pide  eourage.  II  ftit  to^  par  on 
cavalier  ennemi,  et  ^chappa  ahisl  b  la  honte  de  survlvre  k 
sa  d^faite.  Cette  aflbire  dteastreuse ,  qni  porte'dana  lliistorre 
le  nom  du  lac  de  Trasymtoe,  pr6s  duquel  die  se  passa,  eot 
lieu  en  Pan  535  de  Rome.  Billot. 

FLAMMANTt  Voyez  VhAMurr, 

FLAMME  (Physique).  Lorsqu*un  corps  gaxeox  oo  sos- 
ceptible  de  se  riduire  en  vapeur  se  trouve  en  contact  avec 
Toxygkie  k  une  temperature  rouge,  11  brfile  avec  on  dig/k- 
gement  plus  ou  moins  vif  de  luml^  et  de  dialeor,  en  pro- 
duisant  ce  que  les  physidens  d^ignent  sous  la  nom  de 
flamme.  Comme  toutes  les  parties  du  gaz  ou  de  la  vapeor 
ne  se  trouvent  pas  Imm&liatement  en  contact  ayec  I'oxy- 
gfene^  la  flamme  ofTre  deox  parties  enticement  <fiff<Srentes 
par  leur  apparence  et  leur  naturo,  que  Ton  distingue  bd- 
lement  dans  la  flamme  d'une  bougie  oo  d*une  lampe ,  Pone 
extMeore  tr^lumlneuse  et  tris-cbaude,  et  Pautre  intdrieore, 
obscure  et  ^  une  tempteture  trte-peu  61^te.  On  peut 
mOme  reconnaltre  Pexlstenoe  de  quatre  couches  eonoen- 
triques  dans  la  flamme  d'une  bougie  :  la  premie  de  oes 
couches  d'in^e  temp^ture  est  cdle  que  Hon  toH  k  la 
base  et  qui  est  d*un  bleu  sombre ;  la  draxitoe  forme  le 
cOneobscur  dertait6rieur,de  la  flamme;  la  trotsiime  est, 
Pcnvdoppe  Uancbe  et  brillante  qui  6claire ;  enfin ,  la  qoa-* 
tri^me  est  une  envdoppe  gazeose  trte-mbice  que  Ton  aper> 
(oit  autour  de  la  trolsitoie.  SI  en  approche  k  qudqnes  niiDi- 
mMrea  dela  partie  lumtneuse  on  fil  de  platlne  trte-fin,  oo 
le  vdt  rougir  immlUBatement  Jnsqu*ao  blanc ;  ce  qui  donne 
la  preuve  de  la  lumte  temperature  de  ce  pohit,  et  Ton  s'as- 
sure  du  pen  de  chaleur  de  U  partie  Interieore  en  pla^anl 
au-dessus  de  la  flamme  une  tolle  metaUiqoe  b  maiO^  fines, 
que  Ton  abaisse  sncceulvement,  et  qui  la  d^prinM  de  ma- 
nlire  k  donner  deux  cOnes  creux ,  dont nntMeor  est  obseor; 
daprto  avoir  fixe  la  telle  de  manMro  k  oe  qo'dle  ne  vaiia 
pas,  ei  dispose  les  choses  poor  qne  la  flamoM  at  aoit 


FLaMME  —  TLAMSTEEC 


47r 


pas  agiite ,  ii  on  perce  U  toile  arec  un  inslrument  conve- 
nable  aa-dessos  du  edae  obscur ,  on  peut  porten  dans  cdui- 
ri  deB  grains  de  poudra  k  canon,  da  pbospliore,  de  la 
poudre  fulminante  mAmai  lans  quUU  br6k«nt.  Pour  se 
rcndre  ooniptedecei  effet,  il  faut  se  rappeler  que  la  In* 
ini^re  e|t  prodmte  par  la  oombnstion  des  gax  qui  sa  d^- 
gpnt  et  par  la  vapaur  qna  fonne  la  mati^  biiileosey  la  aire 
on  to  sulf  i  Tair  ne  las  toucbsot  q^e  par  knr  sucface  tM- 
rieure,  celMi  sauJemeni  pent  brAler  ^  at  par  oantiqnant 
d^faloppar  unagrandaqofnllt^de.fihalflnr;  la.partie  in- 
t^rienra  est  pnteerv^  de]i|«lMiil>q8tioo,  etn'eit  donate  que 
de  mati^rcs  grifsea  TolaUU^6(k^t  iHi^gtte<»npb«attblaB»D'a 
prte  ceU/quan4  poor  an»  mrlaoa  doon^  da  mMa  Tair 
n'agit  quasar,  la  surfaqs  extM|«re«.la  i«miir«i«4  baanctup 
moins  brillante  que  si  1^  dispositiona  aaieut  taUaa<  que 
I*oKygtoe  pat  ag^  ansai  c^r  la  snrfaDa  int^fieura;  c*est  ce 
donton  s'aper^it  (adlement,  en  examinaiit  one  lanpe  ik 
double  courant  d'air;  alora  on  volt  qu^^a.Ucud^uaa  SirfiMe 
briUante,  recouTrapt  nne  partie  obscure ,. on  .»  una  lame 
obacore  lenfermte  entre  deux  lames  Iffninwyee,  0t  cat 
eifet  paut  6tre  pnrii  au  point  d'aad^ntir  presqua  compete- . 
meat  la  partie  obseurei  comma  dans  lea  bacada  0a  eon-' 
nus  en  Angleterre  sons  le  nom  de  baih»wingi  (  alias  d^ .  chan- 
ves-souris),  que  Ton  emploia  en  Franca  scos  cehiide  pa- 

Pour  qu*ane  flamme  doone  une  lumi^re  briUaote,  il  toot 
que  legaz  ou  la  Tapeor  laisse  un  d^pdt  solide  en  quantity 
coQvenahle;  Tbydrogtoe,  qui  d^veloppe  la  temp^atora  la 
plus  dsTte  parmi  les  corps  simples ,  et  Taloool  na  donnant 
qu'une  lumi^  faible;  Thydrog^  carbon^  eat  d^autant 
plus  ^irant  qu'U  renferme  plus  de  carboue ,  dent  une, 
partie  se  disperse  par  la  combustion ;  et  T^tber^  qui.  ren- 
ferme une  plus  grande  proportion  deoe  principeque  I'alcool, 
donne  plus  de  lural^  que  le  premier. 

Quand  on  place,  ainsi  que  nous  Tavons  ditpr^demment, 
une  toile  m^tallique,  conyenableroent  serrte  ao-deaaus  da  la 
llanune,  on  peut  comprimer  ceUe-d  sana  qn^elle  traTcne 
le  tissu,  et  si  on  pr^wnte  obliquement  oette  toUa  I.  la. 
flamme ,  on  la  coupe  comma  oa  pourrait  la  iiure  aTee  un 
couteau  pour  un  corps  soUde,  et  Ton  obtient  denx  por- 
tions de  flamme  s^partes.  SI  dans  la  premie  expMence 
on  approcbe  uii  corps  en  combustion  aonlessaa  du  point 
occopid  par  la  flamme,  ceUe-ct  se  roproduit  et  forme  ainsi 
one  seconde  parlto  ind^pendante  do  la  premie.  Ges  effets 
sontdoaaurefroidissaroent  oocaslonnd  par  la  toile  mdtal- 
Uqnc,  qui  abaissa  la  temp^ature  des  matiirea  combnstibles 
au-dessous  du  point  ob  dies  peuTcnt  brtUer.  BCaia  comma 
les  gsz  pasaent  au  travera  dii  tissoy  on  pent  les  enflammer 
au-dessus  par  Tapprocha  d^un  corpa  d'une  temperature 
convenable  :  ai  la  toile  a^^ya  assea  forteme^t  m  tenpd- 
raturepoorrougir^la  flamme  nW  plus  intercept<^  Un 
seul  des  gaz  onunus,  rhydrogtae  pbospboriy  est  susceptible 
de  s'enflammer  k  la  temperature  de  Vatmoapbftra  par  le  seul 
contact  de  Tair  :  la  toile  metalliqua  ne  pent  a?oir  ancane 
influence  sur  s»  combustion  9  mala  ponrtpui  )cs  aotres, 
qui  exigent  une  trea-baute  temperalnraf  cette  toile  agit 
snifant  la  dimension  de  sea  maiiui^  et  la  grMsenr  des  Ms 
dont  eile  est  composte;  par  conadquent,  auinmt  que  le  gas 
est  plus  oumolns  fadlemJBnt  oombnstible,  la  uature  de  la 
toile  qui  peut  le  .pr6ienrer  de  combustiQi  doit  nrier^ 

II  rteulte  de  ces  faits  que  si  une  atmosphere  de  gu 
combustible,  m6iee  avec  de  Tair,  est  separtci  en  deux 
parties  par  una  toile  metallique  oonTeqable,  rniiedoit 
brfller  sans  que  I'antreepro^iie  d'altdralioii »  Ct  qua  4  par 
example  une  detonation  aji^it  lieu  dans  1#  premitoa^  «De 
ne  se  propag erait  pu  4«Dt  la  sieconda.  Una  dea  plot  beOea 
i&TeD&ona  auxqnelles  les  recberches  sajkntiflqiwa  ilent 
donne  lieu  rdsiilte  de  Tappllcation  que  Daf  y  a  faita  deoas 
aonnaissances  &  la  1  a  m  p  a  d  e  s  A  r  e  t  e  9  destinee  ^  pr^senrer 
taa  mineurs  des  accidents  terriblei  anxipels  Us  soot  exposes 
qbandlegaz  hydrogene  carbon^  s'eaflanunedansrink^rieur 
'  QM  minea. 


Un  corps  solide  et  d*une  diiqension  convenabte  pour 
qo'ii  sVieve  k  la  meme  temperature  que  la  flamme  et  ne  la 
i«lh>idi8M  pas  peut  augmenter  Tintensite  de  la  lumiere 
h  un  degre  dont  fl  est  difficile  de  ae  (aire  line  id(^  :  \)ar 
cxemple ,  an  morceau  de  chaux  sur  lequel  on  fait  tomlier  la 
flamme  d'un  melange  dedeuz  Tolumes  d*hjdrogene  et  d*mi 
Tolume  d^osygtee,  offra  poor  30  centimetres  desurflice  one 
quanftitedelumieroegale beetle  de  30,000 lampes  d*Argent. 

11  cat  probable  qnecetfa  proprietesera  I'occasion  dlmpor- 
tantas  applications  dana  les  arts..  H.  Gaoltibr  de  CLAoaRt. 

FLAMMB  (An-mUitaire),  Koyei  Fuvn. 

FLAMME  <  Mturini ),  kmgae  bande  de  serge,  ou  d'autre 
.tissoi^qu'on  hisaa  au  liaut  du  mM  d*un  Taisseau,  ct  quele 
'.fant  M*ilotter:dans  una  directloff  oontraire  it  cellc  d'od  il 
souflle.  iPen  Iarge4ansla  puiia-qul  est  retenue  au  mftt,  elle 
▼a  en  se  retrecissant  encore  et  se  termine  en  pointe.  Elle  »i 
ordlndrement  do  la  memo  conleur  qae  le  paiiflon  de  la  na- 
tion 4  laqueUe  apparticntlo.Talsaaattqnile  porte.En  France 
et  dies  les  autrea.' peopled  qui  col  one  marine  militure,  la 
flanuBO  nationale  est  une  marque  distinctire,  qui  ne  peat 
etra  arborea  que  par.  lea  biliBNBts  qui  font  partie  de  oetle 
marine,  aicoa'cslcncertainesciroonitances,  oO  ,  en  l*ab- 
aencodetout  bltiawiii  de  I'^t,  un  ydsseau  mardiand, 
dont  le  capitalnoa  ouaat  canae  avoir  un  droit  de  comman- 
dement  aor  les  autres  Taisseaux  de  la  nation  qui  sa  troo- 
feot  en  meoM  temps  que  lui  dana  une  rada,  4>o  dani  un 
port,  aboro  cette  flamme  en  dgne  de  commanddmeut.  Mais 
il  eat  oblige  de  ramener  dea  qu'on  biUment  da  l*£tat^  entre 
dana  k  mCasa  rade  du  to  memo  port  Lea  flammea  peutent 
senrir,  cenme  ka  pa?illons ,  de  signaux  an  moyen  desquels 
deoK  on  pbiaieort  vaisaeanx  se  commoniqoentdes  ordres,  des 
ransdc^omeala  et  eiablissent  entre  env,  Jusqu'^  un  certain 
point  an  dialogue  auiti.  Y.  na  MoiioN . 

FLAMMES  DU  BENGALE.  Cette  composition 
pyrotaabniquc ,  qui,  par  la  yiyadte  et  la  blancheur  de  la 
lumiere  qu'dle  pro]etta,  a  lldt  tongtemps  I'^dmlratton  des 
amateorsde  feuxd*artifioe,  etdont  IM  de  la  mtse  en 
scene  tira  parti  dana  lea  pieces  i  speolade  tobies  les  fois 
qoH  s'agit  da  donner  au  spectateur  une  idee  do  radienx  dclat 
dn  aejour  des  btonheureux ,  ou  bien  de  les  firapper  par  la 
repiesentation  de  qudqoa  incendieon  apparition  samatnretle, 
eat  to  prodult  dHa  mdange  de  Tingt-quatre  parties  de  sal- 
petre ,  de  sepl  parties  de  flenr  de  soofro  et  de  deux  parties 
d'aMlmofaie.  Apres  OToir  passd  le  tout  dans  un  gros  tamis 
decrin,  on  le  fidt  entrer  dana  on  yase  de  terre ,  dont  on 
saupoudre  la  auperfldeaTcc  du  poussier  sec;  api^  quo!  on 
le  recouTre  d'une  feaille  de  papier  troueoen  quelqoesendroits, 
et  an  dernier  monieot  on  I'amoroe  avec  on  porte-feu  etou- 
,  pilie.  La  comaitsance  exaeto  des  proportions  de  ce  melange 
reata  loaglompa  un  secret  (  quant  k  la  denomination  de 
/tommes  (ftcJleiiycifo,qu*on  lui  donna  dans  Pbrigine,  die 
proflenl  do  ce  quMI  nous  est  Tcnu  du  Bengato ,  d*o(i  les 
Aaglala  Tont  introdoit  en  Europe. 

FLAMSfTEED  (Jom),  un  des  aatronomes  les  plus 
diatingirta  du  dis-septieme  siede,  etait  ne  to  19  aoOt  164G, 
'k  Derby*  Ses  premiers  travaul  Indiquerent  un  oblerrateur 
^Idn  desetoetdesagadte;  k  pdne  ege  de  yingt-eliiq  ans, 
fl  afait  d^  determine  de  to  maniere  la  ^lus  exacte  les 
TdittoUea  baaea  do  Tdqu alien  dn  temps.  Lorsqoe 
Gbaitoa  n  fonda  I'obsenratoire  de  Greenwich ,  il  y  appella , 
amr  to  noottnandatlondu  ebOTalier  Moor,  leJeoneFlamsteed, 
qui  s*appllqp»]nsqo*eaa  mort,  am'Tde  le  3i  decembre  1719, 
4  determfaiar  areo  nne  precision  acmpnleuse  hi  position 
do  tootoa  toa  dloltoa.  Le  ddair  de  perfeettonner  de  plus  en 
phncatnTaaoBioCardalndeilnlment  topublicatlon,  redamee 
InftamoMBl  par  toe  amia  delaidence;  et  il  toUot  uu  ordre  for- 
mdde  la  rdne  Anne,  ]oint  k  rinstotance  de  Halley,  pour  qu*on 
vlt  ante  paraltra,  en  1712,  toa  deux  lifres  dePfra/oire  06- 
lefffcUne  seoonde  edition,  faito  en  1735,  en  troil  Tolumes 
in-folto,devaltmottra  to  dernier  ^ceau  k  toreputatfonde 

rautenr.  Le  tome  premier  comprend  tos  obserratioBs  dos 

etoiles,  dea  planetas,  dea  tachos  du  soldi,  dea  salaUites  do 


473 


FLAMSTEED  —  FLANDBE 


Jupiter;  !•  lecond ,  lei  pusagesdeft^iles  et  des  plmites 
Ml  mdridien;  le  troisitoie,  des  proMgpmteet  lor  rhistoire 
de  rastronomie,  la  description  des  instnunents  de  Tyclio , 
le  Catalogue  deFlaiii8teed,appei6Ca<a/(V«0  briiannique, 
les  caUlogues  de  Ptol^iii6e»  d*01oug-Beg ,  de  Tjcho ,  dH6- 
Telins,  du  landgrave  de  Hesse,  le  p^  Catalogue  des  ^toiles 
australes  de  Hailey ,  en  un  mot,  tousles  traTaux  entrepris 
depuis  la  renaissance  de  Tastrononile  sur  la  position  rtelle 
des^toiles.  La  lecture  de  ee  grand  ouTrage  est  trte-instruc- 
ttve,  non  pas  seolement  par  rimportancc  des  indications 
DOUYelles  qn'il  renlermo,  mais  ence  qu^  nous  montre 
eombien  k  la  fin  do  dix-septitaie  sitele  on  ^tait  encore  pen 
avanc^ ;  on  comroen^aH  k  peine  k  tenir  comple  de  quelqnes 
obserrations  de  T^cole  arabe,et  onignorait  enti^rement  une 
des  p^riodes  les  plus  ibt^ressantes  de  lliistoire  de  I'astro- 

nomie. 

Le  Catalogue  de  Flamsteed  donne  la  position  de  2884 
Voiles,  et  son  Atlas  celeste  a  6t6  longt^ps  soiTi  par  les 
astronomes.  Ind<^pendamment  de  son  JSTij/oria  eoelestiSf 
Flamsteed  a  donn^  de  nombreux  mtooires ,  ^pars  malheu- 
reusement  dans  divers  recneils :  ainsi  TMiUon  des  osovres 
posthumes  d*Horroccius  (Londres,  1672)  contient  les  deux 
opuscules  soivants  :  Johannis  Flamstedii  Derbyensis 
De  temporis  aquatione  diatriba^  et  Humeri  ad  lunm 
iheoriamhorroccianam.  L.-Am.  SI&diixot. 

FLAN)  p&Usserie  garnie  de  crtoie  cuite  ou  de  fruits  en 
eompote.  Le  flan  de  crtoie  k  la  frangipaneest  le  plusTulgaire. 
On  dresse  d'abord  nne  croClte  de  p&tebris^,  que  Ton  gamit 
de  fragipane k  la moelle,  pourla  faire  cuire  ensuite au  four  bien 
chaud,  et  la  glaceravec  do  sucre  en  poudre  avant  de  la  servir. 
Le  flan  de  fhiits  se  prepare  k  pen  prte  de  la  mAmemani^re; 
aeulement  on  met  dans  un  vase  des  cerises ,  des  ptehes ,  des 
bnignons,  des  prunes  ou  des  abricots,  dont  on  a  6X6  les 
noyaux ;  un  les  saute  avec  du  sucre  en  poudre,  on  les  dispose 
dans  une  cruftte  moulte ,  et  i*on  fait  cuire  le  tout  au  four 
bien  chaud.  Des  amandes  de  fruits ,  bien  ^pluch^ ,  sont 
posto  sur  le  flan ,  qu*on  arrose  ensuite  d'un  pen  de  sirop. 
Le  flan  Suisse  demande  d^autres  soins ,  attendu  qu^iJ  entre 
dans  sa  composition  du  bcurre,  des  jaunes  d^oeu6  et  plusieurs 
esp6ces  defromages.  £n  g^n^ral,  cctte  p&tlsseriene  se  sert  que 
Gomme  entremets.  Exceptons-en  toutefois  le  flan  du  boule- 
vard du  Temple,  dont  ic  gamin  de  Paris  e&t  extr^mement 
(Hand ,  et  qui  seul  compose  souvent  tout  le  menu  de  son 
repas  en  plein  air.  Plus  d*un  industriel  a  amass^,  dit-on , 
une  fortune  k  preparer  cette  friandise  un  peu  lonrde,  mais 
^mineroment  populaire. 

FLAN  {Plumismatigue),  C'est  une  pi^  de  m^tal 
coul^,  arrondie  et  pr^par^  pour  recevoir  Tempreinte. 
Plusienrs  cabinets  de  m^ailles  possMentdes  flans  antiques, 
dont  la  conformation  d^ontre  que  les  andens  falsaient 
saillir  la  mati^re,  afin  que  la  pi^ce  eOt  un  plus  haut  relief. 

FLANG.  On  appelle  ainsi  le  c6\A  de  Thomme  ou  des 
animaux ,  la  paitie  qui  est  depnis  le  d^faut  des  cdtes  jus- 
qu'aux  hanches.  A  regard  des  femmes,  il  se  prend  pour  le 
ventre ,  ou  la  partie  du  ventre  qui  est  entre  les  deox  flancs  : 
les  fils  que  mes ^ncs  ont  port^.  Les  pontes  emploient 
fr6quemment  le  mot  flanc  pour  d^gnerlesein.  Prater  le 
flanCt  c*est  donner  prise  sur  soi;  Se  battre  les  flancs 
pour  quelque  chose,  c*est  faire  beaucoup  d'efTorts  pour  y 
r^ussir. 

En  termes  de  guerre,  l^Jlanc  d'un  bataillon ,  d'one  armie, 
est  le  c6t6  de  ce  bataillon,  de  cette  arm^  On  a  bon 
marcb^d'une  arm^  quiprftte  le^a/ic.  Parleytanc  droit, 
par  Iey7anc  gauche,  sont  des  commandements  pour  ordoniier 
aux  soldats  dc  se  touruer  k  droite  ou  k  gauche. 

Dans  la  marine,  le^Ianc  d*un  vaisseau  est  le  cOt^qui  sc 
pr^sente  k  la  vue ,  de  la  proue  k  la  poupe. 

En  anatomie,  on  appelley{a/}c  la  r^ion  du  corps  qui 
s^^tend  sur  les  c6tes  depuis  le  bord  infdrieur  de  la  poilrine 
yisqu^^  la  cr6te  iliaque;  elle  forme  les  parties  laUiralcs  ou 
infericurcs  du  ha.s-vi*ntre,  bonides  en  bas  par  lasaillic  des 
iianch«!s,  auxquclles  on  a  aussidonn^  le  nom  d^i/e5* 


FLANG  ( F^HfleaiUm ).  Cost  la  partie  du  rem  p  ar  I 
qui  rtonit  Textrdmit^  de  la  fkoe  d*un  ouvrage  k  la  gorge  o« 
k  FinU&rieur  de  cet  ouvrage.  La  partie  qui  joint  la  Caee  k 
la  eourtine  est  leflancdabastion.  Sondtendoeenlongnenr 
et  en  largeor  doit  6tre  proportionnte  k   celle  des  parties 
quH  doit  d^fendreet  ou  Tennemi  peat  s'^tabllr  pour  le  battre. 
On  compte  plusieurs  sortes  i9jianes  1 1*  les^loncs  fru,  on 
place  biusef  parall^ies  aojfafie  eouvert,  et  au  pied  de 
ton  ^Minlement :  ils  servent  k  angmenter  la  defense  du 
Jloftc;  leor  pen  d*dl6vation  ne  permetpasi^l'ennemi  d'avoir 
prise  sur  eux,  et  leor  fen  rasant  rendtrte-pMUeux  le  pas- 
iige  dn  foss<;  2*  le  JUme  rasant :  c^est  oeloi  qni  est  per- 
poBdieulaire  k  la  ligne  de  d^Hense,  et  d'ot  Ton  volt  direc- 
tement  la  tbe»  du  bastion  voisin ;  3*  le  Jiane  oblique  :  il 
est  oblique  k  la  ligne  de  defense ;  4*  le  fUme  convert ,  qui 
est  moins  expose  anx  assaillants :  une  partie  de  ce  flanc 
rentre  au  dedans  da  bastion ,  et  elle  eat  oouverte  par  Tautre 
partie  vers  Npaule ;  ce  flanc  a  Pavantage  deconserver  qneU 
ques  canons  dans  cette  partie,  placte  de  maniire  k  contri- 
boer  beaucoup  k  la  defense  do  foss4  et  do  pied  de  br^ches ; 
h*  le  Jlanc  concave  :  il  est  convert  et  forme  une  courbe 
dont  U  convexity  est  toumte  vers  le  dedans  du  bastion. 
FLANGHI&  Voyez  Saotoib  (Blason), 
FLANDRE  (enflamand  Vlsenderen),  provinee  des 
Pays- Bas,  appartenant  aujourd^hui ,  partie  k  la  Belgi(|ue , 
partie  k  la  Hollande  ( exuimit^  m^ridionale  de  la  province 
de  Zeelande )  et  partie  k  la  Frauce  ( moiti6  ocddentale  du 
d^rtement  du  Nord ,  avec  588,000  habitants ;  ainsi  que 
le  d^partement  du  Pas-de-Calais  on  ancien    Artois,   avec 
685,000  habitants ) ,  aussi  remarquable  par  son  exoellente 
agriculture,  son  commerce  et  son  Industrie,  que  par  ce  qu'of* 
f^ent  de  particulier  les  ^l^ents  de  sa  population ,  moiti^ 
d^origine  germanique  ( leaFlamands),  et  moiti^  d'origine 
romane  ( les  Wallons  ),de  m6me  que  par  son  liistoire.  Cdsar 
y  rencontre,  comme  principales  tribus,  les  Morins-lielges, 
aur  la  cOte  occidentale;  pi^s  d'eux,  an  nord  et  k  Teat,  les 
M6napiens-Germains;et  au  sud-est,les  Abr^tes,  tribu  beige 
qui  pratiquait  Tagrioilture  en  m^me  temps  que  Tindustrie; 
et  aprte  la  soumission  de  ces  diff(^entes  nations,  la  contrde 
Ibt  incorporte  k  la  province  romaine  ddsignte  sous  le  nom 
de  Belgica  secunda.  Plus  tard  des  Z«/i,  c*est-k-dU%  des 
colons  Slaves  et  Saions ,  vinrent  aussi  s*y  6tablir ,  plus  par- 
ticuli^rement  sur  la  c6ie  septentrlonale,  et  ne  contribu^rent 
pas  peu  ^  germaniser  le  pays.  Sous  la  domination  franke, 
I'Escaut  y  forma  la  frontiire  entre  la  Neustrie  et  TAustrasie; 
et  cette  ligne  de  dtoarcation  se  maintmt  dans  ce  qu*elle 
avait  de  plus  essentiel  longtemps  encore  aprto  le  partage  de 
I'empiredes  Cariovingiens,  de  sorte  que  la  partie  septen- 
trionale  et  la  partie  sud-ouest  de  la  Flandre,  quolque  essen- 
tiellement  allemandes,  firent  partie  de  la  France,  et  la  partie 
tud-est,  quolque  g^n^lement  welebe,  fut  comprise  dans 
Tempire  d*Allemagne  k  partirde  1007. 

Le  nom  de  cette  contrdelui  vint  du  Vlsndergau^  terri- 
toire  situd  autour  de  Bruges  et  de  Sluis  ( Pagus  Flan- 
drensis ),  dont  les  comtes,  lorsque,  vers  la  fin  du  neuvi^me 
sitele,  lis  eurent  ^t^  pr^pos^au  gouvemement  de  la  h^n 
des  c6tes  du  nord  de  la  France  bstitute  pour  servir  de 
fronti^res  et  de  marche  centre  les  Normands,  ^tendirent 
bientdt  leur  autorit^  jusque  \k  et  m^me  sur  quelques  oon- 
Mds  allemandes  lunitrophes.  On  cite  comme  le  premier  dc 
ces  margraves  (on  comtes  de  la  marche )  le  comte  fian- 
douin  Bras-de-fer,  qui  enleva  et  ^ponsa  la  belle  Judith, 
fiUe  de  Tempereur  Charles  le  Cliauve  et  veuve  du  roi  d'An* 
gleterre  Elhelwolf,  et  qui  par  suite  obtint,  en  864,  de  son 
beau  -p^re,  cette  marche  de  ertetion  r^cente  k  titre  de  fief 
h^rMitaire.  Aux  gaus  ou  comt^  allemands,  qui  jusque  alon 
avaient  exist6  dans  la  Flandre  allemande,  ne  tard^rent  potait 
k  succ^der  alors  de  moindres  districts  administrte  par  des 
viconites  ( vice  grqfen )  et  des  burgraves ;  tandls  que  dans  la 
Flandre  welche,  i^ar  suite  des  empidtementsdesrois  de  France, 
plusieurs  comtes  conserv^rent  longtemps  encore  leor  posi- 
tion. Parmi  les  successeurs  de  Baudouin  I*'  brill^reot 


FLANDRE 


47S 


tout  Amoulf  II,radyefMirede6Cap6lieii8;  BaudoainlY, 
|oa  ie  Barbu  ( 9S8-1036),  qui,  ii  U  suite  de  briilantes  tic- 
loiroi  rcmportte  sur  l*emperear  Henri  II,  obtini  de  ce 
prince,  en  1007,  k  titre  de  fiefe  Talendennes,  l«  burgrayiat 
de  Oand ,  l^lle  de  Walcheren  et  lea  lies  Ztelandaises,  et  de- 
rint  ainsi  prince  de  l^Empire  d'AllemagDe ;  puis  son  0U  B  a  u- 
douin  y  on  U  Pieux  ( 1036-1067 ),  qui  augmenta  ses  pos- 
sessions des  territoires  allemands  situ^  entre  I'Escaat  et  le 
Deader  ( AlosteiUmd)  et  d4>endant  dn  dochtf  de  Basse- 
Lorraine,  de  Toomay,  de  la  sonTerainet^  sur  I'^Tteh^  de 
Cambray,  duqnel  le  comt^  de  Flandre  ne  cessa  de  d^pendre 
en  mati^res  eccl^nastiques  qn*&  I'^rection  de  T^Tteb^ 
d^Arras,  et  du  comt^  du  Hainant.  Son  fils  cadet,  Robert 
le  FrisoHf  h6rita  de  ses  nouveUes  acquisitions;  quant  k 
la  Flandre  et  au  Hainant,  its  pass^rent  a  son  fils  aln^, 
Bandouin  VI,  on  le  Bon,  dont  les  fils  fond^rent  de  nonveau, 
en  1070,  deux  brancbes,  celle  de  Flandre  et  celle  de  Hai- 
nant 

Aprtelasanglante  bataille  liyrte  ^  Baringhoyen,  en  1071, 
qui  eat  poor  suite  Teitinction  de  Taln^e  de  ces  lignes, 
ce  Robert  rccueillit  tout  I'h^ritage,  et,  demtaie  que  son 
Ills,  appel^  conune  lui,  se  fit  un  grand  renom  par  ses  voyages 
k  la  Terre-Sainle  et  par  ses  nombreuMs  luttes,  tant  contre 
MS  Tolsina  que  contre  rempereur.  A  Robert  11  succMa  en 
1112  dans  le  margraviai  (le  titre  de  margrave  tomba 
d'aiJleurs  de  plus  en  plus  en  d^^tude  k  partir  de  la  fin  du 
onzitoie  si6cle)  son  fils  Bandonln  VI,ditd  to  Hache,  k 
cause  de  la  s^T^rit^  avec  laquelle  il  punissait  les  perturbateurs 
de  la  paix  publique ;  et  quand  celid-d  mourut,  en  1 120,  sans 
lijsser  d*enfants,ileut  pour  biritler  unlTersel  son  neveu ,  le 
prince  Cbarles  le  Bon,  file  de  Knut  I^yroi  doDanemark,  et 
d^Adtte,  fille  de  Robert  le  Prison ,  lequel  fut  assassin^  en  1 1 27, 
dans  r^Iise  de  Salnt-Donatien  k  Bruges.  Six  pr^ndants 
se  disput^rent  alors  le  margrariat,  jusqu^^  ce  que  le  landgrave 
Dietrich  d*Alsace,  descendant  collateral  au  m^medegrd  que 
Charies  de  Tancienne  maisonde  Flandre,  parrint,  en  1128, 
k  86  faire  reconnattre  sur  tons  les  points  du  pays.  Mais 
cette  ligne  mAle  s^^teignit  d^jii  en  la  personne  de  son  fils 
Philippe,  qui  s'empara  du  Vermandois,  maissevit  enlever, 
pour  quelque  temps  du  moins,  par  la  France  la  contrte  k 
laquelle  on  donna  plus  tard  le  nom  A^Artois.  Ce  prince 
\}it\X  en  1191,  devant  Saint-Jean  d'Acre;  et  alors  la 
Flandre  et  le  Halnaut  se  trouvferent  de  nouveau  rtonis 
sous  les  mftmesloispar  la  soeur  et  hiriti^  de  Philippe,  Mar- 
guerite, spouse  de  Baudouin  VllI,  de  la  ligne  de  Hainaut  des 
anciens  comtes  de  Flandre. 

Le  filsde  cette  princesse,  Baudouin  IX,  fondateur  de 
rempire  latin  de  Ckmstantinople,  laissa,  en  1206,  deux  fliles, 
dont  Tone  mourut  sans  enfants,  et  dont  Tautre,  Jeanne  de 
Flandre ,  morie  en  1280,  l^a  kson  fils ,  Jean  d^Avennes, 
Issu  d*ttn  premier  mariage,  le  Hainaut,  demeori  depuis  lors 
s^r6  de  la  Flandre ;  et  la  Flandre  k  un  fils  issu  de  son  se- 
cond mariage,  Gui  de  Dampierre.  Le  petlt-fils  de  celui-ci, 
Louis  l",en  ro^me  temps  seigneur  deNevers  et  deRetbel, 
par  consequent  de  tons  les  comtes  de  Flandre  celui  qui  pos- 
s^a  les  plus  Tastes  domaines,  provoqua  en  1336,  par  la 
cruaute  avec  laquelle  il  traita  qnelques  villes  oil  des  troubles 
avaient  €q\M  k  la  suite  de  mesures  pr^judiciables  k  leur 
Industrie ,  Tinsiirrection  g^n^rale  qui  eut  pour  chef  le  cou  • 
rageux  brasseur  de  Gand  Jacques  d* A  r  t  e t  el  d  e ,  et  qu*ap- 
puya  TAngleterre.  Chass^  de  ses  £tats ,  le  conite  demanda 
des  teooursa  la  France;  mais  il  n*y  put  rentrer  qu^aprte 
la  mort  d'Artevelde,  en  1345.  L^ann^e  d'aprte,  il  mourut  k 
la  bataile  de  Crtey.  Sous  son  fils  Louis  If,  dit  de  Afs/e, 
caract^re  l^er  et  insouciant,  les  villes  qui  de  bonne  heure 
araient  acquis  de  la  riciiesse,  de  la  puissance  et  de  Timpor- 
tance ,  Gand  et  Bruges  notamment ,  se  r^Tolt&rent  de  nou- 
veau. La  paix  conclue  en  1848  avec  I'AngleteiTe  eut  pour 
rdsultat  de  r^tablir  la  tranquillity  dans  ces  contrdes ;  mais 
la  lutfe  reoommen^  avec  pliys  d*acliameittent  que  jamais 
en  1379,  eulre  les  bourgeois,  enflamm^  de  Tamoiir  de  la 
^,ei  lessouTerains,  qui  roulaient  leur  imposcr  des  Ters. 

OICT.  DK  LA  CONV£KS.   —  T.   IX« 


En  1384,  rbek'ti^re  de  oe  dernier  comte  de  Flandre^ 
^poue  de  Philippe  e  Hardi de  Bourgogne,  rtenft  k la  Bour* 
gogne  la  Flandre,  qui  en  partsgea  dte  lors  les  destinte.  Let 
dues  de  Bourgogne  r^duislrent  sous  leor  domination  U  pins 
grande  partie  de  Tanden  ducb^  de  Basse-Lorrame,  et  pQs6* 
rent  ainsi  la  base  de  la  ligne  que  form&rent  plus  tan!  lea 
difKirentes  contrte  des  Pays-Bas ,  ligue  dans  laquelle  la 
Flandre  joua  toujours  un  rOlc  des  plus  importants.  Lors- 
qu'i  la  mort  de  Charles  le  T6m6raire,  sa  fille  Mvie 
porta  ces  ccmtrte  dans  la  maison  d'Autriche,  la  France  eut 
bean  chercher,  k  diyerses  reprises,  k  faire  pi^valoir  le  droit 
de  snzerahiet^  de  la  couronne  de  France  sur  la  Flandre,  tout 
aumolnajusqu^iilariTegauchede  la  LysetdePEscaut,  c*est- 
Ji-dire  surlesUmltes  de  Tancien  margraviatde Flandre,  pr^ 
tention  parfaitement  fondte  en  droit; ces  contrto  n*en  de- 
meor^ent  pas  moins  d^rmals  afirancbiel  des  rapports 
eontre  nature  qui  les  liaient  k  la  France ,  et  lors  de  la  division 
de  i'Empire  d'Allemagne  en  cercles  eUea  fnrent  hicorpor^ 
au  cercle  de  Bouigogne.  Maisaprte6tre^chue  k  la  ligne  espa- 
gnolede  la  maison  de  Hapsbourg,  en  la  personne  de  Philippell, 
la  Flandre  subit  de  nombreuses  rMuctions  de  territoire.  En 
elfet,  aux  termes  de  la  paix  de  WestphaUeles  £tats  g^n^raux 
obtinrent  ce  .qu*on  appelle  la  Flandre  hoUandaise ;  et  la 
France,  k  partir  du  r^e  de  Louis  XIV,  s^empara  d'une 
partie  de  la  Flandre  et  du  Hainaut,  du  Cambr^sis  et  de  I'Ar- 
tois,  dont  les  traits  des  Pyr6ntes,  d'Aix-la-Chapelle,  de 
Nim^e  et  d*Utrecht  lui  confirm^ent  la  possession  defi- 
nitive. Le  dernier  de  ces  traits  et  la  paix  de  Rastadt  ren- 
dirent  k  la  maison  d'Autriche  ce  qui  restait  des  Pays-Bas  es- 
pagnols. 

A  cette  epoque,  H  y  avail  une  foule  de  maniires  de  dis- 
tinguer  les  dlverses  parties  dela  Flandre :  on  d^signait  comme 
Flandre  damaniale  celle  aundeU  de  TEscaut;  la  flandre 
espagnole  se  trouvait  placte  entre  la  fran^aise  et  la 
hoUandaise;  la  Flandre  Jlamande  ou  fiaminganie^  ou 
bien  encore  la  Flandre  tautonique  ou  maritime,  €Lui  la 
partie  oti  Ton  parte  fiamand,  ayant  la  mer  pour  homes  au 
nord-ouest  et  la  Lys  an  sud-est.  La  partie  conqulse  par 
Louis  XIV,  dont  Lille  ^taitle  chef-Ueu,  avail  nom /'ton^r^ 
fran^ise,  et  forma  un  des  grands  gonvemements  du 
royaume.  La  Flandre  wallonne,  et  plus  anciennement  gal- 
lieane,  €t^i  celle  oh  la  langne  frangaise  ^lait  conserve 
comme  vieux  souvenir  du  berceau  de  la  raonarchie :  Tour- 
nai  en  ^tait  la  principale  ville.  La  rive  gauche  du  Bas-Es- 
caut  et  rile  de  Cadsandt  portaient  le  nom  de  Flandre  hoi- 
landaise.  Enfin,  il  y  avail  encore  les  noms  de  Flandre  im- 
p&iale,  Flandre  partiaUibre  et  Flandre  propriHaire, 
qui  s'adiaptaient  k  des  parties  moins  Importantes. 

Quoi  qu*il  en  soil  de  toutes  ces  difTdrenles  dtoommations 
etcirconscriptions,  les  strangers  au  pays  nomment  Flandte 
toutes  les  provinces  qui  ont  Jadis  fait  partie  des  andens  Pays- 
Bas  cathofiques;  les  Espagnola  et  les  Italians  vont  m^me 
plus  loin :  ils  d^signent  sous  ce  nom  tons  les  Paya-Bas.  Dans 
le  temps  oil  des  troubles  religieux  tourment&rent  ces  pro- 
vinces, on  ddsigna  les  guerres  qui  en  furent  la  suite  par  la 
qualification  de  guerres  de  Flandre,  et  les  auteurs  natio- 
naux  et  strangers  qui  en  donnirent  les  relations  se  confor- 
mteent  a  I'usagc  gdn^ral,  qui  est  encore  aujourd'hui  ebaerv^. 

A  partir  de  1794,  la  Flandre,  de  m6me  que  les  autres 
provmces  beiges ,  fut  uicorporte  k  la  r^publique  frangaise 
et  plus  tard  k  Tempire  firan^is.  EUe  forma  les  d^partements 
de  la  Lys  ( province  de  la  Flandre  ocddentale)  et  de  TEs- 
caut  ( province  de  la  Flandre  orientale).  Mais  le  congr^s  de 
Vienne  attribua  U  possession  de  ces  deux  parties  au  noa- 
vcau  royaume  des  Pays-Bas,  dont  elles  continu^rent  k  fiiire 
partie  jusqu'ii  la  creation  d*un  royaume  de  Belgique. 

La  partie  beige  de  la  Flandre  est  divis^  aujoord'hui  ea 
province  de  la  Flandre  orlentaU  (avecune  population  da 
783,450  habitants,  et  les  villes  de  Gand,  Oudenarde,  Alost, 
Dendcrmonde,  etc. ;  superficie :  36  myriam^tres  carrte ;  et  en 
province  de  la  Flandre  occidenlale  (631,000  habitants; 
villes  principalea  :  Bruges,  Ostcnde,  Vpres,  CouHray,  etc.; 

60 


474 

io^lHleie  :  39  mjiiaibaret  cirr^).  Consalte^  Praiet,  His  | 
lolHi  tfi^  comteg  defiandrb  et  de  Vorigine  des  eoTprnmes' 
JUg^da  (BroxeUes;  1S28);  tegfoY»  HUtoire  des 
tomUk  deJ^tomdrejiusqv^iiV^inkment  des  dues  de  Bour 
^«i^d'(Parii,  1843^);  Ker^  van  lejktcihoven,  Bisioire 
de^fHimdre  (BrdieOes,  1851).  Voyez  FuHAiiDEs'CLangue 
#i£ltk^ture)^  '•    '•' 

FLABIDRUV(Ai]6t«tE),ti6  kLyoQ/fen  l804,  entra  en 
MHVMie  d68  beaui-arts  de  cette  VBIe,  ^  V 1^  de  rapides 
pfj^t^.  Aln6  d\Hit  nimille  sanB  foVtdne,  11  8i6  r!^  de  boftroe 
Mre  oblige  de  iacrffier  h  la  liteessttd  seis  {[>eachaiiU  les 
pidl  iri^istibl^  pour  Me  a^']6iirfe]ott<  Ai'tb^iitel'.  Plac^ 
4tii«  mi  atelier  de  nthogkvphe,  11  y  fit  preuve  tf oae  aptitude 
nn,  4i  mR  dngolftt  dans  des  eompositiotas  qui  d'ordinalre' 
MOC  ^trangires  ft  l*an.  t)tpmi  1<A  Vigi^ettes  de  romaneea 
)Mqtt*Mix  lUiutratloiis  d*«uirrageft,  totit  fUt  ei6cM  par  lai 
ivie  intelligence.  Sov  titleiit  9t  maiure^ta  auul  dans  la  re- 
fradnctlon  de  nos  'riidliebn  snjet^  d^e  gravure;  mais  tdut 
6ki  lul  prenait  beaaeoti]^  de  tenips,  et  Tart  lal  r^serrait  une' 
ftMill^ure  place.  En  I83!t<,  ll^isl  ft  Paris;  et  iravailla  deux 
ifii  gons  M.  Ingres.  Pins  tard,  atee  9es  deux  fr^res,  11  par- 
cmtmt enartiste,  I'ltalie  dcipuis  t>»stum  JUsqn'ft  Milan.  'Ren- 
M  ft  Lyon,  11  y  devlnt  chef  d*^le,  et  proflessa  las  doctrines 
4e  M.  Ingres.  Ce  fat  jiottr  la  jeunesse  lyonnaise  f  initiation 
I  nil  graiid  progrftis.  Par  va'desslncorrbct,  par  u^  colo'rls 
for  et  bien  entendu »  Augnste  Flandrin  s'acquit  nne  hono- 
fiMe  rotation,  et  bbtlnt  en  1^41  la'  mMalUe  d'or  jx>ur  son 
llMeau  des  Baifftieuses,  expose  la  mtaie'ann^e.Pluslenrs 
iiijeb  rellgienx  ef  divers  poitndts'en  pied,  d'lm  fncontes- 
lible  mdrite,  lul  assuraient  un  brillant  avenlr,  lorsque  la 
IMrt  rarracha  tout  ft  coup  ft  sa'  fiunille,  ft  ses  hombr^ux 
tilils.  Attebit  |Mr  une  fiftvre  typhoSde,  11  succoinba  en  pen 
i$  jour's  &  la  violence  de  ce  mal,  en  ftoM  1842. 

FLANDRIN  (Hifpoltw),  n^  on  1809,  andia  d'iU>ord 
idos  MM.  liCgendre  (it  MagiUn,  t>u^  ^us  Revdll.  En  1829, 
tt  pBfiH  avte  son  frtre  Paul  ponr  Paris,  et  entra  chez  M.  In- 
gres. Ett  1832,  il  reuporta  au  oonconr»  le  grand  prix  de 
JlOfDe,  et  quKtate  Fruiee  pour  Tltalie.  II  arriva  dans  la 
vtlle  pontificale  au  mois  de  janvfer  1833,  et  se  livra  avec 
fltsalon  ft  rfttnde  des  mexVeUles  que  Vart  y  a  r^ies.  Son 
irftre  Paul  Vint  le  rejoindreun  an  aprte;  Anguste  te  sui- 
tlt  bient6t,  et  tons  trols  eurent  le  bonheur  de  ttavailter 
de  nouvean  sous  leur  maitre  chM,M.  Ingres,  nonun^  alors 
Areeteur  de  VAcadtoiie  de  peinture  ft  Rome.  Vers  la  fin  de 
I834|  les  trols  frftres  artiste^  rentrftrent  en  France;  Hippo- 
fyte  et  Paul  se  fixftrent  ft  l>aris,  travaillftrent  dans  le  meme 
iteUer,  firent  les  mimes  ^udes  et  eussent  suivl  la  m6me 
toie«  sans  les  conseSts  de  M.  Ingres,  qui  les  engagea  ft  ne 
point  courir  les  chances  d'une  dangereuse  rivailt^.  D6s  ce 
ttotnent  leur  ligne  fut  trae6e :  Pauls'adonna  an  paysage,  Hip- 
polyte  resta  fiddle  au  genre  hlstorique,  et  marcha  cresendo 
dans  lechemin  des  l^timessttccfts.  Ses  principaux  ouvra- 
ges  sont :  ThMe  reeonnu  dans  un  festfn  par  sonp^e,  su- 
^du  grand  prix;  Euripide  ^ivant  ses  tragedies;  Dante 
dans  le  cercle  des  envleux;  Saint-Clair  guirissant  des 
Offiugles;  le  Christ  et  Uspelits  enfants,  Ce  dernier  ta- 
Meia  et  oelul  du  Dante  avaient  ^t^  compost  ft  Rome.  La 
Chapelle  Saint-Jean,  dans  r^tise  Salnt-S^verin,  ft  Pa- 
ris, est  encore  une  oeiuvre.capltale  d'Hippolyte  Flandrin; 
die  fut  terming  en  1840.  En  1841, 11  exteuta  pour  le  due 
'  ie  tuyoes  trente^ix  figures  d^coratlves  au  cbftteau  de  Dam- 
pterre.  R  fallalttout  le  talent  et  rimaginalion  d*un  peintre 
niUle  pour  se  tirer  anssi  heureusement  d^un  semblable 
trariil. 

En  1842,  la  cbambre  des  pdrs  commanda  ft  M.  Hip- 
polyte  Flandrin  un  grand  tableau  \  iSaint  £JouU  dictant 
Mis  tonunaHdements.  Ce  travail  se  distingue  par  I'bar- 
IMiye  de  Tensemble,  par  h  puret^  du  dessio,  par  la  grftce 
'  4flft  dnpMes.  La  vlilcde  Dreiix  acquit  pour  sojet  de 
tKfail,  en  1843,  un  Mnt  Louis  prenani  la  croix 
pbut  ia  deuxihne^fois,  A  fexpositlon  du  salon  de  1845, 
lii  amateurs  adarirftrait  de  lul  une  Maier  dolorosa,  tou- 


FLANDRE  — '  FLANEOR 

cliahtfefigdremptt&ilede  divine  r&fgnatM.k^rmiseiaa-    ' 

'  Ired  travaut,  il  faut  encore  dter  Ito  pehitures  quHl  a  ex^- 

cut^  poor  r^lise  de  Saint-Germaiii-des-Pi^,  et  la  rris« 

de  rentablement  de  la  nef  de  T^se  Saint-Vincent  de  PauL 

En  1847  11  avait  expose  un  NapoUon  Ugislateur,  coAimand^ 

par  le  minUtre  de  rint^rieur  pour  le  Conseil  d'l^tat ;  depuis, 

il  n^exposa  plus  que  des  portraits.  Cbevalier  de  la  ligion 

'  d^Honnepr  ,en  1841,  et  noinm4  officier  du  m6me  ordre  le 

12  aoUt  18S3, 11  fat  appeI6  p^esqu^en  mftml)  temps  ft  rem- 

'  plac^  Blondel  ft  TAcad^ie  des  ^eauxArts  de  Plnstitut 

FLANOpiN  (Jeam-Paql),  Brftre  des  pr6cddents,  n^  & 
'  LyOD,  en  1811,  sulvit  !e  jn6me  e^selgnement  que  aon  firftre 
'  Hippoljte.  En  1834,'  il  pftrtii  pour  Rome,  et,'  sous  ce  del 
\  inspirateur,  il  peignit  d'apres  nature  te  paysage,  sans  pour 
'  cela  renoncer  ft  d'autres  Etudes  d^ttn  ordre  dilTi^i'enC.  Dau» 
'  ce  but,  11  desslna  la  ^ure,  tant^t  d^apres  les  maYtres,  tantot 
d*aprfts  nature,  et  fulcharg^  par  M.  Ingres  de  falre  trols  co- 
'  piesides  Loges  pour  la  collection  des  frfties  Bake.  Jusqu*en 
1838  Paul  Flandrin  partagea  ainsi  son  temps  entre  deux  or- 
dres  d*todes  qui  devaient  foment  porter  leurs  fruits.  A 
cette  ^poque  ses  deux  frftres  et  lui  quittftrent  ritaiie  pour 
rentrer  en  France.  Les  principaux  ouvriages  de  Paul  FJaodrin 
sont :  Ues  Adleux  d'uh  proscritf  grand  paysage  extod^  ft 
Rome,  el  qui  obtint  au  salon  de  ^839  la  m^allle  d'or ;  une 
Ngmphe^  ex^nt^ft  Rome.  Ces  detix  paysages  donnentpen 
de  prise  ft  la  critique  etnendeiitr^loge  ladle.  Leur  ensemble 
est  blen  entendu,  et  dan's  les  details,  'si  h^lg6i  d'ordinaire, 
Toeil  dteouvre  des  beauts,  qui  ft  elles  seules,  constituent 
un  vrai  mi^rite.  Les  Penitents  de  la  campagne  de  Rome  et 
une  Vue  de  la  villa  Borghese,  furent  termini  eo  1840 
et  ne  cMent  point  en  m^riie'  ft  leurs  atn6t.  Au  cbftteau  de 
Dampierre,  Paul  Flandrin  a  peint  pour  le  due  de  Luynes 
deux  tableaux  sur  mnr,  dans  la  grande  galerie.  U  y  a  la 
aussi  de  lui  une  Vue  des  Alpes,  tableau  acquis  par  le 
m6me  propri^taire.  La  reine  Amdie  acbela  un  cbarmant  ta- 
bleau de  M.  Paul  Flandrin,  reprdsentant  une  Ftie  de  BiooH. 
La  Promenade  du  Poussin  sur  les  bords  du  fibre;  Jkms 
les  bois  et  Dans  la  montagne  ( 1850 ) ;  La  Biverie  ( 18ft3), 
d'autres  paysages  moins  importants,  mais  d*un  fimi  pacfiit; 
qudques  portraits  frappants  de  ressemblance  et  1^  pein- 
tures  du  baptistftre  de  ^alnt-S^verin,  ft  Paris,  teUes  soni  les 
ceovres  prindpales  de  Paul  Flandrin.  U  slM  d6cor^  de  la 
L^ion  d'Honneur  en  1862.  Eugenie  Nibotbt. 

FLANELLE,  ^toffe  fobriqu^avee  de  la  laine  pofft^e 
ou  cardte.  Elle  est  l^ftre,  ft  tissu  simple  on  crois^.  On  en 
distingue  de  tfbls  espftces ,  sdon  la  maniftre  dont  elles  sont 
fabriqu^s,  avec  des  peignes,  des  cardes',  ou  avec  ks 
ttos  et  les  autres  ft  la  fois.  Les  premlftres  ont  la  chalne  ei  la 
trame  en  fil  delaine  pdgn^  Elles  sont  rases,  l^g^res  et  sans 
apprftt;  on  les  emploie  ft  faire  des  doublures  de  gilets,  des 
cale^ons,  des  jupons,  etc.  Les  secondes  ont  une  quality  plus 
absoriMmte;  et  c^est  pour  cda  qu'on  les  applique  direde- 
mentsur  la  peau.  Elles  sont  aussi  plus  chaudes,  plus  f/ur- 
nies;  dies  se  r^tr^dssent  et  se  feutreot  moins  que  les  autres 
au  lavage.  La  troislftme  espftce  tientle  milieu  entre  les  deux 
dont  nous  venous  de  parler.  Autrefois  on  enviait  beaaioaup 
la  flanelle  d'Angleterre.  Sa  superiority  6lait  due  an  perlec- 
lionnement  qu*apportaient  Im  Anglais  ft  Tart  de  filer  la 
laine;  mais  aujourd^bui  nos  progrfts  ont  €b^  tels,  que  nooa 
(aisons  aussi  bien  que  nos  voisins,  et  que  nous  n^aTons  plus 
rien  ft  leur  envier.  V.  m  Mol^on. 

FLANEUR.  Udemiftiej6dltiondnZ>ie<ioiiiiair«((eril- 
cad^mie  n*a  point  encore  accord^  ft  ce  substanttf  el  au 
fldner,  deux  mots  non-seulement  plus  que  fran^ia, 
entiftrementparisiens,  leurs  grandes  lettres  de  naturalisalKNi. 
Tons  deux  n*en  font  pas  moins  d^sormaia  partie  de  notve 
langage  famflier,  aussi  bien  que  musard  el  musarder^  qw 
n'ont  da  sans  doute  qu'ft  leur  anden  emploi  le  brevet 
d*admission  que  leur  a  ddivr^  notre  s^nat  littftraire.  Cette 
juloption,  toutefois,  ne  devait  point  pr^judicier  ft  raulre.  lie 
fldneur  est  une  vari^l^  disUnde  de  Tespftoe  muMorde^  el 
cette  cit^gorie  elle-m6me  se  subdlvlse  eu  div( 


. f LAWPUR  - 

Ainai ,  DOUft  avuiiA  le  lUueurjiHilitiqiie »  qui  se  porWsur  tous 
l«  points  ou  U  4i>u proline  quftpouiroQt  p»sser  ua  prince  9U 
une  4mm\0i  le  (Moeor  dcs  bAtisMs,  rippp^ctefir  patient  el 
bMTole  des  moBuoMBlf^  publies;  c'e^t  loi  qui  tons  )^ 
jourt,  qoand  il  lalt  beeO|  y»  voir>oii  en  ppnt  lea  copstrufc- 
tioradeUgaJ€ifie.daLo«m«el  jle'/aniedeiMFotA.,  .  . 
Puis  enoorft  !•  fliimn-  leltrtiyidoiH  lea  qpais  foiU  b  prj^- 

I  menade  fatoriteret  c^e  cbaqiie  ^(ali^fco  de;  beuqui^l  arr^te  ao; 

.  jooina  un  qyAri.  d'lieure;  le  (Uoeur^esjardina  pubUqB«  dont 
las  aimples  jauK  dtiTieufi^ce  occiipent*  pendant  dea  beiires 
enti^rea  llmooentt  eorkm^di}  an§n,.le  flAneiir  despar^dei , 
fJane  lea  attribotiona  doqoel  renire  ausal  l#  lecture  attenti?e' 
dea  afRehes  de  apectaciea  dn  jov^  qni  ^olfit  amplement^  ayeo 
laa  repr^entaliona  en.  pWo  .vebl^  4.  ia'  aatisfaction  de.  sea 

^  joviaaaBcea  dvanaUqnas.  II  none  aerait  impoesible  de  suiTre 

'  tea  tracea  de  tone ,  lea  OAneura  de  la  eapitale;  car  e*est 
poureux  pria^pakmjentqoePariaeat  unpaffs  dt  Cocaine, 

Qaelle  ronlededistraetionseurtoatleor  ofnrentaea  boolerards, 
panoraoM  si  Tari^  et  renoofeld  saaa  ewe  t  lAf^fsri^  doit 
i^alemtnt  bea^ocoqp  ,de  raoonnaiBsanca  k  caa  nombreiii  trot- 
toirs  qoi  lid  pennettaat.iiiaintettanide  alatioiuitr  saw  dan- 
tar  deyan^  lea  nagasina  et  lea  boqtiqiiea  .a*  qnelqoe  oljet 
.  ^ttirftaan  attcptton..  Engtodral,  tea  gasa  de  Mttres»  lea  ar^ 
tistea  soot  fllneara  :  c'est  pour  eux  no  mofeii  de&iraiepo> 
^r  la  penste  an  profit  de  robaerratiaa.  Ia  flteeiie  est  ia 
paresie  dea  lionDoies  d'esprit;  et  ce  n'est.  pta»  pare»»eux, 
c'tsiJUtneur  avec  d^Uce  qa'aorait  €U  F^uro  k  notre  ^po^ 
qoe  et  dans  notre  payi.  Oumt. 

FLANQU£«  Dans  le  btason,  c*est  onepi^e  fonn^  par 

une  Ugne  en  roOte  qui  part  des  angles  da  cb  e  f  et  se  termine  i 

la  base  de  T^^.Les  flanquea  se  portent  toujours  par  pairea. 

FLANQUk  se  dit,  en  tennes  da  blason*  dea  figures  qui 

«n  ont  d'autres  h  leurs  cAl^« 

PLANQCER,  Terbe  employ^  d^abord  dans  le.tangage 
de  la  fortification ,  a^ant  d^^tre  appliqu^  au  ro^uisine  des 
armte  sur  I^  terrain,  fen  poKoroitlqne /^anguer,  c'est 
d^endre  00  poufoir  d^endre  par,  des  troupes, ,  pt^  de  petites 
armes,  par  des  punages,  par  des  batteri^,  u^  ilanc  atta- 
quable.  Sur  le  cbarop  de  bataille  ^fianqwr  une  troupe « une 
ligne,  c'est  combaitre  ou  6tre.pr(t  k  jcombattre  pour  ia  pror 
tection  de  ses  al^ea,  de  sea  flancs.  Pair  une  i^uaioi^  facile  k 
%^m,flanqwry  c*est  frapperfdans  leJDanc  un  ennenii  qui 
eritreprend  un^  ofTensiye  obliqae«  G^.  BAROiif . 

FLANQUEUR^  nom  qui  a  ^  donn^  k  des  troupes 

qui  en  campagne  occupant  ou  sent  oensto  occuper  le 

flane  d'une  armte  et  Ivi  offrir  protection  et  appui.  Ce 

mot  apparalt  potf r  la  premiere  fois  au  commencement  des 

guerres  de  la  r^ToIution.  CT^taient  dea  troupea  k  pied  qui 

acoomplissaient  le  aei^rioe  dontles  chaaaaursa'ttaient  ac- 

qaitl6a  depute  la  gderre  de  17(6 ;  eUea  jooaleat  le  rAle  d?ap- 

/   pnis,  ou  de  lignea  briste,  que  la  tactfqne  de  Parmde  pnis- 

.   saenne  avalt  appelte  po/enees.  Dea  homroca  de  caTalerie 

.   <itaieBt  aosai  employ^  comme  flanqncura  ^  Ha  serraient  k 

faodnne  maai^des  delaireors,  dea  coaraara  d'estrade, 

el  deeea<oorpa  qo^absolmaeot  paiiant  eDaommalt  sous 

Cbaidea  vni  Ui»dnm»,  Oamme  toot  ifntt  d^nerortaent 

.    {paadj  soue  rempira,  telle  annde  pri^la  ddnomination  de 

MomqueHTi;  ainsi,  dans  la  campagne  de  tTM^, 'le  g^n^ral 

.    VandamnM  commaadait  me  annte  de  flanqiieoTa;.  Quand 

.    h»  BomadMgniftifcdes gBveadatreiipeillinnt ^puis^,  et 

qu'il  fallat  ponrtat,  daaa  un  esprit  fins  pottiiqfa  que  mi- 

i    lflaireiinTeBterdeaexpreflaiaiisMDf«a,ttftilGiiMdea/0ii- 

'^  j^nmsn  de  ia  garde ^  tenpc  vide-  de  sens  en  oe  que  ces 

:  '.fcraTes  eorpa  n^ont  pu  ploa  ianqu6  que  d'aiptrea  tt  ont 

,•    MXHBb^tn  souTent  dtant  flanqiid^  enx-m^mes.    G**  Babdin. 

.  .     FLASQCES.  Dana  lematdrieidaeysl^med'artillerie 

de  ^ribeaoval,  lea  ilasqoea  dtaient  les  principales  parties  en 

, .  lime  d'an  aflttt.  Ceadeox  pikM^'Coiap^eadane  des  madriers 

.  i  el  rteniea  par  des  entretoisea,a'eiicasb«lent  dans  le  bant, 

'.poor  raoerolries  toorillons  de  la  bonebe  li  feu ,  el  s*arron- 

<fiasaient  dans  la  partle  poaant  k  terre  qa'on  appelie  eroue. 

Dana  tea  aflttts  de  campapMi,  isa/fai^Mi  Maiaatdftgaites 


FLATTERS  47^ 

dans  leur  partie,in[iMeare«  poor  le  placement  du  co/l^  $ 
oettepartie,,plusmince,  s'appelaitd^fKie9t«n^,^«^ai^iMi. 
DsAs  le  materiel  nouyeau,  la  partie  sup^rieure' des  flasqpea 
aaeub)  ^t6  conserve ;  elles  sent  alora  fixies,  par  des  b^« 
ions  d'afsemblaga,  k  une  pi^  de  boia  posant^A  terre,  qog 
r.qa  nomme/^cAe  de  VeJfU.  Lea  fiasquea  de  diTersea  di« 
jpiensionSfl  suivant  qu*eilea  apipartiennent  k  un  afTOt  de 
canipagiie,de  si(^,  de  place,  de  cAte^de  marine, etc., 
aont  fiQrrdea  da  ttandea,  boulons,  cla.Te^teft,  etc.,  de  maiiiin 
k  r^siater  k  ia  coaunotion^produite  par  le.^up  fit  feu. 

Oana  la  masine,  on  donae  le  nom,  defla^g^ef  k  certaiaea 
pitoa  de  boia  qui  senreat^assnier  dea  mita,  etc.  Ainsi^oa 
distingDe  h»,fiasquet  d^un  piindeau,, ,  lea  JUuquek  4u 
heaupH^  leejiasques  du  cabeetan^  etc.       Maaun. 

FLATTERIES  Flatter,  c'est  <  loner  excessiTemenft 
dana  le  desseia  de  plain,  de  squire;  onfiatte  par  int^r^t, 
par  fidblease,  quelquetois  anasi ,  roaia  le  caa  est  bien  rare, 
par  ayeuglemeat.  Lea  ^tymologistea  a^nt  asses  di?is^s  anr 
rorigine  de  ce  mot :  lea,  una  le  font .  diiriver  de/o/ore, 
frdquentati/  de/o,  parce  que  les  flatteurs  souiflent  toidoors 
quelque  cbose  k  Toceille  de  q^,  ^ut  lea  entendre;  lea 
autrM,  dn  grec  irSLdcnsiv,  loindre,  dissimoler.  Ltftatte* 
Tie  est  cette  Jouange  aon  mddtte  qu'on  prodigue  k  cer* 
tainea  persoaaea,  saas  la  croire  Joale.  EUe  est  aussi  aa- 
.<^€QBe  que  le  monde  ,.et  degraada  manx  ea  ont  toujoun  M 
le  r^ltat^  ppnr  lea  peuplea  comqwo  pour  les  famillea.  Ja> 
mais  ellf  a'a  sa  prodnire  rieaipie  de  aMnvais,  et.cepeadaal 
ell^  eatjMutoat  cboy^;  quelque  defiance  qu'on  roette  k  V^ 
c^ntr*  qoelqpe  maladroite  qu'elle  pniase  0tre,  elie  ae  e^ea 
emparepaamoins  dnccmr  bumain,  pour  y  r^erbieotdl 
en  aoBTeraine  abaoioe.  Tel  hoomie  qui  d^abord  a  troBTiiiei 
fUUteries  qu'oa  lui  adressait  insipidea  .fiait  par  f*y,  abaa* 
doaner  iaseasiWement;  bieatdt  eUea  ne  aont  piua  I  sea 
yenx  qu*uae  Jvatice  randoe  k  seada^ritea,  etramiqyij.  la 
sagesse  de  ae  point  lea  redire  est  exclu  de  rintimit^..  P^or 
arriver  k  ce  rteultat,  \&Jlatterie  n'a.n}dme  beaoin  de.raf|tir 
aqenae  (brme, de. marcher  piar.anaone.gradatioa}  illni 
SD0it  d'etre  r^p^Ue^  auMi  nue»-  aassi  braatue  qutaa  oom* 
mencemei^t  Qoelquefoia  cepeadanteHe^iapripateeeT^nil:^ 
de  poUtesae  rteenrte  et  tngagsaate  qui  appartlenl  k  aotre 
nation;  eUe  a  aatondemodestte  qui  fendt  eroice  k^^  ean« 
daqr»  dea  panolea  .mieileosea  qu'enpreadrai^pour  d^  la 
bieareillaoea,  dea  ^loges  ai  artlstemeat  pv^pao^a  qq'oaiBsl 
presqne  teat6  de  craindre  qa'Ua  ae  soieat  ^ceonpaga^  .d'une 
oeoMre.  (Teat  priadpaleineat  aooa.cea  ^ofrs  trompeun 
que  ItLjkUterie  cauaele.plaa  de  raTagss  dana  Tbisnaaib^* 

L'aBaoQivprQire  de  llionmieqai  subondonae  saraisoa.  an 
joug  de  \ikflaHeiie  devient  excesaif ;  sa  mode^tie,  ai.toqte* 
Ibia  tt  ppaaiUait  cette  qaaliHA,  fait  place  ,k.  up  ^xg/)^V  d^ipe* 
sai<,<el  OMdhenr  alora  i  qai  le  blttse!  Si  la^i^itriaa.sQ 
cbangscaiasi  le  caiaetto>de  Thomm  fnV^v  cpaibim  ion 
biflueacaA'i^-elle  pasdt^  plpa  giajvia  ^ur^  prinjpef  ]  pia* 
cte  41at^depeaplea,ilsoatda  leur  ea  falifak ienMi;.tont 
le  poids  :  aussi,  W^flaUiene  qni  Titdaiia  I'atqioHib^.dei 
ooan.a-t^lleJBstonieat  4td  46trie«  et  oapendant,  lea  (i^cea 
ne  i'oni  jamais  reconave,  taat  eUe  aai^  (»iea  a^offrir  k  eux 
sous  rapparence  da  ddfouemaat.'et  de  la  fid^it^.  Apr^  la 
fiailem  prMite,  n'oubUanapaa one  autre  yari^,  encore 
trte-a^paadae  i  t'eelcttf/e  JkUterie  .qui  pr6side  aux  partis 
qot  ae  CMmeat  daaa  lea  beauinarta  et  la  litt^rature.  £Ue 
eoavBeaoa.par  .gllar  rhoaime.  de  g^ale,,  et  fiait  par  oba* 
eudr  soa  g^ia  iui-aitaie^  EVe  a*est  .telieiaeBt  multipli^ 
dana  eeadami^raa.anndea«:queilA  nombre  de,iioi  c^Mt^ 
inooanoeB  qui  ae  pnoateraeat  lea  .oneadeYaat  lea  autret  est 
doTean  ianoaibraUe.  0ki>  a'esl.mtee  ddpoafUde  de-.4M.'ea» 
rael^  odfeax.  qui  partout  aiileura  aeeompagne  Ja  JW* 
terieg  ellea'eat  pbia  que  ridknle  •  men  de  ^  ildiaile  4(ai 
(aM  rire,  mala  de  ceiai  qaiafllige.  La  flatterien'a  pas  BM^bia 
de  daag^  poor  lea  fenui^s  1 :  bieai  pen  taTeat  ^Ttter-isea 
pi^gea,  ,  Napol^Q  GAUOia«  •• 

Fl^TTERS(2f...)i  naqnit  le  IS  noTeoibiia'l7i4,4 
CreMd  ( PrnMe  rlitaaoe).  Soa  p^  ardiUecta  at  fiibrieaal 

t>u. 


476 

de  roeublcs,  hii  fit  commeneer  ses  ^todes  sous  mb  yeax,  et 
loi  (lomit  pins  U/d  les  premises  doUobs  do  detda.  Mais 
quand  Pflire  eat  attefait  sa  dixiteae  aantet  fl  la  eonfla  4 
MeDDingBr,  petntre  assei  distioso^.  La  p^  da  Flatten  la 
destinaH  k  sa  profeflskm.  Le  jeune  bomme  fat  mwoj^  k 
Paris,  plac4  cbei  on  ^MnUte,  et,  aprte  bien  des  tentatiTes, 
n*ayant  pa  prodoire ,  ea  preute  de  ses  dispositions ,  qa*oae 
grossi^re  oommode  en  noyer,  on  le  dtelara  InhabUe  4  cette 
carritee.  Plae<  easnite ,  pendant  plas  d*on  an ,  chei  an  m^ 
canicien,  fl  ne  rtessit  pasmieax.  Una  dreonslanoe  inatten- 
due  Tint  k  son  sacoors :  des  dames  qui  reeeraient  de  lai 
des  le^ns  de  dessin  le  d^toamkent  d'an  labear  poor  le- 
qael  fl  ne  seoiblalt  pas  Mre ni6,  et  an  STOcat,  M.  MaiiToiro, 
le  oondidsit  chei  le  e^l^re  sculptear  Hoodon,  qui  loi 
donna  k  eopier  on  bas-relief,  dont  fl  Ait  trte-satisfait  Mais 
Flalters  u'ayait  aneun  moyen  d'existence.  Un  €l^e  de  TAca- 
d^mie de  Masiqae,  nommi  Heorard,  loi-mtaiepea  fortune, 
lui  assnra  one  peUte  pension  de  solxante-quinie  centimes 
par  Joar,  qui  le  fit  Tlvre  pendant  dix-hnU  mols.  Enfin,  qael- 
ques  mMaiUes  lai  farent  d^cemta  par  FAcadtoie  des 
beaux-arts,  et  ea  1813  il  remporta  le  deoxi^me  grand 
prix  de  scolptare.  Mais  bientdt  6pris  d'one  des  filles  do  o6- 
l^bre  cbanteur  Lais ,  qo^il  defaft  looser  plus  tard,  il  s'en- 
rOle  par  d^pit  amooreax,  derient  sous-lieutenant,  lieotenant 
a4ju(1ant-major,  et  ne  rentre  k  Paris  qu'aprte  le  dtestre  de 
Waterioo,  poor  se  liTrer,  STec  ane  noaTeOe  ardenr,  4  son 
art.  Alors  U  prodoit  sooeesslTement  on  bas-rehel  reprten- 
tant  La  Fauue  Gi&irtf  maintenant  en  Allemagae;  et  les 
bastes  de  Louis  XVIII,  6r^,  Tahna,  ia  gMral  Foy, 
Gertbe,  Byron;  il  expose  an  salon  un  Chasseur  gree  au 
rspoff,  H^,  GanpmMe,  una  statue  da  Sommeil  en 
bronie,  maintenant  k  Londres;  one  Baigneustf  an  Atncur 
en  bronze,  maintenant  en  Russie.  La  Prusse,  Bade,  plu- 
sleors  l^ts  de  PEorope,  acqoirent  da  les  ooTrages  pour 
leors  mus^  et  galeries.  Les  Anglais  surtout  lui  en  acbe- 
t^rent  an  poids  de  Tor. 

Dte  lors  11  crut  pouvdr  se  prfcenter  pour  oecuper  un 
Cialeoil  4  TAeadAnle  des  beaux-arts.  Ayant  dcboo^,  U  eria 
au  seandale,  tolTit  k  ses  juges,  aux  ministres,  k  les  rieux 
amis,  des  kttres  iijarieases,  mena^a  da  briser  son  dsean ,  de 
former  son  atelier,  de  se  retirer  sons  sa  tente,  eomme 
AchiUe ,  ee  qnlt  fit  en  eflfet  pendant  una  annte ;  mais  la 
f  aim  clMSse  la  loup  do  bois.  Flatten  ressaisit  le  malUet,  et 
liTra  bient6t  k  la  critique  les  busies  de  Ctnrler,  de  Dnches- 
noiset  dequelques  autres  perBonnages  de  IVpoque.  Alora  il 
se  sentit  bless^  da  Tapprfelation  des  fenilles  publlques,  et 
son  atelier  se  trooTa  ferm6  une  seconde  fois.  «  Console-toi , 
Ini  dit  Pauteur  de  Brutus,  du  Serment  des  Eforaees  et  de 
lAonidas ,  il  Taut  mieox  qu'on  te  demande  poarquol  tu  n*as 
pas  la  crdx,  que  si  Ton  te  demandait  pourqooi  to  Pas...  » 
Oelfe  parole  du  grand  peiatre  Tena  na  pen  de  baome  dans 
I'Ame  de  Flatten,  qui  promit  de  ne  plus  sa  dtowiagei  etde 
forcer  la  fortune  k  coops  de  chefs-d'oBOTre.  Sndymion  na. 
quit  de  cette  resolution  teergique;  on  troova  la  statue  un' 
pen  grtte,  un  pen  ^qoe.  Pour  la  troisltea  fob,  Patelier 
do  scolpiear,  Ait  fermA...  11  ae  devait  plus  8*ooTnr  en 
France.  Le  malbeureux  artiste  sa  retira  on  na  sait  oil ;  tons 
ceux  qui  I'aimaient  Airent  viyement  alannte  da  soa  ab- 
sence. Tout  4  coup  tt  reparatt,  un  roulean  sona  le  bras, 
arrfttant  les  paasants  dans  ka  rues  et  leur  montrant  des 
compositions  foeigiquas  et  soa? ea,  gravte par  noa  artistes 
las  plus  c^l4bras,  cberehant  dm  sooflcriptenn  poar  son 
Paradis  perdu.  Les  sooscripteon  ne  se  montiirent  pas , 
dteoaragte  par  llaeoastanoe  des  babltudea  da  Flatten. 
Anari  quand  il  Tit  que  cette  derniire  ressouroa  loi  man- 
quaK,  abandonaa-t-H  de  aooTaaa  soa  atelier,  soa  dseau, 
•on  maillet ,  ws  amis,  et  partit  pour  PAngleterre,  od  il  es- 
p^rait  trouTcr  un  sort  plus  boapitalier.  H^las  1  i4-bas  comma 
Id  il  frappa  iautilcment  4  la  porte  des  poissants :  les  hauls 
perMionagcs  de  la  Grande- Brelagna  refus^enl  de  poser  de- 
taat  lof.  Crpendant,  il  taiila  4  Londres  queiqucs  busies  de 
rcropereur,    oomptant  que  les  soullrances  subtes  parle 


FLATTERS  —  FLATUOSntS 


grand  bonune  4  Sainte-H^line  serrMentde  passeport  4sm 
cbefs-d'oeaTra.  Toos  ses  Napolions  moisifent  daaa  son 
atdier ;  et  le  malbeureux  statoaira  vteot  sur  les  bords  de  la 
Tamisa  comma  il  ayait  t^co  sur  ceux  de  la  Seine,  paaTi« 
et  dteouragd.  II  ayait  cependant  une  bmiile,  one  fenuae 
toargique  et  bian  tierte,  des  eaftots  pldas  d'esp^raaca  et 
d'aTcnir.  11  couTaH  aosd  dans  soa  ime  et  daaa  aa  ttta 
qudqua  cbose  d*artistiqno  qui  anrait  dA  lui*ou?rir  le  diemia 
de  la  fortune;  mala  son  caract4re  sauYage,  Popinioo  d^ma- 
surte  quMl  avail  de  son  m^rile,  son  pen  d'indolgence  poor 
ses  confreres,  et  snrtout  ses  fo^ons  de  TiTra  en  dMunaonia 
avee  nos  usages,  lui  alite4rent tons  lea  coeun.  Il  v^cot  mi- 
serable 4  Londres,  presquemeadiaat,  ae  sachantlaTeille 
s'il  dtserait  le  lendemain.  CoBTaincn  enfia  que  sa  patria 
d'adoptioa  lui  serait  moias  maritre,  il  repaasa  le  d^roit, 
obtiatqudques  secoun  du  mliiist4re,  qudqoea  tteoigaages 
d'alfBcUoB  de  ses  Tieux  camarades,  et  mourat  eo  1S44 , 
presqne  oubli^. 

FLATTEUR*  Le  flatteur  est  cdui  qui  a  saas  eesse  la 
louange4  la  boocbe,  Traia  ou  fausae,  mtnUit  oo  non;  toos 
ses  efforts  tendent  4  sMoira  la  panooae  qa^il  eaoenset  4  aa 
faira  bica  venlr  d'eUe ,  4  s^emparer  de  soa  esprit  Ea  cela 
le  JUUteur  a  to^ioon  en  too  aoa  ialMt  persoanel;  aosai 
toolea  aea  prdveaances  sont-dles  pour  des  persoaaes  qua 
leur  podtioa  place  ao-dassos  de  li^,  ou  dont  il  esp4re  ob- 
laair  qodqoe  chose;  car,  ainai  que  I'a  dit  le  boahommc  : 

lant  JiatUnr 

Yil  aox  depent  de  celui  qoi  r^eoule.  ' 

La  JUUterie  eatre  ^aux  ne  saurait  exister.  Mais,  de  loot 
tempa  lea  princes  et  les  grands  honimcs  ont  eu  de^JUUteurs; 
tons  les  ont  ^cout^,  bien  peu  s^en  sonl  d^fite,  qodques- 
uns  seulemeat  les  ont  m^piMs.  Lea  consdls  qo*ils  en  out 
refos  ont  toi^onn  61^  perfides.  Ceux  qui  sMnstallent  4  poete 
fixe  dans  l*antichambre  et  les  salons  d*nn  prince  sonl  les 
moins  facUas  4  dolgner.  Qudles  qua  aoient  la  tkreifn  qu'oa 
leur  Jette  en  curde.  Us  n*en  contboent  pas  moins  leur  r6le ; 
on  serait  parfols  lent^  de  croire  qalls  le  rempUsseat  par 
habitude  plutM  qua  par  int^rM,  s*ils  ne  sa  ber^aient  de 
Pespdr  que  Vavrair  fera  naltre  de  nouTdlea  CiTetin,  aox- 
qudles  ks  n^aTdent  pas  encore  song6.  On  leor  a  dono^ 
le  nom de  courtisanip  soil  parce  qu*ils  soateo  qodqoe 
sorte  infted^  4  hi  coor,  soft  parce  que,  comma  ceux  qoi 
cooTtisent  les  bdles ,  Hb  ont  sans  cesse  des  mensongBs 
louangeun  4  la  bouche  :  pent-^tre  mtaie  est-ee  4  cause  de 
ces  deux  motifs. 

Dite^tMhlttJiuiteurs,  pr^ot  le  pltn  fiiDestc 
Que  paitse  faire  aai  ruis  la  coUre  celeite ! 

a  dit  Radne;  mda  oa  aait  quil  ae  prit  jamais  trop  oelle  ve- 
h^meate  apoatraphe  poor  hii.  Lea /affevrs  des  stages  iofi^- 
rieun  de  U  sociM  sont  moins  inarooTibles;  dte  qu'iis  oni 
obtenu  pb  qui  fdsdt  Pobjct  de  leun  Toeox ,  ils  tooraenl  le 
dos,  et  Toat  offrir  leur  eacens  4  d'aulres :  boos  oe  rapport, 
lea  amaats  soat  souTeat  des^a//e«rs  achev^ ,  car  ils  em- 
ploieat  las  mtoes  moyeas  pour  r^usdr,  et  tieaaeat  U  mteie 
conduita  aprte  le  sacc4s.  On  slmagine  peot-^tre  qu'a|ves 
avoir  ddroil^  sa  perfidie  et  abandonad  oeox  aoxqods  il  a 
rendn  oaa  sorta  de  culte,  le  flatteur  oe  se  repr^aenlera 
plus  :  erreurl  d4s  rinstant  qua  la  fortune  leor  rerient,  il 
nfiant,  luiansdyetlafaibleasedePesprithamafaieateUeqoll 
sa  sort  presqae  toujoun  des  m£mes  armes,  avec  aotant  d V 
▼antagaqoe  la  premie  fois.  Les  pontes  sesont  fk^oemnMol 
serris  du  terme  aduUUeur  pour  d^gaer  na  Jiatteur.  Oa 
molest  peot-^tre  plus  hanaoaieux,  maisil  est  mofais josle  : 
ea  effet,  V aduUUeur  est  toujoun  4  geaoux ,  il  se  prosterae; 
le  flatteur  se  oourbe  senlonenl,  mais  souvent  biea  bas. 

Mapoiten  Gallois. 
FLATUOSIT^  Cemot,  qui  Tieal  At  flatus^  toofflc^ 
▼ent,  a  M  beaucoup  employ^  daas  randenna 
Non-seolement  on  appelait  flatttasttts  les   gas 
dans  les  inlcstlns ,  sdt  qu1ls  y  fusscnl  retenus^  soil  q«*iia 
ea  sortisseal  par  la  baol  oo  par  le  bas,  bmis  ob  d^maail 


FLATUOSlTlSS  -  FLAXMAN 


cneore  U  nom  &^Jlaiulenee  \  an  dUX  de  rorgudflme  dans 
kqad  on  supponH  les  organes  en  prole  k  des  venU  pins  on 
moinfl  fldiettx;  il  y  aTait  des  maladies  flatelentes.  On  d4- 
signait  par  la  d^nominatiOB  de  fiatueux  les  aliments  qol 
prodoisent  le  pins,  suivant  des  thiik>ries  alors  admiaes,  VML 
Oatnlent  On  n*empIoie  plus  le  mot  flaiuoiiUi  que  poar 
indiqaer  par  enpMmisme  les  gu  intestinaux,  soit  qnand  ils 
7  canaent  des  borborygroes  an  moment  des  excr^ns  Itr 
qoides  d*Dne  indigestion  on  d*on0  diarrhte,  soit  qnand  ils 
gonilent  les  intestins ,  comme  il  arriTe  qnand  les  gai  assem- 
ble dans  cette  earit^  y  sont  retenot  par  one  sorte  d'oodn- 
sion,  de  r^tr^ctssement,  d'^tranglemeot  dn  condnit  qui  les 
renferme,  comme  0  arrive  encore  sonrent  pendant  la  diges- 
tion Chez  les  personnes  teilnemment  nerreoses,  doni  le 
ventre  se  laisse  alors  distendre  ayec  nne  rapidit^  si  sor- 
prenanie,  etc. 

FLAVAGOURT  (Marqnise  de).  Voy^  Cbatbauroux 
(Diicbesse  de),  tome  V,  p.  338. 

FLAVIALIeS.  Voyet  Cehtuaioh. 

FLAVI£N  (Saint),  ^Tdque  d'Antioche,  naqoH  dans 
cette  Tiile,  d^nne  famille  iUostre,  an  commencement  da 
qaatritoe  siide.  II  se  montra  de  bonne  heore  ami  des  aus- 
t^rit6s  et  d*ane  panrret^  s^vire.  Uni  k  Diodore ,  qui  gon- 
Tema  depnis  FEglise  de  Tarse,  il  r^ista  k  I/once,  ^T^que 
arien  d'Antioche  ,qtii  s*«flbr^,  par  sa  condescendance  poor 
lui ,  de  se  reodre  lavorables  les  catholiqnes  rest^  fid^  i 
I'ortliodoxe  Eds  thate,  banni  depuis  plus  de  vingt  ana.  La 
modtetion  de  Flavien  entretint  pendant  quelque  temps  la 
pail  entre  les  denx  partis,  maisles  eostathiens  iB6s  se  s6- 
par^rent  bient6t  de  lui  et  de  Diodore  son  compagnon.  Cenx- 
ci  n*en  reat^rent  pas  moins  les  oonserrateursde  la  foi ,  an 
miliea  des  Tidssitiides  qn'^pronya  le  si^e  d'Antioche  sous 
r^piscopat  de  saint  M^tee,  que  I'empereur  Constance 
eiila  en  361.  ^ler^  an  sacerdoce  par  ce  saint  pr^lat,  ils 
ftucnt  chaas^  de  la  viUe  par  Tinfluence  des  ariens,  mais 
ne  cess^rant  pas  |iour  cela  de  noorrir  de  la  parole  divine 
le  troopean  confi6  k  Jenrs  soins,  qu*ils  reunissaient  sur  les 
bords  de  TOronte.  En  3S1,  k  la  mort  de  M^I^ce,  que  Fla- 
▼ien  avait  contribud  k  roidre  k  son  si^  lors  de  fav^ 
nement  de  Tempereor  Gratien,  les  ^veques  de  Syrie, 
raalgr^les  p^es  da condlede Constantinople,  quinsy 
coBsentirent  que  Tann^  suivante ,  et  surtout  malgr^  saint 
Gr^oire  de  Nazianze,  qni  soutenait  les  droits  de  Paulin,  le 
clioiairent  pour  le  remplacer,  et  le  sacr^rent  Ce  fut  lui  qni 
ionna  la  prfttrise  k  saint  Jean  Chrysost6me,  que 
»int  M€ltee  avait  fait  diacre.  II  Temployait  depuis  deux 
ans  k  rtnstniction  des  fiddes ,  lorsque  le  people  d'Antiocbe, 
ilans  un  moment  de  foreur,  brisa  les  statues  de  ThMose 
et  de  ses  deux  fils.  La  vengeance  de  Tempereur  fut  arr6t^ 
par  les  priires  de  Flavien,  qui  conrot  k  Constantinople  et 
oMiot  la  grioe  de  son  troopeau  par  on  discours  que  saint 
Jean  CbrysostAme  a  transmis  k  la  postdrit^.  Aprte  de  lon- 
gues  hittes  centre  les  eostathiens ,  il  envoys  des  d^pnt^  k 
Rome,  ot  le  pape  Innocent  le  re^t  dans  sa  communion. 
La  pm\  qull  goOta  jusqu*^  sa  mort,  arrive  en  404,  fnt  en- 
core trouble  par  Tenil  de  saint  Jean  Chrysostdme ,  aoquel 
il  portait  nne  afiection  patemeUe.  H.  Boocnrrr^. 

FLAVIUS)  nom  d'nne  Cunille  romalne  {gens  Flavia ) 
qui  vrafsablablement  ne  (at  k  Torighie  qn*nn  sobriquet 
dtfriv^  dejlavtu,  blond. 

Pireus  FiAvrcs,  de  secretaire  d'Apphis  Clandius  Cscns, 
di'ViDt  ^dile  corule ,  Tan  34  avant  J.-C,  et  en  cette  quallbi 
d^igna  le  premier  les  jours  od  les  tribonaux  ponvaient  on 
Be  poovaicBt  point  si^er  (voyex  Pastes),  et  le  premier 
ausai  r^codllit  sons  la  forme  d^un  maaoei,  appeM  plus  tard 
Jut  eiviU  Flavianum,  les  flmnnles  de  plaintes  et  d'af- 
faires. 

Cahu  Flatios  FinmiA ,  Vnn  des  plos  farouches  fsicaires 
de  Ifarint  et  de  Cinna ,  aprte  avoir  vainement  attent^  auz 
lours  do  noble  Quintos  Mudus  Scevola,  lors  des  fon^railles 
de  Marina,  Tan  86  avant  J.-C,  accompagna,  en  quality  de 
Ugat,  le  eoBsol  OalM  Valerius  Flaccos  envoys  en  Asie  par 


477 

le  parti  de  Marios  antant  contre  Sylla  que  centre  Mithridate. 
II  sooleva  Tarmte  do  consul ,  Tassassina  Ini-mtaoe  k  Rieo- 
roMIe,  prit  alors  le  commandement  en  chef,  et  battit  k  di- 
verses  reprises  les  gte^ranx  de  Mithridate,  qui  fut  rMuit  k 
Aiir  devant  loL  L'an  84  avant  J.-C,  Sylla,  parti  de Grtee 
poor  aUer  k  sa  rencontre,  mit  un  terme  aux  cruant^  qu*il 
eommettait  k  regard  de  ses  partisans  de  mtoie  que  snr  toos 
cenx  qni  avaient  pris  &lt  et  cause  pour  Mithridate.  La  des- 
truction dllion  est  demeorte  c61M>re  parmi  oes  aetes  de  bar* 
barie  dont  il  se  rendit  coupable.  Assi^  dans  Pergame,  il 
se  snidda. 

II  existait  k  Reate  (anjonrd'hni  Rieti),  dans  le  pays  des 
Sabins,  one  bmille  Flavhu,  qui  parvint  an  tr6ne  imperial, 
en  la  personne  de  Titus  Flavins  Vespasianus  (voyex 
Yespasibr),  et  k  laquelle  se  rattache,  dit-oo,  les  Comn^ne. 

Un  Mm  do  Chdrosque  Armhiias  servit  aussi  sous  ce  nom 
de  FlavHu  dans  les  armte  romalnes  deTibire  et  de  Ger- 
manicos. 

FLAVIUS  JOSfePHE.  Voyez  JosIpbb. 

FLAXMAN  (Jobr),  Tun  des  plus  c^ldbres  sculpteurs 
qn'ait  produits  PAngleterre ,  et  de  plus  fort  bon  peintre,  n^ 
le  6  juillet  17&&,  k  York,  snivit  dte  Vk%t  de  quinze  ans  les 
conrs  de  TAcad^mle  royale,  mais  ne  travailla  jamais  dans 
Tatdier  d'un  maltre.  En  1782  il  ^poasa  Anna  Denman,  qui 
ne  tarda  point  k  exercer  la  plus  heoreuse  influence  sur  la 
direction  de  ses  etudes.  En  1787  il  partit  avec  elle  pourPI- 
talie,  oh  pen  k  peo  fl  attira  k  Rome  Tattention  de  tons  les 
amis  des  arts.  A  son  relour  k  Londres,  en  1794,  les  con- 
naisseors  rendirent  encore  bien  mieox  justice  k  son  talent; 
OB  1800 11  fnt  nomm^  merobre  de  TAcadtoie  royale,  puis 
dix  ans  aprte  professeor  de  sculpture  dans  cette  6cole.  De- 
venu  veof  en  1820,  il  yAcuI  dte  lors  plus  retire  que  jamais, 
et  moumt  le  9  d^iembre  1826. 

Dans  nn  laps  de  temps  fort  oonrt,  Flaxman  extoita  des 
dessins  admirables  pour  les  oeuvres  d*Uom^,  d'Eschyle 
(destine  Corner  nne  traduction  anglaisedes  oeuvres  de  ce 
po6te )  et  du  Dante,  et  pour  le  po&nedes  Travaux  et  des 
Jours ,  ainsi  que  pour  la  Thiogonie  d'H^ode  (1807, 
1  vol.  in-fol.).  Lemos^  dn  Lnzembourg  possdde  de  Iniun 
charmant  tableau  de  Pandore  transports  sur  la  terre 
par  Mercure.  II'  travailla  aussi  plusieurs  sondes  aux  des« 
sins  do  Bouclier  d*Acbille,  td  qu*il  est  d^crit  par  Homte 
dans  le  18*livre  de  I'/Zkufe,  etnetermina  cet  immense  tra- 
vail qu*en  1818.  En  1819  on  publia  lecoursqu'il  professait 
k  TAcad^ie  de  Scnlplore,  esptee  de  memorandum  pen 
digne  de  hii :  on  y  sent  en  eflet  la  tonche  stebe  et  dure  de 
fhomme  qui  ne  connalt  qne  son  art  Cest  nn  aper^  aride, 
64mah  de  tout  ce  qui  pent  rendre  la  science  aimable;  et 
qnoiquMl  dolve  nSeessairement  ajonter  aox  lomi^res  de  r^ 
live,  bien  certalnement  il  ne  contriboera  pas  k  Ini  faire 
salsir  Part  dans  sa  largeor  et  sa  po4sle. 

Cestsorla  toile,  sor  la  pierre,  snr  lemarbre,  qu*on  retronve- 
Flaxroan  toot  entier ;  c^est  le  crayon  k  la  main  qn'U  foot  savoir 
le  saisir.  La  phipart  de  aea  ouvrages  sont  remarquables  par  1» 
noblesse  et  la  porelA  do  style,  et  par  le  caracttee  vraiment 
grandioee  dela  composition.  II  ftit  pamu  les  srtistes  modemes 
Pun  des  premiers  qd,  deciles  k  la  voix  de  Wtaickebnann ,  p^ 
n^rhent  dans  le  v^taUe  g6nie  de  Pantique,  en  opposition  ai» 
fiiox  goOt  classiqne  qui  dominait  alors.  L'^de  attentive 
des  vases  et  des  peintures  morales  de  Pomp6i  le  condoisit 
k  renoBcer  k  la  mudto  moOeet  eflitodnte  de  ses  pr^d^ces- 
seors,  poor  adopter  on  style  grave  et  s^v^;  et  on  pent  le 
consid^rar  comme  le  er6ateor  do  relief  modeme.  Ses  six 
Priires^  son  Ugolin,  sontconnus  de  PEorope  entite.  Mais 
toot  ee  quMl  a  prodoit  n*est  pas  k  hi  m6me  haoteur.  On  re- 
grefte  de  retroavcr  parfois  de  la  mani^re  et  des  traits  ha- 
sard^s,  iacorrects  dans  quelques-unes  des  esquisses  qull 
extenta  un  pen  trop  rapidement  pour  Eschyle  et  le  Dante. 
Les  pins  remarqoables  de  ses  productions  plastiques  sontle 
bas-relief  pour  te  monument  dev6  an  poete  Collin  dans  P^ 
glise  de  Chichester,  le  roonoment  de  lord  Mansfield  k  West- 
minster, les  mansol^  d*Aberrromby  et  de  lord  Howe,  It 


478  FUJUIAN 

•   •  •  .  /       I    .       - 

,  ^tistede^Wasbingloo,  les  statues  de  Pitt  et  de  Reynolds,  etc. 

1^,^:FL£AU  (du  \a!^  flagellum),  instrument  dont  onse 

[,pefi4va  ptrto-grand  noml>rede provinces  poar  battre  le 

'^  t)I^  )i,^fl^  le  plus  simple^  et  nous  en  avons  vu  de  tels,  se 

qompese  d^une  percbe  l^gkrt^  au  bout  de  laquelle  est  adapts 

•im  gros  b&top  au.  moyen  d'attacbes  dlastiques,  de  faf  on  que 

Viostminept  a  les  propri^t^  d^un  fouet.  Le  flifeau ,  dans  toute 

sa  perfection,  se  coinpo^e  de  deux  bAtons^  dont  Tun,  qu*on 

['  ppurrait  appeler  le  tnanche,  est  cynndrique  et  poU ;  Tautre 

,  plus  court,  plus  gros  et  raboteux^,  et  que  nous  appellerons 

m  verge,  fait  sortir  le  grain  en  tombanl  sur  les  dpis.  Les 

deux  Mtons  spnt  attacb^^.  bout  /k  bqut.  Tun  k  Tautre,  an 

'  inoyen  <l*un  petit  ap|[iareil  en  coif  e^  parcbemin,  aussi 

'  simple  qu'ing^nieu^ ;  le  bMon  qui  sert4e  mancbe  porte  un 

|M>uton  en  bois  pu  en  fer,  qui  sert  comme  de. centre  aux 

mouTements.de  la  verge  :  en  efTet,  le  batteur  fait  d^crire  k 

celle-ci  nn  cercleentier  cliaque  lois  qa*il  l^ve  etqu*n  abaisse 

le  fldaa.  Jusqu'ii  present,  le  fl^u  est  Tinstrument  dont  Vn- 

sage  est  le  phis  productil  pour  lisire  sortir  le  grain  de  T^i, 

bienqu'onidt  invents  beaucoup  de  macbtnes  k  battre  le  U^. 

On  donne  aossi  le  nom  defl^auk  la  verge  qui  supporte 

les  plateaux  dWe  balance. 

.  FLcAU,  grand  dtestre,  calamity  pobliqne.  Ce  mot  ne 
doit  s^employer  que  pour  des  genres  de  malheurs  qui  frap- 
pent  h  la  fois  des  peuples,  on  au  mpins  des  masses  plus  ou 
moins  fortes,  et  non  des  particuliers  on  m£me  des  fanulles. 
Ainsi,  la  guerre^  la  famine  et  la  peste  ont  ^t^  longtemps  re- 
gards comme  les  principaux  fl^ux  dont  Dieu  se  servait 
pour  punir  les  peoples  ooupables,  par  eux-mtoies  ou  en 
la  personne  de  lenrs  rois«  11  y  a  peu  de  soci^tte  qui  ne  soient 
ioorment^  par  divers  fl^ux,  comme  les  guerres,  les  ma* 
lieidies  6pid<(raiqnes,  ainsi  qu'on  Ta  vn  en  Europe  pour  le 
'  choUra.  On  donne  qnelqnefois  aussi,  par  m^tonymie, 
4e  nom  dejl^k  la  cao^  d'ou  derive  cctte  calamity  pu- 
bliqne,  ou  an  moyeii  parleqoel  elle  est  produite.  C*est  ainsi 
que  lea  ravages  exerc^.  par  les  bordes  d*  A  tti  la  firent  sur- 
nommer  ce  conqu^rant  \eJUau  de  Dieu ;  mais  on  a  eu  tort 
,  de  donner  k  P Ardtin  le siimo>m  d^JUau  des  princes,  Vi- 
d<fe  de  fl^u  entratne  tonjburs  celled'un  mal  dont  les  r^l- 
'  tats  aont  plus  ou  moins  d^sastreu^ ,  tandis  que  tout  le  r61e 
.  de  PAr^tln  s^est  born^  Ji  £iire  justice  de  qnelques-uns  des 
ridicules  d*un  rang,  qut^  par  sa  nature  et  son  ^^vation , 
ofTre,  plus  que  tout  autre,  prise  k  )a  critique.     Biuxn. 

FLECQE  {Art  militaire),  arme  de  Jet,  qu'oii  lance 
aveo  Tare  ou  lUrbaUte.  De  toutes  celles  dans  les- 
quelles  les  premtera  ly>innies  ont  cherch^  des  moyens  de  d^ 
fense  ou  de  destruction,  lea  fliicbes  aont  sans  co^tredit  ^es 
phis  andenoes.  Sur.  tons  lea  points  dn  glpbe,  cba^  tops  les 
peoples  ancieiis ,  obex  oea  nations  que  d^couvrent  de  temps 
•k  autre  quelquea  navigateors  dans  rimmense  espace  qu*on 
a  appel^  Oc^anie»' lea.flteliea  aemblent  rteomer  it  elles 

. .  ^enles  la  tactiqae  miliUire^  offiinsive  et  d^lensive.  Cette 
arme  eat  compoato  d^noe  vergs  ou  petit  bAten,  nuini  d'une 
pojnte.k  son  ei^tr^mit^;  tongue  dn  /0"'n&  k  i'*  environ, 
olle  est  qnekpiefote  empenp^^  Tootea  Ina  nations  de  Tan- 
4iquit4  s*«p  servaient*  La  langnn  mmane  et  In  fran^ais  pri- 
milif  rap9elaic&tio^(<0  (sagHia)p  eslinguB^paMiadaux^ 
-darde,  gwrgoMf  mmgnoU,  Vinrent  bient6t  des  ardiers 
g^nois,  et  des'  arcben  anglaia  qui  se  distinguirent  k  Cr^y. 
Anx  premiers  on  prit  lea nonis^/raocia,yr^^0#  fiesche, 
/UHeMe;wi-  seconda,  ceux  deJligt^JUctJliehf  fiique^ 
JliSf  fUequefJiiMC*  En  prenant  la  jiartiepour  le  tout,  c*est- 
A-dire  le  taloo  eapennd  poor  Tanne  eUe-ro^me^  on  appela 
la  flMe  pamnif  penon^  d^ou  vint  le'verbe  esp^ner  pour 

^  f<Ure  frapper,  Wesser  k  coups  de  Atelies.  ll  est  aonvent.  ques- 
tion diodcux  aortas  de  fltebesdens  riiistoirede  France:  la 
prcmite  nonmM^e,  earrcan  ou  garra  ( en  latin  quadrellus }, 

•  Inseoondertrelon^  Lescannaux  talent  enipeiMi^,et  quel- 
qaefoU)Bmpenn^  d'ainki.  Les  nire/ona  talent  de  grandes 
fltebes  empeBnito,qu*on  lanfaitau  nioyien  dn  Tarc^  etqiii 

;  viraiciit  ou'loumaSent  en  Pair-  Le-  fer  en  dtalt  indistlnele- 

'  mant  arrondi ,  plat  ou  triangulaiie.  A  tootea  cea  (Mclies  le 


-  FLfeqHE.. 

fer  ne  s*af»ujetUs9ait  pas  de  la  mtoie  manito :  ina^  dans  Is 
mincbe  ou  ddud  fortetnent  quelquefois,  il  y  tenait  iS  fui 
d'autrea  fois  qu^il  demeurait  toujours  dans  le  corpa  ifa 
bless^.  Sa  longueur  yariait  selon  celle  de  TarbalMe  qui  de- 
vait  le  lancer.  Le  latin  barbare  appeiait  flecharius,  fit- 
cAfnrftii,  et  le  fran^  JUchier^  A^g^f  to  ikbrieant  on 
traflquant  de  filches.  Elles  ont  eu  tour  talon  garni  de  plumei 
d*ofe,  da  lames  en  peau  s^e,  d^ailes  en  m^tal,  garnitures, 
ou  ent^,  ou  coll4s,  oil  flxdes  ayec  de  to  cire.  Les  Nund- 
des,  les  Scy tbes,  les  Partbes,  les  Tyriens,  exoell«cnt  a  se  ser- 
vir  de  cette  arme.  Quielqpes  peuples  d'Asle  paaanlent  lenrs 
ftochesdans  leuts  clieveux^  d'oft  eltos  sortaient  en  manibiede 
rayons,,  comme  dans  certains  bustes  antiquea. 

II  y  avail  des  d^bes  grecques,  des  CM^ret ,  qo^on  ton- 
Cait  avec  U  fronde ,  et  des  fl6cbes  romaincs  oo  byiantlnes, 
au  gros  bout  ploiiib^,  qu*on  laissait  debout  sor  to  sol  pendant 
la  nuit ,  la  pointe  en  Tair,  en  manitoa  de  cbaosse-trappes. 
Cdsar  parle  des  iragukdres^  ou  Jeteors  de  traguies,  qui, 
Ianc6es  k  Talde  de  cbirobalistea,  per^aient  do  pait  en  part 
un  bomme  couvert  de  son  armure.  Les  Byiantina^  numoyett 
de  leur  anisdcycle ,  ressort  en  spirato,  ikiaalent  partir  d*aB 
seul  coup  des  nuto  de  (l^es :  c'^taitto  mitraille  do  temps. 
La  fltebe  apparalt  en  France  avec  les  Huns ,  les  peuples  des 
Bal^res,  les  lUllens  et  les  Gascons.  Une  douiaine  de  fli- 
cbes  gamissaient  tours  ceintures,  et  r£gGse  au  neuviine 
si^e  {^ootait  k  ses  Liberd  cette  pri^  :  «  Des  fltebes  du 
Hongrols,  d^vrei-nous, Seigneur!  »  Les  Espagnotoygner- 
royantdans  les  Pays-Bas,  dirigeaient  tours  grenades  aa 
moyen  de  fl^es.  Sans  Mre  aussi  adroits  qu^Aster,  qd  ^or. 
gna  Pbilippe  en  lui  d^cocbant  une  fltebe  portant  oetto  ins- 
cription :  A  Vail  droit  de  Philippe  I  ni  aue  GuiltouBie  TcB, 
qui  abattit  avec  to  stonne  to  pomme  poane  sor  to  Uftedbson 
fils,  les  clieto  drcassiens,  months  sur  un  cbeval  an  gatop. 
atteignent  et  jettent  bas  sans  peine  un  cbapeaa  ptoo^  an  bout 
d'une  percbe. 

Des  fltebes  asiatiques  versaient .  le  poison  en  faisant  to 
blessure.  Ce  secret,  connu  dto  Alexandre  to  Grand, ae  rt- 
trouve  cbei  les  Gaulois,  qui  empoisonnaient  lea  tours  avec  to 
sue  du  eapr\flctts^  ou  figuier  'sauyage.  D^autrea  peuptoa  en- 
rop^ena  ^  servaient  pou(  to  in^me  usage  derjoltobom  etde 
Taconit.  Des  hordes  sauvages,  des  peuplades  d'AmMfoe  et 
de  roctoie,  avant  d^avoir  connaissance  dn  far,  aayaient 
d^jk  infecter  de  venin  le  caillou  trancbant^  Toa  tailto  en 
pointe ,  Par^te  de  poisson,  dont  elles  armaient  tonrs  fltebea. 
Le  poison  le  plus  subtil  qu'eOes^mploient  encom  est  to  soe 
du  inacanilier,  ou  mancenilier,  et  to  curare. 

FLECHE  ( ilrcAi/eclttre ).  Cest  un  asanmbl^  pyn- 
midal  de  cbarpentes  ou  de  pierres  olfrant  une  oonstmclton 
solide,  remarquable  par  aa  Idgiret^  at  son  ^vilMn.  Les 
^gUses  modemea  sont  rarement  omte  de  Itodiea  :  cepna- 
dant,  Parcbitecte  Naab  en  a  fait  une  en  ptorae,  il  y  a  enviran 
quarante  ana,  k  l*une  des  nonvelles ^lisea de  Londrea.  Les 
architectea  du  qnatoni^me  et  du  qiiinzitoie  aiteto  qoi  oat 
oonstruit  les  grandes  ^ises  d*arcbitectnre  aarmaine  on  man 
resque,  d^signto  si  longtemps  sous  to  nom  de  ffotkiigmet  ne 
connaissant  paa  Poaage  des  d6mes,  surmontaient  to  ptovart 
de  oea  Mifioes  de  itocbes  plus  on  moins  devte»  plus  ou 
moins  omte.  Dana  beaucoup  de  petitea  ^gltoni^  to  cl#€he  r 
est  une  Itocbe  en  ebarpente,  eouverte  en  d^ardoisea.  Loraque 
cea  fltelies  aVaient  de  grandea  dimenaiens ,  citos  4taient  re- 
v6tues  de  plonib,  teUes  que.  to  Utehe  de  to  eatUdnto  4e 
Rouen,  incondite' par  to  foudre  le>15  aepteoUve  18n,ci 
qu'on  a  reeonatmite  en  fonto  de  fer,  d\uie  noanlte  si  ivBar- 
^uable.La(tocbed^laSainteChapelle  dePaaa^tait  en 
cliarpente :  tocendtoe  en  1730,  par  ton^glifenoe  d^ttptooK 
bler»  dto  fut  reconatniito  hnroMtotement  eteballne  c«479n, 
puts  relevte  en  18&S.  La  fltebe  de  Ifotre-Dame  de  Pniia  fiK 
ausar  ^battue  k  to  mkmt  ^poque.  On  Tnyail  noMois  k  U 
catb^drato  de  Rei  ms  une  Itocbe  en  charpente;  clle.<laii 
placte  aur  le  miliett  de  to  croiste ,  et  ftit  ausai  incendtoe  en 
t481.  II  existo  encore  aur  to  clievet  de  oelie  dgHae  one  jfiUka 
fltebe ,  ditn  to  atocber  il  Pan|e9  parce  vw  aa  peinle  eat  av^ 


FLfiCHE  — 

nuwl^e  de  li  figMre  d'un  anee  en  plomb  dor«.  La  catbMrale  i 
d*OffU«il9  0al  ornte  d'mie  beUe  fl^ohe  ea  charpeate,  re- 
couwto  en  plomb.  EUe  a  ^  eonaUaite  en  1707,  par  Tar- 
cbitocte  Deratta.  Plac^  au  centre  4a  U  crote^,  sa  hwileur 
estde  30  m^lwa aa-4e^H»  da  .combte.  L'^sed'Awiaaa 
est  fwrmoalte  <ii'Aine  fltehe  en  ebaipente » t^fMue  de  plomb. 
Hl6A*U  flefMao,ift»,.par  L.  Coiidw;  8»  bauteur  pst  de 
pi«a  de 76 iq^tres. ;  ^  ^,   .,         > 

IVwItow  Q^chfs  „  Q^nrtrnitestea  piene»  oment  difC^rente^ 
^^^^  jA»,  \»,^kjtm«ai^ ;  panoi.'les  plna  c^l^biea  de  Fraaoe , 
nou8liiinan|a<f«9S«  ^.AutuA,  oeOe  e«MtruUe  >a«x  liraja  du 
cardinal  Rollio,  ^T^qoeda  oelte  4#«0'  Ellea  S6  loit^  d'^- 
l^ntioa  depnif  laaei^  Gelle  qoi^ejuatait  aodenaomentret  qui 
61ait  eacbarpenl^  liTait  did  ineendl^  paa  I^  iondriB  en  1465. 
Lea  docbeisdeCbartrea  out  vnegrande  c^ljSbritd.  La  116- 
cbede  3ninl*Penla,  frapp^  do  U  foudre,  ct.  reconatrwte 
en  pierre,  da*  ^c  dtoont^  pour  ^Titer  aa  chute.  MaU  la  06- 
clm  la  plua  lepcyaqi^detouteseat  eelledela  cathddntle  de 
S  traabpurgt  CQ«vna(0^en  1277,  par  £rwiadeSteinbach , 
eila  ne  luttermin^  qtfi^  ;l439;.aa.riai|tettr  eat  de  150  metres. 
Une  autre.a^hdk^<pient  cd^bre  est  cetle  de  la  cath^drale 
d'AnTeTA;8a  baoteureatdeprtede  lasmMwa^CommeDc^e 
ea  U2a.pard>ppelnian,  ellene  fu$  terada^  qu'en  l&is. 
On.cite  encore  A  r^rai«BC  oeUea  de  Fr  iboarg  en  Briagau 
et  de  ;^ifa-£tieqne  ^  Vii#  a  ae.  DocasBna  aind. 

FLEGH£  (Fortification ).  Voyei  Bonnbttb. 
FLEGHfi  { G^mdtrie ).  F<?y«  Coani  ( G^iUtrie ). 
FLECHE  C  Technologie ).  Go  aom  eat  employ^  dans 
beaucottPkd*inatrumjBnt8d*arta  ou  de  po^tiera.  Ainsi,  daaa 
la  groeet  dans  d'autrea  maddnea  aemblaUeai  on  donna  le 
nom  de  Jliche  k  Tarbre  ou  piice  principale  snr  laqnelle 
toume  la  n^achine^  C*est  aussi  le  nom  d'ane  partie  de  la 
cha^Tue^qM'onappelle  encore  Td^e.  Dans  les  poats  levis, 
c'est  le  nom  de  la  pi^  partant  da  baa ,  sur  laquelle  est 
fiz^  le  pivot,  Tautre  bout  aputanant  la  cbalne  au  moyen  de 
laqueUe  on  i^Te  ou  baiase  le  pont  Dans  la  marina,  on  donne 
le  nomdaytteAe&unepi^oedebois,  saillant  hors  de  la  prone, 
serrant  k  fixer  aoit  le  beauprd,  soit  la  eiYadite«  ou  voile 
penebante  ea  mer.  Les  arpenteoris  donnent  la  nom  defl^he 
au  piquet  qu*i)s  ficbeat  an  terre  cbaque  fois  qu'ila  traas- 
Dortaot  Mr  cbalne.  Dans  lejeude  tric-trac,  oa nomme 
jUcAes  les  s^paraUons,  ordinairemeat  blahcbes  et  vertea,  qui 
marqueat  les  cases  ou  divisions  sur  la  table  en  bpis  noir. 
FUche,  en  agrioulture,  sort  k  d^igner  la  pousse  de  la 
canna  k  aucia  at  de  quelques  autrea  plantes  dont  lea  tiges 
soot  droites  et  fermes..  On  a  donn^  au  dauphin  le  nom  de 
fliche  de  mer,  k  cause  de  la  rapiditd  de  sea  mouvements. 
On  dit  aussi  unejff^cAe  de  lard,  en  parlant  de  la  pito  levte 
sar  Tun  das  cdt^  du  pore,  depuis  T^paule  jusqu'k  la  cuisse. 
FLECHE  (La i,  villa  de  France ,  chef-lieu  d'arrondis- 
sement  daus  le  d^partement  de  la  S  artb  e,  a  39  kilom^es 
sud-ouest  du  Mans,  sur  la  rive  droila  dn  Loir,  avac  una 
population  de  7,048  habitanta,  ua  coU^  militaire,  institud 
par  ordonnance  du  13  avril  1831  etdeatin^  k  r^ucation  de 
Ills  d'offiders  sans  fortune  ou  de  aoua-oificiers,  caporaux  ou 
brigadiers  at  soldats.  morta  an  champ  d'honneur,  amputds 
pour  btessures  revues  sous  lea  drapeaux,  retrait^,  ou 
iibdrte  aprte  vingt  ans  de  aervicea.  Le  coU^e  militaire  est 
etiibli  dans  le  chAteau  royal,  construit  par  Henri  IV  et 
donn^  par  lui  aux  J^uitea,  qui  y  fond^rent  un  coll^  c6> 
lebre.  11  possMe  une  bibliotb^e  da  14,000  volumaa.  On 
trouva  an  ootra  k  La  Fl^a  une  typographic,  das  lUyriquea 
de  coilas  fortes ;  la  conunarca  aoasista  ea  poulardea  et  cha- 
pons  dits  du  Hans,  bl68,  fruiUcoita.atc.  D^ledixl^ma 
aiide  La  Fltebe  6tait  une  des  priadpalea  viUes  de  la  proviace, 
et  poaaMait  una  fortarease  radontabla  dont  oa  voit  encore 
lea  reslaa  an  miliau  du  Loir.  Mais  an  quatorztoa  aitele  die 
ddcbul  condddrablement,  et  ne  aerdeva  que  sous  Heari  IV. 
Foulques  ia  Racbhi  prit  La  Flteba  d'aaaaut  vers  1090.  Le 
conn^labla  da  Richemont  a^en  empara  en  1436.  Les  Vei^ 
dtau  y  entrbrent  en  1793,  et  les  diouana  firent  d'inutilea 
efforts  pour  .s*en  rendre  malt  res  en  1799. 


FLI^CHIER  479 

FLEGHIEB  ( Esprit ),^v^ue  da Nlinas,  pr^lat  disert 
et  fleuri,  qu^on  a  sumopimd  VIsocrate'Jrariftti$f  naquil  k  ' 
Femes,  dans  le  comtat  d^Avigboa,  la  19  jula  1632,  d'une 
familled^artlsans,  qui  avail  des  pretentions  iila  noblesse.  Son 
ptea  ouson  aieui  avaitit^  marcband  de  cbandelles.  it  avail  ub 
oada  matarad,  la  pire  Hercula  Andifretv,  sap^rieur  g^n^ral 
da  la  doctrbie  ohr^tiepne,  bomme  d^espri^  at  la  m^rite,  qui 
cultiva  adgoensament  les  heuroises  dispositions  da  son  navau 
pour  rdoquance;  maia  il  eut  ea  mame  temps  pour  maltre 
ua  rbdteur  nommd  Richasoorse,  bomme  aussi  in^oere 
qua  pr^aomptaaux,  vrai.Scad^ii  de  coll^,  qui  lui-mame  se 
qualiliait  mod&ateur  de  I'acadimie  des  pbHosophes  rM 
teuri.  Heurauaament  la. reaped  que-  hit-  portait  Fl^bSar 
n'alia  pas  jusqu^ii  rimitar.2  piarchant  d'apr^  sod  propra 
instinct,  il  ci^  lol«mfiina  sa  mtf^bode,  et  8*ouVrit  una  route 
qui  n'avdt  d^  antr«rua  pac  personba  atant  .lui.  ToutelbK , 
on  ne  pent  niar  qua  I'lBiffi^clation  qui  r^aa  trop  souveat  dan& 
ses  discoura  ne  soit  la  fntit  das  fecona  da  oa  Ricbasourse , 
qui  fut  prodamd  la  prapuler  teivaui  de  apn  si^e  pour  le  * 
gallmatblaa.  FldchlaraffectiQniiait  auaai  la  ledure  des  aociens 
sermonnalrea,.  qui ,  daha  la  barbaric  saUvaga  de  lour  Elo- 
quence burlaaque,  ont  laiasd  ^diApper  tant  de  tmitahcu-* 
reux.  iUes appdait sea  bonffons^tilu llaait,  disaitil, pour 
apprandre  corameni  li  na  faat  paa  terire.  Maia,  en  voulant 
sefamiliariaer  avec  caa  poisons  da  I'^toqilanca,  il  n*aut  pQs» 
sdon  la  remarque  da  D*Alambert,  le  m6me  succ^  que  Mi- 
tbridata  potr  las  poisons  pbydques  i  il  contracta ,  sans  s'eu 
apercevoir,  catta  affeotation  qa'il  cheichdt  A  Eviter. 

Suivani  llnatilut  da  la  oongr^tiott,  dans  la()ueHa  11 
entra  k  Vkge  desdze  ana,  il  fut  employ^  k  renseignement : 
en  1669.11  profasaa  la  rh^torique  k  Narbotane,  et  y  pro- 
noun Toralaoa  fiondire  da  Claude  de  Rd)^ ,  archevaque 
de  cetta  vifla.  Son  disoonrs,  qd^il  compoaa  at  qu^l  appri^ 
en  dix  joura,  eut  un  trto-grand  suocte;  toulefois,  on  nt> 
la  trouva  poiatdana  lea  oeutresde  Fishier,  sans  doute  parca 
que  I'aataur  ou  sea  ^taora  ont  jug4  cat  beureux  coop 
d'essai  hidigna  de  la  renomm^e  quHl  acquit  depuis.  Tant 
que  son  onda  vteut.  Fiddlier  resta  membre  de  la  congre- 
gation. Aprte  lamortdupdre  Andifrat,  la  supdrieurg^- 
n^nJ  qui  iui  succdda  voulut  aaaujattk  ses  conlrires  k  da 
nouvMUx  r^glameirts,  d  FMchier  qoitta  la  doctrine  chr6- 
tienne.  Devenu  libre,  il  se  raadit  k  Paris.  Sana  fortune  et 
Sana  protectenr,  il  fiit  d*abord  r^duH  k  l*emploi  modeste  de 
cat^abiate  dans  une  paroiase.  Maia  son  penchant  PentFal- 
nait  vara  la  culture  dea  lettrea.  II  compoaa  des  vers  latins  ^ 
genre  alora  fort  goAt^  du  public.  Una  description  du  fameo% 
carrousel  donn^  par  Looia  XIV  an  1662  lui  fit  surtout  beau^ 
coup  d'honneur.  En  sa  r^vdant  comma  poda  vulgaire ,  il 
se  formait,  sans  la  savoir,  k  cdte  didlon  pldne  d  harmo- 
nieuse  qui  devait  domier  4  sa  prose  oa  cbarma  qui  n'a  point 
^16  surpass^. 

FlEchier  ^tdt  daveaa  pr^ceptaurde  Louis-Urbain  Laf^vra 
daCaumartin,  dapuia  intandant  des  finances  et  consdller 
d'Etat.  Le  p^  de  son  d^ve  ayaat  HU  nomm6  par  le  roi 
pour  la  tenue  dea  grands  Jotirs  ( commladon  extraordi- 
naira )  en  Auvergna,  la  pr^capteur  at  la  flis  Ty  suivirant;  et 
FlEcbier  Ecrivit  une  rdation  de  oea  grands  Jtmrs,  tonus  A 
Riom  en  1665.  La  maiaon  da  Caumartin  dtdt  f^uent^ 
par  ce  qu'il  y  avail  de  plua  considerable  k  la  cour  et  k  la 
ville.  Lea  tdents  de  FlEchier,  son  aroabilfte,  la  douceur 
et  la  regttluritd  de  ses  mcenrs,  lui  acquirent  des  amis  dans 
cetta  soddd  distfaiguee*  II  tai  admia  aux  Cerdes  de  l*b6tel 
daRambonillet,  dont  lul«m6me  a  dit  dans  une  de  ses 
oraiaona  fVittd>raa,  avee  plua  d'empbaae  qne  de  Justessa,' 
«  qi^il  y  avait  U  Ja  na  sals  quel  mdange  de  grandeur  ro* 
malna  at  da  eivlUtd  fran^isa  •.  La  duo  da  Montausier  sa 
dedara  son  Mdctoa,  d  la  produidt  auprto  du  dauphin,  dont 
11  dtdt  goovameor,  aa  lui  procurant  la  pbice  de  ledaur  dti' 
jaune  priaca.  D'aboid  Fldchiar,  dont  la  caract^  dtait  pliant' 
d  daux,aYdtd6pln  k  Montausier,  en  lui  adressant  par  po- 
litessa  ces  looanges  que  les  hommes  sont  si  generalement 
(tiapoaia  k  savoarar.  11  n'avait  re^u  pour  tout  remerdment 


480 


FLEGHIER  —  FLEETWOOD 


que oelte  boutade  t^hte :  «  VoUk  mes  flatteunl  »  U  Ke^n 
ne  fat  pas  perdue ,  et  F14chier»  en  parlant  de  M ontiasier 
ayec  toute  franchise,  obtint  bientAt  son  amiti^  et  sa  con- 
fiance. 

Cependant,  il  se  liTrait  i  la  predication;  ses  sermons 
ayaient  da  succ^i  mais  la  gloire  Pattendait  poor  ses  orai- 
sons  fan^bres.  La  premiere  qa'il  composa  fut,  en  1672  ^ 
ceUe  de  b  duchesse  de  Montansier » cetle  Julie  d*Angennes, 
pour  laqueUe  tous  les  litterateurs  alors  en  vogue  ayaient 
compoee  la  GuirUmde  de  Julie.  Dans  Toraison  fun^bre  de 
la  duchesse  d'Aiguillon,  qa*il  pronon^a  en  1676 » la  matifere 
etait  s^che  et  sterile;  neanmoins,  comme  dans  la  prM- 
dente,  il  sot  int^resser  par  dea  Veritas  morales^  utiles  et 
toochantes ,  exprimees  ayec  elegance  et  noblesse.  Le  succte 
de  ces  eioges  lot  ouvrit  les  portes  de  PAcademie ,  en  1675, 
k  la  place  du  sayant  Godean\  ev^qoe  de  Yence.  Re^  le 
mtaie  Jour  que  Tanteur  d*Andromaqtie,  il  parla  le  premier, 
et  obtint  de  grands  applaodissements,  tandis  quele  discours 
de  Racine  fut  k  peine  entendu  et  ]ag6  defayorablement ; 
Fl^chier  nVait  dft  son  succte  qu*^  son  debit  brillant.  Un 
sujet  plus  grand  lul  etait  r^serye  et  deyait  mettre  le  comble 
k  sa  gloire :  c'etalt  Toraison  ftm^re  de  Turenne ,  qui  fut 
pvononoee  h  Paris  dans  Veglise  Saint-Eustache,  le  10  Jan- 
vier 1676.  Uk,  il  s'eieya  pour  la  premiere  fois  k  toute  la 
hauteur  de  la  parole  eyangdUque,  et  pour  la  premiere  fois 
il  pot  etre  mis  en  paralieie  avec  Bossuet.  En  1679  il  pro- 
non^  le  panSgyrique  do  president  Lamoignoo.  Les  vertos 
du  magistral  Chretien  y  sont  decrites  avec  noblesse  et  gra- 
yite.  L'oraison  fun^bre  de  Montausier  a  ete  mise  4  o6te  de 
celle  de  Turenne. 

Fiechier  s*est  trouve  deux  fois  en  concurrence  avec  Bos- 
sue  t»  dans  lesoraisons  fun^bres  de  Mario-Thertee  et  du 
cliancelier  Le  TelUer ,  et  quoique  celles  de  Bosso^  soient  ses 
moins  belles,  on  y  tronve  encore  asses  de  traits  qui  decilent 
Taigle  de  Meauz,  pour  que  Fiechier  neTatteigne  pas.  Ainsi 
que  Bossuet,  Fiechier  fait  souvent  reioge  de  Louis  XIV  comme 
destructeur  de  Thereste ;  mais  Fiechier  pousse  les  choses  plus 
loin:  il  va  jusqa*4  appeler  I'inyasion  de  la  Holiande  tine 
guerre  sainte^oiilHeu  trUmphaHaveele  prince  Alesaivrec 
Bossuet  et  Massillon  oette  oonformite,  que  leorspon^^i- 
gues  des  saints  sont  au  nombre  de  leurs  plus  foibles  composi- 
tions. «  Les  mieux  faits,  observe  La  Uarpe,  sont  encore  ceux 
de  Fiechier,  le  premier  des  rheteurs  de  son  siede.  »  Autre 
cooformiie  entre  Fiechier  et  Bossuet,  c'est  que  leurs  ser- 
mons sont  tres-inferieurs  k  leurs  oraisons  ibnebres.  On  a 
surtout  vante  dans  Fiechier  retude  particnliere  quMl  avail 
faite  de  la  construction  des  phrases  et  de  Farrangeroent  des 
mots  :  notre  langue  lui  a ,  dans  cette  partie,  des  obligations 
reelles  :  il  s*est  applique  k  donner  aux  formes  do  langage 
une  nettete,  une  regularite,  une  douceur,  une  harmonie 
jnconnues  jusqu*4  lui.  On  [leut  le  citer  comme  un  rheteur 
sans  egal ;  maisil  n*a  pas  su  eviter  Tabus  de  son  art. 

Fiediier  s'est  aussi  exerce  dans  le  genre  historique.  Son 
Histoire  de  TModose  (  Paris,  1679),  composee  pour  re- 
ducalion  du  daupliin,  se  fait  lire  avec  interet,  quoiqu*elle 
soil  ecrite  d*un  ton  trop  eioigne  de  la  verite  lii^rique  et 
qu^on  Taccuse  avec  raison  d*avoir  beaucoup  trop  loue  son 
heros.  Cependant,  observe  D'Alembert,  si  le  motif  le  plus 
louable  pent  excuser  on  historien  pea  £dde,  on  doit  par- 
donner  k  Fiechier  d^avolr  paiue  les  defauts  d*un  empereur 
qu'il  voulait  donner  pour  module  an  daupliin.  Dans  VHis- 
toire  du  cardinal  Xim^nts  ( Paris ,  1693 ) ,  il  donne  sur  le 
meme  ecueil  sans  poovoir  alieguer  la  m^me  excuse.  11  n*a 
point  son  heros  quedu  beau  c6te  :  c^est  le  portrait  d^un  saint; 
le  ministre  et  le  politique  n^ont  aucune  part  au  tableau.  Fie- 
chier a  compose ,  en  outre ,  en  latin ,  la  Vie  du  cardinal 
Commendon^  sous  le  pseudonyme  Roger  Akakia  (Paris, 
1669).  II  en  publia  en  1671  une  eiegante  traduction  fran- 
false  9  qui  a  eu  plusieurs  editions. 

Dte  Tannee  1670,  les  talents  de  Fiechier  obtinrent  leur 
recompense.  Louis  XIV  lui  avail  donne  d*abord  I'abbaye  de 
SaiBt-SeTerin  ( dioc^  de  Poitiers ),  puis  la  diargo  d'auai6- 


nier  de  la  daupbine;  enfin,  en  1665, il  le noama  k  I'^yAcM 
de  Lavaur  :  «  Je  voos  ai  ISaitun  pea  attendre  one  place  qoa 
TOUS  meritiei  depais  longtemps,  iuldUce  osonanine;  mais 
)e  ne  voulais  pas  me  priver  s  it  dt  da  plaisir  de  voos  entea- 
dre.  »  De  revtehe  de  Lavaor,  Fiechier  fut  transfM  4  oelol 
de  Nlffles,eD  1667.Ce  ne  fiit  pu  sansavdr  resiste  longlempa 
k  cette truislatien.  II  sopptia  le roi,  parnne  lettre prenaate, 
de  le  laissec  k  Lavaar, «  poor  y  acbever,  dinit«lly  roovia^s 
qull  y  avait'commenoe ,  en  entretenant  et  ea  aogmeiitant 
les  bonnes  dispositions  o(i  fl  voyait  lea  Dooveaox  ooBvertia 
de  son  dloctee.  »  Louis  XIY  ne  vainqoit  sa  repagnaBee 
qu'cn  lul  representant  qo*il  anralt  beaacoop  plos  do  Men  k 
faire  dans  sa  noovelle  egUse,  oh  on  loi  offrait  bob  de  plos 
grandes  ricbesses ,  mais  on  pins  grand  travail.  L*edit  de 
Nantes  venalt  d'etre  revoque;  la  penecation  TioleDte  que 
lea  i^fonnes  essoyaient  echaoflkit  toutes  les  teies;  II  etait 
necesaire  de  donner  poor  pastenr  4  ces  Imea  aigrfes  on 
preiat  dont  les  lomieres,  reioquence  et  la  dooeeor  to*- 
sent  egalement  propres  kdetntire  leorspreiogea  et  4  calmer 
leurs  murmures.  Personne  n^en  etait  plus  capable  qoe  Fie- 
chier ;  et  il  fit  plos  de  proselytes  par  sa  moderation  qoe  Fin- 
tendant  de  la  province,  Basvilie,  par  sa  rigueor.  La  seBsibilite» 
IMndulgence,  la  charite,  qui  Tanimaient,  resplrtieBt  aossi 
dans  ieBMtmdements,  les  Leitres pastorales^  les  Discomrs 
synodaux  qnMl  adressait  aax  reformes.  Lk  ne  se  retroove 
plus  cette  elegance  compassee  qo^on  a  reprochee  4  si  Joste 
titre  k  ses  aotres  productions  :  c*est  un  pere  qnl  parte  avec 
tendresse  k  ses  enfants  egares.  Sa  conduite  k  leur  egaid  ^tait 
meritoire;  car  II  vivait  dans  on  siede  oil  la  toieranoe  etail 
condamnee  comme  de  la  ti^eur  et  presque  comme  one 
heresie;  et  id  i*on  doit  d*autant  plus  lionorer  la  belle  ime 
de  Fiechier  que  ses  ophiions  etaient  conformes  k  oelles  de 
son  siede«  II  etait  convaincu ,  eomme  presque  toos  les  ca- 
tholiques  d*alors,  que  rinstruction  nMtait  pas  toojoars  le 
seul  moyen  de  vaincre  Theresie,  et  qo*on  pouvait  employer 
des  motifii  de  crahite  pour  ramener  les  protestants  an  sein 
de  I'fglise. 

Aossi,  les  protestants  do  Langoedoc  ont-ils  toojoors  ea 
en  benediction  la  memoire  d'un  evAque  qui  se  montrait  si 
penetre  du  veritobie  esprit  de  I'tivangile.  Voltaire,  IVA- 
lembert  et  tous  les  philosophes  do  dix-hoitieffie  siede  sont 
4  cet  egard  d*acoord  aveo  les  calvinistes.  Si  Ton  en  croil 
d^Alembert,  imltant  Jesos  pardonnant  k  la  femme  adolt^, 
11  tendit  une  main  patemelle  k  une  reKgieose  qoi  av-it 
coounb  one  faote,  et  r^primanda  Tabbesse  qjA  Tavait  pooae 
avec  plus  de  baii>arie  qoe  de  justice.  Sa  diarite  eiait  ine- 
puisable.  Dans  ia  disette  de  1709 ,  11  distriboa  dea  sommes 
immenses,  aoxquelles  catholiqoes  et  protestants  eorent  one 
part  egale.  U  refusa  d^employer  k  la  constnictSon  d^ine 
eglise  les  fonds  destines  4.  des  aum6nes.  «  QoeU  eanliqnes 
disait-il ,  valent  les  benedictions  da  pauvret  »  Qoand  on 
lui  representait  Texc^s  de  ses  charites  :  «  Sommes-noos 
eveque  poor  rienP  repondait-il.  >  Trop  shicerement  rdi- 
gieox  poor  admettre  d*absordes  superstitions^  il  poblia  one 
etoquente  lettre  pastorale  ao  sujet  d^one  croIx  de  Saint- 
Gervais  qu*on  pretendait  etre  miraculeuse.  Prevoyant  f^a 
mort  prochaine,  et  ne  voulant  pas  avoir  on  tombeau  fas- 
toeux,  il  donna  des  ordres  k  un  sculpteur  poor  on  modesfe 
maosoiee.  Sa  mort  arriva  peo  de  temps  aprte  :  il  cessa  de 
vivre  k  Montpdlier,  le  16  fevrier  1710,  Age  de  soixante-diz- 
hoit  ans.  Les  devoirs  de  Vepiscopat  n'avaient  pas  dhninii^ 
en  lui  Tamonr  des  lettres :  il  deviot  le  protedeur  de  FAca* 
demie  de  Ntmes;  et  pour  lui  donner  du  relief,  il  obtint  de 
TAcademie  fran^se  qo^dte  voulOt  bien  s'assoder  cette  mo» 
deste  sceur  de  la  province.  Charles  Du  Rozoia, 

FLEETWOOD  (Charles),  colond  de  cavalerie  d 
membre  du  long  parlement  de  1640,  ne  vota  pa^,  il  est  vrai, 
la  mort  de  Charles  I*',  mais  conlribua  beaucoup  i  la  vidolre 
remportee,  le  3  septembre  1651,  k  Worcester,  sur  Charles  II 
par  les  Independants.  II  epousa  une  fille  de  Cromwell, 
veuve  en  premieres  noces  do  general  Ireion,  qui  lui  apportaen 
dot  le  gouvemement  de  llrlande;  mais  les  liens  etroits  vu 


FLEETWOOD  —  FLEOLK 


le  rattactifcimt  aa  proteUeur  m  Temptehtont  pas  de  s*op- 
poaer,  dt  concert  avac  Disbrowe  et  Lambert ,  k  ce  que 
CromweU,  Tireoieirt  sollidt^  k  cet  ^gard ,  prit  le  titre  de 
roi.  A  la  mort  da  ton  beao-p^,  il  se  d^ara  d'abord  ea 
favear  de  son  beau-firtee  Rkbard  Gromwdl,  proclamd  pro- 
tecteor;  mala  quand  fl  eat  reconnu  «on  incapacity  pour  an 
td  r61e ,  Ocontribua  aelirement  k  le  fidre  d^poaer.  Halgr^ 
oeia,  Gharlet  II  loi  garda  rancune  de  la  part  qnll  avait 
eoe  4  la  joanite  4e  Worcester,  et  Texcepta  foimeUement 
de  I'amnlstiepar  laquette  il  inaogora  sa  restaaratioii.  Fleet- 
wood BMNinit  i^  pen  de  temps  de  Ih,  dans  I'obaciiritd. 

FLEGMASIE.  Foyea  Phlbghasib. 

FLEGBIE  (M4deein$).  Foyes  Phlecme. 

FLEGME  iMoraU).  (Test  ce  oalme  pariUt,  in<bran- 
laUe,  que  I'on  conserYO  dans  one  foole  de  drconstances  qui, 
en  gdntoly  troublent  et  ^euvcnt  Im  autres  bommes. 
Sous  ce  rapport,  le  flegmatique  a  nn  grand  avantage  snr  enx, 
paroe  que,  aullre  de  Ini,  il  Toit  les  choses  telles  qa'elles 
sonty  tandls  que  lea  autres  en  sont  doming.  On  aomprend, 
n^anmoins,  que  lorsque  le  flegme  se  rencontre  seal ,  il  de- 
Tient  one  qaalitf  n^gatiye;  car  ce  n*est  rien  d^avoir  on 
coop  d'oeil  juste,  si  VaciUm  ne  le  fertilise  pas.  Le  flegme 
est  on  don  tout  personnel,  c'est-4-dire  que  all  contribae 
beaocoup  an  bonbear  de  ceox  qui  en  jouissent,  en  retoor 
il  jette  dans  la  soei^  one  froidenr  morteUe.  Les  femmes , 
dans  lea  rapports  ordinaires  de  la  vie,  manquentde  flegme; 
et  e'est  ce  qui  les  rend  si  propres  4  r6ossir  dans  la  sod^t^. 
Dana  les  moments  de  crise,  dies  parriennent  cependant  k 
se  doner  d'un  flegme  qui  est  alors  infini ,  conune  les  de- 
Toirs  qu'dles  ont  k  remplir. 

Le  senl  peuple  en  Europe  qui  soit  cddire  par  son 
flegme,  c'est  le  people  hollandais  :  toujours  pldn  de  sang- 
froid an  miliea  des  rerers  et  des  perils,  il  a  conquis  sa  li- 
berty par  soixante-douie  ana  de  courage  et  de  patience; 
mab  depois,  sauf  qudques  fidoires  brillantes  sur  mer,  ses 
annales  ont  M  sans  Mat;  on  n*y  troufe  qu*an  bonheur 
terae,  qui  reflMe  le  caract^e  national :  Ik  le  flegme  est  partout 

SAnrr-PBosPBR. 

PLEGMON.  Foyea.  Pblbghon. 

FXEMMIIVG  (Paul),  I'un  des  podtes  les  plus  distingu^s 
de  r^cole  littteaire  dont  Opi  tx  ftit  le  chef,  et  qui,  an  dix- 
leptiteoe  siMe,  tenta  de  rderer  Upo^e  allemandede  Tdat 
de  dtadence  ob  die  dait  tombte,  naqnit  le  5  octobre  1609, 
k  Harteoateitt,  dans  le  pays  de  Scboeneborg.  II  entra  d'abord 
k  V^cole  des  Princes  de  Meissen,  puis  k  Tunirerdt^  de 
Leipcig.  Ses  poMes  latfaies  attestent  quMl  ayait  feit  des 
dudes  clasdqoes  apprufondies.  II  s'dait  vou^  k  la  m^dedne ; 
mala  le  boulereraemenVpccasionn^  par  la  guerre  de  trente 
ans  Tint  le  saisbrau  millen  de  ses  premieres  etudes  sdenti- 
fiqaes,  et  Tobligea  k  se  chercher  d'autres  moyens  d'exlstence. 
II  se  retire  dans  le  Uolstdn.  En  1635  le  due  de  Hobtdn  en- 
voyait  nne  ambassade  k  son  beau-fr^rele  tsar  deRussie  : 
Flemming  obtint  d'en  faire  partie.  Pea  de  temps  aprte,  le 
due  eoToya  k  Ispahan  une  ambassade  plus  briUante  encore, 
et  le  poflte  s'y  joignit  Les  envoys  partirent  le  17  octobre 
1635,  arririrent  k  Ispahan  le  3  aoilt  1637,  y  pass^rent  trois 
roois,  et  rerinrent  k  Moscon  au  mois  de  Janvier  1689.  Flem- 
ming avait  ayee  lui  nn  de  ses  amis,  Adam  Olearius,  qui  a 
enricbi  la  litt^ratnre  aUemande  de  plunenrs  exceUents  ou- 
trages, d  qui  le  premier  a  tradiut  Le  Jardin  des  Roses, 
de  Saadi,  et  les  fables  de  Lockman.  Pendant  que  le  po€te 
cbantait  le  long  de  la  rente  ses  diverses  Amotions,  Olearius 
se  fidsait  llilstoriographe  de  la  caravane.  H  a  laissd  une  re- 
lation  trto-d^taSllte  et  trte-int^ressante  de  ce  long  et  cii- 
rienx  voyage.  A  son  retour,  Flemming,  qui  s'dait  fianc^  k 
R^al,  r^solut  de  se  consacrer  de  nonveaa  k  la  m^dedne. 
Eo  isio  U  partit  pour  aller  prendre  ses  grades  k  Leyde; 
man  airiv^  k  Hambonrg,  il  moorut  presque  subitement. 

Flemming  s^^tait  cbolsi  Opitz  pour  modde.  II  a  cherch<^  ^ 
Timiler  dans  son  style ,  dans  la  construction  de  ses  vers. 
Mali  fl  avait,  pour  Mre  poete,  plus  que  du  goOt  et  de  la 
fl  avait  one  Imagination  vive,  nne  senaibilit^  vniie 

DICT.  DB   L4  CONVERS.  -^  T.   IX« 


481 

et  proffonde,  un  esprit  rdigieux  d  dev^.  La  plupart  de  ses 
po^es  se  oomposent  de  pltees  de  circonstance,  d  ne  pr6- 
sentent  pas  on  grand  mt^rtt.  Un  de  ses  recudls,  intitule 
Forits  po4tiquei,  renfame  de  trte-beUes  descriptions,  des 
tableaax  de  moeors  d  da  pays,  par(aitemeat  bien  sentis; 
mais  sa  veritable  vocation  dait  la  po^sie  lyrique :  c'est  dans 
ce  genre  qnH  s'est  essays  avec  le  pins  de  succte.  C'est  par 
la  qu*il  a  m6nU  d'dre  oompt^  au  nombre  des  bons  pontes 
allemands.  H  a  laiss^  des  chants  pldns  de  grftce  d  de  senti- 
ment, des  sonnets  qui  ont  616  pendant  longtemps  tout  ce  que 
TAllemagne  avait  de  mieux,  d  des  cantiques  qui  sont  rartite 
dans  la  litui^e  aUemande.  X.  MAnnaa. 

FLEMMING  (JACQUES-Haiai,  comte  ns),  ministre  d'fitat 
d  fdd-mar6chal  au  service  de  Tdectear  deSaxe,  n6  le  3  mars 
1667,  descendant  d'une  fimiiUe  flamande  stabile  enPom6- 
ranie,  qui  a  donn6  plusieurs  hommes  d'etat  d  capitaines  c6- 
Idnres  k  la  SuMe,  k  la  Pologne  d  41a  Saxe,  et  dont  les  im- 
portantes  possesdons  en  Pom^ranie  formaiant  tont  un  dis- 
trid  appeM  eerclt  de  Flemming,  Aprte  avoir  termini  ses 
dudes,  il  alia,  en  1688,  visiter  I'Angleterr^  pour  son  instruc- 
tion, d  entra  ensuite  au  service  de  I'^ledeor  de  firande- 
bourg ,  puis  k  odui  de  I'dedenr  George  de  Saxe,  en  qua- 
UU  d^a^judant  gfo^ral.  Nomm6  fdd-mar6chal  par  Tdecteor 
Fr^d^ric-Auguste  d  envoyd  en  ambassade  k  Yersovie  en 
1697,  quand  ce  prince  se  mit  sur  les  rangs  poor  I'ilection 
an  tr6ne  de  Polo^e,  il  rdissit  k  lui  assurer  la  oouronne, 
grAce  k  rhabllettf  avec  laquelle  11  sut  k  propos  distribner  les 
largesses  de  son  maltre  parml  les  nobles  polonais.  11  se 
distingua  ensuite  d'une  manitoe  toute  particulitos  dans  la 
geurve  Gontre  la  SuMe,  et  s'empara  en  1699  do  fort  de  Du- 
namiknda,  prls  de  Riga,  qu'il  appda  Augustusbura.  Quand 
pUia  tard  les  troupes  >de  Saxe  (brent  obligte  de  ba^  en 
idrdte,  et  que  Charles  XII,  victorienx,  exigea  de  Tdectenr 
de  Saxe  qu'il  lui  livrAt  Flemmhig,  cdui-d  se  r^fugia  enJBran- 
debonrg ,  od  il  dut  rester  qudque  temps  avant  d^oser  repa- 
rdtre  k  Dresde.  Lorsqoe  la  fiuttnne  devint  bifidde  k  Char- 
les xn,  Flemming  toita  vaiaement  d'assurer  k  son  maltre 
la  possesdon  de  la  Livonle  d  de  didder  le  roi  de  Prusae  k 
declarer  la  guerre  an  roi  de  SuMe ;  et  il  ne  fut  pu  plus 
beureux  dans  les  tentatives  qu'il  fit  pour  <^tendre  I'autorit^ 
royale  en  Pologne.  H  mourut  k  Yienne,  le  30  avril  1728. 
A  nne  ambition  sans  bomes  il  joignait  one  bravoure  k  toate 
6preuve,  une  activity  Infotigable  et  une  rare  promptitude 
de  conception. 

FLENSBOURG,  la  viUe  la  phis  peuplde  d  la  place  de 
commerce  la  pkis  importante  du  duch^  de  Schleswlg,  4 
l'extr6mite  d'un  golfe  de  la  Bdtique  pin^trant  fort  avant 
dans  I'hit^rieur  des  terres ,  k  3  myriamdres  au  nord  de 
Schleswig,  et  chef-lieu  d'on  bdlliage  de  13  1/2  myriam^trea 
carrds,  dontd^pend  la  partie  septentrionale  du  pays  ^Angeln, 
est  batie  au  pied  de  qudques  hauteors  qui  prot^ent  son 
port  centre  tous  les  vents.  On  y  trouve  quatre  ^glises,  trois 
roarchte,  on  collie,  one  tole  de  navigation,  des  chantiers 
de  construction,  des  fabriquea  de  sucre,  d'hnile,  de  tabac,  de 
cuirs,  de  vinaigre,  de  savons  d  de  cbanddles,  d  d'Importantes 
distilleries.  Sa  population,  forte  d?environ  16,000  Ames, 
fait  un  commerce  considmble  en  cMales  et  graines.  La 
londation  de  FlendxMirg  reibonte  an  douxidne  siMe;  d 
elle  tire  son  nom  d'un  obtain  chevalier  Flenes,  regards 
comma  son  fondateor.  Dte  le  trdzidne  alMe  eUe  ^tait  de- 
venue  une  place  trte-importante. 

FLl^OLE,  genre  de  graminto  trte-voisin  dn  genre  eryp- 
siSf  donnant  des  plantes  surtout  propres  k  dre  brootta 
par  les  bestianx.  Ses  caract^res  sont  une  panicule  resserrfe 
en  un  ^pi  ovale  ou  cylindrique  dont  les  glumes  sont  tron- 
qu6es  et  terminus  par  deux  petitea  pointes,  avec  une  plua 
courte  dans  le  milieu;  des  ^piUets  nniflores,  trois  diamines, 
deux  dyles.  On  trouve  partout  dans  les  prte  la  JUole  des 
pr6s  {phleum  pratense,  IJnn^),  le  timoihy-grass  des 
An^ls,  dont  on  forme  de  bonnes  prairies  arllficieUes, 
qui,  k  raison  des  radnes  vivaces  de  cette  plante,  peuveni 
durer  une  douzahie  d'annto.  Les  chevaoz  sent  irMriandi 

64 


rLftOLE  —  FLESSmOtlE 


48) 

de  06  foarrage.  Cette  pUnte  se  montie  de  bonne  heure,  ei 
peat  ^tre  ooupte  trois  fois  dans  V^\6 1  mais  comme  elle 
donne  pea  de  fane,  elle  n^est  multipli^  avec  profit  que 
dans  les  pr^  un  peu  mar^cageux.  lAjliole  nuueuse  (phlexim 
nodosum^  Linn6)  se  distingue  de  la  fldole  dea  pr6i  par  sea 
radnes,  plus  noueusea  et  comme  bulbeuses,  par  ses  tiges,  en 
partie  couch^  etenracin6esaleur  nceud.  Sa  moItipUcalion 
est  prodigieuse  dans  les  pr^  martoigeux,  au  Lord  des  fon- 
drieres  et  des  foss6)  humiiles.  Cette  esptee  est  agr^ahle  aux 
tronpeauXy  et  lei  cocbons  realiercbent  avec  a?idU^  ses  ra- 
cfnes.  lAjUole  des  Alpes  {phleum  aipinum,  UuM)  est 
destine  pour  les  hautes  montagnes  des  Alpes,  ainsi  que  pour 
les  terrains  sablonneux  et  maritimes.  Les  phleum  de  Unn^, 
dont  les  glumes  sent  lanc^l^  et  non  tronqu^es  h  leur 
sominet,  se  trouTent  rang^  ai^iourd'bui  dans  ie  genre  cry» 
psis  ^tabli  par  Alton. 

FILERS  (Caiili^)  doit  fignrer  au  premier  rang  parmi 
les  paysagistes  qui,  rompant  vers  1830  avec  les  traditions 
de  la  Restauration,  abandonn^reut  le  style  acad6mique  pour 
pelndi-e  nalvement  la  nature  dans  toute  sa  r^tit6.  Ne  a  Paris, 
le  15  f^Yrier  1802,  et  d^ve  d'un  roaltre  ignor^,  il  a  su  se 
faire  une  maniire  k  lui ;  ei  il  occupe  dans  la  nouvelle  ^cole 
un  rang  Eminent.  Moins  bien  plac^  dans  restime  des  connais- 
aeursque  Jules  Dupr6,  RousseauetDecamps,quiont 
ftit  one  revolution  dans  le  paysage,  M.  Flers  a  cependant  con- 
quis  un  nom  honorable  par  certaines  quality  de  couleur,  de 
yMU  et  de  po^sle.  Ses  tableaux,  di^j^  nombreux,  sont  dis- 
perse clie7  les  amateurs.  11  envoya  au  salon  de  1S41  le 
Village  de  Pissevache,  d<Sbut  qui  eut  quelque  retentisse- 
ment  Depuis  lors  on  a  remarqu^  |>arnii  les  paysages  qu^'l  a 
fluccessivement  expose :  Le  Moulin  sur  la  Marne  ( 1833); 
Vuede  laMeHleraye\  VueprUeen  Picardie  ( 1834 ) ;  Route 
en  I^ormandie;  Environs  de  Vunkerque;  Animaux  dans 
un  pdturage  (1835);  Chdteau  d^ Argues  (1830);  Envi" 
rons  de  Compligne  (1837);  Lb  Moulin  de  Loucgue;  Vile 
de  Samois  (1838) ;  Le  MarcM  de  Toucgues  ( 1841 ) ;  Les 
JBords  de  la  Marne  ( 184S),  et  beaucoup  d^autres  encore. 
M.  Flers,  qui  re^ut  en  1849  la  deration  de  la  I^ion 
d*llonnear,  nearest  pas  bom^^  la  peinture k  Hiuile,  il  a Tait 
aussi  des  paysages  au  pastel,  et  dans  ce  genre  il  a  obtena 
d*assez  beaux  i^sultats.  Le  pastel,  qui  est  d'ordinaire  pSle 
et  mou,  a  acquis  sous  sa  main  uno  vigucur  inusil^.  EnGn, 
abandonnant  un  jour  pour  la  plume  ses  piuceaux  et  ses 
crayons,  M.  Flers  a  ^crit  dans  V Artiste  (aoQt  1846)  un  article 
plein  d'int^ret,  o6  il  fait  connattre  les  moyens  quMl  a  em- 
ployi^  pour appliquer  le  pastel  an  paysage.  M.  Flers,  nous 
I'avons  dity  rend  la  nature  telle  qu*il  la  vuit;  sa  couleur,  od 
Ton  bUmerait  peut-^lre  Tabus  des  tons  jaunes,  est  tout  k 
fait  liarmonieuse  et  pleine  de  charme;  mais  sa  peinture  a 
en  g<^neral  peu  d'efTet  et  sa  mani^re  est  trop  monotone.  Lors 
des  debuts  de  M.  Flers,  on  n*a  pas  craint  de  le  comparer  aux 
Flamanils,  assimilation  inexacle,  puisqull  manque  sortout 
de  fmesse  dans  la  louche,  quality  distinctive  des  paysagistes 
de  Flandre.  Mais  11  sera  beaucoup  pardonn^  k  M.  Fleni  : 
n^est-il  pas  le  maltre  de  Cabat?  P.  Maitix. 

FLESSELLES  ( Jacqoes  de)  ,  le  dernier  prevOt  des 
marcbands.  N6  en  1721^  d'one  famille  de  robe  trte^mcienne, 
Bomm^,  tr^eune  encore,  maltre  des  requites,  il  s^^tait 
attir^  la  trisie  faveur  de  la  cour  par  son  d^voOment  au  duo 
d'AiguiIlon  et  ses  persteutions  centre  La  CluUotais.  LMnten* 
dance  de  Lyon  Alt  le  prix  que  les  pourvoyeura  des  plaisirs 
de  Louis  XV  jet^rent  au  complaisant  roagistrat  Ses  mocurs 
donees  et  raciles^  sa  bienfaisance,  le  z^le  qu^il  d^ploya  pour 
lea  IntMts  de  la  seconde  capitate  de  la  France,  firent  oublier 
Intacbede  cette  royalefaveur.  Des  ^tablissementsimportants 
fuient  cite  par  lui :  11  fonda  m£me  k  ses  (rais,  en  1777, 
UD  prix  de  300  liTres  pour  le  perlectionneosent  de  la  tein- 
taie  dee  soles  en  noir;  il  ttait,  enflui  ^la  bauteur  de  son 
rAle,  lonqo*il  fut  nonun^  conseilier  d'etat  et  pr^vOt  des 
aaEdiiiids  de  la  vflle  de  Paris.  Tout  k  conp  la  rdroluUon 
ddata;  il  fallalt  une  main  de  fer  pour  tenir  les  rtocs  de  la 
yi  unde  cit^,  et  one  de  ces  t^tes  qui  dteouTrent  a  rinsUnt 


la  Toie  k  parcourir,  et  ne  reculeot  plus.  Fless^  t^iUA 
qu*nn  bomme  de  plaisir,  un  caract^re  l^er,  inccrtalo  ssni 
coiisl&lance.  Un  instant  il  crut  que  Tancien  conseil  dsi 
^clievlns  pouvait  subsister  k  c6t^  de  la  formidable  assenibUe 
des  dlecteurs  de  Plidtel  de  Title,  ce  pouvoir  soprtaie  qui 
allait  bientot  dCTenir  la  Commune  de  Paris.  Le  IS 
juillet  il  seotit  qu*il  fallait  s^absorber  dans  la  puissance  r^ 
▼oUilionnaire,  Un  comity  central  se  forma,  compost d*fle^ 
teurs  et  d*ebevins,  et  la  preidence  en  fut  AitMt  sa 
pr^vdt  des  marcbands,  faible  esprit « qui  crut  poovolr  de 
riiOtel  de  vlUe  continuer  ses  relations  avec  le  faroucbe 
baron  de  Bcsenval.  Le  district  des   Matliorlns,  dte  le 
13  juillet,  s'^tait  d6clar6  trompi  d*une  manitre  airact, 
dans  la  question  d^annement,  par  Flesselles.  Le  pr^f&l  dei 
marcbands  jouait  encore  avec  le  peuple  en  furie,  et  le  len- 
demaln,  c'^tait  le  14  juillet,  la  Uastille  ^tait  prise.  De 
Launay  ^tait  pendu  k  la  lanteme  de  la  rue  de  la  Ysnne- 
rie.  Dans  la  poclie  du  gouTcrneur  de  la  Bastille  avail  M 
trouv^  un  billet ,  sign^  Flesselles ,  ainsi  concu  :  «  Amuse 
les  Parisiens  avec  des  cocardes  et  des  promesses;  tenei 
bon  jusqu^an  soir,  et  tous  aurez  du  renfort!  •  Cette  lettre 
fut  porlte  et  loe  au  comity  des  decleurs.  A  cette  lectare, 
le  pr^vdt  des  marcbands,  interdit,  ose  k  peine  balbutier  qud- 
qnes  mots.  «  Sortez,  monsieur,  s*terie  Garan  de  Couton, 
Tun  des  roembrcs  du  comild  des  reclierches,  bomme 
austere  et  impassible;  sortez!  tous  etes  un  traftre,  vou 
avez  abandonn^  la  patrie,  la  patrie  tous  abandonne.  » 

La  voix  alt^r^  du  malheureux  Flesselles  se  faisaH  i 
peine  entendre ;  la  fureur  ^lait  sur  tous  les  Tfsages.  SoodAia 
un  cri  s*^16Te  de  la  foule  :  «  Au  Palais-Royal,  \k  11  se  jos- 
tlflera.  —  Eh  bien ,  dilril,  au  Pahls-Royall  >  Ct  il  s^avaoce 
^perdu,  press^  de  tous  cdt^s  par  la  foJie  mena^ante.  Sur  la 
Gr^ve  9  une  multitude  d^guenill^e ,  iTre  du  sang  des  inva- 
tides,  attend  dans  on  moone  silence  la  suite  de  r^v^oemesL 
Tout  k  coup  un  jeune  bomme,  le  pistolet  au  poing,  fend  les 
flots  de  la  populace,  arrive  jusqu^au  bas  de  Tescaller  de 
riidtel  de  Tille,  et  d^un  coup  tir6  k  bout  portent  ^tead  le 
Tielllard  k  ses  pieds,  en  lui  criant :  «  Trattre,  tu  n'iras  pai 
plus  loin  1  >  La  loule  se  pr^Jpite  sur  le  cadavre;  sa  tMe 
blanchie ,  toute  sanglante,  est  s^parte  dn  corps,  placft  so 
bout  d*une  pique,  portte  an  Palais-Royal,  et  promenfo  dans 
les  rues  de  Paris  pendant  que  le  corps  est  tratn^  dans  la 
flmge.  Augiiste  Paiujucd. 

FLESSIIVGUE  (VUessingen) ,  nWe  tr6a^orte,  snr  U 
cdte  m^ridionale  de  rVe  de  Walcberen,  comprise  dans  la 
Zelande  ( ruyaume  des  Pays-Bas) ,  k  rembouchore  da  bras 
de  TEscaut  appel^.  le  Hondt^  est  relite  aTec  Middelbourf 
par  un  r^nal  de  4  kilometres  de  d6veloppement.  En  y  otNn- 
prenant  son  faubourg,  Altvliessingen ,  sa  populaUon  est 
ifvalute  k  8, 500  habitants.  C*est  un  port  militaire  fort  impor- 
tant, oik  stationne  une  partie  de  la  flolte  des  Pays-Bas;  anssi 
y  truuve-t-on  tout  ce  qui  est  ndcessalre  k  la  construction  les 
Taisseaux,  k  leur  armement  et  k  leur  mise  en  r^ratioa : 
des  chanliers,  des  docks ,  des  arsenaux ,  des  nagasins.  U 
mer  forme  dans  la  ville  deux  canaux,  ob  les  vaisseaui  pco- 
vent  arriver  sans  embarras  aTec  toute  leur  caigaison. 

Avant  le  qulnzl^roe  siN:le,  ce  nMtait  qu'nne  bonrgade  fa>- 
bitde  par  des  pedieurs ,  et  d*oti  Pon  s'emliarquait  peer  la 
Flandre ,  la  France  et  TAngleterre.  Le  port  en  M  amdiori, 
en  131 S,  par  le  comte  Guillaume  IIL  C*e8t  Adolphe  de 
Bourgogne ,  bAtard  de  Philippe  le  Bon ,  leqnel  en  ^  sei' 
gneur,  qui  fit  entourer  la  Tille  de  muraiHes.  Depuis  ee  temps 
elle  n*a  cess^  de  prendre  de  Paccroissement.  LliOtel  oou- 
munal  a  ^16  construit,  en  1594,  sur  le  plan  de  cidui  d*An- 
Ters.  Flessingue,  qui  des  premieres  arail  riwuniGclI- 
laume  I*',  prince  d*Orange ,  noisit  beaucoap  k  hnrtn  pa- 
dant  les  troubles  du  sebutoie  sitele. 

Des  ^tymolo^stes  quand  mime  Teulent  que  le  nom  ^ 
cette  viUe  lui  Tienne  de  son/oncfo/eur,  Ulysse  ( Ulfssingve)  I 
Au  fait,  pourquoi  pas?  Cette ^tymologie-Ut  lie  Taiit-^Aems 
bien  celle  qui  le  fait  driver  de  la  Idgende  de  saint  WlH^- 
brod,  patron  de  TdgUse  prindpale;  legende  dans  laqneffe  la 


FLESSIN6DE  —  FLEUR 


481 


boaUiUa  (#teM»  fiueh)  d«  ce  satnt  joue  on  r61e  importantf 

Db  RBirFBNBEBC. 

FLETCHER  (loiui).  Voy§i  BsAciioirr. 

FLETRISSURE-  Lesens  primiUt  de  ce  mot,  e*€t| 
ralUrationqiM  subiascntla  fraiclieor  et  racial  d*une  fleur  on 
d*uiie  couleur,  la  beauts  et  la  d^Hcatesse  du  teiot  ou  de  U 
peau.  Au  sens  figiir^,  la  JUtris$ur€  est  celte  tadie  iod^ 
labile  faile  k  U  reputation  d'ua  bomme,  ^  la  souillure,  qiM 
rien  ne  peut  enlever.  Ce  mot  At  Jl6trissure  ^  imprudem- 
meat  ]et^  en  pAture  aui  passions  politigues ,  juua  un  grand 
r61e  dans  Paflaire de  Belgrave-square.  Zntm  Jlitritsur^ 
M  prend  aassi  qoeliiuefois  pour  toute  condamnation  qui 
eropprte  i  n  f  a  m  i  e  de  fait  ou  de  droit ;  plus  partieuli^rement 
encore  on  employ  ait  ce  mot  pour  d^igner  la  marque  inn 
prim^e  par  le  bourreau  sur  r^piderme  d'un  criminel.  Celte 
idAt  de  diitrtssure  remonte  aux  temps  les  plus  recul^.  Les 
Romains  Tappelaient  inscriptio ;  ils  marquaient  au  front , 
aOa  que  Tignominie  devtnt  plus  grande;  et  cette  pratique  (ut 
en  Tigue«r  jusqu*^  Constanlin.  Cet  eropereur  dtfendit  aux 
juges  de  faire  imprimer  sur  le  visage  aucune  lettre  qui 
marquAt  le  crime  commis  par  un  oondamn^,  afm,  dlsait- 
il»  que  la  face  de  l*liomme,  qui  est  limage  do  la  beauts  ce- 
leste, ne  ffit  point  d6slionorte  par  celle  fl^trissure. 

FLETTE.  Vogez  Bacbot.  1 

FLEUR-  «  La  fleur,  dit  ChAtenibriand,  dfinoe  le  miel; 
elle  est  la  fille  du  matin,  le  cbarme  du  priutemps,  la  soured 
des  parfums,  ia  grftce  des  yierges,  Tamour  des  poctes;  elle 
passe  vite»  comma  Tbomme,  mais  elle  rend  doucernent 
■et  (euilies  h  la  terre.  Cliex  les  anciens  elle  couronnait  la 
coupe  du  banquet  et  les  cbeveux  blancs  du  sage.  Les  pre- 
miers cbr^tiens  en  couTraient  les  martyrs  et  Tautel  des  ca- 
tacombes ;  aujoiird*bul,  et  en  m^molre  de  ces  antiques  jours, 
nous  la  mettons  dans  nos  temples.  Dans  le  monde,  nous  at- 
tribuons  nos  affections  k  ses  couleurs,  I'esp^rance  k  sa  ?er* 
dure,  llnnocence  k  sa  blancbeur,  la  pudenr  k  sa  teinle  de 
rose.  »  Les  fleurs  semblent  cbarg^es  par  la  nature  de  rd- 
pandre  sur  la  vie  de  riiomme  comme  une  ros^  d^innocenta 
plaisirs,  de  suaTit^,  de  doocear;  et  de  1^  cette  figure,  si 
gendialement  admise,  qui  donne  le  nomdejfeurlt  tout 
ce  qui  excelle  en  agr^roent,  en  fraicbeur  :  fleur  de  TAgey 
fleur  du  alj\e,  fleur  de  nouTeaut^,  etc. 

On  a  mille  fois  compart  les  femmes  aux  fleurs;  on  peut 
£tre  cependant  femme  instruite,  spirituelle,  jolie,  sans  savoir 
pr^isement  ce  qu'on  appelie  fleur  dans  les  plantes.  Ceci 
n*est  point  nn  paradoxe,  c^est  une  iM\A  positive.  Parlez 
de  fleurs  dans  an  salon,  U  n'est  presqoe  personne  qui  n'en- 
tende  par  ce  root  la  seule  partie  dont  la  furme  et  la  couleur 
flattent  la  vue.  L*6tamine,  le  pistil  etle  calice  sont 
compt^  pour  rien.  D'un  autre  c6t6,  le  savant  nommera 
fkurT^tamine  et  le  pistil  d^nu^  touti  la  fois  de  corolle 
et  de  calice.  En6n,  le  vulgaire,  en  voyant  ces  organes  mAIes 
et  femelles  vfitus  d'^cailles  dans  hes  graminto,  recon- 
naltra  des  flenrs  dans  le  bM,  suivant  sa  roani^  particu- 
liere  de  voir.  Prendre  pour  la  fleur  la  partie  color^  de  la 
fleur,  qui  est  la  corolle,  c'est  risquer  de  se  tromper  : 
il  7  a  en  eftet  des  bractte  et  dautres  organes  autant  et 
plus  color<^s  que  la  fleur  m6me,  et  qui  n*en  font  point  partie, 
coinme  on  en  volt  dans  le  bl^  de  vaclie,  dans  plusieurs 
ainaranles  et  cb^nopodes.  11  y  a  des  mullltudes  de  fleurs 
qtii  o*ont  point  de  corolle^  d^autres  qui  en  poss^dent  sans 
cooJeur,  de  si  petites  ct  si  peu  apparentos ,  qu'il  n*y  a 
qo'uue  Tccberche  minutieuse  qui  puisse  les  y  faire  ddcou- 
vrir.  Larsque  lei  bl^  sont  en  fleur,  y  voil-on  des  p6- 
Cal«5  coSor^s '  en  voit-on  dans  les  mousses ,  dans  les  gra- 
mioeesten  voit-on  dans  les  cbatons  du  noyer,  du  b6tre 
et  du  cl.toe,  dans  Haune ,  dans  le  noisetler,  dans  le  pin  et 
(laos  ces  lunlUtudes  d'arbres  et  dlierbes  qui  n*ont  que  des 
fleurs  k  ^laiiiiuesf  Elles  n*en  portent  pas  moins  cependant 
\t  nom  tie  fleurs :  fessence  de  la  fleur  B*est  done  pas  dans 
la  corolle.  Kile  n*ost  pas  non  plus  s^par^ment  dans  aucune  des 
iotrcs  parties  constituantes  dela  fleur,  puisqu^il  n'y  a  aucune 
de  ee§  parties  fpi  ne  manque  1^  qnelques  esp^ces;  le  caliq^ 


manqae^  par  exemple,  k  presqae  toute  b  lindUe  de  liliaeAes ; 
et  Ton  no  dira  pas  qu*une  tulipe  en  an  Us  ne  aoit  pat  om 
fleur.  S'il  y  a  quelques  parties  plus  cssentielles  qoe  d^autrea 
a  une  fleur,  ce  sont  cerlainement  le  pistil  el  les  staminas  : 
mais  dans  toute  la  famille  des  cucurbitacta  et  m^e  dasi 
toute  la  classe  des  monoiques  la  moiti^  des  fleurs  sont  sans 
pistil,  Tautre  moili^ sans  staminas;  et  cette  privation  n*eni» 
pftcbe  pas  qu'on  ne  les  nomme  fleurs  lea  unes  ei  les  autraa. 
L'essence  de  la  fleur  ne  consiste  done  ni  s^partatent  dana 
quelques-  unes  de  ces  parties  dites  constituantes,  ni  n^e 
dans  Tasseroblage  de  toutes  ces  parties.  En  quoi  done  con- 
siste proprement  cette  c&sence?  A  cette  question  Rousseau 
r^poiid  :  «  La  fleur  est  une  partio  locale  et  passeg^re  de  la 
plante  qui  pr^'cMe  la  fdcondation  du  gierroe,  et  dana  laqueUe 
ou  par  laquelle  elle  s'opcre.  » 

Une  fleur  est  dite  compile  quand  elle  est  rouaie  dea  or- 
ganes sexuels  m&les  ct  femelles  et  d'un  double  p^rigone 
(calice  et  corolle);  elle  est  incompUte  quand  il  man- 
que Tune  ou  Pautre  de  ces  parties.  Une  fleur  est  ntie  quand 
ses  organes  sexuelsn'ont  aucune  enveloppe,  comme  cela  se 
voit  dans  le  f  rdne.  Une  fleur  est  hermaphrodite  quand  elle 
pr^enle  les  deux  sexes  k  la  fois,  et  unlsexutUe  quand 
elle  n'utfre  que  Tun  des  deux ;  si  elle  ne  renferme  que  des 
diamines,  elle  est  mdle\  dans  le  cas  contraire,  elle  est 
/emelle ;  enfin,  elle  est  neutre  ou  s<^ii/e  torque  ces  organes 
sexuels  ne  s*y  sont  pas  d^velopp^. 

On  a  improjir^ment  rapports  aux  fleurs  ce  qni  devalt  \% 
tre  k  la  plante  entiire,  et  Ton  a  appel^  monoiques  celles  qni 
ont  les  sexes  s^pards  sur  le  m^me  pied,  dioigues  ceUea 
dont  les  sexes  sont  s^rds  sur  des  piofJs  diffdrenls,  poly- 
games  ccUes  oh  Ton  trouve  k  la  fois  sur  le  mCme  pied  des 
fleurs  unisexuelles  etdes  fleurs  hermaplirodites. 

Les  fleurs  oflrent  des  vari^t^  infiniesde  forme,  de  gna* 
deur,  de  coloration  et  d^odeur.  Quant  k  la  forme,  qui  a  one 
grande  influence  sur  ia  classification  ( vopez  Botaniqub),  elles 
sont  tubuleuses,  companul^es^  iJt^u»(/i^/^onN«s,i't^idef, 
papilionaciies,  cuni\formeSy  etc.  Quant  aux  dlroenaioBs,  on 
en  rencontre  de  toutes  les  grandeurs,  depuis  celles  da  Mfd- 
sotis  arvensis,  d*une  petilesse  microscoplque,  juaqu*!  celles 
d'une  esp^ce  d*arisloloche  qui  crott  sur  les  borda  du  Aio- 
Magdalena,  et  doot  les  calicos  sont  assei  grands  pouf 
servir  de  coiffure.  Les  van^tas  de  coloration  sont  encore 
plus  ^tonnanles.  On  reroarque  que  certalnes  families  tout 
enti^res  excluent  certaioes  couleurs.  £u  gintel,  les  fleuia 
blanclies  pr^domlnent  dans  les  regions  froides ;  les  blanclies 
et  les  jaunes  sont  ^alement  rdpandiies  dans  les  r^ons  tern* 
p6r6es ;  les  rouges  et  surtout  les  bleues  deviennent  de  ptua 
en  plus  communes  k  mesurc  qu*on  approdie  de  r<k]uatear; 
les  vertes  et  les  noires  sont  rares,  surtout  ces  demiires.  Aq 
point  de  vue  de  Todeur,  la  rose,  le  jasmin,  la  tub^rens^ 
la  jonquiile,  le  lis,  la  violette,  etc.,  r^pandent  de  d^ideus 
parfums,  tandis  que  les  Emanations  de  la  ciguAsont  vireusess 
celles  de  I'amm  rappellent  Podeur  de  ladiair  putr^fite;  Vbff* 
perium  hircinum  a  la  puanteur  du  bouc ;  etc.  La  plupait 
des  fleurs  cesseiit  d'etre  odoranles  quand  I'acte  de  la  feoo» 
datioc^  est  compl^tement  accompli;  iesX  pourquoi  les/eiirs 
doubles  t  d(^pourvues  des  organes  de  la  generation  qu*une 
nutrition  surabondante  a  transform^  en  p<itales,  conserveoC 
plus  longtemps  leurs  parfuns  que  les  fleurs  simples^  on 
telles  que  la  nature  les  produit. 

Les  plus  belles  fleurs,  k  Texception  descBflleta,  tub- 
nent  originairement  du  Levant.  Le  goflt  des  fleurs,  dit  Reek- 
man  n,  a  pass^  de  la  Perse  k  Constantinople,  dVii  il  bous 
est  venu  en  Europe  dans  le  dixi&me  siMe;  mais  I'art  les  a 
varii^es  et  embellics.  11  ne  faut  plus  allcr  a  Constantinople 
pour  voir  ce  qu*il  y  a  de  plus  estimi^  en  renonculea,  en  ane- 
mones, en  tulK^reuses,  en  narcisses,  en  byacinUies.  Les  jar* 
dins  de  uos  curieux  ofTrent  de  quoi  contentar  lea  goi^to  les 
plus  difljciles.  C^est  aux  jardiniers  liollandais  que  nous  de- 
vons  Part  de  rend  re  les  fleurs  doubles,  de  verier  et  de  pa- 
naclier  de  diir^rentes  couleurs  les  ouillets,  les  talipes,  etc.; 
dc  faire  clianger  k  d'autres  fleura  lev  touleur  natuielie  et 


48) 

de  ce  fuuf 
peut  6tre  « 
donne  pen 
dans  les  |>i 
nodosum. 
ncines,  p 
purtie  CO 
est  pro<i:, 
dri^res  c; 
troopeati  ■ 
cfnes.  1  . 
de8tiD(^4* 
lesterni. 
dont  le> 
somrnut 
psis  ^i 
FLI 
les  pav 
de  la  h- 
peind  I ; 
le  15  : 
faire  i. 
un  ra- 
aeurs 
ftttii' 
quis  ' 
T^ril." 
per<^( 
Vil! 
IDcn* 

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FLEURIEU  —  FLEimS 


ner.  La  relation  de  ee  Toyage  si  important  fioar  la  science 
avait  aasign^  an  oomte  Fleuricu  un  rang  si  dler^  parmi  les 
bydrograpbes  fran^ ,  que  le  goaTemement  cmt  derolr 
crtoen  sa  fairenr  Ilmportante  place  de  direetear  des  ports 
et  arsenamde  France;  et  tn  cetteqnaHt6  81  rMigea  tons  les 
plans  et  projets  relatHs  4  la  gnerre  maritime  de  1778,  ainsi 
qne  lea  inatnietions  poorles  Toyages  de  dte>nYertes  de  La 
PeyroQse  et  d'Entreeasteaox,  dont  les  idte  prindpales  fu- 
rent  fndiqiite  par  Lools  XYI  loi-mCme. 

En  1790  Flenrien  fnt  nornm^  ministre  de  la  marine ,  et 
quelqoe  temps  aprte  charge  de  la  direction  de  I'^dncatlon 
(ill  danphin;  mais  la  toonmnte  r^Yolotionnaire  le  con- 
treignit  bientM  4  se  retirer  des  affaires  pnbliques.  II  v^cnt 
dte  lofs  dans  we  profonde  obscurity  et  tout  entier  k  la 
cultnre  dea  sciences,  jnsqa'eo  1797,  ^poqne  oft  U  liit  ap- 
pd<  an  Gonseil  des  Anciens,  k  llnstitnt  et  an  Bureau  des 
Longitudes.  Par  la  suite,  il  fut  nomm^  conseiller  d'titat, 
et,  soosrempire,  sdnateur,  grand  ofBcicr  de  la  L^n  d'llon- 
nenr  et  gonTemenr  du  palais  des  Tnileries.  Parmi  ses  noro- 
brenx  toit8,on  doit  one  mention  sp^ciale  k  cenx  dont  les 
litres  sniTent :  Voyage  fait  par  ordreduroi,en  1768et  1769, 
pattr  4prouver  les  korloges  nuarines  (2  toI.  in-4*',  Paris, 
1773),  dont  il  an^antit,  dit-on,  ration  enti^,  k  I'excep- 
tlon  dim  senl  exemplaire ;  Ordonnaneedu  roi  sur  la  r6- 
gie  et  PadminUtration  des  ports  et  arsenaux  de  la  ma- 
rine (1776  et  sooTcnt  rfiraprini6e;dsmi^  Edition,  1814 ); 
D^amvertes  des  Franfois  dans  le  sud-^st  de  la  Nouvelle- 
Gtttn^ (Paris,  1790,  in-4*);  Voyage autour  dumonde 
pendant  les  annSes  1791  et  1792,  par  £tienne  Merchant 
(4  vol.  in-4*,  Paris,  1798-1800^;  Neptune  des  mers  du 
Ncrd^ouAtlaMduCatt4gatetdelaSaltique{\79i).  Ilroou- 
mt  k  Paris,  le  18  aoftt  1810. 

FLEURON  {Botanigue  ).  On  donne  ee  nom  k  toute 
Hear  entrant  dans  la  composition  d^un  c  a  pit  u  I  e ,  et  offhmt 
nneoorolle  tnbnlense  et  rtignlt^.  Si  les  lobes  sent  in^ux , 
de  maniire  k  ce  qne  la  corolla  soil  d^jette  lat^ralement  en 
forme  de  ianguette,  la  fleur  prend  le  nom  de  dem^fleu" 
ftm.  Cette  distinction^  fiidle  k  faire,  est  tr^importante  dans 
la  dasaiflcatlon de certaines  families,  surtout  dans  celle  des 
synantb^r^es. 

FLEURON  {Beaux<arts).  En  sculpture,  un Jleuron  est 
nne  petite  fleur,  sourent  Id^ide ,  dont  on  Tail  usage  dans  les 
omcments  on  dans  Tori^vrfsrie.  Les  fleun^ns  ont  du  rapport 
STec  les  rinceaux,  dont  ils  dlfArent  cependant  en  oe  quMIs 
sont  d^tacbte  les  nns  des  autres,  et  n*ont  ni  tige  ni  rameaux 
poor  les  nnir  entre  enx.  Les  conronnes  natales,  roetrales 
on  aotres ,  ayant  sonrent  M  formte  d^omements  on  de 
flenrona  embl^matiqnes,  on  a  pr^tendn  que  chacnn  d'eux 
ponraitreprtenter  nn  attribnt  de  la  puissance  oode  la  sou- 
ferainel6  du  prince. 

Les  imprimenrs  ont  continue  de  placer  an  fnmtispice  d'un 
Kfre,  on  Men  poor  remplir  le  has  d*une  page,  des  orne- 
DMBts  tsbMs  de  formes  et  de  goftts ,  qnils  appellent  fleu- 
rons.  Ces  omements,  qnand  ils  prennent  la  forme  d'on  trian- 
gle dontle  sommet  est  en  bas,  re^olTent  la  dteomination 
de  eul-de'lampe,  DucBBsne  aM. 

FLEURON  (Plofon),  omement  des  conronnes  de 
moaaitioes ,  de  princes  et  de  gentflshommes  tftrfe.  Ges  flen- 
ronsyponr  lesrois  de  France,  sont  compost  de  fleors  de  lis, 
dont  nne  seule  forme  le  cbef;  d'autrcs  bordent  le  cercle 
d'cD  bas  de  la  oonromie.  Un  oerde  de  fleurana  compose 
cille  dea  rois  dlBsptpw.  Lea  fedlles  d^acbe  et  depersil  des 
coaronnea  ducales  a'appellent  Jleurons  rtfendue^ 

Dans  son  acceptton  an  flgnr^,  le  mot  flewron  ae  s>ppli- 
qoe  qn'anx  soiiferains.  On  dit  d'nn  monarqne  qnl  a  p!vdu 
vn  mfaiiitre  Instmit  et  d^rou^,  on  rune  des  meilleures  pro- 
vinces de  8iB  tets,  on  Tune  de  ses  prfrogatives  royales, 
qnH  a  peril  leplus  bean  flntron  de  saeouronne, 

DoFET  (de  rTonie). 
VLRCBS I  Antique).  Les  Grecs  eties  Romainsem- 
ployilentles  fleurs  k  des  usages  aiissi  nombreux  que  Tari^. 
Lorsdes  edtrfes  triompbniea  que  leiirs  g^n^ux  vainqiieurs 


485 

de  Tenneroi  ^talent  admis  k  lUre  dans  la  Title  ^temelle,  Jcs 
Romainsjoncbaient  de  fleurs  les  rues  par  lesquelles  derait 
passer  le  oort^  de  Tbeareux  triomphateur.  n  en  ^talt  de  • 
mteie  %  I'occasion  des  f\ai6raiUea  d'bommes  ou  de  fenwie^ 
de  distinction;  dans  ce  dernier  cas  m^me,  on  cooTrait  sou- 
vent  de  fleurs  le  corps  qn'en  portait  an  bOcher,  et  Ton  en 
parait  les  toabeaux.  Get  usage  se  pratiquait  tous  les  ans  an 
jour  anniversaire  des  funteOles  du  diftant;  fl  arriTait  fr6- 
qnemment  qne  ses  dispositions  testamentaires  continasent 
raffectation  d'une  certaine  somme  spMalement  destinte  k 
racliat  de  ces  fleurs ,  et  son  ^pitaphe  avalt  grand  soln  d^en 
faire  mention.  Les  Grecs,  enx  aussi,  ayaient  oootume  d*or- 
ner  de  plantes  etde  flenrs  les  tombes  des  morts.  lis  regpur- 
daient  comma  pins  particnliirement  agr^ables  aux  morts 
les  fleors  blanches  ou  ronges,  comma  Tamarante,  fleur  dont 
les  Tbessaliens  oni^rent  le  tombean  d'Acbille,  le  lis  et  le 
iasmin.  On  croyaH  anssi  que  la  rose  ^talt  fort  agnfiable  aux 
morts;  ToiUi  ponrquoi,  dans  une  de  ses  odes,  Anacrfon  dit 
de  cette  fleur  «  qu*elle  gn^rit  les  malades  et  protege  les 
morts  >.  n  n^y  avait  pas  Josqo'an  myrte,  exchisiTementcon- 
sacni  pourtant  k  Tdniis ,  qu'on  ne  fit  serrir  k  la  deration 
des  torobeaux ,  auxquels  on  suspendait  d^aillenrs  des  guir- 
landes  et  des  couronnes  flrites  de  toutes  sortes  de  fleors. 

Les  fleurs  jonaient  ^galement  un  grand  r6Ie  dans  toutw 
les  r<Sjoulssancesdes  anciens,  et  leur  senraient  k  exprimer 
les  sentiments  du  cceur  et  de  I'amonr.  Celul  qui  apportait 
qudque  bonne  nouvelle  se  coiironnait  de  fleurs.  Les  amants 
omaient  de  guirlandesetde  couronnes  la  maison  de 
leur  maltresse,  bonnenr  qui ,  k  bien  prendre ,  n'eflt  €tA  dQ 
qu*an  dieo  fils  de  Vteus ;  mais  leur  ardente  imagination  trans- 
formait  bien  vite  cette  habitation,  si  modeste qn*elle  fftt, 
en  un  temple  de  i'amonr,  et  anjourd'liui  encore  diei  les 
Grecs  modemes  les  amants  ont  Thabitude  d'orner  de  fleurs 
la  porte  dels  maison  de  leur  maltresse,  surtout  le  premier 
Jour  de  mal.  Qnand  la  conronne  d*nn  jeime  bomme  ^tait 
mal  li6e,  cela  Toolait  dire  quMl  6tait  ^pris  d'amonr;  eten 
tressant  soil  one  couronne,  soil  une  gnirlande,  la  jeone  fille 
donnait  k  entendre  que  le  jenne  bomme  qnl  la  conrtisait  ne 
hn  ^tait  paaindiffiirent  Plusieur86pigrammes  dePanthologie 
grecque  nous  font  connattre  les  fleurs  qu'on  employait  le 
pins  fMquemment  poor  en  faire  des  couronnes  et  la  signifi- 
cation de  plusieurs  d'entre  elles.  Ce  n*est  pas  seulement  la 
cooleor,  mais  aussi  Podeur  de  cheque  fleur,  qui  servatt  4 
dtablir  ce  langage  symbolique.  Le  mdme  recueil  noa^  a  con- 
serve les  plaintes  qu*exbale  un  amant  parce  qne  la  jeuiie  fille 
k  laqnelle  il  adressait  ses  v(vux  a  rejet^  sa  couronne.  Les 
amants  heoreux  se  cooronnaient  de  fleurs.  Une  mptnre  snr- 
venait-elle  entre  enx ,  la  Jenne  fille  arrachait  les  flenrs  qui 
nagu^  lui  servaient  depamre ,  et  elle  les  consacralt  k  qoel- 
que  dirinite.  L'nnion  dn amants  ^tait-elle  durable,  la  cou- 
ronne de  fiaaote  etait  soigneoseroent  conserve  jusqn*^  la 
mort,  et  servait  k  omer  le  tombeau  du  couple  modMe.  Lea 
Grecs  de  nos  Jonrs  ont  conserve  cet  usage  de  leurs  pires; 
ils  se  pr^sentent  k  Pantal  avec  des  couronnes  de  fleors, 
et  le  pr^tre  qnl  les  unit  ^change  les  conronnes  des  marite. 

Les  flenrs  et  les  goirlandes  servaient  anssi  k  romemcnt  de 
la  table  des  andens,  et  ajootaient  k  la  Jole  des  festins. 
Les  conrives  se  oonronnaient  de  fleors ;  on  plafsJt  dea  fleura 
non-aenlement  snr  la  t6te ,  mais  autour  du  coo  ainsi  que  sur 
la  poUrine,  et  on  transformait  en  quelque  sorte  la  salle  do 
banquet  en  on  Jardin ,  afin  qne  le  parfum  des  fleurs  ^outftt 
anxjonissancas  de  la  bonne  ch^.  L*idfe  d'omer  ainsi  le 
con  des  convives  d*nne  couronne  de  fleurs  avail  M  sugg^ 
T6e  par  Tobservation  que  les  parfnms  de  la  couronne  placfe 
sur  la  tftte  ^talent  perdus  pour  celui  qui  la  portait.  A  la  fin 
dn  repas,  on  effeofllait  quelqiiefois  les  fleurs  des  conronnes 
dans  sa  coupe,  et  on  avalalt  ies  feulUes.  Plutarque,  dana 
un  endroitou  il  parte  de  TusagBde  se  couronner  de  fleors 
en  bovant,  dit  qne  le  lierre  prurient  nvresse,  qn*n  en  est 
de  mteae  d*une  certaine  plante  que  lea  Grecs  noromaient 
anUihystet  que  les  exhalaisona  des  fleurs  oombattent  vio* 
toriensement  les effets  enivranta  du  vin »qne  c'est  \k  le  mo* 


486 


FLEUBS 


tif  pour  leqad  Tosage  est  venu  de  se  coaronner  de  fleurt 
dans  le8ban<itieU,etqaed*anieur5  ces  cduronnes  defleiirs, 
'ainsi  fii^sar  la  t6te,sont  d'excetlents  prdservatifs contre 
les  maaz  de  t6te.  Quand  on  donnalt  un  repas  en  Thonneur 
d*une  divinity,  on  s^y  pr^entait  orn^  des  fleurs  les  plus  agr^* 
bles  k  ce  dieu ,  et  qui  lui  ^talent  sp^cialement  consacr^s, 
(Test  ainsi  que  la  rose ,  consacrte  h  Cupidon  comme  dieu 
du  silence ,  ^tait  le  symbole  de  la  discretion.  C'est  do  1^  qu*^ 
talt  Tenue  rexpresslon  proyerbiaie  sub  rosa,  de  mfime  que 
Tusage  de  suspendre  des  guirlandes  de  roses  au-dessus  de 
la  table,  aflh  que  les  conrives  se  souvinssent  que  leur  de- 
voir etait  (!e  ne  r^p^ter  an  dehors  aucun  des  libres  et  Joyeux 
propos  qui  se  tiednent  k  table. 

Parmi  les  premiers  chrdliens  les  fleurs  ^talent  regarddes 
comme  le  symbole  des  dons  du  Saint-Esprit :  c*e$t  pourquoi 
k  la  Peutecdte  on  en  jetait,  du  liaut  de  la  YoOte  des  ^lises, 
sur  Tassembl^e  des  fideles  r^unis  dans  la  nef.  A  Toccasion 
de  celte  ffite  et  de  plusieurs  autres,  on  en  omait  les  murs 
des  dglises.  Les  fleurs  ^talent  aussi  regarddes  comme  symbole 
des  d^lices  du  paradis;  on  en  voit  souvent  figur^es  sur  les 
livres  des  premiers  Chretiens,  dont  olusieurs  out  ^t^  pobli^ 
par  Buonarolti. 

Les  fleurs  briUent  encore  aujourdliul  dans  nos  f&tes,  nos 
(esUns,  nos  bals,  nos  reunions,  particuli^rement  sous  la  forme 
de  bouquets. 

FLEtmS  ( Midecine),  On  a  donn^  quelquefois  ce  nom 
aux  regies  ou  menstr  uesdes  femmes;  on  semble  les  avoir 
compart  dans  cettcconjoncture,  avec  assez  de  justesse^ 
aux  fleurs  des  plantes  qui  precedent ,  annoncent  les  fruits 
et  en  sont  une  condition  sine  qudLnon.  C'est  en  faisant  la 
m6me  comparaison  que  Scot  a  dit :  Dejlore  muUei'is  est  ut 
arboris,  quoniamfrucCum  non  portal  nisi priusjlorescai. 

11  ne  fautpasconfondre,  comme  on  le  fait  souvent,  le  mot 
fleurs  Asec/lueurSf  qui  a  une  tout  autre  etymologic. 

D*^  Bricqctkau.  . 
FLECKS  (Commerce  des).  A  ces  mots,  le  nom  de  la 
Hollande  se  pr^sente  tout  naturellement  k  Tesprit,  car  c'eat 
dans  ce  pays  que  de  temps  immemorial  la  production  et 
la  Vente  des  fleurs  ont  tonjours  ete  Tobjet  d*im  commerce 
considerable.  Elles  constituent  en  quelque  sorteunedes  bran- 
ches de  Hndustrie nationale ,  et  la  villede Harlem  en  fut 
pendant  longtemps  le  centre  le  plus  actif.  Dans  les  annees 
1634  k  1637*  on  pent  dire  qu*il  y  eut  en  Hoilande  une  ve* 
ritable  fureur  d'agiotage sur  les  fleurs;  on$|)eculait  en  efTet 
acette  epoque  k  la  bourse  d'Amsterdam  sur  les  fleurs,  et 
notamment  »ur  les  tuli  pes,  tout  comme  on  fait  aujourdMiui 
sur  les  effets  publics  ou  sur  les  actions  de  chemins  de  ier. 
On  vendait  k  terme,  et  pour  des  sommes  immenses,  des 
oignons  qu*on  ne  possedait  pas^  mais  qu^on  s^engageait^  li^ 
vrer  k  Pacquereur  k  une  epoque  determin<^«  Pour  un  exem- 
plalre  unique  du  semper  i4tf^Ki^ti5,  onallajusqu'iidonner 
13,000  florins  (28,600  fr.).  Trois  exemplaires  de  la  mSrae 
tulipe  furent  payes  ensemble  30,000  florins  ( 66,000  fr. ).  On 
acheta  deux  cents  graines  de  cette  m6me  fleur  4,500  florins 
( 9,900  Tr. ) ;  deux  cents  graines  de  VamircU  Li^kenshoek 
plus  de 4,000 florins,  Tamira/  ^nMuisen, 5,000  florins,  etc. 
Un  vice-roi  fut  paye  par  un  amateur  2  tonneaux  de  froroent, 
4  tonneaux  de  seigle,  4  boeufs  gras ,  8  cochons  de  lait , 

12  moutons,  3  oxhcft  de  vin ,  4  tonnes  de  bi^re  k  8  florins, 
2  tonneaux  de  beurre,  1,000  liv.  pesant  de  fromage,  un  ba- 
billement  completet  un  gobclct  d'argenl.  £n  moins  de  qua- 
tre  mois  un  seul  individu  gagna  k  Amsterdam  68,000  flo- 
rins ( 149,600  fr.)  ^  ce  commerce  la ;  et  rien  que  dans  une 
ville,  il  ne  fut  pas  vendu  moins  de  10  millions  d^oignons  de 
tulipe.  Quelques  acheteurs  s'etant,  en  fln  decompte,  refu- 
ses &  prendre  llvraison,  et,  encoi-e  bien  plus,  k  solder  les 
differences  de  ces  marches  &  terme,  les  etats  generaux  decla- 
rerent,  par  une  resolution  en  date  du  27  avril  1637,  que 
les  dettes  ainsl  contractees  etaient  aussi  valables  et 
partant  aussi  exlgibles  que  toutes  autres.  Le  resultat  de 
cette  declaration  fut  de  calmer  singuli^remcnt  la  tul\poma^ 
tiif .  Le  prix  des  ovgnons  baissa  rapidement,  et  on  flnit  par 


avoir  poor  50  florins  le  fomeux  temper  itiyvflttt.  Ot* 
pendant  la  production  d^espiees  rares  et  noavellai  n'a  pM 
laisse  que  de  rapporter  toujours,  par  la  aoite,  dea  ben&fieai 
asses  importants,  et  les  catalogues  des  flearistes  de  Uarkm 
contienncnt  encore  aujourd*hui  diverse*  espteca  de  tulipea 
rares  cotees  de  25  ^  150  florins  Texemplaira. 

Jusqu*^  la  revolution  fraoQaise  les  fleuristes  de  Hwieai 
avaient  ete  dans  Phabitude  do  tirer  leurs  oignoM  de  Uilipei 
de  Lille  et  d'autres  villes  de  la  Flandre,  oil  les  piseireasur- 
tout  s*adonnaient  k  leur  education.  Depuis  Lots  iU  out  rteii 
cette  Industrie  k  la  leur,  ce  qui  n'emptebe  pas  ^ae  leoDoi- 
merce  des  tulipes  ne  soit  plus  aujourd'bui  que  rombre  de 
ce  qu'il  fut  jadis.  Mal^e  cette  decadence  du  coosmerGe  dci 
tulipes,  Alkmar  a  tovgours  conserve  la  reputation  de  peas4-> 
der  les  plus  grands  connaisaeurs  et  amateurs  en  fait  de  fleon. 
De  riches  partlculiers  ont  persiste  k  s^occuper  de  le  eolture 
des  fleurs,  et  c*est  de  lenrs  jardins  ou  de  Peiran^w  que  lea 
fleuristes  ont  tire  non-seulement  les  jacintlies,  mais anciirp  lea 
renoncules,  les  oreiiles  d'ours,  les  ceillets,  les  anexeoaea,  etc, 
dont  lesdemandes  ont  toujours  ete  en  augmeataot.  Ce  com- 
merce n'a  pas  cesse  de  gagner  en  importance,  et  Berlem  a 
maintenu  a  cet  egard  son  antique  superiorite  comoie  mar- 
che.  C'est  vers  1730  quo  les  jacinthes  devinrent  k  la  mode; 
on  paya  cette  aanee-li  on  passe  non  plus  ultra  1,850  il. 
( 4,070  fr ),  et  275  fl.  ( 605  fr. )  un  seixieme  d*opAia.  Aujoui* 
d'hui  ou  aurait  I^oignon  tout  entier  pour  quelques  sous. 
Dans  ce  sitele ,  ce  fut  en  1776  que  la  splendour  du  conuueroe 
des  fleurs  atteignit  k  Harlem  son  apogee;  on  paye  cepee- 
dant  encore  en  1785  un  exemplaire  du  fnar^tUs  de  Im 
Coste  750  florins  (1,650  fr.).  Depiiis  lors  le  prix  das 
jacinthes  a  aussi  singulierement  balsse,  corame  il  etait 
advenu,  dans  le  si^clc  precedent ,  aux  tulipes;  ce  qid  e'eoa- 
pectie  pas  qu'on  ne  trouve  encore  aiyourd*hoi  qudquea  ea- 
peces  dc  jacinthes  doubles  cotees  dans  les  prix  de  23  ^  100 
florins  (55  a  110  francs).  Ce  qui  contribue  tMaaooup  k  toit 
tenir  ce  genre  de  commerce,  c'est  Phabilode  geeeralemcat 
repandue  en  Hoilande,  mftme  dans  les  plus  bumbles  babiti- 
tions,  de  cultiver  en  hiver,  dans  des  pots  ou  dans  dee  ca- 
rafes, toute  especede  fleurs,  surtout  des  jadothee.  Eiiire 
Alkmar  et  Leyde,  plus  de  vingt  bectarea  sont  enUAreneet 
consacrea  k  la  culture  des  jacinthes ,  fleur  h  laquelle  convieet 
parfaitement  un  sol  legier  et  sablonneux. 

Le  nombredes  marchands  de  fleurs  fixes  k  Harlem  ou  dans 
les  environs  est  tres-grand.  lis  expedient  leurs  produitSyteU 
que  tulipes,  jacinthes,  jonquilles,  lis,  iris,  graines  de  toutes 
especes,  arbres  fruitiers  et  plantes  de  serres  cheudes,  ci 
AUenoagne,  en  Russie,  en  Angleterre,  etc.,  etjosqa^en  tw* 
quie  et  au  cap  de  Bonne-Esperance. 

La  culture  des  roses  nourritun  grand  norabre  de  fooullei 
aMoordWill,  dans  la  Hoilande  meridionale,  ob  Toa  voit 
d'immenses  champs  de  roses  le  long  des  dunes. 

La  culture  et  le  commerce  des  fleurs  ont  pria  at  Franca 
dans  ces  derniers  temps  une  extension  h  Uqoelle  oootri- 
buent  beaucoup  les  louables  efforts  de  la  Societe  dUlorticnl- 
ture ,  dont  les  expositions  deviennent  de  plus  en  plus  re- 
marquables ;  et  ils  ont  acquis  one  importance  dont  on  powra 
se  faire  une  idee  en  apprenant  que  dans  la  saison  des  bala 
et  des  fetes  la  vente  des  bouquets  seulement  s'eiAve ,  chaqne 
semaine,  et  rien  qu*^  Paris,  iiune  somme  de  plus  de  60,000  fr. 
{voyez  Fleurs [  Marches  aox]). 

FLEURS  ( Langage  des).  Les  fleurs  oat  on  bngage  elo- 
quent, qui  reveie  la  creation^ qui  eieve  P^e  jusqu'e  dtt  m^ 
(litations  sublimes;  et  oe  langage  est  compris  de  toot  le 
roonde.  Mais  elles  en  ont  aussi  un  autre  plus  mysterienXy 
qui  s'adresse  plus  directement  au  Cfleur,  et  qui  n'eat  eoana 
que  d^un  certain  nombre  d^inities.  Apr^s  lea  preouers  efieta 
de  la  civilisation,  lorsque  les  families,  devenuea  trop  aeoK 
breuses,  furent  obligees  de  se  disseminer  sur  la  terra,  lea 
hommes  sentirent  que  la  parole  seule  a'etait  pan  tut  naefca 
sufTisantde  communication.  lis  chercherent^  peindre  tepea- 
see  aux  yeux  comme  k  Poreille,  et  ils  invent^rent  lea  Uere- 
glyphe^.  Un  epi  dc  bie  signifla  la  molsson,  puis,  par  ext««> 


V*LBUBS 


lioD,  l^bondapce  ft  b  ricbesse.  L^iTrtie,  qui  crott  daiu  les 
mois6<ms  et  Ics  einpoisomie,  fut  le  symbole  da  Tice ;  U 
rose,  to  plus  belle  des  fleurs  alors  coniiues,  signifia  la  b^MU^ 
U.  L*£criture  sainte  est  pleine  de  ces  iog^nieuses  alL&go- 
rles.  La  chrilisatioii,  en  se  perfectioDnant,  cr^a  une  foule 
de  nouTeaux  besoins,  d*oii  la  n^cessit^  d^augmenter  le  voca- 
bataire  6crit,  et  surtout  de  le  rendre  plus  dair,  plus  prteis. 
Les  hl^roglyphes,  devenus  insuflisants,  furent  rel^u^  chez 
lee  pittres  ^ptiens,  et  les  caraclefes  en  lettres  furent  in- 
▼entds*  Mtorooins,  les  Chinois  ont  conserve  un  alphabet 
dont  toutes  les  lettres  ont  la  figure  d^une  fleur  ou  de  sa 
racine. 

*  Les  progrte  de  to  civilisation  amenirent  quelques  vioes. 
L^omoae  police  comprit  sa  force,  et  en  abusa.  11  sovmit 
tons  les  6tres  ^  sa  domination,  et  celui  que  to  nature  a?ait 
tM  son  ^gal,  celui  qu*elle  lui  avait  associ^  pour  parlager 
tes  afTectJons,  pour  jouir  de  son  bonbeur  tk  faugmenter, 
fut  nne  des  Tictiroes  de  son  i^iustice.  Les  femoses  de  TO- 
rient  furent  enfermdes  dans  des  barems;  en  Occidentt  elles 
furent  soumises  k  des  exigences  dont  le  ridicule  et  Tinjus* 
tice  les  rendirent  quelquefois  plus  T^ritablement  esclayes 
qu^en  Asie.  Mais  le  feu  sacr^  de  la  liberty  br6le  dans  le 
coeur  d^une  jeune  fille  coinme  dans  celui  de  tous  les  6tres 
vivants.  I^s  femmes,  ne  pouvant  se  soustraire  k  la  tyran-* 
nie  par  to  force,  cbercb^rent  k  lui  ^liapper  par  la  finesse, 
et  trop  souvent  Tamour  Tint  aiguiser  les  armes  de  la  ruse. 
II  fallut  trouYer  des  nioyens  de  se  coromuniquer  ses  senti- 
ments et  sa  pens^,  sans  qu^un  gcolier  pOt  en  saisir  ies  ex- 
pressions au  passage :  le  langage  des  fleurs  fut  retrouT^.  Un 
jenne  Persan,  en  passant  pr6s  du  harem ,  Jette  k  uae  belle 
odalisque  une  tulipe,  ou  un  ballsler,  qu'elle  Interpr^te  ainsi : 
jifon  ecnar  est  enflamm6  commeles p^tales  de  cettejleur; 
si  vojts  ne  pariagez  pas  ses  Jeux,  hientdt  il  sera  consU' 
mi  comme  le  centre  charbonni  de  cette  tulijge,  Les  Orien* 
taux  donnent  le  nom  de  silam  k  un  bouquet  dont  les  fleurs 
flont  dispos^es  ordinairement  par  les  femmes  d^un  harem 
de  mani^e  k  exprimer  une  pens^e,  nn  sentiment  secret, 
soft  eb  s'attacbant  k  leur  nom,  soit  en  faisant  allusion  au 
caract^  qu'on  pr^te  k  chacune  dVlles.  M.  de  Hammer, 
dans  ses  Mines  de  FOrient,  a  donn^  des  explications  sur 
les  m6Uiodes  diverses  qu^elles  eroploient.  En  Europe,  une 
pauvre  enfant,  enfennde  dans  un  clottre  abhorr^,  jette  k  son 
amant  un  myosotis  mouill6  de  ses  larmes  :  Ae  m'oubliez 
pas,  dtt-elle.  La  politique  s*est  anssi  quelquefois  serde  de 
ee  langage  myst^rieux :  ce  fut  le  cbardon  en  £cosse,  la  rose 
rouge  el  la  rose  blanche  en  Angletcrre,  en  France  le  lis, 
puis  un  instant  to  violette.  II  a  parfois  M  ntiie  k  Tburoa- 
viit.  Lc  podte  Saadi ,  ^tant  esclave,  rencontre  un  grand  sei- 
gneur. 11  lui  pr^nte  une  rose,  et  lui  dit :  «  lUte-toi  de 
faire  le  bien  tondls  que  tu  le  peux;  car  la  puissance  est 
comme  cette  fleur,  elle  ne  dure  qu*un  instant.  »  Le  grand 
seigneur  le  comprit,  et  lui  fit  rendre  la  liberty.  Au  temps  de 
to  cbevalerie,  lorsqu'nne  noble  dame  ne  voulait  ni  ac/cepter 
ni  rejeter  Thommage  d^un  preux  chevalier,  elle  couronnait 
son  front  de  marguerites  btonches,  ce  qui  signifiait :  Tyson- 
gerai,  Mais,  comme  on  voit  dans  le  roman  de  Penceforit, 
si  elle  pla^t  sur  sa  t6te  un  chapeau  de  roses,  c^^toit  lui 
dire :  Sojres  heureux,  Oriane,  prisonnite,  toit  connaltre  son 
maUieur  k  Pinvincible  Amadia,  en  lui  jetant  une  rose  faute 
du  baut  d*iiiie  tour. 

Ron  sard  fut  le  premier  de  nos  poetes  qui  composa  un 
bouquet  all^oriqoe. 

Je  T0U8  eovuic  un  bouquet  ^w  ma  naia 
Yienl  de  tlrcr  de  ces  fleurs  e|»aniet. 
Qui  ne  les  et»t  a  re  Tespre  trciUies, 
Cttedles  k  lerre  elles  fusseol  demain. 


Lt  teiii|i8  •'«■  xM^  le  temps  a'ea  t a,  ma  dame. 
Las!  lc  lein|ia,  noo,  mait  nous  nous  eo  altons, 
K(  l6st  tcrooa  estendut  sous  la  bmc, 
Ct  6m  anours  des«|uellc«  doss  parlons. 
Quand  icruDs  moru,  u'eo  sera  plus  oouvelle. 
Poor  re,  lifMt-Boy,  ccptadaol  qu*cslc«  belie. 


487 

Dans  ie  bon  temps  de  notre  lifl6ratore,  pamt  to  (hiirlande 
de  Julie,  pitee  de  vers  cbarmante,  k  laquelle  tons  les  au- 
teurs  d^alors  pay^rent  le  tribut  de  leur  muse.  Enfln,  not 
poetes  moderiaes  se  sont  empar^  de  ces  gracienx  embl^mes, 
et  les  ont  par^  de  tout  le  diarme  de  leurs  briltantes  insp^ 
rations.  Cunnerons,  en  envoyant  k  sa  mattresse  une  rose 
btoncbe  et  une  rose  rouge,  lui  ^crivait  ces  vers  : 

pour  loi,  DaphD^,  ces  fleers  TieoDent  dVclore . 
Vols,   I'uoe  est  btandit,  et  Tautre  ae  colore 
D*un  vif  eclat;  Tuoe  peiet  na  pilcor, 
L'autre  mes  feoi,  toutes  deoz  moo  nalbciir. 

L*infortun^  Boucher  charmait  tos  ennuis  de  sa  prison 
avec  des  fleurs.  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  envoyait  k 
sa  fllle  deux  Us  dess<Nih6s ,  pour  exprimer  k  la  fois  Tinno- 
cence  de  son  ime  et  le  triste  sort  qui  Tattendait. 

Queiques  auteurs  recuelllirent  les  fragmeuto  6pars  de  ce 
ton^tage  de  Tanioar  et  souvent  du  mallieur,  pour  en  com- 
poso'  un  vocabulaire  anssi  complet  que  possible,  lis  firent 
plus,  lis  Tassujettirent  k  des  r^es  pour  en  prtefser  le  sens. 
Par  exeuple,  un  soud  signifie  peines,  chagrins ;  rtfim  k 
d*autres  fleurs,  il  reprtente  to  clialne  de  la  vie  mt\6e  de 
biens  et  de  maux ;  avec  une  rose ,  it  n*indique  seulement 
qu'un  chagrin  d^amour ;  avec  one  marguerite,  il  veut  dire  : 
Je  songerai  d  vos  peines.  Si  une  fleur  se  pr^sente  k  la  main, 
elto  expriroe  litt^ralement  la  phrase  composant  sa  devise; 
mais  si  on  to  renverse  en  to  piiSsentant,  elle  prend  une  signi- 
fication absolument  contraire  :  ainsi,  une  branche  de  myrte, 
qui  veut  dire :  Je  vous  aime,  signiflera :  Je  vous  hais,  si  Ton 
toume  la  fleur  vers  la  tenre. 

On  a  public  beaucoup  de  livres  sur  le  langage  des  fleurs : 
tous,  sans  en  excepter  le  mien,  ont  un  grave  inconvc^nient, 
celui  de  d^tdre  to  charme  d*un  langage  dont  tout  le  m^rite 
est  dans  le  voile  myst^rieux  qui  Tenveloppe. 

£lise  LEmsvcox.         ' 

FLEURS  (Marches  aux),  k  Paris.  Si  quelque  chose  an 
nonde  proteste  oontre  Tagglom^ratlon  excessive  de  la  race 
humaine  dans  l*enceinte  des  villes,  od  die  ne  revolt  Pair, 
I'eau  et  le  jour  qu^avec  ^pargne,  si  to  destination  primitive 
de  notre  espto,  n^  au  milieu  des  champs  et  des  forftts  et 
y  trouvant  Taliment  de  sa  vie,  est  attests  par  quelques 
indites  an  sein  meme  de  ces  vastes  dt^  que  parcourent 
des  flots  depopulation,  certainement nous  trouverons cette 
protestotion  et  ces  faidices  dans  le  goM  g^n^ral,  nous  pour- 
rions  dire  universel,  des  dUdins  pour  la  culture  des  fleurs. 
Le  simple  ouvrier  dans  son  rez-de-chauss^  humfde  soigne 
une  plante  Isolde,  sur  laquelle  maintes  fds  ^arretent  ses 
regards,  pendant  que  d^un  bras  amaigri  fl  poosse  la  var- 
lope  ou  qu'il  to^onne  to  chaussure  du  riche ;  les  balcons  se 
couvrent  de  fleurs,  et  sous  les  combles,  dans  sa  niodeste 
mansarde,  to  jeune  coiituri^re  ciiltive  un  oeillet  ou  un  ro- 
sier, doux  soulagement  de  Tennui  de  son  travail;  il  n*est 
memo  pas  rare  de  voir  des  jardins  ^maill^  suspefldus  aux 
les  crois^es  de  Triage  sop^eur  d'un  hOtel ;  bien  ootendu  que 
ce  ne  sont  pas  les  jardins  de  Babyloue,  mais  settlement 
ceux  d'une  veuve  ou  d*un  rentier  sexag^aire,  qui,  d^abu- 
s6i  d*ua  monde  avec  lequd  ils  n'ont  plus  de  rapports,  se 
boment  k  vivre  avec  leurs  geraniums,  leurs  lilas,  leurs 
convolvulus  et  tours  girofi<^,  tant  il  est  vrai  que  les  ceeurs 
les  plus  froiss^s  par  les  peines  de  la  vto  sentent  encore  le 
besoin  d'appder  k  leurs  c6i6s  quelques  embl^mes  d*antma- 
tionl  Les  fleurs  les  donnent  sans  m^compte :  elles  sympa- 
thisent  avec  to  tristesse;  elles  parent  la  tombe  eemme  tos 
fetes  de  rbymen,  T^lise  de  vfllage  comme  le  lianquet  do- 
mestique;  dies  r^vdllent  le  souvenir  de  I'ami  qui  nW  plus, 
de  la  femme  qu*on  a  aim^e;  on  caresse  de  rui't.  avec  une 
sorte  d'attendrissement,  celles  qu'ito  ont  pr^f<ir<^. 

C*est  pour  r^pondre  k  ces  divers  liesoins  que.  4epni« 
quelques  ann^  surtout,  les  flairs  sont  devrnues  im  objei 
de  commerce  assex  important  On  les  a  multiplffes,  impor* 
t^cft,  di\ersifi<tos ,  eroliclltos  par  la  culture,  fmr  one  sub- 
stitution de  pollen,  par  le  rapprochement  des  ef^p^ccs  anali»- 
giies^  par  to  Taii^ltf  do  cngraif.  1I'«v«B9-iio«s  pas  v«  dei 


488 


FLEtIRS  —  FLECftS  ARTIFICIELLES 


•oddt^  d^horticultare  promettre  des  aommes  ^lonnet  k 
llieiireax  poesessear  oa  inTenteor  da  dahlia  bleu  I  Nous 
aimons  k  penser,  poor  I'boniiear  de  notre  esptee ,  foe  dans 
leur  Toisiiiage  U  n'j  a  pas  de  iamille  honnMe  ct  Teitoeosa 
doot  la  misire  demanderait  k  ^tra  aoolagfe. 

Qoatre  grands  marchte  soot  ooferts  dans  Paris  k  la  yeote 
dcs  Hears.  Toos  les  qoatre  sent  heoreosement  plac^  :  Toil 
prte  do  PaUis-de-JnsUce,  et  e'est  le  plus  andeade  toos; 
il  date  do  Consulat.  Le  second  s'est  ^tebli  presqoe  sponta- 
n^ent  aa  c6t^  oriental  du  p^riplte  de  la  Bladeleine.  Le 
troistaie  a  aussi  son  ^talage  an  pled  d*an  beao  monnment 
d'arcMectarty  sous  les  ormeaux  de  la  place  Saint-Sulpice; 
et  le  dernier  se  Toit  aaprte  de  la  magniflque  fontaine  du 
CliAteauhd'Eaa ,  sor  le  boaleyard  Saint-Bfartiii.  L'effet  pru- 
duit  par  oes  b^ars  meublte  de  fleurs  diTenement  colons , 
k  la  proximity  de  colonnes  ioniques  oo  corinthiennes,  sous 
la  protection  d*un  Tert  feuillage  et  de  fontaines  jaiUissantes, 
arrftte  involontairement  les  pas  do  promeneur,  sortoot  la 
yeille  des  jours  Uxi^  ou  des  fttes  patronales. 

iQJ^Mndamment  de  ces  marcb^  ouyerts  an  public,  pres- 
que  aucone  des  roes  de  Paris  n'est  si  pen  IMquent^  qu'elle 
n'ait  sa  marchande  de  flenrs.  Lk,  les  personnes  qui  ne 
yeolent  pas  se  donner  le  plaisir  d'une  promenade  printa- 
niire  oo  antomnale,  peovent  se  poorYoIr  k  des  prix  plus 
€\tr6s,  an  risqoe  d'emporter  diei  eiles  des  plantes  d*une 
y^^tation  bAt^  par  une  addition  de  chaox  k  la  terre  y^6- 
tale,  prittdpe  actif  qni  ne  manque  pas  non  plos  du  reste 
aux  fleurs  du  marcb^. 

Le  commerce  bebdomadaire  des  fleurs  rapporte  k  la  yille 
de  Paris,  ou  plut6t  k  sa  banlieue,  ao  moins  un  revenu  an- 
nuel d^un  million  de  francs.  Bien  des  personnes  en  yivent. 

Les  pontes  de  rantlquit^  grecque  et  romaine  ont  c^l^br6 
leors  yendeuses  de  fleurs.  Bion,  Moscbos,  Anacr^n,  Oyide, 
Horace,  VirgUe,  se  sent  plu  k  les  placer  dans  leurs  li^mis- 
ticbes.  Pline  le  Matoraliste  a  ddrob6  aux  tto^bresdes  yieox 
Ages  le  nom  de  Gljic^re,  et  Tart  ayec  Icquel  eUe  nuan^ait 
les  cooionnes  destinto  aux  Aldbiades  de  son  temps.  II 
noos  apprend  qne  le  plus  c^^re  peintre  de  Sicyone,  Pao- 
aias,  I'a  repr6sentte  ainsi  occupy  k  tresser  ses  guiriandes ; 
ct  Tannaliste  latin  n'oublie  pas  qo'entre  les  tableaox  de  cet 
artiste,  transports  k  Rome  sous  r^ilitd  de  Scauros,  ce 
portrait,  app«l^  par  les  uus  la  Faiseuse,  par  d'autres  la 
Vendeuse  de  ccuronnes,  tenait  one  des  premieres  places. 
Ge  qu'fl  J  a  de  certain,  c*est  que  LocoUus  acheta  an  prix 
de  deux  talents  one  simple  copie  de  ce  tableau.  S'il  s^agit 
Vci  de  talents  d'argent,  Lut-.ullus  aura  d^bours^  une  yaleur 
de  neof  mille  liyre?  d«  notre  monnaie;  si  Ton  parle  de  ta- 
lents d'or  attiqnes,  la  somme  serait  exorbitante  :  die  s'd^ 
yerait  au  mois  a  soixante  mille  liyres,  valeur  actuelle.  L'^ 
tat  de  yendeuses  de  flenrs  ne  jouit  pas  dieai  nous  de  la  fo- 
yeur  qui  Inl  fat  aoqulMS  dans  les  anciens  Ages.  Nous  ayons 
peo  de  Ntea  ou  de  Gljofere.  Cependant  Tune  d*elles  a  ins- 
pire A  H.  J.  Janin  un  de  ses  plus  jolis  feuUletons. 

Gertainemenl  les  anciens  aTaient  leurs  marcMs  aux 
fleurs;  tar  eOes  jouaient  on  trop  grand  rdle  dans  leur  yie 
yoloptueose  ponr  n*6tre  pas  un  objet  de  commerce  et  de  cul- 
ture sptenle.  La  diesse  qni  y  pr^dait  ayait  un  temple  k 
Rome  (voifei  Flore)  ;  son  culte  ^it  solennis^  par  des  jeux 
publics  (oofis  FuttAinL  [Jeux]),  oa  les  lois  de  la  dteence 
daient  peu  respect^es.  KiaATRT. 

FLEURS  (Ordredes).  Vopez  Picmiz. 

FLEURS  (Peinture  des).  Quoiqoe  considArte  comme 
inf<Menre  aux  antres  genres,  la  peinturt  dee  fiewn  prend 
un  caract^re  Aninemment  esUi^tiqne  du  moment  oil  die  cesse 
d*Atre  la  firoide  imitation  de  la  nature,  et  ob  die  mt^resse 
par  une  donee  chaleur  de  colons,  one  grande  l^g&ret^  de 
tooche,  un  art  ct  un  dioix  beureux  dans  les  acddents. 
Une  extreme  patience,  nn  certain  goOt  de  propret^  dans 
k  trayail,  on  g6nie  un  pen  lent,  des  pasdons  donees,  un 
caract^  tranqnOle,  semblent  Aire  les  premieres  qudiUis 
qn*on  doiyc  cxtger  diez  Tartiste  qui  Yeut  entreprcndre  d*i- 
vbitcr  un  dec  ^ut  agiAaUee  ouyrages  de  la  nature.  Cest 


pourquoi  la  pdntnre  des  lleurs,  qui  comprcnd  ausd  leijhitfi 
et  qndquee  accessoires ,  est  de  tons  les  genres  edni  que  Ws 
femmes  penyent  esp^rer  traiter  ayec  Ic  pint  de  soccte,  d 
les  expodtions  anniielleB  do  Muste  ddmontrent  qa*U  n*y  en 
a  point  dont  dies  aiment  tant  k  s'oceoper.  Cdte  branche 
de  I'art,  qui  demande  beanconp  d'mtdligaiee,  dc  la  ddica- 
tesse,  du  goflt,  de  la  grAce  surtoot  et  la  perfedkiii  dn  fsirs 
le  plus  fi&i ,  Gonvient  en  dfet  particuliirament  k  ce  wxe. 
«  Pour  n'ayoir  pas  besofai  d^todes  prdimiaaires  longncs  et 
abstraites,  diton  critique,  la  pdntnre  des  flenrs  n^coiile 
n6anmoins  one  sMe  de  connaissances  asses  ^tendnes;  car 
fl  ne  sufllt  pas  d'arriyer  k  une  exacte  representation  du  mo- 
dde  qu*on  a  cboid,  il  font  encore  savoir  compose!  on  bou- 
quet, rtelairer  oonyenablement,  lliannoniser,  Ini  denner  Is 
yie.  LA  est  I'art  proprement  dit,  et  e'en  est  un  bien  grand 
qne  d'assortir,  de  mdanger,  de  bdancer  sans  frolde  sym^ 
trie  et  sans  btigner  Poeil,  des  fleurs  yarlte  de  forme,  de 
nature,  de  couknrs  plus  oo  moins  dlscordantes,  et  de  former 
ayec  de  parells  ^l^ments  un  ensemble  qui  soit  ag^AaUe,  bar- 
montenx  et  ricbe  A  la  fois  d'effet  et  de  coloris.  >  Cest  sous 
ce  dernier  rapport  qn*il  est  exact  de  dire  qne  le  talent  do 
pdntre  de  fleurs  partidpe  de  cdui  du  coloriste. 

On  r^ussit  4gatoent  bien  A  pdndre  les  fleurs  A  la  goua- 
cbe  sur  du  papier,  et  A  riiuile  sur  de  la  toile.  La  pnsnitee 
de  ces  maniAres  exige  plus  de  IdgAret^  et  de  ddioiease,  la 
seoonde  plus  de  yignenr  et  une  fonte  pins  habile  des  oon- 
leurs.  Les  arabesques  des  bains  de  Tilus  et  plnsieun  pein- 
tnres  d'omements  trouyte  A  Herculanum  prouyent  qoe 
les  anciens  ayaient  ausd  des  artistes  qui  s'occupdent  de 
la  peinture  des  fleurs;  inals  c'est  surtout  yers  le  mUien  da 
dix-huitiAme  siAde  qne  ce  genre  conunen^  A  jeter  son  plos 
yif  Mat  Quoiqve,  en  fait  de  pdntres  de  fleurs,  lltsUe 
puisse  se  yanter  de  Jean  d'Udine  et  de  Bond  de  Tdcole  ro- 
mdne,  de  Domenico  Leyo  et  de  Manzoni  de  rAcde  ytei- 
tienne,  de  Procacdni,  de  Mademo  et  de  Maria  di  Crespini 
de  r^le  milanaise ,  de  Metzadio,  de  7jignani,  dc  Baibieri 
ct  de  Gittadini  de  I'icole  bolondse ,  le  Hollandals  Jean  Yao 
Huysokn  (n^  A  Amsterdam,  en  1082,  et  mort  en  1749)  restera 
toujours  le  modAlc  du  genre.  Apres  lui  nous  dteroos  Re- 
did Ruisb,  fdnme  de  Van  Pool,  et  qui  ayant  Van  Hoysnm 
n'ayait  pas  de  riyale;  Blignon,  J.  de  Heem,  Van  Royaa, 
Seghers  ct  Vereodad.  La  France  peut  A  son  tour  dterayee 
orgueil  Van  Spaendonck,  qui  fut  pendant  longtempi 
professenr  d'ioonograpbie  ao  Museum  d^Uistoire  Natnrelle, 
Redouts,  d  oonnu  par  ses  Roees  et  see  WXaoiu^  d 
M.  Saint- Jean. 

FLEURS  ARTIFICIELLES,  produlU  d*un  art  ini- 
tateur  de  la  nature  dans  ce  quelle  oflre  de  plus  sua?e,  de 
plus  gradeux  entre  les  ricbesses  du  rAgne  y^gdtal.  Ses  ap* 
plications  sent  innombrables.  Les  fleurs  artificjelles  oracot 
la  cbeydure,-  le  sdn,  les  yAtements  de  la  beauts ;  dies 
embdlissent  nos  banquets,  dies  se  mdent  A  nos  (Ates,  elles 
d^corent  les  autels  de  la  Diyinit^.  C'est  un  moyen  ingteieei 
cr^  par  Tesprit  des  bommes  ponr  perp^tuer  U  plus  agr^- 
ble  saison  de  Tannte.  Id  la  crMure,  dans  sa  modeste  spb^ 
complAte  roeuyre  inimitable  du  Cr^ateir. 

Get  art  n'est  pas  nou?eau.  II  y  a  longtemps  qu^on  (abri- 
qne  des  fleurs  artifiddles  A  la  Chine.  Le  yingtiAmc  TdooM 
des  Letlres  id\fiantes  et  curieuses  rcifenne  one  lettre 
du  pAre  d'Entrecolles,  jAsuite,  sur  I'adressc  des  Cbinoa 
dans  cette  riante  hidoslrie.  Leurs  fleurs  ne  sont  ni  de  sole, 
ni  d'aucune  espAce  de  fil,  de  toile  ou  de  papier,  mds  de  Is 
moelle  d^un  arbrisseau  qu'ils  conpent  par  baiiides  ansd  fines 
que  odies  de  parcbemin  ou  de  papier.  L^art  de  placer  des 
bouquets  naturds  on  artifidds  d«ins  les  coiffiires  des  danws 
^tdt  connn  des  modistes  d^AtbAnes  et  de  Rome.  Les  Ita- 
liens  ont  excdl^  longtemps  ayant  nous  dans  la  fiibrkation 
des  fleurs  artificielles;  ils  se  seryaient  de  dseanx  ct  son  de 
fers  A  d^couper,  invention  modeme,  qui  est  due  A  nn  Suisse. 
Ce  ne  (ut  qii'en  173S  que  Sdgnin,  natif  de  Mende,  honoie 
instruit  en  botanique  et  en  chimie,  commen^a  A  faire  A  Pa- 
ris lies  fleurs  artifiddles  qui  rivalisaicnt  a^cc  oeUcr  de  nvf 


FLEURS  ARTIFICIELLES  —  FLEURS  DE  LIS 


48<) 


I.  n  en  fit  aiiss  k  la  mani^rc  chinoise,  avec  de  la 
moeDe  de  sureau;  U  confectioDna  eucore  le  premier  des 
fleon  en  fenilles  d'argant  coloi^es,  pour  les  i^lnstements  de 
dames.  De  nos  jours,  cet  art,  comme  tout  ce  qui  exige  dn 
goAt  el  de  la  grftce,  a  acquis  le  plus  baut  degr^  de  perfec- 
tion par  llngtoiense  imitation  de  la  nature,  et  aujourd'hui 
aocune  nation  ne  nous  ^9^0  dans  cette  branche  immense 
de  ooounerce. 

Nob  essais  ont  commence  par  l^emploi  des  rubans  de 
diverses  couleurs,  qu'on  fabait  et  qu'on  assujettfssait  sur 
des  ills  de  laiton,  de  mani^re  k  reproduire  grossi^rement 
les  contours  des  ilenrs.  Sont  venues  ensuite  les  plumes, 
matites  plus  souples,  plus  d^iicates,  mats  qui  ont  oflert 
de  grandes  difficult^  pour  les  teindre  de  diverscs  couleurs. 
L'adresse  senle  des  sauvages  de  TAm^rique  sumioute  cet 
obstacle ;  car  Os  font  ayec  des  plumes  des  bouquets  admi- 
rables.  Les  Italiens,  en  se  perfectionnant  comme  nous,  ont 
employ^  des  tecons  de  ver  k  soie  et  de  la  gaxe  d*Italie.  La 
preinito  mati^re  est  prtfiirable,  en  ce  qu'elie  n*est  pas  by- 
grom^iqne  et  qu'elle  consenre  longtemps  les  couleurs  dont 
on  la  teint;  on  a  presque  renonc^  k  la  seconde  :  ses  cou- 
leurs n'ont  pas  asses  d^^clat  et  ne  sont  point  assez  brillantes. 
£n  France  on  a  dorni^  la  pr^fi^rence  en  d^finitiTe  k  la  ba- 
tiste et  an  taffetas  de  Florence.  Atcc  la  batiste  la  plus  fine 
on  fait  les  p^tales ,  et  avec  le  taffetas  les  feuilles.  On  a  fait 
anssi  des  fleurs  avec  \efanon  de  baleine,  que  M.  de 
Bemadi^  est  parrenu  k  r^duire  en  feuilles  l^^res  et  k 
d^colorer  eompl^tement,  de  mani^re  k  le  rend  re  blanc  mat, 
poor  loi  donner  ensuite  telle  couleur  qull  d^ire.  Ces  fleurs 
ne  s'altireiit  pas  aussi  promptement  que  celles  de  batiste, 
et  ne  sont  gu^re  plus  cb^res;  mais  la  mode  en  est  passde. 
On  en  a  faitavec  des  coqttiUes  bivalves;  mais  lenr  lour- 
dear  les  a  f)ut  rejeter,  el  elles  ne  sont  plus  que  des  objets 
de  curiosity.  Quant  aux  fleurs  faites  avec  de  la  cire,  elles 
ne  sont  pas  nn  produit  manufacturfer ;  le  d^it  n*en  serait 
pas  assez  conndtoble  :  cette  branche  de  Tart  n*est  cnlti- 
y^e  que  par  quelques  dames,  mais  dies  I'ont  pousste  k  un 
trte-grand  degt^  de  perfection. 

Pour  fabriquer  des  fleurs  on  prend  de  la  batiste  la  plus 
fine,  on  la  soumet  k  la  presse;  on  la  calandre  pour  dimi- 
noer  le  grain ,  et  on  n*y  passe  jamais  de  gomme.  Les  p4- 
tales  se  peignent  k  la  main :  on  les  d^conpe  avec  des  em- 
porte-pieces  quiTarient  de  grandeur.  Pour  donner  une  id4e 
pr^se  des  proc^dte  de  teintnre,  preoons  pour  example 
une  rose.  Lorsque  les  pdtales  sont  d^up^,  on  les  plonge 
dans  une  teinture  faite  aTec  du  carmin  d6Iay^  dans  one  eau 
alcaline.  Cheque  p^le  est  pris  par  son  extrdmit^  a?ec  de 
petites  pinces  appel^  bnicelles  :  il  est  plough  dans  la  tein- 
ture, par  la  paitie  oppose,  jusqu'k  ce  que  le  bain  arrive 
k  quelques  millimetres  de  la  pointe  du  p^tale;  on  le  plonge 
ensuite  dans  de  Peaa  pore  pour  adoucir  et  nnir  la  teinte; 
le  pinceao  sert  k  terminer  le  milieu ,  qui  dans  la  nature 
est  ordinairement  plus  fonc^.  S*il  y  a  lieu  &  les  panacher, 
on  le  fait  foment  avec  le  pfaiceau.  Pour  rendre  blanche 
la  queue  du  p^tale,  on  y  verse  une  goutte  d'eau,  ce  qui  d^- 
laie  la  couleur;  la  teinte  va  alors  en  mourant  La  premiere 
Immersion  sei^it  dans  nne  coolear  Mble;  on  laisse  s^her, 
et  par  des  immersions  sucoessives  on  obtient  la  nuance  qu*on 
Teat.  Le  talfetts  pour  ""les  feuilles  se  teint  en  pito  dans  la 
couleur  indiqu^  par  la  nature  de  Fobjet  On  le  tend  sur 
on  grand  cb^is,  apr^s  Tavoir  tdnt,  et  on  le  laisse  s^her. 
D'un  c6t6,  on  donne  le  briUant  des  feuiQes  avec  une  teinte 
Uigtee  de  gpmme  arabique ;  de  Fautre  cAt^,  on  applique  une 
eau  d^amidan  colorte.  Si  ce  velont^doit  (tre  tr^-prononc^, 
on  emploie  de  la  tonture  de  drap  r6duite  en  poudre  et  teinte 
de  la  coalenr  clioisie.  Lorsque  le  tafletas  est  bien  sec,  avec 
divers  emporte-piices  on  d^upe  les  feuilles  en  se  servant 
d*nn  billot  de  bois  ou  d'un  plateau  form<  avec  un  alliage 
de  plomb  et  d*^in.  On  donne  ensuite  les  nervnres  aux 
feuilles  en  se  servant  de  gattfroirs^  dont  tl  est  n6cessaire 
que  I'artiste  possMe  une  grande  quantity.  Par  des  proc^te 
analogues,  et  dont  rexplication  exigerait  trop  de  details,  on 

MCT.   DC  LA  CON?  Ens-    ^  1.   IX. 


oonfectionne  les  araignes^  lea  boutons,  les  diamines,  qui 
constituent  la  rose.  Quand  ces  diverses  parties  sont  pri^ 
parses,  et  qu'on  veut  former  la  fleur,  on  coUe  tout  autour 
les  folioles  avec  de  la  pftte  et  en  plaint  les  pointes  en  bas. 
On  commence  par  les  plus  petites,  et  on  augmente  de  gran- 
deur au  fur  et  k  mesnre  qu'on  s'dloigne  du  coeur;  le  calico 
se  place  aprte,  ainsi  que  les  trois  araignes.  Cest  sur  du 
fll  de  cuivre  que  se  montent  les  feuilles  de  trois  en  trois. 

Les  villes  od  Ton  fobrique  les  fleurs  avec  le  plus  de  per- 
fection sont  Paris  et  Lyon.  Les  plus  belles  sont  expMito 
en  Russie,  les  plus  communes  en  Allemagne.  Cest  I'objet 
d'un  commerce  tr^productif,  parce  qull  satisfait  un  be- 
soin  impMeux  n6  de  la  coquetterie,  et  parce  qn^fl  est  dou- 
teux  que  jamais  la  mode  aCEirfblisse  ce  besoin.  Le  maWriel 
des  fabriques  est  trte-coOteux;  mais  les  fleurs,  surtout  cclies 
de  premiere  qualitd,  se  maintiennent  k  des  prix  ^lev6s,  qui 
r^compensent  largement  les  avances  et  le  travail  de  I'artiste. 

V.  DEMoxioN. 

FLEURS  BLANCHES.  Voyei  Leucorrh^ 

FLEURS  DE  LIS.  C*6tait  autrefois  le  blason  ,  Vera- 
bl^meconnu  delamaison  de  France.  Les  plus  profondes 
recberches,  le  plus contradictoires  opinions,  quanta  Tanti- 
quitd  vraie  des  fleurs  de  lis,  ttooignent  que  cette  question 
de  science  h^raldique  est  loin  d'etre  ^claircie ;  nous  pensons 
m6me  qu'elle  ne  le  sera  jamais.  Eile  ne  pent  6tre  s^rieuse- 
ment  ^tudi^  que  depuis  T^poque  ou  le  blason  est  dcvemi 
une  science  :  or,  la  science  li^raldique  dassique  n'est  pas 
ant^rieure  aux  croisades.  Trop  de  plumes  de  courtisans  et 
de  romanciers  se  sont  ^mousste  au  siyet  des  fleurs  de  lis 
pour  que  de  la  dMuction  de  tant  d'icrits  et  de  reveries  il  y 
ait  moyen  de  faire  sortir  la  vdrit^  Que  d*autres  dteident  si 
nos  fleurs  de  lis  nous  viennent  du  lotus  derancienne  £gypte, 
ou  si  elles  rappellent  les  flambes  qui  croissaient  spontan^- 
ment  sur  les  bords  du  Lis,  alors  que  le  royaume  de  France 
y  ^tait  camp4  k  Fentour  dn  pavilion  de  Clovis.  Que  d^autres 
dicident  si  la  tombe  de  ChildMc  I*' ,  enterr6  k  Tournay, 
contenait  des  broderies  d'abeilles,  on  des  broderies  de  fleurs 
de  lis.  II  se  pent  que,  comme  I'affirme  VEnqfclopddie,  la 
couronne  et  le  sceptre  de  Frdd^gonde,  dont  la  statue  d^co- 
rait  k  Paris  Saint-Gemudn-des-Pr^,  aient  €\6  om<^  de  fleurs 
de  lis ;  il  est  tontefois  permisd'en  douter.  Certams  ^rivains  ont 
pr^ndu  que  cet  embl^me  fut  poor  la  premiere  fois  adopts 
parGarciasIV,  rolde  Navarre,  qui  vivait en  1048,  en  recon- 
naissance de  ce  que  dans  le  caUce  d'un  lis  fl  avait  troov^  une 
image  de  la  Vierge,  qui  Tavaitgu^ri  d'une  maladie  grave. 
II  semble  plus  aulbentique  que  Hugues  Capet  avait  sur- 
mont^  de  fleurs  de  lis  sa  couronne,  k  moins  que  ce  ne  fns- 
sent  des  images  de  fers  d'angon,  ce  qui  n'est  pas  sans  pro- 
bability. Des  bistoriens  dignes  de  foi  affirment  que  vers  1125 
la  banniirede  France  et  Poriflamme  ^ient  sem^es 
de  fleurs  de  lis,  et  que  les  monnales^  rares  et  fnistesy  de  Louis 
le  Jeune  sont  empreintes  dlmages  pareilles.  V6cia  de  France 
portait  alors,  sans  nombre  fixe,  les  fleurs  de  lis,  que  Char- 
les y,  on  Charles  VI,  ou  Philippe  de  Yalois ,  passent  pour 
avoir  r^duites  k  trois. 

Ceux  qui  ont  combattu  le  systtoe  de  la  haute  anciennct^ 
des  fleurs  de  lis  se  fondent  snr  ce  que  le  lien  qui  en  assu- 
jettit  le  pied  n'est  autre  que  la  repr^ntation  de  la  clavette 
qui  fixait  k  la  hampe  les  lames  de  I'angon ;  et  ceux-l^  pour- 
raient  avoir  raison.  En  traitant  de  ces  questions,  Voltaire 
dit,  dans  VEssai  sur  les  Moturs,  an  sujetde  la  bataille  de 
Bouvines  :  «  Ce  qui  n'avait  ^  longtemps  qn'une  imagina- 
tion de  peintre  conmaen^t  k  servir  d'armoiries  aux  rots  de 
France.  »  Les  donn^es  sur  tons  ces  pofaits  d'antiquit^  sont 
si  incortaines  qu'en  1835,  aux  expositions  du  Mus^e,  un  ta- 
bleau oti  fly  avait  erreur  dedeux  slides  timbrait  des  trois 
fleurs  de  lis  de  Charles  V  Tarmure  de  Louis  le  Jeune.  Si  le 
le  th^tre,  les  arts,  les  opinions  basardte,  semblent  ainsi 
lutter  d'anachronismes  et  s'accorder  pour  nous  induire  en 
erreur,  qudle  fol  ajouter  di  ce  qui  a  ^6  dit  k  regard  des 
d^des  plus  recnl^,  ou  il  n'y  avait  ni  th^Atre,  ni  beaux-arts, 
ni  historiens?  Les  flenrs  de  lis  avalenl  l^tvantage,  quel  que 


490 


FLEUBS  D£  US  —  FLEURUS 


ntrobjatqa'eUesrepr^ssentaient,  d'etre  un  sjniliolt)  conou, 
eonsacni  et  iouYent  glorieux.  A  ce  symbole,  que  Ttoiigra- 
tiOB  tut  paree  qu*elle  Toulut  le  conser?er,  la  r^publique 
substitua  des  ^pi^phes  s^bes,  absoloes,  quelquefois 
acerbei,  qui  De  pouvaient  6tre  Yiables.  Napolton ,  au  lieo 
d0  reuusciUr  lea  fleurs  de  lis,  pour  lesquelles  la  Vendte 
a'^tait  battue  si  iaelficacemeot,  reprit  Taigle  de  Rome  et  le» 
abeillea  de  Charlemagne.  La  Restauration  en  rerint  aui  em- 
bltoiei  d^moD^lu^  aoua  lesquels  ayail  combattu  rarro^  de 
Cond^ ;  elle  fit  plua :  les  courtiaans  proposirent  k  Louis  XVIII 
de  cite  un  ordre  civil  et  militalre  dont  le  aigne  serait  un 
ruban  blaoC|  auquel  pendrait  une  fleur  de  lis  en  argent. 
Cette  decoration,  vers&  4  pleincs  corbeilles  dans  le  people, 
dans  rarmite,  jusque  parmi  les  fliers  des  collies,  cessa 
bient6t  d^en  fitiv  one.  La  chute  de  Charles  X  laissa  quelque 
temps  dooter  si  le  seel  de  France  retoumerait  aux  mains  du 
graveur;  mais  le  basard,  qui  mtoe  toot,  et  refTervescence 
popnlaire,  qui  n*osait  ni  accuser  ni  aronistier  Tempire 
et  ses  aigles,  nous  dotferentd'un  brave  oiseaa  de  basse-cour 
(  voyez  CoQ ),  en  m6noire  d^un  calembour  latin  qoi  ^tait 
en  vogue  en  1701 :  Surgit  nunc  gallus  ad  astra. 

G*'  BARnm. 

FLGURUS  ( Batailles  de ).  Flenrus  est  un  bourg  do 
Hainaat ,  situi^  pr^s  de  la  fronti^re  de  France,  k  Tentrte  de  la 
Belgique,  sur  la  rive  gaudie  de  la  Sambre,&  11  kilometres 
de  Charleroi,  avec  one  population  de  2,370  &mes,  des  fabri- 
ques  de  gros  lainages,  des  tanneries,  des  ramneriesdesel. 
On  J  pr<ipare  du  lin  et  Pon  j  ramasse  des  cailloux  roul<^  de 
quartz  hyalin,  recherche  pour  leur  belle  eau  et  dit  diamants 
de  Flcurtu,  Cette  locality  a  donn^  son  nom  h  quatre  ba- 
tailles mdmorables. 

La  premii^  y  fut  livr^  le  30  aoM  1622,  entre  les  Espa- 
gnols,  sous  les  ordres  de  Gonial^  de  Cordooe,  g^n^ral  de 
U  ligue  catbolique  et  Tun  des  principauz  lieutenants  de 
Philippe  IV,  et  les  troupes  de  Tunion  protestaote,  comman- 
does par  le  due  de  Brunswick  et  le  due  de  Saxe- Weimar. 
L'avantage  reata  k  ces  demises  qui,  apr^  avoir  traverse 
le  Brabant,  opirirent  leor  jonction  avec  le  prince  d*Orange, 
qu'elles  akitoit  k  dOgager  Berg-op-Zoom,  assi^  par  Spi- 
nola. 

La  seeondefutgagn^  le  I*' joillet  1690  par  le  mar^chal  de 
Laiembonrgsurle  prince  de  Waldeck,qui  eomman- 
.  dait  les  Espagnols  et  les  Hollandals.  Waldeck  ^tait  k  la  t^tede 
50,000  bommes,  tandis  que  Luxembourg  n^en  comptait  que 
35,000.  Mais  celui-ci  avail  pour  lui  la  superiority  du  g^nie; 
U  osa  passer  la  Sambre,  le  29,  en  presence  de  son  ennemi, 
qui  se  contenta  de  le  faire  observer  par  un  corps  de  cav^- 
lerie  sous  les  ordres  du  comte  de  Berlo.  Cette  avant-garde 
fut  detruite;  son  dief  perdit  la  vie  dans  la  m^iee,  et  le  len- 
domain  les  masses  dMnlanteiie  hollandaise  furent  attaquOes 
dans  leurs  positions  de  Fleunis,  od  le  prince  de  Waldeck 
lM.^a^  ,imprudemment  arrfttOes^  La  cavalerie,  repouss^e 
la  veiUe,  na  nt  pas  une  meilleore  contenance.  Mais  Hnfan- 
terid  boUandaise  se  couvrit  de  gloire.  Son  cbef  rOpondit  k 
la  sommation  do  mar6cbal  francais:  qu'en  mourant  les 
armes  k  la  main,  il  youlait  m^riter  Testime  d*un  aussi  grand 
bomme.  Cclte  mOice  intr^pide  fut  taiU^e  eo  piteea .  Les  al- 
lies perdirent  6,000  bonunes  tois,  et  8,000  prisonniers,  130 
drapeaux  ondlendards,  »0  canons  et  une  grande  quantity  de 
bagages.  Les  historiensanglaia  r6duisentla  perte  en  bommes 
k  5,000  morts  et  k  4,000  prisonniers.  Celle  dee  Francais 
monta  k  4,.000  hommea.  Mais  la  Jalousie  de  Louvois  mit 
LuxembouiK  dans  rimpuissanoe  de  proQter  de  sa  victoire, 
en  ordonoan^  k  BouQlen  de  ramener  vers  les  cOtes  de 
Flandre  les  10»000  bommes  qui  etaient  venus  prendre  part 
avec  lui  k  pette  journt^. 

La  troisi^me  tuUaUle  de  Fiennis,  la  plus  tanportante  de 
toutct,  fut  celle  quei  les  Franks  livr^ent  aux  Autrichieni 
le  26  juin  1794  ( g  mewidar  an  U ).  Ceux-ri,  renCorces  par 
lea  gamisons  de  Landradea  et  de  Yalenciennes,  avaient 
90,000  bommea  sous  les  armes;  lis  etaient  commandos  par 
le  prince  d^Orange,  rardiidac  Char  lei  et  le  prince  de  Co. 


bourg,  qui  avaient  sous  leurs  ordres  les  generanx  Beanliea, 
Kaonitz,  Latoor  et  Zwasdanowich.  L*an&ee  fran^^, 
commandee  parjourdan,  n*etait  forte  qoe  de  7e,Me 
bommes,  formant  les  divisions  Mareeao,  Lefebvre, 
Morlot,  Championnet,  KUber,  Daariez,  Dubois, Hs- 
try,  Dernadotte,  Duheeme,  Montaigu,  et  oceopsBt  ens 
position  demi-circulaire  en  avant  de  Charleroi ,  le  front  d6- 
fendu  par  des  retranchements  et  de  fortes  redootes,  ksailei 
appoyees  sur  la  Sambre,  la  droite  sur  la  ferme  de  Lsfflbo- 
sart,  la  gauche  sur  Landdy,  le  centre  k  Gosselies. 

L'action  s'engagea  le  26  Juin,  k  la  pointe  da  joor.  U 
prince  d^Orange  s*empara  d*abord  de  Fontaine-r£v^De,d 
se  porta  sur  le  flanc  gauche  de  Tarmee  fVan^aise  |osqo*n 
ch&teau  de  Wesp.  MsJs  U  I'attendaient  la  division  da  ^ 
neral  Dauriez  et  une  brigade  de  la  diviMon.MoDtaigu,  qd 
lui  oppos&rent  une  opiniiktre  resistance  et  defeodirent  he- 
rolquement  leurs  batteries,  dont  la  mitraille  IMcrasa.  Yen 
le  milieu  du  jour,  le  prince,  ayantappris  qoe  Charleroi  ve- 
nait  de  tomber  en  notre  pouvoir,  se  retiralt  aprfes  avoir 
eprouve  dt«  pertes  considerables,  tandis  qoe  le  eorps 
d'armee  du  general  Latour  passait  le  Pieton  et  sVao^t 
vers  Traxegnies. 

Se  voyont  assalUie  par  des  forces  soperieare^,  la  divisloa 
Montaigu  abandonne  les  plateaux  et  recule  sor  la  Sambre. 
Une  de  ses  brigades  meme  repasse  la  riviere  sur  le  pent 
de  Marchiennes,  prend  position,  avec  son  artillerie,  sor  U 
rive  droite,  et  foudroie  le  corps  de  Latour.  Les  deax  antrei 
brigades,  retranchees sur  la  rive  gauche,  opposeot  pendant 
cinq  heures  une  resistance  opiniMre,  et  finlssent  par  calbuter 
Tennemi  dans  le  village  de  Forchies.  Kieber,  avec  sa  diri- 
sion,  tombe  sur  le  flanc  droit  du  corps  de  Latour  et  le 
met  en  deroute.  L*aile  droite  de  Jourdan  est  rooins  beo- 
Ifeuse;  les  troopes  de  Marceau,  trop  dissemin^,  cMent 
deux  villages  au  corps  de  Beaulicu ,  et  ne  peovent  d^^  plus 
se  maintenir  dans  les  jardins  de  Lambusart ;  la  division  Mayer, 
cbaiigee  par  la  cavalerie  imperlale,  a  repasse  la  Sambre  en 
desordre  k  Pont-4-Loup.  Celle  de  Marceau  s'est  heurease- 
ment  ralliee;  et  le  feu  de  son  artillerie  arrftte  enfin  les  pre* 
gres  de  cette  colonne  autrichlenne.  Mais  un  grand  espaes 
hi  separe  de  la  division  Leiebvre,  qui  defend  les  baoteun 
de  Fleurus  centre  Tarchidoc  Charles ;  et  ce  prince,  combi- 
nant  son  attaque  avec  celle  de  Beaulieu,  redouble  dVfforti 
pour  couper  Tarmee  fran^alse  et  penetrer  par  ^  Jasqa'l 
Charieroi,  dont  il  ignore  la  ctiute.  L'intrepMe  Lefebvresoo- 
tient  en  Mros  ces  terribles  attaques;  il  maintlect,  par  Isi 
charges  de  sa  cavalerie,  par  de  forts  detachements  sor  a 
droite,  ses  communications  avec  Marceau ;  et  lorsqoe  oshil- 
ci,  accabie  par  le  nombre,  ouvre  le  passage  aux  troopes  de 
Werneck  et  de  Beaulieu,  trois  bataillons  de  Lefbbvre  ar- 
rivent  k  son  secours  an  moment  oh  Jourdan  en  detache 
trois  autres  de  sa  reserve  pour  le  sontenir.  Marceau  tieirt 
bon  alors  dans  Lambusart ,  et  force  rennemi  k  chercber 
d*autres  couibinalsons.  Elles  echooent  encore,  grice  k  m 
ballon  qui  plane  sur  le  champ  de  bat^lle,  et  d*oA  im  ofl- 
cier  observe  les  mouvements  de  Tennemi. 

II  avail  vu  les  masses  de  Beaulieu  et  de  Parehidue  Cbailei 
se  porter  sur  Tespace  qui  separe  Lefebvre  de  Mareess. 
Jourdan  y  court  avec  la  cavalerie  du  general  Dubois,  ci 
la  division  Ilatry,  qui  forme  sa  reserve.  Les  deox  parfls 
corobattent  sur  ce  point  avec  un  acbamement  ineroyabk. 
Bienl6l  les  champs  de  bie,  les  baraques  do  eamp  soot  ea- 
flamuies  par  les  explosions  de  rartillerie.  On  kitte  avee  ra^ 
dans  une  plaine  de  feu.  La  flamroe  atleint  des  caissons  fraa* 
f  ais.  lis  edatent  et  jetent  repouvantedans  nos  rangs.  Jourdan 
les  rassure  :  «  Point  de  retraite  anjounlMmi,  ■  s*ecrie44; 
et  ses  bataillons  reprennent  leur  contenance  et  leur  energy. 
Cobourg  et  ses  masses  sent  lieureosement  contenos  sur  on 
autre  point  par  Morlot,  qui  arrete  le  general  Kwaedaaoviefa 
au  pied  des  retrancIiemenU  de  GosseHea.  CliampioBBct  a 
defendu  contre  KanniU  les  aborda  d'Hepignies,  Jvairi*as 
moment  oji  un  mouvemcnt  de  la  division  Lefebvre  hrf  < 
dea  hiquietudea  sur  leurs  communicatieiia. 


FLEURCS  —  PLEURY 


M  eroyant  tourn^  par  sa  droife,  le  mettait  d^ji  «d  retraitey 
quand  Jourdan ,  s^apercevant  de  cette  faute,  vole  k  aoo  se* 
eOQts  avec  one  brigade  de  la  diTtsion  Kl^ber.  Charopionnet, 
bonleux  de  sod  erreur,  la  r^pare  par  des  prodigRs  dMntr^ 
piditd.  Les  coloanes  enneiniea  Ront  foudroy^,  inises  en 
ddroute ;  el  la  cayalerie  de  Dubois  a*eropare  de  bO  canons 
abandonnds  dans  la  plaine.  Si  le  prince  de  Lambesc  n'cQt 
babilemenl  profits  du  prolongement  d6cousu  de  celte  cava- 
lerie;  sMI  n'eOtpromptementralliiS  les  cuirassiers  iinp^riaux, 
la  scconde  Ugne  des  Autricbiens  eAt  ^U  enfonc^  comme 
la  premiere.  Dubois  et  ses  cavaliers  furent  k  leur  tour  ra- 
men^^  dans  les  retranchements  francs ;  les  canons  ennemis 
foreat  repris  par  le  prince  de  Lambesc.  Mais  Cobourg 
n'oea  point  poursoivre  cet  avantage. 

LMi^itation  de  ses  colonnes  raainia  sur  toute  la  ligne 
i'ardeur  de  nos  troupes.  Lcfebvre,  laissant  k  la  division 
Ilatry  le  plateaa  de  Flcurus,  amena  une  de  iiea  brigades  au 
secours  de  Marceau,  et  la  division  Mayer  revint  k  la  liAte 
8ur  la  rive  gauche  de  la  Sambre.  Une  demise  altaqne, 
simultandmeni  ordonn^  sur  tons  les  points ,  fut  partout 
Tictorieuse  et  d^sive ;  et  le  prince  de  Coboufg  op^ra  sa 
retraile  sous  la  protection  du  corps  de  Kaunitz.  Le  dtamp 
de  bataille  resta  aux  Frank's,  qui  pay^rent  celte  victoire 
do  sang  de  &,000  hommes.  Mais  les  ennemis  y  lalss^ent 
7,000  mortSy  3,000  prisonniers;  et  les  suites  prodigieuses 
de  cette  jonrn^  rerontlagloiredtemelledu  brave  Jourdan. 
Nos  fronti^res  purgto  d*ennemis,  la  Belgique  ddllvrte,  la 
Hollande  envaliie,  les  limites  du  Rhin  conquises  par  nos 
amies,  )e  rerouleroent  de  la  guerre  en  Allemagne,  furent  les 
avantages  immMiats  de  la  troisi^me  bataille  de  Fleurus ; 
et  lea  Idgions  de  Jourdan,  connues  d^orroais  sous  le  nom 
d*anD^  de  Sambre  et  Meuse,  devinrent  unepdpini^e  de 
Mros  et  r^cole  de  toutes  les  vertus  mililaires. 

La  qnatritoie  bataille  de  Fleurus,  plus  g6ndralement  ap- 
pel^  bataille  de  Ligny ,  fut  livr^e  dans  les  m^mes  champs 
par  NapokoB,  vingt  et  un  ans  ans  apr^,  le  16  join  is  15. 

VlEKNET,  6t  rAcademie  Fraorawe. 

FLEURY  ( CuiiDB  ),  sou5*pr6f!epteur  dca  eBfants  de 
France,  Tun  des  quaraate  de  PAcaddmie  Fran^aise,  prieur 
d'Argenteiill,  nd  k  Paris,  le  6  ddcembre  1640^  mort  le  14 
juillet  1723,  est  un  des  hommes  qui,  par  leurs  talents  et  leurs 
TerUis,  ont  le  plus  honors  le  clergi^  franoais,  durant  le  si^de 
de  Loois  XIV.  A  la  suite  de  brillantes  etudes  au  colUSge  de 
Gennont,  II  embrassa  la  carri^  de  son  p6re»  avocat  dis- 
tingo^  se  fit  recevoir  en  cette  quality  au  parlement  de  Paris 
en  1668,  et  pendant  neuf  ans  se  livra  tout  entier  ii  cette 
profession.  U  existe  m£medes  m^moires  imprim^et  sign^ 
de  lui.  Mais  k  T^tude,  k  la  pratique  du  droit  civil,  il  joignait 
on  ff^t  prononc6  ponr  Tbistoire  et  les  belles-lettres^  Les 
sentiments  religieax,  fruH  de  sa  premi^  ^ucafion,  tour- 
nirent  aes  penste  vers  T^t  ecclesiastique;  bientdt  b  tb^ 
logie,  riciiture  Saiote^  le  droit  canoniqne  et  les  saints 
P^es  devinrent  I'objet  exclusif  de  sea  m^itations. 

11  y  avatt  d^J^  quelque  temps  qu^i  avail  pris  I'ordre  de 
pr^trise,  lorsqn'en  1672  il  fut  choisi  pour  6tre  pr^cepteur 
des  princes  de  Contl,  que  le  roi  faisait  ^ver  aupr^  du 
daupliin,9on  GIs.  T^moin  de  la  6ddit6  avec  laquelle  Fleory 
remplisaait  ses  devoirs,  Louis  XIV  lui  oonfia  I'faistniction 
cPundeses  filsnatuvels,leprincede  Verm  and o is,  grand 
aoiUral  de  France.  Cette  Education  ne  fut  point  achev^ ;  le 
jcune  priooe  ^tant  mort,  le  monarque  nomma  Fleory  k  Pab- 
baye  de  LooDieo,  ordte  de  Ctteaux,  diucise  de  Rhodes; 
et  cinq  ana  aprte,  en  1689«  il  jeta  les  yeux  sor  lui  pour  le 
faire  aoua-pr^oepteur  des  dues  de  Bourgogne,  d'Aiyoa  ( de- 
liola  roi  ^Espagne,  sous  le  nom  de  P  b  i  li  ppe  V)  et  de  Berry, 
MS  petils-fib.  L*abb^  Fleory  se  trouva aiasi  associi  k¥^ 
Del  OB,  et  partagea  les  soins  que  cet  illustre  pr^t  donnatt 
i  ses  aagostes  disciples.  Enfin,  en  1696,  tf  fut  appel^  k  Pa- 
cadteiie  Fran^ise,  pour  succ^der  4  La  Bruy^re.  L'^ucation 
des  frois  princes  ^tant  termin^^  en  1706,  le  roi  loi  donna 
le  prieur^  d'Argenteoil,  ordre  de  Salnt-Benolt,  diocto  de 
Iltfift,  Fleury  avait  d^r^  ce  bdn^fioe,  qui,  par  sa  proximity 


491 

de  Paris,  lui  offraH  une  retraite  oonmaooe  pour  P^de,  *»f^ 
le  priver  des  lumi^res  et  des  seooun  de  la  <»pitale*  Mais, 
eiact  observateur  des  canons  dont  U  avait  fait  une  <tnde 
si  particuli^re,  il  donna  alors  un  rare  exemple  de  ddslnl^ 
ressement, en  se d^mellant  de Vabbaye de LocDieu. 

Dte  ce  moment,  d^livr^  des  embarras  de  la  cour ,  oil  il 
n'avait  pas  laiss^  de  vivre  dans  la  BoUtude,  ne  se  mAlant 
que  del  devoirs  sdrieox  de  son  emploi,  et  donnam  tout  le 
reste  de  son  temps  an  travail  dii  cabinet,  il  ne  pensa  plua 
qu'i  employer  ses  talents  etson  loisir  au  service  de  PEgitee. 
11  consul  et  commen$a  ce  grand  ouvrage  de  Piiistoire  BC' 
cUsioitiquSt  qui,  seloo  VoUaire, «  est  la  meilleure  histoire 
qu'on  ait  jamais  laite  ».  Aprte  la  murt  de  Louis  XIV,  II 
fut,  en  1716,  rappeU  ^  la  cour  par  le  regent,  pour  Mre  le 
confesseur  du  Joune  roi.  En  le  nonimanft,  oe  prince  Ini  dit : 
«  Je  vous  ai  choisi  paroe  que  vous  n^itei  ni  )ana6niste, 
ni  raoliniste,  ni  ultramontaln.  *  Fleury  remplit  avee  i^ 
et  sagesse  les  fonctions  de  j^on  nouvel  eroploi,  dont  il  se 
d^roit  en  1722,  i  cause  de  son  grand  ^  :  il  avait  ^uatre- 
vingt  deux  ans,  et  mourat  quelques  mois  aprte. 

Les  graves  ^udes  religieuses  de  Pabb6  Fleury  na  M 
avaient  pas  lait  perdre  de  vue  la  leeture  des  antenra  a»* 
dens.  11  afTeclionaait  particuli^rement  Platon,  et^  k  Pexem* 
pie  de  ce  grand  pbilosopbe,  il  avait  avee  des  personnes  cbei« 
sies  des  conferences,  qui  roulajeot  aor  ^criture  Sainte 
C*etait  Chez  Bossuet  qu^eUea  avaient  lieo,  et  Fleury  y  Icaatt 
la  plume.  Ce  fut  vers  ee  temps-14  qu*il  tradnisit  en  latin 
VExpoiition  de  la  Doclrine  eathohqu^  de  Bossuet,  on* 
yrage  destine  k  d^tromper  ks  protestants  sur  laa  fiiMses 
Id^es  quMls  s'^taient  lailes  de  plusieurs  dogmes  de  P£gliae 
romaine,  Cette  tradnction  fut  revue  avec  soin  par  Bosuet. 
Comme  acad^miden,  Fleury  fut  jusqu*k  ses  demiers  Jours  ua 
des  plus  exacts  aux  stances.  11  remplit  fr^emmeat  les  feoe- 
tlons  de  direcleur,  et  s*en  acquitta  avec  une  dignity  doni 
sasimplidt^  naturdlerelevaitleprix.  Daosle  discours  ifi^il 
adressa  k  Massillon,  11  etit  la  noble  franchise,  toiil  en  usant 
de  toutes  les  formules  de  la  politesseacadtelque,  de  renvoyer 
dans  son  dioc^  on  <iv^iie  qu^aucune  raison  ne  pouvait  en 
tenir  ^ioign^^.  La  place  d'un  ivique^  dit-il,  est  dan*  ton 
dioeise,  el  non  aiUeure.  Jamais  il  n^avait  ambitionii^  lea  di- 
gnity m  les  richesses  qu*auraient  pu  lui  procurer  Pestime 
et  le  cr^it  dont  il  jooil  constamment  auprta  de  Louia  XIV 
et  du  regent  Jamais  il  ne  solUcita  d^^vteh^.  La  reprten- 
tatiott  ^piscopale  eOt  peuconvenu  k  lasimplidtA  de  sa  vie. 

Tous  ses  ouvrages  concemant  la  rdigion  non-seolentent 
sont  au  nombre  d^  productions  les  plus  estimables  de  notre 
langue,  mala  peuvent  £tre  regard^  comme  antaat  de  ser- 
vices rendus  k  P^gUse.  Invinciblement  attach^  aux  croyanoca 
▼raiment  chr^tiennes,  il  ne  se  montra  jamais  cr^ule,  et  sa 
tolerance  telair^  se  Cut  Jour  dans  maint  endroit  de  son 
Histoire  Ecclisiastique.  Enfm,  quoiqne  ^lev^  par  les  j^suites, 
il  imita  toojours  Pind^pendance  des  disciples  de  Port- 
Royal,  en  sachant  se  preserver  de  leurs  toirts;  et  personoe 
de  son  temps,  sans  en  exoepter  B  a  y  1  e,  n*a  porU  plus  de  crn 
tlque  dans  l*histoire.  Quand  vint  Paflalre  do  qui^tisme, 
il  adopta  la  doctrine  de  Bossuet ,  sans  perdre  Pamiti^  de  F^ 
nelon ;  ses  lumi^res  le  prterv^rent  des  pleuses  erreon  de 
Pun,  et  sa  moderation  de  Piropetuosite  de  Pautre.  U  avait 
debute  dans  bcarri^re,  en  1674,  par  une  Bisloire  du  Dr^U 
frangaiSf  compos^e  pour  P^ucation  d'Andr^  Lef^vre 
d'Ormesson,  mort  intendant  de  Lyon  en  1684.  On  Pa  r^iin- 
prim^e  en  1692.  On  a  encore  de  Iniun  ouvrage  intitnld/»f- 
titution  au  Droit  eccUsiasiique. 

Cependant,  if  doit  surtout  son  illustration  k  des  Merita 
qui  s^adressent  k  toutes  les  classes  de  chr^tfcns,  mtoie  les 
moins  instruites.  Xet  est  son  Catdchisme  MstoriquCf  pu- 
blic en  1679  ;  c*est  un  chef-d^cravre  devenn  claasiqHe ;  11  a 
^t^  mille  fois  rtimprim^.  Fleury  a  traduit  lut-m^oie  ce  li- 
Tre  en  latin.  Les  Mcturs  des  Israelites  et  les  Mceurs  des 
chrdtiens,  ouvrage  public  s^pardment,  mala  riunis  d*> 
puis,  ont  eu  le  m^me  sort  :  on  les  lit,  on  les  lira  tant  qiie 
les  lettres  cbrdtionnes  seront  en  honneur.  On  lui  doit  encore 

62. 


499 


FLEORY 


nn  TrttU€  du  ehoix  etde  lamiihodedes  itudes,  fleorre  im- 
portaiite,qai  estcomnie  laclefde  tootacdksqall  a  domite 
ao  public;  el  ponrtant  ii  ne  regardait  cet  oayn§b  que 
coinine  une  esifuisse,  comme  one  esptee  de  projet  II  n^a 
pas  d^daign^^  de  composer  sor  ies  Devoirs  des  maitres  et  des 
domestiques  un  petit  One  anssi  solide  qolnstnictif.  Mais 
de  tootes  ses  productkms  la  plus  belle,  laplusatile,  la  plus 
( omiae  eat  son  HUMre  Seddtkutique,  qoi  renfenne  Tes- 
r  ace  de  qaatone  siteles ,  dqmis  P^tabBssement  da  christia- 
nlsme  jnsqa^i  roaverlore  da  conefle  de  Constance.  Dans  sa 
modestie,  Fleury  b^ta  Tongtemps  k  entreprendre  ce  grand 
ooTrage ,  qoll  regardait  comme  aa-dessas  de  ses  forces ;  il 
^^tait  contents  d'en  reeoellttr  Ies  niat^aax  poor  son  pro- 
pre  usage.  Ses  amis  le  press^rent  de  Ies  mettre  en  oeuYre : 
«  Je  tAcberal,  leur  dlMI,  de  fiiire  ce  que  tous  d^irez. — Sa- 
Tez-Yons  Men,  ajonta  Bossaet,  qa*il  est  homme  k  tedr  pa- 
role. »  Et  Bossuet  ne  se  trompa  pomt.  On  a  fait  k  VHUtoire 
Ecclesiastique  deax  reprodies:  le  premier,  T^itable  ^loge 
aaz  yeox  da  chr^en,  est  d'avoir  rapports  trop  de  miracles ; 
le  second  tombe  sor  la  francbise  arec  laquelle  il  parle  de 
certains  scandales  quiont  aflllg^  r£g|ise;  mais  aax  yeux  du 
philosopbe  cbr6tien  ee  reproche  n*est  encore  qn*un  <9oge  in- 
direct de  Impartiality  de  Phistorien.  Quant  an  style ,  «  il 
semble  dit  D'Alembert,  que  fleary  se  soit  propose  pour 
roodile  la  simplicity  des  lirres  saints,  et  qa'il  ait  tracd  la 
propagation  du  cbristianisme  de  la  mfime  plume  dont  Ies 
^criTslns  sacrte  ont  dterit  sa  naissance.  »  II  travailla  plus 
de  trente  ans  k  cette  bistoire.  II  en  6tait  an  yingtiime  volume 
iorsque  la  mort  vfait  llnterrompre.  La  continuation  en  a 
M  M/b  par  le  p^  Fabre,  de  roratoire,  jusqu*en  1698,  et 
par  Alexandre  Lacroiz  jasqa*en  1778.  Ces  supplements  sont 
loin  de  Taloir  TouTrage.  On  a  public  dans  le  dix-huiUime 
sitele  plusienrs  abr^^  chronologiques  de  VHisMre  Be- 
cl4sia$Hque  ;  ce  sont,  en  g<^n4ral,  des  compilations  assez 
mMioeres.  Quant  k  roeuTre  originale,  il  ne  lui  manquait 
qn'un  honneur  qu'dle  obtint,  ce  futd^6tre  mise  k  Vindex  k 
Rome. 

On  a  r^mprim^  s^parfoient  Ies  bait  diseours  qui  se 
trouTaient  pannl  VHisMre  EccUsiastique,  et  qui  avaient 
M  compost  poor  en  faire  partie.  II  y  a  6t6  joint  an  neuvitoe 
disccurs,  sur  Uslibertis  de  VEglise  gallicane^  dans  lequel 
I'auteur  ne  se  montre  pas  moins  bon  Fran^ais  qn*historien 
^lair^  et  chr^tieii  {detn  de  z^le,  mais  d^un  zile  selon  la 
science :  il  avait  ^t^  terit  plus  de  (rente  ans  avant  la  mort  de 
Fleory;  mais  cette  pifece,  trte-souvent  r^mpriro^,  n'avait 
para  qu'alt^e  selon  Ies  rues  personnelles  des  Mitenrs. 
Enfin,  en  1807,  TabM  £mery,  sup^rieur  g&i^ral  de  la  con- 
gr^ationde  Saint-Sulpice,  en  pnbUa  lemanuscritautographe 
»oos  le  titre  de  Nouveaux  Opuscules  dePabbi  Fleury,  Ukjh, 
en  1780,  tons  ses  ouv rages,  k  Texceptionde  Vffistoire  SC' 
cUsiastique^  ayaient  M  recueillis  par  Rondes,  sous  le  titre 
d'Opuscules,  Dans  Ies  Nouveaux  Opiucules,  outre  le  diS' 
cours  sur  Ies  liberty,  se  trouvent  d'aotres  pieces  incites. 
11  existe  dans  la  bibliotb^tie  de  Cambrai  une  Histoire  de 
France  manuscrite  que  Fleury  avait  compos^e  pour  Ies  en- 
fants  de  France,  et  dont  aucun  biograpbe  n'a  parld. 

Charles  Du  Rozom. 

FLEURY  (Arma^HaacuLE,  canlinalnE),  naquit  2i  Lod^TC, 
le  22  juin  1653,  d*une  ancienne  famille  de  Languedoc.  Venu 
fort  Jeune  a  Paris,  il  Alt  ^lev^  an  collie  de  Clermont,  d*ou  il 
passa  k  cdai  d*Harcourt.  Entr^  dans  l*etat  eccl^iastique,  il  8*y 
di^tingua  de  bonne  beure  par  son  goOt  poorle  traTail.  Son 
esprit  de  conduite,  sa  moderation  et  la  sagesse  de  ses 
mceors  le  firent  distinguer  par  Louis  XTV,  qui  lui  donna 
IVvAche  de  Fr^jus.  Ce  prince,  a?ant  de  mourir,  le  nomma 
pr^cepteur  de  son  petlt-fils.  II  sembia  accepter  ces  impor- 
tantes  fonctlons  avec  repugnance,  et  affecta  dedire  que 
si  le  rot  avail  M  en  etat  de  recevoir  son  refus,  il  n*aurait  pas 
consenti  k  subir  cette  charge.  Pendant  la  r^gence  du  due 
d*OrldaBs,  il  se  conduisit  en  ambitieux  habile*  Sans  lutter 
onvertement  centre  le  regent,  il  conserva  rattachement  du 
roi ;  et  quoiquMl  cOt  altondonn^  veritablement  W  marechal 


deYilleroiyUparat an  prince  avoir  416  lui-iBtaie  victtas 
du  coup  d'autorite  qui  ^olgpa  cet  homme  orgoeilleox  et 
faible.  Quand  le  due  d'Orieans  mounit ,  Fleory  ne  crot  pas 
le  moment  encore  fiivorable  pour  se  aaiair  de  I^aotoiiie.  0 
laissa  expedier  la  patentede  premier  ministre  an  doc  de  Boor- 
bon.  Cdni-ci,  entrain^  par  ses  paasloiis,  et  sans  capodtf, 
devait  cMer  k  FlnJhience  calme,  mais  souteoue  de  FleoTv. 
Onsait  comment  Pofgnefl  de  la  marqoise  de  Prie  cnleva  la 
couronne  de  France  It  one  soenr  do  due  de  Boorboa,  et  la 
donna  k  la  fine  du  roi  Stanislas  Lecanslii,  didai  do  trtes 
dePologne,  od  Pavait  fait  mooter  Charles  XII.  Ledoe  de 
BourlMD,  croyanttrooverunappoidansl^moarqaeLouisXV 
avait  pooroette  jeone  refaie,  vonlutfloigner  Fleory  do  conseil ; 
mais  celui-€l  se  rethra  k  sa  maison  de  campagoe  d^bai,  lieo 
de  retraite,  oo  pinsieors  fois  son  ambition  semUafoir  la  oour. 
D  en  fat  rappel^;  el  le  due  de  BooriHHi  perd^  son  aolorite. 

Fleory,  I^t6t  cardinal,  comment  k  gouvemer  lea  alEuies 
de  son  pays,  k  llnstant  oil  d'ordiaaire  on  cherdie  le  repos.  II 
avait  soixante4reize  ans.  Son  adnunistratioD  fat  calme  eC  sans 
genie.  Stanislas,  beau-pto  de  Louis  XT,  d^  noouoe  roi  dc 
Pologne  en  1 704,  futenooreeiQ  roi  en  1733.  La Rossie  ne  voo- 
lot  point  le  souflHr  sur  le  triVne,  et  le  cardinal  de  Fleary  ne 
soutint  pas  Ies  droits  qa^une  election  libre  donnait  an  p^ 
de  la  reine  de  France.  Une  petite  aimee  de  1,500  bonrnMs  se 
rendit  prisonni^  k  Dantzig,  et  le  marquis  de  Plelo ,  ambait- 
sadeur  ilte  France  en  Danemaric,  qui  I'avait  condoite,  mooral 
victime  de  la  politique  craintive  de  Fleury.  Cependaot,  la 
guerre  de  1735  vengea  la  France  de  cette  defaife :  cette 
guerre,  courte  et  c^orieuse,  livra  Naples  el  la  Sidle  k  doo 
Carlos;  la  Toscane  fot  promise  au  due  de  Lorraine,  et  la 
Lorraine  donnee  k  la  France.  Le  roi  Stanislas  y  regna  avec 
one  dooceur  qni  le  fit  aimer  des  peuples  auxqods  il  avait  4U 
impose.  Les  dispositons  padfiques  de  Fleary  n^empechftreot 
pas  la  guerre  de  ia  succession  de  C  h  arl  es  V  LIl  comment 
avec  repugnance  cette  lutte,  qui  changea  la  face  de  TEurope, 
donna  naissance  k  une  noovelle  poissanoe  earopeenne  (la 
Prusse),  et  affaiblit  la  France,  n  n'en  vitpaa  lalfai;  car  il 
mourut  en  1743 ,  &  prte  de  qnatre-vlngt-dix  ans.  II  etait 
membre  de^  r Academic  Fran^idse,  de  cdle  des  Sciences  et 
de  celle  des  Inscriptions  et  BeUes-Lettres.  Son  adnunistratlon 
interieure  avait  ete  faible  et  tracasdte.  II  n*avait  pas  so 
dominer  les  querelles  du  clerge,  et  la  suite  des  petits  coups 
d*£tat  qa*il  se  permit  augmenta  i'hiflueace  do  parlement, 
qui  pendant  la  regence  avait  plie  sous  la  volonte  du  due 
d'Orieans.  Fleury  est  le  trolsitoie  prfttre  qui  ait  gouvenie  li 
France.  II  n'avait  ni  les  talents  ni  les  vices  de  Hicbdieo  et 
de  Mazarin  :  il  ne  sat  pas  comme  enx  accomplir  on  but 
politique ;  son  seul  but  etait  de  vivre  heureux  et  trsnqoille : 
il  reussit ;  11  mourut  mtoie  k  temps,  et  echappa  aux  repro- 
dies  du  pays,  que  sa  faiblesse  avait  laisse  entralner  dans  one 
guerre  desastreuse.  Ernest  Dcsclozbaox. 

FLEURY  (J08bph-AbbabahB£NARD,  dU),  l\u  des 
meilleors  comediens  dont  la  sc&ne  fran^aise  conserve  le 
souvenir,  etait,  comme  Ton  dit  en  style  de  coolisses,  «a 
errant  de  la  balle,  Fils  de  deux  des  sojeta  de  la  troops 
comlque  qui  charmait  k  Luneville  les  loisirs  do  boo  roi 
Stanislas ,  il  y  naquit  vers  1750 ,  et  des  sa  septiteie  anoee 
on  le  fit  monter  sur  les  planches  poor  jooerdepcftits  riMes, 
dont  il  se  th«  fort  bien.  L'edncation  du  Jeane  aeteur  avait  ete 
tres-negligee;  en  revanche,  accudlU  dans  one  sodeie  k 
laquelle  donnaient  le  ton  les  Tressan,  les  Boofllers,  etc, 
II  s'y  forma  de  bonne  heure  k  cea  maniteea  disfingiees 
qu'il  devait  phis  tard  porter  i  un  si  haot  degr6.  Aprte  ao 
noviciat  heureux  sur  plusienrs  theatres  de  province,  il  viat 
debuter  k  la  Comedie-Fran^aise,  en  1772,  dana  I'Egistbe  de 
M6rope.  La  tragedie  n'etait  pofait  son  genre;  il  out  phis  de 
suoces  dans  les  Fausses  ij^fidSUUs.  Toutafoia,  son  admis- 
sion fut  ajoumee,  et  n^eut  lien  qoe  six  ana  plos  lard.  Ra(a  i 
notre  premier  thefttre  pour  y  jouer  an  emploi  oil  il  avait 
dcvant  lui  Bdcour ,  Mole  et  Monvd,  Fleary  sentit  qn*BB 
travail  assidu  devait  seconder  sa  profonde  intdligeBce;il  sut 
dompter  on  organe  rebdle,  corriger  une  pronondatioo  vi- 


FLEURY  —  FLEUVE 


49S 


cieoM,  aoEpi^rir  une  aisanoe  et  une  grftce  una  ^es. 
Bient6t,  sans  n^gjiger  les  autres  parties  de  son  emptoi,  on 
le  Tit  s'y  crter  one  sp^aliU  dans  laqaeUe  il  se  pia^  hors  de 
Ijgne :  ce  ftirent  les  r61es  de  petits-mattrefty  de  courtisans, 
de  manyais  sujets  de  la  grande  soddt^.  On  dte  encore  son 
persiflage  de  bon  ton^  son  fl^gante  fatuity,  sa  brillante  Im- 
pertinence dans  Lt  Ckevaiier  i  la  mode^  VHcmme  ft  bonnes 
fortunes^  les  marquis  du  Cercle  et  de  Turearet^  et  snrtoot 
dans  celui  de  L'ieoU  des  Bourgeois,  n  ne  fot  pas  moins  su- 
P^rienr  djms  quelques  antres  rAles  d'un  genre  tout  different, 
cntre  autres  dans  celui  du  grand  FrM^ric  des  Deux  Pages^ 
od  le  prince  Henri  applaudit  le  premier  k  cette  reproduction 
si  parCsite  de  son  illustre  frdre. 

Fleury  partagea  les  dangers  et  la  detention  de  plusieurs 
de  ses  camarades  du  Th^tre-Fran^ais,  sous  le  r^me  de  la 
Terreur;  ii  obtint  n^anmoins  sa  mise  en  liberty  avant  le  9 
Ibermidor.  Lui  seul  pouyait  consoler  le  public  de  la  retraite 
de  Mol^y  par  le  talent  atec  lequel  il  joua,  k  son  tour,  le  Mi' 
sanihrope^  le  M^hant,  le  Philosophe  marii,  et  les  autres 
personnages  du  grand  repertoire,  tout  en  pr6tant  son  appui 
k  une  foute  de  pieces  nouYelles,  dont  plus  d'une  fois  il  fit  seul 
le  succte.  De  fr^ents  ac(^  de  gootte  et  les  progrte  de 
TAge  le  d^termin^rent  k  quitter  la  sctoe  en  1818.  Les  regrets 
du  public,  I'estlme  quinsplralt  son  caractto,  le  suivirent 
dansle  modeste  asile  qu'U  atait  acquis  pr^  d'Ori^ns;  il  y 
est  mort,  plus  que  septuagtoaire,  le  5  mars  1822. 

On  a  public  des  iH^oires  de  Fleury ,  anxquels,  k  coup 
s6r ,  fl  n'a  coop^r^  que  par  quelques  notes  trouvdes  dans 
ses  papiers,  et  qui  du  reste,  par  lour  variety  assez  amusantc , 
sont  plut6t  ceux  de  la  fin  du  dix-huiti^e  si^le  que  les 
siens.  Ourrt. 

FLEURY  (AiM^E  ,  ducbesse  de),  ^tait  nte  comtesse 
SB  CoiGin,  et  porta  ce  nom  dans  sa  premiere  jeucesse , 
aind  que  dans  les  demi^res  annte  de  sa  vie ,  pr^^able- 
ment  k  celui  qu'elle  devait  k  son  manage  avec  le  due  de 
Fleury,  arri^re-petit-neveu  du  cardinal  de  ce  nom ,  lequel , 
en  1736,  avait  ftit  ^er  en  ducb^-pairie,  sous  le  litre  de 
Fleurff,  la  baronnle  de  P^rignani  appartenant  k  sa  famille. 
Cdtait  une  personne  d'esptit,  qui  fr^uentait  loutesles  bonnes 
eompagniesde  sod  temps.  N^  k  PariSyTers  1 776,  elle  6talt  d'&jk 
tr^remarqu^  pour  son  esprit  et  s%  beauts,  lorsque  la  r^vo- 
Intion,  Tayant  tronvte  noble  et  brillante  sur  sa  route,  la  jeta, 
on  ne  sait  sous  quelle  accusation,  dans  la  prison  de  Saint- 
Lazare.  G'^it  en  1794.  Le  po^  des  Mois^  Ro  ucber ,  le 
peintre  Soy^  et  Andr6  Chdnier,  y  ^talent  detenus  k  la 
m£me  ^poque.  Andr^  la  vit,  et  fnt  Tivement  Trapp^  de  sa 
beauts,  de  sa  grftce  touchantey  de  sa  noble  candeur,  et  beau* 
coop  aussi  ( k  ce  quMl  semble  par  les  vers  qu'elle  lui  inspira), 
de  son  naif  amour  de  la  vie  et  des  donees  plaintes  que  tirait  de 
son  sein  llmage  de  la  mort,  qu'elle  se  fignrait  planantmena- 
cante  sur  sa  tdte  ,  et  qu'elle  cberchait  k  doigner  par  toutes 
sortes  de  raisons  po^tiques  et  cbarmaotes.  On  connatt  le 
beau  chant  dans  le  goAt  antique,  qui  ^tait  le  goAt  aussi  de 
M"'  de  Coigny  (elle  lisait  Horace  en  latin);  on  connalt 
cetfe  ode,  d'nnThythme  inooi  alors,  oil  les  plaintes  que  Chenier 
m^  dans  laboucLe  de  la  jeune  captive  rev6tent  une  pompe 
d'expression,  une  riebesse  de  comparaisons  et  d'images,  qui 
jettent  on  charme  saisissant  sur  tonte  la  pi^ce  et  en  font  nn 
de<;  monuments  les  plus  distingu^  de  la  po^ie  fran^se. 

M"«  deCoigny  n^est  nolle  part  nonun^dans  cepoSme  tou- 
riiaot.  Gomme  Dante  taisant  le  nom  de  sa  B^trix  dans  la  Vita 
nuova,  Chenier  n*a  fliiit  que  d^igner  la  Muse  qui  lui  faispire 
ce  dernier  chant,  qui  est  comme  son  chant  du  cygne.  Mais  il 
.a  point  assez  bien  pour  que  hi  tradition  s'oi  soil  discr^tement 
conservfe  et  transmise  jusqu^^  nous.  La  Jeune  captive  tot 
imprim^  pour  la  premiere  fois  dans  VAlmanaeh  des  Muses 
de  Tan  it  (1796)  sur  une  oopie  communique  par  M"*  de  Coi- 
gny k  M^muc&ne  Lemercier.  Andr6  Chenier  a  encore 
adreaitf  k  M""  de  Coigny  d*autres  vers  oh  respire  bieo  toot  le 
Goeur  du  po^.  lis  sont  datds,  comme  le  chant  immortel,  de 
Saint'Lazare.  Le  poete,  on  le  sait,  fut  exdcut6  le  7  thermidor 
lii)  II.  M"*  la  comtesse  de  Coigny  (ut  sauvte  du  sort  de 


Chenier  par  le  9  thermidor ,  et  rien  ne  faisait  prteger 
qu^elle  ddt  bientdt  mourir  lors  de  la  publication,  en  1819,  des 
Ciuvres  du  po^  qui  Tavait  si  dignemeat  chantte.  EUe 
mourut  n^nmoins  pen  aprte,  belle  encore,  aussi  jeune 
par  Tesprit  et  par  le  cmur  qn'au  temps  de  Saint-Lazare. 

«  La  ducbesse  de  Flenry,  disait  M.  Lemerder,  avait  connu, 
par  sa  situation ,  tout  ce  que  r^l^gance,  la  d^Ucatesse  des 
biens^nces ,  les  grftces ,  donnaient  de  charmes  k  la  cour  de 
Versailles.  Depute  que  la  separation  d'avec  son  ^poux  lui 
avait  fiiit  reprendre  le  nom  de  son  p6re,  elle  avait  connn  tent 
ce  que  la  revolution  avait  fait  nattre  de  plus  int^ressant,  de 
plus  solide,  de  plus  6clair6  sur  les  affidres  et  snr  les  personnes 
qui  les  avaient  dirigte.  Ce  melange  d'instruction  mit  en 
valour  les  quality  naturelles  et  les  avantages  de  son  loca- 
tion ,  extraordinai  rement  soign^  £galement  familitoe  avec 
les  belles-lettres  fran^aises  et  latines,  elle  avait  tout  Tacquis 
d'un  homme.  Mais  le  savoir  en  die  n'^tait  jamais  pedant; 
elle  resta  toujours  femme ,  et  I'une  des  plus  aimables  de 
toutes.  Sa  conversation  ^datait  en  traits  piquants,  impr^vus 
et  originaux  :  elle  r^umait  toute  I'doquence  de  W^  de 
Stagl  en  qudques  mots  per^ants.  On  a  d*elle  un  roman 
anonyme  qui ,  sans  remporter  un  sucoto  d'ostentation,  atta- 
che, parce  qa'eUe  r<icrivit  d'une  plume  smcire  et  passlonnte. 
Elle  a  compost  des  m^moires  sur  nos  temps  et  une  collection 
de  portraits  sur  nos  contemporahis  les  plus  distingute  pat 
leur  rang  etpar  leors  lumi^res,  qd  r^ossirent  mieox, 
etant  vivement  tracte  et  pins  sinetoes  encore.  Nous  I'avons 
perdue  le  17  Janvier  1820.  » 

Le  roman  de  BT^  la  oomlessede  Coigny  dont  parte  Lemer- 
der, public  sons  le  voite  del'anonyme,  fut,  comme  ses  M^ttU)i 
res  et  ses  PortraUs^  foit  pour  un  clioix  d'amis  qui  enssent 
tenu  aistaent  dans  la  maisonde  Socrate,  si  Pon  en  jnge  parte 
chifTre  du  tirage  de  cette  osuvre,  devenue  par  \k  mtoie  actuelle- 
mentintrouvable:  Alvar^  td  estle  litre  [2  vol.  hi-12,  Paris, 
1818 ,  hnprimerie  de  Firmin  Didot]  ne  iiit  tir6  qu'4  viogt- 
dnq  exemphiires.  Get  oposcule  est  toit  avec  beaucoup  de 
simplidt^  d'un  style  vif  tontefoiSy  ingtoienx  et  pasdonn^, 
qui  rappdle  cdui  de  VOwriia  et  de  V^douard  de  M***  de 
Duras.  Charles  Roket. 

FLEURY  (Robert).  royesBoBERT-FusuRT. 

FLEUVE,  RIVimiE.  Suivant  les  g^ographes  francals, 
un  fleuve  est  un  courant  trop  condd^rable  pour  qu'on  le 
nomme  ruisseau,  et  dont  les  eaux  sont  vers^  imm^iate- 
ment  dans  la  mer.  Tout  coarant  de  m6me  grandeur,  qui  se  ter- 
mineraitk  un  antre  courant,  2i  on  be  ou  a  tout  autre  r^rvoir 
qui  neseralt  pas  une  mer,  porterdt  le  nom  de  ritHh'e,  Cette 
distinction  n'apas  6t6  (aite  dans  toutes  les  langues,  et  te  ndtre 
ne  Td^Merve  |^  toujours,  mAme  en  g^ographte.  Aind,  par 
exemple,  le  Niger  conserve  le  titre  do  fleuve,  quoiqu'on  ne 
lui  connaisse  point  de  communicatfon  avec  I'Oc^an.  Dans 
les  relations  des  voyages  de  d^convertes,  les  navigateurs 
nonuuent  ritH^res  tons  les  oouraats  dont  lis  ont  reconnu 
rembouchure  dans  la  mer,  sdl  qu'ils  ne  les  alent  vus  que 
de  loin,  soit  qn'ils  les  dent  remont^  pour  explorer  Fin-' 
t^eur  du  pays  quils  arrosent.  II  conviendrdt  peut-6tre  de 
renoncer  kl'emplddu  mot yZetive  comme  terme  sdentiflque 
et  de  le  remettre  k  te  disposition  de  la  litt^ture ,  comme 
il  retail  avant  que  la  g^raphie  s'en  emparit. 

En  jetant  les  yeux  sur  les  voies  naturelles  de  U  drcn- 
lation  des  eaux  sur  te  terre,on  con^it  ais^ment  pour- 
quoi  les  plus  grands  canaux  de  cette  circulation  sont  des 
fleuves ,  en  at^uant  k  ce  mot  te  sens  adopts  par  nos  gte- 
graphes.  On  a  repr^sent^  sur  des  tableaux  synoptiques  les 
plus  c^l^bres  de  ces  fleuves  avec  rindication  de  leurs 
principaux  affluents,  en  les  ptofant  par  ordre  de  grandeur; 
mds  11  ne  suffit  point  de  les  comparer  entre  eux  quant  k  V6' 
tendue  de  leur  oonrs  et  k  la  superfide  de  leur  bassin;  on 
ne  peutse  dispenser  de  tenir  compte  des  causes  diverses  qui 
contribuent  k  faire  varier  te  volume  des  eaux  qn'ils  versent 
dans  les  mers.  Comme  il  est  bien  prouv^  que  toutes  les  eaux 
courantes  tirent  leur  origine  des  pluies  qui  tombent  sur  U 
terre,  ilfautque  rhydrographie  mette  enoeuvreles  observi^ 


494 


FLEUVE 


Uoum^UorologiqiMs ,  etqoe  pour  eliaque  bMsitt  de  fleufe 
on  sacbe  quelle  est  le  qiiaittit4  moyenne  den  eaux  atmo- 
Aph^iqaes  r^panduei  car  cetle  eonlrt^.  On  n^aorait  certaine- 
iii«Dt  qu^une  tr^s-faurae  notion  do  fleuvc  des  Anmzones  si 
pour  le  comparer  &  la  Seine  on  se  bomait  an  rapport  en  ire  les 
deot  bessins :  comme  il  tombecinq  k  six  fois  antant  de  pluie 
sur  le  territolre  arros^  par  le  fleove  am^rleain  que  sur  le  sol 
dela  France,  on  doit  accrottre  proportionnellenient  ler^ultat 
de  la  premi6re  comparaiaon,  et  &eii  alom  que  I'imagfnation 
s*4tonne  en  essayant  de  se  repr^enter  lo  Tolunie  des  eaux 
port^  k  roc^an  par  un  seul  des  ilentes  du  Konveau- Monde. 
Tous  les  fleuvesde  TEurope  rinnis  dans  an  seul  canat  n^^ale* 
raient  pas,  a  beaocoup  prte,  ee  coorant  gtgantesque  donl  la 
sonde  ne  pent  atteindre  le  fond,  k  plusieors centalnes  de  Iieues 
aa*dessus  de  son  embouchure.  Quelle  est  done  la  forme  et 
rimoiense  profondeur  du  lit  creus^  par  eea  eanx  tenues  de 
si  loin ,  et  dont  la  masse  prodlgieuse  est  entretenue  par  des 
pluies  presque  eontinnelles?  On  ne  peut  douter  que  les  eaux 
de  roc4an  ne  reropUssent  en  grande  partie,  et  tres-lotn  dans 
rint^rieurdu  continent,  tout  Tespacequl  se  trouve  au-dessous 
de  leor  nivean  :  on  salt  qu^k  plusieurs  Iieues  au-dessus  de 
Tembouehure  dee  fleoves,  tela  que  la  Seine  ou  la  Loire,  les 
eaux  donees  conlent  sor  eelles  de  la  raer,  qui,  suiTant  les  lots 
de  rhydrostatique ,  ont  occupy  la  place  que  leur  pesanteur 
spMfique  leur  asslgne.  Cette observation  appliqui^e  au  fleuve 
dee  Amazones,  et  agrandie  conform^meot  aux  dimensions 
des  objets  compar&t,  anitoe  cette  conclusion  tmportante 
pour  lagdologie:  dans  le  m6me  tempe,  sur  des  terrains  conti- 
gus,  des  eaux  douees  et  des  eaox  saiees  superpose  les  unes 
aux  autresi  foment  les  prodtiits  qui  les  earad^risent,  et  qu^el- 
les  laisseront  en  t^moignage  de  leur  s^)oiir  preknigdstir  ces 
terrains.  Si  quelque  revolution  de  netre  globe  desstehe  et 
met  k  dteouvert  ces  formations ^videmmentcontemporaines, 
lesgMogues  des  temps futurs,  raisoimant  comme  ceux  d*au- 
jonrd'bui ,  essayerunt  peut-Mre  dMnlercaler  des  siftdes ,  de 
d^oouvrir  un  ordre  de  successioft ;  et  la  verit6  itera  pr(k:l<6- 
meut  ce  qu'iU  nepotirrontni  sou  pinner  ni  regarder  comme 
vraisemblable. 

11  ne  taut  pas  beaucoup  de  savoir  min^ralogique  poor 
d^montrer  que  les  eaux  courantes  ont  eu  plus  de  part  que 
les  fsux  souterrains  aux  modifrcations  successives  de  la  coo- 
che  superficielle  de  la  terre.  Levr  action  se  raanifeste  claire- 
ment ,  et  presque  partout ;  an  lien  que  ceHe  des  volcans  est 
confine  dans  quelqoea  ri^ions  06  Ton  trouve  aussi  des 
preoves  irr^cusables  du  pouvoir  que  les  oourants  y  ont 
exerc^.  Mais  ce  pouvoir,  dont  la  premi^  oeuvrt  fu(  le  cren- 
sement  du  lit  des  rivieres  et  des  valines,  parall  occupy  g6- 
n^raleroent,  et  depuis  un  grand  nombre  de  sitetes,  k  eombler 
les  profondeurs  quMl  avait  excav^,  k  exliaus&ef  par  des 
attcrrissements  suecessifs  les  terrains  dont  H  avatt  abaiss4  le 
nivean,  tandis  qu^il  eontinne  k  d^rader  les  montaghes  pouf 
en  transporter  les  M)ris  sur  les  plaines  et  J  usque  dans  le 
ba^in  dc&  mem.  Ce  second  travail  des  eaux  courantes  a 
fait  de  grands  progrto  dans  notre  continent ;  mais  ii  paraft 
iMins  avanc^  dans  I'autre,  qui  Justifie  k  cet  ^gard  son  titre 
de  Muveau'Monde,  Les  fleuves  de  TAm^ique  coulent 
entredes  rives  plus  ^lev^  que  le  fond  de  la  valMe  06  leor 
lit  est  creus^,  en  sorle  qne  les  eairx  dfiM>rd^  ne  peuvent  y 
reiitrer,et  ferment  de  vastesmaraisod  sontd^pos^  annuel le- 
mcnt  de  nouveaux  atterrisseroents,  des  arbres  d^racinc^s,  les 
v^taox  qui  couvraient  les  terres  entrafn^es. 

A  one  epoque  ant^rieure  aux  annales  de  toutes  les  nations, 
let  fleuves  de  PEtrrope  furent  dans  Tdtat  oii  nons  voyons 
aajoord*hui  lea  fleuves  am^ricains;  ce  fut  alors  que  de  grands 
depots  de  lignites  se  formirent  pr^  de  lenrs  bords;  ces 
debris  de  Tancienne  vegetation  sent  exploit^s  en  plusieurs 
lieux,  et  ceux  de  la  Seine  ont  €16  reconnus  jnsqu'aux  portes 
deParis.  Des  couelies  ^paisses  de  terre  v^getale,  aotf^^  dep6t 
lies  eaux ,  convrent  mafntenant  ces  bois  enfoids  et  plus  ou 
mehu  decomposes;  on  parviendrait  k  fixer  avec  unc  assez 
graude  probabilite  le  temps  necessaire  pour  operer  ces 
traAsfomatioos  du  sol,  si  Ton  s'astreignait  k  les  observer 


dorant  one  tongue  suHe  d*aimee8  aux  lleax  ob  \m  valhoet 
agents  continnent  k  les  produire. 

La  navigation  snr  les  rivieres  exfge  aassi  qnelqnes  appli- 
cations des  arts;  divers  obstacles  rinterrompeot;  des  p^ils 
caches  sous  Pean,  frequemment  deplaces,  et  qu^il  est  Impos- 
sible de  signaler,  ne  Ini  taissent  auame  securite.  Mais  on 
ne  lutiera  peut-etre  jamais  avec  perseverance  centre  les 
diflicuiies  de  cette  nature  :  le  people  qui  couvrit  l*£gypte  de 
monuments  gigantesques  lalssa  subshter  les  cataractes  do 
Sill ;  11  est  probable  que  les  bateaux  ne  franchiront  point  la 
perteduHhdne  pour  arriver  sur  le  lacde  Geneve;  que  la  navi* 
gation  du  Rhin  n'attelndra  jamais  le  lac  de  Constance  pour  le 
joindre  k  TOcean,  etc.  Cependant  Tart  des  iogeaieurs,  qui 
s'avance  k  grands  pas  vers  les  perfecUonnements  dont  il 
est  susceptible,  triomphera  de  la  rapidfte  des  conraots, 
comme  il  a  dejA  snrmonte  leS  antres  olntactes  opposes  aux 
transports  par  eau  :  les  bateaux  k  Tapem^  realiseront  toot 
ce  que  Ton  attend  de  la  puissance  de  leitrs  madrines. 

Presque  toutes  les  rivieres  ont  eu  besoin  que  Ton  y  fit 
qnelques  travaox  poor  qoe  les  bateaux  pussent  les  parconrlr 
facilement  et  sans  perils  :  celles  dont  les  e^ux  ne  sont  ni 
abondautes  ni  profondes  ne  peuvent  servir  qu'k  one  navigation 
artiOeielle,  et  par  consequent  elles  exigent  des  frais  d'entre- 
tien ;  il  paralt  done  equitable  de  soumettre  ianavigatloiii 
des  taxes  qui  acqoittent  les  depenses  qa'elle  entratne.  Mais 
on  demandera  si  dans  un  pays  oil  les  grandes  routes  soot 
faites  et  entretenues  aux  frais  de  l^tat  sans  que  le  roulage 
ait  ft  payer  des  droits  pour  l^usage  qu*il  faitde  ces  voles  de 
transport,  on  ne  devrait  pas  accorder  la  meme  faveor  anx 
transports  par  eau  ?  Les  rivieres  sont  aussi  des  voles  pobli- 
qucs :  la  nature  en  a  fait  presque  tous  les  frais ,  et  la  navi- 
gation ne  les  degrade  point 

Toutes  les  observations  attestent  que  dans  notre  conti- 
nent le  volume  des  eaux  en  circulation  sur  les  terres  k 
diminue  consideraMement,  que  des  lacs  ont  disparu,  que  le 
bassin  des  mers  tnterlenres  n^a  plus  qu^ine  partie  de  son 
andenne  grandeur.  Lea  progres  de  ce  dessechement  gradod 
pourraient  etre  ralentis  par  un  bon  emploi  des  eaux  qui 
nuus  restent.  II  s'agrt  d'augmenter,  aufanf  qull  est  possible, 
sor  toute  la  surface  de  la  terre,  la  consommation  de  ceiiquide 
pour  la  production  de  vegetaux  utiles,  qui  restrtoeront  dl- 
rectement  ii  Tatmosphere,  et  non  aux  rivieres  et  aux  mers, 
Teau  qu*ils  n^auront  pas  absorbee,  et  contribueront  ainsi  k  la 
formation  de  nnages  qui  retomberont  en  pluies  fecondantes. 
Les  rivieres  et  les  Oeuvesnenoos  rendent  service  qne  comme 
voies  navigables  et  cumme  reservcrfrs  foamissaiit  k  revapo- 
ration  et  k  nnfiltration  de  l*eao  dans  les  terres  :  pour  ces 
trois  sortes  d'utilite,  les  rivieres  artif)cielle«  ne  sont  nolle- 
ment  inferieures  aux  courants  naturels  qui  les  allmentent , 
et  la  navigation  leor  donne,  comme  on  le  salt,  one  preH^rence 
bien  meritee.  Plus  on  multlpliera  les  canaux  destines  I 
unc  bonne  distribution  des  eaux  sur  la  terre,  pfiw  on  vem 
decroltre  le  tribut  que  les  rivieres  portent  aux  ffnives,  d 
cdut  que  les  fleuves  payeirt  aut  mert,  phis  ausd  Pagrlcol 
tore  sera  florlssante,  la  terre  enrbellie  et  peupiee.  Yoib  ee 
que  nous  pouvons  obtemr  par  des  irrigations  biendlri- 
gees,  exeoitables  presqoe  partout,  et  qui  reeompenseraioit 
amplement  les  populations  qui  auraient  le  courage  de  les  en- 
treprendre  et  assez  de  perseverance  poor  les  achever. 

FeaaT. 

FLEUVE  ( Passage  d'un  ).  Avant  nos  guerres  de  la  Re- 
volution ,  te  passage  d'un  fVeuve  ou  d\me  riviere  etait  cod- 
sidere  comme  Tune  des  prindpales  operations  d*ane  cam- 
pagne.  Franchir  un  (leave,  defendre  oo  prendre  nne  place 
de  guerre  de  premier  ordre,  sunisaient  pour  etablir  la  re- 
putation d*un  chef.  Les  generaux  de  la  Repubique,  en 
iroprovisant  une  nouvelle  tactique,  chaogerent  qudquea-fmes 
des  vidlles  dispositions  relatives  au  passage  des  fleaves.  On 
s'etait  accoufume  k  emporter  des  positions  IbrmMahles  k 
la  baionnette,  on  aliabftua  aussi  k  passer  im  fleove  sans 
hesitation;  et  Texperienoe  demontra  que  ce  systeme,  sbM 
avec  sagadte  et  pnidence,  epargnalt  on  grind 


FLEUVE  —  FLIBUSTIERS 


40ii 


dliomines.  Cet  art»  les  ancient  TaTaient  poss^ld  aa  pins 
kaut  degr^.  Ctor  eut  le  premier  Thonneur  de  Iranchir  le 
Rliin  k  la  t^te  de  son  arro^,  raalgr^  les  nombreux  obstacles 
qiii  somblaieot  s^opposer  k  cette  entreprise  audacieuse.  Plus 
tardy  d'autres  passages  non  moins  t^m^raires  sur  le  m^me 
fleuTe  signal&rent  la  Talenr  des  descendants  de  ces  fiers 
Gaulois,  vaincus  par  la  tactiqiie  romalne.  C'est  ainsi  qu^en 
1672  DOS  armies  se  distingu^rent  k  Tolhuys,  nil  les  trou- 
pes de  la  maison  du  roi  pass^rent  le  Rhin  h  la  nage  et  au 
gu^;  k  DusseldorfT,  en  179!>;  k  Diersheim,  k  Neuwied  et  a 
Kelh,  en  1797;^  Reichlingen,eal799.  Pendant  nos  brillantes 
campagnes  de  17934  1814,  on  peat  encore  cittr  les  passages 
du  Danube,  de  la  Piave,  dn  Tagliamento,  du  P6,  de  la  Sieg, 
de  FAdige,  du  Goadalaviar,  du  Ni^men. 

Une  arm^e  ▼ictorieuse  franchit  un  fleuve  ou  nne  riYi^re 
pour  p^n^trer  dans  un  pays  ennemi  et  y  combattre  les  trou- 
pes qui  lui  sont  opposdes.  Une  arm^e  battue  et  en  retraite 
effectue  le  m6me  passage  aprte  la  perte  d^une  bataille,  ou 
lorsque  rennemi  se  pr^sente  ayec  des  forces  sup^^rleures. 
C*est  souyent  derri^re  cette  barri^re  flottante  qn*un  g^n^ral 
habile  Tient  atleudre  des  renforts.  Cependant,  il  est  des  cas 
i  la  gaerre  od  une  retraite  simul^  oblige  le  gto^ral  k  re- 
passer  un  fleuve  pour  inieux  tromper  son  adversaire  et 
renvelopper  dans  un  danger  imminent;  mais  ces  exemples 
sont  rares ;  fls  peuvent  d*ailleurs  compromettre  le  r^sultat 
d^nne  campagne  commence  avec  succ^s. 

On  a  souvent  mis  en  question  la  difP^rence  qui  peut  exis- 
ter  entre  Tart  de  defend  re  et  celui  d^attaquer  un  fleuve. 
«  Qooiqu'il  soit  plus  facile,  dit  Fauteur  de  Tarticle  Passage 
du  dictionnaire  militaire  de  VEncyclopMe  mithodiqxie, 
de  d^fendre  le  passage  d^une  riviere  que  de  le  forcer,  parce 
que  Tarm^e  qui  vent  Temp^cher  est  bien  moins  g^nde  dans 
itifl  inanocutres  et  ses  mouvements  que  celle  qui  veut  la  tra- 
verser, n^nmoins  il  arrive  que  ceiu)  qui  Pentreprend  r^us- 
sit  presque  toojours.  La  raison  en  est  sans  doute  qu*on  ignore 
b  plopart  des  avantages  de  la  defense,  qu*on  ne  p^nMre 
pas  asset  les  desseins  de  Tennemi ,  et  qu^on  se  laisse  (rom- 
per par  les  dispositions  simul^  quMl  fait  dans  an  endroit, 
tandfs  qu'il  effectue  le  passage  dans  un  autre,  sur  leqael 
on  ne  porte  aucune  attention.  « 

Les  armdes  ont  k  leur  suite  un-*  materiel  connu  sous  le 
Dom  ^iquipages  de  ponts^  nniquement  desUn6  anx  pas- 
sages des  fleuves  et  des  rivieres.  £n  1795,  on  a  cr^^  en 
France,  sous  la  dtoomination  depon^onnier;,  an  corps 
8i>^alement  affectd  k  Fentretien  des  ponts  de  bateaux  on 
pontons.  Avant  Finstitution  des  pontoniers,  Fartillerie  seule 
^taH  chargde  de  ce  service;  mais  cette  arroe,  pen  nombreuj^e 
alors,  se  voyait  forcte  d*7  employer  les  habitants  des  villes 
on  villages  situ^  sur  les  ri?es  des  fleuves.  Ces  auxiliaires 
ttsiedt  habituellement  pris  par  la  vole  de  r^uisitlon ;  c*^- 
tait  une  lev^  toujours  tr^-difllcile  en  pays  ennemi ,  et  qui 
avait  Finconv^nient  grave  de  compromettre  souvent  les 
op^tions  militaires  d^une  campagne.  D'un  autre  cdt^,  Fan- 
CTcn  materiel,  tr^s-loard,  pr^entait  le  doable  d^savantage 
de  gteer  la  marche  des  armies,  d^oCTrir  peu  de  soliditiS  et 
de  laire  cratndre  les  accidents  :  c^^taient  des  pontons  de 
cuivre,  port^  sar  des  haquets,  extrtoiement  lourds  et  tral- 
nis  par  nne  grande  quantit<$  de  clievaux ;  des  ponts  A  che- 
valets f  des  ponts  volants  sur  des  peanx  de  bouc,  des 
poitf«cfera(feauxsurdestonneaux,despon^<  dpilotis,  etc, 
etc.  Tons  ces  inconv^nients  ont  dispara  peu  k  peu  depuis 
Porganisation  des  pontonniers,  dontFliablletd  elFinstruction 
nndent  d*immense8  services.  Jamais  les  <k]urpages  de  ponts 
n'ont  M  aussi  l^ers,  aussi  facites  k  transporter  et  aussi 
bien  servls. 

Les  passages  de  fleuves  n*ont  pas  toujours  M  eflbctuds 
par  les  moyens  ordinaires.  L'cxemplc  de  1672  s*est  renou- 
vel^  aux  pas.^ges  de  la  Piave  et  du  Tagli«imento.  On  a  vu 
sur  ces  deux  fleuves  des  llgnes  dc  nageurs  fonuer  des  chat* 
MS  d*ane  rlVe  i  Fautre  pour  couper  le  courant  dc  Feau  ct 
(bciliter  le  passage,  qui  s^accoinplissait  sens  le  fen  de  Fartil- 
lerie el  de  la  numsquetcrie  ennemle.  Le  passage  d*un  pont 


exige  une  attaque  brusque  et  vfgonreuse,  sonteane  par  de 
Fartillerie;  les  masses  avancent  ensutte  au  pas  de  charge, 
et  forcent  le  passage.  Cclui  d*une  rivi^  se  fait  au  gu^ 
00  k  Faide  de  pontons;  celui  d'an  fleuve  est  toujoars  plus 
dinicile,  parce  quMl  exige  de  plus  grandes  precautions,  on 
plus  grand  d(^ploicment  de  forces  et  beaucoup  plus  de 
temps.  Dans  Fun  et  Fautre ,  on  gamit  la  rive  d'artillerie 
et  de  tirailleurs  {K)nr  ^carter  Fennemi  qui  defend  le  bord 
oppose.  Au  m6me  Instant,  des  embarcations  charg^es  d*hom- 
mes  d 'elite  passent  de  Fautre  cOte,  chassent  les  postes  et  se 
portent  en  avant.  C^est  pendant  ces  dispositions  que  Fon 
jette  les  ponts.  Sicard.  ' 

FLEUVES  et  RIVlfcRES  {Ugislatton),  Voyez  Eadx, 
CouRs  D*£AU  et  Navigation. 

FLEXIBILITI^.  Cette  qnalite  s'entend  partlcnliire- 
ment  des  corps  que  Fon  pent  ployer  sans  les  rompre;  et, 
^parlerd^une  mani^re  generate,  tons  les  corps  sont  doues 
de  cette  propriete ,  qui  ne  varie  que  par  le  plus  ou  le  moins, 
parce  que  tous  doivent  ceder  k  une  force  finie.  Tous  lea 
corps  de  la  nature  sont  flexiblcs,  parce  que  tous  sont  eias- 
tiques,  ou,  en  d*autres  termes,  parce  que  dans  tous  la 
force  de  cohesion  qui  maintient  unies  leurs  molecules  peat 
etre  combattue  par  d*autres  forces  qui  tendent  k  les  rap- 
procher  plus  etroitement  par  la  pression  ou  k  les  ecarter 
par  la  traction. 

Quelques  mots  suffiront  pour  expliquer  le  phenoro^ne 
de  la  flexibilite  :  prenons  une  tige  metallique  droite;  si, 
fixant  une  de  ses  extremites  dans  le  sens  vertical,  nous 
inclinons  Fautre  extremite  vers  la  terre,  de  maniire  k  cour- 
ber  la  tige  dans  toute  son  etendue,  on  comprend  que  dans 
cet  etat  les  molecules  de  la  parlie  superieure  de  la  tige 
eprouveront  une  forte  tension,  tandts  que  celles  qui  en 
forment  le  plan  inferieor  subiront  nne  pressfon  ou  rappro- 
chement moieculaire  non  moins  energique;  en  sorte  que 
d*un  cdte  ( le  plan  superieur)  il  y  aura  attraction  et  de  Fau- 
tre repolsion.  Ces  deux  paissances  egales ,  puisqu'elles  se 
partagcnt  tout  le  systeme  de  la  barre  metallique  en  deux 
plans  egaux,  combattraient  jasqu*li  rupture  la  force  de 
flexion  et  en  augmentant  toujours  proijortionnellement  k 
Fare  de  courbure  que  nous  leur  fmprimerions.  Si,  an  con- 
traire,  nous  abandonnons  Fextremiie  inclinee,  la  tige,  obeis 
sant  a  son  eiasticite,  revlendra,  par  on  mouvenient  rapide 
et  violent,  k  la  direction  verticale,  non  pas  d'on  premiei 
coup,  puisqu^clle  ddpassera  d^abord  son  bat,  mais  par  une 
suite  d*oscilIations  pressees  et  toujonrs  isochrones,  dont 
FelTet  sera  de  rendre  Fequilibre  aux  deux  forces  combattaes, 
Fattraction  et  la  repulsion. 

Tels  sont  les  phenom^nes  qoe  Fon  observe  dans  tous  les 
corps  doues  de  flexibilite.  lies  formes  de  figes  allongees 
sofit,  comme  on  voit,  un  moyen  de  developper  cette  pro- 
priete au  plus  Iiaut  degre,  ainsi  qu^nne  maniere  plus  ftivo* 
rable  pour  en  juger  exactement.  Les  ressortsen  eflbt, 
si  heureusement  appliques  k  tant  d'usages ,  ne  sont  autre 
chose  que  des  tiges  flex i hies,  rouMes  en  spirales  ou  en  vo- 
lutes, he  spiral  d'une  montre  en  est  nn  exerople  digne 
de  remarque  :  les  aiguilles  ne  marchent  que  par  un  eflbrt 
continuel  de  cette  petite  tige  d*acier  pour  revenir  k  son  etat 
primitif,  dont  elle  a  ete  une  fois  ecartee  en  la  roulant  de 
force  sur  un  cylindre  etroit. 

On  peut  evaluer  le  dcgre  de  ilexibilite  d*an  eorps  on  la  quan- 
tlte  dont  11  se  plote  avant  de  rompre,  de  deux  manl^res  i 
1*  soit  en  le  suspendant  par  les  deux  bouts,  et  comprimant 
fortement  son  milieu  par  des  poids  jusqu^^  ce  quil  se 
rompe,  mesurant  ensuite  la  fledie  de  sa  courbure  pour  la 
comparer  aux  poids  employes;  2**  en  coroprimant  fortement 
un  corps  jusqu'^  ce  qu'il  se  rompe,  et  mesurant  la  dimi- 
nution que  Fepais!^*ur  du  corps  eprouve  par  la  pression,  en 
tenant  roinpic  des  poids  employes.  E.  RicnEB. 

FLIBUSTIERS.  C'esl  une  histoire  aussi  curieuse  que 
mat  connuc  que  celle  de  ces  terribles  hommes  de  guerre, 
que  FEurope  n*a  longtemps  consider^  que  eomme  dVbscors 
dcumeuTs  de  mer.  Leur  nom  ttent-il  de  PangMs  fyhoat 


496 

ou  da  tntt^Jlibot,  tlffuAukibateauqtU  vole,  qui  voltige? 
Vient-fl  de  VdifsJiais  free  hooter  (franc  botioeur,  fribiutier)? 
CtBt  am  marina  k  nous  I'apprendre.  Des  hommes  de  race 
anglaise  et  fran^aise,  des  dtertean,  des  aventoriersy  des 
marroosy  oat  6\A  d'abord  oonnns,  dans  les  ties  de  TAnid- 
riqoe  m^ridionale,  sous  le  nom  6^  boueaniers,  nous 
avons  dit  ailieors  pourquoi.  Les  Espagnols  les  ayant  contra- 
ri6i  dans  leur  industrie,  et  ayant  d^truit  leors  petits  comp- 
toirs,  lis  tear  yoo^rent  ane  guerre  k  mort,  chang&rent  de 
Tie  et  se  firent  hommes  de  mer,  per  fas  et  ntfas.  Cest  de 
ce  moment  surtont  qnMls  s^hp^hreniflibustiers,  devinrent 
aossi  redontables  sur  an  il^ent  que  sar  rantre,  ^nn^rent 
rAmAriqne  par  one  aodace  qui  ne  se  dtoientit  jamais,  et  se 
livr^rent  avec  antant  de  braToure  qoe  de  cruaoii  k  la  cbasse 
aux  Espagnols ;  lis  les  d^terent  dans  les  Indes  ocddentales, 
jusqu'aux  ^poques  ou  la  France  et  TAngleterre  y  eurent 
fond^  des  6tablissements  stables.  Les  flibastiers  humOi^rent, 
par  des  exp^tions  brillantes,  les  ennemis  du  nom  fran- 
^.  Leors  oompagnies,  de  ving-cinq  k  trente  hommes, 
s*appelaient  nuUelotages ;  lis  8Mntitulaient>y*^es  de  la  c6te, 
et  6taient  qaalifi^  de  demons  de  la  mer  par  les  Espagnols. 
lis  Yiyaient  en  une  sorte  de  r^publique  h  demi  sauTage  : 
tels  matelotages  ne  possMaient  pour  toute  fortune  qu'un 
esquif ;  k  mesure  qoe  les  incursions  r^ussissaient,  ils  agran- 
dissaient  la  barqae  et  allaient  se  recruter  de  noaveaux 
marrons  k  Saint-Domingue  et  a  Cuba  :  ainsi  telle  de  leurs 
embarcations  devint  forte  de  150  bommes.  lis  y  voguaient 
k  del  ouTert.  Quand  eUe  ne  pou^ait  plus  les  contenir,  ils 
essaimaient  en  nouyeanx  matelotages.  lis  se  retiraient  dans 
des  rades  inhabit^  peu  connues,  que  les  Anglais  appelaient 
keys;  ils  y  cachaient  leurs  prises  et  y  enteiraient  leurs 
doublons,  leurs  dollars,  quand  ils  n^avaient  pas  Toccasion, 
la  fiMulit^  de  les  dissiper  en  ondes,  en  d^bauchesy  soivant 
la  coutume  des  pirates.  Plus  d*un  tr^r  est  rest^  enfoul 
dans  des  Hots,  loin  des  lieax  od  sont  all^  p^rir  de  p6cu- 
nieux  brigands,  qui  ne  connaissaient  qu'nne  tadique  de 
mer,  Pabordage;  qu'one  tactique  de  terre,  Tassaut.  Lours 
lois  ayaient  aortoot  en  yue  le  partage  do  butin  :  leur  his- 
toire  est  nn  tisso  des  dissensions  qui  s*^ouyaient  k  ce 
•ujet. 

Loois  Xni  nomma,  en  1637,  gpayemeur  de  la  Martini- 
que le  capitaine  Duparquet,  qoe  les  fllbustiers  s*d(aient 
donn^  poor  cher.  Trois  ans  plos  tard,  des  flibnstiers  yenus 
de  Normandie  fondant  Saint-Domingue.  Un  Dieppois, 
DommA  Legrand ,  deyenu  possessenr,  lui  yingt-neuyitoie , 
tfon  bateau  umt  de  quatre  mauvais  canons,  se  jette  sur 
le  yice-amiral  des  gallons,  fait  sombrer  la  frtie  embarca- 
tfon  du  matelotage  en  la  quittant  poor  s*^lancer  sur  le  bord 
ennend,  etse  rend  mattre,  en  quelques  instants ,  d'un  ridie 
et  pDisauit  hatit-bord.  PdUr  de  petites  trayers^es,  les  fll- 
bustiers a'abandonnaient,  dans  une  barque,  aux  caprices 
de  la  mer.  Cinquante  s'ayentorent  sur  un  simple  canot 
dans  lamerdu  Sud,  portent  le  cap  jusqu*en  Californie, 
s'engagent  dans  les  eanx  de  la  mer  du  Nord,  et  accoinplis-* 
sent, soos des  vents  contralres,  one  traverse  de  plus  de  2,000 
lieues;  ils  cbangent  de  direction  ao  cap  de  Magellan,  fileut 
yers  le  P^rvu,  prennent  terre  au  port  dlaocka,  s*y  empa- 
rent  ^Pun  bAtiment  de  guerre  od  plosieurs  millions  ^talent 
embarqo^,  et  se  remettent  en  mer,  possesseurs  d'un  vais- 
seao  de  premier  rang.  Maracalbo  fut  one  des  premieres 
villas  qoi  se  yirent  insolter  par  one  arm^e  de  400  flibus- 
tieES,  troupe  la  plus  considerable  quMls  eossent  po  encore 
lassonbler;  ils  emportdrent  la  place  et  lamirent  k  ran^on. 
Cetait  r^poqne  od  se  rendaient  cddbres  les  flibostiers  an- 
glab  Mansfield  el  Morgan,  Barthflemy ,  le  portugais.  Roe, 
Dayid,  Graff  et  Van  der  Horn,  Ilollandais,  Michel,  le  Basque, 
et  les  Fraacaia  Nan,  TOlonnais,  Montanband,  Francis 
Grandmoat,  et  Monbars,  dit  rsxtermknateur ;  1,300  fli- 
bustiers  frin^  se  portent  sor  la  Yera-Croz,  s*en  rendent 
maltreSy  en  1683,  y  saisissent  1,M0  esdayes  et  les  enun^ 
nent  audaeieosement  A  trayera  la  flotte  d^Espagne,  sans 
quelle  ose  les  mqui^t^. 


FLIBUSTIERS  —  FLINT 


La  poissance  croissante  de  ces  bandits  leor  permit  da 
menacer  le  Ptoo  :  nn  empire  nouveao  allait  peut*%e  y 
6tre  fond^  par  eux.  Ils  ^talent  parrenus  k  r^unir,  poor  eetle 
entreprise,  4,000  hommes ;  les  Espagnols  deyenaient  chaque 
Jour  plus  inhabiles  k  leur  r^slster,  et  se  yoyaient  pr^  d*^ 
subjugu^  s'ils  n'eufsent  eo  poor  aoxiUaires  les  tempfttes, 
les  naufrages  et  rinsalobrit^  do  dimat  Des  actions  sans 
utility,  de  sanglantes  d^yastatfons,  fdrent  toot  le  r^ltat 
de  cette  entreprise,  que  firent  ayorter  sortout  rindisdpline, 
de  r^voltants  ddsordres,  de  bldeoses  d^banches.  Un  lUbos- 
tier  fran^  traverse,  yers  les  m£mes  ^poqoes,  la  nwr  da 
Nord,  avec  1,000  soldats  :  Camp6che  et  sa  dtadelle  sent 
par  lui  insults,  pris,  incendi^.  Qu'on  ne  cherche  pas  dans 
les  r^dts  qui  concement  ces  loups  de  mer  I'exactitude  des 
dates,  la  precision  des  noms  propres,  la  marthe  politique 
de  ces  boucberies :  de  pardls  hommes,  on  le  oon^oit,  nV 
yaient  point  d^annalistes ,  et  yiyaient  au  jour  le  jour.  Mais  an 
temps  od  nous  arriyons  les  foits  s'dclaircissent ;  Loois  XIY 
permet,  en  1697,  Tarmement  de  plusieurs  oorsaires,  qui 
partejit  des  ports  de  Ftance,  prot^gfe  par  sept  yaisseaux  de 
ligne;  Carthag^ne  ^tait  le  but  de  Pexp^dition  :  c'^tait  alon 
la  yille  la  plus  opulente  et  la  mieox  foitifite  do  monde. 
L'escadre  fran^ise  en  entreprend  le  si^e,  qui  peot-ttre 
eiit  ^chou^  si  les  flibnstiers  n'eussent  ^  \k  pour  didder 
le  socc^.  A  peine  la  br^e  est-dle  entam^,  quits  s^y 
prMpitent,  grayissent  tous  les  ouvrages,  les  cooronnent  el 
les  frandiissent.  Ce  fut  la  derniire  palme  coeillie  par  oes 
bandits  indomptables,  troope  sans  approvisionnements,  li^ 
ros  sans  patrie,  mais  alt^rtSs  do  sang  et  de  Per  espagnols. 
Ayant  de  disparattre,  ils  accomplicent  aux  Indes  ce  que 
TAngleterre,  la  France,  la  HoUande,  avaient  tent^  yaioc- 
ment.  G«i  Baroir. 

FLIGrFLAC,  mot  par  leqod,  on  dMgne  on  pas 
de  danse  oo  on  entrechat  Imitant  le  moovemeilt  altematif 
d'on  fouet  frappant  Tair  k  droite  et  k  gaoche,  et  ftisaot  en- 
tendre 00  deviner  on  broit  trte>faible,  assez  analogue  k 
cdui  qoi  est  exprim^  par  cette  onomatop^  Aujouidliai 
qu^on  ne  connatt  plus  que  la  contredanse  marchie  et 
tranquille,  oo  les  emportcments  foogoeox  de  la  yalse  oo 
du  galop,  on  ne  pent  phis  parler  du  flic-flac  qoe  pour  m^ 
moire  i  les  entrechats  sont  abandonn^s  aox  danseors  et 
danseoses  de  thdfttre. 

FLINSBERG,  bourg  renomm^  par  ses  eaux  min^rales, 
est  sito^  dans  le  cerde  de  Lnvenberg,  arrondissement  de 
Uegnita,  province  de  Sil6iie  (Prosse),  dana  la  vallfe  do 
Qoeis,  k  444  mitres  au-dessus  du  niveau  de  la  Baltique, 
ao  pied  de  Vlserhamm^  montagne  de  1,149  m£tresd*^^- 
yation.  En  y  comprenant  le  hameao  dlser  qui  en  depend, 
sa  popolatloB  est  de  1,700  Iiabitanls.  On  y  trooye  one^gliM 
catholique  et  on  temple  protestant.  Ses  cdibres  eaox  ferrn- 
gineoses,  connoes  d^  le  seiziime  siteic  sous  le  nom  de 
Sources  sainteSf  ne  furent  recuelllies  qu^en  1754,  et  se 
prennent  atgourd^ui  sons  forme  de  boisson  et  comme 
bains.  On  les  recommande  pour  les  maladies  des  femmes, 
riiypocondrie,  etc. 

FLINT9  le  plus  petit  des  comtfe  de  la  prindpaot^  de 
G  a  lies,  dont  11  forme  Textrtoiil^  nord-est,  se  compose  de 
deux  parties  s^rdes  par  le  comt^  de  Denbigh ,  la  plus 
grande  ao  nord  entre  la  mer  dlrlande,  rembouchore  de  la 
Dte  et  lea  coml^  de  Chester  et  de  Denbigh ,  et  la  plos  petite 
ao  sod  entre  les  comt^  de  Denbigh ,  de  Chester  et  de  Shrop. 
Sa  superfide  est  de7  1/2  myriamitres  carr^,  et  est  diviste 
en  5  hundreds  et  28paroisses ;  il  compte  72,000  liahitants  et 
dlit  trois  membres  do  parlement  Le  comtd  de  Flint  est  la 
partie  la  moins  DMrntagneosedo  pays  de  Galley,  et  presents 
une  agr^aUesocoession  de  collines  rodieuses  (la  pins  tie- 
v^,  le  Garreq-Mountain  ^  n'a  pas  plus  de  260  metres 
de  hauteut )  et  de  valines  fertiles  et  pittoresques.  Ses  coon 
d'eau  les  plos  importants  sont  la  Dte  k  Test,  et  TAlen  daas 
la  yall^  de  Mold ,  amsi  qoe  TElwyd  k  TouesU  Dans  tes  has- 
fondSy  les  tenes  k  froroent  altement  avec  Ics  p&turages  et  lo 
de  bois ;  et,  tootes  proportions  gafd^  on  peal  dine 


FLINT  —  FLOCON 


497 


qaeee  oomM  ett  la  plM  Mile  da  pays  de  GtU«.  h»  pro- 
dnlU  da  rtgne  odotel  lomMot  i^ioe  des  prindpaltt  soarces 
de  ridwsaeede  oette  eoolrte.  Le  bene  hooiUier  qui  ae  pro- 
1OII0B  le  kmg  det  rifet  de  la  Dte  a  pour  base  de  la  piem 
ealnire  eartMoiate  et  des  ooaehes  de  ee  centimMres  k 
5  mtees  d'^paisseor.  U  y  exJsle  dea  haots  fourneaai  ao- 
trefob  c6Mbr«e;  aiah  la  ooDCorreoce  dea  baota  foonieaax 
d*^ROsse  leor  a  fnt  beaoeoop  de  tort  En  retancbe,  on  tire 
maintcnant  dn  cuiYxe  ct  da  Titriol  des  mines  d'Holywell,  el 
sorCottI  da  pkxnb  de  celles  de  IJan*y-Pander.  On  y  troaTe 
aoMi  de  la  calamine  et  de  la  faasse  galtee  ou  solfure  de 
sine.  Ootre  I'^te  da  b^tail  el  I'eiploitation  des  mines ,  la 
popolation  a  encore  poor  prindpales  indastries  la  fiibrication. 
dea  MoilBa  de  cotun ,  des  poleries  el  la  preparation  da  sel 
maria. 

Flinty  sur  la  IMe,  cbeMlea  de  ce  oomt^,  est  on  bourg  de 
3,000  babltanta,  trte-fMqaent^,  k  canse  de  ses  bains  de  mer , 
jadia  ffortiii^y  et  aa  voisinage  doqad  on  Yoit  encore  aqjoar- 
d'boi  les  raines  da  cb&tean  od  Ricbard  II  fiit  detenu  et  c6- 
da,  en  1399,  sa  cooronne  k  Henri  IV.  ffoljfwell ,  ville  de 
10,000  Ames^  est  one  locality  aatrement  importante  de  ce 
cumt^i  et  ses  babitants  atilisent  son  petit  port  poor  faire  an 
commereey  qd  prend  toiyoars  plas  d'extension.  Moid  on 
Mkmld  est  one  industrieoscTille  de  9,000  babitants.  On  en 
compte  6,000  k  Bawarden^edattt  d*ane  importante  fabri- 
cation de  poteries.  Saint- AMaph^  dont  les  2,000  babitants 
traTaHleat  pour  la  plapart  dans  les  mines  de  plomb  da  toI- 
sini^,  est  le  si^  d*an  ^teb^,  atee  one  belle  catb^drale 
et  on  palais  Episcopal. 

FLINIVGLASS.  Cetle  matl^,  dont  le  nom  signifie 
en  anglais  vtrre  de  eaUlou,  est  un  cristal  artifidel,  dont  on 
fait  les  objectife  des  Innettes  acbromatiqaes  {voyei  Acnao- 
haiwie),  les  gobelets  en  cristel,  les  omements  des  las- 
treSy  etc  Lea  Anglais  sgnt  les  premiers  qui  aient  fobriqu^ 
da  Jlint'gUus  STec  soccte  :  jasqu*aa  commencement  de 
oe  sitele,  nos  optidens  tiraient  de  ce  pays  tout  celui  quails 
employalent  dans  la  confection  de  ieurs  objectifii.  M.  d'Arti- 
goes  est  le  premier  en  France  qui  en  ait  obtena  des  mor- 
ceaux  aasei  gros  et  assea  purs  pour  en  tirer  des  objectifs 
d*aa  dddmitre  de  diam&tre.  Depols,  M.  Goinand  est  parrenu 
k  fondre  des  masses  de  flint-glass  asses  yoluminenses  et 
assci  diapbanes  pour  foomir  des  objectils  ayant  Jusqa*^  trois 
d^mttres  de  diamitre. 

MM.  d*Artigaes  et  Caucbois  ont  proov^,  par  de  nom- 
breuses  exp^knces,  qu'on  obtient  sooTent  du  flintp^iass 
propre  i  fidre  des  yerres  d'optlqae  trte-satUfaisants ,  en 
fondant  ensemble :  sable,  6  parties;  minium,  5;  potasse,  2, 
Le  poids  sp^dfiqoe  do  cristal  qui  r^ulte  de  cette  composi- 
tion est  S,15  k  3,20.  Tb^nard  donne  cette  autre  compo- 
sitioa  du  flint-glass  :  sable  Uanc,  100  parties;  oxyde  rouge 
de  plomb,  SO  i  8S;  potasse  calcin6e  et  nn  pea  airie,  35  k 
40 ;  nitre  de  premise  cuite,  2^3;  oxyde  de  mangante,  0,06. 

FLOG  on  FLOQUET.  Voyez  CrOCAana. 

FLOCON  ( FEaniNASiD ),  merobre  du  gouvemement 
profisoire  et  dePassembtte  nationale  en  1846,  ex-roinistre 
da  commerce,  est  n^  en  1802,  ii  Paris.  Attach^  dte  1825 
pour  le  compte-rendu  des  stances  de  la  cbambre  k  la  re- 
daction dn  Courtier  Francois,  eik  partir  de  la  revolution  de 
Juillet  k  cdle  da  Conjfi^ti^ionne/,  il  se  risigna  stoiquement 
k  Y^geter  ainsi  pendant  plus  de  Tingt  ana  dans  lea  bas-fonds 
de  la  presse  periodiqoe,  snccessiTement  wM  k  divers  corn- 
plots  bien  ten^breux  centre  legoovemeroent  de  la  brancbe 
atn^e  ou  celui  de  la  brancbe  cadette,  toujonrs  oordls  d'ail- 
leofs  arec  assei  de  prudence  par  Ieurs  principanx  fauteurs 
poor  pouToir  6tre  denies  le  jour  oil  la  police  jugeait  utile 
de  les  ^venter;  et  il  consacrait  les  loisirs  que  lui  laissait  sa 
profiBSsloo  de  stenographe  k  faire  de  la  propaganda  au  profit 
de  lld^e  rivolotioniiaire  parmi  les  classes  de  U  population 
qd  ecbappent  k  Taction  direde  de  la  presse.  Tant  d'abn4ga- 
tion  d'une  part  et  de  devouement  do  Tautre  re^urent  enfin 
kur  recompense  en  1846|,  epoque  ou  il  fut  appeie  k  prendre 
Mcr.  M  LA  aNiifiBa.  -^  t.  ix. 


la  redaction  en  cbef  de  La  Rifotme^  journal  fbnde  alors  par 
les  okenears  de  la  fraction  la  plus  avanoee  du  parii  demo- 
cratiqaey  aox  yeux  de  qui  I'attitnde  gaidee  par  Le  NaUonai 
dans  la  bmeuse  question  des  forti  fications  de  Paris 
etaitdevenoe  une  insigne  trabison.  LaB^forme  servit  anssitOt 
d'organe  aux  coieres  et  anx  esperances  des  eulotteurs  de 
p<|Mff ;  mais  les  efforts  tentes  poor  etendre  son  cerded^acUon 
et  dMnfluence  en  dehors  de  cette  dienteie  toute  speciale  de- 
meurftrent  inutiles.  Ce  n*etaitponrtant  pas,  certes,  le  patrio- 
tisme  incorrupUble  d  immacuie  qui  faisait  deOiut  aux  redao- 
teurs  dela  fedlle  nouveUe,  tons  ecrirainsplus  remarquables 
sanadoatepar  ledebrailie  essentieUement  democratique  de 
leur  costume,  que  par  roriglndite  de  lears  pensees  d  de  leur 
style;  en  revanche,  tons  conspirateurs  emeritea,  toosayant 
figure  avec  plus  on  moins  d*edd  dans  qodque  procte  politi- 
que. Mais  les  convictions ,  d  sfaiceres  qaTelles  puissent  etre, 
d  ardentes  qn*on  les  suppose,  ne  sauraient  suppieer  le  tdent 
d^ecrire.  Aussi  jamds  les  gens  dn  roi  ne  purent-ils  se  dedder 
Il  prendre  le  jonmalde  M.  Flooon  assez  an  serieux  pour  I'hono- 
rer  d^une  saisie.  Tootes  les  ponrsuites  Jodidaires,  messittirs  dn 
parquet  les  reservdent  avec  une  revoltante  partiallte  pour  les 
taions  rouges  du  JVo/ioiuif,  Joumd  redige  par  dea  muscadins 
faisant  dn  foyer  de  I'Opera  et  de  cdui  des  Bouffes  Ieurs  gde- 
ries  babitndles,  publidstes  II  la  mdn  too  jours  gantee,  Il  la  fenue 
Irreprochable,  chei  qui  une  faiconteslable  babilete  compensdt 
ce  que  leur  passe  avail  d'equivoqne  en  memo  temps  qu'elte 
leur  tendt  lieu  de  foi  poliUqne.  Qoand,  dans  Taprto-midi  du 
24  fevrier  1848,  ceux-d  se  trouverent  les  arbitresdes  des- 
tlnees  de  la  France,  ce  ne  ftit  ni  sans  une  certaine  bedta- 
tion  ni  memo  sans  uue  vive  repugnance,  qa*ils  se  dedd^ 
rent  k  admettre  lea  bommes  de  La  R^forme  ao  partage  du 
ponvoir  souverain ;  d  dans  les  premiers  ades  offldds  pu- 
blies  k  ce  moment,  M.  Flocon  ne  se  trouve  dddgne  que 
comme  Tun  des  ieeritairee  du  goovemement  provisoire. 
Dans  cette  dedaigneuse  exdudon  il  y  avail  le  germe  de 
bien  redoutables  teropdea  :  or,  le  besoin  de  f  union  se  fd- 
sdt  dors  plos  imperieusement  sentir  que  Jamais.  On  sa- 
crifia  done  de  part  d  d'autre  ses  defiances  et  ses  rancunes 
sur  l*autd  de  la  patrie.  On  a'embrassa  fratemdlement ;  d 
M.  Flocon,  qui,  en  raison  du  ndoire  etat  de  penurie  de  k 
caisse  de  La  Rtforme^  n'etdt  pas  bieif  sOr  quarante-huK 
benres  anpa  vant  de  peroevoir  &  la  fin  de  ce  ineroe  moia 
de  levrler  le  medeste  traitement  mensuel  de  200  francs  at- 
tache k  son  titn:  de  redacteur  en  cbef,  appde  roaintenant 
au  poste  de  ministre  du  commerce,  eut  en  outre  votx  deiibe- 
rative  dans  le  gouvemement  provisoire,  toot  comme  son  se- 
millantrivdM.  Armand  M  arras t.  Une  justice  k  lul  rendre 
d^ailleurs,  c*est  quMl  se  montra  bien  moins  readeur  qu^on 
aurait  pa  s'y  attendre.  Ceux  des  employes  de  son  d^parte- 
ment  qd  se  mirent  k  crier  bien  fort  Vive  la  ripublique  t 
( d  on  ne  compta  pas  plos  de  dnq  ou  six  voix  discordantes) 
forent,  aux  differents  degres  de  la  hierarchic ,  amnisties  par 
Id  de  leur  passe  monarcldque  d  maintenus  dans  Ieurs  places 
ou  Ieurs  sinecures,  comme  s*iln*y  avdt  eu  rien  de  change  en 
France.  Aprte  cela ,  qui  ponrrdt  lui  (dre  on  crime  d'avoir 
cbaudement  recommande  k  qndques-uns  de  ses  coUegues 
certdns  patriotes  eprooves  dont,  en  rdson  de  la  specia- 
lite  d  bomee  de  son  departement,  11  regrettdt  de  ne  pou- 
voir  lui-meme  utiliser  le  xde  d  le  devouementf  Qui  ose- 
rdl  Id  reprocher,  par  excmple,  de  s'etre  soovenu  de  son  pire 
an  milieu  de  ses  grandeurs  d  de  ses  prosperftes  inespeirees 
et  d*avoir  fait  passer  d*embiee  ce  vidUard  directeur  de  I'ad- 
ministration  des  lignes  teiegraphiques ,  dans  laqodle  il  oc- 
cupdt  depuis  plus  de  quarante  ana  un  modeste  emploi? 

A  nos  yeux,  untort  plus  grave  denotre  faroncbe  reforma- 
tenr,  c'est  d'avoir  cm  que  tout  etdt  pour  le  mienx  dans  ce 
mdllear  dea  mondes  possible  dte  quH  s'dtdt  vn  appeie 
k  tenir  un  portefeoille  avec  80,000  ir.  d'appdnlements  et 
12,000  fr.  de  frais  d'installation.  II  pardt  que  son  optimisme 
si  subK  ne  fut  pas  partage,  k  beaucoup  prte,  par  loos  ses  an- 
dens  amis  pditiques.  II  y  eut  dors  en  dfd  d4mmenses  desap 
pointementSy  notamment  parmi  lea  babitoes  de  restaminil 

53 


49S 


FLOCON  ^  FLODOARD 


Salni0'Agniit  siMrn^J.-J.  RoiiMflao»  it  peo  de  distance  des 
boiwoxdelf  A<f«niM»  et  f Btqiiaitf  par  le»  teriTaias  attap 
ebteiicetti  feiiiUe..I<e  r^ladenr  en  dief  de  Xa  J?<A>rtt^ 
n*afalt  pas  plus  (01 4U  Install  ii  11i6teldela  rae  de  VarsDnes, 
que  les  fiir»  ei  ami$,  qnais  que  fussent  lean  antece- 
dents, s*j  etalent  Men  vite  rues  k  la  cures  des  places 
anxqiieUesiaur  ?isHX  patriotisme  et  leurs  souOnnoes  poor  la 
patrie  lenr  doonaieot  tant  de  titles.  Mais  la.  pliipart  s^en 
etaient  ¥iis  impitojablement  repousses,  en  tertu  d'ordres 
sopf$riears»  par  le  suifse,  transrorme  maintenant  en  modeste 
portier,  mate  demeure  aussi  reiMurbatif  que  all  at  alt  conti- 
nue k  teair  la  haliebarde  et  h  porter  une  formidable  epte 
enibrD^»ee  dans,  le  large  baudrier  traditlonnel.  Les  plus 
a¥ises»  les  plus  Huets,  qui,  for^ant  la  consigne,  paninrent 
jusqu*^  raaticbambre,  et,  de  guerre  lasse,  arracberent  la  Ca- 
Yeur  de  quelques  minutes  d*audience,  cean-U  trouTerent 
dans  le  citoyen  Fiocon  un  ministre  tout  aussl  gourme 
que  ponvaient  retre  oeui  d«  regime .  precedent.  Atcc  un 
indescriptible  aplombv  il  leor  fit  la  morale  sor  le  triste  de- 
menti que,  dans  un.  moment  de  iaiblesseet  d'egarement,  ils 
donnaient  ii  leur  passe,  si  beau  et  si  pur,  en  Tenant  ainsi 
roendier  dos  emplois  publics;  puis,  les  rappelant  an  respect 
d'eux-memes,  ettemperaotparde  fratemeiles  poignees  de 
main,  ce  que  ses  reprocbes  avaient  de  paternellement  se- 
vere, il  les  renfoja,  a?e6  un  sourire  plein  de  bienTeillance 
et  en  leur  proroettant  le  secret,  k  raccomplissement  de 
leur  missioa  humaaitaire  et  sociale.  Honteux  et  conius, 
nossoUiciteurs  econdoitsgacder^td^abord  le  silence;  mais 
peu  k  pen  ils  ae  firent  reciproquement  confidence  de  l^r  de- 
conveaue.  II  ne  leur  fot  pasdinicile  de  reconnattre  quails 
ayaient  ete  indigneoient  beimes,  et  alors  la  rage  de  tous  no 
connut  plus  delimites.  On  dedara  toutd'une^oix  le  citoffen 
minislre  traltre  ^  la  nation;  et,  en  attendant  mieox,  un 
niannequin  k  son  effigie  fnt  un  soir  brikie  dans  le  jardin  de 
Testamlnet  Sainte-Affoes  aux  cris  mille  foisrepeies  de  Vive 
la  r^bliquil  Ce  cbAtiment  preparatoire  parut  encore  in- 
suffisant;  et  pour  attacber  un  Indeiebile  stigmate  k  son 
nom ,  desormais  impur  et  proscrit,  la  fideie  bomffarde  de 
Ferdinand  Fiocon  Alt  solennelleaient  detachee  du  rAtelier 
commun  dont  elle  etait  aagoAre  I'un  des  plus  beaux  ome-'^ 
meats,  et  clouee  au-dessos  du  tableau  d^ardoise  k  I'usage 
du  grand  Ullard,  aToe  cette  InscripUon :  Pn»B  no  tbaItre. 
On  Toit  combien  Mirabeau  ayait  raison  de  s^ecrier  un  jour 
que  du  Capitole  i  la  rocbe  Tarpeienne  il  n'y  a  qu*un  pas. 

Quoique  frappe  maintenant,  parmi  ses  anciens  complices, 
d'une  impopulaiite  profonde  et  meritee,  M*  Fiocon  n'eu  Tit 
pas  moini,  lors  des  elections  pour  la  Constituante ,  son  nom 
sortir  de  Tume  avec  une  fanposante  mi^orHe,  comma  il 
arriva  da  reste  k  tons  ceux  de  ses  coliegues  du  gouf eme- 
ment  proTisoire.  11  brills  peu  k  I'assembiee;  on  tromra  sou- 
Terainement  ridicules  les  pbrases  sentendenses  qo'il  Tint 
quelquefois  prononcer  k  la  tribane,  dcTenoe  poor  ioi  et  tant 
d'autres  le  plus  perfide  des  ecueils.  A  ee  propos,  qui  ne  se  rap- 
nelle  le  sucote  derire  fou  qu'obtint  one  fois  Torateor  par  une 
digression  asses mal  habile,  k  Taide de laqoelle  il erutpoo- 
Toir  faire  reioge  de  la  steaograpliie  et  des  iaoommeosurables 
-  serrices  que  eet  art  diyin  rendra  un  jonr  k  la  caose  du  pro. 
grte?  La  seance  dut  etre  suspendue  pour  quelques  instanU, 
Ioraqu*on  entendit  Torateur  emettre ,  en  naaniere  de  pero- 
raison,  le  Toeo  de  toit  aTant  peu  le  ndnistre  de  Knstruo- 
tioa  pubiique  ereer  des  chaires  spedales  de  stenographic  dans 
loos  les  lyeees,  dans  tootes  les  focultes  de  la  republique, 
et  en  declarer  Tenseignemeot  obligatoire  pour  tons. 

A  la  suite  des  jonmees  de  juin,  le  general  Cayaignao  crut 
pooToir  se  dispenser  du  eoaooort  die  M.  Fiocon,  qui  ne 
qnltta  le  banc  des  miaistns  que  pour  alWr  prendre  place 
sor  la  cvMe  de  la  Montague.  Les  ciroonstances  daas  les- 
quelles  a  perdait  eon  portefiniille  Ioi  Talureat  parmI  les 
Adres  el  mmU  le  pardoa  de  qaatremois  d'egaremeats,  qui 
aprte  toot  sans  doote  ne  pooTaieat  eonpldlement  lui  cnle- 
▼er  le  merlte  d*«i«ir  eoaspire  pendant  pins  de  Ttagt-cinq 
aas,  sous  la  nqrautdy  pour  lamanir  la  idpnbHqne  en  France. 


Un  incident  de  ces  lenlbles  Jenraees  de  lain  anqod  se 
troora  meie  le  aom  de  M.  Floeon  doaaa  alen  beaoeoap 
k  jaser.  II  trOnalt  encore  k  I'hdMI  de  la  me  de  Varan- 
nesel  ayait  laissd  son  kgement  partienlier,  sitae  meTbeye- 
not,  k  la  garde  de  aon  oobdeiige.  Au  plus  fort  de  la  lotte, 
une  yisiie  domidltalre  y  fot  pratiqoee  par  la  garde  aa* 
tioaale;  etdaaa:  oa  meuble  laiase  negUgemment  ouyeit, 
on  trouya  unesomme  desept  AbnitiaOle  firaaes  enpitees 
d*or,  toutes  de  pajs  etraagers :  quadruples  d'Espagae,  du- 
cats de  Hollande,  goinees  d*Angleterrs,  ete.  La  deoovyeite 
de  ce  petit  trteor  dans  la  modeste  habitation  de  l*ecnyaia 
provoqua  les  plus  etrangss  soppositloas;  nuds  M.  Fiocon  y 
mit  peremptoirement  fin  en  dedaraat,  aon  sans  eodtarras 
tootefois,  que  oet  or  n*etait  qu*na  depdt  Qoelqnes  jcwn 
auparayant,  au  moment  oil  le  rappel  battait  dans  les  rues  st 
annoa^  Timminenoe  de  la  grande  bataUle,  ce  depdt  aysit 
ete  fait  k  M™*  Fiocon  par  des  dames  de  ses  amies  qui  ayaieat 
craint  que  le  pillage  de  la  eapitale  ne  flit  le  resollat  de  la 
yictoire  du  parti  sbdaliste,  et  qui  ayaieat  espere  siuyer 
leurs  petites  economies  en  les  plaint  sous  la  protection  dHu 
nom  jouissaat  d'un  certain  citkUt  parmi  eevtx  dont  eOes  re- 
doutaient  si  naiyemeot.le  triompbe. 

Non  reeiu  k  la  Legislatiye,  M.  Fiocon  s^en  alia  ridiger 
k  Cofanar  un  journal  democratique  et  social.  Les  erene- 
meatsde'deeembreiSSl  font  force  ^s'eidigaerdeFcaace. 
On  a  de  lui  des  Baiades  aUemandet  tir^  de  Burger, 
Kamer  et  Kaegarten  (Paris,  1817),  et  nn  r^man  de 
moBurs  intitule  Ntd  If i/more,  ^ue  noos  n'aVons  pas  tp,  nous 
I'ayouons  k  notre  honte,  mais  qui,  nous  dtt'On,  est  consacrtf 
an  deydoppement  de  la  these  d  paradoxato  que  M.  Eugene 
Sue  daas  ses  Myet^ree  de  Parie^  et  M.  Alpbonse  Esqulros 
dans  ses  Viergesfet^Hee^  oat  soutenue  aprto  lui  ayee  moins 
d*ingenuite,  mais  ayec  plus  de  talent. 

FLODOARD  on  FRODOARD,  bistorienet  cbroniqoenr, 
naquit  k  £pemay,  en  894.  II  fit  ses  etudes  k  Rdms.  Ses 
heureiises  dispodtlons  pour  la  poesle,  ses  soccte  dans  ce 
genre  de  litterature,  ne  Tempecherent  point  de  se  liyrer  k 
des  trayanx  plus  serieux.  Seulfe,  archeyeque  de  Reims, 
Tadmit  au  nombre  de  ses  cbanomes,  et  lui  conlla  la  garde 
des  ardiiyes  de  sa  cathedrale.  Flodoard  eon^t  dors  le  plan 
de  son  ffisMre  de  V^gflise  de  Reims,  dans  laqudle  il 
utilisa  les  precieux  documents  qu'il  aydt  k  sa  dispodtioD. 
Son  oBuyre  n^etdt  pas  encore  acheyee  lorsqu'en  036  11  fot 
enyoye  k  Rome  par  I'archeye^e  Artaud;  le  pape  LeonVII 
raccudllit  ayec  distinction.  Flodoard  etait  charge  de  dispo- 
ser le  souyerain  pontife  en  fayenr  de  ce  preiat,  anqod  le 
jeune  Hugue^,  fils  d*Hebert,  comte  de  Yermandols,  dispu- 
tait  Tarcbeyeche  de  Rdms.  Hugnes,  ayant  triompbe,  ne  pot 
pardonner  k  Flodoard  son  deyouement  aux  faiterets  desoo 
competiteur';  non  content  de  le  depouiller  de  sin  bdneficsR, 
il  le  tint  dnq  mdsen  prison.  L*hislorien,  rendu  k  la  liberie, 
n*en  rests  pss  moins  fideie  k  la  reconnaissance  :  il  partit 
pour  Soissons,  ou,  deyant  le  condle,  il  plaida  ayec  tant  de 
courage  et  de  talent  la  cause  d*Artaud ,  que  cdof^  fot 
retabll  snr  son  siege.  Flodoard  recouyra  seS  benefices.  Heo- 
reox  d'ayoir  pu  acqultter  la  delte  de  la  reconnaissance,  il 
resolut  de  s^affranchir  des  intrigues  et  de  ranimodte  des 
grands  en  seretlrantdans  un  monastfered'HantyilUers;  mais 
il  fot  bientet  apres  du  eyeque  de  Nc^on  et  de  Toorosy. 
Toutefois,  son  election,  confirmee  par  les  saffirages  des  deox 
egllses,  fot  cotttestee  par  le  doyen  de  Safat-Medard  de  Sois- 
sons, prot^  psr  LOuisd'Ootre^ner.  B  n'ayait  ponr  hd  que 
ses  yertus  et  ses  tdents.  Regrettant  toujours  sa  paisibie  so- 
litude d'ffototyfUlers,  il  donna  son  deslstement  en  0M,  troa 
ana  apr^s  son  dection,  etmourut  k  Rdms,  le  28  mart  966, 
Age  de  soixante^ouze  iins. 

11  etaft  poAe,  historien  et  orateor ;  ses  po>esies  sacrfes  se 
diyisent  en  dix-neofliyres.  Le  manuscrit  ea  fot  deposd  dans 
la  bibliotneque  de  la  cathedrale  de  Tr&yes.  Mddiocres  sous 
le  rapport  dii  style  et  de  la  pensee,  eHes  sent  remarqoables 
par  la  profonde  erudltioB  de  I'auleur.  Son  prindpd  ooynge^ 
VBisMre  de  tSgUm  4$  Behns,  se  (fiyise  ea  quatreUnts 


FLODOABO 

n  Mt^cfft  «D  im  JMfa  canectiiMguii  mtea  pour  r^pofoe. 
L'auteur'combal  UtraaitioaciDi  attrttNMit.te  (ondatioB^e 
cdte  TiUe  4  lemufti  Mm  de  AomuliM.  Uioiitiaitt.Miit  an- 
cane  apparMce  de  probabiliW,  que  Siito  ivA  le  pramker 
^yfique  de  ReoDS,  et  qu'll  avait  ^t^  eiiToy^  dans  oette  par- 
tie  de  la  Gaule  par  saint  Pierre.  Ge  travail  est  encore  sar« 
cbargft  de  details  sans  int^ret  et  sans  TnlMmfalance  Bor  saint 
Aeini  et  la  sainte  ampoole.  La  meWeore  MItion  ort  celle 
<Iiiepablia  Sirmond  en  Mil,  et  qui  sort  des  prassesde 
S^bastien  Granwisi.  Sa  ebionique*  Ckronieon  rtmm  inter 
Francos  geitarum^  conunence  en  919  et  finit  en  996;  die 
est  justenient  estim^  Ces  deax  oorrages  A^rent  dans  le 
ReeuM  des  hMarient  de  Frtmoef  et  M.  Gniint  les  a 
tradttits  dans  sa  CoUec^ten  de  M^mMres^ 

DoPBf  (dtlTnane). 

FIX>R  (Bo«Bn  u).  Yogez  OktMuam  (Grande  Gom- 
pagnie). 

FLORAISON,  dilaUtton  et  ^cartement  natural  des  en- 
▼eloppes  flovalesy  et  ansst  ^poqoe  oil  cbaqoe  espto  de  plante 
flenrit :  lafloraison  expose  h  Tactien  vivifiante  de  fair,  de 
la  InniteSi  de  lachalaor  et  de  Itramiditd  les  oi^mes  sexnels 
derenos  i^nltes^  et  les  rend  ainsi  propres  i  la  f^con- 
dation.  lUle  est  i'obiiet  des  tnraox  da  Jaidinier  flen- 
riste;  mais  poor  le  ealti?atear»  qni  Tent  des  findtB  et  des 
sraines^ellen'est  qn'one  ^MMpie  ottlqae  dans  In  tie  de  ses 
planles. 

Les  plantes  fleurissent  diacune  en  son  tempe  :  les  unes 
soot  j^tanUreSf  les  antres  etHvaUif  d'autres  autom" 
naie$f  d'antres  en6n  IMnaUs,  selon  Tdpoque  de  leor  ilo* 
raison.  Qooiqae  nminidit^et  laclialeorxtades  bStent  Tap* 
parition  des  fleorsy  que  le  froid  les  letarde,  les  variations, 
qui  r^snltent  de  ces  infloencies  ne  eont  Jamais  trte-grandes 
d'one  annte  k  Taotre,  dans  le  m9me  pays  :  chaqne  mois  a 
sea  plantss  en  flenr.  Ge  fait  a  serri  de  base  poor  former  le 
CaUndrierde Flore.  Demfimeyquelqaesv^g^ai  oo- 
yrent  on  tarment  leors  Hears  h  des  beorss  ddterminta;  de 
U  VHorhge  de  Flore,  Paol  Gaobest. 

FLOBAL9  ^ithMe  donnde  It  oe  qui  appartient  i  la  fleur 
on  faccompagne.  Les enveloppesjiorales  sent  le c alic e  et 
la  cor olle;  las  Jeuilles  floralet  sont  les  feailles  placte 
h  la  base  des  Hears;  lespfondes^forolef  sont  les  oiganes  des 
flenrs  placte  dans  F^paisseor  ^  parencbyme,  etc 

FLORAUX  (Jeox  )•  Les  fttes  de  Flore  se  cddnr^rent 
dans  rorif^  avee  one  certalne  pompe,  surtootsous  Noma 
PompiUus,  4poqoe  oft  cette  dtesse  avait  d^  des  prMres  et 
des  sacriiloes.  Elles  cominen^ient  yers  la  fin  d'avril ,  et  se 
prolongeaient  josqn'an  mois  de  mai.  8es  jeux,  appel6i/o- 
rmtx ,  ne  forent  dtablis  qo'en  fan  de  Rome  513 ;  mais  r^- 
poqoe  de  leor  cd<bration  ne  fnt  intariablement  flzte  qu'en 
590.  II  y  avait  d4ji  longtemps  que ,  d'abord  innocentes  et 
toutes  mrale^,  dies  ^talent  derenues  on  objet  d*borrear  poor 
les  grayes  matrones,  les  fliles  pndiques  et  les  vestales.  Le 
19  atril,  le  son  des  trompettes,  ainsi  qne  dans  on  camp,  y 
appdalt  pde-m61e,  femmes,  filles,  yierges,  conrtlsanes,  pM- 
b^iennes  00  pratilciennes,  ettoot  le  people  romaln.  Les  sa- 
tumales,  les  mystires  d'Adoois,  de  Racelios,  les  danses  de 
Priape  mdme,  Ignoraient  lesdlssohitloos  qui  8*y  sncoddaieut 
sans  rdAdie,  la  ntdt,  k  la  laeur  des  flanbeaai,  dans  la  rue 
Patridenne  ou  snr  la  coUine  HorMorum  (  des  Jardins ). 
Caton,  4tant  entr6  one  fiiis  dans  ce  drqoe  de  ddMOCbe,  avant 
m9me  le  prdude  de  ces  Impors  sacrifices,  baissa  les  yeox 
et  sortit.  Void  les  eonsdls  que.  par  Porgane  de  ses  prdtres, 
Flore  donndt  ^ses  adordeurs:  «  U  est  prudent  de  endllir 
le  boaton  de  la  rose  ayant  qoll  s'^panooisse ;  car  il  s'efleuille 
bien  dte,  et  ne  Idase  aax.doigto  que  des  opines.  »  Nous 
ayons  dit  k  Partide  Aoca  Lacrentia  pourquoi  ces  flMes,  inno- 
osBtes  iMMMd,  avaient  d^^foM  en  orgies  et  prostitutions. 
11  y  ent  ausd  one  autre  Floie,  oourtisane  cddire,  et  d'une 
beauts  d  acoompUe,  que  Gedllos  Mddlus,  choidssant  des 
statues  d  des  tableaux  d^n  modde  irr^rodiable  pour  en  or- 
ner  le  tnpie  deGador  dde Pdlox,  y  suspendit  le  portrait 
de  Flore.  Sapasrion  pour  le  grand  Poropte,  qui  ne  potsedd- 


*-  FLORENCE  409 

}  fendve  de  ees  ebarmes,  datt  d  tIo1smi%  qnVa  orle  quit* 
'  tdtjamais,  disdt-dle,  sans  le  mordttt.      OsnohBAaoifi 
FLORAUX  ( AcadMe  des  Jeox  ).  Foyes  Jsox  flo* 
nAux. 

FLOR£  ed  la  dtese  te  flours  dans  les  mythes dn 
paganismo)  Ghlorie  ( la  Verdoyante )  ftit  son  nom  diet 
les  Grees;  die  prit  edui,  non  molns  doox,  de  J^iera  cbei 
les  Latins.  Les  poMns  Tout  Idt  nattre  dans  fune  des  ties 
Fortunte,  les  GanarieSi  ties  de  POc^an  Oeddentd,  per- 
does depnis,  d  retrooyABS  paries  Espagnels  en  1344.  G'ed 
1^  que  Z^pbyr e  la  recomut  panni  toutes  les  aotres  nym- 
phes,  k  la  firaloheur  de  son  tdnt,  k  son  baldne,  qui  exiialdt 
le  parftim  des  roses;  c'est  Ui  qu'll  la  ravit  snr  ses  dies 
fr^missantes  d^amoor.  Les  po9tes  ijctalent  que  pour  ras- 
surer  sa  nouvdle  amante,  qa*aiaroidt  sa  natnre  volage,  il 
r^wusa,  d  au  mtaie  moment  airftta  pour  die  le  cours  da 
temps :  par  ce  naoyen^  il  iul  Mpa,  afeerfanmortdit^,  one 
demdle  Jeunesse.  L'empire  te  fleurs  Ait  la  dot  de  cette 
nymphe  dey4e  an  rang  tedteses.  Seulement,  par  un  res- 
souvenir  de  son  existence  mortdle,  die  pdil  an  dteltn  de 
cbaque  amde,  dans  la  crdnta  qneaon  voiiige  tfpoux  ne  IV 
bandonne. 

Le  cnlto  de  Flore  ddt  dabtt  dm  las  Sabins  avant  la 
fondatlonde  Rome  idle  eat  te  antds  dans Tantlque  dtd 
de  MarseUle.  II  ed  done  probable  que  ses  fttes  pass^rent 
de  la  Grtee  en  Itdle  d  dans  la  Ganle.  Gependant  Winckd- 
mann  vent  que  cdte  divinitd  dt^t^inconnue  aux  Hdltoes. 
D'aprte  oela,  qudla  M  i^iautdt-il  done  k  cette  admirable 
statue  de  Flore  de  la  main  de  Praxltde ,  dont  PHne  lUt 
mention?  Bien  plus,  ce  jugu  de  la  statodre  antique  pre- 
tend que  plusieiirs  statues  quVm  crait  dre  cdles  de  Flore 
ne  reprteentent  potat  eette  divinity.  Elle  pr^sidait  cbea  les 
Romdns^  la  floraison te  bMs;  la terremSme  portaitqod- 
quclDls  son  nom,  ceqn'attesterdt  une  beUe  statue  de  Flore, 
couronnde  de  feuillages  entrdacte  do  fleocs,  d  y9toe  d^me 
longue  tunique,  sur  laqueUe  se  dessine  on  manteau  frangtf. 
Le  sphinx,  coudd  k  ses  pieds,  d  les  bMreglyphes  de  la 
base,  la  font  confondre  avec  Isis,  que  les  Graes  out  con- 
fondue  .eux^ndmes  ayec  Cybde ,  00  la  Terre;  on  salt  en 
outre  que  Gicten  range  Flore  ao  rang  te  ddoKes  mires. 
En  gtodd,  die  ed  reprtent4e  dans  toot  Tteld  de  la  pre- 
mites  jennetse,  avec  un  front  doax  dsatlsidt,  une  boocbe 
gradeuse  d  demi-eouriante.  L^gteement  ydue,  qndque 
avec  dtence,  die  ed  couronnte  de  (leurs  ddicatement 
tresste,  dtient  de  la  main  gauche  une  come  d'abondance, 
d'ob  retombent  en  grappes  des  flenrs  d  des  fruits  de  toute 
esptee.  DEHNB-BAroN. 

FLORE  ( Bolanique ),  dn  latin  Flora,  nom  donn^  par 
les  botanistes  k  un  catalogae  deacriptir  de  la  plupart  des 
pisntes  qui  crolssent  dans  un  pays  dderinin^.  G*est  aind 
qu'on  dit  laflore  des  Alpes,  laflire  des  Pfgr^^f  lafiore 
des  environs  de  Paris.  «  Linn4,  dit  Decanddle,  a  le  pre- 
mier donn^  le  nom  de  flore  aux  ouvrages  destines  k  pre- 
senter r4num^ation  des  plantes  d'un  pays,  d  II  a  su  en 
tracer  un  modde  excellent  dans  sa  Flore  de  laponie.  De- 
puis  cette  ^poque,  ce  gture  d'ouvrages  s'ed  singuliirement 
multiple ;  prnquetous  les  pays  de  rsurope,  d  plosleurs 
des  autres  parties  du  monde,  souvent  les  provinces,  les 
cantons,  les  vllles  m4me  de  certains  pays,  poesMent  des 
f  lores f  ob  leurs  plantes  sont  indiqute.  » 

FLORE(jit^ronom<e),  plandedteonverteparM.  Hind, 
lie  lSoctobrelS47.  Sa  distance  moyeane  an  Sdefledicdle 
de  la  Terrs  au  m9me  adra  comme  2,2  ed  I  l ;  Flere  ed 
done  plus  ddgn^e  du  soldi  que  Man  et  mdus  que  Y iotoria. 
Son  excentridtd  ed  reprtentte  par  0,197.  Sa  r6volation  ri- 
ddle sWectue  en  i  193  Jours. 

FLOR^AL  ( de  Flore ,  dtese  des  fleurs).  Vbyes  Ga- 
LBNnama  n^BucAiN. 

FLORENCE  ( en  italien  Ffrinse  >,  capitale  du  grand- 
ducb4  deToscane,  avec  une  population  de  109,900  habi- 
tants, ed  sHo^  par  43*  49'  latitude  nord  et  9*  55'  de  lon- 
gitndeed,  dans  une  ddideuse  contr6e,  sor  les  rives  de  rAnM 


500 


FLOaENGE 


qoi  y  etteodigD^  eain  dmx  bttardetoi  ( peieq/e  )et  gnrni 
de  quais,  qui  y  a  de  lOOi  130  mMret  de  Urgeor  et  qui  par- 
tage  la  yUIo  ea  deax  paitieB  in^gales.  Dana  rint^rieor,  qnatre 
ponto  en  ptocre,  dont  le  pins  bean  est  celui  de  la  Trinitd, 
ouvrage  d'Ammanatiy  aervent  k  mettre  lea  deux  rivea  en 
communication;  et  deux  ponta  soapendus,  en  fer,  conatruita 
en  amont  et  en  afal,  reUent  lea  faubourgs  entre  eui.  La 
grande  inondation  de  noyembre  1844  eolcYale  premier; 
mais  la  reconatruction  en  a  ^t6  commence  en  ia&2.  La  TiUe 
de  Floienca  a  7  mUl$t  d'italie  de  circuit,  2  nUlles  de  dia- 
mMre  et  consent  environ  8,800  maisona.  Son  mur  d'en- 
eeinte  actual,  le  troisitoe  qu*elle  aiteu,  fot  achevi  au  oom- 
menoement  du  quatondtoie  aitele.  II  est  perc^  de  15  portes, 
dont  cependant  10  aeulement  sont  ouTertea,  et  renferme 
dana  son  enceinte  un  grand  nombre  de  vaatea  Jardina  et  de 
terrains  en  cultnre.  Deux  dtadellea  prot^gent  la  Yille;  la 
plus  petite,  appelte  JMvedere,  eat  situ6e  sur  une  bauteur 
qui  la  domiiie  an  and;  la  ploa  grande,  dite  Forte  de  San 
Giovanni  ou  Forteua  da  Bauo^  k  Textrdmit^  opposde,  au 
nord. 

Lea  mea  aont  gtetolement  droitea,  quoiqn'il  y  en  ait 
bon  nombre  de  fort  6troitea,  que  les  toita  saiilants  d^  mai- 
aons  rendent  obscures  et  humides ;  cependant  la  propret^, 
plus  grande  sana  doute  qu*^  Rome,  laisae  encore  aingu- 
UArement  k  dteirer.  Lea  plua  bellea  mea  sont  la  nonvelle 
fia  Caltajoli^  au  milieu  de  la  TiUe,  reliant  la  place  de  la 
catb^drale  k  la  pkissa  del  Granduea^  et  centre  de  la  vie 
florentine;  la  via  Larga^  la  plus  large  de  toutes  et  bordie 
de  cheque  cOt^  de  beaux  palaia ;  lea  quais  de  TAmo  (Lung* 
Amo ),  via  Maggia^  via  della  Seata^  etc.  On  trouve  sou- 
vent  les  plus  beaux  palaia  accumul^i  les  uns  centre  les  an- 
trea  dana  les  ruelles  les  plus  sombres  et  lea  plus  ^troites.  De- 
puia  un  tempa  immemorial  le  par^  de  la  voie  publique  se 
compose  de  grandes  dalles  de  grto  calcaire  ( maeigno ) , 
formant  mosaique,  qu'on  tire  depuis  plus  de  miUe  aos  des 
canJtaad^  Resole.  Parml  lea  nombrensea  placea,  il  en  est 
dix-boit  de  plua  remarquablea  que  les  autrea  par  leurs  pro- 
portions; la  plua  grande  et  la  plua  r6guli^  de  tootes  est  la 
pUvua  Maria-Antonia ,  situte  dans  le  nouveau  quartier 
du  Parbuio;  la  piazza  del  Grandtica^  oh  sont  situte  le 
palazzo  Vechio  et  la  loggia  del  Lanzi^  eat  la  plus  anim^ 
et  la  pliu  riche  en  oonvrea  d^art  On  y  Toit  lea  statuea  co- 
lossales  de  Dayid  par  Bllcbel*Ange,  et  d*Hercule  tuantCacus, 
par  Bandinelli ;  une  magnifique  fontaine  ayeo  la  atatne  co- 
eanle  de  Neptone,  osuvre  d'Ammanati,  et  des  figures  en 
bronie  par  Giambologno ;  la  statue^questre  de  Coame  I",  etc. 
La  piazza  della  SamiUiiwia  Annunziata  est  entonrte  de 
portiquea  de  troia  cOtte  et  om6e  de  deux  belles  fontaines  et 
de  la  statue  ^uestre  de  Ferdinand  I*'.  Sur  la  place  de 
Santa  Maria-Novellatqae  dteorentdeuxob^sques,  on  c^- 
Ubre  la  Tcillode  la  Saint- Jean,  ftte  du  patron  de  la  Tille, 
des  courses  en  cbar  k  la  manitoe  antique  et  en  costume  re- 
main. 11  f^ut  encore  dter  la  place  Saint^Mare  et  la  place  de 
la  CatMdrale^  les  placea  del  Carmine  et  du  Saint-Ssprit. 

FloreBce  abonde  en  palaia  ou  hOtela;  mala  ila  sont  cons- 
truits  d*un  style  graTO  on  mOme  i^fkrt,  lea  facades  gdnte- 
lement  simples  el  sana  goOt,  compoatea  souYcnt  d'toormes 
pierresit  pelae  ^uariea  ( rusOeo ).  A  rint^rieur,  on  y  trouve 
le  plua  ordinairament  une  ou  plusieura  coura  carrtea,  entou- 
r6ea  d'arcades  d*o&  part  on  labyrintbe  de  corridors  et  d*es- 
caliers  conduisani  au&  apperteroents.  Les  creneaux  qui  aur- 
montent  un  certain  nombre  de  palais,  leura  portea  revttues 
de  lames  de  tor,  leura  muraiiles  d*un  et  dedeux  mitres  d*^is* 
seur,  et  lea  loora  qui  de  loin  en  loin  lea  dominant,  rappel- 
lent  lea  sanglantealuttea  dca  partiaau  moyenige ,  alorsqu*ila 
servaieat  de  forteresses  k  leurs  propri^talraa  et  k  leiuraser- 
viteurs.  Le  plus  vaate  et  le  plus  beau  de  cea  palais  est 
€elui  du  grand-due ,  conno  sous  le  nom  de  palazzo  Pitti^ 
«t  quia  ploa  de  100  asMna  da  d^vetoppement  en  fo^ade.  La 
construction  en  fut  commenctepar  Lucas  Pitti,  qui  s'y  ruina ; 
et  ce  n^est  qu*en  1837  que  les  alles  lat^rales  en  out  6te  ter- 
4niii6ia.JUliartie  de  derrj^f^f^,  puf  rajoBdu  dix  -septitoie  si^cle. 


forma  un  Mdenx  eontraila  aveo  la  piiiidpal  eacpa  da  bifi« 
ment  Dana  ses  nenfcenta  pftees  ou  ehambraa,le  palaia  Pllli 
renferme  dimmensea  richessea  artistiqQes.  On  y  ramarqim 
surtout  la  galerie  de  tableaux,  propria^  deP^t,  et  oovetta 
tons  les  jours  an  public.  Dana  sea  dnq  granda  aalona  el  aea 
nombreuaea  sallea  de  moindiea  dimeasioaa ,  se  trouTeat 
r^unia  les  cheb-dVmvre  de  la  paintnre  de  P(6poque  daa- 
aique,  par  example  la  Madonna  della  Sedia  et  d'antres 
toilea  de  Raphael,  des  tableaux  du  Tltioi,  du  Perugia, 
d'Andrea  del  Sarto,  de  Guide  Reni,  de  Salvator  Rosa ,  etc. 
La  Madonna  del  Granduea  par  Raphael  est  la  propri^ 
particnUtoe  du  grand-due.  La  Venus  de  Cam^va  est  anasi 
exposte  dana  celte  galerie.  Le  bean  et  vaste  Jardin  Bobdi, 
avec  ses  bosquets  d*arfaiea  touioura  verta,  esttrte-ricbe  en 
statues,  mais  dies  appartiennent  d^iien  trteiprande  paitia 
k  la p^riodede  decadence.  Dans  le  Palazzo  VeecMOt  autie- 
fois  si^  de  la  Signoria^  et  avjoord'hni  des  diffifirenta  mi- 
nistires,  on  remarque  aurtout  la  aalle  dea  Cinq-Centa,  Pane 
dea  phis  vastes  aldea  plua  Impoaantea  qu*il  y  ait  en  Europe , 
aana  parler  de  sa  richease  en  muvrea  d*art  et  de  sa  belle 
oour  1^  colonnades.  Une  tour  svelte,  de  110  mitres  d'dieva- 
fion,  porta  le  befTrol  de  la  vilte.  A  pen  de  distance  de  eel 
Mifice,  qui  a  toutTair  d'une  forteresse,  se  trouve  la  cOibre 
Loggia  dei  Lanzi  ( salle  des  lansquenets  ),  constmite  par 
Orcagna,  renfermant  une  foule  de  chefM'cButra  de  la  scolp- 
tnre,  entre  autres  VBnUvement  des  SaHnes  de  Giamboiogna. 
le  Pers4e  de  CelUni,  VAjax  portant  le  corps  de  Patroele, 
( groupe antique),  etc,  etc.  Les  UJlzH  avoiaineni  anaai  le 
Palazzo  VeceMo.  C*eat  un  bAtiment  immense,  oonstruit  par 
V^sari,  qui  renferme,  dans  deux  alias  paralldes  et  d*^le 
longueur  s'devant  an-dessus  d*un  peristyle  k  eolonnes,  la  fai- 
bliothique  MagUabecchl,  les  tribonaux,  les  archives,  et  k 
ritage  supdrienr  la  galerie  degli  U/fizii^  qui  oocope  deox 
corridors  de  plus  de  100  mitres  de  longueur  chacan  et  71 
sallea,  avec  l*une  des  plus  riches  collections  d'oliiets  d*arl 
qu*il  y  ait  au  monde.  Tableaux,  gravurea,  sculptures,  branaes, 
vases,  midaillea,  pierres  prteieuses  et  mosaiques,  toot  y 
est  de  la  plus  grande  beauts.  On  y  admire  phM  paiiiciili^ 
rement  la  tribune,  salle  octogone  contenant  entre  anttea  la 
Yinus  de  M4dicis,'VApolino  et  trols  autrea  cbefi-d'cBUfTe 
de  la  sculpture  antique,  six  Raphael,  diversea  toilea  du  Tftiea 
( par  eiemple  sea  deux  V6nua ),  du  Gorr6ge,  de  Rnbeaa,  da 
Michel-Ange,  de  Paul  Vironise,  d'Andrea  del  Sarto,  etc  Dana 
la  salle  de  Miob^,  on  volt,  ind^pendanunent  des  statues  de 
ce  groupe  cdibre,  un  grand  nombre  de  tableaox  denialtres 
de  r^cole  flamande.  La  collection  contenant  lea  portraitade 
plus  de  400  peintrea,  la  plupart  paints  par  eax-mames,  eat 
unique  au  monde :  consultei  GaUeriajiarentina  iUustraia 
(Florence,  1820) ;  Galeriede Florence ( 13*  6dH.,  Floraaoe, 
1834  ).  Une  troisiime  galerie  se  trouve  k  I'Acadteie  dea 
Reaux-Arts,  aur  la  place  Saint-Marc ;  elle  est  sniloul  ricbe 
en  excellents  tableaux  de  peintrea  cdibres,  cbroaologiqne- 
ment  daasis.  Parmi  lea  autres  paUia,  H  fant  eacoce  dier, 
i  cause  de  leur  grandeur  et  de  la  pureli  de  leor  ardutec- 
tnre,  les  palais  Stroai,  Riccardi  (  ai|jonrd*hui  aiiga  de  di- 
verses  administrationa  pubUques,  et  jadis  residence  dea  M^- 
dida ) ;  le  Bargello  on  palais  du  Podestat,  servant  tout  k  la 
foia  de  palaia  de  justice  et  de  priMn,  dans  la  magnifique 
cour  duqud  les  plus  nobles  dtoyens  de  Florence  fnreat 
dicapitte  par  le  bourreau;  la  Douane,  jadis  anssi  palaia  des 
Midids ;  le  beau  palaia  Nendni  Pandolfini,  ooaatruit  aar  les 
plana  de  Raphad;  lea  palais  Coraini,  Cappcmi,  Goodi,  Rn- 
celUd,  eto.  Le  palaia  Ck>rsini,  sur  le  Lun^Amo,  ooalieat 
une  remarquable  galarie  de  tableaux,  et  il  eat  peo  de  aialsoaa 
particuliirea  qui  ne  renferme  anaai  da  rfebea  prodadioBa 
del'art 

Dea  ceat  soixaafe-dix  igBses  ou  cbapeUea  qa'ea  eoopto 
k  Florence,  celle  qui  frappe  le  plua  lea  rsgaida,  e'eal  la  gf- 
gantesque  cathMrale  5an^a-lfaHa-<fd-M>re,  doat  le  vais- 
seau  et  le  chosur  furent  construKs  vers  la  fin  du  trdxiteM 
Slide  par  Amolfo  di  I*apo,  sur  rancienne  ^ise  de  SanUi^ 
Ifepaf'pla.  La  double  coupole  qui  la  surmoale  date  <i  ua 


FLORENCE 


SOI 


•i«de  et  deni  pins  tard,  et  wtrceaTredeBranelleschi. 
Ce  monmiMBt  a  166  metres  de  long  et  la  ooapola  en  a  167 
&4A€whtkm,  lit  docber  ou  campanile ,  tour  carrte  et  itMt, 
peat-^tre  le  pins  bel  Mfice  de  tout  Florence » ornde  d*nn 
grand  nombre  de  itatnes  et  de  baa-reUeiiy  et  constmtte  an 
qnitonMme  sitele  par  Giotto  etGaddi,  a  97  metres  de  hau- 
teur. La  cathMrale  et  son  clocher  sont  enticement  rev^s 
de  marbre  de  diSiirentes  couleurs.  Sur  la  facade  seole  cetto 
matitee  est  remplacte  par  une  assez  mauyaise  peintare,  li 
moitidelKiG^  En  (ace  de  la  cathMrale  se  trooTe  I'antiqne 
baptists  de  San-GioYanni,  od  Ton  Toit  les  &menses  portes 
de  bronze.  osoTrede  Gbiberti  et  d'Andrea  Pisano.  Les 
^gjUses  les  plus  considerables,  aprte  la  catb^drale.  sont : 
Santa-Maria^NovelUip  presque  toot  enti^re  de  style  go- 
tblqne .  la  senle  grande  ^ise  dont  la  fa^e  soit  enti^ 
nient  en  marbra,  ricbeen  flresques  extottes  par  les  meUlenrs 
maltres  de  Tandenne  teole  florentine;  SantoSpiritUf  Mi- 
lloe  grandiose  et  de  bon  goAt .  dans  le  style  des  basQiques . 
reconstniit  par  Sninelleschi  li  la  suite  d*un  incendie ;  Santo- 
Croee ,  le  Panthten  de  Florence,  renfennant  les  tombeanx 
du  Dante,  de  Bficbel-Ange,  de  Galilte,  de  M achlaTcl ,  de  Vi- 
▼iani,  d'Alfieri ,  et  de  tant  d'aotres  enfants  de  cette  cite  si 
f^conde  en  grands  hommes ;  Santissima  AnnunxkUa,  d'une 
epoqne  post6iienre,  trto-ricbe  en  domres  et  aotres  ome- 
ments  de  tous  genres,  et  contenant  on  grand  nombre  de  pro- 
ductions de  la  sculptare  ancienne  et  modeme;  San^LcH 
renzo,  dans  sa  forme  actuelle,  oeuTre  de  Brunellescbi  et  du 
style  des  basillques.  Taste  edifice,  tres-ricbe  en  sculptures, 
avec  deux  cbapdles ,  dont  Tune  oontient  quelques  beanx 
torobeaux  des  andens  liedids  par  Micbd-Aiige ,  et  Fautre 
cenx  des  grands-docs  pour  la  decoration  de  laqoeDe  on  a 
employe  avec  provision,  mkts  sans  goOt,  les  marbres  les  plus 
predeux;  Or-San-MicktU ,  primitivement  balle  aux  bies, 
puis  bourse  de  commerce,  transformee  en  egllse  par  Orca- 
gna,  avec  de  magnifiques  fenetres  gothiques ,  douze  statues 
et  gronpes,  oeuTres  de  Donatdlo ,  de  Verochio,  ete.,  placees 
k  Texterieur  dans  des  nichM ,  un  cei^re  tabemade  par 
Orcagna,  ete.  Entre  les  nombreux  couTents  d'hommes  et  de 
femmes  regis  par  les  r^les  les  plus  diverses,  il  fiiut  so^ 
toot  dter  Santii-Maria^Novella^  Santa'Croce  et  5an- 
Marco,    cause  de  leurs  proportions  grandloses  et  ansd  des 
cbefsHToeuTTB  dassiques  de  Tart  quails  reuferment  Inde- 
pendamment  des  bdles  fresques  de  Fiesole,  San-Bfaroo 
consenre  le  souTcnlr  de  Savoranole. 

Le  Museum  d'histoire  natnrdle  occupe  la  premiere  place 
parmi  les  institutions  sdentiliqnes  de  Florence.  Indepen- 
dammentdes  collections  looIogSques,  od  I'ornithologiesurtout 
est  representee  d'une  maniere  briilante,  on  y  trouve  les  plus 
riches  collections  ceroplastiques  relatiTes  li  I'anatomie  et  li 
la  xoologie,  une  foule  de  plantes  reproduites  en  dre  de 
couleur  et  de  grandeur  nalurdles,  un  observatoire ,  nn 
jardin  botannique,  etc  Des  cours  publics  et  gratuits  y  ont 
lien,  de  meme  que  dans  d^antres  oidroits  de  la  Tille ,  sur 
toates  les  branches  des  sciences  natordles.  De  I'uniyersite, 
fondee  en  1438,  il  ne  subslste  plus  an^ourd^hui  qo'une  fa- 
colte  de  droit.  Tous  les  mededns ,  aprto  SToir  pris  leurs 
degrte  corome  docteurs  li  Pise ,  sont  tonus  de  suirn  pen- 
dant deux  annees  la  dinique  de  I1i6pitd  de  SemtehMariO' 
Jfuava,  En  foit  d'ecoles,  U  faot  surtout  mentlonner  les 
scuole  pie,  les  plus  frequentees  de  toutes,  dirigees  par  des 
benedlcHns  (scolopi )  et  les  scuole  di  muiuo  inte(fnamento 
(ecoles  lancaateriennes);  du  resto,  les  ones  et  les  autres 
lalssent  encore  beaucoup  kdedrer.  Parmi  les  etablissemento 
nrtistiques,  nous  citerons  de  preference  le  Conserratoire  de 
Musiqne  et  FAcademie  des  Beaux-Arto.  Des  dnq  bibliothe- 
ques ,  trois  sont  ouTertes  tous  les  jours  t  la  bibliotheque 
Medids  ou  Laurentiana  ( 120,000  Tolomes  et  7,000  ma- 
Buscrits),  la  Maglimbecchiana  (100,000  vol.  et  8,000  ma- 
nnscrits),  et  la  Honice/Ziana  (40,000  Tolnmes);  maison 
oMienttres-Adlement  Pacces  des  deux  aotres,  la  Paiaiina 
( propriete  parUcuUere  du  grand  due ,  sitoee  dans  le  palals 
Pitli)  et  la  EkcUjirdianq.  1^  arclilYes  diplomatiques  f|f)s 


Medids  presenlent  de  predeox  doconenls  (7,000  tolnmes 
manuscrits,  in-folio)  k  ceux  qui  se  Htrent  i  des  inteBtigi- 
tions  historiqnes;  et  il  en  est  de  memo  des  areblYis  deUe 
R^fiirmagionU  En  ftit  de  sodetes  savantes  oa  aitistiqaes, 
nous  dterons  surtoat  la  ceiebre  AeademkhdeUihCrutea  ^ 
fondeeen  1682,  et  qui  fottantorite  poor  la  langneftoHeDiie, 
VAeademki  del  GeorffoJUip  qol  rend  de  grandi  aenrices  k 
ragricultnre;  la  Sodete  pour  Atoriser  les  pnigrto  de  I'art 
dramatiqne;  la  Socleia  ftromoMee  deile  JMU  Arti^  qui 
cbaque  annee  organise  des  expositions  de  petotnre  et  de 
sculpture^  et  la  Socieia  FUarmoniea.  Les  nenf  thettres  sont 
tous  ooTerts  k  repoqoe  dn  canaval;  mais  aux  aotres  epo- 
qnesde  I'annee  lis  ne  le  sont  que  paitldlement;  leors  repre- 
sentoti(»s  constitneot  d*ailleors  le  plalsir  fkyori  de  toutes 
les  dasses  de  la  popnlation.  Le  theitre  de  la  Pergola  est 
le  plus  important  de  cenx  oa  Ton  Jooe  Topera,  et  edni  de 
Coeomero  le  premier  poor  la  comedie.  Deox  (FoHioama  et 
Arena  GoidonH)  sont  en  memo  temps  des  tbeilres  de  Jour. 

Florence  est  tres-rlche  en  institutions  diaiitaUes.  An 
grand  hOpitd  de  Santa-Maria''Nuova  sont  a^joints  trois 
autres  hOpitaux ,  la  maison  des  fous  de  San»Bon^fa%io , 
I'hospice  des  enfanto  trouyes,  ete.  La  bieniUsante  institn- 
tion  de  la  Cof^atemiia  della  MUerieordia  jonit  A  bon 
droit  d'un  grand  renom.  11  n*est  peot-ecre  pas  d*endrolt  an 
monde  06  rhomme  pauvre  et  sooflfrant  tronte  d*aiisd  ik« 
dies  et  d^anssi  larges  secours  que  dans  la  capitale  de  la 
Toscane. 

Florence  fut,  suivant  tooto  apparenee,  fondee  pen  de  temps 
ayant  rere  chretienne,  par  dei  colons  yenns  de  Flesde.  A 
repoque  de  la  domination  lombarde  et  franke,gooyeniee  par 
des  marquis  et  des  dues,  le  pins  ordlnairsment  de  Lucques, 
sa  prosperite  datedu  commencement  dn  onziemesiede,apre8 
la  mine  de  Vlesole,  sa  metropole  et  sa  riyale.  Doyenne  d^li 
I'une  des  plus  puissantes  yilles  de  la  Toscane  li  Pepoqne  des 
Hobenstaufen,  die  ferma  sonyent  ses  portea  aux  empereurs. 
Dans  les  effroyables  et  interrainables  lottes  dont  die  fht  le 
the&tre,les  guelfesremportteientleplus  sooyent  Florence 
passait  memo  dors  en  Toscane  comme  la  place  d'armes  des 
gudfes ,  en  antagonisme  ayee  Piseet  Sienne,  yilles  toates  de- 
youees  aux  gibdins.  Grioe  li  Paetiyite  intdUgentoet  an  pa- 
triotisme  de  ses  balrftanto,  la  ricbesse  et  la  pnissanee  de  cette 
yJlle  dierent  toiyoors  enangmentant,  malgre  las  lottes  tant 
interieures  qn'exterienres  auxqaeOes  die  dtott  en  prole.  Les 
diirerentes  dtes  de  la  Toscane  se  soomirenl  I'tane  aprto  I'an- 
tre,  tantot  yolontairement,  tantot  par  la  fbroe  des  armes,  li 
la  puissante  republlqae  des  herds  de  PArao.  Son  etolle  s'e- 
leva  de  plus  en  ptas  haut,.  Ii  mesore  qae  la  pnissanee  des 
gibelinset  la  prosperite  de  Pise ,  sa  rinde,  dedlnerent  aprte 
lamortdeConradin.  Mais,  comme  les  autres  repnhliques 
itdiennes ,  Florence,  epaisee  par  ses  inoessantes  Inttes  d- 
yiles,  finit  aussi  par  tomber  sons  I'aatorite  dHouie  seale  lii- 
mille.  Les  Medicis  etdent  one  fhmille  de  mardiands  en- 
richls.  Coeimo  (Gosme)  Panden  et  Zorenao  il  Magn^/Uo 
la  gonvemerent  encore  sans  titre,  par  Pascendant  de  leurs 
richesses  et  deleor  habOete,  et  en  eonaeryant  les  fbrmes  ex- 
terieores  du  gonyemement  repubiieain.  Sous  leur  admfaiis- 
tration,  llndustrie  et  le  eommeroe  de  la  yllle  piiiinient  li 
Papogee  de  lenr  prosperite.  Mab  au  eoimneneenMBt  dn 
sdzieroe  dtele,  les  Florsntfais,  fklignes  des  caprices  tyranni- 
ques  d'Ippolyto  et  d*Alessandro  Medid  ( ii  Moro),  descen- 
dants de  ces  deux  grands  dtoyens,  les  ayant  ezpolsea  dr 
leurs  murs,  le  dernier  fht  refaitegre  dans  la  yflle  A  la  sdtc 
d'un  long  dege  par  Pemperear  Charlea-Qnfait  etpar  le 
pape  Clement  VII  ( GhUio  ModM ),  et  prodame  doe  de 
Florence  (ISSl ).  Son  socoessenr,  CkMOie  I*',  ^oota  Sienne 
an  territoire  de  Florence,  et  prit  le  titre  de  pramf -tf ne  de 
Toscane  ( 1569 ).  Depnis  eetto  epoqoe  la  eapilalo  partagea 
toujoors  les  destinees  dn  grand^duche  (  nofes  Toscaub). 

La  population  actoelle  de  Ftorenee  est  one  race  d*hommes 
gais,  polls,  amis  de  la  pdx  et  du  plaidr,  ayant  le  goOt  des 
arts,  d'ailleursmoderes,  aimaUes  et  bienydllants,  mais 
ipanqnant  de  oonstance  d  d'Anergie ,  etrangsrs  A  Pesprit  ds 


•502 

a|itotatioD  et  00  roeerint  00*0116  ioBtrocUoo  d'ordioaire 
fort  soperftdeUe,  CM  oo  tfiot  pts  k  leors  dbpoftitions  na- 
tprellfiSy  aatt  A  Y^Ui  deplorable  ou  riostructio^  prioiaire 
so  trooTO  eocoredans  le  pays.  La  domioatioo  ^ervaote  des 
M^dieii  a  .4epuii  kmgtempfl  foil  disparaltre  toufe  trace  de 
Pindoniptable  ei^t  dMod^peodaoce  qiid  ^tait  jadls  le  propro 
det  habttanliu  L-iodostrio  do  i^  liUe^  jadia  si  floiiasaote,  a 
siogali^^meat  dfetiu«  te  j.fabriqqe  aiooard'hui  bien  moins 
de  cbapeaox  do  paitte  ot  do  bas  de  sole  qu*aatrefoi8.  Les 
traTaox  qu*oo  y  ox^ote  en  marbre^  en  aibitre,  en  moaai- 
que  de  Flomco  ( il  eo  existe  one  manufacture  en  grand, 
ootreloDoo  ao  moyen  d'un  ricbe  foods  de  cr^tioo,  etc. ), 
sont  tooionn  remarqaablos.  Lea  Grangers  qui  afQuent,  sur- 
toot  ao  printempa  et  en  automoe  sont  aussi  une  grande 
ressooroo  poor  la  Floreotins ;  00  en  a  compto  autrefois  jua- 
qa*k  dix  mflle  it  la  foia;  maia  le  nombre  en  a  depuis  singu- 
litament  dimino^  Us  Jooent  d'aiUeors  uo  rOle  fort  impor- 
tant dana  la  Tie  aocialo  des  Florentjosj^  sortout  dans  celle 
des  dasaoa  aapMeoroSt  et  lui  ont  eoromuniqu^  une  aisance 
et  one  Ubert6  tootea  particoU^rea.  U  ttit  peu  de  villes  aussi 
qui  poiaaent  ao  Taoter  d'avoir  to  nattre  dans  lours  murs  au- 
tant  dlioiinBOi  illostros.  Nooa  nous  contenterons  de  citer  le 
Daoto,  BoccaLCOi  Michel-Ange,  Macb  iaToKAm^ric 
Veapnco,  BenYenuto  GoUioi,.  Giotto,  Andrea  del 
Sarto,  Ghiborti,  BrunoNeachi,  etc.  Consoltez  les 
cbrooiques  do  GioTonni  Villani  et  de  ses  continoateurs,  de 
m6me  que  cellos  de  Dino  Compagni ;  les  Storie  Fiorentine 
de  Barohi  ot  do  Macbiayel;  DelMoie,  Florence  et  se4 
vidstUudes-i^m^  IM).;  VOsservatorefiorentinosugli 
edijhi  4eUasua  pcUria  (Florences  ISli),  et  le  yuova 
eaida  4i  F<reiiae(enitalieiietea  francais;  Florence,  ia&39. 

FLORENCE  (Goocile  do).  Alarms  des  r^formes  ddjli 
op^r^  per  les  P^rea  du  ooncile  de  BAlo,  Eugdne  IV, 
aprto  one  premiko  tentatiTO  faite  pour  ledissoudre,  l*annte 
m^me  de  sa  eoBvocatioB  (17  d^cembre),  s'^tait  ?o  forc^ 
par  rempereur  Sigismond  d*eo  reconnoitre  Tautorit^,  le  15 
d^eembre  1433,  date  do  sa  bulla.  Le  pojotife  eo  pronon^ 
enfitt  la  dissolntion  ddflnitiTO  le  I*'  octobre  1437,  et  transf(ira 
I'assemblte  d*abord  li  Ferrare,  poia  li  Florence.  Le  pr^texte  de 
oetto  tranalotion  ^talt  lo  d^slr  de  oiettro  fin  au  schisme  qui , 
dte  lo  dixttoM  siMe,  OTaits^par^  rorient  de  I'Occident, 
sor  des  viioles  importanta  do  foi  ot  do  discipline,  tela  que 
•0  conoooio  des  deux  premieres  porsonoes  de  la  Trinity  di- 
vine k  la  ertetioo  do  la  troisitoie  et  lo  c^libot  des  prOlres. 
Leaomporears  greca,  d^pooUMs  et  menace  jusque  dans  lour 
eapitalo  par  lea  aimos  des  Toics,  imploraient  lo  secours  de 
roocidflnt,  et  Ontrent  ae  Tasairer  en  so  soumottant  k  Vir 
l^iso  romaino.  Le  pope,  do  son  cOt6,  crqt  Eloigner,  par  ce 
trioropbe  aar  I'Orient^  les  r^fonnos  qo'il  redoutait  L*union 
ofTerto  par  Pompereur  Joan  III  Pal^ologuo,  fot  ooncloe  k 
Florence ,  aooa  lea  aoaploea  d*Eug^  IV ;  Tacte  en  f ut  sign^ 
par  rempoionr  et  par  lo  patriarcbe  do  Constantinople  le  s 
joillet  f  439.  U  BibUotlrtque-lmp^rialo  en  consenre  I'original. 
Mais  cello  transaclioo,  effoetote  an  ooncile  de  Florence,  no 
fliR  Hd  ni  ao  aebiaaM  d'Orient  ni  ao  acbisnie  d'Occident  : 
les  Grees  la  rqoMrent  avec  opinlAtret^;  et  aprte  la  conqoOte 
de  lonr  capltale,  lo  sultan  Mabomet  II  so  gorda  bien  de 
reconnalire  poor  sea  sojeta  dir^tiena  la  aupr^matie  romaioe. 
Col  babile  pottttqiie  a'ompresaa  do  rendre  aux  Grecs  leur 
patriarobo.  Qoantao  acbismo  d*Occideot,  le  condle  de  Flo- 
reaoe  ftit  le  aigaal  d^mo  divison  nooYeOe.  Les  pr^ats  qui  no 
YoolaioBt  paa  plier  aoos  le  Jong  de  Home  demeur^rent  k 
Bile;  Da  dftpoiteeotlo  pape^  ot  lui  oppos^rent  un  rJTal  dans 
la  porsonnodo  Pancipi  doc  doSaToie,  Am^to  Vin,  qui 
prit  le  DOflft  do  F^lix  V.  Maia  la  scission  op^rte  par  Eu- 
gtee  IV  m'm  porta  pas  moioa  ses  fruits.  Son  rival  ayant  ab- 
dkpiA,  lo  oQMllo  do  B41o  alia  a*^teindre  li  Lausanne  en  1449, 
el  toate  rtfMTBM  dol*iglise  par  elle->inteo  Ait  pour  toiyoors 
ijoiinite.    AuBgaT  oe  VrraT. 

FLOilBlliTINE  (toole).  F^oaticoun  DoPEiimiRE, 
tomeVlU,  p.atl. 

PLOREZ-EmiADA  (Dob  Altaoo),  teonomislo  ea- 


FLORBNCE  —  FLORIAN 


pagnol,  n^,  en  1769,  k  Polo  de  Somiodo,aii  Asbirle,  HtmdSM, 
le  drott  li  OTiedo  eti  Yalladolid.  Monund  ep  iOOft  procBreur 
gto^ralde  laproYincod^Asturie,  U  n^hteita  pas  i  so  dfcbier 
lo  premier ,  en  Espagno,  ccmtre  les  entreprisos  de  Napolfoo : 
de  cette  ^poque  aussi  datent  ses  debuts  comme  ^crlTain  pc^ 
tique.  Plus  t^rd,  dans  sa  Reprisentacion  d  Fernando  Vlt 
en  el  ano  de  18ia  hadendole  ver  todos  suasesicwioi,  oa- 
Yrage  qui  fut  tradui  t  dans  la  plupart  des  langoes  de  PEdrope^ 
il  s'exprima  a  T^rd  de  la  ruction  opir^  par  Ferdi- 
nand VII  dte  qu^U  out  M  r^tabli  dans  la  jouissance  dhs 
ses  droits,  oYec  autant  de  franchise. etde  courage qull  aToit 
ddnono6  les  entreprises  de  Napoleon.  A  la  suite  de  la  rdro- 
Intion  de  1820 ,  il  r^gea  Bl  TYibuno  del  Pueblo ,  feuille 
d'opposition  paraissant  k  Cadix.  Aprte  la  restaoration  op^ 
rte  en  1823  par  Tarm^  fran^aise,  il  ,dnt  chertber  im 
refuge  k  r^ranger,  ot  employa  le  temps  que  dura  sob  ex9 
en  Franco  k  composer  sor  P^oonomie  poUtiqoo  un  Irrre  in- 
titule :  Curso  de  Bconomia  politica,  qui  a  rendu  k  boo 
droit  son  nom  europdea,  et  qui  lui  assure  une  place  Ixmo- 
rahle  autant  que  durable  dans  la  science.  Un  abr^  de  aoo 
ouTrage  a  paru  sous  le  titre  de  Elementoi  de  Bconomia 
po^t^ica  (Madrid,  1841,}. 

FLORIAN  (Jean-Pibrrr CLARIS  de),  naqultao  cha- 
teau de  Florian,  dans  les  C^yeones,  le  6  mars  1755.  (Test 
dans  ce  pays  pittoresque  qu'il  passa  ses  premieres  annte, 
chex  on  aieul  qu'il  eut  bient6t  la  douleur  de  perdre.  Lo 
fr^reatn^  de  son  p^re,  ayant  ^us^  due  nitee  do  Voltaire, 
allait.sou  vent  faire  sa  coor  k  llUustro  habitant  de  Forney;  il  sol- 
licita  la  faveur  de  lui  presenter  son  Jeon6  parent,  qui   so 
troBTait  en  pension  k  Saint-Hippolytel  Voltaire  fut  enchants 
de  ia  gaiety  spirituelle  de  Florian ,  qui  out  U  gl<Hre  de  plaira 
k  Hiomme  le  plus  difficile  de  son  siMe.  En  I76ft,  ig6 
de  quinze  ans ,  il  fut  re^  parmi  les  pages  do  due  do  Pen« 
thi6vre.  Au  chAteau  d'Anet ,  Florian  plut  par  les  grices  d'lm 
esprit  ^dgaot  et  railleur.  LlUustre  prioce  s^attaclia  beaacoop 
k  sonjeune  page,  qui  le  quitta  cependant  pourentrer  dans 
le  corps  royal  de  Pairtlllerie,  dont  il  existait  k  cette  dpoqae 
une  ^le  k  Bapaume.  Nomm^  par  rinfloenoe  de  son  pro- 
tecteur ,  lieutenant  dans  le  r^ment  des  dragons  de  Pentbi^ 
Tre,  il  fut  bientdt  promo  au  grade  de  capitaine.  Aprte  aroir 
^quelqne  temps  en  garnison  k  Maub<^e,  d*o(i  9  Tonait 
soorent  k  Paria ,  il  obtint  enfin  un^  rdforme ,  ao  nK>yen  de 
laquelle  son  service  comptait  toojoors  sans  qull  fdt  oblige 
de  retourner  an  corps.  DeTCou  dors  gentihomoie  ordioairB 
do  prioce ,  il  so  liTra  tout  entier  k  son  godt  poor  lea  belles 
lettres.  Vers6  dans  la  littdraturo  castillane ,  admirateor  de 
Cervantes,  ayant,  d'ailleors,  par  sa  m^,  du  saoff  espagpol 
dans  les  veines,  11  voulut  tenter  de  peindre  Tamoor  cheva- 
leresqne  d'un  autre  Age.  Dou4  d*on  esprit  fin ,  sendble  «i 
rhythme  d*une  prose  ^^gante  et  facile,  coloriste  bsstt 
brillant,  il  lui  aurs^t  fallu  pour'  faire  revlTre  lea  h^ros  de 
la  reoaissaAce,  soil  en  France,  sbit  au-d^  des  PyrWes, 
une  ftme  plus^ergique,  plus  forte,  plus  virile. 

Le  roman  de  Galat6e ,  qu'il  publia  en  1 783 ,  eot  cependaut 
une  grande  vogue ,  que  le  succte  d'Sstelle  no  fit  point  00- 
blier.  On  a  reprochd  k  cos  prodoctions  de  n'avoir  rieo  de 
champ6tre  et  de  pastoral  :  c'^tait  du  Fontenelle,  a^ec 
moins  de  recherche  et  pas  plus  de  V4^rit6.  Tliiard  en  a  fait 
une  trte-fine  critique,  par  ce  mot  si  coonu :  H  manque  un 
loup  dans  les  bergeries  de  M»  de  Florian*  ffunuz  PenmpUius 
lalble  Inspiration  doTdldmaqoe,  pamten  1789.  L'auteur, 
prenant  poor  base  historiqoe  de  son  fabuleux  r6cit  le  pod- 
tiqne  travail  de  Tite-Live,  ne  sot  pas  employer,  eoauneil 
aurait  po  le  faire,  les  mat^riaux  laiss^  par  lldsforiai  ro- 
main.  !fvma  paratt  froid,  manl^^,  faux,  autant  que 
Tite-Live  est  narrateur  dner^qiie  et  colore.  Les  NomelUs, 
Sorites  avec  un  oertam  senUment,  qui  n^est  pas  toojOBrs  de 
boo  aloi ,  plaisent  davantage ;  Pahsenoe  de  oertalnos  qoolH^ 
so  bit  bcAucoup  mofais  sentir  dans  des  rteits  do  oooite  ba- 
leine  que  dana  des  prodoctions  plos  toidnoa.  Le  tb^Alre 
de  Florian,  Imitd  des  sctoes  oomiques  de  lltriie,  ads 
I'attralt  et  un  m^te  veritable.  « On  a  dH  de  Ivi,  d'aprte  I  j 


\ 


FLORIAN  —  FLORIDE 


508 


BMtf^f  quit  afiit  cM  one  nooveile  fiuniUa  d*arleqi]fait. 
Hon  I  r««tfliir  de  oette  Huuille  est  Hariyaax.  Mait  Florian 
a  doii|i6  plus  da  cbanne  k  aaa  Arlequint  qu'aacnn  de  oeux 
qui  I'avaient  prteW ;  il  leaa  MM  d'ona  bonhomie  nalTe 
qui  a*esl  alfMe  par  aoeon  melange ,  et  tout  l*eRpritqoi  la 
relate  B'eslaatfe  chose  qo^iin  compM^  iort  heureux  de  boo 

cceur,  de  boa  aeos  et  de  bonne  hnmeiir Florian ,  dont 

le  talent  eat  eurtoot  marquApar  le  bon  gottt ,  en  se  modelant 
aor  Marivaox  et  Gessner ,  s'ert  appropri^  Tesprit  de  l*an , 
naia  aana  abas ,  la  nalvetifr  de  raatve ,  mais  sans  fedeur.  II 
a  ftit  do  son  Arlequin  le  eontraire  de  oe  qu'a  fait  Beau- 
marebais  de  sod  Flgan :  oelai-ci  est  brUfamt  dans  son  im- 
morality; Taotre  est  eharmant  dans  sa  bontd.  »  Florian 
jouaitqnelqaefois  sesrMeschei  BL  D^A  rgenlai :  iise  faisalt 
applaudir  par  un  jeu  li  la  fois  comiqiie  etde  bon  ton. 

Chargi6  de  denx  couroones  acadteiques,  il  prit,  en  1788, 
rangparmi  lesquarante.  En  1791 ,  11  poblia  Gonsalve  de 
Conhue,  ^udeespagnole,  trop  semblable  an  poeme  de 
Numa  PompUius.  II  revdUt  d*on  tax  habit  les  ribands  et 
ics  chevaliers  d'lsabelle ;  il  leor  doona.  des  peiratea  quHls  ne 
pouvaient  avoir » et  ue  cberalerie  fran^aise,  qui  ne  naquit 
que  plostars  sidles  aprte  eux.  Le  atyle  de  Gonsalve, 
comme  eehii  de  NuaUt^-^  a  de  to  donoeor  et  de  T^daC.  Le 
Prieishitioriquetur  le$  Mauree,  qui  sort  dlntrodnction 
an  roman  sepagBol*  possMe  un  mMle  rtel  eomme  eom- 
position  dliistolre  et  de  litttetnre ;  II  sert,  en  oali«,  k 
proavertoeonafiieneeaYeelaqnelletnivaiUait  Florian.  En  1793 
parerent  MeTablet^  to  meiUeore  deses  productions ,  Writes 
avec  one  plume  spiritacUei  omto  d*on  poteio  fadto.  Qud- 
qnes-nnes  d'entre  elles  aont  dignes  de  fignrer  li  M6  des 
cravres  de  La  Fontaine.  Florian  (hit  mtane  ressortir  la  mo- 
raiiU  dn  Hdi  atee  phis  de  bonheor  que  lefabher.  L'aateor 
de  to  fabte  de  la  Sareelle  et  le  Lo^n  est  to  second  de  nos 
faboltotes. 

Banni  en  17M  par  to  dtoret  qui  d^lsndalt  anx  nobles  de 
derMder  liFaris,ii  alto  ^dtobUr  i Soeaux ,  oA  il  cherehalt 
\  obbUer  dans  to  alienee  et  T^tnde  Torage  qui  agitait 
noire  patrie ,  locsqu'on  Tint  Parr^ter  poor  le  feter  dans  la 
prison  de  to  Bourbe  (Pwi-JAbre).  Renido  li  to  liberty  le 
9  thennidor ,  H  sortit  de  sa  prison  avec  to  manuscrit  de 
GtriUmcme  TM^  to  plna  manvato  de  ses  potaes.  De  retour 
Il Sceauxy  il iot  4 sesamto  ^liMer  ei  Nephtali,  oavrage 
auqod  il  attaohait  to  pins  hante  imporUnce.  Toqjonrs  malade 
depoto  an  captivity  a  moorut  to  Useplembre  1794  siln'^talt 
Ig6  qnedetrente^huitana. 

Aprte  sa  mort,  pamt  sa  tndnelion  de  Don  QuiehoUef 
QBown  tndnfte  ou  Imitte  aree  «d  faux  sentiment  du  ehel- 
d*€BaTn.  Elto.entove  an  ehevallmr  de  la  trUte  figure  toute 
sa  pbysioBomie ,  k  Saaebo  cette  originality  piquante  et 
hardto,  charroo  prinoipat'  de  cette  crtetion  de  verve  tX  de 
gteie ,  an  styte,  enihi,  do  romancier  sa  veritable  couleor. 
Elto  no  saoTsdt  doaner  to  molndre  idde  de  radmirable  Uvre 
de  Cervantes. 

Florian  avalt  pris  do  doc  de  Penthi^vre  des  habitudes  de 
charity  qui  reodent  sa  m^moire  respectable;  dans  sa  vie 
privife ,  il  aimait  li  fronder  les  trevers ,  et  to  sarcasme  dans 
sa  boQche  ^taH  soovent  one  aime  redoutable* 

F.-F.  TnsOT,  de  PAead^orfo  Pras^iM. 
FLORID  AHBLANGA(  Don  Joai  MONINO,  comte  db), 
premiermlnislresoas  toroid^pagneCharlesIlI  etlMmme 
de  granda  talents,  naquit  en  1728, 4  Murde,  od  son  p^re  6tait 
nolaire,  ft  aes  dtodes  k  Satomanque,  et  se  distingua  MentAt 
tenement,  quVm  hri  oonfia  les  fmportontes  fonctlons  d^am- 
irttBidnwr  prta  du  papeOltoientXIV,  poste  difficile,  o5  il  fit 
ptenve  d*ane  remttquaUe  habilet6,  notamment  lors  de  la 
anppnsaioii  de  l<oidre  dea  jdsnitet  et  de  I'^ection  de 
Pto  VI.  Ohartoama'^iitTO  fofcd  de  t^voyer sonministre 
des  aftotrea^tnmgferetf,  GriMldt ,  chbtoit  pour  to  remplacer, 
etd'apr^  lea  consdb  m6me  de  oelui-d,  Monino,  qui  Ibt  en- 
snltecidd  eomle  de  Flohda-Blanea  et  dont  llnfluence  derint 
aana  bomea  torsqn'li  ses  attributions  on  eot  ajout^  le  d6- 
partemeDl  dtes  aifidres  de  grice  et  de  htttlcc,  la  direction 


gMrato  dea  poates,  et  oelto  dea  ponts  et  chanssdes  et  des 
magasina  pobHes.  II  eida en  Espagne  qnelqoea  bomea  routes, 
y  dtablit  des  services  de  dlligenoes,  dirigea  son  attention  to 
phis  sptetole  aor  tos  diverses  branebea  de  to  police  gte^rate, 
notamment  dans  to  capitalev  qn^  embeMt  eonsidtabtoment, 
etsemotttra  entoutasoeeastonstopreteoteoriAdet^claird 
deaarts  et  des  sefenees.  En  1786  fl  s'eflfoHia  de i^ttablhr  to 
bonne  intelligence  entre  tos  ooufs  d'Bspagne  et  de  Portugal 
an  moyen  d^in  double  mariags ;  mato  11  felioua  dans  son 
pra|et  d'assnrer  to  suooession  en  Portng*!  k  un  prince  es- 
psgnol.  Les  expMltions  mllltairas  quit  dAtennina  eon  sou- 
vento  k  entreprendre,  i'attaque  d'Alger  en  1777  et  to  si^ 
de  Gibraltar  en  1783,  eurent  una  issue  malbeurMse.  Pen 
de  temps  avant  to  mort  de  Gtwries  III,  en  oetobre  1788 , 
Ftorida-fitanea  domiasa  d^misston,  elTemit  en  mteie  temps 
an  roi  un  m^mohe  }ustlflcatif*de  mn  administvatioa.  Le  roi 
approuva  oomptoteraentsa  condnito  commo  ministre,  et  ro- 
hisa  sadteission.  Mato  aoos  tor^e  de  Oharles  lY  les 
ennenria  de  Ftorida-Blanca,  Godoy ,  due  d'Afeudto ,  entre 
antres ,  rtessinent  k  le  renverser  en  1792.  II  Itat  alon  con- 
duit prisonnier  k  todtadelto  de  Pampdune,  puto  rendu 
bientM  k  la  liberty  et  exitodans  ses  btonsw  En  1806  i  parut 
dans  Tassembtoe  des  oortito,  ei  mDurut  to  20  novembre  de 
la  mdDM  ann^.  -  ^ 

FLORIDE  ( en  espagnol  Florida ,  orthographe  qui  a 
€ti  conserve  par  les  AmMcauis),  celui  des  Etats*Unis  de 
I*Am^rique  du  Nordqui  est  sltn^  to  dIus  ausud,  se' compose 
dans  sa  partie  orientato  de  to  grande  presqulto  dn  m8me 
nom,  s*^endattt  avee  une  targeur  variant  entre  14  et  20  myria- 
m^trea  entre  Toc^n  Aflantlque  et  to  golfe  du  Mexique,  an 
sud  josqn^au  cap  SaUe,  ou  jusqu'an  d^oit  de  la  Florida, 
dont  to  torgeor  est  d'environ  80  myriamMres;  et  dans  sa 
partie  ocddentole,  qui  est  aussi  to  molndre,  de  PSftendue  de 
cOtes  qui  forme,  sur  une  prolbndeur  de'  7  4  14  myrfam4trea, 
Textrteiitd  m^ridtonato  de  ce  golfe.  Ind^pendaoMnent  de 
to  mer,  ses  fronti4res  sent  an  nord  les  £tote  de  Georgto  et 
d*Alabama,  et  4  Pouest  celol  d*Alabama  senl.  La  soperflde 
totaleestde  l;9eo  myriamMres  carrte.  Le  sol  estg^n^to- 
ment  ptot,  et  dans  ses  pototo  les  phis  Asvte  attetot  4  pdne 
100  mMres  d'altitnde  au-dessus  dn  niveau  do  to  mer.  Sur 
les  deux  cOtes  on  troove  dea  lagones  do  sabto;  Sur  celto  de 
de  Test  les  ports  ne  sent  go4re  aceessibtos  ponrto  plupart 
qu'aox  navires  d'nn  falMe  tonnage.  La  c6te  oeddentate,  an 
eontraire,  est  ^chancrte  par  un  grand  nombre  de  bales  p6- 
n^traut  fort  avant  dans  llnt^rieur  des  terres,  tsltes  que  les 
bales  de  Gnillvan,  de  Chartotte,  de  Tampa  eft  de  Yacasan, 
et  to  bale  d'Appalachto  sur  la  cdte  septentrionato  dn  golfe 
du  Mexique.  Les  conrs  d'eau  sent  plus  conddteUes  que  ne 
le  ferait  supposer  le  pen  d'^l^vation  du  sol.  Les  una  ont 
ced  de  particullef  quMIs  disparaissent  tout  4  coup  sous  terre, 
tandis  que  d'autres  en  sortent  subitement  avee  on  puissant 
vohime.  Les  fleuves  prindpanx  sont  le  Saint-Marys^  vers  les 
fronttores  de  Georgto,  et  le  Satot-iohn,  qui  pendant  45  myria- 
m^res  conto  dans  to  directton  dn  sud  an  nord  et  dans  un 
lit  prenaut  soovent  les  dimensions  d*un  lac,  puto,  apr4s  avoir 
form^  le  lac  Saint-George,  va  se  jeter  dans  Footen  Atlan- 
tique.  Sur  le  cMA  occidenlal,  le  Carlos,  to  Yampai  to  Swa- 
sea,  I'Appalachie,  I'Appdachicota ;  to  Sahit-Joseph ,  le 
Saint-Andrew,  toCboctawhatcfato,  to  Pensacola  ^  to  Perdido 
forment  de  faons  ports.  Le  dernier  de  oes  fleuves  sert  de 
demarcation  4  i^Ut  de  la  Florida  et  4  celu!  d' Alabama;  et 
TAppalachicola  s^re  la  Florida  orientale  de  to  Floride  oo- 
cidentole.  Aparthr  du  eapde  la  Floride,  s*«tend  au  sud- 
ouest,  puto  4  rouest  Jusqu'auxTortttgas,  4  travers  le  ddtrdt 
de  la  Floride,  large  de  30  myrtomares,  la  longue  suite  des 
rieifi  de  la  Floride  on  KetfS,  qui  reodent  d'autant  plus 
dangereuse  to  grande  route  commerdale  entre  to  cdte  de  la 
Floride,  l^  lies  Bahama  et  Cuba,  qu'lto  sont  expose  ^  de  fr^ 
qoentes  temp^tes  et  Ibrmeot  lesp^rilieux  contre-courants  du 
goHe  de  to  Floride.  Congest  quedepdto  18S1  qu*on  a  exacte^ 
ment  rdev^cescOtes  pour  dresser  demdlleures  cartes  mari- 
h€s,  et  qo'on  acommeucd  4  y  augmenter  le  nombre  deftirtiares* 


£04 


FLOEIOE  —  FLORIN 


Le  pofait  le  irtot  important  panni  eet  cAtes,  sons  le  rap- 
port eommeraal  oomme  ions  le  rapport  mllitaire,  est  Weit- 
icy,  doot  U  TiUe  et  port  do  mtaie  nom  ( le  teal  qii*oo 
reneontre  entre  Pensicola  et  la  bale  de  Cheiapeak,  et  odi 
penveot  entrer  ob  tout  temps  det  naTlrea  tirant  12  pieds 
d*ean  )  a  ^  trte-fortifi^  par  runion ,  de  mteie  que  Tor* 
tugaa,  et  coostitoe  la  prindpale  ftatkui  dee  intr^pides  pi- 
lotet  lamaneora  de  la  Florida,  Florida-Wreckers.  Le  sol 
de  la  Floride  est  d'ime  nature  tonte  particoUto.  On  en 
reconnatt  qoatra  claases  difli&rentes.  Les  ffigk-ffammaeks 
sont  converts  de  cbtees ,  de  magnolias  et  de  laoriers,  et  pr^ 
scntent  beaooonp  d*aYantages  poor  la  creation  d*^Ublisse- 
ments  non? eaux ;  les  bas  on  Low-HammoekSf  au  oontraire, 
iont  evpos^aux  inondations ;  mais  quand  on  les  dess^che.  Us 
ae  prMent  li  la  mise  en  culture.  Les  eavanes  on  prairies  qui 
bordent  les  ooors  d'ean,  snrtout  les  savannes  mar^cageoses , 
peoTent  ^tre  transform^  an  moyen  do  dess^cbement  en 
contrte  d'nne  fertilit6  extreme.  Dans  les  immenses  jPine- 
Barrens ,  oo  terres  k  pin,  Tiennent  s^^tabUr  les  petits  plan- 
tenrs  qui  n*ont  pas  les  forces  de  quelques  esclsTes  k  leur 
disposition.  EnUn,  on  y  rencontre  de  Tastes  stoampt,  on  ma- 
rais,  et  la  partie  m^ridionale  de  la  presqu*lle  notamroent  est 
presqoe  tout  entitoe  oooTerte  d'eau.  Ce  qu'on  appelle  les 
JSverglades  s*7  ^tendent  depute  la  rive  dn  trte-grand  lac 
d*OUebocbie  Jnsqu'li  environ  15  myriamares  an  sud,  avec 
one  largBur  variant  entre  4  et  72  myriam^tres,  comme  un 
fmMM««<t  dtert  d'ean  renfermantdes  milUers  de  petites  lies 
entiteement  plates,  dont  la  plus  grande  partie,  reprtentant 
une  superfide  de  plus  de  300  royriamMres  carrte ,  sont  cons- 
tammentcoovertes  de  1  &  6  pieds  d*«au,  matedont  one  partie 
aussl  restent  k  sec  pendant  plusieurs  mote  de  Tanote,  et 
qn'on  pourrait  k  pen  de  frate  transformer  en  fertiles  p&tu- 
rages  et  terres  li  bl^.  Le  climat  et  la  flora  de  ce  pays  ont 
iw  caract&re  essentiellement  tropical.  De  magnifiques  forftts, 
}usqu*li  present  fort  peu  ei^loitta,  foumiasent  d'excellents 
bois  de  construction  poor  la  marine,  notamment  des  cliques 
et  des  pins ;  et  dn  pdUna-ChrUti  on  extrait  de  I'boile.  Le 
colon  et  le  Sucre  oonstituent  les  prindpaux  articles  d*6chauge. 
La  culture  dn  rix  et  surtout  du  mals  y  prend  de  plus  en  plus 
d*extension.  L'ananu  et  le  cacao  y  r^nssissent  admirable- 
ment;  etil  en  est  de  mAmede  tons  les  autres  produits  par- 
ticullers  aux  nigions  anstnles,  cassava,  indigo,  guaves, 
bananas,  tamarin,  eti^  qni  d^jit  donnent  lieu  k  un  grand 
coromeroe  d*exportation.  Le  cbanvre-faucille  y  crolt  spon- 
tandmentan  sud  et  d'auasi  bonne  quality  que  dans  le  Yuca- 
tan. Depuis  quelques  annto  on  y  cnitive  d^excellents  ta- 
bacs,  qui  trouvent  placement  surtout  k  Brame.  La  iaune 
■*est  paa  inoins  ricbe  que  la  flore.  On  y  rencontre  beau- 
ooup  degibier;  et  les  oun  et  les  couguara  sont  les  animaux 
ffinicea  les  phis  dangerenx.  Dans  tontes  les  eaux  on  ren- 
contre Talligator.  Les  richesses  min^ales  du  sol  sont  en- 
core fort  pen  connues.  Les  Aey«  fonmissent  du  sei  marin 
en  abundance.  La  Floride,  qui  II  y  a  quelques  dizaines  d'an- 
nte  n*4tait  gu^  qu^un  dtert,  so  pcuple  de  Jour  en  jour 
davantage.  Sur  les  37,031,S20  acrea  de  terre  que  contient 
oet  £tat ,  11  y  en  avalt  d^k  $42,422  de  mis  en  culture  en  1851. 
La  p<^lation,  qui  en  1830  n'dtait  que  de  34,740  habitants, 
dtait  parvenue  en  1840  an  chiffkv  de  54,477.  Le  recense- 
ment  de  1850  a  constats  un  chiffre  de  87,400  habitants. 
Oette  population  aa  compose,  pour  la  plus  grande  partie 
d^Anglo-iUndricains  venus  s*y  ^btlr,  de  quelques  Anglais 
et  AUemands,  d^un  petit  nombre  d*EspagnoU  rest^s  dans 
le  pays,  et  bSca  motas  nombnox  dans  la  Floride  orientaie 
que  dans  la  Floride  ocddentale,  de  quelques  Indiens  de  la 
Floride,  prindpalement  de  $iminolu  (nom  qui  est  s>no- 
nyme  de  rtftigUi  ),  et  d*une  tribn  de  Creeks.  L'agricul- 
ture  constitue  sa  prindpale  ressource.  L'Industrie  est  encore 
an  berceau,  et  presque  exdusivement  limitfe  au  colon.  Le 
commerce  est  en  vole  d'accroissement  remarquable ;  en  1849 
rexportation  s'^valt  ddji  k  2,518,027  dollars,  et  Pimpor- 
tatkm  &  03,211. 
Li  Floride,  dfeouverte  par  nn  des  compagnons  de  Co- 


lomb.  Ponce  de  Lfon,  en  1512,  lO  dfanaMhedAi  Bamean, 
( Pasqua  Florida  ),  d^oft  le  nom  donn^  k  oette  tarre,  el 
conquise  en  1539  parHemandei  Soto,  eut  poor  preasien 
colons  des  Espagnote,  qui  fondtont  en  1564  Safait-Anguslia 
et  Pensacola  en  1539.  Les  essate  de  colonisation  lenttepar 
les  Franfate  de  la  Loublane  dcbooirent  Aux  lermes  dels 
paix  condne  k  Fontalneblean  en  1762,  rEspagne  c6da  la 
Fk>ride,  qui  ne  Inl  avalt  Jamate  repportA  grand  choae  APab- 
gielerre,  qui  donna  le  nom  de  Floride  ooddentale  k  la 
partie  de  territoire  aitute  li  Pouest  de  PAppalachioola;  msis 
la  paix  de  Versailles,  en  1783,  remit  PEspagno  en  posses- 
aion  des  dens  Florides.  Quand,  en  1803,  Napoldon  eut  vcnda 
li  rUnlon  amAricainela  Louisiana,  c6dte  k  la  France  en  laot, 
des  contestatkma  suigirent  immMiatement  poor  la  ddinils- 
tion  des  firontltees.  Le  prMdent  JIadison  ocdoona,  en  laie, 
PoccopattondelaFlorlde  ocddentale  Josqu*auPerdido.  htn 
ttvrier  1819,  Ferdinand  VII  vendit  les  deux  Florides,  mojea- 
nant  &  millions  dedollare,  li  POnion.  Gdle-d  prit  pooMssioQ, 
le  25  Juillet  1821,  de  ce  pays,  qui  fut  ocganiad  comme  ter- 
ritoire de  l^nion  le  31  mars  1822,  et  ftit  reoonnu  en  1845 
comme  £tat  inddpendant  Sa  constitution  datnde  leas.  Le 
gouvemeur,  qui  toucbe  nn  traitement  de  2,500  dollars,  e4 
&VL  pour  deux  ana;  lea  19  steatenrs  pour quatre ans, et  les 
40  reprteentanta  pour  denx  ans.  La  Florida  n'envoie  ea- 
core  au  congrte  qn'un  seul  reprtentant  En  1846  In  re- 
venue publics  deP£tat  s'dlcvaient  li  60,587  doDan;  les  d«- 
penses,  qui  s'^levaient  encore  en  1846  li  50,250  ddbn, 
^talent  rhinites  en  1849  A  45,000  dollars.  U  Floride  a'a 
pasde  dettes.  Les  ^isea  des  catboliques  y  aonten  bienphn 
grand  nombre  que  les  temples  protestanta.  Dans  ces  der^ 
niere  temps,  des  solus  toot  particuUers  sont  donn^  irins- 
traction  poblique.  En  1849  on  comptait  en  Floride  20  act- 
dtoies  on  coll^  et  60  ^coles  gretuites.  TallakoMie,  sob 
dief-Ueu,  ville  fondte  en  1822,  dtude  au  nord  da  te  bale 
d'Appalachicola,  est  rdite  par  un  chenun  de  fer  de  4  myria- 
m^tres  de  d^veloppement  4  Port-L^on,  et  ne  comple  qae 
3,000  habitants.  Lesautrea  villas  de  I'Kat  aont  Ap]^ilaeki' 
cola,  avec  un  Important  maroh^  aux  cotons ,  un  arteoal 
et  4,000  habitants ;  Pensacola ,  le  prindpal  port  miHtaire 
que  posa^e  l^nion  dans  le  gdfe  do  MexJqne,  et  oh  exis- 
tent d*importants  cbantiere  de  constraction;  Saint-AU' 
gtutin,  sur  la  c6te  orientaie,  dont  la  limdntion  remontai 
1565,  aoraomm^  la  Nice  de  FAmMque  du  Adrd,  i  ctose 
de  la  douceur  de  aon  dimat  et  de  sea  jardina  d'oraagers, 
avec  3,000  habitanta  et  un  port  vaste,  mala  pen  profood; 
enfin  Jaksonville,  aur  le  Saint- John. 

FLORIDE  ( Cap  de  la  ),  cap  foimant  rextrtauttf  sod- 
est  de  la  pteinsole  amMcaine  de  la  Florida,  aur  le  golle 
du  Mexiqne,  vte-5-vis  de  Pile  de  Cuba,  par  25*  de  latitude 
septentrionale,  et  83*  de  longitude  ocddoitale. 

FLORIDE  ( Detroit  de  la ).  Voget  Babaha. 

FLORIFERE,  qui  porta  des  fleurs.  Gette  4>itMla  s'ap- 
plique  surtout  aux  bourgeons  k  fleure  on  boutons. 

FLORIN*  Ce  qu*on  entend  vulgauf«mcnt  par  ce  mot  est 
une  ancienne  monnale  d*argent,  r6eX\e  et  de  compte,  daat 
les  espices,  autrefois  tr4s-r6pandaes,  drculent  encore  au- 
Jonrd'hui  dana  plusieure  l^tata  de  PEurope,  dans  le  Haao- 
vre  et  plusieure  autres  partiea  des  tiXats  germaaiques,  dars 
la  Suisse  et  dans  la  Hollande.  Le  florin  est  dgatomeat  coaao 
dans  qudques-unes  de  ces  contrfes  sous  les  noms  de  pddeM 
et  de  guilder,  Cependant,  11  a  extetA  des  florins  d'or, 
mate  en  fort  petit  nombre,  notamment  en  Allemagae,  od 
Us  ne  forment  plus  maintenant  qn*nne  monnaie  de  oomple 
porementimaghiaire.  Le  florin  on  guilder  dV  deBaaovreest 
le  seul  qui  subsisle  encore.  U  ^qoivant  A  8  fr.  54  oeaL  de 
France.  Le  guilder  ou  ancien  florin  de  Hollands  passe  poor 
2  fr.  10  c  Sur  la  face  dea  andens  gnilden  est  nae  tame 
appuyte  d'une  main  aur  un  livre  plac6  sur  nn  aatel,  et  te- 
nant de  Pautre  one  lance  surmontte  du  bonnet  date  ^''^ 
aveccdtel^ende :  ffanc  luemur,  hoc  niflmifr  (mnu  tede- 
fendons  et  nous  d^pendons  d'eUe);  au  revere,  lei  v^'^ 
des  Provinces-Unies,  le  miilesime,  avec  I.  G.  (ua  guiltier }« 


FLORIN  —  FLOTARD 


505 


Vvodm  oom  seretrouTe  otcore  a»]oiird'hai  dans  l6>lo- 
rino  d^Toaeane,  moniude  tkappte  en  oe  pays  depuU  1826 
el  ndaat  1  lire  1/8,  et  dan3  le  Jtorin  anglais,  monnaie 
d'aifoit  de  la  Yaleur  de  l  shillings,  frappte  d^uis  1849 
eo  An^eterre. 

FLORIN  IFOR, en  latin /or«itia,  en  Itaiien >lorino, 
aneienne  monnaie  d'or  fin  de  la  grandeur  d'un  ducat  actuel, 
frnppte  la  premise  fbis  au  treiiitee  sitele  li  Frorenoe,  et 
<|ui  6lail  du  poids  de  trois  draehmes.  On  la  reconnalt  k 
Peffigie  de  saint  Jean-BapHste,  patron  de  Florence  qu'elle 
porte  d'un  oM^,  et  an  ik  qn'on  y  Toit  de  Tautre.  2jts  uns 
Teulent  qneoe  nom  proTiennede  la  Yille  m^me  de  Florence, 
o6  ces  pitees  farent  frapp6es  poor  la  premite  fois;  les 
aotres,  de  la  fleor  de  lis  qu'eiles  portent  sor  le  reTers,  Jhr 
on  JUnino  di  gigUb. 

[Le  florin  d*orent  grand  oours  non^seulement  dans  les 
pays  cMMb  de  IXorope,  mais  en  Aftique,  en  Asie,  od  les 
Itatieas,  maltres  des  mers,  faisaient  jadis  un  grand  com- 
meroe.  GonsidM  eonune  une  monnaie  mod^e,  11  fut  irnit^ 
par  on  grand  nombro  de  princes :  Albert,  due  d'Autriche, 
Jean,  roi  de  BohAme,  le  pape  Jean  XXII,  Amti^  VI,  comte 
de  SaTOie,  le  marquis  de  Montferrat,  la  reine  Jeanne  de 
Maples  etqoelqoes  prtiats  en  firentfrapperavec  leurnom, 
mids  k  l^dflgie  du  saint  prteurseur  et  avec  la  marque  de  la 
fleor  de  Us.  Le  florin  d*or  dont  Le  Blanc  nous  a  donn^  la 
fignre,  et  qu*il  attriboe  mal  li  propos  k  Louis  VI  ou 
Loots  VII,  est  une  monnaie  de  saint  Louis,  ou  plutOt  de 
Louis  leHotin. 

Les  r^trfiqnes  de  G^nes  et  de  Venise,  qui  Toyaient  avee 
jalousie  to  grand  crddit  que  le  florin  d'or  ayait  acquis^  la 
oour  des  soudans,  frappirent  de  leur  c6t6  des  florins  d'one 
Taleor  nn  peu  plus  forte  que  les  florins  de  Florence.  Oo  les 
appela^loriiu  dueaU,  Sur  Ja  fin  du  quatondtoie  sitele,  fl  y 
avait  plusieurs  esptees  de  florins,  dont  la  valeur  ? arialt 
de  13  fr.  68  c.  Ii  10  fr.  93  c.  Les  voici  i 

Floiin  ducat  de  Venise;  florin  ducat  de  Gtoes,  ou  geno- 
vitio  d'or;  florin  ducat  de  camera  ( de  la  chambre  aposto- 
liqne);  florin  de  Florence;  florin  d'AHemagne  rieux ;  flo- 
rin de  boa  poids  ( boniponderis );  florin  Robert;  florin 
de  la  reine;  florin  de  petit  poids  (parvi  ponderis ) :  ce 
dernier  pr^valut  II  serrait  de  type  pour  mesurer  la  yaleur 
des  aulres  monnaies,  et  on  pent  dire  que  le  sequin  actud 
de  Venise  et  de  Florenee  en  est  la  continuation. 

C*'  Louis  ClBBMUO,  de  I'Acad^aiie  des  Sciencct  de  Tario. 
FLORIS  (FEAMpois),  peintre  braban^on,  sumomm^ 
par  ses  contemporains  le  Raphael  Jlamand,  et  dont  le 
nom  T^ritable  ^taitcfe  VriendL  N^  k  Anvers,  en  1520,  et 
destine  d*abord  k  la  profession  de  sculpteur,  ce  ne  fut  que 
loraquli  eut  attaint  TAge  de  vingt  ans  qu'ii  entra  dans  Pa- 
teller  de  peinture  de  Lambert  Lombard,  et  plus  tard  11  fit 
un  Toyage  en  Italie,  oili  ii  prit  pour  mod^es  les  ouvrages 
de  Micbel-Ange  el  les  antiques.  Reyenu  dans  sa  yille  natale, 
ii  y  fonda  une  ^le,  qui  ne  compta  pas  moins  de  cent  vingt 
^yes,  et  qui  contribua  pulssamment  k  rendre  pendant 
longtempe  sa  mani^  dominante.  II  se  yantait  d*6tre  le 
ftlos  intr^pide  bnyeur  du  Brabant,  et  proposait  k  ce  sujet 
les  d^fis  les  plus  eitrayagants.  Son  intemp^nce  ne  Tem- 
p^bait  pas  cependant  d'etre  uu  rude  trayailleur :  aussi  tou- 
left  les  grandes  galeries  posK^ent-elies  quelqu'une  de  ses 
4:uvres;  sa  meilleure  toile,  La  Chute  des  mauvaU  anges, 
«>rne  le  muste  d'Anvers.  llmourut  k  Anyers,  en  1570.  Son 
iiiattre,  Lambert  Lombard,  li^itait  d&ik  entre  Pancienne 
inaniere  flamande  et  c«lle  do  IMcole  romaine.  Fiorls  adopta 
compl^temeot  ceUe*ci.  11  ne  paryint  au  reste  qu*^  s*assi- 
miler  fort  peu  de  chose  du  faire  de  Michd-Ange  et  de 
Rapliael.  Le  sien  est  toujour^  faux  et  creux,  ses  compost- 
tions  ne  sont  guire  que  des  ^udes  sans  yigueur  ni  carac- 
l^re,  et  cependant  pidnesde  pretentions,  malgr^Ieyidequ'on 
y  nmarqne.  II  lui  arriyait  qudquefois  de  youioir  faire 
pasfer  poor  le  produit  de  rinspiration  des  productions 
ooDfoea  et  eitoit^  dans  i'iyresse ;  on  se  trompcrait  too- 
lefoia  d  Ton  en  coadodt  qull  r^saissdt  surtout  k  repro- 

OlCr.  DB  LA  OONYSBS.  —  T.  iX. 


duire  des  spjcts  emprut^  k  une  yle  sensueUe.  Les  sujets  my« 
thologiques  ^ient  ceui  qu'il  afTecUonnait  le  plus,  et  c'est 
aind  que  ses  Douse  iravaux  d*Herc%Ue  sont  demenr^s  son 
oeuyre  capltale.  Ulo  de  ses  compositions  les  plus  int^res- 
santes  est  -un  projet  d^arc  de  triomphe  pour  I'entrte  de 
Cbarles-Quint  et  de  Philippe  II  k  Anyers* 

Sou  fr^e,  Cornelius  Floeis,  fut  architecle.  VUdUA  de 
fiileo^Anyers  est  de  lui. 

FLORUS  ( L.  Ann^us),  historien  romain.  A  en  juger  par 
un  passage  de  son  introduction ,  il  aurdt  y^cu  au  temps  de 
Trajan  et  d'Adrien :  toutefois ,  oe  passage  est  sujet  k  quelques 
discusdons  phllologiques  sur  le  nombre  d'annte  qui  y  est  ex- 
prim^  :  il  n'y  a  pas  beaueoup  moins  de  deux  cents  ans  de- 
puis  Augusle,  y  est-il  dit;  et  cependant  il  n^  a  que  cent  yingt- 
quatre  ans  entre  Auguste  et  le  commencemente  de  Tnyan  : 
mtoie ,  en  allant  jusqu*^  la  fin  de  ce  r^gne,  on  n^en  trouye 
que  cent  quaranto-troia.  D^autres  raisons  de  decider  que  Flo- 
rus  a  rteUement  yteu  sous  Trajan  et  sous  Adrien  ^tant  p^ 
remptoires,  U  faut  bien  qu'il  y  dt  erreur  dans  la  le^n  des  diif« 
flres ;  ausd  quelques  critiques  ont^ils  propose  de  lira  CL.  au 
lieu  de  GC.  II  s*d^e  encore  une  cont^tation  sur  Florus,  et 
Ton  se  sort  d'un  passage  de  Lactance  pour  attribuer  k  S^n^ua 
les  quatre  liyres  d*Bistoire  romaine  de  Romulus  k  Auguste, 
dont  on  Pa  prodam^  Pauteur;  mais  c'est  une  erreur  ^yidente  x 
le  passage  transcrit  par  Lactance  n'est  point  identique  ayec 
ce  que  nous  lisons  dans  Florus.  Sa  division  des  Ages  de  Rome 
est  tout  autre.  Cependant,  ijoute-tron,  d  Pauleur  n'esl  poifl% 
S^te^ue,  il  est  au  moins  de  la  famille  de  S^^ue  et  de  Lucdn. 
Cest  possible  :  beaucoup  de  manuscrits  le  d^i^^ent  dosi; 
d'dlleurs,  son  nom  d*Annxus  Pindique;  il  paralt  que  cette 
gens  ou  mdson  Annea  lui  ayalt  donn^  ndssance,  et  que 
Padoption  en  fit  un  Florus.  On  soup^nne  que  la  trag^ie 
t^Octavia,  attribu^  k  Sdn^ue,  est  de  lui ;  mais  il  n'a  nen 
de  common  ayec  Julius  Florus  qui  y^ut  sous  Tibire  :  ce- 
pendant, qudques  critiques  en  ont  Cait  Paieul  de  notre  au- 
teur.  Dans  tous  les  cas,  Florus  ^tait,  comihe  les  S^n^ues, 
origindre  d'Espagne.  Ceux  qui  disent  qu'il  n'a  fdt  que  Pex- 
trdt  de  Tite^Liye  commettent  une  erreur  graye.  Florus 
s'tearte  souyent  des  r^cits  de  cette  historien.  C'est  un  ^ri- 
ydn  ^Idgant,  fleuri;  qudquefois  pourtant  il  tombe  Jans  la 
boursouflure  ou  dana  Paffeterie.  On  cite  encore  de  lui  quel' 
ques  yers  k  Peiupereur  Adrien ,  et  une  riSponse  deoe  prince, 
le  tout  sur  le  ton  de  plaisanterie  :  Je  ne  veux  pas  itre  CB" 
soTf  s'^rie  Pauteur ,  je  ne  veux  pas  courir  le  pays  des 
Bretons,  ni sot^ffrir  les  brouillards  deScythie,  et  Adrien 
r^pond  :  Je  ne  veux  pas  6tre  Florus ,  ni  courir  les  caba- 
rets^ etc.,  etc.  Le  reste  n*est  pas  d^assez  bonne  coinpagiiie 
pour  6tre  r^p^l^.  Philippe  de  France,  due  d'Orlt^ans,  (r^re 
de  Louis  XIV,  ayaittitduitcet historien  (Paris,  1656,  in-S**). 

P.  DB  GOLB^Y. 

FLOSSrDUR.  Voyez  Fonts. 

FLOT  est,  en  termes  de  marine,  ce  que  la  physi(iue  et 
lliydrographie  appellant  \e/lux :  c'est  le  temps  que  la  mer 
met  k  monter,  deun  fois  par  yingt-quatre  heures ,  en  venant 
du  large  yers  les  c6tes.  II  est  aussi ,  dans  certaines  accep- 
tions,  synonymede  marde.  Ainsi,  on  ditle  coinroenceineot 
ou  la  fin  dujlot,  ledemi-^To^,  pour  ex  primer  le  commen- 
cement, la  finde  la  mar^e,  la  moltie  de  la  marde.  Un  navire 
profite  du  flot  pour  entrer  dans  une  passe,  puur  sortir  d*un 
chenal ,  etc.  On  dit  qu'un  bAtimeot  est  kflot  pour  ex  primer 
qu*il  y  a  assez  d^eau  pour  le  supporter  sans  qu*il  louche 
au  sol.  Le  mettre  kjlot,  c'est  le  releyer  lorsqu'il  a  touch^ 
ou  qu*ll  est  ^chou^.  Flot  est  encore  syuonyme  de  vague; 
mais  les  marins n'einploicnt  jamds que  le  uiot  lame  en  par- 
lant  du  mouyemeot  de  la  mer :  la  po^ie  emploie  de  pr^fig- 
rence  le  mot  Jlot.  En  termes  de  rivi6re,^o^  est  le  nom 
qu'on  donne  k  un  train  de  bois  :  11  y  a  2,000  cordes  de  bois 
k  flot.  he  flot  comuiencera  le  mols  prochain ,  pour  dire  que 
Pon  jettera  le  bois  k  flot ;  le  flot  est  fini.  M  ckliii. 

FLOTARD  ( N.... ),  Pun  des  fondatcursde  la  char- 
bonneriefran^aisp,  ex-secr^ire  g<in^ralde  la  prefecture 
do  It  Seine  en  lb4S  et  1849,  entra  en  1814  dans  Poctroi  i!« 

64 


S06 


FLOTARD  —  FLOTTE 


Paris,  ety  restejMqii'ai  l8SI,iaiifMMlitemiptkm'd6ser- 
Tice  de  quelques  mois,  en  1812,  ^poqueod  Um  vlt  n6rer 
momentantaient  son  emploi  paroe  qa6  dea  rapports  da-  po- 
lice TaTaleDt  k  tort  ob  h  raison  afgnal^  obmme  ayaat,  iiialgr6 
ton  royalittne  apparent,  tremp6  fort  avant  dan*  lamallwa* 
reuse  aflUre  des  sergents  de  ia  itochelle  (t;oy«i  Boribb). 
Moins  d*une  annte  aprtetette  disgrftoe,  it  rtessissait  k  dd- 
montrer  sa  comply  innocence  et  4  so  ttin  r^intdgrer  dans 
les  cadres  de  I'admlnistratioo,  ou  bientdt  de  preasantes  re- 
commandations  yenoes  de  k>aat  lien  M  firent  regagner  blen 
an  deli  de  ce  qa'ayait  pa  hri  Mre  perdre  la  Mgiretd  de  sa 
Gonduite.  Personne  plus  qne  lui  ne  saioa  de  oris  d'enttiou- 
siaste  admiration  la  ^oriease  r6ro!ation  de  Jniliet :  anssi  ol>* 
tint-U,  avec  la  deration  sp^dafe  acoordte  aux  dome  mille 
h^ros  des  trols  jours,  la  place  de  contrOleor  en  chef  h  la 
iMuri^re  de  Bercy.  Ayant  en  TlmprudeBce,  m%  S  et  6  jnln 
1832,  de  pactiser  ouyertement  avec  Tinsarrection,  on  exem- 
ple  fot  jog^  n^cessaire,  et  on  le  destitua.  Mais  indolgente  et 
patemeUe ,  I'administration  dn  ddpartement  de  la  Seine 
adoodt  antant  qnll  d^pendait  d*eHe  la  Hgaeor  aveo  laqoelle 
elle  avait  dO  traitor  M.  Flotard,  en  I'appelant  li  qnelque 
temps  de  U  ii  Temploi  de  dief  de  bureau  de  rinstmction 
priooalre  k  VhMi  de  Title;  fonctions  non  mohos  Uen  rdtrF* 
bu^es  que  celles  qu'il  Tenaitde  perdre,  d'ailleors  beaaooop 
moins  assc^ettissantes,  et  dans  Texerdoe  desquelles  letrouTa 
la  r^Tolation  de  f^trier  1848.  Ce  Ait  pour  les  vainqueors 
une  y^riitable  bonne  fortune  que  de  tronter  tbaC  instalSd 
d*afance  k  la  Maison  commune,  eomme  pour  leor  en  bire 
les  honneurs  k  leur  arrivte,  un  homme  td  que  M.  Flotard, 
an  courant  des  details  du  mtonisme  admfanistratif  et  dont 
les  secretes  mais  ardentes.  aspirations  r^pubUcaines  leur 
^talent  connues  de  longue  date.  II  y  de?int  aussitdt  leur 
factotum ;  et  le  Jour  06  on  d^ida  que  I'administration  du 
d^parteroentde  la  Seiie,  jusqu'ilors  confine  au  dtoyen  Mar- 
rast  a?ec  le  titr^  de  maire  de  Paris^  rentrerait  dans  Pordre 
normal  et  accoutum^  avec  un  pr^fet  k  sa  t^te,  on  lui  eonr^ 
le  potte  de  aecrdtaire  gdn^ral,  aux  appointements  de  15,000  tt. 
M.  Flotard  ne  jugea  pourtant  pas  que  ce  (At  \k  une 
recompense  li  la  hiuiteur  du  civisme  dont  il  ayait  donn^ 
taut  de  preuTes,  ^  se  mit  sur  les  rangs  poor  TaflQierabido 
oationale.  Des  miUiers  d*affiches  appos6es  k  tons  les  coins 
de  rues  de  la  capitale  et  de  la  banlieue  el  portant  la  for- 
mula consacr^  :  I^ommons  Flotard!  produisirent  sa  can- 
didature qui  fttt  en  outre chaudement  appnyte  paries  bommes 
du  pooToir  et  'par  la  coterie  du  national.  Elle  avait  done 
totttes  cbances  de  r^ussir,  qoand  une  perfide  r^r^tion 
Tint  Tenterrer  k  jamais.  Le  journal  La  Presse  r^imprima 
^  ce  moment  qudques-unes  des  pieces  de  yers  que  de  1823 
k  18S0  M.  Flotard  n*ayait  jamais  manqu^  d^yoyer  an  roi 
ainsi  qu*aux  princes  el  princesses  de  sa  famiUe,  au  renoo- 
yellement  de  cheque  annte  et  au  retour  des  anniyerBaires 
de  leur  naissance.  Tonte  dto^tion  ^talt  impossible.  Ces 
ceuyres  lyriques,  fort  remarquables  sous  le  rapport  de  la 
forme,  respiraient  le  monarchisme  le  plus  ardent,  et  ayaient 
cheque  fois  par  ordre  sop^rieur,  yalu  k  leur  aatenr  des 
favears  nouyeUes  de  la  part  de  Tadministration  k  laqoelle 
il  etait  attache.  M.  Flotard,  protege  contre  les  mauyais  pro- 
pos  des  scepiiques  par  le  temoignage  de  sa  consdence 
eut  le  bon  esprit  de  se  taire,  de  laisser  oublier  sa  m^sayen- 
ture  et,  en  attendant,  de  conserrer  sa  place  et  ses  ap- 
|)ointements.  Admis  en  1849  k  &ire  yaldr  ses  droits  a 
la  retraite,  aprte  trenle-qoatre  anndes  d'utHes  seryices, 
il  consacre  aqjourd'hui  ses  loisirs,  dit-on,  k  mettre  la 
demitoe  main  k  une  BUiobre  de  la  CharbonnerU /ran- 
^aiiCf  depuis  longt«mps  eommencee  et  impatiemment  at- 
tend ue.  

PLOTTAGE  DES  BOIS.  C*est  par  le  flottage  an 
cours  do  I'eau  que  la  plupart  des  bo  is  de  chaoftiige  et 
ni^iut;  (ii  diarpente  sent  cbarries  aujourdliui. 

Vers  le  milieu  du  seixitoe  sitele  les  forftts  yoisines  de 
Paris  oomm enfant  k  s'^puiser,  on  put  eraindre  que  la  capitate 
ne  manquat   8ous  peu  de  bois  de  chauffage.  C*clst  alors 


qoMn  boM^eois  porlsieft,  narehand  de  Ms  de  Mm  eiat, 
Jean  Roi|yet,.imaghia  de  rassembler  lea  em  de  pio- 
sledn'iirisievix  et  liylfcres  mm  naifigBbleB»  d!y  filer  1h 
beiseonpdt  dans  des  for^ts  Aoigoees,  de  lea  fldre  detetadoi 
ainsi  jnsqu'aiix  grandes  riylAres ;  Vk  ^tak  former  des  train, 
et  delosamenerliflotetaans  bateau  Jnsqu^i  Parii. 

Ge  All  dans  le  Monraa  que  Jean  Rooyel  fit  aas  prenien 
essais,  et  qnii  abandomia  avee  oonfianea  aa  coarant  dn 
ruisseanx  rfonis  de  oette  oobtrfo  one  cpnnda.  qnanHU  de 
bois.  Son  projel,  traltd  da  f<die  atant  i'exdootiaB  et  ea- 
trayd,  comma  c*est  la  coutoma*  ne  Mportdi  la  perfedloa 
et  ne  re^ut  toote  raendoe  dont  fl  dtaii  suseeptibie,  qa'sa 
1560 ,  par  Rend  Amoul. 

L'opidFatiott  dn  flottage  des  bois  est  conduita  de  la  bm- 
nito  suiyante  :  Aprte  que  I'on  a  ameai^  les  bob  jusqaPtot 
borde  des  riyiires  et  des  mftHeanx  flottablea,  on  les  y  Jstto 
ptfe  mMe  et  bnche  k  bucbe ,  cheque  propridtafaia  an  oww 
chand  ayant  en  soin  de  laire  marqoer  son  bob  da  sen  noai. 
A  I'endroit  oik  la  riyi^re  dayient  nayigabla,  da  aambfaaM 
chahies  sent  tendues  par  b  trayers,  destfaidea  k  anMer  lei 
bob.  Alors  on  les  trie ,  c^est-Mire  que  ehaeon  bit  lacodllir 
t^eux  qui'  portent  sa  marque.  Puis  od  bs  asaambben  re- 
deauswk  iraim  do  flottage.  Les  bOcfaat  aa«i  fortaneat 
liMenseRibb,deinaniire  li  pouyoir  Hotter  tongteraps  imi 
se  s^parer.  Les  trains,  ces  longs  serpenb  de  bob  ^i  des* 
cendent  les  fleuyes,  conune  dit  Yiolor  Hugo,  onl  ordinain 
ment  70imttres  de 'longueur  sur  4  mMrea  at  danof  de  bige. 
On  les  gouyeme  an  moyen  de  Payiron  et  da  pbo  qd  s'y 
brouyent  fix^.  A  I'origtee,  c*dtaient  dea  honunaa.afnbde 
plastrons  de  pean  remboorrte  qui  guidabntles  trains  per  Is 
seote  force  de  burs  bras. 

Le  flottago  des  bob  occope  dans  le  ddparlemnt  ds  k 
Ni^yre.  une  grande  partie  de  b  popubtion,  notammsit 
dans'les  anondissemenbde  CbAteau<43ifaion  at  de  Cbmeey. 

FLOTTAISON.  En  termea  da  marina,  ^est  b  Hgie 
que  b  niyeau  de  Teao  trace  snr  b  carbia  dte  btfrnent  et 
qui  en  sdpare  b  partb  submergte  de  cdb  qui  ne  Test  pai. 
On  dit  la  ligne  de  flottaUonf  b  plan  de  ftottaUon,  On 
coD^oit  que  b  ligne  de  flottdson  d'un  nayire  yarb  sor  Is 
surface  extMeure,  suiyantqull  est  plosoa  OMins  cbargi 
Toutefob ,  b  ligne  de  flottaieon  dtm  nayire  se  dit  toii||oBn 
en  le  supposant  eompl^ment  chaig^  L'aKpdrienoe  a  prs- 
duit  des  donn^es  tdbment  certalnes  li  cet  dg^^^i  9P^  iv 
les  chantbrs  mtoie ,  et  ayant  qu*on  nayire  soft  lanc^,  on 
connatt,  k  une  trte-l^gbe  dtfTiirenoe  prte ,  saApne  deJM- 
taison  ( Vogez  DtojiCBWDrr).  Dana  bs  riyltaB,cette  Hgw 
de  flottaison  change.  On  sait  en  ettifct  que  b  peeantanr  epMfi 
que  de  Teau  de  mer  est  plos  forte  que  edb  de  Teau  das  ri- 
yi^res;  done  dans  odles-d  b  d^lacementest  pins  cendib- 
rable,  et  par  conedquent  b  ligne  de  flottaUon^  plus  M- 
yte.  Dans  bs  combaU ,  on  s*attache  li  Arapper  b  nayire  ea- 
nemi  au-dessons  de  b  Ugnede  flottaiem,  afln  de  b  fdre 
cooler,  ou  tout  au  moins  d*oceuper  le  plus  de  nM»de pos- 
sible aux  reparations  urigNites ,  et  de  dimfnuer  ainsi  llntea- 
sitd  du  feu  de  son  artilbrie.  Memjii. 

FLOTTANT)  FLOTTAIITE,  oe  qoi  est  porttf  snr  oa 
liquide  sans  alter  au  fond  :  Des  arbres,  des  bdtoos/o/f onli; 
il  signifle  encore  ce  qui  est  mobile,  ondoyant :  Une  robe 
flottante ,  un  panache Jlb^ton^  Au  figure ,  il  taidlqne  11rv6- 
solution,  rincertitude :  C'est  nn  tepnt  flottant. 

En  mati^  de  finances,  on  appdie  detfe  flottante  h 
portion  de  b  dette  pnblique  qui  n'est  point oonsoKMe. 

FLOTTANTES  (lies).  Voget  luss  flovtahtbs. 

FLOTTE.  On  donne  en  g(tedrd  ce  nom  A  one  grsnde 
quantitd  de  nayires  de  tootes  esptoes,  raseemhlde  dans  b  tat 
do  naylgoer  plus  ou  moins  longtemps  ensembb,  soit  poor 
le  commerce ,  soit  sorUmt  pour  b  gnerre.  Un  oonyd  de  bl> 
timenb  marcliands,  ayeeeseorte  de  bdtinienb  de  gaerre, 
forment  dgdement  ensemMe  une  flotta.  Tooleleb,  iMnot 
flotte  est  le  senl  qui  soit  oonsacrd  par  Hiistoire,  I  roeoaefioa 
des  armemenb  des  anciens  s  dnri  on  dit  la  Jibffe  de  Xinb » 
la  ^flotte  de  C6sar,  dc,  Les  plus  andennes  floHes  dent  rWe^ 


tlOTTE  -- 

loire  biM  mentioii  sont  odles  to  PMnldeos.  Longtemps ' 
flUeirtireat  mattroMes  du  oommerce  de  la  MMiterraote,  et 
YefB  ran  1250  avant  J.-C.  elles  franchirent  le  d^troit,  et 
firent  irraptiondao3  rocten.  Ce  ne  Ait  que  six  oonta  anaapr^ 
que  leatgyptieoa,  sous  le  rtgmi  de  Bocdu>ria»,  se  cr^^reDt. 
one  marine.  Le^successeur  de  oe  pribce,  MMoe,  son  <  fils , 
apris  avoir  lait^cooatniire  on  grand  nombre  de  vaiaseaux, 
esp^la  dea  boida  de  la  mer  Rouge  une  fiotU.  qi^i,  par  sea 
ordrea ,  fit  le  toor  de  TAfriqne,  et  retoorQa  em  ^gypte  en  ren- . 
trantdansla  Bt^iterran^  par  le  d^troil  de  G  f  b  r.a  I  i^r.  (lette 
entrepriae  maritime  fut  ei^cutte  par  le^  Phdoiciena  dans  Fes- 
paee  de  trois  annto.  Ce  iUt  Yen  la  m£me  ^poque  que  pa- 
r<irent  les  premiera  armementa  maritunea  iniUtaires.  pepuis 
U  bataille  naTale  de  Ck>rfoa ,  dont  parle  Tbacydide ,  W  Co; 
rlnUutf^  y  lea  Greca,  les  Romaina  arm^ent  auccesaiy^ment 
de^fiottes  ooastd^rablea.  A  Actiom^  les  demx^cttt^  cnne- 
ffliea.  se  composaient  de  260  yaisseaux  du  c6t^  d^Octave , . 
et  de  220  aoua  lea  ordrea  d'Antoine.  La  flolte  la  ploa  formi- 
dable dea  temps  modemea  fut  celle  que  prepare  pendant 
tioia  ana  Pbiiippell,  roi  d'Eapagne,  poor  d^lrdner  la 
reine£Uaabetbd*Aiigleterre«  et  h,  laquelle  il  donna  te.npin 
A'invineibU  arma  3a  •  On  salt  quel  fut  aon  aor(  et  com- 
ment le  dteatre  qui  a^enaulYit  fit  perdre  aana  retour  Si  r£s- 
pagne  aapr^pond^rancemaritime.  L'annte8uiYante£Uaabetb| 
MiYoyantpar  repr^aaillea  une  flotte  centre  lea  Hspagnola, 
remportait  aur  eux  dea  avantages  consid^rablea. 

On  a  aagemeut  remarqu6>du  reste,  que  cea  prodigieosea 
armtea  naYalea  n^ont  presque  jamais  r^uaai  dans  leursexp^ 
ditioos.  L'empereor  i^on  1" ,  qui  a?ait  envoys  contre  lea 
Vandales  one  flotte  compost  de  tous  les  Yaisseaux  d'Orient, 
sor  laquelle  il  avait  embarqu^  100,000  bommes,  ne  put  con- 
qu^rir  TAfirique,  et  fat  sur  le  point  de  perdre  Tempire.  L'bis< 
tuire  a  conaacr6  la  valeur  de  la  flotte  fran^alse  au  mots  de 
prairial  an  ii ,  et  Pb^roique  ^isode  du  Vengeur  pour 
assurer  rarri?^  en  France  du  conYoi  de  grains  expddid 
dea  £tats-Un|a  d'AniMque,  On  emploie  aujourd'hui  s(i^da- 
knkent  le  mot  jZo//e  pour  d^igner  la  totality  des  b&timents 
de  guerre  d*un  £tat  Ainsi  Ton  dlt :  la  flotte  de  guerre 
deTAngleterre  ae  compose  de  tantde  Yaisseaux,  de  tant 
de  fr^tca,  etc.  Cbez  nous,  on  est  all^  m6me  plus  loin,  et, 
dans  le  langage  officiel,  on  a  adopts  le  mot  fioite  tout 
eoort.  Les  tableaux  du  minist^  de  la  marine  portent  : 
ital  des  bdtiments  de  tout  rang  composant  la  flotte 
(voyez  Mabinb).  Dana  plusieurs  pays  strangers ,  esa  Angle- 
terre  sortout,  on  se  sert  encoredu mo\ flotte^  dans  son  sens 
priffiltii,  pour  d^igner  une  armde  naYale^  une  forte  esca- 
dre,  Tensemble  des  bAtiments  de  guerre  r^unis  dans  up 
port,  sur  une  rade; et  Ton  dit :  La  flotte  deplymoutb,  la 
flotte  de  la  M^terran^e,  etc.  CTestdans  la  transcription  des 
aignaux  de  mer  que  le  mot  flotte  est  le  plus  fr^uemment 
usit6,  pour  designer  un  ensemble  de  b&timents  paraissant  na- 
Yqsper  ensemble  et  qu*on  ne  peut  encore  reconnaltre. 

On  nomme  aussi  flotte  des  barriques  videa ,  ^ingute 
pour  soutenir  un  cAble  au  niTeau  de  Pean,  ou  seulement 
PdeYer  au-dessus  d^un  fond  de  roches  ou  de  coiiaU  $  ^ui  le 
ragaeraientsans  cette  pr^ution. 

Enfin ,  en  termes  de  p^cbe,  on  donne  le  nom  de  flotte 
h  un  morceau  de  ii6ge,  de  bois  l^r,  de  plume ,  etc.,  trou^, 
dans  lequel  passe  la  Signe  ou  la  seine,  et  qui  flotte  pour  te- 
II if  la  ligne  a  la  surface  de  Teau ,  et  d^oouYrir  si  quelque 
l^oisson  mord  h  Piiame^n.  BIeiu.im. 

FLOTT£(Bois).  Foyes  Bois,  tome  III,  p.  S59. 

FLOTTE  D'ARGENT.  VoyezGxuon, 

PLOTTER^  en  termes  de  marine,  se  dit  des  corps  qui 
restent  k  la  surface  dereau  lors  de  leur  immersion :  un  corps, 
Luobjetyfo/^elorsquesouYolumeest  plus  grand  que celui  da 
la  quairtit^d^eaa  quMl  d^place.  Flatter  signifie  Aus^s'agiter, 
voltigeren  sens  divers  :  un  pavHlon,  une  flamme^o^to; 
on  Udiflotter  an  paYtUon,  lorsqu^on  le  bisseen  rade  ou  en 
mer  pour  se  faire  rcconnattre. 

KLOTTILLE)  nom  que  les  Espagnols  donnaient  autre 
fofs  a  quelqiies  v:r<  eaux  qui  devan^ient  leuTfloliede  la 


FLODRENS 


607 


Yera-Cruz',  au  .retour ,  et  ven^jent  donner  avis  en  Kapagne 
de  son  depart  et  deTimportancci^de  son  cbargement  Main* 
tenant,  on  nomme  Jlo^/i^le  Don  paa  one  petite,  flotte,  une 
flotte  p^  consid^abley  mais  une  i;diunion  plua  ou.moins 
nombr^ae  de  bAtimeots  de  guerre  l^rB»  de  canonni^res, 
eooQjne  oellio  qu*entretient  la  Russie  idana  la  Baltiqnesar  lea 
eOtea  de  la  Finlai^de.  On  n^a  pai^oubli^  L'armement  de  la  fa- 
meuse  flottille'de  Boulogne  an  conunencement  du 
Steele,  dans  le  but  d'op^rer  une  descente  (^  Angleterre, 
et  la  frayeur  que  ces  pr^paratifs  inapirtent  k  noa  Yoisins 
d^outre-Bfancbe.  Un  arr^t^du  premier  consul,  dn  12  juillel 
1801 ,  organise  la  llottilie  de  Boulogne  en  neuf  diYiaions 
de  bfttimenta  lagers,  sous  le  comnundement  dn  contre- 
amiral  J^tpucbe-Tr^Yflle..  Cea  embarcationa,  construltes, 
6quipto  et  armto  sur  lea  dllE^rants  poipta  des  oOtea  de 
France,  arriv^rent  aocceaalYement.  an  rende»-Youa.  Ausai, 
dhi  son  retour  de  Texp^tion  contre  Ck>peobague,  Tamiral 
Nelson  en  d^da-t-il  unenouYeUe  contre  le  port  de  Bou- 
logne. Son  but  ^tait  dMncendier  la  flottlUe  firanfaise,  en  la 
surprenant  en  rade.  Mais  ses  attaques  r^liMn  ne  r^aasirent 
pas.Lapaix  d'Amiena,  algndele  27  mars  1802,  mit  fin 
poor  quelque  tempa  aux  armementa  des  deux  puissances 
bellig^ntes.  Toutefoie,  aprte  sa  rupture,  Bonaparte  reprit  aon 
projet  de  descente ,  et  cette  foia  sor  un  plan  plus  vaste  qne 
celui  de  1801.  160,000  bommesfurent  &Mg6i  aur  lea  c6tea 
de  la  Mancbe ;  lis  devaient  dtre  embarqu^  aur  2,000  bAti- 
meots de  petite  dimension ,  offrant  peu  de  prise  aux  bou- 
ieta,  et  manoeyTrant  principalement  k  la  rame.  Laflottllle  de 
Boulogne  se  composait  deprames,cAa/otfp^eaiio)ini^es, 
bateaux  canonniers,  p^iches  et  cmgues  t  elle  avait  coftt^ 
de26  &  27  millions  de  fhincs.  Aprte  le  depart  de  la  grande 
arm^  pour  la  campagne  d*Austerlitx,  la  flottille,  d^rmais 
sans  destination ,  fut  d^rmte ;  une  partie  des  embarcations, 
doolie,  fut  employ te  aa  service  des  cOtes,ct  les^uipages* 
misk  terre,  formirent  cinquante  bataillons  de  flottille,  qui 
prirent  one  part  glorieuse,  notamment  en  Espagne,  k  tous 
les  fiucchs  et  les  revers  de  nos  armes. 

On  donne  encore  le  nom  de  flotilU  k  une  reunion  d^em- 
barcaliona  k  voiles,  ou  k  vapeur ,  de  dimension  forte,  que 
Ton  r^unitdans  lesrades  des  ports  militairespour  ex^ter 
les  grandes  Evolutions  de  ligne; ,  dans  Tinl^rAt  de  rinstruc- 
tion  militaire  des  ^uipages  et  despfliclers.         Merlin. 

FLOU9  expression  vagne,  aur  le  sens  de  laquelleil  est 
difficile  d*Atre  bien  d*accord.  Elle  Etait  fort  en  uaage  dans  le 
si^le  dernier.  On  a  pr^tendu  qu^elle  venait  du  latfai  flui- 
dui^  etqu'elle  exprimait  la  douceur,  le  gofit  moelleox, 
teadre  et  aoave  qu^un  pebitre  babile  met  dans  son  ouvrage. 
Peindre^otf  estlecontrairedepeindre  durement  et  siche- 
ment.  Cependant,  cette  expresaion  ne  pourrait  plus  main- 
tenant  se  prendre  en  bonne  part.  Duchesne  atn6. 

FLOURENS  (MABiB-JBAN-PiEaas)  eat  n6  en  1794,  k 
Maureilhan,  canton  de  Campestang,  prte  de  B^era,  pa- 
trie  de  D.  de  Mairan,  qui  luimdme  fut  longtemps  secretaire  de 
I'Acad^ie  des  Sciences.  £n  1813  M.  Flourens  fut  re^u  doc- 
tenr  en  m^decine  k  la  Faculty  de  Montpellier ,  n*ayant  que 
dix-neui  ans.  II  partit  deux  ana  apr^  pour  Paris;  il  est  de 
,  tradition  que  les  mMecins  du  midi  viennenty  parfaireleurs 
Etudes.  M.  Flourens  se  lia  avec  les  savants  et  les  Ecrivdus 
pbilosopbes  beaucoup  plus  qu'avec  les  mEdecins.  1 1  vEcut 
d*abord  dans  la  famiiiaritE  de  quelquea  cEl^brea  dEbris  de 
la  sociEtE  d'Auteuil,  cultiva  snrtout  la  bienveUlance  de  Des- 
tutt-Tracy,  tout  en  cbercbant  k  s*assimiier  aa  pbllosopbie  id6- 
dogique.  Bient6t  il  connul  G.  Cuvieret  Geoffrey  Saint-IIilaire, 
dont  son  esprit  sErieux  et  rEservE  lui  condlta  le  bon  Youlonr. 
Mais  en  Mt  d'amis  ainc^es,  il  n'en  compta  paa  de^plua  dE- 
vouEs  que  Chaptal,  FrMEric  GaWer  etIemEdedn  Itard. 
Son  premier  Ecrit,  public  en  1819,  opuscule  dont  la  clartE 
contraatait  singuli^rement  avec  le  style  de  quelques  prolea* 
seurs,  avait  pour  objet  Tanaly se  de  la  pbllosopbie  anatomique 
de  Geoffinoy  Saint-Hilaire.  On  y  remarqua  surtout  le  pu^ 
sage  dans  lequel,  parlant  des  propriEtEs  vitales  admiaea 
par  rvk»le  de  Bichat  et  TEcole  de  MontpeUier,  rEcrivaia 

t>4. 


£08 


FLOURENS  _  FLUCTUATION 


disait:  n  CTest  un  rideau  qui  cache  no  vide.  »  Cette  publi- 
cation (it  fortune,  et  dte  lors,  oollaborateur  k  la  Revtte  [eney* 
clopidique  et  au  Dictionnaire  classique  dTifistoire  naUi- 
relle,  N.  Flourens  vit  tous  ses  d^irs  peu  k  pen  comU^,  non 
•ans  oonstauce,  mals  saiu  obstacles  et  sans  efforts :  pas  un 
]ivre  ne  Cut  public  au  Museum  sans  que  M.  Flourens  k  cette 
^poqne,  ne  fOt  pri^  d*en  rendre  conipte.  Son  premier  ouvrage 
original  eut  pour  sujet  VH^Ui  hoUentote;  cet  ^rit,  de 
in^ocre  6tendue,  fut  public  dans  un  journal  de  mmcine 
^lit^  par  Panckoiiclie.  Mais  TouTrage  qui  fonda  solidement 
M  n^piitation  lot  l^analyse  des  organes  nerTeux  et  des  ik- 
colt^  d^parties  li  eliacun  de  ces  organes.  Ce  que  le  doctear 
Gall ,  alors  k  I'apogte  de  sa  o616brit^ ,  n'arait  envisage  que 
par  r^ons  et  par  reliefs,  M.  Flourens  Tonlut  I'analyser 
par  categories,  et  dans  une  suite  de  m^oires  k  llnstitut  il 
rend  it  compte  d'exp^riences  tentto  sur  les  nerfo,  sor  le  oer- 
veau,  le  cenrelet,  la  moelle  alloogte,  la  moelie  ^pinito,  etc., 
c*est4-dlre  sur  les  organes  des  sensations,  de  la  perception , 
du  Tooloir  et  des  nuMiTements  arbitraires.  II  mit  au  serrlce 
de  cette  entreprise  difficile  un  esprit  tr^fin,  trte-ing^eux, 
une  sagadte  p^n^trante  et  une  plume  d^k  fort  exerc^, 
It  l*habilet^  de  laquelle  on  se  plot  k  attribuer  la  majeure 
partie  d\in  succ^s  fort  grand.  Sans  doute  les  d^termina- 
lions  fonctionnelles  qu'^tablit  alors  M.  Flourens  ne  sont  pas 
tontes  rest^  entires ;  mais  sa  m^ode  excellente  a  port6 
dans  la  science  des  germes  f^ficonds,  que  Pexp^rience  a  d^ve- 
lopp^  sans  relAclie  et  en  plus  d*un  point  transform^. 

Voici  ce  que  I'aoteur  a  dit  lni*m6me  de  oes  travaux  : 
«....  Nui  physiologiste  encore  n'avaitTu  ce  quil  fallait  faire 
pour  porter  la  prteision  dans  les  experiences  sur  Venc^- 
p!iale.  On  n'isolait  point  les  unes  des  aotres  les  parties 
soiimises  k  Pexp^ence.  On  n*aTait  done  que  des  experiences 
confoses;  et  par  ces  experiences  confuses,  que  des  ph^no- 
mtoes  complexes,  et  par  cesphenomenes  complexes,  que  des 
conclusions  Tagnes  et  incertaines.  Une  autre  cause  d*errenr 
etait  de  bomer  Texperlence  k  certaines  parties  du  systtoic 
nerreuxy  ^  d'attribuer  ensuite  k  Tensemble  du  syst^me  de^ 
effets  qui  presque  toujours  n*appartenaient  qu*k  telliw  on 
telles  de  ses  parties.  »  '.  c 

L'analyse  pshychologique  de  M.  Flourens  se  fonde  sur  Fa- 
nalyse  physiologique  des  actes  sensitifs,  des  facult^s  de 
i*Ame  et  de  Tesprit,  et  Ton  doit  comprendre  quMl  est  plus 
Tacile  de  classer  des  facultes  at>stractives  que  de  prdciser 
sans  erreur  k  quels  organes  s^en  rattache  PefTective  r^ali- 
f^atlon.  Cependant,  Toid  k  pen  pr^s  comment  se  resume 
le  Ryst^me  de  Tautenr  :  le  nerf  excite  des  contractions;  la 
moelle  epini6re  lie  les  contractions  partielles  en  mouTe- 
roents  dVnsemble ;  le  cerrelet  coordonne  ces  mouTements 
d*enfiemble  en  mouvements  regies;  enfin,  par  les  lobes 
c^rebraux  on  hemispheres,  Tanimal  permit  et  Tent...  Char- 
les Bell  k  cette  epoque  n'ayait  pas  encore  indique  et 
decouvert  dans  la  moelle  epiniere  les  instruments  distincts 
du  sentiment  el  du  mouTcmennt. 

Quant  aux  moovements  dits  de  conserratron,  M.  Flou- 
rens rechercha  quel  en  poovait  etre  le  premier  mobile  et  le 
regulateur,  et  il  crut  voir  qu'il  existe  «  dans  la  moelle  at- 
longee  Cc'est  lui-mCme  qui  parte)  un  point  tres-droonscrit, 
lequel  est  tout  k  la  fois  et  le  point  premier  moteur  do  meca- 
nisme  respiratoire ,  et  le  point  central  et  vital  du  systeme  ner- 
venx.  Dej^  Lorry  avait  vu  qu'il  y  a  dans  la  moelle  epiniere 
un  point  ob  la  section  de  cette  moelle  prodoit  subitement 
la  mort.  Le  Gallois  avait  vu  que  ce  point  rfpond  k  Forigine 
de  la  hnitieme  paire.  J'ai  determine  les  limites  precises  de 
ce  point,  et  j'ai  fait  voir  que  dans  les  animaox  de  petite 
taille,  dans  le  lapin  par  exemple,  il  a  trois  lignes  k  peine 
d'etendne.  Ainsi  done,  poursuit  M.  Flourens ,  c'est  d'on 
point,  et  d*un  point  unique,  et  d'un  point  qui  a  qnelques 
lignes  k  iMine  d^etendne,  que  la  respiration,  Texercicede 
Taction  nerveose,  Ponite  de  cette  action,  la  vie  entiere  de 
Tanimal,  en  un  root,  dependent.  » 

Ce  sont  1^  det  resultats  memorables,  qn'on  a  pu  essayer 
it  CQUtredire,  qu*on  a  pu  envier  et  critiquer,  mais  san; 


fahre  le  moindre  tort  an  savant  oeiebre  qui  les  expose  nm 
one  simplidte  de  si  bon  goAt  et  one  clarte  si  parfilte. 

Une  fois  qu'il  eut  commonique  k  nnstitnt  ses  prindpslei 
experiences,  M.  Floorens  se  retira  dans  sa  |irovinoe,  et  il 
ne  la  quitta  qn'anx  soUidtatlons  instantesde  ses  amis,  qui  le 
nommerent  pen  de  temps  apres,  eo  1818,  roembie  de 
FAcademie  des  Sciences,  en  reroplaoement  de  Bote,  dans  Is 
section  de  reconomie  rorale.  En  ISSS,  une  annee  aprte  Is 
mort  de  G.  Covler,  il  lui  socceda  medlatement  ( car  Do!  oag 
I'avait  precede)  en  qnalite  de  secretaire  perpetoeL  Pour  Tsc- 
oompHssement  des  devoirs  imposes  par  cclte  charge  si  bril- 
lante,  M.  Floorens  a  pron«nre  plnsieors  eioges  remsrqua- 
bles,  en  particolierceax  deG.  Covier,  de  LaorentdeJoisico, 
de  Desfontaines,  de  De  CandoUe,  de  Geoffrey  de  Saint-HUaire, 
de  B.  Delessert,  et  recemment  celni  de  M.  de  BlainTille, 
dernier  disconrs  od  I'aoteor  a  fait  Infiraction  li  ses  habitndsi 
d'indulgencecomme  aox  traditions  academiqoes,  en  donnant 
an  panegyriqne  d'on  confrere  les  formes  da  blAme  et  pfau 
d*one  fois  les  vives  allures  de  la  satire.  On  devine  asset  qot 
M.  de  BlainvOle  avait  dO  meriter  on  venger  de  son  vinot 
Feioge  equivoque  dont  on  saluerait  sa  memoire. 

M.  Floorens  en  1 840  fat  eio  membre  de  rAcademie  francaiM 
en  remplacement  de  M.  Michaod ,  et  il  eot  lagloire  ce  )oo^ll 
de  I'emporter  sor  Bf .  Victor  Hogo.  Nomme  pair  de  Fnuwe 
en  1846,  M.  Flourens  a  vu  cette  haute  magistratore  se  le- 
parer  de  lul  sans  en  parattre  affecte,  et  tres-certainemort 
ses  travaox  et  sa  reputation  n*ont  fait  que  s^en  accroUre. 
II  a  publie  sur  Buffon,  Fontenelle,  Gall  et  Cuvier  des  oo- 
vrages  estimes.  II  a  demierement  annote  one  edition  de 
BufTon,  pabKe  des  le^ns  sor  la  generation  et  Povokigle, 
on  bel  oovrage  sor  la  formation  et  le  developpement  dei 
OS  et  des  dents,  et  one  histoire  critiqoe  de  is  dreoiaUoa 
du  sang,  comroe  aossi  one  seconde  edition  de  ses  Recher- 
ches  sur  U  systhne  nerveux,  II  a  de  plus  faitconnattre  et 
soigneoseroent  expose  les  idees  de  Frederic  Cn?kr  oir 
rUistinct  des  animaox.  La  chaire  de  physiologie  coBipai^ 
que  le  goovemement  avait  creee  an  Museum  en  faveor  de 
ce  digne  frere  de  Cuvier,  c^est  M.  Fiourens  qui  I'oceope. 
Enfin ,  ce  fecond  aoteor,  lionune  de  beauooop  d*esprit,  pr6> 
pare  oo  a  deji  poblie  heaocoop  d'aotres  travaox ,  qui  h 
plopart  panussent  par  chapitres  detaches  dans  le  Jmmul 
des  Savants,  epreuve  inestimable  qui  lenr  ooni%re  one  pint 
prompte  perfection.  Isidohb  Booaooif. 

FLOU  VE  9  genre  de  plantes  de  la  famille  des  graminto 
ainsi  caracterisee  :  epillets  triflores,  ayant  les  deox  flews 
inferieores  neotres  et  la  soperieore  hermaphrodite ;  deox  glo- 
mes carenees,  dont  I'inferieore  plos  coorte,  uninerve,  el 
la  superieure  trinerve ;  deuxetamines;  ovaire  se&«ile;  deox 
styltt.  Le  nom  latin  de  ce  genre  est  anthaxantum  (dedMo^ 
fleur,  et  CavOoc>  jaune  pAle) ;  Torigine  de  son  nom  vnlgtirs 
est  inconnue.  L^espece  de  ce  genre ,  qui  abonde  dans  no 
prairies,  est  Xtflowoe  odorantt  (anthoxantkum  odoratwm, 
Linne),  qui  ne  plait  pas  rooins  au  gotkt  qu*^  Todorat,  el 
que  tons  les  herbivores  brootent  avec  avidite.  C*est  k  cette 
plante  qoe  I'on  attriboe  Todeor  agreable  do  foin  recemment 
coupe  et  seche.  Cependant,  qoelqoes  medecins  ont  pretendo 
4ue  les  emanations  de  ses  fleurs  sont  malsaines ,  et  meme 
dangereuses;  d*autres,  an  oontralre,  sootiennent  qne  tout 
est  balsamique  dans  la  floove  odorante,  et  qoe,  loin  de 
redouter  son  parfum,  d*aillears  trea-faible,  on  ferait  blende 
le  respirer  pendant  les  beaox  joors  qol  precedent  la  r^Hte 
des  foins.  FEaav. 

FLUATE.  Foyex  Fldororb. 

FLUCTUATION. Ce  mot vientevidemment  derasped 
qu'ofTrent  les  ondulations  d'uae  grande  masse  d^eaoagitee  par 
les  vents  on  par  toote  autre  cause,  qoolqoll  neaoit  pas  nsite 
dans  ce  cas.  Le  ceiebre  chirorgien  DionisparaK  lepronier  IV 
voir  employe  au  propre  poor  designer  lepbenomene  parlequel 
on  reconnalt  dans  un  abces  la  presence  de  la  maUere  pu- 
rulente.  L'application  de  qnelques  doigts  sur  one  partie  de 
la  tumeur  et  la  percossion  avec  Tindex  oo  deux  doigts  df 
1'autre  main  sur  differents  points  de  oetle  meme  tuucur  li«*- 


FLIJCrUAllON  —  FLUOR 


500 


prlmeiit  aoBqidde  qa*dle  contient  uoe  sorted'ondalatioo  qui 
en  bit  nconnattreU  prtence  :  c'est  ce  qoeDloois  appeUdt 
JiuduaOon  dupus.  Ce  mot,  pris  aa  propre,  d  dans  un 
MBKplos  i^^ral ,  doit  s*appliqiier  aox  mooTements  ondn- 
latoins  de  tont  liquide  renfienn^  dans  one  poche  ou  cavity 
\  pirolamolles  eCmobilea*  Aind,  dans  lliydropisle  ascita, 
)a  cavity  abdoininale  se  rempUt  d*un  liquide  dont  on  reoon- 
natt  la  presence  h  ses  mooTementsde  fluctuation ,  el  II  y  a 
^nelquea  cas  od  U  fiiut  un  bien  grand  tact  pour  distinguer  ce 
pbteomtee  de  eelui  de  I'esptee  de  rteitence  tiastique  pro- 
dnile  dans  diTers  m^tterismes  de  rabdomen.  La  fluctua- 
tion dans  les  ^ncbements  d'un  liquide  sangnin  ou  s^ux 
dans  le  tborax  est  plus  difficile  encore  k  reconnattre  par  la 
percnssloo.  Ce  genre  de  diagnostic  est  tout  k  fait  inappli- 
cable anx  ^pancbements  dans  la  cavity  c^r^brale,  &  moins  que 
lesprogrtede  lamaladie,  comme  il  arrive  qneiqudois, 
a^aient  M  pouss^s  au  point  que  les  parties  constituantes  de 
cette  bofte  osseosenese  soient  trouTto,  par  ^accumulation 
continuette  du liquide,  forc^roent  s^parta  les  nnes  des  au- 
tres,  an  point  de  laisser  entre  les  sutures  un  intenralle  plus 
ou  moins  grand  :  ph^nom^ne  qui  ne  peut  gu^  s'obsenrer 
qnl  de  c<^taines  ^poques  de  la  yle. 

Les  roouTements  altematifs  d^d^vation  et  d'abaissement 
qn'offrentles  pbdnorotoes  de  la  fluctuation  out  fait  attacber 
k  ee  mot  un  sens  figure. :  c*est  ainsi  qu^on  exprime  quelque- 
fois  par  cette  expression  ia  liaosse  ou  la  baiase  des  efTets 
publics.  On  dit  aussi  la  fluctuation  des  opinions ,  des  id^, 
poor  fndlqoer  leurs  difTdrentes  yariations ,  leur  peo  de  sta- 
bility oo  plutdt  d'agitation  contlnnelle.  Billot. 

FLUE  (Nicolas  de),  NUolaus  von  der  Flue,  connn 
eomme  ermite  sous  le  nom  de  frire  Clacs  (abr^Tiation  de 
Nieolaus),  naquit  en  1417,  ^  Saxeln,  petit  bourg  du  bas  Ya- 
lais.  II  passa  sa  jeunesse  k  garder  et  k  soigner  le  bdail,  se 
maria  et  donna  le  Jour  k  cinq  gar^ns  et  k  cinq  lilies.  Ce- 
pendant,  il  avait  toujours  men6  une  Tie  contemplatiTe, 
pure  et  religieuse.  II  ayait  d^jk  dnqnante  ans  lorsqiie  sa 
femme,  Dorotbte  Wysling,  oonsoitit  k  ce  qo^l  se  retirAt 
dans  la  solitude.  Josque  \k  U  s'dait  rendu  utile  k  I'adminis- 
tratlon  de  son  pays,  quoiqu^il  ne  sQt  pas  m^me  lire;  il  ayait 
rintelligenoe  des  affaires,  et  les  conduisait  toujours  k  bonne 
fin ;  inais  il  ne  youlut  pas  6tre  landamman.  Dans  sa  retraite, 
il  se  fit  une  telle  habitude  de  Tabstinence ,  que  le  bruit  po- 
polaire  gte^ralement  accr^dit^  dait  que  la  sainte  hostie 
qo'ii  receyait  tons  les  mois  sufBsait  li  sa  nourriture,  et  qu^ii 
T^cut  yingt  ans  sans  antres  aliments.  Quant  k  lui,  il  ne  par- 
lait  de  see  abstinences  que  comme  d'nne  faculty  naturelle , 
eC  ne  s'ea  Cadsait  pas  un  m^rite.  II  n*imposait  k  personne 
I'obligation  de  Hmiter;  il  regardait  la  vie  comme  un  r£ye  : 
il  esp^rait  un  r^ell  dans  des  r^ons  que  son  gtole  con- 
templatif  semblait  entreyoir.  Quioonque  avait  besoin  de 
eonseils,  ^^es,  guerriers,  seigneurs ,  tons  admiraient  sa 
graylt^  et  sa  simplicity;  les  rdponses  de  Nicolas  de  Flue 
daient  dans  leur  concision  de  ydritables  oracles.  Un  Jonr, 
la  eonf(M6ration  paraissalt  k  la  yeflle  de  se  dissoudre;  on 
m  disputait  k  i^assemblte  de  Stanz  sor  Padmission  de  Fri- 
boorg  et  de  Soleore,  sur  la  maniire  de  compter  les  suffrages, 
sor  le  partage  du  butin.  On  criait  dans  les  rues  de  Stanz  : 
Ce  que  n'ontjm  ni  PAutriche  ni  la  Bourgogne  est  ac» 
eompU  par  nos  disordres  !  Ayerti  par  le  r6D(snh\e  cur^, 
Nicolas  de  Flue  s^appniesur  sonbAton  et  se  dirige  yers  la 
▼flie.  H  ayalt  combattu  li  Winterthur,  k  Diessenhofen,  k 
Bagatz.   C*dait  un  homme  de  haute   taille.  an  yisage 
maigre  et  d^harn^,  mais  d^une  expression  douce  et  bien- 
TeUlante.  A  son  aspect,  toute  Tassembl^  se  leya,  see  pa- 
roles condoantes  apaisirent  tons  les  esprils;  de  Stanz  au 
Salnt-Gothard,  de  Zurich  au  Jura,  retentirent  des  airsd*all^- 
gresse.  On  ^tid>lit  la  confM^tion  sur  de  nouydles  bases. 
Le  Vrbn  Claw  retourna  dans  sa  cellule,  ob  il  moumt,  le 
31  mai  148'' ,  entour^  «le  sa  famille.  L^on  coaserye  aujour- 
dlini  ses  ossements  dans  un  cercueil  prMeiix ,  qui  attire 
benoeoup  de  p^lerins.  En  1671  le  pape  Clement  le  mit  au 
Bombre  des  saints,  Dn  GolbAit. 


FLUENTE.  Foy es  Floxioii  IMathematiques) 
FLUEURS  Ifluoret ,  d^rir^  de^Knere,  eouier ),  teime 
g^nMine  par  leqnel  on  dteigne  les  ^coutements  on  flux 
qui  saryiennent  dans  dlyerses  maladies,  mais  qui  s*applique 
sp6cialement  k  l^^oouiement  blancdes  parties  gfoitalesy  aflec- 
tant  nn  grand  nombre  de  femmes. 
FLUEURS  BLANCHES.  Voges  Ledgorbh^ 
FLUIDE  (de>Kflierf,  cooler).  Ce  mot,  oppose  k  solide, 
sort  k  qualifier  T^tat  d'un  corps  dont  les  moMcoles  sont 
assez  ind^pendantes  pour  glisser  les  unes  sur  les  antres.  II 
s'eroploie  aussi  substantiyement :  les  fluldes  se  subdiyisent : 
1**  en  liquideif  7^  eaugazei  vapeurs,  Ce  qui  distfaigue  cette 
seoonde  cat^rie,  c'est  sa  compressibility,  que  ne 
possMe  pas  la  premito ;  aussi  les  corfls  qui  la  composent 
sont-ils  souyent  d^gn^  sous  ie  nom  de  fluidei  4lastiques ; 
on  les  nomme  encore  ^iclefes  a&ifinjnet ,  parce  qu'ils  of- 
frent  en  eflet  Tapparence  de  Tair,  ayee  lequel  les  anciens 
cliimistes  les  out  longtemps  confondns.  Les  physidens  du 
sitele  dernier  ont  abus^  dn  mot  fluide  en  Tappliquant  k 
lous  les  corps  r^dults  en  une  poussi^  impalpable,  dont 
toutes  les  parceUes,  glissant  les  nnes  sur  les  antres  k  la 
maniire  des  liquides,  6>nt  prendre  k  la  masse  la  forme  des 
yases  qui  les  roiferment,  et  se  niyellent  d'une  manite  plus 
ou  mcShis  imparf^lte.  Mais  quelle  que  soft  la  finesse  de 
ces  paroeUes  puly^nilentes,  chacone  d*elles  est  encore  un 
corps  trop  grossier  poor  pouyoir  £tre  compart  aux  moltoites 
des  liquides  et  des  gaz. 

La  prindpale  cause  de  Ufluiditi  des  corps  est  I'accu* 
mnlation ducalorique  entre  lenrs  moltoiles.  Cet  agent 
hypotbdtique  est  &  son  tour  regard^  comme  nnjltiiife  <m- 
pond&able,  c'est-Mire  sans  influence  apprfeiable  sur  les 
instruments  qui  senrent  k  lAesurer  les  poids  des  corps. 
Qnand  on  pent  soustraire  k  on  fluide  une  quantity  snfS- 
sante  de  caloriqoe ,  U  passe  k  V4M  solide  :  Ainsi,  I *eau , 
le  mercnre,et  beaucoup d*autres liquides,  se  solidifient 
par  le  refroidissonent;  de  mtaie,  nn  gaz,  Padde  carbo- 
nique,  et  un  grand  nombre  de  yapeurs,  ramen^s  d'abord  I 
P^tat  liquide,  sont  ensnite  soMdifite.  Les  pbysicieos  pensent 
done  que  le  calorique  est  la  seiile  substance  fluide  par  die- 
m^me,  et  que  sans  die,  rien  ne  contrebalan^ant  I'att  rac- 
t  i  on  des  particules  mat^rieUes ,  dies  ne  formeraient  qu*un 
agr^t  k  r^tot  soUde. 

Cependant,  dans  I'^tat  de  la  sdence ,  il  fiiut  encore  ad- 
mdtre  deux  fluides  impond^jrables, )» fluide  4leetrique  et 
\t  fluide  magnitique.  Malgr6  les  analogies  qu'on  a  reraar- 
qn^ dans  les pbdnomtaes dels  chaleur,de  I'^lectri- 
cit^  et  du  magn^ti  sme,  rien  ne  permet  de  condure 
que  les  effets  diyers  que  produisent  ces  causes  alent  leur 
soorce  dans  nn  fluide  unique.  Les  fluides  imponderables 
ne  sont  done  encore  que  des  hypotheses  ing^nienses  k  i*dde 
desqudles  on  a  ^bli  la  thtorie  des  pbdoorotees  connos. 
La  mtoieobseryation  s'appliqne  an  fluide  nerveuxp  dont  les 
sdences  biologiqoes  n*ont  pas  encore  dtoontr^  Texistence, 
surlaqudle  repose  la  doctrine  du  magn^tisme  animal. 
Dans  ces  derniers  temps,  alors  que  les  tables  tour- 
nan  tea  ^ient  dans  toute  leur  yogue,  leurs  fanatiques 
attribnaient  la  non-r^ussite  de  certaines  experiences  au 
manque  de  fluide  des  experimentateurs! 
FLUO-BORIQUE  ( Adde).  Vogez  Flcorure. 
l^LUOC^RINE,  fluonire  de  cerium ,  substance  jaune 
ou  rongeAtre,  k  texture  cristalline,  infusible  et  noirdssant 
an  feu.  La  flnocdrine  se  trouye  dans  les  m^mes  gisements, 
ryttros^rite. 

FLUOR  ou  PHTHORE.  C*est  un  corps  eMmentaire,  que 
la  nature  n'a  jamais  presents  k  T^tat  de  liberty.  II  n*a  mtoie 
jamds  ete  separ6  de  ses  composes  :  tonte  tentatiye  k  cet 
egard  n'a  seryi  jnsqn*^  present  qu'k  lui  faire  produire  d€ 
nonyelles  unions,  soit  ayec  les  agents  que  Ton  emploie,  soit 
ayec  la  mati^re  des  yases  ob  Ton  tente  Toperation,  tant  se^^ 
affinitis  sont  energfques;  mais  sHI  n'a  pu  etre  isol6  de  ses 
combinaisons,  d*nn  autre  o6te  les  analogies  prochalncs  et 
,  mnltiplUes  qne  pitente  la  compirdson  de  ses  compe-cs 


uo 


FLUOB  —  FLUORUBE 


a^ee  eeax  de  ebl^re  domieiit  aor  l^exjatenca  da  1ki6r  des 
prteMnpUona  4|ui  acnblent  avoir »  k  pea'  dr  ehoeaa  iprte , 
iM  earaettiet  de  la  certitude.  Qekiate  ea  comUnafaoii 
aTee  leealdiuB ;  on  le  troaTe  ainsi  natDraUement  en  Fraaoe, 
en  Soiese  el  en  ADg^etorre.  Ge  flaoraro  on  phthorora  de  cal* 
dam  (voffes  Floorikb,  6tait  antreAib  comia  des  uiB^ra- 
logistes,  eooi  le  nom  de  ipath-fivor  ^  par  oppositioii  au 
aolAite de beritBr  ^S*^  Ion  nonunah  akm  spathp§$<aU,  Le 
mot  iputh  indiqaall  k  eette  4ipoque  des  aabstaiiees  oflMes 
par  la  natne  h  T^tat  de  cristaoi . 

D'aprta  ce  qui  ▼lent  d'etre  dit,  ie  floor  ne  pent  Are  ^to- 
dU  qoe  dana  aes  oompos^s,  tela  qae  radde  f  1  n  o  r  h  y  dr  iq  u  e 
et  Icttfluorarea.  Ooum 

FLUORHYDRIQUK  (Aeide;.  Get  aode  portaH  )adia 
le  nom  d'odda^Kori^e ;  c'est  qo'alora  on  ignorait  aik'by- 
drogene  oo  I'oxiig^ne^Hran  desprittdpe8ti^amitairet.La 
noayella  d^ignation  indiqae  qnll  est  nniqnenent  eompos^de 
fl  aor  et  d'hydrogtoe,  et  sf  le  flaor est  nomm^  le  premier, 
c'est  qu'il  est  le  plus  ^ectro-n^tif  des  deox  composants. 

.  L'acide  flaorhydrique  ae  pr^sente  sous  ia  Tonne  d*nn  iiqalde 
Hanc,  trte-ibmant>  tr^a-^Taporable ,  fortement  adde^  atta- 
qaant  TiTement  la  ailioe,  Kbre  ou  eombinAe,  qa'il  gazdifle, 
en  donnant  naissance  li  de  I'ean  et  ik  on  -gazy  appd^  paries 
una  oMefiwMidqfie^  et  par  les  antrcs/ttortfre  de  $ilU 
ckaau  Ce  deniier  compost,  form^  de  fiUdnm  et  define r, 
est  aana  adion  aur  le  Tene,  cTest^-dire  anr  la  combinaison 
de  la  slUce  avec  la  potasse  oa  la  soude.  On  pent  grarer  le 
Terre,  an  oontraire^  an  moyen  de  Tacide  fluorhydrique,  en 
reoonvrant  cdni-li  d*un  serais  compost  de  cire  et  d^essence 
de  t^r^beotbiney  sdt  en  i aisant  un  petit  rebord  de  mdme  ma- 
ti^re,  et  en  y  Tersant  Tadde,  qui  crease  la  mati^  Titreose 
aux  pointa  oil  le  vemis  a  ^t^  pr^alablement  -enler^ ,  eoit 
simplement  en  exposant  le  Terre  ainsi  pr6par6  aax  yapeore 
qal  s'exbalent  d^un  melange  d'adde  suUtiriqne  concentre  et 
de  fluonire  de  caldum  en  poodre  t^ne,  car,  cM  de  ce 
m^ange  que  Ton  ratface  Tadde  flaorhydrique,  par  I'applica- 
tion  d*nnq  douce  chaleur.  Les  appareils  que  Ton  emploie 
poor  obtenir  eet  aeide  et  lea  Tases  dans  lesquels  on  le  oon- 
serye  sent  en  plomb;  il  Taudrait  tnieax  qoHs  fassent  de 
platine.  La  comae  de  plomb  qui  sert  k  Textiaireest  de  deax 
pitees,  la  panse  et  le  ehapitean ;  dies  s'emboltent  Tone  dans 
Tautre  comma  un  ^tui  etson  couverde.  Le  bee  da  diapi* 
teau  se  rend  dans  on  r^pient  de  plomb  en  torme  de  crois- 
sant, et  qu'environne  lat^ralement  on  meumge  refroidissant, 
fomU  de  glace  et  de  ad  marin  polT^ris^  La  pite  d'adde 
suUnrique  et  de  fluomre  de  calciom  s'appiiqae  aur  la  por- 
odaine  pour  enlever  lea  pdntures  qal  s'y  tronrent  d  per- 
mettre  au  peintre  de  r^parer  son  ooyrage  lorsque  le  feu  a 
fdt  coaler  les  matitees  colorantes,  ou  qu'il  leur  a  donn^  nne 
teinte  trop  iorte. 

Seul  entretons  lea  corps  don^  de  Taddlt^,  Tacide  fluor- 
hydrique  attaque  k  la  terapdrature  ordinaire  le  verre  et 
toutes  les  substances  silioeuses  \  il  ne  donne  point  de  dilore 
lorsqu^on  le  md  en  contad  arec  Toxyde  noir  de  mangan^, 
ee  qui  le  distingue  de  Taeide  c  h  I  o  r  h  y  d  r  i  q  u  e,  ayec  leqiiel 
il  a  des  analogies  dans  son  odeur  et  dans  non  action  sivr  les 
m^tauz  d  sur  les  bases.  EffediYemenl,  Tun  d  rantra  lais* 
sent  d^ager  de  Thydrogdne,  quand  ils  r^agissent  aur  le 
potasdum,  le  fer  d  plosieurs  autres  mdanx.  En  second  lieu, 
l^adde  chiorhydrique  forme  avec  lea  oxydea  aalifiables  des 
chlorures  mdtalliques,  d  avec  rammoniaqueun  cldorhydrate 
ammoniacd;  de  m6me  que  Tadde  fluorhydrique  donne 
ayec  lea  oxydes  de  caldum ,  de  fer,  de  plomb,  etc,  des 
floomres  de  cddum,  de  fer,  de  plomb,  d  an  lluorbydrate 
d^ammoniaqne  ayec  l^dcali  de  ce  nom.  Troisidnement,  en- 
fin,  Tacide  chlorhydrique  mdd  k  Tadde  azotique  dissent  l*or 
d  le  platine ,  et  le  rodange  d^adde  azotique  et  d'adde  fluor- 
hydrique dissoot  non-seulement  ces  substanoea ,  roais  en- 
core letitane  d  le  dlidum,  corpa  aur  lesqods  le  premier  me- 
lange est  Sana  action.  Cependant,  ni  1*1111  ni  Taut  re  de  ces 
troia  addea  ne  peuyent,  loraqn^on  les  prend  isoldnent,  dis- 
Modre  ni  attaquer  aucua  da  ces  corps  shnplea.    Oouir. 


FLUORINE.  La  fiwrUu  {ehaux  jluaUe^  ipofk 
fiuor,  sp(Uh\fiaible  des  andens  ndniMog|8t«a).ed  un 
flnorore  de  caldom,  compost  d'on  atomo  do  cakhim  d 
de  denx  atomesde  floor.  C*ed  le  plus  ofile  d  le  phu  abon- 
dantdes  flaororesnatnrds;  Q  sert deguigne  anx  mines 
d^dtaln  d  de  zinc,  d  il  acoompagne  fr^qaemment  lea  filoas 
d*argent  d  de  plomb.  On  en  trouye  6b  trte-dtyeraement  • 
colorfe;'les  couleurs  qu*ll  alTede  le  plus  ordinairement^  d 
qni  semblent  dues  anx  diffiSrents  oxydes  de  (er,  sent  le 
Jaune , le  rose,  le  bleu,  le  yiold  d  le  yert :  ce  dernier  est 
le  plus  common ,  le  bhmc  ed  le  plus  pur  d  le  plua  rare.  Le 
flooimre  de  caldum  se  pr^sente  tantdt  en  masses  amorpbes 
dcompactes,  tantdt  sous  forme  terreose,  comme  dans  la 
terre  dite  le  tnarmarosc;  mais  on  en  trouye  ansd  beaucoup ' 
en  aistanx  r^lien,  le  plus  ordinairement  cobiques.  Pd- 
y^ris^  d  projetl  sur  des  charbons  ardents ,  11  d^on^ite  hU 
mani&re  do  sel  marin,  mais  ayec  moins  de  yiolenoe,  d  fl 
s'entoure  d^lne  aurtele  Inmlneose  et  yiolac^  Il  ae  fond  k 
une  temperature  de  51**  de  Wegdwood,  et  pruduit  un  yerre 
transpaiWtt;  de  &  les  denominations  despath  Jtuor  d  di 
spath  vitreux.  On  s*en  sert  qodquefois  comme  d'un  flni 
assez  actif  dans  les  traitements  metallnrgiques ;  il  ed  inal- 
terable k  rdr,  sans  sayeur  et  insoluble k  Teau.  Uy  a  des 
yarietes  de  fluonire  de  caldum  fort  interessantes  sous  le 
rapport  d*emploi  dans  les  arts ,  d  qui  imltent  lea  gemmei 
predeoses :  ce  sent  principalement  les  yariet^a  de  dianx 
fluatee  cristaUisee,  qui  sont  connues  des  amateurs,  eiqM 
Ton  traydlle  pour  en  faire  des  sodes,  des  pyramides,  des 
oeub,  desyasesydestabldtes,  des  colonnes,  etdont  les^coih 
leurs  yiyes  et  nuancees  k  rinfini  font  on  joli  effet.  torsque 
cescristaux  out  beaucoup  de  ndtete,  certdns  marcbands  de 
pierres  predeuses  en  abusent,  d  leur  donnent  lea  noma  de 
fausse  imeraude  on  prime  cTSmeraudeJausse  amdthfste, 
fausse  topate,  suiyant  qu*ils  sont  yerts,  yioleta  ou  jauoes; 
il  y  en  a  aussi  de  bleus ,  de  roses^  de  rouges,  de  ponceaoi  d 
dMncolores ,  et  on  a  donn§  quelquefois  k  ceux  d»  deux  pre- 
mieres couleurs  les  noms  de  fctux  saphir  et  de/otix  rubis 
balaii,  Ces  cristaux  ont  generdement  de  vedat ,  et  se  presen- 
tent  liabitudlement ,  comme  nous  Payons  dit  plus  haut, 
sous  forme  de  cubes ,  maispresque  tbujours  implantes  daas 
leur  gangue,  on  rentrant  les  una  dans  les  autres  par  leur  base. 
Ce  sont  ces  groopes  de  cristaux  oh  pliislenrs  nuances  se 
tronyent  reunies ,  et  non  des  cristaux  isoies ,  que  Ton  taille. 
Des  Tdnes  de  fer  sulfure  et  de  gaiene,  00  plomb  sulfur^, 
les  trayersent  qudqudois,  d  augmentent  beaucoup  Teflel 
agreable  des  ouyrages  de  spatli  floor.  Ces  oljets  yienneot 
du  Derbyshire  ( Angleterre ) ,  oii  Ton  trouye  abondamment 
de  beaux  cristaux  de  cltaux  fluatee;  on  en  trouye  aussi  en 
'France,  dans  le  departements  de  !a  Loire,  de  PAlUer,  do 
Puy-de-IMme ,  de  SaAne-et-Loire ;  enfin,  ils  sont  asaez  aboD« 
dants  dans  les  Afpes,  en  Saxe  d  dans  les  mines  do  Hartz. 

La  cliaux  fluat^  est  encore  blen  plus  commuue  sans 
formes  determinees,  ou  en  masses,  tantot  testacees,  tditet 
un  peu  oompactes,  tantet  terreuses;  enfin,  on  a  donne  le  nom 
d^ttlbdlrevitretix  k  la  cbaux  fluatee  concretionnee,quiofrre 
des  zones  pardieies,  d  qui  est  fort  commune.  Une  yariete 
yiolaeee ,  ayec  des  tachea  yerdfttres,  qui  se  irouve  dans  la 
Siberie  orientate,  a  ete  somommee  cMorophane,  CeI]eH:i 
repand  une  lueor  blanchAtre,  pour  peu  qu^on  la  cbanfl'e,  et 
one  lumiere  yerfe  on  memo  bleue  quand  on  la  chaufle  plus 
fortement.  A  la  suite  de  toutes  ces  yarietes,  les  mioeralo- 
gides  placent  la  chouxfluatSe  alumini/hre,  que  Ton  troure 
pres  de  Buxton,  en  Angleterre,  lieir  oi^  Ton  travaiileles 
plus  belles  yarietes  cristallisees :  celle-ci  se  presente  en  cubei 
opaques ,  et  n'a  Jnsqoe  ici  ete  d^ancun  usage, 

Peloczep^ 

FLUORIQUE  (Adde).  Voyez  FujoaBynRiQOE(Adde). 

FLUORURE.  La  compodtion  des  fluorures  eat  ana- 
logue k  celle  des  chlorures.  Designes  longtemps,  k  torlr 
sous  le  nom  dbfluaies,  tons  les  flttorures  soot  fu&ibl^ 
une  temperature  plus  ou  mohis  deyee.  Ceax  que  Too  P'^ 
pare  prindpalement  dans  noa  laboratdrea  sont  Ufnuif^^ 


FEUORORE  —  FLUTE 


Sll 


de  hore  (oMe  Jiuo4wiiqu9)  et  le  Jhtorun  d$  #</ldifm 
\MidBjltuhtlUcique).         ^' 

hbk  fldohirei  natttrdt  «6  [iaitaffteteii  deox  trltras  d*aprte 
lei  dHAraaofli  de  syatooiM  ertetulins  :  les  jludrtires  cubi- 
queif  re&ftaniiant  lo  esptees  fluorin&et  yttrocirite ;  et 
les  Jhtmttm  rhomMqnes ,  cdiiipreiiaiit  U// ff  o^  c^ r I ne 
eClaeryofif  Ae. 

ttLUO^SILiGIQUB  ( Adde ).  toyez  Floohatdiiyqub 
(AcideJ  et  FLooaoiK. 

FLUTE  lifusiqU$)t  instrnmeot  I  tent  Sen  origiDe 
•e  perd  da^  la  iniit  dea  temps.  Ou'eUe  sott  due  an  hasard , 
eomme  le  prttendeht  lea  poMes,  ou  qu'on  en  adt  rede- 
▼iM*  it  i'tednatrie  humaine,  c'est  ee  qa'fl  eat  imposaible 
detdHfler. 

La  Jl^ieprHnitive,  ftafiiUe  de  Pony  Ait  d*abonf  fcrmde 
de  aepi  luyanx  de  ireseanx  d'indgale  longuenr.  Oea  tuyaux 
MaleBl  loinlB  enaeittble  par  de  la  cire.  Ploa  tard ,  on  anb- 
elltte  llce'afniple  et  tnatique  aaaemblage  de  roaeanx  la  flote 
k  on  seal  tnynu  ,aott  qn'elle  ffit  tout  d^nne  pito ,  on  de 
phMienra  oerpa  jolata  VuA  k  Tantre,  eomme  noa  flAtes  mo- 
demea.  On  employsd^abord  h  la  confeetion  de  cette  Ante 
lea  oa  de  Mete ,  apparemment  le  tibia ,  de  m6me  qne  ce- 
liri  de  fine.  H  y  en  aTaR  aoaal  en  m^.  Ndanmoina ,  on 
Be  tardft  paa  li  aobaUtuer  k  oea  matf^rea,  difBcilea  li 
fnettre  en  oniTfe,  le  boia,  Jug6  plna  bdle.  Dana  le  principe, 
la  ittte  Aitainipley  pereteaepen  detrooa.  Varran  aaaureqalla 
iSlilent  an  nombre  de  ({iiatre  aOulement.  Ovide,  dana 
«ea  Fasiii^  nona  apprend  que  le  bob  dont  on  ae  aer- 
ynk  €M  le  bnia.  Cette  eaptee  aralt  beancoup  de  rapport 
poor  la  forme  aree  noa  hautboia  et  noa  clarinet  tea, 
Mof  le  bee  de  Pemboncbnre,  qnl  paratt  avoir  M  d'airain* 
n  aembierait,  d^aprte  lea  andena  eux-mtoiea,  que  cet  in»- 
imnaent  i*6tait  rien  moina  qne  pastoral,  car  nona  Toyona 
que  lea  J&ueur$  de  Jl4ie  am  jeut  pytMqnea  a'^Tertuaient 
A  Imiter  lea  aigrea  aifffementa  dn  aerpent  Python.  Horace, 
dana  aon  Art  pofHique^  nous  donne  qndques  details  snr 
la  llttte  doni  on  teiaait  usage  k  Romd  dana  lea  choeora. 
Elle  4tait  alora  rieaie  de  to  frompe^fa  et  compost  de  pku- 
ateorapiteaa,  nnies  ensemble  aTec  Porichalqne.  Abid, 
chea  lea.Romaina,  de  mtee  qne  ebei  lea  Greca,  la  flOte 
AtalC  un  inatrament  bmyant  Nous  ^jontenms  que  keJMiei 
iMntiques  ^talent  qndqnefoia  JumeUea,  assei  semblablea  li 
noadkmbles  flageolets.  Delirexpresdonyasseveommnnteient 
employ^  par  lea  andena,  Jouer  des  fidtts. 

Apol4e  dit  formeOeroent,  dana  VAne  d'Or,  que  pendant 
la  eMmonie  de  aon  initiation  aux  mystftres  dn  grand  dieu 
fiMrapte,  dea  prttres  placte  k  aea  edt^  ex^entaient  des 
aira  reNgfeux  anr  tears  JliUet  traveniiret.  L'expression 
dont  il  ae  aert,  aiUmt  de  gauehe  h  droUe,  ne  laisse  aucun 
doote  II  eel  flgard.  D'aprte  Tetamen  rM^cbt  que  nons  en 
aToni  fait,  cet  iastmment,  d*origine  ^ptienne,  n'dtait,  k 
proprament  parier,  qnhin  fifre;  mais  il  n*en  a  pas  moins 
€U  te  type  de  nos  fldtes  modeines.  Modifi^  par  les  peu- 
plea  d'Allemagne,  natnrellement  muaidens  et  industrieux, 
la  Jidte  trwersUre  est  derenue  Wfidtt  allemande. 

Nons  Yoyons  dans  Rabdais,  an  adxiime  sitele,  qne  «  Gar- 
gantoa  jonait  de  la  flOte  d*AlIeman  k  nenf  trons.  »  Si 
tea  petttas  deb,  qn^on  a  inTcot^  depoia  pour  am^Uorer 
rfnatrnment,  atai^  iU  en  usage,  le  cnr6deMeudon  n'eOt 
paa  manqn^de  les  mentlonner.  AinsI,  rheareoseet«iug^- 
niaose  application  de  petitea  cleft,  k  Teffet  d*^tablir  une 
indispensable  ^lit^  entre  les  tons  et  les  semi'tons,  ne  re- 
monteOertainement  pas  k  un  aitele;  aeulement,  il  est  bora 
de  doiite  que  nous  sonmiea  redevables  anx  Allemands  de 
cette  prteieose  d^couterte ,  ainsi  qne  de  cdle  d*une  patte 
(oo  eorpa),  qui  donne  deux  notes  de  plus  dans  le  grave 
de  nnsfarument.  Ces  deux  notes  sent  ut  dito  et  ut  na- 
inrei. 

lAJtitie  modeme  Mt  en  H  ou  en  ut ;  pour  parier  plus 
eorrectement,  Tone  descend  an  r6  au-dessoua  des  cinq  por  • 
f6es,  et  la  denxiime  k  Vut  naturd.  Lea  Allemandu,  les 
Anglaia  et  lea  itaHena  ont  depuia  bien  dea  ann^  renono< 


k  la  fldte  k  patte  de  rS,  comma  trop  meaqnine.  En  France, 
on  y  a  mla  plus  de  temps.  La  iinte  modeme  eat  de  forme 
c^Undrique.  Elle  se  compose  de  quatre  tubes  ou  corps, 
creus^  et  s^parte.  On  les  ijoste  lea  una  dans  lea  aotrea  an 
moyen  d'em^fftire^  et  de  tenons,  Le  premier  cotpa  ae 
nomme  t4te;  il  est  pero4  k  la  surface  d'un  tron  unique  : 
on  le  nomme  trou  de  Vembouchure;  le  deuxl^e  corpa 
s'embotte  dana  le  premier  :  il  est  pcrc6  de  trois  trons  li 
sa  surface;  il  a'embolte  aussi  dans  le  troisi^me,  qui  est 
foment  perc^  de  trois  trons  k  la  aurface  oomme  leprte^- 
dent.  Cetui-d ,  k  aon  tour,  a^embolte  par  son  extr^mit^ 
Infl^rieore  dans  le  quatri^me  corps  ou  patte^  soit  de  r€  ou 
d'tt/,  00  de  toute  autre.  Le  premier,  ire  trolaitoe  et  le 
quaMime  corps  sont  gamia  de  viroles  dMvoire  ou  d'ar- 
gent  La  patte  en  r^  est  percte  d^un  seul  tron  asses 
large;  il  est  ferm^  par  une  def  qu^on  fait  agir  avec  le  petit 
doigt  de  la  main  d^n  bas.  La  patte  en  ut^  outre  ce  trou 
dont  nous  Tenons  de  parier,  en  a  encore  deux  autres ,  i*un 
pour  Vut  naturd,  Tautre  pour  Vut  dito.  Les  dels  sont  en 
sens  contraire  k  celle  de  ri  dl^  :  dies  restent  ouvertes, 
mats  on  les  boucbe  cbaque  fois  qu^on  Teot  obtenir  les  deux 
notes  pour  lesqndles  dies  sont  stabiles.  C^eat  encore  par 
le  moyen  du  petit  doigt,  toujonrs  d*en  bas,  qne  ces  cleft 
Jouent  Les  dilllgrentea  esp^ces  de  bois  dont  on  se  sort  pour 
les  Antes  sont  le  buis,  ViUne  noire  ^  IVMne  dite  de  por* 
tugalp  de  couleor  un  pen  rougeAtre,  et  le  grenadille.  Le 
pronier  est  k  pen  prte  abandonn^,  eomme  trop  poreux  : 
le  son  qu*il  prodnit  a  peu  de  timbre;  le  second  est  infiniment 
prdf(6rable,  ainsi  que  le  troisi^e;  mala  le  bols  par  excd- 
lence  est  celui  que  nous  appdons  grenadille  et  les  Anglaia 
coco.  Le  son  en  est  lerme,  argentin,  brlBant,  et  porte  fort 
loin. 

Lsijl^te  par/aite  est  la  JlUte  d  patte  d'ut.  Elle  doit 
6tre  arm^  de  sept  clrfs  an  moins  :  c*est  de  toute  rigueur. 
Ces  defs  sont,  k  partir  du  second  corps,  cdle  d'ti<  naturel, 
indispensable  pour  completer  une  bonne  gamme  chroma- 
tiquo  dans  la  premiere  octave;  cdle  de  si  Mmol  (ou  la 
dite),  qn^on  ftit  agir  aYec  le  poucede  la  main  haute; 
odle  de  la  b6mol  (ou  sol  dite) ,  qui  obdt  au  petit  doigt 
de  oetle  mtaie  main;  enauite,  sur  le  deuxitee  corps,  la 
dd  de/a  naturel  (ou  mi  dite),  que  Ton  fait  agir  avec  le 
troidtee  doigt  de  la  main  d*en  bas.  On  met  assei  aouveni 
une  deuxi^e  def  de  /a :  die  aert  k  hauaser  le/a  dite^ 
toujours  un  peu  bas  sur  nos  flfttes,  et  de  plus,  k  lierp 
pourru  que  ce  ne  soit  pas  dans  un  mouvement  rapide,  le  mi 
btoiol  au/a  naturel.  Dana  les  flOtes  k  larges  trous,  conune 
cdles  d^Angleierre  et  m£me  d^Allemagne,  cette  double  elrf 
defa  deTient  indispensable.  Ntenmoina,  son  usage  en  est 
tris-g6nant  dans  one  infinite  de  itasaagea,  od  il  faut  cooler 
aYec  rapidity  sur  les  notes  r6  naturel ,  fa  naturd  et  la 
btoiol.  Notre  aystimo  de  perce^  sous  ce  rappor^  a  ua 
avantage  incontestable,  en  ce  que  nous  pouYona  nonasenrir 
du  (foi^^^Yulgairement  appd^ ^bvrc^  pour  ce/a  naturel, 
source  d*une  trte-grande  ftcilit6  pour  les  genres  de  traits 
oil  les  trois  notes  dont  il  est  pari^  d-dessaus  se  trooYcnt 
lito  ens^vnble.  11  y  a  ausd  dtAfldtes  dpattes  de  si  et 
de  la. 

II  y  a  de  petites  flUtes  ou  octaves  ^  ainsi  nomm^ 
parce  qu*eUes  donnent  ToctaYe  sup^rieure  de  la  flOte  ordl* 
naire.  Celle-d  est  d^ign^,  par  opposition  dans  lea  parti- 
tions, par  le  nom  de  grande  JMte,  Cependant,  pour  que 
cette  denomination  d*oc/ave  fOt  exacte«  il  faudrait  quUI  n*y 
eOt  qu'une  seule  esptee  de  petite  flOte ,  oe  qui  n*est  paa. 
Elles  peuYent  6tre  en  5i ,  en  t<< ,  en  r^,  en  ml  b^ol  et  en 
fit.  Toutes  ces  petites  flOtes  dans  des  tons  diili^ents  sont 
connues  sous  le  nom  gto^rique  de  petite  JlUte  on  octave. 
Cet  instrument  est  arm^  de  clefs  eomme  la  nnte  ordinaire. 
On  ne  Temploie  que  dans  la  muaique  militaire  oo  dana  das 
situations  dramaUquea.  11  y  aYdt  Jadis  la  flUte  A  bec^eS" 
p6ce  de  groa  flageolet,  dont  le  nom  seul  est  resl6. 

Nour  aYons  anasi  des  flotes  en  Ycrre  coul^,  dit  crisial^ 
dont  Invention  fait  bonnenrk  H.  Laurent.  Le  timbre  qu'oa 


613 


FLUTE  —  FLUXION 


en  obtient  n^est  point  tel  qo*on  se  le  Bgurenit  d'abord,  cUir, 
argentin;  au  contraire,  U  est  un  pen  coavert,  surtoutlora- 
qu'on  en  jone  trop  longtemps  de  suite.  N^anmoins,  U  a 
da  la  rondeor  et  de  la  sonority.  Nous  ne  parlerons  point 
des  fldtes  en  lYoire,  elles  sont  exoessivement  rares,  et  ne 
talent  d'aUleurs  abaolument  rien. 

On  dit  assei  fommnnAnent  d'un  Tirtuose  :  c'est  une  ex- 
oeUente>ldte.  Je  pense  que  r^pithiie  de  fliUisU  doit  pi^- 
▼alolr  dians  oelte  acception.  Joueur  deJMe  atoujours  M 
pris  et  est  pris  encore  en  mauTaise  part.  T.  Bbrbiguibb. 

FLUTE  (Marine),  grand  b&timent  k  trois  niAts,  du 
port  de  600  k  1,300  tonneaux  et  plus,  destine li  rece?oir 
de  forts  chargements  de  yivres ,  d'approTisionnements  de 
toutes  esp^ces,  et^  transporter  des  troupes  dans  les  colonies, 
ou  d*un  port  li  i^antre ,  etc.  Sa  marcbe  n'est  paa  tr^ra- 
pide,  et  dement  son  nom  anglais  de  jZi^A^,  qui  exprime  la 
rapidity  du  vol,  sans  donte  par  antlphrase.  hnjlites  doi- 
▼ent  avoir  une  capacity  beaucoup  plus  grande  que  les  na- 
fires  de  guerre,  de  mtee  dimension  apparente;  elles 
doivent  encore  bien  se  comporter  k  la  mer  et  marcher 
passaMement;  elles  portent  ordinairement  une  batterie 
de  19  &  24  canons  ou  caronnades,  et  quelqnes  bouches  k 
Ceusur  les  gaillards.  £n  France,  on  donne  g^^ralement  aux 
flUiet  des  noms  de  fieore  ou  de  rivi^,  tela  que  La  Seine, 
La  Loire,  Le  Golo.  Les  gabarres  ontlam^e  destination; 
mais  elles  sont  de  moindre  dimension ,  et  ne  portent  pas 
audeli  de  550  tonneaux.  Quelquefois,  un  yaisseau,  une 
flr^te,  etc,  re^ivent  par  extraordinaire  on  plus  grand  cbar- 
gement;  aiors  on  en  Mini  I'armement  et  P^uipag^:  c'est 
ce  que  Pon  appelle  vaisseaUp  frigaJte,  etc.,  armit  en 
JMte  (ooyex  Abhembht).  Les  Hollandais  constnilsent  de 
trte-grandes>Kl2/es ,  qui  Toyagent  sur  toules  les  mers  :  ce 
sont  de  gros  naTires,  k  trois  mAts,  lourds  de  forme,  k  m^ 
tnre  courte,  trte-solidement  construits,  et  qn*on  nomme 
aussi galiotes,  Leur  navigation  est lente, mais sOre ;  elles 
rteistent  a?ec  succte  aux  coups  de  mer,  et  se  manoniTrent 
avec  peu  de  monde.  Elles  portent  de  300  k  1,000  tonneaux. 

Merur. 

FLthX  BOUGH^E,  FLDTE  OUYERTE.  Voyez 
Qrgue. 

FLUX  9  ^acuatlons  accidentelles  et  anormales  qui  sur« 
Tiennent  dans  plusieurs  des  maladies  du  corps  bumain.  Les 
Jiux  morbldes  ont  pam  assei  importants  k  un  grand  nom- 
bre  de  nosologistes  pour  les  decider  li  imposer  ce  nom  g^- 
nirique  k  une  dasse  nombreuse  de  maladies  analogues, 
pouTant  etre  rapproch^  entre  elles.  Cest  ainsi  que  Linn^, 
Sagar,  Cnllen,  Sauvages,  ont  r^uni  et  compris  dans  la 
classe  dite  des  Jlux  on  grand  nombre  d^affections  qui  en 
rdalit6,  n'oDt  de  commun  qu'un  rtoltat  dMrritatlons  fort 
dlTerses,  affectant  des  organes  enticement  difC^rents.  (Test 
de  cette  maniire  qu^Qs  ont  rasaembl^  dans  un  mtoie  cadre 
des  diarrbfes,  des  b^morrhagies,  des  flux  de  salive,  de 
mucus,  des^rosit^ ,  de  bile,  d'urine,  de  sueur,  etc.  U  serait 
inutile  de  signaler  les  inconvtoienta  d^un  pareil  mode  de 
clasaifkation,  d'aUleurs,  dcpuis  longtemps  tomb^  en  d^su^- 
tude;  c'est  la  nature  prteumte  des  maladies  qu*on  prend 
pour  guide  en  pareil  cas,  et  non  les  symptOmes  qu'elles 
pr^sentent 

Le  mot  Jiux  ne  figure  done  plus  aujonrd'hui  que  dans 
Hiistorique  des  denominations.  Flux  de  ventre  se  dit  de  la 
diarriite  qui  snrTient  dans  beaucoup  de  maladies.  La  dys- 
senterie  a  re^u  sonvent  le  nom  de  Jlux  de  sang;  la  lien- 
terie  celui  de  Jlux  lienUrique,  On  appelle  les  hdmorrboi- 
des  du  nom  de  Jlux  Mmorrholdal;  les  r^es  ont  re^u 
celui  dejlux  mensiruel.  On  dit  anssi>liw  bilieux,  mii- 
queux,  pour  caractiriser  les  defections  de  mucus  ou  de 
bile,  communes  dans  plusieurs  maladies.  De  intaie  aussi, 
on  qnallfie  de  Jlux  de  senienoe,  d*urine,  de  salive,  etc , 
lea  pertea  snrabondantes  de  ces  fluldes  animaux.  Les  ^va- 
cuatiens  excesstviw  en  tout  genre  ont  refu  quelquefois  le 
nom  d»Jlux  eolUquaiifs;  et  par  li  on  a  touIq  exprimer 
UM  sorte  de  fonte  dea  oiKanes.  Les  andens  doonalent  le 


nom  injlux  A^iHUique  k  toote  esptee  de  dIanM,  quHi 
soppoeaient  provenir  d'alttetlons  dn  foic  Le  nom  dejCiur 
cmliaque  ou  dUaque  a  M  appUqn^  tant6t  li  une  exac- 
tion de  diyle,  tantOt  k  un  ^coulement  de  poa,  quelqnefMS 
enfin  i  des  d^ections  muqoeuaespnrifonnea,  4  dea  ^facoa- 
tions  laiteoses ,  locbiales ,  etc  If  Baicncnuo. 

FLUX  (Jeux),  anden  Jen  de  cartes,  ilre  A  Jlux 
se  dit,  k  rhomb  re,  du  joueur  qui  n'a  que  dea  tnonipliai 
et  qui  ne  pent  que  lAcber. 

FLUX  {MUallurgie).  Voget  FoNnAirra. 

FLUX  et  REFLUX.  UJlux  est  I'd^Tatlon  pMidiqae, 
et  le  rtjlux  Tabaiasement  ^galement  pdriodique  des  eanx 
de  la  mer ,  dana  le  pbtoomtae  anqud  on  donne  le  nom  do 
mar^e.  Lesmarins  remplacent  cea  denominations  par  eeOs 
deflot  et  dejusani. 

FLI^XION  ( Midedne).  Ge  mot,  qui  apparticBt  exdwi- 
Tement  anx  theories  bumorales,  d^viTe  da  /luwe,  coaler. 
II  a  dte  applique,  dans  le  temps  dn  r^ffne  de  ces  thdories, 
k  une  foule  do  maladies  qu*on  supposait  proYenir  d'oaa 
homeur  prenant  coura  vers  cectaina  organes.  Noa-seulenMBt 
le  Tulgaire  eat  toqjonrs  imbu  de  ce  qu'on  Ini  a  gravomeat 
debite  pendant  si  longtemps ;  pour  lui ,  U  plupart  des  mala- 
dies sont  caustes  par  une  humeur  qui  se  porte  caprideosa- 
ment,  tantOtsur  un  organe,  tantOt  sur  un  autre;  mais  la 
sdenoe  a  mCme  encore  conserre  la  tbeorie  des  fluxions  dans 
un  trte-grand  nombrede  pofaits.  Quant  au  niot>ltMPion  hd- 
mtoie,  ildMgne  encore  le  gonflementde  la  Joue,  qui  sor- 
▼ient  ordinaJrament  li  la  fin  des  doulenrs  de  dents;  mail 
c^est  la  seule  maladie  pour  laquelie  il  soit  encore  sdeolifl- 
queoient  employe.  II  est  mi  de  dire  que  ce  mot  n*estpii 
plua  manvais  pour  deaimer  ce  gonflement  particulier  que 
tout  autre  terme  k  peu  praa  insigniflant  On  dit  bien  eaeon 
un  peu  jfii«iojitfe|Nrf/ri»e,  pour  semettrekbporiee  del 
gens  du  monde,  qui  croient  mieux  compcendra  ce  leraM 
que  ceux  depeH|mettfRonie,  ou  de  pneumanie,  ou  de  pUnr 
ramanie.  Partout  ailleurs  jZtixion  est  un  terme  ii  pen  prti 
oompieteroent  efface  de  langue  de  la  mededne. 

II  faut  dire  pouitant  que  s'il  est  sage  et  bon  de  rayer  Is 
mot,  connme  representant  une  doctrine  generate,  tt  est  impoa- 
dble  de  meoonnattre  Texiatence  de  la  choee,  reaaerrfe  daas 
de  Justes  limites.  Id,  comme  souTent  ailleurs,  beaueoup 
d'erreurs  et  un  peu  de  terite  faisaient  b  verite  dn  Tulgaiie : 
en  (ait,  toutes  lea  ioia  qu'un  organe  soullire,  il  se  iait  tsm 
oet  organe  un  afllux  d'bumeors;  il  y  a  yen  lui  fuxion, 
non  pas  entendne  comme  dans  \»  tlieoriea  des  bumoristes, 
mais  appd,  accumulation  Teritable  de  sang,  etc.  11  y  a  plus : 
dans  quelqiies  maladies  dont  ht  nature  eaaentieUe  eit  encora 
impenetrable  pour  nous,  et  que  nous  oontlmiona  k  deaigoar 
par  les  noms  bumoristiqoes  de  rkumatisme  et  da 
goutte,  le  mal  consiste  prindpalement  en  nn  aflhix  conai- 
derable  dea  fluldes  vers  le  point  afTecte;  11  Itat  ijoaiar 
aussi  que  noua  Toyons  souTent  ces  maladies  se  traasporter 
avec  leur  fluxfon  d*un  point  li  un  autre,  comme  all  n*y  avait 
qu^un  simple  deplacement  de  fluidea;  mais  ces  pbenomteei, 
qui  se  rapprochent  ^entablement  de  ce  qu*on  entendait 
par  lea  fluxions  diex  une  oertaine  partie  de  nos  predeoaa- 
seurs ,  iM>nt  loin  de  constituer  li  eux  seula  la  maladie;  quel- 
que  apparenta ,  grossiers  et  materids  qulls  soient.  Ha  n'oat 
pasmeme  ete  envisages  comme  locaux  par  ranatomiamade 
noa  jours;  et  on  ne  pent  s*empecber  de  reconnattre  qu*il  y 
a  \k  qudque  choae  que  la  localiaation  moderne  n*eipliquo 
pas  mieux  que  les  andennes  fl**xions  ne  Texliquaiant. 

S.  Sammus. 

FLUXION  (MatMrnaii^ua),  nom  qua  Nawtoa 
avait  donne>  ce  que  noua  appdons  d^ffirentUlU^  I^b»- 
thematiden  anghda  conalderait  le  pofait  comme  S^b^'*^ 
de  toute  figpre,  Ugnes,  aur&cea  ou  aoUdea,  «*c<^^ 
que  par  un  mouveroent  d'6eoulement,  de  fusion,  lapy 
engendro  la  li^ie,  dont  lea  pointa,  par  leur  fluxion,  aagii- 
droit  U  surito,  qui  eUe-meme,  par  un  mlnMi  artifica  da 
formation,  donne  niiaaance  an  aolide.  On  peat  ^^'^^j^ 
dure  de  cette  genealogie,  que  la  fluxion  uM  qne  rMovii- 


FLIIXIOIf  —  FOE 


/;f3 


Mmeot moroentan^  (Tone  grandeur;  et  c'^est  r^Talnation 
deslois  que  suiTent  lea  qoantiMa  dam  leor  aecroiasemeiit 
fpi  coDSUtoe  la  mHhodB  de$  fluxions ,  qaf  porte  le  nom 
de  ealeul  di//Br€ntiel,  la  m^thapbysiqae  et  la  nota- 
tion de  Leibnits  (voyetCuLAcrtauninn)  ayant  ^aTec 
raison  prifMea  k  ceUe  de  Newton. 

La  m6ihod€  inverse  des  flvxiom  de  Newton  a  poor 
objet  de  remonter  ani  qnantittedont  lea  flnxlona  sontdon- 
n^,  on  de  trooTer  ce  qull  appeUe  lea  fluentes  de  cea 
floiioDs;  cen*eat  done  antra  chose  que  le  calcal  int^^gral. 

FLUXION  DE  POITRINE.  Voyet  FunLioN  et  Prbu- 

■ONIB. 

FO»  Cest,  en  Chine,  le  nam  de  Bonddh  a. 

FOARE.  Voyez  £tapb. 

FOC,  petite  Toile  latine,  de  ionne  triangnlaire,  qui  se 
hissesnr  le  petit  roAt  de  bane  et  anreeloi  de  per  roq  a  et, 
-etqu'on  serre  aor  le  beanpr^  et  anr  le  m&t  de  foe.  On 
eonaidte  en  g6n^ral  lea  foca  oonune  dea  Toilea  d'dtaJ,  pula- 
qo'eilea  aont  dtabliea  dans  la  direction  dea  ^taia.  Eilea  aont 
d'an  usage  utile  lorsque  le  bAtimoit  naTigue  an  plua  prte 
du  Tent  On  distingne  quatre>bef  princlpaui :  le  petit  foe^ 
\»JauxJoCt  le  grand  foe,  le  elin  foc;)es  granda  iraiaseanx 
en  gr^ent  deux  de  plus,  qui  aont  le/oc  vidette  el  le/oc 
en  Fair.  Dans  lea  mauraia  tempa,  et  lorsque  la  misaine 
est  serrte,  on  gr6e  sur  I'^tai  de  misaine  un /oc  du  nom  de 
trinquette  on  tourmentin.  On  donne  quelquefoia  le  nom 
de  Joe  d*artimon  k  la  Yoile  d'dtai  d'artimon,  qui  eat  en- 
Tergn^  aor  une  come  orientte  dans  le  sens  de  I'^tai  du 
mit  d'artimon :  cette  acc^tion  eat  impropre,  et  doit  dtre 
MUe.  Mebur. 

FOE  (DAraBLDa),  dont  on  trouve  aussi  quelquefoia 
la  nom  terit  en  un  seul  mot,  Dtftgf  toiTsin  politique  qui 
joua  de  son  temps  un  r6Ie  important,  mala  qui  s^eat  foit  une 
rotation  autrement  uniTerselle  et  durable  par  aon  roman 
de  Hobinson  Cmso^f  traduit  dana  toutea  les  langues  et  lu 
avec  aviditd  dans  tons  lea  paya,  naqnU  k  Londres,  en  1661 . 
Ffls  d'uB  iMocher,  diaaident  t6\4  qui  Inl  avait  fUt  donner 
de  r^ttcation,  11  aTalt  d'abord  suItI  la  carrito  des  affairea 
et  entrepris  on  commerce debonneterie,  malail  fut  pen  heu- 
reni  k  ce  qn'il  paralt,  puisqoe  force  lui  ftit  d'entrer  en  ar« 
rangement  atee  aes  crdanders.  Toutefois,  De  Foe  sut  leur 
proorer  que  le  malhenr  aeul  PaTait  emp^che  de  remplir  sea 
engagements.  Dte  TAge  de  Tfaigt  et  un  ana,  U  aTait  d^bntd 
comma terlTain  parnn  Traits  centre  les  Tures;  et  UentAtil 
setrouTa  no^  aux  agltationapolitlquea  de  son  ^poque.  As- 
sex  imprudent  poor  s'ttre  compromis  dans  la  levte  de  boo- 
diers  du  due  de  Monmouth,  11  fut  aaaei  heurenx  pour 
khapper  k  tonte  pouranite,  el  potcontinuer  sans  enoombre 
ses  trsTaux  litt^airea  et  sea  affaires  commerciales.  Un 
poeme  Intitule :  le  VMtable  Anglais  (1699),  dana  lequcl  11 
aTait  plaids  avec  talent  la  cause  de  la  revolution  de  1688  et 
du  roi  GulUaunM  III  contra  un  toiyain  satlrique,  lui 
ayant  yaln,  avec  la  reconnalasance  de  ce  prince,  des  gra- 
lificationa  et  dea  emploia  locralilii,  De  Foe  a'empressa  de 
mettreA  profit  les  fateura  de  la  fortune  pour  s^acquitter  en« 
vers  oeux  qu'ii  n'avait  pas  pu  intdgralement  payer.  S'il  fit  alora 
preure  de  probity,  11  ne  se  montra  pas  a?ec  moins  de  cou- 
rage patriote  teergpque  et  d^voo^,  en  subissant  avec  fer- 
mel^,  sooa  la  reine  Anne,  la  prison ,  une  amende  qui  le 
minait  compl^tement,  et  m6me  Pexposltion  an  pilorl,  pour 
avoir  danaimdoquentpamphet;  iaHiuU  The  shortest  way 
with  the  dissenters  (1703),  d^fendu  lea  droits  dea  com- 
munions diaaldentes,  et  attaqu6 1'lntol^ance  del^ise  an- 
gUcane.  II  prit  sa  revanche  contre  ses  persteuteurs»  en  les 
stigmatiaant,  dans  un  Oymne  aupUori^  par  lea  traits  dhine 
verve  roordante.  Cest  pendant  les  dent  annte  d*emprison- 
nement  qull  dut  aubir  k  cette  occasion  qull  comment  la 
pnblicatioD  d'un  recueil  p^riodique  Intitule  The  Review (9 
vol.  in-4%  de  1704  k  I713)9devenu  aojourdlmi  d'une  raret^ 
estrtee,  et  dont  le  succto  fut  trte-grand.  II  y  a  quelques 
annte,  une  de  nos  Revoea  paridennea  qui  s^^tait  donn^ 
90or  miaaion  d'exploiter  les  sources  historiqoes  inconnues 

MCI.  DE  LA  OONVEaS.  ^  T.  IX. 


00  pen  connues,  pulmaun  article  extrtoiement  curieux  ^lit 
par  De  Foe  dans  sa  Review,  et  od  Jetant  un  coop  d'oeil  per- 
cent sur  r^t  de  la  France  &  la  fin  du  r^e  de  Louis  XIV, 
U  signalait  dans  ce  pays,avee  nne  rare  penetration,  toos  les 
elements  d'une  revolution  qull  prophetisait  pour  la  fin  du 
aiede.  Soua  ce  litre :  Dejure  divine  ( 1706 ),  De  Foe  publia 
ansai  vers  ce  temps  nne  spiiituelle  satire  contre  la  doctrine 
du  droit  divin. 

Sous  le  rftgne  de  la  reine  Anne,  la  ceiebrlte  qu*il  avail 
acquise  par  sesecrits  potitlqnes  lui  valut  quelquea  missions 
deUcates,  entre  antra  edie  qu*on  lui  donna  en  Ecosse  poor 
y  preparer  les  espiitsk  Tunion  projetee  avec  TAnglelerre.  II 
compose  pour  cette  drconstance  son  poeme  Caledonia,  et 
publia  ensuite  rhistolre  de  cette  union,  depuls  tors  rdm- 
primee  denx  fois. 

Un  second  eroprisonnement  et  nne  condampaUon  it  800 
Uvres  sterling  d'amende,  que  lui  valurent  d'autres  pamphlets 
publies  en  fiivenr  de  la  succession  dans  la  maison  d'Hanovre, 
el  surtout  Tingratitude  et  TonbU  de  oeux  qu'il  avail  defen- 
dus,  le  degoOterent,  li  la  fin,  de  la  carriere  politique,  et 
depnia  cette  epoqne,  voue  exdusivemenl  aux  lettres,  il  y 
trouva  k  la  fois  le  repos  el  une  plus  durable  renommee. 

En  1714,  il  avail  d^  pnblie  sons  le  litre  de  The  family 
instructor  un  ouvrage  de  morale,  qnll  continna  plus  tard 
(1726)  dans  son  Religious  courtship,  lorsqu'en  1719  il  fit 
paraltre  le  livre  qui  a  popularise  son  nom  dans  tous  les 
pays  civilises,  son  c^ebre  roman  de  itoMn^on,  dont  nous 
rapporteronsid  le  litre  primilif :  The  life  and  strange  ad' 
ventures  of  Robinson  Cruso4  of  York,  On  sail  que  c'est  le 
senl  livre  dont  J.-J.  Roussean  permette  d'abord  la  lecture  k 
£mile.  Quoique  Teaclavago,  ce  grand  crime  social,  s'y 
Irouve  en  qudque  aorte  introduti  des  i'origfaie  de  la  societd 
od  De  Foe  nous  montre  i'homme  assujetU  k  Phomme ,  ce 
livre  n^n  est  paa  moins  le  tableau  le  plus  naif  et  le  plus  at- 
tachant  de  la  situation  d'un  individu  redult  k  tirer  toutea 
sesressources  de  Inl-meme ;  et  quant  aux  rapports  de  Ro^ 
binson  et  de  Vendredi,  De  Foe  du  moins  adoncit  ce  que 
la  pdnturedu  despotisme  patriarcal  a  de  revoltant,  en  nons 
les  presentant  comma  oeux  d'une  afllBdIon  rfeiproque.  Per- 
aonne  n'lgnore  que  I'auteur  a  pris  Ildee  de  son  roman  dans 
les  details  que  contenail  la  relation  dea  voyages  du  capitaine 
Wodes-Roger8(  17 12 )  sur  un  marin  ecossals  noname  Alexan- 
dre Selkirk,  qua  oel  ofBder  avail  trouve  dana  llle  de  Juan- 
Femandes,  od  Selkirk  avail  vecu  seul  pendant  plus  de  quatre 
ans,  el  d'oo  ce  navigateur  le  ramena  en  Angleterre. 

Encourage  par  Timmense  succte  de  son  Robinson  Cru^ 
soi,  De  Foe  publia  une  serie  de  yoyages  el  d'aventures  ima- 
glnaires.du  memo  genre,  par  exemple :  Le  colonel  Single-- 
ton,  Moll  Flanders,  Le  colonel  faek,  etc,  etc  Nous  men- 
lionnerons  encore  parmi  les  antres  ouvrages  dont  on  lui  est 
redevable,  et  il  en  est  qui  traitent  de  matieraa  rentrant  dans 
ce  qu'on  appelle  aujoord'huireconomie  politique,  le  spiritud 
livre  qui  a  pour  titre  :  Political  hystory  cf  the  Devil 
(1726).  Il  monmt  en  avril  1731,  k  Londres,  en  proie  k  une 
grande  pauvreie.  An  reste.  Id  avail  presqne  constamment 
eie  aon  sort,  en  depil  d'une  infkligable  fecondite,(gr&ce  k 
laqndle  il  avail  pu  ecrire  210  vohmies  on  brochures  qui 
presquelous  avaient  ete  accndllia  par  le  public  avec  la  plus 
grande  favour.  Ao  commencement  de  la  presente  aonee 
1854,  lea  jonmaux  de  Londres  nous  out  appris  qu'on  ve- 
nail  de  deoouvrir,  dans  un  dea  fhnbourgs  de  cdte  capitale, 
un  arriere  petit  file  de  I'auteur  de  Robinson  CrusoS,  ftgede 
soixante-dix  ana  el  dans  une  profonde  deiresse.  Une  sous- 
cription  ouverte  Imm^diatemenl  par  lea  soins  du  libraire 
Knight  produisfl  une  somme  suffisante  pour  hd  assurer  une 
rente  viagere  de  24  livres  sterling  ( 600  fr. ). 

Les  fables  qu'fmagine  De  Foe  interesseni  encore  au- 
jonrd'hni  pour  la  plupart,  paree  que  son  style  est  naturel  et 
qu*il  sail  meltre  beaucoup  de  verite  dans  son  exposition. 
Son  History  of  the  great  Plague  in  London  el  ses  Me- 
moires  of  a  Cavalier  out  souvent  ete  pris  pour  des  m^- 
moires  authentiques  de  Pepoque  qu'il  y  a  voulu  peindre.  II 

6S 


i 


} 


til 


FOE  ^  FOETUS 


liit  W  iwtonMur  deRidwndioii  et  da  Fielding,  et  peat  ^e 

€0iiiidM  comiDe  le  crtetaur  d*uii  genre  de  littdretura  dont 

Mdiene  et  Tbaekemy  soBt  aujovrd'hoi  les  briUants  repr^- 

feitantft^  Une  MUk>n  complMe  dee  oniYresde'  De  Foe,  en 

tkigl  voluBM^  ln«8*%  a  encorvparu  k  Londres  en  1840. 

^    FOBBR  ou  FOSH&DB,  llede  la  mer 4q  If ord ,  sur  U 

^fltte  occidenlaile  du  Schkewig,  d^une  auperficie  d^environ 

S  kfloooMres  cairte,  avec  one  population  de  S»000  habitanU, 

i  d  dont  la  partie  orientale ,  dite  atetkmdFahrf  foit  partie 

de  eette  provinoe  allemande  de  la  monardiie  danoiee^ian- 

V  die  tfue  Vita\rt  partte ,  appelte  Wesiwland  Fahr^  d^od 

'  do  ^Blland,  terre  toot  i  fait  danoise.  Lea  habitanta,  poor  la 

.  plos  graade  paitie  dfneendantadea  andeaa  Friaons,  portent 

^  coeore  aajourdliai  le  coetiiroe  ^qui  ^tait  particulier  k  ee 

feuple  au  moyen  Age.  Le  cabotage,  la  fabrication  du  fro- 

«uige«t.dequel(ineB  arilcleade  bonneterie,  mais aortoot  la 

iMie  et  la  chaaae  dee  oiaeaoi  aqoatiques  sont  lenr  prinoi- 

pale  industrie.  C3ea '  oieeanx ,  aprte  avoir  M  coita  dana  du 

tinaigrty  s^exporteot  an  loin,  et  on  peat  jugdr  de fimpor- 

lance  de.  ee eommeroeen  apprenant que  la  moyeone  des 

canarda  aauvages  q«*on  prend  k  ¥<Ar  annte  oomnittBe 

ne  ft'tiive  pas  k  moins  de  m),Oob.  Gette  lie  eat  auasl  tria- 

Mquentte  en  ^  par  lea  baigneais,  k  tma/m  dte  M  ^ta- 

btiMement  de  iMdns  de  mer  qui  y  a  ^t^  i(M46eo  1810,  et 

^on  appeUe  Bains  de  Wilhekaine.  Wffkf  booiK  de  7eo 

iinea,  constniit  dana  le  goOt  hoUandals ,  et  poorm  depuis 

1806 d^an  boo  port,  eat  le  cbeMieu  de  nie  de  Peehr,  qu'un 

aervioe  de  bateaux  a  vapour  met  en  commnflkation  i^- 

}kre  avec  Kuxhaven  depaia  1838. 

FOETUS.  Nona  ayona  dit  k  Tarticle  EannoR  ee  quMl 
tet  entendre  par  ce  mot  fatus ,  et qucla  aont  ceuxdes 
Jeunea  Mres  oiganiate  quil  d^igne  plus  particuliftreaieat. 
Rous  avons  anssi  retract  lea  premiers  aecroisements  do  loe- 
tos  homain  jusqu*^  i'Age  de  quatro  mois  environ.  11  nous 
veste  k  exposer  ses  progrte  u'l^ienrs  jaflqn*^  la  nais- 
aance. 

Petite  masse  eblongue,  roolle,  et  presque  incolore  dana 
fics  commeutxmente,  le  Jeune  fustus  reasembled'alnrd  A  on 
ver  :  on  dirait  d^un  corps  bomogtoe  et  inerte.  Mais  aucces- 
aSvement  on  Toit  apparaltre  la  t^  le  tronc ,  lea  membres , 
et  d'abord  les  aup^rieuca  :  c^  n'est  gutee  qu'4  quatra  mois 
qoe  les  organes  sexuels  oommencent  k  manifeeter  des  carve- 
ttres  moios  arobigua;  jusque  II  U  eat  son  vent  fort  difficiie 
de  distinguer  quel  est  le  sexe  du  jeune  dtre.  A  oet  ige,  les 
lontaneUes  sont  fort  iaiges;  le  foie  est  excesdvement  volu- 
nineox,  et  les  reins  aont  encore  compeers  de  16  a  18  lobes, 
formant  grappe.  Ce  n*e6t  gu^  qu*l  quatre  mola  et  demi 
que  le  pylore  devient  visible.  Lea  petita  teaticulea  sont  alors 
renferrote  dans  le  ventre ,  comme  ceux  des  oiseaux  et  des 
rats,  etce  n*est  qa'k  sept  mois  qu*ils  descendent  vers  Je 
scrotum,  eo  peasant  par  le  canal  inguinal^  issue  la  plus  or- 
dinaire des  bemiea.  Les  cheveux  et  les  ongles  apparaissent 
a  dnq  molSy  et  la  graisse  leur  eat  contemporaine.  C*est  alors 
ausai  que  la  peau  B*<ipaisait  et  ae  colore,  et  que  le  steraom 
commence  k  s*osaiAer.  Le  foetus  a  environ  27  centimetres  k 
cet  Age;  11  en  a  ordinairement 32  k  aix  mois.  A  cette  der- 
oiAra  ^poque  de  aix  mois,  le  milieu  dn  ftstos  oomspond 
«xactement  an  baa  du.  atemum.  Alora  ausai  la  bile  eat  en- 
core Sana  consistance,  aana  couleor  et  aans  amertume.  Vers 
3a  fin  du  septiAme  mois,  les  paupidiea  deviennent  libres  par  le 
d^colleroent  de  lenrs  bords,  et  la  membrane  papillalre  se 
fompt;  de  sorte  que  IVdl  devient  apCe  li  vobr.  Jusque  lit 
denx  voiles  boudiaient  la  prundle,  savoir :  r  lea  iiaupiAres 
encore  coUto ;  if*  la  membrane  pupiUaire.  (Test  anssi  de  la 
mAme  ^poque  que  detent  les  valvules  connivenles  de  Tin- 
ftestin  gr«le.  Ainsi,  la  descente  dea  testleulee,  rapparitieii 
4m  valvolea  servant  k  sAparer  et  k  pomper  le  cbyle,  Tou- 
▼ertnre  dee  paiipiAres  et  de  la  pninelle,  voilA  k  qtiela  signes 
eisentlels  on  reoonnatt  qu  un  footus  eat  8g6  au  moins  de  sept 
«iois  c*eftt4-dire  Pin6<e,  ou  capable  de  suivre  sa  vote,  aa 
earri^re  de  vie.  A  bait  mois,  la  poan  commence  k  se  oou- 
▼rir  d*un  enduit  comme  auifleux.  Le  cerveau,  parlout  lisse 


neiioea  a^pardes^et  ik  par  dea  siUona. 

A  aeof  aioia,.terme  de  la  gestatioQ,  tempa  mmpA  poor 
Pacconobementt  le  Mx»  a  le  pkia  ordinairemeat  41 
centimi(bres  de  long  i  ilpte  enfiron  S  kUognnnnei.  Ona 
vu  des  foBlos  kterme  qui  pesaient  j8  Idlogsammea,  on  enata 
quiavaiento?  oentimAtres  de  loiig;maia  caki  est  rare.  Trail 
lulo9rammeset60centimte«S|  voiU  les  tonnes  les  ptas 
ordinaifee.  Les  fcntnellea  aont  alora  fiMdm^  et  leiehe> 
vevx  aont  longs  d^environ 7%ku  miUlmllna.  Maiscoqu 
caraddiiae  pine  eaaentielleaient  uia  Mtt  de  Bctf  moll  ou  I 
terme,  c'^est  que  Tombllic  occupe  le  Juste  milieu  de  toot  le 
corpsycequi  algoi6e^qu11se  tioaveanaeidloigDddnioiaiiict 
de  la  t8te  que  de  Textrteiit^  dea  pieda.  Xontefela*  mine  i 
celle  ^poqne,  le  ftstoa'porte  pbisienra  caraicttraa  qai  lodif- 
ftranoient  d!avee  Feniant  neovean-a6  qui  auratt  d^l  roh 
pir6plnaleafsjoan  >  le  trou  de  Botal  exiila 4iifiQie» c*e8|-4- 
dire  qaatea  ofeiUettesoeauBuniquent  difootementy  de  soi^e 
quovle  fling  veinettxaomtle  avec  le  sang  irtMal  par  la  fe- 
nttmdoDt  reatotooinentiadment  perete  la  doioon  desorat- 
leltea.-  Alora  mmbI  le  canal  artMel  et  lea  vaiseeaux  ombili- 
oanx  'Bont  librament peniMtles ;  le thymnsy  on  rij,  oifue 
tempeiain  dont  rnsage  ii*«at  point  connu,  a  beaucoop  de 
volinae;  leibie,  alora trbs^groa, Ale  lobe ganclte preiiive 
auari  laitKO  et-  auaal  ^pesnat  qne  le  lobe  droit;  la  bile  esl 
amte  «l  eoknrtef  et  les  capsulea  surrtealea  aont  trts-M- 
dentop.  Je  rtpMe  qne  e'est  i  cea  dUfltecnts  caradknsqote 
reaonnaH  si  le  Jeane  ttre  est  venu  k  terme,  et  appcoximti- 
vement  depaia  oombioade  temps  il  est  nd.  La  MgM^ip^ 
dflqne  dea  pouaons  l^moigne  s'il  a  reapiri.  La  longoeur4> 
foetus  est  sujetle  k  verier;  oependant,  il  est  de  rfeglo  met 
oowtante  quH  alt  24  rentim^res  li  quatre  moia  et  dew , 
aprtaqnol  il  grandit  environ  de  27  milttnitoes  par  quia- 
nine,  00  de  54  mlltimMres  par  moia,  ce  qui  s'aecorde  bieo 
avec  la  mesoro  de  48li  le  centim^res  qn'ont  U|4opart  des 
ABtus  a  tofme.  M.  Gluknaaier  evait  invents ,  poor  moaanr  le 
foetua,  un  tnatroment  quMl  nommait  mdeoMdlre :  soovent 
ratee  (i  leportait  %avec  hd,  et  a'en  aervalt  comme  d'une 


A  se  fonder  ear  I'apparenoe,  tone  lea  oiganes  dn  jesae 
Mn  ne  sont  pas  eontemporatea.  lis  ae  aianifcelant  en  de» 
tempa  dUfdmta.  La  moelle  ^ini^  eat  on  des  premien 
oiganea  viaibiek  Or,  c*est  de  oetle  modleque  le  ooBor  re- 
^it  aonfanpnlaion^  On  voitle  coBor  avant  lea  poumons,  loloie 
avant  la  lete,  le  cerveao  avant  reslenae  et  avant  lesieiai , 
les  art^res  avant  lea  da.  Hals  telle  est  la  nmfnalU^  aiees- 
sairedea  prlnclpanx  egenta  dela  vie,  qu*il  eerait  dttfidle  de 
dddder  daqoel  proeMe  la  piemike  impaiaioo  vHale.  Omi- 
ment  aglrait  le  ceenr  aMa  le  eonooorade  la  moelle  dpini^ 
Comment  tefloerait  la  moelle  dpinltee,  si  d^i  le  cmor  ne  loi 
avail  envoyd  du  sangP 

Une  autre  dittcnltitontauasl  Insoluble,  oe  aeraitde  dM- 
der  avec  certitude  ai  leeetganes  pr6oident  les  actes,  00  si  ce 
aont  les  actes  qui  prMdent  les  erganea.  On  eat  d*abord 
aorpiiaqne  ce  aoH  U  une  diffiooltd,  et  Ton  se  pnnd  k  dooler 
qu'elle  exiate.  Mais  qa^on  essaye  de  eonceveir  la  fomatioo 
dVin  senl  oigane  aans  le  Jen  prd^tabli  d'aotres  organes  f 
Un  pareil  proUtoie  ddcoonigerait  llnvestigalioa  et  la  saga- 
d^  On  ne  pent  en  eflbt  oomprandre  le  mtanlsme  vHal 
sans  organes  prtexiatanta.  II  y  a  U  des-^yat^booDpf^ 
benaiblea. 

If  on-seuleroent  tons  les  erganea  ne  aont  pea  eontamporalas; 
non^eulement  il  en  est  qui  se  oontadent  et  d^anties  qui  » 
transforment,  mala  on  en  volt  qui  disparaiasent  aiec  i'tge.  Le 
tbymua,  par  example,  aprte  s'^tre  aocru  pendant  vingt  et 
quelques  mois,  s'atropliie  et  8*antentit  au  host  de  di  x  on  doeie 
ana.  Le  trou  de  Botal,  le  canal  art^riel  (  qui  va  direetenMot 
de  Part^re  pnlmonairo  li  Paorte  ),  lea  vaisseana  ombillcaox 
et  Pouraque  s^oblilirent,  les  capsoles  ^urrdnales  se  doie^ 
cbent.  Tous  les  organes  du  foetua  n*ont  done  pas  la  mime  do- 
rte :  il  en  est  qui  ne  sont  pour  ainsi  dire  que  des  pieces  d*^dis- 
faudage  dont  se  scrt  la  nature  poor  constniire  PMitioe  virant. 


FOE 

Le  foBtiu  luimalii  dans  ses  progrto  offlre  le  mod&re  pas- 
lacer  de  tons  tea  geDres  d'orguiisAtion.  On  lui  toU  suc- 
eesftiTenient  ({nelqiies  tntts  de  rettemblaoet  avec  lea  autres 
classes  cPanimaai ,  en  commencant  par  lea  plus  aimptts. 
De  aorte  que  lea  coRuneiiceme&te  de  i'lioiniiie  sent  oomme 
rimage  n^duite,  raais  resaemblante,  de  toot  to  r^e animal. 

U  resaemble  d'abofd  am  polypea  et  anx  mMuaea  par  aa 
peaa  molle  et  noe,  aana  organea  diatiocta.  V ouTertare  m^ 
diane  du  Tentre  to  rapproehe  enaoito  dea  hultrea^  dont  to 
manteaa  demean  ouTert  tottte  to  Vto;  U  a  dea  mnaetea  aana 
tendons,  comme  lea  vera  et  tea  moUuaqnea.  Seaoaoommen- 
^anta  ont  aotant  de  potota  toolte  d^oaaificatton  que  lea  mtmea 
oa  ont  de  piteea  pera^rtentea  dana  toa  otoeanx  et  toa  rep- 
titoa  :  aon  aternnm  reasembto  k  celni  d^oae  fortne  adulte. 
Son  ccenr  eatd^abord  inTiaibto»  oemme  dana  toa  Ten;  il  n'a 
•enaoile  qn*ane  ea^it^  oomme  celoi  dea  craatooda,  pnia 
denx,  comme  celoi  dee  poiaaonaet  dea  grenooiUea.  li  prend 
eoauito  troia  cvniiB,  comme  ii  lea  a  permanentea  dana  lea 
serpenta ;  enfin,  tant  que  to  iron  deBotal  snbaiate^  to  ceear 
da  foetna  reasembto  li  celni  dea  pboques,  qui  aont  dea  man^ 
mifferea.  Mala  te  qni  complete  c«  aimilKudea  auJccesaiTWi, 
c'eat  que  cenx  dea  organea  qni  n'exiatnt  qne  dana  toa  ani- 
maox  Teft&brte,  oomme  leaTert^biea,  to  sternum,  to  rate,  etc. , 
aont  lea  demicKaik  m  manifeater  dana  to  Mua  hnmain.  Cetn, 
aa  contralre,  qni  ne  aont  que  temporairea,  aont  tonjoura  lea 
premiera  tiatblea.  Ainai,  le  itotua  hnmain  n*ft  d*oidea  comme 
leo  poiaaooa  qn*^  one  ^poqne  rapprocb^  de  to  eonception; 
et  Kcspten  de  qneoe  qa'on  lui  Toit  pendant  environ  dix 
joora  apparatt  dte  to  quarantiteie  Jour.  Et  quant  anx  or- 
ganea g^tanx  intemea,  ila  aont  d'abord  biflirqate  tot^rale- 
ment,  comme  eeax  dea  liin«8;  eenx  da  dehora  numquent 
dana  lea  premtora  tempa,  oomme  dana  lea  animaux  infd- 
rieura.  QnandJtoeonmienoenl  li  parattre,  fla  aontlmperfor^ 
conme  to  aont  pera^Ttemment  ceux  dea  otaeaux  et  dea 
r^tilea ;  fl  est  un  Age  odi  tone  lea  fcetoa  luunaina  parainent 
femellea;  on  antra  odi  tooa  lembtont  bonnaplirudltea,  k  rai- 
aon  de  certainea  oolnddenoea  bizarrea,  canict^re  perma- 
nent dea  moUnaqoea. 

Lea  correapondancea  aont  analognea  pour  lea  oiganea  dea 
seaa  :  d'abord  to  boucbe  est  aana  tovrea ,  et  to  patoia  fendu 
comme  dana  lea  oiaeanx  et  toa  reptilea;  l^oniiUe,d^bordpriT^ 
deconque,  oomme  cheaL  lea  reptilea  et  lea  c^laeda;  roai  nu  et 
aana  paupiirea,  comme  il  eat  toojoora  dana  leapoiaaonaetles 
inacetea,  etc.  Enfin  to  eorpa  eat  d*abord  privd  de  membrea, 
oomme  celni  dea  aerpenta;  enaoite  lea  monbrea  paraiasent, 
maja  inoompleta  et  tronqu^  comme  ceox  dea  oMac^ ;  et  to 
prolongement  caudal,  qui  eat  6ph^m^,  donne  au  foetua  un 
trait  de  reasemblance  ayeo  un  quadmrAde. 

ATOoona  toutefoiaque  cos  atmilitudea,  toajoi«ra  partieUes, 
sont  tnaoffiaantea  pour  motiver  aoit  to  cbalne  univeradle 
de  Ch.  Bonnet,  soit  to  filiation  directe  et  auceesaiTe  de  De 
Matltot  00  de  Lamarck,  aoit,  enfin,  i'admiaaion  de  cetto  loi 
d'ulenliti  organique  qu'ont  prteMe  de  noa  joora  quelques 
aavaota. 

Qoantadx  fonctiona  fitalea  do  fcBtoa,  c^eat  piindpatoment 
^nx  d^pona  do  aang  matemel  qoll  ae  noorrit;  to  est  la 
aource  easentlelto  de  raccroiaaement  Le  aang  yefaieox  qof 
fetoome  de  Penfiuit  an  placenta  est  fort  dlfliiient  do  aang 
arUriei  qui  Ta  de  to  m^  ao  festua.  On  a  lieu  de  penaer 
que  te  jeone  £tre  tin  de  mteae  qnelquea  61teenla  nutritifb 
et  dn  reau  de  I'anmioa  dana  laqoeUte  11  eat  ptong^,  et  de  la 
TMeote  ombHicate,  corpa  analogoe  au  vitellua  oo  Jaone 
d'canf  dea  oiaeaox.  On  volt  en  eftet  oette  vteicute  diminuer 
pen  k  pen  de  Tolome  k  meaore  que  to  ftetua  grandit. 

L'eaptee  de  reapiration  qu*e(fectnent  dana  lea  onife  lea 
enbryona  d'oiaeaux  et  d'antres  oriparea,  ne  aaurait  avoir 
Iten  poor  le  tetua  dea  mammifl^reaet  pour  le  foetua  humajn. 
L*air  ne  peot  a'lntrodoire  dana  l*ot^rua.  Le  fostua  re^it  de  sa 
waitn  un  aang  toot  reapir^.  Ce  qo^on  a  ditdes  oris  du  foetua 
dana  le  sdn  matemel  ne  peut  dtre  attribu^  qu*^  dea  illusions. 
Dei  ia?anta  altemanda  ont  pri^tendu  que  le  foetus  reapirait  k 
In  mantore  dea  poisaona,  durant  le  pen  deioora  qu'tl  est 


rus  61$ 

pounru  d^ooiea.  A  regard  de  to  circototton  do  aang^elle 
a*eiibctoe  dana  te  foetua  comoie  chez  I'enltot  et  Paduiif. 
au  moina  quant  au  principal,  C^est  au  placenta  qu'elie  com- 
mence et  qoWe  aboiitit,  au  moyen  dea  vaisseaux  ooittil^ 
caox.  Le  aang  art^riei  arriTo  au  jeune  dtre  par  to  vefne 
ombilicato,  qui  so  impend  en  partto  dans  le  foie;  et  ce  j^aAg' 
retoome  Teineux  et  ^puis^  au  ptocenta  et  k  la  in^e,  ao 
moyen  dea'  deux  arttees  ombiUcales.  Le  cordon  ombiltcal 
est  fomi6  de  oea  troto  Taiaseaux.Le  sang  d*arriv(H>  ne  lra»- 
▼erse  point  lea  poumons,  alora  inactifi};  II  lea  6Iade,  grftce 
an  canal  artMel  et  au  troo  de  Botal,  qui  n'eiistent  qu'a 
ce  premier  ftge,  et  qui  deviennent  auperflus  aussitot  que  to 
respiration  a*effectne.  A  Tencontre  de  ce  qu'on  voit  chez 
Tadulte,  dana  to  foetus  il  y  a  m^lang^  du  aang  des  lieui 
oreilleltea,  et  du  aang  dea  deux  ^entriciflea  dans  Ics  deux 
i;randeaartlrea;  comme,  en  oUlre,  ce  sang  s^^taii  drja 
m^to  dana  te  foie  avec  te  aang  de  la  veino-porte  et  arait  Aijk 
trarersd  to  matrice  et  to  ptocenta ,  on  a  lieu  dlnfi^rer  de 
ccsdispositiona  de  retard ,  qoe  to  nature  avait  int^t  k  ren* 
dre  le  sang  dn  Jeone  £tre  te  plus  yelnenx  possibte. 

Le  mdconitfmest  une  s^cr^ion  spddale  du  eanal  in* 
testinai;  il  ne  proTient,  comme  on  Tayait  cm,  ni  des  eaut 
del'amnioa,  mer  od  nage  to  foetua,  ni  dela  bile.  Alors  que 
I'inteatin  est  obstru^,  le  meconium  n^en  existe  pas  moina 
au-deaaoua  comme  au-deaaus  de  l^obstacto  :  preuve  que  la 
source  en  est  locale.  A  T^ard  de  Tenduit  s^bac^  ou  suif^ 
feox  dont  est  coorerte  la  peao  du  jeune  dire  aux  demiers 
tempa  de  to  geatotion ,  elle  proTient  des  petltea  gtondes  de 
la  peao,  et  non  point  d*un  d^pOt  dea  eaox  de  Tamnioa. 

Le  foBtoa  eat  moina  chaud  que  aa  m^  d'environ  2°,  6; 
quelquefoia  to  dilTtfirenoe  eat  plus  grande,  et  eOe  pers6T6re 
aprte  la  naissance. 

On  Toit  battre  to  coeur  dea  jeunes  mammifftrea  du  quator- 
tihae  au  Tingtitaw  jour  de  la  conception.  Mais  on  pensa 
qu'il  battait  d^jk  a?ant  IMpoqoe  o(i  U  eat  possible  de  J'a- 
pereoToir.  Le  pools  do  foetoa  homaln  bat  alors  ao  moina 
160  foia  par  minute;  et  Toreilte  peot  entendre  sea  polaa- 
Uons  k  itvten  lea  parois  dn  ventre  et  de  to  matrice,  preove 
certaine  de  grosaease  aprte  dnq  mois,  et  preuve  acquise  qne 
le  foetua  est  TiTant 

Lea  premieira  mooremento  musculalrea  du  jeune  6tre  ont 
^16  Tua  00  sentto  dta  le  quaranti^roe  jour  de  to  conception, 
et  m4me  plos  t6t  dana  lea  foetua  mAles;  mala  cea  premiera 
moOTementa,  diffidles  k  constoter,  dolvent  ayoir  €\6  Ar^ 
quemment  iUuaoirea  dana  Fesp^  liumaine.  A  cette  <$poque 
en  ellbt  lea  musclea  do  foetos  sont  k  peine  dlscernablea,  et 
le  aqnelette  non  encore  6baucb4,  en  aorto  que  cea  pi^tendua 
mouyementa  ne  aauraient  6tre  que  yermlcnlairea.  Sana  He* 
yiera,  queto  mouyemento  appr^ablea  pourraient  exlator? 
Lea  mouyements  du  foetua  ne  sont  bien  sensible  qo'au 
quatri^e  on  dnquitoae  mola  de  la  gestotion,  alora  que  to 
^quelette  a  d^  toit  quelques  progrte. 

Comme  cea  mooyeraento,  qui  intUquent  aOrement  to  yfe^ 
aont  de  m^me  de  aOra  indices  de  la  yolont^  en  dea  ^trea  plus 
parfaito  oo  plus  accrus,  on  a  assign^  k  la  yolont^  et  il  to 
conscience  cea  manifeatottena  de  l*$me,  et  li  i'Ame  eile- 
mftme  uno  origine  contemporalne  k  cea  mouyemento  apon- 
tan^  de  I'embryon.  Mala  nous  ayons  roontrd  dans  notre 
Physiologie  fnidicaU  que  lea  mouyemento  muacutoirea, 
bien  loin  de  ddaigner  inconteatobtoment  le  rigUe  de  to  yo- 
lootd,  ne  sont  m6me  pas  toujoura  de  sOrs  indices  de  to  vie, 
puiaquMla  pers^y^nt  encore  aprte  sa  complete  extinction  ; 
et  de  to  nous  ayons  conclu  que  noua  ne  sayona  rien  de  pr^ 
els  touchant  I'origine  sensibto  de  la  yie,  et  abeolument  rien 
quant  k  Torigine  de  i*Ame.  Les  Remains  punissaient  de  mort 
quioonque  ayait  crimineltoment  procurd  la  mort  d'un  foeliia 
dijhformi  et  animi^  ce  sont  lea  termes  de  la  loi;  et  ito 
hxaient  li  quarante  jour$  l*€poque  de  ranlmation  du  foetua, 
ce  qui  concorderait  asaez  avec  ce  qu'on  a  dit  des  premiers 
mouvements  du  jeune  dire.  Sans  doute  cette  rigueur  des  toto 
^tait  juste;  mato  li  tout  dire  qu^elle  TeOt  i\J^  pour  les  pre- 
mtora jours  de  to  groaaOaae  tout  aotant  qoe  pou^  to  «|u*» 

05. 


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516 


FOETUS  —  FOI 


nDllteie  Jour.  EffectiTeme&t,  si  Ton  met  de  cM  les  chances 
d'an^antisflaneiit  ou  d'expuldon  prteisturte  da  fotos,  U  est 
Mdent  que  le  genne  une  fois  fteoiid6,  une  fois  con^,  poe- 
Me  en  lui  toutes  les  oondftions  de  son  d^Tcloppement  fa- 
tor;  Aire  parfoiiement  eiistant dte  les  premiers  joors,  il  ne 
Ini  foot  que  du  temps  pour  se  paracheTer :  sa  destruction 
senit  done  ak>rs  tout  aussi  oondanmable  que  s*ii  6tait  com* 
pl^tement  accru.  11  n*en  est  pas  des  oeuyres  de  la  nature 
eonune  des  ooTragw  des  bommes  :  la  nature  n'^baucbe 
ancun  £tre  qui  n'ait  d^abord  en  |oi  les  ^Iteents  de  son  per- 
fectionnement  ultMeur;  ses  intentions  sont  pour  ainsi  dire 
d^k  rdalis6s  dte  qo*eUe  conunence  k  les  manlfesler. 

D'  Isidore  Bourdon. 

FOGARASf  district  de  TransylTsnie  d^pendnt 
do  pays  des  Hongrois,  et  oependant  dta6  dans  le  pays  des 
SaxonSy  bom4  au  nord  par  trois  si^es  saxons,  k  Test  par 
le  ti^e  de  Kronstadt,  k  Tonest  par  odui  d^Hermanstadt, 
et  au  sud  par  la  Yalachie.  Sa  snperflcie  est  de  22  myriam6- 
tres  carr6s,  et  il  renferme  nn  boni|;  k  march4  et  soixante- 
quatre  Tillages.  Le  sol  en  est  partout  montagneiix,  le  di- 
mat  sain,  inais  froid,  et  dte  lore  peo  fiiTorable^ragricaiture. 
L'ti^TC  du  b^tail,  celle  des  pores  surtout,  constitue  la  prin- 
dpale  occupation  de  la  population ,  dont  le  commerce  et 
I'indostrie  n*ont  aucune  importance.  Cecl  tient  surtoot  sans 
doote  k  Tesprit  indolent  des  habitants,  au  nombrie  d'en?iron 
65,000,  et  compUtement  Valaques  d'origine,  k  I'exception 
de  2,000  Saxons  etde  1,000  Hongrols.  Ledief-lien  du  district 
de  Fogaras  est  le  boui^  du  m6me  nom ,  situ6  sur  la  rive 
gauche  de  I'Aluta,  ob  l*on  trooTe  6,100  habitants,  Valaques 
pour  le  plus  grand  nombre;  cinq  ^ses,  un  gymnase  pro- 
testant,  un  oouTent  de  franciscains  et  la  Maison  Commune. 
Le  centre  du  boui^  est  occupy  par  une  forteresse  d'une 
liaute  importance,  en  cas  dMnvasion  tentte  de  la  Valachie, 
dont  la  construction  date  du  treizi^me  sitele,  que  Bethlen- 
Gabor  fit  reconstruire  en  1613,  et  qui  a  toujonrs  joo6  un 
rOle  important  dans  les  luttes  oontre  les  Turcs,  de  mtoie 
que  dans  les  troubles  int^rieurs  de  la  province.  Le  12  jniilet 
1849,  le  gdn^ral  Bem  y  perdit,  it  la  tMe  de  ses  Hongrois,  une 
bataille  contre  les  gdn^raux  russes  Engeihardt  et  Luders. 

FOGGIA)  cheMieu  de  la  province  du  royanme  de  Na- 
ples appel6e  Capitanata,  dans  Tandenne  Apolie,  est  le 
si^e  d'un  tribunal  de  premiere  instance,  d*un  tribunal  de 
commerce,  et  le  prindpal  entrepot  de  toutes  les  marcban- 
discs  des  provinces  orientales  de  la  monarchic.  C'est  une 
ville  bien  bAtie,  r^guli^,  situte  surlesbords  de  la  Cervara, 
petite  rivito  qui  traverse  nne  belle  plaine,  et  point  de  jonc- 
tion  des  routes  de  Naples,  de  Manfredonia ,  de  Brindisi 
et  de  Pescara.  Elle  renferme  un  grand  nombre  d'dglises  re- 
(iiarquables,  quelques  antiquitds,  un  beau  bAtiment  de  la 
.louane,  de  vastes  rnagashis  k  bl6,  un  tb^tre,  un  diapitre 
le  jeunes  fiUes  nobles  et  une  blblioth^ue  publique.  Elle 
compte  21,000  habitants,  et  il  s'y  tient  annudlement  une 
foire  fort  importante.  Ses  habitants  font  un  commerce  con- 
siderable en  vins,  builes,  laines,  grains,  bestiaox  et  cApres. 
En  1240,  l*empereur  Frdd^c  II  tint  un  parlement  k  Foggia, 
et  sa  femaie  Isabdle  y  mounit,  en  1241.  Le  2  decembre 
I25i,  Manfred,  avec  Taide  des  Sarraslns,  battit  sous  les 
murs  de  cdte  ville  les  bandes  k  la  soide  du  pape  Innocent  IV. 
Quand  Maufred  (ut  vamcu  et  trouva  U  mort  sous  les  mure 
de  B^u^vent  (1266),  Charles  d'Anjoo  punit  Foggia  de  Tatta- 
diement  qu'elle  avail  tdmoign^  pour  la  cause  de  Conradin, 
en  Pabandonnant  aui  devastations  de  ses  troupes. 

FO-Ul  ou  FOU-HI9  le  plus  cel^re  des  bdros  diinois, 
est  uu  Jc  CCS  Atres  k  moili^  mythologiqucs  qui  ont  peut-Atre 
•xiste,  niaU  dont  il  serait  diflicile  dc  pnidser  Pdpoque  ( suivant 
les  Chinois,  ce  serait  enlre  Tan  3468  et  Pan  2952),  et  sur 
qui  la  tradition  accumule  tons  les  attributs  propres  k  rendre 
sensible  Vid^  dont  lis  sont  la  personnification.  Cest  aInsi 
qu'on  altribue  surtout  k  Fo-hi  une  origineetune  forme  sur- 
naturelles,  et  qu'on  raconte  de  lui  mille  choses  surprenan- 
tcs.  Son  regne  succ^da  k  celui  du  dd.  II  est  rinvcnteur  des 
adences,  et  le  piemier  l^islateur  de  la  society  humaine. 


C*e8t  lui  qui  inventa  les  armes,  les  tostniments  k  coidet, 
les  r^es  de  la  madque  et  les  caracttees  d'toitore;  enfio, 
c*e8t  lui  qai  le  preoder  toivit  le  Y-king  ( wfot  Cnin, 
tomeV,  p.  486).  On  lui  doit  l^nstitation  du  mariage  et 
retablissement  des  sacrifices  efforts  aux  esprits  dn  del  et 
de  bi  terre.  li  partagea  ledd  en  degrte,  trouva  la  p^ 
riode  cycUque  de  60  ans,  qui  existe  encore  anjoordlni 
parmi  les  Cbinds,  et  constriddt  le  premier  calendrier.  II 
r^a  le  coon  des  eaax ,  entoura  les  villes  de  mnrdlles ,  ct 
biitia  les  honunes  k  la  oonnaissance  des  nkttiere.  Hals  le  plus 
Important  des  services  qu'ii  rendit  k  ses  semblables ,  c'est 
que  le  premier  il  institua  parmi  eux  un  gouvemeoient , 
en  cbargeant  des  fonctionndres  publics  de  ^administration 
du  pays,  ainsi  que  de'la  direofion  da  people,  an  mitieo 
doqad  il  fit  r6gner  Tordre  et  le  calme. 

FOI  (du  latin >ftfes).  On  donne  ce  nom  taatot  it  eeqoe 
Ton  crdt,  et  Ton  dit  dans  ce  sens  la^bi  re/iyiatie,  la  /d 
ehritienne,  la /oi  eatholique,  la^bipro/estanfe,  taatM 
k  une  certaine  nuance  de  ce  qo'on  tient  poor  vM^.  £a 
pbilosophie,  la  foi  est  une  croyance  sans  motifs  seton  la 
raison,  ou  dont  les  motifs  ne  sont  pu  suffisants  poor  pro- 
duire  la  conviction,  on  la  croyance  avec  certitude  abso- 
lue.  Dans  ledomainedes  sdences,  c'est  la  croyance  ae- 
cordde  k  certdnes  propodtlons  sur  la  parole  des  savants, 
qui  en  ont  fait  la  d^onstration  ou  Texp^rience.  Qnaot  i 
la  foi  i  r  auto  rite  (que  cette  autorit6  sdt  vraie  on  fonase), 
die  pr^uppose  la  foi  it  la  conndssance  pnrement  persoa- 
nelle;  pour  que  I'homme  en  effet  crde  ^  on  enseigoe- 
ment  qudconque,  11  font  d'abord  qu*a  croie  an  t^rndgaage 
de  ses  propres  sens;  c'est  ce  ttodgnage  des  sens ,  eiterae 
ou  interne ,  c'est  la  confiance  en  la  vMt6  des  oonceptioDs  ile 
la  laison  pure,  primitives  ou  d6duites,  c*«8t  en  un  md  la 
foi  k  I'intdligence  hnmdne,  qui  mkitB  par  exodlence  le 
nom  de  foi  philosophiqoe.  Toates  nos  croyances  primhiTes 
sont  admises  sans  motifs  ( a  priori ) ;  car  ces  motifs,  sllseus- 
taient,  scxaient  d^autres  id^es,  d'autres  iogements,  qui  deviea* 
draient  aussitOt  des  connaissances  v^ritablement  premieres. 
Et  alore ,  de  denx  choses  Tune  :  01^  dies  seraient  crues  sais 
motifs,  comme  nous  le  prdendons,  ou  dies  auraient,  k  leur 
tour,  des  motifs,  qui  remonteraient  a  d'antres,  d  dnsi  4 
rinfini ,  sans  pouvoir  arriver  k  une  croyance  primitive. 

II  n*est  done  pas  de  systteie  plus  sceptique  que  odd  des 
motifs  de  certitude  des  conndssances  primitives;  d  tode 
connaissance  qui  n*a  pas  d'autre  raison  connue  qu'elle 
mtoie  est  sans  motif.  La  foi  pliUosopliique  appardt  daos 
toutes  nos  connaissances  primitives,  empiriques  ou  ratioa- 
nelies ;  die  apparalt  encore  dans  la  conception  du  rapport 
des  conndssances  d^rivdes  k  celles  qui  leur  serf ent  de  pre- 
misses ou  de  princlpes.  Si  nous  ne  vonlons  pas  croire  aveu- 
gl^ment  tout  oe  qui  disent des  bommes,  soit  en  mati^ de 
faits ,  soit  en  matl^re  de  raisonnements ,  il  faut  bien,  aprte 
tout ,  que  nous  discutions,  k  part  nous ,  leure  tilres  a  notre 
crdance, d  ainsi  notre  foi  k  TautoriUi  m6me  repose  sur  nos 
connaissances  et  sur  nos  croyances  primitives  personneiles. 
Une  autorit6  ne  saurait  done  6tre  une  autorit^  k  nos  yeox 
qu*A  la  condition  que  nous  serous  a  nous-m^mes  nne  pre- 
miere autorit^.  Mais  de  ce  qu'une  autorit6  est  recoauue,  ce 
n*est  pas  un  motif  pour  que  quiconque  croit  enelie  abdiqne 
sa  quality  d^fttre  raisonnable  et  croie  sans  intelligence. 

Tdle  est  la  foi  pliilosophique  proprementdite.  Si  nous  pas^ 
sons  maintenant  k  la  foi  rdigieose,  €iit  nous  appardtra  tens 
un  tout  autre  aspect ,  reposant  sur  une  intuition  primitive, 
sur  un  sentiment  intime  fondamental ,  sur  le  besdn  inni 
d'admettre  comme  vrdes,  ab  ovo,  des  id^  dont  notre  rdson 
n*a  aucune  esp6ce  de  certitude,  qu'il  lui  Cbt  ddiendo  non- 
seulement  de  oombattre,  mais  mftme  d'examiner,  sur  les- 
qudles  il  luiestinterditenfind'dnettrelemoindredoute,  idees 

que  les  adeptes  subissent  ndanmoins  comme  ntessatres  a 
leur  existence,  k  leur  dignity,  k  leur  repos,  d  dont  ils  ne 
bdancent  pas  mdme  k  devenir  au  besoin  les  martyrs.  Le> 
uns  y  voient  uner^v61ation  int^rieure,  qui  setraosmd 
li6r6tlitairoment  d*bommc  k  honunc;  d'autrcs  n*y  veuicnl 


FOI  _  FOIE 


517 


Monnittre  que  le  rtedtii  de  TMucation,  des  doctrines 
tmumiset,  des  habitudes  iaT^tMes,  ou  d'une  grande 
paresse  inteUectodle.  Cette  disposition  k  croire  ou  i  rem* 
plaeer  la  certitude  par  U  fol,  est  la  base  de  la  religion, 
qui  n'est  dle-m6me  que  la  UA  embrassant  un  enseignement 
qaelcooque  sor  l^infini  et  sor  les  intelligenoes  qui  y  pr<* 
sident 

Oans  ce  eercle  dHdte,  qu*esi-Ge  que  la  fol?  «  C^est,  nous 
dira  saint  Paul ,  la  conscience  de  la  rtelitd  des  choses  qo*on 
doit  esp6rer  et  la  raison  de  oelles  qu'on  ne  Toit  point.  »  — 
«  La  foi  parfaite,  nous  dira  Pascal,  c'est  Dieu  sensible  au  c4Bur. 
Tout  ce  qui  est  incompr^ensible  ne  laisse  pas  d*6tre.»  et  la 
tdemite  dtowrcbe  de  la  raison  est  de  reoonnattre  qu^il  y  a 
one  iniinit6  de  cboaes  qui  la  surpassent  »  —  «  LHncom- 
pr^hensible,  nous  dira  Fr^d^rie  le  Grand,  n'est  ni  limpos> 
sible,  ni  Pabsurde.  » —  «  La  foi ,  igoutera  YolUure,  est  lln* 
crtSdoUtA  sonmise;  c*est  le  respect  pour  des  choses  incom- 
pr^hensibles,  en  yertu  de  la  confiance  qn^on  a  dans  ceoz  qui 
les  enseignent. »  —  «  U  y  a,  r^pltque  Leibnitz,  une  distino- 
|tion  quil  ne  teut  jamais  ooblier  entre  ce  qui  est  aU'deuus 
ide  la  raison  et  ce  qui  est  con^re  la  raison;  car  ce  qui  est 
contre  la  raison  est  corUre  les  v^t6»  certaines  et  indispen- 
sables ,  tandis  quo  ce  qui  est  aU'dessut  de  la  raison  est  cen- 
tral re  aeulement  h  ce  que  Ton  a  coutume  d'expdrimenter.  ••— 
«  Le  raonde  intellectuel,  poursuit  Jean-Jacques  Rousseau , 
sans  en  excepter  la  g6om^trie,  estpleinde  v^rit^  incomprd- 
hensibles,  et  poortant  incontestables,  paroe  que  la  raison  qui 
les  deiDontre  existantes  ne  peut  les  toucher,  pour  ainsi  dire, 
k  tra?ers  les  homes  qui  Parr^ent,  mais  seulement  les  aperce- 
▼oir,  »  ^  «  La  foi,  dit  Malebranche,n'est  pas  contraire  h  Tin- 
telligence  de  la  v^rit6;  elle  y  conduit;  elle  unit  Tesprit  k  la 
raison,  et  r^tablit  par  elle,  pour  jamais,  notre  soci6t6  avec 
Dten.  >  ^  «  La  T^ritable  ti^Tation  de  Tesprit,  dit  enfm 
Massillon ,  c'est  de  pou?oir  sentir  toute  la  majesty  et  toute 
la  sublimits  de  la  ioi.  Les  contradictions  et  les  ablmes  de 
rimpl^  sent  encore  plus  incompr^iensibles  que  les  mys- 
t^res  de  la  foi.  » 

Passant  au>  contemporains:  «  Sans  la  foi  religieuse,  nous 
dira  Lamartine,  rbomme  n'a  ni  la  r^gnation,  ni  le  cou- 
rage, ni  le  bonheur,  pas  m6me  Tesp^rance  au  jour  desd^ 
ceptions  crueUes  de  la  vie.  »  —  «  (Hex  la  foi,  ajoutera  La 
Mennais,  et  tout  meurt;  elle  est  T&me  de  la  soci^t^  et  le 
fonds  m^me  de  la  vie  humaine.  La  foi  dirige  et  pr^cMe 
n^cessairement  tontes  nos  actions ;  elle  est  dans  la  nature 
de  rbomme,  et  c*est  la  premise  condition  de  son  exis- 
tence. >  —  £nfin,  M.  Pagte  (de  I'Ari^e)  s'exprime  kcd  ^rd 
en  ces  termes :  «  Sans  foi  religieuse,  sans  foi  morale,  sans 
foi  politique,  que  restO't-il  k  un  peuple?  II  doit  voir  inoes- 
samment  tomber  toutes  les  hierarchies  homaines;  la  fa- 
mine m£me  doit  disparattre.  L'bomme  doit  rester  seul  avec 
son  ^oisme  et  son  int^rftt  Ces  deux  yices  devienneut  alors 
des  vertos.  Comma  ki  science  de  Tbomme,  par  Thomme, 
et  sans  Dieu ,  le  conduit  k  I'isolemeut ,  il  faut  qu*il  s'aime 
seul ,  puisqull  est  seul.  Comme  il  a  hris^  tous  les  liens  qui 
rattachent  le  fini  k  Tinfini,  il  ne  reste  de  Thomme  que  ce 
qu'il  a  de  terrestre  et  de  grossier ;  et  dte  lors  le  bien-6tre 
materiel  et  Tor  qui  le  procure  sont  le  but  unique  d*Une 
existence  qui  sort  du  chaos  et  retourne  au  n^nt.  Comme  il 
croit  k  rinteiligence ,  et  non  k  1*  Ame ,  le  cri  de  la  conscience, 
Tattrait  de  U  sympathie ,  tons  ces  tr^rs  de  joie  et  de 
larioes  qui  surgissent  de  la  sensibilitxi,  c^nt  la  place  k  ces 
OkJiotions  grossi^res  de  la  sensation  qui  pousse  au  plaisir  et 
repousse  la  douleur. » 

La  foi  n'estpas  seulement,  comme  subjective,  un  pen- 
chant, une  disposition,  un  sentiment,  une  intention;  elle 
eat  encore,  comme  objective,  la  mUti^re,  I'objet  d^une 
croyance.  Sous  le  premier  point  deTue,  dit :  Ma/oi 
est  en  Dieu;  sous  to  second  :  II a  embrassi  la  foi  du 
Christ.  Cest  la/oi  qui  sauve,  dil  le  proverbc;  oni,  mais 
a  condition  qu^elle  ne  sera  pas  sterile,  qu^elle  produira  de 
bonnes  ceuvres,  ou  au  moiiis  de  bonnes  et  nobles  penste ; 
car,  dit  saint  Paul :  «  Quand  j^aurais  toute  la  foi  n^cessaire 


pour  transporter  des  montagnes,  si  je  n*ai  point  la  charity, 
je  ne  serai  rien.  » 

En  thtologie,  on  appelle  profession  dejoi  one  formule 
qu'on  iait  lire  et  juier  aux  porsonnes  qui  abjurentleur  reli- 
gion pour  embrasser  le  christianisme,  ou  qui  entrent  dans 
les  dignity  ecci^siaatiqnes.  Dans  une  autre  acception ,  plua 
commune ,  fiiire  pnfes^n  de  foi  signifie  exposer  ses  prin- 
dpes.  LMnquisllfon  eroyait  fairs  aete  lie/oi  le  jonr  oh  elle 
envoyait  au  siippUoe  oeuz  qn'ello  avait  condamn^  oomme 
h^6tiques  (voyei  Auto-oa-f^);  mais  depois  quellnqulsi- 
tion  n'existe  plus,  aete  de  foi  ne  sort  plus  qu*k  designer 
une  courte  pritoe  que  les  fid^es  doivent  r6citer  sortont  avant 
de  recevoir  certains  aacrements.  On  nonune  article  de 
foi  cheque  point  de  la  croyanoe  en  matlte  de  religioB ,. 
chacune  des  yMOM  que  Dieu  a  r6v61te  k  son  ^lise.  Ainsi, 
tout  ce  qui  est  dans  le  symbole  des  Ap6tres  est  article  de 
foi.  Un  catholiqne  doit  croire  tout  ce  que  Ttiglise  qualifie 
article  de  foi. 

Si  maintenant  nous  qnittons  les  accepti<ms  religieases  du 
mot /oi,  nous  venous  que  celles  qui  sont  usit(^  dans  le 
langage  ordinaire  sont  encore  plus  nombreoses.  La  foi  est 
la  fidelity,  Texactitude  k  tenir  sa  parole,  sea  engagements, 
ses  promesses,  ou  Tassurance  donntede  ne  pas  les  enfrein- 
dre  :  Cest  un  homme  de  peu  de/oi,  donner  sa^bi.  On  ap- 
pelle foi  conjugale  la  pfomesse  de  fld^it6  que  se  font  le 
mari  et  la  femme  en  s'^pousant;  Foi  des  traitte,  des  ser- 
ments,  I'obligation  que  Ton  contracte  par  les  traits,  les 
serments.  Ajouter  foi^  avoir /oi  aux  promesses;  faire  Joi 
d'one  chose,  c^est  en  donner  la  preove,  le  t^olgnage, 
Tassurance.  On  Jure  souvent  sur  sa  ioi :  ^i  d^honnile 
homme^  foi  de  gentilhomme, 

Dans  Tart  h^raidique,  on  appelle  foi  deux  mabis  jointes 
ensemble ,  oonune  symbole  d'aUiance  et  de  fidelity :  il  porta 
des  gueules  k  la  foi  d'aigent;  en  pemture  et  en  sculpture^ 
ce  mot  a  la  m6me  acception. 

FOI  (O^nvre  dek  Propagation  de  la).  Voye*  Propaga- 
tion DE  LA  FOI. 

FOI  ( Bonne  ou  Manvauie).  La  bonne  foi  est  une  convic- 
tion iut^rieure  que  Ton  a  de  la  justice  de  son  droit  ou  de 
sa  possession.  11  y  a  mauoaise  foi^  au  contraire,  lorsqu'on 
fait  quelque  chose  quoiqu*on  sache  que  ce  qu*on  fait  n*est 
pas  lidte.  La  bonne  et  la  mauvaise  foi  influent  sur  Tappr^- 
elation  des  actions  des  bonmies,  et  sur  leors  conventions 
etsur  leurs  cffets.  Amsi,  celui  qui.  Ignorant  le  vice  d*une 
vente  qui  lui  est  faite  de  la  chose  d'autrui ,  possMe  de  bonne 
foi  Tobjet  vendu  en  vertn  de  Pacta  qui  lui  en  transmet  hi 
propri^t^,  en  fait  les  fruits  siens  jusqu^au  nKunent  od  le 
vice  lui  est  manifest^;  et  dans  ce  cas  il  n'est  tenu  qu*ii  res- 
tituer  la  chose  ou  le  prix  qu^il  en  a  re^u  lorsqu'il  Ta  ven- 
due; tandis  que  s*il  y  avait  mauvaise  foi  de  sa  part,  non- 
seulement  il  devrait  rendre  les  Iruits  ou  int6rftts  qu^il  en  au- 
rait  re^s  pendant  la  durte  de  sa  possession ;  mais  11  aeraU 
tenu  aussi  des  d^tdriorations  qu*elle  pourrait  avoir  ^rouvte 
etmfime  de  la  perte  par  cas  fortuit.  La  bonne  foi  se  pr<^ 
sume  toujours;  et  elle  ne  cesse  que  du  jour  oil  a  lieu  la  de 
mande  en  revendication.  Geloi  qui  s*est  mis  en  possession 
rtelle  et  de  bonne  foi  d^un  objet  mobilier  qui  lui  a  €iA  vendu 
par  celui  a  qui  il  appartenait ,  et  qu*un  autre  avait  ddja 
acquis  du  memo  propridtaire  avaat  lui ,  est  pr^<dr6  a  ce 
dernier,  quoiquo  son  titre  soit  postdrieur  en  date.  Le  paye* 
men!  fait  de  bonne  foi  au  possesseur  d*une  cr6ance  est  va- 
Ublc  quand  mdme  ce  possesseur  serait  ensuite  6\\ne6,  La 
bonne  foi  apportte  dans  un  manage ,  dont  h  nuUitd  a  dt6 
prononc^  pour  une  des  causes  ddtermintes  par  la  Ioi ,  lui 
fait  produire  les  eflets  civils  tant  k  T^ard  des  ^ux  qu*k 
regard  des  enfants;  mais  lorsquVn  seul  des  <^poux  a  dt6  de 
bonne  foi ,  11  n'y  a  que  lui  et  les  enfonts  du  mariage  qui  en 
recueOlent  les  ehets. 

FOIE.  Cest  Torgane  sterdteurdela  bile  ou  do  fiel.  Le 
ioie  est  la  plus  grosse  glande  du  corps  :  k  lui  seul  il  rem- 
plit  presque  le  quart  de  Tabdomen  on  ventre;  son  poidschea 
rbomme  adulte,  est  de  troisiquatre  Uvres.  Sito6  dans  Yhy^ 


51B 


FOIK 


fK>coDdr0  4roit>  et  d^passant  raremoit  les  eAies  de  plus  d« 
deox  doicU,  alon  m^iiie  qae  le  corps  wt  dans  nne  podlton 
▼eiiieale«  it  rempUt  tonta  U  portion  droite  et  sop^rieare  dn 
▼eotre ;  U  fl*adapte  et  adiitoa  k  la  concavity  du  muscle  d  i  a  - 
p bra K  net  <lont  U  suit  tons  lea  mooTements,  moafements 
qui  ae  r^ittrent  at eeconalance^  juaqn'li  la  mort,  de  quinze  k 
▼ingt  feis  par  minnle ;  il  reeouVrd  anaai  T  ealo  m  ac ,  anquel 
il  eat  contlgpiy  deaorte  qa'U  ae  troaTe  aoolorA  pir  Id  loraqu'il 
est  plein  dPaUmenfti.  La  rata  ravoisfne^  gauche ,  et  queU 
<iaefoi8  ii  a^^tend  inaqu'it  elle ;  en  baa,  U  est  contigu  h  Tintes- 
tin  colon  etii  ripiploonj  prto  de  lui,  etplna  en  arridre, 
«stlepanor^a8;prte  de  lot  eat  le  duodenum,  dans  teqnel 
ie  omdait  cholMoqaeTerae  la  blleqae  le  foie  compose.  Le  py  - 
toreen  eat  anssiaaacarapprooM  poor  que  lea  maladies  de  l\in 
de.cea  organeaae  tranamettent^  I'autre  par  contiguity.  En  ar- 
Ti^re, U  teuche  k  r aor te,  aoi  piliers  du  diaphragme,  it  la co- 
Jonne  Tcct^brale,  an  rein  droit,  li  la  veine  cave  inC6- 
cieure.  II  n'eats^par^  de  la  pUrre  droite,  dupoomon droit, 
<lup^ricarde  et  doe  can  r  que  par  la  minoeeloiiondtt  dia- 
phragme ;  de  aorte  que  les  maladies  de  cea  diflMrents  organes 
fe|ailiisaent  qoelqnefoia  de  Pan  sor  Taotre,  non-seolement 
par  les  voies  fitaiea,  mais  ansai  en  rdison  da  Toishiage,  de  la 
«ontigull6.  U  eonnumique  avec  I'aorte  et  lea  xsaritfe  gau* 
cliea  dtt  cQBur  par  Tartdre  h^patique ;  avec  la  fdne  caTe  et 
4e8  caTUte  droites  du  cceur,  par  lea  Teines  h^pittqoes ,  qui  le 
font  aoasi  conumniquer  vtw  I'artte  polmonafre  et  les  poo- 
mens,  dans  lesqnela  le  coeof  pousae  et  r^pand  le  sang  yel- 
neux.  11  commerce arecl'estomac  etieafaitestina  par  ie  duo* 
-dtoumy  dana  lequal  la  hHe  est  Tente,  et  de  plus  avec  les 
mdmea  o^ganeevt  la. rate  par  leavaiaseauz  aangnina.  En 
outre,  toua  les  orgaMS  digestilSiy  llirtestfn,  I'estomac,  la 
rate  et  le  panerte;  conummiqaent  arep  Ini,  poiaqn'il  en 
revolt  le  sang  Temenx  par  I'itttenn^dlaire  de  la  mine  porte, 
le  smI  ▼aimaan  sanguin  qui  sarTa  d'intanMdiaire  aux  deux 
ordres  de  Taisseaux  capillaires.  Les  Taisseanx  lymphatiques 
et  ebyliftraa  le  matUnt  Ansai  en  rahitioa  arec  ie  canal  tbo^ 
radque  et  le  r6serYoir  de  Pecquet 

Lea  fileta  nenreux  qu'il  revolt  du  plazoa  aolaire»  du  nerf 

4e  la  dixi^ma  pafaa  on  pnsunuhgoMMque  et  du  nerf  dia- 

phragmatique ,  la  tot  commaniqoer  aTce  le  nerf  grand-sym- 

pathlqne,  aTee  la  eerreau  et  la  moelle^pinlAre.  Jogei-  d'a* 

prte  COS  nombrenaea  bonneziona,  d  i'on  doit  a'^tonner  que 

les  maladiee  da  foia  aient  de  ai  piompta  effets  sor  la  lant^ , 

8ur  l*hnmear  et  la  caract^ra,  et  all  est  alirprenant  que  les 

maladies  dea  antres  organes'  aient  de  si  ndtablies  njafllisse- 

menta  sur  ini.  Rouge ,  bnine ,  souvent  Jaanitre  et  qoelqoefois 

ManchAtre,  qnelqnefais  fiolacteon  verdAti^,  la  substance  du 

foie  est  grenae  commeoelledes  aotras  glandes;  cheque  grain 

du  foie  est  nit  compost  trte-eomplexe,  ayant  pour  premiere 

irame  un  tissu  eeilnleax  iormani  pareacbyme.  C'est  N^  qo'a- 

bootiaaent  vn  rameaa  de  Tartdre  ii^tique,  un  rameau  de  la 

Teina-porte,  on  rameau deaTaiaaeaux  lympbatiqueSy  dds  (ilets 

denerlii  proTenant  dee  trola  aoarcea  que  nous  avona  indi* 

qutes;  de  lAnaisMdt^lement  un  rameau  dea  teineah^pati- 

<quea,  un  rameau  det  canaoi  biliairea.  Cbaqne  grain  oo  lobule 

du  foie  est  reT^tu  dNne  portion  da  la  memlM«ne  eelluleosequi 

accompagne  chaqoe  diviaion  dee  Taisaeanx,  et  qui  an  outre 

rer^t  etprot^  toute  la  masae  do  Ida  sous  le  nom  de  eaph 

iuiede  Glision,  De  plos,  le  p6ritoine  foumitit  toot  le  foie, 

«a  revMant  aa  capeule  celloieiise,  one  aorte  de  robe  dia> 

plMne,entre  las  plia  da  laquella  s^taitroduisent  on  sortent  les 

vaisseanx  sangoina,  lympliatiques  ou  biliaires,  de  mteie 

^ua  les  neris.  De  oea  plis  sumomm^s  ligamenU ,  deux  sont 

liihtevux;  un  autra,  lepliia  considerable  de  tons,  unitlA- 

r.hement  la  foia  aux  paiolB  da  Tentre  Jusqa*^  rorobilic,  et 

ce  dernier  ara^u  lenomda^nbufa/oiup  dup^iiMne  oo  /i- 

gament  suspenseur  du/tHe.  La  iMsa  da  ce  ligament  loge  et 

pro(^(;e  la  veine  ombilicale  ciiez  le  fwtos,  fdne  qui  apporte 

ail  noiivel  eire  le  sangde  sa  m^re,  et  qui ,  aprto  s'6lre  ra- 

mifi^  |iartiellementdan$  la  sobstance  do  foie,  va  (inalemcut 

aboutir,  d*un  cAt^  dans  ie  abius  de  la  veliie- porte,  et  d'un 

autre  oMAdaoa  U  feloa  cita  infi^rieiire,  pnr  un  proion^e- 


ment  direct,  nomm^e cana<  veinmue.  Le  foia  eatattacU 
au  diaphragme  plus  salidement  qu*A  toat  le  reata. 

Amind  k  gaocha  ches  Tadalte,  dpais  et  aroodi  A  dralte» 
U  oil  il  est  raeourb^  dans  ThypocUondre ,  ploa  i^pais  ii  sea 
bord  post^rienr  qu*A  Pant^rleor,  le  foie  offra  praaque  pa^ 
toot  one  snrfkce  llsse  et  onctueose,  dont  il  est  rede- 
Table  k  un  feuilletdo  p^ritofaie.  CooTexe  k  sa  face  sop^eure, 
Ut  oft  il  est  adofis^  an  diapbragpie,  il  offira  en  deaaooa  beau* 
coop  d'ui^it^,  sfllons ,  sdssores,  Mianerures  et  depres- 
sions, s^parfe  par  des  proemineaces,  poor  loger  las  vebes, 
les  artires ,  lea  nerfs,  les  yatsseaox  lymphatlqaaa,  la  tM* 
eule  et  les  Taisseaox  biliaires.  Une  de  oea  sdaeores  est  km- 
gitudinale,  poor  Pintit>doction  de  la  feine  ombilicale;  aaa 
autre  eat  transyersale  poor  recevoir  la  vehie-porte  et  Tar- 
t^re  ti^patique;  la  reine  care  est  log^e  dans  ana  ecbaBcrnra 
en  arri^,  Ters  le  diaphragme,  et  onelossetta  revolt  la  t^- 
sicole  bilialre  pr^s  du  bord  antMeor.  Outra  lea  deox  tobes 
prindpaox ,  le  droit  et  le  gancbe,  on  doit  specifier  aossi  la 
petit  lobe,  00  lobe  de  Spigel^  et  les  deux  eminencai-pettes. 

Le  foie  est  proportionndlement  plus  ▼olumineox  dans 
Tenfant  que  dans  I'aduUe ,  et  absolument  plus  gros  dans  !e 
foetus  que  dans  Tenfiuit.  D^jk  apparent,  daai  les  jeuoei 
mammiUbres  et  dans  le  itetus  bumain,  quinae  k  Tingtjoon 
aprto  la  conception,  il  compose  k  lui  seol ,  ao  bout  de 
qudqoea  semaines,  presque  la  moitid  du  polds  totsi  du 
foetus;  et  oomme il  n'y  a  alors  ni  digestion,  nl  atoetioa  de 
bile ,  il  est  permis  d*inliSrer  de  ce  grand  Toloma  do  foie  que 
cet  organe  remplit  alora  d*antres  osages.  11  as!  Tisible  d^ 
le  quatii^me  jour  de  Itncobation  dans  on  Jeone  poulet ;  b 
▼esicule  billafre  n'apparali  que  le  buitiime  jour.  Le  foie  est 
Torgane  qu'on  retrouTO  le  plus  constamment  dans  la  foogoe 
s^rie  des  animaux ,  depuis  Phonune  Josqo'aax  insedes  in- 
dusiyement :  on  retrooYe  la  foie  dans  des  animaox  qoi  n'oot 
ni  rata,  nl  pancreas,  nl  coeor,  kU  cenreao.  On  remarque 
mfimequ'ildeTient  proportionndlement  ploa  gros  k  mesare 
qn'on  descend  dea  mammif&res  Ters  les  animaox  les  plus 
inforieurs  ;  il  n'y  a  que  les  faifusoires,  les  radiaires  et  les 
vers  qoi  n'offrent  rien  d'analogoe  ao  foie  et  aux  Taisseaox 
biliairea.  Cbmpos^  de  Taisseaux  areogles  dans  les  insedeSp 
(le  petilB  tubes  dans  les  Crustacea,  ott  II  prend  le  nom  de 
farce,  U  entoura  de  toutes  parts  Testomae des  moUusqoes, 
dans  pludeurs  desquds  les  Taissaeux  UHairet  offlrent  dec 
styleU  edslallins  fortsinguliers  (Poli,  Curler,  Blibie-Ed- 
wards).  Trte-gros  dans  les  molloaques  et  dans  les  pdseons, 
il  est  dans  les  uns  et  dans  les  autrea  autant  placA  k  gauclie 
qu'^  drdte ,  et  qudqudois  m6me  daTanta^;  0  en  est  de 
ni^me  dans  beaucoup  d'oiseaox  et  beaocoup  da  reptiles.  11 
re^t  one  aorte  de  Tdne-porte  dana  les  manuniiires,  dans 
les  oiseanx  et  lea  polaaons,  et  mftme  dans  les  reptiles,  eax 
poortant  dont  le  aang  art^iel  est  d^^  si  Tdneox,  ii  cause 
du  mdange  des  deox  aangs  dans  leur  cmur,  qoi  est  si  im- 
parfoit.  Il  en  est  dilKremment  cbei  les  mollosqoes  :  leur 
(oie  ne^re^it  qoe  des  yaiaseaux  artdriela ;  et  c^est  le  sang 
rooge  qoi  chez  eux  alimente  la  s^cr^tion  biUaire;  ils 
n'ont  point  da  Tdne-porta.  Les  insectes,  n*ayant  ni  dreula- 
tion  sanguine,  ni  cGeur,  ni  Tdaseaux  Iramifi^,  ont  pour 
foia  un  compost  de  Taisseaux  independents ,  ainsi  qoll  i^- 
suite  des  obserTations  de  Malpighi ,  de  Marcd  de  Serres 
et  de  Strauss. 

Quant  aux  Taisseaox  biliaires,  ils  existent  partoutob  il 
y  a  on  foie;  mala  la  T^sicole  biiiaire  oo  le  r^serToir  du  fiel 
n'a  paa  la  ro^me  constanca  ;  on  ne  la  trouTe  ni  4efla  les  ai- 
sectes,  ni  dana  lea  croatacte,  ni  cbei  les  moUusqaes;  eUe 
manqoe  aosd  ches  un  grand  nombre  d'aalmaux  des  classes 
aup^rieores ,  prindpalement  ches  lea  herbiTates  oo  grai^ 
Tores.  II  paralt  qoe  rintenrentlon  de  la  bile  est  surtout  oe- 
cessaire  aox  animaux  camasders.  La  T^cuila  bUi*l(^  oe 
se  trouTc  ni  dans  IVi^phant,  ni  dans  les  chaoMAox,  mdaBS 
les  rhinoceros,  ni  dans  les  cerfs,  ni  cbei  le  cbeTSi,  d 
dans  Ie  daophin;  parmi  les  oiseaox,  raotruche,  leooucou, 
le  pcrroquet  et  le  pigeon  ao  sont  priT^s  :  la  chose  est  meme 

devenue  proTeriM  quant  au  pigeon.  Les  lamproies  d  » 


FOIE  —  FOI  ET  HOBfMAGE 


6t9 


perditt  du  HO  co^t.preique  Ub  4eulft  poissons  en  qvA  Ton 
alt  eontikU  Tabgeiice  de.  la  v^cule  bOiaire;  inaia  tous  les 
rq>tiles  en  8ont  pourf  Oft, 

La  bile  est  •^^enunent  rooyrage.da  foie.  Soft  qn'il  la 
s^pare  du  aan^^  ^ofit  il  ^st  p^nttr^^  soil  qii^  4»  trie  les  ma- 
Wiaux  confoodoa  ^ant  la  ipjiase  aangaine,  ou  qnH  la  cam- 
pose  de  ioutes  pi^^bes  ep  v^rtu  d'uDepu|8sanee.caflbtey  tou- 
joara  est-il  que  M  bile  yient  de  loi.  Lea  ^Mmenls  de  cette 
bite  paraMseat  aortir  ,du  sang  i»  la  veinfr-porle^ap  molns 
les  iojecUoas  dtoiontrent-fsUes  les  copmnnicatkm^  directes 
de  cette  yefne  ayec  les  yaisseiiu^  bfUairek  Uq  foie  sain  com- 
pose enyiroQ  denx  gonltes  de  bile  par  minute.  Un  petit 
▼aisseau  biUaire  provient  de  eliaque  grain  glwdolOttx  du 
foie,  et  tons  ces  petits  rameanx  se  rfoniaient  ensidte  de 
proGhe  en  prockie  comme  les  yeineSt  josqn'a  ee  qn'Us  ne  for- 
men!  plus  qu'un  tronc  coinnuin  :  c'esi  le  amduU  hipa- 
tigue^qui  provient  du  foie.  ,Ce  canal  de  labile  conummiqiie 
sTce  la  T^icule.  biliaire-en  cqux.  des  aniflMtta  oil  cette  t^ 
sicule  existe ,  ^  dixectemeBt  aossi  ayec  le  canal  cholMoque, 
qni  vient  de  la  T^sicinle  biliaire.  Aiors  la  bile  tantdt  coule 
sans  s'arr^terdu  conduit  h^patiqaedansrintestinf  parTinter- 
inMiaire  du  g«mui1  cbol^loqufB,  tantdt  elle  eft  portte  totalemept 
ou  en  partie  dans  la  Tdsien^e  biliaire,  rdservoir.od  eUes'^- 
paissit  et  se  colore  davantage  arant  d'etre  Teiste  dans  Tin- 
testin. 

CTest  par  infraction  auz  lois  des  stor6tioBS  qoe  le  foie 
compose  la  bile  aux  d^pens  do  sang  noir  on  yeineoi  s  tofites 
les  autresglandea  oomposeot  leursliqnenrs  respeetiTes  avec 
le  sang  rouge  on  art6riel.  Le  lait,  la  aatiTe,  les  orines ,  le 
sue  panertatique  ^  le  Onide  fondant  et  les  larmes  prorien- 
aent  du  sang  des  art^res.  Un  autre  fiUt  remarqoable»  c'est 
4|tte  la  TeinerpQKte»  qui  se  r^pand  dans  le  foie  comme  ime 
art^re  sans-moteor,  sans  impulsion  provenant  du  coeur, 
cette  yeine-fM>rle  jrefoit  le  sang  Teinenx  de  tons  les  orga- 
nes  digestifs  sans  exception.  11  est  sans  donte  fort  singuUer 
de  voir  une  vetne  r^mir  en  die  tout  le  sang  noir  des  organes 
qui  tiaborentla  nonrriture  et  composent  le  chyle,  rdpandre 
et  m^lerce  sang  dans  la  substance  do  foie,  ponr  mieox  le 
rendre  identiqu^ ,  et  composer  avec  ce  sang,  qui  a  pr6sid^ 
a  la  formation  do  diyle ,  et  qui  sans  donte  en  oontient  quel- 
qoes  vestiges^  composer,  difrje,  avec  loi  cette  bile  qui 
eUe-mdme  doit  servir  k  I'daboration  du  nouvean  chyle. 

Ceux  qui  pensent  que  le  foie  est  Porgane  auxiiiaire  des 
poumons  ou  des  brancbies  trouvent  trte*natorel  qne  le  foio 
do  fcetos  soit  plus  gros  que  celoi  de  I'enfknt -qui  a  respire ; 
its  expliquent  ^gatement  tr^bien  ponrquoi  les  animaux 
ont  le  foie  d'autant  plus  gros  qne  leur  respiration  est  plus 
imiMirfalte,  et  pourqnoi  le  foie  s'alt^e  et  devient  maladc 
chez  la  plupart  des  phthislques.  Ce  qne  les  poumons  ne 
font  point,  il  fant  bien,  disent-ils,  que  la  foie  relTectoe.  La 
in^me  tbteie  sort  k  expliquer  pooquoilefoie  re^t  du  sang 
Teneuz  presque  autant  que  les  poumons.  Un  jeone  mdde- 
cio,  tout  rteemment,  a  pouss^  ces  id^es-14  beaocoop  pins 
loin  :  il  consid^  le  foie  comme  un  organe  purement  ^inti- 
noMre^  charge  d'extraire  dn  sang  Tdneux  Texcte  de  car- 
bone  et  d'hydrogtee  dont  il  est  sorchaigtf.  Un  autre  m^- 
decin,  physiologiste  d*un  Trai  m^rite,  a  consldM  le  foie 
eoiDoie  oigane  prodncteor  de  mati^res  sucrdes,  non-seule- 
\  ment  chex  rhomme,  mala  chea  les  animanx,  nouveUe  fonc- 
\  tioa  qui  aurait  de  mdme.pour  effet  de  d^ydrogdner,  de 
f  Idcarboniser  le  sang,  et  de  faire  do  foie  Pauxiliaire  et  comme 
le  vieaire  des  poumons,  mais  d^one  autre  mani^  que  Pa- 
vait  compris  Fonrcroy.  Ce  qui  semblerait  prouver  que  la 
bile  est  une  bumeur  destine  prindpalement  h  6tre  r^et^, 
c'cst  quHl  existe  des  animaux  (les  dotis)  od  le  canal  clio- 
ledoqoe  a'ouvre  k  Textrtaiit^  de  llntestin,  prte  do  Fanus. 

Tel  est  lenombre,  tdle  fstTimportance  des  vaisseaux  qui 
se  distribuent  dans  le  foie,  que  cet  organe  devenant  engorge, 
enHamm^,  malade,  presque  aussitdt  il  en  r^lte,  soit  des 
li^morrlioides,  soit  une  liydropise,  ascite,  ou  roud^mate  des 
jambes;  aJor^  aussi  les  organes  infi&rieiirs  sent  plus  froides, 
|4tes  on  jaunStre,  ct  les  conjondives  ict^riques.  Lcsdof  leurs 


qo*on  ressent  an  c6t^  droit  aptte  avoir  ooum  et  ^qoabd  on  Aiit 
eflbrt  dependent  prindpalement  de  la  fatigue  dn  diaplutigme, 
oblige  de  supporter  tent  le  pofds  dit  Ible ;  elles  protknnent 
aussi  de  la  pldnitude  de  la  vdne  tthk  MfMeni-eiquI  ii^raet 
que  difBdlemMle.  sang  veinenx  'qui  aoiidu' Ible  par  les 
veines  h^poliques,  De  paraHles  douHmrs,  se  fttot  sentir 
dana  le  finsson  de  ia  ^ntt  et  dorant  les  convnlskMS;  mais 
ces  donleors  B9  sonf  jamais  plus  vivas  que  dorant  nnrlre 
exeessif,  k  canse  do  reflux  dn  sang,  et  aprteune  cootise 
rapide,  parce  qo'alors'lecoors  dusang  est  trop  ncedM  dans 
les  airt^ns  pournepas,>son  rehior,  engoiger  la  vdnercatto,. 
le  foie  et  te.  rate  (car  la  ratnaoBsidevfent  alors  doulonreuao). 

Par  aon  poids  consad^able,  qui  est  de  plusieurs  lifres,. 
le  foie  entrave  I'asceidon  dii  diaiihn^no  :'ilemptehe 
ainslfexpirationd^aireattssi  profoiide;  de  sOKte  qoe,  grSec 
aufote,  il  restetoi^oars  beaocOUp  d'air  dans  les  poumons^ 
et  de  ik  rteulte  qoe  I'ade  de  la  resplralleii'  continue  do 
s'acCQBBplir,  mtaie  pendant  I'expiratlett  de  Pair.  Mais  si  ie^ 
foie  Undterascension  da  dlaphragme,  en  TetancAie  il  aide 
auqoooTement  contnlr^,  lequel  a  pour  effet  ffnsplration ,. 
et  c'est  alnd  qn'il  ooneonrt  utiteraentan  soupir.'Quand  le 
le  foie  eftt  malade,  lorsqull  est  douloorenx ,  afors  les  moo- 
vemnts  do  diaphragme  sent  entrav^ ,  comme  ettdiatn^  ; 
ausai  observe*N>n  qoe  les  maladies  du  foie  donnent  sou- 
vent  liev  ^  dole  tonx ,  k  une  sorte  do  dyspnte  ^  quasi  eomme 
les  maladies  de  poitrM;  il  fant  mdme  remarqoer  que  te 
volgsire  s*y  trompe  souvent.  81  ia  presque  universality  des 
honumes  conlractent  lliabitnde  de  se  coocber  sur  le  c6t^ 
droit  plutot  que  sur  le  gSuche,  cda  est  dSrX  la  situation  et 
au  volume  du  foie,  peot-^e  autant  qn*ft  bi  sitnation  du 
couret k ses  continnels moovements;  ht  cette  babitnde  a 
pour  oons^nencesun  plus  grand  nombre  d'biflammations  et 
de  plus  fr^uentesh^orrhagies  do  cdt^  droit,  pluS  de  para- 
lysies ,  plus  de  tuhercules  et  d^ulc&res  du  c<>t^ gauche,. etc. 

Les  anciens  regardaient  le  foie  comme  le  si^e  de  la 
halne,  de  la  colore,  des  passions  tristes  et  profbndes»  et  le 
people  a  hitWA  des  andens.  Les  hommes  coltees  et  pas- 
donnas;  ces  caract^res  ardents  qui  n'aiuient  ni  ne  haissent 
&detni;  ces  esprits  eniport^s  qui  iraient  au  bout  du  monde 
dierdier  raccomplissement  d*un  d^irou  la  satisfactipn 
d'une  ofTense,  tous  ces  hommes  d^in  vouloir  puissant  ont 
le  tdnt  hAve  comme  Brutus;  lis  sent  tous  bilieox  comme 
Cter.  Or,  pourquoi  est-on  bilieox  T  Apparemment  par  Pa- 
bondance  de  la  bile  ou  Tembarras  de  son  cours;  d  d'o6 
Tient  la  bile,  si  ce  n*est  da  foief  Ainsi  done  s*explique  un 
pr6jug6  qui  sans  doute  remonte^  Cain,  le  premier  biUeux 
qui  ait  t^u  sur  terre  {voyez  Texp^amentb). 

D'  Isidore  BotanOH. 

FOI  ET  HOMMAGE.  Ces  termes  de  jurisprudence 
f6odde  indiquent  la  reconnaissance  que  le  vassal  devait 
h.  son  sdgaeur.  On  entendalt  par  le  premier  de  ces  mots  le 
serment  ou  la  promesse  de  fiddit6  du  vassal,  et  par  le  se- 
cond la  d^daration  qu'il  faisait  k  son  seigneur  que  ses 
terres  relevaient  de  lui.  Le  serment  de  fiddit^  se  fdsait  de- 
bout,  en  jurant  sur  les  saints  £vangiles;  Thommage  avait 
lieux  k  genoux.  Le  vasal,  tftte  nue,  mettait  sa  main  dans 
cdle  de  son  seigneur,  qu*il  baisait,  et  lui  promettait  de  le 
servir,  dnsi  que  son  devoir  le  Hii  prescrivalt.  II  donnait  de 
cette  promesse  un  ade  par  terit;  d  cdte  o^r^onie  sere* 
nouvelait  a  toutes  les  mutations.  On  devait  ordinairement 
ensemble  1^  son  sdgneur  la  foi  et  I'hommage.  Cepennant» 
celul  qui  ne  tenait  un  bditage  qu'^  terme  de  vie  devait  le 
serment  de  fiddit^,  mais  non  pas  Thommage;  Les  ^vdques 
devaient  la  foi  au  roi  pour  le  tempord  de  leurs  bodices,  mais 
non  pas  I'liommage. 

II  y  avdl  des  hommages  de  plusieurs  esp^ces.  Lliommage 
lige  ^talt  trtodtendu  :  c'dtait  celui  que  rendaient  les  vas- 
saux  qui  rdevaient  de  leur  aeigneur,  non-seulement  par 
leurs  terres,  mais  encore  par  leurs  personnes.  II  consistait 
k  promdtre  au  sdgneur  que  l*on  consentait  k  devenir  sor 
Aomme  ;qu*on  d6fendrait  son  lionneiir,  son  nom,sa  familie; 
enfin,  qu*on  Taiderait  k  la  goerre,  covers  d  contra  tou^  \ 


^30 


FOI  ET  H0MMA6E  —  FOIBE 


esxept4  CMtre  le  roi.  W  se  faisait  saiift  ceinture,  una 
4p^t  aana  ^perona.  Le  premfer  eiemple  qu'on  eD  connaisae 
tti  ceiai  de  Foolquea,  Ion  de  aon  inyeatitare  dn  comt^ 
d^Aoiou  par  Loaia  le  Groa. 

Oidinalrement  le  yaaaal  4tait  oblige,  poor  &ire  aon  acte  de 
foi  et  hommage,  de  ae  tranaporter  an  priodpal  manoir  da 
fief  domtiuuit ,  et  de  reropUr  aon  doToir  en  peraonne ;  qael- 
<|oefeia9  oependant,  il  pooTait  ae  &ira  repr^aenter  par  un 
liroaneur.  En  I'abaence  du  aeigDear,  il  derail  rendre  aon 
hommage  derant  la  porte  da  ch&teau ,  en  ae  foiaant  accom- 
pagnur  d*nn  noUirOt  qui  dreaaait  proc^Terbaldea  oMmo- 
nlea«  Gomme  lea  seigneora  aaaeraina  ^talent  mattrea  de  r6- 
gler  cea  demi&rea,  ellea  durent  qaelqaefoia  ^tre  fort  barlea- 
qaes  :  on  cite»  entre  autrea,  VobUgatlon  d'an  raaaal, 
^erant  d'nn  fief  du  Maine,  de  oontrefaire  I'ifrogne  poor 
toate  prestation  de  Ibi  et  hommage ;  une  autre  obligation , 
dlt'OU)  ^tait  de  ooorir  la  quintaine,  tenant  d^nne  main  un 
cbapeaa  an  lien  de  dard ,  et  de  Tautre  une  perche  an  lieu  de 
lance.  Dana  rorl^naia*  lea  m^tayera  deaaeigneora  du  canal 
de  Briare  devaient,  k  ehaque  mutation  de  recereor,  appor- 
ler  ^  oet  employ^,  qui  repn&aentatt  aea  maltrea,  cinq  aola 
ou  une  paire  de  poolets.  lis  deTaient,  en  outre,  lul  chanter 
one  chanson. 

La  piupart  dea  seigneora  rdoTalent  sonvent  de  adgnenra 
plna  puiasanta  qu^eux  pour  certafaia  de  leura  flefa ;  Tia-^-vis  de 
cenx-d  ila  deraieni  acoomplir  toutea  lea  obligationa  de  vaa- 
aeiage  qu*ila  exigeaient  ailleura,  et  lui  rendaient  foi  et  hom- 
mage. C*est  ainsi  que  Henri  III  et  quelquea  aatres  roia  d'An- 
^eterre  flrent  hommage-lige  aux  roia  de  France,  pour  lea 
proYincea  quMlaaTaient  sur  le  continent,  et  que  plusieurs 
de  noa  tola  ftirent  Taaaanx  de  leurs  proprea  auJeta.  Louis 
le  Gros  ,  par  exemple,  faisaft  rendre  hommage  par  son  pro- 

^mreor  k  r^vdque  de  Paris. 

Achilla  JUBINAL ,  depute  aa  Corps  l^gidatif. 

FOI  MENTIE.  En  termes  de  droit  ffodal,  msntir  d  la 
Jbij  c'^tait  refuser  derempltrlesobligationsde  yasselagequ'on 
avaitjar^  d*acoomplir  :  la  confiacation  dn  fiefpuniasaitce 
•crime  irrtoissible ,  que  les  seigneurs  pardonnaient  rarement. 
Par  extension,  lea  reprocbea  de/oi  mentie  entre  nobles  et 
chevaliera  €tait  la  plus  sanglante  de  toutea  les  injures;  le 
duel  ^tait  an  bout  decette  accuaation  dene  pas  ayoir 
tenu  une  parole  donnte,  qui  n^ayait  plus  aucun  rapport  ayec 
la  foi  due  an  auzerain. 

FOIN*  Ceat  l*herbe  des  pr^/aucMe  et  fanie.  Le  foin 
^onyenablement  pr^sery6  de  IMntemp^rie  des  saisons,  du 
4X>ntact  de  Tatr  et  d'une  chaleur  trop  Tiye,  se  conserre  faci- 
lement  d^une  anndeii  Tantre,  aana  perdre  rien  desa  sareur 
ni  de  son  odenr.  Dana  lea  meulea  faites  avec  soin ,  dana  les 
fenils  couyerts  en  chaume,  il  reste  d*une  quality  sup^rieure 
k  celai  qu'on  toil  de  briques  abrite  imparfaitement.  II  est 
de  premiere  n^cessit^  pour  les  animaux  qui  partagent  le 
irayail  de  Thomme  :  car  d^pouryu  de  la  plus  grande  parUe 
d'humidit^que  contient  Therbe  yerte,  il  oifire,  sous  un  moin- 
dre  yolume,  plus  de  principes  de  nutrition  :  c'est  un  fait 
d^obseryation,  que  les  b^tes  de  somme,  de  trait  ou  de  la- 
bour, et  surtomt  les  cbeyaux ,  perdent  rapidement  de  leurs  for- 
cea  par  Tusago  dea  fourrages  yerts ,  saturte  de  toute  leur  eau 
de  y^g^tion.  Le  foin  est  plus  profitable  lorsqu'il  a  ^prouy^, 
aprte  rentassement ,  le  d^r^  de  fermentation  qui  d^ydoppe 
lea  priudpes  sncrfe.  Mais  ce  degrd  est  difficile  k  aaisir;  car, 
rhumidit^  ^tant  n^cessaire  dans  toute  fermentation,  si  les 
Joins  sont  rentria  trop  sees,  toute  action  cbimlque  est  im- 
possible; d,  an  contralre,  lis  sont  trop  humldes,  fls  sont 
d^riorAi  par  la  pounriture ,  la  moisissure  ou  rinflammation. 
L*exp^rience  est  le  guide  le  plus  certain  k  cet  ^rd.  L*ha- 
bitude  od  Ton  est  encore,  dana  plusieurs  d^partements,  de 
manager  dans  les  tas  de  foin  dea  courants  d'air,  au  moyen 
de  lits  de  fagots  ou  de  cheminto,  tend  k  diminuer  la  qua- 
lit^  du  fourrage. 

«  Pour  faire  le/o<n  bruHf  dit  Mattiiieu  de  Dombasle,  on 
entas9e  en  meuies  bten  serr^  llierbe  k  moiti^  fante;  bien- 
I6t  elk:  s'^chaufTc  consid^rablement;  toute  la  masse  sue  et 


s'afTaisse  de  manite  k  ae  r6duire  k  un  Yolume  beaoooitp 
momdre;  die  ne  tarde  pas  alors  k  se  deas^her,  d  le  foia 
ae  trouye  comprfan^  en  une  masse  bmne,  dure,  etqui  ret- 
semUe  it  de  la  toorbe ;  on  le  conpe,  pour  i'usage,  aree  da 
btehea  on  dea  baches.  »  Qodque  nombreux  que  sdsnt  lei 
^logea  prodJgn^  k  cette  eaptee  de  pite  y^g^le,  je  la 
crois  fort  inf(Arieare  an  foin  yert  pour  la  nonrritara  et  Pen- 
graiasement  dea  beatiaux,  et  sa  confection  ne  peot  £tre  jus- 
tifite  que  par  des  drconstancea  dependant  dea  lieux  oo  dei 
aalsons;  car  llierbe  n'est  amende  k  cet  6tat  qne  par  une  alti- 
ration  profonde  et  une  y^table  dteompoaition. 

Paul  Gaubkbt. 

FOIRE  (dn  latin  >bnif?i)«  Autrefois  lea  foires  staled 
des  reunions  de  la  plna  haute  importance  pour  les  adideon 
et  les  yendeurs;  nons  ajouterons ,  et  pour  les  sdgneors  qd 
les  autodsaient  et  qu'ellea  enriehissaient.  Alors,  dans  eei 
esptos  de  forum  mercantUes ,  chacun  ne  venait  pas  MoIe- 
ment  pour  yendre  ou  acheter ;  le  plaisir  4tdt  sortout  IV 
pAt  qui  attirdt  sur  on  seal  pohit  la  fonle  dea  endrons,  car 
les  foirea  ^talent  degrandea  flStea  patnmdea  06  se  doimaied 
rendei-yous  lea  aerfb  et  paysana  pour  ae  ddaaser  de  leon 
pdniblee  trayanx;  les  bourgeois  dea  dtte  ycrfdnes,  qd  ?»- 
ndent  y  fdre  lenra  proyialons,  yoir  lea  curlodtte ,  d  pren- 
dre part  aux  diyertissementa.  La  noblesse  mteie  ne  dMai- 
gndt  paa  cea  asaembliSes.  Aujonrd'hui,  que  lea  pridl^  sod 
abolis  pour  les  foirea  comme  pour  beaucoop  d'autres  dioaei, 
aujourd^hui,  que  le  serf  a  dispara  de  notre  patrie,  d  que  le 
payaan,  le  bourgeois  et  le  noble  se  donnent  U  main  inr  le 
>br«m  politique;  avjourdniui,  que  la  liberty  oonmera'aleeil 
ayoo^  dana  toutea  les  yilles  et  r^pand  partont  aes  nombren 
bienfdta,  les  foirea  ont  perdu  la  plus  grande  partie  de  iflsr 
influence  et  de  leurs  ayantages.  Le  marchand  n^  n  pias 
exposer  sea  prodolta  que  par  habitude ;  et  la  fonle  qoe  fon 
y  trouye  n*y  est  attir^e  que  par  le  d^sceoyrement,  qui 
annndlement  jette  sur  lea  champa  de  foire  one  masse  de 
promeneora.  Cependant,  qudquea  foires,  deatintes  k  la  reate 
de  produita  sp^aux,  jouiront  encore  longterops  do  droit 
d^attirer  lea  adieteurs  :  aind^  les  foires  de  Caen  poor  les 
toiles  et  lea  cheyaux  de  oarrosse;  de  la  Chanddeor,  I  Alea- 
9on,  pour  les  cheyaux  de  sdle;  de  Gu i  b r  a y ,  poor  les  cto* 
▼auxnormands ;  deBeaucair e,  poor  lea  produita  iodostrieb 
de  la  Proyenoe  et  dn  midl  de  la  France,  et  la  foire  da  Leip- 
zi  g,  pour  la  libranrie  et  les  ^changes  des  produita  do  Nord 
centre  ceux  do  Midi;  odle de  Sinigaglia  poor  i*Italie;dB 
Noygorod,  ob  il  se  fdt  dMmmenses  ^changes  entre  l*Ea- 
rope  et  TAde,  resteront  longtempsdes  maicb^faidispeBsa- 
blea,  oh  I'on  sera  foro^  d*dler  a'approdsionner. 

Des  chroniqueurs  font  remonter  Torigine  des  foires  an  roi 
Dagobert,qoiinstituacelleappd4edutolldi&Sain^Denis.Est• 
oe  k  dire  qu*ayant  cette  dpoque  il  n'y  eAt  point  en  France, 
comme  partont  et  depuia  un  temps  trte-recul^*,  des  r(n- 
nions  nomades  de  marchanda  snr  un  point  d^tennin^,  des 
marchte  considerables  attirant  les  yendeurs  et  les  adieteurs 
strangers?  Non;  mats  la  pModidt^  k  jour  fixe  de  ces  rte- 
nionsn^existait  pas  ou  nMtdt  pas  r^lariste.  Les  foires  antral* 
naient  pour  lesmarchands  qui  s*y  renddent,  poor  les  habi- 
tantadu  lieu  od dlea  setendentcertdnea  franchises;  poor 
les  habitants,  le  droit  detenir  aoberge  etdedonoeribdre  et 
k  manger  pendant  leur  dur^e ;  pour  le  marchand,  la  garantie 
centre  toute  saisie  pour  dettea,  excepts  dans  le  ess  od  il 
prendrait  ou  serait  soup^onn6  yooloir  prendre  la  fdle  saas 
payer,  dans  celui  oil  il  aurdt  commts  on  ddit,  d  enfin  dans 
cdui  0(1  la  dette  aurait^t^  contracts  en  foire.  ADJoonTlini 
la  police  des  foires  appartient  k  Tautorit^  munidpde  des 
locality  ou  dies  se  tiennent ;  eDea  ne  peiiyent  6tie  iostituto 
que  par  un  d^cret,  apr^s  requfte  du  pi^fet  d  d^^drion  dn 
con!>eil  gdndral. 

FOIRE  (Th^&tre  de  la).  Ce  spectade,  beroean  dePO- 
p^ra-Comique,  deyait  aon  nom  k  deux  foires  o^ldires 
qui  ont  exists  k  Paris,  depots  le  douzitoie  sitelejtisqv^ 
la  revolution  de  1789.  L'une,  la  (oire  Saint-Germain,  se  tfr- 
nalt  sur  remplacementd^abord  occupy  par  la  malsoa  de  pla^ 


FOIRE  —  FOIX 


621 


sance  des  rois  de  Navanre,  iHot  de  Philippe  le  Hardi,  et  cMte 
ensuite  k  Tabbaye  Saint-Germain.  Cette  foire,  dont  I'epoqne 
et  la  durde  Taiifefent  flouTent,  fut  flxte  enfin  au  3  fiivrier, 
et  la  cloture  au  samedi  Teille  des  Rameaux.  La  foire  Saint- 
Laurent,  qui  durait  du  9  aoOt  au  29  aeptembre,  se  tenait 
snr  le  terrain  dea  lazaristea,  dana  le  quartier  de  T^lise  Saint- 
Laurent)  au  lanbonii;  Salnt-Deds*  Dte  Tannte  1595,  des 
com^diens  de  proTlnoe^Tteent  on  th^tre  dana  rendoa  de 
la  foire  Saint-Germain,  et  j  furent  maintenua  juridiquement 
malgr^  roppodtion  des  confirh'es  de  la  PasMion  et  des 
acteurs  de  VBdtel  de  Bourgognet  auxquels  lis  furent  obii- 
C^  de  payer  une  rederance  annuelle  de  deux  ^cus;  mais  ils 
ne  se  soutinrent  paa  tongtempe.  En  1650,  Brioeb6^tabUt 
^  la  foire  un  tb^tre  demarionnettea.  On  y  Tit  ensulte 
des  animaux  Cdrooes,  dea  grants,  des  nains,  des  chiens,  des 
fiinges,  des  sauteurs,  des  escamoteurs,  des  funambules,  et 
jusqu*^  des  rats  qui  danaaient  sur  la  corde  en  tenant  un 
balancler.  Mais  les  diiK^rentes  troapes  de  sauteurs  y  avaient 
joud  quelques  pitees,  dont  les  trois  premises  ont  pu  donner 
ridte  du  vaudeville  en  action  :  La  ConMie  des  chansons 
( 1640),  L' Inconstant  vaineu,  pastorale  en  chansons  (1661), 
La NouveUe  ConMiedes  ckansotu ( lees ) et  Les  Forces 
de  PAnumr  ei  de  la  Magie,  mOange  de  danses,  de  sauts, 
de  machines  et  de  boulTonneries  ( 167a ).  Le  directeur  de  Tun 
de  ees  spectacles  fohuns  ayant  substitu^  k  see  marionnettes, 
en  leoOt  one  troupe  de  jeonea  gens  des  deux  sexes,  les 
Coun^dieiis  fran^,  en  Terta  de  ieur  privil^,  obtinrent  la 
d<^molltion  de  la  baraque.  1^  U  dOture  da  Tb^Atre  Ita- 
lien,  en  1697,  releva  les  spectadea  Ibrains,  qui,  h^tiers 
de  ses  d^pouiUes,  jou^rent  des  fragments  de  Duces  italiennes. 

Sur  les  r^clamalioas  dea  Gomediens  fran^,  on  ddfendit 
aux  trois  troupes  focaines,  en  1703,  les  complies  dialogue : 
prenant  le  jugement  i  la  lettie^  dies  reprdsent^rent  des  sce- 
nes dialogues,  dont  chacune  formdt  une  action  particu- 
liere.  Ce  genre  de  spedade  fut  encore  prohlb^  en  1707; 
et  mi\^T€  la  protection  da  caidind  d'Estrte,  abb6  de  Saint- 
Germain,  les  forains,  ses  locataires,  ftirent  n^uits  aux  mo- 
nologues; mais  ilsdodaient  la  d^feiue  en  piquant  lacuriodl^ 
du  public.  Tant6t  un  acteor  parlait  seul  sur  la  sc^ne;  et  ses 
camarades  lui  r^pondaient  par  aignas;  tanUtt  an  autre  r^p^ 
fait  tout  haul  ce  que  son  interlocuteur  avait  feint  de  lui  dire 
tout  has.  Souvent  on  r^pondait  dans  les  coulisses  k  racteur 
qui  parlait  sur  le  thtttre.  Lasses  de  tant  de  tracasseries, 
deux  des  entrepreneurs  achet^rent  de  TOp^ra  la  permission 
d«s  chanter.  Les  autres  pass^rent  une  venle  simulte  k  deux 
S-iUscs  de  ia  garde  du  due  d'Orl(iaas,  ce  qui  n'empteha  pas 
que  le  menuisier  de  la  Coiniklie-FranQaisey  escorts  do  la 
force  arm^,  en  extotion  d*un  arret  du  parlement,  ne 
commen^t  le  20  f^vrier  1709,  la  d^olition  de  Ieur  salle. 
L^arrivte  d^un  liuissier  porteur  d*un  arret  contradictoire  du 
grand  consell  interromptt  cette  operation.  Les  d^ts  furent 
r^pards;  mals,  le  th^tre  ayant  M  de  nooveau  abattu,  les 
direclears  forains  obtinrent  6,000  francs  de  dommages-int6- 
rets  de  la  Com^ie-Fran^aise.  Pour  preveair  de  noavelles  at- 
taques,  ils  jou^rent  des  pieces  &  to  muette^  entre  autres 
Les  Poussins  de  Lida^  parodie  des  Tyndanridu,  trag^die  de 
Dancbet  lis  s'attachaient  surtout,  dans  ces  parodies,  k  oflrir 
la  caricature  des  GomMieBs  fran^is,  par  le  geste,  la  v  oix 
et  la  mani&reded^clamer.  Les  deux  prtte-nom,  condanm^ 
I>ar  on  arr6t  du  eonsdl  d*£tat,  en  1710,  renoncirent  k  Ieur 
entreprise,  et  les  antres  directeurs  furent  ausd  r^uits  au 
nileace  par  radministration  de  TOp^a. 

L'admission  d*un  file  du  Comeux  arleqain  Dominique 
Bianoolelli  dans  une  decea  troupes  lui  valut  plus  dlndulgen- 
ce;  mais  Tautre,  pour  faire  comprendre  an  publio  hi  panto- 
inhiae  de  sea  acteurs,  imagine  les  ^c  r  U  eaux,  Le  genre  de 
pieces  jHxr  icriteaux,  soit  en  prose,  soit  en  vaudevilles ,  fut 
g^ndralement  adopts  aux  spectacles  fbrdns,  et  s*y  maintint 
exdodvementdepuls  1710  jusqn'en  1714.  Ce  fut  aind  que  pa- 
rurent,  en  1712,  lea  premiers  essais  de  Le  Sage  et  de  ses 
cdlaboraleurs  Domeval  et  F.u  z  e  I  i  e  r.  Le  Sage  fut  le  veritable 
xdbrmateur  du  th^tre  de  k  foire;  et  Ton  doit  le  regarder 

»1CT.   Dt  LA  CO^\fciU).   —  T.   IX. 


comme  le  fondateur  de  I'op^ra-comique.  En  efiet,  les  deux 
troupes  lorahies  qui  existdent  en  17 1 3,  s'^tant  assodte  sani 
se  rdunir,  prirent  toutes  deux  le  litre  d*Op4ra-Comique  en 
1714,  et  ee  titre  Ieur  fut  confirm^  Tann^e  aulvante,  par  une 
penodsfioii  plus  ample  que  Ieur  vendit  PAcadteiie  Roydede 
Musiqae.  Depida  1762 ,  6poqne  de  la  reunion  de  I'Opdra- 
Comiqne  k  la  CornddiO'Itdienne ,  il  n'y  eut  plus  de  tMd^ 
ire  de  laftrire  proprement  dit ;  mals  les  spectacles  d' A  u  d  i- 
Bot  et  de  Nleolet,  ainsi  que  tons  ceux  qd  a^^tabiirent 
depnls  snr  le  boulevard,  ^tdent  astrdnts  k  donner  des  repre- 
sentations pendant  la  tenne  des  fdres  Sahit-Lanrent  et  Sainir 
Germain.  Ces  representations,  peu  suivies  dans  lesdemiires 
annte,  cess^rent  en  1788.  Dans  cet  hitervalle,  L*£duse 
avdt  obtenu  le  privll^e  de  Jouer  ses  parades  k  la  foire  Saint- 
Germain,  avant  d*dler  s^instdler  dans  hi  nouvdle  salle  b&tie 
en  1 777,  qui  porta  son  nom,  et  qui  prit  ensulte  cdui  de  Fa- 
ri^t^s  Jmusantes.  Les  booffons  italiens  et  les  com^lens 
de  hi  tronpe  de  Monsieur  quitt^ent  le  chAteau  des  Tuileries 
en  octobie  1 789,  poor  venir  jouer  dans  une  des  salles  de  la  foire, 
jusqu*^  la  fin  de  dtembre,  oh  ils  se  fix^itnt  k  Feydeau, 
Deux  spectacles  sMtabllrent,  en  1791,  k  la  fdre  Saint-Ger- 
mdn,  Tun  sous  le  titre  de  VariiUs  comiques  et  lyrigues^ 
Tautre  sous  cdul  de  TMdtre  de  la  Liberty :  tons  deux  firent 
falllite  an  bout  de  qndques  mois,  Uen  que  le  second  eOt 
r^uni  qodques  acteurs  passables.  Le  premier  rottvrit,  vers 
hi  fin  de  I'annde,  sous  une  autre  direction,  et  s*intttula  ThM' 
tre  nouveau  des  Variit^ ,  sans  obtenit  plus  de  succte 
quoiqu'il  ne  jooftt  que  les  dimanches  et  f6tes.  Le  second 
reparut,  en  1792,  sous  son  mime  titre;  mals  il  u^eutqu'une 
existence  ^ph6u4re.  Des  comddicns  ambulants,  des  acteurs 
de  soci^ ,  des  apprentis  oom6diens,  jou6rent  en  diverses 
occasions  sur  ces  deux  th^tres  pendant  les  derni^res  annte 
du  dix-huitilmc  dtele  et  les  premieres  du  dix-neuvi^me;  mais 
ces  vilalnes  sdles  ftirent  enfin  d^molies,  et  sur  les  rumesdela 
fdre  Saint-Germain  s^deva,  en  1813,  le  beau  march^  Saint- 
Germain,  dont  Touverture  eut  lieu  en  1818.  H.  Audipfret. 

FOIX  ( Fuxium,  Castrum  Fuxiense),  ville  de  France, 
chef-lieu  du  d^parteroent  de  TAri^ge,  k  770  kilomMres  de 
Paris;  population,  4,684  habitants.  Sidge  d^un  tribunal  de 
premiere  instance,  Foix  possMe  un  collide  communal,  une 
biblioth^ue,  riche  seulementenlivres  de  tbtelogie,  une  pe- 
tite sdlede  spectade,  une  jolie  promenade;  son  commerce 
consiste  snrtoot  en  fers,  laines,  bestiaux  et  gros  draps;  die  a 
des  minoteries,  des  tanneries,  des  foulonneries  ou  martinets  k 
fer,  d  dans  ses  environs,  qui  sent  trte-pittoresques,  plusieurs 
forges  h  la  catalane  et  la  premiere  fabrique  de  faux  qui  aft 
6V6  stabile  en  France.  Entourte  de  montagnes,  qui  formcnt 
comme  un  entonnoir  au  fond  duqud  die  s*agglom6re,  bai- 
gnte  d*un  cdt^  par  FArgd  etde  Tautre  par  TAri^e,  qui 
ont  Ieur  confluent  au  pied  de  son  ancienneabbaye,  aujour- 
d'hui  Tbdtd  de  la  prefecture,  Foix,  comme  ki  plupart  des 
villes  du  midi,  est  assez  mal  b&tl :  ses  rues  sent  en  g^n^al 
md  perodes,  peu  larges,  tortueuses.  Sa  partle  la  plus  consi- 
derable est  fiitude  sur  la  rive  gauche  de  TAri^ge ;  die  com- 
munique au  quartier  de  la  rIveoppos6e  par  un  pent,  qui  etdt 
remarquable  k  T^poque  oh  il  fut  constrnit,  et  dont  on  a  fait 
denos  jours  un  pent  hirged  fadle.  Commence  an  douzi^me 
siede,  par  Roger,  dit  Bernard  le  Gros,  comte  de  Foil,  il  Tut 
acheve  an  quinzieme  par  Gaston,  fils  de  Jean  et  de  Jeanne 
d*Albret  II  n'a  que  deux  arches. 

L'ancien  chftteau  de  Foix  se  compose  de  trois  tours,  deux 
carries  et  une  ronde,  devto  sur  la  dme  d'un  immense 
roc,  autrefois  Inaccessible.  Qudques  chroniqnes  locdes  ont 
voulu  faire  remonter  aux  Remains  la  construction  de  ee  cha- 
teau; il  est  pins  probable  que  la  premiere,  la  tour  carree, 
a  ete  oonatmite  sur  des  substructions  anciennes,  k  la  fin  do 
dixieme  dicle,  par  Bernard  de  Carcassonne,  soucbe  des 
comtes  de  Foix ;  la  seconder  dans  le  commencement  du 
doozieme  sttele,  par  Roger  11,  quatrieme  comte  de  Foix;  la 
troisieme,  par  Gaston  PboBbus.  En  1272,  Philippe  le  Hardi 
Vint  y  assi^r  Roger  Bernard,  nenvi^nie  comte  de  Foix,  d 
ej)  (it  faire  Tescarpe.  Ces  debris  encore  debout  de  la  feoda  • 

66 


633 


FOIX 


lit^  qui  n*esi  plus  dpmiiient  de  toute'  leur  bauteur  majes- 
tueuM  le  petit  chef-Ueu  d»  pr^fectora  moderne,  qui  se  cache 
k  tear  pied ;  malheureoseiiieat,  il  a'esttrouvi^  d^  le  pajs 
un  irehitocte  asset  vaodale  pour  tirer  un  rideaa  defaatces 
▼^Btfrablea  nilnea  da  rooyen^e,  pour  maoeoneride  aa 
lourda  truelle  one  oonatroction  nodernei  qui  oaohe-  4  moiti^ 
les  vieilles  toura  et  d^truit  |e  praalige  qu'y  (louf  ail  lHiiiagiii»- 
tion.  Left  toon  de  FoU,  liaUtto  JiMqu'aa  teid^me  wMe 
par  lea  oomtes,  tervaieot  4  la  Ton  de  palala  et  de;priB(on. 
Cette  dami^  deatioatioB  tear  eet*  rest^.  Uae  aaaeme  asses 
Taste,  Moenunent  i>Atiesttr  nneioUe  pvomeaadey  ei  l^lUe, 
dent  la  ToOte  esttrte-beUe,  m^toBt  encore  d'attirer  les  re- 
gards. 

L'^poquede  la  fendation  deFoii  est  incertoifnek  D'ExpUly 
et  plusienra  autres  g^rapbes,  adoptant  une  opinion  asstt 
i^pandoe,  en  ont  £iit  bonneur  k  des  tfmigr4a  pboc^ens  con- 
temporains  de  ceax  qui  fond^ent  ManeiUe.  Cea  dtrangera 
auraient  donn^  k  ia  yille  qu'ils  ^Tai<)nt  ao  milieu  des  Pyr^- 
B^  le  nom  de  leur  m^re  patrie^  Pboc^  d'od^  par  conrupr 
tion,  on  a  fait  FuxHim*  Le  trident  qui  se  Tolt  dans  les  armes 
de  la  Tille,  et  qui  n'appartient  qu'Ji  des  peuples  maritimea 
eC  naYigateurSy  lea  mota  nomkNrems  eropmntte  k  la  langue 
grecque  qu'on  retrouTedansle  dialecte  desiiabitanls  de  Foiy, 
et  enfin  les  nombreuses  mMaillea  et  monaaiea  pbocdeunes 
trouT^es  r^cemment  k  Saint- Jean-de«VeiiKto,  asixldlom^- 
tres  de  Foix^  sembl^nnient  oonflnner  cette  opinion^  IL  6aiw 
rigou  la  combat,  dana  ses  itudea  histariquessur  le  pays 
de  foix,  et  fait  plnt^t  d^river  ce  nom  du  mot  /duicho, 
fourcho,  de  la  fourcbe  formte  par  le  confluiont  dea  deux 
riyi^res.  JNoua  n*adoptona  paa  ce^te opinion;  car,  si  elle  <tait 
fondle,  on  devrait  tnnivcr  dana  les  contrta  m^ridionales 
une  multitude  de  Tilles  qui,  en  raison  de  leur  position  topo* 
grapbiqoe,  porteraient  le  m^sme  nom,  Si  les  Pboc^na  toadkr 
cent  Foix ,  Us  dureni  raband<mner  sans  doute ;  car  on  ae  rer 
trouTe  plus  dans  lea  sovTeniia  bistoriquaa  de  la  contrte  quf 
des  populations  barbarea,  qui  se  signalto^t  dana  le  dnquitoie 
si^  de  notre  4re  par  le  martyre  de  saint  Volmien*  11 
existe  one  pi^  de  monnaie  repiiaentant  un  triena,  sup  le^ 
quel  on  lit,  d*un  c6t6,  aotour  d^une  croix,  rambpibto,  et 
de  Taotre,  autour  d'une  t6ie,  toumte  k  droite,  CASTaa  rosiu 
Lecb&teau  de  Foix  existait  dono  sous  les  M^oWngiens.  Quant 
k  la  Tille,  elle  existait  incontestablement  sons  Charlemagne, 
puisqu'il  y  foada  Pabbaye  de  Saint-Vohisien.  En  9B3,  la  terre 
de  Foix  est  drigte  en  seigaeurie.  An  dixiime  siteie,  la  vilie 
prend  de  rimportanee,  et  semble  crottre  k  i*ombro  da  son 
chAteau  k  mesure  ppe  celui^ci  se  fortifie  et  s'aggnmdit.  Les 
abb^s  commendataires  deSaini-Vctlusen  dtaient,da9s  jeprin^ 
cipe,  mattres  de  la  Tiile,  et  les  comtes  da.chAteaa. 

£n  1211,  Simon  de  MontM  fbit  mettre  le  si^e  devant 
la  chAtean  de  Foix,  aprte  aToir  d^vast^  les  aborda  de  la  ville  ^ 
mais  lejugeant  trop  fortifi^,  il  seretlra,  aprte  d'infruotneusea 
tentati?es.  11  revint  cependant  k  ia  charge  en  U13,.sa€cage8, 
rMuisit  en  oendres  le  bas  de  la  Yille,  niaian*osa  paa  davan- 
tage  altaquer  le  diAteau.  Lore  de  la  seumission  de  Raymond 
Roger,  les  croiste  oecop^rent  le  cbAteau  de  Foix;  en  1215,. 
lifitfortilierlaTifle.  Dans  les  lottos  soutenuea  par  ses  comtes, 
oontre  TaOtoritA  royale,  Foix  Intta  ooiistamment  pour  i^* 
aister  aux  empi^tements  de  cette  autorit^)  on  nrtit,  aoot 
Oaston  I*%  les  fai^bitaots  sinswrger,  parce  qne  le  roi  veut 
leTer  sur  eux  des  subsides  pour  la  guerre ;  on  leaToit  iiV>p- 
poser  k  un  d^nombrement  dea  Usa%  do  comtd  an  nom  du 
rui.  Vers  le  .milieu  du  seixi^me  sitele,  il  y  eul  beaueoup 
de  proteatants  k  Foix,  oomme  il  y  aTait  eu  beaueoup  d'Al- 
bigeoia  au  comwancemant  du  dovitoe;lea  raligionnsiirea 
yisonmdrent,  en  1(61,  de  granda,deaangianta  exete';  ila  y 
pill^nl  lecouTent  dea  JaeobittH  Vabbaya  deSein^Yofaisieny 
et  r^ise  de  Mong^uxy,  situ^  k  aea  portes  et  ok  a*est  ^v^ 
aqjourd*hui  one  teole  normale  momunenlale#  8oua  Louia- 
Philippe  le  sang  eoula  k  Foix  dana  une  toeule  k  Toccaaion 
de  droits  itablis  sur  une  foire.  Napolton  Gallois. 

FOIX  (  Comt6  de ).  Le  territoire  qu'aYaient  occupy  lea 
PhooSeaa  dana  cette  partie  de  la  Gaule  passa  ^us  taid  soua 


la  domination  dea  Rpmalna  et  des  emp«eurs  d^Orient  Sous 
Hon^rltaa,  il  se  trouYilit  eompria  dans  ia  premi^  Lyonnaf •&. 
Pkia  taid,'il  fitpartiedu  iiDyaimie<dea GdtlUI,  et  tomba  mM 
au  pODTefer  des  Franks^  pour  ob^ir  ensultte  aox  premies* 
dttca  d^Aquitaine^  «ux  Sarrasins,'aUx  eotlttea  de  tootome^ 
et  pasaer  enfin  soua^Faotoritd  dea  eomtes  de  Careassoan^ 
Le  brara  et  pienx  'Atjgar^^lHm'd'eux/paFtittiii  k  one  kmgnb 
Tieiiicsse;  fit  ie  partage  ds-'sea  domalM  ^trfrsea  enfttnts. 
L^Bhid,  Raymond,  eut  ie  oomCd de  Gareaasonne,  ayec  ob« 
giande^partia  do  Rosea  el  le  paya  de  Queflte,  <ie  cbateaa  de 
Saissaoatee  sa  cbAtellenie^  le*MlnerYala|  fternafd  eol  le 
Oousevans,  leCoihroingeet'leiNiyatfa  F<^VU  lint  r^sider 
Ik  Foix:  Dte  loni ;  Uettflli411e' eot  bto  <s6nhted  partitrilier& 
Cet^v^emeflt^  plaM  par  quelque^'faiaterienif  to  1062,  a 
^  flx^  pbr  Bfarea  en  1012.  On  veif,  d^pHrte  cMfe  reparti- 
tion, que  lea  domainea  de  Bernard'  ootApiieiiaient  la  phia 
grande  partlodttd^pbrtemeDtdel^ArU^etUAepOTiioiB  de 
eelul/de-  la  iIiaut»-Giur«auie.  Ily  rtontt  aneorele  Bigorre  par 
aon  manage  oTee  GafatQde,'lille^  touite  de  ed  paya,  qat 
le  ini  apporfe  en  dotrOe  ce  mariage  tiaqoireut  trols  ills  i 
Bernard,  Roger  etPlerra,  etdeox  HMes.  L'etn^  eut  le  Bi* 
gorre,  qn'fl  transmit  k  se9  descendants ;  te>se(k>lid,'  to  cbtnM 
de  Foix^  okik  r^gna  sous  ie  nom  de  Roffer  7*' ;  Id  tMiii^ni^ 
Alt  eomtede  Conlexans.  Quant  anx  deux  fiUea,»CMr8iiide 
et  Sl^pbania^  Vud6  dpoosa  lUunire,  roi  d*Aragofci;<et  Pfttatr^ 
aarciaa,  roi  de  Natarre;  deaorle  qoela  postMM  deft  obmfes 
de  Garcsaionne  r^«|it  ^>la  foitf  aor  les  deot  TersaaHs  dea 
Pyr^nte.  Tbotle  payi^sitnidaurlea  deox  rites  de  TAMge, 
depuia  le  confluent  da  lAn  aiee  ortte  riYlAre;  JUSqal  ^ly- 
oerda,  en  BapAgne,  d^pendait  de  la  msboa  de  Kofx.    Le 
comt^ ,  diTi^  en  lilul'  et  liaa,  avsM  poor  Hmtte  eoBunnne 
le  Pas  de  la  Barren  k  2  'kttomitrea  an^laasaa  de  Foix.  Led 
points  lea  ploa  importants  aateot  d*nne  port  Foix,  TOrasooB, 
Ax,  le  cbftteao  do'Caaldpenenii  edal'de  LorM,  done  a 
existe  encore! quelqoea  iiragmeilta  de  mnrollles,  erarapoiua^ 
aux  rocbera  qui  dooainent  la^irallM  de  TArMge,  et  de  POaitre 
Pamiers^   Sayerdon,  Mirepoix,   Lesat,  la  'Mas  -  d*Azii , 
Maz^rea,  ayee  aon  chAteon;  idsMeaco  fbvorita  des  oomtea. 
Tel  fol  le  domaine  dont  Jlo^er  //  h6iKa  k  la  mort  de 
son  p^,  en  10S6  ( lOSOv  sekm  Maroa ).  A  celte  ^poqoe , 
TaarMe  do  gldraet  de  poissabeequi  enWrennalt  Is  trtee 
dea  kalifes  d'Espagne  comment  A  piNr :  11  en  pit)lifa  poor 
aaseoir  sapttisnnce  au  tiied  dd  l^immeUse  boulevard  qui  le 
prot^eeit  oontre  eox.  De^eno^  pbr  so  sitnatfon,  cottune  In 
sentlnelle  aTane^de  I'EoropecbrMenne,  il  pritsouvent  pert 
aux  -gtaerrea  de  ses  Toisins  d'Espagne  contra  les  Bfaares. 
Roger  ///,  son  auocesseur  et  son  nereu,  porta  la  guerre 
dans  le  comtd  de  Carcassonne,  possM^  par  Ennengorde,  en 
cousine,  tutrioe  de:Bemard  Atbn,  son  Ala;  U^r^daniaK  U 
possession  de  oe  domaine  comnie  (tef  mascolini  Leara  d^ 
m^te  dnralent  encore  quand  la  toIx  de  Pierre  TErnn He 
retentit  en  Frsnco  et  appela  les  ehrttlens  k  la  d<tfnoiH?e  do 
tombeao  do  Sauteur.  Roger  III  n'avait  pas  dVofteta.  Pair 
ua.acte  da  10  avril  109I,  il  eonYlatefec  Bmen^arde  que 
s'iltt  moondent  Sana  postiMtd,  ie  sorrivant  ptvudraiC  pos- 
session  de  l^hMage  de  l^botroi  Def  Oeis  de  ehMlieas  ee 
prdcipitaieat  vera  I'Asle.  im  nonbre  deaseifl^ienta  de  mldf 
da  la  F^aadequi  marcbaleat  ca  1Mb  de  ia  eroisade,  figorail 
le  corole  de  Foix.  Uapoissant  motifleponasalt  frce'graiHf 
acta  de  id^ld :  e^Malt'Paxeoraonmieation  luiede  eonM  lal 
par  le  pinUte  de  Rone  poor  crime  de  aimooiaj  G*eit4-dfo« 
de  trafic  et  de  vente  de  biena  eocMsiaatiqnea.  iriUnthlanq 
^lait^B^riMiPoarlrat,  RcgernesedeisaMt  pes  desa  proie. 
11  crat  donner  le  change  4  Dten  el  4  sob  iMtrt  ea  pre-^ 
nant  nnsi  part  active  k  la  eroisade.  Oa  accepla  son  ^pde^ 
mais  on  ie  laiasa  parllr  ^saaa  Ibi  doaoer  FiriisolofiaD;  Oa  ne 
trottve  dana  rhiatolie-  doa  croitedes  aeteone  brace  de  ses 
exploits.  PamJara  aehl.'donl  iljeta  las  fondenientaft  aoa 
retour,  nona  fourail  une  pmive  de  son  a^r  ea  Orient » 
en  rappelant  k  Tesprit   le  nem  de*  ia  vflle  d'Antigoae 
( Apamea,),  capitsie  de  ia  seeonde  Syrie/Roger  lerraina  aco 
jours  ea  1121,  soua  le:rtgaa>do  Loaia'  le  Groa.  Ua  oa  aupe- 


POIX  — 

raTant,  il  aivait  adiel^  le  pardon  de  r£glffle  par  de  rtdies  do- 
nations. U  laisaa  quatre  eilfadtfl,  donf  Talii^,  Roger  I V,  lai 
SQce^a  dans  le  coinl^  de  Foix.  i)e  lUf  hi^21,le  com\A 
eat  poor  seigMiira  Rogef'^Betiiard  i^v^'^eiRaynumtt'ttoget. 
Gdm-ei  accompagna  PhiHppe^Affsulttei  la  Terr&^Salttte ,  en 
It^l,  et «e  «igiiala4  tefrtoe  d^ABcaloii  ^au  iK^do'Saintr 
Jean-d^Aere.  I>e  iMonr  e^  France  aVee  M  ikwiiafrqiiel  il  pflt 
parti- poor  lea  AlMgeoia,  ftitbatlu  en  diferseft  rM'ebhtres'M 
d^poaW^  de  sea  rata.  UM^dhpoaaititesrecdft^tyflHr^lors- 
quTil  moarute»-m2,  lalsaant  eette  Hebe  k  Roisw-Wer- 
'  nard  U,  dH  (errand,  qni  releva  hfsplfendeur  d^^'fnalsbii. 
Roger  V,  qui  prH  '|k)aaea§tfair  <ls  eomt6  en  1241;  eut  pour 
aoeeeaseor  ea  1264  Roger-Bernard  Til,  im  dek'mdlletirs 
poites  dA'tfebMnia  siMe,  aoaverafniilasfeTorM des Muses 

•  que-  de  la  fbrtuiiei  Ttto-jcnM,  H'Tit  eotmneneoi'  tt  giienie 
cot  re  lea  maitoilflF  de  Pofr  el  (TArmagnaCt'et  ae  llgaa  eosuite 

'  avea  sea  toisina  >  centre  le  roi  iPieM  III  d'Aragon,-  qui  le  fit 
priaonnier.  I/heirre  de  aa  dtilfranee  fof  ceUe  de  la  mort  de 
Ron  vainqneur.  L'Maloire  imintionne  apria  Int  Gnsion  I*', 
Ga$ton  lltkGBHonltl,  dit  MoMtf,  pub  WUtMen,  (Us 
de  Roger-Bernard  lUd*  GaaCelbou,  qui  moumC  aans poa- 
t^rlt^.  Isabelle,  <sa  sceor,  comteaae  de  Fdi,  ^vfeomfesse  de 
B^am  et  de  CaatelboQ  »•  porta  ce  riche  hMtage  dans  la 
' maison  dea  aeignaura  de  Gr a i Hy , '  P^^r - iaon  diatiage  ark: 
'Afchambanlt  de  Graill^,  caplal  deBn^h.  C<9oi  dcjsbta  flls, 
Giulon  iV,  aireC"£ltedoreyTelne  de  Nkvarre,' agMdSt  en- 
core aes  poaseaaions.  L^uirdea  aucdeaaellradece"  dernier 
^pooaa  Madeleine  de  PraHoa,  fiHe  deOhMea  VHvet  une 
autre,  Margaerite^Victoira  de  Bdarni  CTest  ainal'qu^en  \f>\l 
Icsdeax  pays  setraurftreni  enoorortenls.  HenrflVyOn  ay«nt 
Ij^rit^,  leatacorpora  k  lamonarchie  fran^tae;  mats  lis  he  le 
furent  dMnitiTement  que  aous  lioclfe  XQl,  en  1607,  sans 
que  poor  eeln  Ift  vUle  de '  foix  eessAt'  de'doniler  le  titre  de 
comte  k'un  grand  nomtfre  de  peraonnai^  pins  dti  mbins 
c^l^bres.  ' 

Au  moment  de  la  Involution,  fkMe^  cOmt^  de'Foh  for- 
inait  on  gouternement  part!cdtier;d^pi6nditnt  dn  RouaslUdn 
pourl'admiolstratlon,  etdn  parlemelit  de'Toulolue  poor  la 
justice.  11  renfennaHle ^ytdt'F^Hx^pofit&tiM dtt,  le 
pays  de  Donneato  etia  vallde  d'Ailddrr  ie  /dontdqmia  1278 
lea  eomleft  de  ^ix  '( et  aujourd'hoi'  encore  les  pr^feta  de 
•rAri^ )  etr^ftqned'Arg^  oM  Ou  loaqtfk  pMaent,  par  in- 
•diTis,  le  gouternement-  anp^rieur.  C'iHait'un  pays  d'^tata ; 
et  r6v^m»  de  Pandera'iBd  4MX  le  prMdeht  n^  On  n*y 
•payait  pas  de<  lalHe,  mala  aeiilemM  un-don  gratnft  au  rot. 

Oscar 'Mac-Cahtht. 

FOiX  (  OiksrroN  na  ).  Fbyei  Qiarow.  ' '        ' 

•  FOIX  (  FaAM^isE  DB  ^).  Vogtt  CtiAYi4VBBf iirr  ( Com- 
•fe««^  de ).  *•«  1  . 

FOIX  (  MAEooBRrrB  db  ).  Koffas  ManouBBrrB  bi  Foix. 

FOIX  (Loina  Db)  eat  le  aeol  ingteieor  nn  peo  impor- 
tant que  la  France  ait  eo  an  aeixUme  alkie;  et  cependant 
lea  d4taila  biograplilqoes  qui  nona  ont  M  tranmfa  sur  Id  aont 
pea  nombreox ,  pour  la  plopart  ni6me  inoertalna  oo  con- 
f  rouT^.  On  ignore  la  datede  aa  nada^anoe  et  oelliB  de  sa  mqrt ; 
on  ignore  ^alement  le  lieu  qni  le  Tit  nattre,  bien  que  quel- 
qnes  muteora  aient  Taguemenf  Joint  4  aoanom  la  qualmca- 
tSoB  deParlaien. 

Longtonpa  ^*a  M  nn  fidt  regndA  eomme  eitM  que  66 
Fdx  andt  oonstrvH  la  maiaon  loyate  de  TEaen  rl  a  U  On  pr4- 
teodait  qu'ii  la  suite  d*nne  aorte  de  oonconra,  provoqn^  par 
Philippe  II,  et  anqnel  anraient  pria  part  vingt-denxdea 
ploBc^brea  artistea  de  F^poque  ;  itf'ptojet  de  Vignole 
amrait  M  clioid,  mats  que  oet  ardiitede,  d^jlt  VIeux, 
ii*ayant  point  vooln  quitter  Fitalie,  lea  ptena  foomis  par  De 
'Foil  auraient'  ^'accept^s,  et  qu'ilaerait  en  cOns^eiiee 
paat6  en  Espagne  poor  en  aurteiUer  Fextoition.  Sans  nier 
poaitiTenient  ce  qnll  pent  y  avoir  de  Trai  dana  ce  rteit,  et 
la  paitidpatkai  de  De  Foix  aux  oorrages  oonalddrables  et  de 
ftontea  eapteeaqoe  nteeaaita  la  oonatruetlon  de  l*Eacurial , 
aoua  dlrona  aeolement  qu*li  paralt^labli  ai^ourdlnii  que  ce 
monanient  Ait  61eT6  aur  lea  plana  et  aoua  la  direction  de 


FOLARD  52S 

Jean-Baptiste  de  Tol^e,  auquel  avait  M  adjoint  comme 
conseil  un  religleux,  nomm^  Antoine  de  Vilia*Castra,  et  qu'k 
la  noort  de  cet  architecte : .  arrivte  en  1667,  lea  travaux 
furent  continue  fht  8jQn',el^te.|  Jean  de  Herrera,  dont  les 
'  deftslns  etisteiA  encore  daps  lea  ivchfves  du  coureat.  Rien 
de  riiotna  prouyd  .^lem^  que  le$  rdations  de  notre  ar- 
tiste wee  IMniknf  don  CarYos,'et  la  part  quil  aurait  eue 
'dans  la  ftntra^que  de  oe  j^e  prtnce.  Mala  ai  nona  de- 
'tons  refuser  V  De  Foix  llioniieor  d'avoir  pr^sld^  A  la  cons- 
-trudlon  d*un  des  Mjfice^  lea  plUs  consid^bles  qui  aient 
Jamais  iX€  ^l^dtf,  1^  n*en  est  pas  de  m6me  pour  deux  ou- 
yrag^  non '  moins  c^M)res  auxquels  son  num  est  rest^  at- 
'Iadi6.  le  premie^'  est  le  ponj  de  Cayenne:  pour  cons- 
truire  oe  potit,  De  Foil  n^  craignit  pas  d^entreprendre  de 
comUerlolit  de  PAdour,  et  de  creuser  aux  eaux  du  fleuTe 
un  cand  aboutissant  ^  la  mier.  Malgr^  des  difficuli^s  que 
Ton  poUTatt  croire  insurm'ontablea ,  il  tormina  son  ceuvre 
avec  leplus  grand'  succte,  en  15701'  Le  second  ouTrage 
important  de  M  arcbitecte  eat  la  ftimeuse  tour  de  Cordouan, 
'bAtie  suk-  tm  ^ndl,  k  remboucliurede  la  Garonne,  k  26  ki- 
lometres de  Bordeaux.  Elle  sert  non-a^iileroent  de  fanal 
pendant  la  nuit,  maia  encore  de  signal  pendant  le  Jour,  ^ 
cenx  qui  nariguent  dans  c68  men  plelnes  de  rochers  et  de 
banca  de  skblS.  Commence  en  1584  et  termini  1610 ,  ce 
pharCi  haut  de  55  mMrea,  y  compris  la  lanterne,  est  encore 
r^gardi  comme  un  dds  mleux  construfts  et  des  plus  heu- 
reuaement  disposes  qui  existent.  C*est  en  m^e  temps  un 
'morccJau  d'architecture  remarquable;  11  eat  de  forme  drcu- 
laire  et  dtor^  de  trois  ordres  superpose,  savoir :  le  toscan, 
le  ddriq6e  et  le  corinthien. 

FO-KIEN.  Cost  le  nom  que  les  AngliUa  donnent  It  la 
province  de  Chine  que  nous  appelons  Fo  ti-  A  i  d  n. 

FOL  APPEL.  Dans  Tancien  lafigaga  judiciaire  on  ap- 
pelait  fol oppeicelui qui  p^avait  pas  /M  admls  par  la  juii- 
diction  devant  laquelle  il  ^tait  portd.  Cette  locution  est  tom- 
bte  k  pen  prte  dans  Toubli;  roais  le  fait  auquel  elle  donnait 
lieu  est  demeur^ :  la  partie  qui  aucoonfibe  dans  son  a  p  p  e  1  est 
encore  condamn^  k  une  amende.  L^institution  de  l*amend6 
de  fol  appel  date  du  moyen  ftge. 

l^OLARD  (Jban-Chablbs,  cbevalierDB),  naqnlt  &  AtI- 
gnon ,  le  13  fi^er  1669, d*une  famille  peo  ais^e.  Son p^re 
n*avait  pu  Id  l^oer  qu'un  Tain  titre  de  noblesse ;  aussi , 
comprenant  que  son  avenir  d^pendait  tout  entier  de  lul , 
montra-t-il  de  bonne  beure  nn  goUt  d^id^  pour  la  oarrl^re 
dea  armes,  et  ce  goUt  ae  d^Teloppa  d*une  mani^re  remar* 
quable  par  la  lecture  dea  Commentaires  de  Cisar,  qu*ii 
re^t  en  prix  k  TAgede  qufnze  ans.  A  seiie,  il  contractait, 
k  Ifnsu  de  sea  parents ,  un  engagement  volontaire  dans  une 
compagnie  dlnfanterle,  de  passage  k  Ayignon.  Arr^t^  sur 
la  demande  de  sJa  famille^  et.enrerm^  dans  un  doUre^  il  s'en 
^chappe  Ik  dix-hutt  ans,  et  s'engage  de  nooveau  dans  le r^- 
'.  ment  de  Berry,  n  s*y  Dt  remarquer  par  sa  conduile,  par  son  zk\e, 
i  et  le  brevet  de  aous-'iieutenant  en  fut  bientdi  la  recompense. 
En  cette  quality ,  il  prit  part  k  la  campagne  de  1688.  Le 
!  marquis  de  Gu^briant,  qui  ayait  su  apprteier  son  m^te, 
:  le  prit  6n  'amiti^,  et  lui  fit  avoir  une  Iteutenance.  Le  due  de 
I  Vend^me  le  demanda  pour  aide-de-camp  pendant  Texp^i- 
I  tion  de  Naples ,  dont  son  r^ment  faisait  partie,  et  le  gra- 
iiffa  d'un  breyet  de  qapitalne.  A  cette  ^poque,  le  fr^re  de 
Venddme,  connu  sous'  le  nom  de  grand-prieur,  comman- 
dait  lea  troupes  fran^ises  en  Lombardie ;  il  s'attacha  Folard, 
6t  c^est  surtout  sous  les  ordres  de  ce  g|6n6ral  que  ses  ta- 
lents militaires  et  sa  brayoure  se  ddrelopp^rent.  II  se  dis- 
tingua  k  la  prise  des  postes  de  Royte,'d'08tiglia  et  k  la 
dtfense  de  la  Cassine  de  la  Bouline ,  qui  lui  yalut  la  croix 
de  Saint-Loula.  Sa  condntte  ne  Alt  paa  mpins  brillante,  en 
1705,  l^rairaire  de  Caaaano,  ob  il  recut  deux  bleasurea. 

Apr^s  cette  bataille ,  le  due  de  Venddme  ayant  re^Q 
Tordre  de  se  porter  en  Flandre,  latssa  au  due  d*Or- 
l^ans  le  commandcment  de  I'arm6e  d*Italie.  Ce  prince  ac- 
cueillit  Folard  avec  distinction  et  re^ut  aea  consells  avec 
empressement;  mais  la  jalousie  derail  bieotdt  Ten  doiguer : 

66. 


.434 


FOLARD  —  FOLIE 


U  re^at,  en  1706 » I'ordre  dialler  s^enfermer  dans  Modfene, 
«t  alia,  aprte  la  reddition  de  cette  place,  rejoindre  ledoc 
de  VendAme.  A  son  passage  k  Versailles ,  11  fut  re^u  par 
le  roi ,  qui  lui  donna  une  pension  de  400  llyres.  Le  doc  de 
Bonrgogne  ^tait  camp^  en  face  de  Tile  de  Cadsan  lorsque 
Folard  arriTa, en  1708,  k  Tannto  de  Flandre.  II  conseilla  k 
Vend^me  d'assailllr  cette  position  et  de  s'en  emparer,  se  roit 
h  la  t^te  de  Tattaque  et  la  fit  compl^tement  rtossir.  Cette 
petite  expMition  lui  valnt  le  commandement  de  la  place  de 
liettingoe.  Sa  conduite  k  M  at  pi  aq  u  etnefut  pas  moins  belle : 
il  a*y  fit  remarquer  par  son  8ang-lroid,et  y  re^t  une  grafe 
blessure.  A  cette  occasion,  le  ministre  lui  euToya  le  brevet 
d*ao6  nouToIle  pension  de  600  liTres.  A  quelque  temps  de 
U,  ii  remit  au  marshal  de  Villars  le  plan  d'un  mouTement 
qni  deYaitcompromettre  les  op^tions  desalli^;  et  oe  plan 
M  ex6cot6  en  entier  tel  qu^il  Tayait  con^u.  Envoys  pri»  de 
Gu^briant,  que  Tennemi  menagait  dans  la  place  d'Aire,  il 
Alt  fait  prisonnier  sur  sa  route  et  pr^sent^  au  prince  Eu- 
gtoe ,  qui  fit  inuUlement  tons  ses  efforts  pour  Tengager  k 
rester  au  service  de  Tempereur.  l£cbang4  par  les  soins  du 
due  de  Bourgogne ,  il  fut  nomtn^  an  commandement  de  la 
place  de  Bourbourg,  qu*il  conserra  Jusqu'i  sa  mort 

Aprto  la  paix  d^trecht,  Folard  avait  commence  son  his- 
toire  et  ses  commentairea  sur  Poly  be;  en  1714,  son  goOt 
pour  les  armes  le  d^termina  k  quitter  ce  travail  pour  se 
rendre  k  Malte,  menac^e  par  les  Turcs.  Le  grand-mattre 
lui  fit  un  brillant  accueil ;  mais,  bient^t  en  opposition  avee 
les  ing^nieurs  fran^  qni  avaient  ^  ofTrir  leors  bras  et 
leurs  talents  aux  chevaliers  de  Tordre,  il  abandonna  cette 
lie,  et  renlra  en  France.  La  renomm<ie  pvbliait  k  cette  ^po- 
que  les  exploits  de  Charles  XII.  Folard  se  dirigea  vers  la 
capitate  de  la  SuMe ,  oh  il  arrive,  aprte  avoir  ^happd  k  un 
naufrage.  Le  roi  Taccueiltit  avec  bont6,  re^ot  ses  avis  et 
adopta  ses  id^.  Malheureuaement  il  fut  ta^  au  si^e  de 
Fr^dricslially  au  moment  oil  il  allait  les  mettre  k  ex^uUon. 
Folard  revint  en  France,  et  fut  nomm6  mestre-de-camp  k 
Ja  suite  dans  le  r^ment  de  Picardie.  Dans  ta  guerre  de  la 
succession ,  il  avait  servi  la  France  sous  les  VendOme  ct 
sous  les  Villars ;  il  la  servit  en  171 9  contre  PBspagne ,  sous 
les  ordres  du  marshal  de  Berwick :  ce  futsa  demi^re  oim- 
pagne.  La  paix  g^n^rale  Tayant  oondamn^  au  repos,  il  en 
profita  pour  se  livrer  tout  entier  k  ses  travaux  littoral  res , 
et  publia,  en  1724,  son  livre  dea  Nouvelles  Dicouverles 
sur  la  Guerre  (Paris,  in- 12.).  11  reprlt  ensuite  ses  com- 
mentairea tur  Polybe,  qui,  malgr^  quelques  taches ,  off  rent 
encore  aux  militahres  de  pr^cieuses  lemons.  On  lui  a  beau- 
coup  reproch^  la  triviality  de  son  style ,  ses  id^es  sur  ta 
strat^e,  sur  les  macliines  de  guerre  des  andenscompar^es 
k  rartillerle,  enfin  sur  son  syst^me  d'attaque  et  de  defense 
des  places;  mais  ces  reprodies  ont  ^t^  fort  exag^r^,  et 
celui  qu*ott  a  sarnomm^  \  le  V^kce  /raigais  mdritait  un 
jogement  plus  impartial  de  ses  compatriotes.  Le  grand  Fr-d- 
d6ric,  comme  ^rivain  militalre,  qui  ne  Ta  cependant  pas 
m^nag^,  lui  rend  le  Juste  tribut  d^^loges  auquel  il  a  droit. 
II  fut  en  m6me  temps  liltdrateur ,  ing^nienr  et  dessinateur : 
la  plupart  des  plans  qui  figurent  dans  ses  oeavres  ont  €i6 
lev^  par  lui. 

Sur  ses  vieux  ans,  Texaltation  reiigiense  se  mtiant  k  sa 
bizarrerie  de  caract^,  11  affronta,  comma  adh^ent  k  la 
secte  des  convnlsionnaires ,  le  ridicule  des  pr^tendus  mira- 
cles du  diacre  PAris  :  «  Savez-vous,  s'^riait-il  un  jour  en 
ouvrant  la  Bible,  que  Moise  ^tait  un  grand  capitaine :  il  avait 
d^uTert  ma  CO  1 0  n  n  e.  »  II  oMnrut  k  Avignon ,  sa  ville  na- 
tale,  le  23  mars  1752 ,  &  PAge  de  qaatre-vingts  ans.  Sa  santd 
avait  €tA  consid6rablement  alt^rte  par  ses  travaux  titt^ 
rairet  et  par  les  diverses  polteiiqnes  auxqnelles  its  donn^rent 
lieu.  On  a  de  lui,  ind6pendamment  des  ouvrages  que  noos 
avons  dtte :  un  TraU6  de  la  Dtfense  des  Places;  un 
TraiU  du  mitier  de  Partisan;  Foneiions  et  devoirs  d'un 
of/icier deCavalerie  (Paris,  1733,  in-12).       Sicahd. 

FOLENGO  (Tb^opuile),  n^  le  8  novembre  1491, 
ians  nn  fanbooig  de  Mantone,  appel^  Cipada,  k  une  ^poque 


et  dans  un  pays  dedviiisation  excessive,  qne  la  renaissanre 
des  etudes  grecques  et  latinos  poossait  k  un  pagniiisme  re- 
nouvel^,  et  od  la  philosophie  et  Tart  atteignaient  les  limited 
du  soeptidame  en  se  perdant  dans  la  moquerie  de  toutes 
chosesyossayaun  nouTean  genre  dlronie,  et  fondA  one 
bizarre  ^cole ,  qui  n'a  pas  dt^  tana  disdples  fllustres,  pais- 
que  Rabelaia  en  foil  partie.  Aprte  une  jeonesae  disdpfe, 
des  amours  Tulgaires  et  le  froc  de  bte6dictin  tour  k  tour 
pris ,  qnitt6,  rqiria  et  jet^  anx  orties ,  il  persifla  lea  dc^ 
roniees,  les  po^  ^piqoes,  les  versificateurs  k  la  b^on  «le 
Virgile,  les  grands,  leaeccl^iastiques,  la  sdence,  T^tode  el 
rambition ,  dans  une  esptee  de  roman  fSintaaque ,  gigantes- 
qoe  et  fi^erlque ,  mM^  de  triviality  et  d'inventions  extraor- 
dinaires ,  terit  en  m&tre  vlrgilien  et  dans  une  langue  cMt 
tout  ezprte  pour  eet  usage,  avecf la  syntaxe  latine  appliqote 
k  tous  les  patois  de  lltalie.  Le  fond  de  ronvre,  la  penate  de 
I'auteur,  ^talent,  comme  chei  le  cnr6  de  Meudoo,  qni 
rimita  et  T^tudla  cnrieuaement,  la  destruction  dea  tb6ori» 
splritualistea,  TapoUidose  do  la  gastronomie  et  Tdoge  de  la 
cuisine;  aussi,  prenant  le  nom  d*nn  sorclcr  et  dhm  cuisi- 
nier ,  comme  s'il  n'y  avait  an  monde  de  sdence  oocoIIb  et 
sublime  que  « I'art  de  U  gueule, »  se  nonmia-t-il  le  cuUi- 
nier  Merlin  (Merlinna  coccaius) ,  et  donna-t-il  &  son  antre- 
prise  lenom  da  mets  favori  desjtaliens,  le  macarooi.  Td 
est  le  sens  rtel  et  Evident  de  cette po^emacar  on i^Ke, 
d^e  valenr  asaex  mince  sons  le  rapport  litt^raire,  mass 
qui  tient  sa  place  dans  rhistoiie  des  idte.  Aprto  qudqoes 
aventures  de  coorent,  asset  pen  importantes,  entre  aotres 
une  qnerelle  ayec  des  rdigienaes ,  qu'U  devait  fort  mal  diri- 
ger,  cet  6trange  bouffon  monacal,  doot  la  g^n^ration  intd- 
lectuelle  hit  plusgrande  que  lui-mtoie,  mourut  sur  les  bords 
de  la  Brenta,  le  9  novembre  1544.    Philar^  Cbaslss. 

FOUATION  on  FEUILLAISON.  On  appelle  ainsi  le 
moment  ok  les  boutons  commencent  k  bonrgeonner  et  k 
d^vdopper  leurs  fcuilles.  Ce  moment  varie  snivant  la  lati- 
tude, et  sons  la  mteoe  latitude  il  varie  encore  suivant  les 
espies,  ainsi  qu'on  peat  le  Toir  par  la  table  snlvante, 
dresste  sons  le  cUmat  de  Paris  par  Adanson,  d'aprte  la 
moyenne  de  dix  annte  4'ob3enrations  sur  un  certain  nom 
bre  d*arbrea  :  Sureao,  chftvre-feoille ,  le  f6vrier;  gro- 
seUlier  ^pineox,  lilaa,  aub^ine,  1*'  mars;  grosdilier 
fusain,  trotee,  rosier,  5  mars;  sanle,  aune,  eoodrier, 
pommier,  7  mars;  tillenl,  marronnier,  charme,  10  mars; 
poirier,  prnnier,  ptelier,20  mars ;  nerprun,  bourgtae,  prunel- 
lier,  f  avril;  charme,  orme,  v^ne ,  fignier ,  noyer ,  firtoe , 
20  avril ;  ditoe ,  1*'  mai.  Non-seolement  I'^que  de  la 
foliation  des  arbres  varie  d'esptee  k  esptee,  mais  en- 
core, dans  la  mime  esptee ,  d'individu  k  individu.  Tootes 
choses  ^gales,  la  foliation  dans  une  esptee  donn^  a  lien 
en  raison  de  Tintensit^  de  la  chaleur  et  du  temps  dorant 
lequel  cette  chaleur  agiL 

FOLIE9  maladie  apyr^tique  du  cerveau ,  ordinairement 
de  longue  durte,  dans  bqudle  les  idte  ou  les  sensations , 
soit  g^telement,  solt  partiellement  ,nes'accordentni  avec 
les  lois  des  fonctlons  d*une  organisation  r^guli^re  ni  avec 
I'^t  r^  des  choses  ext^rieures.  Dans  cette  maladie,  les 
organes  dn  monvement  volontalre  et  oeux  des  Ibnctions 
de  la  vie  automatique  ou  v^^tive  ne  sent  paa  ordfaiaire- 
ment  alt^r^s,  etpar  conadquent  les  alito^s  mardient,  agia- 
sent,  mangent  et  digteent,  etc.,  comme  dana  Tdtat  de 
sant^. 

Tant  que  les  m^physiciens  lea  moraliates,  les  philo 
8ophes,leam^edn8mteQe^  les  ph}siologiates  oonsid^- 
rferent  la  folie  comme  une  maladie  de  Time,  et  rapportteent 
&  cet  6tre  spiritud,  Invidble  et  impalpable, tons  les  deran- 
gements des  facult6s  morales,  intdlectoeDes  et  afTectives, 
tti  mteonnurent  entiteemeut  cette  maladie.  De  U  le  langage 
obscur,  confus  et  embarrass^  depbrasea  insignifiantes,  ou 
rempli  d*id^  contradictoires,  qu*on  rencontre  dans  lea 
ouvrages  terits  andennement  sur  la  folie.  La  plupart  des 
terivains,  jusqu^^  nos  jours,  confondirent  dans  la  mtee 
cat^orie  diflifrents  genres  d'ait^rations  e6r6brales  qui  dot- 


FOLIE 

vent  Mre  ddfinies  et  tralt^s  i^paT^inent.  (Test  ainsi  que  nous 
trooTons  dans  lea  traits  sur  la  (olie,  confondos  dans  la  m6me 
description  et  sons  la  ro^me  dtoominationy  I'idiotie  ou 
idiotisme,  nmb^cillit^yla  d^mence,  la  manie,  la 
monomanieylam^laneolieyrhyst^rieyrhypochon- 
drie,  la  nostalgie,  le  suielde,  i'^pilepsle,  led^lire, 
etc.  Mais  il  est  ftdte  de  oomprendre  la  difR&rence  qu'il  y  a 
enlsre  ces  dlfllfirents  genres  d^affections  c^brales ,  et  ce  qne 
Ton  entend  par/)/ie.  D*aprte  nos  connaissances  physio- 
logiqoesy  nons  ne  poorons  pins  consid^rer  ies  dUfi&rents 
d^sordres  dans  la  manifestation  des  faculty  intelleeiuelles 
(raison),  morales  (sentiments)  et  c^ecHves  (penchants) 
que  comme  antant  d^affeclions  sp^^les  dn  cerTea  n.  Rap- 
pelons-nous  que  le  cenrean  seul  est  Toigane  exdnsif ,  in- 
dispensable pour  la  manifestation  des  fa  on  1  Ids  de  I'toe  ou 
de  Tesprit  Admettons,  en  outre,  qu*U  n^est  pas  un  organe 
unique,  mais  nne  agnation  deplusiours  organes,  dont 
chacun  a  des  qnalit^  communes ,  telles  qne  la  sensation , 

perception ,  la  m^moire,  le  Jugement,  I'lmagination,  etc. 
et  des  quality  propres  et  8p6cifiques « teUes  qne  llnstinct 
de  la  g^^ation ,  cdoi  de  la  propre  defense,  le  sens  du  rap- 
port des  sons  on  des  coulenrs ,  Ies  sentimeids  de  la  bienveil- 
lance,  la  circonspection,  etc  Or ,  en  admettant  seulement 
ces  deux  prindpes,  qui  sent  pour  nous  des  T^t^  dtoon- 
Irto,  il  sera  fu^e,  sans  6tre  phtlosophe  on  mddedn^  de 
comprendre  qne  la  folie  ne  pentdtre  que  la  suite  d'une  a]t^< 
ration  du  oerreau  ou  de  quelqn'une  de  ses  parties.  Par 
exemple.nons  arons  dit  que  la  tUmence  est  la  perte  des 
f^cultds ,  c*est-2i-dir6  la  cessation  plus  ou  moins  comply 
des  fonctions  du  cerveau.  Or,  si  le  eerreau  n*aTait  Jamais 
pu  manifester  ses  fonctions,  soit  par  suite  de  maladie,  soit 
par  snite  de  son  d^reloppement  imparfait,  qn'en  r^sniterait-il? 
Vidiotie  absoloe.  Mais  s'ily  arait  qoelque  partie  seulement 
du  cerveau  du  malade  non  suffisammoit  d^Telopp^  qn'en 
j^sulterait-ll  encore?  L'lmpossibilit^  de  la  manifestation 
de  telle  ou  teUe  quality,  coos^uemment  \HmMcilUt6  plus 
ou  moins  g^n^e,  plus  ou  moins  sp^dale.  Si  le  oenreau, 
aprte  avoir  attdnt  son  d^veloppement  ordinaire,  et  avoir 
exercises  fonctions r^guliirement,  ^tait  excite  g^^rale- 
ment  dans  ses  parties,  k  quel  genre  de  ddsordredonnerait- 
il  lieu  ?  11  y  anrait  <Ulire  ou  manie ,  selon  que  la  cause 
serait  passage  on  pennanente,  l^g^  on  profonde.  La 
monofnanie  sera  oons^emment  la  suite  do  ddsordre  des 
fonctions  d*une  ou  de  quelque  partie  seule  du  cerveau,  tandis 
que  Ies  autres  parties  ou  organes  seront  resl6s  dans  leur 
6tat  d'int^td  normale.  Vhypoehondrie,  Vhyst&ie^  la 
milancolie,  sent  anssi  des  maladies  du  cerveau,  qui  peu- 
vent  6tre  consid^rte  comme  des  esp^ces  de  folie.  11  en  lest 
de  m^me  de  la  noitalgiet  do  suicide  longnement  pr^m^- 
dit^  et  de  plusieurs  autres  genres  d^ali^ations  mentales.  Ced 
suffira  poor  faire  comprendre  comment  Ton  doit  consld^rer 
la  folie  dans  sa  gto^ralit^.  11  ne  fant  pas  croire  que  dans 
Ies  manies  partlelles,  ou  monomanies,  le  derangement 
de  la  faculty  soit  liroitd  d'une  mani^  absolue  k  la  fonction 
d*un  organe  seol,et  quo  ces  ali^n^  soient  parfaiteroent 
raisonnables  sous  Ies  autres  rapports ;  tout  se  lie  et  s'en- 
diatne  dans  Torganisme.  Plus  souvent  cette  folie  est  d*un 
^enre  mixte  :  aprte  le  trouble  des  fonctions  dhome  faculty 
suit  le  trouble  de  quelque  autre,  et  plus  tard  encore  die 
passe  k  la  manie  g^^ral^  qui  finit  ordinairement  par  la 
dtoence. 

Les  organes  de  notre  cerveau  sont  destine  lea  nns  ^  la 
manifestation  des  penchants,  des  talents  et  des  sentiments 
d^termb^;  les  autres  sont  destines  k  la  manifestation  des 
ficult^  intellectuelles.  Qoand  la  monomania  se  porte  sur 
les  premiers  et  que  les  facult^s  intdlectueiles  sont  intades, 
il  y  a  perversion  de  goQt,  de  penchant,  d'affectlon;  mais 
pour  le  reste,  on  raisonne  trte-bien.  C'est  ce  qui  a  fiiitappeler 
ce  genre  de  folie  folie  raisonnante.  II  y  a  aussi  des  folies 
d*une  autre  esptee,  qui  se  rapportent  k  des  idte  on  k  des 
sensations  tout  k  fait  isolto  :  tels  sont  ces  ali^nte  qui 
croiwt  avoir  on  serpent  on  une  grenoulUe  vivante  daos 


525 

le  corps,  cenx  qui  croient  ^tre  possM^  par  le  d^mon,  qui 
croient  avdr  U  tdte  on  les  jambes  de  verre ,  etc.  :  ceux-ci 
raisonnent  trto-bien  sur  tout  ce  qui  n'est  pas  en  opposition 
avec  leur  idte  fixe.  Un  autre  genre  de  foUe  plus  remarqua- 
ble,  et  qd  n*a  pas  encore  flx^  Pattention  des  pliysiologistes, 
est  eelle  qui  rteulte  du  derangement  seul  de  quelquNm  des 
organes  dos  facoltes  intdledudles,  tandis  que  les  autres  res« 
tent  intacts :  ceci  oonstitue  la  fblieinnocentede  ces  panvres 
raisonnenrs  qui  croient  ftire  de  la  science  en  s'daufant  dans 
le  monde  imaginaire,  et  cr^er  des  aysttoes,  des  projets, 
des  theories  ou  des  doctrines,  uniqnement  fondles  sur  des 
mots  qu*ils  hiventent,  interpritent  on  appUqnent  &  leur 
manito,  et  qui  parviennent  qnelqnefois  mdme  k  toire  des 
oovrages  qne  les  personnea  sens^es  ne  peuvent  aocunement 
comprendre.  Ce  genre  de  folie  est  la  suite  du  d^fout  ou  du 
ddsordre  de  I'organe  de  la  eausalite;  die  passe  sonvent  ina- 
per^e :  les  pwsonnea  qui  en  sont  atteintes  nMtant  pas  g^nd- 
ralement  nnlsibles  dana  la  societe ,  on  les  laisse  s^exercer 
dans  leurs  rftves,  et  on  les  a  voes  rtesdr  k  passer  auprte  d'une 
oertaine  dasse  de  penonnes  poor  des  savants  profonds.  Ce 
n^estdottc  pas  k  tort  qu*on  a  dit  que  le  gfoie  est  k  deux  pas 
de  la  folie.  Dryden  a  dejk  terit  que  les  hommes  de  g^nie  et 
les  foos  se  tiennent  de  trte-prte,  eft  ce  sens  que  Tactivite  ce- 
rebrale  de  Phomme  de  gteie  est  tris-prte  de  le  dominer 
exdosivement,  et  de  tronbler  lea  fonctions  r^guli^res  de  son 
cerveau. 

De  la  manitoe  dont  nous  avons  explique  les  dUD&renls 
genres  d'aUenation  mentale.  Ton  a  pu  comprendre  qu'il  y 
anra/o/ie^tfn^ra/e  lorsqoe  les  fonctions  de  toutes  lesfkcul- 
tes  cerebrales  seront  troubiees ,  etqu'il  y  aura  Jblie  par- 
UeUe  Ion(|ue  oederangement  n*anra  Ueo  que  dans  un  ou  plu- 
sieurs organes.  Toutes  ces  alienations  peuvent  6tre  continues 
ovLintemUttentes.  Quant  aux  premieres,  dies  semanifestent 
d*une  maniere  d  vidble  quMI  est  trte-fadle  de  les  recon- 
nattre  :  ii  n'en  est  pas  de  meme  qnand  la  folie  generale  est 
periodiqno  et  que  lea  acces,  apr^  avoir  cesse  entierement, 
renaissent,  ou  qnand  I'dienation  est  partidle  et  en  meme 
temps  intermlttente.  Les  formes  diverses  d'alienation  rendent 
tres-difBdlea  les  jugements  que  Ton  doit  porter  sur  IMnno- 
eenoe  ou  la  eulpabilite  de  oertaines  actions.  Comment  pre- 
voir  le  retoor  d'dn  acc^s  quand  Tapprodie  d'evacuations 
accidentdles  .on  periodiqnes,  rinfloence  des  saisons,  la 
nourriture  et  une  infinite  d'antres  causes  peuvent  en  deter- 
miner la  crise? 

Les  anteurs  font  des  distinctions  enlre  les  causes  gene- 
rales  etparticulieres,  phydqnes  et  morales ,  primitives ,  se- 
condaires,  predisposantes,  constantes,  etc.,  de  la  folie.  Toutes 
ces  divisions  ne  nous  paraiasent  pas  d^une  grande  utilite. 
Quant  k  nons,  sachant  que  la  folie  est  une  afTection  du  cer- 
veau, nons  dirons  sfmplement  qne  toot  ce  qui  agit  puissam- 
ment  an  phydque  comme  an  moral  sur  cet  organe  peut  de- 
venir  une  cause  de  la  folie.  Les  dispositions  hereditaires  et 
une  mauvaise  organisation  cerebrale  doivent  etre  conside- 
rees  comme  les  causes  les  plus  communes.  II  parait  prouve 
que  dans  les  dimats  temperes  il  y  a  plus  de  fous<^u'aiUeurs, 
et  que,  d'autre  part,  dans  les  pays  marecageux  Pon  observe 
plus  fadlement  lldiotie  d  la  demence.  Nous  pensons  aussi 
que  certalnea  dispodtions  de  Patmosphere ,  ainsi  que  les 
differeotes  saisona,  doivent  exeroer  nne  influence  marquee 
sur  la  folie.  En  effet,  les  changements  atmospheriques  agis- 
sent  evidemment  sur  les  dispositions  de  notre  esprit  dans 
Petat  ordinaire  de  la  mdtteure  sante ;  k  plna  forte  ruson  les 
mdmes  causes  agiront  done  lorsque  le  cerveau  ed  dejk  sur 
exdte :  du  reste,  il  n'y  a  qu*&  f  idter  un  hospice  d'alienes 
pour  reoonnattre  la  difference  marquee  qui  se  manifesto  sur 
ces  mdhenreux  par  un  seul  changement  de  vent  ou  dans 
retat  eiectriqne  de  Patmosphere.  Des  observateurs  out  note 
rjue  les  dienes  sont  phis  agites  dans  la  pldne  lone :  nous  ne 
reprouvons  pas  ces  observations,  quoiqn'dleaaient  rencontre 
beaucoup  d'faicredules.  II  est  constant  que  cette  plande 
exeroe  qudqne  influence  sur  oertaines  fonctions  periodiques 
des  corps  humains;  des  lors  nous  ne  voyonspas  pourquoi 


**«  FOLIE 

la  tnett^exeroereit  pu  sor  r*tmo8pMre  'ime  A«aon  capable 
de  rdagir  sor  le  ays^e  nerreux  et  le  eer«<eau.  Dans  ''cn- 
tmrnt^  OB  obsioirrelHdiotia,  RmlKJcUlitt,  niais  pas  de  folie.  La 
raison  en  test  daira :  le  cerreaa  n^ayamt  pas  acquis  sa  con- 
sislance  n^cessafpe ,  et  ses  fcmctions  ne  s'^faM  erioore  maiii- 
Ibtftea^Qtfdlin^  mani«re  tr^imparfafCe,  ell^  ne  peavenl 
coDs^aemment  dtre  tronUte'  par  on  6sete'd'actitll£.  La 
folie  cooifnenca'afec  I'Age  de  la  pubeN^ ;  el  k  catle  ^^poqoe 
ce  siMtles  foliea^nMlqiiea  06  oelleadala  TigoeiiF^ttf  domf- 
deot ;  daaSi  Pige  mt,  ce  soni  tes^dilK^tes  esptotf  de  m^ 
lanoolie^  eellea  ^i  preniitiitleiir  souriedaiislesorganes  dela 
vanW^de  I'oigtieil,  de  la  droeiurpectfoto,  etc.;  dansla  TieH- 
lesse^  <f  est  la  dteien^e.  Par  tappert  aofe  aetlBs,  \\m  dbstorre, 
d'aprte  iSsqulrol,  plot  de  fi^ntes  Mitete  qui)  dlKMnmes, 
pafrtidiUdrement  en  France.  Kbua  a?ons  renanwd  qoe  la 
plDpaft  des  felies  cbez  lefc  fenmiei'otot  poiir  base  la  Vanity  • 
nous  poD^Koa  qae  dans  IVducaiibti  Pon  tiefit  ordtnalnsment 
dans  une' activity  trop  peiinaneite  Torgane  de  TanMHir  de 
I'approbatkin,  sentiment  qui  d^ginimeilk^ailH^  tffl  n'estpas 
aoutaii  par  des  fucam-  mteHeetoelles  saptfriedres,  et  dte 
lonr  11  passe  fadlenu^t  ^  U  folie. 

Lea  nbnomaiiies  occasMinto  par  la  vanitd  sont  les  pfas 
fr^qoetttes :  apasi  ceiix;  *qtti,  par  fear  toti  sunt  aoufent 
Hatt^  par  1^  parAim  de  I'approbation  tombebt  fadlement 
<  dans  l8  folle;  Cest  laiuf  ^6e  Vam Mi  mtwm  parmi  les 
ali^n^  dea  pebOres,  dea  poitea,  dea  moaiciens,  ele.  Toot 
ce  que'lea  antei^  pous  diaent  asr  l^faifluencedea  tempera- 
ments est  exagM  ou  ^mmi :  la  aocbiiie  mtaie  des  temp^ 
ramtonfb  est  enooire  trop  mal  assise  poor  qoel'on  poisse'vanir 
k  l^appUeaUon  de  ses  prindpcs  aana  tomber  daas  lea  plus 
grandea  contradictions  ou'  dans  une  ivMlabio  confiision 
d*idte.  TMIes  lea  fois  qii'on  ihettra  en  actiTit6  le  eerfean, 
et  qtiepar  la  travaU  m6ne  cet  organa  ae  tromrent  aniexdt^, 
il  y  aonl  pfiMiipositliHi  X  la  fclte  t  I'ttade  atlainMltation 
proloagte  aontdoDCdesjeaiis^strte-IMquentesdefolie.  C'eat 
le  tort  surtOQt  de  ponsser  aux  traiwix  de  reepril  caox  qui 


ne  soDt  |te  natoNlemttt  organist  t)oi]r  oda.  Diai  soaveot, 
au  lieu  d*a?dr  ah  savant  de  plds,  on  iorait  im  Iba  de  moins 
el  uA  meUlaar  ouvrler  d^  plus.  Lea  riebea  et  les  grands  per- 
aomiages  Boat ploa  somrebt  at^eU  abx dur^reats  genmde 
M««w»h^  qae  les  paorreft  Tons  oeux  qui  vi«ent  dans  le 
grand  monde/qoi  soni  dabs.ttne  esp^  de  tension  btdlec- 
mltopelmaneiite,  eommerlsa  n^godaiits,  lesliommesdHiut, 
les  miUtaires  d'un  rang  sop^rieor  sont  sujeU  h  tomber  dans 
I  alMnatlon  roentateL  Ceux  qtit  passent  rapidement  dnme  tris- 
grande  occopation  a  une  Yie  trailquUle,  sont  expose  an 
ntme  lUabrdre.  Cet  apercil  soffira  pour  pouToir  ^valuer  les 
autres  ^uses  trte-variM  qui  peuTent  agir,  on  diredement 

00  Indft-edement,  poor  trooNer  les  fonctions  dn  cer?eaa. 
OnsPest  dispute  beabconp  surle.ai^e  da  la  tbMe.  ifarce 

lUlmifiSr^^ffiL*^  "^^  '*  redierdies  de  Gall, 

1  anatomic  et  la  physlologie  du  cenreau,  el  on  ne  pouvait  d^- 
toroiner  ayecexaditude  les  vices,  les  IM»s  et  les  maladies 

w^f  ^"^K? '  ^"^  '^.  ■'^**'*  P"  g^iA^eroent  assez 
insMtpour  bten/uger  les  alt<fatlon«desdiif6rentesfacolt*s 

Sf '^]!!',!i*®  "/P^"^  ^"^  "^**^  «>««  >«  ▼»ce8,  les  mala. 

«2LS^i1S"'nii]"*^^*"'  ^  ^  inanUteUtion  de  oL 
m«mtt  ftcQlt^  Qodles  contfadietimis  dans  rbptnion  ^ 

^  Jestomac,  VntUtt  la  plafaft  dans  le  foie,  an  autre  dans  les 

;  viscjsres  ou  dans  le  eysttoe  nerteux  du  bas-Ye^t^t^ 

mainlenant  on  eat  gftidraiement d'accbid  k  retimoinnli 

eerveau  eomme  le  site  imm^diat  de  cdte  maladle.  Lm 

obsenratlons  des  mMeobs  lea  plus  distingue  ont  nrao^ 

que  les  l^lons  fc  to  tile  001  «>!rvent  amenliU  Z^ 
ditoence  dont  rexplodon  n*a  eo  Ueo  sonvent  que  qudqnes 
•mite  plus  laid.  lis  ont  trouT^gfefralement,  i  PoSfStaJS 

diw  le  crftne.  Les  autopsies  dteites  par  Bloimni .  Gblsl 

Sr^i"*''" V^^ qoe  dana  la  mania,  itWtort 
-tew  k  dteence,  il  y  a  alteration  de  la  subatanw  ctebraS^ 


On  rencontre  des  changements  remarquables  dans  la  cos- 
sistance  dii  cenreau  :  tanldl  il  est  plus  dur,  tant6tpIo«  iZ^ 
tam^  dhme  consistance  ln<%ale  dans  ses  WiesfqlD 
foison  a  trdoi^des  squirrhcs,  tfes  ca'lfculs,  d^^pai^chS 
d-buiowttis  purfformes,  saiwpib^^^^^  ou  d'au|rVnatu«^n 
a  cnoonj  rewjintrti  >1a.  toftc'de  la  fotiir;  dei  alliJratiflZ;©! 
cepha»iuiis  d»une  autre  naturb  r  par  feiemple,  des  dM^ 
de  mati^fc  osseuae  sur  la  surface  tatehie  du  ^t/t 
excrdssanc^,  des  Tafsseaoi  osslhds;  e^.  «?«»  «^ 

baut,  aont  cdlesjq  agf^t  Imm^fernqot  snrie  ccttLd. 

sensuK.  ^redlngi^Gall  d  tpielqucs  autr^  ont  obserr^  qoe 
les  OS  du  crftne  dans  ces  cas  sont  devehus  teis  dure  el 
compad^^^^  .0  lieu  d'lytre  I4^imm  Ik 

le  sont  dans  la  vieillesse.  toutes  ces  observations  prooTCBl 
done  que  ie  si^e  de  la  folie  est  unlqnement  dans  le  cer- 
veau.  Qmy  si  dans  quelques  miladies  menUles  on  ne 
tronvepAsdans  Penedpbale  de  vice  qui  saute  aax  yaa 
J»la  ne  proflve  pas  qtffl  n^exisfe  r^lement  aucune  alWra' 
non  Nous  ti'avons  pas  de  mbyeiisjiour  lager  des  cbaiute- 

atfrcment  dans  la  texture  des  fibres  dn  cerveaa  ou  dus 
cdtotfesnerfs,  quand  ces  parties  sont  alTectte  d-une  maladk 
qudoonque;  1 

^  guAlson  de  la  folle  eat  toujours  fnderfaine  d  dfflidie, 
^  que  soR  le  traitement  qu'on  emplofe  poor  cd  effet 
Dto  souventte  gu^risdns  sont  incomplMes  et  les  recbutes 
J2;WquCTt«.  La  folic  li^dltalre,  cetTe  des  personnes 
agte  on  6puiste  par  des  exote,  ou  mal  organis<{es  dans 
^cervea^i  sont  presqae  Incurables,  alnsl  que  les  mono- 
manias qui  d^ndent  d*un  d^vetoppement  trop  coosidi^e 
imlllliSu  ^f^^iS  diJtermind.  Dans  ce  cas,  ii  est  prenae 
impossible  d'affaiblir  son  adivit^  par  un  traitement  qoel- 
eonqoe.  Les  folies  qui  reconnaissent  uMe  cause  acddeoteUe. 
la  frajeur,  la  colore,  raccoochement,  celles  dont  llnTssioa 
Mt  sttblCe,  dc. ,  sont  plus  facHes  k  gudrir.  Esqulrol,  qui  a 
m  beaucoup  de  redierdies  sor  la  stetistlque  des  alkb6;. a 

I^ZT^sL^^  '^  P*°'  ^^^^*»'«  P^"''  »a  gu^rison  ^ 
de  vingl  k  trenfe  ans ;  pas.^  les  dnquanie  ans.  les  «u^ 
nsons  sont  tarts.'  Il'n  observe  qu'dles  ont  lieu  piddl  an 
prmtemps  d  k  Tautomne  que  dans  les  autres  saisons,  el  que 

1  5  ^*^*  '*  ^^^  ^  ^^^  ^^  >»  IMiralysie,  de  I'epi. 
Icspsie,  est  incurable.  Gcoiigd.  0ji  a  fait  de  sages  obserra- 

ln.Sl  '''"!l  ^'*  .*^"*  *"****«  fflablisaements  Men  feniis 
?L^**"  ™^*"  *®  'I"*^'  et  8<^ui^ent  iilus  du  tiers  des 
vlntZ'*^.^?^^'  qu^  roflgu(!rit  plus  de  fooseD 
u!T!L?^  •"  An^terre,  puis  en  Allemagne,  qne  dans  toes 

Z^^^F?^'  ®ij*  ''PPOrtfi*  ^'api^  Esquirol,  le  nombre 
comparatif  dea  gu^risons  obfenues  dans  divers  dabli9se> 
menls  etrangera.  Nous  avons  pu  nous  convaincre  que  loss 
ces  calcuk  statiatiqnea  sont  foud^t  sur  des  donnte  erroa^ 
aur  des  dteents  qui  ne  peuvent  pas  «tre  compai^  eofae 
eox ;  et  consdquemment  les  conduslona  qu»on  en  tira  ne  soot 
pour  nous  d^aucune  valeur. 

Aprfes  ce  quia  d^  dit  eo  parlant  de  la  dtimenoe,  II  ne  nous 
reste  rien  k  dire  pour  le  traitement  d'une  teUe  maladle.  II 
en  est  de  mtee  de  Pidlotle  et  de  TimbWIlit^  de  naissaooe. 
Quant  4  la  manie,  die  est  guArisaable,  d  11  fad  leplos 
promptement  possible  employer  les  aeooun  de  Part,  li  oa 
yeut  la  guAir.  Nous  pouvons  mettre  deux  moyeoseo  osagB 
*  cd  dfd :  ceux  qui  modiflent  le  cerveau  par  reseidoe 
mtee  de  aes  foudions,  d  ceux  qui  appartfenneot  direcle- 
in«U  la  tbtepeutique.  Que  Pon  fksse  attention  que  les 
aaftatt  oonservent  la  sensation,  bi  perception,  la  mteHre, 
le  jogeraent  jwur  pludeun  facultds,  quHs  conservent  la  plus 
grande  parUe  des  connaissances  acquises ,  d  qne  les  qna- 
uiMdeleur  esprit  sont  seulement  alt^rte,  malsne  sont  pis 
aetruites.  Lart  done  doit  s'occuper  k  radrasser  ces  tea- 
menta.  Pour  le  traitement  de  hi  folic,  IHsolement  da  maiade 
w  de  la  premite  bnportanoe;  H  Mt  dre  a4»ai4de  im 


FOLIE  —  FOLIGNO 


527 


parenUf  de  ses  domestiques  et  de  fous  les  objets  qoi  ont 
determine  rali^nation,  oa  qui  l^eotretienDeot  et  raggravent. 
Noas  insfetoas  sur  ce  moyen,  et  nous  le  recommandons 
cofnmc  indispensable. 

Les  ali^n^  ne  soot  en  g^n^ral  bien  traits  qae  dans  les 
hospices  destine  aa  traitement  de  ces  malndies.  NOos  you- 
Prions  nous  ^tendre  sur  ee  sujet ;  mals  nous  detons  iious 
contenter  dMndiquer  sfmplement  cooune  mesure  'g^n^rale 
les  dispositions soiTantes.  Un  hospice  d'a  1  i^ n 6  s  dottayoir, 
outre  les  diTisions  prindpales  poor  les  sexes,  un  quartier 
Im\6  pour  les  ali^s  agit^  et  bruyants;  un  pour  ceux  qui 
MQt  ea  dtoence  et  pour  les  imbues,  et  un  enfin  pour  ceax 
qui  seraient  attaqu^s  de  maladies  communes  aeddentelles. 
One  cour,  un  jardin,  seraient  n^cessaires  poilr  chaque  divi- 
sion; il  faudrait  que  les  babitations,  da  luoins  potir  les 
ali^A^  agit^,  fussent  au  iwde-chausste,  et  que  lears  loges 
fussent  bien  a^rte,  garnles  d*un  Ut  soUde  ftx^  au  Sol;  il 
faudrait  que  I'eau  pOt  ^'y  trouver  en  abondance,  pour  entre- 
tenir  partout  la  plus  grande  propretd  possible;  il  font  que 
le  directeur ,  les  surteillants  et  les  senriteurs,  soient  des 
personnes  habUes  et  bien  instruites  dans  le  traitement  des 
aii^te,  pour  saToIr  se  les  attacher,  et  exercer  sur  les 
malades  llnfluence  n^cessaire.  Un  r^ement  sagement 
combing  doit  apporter  Tordre  dansle  serrice  de  T^tablisse^ 
ment  Lonque  les  fous  sont  ftirieux  ou  quells  ont  un  pencbant 
au  suidde ,  ou  bien  quelque  mauyaise  habitude,  il  est  n6ces- 
aaire  de  les  contenif  avec  la  camisole ,  pour  empteher  qa*U 
ne  leuir  arrive  da  mal,  ou  bien  quHis  ii*en  (assent  Les 
injures,  les  mauvais  traltements,  les  viotences  et  les  chatnes 
doivent  etre  bannis  pour  toujoara  du  traitement  des  ^U^n^ 
Georget,  dans  son  excellent  ouvrage  sur  la  (bUe,  (rt)sefve 
sagement  qu'on  pent  rapporter^  trois  prindpes  tootesles 
modifications  qu'on  doit  diercher^  fidre  oaltre  dansl'exerdce 
de  rintelligeiice  chex'les  ali^i^  :  1*  ne  jamais  exciter  les 
id§es  ou  les  passions  de*6e8  malades  dans  le  sens  de  lear 
d^Iire;  2<>  ne  point  combattre  directement  tes  id^es  et  les 
opinioQS  d^alsonnables  de  ces  malades  par  le  raisonnement, 
la  discussion^  Topposition,  la  contradiction,  U  plalsanterie 
ou  ia  raillerfe;  3®  fixer  lear  attention  sar  des  ob)e(s . jfitranp 
gers  au  d^lire,  commanlquer  k  leur  esprit  des.id^es  et  des 
aCTectionsnouvelles  par  des  impressions  diverses. 

Pour  le  traitement  de  la  mante  partidle,  qud  nbus  regar- 
dons  comme  le  rteultat  de  I'actitit^  et  de  )*exerdce  involon- 
taire  d^un  organe  c^^nd  surexdt^,  void  ce  qu*il  y  a  1^ 
faire.  CTest  Gall  m6me  qid  noas  6claire  sur  ce  scjet.  Du 
moment,  dit-0 ,  qu^un  m^dedn  s*aper^it  quhme  personne 
est  menac^e  d'une  manle  partielle,  U  faut  lul  consdller  de 
renoncer  h  ses  occupations  ordinalres,  de  se  disbralre,  d*en- 
treprendre  un  voyage,  de  se  bire une  noovdld  occupation 
favorite :  par  ce  r^ime  les  organes  trop  fortement  ii^rit^ 
Irouventroccadon  de  serefaire  pendant  que  d'autres  organes 
rempUssent  leurs  fondions  avec  plus  d'activit^.  Lorsique 
Texaltation  d'on  oi^ne  est  parvenue  atr  point  quo  son 
action  devient  Involontalre,  tons  les  conseils  que  f^on  donne 
aa  malade  sont  iautiles.  C'est  alors  qull  appSirtlent  au 
medecin  et  aux  procbes  de  le  trahK)[>la&T«r  dans  dn  mOnde 
nouveau  de  sentiments  et  d'id^;  et  de  r^velUer  Tactivit^  des 
offiganes  qui  Jusque  U  ^talent  testes  presqoe  dans  llnacliott ; 
do  provoquer  en  lul  des  pasaions  nouvelleS;  de  lul  faire 
prendre  un  goAt  d6ddd  pour  des  occupations  qui  Jusqde  \k 
lui  ^talent  6trang^res,  eC  de  donner  ainsi  aux  organes  trop 
fortement  irrii^  et  aflkiblis  le  temp^  de  reprendre  leur  ton 
oaturel  et  de  rentrer  sous  reropire  de  leur  action  r^ll^fe. ' 
Les  ali£n^  n*ont  pas  besdin  d'un  h^'me  alimentaire  parti-, 
culler.  It  y  a  des  ali^^squi  refusent  todte  ttouiiture  par  <)es 
motifHlmaglnaires  :  ceox-d  doivent  6tre  nourris  malgr^eux, 
fnoyefknant  une  soflde  Intfoduite  dans  l^oesophage,  par  la- 
qudle  on  fera  passer  des  substances  Hquides  nourrissantes. 
II  y  a  des  malades  qui  vomissent  k  volont^  les  aliments 
qu  on  leur  bit  passer  ainsi  dans  Testomac :  ceox-d  sont  irr^- 
parablement  perdus.  Les  ali^n^  doivent  Hrc  V6tus;  les 
turbnleuts  serontcontenus  par  la  camisole  ou  tes  antra  ves  aux 


pieds.  Il  est  utile  ep  g^n^ral  que  Jes  ali^n^s  se  preminent  et 
fessoit  da  mouvement\ 

Quant  au  traitement  interne  ou  th^rapeutiqoe,  nous 
sommes  ferc^  de  dire' que  presque  tods  lesm^ecins  sesont 
conduits  jusque  id  comme  des'ayeogles;  lb  oat  essay^  de 
tout,  etde  (otrtes  sortes  demMlcaments,  et  toujoors  sansMre 
dirig^  par  des  prindpes  soUdes,  ayant  Jusque  id  m^comrn 
la  nature  de.  ta  maladie  ou  la  mantle-  vMtable  d'agir  des 
substances'  mMlcinales  sar  nos  fonctions-vitales.  Nons  dirons 
peu  de  mots  k  ce  suJet.  Les  observationa-  et  les  recherches 
les  plus  rtontes  nous  portent  k  consider  la  folie  dans  son 
commencement  conune  la  suite  (Pune  surexdtation  ou  d'une 
sorte  dlnflamrnation  da  cervean,  oo  de  quefqu'une  de  ses 
parties.  Nous  devons  consider  ensoite  la  ddmence-  qui*  suit 
la  manie  ou  la  monomanie  comme  la  consequence  dc  Tin- 
flammation  qui  a  prte^d^,  comme  le*  r<^ultat  positif  d*ane 
alteration  orgsnique  de  l'eDe6phale.  Ges  prindpes  adoiis, 
nous  atiroris  un  gaid>'  dans  le  traitement  de  la  folic.  La 
saign^e  sera  done  utile,  presque  toojours,  au  commence^ 
mentde  la  manle  ou  dela  monomanie,  paiticufi^ement  sur 
les  individos  piethoriqoes  et  fous ;  et  on  pourra  la  r^peter 
plusieurs  foift  trte-utilement.  Dans  la  d^mence,  die  sera 
gen^ralement  inutile  ou  dangereuSe.  'Le  kcteur  entendre 
fadiement  mafaitenant  poarquo!  prfcisetpent  dans  ces  cas 
die  n^a  pas  r^ussi,  et  comment  tei  praticiens  ont  pa  abuser 
de  ce  moyeo.  «atlaiaire.  Lesmemes  piii^dpes  doivent  diriger 
le  medecm  dans  I'vmploides  bains  :*  II  lul  sera  fedlede  se  ren^ 
drecvroptedel'utilitegteeitledes  bains  tiMeset  de  rattlfte  de 
Tapplication  de  I'eau  (h>ide  ou  de  la^ce'siirla  t^  dt  malade, 
comme  il  reponnattra  rabsoidiU  de  Tosage  decesdooches 
Tiolentes,'par  lesqaeHes  phu  souvent  on  noit  aux  malades 
en  dnnnant  one  trop  fcnrte  secoosise  k  Sear  cerveao.  Les 
boissons  aqueuseson  acidaiees,'domiees<  abondamment, 
sont  utiles  dans  la  aiaiie.  Lea'porgatUSs  sont  conseilies  dans 
le  plus  grand  nombre  de  cas  par  tous  les  miMedas.  Et  nous 
^royoAB  quit  n'y  a  pas  de  medicame&t  plttsefBcadB  que  les 
purgations  dans  le  trsdtement  de  toute'sorte  d^alienation. 
On  a  trouvd  les  vomitlA  sbuvent  ntfles ;  et  ils  peikvent  fitre 
employes  avec  beaacoup  de  succes.  Cox  flf  prendre  k  des 
allies  plusieurs  grains  cPemetique  par  Jo«ff  k  dosesfhustlon- 
oees  »apres  lesvondtifii,  fl  plice  la  dictate  comme -lemefl-^ 
leur  remMe  contre  lai'folle.  Novsaroni  eu  foccasioa  d*^ii 
constater  IhilOlte,  et  vom  ia  reconmiandons  aux  pratidens. 
LVipium,  vante  par  qudques-uni^,  a  ete  troufe  nuiflible  par 
la  plopart  des  pratidtfis,- ainsi  que  Id  ^mt>hre,  le'muse  et 
plusieurs  aatres  subataaoes  deb'mtoe  natuffg/I^mdon, 
qui  a  pu  etreutOe  qadqoefois,  a  ete  encore  plus  sewent  inutile 
ou  nuisible  rfl  en  est  dememeda  pirouetteihentetde  quel- 
ques  autres'  moyenS'^mecaniqaes  qae'ndus'ivons  vu  prOner 
^vec  entbooslasaie  et>  tomber  en  oeUi'  'i^resqae  en  m«ine 


temps. 


ii  t  >t 


D*  FosaATf . 


FOLIB.  II  i  avalt  autrefois  daasr  Paris  un  aasea  grand 
nombre  de  maisonsde  plaisance  enteureeadejardins,  que  Ten 
avalt  baptisdes  de  ce  nom'i  telles  etaient  la  Folic  Ileaiijon,  la 
Folie  Mdrieoifft,  la  FoUe  Ittdieleu,  la  Folle  de  Chartres,  la 
Folie  Genlis,  etc.  ,'soit  parde  que  c'eiaient  pour  la  plupart 
des  petltesmalsons  obsefaisaient  pas'malde  foties, 
soitparce  qtle  leur  cdnstrucUbli'et  lew  ameublemeut  avdient 
coQte  des  ^mmes  folles;  •        < 

.  FOUQNO  6a  FtlLlGNO;' vfUeetevedte  de  la  tieiegation 
de  Perogia^i&tat^de  r£gKse)',  6bsjA  ta  charmaate  e(  fertll<9  val- 
lee  dii  Topfno  et  aupdnt  dejoncfibn  de^  tbutes  oonduisant 
dcFlorence  k  pQrugia,  deFino  etd'Ancooe^  Rome.  Les  rues 
en  sont  fort  legcdtteei,  et  on  y  voit  qnelques  beaux  ddfflces , 
pai"exempIelepaIai»fiama(bo;  lethdfttre,  VblMetde  ville, 
lad-defant  eglisedes  Fracdscains  et  realise  ded'-AiilsMstlns; 
Lei  9,000  babltanta,  independamment  d^autl^:  industifes, 
produisent  beaucoupde  soieet  font  un  codHtteroe1mpef' 
tant,  notanmient  en  papier,  poor  la  fabrication  doqod  eette 
ville  est  renommee,  et  auasl  en  soie,  qni,  Avec  celle  de  l^os- 
somhrone,  passe  poor  etre  la  mdlleurequ*on  Tecolte  daas 
tous  les  £;UU  de  I'^glise.  Les  confitures  de  FottgiK*  sent 


538 


FOLIGNO  —  FOMENTATION 


^galement  en  grande  r^puUtion.  Les  anciens  remparts  de 
cette  Yille  ont  ^t^  traDsformte  ea  promenades.  L'^gUae  San- 
nicolo  posa^  qadques  bonnes  toiies  deNicolo  Aiunno; 
la  Madonna  di  Foligno,  par  Raphael^  qu*on  y  Toyait  an- 
trefoiSy  ome  aojourd'hni  le  Vatican. 

Foligno,  dans  TantlqaiM/'uZ^itii  en  Ombrie,  derenn  plus 
tard  municipe  romain,  appel^  an  moyen  Age  Fulignum^  fut 
ddtruit  en  1281  par  les  habitants  de  Perugia.  Quand  cette 
Yille  eut^t^  reconstruite,  eile  demenra  sous  la  domination 
de  la  familie  Trinci  jusqu'k  ce  qu*en  1439  le  cardinal  Yitel- 
leschi  Tout  soumise  au  saint-si^.  Au  piintempa  de  1832, 
elle  souffrit  beaucoup  d'un  tremblement  de  terre.  A  Palo , 
Yjllage  voisin,  sur  la  route  d'AncAne,  on  Toit  une  grolte 
renfermant  ^e  remarquablea  stalactites. 

FOLlIF£R£  (daJbliuw^/oHit  feuiUe,  et/ero,  Jeporte), 
qui  porte  des  feuilles.  Cette  ^ith^te  s'applique  surtout  aux 
bourgeons  h  feuUles. 

FOLIO,  expression  italienne,  on  empruntte  du  latin , 
que  Ton  a  traduileenfrancais  par  le  moi  feuilleL  hd/olto 
se  compose,  dans  les  imprim^  et  les  manuscrits,  de  2  pages, 
dont  la  premises  s'appelle  recto,  et  la  dcuxi6me  rerso. 
Cette  expression  s*applique  aurtont  aux  liyresde  commerce. 
On  appelle  aussi  foUo,  en  style  typograpbique,  le  chittn 
qu'on  met  au  baut  de  chaque  page.       Ddfet  ( de  rvoooe). 

FOLIO9  (In-).  Voyez  Fobmat. 

FOLKESTONE)  paroisseetbourg,  I'un  des  Cinque- 
Ports  d*Angleterre,  dans  le  comt^  deKent,  k  dix  kilom^ 
tres  sud-ouest  de  Doovres,  sur  les  bords  du  Pas-de-Calais, 
avec  une  population  d^environ  4,500  habitants.  11  y  a  un 
bureau  de  douane ;  son  petit  port  ne  pent  pas  contenir  des 
b&timents  jaugeant  plus  de  900  tonneanx.  U  s*y  fait  une 
ptehe  active  de  poiasons  recherche.  Folliestone  estd6fendu 
par  de  petits  forts,  et  ses  btaux  dtablisseracnts  de  bains  de 
mer  soot  tr^fr^nent^.  Communications  r^guli^es,  au 
moyen  de  paquebots  k  vapen  r,  avec  la  France  par  Boulogne ; 
chemin  de  fer  pour  Loodrea. 

FOLLE  ENGIIERE,  ench^requia  lieu  quand  Tad- 
judicataire  d'une  enchte  pr^cMente  ne  pent  satishiire  4  ses 
conditions;  cette  nouvelleencb^  est  faite  k  ses  risques  et  p^ 
rils;  les  frais  en  sunt  k  sa  charge;  et  si  ra4|udication  a  lieu 
k  un  prix  moindre  que  celui  quil  ayait  offert ,  il  est  respon- 
sabie  par  toute  toie  de  droit,  et  mtoie  par  I'exerdce  de  la 
contrainte  par  corps,  de  la  dllTdrence  eoTers  lea  crdanciers 
poursuivantre&propriation.  Celui  qui  a  mis  l^toment,/o/- 
Umeni  son  encbto,  soit  parce  qu*il  esp^rait  qu'elle  serait 
cou?erte ,  soit  parce  qu'il  aTait  trop  pr^um^  de  ses  res 
sources,  doiten  elTetfitre  responsable  du  tort  quil  occasionne. 
Si,  au  contraire,  lasoconde  encli^  monte  au-dessus  de  la 
premi^,  le  fol  ench^isseur  ne  doit  pas  en  profiler;  le 
surplus  appartient  anx  cr^anciers  dela  pariie  saisie,  ou  sHls 
sont  d^sint^ress^,  k  la  partie  saisie  elle-m6me.  La  folle  en- 
chtee  pent  6tre  poursniyie  lorsque,  dans  les  Yingt  jours  qui 
8ui?ent  ('adjudication,  Tadjudicataire  ne  juslifie  pas  qu'il  a 
pay^  les  frais  de  la  poursuiteet  satisfaitaux  conditions  et 
cliarges  de  I'adjudication ;  urn  certificat  du  greffier  peut 
Gonstater  le  non-accomplissement  de  ces  conditions.  Si  dans 
rintervalle  de  Tftdjudication  pr^paratoh«  k  Tadjudication 
definitive  k/olle  enchtre,  le  fol  encbdrisseur  vienl  justifier  de 
Taccomplissement  des  conditions  et  consigne  les  frais  anx- 
qneU  il  a  dound  lieu,  radjudicatalre  ^yentnel  est  d^harg^, 
'  et  le  fol  eDcb^risseur  deinenre  en  possession  d^finitiTe.  La 
!  veute  k  folle  encbto  r^soudcompldtement  les  droits  du  fol 
'.  enchdrisseur  sur  ia  propriety  adjug^e :  les  charges  dont  11  a 
pu  la  grever  sont  annul^  par  cela  m6me,  aanf  cependant  les 
baux  fails  sana  fkaude  et  de  bonne  foi,  lea  congas  donnas 
aux  locatalres  ou  fermiers. 

Tous  ces  principes  sont  applicables  aux  Tentes  mobi- 
litres ;  mats  dans  le  cas  de  non-payemen  Imm^at  la  re- 
Tente  a  lieu  dans  la  m6me  stance. 

FOLLET  ( Feu  )•  Voyez  Feu  Folust. 

FOLLETS  (Esprits).  Yoye%  Espiuts,  Elfes,  Lltim, 
D11K9IS,  Fec  Follet. 


FOLLETTE.  VoyeM  Aaiocn. 

FOLUE  VIE  (Femmes,  Filles  de).  Foyes  Pioarmmoa. 

FOUJCULAIRE,  toivain  de/euUles,  de  jounuox. 
Ce  mot  ne  s'emploieque  d*une  manito  ironique  e(  par  m6> 
pris.  11  n*est  gu^  d'osage  que  depuia  une  sdxantaine  d'ta- 
nte,  et  ne  se  trouTe  que  dans  les  lexiques  modemes.  n 
est  probable  que  ai  du  temps  de  Voltaire  Texpressioii/o^ 
lieulaire  M  di^k  passte  dans  le  langage,  il  eOt  doim^  ca 
litre  k  aon  Frilon  de  Vieossaise,  qu'il  qualilie  simplenMn^ 
d'^cfivcAn  de/euUles,  expression  pen  precise  et  peu 
nette.  Dans  cette  com^e,  qui  n'^tait  qu'un  vrai  iibelle  cob- 
tre  Fr^ron,  on  trouTe  cette  definition  de  V6criv€in  de 
feuilles  &ite  par  lui-mdme  :  «  Si  tous  avec  quelqoe  ami  a 
qui  TOUS  Touliei  donner  des  eiogas,  ouquelque  auteorl  prot6> 
ger  ou  d^crier,  il  n*en  coOte  qu'une  pistole  pAr  paragrapiie. » 
Le  folllculaire  est  au  joumidiste  ce  que  le  pamphlitain 
est  k  I'auteor.  Un  folliculaire  est  un  auteur  p6riodiqiie ,  i 
ia  fois  ignorant,  Ugec  et  impudent  Dans  les  joornau 
Merits  durant  notre  premiere  r6Tolution,  les  ecrivatns  de 
parti  se  sont  reuToyd  jusqu'lt  satire  cette  ^itti^e ;  et  il 
faut  aTouer  que  de  part  et  d'autre  lis  la  m^taient  assei. 
Les  auteurs  critique  par  le  fameux  Geoffrey  fontptot 
d'une  fois  traits  dtJolllaUaire.  Malbenreusemedt,  ^at- 
taques  frappaicnt  toujours  juste;  etmalgre  leur  Idg^retd  ma- 
USrielle,  les  fisuilies  sur  lesquelles  il  les  toiTait  avaieatda 
poids  comma  ceuTre  de  goOt.  Joseph  Lingay ,  dl^ve  et  ami 
du  professeur  Luce  de  Lancival,  I'autear  de  la  trag^die 
d* Hector,  outrageusement  critique  par  GeolTroy,  a  fait 
contre  ce  dernier  un  po&ne  saUiique  intitule  Follkulut 
( 1815).  Charles  Du  Rozonu 

FOLUGULE  (de/oUtcfi/tis,  petit  aac).  En  anatomie, 
ce  motestsynonymede  crypte.  En  botanique,  on  appeile 
follicule  tout  fruit  form^  d'une  valve  pli^  dans  sa  longueur 
etsoud^  par  aes  bords,  comma  dans  lea  ascl^piades. 
Les  grainea  aont  fix^  tout  le  long  de  la  auture  sur  no  pla- 
centa, qui  se  d^tache  k  T^poque  de  la  maturity.  Cast  done 
improprement  qu'on  a  donn^  le  nom  de  follicule  It  la  si- 
ll q  o  e  du  atod. 

_  FOLQUET  DE  MARSEILLE.  Foyex  Foolqubs. 
~  FOLZ  ou  VOLZ  (Hams),  c^^re  meUtersxnger  de  la  se* 
conde  moiti6  du  quinzitoie  et  du  conunencement  du  seiiidne 
aitele,  originaire  de  la  Tille  de  Wonns,  T^cut^  Nuremberg, 
oil  ilexer^aitla  proflBssion  de  barbier.  U  fut  des  premiers  qui 
introduisirent  dans  la  litt^ature  allemande  le  genre  drama- 
tique  d^sign^  aoua  le  nom  de  Gesprxchspiele  (dialo^es 
comiques),  en  donnant  aux  noels  une  forme  plus  partaile. 
On  a  consenr^  quatre  de  ces  pitees  qui  furent  imprim(?es  k 
Nurembeiig,  de  ib\9k  1521.  Folz  prit  une  part  active  k  la 
propagation  de  I'invention  de  Timprimerie,  ainsi  qu'k  oelJe 
des  r^formes  introduites  dans  I'Eglise  par  Luther. 

FOMEINTATION.  On  d^gne  par  ce  nom,  d^riv^  da 
Terbe  latin  fovere,  ^chaufTer,  fomenter,  ^tuTcr,  une  m^i* 
cation  ext^rieure  trto-Tarite,  et  qui  ne  justifie  pas  toujours 
I'^tymologie  que  nous  venous  d'indiquer.  La  fomentatioa 
proprement  dite  consiste  dans  I'emploi  d'un  liqoide  chaod, 
aTec  lequel  on  arrose,  on  laTC,  on  baigne  une  partie  ma- 
lade.  Cest  une  sorte  de  bain  local,  dont  Taction  se  rapprocbe 
beaucoup  de  celle  du  cataplasme,  surtout  quand  on  laisse  k 
demeure  sur  la  partie  les  lingea  dont  on  a'est  scrvi  pour  pra- 
tiquer  cette  op^tion.Le  laittiMe,  les  decoctions  de  graine 
de  lin,  de  raclne  de  guimauve,  sont  ainai  fr^ueiiuiieut  em- 
ploy^ dans  les  inflaramatiousde  I'estomac  et  du  veolre.  Ce 
bahi  modifiel'^tat  de  la  pean  sous  plusieurs  rapports ,  el  il 
est  un  auxiliaire  utile  an  traitement  gte^ral.  On  pent  em- 
ployer aInsi  un  grand  nombre  de  substancea  m^iciliales ;  et 
les  fomentations,  au  lieu  d'Mre  toollientes  oouune  les  pre- 
(Rentes,  peuvent  6tre  toniques,  astringentes,  stimolaa* 
tes ,  etc. ;  d  anient  mieux  que  le  vin,  Teau-de-Tie,  peavent 
servir  de  vehicule  comme  Tean.  Au  lieu  d'employer  des  li- 
quides  chauds  pour  pratiquer  les  fomentations,  on  les  em- 
ploie  aussi  k  froid ,  et  roenie  k  T^tat  de  glace  :  c'est  ni£mc 
une  mMication  ^ncrgiciue. 


FOMENTATION  —  FONCTIONNAIRES 


On  peut  aassi  oonsid^rer  coniine  fomeDlations  les  appli- 
catioM  de  sable,  de  son  cbaulTdy  qu'on  emploie  poar  rap- 
peler  la  chaleur  sur  une  partie  refroidie :  a*est  une  ressoorce 
dont  on  a  fait  ua  grand  usage  pour  richauffer  les  chol^ri- 
ques.  Si  one  partie  dtait  devenue  insensible  par  Taction  da 
froid,  qn'elle  fAt  congel^ » il  faudrait'bien  se  garder  de 
cbercher  h  j  rappeler  la  chaleur  par  des  fomentations  chaudes 
et  stimulantes.  IF  Charboiihicb. 

FONCEMAGNEC^TiufifBLAURgAULT  OB),  mem- 
bre  derAcad^raieFran^alse  et  de  TAcad^mie  des  Inscriptions 
et  Beiies-Lcttres ,  n^  en  1694,  k  Orl<^s ,  fit  quelque  temps 
partie  de  TOratoire ,  et  devint  sous-gouTeineur  du  due  de 
Cliartres  en  1753.  Ce  fat  lui  qui  pr^sida  k  la  publication  da 
Testament  du  cardinal  de  Richelieu  (2  rol  in- 8%  1764). 
II  soutint  que  ces  m^moires  ^taient  authentiques ,  contre  IV 
pinion  de  Voltaire,  qui  les  attribuait  k  Tabb^  de  Bourses. 
«(  Nous  ignorons ,  dit  Sabathier,  si  Foncemagne  a  fait  d^au- 
tres  ouTrages  que  ses  Lettres  d  M,  de  Voltaire  au  sujet 
du  Testament  politique  du  cardinal  de  Richelieu;  mais 
ces  lettres,  ^.rites  avec  autant  de  politesse  que  de  jugement, 
donnentune  id^  avantageuse  de  son  esprit,  de  son  Erudition 
et  de  la  facility  de  son  style.  II  n'y  a  peut^tre  que  M.  de 
Voltaire,  dans  le  roonde,  capable  de  persister,  aprts  les 
avoir  lues ,  nous  ne  disons  pas  k  croire ,  mais  k  soutenir 
que  le  ministre  de  Louis  XIII  n*est  pas  Tanteor  da  Testa- 
ment qui  porte  son  nom.  »  Foncemagne  jouissait  d'uiie 
grande  autorit^^  TAcad^mie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres ; 
on  le  consoltait  sur  toutes  les  d^sions  k  prendre.  II  pos- 
s^ait  de  grandes  connaissances  en  bibliograpliie.  Quoique 
jans^^niste  de  conTicUon ,  il  serecommandait  par  une  grande 
douceur  de  caract^re  et  par  une  conversation  d*un  cbarme 
inexprioiable,  qui  atUia  cbez  lui  les  personnes  des  deux  sexes 
les  plus  distingue  de  son  temps.  II  moamt  k  Paris ,  le  26 
septembre  1779.  Champagnac. 

FONGIER,  FONCl£ilE,  d'emploie  pour  d^gnertout ce 
qui  est  relatifaux  funds  deterre,  aux  imroeublea,  au  sol; 
ainsi,  on  dit  en  ce  sens  propri^taire  fonder  ;  \Apropriui 
fondh'e,  c'est  celle  qui  est  ^tabiie  sur  le  fonds  d^une  terre ; 
Vimpdt  fonder  ou  contribution  foncitre^  c'est  celui 
qui  est  ^tabli  sur  les  immeubles,  sur  les  biens^onds  de  cette 
nature  ;le  credit  fonder  s*entend  des  institutions  de  cr^ 
dit  dont  on  a  voulu  doter  cette  propri^t^,  sisouTentd^yo- 
r^  par  Tusiire. 

FOiVClERE  (Contribution),  une  des  quatre  contri- 
butionsdirectes  principales.  EUe  frappe  tous  les  immeu- 
bles, propri^t^  bAties  et  non  bdties.  Sent  excepts  de  la 
contribution  fonci^re  :  l**  les  voies  publiqiies ,  les  rivieres, 
les  ruisseaux ,  les  Edifices  affects  ^  un  service  public  qui 
appartieunent  k  Tj^tat,  aux  d^partementset  aux  communes  \ 
2^  les  montagnes  et  les  dunes  en  voie  de  reboisement, 
les  terres  incultes  et  les  marais  dont  on  entreprend  le  d6  f  r  i- 
chement  et  le  dess^chement. 

Les  immeubles  sont  soumis  k  rimp6t  fonder  d'apres  leur 
revenn  moyen,  calculd  surun  certain  nombre  d'ann^es.  La 
•jdoiribution  foncidre  est  un  imp^t  de  repartition.  Les 
tt*partiteors  op^rent  d^apr^  les  r^ultats  foumis  par  le  ca- 
dastre. La  fixity  des  contingents  fenders  est  admise  par 
Fusagc ;  cependant  ils  sent  augment^s  ou  dimlnu^s  cbaque 
4nn^  diraison  des  maisons  et  usines  nouvellement  construites 
ou  d^noUes. 

FOr^GTION  (Math^matiques),  Toute  quantity  qui 
est  ex[>rim^  au  moyen  d*une  ou  de  plusleurs  autres  quan- 
tiC6»  t;».  une  fonction  de  ces  derni^res.  Ainsi ,  quand  on 
dit  que  la  surface  d^un  rectangle  est  ^le  au  produit  de 
sa  h^  par  sa  liaut  ur,  ou  donne  la  valeur  de  cette  sur- 
face CD  fonction  k  ses  deux  dimensions.  Pareiilement, 
si  on  p<  se  I'^galit^  y  ^=a'\-bx  -{-cx^,  ^  est  une  fonction 
de  la  v.iriable  x  et  des  constantes  a,  b,  c.  On  re- 
print d^une  mani^re  g<^neralo  la  relation  qui  unit  une 
ioneti#n  avecane  variable,  par  Tune  des  notations stiivantcs: 
P  (j;),  /(^)M^)9  ^Ic.,  qui  s*6noncent  toutes  <^alement 
•  onction  de  x^  k  moins  que  plusieurs  d'entre  elles  nese 

DICr.  M  LA  COMTBRS*  «-  T.  IX. 


trouvcni  dans  le  m^mc  calcul,  cas  dans  lequel  on  £iit  9uivre 
ie  mot  fonction  du  nom  de  la  caract^ristique  employ^, 
soit  F,  soit/,  soit  9,  etc.  Les  notations  i^V  (x,  y), 
u^fxy^z),  etc.,  indiquent;  la  premiere »  que  «  est 
one  certaine  fonction  des  deux  variables  x  ^  y;  la  se- 
conde,  que  u  est  une  autre  fonction  des  trois  variables  x^  y 
et  2 ,  etc. 

Regarder  une  quantity  comme  fonction  d*une  autre,  c^est 
admettre  que  les  variations  de  la  premiere  dependent 
des  variations  de  la  seconde.  Prenons  pour  exempie 
ys3x  —  2;yestld  exprim^  en  fonction  de  x;  si  Ton  fait 
successivement  x  ^  ^  1 ,2 ,3 ,4  ,etc.,  on  a  pour  y  les  va- 
leurs  1  > 4,  7, 10, etc.  Mais  ceUe relation  entre  x^y ^tant 
oonsid^rte  comme  une  Equation ,  rtelvons-la  par  rapport 

y+2 
k  x;  il  vient  j:=  — -—  ;  on  peut  alors  dire  que  x  est  une 

fonction  dey,  et.si  Ton  donne  k  y  les Valeors  1 ,  2, 9,4,  etc., 

4    5 
on  trouve  poor  x^  1,-r  --,  2,  etc.  La  seconde  fonction  est 

u     3 

dite  rMproque  de  la  premiere.  Toute  Equation  k  deux  incon« 
nues donne  lieu  k  la  m6me remarqne.  C*est  ainsi  que,  dans 
r^quation  d'une  conrbe,  on  peut  prendre  soit  I'absdsse 
en  fonction  de  Tordonnfe ,  soit  Tordonn^  en  fonction  de 
rabsdsse. 

Les  fonctions  sent  explidtes  on  impli  dies  :  if  =  F 
(x,  y,x),  est  le  ty pe de  la /^cf  ion  ej^/fd^e,  c^est-^-dire  qu'on 
en  pent  d^utre  imm^diatement  la  valeur  de  celles  qu*on 
attribue aux  variables ;  au  contraire ff{x,y)  =  o  ett  one 
fonction  imp/icife,  car  pour  avoir  Tone  des  variables  en 
fonction  de  Tantre  il  faut  r^udre  T^aation.  Consid^r^ 
S(»ns  un  autie  rappert,  les  lauctions  se  divisent  en  alg4- 
briques  et  transcendantes :  le& fonctions  alg^briques  sent 
form^es  par  les  operations  ^Itoientaires,  addition,  soustrac- 
tion,  multipUcatiott ,  division,  d^vation  anx  puissances^ 
extraction  de  radnes;  les /encfionj  transcendantes  sont 
celles  6tL  la  variable  est  engage  dans  des  quantity  expo- 
nentidles,  logarithmiques ,  trigonom^ques ,  difr($rentiel- 
les,  etc. 

Les  Conclionsalg^briques  explidtes  se  subdivisent  en/onc- 
tions  rationnelles  et  en/oncfioiu  irrationnelles,  les  unes 
ne  contenant  que  des  puissances  enti^res  de  la  variable, 
les  autres  renfermant  des  termes  oil  la  variable  est  affect^e 
d'un  radical ;  x*  +  px  est  one  fonction  rationneile de  x ; 
X  +  \/^  est  une  fonction  irrationndle  de  la  m^me  varia- 
ble. Les  fonctions  rationnelles  se  distingnent  en  entires 
(par  rapport  k  la  variable),  comme  a-^-  bx  +  cx*,  et  en 

a-{'bx 
ftactionnaires ,  comme     .   ,  .  L*^ade  des  propri^t^  de 

C  •|"  (IX 

ces  diverses  fonctions  est  Tun  des  principanx  objets  de 
Talg^bre  sup^rieure.  Dans  sa  Thiorie  des  fonctions  analy- 
tiques ,  Lagrange  a  m^me  cberch^  k  obtenir  par  Punique 
secours  de  cette  sdence  les  r^nltats  que  donne  le  calcul 
diff^rentiel.  Cette  tentative,  qui  a  ^t^  consid^r^ 
comme  un  vdritable  non -sens  philosopbique,  a  cependaiit 
amen^  ^introduction  des /onc^ions  dirivies  dans  le 
domaine  dePalg^bre. 

Parmi  les  fonctions  transcendantes,  il  en  est  un  certain 
nombre  qui  ont  longtempsexerc^  la  sagacity  des  analystes; 
quelqaes-unes  ont  illustr^  ceux  qui  les  ont  soumises  aux 
precedes  du  calcul  Infinit^imal ;  les  unes  et  les  autres 
ont  re^u  des  noms  parttculiers.  Telles  sont  les  fonctions 
circulaires,  elliptiques,  abiliennes,  etc.  Les^bnc/ioni 
drculaires,  ainsi  nonun^  parce  qu'elles  d^rivent  immd- 
diatementd^unarc  de  cercle,  sont :  sin  x,  cos  a;,  tg  x,  etc.; 
leur  tii6orie  est  aujourd^bul  tr^-avanc^.  Les  fonctions 
elliptiques,  dont  nous  avons  donn^  la  forme  k  Tarticle 
Elupse,  ont  surtout  ^16  Tubjet  des  travaux  de  Maclaurin  , 
de  DU!embei1,  dc  Fagnano,  d'Euler,  de  Lagrange,  de  Lan- 
den,  de  Legendre,  d*Abd,  de  Jacob! ,  etc.      E.  Meklieux. 

FOXCITIONNAIIIES.  On  appelle  ainsi  ceux  qui  rem. 
plisscnt  des  fonctions  pnbliques,  qiti  font,  kim  litre  r6- 

67 


MO 


FONCTIONNAIRES  —  FONCTIONS 


i 


Mni^  et  avou^,  iMirlic  des  rooages  de  la  inachtDe  gouveriio- 
IMOUIe ;  les  plosliumbtcs  sc  conteutent  de  porter  le  litre  mo- 
tole  d*  employes:  ceui  qui  sent  pias  en  Tue,  doot  les  fono- 
fioni  sontplusiAiportiiates,  pliisr^ribute,  preneot  letitre  so- 
W^tede/onctionna&espubUcs;  enfin,  les  cbefs  administratirs 
#*inlitiifeiif  hauts  fonctionnaires.  Le  foncUonnaire  nait , 
crolt,  vit  et  meurtk  rombre  du  budget;  U  est  en  g^n^ral 
tt  de  fonctioiiiiaire  de  gto^ration  en  g^o^ration;  k  peine 
fortldes  bancs'  du  eoll^e  et  de  P^reuve  du  baccalaur^t, 
le  Toili  aspirant  on  sornum^tre  dans  une  administrttion , 
attadi^  k  vn  ministfere.  Bientdt  vient  ie  moment  oii  4ea 
ippciintements  eommeneentpour  lui;  qaand  I'beure  delara- 
lraiteestTenue,le  budget  lepensionne  encore.  Auss),  le  fonc> 
ionnaire  est-il  gtedralement,  avant  tout,  par-de8SU8,UMit,  at^ 
Iacb6  k  ses  fonctions,  c*est^-dir6  k  ses  appointementSf  Les 
luictionnaires  pr6taient  autrefois  serment  de  fld61lt6  aii  roi ;  lis 
^rMentaujonrd'kni  sennenide  fid^td  ^i'emiierear.  La  cons- 
ul ution  de  Tan  viii  les  a,  dans  son  acticie  7&,  protdg^  avec 
ttne  touebante  aoUicitade  oontre  les  abus  de  pouvoir  qu'ils 
Mnt  trap  souTent  dispose  k  comme^;  efit  a  d^d^  quails 
He  pourraieut  6tre  poorsuivis  pour  ies  crimes  et  d^lits  cbm- 
mb  par  eux.  dans  Texercice  de  leur^  ioactions  et  relatifs  k 
lears  foncUons  qu^aprte  une  autorisaiion  pr^alable  du  con- 
sul d'etat.  Une  loisur  laresponsabilitd  des  fonction- 
naires publics  a  ^  vainement  demandte  pendant  les  dix-huit 
tn.<  du  rt^gne  de  Louis-Pbilippe,  bien  qu^elle  cAt  ^t^  solen- 
nellctucnt  promise  par  la  charte  de  1&30.  cette  ioi  est  tou- 
ours  a  laire. 

£n  attendant, que  oette  Ioi  se  fasse»  les  fonctionnaires  ne 
sont  jugds  que  d^aprte  ies  r^les  trac^  par  nos  CkMles.  Nous 
allons  les  transcrire  sommaurement.  Le  d^positaire  des  de- 
itiers  publics  qui  les  fuirait  soustraits  ou  d^um^  de  leur 
destination  est  passible  des  travaux  foro^  k  temps  pour  ies 
iouunes  an-dessus  de  3,000  fr«,  et  m6me  quelle  que  soit  la 
iraleur  des  deniers  soustraits,  si  dies  d^passent  ie  tiers  de 
la  roceUtt  ou  du  d^pot,  et  d^un  cmpnsooiiement  de  deux  a  cinq 
nns,  avec  inlerdicUun  des  droits  civiques^  si  la  somme  est  au- 
dcssousde  3,000  fr.  Lesjuges,  adimnistrateursy  fonctionnaires^ 
qui  dctruinuenty  SQUstrairaient,  d^urneraientles  titres  dont 
leurs  fonctionslesont  r^dus  d^positaires  sont  dgalement  pas- 
sibles  des  travaux  forc^  k  temps.  Les  fonctionnaires  qui  au- 
faient  re^  un  int^t  dans  ies  actest  r^ies  ou  adjudica- 
tions dodt  ils  out  la  surveillances  sont  passililes  de  six  mois 
jideux  an&d*empnsonnementet d^une amende qmnepeut Aire 
tu-dessous  du  douzi^me  des  restitutions,  ni  en  excdder  le 
quart.  Lcsgi^^aux,  pnifets  ou  sous^pri^fets  qui  se  iivreraient 
k  certaines  brancbes  die  commerce  sp^diiees  dims  le  code,  sont 
possibles  d*ttne  amende  de  600  fr.  au  moins  et  10,000  tr. 
an  plus,  et  de  la  confiscation  des  denries  de  oe  commerce. 
Le  fonctionnaire  qutexercera  ses  functions  audelk  du  terme 
qui  lui  h6XA  assign^  est  passible  d'un  cmprisonnement  de  six 
mois  a  deux  ans,  d'une  amende  de  100  k  500  fr.,  etdecinq  a  dix 
ansdMnterdiction  des  droits  civiques.  Les  fonctionnaires  qui 
participeraieut  k  des  crimes  ou  d^tsqu'ils  seraient  charge  de 
Mirveiller  ou  de  r<iprimer  sont  passibles  de  la  peine  la  plus 
forte  applicable  k  ce  crime.  La  Ioi  a  particuli^rement  disUn- 
f,u6  Icd  casd*abus  de  pouvoir,  de  concussion,  de 
Corruption,  de  forfaiture,  de  malversation.  La 
Jurisprudence  a  fix6  qudques  points  que  nous  allons  pr4- 
dser  sur  la  mise  en  jngement  des  fonctionnaires.  Les  maires  et 
adjoiuts  ne  peuvent  6tre  mis  en  Jugement  sans  Tautorisation 
du  consetl  d*£tat,  en  tant  qu*agtesant  sous  les  ordres  de  Tad- 
ministration  gdn^rale ;  mais  comme  officiers  de  police  judiciaire 
»t  comme  offiders,  der<^  civil  ils  peuvent^tre  dt^  directe* 
tnentsansautorisation  prdalable;  comme  offiders  judidaires, 
ils  sont  jiig^  par  lacourimpdriale.  Les  dtrecteurs  gdn^raux  de 
Venregistrement,  des  domaincs,  des  postes,  des  for6ts,  Pad- 
ministrateur  des  poudres ,  celui  des  monnaies,  peuvent  faire 
Iraduiredirectement  leurs  subordonnds  devanl  la  justice  |>our 
faits  relatifs  k  leurs  fonctions;  les  prefets  oot  le  mCiue  droit 
k  regard  des  percept eurs  des  contr6>utlons. 

11  est  c%keDdant  qudques  cat^ories  de  fonctionnaiics  qui 


peuvent  6lre  poursuivis  sans  autorisation  prdalable;  et 
soot  les  consdilers  municipaux,  grefOers  de  malrie,  gardes 
cbamp^tres,  tes  employ^  des  contributions  indireetes,  el 
enfin  lesrecevtors^  percepteors,  et  tous  autres  individusqoi 
auraient  fait  dee  perceptions  iil^ales. 

Les  fbnctionnaires  publics.en  prfttantle  serment  de  6dtiil^aB 
chef  de  VtUi,  pr£ient  aoasi  cdni  de  rempUr  bomi6tenKBt 
et  consdendeusement  leurs  fondions.  Ceux  qui  sont  charge 
d*un  maniement  qudconque  des  deniers  publics  soot  as* 
treints  k  Terser  un  cautionnement  dont  le  diiffre  varie 
d'apr^s  nmportanoe  de  ce  maniement. 

FOSCnONS  {Phpsiologie).  Cesont  les  actes  divea 
qui  rteultent  de  Tactivitd  d*un  organe  ou  d\uie  a^rie  d'o^ 
ganes  destine  pendant  la  vie  k  acoomplir  d\aie  maoiera 
distinde  et  sp^dale  TolBoe  pour  leqnd  la  nature  les  acrtts. 
Cette  d^nition  s^appliqne  k  toot  oe  qui  a  vie ,  !depuis  les 
v^g^taux  les  plus  simples  juqu^anx  animaux  les  plus  paif^, 
et  k  l*bomme ,  qui  excroe ,  par  les  dispodtioiis  parUcnUcres 
de  son  sy8t<^enerteux,1es  fonctions  les  plus  oompUqato 
et  les'plus  admirables  qn'on  pulsse  observer  parmi  les  Mrcs 
vivants  placte  sur  1ft  terre..  11  y  a  des  corps  orgulste  resul- 
tant de  reparation  naturdle  appdte  eristaUisOiion,  qui 
n^exercent  pas  de  Ibnctions  :  ks  cristanx,  quofqu%  pre 
sentent  une  sorte  d*oiiganisationi  ne  sont  pas  des  6tres  vivaots 

Toutes  les  fonctions  diat  les  fttres  vivants  ne  peuvent 
avoir  lien  que  sous  des  conditions  d^rminto.  Avant  toot , 
il  fkut  que  Torgane  ou  les  organes  an  raoyen  desquds  le> 
fonctions  s'ex^cutent  solent  parvenus  k  leur  maturity,  c'e$f- 
ik-dire  aux  degr&  de  d^vdoppement  d  de  consistanoe  ntees* 
saires ;  en  secotad  lieu,  il  faut  que  Torgane  aoit  dans  son  ^Ut 
d'int<^t£  normale.  En  effet,  si  Torgane  est  alt^ri  danssa 
texture,  dans  ses  dispositions  mal^enes,  les  fonctions  qd 
en  d^iendent  seront  pluff  oo  molnsd^rangtes.  CTest  aind  qoe 
nous  voyons  que  lorsque  Testomac  est  malade,  t^appAit 
s'en  va ,  ou  que  Ton  digtee  trte-mal;  que  lorsque  le  poo- 
monest  affecU  d'une  maladle,  on  respire  mal;  etque  lors- 
que le  cerveau  est  irril^  ou  sMM  dans  ses  dispositiottsorga- 
iiiques,  on  nepense  plus,  on  ddire,  oo  Ton  s*a$aooplt. 

Les  fonctions  des  v^g^taux  font  partie  de  la  physiologie 
v^tale ,  et  nous  n*en  parlerons  pas  id.  Les  grandes  Amk- 
tions  des  6bres  animus  sont  nombreiises  et  tr^ varices.  Qaa- 
tre  de  oes  princtpalcs  fonctions,  oo  de  ces  systtees  orga- 
niques  de  fonctions ,  sont  particuli^rement  destine  a  la  pre- 
hension ,  k  la  dbtrlbotion ,  k  Pdaboration  des  ddments  ou- 
tritifs ,  et  lis  ont  pour  but  Taccroissement  ou  la  nutrition  de 
rbdiWdo  :  les  phydologistes  les  distingnent  par  les  mots 
d^iibsorption,de  circulation,  de  respiration 
et  des^cr^tioiK.  One  dnquidne  grande  fonctlon  est  re- 
lative k  la  reproduction  des  Mres :  c*est  la  gin^rat  ton. 
Ces  fonctions  sont  communes ,  k  des  degrds  trte-difllferents, 
k  tous  les  ^tres  rivants.  Mais  les  fonctions  qni  caract^risent 
8p<^idement  Ies  animaux  sont  cdles  du  systiihe  netxoso- 
mtuculaire.  Cdles-d  ont  nn  double  objet :  peroevoir  et  faire 
connaltre  k  Panimal  Ies  quality  des  corps  environnants ;  hii 
donnerla  force  oulepouvoir  du  mouvement.  Les  deux  fa- 
culty qui  correspondent  k  ces  doubles  fbncCions  sont  appe- 
Ite  sensihitUi  animaU  d  eontractiliti  tolontaire.  Une 
septitoie  esptee  de  fonctions  pour  Panlmd,  laqudle  n'est  en 
qudque  sorte  qu'une  modification  de  la  simple  absoqition 
des  v6g^taux ,  mds  qui  rfoulte  de  llnfluence  du  syst^me 
nerveux  dans  tout  Torganisme,  c'est  ii^digestion.  Ces 
sept  syst^mes  d*organes  et  de  fonctions  ont  pour  n^soHat 
la  nutrition,  la  reproduction  d  les  rdations  des  Hna  avee 
le  monde  ext6rieur.  Dans  l*organisme,  chaque  oigane  sp<- 
dal  est  destine  k  une  function  |«rticu]f^  d  d^terminte : 
«  Tous  les  organes  jouissent  des  m6mes  propri^t^  g6n6rales , 
dit  Georget ,  d  la  dilTereoce  deseffets  et  des  r6sultatsol>ser- 
t6s  dans  diacun  ne  tient  absdumeut  qu'k  Ift  difference  pri- 
mitive d'organisation,  aladesUnation  difTi^rente'de  cltacuB.  » 
11  est  prouv^  que  les  m6mes  lois  physiologiques  g<$ncraJet 
sur  les  functions  sont  ^lemeut  af^plicables  aux  org j  oes  c&^ 
brauv  chez  rbonunc  d  diez  les  aniuiau  x.     D'  Fo>« An . 


FONCTIOrSS  rLBLlQUES  —  FOND 


tf 


FONCTIOXS  PUBLIQUES.  Les  fobctions  sont  de 
Tordre  diilj  ou  de  I'ordre  miliUire,  oa  de  I'ordre  eecl^ias- 
li<Iiie.  Parmi  les  fonctions  dTiks,  on  distingue  encore  les 
foBctions  admiiistratiTes  et  les  fbnctions  jndiciaires.  Tons 
les  Francis  sent  aptes  k  remplir  des  fonctions  pnbUqoes,  sauf 
les  casdMncapadt^  ou  dMndignit^.'  En  gte^ral  la  loi  a  fix^  nn 
^  (ordinalrement  eelui  de  la  majority  dvtle)  qu'il  faut 
a? oir  attaint  pour  remplir  les  fonctions  pobllques; 

Les  formes  de  la  nomination  aux  fonctions  et  leur  durde 
Tarient  snivant  les  formes  m6mes  da  gouvemement ;  ces 
nominations  sont  tantdt  le  produit  de  P^lect  ion  pure ,  tan- 
tOi  dies  doivent  6tre  sanctionn^es  par  le  chef  de  P£tat , 
tantdtenoore  c*^t  k  lui  seul  qifdies  appartiennnent ;  id 
elles  sont  temporaires,  U^  dies  sont  inamovibles.  U  y  a 
des  £tato  oil ,  loin  d*6tre  salarite,  les  fonctionnaires  publics 
acqulttent  an  contraire  nne  redeyance  au  lisc;  mais  ce  sys- 
t^me;  qui  semMe  teonomique,  est  le  pire  detous,  et  les  rede- 
Tances  et  contributions  pr^iftv^s  directement  par  ces  fonc* 
ttonnaires  sont  plus  onireuses  pour  les  contriboables  que 
le  modique  sarcroltd*impdt  dont  le  gonvemement  lenr  ail- 
raitfait  payer  le  mfime  service.  Ajoutez  ^^a  que  la  trans* 
miasioades  ofRces  etla  v^nalit^  des. charges,  cons^ 
qiiences  in^yitables  do  ce  syst^me ,  sont  trop  souTent  pour 
les  Etats  une  puissante  cause  de  d6morali8ation. 

Tous  les  fonctionnaires  publics ,  depuis  le  r^tablisseroent 
<le  rempira,  aoiil  aslrditts  k  porter  m  c o  s  tn  m e ,  mesore 
<iui  a  ^t^  gdn^ralenHent  apprfciiSe  oomme  die  le  ro^taii. 
Dans  Texerdce  de  leor  autorit^  ils  joniasent  de  certatnea 
pr^ogatireSylumseurs  et  prMances. 

FOIVD.  Cast  Pendroit  le  pbis  bas  d'nne  chose  crease ,  la 
paitie  la  plus  recoil  d'nn  espace  d^rmin^  :  ainsi,  on  dilra : 
le/mtf  de  lamer,  dHine  riviftre,  d'un  sae,  d*an  tonneao,  etc. ; 
eC  (igorteent ;  \ejfmd  d*un  bols,  d*un  desert,  d'une  pro- 
Tfnee.  Atec un  <  ao  ringulier  eemota  aniens  bies diffiirent 
(fw^ezFoime). 

FONO  {Beaux- Arts),  Cto mot  a  deax  dgnificationsdis- 
tascIA  dansle  Tocabulairedes  beanx^arts  :  mat^riellement 
pariant,  {%/ond  est  la  substance  reooorerte  par  Tendait, 
on  m^me  Tenduit  sur  leqoel  Tartiste  ex^^te  son  muTre ; 
dans  son  acoeption  rdative  k  la  diSpdsition  graphique  da 
sojet  repr^senii,  le/o»d  est  le  compost  des  parties  locales 
oa  secondaires  aa-doTant  desqoeHes  Taction  prindpale  a 
liea.  Ifoas  aOoiia  sommairenent  examiner  ces  deax  aecep- 
tions  dans  leora  gii^nXMn.    ' 

Le  cboix  et  la  preparation  dea  f&nd$  exigent  des  soins 
intdligents.  Le  bols  mal  faraTaill^  se  Toile  par  reffet  de  la 
dialear ;  ft  se  ditote  ou  se  resserro  en  raison  du  phis-oo  moins- 
dliumidlt^qa^  absorbe.  Le  caivre  s'oxyde  ais^ment.  La 
pierre  tomJbe  en  pondre^  on  .se  d^tnilt  par  lilies.  Le  sal« 
p^tre  sooMre  et  fatt  detacher  la  peinlaTO  des  panris  des  murs 
non  aMa.  La  toQe,  .qdand  eHe  est  ooBTenablement  tissue, 
est  infiniment  prtfjrable  4  loate  autre  base,  par  la  ralsoA 
qne  la  coucbe  Ji  rhniledoit  on  eroprdntsa  surbce  neatra* 
lise  sa  propria  hygrom^rique.  La  proration  dont  on  to- 
couTre  lea  Ibnda  inMte  one  attentioii  particuU^t  die  doit 
dtT«  nwdiMe  sdao  laaatiire  da  corps  destine  A  l&ireeeToi^ 
La  mution  la  frfoa  ordfaldre  est  faite  areedn  Mane  de  plomb, 
colore  l^gtoement  aTeo  vm  pea  d'ocre  et  de  gris,  de  fa^oa 
qae  le  crayon  blanc ,  aerrant  i  esqaisaer  les  traits,  puissa 
apparaitre  asses  lldblement  snr  die.  Da  temps  du  Pous- 
am ,  oil  7  fntroduiadt  on  roage  vif.  Ce  mode  est  abandonn^ 
depai!^  que  le  temps  a  proavd  oombien  oette  tdnte  ahsoluti 
altifirait  en  le  repouuami  4'ensemb1e  do  toll  gfyi€nl  €*est 
anmoftier  de  chanx  et  deaable  que  Toll  ^tend  sur  les  mu<« 
railles  pour  hi  pdiitui«A  fresqae,  d  sncoessiveroent,  se-* 
ion  riiabild^  du  peintre ;  car  e^cst  pendant  quel  le  melange 
est  encore  frais  qne  foa  peat  seulement  appliqaer  desws  les 
tons  dont  on  doit  enqndqae  aerte  le  saturer ,  pour  assuror 
k  ronvrage  unelongue  dor^.  La  calotte  finteme  dela  couf- 
pole  du  PantlilSon ,  d^corfe  par  G  ros ,  a  M  dispose  k  re- 
reroir  Tun  des  chefs-d*muTTe  de  T^cole  iranfaise^  k  VM» 
i'un  mastic  biTent<  spddalement  poor  cette  destination. 


Plusieurs  peintresKc  sont  scnis  d*ardoise  poor  portraits ds 
petite  dimension,  mais  rareraent  quand  ils  ont  eailes  snjett 
plus  di^veloppds  k  traitor.  Le  marbre  blanc  a  souvent  recuaiUi 
des  groupes  de  fleurs  ou  de  fruits ,  <ichapp^  au  soave  pin- 
ccaode  Van  Spaendonck. 

Sons  le  rapport  de  la  composition ,  le  fond  est  noe  partia 
Int^ressante  de  la  disposition  artistique.  Comme  ton ,  il  est 
le  point- de  dispart  de  la  gainme  cliromatique;  commoiar" 
rangement,  il  conooart  puissamroenta  Pentente  de  !a  sc^mv* 
en  la  faisant  valoir  par  le  secours  des  accesj^ires  ou  deat 
oppositions.  L'empld  de  chacun  de  ces  moyens  isoli^mi^nt 
ou  simultan^ment  est  diflidle,  et  dcmande  <le  la  part  tie 
rauteur  un  tact  sftr  et  Jndidcax.  l\  est  des  drconstances  ob' 
Toh  pcut  avec  aTantage  oppofer  k  la  repr^nlation  d'un. 
^Tdneracntfortnit  les  particulariti^  des  lieiix  oji  le  dranie 
se  diploic  ,'parce  que  is  contrasts  fcappe  vivcment  Pesprit ; 
mab  Pabus  de  ce  syst6me  am^ne  un  dfet  disparate,  dont, 
on  doit  s^T^rement  s'abstenir.  Dans  d'autres  oocaf^onti ,  loio 
d'sToir  besohn  d^uno  seconsse  rapide,  afin  d*6lre  convetia* 
Uement  ^mae ,  PAme  prdfire  s^identiGier  avec  recudllemeitt 
au  motif  do  t^lean.  Dans  ce  dernier  cas,  c*est  par  Pliarmo- 
i>ie  d^  tootes  les  fractions  de  Penseroble  que  Partide  doii 
proe^ler  poor  ohtenir  un  r^ittat  complet.  Le  fond  alori 
contribnera  par  son  homogt^ndt^  pluk^t  k  ^tendre  le  seu*. 
thnent  du  fait  dominant'  tfi^k  I'isoler '  pour  le  droonscrirs 
anx  regards  du  spechiteur*  Les  grands  mattres  n*oot  pas 
toojonrs  osddecespuissantesressouroes,  soit  quails  en  aieat 
dMaign^  Pappui ,  soit  qu*ils  n*y  dent  point  attach^  d'im|N>|w 
tance.  R  a  p  h  a  e  1  a  presque  constamment  o^lgA  sea  fonds ; 
son  paysag9  estsoawat  mesquln^et  n'offre  pas  Panalogne 
des dditienx  lofaitains  dont  lePoussiaa enriehi  ses ad* 
ndrabies  productions.  Les.  fonds  deMicbeUAnge  man* 
qnent  de  cetle  perspective  adrlenne  indispensable  k  i*agrao 
disseroent  lictif  du  champ  do  tableau.  Le/ond  des  Noees 
de  CanOf  par  Paul  V.^  r  o  n  i se ,  eat  au  contraire  d'une  rare 
raagniiloenee  et  d*un  colons  barmonieox,  imprdgn^  du  Taguo 
de  Pair  d*un  dd  chaud  et  brillant. 

Au  thd^,  le  fond  estla  tode  qui  vient  imm^diatemeDl 
apr^  les  dernl^res  codisses,  qu'dle  continue «  en  pards- 
sant  se  confondre  avec  le  sol  de  la  sc^ne,  ou  servir  de  U* 
mite  extrtaie  k  un  int^rieur,  s'il  s'agit  d*un  espace  bom^. 
Cest  U  surtout  que  Pen  est  k  mtoie  d^appr^cie'r  tout  ce  que 
la  pompe  du  spectade  gagne  k  oes  merveilleases  lllusioos 
de  Poptiqne ,  trompant  Pceil  au  point  de  iai  (hire  douter 
de  la  r^it6  d'un  prestlgieuK  mensoage. 

;  J.*-B.  Dblcstbb. 

FOND  {Droit),  On  nommo/oii£f  d*qn  pjrocte  Potjd 
mtoie  dels  coatestaion.Lesmoyfftis  du/ond,  ey  procedure, 
servent  de  base  anjugement  ddilnitif ;  ainsi  emcltire  a» 
fond,  c^est  prendre  des  eondnslons  tendantes  k  ce  qne  di^- 
dsion  soit  rendoe  sur  les  droits  des*  parties  qqi  les  meltent 
hors  de  cause  et  de  ptocte.  Les  tribonaux  ne  doivent  sta- 
tiier  sur  lea  raoyens  do  fond  qa^aprte  avoir  prononc^  sur 
tons  les  moyens  def^rtne  d  exceptions  de  procddure 
qui  leur  sont  proposes;  ils  peuvent  ^voquer  le  fond  et  ren- 
dre  une  d^eidoa  dtf  nHive  lorsqu'i^  hi  snita  de  I'appd  d'un 
jugement  interlocutoire  le  Jugement  est  Uifirm^  et  que  la  ma- 
tiire  s'y  Irouve  dispoMte;  il  ea  est  de  mtae  dans  les  cas  o(i 
lei<tribaiiauid'appd  infirment,  k  raison  d'un  vice  de  forme 
ott  pour  toote  aatre  caa$e,  on  jugement  d^flnltif. 

Cette  enpreadon  lajorme  emporie  lejond  sigaiHe  que 
les  exceptions  pr^judioielles  empdchent  souvent  la  discus- 
sion  du  fond, 

Dans  un  fonds  de  terre  ondistingqeqodqucfois  le/oni 
de  la  5UiMr>fde,  d  cette  distindion  sertde  base  k  mie  no-, 
table. partiedu  drdt,  le  droit  stiperjieiaire,  qui  oompren4 
I'usnlruit,  etc.  C*dait  un  des  earaci^res  sailiaats  du  drdt 
ffodd  que  lardserre  expresse  du  fond  et  des  droits  s*y  rat- 
tacbanl,  presque  toujours  fatlc  par  les  sdgncurs  concession^ 
adres  des  hiens-Jonds;  ils  gardaient  le  fond  et  le  tr^* 
fond.  C*est  done  k  tort  qius  le  DicUonndre  de  PAcadtoiil 
^erit  le  finds  et  le  trh-fonds  d*une  aOdm. 

<»7. 


S!;2 


FOND  —  FONDATIONS 


IPOND  ( Marine }.  Les  marins  appliqnttit  ce  mot  tan- 
idt  &  la  f,#rofondeur  de  la  mer,  tant6t  k  la  nature  do  sol 
qii'elle  ebavre.  71s  disent  foment  :  Jeter  Tancre  snr  on 
fond  de  Tingt  brasses,  mouUler  sar  an  bon  fond.  Dans  le 
premier  cn^fond  doit  s'entendre  de  la  profondeur  de  Tean 
\k  oik  Tancro  a  M  iet^;  dans  le  second,  U  se  rapporte, 
abstraction  faite  de  la  profondeur,  k  la  nature  mtoie  du 
sd  sur  leqnel  8*est  arr4t4e  Tancre.  La  mer  Tarie  en  profon- 
deur, par  suite  d'une  infinite  de  drconstanoes  plus  eu  moins 
d^poidantes  de  la  configuration  de  la  partie  solide  du 
gkdM  terrestre,  do  Ttioignement  ou  dn  rapprochement  des 
riTages,  de  la  nature  gtologique  de  ces  rivages  m£mes,  etc 
Presque  partout  k  one  petite  distance  des  c6tes  la  mer 
a  assez  pen  de  profondeur  pour  qu^U  soit  possible  de  la 
mesurer  au  mojen  de  la  sonde,  mais  dte  qu*on  s^en 
61oigne,  cette  profondeur  angmente,  et  Ton  n'a  ]usqu*& 
present  imaging  aucun  instrument,  dtouTert  aucune 
m^hode,  pour  la  connaltre  avec  qoelque  certitude  dans 
la  Taste  ^tendue  des  mers,  od  la  sonde  la  plus  longue 
n*ardTe  point  au  fond.  La  profondcor  de  la  mer,  partout 
ou  elle  peut  6tre  sondte,  est  trte-importante  k  connattre,  et 
tontes  les  nations  qui  ont  une  marine  ont  fiiit  sonder  non- 
seulement  les  mers  qui  les  avoisinent,  mais,  autant  qu'elies 
I'ont  pu,  celles  plus  ^oignto  que  fr^quentent  leurs  yais- 
seaux.  L'utilit^  des  sondes  est  encore  plus  grande  quand 
ayec  la  profondeur  de  I'ean  ellea  indiqucnt  la  nature  du 
sol.  Cette  double  indication  sert  aux  navigatenrs  k  sayoir 
non-seulement  s^ils  peuvent  avec  quelque  steurit^  jeter 
Tancre  dans  Fendroit  oil  ils  se  tronvent,  mais  encore  k 
quelle  distance  ils  sont  de  la  terre  qu'ils  n^aper^ivent  pas 
encore  et  du  port  vers  lequel  ils  se  dirigent  La  nature  du 
fond  de  la  mer  influe  beauooup  sur  le  plus  ou  moins  de  s(h- 
ret^  d*un  m  o  o  i  1 1  a  g  e.  Les  fond$  form^  par  des  rocliers 
sont  toujours  mauTais  et  dangereux ;  ceux  od  il  ne  se  trouTe 
qu*ane  vase  tr^moUe  ne  Talent  rien ;  les  mellleurs  sont 
formes  de  sable  plus  ou  moins  fin,  ou  de  Tase  un  peu  ferme. 
Sur  ces  demiers  fonds  les  ancres  Uennent  sans  6tre  trop . 
difTiciles  ii  retirer,  et  lescftbles  ne  courent  pas  le  risque  d*6- 
tre  coup^,  conune  sor  les  asp^ritte  des  roches  de  pierre  ou 
de  coral  I.  V.  db  MoUon. 

FONDANTS  ( Mddeeine ).  On  a  d^ign^  par  ce  nora 
dlverses  substances  m^icales  auxquelles  on  attriboait  la 
propri^t^  de  diminuer  la  oonsistance  du  sang  et  de  la  lym- 
phe,  de  r^udre  les  tnmenrs,  les  obstructions,  etc.  La  liste 
de  ces  agents  tb^rapeotiqnes  4tait  autrefois  trte-oonsid^ 
rable,  et  r^unissait  les  substances  les  plus  contraires,  soit  par 
leur  composition^  soit  par  lenr  moded'agir.  Aussi  telle  sub- 
stance r^utte  fondante  dans  plusleurs  livres  de  mMecine 
|)opulaire  prodnit  commun^ment  des  effets  contraires  au 
but  qa'on  se  propose  (  voyest  DisaoLVAinr). 

FONDANTS  on  FLUX  (MitMurgie),  corps  qui 
ferment  avee  d'autres  mati^res  des  comblnaisons  fusibles; 
il  en  est  qui  jouent  en  mdme  temps  le  r61e  de  r^actif^  oxy- 
dants  ou  rt^uctiTs.  Les  principaux  fondants  employ6i  par 
la  nj6talhirgie  sont  le  borax  et  la  silice.  Le  spath  fluor 
sert  an  mime  usage  dans  la  plupart  des  nsines  k  plomb 
et  il  cuivre  de  TAngleterre.  Les  carbonates  alcalins,  le  nttre, 
sont  encore  des  fondants  6nergiques. 

Ondonne  le  nom  de  fiux  noir  k  nn  rtectif  k  la  fois  r^- 
ductif,  dteulfurant  et  fondant  des  plus  employ^  C*e6t  un 
melange  de  carbonate  de  potasse  et  de  cfaarbon.  CouTena- 
blement  pr^par^,  il  sert  sortont  poor  les  essafo  de  plomb 
el  d6  cuivre. 

FONDATIONS9FONDEMENTS  (  Archiiedure ).  La 
dur^  de  toute  Uktisse  depend  non-seulement  de  sa  bonne 
construction,  mab  encore  de  Tasslette  de  ses  fondements, 
sniTant  qu^elle  est,  tontes  cheees  ^les  d'allleurs,  plus  ou 
moins  pesante :  une  muraille  de  Jardin  se  tiendra  debout 
sur  une  base  qui  fltehirait  a  Tinsfant  sons  le  poids  d*un 
temple,  d*un  palais.  Les  fondements  ont  toujours^  Tobjet 
d'une  attention  toute  particuli^re  de  la  part  des  architectes; 
ctr  uae  construction  qui  est  assise  sur  des  fondements 


vicieux  so  l^zarde,  perd  son  aplomb,  et  s^^croule  m£me 
ayant  d*6tre  achevde. 

On  peut  divisor  les  fondements  en  natureU  et  en  Jmt- 
iices ;  les  premiers  sont  le  roc,  les  bancs  de  pierre  qui  nW 
pas  de  Tides  au-dessous  d*eux ;  on  fonde  bien  sur  des  con- 
ches de  sable,  de  gravier  bien  compactes;  les  tufe,  les  ter- 
rains qui  contiennent  beaucoup  de  cailloux  offrent  aussi  de 
bons  fondements  naturels.  Les  fondements  f^ctices  s'da- 
blissent  sur  des  terrains  mouTants,  compreasibles,  niarica- 
geox,  ou  qui,  Hani  converts  d*eau,  ne  peuTent  pas  ^ 
fouillte  commodteent 

Nulle  difficult^  pour  dlever  une  bAtisse  snr  de  bons  fon- 
dements naturels  :  si  e'est  un  roc,  on  le  dresse,  afin  que 
les  mat^riauz  qui  poseront  dessus  ne  puissent  pas  se  s^ 
parer,  en  glisssant  les  uns  d*un  c6t^,  les  autres  de  Pantre. 
Lorsqo*on  fonde  sur  un  lit  de  sable,  de  gravier,  de  tnl^  ilest 
n^cessaire  que  la  premiere  assise  soit  form^  de  libagtSt 
pierres  dont  on  ne  dresse  que  le  dessus  et  le  dessoos.  Si  ie 
sol  a  €U  r^uni,  ou  s*il  est  compost  de  mati^res  qui  cMeni 
k  la  pression,  on  le  bat  d'abord  furtement  au  moyen  du 
mouton  ou  de  toute  autre  rjacUine,  puis  on  bfttit  dessus; 
quand  la  construction  n*est  pas  d*une  grande  importance, 
on  enfonce  de  gros  pieux,  de  distance  en  distance ;  00  po:« 
des  poutres  sur  leurs  tfttes,  puis  on  61^ve  les  murs  sur  ca 
fondements,  qui,  pour  6tre  susceptibles  d'une  c^taine  du* 
rte,  doivent  6tre  entitounent  sous  terre  :  dans  les  terraiib 
martoigeuz  ou  sablonneux,  on  ^tablit  les  fondations  sor 
pilotis,  et  Toncontient  les  monvements  du  terrain,  vers 
les  c6t6s,  avec  des  barrieres  formto  de  planches  enfoncto 
dans  le  sable.  II  y  a  des  terres,  tdles  que  la  gl&ise,  dans  iei- 
quelles  il  n^est  pas  prudent  d^^tablir  des  fondemeats, 
mAme  sur  pilotis;  alors  on  a  recours  ii  un  autre  eip^dieot: 
on  forme  un  grillage  de  pieces  de  cbarpente,  assemble  arec 
soin  et  solidity ;  ce  grillage  est  ensuite  reconvert  d*im  fort 
plancber  ;le  tout  est  enterr^  dans  la  glaise ;  on  pose  un  pre- 
mier lit  de  libages  sur  le  plancber,  etc.  Dans  ce  genre  de 
construction,  on  a  soin  dMIever,  pour  ainsi  dire,  de  front 
toutes  les  parties  de  la  bAtisse,  afin  qn'H  ne  se  forme  pis 
de  tassements  in^ux ;  car  il  est  Evident  qu^un  mur^f^ 
sur  un  lit  de  glaise  doit  s'enfoncer,  par  refTet  de  son  poids, 
d'une  certaine  quantity.  II  importe  done  beaucoup  que  cet 
abaissement  ait  lieu  d*une  mani^re  uniforme. 

Les  fondements  sous  l*eau  s'ex6cutent  de  plusieors  ma- 
nitres ;  la  plus  simple  consiste  k  jeter  des  pierres  dans  b 
riviere  00  dans  la  mer  Jnsqu'A  ce  que  le  tas  qu'elles  fonnest 
s*4l^e  au-dessus  du  niveau  des  eaux  :  c*est  sur  cette  bise 
informe  qn'on  b&tit.  Vent-on  fonder  les  piles  d'un  pont 
dans  one  riviire  pen  profonde,  on  forme  autoor  de  Tem- 
placement  une  enceinte  en  bois,  qu*on  appelle  bdtardeau ; 
on  enlATe  Fean  qui  est  contenue  dans  cette  enceinte,  et  i'oa 
constmit  ensnitc,  comme  si  Ton  ^it  en  rase  campagne. 
Quelquefols  on  bAtit  dans  des  caisses  unperm6ables  k  Teao, 
qui  8*enfonoent  k  mesure  qu*on  les  charge  :  ce  sont  dei 
sortes  de  b&tardeaux  mobiles.  Les  fondements  snr  pQotis 
reposent  snr  des  pieux  ferrte,  cnfonc6s  en  terre  avec  le 
mouton,  et  dont  les  tAtes,  ^listo,  au  moyen  d*nae  scie, 
font  recouvertes  d*un  plancher  de  cbarpente.  Les  mun  des 
puits  s^^bHssent  sur  une  roue  sans  rais  ni  moyeu,  pl^ 
eie  horizontalement.  Enfin,  an  tunnd  de  Londres,  qui 
passe  sous  la  Tamlse,  on  a  constmit  des  tours  toocmes  en 
briques,  qu*on  a  enfoncte  en  terre,  k  mesure  qu*on  les  U* 
tissait ;  un  cerde  de  fonte  de  fer  aervtit  comme  de  semdle 
an  mur  circulaire,  et  pour  enfonoer  la  tour  on  eelerait 
la  terre  au-dessons  du  cerde,  pendant  que  les  masons  ooo- 
tinuaient  k  bAtir  par  le  haut;  k  Taide  de  ce  moyen,  00  nV 
TaH  pas  d^Abottlement  k  crafaadre.  TmikDU' 

FONDATIONS.  l6conmni$  9oeUde).ny  a  deux  sortes 
de  Jbndations.  TantAt  c^est  la  crtetion  mtaie  d^un  Aabbsse- 
ment  religieux  011  laiqne,  affects  k  nn  service  public  ou  pn  ^^ 
Unt6t  c*est  senlement  la  dotation  (Uteii  un  dtabllasemoit  d^ 
existent  d'un  bnmeuble,  d*un  capital  on  d*nne  rente  perp^ 
tneUeit  durgc  d*un  service.  On  distingue  enooit  les  tomlatiooi 


FONDATIONS 


$Zt 


elvttes  et  les  fondations  religieuses;  les  premieres  8*ap- 
pliquant  h  des  astes  de  pure  bienfaisance,  les  autres  k  dea 
actes  de  religion.  Plus  ap^alement  encore  on  appelle  fon- 
dations  pies  ou  pieuses  celles  qui  se  rapportent  h  des  OBUTrea 
de  pi^^  pure ,  comine  de  faire  dire  des  messes,  services  et 
pri^res,  de  faire  des  aum^nes,  de  soulager  les  malades,  etc. 
On  appdait  autrefois /(mdatlon^  royales  celles  qui  ^UJent 
dues  a  la  lib^ralit^  du  souverain  et  aox  bto^fioes  duquel 
11  avait  seul  droit  de  nommer.  Tels^taient  les  ^T^ch^s  et 
la  plupart  des  abb  ayes. 

11  serait  trop  long  d*^num6^  id  tootes  les  sortes  de 
fondations  civiles;  les  cr^tions  d^^coles,  d'b^pitaux, 
de  salies  d*asile,  d'ouvroirs,  de  crdches,  de  mai- 
sons  de  refuge,  de  bourses  dans  les  collies,  de  lits  dans 
les  hospices,  les  prix  dtoemds  par  les  soci^t^  savantes  et 
par  les  soci^t^  d'encouragement,  les  legs  fails  aux  bureaux  de 
charity,  soot  autant  de  fondations  de  cette  esptee.  Parmi  les 
plus  illustres  crtoteurs  de  fondations  nous  cilerons  en  France 
M  0  n t y  on,  to  baron  Gobert,  et  en  Allemagne  Francke  de 
Halle ,  etc. 

Les  fondations  rellgieases  soi^  les  plus  andennes;  el  les 
remontent  k  T^poque  od  Constantin  et  Licinius  permirent 
aux  ministres  du  culte  cbr^tien  d*acqu^rir  et  de  possikier, 
et  ce  fut  tout  aussit6t  une  des  prindpales  sources  des  biens 
eccUsiastiques. 

La  premiere  interrention  de  I'itat  en  mati^re  de  fonda- 
tions en  France  ne  date  que  du  rigne  de  Henri  II  \  encore 
r^it  de  ce  prince  ne  fut-il  que  comminatoire.  Cependant 
les  fondations  se  multipliaient  chaque  jour  davantage,  en 
rotoie  temps  que  s^ei6cutaient  de  moins  en  moins  les  obli- 
gations qui  y  ^talent  attach^es.  L'imp6t  fonder  diminuait 
rapidement  \  mesure  que  s*augroentaient  les  biens  ecd^ 
siastiqoes,  exempts  de  toute  contribution.  Henri  lY  crte 
one  chambre  de  chariti^  sp^alement  charge  de  refor- 
mer les  abns  des  fondations  cbaritables.  Cette  cbambre 
sous  Louis  Xin  prit  le  nom  de  chambre  de  reformation 
et  plus  tard  celui  de  chambre  de  chariU  ekritienne.  De 
leor  cAt^ ,  les  parlements  se  montrtoent  constarament  dis- 
pose k  r^primer  Textension  immod^rte  de  ces  diverses  ins- 
titntions.  Enfin,  an  ^it  royal  de  1740  ordonna  que  la  fon- 
dation  d'^tabllssements  s^culiers  ou  ecd6siastiques,  comme 
^ises,  abbayes,  mon^t^res,  colleges,  bftpitaux,  serait  sub- 
ordonnte  ^  Tautorisation  du  roi ,  et  que  cette  autorisatio;n 
ne  serait  accord^  qu^aprte  une  enqudte  publique  sur  Tu- 
tilit^  de  la  fondatlon  projet^. 

A  la  mtoie  6poque,  VEncyclopidie  se  faisant  V6cho  de 
Topinion  publique,  qui  depuis  longtemps  s'^tattprononc^ 
contre  les  consigquences  d^saslreuses  des  fondations,  traita 
cette  question  ayec  une  bauteur.de  vues  remarquable.  Dide- 
rot, auteur  derartide,  ^tabIitd*abord  qu^un  fondateur^tant  un 
liomme  qui  veut  ^temiser  Teflct  de  ses  volont^,  la  sod^t^ 
sTalttoujoursle  droit,  en  lui  supposant  mfimeles  intentions  les 
plus  pures,  de  se  d^fier  de  ses  lumi^res.  Puis,  examinant  les 
rteollats  de  la  charity,  «  Fabre  rivre  gratuitement  un  grand 
nombre  d*liommes,  ajoatait>il,  c^est  soudoyer  Poisivet^  et  tous 
les  dterdres  qui  en  sont  la  suite ;  c*est  rendre  la  condition 
da  faineant  pr^i^rable  k  celle  de  riiomme  qui  travaille; 
c'est  par  cons^ent  diminuer  fiour  F^tat  la  somme  du  tra- 
Tall  et  des  productions  de  la  terre.  >  II  mon  trait  Timpossi- 
bilit^  de  matntenir  k  perp^uit^  I'ex^ution  d^une  fondation, 
deoelles  qui  consistent  enai^ent  eten  rentes  surtout,  k  cause 
de  la  diminution  successive  de  la  valeur  de  Targent  et  du 
taux  de  Pint^rfit.  II  prouTait  que  les  besoins  des  society 
changent  continuellement,  que  le  temjH  am6ne  de  nouTelles 
r^olutions,  une  organisation  diffi^rente  des  peuples  et 
d'antres  distributions  de  la  propriety ;  ce  qui  fait  disparaltre 
TatOit^  que  des  fondations  pouvaient  avoir  k  I'origine.  Dis- 
cutant  k»r  principe  m£me,  il  d^mon trait  victorieusement 
qu*ellesn*attdgnaient  aucundes  buts  qu*dles  se  proposaient. 

Pour  oe  qui  est  des  besoins  gdndraux  de  rbumanitd,  la 
nourriture  mat^rielle  et  la  nourriture  spiritudle,  IVducation, 
le  Men  g^ndral  doit  £tre  le  r^ltat  da  travail  et  des  cflbrts 


de  Chacon  pour  son  propre  int^6t;  et  en  passant  il  d^ter- 
minait  avec  une  grande  neltel^  le  rOle  que  doit  jouer  1*^ 
tat :  «  Ce  que  Tl^tat  doit  a  cbacun  de  ses  membres,  c'est 
la  destruction  des  obstadesqai  les  gteeraient  dans  leur 
Industrie  on  qui  les  troubleraient  dans  la  jouissance  des 
produits  qai  en  sont  la  rteompense.  • 

Quant  aux  besoins  accidentels  des  society,  lorsqu'H 
8*agit,  par  exerople,  de  rem^er  aux  maux  d^une  disette, 
d'une  ^pid^ie,  I'assodation  libre  et  les  souscriptions  to- 
lontaires  doivent  6tre  pr6fi6r6es  aux  fondations ,  parce  que 
de  cette  sorte  les  ressources  ne  sont  point  ^temdles  poor 
des  besoins  passagers. 

Enfin,  Diderot  etablissait  le  droit  incontestable  do  gouver- 
nement,  dans  Pordre  dvil,  du  gouvemement  et  de  l'£glise 
dans  Tordre  de  la  religion,  de  disposer  des  fondations  an- 
ciennes,  d'en  dinger  les  fonds  k  de  nouTeaux  objets  on  de 
les  supprimer  toot  k  fait.  Et  il  termfaiait  par  cette  vigoa- 
reuse  apostrophe  :  «  L'utilit^  publique  est  la  loi  suprtoie,. 
et  ne  doit  6tre  balanc6e  ni  par  un  respect  superstitieux 
pour  ce  qu*on  appelle  llntention  des  fondateurs,  comme  si 
des  particuliers  ignorants  et  bomte  avaient  eu  to  droit  d'en^ 
elialner  k  lears  Tolontte  caprideuses  les  gtotetions  qui 
n'^taient  point  encore;  ni  par  la  crainte  deblesser  les  droits 
pr^tendus  de  certains  corps,  oorome  si  les  corps  particuliers 
avaient  quelques  droits  Tis-ii-vis  de  l'£tatl » 

Cette  derni^re  phrase,  la  voix  puissante  de  Mirabeau  la 
r^p^ta  k  to  tribune  de  TAssembl^  consUtuante,  lors  de  la 
reunion  des  biens  du  clergd  au  domaine  de  r£tat  Cette 
grande  mesure  fit  cesser  TefTet  de  to  majeure  partto  des 
fondations.  Cependant  to  constitution  civile  ducler- 
g^  maintenait  provisouement  les  fondations  de  messes  et 
autres  services  ptoux. 

«  A  cette  ^poque,  dit  I'archev^ue  Affre,  dans  son  Tr(Ut4 
de  VAdministration  du  Temporel  des  Paroisses,  le  nom- 
bre des  fondations  rdigieuses  dtait  immense;  les  archives 
des  etablissemento  catboliques,  depuU  les  ^^ises  m^tro* 
poUtaines  jusqu'aux  ^ises  des  plus  humbles  villages,  de- 
puis Taniversit^  de  Paris  jusqu*^  T^cole  de  la  demi^re 
paroisse,  en  contenaient  one  multitude  incroyable.  11  n'y 
arait  presque  pas  de  paroisses  en  France  qui  nc  poss^dassent 
quelques  fondations ;  mdme  parmi  les  plus  pauvres  et  les 
moins  peupl^,  il  y  en  avait  peu  qui  n*en  poss^asseni 
plusieurs.  L*objet  le  plas  fir^uent  de  ces  fondations  ^tait 
les  obits.  » 

A  to  suKedu  cone  ordat,  to  plupart  des  biens  qui  avaient 
6te  r^uU^rement  donnte  ou  \^u&  aux  fabriques  dans  un 
but  charitoble  tour  furent  rendus.  Puto  vinrent  la  loi  du 
3  Janvier  1817  et  I'ordonnance  royaledn  2  avril  de  to  m^a 
annte  qui  ferment  encore  actuellement  la  l^slation  en 
vigueur  pour  les  fondations  pieuses  ou  cbaritables  laites  k 
des  ^blissements  religieux  ou  lalque&  Tous  les  ^tablisse- 
mento  ecd^siastiques  togalement  roeonnus  peuvent  accep- 
ter, avec  Tautorisation  do  chef  de  T^tat,  tous  les  biens 
meubles  et  immeubles,  ainsi  que  les  rentes,  qui  tour  sont 
donn^  par  actes  entre  vifs  ou  de  demi^re  volont^,  et  ac- 
qu^rir  les  dito  biens  et  rentes  sous  to  mtaoe  condition.  Les 
biens  immeubles  ainsi  acquto  ou  donn^  sont  malitoablea 
de  droit,  k  moins  d'une  autorisation  da  chef  de  I'^tat  Les 
etablissemenU  eccl^siastiqiies  qui  peuvent  £tre  aatoriste  k 
recevoir  des  dons  et  des  legs  «t  k  acqu^rir  sont  les  ^ises, 
les  archevtelies  et  6vteh^,  les  chapitres,  les  grands  et  pe- 
tits  sduiinaires,  les  cures,  les  succursales,  les  fabriques,  et 
les  congr^atlons  religieuses  reconnuespar  la  loi.  Parmi  les 
^tablissemento  publics  tolqaes  auxquds  la  m6me.  autorisa- 
tion pent  £tre  accord^,  nous  dlerons  les  bureaux  de  bien- 
falsance,  les  hdpitoux,  les  lyc^  et  coltoges  communani » 
les  d^partements,  les  communes  et  toutes  les  assodatioos 
charitobles,  litt^aires,  sdeutifiques,  etc.,  qui  out  to  title 
et  le  privil^e  d'^tablissemento  d'utilit^  publique. 

Void  la  fttotistique  des  legs  ou  dons  faito  an  profit  des 
etablisscnicnts  de  charite  laiqnes,  non  compris  eenx  qui 
ont  ^t^  accept(^s  en  vertu  des  dteisions  det  prttdta^iea- 


SZ4 


FONDATIONS  —  FONDERIE 


qtielfi  jQ8qti*eii  1846  poaTaient  auforiser  les  HMralit^  s*^* 
levant  k  moins  de  300  Iranca,  minimum  6\ey6  depiiis  k 
3,000  Arancs.  Sous  le  consulat  et  Ferapire  (de  Tan  ix  an 
26  mare  1814)  its  s'^lev^^t  1^  prte  de  15  millions,  soil  nn 
pen  pint  d*un  milHon  par  an.  Les  dons  immobiliers  fign- 
rent  dans  ce  chifTre  "ponr  an  tiers.  Sous  la  Restauration, 
ils  atttigniront  le  chifTre  de  51  millions,  soit  plus  de  3  mil- 
lions par  an.  Les  lib^ralitte  immobili^res  figura^ent  dans 
rette  somme  pour  prto  dn  quart.  Enfln,  dii  i"  aoOt  1830 
jiu  1*' Janvier  1847,  ils  monUrentl^  6i  millions  on  4  mil<- 
Jlons  par  an,  et  la  iiroportion  des  immeuliles  aux  capitaax 
roohiiiers  descendit  du  quart  au  cinqui^me. 

La  statistique  des  dons  faits  aux  ^tablissements  eccl^ 
siastiqiies  depnis  la  m6me  6poque  serait  tr6s-curieuse  k 
<:onnattre(et  lesS^mentsen  ont  6%^  r^unis,  au  moins  quant 
aux  immenbles,  par  radministration des  finances,  charg^  de 
preparer  Passiette  de  I'lmpdt  sur  les  biens  de  main  morte, 
votd  en  1849).  Bien  que  les  chifnres  n*aient  pas  6U  public, 
e'est  une  diose  de  notoriM  publiqne  que  Paccroissement 
de  ces  sortes  de  dons  et  fondations  a  eu  lieu  dans  des  pro- 
portions bien  autrement  oonsid^bles  que  pour  les  ^tablis- 
cements  lalqnes. 

Tout  le  monde  salt  en  efTet  que  la  plupatt  du  temps  on 
se  passe  de  1-autorisation  du  gouvernemerit  pbur  ces  sortes 
de  donations,  et  qu'elles  sont  lliites  h  des  personnes  inter- 
pose, par  exempie  k  Pun  des  membres  d'une  congr^- 
iion ,  au  lieu  de  la  faire  k  la  congregation  elle-m6me. 

D6\k  les  melHeurs  esptits  prdvoientte  retour  des  <^norroes 
abus  et  des  graves  ineonv^nients .  qui  existaient  avant  la 
revolution  de  1789  et  constatent  avec  inquietude  Paccrois- 
sement  des  biens  de  main  morte. 

D^k  k  plusieurs  reprises,  sous  le  regime  parlementaire 
et  sous  le  regime  republieain,  de  singuliftres  revelations  et 
<!e  solenoels  avertissements  ont  ete  portes  k  la  tribune. 
On  se  reppelle  le  scandale  que  produisit  nn  jour  Pinter- 
ntption  d'un  depute  du  centre  gauche,  qui  ponr  fiilre  ces- 
ser les  eraintes  etprfmees  a  ce  sujct  par  an  de  ses  coU^ies 
sVcrtft  :  «  Laissez-les  amasser;  quand  nous  aurons  besoin  de 
ces  biens,  nous  les  prendrons.  » 

En  r&um4,  sans  proscrire  absolument  toute  espke  de 
fondation',  con^nens  que  oe  n^esi  pas  par  ces  creations, 
trop  smivent  sieriles,  de  la  hienftdsance  pufolique  ou  privee 
qneduivent  seguerir  les  plaies  des  societ^  modemes,,  mais 
bien  plut6t  par  upemeilleure  organisation  generale,  par  Pex- 
tension  iHimitee  des  institutions  de  privoyiince  et  de  credit.. 

W.-A.   DUCXETT. 

FONDEUENT  (du  XaHnfundanientum),  Ce  mot  a 
4is8ez  d'analogie  avec  le  mot  fondation;  mais  H  s'entend 
plutdt  de  la  masse  de  pierres  ou  portion  de.rouraille  bAtie 
<l'abord  dans  la  terre,  pour  soutenir  le  reste  de  Pedifice,  tan- 
dis  que  fondaiion  comprend  tout  ee  qni  s'applique  ii  ce, 
genre  de  travail,  comme  Paction  de  tracer,  de  creuser  ta 
(fosse  qui  doit  rocevoir  le  fondement,  les  dimensions,  Peie- 
vation  de  ce  dernier,  etc,  Au  ftgiire  ces  deux  mots  ont  dans 
plusieurs  cas  le  iki6me  sens ,  mais  celui  de  fondemeni  est 
aeanmoios  beaucoup  pins  etendu.  11  pent  s'employer  pour 
les  ehoses  qui  servent  de  base,  comme  Justice,  cause,  lois, 
principe,  assurance,  Taison,  preuve,  l^lt,  etc.  :  «  La  justice 
et  les  lob  sont  les  pins  tftn  fondemenU  d*an  gouveme- 
ment,etc.  »  Le  verbe/om/^  ne  s'emploiepas  en  fran^  an 
propre,  sous  la  Ibrme  dcterlw  ;  mais  11  est  trtM^commun 
an  figun6.  Billot. 

FONDERIE.  Ttates  les  fots  qn^n  metal  onun  alliage 
se  Tondent  ayec  fatilite ,  on  peut  les  obtenlr  sous  toutes  les 
formes  desirables,  en  les  eoulant  dans  des  moules  :  alnsi,  la 
fonte  ^  rer,  le  bronze,  le  fadton,  le  cuivre,  Por,  Pargent, 
sont  converts  en  vases,  omements,  ustensiles  divers,  des- 
tines k  un  grand  nombre  d*iisages.  L*or  et  Paigent  nesont 
empioyen  que  pour  des  objets  d^one  grande  valeur;  leur  tra- 
*aH  conslitue  Part  de  Porfi^vre.  Nous  nVons  pas  k  nous  en 
«oenper  ici;  les  procedesdn/omfeiir  ne  s^appliquant  qu*au 
inoiilage  de  la  foate  de  fer,  du  cuirrey  du  bronze  et  du  laiton. 


J 


Les  objets  qu'il  s'ajit  de  produire  par  le  mojen  da 
monle  poovant  avoir  des  formes  trto-varl<^es,  leur  e.\eca- 
tion  presente  par  1^  m(^me  de  grandes  difrerenoes,  Lors- 
quMI  Skagit  de  mouler  des  plaques  doiit  Puiie  des  sodscei 
seulement  doit  etre  unie  on  couverte  d'ornemcots,  quels  qu'ils 
soient,  it  snffit  d*en  tracer  les  dimensions  daqs  du  sabli 
ou  de  la  terre,  et  d'y  couler  la  mati^re  qui  doit  les  com- 
poser; mats  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  les  fonnct 
des  pieces  exigent  que  le  metal  de  Palliage  soit  introduit 
dans  des  monies  oil  il  se  trouve  enveloppd  de  toutes  parts, 
et  dont  la  confecUon  demanJe  beaucoup  de  precautktnSi 
Le  moulage '  peut  etre  opere  dans  des  moules  en  tene^ 
en  sable  non  dessdche,  ou  en  sable  qui  a  et^  expose  k  Pso> 
tion  de  la  chaleur,  pour  lui  enlever  toute  Peau  quil  rai- 
fermait.  Le  moulsge  en  terre  est  beaucoup  moins  employ^ 
maintenant  qu'il  ne  Petaft  autrefois ;  il  y  a  cependaot  on 
assez  grand  nombre  de  pieces  que  Pon  ne  peut  avanfageuiti- 
ment  obtenir  que  par  ce  moyen ,  telles  que  de  grandes  pi^es 
creuses,  comme  des  cyllndres  de  machines  k  vapeur,  par 
exempie.  On  applique  encore  ce  mode  au  mpulage  il'ustcn- 
siles  en  fonte  de  fer,  tels  qae  cbaudi^res  i  cuire  les  alimeaU. 
Dans  tous  les  cas,  lorsqu'on  Teut  epargner  I4  confecUoa 
d*un  modeie,  pour  le  moulage  d*une  pi^e  creuse,  H  est 
necessaire  d^etabiir  un  noyau,  que  Pon  dispose  de  t^!e  sorle 
qu*entre  lui  et  la  partie  du  moule  qni  forme  le  crenx  puu^^e 
s'introduirc  le  metal.  Suivant  les  dimensions,  on  coD&truit 
le  noyau  en  terre  ou  en  briques  recouvertes  d'une  couche  de 
terre  legerement  argileuse^  convenablemeot  hnmectee,  h 
laquelle  on  donne  la  forme  voulue  par  le  ropyen  d^un  pralil 
en  bois ,  le  long  duquel  le  noyau  peut  tourner.  On  l^'t  en- 
suite  dessecber  la  terre,  et  on  y  applique  une  ooocbe  de 
charbon en  poudre  d^Iaye  dans  Peau,  que  Pon  dessechebiea, 
et  qui  euip>&che  Padherence  de  la  nouvell^  couche  de.tenre 
que  Pop  applique  ^'  la  surface,  et  dont  Pepaisseur  estua 
pen  plus  forte  que  celle  de  la  couche  de  meta|  qui  ooostl- 
taera  la  pi^te.  Apr^s  avoir  reconvert  cette  nouvelle  cowbt 
de  chaVbon  deiaye,  on  construit  Penveloppe  exter^nire;  sprb 
Avoir  retire  cette  derniere,  on  detruit  la  couche '  inlerm^, 
dfaire ;  on  fait  secher  le  moule  avec  soii^ ,  on  replace  tea 
deox  parties  du  moule,' et  on  y  coule  le  metal  qui  doit  aerTir 
k  confectionner  Ta  piece. 

Les  monies  en  terre  sont  prepares  d^une  maniere  louts 
difierente.  On  cholsrt  une  terre  un  pen  mai^e,  que  Toa 
hnmecte  de  maniere  k  en  former  une  pkie  solide ;  on  coio- 
mence  par  en  former,  dans  un  chassis  en  bois  ou  ep  fonte, 
one  couche  dans  laquelle  on  enfonce  le  modele  jusqu^ii  moi- 
tie  de  sa  hanteur;  on  bat  fortement  autour  la  terre  employ^i 
de  mani^  k  lui  donner  autant  de  solidite  que  possible,  el 
apr^  avoir  saupoudre  la  surface  de  la  terre  avec  do  sable 
fin,  dont  on  a  bien  soin  de  ne  recouvrir  aucune  partie  da 
modeie,  on  place  un  second  chflssis  sur  le  premier,  et  oa  7 
tasse  de  la  meme  mani^re  la  terre  qui  doi(  prendre  la  forme 
de  la  partie  supedeure  de  celui-d ;  aprte  avoir  enleve  le  der- 
nier chibssis,  on  retire  le  modeie  en  Pebranlant  avec  soin. 

Llntrodnction  du  metal  dans  les  mpulei^  exige  dei  dispo- 
sitions particuUeres  poor  fadiiter  la  sortie  de  Pair,  emp^eber 
la  deterioration  du  moule,  et  permettre  au  metal  de  peoetrer. 
dans  tous  les  details  sans  avoir  perdu  de  sa  li^uiJite.  La  cou- 
lee que  Pon  pratique  pour  cela  k  Pexterieur  du  cbilssis  pe- 
netre  par  un  seul  point,  et  se  divise  en  un  plus  ou  moinsgraad 
nombre  de  branches,  qui  portent  le  metal  liquids  dsas  les 
diverses  parties  du  moule.  Quaod  la  piece  a  unebanteur  peu 
considerable,  le  metal  se  rdpand  facilementdans  le  moolesans 
en  alterer  les  formes;  mais  s'il  ^agit  de  couler  un  objet.^C 
qnelques  decimetres  seulement  de  liauteur,  la  chute  du  metal 
detruirait  plus  ou  moins  la  partie  inferieore  du  moiiJe.  Paw 
eyiter  cet  accident,  on  pratique  alors  un  siphon  renTerWi 
qui  {Mjrte  le  mdtal  dans  la  parti6  inferieure  du  clils8is»  ^e 
sorte  qu'en  montant  avec  lenteur,  il  risque  pttidcproduJje 
une  alteration  tre&-sensiblc.  Cependant,  les  pieces  ^^^^'^ 
hauteur,  comme  les  cyllndres  de  laniinoirs,  aid  doivent  «re 
parfoitement  sains  dans  toutes  leurs  parties,  nsqiMot  mobi* 


FONDERIE  —  FONDEUR 


Bm 


de  ne  pas  pitieater  le  degr^  de  perfection  d^irable,  parce 
que  le  fu^tal,  en  reoiOoUiiit  dana  le  moule,  enlrttne  des 
grains  de  sable  on  qaelqnes  portions  de  crasse  qui,  s'arrti- 
f ant  dans  leur  marclie ,  produisent  des  d<^uts  daufi  la  pi^ce. 
On  est  parrenu  h  ^?iter  ce  grave  inconvenient  en  faiaant  arri- 
Tcr  le  ro^tal  par  un  jet  inclind  relativement  k  la  cavity  du 
moole  :  le  mouvement  de  rotation  que  prend  alors  le  m^tal 
ramtoek  !a  surface  toutes  les  matil^res  ^rang&res,  et  U  per* 
faction  de  la  pitee  est  blen  plus  assure. 

Toutes  les  fois  qu*un  objet  coul^  doit  avoir  une  bauteur 
de  quelques  d^cimMres  seulelncnt,  Jl  est  indispensaUe  que 
Te  moole  soit  surmonti d^one  cavity  que  Ton  remplit  dero^ 
tal,  et  qui  est  destinte  k  compriniiyr  celui-ci  dans  le  tnonle : 
cette  partie,  que  I'bn  d^signe  sous  le  nom  de  masseloite, 
est  particdliftrement  Indispensable  pour  les  c  a  nous  et  les 
cytindres  de  buninolrs ;  soq  Tolnme  depend  de  la  dimension 
el  de  la  nature  de  la  pito.  Lorsque  dans  le  moulage  en  sa- 
ble, les  piteesduivent  avoir  des  noyau  &,  ceux-cl  sontprd- 
par^  avec  le  mftme  soin  que  les  cli&ssls,  et ,  pour  retenir  le 
sable ,  on  fixe  sur  Paxe  des  fils  de  fer  qui  lui  donneni  de  la 
solidity.  De  quelquemaui^re  que  les  monies  sotent  pri^pards, 
tl  est  indispeosiJde  de  donner  une  issue  fadle  k  Tair^  qui 
compiimd  ferait  b^iser  les  monies  :  pour  la  determiner^  on 
eo  peroe  les  diverses  parties  avec  une  m^be  fine;  les 
tr^petites  ouvertures  qui  en  resultenC  sont  insufSsantes 
pour  laiaser  pdn^trer  le  metal,  piais  permetient  k  Tair  de 
s^e-diappcr. 

Quand  les  monies  sont  terminus,  on  j  verse  le  metal,. 
aprte  en  avoir  reuni  les  diverses  parties,  si  le  moUlsge  a  lieu 
en  sable  veri  on  humide ;  mais  dans  un  tres-grand  nom- 
bre  de  cas  les  monies  sont  exposes  k  une  asset  forte  ctialeur 
pour  en  dissiper  toute  l*l)umidite  :  ce  moulage  an  sable 
d'iittve  etait  k  pen  pr6s  le  seul  qui  fQt  employe  autrefois 
|ionr  la  fonte  de  fer,  quand  on  voulait  avoir  des  pieces  sus- 
cept9>Ies  d'etre  reparees.  Depuis  assea  liiug  temps  on*  y 
avait  substitue,  en  Ajigleterre^  le  sable  vert;  maintenant, 
en  France,  on  est  parvenu  ii  des  resultats  analogues.  Le 
moulage  en  sable  vert  est  plus  facile  et  beaucoup  moins 
codteux  que  celui  en  sable  d'Huve;  quand  il  est  pratique 
aTec  soin,  il  dunne  des  pieces ,aussi  parfaites.  La  dessiccation 
des  monies  s^opere  dans  des  etuves  dans  lesqueUes  on  brOle 
do  coke,  ou  dans  des  foumcaux  k  reverbere,  qui  peuvent  etre 
chaufles  au  moyen  de  la  bouille,  parce  que  la  ftiroee  s'y 
trouve  suffisamment  brOlee^  le  sable  ne  doit  pas  etre  trop 
fortement  calcine,  parce  qu'il  perdrait  de  sa  tenacite.  Au 
moment  oil  Ton  fait  pen^trer  le  metal  dans  les  monies,  il 
le  degagedes  gazyqueTon  enflamme  parl*approched^un  bou* 
clioii  de  pailte  ou  d^un  morceau  de  bois  allume ;  une  le- 
g^re  detonation  a  lieu  au  moment  de  leiur  infianunation , 
mais  its  bHilent  ensuite  tranquillement 

Quelques  objets  peuvent  etre  couies  dans  des  monies  me- 
talliques  :  ce  sont  particuUerementlesbombesetlesboulets 
que  l*on  bbrique  de  ccUe  nianiere.  Les  moulcs  sont  formes 
de  deux  coquiiles,  que  I*on  reunit  d^une  mani^re  convena- 
ble ,  et  qui  sont  ensnlte  separees  pour  Textraction  de  la  piece 
mooiee.  La  fonte  prend  dfans  cette  circonstance  une  grande 
durete,  surtont  k  la  surface,  par  le  refroidissement  rapid e 
qo*elle  a  eprouve,  ce  qui  n^a  aucun  inconvenient  pour  des 
objets  de  oette  nature.  Dans  le  moulage  en  sable  d'^tuve  oo 
en  terre ,  cet  inconvenient  ne  se  presente  pas ,  et  c*est 
pour  des  pieces  de  machines^  par  exfmpic,  une  chose  indis? 
peo8abIe,pui8qa^eli(.«doiventsubir  un  travail  ulterieur^  soit 
au  burin,  soit  4  la  lime. 

Le  cuivre,  le  bronze,  le  laiton  et  la  fonte  de  fer  ne  devien- 
Lcnt  liquidesqu'k  une  temperature  rOuge;  leur  fusion  pent 
s*operer  par  divers  moyens.  Le  bronze  et  le  cuivre  sont  tou- 
lours  places  dans  des  fours  k  reverbere,  quand  on  opere 
sor  de  grandes  quantites;  on  les  fond  au  creuset  lorsquMls 
sunt  en  petite  proportion.  Le  laiton  n*est  urdinairemcnt  fondu 
qu*au  creuset.  Quant  k  la  fonte,  on  la  traite  au  four  a  rever- 
bere ou  au  creuset,  comme  les  premiers;  mais  le  plus  soo- 
vcfli  on  1*  Utace  dans  une  espece  de  fonmeau,  qui ,  du  nom 


de  eon  auteur,  porte  le  nom  de/mmeoii  d  la  Wilekimomf 
cuhilot  ou  cuvelot  dans  lequel  on  la  jette  par  la  partis  siipe* 
rieure,  avec  le  coke  destine  k  en  eieyer  la  .te«ipei:stoi«9  el 
dont  on  deter^iina  la  fusion  an  m«y^  d'air  intvoduit  par 
one  maQbine  spuOli^t  k  la  partie  infeiieufle,  AuhIsssous  ds  o» 
point  est  disposee  une  cavite  ou  creuset  djyis  lequel  la  fonte 
vient  se  rdunir  avec  les  sfxiries  qui  en  pruvieoutiit  Vne  ou- 
vcrture  placee  k  la  partie  la  plus  basse  permet  PeeoulemMit 
de  la  fonte  fi  des  scories;  trochee  pendant  roperation  par 
on  tampon  de  terre,  on  Touvre  quand  is  creuset  oontient 
assei  de  fonte  eo  arrfttant  momentanenMOt  la  sooflleriet  La 
fonte » reQoe  dans  d^  cliaudieres  en  funta»  reoooirertes  inte-' 
rjenrem^.d'una  coucbe  de  terre  k  four^  est  alors  verseo 
dans  les  moules,  Aux. fours. &  reverber^^  dont  la  sole  est  in* 
clinee  vers  rexlremite,  se  trouve  aussi  adapte.  on  bassin  pour 
recoulemenl  du  metal,  auqud  on  donne  issoe  par  le  moyen 
d^une  percee.^  Quant  aux  creusets,  oo  les  retire  du  feu  pour 
les  vidor  dans  les  ironies,  pu  bicyi  on  y  puise  par  le  moyen 
de  grandes  cuilieres  <en.  fjpr  recouvertes  de  terre, 

De  quelque  maniere  que  Too  propede,  il  fautenleveravec 
le  plus  desoin  possible  les^crasses  ou  scories  qui  setrou- 
\ent  k  la  surfope,  et  dont  rintrod^otion ,  dans  les  moules 
presenierait  ,les  plus  graves  iuconveiueats.  Plus  legeres 
que  le  metal »  elles  oagent  k  la  surface;  on  les  eoarfe  au 
moyen  d'un  moroeau  de  bois,  et  one  fois  que  le  jet  de  metal 
est  bien  forme  par  TincUnaison  du  vase,  qui  le  reoferme,  it 
est  facile  de  les  empecher  de  toiuber.  Quek]uefois  on  deter- 
mine ras<sensio4  des  parties  qui  nageot  encore,  dans  le  ii- 
quideen  y  plongeant  k  diverses  reprises  le  morceau  debois, 
dont  la  decomposition  donne  des  produits  volatife  qui,  en 
se  degageant  au  travels  de  la  masse,  reuaissent  les  petttes 
parties  de  scories  et  les  rameoent  a  la  sm'face. 

Si  les  moules  dans  lesquels  le  metal  peoetxonMtaieot  pas 
convenablement  dessecbes,  le  metal  que  Ton  y  introduit,  de- 
tenninant  instantanement  la  vaporisation  de  Teao  qu*tl  y 
rencontrerait,  poorrait  etre  projete  avec.^oleace  en  brisant 
\(6  moule,  et  exposer  les  ouvriers  et  les  assistants  aox  plus 
graves  accidents  s  on  pourrait  encitsf  on  graod  nombre  de 
ce  genre  arrives  dans  des  ateliers. 

Les  pieces  retirees  du  moule  oflireat  ^  leur  surface  des 
bavures  provenant  des  points  de  junction  des  diverses  parties 
de  celui-ci,  etpeuyent,  en  outre,  contenir  des  grains  de  sablet 
ou  de  scories.  Les  bavures  ^enievent  facilement,  etne  don- 
nent  pas  lieu  k  reiteration  des  formes ;  il  en  est  tout  autre- 
ment  des  grains,  qui  peuvent  etre  la  cause  de  la  perte  d'une 
piece,  suivant  leur  nombre  et  les  parties  auxquelles  ils  sont 
fixes.  On  voil,  d'apres  cela,  comUen  sont  importsnts  les, 
soins  que  nous  avon^  rapidemonit  iudi'iues. 

H.  Gaultissi  de  Clsubby. 

FONDEUR*  L'art  de  couler  des  aliiages  de  c  u  i  v  r  e  (tit 
decouvert,  suivant  Aristote,  par  un  Lydien,  nomme  Seyies,  ' 
et  suivant  Theophraste,  parlePhrygienDdas.  Tbeodore  et 
RliuBcus  de  Samos ,  qui  vivaient  environ  700  ans  avant 
jesus-airist,  sont  regardes  comiiie  ayant  fondu  les  pre- 
mieres statues  en  bro'nie.  Cet  art,  porte  cliez  les  Grecs 
i  una  baute  perfection,  dedioait  d^  aux  beaux  temps  de 
la  lepubUque  romaine ;  il  se  perdit  presque  entierement  vers 
la  findu  siedequi  fut  temoin  de  la  diule  du  Bas-Empire.  Du 
leste,  on  suppose  que  les  andens  nd  oonuaissaieiit  pas  la 
fonte  de  fer.  Toutau  plus  meiaient-ils  Tairain  et  le  fer, 
comme  Pliue  Vassure  positivement  k  regard  d'uue  statue  de 
Tbebes,  ouvraged*Aristonide,  repieseotaot  AILamas  furicux^ 
et  qui  existait  encore  de  son  temps. 

Des  le  treizieme  siede,  tons  i»/ondeurs  en  metaux  de 
France,  places  sous  le  patronage  de  saint  £loi,  etaient  reu- 
nis  eu  une  communaute,  dont  les  statuts  furent  renouveies, 
augmentes  et  confinnes  par  lettres  patentes  de  Cli|u-les  IX. 
Louis  XIV  y  fit  aussi  quelques  additions  en  1691.  Avant 
cette  e()04ue,  Tart  de  jeler  en  fonte  de  grandes  masses  mA* 
talliques  etait  telleroeut  imparfait  cbez  nous  que  les  statues 
etaient  fondues  hors  du  royaume.  Mais  dte  que  Loovois  foi 
pour^-u  de  la  surintendance  des  bAtiments,  en  IMft,  B  " 


536  FONDEUR 

iflH  les  fooilerieft  de  Taneiiai,  et  en  donna  IMnspection  h 
Jean-Baltbazar  Keller,  de  Zurich,  commisaire  gto^ral  des 
fontes  da  royanme.  Les  fr^res  Keller  sont  encore,  sans 
oontredHtles  fondeurs  les  plus  habiles  que  Pon  puise  dter. 
Cependant,  phistard,  les  scnlptenrsGirardon,  Lemohie,  etc., 
et  depnis  to  fondeor  Soyer,  se  disiingotoent  dans  Tart  de 
Miiilfir  I^A  m^tanx 

FONDEUR  EN  CARACTEIRES.  Le  premier  qui 
produisit en  quantity illimit^ descaract^res  mobiles  en 
m^tal  fnt,  dit-on,  Pierre  Scb(Bner,  gendre  de  Fust,  entre- 
preneur Gopiste  ou  typographe  de  Mayence,  vers  Tan  1440. 
D^autres  font  honnenr  de  cette  belle  d^courerte  h  Jean  Gu- 
tenberg, riche  gentilhomme  aliemand.  Le  T^ritable  au- 
teur  des  caraet^m,  celui  qui  ii  bon  droit  peut  en  reren- 
diquer  tout  le  m^te,  c'est  Tartiste  qui  en  grave  les  types, 
connns  sons  la  denomination  Tnlgaire  de  poin^ons,  Un 
poin^on  consiste  en  nn  prisme  d'acier  h  bases  quadrangulai- 
res.  Sur  Tun  de  ses  bouts,  le  grayeur  forme  en  relief  la  fi- 
gure d*une  lettre  toum^  en  sens  contraire  :  ainsi  le  relief 
qui  figure  la  lettre  B,  par  exemple ,  la  repr^sente  le  ventre 
toum^  vers  la  gauche,  comme  se  Toit  8.  Le  poinfon  4tant 
bien  dressd  k  la  lime  sur  toutes  ses  faces,  efit  par6,  tremp^, 
recuit ,  bruni.  Avec  le  poin^on ,  on  imprime  en  creux  la 
lettre  dont  il  porte  le  relief,  sur  des  lames  de  cuivre  rouge 
d'environ  3S  millhnMres  de  longueur  sur  8  d^^paisseur.  Ces 
lames,  ainsi  eropreintes,  s'appellent  matrices;  ce  sont  au- 
tant  de  moules  en  ^tat  de  reproduhre  an  trte-grand  nombre 
dtt  iettres  toutes  pareilles;  et  comme  nn  poin^n  heureu- 
sement  tremp^  peut  sans  se  d^riorer  sensiblement,  im- 
primer  sa  ligure  dans  une  multitude  de  matrices,  Ton  com- 
prend  qu'un  tel  outil  est  ordinalrement  le  p^re,  en  quclque 
sorte,  dHme  quantity  prodigieuse  de  Iettres  que  se  procu- 
rent  diverses  imprimeries.  \oi\k  pourquoi  un  assort! went 
<le  poin^ns  &i4cat6&  par  un  graveur  habile  est  pay^  au  poids 
de  Tor,  et  conserve  avec  autant  de  soin  que  I'objet  le  plus 
pr^eux.  Le  fondeur  commande  souvent  les  poinQons  au 
graveur,  qu'il  traite  en  artiste,  II  les  trempe  lui-mfimc 
qaelquefols,  et  frappe  les  erapreintes  des  matrices. 

Le  mottle  du  fondear  en  caract^res  est  tr6s-compIiqu6, 
car  il  se  compose  d^environ  cinquante  pi^es  :  cela  ne  sur- 
prendra  point  quand  on  saura  que  ce  m6me  appareil  est  sus- 
ceptible de  recevolr  autant  de  modifications  qu*il  en  faut 
pour  que  le  commun  des  matrices,  quelles  que  soient  leurs 
dimensions,  puissent  etres  regies  dans  son  int<^r!eur.  Au 
moyen  de  ces  dispositions,  ce  monle  devient  un  reproduc- 
tenr  universel  de  caract^es.  (Test  I'empreinte  de  la  matrice 
qui  donneVaHl de  la  lettre;  le  corps  est  form^  par  d'autres 
pieces  du  monle,  que  Ton  rapproche  ou  que  Ton  ^rte  sui- 
Tant  quMl  en  est  besoin.  La  mati^re  dont  on  fait  les  carac- 
t^res  est  compost  de  r^Ie,  de  plombet  d'un  peu  d\^ 
tain;  coramun^raent,  I'alliage  contient  de  15  k  25  de  re- 
gale sur  100  dc  ploinb;  on  fond  plusieurs  fois  ces  m^taux 
ens<»nble,  afin  d'en  op^rer  la  combinalson  aussi  intimeraent 
que  possible. 

Quand  on  se  dispose  k  cooler  les  caract^res,  on  fait  fon- 
•Ire  Talliage  dans  une  esp^ce  de  marmite  de  fer.  Tout  autour 
de  ce  vase  se  rangent  les  ouvrfers  fondeurs,  tenant  le  monle 
d'une  main  et  une  petite  culller  de  fer  de  i'autre ,  avec  la- 
quelle  ils  puisent  de  la  mati^  contenue  dans  la  marmite , 
la  versent  immMlatement  dans  le  moule,  et  tout  aussitdt 
ils  impriment  k  ce  dernier  une  secousse  de  has  en  haut,  afin 
que  lem^tal,  encore  liquide,  en  reniplisse  bien  le  creux.  Au 
sortir  du  monle,  lee  Iettres  ou  caract^res  passent  dans  les 
mains  de  femmes  qui  les  frottent  sur  une  pierre  de  gr^s 
bien  dresste  ,  pour  en  dter  les  asp^ntes ;  eltes  les  rangent 
ensuite  entre  deux  r^les  de  bois  de  5  1^  6  d^im^tres  de 
long,  aprte  qooi  un  homnie  les  place ,  Toeil  de  !a  lettre  en 
(lessons,  entre  deux  r^Iesde  fer  surlesquelles  court  un  rabot 
dont  le  coupant  retranclie  tout  ce  qui  reste  des  jets  au  sor- 
tir  du  mouie.  Dans  cette  operation ,  toct  est  dispose  de 
fa<^on  que  lorsqu'on  retire  les  canct^resde  la  marln'nc,  ils 
ont  tons  rigonreusement  la  mfme  hantenr* 


—  FOKDS 

Les  grosses  Iettres  capitales  se  ooulent  dans  des  moales 
particuliers,  ainsi  que  les  Landes  qui  servent  k  (aire  daJUets, 
des  interlignes,  etc.,  etc.  TETsstnaB. 

FONDOUCK  9  esptee  de  redoute  qu*occupaient  les  66- 
tachements  turcs  de  la  r^nce  d'Alger  sons  le  dey  Huss^m 
et  qui,  sitnte  auprte  de  I'emplacement  du  march^  du  Ktia- 
mis,  k  I'est  de  la  province  d*Alger,  servait  plutAt  au  pr^^- 
vement  arbitcaire  des  impdts  qu^^  la  protection  dn  commerce 
invoqute  par  tons  les  marchands  indigenes  qui  le  fr^en- 
talent  Imm6diatement  aprte  que  Toccupation  effectute  de 
la  partie  de  la  Mitidja  n^rvte  k  notre  autorit^  par  le 
traits  de  la  Taffna  eOt  6XA  complete,  nous  ^tabUmes  plu- 
sieurs camps  pour  d^fendrenos  lignes ;  ce  furent  ceux  d'Oued- 
el-Aleg,  k  unelieue  de  la  rive  droite  de  laChifla,  dans 
Touest  de  la  province,  ceux  du  Fondouck  et  de  Cara-Mns- 
tapba,  k  une  lieue  et  demie  I'nn  de  Tautre,  sur  les  coHtnes 
de  la  rive  gauche  du  Boudouaou ,  prte  du  point  o6  cette 
riviere  quitte  le  nom  d*Oued-Kaddara  qu'elle  porte  dans  la 
montagne,  et  le  camp  de  TOued-el-Akra ,  qui  fut  bioitAt 
apr^  abandonn^.  Ces  camps  furent  reli6B  entre  eux  par 
des  blockhaus  et  autres  postes  interm^iaires,  de  roani^re 
k  diriger  les  troupes  partout  ou  besoin  seralt  et  de  les 
mettre  k  mdme  de  recevoir  toojours  des  renforts  et  des 
secoors.  Une  route  entreprise  en  mdme  temps  que  le  camp 
du  Fundouck  assura  une  conununication  constante  avec  la 
limite  do  uos  possessions.  Cette  route  pouss^jusqu'a  TOued- 
Kaddara  fit  de  ce  camp  la  premiere  station  d\me  suite  de 
postes  d^fensifs  tehelonn^  sur  la  route  de  Constantlae. 
Cette  position  6tait  indispensable  pour  assurer  la  paisible 
possession  de  Test  de  la  Mitidja,  et  les  constructions  provi- 
soires  qui  y  avaient  ^t^  61ev^  k  la  hAte,  dorent  6tre  nromp- 
tement  remplacdes  par  des  constructions  en  ma^nnerie, 
telles  qu'une  manutention,  un  magasin  de  vivres  poor  mfUe 
hommes  pendant  quarante  jours,  sept  corps  de  caserne  din- 
fenterie  pour  neuf  cents  hommes  et  on  quartier  de  cavalerie 
pour  quatre-vingts  chevaux.  L*ex^cotion  de  ces  travaux  tot 
pouss6e  avec  d*autant  plus  de  vigueur,  que  les  troupes  dn 
Fondouck  dtaient  les  senles  qui  pussent  assurer  la  tranquil- 
lit^  de  cette  partie  du  pays,  la  Maison-Carrte  n'6tant  ha- 
bitable qu*unemoiti^  de  I'ann^,  et  le  postede  Kouba  ayant 
^t^  en  partie  c^^  aux  colons  arrive  de  France.  Lliistoire 
du  camp  du  Fondouck  est  celle  de  toos  les  points  ou  nos 
armes  se  sont  port^ ;  des  combats  meurtrters,  des  fatigues 
incessautes ,  des  privations  cmelles,  une  patience,  une  force 
d'esprit  et  de  c<eur  surnatnrelles  :  tel  dtait  le  noble  partage 
de  ceux  k  qui  ^tait  ddvolue  cette  t&che  p^nible. 

FONDRli^REy  terrain  mar^cageux  et  sans  consistance, 
od  des  corps  d'un  volume  assez  considiirable  peuvent  s*en- 
funcer  et  disparaltre  sous  la  vase.  Les  circonstances  n^ces- 
saires  pour  la  formation  des  terrains  de  cette  nature  sont : 
1**  des  excavations  pour  recevoir  et  contenir  les  matieres 
terreuses  d(;Iay(^s,  les  debris  de  v^etaux  et  tout  ce  qui  cons- 
litue  un  sot  mar^cageux;  2"*  des  eaux  qui,  sortant  du  fond 
de  ces  cavit^s,  tendent  k  s^^lever  jusqu'k  la  surface  k  travers 
les  mati^res  ddpos^cs,  dont  elles  emp6chent  ainsi  la  conso- 
lidation. Les  maraisde  quelque  ^tendne  renfennent  onli- 
nairement  des  fondri^res  non  apparentes,  dont  la  suiface  est 
cach(^e  sous  des  mousses  ou  d'autres  plantes  qui  s^accomroo- 
dent  d*un  sol  toujours  homide  :  ce  sont  des  pi^ges  tendus 
sous  les  pas  des  visitcurs  imprudents.  Un  marais  de  TA- 
m^rique  a  ddjk  restitu6  le  squelette  d'un  mammonth  f{ui 
avait  p^ri  dans  une  de  ces  fondri&res,  ot  ce  pesant  auimai 
^tait  tomb^  la  X&iQ  en  avant,  ses  pieds  de  derri^re  ^nt  en- 
core sur  terrain  un  plus  solide.  L^^tude  des  terrains  mar^a- 
geux  est  indispensable  pour  nous  faire  connaitreles  transfor- 
mations que  la  surface  de  la  terre  a  dprouv^es  par  le  s4jour 
des  caux  dooces  stagnantes.  Les  fondri^es  dessech^  for- 
ment  la  plus  grande  partie  de  nos  champs ,  de  nos  jardins« 
dc  nos  divcrses  cultures.  Fbrbt. 

FONDS.  Ce  mot  \ient  du  \aim  fundus,  qui  signifio  Men. 
II  s*C5t  d'abord  pris  pour  dt^signer  toutes  sortes  de  biens 
meublcs  ou  immcuhles ;  aujourdHiui  son  acceptioa  est  i 


FONDS  —  FONDS  SECRETS 


687 


pm  prts  nttreiiite  aux  immeuUes  r^ds,  teU  que  let  terreii, 
les  maisoof ,  qu'on  appelle  ^alement  biens'/onds.  On 
Temploie  ndanmoins  auui.  poor  d^igner  des  valeurs  pu- 
vcmentmobiUires;  ainsi  I'on  dit  avoir  desfonds  en  caisse, 
un  fo/ids  de  commerce,  un  fonds  social. 

An  figor^,  Ton  dit  xmfimds  ffhonneur,  de  probiU^  de 
vertu,  etc 

FONDS,  FOra)S  DE  TERRE  (Jiconomie  polUique). 
ht  foads  de  terre  est,  ii  proprement  parler,  le  sol  qui 
traTaille  ii  la  production,  de  concert  ayec   Vindustrie 
humaine  et  avec  un  capital,  Mais  la  force  productive  de 
la  nature  ae  inanifestant  autrement  que  dans  la  T^^tation , 
on  a  quelquefois  iU  contraint  d*^tendre  la  signification  de 
cette  expression  jusqu'k  d^igner  la  force  productive  de  la 
nature  en  gin^al ,  telle  que  Paction  du  soleil  sur  la  y6- 
g^tatSon,  oelle  de  Teau  cuuime  prodiusant   spontan^ment 
despoisaons,  ou    bien  comme  moteur,   ou  simplement 
conune  T^cule.  11  serait  plus  raisonnable  d*appeler /oncf« 
naturel  Tensemble  des  instruments  naturels  dont  Taction 
rend  cette  espto  de  services  product\fs,  Ce  nom  serait  en 
opposition  avec  ceux  de/onds  de/acultis  industrielles 
et  de  fonds  capital,  qui  agpssent  conjointement  avec  lui. 
Entre  tous  les  fonds  naturels,  les  terres  s*6tant  trouT^ 
Busceptibles  de  devenir  des  proprli^t^s,  ceux  qui  s'en  sont 
empar^s  n^ont  pas  cM^  gratuitement  lenr  service  productif. 
Ccst  la  Tente  de  ce  service  productif  qui  forme  le  revenu 
dD  propri6taire  fonder,  Quelques  publicistes  souUennent 
qu'il  n' J  a  point  de  revenu  foncier ;  que  la  retribution  que 
le  propri^tdre  re^it  comme  revenu  foncier  n^est  que  l*in- 
t^H  do  capital  employ^  k  d^fricher  la  terre,  et  k  la  ganiir 
de  moyens  d'exploitation.  Cela  se  trouve  vrai  dans  quel- 
ques cas,  roais  ne  Test  pas  dans  les  lieux  oil  une  terre  ab- 
solument  incolte  a  n^anmoins  une  valeur  v^nale  on  locative, 
puisque  le  prix  de  cette  terre  est  une  avance  qu*il  faut 
joindre  anx  avances  qo'exigeson  exploitation,  pour  parve- 
nir  ii  en  tirer  qodqoes  produits.  Au  surplus ,  cette  discus- 
sion nlnflue  en  rien  sur  la  solidity  des  principes.  Si  le  ser- 
vice de.la  terre  ne  ooAte  rien,  c'est  un  pr^nt  que  la  na- 
ture fait  aux  consommateurs  de  ses  produits,  comme  elle 
leur  fait  present  de  Taction  des  rayons  solalres  et  de  beau- 
coup  d^autres  instruments  naturels ;  si  le  service  de  la  terre 
coAte,  c'est  un  present  fait  par  la  nature  au  propri^taire ; 
present  consacr^  par  la  l^islation  de  tous  les  peoples  po- 
lice, et  trto-favorable  k  la  production  en  g^n^ral.  H  y  a  des 
fonds  de  terre  qui  ne  donnent  point  de  produits  ruraux, 
roais  qni  sont  prodnctift  d*utiUt^  et  d'agrdment,  c*est-^-dire 
d'un  produit  imroat^el  qui  n'est  pas  susceptible  d^ipargne 
ni  (!?€tecumulatUm, 

On  pent  distingner  les  fonds  productifs  en  fonds  indus- 
tiiels,  on  fonds  de  faculty  industrielles ;  et  en  fonds  dHns- 
truments  de  Pindustrie,  Les  fonds  industriels  s^  compo- 
M*nt  des  faculty  industrielles  des  savants,  ou  dipositaires 
des  connaissances  utiles ;  des  facnltfe  industrielles  des  entre- 
preneurs d^industrie  (coltivateurs,  manulMuriers,  ou 
eommer^nts);  et  enfindes  fiicult^  Industrielles  des  otf- 
vriers  et  aatres  agents  des  entreprenenrs.  Les  fonds  d*ins- 
truments  de  Tindnstrie  se  divlsent  en  instruments  appro- 
priis  et  en  instruments  nan  approprOs,  Des  fonds  nais- 
aent  les  services  product\fs,  Ces  services,  ou  le  prix  qu'on 
en  tire,  sont  le  revenu  du  fonds,  c'est-^-dire  du  propri^taire 
dn  fonds.  Quand  ce  service  est  consomm6  pour  la  satis- 
fiiction  du  consommateuTt  comme  dans  le  cas  od  Ton  con- 
•omme  le  service  d'nne  maison  dliabitation  en  Tbabitant, 
il  est  simplement  productif  d'utilit^  'ou  d*agrtoient  Lors- 
qu'il  est  consomm^  pour  produire  une  valeur  nouvclle , 
c'est  un  service  produclif  proprement.  dit.  II  tire  sa  valeur 
de  Pun  ou  Pautre  de  ccs  usages ;  et  cette  valeur  s'^tablit  en 
nison  directe  de  la  denvmde  qu'on  fait  des  services ,  et  en 
raison  inverse  de  la  quantity  de  servfces  qui  est  offer te. 
La  fortune  de  cliaqne  homme  se  compose  de  la  valeur  des 
foods  qui  sont  en  sa  possession ,  et  qui ,  s'ils  n*ont  pas  une 
talenr  ^changeable ,  peuvent  du  moins  s'tvaiuer  par  Ic  re- 

niCT.  l»e  LA  COKV£RS.  —  T.  IX. 


venu  qu'onen  tire.  Le  talent  d'un  artiste,  d'un  avocat,  iUI 
partie  de  leur  fortune,  mais,  ne  pouvant  s'^changer,  ne 
pent  are  6valu6  que  par  le  revenu  viager  quils  en  tirent. 

J.-B.  Sat. 

FOM)S  DE  GOMAIERGE.  Un  fonds  de  commerce 
se  compose  tout  h  la  fois  des  merchandises  qui  se  trou- 
vent  dans  un  6tablissement  commercial ,  des  choses  n^ees- 
saires  h  son  exploitation  et  de  Pachalandage  ou  client^e 
qui  en  depend ,  avec  le  bail  des  lieux. 

Les  fonds  de  commerce  se  vendent  et  s'ach^tent  oomme 
choses  immobilidres.  Leur  vente  emporte  encore  pour  Pa- 
cheleur,  sauf  reserve  expresse  de  la  part  du  vendeur,  le 
droit  de  faire  usage  des  enseignes  de  ce  dernier  et  de  sa 
dire  son  successeur.  Ordinairement  on  a  aoin  d'interdire  au 
vendeur  d'dever  un  nouvd  ^tabliasement  du  m6me  genr«, 
et  dans  le  cas  od  il  s'est  reserve  ce  droit,  on  exige  quMl  ne 
forme  cet  ^tablissement  qu'^  une  certaine  distance  de  ce- 
lui  qu*il  a  vendu. 

Bien  que  cette  formality  ne  soit  pas  obligatoire,  les  ventes 
de  fonds  de  commerce  sont  frdquemment  passte  devant  no- 
taires,  et  on  prend  en  outre  la  pr^uUon  de  d^poser  tout 
ou  partie  du  prixde  la  vente  entre  mains  sQres,  pendant 
dix  jours,  afin  que  les  int^resa^ ,  avertis  de  la  vente,  puis- 
sent  faire  valoir  leurs  droits. 

S^il  survient  une  f  ail.lite,  comme  le  fonds  de  commerce 
est  toujours  la  valeur  la  plus  claire  de  Pactif ,  le  vendeur 
d'une  part  et  la  masse  des  cr^anciers  de  l*autre  s'en  dis- 
putent  la  possession.  La  loi  ne  s*explique  pas  sur  cette  diffi- 
cult^, et  la  Jurisprudence  n'est  paa  m!&me  fixte. 

FONDS  PERDUS.  Cette  expression  s'entend  d*une 
vente  ou  d'un  placement  fiadt  poor  une  rente  tI  a  g  ir  c. 

FONDS  PUBLICS.  C'est  le  nom  g^n^ral  des  valeurs 
numeraires ,  m^talliques  ou  en  papier,  appartenant  k  P£- 
tat;  mais  dans I'usage  on  le  r^rve  aux  titresde rentes 
sur  I'^tat, aux  titres  deladetteflottante,8ur lesquels la 
sptolation  s'exerce  aana  cease  li  la  Bourse.  On  se  rendra 
ais^ent  raison  de  la  fSaTenr  dont  Jouissent  les  placements 
sur  fonds  publics,  si  I'on  oonsid^re  qu'outre  la  s^urit^  que 
Pen  trouve  dans  un  d^biteur  qui  offre  pour  hypoth^ue  de 
ses  engagements  toute  la  fortune  mobiliire  et  immobili^rede 
la  nation,  divers  privileges  sont  encore  attaches  k  ces 
aortesde  placements.  Ainsi, les  fonds  public8*nesontpassibles 
d*aucuue  contribution;  la  transmission  en  est  affrancliie 
des  droits  et  des  fomuUites  qui  accompagnent  oelle  de  taut 
d'autres  propriet^s.  Us  sont  insaisissables,  ainsi  que  la  rente 
Il  laquelle  Us  donnent  droit.  Veut-on  r^aliser,  il  sufflt  poor 
cela  de  vingt-quatre  beures.  Void  ce  qui  cxplique  ces  dero- 
gations au  droit  common.  L'^tat  etait  saus  cr^it;  poor  en 
trouver,  il  lui  fallait  exdter  la  cupiditeet  compenser  par  des 
avantages  reds  les  chances  de  Lanqueroute  que  courait  avec 
lui  le  preteur.  Ausd  bien  oomuie  les  capitaux,  en  general, 
sont  exempts  de  toute  contribution ,  faute  d'uno  base  d'im- 
position  certaine  et  detorminee,  il  ft^t  arrive  sans  cela  que 
celui  qui  pretait  ^P£tat  ettt  ete  moins  favorablements  traite 
par  la  loi  que  cdoi  qui,  en  pretant  k  un  simple  particulier 
ediappe  k  tout  conlrOle  de  la  part  du  fisc. 

FONDS  SECRETS*  expression  consacree  par  I'usage 
pour  designer  dans  le  budget  de  P^t  certaines  depenses  dont 
Pinteret  general  nepermet  paa  de  divulguer  Pemploi,  et  quf 
le  plus  souvent  so  oomposcnt  de  frais  de  police  et  d'espion- 
nage.  On  con^olt  fadlement  que  le  budget  du  ininistre  des 
affaires  etrangeres  contienne  un  chapitre  intitule  fonds  se- 
crets ,  car  la  diplomatic  vit  de  mysttoes  et  dintrigues  oc- 
cultes;  et,  hidependanuuent  des  agents  offideliement  accre- 
dites  dans  les  pays  etrangers  k  Pdfet  d'y  protegor  les  faite- 
rets  de  ses  nationaux,  un  £tat  doit  encore,  pour  sa  propre 
securite,  y  entreteoir  des  agents  secrete,  charges  d'arriver 
par  Pemploi  de  la  ruse  ou  de  la  corruption  k  la  oonnaia- 
sonce  de  ces  f^iUque  tout  gouvemement  s'eCToitc  de  derobcr 
il  la cuunaissanus de  sesrivaux,et  qui  influent  d'une  ma- 
nii^^re  plus  ou  moins  directe  sur  la  politique  geuerale.  Ce 
serait  cvidemment  se  priver  d'une  ressource  utile  que  de 

68 


FONDS  SECRETS  —  FONFR^DE 


5S8 

ikoMttr  de  la  publicity  au  compte  de  cet  d^pemes,  car  tt  | 
^eTiendrait  dte  U^n  impoasible  de  trooTer  des  agents  qui 
accepiasoent  oe  rAle  bat  et  odiedK ,  sans  compter  qn^une 
fois  coBDus  eomme  tab ,  toutes  les  portes  lenr  seraient  fer- 
mto.  hd  ministre  de  rint^rieor,  pour  justifier  dans  son  bud- 
gelia  prtaenoe  d*uB  chapitro^alament  intitul^/onef j  secrets, 
n^i  en  avant  des  motifi  poMs  dans  dea  considerations  d*iih 
i6rtX  sMni^  et  aflede  solgMoseoMUt  de  faire  d^pendre  la 
tibaanU^  int^rienre  da  I'Etat  dn  ftttB  de  conflance  qtt*il  vient 
chaque  seaaion  deroandar  k  cet  ^gard  au  pouYoir  l^latif. 
(a  uAomiU  de  sorreUler  las  menta  crimlndles  et  socrMes 
d^  (iMtiona  ennemiea  d»  la  paixfiubUque  est  le  pr^texte 
^n^imnent  cmploy^pour  Mgftimer  cette  d^pense.  Sons  le 
gaof  emement  coDstitiitionMl,  eetle  allocation  ^t  acin- 
dte  eadeox  parlies.  Ujm  stnit  une  au  budget  ordinaire , 
et  le  ministre  venait  deoMnder  I'aotre  comme  eridit  sup- 
jtUme^talm.  CPitall  un  mtufm  coDTeim  d'ameuer  cliaquo 
aoB^deTaiit  les  chambras  la  question  de  cof^fkmce. 
Dans  les  demiers  temps,  ce  crMit  ^tait  d'l^n  million.  Ac^te 
occasion;  roppoaitlon  ne  manqiudt  jamais  de  tenter  les 
cbanoea  d*une  graadelotla  de  tribune,  et  de  poser  la  ques- 
Han  de  caHnei  en  prtentanl  on  amendement  ayant  pour 
but  de  rMuire  le  crMIt  demand^  d*une  sommeinsignifiante, 
somme  vingt-dnq  on  dnquante  miUe  franca.  Le  miniature , 
de  son  c6t6 ,  bien  sOr  de  sa  majoritt,  acceptait  bardiment  le 
combat;  Ufrappaitd'estocetdelaiUe  sur  les  ennamCs  de 
P4»rdrepubli£f  was  km  nuntvaUes  passUnUf  snr  les  fac- 
(jopftf » et  se  dtemait,  4  pwaA  resfOft  de  boules  blanches 
d^pottedaiM  Pume  par  aes  fidttes ;  Ite  ftidles  bonnedrs 
d'un  4datant  trkmipbe.  La  ftre»pariemeirtabe  una  fois  Joti^' 
et  le  budget  vote,  la  toUo  toiiteit,  el  les  bonorablas  l^isU- 
teuTs .  s^ea  ratouinatat  dans  tars  d^partementa  TespectilB 
recueiUir  les  ovations  de  lenrs  comttiftiants ,  qui  ne  man-, 
quaieiit  Jamaiade  les  flflidler  aTce  on  entbousiaame  6ffX , 
l^^melque  Buaaae  d^oplaloB  qu'lls  appartlassent'd*alfleurs. 
•  Et  en  efliBt  U  j  aftattde  q«bf  ,-cartoas  ees  gena-lli  sefuvaient 
pMHliquemantla  FiiMet  I«  imseo  dtleodaikt  les  6cusdes 
contribuables » les  antrea  en  lea  domun^'siids  trop  compter, 
k  cdpouvoiry  tant  cakmrnM  et  al  par.  Aojonrd'httd  les  mnda 
secrets  sent  plus  loai)da,malBaaas  doute  lAus  aAcessalres;  et 
eoaune  le  miniate  est  ind^Mida&t  dn  pbuTOir  Mgislaiif, 
ila  soat  fot^d'embMa  ateo  le  bodget. 

Peraoiiae  D*i9iarB«  dq  iMa,  qufautrefob  les  fonds  secrets 
attribu^  au  budget  de  llotdriear  seTfaient  presque  entt^ 
remeptlt  subTentiomier  la  presaa  mtirfitMelle  de  Paris  et  des 
pn>YiDoes>  etoen'^ait  pasUioeileafmrdesnMfaidres  scan- 
dales  da  r^oBQ  reprteentaUf,  ainst  que  1Mb  des  uolns  Justes 
gdefa  de  TopUiion  publiqoe  eontrelv  gouveraement  de  Louis- 
PliiltMNl.  fX  capendaat,  il  j  avalC  pvopte  dano  las  mdrars 
politiquas  depuis  la  iiivdiutleD  de  MHel.  On  be  citait  plus 
gu^.que  des  foifaiaa  (at  quia  tetfalflsl)  qtit  allasaant 
encore  puiser  It  laeaissades  ftmdBseereCByisBdls que  sous 
la  Reptaaratkm  les  ddpnUs  ansMiiteMs  partidpaleDt  sans  ter 
gogna  4  eelte  prostitotion.  A  IMne  dea  demMres  studieoces 
accordte  parGbarleaXlilachambradead^paMi,  raprten- 
tte  par  une  granda  deputation,  ae  prince  abordant  un  mem- 
bre  du  centre  droit,  Inidemaada  naltemenC  si  lea  dooae 
mille  franca  qu^  Tenait  de  Inl  tWieaUbuer  anr  tes  fonds  se- 
crals  auiBcaieiit  4  le  defrayer  dases  d^ieases  k  Paris.  Celfe 
royale  indiscrMion  prodnlsil  m  ipand  acandale.  ITn  Journal, 
Le  Comnier  des  Sledemn,  ne  etilgBtt  pas  de  laT^T^er  et 
de  oommar  hautement  les  ooupablas.  La  personne-  du  mo- 
■arqne  6tait  ^Ttdemment  nilae  en  cause  -  par  cette  r6?6la-' 
tion;  il  j  avait  U  on  graa  praete  at,  par  suMe,  une  groise 
amende  pour  le  journal  eaeor.  Le  vol,  se  reconBaisaanl 
fantif ,  eut  la  loyautt  da  ne  pas  permeWre  qu'oii  poorsulTlt 
le  joumiliste ,  sur  la  t6le  duquel  grandirent  un  instalit  tou- 
lea  las  ibudras  da  panpNt^  mab  qui  en  Art  qoitle  pour  la 
penr  et  ansai  pour  la  glokt  d'atoir  signal^  un  lait  reconnu 
dte  lors  pour  constant  et  autbaBttque. 

Rappeloas,  en  terralnant,  que  sous  la  Bestauration  le  clia- 
pilre  d9i  fonds  seereis  se  grotaissait  asim  notablement  du 


produitd*ua  impdt  ignoble  .pr^Iev^  sur  la  prostttutioB 
Paris,  et  qui  ufi  reudait  pas  moina  de  2  4  aoo»000  francs, 
bon  an  mai  an.  mais  il  n*y  avait  paa  centraliaation  au  tr^sor 
des  recettes  prevenant  de  cette  taxe  sp^dala  aequitMe  p» 
les  fllles,  et  dont  la  podeor  publique  ne  put  obtenir  la  sufK 
pression  que  sous  radministration  de  M.  DebeUeyaM;  diet 
restaient  4  la  caisse  de  la  prefecture  de  police ,  4  la  dispih 
sition  dn  ministre  de  fint^rieor.  Oe  revenani'^H  pasuit 
entl4rement  4  itompenser  la  vertu,  c'est-4-dire  lea  toi- 
▼ains  dtfensenrs  babitnels  du  irdne  tt  de  VauUL  Dans  lei 
pamphletB  de  T^poque »  on  trouTesourenl  de  piqaantosaHii- 
lusions  aux  pensions  asaignte  sur  lesjeuas  ar  las  ris  am 
d^Tots  publicistea  que  la  police  d^alors  tenait  4  ses  gages.  Get 
messieurs,  comma  Vespasian,  n*^prouvaient  paalamoiwlre 
repugnance  4  toucber  Targant  proyenant  de  eel  tfgout.  Ao 
nombre  de  ceux  qui  par  deyouement  conaentaient  4  tear- 
ger,  n'oublions  pas  M.  da  Bon  aid » i'aoteur  de  la  L^qisUh 
tionprimmve,  le  fougueux  pubiidsle  du  Coiuemotfaiar  el 
du  I>rapeau  blanCj  lequel  allait  palper  fort  ir^gnliftra" 
ment,  4  la  caisse  de  la  rue  de  Jerusalem, sa  pelitB  pension 
de  6,000  fr. 

FONDS  SOCIAL.  CTeat  la  maase  des  apports  pariicu* 
tiers  fidts  par  las  membres  d'unn  socle  to  et  dealiaes  4 
une  commune  exploitation.  Ge  fonds  social  ue  conaisAe  pai 
toujous  dans  una  soinme  d*argent;  on  peul  y  Ctureentrar.cB 
tout  ou  en  partie,  des  Talaurs  immobili4raSf  des  droits  in* 
materials,  tela,  parexempla,  qua  calui  d'expl<4leraibievct, 
lindustric  d*un  on  de  plusieuia  des  coasiftociea,  eta. 

FONFEEDE  ( JaAii-BAFnsn-IloTEa ),  n4  4  BunkMx, 
en  1766,  d'une  des  families  couMiifiLcialaa  lea  plna  impor- 
tantes  de  cette  yille^  rdra  d*abord  la  earri4fe  aaeerdotale  et 
les  trayaux  du  missionnairet  se  maria  eqpuitey  oonlce  la  yo- 
lonte  de  ses  parents,  et  alia  passar  qqalwn  amiiea  an  Hd- 
lande.  La  revolution  de  17$9  ayant  edaM,  il  i:^t4  Bor- 
deaux, et  se  ppuoB^  fjixftouMsnt  opntra  la  .rQ]^nte;  tma 
les  eiecteun!  dela  Giron^ana  mnnfotnuMla  paa  4a  Pen* 
yoyer41aConventiQn.  11  yyotalam|fl«idflif9i.aanaJ4ipdal- 
sans  sursis,  attaq^  squviBnt  Marat,. at  la  oeufilt  4a  ml- 
prls;  le  10  mara, II  contribo^  APintrodiictWB  daaitirdi  on* 
trilninalrivohUUmnaire,  r^yeia  un  comHe  aeoratdans  to 
Mbntagne  (cehii  de  Cbarenton),  et  demanda  faratilemani  si* 
ponition.  Le  5  avrll,  U  propose  raospdaonmiviaat  dudac 
ff  Orleans  et  de  tons  les  Bourbons,  poor  aeryir4*atagm  aoi 
deputes  Uyres  par  D  u  m,9  uri,ea .  La,  i>  4u  rodma  moia,  quand 
trente-cinq  s^tloos  de  Paris  yi^raut  reclamer  rarrastalian 
dea  giron dins »  U les  traitaftTfM;  dedain,  let  leur  eria: 
«  Pourquoi  n*avus-vous  pas  uui|  mop  nom  sur  cea  Jistes?  je 
yous  aurais  paye  genereuseijient  ce  t^mnjgjuagjS  tfestmna.  • 
Membra  de  la  oommUsUm  de»  doui^,  H  d^dit  aes  ope- 
rations. Au  31  mai,  Bourdpii  dainandason  varrsiMani  an* 
lul  tit  grice,  parce  qu*ll  n'mit  pas  signe  las  ordrasdnco* 
mite  dea  douse,  etpeut-etrd  A  cauae  de  aon  courage  Dapais 
ce  ]our-l4,  Q  recUma  sans  cesse  la  rapport  du  4eci«lda 
proscription  de  ses  cpHeguea.  La  S  ootobro^  AUlaudrVaraBnes 
et  Amar  le  firent  deor^  4*a^cu9ftioii  poawna  gjaondin,  al ) 
Albltta^  Billaud  rOt  BentaboUoalopp^sdiimt 4  oe  qu'onen* 
tendtt  sa  justification'  I|  fut.ooodapave  4, mart  par  Irlribo* 
nal  reyolutfonnalre^ei  execute  vi^  yingt-deni; deputes  da*, 
aon  parti :  il  aydt  vingt-sept  ans.  H  alia  4  recbanfiMi  en 
cbantant : 

Plutat  la  mort  (pe  reaeUvage*  .  , 

et  mourot  arec  uue  douceur  et  une.ienneie  admlrablesi.  t 
Comme  6rateur,  II  ayait  d^  fe^,  die  Pimsgjbfiation,  das  mols 
sublts  et  aaisissantsy  des  illuminations  dans  |>ttaqua.  A  oola  .i 
II  joig4ait  un  esprit  diarmant,  et  da  cas  seBtiments  ihf^  > 
qui  dans  les  reydutions  font  d^un  homme  genereux  una  > 
yictime  bnmanquable.  Ce  fot  peut-etre  le  aeuft  gknmdU^  ^  » 
comprft  la  reyolution,  et  qua  la  Mont^gna  ooasentit  bi 
ecouter.  II  etait  beau,  ridie,  cbaritabla,  almanl ;  il  laissa  uaa  i 
jeone  ferome,  qu*il  adorait,  et  un  fils;  ilinoiirutafaa  ce  j< 
el  spirituel  Duces  ,qu'il aimait  tant, son ft4ra  d'alliaBoa* 

Fredida  Fatav. 


FONFRfcDE  —  FONK 


FONFBtoE(HEHEi),  0)8  da  pi^cMent,  n^  k  Bordeaux, 
le  21  (6inet  1788,  aprte  btoIt  ^  tiev^  il'^cole  eeotrale 
desa  Tille  natale^  Tint  faire  aon  droitii  Paris,  dau  IHntcDtion 
de  sulvitt  Ucarri^re  da  banean;  ^laia  one  nialadia  gravel  qui 
mit  sa,  :tIo  en  pMl,  le  for^  de  mntnr.  dms  aas  fioyecs  et  de 
deTenir  comDii9  dao^  une  maison.de  comlDeree,  oh  il  ftit 
^(fciaJennwt  cbaini  de  laconrnpomUooe.  Plualard ,  illan- 
da  aTec  son  oiuile,  Aniiiindi)uooa,.frte  daeooirenllon- 
»A  movt  gqr  le  mtoie  ^ebafand  que  son  p^re,  raemaiiOfi 
qui  8Qb8Mta  quelqu<»  anoto  fouala.  laigon  Jff^  Wof^r^de 
ei  A,.J>HCOi.  £a .  1819,  pr«0tant  do  r^sime.  de  UbertA 
fiut  k  la  presee  par  I'abolitiop.temporatre  de  la  censure, 
il  er^  k  Bordeaux,  sous  ^  Utre.de  La  TWHme,  on  jooival 
qui,  par  ift  bacdiesse  de  eon  opposition  qnasinr^iiblieaine, 
d'antsftt  plus  remarqusble  qn'elle  se  jnanifestait.dansla 
wille  du  .1%  marSf  ^Teilla  tout  amsit^t.  Pattenfion  du 
parquet.  H,  FonfrMe  .sed^fendit  lui«intae  conire  Mar- 

I  ignac,  eliacg^  de  portier  la  parole  an.  nom  du  minisltev  pu- 
blic. Le  tribunal  acquitta  ie  )ouniaUirte;:inai«  IVipinkm  se 
^montra  plus  s6v^,  et  lea  nqm^roa  incrindnte  furent  lacdr^ 
ct  brikl^  aa  foyer  da  tb4AtceL  En  presence  d'one  pareiUe 
inamfestatioB,  FenfrMeiCompfit.qne  kss  temps  n*4taient  pas 
enooie  Tienus ;  .el  la  censure  ayant  4t^.r^tablie  bientdt ,.  il  se 
r^sigpa  k  garder  le,  silence  jusqu'eii  1826,  annite  od  j^'/ntdioo- 
tetar  de  Bordeaux  M  ooTrit  ses  colonnes,  et  derint,  sons 
sa  dii^ecliofi,  hal^ile  etferme,  an  das  pins  importaota  organes 
de  Topposition  dite  cfmstUuiUmneUe, 

A  la  nonveUe  .dea  ordoananoes  de  Quillet,  Henri  FonfirMe 

ne lilt  queceos^qoeiit  «nsc  sea.  prindpes.en  donnant  le;8i- 

snal  de  la  resistance  k  ee  coupd'&taty  eten  arrfitant,  par 

sa  contoianoe  fienne  et  d^dd^  les  «ntreprtees  des  agents 

■chaiig^  paf  l>ntorit4  d*apposer  les  scdlds  sur  las  presses 

dtj/lnaicflieur.  Lore  de  raT^nement  an  trtae  dn  chef  de 

Jp  fsnille  d'Ori^ans,  rhaimme  qui  nagn^re  ddreloppait  dans 

}«  presae  des  tb^ses  ^videmmeat  empreinteB  de  tendances 

jr^pubttcaines  derint  suhitemeni  Tavocat  tA6  du  pouToir, 

qo'il  di^fendit  d^sonnais  (ttec  uneTerdeor  de  style  telle  que 

lapresse  parisienne  dle-mftme^  mirigr^^  morgue  aristocra- 

tiqaa,  iaonsentit  k  compter  aveo  le  pubiidste  borddais.  Ce 

Jiucote  fit  croire  auz  amis  peUttqnes  de  H.  FonfrMe  que  sa 

place  ^tait  k  Paris.  On  Ty  appda  done  en  1836,  et  on  s'em- 

4>re8sa  de  mettce  suce^TeRtent  i  sa  dispodtion  diverses 

(coilies  d^?oute  k  la  dynastie  de  JoiUet^  mais  jamais  on  ne 

Tit  mieux  ee  coafirmer  la  Tdrit^  du  Tieil  adage : 

Td  briUe  au  second  nog,  qd  i'^Bfise  an  premier. 

LeiiefiortsdeFonlrMe  poar,gdTaniser  le  HmmeoM  Jem- 
nal  de  Paris,  STorton  politique  moriA^  entre  les  mains  de 
M.  L^n  Fillet,  etZaPaiap,ieailleau  format  niQnstniyCrdte 
^  grand  bruit  pardes  enrag^  de  modMSy  ^chouirent 
compI^temcDt.  On  cessa  de  s'occuper  de  sa  pol^mique  do 
inoment  o5  on  la  regat  toute  cbandaebaque  matin;  et  la 
d^confitaiv  sacceesfre  de  ees  oiganes  du.parti  conserrateor 
le  d^dda  k  s'en  ratonmer  dte  1837  dans  sa  Tilie  natale,  od 

II  ftmdB  le  CaurrUr  de  Bordeaux^  qall  eontinoa  de  r^ger 
)nsqtflisa  mort,  arrive  le  32  juittol  1841,  Ua  jour,  le  cboix 
das  diectenrs.  dii  coU^e  e^trtMmtros  du  chefnlieode  la 
Giroade  s'^tant  pouM  sor  lui,  il  fi^  acta  d'une  rare  probity 
politique. en  refusaat  da  80  pr6teri  qualque  compldsant 
inensonge  qu)  TeOt  mis  en  r^ ir^ard  de  la  lol  ^ledorde. 

FONGIBliE  (Ghcaa),  dn  laUn  fitnfU  rempilr  une 
fonction*  On.appdie  aiod*  dan^la  laogua  du  droit,  toot^ 
choee  qoi  se  poasomme  par  I'usage  et  4fik  peui  ;6tre  exacte- 
ment  leinplaote  par  one  autre  da  mtoa  natuvaet  de  m6ma 
esp^.  Ainsi  du  bid,  do  Tin,  sunt  ciMises./oNpi&ieft  one 
mbn^a  eti  une  dnia  fM§»Hef  k  w^oe  qm'on  ji'y  altaclie 
an  prix  en  dehors  de  saTdenr,  sl.c*est  na  sauyenir  d'af- 
fectioD  par  example.  Au  re8te,la«onTentioades  parties  peut 
reodre  toute  diMe  fongible.  Le  Cade  s*oocnpe  des  dioses 
fongibles  rdativeroent  k  t^sufrait,  an  pr^t  liusage  et 
an  pr6t  de  consoromation. 

FOIVGUS  (de  A<fi^tis,  cbampigaon),  axcroissance  molle 


680 


et  spoagfeuSe,  s^levant  il  pea  prte  en  forme  de  diampi- 
gnon,  sur  diffiirentes  parties  do  corps,  et  particuli^remeat 
sor  les  membranes  moqneuses  et  sur  la  membrane  dun- 
mire.  Le  mime  nom  a  M  sonrent  appllqud  ansd  k-  on  bour- 
souflement  parOcuHer  de  la  substance  cdr^brale,  que 
l*on  observe  quelquefols  dans  les  plaies  de  tlte  avec  perta 
4e  substance  au  crftne  et  frladnre-mte;  k  des  tomeurs  va- 
riqueuses,  puis  enfin  aux  T^gdtallons  plus  on  moins  "rola- 
'ttineuses  de  eertaines  pisles  el  de  qudques  ulcftres,  no- 
tunmenl  des  nkires  caBolreiix.  Le  mot>bn^tis  est  done, 
dans  I'aat  actud  de  la  science  mMkale,  une  expression 
Ms-Tagne,  k  mokiB  quPon  n^  ]oigne  une  dpHhMe  qui  dd- 
signe  dHme  maaiife  podttre  la  nature  de  la  maladie.  0 
y  a  des  longus  cano6reux,  excroissanoes  partkoliifes  an 
cancer;  des  fongns  MmdtodeSf  sorts  de  Tifig^tations  d'un 
eaillot  sangnfn;  puis  des  productions  de  natures  diverses, 
qui  ressemblent  exactement  k  ce  qu'on  nomme/bn^iis,  et 
qui ont  re^adesnomspaiticttilers^  tdssont :  les  dpo lies, 
fongus  des  gendres;^rtdns  sare6mes  et  ostd6-sarc6mes, 
fongus  des  tissus  cdhddres,  Hgamenteux  et  osseox;  eer- 
fates  polypes,  fongns  des  meninges  et  des  membranes  mu- 
qoenses  yers  les  confine  de  cdles-d  et  de  la  peau. 

Les  ibngiis  les  plus  connos  son!  cenx  du  slnns  maxiHaire, 
qui  exigent  si  sauvei^  des  operations  douloureuses ;  oeux 
dels  dure-mtee,  qui  usent  les  os  du  cr&ne,  compriment  le 
cerveau,  el  par  1^  donnent  lieiV  k  des  acddents  cMbraux 
fort  graves  etfort  yari^,  anxqnds  les  diimrgiens  les  plus 
babileset  les  plusbardis  oat  dkerdid  k  pen  prte  rainement 
Jusqoe  id  k  pdrter  remMe  kn  trsvers  de  la  vofite  dn  cr8ne, 
ouverte  par  la  nature  on  par  Fart;  enfin,  les  fongus  de  la 
vessie,  qu*a  est  qoelqueMs  si  diffidle  de  reconnaltre,  et 
qnll  est  presqae  loujo^rs  imposslbie  d'atteindre  d^une 
manltoe  efficaoe,  manDO  quand  on  les  a  le  mieux  reeonnns. 

Le  pea  que  nous  Tenons  de  dha  suffit  poor  faire  connattre 
toute  la  gravftd  da  ces  fongus,  conddms  oomme  maladie 
essentidle;  male  tons  les  fongus  ne  sent  pas  d^anssi  man-  • 
▼also  nativa,  puisquVm  doane  le  mtaM  nom  k  des  maux 
trte-diven ;  aind,  par  example,  les  fongus  ont  heaocoup 
molns  d^portance  quand  ce  sont  de  nmples  boorsoufle- 
ments,  des  bourgeons  cbamus  d^une  plale  ou  d^un  ulcere 
non  cancdreux;  presque  toujoors  oelte  sorte  de  fongus,  ii 
laqoeUe  on  donne  encore,  pour  la  distlngaer  de  ceiix  dont 
nousvenoBS  de  parlor,  le  aom  de  fongoiitSf  dhde  k  nn 
IraitenMnt  appropril  et  foil  place  plus  ou  moins  vite,  mais 
presque  toojours  sArement,  k  des  bourgeons  chamus  de 
bonne  nature,  sur  lesqnds  s*dtablit  une  dcatrice  solide  et 
definitive,  ce  qui  a  rarement  lien  poor  les  vrais  fongns  que 
noos  STons  Indiqnes.  D^  8.  Sihdkas. 

FONK  ( Aflabra).  Oe  procte  criminel,  remarquable  par 
son  obseartte  et  par  les  nombreox  inddents  qui  Tinrent  le 
compliquer,  occnpa  vfvement  Tattentfon  pnblique  en  Alle- 
magne  pendant  plus  de  dx  anndes,  donna  iieu  aux  publica- 
tions les  plus  p<»8ionn6es  sor  la  question  de  savoir  laqudle 
de  la  prooMnre  ecrite  ou  de  la  procedure  orale  merite  la  pre- 
fiSrenea  en  matiirecrinilndle,  et  noos  offre  un  nouvel  et 
frappani  axeaiple  de  IHncertttude  des  jugements  humains^ 

Pierrs-iiatolfie  Fork,  negodant  k  Gologne,  etait  nd  vers 
rannde  1761,  k  Goch,  prts  de  Gloves.  Aprte  avoir  ete  d^- 
bord  assodd  d'nnamalsoB  de  Rotterdam,  il  vint,  en  1809, 
s'etabiir  k  Cofogae,  o6  fl  Ipaosa  la  fille  do  tkmr  Foveaux, 
riehe  fobrlcant  da  tabae.  En  1816 11  Bquida  et  abandonna 
one  flibrique  de  ceruse,  qnll  avait  |osqaa  alors  exploitee, 
poor  entreprendre  le  commerce  des  eihix^de^vie  et  liqueurs 
de  compte  4  demi  avee  on  dedr  Sebrtjeder,  pfaarmaclen 
k  Cravdt  Ntais  la  medatdfigenae  ae'tftrda  pas  k  edater 
entre  les  deux  assodes  au  snjet  da  leors  oomptes  respectift. 
SdiMader  envoya  k  Cologne  mi  Jeunatt^odant  de  Orevelt, 
appeie  Ckcnen,  ayee  mission  de  verifier  les  eeritures  de  la 
sodeie.  Oomen,  qui  avait  motif  de  croire l^reiisfeAce  d^une 
iargo  flrande,  comment  par  comparer  les  recettcs  faites 
par  Fonk  arec  le  brooillard  et  le  livrede  edsse,  et  les  trouva 
exacteoMBtporieea.  Mais  qoand  fl  deoMada  laeonmoaici- 

68. 


uo 


FONK  —  FONTAINE 


tioo  du  grand-U?re  et  da  journal,  Fonk  refuse  de  les  pro- 
diiire,  rompil  les  confi^reiiceii,  et  chercba  k  transiger  a?ec 
Sdirceder  sans  rinterTentioD  de  Cksnen.  Schroeder,  mis  en 
garde  par  Coenen,  refusa  de  pr6ter  ToreiUe  h  touto  espdce 
d'accommodenaeat,  et  se  rendit  lui-mdme  k  Cologne,  od 
Fonk  Tafait  pr6c^6.  A  qnelqoes  joiirs  de  Ik,  Ccenen  Ait 
charge  de  transmettre  k  Fonk,  de  la  part  de  Schrceder,  an 
projet  de  transaction,  aux  termes  daquel  le  bto^fice  fait 
par  la  maison  sur  les  eaux-de-Yie  et  port^  par  Fonk  snr 
rjDventaire  pour  one  somme  de  20,000  thalers,  serait  aug- 
ments de  8,000  thalers,  en  m6me  temps  que  dans  la  liqtd- 
dation  il  iui  serait  fait  en  outre  abandon  gratuit  de  diverses 
marciiandises  iuTendues,  ainsi  que  de  quelqaes  objets  du 
mobilier  industriel. 

Fonk  et  Scliroeder  eurent  ensemble  une  entrevue  le  0  no- 
verobre  1816,  en  prince  du  teoeur  de  Uvres  Hahnenbein 
et  de  Ccenen,  dans  la  maison  de  Fonk,  et  oelui-d  consentit, 
dans  cette  conference,  k  faire  figurer  les  8,000  thalers  en 
litige  au  compte  des  benefices.  Rien  cependant  ne  fut  en- 
core signs,  parce  que  Schrceder  manifesta  le  dSsir  de  con* 
fSrer  encore  en  particulier  avec  Ccenen  sur  qiielques  points. 
On  se  sSpara  dans  la  soirSe,  sur  le  coup  de  huit  lieures, 
en  prenant  un  nouveau  rendez-vous  pour  le  lendemain  10, 
k  neuf  Iieures  du  matin.  Mais  dans  la  nuit  du  9  au  10  Cie- 
nen  disparut.  Cette  subite  disparition  fit  nattre  l*idSe  qu'il 
avail  pSri  victime  de  quelque  Tengeance  particuli^  :  or, 
Fonk  etait  le  seul  bomme  k  qui  Ton  pCit  supposer  un  int^ 
rSt  ou  un  motif  pour  desirer  sa  mort.  Les  soupfons  dont 
il  Suit  tout  aussilOt  dcTenu  I'objet  prirent  une  nouvelle 
«ousislance  lorsque,  le  19  d<^cembre,  le  cadavre  de  Ccenen, 
porta nt  la  trace  d'une  profonde  blessure  et  de  diverses 
contusions,  fut  retrouTS  dans  le  Rhin.  DSs  qu'on  en  regut 
la  uou  Telle  k  Cologne,  Fonk  fut  d'abord  exactement  surYeillS 
dans  sa  niaison  par  des  gendarmes,  puis  bientOt  arrStS 
avec  son  teneur  de  livres  Halinenbein,  eton  comnoen^  centre 
eux  une  instruction.  Cliristian  Hamacher,  son  gar^n  de 
cave ,  soup^nnS  aussi  de  Tavoir  seconds  dans  la  perpStration 
du  crime,  fut  arrStS  Sgalement.  On  recueillit  avec  soin  les 
moindres  propos  que  celui-ci  tint  dans  la  prison ;  on  pla^  pr^ 
de  Iui  un  autre  dStenu,  chargS  de  jouer  le  rOle  de  mouton  et 
de  gagncr  sa  con  fiance ;  on  Penferma  dans  un  cachot  noir 
et  liuniide,  ct  enfin,  le  10  roars  1817,  il  commence  k  faire 
des  rSvSlations  au  procureur  gSuSral  Sandt,  avouant  que 
Fonk  avail  rSellement  assassins,  dans  la  soirSe  do  9  novem- 
bre,  Coenen  dans  sa  maison ,  et  qu*il  Iui  avail  aidS  k  ooni* 
mettre  ce  crime.  Ce  nefut  que  le  16  avril  1817  que  les  dS- 
clarationsde  Hamacher  furent  rSgulierement  consignSes  par 
Scrit.  Le  9  mai  il  reilSra  encore  ses  aveux ;  mais  k  quelque 
temps  de  Ik  il  comment  k  hSsiter,  puis  finit  par  se  rS- 
tractcr  compldtement ,  prStendant  que  ses  dSclaralions  Iui 
avaient  toules  StS  dictSes  par  le  procureur  gSnSral.  L'ins- 
Iruction  de  TafTaire  se  trouva  ainsi  toute  dSroutSe,  et  le  4 
octobre  1817  TautoritS  supSrieure,  redoutant  que  la  marche 
de  la  justice  ne  fOt  entravSe  par  les  inOuences  de  la  famille 
de  Fonk,  qifi  jouissait  de  b<;aucoup  de  crSdit  et  de  considS- 
ration  k  Cologne,  transff^ra  TaKaire  tu  tribnnal  du  cerde  de 
TrSves.  Le  nouveau  juge  d'instniction  envisagea  I*aflaire  k 
un  point  de  vue  qui  <^tait  la  condamnation  de  la  procSdore 
arbitraire,  etsouvent  illSgale,  instruitekrorlginepar  le  pro- 
cureur gSnSral  Sandt,  et  il  en  rSsulta  que  les  charges  qui 
pesaient  sur  Fonk  et  ses  coaccosSs  s'affaiblirent  singuliSre- 
ment.  En  consSquence,  un  jugement  rendu  le  23  Juin  1818, 
tout  en  maiutenant  Paccusation  k  TSgard  de  Hamacher, 
mil  Fonk  et  Hahnenbein  hors  de  cause.  De  nouveaux  soup- 
{ons  n^ayant  pas  tardS  k  8*Slever  contre  Fonk,  celui-ci  fut 
mis  une  seconde  fois  en  prSventioo;  mais  un  jugement 
rendu  par  la  chambre  des  mises  en  accusation  de  Cologne 
ordonna  enrore  une  fois  sa  roise  en  libertS.  L*instance  pen- 
dante  contre  Hamacher  fut  soumise  k  la  cour  d^assiscs  de 
TrSves,  laqnellc  rendK,  le  31  octobre  1820,  un  arW^t  qui 
dSclarait  Hamacher  complice^  avec  prSmSilitation,  de  Tas- 
saj^iiiat  commis  le  9  novcinbre  sur  la  pcrsonne  de  Ccenen ; 


en  consSquence,  TaccusS  Ibt  condamnS  k  seize  ais  de  tft- 
vaux  foroSs. 

Le  3  novembre  suivant,  Fonk  fut  pour  la  troisitee  Mi 
mis  en  Stat  d'arrestation ;  et  une  noavelle  instmction  se 
poursoivit  jusqo*aa  mois  de  juin  1821.  Le  22  avril  1822, 
Tafbire  revintde  nouveau  devant  la  cour  d'assises  de  Tre- 
ves, laqudle,  le  0  juin,  rendit,  k  la  migoritS  de  wpt  voix 
contre  cinq,  un  arrSt  qui  dSclarait  Fonk  ooupaUe  d*  asits- 
shiat  commis  avec  pcSmSditation,  dans  la  nuit  dn  9  in  ii 
novembre  1816,  sur  la  personne  de  Ccenen,  et  qui  le  eoo> 
damnait  en  consSquence  k  la  peine  de  mort.  Fonk  se  poor 
Tut  en  cassation  contre  cet  arrSt;  mais  la  cour  de  rSviatua 
de  Berlin  rcjeta  son  pourvoi.  Cependant,  comme  rien  diss 
les  dSbats  n*Stait  venu  dSmontrer  que  Coenen  fflt  mort  as- 
sassins, on  ordre  de  cabinet  da  roi  de  Prusse,  en  date  do 
23  aoOt  1823,  ordonna  la  mise  en  libertS  de  Fonk  et  de 
Hamacher.  Un  autre  dScret  rojal,  en  date  du  9  octobre, 
leur  fit  remise  des  frals  du  procte,  qui  s'Staient  ^tes  i 
plusde  150,000  firanca. 

Fonk  mourutle  9  aoOt  1832,  k  Goch,  lieo  desa  naissaace^ 
oil  il  avait  obtenu  an  petit  emploi ;  mais  aucun  fait  ooufwi 
n'est  venu  depuis  Ion  aider  k  Sladder  cette  mystMenie 
affaire.  Les  joamanx  allemands  annoncirent  bien  en  laM 
qu^une  fille  publique,  native  de  Florence,  venait  de  mourir 
k  Paris  dans  un  hdpftal,  et  qu*en  mourant  elle  aurait  d^dirri 
avoir  StS  Tun  des  auteurs  du  meurtre  commis  dans  la  ooit 
du  9  an  10  novembre  1816  k  Cologne,  dans  une  maisoo  de 
tolSrancek  laquelle  elle  ^tait  alors  attacbSe,  sur  la  persoaae 
de  Coenen,  Tun  des  habituSs  de  ce  bouge;  mais  rien  n'eit 
venu  confirmer  cette  donnSe. 

FONTAINE  (  du  \BMxkfon$,fimtia ).  On  appelle  aiasi 
les  courants  d^eau  qui  sortent  de  la  terre,  et  qui,  ea  m 
rSunissant,^ ferment  des  ruisseaux,  des  riviSres,  etc  On  a 
beauooup  disputS  sur  la  mani^e  dont  les  fontaines  soot  at 
mentSes ;  on  a  d'abord  soutenu  qu'il  existe  dans  llat^ 
rieur  des  montagnes  d'immeoses  rSservoirs  qui  conumni- 
quent  avec  TOcSan  par  des  conduits  souterrains  et  founds* 
sent  en  mSme  temps  de  Teau  aax  sources.  Cette  hypotbte, 
qui  a  StS  celle  de  SSnSque,  de  Descartes,  de  I^  lliie,  oe 
pent  etre  soutenue  aujourd^hui.  Comme  le  niveau  de  ItV 
cSan  est  de  beaucoop  infSrieor  k  la  surface  des  liautes  nua- 
tagnes  od  Ton  trouve  des  fontaines,  Descartes,  poor  expK- 
quer  TSlSvation  des  eaux  de  la  mer  dans  les  rSsenoin, 
est  obligS  de  supposer  quil  rSgne  dans  les  cavenes  qui  le 
trouvent  dans  le  sein  dela  terre,  vers  Ubase  des  montagnes, 
une  chaleur  capable  de  convertir  les  eaux  en  vapears;  daas 
'oette  bpSratlon  dies  perdent  leur  salure,  s^SlSvent  vert  les 
'  parois  supSrieures  des  souterrams,  se  condensent  et  con- 
lent  audehorspar  des  fissures.  D'autres expliquent  rasreo- 
sion  des  eaux  de  la  mer  dans  le  sein  des  montagnes  par  U 
capillaritS,  comme  si  un  liquide  qui  monte  dans  un  tube 
capiilaire  pouvait  s'Scouler  au  dehors  par  son  orifice  sup^* 
rieur.  D'ailleurs,  Peau  de  la  mer  qai  coole  au  trarers  (k<s 
sables  mSme  les  plus  fins  ne  perd  point  sa  salure. 

L*opinion  la  plus  raisonnable  attribue  Tori^  des  foo- 
taines  aux  vapeurs  aqueuses  qui  sont  suspendoes  dans  fat- 
mosphSre;  qui,  oondensSes  par  une  cause  quelcooqae, 
tombent  en  brouiUards,  en  pluies  sur  la  terre,  s>  iafiltreot 
en  partie,  et  vont  alimenter  les  rSservoira  qui  foumiseent 
les  eau\  des  sources:  D*aprte  qudques  observatk>os  qo^os 
a  faites  dans  certains  lieux,  il  s'est  trouvS  des  saranU  ^ 
'  ont  pri^tendu  que  les  eaux  qui  tombent  da  del  couleot  ur 
la  surface*  de  la  terre,*et  qu^dles  ne  pSnStrent  pas  k  d*as< 
sez  grandes  profondeurs  ni  en  assez  grande  quantitS  pour 
alimenter  les  courants  souterrains.  11  est  trSs-vrai  qall 
existe  des  cavltSs  peu'SIoignSes  de  hi  surface  du  sd  dasi 
lesquelles  on  n'observe  aucune  infiltretion;  que  s'en  salt-fl? 
Qu'il  y  a  des  coudies  qui  <M>nt  impermSables  k  Teao;  oeb 
est  incontestfkble.  Mais  il  existe  des  preuves  innooibraUes 
que  les  caux'pShvents*innitrer  et  se  rSpandre  dans  riatWenr 
de  la  terre ;  Feau  des  puits  saISs  que  Ton  creosc  a  de« 
distances  considSrables  de  la  mer  est  STidemmcnt  fonraie 


FONTAINE 

par  eeUe-ci;  on  obserre  souTcnt  des  infiltratfons  dans  l<*s 
caves,  etc. 

D*autres  ont  d!t :  Est-il  Traisemblable  que  des  ooaranto 
perp^tuels  si  nombreox  soient  aliments  par  les  eaux  qni 
toii^t>eDt  du  ciel,  dont  la  tres-grande  |)artie  va  grossir,  k 
mesure  qu'dle  tombe,  les  niisseaox  e(  les  rivieres,  dont  une 
autre  partie  est  absorb^  par  les  v^g^taux,  et  une  troisitoie, 
coQvertie  en  vapeurs,  sedissipedans  Tatmosphire?  11  est  facile 
der^pondre  kcette  objection  par  des  exp<^riences  et  des  cal- 
cals  inccntestables, qui ^tablissent  que  la  quantity  de  plaie 
qai  tombe  annuelleinent  sur  la  surface  du  globe  est  bien 
sap^rieure  k  ce  que  charrient  les  fleuves,  et  par  constant 
plus  qne  suiBsante  pour  alimenter  les  sources,  fournir  l*hu- 
niidit^  n^cessaire  k  la  T^g^tation,  etc.  II  est  d*ailleurs  di- 
gne  de  remarque  que  les  fontaines  sont  tr^rares  dans  les 
contr^  od  il  ne  tombe  jamais  ou  presque  jamais  de  pluie. 
11  7  a  des  pays  qui,  an  rapport  de  Hiistoire,  ^taienf  autre- 
fois arros^  par  des  rivieres  et  des  sources  qui  anjourd^hui 
soDt^  sec  en  grande partie,  parce que  les  bois  qui  couvraient 
jad£s  les  roontagnes  de  ces  contr^  ont  di.sparu ;  et  les  bois 
ont,  comme  on  salt,  la  propri^t^  dMtlrer  les  vapeurs 
aqueoses  de  Tatmosph^re  et  de  provoquer  la  chute  des  plules ; 
eofin,  cbacnn  a  pu  fkire  Pobservation  que  dans  les  anni^es 
de  s6cheres8e  Teau  baisse  dans  les  puits,  dont  plusieurs  ta- 
rissent.  Les  sources,  en  g^n^ral,  fournisj^ent  moins  d*eau  k 
ces  ^po({ues  que  pendant  les  ann^es  bumides,  etc.  Tout 
porte  done  k  croire  que  les  fontaines  sont  le  produit  des 
▼apeors  oa  des  eaux  de  pluie  qtii  sont  absorb<^es  par  les 
inontagnes,  les  coUines,  etc.  Toute  fontaine,  cela  va  sans 
dire,  a  sa  soyrce  dans  des  lieux  plusbas  que  le  niveau  des 
F^rvoirsqui  lul  foumii^sent  des  eaux.    ^ 

II  y  a  des  fontaines  naturelles  qui  se  font  remarquer  par 
la  singularity  de  leur  cours,  la  quality  des  fluides  qui  les 
aliraentent,  etc.  On  connalt  les  plus  curieuses  sous  les  noms 
de  p^iodiqnes  ou  intcrmiUentes,  intercalaires,  jaillis- 
sanies ,  %aUts^  biiumineuses,  ardentes, 

Les  fontaines  p^r\od%ques  sont  ainsi  nummdes  parce 
qu^elles  tarissent  pendant  un  certain  espace  de  temps,  apr^s 
lequel  elles  recommencent  k  couler,  pourtarir  de  nouveau, 
et  ainsi  de  suite.  Ce  jeu  est  facile  k  expliquer.  Supposons 
dans  le  flancd^nne  montagne  une  cavity  qui  se  remplit  len- 
tement  par  des  filtrations  intdrieures,  et  dont  Teau,  ne  poo- 
▼ant  s'^liapper  que  par  un  canal  qui  ait  la  forme  d^in 
siphon,  s*dcoule  par  ce  conduit  plus  rapidement  que  lo 
rtenroir  ne  se  remplit  par  los  nitrations  qui  ralimentent : 
F^coulement,  une  fois  commence,  continuera  aussi  iongtemps 
que  le  niveau  de  Teau  se  maintiendra  au-dessus  de  la  bran- 
cbe  la  plus  courte  du  siphon  qui  plonge  dans  le  reservoir 
dont  nous  avons  suppose  Texistence;  raais  une  fois  Peau 
plus  basse,  fl  s'arr^tera  pour  ne  recommencer  qu^apr^s  que 
le  niveau  de  Teau  sera  rcmontd  au-dessu.s  du  sommel  du 
siphon.  Reraarquons  cependant,  tant  au  sujet  des  fon- 
taines pdriodiques  quede  eel  les  dont  nous  allons  parler,  re- 
roarquonsque,  quelque  plausible  que  soit  cette  explication, 
elle  demande  k  6tre  corrol)ori^e  par  desfouilles  bien  dirigdes  : 
la  nature  en  effet  est  assez  fikoude  pour  avoir  k  sa  dispo- 
sition d^autres  moyens  de  produire  la  pdrio<llcitd  on  Tin- 
lermittence  des  fontaines. 

hts  fontaines  intercalaires  difl%rent  des  fontaines  pdrio- 
diqnes  en  ce  qu*elles  donnenl  constamment  de  Teau,  mais 
€n  rooindre  quantity,  pendant  un  certain  espace  de  temps, 
pais  content  avec  plus  d^abondance  pendant  quelques  jours, 
qoelques  heures,  etc.  On  pent  facilcment  se  faire  une  idde 
des  causes  qui  donnent  lieu  k  ces  in^alitds  dMcoulcment : 
snpposez  que  la  fontaine  iutercalaire  soit  nlimentde  par  deux 
floarces,  dont  une  est  continue  etPautre  pi^riod'que  :  quand 
oelle-ci  cessera  de  donner  de  Teau,  la  fontaine  aliments 
par  la  premiere  seuletnent,  coulera,  avec  moins  d^abondance. 
On  pent  encore  se  figurer  que  le  reservoir  d^une  fontaine 
intennittente  a  deux  issues,  une  vers  le  has  et  Pant  re  plus 
bant,  et  que  la  premiere  ne  (leut  dt^penscr  qu^me  partie  de 
rata  d»  la  MWite;  d*otl  il  suit  qne  le  r^rvoir  se  remplit 


£41 

.et  se  vide  par  un  siphon.  On  pourrait  encore  supposer  d^au* 
tres  moyens,  parml  lesqnels  le  siphon  jouerait  toi^ours  le 
premier  rdle.  On  connalt  un  grand  nombre  de  fontaines 
pdriodiques  et  intercalaires ;  les  plus  c^l^bres  sont  celle  de 
Ck>mar  en  Provence,  oelles  de  Fronranches  en  Langnedoc, 
de  Bouledon  sur  la  rive  gauche  du  Gardon,  de  Bullerbora 
en  Westphalie,  la  fontaine  prte  Torbay  en  Devonshire,  celle 
de  Bnxon  dans  le  cqmt^  de  Derby,  celle  d*£nsgler  dans  le 
canton  de  Berne. 

Les  fontaines  jaillissantes  sont  des  jets  d'e an  natn- 
rels,  qui  ont  deu  quana  le  conduit  est  contoumden  siphon 
renversd,  et  que  Torifice  par  lequel  I'eau  s*dcliappe  k  l*ext6- 
rieur  est  plus  has  que  le  reservoir  qui  la  fournit.  Parmi  les 
plus  c6l^bres  des  fontaines  Jaillissantes,  on  cite  celle  de  Van- 
clnse  en  France,  dont  les  eaux  en  hiver  lorment  une  riviere 
jaillissante,  et  le  Geyjer  (le  Furieux),  en  Islande.  II  y  a 
des  puits  art dsiens  qu*on  pent  regarder  comme  des  fon- 
taines jaillissantes  dont  le  conduit  a  ii&  ouvert  en  partie 
par  la  main  des  hommes. 

II  existe  dans  plusieurs  contr^  des  mines  de  sel  gemme 
d^une  grande  dtendue ;  il  peut  done  se  faire  qu*un  conrant 
d^eau  douce,  traversant  des  bancs  de  cette  nature,  aille 
surgir  en  fontaine  sal6e  k  Text^rieur.  Nous  avons  en  France 
les  fontaines  de  Salies,  prte  d'Ortliez,  de  Sdlies,  prte  de 
Toulouse,  de  Salins,  k  Mont-Morot  ( Jura),  de  Saltz  (Bas* 
Rhin ),  etc.  Les  eaux  de  ces  diverses  fontaines  contiennent 
en  g^^ral  le  sixi^me  ou  le  septi^me  de  leur  poids  en  sel. 

II  est  certes  fort  difQcile  d^xpliqner  Torigine  des  fbn^ 
taines  bitumineuses  :  d*abord  les  naturalistes  ne  sont  pas 
d^accord  sur  la  formation  du  b  it  u  m e ,  et  quand  bien  m£me 
on  connaltrait  les  caases  qui  le  produisent,  quelle  ralson 
ponrrait'On  donner  de  ces  fontaines  qui  en  fournissent  de- 
pute on  grand  nombre  de  sidles  sans  interruption.  Quo! 
qn*il  en  soit,  on  tronve  en  France  et  dans  d'autres  pays  des 
sources  bitumineuses.  II  en  existe  une  dans  le  ddpartement 
du  Puy-de-Ddme,  que  les  habitants  appellent/bnoue  de  la 
Pige(  fontaine  de  la  Poix  ). 

Les /on  rainex  ardentes  sont  d^une  autre  nature.  II  se 
trouve  au-dessous  du  sol  des  vides  qui,  on  ne  salt  pour- 
quoi,  sont  remplis  de  gaz  hydrog^ne.  Si  done  ce  fluide 
trouve  un  conduit  qni  s'ouvre  sur  le  sol,  il  s^dl^vera  en  jet, 
1^  cause  de  sa  Idgdret^  relative  ou  de  la  pression  que  cer- 
taines  causes  exercent  sur  le  reservoir.  Ce  jet  de  gaz  for- 
mera  une  fontaine  ardente,  lorsqu'on  la  mettra  en  contact 
avec  du  feu.  11  y  a  aussi  des  fontaines  bitumineuses  qui  de- 
vienuenl  ardentes  quand  on  approche  un  flambeau  de  leur 
source.  Enfin ,  on  a  vu  des  puits  art^iens  qiU  lan^ient  des 
colonnes  de  gaz  inflammable. 

Teiles  sont  les  fontaines  naturelles  les  plus  dignes  d'atten- 
tion  :  \eA  eaux  min6r ales  ont  ^  Tobjet  d'un  article 
particulier. 

En  dconomie  domestiqne,  on  donne  le  nom  ^e  fontaines 
k  des  sortes  de  r^ervoirs  oil  Ton  conserve  de  Tean.  Les 
plus  simples  sont  d^pourvnes  de  robinets  :  on  y  pulse 
reao  avec  un  vase ;  ce  qui  a  un  avantage  et  un  incoov^- 
nient  :  Teau  6tant  puis^s  k  la  surface  est  ndoessairement 
plus  limpide  que  si  on  la  tirait  par  un  robing  placd  vers  le 
fond  de  la  fontaine;  nuiis  si  Pextdrieur  du  vase  avec  le- 
quel on  la  puise  est  convert  dlmpuret^,  ce  qui  arrive  sou- 
vent ,  on  eprouve  quelque  repugnance  k  boire  de  Teao  que 
Ton  voit  puiser  de  cette  mani^re.  Mais  aujourd'hui  la  plu- 
part  des  fontaines  sont  pourvues  de  f  i  1 1  re  s  propres  k  ^purer 
Teau.  Comme  il  existe  des  grte  assez  spongieox  pour  laisser 
passer  plus  ou  moins  facilement  Feau  k  travers  leurs  pores , 
on  fait  depuis  longtemps  des  fontaines  domestiques  dans  les- 
quel  les  on  manage  vers  le  has  une  petite  chambrette,  fonnte 
ordinairement  de  deux  tableltes  de  grto  spongieux.  Afin 
que  Tair  puisse  sortir  de  cette  capacity  k  mesure  que  Teaa 
y  entre,  on  la  fait  communiquer  avec  Pair  ext^rieiir,  an 
moyen  d^in  petit  tuyau  vertical.  On  fait  encore  beauconp^de 
ces  fontaines  en  marbre,  en  pierre  de  liais,  etc.  Les  tables 
qui  les  Gomposent  sont  jointes  ensemMe  par  des  crampom 


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FONTAINE  —  FONTAINEBLEAU 


et  da  mactie.  Ltt  mati^res  les  plus  propres  k  contenir  dB 
?\;aa  sans  la  eonrompre  sont  la  pierre  de  liais,  le  granit 
et  le  grte ;  quant  Mt  mati^res  pierreuses  qui  font  les  fonc- 
tions  de  filtres,  elles  retiennent  assez  liienles  salet^  qui 
rendent  iWi  trouble  k  la  yue,  mais  n'^ercent  aucune  ac- 
tion chtmique  sur  les  Uquldes  on  lea  gai  qui  peovent  £tre 
oonbin^  aree  elles ;  d'ailleors,  oes  Ultra  ont  besoln  d'Mre 
nettoyda  sourent,  car  leon  pores  font  bientM  obstru^s  par 
les  matiiras  solides  que  Feaa  tient  eii  taspension. 

h»fimtaineipubliquesoiA¥)ureni6emuidi  les  secoura 
de  rarcbitecture  et  de  la  sctlptnre.  Sous  ce  point  dtf  Yue, 
on  dte  Ik  Rome  celles  de  Tre?i,  de  l^aolina^  d^  la  place 
Na:vone,  de  la  place du  Vatican.  A  Paris,  &oas  arons celles 
des  Innocents,  do  la  place  de  la  Concorde,  dte  Cbamps- 
£ly8^,  de  la  place  Lootois^  la  fontaine  Bloli^  celle  de 
Rotre-Bame,  de  la  me  de  GreHeOey  de  la  place  du  CbA- 
telet,  etc.  TBTBSftDBt. 

FONTAINE  ( PiBUtB-FftAH^ois-LtoRARD),  arcbitecte 
des  bAtiments  de  la  cooronne  sous  le  premier  empire  e\  sons 
Louis- Philippe,  auteur  de  Parc-de-triompbe  qui  dtore  la 
place  du  Carrousel,,  monument  qui  Ini  Talut,  en  1810,  le 
grand  prix  d'arcbitecture,  naquit  k  Poitiers,  le  2  septembre 
1762.  Apris  avoir  616  pendant  one  grande  partie  de  sa  vie 
le  ooUaborateur  de  Perder,  et  ayOir  616  employ^,  sous  sa 
direction,  aux  grands traraux  de  conBtruction  entrepris  par 
ordre  de  Napol^n,  au  Louttc,  aux  TQileries,  it  Compile, 
k  Vt\j96d,  k  SaintOoud ,  k  Fontainebleao ,  k  la  Malmai- 
aon,  etc. ,  il  Alt,  dans  les  premises  annta  de  la  Restau- 
ration,  choisi  par  Lonis-Phillppe,  alors  due  d'Orl^s,  pour 
son  arcbitecte  partieulfer,  ef  ce  fut  lui  qui ,  en  cette  quality, 
dirigea  etordonna  les  importants  traTau]^  ex6cutk  par 
ordre  de  ce  prince  an  Palais^Royal,  k  Eu ,  ^  Neuilly.  A  la 
meme  4poque  il  donnait  les  plans  de  la  chapelle  expiatoire 
^leTte  k  la  m^moire  de  Louis  XVI,  me  de  TArcade.  Quand 
Louis-Philippe,  du  roi  des  Pcan^s,  put  donner  plus  lar- 
geroent  carrftre  k  sa  passion  pour  les  travaux  d'architecture, 
Fontaine  se  trouTa  tout  naturallement  iuTestid^nn  Tdritable 
portefeuiHef  ayant'bien  au8§i  son  importance,  et  pour  la 
tranquille  possesion  daqnel  il  n'ent  Jamais  k  redouter  les 
rivalitds  des  intrigants  politiques.  On  est  en  droit,  par  con- 
s^uent,  de  lui  reprocber  la  compUcitd  qoll  accepta  dans  les 
travaux  entrepris  aux  TuOerii^  pour  agrandir  cette  demenre 
i-oyale  en  supprimant  la  terrasse  qui  s^Sparait  le  payillon  de 
rhorloge  de  la  chapelle ,  et  d'avoir  ainsi  d^^rait,  pour  com* 
plaire  ii  un  ami  auguste ,  mais  Juge  assei  incompetent  en 
mati^re  d*art,  qnoi  qu*on  ^ise,  la  gracleuse  harmonie  du 
plan  piimitif  de  Pbilibert  Delprme.  La  transformation  da 
palais  de  Versailles  en  unmus^une/ois  accepts  pour  bonne 
et  convenable,  force  est  de  convenir  que  les  traraux  d'ap- 
propriation  enti^pris  sons  la  direction  de  Fontahie  dans 
cette  ancienne  r^idenoe  de  nos  rois  ont  616  conduits  avec 
autant  de  vigueur  que  dlntelligenoe. 

Fontaine,  membrede  Tlnstitut  depuis  1811,  aralt,  comme 
on  le  Toit ,  d6ih  gagn^  son  b4ton  de  mantebai  sous  Pempire ; 
c'est  aussi  de  cette  ^poque  que  datent  les  ouTrages  qa'on  a 
de  Ini  et  dbnt  Toici  les  litres  :  Description  des  drimoniet 
et  files  qui  onteu  iieu  d  Voccasion  du  mariage  de  iVo- 
poUon  avec  Parchiduchesse  Marie-Limise,  iivre,  mMiocre 
\au  total,  mait^iMt  poor  les  costumes,  et  offidel  quuit 
au  texte;  Maisons  et  autres  idiHces  modemes  dessinis  d 
Reme  (Paris,  1708;nouTeIleMition,  1810-13, 1  tol.  hi-fol); 
Reoueil  de  decorations  intMeures  j>our  tout  ce  quicon- 
eeme  Pameublement  {x%i^).  Fontame  mourut  ii  Paris, 
le  10oc(obred^&3, 

FONTAINE  (La).  Vofet  U  FoiiTAiftB. 

FONTAINE  ARDENTE  (ta).  Foyes  DAui»miaL 

FOJVTAINEBLEAU,  TiUe  de  France,  cbef-liea  d'ai^ 
roiidissement  dans  le  d^partementde  8eine-et-Marne, 
k  i7  kilometres  sud-est  de  Paris,  au  milieu  de  la  for^t  de 
son  nom,  k  3  UIomMres  de  la  rire  gauche  de  la  Seine, 
aw  10,365  habitants,  deux  hdpitanx,  nn  ool.6ge,  un  thdfttrc, 
des  babM  poblies,  une  maiioUcture  de  polciie  et  une  de 


porcelaine.  Le  grte  des  eoTirons  de  la  Tille  fouiiilt  la  m- 
jeure  partie  du  pav^  de  Paris.  On  j  reoiarque  l*hAtfll  de 
Tille,  deux  casernes  et  unobdlisque^^  lors  de  la  niifisaaoe 
du  dauphin  fils  de  l^uis  XVI^  jsyu  centre  do  I'^taUe  qn^oa 
aper^oit  en  sortant  par  PaToque  m^ridiooale  de  la  Tflk 
Cost  une  station  do  chemin  de  fer  de  Lyon.  En  arriraiit  I 
la  station,  le  ^isitear  aper^itun  splendide  Tiaduc  de  trab 
arches.  Sur  la  place  du  Palais  de  Justice  on  Toit  uoe  itte 
en  bronze  du  g^n^ral  pamesme,  nqedea  victimes  dei  jov- 
n^  de  join  1848.  Mais  ce^qui  rend  europtoi  le  nom  de 
Fontameblean,  c^est  son  palais,  saos  rital  pour  la  mapifioesoe, 
et  la  pittoresque  forit  qui  Tentoure. 

lA  fordt  de  Fontaineblean  dtait  dana  Forigine  appdte 
ForH  de  Bierre,  du  nom  d^un  guerrier  normand,  Mierra, 
suraomm^  Cdte  de  Fer,  qui  en  846  s'brr^  en  cet  oidnil 
arec  son  corps  d'arm^  apr^  aToir  oommis  d'effroyaUn 
rayages.  Son  nom  actual ,  suivant  Piganiol  de  La  Force, 
Duchesne  et  Dulaure,  vient  de^  eaox  ylTes  et  abondaDtei 
qui  rentoarent»et  ce  serait  uue  cormption  de  Fontaktt 
Belle-Sou ;  maia  les  andennes  cbartes  D'antorisent  pss  cette 
interpretation ,  car  elles.  font  mentioa  de  I91  Tille  sous  leaoD 
de  Fons  Blealdi  on  Bblaudi.  L^^poqne  ou  ce  lien  d^ 
ymt  r&idence.roy^e  est  tout  aqsai  Ino^laine.  Quelquee-mi 
croient  que  c'est  sons  le  r^gne  do  roi  Robert  le  Pieai,  n 
onii^me  si^d^;  nuis  on  nepeotle  dire  en  tooteoertitode 
qu*k  partir  du  sitele  soiTant,  plusieors  actes  ayant  ^  pro- 
mnlgu&  en  oet  endroit  par  Louis  VIL  Pbilippe-lopNte 
r^da  foment  k  Fontainebleau.  Philippe  le  Bel  y  oaqvi 
et  7  mourut ,  et  son  tombeao  se  loit  dans  la  petite  ^ise  di 
hameau  d'Aron,  contigu  au  pare,  Loaia  nL,  qui  appebit 
Fontaind>lean  sos  ciders  ddserls^  chassait  sooveot  dai» 
la  foret;  il  y  fonda  un  h^pital,  et  l^tit  la  chapelle  deb 
Sainte-Trinit^.  Ce  ne  Alt  cependant  qa'an  seizitoienMe 
que  le  cbAteau  actual  fut  commence  par  Francois  r'  et  de- 
vint  la  r^dence  (atorite  de  ce  monarqne  et  de  ses  nsM- 
seurs  imm^diats. 

Beaucoup  d^^v^nemeots  remarquables  de  lliislQire  de 
France  se  sont  accomplis  an  palais  de  Fontalaebleei' 
En  l53d,Fran9oisI^yre^utety  flltaCharles-Qoiit,* 
son  passage  en  France,  En  1602,  Henri  IV  y  fit  arrtter  le 
marshal  de  Birou.  En  1650, le  marquis  de  Monaldesclii, 
secx^taire  et  faTori  de  la  reine  Christine  de  SoMe,  y  M 
assassin^  par  ses  ordres.  En  1685,  Louis  XIV  y  signs  b  1^ 
▼ocation  de  r£dit  de  Nantes;  et  Fannte  suiTsate,  le 
grand  Gond^  y  mourut  La  conr  ayant  4A6  transfiMe  per 
Louis  XIV  k  Versailles,  Fontainebleau  fdt  n^lig^ ;  k  la  R^ 
lution  on  le  d^uilla  de  son  ridie  ameublement,  et  il  toobi 
bient^t  presque  en  rubies.  S6us  Napol^n,  cependant,  il  M 
en  partie  restaur^,  et  derint  une  foia. encore  le  tti^tre  d*^ 
Tdnement8tiistoriques.Enl808,CbarlesIV,roidn:spigpe, 

y  Ibt  detenu  pendant  ybgt-quatre  jours.  En  1809,  le  divwce 
de  Fempereor  et  de  Josephine  y  fut  prononc^,  et  trois  tf» 
aprte  le pape  Pie  VII  vint^  de  par  la  volont^  de  Napol^ 
babiter  ce  palais  pendant  dix-boit  moia.  C*e«t  encore  b 
que  NapoUon  signa  son  abdication  et  prit  coogj  ^ 
aigles  imp^riales.  II  ne  s^y  passa  rien  de  mtoiorable  peadait 
la  Restanration;  Louis  XVIII  et  Cliarl^s  X  ne  firent  que  |M 
de  chose  pour  Fembellissement  de  cette  r^denoe.  Mw 
en  1831  Louis-Philippe  comment  sa  cpmpl^te  restanratiea; 
les  traTaox  forent  poussds  ayec  une  granae  a<AiTitd,  dj» 
d^penses  mont^rent  k  une  soinme  considerable.  Les  premien 
artistes  de  France  hirent  employ^  k  kh  decoration,  ct « 
apporta  la  plus  acrupuleose  attention  dans  la  restaontloB 
de  cheque  cliose  conforro&nent  k  son  style  primftif ;  Tsfflee- 
blement  fut  choisi  atec  nn  godt  parfait,  et  le  pabb  m 
troura  Mre  plus  splendide  qnll  ne  raVaJt  Jamais  ^  |^ 
demiers  ^v^nements  dont  Fontaineblean  aft  616  le  (Mluey 
sont  le  mariage  du  due  d^OrldanSj  la  r^ptioo  de  It  R>** 
Marie-Christhie  d'Espagne,  et  TattenUt  dele  coot  e  iv 
la  personne  de  Louis-Philippe.  h» 

Le  palais  e^t  m  visteassdkiblacie  de  biUmenb,  oft  <f^ 
^poques  ont  chacnae  bapriin^  leor  aoeto  parficutier.Frsa- 


fONTAINEBLEAU 


B4S 


^8 1^  fliit  augmentei  ou  pliiMt  recommencer  et  embelUr 
foofrafle  primitif  de  Loub  vn ;  Henri  IV  y  ajonte  dD  tiou- 
Teaos  Mtiineiits ;  Loob  Xm  iUkve  la  fa^de  da  miliea  de 
la  oow  dm  Cbefal  Blano;  et  aom  Loois  XIV  on  y  ijoote  lea 
deui  ailea  de  droite  et  de  gauche.  Oependant,  tout  ceia  a  nn 
air  inipoeaikt  de  grandenr  et  de  mijestd  qai  annonce  la  de- 
meure  d'on  paiasant  nwiarque.  •  Voilk  ^  diaalt  Napbl^on  k 
Salnte-Udtee,  en  pariant  de  Fontainebleail,  la  Traiedenkenre 
dea  roU»  la  tnaison  des  aSteiea;  peut^tre  n'est-ce  pas  ri- 
fiMireaaenMDt  on  palab  d'arcbiteete,  maia  bfen  aasaitoent 
on  lieu  dlMliilation  Men  calenM  et  paifaitement  contenable. 
C'eat  oe  ^ii  y  aaana  dnnte  de  pins  oemmode,  de  plus  hen- 
fcuaement  aitnft  aa  Enrope  pour  le  aoBTen^n...  Fontaine- 
bleau,  jjoutaiWU  eneora^  eat  en  mtaw  tempi  la  situation  po- 
litique et  mlUtaire  U:plua  oonfoiable.  ■ 

L'entrte  principale  du  ch&tean  eat  par  la  Taste  eour  du 
Ckeval  Blanc,  etnil  nommte  d'nne  statue  ^uestre  en 
plfttre  qn'ott  y  Toyatt  antiefoia.  Le  palais  eontient  encore 
qoatre  antrw  coon.;  ia  pmr  de  la  iVmtatiM,  dans  laquelle 
on  Toit  une  belle  statue dlAysae  par  Petitot;  la  eotcr  avaU 
on  du  />oiOon,o4  aatnmTait  antiefois  le  donjon  du  ▼leox 
cbitenn;  la amr  de$  PiUtfei ,  ainsi  nommte  des  apparto- 
uMBta  y  donnantt  qulataient  M  assign^  aux princes  de 
Cond^  ei  au  dtftde  Bonrben  |  enfin,  la  ootir  def  CuMnei  on 
de  Henri  JV.  Laoonr  dn  Cheral  Blanc  lut  oonstruite  d'a- 
prte  lea  plans  da  KarcMtacteSerlio;  elie  i^tait  autrefois  diri- 
steen  qoat^  paities»  poor  lea  joOtes  et  les  tonmois.  La  belle 
grille  qui  las^cede  la  place  de  Fenare  date  du  r^e  de 
Napoldon. 

La  Afade  do  cfalteaa  ae  compoee  de  cinq  paffUons  por- 
iaal  lea  nomade  PawUUm  (fet  ^tURdJiiert  on  de  rBarUtge, 
Pt»mondeiOrdrei,PavUkmduMUieuoudeiPehiiures: 
on  y  folt  nn  bnata  da  Francois  1^,  plae6  la  par  Tordre  de 
Louis-l^bilippe;.!*  Grot  FavUlon;  anfin,  to  PaviUim  des 
Armee  on  di$  PeSUSf  ainst  nommi  de  poeles  d'Allemagne 
que  F^ran^is  J**  y  avail  fait  ^lablir.  An  centre  est  une 
double  rampedede^rds^^uiiine  sons  lenom  d^Mscatterdu 
Fer^ekepalp  copntniite par Lamqrctor,  aoua  Louis  XIQ. 
Cast  k  qnelqoea  nitres  en  ayant  docaa  degrdiqnese  pataa 
!a  actoe  daH>uvanla  dea  adieyx  de  Ptniatneblemt^  . 

U  CHapeUe  de  la  DrinUd  9ol  cenatmite  par  Fnan 
fois  V,m  remplaogmeat  dPnne plus  andenne,  bAtie  par 
saint  Louis;  jtt  flragmentde  laconatractionprimitivay  nn 
arc  dorique  au  fond  de  <la  nef,  subaMe  encore.  La  cbapeOe 
a  39  metres  da  long,  anr.  7  ",  80  de  laige,  aam  compler  las 
bascdt^.Le8  coropaitiaoiia  de  la  To6ta  soot  pdnto  par 
Frtoinet.  L'autel,  da  temps  de  Louis  xm,  est  de  Bor^ 
doni.  Quatre  anges.en  bioase  et  les  statues  deCfbarlemagne 
et  de  aaint  Louis  sont  de  Germain  Pilon. 

La  Galerie  dee  Freegues  est  remarquable  par>  aes  pan- 
seanxy  conteaant  dea  sQ)eta  alMgoriquea  peiotapar  Ambraise 
Duboia.  Le  lambria'CBl  ddoori  de  quatra-vbigt  buit  superbes 
mMaillona  de  poiedalae  de  Mvres,  repr^sentant  les  princi- 
pal roonnroentade  la  France  etdlAibtata  auie^  relaUb 
a  rhistoire  de  Fontabiebleatt.  On  pteMre  ensutte  dana  la 
galerie  de  FranpM  P'f  que  Pon  est  ientrain  de  r6pisrer.'Bf. 
Cooder  eat  cbargift  de  la  majeure  partie  de  ca  travail ;  d'est 
la  que  se  tronveni  lea  fireiqpes  dn  Bosso  et  da  Primatioe. 
Lea  appartenMOta  qui  aulveBt  sont  ceux  qn'ont  habits 
Pie  vn  etla  dnebesae  dXMians. 

Dana  le  Cabinei  parHeuUar^  ou  I'emperenr  signs  son 
abdication,  on  veil  sous  une  cage  de  glace  la  petite  table 
sar  laquelle  il  ^crivait ;  cette  attention  a  <t6a6cesait^  par 
rindiscr^tion  dea  viaiteura,  quine  ae  fiUaaient  pas  faute  d'en 
ddtacber  dea  morceaus..  La  salle  du  TrdHe^  richement 
ddcorte,  possMe  nn  portrait  da  Loois  Xni  par  Philippe  de 
Cbampagpei.  On  y  volt  la  table  daaerment,  odles  mar6* 
chaux  de  France  pnfttaient  aement  d'all^eance.  Letrtae 
Ini  ftitCMe.  h^gilerie  de  Mme,  lon^ne  de  lOO  mMres, 
ert  d*arcbitectaie  doiique;  ellefat  en  parfie  resUur<te  seas 
ItapoltoB » et  acbevte  sous  Louis  XVUL 

Lea  apparteDMBti  de  i^eepttooeompcenieiit  VdMieham^ 


bre  de  la  Reine,  le  salon  de  Frdngois  I^  et  le  salon  de 
Louis  XIIL  La  plus  anctenne  partie  du  chAteau  est  le  salon 
de  saint  Louis,  autrefois  habits  par  lui,  mais  qui  a  subi  de 
Qombrenses  metamorphoses  depnis  et  mftme  a  ^16  recons- 
truit  k  dllttrentes  ^poques,  sous  les  r^es  de  Francois  i^** 
et  de  Lonis-Philippe.  On  arrive  ensuite  k  la  salle  des  Car- 
des,  construite  sous  le  r^e  de  Louis  XIII.  On  y  voil 
une  belle  cbemin^s  de  marbre  blanc,  deux  statues  de  la 
Force  etde  laPaix  par  Francarville«  et  un  buste  de  Henri  IV. 
La  salle  de  Spectacle  fut  oonstruite  au  temps  de  Louis  XV, 
qui  la  fit  ^ver  pour  amuser  M"^  de  Pompadour. 

Veseatter  d^honneur  nous  offlre  des  Cresques  du  Bosso, 
restaurte  parM.  Abel  de  PtgoL.  II  conduit  k  la  plus  belle 
salle  de  lout  le  chitean,  la  galene  de  Henri  II  ou  la  iaUe 
de  Bai,  quece  prince  fit  bAtir  pour  plaire  k  Diane  de  Poi- 
tiers.  On  y  volt  des  peintures  do  Primatice  et  de  Niccolo» 
restaurtea  par  M.  Alaux.  Au  rez-de-chausste  se  trouve  la 
chapelle  de  Salnt-Stttumin ,  b&tle  primitivcment  par 
Louis  vn  et  consacrte  par  Thomas  Becket  en  1169.  £lle  a 
i\A  restanrfe  et  d^corte  d^abord  par  Fran^b  I*',  de  nou- 
veau  par  Lonis  XIII,  et  en  dernier  lieu  par  Louis-Pbilippe» 
sa  fiUe,  la  princesse  Marie  d'Orl^ans,  a  compost  les  dessins 
des  vitraux.  La  galerie  des  Colonnes  est  la  r^p^tion  pour 
lea  dimensions  de  la  galerie  de  Henri  JI,  k  T^tage  sup4- 
rieor. 

La  porte  Dor€e  donne  dans  la  Cowr  ovaU;  elle  fut  cons- 
truite par  Firanfois  1%  en  1&2S,  et  om^  de  huit  belles 
fresques  de  MIccolo,  d'aprto  lea  dessins  du  Primatioe ,  res- 
taurfes  par  Pieot.  Le  Vestibule  de  saint  Louis ,  dans  la 
plnSjTieille  paitie  dn  cbiteau,  restaur^  et  d^cor^  par  Louis- 
Philippe,  eontient  les  statues  de  saint  Lonis,  de'Philippe-. 
Aogiule,de  Francis  K,  d'Henri  IV,  qui  tons  ont  prif  part 
k  la  construction  dn  cliAteau.  La  Cour  opale  a  77  m^tr^s 
de  long,  snr  38.  Cest  une  colonnade  toute  conde  quS  se 
termine  par  lea  restes  d'nn  pavilion  et  d^une  toureUe  qu'on 
dit  avohrM  autrefcfis  habit6e  par  sabit  Louis.  Cette  cour 
tommunlque  avec  la  coUr  de  Henri  /K  par  h  porte, 
J!)atfpAiRe,  construction  digne  d^attention  et.  surmoat6a\ 
4'une  ooupole.     - 

La  BibiiotMjue,  autrefois  Chappie  haute,  est  uii  beau 
sptefanen  du  talent  de  Serio,  son  architecte,  qui  la  copstruisil 
par  ordre  de  Francis  I*.  Les  appartements  de  M"^  Hainte- . 
Hon  se  eomposent  de  quatre  pitees.  Les  petits  appartements, 
formte  de  randenne  galerie  des  Cerfi,  renfarment  douse 
pieces;  dans  Tune  d*dles  on  voit  un  tableau  qui  reprtaite 
I'assassinat  de  Monaldeschi;  rhnpiratriee.lftarie-Louiseet 
iWperaorlui-mtaie  y  occujpaientuii  appailemen^  M^  Ade- 
laide et  la  princesse  Olteeiitine,  ducbeskede  Saxe-Cobouig- 
(jk)tha,y  log^reat  ensufte.  Les  appartements  de  VAile  neuvei 
(brent  successivement  occnp^s  par  la  princesse  Borgb^  ^'] 
W^  Latitia,et  la  ducbesse  de  Nemours. 
!  Le  Jardin  anglais  s^etend  le  long  de  la  facade  dii  chA- 
teau  an^de  CAUeneuveoade  Louis  XV^  qui  forme  un  des 
c^tesde  la  eotirdiiCAevalBfonc.  La  variety  de  ses  aiqtectfl^ 
Jessfamositdsdela  riviere  qui  le  traverse,  mille  eCfetacbaniHihta 
^ePart,  tout  eontribne  k  faire  de  ee  Janlin  un  endroit  eocl^uih 
t^ur.  Le  Parterre ,  dessintf  par  Le  N6tre,  est  dans  ISAtjJe 
fran^.  Un  autre  jardin,  le  Jardin  pof  ticulier,  HMt  (lic^  aux 
'  Verniers  appartements  royaux.  Vitang  est  une  graode  pj^ . 
dTeau,  de  forme  triangulaire,  longue  de  338  m^t^  sifr  .deux . 
de  ses  cdtte  et  de  233  sur  Tautre.  Il  est  peupl^  d'un  grand 
nombred^dnormes  carpes,  dont  quelques-unesiont  trte  Igte. 
Un  divertissement  tr^  en  vogue  k  Fontainebleau  coosiste  k 
Jeter  k  ces  carpes  des  pains  tout  entlers  et  4  les  regarder  en- 
gloutir  en  quelques  instants  par  ces  voraces  animaux.  Aw 
miliea  on  volt  un  dUg^nt  petit  pavilion  octogpne,  qu'on  appella 
le  cabinet  du  itoi,  et'qui  fut  primltivement  construit  par 
Franks  I*'.  Le  PareeaX  trto-vasle ;  U  est.  traverse  dans  toute 
sa  longueur  par  nn  magnlflque  canaf ,  long  de  1 ,333  m^tre^, 
sur  43  de  large,  et  aliments  par  une  fontaiue  qui  Ibrme  une 
cascade  artifitielle.  Cest  U  que  le  visiteor  admirera  la 
tameose  treiUe  du  Jtoi,  qai  s'appuie  sor  ua  mar  Tespece 


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J 


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FOJNTAINEBLEAU  — 


de  plus  de  1»700  mitres,  et  qui  produit  du  chassdas  de  qua- 
IM  sup^rieure.  Du  reste ,  Fontainebleau,  ou  pluldt  le  petit 
Tillage  de  Tliomery,k  lOliilomitres  de  la  Tillejouitd^une  re- 
putation europtome  pour  sea  raisins.  Les  plans  de  cette 
excellente  espftce  ont  6i6  introduits  dans  le  pays  par  Fran- 
cois I".  Lesseules  constractiona  quMl  y  ait  dans  le  |>arc  sontia 
maiaon  du  gardien  en  clief,  et  k  son  extr^mit^  m^ridionale 
une  grande  construction  qui  senralt  en  dernier  lieu  d*6curies 
an  roi,  et  qu'on  appelle  les  H^ronnUres,  parcequ'on  y  logeait 
autrefois  les  faucons  destines  h  la  cbasse  du  b^ron. 

La  forit  de  FontaHntbleau  a  5S  kilom^rcs  de  circuit, 
et  contient  19,7S6  hectares  de  superficie.  Pen  de  for^ 
offrent  une  aussi  grande  Tari^tA  d'aspects,  de  sites  pitto- 
resques  :  rocbes,  raYines,  plaines,  valltes,  le  paysage  gra- 
cieux,  le  paysage  abrupte  et  d^l^,  s^y  trouvent  r^unis  k 
quelques  pas   de  distance.  Les  plus  belles  Tues  se  rencon- 
trent  dans  la  partie  de  la  forit  qo*on  nomme  Platitres^  ct 
4  quelque  intenralle  les  unes  des  autres.  Parmi  les  endroits 
les  plus  dignes  d'attention,  nous  citerons  seulement  le  Mont 
Ussy  et  le  Nid  de  I'Aigle,  la  ValUe  de  la  Sole,  et  le  Rocher 
des  Deux  Saeurs,  pris  duquel  se  Toit  la  Roche  cristalli' 
sit  de  Saint-Germain;  la  Gorge  etie  Vallon  d'Apremont, 
avec  ses  Tieux  arbres  siculairea  au  feuillage  sombre ;  la 
Caveme  des  Brigands^  qu^babitait  an  siicle  dernier  un 
voleur  de  grands  cbemins,  nommi  Tissier,  la  terreur  des 
euTirous;  VErmitage  de  Franchard,  distant  de  4  kilo- 
mitres  de  Fontainebleau,  au  milieu  des  rochers  et  des  sables, 
dans  un  endroit  qui  a  tout  h  fait  Taspect  d*un  diserty  et 
qui  itait  autrefois  le  siige  d'un  fameux  et  florissant  monas- 
iire,  fonde  par  Philippe- Aoguste.  Cest  h  qu*on  Toit  la  ci- 
libre  Roche  qui  pleure;  le  Tulgaire  attribua  longtemps  h 
Peau  qui  dicoule  de  sa  YoAte  la  Tertu  de  guirir  tous  les 
maux.  On  y  Tenait  de  tris-lom  en  pilerinage.  Le  monastire 
fut  supprimi  sous  Louis  XIV.  La  Gorge  du  Houx  condui- 
sant  au  Mont  Aigu,  et  retoumant  par  la  Faisanderie  k  Fon- 
tainebleau ;  la  Croix  du  Grand  Veneur,  carrefour  oh  se 
trouve  un  obdisque,  et  qui  dolt  son  nom  k  la  l^nde  d*un 
chasseur  fiuitastique,  qui,  dit-on ,  chassait  jadis  la  nuit  dans 
la  forit,  avec  mente  nombreuse  et  chevaux  plus  rapides  que 
le  Tent;  on  Ta  mime  jusqu'i^  racoAter  qo'Henri  lY  fut  une 
loft  timoin  de  cette  apparition. 

L^  se  trouvent  aussi  la  magnifique  Promenade  de  la 
Reine,  le  Rocher  d'Avon,  pris  de  la  route  de  Fontaine- 
oleau,  la  Gorge  aux  Loups,  le  Long-Rocher,  non  loin  du 
Tillage  de  Mootigny  et  la  Mare  aux  £v^,  endroit  des 
plus  pittoresques,  sur  la  route  de  Melun.  Mentionnqos  en* 
core,  pour  les  personnes  qui  n^ont  qu*un  temps  exlrime- 
ment  limiti  k  consacrer  k  leur  Visite  de  la  forit,  la  Promt' 
nade  du  chemin  defer,  qui  s^itend  depuis  la  station  k  la 
barriire  de  Melun,  et  qui  comprend  le  Mont  Calvaire,  d'06 
Ton  Jouit  d'unc  magnilique  Tue  de  la  ville  et  de  la  forit,  le 
Rocher  des  Marsouins,  le  Rocher  au  putts  des  ^cureuils, 
la  Roche  de  Leviathan  et  du  Diable,  la  Grotte  de  Geor- 
gine,  et  une  partie  de  la  Promenade  de  la  Reine. 

La  forit  de  Fontainebleau  abohdait  autrefois  en  gros  et 
en  petit  gibier ;  mais  on  a  presque  tout  ditruit  lors  de  la  viYo- 
lution  dcl830.  Au  printempsetenautomne.elieestle  rendex- 
Toos  des  artistes,  qui  y  Tiennent  faire  des  itudes  de  paysa- 
ges.  U  n*y  a  pas  de  forit  en  Prance  qui  posside  de  plus 
beaui  arbres  et  de  plus  d^essences  difTirentes.  Malheureuse- 
roent  on  y  fit  il  y  a  quelques  annies  d*inormes  et  regrettabies 
>  abattis. 

;  FONTAINE  DE  CIRCULATION.  A  proprement 
j  parler,  ce  n^est  pa.«  une  fontaine,  puisque  le  Uquide  que  con- 
tient  Pappareil  n'en  sort  pas.  Deux  Tases,  A,  B,  en  Terre 
communiquent  ensemble  par  deux  tubes  a,  ft ;  le  premier 
est  droit,  Tautre  est  contoumi.  L*appareil  est  hermitiquc- 
iwiit  ferroi,  U  contlentde  I'alr  et  une  certaine  quantitid'un 
liqiUdeoolori.  Supposons  que  le  Uquide  setrouTe  dansle  Tase 
A :  il  tendra  k  descendre  dans  le  Tase  inferieur  B  par  le  tube 
a,  lequel  se  termine  en  pointe  recourbie,  dont  le  bout  r6- 
pond  au  desaous  de  Torifice  du  tube  b,  Une  partie  du  liqnide 


FONTAINE  DE  HERON 

jaillit  dans  ce  dernier  tube,  le  reste  tombe  dans  le  Tase  t;, 
et  Pair  que  contient  ce  Tase  s*echappe  peo  k  peu  par  U 
tube  6,  de  sorte  qu*il  se  forme  dans  ce  tube  im  ooilmiU  a--- 
cendant  composi  de  liquide  et  d'air.  Le  poids  de  la  et  • '"-  • 
de  liqolde  oontenoe  dans  le  tube  a  itant  spiel  fiquemeot  1^ 
grand  que  celui  de  la  colonne  composie  de  liquide  el  d'afr, 
le  oourant  ascendant  continue  tant  qu*il  y  a  du  liquide  dans 
le  Tase  supirieur  A  et  de  I'air  dans  le  Tase  B.  Le  tube  fr 
est  contoumi,  et  prisente  des  spiralea  et  d*autres  figures 
shigoliires  et  bixarres,de  sorte  que  le  eourant  ascendant 
imite  le  mouTement  et  les  contorslons  d^un  serpent.  Le  jeo 
de  cette  fontaine  dure  pendant  un  temps  assex  considirable, 
Tu  que  le  eourant  ascendant  restitue  au  Tase  supirieur  une 
partie  du  liquide  qu'il  perd  par  le  tube  a.  Pour  remonter 
rinstrument,  il  suflit  de  le  reuTerser;  le  liqnide  passe  de 
B  en  A  par  le  tube  b ,  etc.  Teiss^dbe. 

FONTAINE  DE  COBIMANDEMENT.  La  /on- 
tainedeSturmiuSt  oufontainedecommandementf  est  Vmt 
des  appareils  an  moyen  desquels  on  pensa  d^abord  pooToir 
expliquer  rintermiltence  de  certains  icoolements  natureis. 
Get  instrument  est  ainsi  composi :  Au  sommet  d*une  cotonne 
creuse  est  fixi  un  vase  fermi,  portant  Ters  le  bas  et  ton! 
autour  un  certain  norabre  de  robinets  dont  les  orifices  sont 
tris-petits  :  supposes  que  le  Tase  soit  plein  d*eaa ,  eUe  ne 
coulera  point  au  dehors ,  quoique  les  robineta  soient  oa- 
Terts;  mais  si,  par  une  disposition  facile  k  Imaginer,  Tair 
pent  sMntroduire  dans  le  Tase  par  la  colonne  creuse,  dont 
la  base  occupe  le  centre  d*un  petit  bassin ,  ricoulement 
s'itablira  infailliblement;  il  cessera  un  peu  apris  que  Teau 
ieonlie  se  sera  ilCTie  dans  le  basshi,  qui  porta  la  colonne  un 
peu  au-dessus  de  TouTerture  pratiquie  Ters  le  bas  de  oeUe> 
ci,  et  par  laquelle  sMntroduit  Pair  qui  se  rend  dans  le  Tase 
fixi  ^  son  sommet.  Or,  le  bassin  est  aussi  muni  d*un  robineC, 
dont  rorifice  est  moindre  que  la  sonmie  de  ceox  de  tons  les 
robinets  qui  sont  autour  du  Tase  supirieur.  Cependant, 
quand  I'icoulement  des  robinets  de  ce  dernier  a  cessi,  le  bas- 
sin infirieur  se  Tide,  et  I'eau,  descendant  au-dessous  de  Ton- 
Terture  qui  est  au  bas  de  la  colonne  creuse ,  une  nouTeUe 
quantiti  d*air  se  rend  au-dessos  de  Teau  contenue  dans  le 
Tase  supirieur ;  il  y  fait  ressort,  et  Ticoulement  recommence. 
Comme ,  aTec  un  peu  d*attention ,  il  eat  aisi  de  piiToir 
rinstant  oh  ces  altematiTes  doivent  se  reproduire,  les 
charlatans  ont  donni  k  cet  appareil  le  nom  impropre  de 
fontaine  de  commandement.  Mais,  quelque  inginienx 
quMl  soit ,  Pexplication  des  icoulements  piriodiqoes  que 
nous  aTons  donnie  k  Particle  FonrAnnE  semble  itre  plus  pris 
de  to  Tiriti. 

FONTAINE  DE  COMPRESSION.  Cet  instrument 
de  physique  serait  mieux  nomm^/ontaineilinaz  comprimi. 
Son  principe  est  rdUsliciti  des  gaz,  dont  on  augmcnte  kr 
ressort  en  les  foulant  dans  un  espace  fermi  de  tous  cOlis. 
Cet  appareil  se  compose  d*un  Tase  de  cniTre  et  d'un  tube  dont 
Torifice  s'ouTre  un  peu  au-dessus  du  fond  du  Tase.  En  haul 
du  Tase  est  une  soupape  qui  ouTre  en  dedans.  Le  tase 
itant  rempli  d*eau  en  partie ,  on  fonle  de  Pair  dans  son  in* 
tirieurparPouTerturede  la  soupape  an  moyen  d'une  pompe, 
rorifice  supirieur  du  tube  itant  bouchi.  Quant  on  a  cessi 
de  faire  jouer  la  pompe,  la  soupape  se  ferme,  et  si  Poo 
ouTre  Porifice  supirieur  du  tube ,  I'eau,  pressie  par  le  res- 
sort de  Talr,  jaillira  par  cette  ouvcrture  k  une  certaine  liau- 
teur  ;  le  jet  cessera  quand  le  ressort  de  Tair  sera  igal  ao 
poids  d«;  Tatmosphire.  TETSs^oaE. 

FONTAINE  DE  DJ^RON.  Cet  appareil  a  re^  le 
nom  de  son  iuTcnteur,  Hi  ron  d^Alexandrie.  Ce  n'est  autre 
chose  qo^une  fontaine  de  compression  dans  toquelie 
l*eau  elle-mime  est  employie  comme  moyen  de  oompresskNi. 
L'appareil  a  pour  pieces  principales  deux  Tases  en  coine 
de  forme  sphirique ,  ajustis  Tcrticalement  Vun  sur  Paotre. 
Le  Tase  supirieur  est  r«mpli  d'eau  aux  deux  tiers  et  est 
Burmonti  d*un  bassin  an  centre  duquel  se  trouTe  un  luyau 
avec  un  ajutage ,  ce  tuyau,  comme  dans  to  fortainede  com 
pressioB,  plon^e  par  une  ouTerture  dans  le  Taae  de  cninf 


FONTAINE  DE  HfiRON  —  FONT  ANA 


^  dessons  ]uiqii*2t  deux  millimMrcs  de  son  fond.  Dans  le 
m6in«  bas6in,  k  c6t^  de  ce  dernier  tube,  an  nireao  do 
fond,  M  trouTe  TouTerture  d*un  tu^aa  qui,  en  tra?enant 
le  premier  g1obe.de  cuifre,  va  s'ouTrir  aa  fond  da  rase 
inf^rieur,  qui  doft  £tre  plein  d'air  arant  que  la  machine 
commence  k  fonctionner,  et  qui  est  mani  d*un  autre  tuyau, 
donl  rourerture  est  i^  «>n  sommet  et  en  ayant  one  seoonde 
dans  ie  yase  de  cuiTre  snp^rienr,  an-dessos  du  nlTcau  de 
Tean  qui  s^y  trouve.  Si,  les  choses  ^tant  aiosi  disposto,  on 
Terse  de  Teau  dans  le  hassin  qui  domine  tout  rinstmment, 
seulement  jusqu'^  la  hauteur  de  Tajntage,  elle  se  prteipitera 
dans  ce  vase  infSrieur,  et  forcora  Tair  qu'il  renferme  k  se 
rendre  dans  le  yase  sap^rieur  pour  y  exeroer  une  pression 
tur  la  surface  libre  de  Teau  contenue  dans  ce  m^me  yase, 
ce  qui  fera,  comme  dans  la  fontaine  de  compression ,  JailUr 
celle-ci  par  le  tuyau  qui  touche  presque  son  fond  et  ya 
s'ouyrir  k  la  hauteur  des  bords  du  bassin  sop^rieur. 

FONTAINE  FRAN^AISE.  Voye%  CdTB-D'OR  (IM- 
partement  dela). 

FONTAINE  VINEUSE  ( La ).  Voyez  DkwnmL 

FONTAINIER.  II  y  a  deux  classes  de  fontainiers^ 
ou  constmcleurs  de  fontaines :  la  premiere  se  compose  de 
c-eux  qui  yont  k  la  recherche  des  sources,  qui  en  r^unis- 
sent  les  eaux,  et  les  ooadnisent  d'une  mani^  ou  d*autre 
an  lieu  de  leur  destination.  Ge  sont  de  y^ritables  ing^nieurs. 
La  deuxitoie  dasse  defmtainiers  se  compose  de  ceax  qui 
fabriqnent  des  fontaines  domestiques,  mobiles  et  por- 
tatiyes.  II  y  a  aussl  des  fontainiers  ambulants,  raccomnuh 
deurs  de  fontaines,  remettenrsde  robinets,  qui  signalaient 
autrefois  leur  passage  dans  les  rues  de  Paris  au  bruit  du  cor, 
du  comet ,  et  de  la  trompette,  mais  qn^une  ordonnance  de 
police  a  rMuits  au  silence  ou  plutM  au  jeu  dn  porte*yoix  et 
do  robinet. 

FONTAINIER  (Pouce).  Voyei  Pouce. 

FONTANA  (DoHmiQCB).  Cecti&bre  archltecte  et  ing6« 
nieur  naquit  en  1543,  au  yillage  de  Mili,  prte  du  lac  de 
come.  II  yint  k  Rome,  k  Vkge  de  yingt  ans,  etndier  Tarchitec* 
fore,  et  see  progrte  fnrent  rapides.  Le  cardinal  de  Montalto 
(depuis  Sixte-Quint)  lui  confia  la  oonstrucUon  de  la 
chapelle  def  PresepiOf  k  Sainte-Marie-Mideure.  Un  acte  de 
d^ntdressement  de  Fontana  k  cette  ^poque  ftat  la  source 
de  la  fortune  ii  laquelle  U  paryint  plus  tard.  Gr^oire  XIII, 
ayant  suppose  de  trte-grandes  ricbesses  ao  cardinal  deMon- 
talto,  d'aprte  les  d^penses  quH  Csisait  k  cette  chapelle,  lui 
supprima  ses  pensions.  Mais  le  futur  pontife  n*<tait  pas 
anssi  opulent  que  le  supposait  Gr^oire;  les  trayanx  al- 
laient  done  6tre  suspendus,  si  Fontana  n*e(U  consacr^  k  les 
continuer  toutes  les  sommes  que  ses  tonomies  lui  ayaient 
permisd'amasser. 

Qnand  il  fiit  appel^  au  tr6ne  de  saint  Pierre,  Sixte-Quint 
nomma  Fontana  son  architecte ,  et,  en  rteompense  de  ses 
trayanx,  lui  accorda  plus  tard  une  pension  de  2,000  6cus 
d'or,  des  gratifications  considerables,  des  derations  etdes 
kttres  de  noblesse.  A  la  mort  de  son  protecteur,  Fontana 
Tit  sa  fortune  changer  de  fiice.  Accuse  par  ses  ennemis  d'a- 
Toir  d^toum^  k  son  profit  des  sommes  considerables  desti- 
ntes  aux  trayaux  publics,  il  perdit  son  emploi,  et  se  retire 
k  Naples,  oil  il  fut  nomme,  par  le  yice-roi^  architecte  et  pre- 
mier ing^eur  du  royaume.  II  mourut  dans  cette  Tiiie,  en 
1607. 

On  lui  doit,  outre  la  cfaapdle  del  Preseph,  le  palais  du 
pape,  oonnn  depuis  sons  le  nom  de  VUla  iVSfl^rieni;  le  pe> 
lais  pontifical  de  Monteeaoallo ;  la  fontaine  diAequafeUee, 
qui  amtoe  k  Rome  Pean  d'une  montagne  Augnte  d'enTi- 
Ton  dnq  Heoes ;  celle  de  la  place  TermM;  la  bibllotbdqoe 
dn  Vatican  et  la  partie  exterieure  de  ce  palais  qui  regarde 
h  place  de  Saint-Pierre  et  la  yilledeRome;  la  facade  et  la 
basiliqne  de  Saint-Jean  de  Latran,  etc,  etc.  Un  travail  gi- 
gantesqne,  que  Sixte-Quint  b^sita  kmg  tempt  k  lai  confler, 
fnt  le  redressement  et  le  transport  de  1*  o  b^Ji  squ  e  du  Va- 
tican. Ck;  monument,  remarquablepar  sabeUe  consenratioDy 
^it  encore  debout  sur  sa  basoy  ense? eOe  k  irae  trte-grande 

mcT.  w  Lk  Gomnas.  <»  t.  ix. 


&4S 

profondeur  sous  les  d^combres  du  erraln.  II  follait  le  pla- 
cer deyant  la  nouyelle  basilique  de  Saint -Pierre.  Fontana 
entreprit  et  acheva  ayec  su6cte  tte  ceuyre  immense;  1*^- 
norme  masse ,  pesant,  ayec  les  cercles  de  t^  et  I'enye- 
loppe  doot  on  I'ayait  entourte,  7&0,000  kilogrammes,  fut 
souleyde,  descendue  de  son  piMestal ,  coocbte  dans  un 
chariot,  releyte  et  redress^  sur  son  nonfeau  pi^estal. 
Aprds  cette  operation,  aussi  grandiose  que  bardie,  Fontana 
releya  trois  autres  obdlisqnes,  entre  lesquels  on  cite  celui 
de  la  place  du  Peuple  et  celui  de  Saint-Jean  de  Latran ,  et 
transporta  des  thermes  de  Ck>nstantin  k  la  place  de  Monte- 
eaTallo  les  formes  colosses  qui  s'y  trouTcnt  aujoui^*hui. 
Rome  doit  encore  k  Fontana  la  restauration  des  eolonnes 
triomphales  de  Trajan  et  d*Antonin. 

Les  monuments  et  les  trayaux  dont  la  yille  de  Naples 
lai  est  redeya  le  suffiraient  k  sa  reputation :  ce  sont  le 
palais  dn  roi  dont  plosieurs  changements  sont  yenus  mo- 
difier plus  tard  les  premieres  dispositions ;  la  fontaine  Me* 
dina,  lesmausolte  de  Charles  r*^,  de  Cluirles  Martel,  et 
de  Cl^ence,  sa  femme,  k  Tarcheyteh^.  II  donna  le  plan 
du  portde  Naples,  qui  tui  exteut^  plus  tard,  et  tra^a  de 
grands  trayaux  bydrauliques,  dont  s'enorgueiilit  le  royaume 
des  Deux-Siciles,  etc 

Jean  Fortana,  son  frftre,  quoique  mofais  connu,  n*en  ftat 
pas  moins  un  architecte  recommandable,  ainsi  que  Cisar 
F0HTAN4,  fils  de  Dominique,  et  un  autre  FoirrAiiA  (Cfutrles), 
qui  florissait  k  la  fin  du  dix-septi^me  sitele. 

FONTANA  (Feuce),  sayant  pliysicien  italien,  n^  le 
15  ayril  17S0 ,  ii  Pomarole,  pr^  de  Royeredo ,  dans  le  Ty- 
rol italien,  ftat  nomm^  par  le  grand-due  Francis,  deyenu 
plus  tard  empereur  d^Allemagne,  professeur  de  matb^ma- 
tiques  et  de  physique  ii  I'nniyersite  de  Pise,  puis  appel^  en 
la  m^me  quality  k  Floreaoe  par  le  grand-due  Lipoid  11^ 
derenu  plus  tard  aussi  empereur  d'Allemagne.  C'est  sous 
aa  direction  que  ftat  ex6cut^  la  collection  de  modties  en 
dre  d^objets  dliistoire  naturelle  qui  est  encore  aiijourd'huf 
Tune  des  curiosity  de  cette  capitate.  La  collection  de  pr^ 
parations  anatomiques  en  dre  que  Ton  yoit  k  I'Acad^mfe 
de  diirurgie  de  Vienne  fut  ^ement  mikiaUt  sous  sa  direc- 
tion. On  lui  doit  plusleors  d^couyertes  rdatiyes  k  la  nature 
des  gaz  et  aux  propriety  de  Padde  carbonique ,  et  notam- 
ment  sur  la  th^rie  dellrritabUit^.  II  les  a  consign^  dans 
son  ouyrage  intitule  :  Ricerche  Hlosofiche  sopra  ia  ftsica 
animale  (Florence,  1781,  in-4^.  II  mourut  le  9  mars  isos, 
et  fut  entenr^  dans  P^glise  de  Santa*Croce ,  k  cdt6  de  GaHl^ 
et  de  Viyiani« 

Son  Mre,  Gregorto  Fontana,  n^  le  7  d^cembre  1735 ,  fut 
professeur  de  math^matiques  et  de  philosophic,  d*abord  k 
Milan,  puis  k  Payie,  et  mourut  k  Milan,  au  mois  <raoOt  1803, 
membre  du  conseii  l^latif.  On  a  de  lot  de  remarqualries 
dissertations  sur  ^fiftrentes  questions  de  phydque  d  de  ma- 
tb^matiques,  mals  dispersta  toutes  dans  de  grands  re- 
codls. 

FONTANA  (FAAifcesoo),  cardinal,  naquit  en  17S0,  k 
Casalmaggiore,  dans  le  Milanals.  H  ayait  sdxe  ans  k  peine, 
et  yenaH  de  terminer  ses  etudes  tbtelogiques,  lorsqoll  entra 
dans  la  congr^ation  des  Bamabites,  et  y  pronon^a  sesTceux. 
II  deyint  sncc^f  ement  par  la  suite  procureur  glutei  de 
son  ordre,  provfaidal  1^  Milan,  puis  g^n^ral  k  Rome.  DMgn* 
en  1772  par  I'imp^ratiice  Marie-Th^rtee  k  I'dfet  de  yidter 
les  mines  de  Hoogrie  de  concert  ayec  on  autre  sayant ,  le 
p^  HennawgUd  PInl,  d  de  hii  prtenter  va  rapport  sur 
r^t  d  les  ressouroee  de  ees  diyers  Mablissements,  11  se 
Ha  k  VIemie  ayec  Mdadase  d  qodques  autree  gens  de 
lettres.  Ce  Toyage  sdentiflque  dnra  on  an ,  d  li  sod  rdour 
en  Italic  fl  alia  seconder  smi  trtn&uu  la  direction  du  col* 
1^  de  Safait*Loul8  de  Bologne.  Pea  de  lempa  aprte  II  ftat 
appeM  k  occoper  lachdre  d^doqoenea  dans  le  grand  eoIMge 
de  Milan,  d  ees  fonctions  hd  permlrent  de  fUre  apprteia 
ses  rares  conndssancea  littirdres  d  sdentifiqoes. 

Appd^  k  Rome  par  le  cardinal  Gerdll,  II  Tit  UenlOta'ou- 
TTir  une  nouyelle  earrttre  demit  luL  Le  sdntdige  pill 

69 


5^6 


rONTANA  .  ^  FONTANES 


iuhne  pu  conseils  Ion  de  la  Gondosion  du  concordat  aveo 
la  Trance.  Quand  le  saint^p^re  86  ddcida  k  irenir  en  per* 
donne  sacrer  NapoUon  k  Paris,  Fontana  l^y  aocoropagna. 
Quelques  ann^  plus  tard,  NapoLfon  ayant  r^solu  de  latre 
casser  son   manage  avec  Josephine,  Fontana  Tint  en* 
core  uue  fois  4  Paris ,  oil  Fa v ait  nmidi  reenpereur ,.  ainai 
que  les  autres  chefe  d*ordre,  dans  Tespoir  d'obtenir  d'eui 
un  avis  favorable  &  cette  mesure,  beaueoup  plus  politique 
que  religieuse.  Mais,  pour  ne  pas  se  compromettre^  Fy>ntaDa 
feignit,  tout  en  arrivant  dans  la  capitale,  one  maladie  qui 
le  dispensa  de  prendre  partaui;  conflSrences  oufertea  k  Vet* 
fet  d^examiner  les  questions  relatives  an  divorce.  Oa  sup- 
pose qu^il  fut  alors  TAme  d*une  intrigue  qui  aurait  voula 
faire  payer  fort  cher  k  Napol^n  le  eoasentement  du  saint* 
si^e  k  Tannulation  de  son  premier  manage.  Ce  projet  de 
transaction,  qui  aurait  eu  pour  r^ltat  de  rendre  k  la  coar 
de  Rome  une  grande  partie  des  privil^es  que  la  force  das 
choses  lui  avait  enlev^ ,  ^choua  centre  la  volenti  obstinde 
de  quelques  theologians  rigpristes,  et  Kapolton,  fatigod  des 
lenteurs  de  la  nt^odatioa,  trancba  la  question  en  d^arant 
que  le  consentement  des  ^v^ques  et  docteurs  francs  lui 
suCOsait.  La  nomination  du  cardinal  Maury  k  rarcbevftch^ 
de  Paris,  sans  qu'on  eAt  au  pr^alable  sollidt^  pour  lui  une 
huUe  d'institution  aupr^  de  la  conr  de  Rome,  acheva  la 
rupture  entre  lea  deux  gouvernements.  Fontana  et  Gr^o- 
rio,  charges  de  D^otiQer  k  Tbomme  qu^un  d^cret  imperial  avait 
iostilud  de  fait  le  chef  de  T^ise  gallicane  le  fameux  bref 
du  papeen  date  du  5  septembre  18ip,.  (arent  arrfit^s  par 
ordre  de  Foudi^et  jet^  dans  le  donjon  de  Vineennes.  On 
fmit  par  se  relAcher  quelque  peu  das  r^gpeurs  dont  Tempe- . 
1* eur,  dans  un  premier  roouveinent  de  col^^  avait  youla 
qu'ils  fussent  robjet«  Fontana^  tq^vsfi^re  d'abord  au  fort  de. 
JouXf  obtint  enfin  d^habiter  une  petite  .v^le  de  province,  oh 
il  coDtinua  de  rester  en.  surveillance  Jusqu'li:  la  chute  de. 
I'empire*  Pie  VII,  rendu  |k  la  liberty  n'p<4blia  pas  Pbomme. 
qui  lui  avait  pronv^  tap!  de  d^vouemettt;  ii  le  nomma  se- , 
cr^taire  de  la  congr^ation  des  afbires  eccUsiaatiques,  et  en , 
1816  il  le  promut  au.  cairdinalat.  L^annteMvante»  Fontana 
fit  partie  d*unfi  coimnidsion  instiUi^  pour  f  ^iger  je  code  de 
rinquisition  ainsi  qu'un  nouveau  plan  d'organisatiook  pour 
rinstaruction  publiqu^et  plus  tard  il  fut  nomm^  prudent  de 
la  propaganda.  II  monrut  le  tl  roiMrs  1822. 

Son  fr^e,  le  p^  Mariano  Fontama,  n^  eu  1746,  mort 
a  Milan,  le  17  iH>yembre ,  1808|,  ^es^  fait  un  nom  comma 
inatli^malicieo,.  par  son  Cowrsde  JDynamiqui  ( Pans,  1792, 
3  vol.  in  4®). 

FONTANELLE  (de  la  basse  latimt6>bn^ne^,  peUte 
fontaine),  en  anatomie,  dfeigne  un  petit  espace  quadwgu- 
laire  situ6  en  baut  et  en  avant  de  ia  tete,  od  Ton  voit  et  oil 
Ton  sent  cbezles  enfanta  nouveau-nte  d^a  pulsations  causte 
parle  mouvement  d^expansion  et  d'^^vatian  que  la  circula- 
tion communique  au  cerveau.  Les  os  qui  forntent  la  voAte  du 
cr^ne,  les  deux  pari<^taux  et  les  deux  raoiti^du  frontal,  dont 
rossiflcation  n'est  pas  encore  compli^te,  UisaeDt  e^tre  eux 
un  intervalle  membraneux^  qui  sera  plus  tard  oasifi^  :  c'est 
cct  intervalle  membraneux  que  Ton  nomme/o?i/mie//e; 
dans  la  pratique  des  accouchements ,  il  est  utile  de  bien 
reconnaltre  ce  point  quand  on  louche,  pour  savoir  si  c'est 
la  t6te  de  Tenfant  qui  se  pr^nte,  et  dans  quelle,  position 
elle  se  trouve. 

FONTANES  (Loois-MAaGBLUN  de),  de  TAcad^ie 
Fran^aifie,  premier  grand-mattre  de  runiverait^  imp^ale , 
oaquit  ^  Miort,  en  1741.  Usu  d'un  mariage  mixte,  il  suivit 
la  religion  de  sam^re^  qui  ^tait  catlioJique,  et  fit  see  etudes 
Chez  les  j^uites.  Son  goAt  pour  U  po^ie  Tamena  k  Paris, 
oCi  il  se  iia  avec  les  litterateurs  en  reaom,  qui  t'admirent  4 
la  n^daction  du  Mercwre  et  de  VMmanach  des  Muses. 
Apr^s  un  s^our  en  Angleterre,  oil  il  eommen^  sa  traduc- 
tion de  VEssai  sur  Vtiomme^  de  Pope,  il  revint  I'achever  k 
Paris ,  od  il  publia  soccessivement  le  poSme  da  Verger^ 
U  CioUre  des  Chartreux,  des  fragments  tradoita  de  La- 
crecc,  La  Joum^e  des  Moris,  une  ij^ire  sur  CMi  en  /a* 


veur  des  non-eatholiques ,  etc.  (T^tait  frold  et  p&le ;  c*^ 
tait  de  T^cole  de  Delille,  mais  fort  au-dessous  du  maitre. 
Ami  d*une  sage  liberty  Fontanes  fit  paraltre  en  1790  oa 
PoimB  sSeulaire  pour  la  fMe  de  la  Federation,  ets'ss* 
soda  4  la  redaction  du  Mod&ateur,  Mais,  effraye  des  dan- 
gers de  la eapKale,'  il  alia  se  marier  k  Lyon,  a'enftiit,  stw 
sa  femme,  de  cette  ville  assiegee,  et,  rentre  dans  Paris  peu 
aprds  le  9  Ihermidor,  y  Cut  nomme  membre  de  rinstilot 
pour  ia  classe  de  la  langne  et'de  la  litterature  (aodenoe 
Academie  Fran^lse )  et  poorvu  d*une  cbaire  k  t'ecde  cea- 
trale  des  Quatre-Nations.  La  Convention  fat  d  satislUte  de 
son  coon  et  surtout  de  ses  opinions,  qn*elle  lui  allooa  dim 
gratification  de 3,000  francs;  «  mais,  endepitdes  pompeu- 
ses  declamations  du  professeur  republicaln ,  lliomme  restait 
monarcliique^  aristocrate,  et  il  portait  en  lui-meme,  daL« 
les  plis  les  plus  caches  de  son  conir,  a  dit  M.  LaoreDt  (de 
TArdeche),  toutes  les  qualites  qui  devafent  distinguer  le  a^- 
natsur  de  Tempire  et  le  pair  de  is  Restauratton.  » 

Proscrit  le  18  fructidor,  comme  affilie  aa  faiQeax  club 
de  C  U  c  b  y  y  11  se  refugia  en  Allemagne,  k  Hambourg,  eC  a)la 
s*etaUir il Londres, od  Use  Iia  avec  Gb Ate aubriandet 
bon  nombre  d'emigres.  Mais  viiit  le  18  bramaire,  et  Foo- 
tanes  se  hftta  de  rentrer  en  France  pour  y  Jouir  do  reta- 
blissement  de  la  paix  publlqne.  Les  agrements  de  son  t«- 
prit  et  I'eiegance  de  ses  mani^es  le  firent  renssir  aupre> 
des  femmes,  et  le  salon  d-one  sduir  do  premier  ccasol 
(Elisa  Bonaparte)  devint  leberceau  de  sa  fortune  politiqti& 
11  y  fit  la  rencontre  et  y  gagna  Pestime  de  Luden ,  alon 
ministre  de  finterieur,  qui  lui  donna  uiie  division  dans  »n 
departement.  Washbigton  venait  de  moorir;  son  tiogc 
Ainebredevait  etre  prononce  dans  regHse  des  Invalid^, 
alorsvie  TempU  de  Mars,  Fontanes  hit  char^  de  oette 
mission,  et  s'en  acquitta  avec  moins  de  talent  que  d'adresse. 
Il  devint  des  lors  Torateur  k  la  mode,  et  brflla  aupremirr 
rang  paimi  les  courtisans  du  genie  et  de  la  gloire.  Nomoe 
au  corps  legislatif ,  il  fut  porte  an  Akutedil  de  )a  presidence, 
quHl  oonserva  Jusqu'd  son  entree  au  senat  CmistanniKBl 
on  I'entendit,  dans  ces  fonctions,  ceiebrer  les  avantagesdu 
regime  monarcbique  et  les  merveilles  de  fempfre.  Le  pr^ 
mier  il  traasfoTina  les  representants  de  la  nation  en  trh- 
fidiles  sujetS  du  prince,  faisant  inserer  au  proce^veri^al 
que  cette  formule  etait  oelle  de  le  chambce  des  conuonaes 
d'Angleterre.  A  chaque  annfversalre,  enfln,  onle  ittrouvait, 
president  inamovible  des  dt^putea  dela  Prance,  portaoCan 
pied  du  tr^ne  les  sentiments  d'admiration  et  de  reDoaaais- 
sance  dont  elle  etait  ^snimee  pour  Thomhie  qui  dirigeait  ses 
deatinees. 

Napoleon  reeompensa  Fint^fiuisable  ftconde  de  son  tho- 
riferaire  en  Tappelant  aux  fonctions  de  grand-mattre  de 
Tuniversite,  toot  en  lui  continuant  par  mi  decret  la  pr^ 
dence  du  corps  legislatif.  Au  commencement  de  ISIO  il 
Tadmettait  dans  le  senat.  Quand  vint  la  Bestaforation ,  Foo- 
tanes  eut  bean  reporter  sur  les  fits  de  saint  Louis,  sur  le$ 
bienfiiits  de  la  palx,  sur  la  magnanimite  des  monarqoe^ 
allies,  rinepuisaUe  eocena  dont  H  avait  ete  si  prodtgoepoor 
Tempereur ,  sa  participation  k  la  decheanoe  do  grand  bomme, 
ses  obsequieuses  harangues  au  comte  d^Artois  et  k  Loub  X  VlII 
ne  purent  le  maintenlr  longtemps  k  la^tMe  de  I'taniversif^. 
Seulement,  poor  rendire  sa  disgrftce  moins  eclatante,  on  oe 
lui  donna  point  de  successeur,  on  supprima  la  place.  11  r^ 
Qut  en  outre,  poor  dedemmagement,  le  grand-cordoo  de  la 
L(^on  d*Honneor.  Au  retour  de  Tile  d*Elbe,  Napoleon  ne 
retrottva  plua  prds  de  lui  son  infatigable  tiiuriiendre :  retire 
k  la  campagne,  il  se  tint  k  recart  derant  les  cent  joors. 

Lors  de  la  seconde  restauration,  il  prMda  le  college  ^e^ 
toral  des  Oeux-sevres,  et  fut  nomme  ensuite  mtnisbv  d'£tat 
et  membre  du  conseil  prive.  En  sa  qualite  de  pair  de  France, 
il  prit  part  au  jugement  et  A  la  condemnation  do  mar^dMl 
Ney.  «On  assure,  dit  M.  Laurent  (derArdeche),  qu'jla^* 
vote  pour  la  nnort  an  premier  'tour  de  scrutin,  mais  qv^ 
opina  au  deuxieme  poor  la  deportation,  sur  les  instanGCf  de 
son  ami  Lally*^Toleadal.  >  La  chambre  des  pairs  loi  a«' 


■H 


FONTANES 

Mrva  llionnear  dont  1e  corps  l^gishtif  et  le  S^nat  I'aTaient 
fait  jouir  soas  reinpire,  celiil  de  r^poodre  au\  discours  da 
«,r6ne  par  des  adresses  respirant  la  m^me  adulation.  Les 
iolennit^ft  acad^miques  lot  foumirent  Toccasioo  de  d^ployer 
\t9  m^mes  talents. 

Del815ftl819n  saitft le drapean' des  royalistes  modi- 
r^ ;  roais  les  triomplies  dn  parti  liMral  dans  les  Sections 
le  rejet^rent  dtlns  Taristocratie  r^ctlonnaire.  II  yota  poor 
la  proposition  Bartbdlemy  contre  la  lot  ^lectorale  et  pour 
tootes  les  mesnres  exoeptionnelles  soumises  anx  ebanU)res 
apr^  Tassassinat  do  doc  de  Berry.  H  y  avait  h  cette  ^po- 
que  parmi  Ics  toiyains  royalistes  on  ofiQcier,  flls  naturel  de 
Fontanes,  Sff.  de  SaintpMarceltin.  Un  duel  politique  ayant 
tranche  pr^matnr^ment  les  jours  de  ce  jeune  homme,  Fon« 
tanes,  inconsolable,  Ait  frapp^  d'apoplexie,  le  17  mars  1821. 
Son  ^loge  fbn^bre  Ibt  prononc^  sur  sa  tombe  par'Roger^  k 
TAcadteie  par  M.  Villismain,  k  la  cbambre  m  pairs  par 
Pastoret  Outre  les  ouvrages  que  nous  avons  dt^,  il  lais- 
sait  en  porteTeoine  nn  po&ne  intitoM  :  La  eriee  diUvrie, 
Ses  oeuvres  oni  ^  liassemblte  et  public  en  18S9  par  les 
soins  de  M.  Sainte-BeuTe,  )  volumes  in-8**,  d'aprte  les  ina- 
miscritB  conaerrte  dans  sa  famUle. 
-  FONTANGE8(MARii-AHGiugoB  he  SCORAILLE  ns 
KOUSSILIiE,  ducbesse  DB),naqaiten  1661, en  Aurergne, 
<raiie  des  plus  andennes  lismilles  de  cette  proyfaioe.  EHe  n'a- 
▼ait  que  dix-sept  ans  lorsqn'elle  pamt  k  la  cour,  pmrf  y  occu- 
per  la  place  de  fllle  d*honnear  demadaine  H  e  nr  i  et  te  d*An- 
gleterre,  spouse  de  Mondeur,  fr^dn  roi.  «  La  coor,  dtt 
rauteor  des  Anecdotes  des  Heines  et  R^gentes^  n'ayalt  rien 
Tu  qui  eAt  autant  d'Mat  que  la  beauts  de  M^  de  ScoFallle : 
son  taint  ^tait  celui  de  la  blonde  la  plus  aocomplle.  Le  bril- 
lant  de  ses  yeox  itait  tempM  par  cette  langoeorlntAressante 
qui ,  sans  promettre  beaucoup  d*espril ,  amionee  ao  molns 
beaucoup  de  tendresse ;  sa  boucbe  bien  coopte ,  des  dents 
parfaites,  tous  ses  traits  r^oliers,.prteentaient  le  tableau  de 
ees  graces  auxquelles  rantiquiti  a  donn^  le  nom  de  dSeentes 
et  d*ing^nues.  Ses  clieveux  tiralent  un  pea  irar  le  roux ,  mais 
il  est  facile  de  r^parer  ce  ditfant  et  de  parattre  blonde  avec 
tkni  de  cbarmes !  Sa  taille  accomplie  dtalt  au-denos  de  la 
ndoyenne ,  et  lui  donnait  nne  d-marche  noble  et  nil  port  de 
reine.  Son  caract^  6tait  la  donceur  ni6me ,  et  son  bnmenr 
un  pen  mtiancdHqne.  ■  L'abb^  de  Cboisy  est  pint  eonds 
et  moins  galant : «  Elle  ^tait,  dit-il ,  belle  comma  on  ange  et 
sotte  oomme  un  panier.  )• 

La  fi^  M  ontespan ,  qui  croyait  ne  pooToir  jamais  ren* 
contrer  derlrale,  presents  eUe-m6me^  son  royal  aroant  celle 
qui  derait  lui  enlever  le  sceptre  de  la  fayenr.  Elle  avait 
ii)^ag6  une  premiere  entrerue  dans  un^  chasse.  La  Jeune 
j;Ue,  ^nn^,  ^blouie,  penHt  contenance  et  rougit;  le  roi 
fut  enchants.  Le  due  de  SaM-Aignan  ra^ut  ses  premieres 
confidences ,  et  le  triompbe  de  la  nooveUe  fayorlte  fut  aofsi 
rapide  qoe  briUant.  M^  de  Ifontespan,  encore  plus  hn- 
iiiili6e  que  sorprise,  ne  songea  plus  qo'lk  seyenger  4foot 
prix  de  lariyale  qu'elle  t'^tait  impmdemmentdonn^Elle 
atneuta  contre  elle  toni  les  courtisans  m^contents.  II  teut 
dire  que  M'^  de Fontangesblessait lout  lemonde  parson  biso- 
lenee  et  sa  Tanit^  ridicule;  elle  s*bubliaH  mtaae  au  pdfnt  de 
ne  pas  saluer  la  rdne.  «  Rapr<senfez-TOU»*la,  dit  M"*  de 
S^Tign^,  prteis^ment  le  contrairede  M"*  de  la  Valiftre ,  si 
bonleuse  d*6tre  maltresse,  d'etre  mtee,  d'etre  dndiease » 

Le  due  de  Mazarin ,  si  fameux  ^  son  ridicole  proote 
contre  sa  femme,  la  bdle  Hortense  ManeinI,  etpar  sa  sin* 
guUere  affectation  de  pi^,  dit  au  roi,  d*un  ton  d1nsplr6, 
qoe  I>ieu  lui  avait  r&r^  que  r£tat  6tait  menace  dNme  r^?o* 
Intion  eflroyable  et  prochaine  s'il  ne  renToyait  prompteroent 

la  Fontanges Et  moi,  lui  r^pondit  le  roi,  je  me  erois 

dbllg^  de  TOUS  donner  avis  du  proehaln  renversement  de 
Totre  cerreau  si  tous  n^y  roettei  ordre;  et  il  tourna  les 
talons  pour  alter  rire  avec  sa  mattresse  du  sermon  du  due 
derenu  missionnaire.  Un  i^Tdque  liasarda  la  m^me  tentative, 
et  ne  fut  pas  pics lieureux;  etia  veuve  Scarron, s*adressant 
A  la  Bouvelle  favorite,  ne  it^ut  d'elley  aprte  un  sermon  de 


—  FONTE  547 

deux  beures,  que  cette  naive  r^nse :  «  A  vous  entendre 
ne  dirait-on  pas  qu'il  est  aussi  facile  de  quitter  un  roi  que 
de  quitter  sa  cbemise?  »  Jamais  favorite  n^avait  ^  aussi 
vivenient  attaqu6e.  On  ^it  parvenu  k  faire  ^crire  au  roi 
par  le  pape  une  lettre  mena^nte.  Le  roi  ne  s'en  effraya 
pas  le  moins  do  monde.  II  fiiUut  enfin  que  IVT**  cle  Montes- 
pan  se  r^ignAt  k  subir  une  pr^fi6rence  d^difte. 

Le  roi  donnait  k  sa  mattresse,  qull  avait  dot^  du  titre 
de  ducbesse  de  Fontanges  en  1679,  300,  000  livres  par  mois, 
des  ameublements ,  des  Equipages  magnifiques  et  beaucoup 
de  diamantB.  Insoudante  de  son  avenir,  die  prodigiiait  au- 
tour  d*dle  et  tor  d  les  grtices  dont  die  disposaft.  Jamais 
la  roar  n'avait  MA  pins  fastueuse;  chaque  jour  6tait  marqii6 
par  de  nouvdles  f6tes.  M"*  de  Fontanges  pamt  k  une  partie 
de  chasse  en  costume  d*amazone  richement  brod^ ;  nne  coif- 
Aire  de  fhtttdsie,  compoM^de  qnd<|ues  plumes,  relevait 
I*eclat  de  son  tdilt.  Le  vent  s'^tanl  ^ev^  vers  le  soir,  die 
avait  qnStt^  sacapeline,  et  s'^tait  lUtattscher  les  dieveux 
avec  un  ruban  dont  les  vcrads  rdombaient  sur  le  firont. 
Get  ajuslement  pint  extr^mement  an  roi,  d  dte  le  lende- 
mdn  totttes  les  dames  se  coiffferent  k  la  Fontanges ;  la  mode 
passa  de  la  coor  k  laville,  d  fut  adopts,  comme  de  juste, 
par  les  pays  drangers.  Odtecoiffnre  a  dur^  longtemps 
et  le  nom  de  Fontanges  figurait  encore  dans  te  vocabulafre 
des  toilettes  ii  la  fin  du  dlx^uititoe  d^e. 

M"*  de  Fontanges  diait  devenir  mftre;  die  n'en  fut  qu^ 
plus  di^  au  rd.  Elle  accoutha  heureosement  d*nn  iils ; 
mais  die  tomba  bientOt  dans  an  6tat  de  langueor  qui*  la 
rendit  m^oonnaissable.  Elle  se  surviv^it  k diemdme.  Elle 
demanda  d  obfint  la  permission  de  se  retirer  de  la  conr. 
On  dit  qne  Louis  XIV  la  lui  accorda  sans  peine,  parce  quMl 
soop(^nnait  sa  fiddit^;  mais  ce  n^est  rien  molns  que  prouv^. 
Le  couvent'de  IH>rt-Royd  fut  le  lieu  qn'dle  cboisit  pour  sa 
retraite;  die  se  sentail  mourir.  Elle  avdt  perdu  son  enfant, 
et  ne  formait  phis  qu'un  voeu ,  celui  de  voir  une  fois  le 
prince  qu^dle  avait  aim^.  Le  roi  ne  se  d^lermina  qu^avee 
pdneli  cette  douloureuse  entrevue;il  la  vlt,  et  ne  put  re' 
tenir  ses  larroes.  «  Je  meurs  contente,  pdisqoe  mes  regardf 
ont  vu  pleurer  mon  roi. «  Tdles  furent  les  derni^res  paroles 
de  M***  de  Fontanges.  Les  drconstances  de  sa  mdadie  et  de 
sa  mort  ont  donn^  lieu  k  de  sinistres  soup^ens ;  et  qudqoes 
bistoriens  attriboent  cdte  mort  pr^aturte  an  poison,  en 
fnsinuant  que  M***  de  Montespan  n*anrait  pas  d6  drangtee 
k  la  mart  de  sa  jeune  rivdtf-;  mais  aocune  preuve  ne  con- 
firme  ces  conjectures ,  an  moins  tr^hasardte.  EUe  mou- 
rut  le  26  juin  168! ;  die  n^avdt  que  vingt  ans.  Son  corps  fut 
transports  k  Chdies ,  ob  die  avdt  une  seeur  rdigleuse.  Le 
roi  avait  aimS  trols  ans  M^'*  de  Fontanges;  ses  ennemis  ont 
prdendo  que  durant  ce  court  espace  de  temps  die  avdt 
coots  onr^  millions  k  la  France.       Dofbv,  ( de  I' Yohm)  . 

FONTE,  fer  fondn  Impur.  On  connatt  dans  les  arts  les 
fontes  blanche,  blanche  argentine,  blanche  matte,  blanche 
truit4e,  blanche  Dive,  grise,  grise  claire,gnse  noire, 
grise  truitSe,  mangan^ifh-e ,  surcarburie,  surcarburie 
tendre,  Ge  que  dans  le  commerce  on  appdie,  d*apr^  les 
Anglais,  ^ne-ffM/aZ  est  aussi  dela  fonte;  mais  die  a  re^u 
par  le  max  ige  one  premie  preparation,  un  degrS  d^Spu- 
ration  qoi  p«^oMe  la  conversion  definitive  en  fer  malleable 
ou  forgS :  c'ed  ce  qu*on  appdie  encore  plus  gSn^ralement 
de  la  fonte  matie.  Quand  la  fonte  a  6te  convertie  en  us- 
tensiles  de  toutes  especes,  en  pieces  de  mdcaniqiie,  en  grilles, 
•n  balcons,  en  plaques  de  cheminSe,  entoyaux  pour  la 
oondaite  des  eaox ,  etc. ,  etc. ,  elle  prend  dans  le  eom« 
maroe  le  nmn  gSnSrd  de  fonU  mouUe.  Les  operations 
qne  la  fonte  aubit  dan»  le  moolage  des  piteesde  tootes 
espteea  a*execatent  k  Taide  de  monies  dits ,  l<»  numUs 
d!  dicouvert,  r  monies  en  miial ,  y  moules  en  terre , 
4"*  monies  en  sable.  Aprto  le  moolage  par  Ton  de  ces  pro- 
cedes,  les  places  de  fonte  sont  soumises  k  des  habUlages, 
qui  compieteiit  le  travail.  Les  morceaux  oo  saumons  de 
fonte  brute  son!  connus  dans  le  commerce  soos  le  nom 
trivid  de  gnenses.  La  fonte  ed  susceptible  d^adoueisse- 


548 


FONTE  —  FONTENAY 


ment  :  e11«  peut  ^tre  rendae  docile  k  la  lime  et  au  foret. 

On  appelle  blettes  les  fenilleU  minces  de  fonte  leT^  dans 
Pop^ration  dn  mtuage ;  bogue,  le  gftteau  ^pais  de  fonte  qu*on 
l^ve  dans  le  travail  de  Pader  dit  nahtrel ;  brassagej  le  tra- 
vail de  la  fonte  h  Vaide  de  ringards ;  aUotte^  eochon^  les 
masses  de  fonte  qui  a'amassent  dans  Tint^riear  des  four- 
oeaox  et  les  engorgent;  carcas^  celles  de  fonte  en  partie 
qfftnie  restte  sor  I'autel  des  foumeaox  de  r^verMre ;  amUe 
de  la/onte,  I'op^tion  de  vider  des  bants  fonmeani ;  aUots 
de  fonte,  lespetites  masses  qu'on  obtient  au  fond  des  creo- 
sets  d'essai  des  minerais  de  for ;  Jhts-dur,  la  fonte  snrcar- 
bnrte  (mot  imports  de  PAllemagne) ;  gdieau  defente ,  mor- 
ceau  de  fonte  pero6  de  nombreax  trons ,  lev^,  pour  faire  de 
racier  natunri,  dans  la  m^tbode  tyrolienne;  gentiUhommes, 
les  pitees  de  fonte  poste  sur  la  dame ,  et  le  long  desqnelles 
s*teoulent  les  laiticrs ;  goiUtes  de/<mte,  ce  qui  tombe  de  Ton- 
Trage  dans  le  crenset  des  bants  foomeaux ;  guemai,  les  goen* 
ses  de  fonte  de  petite  dimension ;  karts-Jhis,  la  fonte  dure , 
ad^reose ;  homian^  la  grosse  masse  da  fonte  impore  qui  se 
depose  au  fond  des  foumoanx  mai  construits  on  qui  se  dur- 
citqnand  les  foomeaux  se  refroidissent  et  s'cngorgent;  loup 
defouTMOu,  la  masse  de  fonte  qui  s'y  rassemble  et  qui  s*y 
dnrdt;  nuteiration,  la  fonte  resUe  en  liain  liquide  pendant 
un  certain  temps ;  fontes  marchandes,  tontes  oelles  qui  ne 
sont  pas  destintes  k  dtre  coDTerties  en  for  malleable ;  nuu- 
ieloiie,  la  masse  de  fonte  qui  exoide  dans  le  moulagp  la  ma- 
tito  ntossaire(ee  mot  s'appHqne  pins  particoUh^ment, 
dans  la  ooolte  des  canons,  ll  I'excte  de  mati^re,  qne  Ton 
rend  trte-consid^rable  dans  la  vue  de  comprimer  le  m^tal 
etd'empteber  lessoufflures);  matte,  la  premidre  fontebnpore 
d'un  mineral ;  nuueau,  une  gueuse  de  fonte  obtenue  dans  le 
maxage ;  tnazelle,  la  fonte  ooulte  sur  scories  dans  i'afftnage  k 
la  bergamasque;  renard,  une  masse  de  fonte  en  partie  af- 
fin^  qui  reste  dans  les  creusets  des  bauts  foumeaux ;  stuck, 
la  masse  de  fonte  retire  du  traitement  des  minerais  par  une 
m^tbode  allemande ;  vives  fontes,  les  fontes  de  mines  qui 
sont  trte-coulaiitas. 

Les  opiiiions  sont  fort  diverses  sur  la  nature  de  la  fonte. 
Sans  remonter  jusqu'aux  hypotheses  obscures  et  qnelque- 
fois  contradictoires  de  Stahl,  de  Rteumur,  do  Bergman,  de 
Rinman,  arrCtons-nonsi  la  tbtorie  deMonge,  Berthollet  et 
Vandermonde.  Ces  trois  cbimistes  ont  oonsidM  la  fonte 
comroe  «  un  r^le  dont  la  rtSduction,  n'^tant  pas  com- 
plete, retient  une  portion  de  I'oxygene  du  mineral,  et  qui 
en  contact  imm^iat  avec  le  cbarbon  alworbe  une  certaine 
doFC  de  ce  combustible,  dont  Taflinite  pour  le  m^tai  ne 
laisse  aucun  doute;  d'aprte  cela,  ce  seraient  les  propor- 
tions de  ces  deux  substances  unies  au  for  qui  feraient  varier 
la  nature  dn  for  cm.  La  fonte  deviendrait  blanche  quand  elle 
oontient  pen  de  cbarbon  et  beaucoup  d'oxygtee;  elle  serait 
grise  daa^  le  cas  contraire.  Le fer  parfoitement  affine  serait 
ceiui  qui  ne  contiendrait  ni  ox^g^ne  ni  cliartKm ,  ni  ancune 
autre  substance  ^trang^re.  A  la  v6rltd ,  il  n'en  existe  pas 
de  tout  k  fait  semblable  dans  le  commerce,  carle  meilleur  for 
de  Suede  conserve  une  partie  d'oxyg^ne,  et  s'lmprigne  tou- 
lours  d'une  dose  de  charbon,  trte-petite  k  la  vdrite,  mais  en- 
core assex  grande  pour  en  alt^rer  constamroent  les  pro- 
\m6i6s,  >  D'ailleurs,  oette  thforie  reste sujette  k blendes  objec- 
tions :  la  premiere,  la  plus  insurmontable  peut-etre,  est  la 
coexistence  snpp<M^  de  Toxygene  et  du  chaibon  dans  une 
masse  soumise  k  la  fosion,  k  divers  degr^  d'une  temperature 
portee  Jnsqu*ll  ses  deraieres  limites,  sans  quMl  r^ulte  une 
combinaison  de  cesdeux  substances,  douta  de  tant  d*affinit< 
rune  pour  I'autre,  et  sans  production  de  composes  gaxenx, 
tels  que  I'oxyde  de  carbone  ou  Tadde  carboniqne. 

La  theorie  de  Pa  ffi nage,  deduite  de  Toniifon  de  Monge, 
Berthollet  et  Vandermonde,  setrouve  d'auleors,  sur  pln- 
sieurs  autres  points,  en  opposition  directe  et  roaniiieste  avoc 
les  faits  d'experience  les  plus  ordinaires  et  en  memo  teropa 
les  plus  importants.  Selon  eux ,  «  dans  I'ader  de  cementa* 
tion ,  le  for  ait  oompietement  rddnit ;  il  ne  renforme  plus  dn 
tout  d*oxygene  ( poiirquoi  plut6t  dans  Tacte  de  la  c^menU- 


tation  que  dans  la  fosion  dans  les  haats  foumeanxT];  fl 
doit  se  sordiarger  da  carbone  pour  acqoerir  une  qotliM 
determinde ,  at  cetta  dose  sorpasse  presqoa  toajonrs  la  qua- 
tite  de  carbone  conteoue  dans  la  pluptrt  das  fontes  Uaa- 
ches.  Sous  le  rapport  de  la  redaction,  leader  est  done  n 
metal  k  part,  plus  pur  qua  le  fer;  at  sona  le  rapport  dels 
qnantite  da  cbarbon  qnH  contient,  il  n'a  point  de  rebtisB 
constante  avec  la  fonte.  >  Cependant,  fl  ne  paralt  guere  qoll 
en  puisse  etre  absolument  ainsi.  La  fonte  griaa,  tenue  kmg- 
temps  an  l»in  at  aonmisa  k  una  l^ibla  inflnenca  de  I'ltr 
almospberiqaa,  s*affina  en  partie,  aoquiert  un  certain  de- 
gre  de  malMabilite ,  at  ressemble  aiors  an  roaovais  fer,  saas 
Jamais  sa  rapprocbar  da  fader  autant  iipae  la  fonte  blanche 
misa  dans  la  meme  drconstance,  on  griltea  saulenwat  ea 
contact  avoc  Pair  atmospberiqoe-  La  fonte  griaa  axige  uo  tra* 
vail  tres-laborieox  et  tres-penible  pour  Atre  oonvertie  ea 
acier,  tandis  qn*il  est  bien  plus  fodle  da  Pafllner  poor  fer, 
au  Uan  qua  la  fonte  grise  lamdleuse,  cdleqaa  Monge  et  Ber- 
thoUat  snpposaient  pen  carbonee,  donne  aaaai  promptemeot 
et  ausd  fedlament,  solt  de  Pader,  suit  do  fer. 

Karsten  remarqne  d'allleurs  quil  est  fodle  de  prooTir 
directemant  que  la  difrerence  de  la  fonte  griaa  k  la  foote 
blanche  n'est  pas  due  aux  proportions  respectives  des  par- 
ties coBstitnantas  de  ces  deux  especes  da  fer  era,  poisqae 
Puna  sa  transforma  en  Pautre  sans  addition  d*aucune  sob- 
stance  etrangere.  La  fonta  blanche,  rafondoa  dans  no  ereo- 
sat,  k  Pabri  dn  contact  de  Pair  et  dn  cbarbon,  soumise  k 
un  baut  dagre  da  temperatnre  et  refooidia  avec  bcsuooup 
da  lenteur,  devlent  parllUtement  grise.  I^a  foote  grise,  ai 
contraire,  se  change  en  fonte  blandie  si ,  etant  k  Petst  li- 
quide, dla  se  trouve  reflroidie  d*une  maniere  snbite.  De 
plus,  la  fonte  blanche  obtenue  par  un  refroidissement  soM 
Jonit  en  tons  pofaits  des  proprietes  physiqnaa  et  cbimlqoes 
de  la  fonte  blanche  naturdle,  telles  qua  la  cooleor,  la  tex- 
ture, la  durete,  Paigrenr,  la  meme  pesantenr  spedfiqae, 
la  maniere  de  se  conduire  au  fou  et  dans  las  diverses  op^ 
rations  metallurgiques.  Il  s^ensuit  qu'ellaa  na  peuveotdif- 
ferer  entre  dies  ni  par  la  nature  ni  par  lea  proportion!  ds 
leurs  elements  caracteristlques.  Karsten  condut  de  toot 
ced  qtill  est  hors  da  doute  que  la  fonta  grise  subit,  saos 
alMorber  ni  perdre  aucune  substance ,  une  revolution  chi- 
miqua  par  le  refroidissement  instantane.  Or,  I'analyse  io- 
dique  la  nature  de  cette  revolution ,  en  ce  qu'elle  moabt 
le  carbone  contcnu  dans  la  fonte  grise  k  IVtat  de  graphite, 
et  que  dans  la  fonte  blanche  il  reata  combine  avec  toote  la 
masse  du  fer.  I>elooxb  pere. 

FONTE  (Imprifnerie).  On  entend  par  ce  root  dd 
assortiment  complet  des  difTerents  caracteres  necessaires 
pour  imprimer  un  ouvrage,  tds  qua  lettres  majoscaieit 
minuscules,  accentuees,  points,  chif  fires,  cadrats,  espaees,  etc, 
dc,  et  fondus  sur  un  meme  corps  par  un  fondenrei 
caracteres.  Les  fontes  sont  grandes  ou  patites,  suiTsat 
les  basoins  de  Hmprimeur,  qui  les  commande  par  100  kikh 
grammas  ou  par  feuOles.  En  demandant  k  un  fondeor  one 
fonte  de  250  kilogrammes,  IMmprimenr  entend  receroir  on 
assortiment  da  lettres,  points,  espaeea,  cadrats,  etc,  faisaiit 
an  tout  ea  poids.  Quand  il  commande  una  fonte  de  dix 
feuilles,  cala  signifie  qu'on  aura  k  Ini  livrer  une  fonte  afec 
laqudla  il  poum  composer  dix  feuilles  ou  vingt  fomeit 
sins  etre  oblige  de  distribuer.  Ia  fondeur  prend  ses  ne- 
sures  en  consequence.  II  compte  60  kilogrammes  k  la  fiBotlle, 
y  compris  les  cadrats,  etc,  at  30  kilogrammes  pour  la  form^ 
qui  n'est  que  la  moitie  d*une  fenllle.  Non  pas  d'aiUeon 
qu'une  feailla  composeo  pesa  toujours  60  kflogrammes,  <m 
la  forma  30  kilogrammes;  le  poids  total  varie  necessaire- 
ment  sulvant  la  grandeur  de  la  forme.  On  appelle  poike 
la  proportion  k  etablir  entre  les  diverses  especes  de  ca  ra^ 
teres  dont  la  reimfon  forma  ce  qu*on  appdle  une  foote. 
FONTENAY  ou  FONTENAI,  nom  de  plosicort 
villes  et  localites  en  France,  parmi  lesqudlesnousciterooB: 

FONTENAY-AUX-ROSES,  village  du  departement  de  U 
S  e  i  n  c ,  h  un  kilometre  au  nord  de  Sceaux,  avec  1,176  M** 


FONTENAY  —  FONTENELLE 


549 


tents.  C^estune  station  da  chemin  de  fer  de  Paris  iiSceani. 
Fontenay  ne  consiste  gu^re  qu^en  one  seuie  rue,  ^troUe,  tor- 
iaeuse,  mal  payde  et  bordtede  TieiUes  constructions ;  mats  U 
est  sito^  au  sommet  d'an  coteau ;  et  ses  eoTirons  sont  char* 
mants;  les  colUnes  boiste  d^Aulnaj^  de  Bagneax,  de 
Sceaux,  da  Plessis-Piqaeti  et  plus  loin  les  bois  «1e  Verri^ 
fai  fonnent  oonuna  on  cadre  de  Terdore.  On  est  Traiment 
surpris  de  rencontrer  nne  si  bdle  campagne  k  quelqnes  kilo- 
metres seolement  de  l*enceinte  des  fortifications ;  bier  encore 
elle  ^talt  presqne  ignorfe,  et  les  qoelques  bonrgeots  de  Paris 
qui  7  possMaient  des  niaisons  de  campagne  gardaient  bien 
1e  secret  de  ces  Tsllons  palsibles,  de  ce  calme  paysage. 
Mais  dans  cesdemiers  temps,  eUe  aussi,  ellen'a  pu  raster 
au  torrent  enTshisseur  des  Parisiens  duDimanche.  L^indus- 
trie  avait  cru  lui  fiUre  un  beau  present  en  la  dotant  d^un 
cbemin  de  fer,  et  ToiU  que  le  premier  rfeuUat  de  cecadeau 
D^&ste  fut  de  porter  la  delation  dans  ces  sentiers  fleurls. 
On  constnufcit  des  cabarets  et  des  cafte  au  pied  des  clid- 
taigniers  s^culaires ;  on  logea  mtoie,  etc'est  le  comble  de  la 
profanation ,  entre  lenrs  robastes  branches  de  petits  Tide- 
bouteilles  od  le  vin  blea  et  la  petite  bi^re  coulirent  dter- 
roaisli  flots ;  et  cela  s^appela  Bobinson ,  k  la  grande  Joie  des 
grisettes  et  des  jeunes  gens  de  la  nouveaut^.  Bref,  anjour- 
d*hui  rhommequi  aime  la  campagne  pour  la  campagne 
dle-m^e  est  obiig6  d'allcr  une  ou  deux  lieaes  plus  loin,  afin 
d'^chapper  aax  marcbands  de  macarons,  aux  orgnes  de 
Barbaric  et  aux  tirs  k  la  cible. 

Fontenaj-anx-Rosesdoit  son  nom  h  la  culture  des  roses, 
qui  s'y  faisait  autrefois  en  grand;  aojourd'hui  dley  est 
presqne  enti^rement  abandonn^  et  remplac^  par  ceUe  des 
firaises.  Le  Tillage  avait  Jadis  le  priTll^gs  de  foornir  d'un 
bouqaet  de  roses  chaque  membre  du  parlement  de  Paris  k 
Tassemblte  solennelle  du  rooisde  mal. 

FOMTENAT-t&COMTE  on  FONTENAY- VE3ID£E,clief- 
liea  d^arrondissement  dans  le  d^partement  delaVend^e, 
prte  dela  rive  droite  de  la  Vend^,  ayee  7,960  habitants , 
un  coU^  de  plein  exercice,  nne  fabrication  de  toUes , 
draps  oommuns,  brasseries,  tanneries,  un  commerce  de  bois 
de  construction  et  k  briUer ,  de  merrain ,  de  cordes  et  char- 
bon  de  bois  apport^  par  la  Yendte  jusqu'ii  Maran.  Cest 
un  entrepdt  poor  les  Tivres  et  les  denrtodu  midi.  Plac^  en 
amphith^tre  sur  un  cdteau,  entoorte  de  ses  faubourgs  et  de 
plaines  immenses,  dominie  par  la  fl^che,  haute  de  95 
metres,  de  sa  belle  ^lise  de  Notre-Dame  et  par  les  clo- 
chers de  Saint- Jean,  cette  Tille  est  d*un  aspect  assei  pitto- 
resqne. 

Fontenay  doit  son  engine  k  une  petite  bourgade  gallo-ro- 
yiaine,  donton  retrouve  encore  quelquosd^.bris.  Au  dixi^me 
si6cle,  il  fut  le  si^e  d*une  Ttgucrie.  Au  commencement  du 
douzieme,  les  comtes  de  Poitou  le  c^^rent  aux  yicomtes  de 
Thouars.  11  passa  ensuite  entre  les  mains  de  la  ISimille  de 
Maul^n.  GeofRroy  de  Lnsignan  s'en  empara  presque  aussi- 
t6t ;  mais,  en  1242,  saint  Louis  s*en  rendit  mattre,  et  le  donna 
4  son  fr^reAlphonse.  CTest  alors  que  la  ?ille  prit  le  nomde 
Fontenaff'U'Comie.  Aprte  sa  mort,  cette  chAtellenie  re- 
touma  au  domalne  de  la  conronne,  dont  elio  fut  s^par6e  deux 
fois,  en  131  i  pour6tredonnte  k  Philippe  le  Long ,  en  1316  pour 
faire  partie  de  Papanage  de  Charles  le  Bel ,  comte  de  la  Mar- 
che.  La  Tille  passa  ensuite  sous  la  domination  des  Anglais » 
euTerto  du  traits  de  Br^gny.  Dugnesclin  la  repriten  1372 , 
et  Charles  V  le  recompense  par  le  don  de  cette  nouyelle  con- 
qu6te.  En  1377,  il  la  Tendit  k  Jeande  Berry ,  comte  de  Poi- 
tou. Aprte  divers  changements,  elle  pas.«a  entre  les  mains 
d'Arthnr  de  Richemont.  En  1469 ,  elle  fiit  ^rig^  en  conmiune ; 
mais,  en  1477,  Louis  XI  en  c^a  la  seigneurie  k  Pierre  de 
Rohan ,  manSchal  de  Gi6.  En  1487,  Charles  VIII  la  racheta 
de  ce  nouvean  mattre.  Pius  tard  Francois  des  Cars,  sieur  de 
La  Vaugoyon ,  regut  de  Francois  I*'  la  Jouissance  du  reyenn 
et  le  titre  de  seignenr  de  Fontenay ;  mais  la  yille  conserve 
ses  priTil^es.  En  1&44 ,  le  si^e  royal  derint  comt6  et  s^ni- 
chauss^h.  Lors  des  gnones  de  religioo,  Fontenay  ftit  pris  et 
tcpris  sept  foie  par  les  deux  partis. 


La  revocation  de  I'^dit  de  Nantes  lui  porta  un  eonp  dont 
il  ne  se  relevajamais.  A  la  Revolution ,  TAssembiee  nationale 
enayant  fait  le  chef-lieu  du  departement  de  la  Vendee ,  il 
Joua  un  r6le  important  dans  la  guerre  dvile. 

FONTENAT-SOUS-BOIS,  village  du  departement  de  la 
Seine,  il  2  kilometres  de  Viocennes,  avec 3,173  habitants 
et  une  JoHe  eglise  gothiqne.  Le  fort  de  Nogent  en  est  voidn. 
FONTENAY  ou  FONTENAILLES  (Batoillede).  Les 
historiens  ne  sont  d^acoord  nl  sur  la  date  ni  sur  les  princi- 
pales  eirconstances  de  cette  bataille  fomeose.  Nithard,  ecrl- 
vahi  contemporain,  en  a  fixe  le  premier  la  date  an  25  Jula 
841;  or,  Nithard  etait  du  nombre  des  combattants,  et  sob 
temoignage  est  d'un  grand  poids.  L'abbe  Lebeuf,  g^ap- 
puyant  sur  le  texte  de  Nithard,  place  le  thefttre  de  ceiii*.^ 
bataille,  Pune  des  plos  importanies  et  des  plus  meurtriere^ 
do  moyen  Age,  dans  rAnxerrois  et  prte  de  la  capitale  de  ce 
comt^.  Les  quatrearmdes  de  I'empereur  L  o  t  h  a  i  r  e ,  du  jcune 
Pepin,  roi  de  PAquitaine,  de  Charles  le  Chauve  et  de 
Louis  de  Bavttre,  toutes  quatre  trte-nombreuses,  devaient 
occuper  unegrandeetendue  de  pays.  On  evalue  k  300,000  hom- 
nies  les  combattants  qui  se  rencontrirent  dans  cette  san- 
glante  m£iee  pour  soutenlr  les  pretentions  de  ces  frferes  en- 
nemis,  se  disputant  I'heritage  de  leor  p6re.  Lothafa«  et 
Pepin  ftirent  vaincus.  Le  carnage  avait  ete  si  grand,  que  les 
eveques  furent  consultes  sur  la  question  de  savoir  si  Louis 
et  Charles  avaient  pu  en  conscience  livrer  bataille  k  LothaIre, 
leur  (rkn  i  les  preiats,  conune  de  raison,  deddkcnt  en  fa- 
vour des  vainqueurs.  I>DrET(de  fYonne). 

FONTENELLE  (Bernaru  LE  BOVIER,  et  d'abord  LE 

BOUYER,  db),  Thomme  le  p]u«i  universel  de  son  siecle,  ne  k 

Rouen,  le  11  fevrier  1657,  roort  k  Paris,  Age  decent  ans  moins 

vingt*nenf jours,  le  9  Janvier  1757,  avait  en  pour  m^re 

Marthe  Comeille,  sceur  des  deux  poetes  de  ce  nom.  Co 

fut  sous  les  auspices  deson  onde  Thomas  Comeille,  alors 

charge  de  la  redaction  dn  ifercure,  avec  De  Vise,  qu*^ 

Tdge  de  dix-neuf  ans  il  fit  ses  premises  armes  dans  la 

carritoe  des  lettres.  Comme  son  oncle  Pierre  Comeille,  il 

quitta  le  barreau  pour  les  muses.  Des  poesies  leg^es,  les 

operas  presqne  entiers  de  PsyeM  et  de  Bellirophon,  puis 

IMnfortonee  tragedie  d'*A$p<xr,  qoi  n'est  connue  que  par  re- 

pigramme  de  Racine,  furent  ses  coups  d'essai.  Les  DiaUf- 

gues  des  Moris  (1683),  la  Vie  du  grand  Comeille,  la 

PluraliU  des  Mondes  (1686),  VHisMre  des  Oracles, 

ecrite  d'aprto  repels  et  savant  ouvrage  de  Van  Daele,  des 

I  tglogues  ( 1688),  ouvHrent  enfin,  en  1691,  au  neveu  des 

'  Comeille  les  portes  de  rAcaderale  Fran^aise.  Lesadversaircs 

que  lui  avaient  suscites  son  Diseours  sur  la  nature  de 

r^glogue  et  sa  Digression  sur  les  anciens  et  les  mo- 

demes  I'avalent  ecarte  qnatre  fois  du  fauteuil.  Dans  cette 

'  grande  querelle,  qui  divisa  alors  toute  la  litterature ,  il  s'e- 

j  tail  prononce,  avec  Perrault  et  Lamotte-Houdart,  pour  la 

I  superiorite  des  moderaes,  centre  RP**  Dader,  qui,  avec  Boi- 

leau  et  Racine,  soutenait  la  preeminence  des  anciens. 

Avant  ses  meilleurs  ecrits^  Fontenelle  avait  ptiblie  le  plus 
faihie  de  tons,  les  Lettres  du  chevtUier  d'Her***^  oeuvre 
insipide,  quMl  n'avoua  ni  ne  desavoua,  et  qui  n'eOt  pas  da 
trouver  place  dans  ses  osuvres.  Ses  Dialogues  des  Moris , 
sevirament  appredes  par  Ini-meme  dans  le  Jugemeni  de 
Pluion,  qu^  y 'aiouta,  sont  loin  de  poovoirsoutenir  le  pa- 
rall^e  avecceux  de Fenelon.  L'opera de  TMiis  et  Pelie, 
Jone  avee  snccte  en  1689,  repris  soixanto^rols  ans  apres, 
en  1752,  avec  la  memo  fiiveor,  et  cdui  d*£n4e  ei  Lavinie, 
donneen  1690 »  furent  en  qudque  sorte  les  adieox  de  Fon> 
tendle  k  lapoesie  et  ^  la  litteratnre  de  pur  agreroent. 

La  suite  de  sa  carri^  fiit  vouee  k  la  culture  des  sdences, 
et  surtout  au  soin  de  les  mettre  k  la  portee  de  toutes  les 
'  classes  auxquelles  Tinstruction  n^est  point  etrangdre.  La 
'.  preface  de  V Analyse  des  iT^finiment  petits,  do  marquis  de 
LhOpital,  fut,  depuis  la  PluralUi  des  Mondes,  le  pre- 
mier pas  de  Tauteur  dans  cette  nonveMe  carri^re.  Appde 
I  bientOt  apr^s,  en  1697,  aux  functions  de  secretaire  perpe- 
I  tuel  dc  TAcademie  des  Sdences,  il  y  signals  son  bot  et  sa 


} 


ISO 


FONTESSELLE  —  FONTENOI 


haute  oapadt^  par  llilstoire  de  cette  Acad^mie,  de  1666  h 
1699.  Ses  doges  des  saTante,  parmi  lesquels  on  compte 
MaFebrancbe,  Leibnitz,  Newton,  etc.,  sont  ^ertainement 
ie  titre  le  plus  Eminent  de  Fontenelle  h  Cestifne  de  la  posf^- 
rit^.  On  ne  pent  ^Taluer  trop  haut  le  prix  de  ka  noble  sim- 
plicity, de  I'd^gance  ing^niease,  mats  ofdinatvement  exempte 
de  reclierche,  qui  cafact^risent  le  Style  de  ties  ^loges.  On  salt 
aassi  avec  qael  talent  il  a  su  int^resser  ses  lecteure  h  la  vie 
de  tous  ces  savants,  presque  toujours  von^e  h  raude  et  k 
la  retraite,  par  la  peinture  naive  de  lenrs  moears,  de  lettrs 
liabitudes  et  de  leur  caract^re.  Les  Aliments  de  la  ^o- 
initrie  de  rinfini,  publids  en  1727 ,  estim^s  des  hotmne^ 
babiles,  sontle  seul  ouvrage  que  Fontenel^e  aK  faft  paratti^e, 
arec  ses  doges  des  savants,  pendant  les  quarante-quafre  ans 
quMl  remplit  les  fonctions  de  secretaire  de  rAcad^mie  des 
Sciences.  11  y  obtint  la  v^t^rance  k  la  fin  de  Tann^  1740 , 
et  fut  remplac^  par  Maine  de  Miilran;  mats  il  assfsta  M- 
quemment  k  ses  stances,  auxquelles  ii  ne  cessa  pas  de 
prendre  int^t,  jusqa'^  T^poque  oi^  son  grand  Age  le  priva 
de  Toule.  En  1741,  son  Jubil^  de  cinquante  ans  k  TAcad^* 
mie  Fran^aise,  dont  il  ^tait  le  doyen,  fut  c^l^br^  atec  so- 
lennlte.  11  avait  6t^  re^  en  1701  &  rAcad^mie  des  Ins- 
criptions. 

La  moderation  forma  toujoars  le  fond  da  caract^re  de 
Fontenelle.  Cette  quality  assnra  la  tranqnillit^  et  le  bonbenr 
de  sa  vie.  Dond  d^une  pbysionomie  dmable  el  de  tous  les 
agr^ments  de  Tesprit,  prdmuni  centre  les  passions  noisibles 
par  une  complexion  ddicate,  qae  sa  pmdence  sut  habile- 
ment  manager ,  il  ^vita  tout  ce  qui  pouvait  alt^rer  son  repos, 
iouissant  des  plaisirs  de  la  sod^,  oh  il  fut  fonjonrs  re^ 
cherch^,  et  sacliant  se  rendre,  par  lesgrftces  de  sou  espnt 
^  de  sa  conversation ,  agr^le  anx  femmes ,  dont  il  atmait 
le  commerce,  et  qui  le  choy^rent  jusqu'k  la  fin  desa  vie. 
Parmi  cdles  quMl  fr^uentalt,  on  cite  M*"*  de  Frogevilleet 
la  marquise  de  Lambert.  Toutes.  deux  ont  esqufss^son  por- 
trait. Celui  de  M"*  de  Frogeville  est  d*une  maiii  aroie;  le 
Icoeur  de  Fontenclljfc  est  pins  s^v^rement  traits  pi^r  M"**  de 
Lambert*  Cependant,  mille  traits  g^i^reux  et  ddicAts  t^ 
moignent  de  la  bopt^  de  son  ftme.  Les  mille  6cos  qui 
composaieottout  son  avoir,  etquMl  allait  placer,  envoy^s  par 
lui  k  Brunei ,  sur  sa  demande ,  qui  ne  contenaif  que  ces 
mots  i  «  Envoyei-moi  vos  millers  »;  les  600  fVancs  adres- 
s^  sans  h^ter  k  Beauz^e,  sur  le  simple  expose  de  son  66- 
ndmenif  au  moment  ou  une  demande  faite  par  celui-d  k 
un  seigneur  son  anclen  d^ve  n'^prouvait  qu^on  refns,  t^- 
moignent  assez  que  T&me  noble  de  nUustre  philosophe  n*etait 
fermde  ni  ii ,  ramilii6  ni  ^  la  compassion  pour  les  peines 
d'autmi. 

Quant  k  P^crivain,  s'll  n^est  point  irr^prochable  aux 
yeux  do  goAt,  il  n*en  est  pas  moms  recommandable  |)ar  les 
^minents  services  qu'il  a  rendus  k  la  phtlosophie  et  aux 
sciences.  C*est  Fontenelle  qui  le  premier  a  su  les  rendre 
accessiblee  et  m6me  agr^bles  k  la  masse  des  lecteurs.  Si 
la  nature  n^  lui  avsit  pas  d^parti  IMnergie  et  la  chalegr  de 
TAme,  elle  lui  avait  donn^une  baute  raison,  un  esprit  aussi 
*K>uple  que  pto^trant  et  ^tendu.  Ses  Merits  attacbent  par  la 
grftce,  k  lav^t^non  toujours  exempte  d'aff^terie,  par  des 
traits  ing^ni<)ux »  par  des  vues  neuves  et  prds^t^es  d^une 
maniirepiquante^  et  enfin  par  un  style  toujours  clair  et 
d^gant.  Jusiioe  eijiatesse  etaient  sa  devise,  et  il  loi  fUt 
toujours  fiddle.  Unjour,  qu'on  lui  demandalt  par  quel  art 
il  avait  su  se  Caire  t«nt  d'amis  et  pas  un  ennemi :  «  Par  ces 
deux  axioiiies,  dit-il :  Taut  est  possible  el  tout  le  monde 
a  raison»  «  Quelquefois  il  disait :  «  Les  bommes  sont  sots 
et  m^anli ;  mais  tela  quHls  sont,  j'ai  k  vivre  avec  eux, 
et  Je  roe  le  suis  dit  de  bonne  beure.  » 

On  feraitun  volume,  et  on  Ta  compile  en  effet ,  des  mots 
lieureux  et  des  spirituellea  reparties  tehapp^  k  oe  sage  ai- 
mable.  Tous  portent  reropreinte  de  la  bienvefllance,  de  la 
gr4oe  et  de  oette  fleur  de  galanterie  qui  n'est  pas  de  la  fa- 
deur.  Un  iour,  il  avait  adress^  k  M^*  Helvdiua  d^agr^ables 
cotnpUmeBts,  et  un  instant  apr^s  fl  paasa  devant  elle  sans 


parattre  la  remarqoer.  Elle  lui  en  fit  un  donx  reprocbe 
«  Ahr  madame,  repartit  le  vieillard,  si  je  vous  avals  f«gar- 
d^,  je  n^aorais  point  pass^.  «  Ami  d^un  repos  ^oiste,  i. 
dt'sait :  c  Si  je  tenais  toutes  les  v^rit^s  dans  ma  main ,  je 
me  gafd^rais  defouvrir.  »  Get  autre  mot  est  plus  philoso- 
phlque ;  '•  Le  sage  tient  pen  de  place  et  en  change  pea.  »  Au 
termede'selongdevfeillesse,  11  disait  ? «  Stje  recommends 
ma  carri^re,  Je  ferals  tout  ce  que  j'ai  fait.  »  Presque  cente- 
naire,  'il  pnehaft  faeaucoup  de  ea€  <t  (Test  du  poison^  »  ini 
faisait'on  observer.  «  Onl^  r^pondaft-tl,  on  poison  leaL  » 
Un  Jour  qo^on  le  f(aidt&ft  sur  son  grand  Age  :  «  If e  parks 
pas  si  haut ,  dif-i!,  la  Mort  m*)i  oubli^ ,  vous  la  feriez  penaer 
k  moi.  >  Chdri  et  prot^4  pur  ferment,  qui  n'eOt  pas  nxSeo^ 
demand^  que  de  faire  sa  fortune  et  de  lui  donner  des  dignity 
et  des  titres ,  11  refusa  m6me  la  place  de  pr^ldent  perp6l«iel 
de  FAcad^mie  des  Sciences,  en^isant :  «  Monaeigneor,  ne 
m'dtez  pas  la  douceur  de  vivre  avec  mes  ^ganx.  >  On  (x>n- 
nalt  ie  mot  de  Tautenr  des  Mondes  sur  Vlmitation,  qutl  «p- 
pelait  le  plus  beau  des  livres  sortfs  de  la  main  des  bommes* 
pulsque  TEvangile  n*en  est  pas ,  et  nous  ne  croyons  pas  qo^! 
parlM  ainsi  par  respect  humain.  PIron,  voyant  passer  le 
convoi  de  Fontenelle,  s'^ria  :  «Voilii  la  premiere  fois  qs'il 
sort  de  chez  lui  pour  no  pao  alter  diner  en  viUe.  »  Ses  oeamfi 
ont  ^t^  pi^bli^  en  1758,  en  1790  et  en  1825. 

AcBEET  ne  VmiT. 

FONTENOI(6ataine  de).  La  eampagne  de  Flaiid» 
en  1 745  s'ouvrit  par  le  si^e  de  Toumai ,  que  Ie  marshal  de 
Saxe  investit  k  la  fin  d^avril ,  avec  une  armiSe  fran^aise  de 
10  bataillons  "et  de  I72  ^scadrdns.  11  ^tait  impossible  aui 
HoUandais  de  rester  spectateors  olslfs  de  la  prise  dMne 
\ille  aussi  importante.  Leur  arm^  re^ut  Fordie  de  6e  rap- 
procher  de  la  place,  etle  smal  elle  vint  prendre  position  k 
sept  lienes  de  Toumai.  Toot  annon^it  one  bataflle,  k  laquelle 
LouisXy  Toulut  assister,  et  le  6  mai  U  partit  de  Ver- 
sailles avec  le  dtiuphln  et  une  i(uite  nombt'eose.  X^a  /oom^ 
do  10  et  la  nuit  suivante  se  pass^^ent  k  completer  les  dis- 
positions de  la  bataille.  Le  mar^chal  de  Saxe  ayant  laiss^ 
18,000  hommes  devant  Toumai  et  6,000'  h  la  garde  des 
communications ,  spe  trouvait  encore  k  la  t6te  de  55  bataiU 
Ions  et  91  escadrons,  faisant  environ  56,000  hommea.  Le 
centre  du  champ  de  bataille  qnM  avait  choisf,  un  pea  i^^re- 
meht  sans  doute,  ^tait  le  village  de  Funtenoi,  et  les  dis- 
positions quMl  Avait  prises  se  ressentaient'de  r6tat  encoie  im* 
parfalt  de  Tart  militaire  k  cette  ^poque.  Du  reste,  les  points 
Importants  avaient  61^  plus  ou  molns  bien  fortifies,  et 
ponts  jet^  sur  I'Escaut  devaient  faciliter  la  retraite 
troupes  en  cas  de  malheur. 

L*arm^  ennemie  se  cpmposait  de  25  bataillons  et  42 
drons  angjo-banovriens,  sous  les  ordres  du  due  de  Cam* 
berland,  qui  portait  le  titre  de  g^neralissime;  de  26  bataiHons 
et  de  40  escadrons  hollandais,  commands  par  le  jeaoe 
prince  de  Waldeck,  et  de  8  escadrons  autrichiens,  que  coBt- 
duisait  le  vieux  g^n^ral  Kcenigseck,  destind  k  6tre  Ie  modtf- 
rateur  des  deux  autres,  et  dont  il  n'est  fait  aacnne  menUoa 
pendant  la  bataille.  Cette  force  tolale  s^^levait  k  enviroa 
50,000  hommes.  L*action  s'engagea  le  1 1  mai,  k  six  heores  da 
matin,  par  une  violente  canonnade,  qui  s^^ndit  sur  toute 
la  ligne  et  dura  trois  heures.  Louis  XV,  ayant  pass^  FCscaut 
dte  quatre  heures ,  dtalt  venu  se  placer  en  avant  de  Notre- 
Dame-du-Bois ,  avec  son  filset  toute  sa  coor,  afin  de  mieux 
jonir  du  spectacle  de  la  bataille.  Vers  six  heures,  les  troupes 
alli^essemirent  en  mouvement  On  connatt  laprdtendue  ma> 
ni^re  courtoise  dont  Fennemi,  d'aprto  les  r^ts  de  IVpoque, 
aurait  abordd  les  gardes  fran^aises :  les  officiers  se  seraient  sa- 
ludsr^proqujement  k  cinquante  pasde  distance  «  Tfrer,  mes- 
sieurs des  gardes  fran^aises,  »  aurait  crii  lord  Ilay.  «  Mes> 
sieurs,  aurait  rdpondu  le  comte  d'Anteroche,  tirez  voos4ii6- 
mes;  nousne  tirons  jamais  les  premiers,  t  Les  HoUandals,  deux 
fois  repousste  avec  perte  dans  leur  attaque  sur  Antoing^ 
durent  reprendre  leur  premiere  position,  et  ne  la  qnittteen! 
plus  pendant  la  bataille.  Trois  atfaques  teut^  |>ar  les  An- 
glais sur  le  bois  de  Uarri  furent  ^alement  mallieureoses: 


FONTENOI  —  FONTEVRAUD 


55! 


Ehfin,  le  due  de  Curoberiand,  trrtt^  U  cette  perte  de 
tcmpa,  86  d^termlna  k  une  entreprise  audacieuse,  qai  devait, 
^  le  fait,  d^der  de  la  Tictoire  :  il  r^Iat  de  passer  le 
raYiD  de  FoDtenof,  malgr^  lefeu  des  redoutes  et  du  village, 
et  de  percer  par  ]k  le  centre  de  rarmte  fran^ise.  LMnfanr 
terie  aDglo-banoTrieime  a'avan^  done  en  trois  divisions, 
chacune  sar  trols  lignes,  ayant  avec  ellea  douze  canons  de 
campagne,  et  formant  on  total  d'environ  20,000  liommes. 
Malgr^  les  ^laircies  que  faisaient  dana  leurs  rangs  les  ca- 
nons de  Fontanel ,  elles  abord^rent  le  ravin ,  I9  francbirent 
et  culbut^ent,  par  la  tup^rioritft  de  leur  feu  et  le  poids 
de  leur  masse,  les  douze  bataUlons  fna^  qui  lear  ^talent 
oppose.  Dans  ce  moment,  h  en  Juger  par  le  disordre 
des  optotions  qni  eurent  lieu ,  Q  parall  que  cbacuh  perdit 
latAte. 

Jamais  n*telata  davantage  Tesprit  d'insubordination,  de 
valeur  aveugle  et  dlgnorance  qui  caract^riaa  ai  longtemps 
la  nobleeae  fran^ise  et  noua  Talut,  entre  autres,  les  d^- 
sastres  de  Crtey,  de  PoitierB,  d''Aiineourt  Cbaeun  comroaiip 
dait  au  basard,  et  peraonne  n'ob^isaait;  le  marshal  de  Saxe, 
malade,  ne  pouvait,,  au  milieu  de  ee  d^rdre,  que  se  faire 
porter  en  liti^re  ^  etl^  exbortar  les  troupes  et  lea  cbeft, 
(lonner  des  ordres,  -qui  n^^taient  pas  toujoura  suivis  ou  qui 
r^taient  mal.  tes  divisioni  ennemiea,  aerrte  rone  contre 
Tautre  par  le  r^tr^cissement  du  tenraina  et  Tonlant  mieni  r^ 
sister  aux  dlffifirents  choes,  formirent^  aprte- avoir  d^passi 
Fonteaoi,  one  masse  compaete,  qui  avait  plus  deprofondeur 
quede  front.  Ancune  aftaque  eorabin^e  et  ratsonn^  ne  fnt 
dirig^  contre  cette  colonne ,  les  r^ments  d'infanterie  de 
dcoite  et  de  gauch^  ^eux  de  la  maison  du  rot  et  do  res- 
tant  de  la  cavalerie,  ia  heurt^rent  auccesaivement  et  indivi- 
dueOement,  et  se  brisirent  centre  die,  sans  pouvoir  I'ar- 
rftter.  D6ik  elle  m,ena^t  de  eouper  les  deux  ailea  de  notre 
armde. 

Si  les  HoUandal9  eussent  alors  renouvel^  leur  attaque,  le 
d^sastre  aurait  ^t^  pareil  k  celui  de  Cr^y  ou  d^Azincourt. 
On  vit  en  ce  m6ment  ce  quMl  doit  en  coQter  de  n'avoif 
pas  une  r^rve  disponible  dlnlanterie  avec  du  canon.  Lea 
(roupesde  Fontenoi  manquaient  de  munitions ;  Tartillerie^it 
employ^allIeura.Le  mar^cbaldeSaxe,  Jugeant  la  bataille  per- 
due, allait  faire  retiree  lea  canons  dea  retrancbements.  Heu- 
reusement,  la  colonne  ennemle  n*^tait  pas  appny^  par  sa  cava- 
lerie (42  escadrons),  rest^  on  ne  salt  pourquol,  en  arri^; 
pius  beurepsement  encore,  au.  mSIlea  des  courtisans,  qui 
portaient  le  trouble  partout,  et  qui,  afin  de  contrecarrer  lea 
ordrea  du  mar^cbal,  en  demandaientau  roi,  qui  n*entendait 
rien  k  la  goerre,  il  s'en  trouva  on  dou^  d^un  coup  d'oeil  mili- 
taire,  le  due  de  Ricbelien*  II  propose  de  r^unir  quelqnes 
regiments  d^infanterie  et  du  canon  contre  la  colonne  ennemie^ 
qui ,  M  voyant  isol^  s^dtait  arrft^  et  tdnnoignait  de  Ttrr^ 
solution,  de  Tentamer  par  le  fen  de  Tartillerie,  et  de  tenter 
ensuite  une  charge  de  cavalerie  en  masse.  La  propositioa 
fut  agrd^  par  le  roi ,  qui  ne  consulta  paa,  k  ce  qu'il  paratt, 
le  mar6cbal  de  Saxe.  Quatre  canons  sontenus  par  qnelquea 
troupei  fbrent  mis  en  batterie  devant  la  colonne  dea  coali- 
s^,  ou  leur  feu  jeta  Pdbranlement  et  le  d^rdre.  Alors  una 
charge  gtodrale  de  la  cavalerie  de  la  maison  du  roi  et  de 
quelques  autres  regiments  de  cavalerie  et  dMnfanterie  Ten- 
foo^  et  la  dispersa.  Le  doc  de  Cumberland ,  ayant  rallid  sea 
troupes  le  mieux  quil  put,  sous  la  protection  de  sa  cavalerie^ 
quitta  le  champ  de  bataille  en  assei  boa  ordre.  Cette  joumte 
coOU  aox  alli^  7,000  morta  00  bleas^  2,000  priaooniers, 
40  canons  et  160  voitures  d'artiUerie;  rarmte  Aranfaise  per- 
dit 1 .700  morts  et  8,500  bless^  Les  fruits  de  la  victoiro  Ib- 
reot  la  prise  de  Toumai  et  la  coDqu^tedes  Paya-Ba8«« 
0«*  G.  ni  VADDOKGouirr. 

FONTE  VRAUD  ou  FONTEVRAULT.  L'ordre  de  Fon- 
tevraud,  compost  de  couvents  d'hommes  et  de  couvents  de 
remmes,  relevait  tout  entier  de  rabbease  de  Fontevraud,  et 
etait  exempt  de  la  juridiciion  des  ordinalres.  Cette  singula- 
rity, qui  soumettait  des  honmiea  k  Tautoritd  d'une  femme, 
avaft  poor  bnl^  dans  TeapTit  da  sea  pieux  fondateur,  Robert 


d'Arbrissel,  de  rappeler  la  sonmission  qu'avait  t^mol- 
gn^  l^apOtre  bien  aimd  k  la  m^re  du  Sauveur. 

Apr^  laroort  de  Robert  d^Arbrisse),  qui,  outre  les  convents 
du  vallon  de  Fbntevraud ,  sur  les  connns'  de  I'AnJou  et  du 
Poitou,  avait  encore  dtabll  de  nombreux  monast^res  dans 
diverses  locality,  ceux  des  Logos,  de  Chantenois,  de  I*£n- 
cloltre,de  la  Pule,  de  la  Lande,  deTu^on  en  Polton,  d'Or- 
san  dansle  Berry,  et  dela  Madeleine  d^Orldans,  snr  la  Loire, 
de  Bouboo,  le  prieurd  de  la  Gasconi^re,  le  couvent  de  Ca- 
douin,  et  enfln  celul  de  Haote-Bruy^re  au  dtoc^  de  Char- 
tres ,  d^utres  couvents  de  cet  ordre  s'^tablirent  bientOt  en 
Eipagne  et  en  Angleterre,  et  se  multipli^rent  en  France  dana 
toutas  lea  provinces  du  royaume.  La  maison  des  Filles* 
Dleo,  fondte  k  Paris  par  uint  Louis,  et  r^uite  k  deux  ou 
trols  reHgieuses ,  fut  donnte  k  Tordre  de  Fontevraud  par 
Charles  VIII,  en  1483,  sons  le  gouvemement  de  Vabbeise 
Anne  d'Orl^ans^  soeur  do  Louis  XII. 

Parmi  les  nombrenx  privities  qui  fbrent  accord^  k  cet 
ordre  par  les  souveraln$  pontifes,  nous  devons  en  remarqner 
nn,  de  I*an  1145,  par  lequel  Eugtoe  III  affranchH  les  reli- 
gieux  des  dpreuves  de  Teau  bouillante  et  de  l*eau  froide ,  du 
fer  chapd  et  des  autres,  ordonnant  quMIs  ne  aeraient  plus 
oMig^  k  Justifier  leur  pretention  que  par '  la  voie  de  t^ 
moins. 

Les  religieux  de  Fontevraud ,  sounds  d*abord  k  la  r^e 
de  Saint-Benoit,  ae  qualiflaient  ndanmoins  de  cbanoines  rd- 
guliera,  et  avaient  embrand  celle  de  Saint-Augnsthi,  lors- 
qu'une  r^forme^aolHcit^  par  Marie  de  Bretagne,  vingt-sixi^- 
me  abbesse,  porta,  en  1450,  quelque  rem^e  au  d^sordre. 
Mate  cette  tentative  n*ayant  point  satisfait  la  pi6t6  de  Tab- 
besse,  elle  se  tetira  k  Tabbaye  de  la  Medeleine  d'Orl^ans, 
pour  y  dtablir  une  rdforme  plua  s^euse.  Aidte  des  religieux 
des  ordres  de  Saint>Fran^is,  des  Chartreux,  et  des  C^lestins, 
die  puisa  dans  les  constitutions  de  Robert  d^Arbrissel ,  dans 
les  regies  de  Saint- Benolt  et  de  Salnt-Augustin,  et  en  forma 
une  r^e  nouvelle,  qui ,  approuv^  par  le  pape  Sixte  lY,  en 
1475,  s'dtablit  roalgrd  de  nombreuses  r^istances  dans  toutea 
lesmaisons  deTordre,  sous  le  gonvernement  d^Anne  d'Or- 
l^ans  etde  Ren6e  de  Bourbon,  de  1475  k  1507.  Cette  der- 
ni^re  abbesse  avait  donn6  Texemple  de  Tobservation  de  la 
rigle  en  falsant,  entre  les  mains  de  Louis  de  Bonrbon,  6vt' 
que  d'AvrancheSj  en  1505,  voeu  de  cloture.  Son  autoritd, 
6branl^  quelqnes  fnstanta  par  les  religieux,  qui  Pavaient 
forc^  k  se  soumettre  k  leur  surrdllance  malgr^  les  sta- 
tuts  de  I'ordre ,  fut  r^tablie  par  arr^t  du  grand  conseil,  en 
1520,  et  confirm<Se  par  le  pape  Clement  VII,  en  1523. 

DenouveUes  tentatives  eurent  encore  lieu  sous  le  gonver- 
nement de  Jeanne-BapUste  de  Bourbon-Lavedan ,  pour  eta-« 
blir  au  profit  des  religieux  de  cet  ordre  une  sorte  dMnd6- 
pendance  envers  Tabbesse;  mais,malgr6  une  bulledUr- 
bain  VIII ,  la  nouvelle  r^e  ne  Ait  point  mise  k  execution, 
et  un  arr^t  de  Louis  XIII,  du  8  octobre  1641,  r^tablit  et  con- 
flrma  la  rtformede  1475,  approuv6e  par  Sixte  {T,  ordonnant 
qu'un  factum  compost  par  les  religieux,  et  injurleux  k 
rordre,  (ttt  lac^r^  H.  Boucarrr^ 

II  etalt  pass6  en  usage  que  Ton  envoyftt  k  Fontevraud  les 
filles  de  France^  pour  y  6lre  tievte  dans  leur  jeunesse.  L'ab- 
bene  appartenait  preaque  toujours,  par  des  liens  legitimes  on 
f Uptimes,  an  sang  royal.  M"><  de  Pardaillan  d*Antin,  arri^ro* 
petite-lille  de  UT  de  Montespan,  qui  ^tait  en  1789  abbesse 
de  Fuutevraud,  tiralt  de  ce  bto^fice  plus  de  100,000  livrea 
de  rente.  Ct  ricbe  et  puissant  institut  ^tait  divis^  en  quatre 
provinces  :  France,  Aqultaine,  Auvergne  et  Bretagne.  La 
premite  ranfermait  quioze  prieur^y  la  seconde  quatorze, 
la  troiai^ne  treize,  la  quatriteie  treize. 

La  royale  abbaye  de  Fontevraud  est  transform^  depuis 
1804  en  une  maison  centrale  de  detention.  Des  cinq 
6glises  qu^elle  renfermait,  il  n*en  reste  plus  qu*une,  la  plus 
grande  de  toutes,  vemaaquable  monument  du  douzl^e 
6'tele.  On  rapportc  kAh  m^me  ^poque  la  eonstruction  de  la 
tour  d^£douard,  qui  s^^l^ve  encore  dans  la  seconde  cour,  au. 
milieu  des  b&tbiienlft^madenies,  aveo  see  murs  noirda  et  sib 


653 


FONTEVRAUD  —  FORAGE 


mawe  pyramidAle.  C^tait  aatrefois,  k  ce  que  l*on  crcH,  one 
chapeUe  a^palcrale,  placte  aa  milieu  d^iin  cimetito.  Quatre 
fttatues  mutilto  de  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  d*£lteiiore  de 
Guyenne,  sa  femme,  de  Richard  Coeur  de  Lion  et  d'filisabeth, 
femme  de  Jean  sans  Terre,  ?oiU  toot  ce  qui  reste  du  fa- 
meax  dmeti^re  od  dormaient  les  Plantagenets. 

Le  bourg  de  Fonteyraud  est  entour^  de  bois;  U  est  peupM 
de  1,500  individus,  se  trouve  i  12  liilomitres  de  Saumur,  et 
Cut  partiedn  d^partement  deMaine-et-Loire. 

FOKTICULE  (de  Jbntieula ,  diminutif  de  Jbfu,  fon- 
taine).  Voyei  CautIrb. 

FONTIS.  Voyez  CARRihiB. 

FONTS,  FONTS  BAPTISMAUX,  FO^TS  DE   BAP- 
T£ME,  fonts  SACR£S,  Taisseau  de  pierre,  de  marbre  ou  de 
bronze,  qu^on  trouve  dans  les  dglises  paroissiales  et  succur^ 
sales,  contenant  Tean  b^nite  dont on  se  sert  pour  le  bap- 
t^me.  Autrefois  ces^bnfs  ^taient  dans  un  bAUment  s^r^, 
qu'on  nommait  le  baptist^e.   On  les  place  maintenant 
dans  rintdrieur  de  T^ise,  prte  de  la  porte,  ou  dans  une 
chapeUe.  Lorsque  le  baptfime^tait  administr^par  immersion, 
les/on/4  ^talent  en  forme  de  bain;  depuisquMl  s*administre 
par  infbsion,  il  n'est  plus  besoin  d*nn  Taisseaa  de  si  grande 
capacity  Les  l^endes,  les  ehroniqaes,  neontent  que  dans 
les  premiers  sidles  de  l*£glise  il  ^tait  assez  ordinaire  que  les 
fi^nts  se  reroplissent  miraoileusement  h  Piques,  temps  oik 
Ton  baptisait  les  cat^umtaes.  Posserin ,  ^T^ue  de  Lily- 
Me,  pretend  qu'en  417,  sons  le  pontificat  die  Zozime,  il  y  eut 
erreor  pour  li  cd^ration  de  la  Piques,  et  qu'on  cbdnui 
cette  ffite  k  Rome  le  2b  mars,  tandis  qu^on  la  chdnudt  le  22 
ATril  II  Constantinople.  Mais  Dien  dtoontra  cette  erreur  dans 
un  Tillage  du  patrimoine  de  saint  Pierre,  od  les>bnte,  au 
lieu  de  se  rempUr  k  la  premiere  ^poqoe,  ne  se  trouvftrent 
pleins  qu*&  la  seconde.  Gr^goire  de  Tours,  Baronius,  Tille- 
mont,  rapportent  de  nombreox  exemplesde  cesybn^5  mi- 
raeulenx.  Dans  T^ise  romaine  on  (kit  solennellement,  deux 
fois  Tann^e,  la  b^nMidion  desJbniSf  la  Tdlle  de  Piques 
et  la  Teille  de  la  Pentecdte.  Les  oraisons  qu'on  y  r^te  sont 
line  profession  de  foi  trte-dloquente  des  effets  do  bapt^me 
etdes  obligations  qu*il  impose.  L'tiglise  demande  i  DIeu  de 
ikire  desoendre  sor  Teau  baptismale  la  Terta  du  Saint-Es- 
prit,  de  lul  donner  le  pouYoIr  de  r^gfadrer  les  imes,  d'en 
efTacer  les  souillores,  de  leur  rendre  lear  primitive  inno- 
ci^nce.  Ob  m^le  i  oette  eau  dn  saint  cbrime ,  symbole  de 
Tonction  de  la  grice,  et  de  lliuile  des  caCMumtoes,  sym- 
bole de  la  force  du  baptist ;  on  y  plonge  le  cierge  pascal , 
qui  par  sa  lumi^  rappelle  Y6c\ai  des  Tertos  et  des  bonnes 
<£UTres.  Cette  b^n^iction  des  Jbnts  est  de  la  plus  baute 
antiquity  :  saint  Cyprien  dit  qu*elle  ^tait  en  usage  an  troi- 
si^me  sitele;  et  saint  Basile,  au  qnatritoie,  lacite  comme  une 
tradition  apostoliqne. 

FOOTE  (Samuel),  teriTain  satirique,  auteur  drama- 
tique  et  aetenr  anglais,  tumomm^  le  funtvel  Aristophanes 
n6  en  1719,  i  Tnro,  dans  le  pays  de  Comouaflles,  iuTenta  un 
genre  de  pieces  aussi  commodes  i  cr6er  qu*i  reprdsenter,  et 
qui  iui  ont  valo,  i  la  fin  dn  dlx-buiti^me  siMe,  une  cdM- 
brit^  ^le  i  son  Impudence  et  bien  supMenre  k  son  talent 
Dissipateor  ruin^,  n*ayant  touIu  proflter  d'aucune  des  foci- 
lit^  que  son  p^re,  membre  des  communes,  Iui  sTait  don 
nta  pour  entrer  dans  la  carrite  du  barrean  ou  de  la  poli- 
tique, il  se  Tit  r6duit,  en  1744 ,  i  embrasser  la  profession 
de  com^en,  et  d(^buta  sans  aoccte  dans  le  role  d^Othello. 
Trois  ans  plus  tard,  il  imagina  d*exploiter,  au  profit  de  sa 
fortune  d^truite  et  de  ses  avides  plabiis,  la  faculty  mimtque 
que  la  nature  Iui  avail  d^partie.  En  efTet,  il  savait  tiis-bien 
contrefoire  la  voix,  le  ton,  les  gestea,  la  d^amation,  la  con- 
versation, les  attitudes  des  personnes  quil  avait  vuea.  Aprte 
avoir  pass^  quelqne  temps  i  Batli  au  milieu  des  jouenrs.  et 
quelques  molA  dans  une  prison  pour  dettes,  oiH  il  expia  ses 
plaisirs  pisste,  11  prH  la  direction  du  tbtttre  de  Hay-Market, 
quMl  consacm  ddsormaia  exclusivement  h  la  parodie  de  sea 
amis,  de  ses  ennemis  et  des  Indifldrents,  et  dont  il  se  chargea 
4l'alimenter  la  sotoe  avec  des  ouvrages  de  sa  fa^on,  dans  Ics- 


quels  il  jouait  lui-mtene  le  r61e  prindpaL  H  ne  le  doaaall 

la  peine  ni  dMnventer  des  situaiions  ni  de  crte-  des  did»- 
gues  :  tout  se  bomait  h  nne  caricature  trte^eceDto^e  di 
certains  personnages  eonnus.  On  4talt  en  1747.  Les  bkbik 
nooveOes,  moeurs  semi-dteiocretiques,  autorisaieBt  et  pro> 
t^geaient  cette  licence.  Foote  ne  respectait  ni  le  mtlbeor, 
ni  la  vertu,  ni  Tamitid ;  les  DHBurs  constitutionnelles  et  con- 
merdales  ne  sont  pas  de  leur  nature  amusantes  :  oa  alls 
cherchei  one  distraction  cyniqoe  et  un  pen  grossiire  dia 
Foote,  qui,  enbardi  par  ce  snoe^,  devint  tttrM  dun  hi 
attaques;  bientOt  il  les  transforma  en  spallation  meren- 
tile,  et  fit  circiiler  d'avance  la  terrenr  des  parodies  qo'il  m 
premettait  de  mettre  en  sctoe  oo  quH  r^pStait  i  boii  dot. 
Ce  moyen  de  faire  transiger  les  timides  et  d'ouvrir  la  bonne 
de  ceux  qui  voulaient  que  Foote  les  lalssit  en  pilx  i^nl 
auprte  d'un  grand  nombre  de  dupes ;  mais  Tautorit^  fioit  pv 
Cure  former  sa  salle. 

A  partir  de  1752 ,  Foote  Joua  altenativement  I  Loadm 
et  i  Dublin.  Le  seul  de  ses  nombreox  oovrages  qui  soit  reilt 
aur^pertoire  estTAe  Jfajror  q/Gorrtol.Malgr^rampirtatioft 
d'une  jambe,  quil  Iui  fallut  aubir  par  auHe  d'one  ebotede 
cheval  (1766),  iln*en  resta  pas  moins  oomMlen, et le  fl 
des  rdlea  dans  lesquels  sa  ]ambe  de  bob  troovait  on  afik 
emploi.  D*ailieursy  11  ne  laissa  pas  non  plus  que  d^^prooicr 
quelques  dtegrtoents  et  quelques  d^faites  dans  sescnifici 
de  chantage  dramatiqoe.  George  Faulkner,  libraire  deDi* 
Uin,  avait  nne  Jambe  de  bcfs  ^  son  infirmity  ayant  Hik  mm 
en  sctoe  par  Taudadeux  bouffon,  il  le  tratna  i  sontoor  d^ 
vant  les  tribunaux,  qui'  Iui  allouirent  des  dommages4iitA<b 
considerables.  La  calibre  dudiesse  de  Kingston,  dont U 
bigamie  et  la  beant^  firent  tant  de  bralt,  repoossa  de  mten 
les  obsessions  et  les  menaces  de  Foote,  qui  Iui  offtaK  de 
supprimer,  moyennant  finances ,  la  caricative  de  la  dndicae 
sous  le  nom  de  Lady  KHty  Crocodile. 

Le  scandale  public  provoqud  par  un  procte  que  loi  is- 
tenta  un  dome»tique  congddi^,  et  qui  l*aocasa  de  Iui  SToir 
tail  de  bonteuses  propositions,  acbeva  deperdre  de  r^poli- 
tion  ce  pr^tendu  Aristophane,  qui  sedisposait  i  aller  cidier 
sa  lionte  dans  qudque  ville  du  midi  de  la  France,  quad  nse 
attaquedeparalysierenleva,le21octobrel777,iDoofrekU 
baute  soci^,  qui  se  plaisait  h  cette  Impudence,  Iui  a  Ut^ 
ver  un  ofootaphe  i  Westminster.  La  vi  vacitd  et  resprit  qoi  le 
distinguaient  n'atte^aient  ni  le  g^nie  ni  mime  ce  di^  de 
talent  qui,  sans  eicilcer  le  souvenir  dee  torts  et  des  imnion* 
lit^,  pent  laisser  une  trace  dans  PhTatoire  littirsire  dn 
peoples^  Les  JIf emoirs  qf  Samuel  FOote  publids  par  Gooke 
(Londres,  1805)  abondenten  piquantes  anecdotes  mr  eel 
dcrivain,  dont  les  GBuores  eomplMes  ont  dtd  r^mprimtoi 
diverses  reprises.  Ptiilarite  Cbaslb. 

FOQUEXUSy  sede  japonalse,  qui  adore  spdeUenttt 
ledieu  Xaca,  et  dont  la  r^le  se  rapprocbe  de  cdledeaoi 
moines.  lis  vivent  en  common,  et  se  Invent  la  noit  pour 
cbanter  des  bynmes  ou  rteiter  des  pri^res  en  llionoeorde 
leur  idole. 

FOR  (du  latin /ortim),  place  pobliqne  od  Too  reodait  b 
justice.  C*est  de  ii  qn'i  Paris  la  place  oii  s*exercait  jadtf 
la  justice  temporelle  de  Tarehevique,  et  qui  ^tait  deieaoe 
Tune  des  prisons  dela  capitale,  s'appdait  le  For-rMvi- 
que  (Forum  Spiscopt).  Ce  mot,  qui  n'est  guire  employ^ 
qu'en  jurisprudence ,  ^gMeJurldietion ,  tribunal  partictt* 
Her.  C*est  dans  ce  sens  qoe  Ton  dlt  le  for  M&ieur,  UM 
extMeur,  Cdoi-d  n^est  autre  chose  que  rantoiitd  de  la  jo»- 
tice  liomaine,  qui  s'extree  sur  les  personnes  et  sor  k^ 
Mens  avec  plus  on  moins  d'dtendue,  adoo  la  quaint  de 
ceux  k  qui  Pexerdce  en  est  confid;  tandis  que  le  for  ial^ 
rieur  est,  par  opposition,  le  triboaal  de  la  e  onseienee,  U 
voi!(  intiroequi  ne  fait  quindiquer  oe  que  la  verto  prescrit 
ou  ddfend. 

FORAGE.  Lorsqu'il  a*agit  de  creoser  dans  one  mati^ 
qiielconque  one  capadtd  eyiindrique  d'on  diamMre  dder* 
mini^,  on  la /ore,  au  moyen  d*0B  instrumeBtnomoi^/of '^ 
lout  le  trancliant  est  de  la  largeor  du  diamdredu  cyiiadn- 


FORAGE  —  FORBIN 


55« 


Vdmedea  b ouches^  feu,des  canonsetdes  canons  de 
fusil  re^it  dn  forage  m  forme  et  ses  dimensions  :  il  faut 
done  que  les  grandes  fabriques  d'arraes  soient  pounrues  de 
mfeanismeA  pour  ex^cnter  cette  operation ;  oes  m^canismes 
sent  des/oreH«5,  mises  en  mouTement  sott  par  des  roues 
hydrauliqoes,  soit  par  d'autres  moteurs  plus  puissants  que 
les  bras  des  hommes  qu*on  pourrait  employer  an  mtoe 
teTail.  De  quelque  mani^  que  les  foreries  soient  cons- 
truites,  elles  doivent  impHmer  nn  mouTement  de  rotation 
autour  de  Taie  du  cylindre  quHl  s'agH  de  creuser,  et  un 
mouvement  de  translation  suivant  le  mtoe  axe.  Pour  le 
forage  des  bouches  k  fen ,  c'est  ordinairement  la  pi^ce  k 
forer  que  l*on  fait  tonmer,  et  le  foret  que  I'on  fait  aTaneer 
en  le  dirii^eant  dans  le  sens  de  Taxe,  et  en  le  soumettant 
k  une  pression,  assezSforie  pour  que  Fop^ration  ne  dure  pas 
trop  longtemps ;  Texp^rienoe  seule  peut  donner  la  mesure 
de  oette  pression ,  qui  ne  doit  pas  excMer  les  iimites  de  la 
r^lstance  du  foret,  ni  ralentir  le  mouTement  de  rotation 
au  prejudice  du  r^sultat  que  Ton  veut  obtenir.  L'op^ration 
est  bien  conduite  si  la  quartit6  de  m^tal  enley^  par  le  foret 
dans  un  temps  donn^  est  la  plus  grande  qu'il  soit  possible 
d^obtenir  :  or,  il  est^Tidoit  que  Ton  peut  eiercer  sur  le  fo- 
ret une  pression  telle  que  cet  instrument  casserait,  ou  que 
le  mouTement  s'arrftterait,  et  que  par  eons^ent  Teflet  se- 
rait  nuL 

Dans  les  foreries  de  canons  de  fusil,  le  mouvement  de 
rotation  est  imprim^  aux  forets;  et  cesont  les  canons  Ik  forer 
qui  ayancent,  suivant  Taxe  de  rotation ,  k  mesure  que  Pex- 
cMant  de  ro^tal  est  enler^.  Gomme  cet  exeunt  est  peu 
considerable,  les  bras  d^un  eniant  appliqu^  k  I'extr^t^ 
d*un  IcTier  suflisent  pour  op^rer  It  la  fois  la  pression  et  le 
mouvement  de  translation  dont  on  a  besoin;  en  softe  que  oes 
foreries  peuTent  donner  de  I'occupation  k  presque  tons  les 
indiTidus  d^nne  famille  d^ouTriera.  Cet  avantage  est  acbet^ 
ao  prix  d^assex  grayes  inconY^nieBtB  quMl  faut  supporter, 
teb  gu^nn  s^jour  prolong^  dans  un  air  humide  et  charge  d*^ 
manations  dliuiles  ranees,  rindyitable  malproprete  des  y^- 
ments,  I'attitude  tonjours  la  m^me  que  ces  oifants  doiyent 
garder  durant  tout  le  trayail,  etc. 

Lorsqu*on  est  dans  le  cas  d*ex6cuter  des  forages  sans  m4- 
canismes  destine  sp^cialement  k  ce  trayail ,  le  foret  est 
charge  dn  double  mouyement  de  rotation  et  de  translation, 
la  pitee  k  forer  etant  fixe.  Les  bras  des  ouyriers  sont  alors 
la  setile  force  motrice  que  I'on  puisse  employer.  Les  m^ca- 
niciens  ont  souyent  besoin  de  forer  ainsi  les  diyers  mate- 
ria ux  dont  ils  font  usage. 

Le/oro^edes  p  ults  art  ^siens,  que  Ton  pourrait  nora- 
mer  puUs/ordSf  n*est  qu'un  forage  prolong^  jusqu*aux  eaux 
ioaterraines  qui  peavei^  6tre  raroenees  k  la  surface  du  sol 
et  la  mise  en  place  d'un  conduit  pour  maintenir  r^coule* 
ment  de  ces  eaux.  Firry. 

FORAIN9  qualification  qui  dans  I'ancien  droit  flran^is 
etait  souyent  synonyme  d'iiranger  :  ainsi,  I'on  dlsaitindif- 
f^remment  foridns  on  aobains.  Par  marclumds  Forains,  on 
eatoidait  soit  les  marchands  strangers ,  soit  ceuxqui  se  ren- 
daient  k  une  foire.  On  appelait  traites  foraines  les  droits 
percus  II  IMmportation  ou  k  Texportation.  Au  ChAtelet  de 
Paris  il  existait  une  cbambre  designee  sous  le  nomde  ehcmi' 
brefaraine  on  de  /ri^na/ /orain,  dont  les  stances  se 
tenaient  ayant  celles  de  la  cbambre  civile ,  dans  la  mtoie 
salle  et  avec  Tassistance  des  m6mes  juges.  C*etait  unejuri- 
diction  sommaire,  etabiie  pour  oonnattre  des  demandes  et 
contestations  se  rapportant  au  commerce  des  bourgeois  de 
Paris  ayec  les  strangers.  Elle  avait  son  importance,  puisque 
l*o8age  accordait  aux  bourgeois  des  yiUes  d^arrit  la  contrainte 
par  corps  centre  leurs  d^biteurs  farains,  Aujourd'hui,  le 
moi  forain  n'a  plus,  k  beaucoupprte,  une  signification  aussi 
etendue.  Nous  appelons  bien  encore  marchands  JorcUns 
les  colporteurs  acbetant  dans  un  lieu  pour  revendredans  un 
autre,  le  producteur  qui  transporte ,  poor  les  yendre,  les 
denrte  qull  a  r^colt^es  ou  les  marchandises  quMl  a  fabri- 
qu^es,   mats  surtout  une  classe  dlmmmes  ne  s'occnpant 

DICT.  DB  LA  CORTERS.   ~  T.   IX. 


qu'lt  rassembler,  par  des  adiats  partlds  feits  imme^Uenuanl 
aux  prodnctenrs,  de  fortes  quantit^s  de  denrte,  de  eomei* 
tibles,  qulls  transportent  ensnite,  pour  les  reyendre  dans 
les  bonrgs  et  villes  leplus  lileur  port^e. 

F0RAMINIF£:R£S  (  de/oramen,  trou,  et/erD,Ja 
porte ).  Ge  nom,  qui  signifie  porte-trma^  a  €^  donn^  k 
des  coquilles  polythalames  sans  siphon,  ofTrant  une  ou  plo* 
sieurs  ouvertures ,  qui  sont  en  general  de  petite  taille,  ex« 
cepte  tes  nommulites,  dont  la  grandeur  est  moostrueuse  re* 
latiyement  aux  autres.  On  avait  cro,  k  cause  de  la  polytha* 
Iamit6  de  leur  test ,  pouvoir  les  rapprocber  des  niollusqnet 
cephalopodes ,  boos  le  nom  de  cipkdlopodes  microseo^ 
piqttes.  La  description ,  fort  inexacte  d*abord ,  de  Panimal  a 
ete  fUte  ayee  beaucoup  de  soin  par  M.  Dujardin.  II  r^sulte 
de  ses  recbaxibes  que  ce  groupe  d*esp6ces  d*animaux  trds- 
cnrieux  ne  doit  plus  figurer  dans  la  classe  des  moUosques , 
et  que  la  place  quMl  conyient  de  lui  assignor  doit  fttre  dans 
les  demi^res  families  du  r^gne  animal.  Les  foraminif^res 
comprennent  des  esptees  yiyantes  et  d*antres  fossiles.  Ces 
demi^res  constituent  k  elles  seules  des  masses  immenses  de 
sables  et  de  yastes  couches  qui  abondent  snrtout  dans  les 
terrains  tertiaires;  on  en  tronye  aussi  dans  les  terrains  se- 
condaires,  dans  la  craie  de  Meudon,  le  calcaire  de  Caen,  le 
calcaire  jurassique,  et  dans  les  sables  de  pays  fort  dloign^s, 
en  ^pte,  dansTInde,  dans  rOc^anie,  en  Am^rique,  etc. 
Les  esptees  yiyantes  ne  sont  pas  encore  assei  bien  connoes. 
Les  foraminifires  ont  4tA  eiey^a  par  M.  A.  d'Orbigny  au 
rang  de  classe,  et  diyis^s  en  dnq  ordres,  qui  ont  M  appel^s 
les  tnonotigues,  les  stichostigties,  leAMlicottigues^  les  en- 
tomost^eSfks  enallostigueSf\ei  ogaihUt^gues,  Cbhcune 
de  ces  fbnilles  renferme  plusienrs  genres.  Ep  raison  de  la 
simplicity  de  Torganisation  de  ces  animaux  et  de  la  ma- 
ni^re  dont  se  fait  leur  progression,  M.  Dujardin  leur  a 
donne  le  nom  de  rhyzopodes  et  dHf\fusoires,    L.  LxuRE^rr. 

FORBAN*  Pirate,  fbrban  sont  deux  mots  presque  par- 
tout  employes  comme  synonymes.  II  y  a  pourtant  une  diffe- 
rence entre  le  forban  et  le  pirate.  Tout  le  monde  comprend 
la  signification  du  mot  pirate  :  il  a  sa  radne  dans  Tanti- 
quite ;  mais  Jordan  est  plus  modeme ,  il  date  du  moyen 
Age.  Aux  beaux  jours  de  la  feodalite,  la  guerre  maritime 
n*etait  qu*une  lutte  decorsaires;  les  petits  princes  en 
hostUite  publiaient  la  guerre  par  un  ban  ou  proclamation , 
et  la  course  s*orgftnisait...  Or,  representei-yousce  qu'etaient 
ces  cocsaires,  dont  les  equipages  « juralent  devant  un  pretre 
que  de  tout  ce  quMls  pourraient  prendre  ou  derober,  or, 
argent,  b^oux  et  autres  choses  de  yaleur,  ils  n'en  reveie- 
raientaucune  chose  k  la  justice,  ni  aux  proprietaires  anna- 
teurs,  ni  k  d*antres,  et  quails  en  teraient  le  partage  entre 
eux.  >  Quand  les  hostilites  ayaient  cesse,  on  proclamait  ie 
ban  de  paix ,  qui  supprimait  la  course  et  d^larait  hars' 
ban ,  fors4fan  ou  forban ,  fletrissait  et  condamnait  k  mort 
le  corsaire  qui  soudain  ne  deposerait  pas  les  armes  pour 
rentrer  dans  la  vie  civile.  Mais  les  lois  ne  peuvent  operer 
des  miracles;  leur  voix  se  perdait  dans  le  vague,  et  mille 
ecumeurs  de  mer  continuaient  la  course  d^apres  Timpulsion 
acqnise;  ils  pillaient  Penoemi  qu'ils  avaient  Thabitude  de 
piller,  et  ils  n*etaient  plus  que  dmforbans!  Qu^est-ce  done 
qu*unforl>an?  Un  corsaire  dont  les lett res  de  marque 
ont  cesse  d^avoir  leur  effet.  L'histoiredes/ll6ff«fier5est 
une  histoire  des  forbans.  Ainsi  qu*apres  une  plnte  d'orage 
on  voit  des  myriades  de  reptiles  couvrir,  comme  une  nuee, 
la  terre  dans  le  yolsinage  des  marais ,  ainsi  apr^s  une  guerre 
maritime,  sorgissent  tout  k  coup  dans  certains  lieux  des 
multitudes  de  forbans.  II  y  a  des  parages  qui  semblent  les 
repaires  naturels  de  ces  corsaires  dechus  :  ce  sont  certaines 
lies  de  TAmerique,  les  tlots  du  l>anc  de  Bahama,  quelques 
points  du  golfe  du  Mexique,  et  dans  les  Indes  orientates 
les  nombreux  arcfaipels  que  traverse  jusqu'li  la  Chine  et  au 
Japon  le  commerce  maritime  des  deux  mondes. 

Theogene  Page.        ' 

FORBIN  ( Famille  de ).  La  maison  de  Forbin  a  ter.a 
le  premier  rang  parmi  les  plus  illostres  de  Provence  par  NA 


M4 


FORBIN  —  FORBIN  DES  ISSARTS 


iPCMWDet^  ei  par  ieR  grinds  iiinrlaiuiages  qii*ell^  a  prodatto. 
Mprvrmr  rang il  faui  compter lecomte de Forbin, grand 
iKunine  de  mer  soiia  Louis  XIV ,  ^  quinoos  consacrerons 
line  notice  sp^iale.  Lea  g^n^ogiBtea  donnent  k  la  maison 
46  Forbm  une  origine  commune  avec  lea  aeigneura  de  Fprbes, 
Iprda,  at  premiers  barons  d^^coase,  qui  tirent  leur  nom  d'une 
•Cignearie  du  comt6  d' Aberdeen.  Ce  qu^il  y  a  de  mieux 
tobU,  c'est  qu^elle  6tatt  d^k  consid^rabie  au  temps  du  roi 
Sen^,  qui  la  earact^risait  par  oe  dicton  :  vivaeiU  <PesprU 
4^$-  Forbins.  Getie  maison  a  produit  une  foule  de  branches, 
4ont  les  principales  ^taientoeUes  de  ForHatJanson  ,d^Op» 
fM«>  de  Forbins  des  IssarU^  etdeS  Gardanne^ 

Palamide  db  Forbin  ,  dit  le  Grand^  ae^gneor  de  Soliers , 
gonYerneur  de  Provence  et  lieutenant  do  roi  en  Dauphin^, 
ic  signaia  par  une  grande  habilat^  et  nne  rare  experiences 
jLouis  XI  ne  n^Ugea  rien  pour  se  rattadier^  et  PalamMe 
Mi  de  Finfluence  qu'il  aTait  sor  Feaprit  de  Charlea  lY ,  doc 
d'Ai^ou,  comte  de  Provence  et  roi  de  Naples,  pour  le  d^- 
ilder  k  laifiser  sea  £tati  au  roi  de  France*  Louis  XI ,  rtoon- 
Mlssant,  lenomma  son  gouvameur  et  lieutenant  gto^ral  en 
FrofflBCe^  kcbaiigeaut  d*<en  piendre  possession  et  de  rece- 
tdr  id  sermeat  de  fid^it^  des  gentiisliommes  et  ofiliciers.  La 
iBTeur  royale  lui  .vakit  bon  nombre  d'envlem  et  d'ennemls. 
Les  attaqoes  de  la  calomuie  tebouM«nt,  il  est  vrai,  centre 
fill  pendanl  le  c^e  de  Louis  XI;  mais  eUes  triomph^rent 
ioaa  celul  de  Gbarlea  VIU ,  et  Forbin  fut  oblige  de  rteigner 
tootes  ses  fbnctions.  11  mourut  en  1508. 

louiS'NicelaS'PhiHppef'Augiuie  i  comCe  de  Fobbin,  n^ 
en  1777,  au  cbftleau  de  laRoqoe  d'Antberon,  en  Provence,  ftit 
t§^  en  naissant  dans  Tordre  de  Malta,  et  vlt  p^rir  sous  ses 
ymoL  son  p^re  et  son  oncle  aprto  le  sidge  de  Toulon  en 
1703.  IMnud  de  ressources,  il  trouva  un  asile  chez  Botssieo , 
bablle  desslnateur  lyonnais.  Son  goOt  poor  la  peinture  fbt 
eontrarid,  k  diversea  reprises,  par  la  n^ceasitd  de  prendre  du 
service;  mais  sa  vocation  devait  triomplier  des  obstacles. 
Jtomine  cbambellan  de  la  princesse  Pauline,  il  jouit  quelque 
tanps  d'une  grande  faveur  k  la  cour  imp^ale.  II  est  auteur 
4m  paroles  de  la  romance  Pariant  pour  la  Syrie ,  dont  la 
>Mislque  est  de  la  reiae  Hortense.  IMsireux  de  reprendre  son 
laddpendance^  ilallase  fixer  k  Rome.  En  1817  et  1818,  il 
f  oyagea  en  Grtee ,  en  Syrie  et  en  t^yptb.  A  son  retour,  il 
lot  charge  de  Tinspection  gendrale  des  beaux-arts,  et  obtint 
6Bsntte  la  place  de  directeur  g^ndral  des  muaees  de  France, 
4li*il  oonserva  juaqu'^  sa  mort,  arrivee  en  fdvrier  1841.  11 
Mail  lieutenant-colonel  d'etat'OMJor  et  membre  libre  de  TA- 
lademie  des  Beaux^Arts. 

FORBIN  {  Claodb,  comte  oa) ,  naqnit  le  6  aodt  1656, 
M  village  de  Oardanne,  prte  d*Aii  en  Provence.  II  fit  ses 
^mi^es  armes  dana  la  -Mediterranee,  comuw  garde^ma- 
rine,  sous  les  ordres  du  martehal  de  Yiyonne ,  puia  U  se 
limiva  parmi  lea  mouaquetaires  au  aiegiB  de  Oonde.  Aprte 
^neiquea  mauvaises  aflUrea  od  Favait  jete  sa  vivacity,  il 
fientra  dans  la  marine,  avee  le  grade  d'enaeigne  de  vaisseau, 
tl  lit  la  campagne  du  comte  d'E  s  t  r  6  e  s  sor  les  ofttes  de  TA- 
■i4rique ,  dans  laqueUe  il  apprit  rtellement  le  metier  de 
•sarin;  eufln,  en  1682,  il  aasista au  bombardement  d'Alger 
pu  Duquesne.  11  avail bien  servi ;  maia  pour  obtenir  une 
rteompenao  U  lallait  autre  chose  que  du  mdrite.  Fortin, 
latalligentet  fin ,  sentit  gu^une  campagne  k  Paris  serait  phis 
frnctneuse  pour  aa  fortune  mflitaire  que  dk  ans  de  combats 
it  de  courses  lomtaines;  11  vintdoncsollidter  les  favours  de 
la  cour,  ety  k  Taide  d'une  pcoteotioa  eeelMairtlque ,  il  ob 
Ifait  le  gradede  Ueutenant  de  vaisseau.  Ensuite);  11  paitit  pour 
Usboiine.  LI ,  peataat  toiuoara  contra  le  maovmis^tat  de 
•0S  finances,  il  specula  snr  la  miste  d^une  femille  juive 
pioscrite,  et  hfl  fit  payer  la  proltctloa  du  pavHIen  national ; 
poiSy  avec  Vargent  qu'il  se  pnocura  par  ce  moyen ,  il  tenta 
«n  coup  de  eonunaree  et  de  contrebande  aur  le  fabac.  Un 
•anfrage  fit  justice  de  oe  bien  mal  acquis. 

Vm  oette  dpoque ,  le  roi  de  Slam  anvoya  une  ambassade 

k  Paris  avec  des  pr6sents  et  rodre  d'on  dtablissement  sur 

tie  fieuve  de  Siam.  Louis  XIY  rendk  ambassade  poor  am- 


bassade, d^p6cha  k  Siam  des  abb^s,  des  momee,  des  pires 
jteuites ;  le  jeune  chevalier  de  Forbin  partit  avec  cette  cara- 
vane  en  quality  de  major  de  I'ambassade,  et  passa  au  senice 
de  sa  majesty  siamoise.  IMgoQl^  bfen  vlte  des  fourberies  do 
minUtre  f^vori,  qui  souvent  attenta  1^  sa  vie,  il  par^int 
k  s'enfuir,  el  repriten  1688  son  rang  dans  les  cadres  de  la 
marine  n-an^eise.  En  ce  moment  la  guerre  l$clata  entre  la 
France  et  I'Angleterre ;  on  lul  confia  le  commandement  d*one 
Irdgate,  snrlaquelle  il  se  rendit  dans  la  Maiiche,  sous  le^ 
ordres  de  Jean  Bart.  11  soutint  aVec  lui  un  rude  etsanglanl 
combat,  et  avec  lui  aussi  fut  (ait  prisonnier  et  trains  en  An- 
gleterre.  Qoand  lis  reparurent  ensembleen France,  leor  futte 
aventureuse  des  prisons  d'Angleterre  fixa  sur  eux  les  yeo\ 
de  Louis  XIY,  qui,  sfollicit^  par  les  amis  de  Forbin ,  IVlera 
au  grade  de  capitaine  de  vaisseau.  Se  trouvant  alors  sans 
emploi,  11  arma  en  course,  et  alia  crolser  dans  les  mers  (Hr 
lande,  od  il  fit  ptusieors  prises ;  puis  il  servitde  nouveau 
aveo  Jean  Bart  dans  hi  mer  du  Nord.  II  commandait  un 
vaisseau  au  combat  de  La  Hogoe ;'  ce  fut  un  jour  de  d^sas- 
treuse  mtooire  :  TouVville  y  fut  brave,  mais,  comme 
aotlral  en  chef,  U  science  de  la  guerre  navale  fait  peser  soi 
ses  fautes  la  niino  presque  totale  de  notre  malheureose 
flotte;  Forbin  sauva  son  vaisseau.  Les  ordits  de  la  coor 
Tappi^M^nt  dans  hi  MMiterran^,  oh  il  fit  de  tongues  croi- 
sieres,  soil  comme  chef,  soil  en  sous-ordre.  Un  guet-apens 
de  galanterie  jeta  dii  trouble  sur  sa  vie,  et  faiUlt  lul  imposer 
line  femme  indigne  de  son  alliance. 

Dana  la  guerre  de  la  succession  d*£^agne,  on  lul  confia  le 
commandement  d^une  division  de  bAthnents  lagers,  avec  les- 
quels  II  fut  charge  de  cruiser  dans  TAdriatique  pour  inter- 
ceptor lea  seeours  en  vi  vres  que  les  vllles  situ^  sur  legolfe,  et 
principalement  Yenise ,  pourraient  faire  passer  k  Tarm^ 
do  prince  Eughie,  en  Italic.  La  mission  s'offratt  d*antant  p!u» 
difficile  que,  la  r^publique  ^tant  en  paix  avec  la  Fr^ce,  il 
fiillait  la  mfoager,  tout  en  t'emptehant  de  fivoriser  Teinpe- 
reur;  ForMn  s'en  tfrl  eh  liomm^  babiie.  Dans  cette  eroi- 
sidre,  11  tenta  un  coup  audadeux*,  qui  foit  F^oge  de  sa  haule 
entente  des  choses  de  hi  guerre  plus  encore  qhe  de  son  cou- 
rage. Suivi  seulement  de  deux  embarcations,  il  alia  mettre 
le  feu  k  un  vaisseau  amait^  dans  le  port  de  Yenise.  C^tait 
une  action  digue  des  plus  hardis  flibustiers ;  car,  avant  d*y 
clouer  hi  chemise  soofrte  qui  Fembrasa,  11  Tavait  enlev^  a 
Pabordage  le  sabre  an  poing.  Dans  cette  campagne  loogueet 
p^nible,  Forbin  avait  montr6  cOmme  chef  one  superiority 
Incontestable;  comme  homme  de  cceur,  il  m^ritait  des  ^loge; 
etdes  recompenses  :  mais  il  n^avait  pas  la  fkveur  du  minlstre, 
et  les  services  les  plus  edatants  n*ont  par  eux-m^mcs  ancune 
valeur.  II  %oulut  en  demander  le  prix,  on  le'  tfait  k  r^cart. 
Jamais  11  ne  put  francliir  le  grade  ide  conlre-aMiral.  Le  iiii- 
nist^re  lira  tout  ce  quH  putde  son  activity  et  de  sa  capacity : 
on  lui  donna  des  escadres  k  commander  dans  la  mer  du 
Nord;  11  fit  de  rudes  <campagnes;  il  expose  souvent  sa  vie, 
altera  sa  sante,  epuisa  ses  forces,  et  d'autres  recueillirent 
les  grftces.  Enfin ,  des  desappointements  multiplies  bris^rent 
son  ambition ;  11  reconnut  la  vantte  des  services  reels,  et  se 
retire  dans  une  maison  de  campagne  prtede  Marseille,  oh  il 
mourut,  le  4  mars  1733. 

Theog^ne  Page,  capluioe  de  vtisseao. 

FORBIN  DES  ISSARTS  (CnARLes-JosEpn-Lotis- 
HBimi,  marquis  db),  anden  pair  de  France,  ne  k  Avignon,  en 
1770,  emfgra  et  pasaa  au  service  d'Espaghe.  Rentre  en  France 
eo  1803, 11  vecutdana  la  retraite  jnsqu'^  la  Restauration,  ou 
il  so  signala  par  son  devoOment  anx  Bourbons.  II  fit  enten- 
dre un  des  premiers  le  cri  de  Vive  lenH/dans  les  rues  de  la 
capitate.  Jete  4  baa  de  son  cheval,  maltraite  par  le  people  fu* 
rieux,  II  n*echappa  que  par  mirade  k  un  danger  plus  grave. 
Lieutenant  dea  gardes  du  corps  et  chevalier  de  Saint- 
Louis,  11  fut  envoye  k  hi  diambre  des  deputes  par  le  college 
electoral  de  Yaucluae  en  1815,  et  s>r  fit  remarquer  par  ime 
exaltation  de  prindpes  que  lul  avaient  InsfMe  sans  doute 
les  tristes  souvenirs  dela  revolution,  qui  loi  avail  enleve  une 
partie  de  sa  fortune  et  aVait  fiiit  mouter  deux  de  ses  fr6rcs 


FORBIN  DES  ISSARTS  —  FORBONNAIS 


S^S 


tnr  recUtiruuil.  II  eut  un  duel  avec  Benjamin  Constant,  au 
inois  de  juin  1822.  Son  d^TouementaHra-royaliste  et  sacon^ 
daite  dans  la  commission  cbaigte  d'examiner  la  proposition 
tendant  k  eielure  Mannel  de  la  charobre  Ini  valurent  Ih 
honneans  de  la.pairieen  1827.  La  r^volotion  de  Juiltet  r<noi- 
f;nadu  Loxemboorg  et  le  fit  rentrer  dans  la  retraile.  II  <itait 
d^^  maf^clnl  de  camp,  oonseiner  d'Etat  et  membra  do  comity 
de  la  gaerre.  II  mouraten  1851. 

FORBIi\^JANSON.  Cette  branehe  de  li  famOIe  de 
Forblh  s  prodoit  deux  prelate. 

FORBiN-JANSOn  (TousSAiirr  db),  cardinal,  naqoit  en 
1625,  et  Int  soccesaivement  ^v^ae  de  Digne,  de  Marseille 
et  de  BeauT&is.  C'^tait«  au  rapport  des  historiena  da  si^e 
tie  Loois  XIV  y  no  bomme  fort  adroit  en  politique  et  d^une 
i;rande  finesse  en  diplomatie.  Anasi  ce  prince  le  nomma-t-il  son 
nmbasadear,  d'abord  en  Pologne,  puis  en  Toscane ,  et  enfin 
pr^  la  conr  de  Rome.  Ce  fat  en  grande  partie  k  son  ha- 
bilet6  que  Sobieski  dat  le  tf6ne.  II  Inl  en  t^moigna  sa  recon- 
naissance en  disposant  en  sa  favenr  de  son  droit  de  pr^sen* 
(ation  au  cardinalat.  Loaia  XIY  le  nomma  en  1706  grand- 
aum^nier  de  France.  II  monmt  h  Paris,  en  1713. 

FORBIN-JAKSON  (  Cbaklbs-Adcostb  -  M arib  •  Joseph  ) , 
comte  db)  ,  6vhque  de  Nancy ,  Ton  dea  hommes  qni  par  I'eia- 
g^ration  de  leor  sMe  religieux  contribuftrent  le  pins  k  com- 
I*romettre  le  gouvemement  de  la  brancbe  aln^  de  la  maUon 
lie  Bodrbsn,  naquit  k  Paris,  le3  novembre  1785.  Son  p^re, 
le  roarqoitode  Forbin-Janson,  lieolenant  g^n^ral,  telgra  avcc 
toute  sa  Aunttle,  etnepnt  reToir  la  France  que  lorsqae  Napo- 
iton  en  rouTrit  les  portes  aox  royalistes.  n  rentra  alors  avec 
.<!es  deifx  file,  yaln^,  n6  en  1783,  obtint,  malgr^  ton  extre- 
me jeanesse,  une  cbarge  de  charobellan  k  la  conr  de  Tflec- 
teur^  deTonn  plus  tard  roi  de  Bavi^re  par  la  grftce  de  Napo- 
leon, etneqaitla  leserrice  de  ce  prince  qu'en  1814.  A  cette 
epoqoe,  it  aeeepta  de  rempereur  le  oommandement  d'nn 
corps  de  partisans,  avec  lequel,  pendant  la  caropagne  de 
France,  U  op^ra  habilement  sur  les  denri^res  de  Tarm^ 
autricbienne  en  Bourgogne,  et,  t6noin  des  prodiges  de  g^nle 
accomplis  par  le  grand  capltaine,  congut  poor  lui  one  admi- 
ratioD  et  un  d^Tonement  qne  la  chate  de  Tempire  ne  put  re- 
froidir.  Aussi,  anretour  de  Tile  d^Eibe,  Ait-il  un  des  premiers  a 
s'attteber  k  la  fortune  de  Napolton,  qui  le  nomma  d*abord 
son  chambellan,  puis  pair  de  France,  et  qui,  an  moment  de 
partir  poor  Waterloo,  Tattacba  k  son  ^tat-major  g^^ral  avec 
e  grade  de  colonel.  A  queiques  jours  de  III,  i1  4tait  frapp4 
d'nn  arr^t  de  proscription  qui  ne  loi  permit  de  reparattre  en 
Frmce  que  snr  la  fin  de  1821. 

Son  fr^re  puln^,  Tanden  ^Y^que  de  Nancy,  admis  dte 
1805  an  conseil  d*£tat  avec  le  litre  d'auditeur,  semblait 
appel<^  k  figurer  quclque  jour  dans  T^tat-major  de  Tarmte 
a<iininistrative  de  Tempire ;  mais  une  Tocation  subite  le 
porta,  en  ISOS^  k  entrer  au  sdminaire  de  Saini-Sulpice  pour 
s'y  preparer  k  leceToir  le  sacerdoce.  En  1811  il  lut  ordonnd 
prfttre par  l'^6que  de  6sp, et  nomm6  imm^iiatement  grand- 
vicaire  da  dioc^e  de  Cbamb^ry.  II  s*y  fit  remarquer  bien- 
t6t  par  Tardenr  qn'it  mit  k  propager  sous  le  manteau  les 
bulies  k  Paide  desquelles  Pie  VII ,  d^tenn  k  Fontainebleau, 
essayait  de  latter  centre  le  dominatenr  de  PEurope.  Quand 
vinrent  les  ^^nements  de  1814, 11  fbt  on  des  premiers  k 
s'enrAlerdansoes  bandes  deconvertisseurs  nomades  qni  par- 
cooraient  alors  en  tooa  sens  la  France  sons  le  litre  demis- 
sionnai  res.  Pendant  les  cent  jours,  il  fut  clioisi  pour  ser* 
vir  d'aumdnicr  k  Tarm^e  de  cliouans  qui  essaya  un  instant 
lie  s'organiser  dans  la  Vend^.  Au  retonr  des  Bourbons,  les 
caravanes  des  prt^dicants  recommenc^rent  de  plus  belle  en 
r«17, 1818,etsurtout  1819. 

Louis  XVIII  recompense  le  z^e  de  Forbin-Janson  en 
fappdant  k  r^T^ch^  de  Nancy,  en  1824.  La  fh)ideur  de  Tac- 
coeil  que  regut  le  jeime  6v<^que  dans  son  diocise  lui  fut 
peiit4^  un  motif  pour  ne  pas  se  consacrer  uniquement  k  ses 
oiiailles ;  il  demeura  done  le  chef  r6el  de  Vcmvre  des  mis- 
sions, et  aoheta  pour  etle  une  partie  de  la  hauteur,  Toisine  de 
Paris,  connue  sous  le  nom  de  Mon^yaiArien,  qa'il  r^solut 


de  transformer  en  on  ca/ voire,  senrant  de  but  de  p^lerir 
nage  aox  prehears  convertis  de  la  grande  Tille.  Des  cons • 
tractions  gigantesqnes  furent  commence  pour  con^enabkh 
roent  loger  oes  pauvres  missionnaires;  et  on  r^nra  pr^ 
de  la  chapelle  an  terrain  d'nne  vaste  ^tendue,  qu^on  r^la| 
d*exploiter  comme  dmeti^re  pHiHf^f ^ ,  comme  cimeti^r^ 
vraiment  cathoUque  k  Tusagedes  gens  blen  nte  et  bien  pea» 
sants.  Cependant,  malgr^  la  prosperity  notoire  de  Tentrd* 
prise,  on  se  trouTa  un  beaif  jour  en  presence  d^un  gouffr^^ 
le  d^/leli,  Ce  fut  an  grand  scandale. 

Toutefois,  en  d^pit  de  ces  d^sagrements,  dont  la  presff 
eut  dana  le  temps  beaucoup  k  fl(*occuper,  \h  place  eOt  encort 
ete  tenable  ponr  Forbin-Janson,  malgre  la  repulsion  profondt 
qulnspirait  k  ses  ouallles  son  fanatisme  sombre  et  ardent , 
s'il  n'sTait  pas  en  &  leurs  yeui  le  tort,  bicnautrement  grave^ 
de  mettre  son  influence  d^^Tdque  an  service  des  passions 
politiqaes  da  moment,  et  de  publier  au  profit  dn  pouToir  d'^- 
trangea  mandements  eiedoraux.  Quand  la  nouvelle  des 
ordonnances  de  juiltet  1830  parrint  k  Nancy,  le  pr^Iat  ?e- 
nait  d*ouTrir  nne  retraile  pastorale  dans  son  palais  epis- 
copal, et  personne  ne  donta  que  ces  reunions  de  pr^tret 
a  r^Ytehe  ne  flissent  de  veritables  conciliabnles  tenns  contre 
les  Hbertes  ^obliques.  Aussi  la  multitude  s'y  porta-t-elle  en 
masse,  et  des  scenes  de  derastation  et  de  pillage  effray^ettt 
le  pays.  ForUn-Janson  prit  la  fuite,  et  en  1834  le  gourer- 
nement  de  Lods-Phiiippe,  obtint  par  Pentremise  du  pape^ 
qa'il  consenltt  k  laisser  adnilnlstrer  par  an  coadjuteur  son 
si^ge  Tacant  de  foil.  11  monmt  onbli6,  en  1845,  chez  son  frire, 
anx  Aigualades  prte  de  Marseille.  11  sTaitreAis^  an  legs  de 
12,000  ilranes  lUt  par  Tahb^  Grdgoire,  anden  ^r^ue  do 
Blois,  k  la  paroisse  d'Embermesnil,  dont  il  avail  commencl 
par  ^tre  lecnr^,  et  destine  k  la  fondation  k  perpiHuit^  d'uii^ 
mease  pour  le  repos  de  Vkme  de  son  p^re  et  de  celle  de  at 
mto,  et  ansai  pour  que  lai-m^me  y  fot  recommand^  aux 
pri^res  des  fiddles. 

FOBBONNAIS  (Fran^is-Locis  VtRON  be),  naquit  au 
Mans,  le  2  septembre  1722,  et  mourut  en  Pan  vni  (1800), 
La  maison  V^ron  toil  une  des  grandes  notability  manu- 
factori^res  de  la  France.  L*on  des  anc^tres  de  Forbonnali 
arait  fond^  one  fabrique  de  draps  connns  dans  le  commerce 
europten  sous  le  nom  de  vir<mes\  il  s*en  faisait  une  ex- 
portation consid^able,  surtoat  pour  PEspagne  et  Htalie.  Lt 
jeune  Forbonnafs  se  trouTa  done  dte  Penfance  initio  anx 
grandes  affaires  commerdales.  Aussl  c'est  vers  cette  direc* 
lion  qa'il  porta  PactiTit^de  son  esprit.  En  1752  il  prints 
au  gooYemement  des  projets  de  r^forme  financi^re ,  qui  ne 
furent  pas  goOt^  En  1756  il  derint  inspectear  gto^ral  del 
monnaiesy  et  en  1758  il  pnblia  son  ouTrage  le  plus  remar* 
qoable,  ses  Recherthes  ei  eonsidiratUms  sur  les  finances 
de  Us  France  depuis  \h9bJusqt^A  1721.  II  y  fit  preuve 
d'nne  inldligenee  assex  forte  ponr  domfner  la  matiere  sans 
se  perdre  dans  les  details,  en  mfime  temps  que  son  style 
clair  et  prMs  fait  troover  da  charme  aux  questions  les  plus 
arides.  Aossi  plus  d'on  ^conomlste  modeme  en  renom  a- 
t-il  mis  il  profit  le  travail  de  Forbonnais,  sans  le  dter,  bien 
entendn.  Siihooette,  contrOlear  g^n^ral  de  France,  Pattacha 
enNuite  k  son  administration,  et  Forbonnais  prit  nne  grande 
part  aux  mesures  finand^res  de  ce  ministre.  Cette  tentative 
de  r^forme  ^boaa  derant  le  mauvais  voulolr  des  classes 
privil^'to,  qu*il  s^agissait  de  foire  participer  aux  charges 
publtques,  et  se  termina  par  une  banqueroute.  En  1763  For* 
bonnais  tenia  un  noovel  eflbrt  aupr^s  des  ministres  pour 
faire  adopter  ses  plans  de  r^forme ;  mais  les  int^rfits  puis- 
sants  qu'lls  mena^ient  depuis  dix  ans  Pemport^rent ,  et  il 
(bt  exM  aa  Mans. 

C*est  1^  qa'il  T^cut  dans  la  retraile  jusqu'ii  la  Revolution ; 
en  1790,  ayant  ^  consults  par  le  comity  des  finances  de 
PAssemblte  constituante,  11  prit  part  k  ses  travaux  relatifs  aux 
monnaies.  Puis,  les  Jours  orageax  6tant  venus,  il  se  retira  k 
Paris.  Plus  lard  II  fut  appel^  k  PInstltut,  et  quelque  temps 
apr^  il  ternunaitsaial)orieaw  carri^re,  kPAge'de  soixanle* 
dix-huit  ana.  l^  nme  publictste.  Forbonnais  se  place,  oar  U 

70. 


5&6 


FORBONNAIS  ~  FORCE 


nature  de  aeg  \dies  comme  par  le  temps  oti  Q  lee  publia,  entre 
La  w  et  r^le  de  Q  ues  nay. 

FORGALQUIER,  Tille  de  France ,  cheMieu  d'arron- 
4is8einent,  dans  le  d^partement  des  Basses-Alpes,  avec 
1,053  habitants,  un  tribunal  de  premiere  instance,  an  coU^e 
et  on  petit  s^minaire,  des  fabriques  de  cadis,  de  cbapellerie, 
de  poterie,  des  filatures  de  soie  et  de  laine;  un  commerce 
d'amandes,  grained,  mid  et  dre  Jaune.  Cette  viUe  ancienne 
^taitautrefois  fortifite;elle  fut  lesi^ed*uncomt^  d^membr^ 
en  1 054  ducomt^de  Provence,  auquel  il  fiit  r^uni  de  nouTeau 
en  1209.  Au  dix-buititoie  si^e  cecomt^  necomprenait  que 
les  villes  et  territoiret  de  Forcalqnier,  Sist^n ,  Pertbuis, 
Apt ,  Sauit ,  Grignan  et  Montdragon. 

FORQAT9  bomme  condamn^  pour  un  temps  limits,  ou 
pour  la  Tie,  aux  travaux  forc4$,  Ce mot  ?ient  de  Tita- 
Wtnforzato  ou  de  r£spagnol/or(;a(fo.  On  a  donn^  le  nom 
de  formats  hmLgaliriens  pour  les  dtstinguer  des  indi- 
Tidus  qui  serTaient  Tolontairement  sur  les  galores.  Les  for- 
mats lib^6s  sont  oeux;  qui  ont  subi  leur  peine  ou  ont  €i^ 
graci^s. 

FORCE,  FORCES,  mot  qui  ddiTe  defortis,  et  exprime 
la  puissance,  rintensit^  ou  T^ergie  d*action  d'une  cbose, 
soit  physique,  soil  morale  et  intdlectueUe.  La  force  se  dit 
^alement  de  la  resistance  et  de  la  fennet^ ,  ou  m^e  de 
Tinertie  et  de  Timmobilitd  des  corps,  conune  de  ceiles  de 
Tesprit;  elle  qualifie  ansd  la  necessity,  non  moins  que  la 
Tertu  et  le  courage.  H  y  a  les  forces  vives  des  corps  en 
mouTement,  telles  que  les  appelle  LdbniU,  et  des  forces 
mortes,  quand  elles  sont  an^anties  par  ie  choc  de  deux 
corps  durs,  ^aux  en  masse  et  en  Vitesse.  Ail  ,  deux  billes 
Tenant  se  rencontrcr,  mues  d'une  force  pareille,  doivent  res- 
ter  immobiles  sur  le  coup  :  leur  Anergic  mutuelle  est  amor- 
tie  00  soudain  d^truite.  De  mtoie,  en  cbimie,  des  affinity 
contrastantes  d^un  acide  et  d^une  base  peuvent  se  saturer 
r^ciproquement  et  constituer  un  compost  neutre  ou  m6me 
inerte,  comme  le  sulfate  de  baryte.  Les  polarity  oppose 
de  Pdectricite,  du  magn^tisme,  d^veloppent  des  forces  d'au- 
tant  plus  intenses  que  leur  in^alit^  est  plus  considteble; 
mais  par  leur  ^ilibration  parfaite  ces  efforts  deviennent 
quiescents 

Dans  Tunivers,  les  forces  et  lemouvement  qu'elles 
mettenten  jeu  constituent  done  diverscs  in^alit^  de  pon- 
dc^ration  des  cori»s,  puisque  ceux-cl,  arrivant  k  leur  point 
d'^quilibre,  s'arr^tent  dans  le  re|)os.  La  grande force 
(le  gravitation,  qui  p^^tre  toutes  les  mati^res  du 
iiionde,  tendrait  It  les  ramener  k  une  seule  masse  inerte, 
dans  leur  coh^ion ,  si  les  divers  degr^  de  pesanteur  ou 
d'attraction  des  d^ents  qui  le  constituent  n'^tablissaient 
pas  un  cercle  perp^tuel  de  combinaisons  et  de  destructions 
oppose,  en  sorte  que  la  vie  de  Tun  r^ulte  de  la  mort  de 
Tautre.  De  la  suit  ce  drculus  xtemi  motus,  dont  les  liac- 
tions  entretiennent  Tactivit^  et  r<inergie  um'verselles ,  en 
sorte  que  nulle  part  le  repos  absolu  n'existe,  si  ce  n*est  re- 
ialivemcnt  k  des  actions  ou  k  des  forces  plus  vives. 

En  consid^rant  cette  activity  ^temeile  qui  change  ou  re- 
nouvelle  toutes  choses,  les  pliilosoplies  se  sont  demand^  si 
toute  la  mati^re  qui  compose  le  monde ,  on  si  cliacune  de  ses 
rool^uies  poss^e  en  effet  une  force  active  en  propre  et 
inh<^rente  k  sa  nature,  dont  rien  ne  la  d^pouille ,  quelque 
forme  que  subisse  cette  roolteuie  ou  cette  matiire.  Cette 
question  est  fondamentale;  car  si  la  matiM«  Joult  de  la 
propriety  intrinsic  de  se  mouvoir,  elle_pourrB  tout  pro- 
duire  d*elle  seule,  comme  les  a  tomes  d*£plcure,  s'accro- 
chant  dirersement  entre  eox  pour  constituer  les  soleils,  les 
moDdes,  ks  animaux,  etc.  Dans  Tbypotbte  de  rine<^e  pK- 
mitivedes  d^nents,  leur  force  serait  le  don  d'nn  6trCf  tout- 
puisMnt  et  oiganisateur,  auteur  de  I'ordre  et  de  tous  les 
roovvements  de  Tunivers,  et  en  dehors  de  la  matito  qu'il 
domine. 

Newton  a  sortoot  combattu  ]*hypoUite  d'une  force  inluS- 
rente  k  la  matiire  par  le  raisonnement  sulvant :  supposez 
une  sphere  creiise,  d'immense  Vendue,  el  exempte  do  toute 


influence  ext^rieure  d^attraction  ou  d'action  qodoonque  - 
si  vons  y  placez  une  ou  plusienrs  particules,  il  est  Evident 
que  n'^tant  sollicitte  en  aucon  sens ,  oes  partlcales  reste- 
ront  ^mellement  inertes  par  elles  seules ;  car,  je  tous  le 
demande,  iront-elles  plutot  d'nn  c6i6  que  de  I'autre,  lon« 
quil  n*y  a  ni  haut,  ni  has,  ni  rien  qui  les  attiie  en  aucm 
sens.*  Et  lors  mtoie  qu'on  leur  attrlbnerait  un  d6air,  dm 
volonte  d'action ,  comme  aux  monades  de  Leibnitz,  T^gil 
^ullibre  en  tous  sens  oil  elles  seraient  n^cessairement  ne 
les  empteherait-il  pas  de  sortir  de  I'^tat  dlnertle  tant  que 
rien  d^ext^ieur  ne  viendrait  les  en  tirer  ?  Euler  et  let  pfay- 
siciens  modemes  ont  aussi  constats  que  la  tendance  k  V^ 
quilibre  de  toutes  les  parties  de  la  matidre,  mtoie  les  plus 
actives  (comme  le  feu  et  r^lectricitd),  et  la  perte  du  roouvc- 
ment  dans  les  corps  environnants ,  n'auraient  pas  lieu  si 
cbaque  mati^re  ^tait  doute  d'une  toergie  intrins^iiie.  La 
gravitation  elle-m6me  s'afCiiblit  en  raison  directe  do  can^ 
des  distances,  car  il  arrive  un  tel  point  d'dloignement  que  le 
Soldi  et  les  plus  ^normes  spheres  n*ont  plus  aucone  pesaih 
teur  dans  Timmensit^  des  cieux.  De  Ik  nmmobtlit^  des  grands 
luminaires  ou  des  ^toiles  fixes  de  Tempyr^,  conune  le  re- 
marque  fort  bien  Leslie,  d^aprte  W.  Herscbell.  Lamatiere 
etant  done  consider^  comme  radicalement  inactive ,  il  laiit 
qu'elle  ait  re^u  sa  force,  ou  ^impulsion  et  le  nuMvement, 
d*une  cause  ext^rieure  primordiale.  Newton  croyait  what 
que  cette  grande  puissance  initiate  finissantpara'^teiDdregra- 
dudlement,  un  jour  le  suprtoie  artisan  des  mondes  anniit 
besoin  d'y  apporter  une  main  r^paratrice  :  manum  emen- 
datricem. 

II  suit  de  \k  que  la  force  ^tant  une  quality  trte-^lincte 
de  la  mati^e,  et  qui  ne  lui  est  nullement  inb^rente  (tteioin 
le  rooovement  imprim^  lequel  se  perd  dans  tout  corps  plus 
ou  moins  promptement),  nulle  force  n'est  matMdle.  On  ne 
pent  pas  soutenir  que  Tattraction  lunaire,  qui  soul^ve  p^rio- 
diquement,  deux  fois  en  vingt-quatre  beures,  les  eaux  de 
POc^n ,  de  concert  avec  Tattractlon  du  Soleil,  op^  ^  de  d 
vastes  divtances  au  moyen  d'une  OMtito  travenant  litstan- 
Un^ment  les  espaces  celestes.  Ces  influences  d'attraction 
entre  des  masses  elThiyables,  qui  circnlent  k  tant  de  mil- 
lards  de  lieues  d*dloignement,  sont  des  forces  purea,  qooiqDe 
proportionnelles  k  ces  masses,  et  dont  rien  nlntercqite 
ractlon.  Si  ces  forces  restent  fixes  et  calculables  dans  les 
substances  min^aies,  elles  ont  one  mobility  et  une  varia^ 
prodigieuses  dans  les  dtres  vivants,  snivant  les  Ikges  et 
beaucoup  d'autres  modifications  organiques 

Kepler  eut  le  m^rite  de  reoonnattre  I'un  des  premiere 
plusienrs  lois  de  Tattraction;  Huyghens  d6ooovrit  ensoite  la 
ioi  des  forces  centralesdans  le  cercle  et  la  th^orie des 
d^velopp^es.  On  voit  que  le  probl^me  g^ndralavan^it  vers 
la  solution,  puisqu'en  r^nissant  ces  denx  th^nies,  on  en 
obtient  fadleinent  la  lot  des  forces  centrales  dans  one 
courbe  quelconque.  Newton  vint,  qui,  g^^ralisant  cette 
thforie  d'Uuygbens,  sat  d^velopper  le  thtertoie  g^itel  des 
forces  centrales,  et  ftitainsi  conduit  &  la dtouverte da 
vrai  systtoie  du  monde.  Par  la  m6me  raison  que  la  mati^ 
possMc  one  force  d 'inert ie  qui  la  fait  roister  au  mouve- 
ment  si  elle  est  en  repos,  cette  mtaie  force  la  fera  demtaie 
pers^v^rer  dans  le  moovement  si  lien  ne  vient  ie  lui  enle- 
ver.  Tel  est  le  principe  de  la  conservation  da  forces  moes 
et  de  Taccdl^ration  des  mouveioents,  principe  de  dynaroique 
bien  observe,  scut  par  Huyghens,  soit  par  Daniel  ct  Jeaa 
Bernoulli,  soit  aussi  pour  I'acc^l^ration  et  la  chute  de 
eaux ,  par  D'Alembert,  dans  son  TVai^^  de  CequHibre  eidu 
numvement  des  Fiuides.  Ces  v^rit^  ont  ^t^  d^veloppto 
aussi  par  des  gtomMres  plus  rtouts.  Dans  scs  savantes 
rccherclies  sur  la  m^canique  celeste,  Tillustre  Laplace  a  tie 
plusd^montrd  que  les  petites  perturbations  resultant  des 
muuvements  des  corps  ci^lestes  se  compcnsaient  rto'proqoe- 
ment  dans  des  p^riodes  plus  ou  moins  prolongtes  et  mtee 
sC'Culaires,  ct  qu'une  stability  g<in<^rale  rCsultail,  en  totality, 
de  ces  diverses  Equilibrations  partielles. 
De  uos  Joursp  Tons^est  surtout  occupy  des  (brees  crtftei 


ifUHClii 


667 


pour  l^ndostrie,  ou  d^Tdoppto  par  raction  du  caloriqae » 
^oitout  par  la  Tapear  de  I'eau  en  expansion.  La  c^^bre 
marmite  de  Papin ,  leqnel  ^tait  parrenn  h  bire  rougir  au 
leu  de  Tean  renfermte  dans  on  Tase  trte-^pais,  ce  redou- 
table  antoelaTe,  qui  se  brisail  en  ^daU  lueurtriers,  eat  de- 
Tenoy  entre  les  mains  sayantes  de  James  Watt,  la  puia- 
sante  machine  ^  t  ap eur,  nonveau  moteur  destine  k  chan- 
ger la  face  de  la  m^canique  industrielle  des  nations.  A  part 
ces  grandes  forces,  dont  lliomme  s^est  appropritf  le  secret,  ces 
compositions  ftdminantes  qui  font  sauter  les  roctiers  en 
^dats,  comme  la  poudre  k  canon,  ou  les  poudres  d^- 
nant  par  percussion.  Tor  et  I'argent  ftilminants,  le  chlorate 
de  potasse,  etc.,  nous  pourrions  rappeler  Temploi  de  Tair 
comprim^,  celoi  du  Tent,  celni  de  la  chute  des  eaux,  pour 
les  moulins  comme  pour  d'autres  machines,  cdui  des  gaz 
I)our  s'^lerer  dans  I'atmosph^re,  etc.  Les  forces  de  compres- 
sion, d'expansion,  de  repulsion,  celles  que  d^ploient  Tdec- 
XridU  foodroyante,  le  magn^tisme,  etc.;  lefiroidqui  re- 
serre,  la  chaleur  qui  dilate,  offKraient  une  foule  de  consi- 
derations ;mais  elles  trouTentleurplacedansd*autres  articles. 
Nous  devons  descendre  k  des  genres  de  forces  attractives 
plus  Intimes  :  telles  sont  les  forces  moltolaires,  diteso/]^ 
nitis  ou  attraetions  chimiques. 

Si  nous  consid^ns  maintenant  les  forces  qui  animentles 
corps  Tivants,  nous  remarquerons  d^abord  que  les  mati^res 
inorganiques  ou  nin^rales  possMent  des  forces  simples  et 
uniformes  dans  leur  nature  originelle  :  c'est  ponrquoi  elles 
sont  ^Taloables  par  le  calcul.  U  n*en  est  point  ainsi  des  6tres 
▼iyantsetorg^nb^.  Puisque  leur  ?ie  depend  d^nn  concoors 
d'^ltaients  toujours  mobiles  ou  Tariables  dans  leor  associa- 
ti<m,  suivant  les  Ages,  les  sexes,  les  tissus  sans  cesse  renou- 
Teite  par  un  mouTement  de  composition  et  de  dteomposi- 
tion;  puisque  les  molecules  composant  le  corps  se  r^parent 
et  se  d^truisent  continuellement;  que  tel  Hn  engendre, 
Tautre  meurt,  Tun  crott,  Tautre  dterott,  il  y  a  des  alterna- 
tives in^Titables  d^^nergie  et  de  faiblesse  :  c'est  un  cercle 
d'actions  qui  s'encbatnent  Daiileors,  le  m^me  corps  d^a- 
nimal  ou  de  v^^tal  ^prouve  des  variations  dependant  des 
saisons,  des  climats,  en  M  :  en  hiTcr,  les  forces  v^^ta- 
ti?es  se  d^ploientpar  la  chaleur  yivifiante,  ou  se  diriment 
par  Tengourdissement  du  trM.  U  7  a  m6me  en  ce  genre 
d'autres  modifications  telles  que  le  froid  modM  fortifie  une 
esp^ce  animale  et  alfaisse  telle  autre  esptee :  il  y  a  des  plantes 
que  U  chaleur  de  la  xone  torride  tnerait,  et  qui  fleiurissent 
sous  la  neige,  etc. 

Les  forces  animatrices  des  corps  vivants  constituent  do 
plus  un  systtoie  harmonique  en  rapport  avec  nos  Adments 
ambiants,  I'air,  Teau,  la  chaleur,  la  lumi^  TdlectriciU^  etc. 
II  y  a  des /orcei  digestives  pour  les  Tisctees  intestinaux, 
des  forces  propagairices ,  des  forces  ddpwratrices,  s^pa- 
rant  rniine  ou  autres  matMiux  superflus;  cliaque  genre  de 
s<^cr^on,  lait,  bile,  salive,  etc.,  rtoulte  de  ces  forces 
propres  :  les  ones  penvent  agir  sans  les  autres ,  ou  trop 
pen  par  rapport  k  leurs  antagonistes.  L'action  nerreuse,  ou 
de  Tappardl  g^n^al  des  nerfs,  est  subordonnte  k  une  foule 
de  modilications  :  sa  force  a  la  propri^t^  de  s'accrottre  pour 
lendre  le  systtoe  muscuhiire  a?ec  une  vigueur  inouie  dans 
la  fureur;  elle  pent  aussi  tomber  soudain  par  la  terreur. 
Tantdt  le  Tin  ou  les  liqueurs  spiritueuses  rexaspirent^ 
lantOt  Toplum  la  plongedans  le  soromeil.  Passions,  besoins, 
aliments,  air,  temperature,  tout  diversifie  les  puissances  de 
IVconomie  organique  :  la  plante  qu'on  multiplie  trop  de 
fooutures  par  ses  radnes  perd  sa  force  propagatrice  dans  ses 
seroences,  qui  avortent :  tel  animal,  abosanttrop  de  certalnes 
fonctlons,  dcTlent  faible  pour  d'autres,  comme  Phomme  de 
cabinet,  qui  ramasse  toutes  ses  lacult^s  au  ccrveau,  devient 
incapable  de  Intter  en  energie  musculaire  avec  le  fort  de  la 
halli. 

La  force  vitale  de  cheque  fitre  peut  (raillenrs  6tre  consu- 
ni<^  plus  ou  rooins  rapideraent  ou  economisee  :  il  est  tel 
enfant  dont  on  liAte  avec  imprudence  ou  t^merite  le  d^ploie- 
raiAt  des  faculh^;  mais  voyex  ce*  fcUts  prodiges  de  savoifi 


de  pr^codte  et  d^esprit :  avortons  pub^es  k  peine ,  on  les- 
produit  dans  le  monde ,  on  les  pr^dpite  k  leur  grand  dom 
mage  dans  des  plaisirs  prtoiatures,  qui  les  enervent  avant 
TAge;  on  en  veut  itoe  des  hommes,  et  ils  ne  sont  que  dea 
adol^cents  d^k  us^s.  Aussi,  une  vieillesse  antidp6e  vient- 
elle  fietrir  leurs  jeunes  anndes  :  ils  restent  petite ,  di^tifii^ 
epuisis  dks  trente  k  quarante  ans,  et  bientdt  immoies.  Maia 
l^honmie  qu*une  prudente  reserve  laisse  longuement  mttrir 
dans  une  sage  viiginite  recudlle  cette  mAle  Tigneur  on  nne 
forte  constitution  qui  lui  promet  une  carrfte  seculaire. 

La  force  depend  done  de  la  conservation  des  principea 
de  la  vie.  Elle  fut  departie  aux  animanx  en  proportion  de 
leurs  habitudes ';  die  se  ramasse  plus  vigonreuse  dans  lea 
petits  corps,  pnisqu'un  eiepliant,  une  baleine,  sont  d^ll 
embarrasses  de  leur  masse;  les  plus  gros  arbres,  teb  que 
le  baobab,  ayant  un  tissu  mou  et  spongieux ,  manquent 
aussi  de  resistance :  ils  croissent  trop  rapidement.  Les  hois 
compactes,  le  cbtoe,  le  sideroxylon  (bois  de  fer),  plua 
aolides,  sont  lents  k  crottre. 

Lorsque  enfin  ce  concert  d^actions  qui  constitue  la  vie  est 
attaque  par  des  causes  morbifiques,  un  instinct  conservateur, 
ou,  si  Ton  <dme  mienx,  Ul  force  nMicairice  de  la  nature, 
qui  protege  sa  demeure  corporelle,  slnsurge  et  combat  pour 
en  defendre  rmtegrite.  Tant6t  Teatomac  se  souieve  poar 
rejeter  un  poison  ingere,  tantdt  d'anlres  mouvements  depo- 
ratoires  expulsent  les  matieres  nnisibles.  La  fievre  qui 
s*allume  estd*ordinairenn  travail  preparateur,  un  ooncoura 
d^elTorts  salutaires  pour  dompterlemal  1  c*est  ainsi  que  s*o- 
pire  le  travail  de  la  dcatrisation  des  plaies,  de  la  consoli- 
dation du  cal  dans  lea  os  flractores ,  hi  separation  du  se- 
questre  de  la  partle  necrosee  00  ganigrenee,  pour  mettre  A 
Tabri  les  parties  vivantes,  etc.  11  y  a  done  dans  les  corpa 
animes  une  faoilte  prevoyante,  active,  preservatrice,  qui 
vdlle  k  leurs  besohis,  meme  dana  le  sommeil ,  puisque  cet 
instinct  secret  se  ranime  k  la  mohidre  piqAre,  k  tout  ce 
qui  peut  blesser  un  Individu  :  preuve  d'nne  puissance  spe- 
dale  d'une  force  cachee,  vis  ahdita  qtutdam,  laqudle  a  ete- 
departie  par  la  nature  k  Texistence  de  toutes  ses  creaturea. 
C'est  encore  k  cette  cause  instinctive  qu'il  fliut  rapporter 
ces  sympathies  entre  parents,  qui  font  qu'on  se  reconnatt  et 
qu*on  se  pressent  mutudleroent ;  c'est  ce  qu'on  a  nomme  la> 
force  du  sang. 

Non-seulementrexpressionde/orce«s*appliqaeii  toutes  les- 
puissances  physiques  et  mesurables,  mais  encore  ii  des  actes 
purement  intellectuels.  Sans  doute  on  pent  augurer,  par 
Vexamen  des  sympt6mes  exterieurs,  cheirhomme,rintensite- 
d*une  passion  explosive,  la  colore,  la  frayeur,  i'amour,  etc. ;. 
cependant,  il  est  parfois  de  Pinteret  de  la  personnequi 
les  eprouve  d'en  derober  au  public  lesapparences.  II  est  dea 
sceierats  consommes  tdlement  endurcis  au  crime  qu'ils  ne 
parlent  qu*en  presence  d'nne  mortredoutable;  conmieausal. 
I'binocence  a  sa  force,  capable  de  braver  les  torturea  et  lea 
bourreaux.  Caton ,  qui  ouvre  ses  entrailles  pour  ne  pas  suUr 
le  joug  d*un  mattre ,  avait  tine  kme  magnanime ,  comme  So- 
crate,  buvant  volontairement  la  dgue.  Nous  avons  vu ,  dans 
nos  discordes  dviles,  de  vertueux  exemples  de  grandeur 
d^ftme  et  deforce  de  caractbre.  On  a  dit  avec  bien  de  la. 
raison  que  s'U  faut  de  renergie  de  caractere  pour  supporter 
radversite,  il  en  faut  davantage  encore  pour  soutenir  di- 
gnement  la  haute  fortune. 

La  vigueur  ou  Tintensite  de  la  puissance  mentale  n*esi 
pas  moins  difRdle  k  mesurer.  En  general,  les  puissances 
intdlectndles  s'augmentent  par  Tattention,  par  une  contem- 
plation plus  ou  moins  profonde.  11  est  cependant  des  esprits 
que  Montaigne  appdle  primesautiers,  qui  saisisaent  d'na 
seul  bond  les  questions.  La  force  du  raisonnement  et  dePe- 
loquence  s'emprunte  et  s^echautTe  souvent  aux  passions  : 
Pectus  est  quod  disertos  facit  et  vis  mentis,  comme 
rairirme  Quintllien;  de  \k  vient  aussi  le  motde  Vauvenar- 
gues,  que  les  grandes  pensies  viennent  du  cceur.  Les 
forces  de  Pintelligence  nc  s'accroissent  point  en  proportion 
dc  leur  association  avec  d'autres.  Ainsi,  un  onvrage  fUt 


558 


FORCE 


en  commuD,  quoique  soumiA  k  Tirait^,  nepr^nle  gu^re  qfnt 
d4«  fragments  tndiYiduels  r^unis.  Mais  c'e«t  au  raoyen  de  la 
rtenlon  moimte  dea  Tolont^  en  une  seule,  soit  dans  la  reli- 
gion, 8oit  dans  Im  institotiona  poUUques,  que  nalt  cette 
grande  pnissBMe  des  Etata  et  des  peuplea,  par  le  patrio- 
tisme  ou  par  le  fanatisme.  C*est  k  Paide  de  cette  ^nergie  qne 
les  empires  siibsistenti  car  si  tous  brisez  le  lien  rellgieux  et 
la  foi  polttique,  lea  nations  se  dissolvent  dans  ane  d^Torante 
anarclile.  Sopprimex  rantorit^  do  magistrat,  ouTrez  les  pri- 
sons, \esnuUsons  dejoree  ;que\»  lois  perdent  lear  BOu?eni- 
net^  arec.  la  justice,  et  bientdt  one  confusion  horrible  4tera 
tout  moyen  de  r^istanee,  an  dedans  oontreles  passions  et  les 
iat^r^ts  priT^,  an  dehors  centre  I'ennemi  t'pliis  deforces 
de  terre  ni  de  mer,  aucune  puissance  productrice  et  com- 
merciale. 

La  force  des  £tats  se  mesure  sous  difT^rents  aspects.  Si 
les  institutions  sont  jeunes,  poisaantes  dans  Topinion  et 
famour  des  dtoyens,  le  lien  social  sera  ^nergfque :  c'est 
ainsi  que  Polybe  avait  pr^vu  que  Carthage  devait  aoccomber 
sous  Rome,  flinatiste  de  cet  ardent  patriotisme  qui  exaltait 
R^Ins,  tttBdis  que  l*or  /ttai(  ploi  puissant  dans  la  r6po- 
blique  coromer^ante  dea  Phteiclens,  et  qae  la  perfidie 
punique  ^it  proyerbiale^  Dne  nation  agricole  se  defend 
mieux  chei  elle  qo^un  people  maritime  on  indostrieL  Tout 
£tat  pautre,  mais  reaserr6,  compaete,  est  plos  r^istant  que 
«Hl  est  ricbe  et  trte-vaste.  Les  pays  libres  d^loient  plus 
d*6nergie  que  les  empires  asseryis.  Les  insolaires,  les  mon- 
tagnards,  montrent  plus  de  coherence  et  d*ftpret($  d'action 
<]ue  les  habitants  des  plainea  ouvertes  et  contlnentales.  Les 
peuplades  errantes,  comme  les  hordes  de  Tatars  dans  leurs 
steppes,  on  les  tribos  d'Arabes  dans  leors  d^rts,  sont  es- 
sentiellement  indomptablea :  eellea  qu^on  soomet  on  Jour 
^cbappent  blent6t  k  I'asserTissement.  Les  peoples  naViga- 
teurs,  pnissants  par  leura  colonies,  leurs  taisseaux,  leur  im- 
mense commerce,  sont  forts  k  la  drconfi^noe,  faibles  au 
centre ;  c*est  le  contrairc  pour  les  pays  sans  relation  ou 
concentres  en  eox-mdmes.  Les  vieilles  nations,  amollies  et 
•civilistes,  peovent  6tre  yaincnea  assei  facilement;  maiselles 
absorbent  lev  vainqoeor,  et  triomphent  souTent,  par  les 
arts,  de  la  barbaric  qui  lea  Cante :  ainsi,  le  Chlnois  a  ci?ilis^ 
les  Mantchoox,  e|ie  Grec les  aadens  Remains,  si  laroucbes. 
Les  forces  d*un  tUX  ne  sont  done  point  seulement  oelles  des 
finances,  nl  m^me  le  nombre  immense  des  troupes,  les 
places  fortes,  les  armes  de  lontes  natures,  s'il  n*y  a  point 
onanimite  d^action, amour  de  la  patrie,  zAIe  poor  lemaintien 
des  lois  et  institutions,  d^vouement  et  d^jnt^ressement.  L'es- 
time  pour  les  vertos  d  vlqoes,  Tardeor  poor  soutenir  Tbonneur 
national,  de  justes  recompenses  dteernees  ao  merite,  non 
moins  que  la  repression  des  Tices  bas  iet  Ucbes,  voiU  les 
▼rais  elements  de  la  yigueur  des  peoples ,  les  aympt6mes 
d^ne  longoe  yitalite  dans  on  £tat.  J.-J.  ViaET. 

Porce  se  dit  egalement,  an  propre  et  ao  figure,  de  renergie, 
de  TactiTite,  de  Tintensite  d'action  :  la /orce  d'on  poison, 
d*Qn  mal,d'une  passion.  Dans  ce  sens.  La  ybrce  est  une  qua- 
lite  du  style  que  les  pontes  dramatiqoes  surtoot  doivent  re- 
chercher;  c*est  aussi  dans  la  rodme  aoception  qo'on  se 
sert  de  ce  mot  poor  toot  ce  qui  se  rattache  k\^  logiqoe :  Force 
d*an  f aisonnement,  d*an  argoment,  d*ane  objection,  d'une 
preoTe* 

Force signifie aossi Tiolence,  contrainteon  poovoir  de 
eontraindre  !  ceder  k  la  ybrce,  opposer  la /orce  d  la /orce. 

En  parlant  des choses, /orce  signifie  tantdtleur  solidite, 
le  pouToir  qu'elles  ont  de  restster :  Ia  force  d*an  mur,  d^une 
digue ;  tant6t  lenr  hnpeinoslte :  La  force  de  Teau,  do  courant, 
du  vent ;  tantAt  encore  la  propriete  qu^ont  quelques-unes 
d^imprinoer  k  d*autres  one  impulsion  plus  ou  moins  grande, 
de  les  mettre  en  moovement :  Ia  force  de  la  poudre,  d'une 
machine  k  vapeor,  d*nn  levier,  etc ;  oo  enfln  Timpulsion  qne 
re^it  le  corps  pousse,  lance,  Jete  :  La /orce  d*uiie  balte, 
d'nn  boolet.  Applique  k  certaines  autres  choses,  comme  les 
lois,  la  verite,  reioqoence,  revidence,  etc. ,  le  mot  force  est 
syuonynM  d'lnfluenoe,  d'autorite. 


En  termes  de  marine^  faire  force  de  voilA,  c*est  se  serrir  de 
toutea  les  voiles  afin  de  prendre  plus  de  vent  et  dialler 
plus  vite;  faire /orce  de  rames,  c*est  ramer  autant  et  aasM 
viteque  possible.  Les  cootelien  appellent>brcei  one  esp^ce 
de  grands  ciseaux. 

Enpeintoreeten8colpture,li/orce  est  le  caract^re  ressenti 
daBsier  formes;  la /orce  dncoloris  estTemploi  des  coo- 
leurslasplos  vigoureuses,distribueesavec  intelligence ;  qoand 
on  applique  ce  mot  k  TeiTet  total  d^on  tableau,  on  exprime 
par  \k  que  les  ombres  les  plus  vigoureuses  sontopposees  aox 
lumieres  les  plus  brillantes,  effet  quidonne  do  moovement  et 
de  la  saillie  aux  obiets. 

FORCE  ou  PUISSANCE  {Micanique),  action  qoi  pro- 
doit  ou  tend  k  produirele  moovement  d'un  Corps  eo  repos , 
k  modifier  la  vitesae  d'un  mobile  ou  k  Tarreter.  Ainsi,  im 
coup  de  marteau  oa  de  toute  autre  masse  en  mouvement, 
la  detente  d'un  ressort,  la  pesanteur  qui  entralne  vers  la 
terre  tous  les  corps  qui  n>n  sout  pas  trop  eioignes,  llin- 
puUion  d'un  courant  d'eao,  celle  du  vent,  la  reaction  d*un 
nuid&jeiastique  comprime,  etc,  sont  des  forces.  D'aprfts 
lenr  definition,  elles  doivent  etre  mesutees  par  leor  effet, 
c'est4-dire  par  le  m juvement  qu'elles  impriment  oo  qo'dles 
tendent  k  imprimer ,  Tacceieration  oo  le  retard  qo*elles  pro- 
doisent,  et  en  general  d'apris  les  modifications  qoi  en 
sont  evidemment  le  resultat  Comme  la  notion  de  nxrave- 
ment  renferme  celle  de  Vitesse  et  de  direction ,  elles  soot 
aussi  comprises  di^ns  la  notion  de  force  :  de  plos,  oomnie 
le  raisonnemeot  et  I'eiperience  nons  apprennent  qoll  faut 
une  plos  forte  action  poor  iaire  moo  voir  une  plus  grande 
masse,  on  con^it  que  la  mesure  de  la  force  exige  aussi 
celle  de  la  masse  k  mettre  en  moovement 

On  distingue deoxsortesde  forces,  suivant  la  nature  de 
leur  eOet ;  eellea  qui  produisent  une  pression ,  telles  que  la 
pesanteur,  la  tension  d*on  ressort,  IMIastldte  d'on  floide 
comprime,  renergie  des  muscles  des  animaux,  etc.;  toutes 
celles-lli  sont  coroparablesentre  elles,  etpeu vent  etre  oontre- 
balancees  Tone  par  Tautre :  ainsi ,  l*une  d'entre  dies  peot 
servir  a  mesorer  toutes  les  autres,  et  la  pesanteor  a^ant 
ete  choisie,  rinstrument  de  mesure  est  une  sorte  de  ba- 
lance, que  Ton  nomme  e(y  n  a  mo  me  f  re.  Mais  les  forces 
de  percussion ,  tdles  qu'un  coup  de  marteau ,  ne  sont  mtses 
en  eqoilibre  par  aucun  poids,  quelque  grand  qu'il  soit  et 
qodque  petite  que  soit  la  force  qu'on  lui  opposeratt  Une 
these  demecanique,  dont  Iliistoiredes  matheroatiqoesacon* 
serve  le  souvenir ,  avail  cette  eplgraphe  :  PtUex  in  ttrram 
insUiens  earn  repellit,  et  demontrait  cette  assertion.  II 
faot  done  poor  les  forces  de  percussion  one  aotre  unite 
de  mesore  que  pour  les  pressions;  et  comme  ces  forces  ne 
sont  autre  chose  qoe  Taction  d'one  masse  en  moovement, 
on  a  besoin.d'une  onite  de  masse  ct  d*une  autre  de  vilesse. 
Conformement  k  notre  systeme  de  mesore,  on  a  propose 
d'adopter,  en  France,  le  mitre  cube  d*eau  comme  unite  de 
masse,  etPespace  d'un  metre  parcouru  en  une  seoonde  comme 
unite>ile  Vitesse.  Ce  choix  aurait  llnconvenientde  ne  donner 
lieu  qoe  tres-rarement  ^  Temploi  de  runiteprlndpale,  tandis 
qoe  ses  subdivisions  seraient  introdoltcs  habitoelleraent 
dans  la  calcal.  En  effet,  le  dyname  (  nom  impose  k  cotte 
uniti  gig&ntesque )  equivaudrait  k  la  tradion  de  plos  de 
trdze  dievaux  de  roulage. 

Les  ingenieurs  ont  contracte  rhabitude  d*evalaer  la  pols- 
sance  des  divers  moteurs  en  forces  de  eheval,  unite  de 
mesure  quHls  supposent  eqoivalente  k  I'elfort  qull  faodrait 
faire  pour  eiever  en  one  secondc  un  poids  de  75  kilogram* 
mes  i  la  hauteur  d*un  metre.  Pour  un  travail  continue  pen- 
dant qoelques  heures,  ils  estimeotqoe  la  force  de  lliomme 
n'est  que  le  cinquieme  de  celle  do  eheval ,  et  poor  PappHca- 
tion  momentaneede  renergie  mnsculaire  trts-impropreraent 
Jite  coup  de  collier,  Thomme  ne  prodoit  pas  meme  la  sep 
tieme  partie  de  reflet  dont  le  eheval  est  capable  :  c'est  one 
observation  constatee  par  le  dynamometre ;  mais  cet  instni- 
ment  semble  destine  k  donner  aox  peoples  des  avertl^tse- 
ments  d*one  plos  hante  importance  qoe  dea  evaloaUons  me* 


FORCE  —  FORCE  ARMfiE 


caniques.  En  r^uisant  k  une  mesure  moyeone  les  exp^* 
riences  dynamoin^triques  faites  dans  un  pays ,  on  appr^ie 
assex  exabtement  la /orce  moyenne  des  habitants  :  on  s*est 
assure  de  cette  mani^  que  rAnglo-Am^ricain  des  £tat^ 
Unis  est  un  pea  plus  fort  aue  TAnglais »  et  celui-ci  un  pen 
plus  que  le  Francis.  On  devait  a*attendre  que  cette  obser- 
vation serait  confirmee  par  la  mesure  du  travail  journa- 
'  lier  dans  ces  trois  pays.  En  recberchant  la  cause  de  ces  dif- 
fidences, que  Ton  ne  peut  attribuer  au  climat,  au  sol ,  aux 
caracl^res  distinctifs  des  races  d^hommes ,  etc.,  on  est  bien- 
tot  mis  sur  la  voie  qui  la  fait  d^couvrir  :  on  ne  doute  point 
que  le  r^ime  alimentaire  des  ouvriers  ne  favorise  et  n*en- 
tretienne  plus  ou  moins  Taction  musculaire ,  et  cetui  des 
Franfais  n*est  certainement  pas  le  meillenr.  Les  m^ecins 
n^epargnent  pourtant  pas  leurs  sages  remontrances ;  mais 
Tbabitude  est  plus  forte  que  la  sagesse,  elle  triomphe  et  se 
obaintient  Ferby. 

La  cause  de  mouvement  que  Ton  appelle  force  nous  est 
inconnue,  quant  k  son  essence,  mais  nous  pouvons  me- 
surer  ses  efifets.  Loi^u^une  force  agit  sur  un  corps  quel- 
conque,  sa  direction  k  un  moment  donn^  pent  toujoursfttre 
iigur^  par  une  ligne  droite ;  bien  plus ,  on  repr^nte  son 
intensity  plus  ou  moins  grande  en  donnant  k  cette  droite 
une  longueur  plus  ou  moins  considerable.  On  ram^ne  ainsi 
les  prohl^esdem^canique  ^  n*6treplus  qu'une  application 
de  la  g^om^trie. 

Un  corps  ou  aystime  de  corps  dtant  solliclt^  par  de  cer- 
tainea  forces  donn^,  trouverle  mouvement  que  ce  corps 
prend  dans  I'espace^  r^iproquement,  quelles  doivent  6tre 
les  relations  des  forces  qui  agissent  sur  un  syat^me,  poUr 
que  ce  systtoie  prenne  dans  Tespace  lui  mouvement  don- 
,ne?  Tel  est  le  probl^me  que  se  propose  de  r^udre  ia  m^- 
canique.  Or,  on  d^montre,  en  g^n^ral,  que  lorsqu'un 
corps  est  soumis  k  Taction  de  plusieurs  forces ,  on  peut  rem- 
placer  toutes  ces  forces  en  un  moment  donn^  par  une  seule 
de  grandeur  et  de  direction  convenables ,  et  produisant  le 
mdme  effet;  cette  seule  force  qui  tieat  lieu  de  toutes  les 
autres  en  est  dite  la  r^suUante.  Le  cas  particulier  oil 
cetle  r^ultante  est  nuUe,  c*est-k-dire  ou  les  forces  se  font 
^quil i b  re,  est  Tobjet  de  la  partle  de  la  m^canique  qui  a 
re^a  le  nom  de  J^o/i^iie.  L^autre  partie,  la  dynamique 
ou  science  du  mouvement,  a^en  d^uit  facilement. 

Dans  le  probl^me  de  la  composiUon  des  forces ,  cdles-ci 
^tant  rq[>r^sent6e8  par  des  droites  de  longueur  proportionnelle 
k  leur  intensity  on  distingue  d'abord  les  forces  qiii  agissent 
{^uivant  des  directions  paralldles  de  celles  qui  concourent  en 
un  m6me  point.  On  reconnattque  deux  forces  parall^les  di- 
rigees  dans  le  ipftme  sens  ont  une  r^sultante  ^ale  k  leur 
somrae,  paralL^e  I  leur  direction,  et  passant  par  un  point 
qui  di  vise  la  droite  qui  unit  leurs  points  d'application  en  par- 
ties inversement  proportionnelles  k  leur  grandeur.  II  en  est 
de  mtoie  dans  le  cas  06  les  deux  composantes  sont  dingoes 
en  sens  inverse;  seulement,  la  r^ultante  est  ^ale  a  la 
diffi^rence  dea  deux  aomposantea  et  difi^^e  dans  le  sens  de 
la  plus  grande.  dependant,  U  est  un  cas  particulier  oil  Ton 
DO  trottve  pas  de  rifeultante  unique;  c*esl  celui  oil  les  deux 
forces  dirigto  en  sens  inverse  deviennent^Ies;  on  a  alors 
un  c  0  u pie  qn'one  seule  force  ne  peut  remplacer.  La  thto- 
rie  des  forces  paraUiiles  sert  de  base  ^  celle  de  la  pe  s  a  n  t  e  u  r, 
qui  n*en  est  qu*un  cas  particulier;  car  11  n'y  a  pas  d^erreur 
appreciable  k  regarder  jcomme  parall&les  les  directions  de 
la  pesanteur  agissant. sur  les  dlverses  mol^ules  d*un  m6me 
corps.  Dans  cette  application,  on  trouve  que  la  rdsultante 
de  toutes  les  forcea  de  la  pesanteur  passe  dontinuellement 
par  le  centre  de  grayitii  du  corps  soumis  k  son  ac- 
tion. 

La  th^orie  des /orc65  concourantes  repose  sur  cette  propo- 
sition :  Lariteultantededeux  forces  concourantes  est  repr^ 
sentte  en  grandeur  et  en  direction  par  la  diagonale  du  pa- 
raU^ogramme  constniit  sur  les  droites  qui  repr^sentent  ces 
deux  forces  en  grandeur  et  en  direction.  Si  Ton  a  plus  de 
deux  forces  concouranteS|  on  cherchera  la  r^sultante  des 


659 

deux  premieres,  puis  on  composera  cette  r^sultante  partielle 
avec  une  troisi^me  force,  et  ainsi  dc  suite. 

Au  moyen  de  la  th^rie  des  couples,  on  determine  aussi 
la  composition  de  forces  quelconques  non  silu6es  dans  un 
mfime  plan,  Mais  dans  ce  cas  on  ne  trouve  pas  toujours 
une  r^sultante  unique. 

La  decomposition  des  forces  est  une  opdration  inverse 
de  la  pr^c^ente;  mais  elle  offre  une  ind^termination  que 
"celle-cine  pr^entait  pas. 

FORCE  {ThMogie).  Les  tb^logiens  catboliques  ont 
consid^  la/brc6comme  unetertu  cardinale,  Ilsenteo- 
dent  par  \k  cette  disposition  r^fl^hie  de  Time  qui,  ae  fon- 
dant sur  Tesp^rance  de  la  vie  future  et  la  juste  n^cessit^ 
de  se  soumettre  k  la  volonf^  de  la  Providence,  attendu  qu'elle 
connalt  mieux  que  nous  les  moyens  de  nous  purifier  par  les 
^preuves,  nous  fait  accepter  sans  murmurer  lea  contradic- 
tions et  les  peines  de  cette  vie.  U  faut  en  effet  une  force 
r^lle  et  pers^v^rante  pour  nous  soutenir  'au  millien  de  tous 
les  motifs  de  d^uragement  qui  viennent  assaillir  Tbomme 
d^dd^  k  ne  considdrer  que  son  devoir.  La  force  est  ^ale-: 
ment  ^oign^  de  la  t^  m4rit6  et  de  la  f  alb  less  e.  Aussi 
on  lui  oppose  ces  deux  vices,  qui  ceptodant  prennent  nals- 
sance  en  elle.  Tun  par  excte,  Tautre  par  d^faut.  Elle  est  une 
des  vertus  que  d^veloppe  dans  lechrdtien  le  sacrement  de 
confirmation.  H.  Bocchitt^. 

FORCE  (La ),  ancienne  prison  de  Paris,,  remplac^e  par 
la  prison  Mazas,  qu^on  appelle  aussi  Nouvelle  Force*  La 
Force  a  (AA  ddmolie  en  1850.  Elle  ^tait  situ^  dans  les  rues 
du  Roi  de  SIcile  et  Pavte,  entre  la  rue  Saint-Antoine  et  la 
rue  des  Francs-Bourgeois.  Sur  son  emplacements'^Ievait  au 
treizi^me  si^cle  lademeurede  Charles  d*Anjou,  fr^re  de  saint 
Louis.  Ce  palais  passa  ensulte  successivement  aux  comtes 
d^Alen^on,  aux  d*Orl^ns-LonguevilIe,  comtes  de  Saint-PauA, 
ct  aux  rois  de  Navarre.  Ben6  de  Birague  le  fitenti^re- 
ment  reconstruire.  Le  due  de  La  Force,  qui  en  devint 
ensuite  propri^taire,  lui  dbnna  son  nom.  A  la  fin  du  r^e  de 
Louis  XIY,  cette  demeiire  fut  partagte  en  deux  parties ;  Tune 
forma  Thdtel  de  Brienne,  Tautre  fut  acquise  en  1715  par 
les  fr^rcs  P&rLs,qui  lac^irentaumintstred'Argenson  pour 
le  comptcfdu  gouvernement.  On  voulaity  dtablir  une  ^le 
militaire ;  mais  plus  tard,  sur  la  proposition  de  Necker,  on  en 
fit  une  prison,  pour  jemplacer  celles  duFor-l^v6queet 
du  Petit  Ch&t  el  et. 

Les  prisonniers  y  furent  transfifr^  au  mois  de  juin  1782. 
Cetle  prison  se  dlvisait  en  grande  et  en  petite  Force  ;  cette 
demi^repartieserapportantau  ci-<)evant  li6tel  de  Brienne. 
«  On  y  renfermait,  ditDulaure,  les  prisonniers  d^tenua  pour 
d^faut  de  payement  des  mois  denourricede  leurs  enfants^  les 
d^biteurs  civils,  les  prisonniers  de  police,  les  filles  publiques; 
elle  servait  aussi  de  d^pOt  de  mendicity. »  C'est,  k  La  Force 
que  p^rit  Tinfortun^e  princesse  de  L  a  m  b a  1 1  e. 

FORCE  (Camisole  de).  Voyez  Cahisole  ng  Force. 

FORCE  (Jambes  de).  Voyet  Jah^es  de  Force. 

FORCE  (  Maison  de  ).  Voyez  Pr)soms. 

FORCE  (Tour  de ).  Voyez  Tour. 

FORCE  ( Famille  deLA).  voyez  La  Force. 

FORCE  ARM^E.Lesl^gisiateurs  ont  pour  la  premiere 
fois  parU  de  force  arm^  il  y  a  soixante-dix  ans ;  encorcr 
distinguaient-ils  la/orce  arm^ede  la/orc6pu6%tte,et  con- 
cevaient-iis  la  force  arm^,  c'est-&-dire  Tarm^e  de  ligne , 
par  opposition  k  la  garde  nationale,  Tune  et  Tautre  ^tant 
une  partie  dela  force  publique.  Mais  ces  distinctions  n^ont 
pas  en  de  dur6e;  la  loi  a  pris  le  mot  dans  une  acception 
plus  intlme  :  pour  elle,  patirouiile  et  force  arm6e  sont  deve- 
nues  une  settle  et  m6me  chose;  crier  lila  garde,  c'estinvo- 
quer  la  force  armte.  Des  ^crivains  ont  employ^  le  terme 
force  arm6e  comme  synonyme  de  force  militaire  :  cette 
demi^re  expression  vaut  un  peu  mieux ,  mais  elle  peint  aur- 
tout  Tidte  d'un  moyen  de  puissance  et  d'action ,  auquel 
concourt  une  ^nergie  intelligente  et  morale,  tandis  que 
force  arnUe  repr<isenteplutdtune  force  num^rique  ou  phy- 
sique, regardde,  par  une  fiction  convenue,  comme  ^tant  k  la 


$60 

disposition  da  goaTeniemeDt.  La  fitodalit^  a  ^  la  force  arnite 
du  moyen  ftge ;  les  armte  permanentes  sont  deTenues  la 
force  arm^  des  stales  modernes.  En  France*,  la  force 
arm^  n'est  devenoe  nationale  que  depuis  la  conscription  et 
ies  appeU,  surtout  depuis  les  dlscnssions  dn  budget 

G*^  BiRoiif. 

FORGE  CEJVTRIFyGE.  Voyez  Cbntrifccb  (Force). 

FORCE  GENTRIPETE.rotf<;zCEirniiplTE  (Force). 

FORGE  DE  CHOSE  JUGEE.  Voyei  Chose  jocis. 

FORGELLIM  (£Gimo),c^bre  philologoe  itaUen,naquit 
en  168^8,  de  parents  panvreset  obscurs,  dans  un  village  pen 
^UApi6  de  Feltre,  dans  Panden  £tat  de  Venise.  Admis  par 
charity  an  s^mlnaire  de  Padoue,  ses  progrto  dans  T^tude 
des  languesandennes  ftirent  si  rapides  et  si  extraordinaires, 
queFacciolati,son mattre, ne  tarda  pasJi Tadmettre  k  par- 
tagerses  travaux  lexicograpblques.  En  1718,  lis  con^urent 
le  projet  de  publier  on  dictio  nnairecomplet  de  la  langue 
istlne;  mais  ForceUini  ayant  ^  envoys  k  Ceneda,  comma 
professeur  de  rb^toriqne  et  directeur  du  s^minaire,  les 
denx  amis  en  suspendirent  Tex^tion,  quails  ne  purent  re- 
prendre  qu'en  1731 ,  qnand  Forcellini  fut  rappel^  k  Padoue, 
grftce  k  Tappiii  del'^Tdqne  decette  Yiile,  Rezzonico,  et  qui 
se  continua  d^  lors  sans  interruption  sous  la  direction  de 
Facdolati.  Forcellini  mourut  en  1768 ,  avant  Timpression 
de  Tceuvre  k  laquelle  11  ayait  traTaill^  ayec  tant  de  pers^y^* 
ranee,  et  qui  parut  plus  tard  sous  le  tltre  de  ;  Totius  lati- 
niiatis  Lexicon,  consUio  et  cura  Jac.  Facdolati,  opera  et 
studio  JSgid,  ForceUini  lucubratum  (4  yoU,  Padoue,  1771; 
^*  M.,  1805),  ouyrage  que  cbacun  reconnut  aussit6t  pour 
le  recoeil  le  plus  complet  qu*on  possMe  en  ce  genre,  et  qui 
Jouit  d*nne  grande  et  l^itime  h^putation.  Furlanetto  en  a 
public  le  compl^ent  sous  le  titre  d^ Appendix  ( Padoue, 
1816,  In-fol. ) ;  le  m^e  philologue  a  public  aussi  une  nouyelle 
et  plus  compile  Mition  de  Poeuyre  commune  de  Facciolati 
«t  de  ForceUini  (Padoue ,  1828) ,  laquelle  a  ^t^  rdmprimde 
en  Angleterre  et  en  Allemagne  par  Voigtlsender  et  Hertel. 

FORGE  MAJEURE.  On  appelle  force  majeure 
r^y^neroent  impr^yu  qu'on  n*a  pa  emp6dier.  Nul  ne  r^ 
pond  de  la  force  majeure.  L*autoritd  souyeralne,  dans  ses 
yolont^  arbitraires,  sous  les  empires  despotiques,  est  encore 
une  force  n^jeure  et  irresponsable.  II  y  a  cette  dirr(6rence 
entre  la  force  majeure  et  lecas  fortnit,  que  ce  dernier  sup- 
pose presqnetoujours  un  fait  materiel,  par  exemp^e,  Timp^- 
tuosit^  des  flots,  les  incendies,  les  chutes  des  rochers  on  des 
^fices,  les  naufrages,  etc.,  tandis  que  la  force  migeure 
emportele  plusordinairement  Pid^  d^une  yolont^  liumaliie. 

FORCEPS)  instrument  en  forme  de  pince,  qui  sert 
dans  la  pratique  des  accoucbements.  On  en  attribue  Iln- 
yention  k  un  chirurgien  nomm^  Chamberlayn,  qui  exergait  k 
liondresyers  le  milieu  du  dix-septidme  si^cle.  Palfinpr^nta 
k  I'Acad^mie  des  Sdences  de  Paris,  en  1721 ,  un  instrument 
qu'il  appelait  mains;  depuis  cette  ^poque,  il  a  ^ti  modifi^ 
dans  ses  dimensions,  sescourbures ,  sa  forme ,  si  bien  que 
jusqo'ii  nos  Jours  on  peut  en  compter  pr6s  de  cent,  quoiquMl 
soit  blen  difficile  de  croire  que,  dans  un  si  grand  nombre, 
plosieurs  n^aient  entre  eux  beaucoup  de  ressemblance.  De 
nos  jours  on  a  adopts  presque  g^n^ralement  celui  de  Levret , 
nyec  quelques  modifications.  Get  instrument  est  compost 
de  deux  branches  de  cbquante  centim^res  de  longueur, 
aplaties  transyersalement  et  diyis^s  en  trois  parties.  L'an- 
t^rieure  se  nomme  serre  on  cuilldre :  elle  pr^sente  en  eflet 
eette  demise  forme,  excepts  que  le  centre  est  ^?id^  dans 
line  grande  ^tendne  dliptique ;  la  partie  post^rieure  sert  de 
manche  k  rinstrument;  et  la  moyenne  est  le  point  de  Jonc- 
tion  des  deux  branches,  qui  se  s^parentayec  la  plus  grande 
fadlit^. 

CrHoume  tons  les  instmments ,  comme  tous  les  prookl^ 
op^toires,  le  forceps  a  eu  son  temps  de  yogue  et  son 
temps  de  proscription.  On  Ta  yn  employ^  dans  presque  tous 
les  accoucbements  dont  le  trayail  ne  se  prdsentait  pas  de 
la  mani^  la  plus  ordinaire ,  puis  enti^remcnt  abandonn^ 
par  des  chirurgiens  effray^s  de  quelques  i^ultats  funestes. 


FORCE  ARMlfiE  —  FORESTIER 


Mais  quel  est  instrument  qui  mani6  par  dea  mtliis  i]iLa« 
biles  ne  deyrait  6tre  soumis  an  m6nie  reprochef  Les  tables 
statistiques  des  bdpitaux  de  Paris  et  de  Londres  d^OMMitrent 
que  de  nos  jours  on  ne  se  sert  gu^re  du  forceps  que  dans 
la  proportion  d'une  fois  sur  deux  cents  accouchementa.  Td 
accoucheur  s*est  cru  dans  Tobligation  de  s'eo  aenrir  pour 
n*a¥oir  pas  altendu  assez  longtemps  le  trayail  de  la  natore, 
qui  plus  d^une  fois  est  yenue  au  secours  de  raoooncbeur 
au  moment  oil  il  se  disposait  k  employer  cet  instrament. 

Baoddocque  et  d*autres  chirurgiens  d'un  m6rite  reeonnn 
ayaientcoutume,  lorsqu'ils  ^talent  forces  de  se  aerylrdo 
forceps,  non-seulement  de  ne  pas  le  cacber  anx  feinmes, 
mais  de  leur  en  d^montrer  Tutilit^  et  la  manito  d'agir;  ib 
leur  en  faisaient  toucher  les  branches,  les  montaient  et  les 
d^montaientdeyantdles,  expliquaient  quelat6te  seule  de 
i'enfant  serait  saisie  entre  les  deux  cuDlires ,  que  cette  pres- 
don  serdt  favorable  pour  Tamener  au  dehors  au  moyeo  de 
tractions  douces  et  bien  m^nag^es ,  nuUement  dangeieaser 
pour  lui ,  les  OS  de  la  t£te  c^dant  de  plus  d*un  centimetre  et 
demi  k  l*^poque  de  la  naissance.  Cependant,  il  est  cer-. 
taines  femmes  crdntiyes  poor  lesqudles  cette  m^hode  ne 
r^ssirait  pas :  elles  seraient  bien  plus  uiqui^tes ;  le  chinirgien 
doit  dans  ce  cas  tAcber  d'op^rer  k  leur  insu.  Entre  les 
maios  d'un  praticien  exerc^,  le  forceps  est  d*une  innocoiti 
Idle,  que  beaucoup  de  fenunes  ont  avoo6  que  des  accoucbe- 
ments naturels  ayaient  ^t^  pour  eUes  plus  douloureux  que 
ceux  dans  lesquds  on  aydt  6tA  dans  la  ntossit^  de  Pern- 
ployer ;  enfin ,  bien  souyent  les  femmes  ne  se  sont  pas  apcr- 
fues  qu'on  s^en  ^tdt  serri  sur  dies.     I.  Bois  ns  LoimY. 

FORCES  CENTRALES.  Voyez  CEi«TRALe8(  Forces). 

FORGES  EXP  ANSI  VES.  Foyes  Expansion. 

FORGLUSION  (du  latin  a/oro  exctoio ,  exdosioa 
du  tribnnd).  Ce  terme  ne  s^emploie  qu'en  procddnre ,  poor 
designer  la  d^h^nce  d*un  droit  on  d'une  faculty  qui  n'a 
pas  6i6  exerc^e  en  temps  utile  (voyez  Fats  db  hov  ascs- 
yow).  On  emploie  surtout  cette  expression  pour  exprimer  la 
ddch^ance  du  cr^neier  bypoth^ire  qui  n'a  pas  prodnit  k 
I'ordre  ayant  la  ddlure  du  proc^-yerbd. 

FOREIGN-OFFICE  (mot  k  mot  Bureau  ^ranyer), 
nom  que  nos  yoisins  donnent  k  cdni  de  leurs  d^partements 
minist^rids  qui  r^pond  k  notre  minist^re  des  affaires  ^tra» 
g^res.  Il  est  situ^  dans  une  rue  de  Londres  appdte  Ikwniny 
street,  d,  dans  le  langage  des  joumaux  anglais,  parier  de 
ce  qui  se  trame  et  de  ce  qui  se  projette  dans  Jkncniny 
street ,  c'est  fort  clairement  designer  le  Foreign-Qfflee. 

FORESTIER9  titre  par  lequd  on  d^ignait  certaii 
ofiider  employ^  dans  les  for6ts.  Jusqu^k  Charles  le  Chauye 
les  gouyemeurs  francs  d'une  partie  de  la  Flandre  portirent 
le  nom  dQ/orestiers,  parce  que  ce  pays  ^tdt  alors  oonyert 
de  forftts  suivant  les  uns;  d^autres  y  yoient  la  traduction 
all^rte  d*un  yieux  mot  germanique  dteignant  une  fonction 
militaire  :  la  Flandre  ayant  alors  616  ^rigite  en  oomt6,  ses 
forestiers  prirent  le  titre  de  eomtes. 

FORESTIER  (Agent,  Garde).  Voyez  Fonfirs  (Admi- 
nistration des). 

FORESTIER  (Code).  Cest  le  nom  que  Ton  donne  k 
la  loi  du  31  Juillet  1827,  qui  r^le  en  France  toutes  les  par- 
ties de  radminlstration  foresti^re  sans  exception.  Ellese 
compose  de  22s  articles,  dlyis^  en  15  titres,  qui  traitent : 
1®  du  r^me  forestier;  2*  de  {'administration  foresti^; 
3^  des  bois  d  for^ts  qui  font  pai^ie  dn  domaine  de  r£tat; 
4*  de  ceux  qui  font  partie  du  domaine  de  la  oouronne ; 
5®  de  ceux  qui  sont  poss^^  k  titre  d*apanage  ou  de  ma- 
jorats r^yerdbles  k  VtUi ;  6^  des  bois  des  communes  d 
des  ^tablissements  publics ;  7^  de  ceux  qui  sont  possM^  in- 
diyisayec  l^tat;  8®  des  bois  des  particuliers;  9®  des  affecta- 
tions spdciales  des  bois  k  des  seryices  publics ;  16"  de  la  police 
et  de  la  conservation  des  bois  d  for^ts;  11*  des  poursoites 
en  reparation  de  ddits  et  de  oontrayentions;  12'  des  pdnes 
d  condamnations  pour  tous  les  bois  et  fords  en  g^n^ral; 
13**  de  Texteution  des  jugements;  14*  d  15*  de  disposi- 
tions transitou^  d  gdni^es. 


FOBESTIEB  —  FORESTIEBS 


661 


Loi  toute  fie  prdtotanoe  et  de  conaenration,  le  code  foret- 
tfer  a  pour  Dot  de  mettre  le  aol  forestier  dis  la  France '  k 
Tabri  dee  dilapidations  qui  trap  longtemps  oot  menace  de 
I'an^antir,  ainal  que  d*assurer  k  Vti^i  certains  droits  sur 
les  bois  et  les  plantations  des  particuliers  dans  la  mesure 
de  rint^M  g^ral. 

Le  sol  plants  d'arbres  se  diYise  en  deux  cat^ories, 
dont  Tune  comprend  ceini  qui  est  soamis  au  regime  fores- 
tier  :  tels  sent  les  bois  que  I^Etat,  la  couronne,  les  apanagistes, 
les  communes  et  les  ^tablissements  publics  possMent,  soit 
en  entier,  soit  par  indivis,  avec  des  particuliers ;  tandis  que 
rauire  renfcrme  tous  les  autres  bois,  c*est-^-dire  tons  ceux 
qui  appartiennent  en  entier  aux  simples  citoyens. 

Le  r^me  forestier  consiste  en  une  s^rie  de  regies  qui 
ont  pour  but  d*empteher  toute  usurpation  du  sol  bois^  et 
d'assurer  la  perp^uit^  de  ses  produits  an  moyen  d*un  am d- 
nagement  ddtermin^  pour  chaque locality  par  une  ordon- 
nance  dn  chef  de  l*£tat.  En  determinant  les  conditions 
auxquelles  les  droits  d^uage  et  d'afTectation  peuTent  6tre 
exerc^  par  ceux  qui  en  sent  in^estis,  et  en  donnant  k  Vt- 
tat  la  faculty  de  les  circonscrire  4un  canton nem en t, 
il  met  obstacle  aux  devastations  qu*ilf  amenaient  jadis,  et 
aflrancliit  la  tr^s-grande  partie  des  for6ts  nationales  de  ces 
ruineuses  servitudes.  En  outre,  toute  concession  de  ce  genre 
est  interdJte  poor  Tavenir ;  d*autres  servitudes  sont  encore 
presciites  au  detriment  des  particuliers  poor  la  conserve- 
Cion  de  la  ricbesse  pubiique,  par  exemple  la  prohibition 
d'etablir  certaines  usines  k  une  distance  moindre  de  i  ou 
2  kilometres,  et  meme  une  ferine  ou  une  simple  habitation 
k  moins  de  500  metres. 

Quant  aux  bois  des  particuliers,  tout  en  lenr  laissant  le 
droit  d'en  jouir  comme  its  Tentendent ,  elle  leur  interdit  le 
nefricbement  Celte  defense  devait  expirer  en  1847; 
elle  a  ete  plusieurs  fois  prorogee  depuis.  Par  centre,  le 
dernier  article  du  Code  Forestier  exempte  de  tout  impOt 
pendant  vingt  ans  les  semis  et  plantations  tentes  pour  re- 
boiser  les  montagnes.  Les  particuliers  possesseurs  de  bois 
aont  assodes  aux  avantages  du  regime  forestier  en  ce  qui 
toucbe  la  reduction  des  droits  d'usage  en  cantonnements, 
la  repression  des  deiits  forestiers,  etc. 

Le  droit  de  m  ar  tel  age,  en  vertu  duquel  le  departement 
de  la  marine  pouvait  marquer  et  retenir,  en  les  payant 
apres  estimation  oontradictoire  tous  les  pieds  d'arbre  qui 
lui  convenaient  parmi  ceux  qu*un  proprietaire  se  disposal t 
k  faire  abattre,  n'existe  plus  depuis  1837.  RelaUvement  aux 
bois  soumis  au  regime  forestier,  ce  meme  droit  a  ete  inde- 
liniment  sospendu  par  des  ordonnances  royales  des  14  d^ 
cembre  1838  et  1*'  Janvier  1839.  Une  autre  servitude  qui 
est  encore  imposee  aux  proprietaires,  mais  servitude  cir- 
oonscrite  k  une  localite  restreinte,  est  relative  k  Fendiguage 
et  au  fascinage,du  Rhin. 

FORESTIERES  (Ecoles).  On  appelle  ainsi  des  eta- 
Misseraents  d*instruction  publique  dans  lesquels  la  science 
forestiere  est  enseignee  dans  tous  ses  details.  Jadis  Tins- 
truction  d'un  forestier  etait  tres-insuffisante.  Le  grand  point, 
c'etait  de  devenir  bon  chasseur.  A  mesure  que  les  forets 
diminuerent  et  que  la  population  s*accrut,  on  reconnut  la 
neoessite  d'une  culture  et  d'un  amenagemeut  des  forets 
plus  con  formes  k  U  science,  et  par  consequent  d^en  cliarger 
des  forestiers  ajant  regu  Tinstruction  speciale  que  reclame 
one  telle  mission.  En  raison  du  petit  nombre  de  preceptes 
que  la  tlieorie  trouvait  dans  le  passe,  en  dut  naturellement 
commencer  par  choisir  la  voie  d'une  instruction  toute  pra-^ 
tique;  des  lors  renseignement  forestier  fut  d'abord  confie 
i  d^liabiles  et  experimentes  praticlens.  C*est  ainsl  que  Zan- 
tbier,  au  milieu  du  siede  dernier,  fonda  dans  le  Hare  la 
premiere  ecole  forestiere  pratique;  et  1^  sa  mort,  arrivee  en 
1778,  on  Tit  secreer  d'autres  etablissements  du  menie  genre, 
par  exemple,  en  1780,  celul  de  Haase  a  Lauterberg ;  en  1790, 
celui  dUslarIi  Henberg,  tous  deoxdans  le  Hare;  en  1791, 
Crlui  d'Hartig  k  Hungen ;  en  1795,  Celui  de  Cotta  k  Zillbach ; 
%H  1799,  celui  de  Drais  k  Fonheim,  etc.,  etc,  Le  plus  iou- 

tIGT.   DC  I  k  CONVERS,  —  f .  I&. 


▼ent  le  fondateor  iMt  Punlque  professenr;  plus  tard  seu* 
lement,  Gotta  s'adjoignit  des  collaborateurs  poor  donner  k 
ses  eieves  des  le^ns  de  mathematiques  et  d*blstoire  natn- 
relle.  La  premiere  ecole  forestiere  publique  fut  fondee  en 
1770  k  Berlin,  sons  la  direction  de  Gleditscb.  Mais  Gleditseh 
etait  medecin  et  botaniste,  et  nuUement  forestier.  LHnstitu- 
tion  ne  subsista  pas  longtemps,  paroe  qu'elle  ne  repondait 
sous  aucun  rapport  k  ce  qn'on  etait  en  droit  d'en  attendre. 
Comme  on  comprit  qu'nn  enseignement  theoriqne  pins  eieve 
etait  indispensable,  Tenseignement  forestier  fut  adjoint  vers 
la  fin  du  siede  dernier  aux  ecoles  d*administration  fondeea 
k  Majenee,  k  Manheira  et  k  Lauter.  Mais  on  reconnut 
aussi  rinsuflisancedeces  ecoles,  eton  s'aper^ut  que  I'ensei- 
gnement  forestier  exigeait  la  reunion  de  la  pratique  k  la 
theorle.  Le  due  Charles  de  Wurtemberg  fit  en  1783  le  pre- 
mier essai  de  ce  genre,  en  fondant  IMnstitut  forestier  d*Ho- 
benheira.  Divers  etabUssements  analogues  ne  tarderent  point 
^etrecrees,  par  exemple  cdui  de  Kiel  en  1785,  celui  de  Fri- 
bourg  en  Brisgau  en  1787 ,  celui  de  Dreissigacker  en  1 801 ,  etc. 
Tous  etaient  des  etablissements  publics,  el  prirent  bientOt 
les  developpements  les  plus  lai^ges.  De  nos  jours,  iudepen- 
damment  de  I'ensdgnement  special  que  donnent  tous  ces 
etablissements,  on  j  etudie  les  maUiematiques  et  les 
sciences  naturelles;  et  on  a  reconno  indispensable  neces- 
sitequ*^  chsccn  d'eux  fOt  adijointe  une  portion  de  foret  assei 
vaste  pour  qu*on  y  pOt  eiudder  la  theorie  par  des  le^ns 
pratiques  donnees  en  pldne  foret  L'Allemagne  possede  au- 
jourd'hui  des  ecoles  forestieres  superieures  k  Meustadt, 
Eberswald ,  k  Mariabmnn ,  pres  de  Vienna,  k  Ascbaffen- 
bourg ,  k  Aussee  en  Moravie,  et  k  Eisenach.  Aux  ecoles 
forestieres  de  Tharand  et  d'Hohenbeim  sont  adjointes  des 
ecoles  d'agriculture ;  k  cdles  de  Carlsruhe  et  de  Bruns- 
wick, des  ecoles  pol]^echnique8.  La  France  a  une  ecole  fo- 
restiere k  Nancy,  la  Russie  k  Moscon  et  k  Saint-Peters- 
bourg,  la  Suede  k  Stockholm,  et  TEspagne  aui  environs 
de  Madrid. 

L*ecole  forestiere  etablie  k  Nancy ,  depuis  le  f  Janvier 
i82S,  est  destinee  k  fonmir  des  sujets  k  radministration  et 
k  propager  dans  ses  rangs  les  bonnes  metbodes  de  culture 
et  d^amenagement.  Le  nombre  des  eieves  k  admettre  k 
recole  est  fixe  chaque  annee  par  le  ministre  des  finances  en 
raison  des  besoins  de  Tad  ministration  des  forets,  et  d'apres 
un  concours  public.  La  duree  des  cours  est  de  deux  ans. 
A  la  sortie  de  recole,  les  eieves  qui  ont  passe  nn  examen 
satisfalsant  sont  envoyes  dans  les  inspections  forestieres 
les  plus  importantes,  en  quail  te  de  garde^  gpueranx  sta- 
glaires,  et  sont  ensuite  nommes,  au  fur  et  k  mesure  des  va- 
cances,  k  des  cantonnemeots  de  gardes  g<^neraux. 

FORESTIERES  (ViUes).  On  designe  sons  ce  nom 
plusieun  viiles  allemandes  situees  sur  le  Rhin  et  comprises 
autrefois  dans  la  Foret-Noire,  qui  k  present  ne  s*etend  plus 
jusque-lk ;  ce  sont :  Laufenbourg,  Rbdnfelden,  Seckiogen, 
Waldshut  et  Enslsbeim.  On  a  auui  donne  ce  nom  k  quatre 
viiles  de  Suisse,  voisines  dn  lac  de  Lucerne,  savoir  i  Lu- 
cerne, Schwitx,  Altorf  et  Stanx. 

FORESTIERS  (Arbres).  Voyez  Bois  (Sylviculture). 

FORESTIERS  ( DeiitsV  Les  deiits  forestien  sont  lef 
infractions  aux  regies  prescrites  comioises  par  les  proprie- 
taires dans  leors  propres  bois,  comme  ledefrichement 
sans  autorisation,  par  les  adjudicataires  de  coupes  dans  les 
bois  soumis  au  r^me  forestien,  et  enfin  par  les  usagers 
dans  les  bois  en  general.  II  y  a  en  outre  des  deiits  et  des 
contraventions  portent  atteinte  au  droit  de  propriete  qui  ne 
sont  pas  punls  comme  les  autres  vols,  mais  entralnent  des 
amendes  et  des  peines  particuUkret  graduees  suivant  l*im- 
porlance  du  dommage.  Ces  deiits  et  contraventions  sont 
de  deux  sortes,  ceux  qui  ont  pour  objet  les  coupes  et  eoie- 
vements  de  bois  et  les  deiits  de  pkturage.  La  constatation 
et  la  poursuite  des  deiits  forestiers  oommis  dans  les  bois 
soumis  au  rdgime  fonstier  sont  confiees  aux  agents  et  gar- 
des; les  gardes  des  particuliers  sont  egalcment  cliarges  de 
k  poursuite  dee  deiits  et  oontraventions  dans  Tinteret  dei 

7t 


663 


FO&ESTl£tlS  — 


particiiHen.  Tontw  let  pootsottet  estrcte  ao  nom  de  PmI- 
miiiistratioii  gtetele  dm  for^ts  se  portent  devant  let  tri- 
bananx  oomctioiinels.  II  en  est  de  ntaid  ponr  let  d^lilt 
oomnit  dans  lea  bob  dot  particiiliers,  d  la  peine  qalls  en* 
tralnent  s'ti^TO  an-dettua  de  doq  Joiin  d'emprisonne- 
ment  oade  15  franca  d'amende.  AnHSeatoos^  tfeal  le  juge  de 
paix  qui  en  connalt.  En  matl^e  foreatSto  la  praacription 
est  de  troia  inois  si  les  pi^Yenus  aont  dMgntedans  ie  pro- 
cte-verbal,  de  eix  moia  dans  le  cas  cootralre. 

Lea  d^its  iprestieca  ^taient  jadis  ponis  de  peines  beao- 
oonp  ploa  a^Yires.  A  ce  su|et,  M.  Dupin  signale  pltisieun 
dispositions  singoU^res  de  quelques  aneiennes  eootumes  : 
«  Le  lUt  de  cooper  plein  la  main  dea  Ycrges  poor  le  senrice 
des  chamiea n^est point  considM,  dit-tl,  commeun  ddit. 
Celui  qui  a  pria  du  bota  dans  lea  coapes  pent  itre  suiYi 
ju8qu'4  deux  Ueues  k  la  ronde;  mais  le  coupable  d'on  dtiit 
forestier  ne  pent  plus  Mre  aiTdt6  lorsqa'il  a  pass^  les  pre- 
mieres maisons  do  Tillage  :  on  Yoit  qM  aYait  intMt  k 
marcher  Yite. 

«  L^amende  est  diffiirente,  selon  I'essence  de?  bois  et  I'Age 
auquel  Hs  ^Caient  parvenus.  Suivant  Tart.  47  de  la  oou- 
turoe  de  Beauquesne,  le  chtoe  est  d^fensable  quand  U  est 
asses  gros  pour  6tre  pero6  d'une  tarl^re.  Mais  cetto  d^- 
gnation  est  bien  ^uiYoque,  car  il  5  a  de  grosses  et  de  petites 
tari^res.  Dans  un  weistlium  rapports  par  Grimm ,  le  cli6ne 
est  d^fensable  quand  11  a  attaint  aises  de  force  pour  que 
r^perYier  y  puisse  ddpeoer  un  moineau.  On  comprend  com- 
bien  tous  ces  modes  d'appr^dalion  pouYaient  pr€ter  k  Tar* 
bitraire;  11  eOt  mieux  Yalu,  comme  on  Ta  fait  dans  les  lois' 
OAOdemes ,  se  decider  par  le  degr^  de  rotondit^ 

«  En  AUemagne,  od  le  cb^ne  ^tait  eonsidM,  k  raison 
du  glandage  et  de  sa  Yaleur  poor  les  constructions,  comme 
Tarbre  par  excellence,  la  loi  forasti^e  le  prot^geait  par  let 
peines  les  plus  atrooeai  M.  Bootbors  en  rapporte  quelques 
exemples  extraits  des  weistbumer  de  Grimm.  II  faut  le 
lire  pour  j  croire.  Ainsi,  dans  la  marcbe  de  Bebber,  si 
quelqu*un  s'sYisait  de  couper  un  cbdne  et  qu*il  se  laissAt 
prendre  en  flagrant  d^,  U  sublaiatt  une  eaptec  de  talion, 
car  on  lui  coupalt  la  t6te  sur  la  aouohe»  ob  elle  doYait  raster 
ju8qu*lk  ce  qu'il  se  lormAt  de  nouYellea  tigea.  A  celui  qui 
enlevait  I'^rce,  soit  k  un  cbtoe,  aoit  k  un  bfttre  portent 
fruit,  si  on  povvalt  le  prendre  sur  le  fait ,  le  weiatbum  au- 
torisait  k  lui  ouYrir  le  Yentre,  et  aprte  hii  avoir  tit6  bora 
du  corps  rintestln,  dont  on  attacbait  Textrtoiitd  sur  la 
plaio,  00  lui  fisisait  dire  le  tour  de  t*arbra  joaqu'lt  ee  que 
la  place  ^corcbte  fot  enticement  recouverto.  Un  vieux 
wdsthum  de  Scbaumboorg  condanmait  le  d^linquant  k  une 
lieine  oon  rooins  extraordinaire.  Au  lien  de  Pintesfin,  e^est 
la  partie  secrete  de  sa  persoone  qui  derait  6tr&  cloo6e  aur 
le  trone  de  Tarbre  motile.  Mais  en  mtaie  temps  qu*on 
lui  infligeait  oette  peine,  on  lui  attacbait  la  main  dlroite  sur 
le  dos,  et  on  lui  mettait  dans  la  main  ganche  one  petite 
bachette  pour  quMl  pat  ae  d^lYier  quand  bon  lui  sem- 
blerait. 

«  Ces  peines  ont-elles  jamais  ^appliqute  ?  se  demande 
encore  M.  Dupin.  N*6taient-eUea  paa  simplement  commbia- 
toires  et  sosceptibles  d*6tre  racbettes  par  des  amendesY 
N*en  ^tait-il  pas  de  ces  atrooes  preacriptiona  du  l^gislatenr 
allemand  comma  de  cetto  disposition  de  la  lot  dea  Douie 
Tablea  qui  cbei  lea  Remains  autorisait  les  crtenders  d*nii 
d^iteur  bisoWable  k  le  d^peccr  par  morceaux  et  ^  ae  te 
partager  au  prorate  de  ieura  crtenceat  • 

FORET9  otttil  d*acler  trempA  dont  on  se  scrt  pour  per^ 
oer,  Burtout  les  ro^teux  (voyes  Foiugb),  en  lui  Imprinant 
un  mouYement  de  rotetion,  ordinairfiinentidteniatif,  k  Taide 
d*on  arcbet  11  (but  avoir  aoin  de  ne  pas  trap  prteipiter  le 
fflouveBMBt}  aaaa  oelte  prteantien,  on  aPespoee  k  dd* 
tremper  te  Ibrat  Ia  vitease  pent  oependant  atteindre  de  aa 
k  40  touts  par  mioBto  pour  dea  troua  dont  le  diamitre  ne 
d^passe  pas  2a  millimitrea ;  eUe  doit  dimbiuer  k  meanre 
que  le  diam^tre  augmente. 

Les  foreta  destine  itreoeveir  w  MWVWMBt  de  .mtattan 


FOR^r-NOIRE 

altematir  out  leora  boots  aplatis  et  tallMa  en  g^^  d'of9% 
avec  deax  biaeau^i  qn'on  fbit  siir  la  meule  aprto  U  trempe. 
Les  tranchants  dea  iOreta  qui  pereent  en  todrnant  too  jodis 
dansle  m6me  sens  sent  ^gdement  i  pointes  angulaina  pfais 
ou  rooins obtnaes;  maia  lia  sent  k  bifleau  simple.  Lonqu'un 
foret  a  poor  objet  d'agrandir  on  tron,  on  fait  'prMdHK  worn 
trancbant  d'tan  goujon  du  calibre  du  premier  trou;  il  preod 
alors  le  nom  de  ybre^'oo  mtche  h  goujon. 

On  se  sert  ordinairement  d'huile  pour  forer  le  fer  et 
i'acier.  La  fonte,  le  cuivre,  le  bronze,  la  pierre,  etc.,  ae 
forent  k  sec. 

Les  forets  sent  g^telement  emmancb^  dans  one  bo- 
bine  sur  laquelle  s^enronle  la  corde  de  I'archet.  Pour  les 
grosses  pieces  de  serrurerie,  on  se  sert  d'un  appardl  dans 
lequel  le  foret  ect  mis  en  mouvement  par  une  sorte  de  yA- 
brequin,  et  one  vis  donne  la  pression.  Enfln ,  dans  ces  der- 
niers  temps  on  a  vu  paraltre  des  forets  k  systCne  de  vis 
d'ArcbimMe  mis  en  mouvement  au  moyen  d*une  locte 
d'anneau  qui  monte  et  descend  le  long  d*un  mandie  can* 
nel^  en  spirale,  et  au  baa  duquel  est  fix6  Toutil  codpant. 

On  donne  aussi  le  nom  de  >bre/  k  one  sorte  de  poiote 
emmancbde  en  croix  qui  sert  k  d4bouclier  les  bouteillei. 

FORJ^T  DE  BOH£m E.  Foyex  BoEmciivrALD. 

FOREIVNOIRE  (ScfKwartwald),  nom  d\uie  dialne 
de  montagnes  qui  traversent  le  grand-ducbd  de  Bade  et 
le  royanme  de  Wurtemberg.  A  Touest  de  la  Souabe,  cette 
cbatne  soit  en  ligne  droite  le  cours  du  Rhin ,  aprte  le  graod 
are  qu'il  ibrme  k  Bile,  dans  la  direction  do  sud  an  nord, 
souvent  s^parte  de  ce  fleuve  settlement  par  quelques  myria- 
mdtrea.  EUe  a  pour  Umitea  au  sud  le  Rbin,  au  nord  b 
piaine  situte  entre  TEnx  et  I'embouchure  du  Neciiar  dans  le 
Rhin.  Son  etendue  estrtoie  est  de  12  myrtamitres,  tandis 
que  sa  largeur  de  Test  k  Toiiest  n'^  gtf^re  que  de  6  my- 
riamitres  et  meme,  au  nord,  settlement  de  3  myrlam^tres, 
Les  cours  d'eau  qui  sonrdent  de  son  versant  ocddentel,  teb 
que  le  Wiesen,  I'Eli,  la  Kinxig,  la  Murg,  ie  Neckar,  la  Na- 
gold ,  viennent  se  jeter  dans  le  Rbin;  et  eeox  de  son  ver- 
sant oriental,  dans  le  Danube,  fleuve  qui  y  prend  ^emeot 
sa  source.  La  Foril-Noire  attetet  son  pofait  cohninant  I 
Test  de  Friboorg,  dans  la  contrte  oil  se  trouvent  situte  la 
source  du  Wiesen  et  le  d€Ri6  fameux  appei6  Bctile  (val 
d'Enfer),  ^troite  vall^  toot  entoorte  de  baotes  montagnes, 
aox  environs  de  Reustadt,  Sttr  la  route  de  Fribourg  k  Do- 
nauescbingen.  Cette  montagne  se  compose  plutot  de  pla- 
teaux que  de  pics  isolte,  dont  les  plus  importante  aont  le 
FeUberg  (1&37  m^res),  le  Belken  (1478  metres),  la 
Katzenkopf  (13&8  mitres)  formant  la  ligne  de  demar- 
cation entre  le  territoire  Wurtembeiigeois  et  le  territoire 
Badois,  le  Kandei  (ISOi  mitres),  et  le  BundsriUen 
( i272  mitres).  La  pente  deta  For4i»Naire  vers  le  Rbin  est 
tria-abnipte;  tandis  que  du  c6te  du  Danube  et  du  Neckar, 
elle  est  douce  et  presqne  iilsensible.  Parmi  sea  nombreujes 
vallies,  ceUe  de  la  Mnig  est  surtout  calibre,  par  ses  iwautte 
natorelles. 

L'aspect  triste  et  escarpi  de  la  ForM-Notre,  augments  par 
les  ^paissea  et  sombres  torite  de  sapfaia  qui  en  couvrent  les 
flancs,  hii  a  sana  donte  valu  le  nom  qu*ebe  porte.  Les  Ro- ' 
mains  la  connaissaient  sona  le  nom  de  silva  Maritana.  Le 
dimat  y  eat  assez  rude.  Pendant  pris  de  buit  mois  la 
sommets  ^tevis  sont  oouverts  de  neige,  et  on  n*y  rencontrs 
qoeiqoe  verdure  qu'k  i^^poque  des  phis  grandes  cbaleors; 
aussi  sont-ils  dinuis  de  bois.  Plus  bas,  on  aper^t  te  pia, 
le  hMre,  I'irable,  le  sorbier  des  oiselenrs;  et  enfin  le  sapia 
blane  ae  presse  de  tontea  parte  dans  lea  parties  baases  et 
moyennea.  Avec  le  moindre  hislrament  trancbant,  l*ba- 
bitent  de  la  Toitt-Noire  confectlonne  tons  ces  jooete  en 
txiis  que  te  commerce  r^pand  au  lofai  pour  ramusement  des 
jeunes  gteirations,  surtout  des  liorioges  en  bois,  objet 
d'un  commerce  important,  doiA  le  centre  est  4  llenstadt  et  k 
Furtwang,  et  qui  trouvent  des  dilKHich^  avantagettx  jus- 
qu'en  Amdriqoe.  On  eatime  k  180,000  le  norobre,  et  a  en- 
vifM  wodUioB  4o  firaoosy  la  valeor  i*»  borloges  caboia 


FORfiT-NOIRE  _  FORftTS 


£GI 


^  Pon0ipMI«aaiMMinenMiitdeUt  Fortt-Noire,  dans  les 
difT^rentes  contrtoft  da  globe,  el  dont  beaoeoop  sont  k  ton- 
Mrie  et  k  mntique.  A  cette  indttstrie  il  fant  encore  ajouter 
telle  lie  Im  bbrteatioQ  de^  eliapeanx  de  poille  et  dee  petlU 
jniroirs.  On  troove  pes  do  Tilles  et  db  bonrgs  dans  ces 
montagnes;  lea  baMUntB  y  ^vent  dfepera^,  dans  de  peUtes 
m^taifiea  dont  rarehitectore  a  une  phydonomie  toute  par- 
ticuli^re.  L*agricultiire  se  borne  k  pen  pr6s>  la  cultare  dn 
•eigle,  de  TaToine  et  des  pommes  de  terre;  Ti^live  dn  H* 
tail  eat  beanooup  plna  prodoetiTe.  Sexploitation  des  forets 
eonstitne  aoni  noe  grande  reMonrce  poor  fbabitant  de 
la  Fordt-Nolre)  sons  m  eognte,  faitSer  aapio  tombe  poor 
former  des  radeani  <iid  le  dispntent  sonTeat  en  grandeur 
ant  ties  du  Rhtn,  dont  ils  c6tolent  les  rhres.  Ges  trains  sent 
en  grande  partie  destines  k  la  HoUande,  et  la  plus  belle 
esptee  de  sapins  a  ineroe  pris  de  \k  le  nom  de  sapin  hoi- 
iandais.  On  rtenit  les  arbres  abattos  en  radeanx,  dont  on 
fbrme  ce  qu'on  appelle  une  JMte.  Ds  descendent  dans  le 
Bhin,  par  les  diff^rents  conrs  d'ean  que  nous  arons  66ik 
iiomiii6i.  Tons  leu  trains  se  r^unissent  k  Manlieim.  Geux  dn 
venant  occidental  formeot  ordinalrement  hdXflottes,  aux- 
qnelles  on  donne  le  nom  oollectir  de  train  hollandaii. 
Plus  bas,  assea  communteent  prks  de  Cologne,  oette  Im- 
mense masse  de  bois  s'augmente  encore,  et  Unit  par  res- 
sembler  k  une  tie  flottante,  dont  la  valeor  est  qnelqnefois 
de  plus  de  100,000  francs. 

Les  roches  prfaicipales  qui  constituent  la  base  des  mon- 
tagnes de  la  ForOt-Nofre  sent  le  granit,  le  gneiss,  le  por- 
pbyre  et  le  grte  rouge.  11  y  existe  des  mines  d'argent,  de 
cobalt,  de  oolTre,  de  fer  et  de  plomb,  ainsi  que  des  sources 
min^rales  et  tberroales,  dont  les  plus  fr^nentte  sent  cdles 
de  Baden  et  de  Wildbad. 

Deux  d^ftl^  de  la  Forftt*Nolreoiit  acquis  une  grande  repu- 
tation k  r^poqoe  de  la  r^folotion  fran^aise :  le  KniebU  et  le 
Tal  ^B^fer.  Le  premier,  situd  snr  les  frontl^res  dn  Wur- 
temberg  et  du  grand-duchiS  de  Bade,  aux  soarces  de  la  Mnrg, 
fkit  enl^  k  deux  reprises  par  nos  troupes,  en  1796  et  1797 ; 
le  second  est  c^bre  dans  la  retraite  de  Morean,  en  1706. 

F0R£TS  (iconomie  rvinole,  Droit  adminUtratif, 
HUtoire ).  La  France,  ily  aqnelques  siteles,  4tait  couTcrte 
de  foTtts,  dont  V^tendoe  se  trouvait  toot  k  felt  hors  de  pro- 
portion  aTcc  les  besolnsde  la  population  qn'elleavaitalors.  On 
abattait>  on  coupait  indiffiiremment,  partout  ob  la  ntossit^ 
a'en  faisait  sentir,  les  bois  employ^  i  la  consommation. 
Les  capitolaires  du  neoTiteie  sitele  avaient  Men  ordonn^ 
quelqnes  prteautlons  conserratrices ;  mate  c'^tait  en  i^Teur 
do  gibier,  et  non  pas  des  bois.  II  font  descendre  Jusqo'au 
treiai^e  sitele  pour  trooper  dee  rtglements  flbrestiers,  qui 
encore,  pour  la  plopart,  no  ftiient iamaia exdcntAs.  Avant 
Pordoanaace  de  Louis  XIV  sur  lea  eaox  et  IbrMs,  la  France 
^tait  done,  sous  le  rapport  forestier,  k  pen  prte  dans  la  situa- 
tion oil  sent  actodlement  les  £tats-Unis,  c'est-^-dlra  dans 
cette  premite  pMode  qui  se  prtente  cbex  tons  las  peoples 
«t  oil  dominentle  ddsordre  et  runpr^Toyance,  quant  k  IV 
•age  dea  richesses  forestiires.  Frapp^  de  I'^tat  d^sastreox 
dans  lequel  se  tronvaient  les  fovMs,  par  snite  des  guerres 
eiTiles,  de  II^MNancedea  propriMairas  el  de  la  negligence 
de  leurs  agents^  Colbert  nomma  une  commission  de 
▼ingt-et-nn  membres  cbarg^a  de  pareonrir  la  France  et  de 
faira  une  enqo^ta  dont  le  r^snltat  Ait  rotdonnanoe  de  1669 
que  noos  Tcnoas  de  cUer. 

A  parttr  da  cetta  epoqoa  commence  la  seconde  pMode, 
on  ceUedeconsemtkmetd'amteagement  des  forOts.Lea 
Iwis  sont  mis  en  coopea  r^gldea;  lea  bestianx  ne  peutent  y 
pacager  qn'aprte  nn  certaii  temps,  qui  met  les  Jeunes  pousses 
bora  da  lent  allaiate;  I'am-^nagemeat  est  fix4  poor 
rexploHation;  les  ddfrichementaoe  peuTcnt  aroir  lieu 
qo*en  yertu  de  permissions  aspresaes. 

La  tioisitoie  p^rioda  est  celle  de  la  oaltare  foreatitea  et 
dea  rapeuploBMntSi  pendant  laquelle  on  eiagne  soigneuse- 
BMOt  les  arbreSy  on  CsTorlse  lea  esseneea  les  plus  utiles ,  on 
.npeqple  tos  claia^  ^ar  dea  aeoBia  on  dea  plantations. 


on  creuse  des  fosses  d^asaafnfssenient  on  de  deasechement ; 
on  fait  des  routes  d'exploitation ;  on  accroH,  enfln,  par 
une  culture  plus  savanle,  la  production  sur  une  etendue  da 
terrain  donn^,  en  obtenant  des  arbres  plus  nombreox,  plna 
beaux  et  par  consequent  plus  cliers.  Les  proprietalres  fraih 
(ais  sont  entresdans  cette  periode  Ters  1800,  lorsque  aprto 
la  ReTolution,  pendant  laquelle  les  bois  avaient  beaucoap 
soufTert,  on  put  en  tirer  un  plus  grand  parti  en  raison  da 
I'augmentation  do  nombre  des  manufactures. 

La  quatri^me  periode,  dans  laquelle  les  Allemands  noua 
out  prec^es,  est  celle  des  forets  artificielles.  Afnsi  que  le 
croit  Mathieu  de  Bombasle ,  ce  nouvcau  mode  de  culture 
produira  dans  reconomie  forestl^re  la  m^me  resolution  que 
les  prairies  artificielles  ontoperee  dans  P<^nomie 
rurale.  Lorsqu^on  est  entre  dans  cette  voie  d^aroeiioration , 
on  ensemence  les  landes,  on  plante  sur  les  dunes,  sur  les 
montagnes  et  en  general  partout  uii  Ton  ne  pent  pas  obtenir 
d'aotres  produits.  On  choisit  les  essences  d^arbres  qui  con- 
▼iennent  le  mieux  aux  terrains  dont  on  dispose. 

Yers  le  milieu  du  sitele  dernier  le  marquis  de  MIrabeau, 
dans  sa  TMorie  de  Vimpdtf  estimait  la  superflcie  des  fureta 
de  la  France  k  30  millions  d*arpents  on  environ  15  millions 
d*hectares.  Cbaptal,  faisant  en  1819  rinventaire  de  nos  ri- 
chesses territoriales  dans  son  ooTrage  sur  I'lndustrie 
fran^aise,  portait  retendue  denos  forets  k  7,072,000  hec- 
tares. D'aprte  le  rapport  presente  le  IS  fevrier  1861  par 
M.  Bengnot  k  FAssembiee  nationale  l^slatiTC,  sur  le  de- 
boisement,  la  contenance  dn  sol  forestier  etait  en  i860  de 
8,860,133  hectares,  ce  qui  ne  fait  pas  le  sixitoie  de  la  su- 
perflcie totale  de  la  France.  Ce  chifTre  se  decompose  ainsi : 
P£tat  a  1,226,453  hectaren  de  bois;  les  communes  et  eta- 
blisoements  publics  1,874,909  hectares;  les  particuliers 
5,758,771  hectares. 

En  raison  des  immenses  progrte  (aits  depuis  un  sitele 
dans  la  partie  de  I'agronomie  qui  se  rapporte  aux  forets,  et 
aprte  les  beaux  travaux  de  BulTon,  de  Reaumur  et  de  Du- 
hamel,  on  ne  s'eioignerait  pas  de  la  Terite  en  ayan^t  que 
ces  8,860,183  hectares  rapportent  aujourd*hui  plus  que  les 
15  millions  que  possedait  la  France  k  repoque  ou  ecrivait  le 
marquis  de  MIrabeau. 

Farm!  les  plus  beaux  massifii,  on  dte  les  qnlnxe  sulTants, 
la  foret  d^Orieans  (43,550  hectares) ;  TEsterel,  dans  le  depar- 
tement  du  Var  (26,847  h.) ;  Chaox,  dans  le  Jura  ( 19,503  ) ; 
Fontainebleau  (l  7,000);  Haguenan,  dans  le  Bas-Rhin  (14,791) ; 
la  Harth,  dans  le  Haut-Rhin  (14,764);  Compi6gne  (14,385) ; 
Dabo,  dans  la  Meurtlie  (13,724);  RamboulUet  (12,818) ;  La- 
runs,  dans  les  Basses-Pyrdne^  (12,000) ;  Baygory,  dans  lea 
Basses-Pyrenees (11,870);  Villers-Cotterets  (11,137);  Ver- 
cors,  dans  la  Dr6roe  (9,613);  Tronfals,  dansrAUIer  (9,508); 
Barousse  dans  les  Hautes-Pyrenees  (9,000). 

La  plus  grande  partie  de  nos  bois  soomis  an  r^ime 
forestier  sont  dans  les  departements  dejl*est,  i  I'exception 
cependant  des  Pyrenees  et  des  euTirons  de  Paris.  Les  de- 
partements dn  centre,  de  Tonast  et  dn  mldi  sont  peu  boisds. 
On  y  remarque  avec  peine  de  vastes  landes  incultes,  qui 
serrent  k  la  nourriture  de  miserablea  troupeaux ,  et  des 
montagnes  arides,  que  les  pluiea  d6vastent,  en  entralnant  le 
peo  de  terre  Tegetale  qui  les  couTre. 

Les  six  departements  quicontiennent  le  plus  de  superflcie 
boisee  sont :  la  C6te-d*0r  ( 242,525  hectares ) ;  lea  Vosges 
(221,727  hectares);  la  Haute-Mame  (211,783);  U  NidTre 
(184,170):  la  Meurtlie(  182,225) ;  la  Mouse  ( 180,759).  Les 
six  qui  en  oftrent  le  moins  sont :  la  Manclie  ( 15,985);  le  Fi- 
nist^re  (14,576);  le  Morbihan  (13,848);  la  Corrto  (13,760); 
le  Rhone  (ti,800);  la  Seine  (2,180). 

Le  domaine  forestier  de  TEtat  en  Algerie,  actnellement 
connu,  comprend  one  etendue  de  1,108,000  hectares.  Les 
foreu  de  chenes-li^  compoaent  la  plna  graada  ricbesse 
forestiire  de  cette  contree. 

FORETS  ( Administration  des).  L'Mmiiistration  dea 
foiets,  et  non  plus  des  eaux  et  fore t  a,  comme  elle  s*ap- 
pelalisona^  panden  regime,  est  plaoee  soiis  |a  direction  dq 

7t. 


564 

tninistre  des  flnaooes.  Le  panomid  de  radministration  cen- 
trale  se  compose  dHin  directeur  g^^n^ral,  de  deux  adminis- 
iibieurs ,  de  chefo  de  bureau ,  de  sous-chefs  et  de  commis. 
Le  territoire  flran^is,  j  compris  la  Corse,  mais  sans  comp- 
ter TAlgftrie,  est  divis^  en  trente  arrondissements  forestiers, 
h  la  tdte  desquels  se  trouTe  ua  eonservaieur^  qui  corres- 
pond directeraent  avec  radministration  et  a  sous  ses  ordres 
nn  nombre  plus  ou  rooins  grand  dHnspecteurs  et  de  sous- 
inspeeleurs.  An  dessoos  de  ceux-ci  se  trouvent  les  gardes 
gin&oHX,  Le  titre  d^agent/orestier  appartient  k  ces  fonc- 
tionnaires,  depuis  le  conservateur  jusqu'au  garde  g<^n^ral 
indusirement;  au-dessous,  ce  ne  sont  que  de  simples  prd- 
pos6s  I  teis  sont  les  arpenteurs,  les  gardes  k  cheval,  et  en- 
fin  les  gardes  k  pied.  Les  uns  oomme  les  autres  prfitent 
serment  deYant  le  tribunal  de  premito  instance  de  leur 
residence  arant  d*entrer  en  fonctions.  Nul  ne  pent  exercer 
un  emploi  forestier,  s'il  n'est  ligiS  de  vingt-cinq  ans;  n^n- 
rooins  iesdl^Tes  sortant  de  TEcole  Poresti&re  peuYentob- 
tenir  des  dispenses  d*ftge.  Les  emplois  de  radministration 
des  forMs  sont  incompatlbles  avee  toutes  autres  Tonctions, 
soit  adrainistratiTes,  soit  Judiciaires.  En  France,  VtXaX  em- 
ploie  31  conserrateurs,  200  inspecteors,  100  sous-inspecteurs 
et  500  gardes  g^n^raux. 

Les  agents  forestiers  et  les  pr^poste  sont  charges ,  cha- 
oun  suivant  son  grade,  de  la  direction,  de  la  surveillance 
et  de  Pex^ution  de  toutes  les  operations  relatives  k  la  de- 
limitation, k  Tamenagement,  k  la  conservation,  k  la  vente 
et  k  Pexploitation  des  bois  soumis  au  regime  forestier.  Les 
agents  forestiers  exercent,  au  nom  de  radministration,  les 
poursultes  en  reparation  de  tons  deiits  et  contraventions, 
aprto  les  avoir  constatees  par  proc^verbanx ;  mais,  k  la 
difrerence  de  cecx  des  gaitles,  leurs  procte-verbaux  n^ont 
pas  besoin  d*Mre  afflrmes. 

FOR£tS  (Eanx  et ).  Voyt%  Eacx  bt  Poafrn. 

FORETS  SOUS^MARINES.  On  donne  ce  nom  k 
des  amas  de  debris  de  v^getaux  que  Ton  trouve  sur  un 
aitsez  grand  nombre  de  points  des  cAtes  de  TAngleterre,  de 
rtcosse  et  de  la  Normandie,  etc.  Ainsi,  k  Liverpool  on 
observe  que  les  terres  situdes  au  fond  de  la  mer  avaienl  ete 
autrefois  culUvees  et  habitdes.  A  65  metres  au-dessooa  de 
la  liauteur  moyenne  des  marfies,  11  y  a  un  cimeti^  et  des 
ddpOts  de  tourbe.  Les  vdgetaux  qui  composent  ces  amaa 
sont  identiqnes  k  ceiix  qui  existent  aujourdlmi  dans  la  con- 
trde ;  ce  sont  des  feuilles ,  des  tig^ ,  dea  racines  de  grami- 
Dte,  de  sapin,  de  boolean,  de  cliftne,  d*orme,  de  noise- 
tier,  etc.;  quelques  insectes  y  sont  ml^lds,  quelquea  tiges 
ont  encore  3",  23,  sur  0*"  ,16  de  diam^tre.  Tous  ces  vdgetaux 
^nl  passds  k  Tetat  de  tourbe.  C'est  k  remboucliure  des  val* 
!i^,  dans  des  terrains  d*alIuvion,  composes  d^argile,  de 
sable  etde  vase,  qu*on  rencontre  surtoutces  debris:  ils 
sont  reconverts  ou  mdme  ensevelis  au  milieu  de  ces  malieres 
alluviales;  les  tiges  sont  brisdes;  mais  les  feuilles  existent 
encore,  preuve  evidente  qu*ll  n*y  a  pas  eu  grand  boule- 
versement  dans  la  formation  du  depdt;  on  ptot  lyouter  auasi 
que  les  tiges  sont  sou  vent  verticales. 

Ces  fails  montrent  bien  que  les  vegetaux  dont  il  s*agit 
n'ont  point  ete  rouies;  qnlls  croissaient  1^  ou  ils  sont  au- 
jourd*hui,  et  que  les  invasions  de  la  mer,  la  vase  deposde 
par  ses  flot^  ou  nn  afTaissement  du  sol  sont  les  seules  causes 
qui  ont  produit  les  forftts  sous-marines.      L.  Dussiedx. 

FOREZ  (en  latin  Forishun^  Comitaltu  Forensis  ou  Fori* 
siensis),  ancienne  province  de  France,  bomde  au  midi  parte 
Vivarais  et  le  Velal^  k  I'ouest  par  TAavergne,  au  nerd  par  le 
Dourbonnais  et  la  Bourgogne,  et  k  Test  par  le  Beaojolais  et 
le  Lyonnais,  dans  le  gouvemement  duquel  elle  etait  com- 
prise avant  la  revolution.  Le  Forez  tire  son  nom  de  celui 
de  la  ville  de  Fours,  en  latain  Forum  Set^tisianorum ,  ca- 
pftale  de  la  province  gauloise  deSegusie,  sni  le  teritoire  de 
kquelle  les  Romains  fonderent  Lyon.  A  repoque  de  Tin- 
vasioD  des  barbares,  la  Segusie  fut  occopee  par  les  Bour- 
guignons.  Plus  tardp  lei  tansiqs  mvag^rent  le  paya  dnraiil 
plusieMrs  aon^et* 


FORfiTS  -  FOREZ 


Quand  la  feodalite  se  fut  oonstiluee,  on  vit  paraltre  de 
velles  divisions  de  territoire,  lesquelles  empruot^reot  a  dea 
lienx  principaux  leurs  noms  de  Lyonnais,  Forea  et 
Beanjoiaia.  Ces  pays  (brent  kmgtempa  eneore  rfonia  aoua 
rautorite  de  comtesamovibles;  mais  Guillanme  de  Forei, 
qui,  vers  la  Qn  du  neuvieme  sitele,  fut  nommtf  k  la  place 
du  cei^bre  Gdrard  de  Ronsslllon,  obtint  lliereditedeaa  chargs 
pour  ses  fils ;  Guillaume,  I'atne,  eut  le  Lyonnaia,  Artliaud  le 
Forez  et  Bdraud  le  Beaujolais.  Depuis  lora,  ces  fractions  da 
territoire  seguaien  revinrent  souvent  sous  U  mteieaoloriie; 
mais  ellestradirent  toojoura  k  s*isoler.  Les  deaoendaiita  de 
Guillaume  se  vlrent  reduits  au  Forei ,  malgre  la  nide  et  per- 
severante  guerre  quMls  firent  aux  archev^uea  pour  reoon- 
querir  Lyon,  ce  beau  fieuron  de  lenr  oouronne  eomtale,  oette 
ville  puissante,  dans  laquelle  cea  demiers  avaient  usarpd 
insensiblement  le  pouvoir  temporel. 

La  premiere  race  des  comtes  de  Fom  se  compose  de  dome 
seigneurs,  presque  tous  norames Guillaume  ou  Artbaud.  Guii" 
laume  surnomme  PAncien ,  aprte  avoir  fonde  on  b6pitd 
dans  Monlbrison ,  que  les  comtes ,  chasses  de  Lyon,  avaieaft 
choisi  pour  leur  n^dence  babituelle,  partit  avec  Godefiroi 
de  Bouillon  pour  la  croisade  de  1096,  oh  il  moorut,  devaot 
Nicee.  Ide-Raimonde^  soBor  de  Guillaume  I'Ancien,  porta 
le  comte  k  son  fils  Gui,  qu*elle  avait  en  de  Gui-RaiiBMNid, 
fils  de  Gui  V ,  comte  de  Vicnnois  et  d'Albon. 

Ainsi  comment  U  seconde  race  des  comtes  de  Forea* 
Ceux-ci  plac^rent  le  dauphin  dans  leors  armes,  oomme  eeox 
de  la  premise  y  avaient  place  nn  lion,  par  alluaion  an  nom 
de  la  ville,  qui  faisait  partie  de  leur  apanage*  Gui  /**  moumt 
en  1137.  Gui  11^  son  fils,  lui  succeda.  II  combattit  avec 
succes  le  comte  de  Neven,  quMl  fit  prisonnier,  cC  goer- 
roya  pendant  trente  ans  centre  I'archeveque  de  Lyon.  Ealln, 
en  1179,  les  deux  partis  conclorent  nn  accord  definitif, 
qui  fut  approuve  par  le  pape,  Tempereor  et  le  roi  de  France. 
Le  comte  de  Forez  abandonna  pour  toujours  aux  archeveqiies 
et  aux  chanoines  de  reglise  de  Lyon  I'autorite  teroporeite 
dans  le  Lyonnais,  moyennant  one  sommede  1,100  marcs 
d'argent  et  la  remise  de  quelques  selgneuries.  En  1 18S,  Gui 
alia  se  cruiser  dans  Tabbaye  de  Ctteaui ,  et  partit  avec  re- 
vdque  d*Antun.  II  revint  deux  ans  apr6s.  En  1199, il  aban- 
donna entierement  le  comte  Itson  fils,  et  se  retira  dans  i*ab- 
baye  de  Benissons-Dieo.  II  vecut  encore  environ  donaa 
ans. 

En  1202,  son  fils  Gui  It  I  paiiit  pour  la  croisade,  on  11 
mourut,  ne  laissant  que  des  enfanU  en  bas  ks^ 

Gui  IV,  Tafne,  lui  succdda,  sous  la  tutele  de  son  grand-p^ 
et  de  sonoocle  Renaud,  ardievequedc  Lyon.  C*est  a  ce  comie 
que  la  province  du  Forez  doit  sa  veritable  constitution,  tt 
fut  le  premier  qui  accorda  des  lettres  de  franchise  k  ses  \9!^ 
saux  immediats;  ce  fUt  aussi  lui  qui  organise  le  hailiia^  da 
Forez ,  auqiiel  il  confia  le  jugement  de  tous  les  grands  erinu- 
nets.  Ce  tribunal  pronon^lt  selon  le  droit  ecrit,  n*abandoa- 
nanl  aux  justices  seigneuriales  que  de  simples  deiits. 

Gui  r,  fils  du  precedent,  ne  parvint  pas  aana  diifioulte 
au  comte,  qui  lui  fut  dispute  par  aon  cousin  le  seigneur  de 
Barfie.  Mais  celui-ci  finit  cependant  par  y  renonccr,  moyen- 
nant la  cession  de  quelques  fiefs.  Gui  V  fit  deux  fois  le  voyags 
de  la  Terre  Salnte,  la  premiere  au  commencement  de  son 
regno,  et  la  seconde  en  1252.  II  moumt  en  if  S9.  Son  fr^re 
Renaud  lui  succeda,  et  monrut  egalement  bient6t  aprte. 

GuJi  Vf,  fils  alne  de  Renaud,  comte  de  Forez,  vecot  pen, 
et  laissa  le  comie  k  son  fils  Jean  i^ ,  Age  seulement  de 
deux  ans.  Ce  prince  recula  considerablenoent  les  homes  de 
ses  domaines,  prit  part  k  loiitea  les  guerres  de  aon  temps, 
fixa  aa  residence  k  Paris,  oil  il  fit  bAtb  dans  la  me  de. la 
liarpe , «  un  Itosiel  de  Fonrei  en  nn  lieu  appdd  dntn-Peli^ 
Pont  »•  et  iouit  k  la  eour  d'un  credit  merite. 

Gui  Vii,  fib  et  successenr  de  Jean  I*',  liit  im  «leii  cfaeft 
de  rarmee  qu«  Philippe  de  Valois  donna  k  Jean ,  roi  de  Bo- 
lieme,  pour  I'aider  k  faire  la  conquete  de  la  Lombardie 
Cctte  expeditioo  n'eut  aucun  succes,  else  tereiina  pronp- 
leiMit,  111  honte  da  la  nobleiie  Ihittfa^  dont  nna  cmdif 


FOREZ  —  FORFAR 


ft6S 


partie  ftit  faite  priiomuire.  Le  eomte,  qui  vM  dpona^  Jeanne 
de  Bourbon »  se  aignala  enaoite  dana  lea  snerraa  contra  lea 
Anglaia.  louli  I*'',  son  fila,  lid  soooMa  en  1359.  II  ftit  ku6  ^ 
la  bataiUe  de  Bri^uda.  Sod  fir^re  Jean ,  qui  lui  auccMa, 
^tant  tomM en  d^menoe,  le  Forei  paaaa  k  Loi^  II ,  dnc  Ae 
Bourbon,  hMtier  dn  eomt^ par  aon  mariage  avecAnne, 
daupbine  d'AuTergne,  seul  rejeton  de  cette  famille. 

Depuia  lore  oette  province  forma  Tapanage  dea  fenunea 
dea  Juca  de  Bourbon  (eomme  plua  tard  le  donaire  de  plu-' 
aieura  TeuYCsdea  roia  de  France)  on  leur  serYit  de  relraite. 
Maia  IMloignement  dea  nonveanx  maltrea  et  la  nteeasiti^  ob 
Ton  ae  trouTalt  devoir  reoonraaui  gena  de  guerre  pour  re- 
pouaaer  les  Anglaia  qui  raTageaient  le  Fores,  donntont occa- 
sion aux  petite  aeigneura  d^etendre  leura  priTil^gea  au  pr^- 
iudioe  dea  liberty  publiqoea.  Le  Fores  fut  r^ni  k  la  cou- 
ronne  aprte  la  defection  du  countable  de  Bo  urbon,  en 
1531. 

Dana  le  coora  du  seisiime  aitele,  oette  prorinee  ftit  cruel* 
lement  6pronTte  par  des  calamity  de  toatea  espteea.  Le  ba- 
ron dea  Ad  ret  a,  pour  lea  proteatanto,  eC  le  fi^roce  Cbrla- 
tophe  de  Saint>Clnniond  s*y  aignalirent  k  Tenvi  par  les  plua 
grandes  atrocitto.  A  partir  de  la  Saint-BartMiemy,la  guerre 
7  prit  encora  un  pins  horrible  caract^ro  de  barbarie  :  ce  fot 
line  lutte  inoesaante  de  cbAtean  k  cliAtean,  de  maiaon  k 
maison.  Au  milieu  de  cea  d^sordres  naquit  la  Ligue.  Les  ca- 
tlioliques  for^ena  se  difis^irent  alors  en  royalistea,  ligDeors 
el  partisans  dn  dnc  de  Nemours,  qui  Toulait  se  ci^er  un 
£tat  ind^pendant  i  Lyon,  aTec  lea  provinces  voisinea.  Le 
roi  Henri  IV  sul  profiler  de  cette  d^union,  et  ne  tarda  paa 
k  £tre  reconnu  ptf  toute  la  province.  Cette  demi^  crise 
paas<^  il  n'y  ent  dans  le  Fores  rien  de  bien  important  en 
politique  jusqu'^  la  revolution.  LHndnstrie  j  prit  beaucoup 
d^activit^,  et  donna  naissancelt  la  villa  de  Saint-^tlenne. 
A  cette  ^poque  le  Fores  fut  uni  au  Ljonnaia  et  an  Beai^o- 
iais,  pour  former  le  d^rtement  de  Rli4tae-et-Loire;  onala 
la  r^volte  de  Lyon,  i  laquelle  la  province  du  Fores  prit 
une  part  trop  active,  fit  aentir  k  la  Convention  la  n^cesaitA 
de  diviser  cette  agglomeration  homogtee,  et  le  depariement 
de  Rhdne-et- Loire  fut  partag^  en  dens  departemente,  qui 
prlrent  diacun  le  nom  d«  Tun  de  cea  fleoves. 

Le  Fores  fait  partie  du  departeraent  de  la  Loire. 

FORFAIT.  En  matiirea  civiles,  oe  mot  se  dit  de  To- 
bligation  qua  Tonprendde  fUra  une  dioae,  on  du  traits  que 
Ton  fait  k  Toccasion  d*un  droit  eventnel,  moyennant  un 
certain  pris,  k  perte  ou  k  gain;  par  excmple  lorsqne  dana 
la  stipulation  de  la  eommunaute  entre  epoox  il  eat  dit 
que  Pun  d'eux  on  ses  heritiers  ne  pourront  pr^ltendre  qu% 
iinecertaine  somme  pour  tous  droits,  la  communaote,  qu*elle 
soil  bonne  ou  mauvaise,  doit  toojoors  payer  la  somme  con- 
venue  :  lorsqu*un  arcbitecte  ou  entrepreneur  s*est  charge 
do  la  construction  d*un  bfttiment,  d'aprte  un  plan  convenu 
avec  le  proprietaire  du  sol,  et  pour  nn  prix  determine,  il 
ne  pent  demander  aucuue  aufcmentation  sous  pretexte  de 
changenjent  ou  d'augmentation  dana  le  plan,  ou  de  reoche- 
rissement  de  la  main-d'oeuvre  ou  dea  materiaux.  Le  pro- 
prietaire  pent  resilier  par  sa  seule  volont^  le  marche  k  for- 
fait,  quoique  Tonvrage  aoit  dejii  commence,  en  dedomma- 
geant  rentrepreneur  de  tootea  ses  depenses,  de  toua  sea 
travaux  et  de  tout  oe  qu^il  aurait  pu  gagner  dana  son  en- 
treprise. 

Forfaii  est  encore  synonyme  de  crime  et  dit  meme 
plus  que  ce  dernier  moL  Autrefois  le  verbe  forfaire  s*ein- 
ployait  poor  deiinquer,  oommettre  un  deiit.  Cest  dana  ce 
sens  qu*on  dit  encore  for/aire  d  Vhonnewr* 

FORFAITURfi.  La  forfaiture  eat  le  crime  dont  se 
rendent  eoupablea  lea  foncttonnairca  publlca  de  Tordre  ci- 
vil et  de  Poi^re  Jndidaire  qui  prevariquent  dana  Texercice 
de  lenrs  fonctions.  La  loi  repute  tela  lea  maTgistraU  et  ofll- 
ciera  de  police  Judidaire  qui  exerceraient  des  poorauiteii 
peraonnelles  contm  des  ministres,  des  mombrea  du  senat, 
du  coaseil  d*£tat  ou  du  corps  le^lalif,  ou  qui  en  auraient 
prdome  r^rf^t^tioii,  (iprs  1^  c«  de  Qagranl  deiiti  sana  lea 


auturisatlona  preacritea;  ceux  qui  anraient  retenv  on  teit 
retenir  nn  individu  bora  dea  lieox  determines  par  le  gonver^ 
nement  on  par  I'administration  publique,  ou  qui  aurai^iit 
traduit  un  citoyen  devant  une  cour  d'aasises,  avant  qu*il 
eOt  ete  mia  le^ilement  en  accusation ;  ceux  qui  ariraient 
mis  obstacle  d'une  mani^re  quelconque  k  Padmlntstration 
de  la  justice  on  k  Pexecution  des  lols,  etc.,  de»  ordres  ema- 
nes  de  Tantorite  administrative,  qui  auraient  persiste  k  ro> 
tenir  lea  mati^res  attribuees  k  cette  autorte,  nonob<tant  le 
conflK  qui  leur  aurait  ete  notifi^,  ou  Tannulation  de  leur 
jugemcnt;  qui  se  seraient  immicea  dans  Texerdce  du  pou* 
voir  If^islatif;  les  joges  et  admmictniteurs  qui,  dans  les 
contestations  k  eux  soumlses,  kc  seraient  deddes  par  favcur 
pour  une  partie,  on  par  inimitie  contre  die  :  ce  crime  est 
puni  deladegradation  dvlque;  lea  poursuites  auxquel- 
les  il  donne  lieu  contre  ses  auteurs  sent  soumlses  k  de4 
formalltea  particulierea  qui  sont  traceea  au  Code  d^Instnic- 
tion  crimindle,  art.  448  et  suivants. 

FOIIFANTERIE.  C*est  le  dernier  exc^  de  la  van- 
terie  dana  ce  que  nous  presuraona  devoir  tourner  k  notre 
eioge  ou  repand^  un  certain  eclat  sur  notre  personne.  K 
est  k  remarquer  que  nulle  vue  dliiteret  n*entra  dans  la  for- 
fanterie  :  ce  n^eat  doqc  point  un  vice  qui  soil  baa ;  c'est  sim- 
plementontravers  d^esprit  infinimcnt  ridicule.  11  suppose, 
en  general,  une  absence  complMe  de  toute  education,  au 
moins  decdle  que  donne  le  monde;  auasi  n'est-U,  en  ge- 
neral, Tapanage  que  dea  gens  apiiartemmt  aux  demi^rea 
classes  de  la  sodete  :  c*est,  k  bien  dire,  une  habitude  de 
manvais  too.  On  a  cependant  vn  qudques  hommes  de  guerre, 
parvenna  k  la  premiere  dignite  de  leur  noble  profession,  na 
pouvoir  se  defidre  d*nne  sorte  de  forlanterie  contlnuelle  : 
tel  fut  le  marechal  de  Villars ;  tds  furent  bien  d^autres  ma- 
rechaux  de  France.  La  forfanterie,  sans  exclure  d'ailleurB  It 
courage  le  plus  briUant,  n*en  est  pas  toujoura  la  compagne; 
loin  de  1^,  elle  est  presque  toojours  rindioe  d*nne  lAcliete 
sans  remMe.  On  voit  sans  cesse  les  gens  qui  font  sooner 
le  plus  baut  leur  forfanterie,  s^effaoer  auasit6t  k  Tarrivee  de 
ceux  qui  out  une  renommee  de  bravoure  incontestablement 
etablie,  et  esquiver  avec  eux  U  plus  leg^e  discussion,  crainte 
dea  suites;  c'est  ce  qu'on  appelle  en  style  famllicr  Jiler  doux. 

SAlNT-PROePOL 

FORFAR  ou  ANGUS,  riche  comte  de  Vtcoue  oentrale, 
riverain  de  la  mer  dn  Nord.  offire  unesuperfide  de  29  myria- 
m^tres  carres,  avec  une  population  de  175,000  balMtants. 
Prte  de  la  moitie  de  ce  pays,  sa  partie  septentrionale,  est 
parooume  par  dea  ramifications  des  monU  Grmmplans,  ditca 
Braes  of  Angus,  sVlevant  en  une  suite  de  belles  terrassea 
dans  la  direction  du  nord  jusqu'aux  liniitea  du  comte  d*A- 
berdeen,  arrondiea  pour  la  phipart  et  couvertes  de  marais, 
de  bruy^res  ou  bien  encore  d'aasex  miserablcs  taiUis,  et  of- 
frant  parfois,  surtout  k  Glen-Clova,  lea  plus  effrayantea  an* 
fractiiosites  recouvertes  d*une  sombre  venlure.  Les  points 
les  plus  thieves  en  sont  le  Bannock, ( i5S  m.  )  et  le  Glen- 
Dole  ( 967  m.  J.  Lea  SidlavhNUls^  liauts  de  plus  de  43.1 
metres,  avec  des  pointes  coniqoes,  comme  le  ceiebre  Dun» 
sinane'HUl,  se  prolongent  plus  au  sud  parall^lement  aux 
Grampians,  tant6t  couverte  de  bruy^res,  tanl6t  compieie- 
ment  nus  et  arides.  Ces  deux  etnbrancbcments  de  monta- 
gnes  sont  «^pares  par  le  Uow  of  Angus ^  partie  de  la  grande 
valiee  de  Strathmore,  et  forment  une  contree  des  plus  pit- 
toresques,  ud  se  succMent  les  terres  ^  bie ,  les  plantetlons 
et  les  metairies.  Entre  les  Sidlaw-Hills,  le  golfe  de  Tay  ct 
la  mer,  s*etcnd  une  vaste  pUlne,  d*nne  superficie  de  7  &  a 
myriamMres  carrea,  parfaitement  cultivee,  k  pen  d'excep- 
tions  prte  du  moins,  et  d'une  grande  fertilite.  Lea  rivi6rea 
les  plus  importantes  de  oe  comte  sont  risk,  leNorth-Kfk, 
et  le  Sotttb-Esk.  Le  diniat,  tr6s-froid  aur  les  plateaux,  e»t 
tempere  dans  les  valieea.  Toulea  les  metliodes  employdea 
pour  ameitorer  le  sol  et  perfectionner  Tagriculture  ont  fait 
de  grands  progrte  dana  le  comte  de  Forfar.  Les  baasea  terrer 
produlsent  de  riches  recoltesen  froment;  la  culture  dea 
pQimnea  d$  terre  et  des  raves  a'y  fait  ainai  sur  vne  tr6a* 


.-i 


see 


POBFAR  —  FOBGS 


large  Miclle.  Le  rtgne  mintol  0*7  offire  pas  de  produits  blen 
MnporUntafSauf  la  pierre  k  chanx.  En  revanche,  la  p6che , 
lattaTigation,  lecomnierce  et  aurtoiit  rindustrie  manufacUi- 
il^re  y  ont  pris  une  extension  considerable.  Ce  oomt^  est  le 
grand  centre  de  la  fabrication  des  toiles,  genre  d'industrie, 
renoontant  a  un  temps  imnMUnorialf  qui  ^t  d^k  des  plus 
prosp^res  il  y  a  un  sikJe,  niais  qui  depuis  les  perfectionne- 
inents  appprtis  k  la  machine  k  filer  le  lin,  est  parrenu  k  une 
importance  inoonnue  jusqu'alors. 

Ce  comt6  a  poor  chef-lieu  Forfar^  Yilled*environ  10,000 
Ames,  dans  la  Tallte  de  Strathmore ;  la  fabrication  des 
chaussures  et  celle  des  toiles  constituent  les  prindpales  in- 
dustries de  cette  population.  Les  autres  locality  les  plus 
considerables,  toutes  relives  entre  elles  par  des  cheroins  de 
fer,  sont,  aprte  Dundee.  Arbroath  ou  Aherhrothok,  avec 
17,000  habitants,  une  importante  fabrication  de  toile  k 
Toiles,  des  corroieries,  des  chantiersde  construction,  un  port, 
en  face  doqnel  s'^I^tc  le  Mont-aux-Cloches  ou  Bell- Rock, 
sYec  soncei^bre  pbare ;  et  Montrose,  Tille  de  1S,000  &roes, 
1>ourYue  d*un  bon  port,  centre  d*un  commerce  important , 
et  dont  les  pAcheurs  Tont  principalement  k  la  ptelie  sur  les 
cAtes  dn  Groenland. 

FORFICULE,  genre  dinsectes  de  Tordre  des  orthop- 
tires ;  on  en  oompte  de  quinze  k  dix-buit  esptefs,  dont  deux 
sont  particoliires  k  notre  continent :  la  Jbrficula  auriculO' 
ria,  Tulgairement  appel^e  perce'OreilUj  et  la  forflaUa 
minor,  Les  caractires  essentiels  qui  disthiguent  ces  ani- 
maux  sont  des  antennes  fili  formes,  deux  ailes  repU^es  et 
caclkCes  sous  des  eiytres  tr^courtes,  une  tete  large,  un  pen 
aplatie,  unieau  corselet  par  un  col  mince ;  des  yeux  arron- 
dis,  pen  saillants,  des  mandibules  corn^es ,  courtes,  des 
mAcboires  corn^es,  arqute  et  minees,  un  abdomen  trte- 
long,  tronque,  termini  par  deux  pieces  mobiles,  combes, 
dont  la  longueur  yarie,  plus  developpees  et  quelquefois 
difreremment  oonformdes  cliez  les  mAles.  Lhforflcule  otiH- 
ctUaire  ne  Tole  gakn  que  la  nuit,  et  11  est  assex  difficile 
de  lui  faire  ouTrir  ses  ailes  le  jour.  La  femelle  depose  ses 
oBufe,  qui  sont  assez  gros,  ovales  et  de  couleur  blanchAtre, 
et  qui  edosent  au  mois  de  mai,  sous  les  pierres,  dans  une 
situation  qui  les  defend  et  centre  la  trop  grande  chaleur  et 
centre  la  sdcheresse.  Elle  surveille  d'abord  sa  prog^niture 
avec  une  sollicitude  ^gale  k  oelle  de  la  poule  pour  ses 
petits.  Ces  insectes,qui  se  nourrissent  en  general  de  fruits 
gfttes,  s*entre-deTorent  lorsque  U  subsistance  habitudle 
vient  k  leur  bired^faut  Gmelin,  qui  les  avait  studies  aTec 
soin,  semble  partager  le  pr^ugi  popuiaire  qui  leur  a  fait 
donner  le  nom  de  peree-oreiUe,  etd^aprte  lequel  lis  airoe- 
raient^se  glisser  dans  Voreille  deceuxqui  dorroent  en 
plein  air,  pour  de  \k  aller  attaquer  le  cerreau ;  roais  oe  n'est 
qu*une  erreur,  dont  on  a  raison  aTee  les  notions  d'anato- 
mie  les  plus  eiementaires.  Certes,  U  n*c8t  pas  impossible 
que  dans  telle  ou  telle  circonstance,  un  de  ces  insectes 
sMntrodoise  par  basard  dans  I'oreille;  mais  on  Vj  tuera 
bientOt  au  moyen  d'une  l^gfere  ii^ection  d*huile,  qu'oo 
pourra  mime  remplacer  tout  simplement  par  de  Teau  tiMe, 
et  rien  de  plus  faci|e  alors  que  de  Pen  extralre. 

FORGE  (Petite).  A  rarticle  Forges  (Grosses),  nous 
aureus  k  envisager  retablissemment  qui  a  pour  objet  de 
converlir  les  minerals  de  fer,  d*abord  en  fonte,  et  celle-d 
en  fer  malleable;  id  nous de?on8  parler  de  r«telierdans  le* 
quel  les  barres  de  fer  de  toutes  dimensionf  sont  reebauflees, 
marteiees  et  couTerties  en  pitees  d*usage.  Get  atelier  porte 
le  nom  de  >br^e  d'ceuvre  ou  de  marshal.  Les  traTaux 
qii'on  y  execute  se  divisent  en  simple  martelage  et  en  mar- 
telage  su?i  de  linuige,  Cette  denxieme  partle  se  rapporto  k 
la  marechalerie,  li  la  serrureriede  tons  genres  etii  la 
construction  dee  machines.  Notre  spedab'te  actuelle  est  le 
martelage,  c'est  la  besogne  da  forgeron  proprement  dit  Si 
cdui-ci  nea'ei^Te  p«i  jusqu'aux  conceptions  du  mecaniden, 
comme  le  serrurier,  11  ne  faut  pas  oependant  croire  que 
llnleIHgenoe  et  Padresse  nesoient  pas  diex  lui  des  qualitds 
•^sentieUes,  Un  habile  forgeron  est  on  oaTrier  prfetepx 


nous  ne  parloos  pas  id  des  Mlle-/^,  mais  de  ess  honrnies 
k  la  tela  robustcs  et  adrdte  k  qd  to  rdsonnement  el  una 
longue  habitude  de  la  forge  ont  donne  une  puissance  Trai- 
ment  etonnante  sur  le  fer.  Nous  avonsMen  des  Ibis  admirt, 
prindpalement  dans  les  etablissementa  de  la  nBarine  et  de 
rartillerie,  aTec  quelle  aisance,  (pdle  precision ,  let  maases 
de  fer  se  transformalent  sous  leur  martean,  et  avec  le  mouis 
dedeehet  possible,  en  pltees  degrande  dimension,  et  aouTCBt 
eompliqueea  dans  leurs  formes,  auxqudles  il  oe  manqoait 
pl^a  que  le  travail  de  la  lime  poar  en  faire  des  diefs-d'eea- 
Tre.  Le  grand  art  dn  forgeron  est,  1*  d'eriter  les  decheb 
dans  le  metal  et  la  consommation  saperfloe  de  comb«stible$ 
2*  de  conaerver  au  fer  qu*il  met  en  OBUTre  les  quaHies  doat 
il  etait  doue  k  Teut  de  bams. 

Le  fer  a  ete  range  par  tons  les  metelliiTgistes  dans  la 
daaae  des  metaux  tres-maiieables.  II  est  oepeodant  iwan- 
coup  de  cas  od  cette  malieabiltte  pent  varier  k  td  point 
qu'eUe  cease  d'etre  caraeteristique.  G*est  dnd  que  d  Pen 
prend  dn  fer  forge  liien  pur,  blen  ductile,  Men  malieafale, 
et  qu'on  to  ramoUisae  considerablement  an  feu  de  foree  ee 
le  reoouTranI  de  seories,  to  contact  de  ceUes-d  soffit  pour 
qn'il  dafienne  cassant;  11  soffit  meme  souvent  de  tenir  le 
fer  trop  longtemps  expose  k  une  haote  temperature,  ti  da 
to  laisser  ensuite  refroidir  lentement  poor  qu*fl  prenne  es 
defaut. 

Le  fer  pur  et  reste  encore  mou  par  Paction  de  to  chatonr, 
▼enant  k  se  refroidir  sycc  lenteur,  prend  un  aspect  plus  oa 
moins  lamdleux;  ces  tames  superposees  n*ont  enlre  dies 
que  pen  de  cohesion,  et  la  masse  qu*oflre  toor  ensemble 
est  cassante.  fifais  si,  tendis  que  to  fer  est  encore  cbaud, 
PouTTier,  avant  que  les  lames  atent  pris  systematiquement 
Parrangement  dont  dtos  sont  susceptibles,  salt  k  propos  le 
comprimer  par  to  forgeage  sor  Pendume,  les  molecules 
du  fer,  fortement  rapprochees  sous  to  choc  dn  martean , 
eprouTcnt  une  espice  de  penetration  mntudle;  elles  se  r^ 
unlssent  par  les  faces  correspondantes,  et  le  (hisoean  qui 
en  restilte  est  alors  doue  de  tenadte.  Mais  cette  compres- 
ston,  si  eminemment  utile  pour  igouter  k  la  qnaKte  du  fer 
d'usage,  doit  etre  fdte  arec  precaution,  d  elto  eiige 
une  temperatare  qui  fiiTorise  le  roouvement  de  transla- 
tion et  to  rapprochement  des  particules  du  metal.  Trop 
fortement  ediaufiees,  les  particules  s'ecarfent  les  unes 
des  autres  i  une  trop  grande  distance;  dies  jaiUlsseDt 
en  qudqne  sorte,  et  la  compression,  toin  de  rapprocher, 
desunit,  separe  et  disperse  les  motocoles  du  m^tal;  trop 
pen  cbauirees,  au  contrdre,  les  molecules  n*obetssen( 
pas  ^  to  force  d'une  traction  oniforme  et  douce,  dies  rests- 
tent  comme  par  saccades,  et  il  en  resulte  des  dechiretiienls 
interieors,  dont  la  multiplidte  porte  le  fer  k  Petal  fitomen- 
leux.  Si  cet  dfd  est  pousse  trop  loin,  d  que  liallongeroent 
soil  excesdf,  le  fer  devient  cassant  en  perdant  de  sa  tena- 
dte :  on  ne  pent  dans  ce  cas  lui  tk\n  reprendre  sa  tena- 
dte qQ*en  le  chauflant  de  nouveau,  pour  sender,  par  Pefliet 
de  la  chaleur  et  d'nn  commencement  de  fusion ,  les  fila- 
mento  detaches;  mds  alors  11  feut  chauffer  avec  lenteur  d 
longuement,  de  maniere  k  ne  pas  regenerer  les  lames  :  or, 
II  eat  evident  qu*un  ouvrier  qui  tfttonne  dnd  son  fer,  qui 
ne  salt  pas  Juger  tout  d'abord  de  la  chaude  qui  lui  convienl, 
d  quis'expose%  revenir  ear  ses  pas,  doitoccadonner,  dans 
le  oours  de  cette  operation  prolongee,  Poxydatlon  d*uns 
parUe  du  fer  d  sa  converaion  en  protoxyde,  battitures  ou 
ecailles. 

Vm forge  d'ceuvre,  fndependamraent  d'une  fouled^outils 
dd'ustendles  quMI  serait  trop  long  de  deuiller,  doit  offrir 
nn  feu,  des  souniets  avec  one  tuyere,  des  marteaux  pour  to 
compression,  d  un  tas  on  endnme. 

La  temperatura  k  laqndle  doit  etra  deve  le  fer  poor  to 
martder  varie  suivant  sa  natnra.  C'ed  encore  cette  conside- 
ratton  qui  rend  si  predeuse  Pexperience  d*nn  forgeron.  Les 
1^  dits  de  couleur  sont  forcement  diaufTes  k  une  tempe- 
ratura blen  supericora  k  cdle  qui  les  amene^  to  couleur  qui 
les  tait  devenir  brfsants,  et  cda  afin  qu'Cn  puisse  les  forger 


FORGE  — 


avant  que  Im  pitas  soient  raoMiita  k  ia  oonleur  qui  lenr 
est  d^vorable :  alors  il  faot  suspendre  an  instant  le  traTai]» 
pour  le  reprendre  ensuite  aossitOtque  le  for  de  conleur  pent 
supporter  la  compression. 

Pour  que  tontes  les  parties  du  Ter  puissent  se  r^unir  eom- 
pl^tement,  it  fout  que  les  C^es  en  eontaet  soient  nettes  et 
d^soxyd^.  LorsquMl  se  rencontre  entre  deux  fooes  qui 
doivent  Mre  soudte  iine  l^^re  coucbe  d'oiydule  ( batti- 
tore ),  et  que  le  m^tal  n*est  pas  asset  ehand  pour  dissoudre 
cet  oiydule,  celui-d,  Oant  interpose,  emptehe  les  deax 
(aces  de  se  r^unir,  et  il  se  forme  entra  elles  on  Tide ,  auquel 
on  donne  le  nom  de  maine  ou  de  loupt  lorsque  la  couehe 
de  fer  qui  le  reoouYre  est  un  pen  ^palsse ,  et  le  nom  de 
paille  si  la  coucbe  est  trte-mince. 

On  a  asses  giin^ralement  I'habitude  de  forger  le  fer  I 
chaud  et  de  le  parer  h  froid ;  et  Ton  en  donne  pour  raison, 
i®  que  les  surfaces  sent  plus  unies  quand  il  a  ^  martel6 
pendant  son  refroidissement :  cette  raison  peat  £tre  bonne 
en  tant  que  les  oonsommateurs  tiendraient  k  une  quality 
qui  n*est  propre  qu'lt  satisfaire  I'oBil,  sans  pouter  rdellement 
k  la  raleur  ;  2®  on  dlt  encore  que  par  ce  mode  le  fer  acqniert 
du  nerf ;  mais  le  nerf  que  Ton  pent  donner  an  fer  par  le 
martelage,  et  ind^peodamment  de  sa  quality  naturelle,  n*est 
encore  qu^un  perfectionnement  apparent;  et  pour  pen  rotoie 
qu'il  ait  616  forc^,  le  Cer  a  6{A  d6tMor6  en  rtelit^ ;  ce  nerf, 
trte-Tisible,  et  qui  satisfait  le  pr^jug^,  n'est  qu*un  d^chire- 
ment,  un  v^table  tourtement  des  faiscoaiix  fibreux  du 
m^tal,  qui  les  isole  aox  d^pens  de  la  solidity  qu*a¥ait  la 
masse.  II  est  asses  probable  que  ce  qui  a  pu  donner  lent 
de  prix  au  fer  nerveux^  aux  yeux  de  beauconp  de  monde, 
et  inspirer  tant  de  conftance  en  sa  quality,  c'est  que  plu- 
sieurs  fers  auxquels  il  est  impossible  de  donner  ce  nerf  p6* 
client  d'ailleurs  par  le  d^faot  qu'ils  ont  d^^tre  cassants  k 
froid;  mais  c'est ^  tort  que  Ton  concbirait  dHme  apparence 
k  un  d^faut  r6tA.  Les  fers  cassants  ne  peuTcnt  6tre  mar- 
tel^  k  tM ,  et  par  cons^ueot  il  est  impossible  de  leur 
donner  i'aspect  nerreux ;  mais  oet  aspect  s'obtient  tr^ 
facilement  a¥ec  les  fers  briaants  k  cbaud ,  et  qui  pour  cela 
n'en  doYiennent  pas  meilienrs.LesouTrierSy  eonnaissant  le 
pr^jug^  des  acbetenrs,  ne  manquent  pas  de  marteler  oes 
fers  brisants ,  et  lis  cacbent  ainsi  It  des  yeux  pr^Tenus,  par 
cette  disposition  partlculidre  du  tissu  du  mfttal,  Tun  des 
plus  grands  d^fauts  dont  le  fer  pulsse  6tre  affects. 

PsLoezB  p^re. 

FORGES  (  Grosses ).  G*est  le  nom  qu'on  donne  aux 
usines  kftr^  c^esMnlire  aux  ^tablissements  dans  lesquels 
les  minerals  de  ce  mdtal  sent  fondus  pour  6tre  eouTertis  en 
fer  malleable  ou  forg^»  La  connaissance  approfondle  des 
combustibles  employ^  k  te  fusion  et  %  la  rMuction  du  mi- 
neral est  on  objet  des  plus  importants,  principalemcnt  dans 
la  m^tallurgie  du  fer.  On  doit  les  cboisir,  en  g6n6n\ ,  d*a- 
pres  I'esptoe  de  fonmeau  dont  on  Teut  se  servir.  Cbacun 
salt  que  la  combustion  ne  pent  avoir  lien  sans  la  prince 
de  I'air  atmospbMque.  Les  liauts  foomeaux  re^iTont  Talr 
par  an  conduit  particuUer  ( la  tuyta ).  Dans  les  temps  trte- 
recoil,  on  ne  connaissait  pas  de  proe^d^  pour  recueilllr 
Pair  atmospbdriqoe ,  poor  le  comprimer,  le  diriger  et  le 
porter  dans  un  espace  donn^,  ou  du  moina ,  si  Ton  en  con- 
naissait, ils  dtaient  extrtmement  Imparfeits.  Alors,  on  dila- 
talt  I'alr  atmospb^ricpie  dans  la  cuto  en  allumant  le  com- 
bustible, oe  qui  derait  exciter  un  coorant  de  dehors  en  de- 
dans ;  par  cette  m^tbode  trte-simple,  et  moyennant  plosieurs 
oayertoret  pratiqute  dans  le  muraiUement  du  foumeau, 
on  attirait  le  flnide  qui  devait  serrir  k  la  combustion.  Les 
maeblnef  soufllantes  en  usage  actoellement  sont  absolument 
ntassairat  aux  grands  foomeaux  k  euve.  De  leur  construc- 
tion plus  on  moins  parfaite  depend  en  gnnde  partie  le 
succte  des  traTiux  sid^igiques. 

Lorsquli  la  fin  du  quimdime  sitele  on  connut  les  haiits 
foomeaux  pour  fondre  les  minerals,  on  s'aper^ut  bientdt 
que  Ton  poovait  febriqucr  avec  ces  foyers,  joints  anx  bas 
feomeMix*  dii  aeiers  d'une  plus  grandeporetA  que  cenx 


FORGES  56t 

qu'on  obtenait  imm^laiement  ad  Inoyen  du  traiiement  des 
minerals  de  fer  dans  les  m^tbodes  dites  catalanes.  On  pro- 
fita  de  ce  fait  d'exp^rience;  mais  comma  on  faisait  usage 
du  mAme  procM^  pour  se  procurer  et  le  fer  et  Tacier,  il 
faut  admettre  que  mtaie  k' cette  dertii^re  6poque  il  n'exis-* 
tait  aucune  manitoe  certaine  et  constante  pour  obtenir  de 
racier  de  forge.  On  arait  I'un  et  Tautre  produit  par  les 
mtoes  m^thodes,  et  on  les  obtenait  en  m6me  temps,  com  me 
c'est  encore  le  cas  dans  les  pays  ob  la  m^tallurgie  du  fer 
n'a  fait  que  pen  de  progrte. 

L'emploi  da  coke  dans  les  hauts  fourneaux  date  de  1720 : 
cette  pr^cieuse  d^oouTorte  passa  d'Angleterre  en  Sil^sie, 
dans  Tannte  1795,  par  les  soins  du  comte  de  Redem,  mi- 
nistre  d'etat  du  roi  de  Prusse.  Ce  ftit  en  1784  qu'en  Angle- 
terre  on  fit  pour  la  premiere  fois  Tessai  de  TafTinage  de  la 
fonte  et  de  sa  conversion  en  fer  mall<^le,  dans  les  four- 
neaux k  r^Yerb^  ou  k  puddler,  en  employant  pour  com- 
bustible la  houille  crue.  Ce  procM^,  appliqu^  depuis  sur  la 
plus  Taste  tebelle,  a  ^t^  pour  la  nation  anglalse  une  abon- 
dante  source  de  prosp^riC^,  et  poor  tous  ceux  qui  ont  be- 
soin  d'obtenir  le  fer  ii  bon  marchtf,  un  bienfait  inappre- 
ciable. 

La  fonte  s'affine  dans  les  ateliers  plus  sp^cialement  ap- 
pei^ybr^ef,  dependant  quelquefois  des  hauls  fporaeaux, 
mais  formant'SouTent  aussi  des  usines  particuli^res.  Le  but 
principal  de  Taffinage  est  de  s^parer,  par  des  oxydations 
suocesslTes  et  par  la  compression  r^p^t^,  le  carbone  avec 
leqnel  le  fer  se  trouve  en  combinaison,  ainsi  que  d'au- 
tres  substances  alU4es  au  m<^,  teOes  que  les  scories,  le 
soufre,  etc.  L'afiinage  sera  done  plus  ou  moins  prompt, 
sulfani  la  proportion  de  cesmati^res  ^trang^res  contenues 
dans  la  fonte;  mais  c'est  surtout  I'^tat  particulier  du  car- 
bone  en  combinaison  qui  acc^l^re  ou  retarde  Tafliiiage  : 
ainsi,  lorsque  le  carbone  est  diss^min^  dans  la  fonte  en 
combinaison  avec  toute  la  masse  du  fer,  comme  c'est  le  cas 
dans  la  fonte  blanche,  rafflnage  est  facile ;  il  est  au  con- 
traire  trte-lent  quand  le  carbone  est  k  T^tat  de  graphite , 
comme  dans  la  fonte  noire.  Dans  ce  dernier  cas,  le  charbon  ne 
braiant  presque  qu'ii  la  surface  du  bain,  la  fonte  doft  6tre 
souroise  bien  plus  longtemps  k  Taction  oxydanle  de  I'air. 

Une  forge  se  compose  done  d'un  ou  plusieurs  feux  d'affi- 
nerie,  des  machines  soufllantes  n^cessaires,  et  des  mar- 
teanx  employes  pour  comprimer  le  fer.  L'aire  du  foyer  de 
ces  feux  est  Aev^  de  80  k  40  centimares  au-dessus  du  sol ; 
les  dimensions  sont  g^n^ralement  de  I'^ySO  de  longueur 
sur  1  m&tre  de  laiigeur.  Ce  feu  est  surmont^  d'une  che- 
min^  qui  repose  sur  des  pillers:  la  surface  est  recouverte 
de  plaques  de  fonte  dans  un  com  desquelles  est  m^nag^e 
une  ooverture  o5  I'on  constrait  le  creuset.  On  pratique  nn 
canal  au-dessousdu  creuset  pour  I'ass^cher.  La  fonte  blanclie 
exfge  des  feux  d'afflnerie  plus  profonds  que  la  fonte  grise. 
Lesqoatre  cAt^  du  creuset  ont  re^u  des  noms  particuliers : 
celui  de  la  tuyere  s'appelle  varme;  celui  qui  lui  est  oppos6 
est  le  eontrt'Vent ;  la  face  du  devant  est  celle  du  chio  ou 
laiierol ;  enfin  le  cAt^  de  dem'^re,  sur  lequel  est  ordinalre- 
ment  plac^  la  pltee  de  fonte  k  afliner,  fi'appelle  l<i  rustine, 
Ces  e6t^  sont  rev^tus  de  plaques  de  fonte  rectangulaircs ; 
la  plaque  de  devant  est  perc^  de  plusieurs  trous,  par  les- 
quels  les  scories  peovent  s'^couler  pendant  le  travail.  La 
direction  du  vent  et  sa  force  sont  les  deux  choses  qui  in- 
fluent le  plus  sur  la  promptitude  et  le  succ^  de  Taflinage, 
non-seulement  sous  le  rapport  de  I'teonomiede  fonte  et  de 
eombustible,  mais  pour  la  quality  du  fer.  La  tuyins  est  ra- 
rement  plac^  horizontalement ;  elle  plonge  vers  le  fond  du 
creuset;  Tangle  qu*elle  doil  faireavec  Thorizon  vario.suivant 
hi  quality  de  la  fonte.  Plus  la  tuyere  est  plongeante,  plus 
longtemps  le  m^tal  reste  liquide;  plus  elle  approche  de  la 
direction  horizontale  et  plus  tOt  la  fonte  passe  k  I'^tat  de 
fer  ductile;  11  s'ensuit  que  la  fonte  blanche  Mige  un  vent  plus 
plongeant  que  la  grise. 

Pour  exteuter  Topi^rationdel'affinage,  ongarait  la  surface 
du  creuset  de  petits  charbons  ou^aiilf ;  on  en  recouvn 


Ml 


FORGES 


aiiAM  le  fond,  el  on  rempUt  le  eroMet  de  diarbon ;  la  gaeuse 
h  adiner,  pUcte  sur  dea  rooleanx,  pour  la  fadlitA  de  la  ma- 
na*ijYre»est  avancte  dans  lecreaset;  lorsqaec^estde  lafonte 
grise,  on  la  place  h  O'yie  de  la  tajire;  la  fonte  blanche 
doit  en  itre  tenoe  k  une  plus  grande  distance.  On  met  or- 
dinairement  dans  le  creoset  de  la  jome  (seorie  qui  adh^ 
k  la  loupe  )  provenant  d*une  operation  prMdente ;  on  re« 
coovre  la  fonte  d'unecertaine  quantity  de  charbon,et  on  met 
en  jeu  les  soufllets.  La  fonte,  ainsi  expose  k  la  elialeur, 
V^pore  peu  k  peoy  et  se  rend  dans  lecreuset;  pendant  cette 
ftision,  le  ro^tal  ^nt  expose  k  Tair,  une  partie  do  charbon 
qu'il  contient  estbrOl^;  k  mcsnre  que  la  gueuse  se  liqu^fie 
k  son  extr^mitiy  on  ravance  dans  le  creuset.  Les  soories 
s*»ccuinulcnt  dans  le  foumeau,  et  le  fondeur  doit  les  faire 
^couier  s'il  reconnatt  que  leur  quantity  devlent  gtoantc.  II 
fant  cepcndant  qu'il  ait  soin  d*en  lafsser  une  partie  dans  le 
feu,  pour  empteher  Toxydation  et  diminoer  le  dtehet.  Si  la 
roa^se  fondue  est  un  peu  dure,  TafSneur  augiuente  le  vent ; 
dans  le  cas  contraire,  il  tAche  de  soulever  la  fonte  prfes  du 
contrc-vent  arec  un  ringard  :  quand  on  a  ainsi  fondu  une 
quantity  snflisante  de  nu^tal  poor  une  pi6ce,  on  oomnieuce 
Ic  travail  de  la  loupe,  op^'ration  qui  pr^nte  deux  iN^riodes 
diii^tlnctes  :  dans  la  premiere,  on  soul^Te  la  masse  k  plusieurs 
reprises ;  dans  la  seconde,  qu^on  appelle  avaler  la  loupe, 
on  sou  live  le  m^taf,  qui,  d^i  en  partie  ^ord,  fond  en  bouil- 
lonnant.  La  partie  cbimlquc  de  P^purationdu  fer^tant  termi- 
niV,  il  oe  s*agit  plus  que  dVtirer  le  mdtal  en  barres  par  des 
op  -rations  purement  mtoniques,  an  moyen  de  marteaux .  Le 
marteau  dolt  peser  au  moins  200  kilogrammes,  et  battre  de 
90  A  too  coops  par  minute;  sa  panne  doit  se  confondre 
avec  Sa  table  de  I'enclnme,  qui  doit  avoir  une  l^ire  indi* 
oai.<on  de  devant  k  Tarriire. 

Quand  on  n*a  pas  divis^  la  loupe  en  lopins,  en  enfon^nt 
une  barre  de  fer  fh>ide  dans  la  masse  du  m^tal,  k  laquelle 
barre  il  8*altaclie  ( ce  qui  a  fait  donner  k  cette  op^ation  le 
nom  lya/ftnage  par  atlachement ),  on  profile  de  la  elia- 
leur de  la  loupe  pour  lui  donner  one  forme  r^Ii^  et 
pour  la  coiiper  en  plusieurs  parties  qui  puissent  itre  ma- 
nides  et  forg^  en  barres  avec  facility ;  on  saisit  ces  lopins 
avcc  une  grande  tenaille  appel^  icreulsse,  et  on  les  tratne 
pr^%  de  Tenclnme.  On  soulive  la  lonpe  et  on  la  place  snr  la 
talile  de  Tenclume,  de  maniire  que  la  partie  qui  6tait  toor- 
ni^e  vers  la  vanne  soit  couch^e  sur  Penclume,  et  que  le 
cOt^  oppose,  dont  le  fer  est  moins  dense  et  moins  bien 
soiid^,  ^prouve  d*abord  Taction  du  marteau.  Les  coops  de 
ce  marteau  se  snccddeni  d*ahord  lenteroent,  pour  aplatir 
la  lou|)e  et  en  faire  sortir  le  laitier ;  blentot  on  i,cc6\kre  le 
motiveroent.  Le  forgeron  avance  alors ,  retire  ou  toume  la 
piice,  de  telle  sorte  que  la  surface  en  devienne  nniforme : 
cette  operation  s'appelle  eingltr  la  loupe,  Cette  loupe  est 
ensnite  diviste  en  lopins^  qu*on  rechauffe  pour  en  former 
des  maquettes ,  qui  sont  k  leur  lour  exposii^  au  choc  du 
marteau,  etc.,  etc.  Les  maquettes  sont  plus  tard  rtehanf- 
fdies  et  ^riSes  en  barres.  Le  dteliet,  qui  est  Ir^variable , 
d<^pend  de  la  nature  de  la  fonte ,  et  aussf  en  partie  de  Ta- 
dressede  Touvrier;  il  pent  s*^ever  Jusqu*i  40  pour  100  du 
poids  de  la  fonte  employ^ ;  mais  le  plus  souvent  11  n'est 
que  d*environ'26  pour  100. 

Le  diarbon  de  bois  ^nt  fort  rare  en  Angleterre ,  et  la 
houille  y  ^tant  au  contraire  extrtoiement  abondante,  les 
Anglais  sont  les  premiers  qui  alent  easay^  d^employ er  ce  com- 
bustible mineral  dans  Taffinage  de  la  fonte.  Des  essais  nom- 
Dreux  leur  ayant  appris  que  Ton  ne  pouvait  afliner  entit- 
lement le  fer  dans  les  feux  d*aRineries  ordinalres,  an  moyen 
du  coke  substitu^  an  charbon  de  bois ,  paroe  que  dans  ce  cas 
K  fer  qu*on  obtenait  ^It  toujours  rouverin  et  te  soudait 
tr6s-mal,  lis  ont  snbstitud  aox  feux  d^affinerie  les  fours  de 
r^.verbire.  Toutefois,  comme  la  fonte trte-grise  que  produisent 
les  hauts  fourneaux  anglais  seraitdiflidiek  trailer,  etqu'ainsi 
elle  exigerait  trop  de  feu  et  subirait  un  tr^-graod  d^chet , 
on  a  divia^  raffinag^  en  tiols  op^ations :  la  premi^  s'ex<- 
0iri)9  daiit  del  fovmeiux  analogocs  au\  afTinerics  orUinaircs 


(les Anglais  lettr  doilneut  le  dotti  de  fineries);  «es  dettx  iM« 
tres  optations,  dans  des  fourneaux  de  i^verb^ 

Les  4neries  ( refinery  furnaces )  sont  composte  d*un 
massif  de  ma^nnerie  de  1  mHre  Sn>dessns  dn  sol ;  le  creo* 
set  plac^  an  milieu  de  ce  massif  a  0Bn,&0  de  profundeor. 
II  est  rectangnlafare;  ses  autres  dimensions  sont  ordinaire- 
menl  de  1  mitre  snr  ob,60;  II  est  form^  de  plaques  de 
fonte  reoouvertes  d*argile.  La  cnve  se  r^tr^dt  an-deasoa  de 
la  thyire,  et  cette  forme  augroente  Teffet  do  combastiUe. 
Ce  creuset  porte  sur  le  devant  un  Iron  par  lequd  on  foil  coo- 
ler les  soories  et  le  m^tal  fondn.  Un  rour  en  hriqae  est 
construit  dn  eMA  de  la  tuyire;  quant  aux  autres  fMxs,  dies 
sont  ferm^  avec  des  portes  en  tOle  fixies  dans  les  piliers  en 
fer  qui  soutiennent  la  cheminie  dont  les  fineries  sont  sur- 
mont^.  Nous  avons  dooni  en  France  le  nom  de/oumeaux 
de  mazerie  k  ces  feux  d*afHneries.  La  tiiyire  est  placfe  k 
la  hauteur  du  foyer;  son  embrasure  est  gamie  de  plaques  de 
fonte  doubles,  entre  lesqndles  clrcule  un  courant  d'eau, 
pour  <iviter  que  latuyirene  hrOle;  souvent  aussi  II  y  a  deux 
tuyires,  et  cette  disposition  paratt  avantageose.  Les  tiiyiiei 
sont  indintot  de  20  k  25"  vers  le  fond  du  creuset ,  de  ma- 
niire  k  plonger  sur  le  bain.  La  qnantiti  d^air  laoc^  est  k 
peu  pris  de  20  mitres  cubes  par  minute. 

Pour  cette  premiere  operation,  apris  avoir  netloyi  le  creo- 
set, on  le  remplit  de  coke,  sur  lequd  on  pose  des  morceanx 
de  fonte  de  20  k  25  kilogrammes ,  que  Ton  recoovre  en  dAnie 
avecdu  coke;  en  met  le  feu;  au  bout  d*un  quart  d*beore, 
qnand  il  s^est  communique partoot,  on  donne  le  vent ;  k  me- 
sure  que  le  coke  bdile,  on  en  ajoute  de  nouveau.  II  fant  que 
la  fonte  soit  tenue  constamment  k  l*^t  de  llqnldit6.  Lor»- 
qirdle  est  toule  en  fusion,  on  ouvre  la  percie,  ct  le  m^lal 
coule  dans  un  emplacement  pratiqu6  sur  le  devant  do  ftNir- 
neau,  de  maniire  k  y  former  ine  plaque  de  5  k  6  centimMres 
d'^paisseur;  une  coucbe  de  scorie  le  recouvre ;  on  jetle  de 
Peau  sur  cette  plaque  poor  la  refroidlr  promptenient  La 
fonte,  qui  prend  alors  le  nom  dejine^mital,  est  devenue  tre»- 
blanche,  souvent  irlsie;  sa  cassure  est  rayonnie,  et  quel- 
quefoia  cette  fonte  est  trte-cavemeuse.  La  fonte ,  par  cetle 
preroiire  op^ation,  a  dA]k  subi  un  commencement  d*dpora- 
tion ;  mais  Tobjet  essentid ,  c'est  qu*elie  a  ^rouv^  on  cban- 
gement  dansle  mode  decombinaisondu  fSsr  avec  lecarbooe. 
Une  charge  varie  de  12  k  1,600  kilogrammes;  la  perte  estiva- 
lu^  de  13  k  15  p.  100;  la  durte  de  Popiration  est  de  deux  4 
trois  heores.  Qndqnefois  cependant,  mais  k  tort  peut-^e , 
on  omet  cette  premiire  op^ation,  on  mazage  de  la  footif^ , 
et  celle  d,  encore  brute ,  est  soumlse  imm^diatementau  pud- 
dlage  dans  les  fourneaux  de  r^vcrbire. 

Le  puddlage ,  ou  seconde  operation  de  Taffinage  do  (t 
par  le  procddi  anglais,  s'ex^cute  dans  une  sorte  de  four  de 
riverbire,  appdi  par  les  Anglais  puddling-furnaee,  Ces 
fourneaux  k  puddler  ne  difl krent  des  fours  de  r^verMre  ordi- 
nairca  que  par  la  forme  de  la  sole,  qui  est  presque  borixon 
tale ,  et  par  lenr  moindre  tirage.  Le  foumeau  itant  ^dtaiifT^ 
par  des  operations  antirieures,  on  place  des  morceaux  <ie 
fine-metal  les  uns  sur  les  autres  croisiUons,  de  maniirei 
former  des  piles  qui  montent  jnsqu'k  la  voOte.  Au  boot  de 
vingt  minutes  environ ,  le  fine-mital  est  au  rouge-blanc ;  9 
tombe  bientdt  des  goutteiettes  de  fonte  liquide  sur  la  sole ; 
I'ouvrier  ouvre  la  porte,  d  en  diangeant  la  position  des 
pikoes,  il  en  accdkre  lu  fusion ;  tout  entre  en  fonte  epaissc; 
li  fant  alors  abaisser  la  temperature  du  foumeau ,  puU  bras- 
ser  conliunellement  le  metal  fondn  k  Talde  d^un  ringard. 
Cette  agilatioii  le  reduit  en  pelits  grains  qui  imitent  la  sciure 
de  bois;  alors  on  r^tablit  le  feu,  la  temperature  angmente 
peu  kpeu,  la  masse  se  ramoUit  de  nouveau,  et,  k  Pakle  d'oiie 
spadelle,  le  puddleur  la  divise  en  plusieurs  loupes  dnpoMs  de 
30  k  36  kilogrammes  cliacune;  au  moyen  d*une  forte  tenaile, 
rouvrier  les  enlkve  succes^iYement  et  les  entratne,  soit  9ou« 
le  marteau,  soit  sous  les  cylindres  degroaUaseora.  La  compn» 
aion  qu*eprou  ve  le  fer  est  si  grande  que  les  soories  s*cb  edia- 
pent  avec  violence.  Les  cylindres  eanndea  preientent  des 
rainnresdoDt  la  aurfkee  dlminue  sucoeMiveoMBt :  U  prenuin 


FORGES  —  FOR-L'EVfeQUE 

canneliffe  lur  laqoelle  on  puM  la  balla  au  surtir  da  fourneao 
Mt  eUipnndale ;  die  ne  se  prolonge  pas  sur  toot  le  tour  da 
cy  lindre.  Von  d'em  porte  on  plan  incline,  qui  oppose  aoe  rdsis- 
tanoe  sur  laqoelle  la  balles'appule  pour  s'allonger.  Un  oovrier 
la  met  enUre  les  eyllndres ,  un  second,  plac<  de  Taotre  c6l4,  la 
re^n  et  rintrodnit  de  nonveaa  entre  eux;  il  la  passe  ainsi 
cinq  k  six  fois ,  en  ayant  soin  de  rapproclier  chaque  fois  les 
cylindres  au  moyen  d*une  tIs  de  pression.  On  fait  ensuite 
passer  la  pHhod  entre  les  autres  rainures,  de  maniire  qae  le 
fer  soft  ^lir^  en  barres  plates  d'on  demi-pouce  dMpaisseur 
et  de  trois  ponces  de  largeur.  Dans  un  grand  nombre  d'usi- 
nes,  eten  g<^ral  dans  cellesdu  Staflbrdshire,  les  marteaux 
sont  encore  en  nsage  pour  commencer  k  forger  la  loupe  et 
la  transformer  en  pi^,  mais  celle-ci  est  irom^atement 
^hSe  en  barres  sons  les  cylindres. 

Dans  ce  qui  prdcMe,  sur  le  traTall  du  fer  aux  forges  k 
Tanglaiae  {laminage)^  nous  nous  sommes  arrfttds  k  la  fabri- 
cation dn  fer  dlt  marchand ;  mais  souvent  on  a  besoin  d'a- 
mener  le  m^tal  k  un  ^tat  de  plus  grande  puret6 :  c'est  \k 
Top^ration  dn  ballage.  Elle  consiste  It  couper  k  froid  les 
barres  k  la  dsaille;  les  morceaux,  longs  d^environ  onso, 
sont  croisds  les  uns  sur  les  autres  pour  former  une  masse 
d'une  Tingtaine  de  kilogrammes ;  cela  compose  une  trousse, 
qu'oo  place  sur  la  sole  d'un  foumeau  k  rtehaulTer  ( balling 
furnace ),  espke  particuli^re  de  r^?erb6re.  Qiiand  la  trousse 
e&t  au  blanc  soudable,  on  la  soumetau  martinet ;  on  en  fait 
un  mastittu,  qui  est  ImmMiatement  laming  de  nouYeau  et 
r^duit  en  barres.  II  y  a  certains  fers  d*un  prix  €ier6  qui  ont 
sabi  josqu^lt  trois  ballages  successifs.  Chacun  de  ces  ballages 
occasionne  un  dtehet  de  moins  en  moins  considerable,  k 
mesure  que  le  fer  s'^pure.  Les  battltures  produites  ^  cliaque 
ballage  se  recueillent  pour  les  roller  arec  la  fonte  dans  les 
(oors  k  puddler,  ce  qui  diminue  un  pea  le  dtehet  rM. 

Peloczb  pere,  aocita  direcleur  det  fonderies  du  Creuiot. 

FORGES  (Eaux  de).  Petit  bourg  de  1,200  habitants, 
Forges-en-Bray  est  on  chef-lieu  de  canton  du  d<^partement 
de  la  Seine-In  f^rieu  re,  situ^  k  114  kilomMresde  Paris. 
La  belle  for6t  de  Bray  avoisine  et  abrite  Forges  du  c6U  du 
Slid,  ettruls  riviteesont  leur  source  dans  les  enrirons.  Quant 
an  nom  de  Forges,  cette  bourgade  le  dut  aux  forges  qui 
exist^rent  dans  le  voisinagejusqu'en  1500.  La  source  mtn^- 
rale  de  Forges  fut  d^couTerte  pen  de  temps  avaot  i*an  1500 : 
alors  elle  ^tait  unique,  et  portalt  le  nom  de  Fontaine  Saint- 
Jtloi,  ou  de  Jouvence.  Le  mMecIn  de  Marie  de  MMicis, 
le  docteur  Martin ,  se  rendit  k  Forges  vers  Tan  1599 ,  et  dut 
a  Teau  de  Jonvence  la  prompte  gu^rison  d*une  hydropisie. 
Cette  core  fit  beaucoup  de  bruit  k  Paris ,  k  Blois  et  k  Saint- 
Germain;  et  Yoil^  sans  doute  ce  qui  engagea  Louis  XIII , 
alors  malade  et  fort  aflaibli,  k  se  rendre  k  Forges,  en  1632. 
Cette  mtoie  ann^ ,  et  par  les  ordres  du  rol ,  les  sources 
furent  nettoyto,  distributes  en  trois  (ontaines,  comme  on 
les  Toit  k  present.  Louis  XIII  se  rendit  k  Forges  ayec  Anne 
d^Autriche  et  le  cardinal  de  Richelieu.  Les  sources  de  Forges 
ont  depuis  gard^  le  nom  de  ces  trois  personnages  :  Tune 
s'appellela  Reinelle,  Tautre  la  Roy  ale ,  la  troisi^me  porte  le 
nom  de  Cardinale,  et  celle^si  est  la  plus  forte  des  trois.  Les 
trois  sources  marquent  10  k  12  degr^  centigrades  :  ce  sont 
des  eaux  froides.  Elles  contiennent  des  depots  ocreux,  jaunes 
oo  rouges ,  et  la  surface  des  trois  fontaines  est  rouiilte  et 
irisde.  La  Heinette  se  trouble  et  charrie  des  flocons  jau- 
nAtres  au  moment  od  le  soldi  vient  de  se  lever ,  et  une 
beure  aprte  qu*tl  a  disparu  de  Thorizon.  Le  mftme  pbteo- 
mtoe  M  montre  lorsqu'il  doit  faire  orage  oo  pleuvoir  abon- 
damment ;  deux  jours  avant  la  pluie  ou  forage,  la  fontaine 
devfent  trouble  et  bourbeuse.  C'est  une  espto  de  barom^ 
tre  dont  les  presages  sont  certains.  Les  deux  autres  fon- 
taines n'offrent  rien  de  pareil,  quolque  le  fer  et  les  sels  y 
soient  plus  abondants.  L'eau  de  Forges  oontient  des  carbo- 
nates de  chaux  et  de  fer ,  des  muriates  de  sonde  et  de  ma- 
go^sie,  dn  sulfate  de  magnate  (sd  d'Epsom),  un  pen  de 
siKce  et  trte-peu  de  gax  acide  carboniqne.  La  source  Car- 
dinale  est  la  plus  charge  de  fer  et  de  prindpes  salips; 

»1CT.  M  LA  OORTiaSATlOd.  —•  T,  »• 


c'estaussi  la  plusgaxeuse  des  troU.  Elle  renfinme  par  litre 
environ  20  centigrammes  de  sds,  dose  totale  dans  laqueile 
le  carbonate  de  fer  n*entre  gu^re  que  pour  un  quart.  La 
Heinette  ne  contient  par  litre  que  7  It  8  centigrammes  de 
sels  diYers,  dont  le  fer  compose  k  peine  la  douzi^me  partie. 
Ces  eaux  ont  n^nmoins  lu  goflt  de  fer  assez  marqu^.  L*im- 
presdon  en  estd*abord  fratcbe,  puis  astringente :  elles  sen- 
tent  unpen  le  vitriol ,  comme  disalt  Cousinot  k  Louis  XIII. 
Toniqueset  aperitives, dies  fortilient , (f d^ot/cApn^  et  £/^.vo- 
plton/ ,  suivant  le  langage  des  vieux  m^lecins ;  mais  elles 
sont  surtout  emminagogues.  On  les  conseille  daus  Tatonie 
de  I'estomac ,  dans  los  gastralgies ,  dans  les  maux  de  nerf^ , 
les  flueurs  blanches  et  les  pAles  couleurs.  Elles  conviennent 
encore  dans  quelques  coliques  et  migraines,  dans  certains 
maux  d*yeux  ou  de  vessie.  Plus  d'une  fois  elles  ont  reliabi- 
lity des  constitutions  d^labr^,  des  corps  fatign^  d'exc^, 
ou  mis  fm  k  de  p^nibles  convalescences.  Elles  ont  queique- 
fois  interrompu  des  vomissements  nerveux  et  fait  cesser 
des  pollutions  nocturnes.  11  paralt  m^me  qu^lies  convien- 
nent dans  la  pliipart  des  flux  chroniques  ,  quand  11  ne  s^y 
Joint  ancune  iuilammation.  Lepecq  de  la  Cloture,  qui  a 
^it  sur  les  ^pid^imies ,  employa  les  eaux  de  Forges  avee 
snocte  centre  les  diarrhoea  sans  fidvre  qui  r^n^rent  en 
1768.  Ce  savant  oHkledn  normand  les  conseillait  ausd 
centre  Toed^me  et  dans  quelques  tiydropiiiies.  Leur  influence 
est  Idle  sur  qudques  foncUouft  importantes  et  dans  cer- 
tdnes  inlirmitis  des  femmes,  qu'on  ne  saurait  nier  qu*elies 
ne  puissent  favoriser  indirectement  la  ficondit^.  Toutefois, 
quant  k  la  st^rilit^  d*Anne  d*Autridie,  il  faul  remarquer 
que  Louis  XIII ,  lorsquMl  prit  les  eaux  de  Forges ,  en  1632, 
^it  marid ,  il  est  vrai ,  depuis  dix-hult  ann^ ,  mais  que 
Louis  XIV  ne  vint  au  monde  que  six  ans  aprte  le  voyage  de 
Fofges,en  1638. 

£n  1700 ,  le  due  d'Orl^ans ,  depuis  r^ent ,  fit  bfttir  une 
mdson  aux  capucins ,  administrateurs  de  Forges ,  et  leur 
donna  un  beau  salon,  oil  se  tinrent  depuis  les  r^nions.  La 
r^publique,  en  1793,  vendit  cette  propriety  monacale.  On 
7  trouve  aujourd'bui  un  ^tablissernent  complet  et  com- 
mode. D'  Isidore  Bouroon . 

FORIOSO  (PiBRae),  f^meux  funambule  du  temps  do 
Pempire,  qui  adans^  sur  la  conle  devant  tons  les  souverains 
de  TEurope.  On  le  vlt  k  Paris,  notammenl  au  th6&tre  de  la 
Cite  et  plus  tard  k  Tivoli.  En  1814  il  se  retire  k  Bagn^es,  oix 
il  mourut,  en  juin  1846 ,  k  l*Age  de  quatre-vingts  ans. 

FORLAN  A9  nom  d*une  dense  aux  mouvements  rapidet 
et  expressifs,  particuli^re  au  Frioui,  et  que  les  gondoliers  de 
Venise  et  les  paysans  des  £tats  V^nitiens  ont  aussi  riiabitude 
d'exteuter  sur  un  air  k  six-buit. 

FOR*L'£v£;QUE9  nom  d^riv^  de  Forum  Episcopi, 
placode  l*^v<k|ue,  et  non  pas  de  fumus  episcopi,  le  four  de 
r^v^ue,  suivant  Adrien  de  Yalois,  qui  pretend  que  les 
vassaux  de  T^v^que  de  Paris  envoyaient  cuireleur  pain  au 
four  band  qui  oecupait  une  partie  do  b&timent  appel^  jus- 
qu*^  nos  jour  For-r£v^ue,  et  non  point  Fort-CEvSque  nl 
FoW'FJivSque,  conune  pronon^dt  le  peuple.  Cet  Edifice, 
situ^dans  la  me  Saint-Germain^rAuxerroiSp  avdt  une  en- 
trte  sur  le  qud  de  la  M^sserie,  prte  de  la  fameuse  ardie 
Marion.  C^tdt  le  d^e  de  la  juridiction  tempordle  de  l*dvd- 
que  de  Paris,  la  r^dence  de  son  pr^vOt  et  la  prison  de  see 
Justidables. 

Cdte  prison  fut  en  grande  partie  reoonstruite  en  1652. 
R^nie  au  ChAtelet  ,par ^t  de  P^vrier  1674,  elle  fut  r^r- 
vde  aux  detenus  pour  de  ties  et  aux  com^iens  qui  avaient 
manqu4  au  public  ou  d^bd  k  Tautorit^.  C*6tait  aussi  le 
lieu  de  detention  provisoire  des  jeones  gentilsbommes  sur- 
pris  par  le  guet  dans  des  lienx  susi^ects.  On  y  ^it  envoys 
sans  jugement,  suivant  le  caprice  ou  i*ordre  d'un  mim'stre, 
dn  lieutenant  g^n^ral  de  police,  d'un  premier  gentilhomme 
de  la  chambre  do  roi.  Les  notability  dramatiqnes,  tes  talents 
snp^rfeurs^n'^taient  pas  exempts  de  cette  correction  illegala 
et  arbitraire.  Le  16  avril  176.*«,  Briaard,  Dauberval, 
M  0  U,  L  e  k a  i  p ,  ftirent  conduiu  ao /oi^T^ue  poor  avoir 


S7D  for-u^vAque 

refuse  Je  joaer  dans  Lt  SU§e  de  CalaiSf  a?ec  Dubois,  qui 
ftVtait  rendu  coupafole  d'une  tiassiesse,  maU  qui  6Uit  prot^^ 
liar  la  fovorite  d^un  premier  geoUlbooiine  de  la  duunbre. 
Deux  Jours  aprte,  lasuperbe  Clair  on  subit  U  mftme  peine; 
mais  ce  fut  pour  elle  uoe  sorte  de  triomphe.  Conduite  eo 
prison  dans  la  voiUire  et  aur  les  geuoux  de  la  femme  de 
llnteodant  de  Paris ,  elle  y  re^ut  les  visltes  de  la  oour  et 
de  la  viUe.  Le  soir  oo  faisaitsoilir  les  prisonniers  pour  jouer 
les  marquis  et  les  rois  an  tb^tre,  et  on  les  ramenait  aprte 
la  repr^sientatlon.  v  estris  etd^aotres  out  fait  aussi  un  s^ 
jour  plus  ou  mois  long  ao  For-i*£vdqae. 

Sur  un  rapport  du  ministre  Meeker,  one  ordonnanoe  de 
LoUu  XYI ,  dn  SO  aoAt  1780,  supprima  cette  prison  et  oeile 
du  peUt  ChAtelet,  et  lee  d^enus  furent  transfdris  k  I'hOtel 
de  la  Foree,  qui  fut  alors  converti  et  dispose  en  prison 
plus  yaste  et  plus  salubre.  Mais  le  For-r£T^e  ne  fut  d^- 
moli  que  dans  les  premieres  ann^  du  dix-neuvi^me  siMe. 

FORU  (le  Forum  IMi  des  Anciens),  cbef-lieu  de  h 
ddl^ation  dn  m^me  nom  (superficie  :  39  myr.  carr^;  po- 
pulation :  303, 000  Ames),  dans  la  lotion  de  la  Homagne  (mts 
de  rtglise:}  sur  Tancienne  voie  £inilienoe,  .eub»  Bologne 
et  Rimini,  le  Ronco  et  le  Montone,  est  le  si^  d'un  ^6- 
ch^,  P088^  une  ^coie  pr^paratoire  pour  les  etudes  nniversir 
taires,  une  Acaddmie  des  SdenooA,  diverses  autMS  eod^t^ 
savantes  et  one  population  de  15,000  habitants  dont  la  filar 
ture  de  la  sole  et  te  blancbissage  des  cires  constitoent  les  prin- 
.cipales  iadnatriea.  Cest  une  Tille  bien  bAUe  et  ob  Ton  Toit 
qnelques^ificesreoiarquablee.  Iia  place  du  marcbdestune 
des  plus  belles  places  publiquesde  ritalie.  La  salle  des  i^anoes 
du  conseil  municipal  •  A  TbOlel  de  Tille,  estorn^  de  pein- 
tures  e&totta  par  Eaphael.  Parmi  lea  norobreuaes  ^ees, 
les  plus  remarquables  soot  la  catb^drale,  dont  on  admire  la 
t)eUe  coopoie.,  lout  onte  de  peintuies  par  Carlq  Cignano  et 
obse  troitve  k)  toml>eau  de  Xorricelli,  et  r^gliae  San^iiolamo, 
o6  est  enterr^  le  roi  Manfred. 
.  Forli  9  fonder  dit-^on!,  par  le  consul  Marcos  Lifina  Sail- 
nator,  aprte  U  Tictoii^  qn^il  remporta  sur  Asdrubal  auz 
bords  du  MetauroSy  I'an  207  avant  J.-C,  tat  nomm^  d*a- 
prte  iui,  Au  moyen  Age,  cette  yille  forma  une  i[<6piiblique, 
et  changea  fr^quenment  de  mattres  k  T^poque  des  guerres 
des  Goelfes  et  des  Gibelins.  Lea  premiers  y  domin^rent  jus* 
i|u*en  Idia ;  la  flHBiUt  Qrdelaffi.  y  auocMa  k  tear  poissaooe, 
qu'eile  conserre  jmqii'A  te  fin  dn.qpiniltoie  sitele.  £n  1502 
C^r  Borgia  s'empara  de  Forli  et  de  toute.  la  Romagne; 
mais  dte  1503  eetlecoqtr^iesoumettaitau  pape  Jules  U, 
et  depnls  lora  elte  n^a  pas  oeasii  de  Cairo  partie  des  Etats 
de  I'Eglise. 

FORB&ALiailE«  CTea  on  attaehemeat  excanif  et  mi- 
mitieux  anx  formes,  solt  en  matiAre  de  l^it^,  soit  en 
mati^re  d*dtiqqetle,et  de  Uena^ance,  Cette  pr4>ondAnuice 
accord^  aon  r^ea  exl^rieures  suppose  en  wMnX  qo*on 
donne  beaucoap  moins  d'importance  an  fond.  Le  formaU$ie 
estdWinaire  on  bomme  fa^nnier,  T^tillaax  dans  las  plus 
petits  details  de  la  Tie  sociala.  Ce  caiactAra  rend  souTeot  les 
gensdifllciles  A  ¥i)frew  Lea  alhiresUbiaB  d*aa  esprit  ind^wi- 
dant  les  oCTosqnent,  lea  moindrea  infractiona  aux  conTeiiaQoes 
qnlla  impotent  commedoa  loia  aont  aouTent  plus  chpqpantea 
A  leurs  youx  que  oeriaines  violations  de  la,)oi  morale.  Le 
commerce  reclame  dans  lea  rapports  mutuels  on  d^gc^ 
d'aisancB  et  de  UbartA  qui  lUt  d«  Mnudiime  un  d^but 
ioeommode  et  glnant  pour  le  plua  grand  nombre.  Abtapd. 

FORMALIT^S^  Ce  mot  pour  bien  des  gapa  eqt  ay- 
nonyme  d*entraim^;  et  ii.est  Trai  de  dire  qu*en  Justice, 
en  administration ,  les  formallUSa  sont  une  mine  fteonde  de 
bteAAc^  pour  les  jiotaures»,baissiers.  et  gens  de  lot,  anx- 
quels  il  fjuai  sans  cesae  avoir  reoours  poor  triompber  de 
milto  obstaclea  qni  sons  le  oom  de  formality  se  dreiaeat 
autour  de  la  plus  petite  afblre.  On  con^t  qu*il  a  bien  falln, 
eependaalp  poor  empAcher  la  frande  et  lea  errenrs  de  la 
negligence,  ^tablir  des  formes  expresse#  de  proc^der.  Dans 
toute  allaire  imporjt^(e,  lea  formality  soi|t  des  garanttes  • 


-  FORMATION 

d^exactitude  et  mdme  de  justice.  Eo  mattAra  erioilneUet 
raccomplissement  rigourenx  de  celles  qui  soaft  prescritea 
par  la  loi  n*est-il  pas  la  sauvegardedu  droit  de  I'aocus^? 
Plus  d*uu  binocent  dot  la  vie  A  des  vices  de  forme  qui 
firent  cesser  TarrAt  des  premiers  juges.  AinsI ,  lea  fonaaUlte 
vienneat  au  aecours  de  la  &iblease  et  de  riocertitiida  des 
Jugemeots  bomaios. 

Dans  rancienne  l^latkm,  tea  formalfUa  Jvdidaires 
itaient  bien  plua  muUipli^es  qu'asjottrd'hni;  et  on  salt  U 
maxima  d'alors  :  Xocus  regit  aUum,  qui  iait  aasei  com- 
prendre  que  cbacune  de  noa  andenaea  et  nombreiisea  coa- 
tumes  avail  des  formality  qui  Iui  etalent  proprea.  Mainte- 
nant,  la  loi  d^finit  le  plus  souvent  celles  dont  llnobscrva- 
lion  entratne  la  nullity  des  actea. 

En  administration ,  les  formallUa  aoxqnellea  oo  soomet 
le  public  sont  qu^lqiiefois  vexatoirea  et  bora  de  toute  pro- 
portion avec  riroportance  de  Paffalre  dont  il  s^agit  Cesl 
avec  des  formality  qu^on  Acarie  dea  demandes  aoxqaelles 
on  ne  veut  pas  satisfaire,  moyen  gouvememeotal  et  poli 
d^^conduire  les  importuns  qui  sera  toujoura  de  naode. 

On  con^oit  que  les  alGures  de  ce  monde  soient  bArissAes 
de  formalilAs  et  d^entraves ;  mals  celles  de  rantre!..  £sl-il 
done  vrai  que  Tbomme  ait  AtA  mettre  son  cacbet  roondani 
jusque  sur  ies  cboaes  du  del  el  que  le  salut  des  Ames  ait 
aussi  see  formalilAs?  TbAodore  TaicouT. 

FORMAT)  dimension  de  Itepreasion  d'un  livre*  qoaat 
k  la  proportion  malArielle ,  A  la  maige,  aa  caractAre.  Cbaqoe 
format  prend  aon  nom  du  nombre  de  Ceoillets  que  prAaeate 
cheque  (ieuil)e  ImprimAe  quand  elte  eat  pliAe ,  qoelte  qae 
soil  d^aiUears  aa  dimension ,  en  sorte  que  U  feoilte  donae 
un  nombre  de  pages  double  du  cbiffipe  dont  elte  tire  soa 
nom.  Ainsi  Tin-pteno  a  2  pagiis;  Tin-folio,  4;  rin-A,  g; 
rin-8,  16;  rin-12,  24;  Hn-ie,  32;  rin-18,  36;  l*in-2A,  AS; 
rin-32,64  ;rin-48,96;l'in-64, 128;  nn-72,  144;lin-96, 192. 

On  employait  Jadis,  pour  de  trAa- petite  almanartw,  no 
format  encore  plus  exlgu,  qu*on  appelait  pouce.  Depuia  qu'oa 
a  trouvA  lea  moyeos  de  confectionner  dn  papier  de  tootes 
grandenrSy  on  se  sort,  pour  les  affichea,  de  feuiltea  dont 
rimmense  dimension  dApasse  toutea  lea  proportiooa  coo- 
nues  autrefois.  Dofev  (de  rvMoe). 

FORMATION  (Art  nUlUaire),  mot  vague,  et  Jas- 
qa*id  mat  dAflni,  comprenant  plosienrs  aooeptiona.  Autre 
ebose  est  la  formation  qui  est  nne  rAalisalion  dea  lata  orga- 
niquesy  un  rAsultat  de  U  constitution  des  troopea  d*iiiie 
poissance;  autre  clioae  est  ce  mAcanisme  tadiqae  qui  tear 
donne  sur  le  temdn  lour  forme,  lour  figure  gAomAtriqoe. 

La  formation  que  nous  appellerons  consiUutine  est  men* 
tionn^e  pour  la  premiAre  fois  dans  lea  r^enients  de  17ti; 
mais  ils  confondent  comiwiilion  ti/ormatton,  taadiaque 
des  lAj^ementa  de  1820  emploieat  cea  denx  sobataatifr 
dans  des  sens  distincts.  En  effet ,  te  farftuttUm  est  oet  ade 
de  rantoritA  qui  aaaemble  et  claase  des  militaires  on  des 
recroes  conformAroeot  A  des  prindpes  de  coaiposilioii.  Si 
telte  n'est  pas  te  lettre  de  nos  rAglements,  si  pea  explieileB, 
e'en  eat  du  moins  Tesprit 

Quant  A  la  formation  que  noua  appeiterona  iactique^  odla- 
d  ae  prAsente  on  pen  mieux  caractArisAe  :  il  est  fadte  de 
diacemer  que  la  formation  en  batailte  est  autre  que  te  for- 
mation en  colonne;  que  Tune  et  rautra  se  prennent  A  part 
de  la  formation  par  rang  de  taOte.  L*art  de  te  formatioa  en 
batailte  Atalt  d  pen  avanoA  do  tempa  de  Turenne,  qu'on  a*y 
prAparait  dAs  te  vellle,  et  qu*on  n*osait  y  prooAder  que  loia 
de  i'ennemi,  bien  qo'alorsles  aimAes  fnssent  peo  nombreoses 
eomparativement  A  ce  qn*eltes  smit  devennes.  Des  aboa,  dea 
pr^agASy  contrariaient  lea  formationa.  Le  drdt  an  poata 
dlionnenr,  les  prAtentiona  des  corps  privilAgiAs,  te  moti- 
nerte  dea  cbefa  de  corps,  Hgnorance  des  offiden  d*Atat- 
m4^,  plua  bommes  de  coar  que  de  guerre ,  Ataient  autaat 
de  cauaea  de  reUrd,  de  dAbato,  d*hAdtetion  et  d*irrAgnteritA<. 
Si  un  corpa  tardalt  A  arriver  ou  arrivalt'  saas  Atra  atteadn^ 
U  fallait  ou  auspendre  te  formation,  on  te  reeooamaieer. 
Mainleqantysi  qous ne aommea gpAra  plus  avanoAa dMa  te 


I'OitMAtlON 

choik  ei  i'mfiidi  i»  iarlMft  ^^dgiiaitfli  de  la  ebose,  nous 
wnmM  do  moiiis  im  pen  iDienx  I'exteiiter;  noos  y  troa- 
Tims  moins  d^eotraTea  et  d'oppositioii.        G*'  BAiDm. 

FORMAHON  (OMo^uy,  Ond^slgne  par  oe  mot 
deox  dioMs  fort  diffi^nntea  :  oq  le  terrain,  ou  rorigine 
da  terrain :  ainsi  Ton  dit  la  formation'  crayooie,  pour  le  ter- 
rain eraytea,  on  bien  I'on  dit  que  le  terrain  erayaox  eatde 
formation  marine,  indiqiiant  ainfl  qull  a  M  ferm^  par  lea 
eaaxde  la  mer.  Ceite  demi^re  acoeption ,  qui  partit  6lre  la 
meilleare,  est  adopts  gtedralemcnt.  Le  mot  formation  est 
done  conaidM  commd  8ynon]rnie;d*origitie. 
•  On  pent  diriser  let  teriaina  en  terrains  dejmrmalioni 


Nepluniennes 


mannes 


I 

d*eaadouce  I 


lidlasgiqaea. 
de  rivage. 
fluviatiles. 
Ucustrea. 


Plutoniennes 


I 

Mixtu    \ 


d'^mptton. 
d'^pancHement. 
pluto-nq>taniennei. 
neptano-plutonnlennea. 

Lea  terrains  de  formation  neptunlenne  ont  M  form^  par  lea 
caox  de  ia  mer,  sur  lea  ritagea,  k  I'emboochure  dea  ileu  ves, 
en  pleine  mer,  on  aor  lea  ritea  des  flentea ,  dana  le  lit  des 
iaca  :ce  sont  lea  terraina  intermddlairea,  aeeondairea,  ter- 
tiaires ,  diluviena ,  etc.  Lea  terraina  Tolcanlquea  ou  d'origiiio 
plutonienne  sont  composes  de  matiftrea  Tomiea  par  lea  vol- 
cana,  comme  lealaTOa,  lea  baaaltea,  lea  trachitea,  etc.,  ou 
aortiea  par  ^paneliement,  comme  lea  granita,  lea  porphy- 
rea,  etc.  Enfin,  des  d^p6ta  plutoniens  ont  ^t^remanl^  par 
tea  eanx,  et  ont  form^  de  nonveauxd^pdta  pluto-neptoniens 
(conglomdrata  Tolcaniquea);  dea  d^pMa  neptoniena  ont 
€U  remani^ ,  ao  oontraire,  par  dea  d^pdta  plutoidens,  qui 
les  ont  alt^r^,  comme  des  argfles  qui  ont  M  eoitea  par 
dea  couranta  de  lave;  on  a  alora  dea  rochea  neptuno^pluto- 
niennes.  L.  DosaiEux. 

'  FORBiATlON  DES  £TRE&  V6ye%  Creation, 
BiOLOGiB,  FcRiE,  etc. 

FORME ,  de  /ormat  terme  d^xM,  par  m^thtee,  do 
grec  lAopfT) ,  qui  a  la  mtaie  signification  chei  les  Grecs. 
Toute  matihv  tombant  sous  nos  sens  prtente  unle  forme 
qnelconqne,  c'eat-^-dire  ae  montre  ploa  on  moina  limits 
par  dea  aorfocea  et  dea  contoora  qui  en  constituent  un  ou 
plnsieors  ob)eta.  Cependant ,  11  eat  aussi  des  substances  in- 
formes^  ou  variables,  sans  configuration  fixe,  telles  que  les 
nnages  et  vapours ,  les  ondea  ou  antrea  mati^ea  gaa^ormes, 
volatflea ,  lea  liquides  prenant  tootea  aortea  de  figures , 
comme  on  i'a  dit  de  Protte.  A  cet  ^ard,  les  pbilosophes 
oonsid^rent  en  g^n^ral  la  matlire  do  modde  comme  teN 
lement  transmuable  par  U  gto6ratlon  et  la  d^mposition 
universeile  deses  divers  ^Iteenta,  qu'elle  n*onre  point  de 
forme  durable  et  ^temelie  qui  lui  aoit  propre.  tout  an  plus 
peoton  la  regarder  comme  constitute  d'atomeson  mo- 
Itoiles  indivisibles  dans  leur  excessive  petitesse ,  mats  dop- 
nant  naiasance,  par  des  agrdgaiions  et  organisations  divek*- 
ses,  k  tons  les  Mres  de  la  nature.  Tel  ^tait  le  chaoa ,  VtofU 
indigeitaque  moles,  qui  a  dik  pr^cMer,  selon  lea  pHllo* 
aophea ,  r^tabliaaement  de  Fordre  actuel  dea  mondeal 

Or,  le  d^veloppement  des  formes  de  tousles  chirps,  ou 
dea  figurea  et  dea  attritmta  qui  en  rteullent,  dans  fbrigine 
dea  cboses,  eat  devenu  la  grande  qnestlon  de  toutea  les  phi- 
losophies livrtes  anx  seuls  efforts  de  la  raison  hnmaine.  La 
religion  tranche  le  noend,  en  reconnaissant  llnfervention 
d*une  anprtaie  aageaae,  ou  de  la  Divinity,  formatrice  de 
tootea  crtetorea,  et  cette  explication  emprunte  sa  jnstification 
aux  prenvea  telatantes  dintelligence  que  manifeate  la  atmo- 
tore  dea  anlmaux ,  dea  v^g^taux,  k  riiarmonio  aublime  qui 
prteide  h  cet  oniTera. 

Ar  iatote  poaa  pour  prlndpeala/orme,  qn*tl  appela  en  - 
t^lichie^  pnla  la  mature  et  la  privation  agiaaantaur  lea 
qnatre  ditoenta  avec  «ne  dnquitoie  esaenee,  V6ther  im- 
fftno^.  Dana  le  inoyen  Age.  I«a  pldloaopbea  soolaatiqoeai 
admiialeaiB  eaudmik  d'AmotOyM  mnnqo^rent  point  de 


\. 


-^  FORME  571 

diapnter  sor  la  nailiiv  de  la  iorine,  oii  l^entdMchle  ooo- 
sid^rfe  comme  Time  et  le  principe  formateur  interne  dea 
dtrea  vivanta.  De  1^  eea  diatinctioaa,  ridiculiatea  par 
MoUto,  entre  ie^  forme  eubstantielle  et  la  figure ^  qui  font 
qu*on  ne  doit  pas  dire ,  aeWa  cea  philoaophea ,  la/orme  d'un 
otiapeau,  maia  bien  Ia  figure  d*un  ebapeau,  tandb  qu'il 
fout  dile  tar/omte  d'an  aninukl,  et  non  paa  la^f^tire.  Ce  der- 
nier tenne  denit  dtre  r^aerv6,  aelon  enx,  pour  lea  corpa 
fnertea,  qui  oat  re^u  leur  oonstmetiott  soft  de  la  main  de 
rbomme ,  soit  de  causes  externea ,  comme  serait  une  pierre 
tailMe,  nne  machine  fabriqote,  etc  Au  contraire,  le  mot 
forme,  dans  le  sens  pbilosophique,  serait  le  rteuKat  d'une 
puiaaance  vivifiante  des  anlmanx,  des  v^taux,  qui  leur 
attriboe  nne  structure  d^terminte ,  pour  un  but  quelconque, 
avec  pr^viaion  et  sageaae.  AUlai ,  dana  legerme  d*one  graine 
de  plante  ou  d'on  oeuf  d'animal  rtelde  oette  enttiteliie, 
cette  aorta  d*Ame  prtforraatrioeou  informante,  qui  fait  d^ 
velopper  pen  k  pen  toua  ieora.  organea,  qui  prepare  dea 
yeux,  dea  oreillea ,  dea  dents,  dea  grilfea  ou  autrea  armea, 
avec  rinatinct  direetenr  ponr  mettre  en  jeu  cet  ensemble 
d^organes  destinte  k  pareousir  la  carritee  de  fea.vie,  k- 
croltre ,  engendrer,  puis  pdrir  k  aon  tour.  Or,  cette  forme , 
ce  moole  intdrieur,  comme  I'iappelle  finffon,  oette  Ame 
corporelle,  aelon  lea  anciena ,  qui  eeoatitne  cheque  eaptee, 
la  rend  conatante ,  emptehe  qn'dle  ne  ddvie  ««  ne  se  con- 
fonde  par  des  unions  adultirea.  aveo  aea  voiaina;  die  exis- 
tait  en  essence  dans  legerme  on  la  graine  avadt  d'ap- 
paraltre.  Le  corps  de  Tanimal  ou  de  la  fdante  ve .  bit  done  < 
que  rnmplir  sa  capacity  vide  avant  la  naissance.  Cette  foime  • 
esaentiellene  pdrit  paa  mtaw  aveo  I'Individtt,  et  bien  qu*a- 
prte  la  mort  et  ia  deatruction  du> corps.,  die  perde  toute 
aubatance  mat^rielle,  tangible,  apereevable,  elle  peat  aub* . 
aiater,  adon  eertalna  philoaophea,  aoua  le  nom  de  manes 
( qui  vlent  de  nuMere),  comme  lea  dmanationa ,  ete.  La 
forme  anbstantfoUe,  d'apate  lea  aedaatiqnea,  toit  done  le 
principe  maiirid  de  la  atructnre  dea  ttrea  vivanta.  A  l*d-  • 
gard  de  lliomme,  c'dtait  I'Ame  raisonnaUe  qui  constitudt* 
la  forme  iobatantidle  dn  eorpe  humain ,-  aelon  la  dteiaion 
expreaae  du  eondle  gte^rd  de  Vienae.      '  i.-J.  Viamr. 

Gendd^rtedana  aon  acception  la  ploa  litt^rale,  la  ferme 
eat  rappareaoe  cxt^rienre,  la  eonfignration  dea  corps  idle 
qn*dle  ae  pidaente  k  i'mil.  An  phiirid,>brtii0eae  dit  dea 
contoora  dea  ol^eta ,  et  a'emploie  ansd  figur^ment 

Formes  a^enqplole  encore,  an  piorid,pour  d^aignerla 
manl^  d*ttre,  la  fa^n  d^agir  d'une  peraonne :  doi  formes 
rudea,  gpoed^raa,  poliea ;  et  en  ce  aena,  qoand  H  n*est  ae«> 
compagnd  d^aucone  ^IthMe,  it  d^algne  toojoura  dea  for- 
mea  poliea  :  Avoir  dea^hrmef,  mettra  dea  formes  (ooyes. 
Convbmancb),  etc. 

Dana  qodquea  arte ,  on  appdle  forme  le  modde  qd  sert 
k  donner  k  oertafaia  ol^eta  la  oonfigoratioB  qu'Ua  ddvenl 
avoir. 

Kn  termes  d1mprimerie,ybfnie  se  dil  d'on  ehlaaia  de  (et- 
qui  contient  on  nombre  de  pagaa  pins  on  moina  grand ,  ae-r 
Ion  le  for m  at :  11  font  demybrviies  ponr  faire  une  feoiUe. 
En  terraea  de  papoterie,  cPeatim  chaaaia  de  boia,  fami  d\ia 
tiaau  m^taltique,  servant  k  fabriquer  le  papier. 

FORME  ( Blsaw^Arts).  U  forme  eat  Taapeet  tangible. 
dea  corpsVc^eat  par  die  principdement  que  Ton  ooaatate 
leur  caract^  partieoller.  Aux  yeux  du  pelntre,  la  forme  eat 
le  rteulUt  de  I'effet  produit  par  la  himite  et  rombre  sur- 
un  objet  qudconque;  Tceil  aeul ,  dora ,  eal  conipdtent  pour 
juger  de  I'etactihide  de  la  reprteentation  pittoreaque.  Pour 
comparer  aon  oeuvre  an  modde,  le  sculpteor  de  ronde-' 
boaaea  non-aenlement  rapprteiation  du  regerd,  maia  le 
toucher  lui  vlent  encore  en  dde.  Aussi ,  U  statudre ,  k  capse 
de  I'dtendue  mtoe  de  ces  moyens  posltilb,  anpporte  mdof 
un  modde  dd'eetoeux  que  la  peinture,  qui  pent  voiler,  sous 
le  predige  d*nn  ridiephioaatt ,  les  hioorractions  d'un  crayoa 
inhabile.  i; 

Envisage  sont  la  npporl  de  la  eondniction  tie  la  mem 
cliine  hnmaine^  la  kme,  tou}onrs  sonmiie  I  dea  lola  fia 


6U 


FORME  —  FORMEY 


iK^riqiies,  suit  des  pha8«  tertiarqiiables ,  selon  le  sexe, 
*'^e,  le  temperament,  V6t^  de  sant^^en  un  mot,  selou 
r^nergie  des  modificat^are  an  milieu  desquels  I'liumauit^ 
4'agite.  Les  formes  mascQlines  ren&portent  en  paissance  sor 
celles  de  la  remme,  dou^e  de  plus  d'd^ooe  et  de  souplesse. 
Arrondie ,  alors  qne  I'enfont  s^^lance au-devant  de  la  Tie,  la 
fonne  s'^tend  dans  Tadolescence ;  elle se  fortlfie  avec  Thorn- 
me,  et  perd  sa  sailiie  au  temps  de  Tinertie  des  fluides  chez 
le  vieillard.  La  gr&ce  se  pare  de  formes  oblongues;  les  for- 
mes ramassto  appartiennent  davantage  k  la  vigueur  athl6- 
tiqus.  La  forme  impressionne  le  speclateur  par  les  idies 
qu*elle  d^Yeluppe  en  lul.  Pure  et  suave  dans  la  statue  de 
la  V^nus  de  M^dt^cis,  la  forme 'sMuit  par  les  Toluptueux 
contours  de  cette  admirable  figure;  grande  et  soutenue ,  la 
forme  frappe,  ^^tonne,  impose  dans  le  groupe  de  I'Ajax  an- 
tique ;  elle  fait  rftyer  d^licieusemcnt  au  sortir  du  pinceau 
divin  de  R  a  p  h  a  e  1 ,  pour  g*animer  sous  les  traits  d*une  pu- 
dique  et  ct'leste  madone.  La  forme  terrifie  sous  le  crayon 
fier  et  savant  deMichel-Ange,  qnand  elle reproduit  les 
tortures  du  vice  en  pr^ence  d'un  juge  inexorable,  appelant 
k  son  tribunal  supr^e  les  races  liumaines  ^pouvantte. 
Chaque  inaftre  a  ^t^  pouss^  par  son  gr^nie  k  pr^fiTer  une  na- 
ture de  formes  npproprite  k  sa  faculty  de  sentir.  Ceux  dont 
le  nom  n'a  fait  que  grandir  jusqu'^  nous  ont  ^14  les  obser- 
Tateurs  les  plus  sdv^res  des  enseignements  de  Tanatomie. 
Cette  science,  dirigte  par  le  goAt,  est  effectlvement  la  base 
ratlonnclle  de  la  connaissance  de  la  forme  spteiale  k  cliaque 
Mre  vivant :  Tanatomie  seule  pent  rendre  oompte  des  chan- 
gements  subis  par  la  forme  dans  les  divers  monvements 
dool  le  corps  animal  est  susceptible ;  c*est  Ik  quil  f^ut  en 
chercher  les  principes  determinants ,  aprte  avoir  etudie  les 
passions ,  qui  en  sont  les  premiers  mobiles. 

La  forme  de  tout  ce  dont  Thomme  a  fait  usage  se  lie  k 
ses  monirs.  II  y  a  toujours  barmonie  entre  ces  termes.  Ne  re- 
troiive-t-on  pas  toute  Taust^tite  des  rdpubliques  anciennes 
dans  Fameubleinent  severe  des  citoyens  desinteress^s  des 
premiers  Jours  de  Sparte  et  de  Rome?  Le  mani^r^  des  ome- 
ments  sous  Louis  XV  n^est-ll  pas  le  reflet  exact  de  I'esprit 
pr^tentieux  d*une  noblesse  blasde  sur  toutes  les  jouis- 
sances  de  rinterieur?  La  magnificence  de  TOrient  dans  Tarn- 
pleur  et  la  ricliesse  de  ses  dtofTes,  dans  la  coupe  de  ses  liabil- 
lements,  dans  la  funne  de  ses  ustensiles ,  est  la  consequence 
d'un  ciimal  qui  invite  ropiiient  k  suivre  les  inspirations 
d'une  vaniteuse  mollesse.  Le  Mord ,  au  contraire ,  meprLse 
un  luxe  inutile :  ce  qui  Tentoure  se  ressent  de  Tftprete  de 
son  del  froid  et  nebuleiix.  J.-B.  Delgstbb. 

FOllME  ( Droit ).  On  entend  par  ce  mot  la  disposition , 
1  arran;;ement  de  certaines  clauses,  termes,  conditions  et 
formalites  qne  la  loi  exige  pour  la  repilarite  et  la  validiie 
des  actes  .  II  arrive  souvent  de  confondre  la  forme  avec  les 
formal  ites;  cependant  le  mot ./orme a  plus  d*e(endue  que 
le  mot  formality. :  11  embrasse  *out  ce  qui  sert  k  constituer 
I'acte,  au  lieu  que  les  formalites  proprement dites  ne  sont 
que  les  conditions  isolc^  qu*on  doit  remplir  pour  sa  vali- 
dity. Par  exemple,  Tarticle  61  du  Codede  Procedure  civile 
detaille  tout  ce  qu*un  exploit  d*ajoiirnement  doit  contenir 
pour  etre  valable  :  chacun<*  des  conditions  que  cet  article 
present  est  uue  formality ;  mats  toutes  ces  formalites  cons- 
tituent, dans  leur  ensemble,  la /orme  de  Texploit 

La  procedure  en  France  a  toujours  ete  environnee 
de  formes  trop  multipiees;  et  le  Code  de  Procedure  actiiel, 
redige  par  d*anciens  praticiens,  se  ressent  trop  de  cetle  ori- 
gine.  Aussl  les  nations  qui  ont  adopte  nos  lois  ont-elles  eo 
aoin  de  simplifier  ces  formes,  qui  ne  sont  bonnrs  qu*k  aug- 
menter  les  frais  des  proces,  k  en  ralentir  U  marche  et  k 
orrrir  un  aliment  k  Tesprit  de  cliicane.  Une  reforme  radi- 
oale  sur  ce  point  est  indispensable.  L^existence  des  formes 
et  leur  execution  scrupuleuse  garantissent  la  conservation 
du  fond ;  mais  ce  qiu  est  imperieusement  reclame  par  le 
Imiis  sens  et  la  couscienci!  pubiique,  c'est  IVibaissement  des 
larlfs  et  la  simpiUication  des  formalites;  et  puisqu*il  est 
flli  que  tafirme mnporie  UJond^U  fiiot  aa  moias  qne  ce 


suit  le  plus  rarement  possible.  Il  jr  A  dtt  ides  qui  fle  pM*' 
vent  absolument  sefaire  qu'avec  des  formes,  qui  constitaent 
leur  substance  meme,  par  exenple  les  testaments  et  les 
donations.  Mais  lorsque  la  forme  n'ast  pas  essentiefle, 
qn'elle  ne  constitoe  pas  la  substance  des  actes  el  qo'elU  est 
seulement  on  moyea  ponr  parvenir  an  but  qne  la  loi  s*est 
propose,  alors  la>bnite  indiquee  par  la  loi  peal  Mre  sap* 
pieee  par  one  antra  eqaivalente  et  telle  qae  Ton  arrive  au 
meme  but. 

C*est  en  matike  crimlneUe  surtout  que  la  forme  doit 
etre  exactement  observee;  la  marcbedes  prooedores  est 
tracee  rigoureusement  :  il  n*est  pas  permis  aax  magisslmts 
de  supprimer  ou  de  changer  des  formalites ,  qoi  toutes  onl 
pour  but  d*assurer  des  garanties  contra  Parbitraire  on  U 
precipitation ,  et  Ton  pent  se  convalncre  ea  Ilsant  les  mo- 
tifs, quelquefois  frivoles  en  apparence,  qui  donnent  Uen  a 
la  cassation  des  arrets  des  oonrs  d*assises,  de  tons  les  soins 
que  le  legislatear  a  pris  el  de  ceux  que  la  coar  supreme 
apporte  chaque  jour  poor  empecher  les  erreun  judiclaires. 

FORME,  FORMIER  ( TlwAiio/o^le).  Les/orme«  soot  des 
series  de  monies  en  bois  imitant  k  pen  prfes  le  pied,  et  sur  les- 
quels  se  montent  les  soiiliers,  leschaossons,  les bottiDes.etc. 
Pour  les  bottes ,  les  cordonniers  emploient  des  embouchoirs 
qui  ont  de  plus  la  forme  de  la  jambe.  Les/ormei  hrisies  soot, 
comme  les  embouchoirs,  composees  de  plusiears  morceaux 
qu'un  mecanisme  quelconque  permet  d*ecarter  k  volonti. 
L'otivrier  qui  fabriqueces  diverses  formes  se  nom  me/ormier ; 
pour  degrossir  les  formes,  11  fait  glisser  convenableraent  un 
morceau  de  bois  brut  sur  une  surface  plane  fixee  k  un  etabli;  tl 
termine  son  ouvrage  en  lepolissant  avec  du  papfer  de  venm 
de  plus  en  plus  fin.  Le  formier  Hut  anssi  des  formes  pour 
les  chapeaux  d*homme. 

FORMENTCRA,  rune  des  Pi/yiMef.  Foyez  Bal£4Rbs. 

FORMEY  (JsAMllBicai-SAMDEL),  polygrapheerudit,  ne 
k  Berlin ,  le  31  mai  1711 ,  d'une  famille  de  reAigies,  se  oou- 
sacra  k  retude  de  la  tbeologie,  et  obtint  dte  1*^06  de  vingt 
ans  le  titre  depastearde  TEglise  fraa^se  reformee,  i  la  re- 
sidence de  sa  viile  natale.  £n  1737  la  chaire  d*eioquence  au 
college  fran^isde  Berlin  lui  fut  accordee.  Deux  annees  plus 
tard,  on  le  cliargea  aussl  d^y  pnifesser  la  pbilosophie.  Qooi- 
que  d'une  tres-faible  constitntion,  Formey  ne  laissa  pas  que 
de  faire  pranve  d*une  grande  activite  litteraire.  Outre  une 
foule  de  traductions,  11  pnblla  k  partir  de  1733,  en  socicte 
avec  Beansobre,  puis  avec  Mauclerc,  \h  Bibliothtque  Ger- 
manique  (25  volumes),  puis  la  NouveUe  Bibliothique 
Germanique  (25  vol ).  La  publication  de  ces  deux  recoeiU 
successifs  lui  avait  laisse  asses  de  loisirs  pour  donner  en 
2  vulumes  un  Journal  liU^aire  d'Allemagne^  une  aatre 
feuilic  intihiiee iVinerve  et  Mercure;  puis  pour  fairaparaltre 
le  Journal  de  Berlin,  ou  nouvetles  politiques  et  lUl^rat- 
ret,  icuille  periodique,  quHl  abandonna  parce  que  Fre- 
deric II ,  qui,  k  son  aveneinentau  trdne,  lui  en  avait  ins- 
pire rid<^o  en  promettant  d^aliroenter  cette  gazette  d^ecrils 
et  de  documents  curienx ,  aVavoyait  pas  ces  materiaux 
assd  exactement  Formey  n^avait  pas,  en  agissant  aln^i, 
perda  sa  favour  aupres  de  Frederic.  Lors  de  la  reorganisa- 
tion de  TAcademie  des  Sciences  de  Berlni,  Maupertuis  le 
proposa  pour  y  remplir  les  fonctions  de  secretaire  et  d*his- 
toriograpbe;  et  quand,  en  1748,  les  differents  secretariats 
furent  reuais,  Formey  en  fut  nomme  le  directeur,  avec  le 
titre  de  seeritaire  perp^tueL  Frederic  II  Testimalt  beau- 
coup,  et  ne  lot  reproclukit  qu*une  seule  cbose:  c*est,  dans 
les  querellet  de  Maupertuis  et  de  Voltaire,  de  n*avoir  pas 
pris  parti  pour  eelui-d.  £n  general  on  peut  dire  que  For- 
mey se  montn  pen  fovorable  k  la  pliilosopliie  da  Voltaire, 
et  que  ses  nombrenx  ecrits  ont  tous  plus  ou  moias  aae  tea- 
dance  chretienne.  II  ecrivtt  sorrbistoire  ecciesiastique  (1763), 
sur  la  physique  (1770),  un  Anti£nUle  ( 1764 ),  des  memoires 
et  des  nragmento  pour  servir  k  rhistoire  de  r  Academic  de 
Berlia(4  vol.  1761),  etc. 

En  1778,  la  priacesse  Marie-Henrlette  de  Praise,  re- 
tiree au  chateau  de  Koepeaick,  le  fit  son  secretaire,  siaecaiv 


^'  ."■  / «« 


FoBMliy 

brillantey  qui  ne  feniptelia  pis  d^accepter  une  place  au  grand 
eoh^stoire  fran^aiSy  et,  en  1788,  la  haute  dignity  de  direc- 
tion r  de  la  clause  de  philosopbie  k  rAcad^mie  de  Berlin. 
Formey  roonrut  le  7  mars  1797 ,  et  Jusqn*^  sa  mort,  tra- 
Taillevir  infatigable ,  il  ne  cessa  d^dcrire  et  de  publier  des 
ouvraf^.  Laliste  en  est  immense :  nous  nons  contenterons 
^de  titer  les  prindpaux.  Ce  sont :  les  Mdmoiren  pour  $erv%r 
'd  VMstoire  et  au  droit  public  de  Pologne;  La  belle 
Woljlenne,  ou  abrig6  de  la  philosophic  wol/ienne  ( 1774, 
6  Yol.  in-8^.)f  Conseils  pour  former  une  bibliolh^e 
peu  nombreuse,  man  ehoisie  ( 1746,  in-12),  ouvrageque 
Formey  se  complut  k  travailler  et  k  revoir  toiite  sa  Tie ; 
£a  France  litt^raire,  ou  dictionnaire  des  auteurs  fran- 
gais  vivanis  ( 1757,  in-S®) ;  Souvenirs  (Can  Ciloyen  ( 1789 , 
2  >'oI.  in-12j.  Formey  fut  en  outre  ^diteur  d'un  grand  nom- 
bre  de  livres ,  parmi  lesqnels  il  laut  remarquer  :  Traits 
des  Tropes  f  de  Dumarsais,  \e  Journal  de  Pierre  le  Grand, 
et  les  (Euvres  de  Francis  Villon ,  avec  des  remarques,  sa- 
Tantes  quetquefois,  mais  pins  souvent  erron^. 

£douard  Focrrier. 

FORMICA-LEO.  Voyez  Fouam-uoy. 

FORMIGNY  (Bataille  de).  Formigny  est  un  Tillage  du 
d^partement  dii  Calvados,  k  15  kilometres  de  Bayeux, 
peupl^  de  500  habitants,  c^l^brepar  ane  victoire  remi)ort^ 
par  les  Fran^ais  sor  les  Anglais  en  lUO.  Les  succ^s  que  les 
troupes  deCbaries  Yll  Tenaient  d'obtenir  dans  la  Norman 
tYie  avaicnt  fait  concevoir  Tespolr  (l*une  prompte  soumisMon 
de  cette  proTince,  lorsqu'en  aTril  1450  le  c^mte  de  Cler- 
mont apprit  que  le  g^n^ral  anglais  Thomas  Kyriel,  qui  aTait 
ddharqnd  depuis  peu  h  Cherbourg,  se  dirigealt,  api^  aToir 
repris  Valogne,  kla  I6te  de  six  ^sept  mille  liommes,  sur  leTil 
lage  de  Formigny,  situ^  entre  Bayeux  et  Carentan.  Le  15 
le  g^n^ral  fran^ais  marchait  en  toute  liMe  contre  Tennemi ; 
mais  bient6t,  attaqn<^  par  des  forces  su))^rieures,  il  fut  obli- 
ge de  battre  en  retralte  et  d^abandonner  deux  couleTrines. 
II  s'occnpait  du  choix  d*une  position,  lorsque  le  conn^table 
de  Ricliemont  apparut  aTec  nn  renfort.  Les  deui  petites  a^ 
m^  fran^ises  r^nnies  pr^senlaient  alors  un  efTectlf  de 
3,500  combatfants.  Le  s^n^hal  de  BrM  reg ut  ordre  de  se 
porter  en  aTant  et  de  reprendre  I'offenMTe.  L*ennenii,  tI- 
goureusement  attaqu^,  abandonna  les  deux  pieces  dont  il 
s*^tait  empar^,  et  se  replia  derri^re  nn  ruisseau,  oh  il  ne 
tarda  pas  k  Hre  assailli  par  toutes  \e^  forces  dont  le  comte 
de  Clennont  pouTait  disposer.  L'action  devint  g^n^rale ,  et 
s'engagea  de  part  et  d*autre  aTec  un  ^al  achamement. 
Knfin,  apr^s  trots  heiires  de  combat,  les  Anglais  furent  re- 
poiisstf::  <*t  mis  en  d<^route  avec  une  perte  de  3,774  hommes 
tn^  et  de  1,400  prisonniers,  au  nombre  desquels  ^ient 
Kyriel  et  plusieurs  officiers  de  marque.  Cette  victoire  amena 
la  reddition  de  Caen,  acheva  la  conqufite  de  la  Normandie, 
et  tacilita.  Tannic  suivante,  cellede  la  Guyenne. 

FORMIQUE  ( Adde).  Cet  acide  organique  doit  son 
nom  k  son  existence  dans  les  fou  r  mis,  on  MargralT  cons- 
tatasa  pr^senced'unemani^recertaine,  en  1749.  II  ressem- 
ble  beauconp  k  Tacide  ac^tique,  avec  iequel  on  Tavait  dV 
bord  oonfondu.  II  est  liquide,  incolore,  fumant  l^g^rement  k 
Fair  et  bouillant  k  100*.  II  cristallise  an-dessous  de  0**,  en 
lamdles  brillantes.  Sa  densitf^  est  1,2352.  Sa  Tapeur  brAIe 
arec  une  flamme  bieue.  L'acide  formique  se  prodolt  dans 
beaooonp  d'op^rations,  par  exemple  lorsqu'on  traite  une 
tnbstance  organique  par  Tacide  snlfurique  et  le  peroxyde  de 
manganese.  C'est  ainsi  qu*on  oblient  une  grande  quantity 
d^acide  formique  en  distillant  an  mi^lange  compost  d'une 
partie  de  sucre,  de  deux  parties  d*eau,  de  trois  parties  de 
peroxyde  de  mangan^  et  de  trois  parties  d*acide  sulfurique. 
On  le  prepare  Element,  d'aprte  Tandlen  proc^^,  en  dis- 
tillant 14g6rement  aTec  de  Teau  des  fourmis  ^cras^.  Pour 
le  concentrer,  onle  fixe  sur  nne  base,  telle  que  Foxyde  de 
plomb;  on  obtient  ainsi  un  formiate  de  plomb,  que  Von 
cbanflb  poor  lui  iaire  perdre  de  Teau ;  on  le  d<^Gompose  en- 
fuftc  par  lliydrogtoe  sulfur^,  qui  enl^ve  le  plomh  k  V6iat  de 
lolfiire  el  laiaae  Facide  formique  soluble.  Dans  son  plus 


—  FORMOSE 


Bit 


grand  ^t  de  concentration,  Tadde  formiqoe  renferme  tou- 
jours  un  ^iTalent  d'eau ;  il  a  alors  une  saTeur  brOIante  « t 
nne  odenr  de  fourmis  extr^mement  forte^  sa  composition 
s*exprime  par  U  formule  :  C'HO^  -f-  HO. 

FORMOSE  (lie),  grande  terre  des  mersde  Chin»  D*un 
edt^,  ses  riTages  plongent  dans  U  mer  de  i'Orient ,  et  ;le 
Taotre  dans  celle  du  Midi.  Le  point  le  plus  rapproch^  de  ^a 
province  de  Fou-Kian  s*en  trouve  k  environ  24  myria- 
metres.  Son  <itendue  est  ^valute  k  plus  de  700  myriam^tres 
carr^s.  Une  chalne  de  montagnesjicimes^lev^,  couvertes 
de  neige  pendant  une  grande  partie  de  I'ann^,  la  tni\erse 
du  nord  au  sud,  c*est^-dire  dans  le  sens  de  sa  longueur,  en 
projetant  k  droite  et  k  gauche  de  nombreuses  ramiticatious, 
dont  les  vall^ ,  arros^  par  one  multitude  de  rivieres  et 
de  ruisscaux,  ofTrcnt  les  sites  les  plus  pitoresques.  Si  a  ccia 
Ton  joint  cette  v^etation  brillaote  et  vigoureuse  d'un  cliaiat 
expose  k  rinfluence  directe  du  tropique  du  Cancer,  qui  la 
traverse,  on  aura  Torigine  de  son  nom  actuel.  En  eflel ,  les 
Portugais,  qui  la  Tirent  les  premiers,  la  nomm^rent  k  juste 
titre  a  Formosa  ( la  belle) ;  quant  aux  Chlnols,  ils  I'appelleut 
Tai'Ouan. 

On  y  recueiiledu  riz,  dont  il  se  fait  deux  r^ltes  annuel- 
lement,  des  Cannes  k  sucre  en  grande  quantity,  du  millet , 
du  mais,  desi^umes,  des  trulfes,  beaucoup  d'arums  Ji  ra- 
cines  comestibles  {arum  esculentum),  tons  les  fruits  de 
rinde  et  la  piupart  de  ceux  de  I'Europe ,  do  tabae ,  du 
poivrc,  du  camphre,  du  gingembre,  de  Talote,  mais  ni  co- 
ton  ni  sole;  du  tli6  Tert,  qui  en  Chine sertde  mMicanumt , 
des  fleiirs  de  jasmin,  que  Ton  m61e  an  tb^  pour  lui  donucr 
une  odeur  suaTe,  etc.  Dans  les  p&turages  on  nourrit  beau- 
coop  de  cheTsoX)  d^Anes,  de  ch^vres,  de  bceufs  et  de  buflles, 
employ^  pour  les  trsTaux  agricoles;  et  dans  les  fermcs, 
I'oie,  le  canard,  la  poole,  le  pore  et  le  moufon,  cfs  deux 
derniers  en  trte-petit  nombre.  Le  bois  de  cliarpente  et  le 
hois  k  brOler  y  sont  commune,  mais  le  bois  de  construc- 
tion se  tire  seulement  des  districts  septeotriooaux.  11  pa- 
ratt  exister  dans  la  partie  orientale  des  mines  d*or  et  d'ar- 
genL  Les  routes  y  sont  g^n^ralement  bonnes  et  bien  en- 
tretenues,  et  parmi  ses  ports,  on  cite  ceux  de  Tai-ouan, 
Tan<houikiang  et  Ki-loung,  k  Textr^it^  septentrionale 
de  Pile,  aujourdliui  Fune  des  stations  de  la  marine  imp<3- 
riale  chinoise. 

Llle  de  Formose  fut  d'abord  conqiiise  par  les  Tatars 
et  les  Japonais,  auxquels  elle  ob^^t  pendant  longtemps.  Les 
Portugais,  les  Anglais,  et  princlpalement  les  Hollandais ,  y 
lormirent  successivcment  des  ^tablisscfioents,  dont  le  plus 
connn  est  le  fort  Zelandia,  Ces  demi«:rs ,  chass^  par  ies 
naturals  du  pays,  obtinrent  de  Tempereur  du  Japon ,  lors- 
quMl  s'empara  de  cette  lie,  la  permission  d'y  fairc  le  commerce. 
Depuis  1683,  Formose  est  sons  la  domination  des  Chinois, 
qui  n^occopent  tootefois  que  hi  partie  occidentale  de  rile, 
o6  ils  entretiennent  on  kouan  ou  vice-roi,  et  oil  ils  ont  k 
pen  pris  extermin^  la  race  aborigene,  demeur^  en  re- 
vanche en  possession  du  reste  de  Pile.  La  langoe  des  peu- 
plades  indigtoes  semble  ^e  d*origifle  maUise;  tandis  que 
par  la  conformation  particuli^re  de  leur  eorps  elles  sembleut 
plutOt  appartenir  aux  races  n^esde  PAustrslie.  Leurnour- 
nture  se  compose  de  riz  et  de  fruits,  auxquels  ik  joignent 
toutes  les  esp^oes  de  poissons  de  rJTi^re  ( la  crainte  qu*ils 
ont  de  la  mer  les  emp^hant  de  tirer  aiicon  parti  de  ses  pro- 
duits),  la  chair  de  volaille  et  le  petit  gibier;  mais  ils  ne 
mangent  jamais  de  cerf,  de  daim,  de  boeof,  de  mooton,  d*a- 
gneau,  par  soite  de  leor  croyanoe  k  la  m^tempsyehose, 
croyance  qoi  ne  les  emp^clie  cependant  pas  de  se  liTrer  k 
I'anlhropophagie.  II  paralt  aussi  qoe  dans  lea  calamity  pu- 
bliques  on  apaise  les  divinity  sanglantes  de  ces  bords  in- 
bospltaliers  par  le  sacrifice  de  jaunea  enfante.  Les  plus  civi- 
lises ont  aojourdliui  adopts  le  costume  chinois ;  mais  ies 
aotres  font  one  guerre  d*extermination  k  ces  strangers.  Aussi 
la  cour  de  Peking  tui  voit-elle  obligte  d'entretenir  k  Formose 
one  force  mUitaire  impoaaota^  et  qoi  s'^teve  k  environ  16,000 
bommea* 


&)4 


Fortnose,  qui  forme  oh  d^tMrtement  dependant  de  la 
province  de  Fou*kian ,  est  dMste  en  quatre  districts,  et  a 
your  chef-Ueu  la  Tille  de  Ta f -ou an,  sor  one  belle  baie  de 
la  cdte  orientale.  Elle  est  envlronnte  d'un  rempart  ^pais, 
prot^^  par  un  foss^.  Les  rues  prindpales,  qui  se  ooupent  i 
angles  droits,  ont  de  10  ^  13  metres  de  large;  en  ^t^,  on 
les  recouvre  de  toile  pour  garantlr  les  pistons  des  rayons  da 
solell.  La  plupart  des  maisons  sont  bitSes  en  bambou  et  en 
terre,  et  recouYertes  en  paille.  L*4dificele  plus  remarqoable 
est  I'aucien  comptofr  hoUandais.  C*est  dans  une  lie  h  Pen- 
Me  du  port  que  se  trouvait  le  fort  Zetandia. 

Oscar  Mao-Carthy. 

FORHOSE,  pape,  naquit  vers  Pan  816.  Nomm^  en  864 
dv^ue  de  Porto  par  le  pape  Nicolas  I*',  il  fut  envoys  deux 
ans  apr^,  k  Borgoris,  roi  des  Bulgares,  pour  Paider^con- 
▼ertir  son  people,  et  il  assura  par  sa  parole  le  succte  de 
cette  mission.  On  est  surpris  de  le  retrouver  en  876  au 
nombre  des  conspirateurs  qui  mirent  en  p^ril  les  jours  de 
Jean  YIII.  Formose  s'^tant tehapp^  de  Rome  avec  ses 
complices,  le  pape  fit  prononcer  sa  deposition  par  plusieurs 
conciles.  11  n*obtint  quelque  repos  qu*aprte  avoir  jur6  de 
ne  jamais  rentrer  dans  Rome  ni  dans  son  6vteh6.  Mais  Mar- 
tin 11,  successeur  de  Jean,  le  d^lia  d'un  serment  arrach^  par 
la  violence,  lo  r^tablil  dans  son  ^lise  en  883,  et,  aprte  les 
ponfificats  d'Adrien  III  et  d*£tienne  VI,  U  Uii6le\6,  le  19 
seplerobre  891,  sur  le  ssint-si^e.  Cependant,  un  prfttre  in- 
digne,  Sergius,  ^tait  ^lu  en  m^me  temps  par  un  autre  parti, 
et  cette  double  Election  devenait  nne  source  de  larmes  pour 
I'Eglise.  Enfin,  Formose,  reconnu  par  la  clir^tientS  seul  pos- 
sesseur  de  la  tiare,'^ignala  son  av^nement  par  Penvoi  k 
Constantinople  de  l^ats  charges  d^exdcuter  la  condamna- 
tion  de  P hot! us,  que  Pempereur  Lton  le  Philosophe 
avait  banni  deson  si^e.  C*est  lui  qui  mit  la  couronneim- 
p^riale  sur  la  t^te  de  Gui,  due  de  Spolette ,  et  de  son  fils 
Lambert. 

La  faction  de  Sergius  ne  cessait  pourtant  de  le  calomnier 
et  de  conspirer  contre  lui;  Lambert  de  Spolette,  le  payant 
de  ia  plus  noire  ingratitude,  s^unit  k  cette  faction.  Pour  se 
garantir  de  tant  d'ennemis,  il  appela  k  son  aide  Amoul,  rol 
de  Germanic,  qui  vint  assidger  Rome,  o&  le  pape  n'6tait 
d^ik  plus  Ic  maltre.  La  ville  fut  prise  d^assant  en  896,  et  Poc- 
togi^naire  FormoM,  qui,  en  attendant,  avait  coiironn^  B6- 
renger,  due  de  Frioul,  pour  Popposer  k  Lambert,  abandonna 
ce  faible  protecteor,  pour  ddcemer  Pempire  k  Amoul,  dont 
les  armes  venaient  de  le  preserver  des  vengeances  d'une  fac- 
tion ennemie.  Celui-ci  poussa  les  siennes  un  pea  trop  loin.  Sa 
f<6rocite  rdvolta  les  Romains,  qui  Pempoisonn^rent;  mais  sa 
vie  languissante  dura  trois  ans  de  plus  que  celle  du  pape 
Formose,  qui  roourut  l^  4  avril  de  cette  m^e  ann^.  Ses 
ennemis  s'acharn^rent  aprto  sa  m^moire ,  et  6tienne  VII, 
nomm6  par  la  faction  de  Sergius,  fit  d^terrer  son  cadavre. 
Apporte  au  milieu  d'un  concile,  interrog6  par  ce  miserable 
pontife,  ridiculementcondamn^  par  ses  stupides  complices, 
il  fbt  routil6,  dtoipit^  et  jet6  dans  le  Tibre.  Des  ptebeurs  le 
retrouv^rent  et  le  rapport^rent  dans  la  basilique  de  Saint- 
Pierre.  £tienne  cassa  tootes  les  ordinations  de  Formose  et 
d^posa  m6me  Pempereur  Amonl.  Mais,  apr^  le  ehatlment 
et  le  supplice  de  ce  monstre,  le  pape  Remain ,  son  succes- 
seur, abollt  tons  lea  d^reta  lanc^  contre  lui.  Le  pape 
Tli^ore  II  r^blit  tons  les  clercs  qu'il  avait  ordonnte,  et 
Jean  IX  assembla  on  concile  pour  rdhabiliter  sa  mdmoire. 

YiENMET,  de  rAcadcmie  Francaite. 

FORMULAIRE.  En  m^ecine,  on  donne  ce  nom  aux 
recueils  de  mMicaments  simples  ou  compost  dont  les  m^ 
decins  font  Joumellement  usage  dans  le  traitemeut  des  ma- 
ladies {voyez  Ck)i>EX). 

En  gdn^al,  ce  terme  d^signe  un  livre,  un  recueil,  qui  con* 
tient  des  formules.  Aussi,  outre  les  farmulaires  pliarma- 
ccutiques ,  compte-t-on  les  /bmiulaires  des  notalrea,  des 
a€te<(  de  prooMure.  Tout  ce  qui  contient  quelque  formule, 
qupWjiie  formalitd  il  observer,  quelque  profession  de  foi, 
preud  aussi  le  nom  de  /armulaire*  II  y  a  des/drmtitolref 


FORMOSE  —  J^OftMULfe 

de  devotion,  de  pri^r^.  Il  y  a  le  forimttaiilrB  de  I^abfufi* 


Uon. 

Le  nomdeybrmiitoire  a  ^t^  donni  d'une  manitee  partl- 
culi^re  et  absolue  au  bref  du  pape  Alexandre  YII,  pabitt  oi 
1665  contre  le  livre  de  Jansenlus  et  sadoctiine  dote 
grAce. 

FORMULE  (DraU,  Diplomatique),  Par  ce  mol  oa 
dolt  entendre  gto^alement  le  modMe  des  actea,  la  mani^ 
dont  ils  sont  rMig^  babituellemeot.  H  ne  fSuit  paa  confondre 
la  formule  avec  la  formality  :  la  formule  n'eat  que  la 
/brute  de  Pacta,  la  formaliU  en  est  la  cbose  essentielle, 
indispensable.  La  loi  declare  nulsles  actes  qdneremplliacBt 
pas  les  formality  qu'elle  indique;  mais  elle  ne  prescrit  pas 
absolumeni  la  forme  des  actes.  Une  fois  qo*dle  a  dit  ce 
qu'iis  devaient  contenir,  elle  ne  sMnquiite  paa  de  qudle 
mani^re  il  pent  plaire  de  les  confectionner  :  la  fonmile 
appartient  k  celui  qui  r^ige.  On  voit  par  \k  qae  la  for» 
mule  des  actes  n*est  que  Pexpression  de  la  formaliU ,  el 
qu'elle  peut  etre  essentiellement  variable,  quoiqae  cda  ne 
se  reroontre  gu^re  dans  la  pratique^ 

Le  mot /ormtf/e  proprement  dit  s'entend  de  la  procMore 
formulaire  qui  remplaQa  cbez  les  Romains  lea  ac  tio ns  de 
la  loi. 

Au  moyen  Age  les  formules  variirent  k  Pinfini,  sdon  Pes- 
prit  du  si^e,  le  goAt  particulier  de  Ptoivain  charge  de  la 
reaction  de  Pacta,  les  prtoccupations  reUgieuses  ou  politlqaes 
de  r^poque,  et  aussi  sulvant  les  moenrs  et  le  gteie  des  diff^ 
rents  peuples.  L'<itude  de  ces  formules  oonstitue  one  des 
branches  les  plus importantes de  la  diplomatique.  Cast 
dans  les  volumineux  recaeils  oonnus  sons  les  noms  de 
Marculphe,  de  Bignon ,  de  Sirmond,  de  Baloie ,  et  dans  lea 
Angevines  qu'on  retrouve  les  modules  les  plus  dignes  defoi 
des  privii^es,  lettres  patentes,  donations,  builes 
pontificales  et  de  tons  autres  actes  ^man^s  de  Pautorit6  des 
rois,  des  princes,  des  grands  seigneurs  et  des  pr^lata.  Dans 
les  ouvrages  didactiques  sur  cette  mati^re,  on  a  daas6  les 
formules  sous  un  certain  nombre  de  cbefk  ou  de  cbapitres, 
tela  que  PintToco^ion,  la  smcription^  le  preamlmle,  le  $er 
lutf  les  annoneea  ou  pricautione^  la  eabUatlon  J^nale , 
la  date,  la  souteription,  etc. 

FORMULE  (MallUmatiguesU  expression  dn  rteiltat 
d'une  demonstration  exprimteen  caractires  alg^riquea.  On 
peut  consid^rer  une  formule  comma  une  r^e  gto^raley  par 
laquelle  on  r^sout  plusieurs  questions  de  mtoie  esptee.  Noos 
en  avons  donn^  un  exemple  k  Partfcle  ALcAaaB,  L  I,  p.304. 

FORMULE  (Mideeine  et  Pharmacie)^  expos6  6crit  des 
substances  qui  doivent  entrer  dans  la  composition  d\m  m^ 
dicament  Get  expose  doit  contenir  en  oatre  la  quantity  quV 
faut  mettrede  cbacune,  la  forme  quMl  faut  donner  aa  ni^- 
cament,  solt  solide,  solt  liquide,  etc,  pour  en  composer  des 
pilules,  jmepoiion,  un  looch,  un  onguent^  etc ;  il  doit  aoasl 
contenir  la  mani^  dont  il  faut  Padmbiistrer. 

On  distingue  ordinairement,  dans  toute  formole  romposte 
la  base,  Vauxiliaire  ou  Yadjuvani,ie  eorreetif, 
Vexcipient'  eiVintermMe.  h^  base  est  la  substance 
la  plus  active,  celle  dont  ksa  propri^t^  sont  les  plos 
essenlielles;  on  doit  penser,  d'apr^s  oela,  que  aon  poids 
n'est  pas  celui  qui  domine.  Certains  m^tcamenta  ItAsp 
composes,  tels  que  la  tMriaque^  le  eatholieon  <foii- 
ble ,  dont  Moli^e  a*est  tant  amus^  dans  sas  eomMies, 
ont  plusieurs  bases.  L'otM^^oIre  est  nommi  ansai  jM* 
mukmtf  parce  qu*ii  augmente  PactlTit^  de  la  base :  afanly 
dans  une  m^ecine  compear  de  sto^,  de  sel  de  danber, 
de  rliubarbe,  de  manne,  de  sac  de  citron  et  dHm  ddooct^da 
cliicorie,  le  s^i^  et  la  sel  sont  les  bases,  la  rhnbarbeP<u(^ 
vant  ou  PatM:i^ire ,  la  manne  le  eorreeHf,  aervant  id 
dHnlermbde,  le  sue  de  citron  le  correetif,  et  le  dteocK  de 
cliicordePexcipten^  L*in^ermA<fe»qaePoaooiitadqoek|iie- 
lois  avec  le  correclifti  Vexcipienl,  s*an  distiagne  en  cc 
qu*il  ne  s*emploie  que  poor  liet  ou  unir  lea  corps  qui  soal 
peu  ou  point  miscibles  entre  eux  :  ainsi,  par  exempla,  4^ 
Pcau  el  de  Piiuik  ue  peuvcnt  se  mAler*  II  tat,  pour  j  piV) 


*T^ 


FORMULE  —  FOBNOUE 


57S 


¥efiir,  employer  une  autre  sobsteDoe,  et  cette  substance 
sera  VinternMe;  plusiears  peayent  senrir  danace  cas  : 
ee  sera  ou  de  la  goiume  ou  un  Jaune  d'osaf,  etc.  On  voit 
parce  qui  ¥lent  d*Mro  dii  qu^fl  n*est  pas  toujours  facile  de 
distinguer  le  reie  quejone  cbaque  substance  dans  une  for- 
mnle,  parce  que  toules  peuTent  aYoir  des  propri^t^  ana- 
logues k  des  degrte  difKrents. 

Lorsqu'on  terit  une  formule  mMieale  pharmaceutique, 
on  est  dans  I'osage  de  la  faire  prMder  dela  lettre  it ,  qui 
Tent  dire  ree^,  ou  de  oelles  Fr.,  qui  veut  dire  prenes  ; 
|Hiia  on  inscrit  les  diyerses  substances  las  unes  an-dessous 
des  aotreSy  jamais  deux  snr  la  mtoe  ligne;  on  doit  de 
pr^£6rence  employer  la  langue  latine,  surtout  quand  oif 
veut  cacher  au  malade  les  namMes  qn'on  Ini  administre,  et, 
cJiose  essentielle  terire  Itsiblement,  pour  ne  pas  exposer  les 
pharmaciens  h  commettre  des  erreors,  dont  ils  ne  sauraient 
6tre  raisonnablement  responsables;  ^iter  aussi  les  termes 
techniques  qui  ne  sont  po(pt  encore  d'un  usage  habituel, 
ailn  d*^tre  compris  sans  quiproquo  par  le  phannacten  le 
inoins  intelligent.  Enfin,  It  la  suite  de  cbaque  substance,  on  met 
laquantit^quidoit  en entrer.  Autrefois  on  employaitdessignes 
particuliers  pour  les  poids ;  aujoord*hui  on  se  sort  du  gramme. 
Poor  la  poign^  on  met  M,  {marUpultu ) ;  pour  la  ptnc^, 
Pug,  (pugUlus),'  pour  la  coiller^  CocA^  ( oocA/earitaii); 
poor  la  goutte,  Gutt.  (gtUta);  pour  le  nomibre,  X*.  (fiume- 
rus);  quantity  sulBsante,  Q,  S.  (quantum  nifjicii).  On 
place  encore  au  bas  de  la  formule  plusietirs  lettres  prte  les 
unes  des  autresi  et  qui  ont  une  significationt  par  exemple 
celle-ci :  M.  F.  S.  A, :  la  lettre  Jf.  Yeot  dire  mila  (miice) ; 
ei  F,  S.  A.f/aitu  selon  Part  (fiat  secundum  artem).  La 
Itirmnle  6tant  termini,  le  roMecin  inscrit  la  mani^  d'en 
laire  usage,  la  dose  du  remMe  qu'il  thut  prendre  k  la  fois, 
et  le  temps  qu^ii  faut  mettre  entre  chaqne  prUe,  ce  que  le 
pharmacien  doit  transcrire  sur  I'itiquette  do  m^caroent. 
Enfin,  ii  signe,  date  la  formule,  et  met  le  nom  du  malade 
autant  que  possible.  Lbooc. 

FORMULE  {CMmie).  La  formule  d'un  corps  est 
reosemble  des  signes  k  I'aide  desquels  on  repr^sente  sa 
composition  en  ^qu I  relents  chimiques.  L*^uivaleat 
d'un  corps  simple  s'exprime  ordinairement  par  la  lettie 
initialedu  nom  latin  de  ce  corps  (O  est  le  eigne  de  Toxy- 
gtee,  H  celiii  de  Tbydrogtee,  etc.)>  quelquefois  suiTie  d*une 
dos  autres  lettresde  cenom,  lorsqu'il  pourrait  y  avoir  confu- 
sion (Mg,  Mn,  Mo,  reprtentent  respectivement  un  equiva* 
lent  de  magn^ium,  de  mangantee,  de  molybdtoe).  Dans 
toute  formule,  le  nombre  d*equi¥alents  de  cheque  corps 
simple  est  exprim^  par  un  exposant :  ainsi  SO^,  formule 
de  Tadde  solfurique,  indique  que  cet  acide  se  compose  de 
trois  ^uiTalents  d^oxygtoe  pour  un  ^qni?alent  de  soufre. 
Comme  Toxygtoe  se  rencontre  dansun  trte-g«and  nombre 
de  compos^!,  quelqnes  chimistes,  pour  abr^er  leurs  fo^ 
mules,  repi^sentent  son  ^quiyalent  par  un  pomt  ;  par 
exemple,  ils  teriyent  Pb,  au  Hen  de  Pb  O,  poor  la  for- 
mule de  protoxyde  de  plomb. 

FORMULE  DE  CONCORDE  (Formula  eoncor* 
dia).  On  appelle  ainsi  un  des  iivres  symboliques  de 
r^ise  protestante,  dont  Pautorit^  n*est  d'ailleurs  point  g6- 
n^ralement  reconnne  dans  cette  communion,  n  avait  poor 
but  de  mettre  on  tenne  aux  divisions  survenues  k  la  mort 
de  Lutlier  entre  les  tli^ogiens,  parce  que  la  Saxe  Electorate 
soivait  la  direction  k  moitiE  eatholicisante  et  i  moitiE  calvi- 
niste  deME  la  nchthon ,  tandis  que  la  basse  Saxe  et  le  Wor- 
temberg  demeuralenl  rigonrensement  attadi^  aux  doctrines 
de  Luther.  En  1574,  TElecteur  Augnste,  tromp6  sur  le  secret 
calTlnlsme  de  ses  thtelogiens,  ne  vit  de  salut  pour  le  pro* 
lestantisme  que  dans  la  rMactioa  d'un  nouvean  symbole, 
quil  fit  discater  et  fMiger  en  lb7ft  per  une  assemble  de 
tb^oglens  convoqnte  par  Id  ^  Toi^gaa ,  et  qui  Art  encore 
modifiA  dans  one  rfonlon  plus  nombreuse,  tenue  Vwanbe  sol* 
vante  au  clottre  de  Bergen  prte  de  Magdebonrg.  II  re^t  alora 
la  dtoomination  de  livre  de  Berg,  ouFormule  de  eoneorde, 
«|  fut  adopts  dans  la  Saxe  ^lectorale,  danale  Brandebooic, 


dans 20  ducb^,  24  comt^  et  85 titles  imp^rialcs.  Par  contro 
la  Hesse,  le  pays  de  Deux-Ponts,  Anhalt,  ia  Poro(3raaie,  le 
Holstein,  le  Danemarfc,  la  SuMe,  les  villes  de  Nuremberg, 
de  Strasbourg,  etc.,  le  njet^enU  L'tieoteur  Auguste,  qui 
pour  cette  afGiire  n'avait  pas  d^pens^,  dit-on,  mohis  de 
80,000  thalers,  flt  imprimer  cet  ouvrage,  et  le  fit  publier  en 
1680  avec  lesandens  litres  symboliqoes  de  P^giise  protes- 
tante. La  Formule  de  Concorde*  r^dlgte  primititement  en 
allemand,et  compost  de  douze  articles,  fut  poal^rieurement 
traduite  en  latin  par  Osiander.  II  ne  faut  par  la  confondre 
atec  le  Uvre  de  coneorde,  terme  qui  comprend  I'ensemble 
et  la  rtenion  de  tons  les  litres  symboliqoes  luth^riens,  k  sa- 
tonr :  1**  les  trois  symboles  oscum^niques ;  2^  la  conlession 
d*Augsbourgorigtnale$  y  TApologie;  4"*  les  deux  cat^ 
chismes  de  Lutlier;  b^  les  articles  de  Schmalkalde ;  6*  la 
Formule  de  Concorde,  telle  qu'i  la  suite  de  longues  d^b(^ra- 
tions,  elle  fut  publite,  le  25  jnin  1580,  k  Dresde,  a  Toccasion 
du  cinquanti^me  annitersaire  de  la  confession  d*Augsbourg, 
et  qui  depuis  lors  a  toi^ours  ^tA  consid^rto  comme  le  Cor* 
pue  doctrinx  lutheranx, 

FORNOUE  (BaUille  de ),  litrte  le  7  juiUet  1495.  For- 
nooe  (en  latin  Forum  novum  ,  en  italien  Fomovo)^  est  un 
bourg  du  duclMi  de  Parme ,  sltu^  k  22  kilom^res  sud-ouest 
de  la  capitale ,  prte  U  rite  drolte  do  Tanaro ,  au  pied  des 
Apennins.  Le  pape,  le  roi  d'Espagne,  le  roi  des  Remains,  le 
due  de  Milan  et  U  r^publique  de  Venise  s'tont  ligu^  pour 
chasser  Charles  VIII  de  Tltalie,  une  moitl6  de  Tarmte 
fran^se  resta  k  Maples ,  et  Tautre,  oommandte  par  le  roi, 
reprit  le  chemui  de  la  Ftance.  Cette  retraite  fut  h^risste  de  fati- 
gues et  de  p^ils;  les  Solsses,  atec  une  patiente  Anergic, 
traln^rent  k  bras,  an  traters  de  PApennhi,  cette  pesante  artil- 
lerie,  nagu^  la  terreur  de  la  p^insule ;  mais  tout  ce  qui 
rteulta  de  ce  prodigieux  eftort,  ce  ftit  de  se  trouter  aux 
portea  do  la  Lombardie  en  face  d^un  ennemi  de  beaucoup 
supMeur.  Charles  demanda  le  passage ;  on  le  lui  refuse ,  et 
alors  s*engagea  une  bataille  k  jamais  glorieuse  pour  les  armes 
fran^ises. 

L'arm^  lombardo-tteilienae,  forte  de  40,000  bommes, 
6tait  command^  par  Gooaague,  marquis  de  Mantoue.  9,000 
Fran^etSuisses,  harass^  de  fatigue,  n*bMtirent  pas  a  se 
frayer  un  passage  k  trater  cea  masses  ^paisses.  L*atant-garde, 
sous  les  ordres  du  martelial  de  Gi4,  compost  de  400  lances, 
de  100  Suiases,  de  300  archers  k  pied  et  de  100  ailMl^triers  k , 
chetal  de  la  garde  du  roi,  Aranchit  le  Tanaro,  grossi  par  les 
plniesd'un  rteent  orage.  Le  roi,  qui  commandait  le  corps  de 
bataille,  ne  le  suitait  qu'li  un  long  intervalle,  et  k  I'arri^re- 
garde  la  cohne  des  bagages  et  des  talets,  sous  les  ordres  du 
comte  de  Foix,  restait  bien  loin  derri^re,  dans  un  grand  d^- 
sordre.  Le  marquis  de  Mantoue,  aprte  avoir  pourtu  k  la 
sAret^  de  son  camp,  passa  le  torrent  on  pen  plus  haul,  pour 
toumer  cette  arri^rt-garde,  aur  laqudle  il  tomba  atec 
600  gens  d*armes,  500  fantassins,  une  masse  de  stradiots  et 
queiqoes  chetan-l^ers. 

II  atait  laiss^  sur  la  rite  q>p08te  un  corps  nombreux,  com- 
numd^  par  Antoine,  fils  nalurel  du  due  dUrbin,  auquel  II 
atait  prescrit  d'attendre  de  nouteaux  ordres.  Charles,  s'dtant 
aperQo  du  moutement  du  marquis  de  Mantoue ,  flt  avancer 
son  corps  de  bataille  au  secours  de  Tarri^re-garde.  Les  stra- 
diots ,  au  lien  de  combattre,  se  mirent  k  piller.  Les  aatres 
eoalis^s  les  imit^rent  Ils  ^talent  \kihk  16,000.  Le  roi  ne 
balance  pas  li  les  attaquer  atec  3,000  hommes  :  «  Le  petit 
roi,  dit  Comfaies,  n*6tait  pas  reconnaissable,  tantil  ^talt 
grand,  ferme  el  audadeux.  »  Sa  noblesse  fiilsait  merteille 
autour  de  lui.  La  maite  dura  k  peine  un  quart  d^heure:  Ten- 
nemi,  culbut6,  taill6  en  pieces,  poursuiti  Jusqu*a  son  camp, 
laissa  pinade  8,000  hommes  sur  le  diamp  de  bataille,  tandis 
que  le  corpa  d*arm6e,  charg6  d'attaquer  rataat-garde  Iran- 
false,  toomait  bride  sans  rompre  une  lanoe. 

Aeeabl^  sous  le  poids  de  leur  armora,  lea  Italiens,  renter* 
8^  au  premier  choc,  ^taient  aussitOt  tu^  k  coops  de  hadie ;  H 
en  Alt  fait  un  massacre  ^poutantable.  Les  Fran^als,  qui  n*a- 
vaient  perdu  que  200  hommes,  rest&reut  atup^DMta  de  leuT 


i76 


FORNOUE  —  FORTEGUERRA 


vtctoire  el  bMttrent  k  U  poartDi? re,  ne  poaTant  compren- 
dre  qu*une  wniA  puisMOte  arm^  se  fAt  si  mireculenaement 
disperse  deTtnt  eax.  Gette  belle  jourotepoafaitdoiiner  Tl- 
talie  k  la  France;  Buis  Charles  VUI,  prees^  de  reToir  boa 
royaatne ,  manqua  cette  fois  encore  k  sa  fortune.  11  parvint 
aux  portet  d*Alexandrie,  alia  paaaer  &  go6  le  Tanaro ,  et  entra 
dans  Atl  buit  jonrs  apr^  la  bataUle  de  Fomoue. 

Engine  G.  m  Mowslatb. 

FORSKAL  (Peteb),  botaniste  suMois,  disciple  de 
Linn^,  n^ en  1736,  fit  ses Modes  k  Gcettingue,  oil  sa Ui^ 
d'inangnration ,  dirigte  centre  la  philosophic  de  WolfT,  alors 
dominante,  et  intitulte  :  IHtbia  de  prineipiiM  phUosophix 
recentUniMf  lul  atlira  un  grand  nombre  d*enneniis.  Une 
th^  Stir  la  libera  civile^  qn'W  soutintensoite  devant  I'uni- 
Tersit^  d'Upsal,  hii  Talot  de  i^Yhns  admonitions  de  la  part  do 
pouvoir.  A  quelqne  temps  de  Ui,  il  fAt  appd^  k  oceaper  iine 
cliaire4  Tuniventit^  de  Copenliagoe,  d'oA  il  partit  en  1761, 
altach^,  k  la  reoommandation  de  Linn^,  k  rexp^dition  scien- 
tiflqueentreprise  en  Arable  d*aprto  les  ordres  et  avec  la  pro- 
tection du  roi  de  Danemark,  Fr^^ric  V,  par  Carsten,  Nle- 
buUr,  de  Haven  et  Kramer.  Attaqo^  de  la  peste  en  Arabic, 
il  monrat  en  1763,  k  Djerim.  Linn6  a  nomm^  d'aprte  lui 
forskalea  iine  plante  proTcnant  de  graines  envoys  par  ce 
Toyageur :  on  en  connatt  troisespioes,  dont  Liunif  ad^'gnd 
la  premie  par  P^pitliite  de  lenaciMima,  par  allusion  ao 
caractirede  son  ^ive.  Nlebuhr  se  fitr^iteur  des  trayaux  ma- 
nuscritK  laiss^  par  oe  savant,  isavoir  DeseripHones  anima- 
lium^  avium,  an^thitfiorum,  piscium,  insectorum,  qtuc 
in  itinere  orieniali  observavU  P.  For$kal  ( Copenhague, 
1775);  Flora  jEgypt,^  Arabiea,  etc.  (Copenhague,  1775); 
enfm,  icones  rerum  natttralium  quas  in  itinere  orientali 
depingi  ewraifU  Forskal  (Copenhague,  1776,  avec  48 
plinches). 

FORST  (Vin  de),  en  allemand  Forsterwein,  c^ibre 
produit  des  vignobles  do  roont  Haerdt,  en  Baviire,  qu*on 
r6colte  sur  le  territoire  de  la  commone  de  Forst,  ao  centre 
d*un  vallon  semi-circulaire  prot^^  centre  les  vents  froids 
par  d'assez  hautes  coUines.  Le  meilleur  crA  de  oe  canton  est 
le  terroir  appel^  Kirchenhuchel,  oik  les  vignesse  vendent  de 
600  a  1,000  florins  les  cinq  verges  carries.  La  vigne  merit 
d*onlinaire  huit  jours  plust6l  a  Forst  que  dans  toot  le  resle 
du  pays.  Les  vins  de  Forst  jooissent  en  Allemagne  d*une 
grande  reputation ;  mais  c'est  k  peine  si  la  dixi^me  partie 
des  produits  qui  se  vendent  sous  oe  nom  en  cr^t  provieot 
r^llemcnt  deft  vignobles  de  Forst. 

FORSTER  (  Francois),  graveur  en  tailMooce,  roembre 
de  riDRtitut,  n^  k  Locte  ( prindpaot^  de  NeufcbAtel),  le  22 
aoiH  17^)0,  flit  naturalist  francs  en  1828.  Venn  k  Paris  en 
1805,  il  entra  dans  l*atelier  de  P.-G*  Langiois,  et  suivit  en 
ni^me  temps  les  le^ns  de  T^cole  de  peintnre.  Admis  en 
1809  au  concoors  de  Tlnstitut,  11  y  remporta  le  second 
grand  prix  de  gravure  en  taille-doooe,  fit  le  premier  grand 
prix  en  1814.  Le  roi  de  Pntsie ^it  alors  k  Paris;  il  adressa 
au  jenne  laun^at  uneniMailled^or  et  une  pension  de  1,500  (r. 
)K)ur  deux  anm^es.  Forster  sollidta  la  mAme  faveur  pour 
Lf^opold  R  obert ,  son  compatriole,  et Tobtint :  les  deox  ar- 
tistes restirent  11^  de  la  plus  grande  intimity  Josqn*^  la 
roortdeoe  dernier. 

M.  Forster  lit  d^abord  bon  nombre  de  planches  poor  des 
collections,  puis  s^adonna  k  la  grande  gravnre.  Son  burin 
est  cinir  et  pnr;  son  dessin  irr^prochable ;  sa  louche  esf 
suavi!  ot  iieilcate  :  aossi  a-MI  M  un  magnifique  interprfete 
de  Rnpliael.  On  cite  parmi  ses  estaropes  Aurore  et  C6- 
phale,  d^aprto  GoMn;  in^  et  Didon,  d*apr6s  le  mkne; 
Francois  A'*  et  Charles-Quinl  ^  d*aprte  Gros;  la  Vierge 
au  bas'rellfiff  d*aprte  Ltenard  de  Vinci ;  to  Vierge  dror- 
Uansiles  TmisQrdoBM^  d*aprte  Raphael;  Sainie  CSelle^ 
d*apr6(  Paul  Delaroche;  to  Fierce  d  la  Ugende^  d*aprte 
Rapliael;  le  portrait  d'Albert  Durer,  d'api^  oe  peintre; 
deux  portraits  de  Raphael^  d'aprte  hil-m<Hne;  Ic  iiortralt  de 
Henri  IV,  d*aprte  Potbos;  cnfin»  le  portrait  en  pieil  de  Wei- 
VaglMif  tfapi^  Gdrant  I/AeMlteiedesOoaox«Arts  adioial 


M.  Forster  en  1844  poor  remplaeer  P.-A.  TardieOf  qfo'eflt 
venait  deperdre.    -  L.  Lonvct. 

FORT  (Art  mUUaire),  Ce  mot,  tongtemps  gte^riqaa 
dans  les  usages  des  armte,  est  devenu  spteial  dansTidioiDe 
de  la  for  ti  fi  ca  tion .  Une  position  esMle  situ^  de  maat^ra 
k  prot<^er  snr  la  frontite,  oo  aox  bords  de  la  oaer,  una 
asset  grande  ^ndoe  de  pays,  un  d^^,  on  passage  d« 
rivi^,  one  route,  pour  en  assurer  la  conservation,  ea 
y  porte  des  troupes,  on  y  r^nnit  des  armements,  des  muni* 
tions,  des  vivres,  et  afin  de  les  mettre  k  Tabri  d*ane  siir 
prise,  on  les  enferme  dans  on  onvrage  qui  puisse,  pour  im 
temps  determine,  se  suflire  k  lui-meme.  C*est  ce  qu'on  appelle 
un  for  I.  Cast  une  oeovre  de  fortification  isoiee.  Les  blofk- 
haus,  chAteaux,  dehors,  ouvrages  permanents,  palan 
qoes,  pAtes,  r^doits,  etalent  originaireroentdes/ird.  Depuii 
Vauban,  on  fori  est  one  for  teresse  de  troisitoe  ordre, 
dont  la  ligne  de  defense  est  de  140  roAtres;  c*est  nne  fort* 
resse  en  minialure,  qui  n*a  pour  habitants  que  les  roilitairet 
de  sa  gamison ,  mais  qui  est  soumise  k  un  commandant,  ou 
gouverneur,  qid  en  dirige  la  defense  et  repood  de  la  oonwr 
vation  de  la  place.  Elle  s'entoore  de  fosses  et  de  pontv 
levis.  Elle  renferme  des  caserpes,  des  corps-de-gattle,  des 
magasins, parfois descasemates  vofitees,  k  repreove d« la 
bombe,  qui  peuvent  servir  d'asile  k  la  portion  de  la  troupe 
qui  n*est  pas  de  service,  aux  roalades  et  aox  blesses.  II  y  a 
des  forts  depen«lant  d'one  ville  forte  :  lis  prennent  le  nom 
de  citadetles;  il  j  en  a  d*independanta  elcommeaban- 
donnes  k  lenrs  propres  ressonrces.  II  y  a  des  forts  de  terrs 
et  des  forts  marithnes.  On  en  emplole  qoelqnefois  A  Mat' 
dre  nne  ville  d'one  etendoe  considerable  en  les  espacant  siir 
toot  son  poortoor.  On  les  designe  alors  soos  le  nom  dt/arlM 
diiacMs.  Enfin,  11  arrive  souvent  en  campagne  qoNu  corps 
d*armee  est  destine  k  conserver  pour  on  certain  temps 
une  position,  d'od  il  doit  plos  tard  se  porter  en  avant,  ct  qui 
peut  couvrir,  jusqu^A  on  certain  point,  sa  retraite.  Sur  celle 
position  on  eta blit  alors  un/orl  de  campagne,  qui  la  pro- 
tAge  et  met  sa  gamison  k  Tabri  d^one  surprise.  Ces  series 
d*ouvrages,  oonstroits  legArement  et  avec  rapidite,  aont  son- 
mis,  pour  leur  trace,  aux  principes  de  Tart  de  la  fortifica- 
tion. On  les  emplole  A  la  defense  d*on  village,  d'one  riviAre, 
d'on  defile,  d'une  route.  Sou  vent  mAme  on  transforme  en 
fori  de  campagne  un  cbiteau,  une  eglise,  un  cimetiAre,  une 
niaison.  Pour  ceia  il  soffit  d*en  liarricader  les  portea,  d*cn 
creoeler  les  mors  et  d*eiever  en  arriAfe,  sur  lenr  appui ,  one 
banqoette  en  terre.  G*'  BAanm. 

FORTALEZA.  Voyes  Cbara. 

FORT  DENIER.  On  appdait  ainsi  dans  on  payement 
le  denier  oo  les  deux  deniers  qo*un  debileur  etait  oblige  de 
donner  en  sns  de  ce  qu'il  devalt,  A  deiaut  d*une  monnaie 
avec  laquelle  il  pAt  exactement  parfaire  la  somme  qu*il  avait 
a  payer.  L*usage  de  faire  payer  \9J6rt  denier  etait  venu  de 
ce  que  \e  denier  avait  cesse  d*avoir  coun.  Divert  airMs  do 
conseil  avalent  regie  que  qnand  il  seralt  dfi  an  fermier  du 
roi  un  cu  deox  deniers,  il  en  serait  paye  trois  (c'est-A-dire  im 
liard  )  par  le  debileur.  Aujourdliui,  il  exi^  one  disposi- 
tion analogue  dans  la  loi  du  22  frimaine  an  tii  sur  Tenregis- 
trement,  article  5 :  «  II  n*y  a  point  de  fraction  de  centime 
dans  la  liquidation  du  droit  proportiunnei :  lorsqo^une  frao- 
tion  de  somme  ne  produit  pas  on  centime  de  droit,  le  cen- 
time est  per^  au  profit  de  r£tat  » 

On  dit  aussi  preter  au  denier  forl^  c'est-A-dire  preier  A 
un  taox  qui  n'est  pas  tolAre  par  la  loi.  Ceiix  qui  prttentao 
denier f&rlwtiX  rt^pntesusuriers. 

FORT  DETACH^.  Koffex.  Fort  et  FoanFiCAnoiis  or 
Paris. 

FORTE  9  adverfoe  italics  qui  signifie  fort ,  est  employe 
dans  la  musique  par  oppositkia  an  mot  pkmo,  poor  ladi- 
quer  qu*il  Ikot  aogmeoter  le  son  00  dianter  A  pleine  voix.  La 
/orU'piano  Ait  ain&l  nomme  parce  qo^on  poovalt  laireentsa- 
dre  snr  cet  Instniment  ces  deux  degrAs  d'expreaaion. 

FOR  r  EG  U  ERR  A  (iNicoijo),  poete  itaUcn,  qui  s*est  sor- 
tottilait  on  oimii  par  sooepopte  aAtifiqMa  de  ilicciartfeMr, 


FOftTEGUERBA  —  FOBTEBESSE 


n^  en  1074,  k  Pistoie  fiit  ^iev6  dans  sa  Title  nata1e»  embrassa 
ia  canine  isccl^siaatique  et  se  fixa  k  Rome,  06  il  devint  i'un 
des  pr^Iats  de  la  coar  da  pape  Ck^jnent  XI.  Mais,  comme 
tant  d'autres  avant  et  aprts  hii,  il  flt  preave  de  bien  plus  de 
iMe  pour  les  sciences  et  les  beaux-arts  que  pour  les  devoirs 
de  son  ^t.  II  mourtit  k  Rome,  le  17  fi^nier  1735.  Ses  can^ 
zone  n^ont  rien  de  remarquaUe.  Pour  h^roe  de  T^pte 
^omiqoe  qui  Ta  rendu  c^l^re,  et  dans  laquelle  il  baflbue  sur-. 
tout  les  rocBurs  corrompues  du  derg^,  il  prit  I'un  des  quatre 
fits  Aymon,  Richardet;  et  il  en  lut  les  diff^rents  cbants  au 
pape  Clement  XII  au  fur  et  k  mesure  qu*il  les  compose.  Ce 
poeme  ne  fbt  imprim^  que  deux  ans  apr^  la  mort  de  I'anteur, 
sons  le  nom  de  Carteromaco,  qu*af  ait  d^jk  pris  le  grand-p6re 
de  Fortegoerra  en  grteisant  son  nom  de  fomille.  La  premiere 
^tion  porte  la  date  de  Yenise  1738 ;  et  il  en  a  6t6  fait  pin- 
aiears  depuis  lors. 

Les  autres  pofoies  de  Forteguerra  furent  imprim^  k  di- 
▼erses  reprises,  k  Gtoes,  k  Florence  et  k  Peseta .  Une  magni- 
Hque  Edition  de  sa  traduction  de  Terence,  en  versi  scioUif 
parut  en  1736 ,  i  Urbino. 

FORTE-PIANO.  Voye%  Piaho. 

FORTERESSE,  terroe  g^n^riqne,  qui  s*emploie  pour 
designer  toute  esptee  de  place  forte,  quelle  que  soit  son  im- 
portance. II  a  eu  quantity  de  sjnonyiDDes,  dont  nous  ne  repro- 
dalrons  que  le  plus  cnrieux,  le  plus  ottblt6 :  c*e8t  le  mot  roe , 
roee^roehef  d'od  sont  venusrocaiiflii,  lieux  d^fensenr,  Tiettle 
morte-paye,  et  roquer,  verbe  connu  des  joueurs  d'^checs , 
pour  signifier  Taction  de  placer  la  tour,  la  forteresae ,  le  roc , 
la  rooe.  La  langue  militaire,  plus  capricieuse  que  loglqde, 
appellep/ace  ce  qu'ici  nous  nommonsybrfereixe.  Les  ordon- 
nances  ne  pouTaient  gn^re  cboisir  plus  mal ;  aussi  faut-il 
soQTent,  pour  se  faire  eomprendre,  dire  :  place  ffarmes; 
ce  qui  priteente  une  nouTdle  6|utToqne ;  on  bien  dire :  place 
de  guerre,  place  forte  ,place  fortiflie ,  locutions  qui  toutes 
ne  Talent  pas  mieux ,  ne  fOt-ce  que  par  leur  prolixity.  Les 
meiUeurs  terlTalns,  au  contraire,  se  sont  serTisde  Texpres- 
sion/or<eres5een  Tappliquant  aux  plus  grandesTillas  fortes, 
tandis  que  les  ing^nleurs  militaires  out  amoindri  Pacception 
en  appelant  plut6tybr^ere55e5  de  petites  Tilles  fortes,  on 
m^me  de  simples  forts.  Une  forteresse,  leCapitole,  cou- 
Tonnait  Rome,  qui  avant  d*Mre  une  Title  ^tait  nn  royaume. 
Les  camps  roroainsdesempereurs  ^latent  autant  de  forteres- 
aes.  Cartbage,  suiTant  Appien,  Marseille  et  Bouiiges,  sui- 
Tant  C6sar,  ^talent  d*admirables  forteresses.  Tour  k  tour  les 
Romains  et  les  barbares  ont  chang6  en  forteresses  les  arfe- 
nes,  les  drques,  lestb6&tres.  Alexandria,  d^fendue  par  C6- 
sar ,  Sid^ ,  dans  TAsie  Mineure,  Orange  et  Ntmes,  en  sont 
des  t^oignages ;  les  Testigea  de  leur  destruction  sont  le  d^- 
aespoir  des  antiquaires. 

Les  Francs,  peuple  de  soldats  camp^,  nation  de  d<$Tas- 
tateurs,  longtemps  ^trangire  k  Tart  de  fortifier,  ne  domin^- 
rent  la  Gaule  qu'apr^  aToir  ras^  les  forteresses  nombreuses 
dont  elle  6tait  saTamment  parsem^e.  ByzanceconserTa  long- 
temps  de  respectables  fortifications  :  Toeil  s'efTor^it  en  Tain, 
dit  H^odien ,  d'y  distinguer  la  liaison  des  assises.  Charle- 
magne, imitateur  deson  p^re,  reuTersait  d'une  main  les 
forts  que  les  seigneurs  firancais  pr^tendaient  ^leTer,  et  de  Pau- 
tre  n  ^fiait  les  pnlssantes  barriires  par  lesqudles  il  bridait 
les  Saxons.  Les  irruptions  norroandes  contraignent  la  no- 
blesse francaise  k  h^risser  de  forteresses  ses  domaines ;  dies 
dSTiennent,  aprte  le  depart  de  cea  brigands  do  Nord,  ou 
pendant  les  armistices,  le  repaire  d*nn  brigandage nouTeau. 
La  f ^od a  1  i  t  ^  en  fait  ses  places d'arroes,  ses  recepts  (recep- 
focti/a),  c'estrk'dire  le  si^e  du  recdement  des  richesses 
dont  les  suzerains  s*entre  d^pooillent.  Des  lieux  toinents 
^talent  g<hi4ralement  choisis  pour  Pemplacement  du  donjon 
de  cea  prindpaut^  lonjours  gnerroyantes ;  de  1^  les  noms  de 
tant  de  Titles  oh  se  mdent  les  mots  roc,  roque,  mont,  tellp 
que  HontUi^,  Roquefort,  Rochdort,  etc.  Velly  affirme, 
inais  nous  noua  refnsons  k  y  crotre,  qu*en  1356  il  y  aTait 
dana  la  seule  Aquitaine  trois  mille  forteresses.  Dans  un 
tampa  06 1'art  et  radminislralion  ^talent  si  pen  STanote,  l«s 

MCT.  01  LA  OOKTOIS.  —  T.  OU 


677 

places  ne  pouTaient  gu^re  ^tre  rMuites  que  par  famine,  par 
drcouTdtatlon ;  mais  faute  de  TiTres  et  de  tcpips,  la  guerre 
ne  consistait  presque  partout  qu*k  (kire  du  d^t  k  Pentour 
des  muraltles  du  lieu  fort.  Qoand  les  grands  conndables, 
dans  leur  intMt  propre,  commenc^rent  k  restaurer  le 
pouToir  supreme,  si  longtemps  tenu  en  tehee  par  la  ftedaliti 
et  sea  fortereases,  ila  leur  opposirent  lea  forteresses  de  la 
royaut^.  Leconndable  de  France  en  aTdt  la  surintendance^ 
des  oonn6tables  en  sous-ordreen  aTalent  le  gouTemement, 
et  les  g6n^raux  du  roi  faisaient,  sans  forme  de  proc^,  ac- 
crocher  aux  cr^neaox  les  castellans  qui  au  premier  coop  de 
fauconneau  ne  Tenaient  pas  d^poser  leurs  defs  aux  pieda 
du  repr^sentant  du  suzerain.  La  poodre  rendit  inhabitablea 
cea  manoirs  ftedaux  sans  apprOTisionnement,  sans  artille- 
rie,  et  dont  le  syst^e  de  fortification  dcTenait  un  centre- 
sens. 

Aussi,  d^exhausstes  qu'dles  ^talent,  les  muraltles  descen« 
dfrent-elles  jusqu*4  s*enterrer ;1es  maehieoulis,  lea 
archUres  dcTlnrent  ptnt6tun  embarras  qu'nne  ressouroe; 
les  breaches  s^abaissirent  en  eourtines;  les  tourelles,  les 
torrUms  s'accoordrent  en  bastions;  les  cr^neaux 
c^^rent  le  pas  aux  batteries;  etles  douves^  les  baillea 
firent  place  k  un  large  foss6.  Trop  de  trsTaux,  de  pdne. 
de  temps,  d*argent,  eussent  6t^  nteessairea  poor  coordonner 
k  ce  syatime  nouTcau  d'antiquea  d  solides  bAtisses,  dont  la 
construction  aTait  6i6  arroste,  k  maintea  reprises,  des  sueurs 
d'un  long  serTSge;  lors  done  que  fmrtont  ce  serTSge  tendit 
k  briser  ses  cbalnes,  lors  done  que  partout  les  grandes  for- 
tunes nobiliaires  tendirent  k  s'deindre,  les  forteresses  sei- 
gneuriales  s^teroul^rent  ou  doTinrent  d^sertes. 

Demarctii,  Vanban,  Coehoorn,  profit^ent  des  Tidlfes 
formes  de  quelques-unes,  mais  en  der^rent  bien  pins  quMla 
n*en  r^pardrent,  et  conformteent  cea  nonTdles  construc- 
tions aux  exigences  des  temps.  Jadis  le  pouToir,  sous  quel- 
que  litre  qu'il  se  manifestAt,  pouVait,  1^  sa  guise,  sHncaS" 
teller^  comme  on  disait  alors ;  Louis  XI  fut  inhabile  k  s'y 
opposer ;  Henri  IV  et  Louis  XIV  s'efforc^rent  d'y  panrenir 
en  se  r^rTant  le  droit  d*asseoir  des  boulcTards.  L^aun^ 
1791  Tit  passer  du  domaine  de  la  royant6  dans  celui  de  la 
l^Iature  la  propri^t^,  Padmfaiiatration ,  l*entretien,  la 
police  dft  places  fortes  :  ce  fbt  IHine  des  premieres  et  des 
priocipales  restrictions  imposes  au  pooToIr  exdcutif.  Mapo^ 
Iten  en  tint  peu  compte,  parcequ*il  ^tait  en  mdme  temps  la 
loi  d  le  roi :  ce  que  Pun  Toulalt,  Pantre  Paccompliasdt ;  mala 
ce  grand  capitaine,  quelque  absolu  qu'il  fAt,  se  trouTa  en- 
lac^  par  les  patientes  et  soordes  ToIont6s  du  corps  du  g^nie : 
il  projeta,  sans  pouToir  Paccomplir,  la  rMuction  do  nom* 
bre  des  forteresses,  on  leur  abandon,  et  reconnut  trop  taid 
qo*il  eftt  prdTenu  peut-6tre  sa  chute  s'il  eOt  ^t^  moins  ricbe 
en  places  fortes.  La  charte  de  Louis  XVni  rendit  au  com- 
maudement  militaire  le  droit  de  proooncer  sur  la  dasse,  la 
nombre,  Pemplaoement,  les  d^penaes  d'entretien  des  forte- 
resses, parce  qu'on  regarda  cette  attribution  comme  inh^« 
rente  au  droit  de  paix  et  de  guerre.  Les  d^bats  parlemen- 
taires  souIct^s  sous  le  r^gne  de  Louis-Philippe  k  Poccasion 
des  fortifications  de  Paris,  la  pol^mique  des  jour- 
paux  qui  lesprteMa  et  les  suiTit,  prouTteent  surabondam- 
ment  combien  les  r^les  gouTernementalea  ^talent  encore 
incertainea  k  cette  ^poque. 

Passant  k  nn  autre  ordred'idtes,  formulons  dubitatiTement 
la  partiespteutatiTe  de  la  question  des  forteresses.  La  quan- 
tity de  places  qu*on  a  d^truites ,  taiss^  tomber ,  on  reconna 
inutiles,  ne  t^moigne-t-dle  pas  combien  est  doTenu  pen 
national  Pint^M  qui  les  aTait  fait  constniire  pour  la  plupartt 
Les  fortifications ,  en  un  mot,  sont-dles  nteessaires,  out  on 
nonP  La  dtenolition  des  remparts  ne  seraitdle  pas  plus  pro* 
iiiable  que  leur  conserTatlon  aux  habitants  de  la  France,  k 
son  Industrie,  k  son  agriculture?  C*esty  d  Pon  en  croii  le 
Memorial  de  Sainte-Hiltne^  ce  que  sembldt  penser,  en  par- 
tie  du  moins,  Napolten  dans  son  exit,  qoand  il  disait :  ■  Le 
g^nie  aTait  un  tIco  radical  sur  cet  objet ;  il  avail  coAt6  des 
sommes  Imroenses  en  pure  perte.  «  Le  nord  de  (a  France,  suri 

71 


iiB 


FORTERESSE  —  FORTU-D'URBAN 


••* 


■0 


J 


dMr%4  d'ane  triple  ligne,  fort  dispendiease,  de  forteressses,  qai 
alMorbent  de  noiubi^uses  garafsons,  et  eotre  lesqiielles  Ten- 
ttemi  peut  passer  pour  marcher  droit  sur  Parts ,  ne  devient- 
il  pas  en  cemomeot-lk  un  grave  embarraa  pour  le  goaverne- 
ment,  sans  parler  d^autres  lignes  de  frontitees  qai  restent  ou- 
tertes?  Doit-on  regarder  comme  utiles  les  places  d^ine  petite 
Capacity,  qui  ne  aauraient  de^enir  des  bases  d'op^rations  ni 
'OfTrir  un  appui  quelconque  k  une  arm^e  defensive?  £t  quant 
•ux  places  de  forte  dimension ,  peuTent-elles  opposer  une 
longue  r^taace»  compensant  les  d^sayantages  qui  y  sent 
attaches » si  les  bourgeois  qu'elles  renferment  tiennent  sans 
cesse  le  gouTerneur  en  alarmes,  et  si  les  benches  inutiles 
4)n*ellea  contiennient  le  mettent  dans  TaltematiTe  de  les 
expulser,  al  Vassi^eant  le  permet,,  ou  de  condamner  des 
nvQIiers  de  malheureux  a  mourir  de  faim,  si  Tassii^eant  leur 
'iNirrele  passage?  Que  de  questions  non  moins  ardues  pour- 
raient  dtres  trait^es  ici  I  Et  cependant,  qui  oserait  contester 
le  rMe  important  qu*ont  souyent  jou^  les  forteresses  ?  Leur 
nUSM  n^est-elle  pas  snffisamroent  prouvte  par  iliistoire  ?  £t 
poor  n'en  citer  qu'nn  exemple,  si  Alger  edi  ^t^  ^difi^  par  des 
mains  plus  habiles,  si  des  ing^nieurs  sayants  et  d^vou^ ,  si 
des  troupes  mieux  disciplines  eussent  d^fendu  ce  bouIoTard 
de  la  piraterie,  eat-il  bien  certain  qu*il  n'efit  pas  brav^  en  i  830 
etbattu  peut-^tre  notre  yaiUante  arm^  de  si^e  ? 

G'^Bardin. 

FORTESGUE  ( Joaif ) ,  un  des  plus  c^l^bres  publicistes 
de  TAngleterre,  naquit  dans  lesdemi^res  ann^es  du  qua- 
fonitoie  sitele.  Issu  d*une  ancienne  famille  fran^se  ^ta- 
biie  dans  la  terre  seigneuriale  de  Wear-GilTard,  comt^  de 
Deron,  propri^t^  toujours  rest^  depuis  aux  mains  des  For- 
tesciie,  U  fut  ^ley6  k Oxford,  et  termina  k  Lincoln's  Inn  ses 
etudes  de  droit.  Nomm^  prolesseur  h  cette  demi^re  6cole, 
ters  1429 ,  ildeyint  aTocat  du  roi  en  1441 .  L*anne  suivante 
if  fut  ^ey<  h  la  charge  de  lord  chef  de  justice  de  la  cour 
do  Banc  du  Roi,  office  dans  lequel  il  d^ploya  la  plus  haute 
habilet^. . 

Lorsqu'en  14&0  commenc^rent  les  luttes  sanglantes  de  la 
guerre  des  Deux  Roses,  John  Fortescue  embrassa  le  parti 
de  la  maison  de  Lancastre,  et  prit  une  part  active  dans  ce 
sanglant  d^bat.  Quoique  d^j^  avanc^  en  Age,  il  di^ploya, 
dit-on ,  la  plus  haute  Taleur  k  la  bataille  de  Towton  ( 1461), 
eC  il  y  Tit  tomber  k  ses  c6i6s  un  grand  nombre  de  ses  amis. 
Loreque  apr^  cette  fatale  joumte  la  couronne  royale  eut 
^  pos^  surla  t6te  d'£douard  IV,  le  lord  chef  de  la 
rjoatice  de  la  cour  du  Banc  du  Roi  refusa  son  adh^ion  au 
noQTeau  souTerain.  Bientdt  m6me,  avec  plosieurs  chefs  du 
parti  de  Henri  YI,  il  fit  dans  le  comt^  de  Durham  une 
nouTelle  et  mfructueuse  tentative  en  faveur  de  la  famille 
d6chue.  Mis  en  accusation,  ainsi  que  les  prindpaux  instiga- 
feurs  du  mouvement,  par  un  parlement  yorkiste,  Fortescue 
f^t  ddclar^  atteuitet  convaincu  du  crime  de  haute  trahison. 

0  suiyit  la  famille  royale,  lorsqu*eIle  se  r^fugia  en  £cos8e. 
C^est  \k,  dit-on,  qu'il  recut  le  titre  de  chancelier.  En  1463, 
ild^eau  parti  du  malheur,  il  prenait  avec  la  famille  de  Lan- 
eastre  le  chemin  de  Pexil,  et  passait  en  Hollande,  d*oii  fl 
devait  bient6t  se  rendre  en  France.  Il  fut  charge  sur  la  terre 
^trang^re  de  TMucation  du  jeune  pruice,  h^Uer  de  la 
maison  de  Lancastre,  le  malheureux  £douard.  Fortescue, 
<|uf  oomptalt  Men  voir  on  jour  son  ^l^ve  tur  le.trdne  d^Axk^e- 
terre,  avalt  pens^  qu^l  remplissait  un  devoir  pubUc  en  formant 
le  caract^rede  celui  qui  devait  gouvemer  son  pays,  en  Incul- 
qnant  au  jeune  Ii^ritierdu  trdnelcs  vMtables  principes  d'une 
royaut^  patriotique  et  populaire.Il  compose  done  pour  son 
royal  ^^ve  un  dee  meilleurs  livresde  droit  politique  qu'ait 
encore  aujourd'liui  PAngleterre :  De  Lauiibus  Legum  An* 
glias.  Dansce  commentaire  des  lois  de  la  Grande-Bretagneja 
Mience  historique,  Je  sens  profond  et  intelligent  de  la  MgisU- 
lion  anglaise  se  montrcnt  constammenllicdt^  de  la  itensdc  po- 
litique la  plus  ^\e\(A,  Get  important  ouvrage  fut  imprim^ 
pour  la  premie  fois  sous  le  r^e  de  Henri  VIII.  Au  dix- 
septi^me  sitele,  un  des  plus  grands  jurisconsulles  dc  TAn- 
gieterre,  Selden,  y  ajouta  des  notes.  Enfin,  le  travail  dc  For- 


tescue, traduit  en  anglais  dans  la  premtihi  mocti^  du  dix- 
buiti^e  sik^le,  est  rest^  jusqu'k  nos  jours  un  des  livres  fbo- 
damentaux  du  droit  britannique. 

Quand  Marguerite  crut,  en  1471,  le  moment  venu  de 
reconqu^rir  son  royaome,  Fortescue  suivit  en  Angleterre  la 
famille  proscrite,  commie  il  Pavait  sulvie  eu  Hollande  et  en 
France ;  et  il  eut  le  d^sespoir  de  voir  assassiner  son  d^ve  dans 
la  fatale  journde  de  Tewesbdry,  qui  (Henri  TI  6tant  mort 
peii  de  temps  aprto  son  malheureux  fils)  ruina  irr^m^dla- 
blement  les  esp^ances  des  Lancastriens.  Tr^8-avano6  e» 
dge  k  cette  ^poque ,  sans  doute  Fortescue  d^sirait  rester  d^ 
sormais  dans  cette  terre  de  la  patrie,  od  il  est  d  donx  de 
mourir.  Mais  £douard  IV  n^acoorda  le  pardon  qu*i  de 
dures  conditic^ns  :  il  exigea  que  le  vieux  I^iste,  qui  prM- 
demment  avalt  terit  en  favour  des  droits  de  ]k  faoaioie  de 
Lancastre,  compos&t,  pour  gage  de  sa  soumission,  un  doq- 
veau  traihS  dans  lequel  seraient  d^fendus  k  leur  tonr  lea 
droits  de  la  famille  d'York.  AfTalbli  par  TAge,  le  publidste 
c6da  au  d^sir  de  son  souverain.  Get  acte  de  la  faiblesse  fut 
suivi  du  pardon  du  vieillard.  Ge  pardon,  pour  6tre  valable, 
dutetre  consenti  par  les  deux  cliaimbres,  comme  par  le  roi, 
et  il  eut  la  forme  d'un  st^tut.  Aprks  Tavoir  re^,  le  publidste 
se  retire  daus  son  domaine  d'Eberton ,  dans  le  comte  de 
Glooester.  II  y.mourut  en  paix ,  a  TAge  de  quatre-vingl-dii 
ans. 

Gomme  magistrat,  dit  lord  Campbell  «  dans  les  Vies  des 
Grands  Chanceliers  d^ Angleterre  ( Londres,  1845),  Fortes- 
cue est  hautement  vant^  par  les  (tori  veins  contemporains,  et  il 
semble  avoir  6t^  un  des  magistrats  les  plus  instruits  et  les  plus 
int^gres  qiii  jamais  aient  si^^  k  la  cour  du  Bane  du  XoL 
II  contriboa  puissamment  k  ^tablir  les  premieres  bases  de 
ces  droits  parlementaires  qui  ferment  une  si  grande  parlie' 
desUbert6s  de  la  Grande-Bretagne.  II  eut  la  sagadt^  de  voir 
que  si  les  questions  concemant  les  privil^es  dn  parlement 
ponvaient  ^e  soumises  k  des  jnges  pris  hors  de  son  sein,  on 
bien  k  la  couronne  seule,  ces  privil^es  seraient  bientAt 
d^truits,  et  que  de  cette  destruction  sortirait  le  despotisme; 
il  arrive  done  k  cdte  cons^uence,  que  les  deux  chambres 
seules  pourraient  didder  de  toutes  les  questions  oA  leors 
privil^ge^  seraient  en  cause.  »  Comme  ^crivain,  Fortescue, 
bien  que  h^riss^  (k  et  1&  des  termes  barbares  de  I'^oole, 
n'est  pas  d^pourvu  d*^16gance;  d^aiUenrs,  les  principes  de 
libert^  qu'il  expose  et  professe ,  k  une  ^poque  oh  si  pen  de 
gens  comprenaient  la  liberty  poUtique ,  donnent  k  ses  Merits 
une  importance  bien  sup^rieure  k  cellede  la  forme  littiraire. 
On  a  en  outre  de  lui  divers  ouvrages  reslfe  mannscrita  jas- 
qa^k  ce  jour,  et  un  traits  sous  ce  titre  :  D^ffirence  enire 
la  monarcMe  dbsolue  et  la  monarehie  limiUe.  Ce  demSer 
ouvrage,  a  ^t^  public  en  1714,  par  un  descendant  direct 
du  publidste,  sir  John  Fortescue,  lequel  y  a  ijout^  des  notes 
importantes.  Uue  nouvelle  Mition  en  a  ^  f^te  en  1719. 

Pauline  Rolahd. 

FORTIA  0'URBAN  (  Acricol-Josepb-Frahqois-Xa- 
visa-PiEiiRE-EspfUT-SiMoii-pAUL-AirroiicB,  marquis  de),  na- 
quit^ Avignon,  le  18  fi6vrier  17S6,  d^une  famUle  qui  pr6- 
tendait  remonter  k  saint  Louis ;  et  comme  son  pdre  €tui 
viguier  d^Avignon,  il  fut  tenu  sur  les  fonts 'baptismaux 
par  les  consuls  de  cette  ville,  qui  lui  donnireotses  niMnbreox 
prfooms.  En  1764 ,  il  fut  envoys  k  Paris,  obtint,  4  la  fin  de 
1765,  une  place  gratuite  au  collie  de  La  Fltehe,  et  apr^ 
y  avoir  achev^  sa  rh^rique  et  remport^  pldsieurs  prtx^ 
i  antra,  vers  la  fin  de  1770,  k  r£coie  royale  mlUtaire  de 
Paris.  En  177S  il  fut  nomro^  80us*lieutenant  en  second  daois 
le  r^ment  du  Roi  infanterie.  Dou<  d'un  physique  avantageux 
et  robuste ,  mais  d*un  caractfere  froid ,  impassible  et  pad- 
fique,  Fortia  d^Urban  avail  pen  de  goQt  pour  i'^tat  militiire, 
pour  la  vie  degamison  ei  les  plaisirs  du  grand  monde,  euv 
quds  ils  pr^n&rait  ceux  de  la  lecture,  de  P^de  et  de  U 
iclraite.  Un  procte  considerable,  dont  devait  d^pendre  sa 
fortune,  le  fitaller  k  Rome,  en  1777.  II  s'y  lia  avec  Ic  cardinal 
dc  Bcmis,'ambassadeur,  avec  Charles  Pougens,  avec  le  pdre 
Jaoquier,  et  partagea  son  temps  cntrc  les  soins  qu'exigeait 


FORTIA  DURBAN  —  FORTIFICATION 


son  affaire,  lea  plaMn  d^icaU,  et  T^tade  des  beaux-arts, 
des  anUquiUSa  e(  des  matlt^matiquejt. 

Le  procte  trafnant  en  longueur,  Fortia  d'Urbanenvoyasa 
d^ission  k  son  colonel,  quitta  le  service  de  France,  et 
fut  noinm^  par  le  pape  colonel  de  ses  mittces  dMnfanterie 
dans  le  comtat  Venaissin.  Aprte  le  gain  complet  de  aa  cause, 
il  reviut  en  France,  revit  Paris,  et  y  forma  de  nouveUea  liai- 
sons d'amiti^,  entreautresaYecD'AlembM.  DeretourdaBs  sa 
Tille  natale,  Fortia  s*y  maria,  le  11  janyier  1784,  atecl'atn^ 
des  trois  Giles  du  marquis  des  Achards  de  Salnte-Golombe, 
qui  avait  peu  de  fortune.  Le  bonheur  qu*il  trouva  dans  cette 
union  fut  trouble  par  la  revolution.  Quoique  son  p^  eAt 
p^ri,  ie  21  mai  1790,  Ticdme  d'outrages  rtvolutionnaires, 
dans  sa  retraitecliampfttre  de  Lampourdier,  ilneprit  aucune 
part  a  lajoumte  du  10  juin  de  la  mdmeann^,  quientralna 
la  d^ute  du  parti  noble  oppose  k  la  rdvoluUon,  Texpul- 
siou  du  vice-l^t  du  pape  et  la  perte  d'A? ignon  par  la 
cour  de  Rome.  Bien  plus,  11  accepta  k»  TonctionsauxqueUes  11 
fut  alors  appeie  par  les  suffrages  de  ses  concitoyens  dans  la 
scconde  municipality  constitutionnelle  (to  cette  Tille*  II  j 
vota  la  disputation  k  I'Assemblte  consUtuante  pour  demander 
la  reunion  k  la  France,  et  figure  dans  toutea  les  fttes  et  cere- 
monies natlonales  qui  eurent  lieu  k  cette  dpoque.  dependant 
la  moderation  de  ses  principes  et  plus  encore  son  canc- 
t^re  le  maintinrent  fideie  daiss  ^opposition  que  la  mijorite 
de  ses  coU^es  et  dee  cbefs  de  la  garde  nationale  d'Avignon 
manifest^rent  contre  lea  deTastations  commiaes  dans  le 
•comtat  par  rarmee  des  braoes  brigands  de  Yaueltue, 
Apres  qu^elle  tat  rentreedaos  Avignon,  il  eut  le  bonlieur 
•d*ecl)apper  aux  arrestatioiis  da  21  aoOt  171^1  et  lox  mas- 
sacres ds  la  Gladifere,  les  16  et  17  octobre  suivants ;  mais  il 
n'emigra  point,  et  yecut  dans  la  retraite  pendant  laterreur, 
a*occupant  de Utieratore.  Sa  mdre,  incaroeree  ^Avignon  en 
1 793 ,  n*ecbappa  k  la  mort  et  ne  recouvra  la  liberie  qu^aprte 
le  9  tbermidor.  En  Juillet  1795»  il  se  fixa  k  Paris,  et»  profitant 
•4e  la  decadence  des  assignats  et  dn  discr^t  pobUc,  U  y 
acbeta  k  vU  prix,  dans  la  rue,  alors  deserte,  de  La  Rodifr- 
roueauld,  un  vaste  terrain  arec  un  hotel  q^i'il  ne  cessa  pai 
^'babiter  avee  son  epoose,  et  que  ses  herltiers  ont,  aprte  sa 
morty'Tenda  prte  de  deux  millions. 

Lorsque,  sous  le  Oontulat  et  TEmpire,  la  paix  et  la 
sOrete  eurent  etexetablies  en  France,  Fortia  ponvait  st  dis- 
tinguer  dans  les  haates  foncttonsadfl[iinistrativeft,etsnrtont 
dans  la  diplomatie.  pour  laquelle  il  avait  toujours  eu  plus  da 
goOt  el  de  dispodvlona  naturelles  que  pour  fetat  militalie; 
mais ,  depourvn  d'ambitioBf  satiafaH  de  sen  opulente  poai- 
4ion,  babitue  d'ailleora  k  la  letraKe  ei  li  la  vie  studleuse,  il 
preien  se  Uvrer  exdiMlfemait  k  son  amour  ou  ptutot  k  sa 
4nanie  pour  la  acienoe  et  remditliMU  Une  beureuae  memoiro, 
tine  bifciiothique  plus nombrense  Ala  teritA que  bien  cfaoisie, 
Hies  connaissancea  etaiduea  et  variees^  unesante  lobuate, 
entret^ue  par  rextrfime  legularite  de  aon  regime  et  de  ses 
>ciKBars,  lul  oflWdent  lea  elements  et  lea  moytna  de  composer 
ft  loisir  qpelque  ouvrage  mooumental,  qni,  soutsnu  par  le 
rang,  la  fortnne  et  llionorabia  careettre  de  Pauteor,  aurail 
<raiiamla  aea  wmk  laposteriieii  Mattieattasement ,  11  ne 
aut  pas  cboisir*  On  a  de  bd  dM  oavragss  sur  les  matbdma* 
tiquesy.lalitteratnro,  la  morale,  bi  gtegrapbie,  I'hialoirey  la 
clironologle  el  les  antlquitte»  dont  ilAtait  plutOI  I'arrmgeur 
que  Tauteur,  11  reQut  en  tftl  1  Ja  croix  de  la  Legion  d'Hon-* 
oeur,  devbit  ivembre  d'onefoalad'academiea,  et  aniva  en 
1  $90,  comma  asaocieiibrey  A  fAcademie  dea  Inscriptions,  qui 
I'appela  daas  aon  aein  moiaa  comme  littefatanr  emdit  que 
comma  opulent  i^iaateur  dea  letlres.  II  eat^nert  en  1844, 
laissant  inacbevee  une  neaveUa  edition  de  FAri  de  viriJUr 
lei  datee,.  On  a  encore,  de  Ini  una  n«  de  Oilmen  (3  vol. 
f  n-8*,  1635) ;  VHiiMre  du  Bainatttt  par  Jacques  de  Guyse, 
avec  le  latin  en  regard  (Paria,  1826  et  amees  saWantes); 
one  ffisMre  ginirate  du  Portugal  (10  toI.  in-8* ,  1828- 
1838),  etc., etc. 
FORTIFIANT.  Vbyes  CoaaoaoaArrr ,  ToifiQUB. 
FORTIFICATION.  Ansingulier,/orM/fea/tea  est  une 


579 

science  ou  une  operation  de  cette.  science;  au  pluriel,  <^esl 
un  ensemble  de  constructions,  soil  en  b4tisse ,  soil  en  terras- 
sement,  ou  unecoinbinaison  demassifset  d'ouvrages  disposes 
de  maniere  k  former  la  defense  d*on  point  militaffe.  Cette 
synonymie  fkclieuse,  ce  vicieuxemploi  du  mdme  mot  n^exis- 
tail  pas  au  moyen  8ge;  les  travaux  ou  accidents  fmijtm 
catoirts  s'appelaient  alors  Aordif ,  munitloni,  paremenl 
wamesture.  L-idee  m^re  de  la  fortification  respire  dans  ce 
probieme  propose  par  MontecucuUi :  fabre  en  sorte  qu'un 
petit  nombre  de  troupes  puisse  se  decendre  contre  un  plus 
grand.  Les  villes  eurent  d*abordpour  enceinte  r^oUereuoe 
simple  muraille ;  mais  on  ne  tarda  pas  k  s*apercevo!r  que  le  pied 
en  etait  cacbe  aux  de  fenseurs ,  et  on  la  couronna  de  m  ac  bi» 
coulis,  Toute  imparfaite  qu*eile  euit,  cette  dispostion  ran* 
dait  U  defense  bien  superieure  k  Tattaque.  On  ne  coruiaissaH 
pour  prendre  les  villes  que  deux  moyens,  re8ealade,et 
beauooup  plus  tard,  U  mine;  les  assauts  elaieui  fort 
menrtriers,  et  ne  reosstsaaient  que  rarement ;  aussi  les  sl^ 
duraient^ils  souvent  des  anntes  entieres. 

L'usage  desbaliates  et  descatapultes  renditpour  un 
tempslasup^oriti^h  Tattaque.  Cela  venait  de  IMnsnifisancedes 
madiicouUs,  qui  ne  laissalent  decoutrir  qo'lmparfaitemenl 
le  pied  des  murs.  On  leor  sobstitua  der.  tours  cairtes ,  puis 
demt-drculaires ,  adossees  k  Penoeinte,  et  permettant  do 
Burveiller  toute  retendue  qu'elles  embrassaient ;  el  Ton 
paralysa  Taction  des  madibiee  de  guerre  qu*on  falsaitavan* 
cerjusqu'i  la  base  dea  remparts,  en  les  bordaat  d'un  Ibaie 
large  et  profond. 

L*£gypte,  en  colonisant  la  Grece,  y  avait  importe  la  fortfll* 
cation ,  que  les  fitrusques  en  re^rent  el  qu*ite  enseignerenl 
aux  Romains.  Ceux«d,  conqudraots  par  systeme  et  par  ins* 
tinct,  firent  una  etude  approfondiede  l*attaque  des  places  $ 
mais  ils  ecbouerent  devaat  lea  tours  flanquantes  et  lea  tosses ; 
et  durant  cette  periode  la  superioriie  reatr.  k  la  defense.  La 
fortification  flanqnee  de  toors  pr6sente  Otelors  partant  ea 
type  simple  et  uniforme  dont  rorighia-  sa  perd  dans  Tanti* 
quite.  Ckmtemporaine  de  la  leodallte,  devenue  plus  .raffinet 
depuis  les  ofolsades,  elle  ne  sa  compose  que  de  pieces  havtea. 

L'bivention  de  la  poudre  et  I'emploi  des  armes  A  Ita,  qv 
commence  en  1330,  sous  Cbariea  V,  amenenl  une  revolntioa 
dans  Tart  dela  guerre.  De  Ui  data  le  second  Age  de  la  for* 
tification.  Mais  ce  n'ast  que  vera  1500,  aoua  Charles  VHIf 
que  rartUlerle  oomfnenee  k  etre  employee  pour  la  reduction 
des  places.  BienlKellejoue  leprindpal  rOle  dans  lea  aldges. 
En  1487  on  aval4  employe  ponrla  premiere  Ails  la  poudra  dani 
les  mines  de  guerre.  La  d^ense  diercba  k  en  utiliser  el  k  en 
paralyser  les  dTets.  Aux  creneaux,  aux  machieoulia,  on 
substitua  des  parapets  en  terre,  k  l^epreuve  des  bonleta.  Gea 
masses  epaisses,  les  batteries,  ie  recul  des  pieces,  obligteent 
k  eiargir  les  remparts.  L'assiege  imagina  de  cowiir  lea 
portes  et  les  issues  des  vlUea  el  des  fiiubourgs  par.  dea  bonl^ 
vards ,  des  baUlea,  des  barbaeanes,  des  ouvnges  an  lerra, 
soutenua.  par  de  la  ma^onnerie  el  de  la  diarpente.  Da  seta 
cOte,  Pasai^gaant  garantitson  camp  des  sorties  en  protegeani 
ses  batleriea  par  dea  baatUles,  forts  en  terre  stsnblablea 
auxbaillea  ou  boototafda. 

II  y  avail  dana  la  ayatemedea tours  nn  vice  radical,  qua  ndl 
en  evidence  IHttTentien dela  pondrct  en  avant  de  cliaqne  lour 
il  existail  un  espace  qnl  n'etaU  pas  vu  de  la  place»  at  qui  ail 
compromettait  la  sOrete^  en  permettant  on  d'allacber  lo 
mineur  an  pled  deresaarpe,  on  de  tenter  I'eacalade.  On  obttnl 
la  solution  simple  et  complete  de  ce  profateme  en  rempla^anl 
la  face  anterieure  de  la  tour  par  un  redan,  dont  lea  flma 
prolongees  tomberent  sur  la  court|ne.  L'ensembladea  denx 
faces  da  redan,  ct  dea.  deux  fiance  de  cette  tonr  penlagnnala 
fut  appeie  daslion.  Deux  deml^bastfona,  nnia  par  una 
courtine ,  formereni  un  fronl.  Cette  amelioration  impor> 
ta^te,  doatniistoire  ne  nonune  pas  rinventenr^  date  da  l&OO. 
En  1827  Saa-Mlcbelli  bastionnail  vetone;  en  1643  Headin  et 
Landrecies  se  drcssaient  bastionnees. 

Apdnete  bastion  MA\  trouve,  que  degrandca  .quefdloe 
s'eiererent  entia  lea  fUsenrs  de  ayatemea  aiir  Ja.teria 

7J. 


FORTIFICATION  —  FORI  IFICATIONS  DE  PARIS 


'tnerTei1li>u.sc  de  lelles  outeltes  combiiiaisoiisde  lours  gaides. 
Pagan  a  prouvd  la  vanity  de  ces  dUputes  en  dtoootrnit  qu6 
ti  Ton  ne  peut  pas  donner  moins  de  60**  aux  angles  flanqu^ 
k  cause  de  la  facility  qu^on  aurail  h  les  battre  en  brtehe , 
leur  ouTeitore  au-dessus  de  ce  nombre  de  degr&s  d^pen* 
oniquanent  de  la  grandeur  et  de  la  forme  du  terrain  k 
enceindre,  et  qu'on  ne  peut  regarder  comme  fixes  que  les 
angles  flanquants :  c'est.ropinion  da  gtodral  Valai^  Juge  si 
competent  en  pareille  mati^. 

Une  autre  innovation  heureuse  remonte  k  la  mdme  6po- 
que.  L*espace  en  avant  d*un  bastion  ne  recevait  que  de 
trte-loin  les  feux  des  bastions  ? oislns ;  en  outre,  les  portes 
des  Yilles*  placte  arec  raison  dans  I'espaoe  rentrant  compris 
entre  deux  bastions,  so  trouTaient  d^uvertes ,  ce  qui  don- 
nait  k  Tennemi  la  facility  de  les  abattre  de  loin.  Pour  r^- 
m^ier  k  cet  inconvenient,  on  pla^  en  avant  des  portes  un 
petit  redan,  nonun^  ravelin ,  dont  les  bees  dirigtes  sur 
les  saillants  des  bastions  lattoux  kur  permcttaient  des  feux 
rapprocb^  BientAt  on  plaga  un  ravelin  sur  tons  les  fronts ; 
on  les  agrandit  Insenaiblement;  et  lis  pnrent  le  nom  de 
demi-lunes. 

Aprte  Tadoption  du  front  bastionn^,  imports  en  France 
par  Errard ,  de  Bar-le-Duc,  Tart  de  la  fortification  s*arrAte 
pendant  un  sitele  :  on  chercbalt  quelle  itait  la  meilleure 
combinaison  des  formes  de  cbaque  pitee  et  de  toutes  les 
pi6ces  d'une  place.  Alors  on  vit  parattre  une  foule  de  systdmes 
de  fortification  ing^eux  ou  bizarres.  Au  temps  de  Rabe- 
lais on  ne  connaissait  en  France  cet  art  que  par  ce  qu'on  en 
avait  ^udie  dans  les  livres  italiens  :  c*est  la  que  le  cur^  de 
Meudon,  le  plus  savant  ing^eur  tbtericien  de  son  temps, 
avait  apprisce  quMl  en  dd)ite  dans  le  prologue  de  son  troi- 
sitoie  livre.  N*est-il  pas  curieux  que  le  savoir  le  plus  grave  ait 
eii  pour  point  de  depart  une  production  telle  que  Qargantua? 
Les  plus  cel^res  auteurs  italiens  q^i  se  soient  exercds  sur 
cette  matito  de  1564  li  1638  sunt  Cataneo,  Castriotto^  Maggi, 
March!,  Delle  Talle  et  Sardi;  en  Allemagne  ei  dans  les 
ra$s-Bas,  de  1527  k  1672,  Albert  Dnrer,  Speekle,  Stevin,  Frei- 
tag,  Dillic  etIUmpler ;  en  France,  de  1 595  k  164&,  outre  Errard, 
le  chevalier  de  ViUe,  le  comte  de  Pagan,  etc  L'Angleterre 
seulene  donne  passigne  de  vie  au  milieu  dece  mouvement 
Q&adnl  des  esprits.  Enfin,  Vauban  paralt,  et,  aelon  Theureuse 
expression  de  Fontenelle,  la  premi^  place  forte  qu'il  voit  lo 
crte  ing^nieur.  En  mtoe  temps  s*6ldve  dans  les  rang^  enne- 
mis  un  rival ,  qui  parvient  sinon  k  t>akncer  sa  renomm^, 
du  moins  li  diminuer  llnfluence  qu^il  exeroe  sur  les  ^vtee- 
ments  de  la  guerre.  (Test  le  llollandais  Coehoorn. 

Parmi  lesdisciples  et  les  successeurs  de  Vauban,  C  o  r  m  o  n- 
t  a  ign  e  est  celui  qui  a  le  plus  ajout^  aux  niojens  de  defense 
des  places  fortes.  Le  dix-buiti^e  si6cle  vit  ik:lore  surce  sujet 
divers  syst^es ,  dans  lesquels  on  chercha  k  ramener  I'attaque 
et  ladtfenselk  riquifibre  rompu  par  Vauban.  Les  AUcmands 
et  quelques  Italiens  se  signaUirent  par  leurs  efforts  dans  cette 
lutte,  assemblant,  suivant  des  combmaisons  nouvelles,  les 
ca  semateset  le  trac^  k  tenailles,  Poignant  et  mulUpliaol 
les  ouvrages  exl6rieurs  pour  concentrer  sur  la  brhche  les 
feux  de  reversd^un  grand  nombre  de  pitees  iat^rales,  sub- 
atitoant  enfin,  pour  r6sister  k  Tassi^geant  entr6  dans  la  place, 
aux  enceintes  conUnues,  des  bastions  fermte  ou  des  forts 
ind^pendants,  li^  par  des  retrancbements  oo  des  casernes  d^ 
leiisives,  systtoies  nombreux,  public,  en  17 13,  par  Land  berg 
etVoigt,et  de  173  U  1735  par  Rosartetle  roi  dePologne  Au- 
gusle  IIL  Enfin,  de  1744  k  1757,  Bdiidoret  le  mar^chal 
de  Saxc  modifient  le  trao6  ordinaire,  et  introduisent  des  case- 
mates dans  le  relief,  tandis  que  la  plupartdes  ingdnieurs  fran- 
^id  condamnent  1m  casemates  et  renonoent  aux  tours  bas- 
tiunnte,  en  roultipliant  contra  la  bombe  les  soaterrains  et 
ngraadiftsant  les  bastions  et  les  ouvrages  ext^rieurs. 

Jyi  Forl\fiaUwn  pnrpendiculaire deMontalembert 
paMiten  10  volumes  in-4*,  de  1776  k  1786;  Foorcroy  la 
reiiite  en  1786,  et  r^pond  k  des  exagdrations  inouies  par  des 
exag^Uons  qui  ne  le  soul  pas  moins.  D'Ar^on,  dk]k  connu 
par  ses  batteries  Oottantes,  se  signale  |)ar  de  neuTet  et  iiic6- 


nieuses  idte  dans  ses  Consiif^afioiuiiii/l/alf«s  ef  poli^ 
ptu  sur  letfort\/ie<UionSf9am(SbqiA  parattea  179&.  Les 
guerres  dela  Revolution  foumissent  de  frequentes  oecasioes 
d*apprfeier  la  veritable  valeor  des  forteresses  pour  la  defense 
des  Etats;  et  oependant,  se  rappelant  que  Joseph  n  a  fait 
dteanteler  en  1782  toutes  les  places  du  Brabant  et  de  la 
Flandre,  on  fkit  on  crime  k  Louis  XIV  d*ea  avoir  bAU  et 
repare  plusiettrs  et  k  Vauban  d*y  avohr  enfod  les  tr^sors  de 
la  France. 

[A||>roprier  Part  au  terrain,  en  n^dcvant  que  des  fortifica- 
tions ntilesy  tel  est  aojoord'hui  I'objet  de  cette  science,  si  pro- 
fonde  dans  ses  principes ,  quoique  si  souTont  futile  dans  ses 
applications.  II  y  a  deux  sortes  de  fortifications,  Toflensive 
et  la  d^ensive  :  la  premie  est  ordinairement  passage  ^ 
presque  toojours  artificielle;  la  seoonde  est  peraianente  et 
quelquefois  natnreOe;  la  fortification  est  la  pLaie  des  £tatf^ 
comme  rentretien  des  mars  d^un  pare  est  la  plaie  des  pro> 
pri^taires  de  chiteaux;  mais  du  mofais  le  possesseur  ch4- 
telain  a  la  satisfaction  de  voir  endos  son  promenoir,  tandis 
qu'il  est  des  gonvemements  dont  les  fronti^res,  surcharge 
sur  quelques  points  de  fortifications  sans  objet,  sont  priv^ 
dans  beaucoup  d^autres  d^une  enceinte  dont  la  civiUsatioD 
fait  de  plus  en  plus  comprendre  rinutilit6.  ]     G*'  Baidoi. 

FORTIFICATIONS  IDfyM  des).  Cet^tablissemeiit, 
qui  existait  k  Paris  dte  1744,  sous  le  minist^e  de  Voyer 
d'Argenson ,  a  saU  depuls  lors  de  nombreuscs  modifications. 
R^uni  au  d^pdt  de  la  guerre,  il  en  fut  distrait  par  U 
loidu  lOjuiUet  1791,  quil'attacbaan  comity  des  fortifications, 
qu^ellefondait  Le  d^pot  a  pour  but  de  fadliter  les  opdratiotts 
de  ce  comity  et  de  mettre  k  la  disposition  de  chacua  de  sei 
meiubres  les  mtoioires  et  documents  qui  peaveat  lui  4tre 
ndcessaires.  On  y  a  rassembl^,  en  outre,  ce  qui  ae  troovait 
dans  les  archiTes  du  g^nie,  r^unies  k  celles  du  d^parteoeDt 
dela  guerre  ^Versailles,  et  on y  a  ajout^  des  copies  de  tooles 
les  places  de  France,  des  atlas,  des  cartes,  des  plans^  etc 
Ce  d6p0t  s^enrichit  cheque  Jour  de  projels,  rapporta,  m^ 
moires  sur  la  fortification  et  sur  la  defense  des  frontiires. 
Un  riglement  du  25  avril  1792  determine  ses  relations  avec 
led^pOtde  la  guerre  et  avec  le  corps  des  hig^eurs  des  ponti 
et  chauss^.  II  poblie  cheque  ann6e  un  recueil  fori  impor- 
tant, intituM  MivMTial  du  G^ie.  Delni  depend  depuis  1801 
le  d^p6t  des  plans  en  relief  des  places  fortes  de  France, 
commence  en  1660  par  Louis  XIV,  plao6  d^abord  an  Louvre, 
transfdr6  en  1777  k  THOtel  des  Invalides.  Au  d^p6t  des  for- 
tifications est  ^galement  annexte  une  bibliotlikiiie  nom- 
breuse,  joumellement  ouverte  k  tons  les  oflicien  du  gteie 
en  residence  ou  de  passage  k  Paris. 

FORTIFICATIONS  D£  PARIS.  A  di verses  reprises 
Far  is  fut  fortifi^  par  des  encehites  gamies  de  toara.  Mais 
k  cheque  agrandissement  dela  capitate  ses  murs  dispanirenL 
Elle  etait  sans  defense  qnand  les  alli^  y  entr^rent  et 
1814  ct  1815.  La  Restanration  ne  songea  go^re  k  Tenclorede 
murs  foriifite ;  mais  aprte  la  r^olution  de  JuUlet  la  peos^ 
de  fortifier  Paris  se  r^v^  aussit4t ;  en  183  Km  fit  exteuter 
quelques  travaux  en  terre,  et  l*on  demanda  pour  des  foiti 
d^clids  rapprobation,du  comity  des  fortifications;  enfin,  le 
3  avril  1833,  un  projet  de  loi  sollicitait  des  cbambres  na 
premier  crMit  de  35,000,000  pour  Textaition  de  oes  forts. 
L'opinion  publique  se  souleva  k  Tidte  de  voir  autour  de  Paris 
une  ceinture  de  ciUdelles,  et  les  oris  de  reprobation  sortis 
des  rangs  de  la  garde  nAtionale  forc^rent  le  pouToir  k 
abandonner  momentandment  des  projcts  auxquels  II  tenait 
plus  que  jamais.  Dte  1836  le  mardchal  Maison  soumettait 
de  nouveau  ces  plans  au  oomit^  de  defense;  mais  on  B*osa 
pas  alors  les  reproduire  une  nouvdle  fols  devant  la  cbam- 
bre;  enfin,  en  1840,  cette  commission,  consultte  da  nou- 
veau, se  pronon^  pour  une  enceinte  continue,  bastlonnte,  et 
pour  quil  fut  construit  en  avant  et  autour  de  cette  enodnte, 
notamment  sur  U  rive  droite,  des  ouvrages  en  tet  de  sou- 
(enir  un  si(^geet /erm^  d  la  gorge,  (Tdtait  ooncllier  les 
aeia  syst^nes  opposes  du  gto^ral  Valaz^  et  du  gto^ral 
t.ciii<iid.  Le  premier  avait  propose  surtout  d*appu}er  U 


FORTIFICATIONS  DE  PAMS 


68f 


ditfenae  exttrieure  snr  one  eDceinte  eonliaue,  embrafisant 
toDte  la  circonfi^reiice  de  I^uia  et  pouvant  6tre  gardte  par  la 
liupulaUon  eUe-mAme.  Son  projet  Tut  d*abord  accaeilli  , 
maU  pUtt  Urd  d'aatres  idte  pr^valurent.  Le  g^^ral  Ber- 
najrd  fit  adopter  dn  plan  qui  consistait  k  d^fendre  Paris  par 
uno  ceintnre  de  forts  ddtadi^  constraiU  sar  les  hauteurs 
qui  en  couronnent  le  pourlour.  Ce  plan  s^oisit  qudques 
militairesy  qui  ne  tenaient  compte  que  de  la  question  stra- 
t^gique,  et  qui  dans  la  question  strat^que  ne  tenaient 
compte  que  de  Tarmte  active ;  il  plut  h  des  personnages 
bant  plaote ,  mais  il  ofirait  des  inconvdnients  graTes  :  il 
annulait,  poor  la  defense  de  Paris,  la  rdsenre  paifisienne ;  il 
inquidtait,  par  la  oonstroction  de  quinze  ou  vingt  forts 
dominant  la  capitale,  une  population  que  1830  ayait  dn 
rendre  omkrageuse. 

A  peine  la  commision  Tenait-elle  dese  prononcer,  que  le 
traiUidu  15  juillet,  conclu  k  Vexdnsion  et  k  Tinsu  de  la 
FrancOf  pour  trancber  centre  ses  voeux  et  ses  intSrftts  la 
question  d*Orienty  vintddairer  le  pays  surles  dispositions 
mahrdllantes  des  puissances  du  Nord  et  susciter  rexplosion 
du  sentiment  nationaL  Alors  fut  rendue  Tordonnance  du 
10  septembre  pour  la  fortification  de  Paris.  Immediate- 
mentles  tra?anx  commenoferent;ilsdtaient  en  ooursd'exdcu- 
tion,  lorsque  le  cabinet  du  i"  mars  s'dtant  reUrd,  cdui  du 
29  octobre  se  forma,  sous  la  prdsidence  du  martehal  Soolt. 
Mais  la  question  de  ddfendre  Paris  dtait  qudque  chose  de 
plus  qu'une  question  de  miniate,  et  la  pens^  du  1*'  mars 
ne  fut  point  abandonnde.  La  k>i  qui  devait  la  r^liaer  fut 
presents  k  la  chambre  des  ddpuUs  le  12  dtombre  1840. 
La  commission  nomm^  pour  Texaminer  se  composait  de 
MM.  Biliault,  le  g^n^ral  Bugeaud,  Matliieu  de  la  Redorte, 
Allard,  Liadi^res ,  le  gdndral  Doguereau,  Odilon  Barret, 
Berlin  et  Thiers;  ce  dernier,  chef  du  cabinet  d^u,  fut 
rapporteur.  JLa  commission  se  ddclarait  onanime  pour  Ta- 
doption  du  projet  de  la  loi,  du  moins  dans  tout  cequ'il  y  avail 
de  fondamental.  Ce  lUt  le  21  janrier  que  les  ddiats  s'ou- 
Tfirent  La  discussion  oRntunsingulierspectade.  Mollemeiit 
soutenue  par  les  ministres  qui  Tavaient  propos^  ddfendue 
d^me  fafon  plosqu*6qnivoqoe  par  le  minlstre  special  charge 
de  la  presenter,  die  fut  puissamment  appuyte  par  la  ma- 
jority deToppositioo,  dont  lea  chefs  si^eaient  dans  la  com- 
mission. 

Nous  essayerons  de  Msumer  id  les  prindpales  objections 
qui  forent  dirigtes  contre  le  projet  et  les  r^ponses  qui  leur 
furent  opposte.  Soutenir  un  si^e  dans  Paris,  disaioit  les 
adversaires  de  la  fortification,  est  une  pretention  insensde. 
Comment  expoaer  aux  calamity  d'un  si^e ,  aux  horreurs 
d'une  prise  d'assaut  la  capitale  du  monde  dtilisd,  ses  monu- 
ments, ses  richesses,  sa  population  d'un  million  d*habitants  ? 
0(i  trouver  des  l^ions  pour  gamir  tousles  points  de  cette  en- 
ceinte immense?  Comment  nourrir  cette  masse  dliomiues, 
que  Tiendrontgrossir  encore  dMnnombrables  r6fugi^?  Com- 
ment le  foire  surtont  quand  renceinte  sera  bloqute,  ou  quand 
les  coureurs  enoemis  baltront  incessamment  les  campa- 
gnes  environnantes?  Comment  contiendrez-vous  cette  mul- 
titude? Qu*oppo6erez-vons  aux  paniques,  aux  s^tions, 
presque  inevitables,  parmi  ce  grand  concours  d^hommes 
prets  k  crier  a  la  famine  ou  k  la  trahison?DaiUeurs,le  g6nie 
francaisest  fait  poor  Tattaque,  el  nonpour  la  defense;  c'est 
sur  les  champs  de  batailie,  c*est  k  lafronti^re  qu'ii  faut  dd- 
fcndre  Paris.  Songez  encore  aux  dangers  que  peut  entratner 
pour  la  liberty,  pour  nos  institutions,  cette  ceinture  de 
bastilles  euTdoppant  de  leurs  feox  la  cM  qui  reprdsente  la 
France  tout  entiire?  Fortifier  Paris  n*est  pas  seulement  une 
illusion,  c'est  mie  menace,  c^est  nn  danger;  et  c'est^  ces 
illusions  dangereuses  que  vous  allez  sacrifier  des  capitanx 
liontle  chiirre,hnpossible&  fixer  dVance,  est  effrayant  dans 
timtes  les  hypotbese^i;  ddpense  sterile  et  funeste,  qn^  ne 
(icndraitqu'^  vous  de  rendre  fructueuse  en  consacranl  les 
i!iemes  fonds  a  des  depenses  produclives,  routes,  canaux, 
c-h^inins  de  fer,  navigation  a  vapeurl 
Vous  vous  meprenez,  repondaient  les  Uefenseurs  du  pro- 


jet, sur  la  consequence  de  la  fortification;  loin  d^appder  sur 
Paris  les  malheurs  d*un  siege,  dies  les  ecartent  k  jamais. 
Avec  la  nouveUe  strategie,  enfantee  par  la  revolution  fran- 
^se,  la  France  est  de  tous  les  £tats  europeens  le  plus  ex- 
pose; sa  capitale  est  k  pdne  k  six  Jours  de  marche  de  br 
frontiere;  la  centralisation,  qui  resume  dans  Paris  tontes  les 
forces  impulsives  du  pays,  la  rend  sans  egale  dans  Taction,, 
mais  une  fols  Paris  ton^be  lui  biterdil  U  resistance.  Parir 
force  en  1814  et  en  1815,  la  France  s^est  rendue,  et  pent- 
etre  pour  amener  en  1792  un  pareil  resultat  n*eOt-fl  fallv 
qn'nn  pen  plus  d*audace  aux  cbefis  de  Tarmee  pruasienne. 
C*est  Paris  ouvert  qui  appdle  les  ennemis  ;  ils  y  accourent 
frapper  un  coup  dedsif  et  terminer  la  guerre  en  nn  jour. 
Paris  mis  en  defense,  la  guerre  de  pointes  devient  impossible  ; 
il  fant  en  revenir  k  la  tactique  r^Uere ,  Ciire  lumber  les 
places  frontieres,  assurer  ses  conununicalions  avant  de  s*a 
venturer  dans  Vinterieor  du  pays ;  il  faut  preparer  ses  ap- 
provisionnementsponr  le  cas  d'une  resistance  prolongee;  U 
faut  amener  de  rartillerie  de  siege,  chose  difficile  et  lente.  En 
un  mot,  ce  qui  n*est  avjourdliui  qu^un  coup  de  main  devient 
une  entreprise  ausd  considerable  que  hasardeuse.  Ainsi,  lo 
resultat  certain  de  la  fortification  est  d^eioigner  la  guerre 
de  Paris  etdela  reporter  sur  la  fronliere.  Que  si  pourtant, 
un  jour,  Paris  pouvait  etre  as8ieg6,  doutez-vous  quH  ne  sCrt 
se  defiendreP  Lille,  Valenciennes,  Mayence,  Dantzig,  Ham- 
bourg ,  Huningue ,  Strasbourg ,  sent  lA  ponr  tous  atiester  que- 
le  genie  francs  n  est  pas  moins  propre  aux  sieges  qu'aux 
bataiUes.  Vous  demandaz  comment  on  pourra  nourrir  Paris ; 
demandez  plut6t  comment  on  nourrira  Parmee  qui  fera  le 
siege  de  Paris.  En  temps  ordinaire,  Paris  est  approvisionne^ 
ponr  dnq  semaines  an  moins ;  une  &cile  prevoyance  pent  ^ 
en  cas  d^nvasion,  eiever  Tepprovisionnement^deux  mois; 
dites-nons  quelle  armee  dedeux  on  trois  cent  mille  honunes, 
comme  il  la  faudrait  ponrun  Id  siege,  pourraitvivre seulement 
un  mois,  concentree  sur  on  td  espace.  D*ailleurs,  comme.nl 
bloquer  Paris,  dont  la  fortification  aura  neof  myriameires  de 
circonferenee?  11  faudrait  que  Tarmee  de  siege  s'etendit  sur  nn 
front  de  onze  myriameires,  conpe  en  amont  et  en  aval  de  Paris 
par  le  grand  cours  d'eau  de  la  Seine :  ce  serait  de  la  demence. 
Les' terreurs,  les  paniques,  les  defiances?  Mais  avant  que 
la  premiere  ligne  d*ouvrages  exterieurs  soit  emportep,  Paris^ 
sera  presque  certaineroent  detivre  :  ou  Tarmee  reronnee 
ou  le  manque  de  vivres  auront  contraint  Tennemi  de  s'e- 
loigner.  Les  dangers  pour  la  liberie  ?  Oil  Irouvcr  nn  lyran 
asgez  follAment  barbare  pour  faire  tirer  sur  sa  capitale, 
poor  confondre,  dans  aa  col^,  ses  amis  avec  ses  ennemis? 
Le  faire ,  ce  serait  avoir  abdiqoe.  Reste  robjectlon  de  la 
depense.  Or,  en  forent  tous  les  calculs,  vous  arrivez  k  pdne 
au  chilTre  de  140  milliona.  Qu*e8t-ce  que  ce  chiiTre,  compare 
aux  milliards  que  deux  Invasions  out  coClte  k  U  France? 

Dans  la  seance  du  I*'  fevrier,  le  projet,  amende  dans 
qudques  dispositions  de  detail,  complete  par  qudques  garan- 
ties ,  fut  adopte  par  237  Toix  centre  162.  Son  adoption  fut 
prindpalement  Toeuvre  de  Topposttion  :  elle  composait  la- 
mjgorite  de  la  commission.  EUe  nomma  le  rapporteur,  qui 
sou  tint  la  discussion  avec  autant  de  perseverance  que  de 
talent.  Le  chef  dela  gauche,  M.  Odilon  Barrot,  defendit  h 
la  tribune  le  projet  de  loL  L'opposltion  republicabie  ou  ra- 
dicale,  qui  aurait  pu  aisement  exploiter  eontre  le  projet  de 
1840  llmpopularite  du  projet  de  1833,  eut  la  loyaute  de 
s'en  abstenir  dans  une  question  relative  it  la  defense  du 
pays.  Elle  fit  plus :  dlecombattit,  par  son  prineipal  organe, 
Le  National  f  les  pretentions  soulevees  contre  la  fortification. 
Un  orateur  de  I'extreme  gauche,  M.  Arago ,  defendit,  dans 
un  remarquable  discours,  le  systeme  de  Fencdnte  con- 
tinue. 

Portee  le  11  fevrier  k  la  chambre  des  pairs,  la  loi  y  fut 
egalement  adoptee  le  U  avril  suivant,  k  la  nujorite  de  147 
voix  contre  85,  sur  le  rapport  de  M.  le  baron  Mounier,  et 
apres  une  discussion  lumineuse,  oil  se  flrent  entendre  lea 
principaux  oraleurs  de  cette  assembiee. 

Cette  loi  portait  allocation  d'une  somme  de  140,000,000  ft. 


582 


FORTIFICATIONS  DE  PAP  IS  —  F01\TUNE 


pour  las  travaux  des  fortifications  de  Paris ,  et  la  cons- 
tmctioa  simoltante  1*  d*UDe  enceinte  continue,  eoibras- 
sant  ies  deux  rifeet  de  la  Seine,  bastionnte  et  terrass^,  a?ec 
10  metres  d^escarpe;  2^  d'ouvrages  ext^eurs  casemat4^. 
La  loi  ainai  vot^  on  reprit  imm^diatement  lea  travaux,  qui 
Au-ont  pourauiYis  avec  autant  d'activitd  que  d'inteiltgence. 
Le  terme  de  cinq  annto  fix6  pour  leur  ach^vement  ne  fat 
pas  d^pass^  d*un  senl  jour,  et  le  chjffre  de  la  d^pense  n'a 
pas  tout  k  fait  6§/tl^  le  cbiffre  du  credit,  circonstances  pent- 
4tre  sluis  exemple  en  mati&re  de  traTaux  pobUcs. 

t'enconteoontinuea  unelongueur  de  S8«60e  metres,  repr^- 
sentant  386,000  metres  carrte  de  magonnerie.  Les  forts  d^ 
tach^  sont ,  en  commengant  par  le  nord,  la  lorteresse  du 
Moni'ValMen,  place  forte  de  premier  ordre ,  au  dire  de 
tous  lesjuge6couq>^tent8;  lefort  projetide  Geimevilliers , 
les  forts  La  Briche^  lefort  Saint'Denis,  le  fort  d'AubenHl^ 
iierSf  le  fort  de  KonuUnville,  le  fort  de  Rosny,  le  fort  de 
Npgentf  et  le  cbAteau  de  Vincennes,  dontlesyst^e  de 
d^ense  a  re^u  une  extension  considerable ,  et  qui  se  relie 
avec  CanonviUe,6^t  g^n^ral  de  munitions  et  demat^ci 
de  guerre  encore  k  T^lat  de  projet ;  au  sud,  le  fort  de  CAa- 
renton ,  le  fort  d7vry ,  le  fort  de  BicHre,  le  fort  de  Mont* 
rouge,  le  fort  de  VantreSj  et  enfin  cdui  Xlsty. 

Plus  tard  le  miniature  demanda  un  cr^t  pour  I'armement 
des  fortifications.  Ce  cr^t  fut  Tot6;  mais  on  ins^ra  dans 
la  loi  la  clause  de  laisser  les  canons  k  Bonrges. 

FORTIN9  nom  par  lequel  on  d^signe  en  f o  r ti  H  c  a  ti  0  n 
un  petit  f  o  rt  de  eampagne,  oonstruit  k  la  hAte.  il  7  en  a  de 
triangulaires,  de  carr^;  il  y  en  a  aoasi  k  ^iles.  Geux-ci 
sontenti^rement  ferm6s;  les  aotres,  appuy^s  k  une  riviere, 
k  un  marais,  etc.,  restent  ouverts  k  la  goiige  et  servent  k  cou- 
Trir  un  camp,  une  position,  un  passage,  on  k  favoriser  une 
retraite  :  ils  sont  alors  aoutenus  sur  leurs  flancs  par  des 
batteries  placte  en  arri^.  Ces  sortes  d'ontragcs,  qui  ne 
sont  botts  que  contre  un  coup  de  .main,  ne  peuvent  serTir 
que  momentan^ment ;  on  ne  les  emploie  m^'^  d'ordinaire 
que  pour  quelquea  jours  k  peine,  ou,  toqt  «a  pips,  pendant 
te  cours  d'une  eampagne.  Quand  ils.dotvent  aToir  une  exis- 
tence phis  tongue,  il  fiiut  les  conatruii:e  avec  plus  de  soli- 
dity, aveo  tout  le  soln  qu'on  apporle  k  I'^diflcation  d'csuTres 
plus  sMeoses,  et  alors  ils  doTienneni  de  TdritiMes  forts. 
Aujourd'hui  on  n'^l^ve  que  fort  pen  de>brlii» ;  les  r  e  d  0  u- 
tes  les  ontpreaque  oompl^tement  ddtr6nte,  quoiqne  leur 
feu  ne  suit  pas  de  nature  k  6tre  ausai  bien  dirig^ 

FORTS  DE  LA  HALLE.  C*est  le  nom  qu*on  donne 
k  Paris  aox  portefaix  on  bommes  de  peine  en  possession 
4)e  charger  et  d^charger  ies  marehandises  k  Tendro  ou  ven- 
dues aux  halles;  ils  sont  plac^  sous  la  directfon  des 
faeteurs  et  sous  la  surveiUanee  de  syndics.  Leur  nombre 
n'oit  limits  par  auoime  ordonnance  de  police,  mais  11  Test 
k  peu  prte  per  Tusage.  Us  ferment  toajours  une  espto  de 
corporation,*  et  portent  nn  eoetume  oniforme,  compel  d'un 
laige  pantaion ,  d'une  teste  ronde  et  d'un  cbapeau  k  tr^ 
laiiges  bord8*'Bn  ootre,  lis  doitenttoojonn  tenir  en  ^Tidenoe 
la  plaque  qni  leur  est  ddivfte  par  la  poUce.  Cea  bommes, 
au  tamgaga  mde  et  graesier,  sent  gtoteleraent  estim^  pour 
leur  probiM  i  toate  ^praave.  Par  un  arrit6  de  1854,  le 
pr^fet  de  police  a  dMMqu'one  pension  de  letraite  an- 
nuelle  et  Tiagta  de  000  ftvncaaerait  aceord^e  anx  forts 
de  la  halle  reconnna  bicapnbies,  par  I'Age  ou  les  infirmity, 
de  continuer  leur  serf  ice,  lorsqalla  I'auraient  d*aiileurs 
conyeMblement  rempU  pendant  un  ceKain  nombre  d'an- 
n^es.' 

FOaTlilTy  aiQectif  d^t^  du  latin  >brf,  Anient  du 
mot  hauard^  el'  cafactMstiqne  d'nn  ^^teement  inpr^?u 
(tH>jresCas  }•  Peut-6tre  pour  attacber  un  sens  raisonnable  k 
ce  mot  faiidndt-ift  fappUqiier  k  toute  espto  deftits,  li  tout 
ordre  ti'6v^!emenfes  qtt*on  n'a  pn  ni  empteher  nl  pr^voir,  ou 
dont  la  eaute,  le  motif,  llnfluenoe^chappent  k  notre  capa- 
city. Mais  oeite  cause,  quelque  ignorto  qu'elle  soit,  n>n 
existe  pas  moins;  car  tout  se  lie,  a'enctialne  dans  la  nature, 
au  physique  comme  au  mural,  el  rimperfection  senle  de 


nos  laculUb  iotellectuelles  nous  emptolie  de  snlrre  eete^* 
cbalnement  et  de  pr^Yoir  un  fait  par  un  autre.      BiUiOr. 

FORTUNAT  (  Venantius  HoRoaios  CLBUEimAiiDS  Fon- 
TONATus },  po^te  latin  de  la  fin  du  sixi&me  sitele,  naqnit  en 
Italie,  il  San-Salvadore,  entre  Tr^viseet  Ceneda.  II  fctfler^ 
k  Ravenne,  ou  ii  se  distingue  dans  FAude  de  la  gram* 
malre,  de  la  rh^toriqoe  et  de  la  po4sie.  Pendant  ae|i  s^Jouf 
dans  cette  ville,  souffrant  d'une  opbtbalmie,  il  se  rendil 
k  la  basilique  de  Saint^Paul  et  SainWean,  se  fvotta  les  yeo\ 
avecde  lliuile  de  la  iampe  qui  brOlait  de?ant  M  cbapeUe  do 
Saint-Martin,  et  fut  gu^ri.  11  en  oon^ot  une  telle  fiMmtiott 
pour  ee  saint,  qu*il  abandonna  sa  patrie  pour  Tenir  dana 
les  Gaules  Ttsiter  k  Tours  le  torobean  et  les  reliques  de  son 
lib^rateur.  C^tait  en  502  :  Sigebert  I"  r^ait  alora  en 
Austnsie;  il  accueillit  avec  honneur  le  savanl^tranger, 
qui  sut,  du  rests,  se  oondlier  bientOt  la  ftifeur  des  prinoes, 
des  6f  ^ea  et  des  grands  en  oonsacrant  des  vers  k  leurs 
louanges.  II  y  avait  alors  k  Poitiers  on  monasttodeferames, 
fond^  par  Radegonde,  Spouse  de  Clotafa^,  qui  en  avaitdonn^ 
la  direction  li  une  abb^se  qu'eUe  chMssait  oomme  sa  fille.  La 
princesse  attaclu  Fortunat  d'abord  k  sa  personne,  oomnie 
secretaire,  puis  au  couTent,  comme  aumOnier,  dte  qu*il  eul 
re^u  les  ordres.  La  foodatrice  et  Tabbesse  oubliirent  mmi- 
rent  les  dnnuis  dn  clottre  dans  la  sociM  de  litaKen.  Dans 
sa  Tieillesse,  en  590,  aprte  la  mort  de  son  ami  Gr^gaire 
de  Tours,  il  parrint  k  r^vOch^  de  Poitiers,  et  finit  samte- 
men!  ses  Joure,  en  609,  dans  cette  Tille,  qui  oAdbre  aa  HMe 
le  Ud^eembre. 

Ses  nombreux  Merits  en  Ters  et  en  prose  nous  ont  M 
presquetous  conserve.  Parmi  les  poM».  sea  HytMnes  Hl  la 
sainie  Croix  sont  les  plus  ombres,  et  I'Eglise  en  a  fait  pas- 
ser une  partie  dans  ses  ofBcesy  notamment  le  Vexiiia  regit. 
On  lui  doit  encore  on  potoe  sur  la  destruction  da  royaeme 
de  Thuringe,  et  un  autre  sur  la  Tie  de  saint  Martin ;  piu- 
sieurs  biographies,  entre  antres  celles  de  salnte  Radegonde, 
de  saint  Martin  de  Toors,  de  saint  Germain,  6T^e  de 
Paris,  de  sahit  Rami, ^Tftque  de  Reims,  etc.,ete.  Son  style  est 
certes  foin  de  la  puret^  de  eelui  des  Stains  du  sidded^Av- 
guste ;  ses  oeovres,  souTont  imprlmta,ont  pourtant  un  ta^ 
rite,  celui  d'etre,  pour  ainsi  dire^  le  complement  des  oen- 
▼res  de  son  contemporain  Gr^golrede  Tours. 

FORTUNE.  Dans  son  acception  la  plus  exacte»  e^esl 
un  exoedant  de  re^enos ,  de  recettes,  qui  nous  reste,  tons  les 
besofns  ou  toutes  les  d^penses'  de  notre  position  sodale 
oompietement  satisfaits.  II  n'y  a  done  rien  d*absolo  dans  la 
fortune  :  ce  qui  pent  CaireTi? re  un  individn  k  Taise  pendant 
uneannee  suffit  k  peine  pour  fidre  passer  queique<«jDnrs  knn 
autre.  Le  moraUste  se  garde  en  consequence  de  declamer 
contre  la  fortune  :  il  alme  mieux  en  faire  dans  ses  dirers 
degres  Tobjet  d'une  appreciation  conscltocieuse ,  car  f1  est 
k  lemarquer  que  relativement  k  ses  effeta  rien  n«  resseroNe 
moins  k  une  fortune  mediocre  qu^une  fortune  immense.  Cetle 
demi^,  en  generri,  est  feoonde  en  ineon? enients  de  tous 
genres;  sonvent encore  elle  est  pour  celui  qui  la  poesedela 
source  d^une  foule  de  ^oes,  pulsqu'elle  le  condamne  tot  on 
taid,  par  ime  sorts  ded^rdre  d'unagination  iuTolontalre,  k 
Toufoir  dans  tous  les  genres,  mOme  audda  dece  quil  pent  ria-' 
liser.  Qn'arrive-t-Ut  (Test  quo  pour  y  parrenirrien  ne 
Tarrete  plus  :telse  inontra,  surtout  dans  les  grandee  litles, 
eelui  qui,  jeune,  recudlled'unemanl^inatlendue  une  fortune 
considerable.  Parriont-il  k  regler  son  imagination?  U  saroure 
si  Tite  et  si  aiidement  tontea  les  joniasances^  qu*H  en  tombe 
desseche  avant  le  temps.  Mais  il  est  d'autres  rappoits  sous 
lesquels  une  tres-grande  fortune  est  foneste'AceM'qid  la 
revolt.  Commeut  avoir  une  idee  des  obstaeles  qtri^  ren- 
contrent  dans  la  vie,  torsqull  suffit  dans  mille  circonstances 
de  oommander  pour  etre  obei?  Comment  n*etre  pas'indif- 
ferent  k  la  misere  des  aulres  lorsqnV>n  nage  dana  l^abon- 
dance?  Comment  etre  plein  de  respect  pour  lesnuevrs  lors- 
que,  argent  comptant,  il  est  lotsible  d'adieter  le  plaisirr 
Quant  aux  connalssances  qui  s^acqui6rent  par  I'etnde,  eUes 
exigent  des  fotignes  que  tiennent  k  sVpai^gnet  cenx  qui  aonl 


FORTUNE  —  FORTUNE 


Ii^-i1eh66 :  «088i,  I  mollis  chme  aptitade  particuli^re  ou  | 
^Hnie  facflitt  remarqaable,  sont-Us  d^onrus  de  savoir. 
Mais  le  plas  grand  d^sastre  de  leur  posftion,  c'est  rennui 
«oatiniiel  qui  l«s  6€fare  ;  en  effet,  pour  que  Thomme  prenne 
pbdsir  k  exister,  II  font  que  par  fesprit ,  que  par  le  (xear ,  it 
Mliinl^rem^  00  toll. 

n  eat  inoontestableqae  le  pays  do  monde  oh  Ton  compte. 
poor  ainai  dire  xin  peuplt  de  gens  immens^ment  rfchea, 
c'est  I'Anglelerre,  puiflqo'on  y  trooTe  ao  moins  quinze  cent 
iodivldos  ayani  360,000  livreB  de  rente;  mak  ansa!  €*est  la 
cootrte  da  globe  06  foiflonnentle  plas  les  Mzarreries,  lesex- 
travnganees  el  les  soiddes.  Cependant ,  les  individus  dou6i 
d'one  grande  fortnaie,  sartont  qnand  elle  est  hdr^talre,  on| 
anssi  leors  oomptesaliolis :  mente  de  trte-bonne  heure  dans 
la  soef^  ,ifi  y  reeoeillent  Jour  par  jour  une  foiile  d'obser-. 
nations,  d^aotant  plus  importantes  qu'elles  ont  k  chaque  ins-* 
tanlleor  application.  Restait-ils  sMentaires  sur  les  domaines 
de  leoTS  p^,  la  Tie  de  ehftieau  leur  imprime  an  certain 
nombre  de  Tertus,  entre  antres  la  bont6;  sont-ils  jet^  dans 
one  carri^  tres-aetife,  la  earri^re  militaire  par  exemple* 
le  moatemeDt  qui  r^e  aalonr  d^enx  les  entralne.  lis  sont 
done  pleinsde  convenances  dans  le  roonde,  compatissants ;  on 
les  b^nit  dans  leurs  terres.  Bs  se  font  en  outre  remarquer 
eoBime  intr^pides  gto^raai  on  adroits  diplomates;  seols 
okcore  ils  penvent,  par  les  encouragements  qu'Hs  prodiguent, 
soutenir  la  splendeur  des  arts.  Enfin ,  la  gravity  de  certaines 
proOteskms  est  maintes  fols  plus  poissante  sur  les  ricbes  que 
tons  les  genres  de  sensations  qai  marchent  k  la  suite  d*nne 
fortune  prodigiease  :  Tandenne  magistrature  fran^se  a 
foomi  dans  ce  genre  d*admlrables  exemples. 

Mais  si  le  moraliste  a  pour  mission  de  signaler  les  6cueils 
oil  peoTttl  se  perdre  les  grandes  fortunes,  U  doit,  en  retour, 
fhire  eentir  les  avantages,  comme  aussi  les  misires,  qui 
d^Goolent  des  fortunes  m^iocres.  II  conviendra  d^abord 
qa*en  g^^ral  c'est  \k  que  se  trouTe  le  type  de  la  perfection 
homaine.  Une  fortune  m^ocre,  lorsqu'efle  est  de  vidlle 
date  dans  la  mtoe  famille ,  surtout  dans  nos   provinces, 
assure  de  Tinstruction.  Cette  mftme  flimiile  renferme-t-elle 
pladearsenfants,  Chacon  d*eux  se  charge  de  son  propre 
avenir ,  et ,  jeune ,  contracte  alors  Fhabitude  du  travail , 
cette  grande  route  de  toutes  les  vertus.  On  est ,  d'un  autre 
o6t^,  trop  prto  du  reste  des  hommes  pour  ne  pas  compatir 
k  leors  maut ;  on  n*a  pas  besom  de  les  deviner  :  ils  frappent 
▼OS  regards.  Une  fortune  m^ocre  vous  donne  ce  commen- 
canent  d'ind^pendance  qui  dans  les  rapports  ordlnaires 
voos  permet  de  suivre  les  inspirations  de  votre  consdence. 
Enin,  le  g6nie  des  arts ,  des  sdences  on  des  lettres ,  fait-il 
bttttre  votre  coeur ,  vous  pouvez  Aever  an  monument  qui 
^temisera  votre  nom,  paree  que  vous  aves  de  quoi  falre 
face  aux  besolns  les  plus  pressants  dela  vie ;  au  lieu  d'^par- 
piller  votre  puissance ,  vous  la  concentrez  dans  une  seule 
idte.  Maintenant ,  void  dans  notre  siicie  queHes  sont  les 
mistoes  qol  s'attachent  k  une  fortune  mMiocre  :  une  cer- 
taine  masse  de  connaissances  et  de  lumlftres  dtant  k  la  port^ 
des  dasses  interm^diaires,  od  se  trouve  une  certaine  mesure 
d'aisance,  ces  mtaies  dasses  sont  saisies  de  pretentions  en 
foos  genres  qui  troublent  leur  bonheur;  elles  aspirant,  done 
k  effacer  ee  qid  est  an-dessus  d*dles.  Ce  n*est  pas  lout,  dies 
▼eolent  r^r  la  sod^  en  la  proportionnant  k  leur  taille ;  dies 
s^ment  tons  les  genres  de  dtostres  pour  augmenter  les  Jouis- 
sances  de  leur  anoar-propre.  II  advient  encore  que  les  habi- 
tudes d^ordre  Jonmalier  qui  animent  les  possesseors  de  for- 
tunes m6dloeres  les  font  reculer  devant  ces  sublfanes  d6- 
vouements  qai  rUinent  moraentantoent  un  pays  pour  assurer 
plus  tard  son  ind^pendanoe.  Be  nos  jours,  les  livres  dies 
jonmamL  9'entretiennent  toutes  les  classes  de  la  sod^t^  que 
des  moyens  de  faire  one  immense  fortune :  11  semble  que 
tel  est  d^sormais  le  but  unique  de  I'existence.  Ce  qu*il  fau- 
drait,  an  eontraire,  nous  enseigner,  ce  serait  de  r^duire  nos 
besoins  t  e*est  le  seal  genre  d^ind^pendance  qui  soil  positif , 
puisque  nous  Pavons  k  chaque  Instant  k  notre  disposition , 
d  que  noos  ponvons  nous  le  donner  nous-m^mes ,  iandis 


S8S 

que  les  autres  s^acb^tent  Les  geus  livrte  au  comnMrcft 
de  detail  ne  resplrent  que  pour  <^4ifier  le  commeacement 
de  leur  fortune;  ce  point  obteau  ,.ils  ycoient  porter  leurt 
richesses  jusqu'4  I'infini :  c^e^t  on  but  qu'il  leur  est  donn^ 
quelquefois  d'{itteindre;  Tont-ils  ioucb^»ils  se  retirent  des 
affaires,  pour  mourir  aiibout  de  qudques  mois  de  Tennui 
d^un  repos  concentre.  Ce  sont  des  nmchinu  ^  argent,  qui  se 
d^traquent  du  moment  oh  dies  cessent  de  santir  le  coniaet 
de  Vicu.,.,  SAQfT-PaoaPEa. 

FORTUNE  (M^tMogie)^  en  groo  Xuxt)»  «tt  latin  For- 
tuna.  Son  nom.vient  ^ForSr^otif  deatin.  Cette  divinity  qui 
pr^idait  aux  destine  des  l^unaina,  et  en  gMnl  k  tons 
les  ^dnementa  de  la  vie,  ne  pouvait  manquer  ^tsuAr  s» 
place  dana  POlympe  pa'ien.  U  paratt,  cependant,. qa*eUe  y 
eutaccte  assez  tard ;  car  Hom^  dana  aes  ,po£mea ,  H^ode, 
dans  sa  TMogonie,  n*en  font  paamentijMi:>on  laconfon* 
dait  m6me  souvent  avec  le  Deal  in.  Plus  tard  on  Ten  s^ 
para,  et  la  Fortune  eut  un  culte  et  des  aotels^  <yil  die  parais- 
sait  sous  diverses  formes  et  diverf  ^dftribicto.  Aiiid,  chez 
les  Bfotiens  eties  Ath^niens  on  la  repr^sentait  teoMUP  1  n  tu  a 
dans ses bras ; chezles  autriis nations greoqoea, on lavoyait^. 
tantftt  avec  le  soldi  d  le  croissant  de  la  lune  aur  la  tdte^  an- 
non^antainsi  que»  comme  ces  deox^astrea,  die  prMdeii  tous 
les^^nesaeBtsde  ee  moode^  tanidt tenant  an  goaveraail,  une^ 
rame,  ou  one  vdle,  et  le  pied  poa^  sir  one  prone  de  vais- 
seau.  Si  I4  Fortune  est  reprisentte  k  phis  ordinairement 
sous  Jes  traits  d*ane  jeune  et  bdie  femme,  certains  artistes, 
moins  gaUnts,  la  pelgnent,  au  eontraire,  diaove,  avengie,. 
debout,  avec  dea  ailea  anx  denx  pieds.  Tun  pos<  sur  one 
roae,raulre  en  Tair.  Les  Romains  Padmirenidana  leur  Pan- 
theon. TuUns  Hosiilius  lui  fit  b&tir  un  temple,  et  son  colte 
ayanten  de  nombreux  adeptes,  la  petite  ville  cPAntium  flnit 
par  Ini  en  dever  hoit,  tandis  qu*^  Rome  eile  en  poss^dait 
vingt-dx,  o*est'^^dire  on  phn  grand  nombre  qne  Jupiter 
loi-mtaie.  La  plnpart  des  medaiUea  des  emperears  rOmains 
portent  en  mdroe  tempa  Peffigie  de  la  Foitmie,  caracteri- 
see  par  dea  atlributs,  lesqnda  aont  expliqnee  par  une  epi- 
th^  :  aind  la  Fortune  permanente  ( Fortuna  numens ) 
est  desigp^e  par  une  dame  romaine  appuy^e  de  la  mdn 
gauche  sor  une  come  d*abondance,  et  arrfitant  de  la  droite 
un  cheval  par  la  bnde;  la  Fortune  victortease  (Foriuna 
vietrix )  est  penchte  sor  on  timon  et  tient  une  brancbe  de 
laurier.  On  retroave  encore  la  figure  de  la  Fortune  sor  des 
bas^diefo  antiques  et  sur  des  midailles  d* Adrian,  d'Antonm 
le  Pieux,  de  Commode^  de  Getay  etc  £Ue  a  4U  cbantee 
par  plusieiirs  grands  pontes  1  il  Svalk  eet  ^egard  citer  Fode 
d^Horace  etl'ode^  non  moins  o^ldire,  de  J.*B.  Rousseau. 

Comme  lenrs  devanders»  les  artistes  uodemes  ont  nse^ 
du  privilege  de  representor  la  Fortone  au  gre  dea  caprices 
et  des  inspirations  de  leor  genie.  A  la  viUa  d*£ste,  on  la 
volt  k  caUfourchon  sur  une  autrucfae,  ler  pdntre  ayant 
vonlu  faire  entendre  qu'eUe  sort  la  sottase  de  preference  au 
merite.  Au  Capilole,  le  Guide  la  montre  courant  sur  un  globe, 
les  doigts  passes  dans  une  cooronne,  qu'dle  fdt  toumer  en 
sejonant.  La  mauvaise  Fortune  avait  ausd  des  temples :  on 
rinvoqudt  sous  les  traits  d'one  femme  exposee  k  la  tempeto 
sur  un  navire  sans  nUit  et  sans  timoo.  On  a  encore  imaging 
de  la  mettre  sur  un  globe  gonfle  de  vent ;  mais  cette  aliego- 
rie,  ausd  juste  que  piquaatn»  n'appartient  paS  k  Tantiquit^ 
An  reste,  si  ia  Fortune,  dlvinisee  durant  tant  de  dteleB,  n'a 
plus  aujourd'hui  ni  pontiles  ni  autds,  die  a  de  nombreux 
sectateurs,  toi:jours  prostemes  devant  ses  arrets,  et  Tado- 
rant  dans  ses  favoris,  Saiiw-Prosper  jeuae. 

FOUTUN^  ce  qu'il  y  a  de  plua  grand ,  de  plus  rare,. 
de  plus  ioattdidu,  commedeplus  excessifdans  le  bonheur. 
Toutes  les  combiodsons  de  la  politique,  tous  les  efforts  da 
ralsonnementy  ne  parviennent  pas  necessairement  k  vous 
placer  dans  uoe  podtion/or/tin^,  parce  qu'il  y  a  dans  lea 
evenements  une  foule  de  detdls  qui  echa|ipent  i  la  pru- 
dence comme  k  la  perspicacite  humaines  :  rimprudenea,  k 
elle  seule,  reussit  quelquefois  mieux;  mais  mdlMur  ii  qui 
s'y  fie. 


FORTUNE  DE  MER  —  FOSCARI 


£84 

FORTUNE  DE  MER,  expression  souvent  employ^ 
|Mff  les  historiens  et  les  pontes  aocieDS  poor  d^ftigner  ies 
mauvais  temps  snr  mer.  On  en  troaye  la  definition  suiTante 
dans  le  Voyage  k  Jerusalem  de  Bernard  de  Breydenbach : 
JV<5i  forsUan  tempestas  maris,  fortuna  appellaia,..  An 
leidtoM  sitele  on  appelatt  fortune  de  vent  un  gros  temps 
4i  Yent  force ;  et  on  entendait  par  fortune  de  mer,  indepen- 
damment  des  accidents  et  avaries  causes  par  la  tempete, 
«ne  rencontre  de  pirates,  une  Toie  d'eaa  sobitement  d^cla- 
ree,  I'abordage  sous  Toiles  et  an  large,  en  un  mot  tout  ce 
<|ui  pendant  un  Toyage  for^t  requipage  k  jeter  h  la  mer 
les  marchandlses  plac^es  k  bord  afin  de  sauver  tout  an 
moins  lenavire.  Avdonrd*hui  encore  les  oompagnies  d'assu- 
Tances  maritimes  assurtet  les  nayires  contre  toute/or/wne 

demer. 

Les  marins  nomment  mdt  de  fortune  un  mAt  employe 
^ccidentellementet  provisoirement  pour  remplacer  celui  qui 
a  ete  rompu  dans  un  maovais  temps  ou  par  une  for^ 
iune  de  mer  queleonque. 
FORTUN^ES  ( lies ).  Voyez  Canaribs  ( lies ). 
FORUM.  On  appelait  ainsi  chez  les  Romains  une  grande 
place  disposee  pour  la  Tente  des  denrees  de  diTerses  natures, 
^ur  la  tenue  des  tribunaux,  pour  les  assembiees  du  peu- 
ple,  en  un  mot  la  place  du  marche.  Le  premier  Forum,  k 
Rome,  situe  dans  Templaoement  qui  porte  aujourd*hui  le 
aom  de  Campo-VacdnOj  appeie  Forum  Romanum  et  plus 
tard  aussi  Magnum^  s*etendaH  du  nord-ouest  an  sud-ouest 
depuis  lepied  du  mont  Capitolinm,  ou  etait  situe  Tare  de 
4riomphe  deSeptime  ser^re,  jusqu'ii  lacollineappeiee  Velia, 
4>ii  s'eieTait  Pare  de  Titus,  atec  un  developpement  total  de 
310  metres  de  long :  sa  largeur  k  son  extremite  occidentale 
-etait  de  163  metres,  et  k  Textremite  opposee  de  36.  11  etait 
borne  par  des  rues,  notamment  k  Test  et  au  nord  par  la 
via  Saerat  dont  le  c6te  interieur  etait  vide  et  dont  le  c6te 
exterieur  etait  borde  de  magasins  et  de  boutiques,  telles 
que  cellesdesor^efi/ofii  ou  ehangeurs,  lesquelies  fJlus  tard 
furent  en  grande  partle  remplaeees  par  des  basiliques  ( d*a< 
boird  la  Basilica  Porcia,  Pan  185  aT.  J.-G.)  et  des  temples. 
C^est  dans  la  partie  orfentale  de  cet  espace  que  se  tinrent 
Jes  plus  anciens  c  o  m  i  c e  s  des  Romains,  les  cofit<cei  par  cu- 
ries; de  U  le  nom  de  Comi/Hitfi,  qu'on  lui  donnait  poor  la 
distinguer  du  Forum  proprement  dlt.  II  est  probable  que 
celoi-ct  cessa  de  serrir  de  lieu  de  Tente  lorsque,  Tan  472  av. 
J.-C,  ii  dcTint  le  lieu  de  reunion  des  oomioes  par  tribus. 
Les  Fora^  ou  se  fit  posterieurement  la  vente  des  TiTres  et 
objets  de  consommation,  re^rent  des  designations  caracte- 
ristiques;  telles  que  le  Forum  Boartum^  au  bord  do  Tibre, 
le  Forum  Suarium,  Piseatorium,  Olitorium,  etc.  Aux 
temps  de  la  republique ,  les  banquets  publics  du  peuple  et 
les  combats  de  gladiateors  se  o^ebraient  dans  le  Forum 
Magnum.  Dans  le  Comitium  comme  dans  le  Forum  se 
•trooTaient  des  monuments  d'esp^ces  diflerentes ;  par  exem- 
ple,  on  Toyait  dans  ce  dernier  la  colonne  rostrale  do  Dui- 
lius.  La  curie  liostilienne,  lieu  ordinaire  de  reunion  du  se- 
nate etait  contigue  au  Comitium,  od  se  trouTalt  le  tribunal 
du  preteur  urbain.  A  Teitremlte  occidentale  du  Forum, 
prtedelamontee  conduisant  au  Capitole,  le  Climts  CapitO' 
iinuSf  se  trouvait  le  temple  de  Satume,  ayec  le  tresor 
( serarium )  et  les  archives  (  talmlarium )  de  l'£tat.  Du 
«dte  du  nord  etaient  situes  trois  edifices  perce^  de  galeries 
eu  passages,  Jani^  dont  celle  do  milieu,  Janus  medius, 
etait  Tendroit  od  sa  traitaient  le  plus  grand  nombre  des 
affaires  d'argent,  et  pent  des  lors  etre  considere  comme 
ayant  ete  pour  ainsi  dire  la  Bourse  de  Rome.  La  Umite  se- 
vmnile  Forum  du  Comi/ium  etait  marquee  paries  Rostra, 
m  tribune  aox  harangues.  • 

A  partir  de  Jules  cesar  et  d'Augnste  le  Forum  Romanum 
pcrdit  le  sens  qo*il  avait  eu  an  temps  de  la  republique, 
comme  centre  de  la  vie  politique  des  Romains ;  mats  on 
prit  soin  des  lors  constamnient  de  I'embellir  par  les  edifices 
dont  on  le  borda,  tels  que  la  Basilica  Julia,  et  par  des 
ittonuments  dont  le  dernier  fut  la  ceiebre  colonne ,  encore 


existante  anjourd*hui,  que  I'exarque  Smaragdw  fit  eiever 
en  Tan  608  de  notre  6re  k  Tempereur  Phocas.  Mab  les  di- 
vers Fora  etablis  k  partir  de  Jules  cesar  par  diflerents  em- 
pereurs,  et  qu*on  destina  surtout  k  la  tenne  des  tribunam, 
furent  organises  avec  bien  autrement  de  magnifioence.  Dans 
ceux-ci,  il  ne  s'agissait  pas  d*un  vaste  emplacemenl  lib  re, 
qui,  tout  au  contraire,  pouTait  compietement  fisire  defMit, 
mais  d^edifices ;  aussi  le  Forum  de  Julius,  oeux  d^Augoste, 
de  Nerra  (appeie  aussi  Transitorium,  parce  quH  aerrail  de 
passage),  le  FOrum  de  Trajan,  ome  de  la  ceiebre  colomie  Tra- 
jane,  constituerent-ils  pen  k  pen  au  nord  de  Tancien  Fomm 
une  suite  des  plus  mapiifiques  constructions.  Plosienn  kn 
calites  portaient  aussi  cenom  de  Porum,  qui  emporlait  loa- 
jours  aTcc  lui  Pidee  de  production  et  to  droi(  de  maicha 
et  auquel  d*ordinaire  est  ijonte  le  nom  d'uo  Romaiii,  oa 
bien  telle  autre  designation  plus  particuliere,  par  exemple : 
Forum  Appii,  dans  les  marais  Pontins,  sor  la  JweA^^: 
Forum  FUmUnii^  en  Ombrie,  surlaToie  FlamiMia;  Fo- 
rum Hadriani,  chez  les  Batayes  ( aujonrdlinl  Voorkurg ); 
Forum  Julii,  aujourd'hui  Fr;e j  us,  pres  Biarseille,  on  en- 
core leFrioul  actuei;  Forum  lAvii,  aujonrd*liul  Fo  r  Ii,  pies 
Faenza;  Forum  Sempronii,  en  Ombrie»  aujoordlmi  Fos> 
sombrone.  Plnsieurs  localites  portent  le  nom  de  Forum 
Novum  ou  bien  to  nom  de  la  peuplade  dans  le  territoire  de 
laquelle  elles  se  trouTent,  par  exemple:  Forum  Bibalarum, 
en  Espagne;  Forum  Gallorum,  entre  Mutlna  et  Bononia; 
ForumSegusianorum,  enGaule;  Forum  Vulcani,  le  marche 
de  Vulcain  :  tel  etait  le  nom  qu'on  donnait  au  centre  dcF 
Cliamps  Pliiegr^ens,  aujourd'bui  la  SoUatare. 

FOSG\RI  (FnAH^ois),  quaranle-cmquieme  doge  de 
Venise,  (ut  promu  k  ce  poste  eminent  le  IS  avril  1423 ,  a 
la  mort  de  Thomas  Moncenigo.  II  demeura  trenleHiBatre 
ans  ^  la  tete  de  la  republique,  et  pendant  tout  ce  temps 
Venise  ne  cessa  de  combattre.  Le  sultan  Amurat  ayant  mis 
le  siege  devant  Salomque,  to  doge  expedia  k  cette  Tille  des 
secours,  qui  en  diassteent  les  troupes  du  croissant.  Puis 
Foscari  s'engagea  dans  des  hostilites  avec  les  dues  de  Milan, 
Philippe  Visconti  et  Francois^Sforza,  et  conquit  sur  cox 
Brescia  et  son  territoire ,  to  fiergamasque  et  une  partie  du 
Cremonais.  La  mediation  du  pape  devint  mftme  n^eeaaaire 
pour  arreter  la  marche  des  venitiens;  les  Milanaia  durent 
en  souscrire  aux  conditions  du  Tahiqneur. 

«  Mais  le  conseil  des  Dix ,  dit  Sismondi  dans  son  Bistcire 
des  R^bliques  italiennes,  plehi  de  defiance  oontre  le 
chef  de  r&tat,  en  raison  du  credit  qu'il  lui  voyiit  acquerir 
par  ses  talents  et  sa  popularite,  feiUait  sans  cease  sur  Fos- 
cari pour  to  punir  de  sa  fortune  et  de  sa  gloire.  Son  fib 
Jacob  Alt  accuse,  en  1445,  d'avoir  re^  du  due  Philippe, 
des  presents  d'argent  et  de  joyaox  par  les  mains  des  geas  de 
sa  maison.  Telle  etait  Todieuse procedure  adoptee  k  Venise, 
que  sor  cette  accusation  secrete,  le  fils  du  doge ,  du  rcpre- 
sentant  de  la  majeste  de  la  republique,  fut  mis  ^  to  torture. 
On  lui  arracha  par  Testrapade  Taveu  des  cliarges  port^ 
centre  lui,  et  fl  fut  reiegue  k  Trieste.  Almoro  Donato,  chef  do 
consefi  des  Dix,  ayantete  assassine,lesinquisiteursd'£tatpor 
terent  leurs  soup^ons  sur  Jacpb  Foscari ,  et  on  to  mit  encore 
k  to  torture  sans  reussir  k  en  tirer  aucone  confession;  mais 
les  horribles  douleors  quMl  avait  eprouTees  trouhierent  sa 
raison.  On  Tenvoya  k  la  Canee,  dans  Tito  de  Candle,  oii 
11  eteit  oblige  de  se  presenter  cbaque  jour  au  gouvemeor. 
Son  pere  f oulut  abdiquer  alors  une  dignite  si  fatale  k  sa 
famine  et  k  lui-meme  ;  mais  on  le  retint  foroement  sur  to 
tr6ne.  Sur  ces  entrefaites,  on  tiecouvrit  to  Teritabte  assassin 
de  Donato;  Jacob  demanda  sa  grAce  an  conseil  des  Dix, 
mais ,  11  n'en  pouvait  obtenir  aucune  reponse.  Le  desir  de 
rcToir  son  pere  et  sa  mere,  arrifea  toos  deox  an  dernier 
terme  de  la  Tidllesse,  to  d^ir  de  roToir  une  patne  dont  to 
cruaiite  ne  meritait  pas  un  si  tendre  amour^  se  ehangerent 
cliez  lui  en  une  vraie  fureur.  Nepouvant  retoutner  kYemst 
pour  y  vine  libre,  il  voulut  du  mohis  y  aUer  cbereber  on 
supplice  :  il  ecrivit  au  due  de  Milan  k  la  fin  de  mat  1456, 
/  pour  imptorer  sa  protection  aupret  du  senat;  et  aadiaBt 


FOSCVRl  —  FOSSE 


SHk 


qu^une  teile  lettre  serait  condd^rto  comme  ud  crime,  il 
Tesposa  liii-in^me  dans  on  lieu  od  il  ^tait  ndr  qu'elle  serait 
aaisie  par  les  espions  qui  Pentouraieot.  Ea  effet  la  lettre  ^tant 
ddi6rte  au  conseil  des  Dix ,  on  Penvoya  chercher  aussitAt 
Jacob  Foscari  ne  nia  point  sa  lettre ,  il  raconta  en  mtoie 
lempa  dans  quel  but  il  Pavait  toite ,  et  comment  11  Tavait 
Ua  tomber  entre  les  mains  de  son  d^teiir.  Malgr^  ces  tou- 
obants  aveux,  il  lut  remis  k  la  torture  et  on  Ini  donna  trente 
tours  '.d^estnpade.  Les  juges  pennirent  alors  h  son  p^re ,  a 
•a  m^ ,  k  sa  femme  et  li  ses  fils  d'aller  le  Toir  dans  sa 
prison.  ■ 

Jacob  Alt  ensuite  renvoy^  k  la  Can^;  mais  k  peine  eut-il 
touchy  le  sol  de  Texil ,  qu'il  y  mourut  de  douleur,  regreltant 
toojours  son  ingrate  patrie.  Rien  n'aTait  pu  ^mouvoir  \e& 
odieux  politiques  dn  conseil  des  Dix ,  ui  les  services  du 
P^res,  ni  llnnocenoe  du  fils. 

Le  yieux  doge ,  accabl^  d'annees  et  de  chagrins,  survdcut 
encore  quime  mots  k  son  fils;  mais  il  ne  pouvait  plus  rem- 
plir  aucune  des  fonctions  de  sa  dlguit^  11  ne  paraissait  plus 
h  ancnne  assemblte  du  conseil  ni  dn  s^uat,  et  demeumit 
tout  le  jour  plong6  dans  one  sorte  de  lorpeur  et  dMnsensibi< 
lit^  II  ^tait  alors  kg€  de  quatre>vingt-cinq  ans,  et  sa  mort 
semblalt  procbaine ;  mais  une  demi^re  humiliation  lui  ^lait 
rtenrte :  le  conseil  des  Dix  lui  fit  proposer,  en  1457  ,  d'ab- 
diquer,  et  sur  son  refus  il  le  d^lU  de  son  serment  ducal  el 
Id  ordonna  d'^vacoer  en  irois  )ours  le  palais  et  de  d^poser 
les  omements  desa  dignity ;  il  ob^t.  «  Mais  le  peuple  entier, 
dit  encore  Sismondi ,  panit  indign^  de  tant  de  duret^  con  Ire 
un  Tieillard  qu'il  respectait  et  quMl  aimait,  le  conseil  des 
Dix  fit  alors  publier  une  defense  de  parler  de  cette  revo- 
lution, sous  peine  d^^re  traduit  devant  les  inquisiteurs 
d'£tat.  »  Pasqual  Mahpieri  lui  succMa;  et  le  vieux  Foscari 
entendant  les  duches  qui  sonuaient  en  action  de  grilce  pour 
rcLcction  DouTelle,  moocut  d*un  au^vrisme,  trois  jours  aprto 
s   'Ui  osifiou. 

FOSGOLO  ( NicoLO  Uco  ),  c^l^bre  podte  italien,  n^  en 
1777,ll  Zante,  d*one  famille  T^tienne,  erut  de  bonneheure 
k  la  possibility  d'une  r^^n^ration  politique  de  ritalie^  et 
consacra  k  la  r^sation  de  ce  beau  r6ve  toutesles  forces  de 
«on  intdligence.  La  revolution  fran^ise  ne  Pent  pas  plus  t^l 
emport^  k  Venise  (  1796),  en  y  d^trulsant  k  jamais  Podieux 
gouvemement  oUgarchique  qui  y  avait  doming  pendant 
tant  de  slteles,  que  Foscolo  falsidt  representor  sur  le  the&tre 
de  cette  ville  une  tragedie,  Hester  qui  n'oCTrait  sans  doute 
pas  tout  Pinter6t  qu'on  recherche  dans  une  ceuvredestinee  k 
la  sc^e ,  mais  dans  laquelle  la  vigueur  de  la  pens^e  et  Pe- 
dal du  style  annon^ient  un  talent  original.  Le  traite  de 
Campo-Formio,en  pla^ant  Venise  sous  la  domination 
de  PAotriche,  ainsi  dedommag^e  de  la  perte  du  Bfilanais , 
detraisit  k  Jamais  les  esp^rances  que  les  patriotes  italiens 
avaient  pu  nourrir  jusque  alors.  £n  presence  d'un  acte  aossi 
inl&me,  Foscolo,  moins  que  tout  autre,  ne  pouvait  plus 
consenrer  d'illusions ;  et  dans  ses  VUime  Lettere  di  Jacopo 
Or  its  (  Biilan,  1802  ),  ce  roman  si  passionne  et  lemeiUeur 
oovrage  que  lui  inspira  son  attachement  malheureux  pour  la 
belle  Isabdle  Randoni,  mariee  plus  lard  au  marquis  de 
Bartolommei,  on  le  Toit  confondre  ses  plalntes  d^amour 
aTee  Pexpression  de  Pam^re  douleur  que  lui  inspire  Paspect 
du  profond  abaissement  od  se  trouve  reduite  Pitalie.  Son 
patriotisme,  eclair^  avant  tout,  lui  fit  cependant  une  loi  de 
s^enrdler  k  ce  moment  dans  Parm^e  de  la  republique  ds^- 
pine,  aujourd'bui  aux  ordres  de  Petranger,  il  est  vrai,  mais 
qui  demain  pouvait  etre  appdee  k  ddfcndre  la  grande  pa- 
trie  itallenne.  D^signe  k  qudque  temps  de  h  pour  faire  par- 
tie  de  Passemblee  des  notables  de  la  r^publlque  cisalpine, 
eonvoquee  k  Lyon  par  Bonaparte  sous  le  nom  daconsuUa, 
U  y  fit  entendre  de  nobles  ot  courageuscs  paroles,  et  tra^  le 
plus  sombre  tableau  des  vices  et  des  abus  du  gouvernement 
militaire  etabll  au  deU  des  mont3  par  les  vainqueurs,  au 
lieu  du  gouvernement libre  quails  avaient  promis  aux  popula- 
tions. Son  discours  ne  dura  pas  moins  de  trois  lieures,  et 
produlsit  la  plus  vive  Impression  sur  Paudiloirc.  II  a  eie  hu- 

JIICI.  UL  LA  COAVlkMa,    —  T.  U. 


prime  depuis  sous  ce  litre  :  Orazione  a  Bonaparte  ( Lu- 
gano, 1829). 

Foscolo  rempla^  alors. pendant  qudque  tempt  Monti 
dans  sa  diaire  de  lilterature  k  Puniversite  de  Pavie;  mais 
son  cours  ne  tarda  pas  a  6tre  interdit.  En  1803  U  poblia  sa 
traduction  du  petit  potoie  de  La  Chevlure  de  B&iniee  par 
CalUmaque,  avec  un  grand  oommentaire  oil  11  persifle  splri- 
tuellement  les  loords  et  pedants  oommentatenrs  qui  font 
un  pompeux  etalage  d*une  erudition  denuee  de  critique.  En 
1805,  nous  le  retrouvons  an  camp  de  Boulogne;  car  encore 
une  fois  il  lui  etait  arrive  de  se  croire  une  vocation  veritable 
pour  la  carriere  des  armes.  Mais  ses  vdieites  guerriftres  du* 
rerent  pen;  les  Muses,  comme  on  disait  alors,  Pemportteent 
deddement  dans  son  cceur  sur  Bdlone,  et  il  revint  pour  tou- 
jours  k  leur  culte.  De  retonr  k  Milan,  il  y  publia  sabdle  edition 
des  GBuvres  de  Montecuculli,  ainsi  que  son  po&ne  /  Sepoleri 
( Les  Tumbeaux),  composition  empreinte  d^une  meiancolie 
solennelle  et  respirant  un  parfhm  antique.  11  y  fit  jouer  anssi 
satragedie  d^AJace,  qui  lui  valut  un  exfl  de  la  part  da  vioe- 
roi  Eugtoe  Beauhamals,  k  cause  des  allusions  qu*on  crut  y 
apercevoirilapolitiquede  Napoleon,  appuyantsondespotisme 
sur  Pinfluence  des  pretres.  11  se  retira  alors  k  Florence,  od  il 
donna  sa  tragedie  de  Ricciardaf  pitee  06  fl  exprimait  en- 
core plus  dairement  les  esperances  qu^ii  conservalt  sur  la 
resurrection  de  Pindependance  Itallenne,  et  qui  parut,  Im- 
primee  u  Londres,  en  1820.  CTest  pendant  son  sejour  k 
Florence  quMI  traduisitle  Voyage  sentimental  da  Si/^ne,  pu- 
blie  k  Pise  en  1813.  L*annee  suivante,  quand  s^ecroula  Pern- 
pire  de  Napoleon,  Foscolo  crut  un  instant  que  les  puissances 
songeaient  k  constituer  au  nord  de  Pitalie  un  £tat  indepen- 
dant  Devenu  alors  Pun  des  aides  de  camp  da  general  Pino,  11 
s'efror^  de  faire  partager  ses  idees  k  la  garde  national  de 
Milan,  ne  fit  par  1^  qu^exdter  les  defiances  des  noayeanx 
matlres  de  niaUe,  les  Autrichiens,  et  dut  encore  une  fois  se 
oondamner  II  Pexil.  II  se  retira  d'abord  en  Suisse,  qu'il  aban- 
donna  en  1817  pour  aller  habiter  PAngleterrey  oil  il  moorat, 
k  Londres,  le  11  septembre  1827. 

Pendant  son  s^our  dans  ce  pays,  il  ecrivit  pour  la  Revue 
d^idimbourg  divers  artides  du  plus  haul  interet  sur  le 
Dante,  Petrarque,  Boccace,  etc,  et  se  chargea  de  surveiller 
et  de  diriger  une  edition  critique  des  quatre  grands  pontes 
ilaUens,  que  la  roaladie,  les  souifrances  et  le  decouragement 
rempecherent  de  terminer.  Cependant »  il  avail  mene  le  tra- 
vail de  son  edition  du  Dante  assez  loin  pour  que  Roland! 
lui  en  pay&t  le  manuscrit  400  liv .  sterling.  Cette  edition 
delaDt Vina  Commedia  parut  k  Londres,  en  1825,  avec  ud 
grand  luxe  de  typographie  et  de  grarure.  Jamais  encore,  on 
pent  le  dire,  le  Dante  n^avait  ete  si  bien  juge.  Foscolo  edair- 
cit  les  difficultes  et  les  obscurites  de  la  DMne  ConMie  avec 
une  saine  erudition  et  avec  une  sagadte  toute  philosophlque. 
fl  avail  con^n  le  plan  de  plusiears  grands  ouvrages,  entre 
autres  d'une  Storia  (deW )  Arte  di  Guerra^  mais  dont  il  n*a 
rien  pam.  On  n*a  non  pins  qu*un  fragment  des  Inni  ita- 
Hani,  qu'il  avail  commences.  Ses  LesAoni  di  Eloguenza 
(Venise,  1830)  ont  ete  composes  par  une  main  etrangere 
sur  ses  notes  manuscrites  et  d'apr^s  ses  ouvrages.  Les 
Discorsi  storici  e  tetterarj  publies  ^  Milan  en  1843  nesont 
que  la  traduction  en  italien  des  divers  articles  qu'il  donna 
aux  joumaux  et  aux  revues  pendant  son  sejour  k  Londres. 
Vicozzi  a  publie  son  Saggio  sopra  Petrarca  (Londres,  1824). 
Consoltez  Pecchio,  Yhda  di  Ugo  Foscolo  (Lugano,  18S3 ). 

FOSSE9  excavation  pratiquee  dans  la  terre,  de  forme 
carree  ou  reclangulaire,  le  plus  ordinairement.  On  fait  des 
fosses  pour  planter  des  arb>ies,  provigner  les  ceps,  enterrer 
les  liommes  ou  les  animaux,  pour  recevoir  les  fumiers,  las 
engrais  artificiels,  pour  consenrer  les  grains  (iwyes  Silo), 
pour  recueillir  les  excrements  de  Phomme  (voyez  Fossi 
D'Aisjii>CES ),  etc. 

Dans  les  cimetieres,  on  distingue  la /osiecomffwne  et 
les/o5sej  particuliires :  k  Paris,  la  fosse  commune  est  one 
grande  tranchee  dans  laquelle  on  presse  les  uns  contre  let 
autres  les  morts  qui  ne  payent  pas  de  droits  pour  etre  sepa- 

74        ' 


68ff 


FOSSE  —  FOSSILES 


r68,  et  ou  on  leur  laisse  h  peine  le  temps  de  se  decomposer 
(cinq  adnto  enTiron),  pour  donner  aussitdt  leur  place  k 
d'autres.  Les  fosses  parttcu litres  sont  des  concessions  tempo- 
raires  on  perp^tuelles.  Les  concessions  temporaires  n*ont 
gu6re  pins  de  dnr^e  que  les  fosses  communes ;  mais  le  mort 
occupe  nne  fosse  de  deux  m^res  carrte  h  Ini  seul.  La  con- 
cession perp^taelle  ne  Test  pas  autant  que  son  nom  semble 
rindlquer,  pnisque  an\  termes  d'un  arr^t^  r^nt  chaque  qua- 
rante  ans  il  sera  fait  reprise  des  concessions  perp^tuelles 
dont  les  ayants  droit  ne  se  feront  pas  connaltre.  Sur  ces  con- 
cessions  perp^elles  on  pent  Mtirde  profonds  caveaux  et  j 
inburoer  des  donzaiAes  de  cadaTres  sans  payer  ploa  cher  que 
les  dent  mMres  superficiels  de  terrain  n<k:essaires  k  un  seul 
mort  ( la  ma^onnerie  k  part,  bien  entendu  ),  de  sorte  que  1^ 
encore,  comme  toujoors ,  le  riche  peut  faire  des  Economies 
et  r^aliser  des  binijices  fnterdits  au  pauvre  diable. 

Onnomme  b<usB  fosse  nn  cacbot  obscur  dans  une  prison. 

FOSSE  ( Anatomie ).  On  donne  ce  nom,  en  ost^logie, 
It  plusienrs  cavit<^  situ^  k  Text^rieur  du  corps,  et  qui 
servent,  soit  a  loger  divers  organes,  suit  k  donner  attache 
It  des  muscles.  Tantdt  elles  sont  formdes  par  un  seul  os  : 
telles  sont  Iesyc»5e5  iHaqtte,  oecipUale,  scapulaire,  etc. ; 
tant6t  par  plusienrs :  telles  sont  les  fosses  temporales, 
palatine  f  etc.  On  ne  donne  pas  le  nom  de  fosses  aux  ca- 
vity articniaires  qui  re^iTentla  tMe  des  or.  D*un  autre  cdt^, 
on  Pattribne  k  des  cavitite  qni  ne  sont  plus  que  de  simples 
enfottcements,  comme  \es  fosses  nasales,  lesquelles  coromu- 
niquent  ant^iieurement  avec  les  narineset  post^rieure- 
ment  arec  le  pharynx.  Situdes  an  dessous  de  la  base  da 
cr&rie,  au-dessus  de  la  Todte  palatine,  ces  cavity  sont  s^- 
par^  entre  ell($s  par  une  cloison  Terticale,  dirig^e  d^avant 
en  arriftre  et  taplsste  par  une  membrane  dite  pUuitaire, 
de  la  nature  des  muqueuses.  Leurs  parois  sont  form^  par 
plusienrs  os  et  par  les  eartillages  du  n  e  z.  A  la  parol  exl^- 
rieure  sinsteent  trois  lames  oeseuses,  minces,  recourb^ 
sor  elles-mtaies,  et  qni  ont  pris  ponr  cela  le  nom  de  cor* 
nets  nasofus.  Le  fosses  nasales  communlqnent  en  outre 
avec  des  sinus  crenate  dans  dirers  os  enVironnants,  no- 
tamment  sTeo  Tos  frontal,  d'ob  la  doiileur  que  Ton  res- 
seat  Ters  cette  r^on  dans  nnflammation  de  la  pitaitaire» 
4m  coryta.  Cette  membrane,  sMge  de  Podora  t,  est  cons- 
tamment  trarers^  par  Fair  qni  se  rend  dans  les  poumons 
ponr  la  fonctlon  de  la  respiration.         D'  Sadcbbotte. 

FOSSI69  fosse  prolong6e.  Que  les  fossds  soient  destine 
k  serrir  de  limites  on  de  moyen  de  cloture  et  d^dconlement 
ponr  les  eanx,  il  est  desr^lesqne  Ton  ne  doit  point  n^gti- 
ger  dans  leur  constmction.  Ces  r^ei  communes  dependent 
de  la  nature  du  sol :  s^il  est  oompacte,  argilenx^  les  parois 
Int^rleures  seront  selon  on  plan  pins  on  mbins  rapfde,  ja- 
mais perpendiculairb  eependant,  k  moins  que  les  foss^  ne 
rcco^Tent  II t'int^rieur  nn  rerttement  en  pierres  ou.en  bri- 
qoes;  stl  estMger,  sablonneux,  mobile,  lapeo'te  sera  plus 
<Ionce ;  le  terme  moyen  pour  leur  cons^etlon  est  de  don- 
ner k  leers  talus  une  pente  ^quiralant  aii  ttioins  k  une  fo|s, 
et  demie  leor  profonAenr';  constndts  d*aprto  ces  donndes, 
ils  entralnent  des  dipenses  moindres  poor  leur  entretien,  et, 
dureot  pins  loogtemps.  Des  bales  Tires  maintiennent  les. 
terres  dels  berfe  et  donneut  de  la  soKdit^  aux  parois.  Les, 
foss^  sont  dans  certains  eas  de  premi^  n^essM;  lis 
rendent  la  fertiiit^  k  de  Tastes  plalnes  demeurte  st^es 
par  la  stagnation  prolong6e  des  eanx.  P.  Gaubcrt. 

FOSSlS  (F&rtyiaUioH),  partie  excaf^  entre  Teiijc^nte 
dhm  lieu  d^fenduel  la  campagne;  la  ierro  redr^  du  fbss^. 
s'emploie  k  la  eonstnietion  du  rem  part.  L'id^e  de  ce 
BMyen  de  dtfense  est  simple;  linage  en  eii  antique  s  Rome' 
atail  nn  hm6  d^eneeliite,  dont  la  largeur  et  la  profondeur,. 
.d'tfgale  mesurs,  ^talent  prodlgienses,  el  queDenysd'Hali- 
earnasae  a  dtott.  Les  campa  romains,  aux  beaux  temps  de 
oette  milice,  ^tatat  enTironnte  d*un  foss^,  k  moins  que  le 
tenpt  n^eessaire  poorle  creoser  manquAt  aux  l^ons  ou 
anx  o  borles  campte.  Les  tilles  sans  fossds,  mais  k  mn- 
iaillesivuisoluBl,redontaientsurtout  le  boiler  et  la  tor« 


tue;  les  tilles  k  (ou6  nVtaient  attaquaUes  qu*^  Paide  de^ 
muscules  et  des  machines  destinte  k  le  eombler.  Les  forti- 
fications du  moyen  ftge,  situte,  en  g^n^ral ,  sur  des  tei- 
nences  et  dominant  le  terrain  d^attaque,  ^taieot  smiTent 
saus  foss^^  parce  que  la  terre  qu*on  en  e(ki  tfar^  n'aunit  ^t^ 
qu'un  embarras,  puisque  les  muraiUes  ^taient  Don  nn  fene- 
plein  reT^tu,  mais  une  maoonnerie  ^patsse.  Les  machi- 
coullssTaient  pour  objet  de  d^fendre  Tappreclie  du  pied 
de  la  muraille,  comme  les  foss^  modemea  d^fendeni  le 
pied  de  Te scarp e.  La  fortification  modeme  a  toujovrs 
recours  It  des  foss^,  taut  k  I'entour  des  dehors  que  du  corps 
de  la  place;  quelquefois  mtaie  on  pratique  des  aTant-fosa^ 
La  parol  ext^rieure  des  uns  et  des  autres  s'appeUe  centres* 
carpe.  On  donne  le  plus  gto^alement  Ting^uatre  m^ 
tres  de  largeur  aux  foss^  les  plus  doign^  de  Tenceintey  et 
trente-six  mMres  aux  foss^  de  Tenceinte.  Suivant  que  les 
fosses  sont  sees  on  inond^,  leur  profondeur  a  wii  eotre 
six  et  deux  m^res.  Une  cunette  ajoute  k  la  profondeur  des 
foss^  inond^s.  Des  ponts-le?i%  des  escaliers,  des  commu- 
nicalions,  des  prames,  permettent  le  passage  4u  fosa^  anx 
troupes  de  la  garnison ;  un  chemin  couvert  ea  ddeod  -la 
contrescarpe ;  des  ouvrages  y  plongent;  des  caponniiras, 
des  contre-mines ,  les  traversent ;  leur  attaque,  leur  d^ense, 
font  partie  des  importantes  et  savantes  iiudts  du  corps  du 
g^nie.  G*' BAanm. 

FOSSE  AUX  LIONS.  Voyez  Calk. 

FOSSE  D'AISANCES,  esp^  de  r^rroir  ou  de 
cilerae  que  Ton  creuse  d'ordkiaire  au-dessous  de  Tune  des 
caYes  dans  les  habitations  particull^rea^  destin6e  k  recevoir 
les  mati^res  fi^cales  an  moyen  de  tuyaux  de  condoite  par- 
tant  des  stages  snp^rieurs,  et  dont  Tart  de  Tarcbitecle  est 
de  bien  choisir  Templacement,  afia  de  rend  re  Tpptetionde 
la  vidange  aussi  facile  et  le  moins  incommode  que  possible. 
Autrefois  ces  tuyaux  de  conduite  ^taient  le  plus  aouTeot 
en  terre  cuite  et  d^fendus  centre  les  chocs  ext^eurs  par 
une  simple  coucbe  de  plAtre;  mais  leur  e&trtaie  fragility 
amenait  les  plus  grsTes  IncouT^ents  dans  la  phipart  des 
tnaisons,  k  cause  des,  infiltrations  fi6tides  qu*^  fiiTorisaM. 
On  ne  sesertplus  gu^  aujoord'hui  quede  tuyaux  en  foote, 
et  la  salubrity  g^n^rale  a  singuli^rement  gagnA  k  eetle  am^ 
lioration,  si  sin^ple,  apport^  dans  le  syst^me  4^4difi(iatioD  de 
nos  malsons  parislennes,  Dans  la  plopart  des  giaadea  viUer, 
le  syst^i^d  de  construction  de^  fosses  d'aisances  est  soobms 
Il  I'obserfatlon  de,  qertaines  r^^les  prescdtes  par  la  polioe 
It  Pef  fet  de  diminuer  autant  que  possible  les  iaeoBT^nieBls 
-des  Emanations  fi^tides  qui  s^en  Echappentainsi  que  les 
infiltrations  U^uides  dans  les  caTes  Toislnes  |Bt  les  poits. 
Ces  inconv^ients  sont  tels  qu*on  pr^f^re  gto^ralenealan- 
joord'hui  employer  le  sy^ttoie  des  fosses  dites  wtobiles  el 
inodores^  et  consistent  tout  simplemeat  en  tonne^ux  d*u»e 
capacltfS  plus  ou  moins  grande,  qu^on  place  dans  une  cave 
h  Pextr^mitE  des  tuyaux  de  conduite*  et  qu*on  enl6Teq«a«d 
lis  sont  pleins,  pour  lea  refnplaejBr  par  d'futres  iQiPatWK 
▼ides.  .  ,    .  , 

,  FOSSfiTT^fdiminuilfde/pise.  Ce  mot  ne  s*eroploie 
que  dabs  deux  acceptions  diffi^rentes.  Dana  la  premitee^  il 
rappelTe  des  iouTenirs  bien  chers  ^J'enfance  :  nous  aToas 
tous,  ilans  Aos  premieres  ann^i  jom^  k  \aifauetJte ;  oe  jea 
consiste  k  Jeter  et  k  r^unir  des  noix,  des  billesi  etc*,  -datiu 
un  pelit  trott  creusE  en  terre  k  une  certaine  distaace.  Dabs 
la  seconde  accepUon ,  il  d^sigpe  le  pel^t  cmo;^  ^gue  ceitai- 
nes  personnes  ont  au  menton,  ouii(eux.qui,se  dessineot  eqr 
les  Jones  quAnd  on  rit.  Celk»ci  imprimentfurasque  toiooyh 
quelque  chose  d'agr^able^  de  gradeux'li  la  {rfiyaoBDini^; 
aussl  les  femmes'les  considirent-eUes  ^mmedes  traits  cje 
beauts,  dont  elles  sont  fibres;  A^jolies  fossettes  sont  im 
STantage  qui  les  fait  souvent  triompher  cTime  rivale. 

En  anatomie,  on  a  e^^Xifossette  du  casur  une  drfprfssJon 
qui  exists  k  la  partie  ant^eure  et  infi^ure  de  la  poilriBe, 
au  niveau  de  I'appendice  xipboide  du  sternum. 

FOSSILES*  Ce  nom  d^signe  les  corps  oiiganis^  ou  leura 
debris  enfouis  dans  les  terrains  d^poste  par  lei  eaox.  On  m 


FOSS  I.K5 


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pcut  douter  de  Torigine  des  fossiles  :  il  est  aujoordliQi  in- 
contestable que  ce  sont  des  debris  d'6tres  organist.  Les  an- 
ciens  avaient  des  id^  pen  ^tendaes ,  mais  jnstes ,  sor  Po- 
tigtne  des  fossiies.  Ce  n'est  que  vers  r^poqtie  de  la  renais- 
sance des  selences  ( quinti^e  siicle )  que  s*^tablit  cette  idde 
iingoli^e  qne  les  fossiles  ^taient  des  jeux  de  la  nature,  des 
formes  de  la  matito,  les  ^baudies  d'une  force  plasUque 
int^enre  et  cachte.  Cela  devint  m6me  article  de  fui.  Ber- 
nard 'ide  Palissy  fat  le  premier  et  le  seal  pendant  long- 
temps  qui  pTotesta  contre  ces  atsurdit^^  el  qui  expUqua 
raisonnablement  Torigjne  des  fossiles;  mais  on  craignit  de 
compromettre  la  religion  catbolique,  d^ii  yiolemment  atta- 
qu^  par  la  r^orme,  et,  en  voulant  faire  conoorder  les  fos- 
siles aiec  la  doctrine  d*un  seal  d^luge».on  en  Tint  A  faire 
des  thteries  incroyables.  Ainsi,  Tpurnefort  admit  la  Tdgi^-' 
tiion  des  pierres ;  d^autras  dirent  qae  la  terr^  h  T^poqae  du 
d^Iage ,  dcTint  moUe  V^x  Taction  des  eanx,  et  que  les  pois- 
sons  d6posirent  lear  frai»  les  i^^^taux  tears  graines,  dans 
cette  esp^  de  bouilUe,  puis  que  par  Feffet  de  la  cbaleur 
centrale  ce  trai  et  c^  grained  se  d^Telopp^ent,  et  qn'ainsi 
ces  corps  naquirent  dans  le  sein  de  I9  terrCi  oil  ils  se  trou- 
T^rent  tout  enfoois.  Si  quelques  th^ologiens  avaient  fait  lean 
efTorts  pour  ^tablir  la  cpocprdance  du  d^oge  et  de  Porigine 
probable  des  fossiles »  les  philosopbes  youlorent  prouverle 
contraire.  Voltaire  pr^tendit  que  les  coquiUes  fossiles  trou- 
ytes  an  sommet  du  moi^t  Ararat  y  fiyaient  ^  apportte 
par  les  pterins;  que  les  ossements  de  poissons  ^talent  les 
restes  du  festin  de  quelque  Apiciiis.  Les  d^couTertes  mo- 
derneSy  et  surtoat  celies  de  CaTier,  ont  fait  jastioe  de  ces 
erreurs. 

On  en  est  ferenu  4  regarder  les  fossiles  oomme  des  de- 
bris d^fitres  oiganis6i.  Les  fossUes  se  pr^sentent  de  diff^- 
rentes  mani^res /conserve  en  nature  ^  remplac^  par  une 
autre  substance,  00  bien  on  ne  trouve  plus  que  Temprdnte 
d^un  corps  oa  la  place  Tide  oocupde  par  oe  corps,  qu'ane 
cause  destructrice  a  fait  dlsparaltre.  Bcancoup  de  fossiles  des 
terrains  r^cents  sont  dans  nn  ^tat  de  conserration  presque 
intacte ;  dans  le^  animaux,  la  partie  gdlatinense  a  disparn, 
mab  la  partie  calcaire,  on  au  moins  les  parties  comto, 
existent  encore;  dans  les  T^taux,  les  parties  charbon- 
neuses  et  bitnmineases  sont  conserrte  le  plus  soinrent  Qoel- 
quefois  le  corps  organique  a  M  remplao^  par  une  «abstance 
mtn^ale  ^trang&re :  g^i^ralieme&t,  c'est  la  silice  oa  la  cbaux, 
la  pyrite,  le  talc,  le  fer  hydrate,  etc^  Ce  remplacement  s*est 
fait  lentement,  moldcale  par  mol^ule^  si  bien  qne  la  mati^ 
qui  p^tri/iait  le  corps  a  imit^  see  caract^res  les  pins  ducats : 
les  bois  fossiles  sUicifi^  et  agatis^  pr^scntent  de  beaux 
e\eraples  de  ce  ph^nom^ne.  Quelquefois,  au  oontraire,  un 
corps  a  disparu  compl^tement  et  a  ^  remplac^  en  masse 
par  la  mature  p^triflante  :  on  n*a  plus  de  oe  corps  que  la 
forme  ext^enre.  On  con^it  que  si  cette  cavity  n'est  pas 
remplie,  0  restera  un  Tide  qui  reprdsentcra  exactement  la 
forme  ext^enre  du  corps  d^troit  Les  fossiles,  surtout  les 
T^^taux,  sont  souTent  k  T^tat  d'empreintes,  en  crenx  on 
en  relief. 

Rarement  les  fossilea  ont  M  enfoois  par  na  catadysme, 
par  une  catastrophe  sabite  :  c'est  toujoors  lentement  que 
la  fossilisation  s'est  opMe.  De  nos  Joarsy  nons  Toyons  ce 
phtoom^ne  s^accomplir  ainsL  Sor  les  bords  de  la  mer,  Ta- 
nimal  d*une  coquille  dtant  mort,  .cette  coquiile  resfe  sor  la 
Tase;  peu  k  pea  elle  est  recooverte  par  des  d^p6ts  qoi  se 
placent  sor  elle.  Si  ces  d^p6ts  sont  form^  de  galets,  ai  la 
mer  les  agite,  eette  ooquiile  sera  bient6t  d^rolte.  Dans 
BOS  riTi^res,  il  en  est  de  m^e  poor  les  poissons,  poor 
tous  les  animaox  qjui  7  TiTentou  qui  ont  ^,  par  une  oer> 
laane  cause,  jetdi  dans  leors  eanx,  Lee  T^gittanx  comme 
les  animaox  sont  soaroisaox  mAmes  lois  poor  deTenir.fos- 
eilee,  iranquiUiti  et  iempit  ainon  le  corps  est  d^troit.  YoiUi 
IK>iirqaoi  on  ne  tcquTe  que  les  parties  les  plus  slides  des 
ilres  organist  car  les.  plumes,  les  fleors,  les  fruits,  les 
fy^  sont  trte-rares* 
Si  en  dootait  encore  que  les  foisUes  doiTent  leur  origine 


k  un  cataclysme  g^n^ral  qui  se  serait  r^p4^  plusieurs  fois, 
il  faudrait  supposer  que  par  toute  la  terre  on  deTra  trouyer 
sans  aucune  interruption  les  m^mes  d^pdts.  Or,  U  n^en  est 
rien.  II  est  done  Evident  que  la  mer  n'a  jamais  couTert  la 
surface  de  la  terre  tout  enti^  d^uhe  seole  fois,  car  les  d4« 
pdts  laiss^  par  les  eaux  ne  sont  pas  continos,  et  Tiennent 
altester  que  toujoors  il  y  a  eu  des  parties  dmergte  oil  ne 
se  formaient  pas  de  d^ts,  et  des  parties  sobmersfies  06 
se  formaient  des  d^ts.  Une  fois  ces  deox  conditions  expo- 
ste,  il  faut  obsenrer  que  si  le  corps  oiganis^,  t^^  00 
animal,  reste  expoe^  k  la  decomposition ,  il  se  d^tniit :  or^ 
11  n*y  a  go&re  qoe  reafooiasement  dans  la  Tase  qoi  conserTe 
au  moins  les  parties  solides.  Voili  pourqaoi  les  animaux 
qui  habitant  les  for^ts,  les  deserts,  en  un  mot  qoi  Tirent 
loin  des  grands  d^pdts  d*eao,  comme  lei  oiaeaox,  tea  singes, 
les  gazelles,  les  antilopes,  etc.,  etc.,  sont  rareoient  trooT^ 
k  r^t  fossOe,  non  pas  parGe4ioe  ces  espicea  sent  de  noa* 
Tdle  creation,  mais  parce  qo^elles  n*ont  jamais  Ttoi  dans 
des  eirconstanccs  faTorables  ii  la  fossilisation,  comme  lliip- 
popotame,  par  exemple. 

Dans  retat  actoel  de  la  science  des  fossiles,  il  est  dan- 
gereux  de  trop  g^n^ralisei,  car  le  lendemaia  unedtouTerte 
renversetout  rtebafaudags  de  la  tb^orie.  Abiai,  on  a  touIo 
prouTer  le  d^qge  par  In  fossiles,  et  on  a  tehoae;'on  a 
Toulu  le  nier,  et  on  a  to,  quelle  qn*en  soit  la  cause  premiere, 
qu*il  y  en  aTait  eu  plasieors,  non  g^^ox,  ii  est  Trai^ 
mais  partiels.  On  a  touIo  encore  ^tablir  la  tbtorie  sulTante, 
qui  est  cependant  renTerste  tous  les  joors  par  de  non- 
Telles  d^couTertes.  On  aTait  dit :  les  £tres  iormant  mie  e»- 
p^  d'^elle  sous  le  rapport  de  la  complication  et  de  Tor- 
ganisation,  et  ayant  d(k  ^e  cr66&  do  plos  simple  ad  plos 
compost,  il  est  certaia  qoe  Ton  dcTra  troaTer  les  dties  o^ 
ganiqoes,  animaux  etT^g^taux,  les  moins  oompoads  dans  les 
terrains  le  plos  andomement  d^pos^  par  lea  eaox,  et  qn*k 
me&ure  qoe  les  terrains  seront  plos.  rteents,  les  animaox 
seront  plos  complets.  Les  premiers  r6sultats  des  recberches 
des  g^logoes  semblaient  confirmer  oes  thdories.  Ainsi,  on 
nVait  rencontrd  dans  les  terrains  anciens  que  des  T^taux 
pban^rogames  monocotylMones ,  et  aossitOt  la  tbterie  dit 
quMls  aTaientdtd  cr^te  avaot  les  T^g^taox  pban^ogames  dl- 
cotyl^ones.  II  est  d^montr^  aojourd'hui  qoe  ces  deox  classes 
ont  exists  detout  temps  et  ensemble,  aTte  des  agames  et  des 
cryptogames.  On  aTait  tooIu  ^tablir  qoe  les  reptiles  dtaient 
post^rieurs  aox  poissons,  les  insectes  et  les  oiseaux  anx  rep- 
tiles, les  mammii^res  aox  oiseaux  et  llionune  aox  mammif(^ 
res :  ell  bien ,  les  reptUesse  retrooTent  aTec  lespoisaons.  Dans 
le  terrain  bouiUier  d^Angleterre,  il  y  a  d^ji  des  insectes.  Les 
mammif&res  n'auraieajl  6t&  cr66s  que  pendant  Tdpoque  ter- 
tialre,  et  Ton  trouTe  des  didelpbes  dans  le  terrain  juras- 
sique  d*Angleterre.  Quant  k  Tliomme,  qoi  n*aTait  paro  qo*a- 
pres  le  d^t  des  alloTions  aneiennes  et  aprte  la  creation 
des  mammiftres,  on  trouTe  ses  restes  aTant  lea  alluTions 
aneiennes,  et  rodang6i  aTec  ceax  des  mammiftes.  On  Toit 
done,  pbilosopliiqoement  parlant,  qo'aojourd^hoi  on  ne 
pent  rien  dire  de  positif  sor  ces  qoestions  deTdes,  aTant 
qoe-le  nombre  des  fails  obserrds  soit  plos  condddrable.  Ce 
qui  paralt  6tre  incontestable  cependant,  c'est  qo'en  raison 
de  la  haute  tempdrature  dont  le  globe  a  dtd  dood  jadis,  les 
6tres  (mtdCi  parattre^mesurequelatempdratoreet  Tatmos- 
pb^  leor  permettaient  d*exisler,  et  qo^en  gdndral  les  dtres 
simples  ont  commencd  k  peopler  le  globe,  et  qoe  soocessi- 
Temeut  ont  paro  des  ^ties  k  oitsanisatioD  plus  ddTeloppde, 
sans  qo*oo  poisse  encore  prddser  les  dpoqnes  certaines  de 
leor  apparition.  Ndanmoins,  Tdtodedes  fossiles,  telle  qo'elle 
est,  est  trte-oUle  poor  le  gMogne,  qoi  tire  on  grand  parti 
des  fossiles  caraclMstiquea  pour  la  ddtenniaatioa  des  ter- 
rains. In  Dosaicox* 

On  trooTe  dans  les  couches  de  la  tene  de  nombreox 
d^ris  de  Tdg^taux :  presque  tm4ooTB  la  sobslaneeli^ieose  a 
disparu  pour  faire  placed  des  metises  miodrales;  mais  lea 
formes  de  TorgaiUsation  se  sent  oonaerrfes  dans  leiirs 
details  les  plus  ddlicats*  A  Toir  les  lones  eoncentriqoes  des 

74. 


&88 


FOSSILES  —  FOTHERGILL 


bois,  les  nerrnres  des  feailles,  les  contours  des  coroUes  si 
Bettement  dcssinte,  on  diraH  que  la  nature  a  voulu  former 
nn  herbier  enttoioignage  de  son  antique  fteondit^. 

LesT^g^ni  fossiles  se  trouTeat  k  diTers  ^ts.  Us  sent  ordl- 
nairement  toorbenx  on  carbonls^,  patriate  outnin^liste. 
Dans  qnelques  drconstanoes ,  ils  n*ont  pas  sobi  de  d^m- 
position,  ou  ne  sont  que  (Ublement  alt^r^s.  Tellea  sont  les 
fordts  son»«iarines,  que  Ton  connalt  sor  plnAieurs 
points  des  oAtes  de  France  oo  d'Angleterre.  La  toorbe,  les 
lignites,  la  hooille,  I'anthracite,  ces  charbonsde  terre  si 
connas  par  leurs  usages  calorifiques,  nesont  que  des  amas 
de  T^tanx  enfoois,  et  plus  ou  moins  alt^rte  par  Taction 
des  eaux  ou  da  feu.  Le  jayef  et  le  bois  bitninineax  appar- 
tiennent  an  mtoieordre  dephdnomtoes.  L'ln^galit^ deforce 
des  causes  qni  ont  prodoit  renfouissement,  T^loignement  de 
l*^poque  It  laqneUe  il  a  eu  lieu,  et  la  nature  des  bouleverse- 
ments  qui  ont  plus  tard  remani^  ces  d^p6ts,  rendent  raison 
des  grandes  difTdrences  physiques  qu*ils  prtentent.  Les  plus 
anciens  sont  cenx  dont  la  carbonisation  est  la  plus  parfoite 
et  la  density  la  plus  grande.  11  semble  qn'k  mesure  qu'on  s*floi- 
gne  deroriginedes  choses,  la  texture  de  ces  amas  devient  pins 
Iftcbeetplns  Itgneuse,  et  dans  les  fomnations  voisinesde  T^po- 
que  actnelle  ,on  lestrouTc  soufcntltr^tatde  terre  oo  de  Tase. 
Les  tonrbiires  sont  dans  oe  cas ,  et  prto  de  Cologne,  snr  les 
bords  du  Rhin,  on  exploite  sous  le  nom  de  terre  de  Cologne 
d^toormes  amas  de  bois  change  en  terreau ,  et  recouTerts 
seulement  d*une  couche  de  cailloux  roal6s,  amas  qui  ont 
jusqn'^  scJie  metres  d'^paissenr.  Les  amas  de  hoaille  6taient 
aussi  de  Tastes  tourbiftres,  que  la  superposition  de  plnsieurs 
lits  de  grte  et  d*argile  ont  dn  amener  soccessiTement  k  nn 
6tat  plus  compacte,  k  V6UX  de  lignite  peut-^tre.  Pnis  sont 
venues  les  Ejections  de  porphyres  et  m^laphyres;  et  e*est 
sans  doute  k  Taction  de  ces  rocbes  en  fusion  qu'est  due  la 
carbonisation  complete  des  anciens  amas  de  ? dg^taux.  On 
sait  en  effet,  par  tes  exemples  qn*en  offre  TAuTergne,  que 
'des  lignites  recourerts  par  des  coulte  et  des  dejections  vol- 
caniqoesont  pris  Tapparence  de  la  houille  ou  de  Tanthracite. 

Les  Y^taux  p^fl^s  sont  commnns  dans  presque  tons 
les  terrains  de  ^iments  sup^eurs;  le  plus  souTent  la 
siliee,  sons  la  forme  de  ]aspe ,  d'agate,  d*onyx  et  snrtont  de 
silex,  a  remplac^  le  lignenx  ant^rienrement  It  Tenfouisse- 
ment  des  y^s^ux  dans  le  milieu  od  on  les  troupe  aujour- 
d*hui.  AinsI,  dans  les  gypses  des  euTirons  de  Paris  il  y  a 
des  pabniers  change  en  stlex.  Dans  le  Wnrtemberg,  on 
connalt  aussi  mie  for^t  enli^re  de  palmiers  p^triG^s.  La 
transformation  dn  lignenx  en  calcaire,  en  gypse  et  en  argile 
est  plus  rare.  Qoelquefois  an  ligneux  se  sont  substitu^  des 
mati^res  et  des  minerals  m^talliques.  On  pent  dter  les  ^is 
impr^^  de  cuiyre,  d*argent  et  d*aatres  m^taux  trouT^ 
en  Suisse  et  pr^s  de  Frankemberg  en  Hesse,  les  arbres 
conTertis  en  mineral  de  culTre  des  monts  Ourals,  les 
T^etaux  change  en  fer  snlftird  de  plusieurs  tourbi^res ;  en 
Bretagne  et  k  Versailles ,  on  a  d^uTcrt  des  arbres  entiers 
convertis  en  tHpoII.  Enfln,  les  minerals  de  fer  qm'  gisent  en 
amas  dans  les  landes  de  Gascogne  ont  poor  matrices  d*in- 
nombrables  fragments  de  bois  agglutin68« 

L'organisatlon  fermentesctble  des  firuits  en  bit  le  prodoit 
le  plus  snjet  k  destruction  du  r^e  v^g^tal ;  qnelques-uns 
cependant  ont  conserve  leurs  formes  par  la  petriBcation. 
Ainsi,  de  la  terre  de  Cologne  on  retire  parfois  des  fhuts  que 
Ton  croit  appartenlrao  palmier  areca.  Iln*est  pasjnsqu'aux 
r^sines  qui  n'aient  lait^  des  t^moins  de  leor  existence 
dans  les  terrains  de  sediments.  II  sniflt  de  citer  le  eaont- 
chottc  fossile  dn  DerbyslUre  (voyez  tikxiEm),  et  le  saccin 
des  cAtes  de  la  Baltiqne  et  des  lignites  parisiens. 

La  presence  des  T^etanx  fossiles  dans  les  conches  de  la 
terre  n*aTait  pas  attir6  Tattentlon  des  indens.  On  ne  paratt 
8*en  etre  ocenpe  qu'^  la  renaissance  des  lettres.  Alors  on  re* 
marqna  les  bcis  fossiles,  et  surtout  les  grands  troncs  d*ar- 
bre  rdpandus  dans  tootes  les  parties  du  monde.  Qnelques  na- 
tofilistei  n*y  vlrent  qoedcs  jeux  de  la  nature;  d'autres,  plus 
JBonbieoxclplatpfisda  hHriV^  sontinrent qoe c*etaieat 


les  restes  d*arbres  detruits  par  ie  deluge.  Pendant  le  dix- 
septi^me  sitele,  plusieors  ouvrages  traitirent  des  vegaaux 
fossiles.  Le  plus  remarquable  est  ceini  de  Scbeochier  ( 1709 ) 
intitule  :  Herbarium  diluvUmum.  En  1718,  Tillostre  Ber- 
nard de  Jussieu  remarqnait  avec  sagacite  que  les  Yegetanx 
des  houill^res  difl^rent  beancoop  de  oeux  de  nos  dimat^ 
et  se  rapprocbent  davantage  de  ceux  de  la  tone  ^quatoriale. 
Toutefois,  TimpeHection  de  la  botaniqne  et  la  nnllite  de  la 
geo  logie  ^  oette  epoque  ne  permettaient  pas  d^eiever  ces 
etndes  jusqu*k  des  generalites.  Cest  seulement  depnis  qoe 
CuYier  eat  montre  llmportance  des  recherches  sur  les  6tres 
organises  fossiles  poor  la  chronologie  du  globe,  et  surtoot 
depuis  1820,  que  Tetude  des  Yegetanx  fossiles  a  pcis  on 
grand  eian.  Nous  dcYons  dire  k  la  gloire  de  la  France  qoe 
M.  Adolpbe  Brongnlart  aete  le  plus  babOe  et  le  plos 
heureux  des  sarants  qui  ont  cliercbe  k  reoonstruire  rhis- 
toire  du  monde  prlmitif  an  moyen  des  dlYcrses  periodes  de 
la  Yegetation.  A.  Des  Gbkcycz. 

FOSSOMBRONE  (Forum  Sempronii ),  Yille  et  siege 
d*eYeche  dans  la  delegation  d'Urbino  et  de  Pesaro  ( tilatsde 
Tl^lise),  sur  la  route  de  Fano  k  Rome,  Tandenne  Via  Fkh 
minia,  est  situee  dans  une  etroite  Yaliee,  sur  les  reYsn 
dn  Metauro,  dans  une  charmante  contree.  On  y  oompte 
4,000  habitants ,  qui  recoltent  beauconp  de  sbie ,  sons  ie  nom 
de  seta  delta  merea,  elle  passe  pour  la  meilleare  qo*oo  re- 
colte  en  Europe.  Au  nombre  des  curiosites  que  renfenne 
Fossombrone,  il  fiiut  mentionner  la  catbedrale ,  o6  Ton  re- 
marque  beauconp  dMnscriptions ,  et  le  Yieux  chfttean  bftii 
snr  la  banteurqui  ladomine.  En  fait  de  monuments  remoa- 
tant  k  Tepoque  des  Romains,  on  y  Yoit  les  mines  d*on  theatre 
et  Tarche  d*un  pont.  L*an  307  aYant  J.-C.,  Asdmbal  (at 
compietement  battu  par  les  Romains  prte  de  Fossombrone. 
Cette  YiUe  fnt  detrutte  par  les  Goths,  puis  rebAtie  dans  one 
situation  plus  conunode,  non  loin  de  son  premier  emplace- 
ment 

FOSSOYEUR  (  dn  mot  Ihtinfissarius ).  C*est  cdnt 
qui  &it  les  f  OS  s  e  s  poor  enterrer  les  morts.  Dans  le  mifll  de 
TEorope,  11  existe  encore  des  confreries  qui,  par  un  admi- 
rable esprit  de  charite,  crensent  de  leurs  mains  la  tombe 
de  lenrs  semblaUes.  II  paralt  certain  que  dej^  dn  temps 
des  ap6tres  il  y  aYalt  des  liommes  qni  se  Yooaient  sain 
retribution  It  ce  pienx  office.  AnparaYant,  Tobie  emmene  ei 
esclaYage  chez  les  Assyriens,  enterrait  en  secret  les  corps 
de  ses  fr^res  les  Hebreux.  Constantin  forma  nn  corps  par- 
ticulter  de  fossoyeurs,  qull  porta  an  nombre  de  neu/caU 
cinquante;  ils  furent  tires  des  differents  colleges  des  me- 
tiers ,  diYises  par  dixaines,  et  exemptes  dlmpdts.  Le  gWe 
anglais,  qni  ose  tootpeindre,  amis  en  sctoedes  fossoyenn*- 
Shakspeare  leur  a  donne  place  dans  le  dnqnitoie  acte  de 
son  Hamlet,  Dans  nos  campagnesfrancai$es,  0*081  lebedean 
qni  ordinairement  sert  de  fossoyenr  et  fonrnit  la  ba^re. 
SAiirr-pROSKn. 

FOTHERGILL  ( Jonii ),  Ton  des  plus  ceiebres  mede- 
cins  qu'ait  produits  TAngleterre,  ne  le  8  mars  1 7 12,  It  Carrend, 
dans  le  comte  d*York,  appartenait  k  la  sects  des  qoakers. 
Aprto  sYoir  etodie  la  mededne  k  £dimbonrg,  il  y  sootint, 
en  1737,  satb^e  ponr  le  doctorat :  Deemetieorum  usuiM 
variis  morbis^  comprise  par  W.  Smdiie  dans  son  nesaurus 
medieut,  et  obtint  ensuite  nn  emploi  It  Tbdpital  de  Satot- 
Thomas,  k  Londres.  Apr6s  on  Yoyage  scientifique  en  Hollaade, 
en  Allemagne et  en  France,  il  s*etablit  k  Londres,  oil  il  cut 
bieotdt  acquis  la  reputation  et  la  consideration  dont  II  jouit 
constamment  jusqu*^  sa  mort,  arriYee  le  16  deoembre  1780. 
En  1740 ,  la  maladie  connne  sous  le  nom  ^engine  coscen- 
iietua  ayantpris  nn  caractere  epldemique  k  Londres,  Po- 
ther^ la  traita  d*aprte  nne  methode  k  Inf,  employant  a  yog 
succte  les  Yomitifs  et  les  addes  mineranx ;  etia  dissertation 
dont  die  !ul  fonrnit  le  sojet.  An  account  on  the  putrid 
More  throaty  obtint  les  honneurs  de  la  traduction  dans  pin- 
sieurs  langues.  n  mit  le  comUe  k  sa  repntation  par  la  des- 
cription exacte  qu*il  donna  d*une  affection  nerYease  de  la 
face,  k  laqvelle  on  a  donne  son  nom,  ainsi  que  par  la 


FOTHERGILL  —  FOUCHfi 


niire  heu  reuse  dont  il  la  traita.  Consultex  k  cet  ^rd  sa 
monograplile  iotitul^  :  A  concise  and  syntematie  view  on 
apainful  afftttion  of  the  verves  of  the  face  (  Londres, 
1805). 

Fotl^rgOl  s'occupaaind  beaaconp  de  botanique;  en  1762, 
il  acheta  une  Taste  propria  k  Upton,  ety  ^tablit  nn  Jardin 
botanique.  n  employa  les  meilleurs  artistes  de  Londres  k 
en  dessiner  let  plantes ,  et  &  sa  mort  plus  de  1200  de  oes 
^essins  fbrent  acheta  pour  le  compte  de  la  Biblioth^ne 
mip^riale  de  Saint-P^tersboniig.  Sa  collection  aoologiqne  et 
son  cabinet  de  min^alogie  ^ent  comply  parmi  les  plus 
lichee  qu^il  y  eOt  en  Angleterre.  II  fonda  k  ses  frais  une 
grande  teole  pour  les  enbnts  des  quakers  panares.  U  8*as- 
sodaaux  plans  philantbropiques  d^Howard  pooram^llorer 
h  miserable  condition  des  detenus,  et  prit  une  part  actiTe 
aux  efforts  fails  pour  falre  sopprimer  la  traite  des  n^gres. 
11  existe  diYorses  Mitions  de  ses  oeuTres  complies. 

FOU*  Ve/yet  Folib  et  ALifoATion  hemtalb. 

FOU  (Jeu  d'^ehees).  Dans  ee  jeu,  od  toiit  le  monde 
a^est  accord^  k  reconnaltre  Timage  de  la  guerre,  1es/oti# 
sont  des  pitees  trte-importantes  :  les  Grecs  les  nonunaient 
ur^ipMleSf  c'eat4-dire  favoris  de  Mars,  parce  qu*ils  pro- 
▼oqoent  les  hostility.  Les  Orientaui,  qui  penonniflaient  le 
fou  sous  la  figure  d'un  ^l^hant,  Tappelaient^l/;  les  Ita- 
liens  lui  ont  donn^  le  nom  &a{fiere  (sergent  de  batallle, 
sous-lieutenani);  Tanteurdn  roman  de  la  Hose,  Toulant 
peui-Mre  rapprocher  ce  mot  de  son  ^tynK^ogie  orientale, 
jU,  a  appel^  cette  piice /ou ,  et  le  nom  Ini  est  resti&.  On 
eompta  an  jeu  d'^checs  deux  fous  dans  chaque  camp,  le 
fau  du  rol  et  celui  de  la  rdne;  lis  ne  peuTent  marcher 
qu^obliquement  sur  des  cases  de  la  couleur  de  oeDe  odils 
se  trouvent  priroitiTement  plac^. 

FOU  (  Omithologie)^  genre  d*oiseaux  pafanipMes  dont 
les  doigts  sont  unis  par  une  membrane  commune.  lis  ont 
un  bee  robuste,  plus  long  que  la  tdte,  droit,  conique,  et 
crochu  vers  le  bout,  les  jambes  avanc^  vers  le  milieu  du 
corps,  en  dehors  de  Tabdomen,  les  ailes  trte-longuet  et  une 
queue  qui  les  d^passe  rarement;  leur  cri  est  fort,  et  parti- 
cipe  de  celui  de  Pole  et  du  corbeau.  Ces  oiseaux  yivent  de 
poisson,  qulls  saisissent  au  moment  ou  il  paratt  k  la  surfiice 
de  la  mer ;  ils  sont  excellents  nageors ;  leur  toI  est  rapide 
et  sontenu.  Les  f  oyagenrs  s*accordent  k  dire  qulls  ne  s*^ 
loignent  pas  i^  de  trte-grandes  distances  des  terres,  que 
leur  presence  annoncetoujours :  cependant  on  en  a  trouT^  k 
plnsienrs  centaines  de  kilometres  au  large,  et  de  c^l^res 
nangateurs  sont  loin  de  cioire  qu*ns  soient  de  sOrs  ayant- 
coureurs  de  la  terre.  Linstinct  bom^  de  ces  oiseaux  leur 
a  fait  donner  les  noma  de  boubief  booby  en  anglais,  bobos 
en  portugais,  qui  tous  signiiient  niais^  fous^  stupides,  11 
seii]i>le  en  elTet  qu*ils  soient  tout  au  plus  aptes  it  la  procr^ 
tion  et  k  la  recherche  de  leur  nourriture  :  quelle  que  solt  la 
force  dont  les  a  don^  la  nature,  ils  n^ont  paa  le  courage 
de  se  d^fendre  contre  la  frigate,  ennemi  qui  leur  est  bien 
inf^eur.  Celle-ci  poursuit  le  fou  dans  les  airs  k  coups  de 
bee ;  elte  le  force  k  regorger  le  poisson  qu*il  Tient  de  pren- 
dre, et  qu^elle  saisit  an  toI.  Les  fous  n'ont  pas  m^me  Tins- 
tinct  de  la  consenration  :  cheque  jour  les  marins  eo  tuent  k 
coups  de  bAton,  sur  les  vergue^  des  naf  ires,  sur  let  terres 
ou  les  rochers  od  ils  vont  se  poser ;  la  prince  de  rhomme^ 
le  bruit  de  sesarmes,  le  massacre  mdroe  qu*il  fait  de  lenrt 
semblables,  ne  peuvent  les  dMder  k  s*enfliir.  Us  se  lait- 
sent  approcher,  prendre  et  assommer  les  nns  aprto  let 
autres.  Peut-^br^  n*en  est-il  ainsi  que  dans  les  Ueox  oil 
ils  n'ont  pas  encore  apprls  k  craindre  ce  redoutable  en* 
nemi ,  et  c^est  U^  Topinion  de  Buffon  et  de  pludeort  antret 
naturalistcs. 

Les  fous,  qnoique  palmipedes,  perchent;  car  Os  ne  pea* 
Tent  facilement  prendre  leur  Tol  que  d'un  point  ^ler^.  La 
feroelle  ne  pond  qu^un  ou  deux  oeuls;  et  Ton  a  remarqud 
qa!'k  r^poqne  de  la  cout^,  ces  oiseaux  se  tiennent  beau- 
coup  pins  dans  le  voisinage  de  la  terre.  On  a  class^  les  fout 
en  trois  esptees,  dont  la  grosseur  Tarie  depuis  celle  d*une 


589 

oie  jusqu'i  celle  d*un  canard :  nous  n*en  avons  qn'une  en 
Europe  :  c*est  leybu  bianc  wtfoude  Bassan  (suia  basta^ 
nuM ),  qui  doit  ce  dernier  nom  k  son  abondance  dans  une 
petite  lie  da  golfe  dldimbonrg.  lies  deux  autres  esp^cet 
sont  le  tula  daeiylatra,  Tolgairement  mcmehe  de  velours 
det  naTigatemSy  commun  dans  nie  de  TAsceosion,  et  le/ou 
brun  (  sula  fiuea),  eordonnier  de  Ckimmerson ,  apparte- 
nant  k  TAmMiae  mMlionale. 

FOU  AGE  ou  AFFOUAGEMENT  (eo  basse  Iatinit6>bca- 
^Itcniy  pui8>ba^im,de>bctff,  foyer,  fen).  C*^taitun  impOt 
perfu  antrefob  par  le  roi  et  par  lee  seigneurs  sur  chaque 
feu  00  mdnagB.  L*origine  de  oette  taxe  est  fort  andenne. 
Landulphe  rapporte  qae  Tempereor  Nic^pbore  exigeait  un 
tribut  sur  chaque  fomille :  Per  singulos  focos  eenms  exi» 
gebat.  En  France,  le  fouage  a  exists  dte  le  temps  de  la 
premiere  race.  Le  taux  du  fooage  a  vari^  sekm  k»  temps 
et  les  locality.  Id,  il  #talt  de  cinq  sols  par  cheque  per- 
sonne  marite  oq  Tenve;  U,  il  ^taitd'nn  franc;  ailleurs, 
il  s'^lerait  jusqn*ii  quatre  liTret.  Le  fouage  ^tait  un  impOt 
direct  et  personnel;  il  ^it  le  mtaie  pour  tous,  le/orf  por» 
tant  le  fMle.  En  cela  il  difr(§rait  de  Va  ide ,  qui  ^tait  un 
impOt  de  consommation.  Dans  oertaines  locality  on  fixalt 
une  somme  k  lever  tar  la  tq^t^  dn  bourg  ou  du  village; 
et  cette  somme  ^tait  r^partie  entre  tous  les  feux  de  Ten- 
droit  Andennement,  le  fouage  ^talt  un  impOt  extraordi- 
naire, c^est-ihdire  qa'on  n'y  avait  reooors  que  dans  le  cat 
de  n^cessit^.  Charles  V  en  fit  lever  nn  pour  la  soldo  de 
ses  troupes.  Le  roi  Charles  YII  rendit  cet  impOt  perp^tuel, 
et  depuis  ce  tempt  on  le  d^signa  sons  le  nom  de  taill  e. 
La  d^omination  de  fouage  snbsista  seulement  dans  les  loca- 
lit^  od  les  sdgneort  avalent  dtabU  ce  droit  En  general,  let 
habitants  s'y  6taient  soumia  pour  obtenir  de  leurs  seigneurs 
que  les  monnaies  ne  seraient  pas  change. 

FOUGHT  (Joseph),  due  d*OTRANTE,  naqnit  k  Nantet, 
le  20  mai  1763,  d^nn  capitahiede  navire  mardiand,  et  non 
pas  d*un  bonlanger,  coname  on  Ta  dit  Foocb6  avalt  M 
tiev^  k  roratoire.  Destine  d^abord ,  comma  son  p^re,  k  la 
marine,  il  ftit  oblige  de  renoncer  k  cette  carriere.  Sa  com- 
plexion delicate  lui  eo  Armait  Taccet.  11  se  livra  done  avec 
ardeor  k  I'^tude.  Set  efforts  ftirent  couronn^t  de  sneers ; 
II  se  voua  alort  k  Tenteignement  public,  et  professa  succes- 
sivement  aux  coQdget  de  iuilly^  d*Arras,  et  k  T^cole  mili- 
taire  de  VendOme.  A  vingt-dnq  ans  il  occupait  la  place  de 
prtfet  da  colMge  de  Nantes;  ce  Ibt  \k  que  le  trouva  la  r^ 
volution  firancalte,  dont  il  embratsa  la  cause  avec  exalta- 
tion. En  1702 ,  la  popularity  qnMl  s*etait  acquise  appela 
sur  lui  la  mijorit^  det  tuffraget  du  college  Electoral  de  la 
Loire-Inferieure,   qui  l*envoya  k  la  Convention  nationale. 

Lors  dtt  procte  de  Louis  XVI,  il  vote  constamment  avec 
la  Montague;  mait  il  se  sentait  pen  propre  k  la  carriereora- 
toire,  celle  des  emplois  lui  tonriait  pint.  En  juillet  1793, 
il  fax  envoys  dant  TAube,  et  il  y  montre  tout  ce  dont  il 
^tait  capable  en  bit  de  n^ociationa  d^icatet.  A  sa  voix, 
on  vit  marclier  aux  armte  la  jeunesse  de  ce  departement 
qui  jusque  Vk  s'^talt  montrte  tout  k  fait  oontraire  au  recni- 
tement  Deux  moit  aprtey  11  ^taitappel^  k  une  mission  nou- 
velle  dans  le  d^partement  de  la  Niivre,  et  le  2  brumaire 
an  n  (  novembro  170S  ),  U  accompagoait  k  Lyon  Collot 
d'Herbois,  charg6  de  ialre  ex^cuter  le  d^ret  qui  ordonnait 
la  destructioa  de  cette  vine.  De  graves  dissentiments  Mate- 
rtnt  bientOt  entre  let  denx  colieguet,  et  Foudi^,  de  retour 
k  ^urb,  se  vit  poortoivi  k  ontrance  par  Coulhon  et  Robes- 
pierre, emit  de  GoUot  d'Herboit,  et  tout-puitsants  alon 
dans  le  oomltl  Id  nous  ne  poovons  passer  sous  silence  let 
Dombreaset  acensations  de  eniauti6  que  ces  deux  missions 
snsdterent  k  Fouch^.  Fideie  k  notre  plan,  nous  noas  bor- 
neront  k  let  constater,  sent  chercher  k  les  appuyer  m  e  les 
combattre.  Le  16  prairial  snivant  ( 4  juin  ) ,  il  fut  appeie  k 
la  pr^sidence  du  dub  des  Jacobins;  mais,  toujours  en  butte 
k  I'animosit^de  Robespierre,  son  nom ,  peu  de  temps  apres, 
Alt  ray^  de  la  liste  des  niembres.  C*^t,  comme  I'a  dit  un 
biographe ,  un  premier  pat  vera  rechafaud ;  aussi  Foudi4 


590 

M'W  dte  Ion  un  de  ceai  qui  pooss^renl  le  plus  ^  la  revo- 
lution do  9  thermidor. 

11  ii*en  fut  pas  moins  decrMd*arre8tat{on  dans  la  sdance 
^u  9  aoftt  1794;  mats  il  fllit  eompris  pen  de  temps  aprte 
( le  26  oetobre )  dans  ranmistie  politiqoe  arr^tte  par  la 
Convention  dans  sadernMre  s^nce.  II  se  ratira  li  Montmo- 
rend  i^vec  sa  famille,  et  j  vtat  paMblement  {osqa^an  mois 
de  septembre  1795;  un  dtoret  dn  Directoire  Fappela  alors 
5  rambassade  de  la  r^publique  fran^aise  prte  de  la  r^o- 
Uiqne  dsalpine.  Li  il  s^eniendit  avec  Joobert,  qui  avatt 
lemplacd  le  gMral  Brune  dans  te  cowmaiidenient  de 
Taimde  d'itaUe,  et  se  lia  fntimement  avec  lot.  Toutefoisv 
r^Bergie  qa'il  d^ployait  en  lareur  da  pays  d^nt  k  la  ma- 
jority du  Diredoirt;  il  re^ut  son  ordre  de  rappel »  mats  il 
ne  se  hita  pas  d*ob4ir,  fort  qu*il  ^talt  de  la  protection  de 
Barras  et  de  Tappof  de  Joubert.  De  retoor  k  Paris,  rentr^ 
^  nooveao  dans  la  vie  privtfe,  il  en  sortlt  encore  pour  rem- 
pHr  snccessivement  une  mission  en  Hollande  et  les  fonc- 
tiops  de  ministre  de  la  police,  en  remplacement  de  Bourgui- 
gnon. 

Id  commence  pour  Fooch^  nne  carri^re  nouvefle.  La  r6* 
pnbllqoe  se  trouvait  dans  nne  position  compliquie,  diffldle. 
On  sentait  partont  la  necessity  de  remettre  les  rdnes  de 
VtUi  aux  mains  d^n  senl  homme.  La  mort  venait  de  ravir 
Joubert  am  esp^ranoes  dels  patrie;toat  k  coup  le  g6ant 
des  Pyramides  apparatt  surles  rives  die  la  Provence,  i  ve- 
nait de  qnitter  PEgypte;  en  une  eqjamb^  il  est  It  Paris, 
et  bient6t  il  slnstaOe  an  pouvoir.  Tootes  les  idto  de  Foo- 
cb<  se  oonceiitrftrent  sor  Thomme  que  la' France  venaSl  d*^- 
lever  si  bant  :  II  Id  rendit  de  nombrenx  services ;  mais  le 
vainqueur  balan^lt  toujours  h  lui  accorder  sa  oontlance.  Qnel- 
ques  mois  aprte  la  signature  du  traits  d^Anriens,  le  premier 
consul,  sub]ogn<  par  les  mteoes  inflnences,  et  croyant  son 
pouvoir  mieux  affermi,  supprima  le  portefenille  de  Fouch^, 
r6nnit  ses  attributions  kcdles  du  grand-juge,  etlenomma 
stoateurtitulaire  de  la  s^natoreried'Aix.  Son  Soignementdes 
affaires  dura  vingtet  on  mois.  Maisd^^Napolton  songeaitii 
placer  la  couronne  impMile  sur  sa  tMe  :  il  crtit  devoir 
s'attadier  de  nouteau  Tanclen  ministre  de  la  police.  Foncb^ 
fut  reinstall^  dans  ses  fonctions  en  Jnillet  1804;  il  les  irem- 
plit  Jusqn'en  1809 ,  ^poque  oil  Napolfon  lui  confia  anssi  le 
portefenille  de  llnt^rienr.  Dans  ce  laps  de  temps  assef  long, 
Pempire,  par  ses  soins,  jooit  d*ane  tranqniUitd  profonde  : 
«  Jamais,  dit  le  blograpbe  d^jk  cUd|  police  ne  M  ni  plus 
absolue  nJ  plds  arblMre ;  mais  anssi  fl  n*en  exista  Jamais 
de  plus  active,  de  plus  protectrfce,  de  plus  ennemie  de  la 
violence ;  il  n'en  eidsta  jamais  qui  p6n6trAt,  par  des  moyens 
plus  donxy  dans  le  secret  des  ftmiUes,  et  dont  raelion,  moins 
sentie,  se  laissAt  moins  apercevoir/...  L*un  des  moyens  qui 
lui  r^Bssit  le  mi«ix  fut  one  extreme  loyant^  dans  ses  enga- 
,  gements  :  il  n^abandonna  jamais  eens  k  qui  il  avail  promis 
i  une  fois  soft  appuf .  »  Cast  pour  le  r^mpenser  des  ser- 
.  vices  quMl  lui  avail  rendns  pendant  la  campagne  d'Allemagne, 
'  qne  Napoltenloi  confi&ra  le  lilre  de  due  ^Oirante  et  une 
dotation  dans  le  royaume  de  Naples. 

La  guerre  venait  d*6daler  de  noaveau  entre  la  France  et 
r Anlriche,  lorsqoe  VoxidbA  prit  le  porlefeoiUe  de  llnMrieur, 
et  TAni^eterre  saisit  ce  moment  pour  diriger  one  expMilion 
contre  la  Hollande,  qui  fut  sanvte  par  la  valeor  do  gto^ral 
Bernadolte  et  par  I*kdroite  acGvil^  du  ministre.  Une 
nouvdle  disgrice  Tatlendaitk  son  fetoor  k  Paris  :  aprte  la 
paix  deVienne  ( oclobre  1809),  Napolton  loi  retira  le  mU 
nisltee  de  PinlMeur,  et  pen  de  mois  apr^'C  Jvin  1810 ), 
le  rainist^de  la  police,  dans  leqnd  il  M  remplae^  par  le 
due  de  Rovigo.  On  s*est  ^pnisd  en  conjectures  sur  les  causes 
de  cette  cbute  inattendue.  Obacun  a  cm  deviner  le  mot  de 
Ftoigne,  et  personne  peut-Mre  ne  Vk  soup^nn6.  Foucli^ 
ncol  en  mtaie  teiii|M  sa  nomination  k  la  place  de  gou- 
vemeur  gfo^ral  de  Rome,  place  dont  II  n^exer^  jamais  les 
ftmctions.  Le  due  d'Otrante  se  retira  k  Ferri&re,  k  six  Ueties 
de  Paris;  une  mesnre  de  police  le  for^  de  s^en  flolgner.  II 
ae  radit  en  Ilalie,  ii  la  cour  de  la  grande-dndiesse  d'ttru- 


FOuCHE 


rie,  et  peo  apr^  k  Aix,  an  sdn  de  safamille.  Napoleon  I'ayant 
appel^  k  Dresde,  apr^  la  d^sastreuse  retraite  de  Moecoo, 
lui  oonfla  le  gouvemement  g^n&ral  des  provinces  illyriennes, 
oil  il  arriva  le  29  Juillet  1813 ;  mais  il  quitta  bientOt  ce  poste, 
alors  fort  difficile  k  conserver^  pour  se  retirer  k  Naples  an- 
prte  de  Mural.  En  revenant  en  France,  il  fit  queique  a^ng 
k  Florence  et  k  Turin,  et  arriva  k  Lyon,  d^d^  il  cbercha  k 
gagner  Paris  pour  assister  k  la  crtetion  du  gouvememeot 
provisoire;  mais  les  armdes  altlte  Pen  empMifcront;  et  il 
n^arrivadans  la  capitaleque  vers  les  premiers  jours  d'avnL 
II  n'y  passa  que  qudques  semaines,  et  parUt  poor  son  cha- 
teau de  Ferri^re,  aprte  avoir  ^rit  k  Nipolfon  one  lettre 
dans  laqoelle  il  lui  consdilait  d'aller  demander  nn  asile  anx 
£tats-Uni8.  Enfin,  le  d^barquement  de  rempereor  sur  la 
c6te  de  France  ayant  donn4  de  vivos  inqui^des  aux  Bour- 
bons, lis  pens^rent  d'abord  k  rattacher  le  duo  d'Otrante  k 
leur  cause  ddsesp^r^,  ei  projet^rent  ensulte  de  le  faire  en- 
lever  pour  s*en  faire  un  olage.  Mais  leurs  niesures  de  police 
forentsi  mal  prises,  qoeFoocb^eut  le  temps  de  s'tefaapper. 
Le  21  mars  il  reprit  les  rtoes  de  cotte  adininistratioBy  et  les 
conserve  Jusqn^en  join  181&,  ^poque  de  Tabdication  de  Na- 
polten.  Le  due  dX)trante  fot^lu  membra,  puis  cboisi  pour 
president  de  la  commission  de  gouvemement  6rigte  alors. 
Des  n^ociations  s'ouvrirent :  on  en  salt  ie  r^soltat.  Le  3- 
juillet  1815  une  capitulation  fotcondoe  k  Saint-Cloud.  Pea 
de  temps  aprte  son  retour,  Louis  XVni  appda  to  due  d'O- 
trante k  son  consdl,  et  lui  rendit  le  d^Mitement  de  la  po- 
lice gto6rale. 

Ce  passage  subit  du  mlnistteedePEmpire  aii  ministfere-de 
la  Restauration  a  soulev^  contre  FoucbJ  denoovelles  acco- 
sations  fort  graves,  des  accusations  de  trahison.  Le  people 
s*est  obstin^  k  y  voir  la  trop  prompte  recompense  de  qodqoe 
grand  service  secret.  Lud^n  Bonaparte  t^eA  efforo^  de  jos- 
tifier  Fonch6.  Unpersonnage  de  la  {lestaoration  a,  de  son 
cOt^,  longuement  6tabH,  dans  la  Quotidienne,  qne  Foodie 
traitait  avec  les  Bourbons  avant  d'acoepter  lea  fonctions 
qu'il  a  remplies  durant  les  cent  jours.  Qubize  jours  aprte 
Tadmisslon  du  due  d'Otrante  aux  consejls  de  la  seoonde 
restauratlony  pamt  la  fatale  ordonnance  du  24  joiOot. 

Veuf  depuis  deux  ans  de  sa  premi^  femme,  il  ^pousa, 
en  aoAt  18 1 5,  M"*  de  CasteUaoe,  dont  il  avail  oonnu  la  fis- 
miUe  en  1810,  pendant  son  exil  k  Aix.  A  la  fin  do'mtae 
mois  et  an  commencement  du  mois  de  septembre  panirent 
deux  documents  qui  produisirent  dans  le  public  une  im- 
pression profonde  :  c'dtaient  deux  rapports  du  ministre  sur 
la  situation  de  la  France;  ils  d^id^ent  sa  retraite.  Le  jour 
mdme  oil  sa  demission  6talt  accepts  par  le  roi,  !1  fut  nomm^ 
ministre  pltoipotentiaire  de  France  k  Dresde,  oil  il  ne  passa 
que  trois  mois.  Frapp6  par  la  loi  du  12  Janvier  1816»  qni 
avail  particnli^rement  poor  but  de  I'attdndire,  il  fixa  d^abord 
son  s^jour  k  Prague;  puis  il  obtint  du  goofemement  au- 
trichien,  vers  le  milieu  de  1818,  rantorisation  de  ae  rendre 
k  Lintz,  d'oik  il  passa  k  Trieste.  C'est  Ui  que,  deux  ans  ^rto, 
en  1820,  s'^tdput  obscur^ent,  dans  Texfl  et  l^abandon , 
un  bomme  dont  le  nom  avail  ^t^  md6  k  tons  les  grands 
^vdnements  de  noire  histolre  comtemporaine. 

Bug.  G.  DB  MOHCLAVE. 

Qoand  jevislednc  d'Otrante  enlUyrie,  en  1813,  il  n'avait 
qne dnquante  ans ;  mais  il  annon^t  davantage.  Sa  talile,  pea 
devte  au-dessus  de  la  moyenne,  dtatt  d'aitlenra  extrSme- 
ment  gr61e  et  m&me  nn  pen  cass^e,  quand  fl  se  laissait 
surprendre  par  la  fetigue  on  par  I'ennoL  Sa  constitution  oa- 
^euse  et  musculaire,  qui  se  manifestait  par  de  vivea  sail- 
Hes  dans  tons  les  endrolls  apparents,  ne  manquatt  pas  de 
vigueur;  mais  11  ne  portaH  plus  rien  de  ee  luxe  de  sant^  an- 
qud  on  reoonnait  les  heureux  de  la  terrOi  les  ^oistes,  las 
paresseux  et  les  riches.  11  n'y  avail  pas  un  tmit  dans  ta 
physionomie,  pas  un  lineament  dans  toule  sa  stmctorey  sur 
lequd  le  travail  ou  le  soud  n'eussent  lalss^  nne  empidnte. 
Son  visage  ^tait  pAle  d*une  pAleur  particuU^  qui  a'ap- 
partenait  qu^^lui,  etque  je  serais  embarrass^  de  dtfnir.  Ce 
i  n*<^lait  pas  la  lividiU  qui  Iraliit  I'adion  permanenle  d^mo 


FOUCHfi  —  FOUDRE 


tiile  r^prCmte  arec  effort;  ce  nMtait  pas  cette  cooleor  ma^ 
lade  et  bl^issante  qui  r6T^le  on  sang  paurre  et  nne  orga- 
nisation ^tiol^e.  C*dtaft  nn  ton  firoid ,  mais  viTant ,  comme 
celui  que  le temps donne  auxmonnments.  La  puissance  de  ses 
yettx  bien  enchAss^  pr^alaft,  au  reste,  en  peti  de  temps, 
8ur  toutes  les  impressions  que  son  preniler  aspect  aurait  pa 
prodoire.  Us  dtaieni  d'nn  bleu  trte-clalr,  mais  tout  k  fait 
d^pouTYus  de  cette  lomi^redu  regard  que  tut  donne  le  moa- 
vementdes  passions  et  J usqa'aajeu  de  lapens^.  Leur  fiiit4 
curieuse,  exigeante  et  profonde,  mais  immuablement  terne, 
et  que  rien  n'auraitd^tournte  d'une  question  ou  d'un  tiomme, 
tant'qu'il  loi  plaisait  de  s'en  occuper,  avait  quelque  chose 
de  redoutable  qui  m'a  Ait  tress^lir  pins' d'une  fols.  J*al 
souTent  racont^  an  due  d^Otrante  des  ^Ti^ements  flatteurs 
et  inesp^r^ ;  JMtais  pr^  de  lul,  et  seul  arec  lui ,  &  TarriTte 
de  |ilus  d*on  mes^e  ddsolan^  et  je  n*ai  Jamais  to  se  d^ 
mentir  d'un  clin  d'ceil  Timpassibie  immobility  de  ses  yeux 
^e  rerre.  Je  me  demandais  par  quelle  incroyable  operation 
de  la  Tolont^on  pouTaitparrenir  k  ^teindre  son  ftme,  k  d^- 
rober  h  la  pruneDe  sa  transparence  animte,  k  Aiire  rentrer  le 
regard  dans  nn  InTisible  6toi  comme  I'ongle  rdtractile  des 
chats. 

-  La  tenue  du  due  d'Otrante  ^tait  d\me  extreme  simplicity, 
k  laquelle  ses  mofeurs  le  portaient  naturellement,  mais  qui 
pouvait  aToir  alors  un  motif  politique,  tout  &  (ait  d*accord 
avec  ses  penchants.  Le  due  dK)trante,  en  redingote  grise» 
en  chapeaa  rond,  en  gros  souUers  on  en  bottes,  se  prome- 
nant  k  pied  au  mHieu  de  ses  enfants,  la  main  onlinairement 
li^  k  la  main  de  sa  Jolie  petite-fiUe,  saluant  qui  le  saluaft, 
sans  provenance  affects  comme  sans  morgue  et  sans  Oti- 
<iuette,  et  s'a^seyant  bonnement  06  il-italt  fattguO,8ur  le 
banc  d*une  promenade  ou  snr  le  senil  d*un  ^fice;  cet  ext6- 
rieur  de  vie  bourgeoise,  de  bonhomie  patriarcale  et  d'in- 
cllnatione  populaires,  qh'on  arait  regard^  jusque  alors  comrae 
Incompatible  avec  le  caractire  tnn^',  et  qui  s'Otait  mani- 
festo rarement,  k  la  TOrilO,  chei  les  hommes  de  la  conquCte; 
tout  ce  qu'il  y  avait  de  nonveaQ  et  de  saisissant  dans  cet 
exercice  familler,  et  comme  Cadle,  d'un  pOUTOir  absohi  qui 
ne  s'Otait  jamais  montrO  qtx^k  travers  la  pompe  des  cours , 
la  cohue  dorOe  des  cOrOmonies,  et  Id  tumulte  des  gens  de 
guerre,  Oveilltont  plus  de  sympathie  que  nous  n*en  avions 
obteoa  en  plusiem  Mkates  d'ooei^ation.  Ge  eeotiment 
contribua  beaucoup  k  dimfaiuer  les  embarras  et  les  perils  da 
depart  pour  une  annOe  innombrable  d*ettiployOs  Temis  k  la 
suite  des  baiomiett^,  et  qui  n'avaient  phiB  do  balonnettes 
pour  les  dOfendre ,  quand  arriYa  cette  catastrophe  hiOyitable 
de  rOvacuation,  qui  est  le  quart  dlieure  de  Aabelais  des 
triomphateurs.  ' 

C'est  k  moi  quH  adressa  oe  mot  mOmorable  qn^on  a  rap- 
{>ortO  depuis  dans  des  mOmoires  trte-apocryphes,  mais 
Oclah^  cette  lois  par  d^excellents  renseigneitients.  La  conr 
impOriale  venalt  de  dOposer  snr  son  bureau  le  dossier  d'iin 
arrOt  en  suspens  qui  attendait  son  area.  COtalt  celui  de  ce 
fameux  Jean  Sbogar,  dont  les  Jonmanx  de  Paris  out  si  bien 
prouTO  que  farab  toIO  le  type  k  lord  Byron,  par  anticipa- 
tion, sans  doute.  «  Quel  est  cet  bomme,  me  dft  le  gouVer- 
neur  ?  —  Un  bandit  systOmatique,  rOpondis-|e;  un  homme 
k  opinions  exaltOeS)  1^  idOes  exoentriqhes  et  blzarres,  qui 
s'est  acquis  au  fond  de  U  Dalmatie  nne  rOpntation  d^Onergie 
et  d'Oloquenoe,  accrOditOe  par  des  mani^^  distlngnOes  et 
fine  figure  imposante. — A-ifl  tuO?  — Peut-Otre,  toAk  aton 
oorps  defendant,  Au  reste,  Je  n^en  rOpbndrals  pto.  Tout  ce 
que  je  sais  de  lui,  c'est  que  c'est  un  brigand  fort  Intelll^tit 
et  fort  rOsolu«  dont  le  nom  reWent  souvent  dans  les  cohve^ 
sations  du  people.  «-  Assez,  repril  le  due  d^Otrante  en  je^ 
tant  le  dossier  dans  la  corbelUe  des  rebuts ,  U  7  a  des  dr- 
constanoes  o&  ce  bandit  peut  rendre  de  plus  grands  ser- 
Tices  que  la  conr  bnpOriale.  •  Cela,  c'Otait  la  moindre  de^ 
^nigmes  du  logogryplie,  et  il  ne  fallait  pas  Otre  bien  fiA  poor 
J  lire  distinclement  to  secret  d'ane  dissolution  prochaine 
dans  le  grand  rOsean  de  I'empire. 

Charles  Nodieb,  de  rActdcidie  FrtfocaiM,    ' 


59f 

FOfJDRE  (en  latin  /ulmen),  dOsigne  un  fluide  en* 
fiammO ,  Olectrique,  qui  sort  de  la  nue  avec  Oclat  et  violence. 
Foudre  vient  aussi  defulgen,  briller,  brOler.  La  foodre 
est  en  eflet  un  fen  trte-vif,  qui  Oclate  centre  quelque 
objet  terrestre,  et  qui  est  capable  de  soffoqner  les  animaux  et 
de  les  fldre  pOrir  en  un  Instant.  Ses  efTets  soot  terribles  quand 
rien  ne  s'oppose  k  ses  ravages  ( vojfes  Pabatornebbb);  elle 
renverse  les  Odillces  le  plus  solidement  constmits,  pOnMre 
partoot,  brise,  brOle  et  fond  les  corps  les  plus  durs.  Le  nom 
dVc2aif  s*applique  k  la  lumiire  qui  acoompagne  ordinal- 
rement  le  phOnomtoe;  tonnerre  se  dit  du  bruit  caus6 
par  l^exploslon. 

La  plupart  des  physiclens  reconnaissent  deax  espices  de 
foudre,  la  foudre  ascendante  ifitlmm  asetndens)  et  la 
foudre  descendante  tftdmen  descendens).  La  premiere 
dOsigne  TOIectridtO  ou  mati^  du  tonnerre,  qui  paratt  sorUr 
de  la  ferre  et  se  porter  snr  sa  sur&ce.  Qnoiqu*!!  fat  g<(n6* 
ralement  reconnn  que  la  foudre  s^Olan^t  des  nuages  et  ve- 
nait  frapper  les  corps  terrestres,  Maifel,  en  1747,'  avan^ 
que  hi  foudre  s'Olevait  toojours  de  hi  terre  et  que  jamais 
elle  ne  pouvait  y  tomber.  Getie  opinion  fixa  Tattention  de 
plusieurs  physidens,  et  entfe  aotres  de  I'abbO  JOrdnw  Luoni 
de  Cada,  du  gOnOral  Marctifi,  de  Corradi,  de  Ctosmi,  La* 
voisier,  etc.,  qui  tous  observirent  et  oonstat^rent  nnanime- 
ment  les  foudres  ascenduites.  On  volt  assei  oommunOment 
cette  esptode  foudre  se  folrmer  dans  les  crates  des  vol- 
cans  enactivitO;  dans  les  Oroptions  dn  YOsnve,  de  Tfitaia,  on 
a  aper^u,  par  exemple,  des  sillons  dectriqoes  sorttr  impOtueux 
de  la  bouche  de  ces  volcans,  pOnOtrer  la  oohmne  de  AunOe  qui 
s'Olevait  de  leur  cihitOre,  s*Oianoer  snr  les  objets  vefsins, 
et  y  produire  les  efV^  ordhuires  de  la  foodre.  Le  chevalier 
Hamilton  en  rend  tOnaotgnage  dans  sa  belle  description  de 
I'Oruptlon  des  volcatis  ietf  1777,  1779  et  1783. 

La  foudre  descendante  dMgne  la  chute  du  tonnerre.  Oa 
salt  que  TOIectridtO  se  dOvdoppe  dans  Patmos|]^i^,  que  le 
tonnerre  gronde  dans  les  nuages ,  et  que  la  fondre  n'est  en 
eflet  que  la  chute  du  tonnetre. 

Au  figutO,  le  mot  foudre  dgnlAe  le  courroux  de  Dieu,' 
indignation  des  sonverains,  dc.  Onse  sert  de  cdte  expres- 
sion en  pariant  d*un  grand  capitaine,  d*dn  oonqoOrant  ha- 
bile, d  Ton  dit :  c'est  nn>btMff*e  de  guerre.  Un  grand  or** 
tenr  se  nomme  foment  un  foudre  d*Aoquence.  Enfin , 
on  emploie  fo  mot /bicefre  pour  fignrer  rexcommunication, 
et  Ton  dft*:  \ei  foudres  de  l*£gllse,  les/btftfret  dn  Vatican, 
c^est^-dire  les  anathteies  et  les  cUktiments  que  le  pape 
lance  contre  cenx  qui  contreviennent  anx  dogmes  de  la  re- 
ligion catbolique. 

'  £n  mythologle,  le  taiA  foudre  exprime  une  sorte  de  dard 
enflammO,  dont  les  pdntires  et  les  pontes  ont  armO  J  upl  tvr: 
Odelns,  p^re  de  Satume,  ayant  €ik  d^vrO  par  Jupiter,  son 
petil-fils,  de  la  prison  oh  le  relenalt  Satume,  II  fit  prOsenC 
de  la  fondre  k  son  libOrateur  poor  le  rteompenser.  Ge  fut 
oe  don  qui  rendit  Jnpiter  le  mattre  des  dlenx  d  des  henmes. 
C'dait  anx  eydopes  qu'dalt  aooordOe  la  favear  de  forger  lee 
foodrss  que  le  pire  des  dlenx,  le  puissant  Jopiler,  lan^ 
sonvent  sor  la  terre.  Chaque  fondre  renfermait  trds  rayont 
de  grOle,  trois  de  pluie,  trois  de  fen  d  aolanl  de  venti 
dans  la  trempe  deft  f<(udres,  les  Cyclopes  mdalent  les  terri« 
btes  Odairs,  le  bruft  atiVenx,  les  tratnOes  de  flanmes,  lA 
col^  du  maltre  de  raiyiiipe'd  la  frayeur  des  mortels.  L^ 
foudre  de  Jupiter  est  figm  de  deux  mani^res  :  I'unest  nne 
«spte  de  aim  fiamboyaiit  par  les  deux  bouts,  Tautre  une 
ikiachhie  pofntne  artnOe  de  deox  fl^es.  Vn  foudre  ailO  est 
ordinail^nfient  le  symboto  de  la  pobsance  souveraliie  d  aussI 
de  la  Vitesse;  Apellesavdt  reprOsentO  Alexandre,  dans  le 
temple  de  Diane  k  £phtee,  tenant  un  fbodre  k  la  inain,  pour 
designer  nne  pnlssance  k  laqodle  on  ne  pouvdt  rMster.- 

Les  efTets  de  la  foudre  ont  fbnmi  dlans  TanUquitO  une 
ample  natHhn  k  la  superstition  des  peuples.  Les  Romahis 
admettaient  deux  esptees  de  foudres,  les  (oodres  de  jour 
et  cclles  de  nuit;  les  prebi^res  appartenaient^  seien  eux^ 
a  Jupiter,  d  les  seeonde^^aux  dieux  Sonnninui  ov  PkitiMi. 


60S 


FOUDRE  —  FOUET 


Quant  i  ceUes  qu^s  d^ignaient  par  ces  moU :  foudres  entre 
iour  et  nuit  (fulgur  provorswn ) ,  ils  les  atiribuaicnt  k 
toos  les  deux.  Lonqae  la  loudre  partait  de  Torieiit  et  y 
relooniait  aprte  aToir  seolement  effleur^  la  terre,  c'^tait  le 
tigne  d*iiQ  bonhear  paifiit,  de  m^e  que  oelie  qui  tombait 
k  druite  ( dextra ).  Les  foudret  1^  bruit  ( vana  et  bnUaJul' 
mina )  anoon^nt  la  eeHhn  des  dieux,  de  m6me  que  celles 
qui  tombaient  a  gaucbe  ( tooa) :  ainsi,  par  exemple,  la 
foudre  qui  tomba  au  camp  de  Crassus.  Pour  les  Romains, 
ia  foudre  dans  certains  cas  annoofait  les  ^v^nements  dans 
UA  avenir  trte«^loigD^;  sa  puissance  de  pr6diclion  pouTait 
s*^tendre  jusqu*^  trois  cents  ans.  Lorsque  le  tonnene  se  faisait 
entendre,  on  cessait  h  Rome  les  d^Mrations  publiqnes,  on 
D'entreprenait  aacune  guerre,  et  on  remettait  toute  decision. 
Dans  Tantiquit^,  les  endroits  frappte  de  la  foodre  ^talent 
r^put^  sacr^y  c^est-4-dire  qu^on  pensait  que  les  dieux  en 
aTaient  pris  possession ;  ausai  j  derait-on  des  autels  a%ec 
cette  inscription  :  Deo  ftUminatori,  On  nommait  le  lieu 
purine  par  les  amspices,  bidental^  parce  que  Ton  y  aTait 
immoM  une  brcbis  noire.  V.  de  Mol^h. 

FOUDRE  9  au  masculin,  d6signe  un  grand  tonneau 
contenant  plusieurs  muids  de  Tin.  £n  France,  on  laisse 
rarement  le  Tin  Tieillir  en  foudre,  mais  en  Allemagne  Ton  ne 
Tide  point  ces  sortes  de  futailles,  et  cbaque  ann^e  on  met 
du  ¥in  nouveau  sur  le  Tin  Tieux;  c*est  surtout  dans  les 
anntes  de  grande  abundance  que  Ton  sent  I'utilit^  des  fou- 
dres,  qui  contiennent  pour  le  moins  de  5  k  6  tonneaux  ( me- 
aure  de  Bouigogne ) ,  et  au  plus  de  24  i  30.  Souvent  il  ar- 
rive de  remplir  dc  Tin  les  cuTes,  puis  de  les  foncer,  et  alors 
la  cuTe  dcTient  foudre.  V.  db  Mol^on. 

FOUDRE  (  Pierre  de  ).  Voyez  AiaounB. 
FOUET*  Dans  son  acception  la  plus  ordinaire,  ce  mot 
d^igne  une  cordelette  de  cbauTre  et  de  cuir  qui  est  atla- 
chde  k  une  baguette,  k  un  b&ton ,  et  dont  on  se  sert  pour 
conduire  et  cbAUer  les  cbeTaux  et  les  autres  animauA. 
Fouet  exprime  aussi  une  ficelle  fine  et  plus  serr^  que  la 
ficelle  ordinaire,  avec  laqueUe  on  fait  habituellement  la 
m^e,  c'est4-dtre  le  bout  de  la  corde  du  fouet,  Enfin , 
H  sedit  encore  de  tout  instrument  de  correction  ou  de  mor- 
tification, oommeTerge  de  boulean,  de  gen^t ,  de  parchemtn 
tortilla ,  de  cordes  noute.  Le  fouet  est  Tattribut  distinctii 
des  charretiers,  Aniers  et  autres  conducteurs  d*aniniaux. 
Un  des  spectacles  les  plus  d^solants  que  pr^seotent  les  rues 
de  ce  Paris,  si  bien  nomm^  Vet^er  des  dievaux  ^  est  Tabus 
que  les  cliarretiers  et  cocliers  de  place  font  da  fouet,  Ce  die- 
ton,  faire  elaquer  son  fouet,  on  pent  bien  le  leur  appUquer, 
tant  au  positif  qu'au  figure.  Les  exceUents  personnages  qui 
en  Angleterre  s'occupent  d'amdliorer  ia  condition  des  ani- 
maux  domestlqucs,  et  aprte  eux  en  France  les  membres  de 
la  soci<it^  qui  s^est  imposf^  la  m^me  mission,  sont  unanime- 
ment  d*aTi$  de  supprimer  le  fouet  pour  les  cbevaux  :  au 
aurplus,  philantbropie  ou  plutdt  zoophilie  k  part,  un  bon 
coclier,  nn  bon  cavalier,  emploient  rarement  le  fouet  ou 
r^peron;  Us  se  servent  sp^alement  de  la  bride  et  se  gar- 
dent  d'en  abuser.  Les  valets  de  chiens  sont  toujonrs  armds 
de  fouets ;  et  c'est  par  le  fouet  que  trop  souvent  se  dresse 
un  bon  chien  de  cbasse.  Une  loi  a  en  France  comme  en  Angle- 
terre qualifi^  de  ddlit  Temploi  abusif  du  fouet  contre  les 
animaux  domestiques,  et  une  ordonnanoe  de  police  rendue 
par  Bf.  earlier  a  proscrit  Temploi  de  tout  fouet  qui  ne  serait 
pas  mont^  en  cravacbe  et  d*une  longueur  d^terminte. 

Aux  fifttes  de  Baccbus  et  deCyb^le,  dana  I'Asie  Mineure, 
\e  fouet  jouait  un  grand  r61e.  Les  pr6tres  laisaient  une  esp^ 
d'barmonje  en  firappantTair  de  ]ian  fouets,  Chei  certaines 
'  peuplades  tatares  ou  cosaques,  on  manie  si  bien  le  fouet, 
\  que  les  sons  qu'il  produit  sur  trois  tons  difliirents ,  ttennent 
j  lieu  de  trompette.  Dans  Tantiquit^ ,  le  fimet  6lait  employ^ 
aussi  fr^uenunent  pour  chAtier  les  bommes  que  les  ani- 
maux. H^rodote  nous  montre,  k  la  bataillede  Salamine,  une 
partie  de  Tarmte  de  Xerxte  occupte  k  faire  avancer  Tantre 
k  coups  defmet  contre  TennemL  C*est  encore  Xerikte,  qui, 
sciuu  AC  Ui^uie  biilorien ,  fit  iMttre  it  mer  k  coups  dt  fouet. 


pour  la  punir  de  n'avoir  pas  respects  sa  flotte.  Lk  eicUvss 
cbez  les  anciens  ^talent  ch&tiis  k  coups  de/buef ;  U  ea  est 
de  mtoie  dans  nos  colonies  modemea,  o(i  les  pan vres  a^gres  bs 
connaisoent  que  trop  le  fouet  du  oommandeur.  Cbei  lei  Bo- 
mains  dans  Torigine  U  ^tait  permk ,  ponr  certains  dflUk,  de 
battre  de  Terges,  de  fmtetter  un  cttoyen ;  mais  pins  tiid  ee 
chAtiroent  ftitexdusivement  r^senr^aux  esdaTes ;  etl'uB  dei 
plus  grands  crimes  que  Cio^n  reprodie  1^  Yerrts,  c'eit 
d^avoir  taiifouetter  nn  bomme  qui  avalt  le  droit  de  s'fois 
au  milieu  des  tortures  :  Romanus  sum  civis  (Je  rail  d- 
toyen  remain).  L»  fouet  ^tait  un  instrument  qae  les  cben- 
tiers  romains,collectenrsd'imp6ts(ptt6ficani),  emplojalent 
fin^uenunent  pour  forcer  les  malheureux  alU^  et  tribo- 
tairea  de  o^der  1^  leurs  extorsions,  de  satisfoire  leur  avidUi 
Le  grand-pontife  remain  avait  le  droit  defouetter  lei  vei- 
tales  qui  a'^cartaient  de  leurs  devoirs.  Dans  les  premin 
temps  dncbristianisme,  le  fouet,  qui  n*^rgna  point  Jtei- 
Cbrist,  fut  constamment  employ^  contre  ses  sectatODis.  A 
leur  tour,  les  clirdliens  ont  frdqucminent  us^  du  fouet  coatre 
les  bMtiques.  Les  ptoitents  ne  se  le  sont  Jamais  ^pusni 
(voyez  Duopunb).  Saint  J^rdme  est  repr^sent^  nafimU 
k  la  main.  Dans  les  processions  par  lesqnelles  le  denier 
des  Valois ,  Henri  III ,  profanait  la  religion  en  croyaat  la 
rendre  plus  auguste,  le  fouet  joua  toujours  un  grud  rOli 
(voyez  Flagellaivts).  II  s'employait  dans  Tancien  tempi 
pour  cb&tier  les  enfonts,  les  pages ,  les  domestiques.  II M 
maintenu  dans  lea  6ooles  jnsqu'^  la  revolution  de  1789.  RabS' 
lais  nous  a  conserve  le  souvenir  de  Tempeste, «  qoieitoit 
un  grand /otie^/eur  d'escholiers  au  ooU^e  de  Montuga  •. 
Le  fouet  avec  la  main  est  encore  une  correction  maler- 
nelle  fort  usitte.  Qui,  en  Toyant  Le  Malade  imaiyiM^,^ 
ri  du  fouet  donn^  par  Argant  k  sa  petite-fiUe?  CTest  la  na- 
ture prise  sur  le  (ait  On  n^  saurait  dire  k  combien  d^eiprei- 
aions  ct  de  locutions  proverbiables  ont  donn^  lieu  les  niots 
>btfe/  eifouetter,  Faire  elaquer  son  fouet  signifie  se  Imb 
faire  valoir,  faire  Taloir son  autorit^,  son  cr^L  En  tennes 
d^artiUerie,  on  entend  par  coup  de  canon  tir6  de  pMn 
fouet  un  coup  de  canon  tir^  borizontalement.  Le  fouet  de 
I'aile  signifie  le  bout  de  I'aile  d^un  oiseau.  Fouetter  ne  i^em* 
ploie  pas  moins  beureuseroeut  en  po6sie  que  fouet,  H  as 
trouve  dana  Tun  des  plus  beaux  vers  de  Gill)ert : 

Fouetter  d'no  vers  uagUnt  c«  grtods  hooiBes  d'no  joar. 

On  connalt  cette  expression  cpnsacrte  :  le  fouet  de  lasO' 
tire  (voyez  F&ulb).  Proverbialement,  II  n*y  a  pas  de  qnoi 
fouetter  un  chat,  signifie  :  La  faute  est  des  plus  l^^res;  J^ai 
bien  d'autres  cbiens  k  fouetter,  vent  dire :  Tai  liien  d^autrei 
clioses  plus  importantes  k  faire;  de  la  cr^me  fouettie, 
c'est  une  chose  qui  a  belle  apparence ,  mais  pen  de  fond. 

Charles  Du  Roion. 

La  peine  du  fouet  remonte  k  une  haute  antiquity,  pidi- 
que  les  Juifs,  les  Grecs  et  les  Remains  Tout  inflig^  anx  coo- 
pables.  Eile  difTerait  chez  les  demiers  de  ia  peine  du  b&- 
ton ,  nSserv^  au  soldat  qui  abandonnait  ses  enseignes,  soa 
poste,  ou  d^robait  quelque  chose  dans  le  camp,  ainsi  qn*aiix 
faux  t^oins  :  non  infamante  par  elie-mAme,  die  pouvait 
le  devenir  si  la  faute  qui  la  motivait  ^tut  elle-m6me  inia- 
mante.  Dans  Tancienne  jurisprudence  fran^aise,  il  y  avait 
deux  sortes  ^e  peines  du  fouet ;  Tune  infamante ,  toojoois 
accompagn^  de  la  fl^trissure  et  du  l>annissement  ou  des 
gal^resy  et  qui  s'infligeait  publiquement  par  la  main  du  boor- 
reau;  Tautre  non  infamante,  qu*appliquait  le  question- 
nah-e  ou  le  ge61ier,  dans  Thit^eur  de  la  prison,  sub  cui- 
todia,  Les  femmes  ^taient  fustig^  par  une  personne  de 
leur  sexe  :  nous  en  avons  la  preuve  dans  Tordonnance  de 
1264 ,  rendue  par  saint  Louis  contre  les  blasph^matear». 
L*£glise  flagellait aussi  ses  patents  Jusqu^au  pied  des  autds: 
ce  fut  la  peine  que  subit  Raymond,  comte  de  Toulouse, 
aoupfonnd  de  faToriser  les  Albigeois. 

Jusqu*au  setxiime  sitele,  la  l^slation  ne  foumit  ancone 
trace  de  cette  peine  dans  les  arm^  fran^ises.  Ce  n*est  que 
sons  Francois  I*''  que  Thistoire  en  offre  qodquea  exemples. 


FOUET  —  FOTJGUE 


593 


On  De  l^nfligeaH  jamais  ^  no  soldat  sans  Tavoir  pr^abl«- 
ment  d^ad^  et  banni.  U  n'^lait  Uti^  au  bourreao  que  d^ 
pouill6  desesarmes  et  ayant  cess^  de  (aire  partie  de  Tarm^e  : 
11  eOt  ^t^  au-dessous  du  prdvOt  de  rempUr  de  semblables 
foDctions ;  la  troupe  n^assistait  lu^me  pas  k  ce  supplice  :  on 
eti  era  dishonorer  le  drapeau.  L'ordonnance  du  1*'  juillet 
1786  avail  cr6^  pour  les  dterteurs  une  esp^  particuli^ie 
de  flagellation,  qu^on infligeait  h Taide de  baguettes d^osier , 
de  bretelles  de  fusil,  de  courroies  de  cheTal,  suiYant  le  corps 
auquel  le  coupable  appartenait 

Le  fonet ,  banni  depuis  longtemps  du  code  de  Taring 
frangaise,  qui  le  regarde  aTCc  raison  comme  une  peine  plus 
que  d^radante ,  devant  6tre  retranchde  de  la  l^islation  p^* 
nale  de  toute  nation  ciTilts^,  figure  toiijours  en  Angleterre 
au  nombre  des  peines  niilitaires  contenues  dans  le  mutiny 
act  de  1689  et  dans  \es  articles  toar,  qu*on  revise  chaque 
ann^c.  On  TinOtge  aux  soldats  et  m^me  aux  officiers  non 
coinmissionn^  (sous-ofQcicrs);  niais  ce  n'est  point  une 
peine  infamante  :  on  ne  lacousiddre-que  cunune  une  simple 
punition  de  police.  La  Instigation  existe  aussi  dans  bean- 
coup  d'autres  constitutions  militaires  deFEurope.  Nous  par- 
lerons  sp^ialement  ailleurs  de  Tborrible  peine  du  k n ou  t, 
qui  joue  un  si  grand  rdle  dans  la  civilisation  de  la  Russie. 

Mais  un  cliMiment  qui  avait  cess^  depuis  longtemps  d'etre 
en  usage  dans  les  rangs  des  arm^  fran^aises  sVtait  main- 
tenu ,  pour  notre  lionte ,  k  bord  de  nos  vaisseaux  de  guerre 
et  de  commerce,  et  nefutsupprim^  que  par  la  r^publique  de 
1848.Malgr6  Tabolition  de  Pesclavage  des  noirs  dans  nos  co- 
lunies ,  on  y  retrouve  encore  aussi  dans  bien  des  habitations, 
en  d^pit  de  la  surveillance  des  autorit^ ,  la  peine  ignoble 
de  la  fustigation  appliqude  avec  des  circonstauces  qni^exd- 
tent  Pindignation  et  le  d^oOl. 

FOUET  lyARMES.  C'^Uit  au  moyen  ftge  une  arme 
offensive  meurtri^re,  nommte  encore  fUau  d'armeSf 
compost  d'nn  mancbe  trte-court ,  k  Textr^mit^  duquel  pen- 
daient  plnsieurs  cliatnettes,  ou  plusieurs  lanni^res  de  cuir 
ou  de  parchemin ,  termini  par  des  boules  de  fer  ou  de 
cuivre,  qui  ^taient  m6me  qu^quefois  hirisste  de  pointes. 
De  Ik  les  noms  de  star^  morning  star  (^toile,  ^toile  du  ma- 
tin )  adopts  par  les  Anglais ,  qui  attribuent  aux  Mormands 
rintroduction  de  celte  arme  chez  les  Gallois. 

On  remarque  jxnfouet  tParmes  k  la  main  droite  d*une 
figure  en  bas-relief  de  la  cathidrale  de  V^rone,  qu'on  a  era 
repr^nter  Roland ,  et  que  certains  antiquaires  font  reiuon- 
ter  au  neuvi^e  si^de.  On  en  conservait  deux  semblables 
k  Pabbaye  de  Roncevaux,  si  Ton  en  crott  le  P^re  Daniel, 
lis  ont  depuis  longtemps  disparu.  On  retrouve  quelques 
fouets  (Tarmes  dans  des  collections  et  surtout  dans  celleda 
Mus<^  d^Artillerie  de  Paris. 

FOUETTE*0U£UE,  stellion  hdtard  de  quelques 
auteurs.  Ce  sous-genre  de  reptiles  appartient  k  i'ordre  des 
sauriens,  au  genre  des  stellions;  les  fouette-queues  n'ont 
point  lat^te  renfl^;  toutes  les  ^cailles  de  leur  corps  sont 
petites,  lisses  et  uniformes;  celles  de  la  queue  sont  plus 
grandes  etplus  ^pineuses  que  dans  le  stellion  ordinaire; 
mais  elles  n'existent  pas  en  dessous.  II  y  a  une  s^e  de 
pores  sous  les  cuisses  de  ces  sauriens.  L^espto  la  plus  re- 
marquable  est  \a  foutttt'^ueue  d'^gypte^  appel^  caudir 
verbera  par  Ambrosinus.  Ce  reptile  a  ^t^  depuis  longteups 
d^crit  par  Belon,  qui  a  dit,  mais  sans  preuves,  que  c^est 
le  erocodile  terrestre  des  andens;  le  m6me  autmir  ajoute 
que  Get  animal,  suivant  la  croyance  Tulgaire^se  defend 
avec  sa  queue,  dont  il  donne  des  coups  atroces  ( Cauda 
airocissime  diverberare  creditur);  11  est  long  de  0",60  k 
1  roMre  :  son  corps  est  renfl^,  tout  enUer  d'nn  bean  vert 
de  pr^;  il  liabite  moins  r£gypte  que  les  deserts  qui  entou- 
rent  cette  province. 

FOUGASSEs  root  d'origine  italienne,  qui  d^signe  one 
mine  de  la  moindre  esp^;  on  a  employ^  comme  on  de  ses 
diminutifslesubstantif/ou^e/Ze, quia  d^ign^  depuis  pea 
d^ann^es  un  genre  de  fusses  dc  guerre.  L'art  des  sidges  d6- 
fen<\f9  recourt  k  Templo!  dts/ougasses;  dies  serrent  k  ia 

OICT.  DB  U  CONYKBS.  -«  T.  DU 


protection  de  certains  ouvrages  de  campagne,  on  bien  k  la  de- 
fense des  bribes ,  des  passages  de  foss<^  ou  de  chemin  con- 
vert; on  les  fait  sauter,  ou  isol^ment,  ou  simultan^ent ; 
dies  sont  moins  profond^ment  enfonc^  que  les  four* 
neaux  ordinaires,  et  ne  plongent  que  de  1™,60  k  3%25 
sous  terre ;  elles  contiennent  de  la  poodre  k  canon  dans  un 
caisson  d^artifice;  c^est  une  caisse  cubique,  un  genre  de 
fourneaa  portatif,  dont  la  capadt^  et  le  contenu  se  proper- 
tionnent  au  degr6  de  rfeistance  que  pr^sente,  suivant  sa  na- 
ture, le  solexcav^.  De  la  paille  nature ,  des  enveloppcs  d^^- 
toffes  goudronnto,  servent  k  pr^rver  des  ravages  de  Tliu- 
midit^  les  fougasses  qui  seraient  de  nature  k  rester  long- 
temps sans  servir.  On  en  eroploie  qui  demandent  moins  de 
precautions  x  ce  lont  des  bombes,  des  projectiles  creux, 
qu*on  enterre  en  maui^re  de  fougasses  factices,  et  qu*on  en* 
flamme  de  mdroe  au  moyen  d*un  saucrsson  ou  d'un  auget. 

G*'  Bardir. 

FOUGERE9  famille  de  plantes  cryptogames,  compre- 
nantun  grand  nombre  de  genres  remarqu£d>les  par  leur  fo- 
liation ,  et  surtout  par  les  parties  de  la  fractification.  Cette 
fractification  tr6s-iudistincte,  bien  qu'apparente,  a  pour  or* 
ganes  de  petitos  coques ,  de  petites  capsules ,  ou  plutdi  des 
follicules  uniloculaires ,  recouvertes  par  une  membrane,  et 
s^ouvrant  presque  toujours  transversajementen  deux  valves, 
souvent  r^unies  par  un  anneau  dastique,  ou  cordon  1^  grains 
de  chapeletqudquefois  nus.  Ces  follicules,  tantdt  plac^es  sur 
la  partie  inf^rieure  du  feuillage ,  et  nfunies  sous  des  formes 
difTiirentes,  et  tant6t  distinctes  et  s<5pardes ,  renferment  les 
graines  dont  la  f^ndation  s^est  faite  k  rintdrieur,  et  ser- 
vent pour  etablir  les  caract^res  des  genres. 

Les  foug^res  sont  ou  herbac^es  ou  fratescentes.  Toutes 
celles  qui  croissent  en  Europe  sont  dans  la  premiere  classe : 
leurs  feuilles  prennent  imm^diatement  naissance  sur  la 
racine;  dies  commencent  par  6tre  rouldes  en  forme  de 
crosse,  du  sommet  k  la  base.  Elles  sont  parfois  ^cailleoses 
dans  leur  partie  inf(6rieore.  Les  foug^res  des  tropiques  res- 
semblent  assez,  par  leur  port,  leur  organisation,  k  des  pal- 
miers,  et  ce  qu*on  a  dit  du  mode  de  v^^tation  de  ces  ar- 
bres  pent  ^galeroent  s^applfqner  k  elles.  Leur  racine  s*6i6ve 
de  terre,  comme  une  tige  droite,  nue,  et  garaie  k  son  som- 
met de  quelques  feuilles,  dont  la  premiere  forme  est  celle 
de  la  volute  d*un  chapiteau  ionique.  Elles  sont  h^riss^es 
d^^cailles  membraneases,  rouss&tres,  et  solvent,  dans  leur 
d^veloppement,  une  direction  verticale. 

Les  feuilles  des  fougires  ferment  une  excellente  liti^re  : 
quelques  esp^ces  europdennes  servent  k  la  nourriture  des 
chevaux  et  des  boeufs,  etleur  radne  est  recherche  par  les 
pores.  Sous  les  tropiques,  ces  radnes,  si  Ton  en  croit  quel- 
ques voyageurs,  constituent  raliraent  ordinaire  de  Thomme, 
et  les  habitants  d*nne  contrte  septentrioitale ,  les  Norvd- 
giens,niangent  les  jeunes  pousses  de  ses  feuilles.  Ces  plantes, 
trte  pen  succulcntes,  sausftcretd,uiudlagineuses,  et  d'une 
saveur  doucefttre  ou  l^teement  am^re,  sont  ap^tives,  in- 
cisives,  pectorales  et  un  pea  astringentes.  Les  ancions  leur 
accordaient  an  tr^s-grand  nombre  de  vertus  m<SdicinaIes, 
fort  restrdntes  aujourd^bul.  L'esptee  la  plus  employee  en 
th^rapeiitique  est  connue  sons  le  nom  de  capi  /  /a  tr  e. 

La  famille  desfoogires  est  cdle  qui  pr^sente  le  plus  grand 
nombre  de  repr^entants  k  T^tat  fossile  dans  las^rie  en- 
tiire  des  formations  g^logiques.  On  en  connait  plus  de  200 
esp^ces,  r^parties  pour  la  plupart  dans  les  terrains  bouillers 
de  FEurope  et  de  qudques  parties  de  TAm^rique  septen- 

trionale. 

FOUGUE  9  mouvemeni  abrupte,  impdtueux ,  pr^ipitd, 
que  la  raison  ne  r^Ie  pas.  La  fougne  tient  k  la  jeonesse , 
aud^fantd'^ucation,  k  Pinexp^rience  de  la  vie.  Dans  le 
premier  cas,  die  n*est  pas  sans  rem^e,  et  se  passe  avec  les 
ann^;dansle  second,  C'est  uue  roaladie  incarable,  qui 
tourne  en  unebratalitd  de  tons  les  instants;  quant  au  d^- 
faat  d'expiSrlenoe  de  la  vie,  les  contraridite,  les  caprices  de 
la  fortune,  le  malhear  jenfln,  attaquent  k  sa  base  la  foague 
etlad^radnentdu  caractire.Ao  moyen  ilge,  oticbacuus'ft 

75 


5QI 

baiidonnait  k  son  impulsion  natarelle,  tout  dans  la  socidt^ 
^tait  fuugue  :  Ies.gen8  de  guerre,  muiooten  France^  s'y 
abaudonnaient  sans  reserve.  U  co  r^ultait  qoe  s^ls  avaient 
a  comliattre  des  adTefsaires  qui  s«  soomeltiieat  k  certaines 
regies  du  oommandement  militaire,  Us^taieat  vaincus.  To» 
tes  lee  gModes  bataiUes  qui  ont  r^JModu  |e  devil  sur  notre 
pays  ont  ^  perdues  par  la  roqgue  des  pees  ehevalitees* 
bans  le  monde^  la  fuugue  arriTe  Tile  k  dopner  tort  rndme  k 
ceux  qui  ont  le  plus  raison;  elle  kss  priye  de  oe  sang-froid » 
de  cette  politesse,  qui  sont  indispensable  dans  les  ealons.  II 
est  cependant  qofilques  drconstances ,  ceUes  qui  loncbent  k 
Tbonneur,  od  certaine  fougoe  de  ▼ertu  entraiae  tousoeux 
qui  Tous  entourent. 

£n  Jitt^Tature,  la  fouguenedoUappanltreque  par  eieep> 
tlon,  et  eucore  ikut-il  qa'elle  recoonaisse  .certaines  r^es: 
an  outrage  oUla  fouguo  doiDiAeiaitseuleserait  d*une  lecture 
.insupportable^  k  moins  qu'iJ  ne  fOt  trte-court.  , 

ISAUir-PaoMR. 
.   FOU-IIL  Voyez  Foni. 

FOUILLE  se  dit,  en  arcbitectnre,  de  toute  ouTertore 
^ratiqu^e  en  terre,  soil  pour  creuser  un  canal,  soit  pour 
fordler  une  pi6oe  d'eau,  soit  pour  bftlir  des  fondationa.  La 
fouilU  couverte  est  ceUe  qui  ae  fait  babitueUement  sor 
un  plan  boriiontal  dans  un  massif,  pour  le  passage  d'un 
aqueduc,  parexemple;  teiles  sont  encore  cedes  que  font 
ies  mineurs.  En  arcbtologie»  on  appelle /btiU/^  les  recher- 
cbes  /aites  k  dessein  dans  certaines  oouches  da  sol,  dans 
des  d^combres,  dans  le  lit  des  fleares,  pour  d^cooTrir  des 
monuments,  aux  endroits  oil  Ton  suppose  qu'il  peat  y  en 
avoir  d^enfouis.  Cest  presque  toajoors  en  labourant,  en 
ouvrant  la  terre  pour  faiie  dee  foss^,  pour  construire  des 
mursy  poor  faire  de  grands  tFaranx*  que  des  paysans,  des 
inanoeuTres,  ont  exbum^  oes  pH^sieux  restiges  deTantiqaitd, 
doot  la  science  a  enricbi  tons  les  muste  d^Curope.  Pe  ma- 
gnifiques  dteouTertes  sont  does,  il  est  rrai,  au  pur  eifet  du 
hasard;  mais  il  en  est  d'antres,  non  moios  importantes 
pour  les  arts  et  fiour  la  oonnaissanee  d^  temps  pass^ 
qui  ont  iU  le  r^ul^t  d'inTestigations  savamment  dirig^es 
par  des  artistes  et  des  antiquaires.  Les  fouUUs  kMmiques 
sont  malbeureoscment  trop  ooOteases;  il  est  rare  qu'eUes 
ne  soient  pas  promptement  abandonn^  si  les  premiers 
efforts  ne  sont  pas.  sur-le-cbamp  eouronn^  de  soccto.  II 
est  k  regretter  aussi  qoe  personne  ii*ait  tent^  de  codrdon- 
ner  en  on  traits  sp^Jal  Thistoire  des  operations  que  I'on  a 
extentta  Jusqalci,  en  diff(h«nts  pays,  poor  d^terrer  des  an- 
tiques. 

Les  foiiiU(M  de  Hercalanum  et  de  Pomp^jl  ont  bit 
fabre  k  rarchtelogie  on  pas  immense;  cependant,  conmie 
Tobsenre  Millin,  quoiqoe  ^tabttea  sur  an  grand  pied  et  eq^ 
tretflones  par  des  bourses  royales,  dies  n'ont  pas  satisfait 
ploinement  Favlde  corio8it6  da  monde  savant :  ces  deux 
mines  eu^sent  M  bien  plus  fiteondes  si  Ton  avalt  pris  toutes 
les  mesures  convenables.  Cest  en  Grtee,  en  Egypte,  en 
Jtalie,  qua  les  fonilles  se  font  avec  le  pins  de  suoete.  Dans 
ces  contrte,  si  cbires  aui  artlstas,  terres  dasstqaes  de  la 
haute  antiqnite,  la  superflcie  du  sol  est  encore  joncbte  d'ob- 
jels  prteifloi ;  il  n*est  pas  un  toarlste  qui  veaille  quitter 
Aomesans  rapporter  avee  lul  des  m^daiUes,  des  figurines, 
trouTte  en  *sa  presence  par  des  Iklsenrs  de  fouiiles.  Mais 
cette  manie,  particuli^  aux  Anglais  sartont,  a  donn^  ilea 
k  une  indostrie  bien  commune  de  nos  jours  :  des  faossaires 
enterrent  d^avance  aux  environs  d'ane  mine  ceid>re  les 
objets  qu'ils  veulent  vendre  cher;  k  une  lieore  donn^e,  ils 
condulsent  les  strangers  ao  lieu  qu'ils  ont  marqa^,  ils  fel- 
gnent  de  piocber  pdniblement,  et ,  aprte  quelques  moments 
d'angoisses  et  dMmpaticnce,  Tlieureui  voyageur  volt  sortir 
de  terre  un  monument  apocryphe  qu*il  emporte  avec  joie, 
et  qu*il  paye  au  poids  de  Tor.  Les  mosuhnans  ont  longlemps 
empechi  les  fouiiles,  tant  en  Gr^  qu'en  Cgypte;  et  ce 
n*est  pas  sans  peine  qu*on  est  parvenu  k  vaincre  leurs  acru- 
pules  k  cet  ^rd.  Les  principales  dteouvertes  arclidologi- 
4ves  failes  en  Orient,  cet'es  de  Ninive,  toutes  rentes, 


FOUGUE  -  FOOTNE 


entre  autres,':8oat  dues  g^n^raiement  k  dee  Frtncals;  man, 
il  est  &  remarqoer  qu'ils  ont  souvent  tir^  tes  marrons  dn*. 
feu  pour  nos  araia  les  Anglais.  J 

FouUUr,  en  tennes  de  scolptnre,  c'est  ^Tider ;  on  se  seif 
aossl  de  oe  teme  en  peintnre  :  one  draperie  biea  foailMs 
est  one  draperie  dent  les  pile  sont  grands  el  semblent  ^, 
creux  et  eodMs. 

FOUINE.  Sekm  les  natorslistes  m^thodidee,  lalbaine' 
eit  aneesptee  dn  gem«  matte,  ordredea  camasslers^ 
tribu  des  carnivores,  famille  des  <U0iigrad$s,  Ses  carae« 
ttoes  distlnctifel  au  milieu  des  antres  esptoea  de  ce  genre, 
sont  one  ooolear  fliuve  noirttre,  eiie  grande  taohe  blanche 
sons  la  gorge,  desdoigts  bien  diviste^  Elle  est  longoe  d'envi- 
ron  37  centilitres,  et  sa  queue  en  a  24.  L*apparence  eit^ 
rieore,  la  poee  de  la  fouine,  annonce  an  anfmal  Aireteur  et 
rapace;  son  eorps  aDong^  et  bas  sur  pettes,  sea  roouvcmcnii 
souples,  la  rapprodient  da  chat ,  mais  elle  eat  d\me  forme 
ptas effilte  que  lul;  son  museaa  est  plos  long,  aa  tHe  plu 
plate  et  plus  petite.  A  la  preponderance  de  son  tram  de 
derrito  sur  son  train  de  devant,  on  peat  jager  que  la 
fouine  saute  Idg^renient.  Au  developpement  de  aes  denti 
canines  et  de  ses  onglea  pointus ,  que  portent  des  duigb 
longs  et  flexibles,  on  peat  pr^sumer  qu'dle  vit  de  proies, 
qa'elle  attaque  des  animaux  viTantS;  elle  est  arm6e  en 
guerre.  La  longaeur  et  la  force  des  muadea  de  son  eoo  ho 
permettent  d*emporter  la  prole  dont  elle  s'eat  emparee,  et 
de  relever  assea  sa  tete,  en  merchant  charg^e  de  oe  tardeso, 
poor  ne  potet  atre  embarrassee  malgre  la  bri^veie  de  ses 
membrea  anterieurs  :  on  peut  done  meme,  avant  d'avoir 
observe  sea  babitudea,  penser  qu'elle^  ne  devore  pas  toajoon 
sa  prole  sor  le  Uea  mtaie  oii  elle  Ta  sdsle,  mais  qo'efle 
Pemporte  dans  quelque  retraite  pour  savoarer  k  loisir  et 
sans  faiqaietnde  le  sang  de  sa  victime.  Pour  completer  le 
portrait  de  la  fouine,  i^ootons  que  ses  ordllea  longneset 
arrondlesi  depoarvues  de  poils  en  dedans ,  aes  moustaches 
fortes  et  bien  mobiles,  la  rendeni  propre  k  vagoer  dans 
Tobseurite,  et  que  sa  qoeue  longue,  assei  groase,  eigarnis 
d*un  poll  bien  foorni,  doit  perfedfonner  les  moyens  qu'eHs 
a  pour  sauter.  Souple ,  adn^  et  leg^re,  la  fouide  boadit 
plutM qo^dle oe marohe; eltechasse la  miit ;  eUese aourrit 
de  petits  oiseaux  qa*elle  surprend  endormia,  on,  Jeones  en- 
core, dans  leurs  aids;  les  petits  quadropMea,  tds  que  les 
mulcts  et  les  taspes,  sont  fteqnemmeotses  victimes.  Aobe- 
soin,dlesecontente  de  grenouilles  ou  d'oeals  d*olsesoi; 
oiais  d  eDe  pen^fare  Duitamme&t  dans  ua  poalalfler,  eBe 
massacre  tout  ce  qui  tombe  aoua  sa  griffe,  et  ain  dia>ris 
qu*dleaband<»ne,  on  voitqu^dleest  partieolieremeiit  IHsnde 
de  la  cervelle  dea  animaux.  La  fouine  frequente  Vdontiers 
les  habitations  rurales;  die  deviant  prnque  an  commensal 
da  chat,  doht  die  est  oepebdant  ennemie^edareei  car  elle 
esisa  rivale  dans  les  grasiers,  qoliabftent  lea  sooris  d  les 
rats.  C'est  freqaeaunent  dans  ces  greniers  qu'dla  d^we 
sa  portee,  de  trola  k  sept  petits,  sor  on  lit  de  fofn. 

L'organisatioo  interieare  de  la  fouine  preseate,  comne 
elioses  notables,  I'abseaeade'ccBcum  d  la  presenoe  de  giSD> 
des  anates,  dont  te  produit  lul  donne,  d  snrtoot  k  ses  excre- 
ments, une  odeur  legftremeot  mosquee.  Nommee  par  Linpe 
musteiaftmina,  par  Gessner  martes  domes^ea,  d  quel* 
qoefois  designee  sous  les  noma  de  foi/na,  gainus,  schiS' 
muM,  la  fouine  habite  I'Earope;  dd  i'Afriqued  TAsie  DCNii 
envoient  quelques  peaux  d'espeoes  voisines  de  notre  footoe, 
on  volt  qu'elles  en  different  asset  pour  etre  eonsidereet 
coinine  des  esp^ces  diitinclesy  plutdt  que  conune  de  sim- 
ples varietes.  Baodrt  db  Bauac. 

Les  fourreurs  donnent  egalement  le  nom  dtfinUne  k  U 
foumirc  noire  d  lulsante  de  cd  animd,  qn'lls  font  veairi 
grands  frais  des  autres  parties  du  monde. 

On  appelle  aussi  fouine  un  instrument  de  fer,  k  deoi 
ou  troiii  fourdions  fort  aigus,  qu*on  emmandie  au  boot 
d»un<'  luTclie,  et  q»il  sort  k  eiever  sur  le  tas  les  gcrbes  qd 
sont  tianft  une  grange;  on  tVmplole  egdement,  oumiae  ua 
trident,  k  peroer  d  k  prendre  de  groo  polssons. 


FOCISSEUaS  —  FOULARD 


696 


FOUISSEUBScde /odere,  fouir,,  mammiftees  et  in- 
sectes  qui,  par  iustinct»  ainient  a  se  creuMr  dea  retiraitea 
dans  le  sein  de  la  terra.  Lea  premiers  appartienneot  k  pla* 
sieors  ordrea;  ceaoat,  parmi  les  insadivores,  lea  t,aape$; 
parmi  les  rongeurs,  lea  spalax,  lea  batbyergaea,  etc.;  par- 
mi  les  pangolins,  l^tatoua  et  les  oryct^ropes;  parmi  lea 
monotr^mes,  les^cbidn^a.  Mais  LatreiUe  donne  ap^a- 
liemeut  le  nom  de  /ouisseurs  aax  insectea  de  la  seoonde 
famUle  des  hym&iopt^res  porte-aiguillon,  correspondant  au 
genre  sphex  de  Unn^  *j 

FOU-KIAN  OQ  FO-KIEN,  pk  Jvince  sitn^  dana  la  par- 
tie  orientale  de  la  Chine,  bom^e  au  nord  par  la  proThice  de 
Tche-Kiang;  k  Toueat  par  ceUe  de  Kiang  Si,  et  an  sud  par 
celle  de  Kouang-Xoun,  ae  ^Tiae  en  dix  d^parlements,  qui 
aont :  Fou-Tcheou,  Hing-Hoa,  Tsfouan-Tcbeou,  Tcbang- 
Tcbeou,  Yan-Phing,  Kian-Ning,  Cbao-Wou,  Ting-Tcbeou, 
Fou-Ning  et  Tba'i-Ouan  ( F  o  i  mo  se},  Oes  d^palrtementa  se 
subdivisent  en  cinquante>buit  districts,  dont  dii  seulemenl 
pour  Fou-Tcbeou.  Son  ^tendoe  en  milles  carnto  est  de  &7  ^82; 
aa  population  est  de  3,312,000  habitants. 
'  Le  chef-lieu  du  Fon-Kian  est  Fou-Tcheou;  lea  Yilles  j^rm- 
cipales  sont  Yan-Phing,  Bing-Boa  et  le  port  4'£-Moi 
(en  cliinois  Bia-Meu).  Fou-tcbeou  est  une  tQU  grange, 
bien  peupl^  et  la  r^idence  ordinaire  d'une  fouTe  delet- 
trto,  Le  clUnat  de  cette  proTince  est  chaud,  mala  temp^r^ 
par  les  brises  des  montagnes  et  de  la  mer.  Une  de  ses 
liiontagne^  le  Sin4-FoungChan,  reste  couverte  de  neige 
line  grande  partie  de  Tann^.  C'eat  dans  cette  proTince 
quVn  recueflle  le  tb6  noir;  le  th^  tert  Tient  du  Kian-Kian.  • 
Les  Cspagnoh  de  BAmille  (capitale  des  lies  PhlHppinea) 
trafiquent  seals  arecles  Chinois  du  port  d'£-MoI,  od  lis  vont 
chercber  des  nankins  et  des  toiles.  Us  y  portent  dn  tripang 
ou  bolotburie  de  met  et  des  nida  d^oiseanx  ( hirundo  escu- 
lenta,  esp^  d'alcyon).  L'idiome  da  Fon-Kian,  ahisi  que  celui 
de  Canton,  est  un  dialecte  de  lalangue  chinoise^  La  langoe  r^gn- 
li^re etpolie separle ^Nanking ;  car  la  pfonondaUon mtoiede 
Peking,  capitale  de  cet  Immense  empire,  's*esi  d^^  alt^r^e 
par  le  a^jour  de  la  conr  au  milieu  dea  Maudchou^,  confon- 
dus  mai  k  propos  avec  les  Tatara.  On  trouve  dans  cette  pro- 
vince des  Juifs,  des  musulmans  et  quelques  Chretiens.  Selon 
Marco-Polo,  sea  habitants  ^talent  encore  antropophages  au 
treizi^me  si^cle.  G.-  L.-D»  na  Rienzi. 

FOULAGE.  Fouler^  c'ast  coinprimer  aTcc  un  pilon , 
on  maillet,  des  mati^es  mollea  et  compresaibles  :  on/oti2a 
la  terre  pour  lui  doiMner  de  la  fermet^  et  la  rendre  plua 
propre  k  supporter  une  muraiUe,  etc.  Le/oulage  est  inac- 
tion de  fouler.  Au  figure, /ou^ar  signifie  yexer,  opprimer  : 
fouler  une  province,  Paccabler  d|imp6ts;/o«/^aax  pieds, 
roaltrairer  avec  le  plus  profdnd  Wpris* 

En  termes  d^agriculture,  on  dii  foul&  le  bl^,  pour  hi- 
diquer  Top^tion  par  laquelle  on  extrait  le  grain  dea  ^pis 
en  faisant  courir  dessus  dea  chetaux^  des  boeufa ,  etc.  FoU' 
ler  un  chapeau,  c'est  le  feutrer.  tefoulonnier  est  rouyrier 
qui  donne  une  sorte  de  feutrage  aux  ^(Tes  de  laine ,  en 
les  pressant  et  les  retournant  en  tons  sens,  soit  avec  lea 
pieds,  les  malna,  ou  k  Taide  d*une  machhie  appel^  mou- 
lin  iifoulon. 

J^es  tissus  de  pen  d'^tendue»  tels  que  gahts,  has,  bon- 
DCta,  9ef<mlent  k  la  maui.  Lea  grandes  pitees  sont  fon- 
1^  par  des  moullna  qui  sont  de  deux  sortea,  ceux  k  pi- 
Icns  ressemblant  aux  machues  dont  on  fait  oaage 
pour  rdd.uire  en  pousai^  lea  mati^rea  qui  entrent  dans  U 
cbmposi^on  de  la  poudre,  et  lea  foulona  k  maillet.  Lea 
pilona  e)  les  maiUets  aont  ^ev^  k  une  hauteur  oonvenable 
par  ies  cames  d^un  arbre  cylmdrique  horizontal,  qu^une 
force  qiielconque,  une  cbute  d*eau...  entretient  en  mouve- 
ment.  Lea  ^toffes  qiii  doivent  ^prouYer  Taction  des  pilona 
ou  des  maillets  sont  placte  dans  des  auges  de  hois,  od  lea 
fontentrer  lea  t^lea  des  pilous  et  lea  maillets.  II  importe 
q-.y.  la  course  de  ces  t^teii.sbit  limits  de  aortequ'ellea  Q*at- 
t  i^nenl  pa«  le  fond  des  auges;  aans  cette  precaution,  elles 
Pio/iaicnt  eudommager  lea  ^toffea,  Pour  acc^rer  Top^ 


ration  du  foulage,  ob  met,  ayec  les  ^toffes ,  soiTant  leura 
quaiitte,  de  Turhie,  du  aaTon,  de  Targile,  dite  terre  H 
foulon,  etc.  Lea  plaices  d'^ffe  doivent  dtre  retouis^ea  en 
tons  sens.  La  chaleur  et  Tbumidit^  aont  en  outre  iitoea* 
aaires  pour  faciliter  le  feutrage. 

Pour  le  foulage  des  drops,  vogett  Drap. 

TETss^nan^ 

FOUI1AHS9  nom  d^une  norobreose  l^ibo  de  la  race 
n^e,  r^pandue  dans  tout  iehaut  Soudan.  On  la  croitori- 
ginaire  de  la  contr^  uiontagneuaa  situte  vera  I'extr^it^ 
orientale  de  la  S^^ambie  eit  aa  nord  du  cours  supMeur 
du  S^n^gal,  connoe  sous  le  nom  de  Fouladou,  et  qu'elle 
habile  encore  avOourd'hui  l^.r^tat  de  peuple  aanvage  et 
chasseqr.  Lea  Foulalia  qui. sont  fix^  aor  le  plateau  de  Tim- 
bou  et  le  long  des  rives  du  Mjger  jusqu^k  la  c^te  de  Sierra- 
Leone  ae  distinguent,  aa  eontraire,  par  liear  ^t  de  civilisa- 
tion d^jk  assez  ava9c<6e.  Ih  se  bktiMent  dea  villea,  cultivent 
la  terre,  d^vent  lea,  beatiiiux,  exercent  des  metiers,  et  aont 
trte-propres  au*coounerce.  Tons  les  voyageura  qui  out  vi- 
sits leur  pays  a'accordent  k  vanter  la  sociability  de  ces 
peuplea.  lia  nous  lea  repr^sentent  oumme  une  nation  de 
mceura  doueea  et  paisiblea,..vivant  en  gindral'  do  prodnit  de 
la  culture  dea  terrea  et  de  Tti^ve  dea  beatianx.  Gependant 
ils  sont  apssi  dana.  I'usage  de.  descendce  par  bandes  nom- 
breusea  dans  les  pays  plats ;  mais  ils  s^empresaent  de  retour- 
ner  dana  leurs  montagnes  d^  qulls  tud  pu  gagner  quelque 
cbose,  grkee  aux  indoatriea  multiplides  qolU  exercent  Us 
s'entendent  ^lai^tement  k  travailler  le  ftr  et  Pargent,  con- 
fectlonnent  avec  beancoup  de  dflicatasae  une  foideid'objelB 
,  en  cuir  et  en  bola,  et  Ikbriqoent  d^excellentea  ^toCfea.  Lema 
habitationa.aont  parfiaitement  construites;  ils  professent  U 
religion  ooaheni^taQe,  et,  dana  preaque  toutes  leurs  vUlesy 
;  on  volt  de^  moaquto.et  dea  dooles*  Ua  ne  font  d'caclavea 
qu*en.  guarre.  En  1831,  leur  roi  eondut  avec  le  gouyemeur 
de  Sierra-Laone  one  conyentioa ponr  U  anppression  de  la' 
traite  4e^  nigras.  De.tqi^  lea  tangnea  parMes  par  lea  n^ 
grea,  celle  des  .Foulaha  eat  .la.plaa  barmoniease,  aurtoot  le 
dialecte  de  SousaUf  dans,  lequel  la  aoci^  dea  nfestona  pn>^ 
testantes,  en  Afrique  et  en  Orient,  a  fUt  bnprim^  une  a^ 
rie  d^uuvrages  relatifs  aux  doctrines  du  chriattaniame. 

Notre  compatriote  MoUien  noua  apprend  dana  son  Voyage 
quMls  prennent  aotant  de  femroes  qolla  en  peuvent  nbnrrir ; 
que  cellea-ci  aont  joliea  et  coquettes,  et  qu'ellea  aavent  pro- 
filer de  leura  cbarmes  pour  exeroer  une  sorte  d*autorit^  sur 
leurs  maria.  Un  viaage  un  peo  alhuig^  dea  traita  plains  de 
finesse,  des  cheveox  longa^  qn'ellea  treasent  antoor  de  leor 
Idle,  on  petit  pied  et  un  embonpoint  mains  volomhieax  que 
celui  des  autrea  n^greasea,  sont  Jes  traita  caract^ristiqaes 
de  ces  femmea,  auxquellea  on  pent  cependant  reprocber  des 
jambea  on  peo  arqata.  Du  leata,  leur  verto  restate  rare- 
ment  k  on  grain  de  coralL 

Les  FEIXATAU89  tligrea  qui  baUtent,  non  pea  le  liaut 
Soudan,  mais  Iqa  terrea  aitote  en  de^  dn  Niger  et  for- 
mant  rextr^mit^  nord-ooeat  du  plateau  de  PAfriqoe,  consti- 
tuent une  tribu  diatinde  dea  Foulaba.  Cte  Felktaba  sont 
une  nation  belliqoeuse  et  conqo^ante,  habito^  k  commet- 
tre  de  grandea  d^astations  dana  la  valine  do  Nlger.^  Leur 
territoire  eat  aitn^  dana  le  paya  d'Uaoosaa,  k  Toueat  du 
coura  inf^rienr  du  Niger.  Le  di^ck  Othman,  «ppd^  aussi 
queqnefois  Danfodir,  Pagrandit  consid^rablenMiit  par  aea 
conqoftea.  Son  fila,  le  sultan  Bdlo,  qui  lui  sueoMa  en  ]S1€, 
fixa  aa  r^idence  k  Saccatou,  sur  la  rivikra  Ziimi)  I'on  dea 
aOluenta  du  Niger;  c'eat  Ik  que  Clapperton  le  renoontra  * 
en  183S.  Cano,  ville  oh  se  fait  le  comroeroe  du  p^i  eat 
un  luardi^  important  pour  tea  graina,  le  ria  et  le  b^tall. 

FOULARD.  On  nomma  ainsi  dea  moochoirs  en  aoie, 
dont  Tusage  est  commun  parqii  les  peraonnea  alste.  Le 
moelleux  de  T^tofTe,  aon  Mat,  sa  propret^,  aa  dorte,  oot 
do  lui  faire  bien  vite  ranplacer  tea  n^ouchoira  de  ooton  et 
de  toile,  blancs  ou  de  couleur,  dont  se  servaient  noa  granda- 
peres,  et  qo'on  roiruuve  encore  chez  les  villageois  et  dans 
les  dasaes  moina  aisles.  Le9  iONularda  seireBt  encore  de 

7k. 


&90 


FOULARD  —  FOULON 


cravatias  pendant  le  jour,  et  ils  oat  d«trdn^  les  bonnets  de 
Goton  pendant  la  nuit. 

Le  commerce  des  foulards  est  one  brancbe  considc^rable 
d^ndustrie  manufiu^turito;  les  plos  estim^  noas  viennent 
des  Indes  ;  en  France,  not  fabriques  de  soieries  de  Lyon 
et  dn  midi  en  produisent  une  assez  grande  quantity,  mais 
lis  n*ont  pn  rivalifer  encore  ayec  lea  premiers. 

Si  le  nombre  des  onTriers  que  la  fabrication  des  foulards 
fait  Yirre  est  considerable,  si  celui  des  n^odants  qui  s*oc- 
cupent  de  leur  Tente  Test  aassi,  il  existe  encore  une  classe 
d'mdustriels  dans  la  8oci^6  qui  b^issent  TinTention  des 
foulards,  et  qvii  en  tirent  des  moyens  d^existence  pen  licites  : 
ce  sont  ces  modestes  filoos  qui  nepoussent  point  leur 
ambition  jusqu^li  la  montre  on  U  bourse.  N^osant  attaquer 
de  front  les  poches  de  decant,  ils  glissent  et  insinuent  dans 
celies  de  derri^re  une  main  subtile  que  le  promeneur  ne 
sent  pas;  quelques  minutes  apr^celui-ci  Teut  semoucber; 
II  est  trop  tard :  un  filou  en  passant  a  faXi  son  foulard. 

On  fabrique  aussi  maintenant/a^wn/ot^Azrcf  des  dtoffes 
pour  robes  et  Ton  fait  mdme  du  foulard  de  laine ,  sans 
parler  des  foulards  de  coton. 

FOULD  (AcHiLLE),  riche  financier  isradite,  ancien 
membre  de  ia  chambre  des  d^put^  sous  Louis- Philippe, 
dn  en  septembre  1848  repr^sentant  du  peuple  k  TAssemblee 
nationale  par  les  flecteurs  de  Paris,  qui  en  juillet  de  I'ann^ 
suiYante  I'enTOydrent  encore  si^er^  I'Assembl^  Illative, 
acyourd'hul  minlstre  d*£tat  et  ministre  de  la  maison  de  Tem- 
pereur,  est  n6  en  1799,  h  Paris,  od  son  p^re,  avant  de  fon- 
der la  maison  de  banque  connne  sous  la  raison  de  Fould' 
Oppenheim  et  C<«,  avait  longtemps  fait  le  commerce  des 
rouenneries  et  des  toiles  peintes.  M.  Achille  Fould,  qu^U  ne 
faut  pas  confondre  avec  son  fir^re,  M.  Benolt  Fould,  chef 
actuel  de  la  maison  Fould-Oppenheim  et  Cie,  ftjt  nonmi^, 
en  1839,  membre  du  conseil  sup^rieurdu  commerce  et  des 
manufactures,  et  r^sit,  en  1842,  h  se  faire  ^lire  dans  le 
d^partement  des  Basses-Alpes  membre  de  la  chamhre  des 
d^put^,  ou  il  Tota  en  tonte  occasion  a^ec  la  majority  mi- 
nist^rielle  et  od  il  eut  roalntes  fois  occasion,  h  propos  de 
questions  financi^res  et  d^tonomie  politique,  de  faire  preuTe 
de  connaissances  tuutes  pratiques  et  fort  ^tendues.  A  TAs- 
semblte  nationale,  comme  k  TAssemblte  l^siatire,  il  fit 
partiede  la  miyorit^  coitierva/Hce  et  du  club  pariementaire 
d&ign^  sous  le  nom  de  r^nion  de  la  rue  de  Poitiers, 
Lors  de  la  constitution  du  cabinet  du  31  octobre  1849,  il 
accepta  le  portefeuille  des  finances,  qu*il  conserTa  dans  la 
modification  de  minist^re  surrenue  en  janvief  1851 ,  de 
m6me  que  dans  le  miniature  d^finitif  du  11  ayril  snivant, 
jusqu^au  14  octobre,  ^poqueod  tous  les  membres  du  cabinet 
donn6rent  leur  demission.  Quelqnes  jours  apr^  le  coup 
d*^t  dnSd^cembre  1851,  il  reprit  le  portefeuille  des 
finances  et  le  d^posa  de  DOUTeau  k  la  suite  des  dterets  du 
23  jauTier  1852  relatifs  aux  bicns  de  la  maison  d^Orl^ns. 
Quoique  cette  demission,  donnde  a^ec  telat,  inpliquM  dans 
de  semblables  circon&tances ,  une  dtepprobation  formelle 
dela  mesnre  qui  Tavait  proToqu^,  et  dutdte  lorsle  fatre 
ranger  parmi  les  partisans  secrets  de  rex-f»mllle  ri^nante, 
il  n*en  fut  pas  moins  compris  k  quelque  temps  de  \k  dans 
la  premiere  liste  de  formation  du  s^nat.  Il  a  succ^d^,  en  1853, 
k  M.  Casablanca  dans  les  hautes  fonclions  qu'il  occupe  au- 
)ourd*bui  anprte  de  Tempereiir. 

FOULE.  Ce  mot  ddsigne,  en  g<^ndral,  une  agglomera- 
tion, plus  oo  moins  grande,  de  choses  ou  de  personnes.  De 
tous  les  inconTtoients  inli^rents  aux  grandes  cit(^,  la  foule 
n*est  pas  le  moindre;  la  foule  y  foumit  des  moyens  d*exis- 
tence  k  une  multitude  de  tireurs^^^  filous,  qui  out  com- 
pris tout  ce  que  son  exploitation  pouvait  procurer  d^avan- 
1aj];es  k  une  main  exeroee.  Heureux  les  habitants  des  pctites 
▼illes  de  proTince!  \Jk  du  moms  les  labali^rcs,  !<»  raontres, 
les  foulards,  etc.,  lont  plus  en  sOretd  que  dans  ies  reu- 
nions compactes  de  nos  capitales.  A  Par»,  ia  foule  est  Ta- 
gregation,  dans  un  but  indeienmnd,  de  tous  les  badands, 
de  toos  les  oisifs,  de  tons  oeux  qui  cherclitnt  des  distrac- 


tions. On  la  rencontre  autonr  de  deux  i?rognes  qui  ae  bt^ 
tent  et  au  pied  de  Tarbre  od  se  perche  un  serin  echapp6, 
dans  I'antichambre  des  hauls  fonctionnaires  et  dersnt  les 
cages  du  Jardin  des  Plantes,  Tis-^-vis  le  treteau  d^m  lal- 
timbanque  et  ^  la  suite  d'un  ambassadenr  turc  ou  perBin. 
Y  a-t-il  emeute ,  la  foule  y  accourt  comme  au  spedsde, 
pour  se  retirer  en  desordre,  culbutee,  press^e,  cross^e,  ■ 
toutefois  le  mal  n^est  pas  encore  plus  grand.  Au  miliea  dci 
plaisirs  mfime,  la  foule  cause  parfois  de  graves  acddeots, 
comme  on  Pa  tu  aux  Dfttes  du  mariage  du  dauphin,  depois 
Louis  XVI,  &VCC  Marie- Antoinette,' sur  la  place  de  la  Cod* 
corde,  et  ^  la  f6te  du  mariage  du  due  d*Oiieans,  au  Champ 
de  Mars.  Mais  les  beaux  jours  de  la  foule  sont  ceux  du  car- 
naTal,  des  rejoulssances  pubiiques,  de?  revues ,  etc.  Eile  se  de- 
ploiealors  dans  des  espaces  im  menses.  Quoi  quMI  en  soit,cet 
etrecoUectif,  aux  six  cent  mille  tetes,  qu*on  appelle  la  foate, 
n^a  qu^une  pensee,  le  plaislr;  qu*un  caract^re,  Tabsence  de 
toute  reflexion.  Ceux  qui  vont,  de  gaiete  de  c(pur,  se  faire 
frotsser,  decldrer,  depouiiler,  etouffer,  dans  ces  gigante^oes 
caravanes  qui  couvrent  le  pare  de  la  capitate,  rentrent  chei 
eux  le  soir  fort  satisfaits  de  leur  Joumee. 

FOULE-€RAPAUD*  Voyez  Ewcodlevkht. 

FOULON  (Moulin  k).  Voyez  Foolacb. 

FOULON  (  Josepb-Fran^is  ),  Tune  des  premieres  i1& 
times  de  la  revolution  de  1789,  etait  ne  k  Saumur,  en  171S, 
d'une  famille  noble  de  I'Aujou.  Il  entradans  la  carriere  admi- 
nistrative, sous  le  ministere  du  ducde  Cboiseul.  Tour  k  tour 
commissaire  des  guerres,  Intendant  de  Tarmee,  conseiller 
d'£tat,  il  en  reropUssait  les  functions,  lorsque  le  12  juillet 
1789,  apres  la  refraite  de  Necker,  il  fnt  nomme  contrftienr 
general  des  finances.  Le  cboix  de  cet  administrateur,  qni 
depuis  longtemps  etait  fort  impopalaire,  excita  une  viie 
irritation. 

Huit  jours  apres  la  prise  de  la  Bastille,  le  22  juillet,  ven 
cinq  heures  du  matin,  un  homme  p&Ie,  tremblant,  un  rietl* 
lard  les  mains  liees  derri^re  le  dos,  une  conronne  d*orties 
sur  la  tete,  une  poignee  d^orties  en  forme  de  bouquet,  a 
la  boutonniere  de  Thabit,  derriere  le  dos  une  botte  de  foin, 
du  foin  encore  dans  la  bouche,  etait  tratne  par  des  paysaos 
ivres  et  furieux  sur  la  place  de  Gr^ve.  Ce  malheureux  ^(ait 
Foulon.  La  conr  vantait  son  s^e,  ses  connaissances  eteodues 
en  finances;  mais  on  lui  avail  entendo  dire  hautemeutqae 
la  banqueroute  etait  le  veritable,  le  seul  moyen  de  retablir 
les  finances.  Puis ,  taut  de  haines  s'etaient  amoucel6cs  sar 
cet  homme  dur,  inflexible  et  brutal !  II  resonnait  encore  oe 
mot  horrible  qu*il  avail  jete  devant  ses  domestiques  m\ 
miseres  du  peuple  affame  :  «  Eh  bten !  si  cette  canaille  n^a 
pas  de  pain,  qu*elle  mange  du  foin.  « 

Foulon  non  encore  instalie  k  l*hOtel  du  contrAle  general, 
s'etait  enfuit  de  Paris  dans  la  nuit  du  14  juillet  et  6Uit  %M 
secacher  au  chAteau  de  Viry,  od  Sartines  lui  avail  oflert  on 
asile.  II  avail  raison  en  eifet  de  trembler :  des  les  premiers 
jours  de  juillet ,  le  Palais-Royal  Tavait  juge  et  condamn^, 
dans  ses  sanguinaires  parodies,  avec  le  comte  d^Ariois,  les 
princes  de  Conde  et  de  ContI,  et  M"*  de  Polignac  el  son 
propre  gendre  Berthier  de  Sauvtgny.  Plus  tard,  il  avait 
re^ u  lui-meme,  par  une  atroce  ironie,  la  copie  d*une  de 
ces  promesses  de  mort  ecloses  de lorgie.  Sa  tete  se  perdit. 
II  fit  repandre  le  bruit  de  sa  mort;  il  fit  prendre  le  deuil  k 
ses  domestiques ;  un  de  ses.vatets  venait  de  mourir,  il  lui 
fut  fait  sons  son  nom  de  magnifiques  funerailles.  Mais  bien* 
tdt  son  secret  (iit  trahi ;  des  vassaux  fUrieux,  des  paysans 
echaufles  par  les  cris  de  haine  et  les  oris  de  liberte  vinrent 
Tarracher  de  son  asile,  et  le  condulsirent  k  Paris.  Attache 
k  son  dos,  un  ecriteau  rappelait  le  propos  qui  aliait  deveair 
son  arret.  Les  bourreaux  de  Flessdles  et  de  De  Laonay 
le  tralnerent  en  prodiguant  k  oe  vieillard ,  mal  proiegd  par 
les  gardes  nalionales,  les  outrages  et  les  cruautes  jusqu'^ 
ThOtel  de  ville.  Vers  neuf  lieures,  le  comiie  assemble  d^ 
eida  qu*i|  serait  enferme  d  TAbbaye.  Lafayette,  charge  da 
Texeculion  de  cet  onlre ,  n*arrivait  pa^.  Le  peuple  s'impa* 
tientalt;  des  cris  de  mort  se  fluent  entendre;  la  fuule  se  roa 


FODLON  — 

dans  la  graiule  salks.  Alora  commeD^  ce  abistre  dialogue  : 
M.  de  ia  Poize,  61ecteur  :  « Messieurs,  tout  coupable  doit 
6tre  JQg^.  —  Qui,  jug^  (out  de  suite  et  pendo.  —  Measieiirs, 
dit  M.  Osseliii,  pour  juger,  il  font  des  juges.  —  Jugei  toos* 
indues,  jugei  toutde  suite. »  Et  la  foole  choisit  ses  juges.  £t, 
procureor  de  sa  propre  justice,  le  souTerain  en  baillous 
burla  SOD  acte  d^accusation.  Les  ^lectenn  ti^itaient  tou- 
jours ;  UD  e£froyable  tiunulte  r^gnait  dana  la  salle.  Eofin, 
Lafiiyette  arrive.  H  se  place  an  bureau  partni  les  ^lecterns, 
n  aupplie  le  penple  de  s'^pargner  une  bonte  qni  fl^triitdt 
et  Paris  et  son  g^n^ral;  plus  Foulon  est  coupable,  plus  les 
foitnes  doivent  s^observer  k  son  ^ard  :  «  Ainsi,  dit-il  en 
finissant,  je  vati  le  faire  conduire  k  I'Abbaye.  —  Oui,  oui, 
en  prison!  —  A  basi  1^  basi  »  r^nd  le  peuple  dans  la  salle. 
On  applandit  ihSbilA  de  terrenret  d'esp^ance,  Foulon  lui- 
mfyme  bat  des  mains.  AussitM  des  huto,  d^implacables  cla- 
menrs  portent  de  la  place  de  Grtve  :  •  II  y  a  conniTence 
id;  qn'on  nous  le  livre,  qu*on  nous  le  livre,  et  que  nous 
en  fossions  justice !  »  Foulon  est  saisi ,  tratnd  par  mille 
bras  sous  la  fotale  lanteme  de  la  me  de  la  Yannerie,  pendu 
4  la  corde  rougie  du  sang  de  De  Launay.  Deux  fois  die 
casse.  Pas  de  grftcet  il  expire.  Sa  t^  est  coup^;  les  Tris- 
tans de  la  pupulaoe  mettent  un  bAillon  et  une  poign^  de 
foin  dans  cette  boncbe  inanimte,  et  portent  le  hideux  tre- 
phine au  Palais-Royalt  Auguste  Paillaru. 

FOULONNIER.  Vopez  Foulagb.. 

FOULQUE.  Sous  ce  nom,  et  sous  celui,  plus  populaire, 
de  morelles,  on  d^gne  un  genre  particnlier  d'^bassiers, 
aux  longs  doigts  ou  macrodactyleSf  que  caract6risent  entre 
lenrs  cong6n^res  la  plaque  comde  qui  recourre  ieur  front 
chauve  et  la  membrane  festonnte  qni  gamit  leurs  doigts. 
Ce  sont  des  oiseaux  aquatiques,  au  plumage  histr^  et  im- 
permtoble  k  Teau,  offrant  plusieurs  analogies  avecles  ponies 
d*eau,  excellents  nageurs  et  passant  lenr  vie  sur  les  marais 
et  les  Jiangs.  Nous  n'en  possMons  en  Europe  qu*une  esp^ce : 
lafoulque  macroure  (fulica  atra ,  Lin.),  longne  de  40  k  50 
centimMres,  de  couleur  ardoise,  foncte  en  dessns,  plus  claire 
^en  dessons,  avec  du  blanc  aux  ailes,  la  t^te  noire  et  la  pla- 
que du  front  blancbe.  Elle  vit  pendant  i'hirer  en  troupes 
nombreuses,  se  disperse  en  petites  bandes  pendant  IMt^; 
raroment  elle  pose  k  terre.  Lorsqu*un  chasseur  la  poursuit , 
la  foulque  se  borne  ordinairement  k  se  diriger  vers  un  au- 
tre point  de  I'^tang  qu*elle  babite;  aossi  estil  facfle  de  la 
prendre.  La  femelle  niche  au  milieu  des  roseaux,  et  pond 
de  8  4  14  oeufs  d*un  blanc  Tari6  de  brun ,  arec  des  points 
rouge&tres.  On  rencontre  cette  esptoe  anx  enrirons  de  Paris. 

D'  SAOCEROTre. 

FOULQUES  ou  FOLQUET  DE  MARSEILLE,  trouba- 
dour de  la  fin  du  douzi^me  siicle,  moins  c^l^re  par  ses 
ponies,  qui  nesont  pourtant  pas  sans  m^rite,et  dont  il  nous 
reste  environ  Tingt<inq  pitees ,  que  par  les  violences  de  son 
lanatisme  religieux ,  alors  qu*^lev6  au  si^e  Episcopal  de 
Toulouse,  il  se  fit  remarquer  par  son  acbamement  centre 
Raymond  VI,  son  bienfaiteur,  auquel  on  le  vit  imputer 
bassement  des  torts  imaginaires  pour  colorer  sa  rebellion  et 
aeconder  plus  efBcacement  les  atrocity  de  l*odieux  Simon 
deMontfort,  dont  il  se  ddclara  le  plus  effrto^  partisan  dans 
sa  guerre  d*extermination  centre  les  Albigeois .  La  vie  de 
Folquet  de  Maiseille  se  dmse  done  en  deux  parties  bien 
distinctes.  Dans  la  premie,  poete  oourtois  et  passionn^ , 
il  consacre  ses  vers  et  ses  bommages  aux  femmes  les  pins 
illostres  et  les  plus  belles  de  son  temps.  Dans  la  seoonde , 
il  s'abandonne  sans  retenue  k  la  cause  du  meurtre,  de  la  spo- 
liation et  d^une  impitoyable  intoltenoe.  Tel  ^tait  toutefois 
FaTeuglement  des  esprits  k  cette  ^poque,  qu*an  milieu  des 
campagnes  et  des  villes  du  Languedoc,  derenues  des  soh'tudes 
^pouvantables ,  oe  fougueux  apfttre  de  rinquisition  naissante 
lilt  presqoe  v^n^r^  comma  un  saint.  Dante  le  place  dans  son 
ParadU,  et  P^rarque  pretend  qu'en  se  donnant  le  nom 
de  Folquet  de  Marseille  ^  il  a  illustr^  cette  rille  et  priv^  celle 
de  Giines  d\m  honneur  qu'elle  m^ritait. 

Sa  fiunUJe  ^tait  en  efbt  originairedeGtees.  FQsd'nn  n^o- 


FOUQUET  597 

ciant  qui  ^talt  venu  s*6tablir  k  Marseille,  et  qui  hil  laissa 
en  mourant  une  riche  succession,  Folquet,  n^  vers  liss 
ou  i  teo,  pr^^,  jeune  encore,  la  vie  du  po£te  aux  travaux 
du  eommer^ant,  et  se  fit  troubadour.  Ce  rdle  lui  donna  un 
Itbre  accte  auprte  des  plus  grands  seigneurs  de  son  sitele  : 
on  le  Tit  tour  k  tour  briller  par  les  gckces  de  sa  personna 
et  par  T^dat  de  ses  ponies  dans  les  cours  de  provence ,  de 
Montpellier,  de  Toulouse,  et  phis  tard  dans  cellos  du  roi 
Richard  CoBur-de-Uon,  d*Alfonse  II ,  roi  d*Aragon ,  et  d* Al- 
fonso IX,  roi  de  Castille.  La  femme  du  ricomte  de  Marseille, 
Azalais  de  Roquemartine,  derint  Pobjet  de  ses  chants  et  de 
ses  bommages  passionnds,  auxqoels  toutefois  eUe  ne  r^pon- 
dit  que  par  des  rigueurs ,  et  en  lui  donnant  congd.  Folquet, 
d^sesp^ni,jura  de  ne  plus  faire  de  vers;  mais,  k  la  cour  de 
Guiilaume  VIII,  vicomte  de  Montpellier,  il  Tit  sa  femme, 
Eudoxie  Ck>mnine,  fillede  Manuel,  empereur  de  Constan- 
tinople, et  cetle  nouveUe  passion  fut  pour  lui  une  source  de 
cliants  nouveaux.  Dans  de  plus  ^nergiques  sirrentes ,  il  re- 
proche  hauiement  aux  princes,  aux  barons  et  aux  peuples 
leor  coupable  l<3ihargie,  et  les  somme  de  courir  k  la  d^ense  de 
la  clunStient^  Ayant  perdu  tous  les  personnages  illustres  anx- 
qnels  il  STait  6U  attach^,  il  prit  la  determination  de  quit- 
ter le  monde  et  d*entrer  dans  Tordre  de  CIteaux.  II  y  fit 
recoToir  Element  sa  femme  et  ses  deux  fils ,  et  pen  de 
temps  apr^,  en  1205,  11  fut  €ta  6T£que  de  Toulouse.  Nous 
ne  suivrons  pas  les  ^Tenements  dont  fut  marqute  cette  se- 
conde  moiti^  de  la  Tiede  Folquet,  qui  dte  lorsprit  le  nom 
de  Foulques.  Parmi  les  actes  si  tristement  cti^bres  de  son 
^piscopat >  on  remarque  ^institution  des  ftkres  Pr^heurs  k 
Toulouse,  par  saint  Dominique,  en  1215,  sous  U  protec- 
tion et  les  soins  fougueux  du  pr^lat,  qui  topr  k  tour  poete, 
bomme  de  cour,  missionnaire,  goerrier,  se  montra  constam- 
ment  passionn^,  turbulent,  ambitieux  et  fanatique.  II  mourut 
le  jour  de  No£l  de  I'an  1231 ,  et  fut  bhumd  dans  le  mo- 
nast^re  de  Grand-Selve,  abbaye  deTordre  de  Citeaux. 

Pblussixr. 

FOULQUES,  FOUQUET  ou  FULQUOIS  (Gci).  Voyet 
CL^MEirrlV. 

FOULURE.  Voyez  Entorsb. 

FOUQU^  (LAMOTHE).  VoyetLk  Mothe-Fodqo^. 

FOUQUET  (Nicolas),  marquis  »■  BELLE-ISLE,  oon- 
seiller  au  parlement  de  Paris ,  procureur  g^n^ral  de  la  m^me 
cour,  dernier  surintendant  des  finances  sous  Louis  XIV,  na- 
quiten  1615.  Son  pftre,  FrangoU  Fodqubt,  Ticomte  de  Vaux, 
itait  cunseiller  d^Etat  Le  fils  destine  k  la  haute  magistrature, 
fut  re^  k  Tingt-ans  maltre  des  requites.  Dte  ses  premiers  pas 
dans  cette  carriire,  11  fit  preuve  d'une  rare  capacit<^,  et  obtint, 
malgr^  son  ftge,  une  grande  inOuence  sur  sa  compagnie.  II 
acheta  bientAt  la  charge  de  procureur  gdn^ral  au  parlement 
de  Paris ,  mais  son  ambition  n^^tait  pas  satisfaite.  Frondcur 
par  calcul  plus  que  par  conviction,  il  6tait  l\in  des  mem- 
bres  les  plus  assidus  des  reunions  secretes  du  cardinal  de 
Retz,  maisil  n'en  rendait  pas  moms  d*6ninents  services 
au  parti  oppose  La  reine-mire  Anne  d^Autricbe  ne  Tavait 
pas  oubll^  :  au  moment  du  danger,  die  parut  d'abord  vou- 
loir  le  prot^ger ;  mais  elle  recula  devant  le  premier  obstacle. 
Tant  qu^avait  vteu  le  cardinal  Mazarin ,  et  aprte  I'dchau- 
four^e  de  la  Fronde,  Nicolas  Fouquet  s^^taithantemcnt  d6- 
voud  aux  int^ts  de  la  cour :  il  esprit  succMer  k  son 
patron  dans  la  direction  g^n^rale  des  affaires.  «  Fouquet, 
dit  Tabb^  de  Choisi ,  pr^tendoit  6tre  premier  ministre  sans 
perdre  un  moment  de  ses  plaisirs.  II  feignoit  de  travalHer 
seul  dans  son  cabinet,  k  Saint-Mand^,  et  pendant  que  toute 
la  cour,  pr^venue  de  sa  future  grandeur,  ^laitdans  Tanti- 
charabre,  louantlt  haute  voix  le  travail  infatigabledn  grand 
homme,  il  desoendoit  par  un  escalier  d^rob^  dans  son  petit 
jardin,oii  sesnympheslui  venaienltenir  compagnie  an  poids 
de  Tor.  II  se  ilattoit  d'amuser  le  jeune  roi  par  des  bagatelles , 
et  ne  lui  proposoit  que  des  parties  de  plaisir,  se  voulant  m6me 
donner  le  soin  de  ses  nonvelles  amours,  ce  qui  d6plut  k  Louis 
XIV,  qui,  n*ayant  alors  de  confident  que  lul-mftme,  se  fal- 
soit  un  plaisir  du  mTstire ,  et  vouloit  d^ailleun  oommancer 


i98 

lout  <le  boll  k  Mre  roi.  Mais  ct  qui  acheva  de  le  perdre ,  c'est 
quHl  se  laissa  aller  k  dea  airs  de  aup^iorit^  avec  les  autres  mi- 
iiistres,  qoi  en  fuFentofTenada,  else  Hgo^reat contre  lui.  Ses 
^ues  particuli^rca  lui  faisoient  n^fger  le  bien  de  l^tat.  11 
donnoit  pour  quatre  millions  de  pensions  k  ses  amis  de  cour , 
qn'll  eroyoit  ses  cr^toree/et  Aoit  d'assa  Ixmne  fo!  pour 
eofflpter  snr  eox  et  pour  les  juger  capables  de  le  sontenir  dans 
on  changement  de  fortune,  qnll  croiolt  fort  possible...  > 

81  Fouqnet  prodlgaait  'aux  courtisans  et  am  bdles  dames 
de  la  oonor  les  trters  de  r£tat,  il  faisait  anssi  largement  sa 
part  1 11  avail  d^l>en8^  des  sommes  inormeskson  chAteau 
de  Vaui,  d<mt  la  magnificence  eCfk^t  cellci  des  i^idencns 
royales.  Ilatait  fait  fortifier  et  garnir  d'arlillerie  et  de  mum- 
lions  deguerreson  ohAteait  de  Belle-Isle,  en  Bretagne.  Afin  de 
disaimulerses  prodigality  pour  les  autres  et  pour  tof-m^me, 
11  ne  prteentait  au  monarque  qae  des  comptes  exagMs  quant 
anx  recettesy  et  fort  au-dessoos.  de  la  rtelit^  qoant  aux 
ddpenses.  H  ignorait  que  le  rol  contrMait  ses  comptes  avec 
la  plus  sdtftre,  la  plus  minutieuse  6^M\4,  second^  par  Col- 
bert, qui  lui  en  signalail  toutes'les  erreurs.  Louis  XIV 
ne  lui  en  faisait  pas  moins  boa  accueil ;  et  la  dlsgrftce  de 
Fonquet  se  tM,  bom^  a  la  perte  de  son  portefenille  s^il  n'avalt 
dodblement  blessifi  son  amou^propre  par  son  faste  plus' que 
royal,  et  sartout  par  ses  pretentions  sur  M"**  de  la  Yal- 
li&re.  II  se  perdit  enfin  par  an  excte  de  flatterie  irrifltehio : 
la  fi^qu^il  donna,  le20  aoM  iddl ,  au  monarque,  k  son 
cliAtean  de  Yanx ,  sorpassa  en  magntficenee  cdlesde  la  cour, 
tt,  dans  on  premier  mourement  de  ddpit  et  de  coldre,  le 
•rd  «at  Adt  an^ter  lesarintendant,  al  Anne  d^Aotridie ,  qui 
le  prot^geait,  nereb  eOt  ddtoiime.  Fouqnet  n*avait  rien  n4- 
gfig^poiirrendre  oettt  fittea^tebleli  LouisXIV:  oA  y  joua 
ies  Fdeheux  de  MolMra,  pnMd^  d'on  frologOj^en  rhon- 
lieiir  du  prince,  compost  par  Frisson.  Sur  Uhu  lea  omcu 
ments  on  royait  les  armes  dn  surintendant,  an  6curenil| 
avec  cette  derise :  qmd  non  aseendam? 

dependant,  le  roi  n'aTait  c^^  qn*^  regret  k  Tavis  de  sa 
m^,  et  saf  veiigeanc^,  poor  6tre  dUKr^ ,  ne  fut  que  plus 
implacable.  On  supposait  d'ailleors  k  Fouquet  on  paissanl 
parti  k la  coor,  ainsi  que  dans  la^baate  ouigifitrature^  et  11  Tut 
GonTenb  (ffon  I'attireratt  en  Bretagne.  Des  troopes  farent 
dirig^M  soro^te  province  sooale  prttexte  de  mottTements 
MItieox.  Loute  XIV  partit  faieutdl  aprte;  Fooqnet,  retenn 
dans  son  lit  p^nne  fi^vrevtolentA,  D*hd€itapaaB6anmoins 
a  soitre  le  monarque  :  Colbert  et  lui  a^embarquArcut  aor  la 
Loire  dans  denx  bateaux  diffiirenta.  Lea  eoartisans,  en  Toyant 
navlguer  les  deux  esqnifs,  diaaieut  t  Fun  coultrm  Vautre  $ 
mala  leors  paftrltionf  eiaieat*  en  faveor  da  gorintendcnt 
ArrlT6  k  Nantes,  Fooqiiet,  «a  lieo  de ae  rapprodier  dela 
rMdenee  foyale,  alia  oecnper  one  maison  fort  dioignte  da 
cbAteaa.  On  a  pt6tendii  depuis  que  cette  maison  commonl- 
quait  atec  la  Loire  par  an  souterrain;  qu'aa  pdnt  ot  ce 
|»assage  secret  aboutiasalt,  dtalt  amarrte  one  barque  tout 
^ipte,  pourvue  d'exoellents  rameurs^  et  en  dtat  de  se  diri- 
^  rapidementsur  Belle-Isle ;  qoe  des  coorriers,  disposes 
je  distance  da  distanoe,  devaient  inioniier  le  aarintendant 
«a  momdre  p^t  et  lui  labser  le  tempa  de  poorvoir  k  sa  sQrel^. 
€es  estafettes  hii  serrdent  ordinalrement  pour  aes  aflUres 
parficoli^res  on  poor  ses  plaisirs ;  mais  il  paralt  que  dans 
cette  circonstanoe ,  ce  service  avail  ^t^  an  moins  n^ig6 :  n 
ne  ae  doutait  point  da  danger  de  sa  situation.  Le  h  septem* 
bre ,  quinze  jours  aprU  la  malencontreuse  rate  de  Vaux ,  tl 
Bortalt  du  cliAteau,  o6  a*^t  tcnn  le  conseil ,  lorsqa'un  ami 
k  t^r^vtet  qa'il  aBait  ^tre  arhtttf :  11  q^itta  brasquement  sa 
tolttfre,  et  d^flt  il  se  perdait  dans  la  foule,  quand  d'Arta- 
gnafi,  commandaiit  des  iMnaqoetaireSi  le  saiaft  aad^ur 
d^anerae,  le  fit  mooter  dans  an  carroaae  et,  sans  4'an^ter 
un  seal  Instant ,  le  mena  ao  eblteaa  d'Angers.  Sa  femme  et 
ses  enCints  furent  oondoitsA  Limoges,  et  des  coorriers  ex- 
p6dMs  poor  ordonner  la  salsie  de  aes  papters  dans  toutte 
aea  nttiaooa.  Cependaat,  on  de  sea  bommes  de  eonflance, 
letnofn  de  Tenl^eroent,  aaH  paiti  aossitdt  et  avail  prdcdde 
les  coorriers  du  roi  de  douie  lieures.  On  aviit  pa  soiisti«lra 


FOB  QUET 


les  papiers  m  plus  compromeltanls;^  Tabb^  Foaqoet, 

jours  violent,  avait  propose  de  mettle  partout  le  fen  el 
d'an^antir  ainsi  jusqu*an  dernier  brouillon ,  boa  on  maavais. 

Le  prisonnier  lot  auccessivement  transfM  dir  cfaiteaa 
d'Angers  k  eelui  d'Ambolse,  o6  II  nata  Jusqo'4  la  fin  de  d6 
eembre  1662,  et  de  Ik  4  Vincenaea,  k  Moret,  k  ki  Bastille 
II  avail  ^t^  dailgereasemeat  maiade  k  Angers :  il  denundu  oa 
cenfesseot,  qid  loi  fdt  reftia6.  La  eliambrade  jdstice  aom- 
mte  iMor  le  Juger  loi  pemdt  par  deux  aitftia  de  fouralr  ses 
moyens  de  defense.  Tout  en  protestant  oenlie  niNSplitt  de 
la  commission ,  fi  r6dig^  dea  notea  et  dea  obaerlrations  en 
marge  dea  cahiers^  des  arreta  et  des  procte-veibaax  Ms 
Chez  lul  et  dies  sea  prindpaox  eommis ;  11  pntL  son  oonseil 
deles  rendre  pobliques  ;  maisr  li  peine  avait-on  eorameDC^ 
rUnpressite  des  dejux  prtaners  cahiers,  qae  Colbert  les  fit 
saislr  et  enlever.  La  procddare,  eommencte  k  Yfnceaaes,  se 
conllnaali  la  Bastille,  bk  le  prisonniev  a^ait  ^  IraaafM  It 
lajuin  t663.  II  parotpoorlapremlteefoisdevint  la  chamfare 
de  jastice,  k  TArseaal,  le  14  novtobiie  aolvant.  II  ae  nit 
sur  la  sellette,  qudiqu'on  lal  efit  pr^par^  ml  si^e  1^  c6t^^ 
etrenooveia  sea proleatationft  sor  1- incompetence;  il  sobft 
onze  k  douze  interrogatoires  josqu^au  4  dtombre.  Le  cban* 
cclier  loi  exhiba  un  papier  eofiteiiknt  dea  notea  dans  les- 
quelles  le  cardinal  Mazarin  et  le  rol  ^talent  pen  honorable^ 
mcnt  traits  Fouquet  r^pondit  les  avoir  toltes  dans  on  me. 
inent  d^irritatlou  contra  le  cardinal,  qdi  aivalt  ovbli^  tout  ce 
qu'il  avait  Aiit  pour  pr^paiter  aon  retoor  en  France ;  II  invo- 
qoa  pour  sa  JasUficBtion  dea  lettiea  do  cardinal  et  de  la  nine 
ni^  qui  lul  ataient  ^14  soo^traites  avec  d'anlrea  papters 
fort  fanportants  pent  sa  jastiflcatien. !  Le>  ebanceher  loi 
pariadeaota  deficit  ;illnlreproclialeehlirre  dek'd4penses 
de  son  intcndant,  qui  a^§levait  k  18  mlllioas  m  deax  an9. 
Fouqnet  T^nAt  qa*ind4pendlimmeBl  dea  dispenses  de  tk 
maison,  ion  Intendaaf  payait  '^4  forte*  sommes  poor  le  ser 
vice  do  roi.  II  paralt  qn^  effet  ^  une  gnoide  partie  de  ces 
sommes  avait  M  wmise  p4r  Pou^oet  loi-mtaie  k  la  Mm 
m4re,  qoj  via  les  avoir  redoes. 

Cette  iflomense  pr6c4dore,  ai  oom|iliqu4e,  si  surcharge 
d'faBcident^  doia  trob  ann4ea.  ha  t>rooareurs  g^n4raox  Ta- 
lon et''Chamiilard  avaient  conda  k  la  peine  capitaie^  poor 
crime  de  ptoilat  el  de  ldfe«ia)est4.  Sor  vfaigt-deox  Jnges^ 
neuf  opkikrent  poor  la  mort,  trehn  poor  on  baoiaaenient  pe^ 
p4tnel.  Le  roi,  plos  s4v4re  que  U  m^lorit4,  ooimmia  le  be- 
nlssement.ctt  one  prison  perp4tneHe.  Les  aceasationa  de 
r6volie,de  eoUiaion  aveo  les  Anglais,'  auxquelsFoiiqoetao- 
rait  r4sola  de  ttvrer  fai  place  de  Belle-Iale^  le  desaein  an4t6 
de  se  faire  doe  de  Brctagoe,  ioua  ces  griefs  si  graves,  et  doot 
on  avait  ftdt  tant  de  brail  an  lUMamencemeftt  de  4elte  inons- 
troeose  procMure,  furent  abondonnte^'el  be  puitot'soote* 
nir  r4preave  d*ane  premi4re  information^  Feuqaei  trewa 
des  d4fenseors  au  tribonal  ^e  Tophiipn,  et  in4me  devant  aes 
Jngaa.  Ptilaaon^  moins  aarvei|14  qoe  bii  daas  sa  prison,  se 
d4vooa  poor  le  saover  t  il  obtint,  non  sans  peine,  d'etre 
eonfiroat4  aveo  le  surintendant  Son  but  4tait  de  i'4elaii«r 
aor  on  point  Important  deaa  defense.  Amen4  decant  loi,  il 
prit  le  r4ie  et  Paccent  d'onaceuaateur.  Fouqoet  '4talt  aar- 
toot  foTt.biqoiet  ao  asfet  des  papiers  qi^  avait  Iai8e4s% 
soa  chAteav.  de  Sa{nt-Bfand4.  PeUaaon  intenompit  iCB  iK* 
negations  en  hri  diaant ;  «  Vooa  ne  nieriei  pas  avee  ianit 
d^assoranoe  ai  vens  ne  savlez  pas  qoe  vw>  papiers  oat  414 
brfiiea.  »  Ceamotaapprlrtnt  A  Foaqnet  toot  eeqii*tt  M  Im- 
portalt  de  aavofa* :  il  avait  retroov4  on  ami  dons  cdul  ooll. 
regardatt  crnnme  an  d4laledr.  II  ftit^  ao88ltetlH»r4a  la^ 
tore  de  Tantt  et  de  Toidre  do  roi  qniravait  niodifi4,<traaa- 
fei4  k  Pignerel..  Quelqoes  Jours  ap^  sa  d4tentien,  le  foo^ 
nerre  lomba  en  plein  midi  anr  son  logeoMnt  et  enabaNIt 
one  parUe;  il  resta  seol,  sain  et  aani,  dans  Fembraaw^d^oe 
creiaee;  Arrtv4  dans  oetleplaee  Carte  en  14e4|  il  y  moohit 
en  mars  lesi.  Son  oerpa  Ait  transpoiid  k  PaHa  et  depose 
-dans  reglise  de  la  Viailatlon,  me  Salnt^^ntifne.  L^aele  ditt- 
bumatJon  est  du  20  mars  leai.. 

Aban^'tonoe  de  Ioua  lea  eomtisana  qaHl  avail  anridtis. 


FOUQUET  —  FOUQUTKR-TINVILLE 


Fouqoet  ne  le  ftit  point  des  gens  de  lettres,  qu'il  arait 
ffot^g^  et  dot^  de  modiques  pemioos  bien  m^ritte.  Le 
satant  Leffeyre,  p^  de  M"*  Dader,  lai  d^dla  on  livre 
pendant  sa  eapliTit^;  La  Fontaine  lui  exprima  sa  recon- 
nalsaance  par  one  tooehante  ^1^,  et  perdit  sa  pension  ; 
M*^  SeodM  resta  fld^e  an  malhenr;  le  m^decln  Pecquet 
proclamait  bantement  son  entier  d^Touement  k  son  ami  dans 
Jes  fers;  Blr^benf  tomba  malade  decba^in;  Jean  Loret, 
auteur  d'une  gaietteen  rers,  poblia  les  bienfaits  qu*il  avait 
re^  de  Fooqnet;  et  sa  pension  loi  ftif  snpprimte.  On 
Iroavadails  Ite  papiers'  du  sorinte&dantb^ncoop  de  leitres 
de  grands  seigneors,  dont  il  aTaff  pay^  les  dettes,  et  qui 
soUicitaient  de  nooreattx  services.  II  7  en  avait  ansst  de 
grandes  dames  qni  araient  en'une  large  part  k  ses  prudiga- 
litte«  DanSjIa  correspondaneedeoesdames,  si  complaisantes 
et  si  pea  sonpaleoses,  flgnrent  des  leitres  de  layeuve  Scar- 
Ton ;  elle  ^it  lofn  alors  de  pr^Toir  le  brillant  avenir  qui 
Pattendait^ Dofey  (da  iToDne). 

FOUQUIEE  (Pnomt  £loi),  mMecin  de  Th^pifal  de  la 
Gbarit^,  profesteur  k  la  Faculty  de  MMecine  de  Paris,  m^e- 
dn  consaltakit  de  Cbarles  X,  premierm^dedn  du  rbi  Louis- 
<Hiflippe  aprte  U  mort  du  docteur  Marc,  membre  de  FAcad^- 
miede  M&teine^  commandenr  de  la  Ldglon  d'bonneur,  etc., 
uaquit  k  Maissemy  (Alsne),  en  1776.  Il  ^tudift  sous  C  0  r  t  |- 
sart,  (ut  re^u  mMedn  en  1802,  etsocc^a.l  Desbois  de 
Rochefort  eomme  m^defsin  de  la  Cliarit^,  aprte  atoir'^t^ 
<|uelqoe  temps  cb{mrgie&  militalre  d^ns  Tarro^  r^publi- 
caine.  Pratiden  attentU  et  pmdent,  obkerratenr  impartial  et 
-non  systdmatiqae,  sa  Tisite  publique  d*h6pitai  attira  de 
•iMmne  heure  U  foule  des  jeones  m^ecins.  Toufefois,  il  ne 
commen^agu^^  professer  qu'en  1816.  IlaTait  eompo^  sa 
iMae  doctorale  snr  les  Awmtages  d^une  constitution  d4bile, 
et  ce  sojet  semblait  parfaitement  cboisi  au  point  de  Tue 
des  Tal6ti]dinaires.  If.  Pouquier  eot,  comme  pratiden,  des 
sucote  flatteorti  et  bonorables.  II  iaspirait  une  grande  con- 
iiBnetf  bien  que  par^ssant  toujours  b6siter,  toujours  incer- 
tain,  b^gayant  et  et^tif.  II  avait  I'air  d'un  homme  qui 
chercbe  avee  intdr^t,  soit  le  mal  lui-mtaie,  soit  la  canse  de 
ce  mal  et  sbti  remMe,  mais  qui  ne  les  trou^ant  pas  s*en 
altriste.* 

En  tsto  fl  fet  nomm^  k  la  Faeoltd  proAMseur  de  clinique 
If  ledieAle,  plaee  qoi  lui  pennettait  de  eontinner  sans  distrac- 
tion et  Aans  surchAige  son  senrlee  dliOpital ;  mais  quand  le 
C4^l%bt«  Pin  el  vint  k  mooifr,  il  eat  qnelqoe  temps  la  fan- 
taisie  d'oeeaper  sa  diaire  de  patbologie,  quittant  ponr  die 
to  diniqae.  II  ne  tarda  pas  k  se  repentir  de  oette  mntation; 
son  esprit,  positff  ef-peu  gfti^ralisatear,  ne  ponralt  s*adapter 
fl  on  enseignement  qni  rMame  teajours  des  aper^^s  et 
qodqoes  systtaies.  H  reprit  en  cons^ence  sa  chftre  diniqae, 
et  ne  qoitta  pins  U  Cbarit6,  dont  i!  s'^tait  fait  comme  on  se» 
cood  domfdie.  A  qoelqne  temps  de  1^,  il  publia,  avec  le  doc* 
ieur  F^lii  Ratier,  one  traduction  fran^aise  de  Celse,  et  avec 
M.  Isidore  Bourdon  an  Mitoioire  sur  les  affections  chronl- 
^es  de  Testomac  et  des  autres  visc^res  de  Fabdomen.  Sa 
l>art  de  eollaboration  oonsistait^  comme  de  raJson,  k  tenir 
largement  ooTerts  ses  riches  cartons  d^obserrateur  et  de 
pratiden.  Pfodenrs  fols  on  le  chargea  de  missions  sanitaires 
en  proTince,  dans  des  cas  de  graves  6pid6mies,  et  c*est 
ainii  qn'il  hit  cl^Hbord  dto>r6. 

Personnen'^  mlenx  ^pronr^  tout  ee  que  valent  la  Joa- 
teeae  de  Pesprft,  la  dignity  de  la  vie,  un  savoir  restrdnt  aa 
n^cessaire  lant  efforts  de  profondeur  ni  fenx  semblant  de 
progrte,  et  sortoot  la  plelne  satisfaction  des  conTeoances  re- 
^es  et  des  devoirs.  Sa  mission  pour  Blaye,  en  183S,  prte  la 
duchessede  Berry,  dors  fort  malheureuse,  avan^  bean- 
coop  sa  fortnne ,  particnllArement  k  la  ooor ,  tant  la  parfoite 
mesure  de  ses  prooMte  sembla  contraster  avee  le  ton  cava- 
lier et  iromodeste  de  oeox  qui  l^ivalent  prMdd.  Ce  fut  Fou- 
qukr  qnf ,  vers  1816 ,  et4 1'imitation  du  docteur  Desportes, 
eniploya  publiqaement  la  noix  vomique  contre  la  ^aralystie 
lie  nrnhri'n, et  qui  (bt  des  premiers  k  observer  que  ce 
reuiMc  atpt  d*anemani6re  plusmarqu^  sur  les  membres 


699 

sup^rieufs  que  sur  les  inr^ioars.  Ilfutde  mtoie  des  pre- 
miers k  employer  la  strychnine  d^que  Pelletier  e(  Cateii- 
ton  Teurent  d^uverte  (1818).  On  le  vit  aussi  essayer  de 
Tac^tate  de^lomb  poor  mod^rer  les  sueurs  d  ^nervantes  et 
si  destructives  des  phtbisiques.  II  compose  de  boos  m6r 
moires  sur  difT^rents  mMlcaments  hdroiques  Un%  du  liigne 
v^^tal.  Dks  sa  Jeunesse,  il  avail  traduit  Brown'.  II  s'^tek 
aJnsI  expose,  sans  Tavoir  pr6vu,'aux  triMts  accabjanta  que 
Broussais  r^rvait  aux  browniensL  Le.  docteur  Fouqu^ 
mourut  au  meis  d^octobre  18S0.  II  destina  k  rAcad^mie  de 
m^ecine  ceux  des  ouvrages  de  sa  bibliotli^ne.qui  manqo^ 
raieni^  cellede  ce  corps  savant  MM.  Piorry  et  Reqoin.fliit 
Ton  et  Tautre  difpieweut  fait  son  iloge. 

D'Isidore  Bouauo?!..  . 

FOUQUIER-TINVILLE  ( AmoniE^^vERnif )  naqoit 
aux  environs  de  Saint-Qoentin ,  au  village  d'HiSioad,  eki 
1747,  de  pauvres  cultivateurs.  Aprteqndqoes^tndea  pi^ 
liminaires  ,11  vint  k  Paris,  ou  il  acbeta ,  avec  see  Economies , 
one  charge  de  procureur  au  (Mtelet,  et  malgr^  beaocoop 
d'activiU,  d'iotdligence  et  one  grande  facUitd  d*doeotio&, 
Il  ne  r^nssit  pas.  Des  vers  mi^sqa^s,  sans  idto  ^offtoot^ 
adress^  par  lui  li  Louis  XVI  k  Poccasion  de  son  mariage, 
prouvent  qu*ii  n'avait  pas  le  moindre  sentiment  de  la  po6de; 
1^  ministre  &  qui  U  les  envoya  les  goOU  trterpep ,  et  n*enra^ 
mercia  pas  m^me  Tauteor.  La  miste  le  reprit » mais  il  ne  ae 
d^couragea  pas :  voyant  s^avanoer  de  graves  ^vteonents^  il  en 
espte  davantage,  et  les  attendit  de  piedANrme :  sans  epinionk 
g^n^reosea  et  sans  rftves,  arrive  k  qnarante-dx  ana,  d^ 
de  toot,  ilserangeaviolemmentdtt  cOt^des  plasbardisd^mot- 
crates'et  se  fit  remarqner  tout  desuite  par  la  rigidlt^et  la  fort- 
met^  de  sa  marche.  Danton  vit  cet  organUateur  d'anardiie 
dans  les  groapes,  et  jogea  k  sa  parole  am^  eft  trislli  (pa 
c'^tdt  un  bomme  k  essayer.  Alors  sa  fortune  eommen^;  oi 
^tait  pr6s  dd  10  aoOt  Le  »  Fouquier  passe  la  unit  &  la  Comi- 
mune,  d  y  donna ,  quoiqoe  sans  position  et  aaqs  canicifere 
polltiqneV.d'^nergiqoesconseils.  M^^,  dte  cet  instant,  aux 
bommes  r^volutionnairesdu  premior  ordre,  il  qnitta  lepav^ 
des  rues,  et  accepta  plusieors  missions,  n  i^usslt ,  sortit  de 
ses  embarras,  etdemanda  nn|KM/e  difficile,  dans  leqod  il 
forait  preuve  de  fenuet^ ,  d^uit^t^.  Robe4»iecre  et  DmiIob 
le  fireot  nommer,  dte  le  10  mars  1793 ,  j^r4  an  frilmnal  r6r 
vdlutionnaire :  c^est  la  date  de  I'institation  de  ce  tribnnal. 

On  le  remarqua  de  nouveau;  sa  tenue,  son  esprit  de  sail* 
lie,  beaucoop  de  XermebS,  defroideur,  le  flrent  arriver  ra- 
pidement  k  la  place  d^acctuateur  public,  Il  y  passa  sans 
baiter,  mais  sanajoie  non  plus,  ne  se  dissimulaot  pas  lee 
perils  qui  entouraient  ce  poate ,  mais  se  promelCsnt  d*y  res* 
ter  k  force  de  soins ,  de  rapiditii  dans  le  travail  et  de  d^oue^ 
ment  k  ses  fonctions^^qnels  que  fussent  les  bommes  aox* 
quels  il  auralt  affaire.  Cette  place  parut  sufljire  k  son  ambi- 
tion. II  ne  se  sentait  pas  capable  de  prendre  ^initiative  des 
grandes  dteisiona,  quoiqu*ii  se  trouvMla  foroede  toutoser 
au  nom  de  Faffreuse  dictature  dn  moment.  L^intercogaioire 
de  Fouquier  k  son  parquet  dalt  bref  et  d'one  froide  poll- 
tesse ;  mais  en  gto6^  il  4tait  pen  uqaisiteor  dans  ses  ques- 
tions, qoi  rentnient  presqne  tootes  dans  la  mtoes^rie  de 
fdts.  On  voydt  qu'ao  fond  il  n^interrogedt  pas  sfaw^rement, 
qu'il  fbisdt  tout  dmplement  de  la  pdice  poiitiqoe,et  que 
ses  recbercbes  avaient  ponr  objet,  non  d'assurer  la  sauve-* 
garde  g<$n^rale ,  mais  d'Mairer  le  ComitS  de  saiut  public, 
qudquefois  m^ma  d*^ter  des  m^prises ,  Idles  que  d'envoyer 
dnfrbresjaeobins  au  tribunal,  Le.soir,  versdix  beores,  U 
dlait  rendre  compte  au  conUti  de  ce  qui  avdt  ^  foit  ^  Fom- 
dience  du  joor :  c'dtait  k  Robespierre,  k  BiUaud  on  k  Collet 
qoMl  s'adressdt  II  exposait  ses  idte,  ses  conjectures,  ses 
dteonvertes,  et  revendt  avec  des  ordres  d^finitifs  qu'il  faisait 
exteuter  le  lendemain.  Les  jor^s  Fattendaient ,  et  U  donnait 
le  t»o/  d^ordre  k  la  section  eoi activity;  o^dtait  de  frapper 
00  d*acqoilter ,  et  on  a*y  conforrodt ;  la  discosdon  nl^it 
qu^one  forme.  11  ^tenddt  sa  mission,  dans  sa  froide  mge ^ 
josqu'&  donner  dee  ordres  k  Pex^cuteur  des  jugements,  qa*il 
appelait>  son  parqnet  Alndt  ilavait  la  direction. seceMA: 


y 


600 

spteiale  da  jury  permanent.  U  4tait  log^  aa  Palaia-de-Jostice , 
prte  de  14  Concieiigerie ,  et  nesortait  gu^re  de  ebez  loi  que 
pour  aller  au  comitS.  Trte-actif ,  trte-exact  dans  son  travail , 
ininntieax  mdme »  ses  accusations  ^taient  Writes  d*un  style 
fort  n^ig^,  oommnn;  mais  alors  cela  suffisait.  L^homme, 
pourtant,  6tait  Mp^eur  k  cette  besogne.  Dans  ses  fonc- 
tions,  rien  ne  T^branlalt ,  ni  sourds  murmures,  ni  menaces 
▼iolentes  anonymes,  ni  responsabilit^  morale  de  ses  actes, 
et  pourvu  qu'il  eQt  on  ordre,  ilagissait;  il  ob^it  long- 
teoips  k  toot  ce  que  Toulut  Robespierre.  Quelquefois  il  se 
rendait  k  pied,  dans  la  nuit,  du  Palais-de- Justice  au 
comite. 

Ce  Alt  deTant  lui,  an  mois  d^aTril,  qu'on  traduisit  Mar  at. 
II  ilemandaracqoittement  ( 24  avrii  1703),  mais  il  m^prisait 
cette  b6te  fi^roce.  II  d^non^  k  la  Conyention  Tindulgence  de 
Montana,  juge k  son  tribunal ,  qui  avait ,  disait-il ,  laiss^  voir 
dw  sentiments  girondins  dansle  proc^  de  Charlotte  Cor- 
day.  Ce  fut  lui  qui,  plus  tard,  accuse  et  fit  condainncr  k 
ijiort  Hubert  et  toute  la  Commune;  ce  fut  lui  qui  requit  la 
mort  centre  Dan  ton  et  ses  aimis;  par  instants,  dans  cette 
afTaire,  il  parut  trte-embarrass^,  et  en  r^f^  k  Saint-Just. 
Lorsqu'en  Tertu  de  la  ioi  du  32  prairial  an  II ,  on  rddrga- 
nisa  le  tribunal ,  11  fut  maintenu  dans  ses  fonctions ,  ainsi  que 
Dumas,  CofBnhal ,  Herman ,  etc.  Le  9  thermidor  il  resta  k 
son  poste;  le  10  il  ent  k  constater  Tidentit^  de  Robespierre, 
de  Domas,  etc,  ses  chefs,  mis  bors  la  loi  et  amends  k  sa 
bar  re;  mais  c*est  visiblement  6mu  qu'il  rempUt  cette  tAche; 
pourtant  il  avait  dit  la  yeille  :  «  Tout  cela  ne  nous  regarde 
pas,  nous,  hommes  de  justice :  (^est  de  la  politique;  la  jus- 
tice doit  avoir  son  oours.  » 

Le  12  thermidor,  Barr^re,  dans  un  rapport  sarla  ndces- 
sit^  de  continuer  les  pouvoirsdu  Comit6,  propose  de  main- 
teuir  Fouquier  dans  ses  terribles  fonctions,  mais  des  mur- 
mures  nniversels  ^clat^rent  aussitot;  et  I'on  prit  la  decision 
contraire  :  on  d^cr^ta  qu*il  serai t  jug^ ;  il  demanda  k  com- 
paraltre  k  la  barre  de  la  Convention  pour  s^expliquer,  et  y 
vint  le  21 ;  il  s^y  d^fendit  mal,  et  rejeta  tons  ses  actes  sur 
Robespierre  :  I'accusation  contre  lui  fut  maintenue,  il  alia 
alors  se  constituer  prisonnier.  L'instruction  tralna  en  lon- 
goenr.  On  esp^rait  tirer  de  lui  des  r^^ations  sur  les  hommes 
et  le  gouvemement  de  la  Terreur,  II  publia  en  eflet  un 
M^maire  in-4*^;  il  rapportedes  pieces  importantes,  dos  de- 
tails affreux  sur  la  Justice  rdvolutionnaire^  la  marcbedu 
tribunal :  la  responsabilit6  de  beaucoup  d'ades  est  renvoy^ 
lileurs  auteurs,  qu^ou  ne  connai^sait  pas;  mais  de  secrets 
positifs,  on  y  en  appreud  pen,  soit  que  le  comity  les  eOt  caches 
k  son  agent,  soiiplutOt  que  celui  ci  ne  voulOt  pas  dans  ce 
moment  mtoie  les  r^vder.  Ce  Jf^oire  estbien  fait  et  offre 
beaucoup  d'int^r6t;  mais  il  y  anombre  de  mensonges. 

Quand  on  jngea  Fouquier,  le  tribunal  se  ddclara  en  per- 
manence; son  procte  occupa  une  dijLaine  de  stances,  dans 
lesquelles  le  terrible  agent  des  dictateurs  fut  condemn^  pour 
s^^tre  livr6  k  des  fureurs  personnelles,  et  pour  avoir  fait 
mourir  des  individus  avaut  que  toutes  les  formes  l^ales  fus- 
sent  ^puiste.  D6s  qu*il  cntrevit  son  sort ,  il  prit  sur  la  sel- 
lelterattitude  qui  luiconvenait,  etsefit  pardonnerdes  siens 
les  Uchette  de  sa  dtfense  dcrite.  R^pondant  avec  fermet^  k 
se&iuqiBAf  il  puisadans  Texc^smdmede  son  ddsappointement 
un  fonds  de  loglque,  de  sarcasmes,  d*61oquence  naturelle, 
qui  le  firent  ecouter  avec  int^rfit  II  demanda  qn*on  le  fit 
mourir  sur-le-cbamp ,  et,  «  Je  vous  souhaite  roon  courage, 
si  vous  venez  jamais  id,  »  dlMl  k  ses  juges.  11  alia  avec 
ealme  etd^ain  ausupplice.  Snrson  passage,  quelques  per- 
Bonnes  du  peupie  lui  ayant  rappel^  ironiquement  son :  «  Tu 
ii*as  pas  la  parole  (du  tribunal), il  leiir  r^pliqua  :  «  Et 
tol ,  canaille  imbecile,  tu  n*as  pas  de  pain.  » (C*6tait  un  mo* 
ment  de  disr>lte,  24  avril  1795.) 

Fouquier  ^tait,  dans  les  rapports  privds,  un  homme  sOr, 
mais  de  pen  d*expan.^on ;  il  aimait  la  vie  aisfH;,  ^l^ante,  et 
la  recbercba  sans  cesse  comme  un  but  Son  costume  ^tait 
titnple,s^v^re,  mais  soign^.  Personne  n*eM  pu  se  cr^cr  plus 
ladlemeat  que  Jul  une  fortune;  mais  I'id^e  ne  lui  en  vInt 


FOCQUIER-TINVILLE  —  FOUR 

jamais.  En  particulier ,  11  laissait  paraltre  plus  de  doooev 
que  d*irrjtabilit^.  Son  style ^tait  rude,  diiftis, barbare, prif^ 
de  ces  tours  coulants,'de  ces  id^abondantes  qui  ilistiiign«Bt 
les  orateurs;  son  r^uisitoire  n'^tait  qu'un  protocole  rocaii- 
leux,  sp^eux  pourtant.  Les  d<^bats  de  son  procte  r^^l^reat 
un  fait  affreux  de  fi^vre  r^volutionnaire.  Voulant  suflirc  i 
la  vengeance  des  temps,  il  offrit,  dit-lon,  au  ComUiis 
salut  public  de  faire  agrandir  la  salle  du  tribonal,  poor  qa'oi 
pOty  condamner  et  y  ex^cuter  en  m6me  temps.  Un  modile 
m6me  de  la  machine  y  (at  plac^ ;  mats  son  ami  Cottot  d'Her- 
bois  survint ,  le  fit  retirer,  et  lui  dit  avec  6nerg|e : « Mw 
tu  veux  done  ddmoraliser  lesupplioe?  ^^ 

En  1829,  une  femme  mourait  dans  une  mansarde  de  U 
me  Cbabannais.  Nul  ne  se  pr^senta  pour  recudllir  Ph^tagi, 
pas  meme  sa  fille,  pauvre  demoiselle  de  comptoir  k  Cb4* 
teau-Thierry.  Le  gouvernement  h^rita  done  et  fit  Teodrele 
mobilier,  qui  rapporta  253  trancs.  II  y  avait  quelques  vieox 
meubles,  quelques  papiers,  deux  ou  trois  livres  de  pi^,  on 
Christ ,  une  relique,  un  portrait  grav6,  et  une  m^dailie  de 
cuivre.  Ce  portrait  6tait  celui  de  Fouquier.  A  la  m^daille 
pendait  un  papier  sur  lequd  on  lisait :  «  II  la  portait  aa 
cou  lorsqu^il  fit  condamner  la  veuve  Capet.  »  La  piuvre 
femme  qui  laissait  cd  b^tage  au  fisc  royal  ^tait  la  Teare 
Fouquier-TinviUe.  FrAl^ric  FAiofr. 

FOUR.  Ce  nom  s'applique  principalement  au  four  i 
cuire  le  pain  et  au  four  h  chaux  oucha  ufour,  Noosne 
parlerons  ici  que  du  premier. 

he  four  de  boulangerii^W  connu  des  andens,  poisqu'ea 
en  retrouve  dans  les  mines  de  Pompd.  Cd  appareil  a 
gard^  presque  toute  sa  simplicity  antique.  Ses  diverses  parties 
sont  Vdtre  ou  aire,  la  voUte,  nomm^  aussi  d6me  oa  cha- 
pelle,  la  houche  ou  entree,  la  chemin^,  et  les  houras. 
On  ^tablit  d^abord  le  massif  du  four  dans  lequd  on  pratique 
parfois  un  espace  votlt^,  nonune  dessotu  du  four,  destio^ 
alors  k  s^her  du  bois;  mdsles  boulangers  le  pr^ftreol 
plein,  le  four  perdant  moins  de  calorique.  Si  Ton  fait  use 
voOie,  die  doit  avoir  an  moins  0"',55  d^^aisseur.  On  trace 
aprte  sur  une  die  bien  dress^  la  forme  eUlptique  que  Ton 
donne  ordinairement  k  Vdlre,  qui  se  compose  de  canreanx 
rciructaires  ^tablis  sur  un  lit  de  sable  sec,  et  ofTrant  une  peote 
de  12  ^  16  centimdres  par  m^tre,  k  partir  dn  fond  jusqo'l 
la  bouche.  La  voUle  se  constmit  sur  un  moule  en  tene 
bien  damte,  ou  sur  des  cerdes  en  bois  qui  se  rtemssioat 
sur  un  poin^on  au  centre  du  four.  On  en  oouvre  Teitrados 
avec  uue  couche  de  terre  grasse  de  35  k  40  centimetres 
d^^pdsseur.  La  bouche ,  placde  sur  le  grand  axe  de  Tltre, 
a  ordindrement  0",65 ;  die  se  ferme  herm^tiquement  pai 
une  plaque  en  fonte,  mainlenue  dans  une  feuillnre;  an- 
devant  est  une  tablette  en  pierre  de  tdlle,  nomm^s  autel 
Enfin,  les  houras  sont  des  conduits  carr^  que  Ton  fait  dais 
la  chapdle  pour  fadliter  la  combustion,  et  qui,  passant  tow 
la  voOte,  vont  conmiuniquer  avec  la  chemin^;  c^est  ime 
amelioration  toute  moderne,  et  la  principale  qui  sSiMtx^ 
pour  le  chauflage  *du  four  ordinaire,  dans  les  petits  fours, 
deux  houras  suffisent ;  il  en  faut  trois  dans  les  grands. 

On  a  d^jl^  fdt  d'importantes  amdiorations  aux  fours  de 
boulangerie ;  on  parviendra  certainement  dans  les  grandes 
villes  k  cuire  le  pain  pendant  que  le  four  cbaufTe,  d  oon 
apris  qu'on  Ta  chaufK  :  par  ce  moyen,  la  perte  de  teops 
et  la  consommation  de  combustible  seront  eondd^rabieoMBl 
diminu^.  Ce  sera  probablement  par  Temploi  de  la  loots 
de  fer  que  Ton  obtiendra  la  solution  la  plus  complde  de 
ce  probl^me  technique;  mais  celui  de  rarchitecture  rorale 
appliqute  au  mfime  objet,  reste  encore  k  r^udre,  et  n*op- 
posera  pas  moins  de  difficult^  k  ceux  qui  enlrepreodroat 
de  faire  ce  pr^nt  aux  campagnes.  Une  des  conditioDS 
auxquelles  il  faut  satisfdre  est  T^nomie  la  plus  s^v^: 
il  faut  une  constmction  qui  coOte  trte-peu,  qui  duie  kng* 
temps  et  ne  brOle  pas  autant  de  bois  que  les  fours  actoels. 
On  la  trouvera  sans  doute,  mds  par  une  autre  vole  que 
celle  que  Ton  a  suivie  pour  le  perlectlonnemcnt  das  foars 
dans  les  grandes  villes,  car  ceux-d  coOtent  n^cessaireroed 


FOUR  —  FOURCHE 


601 


cbflr,  et  ne  coATiennent  qiraux  grandes  entrepriies  de 
boolangerie. 

Dans  Tai't  cuUnaire,  on  nomme /our  <fe  campagnB  tine 
•arte  de  couTerde  en  idle  on  en  ciuTre  tiir  lequel  on  met 
du  cbarbon  embras^,  et  que  Ton  poae  aor  lea  plata  dont  la 
€onfer4ion  exige  da  fen  dessus  et  deaaoos,  conune  lea  petita 
pota  decrtaie. 

Lea  arcliitedea  ont  donn^  le  nom  de  cul-de-faur  k  one 
eaptee  de  Tottte  cintrte  en  ^l^Tation,  dont  le  plan  eat  dr- 
culaire  on  ovale;  nom  qui  lui  est  aans  doute  venu  de  ce 
que  le  plus  commun^ent  on  faisait  ainai  lea  ToOtea  de  four. 

Autrefois  on  appelait/otir,  k  Paria,  une  maison  oh  dea 
aoldata  attiraient  et  poussaicnt  lea  gena,  les  y  retenant  pri- 
aonniera,  afin  de  lea  enr6ler  par  loree.  On  lit  ^  ce  sujet 
dana  le  Journal  de  la  cour  de  Louis  XIV  :  «  II  7  ayait 
plnsieura  aoldata  et  ra6me  des  gardea  du  corps  qui,  dana 
Paria  et  snr  les  cheinins  Tolsins,  prenaient  par  force  dea 
gena  qu'ila  croyaient  en  ^tat  de  servir,  et  lea  menalentdana 
dea  maisons  qu*ils  ayaient  poor  cda  dans  Paris,  oil  Oa  lea 
cnf'eimaient,  et  enauite  lea  Tcndaient  malgr^  eux  aux  ofli- 
ciera  qui  faisaient  dea  reeruea.  Cea  maiaona  a'appelaient  des 
fours.  Le  roi,  averti  de  cea  violencea,  commanda  qu*on 
arretftt  tous  ces  gens-I^  et  qu*on  fit  lenr  proc^....  On  pr^- 
tend  qo*il  y  aTait  Tingt-boit  de  ces  fours  dana  Paria.  »  On 
Tott  que  ce  n*^tait  l^  qu^ane  imitation^  ao  profit  de  qnelqnes 
individus,  de  la  presse  anglaiae. 

ProTerbialement,  on  dit  par  d^riaion  h  une  personne  : 
Ce  n*est  pas  pour  Tooa  que  \efow  cbanffe,  pour  lui  faire 
mtendre  que  ce  n^est  paa  pour  elle  que  telle  cbose  est  pr^- 
par^e. 

Dans  Target  dea  oornddiens,  faire  four^  c^est,  an  lieu  de 
jouer,  6tre  oblige  de  renToyer  les  spectateurs  trop  peu  uoin- 
breux  pour  courrir  les  frais.  Lea  th^fttrea  de  Paria  ne  fout 
plosybtfr;  k  moins  de  relAcbe  ofBdellement  annoncte,  tis 
jouent  constaroroent,  ne  fCit-ce  que  devant  Torcbeatre,  lea 
banquettes,  le  pompier  et  le  garde  de  Parif. 

FOUR  BANAL  ou  FOUR  A  BAN,  c'est-k-dire  four 
de  Jief.  C'^tait  le  four  od  le  seigneur  obligeatttoua  lea  l.abt- 
tants  de  sa  seignevrie  sonmis  h  la  iMuialit^  k  faire  cuire  leur 
pain  moyennantredcTances.  Quiconque  ^tantsoumis  ^  la  ba- 
nality aTait  ua  four  cbez  lui  encourait  ramende  et  la  con- 
fiscation. Le  droit  k  payer  ao  seignenr  pour  le  service  da 
four  ^tait  r^!^  amiablement  ou  par  voie  d^expertise.  Le 
four  devait  £tre  ^tabli  dans  le  milieu  du  boorg  de  la  sei- 
gneurie,  afin  qnUI  f  At  k  la  port^  du  plus  grand  nombre.  II 
devait  6(re  en  bon  ^tat,  et  coire  assez  sooTent  poor  soffire 
aux  besoins  de  (ous.  II  ^tait  ordonnd  aux  foomiers  de  cuire 
le  pain  comma  il  convient,  sinon  de  payer  oe  que  le  bl^ 
ayait  codt^  et  le  quart  en  outre  poor  Tint^r^t.  lis  faisaient 
aaToir  k  cri  pnblic  que  le  foor  ^tait  ao  dcgr^  de  cbaleor  con- 
yenable. 

On  sent  que  cetfe  obligation  de  banality  ^tait  une  g^ne 
^orme,  aurtout  pour  le  commerce  de  la  boulangerie.  Une 
ordonnance  de  Philippe  le  Bel  de  1305  permetaox  boulan- 
gers  de  Pans,  oil  il  y  ayait  des  fours  k  ban,  de  cuire  libre- 
ment  chez  eitx  le  pain  destine  ii  etre  yendu.  Cette  exception 
fat  plus  tard  ^tendue  k  tous  les  boulangera  du  royaume. 
£n  g^n^ral,  les  nobles,  les  eccl^astiqoea,  les  maisons  reli 
gleuses,  coll^ea,  hdpitaax,  ^taient  exempta  de  la  banaliUS ; 
mais  ils  payaient  ao  seigneor  nne  indemnity  k  raison  de  cette 
exemption. 

FOURBERIE.  C'est  la  r<5anion  de  tooa  les  moyens 
qui  constituent  latromperie  dana  ce  qu'elle  a  de  plus  for- 
tement  tissu.  La  fourberie  suppose  done  nn  plan  bien  con- 
(u,  an  sang-froid  imperturbable,  une  m^moire  qui  n*oublie 
lien,  et  le  tout  pour  n'arriyer  aouyent  qu^aun  succte  unique 
dans  la  yfe.  En  effet,  d^  Tlnstant  od  Ton  est  entach^  do  re- 
nom  de  fourberie,  il  n'est  plus  possible  de  reiomber  dans  la 
T^diye,  du  moins  dans  le  meme  lieu;  il  fant,  en  outre,  in- 
venter  tant  de  ressources ,  order  tant  de  machines,  que  la 
droiture  est  en  ddflnitlye  la  route  la  meilleure,  k  ne  la  consi- 
d^irer  mtoie  que  sons  le  rapport  des  inquitHodes  et  des  fa- 

DICT.   DE  U  CUKVER8.  —  T.  IX. 


tigoea  qii*eUe  ^yite.  La  foorberie  prdaente  k  trayers  tooa  ki 
aiMea  on  caract^  inyariable  de  degradation.  Dana  let 
com^ea  qui  nooa  yiennent  de  Tantiqaitd,  lea  intrignea  sont 
toujoora  roente  par  dea  eadayea;  ila  ayaient  de  toote  n^ 
eesaitd  Tinstinct  de  la  fonrberie,  puisqne  leora  mattrea 
exer^ent  aur  eax  le  droit  de  yie  etde  mort;  d'un  antra 
c6td,  dley^  dana  I'inti^riear  de  la  nudson,  ou  ila  ayaient  ya 
nattre  lea  enfants,  ils  derenaient  de  droit  leora  confidents, 
puis  leora  complicea,  et  surtoot  leara  conseillera.  Qaolqae, 
dans  notre  soci^  modeme,  la  domeatidtd  soit,  k  bien  dea 
^ards,  diffi&renie  de  Tesdayage,  lea  aoteors  comiquea  ont 
k  joste  titre  reprdaentd  lea  yaleta  comma  le  type  yiyant  de 
la  fourberie,  puiaque  juaqo'au  millea  do  siteie  dernier  Os 
ont  fiiit  partie  de  la  flemaille,  sortoot  dana  lea  dasaea  Inter- 
meSdiairea.  Par  onecons^oence  Instable,  ik  appartenaient 
aana  cease  ao  parti  dea  enfanta.  Lea  foorberiea  de  Scapia 
ne  seraient  paa  aujoord'hui  posaiblea.  Dans  nos  mmors  ac- 
toeUes,  lea  yaleta,  rel^^  dana  le  cercle  de  leora  humbles 
travaox,  ne  font  ploa  qoe  loner  Temploi  de  leor  tempa;  dd- 
aormaia  ils  aont  neatrea  ao  milieo  dea  finidr6ta  conune  des 
passions  deoeox  aoos  le  toit  deaqnels  ila  yiyent. 

A  la  fo^n  dont  le  monde  est  maintenant  organist,  \& four- 
berie a  oessd  d*6tre  gdn^ralement  rdpandue;  en  retoor,  nous 
sommes  deyenus  on  people  degena  d'a£foirea;  noua  ayona 
de  I'adresse,  de  la  ruse  et  de  Taatuce ;  mala  quant  k  la  four- 
berie, 1^  quoi  bon  y  recourir?  II  entre  dana  aea  aoccte  on  cer- 
tain esprit  d*aodace  et  de  haaard  que  ne  compense  paa  oe 
qo'elle  rapporte :  c*est  un  genre  de  spteulation  od  lea  triom- 
phes  n'enrichissent  pas  asset.  Sinrr-PROSPER. 

FOURBIR,  FOURBISSEUR.  Fourbir  aignifie  po/ir. 
Anciennement,  on  appelait /brMueura  tooa  ceux  qui  s*occu- 
paient  de  la  confection  dea  armes.  Depuia  I'inyention  de  la 
poudre  k  canon,  on  a  distribod  lea  fabricants  d'armes  en 
plosieors  classes j  tels  sont  les  armuriera  ou  arquebu- 
alers,  qui  fabriqnent  et  yendent  desfosils  de  cbaase,  dea 
pistolets.  Dans  les  maofactores  d'armes  do  gooyemement, 
il  y  a  des  fabricants  qui  se  boment  k  la  ejection  d^une 
seule  pi^;  tela  sont  les  canonniers,  cenx  qui  font  et  polLssent 
les  cuirasses,  etc.  Les  fourbisseura  tiennent  spddaleraent 
des  armes  blanches,  comme  sabres  de  luxe,  dpdes,  poignarda, 
fleurets,dont  ils  lirent  les  lames  de  certainea  labriquea.  Les 
fourreaox  et  les  omements  dont  cea  objets  sont  d^r^  aont 
Touyrage  de  leurs  mams. 

Quant  k  la  mani^re  dejourbir  une  arme ,  elle  ne  difl^re 
en  rien  des  proc^^  qu'on  suit  en  gdn^ral  pour  polir  le  fer 
et  racier  :  onenl^ye  les  aspdrit^  les  plus  saillantes^sur  la 
meule,  uu  avec  des  limes  d'une  taille  plus  ou  moins  fine,  et 
Ton  termine  aycc  de  T^eri  et  autrea  poudres. 

Teyss^ji&e. 

FOURBUAE,  FOURBU.  l^fourhure  est  une  maladie 
k  laquelle  sont  sujets  les  cheyaux ,  lea  molets  et  les  aotres 
betes  de  somme.  L'animal  attdnt  de  cette  malad«e,  Tanimal 
fourbu,  a  de  la  pdne  k  marcher ;  il  lui  est  extremement 
diincile  de  reculer.  La  fourbure  est  one  fluxion  qui  tombe 
principalement  snr  les  nerfs  do  clieyal  ;elle  les  lui  rend  telle- 
ment  roidea  que  ses  extrdmit^  semblent  d'uno  seole  pi^; 
tootea  ses  articulations  sont  en  qiidque  sorte  soudies  les 
unes  aox  aotres ;  celles  des  pieds  s'afTectent  surtoat :  aossi 
le  mouyement  est-il  alors  presque  impossible.  [«a  oooronne 
deyient  d*ane  grande  aen^bilitis,  et  ae  tum^e.  Dans  qnd- 
qoea  cheyaox,  la  sole  de  la  come  prend  une  forme  crm- 
vexe ;  chez  d*autres,  la  muraille  acqulert  plus  dMpaiaaeiir. 
Nous  deyons  signaler  ici  lea  causes  de  la  fourbure,  afin 
qu'on  puisse  les  ^yiter :  elles  consistent  principal^nent  dana 
le  s^Jour  en  des  lieux  humides,  dans  Texc^  do  repoa  oa 
du  trayail,  dans  un  refroidissement  trop  subit  quand  Pani- 
mal  atr&s-chaud. 

FOURCIIE)  outil  en  fer,  compost  d'une  douille  et  de 
deux  outrols  branchca  pointues,  emmanch^  d'un  bftton.  Lea' 
fourches  en  liois  n'ont  que  deux  fourclions  form^  natord- 
lement  par  la  Jonctlon  de  deux  branches  parallMes,  d 
longucs  de30  k  \b  centimetres,  termin^es  en  poinle.  ^ 

70 


f09 


FOURCHE  ^  FOUBGHES  PATIBULAIBlilS 


t  Lft  fimrehe-fiire,  appeUe  airaf  pa^  eanropobn  ^ furies 
mt  nne  fourche  de  fer  k  hoH  pointes  :  c*66t  le  trideit^  dans 
to  style  mythologiqoe. 

La  fourche  dejardinier  eat  de  mtoie  forme  que  la  prM- 

deote,  areccettedifMreQcey  que  lea  foarchona  aont  plua  ou 

■loiDa  recottrbds  en  dedans.  On  remploie  pour  charger  la  hotte 

'  M  le  bdt,  feire  lea  oouebea,  rompre  lea  mottea  de  terre  ou 

Introdiilre  lea aemencea  aiHtoiaoaa  de  la  auperfidedn  terren. 

Le  mot  /ourehe  a'appliqne  encore  h  diven  outils  em- 
ploy^  dana  lea  iktNriqiieB  de  tiaana  l^gera. 

Dum  <do  TYoone). 

FOURCHE  (Montde  la),  montagne  de  4,a78"'d3  au- 
teaus  da  nireau  de  I'Ooten,  k  I'extrteiit^  nord-eat  du  can- 
iHi  da  Valaia.  C*est  le  plateau  le  plua  ^v6  de  la  cbalne 
^Salnt-Gotbardyqaifonue  le  point  central  desgrandea 
Alpes;  il  est  conatamment  coaTertde  neige » et  on  y  joait  d*lme 
▼tte  admirable.  Une  anberge  7  a  ^td  constraite  en  18S2.  Ce 
■om  de  mont  de  la  Foarche ,  en  italien  et  en  allemand/iirco 
tlent,  suiTanttoiiteTraisembiance,  dela  configuration  par- 
tienlito  des  pics  les  plas  6\ey6s  de  celte  cbalne. 

FOURGDESK^AUOINES  (en  Utin  Fwvulx  Cau- 
4ins^,  appelte  anaal  voile  caudina ,  oa  streUo  di  Arpaia, 
MM  de  la  ebaine  de  L'Apennfai ,  dana  le  royaume  de  Naples 
(profbioe  de  la  Terre  de  Labour),  1^  22  kilometres  nord-est  de 
Stoples,  sor  la  route  de  cette  ville  k  B^n^ent  Rome  mar- 
Chait  k  granda  pas  vers  la  conqu^te  dn  monde.  Elle  ^talt  k 

eie  remiae  de  la  terreor  que  lui  avaient  inspirte  les  Gaa- 
,  qned^j^  la  plnpart  des  peuplea  enYironnanta  sulnssaient 
nm  Jong.  Parmi  eeax  qui  tent^rantvalnement  des'opposer  k 
aat  Sgrandlssemonts  rapides,  on  distingue  tout  d'abord  les 
0tmnites,  d^jk  Yaincos  k  plusieurs  reprises.  Un  strata- 

ee  mit  entre  leurs  mabis  la  fortune  de  l*ennemi ;  et  au 
de  aaTob*  en  profiler ,  ila  iuf  firent  subir  raffront  le  plus 
iaiiglant  que  puisse  endurer  one  nation  Taincue.  Ce  n'est 
pit  lorsque  les  peuples  sont  Jeunes  quMI  faut  songer  k  les 
iMaiitler  :  les  Samnltes  en  firent  la  triste  experience;  leur 
ixtermbiation  totale  put  k  peine  eflacer  la  bonte  dont  ils 
ifaient  convert  le  nom  remain.  Les  bostilit6s  Tenaient  de 
aommencer  (Kan  821  avant  J.-O,  de  Rome  433).  Pontius, 
•gteAral  dea  SamnHea,  ^tait  all^  camper  le  plus  secrMement 
fOiaible  prte  deCaudhun  (aojourd'bui  Arpaia),  De  1^,  dit 
Tite>LiTe,  il  envoie  k  Cabitia  (Ccfjanio) ,  o<k  U  aait  que  les 
consuls  romains out  aasis  leur  camp,  dix  soldata  d^gnlUa  en 
bergers  :  il  leur  prescrit  de  mener  pattre  leura  troupeaux , 
Chaeun  d^modt^difi^rent .  k  peu  dedistanoe  des  postes  ro- 
ttatns ,  et  loraqu  lis  tomberont  au  milieu  dea  fonrrageurs ,  de 
tour  dire  tons  que  les  l^ons  des  Samnites  sont  dana  I'A- 
pnlie;  qu'elies  assi^ent  Luceria  ( Lucera,  Tille  de  la  Ca- 
pKanata),  et  qu^elles  ne  tarderont  pas  k  Temporter  de  vive 
force,  ikjk  mfynae  ce  bruit,  r^pandniidessein,  est  parvenu 
MIX  Romahis;  mais  les  prisonniers  y  donnent  d*autant  plus 
de  poids  qu*ils  a'accordent  toua  k  dire  la  mtoe  cbose  11  ^tait 
bors  de  doute  que  les  Romaina  porteraient  secours  aux  Lu- 
eiriens ,  qui  ^taient  de  bons  et  fiddles  alli^.  La  d^ib^ration 
eut  done  pour  objet  unique  de  dikrider  quelle  route  on  pren- 
dralt.  Deux  chendna  conduisaient  k  Lue^rie,  Tun  facile 
et  ouvert,  qui  longeait  les  c6tes  de  la  mer  Sup^rieure  {mer 
Adriatlque) ,  plas  long  k  la  verity,  mais  plus  sftr ;  I'autre,  plua 
court ,  &  travers  lea  Fourclies-Caudines.  Or,  void  quelle  est  la 
Bitnredu  lieu  :  Ik ,  deux  d^l^ profonds ,  ^troits  et  oouverta 
dc  bois,  entre  lesquels  s'^lend  une  petite  plaine.  Lea  Romama 
francbiasent  sans  obstacle  le  premier  et  la  plaine;  mais 
crrivto  au  second ,  ils  le  troovent  fermd  par  des  arbres  abat- 
tiia  et  par  des  masses 6normes  de  rocbers.  lis  reconnaisaenl 
rartiiee  de  l*ennemi,  et  aper^ivent  un  oorps  de  troupes 
cor  la  bamteur  qui  commando  le  d^^.  Se  liAtant  de  revenir 
car  leurs  pas ,  ils  se  mettent  an  devoir  de  reprendre  le  pre- 
mier ddIM ;  mab  Ua  se  trouvent  auasi  arrM6»  de  cec6i6, et  par 
toa  difficult^  du  lieu ,  et  par  lea  armea  qu'on  leur  oppose, 
Akm ,  ila  auapendentletir  mardie ,  et  leurs  esprits  sont  plon- 
fto  dans  la  stupeur. 
IjeaRomuns,  aprte  avoir  essays  de  se  fortifier ,  abandon- 


Bens  ce  projet  bniiraticables,  et  demandant  k  leqia  cbaisiiM 
aasistanoe  qu*auraient  k  (teine  pu,  dit  Tbistorien  latin,  tear 
porter  lesdieux  eux-ni6mes.  On  ^tait  plus  occupy  kse  plaio- 
drequ'4  d^U>drer ;  etianuit  se  passa  a  <bnettffe  dea  avis,  isas 
que  Ton  songeAt  m^ea  prendre  durepos  et  quelque  noorri- 
tare.  De  leur  d^tiy  lea  Samnitea,  ^mited*unsttootequ11s  ae 
devaient  qu'k  la  ruse,  et  aoquel  ils  n^^taient  paa  aecouto- 
mte,  ne  pouvaient  venurii  bout  de  prendre  un  partL  Iisr6- 
solurent  de  oonsulter  Herennius  Pcntinsy  piredo  gSndnl; 
ses  sages  conseOs  ftirent  rejet^s.  Lea  Samnites  se  dMUnat 
enfin  k  lUre  aubir  anx  vaincus  le  droit  de  la  goerre.  Lh 
RomabH ,  aprto  avoir  teot^  d'inntiles  efforts  pour  sortir  de 
leur  poaitlon  ttcheuse»  demandArent  la  paix.  •  La  guerre  est 
terminte,  dit  Pontioa;  avoaex  votre  mauvaise  lortua^  ci 
passes  sous  le  joug  des  annea,  converts  d'un  simple  vMc- 
ment;  les  coloides  ^tabliea  aur  le  terriioire  saamile  seroat 
^vacote,  et  lea  deux  peuples  vivront  dana  la  coneorde,  en 
verto  d*ane  convention  bas^  sur  la  justice.  Dana  le  cas  ou 
Tune  de  oca  conditions  ne  vous  oonviendrait  paa,  je  d^Ceass 
1^  voa  ddputte  de  ae  repr^unter  devant  moi.  »  Cette  it- 
ponse  ai  dure  el  si  liautauie,  rendue  aux  aoldats,  leur  lit 
poosserdM  oris  li^nentables,  et  les  plongea  dana  une  ocas- 
temaUon  plua  grande  que  ai  on  leur  eCt  annonc^  quM  lal- 
lait  se  dteider  k  subir  la  mort  Toot  ce  que  la  r^publiqae 
avaitde  forcea  se  trouvait  \k  :  en  les  aauvant,  on  aanvait 
la  patrie ;  quant  &  I'bonneur ,  qui  n'^latt  paa  moiaa  dier ,  on 
pouvait  ae  venger  plus  tard.  Le  traits  fut  done  accepts,  el 
rannate  romaine  pMsa  sous  le  Jong.  Que  de  lauriers  IMIiis 
en  un  Jour  1  que  de  nations  veug4eal 

Peu  detempaaprte  cet^vtoement  si  memorable ,  le  trails 
sign^  par  ks  consuls  fut  rompu  k  Taide  d'ona  transaction 
od  la  foi  romaine  ne  briUe  pas  d'un  ^clat  trte-pur.  U  est  vrai 
que  ce  trait6  n*en  6tait  pas  un,  puisqu'il  avait  M  condu 
sans  les  fteiaux,  dont  la  presence  ^tait  absolument  ntoB- 
saire  pour  ces  sortes  d'ades.  Oscar  MAC-CAwrar. 

FOURGHES  PATIBULAIRES.  On  appelait  ainsi  le 
gibet  auqud  on  sospendait  autrefoia  les  cadavrea  des  sup- 
fdidtey  pour  qulls  y  Aissent  mangte  par  les  b^tes,  ou  dtt- 
96cM8  et  disperses  par  les  vents.  Ce  gibet  se  composail  de 
deux  colonnes  de  pfterre,  sur  lesqudies  s^appuyait  transver- 
salement  une  pitee  de  boia  soulenant  plusieurs  cbatnes  de 
fer.  En  g^n^al,  cea  bideux  appareils  ^talent  pUote  bora  des 
viilesy  bourgs  et  villages,  et  prtede qudqne  grand  cbeniin 
pour  porter  au  lofai  T^poovante.  Le  nom  de /marches  ^tait 
venu  de  oe  que  dana  les  temps  recul^  on  se  servait  de  deux 
grandes  fourcbes  au  lieu  de  colonnea  de  pierre.  L^origine  des 
fourcbes  patibulaires  remonte  aux  temps  de  U  republique  ro- 
mame.  Su^ne  racdnte  qu*^  Rome,  lorsquW  mdividu  dtait 
condemn^  k  p^rir  sous  les  verges ,  on  TatUcbait  k  un  oior- 
oeaude  bois  qui  se  lerminait  en  fourcbe ;  sa  t^  6tait  fixte  k 
rextrtoiit^ ,  et  dans  cet  dtat  on  le  fouettait  jusqu*a  ce  qu*U 
expirSt.  En  France,  la  sospensioa  aux  fourcbes  patibulaires 
^tait  une  aggravation  k  la  peue  de  mort.  En  g<^^al,  eUe 
n'^tait  infligte  qu'aux  crUnbiela  de  basse  extraction :  £n- 
gaerranddeMarigny,penduau  gibet  deMontfaucon, 
prte  de  Paris ,  qu'il  avait  lui^nAme  fait  dever ,  est  une  defr 
rares  exceptiona  qu*OA  pourrait  dtei.  Les  femmes  n'^taient 
que  trte-rarement  envoyte  anx  fourcbes  patibulaires. 

Le  droit  de  fourcbes  piAibulairea  n'appartenait  qu*aux  sei- 
gneurs bauts-iustidera.  Pour  cdte  raison.  on  les  appelait 
en  style  f^todal  justices,  U  y  en  avait  de  cinq  classes :  le  sim- 
ple bantjustider  ne  pouvait  avoir  que  deux  piliers,  le  chA- 
tdaUi  trois,  lo  baron  ou  vioomte  quatre,  le  comte  ou  due 
six :  le  roi ,  conune  souverabi ,  pouvait  en  dever  aatan^qall 
luiplaisait.  Auasi,  sous  le  r^ de  Cbarles  IX,  y  avait-il  4 
Montiaucon  seiie  piliers,  entre  lesquds  on  vo]^t  babituel- 
lement  dnquante  k  sdxante  corpa  mutil^  II  paralt  que  oel 
borrible  spectade  n'empCcbalt  pas  ies  Parisiens  de  ventr  (Uro 
la  d^baudie  autour  de  ce  gibet.  Lea  fourclies  patibulaires 
n^existent  plus.  La  pcbiede  la  potencea  6t6abolie  en  France 
par  le  oode  ptedde  1791.  Tons  les  ratlinements  de  ssppli 
tes  sont  pour  Jamais  rayte  de  noa  lots.  Lea  cadavreadcs  sup- 


F013RCHES  PATIBULAIRES  —  FOURCROY 


601 


plio^  sont  auJourd*hui  d^itr^  k  la  familley  si  die  le  de- 
mande,  ou  inhain^s  saiu  appareil  par  tos  soina  de  radiiii-« 
nistration. 

FOUKGHETTE.  Unedaa  preBii6re8mention§4ii»Qsoit 
faitede  ce  petit  utttrameiit  eat  dans  imiiifeataira  de  I'arigen- 
terie de Charles  Vyrai  de  France,  dat^  de  1379.  Encore  ees 
foiircbettes  nereweniblaient*elleapaa  aux  ndtres ;  ellea  teient 
petites ,  n'ayaient qiiedenx  branehea  conune  one  foarohe ,  ee 
qui  leur  fit  doiiner  le  nom  qn'ellea  portent.  Elles  fbrent  plaa 
commanea  ao  quiuitaie  eC  an  aeiiitee  sitele,  el  nous 
▼oyons  dans  le  oabioet  de  not  amatears  d'antiqaitds  natio- 
nales  de  petites  fourcMleaen  Woireon  en  boisqui  s'odapteat 
k  une  coiUire  asset  large,  sans  manche ,  et  formest  ainsi  un 
cou  Tert  oomplet  Dana  lea  deux  demiers  siMes,  ee  men- 
ble  de  taUe  se  multipBa^  a'agrandit;  de  noa  Jours,  on  le  ren- 
contre partout,  et  en  France  tt  est  toi^ra  compost  4e 
quatrebranches.  Ix  Roox  ra  Lnior. 

£n  aiiatomie,  oa  appelle  faurehetU  certaines  parties 
du  corps  humaln ,  tellea  qne  la  commiaaiirepost^rieore  des 
grandes  l^Tres,  i'appendice  xipliolde  da  atemnm,  parce 
qu^elle  est  qnelqaefois  bifarqnte.  Lesmddecins  TitMaaires 
appUquent  eetie  dteomination  ^  Tesptee  de>btcro^  que 
forioe  la  come  dans  la  cavity  du  pied  cbex  la  chevai :  on  la 
(iit  ^rane  quand  elle  est trop  nourrie,  et  nuAire  qoand  die 
lie  VesI  pas  assei* 

Ua petit  instrument  de  eUmnpe,  reaaemblant  assess  ime 
fourche^  et  dont  lea  brandies  sont  aptotiea,  monases  et  tr^- 
rappiocbte  I'une  derautre,  s'appdle  tsamX  fimfthettt.  H 
sert^  soolever  la  langtte ,  et  k  tendre  le  fliet  qui  Ponit  k  la 
parol  inftkieure  de  la  boucbe,  aRn  d^en  Mre  la  seeHon. 

En  architecture,  I'endroit  oA  les  deiiv  petMes  nones  de  la 
couTertnre  d*une  Incameae  joignent  k  eeHe  d*un  eomble 
porte  le  nom  A»fimrekBtte.  Les  caiT0S8ier»  app^Dent  aind 
un  long  moroeau  de  bois ,  k  denx  poiates  de  ftr ;  qitf  est  at-> 
tach6  k  la  fltehe  d'un  carrosee  :  on  ie  bdsse  quand  le  car- 
roesa  se  troa^  snr  une  oMe  dure  k  gratir ,  atin  de  PempA- 
pteher  de  reculer.  En  tennes  de  m^canique,  une/ourcAe/^e 
est  one  partied^nnengin.  Bn  serrureriev  o^estun  instrument 
de  fer  serrant  4  tonmer  lea  brequins,  les  taritees ,  les  ca- 
nons 9  etc. 

Les  soldata  se  sernuent  autrefois  d^un  Miton  ferr6,  d'un 
fer  fourchu ,  nonun6  fdurthstte ,  sur  leqod  Us  appuyaioat 
lenr  BBousqud  eh  tirant ,  afin  d^en'dftnltiner  la  pesanteur  et 
do  le>  rdre  porter  plus  juste.  On  appeldt  aussi  fowxhette 
d^arlial^  deux  petits  moreeaux  de  fer,  en  forme  de  petit 
tWMon ,  au  bout  de  la  montttre  de  i'arbal^f^,ao  milieu  des- 
quels  dait  ud  til  oil  I'on  mettait  un  grain  pour  guider  Todl. 

FOUAGROY  (Amonm-PiuiiQOisnB)',  membre  de  Tins- 
titut,  professeur  de  chimie  an  Mustom  d^istoire  Naturdle, 
a.  i'£icole  de  M^dedne,;^  r£cole  Pdytechniqne,  etc. ,  naquit 
h  Paris « le  IS'jbnTier'  1755.  Son  p^,  Issn  d'une  famllle 
noble,  maispauTre,«[ercaft  la* profession  de  pharmaoien, 
P.O  ¥ertn  d'une  chafge'qu'il  aimit  dans  la  maisen  d'Orl^ans; 
luais  i  par  autte  des  effiarts  de  la  corporation  dfis  apotliicaires 
tie  Fans  ,cdte  charge  fut  supprim^.  A  qifatonseans  Fonrrroy 
qoitta  le  d>lt<^e  d'Hareourt ,  aussi  peu  instniiVqu*iI  j  dtait 
entr^  L*adrer8it6  l^ttendaH  ;  die  d«rlnt  ponr'hii  un  roattre 
utile*  Passionn^  pour  la  mnsique  et  lea  beaux  vers ,  auteur  de 
quelques  pitees  de  tb^itre,  fl  eut  un  moment  I'idfe  de  se 
taire  ooro^ien*  Toutes  see  mesures  ^ient  prises.  Le  mau- 
▼aia  auccte  d*ttn  de  ses  arala ,  qui  Tentralnait  dans  oette  car- 
ri^re ,  et  qui  toulait  le  fliire  ddiuter  aprte  hd,  le  guMt  pour 
jaoiais  de  son  goM  pour  la  commie  d  de  la  foHe  passion 
de  Talaegloire  qui  ravait  s^duit  qudqnee  instants.  Ses  Tues 
se  toum^rent  alors  vera  le  commerce.  II  prit  des  te^ns 
dr^Briture,  ^tudi»lescbanges4trangera  daccepla  nn  emploi 
dans  le  bureau  d'un  eommis  dn  sceou ,  ami  de  sa  famille.  II 
ee  ftt  bicntdt  ,du  produit  de  ses  honorairesd  des  lemons  d'^ 
criture  quH  donndt  en  ville ,  un  petit  revenn. 

An  bout  de  deux  ans ,  outn^  de  Pinjustice  qn'on  Id  fit 
^pranTer  en  le  prirant ,  en  Caveur  d*iu  nouveau  venu ,  d*un 
ttvancemeat  auqud  il  avdtdesdroitaineontedables,  il  sortit 


dn  bureau  pour  n'y  plus  reparattre.  II  retomba  pour  la  troiir 
dtoe  fds  dans  son  incertitude  sur  le  cboix  d'un  ^tat.  He uv 
reusement  pour  lui,  le  cfld)re  V icqd' A  zy  r  s'^tait  mis  en 
pendon  cbex  son  p^re.  Ses  conseils,  sonexemple^  les  foci* 
Htte  d  les  seoours  qu'il  oflhdt  k  son  jeune  prot^6,  ddermi* 
nteent  cehil-d^  ^dier  lamMedne.  Son  ardeur  fut  telle  daos 
sesMudessdentifiquesque  deux  ann^esapr^  Fourcroy  pu« 
bHa  une  traduction  de  Ramazdni,  sur  les  Maladies  des  Arti* 
sans,  enrichie  de  notes  et  d*^laircissements  puis^  aua 
sources  dNme  chimie  toute  nouvelle.  Get  ouvrage  avatt  para 
sons  les  auspices  de  la  Sodd^  royale  de  M^dedne,  institu^ 
par  Vicq  -  d'Azyr.  L'ancienne  faculty ,  jalouse  de  ce  nou« 
Teau  corps  sdentifique,  se  Tengea  en  refosant  de  recevoir 
gratuitement  Fourcroy  dans  son  sdn.  Apr^  les  instances  de 
Buqud,  elle  revint  sur  sa  determination ;  mais  Fourcroy  re* 
flisa  k  son  tour,  et  trouva  dans  la  g^n^rosit^  de  ses  amis  pkia 
qu*ll  ne  fdlait  pour  suffire  k  tant  de  d^penses.  II  fut  re^u  en 
1780.  II  n'ddtpas  seulement  m^dedn ,  c*ddt  un  chiroiste 
distingue.  £l^e  deRoux ,  de  Marquer  et  surtout  de  Boqnd , 
dont  tl  etdtdevenu  au  moins  P^gal, il  attirait  une  foule  pro* 
digiense  k  ses  cours  de  chimie. 

En  1784 ,  Maquer  tint  ^  mourir,  et  la  cbaire  de  chlmia 
an  Jardin  da  Roi  ftit  Vacante.  BufToli  devait  tiommer^  cette 
place.  Fourcroy  se  mit  sur  les  rangs.  Son  concurrent  etdt 
un  grand  chlmi^te ,  protege  par  un  grand  prince ;  mats  les  re* 
commendations  nombreiises  de  personnages  condderablea 
dans  le  monde  et  dans  les  sdences  Peuport^rent ,  et  BuftiMi 
nonnna  Fourcroy.  Du  reste,  Phomme  de  g^nie  auqtiel  un  ta» 
lent  s^duisant  fut  alors  pr^f^r^ ,  comme  Pa  dit  Cuvier ,  s*esi 
applaud!  depnis  d'avolr,  en  pcrdant  sa  place,  gagn^  un  si 
heiireux  propagateur  de  ses  d^couvertes.  L^ton^e  suiTante  / 
un  foateuU  devhit  vacant  dans  le  sein  de  PAcad^mie  des  Scien*| 
ces ;  Fourcroy  ftit  du.  II  entra  dans  la  section  d*anatomte,! 
d'oii  il  sortit  ensuHe  pour  passer  dans  cielle  de  chimie,  k  la* 
qndie  n  appartenalt  phis  naturelleroent. 

La  chimie  allait  prendre  une  face  nouvdle  par  le  change- 
ment  qu'on  (dsait  subir  k  sa  nomenclature.  En  1782 ,  Four- 
croy eut  Phonneur  departiciper  aux  oonlSrences  tenues  ches 
Lavoisier.  De  1786  k  1787  on  y  jeta  les  fondements  de  U 
nouvelle  nomenclature.  Dans  le  courant  de  Pann^e  1787  • 
Fourcroy  publia  le  r^sultat  de  ce  beau  travdl,  le  mienx 
raisonne  sans  doute,  k  qudques  ddaots  prte,  qui  ait  jamais 
dgnaie  les  sdences  naturdles,  en  ce  qnll  est  parfailemeui 
historiqne.  Avec  une  telle  b^ldirite,  Fourcroy  ne  pou* 
vdt  rester  stranger  aux  dvenements  qui  8ignal6rent  Paii- 
n^e  1789.  Avant  le  14  juillet,  il  fit  partie  de  la  reunion  des 
decteurs  qui  secondirent  le  mouvementde  I'Assembieenatio 
nale.  En  septembre  1789 ,  port6  au  corps  electoral,  U  fiji 
norome  malgre  Ini  ceptifeme  suppieant  de  Paris ,  quoique 
Pon  ne  PeAt  vu  figuref  ni  dans  les  tribunes,  ni  dans  les  Jour- 
naux ,  ni  dans  les  affiches,  ni  dans  aucun  acte  public.  Apr^* 
avofr  travailie  jour  d  nuit,  pendant  dix-huit  mois,  ^  Pextrac- 
tion  d  &  la  purification  du  salpetre,  au  oomite  de  salut  public 
il  (bt  appeie,  en  juUlet  1793,  k  la  Convention.  II  s'aper^ut  d6s 
le  premier  jour  qu*0  n'y  avail  rien  k  faire  centre  PafTreux 
despotisme  qui  dominait  Passembiee.'Il  se  cacha ,  en  quelque 
sorte ,  dans  le  comite  d'lnstmctiou  publlque,  ou  il  fit  tout  le 
blen  quHl  pouvait  faire ,  en  empechant  le  plus  de  maux  qu*il 
lul  Alt  possible.  II  reuwt  k  arracher  D  es  a  nl  t ,  chirurgien  do 
PhOtd-Dien,  aux  prisons,  on  plot^t  k  la  roort.  II  parvin 
k  soustrdre  Chaptal  k  Paccusation  de  federalisme,  en  le  fill* 
sent  appeler,  de  Hontpdlier  k  Paris,  pour  Poccuper  an  sa^ 
pdre.  II  prtt  la  defense  de  Dared ,  dejlt  porte  sur  les  tables 
de  proscription  de  Robespierre,  d  eut  le  bonheur  de  le  sau- 
ver.  Etc'estlai,c'estFourcroyqu*onasigndecomme  Pauleur 
de  la  mortde  Lavoisier,  dont  lesortavdieteimpitoyablement 
fixe  avec  cdd  de  tons  les  fermiers  generauxt  La  caiomnie  a 
donne  k  Pimpuissance,  ouau  tnoins  k  la  timidite,lecaractere 
du  crime  le  plus  lUche ,  le  plus  inOlme  1  Cette  odieuse  incuU 
I  pation,  qui  emiioisonna  le  reste  des  jours  de  Pillnstre  cldmistei 
I  a  ete  victorieusement  rdfutee. 
i        u  9  tliermidor,  Fourcroy  ftit  appde  au  comite  de  sdut 


604 


FOUECROY  —  F0UR60N 


public.  Ii  s'y  DiOiitn  stranger  1^  tout  parti ,  h  toute  intrigae , 
partagea  tous  la  malheurs  et  les  dangers  d*mi6  diMtte  fac- 
tice ,  provenant  de lachateda  papier,  que  la  main  de  fer  do 
gouTernement  pr^c^lent  avail  soutenu  malgri  son  accrois- 
aement ,  manqua  liil*mtaie  de  pain  pendant  dnq  mois ,  et 
flit  jrMult  k  YiTre,lui  et  cinq  personnes  de  sa  lamiUe,  de 
pommes  de  terre.  Mon-seulement  Fourcroy  organisa  YEcoU 
Polytecbniqae»  quin'^tait  alorsque  T^cole  deatra?aox 
publics ,  mais  encore  ii  fit  crto  trois  6cole8  de  m^decine , 
et  r^tablit  rinstructioD  sor  ses  premises  bases ,  en  obte- 
nant  des  antt^  de  la  Convention.  Ii  donna  la  premie  id^e 
de  cette  £cole  Nor  ma  1  e ,  snpprim^  trop  tM  et  centre  son 
Tcea ,  rdinstitn^e  sons  Tautorit^  imp^riale,  et  d^uite  pen- 
dant qaelqoes  ann^s,  puis  enfin  r6tablie.  Lors  de  la  reac- 
tion de  la  constitution  de  Tan  m,  ce  futgrAce  ^lui  que  Tins- 
truction  publiqueet  Tinstitutfurent  coropris  dansTacte  cons- 
titotionnel.  Sorti  du  Conseildes  iVnciens,  ot  il  si^ea  pendant 
deux  ans,  fl  reprit  ses  cours  publics,  et  r6digea  son  grand 
ouvrage  intitule :  Systhne  des  connaissances  chinUques , 
le  plus  grand  monument  ^lev^  k  lagloire  de  la  chimie 
fran^ise.    ^ 

Six  semaines  aprte  la  revolution  du  18  bnimaire ,  il  re- 
f  ut  du  premier  consul  rinvitation  de  se  rendre  au  chAteau  du 
Luxembourg.  Le  soir  mtoie,  le  conseil  d^lat  ^tait  assem- 
ble dans  une  salle  du  cbAteau;  Fourcroy  fut  retenu  par  Bo- 
naparte, qui  iui  fit  prendre  place  au  conseil ,  et  le  consulta 
sur  les  afbires  qu'on  y  traitait ,  faveor  inopin^e  qui  fut  pour 
Fourcroy  une  occasion  nouvelle  de  reprendre  ses  travaux 
sur  r^ucation.  Nomm6  directeur  g^n^ral  de  rinstruction 
publique ,  il  cr^  des  lycto  dans  toute  T^tendue  de  la  France , 
et  rendit  ces  ^coles  florissantes  jusqu*k  P^poque  od ,  par  1*^ 
rection  de  Tuniversit^  imp^riale ,  elles  re^urent  toute  la  per- 
fection k  laqoelledies  pouvaientattdndre.  Dans  cette  circons- 
lance,  Fourcroy  a  encoum  qudque  blAme. «  Le  gonvemement, 
dit  M.  Chasles,  qui  ne  craignit  pas  de  demander  Tabolition 
de  la  liberty  de  Tenseignement  (loi  du  1  i  flor^  an  x,  arte  et 
8 )  ,n'osa  cependant  pas  r6v61er  toute  sa  pens^  etlalsser  en- 
trevoir  la  resurrection  procbaine  de  tout  ce  que  la  revolution 
avait  detruit ;  et  quand  un  tribun ,  place  peut  etre  plus  avant 
dans  la  confidence  du  premier  consul  que  Torateur  du  gou- 
▼emement ,  proposa  de  recreer  on  corps  enseignant ,  le  con- 
seiUer  d'etat  Fourcroy  repoussa  vivement  cette  idee,  comme 
incompatible  avec  les  prc^rto  de  la  raison  publique  etde  Tes- 
prit  bumain.  Fourcroy  porta  bient6t  la  peine  de  sa  mala- 
dresse  :  Napoleon  Iui  infligeaplus  tard  la  mission  dialler  de- 
vant  la  meme  assembiee  presenter  et  defendre  le  projet  de 
loi  qui  creait  Tuniversite  imperiate;  il  dut ,  rerutant  ses  pro- 
pres  paroles ,  glorifier  ce  quil  avait  condamne,  et  demon- 
trer  les  avantag^  de  rinstitotion  dont  il  avait  signaie  les 
dangers.  Son  apostasie  ou  sa  conversion  ne  desarmerent  pas 
la  rancune  bnperiale ;  et  quand  fl  fallut  donner  un  grand- 
maltrek  Tuniversite,  Fontanes  ftil  investi  de  cette  baute 
magistraturei  que  Topinion  publique  avait  destineeau  savant 
Fourcroy.* 

De^  de  ses  esperances,  Fourcroy  se  crut  disgrade.  Sa 
gaiete  naturdte  TabandoDna ;  sa  sante,  d^k  alteree  par  IV 
gitation  des  affaires ,  les  devoirs  de  ses  places ,  les  medita- 
tions et  les  vdlles  du  cabinet ,  devint  de  plus  en  plus  cban- 
celante;  le  16  deoembre  1809  U  ftit  subitement  frappe 
d'une  attaqne  d'apoplexle ,  et  expira.  L'empereur  venait  de 
signer  sa  nomination  k  la  direction  des  mines. 

Fourcroy  fut  nnprofesseur  distingue.  «  Il  etait  ne  pour  le 
talent  de  la  parole ,  comme  le  dit  Paiiset  dans  son  doge,  et 
ce  talent,  il  I'a  porte  au  plus  liautdegre :  ordre,  darte,  ex- 
pression,  fl  avait  ioutes les  parties  d*on  oraleor  consomme, 
ses  lemons  tenaient  de  Penchantement  A  peine  avait-U  oo- 
vert  la  boucbe,  que  le  cceur  etait  saisi  par  les  sens  et  Tes- 
prit  captive  par  Vattente.  Les  plienomines  les  plus  subtils , 
les  theories  les  plus  abstraites  et  les  plus  compliquees  pre- 
naient,  k  mesure  qu'il  pariait,  une  evidence  d  une  stmplicite 
qui  Jetaient  dans  la  surprise  et  le  ravisscment.  Son  docution, 
yife  fticfley  variee ,  eiegaute,  et  pourtant  famUiere  semblait 


se  Jouer  avec  les  obstacles ,  et  feisalt  tomber ,  poor  aind  dlre« 
en  oonrant,  les  voUes  sous  lesquds  la  nature  s*est  envdop- 
pee  :  tout  cet  edaty  soutenu  par  les  accents  d'une  voix  a»> 
nore  et  flexible ,  et  par  le  Jeu  d'une  pbysionomie  qui  te  prt- 
tait  k  mflle  expressions  et  s'animdt  du  fen  de  la  parole , 
donnait  k  ses  demonstrations  tout  le  prestige  et  j'osanb 
presqne  dire  toute  la  pasdon*  d'une  sctoe  dramatiqoe.  * 
Outre  son  Systime  des  connaissances  chinUques, on  a  de 
tuides  Tableaux  synoptiqttes  de  chimie  et  un  grand  nom- 
bre  de  okemoires  inseces  dans  les  prindpanx  recueils  sdoi- 
tifiques  de  repoque.  Adolpbe  LAUMBa. 

FOUfi  DE  GAMPAGNE.  Parmi  lea  peoples  rao- 
domes,  les  Anglais  sont  les  premiers  qui  se  soient  occupet 
de  PadiministraUon  des  vivres  de  lenrs  troupes  de  terre  en 
campagne.  Ao  milieu  duquatonieme  dede,  learsgnerresde 
tons  les  jours  au  sein  des  provinces  ruinees  de  la  France  leor 
demontrfcrent  la  necesdte  d*un  systeme  qui  assurAt  la  siit>- 
sistance  de  leurs  armees :  dies  ne  marchaient  qn'aooompa- 
gnees  d^un  nombre  de  fours  proportionne  k  leor  force.  Les 
defaites  si  firequentes  de  nos  ancetres  tinrent  en  partie  APab- 
sence  de  toute  precaution  de  ce  gwre.  Coflgny  le  premier 
sentit  la  necesdte  d'organiser  une  adminwtration  nonuidere ; 
et  des  boulangers  oommenc^rent  k  acoompagner  par  ses  or- 
dres  les  oompagnles  d'bommes  d^armes;  mds  ee  faitLoovois 
qui  con^ut  et  redtsa  ie  projet  de  donner  anx  armees  des 
fours  portatUs.  Lesunsmardiaient  tout  cunfectionnea,  mals 
ils  etdent  de  pen  de  capadte;  d'autres,  plus  grands,  ecaient 
repartis  sur  des  diariots,  ayant  leur  carcasse  k  part  de  lean 
materiaux ;  ceux-lA  se  constmisaient  sur  place,  et  etaicnt 
susceptibles  de  cuire  600  rations  de  pain,  ou  du  biscnit  en  pn>- 
portion.  Ce  fut  surtout  dans  les  demieres  annees  do  dix-sep- 
ti^medede,  qu^A  cet  egard  les  essaiset lesexperienoes  forent 
pousses  le  plus  icin  :  on  pretendit  mtaoe  fidre  coire,  cfae- 
min  faisant,  dans  des  fours  portes  sur  quatre  roues  et  cbanf> 
f es  au  moyen  d*nn  fen  de  reverbere ;  mais  le  besoin  de  r^ 
parations  continneite  et  desdiflicuites  de  toutes  eap^cesrai- 
ddent  presque  ImpraUcable  cette  operation.  IVArgaiaQn  el 
CUoiseol  s'appliquerent  k  km  tour  k  favoriaer  la  pauiiica- 
tion  en  campagne :  les  oommissaires  ordonnateurs  qoils 
en  charg^jent  tirerent  peo  de  ressources  de  leurs  tentatives. 
La  guerre  de  la  revdution  n*avan^  gahre  pins  le  savoir- 
faiie  de  la  boulangene  militaire.  Les  conmussdres  des 
goerres,  quand  le  temps  leur  en  etdt  donne,  mettaient  en 
requisition  les  fours  existants,  ou  bien  ils  en  fdsaient  c(mis- 
truire  par  des  corvees,  par  de»  appds  fiuts  anx  soldats  des 
regiments  ou  aux  ouvriers  du  pays;  mals  oda  s'execntail 
sans  prindpes  arretes,  sans  regies  fixes,  sans  savoir  sur  qoeis 
londs  imputerles  depenses  ;  les  administrations  de  la  garde 
imperide  y  procederent  seules  avec  un  pen  plus  de  meibode 
d  d^habilete.  Une  distribution  de  mouflns  k  bras,  er- 
donnee  par  Napoleon,  en  Espagne  et  en  Rusde,  n*obCJnl 
gu^e  plus  de  sneers,  mals  prouva,  abid  que  qudiqoes  do- 
cuments authentiques  mais  trandtoires,  de  1812,  que  ce 
grand  capltaine  avait  apprede,  quoiqn^m  peo  lard,  llm- 
portance  des  soins  de  cette  nature :  cefiirent  des  efforts  en 
pure  perte.  Un  riglement  du  1*'  septembre  1827  fut  on  des 
premiers  k  trdter  de  ce  sujet.  Dans  ces  deralers  temps , 
des  essais  ont  ete  tentes  sur  differentes  formes  de  fours  de 
campagne.  Notre  armee  d'Orient  en  possMe  pludeors. 

G*^  Babnii. 
FOURGON,  espto  de  coffre  en  plancbes  d'une  asset 
grande  capadte ,  d  ferme  par  uncouverde  demi-cyUndiique. 
Ce  couvercle  est  muni  le  plus  souvent  d'une  toile  drte 
ou  peinte,  afin  de  mettre  k  I'abri  de  la  pluie  les  vivres  qua 
d^ordinaire  on  entasse  dedans  pour  le  service  de  rannee.  II 
sert  aussi  au  transport  des  bagages.  A  cet  effet ,  on  y  at- 
tdle  deux  ou  quatre  cbevaux ,  et  on  en  confie  la  condnila 
aux  soldats  du  train  des  equipages. 

Ce  nom  est  egdement  donne  k  rinstmroent  dont  le  boo- 
langer  se  sert  pour  remuer  la  braise  et  le  bois  dans  le  Umr^ 
et  A  un  bout  de  fer  courbe  en  crocbet  pour  attiaer  It 
boa  de  terre  dans  les  poeies  de  fonte.  V.  oe  MolAw. 


FOURIER 


Gt)S 


FOURIER  (  JbanBaktotc-Jmefb),  baion  de  I'em- 
pire,  Mcr^Uire  perp^toel  de  PAcad^ie  des  Sdcnces,  an 
das  qoarante  de  I'Acad^ie  Franfaise,  naquit  k  Auierre,  et  m 
dtotfaigna  dte  sa  jeunesse  par  son  goOt  pour  la  litt^ratnre  et 
ks  acienees.  A  dix-liuit  ana,  U  avait  d^j^  compost  un  M^nioire 
sur  lea  matb^matiques.  La  r^Yolution  fran^Ute  Tayant  em- 
pteM  d'entrer  dans  Tordre  des  BteMictins,  il  ne  tarda 
pas  k  se  rendre  ^  Paris.  U  y  serrit  la  patrie  avec  ide,  fit 
partie  de  la  pins  importante  des  assemble  popolaires,  et 
y  obtint  quelques  succte  par  son  6loqoence.  Jet6  en  prison 
pendant  la  terreur,  it  fat  eondamn^  k  mort. 

Lorsqae  le  calme  se  r^blit,  Foarier  se  liyra  de  nooTean 
anx  sciences, et  samt  le  coars  de  l^^le  Normale.  Prores- 
seor  k  I'^Gole  Polytecbnique,  U  contriboa  aui  premiers  snccte 
de  cette  instttution.  II  fit  partie  des  saTants  qui  accom- 
pagnaient  TespMition  d'£gypte;  et  ceui-d,  en  fondant  lear 
memorable  institot,  nomm^rent  Fourier  lear  secretaire  per- 
pitoel.  Le  g^n^al  en  chef  lui  accorda  anssi  sa  confiance  et 
les  fonctions  de  commissaire  do  gooTemement  prte  do  diran 
du  Caire.  11  <^tait  k  la  t6te  d*an6  des  deax  eip^tions  scien- 
tifiqnes  qui  remontant  les  riTages  do  NO  poor  en  explorer 
lea  monnments.  Le  dlsoours  pr^minaire  qui  pr^cMe  le 
grand  ouvrage  sur  Ti^pte  fat  encore  I'oenvre  de  Fourier. 
Lorsqae  rarmte  eot  perda  son  premier  g^n^ral  en  chef, 
Foarier  s'occopa  des  affaires  avec  ardear,  et  pr^ta  an  puis- 
sant seooars  aa  g^ntel  Kl€ber.  Le  traits  conda  arec 
Mourad,  le  plus  redoutable  des  chefs  des  Mamducks,  fat  en 
partie  son  ouTrage.  Enfln,  qoand  Kl^ber  tomba  sous  le  fer 
d'an  assasshi,  Foarier  tat  Tinterpr^te  de  la  doaleor  de  rar- 
ing, en  rendant  hommaga  k  la  m^moire  du  h^ros  dans  an 
diacoars  toachant  quMl  pronon^  snr  sa  tombe. 

ReTenu  en  France  sur  le  brick  anglais  le  Gcod^Design, 
fL  fut  nomra^,  en  1801,  pr^fet  de  Tls^re.  Fourier  rempUt  la 
partie  la  plus  ddicate  de  sa  mission  en  ralliant  toutes  lea 
opinions  par  sa  moderation.  Mais  les  details  d^one  adminis- 
tration paisibTe  conTonaient  pea  k  son  esprit  sdentifique  : 
il  abandonna  souvent  ie  soin  des  affaires  aox  hommes 
telair^  qui  I'entoaraient.  Ce  fat  sous  lui  qu'eut  lieu  le  des- 
s^chement  des  maraia  de  Boargoin  :  cette  operation  rendit 
k  Tagricaltare  quarante  communes.  Fourier  perdit  sa  pr6- 
fednreen  1814, 1'occopa  de  nouYeau  pendant  les  cent  jours, 
et  quitta  enfin  Grenoble,  pauTre  comme  il  y  ^tait  entr^,  pour 
venir  se  fixer  1^'  Paris.  L*Acadtoie  des  Sciences  le  chosit, 
eo  1815,  pour  un  de  ses  membres;  mais  cette  Section  ne 
fut  pas  approuTte.  Une  nouTclle  Section,  dans  laquclle 
il  obtint,  en  1816,  tons  les  snfft'ages,  re^ut  la  sanction 
royale;  plus  tard,  U  fut  nomm^  seci^taire  perp^tud. 

Les  travaiix  sdentifiques  lea  plus  remarquablea  de  Fou- 
rier, ind^pendamment  de  la  part  qu*il  a  prise  au  grand  on- 
▼rage  sur  l*£gypte,  soot  relatifs  k  la  r^luUon  des  Equa- 
tions alg^briques  et  ii  la  tliEorie  matli^atique  de  la  chaleur, 
dont  fi  a  le  premier  fait  connaltre  les  Rations  fondamen- 
fales.  Dans  rint^gration  de  ccs  filiations,  il  donna  poor  le 
d^Ydoppement  des  fonctions,  en  s^^ies  de  cosinus  d'arcs 
multiples  de  la  variable,  one  formoleqai  a  M  employee  de- 
puis  avec  soccte  par  les  g^omitres  dans  beauconp  de  ques- 
tions de  physique  matMmatique.  Fourier  n^Hgea  long- 
temps  de  mdtre  en  lumitoe  ses  rechercbea  snr  la  resolu- 
tion des  ^nations ,  et  k  pdne  aTait-ll  commence  k  s'oo- 
cuper  de  lenr  publication  quMl  fut  surpris  par  la  mort,  le  16 
mai  1830.  Navier  se  cbargea  du  soin  de  la  continuer  et  de 
pronver  qa?k  Fourier  appartenait  Teritablement  Hionneur 
d'avoir  ouTert  la  route  qui  a  conduit  au  perfectionnement  de 
la  resolution  des  equations  algebriques. 

Lb  Vereicr,  d«  I'Acad^iaie  des  Scimeet,  f^oateor,  ete. 

Fourier  etalt  le  le  21  mars  1768.  Outre  la  TMorie  ana- 
lytique  de  la  chaleur  ( Paris,  1822,  in-4" )  et  les  autres 
ooYrages  dont  il  vient  d*6tre  parte ,  on  lui  doit  :  Rap' 
port  stir  les  4tdblissements  appeUs  tontines  ( Paris,  1 821 , 
ia-4*^  )\  Rapports  sur  les  progrks  des  sciences  mathimati' 
ques,  Cmnme  secretaire  perpetuel  derAcademiedes  Sciences, 
t  prononee  les  eiogw.de  I>elambre^  de  W.  Hcrs- 


chdl,  de  Breguet,  etc.  n  a  aussi  ecrit  pour  la  jno^opAie- 
Mtichaud  qudques  articles  signes  Z. 

FOURIER  (CnABLEs),  fondateor  de  la  secte  sodaliste 
qui  se  qualifie  d*icole  sodStairef  et  k  Tensembie  des  doc- 
trines de  laqudle  on  donne  le  nom  de/nirf^risme,  naquit 
k  BesanQon,  le  7  ayril  1772.  Son  p^re,  qui  etait  mjiwhyini 
de  draps,  I'enToya  d^abord  sui?re  lea  dasses  du  college 
de  sa  yille,  et  lui  fit  ensuite  embrasser  la  profession  qu'il 
aTait  toujours  exercee  loi-meme  avec  honnenr  et  probite. 
Charles  Fourier,  nons  dit-on,  obdt  reBpectueusement  k  la 
Tolonte  patemeUe,  et  se  condamna  ainsi  k  vegeter  toute  sa 
Tie  dans  les  occupations  subaltemes  et  presque  mecani- 
ques  d*une  carriere  pour  laqudle  il  s*etait  toujours  senti 
la  repugnance  la  plus  prononcee,  tandis  que  les  tendances 
naturdles  de  son  esprit  le  portaient  irresistlblement  vers  les 
speculations  les  plus  ardues  de  la  philosophie.  En  1830  it 
tenait  encore  les  Urres  dans  une  importante  malson  de  com- 
mission de  la  rue  du  Mail,  en  relations  habituelles  d'affaires 
avec  TAmerique.  Precedemment,  et  pendant  de  tongues  an*- 
nies,  il  avait  occnpe  le  memo  emploi  tour  k  tour  k  Rouen, 
k  Marsdlle,  k  Lyon;  et  partoiit,  a-t-on  soin  d'igouter,  il 
avait  merite  et  obtenu  par  son  zde  et  son  exactitude  la 
confiance  et  Pestime  de  ses  patrons.  Nous  n'avons  aucun 
motif  pour  suspecter  la  sincerite  de  ce  certificat  de  bonnea 
▼ie  et  oKBurs;  mais  jusque  id,  commeon  voit,  lliistoirede 
Fourier  estcdledetantd'honaetesgensqui, demandant  reso- 
Ifiment  au  travail  leursmoyens  d'existence,  vivent  et  meurent 
inconnus,  sans  se  souder  de  laisser  autrement  traces  de 
leur  passage  Id-has.  Telle  n'etait  pourtant  pas,  en  realite^ 
la  dispodtion  d'esprit  de  Charles  Fourier,  qui,  paive  que 
son  pere  avait  Csit  violence  k  ses  inclinations,  s'etait  cm  au- 
torise  k  Mn  soumoisement  centre  le  commerce  le  serment 
d'Annibd.  Toot  autre,  k  sa  place,  vous  eOt  Uen  vite  plante 
\k  le  brouillard,  le  grand-livre,  le  r^ertoire,  le  livre 
de  eaisse,  etc.,  et  au  lieu  de  rester  derriere  un  comptoir, 
6*en  ffit  alie,  faute  de  mieux,  defendre  la  patrie,  menacee 
dors  par  les  hordes  etrang^res.  Certes  en  1792,  et  plus- 
tard  encore,  Toccaston  etait  bdle  pour  se  soustrdre  avec 
gloire  et  profit  k  un  joug  abborre.  Cliaries  Fourier  en  agit 
d'une  autre  fa^n;  mais  sMl  se  serra  plus  etroitement  le  11- 
col  autour  du  cou,  ce  fut  avec  la  resolution  de  consacrer 
desormais  silendeusement  la  puissance  de  ses  facultes  in- 
tdlectueUes  dnsi  que  les  loidrs  que  lui  laissdent  des  occu- 
pations toates  machindes  k  la  recherche  d'on  moyen  sOr 
d'en  finir  pour  toujours  avec  une  oigadsation  sodale  dans 
laquelle  11  ne  lui  avait  pas  ete  donne  de  pouvoir  suivre 
librement  sa  vocation  naturdle ,  d'en  finir  surtout  avec  ie 
systeme  commerdd  actuel,  qui  a  pour  bases  Vit^fdme  capitd, 
le  monopole,  si  nuidble  aux  interftts  generaox,  le  dol,  I'as- 
tuce  et  la  fraude.  II  y  a  tout  lieu  de  penser  que  quelque 
petit  drame  bien  vulgaire  de  sa  vie  intime  ( au  sujet  de  la- 
queUe  ses  adeptesn^ont  eu  garde  de  nous  fournir  le  mofaidre 
rensetgnement)  ne  fut  pas  sans  influence  sur  cette  direc^ 
Uon  donnee  k  ses  idees,  et  que  des  infortunes  reelles  oo 
des  soofTrances  de  vanite  contribuerent  beaucoup  k  egarer 
sa  misanthropie  dans  les  reves  d*une  renovation  complete 
de  lliomanite.  Quoi  qu*il  en  dt  pu  etre,  en  1808,  ne  dou- 
tant  point  qu*il  n*eQt  enfin  trouve  le  grand  arcane  objet  de 
ses  incessantes  inveatigations,  il  publia,  sans  que  personne 
y  prit  garde  d*ailleurs,  sa  Thiorie  des  quatre  mouvements 
( 1  vol.  in-8**),  esptee  de  prospectua  de  son  inappreciable 
decouverte.  Loui  de  se  Idsser  decourager  par  rindifTereosa 
absolue  que  rencuntrerent  les  idees,  du  reste  fort  pen  in- 
telligibles,  qu'il  exposait  dans  ce  livre,  il  fit  parattre  qua- 
torxe  anne<»  plus  lard,  en  1822,  son  Traits  derassoeiation 
domestique  agricole  ( 2  gros  volumes  in  8° ) ;  ouvrage  lonrd 
et  diffbs,  d'une  obscurite  souvent  cdcuiee  et  qu'accroit  en- 
core une  terminolof^  toute  particuliere  et  vrdment  baroque, 
offrant  sans  doate  k  d^te  d'une  masse  enorme  de  folies  et 
d'absurdites  qudques  observations  Justes  ct  tensees,  et 
contenant  {'expose  comptet  d'une  theorie  dont  I'abolition 
de  la  oropriete,  la  promiscuite  des  femmes  et  Men  d'antrai 


006 


FOURIER 


indigDiMs,  frendieineDt  avoata  et  il^fendues  depuis  par  sea 
discipk»,  ^taieiit  la  cons^uenoe  naturdle  et  n^cessaire. 
Les  queiques  amis  aoxqnels  Fourier  fit  cadeaa  de  flon  ceuvre 
De  porect  que  gamir  de  Tespte  particuli^re  de  derangement 
d'esprit  qu^elle  d^otait  de  la  partd'nn  homme  en  qui  jus- 
qa'4  ce  moment  iU  ayaient  to^jonr9  conatat^  un  Jugement 
sain  et  des  idtea  rauonnables  aur  tout  oe  qui  avait  trait  k 
aes  occupations  habituelles,  et  qui ,  pour  se  donner  ainsi  la 
aatisfaction  d*amour*pn>pre  de  Toir  imprim^  les  halluci- 
nations de  son  cenrean,  ^yidemment  matade,  avait  dO  sMm- 
poser  de  longuea  etpiniblea  privations. 

Iljallotia  revolution  de  1830  et  P^ranlem^t  g^n^ral 
qu'elle  communique  h  tontes  les  intelligencesi  poor  quMl 
ptii  6tre  question  des  livres  bizarres  dont  nooa  avons  rap- 
ports les  titree  plus  haut,  et  poor  que  lenr  autenr  ptX 
6tre  regards  par  un  certain  nombre  de  croyants  fanatiques 
comma  appelS  parDieului-mSme  k  renooreler  les  destinies 
de  rhumanitS.  Cest  k  ce  moment  en  efTet  que  le  pensenr 
Strange  auquel  on  est  redevable  de  la  TA^oHe  det  quatre 
mouvemenUf  etc.,  se  trouva  un  bean  matin  signals  k  Pad- 
miratioQ  de  ses  oontemporains  et  k  rstemelle  reconnais- 
sance des  Ages  futurs  comma  ie  ySritable  sauteur  et  iSgiala- 
teur  du  monde.  S'il  avait  StS  onbliS,  mSoonno,  pendant 
quarante  ana,  Charles  Fourier,  plus  beurena  que  S  aint- 
6^  m  0  n ,  qui  ne  passa  dSoidSuM^nt  propbMe  qn'aprto  sa  mort, 
eut  alors  la  consolation  d*asaialer  rlvant  k  sa  propre  apo- 
tkSose. 

Le  tribunal  de  police  conrec^nneUe  de  la  Seine  Tenait 
•de  oondamner  prosajlquement  li  la  prison  tout  le  sacrS  col- 
ISge  saint^simonien;  c*en  Stait  Out  de  la  reUgieo  nonvdle 
•que  le  p^  Enfantin,  le  cardituil  Hicbel  Ohefalier 
•«t  autres  rSformateurs  sodaux  avaient  tentS  de  fonder. 
Mais  comma  alora  la  France  avait  arant  tout  besoin  de 
distractions,  on  vitaussitftt  surgir  V6cole  iocHMre^  dont 
tea  excentricites  ne  cessSrent  plus  dSs  lors  de  tenir  Patten- 
*tion  publique  en  baleine  jusqu'lt  la  fm  du  r^e  de  Louis- 
Philippe.  L'nn  de  ses  principaus  fondateurs,  ou  poor  mieux 
<lii:e  son  vSritable fondateur,  fiit  M.  Victor  C o ns id^ r an t , 
xpii,  vers  la  fin  de  ia33 ,  renon^  k  la  carri^re  militaire  pour 
.pouvoir  se  vouer  sans  eontrainte  aucune  It  la  ruigariaation 
ot  k  la  propagation  des  idStts  du  singulier  philosophe  dont 
Jes  Gsnvres  lui  Staient  fortuitement  tombSes  sous  la  main. 
•C'est  alors,  et  sortout  grAce  k  ses  efforts,  qn^on  entendlt 
{unai  la  prtmi^  fiois  parler  de  la  fameuse  thSorie  de  I'in- 
dwtrie  cUtrayatUe  et  pas$io7inelle  de  Fourier,  de  sa  loi 
sMaire  aveo  ses  pUfotSf  de  sa  division  des  passions  hu- 
«naines  en  eompoiUe,  eabaJiste  et  papUUmne^  de  I'tml- 
/diafMf  du  garantisme  el  de  V4d4nUmet  de  la  cerrespon- 
(lance  prScise  existent  entre  les  pontons  animiqufi$  et  les 
sept  roffons  6lHnentalres,  k  savoir :  AmitiS  —  vtolei; 
Ambifioii—  roti^e;  Amour—  bleui  FamOle  ^jmme; 
ikwsposite—  crang6;  Cabaliste  «<-  indigo  \  PapiUonne  «- 
4)ert  —  UfliT^sMB  ^  EI.A1IC.  Nous  en  passons,  el  des  meil- 
lenrs  I  Mais  comme  le  vent  Stait  alors  aux  rSformes  sociales, 
•comme  sous  ce  prStexta  les  idSes  les  plus  foUes  et  les  plus 
aaugrennes  avaient  toote  llbertSdeae  produire^  lesdocteura 
^le  FScole  nouvedle,.  hSritiers  direda  des  sidnt-aimoniens , 
oe  tardSrent  paa  It  ^  eomptSs  pour  qudqne  chose  dans 
te  monde  dea  rSformateurs  aodanx,  auqml  ils  firent  d'antant 
plus  (adlement  accepter  lears  utopies  que,  k  la  diffSrence 
de  leursprSfteoesseara  immSdiats,Us  Svltaientavee  soia  tout 
ce  qui  de  lenr  part  eAt  pu  indiquer  une  tendanee  k  cons- 
tituer  nne  religion,  un  culte  qnelconqne. 

An  bout  de  quelques  rooia,  on  vitsur  divers  potnts  dela 
France  des  disciples  de  Fourier,  tout  anssi  diserts,  lout 
auesi  ardenta  ^  convatncua  qua  pouvaient  le  paraltra  na- 
guSre  les  disciples  de  Saint-Simon,  tenir,  avec  I'agrSment 
de  TautoritS,  des  confSrencea  pubtiques  pour  initier  la  fbule 
aux  doctrines  de  leur  maltre  et  lui  exposer  les  inoompa- 
rabies  bienfaits  que4eur  adoption  oomroe  prineipe  social  vau- 
drait ,  nan  pas  ao  pays  seulement,  mais  k  PhumanltS  tout 
enti^re.  Divers  journaux  fiireat  en  outre  feadSs  pour  les 


populariser,  et  ne  laiss^rent  pas  que  de  faire  un  asset  grand 
nombre  de  recrues  k  V6eole  socOtaire.  Ou  rests,  Fourier  n'eat 
ni  le  temps  ni  les  moyens  de  rSaliser  ses  r^ves.  n  momt 
le  10  octobre  las?,  ne  laissant  point  de  famflle  aprte  lol, 
car  ii  n*avait  Jamais  StS  mariS.  lia  kk  quil  avait  Ini-mteie 
dans  rimmauquable  et  prochaine  rSalisation  de  stt  ntopies 
Atimonitoires  Stait  si  profunda  que,  pendant  les  deraiiiei 
annSes  de  sa  vie,  il  ne  lui  arrivait  jamais  de  rentier  cbci 
lui  sans  pressor  vivement  le  pas,  dans  la  penaSe  qo^  y 
Stait  sans  doute  impatiemment  attendu  depnis  loogteoips 
par  quelque  iniMionnatre  subilcment  converti  It  scmi  syrtteie, 
et  qu^il  y  aurait  mauvaise  gr&ce  k  laisser  se  morfondre  da- 
vantage  on  bommequi  vettait  mettre  k  sa  dispoeitiott  les 
importants  capitanx  nScwsaires  k  i'deole  ioemaiTt  pour 
passer  enfin  de  la  tbSorie  et  de  ses  nuages  k  la  pratique  et  k 
ses  rSsultats  positifs. 

n  nous  serait  facile  de  rendre  piquante  une  expoeitioo  da 
systtmede  Fourier,  des  id^esfouriiristes,  en  f  ^ioataat 
un  aperfu  des  booffonneries  anxquelles  mattre  el  disciples 
avalcait  fini  par  arriver,  en  raoontant,  par  example,  qoils 
enseignaient  avec  le  plus  grand  sSrieux  da  monde  qe'ona 
des  amAiorations  sociales  que  Tadoption  do  SyalSoie  de- 
vait  rSaliser  dans  un  temps  donnS  consisteraH  dans  una 
longQe  queue  terminSe  par  un  OBil  dont  le  eorpa  de  l*bQBBme 
finerait  par  ae  trouver  enrichL  On  croirait  que  aoua  plai- 
santona.  Or,  telle  n'est  pas  notre  intention.  Au  lien  done 
de  soivre  le  rSlormatenr  dans  les  divagations  de  sa  puspU* 
tonittf,  nous  nous  en  tiendrons  k  la  partie  de  son  systtae  k 
laquelle  on  ne  sauratt  dSnier  une  apparence  philosophiqoe 
ainsi  qu*une  tendance  politique  et  sodalenScessitant  de  notre 
part  une  exposition  sSrieose. 

Le  point  de  dSpart  de  Fourier,  c'est  Tanalogie  oonataate 
et  i'uaitS  gSnSrale  existent  entre  Phomme  etPuoivera;  c*cst- 
le  dualisme  de  FAme  immortelle  et  de  la  matiSre,  de  U  ma- 
ti6re  Sgalement  immortelie  et  se  reproduisant  a  Pinfini  dans^ 
Phomme,  Ame  et  corps  tout  It  Ui  fois.  Ce  qui  le  frappe  en- 
suite,  c'est  Porganisme  passUmnel  de  lliomme.  Lliomme 
nalt  avec  des  godts,  des  penchants,  des  passioaa  qtl  dSri- 
vent  de  sa  nature  mSme.  et  en  sont  la  oonsSquence  ansa 
natorelle  que  ses  IhcultSs  physiques  et  intelleptuellos.  Toutes 
les  relations  sociales  ont  done  leur  source  dans  le  ayattee 
passionnel. 

La  mal  n*est  nallement  dans  la  nature  de  Pbonune,  ni 
dans  ses  pendiKuits  natifs ;  il  n'est  que  dans  les  dreonslaooaB 
sodalea  qui,  au  lieu  de  mSnager  k  ses  penchants  on  cssor 
heureux  et  Juste,  ne  leur  ofCrent  le  plus  souvant  que  dei 
voles  de  fraude,  de  lutte  et  d'biiquitS.  Lea  passions  da 
Phomme  Stent  lonjours  les  mdmes,  et  pdisqu*on  ne  pent 
changer  sa  nature,  il  fant  modifier  le  railien  social  de  teUe 
sorte  qu'il  favorise  le  dSveloppement  des  passions.  Au  lieu 
de  s'occuper  k  les  oomprimer  et  A  leA  rSprimer,  mille  foia 
mieux  vaut  les  ti<i/iaer.  Dien,  qui  a  bit  briller  daaa  Pabuvts 
de  Forganisme  nuxt4riel  de  I'homme  une  intelligenoe  qui 
confond  la  pensSe,  doit  avoir  tout  aussi  admiraUeinent  dk- 
posS  Vorganisme  passionnel.  En  erSaut  noa  passiuos,  il 
a  da  leur  aasigner  un  emploi  et  les  destmer  k  nne  sodStS 
dana  laquelle  ellas  prodniront  par  leur  aeoord  unetavio- 
nie  aussi  pnissante  que  sont  terribles  les  ooBflagrations 
qui  rSsulteat  de  leura  chocs  dana  nee  sociSISs  mai  orga- 
nisies, 

Arrivant  ensuite  k  la  destinSe  de  lliomme  et  k  PonitS 
untverselle ,  k  Ptwi^^me,  Fourier  proclame  VaUr4etion 
comme  loi  gSnSrale  et  supreme  d'ordre  et  d'hamonie.  C*est 
Vattraction  mai&ielle  qui  retient  les  aphteea  cdtoatea  dans 
leurs  orfoites  et  prSside  4  Padmirable  Squilibrede  ieurs  mou- 
vements;  c^esl  Vattraction  passionntlle  qui  devm  ttre 
la  loi  rSgulatrice  des  destfnSes  des  sociSISs  quand  llrama- 
nits  sera  entrSe  dan^  sa  vSritable  Toie.  Les  ftnaaes  ins- 
titutions sociales  que]  l*homme  a*est  donnSesJusqu'i  ee  jour 
Pont  empSciiS  de  jouir  du  bonheur  dont  Dien  a  vmdn  fvra 
8onlotici-baa,etque  Fourier  seftit  fort  de  In!  randrcOr, 
quand  Fourier  et  PScoleaociSCaiie  pariebt  de  bonkmo'  wsi- 


FOURIER 


versel^  iU  n'eniatdent  pas  uq  bonbeur  pftle»  monotone,  n^- 
gatif;  iU  n^entendent  pas  seulement  nous  mettre  ^  Tabri  de 
la  faim ,  des  besoina ,  des  aoucia  et  dea  inqui^tudea  qui  as- 
aiegeat  depoia  si  longtemps  lea  pauvrea  bnmauia  :  la  fie 
qulia  nooa  r^serrent  eat  une  vie  de  plaisira  actifa,  Tari^ , 
Sana  ceaae  renaisaanta;  une  Tie  pleine,  cbangeante,  intfi- 
gade,  joyeuse,  passionn^,  un  bonheurinconnoaurlaterre, 
uo  bonlieur  d^passant  la  limite  de  TimagiDatioa  et  dea 
d^ra  ...  C'eat  h  faire  honte  k  toua  lea  paradis. 

Le  morcellementp  base  de  Torganiaation  socUle  actueUe, 

est  le  grand  obstacle  anx  inefTablea  C^licit^  reservte  a 

Tbomme.  Le  morcellement,  Tiaolement,  en  diviaantlea  forcea 

prodactiTes,  .en  lea  opposant  lea  unes  aux  autres,  devient 

la  cause  dea  complications  lea  plus  Acheosea,  et  par  suite 

occasionne  toujours  de  grandes  d^perditiona  contrairea  k 

I'accroissement  de  la  production.  11  exerce  sor  la  culture 

rinfluence  la  plus  funeste;  le  sol,  gr&ce  k  influence  du 

morcellement,  ne  produit  peut-^tre  pas  le  quart  de  ce  qu'une 

culture  comiinde  pourrdt  obtenir,  Le  morceUement  noit 

aux  travanx  du  manage,  11  a  aurtout  la  propri^t^  de  lea 

rendre  tr^-dispendieux.  Si  les  bdtea  des  Inyalidea  ^taient 

oblige  de  Yine  en  m^nagea  isol^,  lis  seraient  loin  aans 

doute  d^^tre  seryis  et  soign^i  comme  ils  le  sout  dans  rh6tel 

que  leur  a  fait  oonstruire  Louis  XIV.  Done,  k  nos  villages 

morcell^,  06  cbaque  famille  a  son  liabitation,  son  manage 

a  part,  dans  lequel  elle  travaiUe ,  produit  et  consomme 

isol^ment,  aubstituons  bien  vile  d'inunenses  et  splendides 

^ifices,  k  rinstar  du  cbAteau  de  Versailles  ou  de  I'bdtel  des 

Invalides  de  Paris,  construits  an  milieu  de  ricbea  plainea 

et  de  riants  vallons,  ne  formant  plus  qu*un  seul  domaine 

soumis  aux  r^les,  non  de  la  communaut^,  mais  de  VassociO' 

tion.  La  coinmuTiau/^,  par  oelaqu'elle  op^e  surunegrande 

^belle,  ofTre  bien,  il  est  vrai,  quelques-unea  des  propri^tte  ^co- 

nomiquesdetoutegrande  expbitation;  mala,  voyez-vous,  elle 

a  on  vice  qui  la  rendra  ^temellement  un  detestable  r^me 

de  society :  c'est  de  passer  le  niveau  de  T^alit^  sur  toutes 

les  tfttes,  d^assojetUr  toutes  les  natures  au  mdme  travail, 

sana  distinction  des  aptitudes,  sans  distinction  des  genres 

de  services.  Une  pareille  mani^e  de  proc^der  est  souverai- 

nement  injuste.  VoisociatUm  a  toutes  les  propriety  6cono« 

niiques  de  la  communaut^.  Mais  en  r6unissant  les  individus, 

f»lle  ne  les  assujettit  point  comme  celle-ci  k  la  m£me  rigle, 

h  la  roeme  tftcbe.  Elle  tient  compte  des  in^alit^  ^blies 

par  la  nature ;  le  travail  qu^elle  affecte  k  chacnn  eat  relatif  i 

ftes  faculty,  k  sea  aptitudes  sp^ales.  La  part  qu'elle  lui  at- 

tribue  dans  le  produit  du  travail  g^n^ral  est  proportionnelle 

k  celle  pour  laquelle  il  concourt  k  la  prodiiction ;  et  Ton 

concourt  k  la  production  par  son  capitcU,  par  son  travail^ 

par  son  taUnt. 

Nous  appelleronsp^Zani^^e  cet^fice,  ce  palais,  des- 
tine k  abriter  une  commune  ou  phalange  de  VicoU  so* 
cUiaire,  groupe  compost  de*  15  k  1,800  individua  de  tout 
sexe  et  de  tout  &ge,  qui  nagu^re  formaient  la  population 
marcel^  de  la  bou^ade,  mala  qui  maintenant,  r^unis  et 
associ^,  Gommodtoient  log^,  ne  oonatitneront  plus  qn^un 
seul  grand  manage,  offhmt  tontea  lea  Ikdlit^  d^airaUes  pour 
Tex^cutaon  la  j>lua  ^nomique  et  la  plua  avantageuse  pos- 
sible de  tons  les  travaux  necessity  par  raggtomm^ration 
d*une  telle  population. 

«  A  ces  quatre  cent  fomilles  na$(u^re  isol^,  nous  dit 
M*.  Victor  Consid^ant,  il  fallait  quatre  cent  mdnagires  pour 
preparer  leurs  alimenta.  Vmgt  ou  trente  femmes  suffirontao- 
jourdliui^  tons  les  travaux  de  la  cuisine.  Pareille  ^nomie 
s*^tendra  k  toua  lea  antres  travaux  domestiques.  Le  ;rillage 
morceU  ^tait  presque  exduivement  agricole :  \^  phalange 
gronp^  dans  le  phalansttre  utiliaera  lea  bras  nombreux 
aaxqnda  lea  aolna  du  manage  ont  ahisi  donn6  congi  en 
cr^nt  des  mannfkctures  et  dea  ateliera  de  tous  genres,  dans 
lesquela  une  foule  d'individns  s'appliqueront  k  mille  travaux 
«:^iidnstrie,  sana  qne  pour  cela  I'agriculture  sdt  le  moins  du 
monde  n^Ug^,  tbandonnte.  Bien  au  contraire,  elle  va 
prendre  on  direloppement  inoul,  encore  inoouu;  car  les 


607 

champs  du  village  morceM  ^faient  coup^,  .ann^,  par  one 
multitude  de  bales,  de  sentiers,  etc.,  divis^s  en  une  multi- 
tude de  parcelles,  dont  lea  pcopri^tairea  dtafent  toujours  en 
guerre,  toojoura  en  procte  lea  uns  avecfles  antres.  A  present 
lootes  cea  paacellea  sont  rdunies,  eC  ne  torment  plus  qu'iin 
seul  grand  domaine,  k  I'explotlatlon  doqoel  se  consa^rent 
aeuls  les  agronomes  les  plus  babttes,  et  dont  le  sol  pro- 
duit vingt  fois  plus.  Et  dans  tout  cela  rien  qui  ressemUe  k 
la  communaut^?  La  propria  individoelle  H^a  point  M 
aa^antie.  Tootau  contraire.  Elle  a  seulement  ^t^  mobiUsde, 
et  est  reprteentte  par  dea  titres  ^d'actions  eC  des  coupons 
d^aetiona  attribu^  k  cliaque  mteage  iociitaire  an  pro- 
rata de  son  apport  aocial 

«  L'oiioekUion  arcbitectnrale  et  la  combinaison  uniiaire 
de  toua  lea  ^Iteienta  disjoints  de  la  commune  actoelle 
prodttisent,  au  lieu  de  la  triste  et  miserable  bourgade  que 
vous  avei  de  tons  edtfe  sous  les  yeux,  un  palais  splendlde 
le  village  se  tranaforme  en  phalansttrej  et  les  villes  qui 
uxlX  aujourd*buide  mille,  deux  mille,  dix  mille  maisons..., 
ae  forment  par  la  combinaison  de  deux,  quatre,  vingt  palais 
reU^s  par  dea  Series,  traversant  des  cours,  des  jardins  ra- 
fratcbis  par  des  jets  d'eau,  des  fontaines,  ornds  de  statues 
•t  prdsentant  les  plus  belles  dispositioos,  les  aspects  les  plus 
riches  et  les  plus  magoiiiques.  » 

«  Le  phaloMlire,  manolr  de  la  phalange  ou  commune 
soei^aire,  se  divise  en  deux  parties  bien  distlnctes:  le 
grand  palais  pour  rhabitalion  et  les  relations  g^ndrales ,  et 
las  constructions  rurales,  plac^ea  en  faee.  lei  encore  tout 
yraid  un  caract^re  harmonique  et  monumental.  Lea  cons- 
tructions rurales ,  qui  roenagent  leurs  plus  beaux  aspects 
pour  points  de  vue  au  palais,  au  phalanst^re  propiement 
dUt,  en  aont  separ^a  par  la  gtande  eour  d'honneur,  ou 
place  de  parade  industrielle.  (Test  I^  .que  les  compagniea  et 
les  bataiUons  de  travailleurs  s*assemblent  aux  sons  des  fon- 
farea  autour  de  leura  drapeanx  respectifsetde  leurs  qfJUien^ 
pour  serendreaveeleui*sequipementa,  leurs  voitnres,  leurs 
chevaox  et  leur  armament  industriel,  aux  expediiiona  agri* 
colea  quUlsvont  faire  avec  tant  de  galete,  d*entraiin,  d'anl- 
matlon  et  d'ensemble,  dana  lea  bellea  et  ridiea  campagnes^ 
qui  environnent  les  plialanst^res;  pendant  que  lea  femmes 
et  lea  enfanta  ae  r^pandent  dana  lea  jardins,  les  parterrea,  et 
vaqaent  joyeusement  aux  soins  des  voliires,  des  baases- 
coura  et  de  Tinterieur.  Lea  jardins  de  Versaillea  et  de  Fon- 
tainebleau  sont  bien  monotones,  bien  plats  et  Men  tristes  k 
c6t6  des  jardins  plains  de  vie,  de  mouvement  et  de  joie  au 
milieu  desquels  s*etalent  les  palais  des  pbalangea,  et  qu'ani- 
ment  leura  populations,  fortes,  actives,  librea,  passlonnies, 
beureoaea...  » 

hdphaUmsUre  constniit,  reste  k  oi^jniaer  lapAatange  r 
et  o'eat  dana  cette  organisatioo  que  Pomier  et  aea  diadplea 
se  montrent  infiniment  moins  poittea  quHls  I'ont  M  dans 
leur  travail  architectural,  et  qu'ils  prfttent  auirtout  le  flane 
^  la  critique,  lis  divisent  la  population  du  phalanat^re  en 
<^eff  de  tFtTaillettra  assodiiB,  aMes  qui  ae  sabdivisent 
en  classes,  puis  en  gronpes  composes  de  sept  k  neol  indi- 
vidnsy  et  od  viennent  prendre  place  les  diverses  aptitudes,, 
les  diverses  inteUigenoes,  suivant  rattraction  poMtoJineifo 
qoi  lea  attire  vers  tel  genre  de  travail  et  d'occupation  qui 
lenr  aourit  le  plus.  De  la  sorte,  toutes  les  varietda  de  goftta,. 
de  pencbanta  et  de  caractirea  tronverout  k  n^hartnaniier  et 
k  ae  iotU/fUre,  attendu  qne  tout  sodetaire  sera  libra  de  ae 
Ceura  Inacrire  dana  plusieurs  groupeaon  aeries,  et  de  peaset 
^  cheque  beure  du  jour  ou  seulement  toutes  les  deux  beures, 
d*un  groupe  k  un  autre,  en  d'autres  termes  de  changer  d'oo- 
cupatioQ.  Toatea  lea  aptitudes  trouveront  auisi  leur  amplol 
et  leur  d^veloppement,  en  m^me  temps  que  de  rapidea  al- 
temativea  et  changements  d*activit6  contribueront  k  la  con- 
servation de  la  aante,  k  la  force  d'expanaion  d^espiit  el  de 
caractire  de  chacnn  dea  membres  de  Fassodatioo.  S  n'y 
aura  pas  au  phalanst^ra  ua  seul  genre  de  travail  qii*on  ne 
parvienne  k  rendre  attrayant.  «  Le  carafe  dea  foaaea  dM- 
aanoes,  nous  apprend  un  des  plus  ferventi  diidpka  deFoo- 


e6S  FOURIER 

rier,  ai.  Victor  Hennequin,  sera  d^abord  propose  k  la  jer- 
nesse  comme  but  sublime  de  son  d^Toaement;  mais  la 
v^table  hamumie  chercbera  etne  inaiKtaera  pas  de  trouper 
ies  moyens  de  simplifier,  d'assatnir  ( et  dte  ion  sans  doute 
^e  rendre  attrayants  poor  certains  organUmespassUmnels) 
le  traTail  des  vidangeors.  »  On  Toit  qne  le  systtoe  socid- 
taire  pr^voit  tout^  a  rdponse  k  tout  et  descend  jusque  dans 
Ies  infinement  petits  de  I'org^nisation  soclale.  Quant  au 
gouTemement  du  phalanstire,  rassurez-Tous,  6  tous  qui 
jusqu'it  present  ne  Yoyez  nulle  part  ici  de  r^e  oad*aatoritd; 
quant  an  pouvoir  ex^tlf,  disons-nous,  il  sera  aux  mains 
^andens^  qui  dans  Ies  Elections  annuelles  rduniront  an 
moins  Ies  sept  hniti^es  des  suffrages. 

Jusqu*^  present,  il  n*a  encore  dtd  question  que  des  adultes. 
<7ardez-T0U8  de  penser  que  Fourier  onblte  ies  enfants  dans 
sa  commune  soddtaire !  Bien  loin  ie  1^,  il  Teille  sur  eux  dbi 
leur  entree  dans  la  Tie.  II  ddbarrasse  Ies  p^res  et  m^res  des 
tracas  et  des  soncis  de  T^ucation  physique  et  morale  :  ces 
soins-li  regarderont  d^abord  la  sHie  des  nourricespojsion- 
nelieSf  et  plus- tat  d  la  classe  ou  le  gronpe  des  institutenrs 
passionnelSt  sons  la  direction  de  qui  la  jeunesse  des  deux 
sexes  se  formera  ^  la  pratiqne  de  tous  Ies  travanx  propres  k 
son  Age  et  rendus  non  moins  attrayants  que  ceux  qui  in- 
combent  aux  adultes.. « 

Dans  cette  bien  rapide  analyse  >  nous  arons  ]ug6  hors  de 
propos  de  nous  appesantir  sur  Ies  details  d'nn  systtoie  dont 
le  ridicule  et  le  faux  sanfent  k  tous  Ies  yeux.  II  est  inutile 
anssi  que  nous  en  signalions  le  grossier  matdrialisroe.  Qui 
ne  comprend  que  Vattraaion  passionnelle,  la  satisfaction 
offerte  et  donn^  k  Vorganismn  passionnel,  c'est  la  r^ba- 
i)ilitation  de  tous  ies  pencbants,  la  sanctification  de  tout  Ies 
app^ts,  la  negation  de  toute  id^  morale !  Nous  nous  cooten- 
terons,  en  terminant,  de  rappeler  que  Ies  diverses  tentaliTes 
liutespour  crder  des  phalanst^res  et  reiser  Putopie/ourid- 
riste  ont  toujours  6cboud;  et  n^ont  eu  d^autre  rdsultat  que 
d'engloutir  la  fortune  des  nials  qui  s'dtaient  laissd  griser 
par  Ies  prMications  des  ap^tres  de  la  nouvelle  doctrine. 

FOURIl^RISME.  Voyez  Fodribr. 

FOURMl«  famillc  d'insectes  de  Tordredes  bymdnopt^res. 
On  connattplus  de  125  esp^ces  difT^rentes  de  fourmis.  Dans 
cbacune  d^dles,  inddpendammentdes  m&les  et  des  femelles, 
il  existe  une  sorte  de  fourmis  a  laquelle  la  nature  a  refus6 
4a  facult<§  de  concourir  k  la  reproduction ,  mais  dont  Ies 
soins  actifs  et  Tigflants  sont  indispensables  k  sa  consenra- 
tion.  La  ressemblance  de  ces  fourmis  avec  Ies  femelles  est 
teile»  sous  certains  rapports,  que  Ies  entomologistes  Ies  plus 
c^^bres  n^b^itent  pofnt  k  Ies  regarder  comme  des  fe- 
melles impuissanfes ,  dont  Ies  organes  n*auraient  point  acquis 
leur  enlier  d^yeloppement.  Leur  nombre  est  beaucoup  plus 
considerable  qne  celui  des  mftles  et  des  femelles.  On  Ies  d£- 
eigne  g6ndralement  sons  le  nom  d'ouvrUres,  parce  que  ce 
sout  elles  qui  exdcntent  tons  Ies  travanx ,  et  ponrroient  k 
tous  Ies  besoins  de  la  rdpublique  dont  elles  font  partie.  Lors- 
<iu'nne  (leuplade  de  fourmis  s*est  organised  en  society,  ce  sont 
Ies  oorri^res  qui  b&Ussent  Ies  logements  ndcessaires  k  la 
communautd.  Les  nnes  d&Tent,  au  milieu  des  bois » un  petit 
monticole  de  chaume  renfermant  des  stages  nombreux  au- 
•dessus  et  an-dessous  du  sol,  et  dans  leqoel ,  grAce  k  lliabiletd 
^e  la  construction,  les  eaux  pluviales  ne  peiiTent  pdndtrer; 
plnsieurs  avenues  conduisent  jusqu*au  fond  de  cette  cit6 
fonterraine,  et,  par  uno  police  bien  r^glte,  les  portes  en 
«ont  ferm^  pendant  la  nuit  et  garddes  pendant  le  jour.  Les 
autres ,  vraies  ma^nnes ,  Mifient  leurs  demeures  avec  de  la 
terre  bnmactte  par  Teau  de  plule  et  sM\6e  par  le  soleil ;  elles 
bAtissent  des  murs,  des  plafonds ,  des  voCites,  d^vent  ^e 
•nr  etage ,  et  distribuent  leurs  logements  avee  cooTenance, 
qnoiqne  avec  peu  de  r^ilaritd.  D^autres  choisissent  un 
tronc  d'arbre  et  crensent  dans  FintiSrieur  de  vastes  salles  et 
nn  i^nd  nombre  de  logos ,  avec  des  stages ,  des  colonnades, 
des  oonidors,  qui  pcrmettent  de  circuler  partout  aisdment 
Aucon  insede,  en  un  mot,  ne  pr&sente  autant  de  variety 
dansses  oonitructions  que  la  foumi  et  ne  sait  emplover  avec 


-  FOURMI 

plus  d*intelligeoce  Ies  diff^rents  mat^iaux  que  le  hasud 
place  k  sa  port^. 

Poor  mieux  exposer  les  pbdnomtoes  de  la  vfe  natoidle 
de  la  fourmi ,  prenons-bi  ab  o.  Dhi  qne  les  femelles  d'one 
fcurmilUre  ont  pondn  leurs  oeufb,  comme  si  elles  aTaicnt 
assez  fait  pour  la  comraunaut6  en  mettant  an  monde  ees 
germes  des  gdndrations  futures,  elles  abandonnent  aox  four* 
mb  ouyri^res  tous  les  devoirs  de  la  maternity.  Cdles-d  lei 
acccptent  avec  joie,  et  vdllent  avec  la  pins  vive  sollidtiide 
sur  le  ddp^t  pr^eux  qui  leur  est  confix.  Le  soldi  vient-U 
rdpandre  ses  rayons  sur  la  foormilitee ,  anssit6t  lea  onvrlires 
,  se  pr^ipitent  dans  les  profondeurs  de  lenrs  doneares,  se 
I  chargent  cbacune  d'un  <Buf,  et  courent  le  porter  dans  Tdta^ 
le  plus  <ilevd,  afin  qu*il  puisse  recevoir  la  bienblsante  in- 
I  fluence  de  la  chaleur  solaire.  Cette  chaleur  s'accrolt-eUe  ootn 
;  mesnre  on  disparalt-elle,  ans8il6t  les  ouvriires,  reprenant 
les  (Bufs,  les  redescendent  d'dtage  en  6tage  jnsqn^^  ce  qa^dles 
aient  trouvd  la  temperature  qui  leur  convient  De  I'etat  d'oauf 
rinsecte  passe  k  retat  de  larve.  M^me  sollidtode  de  la  part 
des  mires  adoptives.  Chaqne  jour  les  VQit  aller  41apicor6e ,  et 
revenir  Testomac  plein  d*un  liquide  nutritif,  dont  dies  don- 
ndit  une  partie  k  leur  nourrisson,  toutes  les  fois  que  ceux-d, 
semblables  aux  petits  des  oiseaux,  demandant  la  becquU. 
Lorsque  Tinsecte  a  subi  sa  troisi^me  transformation,  qu*U  est 
k  r^tat  de  chrysalide,  la  fourmi  ouvriire  continue  A  veiller 
sur  lui ;  enfin,  elle  met  le  comble  k  ses  soins  en  decUirant  die- 
m6me  renveloppe  qui  le  retient  captif.  Bient^t  apparalt  la 
nouvelle  generation.  Les  mMes  et  les  fiSUielles  sont  pourms 
d'ailes ,  qui  ne  doivent  pas  tarder  k  les  emporter  loin  de  lear 
berceao ;  les  autres  fourmis ,  nees  environ  quinze  jours  aprfes, 
en  sont  privees,  signe  non  equivoque  de  la  destinee  laborieuse 
'  qui  leur  est  reservee.  Dis  que  la  temperature  exterieore  a 
attdnt  15  A  16*  Reaumur,  les  mAles  et  les  femdies  s'daa- 
cent  en  foule  aux  portes  de  la  fourmlliere  pour  prendre  leor 
essor.  Leurs  mires  adoptives  les  solvent  avec  inquietude , 
s'empressent  autour  d'enx,  les  caressent  de  leurs  antennes , 
leur  donnent  de  la  nourriture ,  et  semblent  vouloir,  par  Tex- 
cis  de  leur  tendresse ,  les  dissuader  de  s^eioigner.  Yains  d- 
forts !  Tessaim  prend  son  vol ,  voltlge,  tournoie  el  disparatt 
k  leurs  yeux.  \a  plupart  des  femdies,  fecondees  avant  le  de- 
part ,  sont  neanmoins  retenues  par  les  oovrieres ,  qui  n*hesH 
tent  point  alors  A  employer  la  violence  pour  se  conserver 
cet  unique  moyen  de  repeupler  leur  fourmiliire, 

Cependant  I'essaim  de  fourmis  aiiees  a  continue  de  a^doi- 
gner.  Cest  dans  cette  course  aerienne  que  s*opere  le  rap- 
prochement des  sexes ,  et  le  sol  ne  tarda  pas  k  etre  Joncfae 
de  couples  etroiteroent  unis,  que  leurs  ebats  y  ont  predpi- 
tes;  et  \k  s'acUeve  Toenvre  mysterieose  de  la  fecondatioiL 
Les  mAles ,  nes  en  qudque  sorte  uniquement  pour  procreer 
et  moorir,  se  dispersent  et  expirent  ^  et  lA  de  hum  el  dff  mi- 
sere.  11  n'en  est  pas  de  memo  des  femelles :  dies  n'ont  pas 
plus  tdt  con^ n  qu*dles  se  depouillent  volontairement  de  leurs 
ailes ,  fardeao  desormais  inutile ,  puisqu'elles  ne  doivent  plus 
convoler  k  de  nouvelles  amours.  Puis ,  dies  s^occupent  ea 
commun  de  Jeter  les  fondements  d'une  nouvelle  dte  et  de 
preparer,  pour  elles  et  pour  les  etres  qui  leur  devront  I'exis- 
tence,  des  ceUnles  et  des  abris,  qu*entreUendront  et  ang- 
roenteront  plus  tard  les  fourmis  ouvrieres.  Cest  alors  que 
les  matrones  s'abandonneront  au  repos  et  lalsseront  m£me  k 
ces  demieres  le  soin  de  les  nourrir. 

La.maniere  dont  plusieurs  espices  de  fourmis  se  procoreat 
leur  nourriture  est  extrimement  curieuse.  Lorsqu'il  exista 
des  pucerons  sor  les  planles  de  leur  voisinage ,  dies  se 
rapprochent  des  ces  insectes,  flattent  avec  leurs  antennes 
ceux  qui  sont  le  plus  gorges  de  sues  vegetaux ,  et  les  ame- 
nent  k  excreter  par  le  ventre  une  gouttelette  de  ces  sues, 
qu'dles  se  bAtent  d*avaler.  Cette  condoscendance  de  la  pari 
du  puceron  ne  paralt  ni  le  fatiguer  ni  lui  deplaire ,  et  la  four- 
mi profile  de  sa  bonne  volonte  tant  qu'il  peut  (oumir  le  pre- 
cieux  liqnlde.  Tl  y  a  mCme  certaines  fourmilieres  o6  les 
pucerons ,  soil  de  gre ,'  soil  de  force ,  ont  consent!  k  se  fixer; 
et  les  liabitantes  du  lieu  paraissent  en  tirer  !e  m^me  parti 


FOUPiMl  —  FODRMI-MON 


609 


qoe  tioDbs  de  nos  vaches  laiii^res.  Quei.<  que  soient ,  au  reste, 
llntelUgence  de  la  fourmi  el  son  ^prit  de  pr^Toyance,  c*est 
tout  k  fait  k  tort  que  Ton  a  pr^tendu ,  et  notre  grand  fabu- 
Mste  lui-m6me  d*aprto  les  andens,  qu*elle  amassait  pendant 
TM  les  proirisions  nteessaires  k  sa  noarritnre  pendant  l*hi- 
▼er  :  U  eat  ai^onrd'bni  dtaiontr^  que  durant  cette  demi^re 
aaison  la  fburml  demeure  dans  un  ^t  d'engourdissement 
qui  aoapend  tous  ses  besoins. 

Les  rooBars  intelligentes  de  ce  curieax  insecte  ont  amend 
k  penser  qu*!!  derait  n^sessairement  possMer  nn  moyen  quel- 
oonque  de  commoniquer  ses  id^.  Les  meilleurs  obserya- 
teors,  panni  lesquels  nons  dterons  Huber  et  Latreille, 
a'acoordent  It  reconnattre  qa'O  troupe  cette  faculty  dans  le 
jea  de  ses  antennes.  Un  ^6nement  imprdvu  Tient-il  se  mani- 
fester  k  pinsienn  foormis,  on  les  voit  en  eflet  coniir  en 
bite,  arrilter  odles  de  leurs  eompagnes  qu'eUesrencontrenty 
et  frotter  Wgferement  tears  antennes  contre  le  corselet  de  ces 
demi^res.  La  mteoe  action  est  rdpdtte  de  procbe  en  proche 
par  d'antres  fourmls ,  et  la  nouvdle  ne  tarde  pas  k  6tre  sue 
de  toate  la  fonrmilite. 

Si  la  foonni  semble  don^  de  Tesprit  de  sodabllitd  qui  dts- 
tingiie  rhomme^  elle  paratt  liyrfe  aussi  aux  cruelles  passions 
qni  le  dtelent  Des  goerres  menrtrltos  6clatent  souTent 
entre  deox  peuplades.  Ces  petits  dtres  y  font  preuTe  d*une 
tactique  et  d'nne  sdence  strat^que  Traiment  remarquables. 
11  y  a  mime  une  espto  de  foarmis  que  Tamour  de  la  goerre 
semble  dominer  presque  exdnsiTement,  et  k  laqnelle  on  a 
donn^  ponr  cela  le  nom  de  fourmi  amazone  ou  Ugionnaire. 
he  beaoin  de  ddtmire  n'est  ponrtant  pas  ce  qui  la  guide 
dans  ses  expMitions  martiales.  Lorsqu'elle  attaque  une 
fminnili^ey  cfest  senlement  aux  cefufs  qu'elle  en  Teut;  elle 
en  pille  aotant  qu'elle  peat,  les  rapporte  dans  la  ctti^  od 
elle  r^de,  les  liTre  k  des  fourmls  esdaTCS  ndes  d'oears  sembla- 
bles ,  poor  en  prendre  soin  jusqu'au  moment  oil  ils  doi-  • 
Yent  ^ore,  etrecrute  ainsi  sans  cesae  one  population  d'es* 
claTes,  qui  la  sert,  la  nourrity  la  porte  mtoie  au  besoin,  et 
se  charge  d'^ver  sa  progtoiUire. 

Aprte  des  traits  d'intelligence  aussi  firappants,  aprte  les 
preuTes  de  r^Qexion  qui  ressortent  de  la  conddte  des  four- 
mis  ,  aprte  I'accord  des  yues ,  la  simnltandtd  d'eflbrts  qui 
president  ^  Pextoition  de  leurs  trayaux ,  est-il  pennis  de 
penser  que  Tantenr  de  la  nature  n*ait  pas  youlu  les  ^eyer 
au-dessus  des  autres  animanxT  Ne  deyons-nous  pas  croire 
plnl6t  qu*il  a  conoid  k  I'biteUigent  insecte  une  parcelle  de 
cette  raison  dont  il  a  rdsery^  k  lliomnie  soul  Tentiire  pos- 
session ?  Paul  TiBT. 
FOURMI  BLANCHE, nom  yulgaire des  termites. 
FOURMILIER,  qoadrupMe  qu'on  ne  tronye  que  dans 
TAm^que  m^dionale.  On  Ta  classd  dansrordre  des  dde  n- 
tds.  Son  corps  est  reoooyert  de  polls,  sa  t6te  allongte  et 
termini  par  une  bonche  pen  ouyerte ;  il  n*a  pas  de  dents; 
sa  langue,  tr^-longue,  cylindrique,  extensible,  lui  serti 
prendre  sa  nourritore.  Ses  oreilles  sont  coories,  arrondies; 
11  a  tantdt  qnatre  doigts  ant^eors  et  cinq  post^eurs ,  tan- 
iAl  denx  antdriears  et  quatre  poetdrieurs ,  armds  d'ongles 
trte-forts.  Ses  esp^ces  sont  pen  nombreuses :  la  plus  grande 
a  de  1™,60  k  denx  m^res  de  longueur,  depuis  le  mus^au 
josqo'irextrdmitd  de  la  queue,  longue  de  0'",60.  Entre 
cellesqni  nous  sont  le  plus  connues,  on  remarque  le  to- 
manoiTf  la  plus  grande  de  toutes,  ne  se  nourrissant  que  de 
termites  on  de  fourmis«  qu'il  prend  en  enfon^ant  ayec  une 
grande  yitessesa  languecbamue  et  longue  de  plus  de  0™,60 
dans  les  iramenses  fonrmili^res  dont  est  oouyert  le  sol  de 
TAro^rique  mdridionale.  Les  foarmis  adh^nt  ^  rhnmeur 
yisqueuse  etgluante  dont  cette  langue  est  enduite,  et  en 
U  retirant  il  ik  ayale.  Sa  t6te  est  en  forme  de  trompe  tron- 
qiMSe,  et  dans  sa  plos  gfande  largeur  die  n*^]e  par  la 
grosseurde  son  con.  Sa  queoe  est  recouyerte  de  polls  ex- 
(rtoiementrudes,  dispose  en  panache,  et  qui  atteignent 
jusqu^^  0^,33  de  longueur.  Les  ongles  qui  gamissent  ses 
pieds  antdrieurs  sont  de  trte-fortes  armes,  dont  il  se  sert 
tTec  ayantage  iiour  sa  ddfense :  le  Jaguar  lui-m^me  w 
oiCT.  DB  LA  coTnreiis.  —  T.  tx. 


peut  le  yaincre.  On  s'accorde  k  reconnattre  au  tamanoir  Sa 

faculty  de  grimper  sur  les  arbres. 

Beauooup  moins  grand  que  le  tamanoir,  le  tamcmdua 

]  (seoonde  esp6ce)  est  reconyert  de  polls  durs,  courts,  lui- 

!  sants,  d'une  oouleur  jaun&tre  oa  rouss&tre ;  son  museau  est 

trte-allong6,  pointn,  et  l^g^ment  courM  en  dessous.  II 

senourrit  commele  tamanoir,  et,  commelui,  peut  grimper 

sur  les  arbres. 

Le./btin7ii/ierproprement  dai(myrmecophaga)  n'a  que 
0'',15  It  o'*,lS  depuis  la  t£te  Jusqu'li  Poryne  de  la  queue, 
longue  de  C^ylS  et  trte-forte  It  sa  base ;  son  museau  est 
beaocoup  moins  allongd  que  cdui  des  deux  autres  esptees; 
ses  jambes  n'ont  que  0™,08  de  hauteur  et  ses  pieds  sont 
plat6t  faits  poor  grimper  et  saisir  que  pour  marcher.  Ce 
petit  animal  se  nourritde  fourmis,  qu*ilpn»id  en  introdnisant 
sa  langue  dans  les  fourmili^res  et  sous  T^corce  des  arbres. 
On  le  trooye  k  la  Guyane,^  ob  les  naturels  lui  ont  donn^  le 
nom  d*ouatirUmaou. 

Dans  les  mtoes  contrto  ot  les  fourmis  sont  si  nombreoses 
se  trooyent  un  assex  grand  nombre  de  yari^t^s  d'oiseaux 
appel^  /ourmilierSf  et  formant  le  genre  mifiathera  de 
Pordre  des  passereaux  dentirostres;  ils  tiennent  detrte-prte 
aux  batarasetaux  pies-gritehes.  Ilsse  r^unlssenten  sod^ 
et  ne  se  nourrissent  que  de  fourmis. 
FOURMILllSRE.  Voyez  Fourmi. 
FOURAil-LlON  {FormUMleo) ,  genre  d*insectcs  de  I'or- 
dre  des  n^yropt^res.  Son  nom  indiqueassez  que  la  larye  de 
ses  diyerses esp^ces  est  la  terreur  des  fourmis;  cependant 
die  ne  d61aigne  aucune  des  proies  qu'elle  peut  atteindre. 
Elle  ne  subsiste  que  du  produit  de  sa  chasse;  mais  si  son 
Industrie  ne  suppl^t  pas  aux  ressonrces  que  la  nature  lui  a 
refustes,  il  lui  serait  impossiblede  yiyre.  Un  chasseur  qui 
marche  lentement  et  toqjoon  ^  reculonsdoitattendrele  gibier 
et  lui  tendre  des  pl^es,  Le  fourmi-lion  ne  peut  imiter  I'a- 
raign^ ;  il  ne  file  qu'4  la  fin  de  son  existence,  dans  I'^t 
de  lanre,  en  passant  k  cdui  de  nymphe ;  il  lui  faut  done  an 
autre  expMient ,  et  yoid  celui  dont  il  fait  usage.  La  larye 
du  fourmi-lion  est  it  pen  prtede  la  forme  et  dela  taille  d'un 
doporte,  et  demtoe  couleur.  Sa  t£te  est  aim^  de  deux 
oomes  mobiles  t  ce  sont  des  pinces  pour  saisir  sa  prole  et  la 
porter  k  sa  boache ;  mais  Tanimal  s'en  sert  ausd  pour  lancer, 
dans  quelques  occasions,  anegrfilede  sable,  afind*arr6ter  un 
fug^tif  pr6t  k  In!  ^chapper;  deux  des  six  pattes  dont  il  est 
pounrasont  organisdes  pour  qu'il  pulsse  se  cramponner  daus 
un  sable  mobfle,  tandis  qu'il  y  trace  ayec  Textr^jt^  deson 
corps  on  sillon  en  spirale,  njetant  ayec  sa  t^te  et  ses  comes, 
une  partie  de  ce  sable,  afin  d'approfondir  de  plus  en  plus 
la  cayit^  qu'il  forme,  jiuqu'll  ce  que  les  parole  prennent  leur 
talus  naturel  :  il  en  r^ulte  on  entonnoir  dont  le  fourmi 
lion  occape  le  fond ,  entitoment  plough  dans  le  sable ,  It  Pex- 
ception  de  ses  deux  comes.  Malheur  alors  k  la  fourmi  qni 
yient  errer  snr  le  bord  de  ce  prteipice  1  Son  poids,  quelque 
l^er  qa'il  soit ,  suIBt  pour  d^rminer  un  dboulement  qui 
entratne  le  malbeirreux  insecte  jusqu'au  fond,  entre  les  deux 
comes  qui  le.saisiissent  et  le  retlennent  Le  d6gftt  occasionn6 
par  V^bonlement  et  le  mouyement  da  chasseur  dans  le  fond 
de  rentoniioir  estpromptement  r^par^  :  le  pr^dpice  reprend 
sa  forme ,  et  le  fourmi-lion  sa  place  et  son  attitude.  Si  un  , 
insecte  ail^  yient  heurter  les  parois  de  cet  abhne  etles  ^bran- 
ler,le  chasseur,  aycrti  de  ce  mouyement,  ne  laisse  pas  ^  • 
cette  prole  volante  le  temps  de  faire  usage  de  ses  ailes  :  • 
lan^ant  It  la  hauteur  de  plus  de  dnq  centim^es  au-dessns  ( 
du  sol  plus  de  sable  qu^il  n*en  faut  pour  entralner  la  chute 
d'un  td  gibier ,  il  panrient  presque  tovjours  k  s'en  rendre 
mattre.  On  yoit  que  cet  insecte  doit  nattre  et  yiyre  dans  un  ' 
sable  tr^s-mobile ,  et  maintenu  sec  par  quelque  abri ;  et  c*est 
en  effet  dans  ces  lleux  qu*on  peut  Atre  t^moin  de  toutes  ses 
manceuyres. 

A  r^poque  od  il  ya  changer  d*^tat  et  se  transformer  en  nym- 
phe, le  fourmi-lion  necreuseplus  d*entonnoir;  il  s'enterre  en 
quelque  sorte  dans  le  sable  et  s*enydoppe  d'un  tissu  trte-fin 
ti  tri$-lustr^,mdlang^de  quelques  grains  de  sable,  habille^ 

77 


6i0 


FOURMI-LION  —  FOURNEAD 


mesi  plas  magniflquoet  beauooup  plus  fin  qoe  celui  da  la 
nymphe  da  ver-^soie.  C'est  dans  cette  robe  de  luxe  que  la 
darnitee  forme  est  pr^parte  et  couduite  josqa^i  la  fin ;  le 
corps  deilBsecte  parbit  yest  nml^ainsi  que  ses  quatre  ailes; 
et  iorsqoe  celni-ci  s'est  ooTartun  passage  trte-^troit  ItraTers 
son  enveloppe,  U  en  sort  en  sed^roolant  Salongueurest  alors 
d'enTirontrsntfrdnq  millunMres.  Encet^t^  lesfounxiis4ions 
ressemblent  assei  anx  li bell u les ;  mais  lenrs  antennas  et 
leurs  palpes  las  en  fDot  ais^ment  distinguer.        Fbat. 

FOURNEAU,  eapaelt^  dispose  poor  oontenir  on 
combostiUe  embras^^  ei  dirlger  PactiTit^  da  ien  snr  les 
matiteaa  anxqaeUes  die  doit  £tre  appUqute.  La  forme  et 
la  grandeur  de  oes  apparells  varient  snivant  leur  destina- 
tion; il  7  a  des  foomeaoi  mobiles  portatifs,  etd'aatres  qat 
soot  des  masses  de  ma^onnerie  trte-solidias,  des  Edifices 
d'one  grandenr  imposante.  Qnelqnes-ans  portent  des  noms 
particuiier8»  ott  aont  dteignte  par  lear  usage  on  par  qeel- 
que  propri^tA  qu'on  l«ir  attriboe  :  les  arte  m^taUorgiqiies 
oat  multipli^  oes  d^omlnalioas ,  et  les  arte  ehimiques  ont 
aeora  le  nombre  des  jwM/6m  da  formes  de  oes  appareils 
aetaeUementen  usage.  On  construit  des  foumeauz  sous  les 
cbaudi^ies  des  machines  k  Tapeor ;  il  en  feat  dans  les  bras« 
series  pour  tondfier  I'orge  et  cuire  le  malt,  etc.;  on  con- 
nalt  g^n^ralement  oeux  qui  servent  It  I'art  des  cuiaimers. 
Pour  tons  oeux-l&  la  forme  depend  de  celle  des  Yases  qu'il 
s'agK  de  ehaufrer,  et  quelquefois  cUe  n*est  assujettie  k  an- 
euae  condition.  Le  combustible  est  ordinairement  d^pos^ 
snr  una  grille ;  mab  souvent  aussi  on  se  contente  de  le 
meMresor  un  itre. 

Lesybumeatup  damestiquet  sent  dispose  le  phis  onfr 
nairement  en  nn  paralMiplpMe  ploa  m  BMins  allonge, 
d'une  hantear  de  0^,80.  Dans  la  surface  snp^rieare,  carre* 
Ite  en  faieace  dans  les  maisons^  et  ooufurlaeB  fonte  dana 
les  grands  ^tabUssements,  seat  percte  des  trous  de  plusieurs 
dimensieas ,  gaiaia  d'ane  chemise  en  fonte.  Le  dessous  est 
Tide,  avec  uae  separation  qui  sort  de  cendrier.  Le  cendrier 
est  muni  de  portes  entdle  ou  de  bouehons  de  ua  k  deux  d6- 
dmttres  carrte  en  terre  cnits,  qui  permeltent  de  rtf^er  h  to- 
1obI6  la  eombaatioa.  Tout  I'appareil  est  plaetf  aons  un  man- 
teau  de ehemlnte,  atec  un  appel,  qoaad  oela  est  possible. 

Qoand  le  combustible  emplojNI  est  de  la  laoulUe  ou  du 
bois,  fl  faut  changer  le  systteoe  prtofideal »  qui  ae  conYieaf 
qn'an  charbon  dis  bois.  Le  foumean  prteente  alors  un  seul 
foyer  muni  d*ane  grille  et  d'un  cendrier  serrant  an  moins 
pour  deux  trous  snr  lesquds  se  plaoent  des  chaudites.  Bntre 
ces  deux  trous,  an-dessus  da  foyer,  est  une  plaqoe  ea  fonte 
ponrant  recevoif  quelques  casaerolles  li^es;  une  graade 
bouilloire  est  daas  le  fond,  Tcrs  la  cheniin^e;  et  dans  les 
parties  latfrales  sont  parfois  pratique  de  petits  fours.  Les 
dispositions  de  ces  foomeaux  peuvent  Tarier  it  llnfini :  le 
prindpesur  lequel  repose  leor  construction  consists  ittirer 
le  pins  grand  parti  possible  du  fen,  en  feisant  circoler  an- 
toor  des  marmites  la  flamme  etmdme  la  ftunte  ayant  m^aie 
qu^dles  arriYont^  la  cheodnte. 

La  construction  des  foumeaux  domestiqaes  dolt  de 
nombreax  perlbetlonnenients  k  Romford  et  It  D'Areet  11  faut 
dter  ausd les  appatdls  fnmiYores  et  lecaUfaeteur 
deLcmare* 

FOURNEAU  (Haut).  On  nomme  aind  lea  foumeaux 
oh  le  miaerd  de  fer  estr^itiletfondo,  ce  qui  produit  la 
font  edefir,  Leur  d^ation  est  commun^iuent  au-dessus  de 
huit  niMros ,  et  on  Ta  port^e  josqo'au-dda  de  qoatorze  mi- 
tres. Leur  capadtA  InMrieure  a  la  forme  de  deux  pyramides 
tronqnta,  rtoiies  par  leur  base,  qui  est  ordinairement  car- 
rte,  four  readre  la  ooostmclioB  plus  fedle;  auiisil  Yaudrait 
mieax  suppriaier  les  anglea  droits,  et  se  rapprocher  de  U 
forme  coniijue.  Tout  l*int6iear  du  foumeau  ddt  kin  cons- 
truit en  briquestrte*r^fractaires,  ou  en  picrres  capables  de 
r^!iisler  a  la  plus  haute  temp^ature  et  k  Taction  proiong<Se 
des  matiArea  Yitreuses  UqudKfes  syoc  leaqudles  die  est  en 
contact  :  mais  conime  on  ne  pent  emptelier  que  cette 
anvdoppe  ne  soit  entaoMSe  et  ne  s'uso  au  |iomt  de  dcYenir 


trop  mince  pour  pr^serrer  d'une  trop  forte  cbalcur  le  rsils 
de  la  maconnerie,  construit  avec  des  mat^riaux  aon  ti- 
ftaetaires ,  on  a  soin  de  ne  point  etaUir  de  liaiaoa  eatie  cm 
deux  sortes  de  matMaax ,  ea  sorts  que  la  cAeailse  (cfr 
Ydoppe  inUiieore)  pulsse  Atre  renouYdte  saas  quo  les  gpoi 
mnrs, qui  la  soutieanent par  ddiors,  aioBt  beeoin d'aaeuM 
reparation. 

Une  machine  io^ffiante  founiit  Tair  n^ressiiw  pear  li 
combustioa  rapide  qu'U  s'agit  de  praduira.  Get  air  ddt  Mn 
condense^  anime  d'une  graade  Yitesse  k  son  cntrte  daas  Is 
foumeaa,  au  sortir  des  tnytoes  qui  Fy  introduiseat.  La  an- 
chine  soufflante  ddt  satisfeire  aux  conditions  soiYantsi : 
continuity  dana  le  trsYail ,  uniformity  de  la  Yitesae  du  aeal 
proddt ,  moyen  de  fdre  Yarier  au  besoin  llatrodudioa  ds 
Tair.  Lorsque  le  foumeau  est  en  actiYite ,  le  fwnhostihif  d  Is 
miaerd  k  fondre  sont  Yera^s  par  le  gueulard  (cottYcrturs 
sapdrieure)  d ,  suiYaat  la  aature  do  ntoerd » oa  ajaole  aa 
/ondaar  pour  fadUter  la  fiidon  de  la  foa^tfc,  naiiteei 
terrenses,  qui  mdtesau  fer  oxyde  aonditaent  le  nanersL 
Ces  matiircs  descendent  Icntcmciit  k  mesure  que  la  charfaoa 
se  coasnme;  dies  sont  expostes  k  uae  dialear  toq|pan 
croissante ;  le  fer  ed  d'aboid  r^vU^  e'est-4i-dire  iifari 
de  Toxygtee  qn*il  coateaait,  pais  tairimr^  plus  oa  moias 
par  le  charbon,  aYce  leqod  il  se  combme  ea  qoaaliie  piM 
ou  moms  graade.  De  plus,  comma  il  est  ea  oontact  avec  lei 
matiires  teneuses  Yitrifite  d  dcYenues  liquides,  U  ea  ah- 
aorbe  ausd  une  petite  portion,  d  la  fonte  ed  fonaee.  Ls 
feryertlamatttedomUiante,  d  les  deux  autres ,  doot  las 
proportions  peoYsat  Yarier,  doanent  au  comiiose  tea  pro> 
prides  qui  le  distfaigaeat  du  for  pur ,  d  font  ausd  diffiirer 
les  unes  des  autres  les  fontes  obtenues,  sdt  k  des  iaterYaflsi 
rapprocbes ,  soit  k  des  epoques  plus  doigpees.  L'art  de  di- 
nger le  trsYail  oonaiste  done  dans  la  connaissaaoe  et  Tern- 
pld  des  moyeas  de  rendre  les  produits  sensiblemeBt  uaifor- 
mes.  La  fonte  ed  formte  daas  le  foumeau  par  gouttes,  qd 
tombent  ea  pluie  mdalliqua,  d  Yoat  remplir  le  creicfd 
prepare  pour  la  recudllir.  Dautres  gouttes  de  Yene  terreox 
en  fosfon  tombent  ea  mtoie  temps ;  d  ces  deux  aabataaccs 
sont  superposees  Tune  It  Pantre  dans  Tordre  de  leor 
tear  spedflque;  la  fonte  occope  le  fond  d  le  Idtier 
Commeiled  en  plos  grande  qnantite  que  la  foate ,  <m  a 
de  renlcYcaf  de  temps  en  temps  par  uneoaYertan,  pratiqate 
pour  ce  traYail.  Enfin,  lorsque  le  creosd  ed  rempli ,  on  la 
feit  econler  par  une  autre  oaYerture,  que  Toa  aYatt  teaae 
fermee  josqu'lt  ce  memeat,  mais  letraYdl  du  fouraeoa  a'ed 
pas  interrompn ;  les  charges  de  charbon  d  de  mineru  soot 
Yersees  dans  le  gueulard  avec  la  aidne  r6gularite ,  et  Poa 
prepare  la  coulee  suiYaate.  L'adi  vite  d^in  fcnmeau  peut  die 
maintenue  non-seulement  pendant  plasieurs  mois,  nuis  an- 
delit  d'une  aanee,  lorsquMl  n^airiYO  point  d'accldent ,  et  que 
les  briques  de  l^terieur  sont  tres^refractalres  d  d'une  graade 
redstance. 

Aind,  reiablissement  dtm  hant  foumeau  suppose  que 
Fon  est  k  portee  des  matitees  qui  attmeateroat  aoa  aetiYte, 
c*est-^-dire  du  mineral  de  fer,  da  combustible  ( charbon  de 
terre  on  de  bois ),  des  fondants  qu*il  faut  presqoe  toajoars 
y  ijouter,  d  de  plus  11  faut  pour  la  madvae  soufllanta  ua 
moteur  qui  ne  peut  etre  ipfune  roue  bydrauHqne  ou  une  an- 
chine  ^  vapeur,  puisque  sea  serYice  ae  soolfre  poiat  dfa- 
tenruption.  Outre  le  corps  du  foumeaa,  doat  la  oonslnic- 
tion  doitdre  trte-solide,  il  feut  unplan  incUnepour  parter 
It  la  hauteur  du  gueulard  lesmatieresqniyseroatpnjcties 
successiTcment,  des  lidles  poor  oontenir  d  mettre  k  cooYcrt 
le  charbon,  d  d  la  fonte  ed  destin6e  k  des  manbya  qui 
n'exigent  pas  une  refonte,  il  feut  une  aiaiderfo  d  sea  d^ 
peadances.  Alors  im  haut  foumeau  dcYieat  uae  tcaliia  ou 
des  ooYriers  de  plusieurs  metiers  sontreuais  sooe  uae  di- 
redion  commune.  Le  produit  des  liaots  foumeaux  en  fonla 
depend  de  leur  capadte  d  de  la  richesse  du  mineral.  Qad- 
quee-UBs  ne  donnent  pas  plus  de  dix-huif  quintaux  metii- 
ques  par  jour,  ou  moins  encore,  tandisqued'autres  Yoat 
jusqu^k  soixante  quintaux  et  au-deU.  Le  Yduroe  d^dr  que 


FOURNEAD  -  FOURNIER 


611 


la  DM^ine  4opflUato  doit  lour  fouinir  n'^st  pas  en  raison  de 
la  capadtA,  ea  y  comprenant  la  banteor,  mais  aealemeiil  do 
la  MCtion  borizontale,  ou  de  la  base  oommime  des  deux  py- 
raoudoi.  FiaaT. 

FOURNEAV  k  r£vEHB£:RE.  Le  nom  de  cette 
forme  de  fourneaux  aemble  indiquer  que  le  feu  n'y  eet  pas 
appUqu^  directement  k  la  mati^re  sur  laquelle  il  doit  agir; 
cepeodant  la  flaimne  eaveloppe  r^ellement  autant  quUl  est 
possible  la  masse  de  cette  mati^.  Le  combustible  que  Poo 
y  emploie  doit  ^tre  propre  k  donner  uae  flamme  live  et 
prolonfte;  le  bois  «t  la  liouille  grasse,  c*est-&-dire  bitu- 
mineuse,  out  cette  propriit^  et  servent  seols  k  chaufTer  les 
fournaos  k  r^verb^re.  Le  foyer  est  k  une  extr^mitA;  le  com- 
bastible  y  est  plae6  sur  une  grille  d^une  asses  grande 
^toidoe,  sous  laquelle  I'alr  puisse  afQuer  Ubremeut  Entre 
le  foyer  et  la  cheroin^  se  troovent  Vauiel  et  le  creuset, 
couverts  Tun  et  Pautre ,  ainsi  que  \e/oyer,  par  uoe  voOte 
que  la  flamme  parcoort  dans  touts  son  4^tendue  avant  d*ar« 
iTer  k  la  chemin^,  qui  doit  6tre  trte-ticT^,  afm  que  le 
tirage  (aspiration  produite  par  Pair  dilate,  et  qui  s*^i^ve 
en  raison  de  sa  l^g^ret^  sp^ifique )  suffise  pour  faire  passer 
k  traTers  la  grille  du  foyer  un  coiirant  capable  d'entretenir 
'ine  combustion  rapide,  afin  que  tout  Pintdrieur  du  foumeau 
soit  continnellement  rempli  deflammes.  lUaotdes  ouvreatix 
pour  les  operations  diverges  k  faire  dans  ces  foonieaux,  et 
des  pwtes  pour  former  ces  ouvertures,  lorsqo'on  n'a  pas 
besoin  d^exik^uter  quelque  manceuvre  dans  Pint^rieur;  le 
foyer  a  sonooTreau ;  VauUl  sur  lequel  on  place  la  charge, 
c'est-^-dire  les  metises  k  fondre»  a  aussi  le  slen,  ainsi  que  le 
creuset,  et  cette  partie  du  foumeau  qui  contient  la  mati^ 
fondue  est  percte  k  sa  partie  la  plus  basse  d*un  trou  que  Pon 
tient  bouch^  jusqn^au  moment  de  couler.  L*ouTreau  du 
creoset  sert  principalsment  k  brasser  la  mati^re  fondue» 
o^est-k-dire  k  Pagiter  fortement  avec  des  ringards  ( barres 
de  fer ),  afin  de  la  rendre  plus  bomogtoe,  dans  le  cas  od 
elle  serait  compos^e  d*ei^ments  non  combines  et  distri- 
bu^  in^alement  dans  la  masse. 

Le  principal  emploi  des  foumeaux  k  r^rerbire  est  pour 
la  fusion  des  m^taui  destine  au  moulage.  On  en  fait  d*assez 
grands  pour  fondre  josqu^lt  trente  quintaux  m^triques  de 
m^taly  et  m^me  plus.  Si  le  moulage  que  Ton  Teut  faire 
exige  de  plus  fortes  masses ,  on  r^unit  le  prodnit  de  plu- 
sieurs  foomeaui  chaufTfe  en  m^me  temps.       Ferrt. 

FOCRIVEAU  D'APPEL,  appareil  de  ebauffage,  qui, 
plac^  sous  le  manteau  ou  dans  le  tuyau  d*une  chemin^  en 
^baufTe  Pair,  lui  donne  une  plus  grande  l^^ret^  sp^ifiqne, 
et  en  determine  ainsi  Pascension.  Un  atelier,  un  bdpital,  un 
^tablissement  quelconque,  ^tant  pourru  d'on  fourneau  d^ap- 
pel  convenable.  Pair  s'y  trouTa  conti|iuellement  renouvel^. 
Cet  appareil  est  done  de  la  plus  grande  importance  pour  as- 
sainir  les  Ueux  oil  se  d^gajQent  des  miasmes,  pour  donner 
une  quantity  suffisante  d'air  frais  k  nne  grande  rtiiyiion 
d*hommes, 

FOURNEAU  DE  M AZERIE.  Foyex  Fobgss  ( Gras- 
ses  )• 

FOURNEAU  DE  MINE,  chambre  oh  s^op^re  Pex- 
plosion  d*one  mine  de  guerre.  Cette  cbambre  est  prati- 
que k  Pexlr^it^  d^une  galerie  souterraine,  oq  d*une  con- 
duite  qu'on  nwamepuUs  d$  mine.  Une  fns^  une  sauclsse, 
y  eommuniqucnt  Plnflammation  au  cofTret  c'est-ii-dire  k  la 
caisse  de  bois  qui  eontient  la  charge,  ou  les  charges,  s'il 
s*agit  d'unenune  enaraigm^.  On  s'estbeaucoupoccup^dans 
oes  demiers  temps  des  rooyens  d^allumer  les  fourneanx  de 
mine  k  Paidede  P^ectricit^  Pes  mines  pratlqnte  pour  la 
defense  d*une  place  assi^g^  sont  dirigte  Ters  les  dehors  de 
la  fortere8se«de  mantle  k  abontir  anx  gorges  des  outrages* 
Antrefois,  Pattachement  du  mineur,  c^ration  maintenant 
Bbandonnte,  avait  pour  but  de  percer  le  trou  du  mineur  an 
pied  de  Pescarpe  d'un  bastion ,  pour  que  de  \k  cet  ouyrler 
|)ous6At  une  mine  deslinte  k  tourmenter  le  massif  et  k 
preparer  ou  agrandir  le  travail  de  la  br^ie.  Entre  plusienrs 
mines  qui  ont  jou^,  P^^p^re  de  cdne  de  tene  qui  restc  de- 


bout,  s'appelle  dams.  11  y  a,  suivant  la  piofondeur  ou 
la  mine  est  m^nagte,  des  foumeaux  de  premier  et  de  se- 
cond ordre.  Les  globes  de  compression  sont  un  moyea 
de  combat  de  mineurs  k  mineurs  destine  k  crerer  les  ga- 
lerles,  k  ^Tenter  lee  chambres,  k  ^touffer  les  mineurn 
ennemis.  Gompasser  les  feux,  c^est  ne  faire  Plater  que  pro- 
greasivement  et  k  des  interraUes  combing,  les  charges  de 
plusienrs  mines  ou  d^une  mine  k  plusienrs  fourneaus.  Quand 
une  capitulation  vient  d'etre  slgn^,  les  bouches  de  pulls  et 
les  foumeaux  de  mines,  dispose  pour  la  continuation  de  la 
defense,  sont  Uvrte  avec  leur  charge  aux  troupes  qui  pren- 
nent  possession  de  la  forteresse.  G*^  Barmii. 

FOURN^E.  On  d^igne  proprement  ainsi  le  nombre  de 
pains  qu'on  fait  cuire  It  U  fois  dans  un  four,  d*oii  il  rtenlte 
quMl  pent  y  avoir  de  grosses /ouritto,  de  petites /owm^, 
une  premitee,  une  seconde  /cum6e,  etc.  Ce  mot,  par  ex- 
tension, et  toqjours  au  propre,  a  (Aj&  appUqud  k  I'ensemble 
de  tonte  esptee  de  corps  qu^ou  peot  faire  chauffer  k  la  fbis 
dans  un  four.  Le  mtoie  mot  est  employ^  figur^ent  pour 
dfeigner  k  la  fois  touts  collection  d'individus  qu*OB  fUl 
particlper  en  m^me  temps  k  de  nouvelles  etm^mes  lone- 
tions,  qu'on  ^l^ve  ensemble  k  on  mdme  et  nouvean  rang. 
Cette  expression,  oomme  on  le  con^it,  est  akws  un  sigin 
de  mdpris.  On  ae  rappeUe  la /o«m^  de  poire  de  1827,  sous 
le  niinist^re  Vill^le.  Sillot. 

FOURNIER  (CMunB),  snrnomm^  VAoUrieaini  nk 
en  Auvergne,  en  1746,  partit  pour  Saint-Domhigoe  vers  1772, 
y  devint,  par  son  Industrie  et  son  activity,  propri^talre 
de  plusieors  habitations,  et  acquit  une  immense  fortune.  D« 
retoor  en  France  en  1786,  il  6lait  detenu,  Iws  de  la  piiie  de  la 
Bastille,  qui  lui  valut  la  liberty  et  le  eominandement  d'un 
corps  de  volontaires.  Dte  lors,  il  se  lia  avec  tout  ce  qn*il  y 
ayait  de  plus  ^nergique  dans  le  parti  nonveau,  et  se  fit  re- 
marquer  par  nne  grande  exaltation.  A  Avignon,  il  fut  le 
compagnon  et  Pami  du  funeni  Jouidan  Cempe-iiU.  Revenn 
k  Paris  apris  le  retour  de  Varennes,  il  detmt  vn  dee  promo- 
teurs  de  Passembl4e  du  Champ  de  Mars,  et  mit  en  jane  La«* 
fayette,  qui  fiusait  tirer  sur  les  p^titionnaires  demandant  la 
decb^ance  do  roi.  L'amnistie  qui  snivit  la  joumte  du  17 
jnillet  1791  Ini  valut  de  n'etre  pas  inqoi^t^  An  10  aoet» 
Foumier  commanda  une  compsgnie  de  dbdMn  marseillals, 
se  battit  avec  une  intrepidity  reraarquable,  et  eontribna  k 
sauver  des  hahitsnis  du  cliftteau  auxqnels  la  ooltee  d« 
people  mena^ait  de  devenir  fnneste.  Quelqne  temps  apr^ 
il  oommandait  Pescorte  des  prdtres  prisonniers  qne  Pon 
conduisait  k  Orltens;  c'^tait  peu  de  temps  aprte  les  tristes 
journte  de  septembre;  le  9  ces  prAtres  ^talent  massaertfs  ^ 
leur  tour,  et  Foumier  pour  avoir  vomIu  prot^ger  leur  vie  fill 
assailli  et  renvevs4  de  cheval.  Le  12  msrs  1793,  une  d4piH 
tation  de  la  section  Ptrissonniire,  doni  faisait  partie  Fonr-^ 
nier  VAmMcoim,  vinl  demander  k  la  Convention  Paries^ 
tation  de  Dnmouries,  eontre  leqnel  ponvaient  gemer  dee 
defiances,  mais  qn'aneune  voix  accuiatrioe  ne  d^noncail 
encore  It  la  vindicte  nationale.  Marat  s'^va  eontre  la  pro- 
position de  la  section  PoissoDpi^re,  et  il  ^onta  :  ■  Je  d^ 
nonce  nn  nomm^  Foumier,  qui  s*est  trouv4  k  toutes  lea 
^meutes  populaires,  le  m6me  qui  k  Paffoire  du  phamp  de 
Mars  a  port^  le  pistolet  sur  b|  poitrine  de  Lafayelte,  et  qui 
est  reste  imptini,  tandis  que  des  patriotes  ^talent  massacre 
—  Cet  homme,  reprit  BiUaud-Varennes»  se  pvomenait  duns 
Paris,  tandis  que  diu  patriotes  g^missaient  dans  les  prisons. 
U  pr^dait  anx  massacres  de  septembre,  s'^crie  un  antn 
conventionnel.  — 11  y  a  deux  joors,  dit  k  son  toor  Bouidon 
( de  poise ),  que  ce  mAme  Foumier  a  dit  k  tnjs  on  qMStre 
sc^rats  de  son  espto  :  Si  vnus  avies  vouiu  me  suivre« 
j*anrais  tir6  nn  ooup  de  pistolet  k  P4tion.  « 

Mis  en  aecosation  snr  la  motion  de  Mavat»  il  parot  k  la 
barre,  et  se  discolpa  si  compl^tement  <|a'il  fnt  ralax^,  ap*^ 
avoir  ni^  le  propos  qne  Ini  avail  pr4t4  Bourdon.  II  se  rtf ogtn 
alorsdans  les  rangs  les  plus  obseurs  des  sod^Ms  popnlairesy 
et  s^agita  encore  de  tempsi autre,  en  plosieurs  drconstaneost 
pas  asse;^  cependant,  pour  se  compromeitre,  mais  asMi 


613 


FOUBNIER  —  F0URBA6E 


pour  8C  mettro  en  Evidence ,  oe  qui  lui  attira  en  Fan  ?  une 
ddnonciation  de  Bois8y-d*Anglas,  Taccosant  do  massacre 
dea  priaonniers  d'Orl^ans.  En  Tan  tii,  Foumier  donna  en- 
core aigne  de  vie  en  aignant  one  potion  contra  la  Talidit^ 
de  r^lection  de  Si^ea  an  Directoire.  Son  exaltation  d^plut 
an  premier  eonanl,  qui  le  condamna  one  premite  fois  k  la 
d^wrtation,  peine  qo'il  commoaen  aurreOlance;  pois,  lore 
de  Tattentat  du  3  niTdse  ( machine  infemale ) ,  dont  il  too- 
latt  fidre  peser  sor  le  parti  jacobin  toute  la  reaponsabilit^,  ii 
le  fit  d^flnitiTement  d6porter  aui  ties  Seychelles.  Tons  ses 
oompagnotts  d'exil  y  p6rirent;  lui  seul  surv^cnt,  et  gagna  la 
Goaddoape,  od  Victor  Hognes,  son  ancien  ami,  qui  y  com- 
mandait  poor  rempereor,  Pemploya  sur  les  corsaires.  11  s'y 
diatingoa  par  des  actions  d'^dat,  et  revint  en  France  avec 
on  grade  supdrieur  qoand  la  eolonie  eat  pass^  soos  la  do- 
mination anglaise,  en  1808.  La  restauration  ne  lui  fut  pas 
plus  faToraUe  que  les  gouTemements  qui  Tavaient  pr6- 
oMte.  Arrftt^  en  1815,  par  mesure  de  sOret^  g^n^rale,  ii 
demanda  encore  des  juges,  et  fut  mis  en  liberty.  Depuis, 
aocabU  d'ann^,  de  mis^re,  de  blessores  et  dMnfirmiti^,  il 
tratna  son  existence  jusqo^en  1823,  rtelamant  Jostlce  et  re- 
fbaant  toot  secoors,  lui  qui  ayait  poss61^  des  millions.  On 
lid  doit  pliuieDri  teits  polftiqaes.      Napol^n  Gallois. 

FOURTVIL*  Dans  les  maisons  riches  qoi  contiennent 
un  grand  nombre  dliabitants ,  on  appelle  de  oe  nom  une 
pi^  situte  ordinairement  auprte  des  cuisines,  dans  laquelle 
se  Irouve  le  four  ou  Ton  cuit  le  pain,  la  p&tisserle,  etc. 

FOURNIMENT.  (Test  le  nom  qu'on  donnait  k  an 
6tni  de  boia  on  de  come  dont  les  moosquetalres  k  pied  se 
serraient  dans  le  <fix-septitoe  si^e  poor  mettre  leur  poudre. 
Ge  mot  a  maintenant  nne  acception  nouTelle  :  il  se  dit  de 
certains  objets  k  Tusage  do  soldat,  formant  son^qui- 
pement:  il  s*applique  plus  sp^alement  encore  k  la 
buffleterie:  aux  baudriers ,  aux  ceintnrons,  et  mdme 
aux  fourreau«  de  sabre  et  de  baionnette. 

FOCRNISSEIIR,  FOURNITURE.Dans  son  accepUon 
gto^rale,  le  premier  de  ces  mots,  qui  est  d'nne  origine  asscz 
nouvelle,  signifie  toute  {icrsonne  qni  fonmit  on  approYisionne; 
mais  on  est  conTenu  d*appeler  plus  particuliirement  ainsi 
lea  entrepreneurs  charge  de  pourrotr  k  Tentretien  des  corps 
d'arm^  et  k  rapprovisionncment  des  places  fortes.  Ge  sont 
lea  traitants  de  Fanden  regime.  A  certaines  ^poquea,  il  se 
felt  an  minist^re  de  la  guerre  une  abjudication  pour  I'en- 
tr^prisedes  foumitores  kUise  k  Tarm^e.  L'adjodicataires'en- 
gage  il  liTrer  aox  troopes  oes  foomitores  k  on  prix  d^termln^, 
quil  ne  pent  augmenter :  on  con^H  cependant  que  ce  prix 
▼ariera  pour  lea  temps  de  guerre.  L'entrepreneur  doit  four- 
nir  aux  troupes  des  yiTres  de  bonne  quality  et  en  quantity 
anfflsante.  Bfalheureosement  il  arriye  que  beaucoup  d*entre 
oux  profitent  des  difficult^  r^elles  des  paya  et  de  la  mau- 
▼aise  Tolont6  des  peoples  poor  ne  tenir  qo'one  partie  de 
leors  engagements.  Ainsi  on  a  yu  aouyent,  dans  les  guerrea 
qu^  cues  k  sootenir  la  France  depuis  1789,  surtout  an 
temps  dn  Directoire,  les  soldats  manqoer  des  choses  les 
plos  essentielles,  mtaiie  de  yiyres,  qui  ne  leur  ^ient  four- 
nis  souTent  qo*en  trop  petite  qoantiti  et  en  quality  plus  que 
douteose.  L^atms  en  fot  ports  si  loin  que  NapoMon  ne  crut 
poovoir  mienx  Aire  que  de  frapper  rudement  sur  oes  l^hes 
exploitateors;  mais,  qiielqoe s^y^Ui  qn^apport&t  en  ceia le 
gtotel  Bonaparte,  ii  Alt  impnissant^empteher  ces  bommea 
ayides  d'exploiter  indignement  la  r^pobliqoe.  V^poqoe  du 
Directoire  fot  sortoot  poor  eox  la  plos  heoreose  et  la  plua 
fertile.  Le  cabne  qni  yenait  de  suocMer  aux  orages  poli- 
tiques,  laisiait  .on Ubre  oonrs  aux  intrigues:  ila  surent  en 
profitttr.  Us  oorrompirent  ce  qu'il  y  ayait  encore  k  cor- 
rompre,  et  il  n'y  eut  que  qoelqoes  rares  yertos  qoi  r^s- 
tireiil  k  leur  influence*  On  yit  alors  des  bommes  probes 
joaqne  Ik  oMer  k  Tinstinct  du  mal  et  imiter  ceux  qui 
les  entooraient.  Gette  lipre  a'^tendit  partoot :  elle  enya- 
bit  I'annte,  mib  eite  s'arrMa  aox  pieAi  du  g^n^ral  Bona- 
parte. Dte  qo^  fut  le  maltre,  il  mit  bon  ordre  k  toos  ies 
ripotages qui  avaieat rendu  funeox  les  salons  deBarras; 


les  foomisseors  fbrent  soryeill^  de  pite  el  ponis  a^fera 
ment 

Mais  il  restait  encore  aox  foomisseors  le  moyen  de  tare 
one  rapide  fortone,  sans  que  les  troupes  eoaaent  k  sonffrir 
de  leor  copidit^.  On  con^t  en  effet  qoesi  on  entrepreneur 
de  yiyres  foumit  au  gouyemementit  raisoa  de  35  centimes 
la  ration  ce  qui  ne  lui  en  cofite  que  15,  pour  pen  que  dam 
toutes  les  foumitures  il  fesse  un  gain  proportioonel  ao 
diiffre  que  nous  yenons  de  poser,  ce  qni  n'est  certaioaiKBt 
pas  exag^r^,  11  pent  en  tr^peu  de  temps  arriyer  k  one  for- 
tune colossale.  Les  (bumisseurs  acbMent  sooyent  les  do- 
rto  k  yil  prix.  Les  peoples  n'osent  point  refuser  decMer  poor 
une  modiqne  retribution  ce  quite  sententqn'on  poorraiteii- 
ger  d'eux  par  la  force.  Quant  aux  foumisseors  qui,  non 
contents  des  gains  dont  nous  yenons  de  parier,  s^ayiseraieBt 
de  frauder  aur  la  nature  des  yivres ,  ou  apporteraient  daas 
leur  liyraison  retard  ou  n^igenoe,  nos  lois  les  puaissait 
d*un  emprisonnement  de  six  mois  au  moina  et  de  dom- 
mages-int^^ts.  S'ilsont  fait  cesser  le  serrioe  dont  ils  ^taiest 
charge  sans  y  ayoir  €\&  contraints  par  un  cas  deforce  ma- 
jeure, elies  statuent  contre  eux  la  rtelusion  et  une  amende 
d'au  moins  500  fhmcs,  ainsi  que  des  dommagas-intMU. 
•  Malgr6  la  s^y^t^  de  oes  lois,  ii  n*est  pas  rare  de  troofer  des 
foumisseurs  en  faute. 

L^aoception  gto^rate  duraot/ottmifiire,  comme  ceOedD 
mot  JmirnisseuTy  doit  s'entendre  de  toute  chose  fotimie ; 
ainsi  on  dit  une ybumi^ure  de  tailleur,  etc;  les  coisinien 
appellent /oumi/ure  qudques  herbes  menues  qalls  m^Ient 
k  la  salade.  11  y  a  aussi  des  foum'Uttres  que  le  Code  dffl 
d^are  privii^te;  ce  sont  les  foomitores  de  subsistanoei 
faites  au  d^biteur  et  ^  sa  famille,  sayoir  pendant  les  six 
demlers  mois,  par  les  marchands  en  d^tal],  tela  que  bon- 
iangers,  bouchers  et  autres,  et  pendant  la  demi^  ann^ 
par  les  mattres  de  pension  et  marchands  en  gros. 

FOURRAGE.  Dans  son  acception  la  plus  eteDdoe,ee 
mot  comprend  tons  les  y^taux  qui  seryent  de  pAiare  i 
nos  berbiyores;  mais  souyent  on  ne  I'emploie  que  poor  d^ 
signer  les  r^coltes  des  pr^  et  des  prairies  artificielles,  et 
encore  ce  nom  est-il  r^seryd  dans  plusieurs  d^rteraenti 
aux  produits  des  prairies  artificielles  seulement  Tons  lei 
genres  de  fourrages  peuyent  6tre  rang^  dans  trois  sectioos ' 
1*  fourrages  verts ,  2*  fourrages  sees,  3*  radnes  ettur 
bercules. 

Fourrages  verts  (cdrfoles  et  yesces  coup^  en  rert^ 
herbes  des  prfe  et  des  prairies  artifiddles ,  feuilles  et  tigei 
du  mais,  etc.,  consommte  ayant  leur  dessiccalion).  Sous 
un  yolume  donn^,  ite  oftrent  beauooop  moins  de  prindps 
nutritils  que  les  fourrages  sees ;  de  leur  usage  exdus^  rteitte 
une  diminution  dans  la  force  et  la  yigueur  des  animaux  de 
trayail,  la  quantity  trop  granded'eau  qu'ils  introduisentdaii» 
la  circulation  faisant  perdre  au  sang  une  partie  de  son  ac- 
tion stimulante  sur  la  fibre  muscolaire  et  )es  centres  ner- 
yeox.  D'ailleors ,  comme  les  animaox  ne  peoyent  trooTcr 
one  alimentation  soifisante  qoe  dans  un  yohune  oon8idM)le 
de  plantes  yertes,  le  risultatde  lenr  usage  est  le  d^dop- 
pement  considerable '  dea  organes  contenus  dans  la  carit^ 
abdominale,  et  par  suite  les  roouyements  lents,  loords,  etla 
difiormite.  Distribute  aux  boenfa  et  aux  cbeyaux  en  mtaie 
temps  que  les  grains  etles  fourrages  sees,  ou  Uen  seolsaTecIa 
paiile  et  les  grains  (orge,  ayoine,  bl^,  etc.),  pendant  les 
mois  d'ayril  et  de  mai,  ite  leur  sont  d'une  grandeoUUt^f 
et  contribuent  k  les  maintenir  en  bonne  sant^.  Degrayes  ac- 
cidents, la  mort  m£me,  rteultent  de  leor  abos ;  le  danger  est 
d'aotantplos  grand,  tootes  duwes  ^es  d'ailleors, qa11> 
sont  plos  aqoeox,  plos  satorte  de  ros^  Toot  le  moDde* 
yo  des  boeoik,  des  yacbes  et  des  mootons  sortoot,  niM 
de  coliqoes  et  de  m^t^ori  sme  aprteayoir  mang^dntw 
yert  et  mooilM. 

Fmarrages sees  (foin,  trtfe,  loxerae,  yesees,  fM^ 
fau6es,  paillea  d^orge,  d'avoine,  de  seigle,  de  fromeot,  flic)- 
Us  sont  alimentaires  ^diffi^rents  degrte,  etcbacnnrenfivv^ 
one  proportion  plos  oo  moins  grande  de  prindpes  notrnlk 


FOURRA.GE  —  FOURRIER 


613 


telon  qoH  a  M  abatta  k  nne  4^m  plus  nipprochte  de  la 
pleina  floraiaon :  ainsi,  coopte  longtemps  avant  la  Hear  ou 
lonquHa  se  sont  desc^ch^  snr  pied ,  iU  nonrrissent  pen ; 
lea  pailles  das  cMalea  sont  dans  ce  dernier  cas.  Lea  four* 
ra^BB  seca,  tels  que  le  f  o  i  n ,  le  trftfie,  la  loxeme,  tiennent  en 
iKm  ^t  lea  lierbivores  de  la  fenne;  oependant ,  ceax  qui 
trairaillent  tona  lea  joars^  et  lea  ebeTaax  lortmit,  ont  beaoin  de 
graina  (avoine*  orge^ ftves, elc ),  dont  la  quantity  est  pro- 
portionnte  k  la  nature  deafonnages.Iie  cultivaleartiui,Tou- 
dra  nounir  lea  chevaux  aTec  de  la  paiDe  seulement  derra 
donner  one  ration  de  graina  double  de  celle  qui  cat  n^ea- 
eaire  aTec  le  foin.  Fan^  et  rtolt^  pendant  une  saison  via- 
Tieuae,  lea  fourragBa  a^ararient,  contractent,  malgr^  toua 
lea  aoins,  nn  commencement  de  moiaiaaure,  et  8ont  pen 
profitablea  on  m£me  nuisiblea  aux  animaox,  qui  ne  lea  man- 
gent  que  par  nteeasit^ ;  maia  dana  cet  dtat  on  leur  fait  per- 
dre  leur  inaalubrit^ ,  on  lea  rend  mtoie  app^Uasanta  par  la 
roanipnlation  aulTadte :.  la  ration  poor  denx  ou  troia  jonra 
retiree  de  la  meule ,  aeooute  et  Tentilte  convenablement ,  le 
ftKirrage  eatdispos^  par  coucbea  mincea^  anperpoa^ea ;  cha- 
qiit;  cooche  est  arroate  et  salte  trte^l^g^ement,  puia  r^ser- 
\&k:  pour  VuMge. 

Jiacines  et  tubereules  (betteravea,  caiottea,  tumepa ,  na- 
▼ets,  topinambouTBy  pommea  deterre).  Cette  demi^  section 
fournitaans  contredit  lea  fonrragea  kaplna  proprea  k  nour- 
rir  et  engraisser  lea  beitianx^  mais,  nous  derona  le  dire, 
elles  sont  le  nee  plus  uUrd  de  la  grande  cuUnre ;  lea  frais 
qa*eUea  entralnent  comma  rtooltea  hlnte,  aardte  et  but- 
tdea ,  en  font  un  fourrage  to^jours  cber ;  la  beauts  et  i'abon- 
dance  des  r^ltea  qui  anivent  aont  Men  une  compensation, 
mais  avant  de  demander  linotre  agricuhure  dana  Tenfance 
oe  bant  degr^  de  perfection ,  prtebons-lui  d'abord  la  cul- 
ture des  prairies  artificieUes,  qui  demandent  des  d^pensea 
beaucoop  moindres.  Le  regime  le  plna  propre  k  maintenir 
lea  animaux  en  bonne  sant^  et  k  les  engraisaer  rtelte  d'une 
comlMnaison  intelUgentedea  diffi&rentea  eaptees  defourrages ; 
de  leur  quantity,  de  leur  qualit6  et  de  leur  yaridt6  d^nd 
la  T^rltable  ricliesse  du  cultiTateur.  P.  Gaobert. 

FOURRAGEURS,  FOURRAGER.  Le  root/mrrayer 
signifie  Taction  de  pinsieurs  cavaliers  r^unis  allant,  en 
onlre  et  en  temps  de  guerre,  cberclier  ou  fabre  dujmarrage^ 
on,  en  d*autres  termea,  prendre  du  foin,  de  la  paille,  des 
berbes  et  des  grains  pour  la  nonrriture  des  cberanx.  Lea 
bommes  command^  poor  cette  corr^e  nuurcbent  accompa- 
gn^  d'nne  esoorte  proportionnte  aux  perils  dont  la  position 
de  Tennemi  les  menace.  Le  fourrage  se  prend  dans  les 
cliampe,  dans  les  villages,  dans  les  fermes.  Le  jour  et  le  lieu 
oil  il  doit  Mre-  &it  sont  indiqu^  par  le  g^n^al.  On  dis- 
tingue deux  eapteea  de  foorrages,  le  grand  et  \e  petit. 
Le  grand  fourrage  est  celui  qui  se  fait  aa  loin  pour  toote 
la  cavalerie  d^e division,  d'un  corps  d'armte  ou  d'une  ar- 
m^;  le  petit  fourrage  se  fait  pour  nn  escadron,  nn  r^ 
meat  oa  one  brigade,  et  le  plus  sonvent  aux  environs  du 
camp  par  d'stribntion  reguli^re.  On  distingue  aussi  le/otir- 
rage  en  vert,  lorsqn^H  eat  pria  sur  place,  ou  ]e/ourrage  en 
see,  lorsqn'il  est  pris  dans  les  granges  ou  dans  lesmeoles.  Les 
r^glementa  mllitaires  font  connaltre  toutes  les  precautions 
k  prendre  dana  les  deux  cas,  I'ordrede  la  marcbe,  celui  de 
Tex^ution  et  celui  du  retourau  camp.  Des  offiders  accom- 
pagpent  les  bommes  de  oorvte,  les  sorveillent  et  emptelient 
quils  ne  s'tartent  ou  ne  comnaettent  des  d^aoidres. 

On  appelle  fourrageiars  les  cavaliers  qui  travaOlent  k 
eouper  le  foin,  ^  enlever  le  fourrage  dana  lea  grangea,  k 
I'entasaer  et  k  rtonir  dana  dea  saca  lea  graina  quila  ont  pu 
ce  procurer.  On  donne  aussi  ce  nom  ^x  maraudeura  qui  par- 
eourent  lea  campagnes  poor  leor  propn  compte.  Ceox-ci 
encourent  lea  peines  privues  par  le  code  militaire. 

FOURRE  AU.  Ceat  le  nom  qn'on  donne  k  une  sorte 
4e  gabie,  d'^toi  ou  d'envetoppe  aerrant  k  ooovrir ,  k  con- 
server  nn  objet  qnelconqoe.  Cest  ainsi  qo'on  a  dit  nn  four- 
reau  d'^pte,  de  baionnette;  des  fourreaux  de  pistolets, 
el,  en  parlant  de  meubles ,  def^/ourreatue  de  chaises,  dc. 


pour  designer  les  honsses  qui  lea  pr<Sservent  de  la  poussl^, 
sans  y  etre  assqjetties  par  dea  dons. 

En  botanique ,  on  a  donn6  le  m^e  nom  aux  envelop- 
pes,  etc., qui  reooovrent  T^i  du  froment,  do  seigle ,  etc, 
avant  qoHl  soit  parveno  k  aa  maturity. 

FOURRJ^ES  (M^daiUes),  piteea  dont  I'Ame  est  d'un 
m^tal  de  pen  de  valeur  et  que  revet  une  feniUe  de  cuivre , 
d'argent  ou  d'or.  Ce  sont  de  busses  monnales  antiques.  Un 
passage  de  Dtoostbtoe  centre  Timocrate  rapporte  que  So- 
lon etait  persuade  que  beaucoup  de  viUes  mettaient  de  re- 
tain, da  coivre  on  du  plomb  dans  lea  monnales  qu'elles 
frappaient,  et  qu'dles  les  alteraient  par  ce  mdanj^  frandU' 
leux.  Les  fitusses  monnales  fourrees  recouvertes  d'or  sont 
rarea,  paree  que  leur  trop  grande  legtete  les  eftt  fait  recon- 
nattre,  le  poida  desantres  metauxetant  fort  different  de  celui 
de  Tor.  Lea  monnaiea  foorrees,  d'argent,  an  coin  grec,  sont 
pea  nombreoaea,  tandis  qn'on  n'a  pas  de  peine  k  en  trouver 
de  ce  metal  an  coin  romain,  josqa'an  r^e  de  Septime 
sevtee,  epoque  od  I'argent  fut  altereet  ob  la  fraude  s'exer^ 
sur  le  titre  mdme  de  ce  metal. 

FOURRIEBU  Les  savants  sont  partagessur  la  question 
de  savoir  qudle  est  I'origfne  da  mot/otirrier,  et  ponrquoi 
cetermes'est  primitivement  ecrit  /eurrier,forrier,  fue' 
rier^fwrier,  Gea  substantifs  divers  vlennent-ils  du  latin 
fodrarkUf  aigniflant  employe  des  fourrages,  ou  de  forre- 
fitf5,  forratoTf  bomme  qui  recudlle,  qui  rediercbe  le  four- 
rage ?oa  bien  procMe-t-il  de  Titalien  >briere,  avant-cou- 
renr  P  Nous  aupposona  qu'aux  epoques  o^  I'infanterle  n'etait 
rien,  ob  la  cavalerie  etaittout,  le/orrerius  du  bas-latin, 
le/onier  du  franfais  naissanl,  ce  fwrier^  degdnere  en 
feurrier,  par  une  pronondation  de  paysan,  equivalait  au 
mot  vivrier  d^armie,  paree  qu'alors  il  n'y  avait  k  s'oc- 
cuper  administratlvement  que  de  I'approvisionnement  des 
cbevaux.  Chaqoe  cavalier  se  chargeait  ersonndlement  de 
la  recbercbe  on  du  transport  de  sea  comestibles,  soit  quil 
les  acbetftt,  ce  qui  etdt  rare,  soit  qn'il  s*en  preumunlt,  ce 
qui  ne  satisCiisait  q^'k  one  courte  duree  de  temps,  soit  qu'il 
lea  piUAt ,  ce  qui  etait  ordinaire.  Les  aventuriers  dltalie, 
•spices  de  peuplades  nomades  de  soldats  qui  ont  ete  les  crea- 
teurs  prfanitifii  de  la  langue  militaire  de  I'Enrope,  obliges 
d'envoyer  il  Tavance,  pour  cbaque  deplacement,  pour  cbaque 
expedition,  un  collectenr  de  fonrragea,  se  sont  babltues  a 
k  prendre  comme  synonymes  avant-eoureur  et  faurrageur, 
esprimes  par  le  aubatantif /orlere.  Dans  un  edit  rendu  en 
1306,  Philippe  le  Bd  fait  mention  de  fourriers  charges  de 
depaiHr  le  logis  :  ainsi,  ce  n'etaient  pas  dea  fourriers  de 
fourrage,  c'etdent  des  fourriers  de  logement.  Les  incursions 
desFran^ais  en  Italia  les  ont  habitues  k  appliquer  aux 
osages  mllitaires  et  A  radministration  alimentaire  le  mot 
fowrier;  ausd  estrce  dans  la  constitution  dea  legions  de 
Francois  1*'  qu'on  le  voitapparattre  pour  la  premiere  fois, 
comme  un  designatif  d'un  emploi  permanent  ou  d'on  grade 
fixe. 

Dans  les  usages  dvils,  dans  le  langage  officid  et  legal, 
le  fuerieTf  \e/eurrier,  etaient  connns  bien  plus  andenne* 
ment :  ainsi ,  ils  levaient  autrefois  au  profit  de  la  malson 
du  souverain  un  imp6t  nomme  :  fodrum,  /odentm.  lis 
etaient  cbaigea  aosd  de  marqner  A  la  craie  lea  logements  : 
k  raisottde  cette  fonction,  on  les  confondait  avec  lea  mare- 
chaux  das  Iqsis.  Les  fourrHers,  avant  qulla  devinasent 
dana  lea  r^menta  fran^  dea  bommes  compris  an  oambre 
des  combaltants,  n'etaient  dans  lea  divers  paya  eosaideres 
que  comme  dea  adminiatraleurs ;  de  Hi  vient  cet  usage  al- 
lemand ,  qui  existait  encore  dans  nos  demises  goei  res ,  'de 
ne  point  ranger  dans  les  actes  de  capitulation  lea  finwrriers 
au  nombre  des  prisonniers  de  guerre  :  ila  etaient,  aprte  la 
reddttic  068  places  fortes,  rendos  k  la  liberte  ou  renvoyes 
dans  lenr  paya  comme  des  particullers  non  guerroyants. 
Depoia  Looia  Xin  josqu'l  Louis  XV,  un  grade  de/nfrrter 
de  I'annee  exiatait;  ce  fonctionnaire,  espteed'offider  gene- 
ral, etdt  sous  les  ordres  do  marechal  generd  des  logis.  II 
lui  etdt  prescrit,  quand  le  roi  etait  k  rarmee,de  n'emplojier. 


614 


FOURRIER  —  FOUS 


pour  marquer  lei  logls  qae  dd  Vocre  Jaune,  parce  que  la 
craie  blanche  ^lait  r^seirte  oonune  marque  des  logis  du  roi 
et  de  la  coor. 

Le  titre,  jusque  Ui  importaDt,  de  /awrrier  s*est  rapetiisA 
considdrablement  depuis  la  cr^atioa  dea  ^taU-nuOors  :  ce 
spot  les  ofliciers  d'^tat-miyor  qui  lont  devenns  en  grand 
les  fourriers  etles  mar^baux  des  logis;  U  n'y  a  plus  pour 
/ourrt^^ que  des militaires  degrade  trte-subalteme,  et 
leur  cri^aUon  dans  la  lii^rarchie  legale  et  positiTO  ne  date , 
dans  rinranterie,  que  de  la  premiere  moiU6du  si^cle  dernier; 
ils  out  8ucc^^  titulairement  aux  sergents  d'aflaires,  ou  plut6t 
le  sergent  d'aflaires,  ou  dernier  sergent ,  a  pris  dans  cliaque 
compagnie  le  nom  deser^enZ/ourrier;  une  nouveile  orgaoi- 
satioo  transforma,  en  1782,  les  sergents-fourrkers  en  sergents- 
majors,  ou  premiers  sergents;  en  1788, il  futdoon^  pour  aide, 
pour  secretaire,  au  sergent-roajor,  un  caporal'/ourrler.  C^- 
tait  le  plus  Jeune,  le  plus  lettr6  parmi  les  caporaux;  aussi  le 
rang  de  caporal  a-t-il  paru  bientdt  k  ce  aous-offider  trop  au- 
dessous  de  son  saToir-faire  et  ne  plus  r^ndre  k  une  tenue 
que  quelqnes  revenants-bons  rapprochaient  de  celle  des 
sergents.  Le  caporal-fimrrier,  d^igni  ainsi  par  la  lot,  k 
force  de  ne  Youloirs*appeler,qne>btfrri<rtout  court,  aroena 
la  loi  k  y  consentir ;  de  dernier  caporal  qu*il  ^tait,  il  devint 
premier  caporal,  et  sous  la  Restauration  le  fourrier,  de 
caporal  qu'il  ^tait,  redevint  sergent.  AujourdMmi,  aelon  le 
caprice  du  colonel,  il  y  a  dans  cheque  r^ment  des  sergents- 
fourriers,  qui  sont  sous-ofQciers ,  et  des  caporaux-four- 
rierSf  qui  ne  le  sont  pas.  Jusqu'au  commencement  de 
notre  si^cle,  le  grade  de/ourrier  ^tait  inconna  k  lli6tel 
des  Invalides,  parce  que  les  ^ts  qui  ayaient  ordonn^  la 
monacale  et  routini^e  institution  des  iuTalides  ^talent  an« 
t^rieurs  aux  ordonnances  qui  avaient  reconnu  les/ot<rrJen. 

6**  Babdin. 

FODRBI(:R,FOUIUII^RISME.  royes Fourier. 

FOURRIERE.  Ce  terme,  qui  a  la  m^me  ^tymologie 
que  le  mot /ourra^e,  d^signe  une  saisie  de  bestlanx, 
qu^on  prend  en  d^lit  dans  des  terres  ensemencte,  dans  des 
▼ignes,  des  bois,  etc.,  et  qu'on  met,  par  forme  de  s^oestre, 
en  garde  dans  une  teurieou  stable  ddslgn^e  comme  lieu  de 
d^pOt  par  la  municipality  et  ob  ils  sont  nourrb  aun  d^pens 
du  mallre  auquel  ils  appartieunont,  afin  d*obHger  ce  dernier 
k  payer  le  dommage  qu'lls  out  caus6.  II  est  satislait  aux 
d^gdts  par  la  vente  des  bestiaux,  s'ils  ne  sont  pas  rdclam^s, 
ou  si  le  dommage  n'a  point  M  pay^,  dans  la  huitalne  da 
jour  du  d^lit  (loi  dn  28  septembre  1791,  titre  11,  art.  12). 
A  Paris  et  dans  les  grandes  Tilles  il  existe  nne  fourrik^ 
oil  sont  euToy^  tons  les  am'manx  et  Yoitures  saisisen  con- 
travention. 

FOIIRRURE.  Voyei  PstLBTERiE. 

FOUS  (F6te  des).  Melange  grotesque  de  boufTonnerie 
et  de  pidtd,  cette  rste  fut  durant  plusieurs  siftcles  dn  rooyen 
dge  un  long  scandale,  que  le  goavernement,  pins  faible  en- 
core que  rtglise,  s^efforca  Tainement  de  faire  cesser,  m6me 
en  s'appuyant  de  raotorit^  des  conciies  et  de  tonte  T^lo- 
qnence  des  docteurs  de  la  foi.  EUe  consistait  dans  des  r^- 
jouissances  extrayagantes  auxquelles  les  clercs,  Ie9  diacnss 
et  m^me  les  prdtrcA,  se  livraient  immoddr^ment  dans  plu- 
sieurs (ifflises,  depuU  NoSI  jusqu'4  I'tpiphanie,  et  principa- 
lement  le  jour  de  Saint-£tieiine  et  le  premier  joar  de  ran. 
Cette  Goutume  bizarre,  d^lk  pratique  du  temps  de  saint 
Augustin,  qui  en  condamne  les  excte,  paratt  ayoir  pris  nne 
grande  extension  dans  T^lise  grecqne,  sous  le  Bas-Empire. 
Pendant  plusieurs  siteles  k  Constantinople  le  peuple  et  le 
clergy  aux  fi&tes  de  NoSl  et  de  l*£piphaoie  se  liTraient  A 
toutea  sortes  d*excte.  La  fftte  des  Fous  H&\i  d^jk  introdoite 
en  Angteterre  au  douzi6roe  sl^le,  puisqu'elle  y  fut  proacrite 
k  OiiW.  <^poque  sous  peine  d*excoromunication.  £ile  existait 
alors  en  France  depuis  longteraps,  et  s*y  c^k^braitdo  pr^fd- 
rence  dans  les  vilies  de  Beauvais,  Sens,  Autun,  Rouen, 
Dijon,  Reaune,  Paris,  NeTer5,etc. 
I  La  premiere  ct^n^monie  consistait  dans  r^lection  ilc 
VabM,  choisi  parmi  les  membresdu  Ins  dcrgd,  el  ensuite, 


selon  lea  locality ,  dans  refection  soft  d'lm  ^vAque  m 
chev^ne,  soit  d'un  pipe  des  fons,  qnVm  prenaft  parmi  la 
people.  Daas  les  ^^ises  eathMrales,  on  ^liadt  on  ^f^qiie  oq 
archev^e ;  mais  dans  lee  ^llsea  qui  ndefaient  directeoMai 
du  saint-si^e,  et  qu'on  appelaii  exemptes,  on  dlisait  an 
pape,  et  on  lui  pr^iait  tous  les  attribnts  de  la  tiare.  Quant 
k  Vebb6  des  fous,  son  Section  se  laisait  dans  temtes  ks 
^lises  par  les  jeunes  chanoines,  les  dens  et  les  enfaats  de 
choeur,  qui  proclamaient  leur  cboix  par  nn  Te  Deum ,  el 
prenant  ensuite  I'^u  sur  leurs  ^paules,  le  portaieot  ea 
trioropbe  jusque  dans  sa  demeure ,  ok  le  diapitie  yenaK 
de  s^assembler;  U  on  le  faisait  asseoir  sur  one  estradc 
pr^parte  pour  le  receyoir.  A  son  entrfe,  toot  le  moode  si: 
leyait,  m6me  T^y^ne,  sMl  ^tait  present  On  lui  fabaH  de 
grandes  salutations;  on  lui  ofTrait  du  yin  et  des  fruits;  ii 
buyait,  et  commen^ait  k  chanter.  Anssit^  tous  les  assis- 
tants, le  baut  chflsur  d^un  c6t^  et  le  bas  clioeor  de  Fantre, 
r^pondaient  en  tieyant  progreesiyement  la  yoix  et  en  fini5- 
sant  par  lutter  k  qni  crierait  le  plus  fort,  diratt  le  pfais  de 
rac6ties,  gesticolerait  de  la  raanldre  la  pins  grotesque.  On 
sifllait,  oaraillait,  on  burlait;  c*^tait  un  crescendo  asaomr- 
dissant.  Quand  les  forces  de  chacun  ^taient  ^puia^s,  l*liut&- 
sier,  dans  plusieurs  ^ises  du  midi,  prenaft  la  parole,  e% 
disait  en  langue  romane  :  «  De  port  moseenhor  Falmt  e  sa^ 
cossellier,  yos  fam  assaber  que  tot  bom  lo  segna  lay  on 
yolra  anar,  e  aquo  sos  la  pena  de  talbar  la  braia,  sous  peine 
d*avoir  le  haui  de  ckmuses  ceup6,  »  On  sortait  alors  to- 
muUueusement  et  on  parcourait  la  yille  en  continuant  i  se 
litrer  k  mille  extrayaganoes.  La  description  de  ces  esete  a 
fouml  k  Walter^oolt  nn  de  ses  pins  beaux  passages  dans 
son  roman  de  FAbM, 

Ind^pendamment  de  oet  abb^,  nous  ayons  dit  que  les 
^ises  cath^dralea  et  cellos  qui  releyaient  dlrectement  dn 
saint-si^e  tiisalent  un  ^y6que  on  on  pape  des  fous.  Ce  chocx 
^it  fait  parmi  le  peuple,  au  milieu  de  Tappaidl  le  plos 
burjesque.  V€iQ  ^talt  rey^tu  d'babits  ponttlicaox,  et,  prMd^ 
de  jeunea  ecclfeiastiqnes  portent  sa  mitre  et  sa  crosse,  sa 
croix  arcbi^piscopale  ou  sa  tiare,  entour^  d*uQ  cHergt 
nombreux,  aflfnbl^  de  d^guisements  diyers,  les  nns  masqn^ 
00  barbouili^  de  lie,  d*autres  d^guises  en  femmes,  il  ^ait 
porti  sur  leurs  4paules  Jusque  dans  sa  malson.  A  son  arriy^ 
on  ouyrait  tootes  les  portes  et  tontes  les  fen^tres ;  on  pla^ft 
un  tonnean  ddfonc^  sur  one  des  crols^es ;  I'^ydqne  on  le  pape 
entrait  dedans,  et  de  \k  il  donnait  sa  b^n^iction  k  la  multi- 
tude. Puis  on  se  rendait  processionnellement  dans  fe  cba»r 
de  I'^gllse,  00  Toncbantait  des  couplets  querimpudidt^des 
gestes  rexidait  encore  plus  obsc^nes.  Pendant  cette  d^goO- 
tante  parodie  du  service  diyin,  les  diacres  et  sous-diacres 
mangeaient  sur  Pautel,  prte  dn  c^IiSbrant,  des  boodins  et 
des  saucisses,  jooaient  aux  d^  et  anx  cartes,  et  mettaloit 
dans  I'encensoir  de»  morceaux  de  yieilles  semelles,  dont 
Texiialalson  inrecte  obscnrdssait  T^lise  et  proyoquai|  ks 
contorsions  joyeuses  des  assistants.  La  messe  terming  01 
parcouraient  le  cbenir  en  sautant  et  gambadant  Pais,  ils 
se  f^lsaient  trainer  par  toute  la  yille  dans  des  tombereaox 
remplis  d'ordores,  cherchant  k  qui  mieux  mienx  k  se  faiie 
remarqoer  parde  plates  boofTonneries  et  dignobles  proyo- 
cations.  Le  roi  de  la  (iMe ,  ^y^qne,  archeyftqoe  ou  pape, 
apparaissait  sur  un  brancard  portd  solennellemeot  par 
quatre  bomroes  rev^tus  d*habits  cbamarr^.  II  fsisait  anr 
cette  esp^ce  de  payois  toules  les  sfngeries  qui  pouyaient 
exciter  le  riro  des  spectateors,  et  reeeyait  ensuite  do  cha- 
pitre  un  fromage  pour  prix  de  ses  peines  et  services.  Pea* 
dant  les  trois  jours  de  Saint-£tienne,  de  Saint-Jean  rkyan- 
g6li«te  et  des  Innocents,  T^y^ue  fou,  reyfttn  de  ses  habits 
pontiticaux,  la  mitre  ea  t^te,  ia  crosse  It  la  main ,  et  suiyi 
dc  son  aumOnier  en  chape  et  coifl^  dHm  petit  coussin  au 
lieu  de  bonnet ,  yenait  s'asseoir  dans  la  chaire  ^iseopale, 
assistait  il  lV>rAee  ot  y  receyaft  grayement  les  mftmes  hen- 
neurs  que  le  ydritable  ^y^que.  A  la  lin  de  roflioe,  ranm6- 
nicr  cnalt  k  pleinevotx  :  Sllete,  silete;silentiumhabetei 
et  le  chcciir  ri^pondait :  Deo  grcUias!  Puis  Pdy^iue  donnait 


pous  —  Fotjs  t)t  cota 


615 


M  bteMiction ,  apr^s  quoi  I*aum6nier  distrilNiut  aux  assis- 
tants des  indalgenQ^  borlesquea* 

Cette  (Iftte  subissait  d^  modifi^ioos  dans  lea  diters  pays 
od  on  la  c^lArait ;  elle  a  eu  mfime  des  noms  diffirents 
suivant  les  locality,  ou  par  suite  des  o^rdmoines  bizarres 
qu'on  i  ajoutait  Ainsi ,  on  I'a  confSoDdue  avec  U  fdle  d<» 
Anes,  avec  celles  des  Hypodiacres,  ou  diacres  saouls,  des 
Conards  ou  CornardSfdei  Innocents ,  etc.  On y  clian- 
tait  une  antienne  compost  de  commencements  de  psau- 
mes,  ot  i'on  r^p^tait,  de  deux  yen  en  deux  vers,  Texda- 
mation  Iwchique  et  profane  d'fvoAe*  Ensnite,  ie  celebrant 
entonnait  les  T6pres.  11  chantait  le  Deus  in  a^futorium,  et 
Ie  chceur  le  terminait  par  un  alleluia,  s^r6  par  tingt- 
deux  mots  de  la  mani^re  suivante : 

A&uu  RttoncDt  MiBes  flceleiis 
Com  daici  ib«1o  tyapboBw... 
Code  Deo  dicamoa.  Lvia 

Alors  deux  clianties  anson^ent  It  liavte  Tdix  Toffice  par 
ces  troia  vers  : 

Hcc  ttl  clara  diet,  elarirum  clara  dieriim ; 
Hao  att  faU  diea,  lesUrim  festa  dlerom, 
Nobile  nobiUuBi,  rotilaoi  dndeaii  dierum. 

Pour  mleax  "supporter  la  dur^  de  cet  ofYice,  qui  de?ait  6lro 
trte-long,  les  chantres  et  les  assistants  s*interrompaient  de 
raoneot  i  autre  potr  se  d^lt^rer  par  de  copienses  libations. 
On  ehantait  enfin  le  Magnificat  sur  Tair  de  : 

Qoene  Toua  reqoioqaea-Tou8,vieiIle, 
Qoe  ne  vous  reqaioqaex*Toas  done! 

Puis,  la  bande  joyeose  ae  rendait  sor  un  th^tre  dress^  k 
cet  efiet  devant  T^glise,  et  y  extoitait,  en  presence  de  tonle 
la  ville,  lea  Csrces  lea  plus  laadYea  et  lea  pins  ignobles.  On 
les  temiioait  par  des  seaux  d'eau  qu'on  versait  k  profusion 
sur  la  t^te  du  pr^cbantre  et  sur  les  boaunea  nos  qui  ne 
manquaient  jamais  k  la  (iftte,  le  toot  anx  bmyants  dclats 
des  assistants  et  des  actenra  ravia  et  transport^  de  joie. 

De  tout  temps  TEglise  tenta.dc  r^iimer  lea  excte  de  cette 
fgte.  II  en  a  ^U  dajDotoie  da  pouvoir  temporel.  Plnsieors 
conciies  s^dev^rent  conire  les  d^sordrea  de  eea  satomales. 
La  pragmatique  sanction  de  Cbarlea  YII  reproduit  on  ca- 
non qui  menace  de  toutes  lea  foudrea  del'£gHse  lea  acteurs 
et  fanteurs  de  la  fiSte  des  foos.  On  retrouve  lea  mtaies  pro- 
hibitions dana  plusienrs  arrets  dea  parlements  et,  entre  au- 
fres,  dans  Tarra  rendu  en  1552  par  eeloi  de  Dijon.  Rappe- 
lons  toutefois  que  les  tentatirea  rtfit^rtode  TEglise  se  bor- 
n^ent  ploldt  k  modifier  lea  cdrdmonies  de  cette  (iftte  daus 
ce  qu'elles  avaient  de  plus  bizarre  et  de  plus  dissoln,  qu'li 
les  d^truire  enti^rement  A  la  v^rit^,  Maurke,  ^T^que  de 
Paris,  mort  en  1196,  avait  tenti d^abolar  la  ISte  dea  foos, 
et  son  successeur,  Eudes  de  Sully,  aYait  youIu  ^alement, 
aTec  Taide  du  cardinal  Pierre  de  Capoue,  l^gat  du  pape,  es- 
say erde  proscrire,  en  1199,  «  ces  restes  d'one  superstition 
paienoe,  plus  dignes  d*borreur  que  d'hnHation,  pendant 
lesquels  Tiglise  se  trouTO  remplie  de  gens  masqu^,  qui  la 
profanent  par  des  danses,  dea  jeux,  dea  cbansons  inClmes , 
des  bouffonneries  sacril^es,  et  par  toutes  sortes  d'exc^, 
quelqnefois  m(^me  jusqu^li  efTusion  dv  sang  ;  »  mais  tt  est 
certain  que  ces  pr^ats  ne  purent  y  parrenir,  puisqoe  Tan- 
teur  de  V Office  des  Fous  mourut  en  1222.  Odon,  ^Tdqoe  de 
Sois,  obliiit  en  1245,  dans  son  dioc^,  la  suppression  des 
tniTestissemeots  dont  s'afTubiaienl  les  acteurs  de  cette  farce 
d^oOtante;  mais  H  necrut  pas  pouvoir  la  ddfendre  enUdre- 
ment.  Telle  ^lait  encore  en  1406  la  puissance  de  cette  cou- 
tnme  qu^on  jenne  horn  me  du  YiTarais,  du  ^Aque  des  foos, 
a'^tant  refuse  k  faire  les  d^penses  que  lot  imposait  son  Elec- 
tion, fut  citE  en  justice  doTant  Pofficial ;  la  question  fut  long- 
lemps  d^battue;  enfin,  on  nomma  poor  arbitrea  troia  eha- 
noines  qui  rendirent  centre  Tdu  rdfractaira  one  sentence 
fort  curieuse. 

La  fste  des  fous  se  cElEbrait  encore  aYec  beauconp  d'^ 
dat  en  1444,  comme  le  proufe  I'^pttre  eneydique  de  laFa* 
uilt^  dethdologie  de  Paris,  adresste  le  19  mars  de  lamAme 


ann^e  k  tons  les  prdats  et  chapitres  k  reffet  de  la  condam- 
ner  et  de  la  d^uire.  NEaninoins,  les  actes  des  conciies  qui 
se  tinrent  en  1460  et  en  1485  se  bornent  k  signaler  les 
prindpaux  abus,  qu*ils  sunt  d'avis  d*en  retrancber.  Les  mdmes 
dispositions  se  retrouvent  k  pen  pr^  dans  les  fcapitulaires 
de  Sens.  Depuia  cette  <$poque,  la  f&te  des  fous  fut  tantd^ 
d^fendue,  tantdt  toKr6e,  mais  avec  des  modifications  qui 
tendaient  tottjonrs  k  la  r^forme  des  obscEnit^  et  des  profa- 
nations dont  die  6talt  remplie.  Sa  suppression  n'eut  lieu 
qvi^k  la  fin  du  sein^e  sitele ;  encore  en  trouve-t-on  un  der> 
nier  example  dans  ceUe  qui  fiit  donn^e  k  Poccasion  de  la 
naissance  de  Louis  XIV,  par  ce  qu'ou  appelalt  V%r\fanterie 
dijdM^e.  Pellissier. 

FOUS  ( Ordre  des ).  Sous  ce  titre  fut  institute ,  en  1380, 
par  Addpbe,  comte  de  Cloves,  une  sociEt6  dont  le  but  pa- 
raissait  6tre  de  roaintenir  Tunion  entre  les  gentilshommes 
du  pays.  Ses  membres  6taient  au  nombre  de  trente-cinq, 
toua  choisis  dana  la  noblesse  :  le  premier  dimancbe  apr^s 
la  Saint-Mldiel,  un  banqnet  splendide  les  r6unissait;  \k  ils 
s'empressaient  d'abord  de  faire  cesser  les  divisions  qui  pou- 
Talent  6tre  aurrenues  entre  eox.  La  marque  distinctive  qui 
senrait^lea  faire  reconnaltre  ^it  un/ou  dVgent  brodE  sur 
lenrs  raanteanx ;  ce  fon  Etait  v6tu  d*un  petit  justaucorps  et 
d^un  capucbon  tlssn  de  pitees  jaunes  et  rouges,  avec  des 
aonnettes  d'or,  des  chaosses  Jaunes,  dea  souliers  noirs :  il 
tenait  k  la  main  une  petite  coupe  pleine  de  fruits. 

FOUS  DE  GOl^«  Lenr  type  se  retrouYe  dans  la  my- 
tbologie  dea  Grecs  et  des  Remains  :  Memos  6tait  le  7r  i  - 
bouletdn  grand  Jupiter,  et  ses  facdties  ^gayaient  FOIympe. 
A  Rome  comme  ^  Atbtoes  les  personnages  opulenls  ad- 
roettaient  k  lenr  table  des  parasites  et  des  bouffuns  i^scurrx) 
charge  de  les  faire  rire,  et  dont  les  aoteurs  dramatiqnes  et 
satiriqnes  ont  point  aYOC  vivadt^  la  degradation  morale. 
Dans  Plaute,  les  rOles  d*Ergasile,  de  Curpnlion,  d'Artotro- 
gne,  de  Satilrion  et  deGdasime;  dana  Terence,  ceux  de 
Ganton  et  de  Pbormion,  nous  montrent  toute  la  mis^re 
de  ces  plaisants  de  bas  ^tage,  et  la  mordante  hyperbole  de 
Juvtoal  ajoote  ^  ces  tableanx  des  traits  plus  vigoureux  en- 
core. Cependant,  ce  n*est  k  proprement  parler  que  le  Bas- 
Empire  et  le  moyen  ftge  qui  nous  pr^sentent  des  bouf- 
f onsen  titre,  des fltrceurs  ofRdels,  couch^  sur  T^tat  des 
grandea  maisons  et  des  conrs,  ayant  leor  place  marqute  et 
leurs  pr^rogatiYesnettement  sp6dfi^es.  En  449,Thdodose  le 
jeune,  erapereur  d'Orient,  euYoie  une  ambassade  k  Attila. 
Un  fon  figure  dans  la  rtoptfon  des  Remains,  et  fait  Plater 
de  rire  toos  fes  assistants.  Le  terrible  conqu^rant  seul  garde 
son  s^rieux,  quoiqae  M.  Guizot  introdulse,  en  outre,  k  sa 
cour  unarleqnfn,  dana  la  personne  du  Maore  Zerchon.  Thte- 
pbile,  empereur  de  Constantinople  en  829,  s*amusait  des 
foliea  de  Danderi,  dont  Pindiabr^tion  pensa  devenir  funeste 
^  rimp^ratrice  Thtedora,  qui  rteitatt  aes  pri^res  dans  un 
oratoire  omd  damages  qu'dle  cachaitaYeo  soin,  de  peur  que 
Th^phile,  impitoyable  iconoclaste,  n*en  edi  connaissance. 

La  couturae  d^entretenir  prto  de  sol  dea  serviteura  obli- 
ges d'sYoir  de  la  gaiety  et  de  Tesprit  pour  tout  Ie  monde  se 
rdpandit  sous  te  rdgime  de  la  f63dalit^.  Isolte  dans  leurs 
chateaux,  passant  la  Joum^  sur  les  grands  chemins,  nides, 
sauYages,  les  nobles  paladins,  en  di^pit  des  romans,  ^talent 
des  personnages  anssi  maussades  que  redouts.  Ne  Yoyant 
dans  leurs  ^ux  que  des  ennemis,  avec  lesquds  ils  badinaient 
toujours  r6p6e  an  cOt^,  ils  auront  admis  quelques-uns  do 
leurs  Yassaox  k  l*honneor  de  les  distraire  un  moment  et  do 
les  arraclier  k  la  roonotonie  de  leur  grandeur.  Mais  la  fi- 
uessse  des  propos,  la  d^licatcsse  des  pen?^,  n^aYaient 
gu^re  de  prise  sur  ces  liommes  bard^  de  fer.  Pour  avoir 
cours  cliez  eux,  la  plaisanterie  devait  ressembler  k  i'lmper^ 
tinence,  la  liberty  k  la  licence.  Or,  il  arrivait  que  r^pi- 
gramme  allait  souYent  plus  loin  que  ne  Ie  dteirait  un  pa- 
tron fier  et  irasdble.  Afin  de  conserver  la  dignity  du  maltre, 
il  fut  rdg)^  qu'on  ne  pourrait  lui  dire  de  bonnes  Y^rifda  sans 
etre  r^put^  fou.  Un  vAtement  particolier,  un  titre  signifiea^ 
tif,  furent  attribu^s  anx  diseurs  de  bons  mots,  pour  aYertir 


616 


FOUS  DE  COUR  —  FOX 


queleim  saicasmes  ne  tiraient  pas  k  coDs^ence  et  qa'on 
riiqaerait  k  lea  imiter.  Les  flatteurs,  ceux  qui  trafiquaient 
da  menaongesy  n'eorent  garde  alors  de  croire  quails  n*6taieiit 
pas  les  sagea.  Lea  ^T^ues  adopUrent  la  cootume  dea  sei- 
gneare  lalquea.  Le  concile  tenu  k  Paris  en  1212  defend  aax 
pr^lats  d'ayoir  dea/ofu  pour  les /aire  rire;  roais  en  1624 
Sandenis  reproche  encore  k  ceux  de  son  temps  d^aimer 
mieox  a'amoser  avec  des  boaflbns  (  morUmUnls  )  et  des 
fiiles  de  joie  que  de  se  d^saer  an  sein  de  I'^tnde. 

Yoici  one  liate  de  qnelques  Tons  en  titre  dont  lliistoire  nous 
a  consenr^  le  sonTenir.  Presque  toos  paraissent  avoir  une 
grande  ressemblance  avec  le  Davie  Gellailey  que  Walter 
Scott  attache  an  baron  de  Brad  ward  ine :  cenreaux  tirobr^, 
incapables  d'nne  occupation  r^ulidre,  ils  avaient  assez  de 
jugement  pour  tirer  parti  de  leur  folie,  assez  de  sailliea  pout 
ne  point  6tre  tax^  dMdiotisme.  Quelques-uns  prouv^nt 
intoie,  dans  plus  d*uue  occasion,  une  haute  intelligence,  et 
des  quality  morales  qui  ne  s'allient  pas  toujours  k  la  raison 
la  plus  i^yhe.  Robert  Wace  et  Guillaume  de  Jumi^es  rap- 
portent  que  Guillaume  le  B4tard,  due  de  Normandie,  fut 
aToti  par  son  fou,  Golet  ou  Gallet^  natifde  Bayeox,  d'un 
danger  qu'ilcourait.  Ce  Golet  n*6tait  pas  moins  fid^e  que  le 
bon  WambOj  personnage  imaginaire,  maia  plain  de  vie,  de 
radmtrable  ^pop^  d^Ivanho^.  Charles  le  T^nUraire  avait 
un  fou  que  Tauteur  de  Quentin  Durward  n*a  pas  oubli^ 
non  plus,  et  qui  s^appelait  Le  Glorieux,  Le  fou  de  Charles- 
Quint  a  M  mis  en  sctoe  par  Scarron,  sons  le  nom  impo- 
sant  de  don  Japket  d^AmUnie.  Alphonse  d^£9te,  due  de 
Ferrare^lem^me  dont  les  persecutions  troubl^rent  la  raison 
du  Tasse,  avait  un  fou  que  Varillas  appelle  Gonelle, 

Parlons  maintenant  des  fous  de  la  cour  de  France,  od  de 
mauTaises  langues  ne  manqueront  pas  de  dire  qa'k  pari  la 
patente,  la  marotte,  Pbabit  mi-parti,  les  grelots  et  le  bonnet 
k  longnesoreilles,  ilspuUulent  encore  aujourd'hui.  Dreux  du 
Radier,  dans  ses  RicrMUms  hisioriques,Akboid6  ce  sujet 
ex  professo;  mais  il  est  loin  de  Tavoir  traits  k  fond,  et  il 
a  oobli^  plus  d'une  illustration  des  fastes  de  la  foUe.  Le 
premier  fou  dont  il  parie  est  TMvenin  de  Saint-Ligier,  11 
avait  appartenu  k  Charles  Y,  surnomm^  le  Sage,  qui  lui 
fit  Clever  un  tombeau  dans  T^lise  de  Saint-Maurice  de 
Senlis.  Le  m^me  roi  fit  inhumer  un  autre  de  ses  fous  dans 
/^ise  de  SaintrGcrmain-rAuxerrois  k  Paris.  Thevenin 
rooormtlell  juillet  1374.  DuTerdicr  cite  encore  une  lettre 
de  Charles  V  annon^nt  aux  maires  et  ^cheyins  de  Troyes 
la  mort  de  son  fou  et  leur  ordonnant  de  lui  en  envoyer  un 
antre,  suivant  la  coutume,  Une  preuve  que  Tusage  des 
fous  est  trds-ancieii  k  la  cour  se  tire,  suivant  Du  Radier,  du 
jea  des  tehees,  trte-connu  sous  Charlemagne,  et  qai  a  sug- 
gM  ce  vers  au  satirique  Regnier : 

Lcajout  sont  ma  fehccs  let  pint  procbes  da  roi. 

Rabelais  cite  plnsieurs  fous,  parmi  lesquels  Seigni  Joan  ou 
Jouan^  que  Du  Radier  a  pass^  sous  silence.  11  paralt  qnMl  y 
a  eu  deux  boulTons  de  ce  nom.  Celui-d,  selon  le  Duchat, 
^taitrancien  (  Seigni  ou  Senior);  La  Monnoye  veul,  lui, 
que  Soigni  Joan  signifte  tout  simplement  le  seigneur  Joan, 
dans  le  patois  du  Rouergue,  ce  qui  lui  fait  soup^onner  que 
Joan  etait  de  ce  pays.  Le  vaisseau  des  Fous,  poeme 
allemand  de  S^bastien  Brandt,  qui,  traduit  en  rimes 
fran^iises  par  Pierre  Rivi^e  et  imprim^  k  Paris  en  1497 , 
fn-fol.,  nous  apprend  que  ce  Joan  vivaitcent  ans  avant  un 
autre  fou,  appdd  Caillette^  dont  Badlus ,  qui  a  traduit  I'ou- 
vrage  de  Brandt  en  vers  latins,  parle,  en  1496,  comme 
d'un  personnage  vivant.  En  t^te  des  feuiUets  3  et  4  de  la 
version  francaise,  on  vott  le  portrait  de  Seigni  Joan  et  ce- 
lui  de  CailUtte,  Rabelais  appelle  Joan  le  bisaieul  de  Cail- 
lette,  plntAt  sans  doute  par  consideration  de  chronologie 
que  par  consanguinity,  de  sorte  que  Seihni  Joan  pourrait 
bien  avoir  vtoi  sous  Charles  YI  el  sous  Charles  YIL  Dans 
aucun  cas,  11  ne  saurait  etre  le  mOme  que  le  Jouan,  fou  de 
Madame^  dont  CKment  Marota  compos<i  r^pitaphe. 

Q\xantkCaillette,n appartient  aux r^nesde LouisXTl 


et  de  Francis  I*'.  Thony  eutla  qtialitede  fou  d'denii  11.  tl 
etalt  Picard,  et  avait  d'abord  apparten«  au  doc  d^Orl^aiia, 
qui  Tobttnt  avec  peine  de  sa  m^  parce  qu'eUe  le  destl- 
nait  k  l*£gllse,  afin  qn*il  priAt  pour  deox  de  ses  fila^  morta 
fous ,  et  dont  Ton  avait  Mj^kce  titre  an  cardinal  de  Ferraie. 
Thonp  etait  presque  nn  personnage  poUtiqoe  ;  11  exedlait 
dans  le  metier  de  coortisan,  et  le  conn^table  de  MoBtmo- 
rency,  empress^  de  plaire  en  toot  k  son  mattre,  aKmtraiC 
aussi  beaucoup  d'amitie  k  ce  bouffon,  qui  Tappdait  p^re^ 
sans  que  le  connetable  a'en  formalisAt  Sibilot  n^aeqoit  pAS 
moins  de  reputation  sous  Henri  in.  Le  r^e  d*Heiiri  IT 
se  vante  de  deux  fous,  Mailre  Quillaume  et  Chieoi,  ^  de 
la  fblle  Mathurine.  Angoulevent,  le  prince  des  sots,  qoi 
exer^t  de  ce  chef  une  certaine  aurintendanoe  ear  lea  troa- 
pes  d'actenrs,  est  de  la  mftme  epoque.  Seolemeot  il  ne  pa- 
ralt pas  qu'il  fnt  attache  particolitoement  k  la  coor.  Le  titre 
de/ott  du  roi  perdit  de  son  lustre  k  mesore  que  les  moBors 
se  polirent  et  que  les  plaisirs  devinrent  pins  varies  el  pins 
deiicats.  On  commen^a  k  renoncer  alors  au  triate  anm- 
sement  que  procuraient  les  plaiaanteries  d^nn  maliieaieax 
qui,  se  ravalant  pour  plaire,  etait  d'autant  plos  applaodi 
qu'il  s'ecartait  des  convenances  et  de  la  raiaoD.Neamnoias, 
nous  voyons  encore  on  fou  sons  le  serieax  Looia  XIII. 
XUn^e/iconservaitcetitresons Louis  XIY.  Avec  lui  fi- 
nissent  en  France  les  annates  dela  folie  patoitee.  Une  lonle 
de  courlisans  se  dispotirent  k  qui  les  remplaoerait,  et  II 
n'a  pas  manque  de  chambellans  ni  de  granda-offiders  poor 
recueillir  leur  sncoesaion. 

Walter  Scott,  outre  Wamba,  Le  Glorieux  et  &eliaileg, 
s'amuse  k  tracer,  dana  son  Richard  en  Palestine^  la  ca- 
ricature du  Hofnarr ,  on  fon  de  cour  de  Leopold,  dnc  d'Ao- 
triche.  Le  Liebetraut^  qui, dans  le  GceU  de  BerUcMngen 
de  GcDthe ,  amuse  rev^ne  de  Bamberg^  est  un  digoltaire  da 
roeme  rang.  Un  roman  de  rooeora  msse,  le  JJaidamdkak 
ou  Le  Brigand^  commence  par  la  description  d^ailiee  de 
Taccoutrement  du  IxtsHg  offidel  d'nn  grand  seigneur  msae, 
il  y  a  un  sitele :  «  C'est  un  petit  homme  trapu,  avec  une 
longne  barbe  pendente ;  il  est  convert  de  vAtements  singnliers. 
Une  des  basques  est  bleue,  Tautre  verte,  I*  partie  snp^eore 
d'un  rouge  fonce  et  la  manche  d'on  Janne  briUant.  Son  bon- 
net n^est  pas  moins  singnlier  :  la  fourmre  qui  le  borde  est 
en  partie  de  mouton  noir  d*Astracan,  en  partie  de  blaacbe 
laine  d'agpeau,  et  la  pomte  qui  en  retombe,  k  la  manite 
hongroise,  est  egalement  chargee  de  lambeanx  de  cooleors 
differentes.  Sea  culottes  aonttailiees  dans  lem6me  syatteie, 
et  ses  bottea,  I'nne  de  cnir  jaune,  Fautre  de  euir  rooge, 
complMent  Tajustement  de  ce  grotesque  personnage.  »  Les 
fous  des  autres  parties  de  rEuropet>nt  etetrop  soovent  re- 
presentes  pour  qn'il  soit  necessaire  d'en  decrire  le  oostome. 

De  Reifpehberc. 

FO VILLA*  On  donne  ce  mam  aux  granules  contenus 
dans  la  matito  roncUagineuse  que  renCerment  les  grains  de 
po  1  len.  Les  observations  de  Gleichen,  de  Brongnlart,  Mir- 
bel  et  du  doctenr  Unger,  ont  fonmi  les  resultats  aoivanto  . 
CCS  granules  ou  corpuscules,  mis  dans  Tean,  se  meuvent 
dans  tous  les  sens  ;  on  les  voit  monter,  deseendre,  se  rap- 
procher,  se  fuiravec  une  veiocitetrfes-remarqnable,  ceqoi 
a  determine  ces  observateors  k  les  considerer  comme  des 
animalcules  semblables  ^ceux  do  sperme,  d'oik  par  analogie 
le  nom  de  phytospermes,  que  qoelques  botanistes  leur  ont 
donne ,  et  qui  correspond  k  celul  de  zoospermes, 

L.  Laurext. 

FOX(Geobge),  fondateur  de  1&  secte  desquakers^ 
ne  en  1624,  k  Drayton,  dans  le  comte  de  Leicester,  euil  le 
fils  d'nntisserand  presbyterien.  Place  en  apprentissage  d'a 
bord  Chez  un  cordonnier,  puis  chez  on  marchand  de  laine 
de  NotUngham,  il  fnt  charge  parce  dernier  patron  de  garder 
ses  moutons.  La  solitude,  le  caractere  profondement  refle- 
chi  de  son  esprit  et  ies  troubles  religieux  de  son  temps ,  que 
personne  ne  deplorait  plus  vivement  qne  lui,  devaloppi- 
rent  peu  k  pen  chcz  lui  les  idees  mystiqoes  qui  I'Sttneo^ 
rent  k  penser  qwt  dans  tout  ce  qui  est  exterieur  il  o>  a 


FOX 


617 


rien  qni  puitteeonduire  m  saint,  etque  c'est  i*E8pri^Saint 
tNi  J^uft*Christ  qui  muI  nous  donne  la  gr&ce.  £n  1647  il 
comment  k  pr^cher  la  religion  int^rieure  de  Tesprit,  avec 
nn  courage  et  une  relation  que  Cromwell  lui-mtoie  fnt 
Impuissant  k  ^branler,  et  ayec  une  ardeur  que  ne  purent  re- 
froidir  ni  les  incarcerations  niles  chAtiments  corporels.  Sous 
le  nom  de  SoeiiU  des  Amis  il  fonda  une  communaut6  reli- 
gieaae  particuli^,  et  aUaparoonrir  la  HoUande ,  TAUema- 
gneet FAm^que  da  Nord,  k  Teffetd^  recruter  des  adherents 
k  sea  doctrines.  Bfais  IMpoqne  florissante  da  quakirisme 
ne  comment  cependant  qu^apr^s  sa  mort,  arrlT^  en  1C91. 
Consultez  son  jonmal,  Historkial  account  of  the  life, 
travels  and  sufferings  o1  George  Fox  (Londres,  1691) ;  et 
Marsh,  Popular  life  of  G,  Fox  (Londres,  1847 ). 

FOX  (  Chables- James),  I'on  des  pins  grands  oratenrs  et 
des  plus  cdldbres  hommes  politiqoes  qu'ait  produits  I'Angle- 
terre,  arri^re-petit-fils  par  sa  m^re  dn  rot  Charles  n,  ^tait 
n^  le  24  Janvier  1748.  Son  p^re  Henri  Fox,  premier  lord 
Holland ,  secretaire  d*£tat  sons  Georges  II,  dirigea  vers  la 
politique  lescapacites  extraordinaires  qu'annonf  ait  ce  plus 
jeune  de  ses  fils,  et  en  mdme  temps  lui  fit  donner  une  eda- 
cation  sonmise  k  si  pen  de  contrainte  que  chex  Ini  Tefler- 
Tescence  de  la  jeuneste  provoqoa  reruption  des  pins  vio- 
lentes  passions,  notamment  de  celle  du  jea,  quMl  poossa 
jusqn'ii  ses  demi^res  Ihnites.  Aprte  de  brillantes  etudes  faites 
Il  oon  et  k  Oxford,  Fox  alia  voyager  sur  le  continent  Dte 
Pann^e  1768,  grftoe  aux  influences  do  sa  famille,  il  fut  ehi  par 
1«  bourg  de  Midhurst  membre  de  la  chambre  des  communes, 
oA  ses  debuts  comroe  orateur  eorent  lieu  dans  les  discus- 
sions relatif  es  &  Wi  Ikes ,  qui,  detenu  k  la  prison  du  Banc 
du  Roi^  reclamait  avec  force  sa  place  an  parlement,  o6  il  re- 
presentait  les  eiecteurs  de  Middlesex.  Dans  cet  important 
debat.  Fox  prit  le  parti  du  pouvoir,  defendit  energiqueroent 
ses  doctrines,  et,  sous  des  formes  gracieuses,  tenant  meme 
pent-etre  trop  du  dandysme,  fit  preuTe  de  remarquables 
talents.  Cetait  \k  une  recrue  precieuse  que  faisait  le  parti 
niinisteriel;  aussi  lord  North  s'empressa-t-il  de  confier  k 
Charles  Fox  un  des  emplois  superieurs  de  I'amiraute,  celui 
de  payeur  de  la  caisse  des  veuyes  et  des  orphelins,  et  k  la  fin 
de  la  mtaie  annee  Ini  oonfera-t-il  les  fonctions  de  lord  de 
la  tresorerie.  Josqu'en  1772  Fox  appuya  les  roinistres ;  mats 
dansquelques  questions  il  ne  le  lit  qu'en  hesitant  et  avec 
des  reserres.  De  plus,  il  ne  craignit  pas  de  voter  par  mo- 
ments avec  plusieurs  illustres  membres  de  Topposition,  et 
mirtout  avec  Burke,  notamment  peu  de  temps  aprte  la 
roort  de  son  pto  (1774),  dans  nne  qaestionde  tolerance  re- 
ligiense,  k  propos  d'une  motion  ayant  pour  but  Tabrogation 
du  serment  du  test.  Lord  North  en  fut  blesse,  et  adressa  k  Fox , 
finance  tenante,  des  observations  s^vires,  qui  forent  assez 
mal  re^es.  Sa  destitution  ne  se  fit  pas  attendre;  le  fou- 
gueux  premier  ministre  la  lui  notifia  au  milieu  des  commu- 
nes, et  Fox,  dans  un  moment  od  il  aUait  parler,  la  re^t  par 
le  billet  snivant :  «  Sa  Majeste  a  jog^  k  propos  de  faire  ex- 
pedier  one  nouvelle  commission  des  lords  de  la  tresorerie^ 
sur  laquelle  je  ne  vols  pas  votrenom.  »  Fox,  viveroeat  emn 
ep  parcourant  ces  ligpes,  cache  pourtant  sa  blessnre ;  il  re- 
non^  Il  la  parole.  JQ  attendait  sans  donte  sa  destitution , 
maisd*une  roaoi^re  rooins  acerbe;  aussi  qnalifia-t-il  I'acte 
et  le  message  «  de  lAcbete  ». 

Fox  k  ce  moment  panit  chercher  k  s'etourdir  snr  la 
emelle  mortificatipn  que  Torgueilleux  et  despotique  fits  de 
lord  Guilford  venait  d'iofligerk  son  amour-propre.  Pius  que 
jamais  il  se  jeta  dans  une  vie  d*exc^  de  fous  lea  genres. 
Ses  fautea  et  3es  scandaleuxdesordres  detrnisirent  avec  one 
efTrayante  rapidite  la  belle  fortune  que  Ini  avail  lalssee  son 
p6re;  il  se  coovrit  dedettes,  et  perdit  de  gaiete  decoear 
Testime  pnbliqne  et  la  conflance  des  whigs.  Pour  le  rappeler 
k  lui-meme,  pour  reveiller  son  genie  politique,  il  falJut  la 
Ocheasetoumure  que  prirent  alors  les  rapports  dea  colonies 
de  TAmerique  du  Nord  avec  la  metropole.  Lorsqu'il  etait 
au  pouvoir,  cette  question  ravaittrouveeclaireetgenereux; 
doncil  n'eut  pas  de  precedents  k  renier  en  I'epousant  avec 

DICT.   DE  LA  QOMVEBS.  —  T.  jV. 


chaleur.  S'appuyaat  sur  Tesprit  et  la  lettre  de  la  constitu- 
tion anglaise,  il  reconnut  aux  colons  le  droit  de  sc  tnxer  eux- 
memes,  et  aUaqua  le  bill  de  Boston  avec  une  neltcte  d'argu- 
ments,  une  connaissance  de  ,1a  situation,  une  verve  am^rc , 
qui  permirent  au  banc  de  la  tresorerie  d^apprecier  Timmense 
perte  qu'il  avail  faite  :  jamais  esprit  plus  brillant  et  plus 
vaste  n'avait  encore  fait  retentir  les  vodtes  de  Westminster. 
«  Alexandre  le  Grand,  s^ecriait-il  un  jour,  n*a  pas  conqnis 
antant  de  pays  que  lord  North  aura  en  le  temps  d'en  penire 
dans  une  seule  campagne.  »  Cette  discussion  mit  Fox  hors 
de  llgne;  TAngleterre  compta  un  grand  orateur  de  plus. 
Assis  pr^  de  Burke,  il  devint  le  chd  effactif  de  ropposition ; 
et  des  lors  on  le  vit  repousser  systematiquement  par  sa 
parole  et  son  vote,  par  ses  amis,  par  la  presse  et  Topinion, 
qu'il  enflamma,  tontes  les  mesures  coerciUves  proposees 
centre  les  colons  par  le  gonvemement.  II  montrait  dans  une 
prompte  palx  et  dans  nne  politique  de  large  reconciliation 
la  seule  planche  dn  salut  qui  rest&t  k  I'Angleterre.  Cette  at- 
titude dans  le  pariement  lui  fit  regagner  dans  les  sympa- 
tliies  et  Topinion  publiques  bien  au  deUi  de  ce  qu'il  avail  pu 
y  perdre  precedemment  Lepeaplene  vit  plus  en  lui  que  T^ 
loquent  et  energiqoe  defenseur  de  ses  droits ;  et  en  1780,  Ior» 
des  elections  generales  qu'amena  la  dissolution  du  parle- 
ment, 11  futeiu  k  Westminster  meme,  en  depit  de  tous  les 
efforts  raits  par  le  ndnistere  pour  empecher  sa  reelection. 

En  fevrier  1782,  one  administration  whig  fut  prise  dans 
la  nouvelle  majorite;  le  marquis  de  Rockingham  en  devint 
le  chef,  et  Fox  fnt  nomme  secretaire  d'etat  des  affaires  etran- 
geres.  La  mort  sobite^  du  marqnls  de  Rockingham  et  Mn- 
succes  des  efforts  tentes  par  Fox  pour  conclnre  la  paix  avec 
les  £tats-Unis  sans  y  comprendre  la  France,  amenerent  la 
dissolution  da  cabinet  Fox  dut  donner  sa  demission,  et  fut 
remplace  par  le  jeune  Pitt,  contre  leqoel  il  commen^a  dte 
lors  une  lutte  demeuree  k  jamais  ceiebre  dans  les  fastes 
parlementaires;  lutte  pendant  laqnelle  les  deux  illustres  ri- 
vaux  soulev^rent  et  trait^rent,  chacun  k  son  point  de  vue 
particulier,  toules  les  grandes  questions  qui  se  rattachent 
non-seolement  k  la  constitution,  mais  encore  k  Texistence 
politiqae  de  la  nation  anglaise,  et  qni  dura  autant  que  leur 
vie.  Fox,  d'ailleurs,  ne  fiit  pas  plust6t  revenu  prendre  sa  place 
sur  les  bancs  de  I'opposition,  qnll  en  groupa  tous  les  ele- 
ments pour  entreprendre  contre  le  cabinet  preside  par  le 
marquis  de  Lansdowne  la  guerre,  la  plus  achamee.  Lord 
North  Ini-meme,  malgre  le  discredit  qoi  se  rattaehait  k  son 
nom,  fut  accneilli  comme  une  recrue  predeose  dans  les 
rangs  de  la  coalition,  qui,  en  178S,  reussit  en  effet  ^  pro- 
voquer  la  retraite  da  ministre  Lansdowne.  Un  nonveau 
cabinet,  dans  leqnel  entrteentPortland,  North  ctFox,  ae  forma 
(  1783 ) ,  et  8*empressa  de  signer  la  paix  g^drale  d'apite 
les  bases  memes  proposees  precedemment  par  Shelbome  et 
qni  avaient  valo  k  cet  ancien  membre  de  radministration 
Rockingham  de  si  violentes  attaques. 

Toujoors  pret  k  sacrifier  sa  popularite  aux  exigences  d'one 
liolitique  eievee.  Fox  pr^senta  an  parlement  le  oeiebre  India- 
bill,  qui  mettait  k  nu  les  enormea  abus  existant  dans  le  n^ 
gime  administratif  de  la  Compagnie  des  Indes,  et  qui  avait 
poor  bat  de  concentrer  desormais  toute  radministration  des 
colonies  entre  les  mains  do  ministere.  A  la  voix  puissante  de 
Fox,  ce  bill,  malgre  d'habiles  obiections  presentees  par  Pitt 
et  Dnndas,  passa  a  one  graode  miyorite  daus  la  chambre  des 
communes;  mais le  rol  refosant  de  s'assoder  k  la  politique 
hardie  de  son  ministre,  le  contrecarra  k  i'aide  de  tous  les 
moyens  dont  il  poavait  disposer,  et  fit  rejeter  le  bill  par  In 
chambre  baute.  Ce  vote  amena  la  dissolution  do  cabinet, 
et  Pitt  fut  alors  chaig^  de  composer  one  administration 
nouvelle.  Poor  qo'ellen'eOt  point  k  latter  dans  la  chambre 
des  commanes  contre  one  majorite  evidemment  hostile, 
George  III  convoqua  un  nonveau  parlement,  et  en  appelak 
des  elections  generales. 

Cette  fois  le  parti  de  Fox  perdit  plus  qoe  le  poavofr;  il 
perdit  sa  popularite.  Leschoses  en  vinrent  meme  k  ce  point, 
qo'il  dot  cralndre  un  instant  qoe  son  ciief  ne  pOt  ren* 

78 


618 

trer  au  partement  que  par  une  Election  de  bonrg-pourrS. 
Toutefols,  aprte  de  TiTea  explications  arec  les  tiecUnrs  et 
dea  engagements  pria,  la  majority  de  Westminster  revint  k 
yo%  ( 1784);  mata  ee  fat  h  grand'pdne.  Pour  assurer  sa 
flection ,  les  whIgs  durent  d^penser  des  sommes  immen« 
aes;  dans  cette  occasion  d^dsiye,  de  grandes  et  belles  dames 
ne  d^daign^rtfit  m6me  pas  de  payer  de  leur  peraonne  et  dialler 
de  boutique  en  boutique  quftter  des  toix  pour  le  candidat  au 
triomphe  duquel  leurs  maris  attachaient  It  bon  droit  tant 
dMmportance.  La  session  qui  8*onTrit  ensnite  occupe  une 
place  des  plus  Imporfantes  dans  Pbistoire  parlementaire  de 
nos  Toisins,  et  Jamais  opposition  ne  brilla  d*un  aussl  vif  ^lat 
que  celie  qui  comptait  alors  dans  ses  rangs  Burke,  Fox, 
lesGrey,  les  Whiteliurg,  les  Sheridan  etautres  hommes 
c^l^brea.  Une  fois  rentr^  an  pariement.  Fox  recouvra  bien 
Yite  les  sympatliics  de  Topinion.  II  repoussa  avec  nn  talent 
grandi  par  les  ^prenves  les  taxes  demand^  par  le  gou- 
yemement,  et  signala  les  Tices  du  nouveau  bill  de  Tlnde 
r6d{g6  par  Pitt,  qui  transfi^rait  h  la  couronne  la  nomination 
du  comity  sup^rieur  des  Indes.  II  se  m6Ia  d'ailleurs  avec  sa 
haute  raison  et  sa  puissante  dialectique  h  toutes  les  autres 
discusdons  dont  la  chambre  fut  le  thdfttre,  et  y  apporta  d*u- 
tiles  lumiires.  On  comptait  sur  les  bancs  qui  TOtaient  avec 
luS  des  bommes  n^  avec  le  gtoie  de  la  parole  et  du  gou- 
▼emement;  des  superiority  difTirentes  s*y  pressaient,  main 
fl  les  primait' toutes  par  la  profondeur  et  la  sagacity  de  ses 
Yues  politiques.  C*est  ainsi  que  des  1787  il  proposa  for- 
mellement  raboHtion  de  la  traite  des  n^res ,  et  d^ontra 
que  c'i^tait  )k  une  raesure  qiif  ne  poufait  en  definitive 
qu*£tre  eminemroent  utile  aux  colonies  anglaises.  Quand, 
rann^e  suifante  ( 1788 ),  George  III  ressentit  one  premiere 
atteinte  d'ali^nation  mentale.  Fox  et  Burke  d^fendirent  avec 
nne  grande  ^nergle  les  droits  du  prince  de  Galles  h  exercer 
la  rdgenoe  pendant  la  maladie  de  son  p^re.  Pitt,  qui  avail 
d*autres  projets,  voyant  que  le  parlement  se  rangeait  k 
I'avis  de  Topposition,  se  liAta  de  clore  les  d^bats  en  annon- 
(ant  que  le  roi  etait  entr6  en  convalescence;  et  son  rival 
lui  fit  encore  essuyer  une  autre' defaite  grave,  quand  il  I'em* 
pdcha  de  declarer  la  guerre  It  la  Russia,  It  I'occasion  des 
fortifieations  formfdables  eiev^es  par  cette  puissance  k  Ocza- 
koff.  Pitt,  en  y  voyaut  on  danger  pour  TAngleterre,  en  dem6- 
lant  les  projets  secrets  con^ns  dka  lors  par  le  cabinet  de 
Saint-Petersbourg  centre  Texisience  independante  de  la 
Turquie,  etait  pourtant  dans  le  vrai. 

La  revolution  fhm^aise  vint,  llquelque  temps  del^,  pro- 
voquer  une  profonde  division  dans  les  rangs  do  parti  whig. 
Sans  se  faire  illusion  sur  ses  tendances  aoarchiques,  Fox  la 
salua  avec  raison  comma  un  immense  progrte,  oomme  une 
decisive  victoireremportee  sur  le  genie  du  despotisme  par 
TespHt  d'einancipation  et  de  liberie ;  bien  dlfTerent  en  cela 
de  Bnrke  et  de  plusieurs  aotres  de  ses  anciens  amis  politi- 
ques, auxquels  Teiement  democratique  de  cette  revolution 
f nspira  tout  aossitdt  la  haine  la  plus  fanatiqae.  Cette  pro- 
fonde divergence  de  vues  et  dldees  ^  propos  d'line  question 
si  Instante  contenait  evidemment  le  germe  d'une  complete 
et  rapide  desorganisation  du  parti  whig,  dans  lequei  reie- 
meat  aristoeratique  ne  domie  pas  moins,  comma  on  salt, 
que  dans  le  parti  tory.  Fox  fit  tout  pour  eviter  une  scission 
qui  devait  profiler  avant  toot  k  la  politique  ministerielle. 
MaisU  rupture  poblique,  decisive,  irreoonciliable,  entre  fiurke 
et  lui,  qull  eOt  k  tout  prix  voulu  prevenir,  eclata  incidem- 
ment  k  propos  de  la  discussion  d\tn  bill  relatif  It  Torganisa- 
tkm  de  la  eokmiede  Quebec  ( 17M).  Burke  tut  au  fond  dur 
at  violent,  tout  en  afTectant  d'abord  de  conserver  exterieure- 
ment  les  fbrmes  de  discussion  qu'exigeait  une  si  vieille  et 
si  constante  amitie ;  et  il  adjura  en  termes  pallietiques  son  ami 
d'abandonner  la  cause  dela  revolution  fran^ise.  Fox  parut 
un  iMKientebranie;  mais,  revenant  bientdt  k  sa  nature  d'o- 
rateur,  il  ressalait  tous  ses  avantages  pour  prendre  la  deiense 
des  gouvemements  libres  contra  les  attaques  dont  ils  se 
trouvaienttoot  kcoup  aujourd'hui  Tobjetde  la  ()art  d'hommes 
|ttl  avaient  JusfM  alofs  professe  tous  les  principes  proclames 


FOX 

par  d*autres  peuples  comme  la  base  dea  imtitalions 
velles  quils  entendaient  se  donner.  Cette  r^ponse  amflna  de 
la  part  de  Burke  une  nouvelle  attaque,  plus  emportee.  Fox 
la  repoussa  avec  une  remai^uabie  vigueor,  et  termina  sa 
repUque  en  rappelant  It  la  chambre  des  communes  que  c*e- 
talt  k  Burke  lui-meme  quil  devait  les  principes  politiqoes 
qu'il  defendait  k  ce  moment  etqu'il  ne  cesseralt  de  defendie 
tant  qu*il  vivrait.  Burke,  profondemment  blesse  par  ce  re- 
proche,  si  merite,  d*inconstance  dans  ses  Idees,  repliqoa  as- 
sei  has  qu'il  ne  s'expliquait  ni  le  but  ni  memo  la  oonvenance 
de  ces  revelations  d^andennes  conver8atk>ns  intimes.  Mail 
Fox,de  plus  en  plus  echaufTe,  ijouta,  d'un  ton  emu,  qui 
temperait  le  fond  de  ses  reproclies,  qu'il  y  efait  pous«e 
par  ce  que  les  attaques  de  son  fliustre  ami  centre  des  allies 
et  des  principes  sacres  avaient  dMnsolitc  dans  I'esptee,  d^in- 
grat,  de  dangereux  pour  la  liberie  ;etU  dit  qu'une  profeaaioo 
de  foi  nouvelle  lui  avail  pani  necessaire  pour  airermir  le 
courage  de  ceux  qui  perseveraient  dans  les  memes  prin- 
cipes; «  mais  ce  n^est  pas  une  rupture  d'amitie, «  ajoota-l-il 
assez  haut  pouretre  entendude  Burke. —  «Si  fait,  c'estune 
rupture  d'amitie,  »  repoodit  celui-ci;pni8,  s'arrfttant  dans 
sa  vive  emotion,  il  dit  encore :  «  Je  sais  oe  qu'^il  m*en  ooAie, 
maisjefais  mon  devoir;  notre  amitie  est  finle.  «  Partanl 
de  111,  Burke  fit  sur-le-champ  une  magnifique  digression  sur 
les  talents  de  Fox  et  de  Pitt,  qui  poovaient  etre  si  utiles  k 
letir  patrie ,  et  sur  le  danger  des  reformes  par  les  revolutiaa^ , 
puis  se  rassit  tout  agil6.  On  oomprend  ce  qu*il  y  avail  de 
solennel  dans  cette  scene  pariementaire.  La  chamtkre  tool 
entiere  palpitalt  d'emotion.  Sous  le  coup  de   cette  foo* 
droyante  et  llie&trale  declaration.  Fox  essaya  encore  de  se 
leveret  de  prendre  la  parole.  Sa  poitrine  etait  haletante,  il 
etoulTait ;  en  signe  de  dernier  adieu,  iljetaun  regard  atteiidri 
sur  rilluslra  ami  qui  B*eioignall  si  brusquement  de  luiapiis 
tant  d'annees  dintimite,  et  de  grosses  larmes  tombant  sur 
ses  joues  le  soulagerent.  Sheridan  mil  fin  It  cet  emoovanl 
incident,  mab  aigrit  encore  plus  les  deux  adversaires  par 
ses  observations  ironiques.  Des  ce  moment,  tons  lieiis  eatre 
Burke  et  Fox  furent  brises;  et  une  fraction  considerable 
du  parti  whig  suivit  Burke  dans  le  camp  ministerieU 

Peu  de  temps  apres,  une  formidable  majoriie  repoussaH 
une  motion  proposee  par  Fox  It  Teflet  de  prevenir  une  goerie 
entre  la  France  et  FAngleterre  en  entamant  des  negodalioas 
avec  la  Convention  natlonale.  Ses  elTorts  dans  IHntertt  dn 
maintien  de  la  paix  fiirenl  mal  joges ;  et  il  n'y  eot  point  de 
calomnies  auxquelles  ne  recounissent  ses  adversaires  pour 
oompromettre  sa  popuiarite.  II  en  fit  justice  dans  im  pam- 
phlet energiqoe,  \uUtaU  Lei  tre  aux  dipies  ei  in(UpendaHU 
Slecieurs  de  Weetminstert  o^  il  signalait  tous  les  dai^en 
dont  la  coalition  formee  centre  la  France  mena^t  la  cause 
generale  du  progrds  et  de  rhumaniie.  De  1792  k  1797,  Fox 
representa  presque  k  lui  toot  seul  I'opposition  dans  le  par* 
lament «  et  sut  se  tenir  k  la  hauteur  d*un  tel  r6le.  Plus  les 
rangs  de  ses  amis  s'edaircissaienl,  et  plus  il  deployait  d*e- 
nergiedans  lalutte  eng»gee  entre  lui  et  le  minisiere,  ae  rap- 
prochant  toujours  davantage  des  principes  dela  deniocralie 
pure.  Cest  de  la  sorte  qo^il  fut  conduit  a  lldee  de  la  i^ome 
parlementaire,  dont  le  triomphe  ne  devait  avoir  lieu  qu'ane 
trentaine  d'annees  plus  lard.  Enfin,  en  1797,  reoonnaissant 
que  le  ministere  puisait  de  nouveaux  elements  de  force  et 
de  dnree  dans  les  attaques  acharnees  qu*il  dirigeail  eontre 
lui,  II  Jugea  plos  utile  k  sa  cause  de  s'abstenir  momentalie- 
ment,etpassa  plusieurs  anneesdans  la  retraite  etl^isolemeot, 
k  Saint-Ann's-Hill,  maison  de  campagne  qu*ii  possedait  pr^s 
de  Cheitsey,  oik  II  partagea  ses  loisirs  entre  les  ocoupalioBs 
des  diamps  etqudqueslravaux  litteraires,  etoHy  DotamoMiit, 
il  comment  son  History  of  the  early  part  of  the  reiym 
qfJamet  If,  with  an  introductory  chapter  (Londres, 
1808) ;  ouvragedemeure  inacheve,  pour  la  composition  do- 
quel  il  s^eflor^  de  pulser  aux  sources  les  plus  sftre«,  et  qui 
estun  briliantplaldoyerenfavenr  de  la  revolution  de  16^. 
Apits  la  paix  d*Amiens,  il  se  rendit  It  Paris,  ou  il  fut  accueilli 
1  avec  une  grande  distinction  par  le  premier  consul  et  ou  i 


pQX  —  FOY 


619 


tendnua  sea  recberches  historiqoes  relatives  aux  Stuarts ; 
tnyail  pour  lequel  les  archives  du  minist^re  des  relations 
eit^rieures  lui  forent  obtigeamment  ooTertes.  Fox  trooya 
eon  tmste  h  la  Malmaison  qiiand  il  s'y  pr^senta ;  il  letrouva 
aoBSi  ao  s^oat  II  eut  tons  lesjoors  de  longs  entretiens  dans 
le  cabinet  do  chef  de  i*£tat.  Ces  denx  hommes  se  plnrent 
r^dproqoement,  et  se  firent  confidence  de  vues  que  la  mort 
de  Fox,  arriT^  cinq  ansplns  tard,  fit  seiile  avorter. 

Quand  11  re? int  en  Angleterre ,  le  minist^re  Addlngton 
lord  Sidmottth)  ^tait^  la  veiUede  reoommencer  la  guerre. 
Fox  cmt  le  moment  propice  pour  tenter  une  grande  r^con- 
cUiation  dans  les  rang*  du  parti  whig ;  et  par  llnterm^aire 
de  son  nouvel  ami,  lord  Grenville,  Il  alia  mftmejusqnli  es- 
sayer  d*nn  rapprocliement  avec  Pitt,  le  plus  implacable  de 
ses  adtersalres.  Cette  coalition  amena,  ilest  vrai,  la  chute 
da  ministdre  Addington;  mais  le  roi,  en  d6pit  des  efforts 
de  Pitt  pour  triompher  de  ses  repugnances,  refusa  de  laisser 
Fox  entrer  dans  la  nouvelle  administration  qui  se  forma 
alors.  Force  fut  done  k  celui-d  de  reprendre  sa  place  accou- 
tumte  sur  les  bancs  de  Topposition,  oft,  comme  par  le  pa»s4, 
on  le  fit  latter  sans  c«s6e  pour  d^toumer  Pitt  de  faire 
cause  commune  avee  les  pul^tsanoes  continentales  contre  la 
France;  coalition  Dionstrueuse,  qui  ne  pouvalt^  suivant 
lui,  que  profiter  en  definitive  an  pays  qu'elle  avait  pour  but 
d*asservir.  On  salt  que  la  nouvelle  de  la  batailie  d'Auster- 
litztualitt^ralemetttPitt,  quine  pot  que  survivrepeu  de  jours 
k  cettehec  d6cisif  subi  par  sa  politique  au  moment  m^me  ou 
tootsemblait  en  assurer  letriomphe.  Au  mots  de  Janvier  1806, 
le  prince-regent  confia  k  lord  Grenville  et  k  Fox  le  soin  de 
constituer  un  nouvean  cabinet,  en  remplacement  de  celui 
dont  la  mort  de  Pitt  avait  amen^  la  complMe  dislocation. 
Son  illustre  pr6de(yesseur  lui  avait  \6ga6  le  poids  d'une  dette 
ecrasante,  une  guerre  nationale  etune  confusion  g^nerale 
dans  les  relations  des  divers  £tats  deTEurope.  Les  difficiiltes 
qa'il  avait  il  vaincre  etatent  Immenses.  Pendant  les  quelques 
mois  qn'il  dirigea  les  affaires  etrang^res ,  Fox  rouvrit  avec  le 
cabinet  des  Tnileries  des  n^godations  pour  la  paix  auxquelles 
lord  Yarmouth  servit  d*intermediaire,  et  en  m^me  temps  d6- 
montraau  partement  la  necessity  d*attaquer  la  Prusse,  qui 
avait  envabi  le  Hanovre,  Tancien  patrimoine  de  la  maison 
r6gnante:  C*est  an  moment  ou  tout  se  reunissait  pour  per- 
mettre  d'esp^rer  qu'attatt  flnir  la  longue  et  sanglante  que- 
relle  entre  la  France  et  TAngleterre,  que  la  mort  vint  frap- 
per  Fox,  le  13  septembre  1806.  II  succomba  ^  une  hydroplsle 
de  poitrine  qui  remontalt  d^Jk  k  pinsieurs  mots.  Cette  mort 
fat  une  veritable  catamite  publlque;  car  les  negociations 
entamees  forest  bientOt  rompues  par  son  snssesseur,  lord 
Lauderdale. 

Dans  les  demises  annees  de  sa  vie,  Fox  avait  epouse  une 
oertaine  mistress  Amistead.Compietement  mine  par  ia  fatale 
passion  pour  lejen  quilconservajnsqu'ii  nn  Age  fort  avance, 
il  n'avait  depuls  longtemps  d'autre  ressource  pour  vivre 
qa*ane  pension  de  8,  OOO  Hv.  sterl.  (75, 000  fir. ),  produitd*une 
souscription  ouverte  dans  les  rangs  du  parti  whig.  Comme 
liomme  prive,  personne  n^etait  plus  simple,  plus  modeste, 
plus  naif  mtoie,  et  des  lors  plus  aimable.  A  la  chambre  des 
communes,  il  ne  prenait  Jamais  la  parole  sans  eprouver 
d*abord  un  visible  emharras;  mais  pea  ftpea  il  s'aniroait,  et 
aknrs  l^oqneoee  Jafilissalt  k  flots  de  sa  large  poitrine.  II  do^ 
mait  pea,  et  se  levait  de  bonne  heure;  apr^s  une  promenade 
Hpfed  d\ine  demi-liene,  la  matineeetait  consaeree  k  Petode; 
quelquefbis  il  faisait  une  course  li  cheval  dans  les  champs; 
fi^ordhiaire  sa  tenne  etait  des  plus  negligees.  Passe  qnarante 
ass ,  ii  aima  beancoup  la  campagne  et  les  simples  plaisirs 
de  rintimite,  et  sa  passion  pour  retude  redoubia;  il  redtait 
tout  haut  en  grec  dans  ses  Jardlns  des  passages  d*Hom^. 
]|  etait  blond,  vif  dans  ses  mani6res,  d'une  faille  un  pen 
plus  que  moyenne;  au  dedin  de  sa  vie,  il  grossit,  mais 
hn  helle  et  mAlc  figure  garda  loujours  beauconp  de  finesse 
ri  (re\|)re:«sion.  I^  scutpteurTtollekcns  a  execute  vfngt-denx 
Wis  son  buMe.  Ses  dlsconrs  k  la  chambre  des  commnnes 
unt  <Hi*  rectieilMs  et  puhlies  en  six  volumes  ( Londres,  1815). 


En  1816  les  admfrafeiirs  de  son  genie  lui  eievkent  une 
statue  dans  Bloomsbury-equare,  k  Londres,  et  lui  erig^rent 
en  ontre,  en  f  818,  un  monument  dans  Pabbaye  de  Westmins- 
ter, ce  Pantheon  de  l*Angleterre.  Consultez  Walpole,  Recol' 
lection  of  the  Hfe  of  Charles  James  Fox  { Londres,  1806). 

FOX  (Wiluah-Johnson),  orateur  et  philanthrope  an- 
glais, est  ne  en  1786,  k  Uggleshall,  pr^  de  Wrentham,  dans 
le  comte  de  Suffolk.  Sonpere,qui  etait  fermlcr,  s'etablit 
plus  tard  comme  tisserand  k  Norwich,  od  le  Jeune  Fox  re^ut 
sa  premfdre  education.  Comme  il  annon^it  de  bonne  heure 
du  talent,  on  le  destine  k  retat  ecciesiastique,  et  on  Ten- 
voya  faire  ses  etudes  au  college  fonde  par  les  Independanls 
A  Homerton.  Mais  les  severes  idees  puritalnes  du  milieu  dans 
lequel  il  vivalt  convenaient  peu  aux  dispositions  de  son 
esprit ;  II  se  rapprocha  des  doctrines  des  nnltaires ,  et  pre- 
cha  pendant  une  suite  d*annees  dans  une  cliapelle  de  cette 
sede  k  Finsbury.  II  deposa  ses  idees  theologiques  et  philo- 
sophiques  dans  son  ouvrage  On  the  rellgiota  idecis,  Quand 
oommenfa  Tagitation  contre  les  com'lawSf  Fox,  qui  voyait 
dans  Texistence  de  la  legislation  relative  aux  cereales  la 
principale  source  de  la  misere  des  dasses  inf^rieures,  se 
jeta  avec  ardeur  dans  le  mouvement,  et  devint  bient6t  on 
desorateurs  les  pluspopulaires  de  la  ligue.  Son  style  image, 
dans  lequd  se  montre  la  chaude  imagination  d*un  poete,  sa 
mordante  ironie  et  renergie  de  ses  invectives ,  arrachaient 
k  ses  auditeiirs  les  plus  bruyants  applaudissements.  Ses 
Letters  of  a  Norwich  weaver  Boy  ( Lettres  d*un  apprenti 
tisserand  de  Norwich),  qui  parurent  k  la  meme  6poque, 
obtinrentune  Immense  circulation,  et  ne  contribuerent  pax 
pen  au  sncces  de  la  cause  qu*il  avait  embrassee.  En  meme 
temps,  il  s'occupait  de  rameiioration  de  reducation  du  peo- 
ple, et  il  publla  sur  ce  sujet  Touvrage  qui  a  pour  litre  :  On 
the  educational  clauses  of  the  bid  for  regulating  the 
employement  of  factory  children  (Londres,  1843).  Pen- 
dant plusienrs  annees,  il  fit  des  cours  pour  llnstrudion  des 
classes  laborieuses;  et  ses  le^ns  ont  ete  publiees  sous  le 
titre  6e  Lectures  to  the  working  classes  (4  vol.,  Lon- 
dres, 1844-1849).  En  outre,  il  pritpartll  la  redadion  d*un 
Journal  politique,  le  Weekly  Dispatch ,  qui,  avec  sa  colla- 
boration, devint  on  des  organes  les  plus  importants  du  parti 
liberal.  En  1847,  aprto  le  triomplie  du  principe  de  la  liberie 
du  commerce  des  grains,  il  fut  eiu  membre  du  parlement 
k  Oldham ,  et  y  fit  partie  de  la  fraction  extreme  du  parti 
radical. 

FOY  (MAxiMiLiKN-SfoASTiEN ),  general ,  naquit  k  Ham, 
le  3  fevrier  1775.  Son  pere  etait  un  vieux  soldat  de  Fonte- 
noi.  II  haranguait  le  marechal  de  Saxe  chaque  fois  quMl 
traversait  sa  ville.  Rien  de  plus  splriluel  que  Peofance  de 
Maximilien.  Grftce  k  une  memofre  prodigieuse ,  11  posseda 
detres-bonne  heure  les  elements  de  la  langue  latine :  k  neuf 
ans,  sa  plume  avait  une  certaine  elegance;  &  qnatorze,  il 
achevait  ses  etudes  au  college  de  POratoire,  k  Soissons ;  k 
quinze,  il  entrait  comuie  aspirant  d'artillerie  k  recole  de  La 
Fdre,  et  nomme  lieutenant  en  second  en  1790,  lieutenant 
en  premier  en  1793,  il  falsatt  les  campagnes  de  Flandre  et 
de  Belgique  sous  Dumouriez,  Dampierre,  Jourdan,  Piche- 
gru  et  Houchard.  Emprisonne  et  traduit  devant  le  tribunal 
revolutionnaire,  il  ne  dut  sa  liberie  qu'au  9  thermidor.  II  etait 
alors  capitaine;  on  leretrouve  en  1795,  1796, 1797,  k  Tar- 
mee  de  Rhin  et  Moselle,  sous  les  ordres  de  Moreau  et  de 
Desaix ;  il  se  distingue  aux  passages  du  Rhln  et  du  Lech, 
aux  combats  d'OfTenbourg  et  de  Schwelghausen,  k  la  de- 
fense de  la  tete  du  pent  de  Huningue.  Nomme  chef  d^es- 
cadron  en  1798,  il  employe  les  lolsirs  de  la  paix  de  Campo- 
Formio  k  etudler  le  droit  public  des  nations  sous  le  cei^bre 
prufesseur  Koch,  de  Strasbourg.  11  faisait  avec  Kon  regi- 
ment partie  du  camp  de  Boulogne,  quand  le  vainqneur  de 
ritalie,  sur  la  demande  de  Desaix,  le  nomma  son  aide  de 
camp.  II  refusa,  et  faillit  ainsi  peul-etre  k  une  plus  haute 
fortune  militaire.  Bicnt6t  il  ma  signata  k  TamM^  de  Sni:;se, 
sous  les  ordres  d*Oudinut ,  et  de  Scliauenbourg,  puis  h  ceile 
du  Danube  sous  Massena. 

76. 


6^0 

Nomm^  a^iudant  g^^ral  apr^  cette  campagne,  il  passa 
d'aborti,  en  1800,  k  I'arm^  du  Bhin,  sous  le  comman- 
deroent  de  Lecourbe ,  puis  k  celle  dMtalie,  sons  lea  ordres 
de  Monoey.  En  1801,  il  commanda  la  place  de  MUan,  et 
8*5  liTra  ^  tonte  Tardeur  de  son  goOt  poor  Mode.  La 
paix  d'Amiens  le  vit  rentrer  en  France  k  la  t£1e  d'un  r^- 
nent  d*artillerie  k  cheral.  U  se  trottvait  k  Paris  en  1804, 
Ion  dn  procte  de  Moreau,  en  foveor  de  qui  U  s'exprima 
aToc  une  chaleureuse  indignation,  se  refusant  It  croire  qu^un 
gfo^al  iilustre  eOt  pu  frayer  atec  des  assassins.  Un  mandat 
d'arrtt  hit  luic^  centre  llmpnident  officier,  qui  ^tait  heu- 
reosement  parti  la  yeille  poor  aller  reprendre  ses  fonctions 
de  clief  d*^tat-msOor  d'artillerie  au  camp  dUtredit  L^  il  re- 
fusa  de  signer  une  adresse  de  Tiiiicitatlons  sur  rtieoreose 
Issue  des  complots.  Le  gouYemement  ayaut  sur  ces  entrefai- 
tes  pass6  du  consulat  i^  vie^  I'empire,  fid^  k  ses  principes, 
comme  Camot  il  8*abstint  de  voter  pour  la  nouvdle  ^^va- 
tion  de  Bonaparte.  Napoiten  n'en  employa  pas  moins  Foy; 
inais,  le  grade  d'adjudant  glutei  ayant  ^i^  supprim^,  il 
resta  long-temps  colonel;  et  c'est  en  cette  quality  qu*en  1805 
il  fit  la  campagne  d*Autriche.  En  1806  ii  commandait  Tar- 
til  lerie  du  corps  stationnd  dans  leFriouL 

Fuy  part  en  1807  pour  Oonstantinople,  avec  1,200  ca- 
nonniers  que  Temperenr  euToie  au  sultan  S^lim  pour  Vaider 
k  roister  k  ia  Russie  et  k  TAngleterre.  Sur  la  fin  de  la  m6me 
annto,  il  passeen  Portugal,  od  il  felt  lescampagnes  de  1808, 
1809  et  1810.  Deux  fois  bless^,  itcourt  risque  d'6tre  ^org6 
k  Porto,  qu*il  est  all6  summer  de  se  rendre  au  nom  du  ma- 
r^chal  Soult  Plough  dans  un  cachot  et  destine  k  la  mort, 
il  est  sauv^  le  lendemain  par  Tentrte  de  nos  troupes.  Promu 
au  grade  degdn^ral  de  brigade  en  1808,11  se  distingue  dans 
tootes  les  affoires  auxquelles  il  prend  part  Mais  la  cam- 
pagne de  1810  ne  fut  pas  beureuse.  Mass^na  Tint  6cbouer 
devant  les  lignes  de  Torres  Yedras.  Inquiet  de  la  manite 
dont  rem|»ereur  apprendrait  sa  d^faite,  il  fit  partir  pour  )a 
France  le  g6n6ralFoy,  qui  k  travers  les  guerillas  et  les  coups 
de  feu  arriva  presque  nu  It  la  fronti^re.  En  entrant  k  Pa- 
ris, il  dut  acbeter  un  habit  de  son  grade  pour  se  pr^en* 
ter  aux  Tuileries,  oil  Napolten  le  nomma  gi^^ral  de  divi- 
skn  et  lui  accorda  une  gratification  de  20,000  francs  pour 
IMndemniser  de  ses  pertes. 

Pendant  les  campagnesdelSU  et  de  1812,  Foy  commanda 
presque  toujours,  soit  en  Espagne^  soit  en  Portugal.  A  la 
bataille  de  Salamanque,  le  marshal  ducde  Raguse  et  les 
g^n^raux  Bonnet  et  Clausel  ayant  ^\A  blesste,  il  couTrit  la 
retralte,  dans  laquelle  il  d^ploya  de  grands  talents  mllitaires. 
II  se  distingua  encore  k  Posa,  It  Plasencia,  au  passage  du 
Dnero,  It  Tordeiillas.  II  fit  en  1813  une  honorable  campagne 
en  GaUce  et  en  Biscaye.  Vingt-quatre  heures  aprte  la  perte 
dela  bataille  de  Vittoria,  il  hiunissait  20,000  hommes  rest^ 
sans  chef  et  sans  direction,  battait  I'atle  gauche  des  £nne- 
mis,  et  attaqu^  par  des  forces  snp^rieures,  accomplissait 
une  admirable  retraite.  Ponr  d^fendre  Ut  France,  il  renou- 
^eses  prodigesdevaleorjusqn'en  f(6Trier  1814,  od,  blcss^ 
presque  mortellement  k  la  bataille  d'Ortliez,  ii  appreud  su^ 
son  lit  de  souffranoe,  Tabdication  de  Tempereur  et  la  ren- 
M»  des  Bourbons. 

A  la'  premito  restauration  il  fut  nomm^  grand-officier 
de  la  L^on  d'Honneur  et  g^n^ral  inspecteur  d'inranterie. 
A  Waterloo,  U  se  montra  digne  de  lui«mtoe,  regut  Fa  quin- 
zi6me  Messure,  et  ne  quitta  pas  le  champ  de  bataille.  En 
1819  il  ^lait  chargiS  d^une  nouvelle  inspection  dans  les  2*  et 
16*  divisions  militaires;  etses  concitoyens  TeuToyaient  k 
la  chambre  des  d^put^.  II  comment  dte  lors  k  d^ployer 

la  tribune  nationale  le  courage  et  le  patriotisme  dont  il 
arait  donn6  tant  de  prenres  Aclatantes  sur  les  champs  de 
bataille  et,  en  outre,  des  talents  oratolres  qui  ont  plac^  son 
nom  ^  la  suite  de  ceux  de  D^osth^ne,  de  Miral)ean  et  de 
Fox.  Jamais  les  libertds  nalionales  et  la  gloire  des  armto 
frauQaises  n*eurent  de  plus  Eloquent  ddfenseur;  jamais  le 
systime  oornipleur  de  Vtll61e  et  les  fautenrs  de  Tabsolu- 


FOY  —  FOYATflER 

ses  travanx  de  trtbane  et  de  cabinet,  les  discossiods  daan 
lesquelles  il  mettait  toute  son  Ame,  d^voraient  de  plus  en 
plus  sa  vie.  II  6talt  atteint  d*un  andvrisme ,  qoi  devalt  npf- 
dement  le  condnire  au  tombean.  La  mort  le  ravit  k  la  Vnmet 
le  28  novembre  1825,  au  moment  o6  elie  avait  peot-Mre 
le  plus  besom  de  son  appui.  II  sucoomba  avant  llg^',  di" 
vor^par  la  trilmne.  La  France  enti^re  assista  de  coenr  k 
ses  fiin^railles;  elle  adopta  ses  enfants,  et  une  souscrlptioB 
ouverte  en  leur  fateur  rapporta  plus  d^un  milUoo.  Un  mo- 
nument fut,  en  outre,  ^v6  k  sa  m^moire.  Foy  a  laisa^  deux 
volumes  de  discount  et  une  histoire  inachevte  de  la  guerre 
d*£spagne,  qui  a  ^  public  par  les  soins  de  I'acadifiimcien 
Tissot  II  toivait  avec  tii^ce  et  chalenr;  mais  e*est 
sortout  comme  orateur  qu'ii  m^rite  une  place  4  part.  H 
saisissait  bien  une  question,  il  s^en  rendait  mattre,  il  ravis- 
sait  surtout  I'assembMe  par  des  traits  impr^vas.  Son  at- 
titude itait  animte;  ses  yeux^tincelaient;  il  pariait  avec  la- 
cilit6.  Plus  correct  que  Cazalte ,  il  avait  qnelqae  chose  de 
la  couleur  chevaleresque  et  des  ^lans  inattendns  de  ce  bril- 
lant  d^enseur  de  la  monarchie  expirante.  Gependant,  il 
nUmprovisalt  pas  k  la  tribune  :  soit  timidity,  soit  ddiaiice 
de  Ini-mtaie,  il  n^osait  pas,  comme  Bamave  et  VergnSaod, 
se  llvrer  k  son  dtoon  familier,  et  conrir  avec  lui  les  ha- 
sards  de  la  parole  non  pr^parte.  Ses  discours,  nMlt^  dans 
sa  t6te,  compost  et  dict^  en  mftme  temps,  confix  ensoite 
It  une  imperturbable  mtooire,  y  restaient  en  d^pOt  josqu'i 
I'heure  oili  lis  devaient  en  Jaillir  avec  tous  les  caract^res  ap- 
parents  deHmprovisation.  Sa  voix,  ses  gestes,  sa  decla- 
mation, par  fois  emphatique,  Tallure  tour  It  tour  cassante  et 
solennelJe  de  sa  personne,  compl^taient  lillusion.  Trop  lou^ 
peut-^tre  de  son  temps  comme  orateur,  Foy  est  loin  oerlcs 
de  m^riter  le  dMain  de  la  g^n^ration  actuelle. 

FOYATIER  (  Dents),  n6 en  1793, k  Busstte  (  Loire), 
an  seind'une  familletrte-pauvre,sentitdtel'eiifancequ*aae 
irr^sistibie  vocation  TappeUtit  vers  la  sculpture.  U  passa  ses 
premises  anntes  a  la  campagne,  s*essayant  k  talller  avec  on 
oouteau  de  grossi^res  figures  de  hois.  Le  curd  de  son  village 
ayant  remarqu^  ses  dispositions  prteoces  Travoya  k  Lyoa, 
chea  le  sculpteur  Marin,  qui  lui  donna  quelques  lecona.  Poor 
satisfalreaux  exigences  de  la  vie,  fi  dut  continuer  k  modeler 
des  sahits  et  des  chrlsts,  qui  se  vendaient  dans  lea  foires  des 
environs.  Aprte  avoir  remport^  un  prix  de  scolptnrelt  Lyoa 
en  1816,  M.  Foyatiervint  k  Paris,  entra  dans  Taftelier  de 
Lemot,  etd^Mita  au  salon  de  1819  par  la  statue  d*nn>eime 
faune,  Des  busies,  des  figures  all^oriques  saivirent  bien- 
tM  en  grand  nombre;  enfin,  il  exposa  au  salon  de  1837  ene 
Amaryllis  dont  on  loua  bcaoooup  la  grtce,  et  le  modi^ 
en  pl&tre  de  son  SpartacuSf  qui  nefkit  ex^cot^  en  marhre 
qu'en  1830.  Cette  statue  ayant  M  achet^par  le  roi  et  plaote 
dans  le  jardin  des  Tuileries,  M.  Foyatier  se  r^veiUa  c&An 
du  jour  au  lendemain.  La  pens^  politique  qui  prfoconpait 
alors  les  esprits  ne  fVit  pas  krang^  an  sneers  de  cette  om- 
vre.  On  voulnt  voir  dans  cette  figure  de  Tesciave  r6volt6  ft 
brisant  ses  fers  ( die  est  datde  da  20  juillet  1830  )  ime  g|o> 
rification  antlcip^  du  grand  mouvementqni^data  sept  joon 
aprte.  £trange  erreur  des  partial  M.  Foyatier  n*avait  vooio 
fkire  qu'one  4tude  d'anatomie  et  de  dessm,  et  il  n'a  pas  fait 
autre  chose.  Qnoi  qu*il  en  soit,  ind^pendamment  de  la  pen- 
s^  on  applaudit  dans  le  Sparlacus  ^6nerg^ple  simplicity 
du  moovement,  Texpression  de  la  t6te,  la  solidity  et  la  force 
des  membres.  On  ne  s^aper^  que  plus  tard,  et  lorsqne 
renlhou&iasme  irr^fldchi  fit  place  i^  la  critique  de  sang-fn^d, 
que  le  type  reproduit  par  M.  Foyatier  manquait  tout  k 
fait  de  noblesse,  et  que  le  visage  da  prince  de  Thrace,  anssi 
bien  que  le  torse,  les  leins  et  sortout  les  <^panles,  ^taieot 
empreinis  de  Texag^ration  ia  plus  vulgalre.  Malgi^  ces  d6- 
fauts,  le  SpartacuM  est  demeur^  le  clief-d^ceuvre  de  Tau- 
teur. 

M.  Foyatier  exposa  en  outre,  en  1831,  LaJeuneJiUe  a» 
ehevreau^  gracieux  groupe  de  marbre;  un  baste  du  roi,  el 
La  Prudence^  modSe  d*une  statue  desthite  k  la  Chambre 


ti*»De  ne  rencontrirent  d'adversake  plus  infatigable.  Mais  |  des  IMpot^;  en  1833,  ratld^te  AMtffdamas  sanvant  Loci« 


iPOiEK 


69t 


fin  pendant  Vincendie  d*Hercil1anum,  groupe  colossal,  ati- 
qncl  OP  reprocha  d'etre  bien  plus  daos  les  conditions  de 
\.\  peic  tore  que  de  lastatuaire;  en  1834,  la  Siesta,  qui  lui 
vaiut  te  roban  de  la  L^on  d'Honoenr;  en  1843,  la  Sainle 
CMUt  figure  mesquine  et  sans  gravity ;  enfin,  diverses  sta- 
tues qui  sont  aojourd^hoi  places  dans  les  musses  ou  Ics 
momunents  publics.  On  voit  anssi  de  M.  Foyatier,  dans  les 
galeiies  de  Versailles,  VabM  Suger  ( 1837  )  et  le  Regent; 
aniardin des  Toileries,  le  Cincinnatus\  an s6nat,  la  statue 
d*]raenne  Pasquier ;  ^  PbAtel  de  Tille,  Titrgot;  dans  I'lid- 
nilcycl^  de  la  Madelebe,  un  gronpe  d'ap6tres,  et  k  Notre- 
Dam»de-Lorette,  la  figure  de  la  Foi  plac^e  sur  le  fronton. 
Enfin,  M.  Foyatier  est  encore  Taoteur  de  la  statue  de  Mar- 
tignac  k  Miramont,  et  Fon  verra  bient6t  de  lui  sur  la  Place 
d'Orl^ans  la  statue  ^estre  de  Jeanne  d'Arc  Son  Cincin- 
natfis  est  surtout  remarquable  par  I'adresse  ayec  laquelle 
le  inarbre  esttravaill^;  mats  les  chairs  molles  et  sans  con- 
sistance  semblent  appartenir  bien  plus  au  corps  d^licat  d*im 
jeoneEndymion  qu^i  la  robuste  nature  derh^roique  laboureur. 
L*exoessiYe  moUessc  et  la  vigueur  exag^r^e  ont  tour  k  tour 
^t^  le  d^faut  de  M.  Foyatier ;  son  exteution  est  celle  d'un 
homme  fiunilier  avec  les  dlfficultds  de  la  sculpture,  mais  il 
n'a  jamais  en  cette  quality  snprtaie  qui  fait  Tirre  les  cea- 
Tres  d'art  et  qui  s*appelle  le  style.  Paul  Maktz. 

FOYER  ( en  latin  /oct») ,  lieu  oil  Ton  fait  du  feu ,  que 
ce  soit  dans  un  endroit  coovert  ou  en  plein  air.  On  trouve 
dans  U  seconde  Edition  du  Petit  Fumiste,  par  I'auteur  de 
cet  article,  la  description  d*un  foyer  de  soninYenlion  :  it 
consiste  en  ce  que  les  cbenets  et  le  combustible  sont  conte- 
nus  dans  une  esp^  de  tiroir  m^taliiqne,  que  Ton  ponsse 
dans  le  fond  ou  qu'on  tire  au-dcTant  de  I'Atre  de  la  chemi- 
n6i  k  Tolont^.  Le  foyer  mobile  occupe  le  fond  de  I'fttre 
pendant  que  le  combustible  produit  de  la  fnm4e.  Quand  on 
juge  que  la  braise  est ,  pour  ainsi  dire  pnrifi^,  on  am^ne 
le  foyer  mobile  en  avant  et  en  dehors  plus  on  moins  de 
TAtre,  afin  que  le  calorique  se  r^pande  dans  I'appartement. 
Le/oyer  mobile  a  donn^  Hen  k  un  procte  entre  les  sieurs 
Bronzac  et  Millet  :  le  premier  de  ces  fabricants  de  chemi- 
n4es  trouTa ,  quatre  ans  aprte  la  publication  du  Petit  Fu- 
miste,  la  Soci^t^  d'Encouragement  assez  bonne  pour  lui  en 
attribuer  TiaTention.  Tetss^drs. 

FOYER  ( G4omitrie ).  On  donne  ce  nom  k  des  points 
remarquables  de  certaines  courbes ,  particnli^rement  des 
flections  coniques.  D'une  mani^re  g^n^rale,  on  d^finit 
les  foyers  en  disant  que  ce  sont  des  points  tela  que  leur 
distance  k  un  point  qnelconque  de  la  courbe  pent  s'expri- 
mer  en  function  rationnelle  de  Tabscisse  de  ce  point.  En 
appttquant  les  procM^  de  la  g^m^trie  analytlque ,  on 
tronye  que  Tellipse  a  deux  foyers  titu^  sym^triquement 
sor  son  grand  axe  et  k  one  distance  du  centre  ^le  k 
i/a* — ft*,  a  repr^ntant  le  demf-grand  axe,  tXb  le  demi-petit 
axe.  On  les  d^terminera  done  par  Tintersection  du  grand 
axe  et  de  la  circonfiSrence  d^crite  d'une  des  extr^roit^  du 
petit  axe  comme  centre  ayec  ledemi-grand  axe  pour  rayon. 
Les  foyers  de  I'elilpse  serrent  dans  la  pratique  k  tracer  cette 
courbe ,  en  s'appuyant  sur  la  proprilt^  qa*ont  les  rayons 

rtcurs  men^  de  ces  points  k  un  m6me  point  de  la  courbe 
donner  constamment  une  sorome  ^gale  au  grand  axe. 
On  peat  encore  se  servir  dans  le  mtoie  but  de  la  propri6td 
•uiyante  :  Les  distances  de  cliaqne  point  de  I'ellipse  k 
run  des  foyers  etltladirectrice  yoisine  de  ce  foyer  sont 
eotre  elles  comme  Texcentricitdestau  demi-grand  axe. 

LMiyperbolea  4galement  deux  foyers,  qui  jouissent  de 
fNTopriet^  analogues  k  celles  des  foyers  de  Pellipse.  La  pa- 
rabole  n'en  a  qu'on. 

L^existence  des  foyers  n'est  pas  limits  aux  sections  co- 
niques; elles'^tend  mtaie  anxsnrfiices  conrfaes,  tellesque 
les paraboloides,  les  ellipsoldes,  etc.;  mats  c*est  surtout  dans 
TeUipse  qne  ces  points  ont  one  grande  importance,  aujour- 
d^hoi  qall  est  kabli  que  les  plan^tes  et  les  com^tes  se 
■KinreDt  soiyant  des  sections  coniques  dont  le  soleil  occupe 
tomonrs  I'on  des  foyers. 


Dans  toutes  les  sections  coniques,  ks  rayons  yecteuis 
issos  des  foyers  font  des  angles  ^ux  ayec  la  tang^te 
mente  ao  point  de  la  courbe  od  ils  se  terminent.  De  \k  les 
propri^t^  optiques  et  acoustiques  des  surfaces  elliptiques  et 
paraboliqnes.  Ainsi  s*expUque  la  propagation  du  son  d*un 
foyer  k  Uautre  d'one  yoOte  dliptique.       E.  filnuBux. 

FOYER  ( Optique),  Lorsque  phisieurs  rayons  Inmineux 
paranoics  k  I'axe  d*on  miroir  concaye  tombent  sor  ce  mi- 
roir,  lis  se  r^fltehissent  pour  se  rtonir  en  on  point  qui  prend 
le  nom  Ae  foyer.  Si  le  miroir  est  parabolique,  ce  foyer  op- 
tique  coincide  ayec  le  foyer  gtem^trique  {voyez  d-dessus) 
de  la  surface  r^fl^chissante;  si  c'est  une  petite  portion  de 
sphere ,  ce  point  se  trouye  sensiblement  au  milieu  du  rayon 
dirigd  suiyant  Paxedu  miitiir.  Une  construction  g^om^trique 
rend  compte  de  ces  falls,  qu*on  peutd'aOleurs  constater  par 
Texp^ence  :  pour  employer  le  premier  mode  de  demons- 
tration ,  il  soffit  de  reprtenter  la  marcbe  des  rayons  lumi- 
neux  en  leor  appliquant  les  lois  de  la  reflexion;  yeot- 
on  recoorir  k  rexp^rienoe,  on  n*a  qu'ii  faire  mooyoir,  en 
r^oignant  graduelleroent  du  miroir,  un  toran  perpendicu- 
laire  k  son  axe ,  et  Ton  reconnatt  k  sa  yiye  lomi^re  le  point 
o6  se  r^unissent  les  rayons  lumineux  parallUes  on  que  Fon 
pent  regarder  conome  tels,  par  exemple  ceox  qoe  nous  en 
yoie  le  soleil. 

Ce  foyer  est  dit /oyer  principal^  pour  le  distinguer  d'au- 
tres  foyers  que  Ton  obtient  de  la  mtee  mani^,  ayec  cette 
difC&rence  qu'au  lieu  de  prendre  des  radons  parall^les  k  Taxe 
do  miroir,  on  les  suppose  issns  d'un  point  sito^  sur  cet  axe. 
Le  pointluminenx  et  le  point  de  conyergence  refoiTeot  lenom 
de  foyers  conjugu^s ,  parce  qo'ils  peoyent  se  remplacer 
motoellement  Poor  ne  parler  que  des  miroirs  concayes 
sph^'qoes ,  on  yoit  qo'i  mesure  qu'un  point  lumineux  si- 
tu^d'abord  k  Hnfini  se  rapproche  du  centre  de  la  sphere,  le 
foyer,  plac^  originairement  ao  milieu  du  rayon  {foyer  prin- 
dpal),  s'en  rapproche  ^galement.  Qoand  le  point  lumineux 
atteint  le  centre,  tooa  les  rayons  qoi  en  ^manent  sont 
normaux  k  la  surface  du  miroir ;  ils  se  rifl^chissent  done 
en  reprenant  la  mtoie  direction  et  reyiennentse  r^unir  k  leor 
point  de  depart  Le  point  lomineox  ^tant  entre  le  centre  et 
le  foyer  principal,  le  foyer  passe  par  les  diyerses  positions 
que  le  point  lumineux  occnpalt  tout  k  llieure ,  depuis  le 
centre  jusqu'^  I'infini.  Mais  si  le  point  lumineux  est  place 
entre  le  foyer  principal  et  la  surface  du  miroir,  les  rayons 
rdflechis  divergent  de  plos  en  plus ,  et  leurs  directions  ten- 
dent  k  se  reunir  derridre  le  miroir;  on  aper^oit  alors  a  tra- 
yers  ce  miroir  un  point  lomineox;  mais  c'est  un  foyer  vir- 
tuel,  c'est-^-dire  qui  n'existereellementpas  et  dont  rimage 
lumineusc  ne  pent  6tre  recueiUie  sur  un  ^cran.  Remarqnons 
que  pour  tous  les  miroirs  convexes,  quelle  que  soit  la 
position  do  point  lumineux,  le  foyer  est  toujours  yirtoel. 
Les  propriet^s  des  foyers  sont  utilisees  dans  la  constmction 
des  phares. 

Le  foyer  d'on  yerre  lenticolaire  est  le  point  ou  les  rayons 
lumineux  yont  se  r^uair  apr^s  s'^tre  r^fractes  en  le  traver- 
sant :  lorsqu'on  met  le  fea,  ao  moyen  d*une  loupe  et  des 
rayons  solaires,  k  un  morceau  d'amadoo,  onobserTe  un 
point  lumineux  d'une  blancheur  et  d'on  ^clat  extraordi- 
naires  :  c'est  \k  qu'est  le  foyer  de  la  loope.  Des  effets  analo- 
gues sont  produits  ayec  des  miroirs  conyenablements  dispo* 
s^s.  lis  sont  dus  au  c al  o  r ique  qui  accompagne  les  rayons 
delnmiire.  E.  Mbruedx. 

FOYER  {TMdtre),  Cest  ainsi  que  Ton  nomme  les  pieces 
ou  salons ,  faisant  partie  de  I'edifice  consacre  k  on  spectacle, 
dans  lesqoels  on  se  chaoffe  pendant  I'hiyer,  et  qni  sont  le 
lieu  de  reunion  en  tout  temps.  Cliaque  th^Atre  a  deux  foyers : 
celui  des  acteurs ,  yoisin  de  la  seine ,  ot  ils  atlendentle  mo* 
luent  d'y  parattre,  et  celui  du  public  oil  les  spectateors  yien- 
nent  s'asseoir  ou  se  promener  pendant  les  entr'actes. 

Le  foyer  des  comediens  de  I'anden  TheAtre-Fraiifais,  od 
rente  de  ses  autenrs  engigeaicnt  d'ing^nieuses  discoisions 
ou  des  conyersations  piqnantes,  dans  lesquellea  les  Prerille, 
les  Dazincourt,  les  Dugaioa»  tamioil  amii  fort  Un  lev 


622  FOYER  — 

parlie,  Ait  reDoinin<^]adi»  pour  Vattnut  de  ses  causeries.  Le 
malin  et  splritnel  Hoffman  fit  souvent  le  charme  du  foyer 
pablic  de  I'Op^ra-Coiniqae ,  oil  chaque  solr  on  assistait , 
grAce  &  lui  y  i  one  aorte  de  coors  de  bonne  plaisanterie  et 
d^amnsantes  narrations. 

Le  foyer  de  Tanden  th^tre  Montansier ,  an  Palais-Royal , 
^it  im  rendez-Tous  d^nneantre  esp^ce ,  et  tine  sorle  de  ba- 
zar, od  venaient  ex  poser  leurs  charmes  les  plus  jolies  cour- 
tisanes  de  Paris.  Le  foyer  du  th^tre  des  Vari^t^s ,  apr^s  ce- 
luf  de  I'Opdra ,  est  le  plus  grand  et  le  mieux  d^cor^  parmi 
cenx  des  spectacles  de  la  capitale. 

Le  foyer  du  public,  plac^  ordinairement  pr^  des  pre- 
mieres logeSy  quelquefois  aussi  au  niveau  des  secondes,  ofTre 
dans  quelqnes  grands  tlidfttres ,  particuli^rement  h  I'Op^ra- 
Oomiqoe ,  les  bnstes  de  leurs  auteurs  ou  compositeurs  les 
plus  c^l^bres.  Le  buste  du  prince  regnant ,  sur  la  vaste  che- 
mln^  dn  local ,  et  une  pendule  plus  ou  moins  riche ,  font 
aussi  partie  du  mobilier ,  que  compl6tent  les  comptoirs  du 
limonadier  et  du  tibraire  attach^  au  tli^Mre. 

Dans  le  foyer  desacteurs,  on  netrouve  gu6re  que  la  pen- 
dule r^ttlatrice  des  heures  de  repetitions  et  de  represen- 
tations ,  et  un  cadre  grille  dans  lequel  le  ri^gisseur  place  cha- 
que jour  TafBche  manuscrite  du  spectacle  du  lendemain.  11 
n^est  pas  rare  de  Toir  ce  foyer  particulier  pf  js  peupie  que 
celui  du  public.  Les  anteurs ,  les  aciionnaires  de  Petablisse- 
ment ,  les  m^res  des  actrices ,  les  amants  utiles  et  les  amants 
de  coeur  de  ces  dames  en  augmentent  considdrablement  le 
personnel.  Ourrt. 

FRA,  mot  italien,  dlminutif  de  /rate,  se  joint  h  un  nom 
propre  pour  designer  un  religieux ,  un  moine ,  et  repond  k 
notre  expression  fhm^ise  defr^'e,  prise  dans  le  mfime 
sens.  Quant  au  lien  de  parente  unii^sant  entre  eux  les  en- 
fantsd*unmeme  p^re,  les  Italiens  Texprimentpar  le  mot/ra- 
tello,  Cest  encore  \h  une  nuance  qui  manque  k  notre  langue, 
ceffe  guettse  qui  fait  Injltre, 

FAA  BARTOLOMEO.  Voyez  Bartoloubo  di  San- 
Marco. 

FRACAS  (du  latin  fragor).  Les  difrerents  dictionnaires 
s'accordent  k  definlr  ce  mot :  rupture,  fracture  opirie 
avee  bruit  et  violence.  Quoiqu*!!  vienne  tr^-vraisembia- 
blement  de^an^pr^?,  briser,  cette  definition  n*est  ni  com* 
piete  ni  m^me  Traie,  en  ce  qu*e!Ie  semble  circonscrire  sous 
un  senl  point  de  vue  une  acception  qui  peut  s'apliquer^  des 
circonstances  fort  variables.  Fracas  peut  designer  simple- 
ment  un  bruit  d*une  nature  particuli^re  (fragor) ,  mais  sans 
rupture,  ou  degAt  d*aucune  sorle.  11  ne  s'appliqiie  gii^re  en 
ce  cas  qn^aux  detonations  successives  et  repetees  de  la  fou- 
dre  pendant  unorage,  sans  qu'elle  atteigne  mfime  pour 
cela  la  terre,  ou  qu^en  Tatteignant  elle  y  cause  quel  que  de« 
gjSi.  L^action  d'un  corps  en  mouvement  peut  aussi  causer 
du  fracas,  ou  tnfracasser  un  autre,  ce  qui  revientau  mdme 
sans  que  cetie  operation  soil  accompagnee  d*un  bruit  sen- 
sible :  telle  peut  etre  Taction  d'un  boulet  sur  les  os  de  la  t6te, 
de  la  jambe  d^un  homme. 

Fracas  se  prend  aussi  au  figure,  pour  exprimer  les  de- 
marches d*un  homme  qui  se  presente  avec  beaucoup  d'ap- 
pareil,  ou  bien  quand  on  parte  d'une  operation  preparee  k 
grands  frais ,  k  grand  bruit,  enfin  avec  tout  Peclat  possible : 
telle  fut  rinvasion  de  la  Champagne  par  les  Prussiens,  lors  de 
la  premiere  coalition  contre  la  France,  en  1792,  operation 
qui  mit  toute  TEurope  en  emoi ,  dont  Tannonce  et  le  debut 
se  firent  avec  le  plus  grand /raca«,  et  qui,  semblantdV 
bord  devoir  tout  renverser  devant  elie,  se  termina  k  Valmy 
et  an  camp  de  la  Lnne ,  par  la  retraite  honteuse  des  vieilles 
bandes  du  grand  Frederic  derant  quelques  bataillons  de 
votontaires.  Billot. 

FRAGASTOR  (J^Avc;) ,  medecin  et  poete,  naquit  k 
Verone,  en  1483.  Use  distingua  par  une  enidition  prbcoce : 
k  dix*neuf  ans  il  enseignait  la  pliilosopliie  k  Tuniversite  de 
Padoiie.  Done  d'une  extreme  facilite  pour  toutes  les  scien- 
ces ,  il  cultiva  la  medecine,  et  s'y  distingua  bient6t.  II  de- 
Tint  par  la  snlte medecin  du  nape  Paul  III.  II  s^adonnaega- 


FBACTION 

lement  k  une  science  alors  en  vogne ,  rastmlogie ,  et  i& 
pour  y  6tre  habile.  On  assure  meme  qu'elle  loi  foomit  le 
moyen  de  se  rendre  agr^able  an  pape.  Le  famem  oondie  de 
Trente  etait  assemble  depuisdeux  ans  dans  cette  TllleilD 
Tyrol ,  qui  avait  ete  choisie  pour  sa  position  htternediaife 
entre  lltalie  et  TAllemagne.  dependant  le  souverain  pootiie, 
qui  n'etait  pas  toujours  en  parfaite  intelligence  avec  Gher- 
les-Quint ,  crut  quMl  exercerait  une  action  plus  direde  aor 
ce  concile  s*ii  le  faisait  transferer  dans  nne  viUe  dependaato 
dn  saint-siege.  II  eut ,  dit-on,  recours  k  Fracaator ,  qui  ooii- 
sulta  les  astres ,  et  ne  manqua  pas  d^y  lire  les  presajges  d'osa 
peste  prociiaine ,  qui  mena^ait  particulierement  la  Tflle  de 
Trente.  Aussit6t,  un  grand  nombre  de  cardiuanx  etdce 
peresdn  concile,  effrayes  par  ce  funeste  aogare ,  ae  falleil 
d^abandonner  la  ville  dp  Trente  et  de  serefngier  en  ltalie.Cie 
qu*!!  y  a  de  certain ,  c'est  que  la  neuvieme  et  la  dixieme  ses- 
sion du  concile  se  tinrent  k  Bologne  an  mois  d'avrii  et  an 
mois  de  juin  de  Tannee  1547. 

Fracastor  n^avait  pas  moins  de  talent  poor  la  po6rie  qne 
de  goAt  pour  les  sciences.  Mais  au  siecle  de  TeruditioB ,  an 
temps  od  florissalent  les  Bembo ,  les  Sannaxar,  lea  Seddet, 
cefut  en  latin  qu'il  ecrivit  la  plupart  de  sea  oinrregeaet  k 
poeme  auquel  il  a  ddi  surtout  sa  repatatlon.  Ce  poeme,  inti- 
tule :  Syphilis ,  sen  de  morbo  gallico^  fut  dedi6  par  loi  an 
cardinal  Bembo,  son  ami.  Sannazar,  avec  une  rare  modeatie, 
mit  i'ouvrage  de  Fracastor  au-dessus  du  poeme  qu'ii  avait 
compose  lui-meme,  de  Partu  Yirginis,  et  au((uel  il  avait 
consacre  vingt  annees.  La  inaladie  rapportee  en  Europe  par 
les  compagnons  de  Christopbe  Colomb  a  conserve  le  nooi 
que  lui  avait  donne  Fracastor.  Cet  ou  vrage ,  dana  leqoel  Fan- 
teur  a  surepandre  les  agrements  de  la  poesiesor  nn  anjeC  qoi 
n'en  paraissait  pas  susceptible ,  a  eu  de  nombreoaes  Mtions, 
II  a  ete  traduit  en  plusieurs  langues,  et  notamroent  en  fmi- 
fais.  Fracastor  mourut  d'apoplexie,  le6  aoOt  15&3.  Lameil- 
leure  edition  de  ses  ceuvres  est  eelle  de  Padooe,  1719, 
2  vol.  in-4<*.  AftTAUD. 

FRACTION  (de^an^o,  je  brise,  je  meta  en  mor- 
ccaux).  On  appelle /rac/iora  un  nombre  obtenu  en  divisaat 
Tunite  en  plusieurs  parties  egales,  et  prenant  une  on  plii- 
sicurs  de  r^  parties  :  deux  tiers,  un  quart,  aont  des  free- 
tjons.  Deux  nombres  entiers  sont  necessairea  pour  ecrire 
une  fraction  :  Tun,  le  dinominateur,  exprime  en  conbieB 
de  parties  egales  Funite  a  ete  divisee;  Tautre,  le  nion^fn- 
teur,  indique  combien  la  fraction  renferme  de  ces  parties; 
coUectivement,  ced  deux  nombres  sont  dits  lea  denx  termtei 
de  la  fraction.  Celle-ci  6*ecrit  en  plaint  le  denominaleBr 
sons  le  nomerateur,  et  en  lea  separant  par  un  trait  boriion> 
tal;  ainsi,  les  deux  fractions  eooncees  sont  reprtentees  par 
f  ,^ ;  dans  le  commerce,  on  reroplace  babitueUement  le  triit 
horizontal  par  un  trait  oblique  allant  de  droite  k  gauche, 
et  Ton  ecrit  Vst 'A.  Pour  enoncer  une  fraction,  on  tit  d'abonl 
le  numerateur,  ensuite  le  denominateur  que  I'on  fait  suivrc 
de  la  terminaison  ihne;  I  ae  lit  done  deux  cinquiiBtes; 
il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  fractions  qui  ont  pour  de- 
nominateur 2,3  ou  4  :  on  dit  demie,  tiers,  quart,  et  noa 
deuxieme,  troisihne,  qualri^me, 

Toute  fraction  peut  etre  consideree  conune  le  quotient 
de  la  division  deson  numerateur  par  son  denoainaleor. 
Par  consequent,  si  le  numerateur  egale  le  denominalenr, 
la  fraction  equivaut  k  Funite.  Si  le  numerateur  est  plua  grand 
que  le  denominateur,  la  fraction  renferme  un  ou  ploaicart 
entiers ;  on  la  nomme  alors  expreuionfractionnaire.  Lort- 
qu\m  nombre  entier  est  accompagne  d'une  IVaction,  on 
donne  k  Tensemble  le  nom  de  nombre  fraeiixmnaire. 

Comme  les  nombres  entiers,  les  fractions  peovenC  Mre 
combinees  par  vole  d'addition,  de  soustraction,  de  mul- 
tiplication, etc.  Le  mecanisme  de  ces  diverses  optetions  crt 
fonde  sur  les  principes  suivants  :  i^  Si  Ton  muHiplib 
ou  si  Ton  divise  le  numerateur  d'une  fraction  par  on 
nombre  enUer,  sans  changer  le  denominateur,  la  frae- 
tion  est  rendue  autant  de  fois  plus  grande  ou  plus  petiH 
quil  y  a  d'unltes  daus  ce  nombre  entier ;  V*  si  Ton  nnHii 


FRACTION 


623 


plie  ou  81  Ton  divise  le  ddnominateur  d'une  fraction  par  on 
nombre  entier,  sans  changer  le  num^rateur^  la  fraction  est 
rendue  autant  de  fois  plus  petite  on  plus  grande  quUl  y  a 
d^unit^  dans  ce  nombre  entier;  3**  si  I'on  roultiplie  ou  si 
Ton  divise  a  la  fois  les  deux  termes  d*une  fraction  par  un 
in6me  nombre »  cette  fraction  ne  change  pas  de  valeur.  Re- 
inarquons  qu'il  n^en  serait  pas  de  m^e  si  Ton  augmentait 
ou  si  Ton  diminuaJt  les  deux  termes  de  la  fraction  d^un 
mtoie  nombre :  la  fraction  changemit  de  yaleur,  s'approchant 
de  I'unit^  dam  le  premier  cas,  s'en  ^loi^ant  dans  le  se- 
cond. 

Du  troisi^me  principe  6>onc6  ci-dessus  11  r^ulte  qu'une 
fraction  quelconque  peut  dtre  exprim^e  d^une  infinite  de 
mani^es  dini^rentes :  ainsi,  IfitU'hf  ^^^'9  ^^^  ^'^  fractions 
equivalenlesy  car  elles  derivent  toutes  de  la  premiere,  dont 
les  deux  termes  ont  dt^  successivement  multipli^  par 
2,3,4,  etc.  Or,  plus  les  nombres  entiers  qui  repr^scutent  les 
deux  termes  d^une  fraction  sont  petits^  plus  il  est  facile 
de  se  (aire  nne  id6e  de  la  grandeur  de  cette  fraction ;  il  y 
a  done  a  vantage  ^  r6duire  une  fraction  d  saplus  simple 
ejcpression.  On  y  parvient  en  divisant  ses  deux,  termes  par 
leur  plus  grand  common  diviseur;  la  fraction  que  Ton 
obtient  ainsi  est  irr^uciible^  en  vertu  de  ce  thtor^e : 
Toute  fraction  dont  les  deux  termes  sont  premiers  entre 
eux  et  irr^ductible. 

Lorsque  Ton  veut  ranger  plusieurs  fractions  par  ordre 
de  grandeur,  si  elies  ont  mtoie  dtoominateur,  on  n*a  qu^a 
comparer  leurs  num^rateurs.  Dans  le  cas  contraire,  il  faut 
uonunencer  par  r^duire  Infractions  au  mime  dinomina- 
ieur.  Un  moyen  se  pr^sente  imm^iatement :  c'est  de  mul- 
tiplier les  deux  termes  de  chaque  fraction  par  le  produit 
des  ddnominateurs  de  toutes  les  autres.  Mais  cette  r^le 
gi^ndrale  conduit  soavent  k  des  calculs  que  Ton  pr^f^rerait 
abr^er :  alors  si  les  d^omfnateurs  des  fractions  proposes 
ont  un  plus  petit  multiple  commun  dififdrent  de  leur 
produit,  on  le  prend  pour  d^6muiateur  commun;  par 
exemple,  soient  les  fractions : 

2      3     5    8    7 


15*  10*  6'  4*  9 


(1); 


la  regie  g^n^rale  exigerait  que  Tou  prtt  pour  d^nominateur 
commun  15X10X6X4X9  =  32400,  et  les  num^rateurs 
des  fractions  ^uivalentes  aux  propose  auraient  des  gran- 
deurs proportionnelles  a  un  tel  d^nominateur.  Mais  les 
nombres  15,10,6,4,9,  ont  pour  plus  petit  multiple  commun 
ISO;  prenons  ce  nombre  pour  d<^nominateur  commun,  ce 
que  nous  pouvons  faire,  puisque  c'e&t  un  multiple  de  tous 
les  dtoominaieurs ;  pour  cela,  divisons  180  par  U,  deuumi- 
nateur  de  la  premiere  fraction;  le  quotient,  12,  nous  ap- 
prend  qu^il  fout  multiplier  le  numirateur  2  par  ce  nombre 
12,  pour  que  la  valeur  de  la  fraction  ne  change  pas.  En 
operant  de  m6nie  sur  les  autres  fractions,  elles  se  transfer- 
ment  en 

24      54     150    185    140 

liii*  ISO*  180'  180'  180 

L'addition  et  la  soustraction  des  fractions  ne  peuvent 
maintenant  offrir  aucune  difficult^.  Si  les  fractions  donnte 
ont  mAme  d^nominateur,  on  execute  les  operations  sur  les 
numtoteurs.  Si  les  d6noroinateurs  sont  diff^rents,  on  n*a 
qu'a  ramener  d'alwrd  les  fractions  au  mdme  d^nominateur. 
Soit,  parexemple,  propose  d'ajouter  les  fractions  (1);  nous 
leur  donnons  la  forme  (2),  et  nous  trouvons  pour  r^ullat : 


24-f54+1504-t354'1^0_oQ3_      .  U3 


180 


180 


180 


(3). 


La  multiplication  d*une  fraction  par  un  nombre  entier  est  ba- 
s^  surnotre premier  principe  fondamental.  A  Taide  d'un  rai- 
sonnementtr^s«mple,on  trouvequeTon  multiplie  une  frac- 
hoD  par  une  fraction,  en  multipliant  num^rateur  par  num^ra- 
leur  et  d^nomlnateur  par  denominateur.  11  est  k  remarquer 
que  loia<;u'il  s'sgil  de  fi  acliiMis  pi  uiiremculdilcs,  le  produil  est 


D^cessairement  plus  petit  que  cliacun  des  fricteurs;  ce  qui 
ne  doit  pas  ^tenner,  en  se  reportant  k  la  definition  gen^rale 
de  la  multiplication.  Enfin,  pour  multiplier  un  nombre 
fractionnaire ,  il  faut  d'abord  r^duire  les  entiers  en  fraction 
de  Tesp^ce  de  celle  qui  les  accompagne ,  puis  continuer  le 
calcul  cowme  ci-dessus ;  exemple  : 


G+Ox('+D-rxf- 

(4). 


MX  a? 

5X7 


35  ^  35 

La  division  d^une  fraction  par  un  nombre  entier  derive 
du  second  principe.  On  d^montre  de  diverses  mani^res  que, 
pour  diviser  une  fraction  par  une  autre,  il  fout  multiplier 
la  fraction  dividende  par  la  fraction  diviseur  renvers^e. 
Quant  aux  nombres  fracUonnaires ,  ieur  division  donue 
lieu  aux  mdmes  remarques  que  leur  multiplication. 

L'observation  de  la  r^gle  de  la  multiplication  suflit  pour  Clever 
une  fi'action  k  une  puissance  quelconque;  on  reconualttout  de 
suite  quMl  faut  Clever  le  num^raleur  et  le  denominateur 
il  la  puissance  indiquee.  L'extraction  des  racines  s*etT«ctue 
par  des  regies  analogues  k  celles  que  nous  avons  denudes 
pour  la  racine  carr^e. 

Cons^crons  quelques  mots  k  une  esp^  particuli^re  <le 
fractions,  qui  a  acquis  une  grande  importance  depuis  Tadop- 
tion  du  s^steme  decimal,  he^  fractions  d^dmales  peu- 
vent etre  definies  des  fractions  ayant  pour  denominateur 
nne  puissance  quelconque  de  10,  comme  i^,  vb*  »ii»»  ^Ic* 
Mais  ce  qui  simplifie  considerablement  leur  calcul,  c'est 
qu'en  etendant  le  principe  de  notre  numeration  ecrite 
on  peut  rem  placer  leur  denominateur  par  une  notation 
plus  commode  et  ecrire,  au  lieu  des  fractions  precedentes  : 
0,3,0,07,0,019,  etc.  Addition,  soustraction,  mul- 
tiplication, division  de  fractions  decimales,serameoent 
alors  k  de  simples  operations  sur  des  nombres  entiers. 

Dans  la  pratique,  il  y  a  done  souvent  avantage  k  trans- 
former une  fraction  ordinaire  en  fraction  decimale.  Pour 
cda,  on  elTectue  la  division  du  numerateur  par  le  denomi- 
nateur. On  trouve  ainsi  :  J=0,4;|«0,375;^=0,175;  etc. 
Mais  souvent  il  arrive  que  Toperation  ne  se  termine  pas ; 
proposons  nous,  par  exemple,  de  convertir  -^  en  fraction 
decimal 

50         I  27 

&o 

Aprfes  trois  divisions,  nous  retrouvons  le  mftme  dividende  50 ; 
nous  avons  done  de  nouveau  le  quotient  1  et  le  reste  23;  et 

ainsi  de  suite  indetiniment;  done  ^«=»  0,1851 851 85 cette 

fraction  ddcimale  eunt  sopposee  prolongee  k  llnfinl.  Les 
chiffres  185  qui  se  reproduisent  continuellement  forment 
ce  que  Von  nomme  la  p4riode;  la  fraction  elle-meme  est 
dite  pdriorfi^MC.  Suivant  que  la  periode  commence  imme- 
diatement  aprte  la  virgule  ou  bien  qu'elle  est  precedee  de 
chUfres  non  periodiques,  la  fraction  periodique  est  itmp/e 

on  mixte. 

fitant  donnee  une  fraction  decimale,  la  convertir  en  frao- 
tion  ordinaire,  tel  est  le  probieme  inverse  de  celui  que  nous 
venous  de  resoudre.  Si  la  traction  decimale  est  Umitee,  il 
sufTit  de  retablir  le  denominateur  :  par  exemple  0,375  == 
aii=i,  en  reduisant  la  fraction  a  sa  plus  simple  expres- 
sion. Si  la  fraction  est  periodique,  on  trouvera  sa  gin^a- 
trice  par  Tune  des  deux  regies  sulvanles  :  l*  La  genera- 
trice  d'une  fraction  periodique  simple  a  pour  numerateur 


j^;  2°  La  generatrice  d'une  fraction  periodique  mixte  a  pour 
numerateur  Tensemble  de  la  partie  non  periodique  el  de  la 
periode  diminiiede  la  partie  non  periodique,  et  iwur  de- 
nominateur un  nombro  forme  d*autant  de  9  ou  II  y  a  tW 


624 


FRACTION  —  FRACTURE 


duffres  dans  la  pMode  siiiTis  d^antant  de  z^ros  quMI  y  a  de 

chifTres  dans  la  partie  non  p^riodique;  ainsi  0,193181dl8..., 

dont  la  partie  non  p4riodique  est  193  et  la  p^riode  18,  a  pour 

.   .    ^      19318—193      19125      17  ^ ,,  .     . 

gtototrice  — :zniz —  =  :n:77::=^»<»  ^^  ^^  P«"* ^^ 


99000 


99000      88 


rifier. 

En  appliquantAla  conversion  des  fractions  ordinaires  en 
fractions  dddmales  quelques  prindpes  empmnt^s  k  la  throne 
de  la  diTisibilit^  on  trouve  qne  la  fraction  propose  <^tant 
r^uite  k  sa  pins  simple  expression,  si  son  ddnominatear 
ne  rcnferme  pas  d^autres  facteurs  premiers  que  2  et  5,  elle 
se  rMuira  exactement  en  d^cimales ;  sMi  en  est  autrement, 
la  fraction  dteimale  sera  p^riodique ,  simple  dans  le  cas  oh 
le  d^ominatenr  ne  renfermera  qne  des  factenrs  premiers 
aiitres  qne  2  et  5,  mixtedans  le  casoNitraire. 

Enalg&bre,ona  aosd  trte-soavent  des  fractions  ordi- 
naires; leur  calcnl  n^oflre  rien  de  particalier;  il  se  fait 
comme  celoi  des  fractions  num^riques.  Parmi  les  formes 
de  firaction  qui  appartiennent  k  la  fois  k  Talgibre  et  k  Ta- 
rithm<^tique ,  il  faut  mentionner  les  >^ac/ion5  continues  : 
on  nomme  ainsi  une  esptee  particuli^re  de  fraction  dont  le 
d^noroinateur  est  compcKs^  d'un  nombre  entier  et  d'nne  autre 
fraction  qni  a  ^galement  pour  dtoominatenr  un  nombre  en- 
tier  plus  une  fraction,  et  ainsi  de  suite.  II  y  en  a  de  p^rio- 
diques.  En  arithm^lique,  les  fractions  continues  servent  k 
trouver  des  yaleurs  approch^  de  quantity  donnto ;  en 
algibre,  on  les  emploie  pour  r^ndre  certaines  ^nations. 
D'aprte  la  definition  que  nous  renons  d'en  donner,  la  forme 
g^n^le  d*une  fraction  continue  est : 

.       b 


m  + 


P  +  «— » 
mais  on  ne  considere  ordinairement  que  celles  oil  les  nn> 
mdratenrs  b^c^d,  etc.,  sont  ^ux  a  I'unit^.  Pour  riduire 
une  fraction  ordinaire  en  fraction  continue,  on  opire  comme 
si  Ton  clierchait  le  plus  grand  commun  diviseur  entre  les 
deux  termes  de  la  Iractioo. 

En  alg^re,  on  appelle /rocfion^  rationnelUs,  les  expres- 
sions de  la  forme, 

Ajp** -|- Bjb* -|-. . . . 

axP+bxQ +...,* 
oil  les  expoeants  ifi,n,...,p,9,...etc.,  sont  suppose  entiers. 
On  a  souvent  besoin,  dans  le  calcul  integral,  de  dteom- 
poser  une  fraction  rationnelle  en  nne  somme  d^autres  frac- 
tions dont  le  d^nominateur  soit  do  premier  ou  du  second 
degr^.  Celte  operation  est  aujonrdliui  sans  difficult^ ,  gr&ce 
<iux  travaux  de  Leibnitz,  de  Cotes,  de  Moirre,  d^Euler,  de 
Simpson,  de  Lagrange,  etc.  E.  Merueux. 

FRACTURE.  On  appelle  ainsi  la  solution  de  continuity 
d'un  ou  de  plusienrs  os.  Les  fractures  diffluent  entre  elles 
sui?ant  Tos  qu^elles  aifectent ,  Tendroit  od  il  est  bris^,  sui- 
irant  la  direction  de  la  fracture,  et  les  complications  qui 
Taccompagnent.  Elles  sont  plus  fr^qnentes  dans  les  os  longs 
que  dans  les  os  plats  et  courts ,  tant  k  cause  des  mouve- 
raents  ^tendus  qu'ils  op^rent  que  parce  quils  se  trouvent 
plus  souTont  expose  aux  violences  ext^eures.  Les  frac- 
tures peuTent  Mre  transversales ;  elles  sont  alors  dirlgta  per- 
pendicolairement  k  I'axe  de  Tos  :  dies  ont  ordinairement 
une  obliquity  plus  ou  moins  prononcte;  d^autres,  fort 
fares,  et  dont  Texisteuce  mdme  a  longtemps  ^t/k  con- 
tests, sont  longitudinales,  c^est-ii-dire  paralldes  k  la  lon- 
gueur de  Tos  :  oes  demi^res  tont  causte  le  plus  ordinaire- 
ment par  suite  de  coups  d^armes  k  fen.  Enfio,  un  os  pent 
presenter  un  fracture  inoompl^;  ilpeutdtre  fractar6,  an 
oontraire,  dans  plusieurs  endroits,  et  plusieiira  os  d'un  mem- 
bre  Mre  IdMis  en  meme  temps.  Une  fracture  acoompegnS 
de  plaie,  de  perte  d'une  portion  d'os  ou  d'esquilles,  dli^ 
morrbagie,  de  iuxition,  est  beaucoup  plus  grave  :  on  la 
mnumbjhieture  eompliquie. 


Un  coup,  une  violence  ext^eure,  les  projecfitilMdesir- 
mes  k  feu ,  sont  les  causes  les  plus  ordinaires  des  fractures; 
quelquefois  la  cause  n'est  pas  directe,  dies  est  alors  par 
contre-coup  :  ainsi,  une  chute  sur  la  panme  de  la  nnii 
prodiiira  la  fracture  du  radius,  une  elrate  sur  le  met- 
gnon  de  I'^paule  celle  de  la  clavicule;  la  fracture  da  U 
mur  a  souvent  eu  pour  cause  une  chute  sur  la  plante  da 
pied  ou  sur  le  genou.  Celles  de  la  rotule  et  de  Polto^ne  ne 
rcconnaissent  gu^re  d^autre  cause  que  la  contraction  des 
muscles  qui  y  prennent  leur  insertion.  Si  les  os  longs  soot 
rarement  fractures  de  cette  mani^re,  il  y  a  cependant  des 
exemples  d'hum^rus  cassis  dans  Paction  de  lancer  one 
pierrc,  de  porter  un  coup  de  poing,  de  soulever  no  pe- 
sant  fardeau ;  on  a  m£me  vn  le  fitoiur  fiactur6  dans  one 
violente  extension  de  la  cuisse. 

Les  anciens  croyaient  que  le  froid  contribue  k  rendre  le» 
OS  plus  fragiles;  mais  les  chutes  sont  plus  communes  en 
hiver ,  elles  ont  lieu  sur  un  sol  plus  resistant :  de  Vk  cetto 
plus  grande  fr^uence.  L'Age  avanc^  est  one  cause  prMis- 
posante,  parce  que  les  os,  pins  charge  de  phosphate 
calcaire ,  sont  plus  d^pouilles  de  substance  animale.  Enfio , 
les  affections  dphylitlques  et  canc^oses ,  port^es  an  plus 
haut  degr6,  le  rachitisme,  pr^isposent  aux  fractures  dHme 
mani^resi  funeste,  que  Ton  a  vn  desmalades  se  fractnrer  on 
OS  dans  la  simple  action  de  se  retoumer  dans  leur  lit.  B^ 
clard  nous  racoutait  qu'tm  enfant  rachitique,  portant  d^ 
plusieurs  fractures,  exit  rhum^rus  fracture  en  donnant  la 
main  k  ce  chirurgien  qui  la  lui  prenait  avec  int^rftt  Noos 
possMons  k  la  facult6  des  squelettes  de  rachitiques  doot 
tons  les  OS  ont  M  fracture ;  il  y  en  a  un  dont  plusienrs  os 
portent  les  traces  de  fractures  multiples. 

Les  fractures  pr^sentent  pour  signes  les  caract&res  sui- 
vants :  le  malade  6prouve  an  moment  de  Taccident  une  vio- 
lente douleur  k  Pendroit  fractur<i;  elle  peot  s'^tendre  k  tout 
le  membre;  souvent  il  a  entendu  k  ce  moment  une  espto 
de  craquement.  Le  mouvement  est  on  impossible  on  an 
moins  difficile,  k  cause  du  d^placement  qui  s'op^  daa^  le« 
fragments.  Dansqudques  cas,  ce  d^placement  n*a  pas  lien 
lout  de  suite;  les  mouvements  sont  alore  possibles  pendant 
quelque  temps.  Les  fragments  de  la  fracture  se  d^laoent 
par  la  contraction  des  muscles,  qui  tendent  k  les  faire  die- 
vancher;  en  mfime  temps  le  membre  perd  la  lorme  et  h 
direction  qui  lui  sont  propres.  Mais  la  plupart  des  symp- 
tOmes  que  je  viens  d^^num^rer  d'une  mani^e  gdn^le  sont 
commnns  k  d'autresldsions,  auxlnxations.il  est  oa 
dernier  ph^nomtoe  qui  est  caract^risque  des  fradures, 
c*est  la  crepitation  produite  par  le  frottement  des  fragments 
Cette  crepitation ,  facile  k  obtenir  dans  les  os  superfideUe- 
ment  places,  devient  souvent  fort  obscure  dans  les  fmdmt^ 
des  OS  places  au  miJieu  des  masses  chamues,  comme  To^ 
de  la  cuisse;  le  stethoscope  appliqud  dans  oes  oocasioDs 
n'a  jamais  manque  son  but ,  en  rendant  le  bruit  de  la  cre- 
pitation sensible. 

Les  fradnres  sont  toujoun  des  affections  graves;  dies 
exigent  pour  leur  guerison  un  repos  absolu ,  soit  de  tout  le 
corps ,  soit  du  m^ibre ,  avec  le  conoours  des  appardls  oa 
des  Boins  d'un  homme  de  l*art.  Les  fractures  qui  guerissent 
le  plus  fadlement  entratnent  an  moins  quarante  Jours  de 
repos.  Rien  n'est  plus  variable  qne  leur  pronostic.  Le  mtoie 
OS,  s'il  est  fracture  obliquement,  sera  beaucoup  plus  difli- 
die  k  maintenir  dans  I'appardl ,  et  sa  consolidation  sera  at- 
tendue  pins  longtemps  que  sll  est  firacture  transversalenent ; 
et  malgre  tons  les  secours ,  on  n'obtiendra  pent-etre  pas 
la  guerison  sans  qu'nn  deplacement,  nn  raecourdssemeat 
on  nne  deviation  du  membre  se  solent  operes.  On  sent 
quelle  difference  doit  apporter  TAge  dans  le  pronostic  :  la 
consolidation  n'est  qudquefois  pas  obtenuechez  le  vieillaid 
lorsqu'dle  est  tr^s-rapide  chez  I'enfant.  Les  fractures  des 
membres  superieura  guerissent  plus  vite  que  odles  des 
membres  abdomlnaux.  Le  pronostic  varie  meme  snivant  qvt 
I'os  est  fracture  dans  telle  ou  telle  partie  :  ainsi ,  le  ftemr, 
fradure  au  milieu  de  sa  kxiRuenr,  goerit  pins  fedlemert  quv 


FftACtUB£  —  FRA-MAVOLO 


625 


loifaqiie  e*Mt  l^extrteiitA  lni)§rienra  de  eet  os,  prte  de  Par- 
ticulatioii  da  genoo ;  car  les  fractoret  rapprochte  des  ar- 
tiealatkMis  entrataent  sooyent  Tankylose :  celle-d  est  moins 
longoeet  moinsdangeretiseqae  oelle  dela  partie  tupdrieore, 
que  Ton  appel  le  co/ ;  et  enfin ,  cette  demise,  qui  eat  fort 
graTe,  Test  encore  davantage  si  die  occupe  llnt^eur  de  la 
eapsule  articulaire,  car  dans  ce  cas  la  consolidation  est  tel- 
lement  rare,  qu'ltune  ^poque  encore  pen  dloignte de  nous 
«i  la  r^Toquak  en  donte.  Ai-Je  besoin  de  dire  qnel  sera  le 
'^ronostic des  fractores  da  crftne, des  Tertibres ,  da  bassin , 
de  oeUes  dans  lesqnelles  les,  fragments  se  font  issue  k  travers 
les  chairs ,  d^chirant  les  Taisseanx,  distendant  les  nerfs;  de 
celles  dans  lesqnelles  Pos,  bris^  en  plusleurs  esqnillesy  cause 
le  MtanosT  Ce  serait  pea,  dans  de  telles  drconstances,  que  la 
perte  d'on  membre ,  si  la  mort  n^^tait  souTent  plas  prompte 
que  les  decisions  da  chirurgien. 

Pour  qu'une  fracture  se  consolide ,  11  faat  que  les  deux 
fragments  soieot  Element  don^  de  Tie,  qu*ils  correspon- 
dent ensemble  k  la  surface  de  la  fracture,  et  quMls  soient 
dansuneparfalte  immobility  pour  favoriser  la  formation  da 
c'al.  Le  premier  soin  du  cbirargien  est  de  rMuire  la  frac- 
ture, c'est-I'dire  de  placer  les  fragments  dans  an  rapport  tel, 
qu'ilsse  rtenissentsansoccasionnerde  difformlt^.  Pourop6rer 
eette  reaction,  11  faat  qu'un  aide  tire  directement  sur  I'extr^- 
init6  infiSrieure  du  membre ,  sans  occasionner  de  mouTcments 
latteax,qai  causeraient  de  ladouleur,  pendant  qu*un  autre 
aide maintient  fixement  la  partie  sup^rieure  du  membre,  ou 
le  fragment  sap^rieor  de  la  fracture,  et  que  le  chirurgien  plac^ 
«ntreeax  cherche  k  remettre  les  fragmeats  dans  leurs  rapports, 
en  faisant  la  coaptation ,  qui  est  op^r^  lorsque  toute  dif- 
formit^  a  dispara.  Mais  cette  premiere  op^^tion ,  toat  k 
fait  indi8pensfli)le,  serait  sans  r^ultat  si  on  abandonnait  en- 
floite  la  fracture  k  elle-m6me  :  bientdt  Paction  muscolaire 
rapprocherait  les  fttigments,  les  ferait  cbcTaucher  Pun  sur 
rautre,et  serait  cause  non-senlement  da  raccourcissement 
du  membre,  mais  encore  d'une  d^iation.  II  Taut  done 
aussit6t  aprte  entourer  la  frticture  d'un  appareil  convena- 
ble ,  on  placer  le  membre  dans  une  situation  telle  que  Pac- 
tion muscolaire  n*ait  aucune  prise  sur  les  fragments.  Quand 
on  applique  un  appareil ,  il  faat  qo^  ne  soit  pas  serr^  de 
telle  sorte  qn'il  strangle  le  membre,  et  en  cause  la  gan- 
gr^,  commeilyena  des  exemples  asses  fr^uents;  il  ne 
faat  pas  non  plus  qn*ii  soit  assez  rel&ch^  pour  laisser  aux 
fragments  la  liberty  de  s'abandonner,  ce  qui  occasionne  alors 
un  cal  difforme  ou  une  deviation  de  Pos.  On  doit  voir  chaque 
jour  si  Pappareilcontient  bien  la  fracture.  Celui  dont  on  se 
serf  le  plus  fir^uemment  tient  le  membre  dans  une  position 
droite;  il  porte  le  nom  d*apparellde  Seultet;  Host  ainsi 
compost :  unepito  de  toile  carr^e,  nommte  drop- f anon , 
assez  grande  pour  envelopperlerestede  Pappareil  et  les  atelles 
appliqotosar  le  membre,  qu'eUesdoiTent  d^passer  un  peu ; 
(le  nombre  et  la  position  de  oes  atelles  Yarie  selon  le  lieu  de 
la  fkvcture);  des  eoussins  de  paille  d^avoine;  une  quantity 
yariable  de  bandelettes  snperposte,  sereconyrant  les  unes 
lesautresdans  ieur  tiers  inCirieur :  ces  bandelettes,  assez  Ion- 
goes  poor  foire  chacane  le  tour  da  membre,  sont  souyent 
remplacte  par  one  seole  longne  bande ;  des  compresses 
imbib^es  de  liqaeurs  toolUentes  ou  r^lutlyes,  ou  bien 
enduites  de  ctot,  s^il  y  a  plaie.  Tout  Pappareil  plac<&  autour 
do  membre  est  maintenu  au  moyen  de  plosieurs  liens  qui 
Pemptebent  de  remuer. 

11  est  plusleurs  fractores  dont  la  consolidation  est  dlfBcile 
k  obtenir,  k  cause  do  peu  de  prise  que  Pon  a  sur  les  fragments, 
et  de  la  puissance  musculaire  qui  agit  sur  eox.  Les  chlrur- 
giens  ont  appel^  depais  longtemps  la  m^canique  au  seconrs 
de  Part ,  dans  ces  cas  ob  la  go^riM>n  s'obtient  difficilement 
sans  une  difformlt^  plus  on  moins  manifeste.  II  faudrait 
plusleurs  volumes  poor  dtoire  les  nombreux  apparells  in- 
yent^  pour  les  fractores  da  col  du  fimur;  tendant  tous  au 
m^me  but ,  lis  gu^rissent  rarement  sans  un  raooourcisse- 
ment  plus  ou  moins  marqa6.  Presque  entl^rement  abandonn^ 
de  noi  jour<},  Dupnytren  les  a  rempUcte  par  la  position 

MCI.  DB  LA  GOirmS.  —  T.  IX4 


demi-flkhie,  dans  laqnelle  toos  les  taosdes  se  trouvenl 
Element  dans  le  relAchement;  il  ftuidrait  faire  Phistoire 
des  fractores  en  particolier  pour  dterire  ces  apparells,  qui, 
fort  simples,  yarient  cependant  suiyant  chacune  de  ces  frac- 
tures, ce  qui  nous  entratnerait  dans  des  d^taib  qoe  ne  com- 
porte  pas  le  plan  de  cet  oayrage. 

Un  moyen  connu  d«i  andens  et  remis  en  usage  par  la 
chiroigie  modeme  est  Pappareil- inamoyible:  le  membre 
fractnrd  est  entoar6  de  banddettes  ou  d*une  grande  bande, 
tremp^  dans  une  dissolution  agglutinatiye,  telle  que  Pex- 
trait  de  Satursa  mdang^  ayec  du  blanc  d'OBof ;  11  ea  rtedte 
an  appareil  d'une  seule  pi^,  qui  ne  pent  se  ddranger,  et 
qu'on  ne  iient  enleyer  qu'en  le  coopant.  Qudques  chirur- 
giens  yont  m6me  plus  loin;  lis  placent  le  membre  dans  une 
bolte  oi^  on  fait  cooler  do  plAtre  de  statoaire,  qui,  se 
moalant  sur  le  membre,  s'oppose  k  tout  mouyement. 
Dieffenbacb  m'a  assurd  que  ce  moyen  lot  rfossissait 
presque  coostamment  k  Berlin ,  et  que  mAme  les  compUca- 
tions  des  plaJes  ne  Parrdtaient  pas ,  car  on  fait  alors  one 
ouyertnre  au  plAtre  au-deyant  de  la  plaie,  pour  y  apporter 
les  pansements  conyenables. 

11  est  des  fractures  dans  lesquelles  la  consolidation  ne  se 
fait  pas ,  soit  que  les  fragments  aigus  oomprennent  entre  eux 
des  parties  moUes  quits  irritent ,  soit  que  le  cal  se  forme  mal, 
se  difforme  et  n'acqui^re  pas  assez  de  solidity ,  soit,  enfln , 
que  la  constitution  indiyidudle  s'oppose  k  la  consolidation; 
ainsi  on  a  remarqod  qu'dle  se  ftlsait  longtemps  attendre  chez 
les  femmes  encdntes. 

Je  ne  parierai  pas  de  la  m^thode  barbare  de  rompre  ie 
cal  lorsque  la  rfonion  s'op^e  ayec  qudque  diflbrmit^;  cela 
ne  pent  dtre  fait  que  dans  les  premiers  temps  d*ane  fhic- 
ture,  lorsque  la  consolidation  est  encore  Idn  d^dtre  compile. 
Le  s^ton  pass^  entre  les  deux  fragments  offre  one  m^thode 
moins  dangereuse, doe  k  Pbysik,  de Philadelphie,  en  1802  : 
die  a  Hmsi  k  plusleurs  ddrurgiens,  soit  pour  stimuler,  au 
moyen  dMrrltants ,  les  fragments  entre  lesquds  la  sto^tion 
du  cal  ne  s'op^rait  pas,  soit  pour  r^primer  on  faire  suppa- 
rer  on  cal  yolumineux  et  difforme,  comme  dans  on  cas  de 
ce  genre,  suiyi  de  succte,  ou  il  ayait  acquis  o",48  de  dr- 
confiirence  an  col  do  f<§mur.  II  sera  toojours  ntionnd 
d'employer  ayant  les  m^thodes  dont  nous  yenons  de  parler, 
si  m6me  il  ne  yaut  pas  mieox  s'en  tenir  1&,  le  moyen  indi- 
qu^  par  Hippocrate ,  consistent  k  frotter  Pun  centre  Pautre 
les  fragments  qui  s'irritent,  etoccasionnent  la  s^cr^tion  do 
cal,  qui  s'est  dans  ce  cas  plus  d*ane  fois  consolide. 

Je  terminerai  id  l*histoire  des  fractores;  il  me  resterait 
k  parler  des  fractures  compliqote  de  plaies,  d'htoorrhagie; 
des  solas  que  Pon  doit  prendre  pour  obtenir  la  consolidation 
ayant  de  faire  la  reduction  dans  les  complications  de  luxa- 
tion ,  des  esquilles,  du  t^tanos,  des  an^vrismes  faux  primi- 
Uh ,  caus^  par  la  piqCire  d'un  artftre,  par  un  des  fragments, 
et  de  la  m^thode  de  Dupuytren ,  qui  consiste  k  faire  dans 
cette  circonstance  la  ligature  du  yaisseao  prindpal  du  mem- 
bre. Enfm ,  il  faudrait  entreprendre  Phistoire  de  chaque  frac- 
ture en  particulier;  le*  cadre  serait  alon  aosd  complet  que 
possible,  mais  nous  d^passerions  de  beancoup  les  homes 
qui  nous  sont  prescrltes.  Bots  db  Umibt. 

FRA-DIAVOLO  (c*ett-i-dire>Wr«i)i«W«;,  fameux 
did  de  brigands,  n^  de  parents  paoyres,  k  Itrl,  enCdabre,  • 
yers  1760.  Son  veritable  nom  ^taitMichd  P«ssa,et,  sdon 
les  ons,  il  aurait  d*abord  ^t^  moine  sous  le  nom  de  Fta-An- 
gelo,  tandis  qoe,  suWant  d'autres,  il  aurait  commenc6  par  ' 
^  ouvrier  bonnetier.  £ntr6  plus  tard  dans  one  bande  de 
brigands  qui  exploitait  la  Terre-de-Labour,  il  ne  tarda  pas  k 
en  deyenir  capitatne,  et  comme  td  fut  condemn^  k  mort  par  ' 
coutumace.  Lors  de  Pinyaslon  du  royaame  de  Naples  par 
les  Fran^ais,  il  mit  sa  troope  au  serrice  do  roi  Ferdinand , 
et  combattit  brayement  les  strangers.  Ayant  obtenu  en  1799, 
du  cardinal  Buffo,  le  pardon  de  tous  ses  crimes,  il  n'^pargna 
rien  pour  seconder  les  projets  du  g^n^rd  napolitain.  InTcsti 
des  fonctions  de  chefde  masse  ( colond),  il  fit,  li  la  tde  de 
sa  bande,  la  campagne  de  Rome,  et  s'y  distiogua  par  son  in- 

7» 


926  FQ^-I>^yOLO 

tr^pidil^ '  ll  o^jpfi  )}pe  iienvon  de  8»<(00  docajls  et  uoe 
fenne  qui  a^f^  appartpnu  anx  cbartrenx.  l^  gto^ial  Cham- 
pionnet  i*^^  feni4ii  loattre  de  Naples ,  Fra  -  piavolo  ^  re- 
tira  l^fep  8^  cpfopagnoiu  k  GahU;  mais,  par  r^mmisceace 
de  9on  precoler  in^er,  U  commit  danis  cette  yii\e  des  exc^ 
qui  Ten  fireni  chasser  par  le  prince  de  Hesse-Plulipp^^dt. 
II  passa  di^9  la  CaUbrf^  de  |^  ^  paleiiQe,  oil  i)  prit  part  w 
souiiveipent  organise  par  le  copunodore  Sidney-Smith ;  puis, 
reYenani  ei|  Calabce,  11  y  fom^ta  Ve9^x^\  d'msurrection, 
dSiTra  1^  d^tehusy  dont  U  forma  une  troupe  assez  consid^- 
rabWy  et  se  dispose  ^  foire  une  Tigoureuse  resistance  aux 
Fran9ais  qui  ^talent  k  sa  poursuite.  Dans  le  combat  qu'ils 
lui  livr^rent,  U  se  d^fendit  iusqu^^  la  derni^re  extr^miit^ ,  et 
parTint  k  s*4chapper.  Mais  arr^i^^  San-ScTerino,  par  suite 
de  la  trahison  d'uu  paysan,  U  fut  conduit  k  Naples,  ety  fut 
pendu,  le  io  Dovembre  1806.  Gr&ce  k  la  musiqae  d'Auber, 
la  memoire  de  Fra-lHavola  yi(  encore....  k  rOp^-Co- 
mique.  Ciu]|i>agi«ac. 

rtUpim  (CBRisxiAN-ffABTin),  saTant  orientaliste  et 
numismafe  contemporain,  nd  en  t782,  k  tiostocfc,  mort  k 
Saint-P^tersbourg,  en  1851,  fut  appel^  en  1806  k  occtiper 
la  chalre  des  Ungues  orientales  k  runiversit^  de  Kasan,  od  il 
^riTlt  en  arabe,  parce  que  les  imprimeries  de  cette  Tille 
manquaient  de  caract^es  romains^  sa  dissertation  Sur  quel- 
ques  m^dailles  relatives  aux  Samanides  et  aux  Bomdes, 
la  plupart  e»fore  ^connues  (Kasan,  180$ ),  que  suivirent 
bientdt  celles  qui  ont  pour  litres  :  Numophylacium  t'oto- 
tianum;  De  titulis  et  cognominibus  Chatiorum  Bordx 
Aurex  ( 1814);  ^  ite  aralbicorum  etiam  auetorum  libris 
vtitgatis  crisi poscentibus  macutari  ( 1815 ).  £n  1815,  il 
fut  nomm^  inembre  de  I'Acad^mie  imp^riale  des  Sciences, 
directeur  dn  Museum  asiatique  et  conseiller  d'£tat  k  Peters- 
bourg.  Nous  dterons  parmi  ses  outrages  de  numismatique 
ceux  qui  ont  pour  litre :  De  Numorvm  Bulgaricorum  fon(e 
antiqiHssimo  (1816);  M^ailies  khosroennes  des  pre- 
miers Arabes  (in-4%  Mittan,  1822  )|  Numi  C^/^ci  sOecii 
( 1823);  Musei  SprewUziani  Numi  Ct^d  ( 1825 );  et  son 
Aperfu  topographiqu$  desfovMles  opir4es  en  Russie,  qui 
ont  eu  pour  r^sultat  d6  dSterrp*  des  monnaies  arabes 
( P^terMKHirg,  1841 ).  II  a  expUqu^  lea  inscriptions  et  Ogures 
de  quelques  apciens  monuments  mabom^tans  dans  ses  An- 
tiquitatis  muhammed,  Monumenta  varia  ( 1810-22 }.  On  a 
aussi  de  lui  un  Bssai  sur  Us  dicouvertes  faites  dans 
f ue/^uef  fouiUes  op^^  au  midi  de  la  Sib4rie,  avec 
des  inscriptions  de  dates  certaines  ( 1837,  in-4'' ).  L*his- 
toire  d*Orient  Ta  particuU^rement  occupy ,  en  tant  qu'elie 
ofTre  de  l^nt^^t  pour  Tancienne  histoire  de  Russie.  C'est  k 
cet  ordre  dUdte  que  se  rattachent  ses  essais  intitules  :  De 
Bashkiris  qtue  memorise  prodita  sunt  ab  Jbn  Foszlano 
et  Jakuto  (1822);  BMts  d^Jbn  Foszlan  et  cPautres 
Arabes,  relates  aux  Busses  des  temps  anciens  ( 1823 ); 
eu&a,Les  plus  anciens  documents  arabes  sur  les  Bui- 
gores  du  Volga,  d'apr^  U  voyage  d'ibn  Foszlan  ( 1832 ). 
Les  M^mdres  et  i^z  Bulletins  de  TAcad^mie  de  Saint- 
P6tersbonrg  contiennent  en  outre  de  Idi  un  grand  noubre 
de  dissertations. 

FRAGlLlTiS,  qnaUtd  de  ce  qui  se  brise  facilement, 
comma  le  verre,  la  porcelaine.  Figur^ment,  >Va^Ui^^  signi- 
fie  rinstabilit^  des  cboses  humaines  :  en  morale,  la  fragility 
est  Tabsenca  complMa  de  la  force  en  pr^ence  de  telles  ou 
telles  ^ntapons.  Cei  demi^res  exercent  une  influence  si  d4- 
cisiTe  et  si  g^n^rale,  qu*^critset  paroles  nous  entretiennent 
sans  oesse  de  la  fragility  humaine  :  c'est  par  le  r^cit  des 
foutesou  elle  entralne  que  Pon  essaye  de  confondre  la  per- 
fection que  r6?e  notre  prgueil.  II  y  a  une  fragility  qui  vient 
des  sens,  et  qui  est  une  des  maladies  de  la  jeunesse  :  elle  a 
droit  k  beauconp  de  pardons.  II  existe  une  espto  de  fra- 
gUiU  beaoeoup  plus  r^r^bensiblep  c'est  celle  quitient  k  Tab- 
sflMoe  de  prtncipes  :  eUe  a  poor  source  une  certaine  mobi- 
lity de  caract^re  qui  parce  dks  Tenfonce,  et  contre  laquelle 
r^ucation  doit  lutter  avec  perseverance.  On  cite  des  femma 
qui,  dans  les  circonstances  les  plus  difflcUes  comme  les  plus 


-  FftAGONAIlD 

entralnantes,  ont  oppose  one  resis|^c^iiiiT>W9))le,  e|  q^^ 
veuues  Tobjet  d^une  admirauon  sansj  r^s&rv^,  aOligfiiit  atpone 


le  roonde  par  une  fragilite  d^aulani  plus  inatlendue  que 
seductions  ne  troubleraient  pas  meme  le  comomn  du  sexe. 

Sunr-PBoaPEB. 

FEAGll|ENT(en  latm  fragmentum).  Ce  mot  Tioit 
evidemment  dejrangerej  passer,  briser.  Quelques  diction- 
naires  en  ont  restreint,  assez  k  tort,  Tacception  i  des  de- 
bris de  corps,  plus  ou  moins  pr^cieux,  comme  des  rases  n- 
cberches,  des  statues.  Nous  pensons  qu'Q  <j|oit  designer  toute 
espice  de  morceaux  provenant  d'on  corps  quelconqoe  d<»it 
ils  out  ete  separes  par  fracture  ou  solution  de  continaite. 
n  y  a  cette  difference  enUefragment  et  d^ris  qua  le  der- 
nier semble  supposer  une  fracture  beaucoup  plus  compIMe, 
ou  plutdt  la  difision  d'un  corps  fracture  en  un  beaucoup 
plus  grand  nombre  de  parties,  par  suite  d'une  action  plos 
brusque  et  plus  forte  du  corps  contondanf.  Quand  0  s'ag^t 
de  fhictures  des  os,  las  fragments  qui  ont  pu  en  re^olter 
prennent  le  nom  d'tsgi'uilles. 

Fragment  sVmploiequelquefois  aussi  an  figure,  eo  parlant 
d*un  discours ,  d^un  ouTrage  quelconquCj  dont  il  ne  nous 
reste  qu'une  partie  :  nouf  n^avons  que  des  fragments  de 
Musee»  de  Menandre,  d^  Sapho,  etc. ;  des  bistoriens  grecs 
Ctesias,  Upbore,  Xanthus  de  Lydie  etc. ;  d*£nnius,  d'Acdus, 
de  Lucilius ;  dela  ^rande  histoiro  latine  de  Troguc-Pompee, 
dans  Tabre^^e  de  Justin.  Quant  k  d^autres  auteurs  andens, 
tels  que  Ciceron,  Ph^dre,  Salluste,  etc,,  il  ne  nous  manque 
que  des  fragments  de  leurs  ouvrages.  Robert  et  Henri  £»- 
tienne  ont  publie  des  Fragmenta  Poetarum  veterum  la- 
tinorum  (1560,in-8'^).  Dansces  recherches  se  sont  egalement 
illustres  Mettaire,  Scriyerius,  Almeiioween,  Crenxer,  etc. 
Une  dtalion  de  quelque  etendue  empruntee  k  un  livre  qu*an 
poss^e  en  entier  prend  aussi  le  nom  di  fragment.  Nos  di- 
Terses  rhetoriques  et  poetiques  en  JTont  un  frequent  emploL 
OndonneeuGn,  mats  plus  improprement,  le  nom  defrag- 
ment anx  parties  d'un  ouTrage  qu'uh  auteur  aura  entrepris, 
sans  avoir  eu  le  temps  de  Tacliever.  Billot. 

FRAGON9  genre  de  planles  de  lafunilledes  smiiaoees, 
ayant  pour  caracteres  :  Fleurs  dioiques  par  aTortement ; 
perianthe  k  six  divisions,  libres  jusqu^^  la  base ;  iUets  per- 
sistants; fleurs  mAIes  offrant  trois  etamines  soudees  oi  on 
tube  qui  porte  les  trois  anth^res ;  fleurs  femelles  ayant  on 
ovairo  k  trois  loges  biovuiees,  un  style  indivis,  tr^coort, 
un  stigmate  capite;  bale  monosperme  par  avortement.  L'es- 
p^  la  plus  repandue,  vulgairement  nommee  petit  Aoujp, 
buis  piquant,  myrte  ipineux,  4pine  toujours  verte,  etc, 
est  le  ruscus  aculeatus  des  botanistes.  CTest  un  sous-ar- 
brisseau  qui  crolt  partout  dans  les  bois  montueux  des  con- 
trees  temperees  de  r£urope,  oil  il  s'avance  depuis  le  midi 
jusqu*aux  environs  de  Paris.  II  a  Taspect  d*un  petit  myrte. 
Ses  bales  sont  rouges,  d^une  saveur  douce&tre,  de  la  gros- 
seur  d'une  petite  cerise.  Les  habitants  du  midi  de  la  Franct 
font  des  petits  balais  avec  sea  ieunes  rameaux.  On  emploie 
sa  racine  comme  diuretique.  Ses  graines  torrefiees  ont  ei^ 
proposees  comme  succedanees  du  cafe. 

FRAGONAB0  (Jban-Honqr£),  pdntre,  ne  k  Grasse. 
en  1732,  abandonna  tiis-jeune  la  place  qu*il  occupait  chez  un 
notaire  pour  venir  etudier  sous  la  du-ection  de  Boucher.  Pousse 
parce  dernier  dans  la  nouvelle  ecole,  il  y  fit  de  rapides  pro- 
gr6s,  remporta  le  grand  prix  de  peinture  et  partit  pour  Rome. 
A  son  retour  en  France,  il  entreprit  son  tableau  de  Coresus 
et  CcUlirrhoi,  Ce  tableau,  qui  pent  passer  pour  le  mdlicuf 
qu*ii  ait  execute,  fut  accueilli  avec  entiiousiasme  par  les 
academidens.  Ondte  encore  parmi  ses  nomhrcuses  compo- 
sitions :  La  Visitation  de  la  Vierge,  La  Fontaine  d*Amour^ 
L* Adoration  desBergers  eXLeVerrou,  Cette  demi^re  pdn- 
ture  est  tout  k  fait  dans  Tesprit  de  son  talent.  On  sIHonnera 
sans  doute  de  voir  un  artiste  meier  aussi  (roldement  le  pro- 
fane au  sacre;de  voir  sortir  du  mftme  pinceau  La  Visitation 
de  la  Vierge  ei  Le  Verrou;  mais  cc  singulier  contraste  ticnt 
k  la  nature  de  Fragonard,  pcrsonnification  palpilant«  deso^ 
epoque,  toute  barioiec  de  iibertinagee(de  devotioiit 


FRAGONARD  —  FRAIS 


627 


FragDBtfd  a  mit  encore  ao  }oor  um  fonle  de  lavis  au 
bistre,  n  ne  pounit  eoffire  k  Vsn^U  dee  aoiatenn.  Sea  pe- 
Utes  productioiia  se  yeudaieut  k  dea  prix  fbtia;  il  amaan 
ainsi  en  peu  de  temps  de  quoi  te  (aire  une  position  ind^pen- 
daale;  niais  Tint  la  R^folutlon,  renversant  lea  idte  de 
bonheur  de  I'artistet  ei  soufllant  avee  bratalit^  mr  son  riant 
iK^bafaudage  de  gloire  et  de  fortune  :  il  faUait  aox  vain- 
queors  de  la  Bastille  autre  choae  que  dea  peintnres  d'dgiliae 
op  de  boudoir.  Fragonard  laisea  tomber  aa  palette,  et  moorat 
dans  la  mis^e,  en  1806.  £n  d^nitiTo,  il  fiit  dessinatear 
agr^able,  mais  mani^r6 ;  peintre  ingtoieax',  mais  noonotone 
et  Sana  Tari^t^  ;  compositeur  gracieDXy  maia  sans  toergie  : 
c*^lait  bien  TdiTo  de  B  o  n  e  h  e  r.  Y.  Dabboox. 

FRAGONARD  ( AmaNOBB-ETABitR ) ,  peintre  dliistoire 
et  statuaircy  fils  dn  pr^c^ent,  naqoit  k  Grease  en  1783. 
D'abord  dl^e  de  son  p^,  il  eotra  cependant  tr^jeune  dana 
Fatelier  de  David,  ce  qui  modifia  l>eaucoup  aa  mani^re 
primitiTe*  sans  retirer  k  son  colons  quelqne  chose  de  l^Sger 
et  de  sooriant,  rfeultat  de  sea  premi^rea  etudes.  Ses  cmTres 
principales  furent,  comme  peintre,  Marie'TMrhe  prisen- 
iant  son  fils  auz  Eongrois  (1822),  deux  plafonds  dn 
LoQTre  ayant  pour  aojet  JF>i0ncoia  P'  arm<  cheyalier,  puis 
ce  meme  prince  recevant  des  tableaox  apportda  dltalie  par 
le  Primatiee,  etc.;  comme  atatuaire,  ie  fronton  de  la  ctiambre 
des  D^ut^  (sous  la  Restanration);  nne  statue  cdossale  de 
Pichegra ,  etc.  Get  artiste  est  roort  en  18M). 

FEAIyUom  common  aux  oeufade  touteaesptoeade  puis- 
sons,  lorsqu'ila  out  ^i^  ftond^.  Quelqnefbis  ouToit  en  mer 
des  espaees  immenBeacouTerts  de>V*ai;  le  nombre  de  pols- 
sonsqu'il  doit  prodoire  effrayerait  IMmaglnation,  si  les  ndvn- 
breox  ennemis  que  tooa  les  dtoients  bmoent  centre  eiix  ne 
le  diminuaient  d^one  manike  proportionnelle. 

Par  extensi<Hi,oB  a*est  serri  du  raeme  mot  poor  dMgner 
Tactioa  propre  aux  poiasooa  pour  la  multiplication  de  lenr 
esp^,  et  r^poque  o6  eette  action  a  lieu ;  Les  poissons  sent 
malades  dorant  le  firai^  et  alorsla  pecbe  est  s^^rement  in^* 
terdite;  par  eitenaion  encore,  on  a  appel^  frai  le  fr^Un , 
le  menu  poisson  que  Ton  met  dana  les  Clangs  ponr  les  peu- 
pler,  oa  qu'on  place  an  bout  de  Phame^n  poor  servir 
d^appat 

Le  mot/hii  a^cmplole  encore  pourdfeigner  reiteration  et 
la  diminuation  de  poids  que  I'usage  et  le  frottement  font  sn- 
bir  aox  pieces  demonnaiea.  AndeniiementyUneordonnance 
royale  avait  d^larjft  qo'on  ae  poorniit  refuser  lea  pieces  d*or 
qui  auraient  ^ronrd  par  le  Jrai  an  ^6eliet  de  molns  de 
six  grains. 

FR  AICHEUR.  Dana  son  sens  littoral,  la  A-ofcAeur  n*est 
autre  chose  qu'un  ttM  doux  et  modM^  appeld  k  temp<Srcr 
une  chalenr  trop  Tire  :  teUe  est  eette  fratelwur  qu'aitx 
lieures  du  cr^uscnie,  aprte  lea  ardeura  d*an  sotefl  d'^t^, 
▼leal  r^pandre  nne  Ugte  brise  dans  Patmosph^e  encore 
brOlante.  Qui  ne  s'est  r^joui  en  aspirant  oet  air,  porifl^  du 
f  ?o  qnil'aeaibras^  dnrant  une  jonrnte  entito*Qni  n'a  cher* 
cli^  k  respirer  le/ral5  sur  les  bords  ombrag^  d'nne  riTiire, 
d'un  raisseau,  sous  le  fenillage  de  bosquets  toufTus?  Les 
poetes  n'ont  pas  en  assez  de  tera  pour  chanter  la  fratdieur 
et  oe  sentiment  de  bonheur  paressenx  qui  Paccoropagne;  les 
andena  Patalent  divinise  sous  le nom  deZ^phyre,  dont 
lea  ailea  I^rea  Papportaient  k  la  terre  langulssante. 

Comme  lea  mtaiea  expr^ions  dolvent  serrir  k  d^<(igner 
dea  impreaaiona  aemUables,  le  not  fraiehettr  ne  s*est  pas 
applique  seadement  k  quelqoe  shose  iP(X)\M\  II  a  et^  en 
qaelque  sorte  materialist,  et  ce  iPest  pas  seulement  aux 
eimx  que  Phomme  Pa  denratide  :  11  a  dit  la  ftrateheur  d*one 
boiaaoB,  d'une  aooree,  oomme  il  ataif  dIt  la  fralehenr  de 
Fatnaoephto.  Qudle  donoe  sensation  A*epronve  pas  le  char- 
aeor  lorsque,  fatigoe  d'one  longoe  course,  II  peut  approcher 
aes  Itnrrea  brAlante  de  Peatt  IMcbe  d'one  source? 

An  figure,  la  memo  expression  change  d'aspect,  sans  ces- 
ser de  tappeler  qaelque  dionse  de  suave,  de  Taporenx  :  la 
/ratchtur  de.ln  beante,  dn  tehit,  des  fli^drs,  n^nme  tout 
ce  qa'il  pent  j  avoir  de  brillant,  d'aimable ,  d*ecUtant ,  de 


(eune  dana  eette  beantd,  ce  fetal,  ees  flears.-  lAj^akheur 
d'un  tableau  suffit  quelqaefob  k  larenommee  d'un  artiste.' 
11  en  est  de  mtaiede  la  fralcheur  du  style;  mais  c*est  nne 
qualite  bien  rare.  Semee  avec  sobriete,  elle  donne  de  la 
grdce^  de  la  doncenr,  k  la  terre  de  PecrivalB. 

Pourquol  fsnt-il  qu'un  mot  antour  duquelse  groupenttant 
de  gradeiisea  aignificationa  serre  en  meme  temps  k  desfgper 
une  des  plus  grandes  afflictions  de  notre  panyre  bumAit^ 
Pourquol  appliquer  eette  deiicteuse  expression  k  mi  frold 
malfoisant?  Pourquol  la  faire  senir,  comtne  lea  mededna , 
^  designer  d'atrocea  dooleors  caoseea  par  na  fh>ld  humfde 
trop  prolonge,  par  de  trop  freqnentea  parties  de  chasse,  par 
trop  de  nuits  passees  au  biTouac? 

FraiMf  ft-atehe,  a  Men  d^autres  acceptSona  encbte.  tl  de- 
eigne  tantet  ce  qui  est  nouTeau  :  craft ,  bennre ,  paln/hiis ; 
tantet  oe  qui  se  conserve  :  Cette  femmb  n^est  plus  jeone, 
mais  son  teint  est  encore /rixl5,  elle  n^  rien  perdu  de  sa 
fratcheur,  11  sert  aussi  k  exprimer  lldee  de  vigoeur  :  Uh 
cheval  fraUt  des  troupes  ^hxfc/tes.  C*est  k  pen  pris  dalia 
le  meme  sens  qu'on  dit :  un  bomme  fhAs  et  gaillvi}. 

FRAI  DE  CHAMPIGNON.  Toyea  Blanc  ob  Cba«- 

PIGlViMI. 

FRAIS  (iconomie  poliUque).  On  entend  par/^oif  dk 
production  la  tfaUur  Changeable  Aes  services  producH/s 
necessaires  pour  qu'un  prodnit  ait  Peifstence.  Tontes  les 
foisqu'ii  y  a  dea  frala  fails  et  point  d'tiflflf^  produite,  oes 
frais  nesont  pas  dea  frais  de  production;  ce  sent  toot  sim- 
piement  dea  frc^  inutlles,  dont  la  parte  est  snpportee  soH 
par  le  producteur,  soil  par  le  consommateur  du  prodult 
pour  leqnel  ils  ont  ete  feits  :  par  le  prodncfenr  qdand  lis 
n'eiivent  pas  la  valeur  du  prodnit ,  par  le  consommateur 
quand  Ua  s'et^Tent  celte  valeur.  Lorsque,  par  des  causes 
acddentelles,  telles  que  Pintervention  importune  de  Pautd- 
rite,  les  frais  de  production  montent  au-dessus  du  taut  au- 
quel  la  libra  concurrence  les  porterait,  II  y  a  spoliation  do 
consommateur,  en  favour  soil  do  prodocteur,  soit  du  gou- 
vemement,  en  ftiveur  de  ceux  en  un  mot  qui  profitent  de 
cet  excedant  de  prix.  Lorsque  le  consopimateur  se  prevaut 
de  son  odte  des  drconstances  poor  payer  Potilite  dont  il  fait 
usage  an-dessoQS  do  prix  oik  la  libne  concurrence  la  porte- 
rait naturellement,  e'est  alors  lui  qui  commet  upe  spoliation 
anx  depens  do  prodocteur. 

La  production  pouvant  etre  consfderde  comme  on  ^change 
oil  Pon  donne  les  services  prododfis  (dont  les  firais  de  pro- 
duction ne  sent  que  Pdvalnatfon )  pour  recevoir  Putitlte  pro- 
duite, 11  en  resulte  que  plus  Pntilite  produite  est  considerable 
par  rapport  anx  services  prodoctifs,  et  pliia  Pediange  esi 
avantageux.  Un  meilleur  emploi  des  instruments  naturels 
procure  plus  d'dtilite  produite,  relativement  aux  frais  de 
production ,  et  rend  par  consequent  plus  avantageuse  I'e- 
change  oh  l^orame  re^lt  des  prodoits  centre  les  (rais  de 
production.  Cast  Pe^^pice  d'avantage  qu*on  trouve  dana 
Pemplol  des  machines,  dans  immeflleorassolemen  t 
des  terres ,  etc.  Quand,  par  le  moyen  d'une  mull-Jenny,  on 
fkW  filer  It  la  fois  k  une  seule  personne  deux  cents  fils  de 
coton;  quand,  en  alternant  les  cultures,  on  fait  rapporter  k, 
un  champ  des  fmfts  tootes  les  annees,  on  eroploie  phis  k 
profit  les  puissances  de  la  mecanique  qu'en  filant  k  la  que* 
nooflle,  et  les  fiicultes  prododives  du  sol  qu'en  iaisant  des 
Jadiires.  On  tire  pins  d'utilite  de  ces  instruments  de  produc- 
tion. Les  fleaut  naturels,  comme  la  greie,  la  gelc^e,  et  le$ 
fleaux  hmna!ns,te1^  que  la  guerre,  les  depredations,  les 
Iropdts,  en  angitaentanf  1^  fhiis  de  production,  rendedt 
Pechange  molns  avantagenx.  Les  prodults  cofitent  davantage 
sans  que  les  revtnus  soient  plus  grands  ;'car  aJOrs  l^aiigmen^ 
tation  des  frafs  de  production  ne  va  pas  au  prddhdeur. 

LesfHdsde  produdion  d*an  produit  peu  rent  aller  aude- 
\k  de  la  valeur  que,  dans  Petat  actuel  de  la  societe,  on  peut 
mettre  k  ce  produfl.  La  chose  alorS  n'est  point  produite  :  le 
prodocteur  y  pcrdrait.  Cctle  supposition  peutsuccessivement 
s'etendre  k  tous  les  prodults ;  la  production  tout  enti^re  peut 
devenlrsi  desavantageuse  qu'ellecesse,  d*abord  en  pari"o, 

7». 


698 


FRAIS  —  FRAI8E 


cnsaite  toat-k*fait  Loraqa'tm  pacha  ne  laisse  h  un  paysan 
qu'tina  portioii  de  aa  rfooKe,  iDsaffisanteponr  que  la  Tamille 
da  pajBan  a'entretienne ,  cette  famille  dteUoe;  lorsqa'il  ne 
laisse  an  commerfont  qa'ane  partie  des  marchandises  pro- 
duites  par  son  commerce,  cecommer^nt  ne  disposant  plus 
da  mAme  reTenu,  sa  famille  decline  ^alement  Toas  lea 
moyeoade  production  peoTent  6tre  siroultan^ment  d^yan- 
tageax.  Cela  peota'obserTer,  qaoiqu*k  an  moindre  degr^ 
dana  noa  pa}8,  lorsqae  nndostrie,  aanafttre  dans  an  i^tat 
dUespM,  aoaflre  n^anmoins  d^ane  roaniire  analogue,  parce 
qa^aucnn  prodait  n'y  peut  Atre  pay^  ce  quMI  coOte.  Ubert^, 
staeiA  et  charges  Ug^m  sent  des  remMes  infeillibles  contre 
ces  maladies  morales  et  politiqaes,  qu^il  depend  toujours  de 
I'homme  de  fotre  cesser.  J.-B.  Sat. 

FRAIS  {Jurisprudence).  On  appelle  ainsi  les  d^penses 
occasionnte  par  la  pourauite  d^on  procte.  G*est  ce  qu'on 
nomme  autremeot  dipens,  Cependant  le  nom  de  dip  en  s 
s'applique  ploa  particaliirement  aux  frais  que  la  partie  qui 
a  8uccomb6  doit  payer  k  celle  qui  a  obtena  gain  de  cause. 
Socrate,  dit  un  Jurisconsulte  c^l^bre,  dtoirait  qu'on  rendtt 
les  d^pens  des  proc^  trfes-oonsid^rables  ,  afin  d'empteher 
ie  people  de  plaider :  ses  Tceax  ont  M  remplis :  les  frais  soot 
derenus  tels  qu^on  les  Toit  sourent  exc^er  le  principal , 
maia  cela  n*emptehe  pas  qn'on  plaide. 

Biea  que  rien  ne  paraisse  plus  conforme  aux  r^es  de 
r^uit^  que  de  condamner  aux  frais  de  I'instance  cdni  qui 
proToque  oasoutient  une  contestation  injoste,  les  anciennes 
lois  romaines  n*en  font  aacune  mention.  Th^oso  et  Jnsti- 
nien  en  ont  parM.  Tbfodoric,  roi  d'llalie,  ordonna  que  celui 
qui  succomberait  serait  condemn^  aux  d^ns^  compter  do 
jour  de  la  demande,  afin  que  personne  ne  fit  impun^ent  de 
mauvaia  procte.  Mais  parmi  nous,  il  n'y  ayait  andennement 
que  les  joges  d*^ise  qui  condamnassent  aux  d^pens  :  il 
n'^tait  pas  d'asage  d*en  accofder  dans  la  Justice  steuli^. 
Ce  nefttt  qu'en  1824 ,  sous  Charles  le  Bel,  qu*il  flit  enjoint 
aux  juges  s^caUers  de  oondanmer  aux  d^pens  la  partie  qui 
succomberait.  L^ordonuance  de  1667  veut  pareillement,  litre 
31,  article  1***,  que  la  partie  qui  perd  son  procte  soil  condam- 
n6e  aux  d^pens,  el  Tarttcle  130  du  Codede  ProcMure  dTile 
dit  en  termes  imp^ratifs  que  Unite  partie  qui  Muceombera 
sera  eondamnie  aux  dipens,  lien  est  de  m^me  en  matitee 
criminelle  :  les  accost  ou  pr^renos  qui  subissent  quelque 
condamnation,  soil  devant  une  cour  de  justice  criminelle, 
soit  derant  on  tribunal  correcUonnel,  soit  devant  un  tribu- 
nal de  police,  dolTent  ttre  condamn^s  aux  ddpens  enyers  le 
tr6sor  public  La  condemnation  de  dipens  est  done  la  peine 
de  ceux  qui  succombent ,  et  sous  cette  d^omination  on 
comprend  non-seulement  les  flrais  des  contestations  et  des 
proc^ures  qui  ont  lien  dans  le  cours  d'une  instance,  mais 
encore  tons  les  frais  qui  se  font  en  Tertu  d'on  titre  ex^u- 
toire ,  avant  m6me  de  procMer  et  de  contester  en  justice, 
comme  sont  tons  les  frais  de  saisie,  de  vente,  etc. 

htsfrais  d^actes  se  diyisenten  d^boursteet  en  ^oluments 
ou  honoraires.  En  cas  de  Tente  ces  frais  sent  de  droit  k  la 
charge  de  Tacqa^rear. 

Ao  nombre  des  crtaices  auxqueUea  la  loi  accorde  un 
p  r  i  Til  ^  ge,  il  faut  compter  les  frais  de  derMre  mahadie^ 
c*eat4-dire  les  fonnUtures  honoraires  et  saUires  due  aux  m^ 
dedn,  chirurgien,  pharmaden  et  garde^nalade;  les  frais 
^un6raireSf  c'est-^-dire  les  d^penses  de  oercndl,  billets  da 
Ciire  party  cMmonie  rellgiease,  inhomatkm,  etc,  ainsi  que 
les  frais  du  deuil  da  la  Tenye;  les  frais  de  labours  et  de 
sentences^  c'esi-k-dire  de  d^boors^  occaslonnds  par  la 
culture  et  rensenienoementdeUrteolte?sont  une  change 
de  la  r6colte,  et  se  paysnt  de  pr^fdrenee  an  propri^taire  k 
qui  les  fermages  sont  dos. 

FRAISE,  FRA1SIER«  Le  fraider  ettd  ripandn  en  Eu- 
rope, qu*on  peat  le  regarder  comma  originaire  de  cette  partie 
du  monde.  Tout  tend  k  faire  pr^omer  quMl  naquit  d*aberd 
sur  le  versant  meridional  de  la  cliatne  des  Alpes,  et  que  ce 
ne  fut  qii^acddentellement  quil  se  propagea  dans  d^autres 
pays,  porte  par  les  tents  oa  par  les  torrents  en  senences , 


en  coulants,  en  radnes^  Ce  qnl  appoie  teXUb  ^tUfm^^  <M 
que  nulle  part  le  firaider  n*est  plus  Tivaee,  plus  tigottreiix, 
nulle  part  son  fhiit  n*est  plus  bean  et  mdUenr  que  dans  )m 
bois  et  les  Tallies  qoi  deseendent  vers  les  )>laines  fmnoMei 
du  Pigment ,  en  de^^  du  Pd.  lA  sooTent  on  parooort  dci 
lieues  enti^res  couvertes  de  ce  fruit  d^deax,  qui  rafratcbi 
le  Yoyageur  qoand  le  soldi  d^Tore  la  plaine.  Le  fraisler  est 
connu  aussi  en  Am^riqoe,  dans  le  nord  de  TAsie,  et  en  Afti- 
que  sur  les  c6tes  qui  font  Dice  k  notre  continent  Od  Ii 
nomme  en  latin  ^o^orta  vulgaris  on  fragariavesea ,  di 
firagraref  rdpandre  une  bonne  odeur;  le  froH  est  appeK 
firaga.  On  disdt  autrefois  fragier  pour  fraisler,  et  /rogt 
pour  fraise ;  ce  qui  confirme  cette  ^ymologle. 

Le  fraider  appartient  k  la  famille  des  rosaoto.  C*est  uw 
plante  viTace,  qoi  crolt  par  petites  soudies  deml-Hgnemes, 
d*ou  partent  k  la  fds  les  radnes  et  les  feuilles.  Cdles-d 
sur  chiaqoe  sooche  sont  ordinairement  an  nombre  de  5i8, 
longuement  p^tiolto,  composto  de  trois  folioles  ofales, 
fortement  dentta,  d*on  vert  gd  en  dessas,  soyeoses  m 
dessons  et  d*un  blanc  argentin,  comme  la  feuflle  do  nde 
ou  du  peuplier  common  de  Hollande,  ainsi  queleor  pAide* 
quant  aux  radnes,  dies  sont  d*nn  brun  roogeAtre  asaez  iHt, 
et  diflste  int^enremeiit  en  fibres  menues  et  trfes-nom- 
breuses  :  c^est  du  collet  de  ces  radnes  que  partent  ces  jets 
grdes  et  rampants,  longs  soavent  de  plas  d^an  mfttre,  qoi, 
prenant  racine  k  leur  tour  de  distance  en  distance,  forawat 
de  nooTdles  souches  qui  perp^ent  I'esptoe.  Les  fleon  da 
firdder  sont  blanches,  inodores,  pMoncul6es  et  disposta 
en  one  sorte  de  petit  corymbe;  eUes  ndssent  k  rextr^mitf 
de  petites  tiges  soyeuses,  de  8  i  10  centimetres  de  baoteor, 
qui  partent  an  nombre  d'une  k  trois  du  milieu  des  fSeoilles. 
Ces  fleurs  sont  hermaphrodites  parfdtes  dans  la  plupart  dei 
esp^ces.  Leur  calice  est  form^  d'une  senle  pitee ;  il  eit  di- 
▼is^^sur  les  bords  en  dix  tehancmres  longues  et  termiato 
en  pointes,  dont  cinq  ext6rieures  et  plus  petites  reooorreat 
les  cinq  grandes  dividons.  La  corolla  se  compose  de  dnq  pf* 
tdes  ronds  ou  otoides,  sdon  Tespteedn  fruit,  creos^  en  coil' 
leron,  attach^  par  un  onglet  fort  court  sur  lea  bords  iat^ 
rieurs  du  cdice^  aux  points  de  diTision  des  grandes  Mm- 
crures.  Les  Amines  d'nn  janne  clair  sar  le  aommet  soot 
an  nombre  d'au  moins  vfngt,  de  longueur  et  de  direction  diff^ 
rentes,  les  unes  snr  les  pdtdes ,  les  autres  a'approchant  da 
pistils.  Aprte  la  flordson,  le  rteeptacle  grosdt  peo  i  peo, 
acquiert^une  oonaistance  polpeuse  et  deffent  one  lorti 
de  fruit  ordindrement  d*an  rouge  Termdl,  d*on  goOt  exquis. 
La  grdne  se  forme  en  points  tangents  on  dans  de  psb'tei 
cavity  k  la  sarfkoe  ext^rieure  du  rteptade,  qui  derieBl 
bacdforme  qnand  il  a  attaint  son  accrdasement. 

Le  fraisier,  plante  humble  et  rampante,  ne  s'd^  qa*l 
qudques  centimetres,  et  vit  parmi  les  mousses,  au  mJSm 
des  Tiolettes ,  da  thym,  du  serpdet,  sar  les  ootesux  bdds, 
dans  les  forftts,  les  bois,  les  montagnes.  Cest  la  scale  plade 
peut-fttre  qui  n'dt  rien  gagnd  k  TiTre  sons  la  miiB  de 
I'homme :  ce  que  son  firuit  acqolert  en  Tohime  par  la  caUore, 
11  le  perd  en  bonte,  en  parfum,  en  suaTlte.  Le  fraisier  alow 
les  bois,  les  jeunestdllis,  leYoisinagedesbntssofts,  rombre 
des  grands  arbres,  et  snrtout'  nn  terrabi  sablonneax,  vm 
terre  fttmche,  un  pen  meuble ,  car  la  grande  bnmiditd  bbH 
k  son  d^Tdoppement,  et  pounit  ses  radnes.  II  fleorit  m 
STril ;  ses  fruits  commencent  k  mfkrir  en  mai,  et  sa  soeol- 
dent  sbc  semdnes  environ.  II  n'est  pas  rare  cependant  a 
automne  de  d^couTrir  fk  et  14  dana  les  bois  qudqaes  piedi 
tout  couverts  de  flroits,  ph^nomtee  occasionn^  par  la  dif- 
flculte  qu'fls  ont  cue  k  fleorir  au  printemps. 

Le  fraider  saatage  est  partout  le  mtaie ,  n'impo'^ 
le  climat  On  ne  doit  attribuer  aes  Taridtte  qu'e  la  cottare. 
En  le  pliant  k  sa  puusanoe ,  rhomme  Pa  fdt  d^gdndrer,  maii 
il  Pa  rendu  plus  fdoond  en  le  cnltifantdans  des  terraieiiaB- 
des  ou  froides,  exposdes  au  nord  ou  au  midi,  k  Pabri  do 
rent  ou  en  rase  campagne.  Cette  senle  e^ttee  de  tMsr 
bien  constatde  est  caltivde  dans  nos  janifns  sons  IsiMa 
de  &aUier  des  Alpes  on  dM  inustre  saisofu; 


FRAISE 


6S9 


•Mobs  ime  mUAi  k  fnAU  Uanes  et  nne  autre  sans  fileU. 
IjCs  autres  vari^t^  r^pandnas  dans  la  culture  sont :  les  ana- 
nas, aa  fruit  Tolummenx,  mais  sans  parfum;  les  caprons, 
au  fruit  rood  et  savoureux ;  \t/raisier  du  Chili  ou  Jrutiir 
lieTf  le  plus  gros  de  toiis»  h  fleurs  femelles,  etqu'ou  ne 
fait  froctiiicr  qu'en  le  plantant  prte  d'ananas  ou  de  caprons ; 
le  firaisier  de  Montreuil,  k  fruits  tr^s^^ros  et  remarquables 
par  Jeors  lobes  nombreux,  qui  out  tsIu  k  cette  yari^t^  le 
nom  de  dent  deeheual;  iefraisier  de  Keen,  on  Keen's 
5e0d/iii^,exGellentevari6t6,re9ued*Angleterre,^fruitsronds» 
▼oluminenx,  d'un  rouge  fonc6,  k  chair  rouge  et  parfu- 
m^y  etc. 

La  culture  du  fraisier  ofTre  pen  de  difflcultds ;  cependant 
Vexp^eoce  a  prouv^  qu*eUe  exigeait  certaioes  precautions 
pour  le  clioix  et  la  preparation  du  terrain  et  pour  la  sur- 
Teillance  du  jeune  plant  dans  sa  croissanoo.  Les  mois  d'oc- 
tobre  et  de  noyembre  sont  les  plus  fsTorables  k  la  planta- 
tion du  fraisier ;  les  fraisiers  plant^s  dans  cette  saison  pro- 
duisent  presque  toujoors  du  fruit  au  printemps  suiTant,  tan- 
dis  que  pirates  au  printemps  ils  n'en  donnent  au  plus 
t6t  qu^une  annee  apr^.  Les  jardiniers,  aTant  d*aligner  leurs 
plants  dans  de  petites  fosses  remplies  de  terreau,  dispos^es 
en  quinconce  et  espacees  entre  eUes  de  O^'ySO  enTiron, 
oxit  soin  de  rendre  leur  terre  le  plus  meuble  possible, 
en  7  introduisant  des  parties  de  Tieux  decombres,  en  y 
meiant  de  la  centre  de  charbon ,  du  sable  ou  de  la  terre  de 
bruy^;  aprte  quoi  ils  la  rde^ent  en  ados  le  long  des 
murs  exposes  au  midi  on  au  lerant.  Ils  mettent  ordinaire- 
ment  dans  cheque  fosse,  pour  former  nne  toulfe,  quatre 
jennes  souches  au  plus,  debarrasaees  des  montants  les  plus 
faibles,  et  reduttes  k  trois  ou  quativ  des  phis  yigoureux. 
Si  rautomne  est  sec  ou  chaud ,  ils  les  arrosent  frequem- 
ment,  lesreoourrentde  temps  k  autre  de  nouvean  terreau, 
et  repandent  k  Tentree  de  ThiTer  autour  de  chaque  plante 
un  peu  de  fumier  long ,  afin  d«  fa'garantir  de  la  bise ,  qui  la 
decbauflserait.  Ce  iumier  d^ailleors  sert  d^engrais  au  prin- 
temps suivant.  C'est  le  moment  de  donner  le  premier  la- 
bour et  de  purger  la  terre  des  mauvaises  lierbes.  BientOt 
apparaissent  les  premieres  ileurs,  celles  qui  produisent  les 
plus  belies  (raises ;  elles  occupent  ordioairement  le  bas  des 
tiges  y  tandis  quo  les  demieres  Tenues  couTrent  Pextremite. 
Gelles-ci  avorient  souvent,  ou  elles  nuisent  au  developpement 
des   premieres  fraises;  aussi  quelques  jardiniers  soigneux 
ont-ils  la  precaution  de  les  pinoer  an  fur  et  k  mesure  de 
leur  apparition.  Tandis  que  les  (raises  mOrissent,  sunrient 
sonrent  un  oragequi  les  aCGiissey  les  couche  par  terre  et  les 
couvre  de  boue.  On  preTient  ce  desastre  en  entonrant  che- 
que fraisier  de  sable  ou  de  paille  hachee.  OncueiUe  les  frai- 
ses  suit  sTec  leurs  queues ,  soit  en  les  detachant  de  leur  ca- 
lice,  qu'elles  quittent  fieicilement  ^k  leur  maturite  :  le  pre- 
mier moyen  esX  le  meilleur;  la  fraise  ae  conserve  ainsi  plus 
longtemps  (ratche ,  et  s'addule  moins  vite.  Aux  euTirons  de 
Parts ,  ou  clioisit  poor  cette  recolte  llieure  de  midi ,  qnand 
le  soleil  a  pompe  la  rosea  du  matin;  les  (iraises  cueillies  par 
un  temps  de  pluie  n^ont  point  de  pari um,  et  moisissent  dans 
vingt-quatre  heures.  Ce  sont  les  femmes,  les  jeunes  fiUes  et 
les  enfints  anxquels  revient  cette  tAche  dans  nos  oompagnes ; 
k  eux  appartient  egalement  le  soin  dialler  les  Tendre  en  Tille, 
apres  Jes  avoir  artistement  groupees  en  pyramide,  au  nom- 
bre  de  250  k  300,  snr  de  ]^ts  clayons  ovales,  dont  I'axe 
principal  a  4  peine  15  centimetres.  Quand  le  firalider  eesae  de 
dooDcr  du  Ihiit,  en  juillet  et  en  aoOt ,  on  hd  arraehe  ses  trat- 
nasses ,  ^wrgnanteelles  qn*on  destined  former  de  nouTeaux 
plants;  on  le  depouille  des  tiges  qui  ont  produit  et  des  mon- 
tants qui  out  deperi  ;  on  le  beche  et  on  rompt  avec  la  main 
la  terre  pris  des  radnes ,  lorsqu^dle  est  compacte  et  qu*elle 
peut  les  empdcber  de  s'etendre. 

Les  cultivatenrs  eboisissent  pour  leurs  plantations  le 
▼ersaat  d*une  coiline  qui  (kit  face  au  midi,  et  suppieent  au 
defirat  de  mum  pour  concentrer  la  cbaleur  dn  soleil  et 
Mtm  les  mauTais  Tents,  par  des  pafllassons  de  deux  k  trois 
irttnea  de  bauteor,  quits  placent  de  distance  en  distance , 


formant  aind  de  petlts  enclos  dont  ils  diTisent  rinterieur 
en  plusieurs  carres  plus  long»  que  larges ,  a6n  de  pooToir 
soigner  les  (traisiers  et  cueillir  les  fratses  sans  les  ecraser. 
Quand  on  cultiTC  le  iraisier  en  bordure,  dans  les  jardins, 
il  convient  de  le  tenir  plus  bas  ou  plus  eie^e  que  le  sol , 
selon  la  nature  In  terrain,  afin  d'eviterta  tropgrandeseche- 
resse  ou  la  trvp  grande  humidite.  Oa  ne  plante  ordinaire- 
ment  en  bordure  que  le  fraisier  sans  coolants,  parce  qu'il 
forme  de  plus  belles  touffes,  et  qu'il  ne  gene  pas  les  fleurs 
on  les  arbrisseaux  voisins  par  le  chcTelu  de  ses  tral- 
nasses. 

Le  firaisier  a  joue  autrefois  no  grand  rAle  dans  la  roedc- 
cine.  Ses  racines  et  ses  feuilles  «nt  aperitives,  diuretiques, 
desobstruantes,  et  ont  nne  saveur  legerement  am^re  et 
un  pen  astringente ;  on  les  emploie  en  decoction  k  la  dose  de 
S  k  15  grammes  pour  un  litre  d'eau  dans  les  eogorgemenls 
des  visceres  de  i'abdomen,  dans  la  jaunisse  et  dans  les 
maladies  des  Toies  urinaires.  On  prepare  avec  les  bales , 
dont  la  pulpe,  mudlagineuse,  adde  et  sucree,  se  dissout  faci- 
lement  dans  Teau,  une  sorte  de  boisson  parfum^e,  qui  est 
tres-adoudssante  et  tres-laxative,  et  qui  convient  gendra- 
lament  dans  toutes  les  affections  patbologiques  accompa- 
gnees  de  chaleur,  de  soif ,  de  secheresse  k  la  peau  et  de 
frequence  du  pools.  Comme  substance,  ces  bales  eonsti- 
tent  un  des  aliments  medicamenteux  les  plus  utiles  :  prises 
en  grande  quantite  et  pendant  longtemps ,  dies  ont  sou- 
vent  produit  des  revolutions  Oivorables,  inattendues ,  dans 
les  maladies  les  plus  graves  et  les  plus  tenaces.  On  pense 
que  leur  nsage  est  ausd  tres-salutaire  centre  la  pienre. 
Linne  avoue  s'etre  gueri  des  attaques  donloureuses  de 
Tarthritis  par  les  fraises;  et  on  trouve  condgne  dans  les 
Annales  de  VAcad6mie  de  M^deeine  que  des  pierreA  extrd- 
tes  de  la  vesde  se  sont  dissoutes  par  nne  longue  ma^teration 
dans  le  sue  de  frdse. 

On  extrdt  de  ce  fniit  des  eanx  distiliees  d'nne  odi)or  aro- 
matique  qu'on  emploie  comme  gat  garisme,  et  dont  les  dames 
se  servent  pour  (aire  disparattre  1m  taches  de  rousseur.  Des 
experiences  ont  prouve  que  passant  de  I'etat  de  fermen- 
tation vbieoae  k  une  (ermentation  aceteuse ,  il  pouvdt  ser 
vir  k  la  (dl>riGalion  dn  vin  et  de  Tdcqol. 

J.  Sawt-Ahocb. 

FRAISE  (Costume),  90Tid  de  collet  de  toile,  plisse,  em- 
pese  et  godronne,  formant  trois  ou  quatre  rangs  disposes 
en  tiiyaux.  Cette  mode,  qui  regnadans  presque  toote  ('Eu- 
rope, k  partir  du  sddeme  dtele,  semble  avoir  ete  importee 
en  France  par  1m  Itdiens,  k  repoque  oi^  Catiierine  de  Me- 
dids  devint  la  femme  de  Henri  II ;  car  les  portraits  de  Fran- 
cis r**,  perede  Henri,  ne  donnent  pas  k  ce  prince  cet  or- 
nement  Qud  quMl  en  soit,  apres  avoir  regne  sans  partage 
sous  les  demiers  Vdds  et  sous  Henri  IV,  la  fraise  disparut 
sous  Louis  XIII,  mais  se  conserve  longtemps  encore  en 
Espagne  et  en  Allemagne.  Les  ministres  lutheriens,  dans  ce 
dernier  pays,  et  notamment  k  Hambourg ,  la  portaient  en- 
core au  dix-buiUeme  dede.  Certains  erudits  ont  pretendn 
que  le  mot  et  la  chose  venaient  du  grec,  d'autres  du  latin 
fresia,  qui  se  rencontre  dans  les  auteurs  de  la  basse  latinlte ; 
mais  ce  mot  signifie-t-41  fraise  ou/albala  ?  La  question  est 
restee  indedse.  SAi^T-PaosPEa  jeune. 

FRAISE  (/brf(/fcaf<on),  rang^de  pieoxepointes,  conso- 
lides  par  des  poutrdles,  et  gamissant  un  ouvrag?  exterieur, 
une  enodnte ,  une  escarpe  ou  une  contrescarpe  de  fosse.  Des 
auteurs  ont  appeie/roiMmen/  une  ligne  de  pieux  inclines ; 
mais  Tulgairementcela  s'appdle/V'aife,  par  opposition  aux 
paZi5sades,ou  jia/is5ademen£s,  qui  secomposentde  pieux 
plantes  verticdement.  L^usage  de  frdser  des  ouvrages  en 
terre  est  de  toute  antiqnite  :  aind  Cesar  se  ddendait  dans 
ses  circonvallations  d*Alesia.  L^arehitedure  militaire  du 
moyen  Age  n^eut  pas  recoursaux  (iraises :  rexbaussement  des 
pieces  et  leur  construction  en  ma^onnerie  n*en  demanddent 
pas.  Le  peu  de  hauteur  de  la  (ortification  modeme  ei  Tusage 
des  maadfs  en  terre  ont  fait  revivre  le  (raisement  Cost  de- 
puis  Henri  II  suriont  qu'll  a  repris  Airear.  Si  le  roof  en  est 


630 


FRATSE  —  FRAMBOISE 


▼ieuXy  1e  fermequi  Texpriine  rest  beaucoup  molns.  Les  Italieos 
appelleot  les  fraisen  steceata  (estacade)  eijreccia  :  ce  der- 
nier mot,  qn'ils  ont  empmnt^  da  fran^,  est  improuT^  par 
le  saTint  Grassi,  comme  macaronique.  Ce  qu*il  y  a  de  cer- 
tain, c^est  que  I'lnvention  oa  le  renoavellement  des  fraises 
de  fortification  ayant  en  liea  yers  l^^poque  on  les  dames  et 
les  ^l^nts  de  la  cour  commen^ient  h  s'enyelopper  le  con 
d*nne  roide  et  large  fraise  pliss^,  la  ressemblance  de  cette 
parure  ayec  le  palissad^ent  oblique  a  donnd  naissance 
k  la  synonymie.  G**  BiRDni. 

FRAISE  {Aeceptions  diverses).  On  donne  le  nom 
dejraise  au  m^sent^re  de  yean,  d*agneau,  k  la  pean  on  mem- 
brane qui  soutient  et  enveloppe  leurs  intestins,  et  m6me  k 
foutes  les  entrailles  d^n  veau. 

En  tcrmes  de  yiuetiQf /raise  se  dit  de  La  forme  des 
meules  et  des  pierrures  de  la  t^to  du  cerf,  du  daim ,  du 
choTreuiL 

En  termes  de  jardinage,  c^est  un  cordon  de  feuilles  tr^- 
mcnues  et  fort  courtes,  qui  se  trouve  entre  la  pelucbe  et 
les  grandes  feniDes  des  lleurs  des  anemones  doubles. 
On  estiroe  une  andmone  double  qui  a  \a  fraise. 

Fraise  est  encore  un  outil  dont  se  serrent  les  onvriers 
qui  travaillent  en  fer  et  en  laiton  :  ils  Pemploient  pour  dlar- 
gir  un  troo  k  sa  naissance.  Get  outil  est  fait  ordinairement  en 
c^ne,  et  qoelquefois  fl  est  ^ouss^  et  un  pen  arrondi  vers 
la  pointe.  H  y  a  des/rai5e5  k  pans,  il  y  en  a  do  cannel^ : 
elles  sont  ioutes  d^acier  tremp6.  On  dit  fraiser,  pour 
^largir  un  tron  d'un  cAt^,  afin  de  loger  la  t^  d^une  vis, 
d^m  clou,  d'un  riyet. 

FRAISIER.  Voyez  Fraisb  . 

FRAISIEII  Ie:^  ARBfeE.  Vdyes  Arbousieii. 

FRAMBOISE,  FBAMBOISIER.  Pline  a  accr^it^  To- 
pinion  que  cet  arbuste  est  originaire  de  VHe  de  Cr^te.  On  a 
adrois  sur  son  t^moignage  qn'il  croissait  spontan^ment  dans 
ies  for^ts  de  chines,  d^^rables,  de  cypr^  et  d'andrachn^, 
dont  sont  orobrag^s  le  mont  Ida  et  la  cbalne  des  monts 
Blancs,  couyerte  d'une  neige  aussi  yieille  que  le  globe ;  aussi 
iui  a-t-on  donn6  en  latin  le  nom  de  rubus  idxus  ( rottce 
du  mont  Ida ).  L^^tymologie  de  son  nom  fran^ais  a  ii^  plus 
conlestde  :  les  uns  ont  youlu  qu^il  ytnt  de  fragum  bosci 
( fraise  de  bois  ou  Traise  bois^e) ;  d'autres  de  francus  rubtts, 
donton  aurait  faitplus  iudfrancorubuSffranrubusJran- 
rubosius ,  franbosius y  enfin  franbosiarius  ^  franc-bois  ^ 
plante  qui  produit  naturelleraent  de  bons  fruits. 

Le  framboisier  est  une  espece  du  genre  ronce,  de  la 
famiUe  des  rosaces.  Il  crolt  par  souches  li^euses,  produi- 
sant  plusienrs  tiges  droites,  hautes  de  1™,  30  k  i™,  60,  et 
d^enyiron  3^4  centimMres  de  drconf^rence  dans  la  partie 
pr^  de  terre,  faibles  et  creoses  en  dedans  comme  le  sureau , 
et  d'une  couleur  blanch4tre  an  dehors,  b^riss^es  d*aiguilIons 
menus,  droits,  assez  courts  et  pen  piquanta.  tes  tiges  don- 
nent  naissance  k  des  feuilles  allongdes,  aiguSs,  dent^  k 
leurs  bords  et  ailte,  yertes  au-dessus,  cotonneuses  et  blan- 
cli&tres  comme  la  feuille  du  fraisier  au-dessous,  les  uncs 
infi^eures,  compos^es  de  cinq  folioles  oyales,  lesautres  su- 
p^rienres,  ayant  trois  folioles  settlement.  Le  framboisier 
fleurit  ordinairement  en  mai  et  juin;  ses  fleurs,  blanches 
et  inodores,  sont  dispos^es  au  norobre  de  trois  k  six  sur 
des  p^oncules  yelus,  gr^es  et  rameux,  munis  de  petits  ai- 
guillons,  et  plac^  dans  les  aisselles  des  feuilles  sup^rieures 
ou  it  Textr^mitd  des  rameaux,  Le  fruit,  mOr  en  juin  ou 
iuillet,  est  une  sorte  ie  baie  de  la  forme  k  peu  pr^  et  de 
la  grosseur  d*une  mAre  sauyage,  tant6t  d'une  couleur  lie  (te 
yUi  fonc^,  grise  ou  rougel^tre,  tant6t  d^un  jaune  clair  trans- 
parent tirant  sur  Torangd  ou  le  blancyerd&tre,  suiyant  les 
yari^t^.  II  se  compose,  comme  le  fruit  du  liguier,  de  la  reu- 
nion des  graines  dans  un  receptacle  commun,  qui  s'amoUit 
par  ia  maturity  et  dey lent  une  pulpefondante,  d\me  sayeur 
d^icieuse  et  presque  aussi  estim^  que  la  fraise.  Ce  fruil 
est  relenu  au  calice  par  un  petit  boutoo  ou  piyot,  qu'il 
quiUe  facilerocnt  qiiand  on  Ic  cueille.  , 

le  framboisier  est  r^paiidu  dans  tuiites  \es  contrdes  d^ 


l^urope,  et  paralt  pen  souffrir  des  dirersM  templnbuw 
auxquelles  on  Ta  expose.  Les  jardiniers  le  ovltiyeDt  ordbii- 
rement  dans  des  terres  meubles,  l^&res  et  fralcbes^  espor 
B6es  au  leyant  on  an  couchant  Ses  racines  sont  yiyicai;  8 
exigeen  gfiaMi  peu  de  soins.  On  pr^yient  Talt^tioii  da  la 
souche  en  la  d^uiUant  k  propos  des  tiges  mortesMfikba 
qui  ont  produit  des  fruits,  et  on  fortifie  ainsi  its  jeoDes 
tiges  destine  k  les  remplacer.  Cette  operation  doil  aymr 
lien  aprte  Vhiyer,  au  mois  de  fiftyrier :  c'estle  moment  aotai 
de  soulager  la  souche,  en  arrachant  avec  precaution,  sas 
la  sooleyer  de  terre,  la  surabondance  de  radnea  cheyebus 
qui  poorrait  la  fhire  pourrir;  d^^urter  les  tigies  firibleset 
freies,  pour  faciliter  leur  accroissement,  et  enfin  de  Ini  donaa 
un  labour,  en  Tentourant  de  nouyelle  terre  ou  de  terreao. 
U  est  bon  encore  de  le  becher  en  automne;  quelqoes  pcr- 
sonnes  ont  Tbabitude  ayant  Phiyer,  surtoat  qoand  il  menace 
d'etre  rigoureux,  de  faire  releyer  la  terre  autoor  de  ciiaqoe 
pied,  et  meme  de  le  faire  garnir  de  longne  paiUe.  On  a  re- 
marqu6  que  cette  m^thode  ayait  Tayantagie  de  rendie  ks 
tiges  plus  yigoureuses  au  printamps  et  de  leur  fobre  porter 
plus  de  fruits. 

Le  framboisier  effritanl  la  terre  et  nuiaant  aux  antiei 
plantes  par  le  cbeyelu  ue  ses  racines,  on  doit  en  iaolcr  les 
plantationa,  laissant  ehtre  chaque  souche  un  interyalle  de 
0",  60  enyiron,  et  les  disposant  en  qninoonce.  Les  cnltin- 
teurs  soigneux  fixent  au  centre  de  ces  souches,  sans  Ueuer 
les  racines ,  un  pieu ,  autour  duquel  ils  rassembtent  en  fitis- 
ceau  toutes  les  tiges,  mais  sans  les  senrer,  poor  oe  pai 
nnire  au  d^yeloppeoient  des  fleurs.  On  rehouyelle  en  co- 
tier  ces  plantations  tous  les  dix  k  douxe  ana,  en  arrachant 
toutes  les  yleilles  souches,  et  on  fume  fortement  le  tenrain. 
Le  fumier  doit  etre  enterr^  k  la  profondeur  d'un  fer  de 
b6che ,  pour  ^yiter  qu'il  n'emp&te  les  racines  des  nooyeflei 
souch^  et  ne  les  fasse  pourrir. 

on  cultiye  ordinairement  dans  les  jardins  aox  enyiroa: 
de  Paris  quatre  yari^t^  principaies  de  framboisiefs ;  le 
framboisier  A  gros  fruits  rouges ,  le  framboisier  d 
gros  fruits  blancs,  le  framboisier  d  gros  frruits  blaaa 
couleur  de  chairs  et  le  framboisier  des  Alpes  it 
tous  les  mois  t  fruits  rouges,  qui  rapporte  depok  la  fia 
de  mai  jusqu'aux  premieres  gel^  d'autonme.  Le  froit  de 
la  premise  yari^t^  est  le  plus  estim^^  et  on  le  sert  de  pr6? 
fi^rence  sur  lesmeilleures  tables,  ou  il  tient  ayec  les  liiiaei 
la  premiere  place.  On  cultiye  aussi  comme  plante  de  liac 
eta'agr6nent,  pour  ddcorer  les  pares  et  les  jardins^  an^  k 
framboisier  du  Canada  ou  ronce  odorante  ( rUbus  oda- 
ratus,  Unn^ ),  autre  esp6ce  dont  les  fleurs,  d'an  bean  poor- 
pre  yiolet,  sont  odorantes  et  larges  comme  de  petites  rosei. 
Elles  wt  snccMent  durant  trois  mois,  et  produjaent  na  bei 
effet  k  trayers  ies  feuilles  amples.  L'arbuste,  par  la  conkor 
de  son  bois ,  ressemble  au  cannellier. 

Les  framboises  cueillies  s'acidulant  tr^yite^  on  enpei^ 
retarder  la  fermentation  en  les  enleyant  de  la  tige  afec 
leur  queue.  C'cst  ainsi  qu'on  nous  les  yend  k  Paris « arraa- 
gdes,  comme  les  (raises  leurs  socurs,.  en  pyramiaeseali- 
des ,  sur  de  pelita  clayons.  La  yente  en  est  moins  factia  q« 
ceile  des  frai^ ,  beaucoup  de  personnes  Ies  accusaot,  i 
tort  sans  doute,  d^etre  sojettes  aux  yers,  malsaines  etiwi* 
sibles.  Cependant  on  en  fait  d'excellentes  liqneurs,  i» 
boissons  d6licieu8es,  recommend^  dans  la  phipart  del 
maladies  inflanunatoires ,  un  rob  exquis,  qu^ona  snMii^ 
souyent  k  Toxymel;  des  ratafias  parfatts,  des  giaces,  dei 
compotes,  des  confitures  tr^recherch^  et  (tea  8iro|» 
agrdables., Elles  entrent  dans  la  composition  d^on  vioaigre 
parfnm^  Les  Busses  en  retirent  du  yin,  et  lea  PoloaaU  na 
excellent  hydromel. 

Les  framboises  ont  i  peu  prte  les  mCmes  propridt^s  9^ 
dicaies  que  les  cerises,  les  grqseiUes  et  ies  fraia^  ;  alkf 
sont  nutritives,  ddlayantes,  adoucissanies,tempdran(fli4 
laxatives,  et  elles  agissent,  comme  les  fraises,  par  i«ar 
arOme,  sur  tesystune  neryeux.  Cepeiidan^  i«spddeoa^ 
h*en  conseillenl  puc  moddremeni  Tusaf  s :  ce  seralt  s^pO' 


ll^Botst:  - 


t«r  aox  coUqUM,  k  la  dlarrh^,  ^lie  d-eofireifldre  cet  ayis 
salntaire.  On'  C6iti|6  le  prinapj^  aci4^  <)|ii^eil^  oontieimeDt 
par  beaucoiip  de  Sucre  oil  par  de  ia  cr^me.  Quant  aux  ra- 
cfnes  et  aux  feutllei  du  Gramboisier,  elles  i)ont  detersives  et 
astringentes ;  on  peut  s^en  servir  en  decoction  comme  de 
celles  de  la  ronce,  dans  les  maux  de  gorge  et  de  gencives. 
Ses  fleurs  passent  pour  anodines  et  sudorifiques ;  eUes  rem- 
plac^nt  fort  Men  les  fleurs  de  sureao.     J.  Sjukt-Ahpur. 

FRAM^K)  mot  qui  paralt  6tre  d*origine  celtique :  c^est 
un  de  ces  terines  dont  I'incuiie  des  ^rivains  de  iWtiquit^  a 
laiss^  k  peu  pr^  le  sens  inexplicable.  Tacite  parle  de  la  fra- 
mte  comme  d\ine  arme  famili^e  aiix  Germains,  et  qu'une 
sorte  dlnitiaUon  et  de  c^r^monle  militaire  pouvait  seule  livrec 
au  jeune  guerrier  :  c*^ait«  suiyant  les  divers  traducteurs, 
une  esp^ce  de  francisque,  une  ballebarde,  one  lance,  une 
haste,  un  Jayelot  peu  long,  dont  les  Francs  se  serraient  de 
la  m6roe  mani^re  que  les  Bomains  employaient  le  pilum. 
L'bomme  de  ohevat,  disent  plosieurs  toivains,  n'^tait  armd 
que  d^une  seule  firamto ;  lliomme  de  pied  en  ayait  plusieurs 
a  sa  disposition,  bidore  est  persuade  que  la  framto  ^tait  une 
^pte  k  deux  tranchants,  participant  des  formes  de  celie  qu'on 
appelait  spatha.  Sur  les  traces  d'Isidore,  Velly  regacde  la 
fram^  comme  ^tant  du  genre  des  armes  pourfendantes , 
tandis  que  Roquefort  incline  yers  Topinion  que  la  Iram^ 
etait  un  maillet  d^armes.  Au  milieu  de  ces  dissidences ,  il 
est  difficile  d^^clabrcir  une  question  sur  laquelle  les  monu- 
ments et  la  numismatique  jettent  peu  de  lumi^re. 

FRANC9  monnaie  d'argent  fran^aise,  qui  tai  6app^ 
sons  Henri  III,  en  remplacement  du  testpvi,  qui  yalait 
yingt  sous.  A  present  et  depnis  1795  (^poque  ou  il  fot  sub- 
stitod  k  la  livre  toumois,  qui  yalait  Vs*  de  moins  et  qui  est 
au  franc  dans  le  rapport  de  1  &  1,0125),  c*est  Tunit^  de  tout 
le  systtoie  mon^taire  fran^ais,  que  la  Belgique,  la  Sardaigne, 
)a  Suisse,  les  £tats-Romains,  etc.,  ont  ^galement  adoptee. 
On  frappe  aujourd*but  en  France  des  pieces  d*argent  de  Vi, 
de  */iy  de  1,  de  3  et  de  5  francs,  et  des  pieces  d'or  de  5, 
de  1 0,  de  20  et  de  40  francs.  La  p!^  de  1  firanc,  en  argent  au 
litre  de  0,9,  p^  5  grammes ;  son  diam^tre  eat  de  24  mil- 
limetres. 

Le  franc  est  diyis6  en  diz  d^dmes  on  en  loo  centimes, 
il  existe  des  pieces  de  cuivre  valant  1,  2,  5  et  10  centimes, 
pesant  dans  la  nouyelle  monnaie  1  gramme  par  centime. 

fin  Belgique  on  frappe  des  pieces  d'argent  de  '/4»  de  V. 
de  I9  de  ^  et  de  5  francs.  Toot  r^cemment  encore  on  y 
frappait  des  pieces  d*orde  10  et  de  25  francs;  maia  la  fo- 
brication  des  pieces  d*or  y  a  cess^  depuis  1850»  ^poque  on 
une  krf  est  yenue  6ter  tout  cours  l^gal  aux  roonnaies  d'or. 

En  Suisse  on  frappe  des  pieces  cTargent  de  'A  de  1,  de 
2  et  de  5  francs,  et  comme  petite  monnaie  des  pieces  de 
'/say  7.«  et  Vj  de  franc  en  billon  ou  cuivre*  Pans  la  Suisse 
allemande  le  centime  porto  le  nom  de  rcgspen.  On  ne 
frappe  pea  de  monnaie  d'or  dans  oe  pays. 

L.*ancien /ruTic  de  Suisse,  qui  se  frappait  dans  quelqnes 
cantons,  6tait  une  meilleure  monnaie  d'argent  de  l  V'  franc 
de  France  on  franc  actuel. 

Dans  le  royanme  de  Sardaigne  le  franc  porte  le  nom  de 
lira  nuoffo. 

La  lira  Ualiana,]  irappto  dans  une  grande  partie  de 
ritaiie  a  T^poque  de  la  domination  frangaise,  n'^tait  ^ale- 
ment  aoire  chose  que  le  franc. 

FRANC  (CftUure)  se  dit  dW  arbre  qoi  provient  des 
aemences  (p^n,  noyau,  etc.)  4'un  arbre  cultiv6;  il  dif- 
f^re  da  sauvageon  en  ce  que  celui-ci  nalt  d'nn  si^et  que  la 
culture  n*a  point  am^liord.  Les  francs  de  Tesp^  des  p^ 
cliers,  des  abricotiers,  scm^  dans  les  vignes  de  plusieurs 
d^(>artements,  donnent  des  fruits  savoureux  et  abondants ; 
ceax  des  aulres  esp^  d^arbres  fruitiers  portent  aussi  de 
teJiix  proiliiiiK,  que  la  culture  perfectionne.  Mais  en  g^n^ral 
]«s  sujeLs  francs  ontcet  incony^nient,  que  Ivur  Evolution 
lente  faftattendrelongtemps  Icurs  produits;  en  consequence, 
Os  fleryenti^  la  grnffe  concurremment  avec  les  sauva- 
geons.  Pour  !a  greffe,  le  clioix  d^i)en4  enli^iemcnt  de  I'in- 


FiUMCAK  681 

tei^ondn  jardinier  :  yeut-il  dbtentr  en  pen  de  temps  des 
fruits  d'one  bcdie  qoail^^  il  prend  un  franc  tigoureux,  k 
feuilles  larges  et  peu  ^pineus ;  d^ire-i>il  dee  arbres  de  Urn- 
gue  diur^,  des  proddta  abondants,  mals  d^nne  quality  ordi- 
naire, II  cboisit  le  sauyageoo.  Trop  d'activitd  dans  la  cir-  f 
culation  pousse  les  francs,  comme  tous  lea  aulnea  arbres ,  '; 
a  donner  du  bois,  un  feaiUage  bien  fonmi,  et  oela  au  detri- 
ment de  la  fiuctifieation;  la  greffe  tend  k  rttablir  r^quilrbre 
dans  ce  cas.  P.  Gaijbeet. 

FHASiCAIS  (Tbefttre).  Voyes  Tii^tbe-Frarc41s  et 
Francs. 

FRANQAIS  de  Nantes  (Antohos,  oomte),  naquit  le 
17  Janvier  17569  ^  Beaurq>aire  (Iske),&  16  kilometres  dc 
Valence.  Son  pto  etait  notaiie;  lui,  ayalt  d'abord  youlu 
sniyre  la  carriire  dn  barreaa ;  mats  les  premiers  jours  de 
la  r^yolution  le  trouTirentdirecteur  des  douanes,  k  Nantes. 
Nonund  d'abord  oificier  municipal  de  cette  yille ,  il  fut,  au 
mois  de  septembre  1791 ,  eiu  k  TAssemblde  l^gislatiye  f)ar 
le  college  de  la  Loire-lnferieore.  Ck>naaissant  les  rouages  de 
la  machine  financl^,  il  comment  par  demander  la  red- 
diton  de  comptes  des  anciens  fermiers  gen^raox ,  s*deva 
avec  cbaleur  contre  les  desordres  fomentes  par  le  fana- 
tisme,  ot  ddnonfa  les  massacres  d'Ayignon,  dont  Vergniaud 
s^eifor^t  de  fure  amnistier  les  auteurs.  President  de  PAs- 
sembiee,  il  pronon^a,  le  18  juin  1792,  reioge  de  Priestley , 
en  prdsentant  anx  deputes  le  (Us  de  cet  homme  illustre.  Lie 
avec  quelquesmembres  de  la  Gironde,  porte ,  par  reiegance 
de  son  esprit ,  k  partager  quelques-unes  de  leurs  opinions,  il 
eut  le  bonbeur  d'ecbapper  au  triste  sort  de  Vergniaud  et 
de  Condorcet  Sans  cesser  de  fiiire  des  yoeux  pour  le  triomphe 
de  la  cause  da  peuple,  il  se  tint  loin  dn  maniement  des 
adaires,  et  alia,  pendant  que  la  Terrenr  sev issait  k  Paris,  se  re- 
poser  dans  les  Alpes  fran^ses  des  fatigues  de  sa  carriire 
politique.  Durant  cet  exil  volontaire,  il  observa  la  vie  des 
habitants  de  ces  montagnes,  et  publia,  plus  tard,  sur  se^ 
notes  y  le  ManuscrU  de/eu  JM^ne ,  et  le  Recueil  des  fa- 
daises  de  M.  JMme^  deux  excellents  ouvrages,  ecrits  h  la 
manitee  de  Sterne,  de  Swift,  de  Voltaire  etde  Bernard  in 
de  Saint-Pienre,  dans  lesquels  il  parle  en  homme  de  bien, 
et  avec  ane  rare  lucidite,  de  cbimie,  de  botanique,  d*agri- 
cultnre,  dindustrie,  de  morale,  et  ns^e  de  metaphysique. 

En  179$,  eiu  par  ie  departement  de  lls^re,  il  alia  sieger 
au  Conseil  des  Cinq-Cents,  dont  il  devint  on  des  secretaires, 
y  prit  la  defense  de  la  liberie  de  la  presse,  proposa  et  lit 
adopter  on  ddcret  mettant  bora  la  loi  quiconque  oi^erait  at- 
tenter  k  la  sttrete  du  Gorps-Legislatif,  et  demanda  que  les 
yenves  et  lea  eafanta  des  patriotes  sacrifies  k  la  fureur  des 
royalistea  du  midi  fussent  assiiniies  anx  veuves  et  en^ints 
des  ddfenseuiB  de  Tfitat  Lors  de  la  chute  du  Dtrectoire,  quil 
n'aiinait  pas,  on  le  vit  iroprouver  les  actes  dulSbrumaire, 
qu^il  n'almait  pas  davantage,  ce  qui  ne  I'empecha  pas  d*ac- 
cepter  les  doubles  fonctions  de  prefet  de  la  Charente-Infe- 
rieure  et  de  conseiller  d'£tat  Place  plus  tard  k  la  tete  de 
Tadminiatiatiuu  dea  comnmnes,  il  la  quitta  bientOt  pour  la 
direction  generate  de  Tadministration  des  droits  reunis,  ins- 
titution que  le  premier  consul  ne  fit  adopter  que  trte-dilli- 
cilement  au  oonseil  d^^t.  II  ayait  ete  presque  seul  de  son 
avis.  Pour  organiser  ce  nouveau  service,  iropopulaire  des 
son  orighie,  il  jeta  les  yeux  sur  Francis  de  Nantes,  comme 
sur  rhomme  le  plus  capable  de  conciiier  sa  yolontd  avec  les 
menagements  dos  au  peuple.  Cest  peut-ttre  le  plus  bel 
eioge  que  Ton  puisse  fsdre  do  digne  administraleur.  Sa  nou- 
yelle position  lul  servit  aurtoutii  prot<fger  les  lettres,  les 
sciences,  les  arts,  et  k  fairedn  bien  k  ceux  qui  les  culti- 
vaient.  Pour  tous  il  y  eut  des  places  dans  ses  bureaux ,  et 
plus  d*une  famille  de  la  vieille  noblesse  eut  aussi  k  se  louer 
de  sa  munirioence.  Napoleon  recompensa  son  zeie,  son  es- 
prit d^ordre,  sa  probite,  en  le  nommant  conseiller  d*£tat  k 
vie,  comte  de  Tempire  et  grand-offlcier  de  la  L<^ion-d'hon- 
neur.  Quand  vint  la  Restauration,  Francis  de  Nan  les  so 
vit  expulse  de  Tadministration  des  droits  reunis,  dont 

Louis  XVlll  remit  m  .direction  generate  k  M.  B^aftgcfi 


611  FRANCAlS  - 

Gependant,  le  rof  le  maintliit  au  eonfieil  d^tat,  dans  leqoel 
U  resta  Jusqne  aprte  le  second  retoilr  des  Boarbons,  ^poqae 
od,  rentrant  dans  la  Tie  pni6d,  il  alia  Yivre  k  la  campagne. 

£la,  en  1819,  d^pot^  par  le  d^rtement  de  I'Isto,  il 
parut  k  la  cbambre  aTec  toutes  ses  TieiUes  opinions  de  1789, 
son  mftme  amour  poor  le  penple  et  son  esprit  girondin.  Ses 
disooars  farent  pen  nombreai,  mais  toas  empreints  de  sagesse 
etde  modtetion.  Sa  parole  ^tait  fadle,  nombrease,  ori- 
ginate, TiTe  comme  une  sailtie,  pleine  de  sens  et  malicieose 
avec  bont^.  Son  mandat  expirant  en  1822,  il  ne  Ait  pas 
r^^Ia;  mais  la  rdrolution  de  JuUlet  le  fit  pair  de  France.  Lk 
11  espirait  pouToir  6tre  longtemps  encore  utile  a  son  pays. 
Adonn^  k  des  travanx  nombreox  sur  la  science  agricole, 
il  se  (aisait  un  bonheur  et  one  douce  gloire  de  publier  de 
petits  livres  contenant  une  instruction  substantielle,  mise 
k  la  port^  des  intelligences  les  plus  ordinaires.  II  aimait  k 
semer  rinstruction  panni  les  p^ts  et  les  foibles;  le  DiC' 
tionnaire  de  la  Conversation  lui  doit  d'exceUents  articles 
sur  la  science  agricole;  il  lui  doit  aussi  son  ^igrapbe,  em- 
prunt^  il  Montes<iuiett  :  CeM  qui  voit  tout  alfrige  tout, 
Ce  Alt  en  corrigeant  une  des  ^preuves  de  notre  ouvrage 
qu'il  se  sentit  attaint  de  la  premie  attaque  de  la  paralysie 
qui  doTait  Temporter.  Depuis,  il  ne  fit  que  languir,  quoique 
sa  constitution  robuste  lui  permit  encore  de  lutter  centre 
le  mal.  Malbeureusement,  lorsqu'il  se  sentait  un  pen  mieux, 
il  se  remettait  au  travail.  Cette  activity  d'esprit  ne  pouvait 
manquer  de  lui  dtre  AineBte  :  il  moorut  le  7  mars  1836. 

FRANQAISE  (Acad^mie).  «  Au  seudtoie  sitele,  dit 
M.  Salute- BeuTe,  Jean-Antoine  de  Balf  ^tablit  dans  sa 
maison  de  plaisance,  au  faubourg  Saint-Marceau,  une  aca- 
d^ie  de  beaux  esprits  et  de  musiciens,  dont  Pobjet  princi- 
pal ^tait  de  mesurer  les  sons  dtoentaires  de  la  langue.  A  ce 
travail  se  rapportaient  natorellement  les  plus  int^ressantes 
questions  de  grammaire  et  de  poMe.  Guy  de  Pilbrac,  Pierre 
deRonsard,  Philippe  Desportes,  Jacques  Dayy,  Du- 
pe rron,  et  plnsieuTS  autres  ^minents  esprits  de  I'^poque, 
en  faisaient  partie.  En  1570,  Cbarles  DC  lui  octroys  des  lettres 
patentes,  dans  lesqnelles  il  declare  que,  pour  que  ladite 
acadtoiie  soit  suivie  et  honorfe  dee  plus  grands,  11  acoepte 
le  sumom  de  protecteur  et  premier  auditeur  d'ioelle.  Ces 
lettres,  envoys  au  parlement  pour  y  6tre  enregistrtes,  y 
rencontrirrat  les  difficult^  d*usage»  L'uniyersit^,  par  es- 
prit de  monopole,  I'^ydque  de  Paris,  par  scrupules  reli- 
gienx,  intervinrent  dans  la  querelle;  pour  en  finir,  il  fal- 
lut  presque  un  lit  de  Justice.  A  la  mort  de  Charles  IX,  la 
compagnie  naissante  se  mit  sous  la  protection  de  Henri  III, 
qui,  ainsi  que  les  dues  de  Joyeose  et  de  Guise,  la  plapart 
des  seigneurs  et  dames  de  la  cour,  lui  prodigua  ses  marques 
de  fsTeur. »  Rien  nelui  manqua ,  pas  mtoe  les  ^pigrammes : 
le  spiritual  et  mordant  Passerat  en  composa  nne,  et  le  roi, 
courrouc^,  ayant  mand^  le  podte,  lut  fit  des  reprocbes 
amers,  voire,  dit  la  chroniqoe,  des  menaces  sanglantes. 
BieotAt  cependant  lea  troubles  civils  etla  mort  du  fondateur 
Balf  dispera^rent  Tassociation.  C'^tait  une  veritable  tentatiTe 
d*Acad^mie  Fran^ise,  comme  on  le  voit  k  Pimportance 
qu*y  attache  Lacroix  du  Maine  :  «  Lorsqu^l  plaira  au  roi, 
to>ivait-il  en  1584,  de  favoriser  cette  slenne  et  louable  en- 
treprise,  les  strangers  n^auront  point  occasion  de  se  van- 
ter  d*avoir  en  lenr  pays  dioses  raves  qoi  surpassent  les  ni- 
tres (les  acadtoies  dUtalie).  » 

Au  si^cle  suivant,  le  projet  d^nne  Acad^mie  Fran^aise  fut 
repris.  «  Qoelques  gens  de  lettres,  plus  on  moins  estim^ 
de  leur  temps,  dit  Cliamfort,  s'assemblaient  librement  et 
par  goOt  cliez  un  de  leurs  amis.  Cette  sod^t^,  compost 
d*abord  de  neuf  k  dix  personnes,  subsists  inconnue  pen- 
dant quatre  ou  cinq  ans  ( de  1629  k  1634),  et  servit4  faire 
naltre  difl(irents  oovrages  que  plusieors  d'entre  eux  don- 
nerent  au  public.  Richelieu,  alors  tout-puissant,  eut  con- 
iiaissance  de  cette  association;  il  lui  ofTrit  sa  protection,  et 
lui  propose  de  la  constituer  en  soci^t6  puUique.  Ces  offires, 
qui  aflligferent  les  associds,  dtaiont  k  peu  pr6s  des  ordrcs; 
II  fallnt  04chlr.  »  On  d<k:ida  que  Bolsrobert,  Tngent  du 


tlLANCAlSE 

cardinal,  serait  priA  de  retterder  trte^iinibleaKat<aat 
toinence  de  I'honneur  qn*elle  lenr  faisait,  et  de  Paisanr 
qu'encore  qtiMls  n'enssent  Jamais  en  una  si  haute  pcaate, 
iis  dtaient  tons  r^lns  k  suivre  ses  volenti.  Le  cardn^ 
leur  fit  r^ndre  qu'ils  s*assemblassent  comme  de  coataaK, 
*et  qu*augmentant  leur  compagnie,  ainsi  quHls  le  jugeraient 
k  propos,  ils  avisassent  entre  eux  quelle  forme  et  qodkt 
lois  il  serait  bon  de  lui  donner  k  I'avenir.  Les  statuts  foRst 
en  effet  bient6t  dress^,  mais,  avant  de  les  raettre  aoos  les 
yeux  da  cardinal,  TAcadtoie  lui  toivit,  le  22  man  1634, 
«  que,  si  Son  Eminence  avail  public  ses  ceuvres,  il  oe  maa- 
querait  rien  k  la  perfection  de  la  langue  franfaise,  maia  que 
sa  modestie  l'emp6chant  de  les  mettre  au  jour,  VAcadimt 
ne  voulait  recevoir  T&me  que  de  hii... » 

Richelieu  daigna  r^pondre  qu*il  accordait  de  boa  eoear 
sa  protection.  Conrart,  chez  qui  Ton  se  rtenlnait,  etqoi 
avail  M  nomm^  secretaire  perptoel  de  la  docte  sod^, 
fut  charge  de  dresser  le  protocole  des  lettres  patentee,  qui 
ftirent  sign^esle  2  Janvier  1635.  Pierre  Segnier,  alors 
garde  des  sceaux,  et  depuis  chancelier  de  France,  y  appose 
le  grand  sceau,  en  demandant  k  6tre  inscrit  sur  le  taldean 
des  academicians.  Cast  k  son  h6tel,  me  du  Bouloy,  qu'is 
sieg^rent  plus  tard  jusqn'li  ce  quMls  y  eussent  M  remplaoet 
par  la  direction  g^nerale  des  ferfhes,  qui  donna  dte  Ion 
son  nom  k  I'ddifice.  D'autres  personnsges  eminenis  daas 
la  magistrature  et  le  conseil  d*£tat,  Servien,  de  Montmoct, 
du  Chfttelet,  Bautrn,  sollicit^rent  et  obtinrent  ausai  de 
ftire  partie  de  la  society.  Quelque  temps  apr^  le  cardiiial, 
qui  avail  re^  par  les  lettres  patentes  tout  pouvoir  de  Tor- 
ganiser,  signa  les  statuts,  en  effa^t  toutefols  Particie  V, 
portent  que  «  chacun  des  academidens  promettait  de  r^ve- 
rer  lea  vertus  et  la  mtooire  de  Son  Eminence.  ■  Le  bon 
sens  du  ministre  avail  fiut  taire  la  vanite  du  litterateur. 

Mais  tout  n^etait  pas  fini  :  le  parlement,  soup^oimaat 
dans  la  fondation  de  I'Academle,  retablissement  d*ime  cen- 
sure k  Tusage  de  Richelieu,  s'opposa  k  TenregistremeBt 
des  lettres  patentee,  et  ne  eeda  qu'an  bout  de  deux  ans  ct 
demi ,  aprte  trots  lettres  de  jnssion  et  de  serieusea  ■nmafffr 
du  ministre.  Encora  crut-il  devoir  y  lyouter  cette  danse ; 
«  ^  la  charge  que  cenx  de  ladite  assembiee  ne  ooonattroal 
que  de  Pomement,  embdiissement  d  augmentation  de  U 
langue  fran^ise  et  des  livres  qui  seront  par  eux  foils,  el 
par  autres  personnes  qui  le  desiieront  et  voudront  ».  L's- 
larme  alors  fut  grande  parmi  les  gens  de  robe ;  et  pins  d^ua 
procnreur  eraignit  d^etre  frappe  d*une  amrade  s*il  oommd- 
tail  une  faute  contra  les  regies  de  la  nouvdie  Academie.  A 
Paris,  force  jeux  de  mots  furent  lances  contra  les  membiti 
que  le  cardinal  alUit,  disait-on,  doter  de  2,000  livres  de 
rente  par  tete  avec  les  80,000  livres  destinees  k  I'e&l^ve- 
ment  des  boues  de  la  capitate. 

L'objd  des  travaux  de  VAcademie  devait  etre  de  polir  et 
d^ameiiorer  la  langue.  Le  nombre  des  membres  fut  fixe  i 
qoarante,  et  il  n'a  jamais  ete  depasse  depots.  II  fallail  d  il 
faut  encore  dix-hnit  suffrages  poor  eiire  d  autant  pour 
exclnre.  La  compagnie  eut  k  sa  tde  un  directeur  et  as 
chancdier  temporaires  d  un  secretdre  perpetuel^  qne  les 
academidens  eiisent  toujours  parmi  eux.  Conrart,  dana  cette 
function,  eut  pour  succe»seursMezeray,  Regnler-Desmarais, 
Dader,  Uouteviile,  Mirabaud,  Duclos,  D'Alembert,  Marmoa- 
tdet,  depuis  la  revolution^nard.  Auger,  Raynouard,  Amadl 
elM.  Villemdn.Chapdain,  de  Montmort,  R^Enier-Desmarais, 
Gomberville,  chez  qui  setinrentsuccessivement  les  seances,  ea 
fhrenties  premiers  chanceliers;  Richelieu,d  aprtesa  mort, 
lediancelier  Seguier,  les  premiers  protecteurs.  Les  academi- 
dens jouissaient  jadis  de  plusieurs  prerogstives  importantes; 
nul  n*etait  et  n^est  cense  devoir  6tre  re^u  dans  la  compa- 
gnie que  poor  des  litres  litteraires,  d  les  granda  seigneurs 
enx-m6mes  n'y  sent  reputes  admisdbles  qne  comme  littera- 
teurs, sans  qu^aucune  distinction  particnliere  lea  separe 
Jamais  de  leors  confreres;  nul,  enfin,  ne  pent  dre  du  s*il  ne 
se  presente  comme  candidal. 

Les  promiers  travaux  des  membres  de  TAcademie  consists 


FBANCAISE 

rent  k  pronoDcer  chaque  semaine ,  comme  fls  en  avaient  con- 
tracts robUgation,  un  discoan  devant  leurs  collies  AKem- 
bl^;  mai8bi«nt6tk  ces  dtelamations  iniitUeson  voulut  sub- 
atituer  des  occupations  sSrienses,  et  Ton  songeait  k  com- 
poser un  dictionnaire  etiine  grammaire  de  la  langue  franQaise, 
loreque  les  caprices  litUraires  du  cardinal  vinrent  donner 
uoe  autre  direction  aux  travaux  des  membres  les  plus  actifs. 
Curieux  de  faire  reprSaenter  devant  lui  des  pitees  de  thdfttre, 
Richeiieu  en  commanda  h  plusieurs  acadSmiciens ,  k  R^gniei> 
Desmarais,  k  Chapeiain,  k  qui  il  terifit :  «  Pr^tez-moi 
voire  nom ;  je  voiis  prftterai  ma  bourse ;  >  k  Boisrobert,  ^  C  ol- 
letet,  k  L'£stoile,li  Rotrou  et&Corneillelui-mfime 
(  qui  n*6tait  pas  encore  de  TAcadSmie),  leur  faisant  faire  k 
chacun  tantAt  une  pitee  enti^re,  tantAt  seulement  un  acte, 
et  se  r^rrant  alors  pour  lui-mftme  ia  tftche  de  tier  toutes  ces 
parties  et  d*y  Intercaler  des  vers  de  sa  fo^n  qui  lui  permissent 
de  se  croire  I'auteur  de  FiBUTre.  Leurs  dmoluments  ^ient 
gSnSralement  mesqulns;  quelquefots  cependant  il  se  mon- 
trait  MMne  ginireux,  par  exemple  lorsquUI  gratifia  Colletet 
de  soixante  pistoles  pour  avoir  peint  les  amours  de  la  cane 
et  du  canard  dans  la  mare  des  Tuileries. 

Cependant,  le  cardinal  avait  M  blessS  du  snccia  du  Cid 
de  Ck>nieiUe.  S cndSry ,  pour  lui  plaire,  ^rivit  de  longues 
et  lourdes  invectiTes  contre  cette  pitee»  qn*il  somma  PAca- 
dtoie  de  juger.  Celle-ci  voulut  refuser  cette  cliarge,  qui 
mettait  ses  membres  dans  une  fausse  position ;  mais  Riclie- 
lieu  lui  flt  saToir  qu*il  Toulait  qn^elle  Tacceptat ,  ajoutant : 
«  Xaimerai  les  acadSmiciens  comme  ils  m^aimeront  »  On 
comprit,  et  Le  Cid  ftit  condamnS.  Le  cardinal  avalt  dSsignS 
loi-m^e  poor  rMacteur  de  la  sentence  Chapelain ,  et  an- 
notS  son  jugement.  L'AcadSmie  consacra  dix  mois  k  cet 
examen,  espSrant  qu*en  tralnant  les  cboses  en  longueur, 
Richelieu,  «  qui  avait  toutes  les  affaires  du  royaume  sur  les 
bras  et  toutes  celles  de  TEurope  dans  la  t^te ,  »  oublierait 
son  heureux  rival;  mais  le  cardinal  tenait  k  sa  r4>utatioo 
litt^raire,  et  il  fallut  lui  immoler  Ck>meille. 

Cette  taclie  p^nible  acher^  on  reprit  s^eusement,  en 
1638,  ridtedn  dictionnaire.  Chapelain  et  Vaugelas  pr^ 
sent^rent  deux  projets  :  celui  de  ChapeUUn  Temporta.  Void 
la  liste  curieuse  de  quelques-uns  des  bons  auteurs  anxquels 
on  devait  emprunter  les  exemples ;  c'Stait  poor  la  prose  : 
Du  Vair,  Desportes,  Marion,  de  La  Guesle,  D'Espdsses, 
Coeffeteau,  D*Urfi6,  Dammartin,  D'Andiguier,  etc.,  et  deux 
acaddmidens,  Bardbi  et  Du  Chastelet,  qui  morts  depuis 
peu  «  devenaient  pour  la  langue  antoritds  souveraines,  com- 
me les  empereors  remains  devenaient  dieux  ».  Quant  h  la 
po^ie,  on  inacrivit  sur  le  catalogue :  Bertrand,  Deslingendes, 
Motin,  Tonrant,  Monfuron ,  etc.,  etc.  Cepeodant,  1m  occu- 
pations multiplite  de  Cbapelahi  et  la  sp^alitS  de  Vauge- 
las firent  choisir  ce  dernier  pour  rMadeur  du  dictionnaire, 
et  afin  qu'll  pOt  se  livrer  llbrement  k  ce  travafl,  le  cardinal 
lui  fit  une  pension  de  2,000  livres.  Quand  Vaugelas  Tint 
lui  faire  ses  remerdments  :  «  Vous  n'oublierez  pas,  iul  dit 
llSminenoe,  le  mot  pension.  —  Ni  le  mot  reconnaissance, » 
r^liqua  Tacad^iden.  MalgrS  son  z&le,  Vaugelas  ne  put 
terminer  ToeuTre  qu'en  1694,  et  TAcadSmie  en  commeufa 
aus&it6t  une  seconde  Mition ,  qui  vit  le  jour  en  1718 ;  la 
trotsi6me  parut  en  1740,  la  quatri^me  en  1762,  la  cin- 
quifeme  en  1813,  et  la  sixi^nic  enfin  a  €U  livrfo  au  public 
en  1835. 

L*Acad^ie»  qui  aprte  le  cbanoelier  Segoier  avait  choisi 
Louis  XIV  lui-m6me  pour  son  profedeur,  ^it  d^jii  ^blie 
ao  Louvre,  od  eOe  si^eait  trols  fols  par  semahie,  quand  le 
roi  assigna  qnarante  jetons  de  presence  k  ses  quarante 
membres,  et  fonda  sa  bibliotli^ue  en  lui  envojant  600  vo- 
lumes. Mais  la  compagnie  dut  lui  proover  sa  reconnaissanoe 
par  ses  flatteries.  Ainsi,  La  Fontaine  ayant  ^t^  ^lu  en  1683 , 
ce  choix  d^plut  au  monarque,  et  ce  ne  fbt  qu'au  boot  de  six 
mois  quMl  autorisa  un  second  tour  de  scrutin  pour  valider 
r^lectlon.  «  Yoiis  pouvex  le  recevoir,  avait-il  dlt  aux  dd- 
patfe,  il  a  promis  d'etre  sage.  »  La  complaisance  pour  Tau- 
i'^rit^y  les  tiogea  emphatlques  des  rob  et  des  minislres, 

OlCrr.   liE  LA  COKVEUS.  —  1.    1\. 


638 

qui  revenaient  ineessamment  dans  lea  diseoors  publics » 
le  pen  de  mdrite  de  qoelques  roerobrea  et  I^apparente  inu- 
tility de  beaucoup  de  leurs  conf^ences,  attir^rent  sur  I'A- 
caddmie  des  aitiques  et  des  satires  qui  s^  succMirent 
presque  sans  Interruption,  depuis  la  comMie  des  AcadS- 
miciens  de  Saint-£vremond  ]usqu*aux  satires  de  Gilbert 

Aujourdliui ,  cheque  acaddmicten  nouveilement  ^lu  pro* 
nonce  dans  une  stance  publique  et  solennelle  un  diseours 
dont  le  fond  est  Tdloge  de  son  pr^doesseur,  et  auqud  r^ 
pond  ordinairement  le  directeur  qui  pr^idait  la  compagnie 
ao  moment  de.  la  mort  du  membre  remplaod.  C*est  Patra 
qui  le  premier,  en  1640,  composa  un  diseours  de  remer- 
dment  :  la  compagnie  en  fut  tellement  satisfaite,  qu^elle 
fit  depuis  lors  une  loi  k  tout  rteipiendaire  d^en  pronon- 
cer  un  semblable;  mate  ce  fut  seulement  en  1671  que  les 
s^ncesde  nSoeption  commenc^ent  kdevenir  pobliques.  B  a  1- 
zac,  le  premier,  insUtua  un  conoours  d^doquence,  dont  les 
quarante  devaient  6tre  l<$s  juges.  C*est  en  1671  qu*ond<k:erna 
les  premiers  prix  d^doquenoe  et  de  poiSde ;  ils  fiirent  rem- 
port^  par  M'^^'de  Scnddry  et  La  Monnoye.  Le  diseours  de 
la  premi^  avait  pour  titre :  De  la  louange  et  de  la  gloire; 
qu'elles  appartiennent  d  Dieu  en^propriiU ,  et  que  les 
hommes  en  sont  ordindbrement  vsurpaieurs.  La  pihce 
du  second  traitait  De  V Abolition  du  duel.  On  ne  compte, 
du  reste,  qu'nn  petit  nombre  d'6:rivains  et  de  poStes  dni- 
nents  parml  ceux  qui  sont  descendus  dans  cdte  lice,  et 
poor  ne  dter  que  les  morts,  on  ne  trouve  gud^B  d'illustres 
panni  les  concurrents  que  Fontenelle,  Thomas,  La 
Harpe,  Chamfort,  Necker,  Marmontel  et  Mil- 
levoye. 

Nons  ne  donnerons  pas  la  liste  des  membres,  mdme  les 
plus  odd>res,  de  cette  Acaddmie,  qui  a  pris  la  devise ,  asses 
ambitieose:  A  VimmortalUil  Ftesque  tons  les  grands  dcri- 
valns  des  dix-septidne  et  dht-huiti^me  siteles  en  out  fait 
partie ;  peu  en  ont  d<S  exdus.  II  faut  dter  dans  le  nomhre 
Granier,  pour  avoir  vaA  un  ddpdt;  Furetiire,  pour  plagiat; 
et  le  respectable  abbd  de  Saint-Pierre,  rayd  de  la  liste 
malgrd  la  courageuse  opposition  de  Fontendle.  Parmi  cenz 
qui  n*en  ont  pas  fSut  partie,  on  dte  Descartes,  Rotrou,  Pas- 
cd,  Moildv,  Mdiage,  Regnard,  La  Rodiefoucanld,  Rous- 
seau, Malebrandie,  DuAresny,  Dancourt,  Lesage,  Dumar- 
ads,  Louis  Radoe,  Vauvenargues,  Ph*oo,  J.^.  Rousseau,  Di- 
derot, Beaumarchais ,  Mirabeau,  c'e8^a-dire  nos  premiers 
auteurs  comiques  et  plusieurs  de  nos  plus  grands  ^crivdns, 
de  DOS  plus  habilea  grammairlens ;  et  de  nos  jours,  Mille- 
voye.  Courier,  Benjamin  Constant,  le  gte^ral  Foy ,  Bd-an- 
ger,  LamennalB,  Baliac.  En  revanche ,  un  grand  nombre  d*6- 
crivdns  mddiocres  y  ont  d^  les  confreres  des  ilhistrations 
de  la  littdature,  d  sont  devenus  les  arbitres  d'une  langue 
que  soutent  le  public  salt  mieux  qu*eux,  disparate  qu^ofTrent, 
du  reste,  toutes  les  sodd^  litt^raires ;  ce  qui  n'empadie  pas 
I'Acaddnie  Fran^aise  d'avoir  illustrd  son  nom  d  blen  mMH/k 
de  la  patrie.  Aprte  avoir  vdui  cent  clnquante>sept  ans,  die 
fut  entrain^  dans  la  mine  de  la  monarchies  mais  bientOt  die 
repamt  sous  le  nom  de  seoonde  dasse  de  Pinatitut  La 
Restauratlon  lui  a  rendu  son  anden  titre,  qo^dle  conserve 
encore,  toot  en  contbuant  k  fdre  partie  de  rinstltut. 

[Chamfort  pense,  et  beaucoup  d^autres  ont  dit  comme  ]m\ 
que  Richelieu,  en  errant  TAcaddnie  Fran^se,  n'avait  eu  en 
vue  qu*un  moyen  d^^tendre  le  despotisme.  Nous  n'adoptons 
pas  cette  accusation  bande,  qui  tombe  devant  un  fait  tout 
naturd  :  Richelieu  dmait  les  Idtres;  il  a  voulu  en  encou- 
rager  la  culture,  d  se  faire  an  m^rite  d*avolr  donn6  Tim- 
pulsion  k  des  travaux  qui  avaient  pour  but  de  fixer  notrtf 
langue  dans  un  vocabuldre  qui  lui  manqndt,  dans  un  in- 
ventdre  complet  de  ses  rlchesses.  Nous  ne  voyons  pas 
ce  qae  la  politique  pouvait  gagner  k  cdte  famoeente  insti- 
tution, qui  certes  ne  devint  jamais  un  instrument  de  gow- 
vemeroent,  nl  du  temps  de  Richelieu  ni  depuis.  On  doit 
conslddw  comme  un  fdt  asscz  curieux  que  Paristocratie 
parlementaire,  moins  lib^rale  et  plus  exdusive  que\e  mi* 
nistre,  d  jdoux  du  pouvdr,  voulut  absolument  bomer  la 


634  FRANgUSS 

oomp^noe  acid^iBi(|u6  &  la  d^aiUoA  et  au  classemeDt  des 
mots  de  la  langue,  et  kiterdiEe  le  domaine  de  i'^Loquenoe  aux 
membres  de  to  tdooU  cooopagnie.  Cbamfort^  que  sea  o|ii« 
iitoiiB  potttiques  cooditaieiit  oaturaUenMnt  k  d^irer  I'abo- 
ItttoB  de  toot  ce  qui  aemUait  moaopole  4mi  privily  avaii 
compoa^  poor  Marabean  on  discoora  avr  la  dastruciloo  dea 
acadtodea.  fl  feprache  avec  Jiistice,  qaaiqae  a^ec  un  exc^ 
de  dureti,  i  I'Acad^aHe  Franfaiae  eea  adulatioiis  pour 
Loins  XIV.  Gertes,  iioas  ae  touIobs  paa  let  d^fendre :  nous 
sammea  trop  jaloax  de  FiiomieBr  des  lettrea  poor  applaudir 
4  oe  qui  pent  en  traTaler  la  nofalesae;  mais  IaoIs  XIV  aV 
▼ail-il  pas  fmcad  tons  ks  yenxP 

Ea  1702,  elle  tomba  avep  le  trtoe,  doal  elle  n^aratt^^ 
ni  Tappui  oi  la  complice.  On  poorrait  maine  dira  qu^  a*itail; 
au  eonMre,  naidfeatd  dans  son  sefn  depnis  iongtemps  on 
penchant  k  ropposttkm,  iin  esprit  philosophiqiie,  un  amour 
du  progrte,  una  hamMm  avec  les  aenlimenis  du  p«d)Iic  at 
un  patriotiame  fran^ais  qui  mdriUient  du  moina  ua  hooo- 
rabte  aoovenir.  £Ue  arait  aubstitn^  k  i'^met  Oocs  de 
Louis  XIV  P^loge  dea  hommes  Mittatras  de  notra  pays  dans 
tons  les  genres ;  o'^tait  changer  de  cuHa  d'une  manite  aussi 
Judideuse  qo'honorabie.  Oas  considdrations  auraientpn  dd- 
fendre  TAcaddnda  dans  un  monrenRnt  moins  violeut  que 
iOehii  ofc  nous  alliona  bientdl  paaaaf.  La€k>nTention  expirante 
rtod>lit  les  aeaddnriee  snr  nn  plan  plus  large  et  pins  pbUa- 
aophlque,  en  les  rattaehant  4  un  Institnt  compoad  de  qnatra 
ciasaes ,  at  qui  emhrassait  funivemiitd  des  oonnaissanoas 
horaainas.  L'andenne  acadtene  das  Ptoltedes  et  rinslitut 
de  Bologna  avaieot  serri  da  mod^lea  k  cette  nouTelle  aiga- 
nisation,  dans  laquelle  TAcaddmie  Fran^aise  reparaiasait  sous 
le  tHre  de  CUmb  de  ia  Umgue  ei  dela  immature  firan- 
ptiies.  La  Bertanration,  qui  mit  Iamain4  tant  de  djoaeo  pour 
les  gtter,  soirrent  sans  aacnn  pro6t  pour  eUe-mteM,  fit  au- 
bir  one  nouTeHe  r^lonne  k  I'ldstitnt,  et  acheva  de  le  dd- 
natorer.  Le  ninistre  YnUanc,  ehaqgd  de  cette  dtefgani- 
aation,  rendit  aax qostre  dasses  lenr  anden  nons  d^Acade- 
Afo,  lea  isola  lea  uses  des  aolres,  et  rampit  ia  ISiuble  lien 
qui  lea  onissait  eneore.  A  oette  premiere  faule  U  ijouta 
ceile  de  renverser  la  loi  fondamentale  de  i'dtablisaement, 
nnamoviMlitd  das  acaddmidens.  Iluaieurs  d'enira  eox  ia- 
rant  arbttraimnent  exdns.  Ga  oaup  d'auiaritd,  qu'il  faliut 
ddsavooer  plus  tard  en  laiasant  4  rAoaddoiie  la  libertd  de 
rappder  avec  iionnear  qnalqnea-mis  da  eaux  qo'on  avdt 
frappteda  prosariptiDn,  fit  baaaeoop  de  tort  4  ha  priMaqai 
aTdtla  prdtention d'dtra  l^ami  et  la  prelaeleurdes  Mftna; 
Bsais  il  dtdt  dors  sons  le  jang  Hut  parti  aassa  empodd 
poor  imdair  dieter  des  lois  4  la  royantd  dle4BloM. 

L'Aeaddmie  Franfalsa  a  dt§  regirdde  aauvant  aoaBOie  una 
brlUanle  inntHitd.  II  ddpand  d'dle  de  oonqndrir  one  mdl- 
leara  place  dana  Teatime  pnbliqaa.  Paarquoi  na  a'ampsw- 
rait-eUe  paa  panni  nons  dn  mintsttre  de  la  faanta  eritiqne, 
en  rexei^  a?ec  autant  4e  ddceooe  qne  dMwipartialitd? 
Qudle  aatoiild  n'obUeidlrdt^le  pas  qnand  on  v«rrdt 
aartirdeson  sain  les  oraelasda  iamssoaatdagoM?  Oamne 
la  jostica  vendue  par  die  anxonfngeadipias  deaanaMmen 
aondt  blanIM  rdduit  k  sa  jasia  Tatenr  la  eeuwa  ardenle, 
iiuusia  ct  pasdonnde  dea  laomanx,  qui  parte  das  oaups  d 
Amedea  k  la  Ultdratural  Mali  k  la  ▼dritd^panr  ae  ch«ger 
dtetd  ndnialtea,  ilfandrdt  an  osrtdn  aoHraia»  d  avant 
toot  la  id«alation  de  asettre  sons  aaa  piadslas  patites  con* 
dddrations,  las  caleols  panonnals,  Tesprit  de  parti,  d,  ca 
qui  Taut  mains  encore,  t'esprit  de  oaterta.  s  4 

QnUla  profite  de  Part  Ua  maniar  la  pins  daire  des  langnea 
pour  papniariaer  me  irale  de  vdritds  qui  donnenmt  une 
«tonnanttt  pittspdritd  4  notra  payt»  qoand  dlea  saront  mises 
k  la  portda  da  tws  et  adaisaa  pw  rasage.  VoUi  sans 
doota  one  riche  nine  k  exploiter.  Qud  present  4  iaire  an 
people  qoa  das  Uyras  d^mantdras  et  des  tnltds  de  morale 
pubBqua  I  qp'il  serdt  digM  d'una  acaddmia  de  Ibnner  die- 
mina  la  bibUothdqne  dn  people,  an  TeillaBt  aTec  un  soin 
axtitea  k  ce  qn'ancDBa  erraur,  aucun  prdjugd,  aucun  con* 
adl  da:igBn«ix  na  pussent  fMuaar  lea  esprita  00  gdter  lea 


—  FRANCE 

coeurs  2  ATec  de  teU  traraux,  on  ne  se  Terrdt  pas  eipod  I 
entendre  dire  :  «  A  quo!  sert  rAcad6n!e7  »  Gdce  i  uik 
nouTdle  direction,  lenom  d^acad^mlden  fadHqnerait  teafoon 
un  bomme  de  tdent  Traiment  utile  k  son  pays.  Poor  qpi 
tout  ce  qui  dmane  de  TAcaddmie  fOt  emprdnt  dn  ndsw 
esprit  d  concoudlt  au  mdrae  but,  n  faudrait  encore  qse, 
sans  dter  aux  Tcrtos  priTto  leur  recompense,  les  Totn 
publiques  eussent  ausd  leur  part  dans  la  distributioa  te 
prix  Ibnd^par  le  philanthrope  Monty  on. 

P.-F.  TiSSOT,  de  PAcad^nie  Fraa^] 

FRAN^AISE  ( £cole ).  Voyes  tcotes  w  Psomac. 

FRANQAJSE  (tilglise).  Voyet  Ch^tel  (L*d)b6). 

FRANC  ALLEIT.  En  drdt  ftodal,  Yatleu  dUit  li 
terre  /ranche,  libre  par  exceDence.  L*expresslon /-anc  d- 
Uu  n^dtdt  done  (pi^un  vdritable  pldonasme.  Les  biees  de 
cette  nature  ae  disUngudent  en  francs  alleux  nobles  et 
firanu  dUux  roturiers ,  suivant  Fdat  du  possesseur. 

FRANC  ARBITRE.  Voyez  ABBiras  (Ubre). 

FRANC  ARCHER.  Voyez  AacnEa. 

FRANC  BORD9  synonyme  de  berne.  Cest  ua  gI»- 
mm  entre  une  lerde  d  le  bord  d'un  canal. 

En  fortification,  c^est  I'espace  r^senrd  entre  le  pied  da 
tdus  ext^rieur  du  para  «t  d  le  sommd  de  Tescarpe. 

FRANC  RODRGEOIS.  Voyez  Bourgbois. 

FRANC  D'AVARIES.  Foi^ex  Atabik. 

FRANCE  f  FrancO'GalUa,  empire  de  l^urope  oeddei- 
tale,  que  son  histoire,  sa  langue,  sa  litt^ratore,  ses  sits  et  sob 
Industrie  ont  placd  au  premier  rang  des  penples  ciYilis^. 

G4ographie  physique. 

Sita6B  dans  la  xone  tonpdrde  dellidmlsphire  aepteatrio- 
nd,  entre  les  42«  19',  d  Sl^"  6'  de  latitude  nord,  et  les 5' if 
de  longitude  est  d  7°  9'  de  longitude  ouest  du  m&idies 
do  Pane,  la  France  est  bomde  an  nord-ouest  par  la  MaodK; 
au  nord-est  par  la  royaume  de  la  Bdgiqua,  la  province  prm- 
demia  du  Baa-Rhin  (rdgence  de  Tr^Tes) ,  et  le  cerde  tHva- 
rois  du  Rhin ;  k  i*est ,  par  le  ^wid-duchd  de  Bade,  U Sasu 
et  la  royaume  de  Sardajpie,  avec  lesqods  sea  Unites  loit 
ddtermindes  en  grande  partie  par  la  Rhin,  le  Jun,  leRlitee 
et  les  Alpes ;  au  sad ,  par  la  Mddlterrande  et  les  Pyrteto, 
qui  la  sdparent  de  REspagne;  d  k  Toned  par  i*ocdaa  AtUo- 
tique.  La  France  a  977  kflomdres  dans  aa  plos  gnnde 
loagoeur  da  nord  au  sod,  depuis  Zuitcoote ,  prte  de  Doi- 
kerque,  Jusqu'au  col  de  Falguto,  au  $ud-sud-est  de  Pntt- 
de-MoUo;  k  pen  prto  autant  (959  kilom^trea)  dans  sa  plm 
grande  Uugeur  de  Touest  k  Test ,  dn  cap  appeld  bee  de  Lasd- 
▼enenan  (Finist^)  an  pont  de  Kebl,  pr^  de  Strssbooig, 
d  64,oa8,MO  bectarea  on  640,085  kilometres  de  ssper- 
fide.  Panni  les  nombreuses  dividons  qn'ofTre  sa  tarin, 
on  distingue  12,818,000  bectaraa  en  terrea  arables;  1,977 ,(IM 
en  vjgpMs;  2,034,000  en  potagers,  jardina,  pares,  pdp&ute 
vergers  dcaltnraaparticuUkes;  406,000  en  chddgneraitf; 
7,013,000  en  prda  d  pAtnrages,  d  6,903,000  en  ^ba^t 
roards,  montagnea,  rocbes,  rivieres,  caoaux. 

La  France  partidpe  aux  avantages  et  aux  inconvdiieali 
des  aotttrdes  maritinies ;  plus  de  pluies  d  d*bumidit^,  mooi 
d^bidgalild  dana  lea  sdsoas.  Bemarqnons  tontefois  que  oeUe 
obsarvatioBn'edpaaTdrifida  partout,  d  qu^il  y  ades  espsees 
assei  dteodus  od  son  exactitude  pent  dtre  mdcoonue.  Tde 
eat,  par  example,  la  partladn  baasin  dn  Rhdme  ou  donuse 
la  mistral^  vent  da  aord-nord-ooed,  dont  las  causes  sfls 
tout  k  fait  locales. 

Par  rapport  k  la  directian  des  vents  d  k  leur  Infiueaoe 
sur  la  tempdrature  d  les  propri^tds  hygromdtriqucs'  do 
territoira,  la  France  peut  dre  divisde  en  deux  parties  ^ 
pen  prte  dgdes  :  Tuna  au  nord,  oh  les  vartatioos  atmos- 
phdriquea  sent  moins  brusques,  et  Tautra  au  sud,  ou  lei 
causes  locales  ont  plus  de  puissance,  oh  lea  fdtspaitiediert 
aontplus  multiplids,  plus  divers.  Comme  edte  distiactioo 
entre  deux  contrdes  voisines  ddpend  surtout  do  re&i  ds 
terrdn  et  des  cearants  d'ean  fd  lea  amMeid,  jetois  d'a- 


FRANCE 


nij; 


hoidaa  Map  dVill  sor  las  flMOligfles  et  Pliydrographie  de 
toFitaet. 

liM  Pyrteiii  fOBt  6ii€or6  M^owd'hiity  comnw  so  fraipt 
da  HEmlfkn  RaniiQ,  lei  liorites  natardles  eatre  PBipagoe 
et  la  ItaMe.  Eatre  U  Gaute  eifldpina  et  la  Germanle,  des 
£tals  aoaveaox  ool  fraaey  lea  haotea  tommittedes  Alpes» 
ei  la  taititoln  fraa^  aa  Vfl^ta  pins  qoa  mir  des  monta- 
gnas  saassipines,  on  sor  lenrs  appendices ,  et  en  qnelqm 
lian  il  a'atMit  pas  mteoe  la  ptod  de  la  grande  cbatoe. 
OaoiqM  la  J  ara  ae  salt  qm  d*ane  hantear  mMotrt,  ses 
longues  crMea  appartlemie&t  k  fe  Suisse,  el  c*e8t  par  tear 
pM  qua  la  Praaee  est  proloogfe  jnsfia'an  Hhin.  AinsS ,  tes 
moatagneadenatMearsontyauBord,  les  Vosges.qaise 
proloiigSBt  aa  deft  de  aos  froott^rss  aotnelles  :  Ten  le  mi- 
liaOylaamaalB  Iters,  les  moats  JDdma,  teCantal;  an  sud 
lasCdTaanes,  prokmgfes  par  la  Losfere.  Des  gronpes,  phis 
reoiarqaaUes  par  leurd^Tstion  qua  par  Pespaoe  qu'Us  coa- 
▼raal,  mMteat  aassi  one  mentioo  partfcaHM :  oe  sont  les 
moBla  vmomut ,  sor  les  coafias  des  d^parfnoenls  de  Vao- 
dasa,  des  Haates  et  des  Basses-Alpes;  le  M^iin,  entre  les 
d^partements  de  la  Haote-Loirs  etde  I'ArdMe ,  et  le  mont 
JHkU,  eatia  oeai  do  Rlkyae  et  de  la  IIaote*Lolre.  Les  aatres 
^Mratleas  do  sol,  telles  qoele  JIf  or  a  ax,  oft  se  frouve  la 
aoorce  de  rYoBBe,  la  che'd^Or^  renomm^  par  ses  bons 
▼Ins,  et  qai  Terse  des  eavi  dansroeten  par  las  riTttres  tri- 
botaires  de  la  Seine,  et  dans  la  MMIterraa^  par  les  affloents 
de  la  Sadne;  le  plateao  de  l/mgrta^  entre  la  Mame  et  la 
Meose,  et  qoi  entoie  anssi  des  eaox  h  la  Sadne ,  etc. ,  sont 
toutes  ao-daisoas  dj  1000  asMres  de  liauteor  Tertlcale  de- 
pots le  alreau  de  la  nier,  et  de  300  naMres  depob  les  plaines 
qui  leor  serTeat  de  base :  oe  sont  des  eoteaux ,  et  non  des 
nionta^^ies.  Le  terrain  s^exhansse  en  appareace  dans  les 
A  r  den nes ,  mala  seiriement  paroe  que  le  point  de  d^rt 
pour  la  meaura  des  hauteuFS  est  piac6  plus  bas.  A  Pouest 
da  la  Franca,  k  tons  les  degrte  de  latitode,  des  coteaui 
eneora  plus  baa,  do  OMfaidres  obstacles  aui  grands  dbootc- 
meofes  atnsospbMquca,  et  par  oons^oent  plus  de  r^gnla- 
rit6  dans  les  ph^aoostaas  m^Moralogiques.  Le  Mdiln,  dont 
le  Tcrsaat  orieatal  appartjent  aa  bassin  du  RbOne,  se  rat- 
tacba  aox  C^ennes  et  ^  la  Lortre;  et  quoiqne  les  plus 
hantea  draes  da  oas  montagnea  n'exeMeat  go^  deui  nillo 
mMres,  dies  attdgaaat  la  rigkm  des  nuages,  qa'dles  oon- 
densaat  ou  qo'elles  datoqraent;  dies  foroent  les  Tents  super- 
fidda  k  sutTie  les  sinuodtte  des  TdMes.  Le  Tent  du  sod 
est  anea  r^goHer  dans  le  aord  de  la  France,  qooique  depois 
les  eOtes  da  la  MMitarranto  et  la  soinmet  des  PyrMes  0 
tranaporta  trap  soutcbI  lea  tempMas  et  leurs  d^Tastatlons 
josqa'an  deUi  des  monta^ies  de  rintMenr.  Si  les  Tents  du 
Nord  traHeat  omIm  d^f^Torablemant  la  partie  mMdionale 
da  notra  pays,  e'estquils  B*ont  pas  l^p^toosit6  des  Tents 
du  Sod,  at  quill  seat  naias  cbargted^eau. 
RdatiTement  k  ses  cours  d'eau,  on  peut  diTiser  la  France 

La  Manaa,  dont  la  source  est  dans  la  d^partement  de  la 
Hauta-Mame,  sort  du  territoiio  fraofais  en  quittant  le  d^- 
partaaMDt  des  Afdannes.  Son  ooors,  plus  long  et  non  moins 
siouenx  que  odvi  da  la  Sdna,  k  traTors  des  pays  od  il  pleot 
encore  plu%qu*ii  Paris,  apporterait  k  I'Oc^aa  un  plus  grand 
Tolnmed*aaa  qaa  cdul  da  la  Seine  an  HaTTS^  d  son  baasin 
n*^iail  pas  trteresserr^  sur  sa  rlTO  droita  par  le  bassin  du 
RUn,  et  aor  la  gauche  par  canx  de  la  Seftae  at  da  PEscaut. 
La  Saaabia  est  la  plus  considerable  de  ses  affluents.  Dans 
laaaofttntddaiaMeosedans  le  d^parteanent  des  Vosges, 
prte  da  WenfeMteaa,  die  disparatt  sous  terra  k  T^p^ue 
das  baascs  eaos,  et  sa  niontrada  nouTcaa  oonwie  sortant 
d^«la  aatra  sourea,  k  pen  da  dIalBBca  da  tatonaoir  oil  ses 
eaox  aTaient  M  Terste.  Ob  a  coaspard  aetta  perte  d^in 
flaoTO  qui  n*ed  eacoreqB'BB  raJsseao  kceHeda  RhOne.  Le 
liaasio  de  la  Mausa  est  enti^rement  cdcaire  depnis  la  source 
da  aatta  riritea  ]os9i*aBx  rocbea  schlstaoses  des  Ardennes. 

La  Franoa  n^  fins  qu^une  pdite  partie  du  ba^in  de 
I'Bseail  ririto  plos  lemarquable  par  les  ressources  qu'elle 


procure  au  commerce  de  la  Belgique  et  de  la  France  que 
par  son  influence  sur  le  climat  dc  nos  proTinces  do  noid. 
Depob  sa  source,  dans  le  d^partement  de  I'Aisna,  Jusqu'i 
rembouchure  de  sa  brancbe  ocddentde,  celle  qoi  parte  ses 
eaox  le  plus  loin,  PEscaut  re^if  un  grand  nombra  da  ri- 
Titees  naTigables^  quoique  d*un  cours  peu  dtendo.  Dans 
tons  les  pays  compris  dans  ce  bassin,  le  terrain  a  pen  de 
rdief,  et  peut  Atre  condd^r^  comme  une  plaine  I^kement 
onduite. 

(Test  aprte  SToIr  re^  TAar  que  le  Bhin  Tient  limiter  le 
terrltoire  fran^ds.  VTll,  nomm^e  autrefois  Alsa^  et  qui  a 
donn^  son  nom  k  bi  magnlflque  Tdl^  de  PAlsace,  rassemUa 
les  eaox  qui  tombent  des  Tosges  dans  le  d^partement  du 
Hant-Rbin,  et  les  parte  au  fleuTe  an-dessous  de  Strasbourg. 
Le  Tersant  oppose  des  mftmes  montagnes  renflume  les 
sources  de  h  Mosdle,  le  plus  grind  des  affluents  de  la  rive 
gaudie  du  Rhfai,  et  m6uie  des  deux  riyes. 

Le  bassbi  du  Rhin  coroprend  dnq  d^partements  k  peu 
pr^  en  entier.  On  n'y  refloarque  point  dans  la  distribution 
des  eaux  les  irregularity  que  les  terrains  cdcdres  manifes- 
tent  fi^quemment ;  mais  la  navigation  n*y  a  pas  autaot  de 
ressources  que  sor  la  Mouse  et  sur  I'Escaut,  quoique  le 
cours  des  rivi^es  y  ait  beaucoup  plus  d*6tendue.  Le  Ter- 
sant ocddentd  des  montagnes  est  moins  fertile  que  Toppos^, 
ce  qoi  no  tient  qa*k  la  nature  du  sol  et  &  Texpodtion  au 
leTant,  dont  les  Vosges  alsadennes  sont  fliToris^. 

Le  Rhone  appartient  plus  k  la  France  qu*k  la  Suisse  et 
k  la  SaToie  :  fa^e  d^partements  sont  renferm^  dans  son 
baasla ,  ettrois  aotres  hii  enTolent  ausd  une  partie  de  leurs 
eaox  coorantes.  A  20  Ulom^es  au-dessous  de  Genire,  il 
ed  encaiss^  dans  une  tranche  dtrofte  et  profonde ,  aboo- 
tissant  an  rocher  soos  lequd  fl  passe  tout  entier,  dans  I'^tat 
ordinaire  de  ses  eaux.  A  peu  de  distance  au-dessons  de  ce 
rocber,  qui  forme  aind  un  pont  natnrd,  le  flenve  reparatt 
en  booillonnant,  et  coule  entre  les  rochers  dont  son  lit  est 
encombrd.  Derenu  enfln  Kbre  et  naTigablei,  fl  Ta  joindre  la 
Sadne,  riviere  qui  ne  lul  est  gu^re  Infirieure ,  quant  au  to- 
Inmo  des  eaux,  et  qui  semble  Ini  sTohr  trac^  la  route  quit 
suit  Jnsqu*^  la  MMiterrande.  Les  rtvi^res  quH  revolt  sur  ses 
deox  rfTcs  sont  tr^rapides ,  surtout  celles  de  la  rive  g^uche^ 
qui  Tiennent  des  Hautes-Alpes.  On  connalt  assez  les  fr6- 
quentes d^Taslallons causto par Hmp^euse Durance.  Le 
glacters  des  Alpes  exercent  une  puissante  influence  sur  les 
moBTemeBts  de  l^tmosph^  dans  toote  cette  partie  de  la 
France;  on  y  reconndt  roriglne  do  miitral^  qui  se  foit 
aenfir  ]usqu*au  d^artament  de  TAude ;  car  depuU  le  Var 
jusqu^aox  Pyrtete  aucun  fleoTO  un  peu  condd6rable  ne 
modifia  sendblement  les  dfets  produits  par  T^tendue,  la 
forme  ot  las  grands  coorants  du  basdn  du  RhOne. 

Ottze  d^itements  sont  compris  dans  le  bassin  de  la  Ga- 
ronne d  trois  autres  a'y  sont  compris  qn'en  partie.  Le  cours 
du  fleuTO  d  des  rlTikes  tiibotaires  est  assez  roller :  point 
de  passages  souterrdns  ni  de  cascades  remarquables;  une 
pente  assez  roide  dans  les  montagnes  d  tris-adoude  dans 
les  plaines,  en  sorte  que  les  coorants  n*y  sont  pas  ausd  ra- 
pides  que  dans  le  bassin  du  RhOne.  Las  gladers  des  Pyr^ 
nte,  sans  dendue  ni  continuitd,  ne  peu  vent  6tre  com- 
part k  ceox  des  Alpes  qoant  k  leur  action  sur  les  mooTe- 
ments  atmosph^riquea.  La  chdeur  y  ed  plus  modMe  que 
dans  la  basdn  du  RhOne  k  la  mOme  latitode,  les  saisons  y 
sonlmolna  fn^gales,  d  la  sicheresse  n'y  dtele  pas  aussi 
souTCBt  les  cnltiTateors ;  mais  les  produciioBS  des  contrOes 
m^ridionales  de  la  France  lul  sont  reAiste ,  d  l*hnmidil^ 
y  ed  sooTOBt  plus  grande  quit  ne  le  fandrdt  pour  perfec- 
tionner  cdles  de  la  Tigne.  Las  prindpaox  aflhients  de  la 
Garonne  soat  ceux  de  la  riTa  drdta.  La  Dordogne  lul  ap- 
porta  les  eaux  du  Tersant  ocddentd  das  andens  Tolcans 
de  Unt^riear ;  le  pays  traTersd  par  cdte  riri^  se  tessent 
encore  de  sonorlgiiia  d  das  booleTersementa  qui  ont  form^ 
aes  montagaes  et  ses  Tallte.  Dea  pealas  irr^uUftras,  de 
brusques  d^Tiations,  des  roehesqui  dlTisent  le  conrant,  d 
d'autros,qui,  tantOt appaiaBteo  dtantOt  eoBfartes parlaa 

6a. 


<S36 


FRANCE 


MUX,  8ont  un  obstacle  on  on  danger  poor  la  nayigation , 
opposent  k  Part  des  ing^nieure  des  dlflicult^  qui  ne  seront 
peut  6tr6  pas  surmontees  dans  la  r^on  Tolcaniafe.  A  lari- 
guear,  b  Dordogne  n^est  paa  un  affluent  de  la  Garonne » 
puisque  le  courant  form^  par  la  reunion  du  fleu?e  et  de  Ja 
riTiire  change  de  nom  et  prend  celul  de  Gironde :  ancune 
consideration  hydrographique  ne  justifie  cette  diatinclion.  Le 
Lot  Tient  de  la  Loz^re;  son  coure  est  trte-sinueoZy  et  ses 
eaux  y  qui  content  en  quelques  lieux  a?ec  nne  grande  Ti- 
tesse,  sent  ailleurs  d*une  iroroobUit^  apparente.  Le  Tarn 
apporte  k  la  Garonne  le  tribut  des  Cayennes,  et  continue  ^ 
cbarrier  quelques  d^ris  de  ees  montagnes,  k  former  des  at- 
terrissements ,  qui  i  la  longue  feront  changer  en  quelques 
lieux  la  pente  et  la  direction  de  son  lit. 

£n  ce  qui  conceme  la  m^t^rologle,  les  bassins  de  TA- 
dour  et  de  la  Cbarente  peu?ent  6tre  r^nnis  k  celui  de  la 
Garonne »  sauf  quelques  modiflcations  qui  dependent  de  la 
latitude  et  de  la  nature  du  sol.  La  quantity  moyenne  des 
eauz  de,  pluie  qui  tombent  dans  cette  partie  de  la  France 
et  un  peu  plus  grande  que  dans  les  bassins  de  la  Loire  et 
de  la  Seine,  est  surtout  dans  celui  du  Rbtoe. 

Le  bassin  de  la  Xoire  comprend  k  peu  prte  le  quart  du 
territoire  actuel  de  la  France.  Le  fleu?e  qui  lui  donne  son 
nom  pouTsit  trou?er  dans  VAllier  un  comp^titenr  redou- 
table ;  mais  la  gfologie  repousse  les  pretentions  de  ce  riTSl , 
car  en  examlnant,  ao-dessous  du  confluent  de  la  Loire 
et  de  TAllier,  les  d^pdts  formes  k  di?erses  profondeurs,  on 
trouve  quMIs  sent  presque  entierement  des  alluTions  dn 
premier  courant ;  le  second  n'y  a  contribu6  que  trte-pea. 
Les  principales  rivieres  tribntaires  apris  I'AUier  n'ont  pas 
leurs  sources  k  une  grande  hauteur  ao^essus  de  I'Ooean ; 
et  comme  leur  cours  est  asses  long,  eUes  coulent  ayec  len- 
teor  sur  un  terrain  d'une  faible  inclinaison.  Les  bateaux  les  re- 
montent^  layoile  araided^unTentmediocre;  lespaysqu'eUes 
traversent  paraissent  mieux  acroses,  et  ils  le  sont  reeUement 
trop  dans  quelques  lienx,  od  les  eaux  n*ont  pas  assez  d^e- 
coulement  et  ferment  des  marais ,  an  prejudice  de  la  sante 
des  habitants.  C*est  dans  le  bassin  de  U  Loire  que  Ton 
trouve  encore  aojourd^hul  la  plus  grande  etendue  de  ces 
terrains  marecageux  qui  pooiraient  etre  dessecbes  sans  de 
grands  travaux ,  assalnls  et  cultiTes.  La  snrabondance  des 
eaux  se  fait  beaucoup  moins  sentir  sur  la  riye  droite  que  sur 
la  gauche ,  excepts  dans  le  departement  de  la  Loire-lnCe- 
rieure ,  od  oependant  let  marais  sont  plus  desseclies  qae 
ceux  de  la  partie  meridionale  de  ce  bassin.  L*origine  des 
sables  charries  par  la  Loire  ne  doit  pu  etre  chercliee  sar 
une  petite  partie  de  son  coors  :  chacun  de  ses  affluents  lui 
en  apporte,  et  ils  deviennent  si  abondants  qu'il  a  falln  op- 
poser  des  digues  d  leurs  invasions,  afin  d'en  presorer  les 
belles  plaines  qui  s'eteodent  sur  les  deux  rives  do  flenve 
jusqu*au  pled  des  coteaux.  Sans  cette  precaution,  la  Ton  - 
raine  n'eAt  pas  merite  le  nom  dejfardin  de  la  France. 
Un  dep6t  de  ces  sables  d*alluTion ,  communiquant  encore 
avec  les  eaux  do  fleuve,  qnolquMI  soit  garanti  de  lenrs  ero- 
sions, enfoul  sur  tout  le  reste  de  son  etendue  etonyert  pres 
d*Orieans  en  forme  de  puits  k  trsTen  la  couche  soperfidelle 
qui  le  couvre ,  forme  en  ce  lieu  la  sonrce  du  Loirei,  petite 
riyiere  de  deux  lieues  de  cours,  navigable  surtoute  la 
longueur  de  ce  tnjet,  d*une  admirable  limpidite,  ooulant 
avec  plus  ou  moins  d*abondance,  seion  que  les  eaux  dn 
fleuve  dont  elle  est  une  derivation  sont  plus  ou  moins  liaotes. 

Le  bassin  de  la  Sei ne  n^a  pas  tout  k  lait  en  eiendne  le 
septieme  de  celle  de  la  France  :  11  n'occope  done  que  le 
quatrieme  rang  parmi  les  divisions  bydrographlquesde  notre 
territoire :  mais  comme  la  capHalese  trouve  snr  le  parooors 
de  ce  fleuve,  Pattentioa  spedale  que  Ton  a  donnee  anx 
besoins  de  Paris  et  aux  moyens  de  les  satisfaire  a  lait  liAter 
le  perfectionnement  de  la  navigation  de  la  Seine  et  de  ses 
affluents;  de  nouvelles  voles  navigables  ont  eteouvertes, 
et  les  eaux,  mieux  distribuees  sur  le  sol,  retirees  de  lieux  od 
elles  etaient  inutiles  ou  nuisibies,  ont  alimente  ces  rivter«s 
arlificiellcs.  11  y  a  mainti^nnnt  lK*nuroiip  moins  dc  marais 


dans  le  bassin  de  la  Seine  qne  dans  ednl  de  la  V&t,  m 
raison  de  la  soperficie  de  Tun  et  de  I'antre:  rqiendant  fi  m 
reste  enoore^  memo  asaez  prte  de  la  eapitale.  Le  votf 
d'ouest  est  moins  dominant  dans  le  basalB  de  la  Seiae  qne 
dans  celui  de  la  Loire ;  oela  tient  ^  ce  que'  Tespnee  nrrose 
par  le  fleuve  de  la  capitale  est  incline  vers  le  nard-oucst, 
au  lien  que  le  coors  entier  de  la  Loire  peache  vers  l*oiiesl; 
Qnoiqoe  le  cours  dela  Mame  soit  aussi  long  qoe  oetan  da 
hi  Seine  ^  rembouchure  de  la  riviere  dans  le  fleave,  on  oe 
peut  oontester  la  superiorite  de  oelui-d ,  eft  nisoa  4i 
nomlire  et  dela  grandeur  de  ses  affluents. 

Nous  n*avons  plus  roaintenant  k  faire  mentioB  que  da 
petits  fleoves,  dont  rinfluenee  sur  le  climat  et  la  tempentoie 
ne  pent  etre  aperqie,  sinon  dans  leur  voisinag^  Noos  pli- 
cerotts  sans  difflcolte  la  Samme  ao  meme  rang  que  h 
Cbarente  et  TAdonr,  et  encore  plus  bas  la  VUaUu  et  les 
autres€Ourants  navigables  de  la  Bretagne;  puis  VOrm»  «t 
quelques  autres  flenves  encore  plus  petits  dans  la  nsmun- 
die;  une  llgne  de  coteaux  se  prolonge  k  Tooest  Josqn*ao 
deU  de  Brest,  et  se  rattacbe  aox  limites  do  bas^  de  la 
Seine;  c^est  dans  ces  terrains,  d^ne  bauteor  mediocre, 
que  sont  les  soorces  des  rivieres  dont  on  vient  de  parler,  m 
nord  et  ao  sod.  Ces  coteaux  moderent  la  viteise  des 
vents  do  nord  pour  les  regions  de  leor  versant  meridioBai, 
et  les  rendent  per  consequent  moins  froids  et  moias  sacs; 
mais  depots  les  cAtes  de  la  Mancbe  jusqo'i  i*extreaiiie  da 
versant  septentrional,  les  Ocbenx  eflets  de  ees  veats  de- 
viennent  plus  sensibles. 

II  n*y  a  presque  point  de  terrea  infertUes  dans  toota  la 
France  :  si  Ton  retrancbe  de  sa  soperflde  lea  rocbea  de- 
pouiUees,  tout  le  reste  pent  etre  convert  de  vegetaox  otiles, 
mis  k  profit  par  rindostiie  agricole.  Lea  landea  da  Bor- 
deaux neitarderont  pas  k  devenir  fteondes;  la  Sologae 
s*ameUore  soooessivemeat,  et  les  crales  de  la  Champepe 
commenceot  ^  se  coovrir  d'arbres  dont  la  moltipUcalioti  ert 
le  meilleor  moyen  de  donner  oo  de  rendra  ao  eol  la  dcpi 
d*honddite  qoi  cntretfent  la  vegetation  dans  toote  sa  vignear. 
En  France,  ia  cbaux  domine  k  la  sorfaoe  et  dans  Tioteriev 
de  la  terre;  le  sol  calcairesurpasse  en  etendoeceuxqai 
caracterisespar  rabondancedeiasilieeoa  dei'argila, 
les  proportions  entre  les  prindpes  d*uae  terre  vegetale 
peovent  verier  dans  one  asses  grande  latitoda,  poarva 
qoe  cette  terre  oontienae  one  asset  grande  qoaatiie  da  na- 
ueres  vegetales  en  decomposition.  Les  prodoits  da  loss  eei 
sols,  entre  lesqoelsranalyaecbimlqoeetabiirait  des  diffeifcas 
essentielles,  peovent  etre  oonfondos  qoant  anx 
les  font  rechercher;  le  nombre  des  plantes  qui 
sent  qoe  dans  on  sol  qoi  leor  soit  approprie  n*est  qoe  Irts- 
petit  en  eomparalson  de  la  prodigieose  malUtode  da  cellcs 
qui  s^aooommodent  de  tons  les  teiTains ;  et  celles  qua  noas 
coltivons,  les  cereales,  par  exempJe,  font  partie  de  celle 
foule  complaisante. 

En  fait  de  mlneraox ,  la  France  a  ete  fraitee  avac  paid- 
monie :  on  ne  tronverait  peotoetre  enEorope  aocona  cootree 
de  meme  etendue  oil  renomeration  des  substances  mlBerales 
soit  aosd  restrelnte.  Gependant,  tons  les  modes  de  fomaalioa 
ont  eo  pari  &  retat  od  noos  la  voyons  aqjoord'hoi ;  ks 
feux  souterrains,  les  eaux  douoes  et  cdles  de  la^ner  y  oat 
laisse  des  temoignages  irrecosables  de  leor aadeanaat  pois> 
sante  action  :  Porigine  de  qodqoes-oaes  de  ses  mnnligBia 
semUe  remonter  Josqu'd  I'epoque  da  la  eonaoUdatiaa  de 
notre  globe,  et  U»  debris  da  ces  protoberances  leriastias 
exposees  depois  d  longtemps  d  ractkm  da  Patmoapbera 
ont  eie  entratnes  soivant  des  directioBs  traeees  d*avaaee 
par  les  irregolarites  da  ia  sorboe;  les  Alpes  ant  foaral  des 
materiaox  poor  des  atterrissements  en  Italie,  vers  la  nser 
Noire,  I'Ocean  et  la  Medltemnee;  les  Pyrteeea ,  dont  les 
pics  atteignirent  aotrefois  one  baotenr  quails  oal  perdoe,  se 
sont  ecrouiees  vers  le  nord  et  encore  plus  vers  le  sod;  les 
Vosges,  qui,  dans  leor  structure  primitive,  n'etaient  pant- 
eire  pas  dominees  par  les  Alpes,  roaisd^une  stmctore 
soKile  it  posc^es  sur  une  l>ase  plus  etroite,  ne 


FRANCE 

plus  que  ka  ruiiuss  da  (tfor  indenne  grandeur;  les  roches 
forto^es  k  leiirs  di^pens  occupent  aajounl'bui  tout  le  bassin 
de  la  Moselle  et  one  partie  de  la  TalSte  da  Rliin,  espace  im- 
mease  en  comparalson  de  celai  qu^elles  coa?rirent  anx 
emps  plus  rapprocli^  de  leur  formation.  Dans  nnt^rieor 
de  la  France ,  lea  diangements  de  forme  et  de  grandeur 
n|ont  pas  ^  moins  remarquables.  Le  M^ln  et  ses  appen* 
dices,  lescliatues  de  montagnes  qni  alors  oorome  de  nos  jours 
en  vox  aient  des  eaux  ^  la  Loire  et  k  la  Garonne ,  nMtalent 
pomt  d^chus  de  leurs  dimensions  gigantesqoes ;  toot  ce  que 
hors  citnesi  ontparsem^  sur  plusieurs  milliers  de  kilometres 
carr^  deYrait  dtre  ^Taln^  si  Ton  Toalait  avoir  one  notion 
exacte  de  ce  qu*dles  furent  autrefois.  Quelle  que  soit  la 
cause  de  ces  prodigieux  dMulements,  on  ne  pent  se  dis- 
penser de  reconnattre  que  son  action  n'a  jamais  ^t^  violente, 
cpie  la  grandeur  de  ses  effets  est  seiilement  une  preuTe  de 
de  sa  longne  dur^,  qui  n*a  pas  encore  atteint  son  terme ; 
on  en  est  convaincu  par  Tinspection  des  mat^riaox  prove- 
nant  de  ces  ruines  :  ils  ont  4tA  d^pos^  stoc  ordre,  k  des 
^poques  indiqute  par  leur  stratification ,  et  les  atterrisse- 
ments  n^ont  pas  c^s^,  quoique  leurs  progrto  soient  main- 
tenant  d*une  extreme  lenteur.  Ainsi ,  dans  l*int^rieur  de  la 
France  eomme  k  Test  et  an  sod,  les  montagnes  tendent  k 
a'abaisser  de  plus  en  plus,  tandis  que  les  eaux  courantes, 
continuant  k  exliausser  le  fond  de  leurs  Tallte ,  coopirent 
au  niyellement  g^n^ral  de  la  surface  du  globe. 

Mais  ces  montagnes  de  Tintdrieur  de  la  France  ont  ^t^ 
soumiaes  k  un  autre  agent,  dont  la  yiolence  est  le  caract^re 
propre :  des  traces  de  Tolcans  ^ints,  des  roches  basalti- 
ques,  des  couldes  de  laves,  des  crat^es  blen  caract^rLs^  et 
tr^s-reeonnaissables,  des  terres  volcaniques,  etc.,  occiipent  un 
espace  considerable  dans  les  d^partements  de  la  Haute-Loire, 
de  TArdtehe,  de  la  Lozire,  du  Cantal  et  du  Puy-de-Di^me, 
so  deU  du  Rh6ne;  on  en  trou?e  aussi  dans  le  d^partement 
do  Yar,  prte  de  Brignoles,  et  sur  les  coteaux  entre  le  bassin 
de  FArgens  et  cdui  du  Yerdon.  Vrhs  des  bords  du  Rbdne, 
les  basaltes  de  Rochemaure  attirent  I'attention  de  tous  les 
Toyageors,  et  un  pen  plus  loin  la  montagne  de  Chenavary 
est  chargto  d*nn  de  ces  assemblages  de  prismes  basaltiques 
nonun^  Tulgairement  pavi  des  grants,  Un  cratire  tr^ 
Taste,  mats  d^hir^  sur  toute  sadrconf(6rence,  est  euTironn^ 
des  laves  qui  en  sortirent  k  une  ^poquedont  rien  n'indique 
la  place  dans  I'ordre  des  temps  au  moyen  d^autres  ^vdne- 
ments  contemporains.  Une  multitude  d^autns  puys  (bou- 
dies  volcaniques  ou  masse  de  basaltes)  parsem^  sur  le 
Tersant  oriental  du  M6un,  dans  le  bassin  de  TArd^e, 
conduit  jusqn'lk  Praddles,  dans  le  bassin  de  TAllier.  C'est 
prds  de  cette  petite  ville  que  Ton  voit  un  anden  Tolcan 
remarquable  par  les  bonles  de  basalte  qull  oontient  en 
grande  quantity  Ces  pierres  arrondles ,  de  grandeur  Uis- 
in^gale,  dont  qudques-unes  sont  briste  en  partie  et  lais- 
sent  voir  knir  structure  int^eure,  sont  formte  par  des 
couches conoentriqoes,  d'^paisseur  variable,  m6me  dans 
Ja  superfide  de  chacune,  en  sorte  qoetr^peu  de  ces 
masses  ent  une  figure  passablement  sph^rique.  On  salt  que 
f  antique  ville  du  Puy,  chef-lieu  du  d^partement  de  la 
Haote-Loire,  est  construite  sur  un  anden  volcan  dont  les 
debris,  encore  imposants,  donnent  k  ses  environs  et  mtoe  ^ 
son  Int^rieur  on  aspect  trte-extraordinaire.  Le  bassb  de 
PAllier  renferme  un  si  grand  nombre  de  ces  andennes 
boucbes  i^ivomei ,  que  les  cendres  lancte  en  Pair  par  leurs 
Eruptions  ont  change  la  nature  du  sol  snr  les  deux  rives 
de  oette  rivi^  et  de  ses  affluents;  la  culture  y  est  extrft- 
mement  facile,  et  la  terre  beaucoup  plus  productive  que 
danslavalMe  de  la  Loire,  oti  les  volcans  n'ont  r6pandn 
qo'one  trte-mince  couche  de  cendres.  £n  arrivant  au  Cental 
et  sur  les  monts  Dore  et  DOme,  on  toU  d*abord  que  les 
boucbes  de  volcans  y  sont  moins  rapprochto,  mais  que  les 
laves  qn'elles  ent  fait  couler  autour  d*elles  n^occupent  pas 
moins  d'espaoe.  Le  Puy-de-D6me  tennine  vers  le  nord  la 
region  vokaniste  de  Fandenne  Auvergne.  11  paratt  que  les 
rocbes  de  oette  montagne  ont  cprouv^  une  tr^s-forte  clialeur, 


6St 

mais  que  les  feox  sootenralns  ne  les  ont  point  traverse  i 
ainsi ,  ce  serait  des  monts  Dore  et  du  Cantal  que  provien- 
draient  les  coulto  dirigdes  sur  les  deux  versants,  dans  le 
bassin  dela  Loire  et  dans  cdui  de  la  Garonne.  Qiielques- 
unes  de  ces  coulte  sont  aujourd*hul  dans  des  positions  qui 
r^vdent  de  grands  changements  ^ronv^s  par  les  terrains 
qui  les  portent;  dies  occupent  tout  le  sommet  de  coteaux 
dirigte  vers  le  Icratto  du  volcan ;  et  des  ravins  trte-pro- 
fonds,  des  vall^  arroste  par  des  misseaux,  apparent  ces 
productions  des  faicendies  souterrains.  II  est  Evident  que  les 
ravins,  les  vallte  n^existaient  pas  k  T^poque  des  Erup- 
tions volcaniques;  que  leur  creosement  ne  peut  6tre  attribuE 
qu*&  des  agents  palsibles,  et  que  par  consequent  ilest  une 
oeuvre  du  temps :  mais  en  oombien  de  siteles  la  falble  action 
des  eanx  pluviales  est-elle  parvenue  k  Cure  ces  dd>lais  de 
plusieurs  centaines  de  metres  de  profondeurP 

Nous  arriverons  anx  terrains  d'alluvion  en  sulvant  le  cours 
des  eaux;  mais  nous  ne  trouverions  pas  tout  ce  qui  leur 
appartient  d  nous  n^gligions  de  visiter  en  m^me  temps  des 
plateaux  qui  servent  de  Umltes  entre  les  basdns  des  fleuves, 
et  mftme  des  r^ons  montagneuses.  En  effet,  des  ooquilles 
marines  sont  empftt^es  dans  les  roches  cakalres  des  hauts 
pics  des  Pyrdnte;  d^autres  depouiUes  de  moUnsqnes  abon- 
dent  dans  le  calcaire  du  Jura ,  depuis  la  base  jusqu'au 
sommet,  et  les  analogues  des  animaux  qui  vEcurent  au  fond 
de  rocdan,  lorsqu'il  couvrait  presque  toute  TEnrope,  ne  se 
trouvent  plus  ^  I'ouest  de  Panden  continent;  c'est  entre 
PAsie  et  TAm^rique,  Ters  le  detroit  de  Behring,  que  Pon  a  vu 
pour  la  premite  fois  des  trilobites  semblables  ^  ceux  du 
calcaire/uroffi^ue.  A  Pexception  des  Alpes  fran^alses,  des 
montagnes  de  PintErienr  et  de  leurs  ramifications  jusque 
dans  le  departement  de  Satoe^-Lolre,  d'une  partie  des 
Yosges  et  des  Ardennes,  de  Pouest  de  la  Normandie  et  de 
la  plus  grande  partie  de  la  Bretagne,  le  calcafa«  coquillier 
domine  partout,  avee  sa  texture  cavemeose,  Plrregularite 
qu^il  introduit  dans  la  distribution  des  eaux,  les  divers  me- 
langes qu'il  admet  et  les  substances  etrang^res  qu*il  reo^le 
souvent  dans  son  Interieur  on  dans  ses  cavitds.  Cest  dans 
les  terrains  de  cette  nature  que  se  trouvent  les  grotles  les 
plus  cei^bres ,  les  ossements  de  ces  races  d*animaux  qui  ont 
disparu  et  dont  plusieurs  ont  souvent  une  sepulture  com- 
mune. La  litterature  a  iUustre  la  caveme  de  Vaueluseei 
sa  fontaine ;  l*liistoire  naturdle  reoommande  depuis  long- 
temps  les  grottes  d'Arcy-ncr-Ctire;  des  objets  beaucoup 
plus  varies  s'oinrent  anx  yeux  des  naturalfetes  geologues 
dans  les  cavemes  de  Lunel-le-VUl  (Heraolt),  de  Size 
(Aude),  deMiremont  (Dordogne);  mais  le  spectacle  le 
plus  etrange  et  le  plus  mstructif  est  cdui  de  la  montagne 
de  Boulade,  prte  d'Issoire,  dans  le  departement  du  Puy-de- 
D6me  :  1^  se  trouvent  entasses  et  oonfondus  les  debris  de 
races  d*anfanaux  des  regions  lohitaines,  des  liabitants  de 
de  Pdr  et  de  ceux  des  eaux  donees  et  saiees ;  et  pour  que 
rien  ne  manque  k  cette  merveilleuse  reunion,  un  examen 
attentif  des  materiaux  de  cette  montagne  et  de  leur  super- 
position fait  soup^nner  qu'dle  est  le  produit  d'eruptions 
succesdves  d*un  volcan  boueux  forme  par  les  memes  fenx 
qui  s^ouvrirent  pludeiirs  issues  dans  cette  contree  et  y  re- 
pandirent  les  laves  que  Ton  y  voit  encore,  et  dont  la  pre- 
sence attestera  dans  tous  les  temps  Poriglne  Ignee  de  plu- 
deurs  substances  minerales,  mdeesdans  cette  montagne 
avec  les  produits  des  eaux. 

Hors  des  regions  volcanisees,  on  trouve  d*autres  preu- 
▼es  du  sejour  alternate  des  eaux  donees  et  saiees  sur  le 
meroe  terrain ;  aux  environs  de  Paris ,  des  lits  plus  ou  moins 
epais,  contenant  des  coquUles  d^eaux  donees ,  des  osse- 
ments de  quadmp^des,  etc.,  supportent  d'autres  couches 
de  calcaire  marin,  tantdt  pur  et  tant6t  penetre  de  silice. 
On  peuts^en  convaincre  k  la  butte  de  Roquencourt,  pr^  de 
Yersailles,  ou  est  Tune  de  ces  stratifications  d*eaux  donees 
k  plus  de  cent  metres  au-dessous  du  sommet,  sous  des  grto 
calcaires  marins,  un  banc  d'hultres  et  d^autres  fbnnations 
par  les  eaux  dePOcean.  11  est  done  certaia  qn'oae  pmlkMi 


63S 


FRANCK 


trte-eoDtUMrabto  ia  terrltollre  tnn^lt  fdt  abandonn^  et 
reeonqnifle  toar  h  tMir  par  la  mer,  non  par  des  mooTemenU 
violeots  et  ds  p«a  de  &ur6e,  inais  aTeelentear,  etsana  causer 
aocon  dterdre  sensible ,  de  mteie  que  Ton  observe  au- 
jourd'hiif  la  retraite  d«i  eaoi  de  la  M^terran^  oa  leurs 
empi^tements  snr  qnelqnes  pobits  des  odtes  de  France 
et  dltalie.  Presqne  toot  le  bastin  de  la  Garonne  porte 
Tempreinte  des  formations  d'eaoi  douces ;  plusde  la  moiti^ 
dn  basslnde  la  Seine  dteote  aussi  la  m6me  origlne;  et  si  on 
en  Tolt  moins  dans  le  bassin  de  la  Loire,  c*est  peutr6tre 
seolement  parce  que  les  coquOles  fluviatiles  et  terrestres , 
plos  fragOes  que  oelles  des  mollosques  marlns »  ont  ii^  pul- 
yrM96e»  par  les  cailloux  etles  graTiers  charri^s  en  m^nie 
temps  et  snr  mi  long  trajet.  La  partie  da  bassin  du  Rhin 
qui  appartittit  I  la  |Yance  est  aussi  de  cette  mAme  forma- 
tion; et  en  s'aTan^ant  Ters  le  nord,  on  la  rencontre  sur  les 
bords  de  la  Somme,  des  affluents  de  I'Escaut  et  de  la  Meuse. 
Dans  les  terrains  de  cette  nature,  la  distribution  des  eaux 
est  moins  irr^li^re  que  dans  le  cakaire  marin,  et  plus 
que  dans  les  terrains  dits  primitlfi,  parce  que  nul  agent 
connu  ne  les  a  modifl^. 

On  pent  actnellement  rapporter  h  leur  T^ritable  cause 
certaines  modifications  da  dimat  qui,  dans  Titendue  de 
la  France,  ne  dipeodeai  ni  de  la  latitude  ni  des  grands 
oourants  de  t'atmosph^;  on  Toit  qu'elles  tiennent  prin- 
cipalement  anx  circonstances  hygrom^triques  des  lieux ,  k 
leur  distance  des  mers  et  i  leur  hauteur  au-dessus  du  ni- 
veau de  rOcto.  Aussi  iongtemps  qu'nn  Tent  d'ouest  per- 
siste  dans  la  direction  d*un  parall^,  11  pent  s'^chauffer 
graduellement,  k  moins  que  de  hautes  montagnes  et  des 
glaciers  ne  se  trouvent  sur  sa  route.  Ck>mme  te  vent  d'est 
est  moins  dominant  en  France,  11  ne  reflroidit  pas  en  ralson 
de  sa  durte ,  mats  par  Tdvaporatlon  qui  Taccompagne.  Le 
▼ent  d*ouest  a  cess£  d*6tre  pluvieux  avant  de  quitter  l'£u- 
rope ,  et  par  cons^uent  la  quantity  de  pluies  qu'il  verse 
sur  le  territoire  A'an^ais  dterott  en  avan^ant  k  Vest  Des 
observateurs  dignes  de  conflance  afflrment  qu*k  la  mfime 
latitude  la  temperature  moyenne  est  plus  ^evte  de  deux 
degr^  sur  les  bords  du  Rhin  que  sor  les  G6tes  de  TOcdan. 
On  n*a  pas  encore  asses  de  mesares  des  quantity  d'eaux 
pluviales  tombto  en  des  lieux  connus,  pour  que  Ton  essaye 
d'^tablir  leurs  relations  avec  Tensemble  des  faits  m^ttero- 
logfques ;  mais  on  salt  d^j^  que  ces  quantity  sent  plus 
grandes  prte  de  la  mer  que  dans  Pint^rieur  des  continents 
et  m^me  des  grandes  tles^  sauf  quelques  exceptions,  dont 
la  France  pr<isente  quelques  exemples  :  11  tombe  annuelle- 
ment  k  Paris  prks  de  57  centimetres  d*eau  de  pluie,  et  sur 
les  edtes  de  Pandenne  Provence  un  pen  moins  de  53  cen- 
timetres. Ce  desstebement  est  un  des  effets  du  mistral  dans 
la  partie  m^ridionale  du  bassin  du  Rhdne. 

Voyons  maintenant  ce  que  la  min^ralogie  de  la  France 
foumtt  pour  les  travaux  des  arts.  Nous  y  trouverons  tr^s- 
peu  de  mdtaux  prteienx,  mais  une  grande  abondance  de 
fer;  qudques  beaux  marbres,  des  mat^riaux  tels  qu'il  en 
faut  aux  arehitedes;  de  la  houille,  trop  in^ement  rd- 
partie  entre  les  prorinces  auxqudles  elle  rendrait  de  si 
grands  services,  etc  On  trouve  des  marbres  en  plusieurs 
lieux,  an  nord,  k  Test  et  au  sud  de  la  eapiiale,  sans  parler 
de  ceux  de  la  Corse ;  maiscenx  des  Pyrto^s  Teroportent  cer- 
tainement  sur  tons  les  rivaux  qu'on  pourrait  leur  opposer. 
L'alb&lre  n*est  pas  rare  non  plus  dans  les  coteaux  de  Corbieres 
qui  en  sent  voisins.  En  gto^al,  toutes  les  variety  de  pierres 
calcaires  employta  per  les  arts  de  luxe  se  trouvent  dans  les 
PjHn6es  fran^ises  oudans  les  appendices  de  ces  montagnes. 

Parroi  les  pierres  silioeuses  qui  concourent  avec  les 
marbres  pour  la  decoration  des  Edifices ,  la  fabrication  de 
quelques  meubles,  etc.,  leg  ran  it  serait  au  premier  rang 
sil  etait  moins  dlfQdle  dc  le  tailler  et  de  le  polir.  Cdui 
de  la  France  n*a  rien  qui  le  recommande,  surtout  celui 
dont  on  fait  le  plus  d*usagc  k  Paris  :  on  Ic  fire  de  la  Nor- 
niandie  et  de  la  Bretagnc;  nials  ceux  des  Vosgcs,  des  A]|>es 
Ct  des  montagnes  Ue  llatericur  sont  d'une  couleur  plus 


agr^able ;  le  porphyre  et  le  jaspe ,  (ins  tares  que  fe  gnnit, 
manquent  ^  Touest  de  la  Fiance;  Test  et  l^t^rieur  m  ool 
dans  les  tiautes  montagnes.  Outre  ces  matdriaux  iterres 
pour  la  DMgnificence  des  constnidiona,  la  Btliologie  fran* 
false  pourvoit  abondamment  aux  besobs  plus  Tol^irai; 
si  Tarchitecture  runde  n*a  pas  abandonn^  partoot  lea  oobs* 
tructions  en  pis^  et  autres  Equivalents,  ce  n'est  pas  b  b£- 
cessite  qui  a  fait  conserver  ces  andennes  habitndet. 

Les  bassins  de  la  Loire  et  de  la  Garonne  posaMeot  pies 
que  tout  le  reste  de  la  France  d*excellent8  materiaux  pov 
Part  du  potier.  Les  argiles  ^porcelainede  Saint-Yrieyx 
ont  Iongtemps  aliments  toutes  les  fabriques  firan^aises; 
dans  le  m6me  d^partement  (Haute-Yienne)  des  teefaodet 
sans  couleur,  et  d^pourvues  de  ce  que  le  luxe  y  recbercfae, 
sont  employees,  comme  lesmatieres  les  plus  coounuaes, 
^  la  reparation  des  routes.  Plusieurs  departementa  rnerans 
de  la  Loire  et  de  ses  prindpaux  affluents  exploiieot  les 
bancs  de  pierres  k  fusil  (si  lex  pyromaque) »  qiu  y  sont 
tr^s-etendus;  la  profession  de  caillouteur,  qui  (ait  subsis- 
ter  une  partie  de  la  population,  foumit  au  commerce  iaU- 
rieur  et  m^me  k  une  exportation  assez  considerablaw  Dans 
le  bassin  de  la  Sein^  les  pierres  nieulieres,  exptoittes 
en  plusieurs  lieux ,  alimentent  aussi  un  commerce  impor- 
tant Pen  de  parties  de  la  France  sont  depourvues  de  g  r  i  s, 
soit  pour  les  constructions,  solt  pour  le  travail  da  remoa- 
leur,  etc.  Les  schistes  tigulaires  (ardoises)  sont  moias 
repandus  que  les  gr^s;  mais  les  in^uisables  ardoisiires 
de  Maine-et-Loire  et  des  Ardennes  Bufliraient  seuks  poor 
nous  mettre  au  niveau  du  besoin  que  Ton  peut  avoir  des 
pierres  de  cette  nature. 

Les  Pyrenees  et  les  cevennes  foumissent  le  pen  d*or 
que  Tan  recueOle  sur  le  territoire  francs,  dans  les  sablei 
de  qudques  courants.  L'Ariege  {Aurigera)  et,  pins  k  roiiest, 
le  Salat  conservent  encore  quelque  peu  de  leur  andene 
renommee,  quoique  leurrlchesse  s'epuise  de  plus  en  plus. 
L'Heraut,  le  Card  et  la  Ckse  ocicupent  aussi  quelques  mr- 
paiUeurs ,  mais  ne  les  tirent  point  de  la  pauvrete.  Qud- 
ques mines  de  plomb  argentuere  furent  exploiiees  autre- 
fois dans  les  Vosges.  Le  cui  vre  est  plus  abondant :  qud- 
ques mines  dans  les  montagnes  de  Tinterieur  el  dans  fe 
departement  des  Basses-Pyrenees  diminuent  quelque  pea 
llmportation  do  cuivre  etranger;  mais  on  ne  peut  gattn 
esperer  que  de  nouvdles  deoouvertes  ^  des  exploitations 
plus  actives  puissent  jamais  nous  affranchir  de  oe  tribot 
que  nous  payons  k  des  peuples  mieux  pourvus  que  noos  de 
ce  metal,  dont  les  arts  ne  peuvent  se  passer.  Quand  &  re- 
tdn,  il nous  manque  tout  k  fait,  et  les  indices  aperqis  sar 
les  cdtes  de  la  tfancbe,  en  face  des  riches  mines  de  ce  me- 
tal dans  le  pays  de  Galles,  et  dont  les  filons  se  proloi^eBt, 
comme  on  sail,  vers  le  sud  au-dessoos  du  fond  de  la  mer 
et  donnent  lieu  k  des  exploitations  sous-mariues ,  ne  pro- 
mettent  pas  non  plus  une  nouvelle  ressource  qui  puise 
nous  sufRre.  Peu  s*en  faut  que  le  plomb  n*ait  ete  rduse  a 
notre  territoire;  car  les  mediocres  exploitations  de  ce  metal 
dans  Tancienne  Bretagne ,  les  Vosges  et  les  nAontagnes  de 
Tbiterieor,  ne  produisent  qu^une  trte-Caible  partie  de  oe  qot 
nous  consommons.  Le  zinc ,  dont  on  fait  maintenant  on  a 
grand  usage,  est  encore  une  production  exotique,  ainai  que 
le  mercure.  Quant  aux  metaux  employes  dans  les  arti 
diimiques  sans  les  amener  k  retat  de  rigule^  noos  ca 
avons  plus  que  nos  fabriques  n^en  demandent :  ie  maBga- 
nese,  par  exemple,  est  en  si  grande  quantite  k  Ronui- 
n^he  ( Sadne-et-Loire) ,  qu*il  entre  comme  un  moeUca 
dans  la  construdion  des  murs.  Celui  des  Vosg^  oonvient 
raleux  pour  les  verreries,  quoique  ses  mmes  soient  motns 
abondantes  que  celles  de  Romanicht^  comme  plus  propie 
k  rendre  le  verre  parfaitement  incolore.  11  n*y  a  pas  plus 
d*un  demi-siede  que  la  Saxe  tirait  des  Basses- Pyrenees  uoe 
partie  du  cobalt  employe  dans  ses  iabriques  de  bleu  d*emalL 
Le  Puy-de-Ddme  fournlt  de  l^antimoine,  elc 

Mais  ces  richesses  minerales  n*appartiennent  qu*i  ua 
petit  nombre  de  lieux  priviiegies,  au  lieu  que  les  BiiMt  da 


fer,  dNine  abondanoe  qne  des  siteles  d'exploitation  ne  feront 
(MM  d6crottr«  sensMblement ,  sont  r^paadnes  assex  ^te- 
raent  snr  totit  le  territoire.  Longtemps  avant  T^re  actuelle 
Ic  Berry  fabriqaalt,  poor  les  Gaulois  nos  anc^tres,  des 
^es  qof  se  flrent  redonter  an-dell^  des  Alpes ,  quoiqu'elles 
nc  (bssent  pas  aussi  bonnes  qfue  les  armes  modernes  faites 
avec  le  fer  do  mdme  pays.  C^tte  indastrie  ne  semble  pas 
moins  andenne  dans  les  Pyi^n^  que  dans  le  milieu  de  la 
Gsole ,  qnoiqne  son  antiquity  ne  soil  pas  attest^e  dans  ces 
montagnes  par  des  monmnents  contemporains,  amas  de 
seories  proTenant  des  exploitations  abandonnto ,  comme 
on  en  rencontre  dans  les  for^s  da  Berry ,  et  jusqae  dans 
to  bassfai  de  la  Garonne.  Les  mines  de  la  VoUte  (Ardtehe) 
et  celle  de  Dramont  (Yosges)  penvent  6tre  compart  i 
celles  de  life  d'EIbe ,  qnant  k  la  nature  do  mineral.  Dans 
Je  bassin  de  la  Sadne,  les  mines  dn  Jura  et  dn  versant  xn& 
ridienal  des  Yosges  donnent  dn  Ter  excellent^  tandis  que 
eelles  dela  rfve  droite  de  cette  mtaie  riTiire  et  de  la  Hante- 
Sdne  ne  produisent  que  du  fer  cassant  k  flroid ,  connu  dans 
le  commerce  sons  le  nom  defer  di  Bourgogne,  On  en  fa- 
briqoe  anssi  de  cette  mauvalse  qnalH^  dans  quelques  usines 
des  d^partements  des  Ardennes ,  de  la  Meuse  et  de  la  Mo- 
selle, ob  te  mineral  est  phosphate ;  mais  la  Haute-Mame, 
la  Mease  et  les  Ardennes,  les  d^rtements  de  ranctenne 
Norman^  et  de  la  Bretagne,  presque  tous  eeux  du  bassin 
de  la  Loire ,  peuTent  fonmir  de  trte-bon  fer;  les  mines  de 
oe  n^tal  ne  manquent  k  ancnne  des  anciennes  proTinees, 
si  oe  n^est  an  nonl  de  Paris,  dans  les  bassins  de  la  Somme 
et  de  PEseant. 

Le  eharbon  de  terre  et  les  antres  combustibles  fossiles  ne 
sont  pas  r^rtis  avec  antant  d*^aiit6  que  les  mines  de 
fer ;  oependwt,  nous  ne  sommes  pas  molns  bSen  traitis  k  cet 
^gard  qne  le  reste  du  continent  europ^.  De  tr^grandes 
portions  dn  (erriloire  sont  totalement  prir^es  de  bonille; 
il  n'y  en  a  point  dans  le  bassin  de  la  Seine,  tr^s^peu  dans 
ceox  de  la  Mtnse  et  du  Rhin.  Le  bassin  dn  Rbdne,  prolong^ 
par  la  Sadne  jusqtt*au  pied  des  Yosges,  est  d^j^  mieox  par- 
tag^;  nab  si  Ton  franchit  les  montagnes  qui  le  s^parent  du 
bassin  de  la  Loire,  on  sera  surprls  de  Tabondance  du  com- 
basffi)tofoBs!leentass^  dans  cet  espace,  comme  en  un  magasin 
central,  oik  il  est  mis  ^la  disposition  de  toutes  les  proTinces, 
anqndles  11  pent  arriver  par  les  rlyi^res  et  canaux.  La 
masse  de  houifle  qui  a  donn^  lieu  k  r^bllssement  de  Tu- 
sine  dn  Cf  eiiso^  est  un  fait  g^logique  auquel  il  est  trte- 
difficile  d*assigner  une  cause  probable.  Comme  on  ne  peut 
douter  qne  cette  masse  ^orme  n'ait  ^t^  formte  par  la  reu- 
nion de  corps  anclennement  organises,  on  se  demande  quelle 
force  a  pn  les  moissonner  sur  I'immense  surface  qu'ils 
coQTrlrent  durant  leur  vie,  les  rassembler  en  un  m6me  lieu, 
enfonfr  le  tout  dans  llntiSrieur  de  la  terre  pour  le  sou- 
roetfre  aux  agents  qui  out  comprim^  et  consolid^  cet  assem- 
blage^ uMtMiuz  Incoh^nls;  on  si  une  pareille  agglo- 
m^rafhm  est  I'ouTrage  du  temps,  on  ne  sera  pas  molns  cu- 
rieux  de  sayoir  en  combien  de  sidles  elle  fut  achev^,  nl 
moias  embarrass^  de  procMer  k  une  recberche  de  cette  na- 
ture. A  mesure  que  Ton  s*^loigne  de  cette  region  centrale 
da  eharbon  de  terre,  ses  mines  derlennent  plus  rares;  il  y 
en  a  eependant  encore,  assez  loin  des  montagnes,  dans  les 
terr»fi»  schisteox  do  bassin  de  la  Loire  et  de  la  Normandte, 
maia  il  fant  alter  Jusqu'au  d^partement  du  Nord  pour  trou- 
Ter  nae  autre  region  bouillire  qui,  traversant  la  Meuse  et 
la  Moselle,  se  prolongs  jnsque  prte  des  bords  dn  Rhin.  La 
riTe  gancfie  dn  Rb^ne  a  aussI  quelques  mines  de  houjile 
daas  des  terrains  calcalres;  mais  la  manvalse  odetir  qn^elle 
nSpand  en  brftlant  restraint  beancoup  Tusage  dece  combus- 
ttble  :  il  est  excln  des  liabitatfons  oii  Taisance  c'est  pas  in- 
caumtte,  snrtont  dans  les  Tllles.  Une  autre  sorto  de  cluirbon 
de  terre  seraH  une  grande  ressource  pour  les  ddpartements 
de  I*l9^re  et  de  la  DrAme,  sll  ^tait  molns  difficile  de  la 
brAler  :  c'est  Vanthraeite,  dont  on  fait  usage  depuis  quel- 
ques annte  pour  rexpteltatlon  des  mines  de  fer,  trte-abon- 
dantes  dans  eesmCmes  d6partements.  Des  lignites  (bois 


FRAKCE  619 

fossiles  carbonises),  sont  trte-souTcnt  pris  pour  de  la  houille 


et  employ^  sous  ce  nom.  A  Soultz  (Bas-Rkin),  un  d^ 
pdl  Irte-consid^rable  de  ce  combustible  sert  au  cbaufTage 
des  cbaudi^res  de  la  saline  du  m6me  lieu,  I^es  bltumes 
sees  on  liquides  ne  manquent  pas  non  plus  en  France.  Les 
Cayennes  et  les  montagnes  adjacenles  foumlsseot  du  jayet 
aux  fabricants  de  chapelets,  de  boutons  et  autres  petits  oa- 
Yrages;  le  p^trole  de  Cabian  ( Htoult)  jouU  d*une  ancienne 
renommte,  ainsi  que  celul  du  Puits  de  la  Poix  ( Puy-de- 
Ddme).  A  Lampersloch  (Bas-Rbin),  on  prepare  avec  le 
p^trole  d*une  source  assez  abondante  une  graisse  pour  les 
roues  de  Toiture.  Mentionnons  encore  Ta  s  p  h  a  1 1  ede  Seyssel, 
dans  le  ddpartement  de  I'Ain.  Les  tourbes  sont  interm^ 
dialres  entre  les  combustibles  fossiles  et  ceux  que  nous  troa- 
Yons  bors  du  sol  :  form^  principalement  par  des  mousses 
et  des  plantes  mar^geuses ,  dies  ne  contiennent  qne  tr^ 
rarement  des  debris  de  grands  T^g^taux ;  et  comme  elles 
n*ont  pas  41&  enfouies  sous  des  terres  d^une  autre  nature, 
leur  alteration  a  fait  moins  de  progr^.  Cependant,  elles  sont 
denatures  tr&s-diTerses  selon  les  Ueux,  et  quelques-unes  sont 
impregnees  d^une  si  grande  quantity  de  fer  sulfur^  ( pyrite), 
qo*elles  8*enflamment  spontan^ment  lorsqn*on  les  lakse  quel- 
que  temps  expos^es  k  Tair  luDmide.  II  se  forme  des  tourbes 
ailleurs  que  dans  les  marals,  et  par  la  seule  accumulation 
des  mousses ;  on  a  remarqud  sur  les  0ancs  des  Pyrenees  une 
couche  tonrbeuse  de  pen  d'epaisseur,  mais  assez  dense.  Les 
autres  montagnes  manifestent  aussi  cette  formation  de  tour- 
bes, quolqu'elle  y  soit  plusTenle  que  sur  les  Pyrenees  ;  mais 
les  tourblferes  des  Taliees  doivent  attirer  plus  specialemeut 
I'attention  des  agronomes ,  des  amis  de  rindustrie  et  des 
administrateurs.  En  les  exploitant,  on  crde  un  sol  fdcond ,  on 
liTre  aux  manufactures  un  combustible  economique,  et  peu 
k  peu  le  pays  deyient  plus  beau ,  plus  sain,  plus  peupie. 

Quoique  la  France  ne  solt  nnllement  depoumie  de  soufre, 
on  y  conserre  lliabitude  de  tirer  du  dehors  celui  que  Ton 
y  consomme.  Ce  n^est  pas  dans  la  region  ancieonement  toI- 
canis^e  que  cette  substance  abonde  le  plus  sur  notre  terri- 
toire ;  on  la  trouve,  au  contraire,  en  plus  gjrande  quantity  en 
des  lieux  oii  rien  nMndlque  Taction  des  feux  souterratns , 
commtf  au  pied  des  Pyrenees,  dans  le  Jura,  etc.  Lessul- 
fures  de  fer  sont  r^pandus  partout  a?ec  une  profosioa  quel- 
quefois  incommode,  plus  souTent  profiUble  :  ce  sont  des 
terres  pyriteuses,  qui  donnent  par  la  combustion  les  cendres 
employees  comme  engrais  dans  quelques  provinces  du  nord 
de  la  France  (d^partements  de  TAisoe,  de  TOise,  de  la 
Somme,  etc. } ;  on  attribue  k  la  combustion  spontanea  de 
grands  amas  de  pyrites  la  chaleur  de  la  plupart  des  eaux 
thermales,  le  d^gagement  du  gaz  hydrog^ne ,  qui  op^re  les 
menreilles  des  fontaines  brOlantes ,  ou  de  gaz  acide  carbo- 
nique  provenant  de  la  decomposition  de  chaux  carbonatie 
par  Tacide  sulfurique.  Ce  fluide  eiasUque  est  produit  en  si 
grande  abondance  dans  quelques  cavemes  des  anclens  vol- 
cans  du  departement  de  TArd^he,  quMl  y  produit  les  effets 
de  la  Grotte  du  Chien  en  Italic  :  on  croit  aussi  qu'il  est 
la  cause  des  leg^res  secousses  de  tremblements  de  terre  que 
Ton  eprouve  de  temps  en  temps  dans  les  Pyrenees,  au  vol- 
sinage  des  eaux  thermales. 

Depuis  la  decouverte  des  mines  de  set  gemme  du  depar- 
tement de  la  Meurthe,  la  France  n^envie  plus  k  TEspagne, 
ni  mfime  k  la  Pologne,  cette  sorte  de  ricbesse  minerale.  Les 
sources  d*eaux  saiees  des  frontieres  de  Test,  des  Pyrenees, 
et  surtout  les  marais  salants  des  cAtes  de  POcean,  suffiront 
longtemps  pour  fournir  du  set  k  toote  la  France,  et  meme  k 
quelques  cantons  de  la  Suisse.  Nous  n^avons  point  de  ni- 
tri^res  naturelles,  comme  I'Espagne  et  la  Russie ;  mais  les 
pierres  calcaires  dlsposdes  4  se  salpStrer  sont  assez  coro- 
mimes  sur  presque  tout  notre  territoire.  Cette  faculte  est 
specialeroent  remarquable  dans  les  coleaux  qui  bordent  la 
valiee  de  la  Loire,  depuis  le  departement  du  Loirel  Jusqu*i 
celui  de  la  Loire-InfeHeure.  Aucun  pays  ne  poss6de,  en  rai- 
son  dc  son  etendue,  autantde  sources  d*eaux  mine  rales 
que  la  France,  et  la  plupart  sont  acffedltees ;  Tesperance  y 


640 

conduit  tooft  les  ans  use  fonle  de  malades.  Le  moot  Don  et 
les  Pyrto^es  ofTrent  poor  ces  Toyaf^es  d'agrtoent  les  grandes 
sctoes  desr^onsmoDtagneuses;  Vichy,  Plombiires 
et  plusiears  autres  eaox  ttiermales  sent  plus  accessibles. 

La  flore  et  la  faune  francaises  sent  k  pea  prte  les  intoies 
que  cellesdu  reste  de  TEurope,  aux  memes  latitudes;  les 
distinctions  trto-l^ftres  que  Ton  assignerait  entre  des  pays 
compris  entre  deux  parall^Ies  ne  consisteraient  qu*en  un 
petit  nombre  de  vari^tds,  ou  tout  an  plus  d^esptees  confi- 
nte  dans  quelqnes  lieux.  Bornons-noos  done  i  des  obser- 
▼ations  g^n^rales.  En  conunen^ant  par  nos  animaax  domes- 
tiqnes,  on  ne  ponrra  se  dispenser  de  recunnaltre  que  nous 
sommes,  surcet  objet  important,  an-dessous  de  la  plupart 
de  nos  voisins ;  ii  foul  s'en  prendre  soit  k  nos  m^odes 
d*agricalture,  soit  k  notre  mani^  de  gouyemer  ces  esdaves. 
Parmi  les  animanx  sauTages,  11  paralt  que  nous  felsons  plus 
de  pertes  que  d^acquisitions ;  on  a  constats  depnis  long- 
temps  la  disparition  des  rennes,  des  ^lans ,  des  castors , 
anctens  habitants  dM  Gaules ;  les  troupes  de  cygnes  sauTages, 
dont  nousrecevions  la  Tisite  annuelle,  sent  av^ourd'hni  plus 
rares  et  moins  norobrenses ;  on  ne  voit  plus  duis  les  fardins 
publics  de  Paris  la  vari^t^  de  moineaux  noirs  qui  s*y  ^t  ^ta- 
blie  et  propag^e,  etc  Le  gros  et  le  petit  gibier  dtoolt  tons  les 
ans.  A  mesure  qne  V€tai  dn  sol  cbangera ,  non-seulement 
Chez  noas,  mais  dans  le  reste  de  TEurope,  on  doit  s*atten- 
dre  k  d'autres  d^lacements  parmi  les  esptees  d'animaux ; 
elles  reflueront  Ters  les  deserts ,  abandonnant  k  lliomme 
tout  ce  que  ses  cultures  enTahissent :  nous  ne  conserrerons 
qne  les  esp^ces  pillardes,  accoutumte  k  YiTre  k  nos  depens, 
et  celles  qui  nous  seront  utiles  et  d^youte.  Parmi  celles 
qui  ediapperont  k  tons  nos  eflbrts  ponr  les  d^truire,  les  in- 
sectes  ddTent  ^e  au  premier  rang ,  k  cause  de  leur  peti- 
tesse  rodme  et  de  leur  prodigieuse  ffeonditd.  L*hit^ret  des 
▼ergers  sollicite  fortementy  et  depuls  longtemps,  la  con- 
senration  de  tontes  les  esp^ces  de  petits  eiseanx  dont  les 
insectes  sent  la  principale  nourriture;  quelques  autres,  plus 
recommandables  par  la  beauts  de  leur  plumage  que  par  les 
serrices  qu'ils  peuTent  nous  rendre,  ne  sent  pourtant  pu 
indignes  de  nos  soins.  Si  nons  ne  panrenons  pu  k  changer 
qnelques-unes  de  nos  habitudes  dissipatrices,  11  nous  sera 
fort  difficile  de  conserver  romithologie  /ran^se  telle  qu'elle 
est,  bien  loin  qu'elle  puisse  faire  des  acquisitions.  Notre  ich- 
thyologie  est  pauTre :  un  tr^-grand  nombre  de  poissons  qui 
Tivent  dans  les  eaux  douces  des  autres  contrte  europ^nnes 
ne  se  trourent  point  dans  les  ndtres,  et  parmi  les  espices  qui 
nous  manquent,  il  en  est  plusieurs  que  les  gourmets  prdCferent 
k  toutes  celles  que  nous  aTons.  Esp^rons  que  la  pUclcu  1- 
ture,  qui  nous  a  promis  merreille  sous  ee  rapport,  tiendra 
parole. 

La  flore  francaise  nVi  pas,  ^  beaucoup  prte,  aotant  k  se 
plaindre  de  notre  incurie  :  en  botanique,  nous  ne  foisons 
que  des  pertes  volontaires,  et  les  acquisitions  se  multiplient 
rapidement  Le  catalogue  des  plantes  exotlques  naturali- 
se^ en  France  sera  peut-etre  on  jour  ausai  Toluminenx  que 
celui  des  plantes  hidig^nes.  FEaaT. 

GiographiB  historique. 

Cette  belle  et  vaste  r^on,  dont  on  vient  de  dterire  les 
limites,  de  feire  connattre  la  gfograpliie  naturelle  et  lea 
diverses  productions,  forme  une  portion  de  celle  que  les 
andena  d^signaieot  sous  le  nom  de  Gau  le :  on  salt  que  la 
Gaule  se  trou?ait  renfiermfe  entre  le  Rhin ,  les  Alpes,  la  mer 
MMiterrante,  les  Pyrenees  et  TOc^n  Atlantique.  La  ferti- 
lite  du  sol,  r^tendiie  des  plalnes,  Pabondanoe  des  riTiires 
navigables,  fsTorables  k  la  multiplication  des  bestiaux  et  k 
ragricultiire  absi  qu'A  la  Acile  eommunlcation  des  liabl- 
tants  entre  eux,  ont  dans  tons  les  tempa  second^  dans 
ee  pays  le  d^dopperaent  rapide  de  la  population ;  et  dbt 
les  premieres  ^poquea  de  Plilstoire  nous  Toyons  cette  po- 
pulation ^ndre  4u  loin  ses  d^astations  et  sea  conquetes, 
et  transporter  dans  d'autres  nfiglons  le  nom  de  la  contrte 


FRANCE 

ttmsqnes  et  donn^  le  nom  de  Gaule  k  la  paitie  aeptenlrioMls 
de  ritalie;  lis  ont  fond6  des  ^tablissements  durables  dm 
une  r^ion  de  TAsie  Mineure  qui  a  regn  d'eox  le  nam  di 
Galatie.  De  mfime,  lorsque  le  chef  de  la  tribo  gBn»- 
nique  des  Francs  saliens ,  ^  la  tete  de  cinq  on  six  milli 
guerriers,  se  fut  empar6  de  la  plus  grande  portiea  dci 
Gaules ,  et  que  cette  contrte  eut  re^  le  nom  de  ses  ooa- 
querents,  ce  nom  ne  tarda  point  k  sMtendre  ayec  let  coa- 
quetes  de  ce  people,  et  tons  les  pays  oil  U  porta  ses  snaH 
▼ictorieuses,  on  qui  furent  soumis  k  sa  domination,  qaet- 
que  passagke  qu'elle  fAt,  le  re^urent  k  leur  tour.  Aiad,  le 
nom  de  Frcmee  ne  fut  pas  seulement  donn6  k  la  Gaule  aprte 
GloTis, mais  k  la  Germanic,  d*o6  les  Franca  ^talent  Hrtk, 
k  ritalie,  etmdme  k  la  Sidle.  Nouaapprenona  par  lesteili 
de  Constantin  Porphyrogto^te  que  les  Greca  aTaieot  chaag^ 
lenom  de  la  Lombanlie  en  odui  de  France  :  cet  usage  se 
conserra  si  longtemps  parmi  eox,  qu*on  Toit  eaeore  ee  bob 
de  France  employ^  au  quatonitoie  dtele  pour  d6agner  h 
Lombardie ,  dans  une  ^pttre  du  cardinal  Bessarion  toile  cd 
grec  Tulgaire.  Aprto  le  partage  des  cnfanis  de  CharioDagBe , 
Pantique  Germanic  re^t  le  nom  de  France  orientale.  L^b- 
pereur  Constantin  Porphyrogdn^  pariant  d'OthonleGnBd, 
empereur  d*Allemagne,rappdle  rot  de  la  Franee  qdeit, 
dit-il,  la  Saxe;  11  donne  presqnetoujours  le  nomde  Fimoe 
k  I'Allemagne,  comme  quand  II  dit  que  les  Croates  ooofiflCit 
&  la  France.  La  Franee  proprement  dite,  ou  I'andemie  Gaole, 
fut  alors  nommte  France  oeeUUntale^  par  oppositioa  i  k 
France  orientale.  Le  rot  Charles  le  Chauve,  dans  le  fniie 
qu^l  fit  avec  I'empereur  Henri ,  se  qualifie  de  roi  dee  Fm- 
(ais  ooddentaux.  La  France  est  encore  nommte  la  proaif 
Franee  f  la  France  par  excdlence,  par  I'empereur  Coastn- 
tin  Porphyrogfo^te.  Mais  la  denomination  la  plus  ordlain 
qui  lui  est  doante  dans  Luitprand,  dans  Otbon  de  Fring, 
dans  Albert  d*Aix  et  dans  les  auteursgermaniquas,  estedlede 
France  romaine^  parce  qu*on  y  pariait  mie  langoe  pea  &• 
f6rente  de  la  langue  latine  on  romalne,  par  oppodtJoa  k  k 
France  teutone,  oh  Ton  pariait  le  dialecta  gennaaiqae.  U 
nom  modeme  de  Franconie  eat  dft  a  Tandenne  dteoni- 
nation  de  France  orientals  Nombre  de  chnmiques  aeai 
apprennent  ausd  que  la  France  proprement  dite  fiit  mm- 
▼ent  nomm^e  la  France  gallieane.  Elle  est  ausd  qoelqi» 
fois  appdte  la  France  ancienne  dans  le  moine  de  Siisl- 
Gall,  quand  il  fait  mention  de  la  NonyeUe-Fraaoe,  qn 
pour  lui  est  TAllemagne. 

Les  Remains,  en  s'emparantde  la  Gaule,  aTaientIM 
auK  peuples  qui  Tbabitaient  leurs  limites  et  leur  admistf- 
tration  particuUerc.  Le  christianisme  trouva  ces  peopia 
encore  intigres  sous  ce  rapport ;  et  les  diyisions  eed^ 
siastiqnes  s^^tablirent  tout  naturellement  d'une  maniteeos* 
forme  aux  diTisions  dviles.  Cette  conformity  sobsiits  wt 
une  eonatanoe  et  une  r^larit^  qn*on  ne  retroure  dans  is- 
cun  autre  pays  de  TEurope,  non-seulement  pendaat  M 
le  tempa  de  la  puissance  romaine,  non-senleinent  pcndail 
tout  le  moyen  Age,  mais  pendant  toute  la  durte  des  fenp* 
modemes,  ]ttsqu*&  la  rdrolution  de  1789.  Ce  n*eat  pas  ^ 
les  papes  nVient  k  dIfKrentes  ^poqnes  autorlsdon  appronft 
qudques  changements  faits  aux  andennes  divisioBS,  i  h 
fob  ecddsiastiques  et  drfies,  qui  portaient  le  nom  de^b* 
ctees;  mais  ces  changements  sent  en  petit  nombre.  Tooim 
trou?ent  indiqute  par  Phistoire;  qndques-nns  mdae  B*tial 
en  rien  altM  les  limites  des  dioceses ,  et  ne  conoefaail 
que  la  hi^rarchiedtablie  entre  eux ;  et  cette  hi^rehie,  «■ 
ces  nKMlifications  partielles,  subsista  toujours  comoiecfl^ 
etait  du  temps  des  Remains.  Qudques-nns  de  ces  cbsa^ 
menta  sent  d*nne  date  trte-rtente.  Afaid,  par  esaaiple,« 
ne  futque  sous  Louis  XllI,  en  1622 ,  que  Paris  ftitreeoflai 
comme ardiCTteli^;  auparavant,  re?aque  de  Paris dtaitioH 
fragant  de  TardieT^ue  de  Sens  (eivUas  Senonum),  ckh 
lieu  de  la  quatritoieLyonnaise,  ou  de  la  Sdl0Bl^  runedai 
plus  grandes  proTinees  de  la  Gaule.  Avant  cette  jpo#» 
cette  proTfaioe  oomprenait  sept  citte  on  peuples  dilKreaOj 


d^oA  die  4taH  sortie.  Lea  Ganlob  ont  andanti  rempire  des  |  parmi  lesqnela se  troufait  Paris  {clvitas  Paritientm ), 


f 


J»\ 


FRAiNCE 


641 


plus  petite,  la  plus  pauvre  et  la  plus  insignifiante  de  toutes 
res  cit^  de  la  Senonie  et  presque  de  toute  la  Gaule. 

Mais  81  aprte  rioTasion  des  Francs  les  diYisions  eocl^- 
siastiques  restteent  les  m^mes,  il  n*en  fut  pas  ainsi  des  di?i  - 
sions  poliliques  y  nl  des  divisions  dynastiques,  milltaires, 
civiles,  administratives.  On  distingua  bient^t  aprte  la  con- 
qu^te  des  Francs  sept  principales  diyisions  dans  la  France 
proprement  dite ,  on  sur  la  snperfide  de  Tancienne  Gaule : 
au  nord  de  la  Loire ,  dans  Tancienne  Belgique ,  dans  une 
partle  de  la  Celtique  ou  Lyonnaise,  dans  TAustrie  et  la  Neus- 
trie,  la  France  proprement  dlte;  la  Bretagne  et  la  Bourgo- 
gne ,  au  centre ;  entre  la  Garonne ,  la  Loire ,  les  C^vennes  et 
I'Oc^n,  PAquitaine;  au  midl,  entre  la  Garonne,  les  Pyr6- 
ti^es  et  roc^an,  la  VasconiOt  qui  eut  a  peu  pr^  les  mtoies 
liniites  que  I'ancienne  Aquitaine  de  C^ar,  bien  diffdrente 
sous  ce  rapport  de  TAquitaine  d^Augiiste.  La  Vasconia  ou 
Gascogne  dot  sou  noni  k  Tinyasion  des  Yasques ,  ou  Basques, 
dans  la  Novempopulanie  des  Romains.  La  province  romaine 
ou  la  Narbonnaise  ^tait  partagte  en  deux  grandes  r^ons  : 
Tune,  k  Touest  du  Rliin,  dans  Pancienne  province  de  la 
Nat1)onnaise  prenoi^re  :  c'6tait  la  SepUmanie-Gothie  (oe 
cJernier  nom  d^rivait  de  Tinvaslon  des  Goths ,  dont  T^tablisse- 
meot  dans  les  Geules  avait  prte616  celui  des  Francs ) ;  Pau- 
tie  n^gion,  k  Test  du  RhOne,  retenait  Tancien  nom  de  PrO' 
vincia,  que  lui  avaient  donn6  les  Romains,  d^oii  est  venu 
cclui  de  P r o ▼  e nee.  Au  nord  ^talent  la  Ne  u  8 1  r  ie  et  r  A u  »- 
t  rasie,  auxqueiles  on  donna  plus  particuli^rement  le  nom 
de  France;  roais  TAustrasie  k  Test  re^ut  souvent  le  nom  de 
JFrana  tupMeure,  et  la  Neustrie  k  Touest  celui  de  France 
ififMeure, 

Les  eofonts  de  CIotIs  et  ensuite  ceox  de  Charlemagne  se 
l>artag^rent  entre  eox  les  Gaules,  et  y  formdrent  plusieurs 
royaumes,  dont  Tdtendue  et  les  limites  ne  peuveut  6tre  d^ter- 
iuin<^  avec  exactitude ,  parce  que  souvent  nne  seole  cit^ 
appartenait  ^  dllTdrents  rois;  mais  pourtant  le  pays  occop^ 
par  oes  royanmes,  taut  que  ce  grand  corps  de  Templre  fran- 
vais  fut  en  Tigueor,  fat  divis^  en  trois  parties  principales, 
<|oi  toutes  cobserv^rent  le  nom  de  France,  savoir :  Vancienne 
France,  ou  la  France  primitive ,  etntre  Toc^an  et  la  Mouse; 
la  twuvelU  France ,  qui  comprenatt  la  Germanie  jus- 
qu*au  Rbin,  TAllemagne  moderne;  la  France  moyenne^ 
qui  contenait  le  pays  entre  le  RhOne ,  la  Sa6ne,  la  Meuseet 
le  Rliin.  La  premiere  de  ces  trois  divisions  est  ainsi  appelte 
dais  le  partage  qui  fut  fait  peu  apr6s  la  bataille  de  Fonte- 
uai  entre  lesenfants  de  Louis  le  D^bonnaire  et  Charles  le 
Chauve.  11  est  |iarl^  de  la  France  moyenne  dans  la  divi- 
sion  de  Tempire  fran^ais  entre  les  enfants  de  Lonis  le  D6- 
bonnaire ;  mais  deux  notices  des  Gaules  Sorites  par  un  auteur 
de  ce  temps  donnent  le  nom  de  Nouvelle  France  k  \k  Neus- 
trie. Le  partage  qui  eut  lieu  aprte  la  bataille  de  Fontenai 
•iitre  Louis  le  D^bonnaire  et  Charles  fit  appeler  Tancienne 
France ,  entre  la  Meuse  et  Toc^n ,  r<^on  ou  royaume  de 
Charles  (regnum  Caroli ),  denomination  qui  subsista  long- 
t  snips  et  qu'on  rctrouvc  dans  qnelques  bistoriens  allemands 
apres  le  d^c^  de  Charles ,  mais  qui  dispamt  et  n*a  point 
iiiissc  de  traceSi  II  n'en  est  pas  de  m6medu  nom  de  regnum 
loiharii  (royaume  de  Lothairc),  que  re^ut  alors  PAustra- 
sie,  Icquel  nom  s*e$t  conserve  jusqu^a  nos  jours  dans  celai 
de  la  province  de  Lorraine.  A  la  m6me  dpoque,  Tiiivasion 
el r<^hllssement  desNormands  intro<hiisirent  le  nom  de 
Aormaniaoa  Norma nd  i  edans  une  partie  de  la  Neustiie, 
noiA  qui  est  aussi  reshi  attach^  k  une  de  nos  provinces,  et 
que  I'usage  mainticnt  encore. 

Avant  oette  <^puque,  dans  iesixitoieet  le  septitoie  slide, 
IVmigrstion  des  habitants  de  la  partie  occidentale  de  Tile  de 
Bretagne,  ou  de  rAngleterre,  dans  cette  presquMle  de  la  Gaule 
que  Ters  le  ddclin  dc  la  puissance  romaine  on  noinmait 
Armorique,  donna  le  nom  de  Bretagnelice  territoire 
projet^  dans  la  mer  Atlantique ,  qui  termine  la  France  k 
I'ouest :  cenoni  lui  est  tgs\&.  Oojji  Jornaml^et  Egtnhard  don- 
nent au\  habitants  dc  celle  portion  des  Gaules  le  nom  de 
Jfriltones.  Des  bistoriens  anciens  ont  appUqui^  au  district 

over,  or  u  ctiiTERs.  —  t.  ix. 


qui  re^nt  les  premiers  Emigrants  de  Tile  de  Bretagne  to  nom 
de  Cornu  GaWx,  ou  Comu  Wallitt,  ow  CornouailleSfUa 
nom  du  pays  d^ou  ils  ^taicnt  venus ,  et  ce  nom  mime  sem- 
ble  indiquer  que  le  Cumouaillcs  dUnglcterre  avait  re^u  des 
habitants  de  PArmoriquc  avant  de  lui  en  envoyer.  La  langue 
tris-particuliire  des  deux  pays,  itant  la  ni6me  ou  ay  ant  r«ne 
origine  commune,  justlfie  cetle  conjecture. 

Une  tttre  de  Charles  le  Chauve,  tiri  du  cartulaire  dc  Saiut- 
Germain-des-Pris,  citi  par  Du  Cange,  divise  la  France  en 
quatre  parties  :  la  France,  la  Bonrgogne,  la  Neustrie  et 
TAquitaine.  Toutes  les  divisions  politiques  de  la  France  sous 
les  rois  de  la  premiere  race  dont  les  bistoriens  nou<;  donnent 
connaissance  sont  les  suivantes :  1.  Francia,  2.  Ripuaria^ 
3.  Australia  i\.  NeusMa,  5.  Alamania,  G.  Burgundia^ 
7.  Gothia  sive  Septimania ,  8.  Vasconia,  9.  Armorica, 
10.  Britannia,  il.  Frisia,  12.  Belgica,  13.  Campania,  14. 
Alsalla,  15.  Lotharingia,  16.  Aormania,  17.  Aquitania, 
18.  ProvinciOf  cellen;]  souTent  avec  Ics  sumoms  divers  dM- 
relatensis,  de  Massiliensis,  de  Viennensis,  19.  Provincia 
Ultra- Jurensis,  On  Toit  quele  plus  petit  nombre  de  ces  d6- 
nominatfons  provlennent  des  denominations  romaines; 
d*autres  diriventdes  noms  des  peoples  qui  ont  conquis  le  ter- 
ritoire; d^autres  sont  dues  k  Icur  position  giographique, 
tcUes  que  Neustria,  Auslrasid,  Ultra-Jurensis  :  une, 
Campania ,  laCliampagne,  est  diriv^  de  I'aspectdu  sol  plat 
et  d^pounru  de  bois.  Le  mot  Alsatia  provient  d^un  simple 
canton  nommi  Aussois  par  les  Franks  et  Elsaten  par  les 
Allemands.  Ripuaria  vient  de  la  division  mllitaire  des  Ro- 
mains nommie  Gallia  RiptuirensiSf  qui  s^itendait  dans  U 
Viennoise  et  la  Siquanolse,  et  sur  les  bords  du  Rhin ,  et  dont 
il  est  rait  mention  dans  la  notice  des  dignitis  de  Tempire.  In- 
dipendamment  de  ces  divisions  politiques,  les  monuments 
hlstoriques  sous  les  deux  premieres  races  nous  font  connattre 
d'autres  genres  de  divisions  territoriales  de  molndre  impor- 
tance, classics  par  Guirard  en  divisions  dviles,  divisions  dy- 
nastiques  et  divisions  irriguliires.  Do  reste,  les  andens 
noms  romains  des  provinces  ne  tembirent  pas  en  disuitude, 
et  on  retrouve  des  applications  nombreuses  de  ces  noms , 
mime  pour  les  ivinements  politiques  ou  dvils,  dans  Gri- 
goire  de  Tours  et  dans  plusieurs  auteurs  andens  et  mo- 

dernes. 

Les  Romains  ne  se  contentirent  pas  d'assujettir  les  peu* 
pies  qu*ils  avalent  conquis  k  leur  joug,  ce  qui  nexige  que 
Tusage  ou  Tabus  de  la  force;  mats  ils  les  fa^onnirent  k 
leurs  moenrs,  k  leurs  habitudes,  k  leur  forme  de  civilisation , 
et  parvinrent  k  leur  falre  parler  leur  langue :  de  cette  lan- 
gue latlne  corrompue  naquit  dans  les  Gaules,  en  Espagne 
et  en  Italic ,  on  autre  dialecte,  qu*on  a  nomini  langue  ro- 
mane.  Cette  langue  fut  diversement  altirie  par  les  Boor* 
guignons,  les  Goths  et  les  Francs,  qui envahirent  la  Gaule; 
de  tdle  sorte  qu*il  se  forma  parmi  les  habitants  du  nord  de 
la  Loire  un  dialede  assez  diffirent  de  celui  qu'on  parlatt 
dans  le  midl,  et  que  la  France  se  troiiva  divisie  en  deux 
portions  distinctes  sous  le  rapport  du  langage.  On  nomma 
les  habitants  dn  sud  de  la  Loire  peoples  de  la  langue  d*Oc, 
parce  que  le  mot  oc  itait  employ i  par  eux  pour  afOrmer, 
par  opposition  k  cenx  de  la  langue  d'Oui  ou  d*Oyle,  chei 
lesquels  le  oui  avait  la  mimesiguirication  que  oc.  Telle  fut 
Torigine  du  nom  de  la  grande  province  nomroie  Langue* 
d oc,  qui  s'est  substituie  k  la  Viennuise  seconde,  ii  la  Go« 
tliie,  k  la  Septiroanie.  De  la  finale  oc,  on  a  crii  le  mot  OC" 
eilanie,  encore  plus  ricent.  Los  autres  noms  de  provinri>s 
qui  8*itablirent  ensuite  dorent,  qudques  uns,  leur  orifziue 
aux  dinominations  que  portaient  dans  le  cmquiime  sipc  li>, 
et  avant  la  chute  de  la  domination  romaine,  les  villes  (%'|ii- 
tales  des  diocises,  qui,  coinmeon  salt,  avaient  ptis  la  p  ti« 
part  les  noms  des  peoples  :  ainsi  ,Tourainede  TuroHt.^ 
L  i  m  0  u  s  i  n  de  Lemovices ,  L  >  o  n  n  a  i  s  de  Lugdva  n m , 
SaintongedeSan/one5,  Berry  di*  Blturiges,  Aiiifiii  ilM/i 
decavi,  Maine  de  Cornotntmi^  A ii  viT;:ri  e  ii',\>rn'u*.  I.e 
nnm  ilii  Btirfjiiitiiifi^  lSoiii;.'«iunu,  «•«!  ifliii  il  un  ni\jiitinf 
foud^  pHr  des  peoples  geruiams,  ks  BurgunUtonrs ,  k{  *< 


ih 


royaufne  donna  son  nom  ^deux  provinces,  I'line  appel^du- 
di<^de  Bourgogne,  Tautre  comt^  de  Bourgogne,  ou  Fran- 
che-Comt^.  Le  Poitou  vient  de  Piciones,  laMarche 
d'une  division  irr^li^re  ou  fronti6re  de  VAquitania  ou 
G  u  i  e  n  n  e.  11  y  a  des  provinces  qui  ont  tir^  leur  nom  d^une 
simple  stalion  ou  d'un  oliscur  village  des  Romains  :  tel  est 
le  N  i  V  e  r  n  a  i  s  de  Novxodunuvx  ou  Nevirnum ;  Ya  n  g  o  u- 
in  0  i  s  d^Eculisma ;  le  B  ^  a  r  n  de  Benehamum ;  le  R  o  u  s  - 
jtillonde  Rusdnoi  le  cotutd  d'^Avignon  dUv^nto,  aien- 
lionn^  par  Ptol^mto,  sur  leterritoire  des  Cavares,  Les  noins 
de  Flandre^  de  Pic ar die , d^ Daup hint ^^^i Bour- 
bonnais^dt  Fuix,  ont  one  origine  (lius  riceute  et  une 
ctymologie  plus  douteuse ;  cependant  le  district  de  Flandre, 
Pagus  Ftandrensis,  ^tait  connu  dte  le  neuVi^me  si^cle,  el 
«e  trnuve  distingu6  des  pays  envir'innanls  dans  iin  capitu- 
laire  de  Charlemagne.  Le  Dauplitn^^  Delfinatui^  ne  itarall 


PRANCE 

on  jof'gnit  le  Maine  et  le  Perche,  TAnjoii ,  U  Tourame,  le 
Berry,  le  Nivernais,  le  Poitou,  I'Aunis,  PAngoumois;  l*  la 
Guienne  et  la  Gascogne  furent  n^unies ,  et  on  y  oyoula  U  Sain* 
tonge  et  le  Limousin;  8^  au  iyonnais  on  anneKa  PAuver- 
gne,  le  Bourbonnais  et  la  Marcli^;  4"  la  Bretagne,  &*  le 
Languedoc,  6°  la  Provence,  7**  le  Dauphin^,  9**  la  Bour- 
gogne, compos^rent.dnq  provinces  s^par^es  et  dintijicles: 
toutes  ^taient  des  pays  d^^tats,  jouissant  de  privileges  ak- 
par^  et  particuliers  ;  eUes  n^auraieot  soulXert  auam  m^ 
lange;  9"*  U  en  fut  de  uitoie  de  la  Mormandie,  10*  de  Pile 
de  France ,  U**  de  la  picardie  et  12**  de  la  Cliampagne  :  pr»- 
babkuuent  oes  provinces ,  par  leur  nombreuse  poptilatioe, 
ou  peut-6tre  par  leur  d^vouemeot  au  pouvoir,  De  pmreat 
avoir  besoin  d'aucun  complement.  Ainsi,  la  Franoe,  da 
moins  tout  ce  qui  ^tait  soumis  k  TadoiinistfaUoo  4e  la 
couroune  de  France,  lut  dlvis^  en  douze  grands  goover- 


qu'au  onzi^me  si^le.  Le  nom  de  Picardie  est  plus  r(iceut   *  nements;  car  k  cette  ^poque  la  Flandre,  PArtois,  la  Lor- 


encore,  et  se  tronve  pour  la  preml6re  fols  ^u  trelzi^me 
si^le,  dans  les  Merits  de  Matthicu  PAris,  oil  des  ^^coliers  de 
rurfiversite  n^  sor  Tes  limites  de  la  Flandre  sent  noram^ 
Pieardos:  La  Picardie  fut  une  province  ou  un  gpuverne- 
ment  lout  form^  de  cantons  et  dc  peoples  divers,  unis  dans 
on  but  militaire  et  pour  la  defense  commune ;  elle  reutre 
datis  les  divisions  irrdguli^es  dont  nous  aVons  parle. 
ITayant  point  de  rapport  aux  £|ioqnes  plus  ainciennes  dc 
niistofre ,  elle  pent  dire  consider^  en  pariie  comme  un  d6- 
membrement  de  nte>de^France,  division  dynastique, 
comt^  ou  duch^  de  France,  domaine  propre  du  roi  de 
France,  sous  Hugiies  Capet,  principalement  renfenn^  entrc 
les  rivieres  d'Oise,  de  Seine,  de  Marne  et  d'Aisne. 
'  Dans  les  divisir^ns  g^^n^rales  reconnues  paries  auteurs, 
comme  dans  les  denominations  ou  divisions  passagires  for- 
mees  pour  les  begins  du  tnoroenf,  on  aiier^ff  Pintention 
de  se  rapprocher  des  divisions  qui  avaient  pnSvalu  sous  les 
Romains  ou  durant  Fempire  de  Charlemagne.  Du  Cange 
remarque  c|ne  Gervasius  Tilebrlensis,  qui  vivait  tons  I'em- 
pereur  Othun  IV,  vers  Pan  1210,  apr^  avoir  Mtnn  dtoom- 
brement  des  provinces  desGanles  par  dioceses,  li  la  fa^n  de 
rirlglise  roroaine,  a'niart  romano,  dfvise  de  nouveau  la 
France  en  trois  gratades  provinces,  savofr :  la  Fhmce  ,  la 
Bourgogne  et  la  Gascogne.  Dans  la  France,  il  comprend 
i^ept  m^opole^ :  Lyon,  Reims  .Sens,  Tours,  Rouen,  Booi- 
ges,  Bordeaux  et^  les  i^^^dMs  qui  en  d^>epdeht;  dans  la 
Bourgogne ,  six  ro^tropoles  :  Bestm^in ,  Autun ,  Taren- 
taise,  Embrun,  Aix,  Aries,  et  les  ^6cii^  qui  en  depen- 
dent; dans  la  Gascogne,  den  metropolis :  Aach  et  Nar- 
bonne,  et  les  evech^s  qui  en  d^endent. 

Aux  etats  generaux  de  Toon,  k  la  fin  da  quintltoie  si^ 
cle,  en  1484,  la  France'fQt  partag^e  en  six  nations,  savoir : 
1*  la  nation  de  Paris,  qui  comprenait  I'lte-de-France,  la 
Picardie,  la  Chami>agne,  y  eompris  la  Brie,  l*Or]eanais,  le 
C^iveroais,  le  Mftconnais  et  PAuxerrois;  2"  la  nation  de  Bodr- 
gogne,  c^est-Si-dire  la  Francbe<}omte,'la  Hourgog>>^  et  le  Cha- 
rolais ;  3^  la  nation  deNormaodie,  ebmpreoant  la  Iforroandie, 
Alen^on  et  le  Perche;  4*  la  nation  d*Aqulta1ne,  qni  com- 
prenait TAiqnftahie  avee  PAiimagnac,  le  pays  de  Poix,  TAge- 
nuts ,  le  Perigdnl ,  le  Qnercy  et  le  Roaei|;De ;  6*  la  nation  de 
la  langue  d*Oc,  qui  comprenait  le  Languedoc,  fe  Daupbine 
et  le  RouSsillon ;  0"  la  nation  de  la  langue  d^Oil ,  qtii  reofer- 
mail  le  Berry,  fe' Poitou,  PA^ou ,  le  Maine,  la  Toaraine, 
le  Limousin,  PAuveirgne,  le  Bonilionnais,  le  Fores,  le  Beau- 
jolais,  PAkigoumofs  et  la  Saintouge 

Aux  etat<;  'gene^aiit  tenus  h  Orleans  en  1560,  au  common* 
cement  du  rfeghe  de  Charles  IX,  comme  on  voulait  que 
les  votes  fussent  recueillis  par  provinces,  on  cherclia  k 
efablir  qndque  egalit^  entre  elle^,  et  on  forma  une  nou- 
velle  dftlsiott,  qni  fut  suiviedans  tons  les  etats  generaux 
subs^qnents,  en  1576,  i&88  et  (014.  On  s'en  ecarta  seuie- 
utent  aux  demiers  etats  generaux ,  en  1789,  oO  provinces, 
nt^lesse,  clergt,  tiers  etat,  tout  fut  rfoui  dans  une  seule  as- 
seniUee. 

Dans  U  dfvr<kiitd<^  tW^;  1"  au  gmivui-neiuent  d*    leans 


I  rame,  la  Franclic-Comte,  le  Beam  et  le  Roussillon  ne  fai- 
saient  ix>int  partie  de  la  France,  selon  la  definition  qoe 
!  nous  venoqs  de  donner.  La  France  propre,  qui  ne  so  cumpo- 
•  sait  k  Pavenement  de  Ungues  Capet  que  do  comt^  oo  dndie 
>  de  oe  nom  (l*Ue  do  France),  avail  ete  soocoisivomeai  ^granditf 
par  des  conquetes,  des  cessions,  des  ventes,  dea  mariages.  Oa 
y  a4ioignit  dans  le  treizieme  st^de  la  Touraine ,  lo  Limou- 
sin ,  use  portion  du  Lapguedoc,  lo  comte  de  Toulouse  et  le 
Lyonnais ;  dans  le  quatorzieme ,  la  Champagne ,  le  reste  da 
LanguedocetleDauphioe;  dans  lequinzi toe  siede,  la  Kor> 
maodio,  la  Saintonge  et  I'Aunis,  la  Picardie,  le  Berry ,  la 
:  Guienne,  le  Poitou,  la  Bourgogne,  TArtois,  PAiyou,  le 
'  Maine,  la  Provence,  et  PQrieaoais  poor  la  sooonde  Ibis; 
'  dans  le  seizieme  si^le,  le  Bourbonnais,  la  Marche,  I'Auver- 
;  gne,  la  Bretagne,  le  Bearn,  le  pays  de  Foix  et  la  Gaaoogne; 
dans  le  dix-septieme  siecle,  le  Roussillon,  lo  Nivomais ,  la 
Franclie-Comte  et  la  Flandre ;  dans  le  dix-boitltoo  aitele,  la 
Lorraine,  la  Corse  et  le  Comtat  d'Avignon.  Malsaaoooi- 
meneemeni  du  dix-neavieme  siedo,  cetto  raOma  France, 
apres  avoir  d*abord  abuse  de  ses  forces  et  etendu  aos  (rai- 
tieres  depuis  remboucliure  de  TClbe  jusqo*i  Pextremite  des 
£tats  de  P£glise,  n'a  pu  obtenir  d'etre  refaiiegr^  dans  les 
limites  qu^ello  avail  au  debut  de  cetto  longae  lutte,  qui  fan 
a  enleve  ses  plus  belles  colonies. 

En  Pannee  1789  eut  lieu  une  nouvelle  subdivision  do  sol 
de  la  France,  qui  coordonna  d>no  maniere  unifome  lei 
divisions  religieuses,  milltairea,  judiciaires,  admlnistrativei 
et  financieres,  auparavant  trte-compliquees.  La  aubdiviaioa 
en  departements  nombreux  et  restraints,  ^tablit  om 
grande  inegalite  de  population ,  de  ricbesses  et  d^inflaeBoa 
entre  la  capitale  et  les  autres  unites  du  lerritoire  fran^ais; 
par  l^  elle  fut  favorable  aux  usurpations  du  pouvoir  sie> 
geant  dans  cette  capitale,  comma  aussi  ello  laissa  lo  pouvoir 
sans  un  soutien  capable  de  le  proteger  quand  il  se  trasva 
engage  dans  une  Intte  avec  cette  capitale;  c*est-ltHltre  ^ 
cette  subdivision  fut  egalement  pcopice  ^  Panarchie  ot  as 
despotisrae,  qui  s*eufantent  mutuellement 

Les  diverses  provinces  annexees  k  la  couronno  de  France, 
les  diirereots  peoples  agglomeres  entre  eux  pour  former  na 
seul  et  meme  royauroe ,  ne  s'y  trouvaient  pas  reunis  par  les 
memos  moyens,  n^y  etaient  pas  attaches  par  des  liens  dt 
meme  nature  :  la  Bretagne,  ie  Langoedoc,  le  Daupiitne,  la 
Provence,  le  Lyonnais,  s'etaient  reserve  le  droit  de  no  pajer 
[  ies  impOls  qu^aprto  qulls  avaient  ete  consentis  par  lea  tfoii 
[  ordres,  le  clerge,  la  noblesse  et  le  tiers  etat :  c*eialt  or 
qu*on  appeUit  les  pays  d*6tat$,  qui  w  regardaleot  avec 
raison  comme  des  contrees  k  part  et  priviiegieet  daito  la 
mooarchie.  La  difference  des  lois,  des  contomea,  desjn- 
ridictions,  du  mode  d*admiuistration ,  etait  encore  un  graa^ 
obstacle  k  la  fusion  des  diverses  parties  du  royaome  en  no 
seul  tout;  cependant,  avant  que  la  revolution  do  1780  eOl 
andanti  loos  les  droits,  place  tout  sous  un  seul  et  niemr 
code ,  la  legislation  et  la  puissaiice  toojours  croissanle  da 

de  ^a* 
eflaoer  tonlsi 


I  iios  rois  n'avaient  cesse  pendant  plnsieurs  si 
vailier  k  faire  dtsparaltre  tontes  les  iuesalites,  i^  \ 


\ 


PRANCEi 


643 


les  dlfr^rences.  Mais  les  oppositions  ou  ie»  dissembVjnces 
qui  ne  sont  pas  le  r^altat  ties  lots  ni  des  institutions  r^sis- 
tetit  plus  longtemps  aux  elTets  de  celles-ci  et  aux  efforts  du 
gouTerneroent,  et  de  ce  genre  sont  les  diffi^rences  de  race 
et  de  Ungage.  Un  grand  nombrc  de  nations  di?erses  ont, 
dans  le  taps  des  sidles,  pris  racine  sous  ce  beau  climat  de 
France  et  sur  son  sol  si  fertile ;  et  elles  nous  font  voir  en- 
core, apr^  tant  de  si^cles,  leurs  emprelntes  sp^iales  dans 
les  populations  exfstantes.  Au  mid!,  sur  les  c6tes  de  la  Md- 
diterran^,  entre  les  Pyrdndes  et  les  Alpes,  les  ib^res  et  les 
Ligures  infills ;  dans  le  centre  et  a  Touest,  les  Celtes;  dans 
le  nord,  les  Beiges :  telles  sont  les  diffdrentes  races  d*hommes 
que  riiistoire  nous  fait  apercevoir  h  la  lueur  des  premiers 
rayons  dont  elte  ^aire  le  sol  que  nons  habitons.  Bienfdt 
aprte,  les  Grecs  de  Plonie  viennent  porter  sor  le  rivage  o(i 
est  Marseille  leurs  arts,  leurs  sciences,  leur  luxe  et  leur 
corruption,  et  m61er  le  sang  oriental  aux  races  sauvages  de 
ces  rontr^.  Puis  les  Romains  s'imposent  k  tons  les  peiiples 
des  Ganles ,  sMncorporent  avec  eux ;  el  par  les  admirables 
constructions  de  leurs  routes,  par  la  diffusion  de  leur  belle 
langue,  ils  6tablisscnt  entre  ces  nations,  sou?ent  ennemies, 
(les  communicatfons  faciles  et  rapides ;  its  les  unissent  toutes 
entre  dies  par  une  mtaie  administration ,  une  mfime  )ui  et 
nn  m6me  int^r^t;  et  tant  de  races  diverses  composent  enlin 
nne  grande  nation  et  deviennent  romaines.  Mais  blentOt  les 
l^ourgnignons  h  Test,  les  Goths  et  les  Visigoths  au  sud,  les 
Francs  dans  le  nord ,  d^truisent  oe  grand  corps,  et  en  for- 
ment  piusieurs  autres ,  difKrents  d'origine,  de  coutumes,  ri- 
▼aux  et  ennemis.  Puis  plus  tard  les  peiiples  septentrio- 
naux,  les  homroes  du  Nord,  grands  et  belliqueux,  Tiennent 
prendre  leur  part  de  ce  riche  territoire,  et  s*emparent  d«s 
plus  riches  campagnes  de  Touest,  passent  ensuite  en  An- 
gleterre,  dont  ils  font  la  oonqu6te,  versent  de  nouveau  leurs 
troupes  sur  la  France,  et  domlnent  longtemps  dans  toutes 
les  proTinees  de  I'Ouest.  Ce  lont  ]k  les  demi^res^^ces  qui 
ont  occupy  la  Gaule,  eC  qui  ont  altM  les  types  de  celles 
dont  die  <^tait  peupl6e  avant  leur  venue.  "Maintenant  encore 
elles  ae  reconnaissent  fadlement  dans  les  traits  des  races 
existantes.  Qud  est  cdui  qui,  parcourant  la  France,  a  ^iA 
obserratenr  asset  tuperficid  pour  ii'6tre  pas  L*app^  des  dlf- 
fenceft  de  taitle,  de  couleur,  de  traits,  d^allnre  des  hommes 
du  midi  et  de  ceux  du  nord.  Ces  demiers ,  en  fjSninl  grands, 
blonds,  aux  yeux  bteus,  au  teint  (rais,  h  la  peau  souvent  un 
pen  blafarde,  h  la  d-marche  plus  lente,  plus  empes6e,  plus 
grave;  les  m^ridfonaox,  petits,  bmns,  vifs,  colore,  intd- 
ligents,  passionn^:  Quel  contraste  entre  les  Bretons,  courts, 
trapas,  au  teint  uniforme,  auxcheveux  durs,  noirs  et  plats; 
et  Ie9  Normands,  leurs  voisfns,  tels  que  nous  venons  de  les 
d^crire,  h  la  taiile  danc^e,  k  la  chevdure  undul^!  Ft  ces 
Bi^amais,  souvent  clalrs,  k  taflle  moyenne,  raignards,  af- 
fectueux,  gracieux  dans  tons  leurs  moovements,  ne  forment^ 
ils  pas  un  contraste  complet  avec  les  Basques,  leurs  voN 
sins ,  k  peau  bnine,  aux  traits  mAles  et  prononci^s,  aux  J'ar- 
rets  vigonreux,  si  testes  quails  dalgnent  h  peine  pos^f  '16 
pied  sur  le  sol  quMls  parcourent,  et  Iwndissent  sur  les  rocher^ 
comme  les  isards  de  leurs  montagnes?  Les  diffiirences  des 
langnes  ^blissent  encore  des  oppositions  plus  pron6nc^ 
entre  ces  diverses  races,  et  les  font  distfnguer  entre  eiies 
d'une  manifere  plus  infaillible.  Dans  le  sitele  de  Louis  XIV, 
elle  devait  6tre  encore  bfen  en  vigueur,  cette  langue  d'Oc, 
lorsque  Radne  se  plaignait  au  bon  La  Fontaine,  son  ami, 
de  ne  pouvoir  se  foire  entendre  aussitOt  apr^  avoir  pass^ 
la  Loire.  Maintenant,  cette  cause  de  separation'  et  d'oppo- 
sltion  k  une  fusion  g^n^rale,  k  une  ro6me  natlonalite,  s'af- 
faibKt  de  jour  en  joinr.  Poortant,  soo,oeo  Indfvfdus  en  Bre- 
tagne  sont  de  la  race  des  Brayzards,  <fue  noos  nommons 
Baa-Bretons,  et  parlent  Tanelen  oeltique,  la ntee  langue 
que  cdle  du  pays  de  Galles  en  Angleterre.  Les  Escualdunacs 
ou  Basques,  parlant  VescuarOf  qui  n*a  d*analog!e  avec 
ancnne  autre  langue  de  l^urope,  sont  en  Franee  au  nombre 
de  plus  de  cent  mlTlP.  Ceiix  qnf  partan!  le  (fcu/5c/<e,  on  qui 
font  de  race  aileiitande,  lonnent  la  masse  de  la  pontilntton 


de  r Alsace  et  d'une  partie  de  la  Lorraine;  les  Deuisches 
nterlandais ,  dans  le  d^partement  du  Nord ,  parlent  le  fla- 
mand.  Dans  le  midi,  au-deUi  de  la  Loire,  les  diff^rents  dialect 
tes  de  la  langue  romane ,  le  gascon,  le  b^arnais,  le  proven- 
^1,  le  languedocien,  sont  la  langue  usuelle  du  peupleetdela 
plus  grande  partie  de  la  population  :  et  si  celle-ci  n'a  pas  ou- 
bll6  la  langue  des  troubadours,  les  Plcards ,  presqu'aux  portes 
de  Paris,  ne  se  ressouvlennent  quetrop  tie  ceile  des  trouv^xes. 
Le  Bourguignon  a  son  dialecte  particulier  et  mdme,  comme 
le  midi,  ses  ponies  etses  cliansons  nationales.  Les  Nonnands 
et  les  Champenois  se  font  remarquer  par  un  accent  et  des 
expressions  ^tranges ;  de  sbrtequMl  n*y  a  r^el lament  en  France 
que  rile  de  France,  TOrl^anais,  le  Blaisois,  la  Touraiue, 
c^est-lk-dlre  Panden  domaine  de  Hugues  Capet  oti  Ton  parte 
le  fran^is  pur.  Le  peuple  dans  TOrl^nais,  dans  le  Blai- 
sois et  dans  la  Touraine,  parte  cette  langue  avec  moins  d^in- 
correction  que  le  peuple  de  la  capitate,  parce  que  la  popu- 
lation y  a  ^te  moins  mdang^. 

B**"  Walcxenaer,  de  riDftitut. 

Staiistique. 

Le  gouvemeroent  de  la  Frances  est  un  empire  VempM, 
bas^  sur  la  souverainet^  du  peuple  et  sur  les  grands  principes 
del789(Pr&!nLuledelaCon&(itutiondel852).  Letitredu 
chef  de  l*£tat  est  empereur  des  Francis  par  la  grdce  de 
Dieu  ei  la  volonU  nationale.  La  couronne  est  h^r^ditairo 
en  ligne  masculine  seulement,  d  par  ordre  de  primogeniture. 
Les  membres  de  la  fa m i ll e  i m pe r  ia i  e  sont  senls  aptes  k 
succ^der  ^  la  couronne.  L^empereur  exerce  le  pouvoir  legisla- 
tifconjointemeatavecleSenat,leCorpsJegislatiretle 
C  0  n  se  i  1  d*  £t  a  t.  0  est  seul  invest!  du  pouvoir  ex^cutir,  est 
compietement  Ind^pendantdes  grands  corps  <te  V£tat,  et  jouit 
de  toutes  les  prc^rogatives  qui  appartiennent  ordiaairement 
k  la  souverainete.  Les  membres  du  Corps  legtslatif,  ainsi 
que  oeax  des  consdls  g^ndraux  et  d^arrondisseroent,  sont 
nommes  par  le  s  u  f  f r  age  u  n  i  v  e r  s  e  1  et  dii-ect. 

Les  d^partements  ministdriek  sont  au  nombre  de  neuf , 
savoir  :  le  minist^re  d'  £t  at  et  de  la  maison  de  i^erapereur , 
lajustice,  les  affaires  etrang^res, les  finances, 
rinterieur,laguerre,lamarineet  les  colonies,  I'ins- 
Iruction  publique  et  les  cuites,  Tagriculture,  le 
commerce  et  les  travaux  publics. 

Adininistrativement,  la  France  est  divis^e  en  86  d  ^pa  r- 
tements,  303  arrondissements,  2,847  cantons,  et 
36,83!^  communes.  11  ya  pour  chaque  d^partement  uu 
pr^fet,  unco  n  sell  general,  nnconseil  de  prefec- 
ture. II  y  a  par  arrondissement,  excepts  dans  celui  dont 
)e  chef-lieu  est  aussi  le  chef-lieu  du  depaitement,  unsous- 
pretet  etun  couseil  d*arrondissement  Les  cantons  n'ont 
^  encore  de  personnel  administratif ,  sauf  le  juge  de  paix 
^  les  employes  du  ministere  des  finances.  Chaque  commune 
a  un  ma  ire  et  uu  ou  piusieurs  adjoints,  suivant  Tim- 
purtancede  la  localiteet  un  conseil  municipal. 

Le  pouvoir  judidaire  comprend  one  cour  de  cassa  ti  on- 
descoursimperialesou  d^appel,  descoursd^assi8es,dcs 
trfbunaux  de  premie  re  instance  et  de  police  cor- 
rectionnelle,  des  tfibunanx  decommerce  ct  des 
conseilsde  prudhoromes,  des  justices  de  paix  <*t  des 
tribunauxde  simple  police.  Le  conseil U'£tat  juge  cu 
dernier  ressort  du  contentieux  administratif..  II  a  ete  <^tabli 
depuis  la  guerre  actueUe  contre  U  Russie  un  cunseil  <leA  p  r  i- 
ses.  Autrefois  il  avait  etecree  un  tribunal  des  contlit^. 
Sous  la  monarchie  c6n$^tiiutioondle  la  cbarabre,  de*^  pairs 
pouvait  se  fprmer  ea  cour  criitiinelle  poor  jugcr  cci'taii)>  at- 
tentats. Aujourd'hui  il  y,a  encore  unt;  bautepoprde  justice. 

Toutes  les  rdigions  soiit  llbrement  professees  ea  Prance ; 
les  cultes  catholique,  protestant,  i8ra<iliie  et  musulinau 
sont  reconnus  et  salaries,  par  l*^tat  Sous  le  rapport  du  cuKe 
catholique,  la  France  est  diviseeen  lt»  prcvioees  ardiiepisci)- 
pales,  sulklivisees  en  65  dioceses episcopaux  (voyfz  Aaciri- 
v^UB,  tytcn^).  Ces  80  diocesei  renferment  8^of ,  cures, 
?8  201  succursales  et  6,486  Vicariats.  Lea  commuii  n<^  r(<« 


(t44 


PRANCfi 


forindeft  et  1e  culte  i8ra<4ite  comptent  un  ^sef  grand  nombre 
deconsistoires.Le  personnel  da  clerg^  catholique  de  toute 
hi^rarchie,  detout  grade,  est  en  France  de  40,000  individas  et 
de  50,000,  si  Ton  y  joint  les  ti^ves  qui  sont  cens^  ^tudier  la 
tb^logie  dans  86  s^mfnaires  et  120  ^coles  secondaires;  mais 
il  8'en  foot  que  tous  se  fassent  ordonner  prfitret .  Quant  aux 
cultes  non  catlioliques ,  la  religion  protestante  compte  388 
mintstres  poor  les  luth^riens,  387  pour  les  r^forin^s  de  la 
confession  d'Augsbourg  :  total,  775.  Pour  les  Israelites,  le 
Dombre  des  rabbins  eet  de  1 1 1 ,  dont  un  grand-rabbin. 

LMnstruction  publique  est  plac^  sous  la  haute 
direction  d^un  con  sell  supirieur  ou  Imperial  de  T  ins- 
ruction  publiqne.  Le  territoire  est  dlyis^,  sous  le 
rapport  anivemitaire,  en  acad^ies  regies  par  un  recteur 
assists  d*un  conseilacad^mique.  L^enseigneraent  su- 
p^rieur  comprend  cinq  facult^s:  th^ologie,  droit,  m^- 
decine,  sciences  et  lettres.  L'enseignement  secondaire  est 
ezcla^iTement  r^rv6  aux  lyc^es,  aox  colleges  et  k 
quelques  institutions  particuli^res  sp^cialemeot  autoris^. 
L*ensetgnement  primaire  est  donn^  dans  les  ^co les  pri- 
mal res.  II  faut  encore  mentionner  les  ^coles  primaires  su- 
p^rieurcs,  les  ^coles  normales  primaires,  etc. 

En  dehors  de  Foniversit^,  et  sous  la  direction  sp^ciale  du 
minlstre  de  IMnstructton  (>ublique ,  sont  places  divers  ^ta- 
blisseroents  d^enseignement  sup^eur,  savoir  leColl^gede 
France,  le  Museum  d'Histoire  Naturelle  de  Pa- 
ris, I'^ledes  Chartes,  Tficoledes  Langnesorien- 
tales  yivantesdela  Biblioth^ue  imp^riale,  leBureau 
des  Longitudes,  dc. 

L'Instilut  de  France  se  divise  en  cinq  academies :  PAcad6- 
niieFran9aise,rAcademiede8lnscriptionstt  belles- 
let  t  r  e  s,  rAcad<^.mie  des  S  c  i  e  n  c  e  s ,  rAcad^mie  des  B  e  a  u  x- 
Arts,  TAcad^mie  des  Sciences  morales  et  poli- 
tique s.  L'Acad^mie  de  M4decine  reinplace  Tancfenne 
Society  royale  de  MMecine  et  la  ci-devant  Acad^mle  de  Chi- 
rurgie.  Les  bibliothdques  pobliqucs  sont  riches  et  nom- 
breuses  en  France,  ainsi  que  les  mus^. 

L*arm^  se  compose  de  la  g  ard  e  i  m  p  ^  r  i  al  e,  de  la  gen- 
darmerie, de  troupes  d'infanterie,  de  cavalerie, 
d'  a  r  t  i  1 1  e  r  i  e,  de  g  6  n  i  e  et  des  troupes  de  l^administration, 
Toutes  ces  troupes  se  recrulent  par  engagement  Tolonlnire 
et  par  appel  des  jeunes  gens  de  vingt  ans  ( voyez  Reghltk- 
nBirr).  La  flotte  se  compo^ie  de  vaisseanx  de  diffi^rentes 
grandeurs,  months  par  des  marins  recmtds  au  moyen  de 
Tinscription  maritime.  La  garde  nationale  ajoute^  la 
puissance  milHaire  de  la  France. 

D*apr^s  le  budget  de  1854  les  revenns  de  r£tats'dle* 
Talent  h  1,520,288,098  fr.;  et  dans  ce  chiffre  on  <ivaluait  le 
produitdes  contributions  directes  ^418,809,792  fr., 
des  contributions  indirectes  k  343,310,000  fr.,  des 
douanes  k  180,539,000  fr.  Les  d^penses  g^n^rales  montaient 
k  1,516,820,459  fr.,  savoir,  396,503,439  poor  lo  serrice  de 
la  d  et  te  pub  II  q  u e ,  36,604,180  pour  la  dotation  et  les  d^ 
penses  des  pooToIrs  l^islatifs ,  756,073,254  pour  les  ser- 
rices  g^n^ux  des  minist^res,  151,973,344  pour  la  r^gle,  la 
perception  et  Texploitatlon  des  imp6ts,  80,106,242  en  non 
▼aleurs,  et  89,560,000  pour  d^penses  extraordlnaires. 

L*agricalture  est  aussi  avanote  en  France  qu'en  aucune 
•ntre  contr6e  de  TEurope ;  mais  ses  progrte  ne  sont  pas  les 
mftroes  partont,  et  elle  est  m^me  demeorte  fort  arri^rte  dans 
qoelqaes  parties.  Le  froment  et  le  m^tdl  sont  principale- 
ment  cultiyte  an  nord;  mais  la  r^eolte  du  midi,  quolque  moins 
abondante,  est  gdn^ralenieat  prtfMe;  Forge  et  PaToine  sont 
aossi  plus  r^pandues  rni  nord ;  le  selgle  Pest  k  pen  prte  Ele- 
ment partout  Le  mais  et  le  millet  ne  se  rencontrent  que 
dans  Pest  et  le  sud-est ,  le  sarrasin  dans  les  terres  qni  refusent 
tonte  autre  culture ,  et  principalement  en  Bretagne.  La 
pomme  de  terre  est  pins  r^iiandue  k  Pest;  le  nord  cultlve 
deux  fols  pins  de  l^umes,  de  colza  et  de  betteMtves  que  le 
midi.  Lechanyre  est  cultivd  partout,  le  lin  suriout  an  nord- 
ouost.  Letabac  ne  Pest  que  dans  certaines  localit^s  ditA- 
gnte  par  latitat,  le  booblon  principalement  dans  les  r^ons 


Yoisines  dela  Bdgique,  et  les  plantes  tinctoriales  dans  te  inllL 

Le  pommier  et  le  poirier  prodnisent  du  ddre  poor  ks 
d<^rtements  pri?ds  de  rignes,  les  cliAtaigniers  suppKcat 
^galement  en  beaucoup  d^endroits  k  llnsuCDsance  des  ci- 
rcles. L'oIiYier  et  le  mOrier  font  la  richesse  do  mcdi.  Les 
prairies  naturelles  se  tronvent  principalement  dans  le  nord, 
et  ne  fonnent  avec  les  prairies  artificielles  qn'nn  quart  des 
pAturages.  La  yigne  couTte  dans  le  midi  nne  itendue  double 
de  celle  qu'elle  occupe  dans  le  nord.  Le  sol  est  propre  k  U 
Y^etation  de  toutes  les  essences  it  bob  de  P  Europe  et  de 
beaucoup  d*esp^ces  exotiques.  L'est  et  le  centre  olfreot  la 
majeure  partie  des  fordts. 

D'apr^s  M.  fiecquerel,  11  y  a  en  en  France  an  accroisse- 
ment  annuel  constant  dans  le  nombre  d'hectares  eRsemeoci^ 
depuis  1814.  Des  ameliorations  continuelles  ont.eu  liea^g^- 
lement  dans  toules  les  regions ,  mais  notamment  dans  cellcs 
de  Pouest  etdu  sud-ouest  En  faisant  le  r^um^  deoes  progrte, 
on  trouve  que  Paugmentation  de  production  des  graiiiS  de 
toutes  esp^ciBS  a  dt^  d^au  moins  2,141,217  hectolitres. 

L' Industrie  manufactnri^re  fran^aise  n*a  de  riTaie  qot 
dans  celle  de  la  Grande  Bretagne :  encore  lul  est-elle  incoo- 
testablement  <^ale  pour  les  principanx  produits  eC  supe- 
rieure  pour  ceux  dans  lesquels  Part  doit  avoir  une  plus 
grande  part  que  le  metier. 

Le  commerce  exlirieur  de  la  France  a  atteint  en  1852  la 
valeurofficiellede  3  milliards  119  millions  400,000  fr.  Lim- 
portation  entre  dans  ce  chiffre  pour  1  milliard  439  millkMu, 
Pexportation  pour  1  milliard  681  millions.  Mais  il  est  loo- 
jours  k  regretter  que  le  pavilion  stranger  ait  la  plus  belie 
part  du  commerce  maritime ;  2  millianls  235  miUionfi  d'c- 
changes  internationnaux  ont  ^t^  fails  en  1852  par  la  vo'e 
maritime;  par  la  voie  de  terre  ce  n^est  que  885  millions, 
soit  72  p.  100  pour  la  premiere,  28  p.  100  pour  la  seconds. 
Sur  ce  t<4al  maritime,  les  operations  transoc^niques  ne  figu- 
rent  que  pour  987  millions ,  dont  732  an  seul  continent 
amdricain.  Les  mers  d^Europe  ont  ponr  leur  part  1  milliard 
248  millions.  Void  comment  se  distribuaient  en  1862  les 
prindpaux  pays  avec  lesquds  la  France  commerce  :  Ao- 
gleterre,  485  million'};  Etats-Unis,  462  mil.;  Bdgiqoe, 
356  mil. ;  Suisse,  269  mil. ;  Etats  Sardes,  202  mil. ;  fispagne, 
137  mil. ;  £tats  du  ZoUverdn ,  120  mil. ;  Turquie ,  84  mil. ; 
Russie,  72  mil.;  Br^sil,  68  mil.;  Deux -Sidles,  55  mil.; 
Pays-Bas,  48  mil. ;  Inde  anglaise,  45  mil.;  Toscane,  40  mil. ; 
Cuba  et  Porto-Rico,  36  roil.;  La  Plata,  29  mil.;  £gypte, 
27  mil. ;  Mexique,  26  mil. ;  Perou  25  mil. ;  Villes  ansei 
tiqnes,  24  mil. ;  Autriche,  24  mil.;  cAte d'Afrique,  21  mil.; 
Chili,  19 mil.;  Uruguay,  19 mil. ;  Haiti,  18  mil.;  couipiobs 
francs  de  Pinde,  13  mil.  Quant  au  commerce  colonial,  9 
moil  I  e  en  bloc  k  292  millions;  les  trois  lies  k  culture  (Mar- 
tinique,X^uadeloupe,  Reunion)  y  comptent  a  pdne  pour  112, 
tandis  <;ue  PAlg^rie  y  figure  pour  123.  La  navigation  on  ca- 
botage en  1852  a  compte  76,051  traversees,  ayant  effedue 
imtrauF  port  total  de  2  millions  544,785  tonnes:  POceana 
eofioye  k  la  Mediterranee  70,000  tonnes  d  en  a  re^n  214,000; 
ced  eit  ie  grand  cabotage.  Quant  au  mouvement  propre  a 
chacone  des  deux  mers,  on  pdit  cabotage,  POcean  a  expedie 
entre  tea  divers  ports  1  million  766,000  tonnes,  eC  la  Medi- 
terranee 495,000.  De  sorte  qu^en  reunlssant  toutes  ces  ope- 
rations, POcean  a  72  pour  100  du  mouvement  general,  d  la 
Mediterranee  28. 

Quant  k  Pensemble  du  mouvement  maritime  de  la  France, 
il  s'est  aind  compose  pour  1852,  entree  d  sortie 


Commerce  avec  Pe- 
tranger,  avec  nos  colo- 
nies d  nos  pftcheriet  . 

Cabotage 

Total.  .  . . 


Navires. 

(Traversees.) 

35,098 

152,102 


Tonncanx 
4,301,609 
5,613,651 


I 


187,200  9,915,261 

Les  voies  de  couiuiunication  sont  sons  la  direction  du  mi- 
nisteredestravaux  publics.  Uneecole  spedaledestin6e^  for- 
mer des  ingenieurs  des  ponts  et  chanssees  est  etablie 
k  Paris.  Le  territoire  est  divise  en  sdxe  bispectioos  des  ponts 


FfeANCte 


04  6 


fl  chauss^.  Left  routes  sobi  r^parties  en  trois  cal^ories  : 
les  routes  impiriales,  dont  la  largeur  est  d^enviroo  14  oi^- 
tretf;  le^  routes  d^partementales,  d'eoviron  11  metres  de 
large,  eik$chemins  vicinaux,  Les  rivieres  navi- 
gables,  les  canaui,  les  rivieres  canalistoy  les  chemins 
Ue  fer  compl^tent  admirablement  ie  syst&me  des  Toies  de 
coinmunicalion  en  France. 

Les  communications  td^graphiques  se  font  surtout  au 
itto}endelat6Ugraphie^Iectrique.Legouvemement 
8'cn  est  reserve  le  monopole ;  mais  les  particuliers  sont  ad  mis 
a  en  profiler. 

D'aprte  ie  recensementde  1851,  la  population  de  la  France 
est  de  35,781,628  habitants. 

ffistoire, 

Les  victoires  de  Toulun-Klian,  au  fond  de  TAsie ,  a?aient 
imprim^  du  levant  au  couchaut  un  mouvement  d^oscilla- 
tion  am  peuples,  que  r^poo?ante  rejelait  les  uns  sur  les 
autres.  Ces  nations  k  la  foisexpatrideset  envaiiissantes,  qui, 
an  lieu  d'employer  leurs  annes  k  la  defense  de  leur  territaire, 
les  toumaient  k  la  oonqu6te  du  pays  Toisin,  ces  nations  ar- 
rl?^  aux  bords  du  Rliin,  n*y  trouvent  que  les  Francs, 
^tablis  sur  la  ri?e  drolte  corome  aox  a?ant-po8tes  des  Ro- 
mains.  Sttlicon  en  avail  retire  les  l^ions  poor  la  ddrens^e 
de  ritalie.  Deux  combats  sont  livrte  :  vaincues  dans  Tun, 
victorieuses  dans  Taulre,  d^jk  ces  penplades  ont  franchi  Ie 
fleuve  (406),  et,  se  d^bordant  sur  la  rive  droite,  ont  bientdt 
iiiond(i  toute  laGaule.  D^s  lors  on  voitles  Visigoths  4ta- 
blis  dans  la  Gaule  narbonnaise ;  les  Bourguignons ,  du  lac 
de  Geneve  au  confluent  du  Rhin  avecla  Moselle ;  lesTayfales, 
k  Poiliers;  les  Alains,  partie  k  Valence,  partie  kOrl^ns;  les 
Sixons,  k  Bayeux  :  et  c^est  du  melange  de  toutes  ces  divcrses 
tribos  avec  la  population  gauloise ,  romaine  et  hretonne , 
que  va  se  former  un  peuple  nouveau ,  k  qui  la  prddomi- 
nance  de  la  conf^d^ation  franque  doit'pr^ter  son  nom 

Peut'^tre  le  premier  roi  de  nos  annales,  Pharamond, 
e4-il  un  personnage  fabuleux :  Gri^oire  de  Tours  n*en  fait 
aucune  mention.  Une  seule  ligne  dans  la  chronique  de 
Prosper  Tyro,  mais  qu'on  pent  supposer  Interpol^,  relate 
r^poquedeson  av^ement  (420)  :  une  autre,  dans  unancien 
minuscrit  de  la  Loi  salique,  lui  donnepour  (ils  Chlen  et  Chiu- 
dion,  Celui-ci  avait  sncc^^  k  son  p^e  (428),  et  dans  une 
des  continuelles  incursions  des  Francs  il  c^l^brait  k  Helena 
le  manage  de  sa  sowr  avec  un  de  ses  ofliciers ,  quand  tout 
k  coup  la  trompette  des  batailles  se  m^le  aux  cliants  de  Thy- 
m^Q^e  :  c'est  Tennemi,  c^est  A^tius  qui  vient  disperser 
les  convives  et  interrompre  la  fdte.  L*^p^  remplace  aus- 
sit^t  la  coupe  do  plaisir.  Mais  les  Francs  k  moiti^  vaincus 
par  surprise,  sont  taiil6s  en  pi^es,  et  la  noovelie  spouse 
tombe  dans  les  mains  du  vainquenr.  M6rov6e  donne  son 
nom  k  la  premiere  dynastie  (448).  D^jk  les  Francs  puuvaient 
cunsid^rer  la  Ganle  commeune  propri^t^,  quMls  partageaient 
avec  les  Romaius,  les  Visigoths  et  les  Bourguignons.  Aussi 
Tiat^r^t  common,  les  r^onit  centre  le  farouclie  Attila,  sous 
les  drapeaux  d^A^Uus,  dans  les  plaines  catalauniques ,  od  le 
courage  de  M^rovte  ne  fut  pas  inutile  aux  succ^  de  la 
tntoorable  Joumte  de  ChAlons.  Aprte  lui  (458),  Child^ric 
ex  pie  dans  Texil  les  erreurs  de  sa  jeunesse  et  les  efface  par 
des  combats  heureux.  Orleans  le  voit  victorieux  des  Heroics. 
Alli^  des  Remains,  il  triompbe  des  Goths  k  Bourges ;  alM 
des  IK^niles,  il  hsX  les  Romains  prte  d^Angers,  ou  porte  ses 
armes  formidaUes  cliez  les  Allemands. 

Clovis  ou  Clodovech  loi  succMe  (481).  Favoris^  par  le 
Dieude  Clotilde,  qu'il  implore  k  Tolbiac  (496),  et  chr^ 
lien  k  Reims  par  la  victoire,  il  est,  dit-on,  le  premier  denos 
rois  qui  ait  om^ son  diadi^e  d*une  f leu r  d c  1  y s ,  symbole 
de  la  pnret^  que  le  nouveau  convert!  avait  recouvr^  dans 
le  bapt^me,  symbole  aussi  de  la  Trintt<^,  dugme  que  niaicnt 
Jm  Ariens,  et  qu'il  embrassait  avec  ardeur.  II  eut  qnatre 
ills;  on  fit  quatre  lots  de  ses  £tat8  (511).  Aucune  loi  poli- 
tique ne  r^glait  la  succession  k  la  couronne  :  Ie  plus  noble 
des  biens  6tait  r^  par  la  lol  civile  conime  f ous  les  autres. 


Th^odoric obtint Melx et  TAustraste, t;  1  o t a i r e  Soissonn, 
Childebert  Paris,  elClodomirOrl6aiiS  :  une  portion  do 
TAquitaine  fut  ^galement  donnte  k  chacun  d'eus  Vers  us 
temps,  trois  fr^res,  Bertaire,  Hermanfrid  et  Bad^ric  se 
partageaient  la  couronne  de  Thuringe.  L'ambitienx  Her- 
manfrid, excit<i  par  son  Spouse,  poignarde  Bertaire ,  et, 
pour  accabler  ensuite  Bad^ric,  il  achate  ralliance  de  Thto- 
doric  par  la  promesse  d'lm  tribut  et  d^une  province.  Son 
dessein  consomm^  il  refuse  rex^ution  du  traits.  L^Austra-  . 
sien  remporte  sur  lui  deux  victoirte  et  d^le  la  Saxe  (528). 
Hermanfrid  accepte  une  entrevue  k  Tolbiac;  mais,  tandis 
qu'il  admire  la  hauteur  des  ramparts,  un  soldat  apostd  le 
pousse  :  une  trahison  a  veng^  les  vtctimes  de  sa  perfidie 
(530),  et  la  Thuringe  est  soumise  k  la  monarchic  franque. 
Que  se  passe-t-il  en  Neostrie?  Les  trois  fiis  de  Clotilde,  en- 
hardis  par  leur  m^re  k  punir  sur  le  fils  de  Gondebaud  le 
massacre  de  toute  sa  famille,  entrcnt  dans  la  Bourgogne  : 
ils  dispersent  Parmde  ennemie ;  le  roi  vaincu  se  cacti^  sous 
le  costume  et  le  toit  d'un  ermlle.  Clodomir  d^vaste  la 
Bourgogne;  mais  <iu'ou  iivre  Sigismond,  et  le  ravage  ces- 
sera...  BientOt  la  province,  mal  contenue,  se  soul^ve;  avant 
de  marcher  |iour  ^toulTer  la  r^volte,  Clodomir  arrache  le 
Bourguignon  de  sa  prison ,  et  le  jette  dans  un  puitsavec 
sa  femrae  et  ses  deux  enfants.  Encore  une  fois  vainqueur 
des  Bourguignons  ^  V^ronce  (524),  il  p^rit  victirae  de  sa 
t^mdrit^  k  les  poursuivre.  On  sait  avec  quelle  atroce  f^rocit^ 
ses  fr^res  ^gorg^ent  ses  fils  et  comment  fut  envahi  son 
iK^ritage.  £tait-ce  avant  ou  aprte  la  reunion  dc^finitive  de  la 
Bourgogne  k  la  monarchie  franque  (532-4)?  La  question  a 
peu  d'importance. 

Leur  jeone  sceur  avait  ^pous6  le  roi  des  Visigoths.  Ama- 
laric  ^tait  arien ,  Clotilde  dtait  catholique.  Ce  dif^sentimcnt 
religieux  jette  le  trouble  dans  la  vie  conjugate.  L*^poux  ose 
lever  la  main  snr  r^pouse,  qui  recueille  son  sang  sur  un 
voile,  et  I'envoie  k  Childebert.  Bientdt  les  Visigoths  (Sprou- 
vent  one  d(^faite  sons  les  mnrs  de  Narbonne.  La  viile  est 
emportte ;  Aroalaric  tombe  atteint  par  un  soldat  obscur  (53 1 ). 
Th^odebcrt  avait  succ^^k  Thf^odoric;  il  passtait  pour  le 
premier  des  capitaines  francs  :  son  alliance  <itait  reclierclide 
k  la  fois  par  Bi^lisaire,  au  nom  de  Juslinien,  et  par  Ic  roi  des 
Ostrogoths,  qui  rachetait  au  prix  des  £tats  qui!  possc^dait 
en  Provence.  Thtodebert  passe  les  Alpes ;  11  fond  sur  Tar- 
mte  des  Goth.«,  qui  pensent  recevoir  un  ami.  Leur  d^Aiite 
inspire  une  confiance  6gale  aux  Grecs,  qui,  vaincus  avec  la 
m^me  facility,  laissent  rAuslrasien  en  paisible  possession  de 
ritaiie  septentrionale  (530).  Mais  Tintempi^rance,  qui  8iicc6(!e 
k  la  disette  dans  ce  pays  ravage,  et  les  chaleurs  du  cltinaf , 
ont  bientdt  veng^  les  Goths  et  les  Grecs  :  Tli^kidebert  renlre 
dans  ses  t\ais ,  emportant  les  d^pouilles  de  Tltalie  a  la- 
quelle  il  laisse  en  (^change  le  tiers  de  son  armde  d^truite. 
II  mdditait  de  conduire  une  expMition  k  Constantinople 
par  la  route  du  Danube,  quand  lamort  le  surprit  au  miliVu 
de  ses  projets  (547).  Son  fits  Th^debaKl  langnit  six  amides 
sur  le  trdne,  et  pendant  son  r^gne  contlnu6rcnt  les  dmigra- 
tions  des  aventuriers  francs  en  Italic,  dont  les  bandes  Inn- 
tdt  amies  des  Grecs,  tantdt  alli<^es  des  Goths,  tantot  ennemies 
des  uns  et  des  autres,  se  fondent  rapidement  devant  le  fl(^u 
de  la  peste  ou  les  baialllons  de  Teunuque  Nars^. 

Clotaire  Spouse  la  veuve  de  Thdodebald,  et  se  met  en 
possession  de  I'Austrasie  (553);  mais  la  Saxe  refuse  Tob^is- 
sanoe  :  il  la  d^vasle;  elle  sollicite  hi  palx  :  il  veut  Paccorder, 
son  armte  roblige  k  combatlre  une  nation  dangereuse  par 
son  d^spolr;  fl  est  vaincu  (555).  Pendant  ce  temps  le  ja- 
loux  Childebert  avait  saccagd  la  Champagne  avec  le  fer  et 
la  flamme;  il  avait  encourage  rarabition  de  Chramme,qui, 
chai^  d^occnper  TAovergne,  demandalt  cette  province  en 
toute  souverainet^.  Childebert  meort  (658).  Chramme,  aban« 
donn^ ,  s'enfuit  en  Bretagne;  bientdt  le  filset  lep^re  sont  un 
pr6.<ence,  chacun  ik  la  t^ted'unearmde  :  Clotaire  Invoque  le 
dieu  veogeur  du  parricide;  sa  prions  est  exauc^  Chrtimme 
est  vaincu.  On  salt  comment  II  pdril,  enferm^  avec  f^t 
feinme  et  ses  lilies  dans  une  misdral)lc  chaumi^re,  dout  It 


646 


FRANCE 


courroux  de  Clotaire  fit  ud  bftcher  pour  la  malheureuse 
famille.  Ce  p^re  sans  piti6  ne  tarda  pas  k  sentir  les  remords ; 
pour  apaiser  les  tonrments  de  sa  conscience,  il  depose  des 
ofTrandes  sur  le  tombean  de  saint  Martin ,  il  visite  les  plus 
saintes  basiliques;  mais  sod  termeest  arriy^  un  an  et  un 
iour  apr6s  le  snpplice  de  son  fiis  Chramme.  II  expire  en 
rendant  ce  t^moignage  k  la  grandeur  divine  :  •  Quel  est 
done  ce  Dieu  du  del  qui  frappe  ainsi  les  rois  de   la  terre 

(561)1. 

Tandis  queses  fils  ^talent  occupy  h  lui  rendre  les  hon- 
neurs  funi^bres,  un  d'enx,  Chilp^ric^s'emparade  Braine, 
ou  <!'tait  le  tr^r  de  son  p^re.  II  aspirait  k  possdder  tout  le 
royaume;  mais,  sans  lui  donner  le  temps  de  se  fortifier 
dans  Paris,  ses  fr^res  le  contraignirent  a  se  contenter  dn 
lot  que  le  sort  lui  adjngea.  Ce  f  ut  le  royaume  de  Soissons ; 
Sigebert  eut  TAustrasie,  Gontran  la  Bourgogne,  et  Chari- 
bert  le  royaume  de  Paris.  Ce  prince,  aprte  an  r^e  de  six 
aiin^s  (56t-7),n'a  laiss^  dans  Thistoire  que  le  souTenir  de 
son  incestuease  polygamic.  II  est  inutile  de  raconter  id  la 
querelle  de  Sigebert  et  de  Chilp6'ic;  les  luttes  acharntes  de 
Brunehaut  et  Fr^d^gonde  :  gnerres  sanglantes,  cau- 
^ees  autant  par  la  jalousie  des  nations  cis  et  trans-rli^nanes 
que  par  rantipatliie  des  fr^res  et  la  haine  de  leurs  Spouses. 
La  mort  de  Sigebert  (575)  et  de  Cliilp^ric  (584)  transmit 
leurs  co'uronnes  k  deux  enfants  mineurs,  Childebert  et 
Clotaire,  sous  la  protection  de  leur  oncle  Gontran.  Mais 
autant  Fr^^gonde  inspirait  davcrsion  au  Bourguignon, 
autant  il  sentait  d'afToction  pour  le  fils  de  Brunehaut :  priv6 
d'cnfants,  il  s'accoutimie  k  voir  en  lui  son  succcsseur.  Ce- 
pendant,  comme  Gontran  est  Tennemi  prononc^  de  cette 
haute  aristocratie  terrlenne  quMl  voyait  d^jk  tendre  k  une 
enti^re  ind^pendance,  les  barons  d'Austrasie  lui  suscitent 
un  riral  :  c^est  Gondovald,  fils  naturel  du  vieux  Clotaire. 
D(^barqu6  de  Constantinople  k  Marseille,  cach^  d^abord  dans 
Avignon,  ensuite  annonc^  ouvertement,  il  s'avance  dans  le 
midi,  recueillant  de  noilTbreuses  adb<^ions ,  et  monte  k 
BriTes*la-Gaillarde  sur  le  pavois  de  ses  .guerricrs.  Gontran 
renouvelle  son  alliance  avec  Childebert  II.  L'oncle  pr^sentc 
son  ncTeo  aux  cornices  de  Bourgogne ;  11  met  sa  lance  dans 
les  mains  dujenne  prince,  et  le  proclame  son  snccesseur. 
D^s  lors  Gondovald  voit  son  parti  s'afTaiblir;  il  se  retire 
vers  les  Pyr^ndes,  afin  de  s^appnyer  sur  Tfispagne ;  il  se 
renferme  dans  Cominges,  nne  trabison  Ten  arrache;  tons 
les  outrages  sont  ^puis^  sur  son  cadavre  ;  la  ville  est  in- 
cendi<^e,  et  le  marteau  ren  verse  ce  que  la  Ham  me  a  ^par- 
gn(^  (585). 

Childebert  croissait  en  Age ,  et  ses  hauts  barons  brOlaient 
dc  mettre  k  sa  place  un  roandataire  de  Taristocratie.  L^Aus- 
trasien  avait  deux  enfants,  dont  Pun  ^tait  m^me  au  berceau. 
Voila  les  rois  que  vent  la  noblesse  :  on  partagera  TAustra- 
sie  en  deux  royaumes;  chacun  anra  son  roi  mincur  sons 
la  tutelle  d^m  maire  du  palais.  Mais  Gontran  evente  ce  des- 
sein ;  il  avertit  Childebert,  et  les  chefs  du  complot  peris- 
sent.  II  n'en  fut  pas  moins  r^lisd  pen  de  temps  apr6s  que 
Childebert  eut  recueilli  la  Bourgogne ,  pa^la  mort  de  Gon- 
tran (593).  Childebert,  empoisonn^  avec  Fai leu ba ,  son 
spouse,  laissa  deux  fils  pour  rois,  Th^odoric  a  la  Bourgo- 
gne, et  Theudebert  k  I'Austrasie  (596).  Pour  Eloigner  celui- 
ci  du  gouvemement,  Bninehaut  ou  Brunichilde  enivra  sa 
jcuncsse  de  volupt^s  pr^coces.  Mais  Bilchildc,  qui,  entr^ 
comme  maltresse  dans  la  couche  du  royal  adolescent,  avalt 
eu  i^adresse  de  s*dlever  au  titre  dVpouse,  se  d^tourna  peu  k 
pen  de  la  reine  m^re,  et  se  laissa  conduire  vers  ces  grands,  qoe 
Brunichilde  combattaitde  tous  ses  efforts.  Enlev(^e  dans  son 
palais,  le  veuve  de  Sigebert  fut  abandonn^e  sur  la  fronti^re 
d^AustrasIe.  Accueillieen  Bourgogne,  sa  politique  est  la  m£me. 
Elle  dfVobe  Th<^odoric  aux  affaires  pour  le  livrer  aux  plai- 
8i>fi.  Elle  mt^ditc  de  venger  son  expulsion  d'Austrasie;  mais 
elle  veut  commencer  par  isoler  Theudebert  :  il  faut  done 
cccabler  Clotaire  IT,  qui  pourrait  lui  prater  son  appui.  Elle 
r^unit  les  deux  frferes  contre  le  fils  de  Fr^d^gonde,  qui  perd, 
pvec  one  bataflle  k  Dormeilles  ( 600 ),  toutes  ses  villes  entre 


la  Seme  et  la  Loire,  qui  sont  c^tes  au  Bouii|uigiioD,eoiiiiM 
tout  le  pays  entre  TOise  et  la  Seine  se  voit  aban^Qm^  | 
rAustrasien.  La  conqu^te,  oil  Clotaire  II  a  oonserv^  da 
intelligences,  ne  tarde  point  a  s*agitcr.  Le  maire  da  pabu 
de  Bourgogne,  Berthoalde ,  est  envoys  pour  calmer  ca 
symptdmes  inqui^tants;  il  se  trouveau  milieu  d*on  embca- 
sement  gondral :  il  s^enferme  dan;;  Ork^ans,  ot  Landry  vient 
Tassi^er.  Thdodoric  le  d^livre,  et  bat  les  Neustrieoslttai' 
pes  (604). 

Berthoalde  6tait  mort  dans  cette  joum^ :  BranichOde 
donue  la  mairie  du  palais  k  Protadius,  son  favori.  D^  oe 
moment  elie  domine  dans  les  conseils  du  roi,  et  hienttt 
elle  fait  declarer  la  guerre  k  PAustrasie.  Quel  eo  est  le  mo- 
tif.' La  vengeance  d'une  femme  :  oui,  disettt  ies  soldat^ 
c'est  |)our  Tassonvir  que  le  sang  du  fr6re  va  couler  par  la 
main  du  fr^re,  Le  camp  murniure :  on  court  vers  la  tenle 
du  roi,  oti  Protadius  jouait  tranquiilementaux  taOles.  Thro- 
done  envoieOncelino  commander  aux  mutins  des^^loigner  en 
silence.  Mais  le  traltre  a  change  Tordre  : «  Lc  roi,  a-t-il  dit, 
consent  k  la  mort  de  Protadius. «  II  parle  encore,  qne  d^ 
lafotilc  s*est  pr6cipit^  dans  la  tentcroyale;  Protadius  tomfae 
aux  pieds  de  son  maltre.  L*exp<^.ditTon  d'Austrasie  aura  plui 
tard  une  nouvelle  cause.  Le  testament  de  Cliildebert  arait 
joint  TAlsace  k  la  Bourgogne;  mais  la  province  demandait 
sa  reunion  k  I'Austrasie,  k  qui  naturellement  Tassodaieiil 
sa  position  g^ographiquc,  son  langage  et  ses  mcnirs.  La 
deux  fr^res  conviennent,  pour  d^ider  cette  question,  d'aae 
cntrevue^  Seltz(610),  oii  chacun  devait  se  rendre  avec  lO^OM 
liommes  seulement;  mais  Theudebert  y  vint  avec  onear- 
nice  nombreuse,  et,  mattre  de  son  fr^re,  il  obtint  la  conces- 
sion de  I'Alsace.  Thtodoric  arme  pour  se  Tenger  :  tl  gigoe 
a  Toul  et  a  Tolbiac  (612)  les  deux  plus  sanglantes  bataiUes 
que  les  Francs  eussent  jamais  livr^.  Ttieudebert  disparait 
(lu  monde,  soit  qu'il  ait  p^ri  dans  une  abbaye  par  Ponlre 
de  Brunichilde,  soit  que  U  ville  de  Cologne  ait  jet^aa  ttte 
au  vainqueur  pour  ^viter  les  horrears  d'one  ville  eniporl^ 
d*asaaut. 

D^lk  le  victorieux  se  pr^parait  k  marcher  centre  Clotaire, 
qui  s^dtait  mis  en  possession  dn  Dentelin,  qne  ThMorie, 
pour  le  detacher  de  son  fr^re,  lui  avait  offert,  noa  ooniM 
prix  d'une  timide  neutrality,  mais  d*nne  actiye  coop^ratioi. 
Au  milieu  d*un  tel  projet,  Thtodoric  meurt,  enlev6  parooe 
dyssenterie,  et  laissant  qiiatre  fils  naturels  en  bas  Age,  am 
autre  appui  que  la  vieillesse  de  leur  bisaleule,  au  sein  d^]lle 
population  irritde  par  deux  d^faites  et  le  ravage  do  pan. 
Brunichilde  sentit  quMl  serait  Imprudent  de  partager  k 
royaume  dans  tme  co^joncture  si  critique  :  elle  essays  de 
faire  reconnaltre  Va\M  Sigebert.  Mais  d^ik  le  maire  do  pa- 
lais de  Bourgogne,  Warnachaire,  n^ociatt  ayec  Clotaire; 
(i6]k  les  grands  d'Austrasie,  k  la  t£te  desquels  on  veil  ap- 
parattre  les  chefs  de  la  seconde  dynastie,  Arnoul  et  Pepin, 
avaient  embrass^  la  cause  du  Neostrien.  Un  simulacre  de 
combat  est  li  vr^  vers  les  rivages  de  TAlsne ;  Brunichilde  p^ 
avec  les  enfants  de  Th^odoric,  etie  fils  de  Fr<M^onde  r^oit 
sursatdte  les  trois  couronnes  de  Neustrie,  d*Austrasie  ei  de 
Bourgogne  (6 1 3).  Clotaire  distribue  desn^compensesaux  arti- 
sans de  sa  fortune ;  11  ajoute  aux  privileges  des  grands  et  do 
clergd ;  il  rend  la  mairie  du  palais  viag^re  en  fiiveur  de  Warna- 
chaire; il  investit  Pepin  de  cette  dignity  en  Aostrasae. 
Plus  tard,  quand  ce  peuple  demandera  un  rot,  il  lalenvem 
son  fils  Dagol^rt  k  Metz,  el  confiera  son  enfance  1  la  sa- 
gesse  de  Pepin  et  d'Arnoul  (622).  Apr6s  la  mort  de  War 
nachaire,  Godinus,  son  propre  fils,  spouse  sa  vo/ve.  Clo- 
taire 11  ordonne  qu*bn  \kr6  une  arm^  pourrom|)recefaa> 
riageincestueux.  Godinus  s*enfti{t.  Dagobertinterc^e,etla 
roi  consent  k  pardonner;  mais  il  exige  que  le  coopaUe 
aille  offHr  desexpiations  dans  les  prindpales  basiliqucsdela 
Gaule.  Godinus  ob^it;  II  est  Isol^  des  siens,  eC  poignanK 
an  milieu  de  son  p^Ierinage.  Poarqnoi  ces  tiraides  pr^i- 
tions>  Pourquoi  cette  arro^?  Est-ce  nne  tttefaitei  laia^ 
rale  qu*on  veut  punir?  ou  plufdt  ne  scrait-cc  pis  m  aHfiH 
tat  politique,  un  cssai  pri5mnturi*inrnt  tent<*  par  le  ill'*  'l*«> 


FUAxNCE 


64T 


naire  du  palais,  qui  voulait  itendre  rii^rcdit^  jusqu'a  la  di- 
gnity de  son  p^re  ( G26 )  ? 

Le  Saxoo  r^voit^  avail  insull6  la  fronti^re  d'Au&trasie. 
Dagobert  Parr^te  :  son  casque  est  bris^  dans  le  combat,  et 
la  Uacbe  trancbe  une  partie  de  sa  chcvelure  avec  un  lam- 
beau  de  sa  cliair.  Le  jeime  prince  commande  .i  sou  ^cuycr 
de  porter  k  son  p^re  cette  inarque  sanglante  de  son  courage 
et  de  ses  dangers.  Clotaire  se  bMe ;  il  francliit  le  NYeser, 
tu^  de  sa  main  le  due  des  Saxons,  et,  pour  connrmer  leur 
soumissioOy  il  fait  con  per  la  t£te  k  tous  ceux  dont  la  taille 
d^passe  la  bauteur  de  son  ^p^  (027).  Clotaire  11  avail 
^pous^Sicbildeen  secondes  noces;  il  en  avail  un  (its  nomnie 
Charibert  Pour  assurer  k  cet  enfant  un  protectcnr  dans  son 
fr^re,  il  donne  k  Dagobert  la  main  de  Gomatrude,  sccur  de 
Sichilde.  11  8*est  tromp^;  ^  peine  mort  (  628),  sa  voiont<i 
est  m^imue;  son  Gls  a\n&  pretend  poss^er  toutriidritage 
{lata'nel.  Cbaribert  se  retire  en  Aquitaine,  et  se  prepare  a  la 
guerre  :  Dagol>ert  lui  cbAe  la  province  avec  le  litre  de  roi. 
Le  courage  du  jeune  prince  sauro  donner  les  Pyr^n^s  pour 
liinites  k  ce  petit  £tat;  apr^s  une  vie  plus  remplie  de  gtoire 
que  d*ann^,  il  meurt,  Tan  631 ,  iaiasant  un  fits  orphelin. 
Cet  enfant  trouvera  dans  son  oncle  un  bourreau,  et  sa  dc- 
pouille  sanglante  sera  de  nouvcau  r^unie  k  la  monarchie. 

Les  premiers  temps  de  Dagobert  comblent  ses  peuplcs 
d'esptonce  :  il  visite  son  royaume;  il  donne  un  td  aoin  k 
Pexercice  de  la  justice  quMI  se  fierraet  k  peine  de  godter  les 
douceurs  da  sommeil ;  mais  bientdt  Tamour  du  plaisir  i^touffe 
oe  beau  zftle  :  trois  reines  portent  le  titr«  de  ses  Spouses, 
et  il  s'entoure  d*un  si  grand  nombre  de  concubines  que  son 
historien  a  craint  la  fatigue  de  transcrire  leurs  noms.  Da- 
gobert joint  an  goOt  deft  volupt^  la  devotion,  qui  les  con- 
damne  :  il  renferme  le  corps  de  saint  Denis  dans  un  tom- 
beau  d'or;  il  couvre  la  chapelle  d*un  toit  d'argent,  et  de 
riches  domalnes  dans  toutes  les  provinces  sont  accordds 
par  sa  munificence  aux  moines  de  1'abbaye.  Les  y^n^de8 
avaient  d^pouill^  des  Francs  qui  faisaient  le  n^ooe  dans 
leur  pays  :  Dagobert  fait  declarer  la  guerre  k  Samo ,  leur 
loi;  il  est  vaincu  aprte  trots  jours  de  combat  ( 631 ),  mats 
il  est  plus  lieureux  ailleurs.  11  aide  Sisenand  k  monter  sur  le 
trdne  d*Espagne;  il  force  le  due  des  Gascons,  Amand,  et 
Judicael,  roi  de  la  Bretagne,  k  venir  dans  Paris  lui  presenter 
leur  soumission ;  mais  il  fait  massacrer  sans  piti6  et  sans 
cause  9,000  Bulgarea,  qui,  cbass^  de  la  Pannonie,  avaicnt 
re^u  de  lui  un  asile  et  rhospitalit^  en  Bavi^re.  A  sa  mort, 
en  63S,  n^est-on  pas  dtonnd  de  trouver  un  si  petit  nombre 
de  fails  sous  le  r^e  d*un  souverain  qui  eut  un  empire 
presque  aussi  Taste  que  celui  de  Charlemagne ,  qui ,  l^gis- 
l:{tcur  comme  lui,  publia  les  anclennes  lolsdes  Saltcns,  des 
CaTarolB,  des  AllemandSy  et  dont  les  monuments  rellgieux 
atU'stent  un  progrte  incontestable  dans  les  arts  et  Topn- 
Kmuc. 

De  ses  deux  fits,  Stgebert  eut  TAustrasie  et  CIoyIs  la 
Neustric.  Le  pieiix  et  bon  Sigcliert  est  enlev^  par  une  mort 
pr^utaturte;  il  lalase  un  fits  que  d^j^  s*appr6te  k  d^poulller 
le  maire  du  palais,  rambitieux  Grlmoald,  fils  de  Pepin  et 
gendre  d'Anoul.  L*enfant-roi  estmalade,  commence-t-on  k 
dire  autour  du  palais...;  il  est  sans  esp^rances...;  il  n'est 
plus.  Pendant  ce  temp!% ,  Didon,  4v^ue  de  Poitiers  et  dd- 
Too^  k  Gnmoald,  d^rol)ait  le  jeune  prince  k  tons  les  yeux,  et 
le  conduisait  dans  un  convent  d'ficosse.  Qui  dolt  porter  la 
oouronneF  Chlldebert,  fi!s  de  Grimoald.  Qui  rautorise?  Un 
acte  surpris  k  Sigebert,  un  testament  fait  avant  la  naissance 
«le  son  fils  et  annuls  par  elle.  Mais  ClOTis  II  a  des  droits  sur 
l*h4ritage  de  son  neveu ,  quMl  veut  falre  valoir  :  Pcntreprise 
e^^i  pr^maturte;  les  rois  sont  encore  puissants  et  les  maires 
du  palais  sont  encore  falbles.  Grimoald,  abandonn^  des 
slens,  tombe  aux  mains  de  Clovis ;  il  est  mis  k  mort,  et  son 
fils  arec  lui  sans  doute.  L*Aastrasle  se  tronve  r^unie  k  la 
France  occidentale  ( 050  ) ,  et  la  inaison  de  Pepin  humili^e. 
Aprds  la  mort  de  Clovis  11  (656),  sainte  Bathilde,  sa 
teate,  admfnistra  le  royautue  avec  sagesse  pendant  la  mi- 
»«ri(6  de  ses  fils,  Clotaire,  Chlld^nc  et  Thierry,  jusqu'au 


moment  od,  forcde  par  les  violences  et  les  intrigues  dM> 
broin,  maire  du  palais,  elle  quitta  le  diad^me  et  pril  le 
voile  <k  Chellcs.  Ebroin,  qui  disposatt  des  rois  k  son  grti, 
donua  Clotaire  111  k  la  Neuslrie,  et  Child^ric  II  a  I'Aus- 
trasie  ( 660 ).  Il  paralt  quil  fut  le  d^fenseur  des  bommes 
libres,  ou  de  la  moyenne  propri^e,  contre  la  haute  aristo- 
cratie  terriloriale,  dont  T^vfique  d'Autim,  saint  Ldger, 
semble  avoir  61^  Tun  des  chefs. 

Clotaire  meurt  ( 670 ) :  un  nouvel  av(^nement  exigeait  une 
nouvelle  Election  du  maire,  et  pour  T^viter  £broia  mil  de 
son  autorit^  seule  Thierry  sur  Ic  trOne,  sans  consuiter  les 
grands,  sans  demander  mdme  leur  approbation.  On  mur- 
mure,  on  Iraite  avec  PAustrasien  :  il  arrive;  £broin  el  son 
roi,  d^poiiill^  de  leur  chevelure,  sont  enferm<^  dans  un 
monasl^re ,  Tun  a  Saint- Denis,  Tautrc  a  Luxeuil.  MaisChil- 
ddric  11  avail  transports  ses  vices  et  ses  debauches  d'Aus- 
trasie  dans  les  palais  de  la  ?(eustrie.  L*6v^ue  saint  LSger 
adresse  des  riiprimandes  avec  Tautoritd  de  son  minist^re; 
sa  voix  devient  ddsagr^blc  aux  oreilles  du  prince.  La 
haine  ^lalo  aux  fi&tes  de  Piques ,  k  Autun ,  od ,  dans  la 
querelle  d'Hector  et  de  saint  Prix,  Pi^vfique  et  le  roi  sou- 
liennent  des  int^rfits  opposes.  Saint  Lt^ger  est  en!ev6  et  Jete 
dans  le  monast^re  od  Tambltion  mondaine  suit  encore  son 
rival  aux  pieds  des  autels.  Ainsi,  les  passions  de  ChildSric 
n*ont  plus  de  frein ;  il  veut  imposer  un  tribut  sur  les  homines 
libres.  Bodilon  porte  les  murmures  du  f'euple  jusqu*au 
trOne :  on  Tattache  k  un  poteau,  il  est  battu  de  verges  comme 
un  esclave ;  chaque  coup  dSchire  le  coeur  de  l*aristocralie, 
insults  dans  un  de  ses  membres.  Le  roi  est  surpris  k  la 
chasse  par  les  conjur^,  et  un  mSme  tombeau  le  re^it  au 
mdme  jour  avec  sa  femme  et  Tun  de  ses  ills  (673). 

Cette  catastrophe  rend  £broin  et  saint  L4ger  k  la  li- 
bert<^,  et  Thierry  au  trOne,  mais  sous  rinflnence  de  la  Iiaute 
aristocralie.  Le  maire  veut  s'emparer  de  TSv^qtie ;  il  Schoue, 
et  se  retire  en  Austrasie,  oik  la  chute  de  Grimoald  avail  mis 
au  timon  des  affaires  les  hommes  du  sysl^me  politique 
dont  ^broin  est  le  syinbole  en  Neustrie.  11  obtienl  une  ar- 
m6t;  il  surprend  lea  Neustriens  k  Pout-Saint-Maxence ,  tue 
Leudesius,  nouveau  maire  du  palais,  dans  une  entrevue, 
poursuit  Thierry  k  Baisieu ,  ensuite  k  Cr^,  et  se  couvre 
enfin  de  son  nom.  Ay  ant  ainsi  reconquis  Pautorit6,  il  en 
use  saus  pitid  contre  ses  ennemis.  BientOt  le  sang  ruisselie 
sur  lesf^xhafauds;  les  routes  se  couvrent  d*exil6s.  11  donne 
k  ses  partisans  des  monasl^res,  dont  la  cramte  a  disperse  les 
habitants.  Une  rdvolulion  inverse  avail  donnS  le  pouvoir  en 
Austrasie  aux  mandalaires  de  la  haute  aristocralie,  Martin 
et  Pepin,  lous  deux  petits-fils  d'Arnoul,  et  le  dernier 
mfime  issu  du  vieux  Pepin.  lis  se  meltcnt  en  campagne 
pour  relcver  leur  principe  abaltu  en  Neuslrie  :  £broin  taille 
leur  armSe  en  pieces  k  Loco/ao,  peut-6tre  Loixi,  au  ter- 
ritoire  de  Laon  (680).  Une  traliison  le  rend  mallre  de 
Martin,  qu'il  Immole  an  mSpris  de  la  foi  jur^.  Son  succes- 
seur  Warato,  trop  faible  pour  soutenlr  le  fardeau ,  achate 
la  paix  en  sacrifiant  les  droits  de  la  couronne;  11  reconnalt 
dans  un  traits  lMnd6pendance  de  PAustraaie,  et  pose  le  pre- 
mier degrS  du  trOne  des  Pepin.  Apr^  lui ,  vienl  son  gendre 
Berlhaire;  mais,  ne  poss^ant  aucun  des  avantages  exU^- 
rieurs  qui  attirent  le  respect  k  VautoritS,  ISger,  vanitcux 
et  imprudent,  il  irrite  les  grands,  il  indispose  le  clerge  en 
mettant  la  main  et  sur  les  domaines  de  r£glise  el  sur  les 
priviK^ges  des  barons ;  11  r^pond  avec  insolence  k  Pepin,  qui 
demande  le  rappel  des  exilfe  et  cherche  un  prSlexle  de 
guerre.  Son  arm^e  est  mise  en  di&route  k  Testry  ( 687 ) ;  il 
est  imroold  par  les  siens  k  la  paix  publique,  et  la  Neustrie 
tombe  sous  la  domination  de  FAuslrasIe. 

Pepin  dislribua  aux  grands  qui  avaient  combatlu  k  ses 
cOtSs  des  litres  de  due,  de  palrice,  de  comte;  il  rStablit 
les  anciennes  assemblies  uationales,  et  donna  aux  Svdques 
et  abb^i  le  droit  d*y  prendre  place.  Il  retourne  en  Germanie, 
oil  Tappellent  des  victoires  a  reinporter  sur  les  Prisons,  et 
laisse  au  roi  Thierry  son  fils  atnS  Grimoald  pour  maire  du 
palais.  II  eut  la  douleur  de  siinrivre  k  ses  deux  fila  l^inei^ 


C48 


FRANCE 


Gnmoald  te  rendait  au  cbAteau  de  Jopil  sur  la  Meuse,  oti 
son  p^re  languissait,  qnaod  il  fut  to^,  an  tombeau  de  saint 
Lambert.  P^it-il  TictiiDe  de  U  concubine  Alpalde,  ^  qui  le 
Mint  martyr  avait  reproch^  d'asurper  la  couche  de  Plec- 
tnide,  Spouse  de  Pepin,  ou  yicUme  des  grands,  qui,  elfray^t, 
dc  Textension  que  celui-ci  avalt  donnie  k  la  roairie,  yoa- 
laiont  du  moins  en  pr^venir  rb^rMii^T  Crime  Inutile  I  Gri- 
moald  afait  laisa^  un  fils  naturel,  Tb^odoald,  que  le  testa- 
ment de  son  a'ieol  institoa  pour  successeor  sous  la  totelle 
da  Plectrude.  Mais  la  Neustrie ,  m^ntente  de  D'etre  plus 
qii'uno  proyinee  annexe  k  PAustrasie,  refnsa  i*enrant-maire 
donn^  piHir  tuteur  k  Penfant-roi  Dagobert  III,  gagna  sur  lui 
iiue  sangiante  victolre  dans  la  forftt  de  Cui8e(71&),  et  la 
mort,  qui  a?ait  ^pargnd  Tbtodoald  dans  le  combat,  l'enle?a 
quelques  jours  aprte  obscur^ment.  Raginfred,  ^u  maire  du 
liulaJA,  s^allie  au  due  des  Prisons,  Radbode,  et  PAnstrasie, 
«*iivalMo  par  les  deux  extrdmit^s,  voit  bientdt  le  Prison  et 
h  Neustrien  op^rer  lear  jonctiun  sous  les  rours  de  Cologne. 
Plectrude  acliMe  Icur  retraite  par  fabandon  de  ses  tr^rs. 
T.6  filfi  d'Alpa'ide  et  de  Pepin,  Charles  Martel,  dchapp^ 
aiix  prisons  de  Plectrude,  apparatt  comrae  un  rayon  de  soleil 
au  milieu  de  ces  jours  d*orage.  Vainco  par  les  Prisons,  seul 
<^chec  qu'il  doit  subir  dans  son  li^rofque  carri^re,  11  est  plus 
lieureux  contre  l*arm^  neustrienne,  qu*i]  surprend  k  Stavelo. 
Dient^t  il  pr^sente  la  bataille  k  Chilp^ric  II  dans  les  plaines 
de  Cambrai  (717).  L'Austrasien  demande  qa^on  lui  rende 
les  droits  qui  ont  appartenu  k  Pepin;  le  Neustrien  Teut 
qu^on  restitue  TAustrasie  k  sa  conronne.  Le  far  tranche  la 
question.  Cliiip^ric  fuit  en  Aquitaine;  TAustrasien  presse 
Raginfrei  dans  la  vllle  d*An(rers,  et  le  force  k  la  soumission; 
ses  menaces  intimldent  le  due  Eudes,  et  Chilp^ric  avec  ses 
triors  est  remis  au\  mains  du  Talnqueur. 

Elides  avait  con^  le  projet  d'appuyer  son  ind<^pendance 
du  roi  sur  ralli<ince  d*un  ^mir  qui  aspirail  lui-m£me  k  secouer 
sa  d^peudancc  du  klialilat ;  mais  sa  base  est  renversde ,  la 
r^ToIte  du  rou^ulman  son  gendre  M.ofiff€e ,  et  sa  (ille  en- 
voy(^edans  le  8(frall  du  kbalife.  Les  Sarrasins,  Tainquenrs  de 
Munusa,  franchissent  les  Pyn^n^es,  inondent  I'Aquitaine, 
pa^sent  la  Dordogne ,  et  inassacrmt  Tarm^  clir^tienne, 
retrandi^e  sur  le  rivage.  Eudes  n*a  pins  d'e^poir  qu^en  diar- 
ies MartPl.  Rient6t  ils  se  d^ploient  en  face  de  lui  dann  les 
plaines  de  Poitiers ;  sept  jours  entiers  les  eonemls  s*obser- 
\oiit  et  mancpUYfent  pour  s^emparer  d\me  position  a^an- 
taueuse.  Knfin,  la  cavaleHe  arabevient  se  briser  contre  Tin- 
fanterie  franque,  Immobile  comme  un  mur.  Dieu  a  prononc^ , 
on  ne  verra  |)oint  le  croissant  flotter  sur  les  tours  de  Saint - 
llilaire  et  de  Saint-Martin,  ou  la  basillque  de  Saint-Denis 
transromi^e  rn  mosqu<^  (732).  Dans  les  anndes  sni?antes, 
ie  m6me  bonheur  accompagne  les  armes  du  b^s,  soit  con- 
tre les  Saxons,  foit  contre  les  Sarrasins;  il  assi^  Nar* 
lionne;  il  di^trult  sur  la  Berre,  entre  Ville-S^ilsa  et  Sigean, 
line  arm^e  d^barqti^  pour  ravitaiUer  la  place  (737) ;  il  incen- 
die  les  ar^nes  de  Ntmes^  il  reoTerse  Agde,  Balers,  Mague- 
lonne;  il  prend  deux  fob  Avignon.  Mais  l*honneur  d^extcr- 
miuer  les  Sarrasins  dans  la  Ganle  narbonnalse  est  risenr^ 
a  M>n  fils ,  qui  doit  aos^i  conlinner  les  premieres  relations 
des  Francs  avec  Rome,  dont  le  pape,  menaoS  par  Pambi- 
tiun  des  Lombards,  envoya  deux  ambassades  proposer  Ik 
Charles  Martel  de  renoncer  k  Pall^eance  des  empereurs , 
pour  melt  re  ce  duch^  sous  la  protection  des  Francs  (741). 

A  pHrie  e5^t-il  mortqueson  plus  jeune  fits,  Gri(ron,n^ 
d^unc  srconde  femme,  est  d6pouilU  par  les  deux  aln6s  et  ren- 
fermi*  an  nionastire  de  Prnfan.  Plus  tard^  rendu  k  la  liberty, 
11  attirera  Tun  de  ses  ft^res  k  sa  poarsuite  dans  la  Saxe 
et  la  Bavi^re,  oil,  rhass^  par  le  due  d*Aqiittaine,  dont  II 
aura  s^dult  I'dpouse,  11  doit  trouver  la  mort  dans  les  Alpes, 
tandis  quMI  Ira  solliciter  Talliance  du  roi  lombard.  Ensuite 
Carloinan  et  Pepin  forcent  rAquitain  Hunold  k  la  soumis- 
sinn.  All  retour ,  lis  se  partagent  le  royaume  :  celul-ci  prend 
U  Neustrie,  celni-l^  PAustrasie.  Le  Saxon,  TAlIemand  etle 
Bavarois  s*unissent  contre  les  fils  de  Martel  qui  triomphent 
cur  les  bprds  du  Lech  (743);  la  Baviiresubit  cinqiiantc- 


deuz  jours  de  ravage.  Dans  rintenralle,  Hunold  a  fut  mi 
tentative  infructueusede  r^volte;  il  s'empressede  la  faire  on- 
blier  par  ime  prompte  soumission.  Son  fr^  Halton  lui  avait 
refuse  son  concours ;  11  se  venge  et  lui  arrache  les  yeux. 
Mais  cet  acte  de  barbaric  est  suivi  par  les  remords  lea  pkis 
cuisants  :  Hunold  renonce  aa.  si^cle,  et  va  chercher  dans 
un  monast^re  la  paix  quMl  ne  peul  trouver  dans  sa  cons- 
cience. Non  loin  de  ce  m6me  temps,  Carioman,  an  comUe 
de  lagloire  et  de  la  puissance,  qnittait  le  monde.  £tait-ee  par 
un  d^goOt  personnel  pour  les  grandeurs?  Alors  pourquoi 
n*a*Ml  pas  lalss^  la  couronne  A  ses  fils  ?  Se  iaisait-il  on  scrv- 
pule  de  porter  le  sceptre  qui  appartenait  an  sang  de  M^ror^  ? 
Anim^  de  ce  sentiment,  il  eOt  rendu  le  trtoe  au  mattrs 
legitime.  Son  abdication  ne  serait-elle  pas  un  sacrifice  a  la 
grandeur  de  sa  maison?  Tons  les  obstacles  ^talent  aplanis, 
te  trAne  attendait  les  Pepin ;  mais  pour  assurer  une  dynas- 
tic noavelle  sur  la  mine  d*iine  dynastic  d^chue ,  il  CaUait 
que  la  force  fOt  concentre  dans  une  seule  main.  Quoi  qu*il 
en  soit,  le  pape  Zacharie  a  prononc^  entre  leroi  par  lenom 
et  le  roi  par  le  (ait.  Pepin  convoque  les  cornices  k  Soissons : 
Tap^tre  de  la  Gerraanie,  saint  Boniface,  lui  donne  t*ouc- 
tion  royale,  etle  stupide  Cbild^c  est  rel^u^  dans  le  nio- 
nastirede  Silhieu  (752).  Ainsi  finit  le  dernier  de  ces  rois 
fainiants,  < nfermi^s  comme  des  fenimes dans  leur  dil- 
teau  de  Maumague,  ou  promen^  une  fois  Tannte  aux  co* 
miccs  nationaux  dans  une  molle  basterne. 

Cependant  leroi  des  Lombards,  Astolphe ,  continoalt  d'en- 
vabir  les  terres  de  P^glise;  Pempereur,  aux  solUcilations 
du  pape,  n^ociait  par  des  ambassadeurs  ime  aflaire  qull 
eOt  fallu  trailer  avec  r<^p^.  Le  |»ape  s'^happe  de  Rome  ei 
passe  les  Alpes ;  11  vient  avec  son  clerg^  en  habit  de  deuil 
et  la  cendre  sur  le  fW>nt  se  jeter  aux  genoux  de  Pepin ;  et 
s*il  consent  k  se  relever ,  ce  n'est  qo  aprte  avoir  obtenu  do 
roi  et  de  tons  ses  leudes  la  prorocsse  de  Passistance  qiiH 
implore.  II  donne  une  seconde  fois  Ponction  sacrte^  PcfHo, 
k  son  Spouse  et  k  ses  deux  fils  (7t»4);  11  defend  au  peuple 
de  cholsir  des  rols  dans  une  autre  f^mille;  il  conftre  k  Pe- 
pin le  titre  de  proteclewr  de  P^glise,  et  celui  depalrke  a 
ses  fils,  dignity  que  Pempereur  avait  seul  le  droit  d*accor- 
der,  et  qui  donnait  m^me  autorit^  sur  les  papes.  Dis  que  U 
saison  des  combats  a  reparu,  Pepin  force  lea  eluses  lorn* 
bardes,  assise  Astolplie  dans  Pa  vie,  et  le  force  k  capitulcr; 
mais,  au  lieu  de  rendre  k  Pempereur  les  cl6i  des  villos 
onlevte  k  Pempire,  il  les  depose  sur  le  tombeau  de  saint 
Pierre,  et  fonde  ainsi  la  poissance  teroporelle  des  papes 
(755).  Dans lemtoieterops,iaSepti man lemettaiti profit 
Panarchiequir^nait  chez  les  Sarrasins d*Espagne  et  secooait 
le  joug,  aid^e  par  les  troupes  de  Pepin.  Sept  annte  n- 
litres,  les  Francs,  unisaux  Chretiens  du  pays,  tinrentle  siege 
devant  Narbonne;  enfin,  la  population  chr^enne  de  la 
ville ,  plus  nombreuse  que  la  gamison  musulmane ,  ayant 
oMenu  du  roi  la  confirmation  de  ses  privileges,  ouvnl  sei 
liortes;  toutes  les  cit^  Imit^rent  k  Penvi  cet  exemple,  eC 
pour  la  premiere  fois  la  Seplimanie  fut  unie  k  la  couronne 
(759).  BientdtcefutletourdePAqultaine(76S).  Waifer 
ouGuaUer  refusalt  de  reconualtre  Pepin  ;et  pendant  Pespaoe 
de  huit  ans  son  ducli^  fut  en  proie  k  tuus  les  fl^ux  de  la 
guerre.  Gtiaifer  perdit  enfin  la  vie ,  dans  une  erobuscade 
dress^  soit  par  les  soldats  francs,  soit  par  les  siens,  qui 
voyaient  dans  sa  mine  Punlqiie  salut  de  leur  patrie.  Cent 
jours  aprto ,  la  mort  confoodait  le  vainqueur  avec  levaiBCD, 
et  Pepin  dalt  fnlmm^  dans  la  basillque  de  Samt-Denis,  aur 
le  seuii,  etle  front  contre  terre,  par  humility.  Plustard, 
quand  la  gloire  eot  consacr^  son  fils,  on  ten  vit  sur  sa  tombe : 
Ci-git  Pepin  quifutptrede  Charlemagfu. 

Une  rivalite  funeste  commence  avec  le  r^e  de  set  fils  : 
Hunold,  sort!  du  monast^,  soul^ve  les  Aqoitains  poor  vea- 
g(T  la  mort  de  Waifer;  les  deux  rois  assembleot  lairs  ar- 
mies; lis  s*cn  dispotcnt  le  oommandement  suprftrnt.  Car- 
Ionian  se  retire;  Cliarles  soumet  seul  la  province;  il  a« 
cliasse  Hunold,  et  force  le  due  des  Gascons  k  livrer  le  in* 
gitif.  Carlorpan  meurt  en  Pannte  771.  Son  ittix  ffJnit  kl 


J*RANCE 


fcoJes  <)'Aasira&ie :  1^  courbfane  lui  est  d^tMe ;  la  veuve  et 
les  orplidins  qu*il  d^pouille  vont  demander  an  asile  A  la  cour 
de  Didier.  C'^tait  le  point  de  reunion  detoos  lea  ni^contents, 
depiiisqoe  Charlemagne  avait  r6pudl^  honteuMinent  la 
filledu  roi  lombard.  Celui-ci  envabit  lesterres  de  TCglise,  et 
somme  le  pape  de  donner  Tonction  royale  aux  neveox  du 
prince  usarpateor.  Oharles  franclilt  les  Alpes ,  car  la  cause 
du  pape  estdevenue  la  sienne;  il  assise  Didier  dans  Pavie 
et  son  Ills  Adelgise  dans  Vc^rone.  Usant  des  loisirs  que  lui 
donnele  bloctis,  11  vient  solenniser  la  pftque  k  Rome, oil il 
est  accueilli  comme  Tenvoy^  du  Seigneur.  11  renouvelle  la 
donation  de  Pepin,  y  ajoute  de  nouveaux  pr^scnU,  et  re- 
vient  dans  son  camp  recevoir  les  clefs  de  Pavie,  oil  r^gnent 
la  famine,  les  maladies  et  la  mutiiierie,  inseparables  d'une 
soufTrance  vive  et  prolong^.  Didier  est  rel^ud  dans  un 
cloltre;  Adelgise  se  r^fugie  a  Ck)nstantinople,  oiiil  sera 
nomm^  patrice  et  gouverneur  de  Sicile ,  sans  r^ussit  k  rele- 
ver  ce  trdne  des  Lombards  dont  TarcbevAque  de  Milan  de- 
pose la  couronne  sur  le  front  du  Tictorieux(774). 

Avant  ce  temps,  les  Saxons,  r^volt^s  avalent  envalii  nos 
fi-onti^res.  Charle:^  avait  ras^  le  temple  d^Ermensul  h  Khres- 
hurg,  et  commence  cette  guerre  sanglante(772)qui  devait 
iarer  trente-trois  ans.  Cest  en  vain  qu*il  tient  les  cornices 
nationaux,  soit  h  Paderbom,  soitk  Lippebeim,pour  intimider 
b's  esprits  par  le  spectacle  de  sa  puissance  et  soumcttre  les 
cti'urs  k  la  religion  par  la  ponipe  de  ses  ceremonies ;  c^est  en 
vain  qii*^  Verden,  sur  le  fleuve  Aller,  il  fait  tomber  quatre 
aiille  cinq  cents  t^tes ;  c'esten  vain  qu'il  se  reserve  les  succes- 
»ions  coUaterales  et  le  droit  d'en  disposer  A  son  gre ,  afin 
d*exciter  par  cet  appUt  les  Saxons  iculti ver  ses  bonnes  gra- 
ces ;  ils  n*en  sont  pas  moins  prompts  k  la  revolte  des  que 
\Yitikind  reparait  au  milieu  d*eux,  en  s'ecriant :«  On 
VOI1S  traite  comme  lecoursier  k  qui  Ton  fait  une  bride  avec 
son  crin.  »  Enfin,  la  religion  dompta  Witikind,  et  la  Saxe 
parut  elle-meme  dompiee  pendant  huit  ans.  Elle  avait  ete 
saccagee,  incendiee,  inondee  de  sang,  et  cependant  Charles 
nc  Iriomplia  du  sol  qu'co  arrachant  la  population  pour 
la  disseininer  dans  la  Ganle,  Tltalie  et  la  Belgique  (804). 
Dans  un  des  comices  tenus  k  Paderbom ,  Ibn-AI-Arabi , 
gonvemeur  de  Saragosse ,  vint  solliciter  Charles  d^entrer 
en  Catalogue,  ou  il  lui  promettait  la  prompte  soumission 
d.v<  emirs ,  impatients  d'assurer  leur  independance  k  la  fa- 
veiir  du  schisme  qui  divisait  Bagflad  et  Cordoue.  Deux  ar- 
m(^cs  passent  les  Pyrenees,  et  se  reunissent  sons  les  murs  de 
Pampelune ;  Saragosse,  assi^gee.  ouvre  aes  portes.  Charles 
j^cnd  sa  domination  jusqu*^  TEbre ,  et  place  des  comtes 
Francs  dans  toutes  lea  viUes  de  la  marche  espagnole.  II  re- 
toumait  dans  TAquitaine  par  retroite  et  tortueuse  valiee 
de  Roncevaux,  quand  une  poignee  de  Sarrasins,  meies 
k  des  Navarrais,  favorises  par  i'escarpement ,  la  connais- 
sance  des  lieux  et  Thabitude  de  courir  dans  ces  montagnes, 
fond  sur  Tarriere  garde  et  pilleles  bagages;  echec  obscnr, 
ai  le  paladin  R  ol  a  n  d  ne  fQt  tombe  parmi  les  morts  ( 778 ). 

Leon  III  portait  la  tiare.  Le  neveu  et  le  confident  du  pape 
Adrian  I*',  que  Cliarles avait  aime  comme  un  frdre,  et  dont 
11  avait  meme  compose  repitaplie ,  deversent  la  calomnie 
sur  le  nouveau  pontife ,  et  dans  une  procession  osent  porter 
sur  lui  des  mains  violentes.  £cbappe  de  sa  prison ,  le  pape 
vient  k  Paderbom  demander  vengeance  h  Charles  et  mon- 
trer  k  TAllemagne,  sortie  k  peine  de  Tidol&trie,  cequ'elle 
n'avait  pas  encore  vu ,  le  representant  du  Christ  sur  la  terre. 
L^annee  suivante,  Leon,  en  presence  du  roi,  dans  la  basl- 
liqve  de  Saint-Pierre,  se  justifiait  par  le  serment  sur  les 
Cvangiles;  et  le  jour  de  Noel ,  k  Tinstantod  Charles  fiechis- 
sait  les  genoux  dcvant  Pautel,  le  pape,  qui  avait  con^u  son 
dessein  k  Tiiisu  du  monarqite  franc,  lui  mettait  sur  la  tete 
ane  couronne  (for,  aux  acclamations  du  penpleet  duclerge  . 
Vie  et  victoire  A  raugitste  Charles  couronne  par  Dieu , 
^rand  et  paelkfique  empereur  des  Homains !  AinsI,  trots 
cent  vingt-quatre  ans  aprte  la  deposition  d*Augusliile  fut 
rennnvoK^  I'empire  d^Occident ,  pourun  prince  capable  ilVn 
letsusclter  lui-meme  la  majeste  ( ftOO ). 

PICT*    UK   LA   OOi^hCUa.    —    1.    IV, 


Tout  venait  se  placet  dasol-itaeme  sous  sa  domination  ou 
recherchait  sonamitie;  le  dernier  des  Agiloifinges  avait  eta 
depose  en  Baviere;  les  Avares  etaient  detruiU,  les  fron- 
tieres  recuiees  Jusqn'^roder,  le  ducde  Benevent  soumis, 
deux  filsde  Charlemagne,  Pepin  et  Louis,  donnes  pour  rois, 
celui-ci  k  TAquitaine,  i'autre  k  Tltalie.  Cependant,  on  pou- 
vait  observer  des  sympt6mes  de  faiblesse  dans  cette  puis* 
sance  colossale  :  au  nord,  Tempereur  se  tenalt  surki  de- 
fensive contre  les  Danois;  au  mldi,  la  flotte  de  Pepin  eprou- 
vait  un  echec  dans  TAdriatique,  dans  une  b&taille  contre  Ta- 
miral  des  Grecs;  les  Sarrasins  saccageaient  Populonia,  em- 
menaient  pour  Tesclavage  toute  une  ville  de  Corse,  insu:- 
taient  la  frontiere  d'Aquitaine,  assiegeaicnt  Narbonne,  et 
battaient  au  passage  de  I'Orbien  Guillaume  au  court  ne%; 
les  pirates  normands  tnfestaient  les  c6tes  de  TOcean ,  et  a 
la  vue  de  leurs  barques  Charles  versait  des  pleurs  prophe- 
tiques  sur  Tavenir.  Des  chagrins  domestiques  vinrent  at- 
trister  sa  vieiliesse.  Pepih  le  Bossu ,  un  de  sea  tils  naturels, 
conspire  contre  sa  vie;  la  mortlui  enleva  deux  fils  legitimes, 
Pepin,  roi  dltalie,  Charles ,  qu'il  destinaiti  Tempire;  i'in- 
conduite  de  ses  filles  Couvrit  de  confusion  sa  teudressc  pa- 
ternelle.  Arrive  au  bout  de  sa  carriere,  il  associa  son  Uis 
Louis  d'Aquitaine  k  Tempire,  et,  pour  mieuxlmprimer 
dans  son  esprit  Hdee  de  son  todependance,  il  voulut  qu'il 
prft  la  couronne  sor  Tautel  et  se  la  mit  tni-mCme  s  t  Ih 
lete.  Yaine  precaution!  deiixann^  s^etaient  k  peine  ecou- 
lees,  que  deja  Lonis  soumettait  son  diademe  k  la  tiare. 

Le  nouvei  empereur  ,&  son  avenement  (814),  etait  daiiA 
la  force  deTAge.  Pieux  et  chaste,  U  avait  reiorme  lesmneiirs 
et  la  discipline  de  son  clerge ;  il  avait  combattu  avec  succ^s 
les  Sarrasins,  ameiiore  ses  finances  et  dimUiue  les  charges 
publiques.  Mais  un  ordre  cruel  avait  precede  son  arrivee  k 
Aix-la-Chapelle :  il  condamnait  k  mortlcs  nombreux  amants 
de  ses  soeurs.  BientAt  on  vit  peroer  une  secrete  jalousie 
dans  ses  rigueurs  coiitre  les  ministres  de  son  p^re :  Adeiard 
est  banni  k  Noiraiontlers,  Bernard  exile  a  Lerins,  Yala 
cotttraint^  la  vie  roonastique,  et  leur  siBur  eiolgnee  de  la 
oour.  Cependant,  le  sceptre  de  Charlemagne  etait  tombe 
dans  une  main  trop  Esible  :  II  consent  i  partager  Tempire ; 
il donne  la  Baviere iLothaireet TAquitaine  k  Pepin.  Tout 
k  llnterieur  etait  calme ;  le  roi  d'ltalie  aglssait  comme  son 
lieutenant; les  tribiilaires  demeuralent  dans  Pobeissance,  ou 
ses  generaux   soumettaient  les  rebelles.  Une  disposition 
nouvelle  ioterrompt  cet  ordre  :  il  reprend  la  Baviere; 
Louis,  son  plus  jeune  fils,  en  est  hivestJ,  et  Lothaire  as- 
socie  k  I'eropire.  Ce  partage ,  et  tons  ceux  qui  vont  suivre, 
est  garanti  par  les  serroents  les  plus  solenneU  du  monarque, 
de  ses  fils  et  du  peuple.  Mais  son  neveu ,  le  roi  d*Italie ,  se 
trouve  lese  dans  ses  droits;  il  n'ajure  qu^une  obeissance 
viagere  &  I'empereur  :  que  Loidsmeure,  11  revendique  Tera- 
pire,  on  comme  atne  de  ses  conslns,  ou  comme  fils  d'un 
ivere  ainedu  D6bonnaire,  Le  respect  envimnnait  encore  le 
diademe  de  Louis ,  et  neanmoins  ce  n*etait  dej^  plus  celui 
de  Charlemagne ,  k  qui  la  tiare  des  papes  etait  soumise. 
Dej^  Etienne  IV,  Pascal  I*',  Eugene  II,  s*etaient  snccede 
dans  la  cliaire  apostolique,sans  atteodre  mftme  Tagrement 
du  monarque.  Le  premier  etait  venu  s'excuser,  mais  IVm- 
pereur  avait  rendu  au  pape  Thonneur  que  le  pape  devait 
Ik  I'empereur;  le  second  de  ces  pontifes  s*etait  contente  d'e- 
crire  pour  justifier  sa  conduite,  etle  troisieme  avait  imite 
cet  exemple.  Bemard ,  a  moitie  valncu  par  les  hesitations 
de  son  parti ,  k  moitie  sedult  par  TofTre  d*un  pardon,  dont 
Ermengarde  sut  le  flatter ,  se  livre  sans  detense  aux  mains 
de  son  oncle  :  il  est  accuse  devant  le  maltum,.-  et  sa  de- 
pouille  sanglante  est  livree  k  Lotlidre  (818).  Quatre  ans 
s'etaient  k  peine  eoouies  que  les  reroords  consamaient  le 
eeeur  de  Louis;  et  dans  les  cornices  d*Attigny  (832),  les 
yeux  baignes  de  larmes,  11  demandalt  k  ses  peoples  indul* 
gence  et  pardon  du  scandale  qn'avalt  d(k  eanser  le  spectacle 
d*ua  oncle  fai.sant  arradier  les  yenx  k  son  neveu. 
.    Pendant  ce  rAgne ,  on  oonvoque  deux  ou  trois  fois  par 
an  les  ia/uuccv  Ui  ont  perdu  le  caractere  militaire  quUli 


660  France 

hTaient  sous  Charlemagne.  L'oaageckilatin^  qoi  est  la  Ian- 
gue  ie  I'l^ise,  oomme  le  tudeisque  est  eeUe  de  Varmitf 
lea  10091  disooura  et.tea  questions  de  discipline  eccl^ia»- 
Uque,  J  donnent  la  pr^toiinenee  aux  ^vAques.  Erroengarde 
n'^tait  plus,  ety  librede  former  un  nouveau  lien,  Louis  eut 
la  pens^e  d'enehalner  sa  Tie  sous  la  r^le^monastique;  mais 
oed^r  expira  dans  son  coeor  devant  Tesprit  et  les  graces 
de  Judith.  L'^ucation  du  jeune  Charles,  Tuneste  fruit  de  ce 
manage ,  est  confite  au  comte  de  Barcdone,  Bernard,  due 
de  SepUmanie  et  chambellan  de  rimpdratrioe.  Les  entr^ 
que  ses  fooctions  lui  donnent  an  palais ,  la  l^g^ret^  de  la 
rcine ,  la galanterie  de  Tautre,  la  beauts  de  tons  les  deux, 
la  faiblessedo  IMtonnaire ,  tout  semble  autoriser  lessoup- 
(ons  d*un  coifimerce  adult^re;  mais  Lonis,  qui  ne  Toitque 
par  les  yeux  et  n*entend  que  par  lesoreillesde  Judith ,  sem- 
ble Toutoir  accumuler  autant  de  graces  sur  le  fa?or|  que 
ceiui-ci  r^pand  de  ridicule  sur  son  maitre.  Aux  cornices  de 
Nim^ue ,  Aizon,  gentilhomme  de  la  Marche  espagnole,  et 
dUine  famine  en  ri?alit^  d^clar^  avec  la  maison  de  Bar- 
celone ,  crut  voir  la  haine  que  Bernard  lui  portait  se  r^fl^ 
chir  dans  le  OGnir  du  monarque.  Inquiet  sar  sa  sOret^,  il 
quitte  brusquemeut  la  cour,  sVnfuit  danssa  province,  la 
soul^ve,  iatroduit  les  Sarrasins  dans  ses  flefs,  et  passe  les 
Pyr^n^  k  leur  t6te.  Une  armte  va  marcher  centre  lui  sous 
les  ordres  de  Pepin,  dont  la  jeunesse  est  confine ^  Texpd- 
rience  des  comtes  Hugoes  et  Malfrid.  Mais  jalouxdu  favori, 
ceiix-ci ,  ralentissant  les  pr^paratils,  donnent  le  temps  aux 
Sarrasins  de  ravager  la  Septiroanie  et  de  sauver  leur  butin 
(827) .  Une  clamour  universelle  lesaccusederantle  mallum: 
Louis  adoucit  la  sentence  qui  les  condamne  k  mort.  Pepin 
est  en  dehors  de'  Tarrdt;  et  n^anmoins,  comme  II  par* 
tage  la  solidarity  attach^  &  la  honte  d*une  telle  condamna- 
tion, il  menace  Tindigne favori, qui, non  content  de  souiller 
Iftcouche  imp^riale,  jette  encore  ce  nouvel  opprobreaux 
fils  de  son  maitre.  Ainsi ,  partout  la  temp6te  gronde.  La  for- 
tune de  Bernard  allume  Tenvie  des  grands.  Le  clerg^  Maiii 
des  r^formes  que  Tanst^t^  du  monarque  in^roduit  dans  la 
discipline;  Tambition  de  Judith  alarroe  les  deux  filsatn^  du 
Dibonnaire,  et  le  peuple,  vex^de  tons  les  ci^tis ,  accuse  la 
faiblesse  du  souverain. 

Pepin  se  met  en  campagne ,  et  passe  la  Loire :  il  va,  s*4- 
crie-t-il,  ctia»ser  les  aduliferes.  II  s'avance  Jusqu*^  Verberle. 
Louis,  abandonn^  des  siens,  est  forc^  de  se  livrer  k  la  vo* 
lont^  de  ses  fils,  et  Judith  de  prendre  le  voile  k  Sainte- 
Radegonde  de  Poitiers  (830).  Quelquesmois  s*^ulent;  un 
comice,  grAce  k  Thabilet^  du  moine  Gombaut,  est  convoqu^ 
k  ^im(^e ,  oil  les  souvenirs  de  Charlemagne  int^ressent 
davantage  aux  infortunes  de  son  fils.  Ici  la  sc^ne  change. 
Lothaire ,  qui  n*a  point  rougi  de  s'^tablir  en  ge6lier  de  son 
p^ ,  est  effray^  par  les  dispositions  de  la  Germanie :  il  sa« 
crifie  ses  complices;  II  obtient  son  pardon.  Judith  se  justifie 
par  le  serment  ii rasserobliie  d*Aix-la-Chapelle,  et.reprend 
tous  ses  droits  auprte  de  son  ^poux.  La  (aiblesse  de  Louis 
pour  Judith  menace  encore  ses  61s  d^un  nuuveau  partage; 
car  il  faui  une  couronne  au  jeune  Cbarlea.  Les  fils  d^£rmen* 
garde  se  r^unissent  k  Rothfeld ,  c^est-Mire  au  Champ- 
Rouge^  non  loui  de  Colmar;  mais  nne  d<^fection  perfide  va 
changer  le  noro  du  lieu,  qui  sera  dit  Luger^/eld^  ou  le 
champ  du  mensonge,  Le  pape  m£me  a  passd  les  monts 
avec  les  bataillons  de  Lothaire.  Les  troupes  du  p^re  cam- 
pent  d^j^  vis-di-vis  Tamite  des  lils.  Gr^oire  porte  des  deux 
cOt^  les  parolesde  la  paix ;  mais  tous  les  jours  le  J)4bonnaire 
voit  diminuer  le  nonibre  de  ses  fiddles,  et  bient^t,  4  d^ut 
dVnergie,  il  ne  hii  rente  plus  d^autre  parti  que  cciul  de  se 
feigner  k  rentrer  sous  la  surveillance  de  Lothaire  ( 833). 

Ce  n^est  point  assez  pour  ce  Ills  tngrat :  il  faut  qu*une 
o6r^montt  d^^dante  rende  k  jamais  son  p^re  indigne  do 
porter  le  diad^me..  L^^ise  de  Salnt-M^lard  k  Soissons  ae 
remplit  d*une  aqnul^reuae  assemble ,  ahrimans  et  vassaux, 
barons  et  prMnu  Oa  j  ranarque  Lothaure  au  milieu  des 
Ittudm,  et  ParelMv^qne de  Reims,  Ebbon,  environn^  des 
^tite  s^dilieox.  Iloublie  qu*ll  hiU  ^\fv<^  tVuim  coadition 


obscure  aux  honneurs  de  la  mitre  par  la  faveur  da  malba 
qn'il  vient  d^pouiller  de  ses  dignit^  hMditalres.  Le  JM- 
bonnaire  est  aroen^.  Les  discours  des  pr^lats  ont  troubM 
son  esprit.  Sa  conscience  est  alarms  :  fl  demande  pankm 
4  Dieu  et  aux  honunes  de  ses  p^ch^.  Ebbon  lui  pr^senle 
une  liste  on  ses  fautes  sent  d^taiHto  en  huit  articles.  Quels 
^taient  les  griefs?  Il  a  fait  marcher  des  arra(^  ou  conTo- 
qu^  des  assemblies  dans  le  car6roe.  A  la  v^rit^,  c^'^tait  la 
crime  que  d^avoii  puni  avec  cruaut^  la  rebellion  de  son  ne- 
veu ;  mais  n*avait-il  pas  c.xpi^  ce  crime  aux  cornices  d'Attl- 
gny  ?  En  revenant  sur  les  partages  confirm^  par  des  ser- 
ments ,  il  a  expose  son  peuple  au  parjure,  le  pays  aux  ra- 
vages et  les  ^gllses  anx  profanations,  cortege  accoutoai^ 
des  guerres  civiles.  Mais  sa  faute  la  plus  grande,  et  eeUe 
n^anmoins  dont  les  ^v^ues  n'avaient  pas  song^  k.  Taccuser, 
6tait  sans  doute  de  laisser  ainsi  fl^trir  une  noble  nation  Ai^ 
son  repr^sentant  naturel.  Le  D4l>onnaire  prend  la  Itste  ac- 
cusatrice,  quMI  lit  d*une  voix  g^roissante ,  k  genoux  sur  on 
cilice;  ensuite  il  d^tache  son  ceinturon  mDitaire,  en  signe 
de  sa  d^adation;  il  rev6t  un  habit  de  suppliant;  enlin,  la 
porte  d'une  cellule  se  ferme  sur  lui. 

L*injure  retombe  douloureusement  sur  le  cceur  de  Pepin; 
il  sent  que  la  honte  du  p^re  rejaillit  au  front  des  fils,  et 
somme  Lolhaire  de  rendre  au  D6bonnaire  ses  honneurs  et 
sa  liberty.  Effray^  de  sa  marche,  incertain  du  peuple,  qui 
oublie  les  fautes  du  vieil  empereur  et  ne  voit  plus  que  ses 
infortunes,  Lothaire  abandonne  sa  prole  et  se  r^fngie  dans 
la  Bourgogne,  ou  il  compte  sur  des  esprits  plus  d^voo^ 
Mais  le  D6bonnaire,  sort!  de  sa  prison,  n'ose  pas  toucher 
au  sceptre  avant  que  les  c^r^monies  de  r£gllse  I'aient  a^ 
franchi  de  la  penitence  et  calro^  sa  conscience  timor^ 
Une  assemble  d'^v6ques  k  Saint-Denis  condamne  les  actes 
de  Soissons  et  suspend  les  prists  coopables  :  Ebbon  se 
souinei  k  la  censure,  et  depose  la  mitre.  D^j4  Lotliaire  avait 
denx  fois  vaincu  par  ses  lieutenants ;  mais  les  rivaux  n*a- 
▼aient  pas  encore  paru  k  la  t6te  de  Icurs  armies ,  quaod  la 
campagne  de  Blois  les  vit  en  deux  camps  oppos^.  Qui  va 
d^ider  entre  le  p^re  etle  fils?  qui  va  donner  la  victoirea 
run  et  forcer  Tautre  k  la  soumisslon?  Est-ce  V(&p6e,  est-et 
encore  Topinion  ?  Lothaire,  abandonn^  des  sicns,  se  rend  k 
la  tente  de  Louis,  et  soilicite  k  ses  pieds  nn  pardon  que  la 
faiblesse  de  son  p^re  ne  salt  pas  refuser  (834 ).  L'exp^ence 
raurait-elle  instruit  ?  Non  :  toujours  aveugl^  par  sa  prddileo 
tion  pour  Tenfant  de  sa  vieillesse,  toujours  sans  fermete 
contre  les  obsessions  de  Judilli,  11  reprend  aux  Bavarois 
r Alsace,  la  Sax e,  laThuringe,  I'Austrasie,  I'Allemagne,  et, 
Joignant  ces  provinces  k  la  Neustrie ,  il  en  depose  la  coo- 
ronne  sur  la  t6te  de  son  enfant  le  plus  cher. 

Bient6t  la  r^istance  de  Louis  et  la  mort  de  Pepin  bispi- 
rent  k  Judith  Tid^  d'un  nouvelle  combinaison.  Que  Lo- 
thaire fasse  deux  portitms  ^ales  de  tout  Tempire,  U  seole 
Bavifere  exceptde,  une  pour  lui  et  Pautre  pour  Penfant  pr^ 
t<6r^  Apr^  de  vains  efforts,  Lothaire  abandonne  ce  soin  a 
son  p4re ,  et  celui-ci  trace  du  nord  au  midi  sur  reropire 
nne  ligne  qui  descend  sur  la  SaAne ,  suit  le  Rli6ne  Jnsqa*4 
son  embouchure,  et  coupe  ces  deux  fleuves  k  leur  source, 
en  traversant  le  Jura.  De  ces  deux  parts,  que  ngnorance 
de  la  geographic  supposait  d^une  ^alit^  parfaite,  Lotbaiiv 
cholsitladroite,  et  c6de  Toccident  au  fils  de  Judith.  Mas 
pour  donner  de  la'  r^alit^  au  partage,  il  faut  contraindre  Loob 
ik  d^poser  les  armes,  il  faut  d^pouiJler  Pepin  II,  que  ks 
Aquitains  viennent  dMIever  sur  le  trOne  du  feu  roi.  Le  D^ 
bonnaire  passe  la  Loire,  et  ravage  cette  contr^;  mais  one 
^pid^mie  venge  la  province  en  ddcimant  Tarm^.  De  U  U 
franchit  le  Rhin ,  piortant  d^^  dans  son  sein  le  principe  de 
sa  mort :  il  marchait  abattu  par  la  maladie,  le  cceur  con- 
sume de  chagrins,  etia  pens^  occup^e  de  pressentimeoto 
sinistres,  que  rapparition  d*une  compte  avait  jet^  dans  son 
esprit.  Enfin,  T^puisement  le  for^  de  s*arr£ter  h  Ingel- 
heim,  pour  y  rendre  son  dernier  soupir  (840). 

A  peine  le  IHbonnaire  eut-il  ferm^  les  yeux,  que  soa  fill 
aln^  revendiqoe  les  droits  altaclite  I  la  dignity  imp^nah  ' 


FRANCE 

fl  pretend  convoqaer  ses  frftres  au  ebarop  de  mai,  les  pr^ 
sid^r,  r^gler  Iui-ni6roe  les  operations  niilitaires ;  en  un  mot, 
its  seront  ses  lieutenants  avec  le  titre  de  rois.  Comme  il 
Irouva  Louis  snr  ses  gardes ,  W  signa  nn  armistice  avec  Tun ; 
ii  eonsenttt  h  un  accord  proTisoire  avec  l^autre ;  mais ,  au 
m^pris  de  sa  parole,  fl  fit  rompre  les  pouts,  inqui^ta  les 
troupes  de  Charles,  qui  revenait  d'une  exp^itiou  en  Bre- 
tagne,  et  r^ussit  k  squire  la  plupart  de  ses  iendes.  La  pru- 
dence ddfendatt  au  Germanique  de  laisser  affaiblir  son  jeune 
fr^re  :  11  s*unit  k  Cliarles ;  Lotliaire  s^allie  k  Pepin,  et  se 
met  en  marche  pour  op^rer  sa  jonction  avec  les  troupes 
d'Aquitaine.  Ses  deux  fr^res  I'atteignent  pr^  d*Aaxerre,  lul 
ofTrent  le  combat  ^Fontenai(84l)|OU,  comme  dit  Tliisto- 
rien ,  ie  jugement  de  Dieu,  et  taillent  son  arm^en  pieces : 
40,000  cadavres  joncbent  les  piaines  de  laPuysaie.  Epuis^ 
de  sang  militaire  en  cette  joumde,  la  France  se  vit  abandon- 
n6e  sans  d^lense  aux  iucursions  des  Normands.  Ce  ne  Tut 
pas  la  seule  consequence  de  cette  bataille  :  elle  fit  encore 
pr^dominer  la  langue  romane,  qui  se  formait  obscure 
ment,  et  seryit  k  la  transmutation  de  la  nation  f^anque  en 
pen  pie  Tran^is.  Un  an  aprte,  les  yainqueurs  renouvellent 
ieor  alliance  dans  une  entreTue  k  Strasbourg,  et  prennent  k 
t^moin  leurs  annto ,  en  pronon^ant  des  serments  que  Phis- 
toire  a  conserve,  et  qui  tout  des  monuments  curieux  des 
langues  romane  et  tudesque  k  cette  6poque.  dependant ,  les 
souffrances  et  les  plaintes  des  peoples  obtinrent  enfm  le  re- 
tour  de  la  paix  :  un  traits  de  partage  est  signd  a  Verdun 
(843).  La  France  occidentale  Jusqu*ii  la  Meuse,  la  SaAne 
et  le  RiiAne,  fut  assignee  k  Charles;  la  Germanie  jusqu'au 
Rhin,  A  Louis;  Pltaiie  avec  la  Provence,  k  Lothaire,  qui  s'^- 
teudit  jusqu'aux  bouches  de  TEscaut  et  du  Rhin,  k  travers 
ccttc  langue  de  tcrre  qui,  s^parant  Louis  et  Charles, 
fut  appcl6e  L&tharingkL^  c'est-k-dire  la  part  de  Lothaire, 
et  plus  tard,  quand  le  nom  se  fut  altera,  la  Lorraine. 

Tranqullle  de  ce  c^t^,  Charles  emploie  tous  ses  efforts  k 
la  soumission  de  Pepin,  et  donne  un  de  ses  fits  pour  roi  k 
TAquitaine,  tandis  que  la  couronne  en  est  ofTerte  k  Ihm  des 
fils  du  Germanique  par  des  barons  aquitains;  et  comme  si 
c'^tait  pen  de  trois  rois  pour  se  disputer  les  lambeaux  de 
cette  province ,  Pepin  s'allie  aux  Sarrasins,  et  les  introduit 
dans  la  France ,  trahison  quUl  expiera  dans  une  prison  per- 
p^nelie.  Vers  le  mftme  temps,  Marseille  ^tait  pill^  par  une 
poign^  de  pirates  grecs.  Les  Normands  remontaient  toutes 
Jes  embouchures  de  nos  fleuves,  d'od  les  guerres  civiles 
avaient  retire  les  postes  ^tablis  par  Charlemagne :  ils  pren- 
nent, saccagent,  incendient  Bordeaux,  Mantes,  Toors, 
Amiens,  Rouen,  des  villes  m6me  plus  inti^eures,  Limoges, 
Clermont,  Bourges.  lis  trouvent  Paris  Tide  de  ses  habitants, 
et  leurs  faarques  sufHsent  k  peine  au  butin  quIJs  rJiargent 
paisiblement.  S^par^  d*eux  par  dtux  lieaes  seulement,  le 
petH-fils  de  Charlemagne  croyait  satisfaire  k  tous  ses  devoirs 
en  gardant  la  baailique  de  Saint^Denis.  Les  pirates  rinrent 
planter  dans  une  tie  de  la  Seine  cent  onze  soIiTes  des  b&tl- 
raeots  abattus  dans  Paris,  et  y  pendirent  cent  onze  de  ses 
sujets  k  la  face  de  leur  roi.  £p6e  de  Charlemagne,  quMtais- 
tu  devenue ?  Qu'6taient  devenues  ses  iuvinclbles  phalanges? 
Les  hommes  libres  avaient  seuls  le  d!t>it  le  porter  les  armes ; 
mais  la  population  lihre  diminuait  tous  les  jours.  A  la  fa- 
veur  de  Tanardiie,  le  fort  r^duisait  le  faible  en  servitude , 
et  la  grande  propriety  absorbait  la  petite.  Dans  son  emba^ 
ras,  Charles  le  Chauve  ne  salt  qu*opposer  k  Fennemi, 
soudoie  le  Normand  de  la  Somrae  contre  le  Normand  de 
la  Seine,  et  ne  r^ussit  qu'&  exciter  davantage  la  cupidity 
des  barbares. 

Un  comte  cependant,  qui  dnt  k  son  courage  un  surnom 
in^rit^,  livrait  aux  pirates  des  combats  joumaliers  :  c'^tait 
Robert  le  Fort,  le  premier  des  ancfitres  connus  de  la 
troisitaie  dynastie,  car  avantlui  cen'estqu^obscuiit^.  Les 
pnilats  et  les  barons,  indign^,  ofTrent  la  couronne  au  Ger- 
uianiqiie.  Lesarm^  des  deux  fr^rcs  se  rencontrent  k  Bricn- 
ne  :  trois  jours  sont  employ^  k  migoder.  Ciiaries,  aban- 
doun^  des  siens,  se  ri^fugie  en  Bourgogne  (8S8).  Louis  dls- 


Ui 


tribne  les  fiefs,  les  abbayes,  toutes  les  faveors  aux  gi^andv 
qui  Pont  api)el6|  et  la  France  ne  tarde  pas  k  reconniittr&' 
qu^elle  a  change  de  maftre  sans  am^liorer  sa  condiiion. 
L'exil^  reparatt  avec  une  armte  :  IHisurpateor  se  retire,  tt 
cMe  la  couronne  sans  combat ,  comme  il  Favait  acquise.  L'ar^ 
chev^quede  Sens,  Wenilon,  avait  adhM  au  parti  du  Genua- 
niqne,  et  cependant  il  devait  au  roi  des  Francis  Flioaneiir  de 
la  mitre.  Charles  demanda  Tengeance  an  concile  de  SavoiH 
nitres :  sa  d^sition,  disait-il,  u'avait  pas  M  l^ale,  car  elle 
aTait  ^  prononcte  sans  le  jugement  des  ^v6ques  :  ils  sont 
les  trOnes  de  Dieu,  et  nous  nous  sommes  toujours  fait  gloire 
de  leur  6tre  soumis.  Voilli  pourtant  ce  qu'^tait  devenue  la 
couronne  de  Chariemagne  entre  des  mains  incapables  de  la 
d^fendiet  A  mesure  que  diminuait  sa  puissance,  on  voyait 
par  un  singulier  contraste  ses  £tats  grandir  en  ^tendue. 

Lothaire  avait  quitt^  la  condition  royale  pour  la  vie  mo- 
nastique,  et  partag^  son  trdne  en  trois  pour  autanl  de  fils. 
Louis  obtint  Pltalie  et  le  titre  d*empereur,  Lothaire  jeune 
le  royaume  de  Lorraine,  la  Provence  futle  partage  do  troi- 
sitme.  Ce  dernier  n*eut  qu*une  existence  fort  courte,  et  son 
heritage  tehut  aux  deux  a!n4s.  Pen  d^ann^es  aprte  mourut 
le  roi  de  Lorraine,  Irapp^,  ont  dit  les  uns,  par  le  Jugement 
de  Dieu,  empoisonn^  dans  FEucharistie,  suivant  une  opi- 
nion plus  bardie.  Charles  le  Cliauve  et  Louis  le  Gemumique 
se  partagtrent  sa  d(5pouille :  Fempereur  Louis  II,  trop  occu- 
py de  ses  guerres  contre  les  Sarrasins  d'ltalie,  ne  pot  mellre 
obstacle  k  ceite  violence,  et  d'ailleurs  11  suivit  bientdt  dan» 
la  tombe  ses  deux  f rtres.  Le  pape  Jean  Vni ,  dont  Charles 
avait  su  capter  Faffection ,  s^empressa  de  lul  donner  la  cou-' 
ronne  imp^riale :  «  Cest  alnsl ,  dit  Sismondi ,  qu'il  se  suU' 
stituait  k  toute  cette  nation  dicorie  de  la  toge,  dont  11  se^ 
disait  le  repr^seotant,  et  au  nom  de  laquelle  il'invoquait  les 
anciennes  coutumes  pour  donner  un  nouveau  mattre  k  la 
terre.  »  Sans  doute  Chariot  n'en  fOt  pas  rest^  maltre  pai- 
sible  si  le  Germanique  eOt  v^co  plus  longtemps.  Son  ambi- 
tion n*est  pas  encore  satisbite;  il  aspire  k  pussier  tout  le 
royaume  de  Charlemagne.  Des  trois  fils  que  le  Germanique 
avait  laiss^,  Louis  <^it  le  plus  Toisin  :  il  campait  k  Ander- 
nach ,  d'oti  il  avait  envoy6  trente  chevaliers  k  son  oncle 
pour  lui  prouver  ses  droits :  comment  ?  Dlx  par  Feau  froide, 
aiitant  par  Feau  bouillante,  les  dix  autres  par  le  fer  incan- 
descent! Charles  e«p6re  tromper  son  neveo  par  une  marche 
secrete  et  forc^e.  fl  est  surpris  lui-m6me  de  trouver  en  face 
de  la  sienne  une  arm^  avertie  et  rangte  en  bataille.  £pui- 
M^  par  la  route  dans  une  nuit  obscure,  enfoniQant  k  chaque 
pas  dans  la  boue,  assaillis  par  la  pluie,  ses  bataillons  sont 
rompos  au  premier  choc;  et  sea  chars  eiubourb^,  arrfttant 
les  fuyards,  livrent  cette  multitude  en  d^ordre  au  fer  du 
soldatennemi  et  aux  mains  des  payisans  (1^76 ).  L*ann^  sui- 
vante,  Charles  ^lait  son  luxe  impmal  am  yeux  des  ba- 
rons d*Italie,  quand  tout  I  cqHpt,iirapp6  de  la  nouvelle  que 
le  roi  de  Bayj^,  entr^  en  Lombardie^  s'avance  k  la  tete 
d'une  arm^,  iffuit,  abandonnd  des  Italiens.  Mala  la  fitvre 
le  contraint  de  s^arrtter  k  Brios,  dans  les  montagnes  de  Sa- 
voie,  oil  il  meort  (877)  empoisonn<(,  sans  qo'on  saclie  le 
nioUl  de  ce  crime,  par  son  m^tein,  le  jaif  SMteias. 

Le  nouveau  roi,  Louis  II,  prodigue  k  son  avdnement 
les  fiefs  et  les  abbayes  pour  se  concilier  des  amis;  mais  il , 
recueille  encore  plus  d'inimiti6i.  11  a  viol^  F6dit  de  Kiersy, 
qui  consacre  l*bMdit6  des  hto^fices :  tous  ceux  qoi  ont  des 
fiefs  k  recueilUr,  et  ceux  qui  en  ont  k  transmettre,  et  ceux 
qu'il  d^pouille,  prennent  les  armes  dHm  G«mmun  accord. 
Larchevdqoe  de  Reims,  Hincmar,  sMnterpose  entre  les 
m^contenU  et  le  roi.  Us  conaentent  k  remettre  H^  dans 
le  fourreau,  et  Louis  kinscrireces  mots  dans  ses  formules  : 
Roi  par  la  grdce  de  Dieu  et  VileetUm  du  peuple.  Le  pape 
Jean  VIII ,  fuyant  les  troubles  de  Fltalie  et  la  captivity  dans 
Rome,  accorde  k  Louis,  sumomm^  U  Bigu4,  Function 
royale,  etr^unit  nn  concile  k  Troyes  (878).  Bernard,  due 
de  Gothie,  n'a  pas  daign^  y  paraltre.  Cependant  Louis  et  Jean 
Font  Element  convoqu^,  oelui^ci  m6me  par  deux  fois;  mais 
Fautorit(3  du  papeet  du  roi  est  fbul6e  aux  pieds  avec  le  intoio 

9t. 


fG7 

fi^Jaio  par  d'orgueilleai  feudatureft*  aujoiird*hiil  plosputs- 
sants  qo'un  roi  sans  ann^  et  qa^on  pape  ftigitif.  L^excommu- 
nication  «t  fulmin^e^  les  EtaU  de  fiernard  donnte  au  premier 
occupant ,  et  le  oomte  d*AnTergiie  cliarg6  d'exteuter  la  sen- 
lence.  Le  rol  ae  randait  k  cette  guerre;  roais  il  trouva  en 
chemin  one  maladie  qui  le  rameiia  k  Gouipi^gne ,  o<i  il  mou- 
rut(879). 

A  qui  donnera-t-en  la  eonroone?  Aux  fiU  d^An^rde  ou 
k  Tenfant  d'Adtfaide?  Le  premier  manage  du  feu  roi,  li^ 
sans  le  consentement  de  son  p^re,  avait  ^  d6\\€  sans  Fob- 
lervation  des  formalitte  canoniques,  et  Charles  aux  yeux 
du  clerg6 ,  juge  8ou?erain  dans  cette  question,  n'^tait  pas  n^ 
Idgitime.  Le  droit  des  fils  d^Ansgarde,  Louis  et  Carloman  , 
n^est  pas  m^me  incontestable ;  car  Louis  11  a  reconnu  dans 
•on  titre  que  la  couronne  est  Elective.  Deux  assemblckis  se, 
r^unissent,  l^mek  Creil-sor-Olse,  Pautre  k  Meaux.  Celle-la, 
repoussant  tons  les  fils  du  B^e ,  d6Rn  la  couronne  k  Louis 
de  Saxe,  qui  s'avance,  ra?ageant  comme  une  conqu^le  le 
pays  qu'on  lui  donne*  Mais  des  inl6r£ts  plus  grands  Tappd- 
lent  dans  Tltalie  :  rassembite  de  Meaux  achate  son  d^is- 
ternent,  et  s*eropresse  de  couronner  Louis  et  Carloman :  celui- 
ci  aura  l*Aquitaine ,  et  I'autre  la  Neustrie. 

Tandis  que  Sanche-Mitarra  gouveme  a^ec  une  enti^re  in- 
d^pendanoe  le  ducb^  de  Gascogne,  et  qu^Alain  s^intitule  ro, 
de  la  Bretagne,  nn  nonveau  moniirqtie  s*61^ve  dans  les  pro- 
Tinces  m^ridionales  (879).  Le  due  de  Proyence,  Bosou 
r^unit  a  Mantaille  23  arclieTdques  uu  ^Tfiques,  et  accepte 
d'eux ,  car  il  faut  obHr  aux  prStres  inspire  par  la  Divi' 
uiU,  le  titre  de  roi  d^un  £tat  qui  n^a  point  de  nom  ni  de  li- 
raites  dans  les  arrfttos  de  cette  di^te,  inais  qui  fut  le  royaume 
d^Arles,  et  devint  plus  lard  une  annexe  de  Pcmpire.  BientOt 
les  jeunes  rois  sont  en  marclie  pour  abattrc  le  nouveau  trdne : 
Boson  se  retire  dans  les  montagnes ;  mais  Yienne  est  d^en- 
due  par  Herinengarde ,  sondpouse,  avec  le  courage  d'une 
iK^roine.  Louis,  que  les  ravages  des  Norroands  rappciicnt  en 
Neustiie,  les  taille  en  pieces  k  Saulcourt  en  Yimou  (881) : 
iinu  chan<on  tudesque  conserve  le  souvenir  de  cette  action. 
Louis  se  porte  en  Aquitaine,  et  force  le  pirate  Ha-iting  a  si- 
gner im  traits  oil  il  s^engage  k  quitter  cette  province.  Gcr- 
mond  avait  une  fdle  d^une  remarquable  beaiit^ :  le  jeune  roi 
la  voit ;  il  lui  adresse  des  mots  qui  effarouclient  sa  timidity : 
elle  fuit ;  il  pique ,  pour  la  poursui  vre ,  les  flancs  de  son  clie- 
val,  et  se  brise  la  tdte  an  Unteau  d*une  porta  (882 ). 

Deux  ans  apr6s ,  Carloman ,  victorieux  comme  lui  des  Nor- 
inands ,  au  lieu  nomm^  Avaux  (882),  subissait  cette  fatality 
qui  semble  attach^  k  la  race  de  Charlemagne,  et  uioi:rait 
(l*unc  Messore  profonde,  uuverte  dans  sa  cuisse  par  la  d^- 
fen^  d*iin  sanglier  (884).  D'autres  ont  dlt  qu*il  couvrit  alnsi 
il  faute  involontaire  d^un  garde-chasse  qui  Tavalt  frapt^^ 
(i\m  javelot  destine  k  I'animal.  Ce  trait  suflit  k  son  iloge.  La 
l^gitimit^  de  Cliarles  le  Simple  ^tant  contests,  la  couronne 
est  iWMe  k  Charles  le  Chanre ;  mals  elle  ne  put  cacher  une 
taclie  qu'il  venait  d*imprimer  k  son  front.  Sa  foiblesse  avait 
accord^  A  Godfrid,  cliefde  pirates  normands,  un  territoire 
ians  la  Frise;  la  cupiditedu  l>arbare,  exclt^R  par  ce  don, 
ui  demanda  des  vignobles  sur  le  Rhin.  Charles  cnrt  qu*il 
^tait  plus  facile  et  moins  dangereux  de  tuer  son  ennemi  ptr 
trahison,  dans  une  entrevue  au  Betaw,  que  d*arcorder  uu  de 
refuser  la  demande.  Ensuite  il  convoqiie  Tarrode  pour  chas.^r 
les  Normands  de  Louvain  (885).  Elle  se  range  en  bataille; 
mais ,  d^pourvue  de  consdl  et  de  courage ,  elle  tourne  le  dos 
avant  de  tircr  V6p6e ,  et  les  Danois ,  reconnaissant  les  ban- 
nitres  quMls  ont  vues  fiiir  dans  la  Neuslrie  :  •  Pourquoi  ve« 
nir  ici  nous  chercherf  s*6crient-ils  en  se  rooquant.  Nous 
vous  connaissions  assex  iM>ur  aller  de  nous-m^mes  vous  trou- 
Ter.  »  £n  cffet,  la  France  septentrionale,  envahie,  voit  btcn- 
t6t  Paris  oem^  par  ces  hardis  soldats.  Un  an  tout  entier  la 
Yille  soutint  le  si^e,  grice  k  la  Cermets  et  au  courage  d*£udrs 
et  de  Gauzelin,  son  comte  et  son<^v£que|  tandis  que  les 
pirates  cbassaient  dans  k  cainpegne  aussi  trauquillcmeut 
aiie  dans  leor  pays  natal  ( 886 ).  EuGn,  Tempcreur  sc  met  en 
iaiupaguej  it  visite  dans  la  marclie  lente  toutes  les  nuiisons 


FRANCE 

royales  voisines  de  son  passage  :  Parrivde  du  prince  a 
le  courage  desassi^Sgds.  Mais  Unrest  pas  veno  poor  ootobit- 
tre;  il  n^ocie  et  signe  le  plus  lAclie  traits  :  il  adiite  U  ie«M 
du  si^y  et  cMe  aux  ravages  des  rVonnands  lea  rives  de  h 
haute  Sefaie  et  de  r  Yonne.  Une  clameur  d*indi(piatioa  s'dire 
de  toutes  parts;  mala  il  n*en  saura  pas  mteux  respecter  ei 
lui  la  dignity  impdriale.  Aux  comices  de  Kirkbeiin ,  il  oe  roo> 
git  pas  d^accuser  Tinconduite  de  son  Spouse  et  de  r^T^er  a 
honte.  Aussi,  favoris^  par  le  m^pris  public,  Arnolptie,  fils 
natural  de  Tempereur  Carloman,  n*eul-il  qu'a  tendre  la  mail 
pour  prendre  la  couronne  au  front  de  Charles  et  la  mettre  sor 
le  sien.  L^empereur  ddtrte^  moumt  la  rodme  ann^  (8SS)f 
et  avpc  lui  finit  la  branche  cadette  legitime  de  Charlemagne. 

II  fallait,  pourtenir  le  sceptre  de  Neustrie,  une  main  plus 
ferine  que  celle  d'un  adolescent  :  aussi  ne  voit-on  pas 
encore  Charles  le  Simple  parmi  les  comp(^titeurs.  Ce  aart 
Arnolphe,  roide  Germanic;  Guide,  due  de  Spolette;  Eude«, 
comte  de  Paris.  Une  victoire  que  celui-d  remporta  sar  les 
Normands  k  Montfaucon,  dans  TArgonne,  ddtennina  ?oo 
iSIection.  Sa  faiblesse  souvent  Toblige  k  rester  sur  la  delien- 
sive  dans  la  guerre  centre  les  pirates ;  mais  le  courage 
revient  k  la  nation  :  le  terrain  est  dispute  pied  k  pied  aux 
barbares.  Des  chAteaux  forts  s'dl^vent  partout  sur  h  mI 
fran^is;  la  force  centrale,  impuissante  et  d^meinbrde,  e«t 
remplac^e  par  des  pouvoirs  locaux,  inUH-easiHt  chacun  k  de- 
fendre  vigourcusement  la  province  qui  est  devenue  soa 
domaine  :  dh$  ce  moment  Thistoire  est  rempUe  par  In 
grandes  maisons  fitodales  de  Flandre,  de  Yermandois , 
d^Anjoii,  d'Angoutfime,  de  Pi^rigord ,  d'Aquitaine,  d^Auier- 
gne  et  de  Bourgogne.  La  guerre  avait  caus^  dans  la  Netis- 
trie  une  extreme  di^etto;  Eudes,  pour  soulager  le  ps}s 
eonduit  sa  troupe  au  midi  de  la  Loire,  ou  son  titre  est  n.> 
connu.  II  ohtient  des  succ^s;  mai:;  pendant  son  ah^nce 
Charles  le  Simple  est  consacrd  par  Tarchev^qiie  de  R.inti 
(893).  Une  arm^e  se  rassemble  autour  de  lui,  ari»;«« 
limide,  puisquMl  suffit  pour  la  dissiper  d*une  somnia- 
tion  signiflfte  au  nom  du  roi  Eudes  par  son  hdraut  d*dr- 
mes.  Cliailes  se  rcfugie  k  Reims,  sons  la  protection  de 
Tarchev^que;  Eudes  Ty  menace;  le  jeune  prince  se  retire 
en  Allemagne ,  nu  il  int^res^  IVjupereur  k  ^on  infortune- 
Ordre  est  doitn'  aux  s«:^neurs  alsacienset  lorrains  d*ai1(>r 
le  prdtendaiit  A  n; 'ouvrer  son  iuVitige;  mais  ces  grantU 
vassaux  soul  pour  (a  i>l-j|):irt  Irs  a  nia  du  roi  Eude«  :  ik 
trahissent  la  cause  qu'ils  sout  cliarg«^.s  de  soutenir,  et 
Charles  pa.sse  en  Bourgogne.  Il  n'a  p(»intd*argent;  ses  filr^Ie^ 
sont  forces  de  vivrc  comme  en  pays  ennemi.  T^  priiviucf 
murinure ;  rompercuV  somme  les  deux  compctiteur^  de  roni- 
paraitre  devant  lui.  Eudes  use  le  faire,  et  gagne  rafTerlioa 
d*Arnulplie,  qui  ordonne  au  nouveau  roi  de  Lorraine, 
Zwentibold,  son  fils  natural,  de  souteidr  le  sceptre  dans  la 
main  d'Eudes  . 

Zwentibold  agit  dans  un  seus  tout  contraire :  il  s^all'ie 
avec  le  pr^tendant;  il  assi^ge  Laon  avec  lui.  Mais  Charles 
ne  tarde  pas  k  reconnaltre  que  les  motifs  du  Lorrain  sont 
peu  d<f«in«^r&<is^s  :  d^jii  celui-d  a  re^u  lliommaice  dc» 
CO  !i!cs  de  Hainaut ,  de  Ilollande ,  de  Cambray  ;  snn  allir 
ciaint  qiril  ne  veuille  attenter  A  i^a  vie  ou  k  sa  Hberte, 
apr6i  Pavoir  ddpoiiill^,  et  juge  qu'il  est  plus  sOr  de  «*• 
confier  k  la  g^n^rosit^  de  son  rival.  En  efTK,  Eudes  Pac- 
cueille  k  sa  cour,  lui  donne  un  apanage ,  et  lui  c^  le  ^  ^ 
mort  une  couronne  qui  doit  revenir  k  sa  famillc  (89s  i. 
Une  ob<^ciirit6  assez  profonde  enveMppe  les  quatorze 
premieres  anndes  du  uouveau  r^e :  Tetabllssement  fixe  ei 
l^al  des  pirates  scandinaves  dans  la  France  est  le  trait  ie 
p!us  saillant  de  C4*ttc  ^poque.  En  91  i  Rollon  avait  rafn<*ne 
ses  bandesde  TAngleterre  :  il  d6so1ait  les  rives  derVonoe 
rt  de  la  Sa6ne,  tandis  que  d^autres  flottilles,  rrmontant  la 
Loire  et  U  Garonne,  semblaient  reconnaltre  ses  ordres.  Dea> 
cendu  vers  Charlies,  il  investit  reltc  vlile;  mais  it  est  forr< 
dVn  lever  le  sii^pi*  par  le  due  de  BourjM^rne  et  le  romte  de 
de  Paris.  Sa  d6fai(e  ennamnic  «a  rolc^ :  Ic  pays  en  e^t 
|)iii>  (hacuicnt  traits,  et  la  poputnliuu  implore  un  teme  4 


FRANCE 


66S 


k  MA  maux.  Cliarlei  ofTre  ao  Normand  an  territoire  pour 
s*Mnbllr  avec  ses  giierrien ,  depnis  le  confluent  de  I'Rpte 
avec  la  Seine  jusqu'k  TOc^n  :  le  Danots  vent  en  outre  la 
fiile  du  roi ,  Gis^le ,  pour  son  Spouse.  Cliarles  met  pour 
condition  k  cet  tiyroen  la  conversion  de  I'idoIMre  au  chris- 
tianisme.  Ce  ne  tni  pas  une  difTIcuIt^  :  Tabsence  de  leur 
pa)  8  avait  afTaibli  dansces  barbaret  la  croyance  anxdietix 
nalionanx,et  lesid^  clir^tiennes  comrapni^ient  k  pi^n^trer 
dans  CCS  esprits  grossiers.  Sainte^Claire  est  le  lieu  clioisi 
pour  la  c^r^monie  de  niommage ;  mais  le  fier  Dnnois  se 
refuse  k  le  prater  selon  la  forme  accoutum^e  :  jamais  aon 
genou  ne  fltehira  deyant  nn  autre  homme.  Cependant  il  dit 
k  I'un  de  ses  officiers  de  s*agenouiller  en  sa  place.  Le 
barbare  saisit  brusquement  le  pied  du  roi,  oomme  pour  le 
porter  ksa  bouche;  le  roi  tombe,  et  sa  faiblesse  est  con- 
trainte  k  d^Yorer  en  silence  cet  aflTronL 

Peut-6tre  cette  nouTelle  faiblesse  du  prince  ftit-elle  Tune 
dcs  caufses  qui  engag^ent  les  seigneurs  de  Lorraine  k  lui 
d<^f^.rer  leur  homroage :  rantorit^  d*un  tel  tx>i  devait  moins 
|ie^r  que  celle  des  eropereurs.  Charles  prit  possession  de  la 
province^  la  (aveur  des  troubles  qui  agitaient  PAllemagne, 
rl  plus  lard ,  dans  le  traits  de  Bonn,  le  roi  ft  Tempereur 
fie  reconnurent  mutuellement  pour  les  souTorains,  ceiui-lA 
Aes  Francs  occidentaux  ,  celul-ci  des  Francs  orientaux.  II 
pncifia  la  Saxe,  souIct^  centre  son  due.  Henri  vint  k  Aix- 
la  Cliapelle  lui  rendre  grftre;  il  attendait  depuis  longtemps 
line  audience ;  Bobert,  comte  de  Paris,  pariageait  son  Im- 
patience; mais  le  roi,  livr^  k  fempire  d*un  fayori  de  basse 
naissance,  Haganon,  et  renfermd  a?eclui  dans  son  cabinet, 
laissait  el  le  comte  et  le  due  se  roorfondre  dans  ranti-chami- 
bre,  quand  celui-ci,  tndigni^,  sVcria  :  «  Au  train  des  afTaires, 
on  Terra  bientAt  Haganon  mentor  sur  le  trdne  aux  c6t&s  de 
Charles,  ou  diaries  d&<«cendre  k  e6ii  d^Haganon  dans  une 
condition  privte.  ■  Ce  fut  comme  une  pr^idion.  Pea  de 
temps  apr^s,  les  grands,  assembles  k  Soissons,  rompaient 
fiiacun  leur  brin  de  pallle  k  la  face  du  roi,  pour  lui  signi- 
f icr  qu'ils  brisaient  le  lien  d'ob^issance  qui  les  avait  rete- 
ll .«;  jiisque  alors  :  usage  qui  a  laiss^  dans  la  langue  une  ex- 
jitcssion  proverbiale.  L*archeT6que  de  Reims,  H^rivte, 
1c  di^rotM  aox  fureurs  des  m^conlents ,  et  le  tint  sept  mois 
rmht^.  En  ftit-il  bien  rdcompeuju^  ?  On  lui  retlra  les  sceaux 
four  les  donner  k  Tarchev^que  de  Treves ;  en  m^me  temps 
Haganon  obtniait  Tabbayede  Clielles,  en]eT<^e  k  Rhotllde. 
liugucs  Ic  Blunc,  fils  de  Robert,  comte  de  Paris,  sparine 
pour  soutcnir  les  droits  de  sa  bellc-m^re;  Charles  s^enfuit 
derri^re  la  Meuf^e :  il  en  ramene  une  arm<^e.  Les  deux  partis 
rostcnt  ramp6i  trois  scmaines  k  Epernay,  liuit  jours  k  La 
J'ere  :  ils  s*obser\ent,  dans  one  timide  immobility;  mais 
rette  inaction  est  pire  qu*une  bataille.  Cliarles,  abandonn<^, 
se  rc'fugie  en  Lorraine.  Ungues  feint  de  rogardcr  cette  fuile 
comme  une  atKiication ,  et  fait  couronner  son  p^re  dans  la 
Insilique  de  Reims.  L*e\i1^  rcparatt ;  il  demande  tin  armis- 
tice, on  l^accorde;  II  viole  cette  tr6ve,  surprend  son  rival 
dans  le  voisinage  de  Soissons,  et  Tusurpateur  tombe  sous 
Topi^e  du  roude  Fulhrrt,  qui  portait  IVtcndard  du  roi  li^^iti- 
ine.  Il  n*avait  pas  eu  le  temps  de  s^enivrer  de  ^  rictoirf,  que 
ddj5,  «{t  d(>s  le  lendemain,  Hugues,  avec  une  arm<^c  plus 
roinbreu«e  ,  fondait  sur  lui ,  vengeait  Robert,  ce  roi  d^ln 
instant,  et  taillait  en  pi^es  les  vainqucnrs  de  la  veille  (923). 
il  aiirait  pris  !a  conronne  s*il  n*eQt  cralnt  d^exciter  la 
jalousie  en  donnant  k  laquerelle  d*un  vassal  avec  son  roi 
l<>s  apparcnccs  d^me  ambition  personnellc;  mais  il  fit  61ire  et 
facrcr  IVpoux  de  sa  snnir  Emma,  Rodolphc,  due  de  Bour- 
gogne.  f^  monarque  d^courbnnd  crrait  sollicitant  pariout  un 
appiii ;  le  comte  de  Vermandnis  I'altira  sous  de  l)eaux  sem- 
hlauts  d'amili^,  et  Tenferroa  dans  une  tour  de  Cli&uteau- 
Thierry. 

Ces  guerres  dvlles  n*^taient  pas  les  senb  manx  de  la 
France.  Les  Sairasins  inrcstaient  la  Provence;  ils  ^talent 
fiarvepus  jusqu\i  Saint-Maurice  en  Valais,  oil  llsse  rencon- 
lieront  avrc  les  hordes  sauvagcs  des  llongrois ,  qui,  cliari7(^s 
dt;s  di^puuilles  de  Pavicy  allaicnt  desccndrc  Ics  Al|)es,  passer  J 


le  Rb6ne,  piller  Ntraes  et  p^n^trer  jasqu'k  Toulouse.  Ici 
une  maladia  contagieuse  et  les  armes  du  comte  devaieui 
an^ntir  cette  multitude.  Le  Touloosain  for^it  aussi  una 
nouvelle  invasion  de  Normaods  k  refluer  vers  les  provincea 
de  la  Sdne  et  de  la  Somme.  Rodolphe  ^tait  vaincn  par  eux 
vers  Amiens;  mais  la  fortune  lui  promettait  une  victoire 
comply  k  Limoges  (926).  D*un  roi  il  n*avait  que  le  nom': 
son  titre  ^tait  m6:onnu  au  midi ;  au  nord  il  abandonnai* 
les  r^nes  aux  comtes  de  Paris  et  de  Vermandois.  Le  sif  ge 
de  Reims  vint  k  vaquer;  H^ribert  fit  dire  Hugues,  son 
jeune  fils,  et  poser  la  mitre  sur  une  ttie  de  cinq  ans.  11  exige 
encore  le  conit^  de  Laon,  dont  Rodolphe  avait  invest!  uu 
fils  (!e  I'anden  feudataire,  sulvant  la  r^le  stabile  snr  Fh'S 
r6dit6  des  fiefs.  De  1^  une  guerre  d<^piorable :  le  Verman- 
dois, le  comUi  de  Paris  et  le  R&nois  sont  en  feu,  les  villcs 
prises  tour  k  tour  et  reprises.  L*archev6qae  enfant  est  d6pos(^, 
et  le  si^donn^  au  moine  Artaud,  qui  nHmissail  la  gravity 
del'Age^  I'autorit^  dela  vertu.  Enfin,  la  paix  se  retablit  par 
rinierm^iaire  de  Tempereur  d  du  pape.  Elle  fut  de  ooiirte 
dur^ :  une  querelle  se  ralluma  entre  les  comtes  de  Verman- 
dois et  de  Paris.  Le  roi  et  Pempereur  prennent  part  k  la 
guerre,  comme  alli^,  cdui-lA  de  Hugues,  oeiui  ci  d  If^ri- 
hert,  qui  lui  rend  hommage.  Quand  la  paix  a  de  nouveau 
dterm^  les  partis,  Rodolphe  visile  Toulouse ;  son  titre  est 
reconnu  au  mldi  de  la  Loire ,  son  nom  plac^  a  la  l£te  de 
tons  les  actes.  Son  retour  en  Bourgogne  arista  une  invasion 
des  Hongrois,  et  fut  le  dernier  exploit  desa  vie,  qu*ll  ter- 
mina  dans  la  ville  de  Sens  (936). 

Le  trOne  ^tait  vacant;  Hugues  ne  voalnt  pas  encore  s'y 
asseoir.  11  rappelle  d'Angle;t(rre  le  jeune  Louis,  qui  s*dait 
r^fugid  k  la  cour  du  roi  Atlielstan,  son  oncle,  apr^  la  dt^- 
faite  et  la  captivity  de  son  p^re.  Rodolphe  avait  divis^  son 
ducli^  de  Bourgogne  entre  son  fr^  et  son  bean-frire; 
Hugues,  sans  aucun  droit,  y  pr^tendit  une  part  II  se  met 
en  campagne;  il  mtoe  Louis  d*Outre  mer  dans  ton  arm^e, 
comme  pour  donner  k  son  cntreprise  la  sanction  royale, 
et  signe  avec  ses  deux  competiteurs  uu  traits  od  tons  les 
trois  se  roconnaissent  pour  dues  d«  Bourgogne.  L'activitii 
du  jeune  Louis ,  croissant  avec  i^ftge ,  inquiite  ses  grands 
feudataires  :  tant6t  il  rt^duit  un  chateau  dont  le  seigneur  a 
fait  un  repaire  de  brigands ,  tantM  il  reconquiert  des  liefs 
donnte  en  douaire  k  sa  m^re;  tant6t  il  se  rend  aux  veeux 
des  seigneurs  lorrains,  qui  profitent  de  leur  position  ind^t^^i 
potv  transporter  leur  allc^gcance  du  roi  k  Pempereur et  dc  Tein- 
reur  au  roi.  Mais  Otbon  ne  trouve  iias  les  grands  vassaux  tie 
la  France  moins  empress^  k  lui  d^f^rer  leur  hommage.  11 
s'avance  jusqu*^  Attigny  :  H^ribert,  Ungues  et  Guiiiaume 
Loogue  £pte  viennent  a  sa  rencontre ;  il  revolt  leurs  ser- 
ments;  il  est  oouronn^  et  proclam6  roi  des  Francis.  Son 
rival  s'enfuiten  Bourgogne,  et,  par  une  attaque  reiniei^ur 
I'Alsace,  il  force  Pempereur  k  quitter  la  Neustrie.  BiefiiOt 
Louis  reparalt  acconipagn^  d*une  arm<^e;  mais,  surpris  et 
battu  k  Cliftteau-Porcien ,  il  va  demander  un  asile  au  roi.ii 
de  ia  Loire,  oti  Guiiiaume  T6te  d'l^toupe  lui  reeompose  une 
arm(^e  d^Aquitaifls.  Ses  deux  alli^,  les  dues  de  Franconie 
ct  de  Lorraine,  avaient  trouv^  la  mort  dans  une  di^faile 
k  Andernadi :  lA)uis  ^poiisa  la  veuve  du  Lorrain ;  die  dait 
sceur  d'Othon,  t>ellesccur  d'Hugues,  etson  influence  rdta- 
blitlapaix(942). 

Pen  /le  temps  apr^,  roeurt  Guiiiaume  Longue  £pee, 
assassin^  en  tralilson  :  heureuse  occasion  de  s^agrandir  aux 
d<^pens  d*un  mineur.  Louis  vient  k  Rouen ;  11  reclame  le 
jeune  hd-itier  du  fief ,  afin  de  I'instruire  dans  toute  Pd(S- 
gance  de  sa  cour ;  mais  d^ja  il  pensait  k  se  partager  a\ec  Hu- 
gues les  d^pouilles  de  Porphelin  :  il  y  aura  denx  Normandies 
etdeuxcapitaies:  Evreux  pcur  la  Normandieltedale;  Rouco 
pour  la  Normandie  royale.  Cep^dant  le  gouverneur  du 
jeune  due,  le  brave  et  fidde  Osmond,  le  d^robe  k  son  tyran, 
d  Pemporte  dans  une  bolte  dlierbages ,  tandfs  que  Ber- 
nard le  Danois,  administrateur  de  la  Normandie,  travaille 
k  ddaclier  Louis  dc  son  anibilieux  vassal.  Puur(|uoi  par- 
t^j^er  one  wovincc  qid  vcut  se  donner  k  lui  to'il  enli^ni' 


654 


FRANCE 


Pnurqaol  cetfe  guerre  qui  ddtruit  une  arnit^e  pr^te  A  passer 
»ous  son  ^endard?  En  mftme  tempf^  il  appelie  en  secret 
une  flotte  danoise;  elie  arrive  :  ses  chefs  ont  one  entrevue 
avec  1e roi,  rar  les  bords  dun  gu^ ,  ii  qui  la  mort  du  comte 
Heri^re  va  donncr  son  nom.  La  conforence ,  d'abord  aini- 
cale,  d^g^n^reen  aigrciir;  les^p^es  brillent,  le  sangcoule; 
Ic  roi  sVnfuit  a  Rouen;  mais  il  y  trouTe  une  prison  (945). 
Gerberge,  son  ^^pouse,  int^resse  a  son  infortune  le  pape, 
Tempereur  et  le  comte  de  Paris ;  le  captif  rcaouvelle  au 
jeune  due  Richard  tons  les  privileges  dont  avaient  joui  son 
p^re  et  son  aieul :  le  donjon  s'ouvre ;  il  croit  respirer  Tair 
de  la  liberty ;  mais  Hngues  Ini  annonce  qu^il  a  change  de 
prison  seulenient,  et  qu^il  ne  verra  point  tomber  ses  fers  8*il 
n^abandonne  pas  le  comte  de  Laon.  C'^tait  le  seol  domaine 
qui  roi  reste  k  la  couronne  :  un  an  tout  entier  le  prisonnier 
rdsista ;  enfin ,  voyant  Othon  s'approchcr  avec  une  arm^e , 
ii  fit  au  comte  Hugues  des  serments  qu'il  croyail  invaiid<^s 
par  la  contrainte. 

Trois  conciles,  tenus  h  Verdun,  Mousson  et  Ingelheim 
pour  terminer  la  dispute  relative  au  si^ge  de  Reims ,  rati- 
fi^rcnt  reievation  d'Artaud  et  la  deposition  de  Hugues ,  ik 
qui  les  triomphes  d'H^ribert  snr  la  puissance  royale  avaicnt 
rendu  la  mitre.  Au  dernier  de  ces  conciles ,  preside  par  un 
te«{at  du  pape ,  Othon  et  Louis  assistaient  en  personne.  Ce* 
lui-ci  se  l^ve;  il  expose  les  griefs  du  comte  Hugues,  et 
Tantorite  souveraine  est  tellcment  deprim^e,  qu'on  voit 
un  suzerain  oblige  de  recourir  h  un  concile  pour  obtenir 
satisfaction  de  son  vassal.  Le  timide  clerge  ose  k  peine 
une  menace  d^excommunication  si  Hugues  ne  vient  k  resi- 
piscence.  La  menace,  convertic  en  realtte  au  concile  de  Tre- 
ves ,  n'eflraya  point  le  fler  vassal.  Enfin,  apr^s  une  petite 
guerre,  signaiee  plut^t  par  la  Taleor  que  par  les  succes  du 
roi ,  Hugues  consentit  k  renouyeler  son  iiommage  au  roi 
(950). 

La  mort  de  Lrmis  fut  aussi  malheureuse  que  sa  Tie.  Un 
jour,  il  se  rendait  k  Reims ,  quand  $on  cheval ,  efTraye  par 
le  passage  d'un  loup,  jeta  contre  terre  son  cayalier,  qui  fut 
transporte,  douloureusement  lueurtri,  dans  cette  ville  de 
Reims,  oi":  s^eteignit  avec  sa  vie  la  derniere  etincellede 
ractivite  de  Charlemagne  (954). 

Hugues  le  Blanc  aimait  mieux  faire  servir  k  sa  grandeur 
le  nom  de  roi  dans  un  autre  que  d^nsurper  un  titre  qui  ne 
devait  ajouter  rien  k  sa  puissance.  Il  fait  sacrer  Lothaire, 
ft  le  conduit  en  Poitou.  II  voulait  etilever  k  Guillaume 
rete  d'flltoupe  le  duche  d'Aquitaine,  dont  celui-ci  avail 
dc^pouilM  les  enfants  mineurs  de  Raimond  Pons.  Un  orage 
ou  il  entrevoit  un  signe  de  la  coiere  divine  ic  force  k  lever 
le  siege  de  Poitiers;  mais  il  repousse  au  passage  d^une 
riviere  Pannec  du  Poitevin.  II  mounitdeux  ans  apres  cette 
expedition.  Les  deux  soeurs  veuves  de  Louis  et  de  Hugues 
Fc  i-eiinirent  pour  eicver  ensemble  leor  jeune  famille  sous 
la  protection  de  leurs  freres,  saint  Bruno  et  Tempereur 
Othon. 

Les  conseils  de  Tliibaud  le  Tricliard  eurent  une  funeste 
inHuenoe  sur  les  premieres  actions  de  Lothaire,  qui  dressa 
deux  fois  une  embuseade  au  due  de  Normandie,  et  ne  re- 
cueillit  de  cette  entreprise  que  la  honte  d*une  perfidie.  Thi- 
haud  surprend  £vrenx ;  Richard  se  venge,  et  devaste  le  pays 
Chartrain.  Comme  son  rival  avait  pour  anxiliaire  un  roi , 
il  appelle  ses  allies  de  Danemark.  Ces  barhares  repandlrent 
sur  les  domaines  de  Thibaud  une  desolation  si  complete, 
qiril  ne  resta  fiasmeme,  suivant  I'expression  de  Thistorien, 
un  dogue  fwur  abo}or  k  Tennemi.  Enfin,  la  vengeance 
snti^faile,  les  vabiqucurs  accepterent  la  paix  (963).  Non 
bcaucoup  de  temps  apres,  Charles ,  fr^re  putne  de  Lothaire, 
obtint  le  dnclie  de  basse  I>orraine  el  dcvint  ainsi  vassal  de 
IVmpereiir.  Lothaire  s'cn  olTense;  il  rassetnhic  ses  cheva- 
liers ,  et  marclie  avec  une  tHlo  prompti,tudc,  qn'il  faillit  sur- 
prendre  Othon  dans  Aix-la-Cliapelle.  Ma-s  au  milieu  des 
trois  jours  qu'il  donnait  k  la  joic  d'habiter  re  palais,  qu'un 
empereur  avait  deserte  k  son  approche,  un  heraut  vint  lui 
annoncer  qu*Otlion  lui  rendrait  sa  visite  au  premier  octobre. 


En  effet  soixante'mUle  bommesserangentflovitr^taidaidln' 
perial  pour  venger  Tinjure  faite  au  territotre  allemand ,  et 
bient6t  Paris  pent  en  voir  flotter  les  bannieres  imperiales  w» 
les  hauteurs  de  Montmartre.  La,  Otiion  fait  dire  &  H  ugnet 
Capet  qu  il  va  lui  chanter  une  hymne  telle  que  ses  oreiUes 
n*ont  jamais  rien  entendu  de  semblable.  Aussit6t  les  prttres 
s'avancent,  et  leurs  voix,  soutenues  par  les  voix  de  tooie 
I'arroee,  entonnent  le  cantique  des  martyrs  :  Alleluia!  7« 
martyrum  candidatus  laudat  exercitus,  Domine  (998)! 
Salisfait  de  cette  bravade ,  il  reprend  la  route  de  fli»  ^ats. 
Lethaire  le  suit,  et  lui  enieve  ses  bagages  au  passage  de 
TAisne. 

Plus  nous  avan^ons,  plus  les  tenebrcs  s*epaississent  an- 
tourde  nous,  plus  les  documents  deviennent  rares.  Une 
nouvelle  dynastie  va  succederk  une  autre  :a-t-clle  intereii 
conserver  les  monuments  qui  pourraient  ou  retracer  ses 
intrigues  ou  rappeler  le  souvenir  de  la  race  dechue  ?  Asso- 
rement  non  :  ii  en  est  d'elle,  au  contraire,  comme  ties  Ro- 
mains ,  dont  la  politique  aneantit  tout  ce  qui  aurait  pu  rap- 
peler et  illustrer  le  souvenir  de  Cartliage,  detruite  par  leon 
armes.  Blanche  d*Aquitaine,  epouse  de  Louts,  heritier  de 
la  couronne,  avait  une  telle  aversion  pour  son  mari,  qu^elle 
profita  d*un  voyage  en  son  pays  natal  pour  ratMiiicloimer. 
i^e  mariage  de  Lothaire  n'avait  pas  ete  plus  Iteureox ;  car  k 
peine  avait-il  ramene  son  fils  d'Aquitaine  qull  expirait  loi- 
meme,  empoisonne  par  Emma,  qui  oubliait  avec  Adalberoa, 
eveque  de  Laon ,  la  chastete  de  I'epouse  et  la  piirete  impo- 
see  aux  pretres  par  la  religion  (9S6).  D'abord  la  reine  douai- 
rieie  partage  IMiommage  des  Francs  avec  Louis  V-mals 
bientdt  sa  correspondance  avec  I'imperatricc  Theoplianie, 
sa  mere,  prend  un  caracterenouveau.  Kile  se  plaint :  on  a 
toume  contre  elle  le  coeur  de  son  fils ;  on  deverse  la  caloia- 
nie  sur  Pevfique  Adalberon,  afin  que  sa  honte  rejatllisse  snr 
elle-meme;  elle  demande  une  armee.  Lothaire  a  le  titre  de 
roi,  ecrivait  Gerbert  sur  la  fin  du  regne  precedent,  mail 
Hugues  en  a  toute  la  force  et  Tautorite.  Cependant  ses  lelties, 
monument  le  moins  incomplet  de  cette  epoqAe,  devieruuat 
plus  enigmatiques  de  jour  en  jour  et  plus  mysterieases  :  des 
armees  sont  en  raouvement  sur  toute  la  frontiere  du  Remois 
etdu  Laonnois:  une  grande  q//aire, ecrivait k  Gerbert  cette 
occasion ,  se  traife  s^rieusement.  LMroperatrice  Th^opltt- 
nie  lui  ordonne  de  conduire  en  Allemagoe  tons  les  liommes 
qui  doivent  le  service  mHitaireksonabbayede  Robbio.  Les 
dirigcrons-nous  vers  Tltalie,  diL  une  autre  de  ses  leCtres, 
ou  contre  ce  Louis,  plus  funeste  k  ses  amis  qu*il  ne  faitde 
mal  k  ses  ennemis  ?  La  main  qui  remue  les  fds  de  toutes 
ces  intrigues  est  habilement  cacbee;  nnlie  part  on  ne  voit 
parattre  le  nom  de  Hugues,  et  cependant  c'etait  lui  peul- 
etre  qui  jetait  la  discorde  entre  la  mere  et  le  fils ,  entre  le 
mari  et  son  epouse.  Enfin,  V(tf/aire  sMeute  annoncee  avec 
taut  de  precaution,  est  panrenue  k  sa  maturity,  le  fruit 
tombe  :  Louis  meurt  empoisfmne  (9g7) ;  Blanche  est  ooo- 
pable.  II  faudrait  accuser  Hugues  avec  elle,  si ,  comme  1^ 
dit  un  ancien  bistorien,  elle  convola  avec  Ini  en  secondo 
noces.  Cinq  semaincs  seulement  depuis  la  vacance  du  tr^^ne, 
Hugues,  que  les  grands  ont  salue  roik  Noyoo,  se  fait  sa- 
crer dans  la  basilique  de  Rams;  dix  mois  s*6coiilent,  ei 
Charles  de  Lorraine  commence  k  peine  d'agir. 

Si  le  titre  d'Hugues  Capet  etait  reconnu  au  Nord ,  il  n*es 
etaitpas  ainsi  au  midi  de  la  Loire,  ofl  les  seigneurs  em- 
ployaient  cette  formule  dans  la  date  de  tons  les  actes :  Begt 
terreno  deficiente,  Chrlsto  regnante,  anno,,,  Le  roi  eiu, 
laissant  son  rival  mattre  de  Laon  et  de  Reims,  investit  Poi- 
tiers; il  est  force  d'en  lever  le  siege,  mais,  harcde  an  pas- 
sage d'une  riviere,  il  fait  scntir  aux  soldats  du  midi  la 
superiorite  des  gucrricrs  du  nord.  I^e  comte  de  Poitiers, 
attaqiie  par  celui  de  Perigneux ,  se  reconcilie  avec  Hugues: 
Tours  et  Poitiers  lui  sont  enlevees ,  et  dej^  son  enncmi 
s'intitule  de  hii-mi^me  comte  de  Poitiers  et  de  Tours.  Ho- 
gue:(  lui  adres<e  un  heraut  d^armes  avec  cette  paupic  :  Qn^ 
Va/ait  comte?  El  Penvoye  revient  avec  cette  fiire  repoa^: 
£t  toi,  qui  Va/ait  roi?  Eq  990 settlement,  Cape  assiej^ 


francl: 


^o.j 


Laon  :  une  sortie  des  chevaliers  lorrains  incendia  et  d^trui- 
sHson  camp.  Alors,  posant  l'^p<$e,  il  met  son  espoir  en 
des  annes  plus  s^res  :  il  corrompt  T^v^tie  AdalMron ; 
une  des  portes  est  iiyr<^;  Tassi^eanC  est  introduit  an  sein 
lie  la  Tille  assise,  et  ie  prdtendant  va  finir  ses  jours  dans 
/es  prisons  d^Orl^ns  (092). 

Ensiiite,  les  deux  rois  (car  Hngties,  pour  ^viter  h  sa 
niaison  les  chances  d^un  interr^e,  a  votilii  que  son  fits 
Robert  fOt  sacr^  et  8*assU  avec  liii  siir  le  Ir6ne),  les  deuK  rois, 
dis-je,  president  un  concile  r^uni  k  Saint-Basile  de  Reims, 
fiourjuger  Tarchev^que  et  prononcer  sad^po»ltion.  Ce  pr<i- 
lat,  fils  nature!  du  roi  Lothaire,  avait  jou^  rindignalion 
quand  sa  ville  tomba  dans  les  mains  du  Lorrain,  son  oncle, 
et  I'ulmin^  m^roe  une  excommunication ;  mais  il  Ait  accab)^ 
sous  le  t^oignage  do  prfttre  quMi  avail  charge  de  livrer 
cede  place  au  pr^tendant.  On  lui  pr^seiita  aussi  un  scr- 
inent  qu'il  avait  sign^  au  roi  Hugues  qnand  il  re^ut  la  mitre 
de  ses  mains.  Convaincu  de  forfaitore,  il  fut  d^po8<^.  Ainsi , 
la  f^odalit6,  ^treignant  partout  la  sod^t^,  envahissatt 
m6me  le  cierg6;  mais,  en  subissant  rinfluenee  du  systeme, 
le  corps  eccldsiastique  perdait  sa  force.  Le  si^e  fut  donn^ 
k  Gert>ert,  ce  pauvre  moine  d'Aurillac,  devenu  leplus  vaste 
g^nie  do  sitele,  le  pr6cepteur  des  empereurs  et  des  roi»^ 
d'un  OUion  III  etd^un  Robert  le  Pleux.  Le  pape  infirina  loi^ 
actes  du  concile  de  B&Ie  :  Gerbert,  intcress^  k  cette  cause, 
la  soutint  au  concile  de  Mousson  (995),  dans  un  discours 
oil  Ton  trouve  expos6i  d^jk  les  principes  qui  ont  servi 
de  base  aux  liberty  de  T^lise  gallicane.  Mats  enfin ,  las 
d^6tre  vu  comme  un  intrus,  il  abdiqua ,  et ,  favoris^  par  ies 
graces  de  Tempereur  Othon  III,  son  616ve,  il  passa  du  sii^ge 
de  RaTenne  k  la  chaire  apostolique,  oti,  sous  le  nom  de 
S y  1  ve sire  1 1,  il  fut  le  premier  des  Fran^ais  ^ev6  k  Thon- 
neur  de  la  tiare  (999). 

La  France  est  morcelee  en  une  foule  de  petites  souverai- 
net^s ;  et  c*est  chez  elles  quILTaut  aller  maintenant  scruter 
son  liistoire.  Richard  sans  Aur,  due  de  Normandie,  el 
bean-fr^re  de  Capet,  avait  enlev^  Arras  et  toutes  les  forte- 
resses  jusqu'k  la  Lys  au  comte  de  Flandre,  Arnoul  IL  Le 
vaincu  consent  k  reconnaltre  Hugues  poor  son  roi ,  et  ces 
places  lui  sont  rendues.  Dans  la  Bourgogne  cis-jurane  r^- 
gnait  obscor^ment  Henri,  fr^re  pntn6  de  Hugues.  Dans 
Tautre,  Berchtoldet  Guigue;  celui-ci,  comte  d'Albon,  celui- 
li  de  Maurienne,  fondaient  les  maisons  souveraines  de  Sa- 
voie  et  de  Viennois ,  grftce  k  la  moUesse  da  roi  Rodolphe 
le  Fain^nt,  Ailleurs,  la  comtesse  de  Poitiers  livrait  toute 
une  nuit  aux  brutalit^  de  ses  chevaliers  et  de  ses  paj^es 
une  mattresse  de  son  mari ,  la  belle  et  nobie  viconitesse  de 
Tliouars.  La  colore  arroait  I'^poux  centre  T^pouse,  et  cette 
querelle  ensanglantait  leurs  doinaines.  A  c6l6  d'eux,  le 
comte  d*Anjou  veut  envahir  one  par  tie  de  la  Bretague.  Co- 
nan  le  Bossu  pr^ente  la  bataille  k  Godefroi  Grise-Gonelle, 
et  son  succ^s  attacha  un  dicton  populaire  au  lieu  du  coiubat, 
i  Couchereux,  oil  le  tort  Vemporle  sur  le  droit  (981). 
Plus  tard,  le  fils  du  vaincu,  Foulques  Nerra,  vengeait  son 
p^re  dans  ce  mfime  lieu,  et  Conan  trouvait  la  mort  ou  il 
avait  rencontre  la  victoire  (992).  Tel  ^tait  Tdtat  abrc^g^dela 
Fraoee  quand  mourut,  en  996,  Hugues  Capet.  Habile,  mais 
superstitieux,  il  n^avaitpas  05^  meltre  sur  son  front  la  cou- 
ronne  quMl  n*avait  pas  craint  d'usurper. 

Robert,  qui  dut  son  surnom  k  sa  pi^t^ ,  fut  engagd  dans 
une  querelle  avec  Rome  au  d6but  de  son  r^gne.  11  aimaft  et 
^pousa  Berthe,  veuve  du  comte  de  Blois,  Eudes  ou  Odon. 
£lle  6Uui  sa  cousine  au  quatri^me  degr^,  et  m6me  il  avait 
lenu  un  enfant  de  Berthe  sur  les  fonts  de  bapt^me.  Le  pape 
ordonne  la  te|uiration  des  c^poux  Incestuenx,  suspend  Tar- 
chev6que  de  Tours,  qui  a  consacr^  ces  nanids,  ot  son  met 
Aobert  k  sept  ann^esde  penitence  par  tous  les  dcgr^s  cano- 
niques.  Combattu  par  son  amour,  il  opposa  une  lungue  rd- 
ststance»  et  fut  le  premier  dc  nos  rois  qu'atteignit  la  foudre 
roMiaine.  Con<:tance,  fille  de  Oiiillaume,  comte  de  Toulouse 
ou  de  Provence,  succdde  au  litre  «le  reiiie  et  dVpouse  :  c& 
Uit   une  fernme  distingu<!*e  par  sa  benule,  mais  doni  Tes- 


prit  orgueilleux  et  jaloux  devait  p^niblonient  exerccr  la 
patience  d'nn  mari.  En  1002  mourut,  sanR  laisserd*enfan!s, 
Henri,  due  de  Bourgogne  :  son  domaine  (aisait  rechute  k  la 
couronne;  cependant  Othe-Goillaume ,  son  beau-fiU,  se 
mit  en  possession  du  fief.  Aid6  par  le  due  de  Normandie^ 
Robert  (tasse  en  Bourgogne.  11  mvestit  Auxerre(l003),et  se 
pr(^pare  k  donner  Passant  au  monastfere  de  SaintrGennain } 
mais  il  fuit,  effrayd  par  un  brouillard,  ou  il  voit  un  signe  de 
la  colore  du  saint  ann^  centre  lui.  L'an  1005  il  attaque 
sans  plus  de' sneers  le  convent  de  Sainl-B^ni^ne  k  Dijon; 
mais  il  eut  la  joie  de  voir,  apr^  un  sit^ge  de  trois  mois,  leu 
vieux  mors  d*Avallon,  tandis  qu'il  en  faisait  le  tour,  tomber 
d^eux-m^nes  devant  lui ,  dv^nement  que  la  flatterie  ou  la 
crMnlitd  c^l^br^rent  comme  le  miracle  d'lm  nouveau  Josud. 
Robert  siispendit  sa  guerre  en  Bourgogne ;  et  ce  ne  fut  pas 
avant  rann(^  1015  que  cette  province  fc  rangea  sans  com> 
bat  sous  son  obi^issance.  Un  prince  de  ce  caract^re  devait 
aimer  peu  les  entreprises  hasardeuses ;  aussi  n'eut-il  aucune 
peine  k  refuser  le  royaume  qne  Pltalie,  au  ddc^sde  Henri  IT, 
lui  offritpour  sou  fils  atnd,  Hugues  le  Grand,  quUI  avait  as- 
soci^  k  sa  couronne,  et  qui  partageait  avec  son  pere  le  litre 
de  roi. 

Celui-ct,  peu  satisfait  d'un  vain  nom  sans  les  revenus  at- 
taches k  la  dignit<^,  se  jette,  avec  ses  jennes  conrtisans,  sur 
les  domaines  royaux ;  il  exerce  un  deplorable  briganda<je, 
et  tomhe  dans  les  mains  de  Guillaume,  comte  du  Perche. 
Rendu  aux  instance;^  du  roi,  le  fils  se  reconcilie  avec  son 
p^re.  Une  noble  conduite  avait  elTacd  d^ji  cetle  tache,  quand 
II  mourut  dans  sa  dix-liuitieme  annde  (1025).  Apr^s  avoir 
donne  les  premieres  larmes  k  sa  doideur,  Robert  fit  sacrer 
non  pas  le  second  de  !^es  fils,  quVne  extreme  Hnipliciie  ren- 
dait  inhabile  au  sceptre,  mais  son  putn6.  Constance  avait 
en  vain  essay^  de  fixer  le  choix  du  pere  sur  le  plus  jeune 
de  ses  quatre  fils  :  elle  vantait  son  activiie,  elle  exallait  son 
nitelligence.  Cette  divergence  d'id^es  sur  le  choix  du  suc- 
cesseur  au  trOne  avait  pailagd  toute  la  cour.  Le  droit  de 
primogeniture  n^etait  done  pas  encore  incontestableroent 
etabfi ,  soit  dans  une  loi  de  TEtat,  soil  dans  Topinion.  On 
conunence  k  d^couvrir  le  germe  de  Pherrsie  qui  donnera 
une  triste  ceiebrite  au  nom  des  Albigeois.  Deux  pr6tres 
d^Orieans,  convaincus  dans  IVglise  de  Sainte-Croix,  en  face 
du  roi  et  de  la  reine,  sont  condamn^s  au  feu  avec  onze  sec- 
taires  (1072).  L^un  d'eux  etait  le  confesseur  m6me  de  Cons- 
tance; mais  riidresie  avait  bri^e  tout  lien  d'alTection  en'^^e 
le  directeur  et  la  penitente.  Aussi,  comme  le  malheuteiix 
passait  devant  elle  pour  aller  au  suppiice,  la  reine,  le  trap- 
pant  au  visage,  lui  arracha  un  tvil  avec  sa  baguette  au  pcsn- 
meau  sculpts  en  figure  d*oi.seau. 

Vers  la  fin  du  ouzi^me  siecic,  une  immense  terreur  sVin- 
para  de  la  societe.  Le  monde  allait  disparattre  k  la  miiii^ux! 
annee  de  I'lncarnation  du  Christ,  el  les  merveilles  de  la 
creation  s*evanouir  devant  les  trouipelles  du  jugemenl  der- 
nier. Les  paroles  mystericuses  de  TApocaly  pse  avaient  accrt'- 
dite  cetle  opinion ,  et  dans  les  premieres  annees  du  dixif'nie 
siede ,  Odon  de  Cluni  travaillait  enco  re  k  I'arracher  <1<  s 
esprits.  On  porta  k  I'envi  ses  tresors  aux  eglises,  on  alfnm- 
chit  les  esclaves ,  on  donna  ses  biens  aux  mona.<it^rp<  p.iur 
le  rachat  des  peches,  en  ces  Jourst  discnt  les  formules  »}e 
plusieurs  Charles  quelhistoire  a  conserv  ees,  om  nous  voyous 
approcber  la  fin  du  monde  et  les  mines  sagrandir.  Le 
clerge avait  perdu  ses  richnsses  et  son  inflvience  so  s  la  s<- 
conde  dynastie;  I'tglise  reprit  avec  la  troisieme  son  in- 
fluence et  ses  richesses,  et  ce  tenips  (ut  pour  elle  une  cpojjfe 
de  reparation.  La  ferveur  religieuse  introduit  le  go6l  tki 
longs  p^lerinages  :  Foulques  Nerra  fait  trois  voyages  r.  la 
Terre-Sainte;  Guillaume,  comte  d'Angouieme,  decouxre 
celtc  route,  par  la  Baviere  et  la  Hongrie,  sur  laquelle  la  fiu 
dusifecle  verra  se  succederd'innomb  rabies  croises.  Hal;t»!i 
irrite  les  esprits,  et  les  dispone  k  la  guerre  par  la  ruii^t*  du 
saint-sepulcre,  outrage  qui  retcntit  dans  tout  TOccidenl 
roinnie  nn  coup  «Ie  tonnerre.  11  fallait  des  vicliujes  a  I'in- 
di^nal'on  uiiUeiSL'lle;  on  lui  prcsenta  les  juifs  :  c'.>taieo| 


eux,  disaft-on,  qui  a?alent  txcM  ttakem  k  cette  profana- 
tion.  On  citait  mtaie  le  nom  du  juil  qui  ayait  port6  dans 
une  canne  dvidde  cette  funeste  lettre  que  lei  isra^ite  d*Or- 
l^ans  avait  toite  ao  khalire.  AossitOt  leors  biens  sont  pill^, 
lea  bdchers  s^allument,  les  gibets  se  dressent ,  et  lei  routes 
de  Texil  s'ouvrent  pour  eux  (1009). 

Vuilk  tous  les  grands  traits  de  ce  r^ne,  sous  lequel  eu- 
rent  encore  lieu  les  petites  guerres  du  comte  de  Blois.aTec 
BoucliarU  de  Montmorency,  pour  la  yille  de  Melun ;  ou  avec 
le  roi  el  TarclieT^que  de  Sens,  en  faveur  du  comte  Rai^ 
nard,  d^pouUld  de  son  flef ;  ou  avec  le  Normand  Richard  If, 
qui  rappelle  h  cette  occasion  les  anciens  Scandinayes  dans 
la  France;  ou  ^e  I'empereur  Henri  II  et  du  roi  contre 
Baudouin  d  la  belle  barbe,  comle  de  Flandre,  pour  la  Yiile 
de  Valenciennes,  enlevte  au  comtede  IlalnauU ;  ou  du  Viable 
de  Saumur  avec  Foulques  Nerra,  qui  veut  brOler  son  en- 
nemi  dans  T^lise  de  Saint^Florent,et  conjure  le  patron  de 
permcttre  qu*on  d^truise  son  temple  k  Saumur ,  pourTU 
qu^on  Lii  en  bAlisse  un  plus  beau  dans  la  ville  d'Angers. 

Robert  le  Pieux  ddcM6  (1031),  les  premieres  anntes  du 
nouvcau  r^gue  sont  loin  d'etre  paisibles.  Constance,  toujours 
attacli^e  au  projet  de  mettre  son  plus  jeune  fils  sur  le  tr6ne» 
s'enipare  de  qnelques  places,  achate  la  neutrality  du  Cliam- 
penois,  s^appuiesur  TAngeyin,  et  r^uit  le  roi  Henri  i  fuir, 
avec  (louze  chevaliers  seuleinent,  k  la  cour  de  Robeit  le 
Magnifique.  Le  Magniflque  reprend  avec  c^l^ritd  les  places 
tombte  au  (louvoir  de  Oonstance;  il  la  force  d'acoepter  la 
paix  et  le  duch^  de  Bourgogne  pour  son  fils  bien  aim6  (1031). 
Lh-i  disette  et  bientdt  la  lamine  s*«tendent  sur  le  royaume 
( 1030-103)).  L'exc^<t  du  malheur  gtoiral  ouvrit  les  ceeurs  au 
repenlir.  Les  grands  s*accusent  :  c'est  la  rage  de  leurs 
guerres  privies  qui  avail  allum^  la  colore  celeste.  lis 
6*engagent,  par  les  serments  les  phis  solennels,  k  conserver 
la  paix  ciitre  eux  (1035).  C'^tait  trop  :  on  substitiie  k  cette 
paix  la  trive  de  Dieu. 

Les  comtes  de  Champagne  et  d'Anjou,  Eudes  et  Foulques 
Nerra,  ^talent  les  deux  plus  grandes  figures  mililaires  de 
celle  ^|)oque  :  Tun  et  Tautre  avaient  des  biens  enclavi^ 
dans  les  fiefs  de  son  rival,  des  pretentions  oppose ,  oil  les 
querelles  de  leurs  vassaux  leur  mettaient  souvent  les  amies 
a  la  main,  etPont-leVoy  vil  dans  un  m6me  jour  ( 1016)  deux 
combats  ou  la  fortune,  d'abord  favorable  au  Cbampenois, 
finit  par  couronner  TAngevin.  Le  roi  de  Bourgogne,  Rodol- 
phe llf,ne laissequedes filles:  Berthe,qui  avail  pourfilsEu- 
des,  comte  de  aiaropagne,  et  Gerberge,  qui  avail  pour  gendre 
Tempereur  Conrad  le  Salique.  C'esl  lui  que  le  Bourguignon 
avail  clioiM  pour  rii^ritler  de  sa  couronne.  Aprte  une  petite 
guerre,  Eudes,  intimid^  par  le  nombre  et  la  vaillance  des 
ennemis ,  abandonne  ses  droiU ;  il  s*en  repent ,  et  fait  inva- 
sion dans  la  Lorraine;  ibais,  surpris  anx  environs  de  Bar-le- 
Duc,  il  perd  la  bataille.  Le  lendemain  le  Cbampenois  est 
relrouv6  parrai  les  morts.  Son  rival  angevin,  faUgu^  des 
affaires,  avail  depuis  longterops  abandonnd  radniinistrallon 
k  Godefroy.  Son  fils  Godefroy  oontinua  ia  querelle  de  Nerra 
avec  la  maison  de  Champagne,  reprtenlde  par  deux  fr^res, 
lUienne  et  Thibault,  qui  avaient  r^lu  de  renverser  du 
trOne  le  faible  Henri.  Godefroi  assi^ea  la  ville  de  Tours, 
que  le  roi  lui  avail  donn^e  en  favciir  de  son  assistance.  Les 
ennemis  s'avancent  avec  Eudes;  ils  ont  prM  Thommage  a  eel 
iuiliecile  frdre  atn6  de  Henri,  comme  au  roi  Irgitime.  Mais, 
loin  d'avoir  r^ussi  k  forcer  TAngevin  de  lever  son  camp,  ils 
sont  ballus  sous  les  mursde  la  vliie  assise;  Tliibaull  eat 
prisonnier,  el  Tours  livre  ses  clefs  (1042). 

La  Nomiandie  avail  pour  due  un  enfant  mlneur,  Guil- 
laume,  fils  naturel  de  Robert  le  Magnitique.  U  roi  pril  tn 
mains  les  inlMls  du  jeune  due ,  k  qui  le  comle  de  MAcon , 
Guido ,  petit-ftU  de  Richard  II  par  sa  mire ,  disputait  rii^ri- 
tage  |iatemel.Lepretendant,vaincuau  Vakles Dunes  (low), 
f  bandonne  le  pays  et  se  retire  en  Bonrgognc.  Mais  k  meaure 
que  Guillaume  crott  eu  Age  el  en  force,  son  courage  et  son 
»fli*H<*  augmenlenl  les  iuquii^tudes  de  Henri.  II  a  d^jA 
reptis  let  piMei  donl  rAii«BTiA  s*^l  mis  eu  poMoskiosi  il 


FRANCte 

failsentir  k  ses  barons  quails  ont  un  maltre;  il  esiive 
le  chAleau  d^Arques  k  son  oncle,  qui  pretend  liil  rmvk  la 
couronne  ducale.  L*exil6  se  retire  k  la  coor  de  France;  fl 
revienten  Normandie  aTec  trols  cents  aventurierset  reeonvi^ 
sa  forteresae ,  o6  son  neveu  se  hAte  de  I'assi^r.  Henri 
envoie  au  secoura  de  Toncle;  mais  Isambert  de  Poothiai 
rencontre  une  embuacadeet  la  mort*  Pour  veoger  sa  deftite , 
le  roi  met  deux  arrote  sur  pied;  il  sVanceavec  i^un^  donl 
la  marche  est  seulement  o|>servte  par  Guillaume  :  ce  difr- 
nier  ^vite  le  combat,  parce  qu*il  sail  que  sa  pulasaace  re- 
pose sur  la  subordination  ftodale,  et  ne  veut  pas  domier 
I'exemple  d'un  vassal  qui  crolse  T^pAe  avec  son  suzerain. 
Mais  le  comle  d'Eu,  son  lieutenant,  n*a  point  re^n  Pordie 
de  mtoager  ainsi  la  division  qui  s'avance  sur  la  rive  oppose 
de  la  Seine.  Elle  est  surprise  k  Mortimer  (10&4).  La  boo- 
velle  en  vienl  k  Guillaume  duranl  la  null.  Bient6t  la  votx 
d^un  h^rault  d'armes  retentit  aux  avanl*postes  fran^ais  : 
«  R<iveillez-vous ;  rassemblez  tos  diars,  et  condoisea-les  a 
Mortimer,  o6  sont  ^endus  les  cadavres  de  vos  coni{Mgiioiis. 
C*esl  moi,  Robert  de  Tonnes,  qui  voos  donne  cet  avis  av 
nom  de  Guillaume,  due  de  Normandie.  »  L'6pouvante  se  rt- 
pand  aussildt  dans  rarm^,  et  le  camp  est  leT^. 

En  1059,  aprte  la  conquAle  du  cbAleau  de  Tiiliires  et  on 
tehee  k  son  retour ,  le  roi  signa  la  paix  avec  le  due  :  il  en 
avail  besoin  pour  le  sacre  de  son  fils.  Philippe  I*''  avail 
qualorze  ans  k  la  mort  de  son  pire  ( 1000 ).  Appel^  par  le 
testament  du  feu  roi,  le  comte  de  Flandre,  Baudouin  V, 
pril  en  main  la  tutelie.  Lli^ritage  du  comte  d'Anjoo  etail 
dispnlA  par  ses  neveux ,  GeolTroi  le  Barbo  et  Fouqoes  le 
Rtehin  :  Baudoin  fail  payer  k  oelui-d  la  neutrality  do  roi. 
Le  due  des  Gascons  refusait  Thommage ;  Baudouin  food  sor 
le  pays  k  Timproviste,  et  force  le  rebelle  k  la  soumiasioa; 
mais  Baudouin  ne  lisail  pas  dans  Tavenir,  quand  il  Cavorisa 
Tenlrepriae  du  Normand  sur  TAnglelerre. 

Vers  le  meme temps,  un  autre  aventurier,  Robert,  se- 
cond fils  de  Baudouin  V ,  comte  de  Flandre,  tetitait  la  fur* 
tune  avec  les  vaisseaux  que  lui  avail  laiss6s  son  pire  en 
avancemenl  d'hoirie,  et  la  trouvait  deux  fois  ooatrair«. 
Jet6  enfin  par  une  tempAle  sur  les  c6tes  de  la  Frtse,  il  voil 
un  pays  gouvem^  par  une  Teuye,  lutrice  d*un  jeune  due  mi- 
neur :  il  juge  Toccasion  favorable;  il  est  encore  vaincu,  mais, 
sup^rieur  k  TadversiUi,  11  fatigue  par  son  opiniAtrel^  la 
palienee  de  Gertrude,  qui  signe  la  paix  et  la  soelle  en  In 
donnantsa  main.  Baudouin  roeuri;  son  fils,  du  m^menora, 
le  suit :  le  uouveau  Frison  revendique  la  garde  noble  de  se* 
neveux,  et  la  rtelame  A  la  lAle  d*une  armee.  La  veuve  se 
r^fugie  avec  ses  fils  k  la  cour  de  Philippe.  Celui-ci  prend 
la  cause  de  la  famille  opprimte;  il  eslballn  A  Cass  el  (i  07  i); 
la  Flandre  se  partage  :  Allemande,  elle  s'altadie  an 
Frison ;  Fran^ise,  elle  adhtee  au  jeune  Baudouin.  Phi- 
lippe s'avance  avec  une  nouvelle  armte;  il  s*empare  de 
Sainl-Omer.  LA  son  ennemi  lui  oppose  la  ruse,  et  fail 
lomber  entreses  mains  une  leltre  sapposde.  A  sa  lecture,  Phi- 
lippe est  rempli  de  soup^ns;  11  se  d^fie  de  aes  alllds,  il 
se  croil  environnd  d*ennemis,  el  se  retire  avec  son  annde. 
Enfin,  la  Flandre  est  donnte  :  le  jeune  Baudouin  recoil  le 
Hainault ,  hdritoge  de  sa  roAre ,  en  attendant  une  courouie 
que  Tavenir  lui  promet  A  Jdiuaalem,  el  Philippe  s'onii  a 
BerUie ,  (ille  de  Gertrude  el  de  son  premier  t^poux.  Uiquiel 
de  la  puissance  de  Guillaume  le  Conqudrant,  il  soulient  sun 
fils  Robert,  revolt*.  Une  plaisanterie  Ml  marclier  Guil- 
Uume  contre  le  roi  de  France.  Mante*  wt  prise  et  Uvrte  A 
I'incendie.  U  mort  de  GuilUume  arrAle  I'orage  ( i0g9).  L'es- 
prit  chevaleresque  el  rcligieux  pousae  la  France  dans  les 
avenlures.  Pierre  rErmite  prfidie  la  croUade;  Philippe  ne 
prend  part  A  ce  mouvement  qu'en  achelant  le  comte  de 
Bourges.  Le  pape  I'excommunie  i  U  rAslsle,  puisse  soomet, 
et  meurt  enfin  en  paix  ( 1 108) ,  giAce  A  radiriU  de  son  fils 
Louis  le  Gros.  quil  avail  Ml  sacrer  dAs  1103. 

Gisors  amcna  la  guerre  cntre  le  roi  de  France  el  le  roi 
d'Anglclerre.  Louis,  escortiA  par  les  comles  de  Flandre,  dl 


i 


FRANCE 


647 


Ne?erfl»  de  DloU  at  le  due  de  Bourgogne,  vioit  eiaminer  le 
procte  sur  les  lieax  iii6mes.  Henri  est  sur  la  rive  opposite 
de  I'Epte;  dee  iojures  plquantes  sont  envoyta  de  Tun  k 
Tautre  bord  :  le  Fraii^  ddie  I'Anglais  aa  combat  aiogii- 
lier  sur  le  pont  ^troit  et  cbancelant,  qui  aemble  k  chaque 
instaot  pr6t  k  s'^rouler.  Ce  serait  foiie,  dit  Henri,  de  aou- 
mettre  aux  hasards  d*un  duel  une  place  dont  0  est  en  pos- 
session; et  une  petite  guerre  alflige  pendant  deuxann^  la 
lualbeureuse  contrte. 

Plus  tard,  Tbibault  ralluma  la  guerre ;  le  roi  battit  ses  trou- 
pes k  Pomponne  et  k  Meaux,  ou  iL  eut  la  douleur  de  perdre 
le  cointe  de  Flandre,  son  fiddle  aUi6.  Partout,  cependant,  les 
communes  s'agitent  :  Laon  propose  au  roi  qua^e  mille  li* 
▼ress^il  veut  sanclionner  lacliarte  qu'ellea  re^ue  de  son 
^▼Aque  et  des  seigneurs.  Louis  revolt  la  somme,  et  confirme 
la  cbarte.  Bient6t  ce  sent  les  seigneurs  qui  lui  offrent  sept 
mille  livres  s*il  consent  k  r^Toquer  son  ordonnance;  et  le 
roi  Tient  k  Laon  d^iruire  son  premier  ouyrage.  II  est  k  peine 
sorti  que  la  bourgeoisie  court  auK  armes,  et  se  rallie  au  eri 
de  Vive  la  commune  I  L*6?^ue  est  ^org^;  I'incendie  s'at- 
tacbe  aux  Mifices  :  le  bourgeois  ouTre  les  yeux,  il  entrevoit 
les  cons^uences  de  la  r6?olte  et  se  cache  au  fond  des 
maisons ;  les  campagnes  montent  k  la  Yille,  et  pillent  tons 
les  quartiers.  Cependant  Amiens  demande  aussi  une  diarte 
^  son  ^v^que  et  au  Ticomte;  mais  cette  charte  nesera  qu'un 
inutile  parcliemin ,  si  la  concession  n^est  confirmee  par  le 
comte,  qui,  maltre  de  bi  dtadelle,  tient  la  ville  sous  la  yerge. 
Une  somme  nouvelle  dispose  le  roi  en  favenr  de  la  bour- 
geoisie; Louis  assise  Thomas  de  Marne,  et  prot^  dans 
Amiens  le  prIncipe  quMl  renrerse  k  Laon.  Durant  deux  an- 
n^,  Louis,  bless^  an  si^e,  renouYela  ses  attaques  contre 
cet  deul  des  Coucy,  brigand  sous  I'armure  do  chevalier. 
Au  retour  de  cette  exp^ition,  Guillaume,  comte  d*Auxerre, 
est  arr^t^  dans  sa  marche  et  jet6  dans  les  prisons  dn  comte 
Tbibault.  Meven  de  Henri,  d^Tou6  k  ses  intdrAts  et  dirig^ 
par  ses  conseils,  le  Blaisois  remuait  ainsi  les  cendres  encore 
cliaudes  de  U  guerre  civile.  Loids  rddama  en  vain  son 
tid^le  compagnon ;  il  prteute  k  ses  barons  Guillaume  Cliton, 
fils  du  malheureux  Coorte  Heuse;  11  re^t  son  hommage; 
de  nobles  Normauds,  et  Robert  de  Belesme  k  leur  t6te, 
prennent  les  armes  pour  sa  cause.  Eustacbe  de  Breteull 
joindra  son  6p^  aux  leurs.  Ddj^  les  troupes  des  deux  rois 
parcourent  la^Normandie;  d^j^  Henri  s^est  empar^  du  fort 
Sainte-Claire,  et  Louis  du  mooast^re  de  Saint-Oaen.  11  s'y 
pr^nte  v6tu  en  moine  avec  une  peignte  de  chevaliers ; 
mais  k  peine  les  portes  sont  ouvertes  que  IVp^e  brille  dans 
la  main  des  faux  anachor^tes  et  la  cuirasse  retentit  sous  le 
froc.  Une  surprise  met  aussi  Les  Andelys  entre  ses  mains. 
Par  un  basard  inattendu,  les  deux  rois  se  rencontrent  k 
BrenneviUe,  chacun  k  la  t£te  de  sa  chevalerie,  Henri  avec 
ses  fils,  et  Louis  avec  Cliton ;  mais  U  fortune  no  voulut  pas 
couronner  dans  cette  Joum^  la  brillante  valeur  des  cheva- 
liers francs  (1119). 

Deux  mois  ^ulds,  Calixte  n  pr^idalt  un  concile  k 
Reims.  Louis  y  vint.  Il  se  live,  il  parle,  car  fl  est  dou^ 
dun?  Eloquence  naturelle ;  il  retrace  les  infortunes  de  Courts 
Heuse  etde  Cliton;  il  d^peintla  d^Ioyaut^du  roi  Henri  et 
du  comte  Tbibault;  il  r^ame  les  foodres  apostoliques.  Le 
pape  aima  mieux  s'interposer  entre  les  esprits  pour  les 
r^concilier;  sa  m^ation  fut  efticace,  et  la  palx  sign^  k 
Gisors. 

Henri,  plus  jenne  que  Louis,  mourut  n^anmoins  avant  lui, 
an  chftteau  de  Lilions  (1135).  L*ann^e  suivante,  Guillaume, 
doc  d'Aquitaine,  fatigue  d*une  vie  que  son  dponse  Infidde 
remplissait  d'amertume,  quHte  le  monde,  k  son  retour  de 
Normaudie ;  mais  avant  il  ofTre  au  fill  aln6  dn  roi  des 
Fran^ais  la  maind*£l€onore,  sa  fille,etponrdot  la  pos- 
session immediate  de  TAquitaine.  Louis  le  Jeune  se  rend  k 
Bordeaux  aTec  une  cour  brillante  :  il  Spouse  El^onore,  et 
re^it  les  liommages  de  set  nouveaux  feudataires;  mais  les 
flambeaux  du  mariage  n'^taient  pas  encore  ^teints,  que  ceux 
des  fun^ailles  s^allumaient  antour  de  Louis  leGros(  1137). 

ntCT.  DB  U  OOlfTBES.  *  T.  IX. 


La  Jeune  reine  avail  des  droits  sur  le  oomt^  de  Toulouse : 
Louis  VII  se  pr^re  k  les  r6clamer  avec  one  armte;  mais 
sa  puissance,  si  consid^rablement  accrue,  inquidtait  ses 
grands  rassaux  :  aussi  le  comte  Tbibault  ne  comparut-il 
pas  soot  r^tendard  royal.  L'bistobre  n*a  conserve  aucnn 
detail  sur  cette  expMition  infmctueuse.  Un  nouvel  dv^ue 
de  Ptfitiers  se  met  en  possession  du  si^,  sans  attendre  U 
confirmation  du  monarqoe;  rarchev£ch6  de  Bourges  est  Ta- 
cant :  le  candidal  du  roi  est  repoussd  par  le  saint-pire.  Louis 
salsit  le  temporel  de  l^lise,  et  Pierre  de  La  Cbfttre,  ^lu 
du  pape,  se  r^fugie  k  la  cour  de  Champagne.  Mais  Ttiibault 
avail  uncsoeur  marine  k  Raoulde  Venuandois,  le  plus  fid^e 
serviteur  du  roi  :  la  main  de  P^troniUe,  soBur  de  la  reine, 
est  offerte  k  Raoul,  et  trois  dv6ques  prononcent  la  null  ltd  de 
son  premier  mariage.  Cependant  I'abb^  de  Clair vaux,  saint 
Bernard,  ami  du  Champenois,  soulive  les  temp^tes  a{X)sto- 
liques,  et  la  foudra  est  lancie.  VI try  6lait  une  des  plus 
fortes  places  de  Champagne  i  Louis  en  fait  le  sl^e.  Le  feu 
est  mis  k  la  prindpale  tour ;  rincendie  se  propage ;  il  at- 
teint  r£glise  :  1,300  malheureux  s'y  ^ient  renfernK^,. 
pr£tres  ou  femmes,  enfonts  ou  vieillards.  Nol  nioyen  d'6- 
cliapper :  Louis  entend  les  cris  des  victimes,  et  leur  ddses- 
poir  retentit  jusqu'au  plus  profond  de  son  cceur.  Enfin,  C^- 
lestin  II  ceJgnit  la  tiare.  Ce  pape  ^tait  favorable  k  la  cour 
de  France ;  Texoommunication  (kit  lev^  et  la  paix  se  r^ta- 
Mit  (1144).  Louis  put  songer  k  l^accomplissement  d*un 
grand  dessein.  Deux  poids  oppressaient  son  ooeur,  les  vic- 
times de  Vitry  et  le  voeu  de  son  frire  aln£.  Philippe  s'^talt 
orols^  avant  de  mourir,  et  I'inexecution  de  ce  pieux  enga- 
gement alarraait  la  consdence  scrupuleus^  du  roi.  Bient^ 
une  Immense  multitude  se  diploic  aux  pieds  d^une  cliaire 
sur  la  oolline  de  Vexelay  (1146);  saint  Bernard  a  parl6  : 
l*Esprit-Samt  a  ramm^  la  vie  dans  ce  corps  languissant :  on 
demande  k  Tenvi  des  croix.  Saint  Bernard  passe  en  Alle- 
magne,  et  gagne  partoul  des  soldats  au  Christ.  L'empereur 
Conrad  lui*m£me  jure  de  marcher  k  la  d^livrance  des  lieux 
saints.  Suger  et  Raoul  de  Vermandois  sont  choisis  k  Etamt 
pes  (1147)  comme  regents  de  France  pendant  Tabsence  de 
roi.  Les  solennitds  de  PAques  c<^l<^brto ,  Conrad  se  met  en 
campagne,  et  Louis  aprte  les  f61es  de  la  Pentec6te  :  I'un  et 
I'autre  suivent  la  route  du  Danube.  Mais  dans  cette  crolsade 
les  attendent  des  exploits  st^riles,  d*^latantes  victoires  et 
des  revers  irr^parables. 

Tandis  qn*£ltonore  couvra  son  ^poux  de  confusion  et  livre 
sa  couche  adull^re  soil  k  son  onde  Raimond,  soil  k  un  bel 
esdave  sarrasin,  Suger  exhurtait  le  roi  k  contenir  sa  colore 
jusqu'^  rinstant  oil  il  aurait  toucb4  le  sol  de  ton  royaume. 
II  le  conjurait  de  hAter  un  retour  d*autant  plus  n^ces.^ire 
que  son  fr^re  putni,  Robert  de  Dreux,  {laraissait  vouloii 
profiler  de  son  absence  et  de  nos  revers  pour  essayer  la 
couronne.  Un  voyage  en  Aquitaine  ajoute  aux  m^contente- 
ments  du  roi :  ii  retire  ses  garnisons  de  la  province.  Un  con- 
cile ^tait  assemble  k  Beaugency  :  la  famille  d*£ltonore  pr^ 
sente  aux  ^v6ques  une  requite  en  divorce,  fondde  sur  un 
motif  de  parents  doign^  :  Guillaume  Fier-^-Bras,  aleul 
d'£l^onore,  et  P^pouse  de  Hugues  Capet,  ^talent  Tun  k  Tautre 
frire  el  sour.  C*6tait  le  plus  faible  lien  que  Ton  pOt  atta 
quer  pour  obtenir  la  rupture  d*une  union  ^galement  sacrte 
aux  yeux  du  dd  et  de  la  terre.  Mais  Louis  ne  mit  aucune 
opposition,  etla  separation  d'El^nure  fut  prononcte  ( 1 1&2). 
Cette  main  devenue  libre  est  demand^  avec  empressement : 
le  comte  Thihault  k  Blois,  GeofTrol  Plantagenet  k  Tours,, 
tentent  de  Fobtenir  par  la  violence :  die  se  donne  volontai- 
rement  au  jeune  Henri.  Ainsi,  le  roi  de  France  allait  voir 
se  relever  k  set  c6t^  tout  Pempire  du  Conquirant  augments 
de  la  Normandie,  de  PAnJou  et  bientOt  de  la  Bretagne.  11 
n*aurait  k  opposer  devant  la  puissance  d^mesurte  de  son 
vassal  que  le  prindpe  de  la  subonlination  ftodale,  profond^ 
ment  inculqu^  dans  Pesprit  de  Henri,  et  les  troubles  que 
nourrissait  Pavenir  contre  un  roi  qui,  sup^rieur  k  Louis  en 
forces,  en  carad^  et  en  talent,  mena^it  de  subttituer 
ta  race  k  la  dynattie  cap^tienne  sur  le  tr6ne  det  Franfais* 


658 


FRANCE 


t.aiiw  \QOUTu\h  Pam,le  iSseptembreilSO.  Philippe II, 
<{u*i1  af&iteu  d*Alii,  fille  deThibaut,  comtedeClMiiiipiiKO«» 
4a  troifti^e  femmt,  lut  succMm,  Ce  jirince  tvait  quinxe 
an8.  11  raffermit  le  Irtoe,  eo  butte  aux  attaquea  de  la  fito- 
daJit6.  Celte  multitude  de  tynuu,  qui  jnaque  akira  avaient 
exerc^  impan^ment  leur  crueUeautoritA  aur  le  peuple,  ooiih 
meo^  k  aentir  la  main  d'on  maltre.  11  agt,  par  dea  nioyena 
quelquefoU  peu  conforroes  k  la  lojaut^  cbevalereaque»  uiaia 
indispouables  peut-Mre  contra  dea  perfidea,  ahattre  un 
grand  nombre  de  ces  orgueilleux  aeigneura,  dont  la  l^loaie 
mena^tla  sOret6  du  royaume.  On  dIUirerait  que  son  rtgne 
•eOt  M  audsi  utile  aux  int^rfita  de  la  France  qu*U  le  fut  k 
ragrandiasement  de  Pautoritd  dn  tr6ne»  Auguate  donna  de 
mauTaia  exemplea.  On  le  Yit  toor  k  tour  aigner  Taete  de 
bannisseroent  dea  juifa  et  puis  lea  rappeler.  11  lea  a?ait 
«haas^  pour  a'attribuer  leura  blena,  il  lea  rappela  poor  lea 
ranfonner  encore.  11  eut  ausai  avec  le  eomte  de  Flandre  un 
difRirend,  qui  se  termina  heureuseroent  en  1184.  Quelque 
temps  apr^,  il  fit  la  guerre  k  Henri,  roi  d^Aogleterre ,  au- 
quel  il  enleva  lasoudun,  Tours,  le  Mans,  et  d'autrea  placea. 
Comme  tons  lea  rob  de  bon  sitele,  il  ae  laisaa  entratner  par 
la  folie  des  croisades.  La  nouvelle  expMition  n^eut  paa  le 
succte  qu*on  en  attendait;  le  rol  prit,  ^  la  v^rit^  Saint- 
JeannTAcre  et  d^t  17,000  Sarrasins,  mais,  surpria  par  one 
maladie  emelle,  et  miieontent  d'ailleura  de  Richard,  roi 
d'Angleterre,  il  revtnt  dans  sea  £tats  en  1101.  L*annte  sui- 
vante,  il  obligea  Baudouin  VIII,  comte  de  Flandre,  4  lul 
laisser  le  comt^  d^Artois.  II  touma  ensuite  sas  armea  contra 
Bichard  d'Angleterre ,  aoquel  il  prit  ^vreux  et  le  Vexin,, 
a^empara  de^  la  Normandie  sur  Jean  sans  Terre  ( 1204  },  et 
remit  sous  son  ob^issance  les  comt^  d*Aiyou,  da  jMaine,  de 
la  Touraine,  du  Poitou  et  du  fieny. 

Philippe  avait  imit^  ses  pr^^e^sears  en  se  croisant,  U 
imita  ^alement  la  conduite  qu*ila  ayalent  tenjo^  envcrs  leura 
(Spouses.  Le  lendemain  de  son  manage  avec  Ingeburf$e,  aoeur 
du  roi  de  Danemark,  il  Ibnna  le  projet  de  la  r^pudier.  Lea 
^v6ques ,  coiisult^a,  d^ar^rent  Tuoion  ill^aleet  nolle,  et 
I'autorisirent  k  prendre  pour  femme  Agnia  de  M^anie. 
Blals  le  pape  Innocent  III  lan^  Tanathtoie  centre  le 
rol,  et  mit  le  royaume  en  interdit.  Philippe,  furieux  de  voir 
les  ^v6qoe<;  qiif  avaient  rompn  sa  premiere  alliance  et  b^ni 
la  secomle  approuver  et  confiro^er  rexcommunication  pa- 
pale,  en  chassa  plusienrs  de  ieur  si^e,  bannit  une  foule 
de  ehanoines,  mit  en  fuite  une  multitude  de  cut^,  et  con- 
(isca  leurs  biens  et  revenue  an  profit  du  tr^r  royal.  V6* 
v6que  de  Paris,  cern^  dans  sa  demeure,  dut  sorlir  k  pied  de 
la  capitale.  Huit  mois  aprto,  comme  Texcommunid  parais- 
aaft  se  nisoudre  k  reprendre  sa  premiere  Temme,  I'inter- 
diction  fut  lev^ ;  r£v6qiie  revint,  etle  calme  ae  retablit. 
Mais  le  retour  de  Philippe  k  la  mod^ralion  ne  fut  ni  sincere 
ni  durable.  Ayant  projet^  d'^pouser  la  fiUe  du  landgrave  de 
la  ThuHoge,  il  se  ddcida,  pour  se  d^barrasser  d'logebui^e, 
k  Tenrermer  dans  le  cliAteau  d^tampes.  Pourtant  cette  af- 
faire n*eut  pas  de  suite,  et  la  reine  plus  tard  reoouvra  sea 
droits  et  sa  dignity.  La  mfime  annte,  Philippe  marclui  aur 
la  Flandre,  et  il  y  conqnit  Toumay,  Yprea,  Cassel,  Douay 
et  Lille.  Mala  le  plus  reniaranable  de  ses  fails  dVmes  eat 
la  c^&bre bataille  deBouvines,  qu*il  gagna  cootre  I'em- 
pereor  01  lion  IV ,  le  comte  de  Flandre  et  plusieurs  princea 
qui  avaient  lev^  contrelui  une  armte  de  i&o  mille  hommea. 
II  lea  battit  le  27  Juillet  I2l4,  et  fit  prisonnier  Ferrand, 
comte  de  Flandre,  Renaud,  coqnte  de  Doiilogne,  et  quel- 
qnes  autres  encore,  tandis  que  Louis,  Th^ritierde  sa  cou- 
ronne ,  remportait  en  Poitou  une  victoire  sur  lea  Anglaia. 

Philippe  mouriitli  Mantes,  neuf  ans  apr^s,  le  14  Juillct  1323. 
Lou ia  VIII  monta  aur  le  trOne,  et  nM^iita  par  sa  valeur 
d'etre  sumomm6  le  lion,  II  enri  1 1 1,  roi  d*Angleterre,  an 
lieu  de  se  Iroover  k  son  sacre,  hii  envoya  demander  la  resti- 
tution de  la  Normandie.  Louis  refuse,  et  part,  k  la  t^te  d'une 
nombrense  armi5c,  r^sofu  de  chasser  les  Anglais  de  la  France. 
II  Icur  prcnd  ^  effet  Niort,  Saint-Jean-il'Angelv  ,  Je  Limou- 
iin,  Ic  P^rlgord,  le  pays  d'Auuis.  11  ne  lui  realait  plus  que 


la  Gascogne  et  Bofdeaux  k  reconqn^rir.  Le  derg^  le  rtfint 
au  milieu  de  ses  brillants  succ^,  et  le  oontraignit  d*abia« 
donner  cette  cause  nationale  pour  Tenroyer  faire  aux  Al- 
bigeoia  une  guerre  fiinatique  et  malhieureitse.  11  mit  lesi^ 
devant  Avifonon,  k  la  pri^  do  pape  Hooortf  III,  et  prit 
celte  vUlo  (1226)  Mais  la  contagion  ae  r^pandit  dans  ton 
aimle;  liii<infffle  tomba  malade  dana  la  ville  de  Montpea- 
aier,en  AuTcrgne,  et  y  mounit,  k  trente-neuf  ana. 

Son  fits,  Lou  la  IX,  lui  auccMa,  aous  la  tutellO  de  la 
mte,  Blanche  deCaatille;  II  ii'avaitque  douxeaas. 
Cette.  princeaae  gonvema  avee  prudence  et  lialtilet^,  coo- 
aenrant  rautorit6  de  aon  fib  et  la  tranquillity  du  royaome 
an  mllien  dea  attaquea  inoessantes  de  la  noblesse.  Loois, 
devenu  majenr,  maroha  (,1242)  eontre  le  comte  de  la  Marcbs 
et  contra  Henri  III  d'Angleterre,qu*il  d^tkTa  i  1 1  ebourg; 
puis,  lea  poursnlvant  Jusqu'li  Saintes,  il  remporfa  sor  eox 
one  aeconde  irldoire,  quatrejonra  ap^  la  premiere,  accoitia 
la  palx  an  comte  de  la  Marche  et  une  trftve  de  cinq  aas  i 
TAnglaia.  ^tant  tomb6  dangereusement  malade  ( 1 244),  11 
fit  Vom  dialler  i  la  T«*rre  Salnte,  et  a*embarqua  (1248)  avec 
aon  ^pooae,  Marguerite  de  Provence.  Damielte  fut  prise 
en  1239$  to  roi  fit  dea  prodlgea  de  valenr  A  la  bataille  da 
Manaoure,  mala  la  famine  et  lea  maladfea  aralent  ext^no6 
I'armte:  le  rol  ftit  prta  avet  ses  denx  firires,  Alfonse  et 
Charles.  II  aC  racheta  on  mois  aprte ,  en  reudant  l>amiet(a 
pour  aa  nn^on,  et  payatit  40|0,000  livres  pour  edle  dei 
aotrea  priaonniers.  La  lein^  Blanche,  r^ente  en  aon  ab- 
aencci  presaait  aon  Als  de  revenir;  maia  il  passa  en  Palestine, 
oil  11  8i6Joiinia  qnatre  ains;  |)r1t  Tyr  et  C^arife ,  et  ne  reo- 
tra  en  France  qu^en  1254,  aprto  avoir  visits  le  tumbeau 
de  Jtena-Cbriat.  Son  retonr  fut  signals  par  la  punition  d*£o- 
gnerrand  de  Coucl  etde  plusieors  autres  seigneurs  r6volt&. 
II  fit  un  traits  avantageux  avec  Jacquea  l***,  roi  d^Aragoo;  il 
en  oondut  nn  bito  different  avec  Henri  HI  d*Angleierre, 
aoqoel  il  rendit,  centre  PaVis  de  son  conseil,  une  partiede 
la  Goienne ,  le  Limousin ,  le  P^rigord ,  le  Quercy  et  PAgi^ 
noia.  11  a^appliqua  ensuite  k  faire  fleiirir  la  justice  :  set 
^inbliaements  ont  immortalise  sa  m^moire  II  fonda 
la  Sainte-Chapelie  de'  Paris,  fit  b&tir  des  hOpitaux,  pro- 
t^ea  lea  pauvres  et  lea  orphelins ,  soulagea  le  peuple  en  di- 
minnant  les  imp6ts ,  et  maintint  les  1ibert6s  de  r£glise  galli- 
cane  par  la  pragmatlqUe-sanctlon  ( 1268).  Mallieureusement 
pour  la  France  et  pour  lui ,  une  seconde  crolsade  ^talt  r^oe 
dana  son  comr.  II  a'emlmrque  pourne  plus  revenir  ( 1270 ),  et 
arrive  k  Tunia.  La  ville  est  prise;  mab  la  maladie  dteime 
cette nouteHe  arm^  comme  elle  avalt  d^dm^  la  premie, 
et  lui^m^me  y  auccombe,  un  inois  aprte  son  depart. 

Philippe  III,  djt  leitardi,  aon  fils,  hii  succ^.  la* 
capable  de  gonvemer  par  1m-m^me,  il  s*abandonna  aux  cod- 
seUs  de  Pierre  de  hi  Brosse ,  barbier  de  son  p^ ,  et  quaad 
lea  grtmda,  jalenx  de  sort  ponvoir,  deniand^rent  U  mort  du 
favori,  il  lelalasa  pendre  au  gibelt  de  Muiitfaucon,  90*!! 
avait  fait  r^hibUr  quelques  ann^  auparavant.  En  1 282, les 
Siciliens,  aiilm^  par  i^ie^re,  roi  d*Ar^gon ,  massacrent  toos 
les  Francis  le  jour  de  PA(lues,Ji  I'lieure  de  v^pi-es.  C'est  ce 
masaaene que  I'bistoh'e  a  enregistni  sous  le  nom  de  vip  ref 
sieilietinei,  Phitippe,  pour  le  venger,  marche  en  pcrsoone 
centre  leroi  d*Aragon,  el  lui  piend  Girone.  Au  retour  de 
cette  conqu^,  il  meort  d^lne  fi^vre  maligne,  k  Pergii,'Dan 

Philippe  IV,  dit  le  Bel,  son  fils,  lui  anocdde,  k  ra0B 
de  diX'Septans;  mais  le  conrage  d!  P^ergie  avaient  diez 
lui  devanc6  les  abn^a.  Les  couiuiencehientH  de  son  r^ne  soot 
signal('s  par  de  s<iv^res  onlonnancea  conlre  ces  absurdes 
^preuves  9Lpp^if»  Jugements  de  Dieu  et  confreres 
guerres  k  outnmce  que  de  nobles  pillards  entrelenai^nl  ioi' 
puttdqieat  dans  le  royaume.  Ceux-d  voulureut  ^^kter; 
mais  le  rui  tint  bon,  et  se  fit  ob^lr.  SI  les  moyens  r^preuifr 
qu'il  mit  en  usage  aflaiblirent  la  OkNlalit^,  on  n^  pent  s*eoi- 
pteher  de  reconnattre  qu'lh  fitrMit  trop  sonvmt  dict^  ptf 
Tastuce  et  la  fooii)erie.  11  altera  aussi  fes  monnaies ,  d  i»^ 
rita  poor  oefait  la  (|iialification  &efinix  mtmnageur,  Dilla 


FRANCE 


659 


II  accabla  le  peuple  d*iuip6U.  Mtto  on  le  yU  dter  an  parte* 
meDt  de  Paris  £donar  d  1® '  d'Angleterre,  pour  des  Tiolen- 
€€8  de  sM  tujcUsar  leioOtai  de  Nonnandie,  et  Edeuardne  se 
pr^seniaut  pa«v  le  faire  declarer  fiton ,  et  envoyer  Aaoal  de 
Jtede  iui  eeiefer  l&Guienne.  Le  rol  ^kpM  ensuite  la  ba- 
CtaiUede  Funies  ( 1297),  et  s^Biopara  de  plnsieurs  places; 
mais  la  jalousie  de  ses  g<hi6rau&  Iui  -fit  perdre  la  bataltle  de 
€(»ttrtra]f  (1303),  oiftp^riir^itede  la  nobleiaerraDtatee. 
€et  teknc  eat  bienlOt  r6par^;  PIdUppe  mnporte  la  Tictoire 
de  Mone^  4ib  2&,ooo  Flaaaaade  realMii  tor  place,  et  en 
lu^tnoira  de  oa  triuinphe  la  atatuo  ^qoettie  4t*^Te  dans 
Fdglise  de  Notm-Oame  de  Paria. 

ToQjoura  afEwn^  d-argeni,  Philippe  poue  qu'il  il*y  a  rfen 
de  plus  simple  que  de  £ure  cuutribuer  le  cler86  aui  charges 
de  r£tat;  4e  dergi  en  appelle  «u  pape  Bonilaoe  VIII, 
et  cehii«€i  Meni  par  uoe  buUe  de  payer  les  non?e]les 
taxes  :  tteite  le  roi^  eomparaSlre  i  Rome  pour  entendre  le 
iugement  <U  /Men  et  le  <ien,  et  le  soiMne  de  reeonniftre 
4pi'U  tient  sa  conronne  do  saint-sMge.  Des  torrents  d*hijares, 
indlgnes  de  toute  majesty ,  ae  creiseot  entre  Rome  et  Paris. 
hk  on  assemble  ua  eoncile ,  id  on  oonvoqne  les  ^tals  gtfn^ 
Faux.  Le  pape  fnlmine;  le  rot  Tent  enl^ver  le  pape,  qui  se 
aouatrail  k  ses  pourBidtes  et  meurtdNme  ditrnt  cbaode.  Le 
suoeesseor  dn  pontile  revient  i-  la  mod^ratioB ;  11  easse  toot 
ce  qu'a  foit  Boniface,  en  sorte  que  lapalx  renalt  entre  le 
aahit-si^  et  la  France.  Philippe  perstentales'iuift  poor  les 
ranfODoer.  Con?oitant  les  richesses  des  templkfs,  0  les  ac- 
cuse d^lmpi^,  ^  d^baiiche^  de  craantte  faiooles.  Lea  nuh 
gistrats,  les  ^6qucs ,  le  pape,  redootant  sa  eoMro,  devin* 
nnt  les  instnuMBts  de  sa  barbarle.  Lea  tempUers  sent  ar- 
HHin  dans  toute  tai  Fianoe ;  le  rd  a'empare  du  Temple,  s'y 
^tablit ,  et  nomme  on  jacobin  inquiiitenr  poor  faistroire  leor 
procda.  La,lorture  leur  arracbe  des  avebx  qalls  r^tractent : 
clnqnant^lieul  sent  lirilMs ;  tons  repoosient  l^amniatie  qn^on 
lenr  odflre  a'ils  renoncent  4  leurs  rdtractatlooa.  lis  se  d^dnrent 
tons  Innocents  des- crimes  doni  on  lea  aocose  et  faivoquent 
le  aom  de  Dieo.  Le  drame  n'esi  pas  flni.  Aprtedenx  ans 
de^proc^doras,  le  grand«mallre  Jaeqoea  Malay  et  Guy, 
conmandeor  deNormandie,  Mrs  dn  denphfai  d'AuTergne, 
sent  brOl^  h  petit  fisu,  necessant  de  predamer  lenr  inno- 
cent dans  les  flammes,  et  appelant  le  pape  et  le  rd  de 
France  k  comparaltre  detent  lelribond  de  Dieu. 

Lea  diagrins  domestiques,  les  spoliations  de  ses  minis- 
tres,  les  luurmures  dn  peuple,  avdent  alt^rtf  la  sanld  de 
Philippe  le  Bd.  II  mourut  k  Fontdnebleau ,  Tan  1314. 11  eut 
poursuocesseur  sonfils  Lou  lsX,samomm6  le  BtUin^  c'est- 
^dire  mu/iii,  qmrtUeur.  Un  toitdn  du  temps  dH  «  qu'il 
eUiit  Tideut,  uiais  pas  bien  entendo  en  oe  qo'ta  royavme 
jl  ialloit  9.  Le  nouTeau  r^pie  commence  av«c  un  acta  de 
cruaut4  pour  augnre.  La  femme  adulttoe  du  jeone  rd, 
llargueritedeRourgogne,  expidtsa  (ante  an  cha- 
teau Gdllard;  ndanrndas,  sa  Tie  ddtun  obstacle  aux  noa- 
Tcaux  liens  que  le  llutin  Tonlait  coutraeter.  Des  oiemlrito 
entreot  dans  sa  tour :  iis  portent  un  cercodl ,  o*est  le  sien; 
mds  avant  de  ooofiir  hi  mort,  le  tinceul  doit  hi  donner  : 
on  le  jette  antonr  do  con  de  la  Tietime,  qui  est  drangf^ 
avec  le  drap  qui  doit  renscTdir  ( 131&).  D^i  CMmenee  de 
Hoogrie,  embarqnte  k  Naples,  Tcndt  cherdier  hi  main  toute 
sangUote  de  Loois ;  bientdt  e!le  aborddt  MarsdUe,  mais  sans 
dot,  ni  buous,  ni  trousseau  :  une  terop^  aTait  tout  en- 
glouti ;  on  cddira  sans  ancune  pompe  la  r(Ue'dB  mariage  d 
do  sacre.  Qui  atait  done  ^nis6  lescoftnes  de  r£tatT  Chartes 
de  Yalois  en  accuse £ng  oer r a nd  de  M arl  g ny ,  qui  rejette 
la  faute  sur  Valois;  mds  la  disgrAce  aTait  teart^  les  hommes 
ittTestisdeUiconfiance  de  Philippe.  On  aTdt  retire  les  sceaux 
anchancelierdeLatilly,  qui  attendait  son  Jugement  dans  nn  ca- 
chet ;  on  avdt  appUqid  k  la  torture  un  dei  pH»  fameux  Ju- 
risoensolies,  Raool  de  Prftles;  sa  fennd^  atdt  triorophi^ 
des  douleiirs ,  mds  d^jli  les  jeunes  courtisans  s*^laient  par- 
Iag6  ses  d^ponilles;  il  est  rendu  k  sa  premf^  llbcrhi ,  non 
isapreoiitee  fortmie.  Fjifln,  Marigny,  accuse  de  malversa- 
tions dans  lea  finances,  I'est  ansd  d'atdr  conadll^  les  Ta* 


riations  dans  le  systtaie  mon^ire,  dont  le  peuple  a  g^mi 
sous  le  dernier  r^e ;  il  est  condaioa^  a  mort  ct  attach^  au 
gibetde  Montfiiucon. 

Les  r^nes  de  T^tat  n'^taient  plus  dans  la  main  ferrae  de 
Philippe;  on  le  sent  aux  premieres  ordonnances  du  non- 
Tcau  rigne  :  dies  ont  pour  objet  d^^tendre  la  juridiction 
des  sd^ieurs;  dies  restitueni  le  droit  ffodal  des  guerres 
priTte  et  portent  une  funeste  atteinte  aux  ^tablissements 
de  saint  Louis.  La  tr^ve  avec  la  Flandre  expirait.  Louis 
somme  le  comte  de  venir  en  personne  Iui  rendre  hom- 
mage.  Le  Flamand  r^poud  par  des  ravages  sur  nos  terres , 
et  to  Hotin  se  prepare  aux  combats.  Od  trouver  Targent, 
d  justement  nomrn^  le  n^^rf  de  ia  guerre?  Une  nouvelle 
aTanie  est  exerctesOr  les  marchands  ioiobards;  on  rouvrela 
France  aux  juifs,  on  vend  U  libdrt^  aux  serfs  du  roi.  Le 
prtembiile  de  son  ordonnance  mtirite  attention  :  il  observe 
que  tons  les  hommes  sent  n^  libres ,  mds  que  soil  te  md- 
heor  des  temps,  soit  Pinconduite  deft  p^res^  ont  jet£  leur  pos- 
t^t^  dans  resdavage;  il  vent  donner  Texemple  k  ses  grands 
feodataires,  afln  que  d^rmais  dans  le  royaume  des  Francs 
U  chose  r^nde  au  nom.  Mais  d  la  liberty  est  uo  droit  de 
nature ,  la  justice  ^tait  de  le  restiluer,  non  de  Ic  vendre. 
Le  Hutin  se  md  en  campagne;  les  pluies  successives  d<- 
trempent  le  sol  :  le  jour  les  fantassins  marchent  dans  la 
boue  jusqn'k  mi-jambe,  le  soir  pas  un  endroit  sec  oil  reposer 
leur  t^;  les  con  vols,  embourbds,  n^arrivent  pas  k  Parmte : 
Louis  brtle  ses^uipages,  et  repasse  ses  fronti^res  (1315). 
La  disdte  asocc^^  aux  pluies;  des  maladies  Taccompa- 
gnent;  la  soufTrance  dgrit  les  Ames  d  t;t(fdid  des  troubles 
dans  Paris. 

Les  cardfaiaux,  r^unis  d'abord  ACarpentras,  n'avalentpas 
encore  donnA  un  did  k  T^ise;  la  division  des  mdtres  s*^ 
tend  josqn*aux  valets:  les  domesliques  du  parti  itdien  atta- 
qoent  ceux  du  parti  ft-an^is ;  le  feu  est  mis  a  des  boutiques, 
rincendie  se  communique  au  condave,  et  les  cardinaux  se 
dispersent.  Cette  tongue ,  vacance  de  la  chaire  aoostolique 
mettait  r£flise  en  piril.  Philippe  mande  individuellement 
lea  cardinaux  k  Lyon,  il  veut  converser  avec  eux;  ensuite 
chacun  pourra  quitter  Nbrement  la  Title.  11  en  scdlc  Tenga- 
gement;  mds  les  intdAts  de  r£g^ise  soot  plus  forts  que  sa 
parde  signde :  il  fdt  murer  lesportes  du  monastic  de  Saint- 
Dominique,  oil  les  cardinaux  sent  Iog6i;  il  laisse  le  comte 
de  Fores  k  la  garde  du  condaTc  Tiolent^,  et  court  k  Paris, 
00  Tappelleiit  de  grands  int^rfits.  Une  imprudence  vient  en- 
lever  le  Hutin,  k  la  suite  d*une  partie  de  paume  (1316);  il 
Idsseune  fille  de  son  premier  mariage  d  sa  aeconde  spouse 
encdnte.  Philippe  s^empare  du  Louvre;  il  convoque  une  as^ 
sembl^  :  n  est  reooonu  pour  r^ent  Jusqu*ii  la  majority  du 
prince  k  nattre,  d  toiitefois  c'estun  roi  que  Cl^mence  porte 
dans  son  sein ;  autrement,  Philippe  aura  lesceptre  et  la  cou- 
ronne.  Cl^mence  viTait  dans  les  lances  depuis  la  mort  de 
son  ^poux;  sa  sant^  en,  fut  dt^^  d  son  enfont  ne  v^ut 
que  cinq  jours.  Philippe  se  rend  done  k  Reims,  oh  to  c^r6- 
monie  du  sacra  se  cd^bre  avec  ^dat :  ntonmolns,  il  fut 
oblige  de  fermer  les  portes  de  to  ville  au  comte  de  Cliam- 
Ipagne.  Charies  le  Bd,  son  fr^e,  ne  voulut  pas  mAme  asstotei 
k  to  c^r^monto ,  d  le  due  de  Bourgogne  protests  au  nom  de 
sa  ni^ce  d  pnpllle,  Jeanne,  fiUe  du  rd.  A  son  retour,  Phi- 
lippe convoque  k  Paris  une  reunion  des  prdata,  des  barons 
et  des  bourgeois ;  die  d^crite  que  to  couronne  de  France 
n^est  pas  h^r^ditoire  aux  femmes,  prindpe  fbndamentd  de 
notre  droit  monarchique,  et  nonun^  abudvement  loi  ea- 
liquet  parce  qu'on  ^tendit  jusqu*A  la  couronne  les  cons6p 
quences  de  Tartlcto  6,  aind  coofu,  au  paragrapbe  lxji  : 
Quant  d  la  terre  salique ,  mietine  portion  de  rk4rUage 
ne  poMse  aux  filles ,  maU  la  sueeession  appartieiU  aus 
mdles  dans  sa  totalit6. 

Des  ordonnances,  mds  pea  de  fails,  dgndent  ce  rfegne  i 
plusieurs  de  oes  ordonnances  caract^risent  te  prince  d  m^-' 
tent  rattention.  Dans  Tune,  il  se  present  d*asdder  i  to 
messe  tons  les  jours ,  de  n*y  point  parier  ni  soofTrir  qu'on 
Iui  parte;  dans  rautre,  il  se  defend  k  lui-mdne  d'accorder 

t3. 


660 


FRANCE 


lesconpeA  de  ses  fur£t.<,  soil  iine  parties  soit  latotaliU;  car 
aoa  tr^r  en  est  eonsid^rablement  appauvri  et  diminii^; 
4ua  uae  iroisitoie ,  il  r^voque  toutes  las  donations  iinmo- 
bOiires  Taites  par  Philippe  le  Bel  ou  son  fils  le  Hotin.  De  la 
Tient  le  prindpe  qne  les  domaines  de  la  couronne  sont  ina- 
ij^nables  (ISIS).  Une  antre,  enfin,  permet  aux  bourgeois 
d*acqu^rir  des  fiefs  et  d*en  rester  maltres,  8*ils  ont  satisfalt 
avee  le  Tendeur,  ses  trois  seigneurs  sup^rieurs  de  degr6  en 
dcgr&  A?ant  cette  dteision,  oela  n*eOt  point  sulll,  et  la  terre 
noble  vendue  par  le  feudataire  an  boorgeois  edi  pu  6tre 
confisqute  en  remontant  la  hlterchle  des  suzerains  jus- 
qn^au  roi. 

Le  temps  Toit  les  mdmes  foits  se  renouTeier,  les  circons- 
tances  seules  Tarient.  Uneseconde  fois,  depnis  saint  Louis, 
tin  r^p^te  que  ce  n^est  pas  aux  nudns  des  barons  et  des 
pi^lats  qo'est  r^serrte  la  d^vrance  du  tombeau  de  Jdsus- 
Cbrist,  niais  aux  mains  innooentes  des  bergers.  lis  quittent 
k  Tenyi  leurs  troupeaux;  ils  s'avancent  deux  k  deax  en  si- 
lence; les  croix  marcbent  k  leur  tAte,  lis  viyent  du  pain  que 
leur  donne  la  pitt6  publique.  Mais  bient6t  la  foule  grossit, 
la  charit<&  se  fatigue ;  elle  devient  m6me  impuissante  k  nour- 
rir  cette  immense  multitude;  la  violence  succMe  k  la  pri^re, 
et  led^sordre  sejette dans  les  bandes.  Gespastoureaux 
entrent  dans  Paris;  ils  enfoncent  les  portes  du  ChAtelet,  ils 
mettent  en  liberty  lean  compagnons  emprisonnte,  et  se  ran- 
ge nt  en  bataille  sur  le  Pr4  aux  Cleres,  oh  Ton  n*ose  pas  les 
affioater.  40,000  d^entre  eux  s^avancent  dans  rAquilalne; 
ils  se  dirigent  vers  Aigues-Mortes :  c'est  ]k  quails  veulent  s'em- 
barquer.  Le  pape  exoonunonie  ces  crois^  sans  mission ;  et 
le  stotehal  de  Carcassonne  les  ceme  dans  ces  contrto  fi<i- 
Treuses ,  ou  ces  malbeareux  sont  abandonn^  en  prole  k  la 
Cairn  et  aux  maladies;  tout  ce  qui  s'torte  est  penda  sans 
piti6 ;  deplorable  fin  d*an  z^  irrdltehi  ( 1320). 

PlJlippe  avait  oonvoqud  les^tats  g^n^raux  k  Poitiers 
{ 1321 ),  quand  tout  ^  coup  se  r^pand  one  ^pouvantable  nou- 
relle  :  les  sources ,  les  niisseaax  et  les  fleuves  sont  empoi- 
sonn^.  Qui  done  a  commis  une  telle  atrocity  F  Ce  sont  les 
l^preux.  Us  vealent  cxterminer  les  cbn^ens,  s*ils  ne  peu- 
Tent  les  rendre  compagnons  de  leurs  misires.  lis  ont  tenu 
des  assemblies  oii  toutes  les  maladreries  ont  envoys  leurs 
d^put^;  ils  s'y  sont  partag^  les  pr^latures,  les  abbayes, 
les  b^ndiSces;  on  cite  mtoie  on  l^prenx  de  Tours  qui  se  dit 
abb^  de  Mont-Mayeur.  Comment  les  souflTrances  ont-elles 
pu  donner  un  esprit  de  corps  k  ces  mallieureux?  EsMl  pro- 
bable que  la  partle  malade  de  la  soddUi  ait  conspire  contre 
la  partie  saine?  Peut-ou  empoisonner  un  fleuve  ou  mftme 
un  ruisseauP  A-t-on^prouv^  les  poisons?  Cen^est  pas  encore 
lout :  les  I^preux  sont  mis  en  arant  par  les  juifs,  ditH>n,  et 
les  juirs  sont  eux-m6raes  les  instruments  du  roi  de  Grenade, 
qui  veut  ainsi  pr^venir  une  invasion  dans  son  royaume. 
Pius  la  fable  est  absurde,  plus  elle  fait  d*impres8ion  sur 
les  peuples  :  les  prisons  I'ouvrent,  les  bOcbers  sont  dress^, 
«t  les  bOchers  comme  les  prisons  refoivent  indifli^emment 
et  juifs  et  l^preux.  IHik  Pbilippe  avail  resseoti  les  atteintes 
d'une  maladie  qui  le  condnisait  lentement  au  tombeau  :  ni 
U  T^vocation  d'lm  imp6t  ondreux ,  ni  les  reliques  de  saint 
Denis,  quil  se  fit  apporttt  prooessionnellement  k  Tab* 
baye  de  Long-Cbamp  ( 1322),  ne  purcnt  le  preserver  de  la 
mort 

La  lol  salique  excluait  du  tr6ne  les  deux  filles  de  Pbilippe, 
comme  elle  en  avail  dearie  Jeanne,  fiUe  du  roi  le  Hutin :  la 
couronne  passa  done  k  son  ftktt  Charles  le  Bel  sans 
nulle  opposition.  Dte  son  avtoement,  une  ordonnance  pres- 
crivit  de  consacrer  les  revenus  des  maladreries  k  la  nour- 
riture  des  I6preux  qui  rettaient  dans  les  prisons,  et  d'y  sup- 
pler par  des  quotes  publlques  dans  les  bourgs  o6  des  1^ 
proseries  n'^taient  pas  ^blies.  Qu'on  juge  de  Taflreuse  si« 
toatloD  de  ces  ma*heareax,  par  la  necessity  d*une  telle  loil 
Une  seconde  autoriae  les  juifs ,  leuri  compagnons  de  sup- 
pUce  et  de  captivity ,  k  quitter  les  prisons  depnis  le  matin 
|asqu*aa  soir  poor  vaqner  au  recouvrement  des  sommes 
«xietes  pour  leur  deviance.  Apr^  la  o^r^monie  du  sacre, 


le  roi  visits  ses  provinces  du  midi ;  n»aij»  il  eu  <Stait  deja  lorti 
lorsqne  le  f  mat  1324,  et.  aur  le  dtf  des  sepi  trobadon 
de  7b/osa»  tons  les  poetes  de  roodtanie  se  r^unireal  dans 
celte  ville  pour  une  joule  en  vers  et  on  eonUnt  po^ae. 
Une  violette  d^or  et  le  litre  de  doctenr  en  la  gaie  scieBes 
etaient  le  pVixdu  vainqneur.  Telle  fatTorigine  de  TAcadteue 
des  Jtux  Floraux* 

En  Allemagne,  Fr^d^ric  d*Aalridie  et  Louis  de  Bavi^  se 
disputaient  Tempire,  quand  la  bataille  de  Mulildorf  mil  le  pre- 
mier dans  les  mains  deson  rival.  Mab  Louis  ctianoelail  firipp^ 
de  k  fvudre  apostolique;  Ltepold  d^Autriche  eontimia  la 
gnerre;  et  pour  attacber  la  France  k  sea  intMtt,  il  pnoil 
d'amener  Fr6d6ric  k  Mac  ses  droits  aux  Gap^lieos.  Cbaries 
se  lalssa  sMulreii  Tesp^ranoe  de  remettreau  front  d'op  roi 
des  Fran^ais  la  couronne  de  Charlemagne;  mats  il  n*avait  de 
ce  grand  bomme  que  le  nom.  Aussi  ses  ambasaadeors  ne 
trouvent  pas  dans  les  ^lectears,  k  la  dlMe  de  Ranc6,  ces 
dispositions  ai  Dsvorables  dont  Tavait  flatt6  Jean  de  Bola^me, 
oe  prince  aimable,  qui,  plus  chevalier  que  roi,  prdSftraiti 
ses  Etats  le  s^jour  de  la  France,  oik  les  fMes,  les  toumois 
et  la  oottrtolsle  tenalent  son  ooenr  enchain^.  Charles  envoya 
ses  tr^ra  k  Ltepold ;  mais  il  eut  du  mohis  la  pnidenee  de 
n*envoyer  pas  mtaie  un  soldat ,  car  ce  d^sir  paaaager  de  la 
couronne  imp^riale  ^it  ches  lui  un  mouvemeot  de  vaniti, 
et  non  d'ambltion  (1S2&). 

Des  hit^^tamoins  brillants,  mais  plus  rtek,  tppelaient 
son  attention  vers  le  midi.  Ses  s6n6chaux  saisissaient  toutes 
les  occasions  d'^tendre  la  juridiclion  royale;  ils  citalent  a 
comparaitre  devant  eux  lea  sujets  de  TAngleUm,  et  ooofis- 
quaient  lenra  fiefs  sur  le  moindre  prte&te.  Le  sire  de  Mont- 
pezat  avail  b&ti  un  cb&teau  sur  le  territoire  fran^ ;  le  ste^ 
chal  de  Toulouse  s*empare  de  la  forteresse,  et  chasae  Hoot- 
pent  Le  sto^chal  de  Guienne  reprend  la  place,  el  la  gar- 
nison  fran^lse  est  passte  au  fil  de  Hpbd,  Une  prompte  r6- 
paratioo  est  demand^  an  rold'Angleterre.  L'occasloB  se  pri6- 
sentalt  (kvorable  :  aonadversalre^taitlomb^  an  dernier  de- 
gr6  du  m4>ris,  et  son  people  roogissait  d*un  prince ,  faifime 
amant  d^nn  Spencer  on  d'unGaveaton.  Tandis  qoerAn^ais 
balance,  le  comte  de  Yalois  occape  I'Ag^ois.  Le  eomle  de 
Kent  d^barque  en  Aqnltalne,  nuiis  sans  arm^ ;  il  se  jelte 
dans  La  R60I0,  et  capitole  ( 1324 ).  Le  prolond  d^Ot  qa^- 
douard  avail  faispir6  k  son  Spouse  Isabelle  s^aocroisaait  k 
tons  les  hutants,  par  Tamoar  adulttee  dont  elle  brAiait  eile> 
m6me  pour  le  beau  Mortimer.  Intrigante  habile ,  elle  amtee 
£donard  k  lui  confier  la  ebmmtssion  de  termhier  sa  qneidle 
avec  U  France.  Elle  d^barque  sur  le  conthient :  toot  8*ar- 
range.  Qu*£douard  renonvelle  son  hommage,  etla  province 
conquise  est  anssit6t  restilote.  Spencer  osera-t-il  montrer  k 
la  France  son  front  sooIlM  par  Tinfamie?  Non  sans  doote. 
II  engage  done  son  mallre  k  donner  rinvestiturode  la  Guienne 
an  prince  royal.  C*est  celui-d  dto  lors,  ce  n*est  plus  son 
pte,  qui  doit  rhommage.  Mais  envoyer  TliMtier  prdsomp- 
tif  k  Paris ,  c'^tail  combler  les  vocax  de  Charles  et  d*Isa- 
belle.  En  vain  Tinsnlaire  redemandason  filsetson  spouse; 
Cbaries  affecte  de  craindre  quils  ne  soient  plus  en  sOret^ 
dans  un  palais  ou  domine  Spencer.  Cepeodant,  conmie  £ 
ne  pent  favoriser  ouvertement  les  complots  de  sa  sonir, 
elle  va  quitter  sa  cour  et  passer  dans  le  Hatnaut ,  on  elle 
dmentera  son  alliance  avec  le  comte  par  le  roariage  de  leura 
enfonts....  Tonmes  vos  yenx  vers  l*Angleterre;  et  bientdl 
vous  y  verrez  legibet  et  la  dale  desHnte  aux  Spencer,  el  le 
fer  rougi  an  feu,  que  Mautravers  s^apprftte  k  plonger  par 
nn  tube  de  come  dans  lea  entrailles  dn  vil  et  malheurenx 
£douard. 

L'annte  sulvante  mourut  Cliaries,  en  qui  finit  labranche 
alnte  des  Capeto  (1328).  Ainsi,  les  trois  fils  de  Philippe  le 
Bel,  tons  grands,  vjgoureax  et  beaux  comme  lui,  avaient 
termini  leur  carritoe  avant  que  le  plus  Ag6  eCd  atleintsa 
trente-dnquitoie  annte;  et  leurs  fils  avaient  expir6  enoora 
pr6s  du  berceau.  La  ODort  de  Cliarles  IV,  ^Mdk  sans  an- 
fanls  mAles ,  ramenait  la  question  de  la  successibilild  des 
I  fenunes :  en  la  rejelant,  on  repoussa  les  pr6tentiuos  dea  80|4 


FRANCE 


filler  et  de  la  aceor  des  trois  derniers  roU,  Itabelle,  m^re 
d*£douard  lil  d'Aoglcterre,  au  nom  duquel  elle  protesta.  Let 
barons  appel^rent  aa  trdne ,  sous  le  non  de  PM  Upp  e  VI , 
Philippe  de  Valois^  d*abord  r^ent  pendant  deux  mois,  C^ 
tait  le  plus  puissant,  le  plos  actif,  le  plos  riche  de  tons  les 
prtaidants  4  la  oonnttne,  et  oelui  dont  les  Inclinations 
cooTenaient  le  mienx  k  la  noblesse.  PhiMppe  d*£Treux , 
<poai  de  la  fille  de  Louis  X,  re^ut  par  compensation  la 
rojaut^  deNaTarre,  et  fidouard  III  Tint  rendre  bommage- 
lige  au  monarqne  francs,  rassur^  ainsi  snr  lescraintes  que 
ces  rivaux  loi  faisaient  concerolr.  Tout  Imbu  dHd^  belli- 
qnenses  et  cheyaleresques,  Pblllppe  VI  commence  par  s'al- 
lier  au  comte  de  Flandre  pour  cbAtier  les  Flamands  i^volt^« 
BientAt  11  projette  une  croisade ,  dont  le  pape  Jean  XIII  ap- 
prouTe  le  dessein ;  mais  ce  dessein  n'a  pas  de  suite,  car  des 
faostilitte  Gontre  les  possessions  anglaises  en  Aqoitaine,  des 
aecours  envoys  aux  Ecossais,  en  guerre  arec  TAngleterre, 
lui  font  trouTtsr  dans  £douard  un  ennemi  h  repousser. 
£douard ,  en  quality  de  roi  de  France,  declare  la  guerre  k 
Philippe  de  Valois  ( I3S7 ) ;  mais  cette  premie  guerre  de 
deux  annto  n*apas  de  grands  rteultats;  des  d^Tastations 
ina tiles  en  sont  toot  le  ffralt,  et  de  1340  4  1342  r^e  une 
paix  bfttarde,  durant  laquelle  les  Fran^ais  aident  Charles 
de  filois,  ^poux  de  la  ni^ce  dn  feu  due  de  Bretagne,  k  dis- 
puter,  en  Tertu  de  contrats  inconnus,  la  possession  de  cette 
proTince au  frto  du  fen  due  Jean,  comte  de  Montrort,  son- 
tenn  par  des  secours  anglais. 

Philippe  avait  profits  de  cette  tr^ve  pour  se  rtoncilier 
arec  Pempereur  Louis  deBavi&re,  alors  faforable  k^douard  , 
on  lui  laisant  esp^rer  dele  rtondlier  a?ee  le  saint-si^, 
qui  TaTait  excommuni^.  Grftce  k  cette  politique  habile ,  ou 
perfide ,  pour  mieux  la  qualifier,  le  roi  d'Angleterre  se  trouve 
priT^  d'un  appni  consid^able.  Cependant ,  k  Texpiration  de 
la  IrfiTe ,  £douard  se  dteide  k  entrer  en  Bretagne ;  II  s'y  foit 
pr^cMer  par  Robert,  comte  d'Artois,  ddposs6d6 ,  pers^ut^ 
«t  proscrit  par  le  roi  de  France,  et  Tient  en  personne  as- 
sizer Nantes,  Rennes  et  Vannes;  mais  les  maladies  aux- 
quelies  les  armto  anglaise  et  fran^se  sont  en  proie  font 
condure  la  tr^Tede  Malestroit  (1343).  La  guerre  et  les  pro- 
digalit^s  fastueusesde  Philippe araient  mis  les  finances  dans 
une  situation  deplorable ;  les  metures  qaMl  prend  pour  la 
rendre  meillenre,  en  donnant  aux  monnaies  une  Talenr  toate 
belice,  et  la  leur  bisant  perdre  ensnite,  produisent  les 
plus  fAchenx  eflets  snr  le  people.  Pour  ranimer  la  prospe- 
rity oommcrciale,  11  r^tablit  idors  les  priiiieges  des  foires 
de  Ciiampagne,  oil  tous  lek  marchands  strangers  pouyaient 
porter  leurs  marchandtses  en  franchise  de  droits.  C*est  vers 
cette  epoque  qu*il  acqniert  teDanphine,du  danphin  de 
Yiennoia,  qui  Tendait  follement  tontes  sea  possessions; 
mais,  pour  fiiire  de  I'argent,  il  etablit  le  monopole  du  sel 
et  une  taxe  d'un  vingtitoie  sur  le  prix  de  cheque  marchan* 
dise,  k  percevoir  toutes  les  fois  qu^elle  passeralt,  par  la  vente, 
de  main  en  main. 

L^animosite  des  deux  rois  etait  loin  d*etre  ^teinte.  Tons 
deux  Toulaient  la  guerre,  Philippe  par  colore ,  ^onard  par 
ambition  :  ce  dernier  declare  done  la  tr^Te  rompue ,  et  son 
general,  Derby ,  poursult  ses  conqu6tes  dans  le  P^rigord  et 
le  Lauguedoc.  Leroid^Angleterre,  encourage  par  llioromage 
qn^il  vient  de  reccToir  de  Jean  de  Montfort  et  de  Godefroi 
de  Harcourty  se  rend  lui-meme  en  France,  raTage  la  Nor- 
mimdie  et  s^aTance  josqu'aux  environs  de  Paris,  pendant  que 
le  dauphfai,  doc  de  Normandie,  occope  en  Langoedoc  one 
armee  de  cent  mille  hommes  au  siege  d'Aiguillon.  £douard 
se  retire devant  les  forces superieores  de  Philippe,  et  s^eta- 
bUik  Crecy  en  Ponthieu ,  determines  accepter  la  bataille. 
Elle  ne  tarda  pas  k  se  prfeenter  k  lui,  et  le  nom  de  Cr^cff 
flit  inscrit  en  caracteres  sanglants  dans  nos  annales.  Cette 
aflhire,  en  tirant  £douard  d'un  mauTais  pas,  mit  la  France 
isa  discretion.  Le  Poitoo  et  la  plopart  des  provinces  furent 
fines  aux  ravages  dea  Anglais;  mais  le  desir  de  conserver 
leors  btens  porte  les  bourgeois  k  une  resistance  nationale . 
dfls se  defendentpartout ot  de solides  remparts  leur  per- 


661 


mettent  de  le  liyre  avec  soecte.  Cependant,  le  roi  dAngto- 
terre  vient  mettre  le  siege  devant  Calais.  En  proie  A  la  di- 
sette,  k  la  plus  cnielledetresse,  ne  pouvant  etro  secoomi 
par  Philippe,  les  habitants  sont  forcesde  se  rendre  k  merci :  la 
devouement  de  six  de  leurs  condtoyens,  k  la  tete  desquela  se 

trouveEustachede  Saint- Pierre,  les  sauve  seal  d'one 
mort  certahie.  Cette  longue  goerreayant  de  nooveao  epoise 
les  moyens  des  deux  monarques  ennemis,  une  ti^ve  de  dix 
mois  est  condne,  le  28  septembre  1347 ;  mais  si  elle  met  On 
aox  calamites  d^une  guerre  de  devastation,  un  fleau  bien 
plus  epouvantable,  U  peste,  qui  josqu*en  1363  devait  ra- 
▼ager  TEorope,  loi  succMe  immediatement  et  enl&ve  pr^s 
du  tiers  de  la  population  de  la  France.  Les  brigandages  des 
soldats  reonis  en  compagnies,  et  pillant  tout  sur  leur  pas- 
sage, rendent  encore  plus  deplorable  la  situation  do  royaume, 
et  Philippe  meurt  pen  aprte  son  second  mariage,  avec  Blan- 
che de  Navarre,  leguant  k  son  successeur  toutes  les  conse- 
quences de  ses  boles. 

Les  Francis  avaient  pris  en  Italie  le  goftt  du  luxe  : 
Philippe  le  porta  au  plus  haut  degre ;  toutes  les  mesures 
propres  k  Tentretenir,  en  lui  procurant  de  Tor,  sembierent 
bonnes  it  ce  roi.  U  etablit  la  venalite  des  charges,  en  falsant 
vendre  aux  enchires  les  prevAtea  et  les  autres  ma^tra- 
tures  auxquellesetait  attache  ledroitd'imposer  des  amendea; 
Oaotorisa  ses  oommlssaues  en  Languedoc  k  paidonner  tous 
les  crimes,  sauf  ceux  de  trahison  et  de  iese-mijeste ;  k  ano- 
blb  tous  les  vilains ,  k  legitimer  tons  les  bAtards,  pourvu  que 
ces  graces  fissent  reotrer  de  fortes  sommes  dans  son  tresor. 
Vers  la  fin  de  ses  jours,  il  avait  achete  Mont  pel  lier  et 
traite  de  ia  cession  definitive  du  Dauphine  k  la  France.  Sons 
son  regno  apparaissent  ( 1340)  les  premiers  canons  employes 
k  la  defense  des  villes;  sa  fin  est  encore  uiarquee  par  Tap- 
parition  dtujlagellanti. 

Jean  11  avait  quarante  ans  quand  11  mbnta  sur  le  tr6ne. 
Comme  son  pere ,  il  etait  passionne  poor  les  idees  de  cbe* 
Valerie;  mais  11  avait  de  plus  que  loi  do  oourage  et  do  Tins* 
truction.  Philippe  avait  temi  son  rigne  par  la  mort  de 
quinze  dievaliers  bretons  et  trois  Normands,  suspects ,  di- 
aait-il,  de  s'etre  vendos  k  TAnglelerre.  Jean  debnte  par  uu 
pardl  snpplice.  Le  comte  de  Gnines,  connetable  de  France, 
est  mis  k  mort  sur  le  meme  soop^n.  Ayant  convoqne  a 
Paris  des  etats  generaox,  en  1351,  il  se  volt  force,  par  le 
besoin  d'argent ,  k  trailer  avec  les  deputes  de  differentes 
provinces ,  qui  achetent  de  lui  certains  priTiieges  ou  cer- 
taines  exemptions.  Bient6t  il  reoourut,  conune  son  predece»- 
seur,  k  de  continnelles  alterations  dans  les  monnaies;  son 
peud'economie,  ses  desordres,  sont  tels,  qu^k  la  rupture 
de  la  treve  avec  les  Anglais- ( 1355),  il  se  trouve  dans  la  plus 
affreose  penurie,  pouvant  >  peine  subvenir  aux  frals  de  la 
guerre.  Les  etats  de  la  langue  d'OtI,  qoll  convoque,  lui 
votcnt  on  secours  de  30,000  gendarmes,  k  solder  sur  la  ga* 
bdle  et  sur  one  aide  de  8  deniers  par  livre,  applicable  k 
tonte  marchandise  vendue  :  les  trois  ordres  et  le  roi  lui- 
meme  fnreot  sonmis  k  ces  deux  impositions ;  mais  en  lui 
falsant  ces  concessions,  les  etats  reformerent  une  multitode 
d*abus,  et  obtinrent  d^etre  assembles  diaque  annee.  Tou- 
tefois,  lemecontentement  excite  dans  tout  leroyaumepar  la 
gabelle  et  la  taxe  de  8  deniers  force  lea  etats  (1356>  &  les 
remplacer  par  one  taxe  de  5  pour  100  snr  les  revenus  des 
plus  pauvres,  sor  les  iortunea  mediocres,  sur  les  riches. 
Ainsi  ^  bourgeois  et  paysans  supportent  la  majeore  partie 
de  cette  charge;  les  bourgeois,  grAce  aux  progrto  qu'ils 
avaient  raits,  s'appuyaient  sur  de  nombreoses  asBodations 
de  corps  de  metiers ,  et  avaient  ainsi  leur  dte  pour  patrie ; 
mais  les  paysans,  isoles,  livres  sans  defense  k  toutes  les  vio- 
lences, n'etaient  que  des  esclaves. 

Jean  II  avait  con^  une  haine  profunda  pour  le  roi  de 
Navarie,  Charles    le  Mauvais,  qui  avait  bit  assassiner 
son  fiivori,le  connetable  Jeao  de  LaCerda.  A  deux  reprises, 
diaries  s*etait  bomilie  dans  des  lits  de  justice;  mais  il  avait 
eo  le  tort  de  reponsser  la  gabelle.  Jean  le  surprenA  k  tabU 


«e9 


FRANCE 


ATce  le  daupliin,  le^iUI  «rr6teir,  uisit  sea  fiefs  eti  Nor- 
mandie,  el  donne  1«  luort  k  quatre  gentilftliotmiMs  de  cette 
proTinoe.  P^ndanl  «e  Icmps,  le  prince  de  Gallts  p^iM^trait 
•▼ec  MS  Anglais  en  Rouergue,  en  Aurergae,  en  LiOKrosin, 
et  aemblait  destia^  k  piller  Unites  les  prorlnoes  fran^tees 
•u  midi  de  la  Leire.  lean  assemble  alors  une  arm^e  consi- 
derable k  Chartres ;  arrivi  prto  de  Poitiers ,  U  ooape  la  re- 
Iralte  an  prinee  de  Oalles.  Ceiui-d  n^a  que  8,000  combat- 
tants  sons  les  ordres;  le  Francais  en  compte  50,000;  mais 
le  prince  de  Galles  s^est  pIao6  dans  nne  position  naturelle- 
ment  d^iendoe ,  06  «n  ne  pent  !*attaqoer  sans  un  dtevan- 
tage  certain ;  le  tei  Jean ,  qui  a  prto  de  lui  ses  quatre  fils, 
ae  decide  pourtantkcombattre;  lescardinanx  de  P^rigord 
et  de  Salnt*Vitsa  essayent  d^empteher  reftuslbn  du  sang  : 
lis  se  rendent  mMiateors  entre  les  deux  armies.  !«  prince 
de  Galles ,  qui  sent  le  danger  de  sa  position ,  est  prftt  k  faire 
toutes  les  concessions  qu'on  di^ire;  mais  il  rejette,  comme 
d^shonorante ,  oelle  de  se  rendre  lui-m^e  prisonnier  avec 
100  deses  cheyallers.  Sur  ee  refus,  labataille de  Poitiers 
est  livrto,  le  19  seplembre  1356.  Le  daupliin,  deux  de  ses 
frtees  et  one  partie  de  ieors  troupes,  abandonnent  l&ciiement 
la  diWsioD  du  roi :  cdui-d  et' Philippe ,  son  fils ,  d^ploient 
en  Taiaon  grand  courage;  leurs  droits  b^roiques  ne  sau- 
raient  r^rer  les  footes  dans  lesquelles  leur  imp^ritie  les 
a  Jet^,  et  la  bataille  est  perdue.  Le  roi  Jean  loi-mftme  est  fait 
piisonnfer ,  et  conduit  en  Angleterre. 

Le  dauphin,  de  rdoor  k  Paris,  oonToqoe  tes  ^ts ;  mais 
bientdtOleseongMiey  redoutant  leurs  pr^ntions.  Cepen- 
dant,  les  ajrant  r^nids  de  nouteau,  il  se  soumet  aox  rtflormes 
qu'tls  rtelament;  Finfiuenoe  d'£iienne  Marcel,  pr^Tdt 
des  marehands,  et  cette  de  Robert  Le  Ooq,  6v^oe  de  Laon, 
le  dominent.  II  est  foredde  renToyer  ses  minlstres,  de  s'inter- 
dire  pour  TaTenir  toute  falsification  des  monnaies,de  renon* 
car  k  vendre  toot  office,  toote  judicature,  et  de  cesser  d*au- 
toriser  les  juges  k  racbeter  lea  crimes  pour  de  I'argent,  etc 
Ifais ,  pendant  que  les  itats  a'occupent  ainsi  k  obtenir  pour 
la  nation  dimportantes  amfliorations ,  les  paysans  sonten 
proie  k  toutes  sortes  de  nant ;  les  barons  pris  k  la  ba* 
tailie  de  Poitiers,  et  relicbte  sur  parole ,  leur  arractient  par 
tons  les  moyeas,  et  m£me  par  la  torture,  iVgeot  n^cessaire 
k  km  ran^on;  les  soldatsd^bandte,  tombant  en  m^me  temps 
iur  les  paysans,  adiivent  de  les  eiaspdrer ;  ranarebie  est 
partout :  les  maibeureux  qui  tehappent  anx  barons  et  aux 
aoldata  sent  rMuita  k  mourir  de  faim.  Une  trftve  de  deux 
ana  oondoe  afee  i'AnglelBrre  ne  met  pas  un  terme  k  ccs 
■salheurs ;  les  compagniea  d'aveoturiers  ne  Cf  ssent  de  porter 
en  tons  Ueux  la  iarreur  et  la  delation.  Lt  lutte  entre  le 
danphin  et  les  ^ts  continue  :  celui-d  d^lare  qu*il  veut 
gouTemer  seul;  mais  bientOt  Targent  lui  manque,  et  il  est 
oblige  de  rappeler  ks  etals  ponr^n  avoir.  Lejougde  Blared 
et  de  la  bourgeoide  lui  ptee  dtaqoe  Jour  davantage;  d  pour 
•>  soustraire  il  oonToqqe  k  Compiigne  d^antres  etats;  II 
Tent  afTamer  Paris,  dont  le pr6?0t  des  marcbands  fdt don- 
■er  le  commandemeat  k  CbarlesleMaufaisi  remis  en  liberty 

<  1358  ). 

Le  dtespdr  pousse  les  paysans  k  se  r^Tolter  centre  les 
nobles;  la  Jacquerie^  on  la  r6Ydte  des  Jacques  (nom 
que  leur  donnaient  oens-d,  par  derision  ),  oonunence  par 
rincendie,  le  pillage  des  chHeaux  d  le  menrtre  de  tons  les 
barons  d  nobles  quits  y  trouTcnl.  A  leur  tour,  ceux-ci  font 
un  horrible  massacre  de  ces  maUieuroux ,  massacre  auqud 
parlidpe  Charles  le  Mauvais,  que  Paris  soup^nne  de  con- 
nivence avec  le  danphin.  Marcel,  menace  d'etre  liTre  au  re- 
gent, avecles  douxeprindpaux  instigateurs  de  lar^voite  de 
Pans,  veul  mettre  de  nouveau  le  rd  de  Navarre  dans  les 
int^rftts  des  Paridens;  mais  il  est  tu^  par  Malllard,  et  ie 
dauphin  signale  son  retour  dansla  capitale  par  de  nombreux 
aupplioes.  Alnsl  ftirent  ^touffdes  toutes  les  espdrances  d*a- 
indioration  que  la  nfidslance  du  pr6vOI  des  marcliands  vou- 
lait  r^liser.  Mais  le  rd  de  Nawarre,  indigoii  du  siipplice  des 
principaux  bourgeois,  auxquels  il  devdt  aa  liberte,  fait  pen- 
dant flept  mois  one  guerre  d^sastreuse  au  dauphin.  Eofm , 


le  roi  Jean,  captif  depots  deuxans,  slgneavec  le  roi  d*An^ 
terre  un  traitift  par  lequd  11  partage  avec  lui  la  France  >  d 
lui  proroel  4,000,000  d'6cus  d*or  pour  sa  ran^on  :  les  dab 
ayAnt  rejetd  ce  trdtd,  £douard  rentre  en  France ,  et  ravage 
la  Champagne  d  hi  Bourgogne.  Le  traits  de  Brdtigaj 
( 1360 )  met  fin  k  cette  guerre,  d  ^end  la  fibert^  k  Jean  n, 
moyendant  une  ran^on  de  3,000,000  d'duis  d*or  d  Tabaa- 
don  k  ^ouard  de  toute  TAqoitdne.  Le  reste  du  rigne  de 
Jean  est  signdd  par  tous  les  fl^ux  :  la  peste.  la  lamiac 
et  les  aveiituriers,  on  soldats  licena<^  des  deux  armto, 
r6unis  en  grandes  eompagnies,  ne  cessent  de  d^vastcr 
le  royaume :  les  brigandages  de  ces  demiers  roettent  la  France 
k  deux  doigts  de  sa  perte.  Jean  expire  en  Angleterre,  0^  11 
s^dtait  rendu  (  1304  ),  on  ne  salt  pour  qud  motif;  apris 
avoir  rdunila  Boorgogne  d  la  Champagne  au  domaine  royal, 
il  meurt  au  milieu  des  projets  qu*il  lormdt  podr  uoe  noo- 
yelle  croisade. 

Le  dauphin ,  fils  atnd  du  roi  Jean,  ne  fut  reoonnu  roi  qu'a- 
prte  son  sacre.  Lincapadtd,  la  pusillanimity,  la  mauvakt 
foi,  qui  formaient  la  base  de  son  caradftre,  ne  lui  avaicd 
attird  ni  afTection  ni  estime,  et  les  droonstances  dans  la- 
qudles  il  arrivait  au  trOne  n^^taient  pas  propres  k  faire  con- 
cevoir  de  grandes  espdrances  de  son  avtoeroent.  Faible  de 
constitution  et  maladif,  il  se  renferma  dans  son  palais,  d 
de  sa  solitude  il  vlt  la  prospdrit^  renatlre  d*elle-mtae  ce 
France,  sans  y  contribuer  en  rien.  Charles  V  commence 
par  donner  Tinvestiture  de  la  Bourgogne  k  son  frto  Phi- 
lippe le  Hardi;  il  nomme  Louis  d*Anjou  ^uvernoar  duLan- 
guedoc,  d  conclut  la  pdx'  avec  Ci>arles  le  Mauvais,  quH 
bait  de  toute  son  Ame.  Les  compagaies  d^aventuriers,  de- 
meurdes  en  France, 'ddent  encore  pour  lui  un  objet  de  ter- 
reur.  Cue  exp^ition  centre  Pierre  le  Cruel,  rdde 
Castilie,  entreprise  par  son  fr^e  naturd,  Henri  de  Trans- 
tamare,  lui  foumit  ToccasioD  de  8*en  ^idbarrasser.'  Mais  efies 
ne  tardent  pas  k  revenir  se  mettre  k  hi  soldo  da  prince  de 
Gdles,  qui,  aprte  s^dre  ^puia^  pour  les  payer,  ^a  lanoe 
sur  la  France,  qu'elles  mdtent  au  pillage!  Le  luxe  de  la 
cour  du  prince  de  Gdles  I'avdt  cootramt  de  demander  k 
ses  su]ets  d^Aquitaine  de  nouveaux  impOts.  Le  mteontcnle> 
ment  gagne  la  noblesse  de  cette  province ,  irrit^  d^  de 
Tarrogance  de  I'dtranger.  Elle  traite  secr^temeDt  avec 
Charles  V;  et  cdui-d  dl^are  la  guerre  k  £dou|ird,  qui  re* 
prend  le  litre  de  roi  de  France  ( 1369  ).  La  pusillaoimxl^ 
avec  laqudle  Charles  dirigeait  cette  guerre  contribiia  k  ca 
assurer  le  succte.  Encore  pldn  du  souvenir  de  nos  denx 
diisastres  de  Cr^y  et  de.  Poitiers,  d  redoutant  poor  Is 
France  la  perie  d*une  bataille,  il  interdit  k  ses  g^n^ux  da 
oombattre  TAngUis,  leur  recommandant  de  ae  conteoter  de 
le  snivre»  de  jeter  desgamisons  dans  les  places  menao^cs, 
d  de  lui  soustraire  sans  violence  d  sans  bruit  le<  provincas 
dont  il  s'dtait  empard.  Aussi,  quand  le  due  de  Lancaster 
traverse  la  France  en  la  ravageant,  il  n*6pronve  aucuae  rft- 
flistance;  mds  son  arm^,  md  nourrie,  fatigu^  mdade,  se 
trouve  hors  d*6td  de  riea  entreprandre  k  son  arrivte  k  Bor> 
deanx(1373). 

Ce  syst^e  eut  les  plus  henreux  rdsoltats,  d  ii  U  fin  de 
1S73  la  France  avail  reconquis  sur  ses  ennemis  le  Qucrcy, 
le  Rouergue,  laSdntonge,  TAngoumda  d  le  Poitoo;  las 
feudataires  de  la  haute  Gascogne  s*ddent  donnte  klm^ 
le  due  de  Brdagne  avdt  M  enti^renient  ddpouilld  de  son 
duchd  par  une  armte  que  commandait  Duguescltn; 
enfin ,  les  villes  de  Mantes  d  de  Meulan  avaient  ei6  cnle- 
vto,  par  trahison,  an  roi  de  Navarre.  La  France  avail 
en  takaae  temps  dans  le  oouveau  roi  de  Castilie ,  Hemi  de 
Transtaroare ,  un  alli^  sOr  et  fiddle.  Une  trfive  de  trois  ans 
suspend  moroentandment  la  guerre ,  qui  apres  la  mort  d*]& 
douard  ill  (1377)  recommence  centre  Richard  11,  eon 
successeur;  les  r^iltats  en  nont  peu  importants.  Toutefois, 
Cliarles  ayant  vonlu  confisquer  le  ducbd  de  Bretagne ,  las 
luihitanls  rappdient  leur  due,  quMls  avaient  diasa^;  aiai» 
pendant  que  les  6UU  de  la  province  dierdient  k  le  r6eo»^ 
cilier  avec  le  roi,  le  due  de  Buckingiuun  ddbarque  k  la  ttla 


FRANCE 


66t 


He  troupes  nombreusM,  pourappoyer  le  dac,  dont  H  doit 
4tre  bient6(  abandon n^.  0eux.  aoul^vements  oon^^^rables, 
Von  en  Flandre,  caui6  par  le  Jong  qiie  la  nobleMe  impose 
k  la  bourgeoisie,  l^autre  en  Langoedoe,  dans  piusieuis  ?iUes 
pooss^  i  bout  par  lea  exactions  du  comte  d*Anjou,  «gna- 
lent  la  fin  dtt  r^e  de  Charles  Y,  qui  expire  le  16  septeinbre 
1380. 

Peu  de  temps  avant  cette  mort  delate  le  grand  sebisme 
J'Occident,  qui  nedeTaitfinir  qu^en  1416.  Cliarles  V  aTalt 
rendu  une  loi  par  laquelle  la  majority  dea  rois  ^Uii  lix<^  k  treiie 
nns  accumplis.  Charles  Vi  n^en  ayant  que  onze^  la  question 
de  la  r^ence  vint  di?iser  ses  oncles;  mais,  poor^viter 
d*ea  venir  aux  mains,  iSs  oonvlennent  d*^mandper  le  jenne 
prince,  qui  est  sacr^  li  Reims.  Quoique  Charles  VI  e6i  M 
toaneip^,  le  poo  voir  royal  exlstaitde  (kit  entre  les  mains 
de  ses  oncles.  Le  due  d'Anjou  excite  un  soulivement  dans 
Paris,  en  ^lablissant  de  nooveaux  imp6U,  qu'il  est  Torc^  de 
r^oquer.  11  tente  de  les  r^blir  encore,'  et  Paris  est  en 
proie  h  la  r^Tolte  que  Thistoire  appelle  des  maUlottins. 
Quand  tout  est  rentr^  dans  Tordre,  et  que  Paris  a  ch^re- 
ment  aeliet^  la  pafx,  lerol  prend  possession  de  sa  capitate, 
«t  y  stgnale  sa  prince  par  des  supplier  et  des  confisca- 
tions. Rouen,  et  les  Tilles  du  Languedoc  sont  livrtes  aux 
roftmes  vengeances.  Le  due  de  Bretagne  s*6iait  sou  mis ;  la 
Flandre,  qgi  r^sistait  toujours  h  sa  noblesse,  est  vaincue  et 
pacifi^e  par  le  due  de  Boorgqgiie.  La  guerre  continuait  ce- 
pendant  avec  les  Anglais,  et  Charles  projettait  deux  de»- 
centes  ruineuses  dans  la  Grande-Bretagne,  mais  sans  succ^ 
Une  campa^ne  contr^  le  due  de  Gueldre  faisait  encore 
^prouver  des  pertes  considerables  -k  notre  arm^ ;  enfin,  le 
roi,  pour  calmer  le  mdcontenteraent  du  people,  reiivoie  ses 
oncles,  et  d<^;lare  que  d^rm^is  11  gouvemera  seul.  On 
s'attend  ^  voir  renaltre  la  prosp^rit^  publique;  une  tr^ve 
est  concliie  avec  TAngleterre  ( 1389  )^La  r^forroe  de.quel- 
ques  abus  fait  d^abord  bien  augurer  de  Tavenir;  mais  I'in- 
cons^uenre  du  prince,  sa  conduite,  ses  exc^.  cbassent 
bientdt  toot  espoir.  Le  due  de  Bretagne  refuse  de  livrer 
Pierre  de  Craon,  qui  a  tent^  d'assassiner  le  eonn^table  de 
C  lis  son;  Charles  VI  marclie  centre  le  duc»  et  sa  d^mence 
se  d^lare.  Aussitdt  ses  oncles  s^emparent  de  sa  personne, 
et  6cartent  ses  conseillers;  le  due  de  Bouigogae  se  saisit 
du  goov<;niement. 

IXs  cette  e|>oque  (  5  aoOt  1392  ),  Charles  n^a  que  pen 
dMnterTallfS  locidesidans  ces  courts  mstanls,  les  personnes 
qui  Tentourent  exercent  sur  lui  la  plus  grande  influence; 
fl  alMindonne  tour  h  tour  son  autorit^  li,  I'un  des  princes  du 
sang  ou  i  Tautre.  Les  dues  de  Bourgogne  et  d'Orldans  fer- 
ment deux  partis,  qui  s'arrachent  mutuellement  leur  proie, 
Jean  sshs  Peur,  qui  succ^e  1^  son  p^rePhilijipe  leHafdi  dana 
te  duch^  de  Bourgogne,  enl^ve  de  vive  force  le  roi  et  le 
dauphin  au  due  d*Orl^ns,  qull  fait  assassiner  plus  tard 
(  1407 ).  Pendant  ces  luttes  intestines,  la  trfive  avec  I'An- 
gleterre  avail  Ai6  prorogte  k  plusieurs  reprises,  et  Richard  U 
se  voyait  d^tr^nd  par  Derby,  qui  prenait  lenom  de  Henri  IV, 
L*usurpateur,  assez  occupy  en  Angleterre,  demeure  en  paix 
avec  hi  France,  malgr^  quelques  hostility  de  part  et  d*autr|B, 
de  notre  cdt^  surtout.  Le  sclilsme  d^Ocddent  durait  tou- 
jours;  la  France,  aprfts  avoir  tour  li  tour  accepts  et  reni6 
le  pouvoir  de  Benolt  XIII,  finit  par  proclamer  sa  neutra- 
lity. Quant  li  Benolt,  sa  mauvaise  foi  (^  celle  de  Gr6goire  Xil 
perp4ttta!ent  leurs  interminablesdiseusslons,  et  partagsaient 
I'Enrope  en  deux  camps.  G6nes  s'^tajt  donnte  an  roi,  en 
1396;  le  marshal  Boucieaut  s*en  fait  expulser  poorsa 
conduite,  et  nous  perdons  ce  prteieux  boulevard  en  Italia 

(1409). 

Cependant  les  princes  da  sang  se  pr^paralent  h  briser  le 
pouvoir  du  doc  de  Rourgogne ,  quand  une  victoire  quMl 
rcraport«  k  Hasbain  snr  lesLidgeois,  r6vo|t^  contre  leur 
<^v^ae,leur  inspire  nne  telle  frayeur,  quMls  sortentde  Paris, 
H  en  font  sorlir  le  roi  et  lareine.  Bicntdt  la  faction  du  due 
de  Doitrgogne  et  celle  d'Orldan*;,  appelt^c  iVAnnagnac  de- 
pnif»  que  ee  prince  avail  ^pous6  la  (iile  du  romtc  de  ce  noui , 


ensanglanient  de  nouveao  la  ?vaiiee;la  guerre  ovile  ecjiata 
plus  terrible.  Les  Bourg»iignOns  s'appuient  k  Pans  sur  la 
[lopulace;  le  gonvemeur  tie  la  ville,qui  leur  est  d^voue;  fa<l 
distribiier  desarmeaaux  Iwuchera,  at  le  due  Jean  sans  leur 
entre  dans  la  place  pendant  que  les  Armagnacs  pillent  lea 
environs  et  cberclient  A  effrayer  la  ville.  Les  BowKulgiiooa 
et  les  Armagnacs  s^alUent  tour  k  tour  aux  Anglais  pour  d^ 
nieiuhrer  la  France.  Paris  est  sucoessi  vewoit  k  leur  pouvoir, 
et  de  sanglanles  r^aetions  suiveni  de  smgianta  triompliesi 
Cea  sotaes  de  guerve  civile  se  renooveiient  eliaque  jour;  Id 
roi  mardie  lui-mtaie  k  pluaieurt  reprises  oonlro  le  doc  de 
Bouigogne  pour  obtenir  une  paix  ^plidm^re.  Aossi,  quand 
Henri  V  d*Ang|eterreseJette  sur  la  France,  la  due  de  Bour-*' 

{;ogne  refuse  son  conoours  au  roi ,  dont  rannte  est  d^faite, 
e  25  octobre  141&,  daaa  ralfireuse  joom^  d'Azincourt. 
Aprte  cette  victoire,  dont  le  roi  d*Anglelerre  ne  salt  pomt 
proliter,  tooa  leaprinees  do  aang  entreot  en  n^ociatiotts 
aveclni  pourtrahir  la  Franco.  L'assassinat  dudue  de  Bour- 
gognoy  dans  son  entrevoe  A  Montereau  avee  le  daaphin 
Charles,  plac4  A  la  Iftte  do  parti  d^Armagnac,  acliive  de 
de  metlre  le  combleit  I'exaspdration  des  partis.  Le  roi  d'An- 
gleterre  s'^tant  empar^  de  la  Nomiandie  (  1418 ),  le  doc 
de  Bourgogne,  parvenu  k  domfner  le  roi,  a*nnit  k  lui  contra 
le  dauphin,  et  Charles  VI  declare  son  file  indigne  du  trdne. 
L'iulAme  traitd  de  Troyes  (  1430 )  conaacre  cette  odieusa 
spoliation  en  instituant  I'^trangar  r^ent  et  heftier  do  la  oou* 
ronne  de  France.  Do  ik  tons  lea  manx  qui  vont  aflliger 
notre  patrie  aprte  la  mort  de  Cbarlea  VI  e|  da  Henri  V^ 
arrivtes  k  peu  d'intervalle  rone  do  I'antre  ( 1453  ).  ' 

Les  d^sa&tres  de  tontes  esptees  qui  avaient  signalii  le  rdgna 
des  premiers  Valois ,  la  balne  voute  gto^ralemeot  anx  Ar« 
magnacs,  dont  le  daiiphhi  ^tait  le  chef  rM ,  serablaient  de' 
voir  assurer  k  Henri  VI,  pelii-fils  de  Charles  VI,  la  posses* 
sion  de  la  France :  Gharlea  VII  ne  pOssM«ul  pins  que 
quelques  provinces  du  centre  de  la  France,  le  Poittou,  ie 
Berry,  TAnjoQ,  eto.,  et  son  indolence  sembiait  devoir  lui 
interdi  re  le  chemin  du  trOne  tts«rp6«  Le  doc  de  Bedford , 
lord  protecteur  de  France  etd* Angleterre  pendant  la  minoritd 
de  Henri  VI ,  s*^tait  alU4  centre  lui  aux  dues  de  Bretagne  et 
de  Bourgqgi^e.  Les  fbroes  de  Charles,  bien  que  grossies  par 
des  auxiliaiies  ^cossaia  et  lotulnrds ,  n'^taient  pas  en  etat 
,  de  leur  rteisler :  ellea  sont  d^MUtes  sur  plusieurs  points ,  k 
Crevaut-sur-Yonne ,  k  Verneuil;  et  PAnglals  s^empare  do 
Maine  ( 1435).  Charles  uonine  connetable  le  comte  de  Ri- 
cliemont,  esp^rant  ainei  d^taclier  des  Anglais  les  dues  da 
Bourgogne  et  de  Bretagne,  dont  it  est  parent;  nudsil  n*y 
paryient  pas.  Les  Anglais  foot  de  nouveaux  progrds,  sorendent 
mattres  de  plusieurs  places  dee  hords  dela  Loire,  mettent  le 
si^e  devant  Orleans,  qu*ila  rMuiaent  k  laderni^  extrteiit^, 
et baitent de nouveau les Frsngala A  la joumte desiSi arengsl 
Ici(1429)  apparaltJeanned*Arc,  cette  admirable  figure 
historique,  touto  resplendissante  de  patrlotisme  et  de  loi. 
C*est  elle ,  c'est  cette  femme  forte  qui  ram^ne  la  victoire 
sous  les  drapeanx  du  roi ,  et  qui  le  fait  sacrer  a  Reims;  mafa 
le  roi  retombe  dana  son  hidolence,  dis  qua  ce  pufssant 
appai  vient  k  lui  manquer.  Cependant  la  domination  angtaiso 
fatigue  les  Parisiens;  ledoodefioufgogne,  courroiic^  contra 
le  due  de  Glocester,  onda  du  monnrque  stranger,  onbiio 
la  haine  qo^il  a  voote  an  dauphin  deiMiis  le  meurtrede  son 
p^re,  et  ne  songeaat  qu^agrandirses  l^ata  du  cOl6  du  du- 
elid  de  Brabant,  dout  il  vient  d'hMter,  il  conctut  avec  lo 
roi  Chartea  une  trdve  de  deux  anntes  ( 143 1  - 1437 ).  BientOt ii 
lui  aeoorda  mAroe  la  pals  sur  la  roodlatlon  do  pap^,  noa 
aaoa  lai  avoir  ImpoMfi  da  croels  aacritioes. 

Priv6i  ainsi  d^un  poissant  alli6,-les  Anglale  ^vacnent 
Paria(14S6),  o6,le  roi  sOourae  motn<'atan^nent ,  le  13  no- 
vembre  de  Tannte  suitante,  pour  l*abandonncr  anssit^t  k 
la  paste  et  A  la  famine.  Monlerein ,  Mcaux ,  lothberit  en  son 
pouvoir,  et  il  rentrede  nouveau  danfrsa  <-apTinle  (1439),  [Kiur 
y  d^pluyernne  vigueurdi&  caradAra  k  laquelle  il  n*avait 
|ias  acpoutumdlesesprits.  Lesbrgandagert  des  ^corcAeuri 
et  autres  aventuriers  atUrent  d*abord  son  attention ;  dy 


«B4 

net  tin  tenii«  en  rendant  let  barpns  et  lea  capHaines  res- 
■Mnsables  des  crimct  de  Uan  soldats;  ordonnance  qui  m^- 
eontente  lea  prineea,  Tarmte  et  aes  chefe,  et  proToqoe  la 
r^olte  connueaona  lenom  de  praguerie,  k  la  t6te  de 
laqnelle  apparalt  le  dauphto,  qai  ploatardsera  Louia  XI. 
Lea  ^tata  g^nteux,  qne  te  roi  avait  souvent  eonToqu^, 
ae  r^aninent  4  Orl^na ,  et  ae  prononeent  poar  la  paix  arec 
rAngleterre»enmtaie  tempa  qn'iU  accordentaa  roi  une 
taillo  de  1,M0,000  li?.  pour  rMuire  tonte  la  gendarmerie 
k  qofnie  eompagniea ,  fortea  cliacunc  de  six  centa  hommes. 
Charles  VII,  aprte  aToir  mla  fin  &  la  pragiierie  et  padfl^  It 
Champagne^  le  Poitoa^la  Saintonge,  le  Limousin,  ravage 
par  iea^rdieursy  a^empare  de  Pontoise,  d*iTreux,  etpoor 
occuper  les  gens  de  guerre  bora  dn  royauroe  durant  une 
tre^e  de  Tfngt-deux  mois,  sigpte  k  Tours,  entre  I'Angleterre 
et  la  Franee,  11  euToie  le  dauphin  guerroyer  oontreiea  Suisses, 
etmarche  lui-mtoie  contreMetz,  dans  Tintention  de  faire 
reatituer  la  Lorraine  k  Ren6  d*AnJon ,  appel6  an  trOne  de 
Naples  en  1435.  Mefz,  efTrayte,  acheta  la  paix ;  et  les  Alle- 
mands,  attaqute  sans  provocation ,  la  firent  aussf. 

Le  eondle  de  Bflle,  d*aprte  les  discrete  dnqud  avait  4M 
rendue,  en  1431,  la  prrtgmatique  sanetlonj  aTait  serrl  de 
pr6texte  k  Texp^iUon  de  Louis  contre  les  Sulsses :  ce  con- 
cile  et  lea  doctrines  des  bossites  agitaient  I'^glise  depuis 
longtemps ;  les  ^tats  g^n^raux  tenus  k  Bourges,  en  1440  , 
a^en  itaient  a^rieuseraent  occupy.  Cependant  Pordre  se  r6- 
tabliasait  dans  les  provinces ;  I'industrie ,  le  commerce ,  I'a- 
griculture,  faisafent  des  progria,  et  la  prosp^t^  dela 
France,  dit  Siamondi,  semblait  la  ruction  des  adversity 
paasta.  Jacques CoBur,  riche  n<Sgociant  de  Bourges,  qui 
avait  acquia  dans  le  commerce  nne  fbrtnne  qui  lul  permet- 
tait  de  rendre  des  services  k  Charles  VI,  8*attachait  k  r^tablir 
I'ordre  dans  les  finances,  et  organ! salt  le  eorps  dM  francs 
areherSf  qui  devait  plus  tard  rendre  d'importants  services. 
Le  roi  prend  en  mime  temps  plusienrs  mesures  d^sifes. 
II  soumet  k  une  Jnridiction  pn§vdtale  tona  le  malTivanta, 
cadre  large ,  dana  lequel  le  mendiant  pent  se  trouver  con- 
fondu  avee  le  brigand  etlevoleur;  il  abandonneaux  ^ins, 
ou  prudltommeBy  noromte  anx  aasemblte  des  communes , 
le  droit  de  percevoir  etd'asseoir  la  taille  sur  les  roturiers,  en 
proportion  de  leurs  possessions  et  de  leors  fiicult^ ;  toute  sa 
politique  tend  k  centraliser  et  renforcer  Tautoriti  monar- 
chiqiie. 

L'Angleterre,  en  prole  k  de  emelles  diviaiona,  n'^tait  plus  k 
craindre  pour  nous.  Henri  VI  €tait  en  ^tat  &imb6d\\ii6; 
Marguerite  d'AnJou,  sa  femroe,  avait  fait  p^rir  le  due  de 
Glocester,  onclede  son^^ux.  Le  m^iris  public  r^veillait 
le  souvenir  des  droits  de  la  maison  d*York ,  dont  le  cher, 
le  due  Richard,  descendait  dn  second  flis  d*£donard  III, 
tandis  qu*Henri  ne  deacendait  que  du  troisi^me :  les  Francis 
profitent  de  cea  divisions  pour  reprendro  le  Mans  et  le 
Maine,  Rouen,  Harfleur,  Honfleur,  Cherbourg,  Falaiae,  Caen, 
Bordeaux,  Bayonne,  la  haute  et  basse  Normandie,  k 
la  conqu^  desquellea  contribue  beauconp  le  due  de  Breta- 
gne,  Ftanfois  T'.  aiarles,  par  une  politique  bien  entendue, 
acGorde  des  privil^es  k  toutes  les  proTinees  quMI  enlftve 
aux  Anglais,  apris  nne  possenioa  atojialre.  A  TextMenr, 
k»  troubles  de  TAngleterre  se  chingent  en  une  cnielle  r^. 
volution,  et,  aprte  pluaieurs  batailles  perdues  ou  gagnte 
contre  la  reine  Marguerite,  le  fils  de  Richard ,  due  d'York , 
restd  victorieux,  ae  fait  eonronner  aoos  le  nom  d'£douard  VI 
( 1461 ). 

Cependant  dea  diviaions  intestfaies  ^lataient  entre  le  roi 
de  France  et  de  puiasanta  seigneurs.  Offense  par  le  comte 
d'Armagnae,  il  le  d6poui11e  de  son  comt^ ,  il  Mt  aussi  cnn- 
damner  4  mort  le  due  d'Alen^on ,  quil  accuse  de  trabison. 
Enfin,  il  se  brouille  avec  son  fils,  le  dauphin  Uois,  qui , 
retire  d'abord  en  Dauphin^,  od  il  Spouse  Charlotte  de  Savoie, 
occasionne  une  courte  guerre  an  pftre  de  reCte  princesse,  et 
se  r^Aigieenftuite  auprte  dn  due  de  Bourgogne,  pendant  que 
'Siarlea  VII,  pouas^  par  le  comte  de  Dammartin,  a*empare 
du  DauphinI  et  rinoorpore  k  U  France.  U  due  de  Bourgo 


FRANCE 

gne,  conthineiiemettt  ocenpd  k  soumettrelea  FUmaocb,  oa 
ne  pouvant  faire  la  guerre  faute  d^argent,  teit  devcm  ci 
quelque  sorte  Stranger  k  la  France;  malgr6  sa  liaioe  eootrt 
le  p^re ,  il  accueillo  Men  le  fils ,  et  raablit  an  chfttean  de 
Genappe.  La  prise  de  Constantinople  par  les  Ttarca,  dm 
cruautte  exerc^  par  llnquisition  k  Arraa,  des  trooMea  dais 
Tuniversit^,  toujours  remuante  et  Jalouse  de  sea  privileges , 
aignalent  la  fin  de  ce  r^gne  de  trente-neuf  ans,  pendant  k^ 
quel  tout  le  royanme  fut  reconqula  sur  lea  Anc^aia. 

Le  dauphin  reasentlt  la  plus  grande  Joie  de  la  mort  de  sob 
p^re  :  rentr^  en  France  avec  le  doe  de  Bourgopie,  il  n*eat 
pas  plus  tAt  sacr6  qu*il  change  tons  les  ministres,  rend  an 
due  d*Alenfon  et  4  d*Armaguac  les  domainea  dont  eon  p^ 
les  avait  d4M>uill^,  r^voque  la  pragmatiqoe  sanctioo ,  rj^ 
Toiganisation  du  parlement  de  Toulouse ,  s'attacbe  les  pais- 
santes  maisons  de  Foix  et  d'Aig'ou ,  et  diploic  nne  activil^ 
extraordfaiaire.  II  se  rend  successivement  k  Amboise,  k 
Tours,  k  Bordeaux ,  k  Chinon ,  k  Chartres ,  en  Normandie , 
dana  leBtem,  dans  la  Navarre,  etc,  se  fait  engager  le 
Roussilion  etia  Cerdagne  par  le  roi  Jean  II  d'Aragon ,  eootre 
lequel  ses  sujets  6taient  r^olt^,  et  manifesto  d^i  au  dedans 
comme  au  dehora  du  royaume  son  earact^  ombrageox 
et  son  intention  de  tout  pHer  k  sa  volenti.  II  avah  ftft  k 
son  avtoement  des  promesses  qn^il  ne  songeait  nnllemeat  k 
remplir;  il  avait  feif  croire  k  on  d^grftvement  d^mpdts» 
qu*il  ae  garda  bien  d^accorder ;  loin  de  U,  il  en  demanda  de 
nooveaux,  et  aggrava  entre  antreseelni  snr  lea  vine.  Ces 
mesures  font  r^volter  Reims,  Angers,  Alcn^n,  Anrillac  et 
d'autres  villes,  qull  punit  cruellement.  II  voulaH  ramener  k 
due  de  Bourgogne  k  la  mtoie  d^pendance  que  lea  fendataires, 
et  ^blir  la  gabelle  dans  son  duch^.  N'ayant  pa  y  panreair, 
il  cherche  k  s'attacber  le  shre  de  Chimay ,  Jean  de  Croy  et  le 
oomte  d*£tampes ,  en  les  eomblant  de  faveura.  I>ans  one 
entrevnequll  aaTccle  ducde  Bourgogne  U  en  rach^teie» 
vfllea  de  la  Somme  que  Charles  VII  Ini  avait  laissfo 
en  gage,  et  recouvre  ainsi  lea  mellleurea  forteresses  de 
France. 

Le  comte  de  Cliarolaia,  Charles  le  T^m^raire,  fi|» 
du  due  de  Bourgogne,  forme  nne  ligue  contre  Loula  XI  avec 
le  due  de  Bretagne,  et  ce  dernier  ddnonce  le  roi  aux  princes 
du  sang  comme  ayant  conspire  centre  eox  avec  les  Anflaii. 
Le  roi  en  efTet  avait  n^god^  ayec  £doaard  IV,  qu^ls  von- 
latent  entralner  dans  leur  ligue.  Bientdt  le  oomte  de  Chaio- 
lais,  r^condli^  avee  son  p^re,  se  pr^sente  pour  dief  anx 
princes  fran^is  :  la  ligue  du  bien  public  est  fonn6e,  et  les 
dues  de  Berry,  tttn  du  roi,  de  Bourbon,  de  Bretagne, de 
Bourgogne,  d^Alen^n;  les  comtes  de  Samt-Poi,  d*Ama- 
gnac,  Dunois,  qui  8*dtalt  illustr6  sons  le  r^e  de  son  p^, 
le  sire  d^Albret,  le  vicomte  de  Polignac,  etc.,  se  d^da- 
rent  contre  le  monarqne.  La  bataflle  de  Montlhdry  { te^ 
^uiUet  1465 ),  dans  laquelle  le  comte  de  Cliarolaia  deacon 
maltre  du  champ  de  batallle,  des  defections  dans  rarm^e 
du  roi,  obligent  celui-d  k  lalre,  par  le  traitd  de  Conflans, 
d'tmmenses  concessions  aun  princes  coalis^.  Des  leCtres  de 
pardon  lenr  sent  acoordte,  et  le  frto  du  roi,  Oiarles,  prite 
hommage  k  Louis  XI  pour  le  dudi^  de  Normandie,  que  son 
fr^  lui  accorde;  lea  autrea  princes  mdcontents  foot  le 
m6me  acta  de  soumisdon  ponr  leurs  fiefs  d^pendanla  de  la 
oouronne.  Mais,  Charles  le  T^m^raire  ^tant  oecu[>6  k  con- 
battre  les  Li^eois,  Lonis  XI  profile  des  d€mtA6»  entre  lei 
docs  de  Bretagne  et  de  Normandie  pour  reprendre  oettc  pnK 
vhice.  On  le  roit  occupy  sans  relAche  k  s*attacher  sea  enae» 
mis  :  ainsi,  il  rappdie  anprte  de  lui  les  comtea  de  Dem^ 
martin,  de  Saint- Pol  et  pludeurs  autrea  seigneurs,  p^w^ifi^ 
qa*il  reuToie  ses  ancfens  (kvoris.  Mais  lea  doca  de  BreCagae^ 
d*Alen^n  et  CliaHes  de  Normandie  se  r^dtent  de  noufen^ 
pendant  que  lea  Lii^eois,  soiilev^  une  seconde  foia,  cnp6- 
client  Cliarics  le  T^m^raire,  dcveno  due  de  Bourgogne  par 
la  mort  de  son  p^re,  de  faire  une  diverdon  en  laveor  dea 
princes  :  le  due  de  Bourgogne  ddfoit  lea  Ll^geoia,  altids  da 
Louis  XI,  et  les  M>umet,  pendant  que  le  roi  force  le  ine  di 
BreMgne  k  la  paix. 


FRANCB 


66S 


Lo«b  XI  d^sinit  Men  allemilr  son  poaroir  par  la  loamis- 
stoD  de  U  maUon  de  Bourgogne  :  press^  de  tons  o6t^  de 
I'attaquer,  il  se  d^de,  tur  tes  instauoes  du  cardinal  La 
Balae,  k  entrer  en  n^odations.  II  se  rend  done  k  P6ronne, 
pour  a?oir  nne  entreme  a?ec  Charles  le  T6m&n\rt;  mais 
cdui-d  apprenant  que  U^  Tient  de  se  soulerer  encore, 
le  retient  prisonnier,  lui  Csit  confirmer,  par  le  traiU  de  P^ 
ffonne,  toutes  lea  pretentions  exagMes  des  dues  de  Bour- 
gogne, repouss^ps  depuis  trente  ans,  et  le  force  k  marcher 
en  personne  a?ec  lui  contre  Li^,  qui  est  prise,  pillte  et 
rMuite  en  cendres.  A  son  retour  en  France,  Louis  bit  chasser 
ie  eomte  d'Annagnac  par  Dammartin ;  il  donne  ensuite  le 
dttch^  de  Gidenne  k  son  Mm  Charles  de  France,  institue 
I'ordre  de  Saint-Michel ,  doat  ii  se  folt le  chef,  dans  le  but 
ne  maintenir  d*une  mani^re  plus  ^troite  les  seigneurs  sous 
eon  obeissanoe,  en  exigeaut  que  les  chcTaliers  de  cet  ordre 
lui  pr^tent  serment  de  fiddii§.  Mais  les  princes  n'en  con« 
linuent  pas  moins  k  6tre  ses  ennemls;  alors,  pour  trou?er 
un  contre-poids  k  leurs  mauTais  desseins,  il  cberche  un 
an  |>ui  dans  TafTection  dn  penpie.  II  discipline  Tarm^  anne 
les  milices  bourgeoises,  et  lenr  laisse  le  choix  de  leurs  ofll- 
cien;  crte  dans  on  grand  nombre  de  fiiles  des  magistn- 
tures  munidpales,  tiues  par  les  dtoyens;  6tabUt  rinamo- 
Tit>ilit6  des  jnges  et  des  ofOders  royanx,  et  imprime  un  bril- 
lant  essor  a  la  prospMt^  commerciale  de  la  France;  puis  il 
con?oque  une  assemble  de  notables,  qui  le  d^ge  des  obli- 
gations du  traits  de  P^nne,  s'empare  de  Saint-Quentin  et 
d* Amiens,  et  sentient  une  courte  guerre  contre  Charles  le 
Tte^raire  en  Picardie. 

Charles  esp^ait  se  Csire  du  due  de  Guienne  on  instrument 
contre  Louis  XI,  et  usurper  l'antorit4  royale  au  profit  des 
princes  ind^pendants.  Le  due  de  Guienne  se  flattait  de  I'es- 
poir  d^^pouser  la  fille  du  due  de  Bourgogne;  mais  le  cid  ou 
ie  poison  Pen  emptehteent :  ii  mounit  ( 1472 ),  laissant  la 
guerre  s'engager  de  nouveau  entre  Charles  et  le  roi.  Charles 
raTage  la  Normandie  et  attaque  Beau  v  a  is,  d'oii  il  est  re- 
pousse par  les  dtoyens  et  les  femmes,  commandte  par 
Jeanne  Uachette.  II  va  bient^t  diercher  des  ennemls  liors 
de  France.  Louis  XI  profile  de  son  absence  pour  abaisser  ie 
due  d'Alengon,  le  comte  d*Armagnac  et  la  maison  d'Ai^Jou. 
Le  RonssUion  s'dtant  soulev^,  il  le  rayage  et  le  soumet  de 
nouTean.  Mais  de  redoutabks  ennemis  allaient  l*attaquer  : 
Cklouard  IV,  descendu  en  France,  venait  de  s'allier  contre 
lui  avec  le  due  de  Bourg«>gQe,  qui  perdait  son  arrote  derant 
Neuss,  aprte  avoir  youiu  se  fidre  couronner  par  Tempo- 
reur  roi  de  la  Gaule  bdglque.  Toutefois,  Louis  XI  ^arte 
I'orage,  et.  l^ooard,  mteontent  de  Charles  le  Tim^raire, 
traite  de  la  paix.  Bient6t  le  roi  de  France,  aprto  avoir  lait 
eiteoter  le  conu^lable  de  Saint-Pol,  qui  le  trahissait,  apprend 
la  mort  de  Charles  leT^m^raire.  D6fait  k  Grandson,  k  Morat, 
k  Nancy,  il  avait  laiss6  ses  l^tats  k  one  flUe  de  vingt  ans. 
Louis  XI  se  fait  successivement  rendre  hommage  par  les 
deux  Bourgognes,  la  Picardie,  TArtois,  le  Hainaut;  mais  il 
m^contente  le  prince  d'Orange,  k  qui  il  doit  la  nugeure  partie 
de  ses  conqh^tes,  et  celui-d  se  toume  contre  lui;  la  Boui^ 
gogne  se  soulive.  Marie  de  Bourgogne,  fille  de  Charles  le 
Tdm^aire,  se  marie  k  MaximiUen  d'Autriche,  que  tes  Bour- 
guignons  accudllent  avec  Joie.  Cependant,  le  traits  d'Arras 
( 148) )  met  fin  k  cette  guerre,  en  assurant  au  dauphin  la 
main  de  la  fiUe  de  Marie  el.de  Maximilien.  £n  mdme  lemps 
la  Provence  est  r^unie  k  la  France,  par  Textinction  de  la 
maison  d'AnJoo ,  et  Louis  XI  meurt  au  chAteau  de  Ples- 
sis-I^Tonrs,  oti  il  vivait  au  milieu  des  prteautions  les  plus 
grandes  pour  sa  sOret^,  taut  sa  defiance  avail  cm  avec  TAge. 
Lonis  XI  avail  abalM^  I'aristocralie;  mais  quelque  popu- 
{aires  que  fussent  ses  mesures  et  ses  maniires,  il  avait  m<- 
contente  tons  les  ordres  :  les  princes  du  sang  ^taient  loos 
soumis;  la  ftodallt^  ne  pouvait  plus  lulter  contre  PautoriU 
royale;  les  barons  et  les  gran: Is  sdgneurs  ne  pouvaient 
pins  conduire  leurs  vassaux  k  la  guerre,  et  leur  droit  de 
commander  le  guet  et  la  garde  dans  teurs  chAtdlenies  ^tail 
restrdnt;  raugmentation  des  soldats  et  des  charges  avait 

DICT.   DB  hk  COiNVEMS.  —  T.  IX. 


teras6  le  people.  Le  roi  savalt  la  hahie  qo*on  Ini  portait,  eC 
c^est  k  la  connaissance  de  la  v^rit^  qu'on  doit  attiibiier  I'excte 
desa  defiance  et  de  sa  cniaut^.  Tristan  TErmile,  son 
pr^At,  s*Atait  fait  le  ministre  de  see  barberies :  des  cages  da 
fer  de  six  k  hull  pieds  de  long  servaient  de  prison  anx  en* 
nemis  de  son  matlre;  le  cardisuad  La  Balue,  le  due  d'Alen^n 
et  pittsieurs  autres  fiirenl  enferm^  dans  ees  cages. 

CbarlesYIIiaaitAg^detrdie  ans  et  deux  mois  k  la 
mort  de  son  pire.  Les  princes  dn  sang,  rtents  aotoor  de 
lui ,  s'arrogeaient  une  aulorii^  qoi  souleva  bienlM  de  grandes 
divisions  entre  eux ;  les  plalntes  de  la  nation  ajoutaient  beau- 
coup  aux  diflicultes  de  teur  dtuation  et  aux  embarras  du 
gouvemement  Un  reconrs  anx  ^ts  g^ndnnx  semblait  Aire 
le  mdiiettr  parti  k  prendre  pour  satisfaire  k  toutes  les  exi- 
gences. Les  ^ts  sent  convoqo^  A  tours :  Us  abandonnent  le 
gonvernement  k  la  fille  de  Louis  XI,  A  la  dame  de  Beau  j  en , 
k  qui  les  dues  d^Orldans  et  de  BouriMn  le  disputaient.  En 
mtaie  temps,  ils  signalent  de  nombreox  abus  k  reformer. 
Les  cahiers  du  tiers  6tat  reprtenlent  la  misAre  excessive 
du  pauvre  peupl»jadi%  ncmmifran^oii,  ei  ores  depirs 
condition  que  le  serj.  Ces  ^tals,  qui  occupent  nne  place 
importante  dans  fhistoire,  soul  renvoy^  aprte  avoir  i^uit 
les  tallies.  On  leur  promet  de  les  assembler  de  nouvean 
loos  les  deux  ans.  D^jk  le  peuple  et  les  grands  s*adressaient 
k  eux  oomme  a  une  autorit6  sonveraine;  mais  leur  faiblesse 
les  fit  renoncer  au  r6le  qu'ils  auraient  pu  jouer,  pour  se 
contenler  de  cdui  de  simples  l^sUteurs.  Cependant,  le 
due  d*Orl<ans  ( depuis  Lonis  XII )  et  les  princes,  m^con- 
tents  du  pouvoir  confi6  k  la  dame  de  Beaujeu,  invent  P^n- 
dard  de  la  r6volte;  mais  le  combat  de  Saint- Aubin-du-Cor- 
mier  d^truit  cette  ligue,  et  le  due  d*OrMans  est  eroprisonn^. 
Aprte  cette  victoire.  qui  lui  a  enievd  ses  prindpales  villes, 
le  due  de  Bretagne  demande  la  paix,  et  meurt,  ne  laissant 
que  des  filies  (1488).  Anne  de  Bretagne,  Palnte,  6tait 
fiancte  k  Maximilien  d*Autricbe,  dont  Charies  VIII  devait 
^ponser  la  fille;  mais  le  roi  de  France  renvoie  k  cdui-d  Mar- 
guerite de  Bourgogne,  et  spouse  Anne  de  Bretagne,  poor 
accroftro  ses  ^Is  par  la  possession  de  cette  grande  provuiee. 

Peo  de  temps  aprte  cette  union,  le  roi,  persuade  quit 
remplira  un  Jour  Tunivers  de  son  nom ,  el  qoTen  sa  qua*" 
IM  d*hMtier  des  possessions  et  pr^entiona  de  la  maison 
d'Ai^oo ,  il  a  (les  droits  sor  le  royaome  de  Naples,  s'em- 
presse  de  conclore  une  paix  dtovantageuae  avec  Maximi- 
lien d'Autriche,  Ferdinand  d*£spagne  et  Henri  VIH  d'Au- 
gletenre,  cMantau  premier  les  comt^  de  Bourgogne,  de 
Charolais  et  d'Artois,  au  second  le  Roussillon  et  la  Cer- 
dagne,  s'engageant  k  payer  k  Henri  1,145,000  6cus  d*or. 
Aprte  ces  arrangements,  II  s'^nce  en  Italic,  et  envahit  le 
royaume  Naples  en  quinze  jours;  mala  cette  conqu^te 
alarme  le%prioces  Chretiens.  La  ligue  de  Venise  est  fonuee 
entre  les  V^oiliens ,  le  pape  Alexandra  VI ,  Fempcreur  Maxi- 
milien d'Autriche  et  Ludovic  Sforce,  due  de  Milan.  Qnaranle 
mille  allite  atlendent  k  U  descente  des  Apennms  Charles, 
qui  bat  en  retraite :  ils  sent  compl^tement  d^faits  par  9,000 
Fran^ais  k  la  bataille  de  For  none,  Malgr^  les  r6sultatsde 
cette  victoire  et  ceux  de  la  bataille  de  S^minare  en  Calabre , 
gagn^  par  D*Aubigny  contra  Gonzalve  de  Cordoue 
et  le  roi  Ferdinand  de  Naples,  ce  royauoM  est  bienlAl  perdu 
pour  la  France ,  et  Charles  VIII  meurt  en  songeanl  k  res- 
saisir  sa  conquMe. 

II  n'avait  pas  d*enfants.  Le  due  d*0rl6ans,  arri^e-petit- 
fils  de  Charles  V,  lui  succMe  sous  le  nom  de  Louis  XII. 
II  dpouse  la  veuve  de  Charles  VIII,  autant  par  indinalion 
que  pour  assurer  la  possession  de  la  Bretagne  k  la  France. 
Luuis  XII  debute  par  des  ades  qui  doivent  lui  attirer  la 
popularity;  il  diminue  les  impAts  et  r^krise  Paction  da  la 
justice.  On  ne  devait  pas  s'altendra  k  ce  que  le  due  d*Ori^ans, 
qui  s*6tait  oppose  k  la  seooude  entraprise  sur  Naples,  dfit 
raparallra  sur  le  Ih^tre  de  nos  ravers  aussitdt  aprte  son  av^ 
nement  au  tr6ne ;  mais  bieatdt,  par  cette  fatality  qui  coMa 
lent  dV  et  de  sang  k  la  France,  il  veut,  lui  aossi ,  fdro 
valoir  ses  droits  sur  le  Milanais,  du  chef  de  sa  grand*- 

b4 


$66  FRA]NC£ 

<  * 

Valentine,  et  reconquer  Naples  en  niAioe  tem|M.  Ses  ef-  i 
ftfrtB  sunt  d^abord  couroniite  de  succte;  niaiSy  tromp^  par 
iOD  alli^  Ferdinaiid  la  CalUolique,  avec  lequel  il  doit  par- 
tager  le  royaume  de  Naples,  il  ^riMive  k'son  toiir  de  crnete 
f  erera  :  lea  Fran^aiK  aont  battus  k  Steiiiare,  sous  lea  ordrea 
du  inline  D'Aubigpy  qui  j  avalt  M  victorieux  buit  ana 
ioparaTant-;  k  C^rignole,  06  le  due  de  Nerooure  est  tu^ , 
el  k  Carillan ;  par  suite,  le  royaume  de  Naples  est  de  nou- 
fiau  perdu  pour  eux.  Louis  XII  resseot  iin  vif  chagrio  de 
cea  Rebecs;  cepeodantil  cbAtie  Gtoes , qui  a'^lalt  sonleTiSe, 
•I  adhte  k  la  fameuse  ligfie  de  Ca m  bray ,  qui  devait  tera- 
aer  Venise ;  il  |$agne  aur  lea  trirapes  de  eette  r^pubUqne  la  c^ 
Mbre  bataille  d'Agnadel,  s'empare  de  V^rone,  Ferrare, 
Padoue,  et  fiut  son  entree  tnomphale  dans  Milan.  Mais  le 
pipe  Jules  II,  qui  a  toujours  dA  Tennemi  de  la  France, 
l9rme  centre  cette  puissance,  de  concert  avec  TKspai^e  et 
rAngleterre,  la  ligue  de  la  sainte  union  ( l&lO) :  Bayard  met 
leur  armte  eu  d^route  k  laBastide  deGenivole.  Les  Suisses 
tiennent  au  secours  du  pape;  Gaston  de  Foix,  due  de 
Jfemours,  neveu  de  Louis  XII,  les  eiupeclie  de  faire  une 
Atersion  Tavorable.  Aprte  de  nombreux  suocte,  ce  jeune 
gnerrier  roenrt  k  la  bataille  de  Ravennea,  od  Tarm^  ennemie 
irt  taiUte  en  pieces. 

Maia  la  fortune  avait  ceaa^  d'^e  iavorable  k  nos  armes  : 
Leuis  XII  ne  oooaerre  plus  en  Italie  que  quelques  places. 
les  d^&itesde  Novarre  et  de  Guinegatte,  ob  Bayard  eat  fait 
yrisonnier ;  la  conqu^te  de  la  NaTarre  sur  Jean  d*Albret 
yar  rjEspagne;  TiuTasionde  la  Bourgogne,  de  la  Normandie 
•I  de  la  Flandre  par  les  SuIsms;  Tempereur  Maiimilien  et 
Henri  VUI,  aprto  lui  avoir  Dcut  perdre  enticement  le  Mila- 
ntiA,  le  forcent  k  condure  la  palx.  Pour  subvenir  aux 
Ms  de  la  guerre,  il  avait  rendu  v^nales  lea  cbarges  de  ju- 
dleature :  c^^talt  une  faute  grave  et  indigne  de  aon  caractfera. 
On  reprodie  k  Louia  XJl  ses  mauvaia  succte  dans  la 
guerre  et  les  Ocbeuses  cons^ences  qn*ils  eurent  pour 
ki  finances,  les  (SMites  et  la  dupUdld  de  sa  politique ,  quel- 
quefois  la  duret^  de  saconduite  envers  les  vaincus. 

Son  suGoesseur,  Fran9oial"^(l&l^),  prtoccufi^  de  (eoou- 
frer  le  Milanais,  court  porter  Ja  guerre  en  Italie.  La  bataille 
de  Marignan,  oil  les  Suisses  perdent  14,  000  honimes,  lui 
assure  la  conqu^te  du  Milanais.  Cast  vers  cette  ^poque 
que lepape  L^on  X  et  le roi signentle  fameux  concordat 
par  lequel  la  pragmatique  sanction  ^tait  definiUvement 
abolie,  le  droit  d'an  na^es  donn<^  au  pape ,  et  celui  d'l^lec- 
llon  aux  ^vtehteet  abbayea  au  monarque  IVanfaia.  Ferdi- 
sand  le  Catholique  meurt  aur  ces  entrefaites;  son  petit-fils, 
Charles  I"^,  lui  succMe,  sous  le  nom  de  C  h  a  r  1  e  s-Q  u  i  n  t. 
Yran^is  oondut  avec  oe  monarque  le  traits  deNoyon,  par 
lequel  Charles  devalt  reatituer  la  Navarre  et  ^pouser  Louise 
de  France,  fiUe  de  FranQoia  I*' ,  conditions  qui  ne  furent 
itmals  ex6ctttte;il  eondot  aoaai  odui  de  Fribourg  avec 
ka  Suisses,  qui  s'engagteent  k  one  paix  ^rnelle ,  qu'ils 
a'oilt  paa  violte  d^puis.  Maia  Chariea-Quint  et  Francis  V 
•e  devaient  pas  tarder  k  se  renoontrer  aur  le  champ  de  I'am- 
Mtion;  tous  deux  avaient  brigud  la  oouronne  imp^riale; 
eUe  Aait  teboe  k  Cbades-Quint.  Francis  I*',  dans  une 
entrevue  avec  Henri  vm,  inquiet  aoasi  de  Taccroissement 
de  pouvoir  de  CllarleB^)ufalt,  cherche  k  a*appuyer  de  TAn- 
gleterre  centre  son  benreux  riTal ;  n'ayant  pu  y  r^ossir,  il 
fopporte  k  lui  aeul  tost  le  poida  de  la  guerre,  qui  s^engage 
daiia  les  Pays^Bas.  EUe  eat  4  peu  prte  sans  grands  avan- 
tagea  pour  i*unel  raotre  roi ;  mais  le  sort  des  arroes  devient 
d&vorable  k  Fran^  I*'  en  ItaHe,  on  les  affaires  de  la 
Franeeae  troiivaient  d^^  compromises  par  les  fautes  nom- 
breoses  de  la  cour  el  des  giteiranx.  La  bataille  de  la 
Bicoque  ouvre  aux  imp^aux  Lodi,  Pixaghettone,  Cr^ 
mono  et  G6nes,  qui  est  livrteao  pillage  En  m^me  tempa, 
ttenriVIUdtelafe  la  guerre  kU  France,  et  d'un  autre  cOt^ 
li dMsetion  dn  connteUe de  B on rbon  prive  ee  royaume 
£mk  paiaaant  appoL  Grioe  li  lui ,  les  ennemis  noua  eal^vent 
teacher  la  Mllanida.  Noa  troupes  sont  poursuivies  et  bat- 
liaa^  Rebec;  Bajird  meurt  de  aea  bleasurea.  Enbardi 


par  aea  anec^s,  le  eonnt^table  entie  en  Proveooe, 
Marseille;  mais  apres  quarante  jours  dlnutHea  attaqoea,  ii 
est  oblige  de  repasser  en  Ualie,  ob  Francois  I*'  perd  U  ba 
taille  de  Pavie,  et  devient  prisonnier  de  CharlefrOuint 

•Ce  succte  faiattendu  jette  Ul  disunion  panni  lea  vain- 
queurs :  lepape,  les  Vtoltiens  et  le  nouveau  due  ile  Milan, 
FnuH^  Sfovoe,  s\uiissent  centre  Pempereor,  qui  occopait 
toula  ritalie;  Henri  Vlil  lui*mtaie  ae  declare  contra  lui. 
Cependant,  Fran^  1*'  n'obtient  aa  liberty  ( 1526)  qo*cn 
cedent  k  Charles-Quint  le  duch6  de  Boutyogiie  Jle  oomt^  de 
Chaiielais,  plusieurs  places  importaatea  dn  Dvrd,  ei  aea  {re- 
tentions sur  Naples,  Milan,  G€neB«  etc.  Maia  k  pein^est-ii 
libra  quil  proteste  contra  ce  traitA ;  les  Atats  de  Bo«r- 
gogae  d^larentque  oette  contrte  ne  veut  point  panifr 
sous  une  domination  6trang^;  et  Ul  gnerre  reoonstteace 
en  Italie  entre  Tempereur  et  FnnQoisl*T,  aUi6  lour  tiora 
I'Angleterre,  aux  Suisses,  aux  Vteitiens,  aux  FiorentiDs  et 
aux  Milanais.  Le  traits  de  Cam  b my  procure  k  la  France 
uue  paix  de  quelques  annte ,  pendant  laqueUe  TAavefgne , 
le  fiourbonnais,  le  comt^  de  la  Biarehe  et  Ul  Bretagne  aost 
irr^vocablement  rdunis  it  la  oouronne.  Francis  I*'  occnpe 
soil  loisirs  k  prot^r  la  galanterie  et  las  beaox-arta,  maisil 
fonde  auasi  une  infonterie  nationale. 

Pendant  la  p^ode  que  noua  venona  de  pareourir,  la  ni- 
gion  subissait  des  modiflcatieos  importaniea,  dont  ledocg^ 
catliolique  s'alarmait  aveC  raison.  Luther  et  Calvia 
^talent  venus,  prftehant  la  r^orme;  les  proleatants  s'telait 
r^pandus  et  multiplite  sur  tons  les  points ;  on  comment 
it  les  perstoiter  en  France;  Henri  VIII,  en  Angletem,  k  la 
suite  d*msignifiants  d^6Ma  avec  le  souverain  pontife,  pro> 
t^ea  le  proiestantisme,  et  ae  d^clara  le  chef  de  ifigiiM 
anglicane.  Francis  I*',  au  oontraire, ^tind  pera^cnteur  de 
la  r^orme,  trouve  pourtant  le  rooyen  de  revenur  k  aes  prajels 
sur  ritalie :  le  due  de  Milan,  ayant  yMA  envers  lui  ie  droit 
des  geas  en  faisant  trancher  la  tftte  ^  nn  de  ses  amhassa- 
deurs,  il  profile  de  i*eipMition  de  Charles-Quint  cootie 
Tunis  pour  s*emparer  de  la  Savoie  etdu  Pi^moat;  Cbarle»> 
Quint,  de  son  c6t6,  tente  de  a'emparer  de  la  Provence,  mais 
il  ^houe  devant  Marseille,  et  bat  en  retraite  aprte  avoir 
perdu,  par  lea  makMlies  el  la  diaette,  la  majeure  partie  de 
sa  belle  armte  de  60,000  hommes.  Les  hostility  changent 
alor«  ( 1637)  de  terrain  :  lea  Imp^riaux  entrent  en  Picardie, 
tandis  que  le  roi  8*empare  d^Hodin,  de  Salnt-Venaat  el  de 
quelques  autres  places.  £nfin,  les  deux  rivaux ,  ^puie^, 
signent  une  tr6ve  de  dix  anntes.  Chartes-Qnint  en  profile 
pour  susdter  de  nonveaux  ennemis  k  'U  France.  Dngoast, 
gouverneur  du  Milanais  pour  Tempereur,  fitil  asiasffBier 
deux  ambasaadeors  que  le  roi  envoyallA  Venise.  11  a'ea 
lallait  pas  tant  pour  fariter  FraaQols  I*',  el  la  guem  ^dale 
de  touies  parts. :  en  Picardie,  eu  BralMnt,  dans  le  Luxeas- 
bourg,  oil  la  vUle  de  ee  nom  tomlwau  pouvoU'dc  la  France 
ainsi  que  Maubeuge,  Tirlemont,  «Landrecies-Mir-Saaibi«, 
que  I'empereur  vient  assi^ger  ea  vain;  et  en  Pitoonl,  «a 
le  due  d^Eagbien  s'empare  de  Niee  et  dtfail  DuguasI  k  U 
bataille  de  Ceriaoles;  U^OOO  ImpMaux  sont  mis  tiors  de 
combat.  Mais  bientOt  I'empereur  r^pare  ces  Echoes  en  a^al- 
liant  it  Henri  VIII,  qui  s'empare  de  Boulogne,  repread 
Luxembourg,  pdiitre  en  Champagne  el  arrive  k  Soissons. 
L*alarme  se  r^pand  dans  Paris,  die  dure  peu  :  Cftiarlea, 
dont  Tarmte  ^tait  en  prole  k  la  disetle^  el  qui  altendait 
vainement  les  troupes  anglahifs ,  occuptes  aa  aUge  de  Bou- 
logne, s*arr6Ui  la.  La  paix  de  Cr^,  paix  i  la  foia  boateose 
et  dtevantageuse  pour  la  France,  mil  fin  li  noa  loagnep  d 
funestea  luttes  contre  Tempereur.  EUe  ful  ohuenlie  par  la 
paix  d*Ardrea  avec  Henri  VIII,  qui  s'engagaa  k  raditacr 
Boulogne  dans  bull  ana,  moyennant  800,000  ^coa. 

Le  dtele de  FranfioU  1^  a  ^  appel^  tUeUd4ia  n- 
naiMsanee  :  las  arts  eoomien^ent  ea  effrt  A  graadir 
parmi  nous,  et  riastnidion,  si  rareaous  lea  preaiion  VakH. 
s*ddl  r6pandue.  Le  contact  de  rilatte  AU  en  graade  oadie 
la  cause  de  ces  progrto  inseosibles,  qu*oa  voyait  aouaife 
d^jA  UD  si^e  auparavaot  11  est  f&cheux  que^  poat  faire 


otiiDie  ail  tableau ,  Tliistoire  ait  h  enregistrer  le  massacre 
des  habitants  de  Cabri^res  et  de  M^rindol,  aixus^s  d*6tra 
imbus  des  doctrines  protestantes.  Au  re^te,  ces  doctrines 
noiiYelles  furent  tovyours  reftroi  da  grand  iqonarqne,  et 
dte  1535  il  pro6cri?ait  I'imprimerie,  comme  suapecte  de  les 
propog^r. 

Une  revolution  paimi  lescourtistos  (1547)signala  Tavd- 
nement  de  H  ear  i  11,  fils  de  Francis  I*'.  Le  nouyeau  mo- 
narque  prend  pour  conseillers  le  doc  de  Guise,  le  cardinal 
de  Lorraine,  le  conn^table  de  Montmorency  ,le  marshal  de 
Saint -Andng.  La  duchesse  de  Valentinois,  Diane  de 
Poitiers,  et  Catherine  de  M^icis,  exercent  sqcoessive- 
ment  une  grande  inflnence  aur  les  diterminalions  du  goa- 
▼emement;  les  anciens  conseillers  de  Francis  T'sont  ren- 
voy^a.  La  nation  gagne  peu  k  ces  revolutions  de  cour  :  de 
nouveaux  impOts  sur  le  set  agitent  la  Guienne,  et  pourtant 
Henri  profite  des  troubles  de  I'Angleterre  pour  enlever  k  cette 
puissance  toutes  les  places  fortes  qui  avoisinent  Boulogne. 
Cette  ville  lui  est  mtoie  renuse,  moye&nant  400,000  ecus.  II 
fait,  sous  d'adroits  pretextes,  conduire  en  Prance  la  jeune  reine 
d'^cosse,  Marie  Stuart,  d^eedesix  aas,  qu^il  se  propose  d'unir 
au  dauphin  son  ills,  puis  U  se  ligue  par  le  traite  de  Chambord, 
avec  les  princes  protestants  de  I'Allemagne,  qui  rdvent 
le  inaintien  de  la  constitution  germanique.  Charles-Quint 
crojait  rasservissement  de  PAUemagne  complet;  il  inres- 
tissait  Panne,  qu^il  avait  k  ccBur  de  joindre  au  dnche  de 
Milan.  Uais  Henri  II  et  (es  princes  allemanda  luidedarerent 
la  guerre.  Le  premier  s'eniparis  de  la  Lorraine  et  des  trois 
places  deMetz,  Toul  et  Verdun,  pendant  que  les  dues  de 
Nevers  et  de  Venddme  ravagent  le  Luxembourg  et  le  Hai- 
naut;  raais  abandonne  par  ses  allies,  etapprenant  I'entree 
en  Picardie  et  en  Champagne  des  troupes  de  la  gouvernante 
des  PayS'Bas,  Henri  II  revient  en  France.  L^empereor  as- 
si^  Metx ,  deiendue  par  le  due  de  Guise,  qui  le  force  k 
battre  en  retraite  ( 1553 )  apris  une  perte  de  plus  de  BO,  000 
hommes.  Dans  cette  retraite,  diaries  Quint  detruisit  dh 
fond  en  comble  Therouane  et  Hesdin;  cruaute  inutile,  dont 
le  seulresultat  fut  dUrriter  le  roi,  qui  devasta  k  son  tour  le 
Gambresis,  le  Hainaut  et  le  Brabant.  Lea  Imp^riaux  sont 
battus  au  combat  de  Renti;  nos  arroees  aussi  eprouvent  un 
^chec  en  Itaiie.  Henri  conclut  avec  le  pape  Paul  IV  une 
ligue  offensive  et  defensive,  dont  le  bat  est  la  guerre 
contre  Charles-Quint  et  la  oonqudte  du  royaume  de  Na- 
ples. Mais  une  treve  de  cinq  ans  ne  taide  pas  k  succeder 
a  cette  prise  d*armes  inopinee  (1556). 

Charles-Quint  venait  d'abdiquer  sa  double  oouronne  d^em- 
pereur  et  de  roi,  pour  contempler  du  fond  d*an  cloftre  le 
aeant  des  choses  humalnes.  Le  turbolent  pontife  erutle  mo- 
ment favorable  pour  tounnenter  le  (ils  comnoe  il  avait  tour- 
niente  le  pire.  A  son  instigation,  Henri  II  d^are  la  guerre 
^  P  h  i  1  i  p  p  e  1 1.  Mais  c'etait  peu  de  choses  que  Talliance  de 
Borne;  les  Franks  echouent  en  Italie,  et  ont  k  resister  k 
la  fols  aux  Espagnols  et  aux  Anglais,  entres  en  Picardie;  la 
reine  d'Angleterre,  epouse  de  Philippe  II,  s'etait  reunie  k 
lui  Gontre  Henri  II  :  la  bataiUe  de  Saint-  Queu tin  volt 
tomber  le  due  d'Engbien,  une  multitude  de  sdgneura  de 
{^rand  courage,  et  beauceup  de  braves  soldats.  La  France 
est  en  i;rand  danger.  Heureusement  pour  eUe,  Tennemi  ne 
salt  pas  profiter  de  sa  victoire;  il  s'endart  sur  ses  lauriers, 
tandls  que  le  due  de  Guise,  rappel6  dltalie,  ranime  nos 
troupes  par  la  prise  de  Calais,  que  lea  Anglais  posaedaient 
depuis  Philippe  de  Valois,  et  par  celle  de  Tlilonville,  un  des 
meilleurs  boulevards  de  la  France  du  cdte  de  rAllemagne. 
Les  #fats  generaux,  convoques  4  Teliet  de  voter  des  sub- 
sides pour  la  guerre,  accordenl  troli  millions,  et  la  paix  est 
conclue  k  Cateau-Cambresis ;  Meta,  Verdun,  Toul,  et  Calais 
inem*',  sont  aciiuis  k  la  Frande.  Cetle  paix  est  pourtant  appe- 
l<^  malheureiixe;  car  les  concisions  de  Henri  sont  encore 
bien  pine  gramtes  que  ses  acquisitiona.  Ce  prince  meurt  sur 
<«8  entrefaitrs.  •jiirant  son  r^ne,  la  venalite  des  charges 
n'avait  lail  t\vi  saccroltre;  ilen  avait  memo  cree  de  nou- 
velies,  poor  augnienter  sea  revenua.  II  leota  d'etabiir  lln- 


FRANCE  AOr 

quisition  k  Paris :  le  parlement  fit  avorter  ce  projet  Pour* 


quo!  n*empecha-t-ll  pas  aussi  redit  d'^uen,  qui  lan^ 
la  mort  contre  les  protestants,  sans  autre  reaultat  qa*OB 
surcroU  de  liaine  et  une  augmentation  de  persecutes  ? 

L*epoox  de  Marie  Stuart,  Francois  II,  en  arrivant  «i 
tr6ne,  y  fait  asseoir  I'incapacite  la  pins  grsinde,  la  faiblesM 
physique  et  morale  la  plus  complete.  II  re^il  tour  k  tour 
rimpulslon  de  la  reine  mere  et  dea  Guises,  oocles  deift 
femme.  De  nouvelles  disgrAees,  de  nouvelles  favours,  signs* 
lent  son  regno « tout  parseme  de  disoordes  dviles,  occasion* 
nees  par  les  protestants.  Les  princes  et  seigneurs  mecrni* 
tents,  k  la  tetedesquels  liguraient  le  prince  de  Conde,  i# 
roi  de  Navarre,  chef  de  la  maison  de  Bourbon,  Coli  gnjH 
quelques  autres  grands  noma,  avaient  embrasse  la  reforme^ 
plus  pent-etre  comme  moyen  que  par  conviction.  Leur  pre- 
miere assembieek  V<;nd6me  se  disperse  sans  avoir  rien  bit. 
La  conjuration d'A  mboise,  dont  le  prince  de  Conde  est  Iq 
chef  secret,  alarroe  lea  Guises,  qui  ne  yolent  d*autres  rooyens 
d'arreter  le  torrent  que  d*attribuer  aux  eveques  une  juridie* 
tion  exclusive  sur  tout  ce  qui  a  trait  au  protestantisroe.  Lea 
mouveraenta  des  huguenots  n^en  continoent  pas  moins  :  fli 
demandent  la  tenue  des  etats  qni  sont  convoques.  Cepen- 
dant,  le  roi  fait  arrfiter  le  roi  de  Navarre  et  le  prince  de 
Conde;  one  commission  eondamne  le  dernier  k  la  peine  oe« 
pitale;  il  va  etre  execute,  quand  la  mort  du  roi ,  arrivee  1$ 
6  decembre  I&60,  lui  rend  la  vie  et  la  liberte :  le  pariemeal 
se  hAtede  prodamer  son  innoeence. 

Sous  le  regno  de  Charles  IX  tout  est  en  feu;  les  divi* 
sions  religieuses  s'enveniment;  la  reine  mere,  Catherine  d^ 
Medicis,  les  excite  ou  les  apal<ie  tour  k  tour,  selon  Tascen* 
dant  qu'exerce  sur  elle  le  parii  des  Guises,  auqqel  a'altienl 
le  connetaUe  de  Montmorency  et  le  marshal  de  Saint- ASi* 
dre.  Le  colloqoe  de  Poiasy^  od  Theodore  de  Beae  vieol 
defendre  les  doctrines  des  bnguenots  contre  le  cardinal  de 
Lorraine,  n'amene  aucun  resultat;  mais  le  massacre  des  pro* 
testants  k.  Vassy  donne  le  signal  de  la  premiere  guerre  de 
religion.  Le  prince  de  Conde  se  declare  clief  du  parti  dt 
la  reionoe,  s^empare  d*Orieans,  dont  il  Csit  sa  place  d*armei, 
et  marche  sur  Paris,  en  memo  temps  que  Blois,  Tours, 
Angers,  Poitiers,  La  Rocbdle,  Rouen,  Dieppe^  le  Havre  H 
Lyon,  tombent  au  pouvoir  des  siens.  Les  princes  allemanda 
et  la  reine  Elisabeth  d* Angleterre  appaodlsaent  k  ces  socces  * 
ils  foumissent  des  secours  aux  insoi|;es,  qui  leur  Hvrentlf 
Havre  en  echange;  mais  les  cathollques,  qui  vofent  Torage 
grossir,  s^emparent  du  roi  k  Fontaineblean,  et  appellent  A 
leur  aide  les  Espagnols  et  les  Suisses.  La  prise  de  Rouen, 
la  victoire  de  Dreox,  oh  les  chefs  des  deux  armees,  le  prinee 
de  Conde  et  le  connetable  de  Montmorency,  sont  faits  pi4> 
sonniers,  encouragent  les  cathollques.  Mais  no  nouvel  eehee 
les  meni^ce :  le  due  de  Guise  est  assassine  au  siege  d*Orieans, 
par  un  gentibomme  nomme  Poltrot  de  Mere,  et  il  en  results 
une  premiere  pacification  oonclue  k  Aniboise,  pacification  Is 
plus  favorable  qui  ait  eie  acconiee  aux  protestants.  Alors  let 
deux  armees  se  reunissent  centre  les  Anglais,  et  les  nhassent 
do  Havre.  La  paix  est  conclue  avec  rAiigleterre,  k  laqiielle 
la  France  donne  1 20.000  ecna  en  dedomiuagement  de  Calais, 
Durant  cet  intervalle  de  repot,  Charles  IX  institue  les  tri- 
bunaux  de  commerce ;  il  fixe,  par  une  ordonnanee,  le  com* 
mencement  de  I'annee  au  premier  Janvier,  et  reforme  qnel* 
ques  kbu^  dans  ^'administration  de  la  justice  ( 1567).' 

La  conduite  tortueuse  de  Catherine  de  Medids  Inspire  dai 
inquietudes  anx  protestants ;  ils  ferment  le  projet  de  s*em* 
parer  du  roi,  alors  k  Meaox;  oe  projet  est  dejoae  par  It 
fuite  de  la  cour.  Une  soconde  guerre  de  religion  commence; 
les  protestants  reprennent  Orieans,  s'approclient  de  Paris,  it 
livrent  k  Saint-Denis  une  bataille  dont  ri<;sue  est  tioutetise. 
C*est  ici  qu*ii  faut  placer  la  paix  de  Lo  ^umeau ,  appeiee 
nusst  paix/ourr^e  ou  petite  paix,  dont  les  consequences 
leur  furent  si  peu  favorables.  Le  roi  ayaot  declare  ne  voa* 
loir  qn*une  religion  en  France,  et  persistant  li  expalser  sani 
pitie  les  ministres  protectants  tine  trotsieme  gnerre  religleufe 
eclate.  La  perte  de  la  bataille  de  Jarnac,  od  le  pnnce  dt 


Hi. 


568 


FEAJNCE 


Gond^  eitlAdMiiient  nuuMf  odle  de  la  bataille  de  Mont- 
oontoar,  ne  lauent  pas  la  oonstance  des  biiguenoU.  La 
paix  de  Saint-Gennalo-cn-Laya  leor  aocoide  de  grands  avan- 
tages ;  mais  oes  eoncessioBs  n^dtaient  qo^im  pi^  de  la  rdne 
mire :  aprte  lifen  des  flootoatioiis,  eUe  se  decide  k  Texter* 
minatiooda  pntiprolestaiity  et  laSaint^Barth^lemy 
se  cadie*iiideiise  doritee lea  apoanDces  de  pais.  Get  affreux 
massacre,  qui  s'^tend  anx  proYtaioea,  fait  perdie  k  la  France 
pins  de  80,000  eitoyeiis,  ^gtMfte  on  teigrte. 

Loin  d'aaener  la  paix  par  la  teneor,  la  Saint-BartMtaoiy 
ne  iait  qnlmprimer  h  la  goene  one  nouTelle  6nergie :  les 
piotestanta  conrent  anx  annes;  les  places  fortes  du  Berry,  de 
rAonis,  da  PoHoa ,  da  Virarais,  des  G^vennes  et  do  Lan- 
goedoc  tombeot  en  leor  pooYoir.  Le  si^e  de  La  Rocheile 
^puise  longlemps  les  efforts  de  rannte  du  doc  d'Aiyoo, 
ft^re  do  r^;  Saneerre  refuse,  ^nsi  qoe  plusieors Tilies  pro- 
testantes,  de  se  soumettre  h  on  nouvel  ^t  de  pacification. 
Get  autre  si^ge  coCrte  prte  de  40,000  bommes  k  la  France. 
Les  excte  auxquels  s'^taient  portto  les  deux  partis  donnent 
naissance  k  on  tiers  parti ,  celoi  des  poUtiques  on  des  ma  /• 
contents,  Le  docd'Akaigon,  lepius  jeone  des  Mres  du 
roi,  et  les  Montmorency  se  placent  k  leor  tMe.  Le  prince 
Henri  de  B^am,  roi  de  Navarre ,  qui  avait  ^pous^  en  1572 
U  soeor  de  Gbaries  IX,  se  Jette  dans  leors  rangs,  L'efTroi 
gagne  les  Guises  t  lis  font  arrMer  le  due  d'Alen^on^  le  roi 
de  RaTaiTS,  les  mar^chaux  de 'Montmorency  et  de  Goss6, 
sous  pr^texte  que  les  malcontents  doivent  se  joindre  aux 
huguenots,  et  prendre  poor  chef  le  doc  d^Alen^n.  Deux 
agents  de  oe  prince  sont  condemn^  k  mort  et  ex^cutte. 
£n  1574,  la  mort  de  Gbaries  Ui  appelle  on  nooveao  roi  k 
gooTemer  la  France. 

Le  doc  d^Aijoo,  Henri  III,  flo  depuis  pen  roi  de  Po- 
logne,  reyient  en  kite  recoeillir  f heritage  de  son  fhte,  et  se 
livrer  aux  plaisirs  que  lul  ofTre  la  cour  de  France.  Henri 
sMtaitfait  une  r^ntationde  braToore  aox  batailles  de  Jamac 
et  de  Montcootour,  dont  le  gsln  appartenait  tootefois  plut6t 
an  mar^chal  de  Tavanne qu*^  loi ;  mais,  bomroe  de  dissi- 
pation, dfyku6  d'^nergie  et  de  jugement,  11  ^tait  incapable 
de  roettre  un  terme  aux  discordes  clTiles  de  la  France.  Apr^ 
avoir  d^but^  par  se  dessalsir  b^^volement  des  demises 
possessions  que  la  France  consei  vflt  en  Savoie ,  il  continue 
la  guerre  centre  les  calvinistes.  L*exteution  de  Montbrun 
met  le  comble  k  Texasp^ation  des  protestants  du  Dauphin^, 
auxquels  se  r^unissent  les  malcontents.  Le  due  d^Alen^on , 
marcbe  k  la  t^  desr6form^,  auxquels  le  prince  de  Gond^ 
amtoe  un  renfort  de  8,000  Allemands.  Le  roi  de  Navarre 
s'^cbappe  de  la  cour,  et,  abjorant  le  catbolicisme  qu'ii  a 
€U  (oTc6  d'embrasser  lors  de  la  Saint-Barth^lemy,  se  joint 
auxcahbiistes,  qui  se  fiSlidtent  de  son  retoor.  Henri  III  est 
force  k  conclure  une  psix  par  laquelle  les  protestants  con- 
servent  des  places  de  sOret^,  le  libre  exerdce  de  leur  culte, 
et  obtiennent  beaoconp  d^autres  arantages.  Ges  concessions 
alannent  et excitentlea  eatholiqoes :  la  liguese  forme;  les 
^tats  de  Bloia,  en  qoi  lei  protestants  avaient  placi  leurs 
esp^nces,  raotorisent  formellement,  et  Henri  UI  s'en  de- 
clare le  dief ,  pour  ne  point  laisser  au  due  de  Guise  la  direc 
tion  de  cette  redoiitable  association  politico-religlease,  qui 
enveloppe  le  royaume  de  son  vaste  r^seao.  Le  dnc  d'Alen^n, 
r^conclli^  avec  la  cour  et  dereno  due  d'Anjoo,  eigne  ^le- 
nient la  ligoe ;  il  s^oppose  k  one  iMcificationque  rend  blentOt 
illusoire  une  nouvelle  guerre,  renoovel^e  et  calmte  presque 
iinro^iatement,  la  guerre  des  amoureux^  dans  laqoelle  le  roi 
de  Navarre  se  distingue  k  la  prise  de  Gabors. 

Le  due  d'Anjoo  ne  tarde  pas  k  £tre  appel^  en  Hollande, 
on  les  ^tats  I'investissent  dTune  souverainet^  que  son  im- 
prudence lui  fidt  perdre.  Sa  mort  ( 1 584 ) ,  en  a|>pelant  le  roi 
de  Navarre  k  soccMer  k  Henri  III,  incapable  d*avoir  des 
enfants,  lUtnattre  de  nouvelles  divisions.  Les  ligueurs  lepous- 
sent  la  l^tlmit^  do  roi  de  Navarre.  Le  due  de  Guise,  qui  a»- 
pirait  secr^tement  au  trOne,  n'osant  aflidier  ses  pretention's, 
poosse  levieox  eardhial  Gbaries,  d*une  branchecadette  de  la 
oiaison  deBonrbon,  4  80  dfehuntr  prince  du  sang  et  beritier 


pr^somptif  de  la  cooronne.  Les  ligoeon  obClennent  da  papr 
Sixte-Qufait  une  buUe  par  laqoelle  il  declare  le  roi  de  Navarre 
et  le  prince  de  Gond6  Mritiques^  et  comma  lels  incapsMes 
de  socc6der  k  aocon  prince,  et  le  fidUe  roi  de  Frasee,  ne  aoft- 
geant  qo*4  see  idgiKms  et  ii  des  processions  de  p^teols, 
laisse  toot  fidre.  Pooss^  par  la  crafaite,  il  r^voqoe  tooa  fes 
avantages  assurte  aox  calvinistes  par  la  deml^  pacMteatiea. 
La  guerre  de$  troti  Benrif  ainsi  nommte  paree  qoe  la 
cbefo  des  trois  armto,  le  roi  de  France,  oeloi  de  Navane 
et  Guise  portaient  le  m£me  pr^nom,  foomit  au  roi  de  Na 
varre  one  nooveUe  occasion  de  se  signaler  eo  gagnaBl  la 
bataille  de  Coutras,  en  Guienne,  tandis  qoe  Guise  et  le  ra* 
forcent  k  une  bonteuse  retraite  une  armte  de  Soisses  et 
d' Allemands  qui  vient  augmenter  ses  forces. 

Cependani  la  ligoe  cbercbait  k  se  fortifier  en  se  oooeen- 
trant.  Un  conseil  nommtf  des  Seise ,  du  nom  des  seiie 
quartiers  de  Paris,  appel^  k  en  ^re  lea  membresy  et 
compost  des  cr^tures  des  Guises,  devient  la  tete  de  ce 
parti  et  le  point  d'ob  Timpresslon  doit  se  comaioniqner 
aux  extremity.  Le  despotisme  de  cette  assemble  ptee  a 
Henri  HI.  Init^  d'allleurs  par  one  requOte  dans  laqudleles 
catlioliques  loi  demandent  la  poblication  do  eoncilc  de 
Trente,  IMtablissement  de  IMnquisition,  et  on 
notable  dansle  gouvemement,  ildissimule  son 
et  veut  maltriser  ParisAl'aided'on  corps  de  troopes; 
Guise  organise  la  Joomte  des  barricades  ^  et  le  roi  se 
b&tedc  fnir  sa  capitale.  Faible,  tonjours  indteb,  nialgr6  sa 
haioe  centre  Guise,  il  le  declare  lieutenant  gte^rai  da 
royaume,  reconnsltle  cardinal  de  Bourbon  poor  soo  aoeees- 
seur,  et  s^engage  par  TMit  de  reunion ,  sign^  k  Rouen ,  k  ne 
conclure  ancuoe  paix  avec  les  huguenots;  puis,  les  ttUs 
g^n^raux  sont  convoqu^  k  Blois ,  et  pendant  leor  tenoe  le 
roi  fait  assassiner  Guise  et  son  fr^  le  cardinal, 
croyant  avoir  tout  fait  poor  sa  sOret6 ,  il  se  rendort  de 
veao.  Mais  le  meurtre  de  leur  chef  a  mis  le  comble  k  la 
rage  des  ligueurs.  Us  revHent  le  due  de  Mayenne,  fr^ 
puln^des  Guises,  du  titre  debeotenant  g^ndral  de  V£tci  ci 
couronne  de  France.  Maltres  de  Paris,  ils  font  enfermer  le 
parlemeot  k  la  Bastille.  Les  Seize,  la  Sorbonne ,  pronoaoent 
la  d^ch^nce  du  roi,  qui  de  Blois  arrive  ^ovant^  A  Tours, 
et  s'alliant,  dans  sa  mauvaise  fortune^  4  ce  roi  de  NaTarre 
quil  ad^ar^  inhabile  k  lui  succ^er,  11  enveloppe  Paris 
d'une  ann^  de  40,000  bommes,  et  meurt  le  1"  aodt  t589, 
sous  le  couteau  de  Jacques  Gl^ment,  au  moment  oft  ii 
allait  etouffer  rinsurrection  des  Seixe.  En  loi  finit  la  brancbe 
des  Valois ,  qui  avait  donn^  treize  rois  k  la  Frauoe 

A  peme  Henri  III  a-t-il  ferm^  les  yeux  que  le  roi  de  Na- 
varre est  proclam^  dans  le  camp  sous  le  nom  de  Henri  1  v. 
II  s'^tait  solennellement  engage  k  se  faire  instruire  <**«•  la 
religion  catholique,  k  la  mainteoir  et  k  n*accorder  aux  cal- 
vinistes I'exercice  de  leur  culte  que  d*aprte  les  Mils  da  fee 
roi ,  et  pourtant  c*est  k  peine  >s'U  re^it  les  serments  d^ne 
partie  des  seigneurs  de  Tarm^  royale,  qui  proraetleat  de 
raider  k  conqu^rir  son  royaume.  La  lutte  devait  £tre  longoc 
encore;  maltre  plusieurs fois  des  faobourg<t  de  Paris,  et  pret 
k  r^duire  cette  ville  par  famine ,  il  est  plusieurs  fois  oM^ 
de  lever  le  si^  devant  les  armto  qoi  viennent  secoorir  la 
capitale  affaro^.  Le  due  de  Mayenne  et  le  due  de  Parms, 
Alexandre  Fam^  sont  les  g^teux  qui  pendant  dnq  aas 
lui  disputant  avec  le  plus  desuccte  la  possession  de  la  France. 
Henri  est  bien  victorieux  aux  batailles  d'Arqoes  (1889>, 
d*Ivry  (1590),  au  combat  d'Aumale  (1592);  mab,  malgr^ 
ses  soccte,  les  Seize  dominent  encore  Paris,  et  la  plopart 
des  provinces  ob^issent  k  leors  ordres.  Lvs  ligueurs  ont  prt>- 
clam^  roi,  sous  le  nom  de  Charles  X.  lecardlnalde  B  o  o  r  bon , 
prisonnicr  de  Henri ;  la  mort  de  ce  monarqoe  in  partibus 
n^atti^it  pas  le  z^  des  ligueurs  et  ne  nUentIt  pas  leor 
courageuse  dtfense. 

La  couronne  devient  parmi  eux  une  source  de  divisioM. 
Le  due  de  Mayenne  y  pr^nd ;  plusieurs  |iartis  veuicnt  la 
mettre  sur  la  X&ie  du  jeune  carfiinai  dc  Bourbon ,  fib  de 
Louis,  prince  de  Gond^,  ou  sor  ceile  du  jeune  doc  deGoiie, 


FRANCE 


6e» 


auquei  on  ferait  ^pouser  la  fille  de  PhUippe  11 ,  rot  dTs- 
pagne,  quiatUse  la  d'ueorde.  Le  5  Janvier  1593,  lea  tets 
gfntaox  sont  convoqn^  k  ParU  poor  T^lection  d*uQ  lol. 
te  l^t  do  papa  et  Pambasaadear  d*Espagne  essayent  de 
faire  abroger  la  lol  safiqne ,  poor  que  le  tr6ne  soft  a4iug^  A 
la  fille  de  Philippe  11 ;  mais  lea  ^tatase  apparent  sans  avoir 
iiend6dd«.  BientAl  Tabjaration  aolennelle  do  roi,  k  Saint- 
Denis,  change  les  dispositions  des  espcita,  d^jk  fort  adoods 
depnis  que  Mayenne  avait  dissons  les  Seae  poor  lea  pnnir 
de  Feidcuiion  d^un  prteident  et  de  pinsieors  meoibres  do 
parlement.  Durant  oette  pMode  de  cinq  ans,  Panarcliie  la 
pins  comply  r^gnait  aossi  dans  les  provinces,  tenant,  lea 
ones  poor  la  ligne  on  la  sainto  union,  les  autres  pour  le  roi : 
JoyenaeenLanguedoe^le  doc  de  Mercosur  enBrctagne 
ippartenaient  an  premier  parti;  Lesdigniftresen  Dao- 
pliin<i,  La  None  et  le  martebal  de  Biron  senraient  dans 
Tautre.  L^  dues  de  Savoie  et  de  Lorraine  profitferent  de 
cette  longoe  guerre  pour  essayer  de  8*agrandir  aox  d^- 
pena  de  U  Franee;  Dials  Lesdigniireset  le  due  de  Bouillon 
les  refoul^rent  dans  leors  territoires.  Les  conferences  ou- 
▼ertes  k  Surtaes  et  k  Saint-Denis  par  les  ^ts,  la  tr^ve  de 
trois  mois  oouclue  avec  les  liguenrs ,  et  bien  plus  les  efforts 
do  due  de  Bri  ssac ,  gouvemeur  de  Paris ,  pT6parirent  au 
roi  la  conqn^  de  la  eapltale. 

Henri  IV  yentra  le  1t1  roars  1594,  aprte  avoir  pris  ou 
sonmis  Dreux,  Cbartres,  Meanx,  Lyon,  Orleans,  Bourges. 
Bieiit6t  11  ne  resta  pins  k  la  ligue  que  le  Langoedoc  et  la 
Bretagpe,  od  le  due  d*Aumont  pressait  vivement  le  due  de 
Mercoeor.  Une  tr6ve  concloe  avecce  dernier  etavec  Mayenne 
donna  nn  moment  de  repos  aux  parties  belligtentes.  L*at- 
tentat  de  Jean  C  b  A  t  el  qti*a?ait  d^j^  prMd^  un  projet  d'at- 
teeter  k  la  vie  du  roi,  con^  par  nn  batelier,  Pierre  Barrio, 
manifesle  la  baine  tine  les  ligueors  vouent  encore  k  Henri  IV. 
Les  j  ^ s  u  i  tes  sont  cbasste  de  France,  cumme  exdtateurs  de 
cette  tentative  d'assassinat;  mais  lis  ne  tardent  pas  k  6tre 
rappeMs.  Cependant,  la  conduite  tortneuse  dcroi  d'Espagne 
depuia  le  prindpe  dee  troubles  religieux  avalt  indign^  le  roi ; 
il  ne  balance  plusi  lol  dtelarer  la  guerre,  et  marcbe  en 
Bourgogne,  centre  son  g^ndral  Fernand  Velasco  et  centre 
Mayenne,  qui  s'est  joint  aux  Espagnols ;  il  les  bat  k  Fon- 
taine-Franfaiae.  Henri  IV,  ayant  ^  relev^  par  le  pape  de 
8on  exoomronnicalion,  traiteavec  les  plus  chauds  ligueurs  : 
MayfnnCi  Joyenae,  d*£pemon,  se  sonuiettent,  et  sont  com- 
bl^defavenrs;  Marsdlle  seooue  lejoug  des  i^volt^.  Ce« 
pendant  lea  Eapagnols  nons  avaiont  enlev^  Calais  et  Ardres ; 
its  s'empar^rent  mAme  d' Amiens  dans  one  troode  en  Picardie 
qui  leur  r^ussit;  la  paix  de  Vervins  rendit  k  la  France 
tootes  lea  places  que  PEspagne  loi  avait  enlevdes.  La  pad- 
fication  de  la  Bretagne  avalt  pr^luii^  k  une  tranquillity  dont 
la  Franee  ne  Jouissait  pas  depuis  longtemps ;  le  roi  se  repo- 
aait  des  fatigues  de  la  guerre  en  prenant  de  saf^  mesures. 
Par  ViditdeNantBS  il  accorda  aux  protestants  la  liberty 
de  ieor  culte  et  les  dddara  admissibles  k  toutes  les  charges. 
Son  ministre,  le  marquis  de  Rosny,  due  de  S  u  1 1  y ,  s*occopa 
k  r^bHr  Pordre  dans  les  finances  :  la  dette  de  la  France 
^tait  alors  deSSO  millions;  grAce  au  ministre,  des  Econo- 
mies considteblcs  furent  failes,  et  servirenl  k  d^ager  une 
partie  des  domaines  de  l'£lat  qui  avaient  tU  alito^s.  La 
France  s*accrot  de  la  Br  esse,  du  Bugey,  et  du  Val- 
Romey,  que  le  due  de  Savoie  Miangea  centre  le  roarqulsat 
de  Saluces,  dont  II  s^^tait  emparE  pendant  la  paix  (1600-1). 
Cast  k  pea  pris  vers  la  m^roe  Epoque  que  Henri  rv 
Epousa  MariedeMEdicis,  fille  de  Francois  de  MMids, 
due  de  Florence,  aprte  avoir  fait  annuler  par  le  pape  son 
manage  avec  Maigucrite  de  Valois,  dont  II  n^avait  pu  en 
d^enfant.  Dix  ans  |ilus  tard,  le  lendeuiain  m^me  du  jour  oil 
11  faisait  couronner  k  Saint-Denis  la  nonvelle  reinc,  11  fut 
astassinE  par  R  a  vail  lac,  et  rooiirut  sans  profi^rer  une 
parole,  le  U  mai  teio.  Phisleurs  conjurations  avaient  etE 
•ordies  centre  sa  vie  dana  le  comn  de  ret  dix  anntes  :  le 
maricbal  de  Biron  et  quelques  seigneurs,  qui  se  flattaient, 
4iaait-on,  d*ob(eoir  lasouveraineM  deeorlaincs  parties  dela 


France  et  de  rdtablir  le  r^e  de  la  f^odaUt^,  avaient  M 
accoste  de  oonsplrer  centre  le  roi.  Moins  beurenx  qu^Hen- 
riette  de  Balzac  d*Entragues,  andenne  maltresse  de  Henri  IV, 
qui  en  avait  re^u  une  proroesac  terite  de  maiiage  et  qui 
ctmsplra  centre  Ini,  le  martehal  eot  la  t6te  tranche.  Sooa 
Henri  IV,  la  France  a'accmt  de  la  Navarre,  dn  BEarv 
etdocomt^deFoix. 

Pins  none  avan^ns,  plus  I'unitE  se  prononce,  plus  l'bia« 
toire se  concentre;  die  ae resume,  11  est  vrai, tout  entiire  en 
de  miaErabies  intrigues  de  cour,  en  des  guerres  plus  oo 
mofais  opportones  et  trop  rarement  nationaies,  maia  le  tra* 
vail  d*a0slomEration  ne  a'en  opte  pas  moins.  Tdle  est,  k 
pea  de  chose  prte,  la  physionomie  que  pr^nte  le  r^a 
de  Louis  XIII.  La  rdne  mtee,  Marie  de  MMids,  nom- 
mte  r^gente,  se  laisse  dominer  par  Condni,  Itallen  parvenu, 
qu'ellecrte  marshal  d'Anere,etpar  £l6onore  Galigai, 
sa  feoune.  Le  martebal  mapire  k  la  r^ente  des  mesures  qui 
m^contentent  les  calvinistes  et  les  grands,  qu'il  s'efforce  d*a- 
baisser  pour  conserver  le  poovoir.  Ceux-ci  mnrmnrent  et 
menacent.  Us  ont  dans  leurs  rangs  lea  dues  de  Bouillon,  de 
Venddme,  de  Longueville,  de  Nevers,  et  le  prince  de 
CondE.  Le  traits  de  Sainte-Mteehould  les  apaise  en  leur 
promettant  la  convocation  prochaine  des  ^ts  g^n^raux  k 
Paria  (1614);  mais  ces  Etats  ne  produisent  que  la  diviaion 
territoriale  de  la  France  en  dome  grands  gouveroements. 
Les  grands,  irrit^  de  voirqu^aucunchangement  n^est  op6rE 
dans  le  minlstire,  se  liguentde  nonveau  centre  le  conadl;, 
Cond^l^e  T^tendard  de  la  r^oite,  il  s'allie  aux  protestants. 
Cette  lev6e  de  boocliera  rtesdt.  Un  ^t  de  padfication  est 
signE  k  Loudun,  favorable  aux  princes  et  aux  calvfaiistes. 

Louis  xni,  d^elarE  majeur,  avait  contmoE  au  nuu*Echaf 
d'Ancre  la  Ikvenr  dont  il  jouissait  sons  la  r^ente.  BientM 
il  se  donne  un  nouveau  favori, leduc  deLoynes,etlait 
assasdner  le  marshal  d'Ancre.  Le  rigne  de  ce  nouveau 
favori  duradnq  annte;  il  exdta,  lui  aussi,  de  nouveaux 
mdcontentements,  qui  n^^ientque  trop  favoris^  par  la  rdne 
in^.  Cependant,  l€»  duca  de  Longueville,  de  Mayenne  et  d'£« 
pemon  font  leur  pdx  avec  la  cour;  mais  un  Mil  ordonnant 
la  restitution  dea  biens  ecd^slastiques  saisis  dans  le  B^n, 
lors  des  guerres  religieuses,  devient  un  nouveau  (erment  de 
discorde :  les  protestants  sonmis,  mais  non  terrass^,  se  soo- 
tevent  dans  une  assemblde  tenue  k  La  Rocbdle.  Partout  ili 
sonnent  le  tocsui,  ordonnent  k  leors  coreliglonnairea  de 
prendre  les  armes,  mettent  k  leur  t6te  les  dues  de  Bouil- 
lon, de  Rohan  et  de  Soubise,  et  commencent  one  guerre 
trois  lois  iuterrompue,  qui  n*est  temun^  par  T^lt  de 
NImes  qu*en  1 629,  aprte  la  prise  deLaRochelle,de  Pri  vas, 
et  de  la  piupart  des  places  en  leur  pouvoir.  On  a  pr^tendu 
que  leur  projet  <Halt  de  faire  de  la  France  une  ri^publique, 
qu*lls  avaient  d^jh  divis^  en  lioit  gouvememeots. 

Durant  cette  guerre,  un  nouvd  homme  suigit  au  pouvoir. 
Satite  domine toute  son  ^poqne.  Cet  homme  est  Rich e* 
lieu.  Son  systime  inflexible,  11  le  suit  en  brisant  toot  ce 
qui  s'oppose  k  sa  marche.  Soomettre  les  grands  au  mo- 
narque,  r^duire  les  protestants  k  Pimpuissance  del'attaquer 
de  nouveau,  bumilier  surtout  la  mdson  d'Aotriche  :  voili 
son  triple  but.  La  possession  de  la  Valtdine,  valine  des 
Grisons,  pouvait  servir  k  la  maison  d*Autriche  de  commu- 
nication entre  tea  £tats  d*Ailemagne  d  d^Italie :  il  attaque  les 
Espagnols  qui  s'en  sont  empar^,  les  en  chasse  et  restitue 
la  Valtdine  jBux  Grisons.  La  succession  au  docli^  de  Mantoue 
disput^e  k  Charles  de  Gonzague  par  les  dnc«  de  Savoie  et  de 
Guastalla,  appuytepar  PAutriclie,  met  de  nouveau  les  Fran* 
^s  aox  prises  avec  les  Espagnols.  La  bataille  de  Vdllane 
ae  toume  pour  nous  en  une  nouvelle  victoire,  d  les  traits 
de  Ratislwnne  d  de  Qui^rasque  assurent  an  due  de  Nevers 
la  possession  de  son  heritage  :  Pignerol  est  poor  U  France 
le  fruit  de  cette  campagne.  C<^tait  encore  trop  pen  pour  Ri- 
chelieu :  persistant  dans  la  haine  qu*il  porte  k  l^emperenr 
Ferdinand,  ils^allieau  ro<  de  SuMe,  Gustaie-Adol- 
p  11  e ,  et  fait  servir  k  ses  dessdns  les  vastes  projetsdu  conqiie- 
rant  su^dols.  En  m6me  temps,  il  fomentalt  d*utie 


570 


FHAlNCE 


eoirt  le  parlement  d'Angleieirc  el  Charles  1"  des  ^i*  ' 
Tisions  aiixqiielles  oq  ne  ponvait  assigner  de  terme,  et  il  ' 
aoutenait  de  Tautre,  an  sein  des  Pajfi-Ba%  le  prince  d*0-  ; 
Vange  cootre  le  roi  d*Espagne.  Tant  de  succte  irritent  de  : 
pius  en  plus  les  grands,  qui  ^pient  le  monnent  favorable  pour  • 
renverser  le  pouvoir  do  premier  ministre.  Leducd'Ori<ians» 
fr^re  do  roi,  qui  avait  dijii  prispartA  plus  d*une  r^volte  i 
eoDtre  les  favoris  de  sod  fr^re,  se  met  k  la  t6te  des  m^con-  i 
tents ;  il  s'allle  anssi  avec  son  beau-p^re»  le  due  de  Lor- 
raine, auquel  il  fait  perdre  le  doch^  de  Bar,  Clermont  et 
plusieurs  autres  fiefs.  Arrive  dans  le  Languedoc,  il  y  r^int 
le  mar^al  de  Montmorency;  mats  lesort  cesHode  lui 
^tre  fiiTirable ;  U  perd  le  combat  de  Castelnaudari,  oti  le 
mar^^bal  est  fait  prisonnier.  Celui-d  esp^re  en  Tain  que  sa 
sonuiission  d^iniera  le  roi,  oo  plitt6t  Richelieu.  Valnes- 
poir :  il  est  entente  en  .1635,  et  l*on  reapecte  le  doc  d^Or> 
lians,  1  instigateur  de  sa  r^volte. 

Cepeudant,  la  guerre  ext^rieure  s'allume  de  nouTeau. 
La  France  signe  uae  ligue  olfensiTO  el  defensive  avec  la 
Hollande,  et  pen  aprte  avee  la  SaTole  et  le  ducli6  de  Parme, 
contre  Pemper^r  et  le»  Espagnpls.  Les  Franks,  garment 
la  bataille  d^Airefai,  et  battent  les  Imp^riaox  suf  les  bords  de 
TAdda,  dans  le  val  de  Fiiet,  k  la  journte  de  Morbeigne  :  cos 
nomhreux  succds  n*emptebent  point  les  Espagnols  et  les 
Imp^riaux  d'envabir  la  Picardie  et  la  Bourgogne;  Corbie 
tombe  mdme  au  pojuyou*  des  premiers.  Ces  succ^,  toute- 
fois»  ne  aont  pas  de  looftue  dar4e  :  les  Espa^iols  ne  lardent 
pas  k  4tre  cliass^ ;  les  Imp6riaux  ^vacuent  ^galement  la 
liourgogpe,  et  perdent  8,000  iiommes  avant  d*aToir  atteint 
le  RhiUi  Les  Espagnola  sent  encore  battos  k  Vespala ,  sur 
les  hords  du  lac  de  G6me»  k  la  batailie  de  Buffarula,  oti  le 
marik^ial  de  Cr^quy  oommandait  notre  arm^e.  lis  perdent 
4es  lies  Saiole-Mai;guerHe  et  Saint-Uooorat,  dont  ils  s'^- 
taieot  rendus  maltres  en  lft35,  Landrecies,  La  Capelle/le 
Clatelet,  Maubeuge,  Bavay^  Ypres,  Darovilliers,  Breda,  que 
[eurenl^?ent  les  Hollandais,  et  son!  repouss^  de  Leucate  en 
RoussiUon.  La  guerre  continue  avecachamement.  Les  Fran- 
ks sont  encore  Yainqueurs  k  Wolfenbuttel,  li  Keinpen,  k 
Vals,  k  Lerida;  ils  s'emparent  de  Bar-le-Ouc,  d*£pinal, 
d'Hesdin,  d' Arras ,  de  Bapaome,  de  Lens  et  de  La  Basste; 
inais  ils  sont  battus  k  Uonnecourt  ( lft42 ).  Deux  r^YoluUons 
arrivte  en  Catalogae.iet  rinsurrection  de  celte  province, 
au  nom  et  avec  Tappui  de  la  France,  d*un  cM ;  de  raotre, 
le  cooronnement,  par  les  cortte  de  Portugal,  du  doc  de  Bra- 
gance,  qui  s'aliie  i  la  France,  favorisent  de  plus  en  plus  les 
projets  de  Richelieu.  Ce  ministre ,  pUjs  obsUn^  cheque  jour 
au  dessein  d^abaisser  les  grands,  en  STait  Cait  extoiler  plu- 
iileurs  ({ui  conspiraient  contre  lui.  Ses  demiers  Jours  sont 
marqu^  par  la  conspiration  et  la  condamnation  k  mort  de 
Cinq-Mars  :  il  nieurt  en  appelant  le  cardinal  Mazarin4 
lui  succ61er  au  minlKt^re.  A  quelques  moisde  distance,  le 
roi  suit  dans  la  tombe  le  ministre  qui  l*avait,  pour  la  gloire 
de  la  France,  conslamment  doming  :  il  s'^tait  rtonctli^ 
avec  son  fr^re,  le  due  d'Ork^ans,  sans  cesse  en  hostility  avec 
une  cour  dans  laquelle  Riclielleu  lui  avait  assign^  un  r61e  | 
et  une  position  iodignea  de  lui.  A  la  mort  de  Louts  XI II 
( 1643 ),  la  France  s'^tait  agrandie  du  RoussiUon,  oon- 
quis  sur  les  Espagnols,  el  de  Monaco,  qui  se  plagasous 
ta  protection. . 

Louis  XIII  avait,  pen  avant  d^expirer,  status  sur  la  r^- 
gence,  quHl  donnait  ^  la  reine,  et  sur  le  conseil  de  r^gence. 
Mais  la  reine  se  fit  accorder  la  r^ence  sans  restriction,  et 
prit  le  cardinal  Mazarin  pour  son  premier  ministre.  La 
France,  durant  un  Intervalle  de  cinq  ans,  denieura  victo* 
rieuse  au  dehors;  quelques  teliecs  sans  importance  ne 
lui  enlev^reiit  pas  le  fruit  des  bataiUes  de  Rocroi,  de 
Fribonrg,  de  Nordlingue,  de  Lens,  gagnteparle 
grand  Cond^,  alors  due  (rEngliien;  de  Summersliansen, 
gagn^e  par  Turenne;  <le  Cr^inone  et  de  plusieurs  aulres 
combats  moins  importants.  Cependanf  Mazarin  avait  de 
Dombreux  ennemis;  quelqueft  iMits  bursaux,  on^reux  ao 
oeuple«  irrit^rent  les  parlements;  le  parti  de  la/rontfe. 


i  la  tdte  dnqod  se  plac^rent  ledic  de  Bean  fort,  le  ooad- 
jnlear  de  Paris,  cartlinal  de  Retz,  le  prince  de  Conti,  etc, 
s*organisa  et  domina  dans  le  parlement  de  Paris,  qui  Invita 
tons  les  autres  parlements  et  cours  sooveratnes  k  taire  cause 
commune  avec  lui;  et  le  feu  mal  ^teiat  des  andeoiies  div 
cordes  se  ralluma  tout  k  coup.  Apr^  afolr  valnenent  tent^ 
d'apaiser  le  people  par  des  concessions,  Maxarin  fit  anr^trr 
deux  membres  du  parlement ,  le  president  Blane-M^iiil  et 
le  conseiller  Broussel,  d^vou^  k  la  fronde.  A  cette  bob- 
velle,  le  peuple  s'arma  dans  la  nuit  du  26  au  27  aodt  ( I64a ) ; 
des  barricades  s'^v^rent  de  tons  c6t^,  et  les  frondeors 
s'apprftt^rent  k  repousser  la  force  par  la  fom;  mals  la  miv 
en  liberty  des  magistrats,  acoordte  an  parleaieiit,  apaKa 
cette  s^ition. 

La  paix  de  Monster,  assurant  k  la  France  la  soovt^- 
rainet^deToul,  Metz,  Verdun  et  Pignerol,  ainsique 
la  possession  de  T Alsace  et  de  Brisach;  un  6dit  portant 
diminution  de  10  millions  sur  les  tallies,  et  de  2  mitiioiK 
sur  les  entrte  de  Paris,  n'exerc^rent  auciine  iaduenoe  sw 
les  ro6conteat8.  La  cour  s'enfuit  k  Saint-Germain-en- Layr, 
ou  elle  fut  r^duite  k  la  demiere  mis^re;  die  appela  Coade 
contre  les  frondeurs.  Les  hostility  rommenc^rent,  et,  aprte 
uae  guerre  dont  les  bons  mots,  les  ^igramroes  et  les  chan- 
sons des  deux  partis  semblaient  faire  une  guerre  poor  ricp, 
la  cour  rentra  k  Paris.  Mais  nn  nouvean  iMifl  ne  tarda  pis 
k  se  former  :  c^^tait  celui  des  petitS'fnaiires ,  k  la  tMe  du- 
quel  se  trouvaient  Condd  et  le  prince  de  Conti.  La  reioe  fit 
arreter  les  princes;  mals  nn  an  aprte  ( 16S1 )  les  frondcan 
la  (brc^rent  k  les  ddivrer  et  k  cbasser  son  premier  ministpr. 
Cependant  Mazarin  rentra  en  France  I'aniite  saivante,  es- 
corts pas  six  mille  hommes,  et  reprit  sa  place  dans  le  con- 
sell  du  roi.  Cond^  se  pla^a  k  la  t£te  de  ses  ennemis,  tandis 
que  Turenne,  un  moment  dans  les  rangs  des  Espagnei^, 
qui  essayaient  de  profiler  des  troubles  de  la  France  ponr 
s'agrandir  k  ses  d^pens,  commanda  lea  troopea  royales ;  \e^ 
deux  arm<^  arriv^rent  aox  environs  de  Paris,  et  y  livi^ 
rent  la  bataille  du  faubourg  Saint-Antoine,  durant  laqHfl!^^ 
mademoiselle  de  Monlpensier,  fiUe  do  due  d'Orl^ns,  fit  tinr 
le  canon  de  la  Bastille  sor  les  soldats  du  roi.  Enfin,  la  cocir 
accorda  nue  amnistie  i^n^rale,  et  rentra  de  nouveau  k  Paris. 
Cette  amnistie  n'empteba  point  Parrestation  du  cardinal  de 
Retz  et  le  retonr  de  Tobjet  des  balnea  populairas,  de  ce 
Mazarin,  auquel  la  ooor  avait  insensiblement  pr<^par6  iei 
sprits.  Le  parlement,  oubliant  les  opinions  qu*il  avait  prs- 
festt^ ,  condamna  a  mort  le  prince  de  Cond6 ,  qui  alia  olfrir 
son  6p^  aux  Espagnols. 

Les  troubles  civils,  enti^reraentapais^  en  16&4,  laissireirit 
le  cliamp  libre  k  la  guerre  contre  TEspagne,  qui  n'avail  pai 
discontinue.  Aprte  de  nomhreux  suoote  remporite  de  tons 
les  cOtte  sur  I'ennemi,  les  Fran^en  viennent  aux  mains 
k  la  bataille  des  Dunes,  oil  Cond^  et  don  Juan  d^'Autriche 
sont  details  par  Turenne.  Enfin,  la  paix  des  Pyrenees 
( 10S9 )  termine  une  guerre  de  vingt-cinq  ana,  dont  les  deal 
nations  ^talent  ^alement  fatlgute.  La  France  conserva  par 
ce  trait6  le  oomt^  d^Artois,  moins  Arras  et  Saint- Omer,  uae 
partie  des  comtte  de  Flandre  et  do  Hainant,  du  dncli^  dr 
Luxembourg,  et  au  midi  les  comtte  de  RoussiUon  d  de  Con- 
nans.  Le  manage  de  Louis  XIV  avee  la  fiUe  aln^  de  Phi- 
lippe IV,  roi  d*Espa(^e,  y  fut  ^galement  stipol^,  ainai  qve  le 
retour  et  la  rtint^ation  du  prince  de  Cond^  dana  set 
eioplols  et  dignity. 

Un  6v6nement  qui  semblait  devoir  enU^remeat  cbanfv 
la  face  de  la  France  signalarann^  1661.  Je  veux  parler  da 
la  mort  de  Mazarin.  Jusqu'A  cetle.^poque  le  roi  s*ilait  coos^ 
tammenttaiss^  guider  par  son  premier  ministre;  les  ooofti- 
sans  ne  le  sonpfonnaieni  pas  capablede  gouvemer  lui-mteie, 
quaod  Louis  d^lara  que  c'^tait  k  lui  seul  qu'eppartenaxt 
di^rmaisradministrationdesaflaires.  II  eotbiendans  Loik 
vuisct  Colbert  deux ministres  qui  oontribu^renl  beao- 
coup  k  sa  gloire ;  mais  jamais  il  ne  se  laisf  a  dominer  par  enx« 
D6s  Oft  moment  on  le  vit  faice  respecter  I'^tat ,  qu'il  avait 
personnifie  en  lui,  et  accroltre  la  prosperity  de  U  Fraiica» 


FRAMCE 

tani  pai  ses  armes  qae  par  leg  progrte  de  i'inclustrie.  Le 
canal  du  Languedoc  ful  commenoi;  des  colons  fran^ais  al- 
latent  peupler  Cayenne  et  le  Canada.  Le  due  de  Beaufort, 
charge  d'une  expedition  contre  lea  coreaires  barbaresques, 
les  mit  pour  quelque  temps  dans  PimpossibUite  de  tenir  la 
mer,  pendant  que  le  pape  dtait  oblige  de  donner  satislaction 
a  la  France  pour  des  insultes  foitesli  Rome  ^Tambassadeur 
francs.  Louis  XIV  acbeta  Dunkerque aux Anglais, aux- 
qnels  Turenne  Tavait  remis  aprte  I'aToir  enlevd  aux  Espa- 
gnots,  quelques  jours  aprte  la  bataiBedes  Dunes.  11  foumis- 
sait  des  secours  a  Pempereur,  attaqu^  par  lea  Turcs,  aux 
£tats-gto6raux  contre  P  Angleterre  et  au  Portugal.  Le  cb&leau 
de  Versailles, la  colonnade  du  L o u t  r e, r^tablissement 
d'un  grand  nombre  de  manuraotures  attest^rent  la  soUici- 
tude  de  Colbert  pour  les  beaux-arts  et  le  conunerce  ( 1667). 

La  mort  de  Philippe  IV  Toumitii  Louis  XIV  le  pr6- 
texte  de  rtelamer  les  droits  acquis  tur  les  Pays-Bas  i  Ma- 
rie-Tb^r^,  fiUe  de  ce  monarque,  qu'il  avait  6pous^  :  ces 
droits,  atixqueis  elle  avait  renonc^,  devenaient  par  \k  tr6s-Iiti- 
gieu\ ;  mais  Lools,  jugeantque  la  force  £tait  appel^e^  dteider 
de  leur  justice,  declare  la  guerre  k  I'Espagne.  La  conqu^to  de 
la  Flandre,  faite  en  trois  roois,  efiraya  TAngleterre,  la  Su^e 
et  la  HoIIande,  qui  s^^ient  Ugute  pour  arrftter  les  progr^ 
de  Louis  XIV;  la  F  rancbe-Com  t^  n*en  fut  pas  moins 
conquise  en  quinze  jours,  et  la  premiere  paix  d '  A  i  x  - 1  a  • 
C  b  a  p  e  1 1  e ,  en  rendant  cette  province  a  I'Espagne,  conserva 
k  la  France  les  nouvelles  possessions  qu*elle  venait  d*ac- 
qu^rir  en  Flandre.  La  HoUande  avait  jou^  le  rOle  d'arbitre 
dans  cette  pacification ;  le  roi  se  pr^para  en  silence  h  la  faire 
repentir  de  la  coalition  qu'elle  avait  form^  pour  le  forcer 
k  la  paix  :  aprte  s'6tre  empar^  des  £tats  du  due  de  Lorraine, 
dont  tootes  les  actions  ^taient  bostiles  k  la  France,  il  s*oc- 
cupa  k  detacher  TAnglt^terre  et  la  SuMe  de  la  HoUande; 
aprte  avoir  r^ssi  k  isoier  cetfe  puissance,  il  lui  d^clara  la 
guerre  ( 1671).  Toute  la  Batavie  est  blent6t  en  son  pouToir. 
Le  prince  d'Orange  (vuyez  Guillausb  III ) ,  ^lu  statliouder, 
s'oppose  en  vain  k  la  marclie  des  Frangais,  et,  hors  Amster- 
dam, La  Haye  et  quelques  villes  qui,  pour  ne  point  dtre 
prises,  lAchent  leurs  ^uses  et  inondent  leur  territoire, 
toute  la  HoUande  se  trouve  entre  nos  mains.  Mais  la  gran- 
deur des  revers  des  HoUandais,  en  faisant  redouter  la 
France,  pousse  Tempereur,  T^ecteur  de  Brandebourg,  T^ 
lecteur  palatin,  TEspagne  et  TAngieterre  k  se  llguer  contre 
la  France ;  et  la  HoUande  est  sauv^. 

Cependant  la  guerre  continue  avec  succte.  Le  Palatiuat 
est,  par  Tordre  formel  du  roi,  mis  inutilement^  feu  et  k  sang. 
Turenne  remport«  sa  Alsace  les  batailles  de  Sintzeim,  d^Ens- 
beim,  de  Turkbeini  H  profite  des  avaotages  qu'il  a  rempor- 
t^.  La  mort  qui  I  enl6ve  k  ses  soldats  cause  une  constema- 
tioR  g^n^raie;  des  revers  la  suivent.  Mais  bienU)t  les  Fran- 
cis sont  victorieux  sur  terre  et  sur  mer ;  la  paix  de  Ni- 
m^gue  ( 1678)  leur  assure  la  Franche-Comt^,  Valendennes, 
Boucliain,  l3ond^,Cambray,  Aire,SaintrOmer,  Ypres,  War- 
wick, Wameton,  Poperingue,  Bailleul,  Cassel,  Bavay  et 
Maubeuge.  La  prise  de  Strasbourg,  le  bombardement  d*AI- 
fser,  la  soumission  de  G^nes,  qui  avait  offens^  la  France , 
rimpoUtique  revocation  de  Tedit  de  Nantes,  qui  force  plus 
de  200,000  protestants  k  s'expatrier,  sont  les  ^v^nemenU  les 
plus  remarquables  de  ce  r^e  jusqu'^  P^poqueoii  la  guerre 
recommence  de  nouveau  (1668)  en  AUemagne  contre  Tern- 
pereur  et  les  principaux  Etato  de  TEmpbre,  I'Espagne,  la 
SuMe,  la  HoUande  et  laSavoie.  Les  mar^aux  de  L  uxem- 
bourget  Catinat  remportent  de  nombreux  succte ,  et 
gagnentles  batailles  de  F  leur  us,  de  Staffard  e,  de  Ner- 
windeet  deMarsailles.  La  guerre  est  ^ement  aUu- 
inte  contre  PAngleterre  :  cette  nation,  aprte  avoir  cliass^ 
Jacquesll,  avait  appel6  k  la  roy  aut6  le  prince  d'Orange. 
Louis  XIV  appuyait  de  tout  son  pouvoir  le  monarque  fugitif, 
et  lui  avait  fourai  de  grands  mais  inuUles  secours.  La  ma*. 
fine  fran^ise  se  distingue,  et  bien  qu'elle  perde  U  ba- 
taille  de  La  Hogue,  remi)ortede  grands  avantages  su  *«<  Ad 
glais  et  sur  les  HoUandais.  Enfm,  la  paix  de  R  >  s  w  ick ,  en 


671 

1697,  met  im  tctiue  k  cette  guerre,  dont  le  malbeur  univerkel 
est  le  r^sultat. 

Cette  paix  se  fit,  non  plus  avec  ces  conditions  avanta- 
gcuses  qu*exigeait  la  giandeur  de  Louis  XIV,  mais  avec 
une  facility  et  des  concessions  qui  auraieul  droit  d'^tonner, 
apr^  dix  ans  de  victoires,  si  cette  conduite  n*cat  ete  motive 
par  un  espoir  d'agrandissement  Le  roi  d*£si)agne,  Char- 
les II,  s'6teignait  lenttment,^  un  Age  peu  avance.  Ce  prince 
n'avait  pas  d'enfants,  et  sa  succession  ^laitTobjet  dela  con- 
voitise  de  tous  les  souverains.  I>&}k  de  sou  vivant,  et  k  son 
insu,  l*Angleterre ,  la  HoUande  ctla  France  s^^cnt,  par 
un  trait^  partag^  cette  succession.  Mais  le  testament  de 
Cbarles  II  d^truisitce  traits,  en  instituant  Philippe,  due 
d'Anjou,  second  fils  du  dauphin,  h^ritier  de  toute  la  monar- 
cliie  espagnole.  Louis  XIV  accepte  ce  testament  en  s^^riant : 
//  n'y  a  plus  de  Pyr€n6es;  et  le  due  d'Aojou  est  procIam6 
roi.  Bient6t  Pempereur,  PAngleterre,  la  HoUande  et  toutes  lea 
puissances,  mteontentes  de  voir  un  Bourbon  monter  sur 
le  tr6ne  d'Espagne,  conunencent  cette  guerre  de  la  s  u  cc e s- 
sion,  si  longue  et  si  malheureuse  pour  la  France  (1702). 
Les  ennemis  opposent  aux  mar^aux  de  Villeroi,  de 
Villars  et  au  due  de  VendOme,  nos  g^n^raux,  des  ca- 
pitaines  dignes  de  guider  des  armies  :  c^^taieut  le  prince 
Eugene  de  Savoie  et  le  fameux  ChurdiiU,  plus  connu  ciiez. 
nous  sous  le  nom  de  Marlborough.  Les  Fran^als  avaient 
^t^  assez  beureux  dans  les  deux  premieres  campagnes ;  ils  ne 
tardent  pomt  k  ^prouver  de  grands  revers,  que  ne  peu  vent 
compenser  quelques  victoires.  La  perte  des  batailles  d*  H  och- 
stedt,  de  RamilUes,  de  Turin,  de  Malplaquet,  vier^l 
liumiUer  le  monarque  k  qui  Ton  avait  donn6  le  nom  de 
Grand, 

Le  tr6ne  du  nouveau  roi  d^Espagne,  compromis  d^abord, 
est  cependant  relev6  et  soutenu  par  plusieurs  avantages 
que  remporte  Venddme.  Louis  XIV,  accabl^  par  les  m^U 
beurs  de  nos  armes,  et  pouss^  par  lamis^re  du  people,  qne^ 
la  disette  avait  r^duit  aux  derni^res  extr^mit^s,  demande  la 
paix;  mais  le  congr^s  de  Gertruydenberg ,  en  exigeant  que 
ce  monarque  travaille  seul  k  d^trdner  son  petit- fils,  lui  ofTre 
des  conditions  si  humiUantes  qu'U  se  ddcide  k  continuer  la 
guerre.  Quelques  succ^  en  Espagne  furent  le  r^ultat  de- 
la  campagne  de  1711.  Enfin,  la  disgrace  de  Marlborough, 
Iruit  de  quelques  intrigues  de  cour,  et  la  mort  de  Terope- 
reur  Joseph,  suivie  de  T^Iection  k  I'Empire  de  Tarchiduc 
Cbarles,  qui  disputait  la  couronne  d'Espagne  au  petit-fils 
de  Louis  XIV,  sont  un  acheminement  k  la  paix  :  I'Angle- 
terre  donne  la  premiere  Texemple,  en  signant  une  tr6ve  de 
deux  mois,  pendant  laquelle  un  congr6s  s^ouvre  k  Utrecht 
pour  trailer  de  la  paix  g^n^rale.  La  bataille  de  Denain, 
gagn^  sur  le  prince  Eugtoe  par  le  mar^chal  de  Villars,  les 
avantages  qui  en  sont  le  fruit,  et  qui  font  perdre  aux  alU^ 
le  rteultat  de  sU  ans  de  succte,  amtoent  la  HoUande  k  d^ 
sirer  cette  paix ;  pour  I'acc^l^rer,  P  h  i  1  i  p  pe  V  renonce  k 
ses  droits  k  la  couronne  de  France,  tandis  que  les  princes^ 
du  sang  Iran^s  font  la  mtoie  renondation  k  T^rd  de  celle 
d'Espagne  (1713).  DifT^rents  traits  proclament  enfin  cette 
union  tant  d^ir^.  Par  ces  traits,  Louis  XIV  reconnalssait 
Anne  pour  rcine  d'Angleterre ;  il  cpnsentait  k  la  demolition 
des  fortifications  de  Dunkerque  et  k  ce  que  la  Grande-Bre* 
tagne  conserv&t  Gibraltaretles  ports  qu'elle  avait  dans 
la  MMiterrande  :  Louis  XIV  restiUialt  au  due  de  Savoie 
Exilles,  Fenestrelles  et  la  vall^  de  Pragelas  en  Change  de 
la  vailte  de  Barcelonnette  et  de  ses  dependences;  la  Hol- 
lande  obtenait  plusieurs  vUles  de  Flandre  pour  lui  servir  de 
barri^re,  et  restituait  U\\t,  Aire,  Wlhuneet  Saint-Venant.  Le 
nouvel  empereur  &V)bsliua  cependant  k  continuer  la  guerre» 
Mais  des  succto  remi^ortes  par  le  marechal  de  ViUars  le 
forewent  enfin  k  suivre  Texemple  des  autres  puissances;  el 
par  le  traits  de  Rastadt  les  choses  reprennent  le  mtaie 
aspect  qu'k  la  paix  de  Ryswick. 

ADrte  avoir  vu  le  trOnede  son  petit-fils  affermi,  Louis  XIV 
moi«rut,  k  TAge  de  soixante-dix-scpt  ans,  apr^s  un  r^e  dc 
soixantc  doii/.o.  Lc  peuplCjOublianl  les  anuses  de  gloire  el  les 


672 


FRANCE 


grandes  ertetions  da  superbe  monarque,  alluma  des  feux 
fie  joie  8ar  )e  passage  de  son  cercueil.  Vers  sea  demiferes 
ann^,  il  s*^tait  montr^  fayorable  anx  j^uites;  fl  ayait  fait 
enragistrer  par  le pariement la  famease bnlle  Vnigenitus. 
En  1701  lea  protestants  des  C^Tennea  s^^ient  soule- 
wi»^  teras^  quMla  ^talent  par  le  poids  dea  impoaiUoiis.  lis 
aTaicnt  pris  iKrar  deTise  :  Faint  (Timpdti  et  liherU  de 
etnueieneel  Looie  XIY  envoya  contre  eai  dea  troupes;  et 
la  guerre  des  cami sards  deTiot  une  affreuse  boucherie. 
Tfa^;t4iea(  annto  de  guerres  ext^rieures  causte  par  rorgueil 
ou  rambition  d\in  hoimne  signal^ent  ce  long  r^gne,  et  cofi- 
t^Dtli  la  France  le  sang  de  1,200,000  soldats;  les  frais 
de  oes  guerres  et  le  faste  royal  de  la  coor  aTaient  coOt^ 
15,000,000,000  de  francs. 

Par  la  mort  dn  roi  (1715) ,  le  due  d*Orl^ans  ^it  appeld 
k  la  r^ence.  Cdte  r^ence,  que  le  caract^re  dece  prince  et 
Je  dterdre  des  flnances  seniblatent  devoir  rendre  roalbeu- 
reose,  se  pr^sente  d'abord  sous  I'aspect  leplns  paisible.  Elle 
n'esttronU^  que  par  la  conspiration  deCellamare,  am- 
liasaadeur  d^Ef^pagne  en  France ,  d^joute  aussitdt  que  for- 
nix, et  qui  fit  declarer  la  guerre  k  I'Espagne.  Mais  la  dis- 
grace du  ministre  espagnol ,  le  cardinal  A 1  b  e  r  o  n  i ,  ne  tarda 
paa  k  ramener  la  paix.  Lonia  XIV  arait  laiss^  la  France 
groT^e  d*ane  dette  consid^able ;  le c^^bre Law,  d'origine 
^cossaise,  persoade  an  r^ent  d'^tablir  one  compagnie  cliar- 
gte  d'acquitter  tontes  les  dettes  de  la  monarchie  an  moyen 
d^un  papier  monnaie  qu'on  Jettera  dans  la  circulation.  Les 
re^enus  de  l*£tat  ^talent  le  revenu  r^  de  cette  banque ;  etie 
fondaaccessoire  consistait  en  un  conunetce  actif  avec  quelques 
colonies ,  commerce  qui  ne  rapporta  jamais  que  de  belles 
esp^rances.  Le  papier-monnaie  de  Law  fut  recliercfi^  avec 
Ibreur.  Au  boutde  trois  ana,  la  banque  qu'il  avail  stabile 
sous  les  auspices  du  regent  avail  foil  des  Amissions  de  papier 
pour  une  somme  qui  d^passait  qnatre  fois  tout  le  nume- 
raire du  royaume.  Le  d^cri  et  la  Tariation  continuelle  des 
monnaies  prononc^  par  la  loi  venaient  encore  en  aide  k  la 
drcolation  de  cette  esptee  d^assignats ;  une  ordonnance  alia 
jnsqn'li  d^fendre  k  tout  indiTidtt,  et  m£me  h  toute  com- 
munaate  ou  corporation ,  degarder  en  caisse  plusde  &00  livres 
«n  argent  monnay^,  les  obligeant  k  porter  le  surplus  pour 
I'tebanger  k  la  banque  de  Law.  Cependant,  cette  grande 
abundance  de  valeurs  fictives ,  et  le  pen  de  solidity  des  fonds 
qn'elles  repr^ntaient,  ne  tard^rent  pas  i  avilir  les  actions 
de  la  banque;  blent  At  m^me  les  reclamations  de  ceux  qui 
demandaient  leur  argent  ne  forent  plus  en  rapport  avec  l^ar- 
gent  en  caisse.  Law  se  Tit  perdn ,  honni ,  ex^cre ;  le  regent 
anssi  Tabandonna ,  car  il  avail  le  tort,  si  grand  aux  yeux  de 
tout  pooToir,  de  n*aToir  pas  r^ussi.  Et  ponrtant  son  syst^me 
nMtait  autre  que  celui  aur  lequel  est  base  aujourdliui  tout 
le  syst^me  financier  de  PEurope.  Law  eialt  seulement  cou- 
pable  d*en  aroir  abuse ;  peut-etre  aussi  etait-il  Irop  en  avant 
de  son  Steele.  Quoi  qn^U  en  soil,  la  chute  de  son  sysl^me 
fnt  le  signal  du  bouleversement  uniTersel  des  fortunes. 

Le  roi,  devenu  majeur,  etalt  appeie  k  gouTemer.  Le  de- 
eordre  des  finances  commencait  dej&  h  cesser,  et  le  cardinal 
Flenry,  que  le  roi  appelait  k  lateie  du  ministere,  malgre 
aoD  Age  arance ,  faisail  face  aux  nombreuses  difficultes  des 
affaires  politiques.  Malheureuaement,  la  bulle  Unigenitus 
^t  les  discussions  des  Jansenistes  et  des  molinistes  jelaient 
les  esprits  dans  on  etat  d*agilation  dangerenx  pour  la  tran- 
qnillite  publlque  :  lea  miracles  du  diacre  P&rls  donuerent 
Uen  k  des  scandales  auxquels  le  pouvoir  mil  un  lerme  en  fai- 
sant  termer  les  issues  conduisant  k  son  tombeau.  Toulefois, 
la  mort  de  Frederic- Aoguste,  roi  de  Pologne  (1733),  vint 
donner  nabsance  k  de  nouvelies  guerres.  Le  roi  Stanislas, 
tean-pere  de  Louis  XV,  de]&  eiu  roi  de  Pologne  en  1704 , 
est  appeie  de  nonvean  k  cette  couronne  en  1733.  Mais  la 
Russie  appuie  par  une  armde  reiection  du  fils  du  feu  roi  de 
Pologne,  et  Stanislas  est  force  de  prendre  la  fuite.  L*empe- 
lenr  dTAUemagne  s^etait  allie  h  la  Russie.  Louis  XV,  pour 
▼eager  ralAront  flsit  il  son  beau-pere,  envoie  une  armee  en 
Itolie  et  OM  mtro  m  Alkmagne,  Elos  trouiies  sent  bicntot 


mattresses  du  Rliin,  et  en  Italic  dies  remportent  de 
avaotages.  La  mediation  de  I'Angleterre  et  de  in  Hollaada 
amene  le  Iraite  de  Vienne,  qui  retablit  la  paix.  Par  ce  trail^ 
Stanislas  abdiquait  ses  droits  au  trOne  de  Pologne  :  ee  lai 
accordait  en  dedommagement  la  Lorraine  et  le  Barrois, 
etre  annexes  k  la  France  aprte  sa  mort;  don  Carlos  d^l 
etait  maintenu  en  possession  da  royaume  de  Naples  et  de 
Sidle,  et  Pempereur  oedait  le  Novarraia  et  le  Tortonais  ae  ni 
de  Sardaigne,  noire  allie. 

La  revolte  de  la  Corse ,  que  Louis  XV  Toulot  aoomettia 
pour  les  Genois,occupa  rattention  de  TEnrope  josqo'A  la  mort 
de  Tempereur  Charles  VI  (1740).  Ce  prince  aTaU  puMie, 
en  1713 ,  une  pragmatique  sanction  d'aprte  laqueUe  la  pos- 
session indivisible  de  ses  £tats  etait  assuree  k  sa  fille.  Ma- 
rie-Ther^ :  toutes  les  puissances  avaient  eigne  cette  pn^* 
matique  sanction.  Plusieurs  sonverains  n*ea  preteDdirent  pas 
moins  k  cette  succession ,  et  la  guerre  se  raOniiia.  Le  doe 
eiecteur  de  Baviere,  appuye  par  la  France »  k  laqoelle  ae 
jofgnent  TEspagne ,  la  Prusse,  la  Pologne  et  la  SardalgDe; 
est  couronne.  On  stance  jusqu^aux  portes  de  Vfenney  tao- 
dis  que  le  grand  Frederic,  roi  de  Prusse,  fait  e|>roiiver 
dMmmenses  pertes  k  la  reine-imperatrice  Marie-Tbertse.  £■- 
fin ,  la  paix  de  Breslau,  en  laissant  la  France  supporter  toot 
le  poids  de  la  guerre,  donne  k  cette  reine  la  Sardaigne ,  la 
Hollande,  la  Russie,  PAngleterre  et  la  Saxe  poar  allies.  La 
France  eprouve  une  suite  de  revers  qui  amenent  rennemi  sar 
nos  fronti^res  et  mettent  un  moment  noa  provinces  da  Blun  ce 
danger.  Le  roi  ( 1743)  prend  en  personne  le  comnftandeneBt 
des  armees,  et  s'efforoe  de  reparer  ces  desastres.  D  gagpe  la 
bataille  deFontenoi,  pendant  <tue  le  roi  de  Pmsse,  son  al- 
lie, oblige  reiecteur  de  Saxe  et  Marie-Tberese  k  oondore 
une  paix  par  laquelle  il  agrandit  encore  sea  £lats.  La  ba^ 
laille  de  Raucoux,  oil  le  marechal  de  Saxe  met  15,000  An- 
trichiens  bors  de  combat,  continue  nos  succte  ea  FlaDdre; 
mais  nos  armees  ne  son!  pas  beureuses  en  Italie,  ou  la  gnene 
se  poursuit  activement :  les  Autricbiens  entrent  dans  G^oesy 
et  penetrant  jusqu'en  Provence ;  heureosement,  le  mar^cbai 
de  Belle-Isle  vient  les  forcer  bientOt  k  quitter  notre  territoiR^ 
pendant  que  de  leur  cAie  les  cenois  se  revoltent  et  les  cfaas- 
sent  de  leurs  murs.  D*aatre  part,  tonte  la  Flandre  bollandatse 
tombe  en  notre  pouYoir;  Berg-op-Zoom  et  Maestricht  se  leo- 
dent  ^  nos  generaux ;  les  allies,  effrayes  du  peril  od  se  troove 
la  Hollande,  ouvrent  des  negociations,  et  la  secoode  paix 
d*Aix-la-Chapelle  est  signee  (1748).  On  prend  poor  base  de 
celte  paix  tons  les  traites  autdrieurs,  et  les  conquetes  Cules 
de  part  et  d*autre  soul  restltuees. 

Nonobstant  ces  conventions,  les  Anglais  ne  ccssaicnt 
d'inquieter  nos  colonies  de  PAmerique  septentrioaale  et  Ue 
cherclier  k  s*agrandir  k  nos  depens  du  c6te  dn  Canada; 
quoiqu'en  pleine  paix,  ils  avaient  plusieurs  fois  attaque 
notre  pavilion.  La  guerre  contre  I'Angleterre  fut  declarde 
en  1756.  L'intervalle  de  repos  qui  Tavait  precedee  avail  ei6 
signaie  par  des  luttes  du  pariement  contre  Pautoriie  royale; 
le  scandale  des  lettres  de  cachet  etait  parvenu  k  soa 
comble,  etIe  roi  se  plongeait  dans  les  debauches  les  plus 
lionteuses.  La  France  s*etait  alliee  k  Marie-Ther^se,  pea- 
dant  que  la  Prusse  se  liguait  avec  TAngleterre.  Cette  gpienc 
ne  se  termina  qu'en  1762,  aprto  avoir  epuise  les  puissancei 
belltgerantes :  elle  avail  donne  lieu  au  pacte  de/amil/e. 
La  paix  de  Paris  (1763),  en  renouvelant  le  deuxieme  traiie 
d*Aix  la-Chapelle,  accordait  k  l*Angleterre  le  sendgal,  ^,  en 
Amerique,  TAcadie,  le  cap  Breton,  le  Canada,  si  glorieose- 
ment  defendu  par  Montcalm,  la  Grenade  et  leurs  dependaa- 
ces,  Saint- Vincent,  la  Dominique  et  Tabago,  enfin  Minorqoe, 
que  la  France  lui  avail  enlevde  au  commencement  delacam- 
pagne.  D^  ce  moment  la  tranquiUiie  de  la  France,  achetee 
au  prix  d'un  traite  humiliant,  n*est  plus  Iroubiee  qne  par 
les  querdles  des  parlements.  L^expulsion  des  jesoites  avait 
(Ite  decides  par  le  pariement  de  Paris  :  k  cette  occaaioa,  le 
due  d'Aiguillon,  accuse  d*avofar  basaeroent  intrigue  en  Bre- 
tagne  contre  La  Chalotals  pire  et  fils,  avail  ete  sos- 
pendu  par  ce  corps  de  ses  fonctions  de  pair.  I/kHs  XV,  vi- 


FRANCS 


67J 


fement  MU  des  obstacles  que  1e  ptriement  upportait  k  ses 
iIMn,  anploie  das  mesares  vlolentes  e(  arbitraires  pour  se 
faire  obdr.  II  exile  d*abord  le  parlemeot,  le  casse,  ainsi 
que  la  eonr  des  aides,  et  lal  en  snbstitoe  an  autre ,  qu'on 
appela  le  parlement  Maupeou,  da  nom  de  ee  dianceiier; 
€eai  des  proTinces  sent  anssi  renouvel^.  Louis  XV  mourut 
aprte  an  r^gne  de  dnquante-Deof  ans  (1774).  Dans  ses  der« 
nitoes  annte,  la  rdunion  de  la  Corse  k  la  France  avalt  M 
apMSy  et  1«  cabinets  de  YieunOy  de  Berlin  et  de  Saint- 
Mersbourg  avaient  proc6d^  sans  opposition  au  prennier 
partage  de  la  Pologne. 

L'aTtoamentde  Louis  XTI^  petlt-fils  du  fen  rol,  pamt 
ramener  la  tranquillity  et  la  prospMtd  dans  le  royanme. 
Les  premieres  mesores  du  ]eune  monarqoe  fturent  de  rt- 
tabllr  lea  anclens  parlements  et  de  rendre  plusienrs  Mits 
AiTorables  au  people.  On  le  Tit  sapprimer  les  conrdes  et 
diercber  li  s'entourer  de  bons  ministres.  La  rareti  des  grains, 
dans  l*annte  qui  sulTit  son  SY^nement,  occasionna  des 
troubles.  Le  minlstre  Turgot  en  profits  pour  foire  proda- 
mer  la  liberty  da  commerce  des  grains  et  (iirhies  dans  I'in- 
IMeur  de  la  France.  Turgut  ne  tarda  pas  4  6tre  remplacA 
par  Recker,  qui  le  piemier  en  France  publia  un  compl»> 
rendu  des  flnances.  11  donna  sa  demission  qnelqaes  Jourt 
aprte  cet  acta  important  (1777).  Le  mont-de-pi^t6  et 
la  loteri  e  royale  furent  ^tablis. 

LMnsurrection  de  TAm^rique,  en  occupant  les  forces  an- 
^bises,  devait  humiller  I'orgoeil  de  la  Grande-Bretagne  et 
abaiaser  sa  puissance.  Louis  XVI,  aprte  ayoir  tacitement 
aotoris^un  grand  nombre  de  ]eunes  nobles,  au  nombre  des* 
quetssetrouTaientLafayetteet  Rochambeau,ialler 
combattre  pour  Tind^iendance  des  £tats  anglo-arodricains 
du  nouYeau  continent,  oondut  un  traits  d'alUance  avee  les 
£tats-Unis,  et  d^dara  la  guerre  k  I'AngMerre.  L*Es- 
pagne,  en  vertu  du  pacta  de  famille,  suivit  cet  exemple. 
L'Amdrique,  les  possessions  fran^aises  dans  rinde  et  les 
mers,  oH se distingua  le  bailli  de  S u  fire n,  Airent  le  tbMtra 
de  eette  guerre.  La  Hdlande,  et  Hyder-Ali-Kban,  p^re  de 
Tippoo-Saeb,  se  d^arirent  Element  centre  TAngleterre; 
nuds  le  reuTersementdu  minist^re  anglais  par  Toppositloa 
whig  fit  condure  la  palx.  Llnd^pendanoe  des  Etats-Cnls 
Alt  reeonnue  par  le  traits  de  Versailles;  I'Espagne  demeura 
en  possession  de  Minorque  et  des  deux  Florides,  qu'dle 
aTait  conquises;  la  HdDande  fut  la  plus  maltraitte  par  celte 
paix,  dont  la  France  ne  retire  d*autre  fhiit  que  d^efliscer 
dea  traitte  de  1763  la  honteuse  condition  qui  oidonnait  la 
demolition  des  fortifications  de  Dunkerque. 

Gependant  les  embarras  pdcuniaires  de  la  France  s*accrois- 
saient  cheque  jour.  Une  premiere  assemblte  des  notables 
futconvoqu^  par  le  mfnistre  des  finances  Galonne,  et 
d^ra  que  le  seui  lemMe  k  apporter  au  mal  ^t  la  des- 
truction des  abas.  C*etait  aussi  ce  que  Necker  avail  de* 
mand^,  et,  comme  ce  dernier,  Calonne  dchooa  devant  les 
notables  qnand  il  propose,  pour  balancer  les  d^penses  et 
169  recettes,  de  crter  nn  fanpM  sor  le  timbre  et  un  Impet 
sur  toutes  les  propri^tte  fond6res  sans  distinction  :  les  no- 
tables, composte  de  priTildgite,  payant  pen  dlmpdta  ou 
n*en  payant  point,  reftis&rent  de  souscrire  k  ces  conditions. 
Poortant  le  sucoesseor  de  Calonne,  L  o  m  6  n  i  e  d  e  B  r  i  e  n  n  e, 
Alt  oblige  d*en  rerenir  k  ces  idtes,  et  prteenta  aa  parlement 
deux  edits  portent  creation  de  I'imp6t  du  timbre  et  d*ane 
subvention  territoriale  de  80  millions,  tdle  que  la  demandalt 
aussi  Calonne.  Le  parlement  s*opposa  k  ces  edits  par  des 
aootifs  dinteret  personnel  :  il  reclame  une  communication 
de  I'etat  des  finances,  avant  de  les  enregistrer,  afin  de  ]us- 
tMer  de  la  1^'timlte  des  besoins;  et  sor  le  reAis  du  minis- 
ttee,  0  dedara  que  les  etats  generaox  seuls  etalent  compe- 
tentsdans  cetle  matl^re,  et  refuse  en  consequence  Penregis- 
trement  Ce  mot  d^etats  generaox,  prononce  aprte  plus  d'un 
sMde  et  demi  d'oubll,  aglta  Tiyement  Popinion  bapllque, 
et  le  roi  s*engagea  k  les  convoquer  pour  le  S  Juillet  (17S7). 
Mate  le  minlstre  ayant  fUt  enregistrer  les  edits  bursaux 
dans  UB  lit  de  justice  tenu  en  seance  royale,  I'oppositioa 


da  pailement  entnlna  Texil  de  pinslean  da  tea  membres. 

Fatiguee  de  iutter  centre  ces  corps,  la  conr  forme  le  projet 
de  bomer  leur  competence  au  jogeinent  des  ofSures  driles, 
:  et  de  crter  une  conr  pienitee  semblabie  k  edle  de  Cbarle- 
j  magna ,  ainsi  que  dee  oonsdis  appdes  grands  baiUiages, 
auxquds  aerait  ittribue  le  droit  d*eiiregistrer  les  loia  de  po- 
Uee  generale  et  lea  edits,  qui  etalent  auparavant  du  ressort 
des  parlements.  Ces  dispositions  equivafaUent  k  lenr  cassa- 
tion; le  conseiller  d*Epremesnii  en  ayant  en  eonnais- 
sauce,  malgre  le  secret  qui  en  cooTrait  rexecotfon,  a*opposa 
energiqaement  k  oette  violation  des  privflegBa  parlemen- 
talres,  et  reclame  lea  etats  generanx  avec  une  ea«rgie  nou- 
vdle.  La  conr  pieniere  n'en  fut  pas  molna  etabUe;  mais, 
poursuivi  par  ropioion  publiqne,  qui  se  pronon^  en  fa< 
veur  du  parlement,  Brienne  (ht  eontraintde  donner  aa  de- 
mission, et  fit  rendre  un  arret  du  consdl  qui  retantait  reta- 
blissement  de  la  cour  pienitee  jnsqu*k  la  convocation  des 
etaU,  fixee  au  5  mai  1789.  U  nouveUe  de  oette  retraite 
produisit  k  Paris  des  troubles  dans  lesquds  le  sang  coula. 
Necker  remplafa  de  Brienne.  Le  parlement  enrei^stra  Pedit 
de  convocation ;  nais,  redontant  les  reformes  qui  pou^ 
relent  rteulter  de  la  preponderance  du  t  ier  s  etat ,  fi  dedda 
que  les  etats  se  reoniraient,  oomme  ea  1014,  par  ordre  et 
en  nombre  egd  dans  trois  cbambres  separees  :  par  Ik,  les 
priviieglte  seraieat  panrenns  k  anuuler  le  vote  du  tten  etet. 
Necker,  qui  voyait  le  piege,  demanda  une  doable  represeo- 
UtioB  pour  le  Uera  eut ;  et  blen  que  reponssee  par  la  se- 
eonde  assemblde  des  notaUea,  eetle  doable  representation 
ftit  aceordee.  En  attendut  la  reunion  des  etato,  la  plus 
grande  fermentation  r^gnait  dans  tootea  les  provinces,  et  k 
Paris  surtout,  o6  le  pillage  des  magasins  du  manutacturier 
Revdlbn  amena  une  intervention  de  ta  force  armee  et  une 
deptoraUe  effusion  de  sang.  Enfin,  le  5  mai  1780,  les  etats, 
d  iropatiemment  attendos,  se  rennissent  k  Vendlles.  Le 
derge  et  ta  nobtasse  s'assemblent  dans  des  cbambres  sepa- 
rees, et  verifient  isoienient  lours  pouvolrs.  Letiersetat,au 
eontraire,  redame  ta  reunion  des  trota  ordres  et  ta  verifica- 
tion ea  ooom*aa.  Renforce  par  les  minoritte  de  ta  noblesse 
et  du  deige,  ta  tiers  etat,  aprte  avoir  vainemeat  attendu  ta 
mijorite  des  deax  ordres  priviiegite  pendant  pins  d*on  moU, 
se  oonstitue  en  auembUe  nailonaU,  d  dte  ee  mooient  ta 
revolutioa  est  oonuncncee. 

Je  n*d  point  k  retracer  id  ta  mareho  et  les  travaux  de 
riOsem^Ms noMoNnle eonsliltf aula;  eette  lAche  a  d^k 
ete  rempHe.  La  seance  etta  sennent  du /etf  de  patf  me,  qui 
n*emp6chent  point  ta  cour  d'annuler  les  premltees  deiibenh 
tions  de  ceUe  assemblte,  temolgnent  de  ta  determfaiatlon  ta- 
flexibta  de  ses  membres.  Aprte  avoir  easaye  de  ta  dissoodre 
et  d'aneter  ta  revolution  par  ta  force,  ta  cour  est  forcee  de 
Aumilier  aprte  ta  U  juiUet,  qui  vit  tomber  la  Bastille 
eons  les  coupe  du  peuple  parisien. 

Le  roi  se  rend  k  Paris,  et  re^  k  11i6td  de  vilta  la  co* 
earde  tricoloie^  devenue  eocarde  nationale.  De  Paris,  ta 
iSermentation  gagne  les  provinces ;  les  dtoyens  y  prennent 
aosd  les  armea  pourtadeitaisa  de  ta  Uberte,  en  memo  temps 
que  des  bandes  fhrlenses  attaquent  et  brfilent  les  dikteaux. 
Le  1  oetobre  les  coolean  natloBales  soat  foniees  aox  pieds 
k  VerBailles,  en  presence  du  fd,  par  les  gardes  du  corps. 
Cette  nouveOe,  arrlvee  k  Paris  porta  k  sen  oombta  Pirritotion 
des  esprito :  dee  nasemblenienta  de  femmes  erient :  A  Far- 
ioUUi!  Une  moltitade  tanombrabte  s*y  presento;  et  ta  s*ae* 
eomplissent  les  sawglantea  jouraeea  des  k  et  •  oetobre, 
aprte  lesqudles  ta  rd  et  ta  tamiUe  royata  viennent  habiter 
les  Tufleries.  La  conflscalloa  des  btans  du  derge,  ta  divi- 
sion nooveUe  da  royaume  en  S3  depaitementa,  ta  creatkm 
desassignats,ta  constitution  civile  du  clerge  et 
la  discusdon  de  ta  constitution,  sent  les  actes  les  plus  im- 
portanto  de  I'assembiee.  L'aftairedu  marqutadeFavras 
n'attira  qu'ua  instant  Paltention  hors  de  ses  solennels 
travaux;  dta  s*y  reporte  bientet  aprte,  car  tous  les  pou- 
volrs, du  moins  dans  la  reallte  de  leur  exerdce,  se  concen* 
trent  entre  ses  mahis. 

8& 


<:^*r  - 


*H^     . 


r 


674  FBA  NCE 

Le  14'juiircl  1700,  rannlvereaire  de  ta  Bafttill6  litmltYes 
Tran^  dans  une/d(/^ra/ion  et  dans  di^  senttmeqte 
^miflnny'  de  patrioUsme  et  die  fraternity.  I;ai  t^Tolte  de  trois 
f^gimeiiC^  &  Nabcy  et  le  eommenoeilieiit 'dd      longiic  et 

^  ttvdUe  j^Tolation  de  SalntrDomuigiie  wA  les  jftT^nements 
1«  plus 'in|)[K)rtatits  de  la  An  de  Pannte  1790, 3U  mort  de 

4Mirikb'^<a(^'jprife'bieiitOt  la tribane  natioAale  du  pliis^ 


V  a  r  enn  jd  a  in'a  d^autre  r^uUat  qae  d^animer  dayanUge  con- 
J  Ire  laf  les  dul^s  et  les  r^TOlutionnaires.  L&  prodainatioo  ^« 
la  Ibi  ntartiale  aii  ChanifHle-M&ra  et  la  dispersion  par  la 
iocce  ded  qtojens  qui  demandaient  lad^^ce  de  Louis  xyi 
i(eiT>nt  plus  tard  durement  reprocbtes  au  monarque. 

ta  co^titutioh  de  1791  ne  tarde  pas  \  ^tire  accepts  par 
ie  Foi.  dout  eile  limitait  ie  poutoir  b6r^taire,«t  TAsitembJlte 


i 


Kommas,  n^cessllte  par  les  revers  de  U  i^bUqnb  qi4 
n'^st  qa*une  grande  place  assieg^  d^  toutes  parts ;  la  ki  da 
maximum.  Ie  vote  et  Vacceptation  de  la  oo«stitutioii  r^- 
bUcaine  de  93,  la  condamnation  par  Ie  tritMjnal  rdTolotm- 
naire  de.larelDe  Marie-A.iitolnette,.de8  girtuidias  et 
dTun  grand  lioittbro  de  citojens  de  tootes  Jes  dasM,  la  Icr^ 
rUdegu^re  de'la  yend,ifie,  l^  crdatipn  du  goaTemenwal 


t^rfeor,  la.  victoire  de  Jemmai^es,  giigp^  par  Doomw- 
Hex,  sous  avait  rendos  maltrea  de  la  B^glqae;  mab  one 
batallle  perdo^  par  Ie  nteie  g^n^ral,  k  Nerwiude.  noos  Jit 
peidre  cette  bdle  conqo^te..  Ija  bitaille  de  Hoodscbooie 
aTait  mis  en  d^ute  les  AnguiSt  tandis  que  dos  gdn^ram 
(Usaienttriompber  les  aiines  de  la  rtpublique  sor  les  Ugae^ 
du  Rbin,  4e  la  Moselle  et  dies  frontiires  dltaUe-  La  Frunre 


rannte  suivante  (1794).  Les  P^ys-Bas  son!  rapfdaneot 
qnis,  apr^  les  batailles  (|e  .HooglMe,  de  CoorCtvy  el  de 
Flevruss  les  Autrichiens  et  les  Prussiens  soot  repooia^ 
Jusqu'au  dela  du  Rlu'n.,  et  du  cdt^  des  Pjr£n6es  noa  ^jkut- 


raux,  apr^  avoir  ddlivr^  notre  territoirey  env 


«^ 


Ugfsl alive  suceMe  ^  U. Constiiuaute.  Les.'inqui^iu^eflf  [  n*est  pas  molns  beurense  duns  ses  exp^tSoas militaires  d* 

que  donnait  rj6Ufgralio^  et  Ie  r^us  dlun  grand  npinbr^.  ^e 

prfttres  i^e  prfiter  serment  &  la  coiistifotion  dvile  di^  clergd 

otossitieiit  des  mesures  rdpressjves.  Plusieors  d^creis  sont 

port^'  dontrte  les  ^migr^s,  dki4r^  passibles  de  la  peine  de 

aoortj;' leurs  biens^  cdSofisqu^,  sont  afTect^  aux  biuoins  de 

tsnanonl  tea  prdthas  r^fradtaires  accost  detrbubler  Tor- 

in  ptt6l^  sbnt  d^port^.  Sur  /^s  e&trefaites«.la  guerre  avait 

M  d6ci^f^  au  toi  de  ^btaie  et  de  Uohgrie,  qui  encoura- 

gealt,le8.esp^rances  des  toigr^j  les  debuts  en  fureni  des 

plus  malbeureu]^.  L'Assembl^e  legislative  ayant  nais  lesmi- 

nistres  en  accusation,  apr^  avoir  dissous  la  gard^  accord^ 

au  monarque  par  la  constitution,  Ie  roi  clioisit  on  mlnls- 

t^re  giro^db^ ;  mais  sa  r^stance  k  sanctionner  Ie  decret  de 

d^rtation  ,6oiklre  les  pr6tres  r^fractaures  et  Ie  decret  dictd 

par  ies  {^ndlns  qui  ^tablissait  un  camp  de  20,000  bommes 

sous  les  uura  de  Paris,  la  destitution  enlin  du  minist^re 

giroodin,  doiment  lieu\la  |oumte  du  20  juin,  qui  ne  tarde 

pas  a  ^ii^  suivie  de  celle  du  10  ao  0 1,  od  1)9  people^  seconidd 

par  de&b'ataillonsde  UAM&  marseUlais  et  br£tons,  s*<^pare 

des  Tuiieties,  et  renverse  la  monarcbie  des.  Bourbons. 

Le.po.uyoTr  ex^uiif  est  suspendu,  et  TAsseinbl^e  l<^s- 
lative  d^rfete  la  convocation  d^une  Convention  natio- 
nale..  ^ais  la  laibless^  ^t  cette  assenibl^e  ae  laisse  l:iient6t 
dominer  par  la  commune  dt  Paris ^  ob  se  trouvent  tpqs  les 
plus  ,ardents  r^voiutionnaires,  tons  les  partisans  des  .iboyens 
les  pins  rigpureiix.  Les  progris  de  rennemf,  qui,  entri  en 
France,  s'empare  de  Longwy  et  de  Verdun,  r^paadent  la 
terreur  et  Texasp^ration ;  les  massacres  At  $€pien^bvt 
sont  Ie  fruit  de  cette  exaspdratioi^  et  de  la  crainteque  mapi- 
festent  les  volontaires  qui  partent  pour  Tarm^  d'abandon- 
ner  leurs  families  k  la  vengeance  des  enn^mis  de  Tint^rieur. 
Cejtte  dispo»tion  des,esprits  avait  dt^cruellement  mise  k 
profit  par  les  plus  redoutables  de^  bommes..  A  ce  douloureux 
tableau  des  fureurs  du  peuple,  excite  par  euxy  i  oe  tableau 
qui  d^cbtre  Ie  cceur  el  rtvolte.  Hiumanlte .  opposons  lea 
palmesdeValtoycueUliessjorlesPjussienapar  legdntfal 
Xallermanii,  qui  les  foroali  Evacuee  la  Cbampagne  et  UFianoe, 

Ie  lendemam  de  cette  bataiUe,  20  septembre*  la  G()oven- 
tion  se  r^unit  pour  la  premiere  fois,  et  d^buU  par  abolir  la 
roy^ut^  en  France  et  par  yroclamer  la  r^publiqne  fran^aise 
nne  et  indivisible.  Tout  Ie.  gouvernement  ^taitalora  con- 
centre dans  la  Convention,  toutea  les  mesures  vfjiaient 
d'elle;  k  llnt^rieiir,  la  pondampation  de  Louis  XVI,  la  d^ 
cUratxon  de  guerre  k  PAngleterre,  k  la  HoUande,  k  i'Espa- 
gne;  la  r^nion  It  la  France  de  la  Savoie,  du  comi^  de  Mice, 
de  la  principaut^  de  Monaco,  de  Tiv^b^  de  Bile,  (cdle 
d*Avignon  et  du  Comtat  Venaissin  avait  en  lieu  pr^cddem- 
ment),  la  crtetion  du  tribunal  r^volutionnaire,  les 
Jonmf^d«8  31  mai,  1"'  et2  julo,  oil  les  ^lroR(fln<  sont 
txpuls^de  la  representation  nationale;  Pinsurrection/^if^- 
raliiie^  les  si<^es  de  Lyon,  Toulon,  Marseille,  la  mise 
«*n  requisition  des  bommes  et  des  cboses  pour  la  defense  de 
U  patrie^laloides«tf«|>ecl«»  la  mise  sur  pied  de  1,200,000 


rieusement  celui  de  Tfispagne.  L'arm^  dltalie  eat  la  seok 
qui  n^obtienne  pas  de  grands  avanlagea  dans  cette  can- 
pagne.  Noa  soldats,  strangers  aux  querelles  des  partis  daa*. 
llntdrieur  de  la  France,  ne  songeaiebt  qu*&  U  servfr  otar- 
\  ment  Ia  terreqr  contre;  les  ennemis  d^  la  patrie  avait  He 
mise  k  Tordre  du  jour :  ^  France,  i*<fcbafiiud  iFahebait  i»> 
pitoyablement  les  V^tesde,  tous  ceui^  qui  ^talent  suspects  de 
n^alisme,.et  mtaie.4*un  grand  nombre  de  r^ublicains. 

La  jalousie  s'dtait  glisste  parmi  les  manures  de  la '  Con- 
vention, .te  comity  de  salut  public,  alors  loot  poll- 
sant,  fit  d^cr^ter  la  mise  en  accusation  de  Dafnton,  de 
Camilla  Desmoiilins  et  de  leurs  prfaicipaux  amis,  q« 
penchaient  pour  la  moderations  et  bientot  aprte,  H divert 
el  les  ulfara-revglationnaires  portirent  k  leur  tour  leor  IMs 
sur  I'dcbafaud;  leur  execution  signala  rapog^e  du  govw- 
nement  terroriste.  Robespierre,  k  son  tour,  excite  Is 
oainte  et  la  defiance  de  ses  coUigues,etle9tbermidar 
son  arrestation  est  prononc^e.  Le  lendemain  cet  bomme, 
dont  ]*influence  etait  si  grande  et  si  redoutable  peu  de  Joan 
auparavant,  n'est  plus  qu^un  bif&me  sc^l^rat,  el  r^cbated 
fidt  justice  de  lut  et  de  ses  amis.  Dte  ce  jour  ta  ConvealioB 
s'eugage  dans  une  vole  de  reaction  qui  encourage  les  eipe- 
ranees  des  royallstes  :  elle  fait  epurer  les  Jacobins^  cs 
club  si  puissant  depois  les  premieres  ann^es  de  la  rMa- 
tion  et  que  dirigeaient  les  plus  exaltds  d'entre  les  montm- 
ynar<i«;  la  jeunesse  donte  de  Fr^run,  qui  se  fbil  rtasi- 
liaire  des  royalistes ,,  irrite  le  people  contre  la  ConventioB. 
Les  faubourgs  envabissent  la  salle  des  sdanoea  dans  hi 
joum^es  des  12  germinal  et  1*'  et  2  prairial  an  lu  (  f  *'  avii 
et20iet2imail79$). 

Apr^  avob"  repoussd  toutea  les  attaques ,  la  Convcatiaa 
s'occupe  k  preparer  une  constitution  nouvelle  et  k 
les  pouvoirs  qu*elle  a  si  lengtemps  gard^.  Mais  an' 
ment  ob  elle  fait  adopter  cette  constitution  et  le 
des  deux  cbambres  (le  Conseil  des  Cinq  Centa  et  oeial 
desAnciens),Ia  crainte  de  voir  les  royallstes  doBaiaflr 
dans  ces  consefls  la  porte  k  ddcr^ter  le  13  fructidor  qoe  let 
deux  tiers  du  nouveau  corps  l^slatif  devront ,  poor  Is 
premiere  session,  6tre  pris  parmi  tes  conventioniiela.  El 
en  elTet  le  parti  de  r^roigration  commen^it  k  relever  aa- 
dadeusement  la  t^ ;  la  Convention  avail  compost  avac  les 
cbefo  de  cette  Vendue,  longtemps  encore  si  terrible  poar 
nos  armto;  mais  ces  cbels  n*attendaient  qu*un  momeot 
favorable  pour  se  lever  de  nouveau  :  le  ddbarqueroent  da 
plusieurs  corps  d*6n^rds.k  Quiberon  el  le  massacre 
qu*en  font  les  troupes  r^ublicaines,  commanddes  par 
Hocbe,  dteident  la  Convention  k  prendre  des  mesbres 
toergiques  centre  les  ^m%r^.  Mais  rinfluence  des  royatistoi 


FRANCE 


67S 


oe  k'M  IlisaK  pas  uoins  aperoeroir  dani  Paris;  ils  aoal^ 
veot  adroitameiit  lea  sections  cootre  la  CoDTantioa,  k  Toe^ 
caakmda  d^eratdu  13  fruetidor;  at  le  IS  Tcnd^^iiilalre 
la  d^bita  das  tasurgte,  tromp^  la  plopart  sur  ka  liile»- 


tioas  do  laora  dhefr,  vioat  metti^  oa  obaMa  aox  projeta     joia  at  d'antlievsiasDa&  Le  Dinctoiiia  'a^\xAi  aa  fldbtesse  h 


dea  rtectanrs  royalistea. 

La  CoBTentioa,  en  se  nUraat,  ehoisti  dma  a<m  aain  lea 
cinq  Directeim  appeUs  par  la  constitation  k  aierear  le  poo- 
▼oir  exteutif :  pula,  arant  da  se  retirer,  elle  angneote  aea 
ImmorlalatraTaaienorganiaaatlaalftoolesPoly  technique^ 
d*artilMe9  dloflteieonpnnllUairas,  das  Ponta  et  Chaa»> 
a^eaydaalflnaa,  degtfograpbea,  dlngteiedfi maiitimea, 
de  DaTkation  et  da  marine  (la  Oonrantion  avait  d4^  Ina* 
titoi  i'Eoole  Nornale,  dea  toleaprinalna  centralea, 
le  Bureau  dea LongftadeSyOt en Bkitmetanipaelleavait 
dteMlewMTeaneysttaiem^trique}.  Enfia,  poordora 
sa  longoe  carrMre  goaTemementale,  aile  dterMe  una  am* 
niatie  g/taMie.  Pendant  qoe  lea  inlMts  poUtiqaea  de  la 
nation  ocenpaient  ainai  la  Contention ,  naa  troopea  conti« 
nuaieni  leurs  aacote.  La  eampagno  da  HoUande ,  an  milton 
du  pins  rigooreai  hiver,  et  sa  conqaftte  par  dea  aokiats  d^ 
nute  de  tout,  en  ritabttaaatat  la  r^pobUqae  batave^  qu'ello 
nooa  donne  poor  aUite,  agrandit  la  France  de  tmite  la 
Flandre  Uoilandalse  et  de  toote  la  Bdgiqaa.  Le  Li^geoia  et 
le  Loxembootg  7  <taient  d^  annekds.  Intinddte  par  ^aiitraa 
ftuccte,  les  rois  de  Proase  et  d'Espagnc  coaduaient  ^gala- 
ment  la  pain  arec  la  Franee :  la  Pmaae  nooa  abandonnait 
ioutes  aea  poaiesaioas  da  la  riie  gaucbe  do  Rhin ;  et  I'Ea* 
pagne;  k  laqvalle  la  France  reatitqa  teotea  aea  conqiifltea» 
nooa  oMaM  la  partie  de  Saint*I>oiaingne  qa*aile.poaBMait. 
Le  grand-dbc  de  Toscane  aTaif  suivi  le  ttteie  eiemple. 
Mais  odtte  proa|Mrit^  de  noa  annes  ae  ae  maintint  paa  joa* 
qa*k  la  (in  do  i^^me  eoHreaHomeL 

En  arriTant  ao  poatoir'  (ie  oet  179&),  le  Directoire 
trovra  le  trter  tide,  et  il  ataU'  de  granda  4ctieca  k  t6pt^ 
rer ;  la  Tendte  Italt  de  nonteaq  en  fao » la  HoUande  me^ 
fiaete  d^Dale  desceote*  etTarm^  dltalie,  dteouragte,  se 
maintenait  k  peine  an  pled  des  Alpes;  Noa  soldBta  ae  Iron- 
Talent  rMnits  4  ladarnltoe  mlshe.  Le  Direoloira  remplace 
k  rarm^  da  Rliln  Pictaregra,  qui  trahiasait  d^ii,  et 
nomma  le  Jeoni  Benliparte  aa  conunandement  en  chef  de 
Vwm^  d'ltalie.  Kn  mftme  tempa ,  le  Dlractoire  crte  pour 
2,4oe,ooo,ooo  fr.  de  mandats  ierritortauXf  ndorean  papie^ 
tnonnaie  qui  eat  bientdt  aussl  dlscrlditd  qoe  lea  asaignata. 
La  conspiration  de'Graechna  Babaeof  tint  k  peine  in- 
quieter  le  pontolr.  Lee  campagnea  de  1796  eootrait  noa 
arm^ea  de  gloire  :  Morean  gagne  anr  lea  Autricbiena  lea 
batailles  de  Rendian,  de  Rastadt,  d'Etliogen,  de  Heyden* 
beiin ,  de  Friedbarg,  tandia  qoe  Jourdan,  appeU  k  ap- 
payer  aea  moovementa,  remporlait  le  lidolra  d*^te» 
k  i  rohen.  Mais  la  prMpitation  dar  Joardan  fait  tehooer  on 
plan  dont  Teideution  eilt  rendu  lea  Fisan^  maltrea  de 
Vienne.  Batto  par  TarpbidQc  Charlea  k  la  bataiile  de 
WuHtbouiig,  ilr^trograide^etHdreaBealoontnintiepdrer 
aa  retralte,  retraite  kjttnals  oMmdana  noa  bstea  Biilitaiiia » 
et  durant  laqmlle  H  ddUi  les  Autricbiena  dana  lea  bataillea 
de  IHberacb » de  Vllifaigen.  Hocbe  atatt  padilA  de  nooTean 
la  YeMde.  Mala  lea  Ikita  d'armea  lea  pina  glorieox  ae  pa»- 
aaleat  k  rannte  dltalle,  qoe  Bdnaparte  oondulsait  k  la 
Tietelre.  Ce  Jeone  g^n^ral  ^  aprte  one  a<rie  de  tietoirea  plua 
gloHeoaea  lea  onea  que  lea  autrea,  annit  eataU  toote  la 
p^inanle;  fbro^  k  la  paix  le  roi  de  Sardaigne,  le  pape, 
toas  lea  prfneaa  entr^  dana  la  coalition »  d^tiiiit  compl^t^ 
mentfeaanntedea'gteMo&autriebiflas  Baaolleuy  Wunnaer, 
AlTinxi  et  du  prince  Charlea ,  franchi  lea  gprgea  dn  Tyrol , 
et  poHl  aea  drapeanx  triomplMlslaaqa'4  tranle  lieoea  de 
Yienne,  en  pouianivait  lea  debris  dea  troopea  dn  prince 
Cbarka.  Mbreao  et  Heche  pasaent  le  Rhin  poor  appnyer 
i'amite  dltalie;  ils  retnpertent  de  grands  atantages  k  Al* 
tenklrchan ;  tnals  rarmistice  de  L^ol)en »  siil?l  de  la  palt  de 
Campo-Formioj  metlent  fin  k  cette  guerre  briUaate.  De 


n'avialt  done  pbia  qoe  FAngleteire  k  eombatbrei  encore  tette 
polaaanoe  ialsalt-eUe  alora  dea  propoaitioia 'de  paix  :  ellH 

ne  Airent  point jng6ea  aiaotoBS t..    . 

La  nooreHe  de  laat  df^.anccjte  noipliasalt  ]p  people  de 


renftiroerde)a^iredea.ann^jiatk>nalea.:  aoasfsedi^ 
poaa4^a  k  tMuiit  violenpant  aea  Adferaabres  ah  siedeeu 
Lea  dleetiona  de  Tan  y  Jivaient  appel6  dana- lei  oonsdla  Una 
nujoritd  centtOHn^olat^nnaireqiii  devenatt  mqulMante  pour  • 
le  poovein^Deox  dea  dirtctenra,  doilt  Tun ,  Gaaaot^  eiHl$ 
tronip^  'anr  lea  voea.  nlt^rienrBa  dea  rbyatistea,  Jea  ap- 
puyaknt  Lil  puforittf  do  IMreotoire,  dans  ife lelleacen- 
joncthres,  cnit  devoir  reoonrir  k  un  ooop  d*£tat«  et  eUe  Htl 
le  18  Iroctidory  poor  ae  dtiianraaaer  de  sea  ttutamk*  Lea 
>  deetiooa  de  i>n  ti  s'^tant  an  contraiee  Mea  aous  Ha- 
fluenoe  dea  r6pubiieaina  exallds ,  aeront  oaanles  par  le  IH^- 
raetoire  en ^erta dea  ponndra  (in^ilae. fidt  doaner  en  et 
joor.  .  .  . 

Le  kait6  de  Ganipo*Formie.  ne  met  paa  fin  ^*  la  ^fi&nr6  en 
Italia  •  L'iosbasaadear  iranfaia  k  Rome  ayant  dtd.tii^  deoa 
one  ^meUte».  le  pape  /eat  d6trta< ,  el  ^  t^pubHque '  rofliline 
prodamtede  ooorean,  aprte  on  Inlenralle  de  lent  deaitelea,r 
EnflD^me  tempe,  t>oar  prottfger  le  canton  de  Yand  cooto 
I'arittoeatia  de  Benie»  ie  Dioaotoire  lait  attaqoer  Ja  Sokap 
et  hd  inpoae  aa  cooatitntftoki.  I^  Diredoire  ▼onlait  enooni 
mettre  k  execution  on  projet  de  deseente  en  Angleterre  e 
eo,  ecio  hbounea  ^tafenld^raasembl^a  A  pet  efftt,  etl)oa»« 
parte  didt  noaun6fidntel  en  elieC  de  eettrexpddition.  Blafa 
one  enlrepriae  pbia  giganteaqOayprbpreilt  occuper  una 
partie  dea  foreea  que  Ik  pfedx  talaaeiAaa  dnlqiede  la  France 
et  attaqoer  la  poissanoe  anglaiae  aa  Aaie,  lUt  abAodonner  ee 
pn^et  Bonaparte  a^embarque  afec  4o,eeo  bflhnmes  poor 
r  fi  g  y  p  t  e.  Capendanty  le  traitd  de  Oanipo*FonBio  aTait  hdaad 
qoelqaea  pointa.lHSgivax  k  dMderj  un  eongrto  avait  ^t^ 
conToqod  k  cat  dOet  :  la  France  y  eoToya  troia  pl^nipo* 
tentlabrea^  Touteieia,  rAagteterrenepuUvaitae  rteoudre  k 
aopporter  aeole.tout  le  poida  de  U  goerre  :  elle  ponsaa  lea 
puiasanoea^raaouvderleabostilitda.  LerddeNaptoa  et  cdoi 
de  Sardaigne  qui  cedent  lea  prenriera  k  aea  insinuations,  seal 
diAtite  en  peu  de  joura,  at  le  loyaame  de  Baplea  eat  tena» 
tita6  en  r^oblique  Partb^nop^enne.  BienlOt  laRnaaie. 
rAotricbe,  et  toutea  les  puiaaancea  monarchiquee,  mobia 
rEspagne  et  la  Prusse,  se  coalisent  contre  nous.  L'asdasalnat 
de  noa  pl6tipolentiaireaA  Raatadt  IrrlteJa  Ftanoei  die 
relive  le  gant  qu'on  ioi  jette. 

Cette  campagnede  1709,  Aiperllas  ronqamau  ailat  de- 
toiraa  de  Vannte  d'tigypte,  n^ed  qn'ime  a6ri»de  rerera  poor 
noa  troopea*  Lfltatte  ed  pieaqnd  ahfinrtoftide  7  leaRaaaea  d 
les  Autridueas  ae  diapesent  A  edvabir  la  Franc*  par  la 
Suisae,  tandiaque  «(h609  AnflMidifaan|n«t  aai  laloMea 
de  Hcllande^  Le  DIreddra  derait  anpperter-  la  naponaaU*- 
litddeeea  revera;  anasi|  Tkement atteqid  par  mieiniyorftt 
r^pofMlcdne  ticmt^  dana  lea  oeniBil%  qd  aeeonditotet  en 
pennaiMfi^  11  ae  leaenslitne ,  eft  prend  daa  nesarea  poor 
a*oppoaer  aox  moovenienlsroyallstea  dana  le  midi'd  ooo^ 
battle  laaObooana/ mil  ae  aeottfeat  de  ttonreaiL'Rv 
bonheor,  Maaa6naanitaenSniaaelea  anntedelaeoa- 
litioo,  d  met,  aprte  qdnn  Joora  de  f^ddraa  oonadcatirer 
lea  Aostro-Ruaaea  dana  la  plna  complde  ddaorgadsation 
tandia  qoe  lea  4e,000  Angbdada  duo  d*Yoii  aonft  battn» 
et  lorete  de  se  rembarqoer.  Bonaparte,  paiti^d'tigypte  an 
brdt  de noarevera,  arrife  anr  cea entratUitea*,  eacorlA de ' 
aa  i^oire  d'fgypte.  tteidn  dn  ndcdotentetaent  qo'exdte  < 
riffipMtie  do  Diredoire,  H  conspire  aon  reaveraement,  da* 
concert  aToo  Sieyfta,  l^ua  dea Directeura,  d  aprte  TaToir 
en  qodqoe  aorte  diasooa  d  a'Atre  empanft  de  la  fbrae,  il 
tenia  le  is  bromaire,ioQndecdibra,qQi  ddtia  pMde 
r^Tototiomudre  de  la  Flaace,  en  Id  donnant  an  geuferae* 
ment  oh  Ta  se  reteoover  le  deapotisme  de  lajuuuarcbie. 

La  constitution  defan  tiu,  ^laborte  aprto  le  18  brumdmi 
confialt  le  goovemement  k  troia  coninla,  NapoMon  Bho»> 


tent  d*ennemto  qd  s'daient  coaliste  contre  die,  la  France     parte,  Ca  m  baedr^idLebron;  mala  lea  ponvoiraqM  It 


616 


FBANCB 


eoMfilutkMi  donaait  n  prwiiar  oonsol^ipil  Mninait  loi- 
ntoe  8«  deux  eolMgiiM»  ^laieDt  btai  •utmneiit  ^teoiliis 
qtMoeox  que  la  oonstitntion  de  1791  acoonlait  k  LoobXYL 
Le  pooToIr  Mgiilitif  10  conposait,  d*apite  ealle  eonstitn- 
tkMi,  doTribooatyiiiiidiaculaitles  lQii(teBonTcnieineiit 
ea  avail  l'iiittiatiTtt);da  Corps  l^gialalif, qui  lea  d«- 
crOalt ,  el  d*ttn  S^nat  coaMnrateur^  cbaif6  de  veUler  A  leur 
maiotien ;  naia  le  Steal  ne  laida  |iu  4  uaurper  le  pouToir 
coiMlilaaDt  Cependaot,  toutespoirde  palx  4tant  ^anoui , 
la  pveniereoiifiil  aedteide  k  se  rendra  kii-intaie  ea  italie. 
hk  passage  du  mool  Saf  nt-Baraard,  Tenlrte  ea  Italie, 
la  reprise  de  tootes  nos  andemias  eonquMes,  les  mteio- 
nUeslMtaillasdaMontabelioetdelfareago  raniplla- 
aeat  la  Franee  d'ealbousiasne;  lea  Autrlddens  soot  dtfaits 
et  disperse  oompi^lenieot  en  lUHo,  taadia  qua  Moieaa 
lea  an^aatiten  Allemagae  aux  batafllea  d*Eagera,  de  Mcbs- 
Urdi,  de  Biberach,  d'Hoclistodl  ot  de  H  obo  a  I  i  ode  a :  rem- 
pereor  d*Aiitricbe  est  oblige  de  deoiaader  la  paix  ea  e^aot 
aox  Francais  toos  les  pays  de  la  rire  gpndie  do  Rh!n , 
Josqo'A  aoa  eoiboaebura  ( 1801  )•  La  palx  est  eoodue  ^ga- 
leaBaat  a?ec  lo  lol  de  Raplea,  aTOc  la  Barltoe,  avec  le  For* 
tagal,  avec  la  Rnssie,  ayec  la  Porte  Ottomaae.  le  territolre 
fraa^  s'agraadit  du  docb<  de  Panne,  de  la  priodpant6  de 
Piombino  et  de  l*tle  d*Elbe.  L'Anglelerra  elle-in«nie  sigoe  la 
pah  d^Amiens  (17  mars  laoi)  et  la  France  respire  un  aio- 
ment  aprte  din  anate  de  go«re. 

Ea  mftme  temps,  le  eoacordat  Mail  eoodu^la  Ld- 
gioB  d'Uoaaenr  iustltude,  Boaaparte  eafla  cM  eoasoi 
k  Tie.  Mais,  irrit^  par  de  ooatinuelles  ooasplratloBS  oontre 
aes  Joors,  ao  nombra  deaqoaUea  fl  tat  placer  ea  premite 
ligaela  macbiaelafernale  de  la  roe  Saiat-Nlcaise et 
ralleatat  de  Geoiges  Cadoodal,  de  Piobegm,  etc,U 
fidt  calerericoadamoer  et  extenter  ledocd^Eaghien.  L*^ 
tablissement  de  la  Baaqoo  de  France,  la  padficatioa de 
la  Vend^,  la  cloture  do  la  lisle  des  toiigrte,  la  rforgaaisation 
dellnsUtut,  rinstitutioo  despr^fela,  rextensioD  doaote 
k  la  loterie,  supprlmte  ea  1798,  maisr^tablie  par  le  Direc- 
toire ,  le rdtabltssemeatdes droits  r^unis,la rtenioa de 
toutes  les  lois  ea  na  c  ode ,  et  de  ooatiaoelles  fairracUons  k 
la  coasUtntion,  signalent  F^poqoe  da  eoosnlat.  Bient6t  le 
tilrede  coasul  k ffe  aesoffit  paa  k  rainbitioa  de  Bonaparte; 
iJ  lui  Taut  la  eouroaae  imp6riaie,  et  le  stoat,  obdlssant,  la 
loiapporte. 

Dte  oe  uomeat  NapoUoa  a  uae  cour,  de  oombreux 

eoartisaas,  et  s*essaye  sans  cesse  k  attirer  k  lui  les  toiigrte 

el  la  TieiUa  aoblesso.  II  est  bieatAt  eooroaa6  empofeur 

des  Fraa^is  et  roi  dUtalie  :  son  despotisme  a'a  plus  de 

liinites,  et  Too  pent  dire  que  toule  la  Fraooe  est  ooacentrte 

dans  Napohfon  guerrler  et  daas  RapoMoa  despote.  L'Angle- 

terre  et  la  Fraace  avaiaat  rompo  la  palx  d^Amieas,  et  com- 

ineac^  sur  mer  les  liostiiit^  Napoltoa  forme  le  dessefai 

d'aUer  attaqoer  la  puissaace  aaglaiso  Juaqoe  daas  soa  lie ;  le 

camp  de  Boulogae  est  form6,  k  reffet  de  teater  uae 

desceate  ea  Aaglelarre.  Mais  11  appreod  que  FAutricbe 

▼lent  d*ea?ahir  la  Bavitee,  notre  allite,  et  que  la  Rnssie 

a*apprftte  k  aoos  altaquer.  Au8sit6t  Napoltea  se  met  ea 

campagne  avec  la  graade  armte.  Arrif  4  k  Strasbourg  le  24 

aeptembrei  11  sigae  la  patx  k  Presbourg  le  36  d^oembre, 

aprte  avoir  oompl^^tsmeat  d^lruit  Farmte  auslro-iosse , 

daas  cetla  brillante  a6rie  de  victoires  que  d6t  la  bataille 

d*Auaterlltx.  Les  conditions  de  la  paix  de  Presbouig, 

ea  bumiliant  FAatricbe,  qu'etle  d^pooillait  de  I'filat  de  Vo- 

nise,  dela  Dalmatia,  darAlbaaie,  etc.,  doaaaient  on  nouvel 

aocroissemeat  au  territolre  de  I'empire  fraafaia.  L*aante 

1807  n'esl  pas  moins  glorieuse  pour  nos  armes.  Le  rojaume 

de  Naples  est  eonquis;  la  Prusse,  eatrte  daas  unenouvelle 

coalition  malgr^  sea  assurances  de  palx,  cat  diatite,  et  les 

batailles  d*l«aa  et  d'Auerstaedt,  la  Brreat  k  aotre  diacr6» 

tion.  Napolten  entre  ensuite  ea  Pologne  poor  y  clierdier  les 

lasies.  Partout  la  Tidolre  acoompagae  ses  pas :  lea  bataillea 

d'£ylaii(9r<6vricrl807)etdeFriedUadadi&veatladea* 

tniction  des  troiiiies  rusaea  d  amtoeat  la  paix  de  Tl  I  a  1 1 1 


Napolteeavdtdoaa^desroyaot^iisesMraaet  deaicfi 
et  dea  ro^oratsl  ses  gteteox.  On  Fa  mtee  aecoad  d'avdr 
toolo mettra  aur  toos  les  trAoes  des  rois  oooveaox,  qui  id 
ftisaent  d^voute  corps  d  ime ;  d  sa  oooduite  semblait  asses 
le  tteioigoer.  Les  goerres  de  Porto^d  d  d'Espagoe^  b 
derail  sortoot,  d  tboeste  k  la  Fraooe,  paraltraieot  i»n  la 
eoasAqoeaoe  de  ce  sysltaie;  le  sdaat,  sdoo  aa  coutuaiar 
approove  servileoieat  toos  les  projds  do  rempereor  et  Ini 
prodigoe  lea  bomroea  poor  Taider  k  oes  expAditioos.  Mais 
FAngleterre ,  bien  qu'^^uiste  par  les  d^penaes  toorossi 
qu*eUe  avdt  (aites  depnia  la  revolution,  parrleot  k  aoolever 
de  nonveao  FAutricbe  oontre  nous,  taodis  que  ooa  troopeB 
poorsoiveot  eo  Eftpagoe  le  ooors  de  victdres  d  de  eooqnMcs 
cbAreoieot  dispot^  La  guerre  s^ouvre  dooc  de  nooveao 
en  Allemagne,  d  les  batailles  d'Abensberg,  d*Eckmftbl, 
d^Eberdierg,  d'E ssli  ng  d  de  W  a g ram  ont  bieotot  lore^ 
Fempereor  Frao^ois  k  deroaoder  de  oouvean  une  paix  dte- 
▼aotageose  d  humiliante.  Cepeodant,  Napoldoo  dtait  saas 
poslMA;  ileOt  tu  avec  pdoe  la  oouroooe  pasaer  sur  la  tfte 
de  SOD  Mm  Josepb.  11  divoroe  avec  Jo s^pb  i a e  Beaobar- 
nais,  sa  premite  feoune,  pour  ^pouser  Fardiiducbeaae  Ma- 
rio-Looise,  fillede rempereor  d^Autridie;  marlage^  Id 
tut  Mea  luaesle. 

NapoMoa,  peadaat  que  ses  gte^raux  travailiaient  k  aoa- 
mettre  l*Espagne,  se  faisdt  le  protecteor  des  arte;  aooa  ha 
forent  commence  00  aebevte  oo  graod  nombre  de  moaa- 
meats  doat  la  Fraace  est  Ahn;  des  rootes  oouvdlea  a'oo> 
vrdeot  de  tons  c6tAs  par  ses  ordres,  d  le  port  d*  An? ers 
ddt  creusA.  Ea  mAme  temps,  II  regarddt  cooune  on  devoir 
de  prendre  part  aux  dbcuasioas  sor  le  Code  Civfl,  d  de 
porter  aes  regarda  aur  los  plos  pdits  ddaiis  de  radndais^ 
tratioo.  La  oaissaoce  d*on  file  ( 20  mars  1811 ),  appcM  rd 
de  Romtf  viot  oombler  ses  vmox,  d  semUa  loi  oOlHr  oac 
Bonvelle  assuraace  de  la  dorte  de  la  pdx.  Mais  la  Raasie, 
lassede  sobir  la contrainte  do ftloc«<  coatiaearal,  se 
dispose  k  oous  attaquer :  NapoMon,  dont  Fambition  a^a  bit 
que  grandir,  veot  aller  attaquer  les  Rosses  Josque  dans  ieai 
patile.  La  vkloire  accompagne  nos  aigles  Jusqu*li  Mogooo^ 
les  batailles  de  Smoleosk,  dela  Moskowa,  Ticaneal 
agraadir  le  livre  de  nos  (iutes  mllitaires;  mala  kla  ^l^msnlf 
foot  plus  cootre  la  Fraace  que  a*avdeat  po  tootea  lea  ar- 
mies des  rola  de  FEorope.  L'looeodie  de  Mosooo  et  la  re- 
trdte  de  00s  soliUts,  par  un  froid  rigoureox  aoqod  auceom- 
benl  chaque  Jour  des  milliers  d^onunes,  entralaeat  la 
direction  d*dlite  qui  ae  dAsirdeat  que  le  moment  <ie  vcager 
leurs  d^faites.  La  campagae  de  Saxe  d  les  vietobis  de 
Lutxea,  Baotxeo  d  Wortschen,  les  falsalent  d^ra- 
pentb'  de  lenr  levte  de  boodiers,  qoand  le  ddsaatre  des 
Francals  k  Leipxig  doooe  ooa  oourdle  Anergie  k  la  coaB- 
tion.  La  plupart  dea  aUte  dont  les  troupes  groeaisscnt  m- 
core  DOS  armte  setouroeot  cootre  oous  daos  les  momenti 
les  plus  ciitiqiies,  d  bieotAt  la  France  est  envabio. 

Cdte  admirable  campagne  de  1814,  dans  laqnelle  Fempa- 
reur,  accoM  sur  ses  foyers,  d^foit  Feooeml  partoot  06  i  se 
troove  ea  prtence,  ajoote  encore  k  U  gloire  milltana  da 
Napolton.  Eflray6  de  nos  saccte,  Fdranger  b^sHe;  amis  i 
n*cn  continue  pas  mohis  sa  marcbe  sur  Paris,  06  il  eatre, 
malgini  la  bdle  dd'ense  d*nne  partle  de  la  garde  nationale  d 
des  Eooles  Polytechniqae  et  d*Alfort  Tout  a'ddt  paa  eaoaic 
perdu  poor  Napol^oo;  mais  la  trabison  du  due  de  Bifaw 
et  ie  d^couragement  que  les  mar^cbaux,  ratigo6a  de  gnenas 
d  de  combats,  foot  passer  daos  soo  ime,  le  d^ddeot  k  abdi- 
quer  k  Fontainebleau  d  k ^cbanger  le  trAae  do  Fianea 
coatre  la  sooveralndtf  d*nn  dot  perdu  daas  les  aaax  de  la 
M^diterraa^. 

Aprte  Pabdication  de  Napoldon,  le  sAsat  d  le  oorpa  M- 
glslatif  avaient  prdpar6  uae  coasUtutioa  plus  libtaie  qoe 
cdle  de  Fempire.  Daas  cette  cpastitutioa,  le  people  Ino^ais 
appeUit  au  tr6ne  Louis-Stanislas-Xavier  de  France,  qoi  nc 
devdt  y  monter qn*a|iris  Favolr Jurte. Mais Lo u i s X  V I II • 
au  li«i  d*adopter  ce  pacta,  pr^senta  an  UiuX  d  au  corpi 
l^slatif  une  cbarte  qui  6tait  son  ouvrage,  d  a  laquelle  Its 


FRJINGE 


W1 


cipriti.  Mignte  de  troobleB,  w  montraleDt  asMi  disposte  k 
M  rtllier.  Malheareosement  oette  cbarte  ftit  prteDtte  oomine 
nne  ordonnanee  de  information,  et  lea  actet  mininMels  no 
jusUA^reBt  que  trop  raspiranoe  que  noorriasaicnt  lef  coor- 
tisana  de  la  Toir  bienUM  retirte.  A  propos  de  la  restitation 
des  biena  nationaux  noo  Tendus,  on  miniatre  aunon^ 
baotement  que  la  Jostice  da  rol  ne  a^arrftterait  pas  14,  et 
que  aoB  intention  Atait  de  randre  h  la  noUeaae  et  an  derg^ 
loos  lea  Mens  dont  Qa  avaient  4U  d^podllte  k  la  rtTolotion. 
Lea  aouvenin  da  drapeaa  trioolore,  planant  encore  ao-dMsoa 
de  t'antiqae  gloire  dea  fleora  de  lia,  depaia  si  iongtemps 
oolili^ey  oes  tndtte  de  Paria  at  on^reai,  ai  cmela  pour  nn 
peaple  qui  avail  parconru  en  triompbe  tootea  lea  eapitales 
de  PEarope,  oe  oongrte  de  VIenne  ok  lea  rola  qne  nooa 
aviona  tant  de  foia  ▼aincna  ae  disputaient  nos  d^poailles,  la 
morgue  baotaine  que  lea  teigrte  rentrte  ro^lent  trop  aoo- 
Tentl  la  joie  de  rerolr  la  patrie,  tootea  oes  ciroonstancea 
ae  rtoniflsaient  pour  preparer  lea  eaprits  k  an  cbangement, 
qnand  on  apprit  le  d^Mrquement  de  Napolten  k  Cannes. 

Tous  lea  elTorta  dea  Bourtwna  ne  parent  arrftter  sa  mar- 
che;  Palgle  vola  de  elocber  en  clocber  jasqa*aoi  tours  de 
Notre-l>ame ,  el  ie  20  mara  le  proacrit  rentrait  dans  Paris. 
Waterloo  mil  iln  aux  Cant  Joora.  Lea  partisans  de  la 
Reatauration,  lors  de  celte  deuxi^me  ▼isite  dea  alli^  k  Paris, 
avaienl  encore  moina  cach^  Icar  joie  qu*k  F^poqae  de  la 
premie.  Dieo,  sekm  eux,  ae  pronon^it  baotement  pour 
la  France,  11  y  avail  crime  k  tarder  encore  de  ae  raiiier; 
mais  ce  fot  dans  le  midi  du  royaume  aurtout,  dana  ces  pro- 
vinces qo^nn  soleil  ardent  et  Topposition  de  deux  croyances 
exaltent  avec  tani  de  racilild,  que  la  Joie  passa  bientAt  au 
d^re,  et  du  ddire  li  U  plus  deplorable  des  reactions.  Dea 
ineurtres  bideox  furenl  commia  sur  des  proteatants,  snr  des 
lib6«ux  on  bonaparliates,  aar  de  paovrea  militaires  qui 
regagnaient  paistblement  leors  foyers.  Faat-il  8*en  ^tonnert 
Le  goovememenl  n*etait-il  paa,  loi  anssl,  dana  nne  vote 
rtectionnaire,  el  le  temps  »-:-U  pa  encore  elTaoer  de  nos 
aouvenira  ks  douloureoses  condamnationa  du  martelial 
Ifey,deMooton-Davernet,  deafrftres  Faueher,  de 
Lab^doy^re  el  de  tanI  d^ai^tres,  la  censure  des  joar- 
naax  solennellement  r6tablie,  e  licendement  dea  dd)ris  de 
nos  annto,  si  glorieoses,  aubtilemeni  altir6a  loin  de  la 
eapitale,  et  qualifi^a  publiquement  de  brigands  de  la  IMreg 
ie  troiaitaie  traits  de  Paris,  qui  d^pooillait  la  France  de  aea 
conqodlea  el  de  pays  qui  lui  appartenaieni  avani  1789; 
Teipalsion  du  sol  de  la  patrie  des  Francis  qui,  aprfts  avoir 
vote  la  mort  de  Louis  XVI,  avaient  accepts  dea  ionclions 
patdiques  durant  les  Cent  Jours;  la  aospenslon  de  la  liberie 
individiielie  et  Petabliasement  des  coara  prevdtalea. 
N'etait-ce  paa  U  un  triate  ddbul  poor  un  gouvemement, 
quelqoe  certain  qu^il  fOt  de  Pappui  des  chambresT  Poavait-il 
conserver  toujours  cette  ligne  de  conduite  violente?  Aussi 
rordonnanoe  du  b  aeptembre  1816,  en  renvoyant  la  chambre 
qui  ravailfiivoriaee,  renonvela-l-elle  compietemenl  la  face 
deP^tat 

Les  constilntionnda,  lea  Hberanx,  le  o6te  gancoe,  ap- 
pnyirenl  francliement  le  miniate  qd  avail  provoque  oette 
ordonnanee;  mala  la  Restauration  n'en  etait  pas  moina,  au 
fond  da  otear,  hostile  aax  progr^  de  la  liberie.  Les  loia 
repress! ves  de  la  presse,  la  censure,  le  double  vote,  etablis 
npres  la  mort  du  due  de  B  e  r  ry,  et  qui  flrent  nattre  tant 
de  troubles,  le  mini6t6reVilieie,Corbi^re  etPeyron- 
net,  detroisenl  blent6l  toutes  les  esperances  des  liberaux. 
De  nouvelles  lois  centre  les  ecrivains  el  la  presse ,  les  ma- 
DCBuvres  d*on  gouvemement  occulte  en  fiiveur  des  ultra- 
royalistea,  I'expulsion  do  depute  Man  uel,  lea  firaudes  mi- 
nisierielles  dans  lea  eiectiona,  la  gaerre  enlrepnse  par  la 
France  conire  la  revolution  *  espagnole,  landis  que  la 
aainte-alliance  etoufTait  deson  cAte  Ics  revolutions  de 
Naples  et  do  Piemont,  augmentaient  de  jinir  en  jour  les  for- 
inenU  de  haine  el  le  nombre  des  enneinU  du  gouvemement. 
Quaml  Louis  XVlli  mourut,  le  parti  I  iberal  avait  dcj^  jete 
iit  profondes  et  vivaces  racines  dans  la  nation.  Les  conspt- 


raliona  avorteea  de  Beforl,  de  Berton,  de  La  RocheDe  • 
etaienl  le  retentissemeni  lohilain  de  Topinion  pubJque,  au- 
quel,  comme  11  arrive  presque  toujours,  le  goovememeni 
eut  le  tort  grave  de  ne  point  preter  TorelUe. 

Cbarlea  X,  malgre  ses  Acbeax  antecedenia oontre-revo- 
lutionnaires,  avait  debute  par  nn  ade  qui  etait  de  nature  k 
lui  condlier  les  esprita,  generalement  al  oublieax  en  France : 
11  avail  aboli  la  censure.  Ausai  la  joie  fut-elle  grande  k  son 
entrie  dans  la  eapitale.  Mala  bientAI  il  a'abandonne  k  son 
tour  aux  memos  ministres  ennerois  de  loules  nos  liberies. 
La  loi  dlndemnlte,  en  accordant  nn  mflliard  k  reml^tion, 
encourage  aea  esperances,  el  ijoule  anx  chaiges  du  peuple. 
Une  opposition  consdendeuse  combat,  dana  le  adn  dea 
chambres,  la  marcbe  retrograde  du  pouvoir.  Le  derge ,  pro- 
tege par  lacour,  abuse  de  son  influence;  des  missionnairea 
ae  repandeni  sur  la  surface  de  la  France,  et  parloul  des  trou- 
bles edateni  k  leur  aspect;  enfln,  le  minisiere,  pour  achever 
de  se  demasquer,  propose  la  loi  d'atnesse  et  des  substi* 
lotions,  que  la  chambre  des  pairs  a  le  bon  sens  de  rejeter.  D^s 
ce  moment  la  defection  pour  le  gouvemement  <tevient  de 
plus  en  plus  sensible.  Malgre  sea  effbrts  obstines ,  malgre 
le  retabltssemeni  de  la  censure,  malgre  le  licendement  de  la 
garde  nalionale  parisienne,  malgre  lea  fraudes  electo- 
rates des  nouvdles  elections,  malgre  les  troubles  el  les  fusil* 
lades  de  la  rae  Saint-Denis  (novembre  1827 )«  le  minis- 
tere  Vilieie  ne  peat  plus  se  soutenlr,  et  ii  est  force  de  ceder 
la  place  an  minister  Martignac,  plua  en  harmonic  avec  lea 
opinions  monarcbiques  constitutionndles  du  grand  nombre. 

Mais  ce  minislftre,  en  butte  k  la  haine  des  courtlsans,  el 
envisage  par  la  oour  comme  one  concession  momentanee,. 
arrachee  par  la  force  des  cbosea,  ne  tarda  paa  &  s*apercevoir 
que,  malgre  toute  sa  bonne  volonte,  la  position  n'cst  plus 
tenable,  et  qu'en  depit  des  plus  oonsdendeux  avertiasementa 
a*avance  une  administration  ouvertemenl  hostile  k  la  na- 
tion, celle  da  prince  de  Polignac  La  conquete  d'Alger^ 
si  glorieusement  entreprise  elachevee  aous  ce  ministere,. 
n*etail  peul-eire  de  aa  pari  qu'une  diveraion  adroitemeni 
tentee  pour  pouvoir,  en  occupant  les  esprits  des  prestiges 
d^une  glohv  exterieure,  eonsommer  plus  fadlement  k  Tin- 
lerienr  la  soumission  de  la  France  entiere  au  joug  du  pouvoir 
abaolu.  On  sail  od  la  lutte  de  ce  ministere  conire  ladiambre 
dea  221,  qui  representail  le  progrte,  a  conduit  la  monarcliie 
de  Charles  X.  Du  moment  que  celte  monardiie  eat  brise  la  le* 
galiie  qui  la  protegealt,  eUe  tomba.  La  revolution  de  Juill  el 
punit  le  manque  de  fol  de  la  Restauratioo,  et  plaga  sur  le. 
IrOne Louis-Philippe  d^Orieans. 

TlSSOT ,  de  rAcademie  f ran^aise. 

Qoand  Charles  X,  dans  son  aveuglement  fatal,  eat  appeltf 
le  ministere  Polignac  pour  reconqudrir  le  droit  divin  de  la 
royaute,  lorsqn'il  voulut  aupprimer  par  ordonnancea  lea 
deux  institutions  pour  lesqodles  la  France  avail  aoutena 
quinze  annees  de  luttes,  la  liberie  de  la  presse  el  lea  elec- 
tions, en  Irois  jours  la  colore  da  peuple  balaya  la  dynastic 
perjure.  Et  pourtant,  il  laul  bien  te  dire,  la  France  avait 
accepte  les  Bourbons;  die  s^etait  altacliee  k  la  Charte 
comme  k  une  aocre  de  salut;  et  sans  la  folic  de  oe  coup 
d'tol  die  se  fflt  contentee  de  faire  tdompher  Tophiion  par 
les  scales  voies  legates.  Mais  il  etait  dans  Tordre  qu*au  lende- 
main  de  la  vidoire  la  nation,  si  audacieusemeni  provoquee 
et  si  promptement  victorieuse,  ne  se  contentAI  plus  de  ce 
qui  lid  aurailsuffl  la  veille.  £n  eCTel,  ces  Irois  ioumees 
avaient  creuse  nn  abime  entre  le  passe  el  Tavenir  :  nne 
revolution  prolonde  venait  de  s'improviser.  Le  vendredi 
30  juillet  les  deputes  qui  les  jours  precedents  avaient  eu 
des  reunions  particuUerea  chesde  La  horde,  chez  Casimir 
perier,  Audry  de  Puyraveau,et  Laffitle,  a*assem* 
biereni  pour  la  premiere  fois  k  la  chamtire,  et,  en  vue  de 
pourvoir  k  la  sfirete  publique,  defer^rent  la  lieutenance  ge- 
nerate du  royaume  auduc  d 'Orleans.  M.  Villemain  el 
deux  antres  deputes  avaient  seuls  vote  conire  cette  resolution. 
Le  prince,  auqud  on  avait  tramsmis  ractede  la  diambre,  ar* 
n  va  de  Neuilly  au  Palaia-Royal  k  onze  keures  et  demie  du  soir. 


€i$ 


FRANCE 


La  population  qui  avaft  ^lev^  lea  barrlcadea,  et  aurtout 
lei  jennea  gena,  ^ient  en  proie  k  une  vIve  exaltation.  Una 
Icioled'hoinmea,  ardenta,  pleina  ()*6nergie,  a*agitaient  an- 
tour  de  la  commiaaion  manicipal^  inatallte  k  ThOtd  da 
▼Ule.  Le  aamedi  31  on  ponrait  d*an  nnimeni^  I'autretoir 
prodamer  la  r^publiqne ;  d^ji  mtoie  la  prudence  d*an 
goovernement  proviaoire  avalt  M  offerte  a  Lafayette,  et 
Odilon  Barrot  aralt  obtenn  de  lui  k  grand^peine  «riJoumer 
toute  d^idon  Jnaqu'an  lendemain.  Lea  cireonatancea  ^talent 
done  criti(inea  le  31,  loraqa*^  holt  beurea  du  matin  la 
oommisaion  de  la  cbambre  dea  d^put^  a)B  progenia  au  t>a- 
laia-Royal.  BJen  n^^ft  plna  ufgent  que  de  mettre  fin  kTin- 
terr^e  gouternemental ;  11  iiUait  au  plua  tOt  prodamer 
on  cber  et  le  ftUre  reconnattre.  Le  due  d*Orl^na  demandalt 
le  tempa  de  r^fltebir  :  B^rard  aeul  Ini  repr^nta  rimmi- 
nence  du  danger  et  la  n^ceaait^  d'une  r^aolution  immMiate. 
Le  due  d^Orl^ana  odda  k  cea  repr^aentattona,  et  la  proda- 
mation  par  laquelle  11  acceptait  la  lieutenance  g<$n^rale  du 
royaume  ftit  r^Ig^.  Le  prince  y  diaait  :.«  En  rentrant 
dana  la  Title  de  Paria,  je  portaia  avec  orgueil  cea  oouleurs 
glorieuaea  que  Tooa  atez  repriaea,  et  que  favaia  moi  m6me 

longtempa  porttea Une  cbarte  aera  dJ^rmaia  une  t^ 

rit^.  »  La  prodamalion  de  la  cbambre  en  r^ponse  k  celle 
du  prince  aCpulatt  plu^ieura  garantfea,  entre  antrea  le  r^ta- 
bliasemefltt  de  la  garde  nationale,  le  jury  pour  lea  dilita  de 
la  preaae,  la  r66leetlon  dea  d^put^  promua  k  dea  fonctlona 
publiquea,  etc.  On  remarqua  le  changement  d'un  mot 
dana  la  pbraae  qui  la  tenninait  comme  cdle  du  prince  : 
«  La  Cbarte  aera  d^rmaia  une  Y^rit^.  »  On  ae  rendit  en- 
auite  k  I*b6tel  de  Title  :  de  viTea  acdamattona  a'deyferent 
aur  le  paaaage  du  due  d'Orldana,  qui  donnait  dea  poignto 
de  main  anr  toute  la  route.  Le  g^n^ral  Lafayette  Taccueillit 
avec  cordiality.  La  proclamation  de  la  cbambre  eat  lue  par 
M.  Viennet^  et  la  r6ponae  du  prince  eat  couTerte  d'applaa- 
diaaementa.  Ce  ftit  lA  qo'eut  Ueu  llncartade  du  gintel 
Dobourg. 

Le  i^  aoOt  la  commiaaion  mimidpale  nomnw  dea  com* 
miaaairea  proTiaoirca  pr^  de  diaque  mlniatere^MM.  Du- 
pont  (del*Eure)  k  lajnatice,  Louia  yjx  financea,  le  g^^ 
Tai  Gerard  k  la  guerre,  Bi  gnon  aux  aflairea  ^trangirea, 
d^ob  11  paaaa  A  rinatruction  publique,  Gdizotk  Tinatruc- 
tion  publique,  qn^  quitta  pour  Tint^ur;  le  g^n^ralS^baa- 
tlani  eut  la  marine.  Elle  nomme  en  mtaie  tempa  de  La- 
borde  k  la  prtfecture  de  la  Seine,  Cbalrdd  aux  poatea^  Ba- 
▼oux  k  la  prefecture  de  polite,  ou  it  fut  bienlAt  remplac^ 
par  Girod  (de  l*Ain).  Lafayette  eut  le  commandement  g^n^ 
ral  dea  gardea  nationflea  du  royaume.  Une  ordonaance  de- 
clare que  la  nation  fran^iae  reprend  ate  oonleura ;  une  antre 
confoque  la  cbambre  dea  paira  et  la  cbambre.  dea  d^put^ 
pour  le  3  ao&t. 

Cependant  Charlea  X,  qui  a^^tait  repli^  aV ec  aa  maiaon 
aur  Kambouillet,  aralt  aign6,  ainai  que  le  daupbin,  iine  ab- 
dication en  fareur  d|i  due  de  Bordeaux,  et  il  aTalt.falt  te-' 
nir  cet  acte  au  lletatenant  g6n6ral  da  toyaume.  Dana  la 
aoirte  du  3  aoOt  le  bruit  ae  r^pand  dana  Paria  que  Cbar- 
lea  X  refuae  de  quitter  RambooiUet  Juaqu'i  ce  que  aon  petit* 
^a  ait  ^  reconniii.  Ce  bruit  exaap^  U  population  pari- 
aienne.  Parunmouyementapontane,deatroupeade  dtoyena 
se  r^uniaaent  le  3,  die  le  matin,  aux  Cba^pa-tlyato,  an- 
non^ant  Pintention  de  ae  porter  aur  Rambonillet,  poor  en 
finir  avec  lea  Bourbona.  Pour  r^golarlaer  le  mouVement,  le 
gto^td  Pajol  ae  mit  II  leur  t^,  arec  le  colonel  Jacque- 
minot pour  chef  d^^t-migon  La  troupe  groaaiasant  le  long 
de  la  route,  lit  anri?kent  au  hombriei  de  ploa  de  Tiii^  mUte 
ARambouilleL  Cbariea  X,  eOray^  de  cetle  d^onstration , 
aed^dde  i  dfx  beuriea  dii  aoir  k  parlir  pour  Cfierbourg, 
accompagn^  de  MM.  Odilon  Barrot,  de  Scbonen  et  dU  ma- 
r^lial  Maiaon,  commissairea  deaign^  pfir  le  gouVemement 
proTisoire. 

Ce  mtoe  jour  eut  Ueu  TouTerture  de  la  aeaaion.  Le  dia- 
coura  du  lieutenant  g^ndral  du  royaume  annon^ait  que  coin- 
mnnlcitioii  aerait  Cute  aux  diambrea  de  Taete  d*abdication 


1 


de  Cbariea  X  et  du  danpbin*,  mala  cette  abdicatioft 
conditionnelb),  quelle  Tdeur  pou¥a^t*eUe  avoir  f  D'Miea 
circonatancea,  fntilca  en  apparence,  acwblalent  MkyMt  tn 
parti  pria  de  aeteoir  le  ploa4>rte  poaaibie  de.la  IUn)^^ratM«« 
Ainaf,  le  Honiteur  enregiatrait  aon  erratum  r'kTfHTMi 
dana  la  preml^^  proclamation  4u  duo  d^Orltfiana.  I0  Omift 
k  une  cbarte;  lea  eaprita  pr6yoyan|i  prMendaieot  fVninw 
Utout  un  ayateme.  La  nominatioa  dfi  M.  Paaquier  A  la 
prudence  de  la  cbambre  dea  paira  tronvait  pau  d'ftpfr** 
bateura,  ^t  aemblalt  annoocer  une  tfndance  r^tfo^nde. 
Enfin,  on  regardait  comma  dee  Jonete  tai  soil  pan  inttBa 
la  grand*croU  de  la  L^gikm-dlkinneor  donate  au  doe  dm 
Cbartrea  et  an  due  de  Ramonra. 

L'action  dn  gouTememint  proviaoire  ne  ae  r^T^ant  qoa 
par  cea  meaurea  meaqufaiea,  un  d^pot^,  B^rard,  prit  llw- 
tiative  d*one  dto^rcbe  d^aive,  tendaiit  k  bira  prodaaaer 
Louia-Pbilippe  roi  dea  Frangala,  aoua  la  conditkMi  qu^  ccnh 
aentirait  prtelablement  certainea  garaotiea  pollUqoea,  ap6- 
dfltea  dana  une  eapto  de  declaration  de  draita*  teMea  4|aa 
rabaiaaement  de  TAge  et  du  cena  d'^gibOMe,  I'abolitioa  de 
U  cenanre,  le  jury  pour  lea  ddita  de  la  prepae,  elo.  Ce  pro- 
jet,  conmmaiqo^  par  B^ari  k  qndqnea  apiia  qoi  iVneoe- 
rag^real  fort  4  y  donner  auile,  occopa  ploaieara  iom  tea 
d^Ubtotiona  dea  miniatrea  proviaoirea  s  ce  fiit  le  dine  d*Or- 
Itena  qoi  con^ot  l*idte  de  coavertir  la  propodtloa  de  Bdraid 
en  acte  conatitotionnd  et  adua  la  forme  d*anieadcaaeals  a 
la  Cbarte,  et  il  cbargea  MM.  de  BrogUf  cjt  Gfitet  de  116- 
di^  cea  amendementa.  Le  6  aoUt  au  matia  }L  da  JBrogfia 
remit  aon  travail  k  B^ard,  qui,  troui:ant  aoa  plan  pnmilir 
grandementmodifi^,  ameada  k  aon  tour  rcBane  de  Mr  de 
Broglie,  et  en  fit  part  ilia  cbambre  qifeiqiiea  bearaaaprte. 
Le  projet  t^t  renvoy^  k  une  commiaaion  ebarg^e  d*ea  naiia 
compte  le  jour  mtoie,  dana  one  aiSpnoe  do  aoir.  JEa  elM* 
M.  D u  pin ata^,  rapporteur,  lot  k  m^  beanw  aoa 
Bor  lea  modificationa  A  fkk^  k  la  Gbjiite.  Soa  M^vall 
c<»^a  dana  un  aena  tout  fiivorable  k  la  aoof  ftralnetA 
aale,  4ud6e  dai^a  le  ppx>jet  de  M.  de  Broglie.  Llaleatiaa 
da  gouvernemeat  ^it  de  feire  d^ttbirar  teuaMiataoieal 
et  d  emporter  le  vote  d'aaaaut  dana  la  null  mteieu  M.  €ii» 
aot,  cpmmiaaairo  au  miniattee  de  Ilnt^rlear,  a«ait  dmuii  la 
mot  aux  centraa  s  M,  de  Rambuteau,  qui  a'^taltcliBma 
d'attacber  le  grd^t,  monta  k  U  tribune^  el  fit  la  propoailioa 
de  voter  aurole^cbaanp.  JHik  Vom  criait  Aux  voisyj  hmnqm 
Benjamtai  Conatant,  Maogoja,  SalveKe,  Beaimtaj, 
repr^aentent  rinconve9aaceet.nmp9aaibiU|6de(pauer  an 
acrntin  aur  dea  amendementa  ai  gr^vei,  aisanl  mtaie  d^ca 
avoir  pria  connaiaaance,  ou  du  nioina  aaaa  lea.  avoir  Ina  4 
t^te  repoate.  Alora  ime  cxtrtae  flu^^oatioa  ae  fnmt^p^^ 
dana  Taaaemblte.  M.  Gpizot,  inquiet'deeeKle.iAtitiide  Iad6- 
dae,  demande  la  jiarole ;  U.  ne  volt  plua  irtaboaTioieat  k  ee 
qoie  le  rapport  aoit  imprim^  dana  la  nqit  el  diatnbnd  el  a 
ce  qoe  la  diacuaaioa  compiieaoe  h^  j^emain;  «a  ^ni  tba 
toot  le  monde  d*enibarraa.  Maia  M.  de  Rambntean,  tr6araHlr- 
tifie  de  a*£tre  comproiaia  ea  pure  parte,  lifii  dice  4  BLjGai* 
tot,  aj;r4a  la  a^ance  levfe,  qu*il  dtait  Um  alee  d*afaH'.4iie 
lea  marrona  dn  feu,  pour  qoe  le  gpoveraeaieat  eOt.raocMHon 
de  a*en  laire  bonncor.  A  quoi  M«  Quiaoli  repartii  »if^  la^laia 
profeaaion  de  cbanger.d*avia  toutea  lea  cinq  nuautei;  daaa 
une  grande  aaaembMe,  tl  fiiut  toujoura  conauHer  la  diapo«* 
tion  du  moment  ^  Mala  vona  anriea  bteapu  m«lediiad'»- 
vance,  •  r^pUqua  M.  de  Rambuteau. 

La  atoce  i^t  done  renvoyte  au  lendemain  matin  k  d|x  bea- 
rea;  mala  dana  U  nuit  une  convocation  k  domidle  iadiqaa 
la  a^ce  deux  beunea  plua  tdt.  Le  public  et  lea  joufaalUtea 
n*ayant  paa^t^  pr^venua,  il  n*an  fallut  paa  moinaftlciidia  que 
lea  tribunea  fuaaent  rempliea.  Tooa  iea  amendeaaeata  k  la 
Cbarte  forent  vot6a  aana  d^aemparer,  et  le  doc  d*Oritens  fot 
<.Hi  roi  dea  Fran^ala,  a  la  m^ritd  de  219  voix  caatre  33. 
Aoaaitdt  la  cbambre  ae  rendit  en  oorpa  au  Palait-Royal, 
pour  porter  au  prince  dn  Tade  qui  lui  donnait  aae  eounaae. 
Lo  due  d*Orieanapanit  avec  Lafayette  aur  le  baleoa  da  Pa> 
laia-Royd,  et  fut  aalud  par  lea  acdamationa  popidaiita.  La 


I 


RKANCE 

0aoil,  dantiiM  steiee  solauMUe  k  U'clianibre  def  ddpatiSft, 
le  prince  Juri  la  charte  nouTeile,  et  rt^  en  febange  le  tl- 
tre  deroi,  Certes,  cette  jowmte  da-?  aotkt  1830,  seas  see 
deiwn  iBodesles  et  d^pooOMk  de  tolil  jptfedlge,  a?eo  son  roi 
foU  an  Bcrutin,  et  ces  trois  cents  bourgeois  qui  traTeraent 
Paris»  le  |«rap^  «Mis  le  bras,  poor  alter  olVHr  tlll<$  eon- 
roinie>  n'en  fat  pas  moini  one  Matanle  mahlfestation  de  la 
puissance  dteocradque  el  de  la  soateralnetd  natlonale.  Mtts 
tl  (ant  avouer  que  toote  cett*c0bvre portait  la  trace d*tttie 
:  excessire  pfiteipitalfett.  Dens  TenpreeseiMDt  qoVm  avait 
d*cn  ibiir,  onne  ^rosbl  pas  :nMnie  laisser  ratire  la  Cbarte 
-wticle  par  ^liide,  «C  on  y'laliia  passer  d^dtnnges  inadver- 
•  tancei.  VoU^ctqiufapo^alsir  ArcentreduTaoMlaqnaS- 
ficatiop  de  eftorle  hdeiie.  Oca  torts  rMla  avatsntlciir  excnie 
daas  labAte  qi^en  aifafi4e  aortir  do  prafMie.  On  atiit 
pieor  d^one  Gastaitton,  onr  ▼•abit  •driter  i  tout  prix  les  en- 
bams  el  lea  d^lais  d'nnia  sesskii  constltnantd.  Sor  iii  Itol 
qoi  Iremblaift.  dans  rdfenresoeBcei  pradnite  par  des  dfiiae- 
HMBtsinoqiay  ehaqoe  hetuie  povrait  tefiuiter  one  criae, 
ofaaqoe  Jodor  ^akit  nn  sitele.  Sous  lefsn  des  paaslaiis  popa- 
tadres  et  ca  prtence  dte  pavlis  araate^  il  Mlail  les  gamier 
de  Vitesse,  kOn  de  rendre  la  rdvointiQii  le  moinarifolation- 
Baira  possible.  Tel  fut  le  plan  mM  dis  le  premier  Joar  par 
cen  qui  miroU  la  main  snr  la  pduvoir.  IMs  lors  on  peat 
atdnv  les  devt  dirtotlons,  lea  demi  systtaiea  qui  pendant 
dlx*huil  ans  partagirent  la  gontememenl  el  roppoatkm. 

Dans  tons  ces  prikiminaiiea  du  nouveau  r^e,  la  cbambre 
des  pairs  avatt  iti  blen  elfiM6a;  die  n'atait  ]oud  aucun 
rdle  dans  les  ^^aementa^  sanf  IVntreniseofBeieiise  et  oom- 
pl^lement  aTortie  de  quelquea  pairs  entre  Cbarles  X  et 
Yh(M  de  vitle.  II'  7  a  phis,  son  existence  atait  ^td  sdrieuso- 
meot  menace  :  dans  la  aoir^e  do  a  aoQt,  pendant  que  la 
eommifisloii  des  d^otds  ddlibdralt  aor  le  rapport  h  faire 
toodiant  lei  amendement^  4  la  Cbarte,  dne  troupe  de  jeones 
gens  a'dtait  presenile  aux  pbttes  de  la  Cbambre ,  deman- 
dant bautement  Tabolitlon  de  rb^r6dit6  de  la  pairie.  On 
craignalt  mtaie  que  les  exigences  populaires  n^ailassant  pins 
loin,  ces  apprehensions  ne  furent  pas  ^trangftres  k  la  r6sohi- 
lion  que  prit  la  cbambre  dts  r^serrer  pour  nn  autre  temps 
la  question  m£mede  Torganisation  de  b  pairfe,  en  faisdrant 
dans  Facte  constftnlionnel  la  disposition  suhrante  :  «  L*ar- 
« tide  27  de  la  Charte  sera  sonmis  k  nn  nourel  examen  dans 
«  la  session  de  1831.  >  LesmlnistresproTjsoiresenx-memes, 
craignanl  bue  1*^meute  ne  dertnt  nne  insurrection ,  et  nV>- 
sant  aborder  de  front  la  question  formidable  d»  la  pairie, 
avaient  ^cb£  de  rOoder  en  subsUtuant,  comma  toujours,  k 
la  question  de  grincipes  une  question  de  personnes.  Sur  le 
proget  cornmuniqud  par  M.  le  doc  de  BrogMe  k  M .  B^rard, 
M .  Guizot  avail  <$arit  de  sa  mainles  Ugnea  sulvantes : «  Toutes 
les  nooalnations'et  crtetions  nootelles  de  pairs  bites  sous 
le  rugate' do  roi  Charles  X  soni  dietaries  nolles  el  non 
arenoes.  •  Cet  article  devint  la  premium  des  dispotitions 
pariieuHirii  qoi  terminaient  la  cbarte  nouvelle.  Quoi  qoll 
en  soil,  la  cbambre  des  pairs,  qn'on  n^avait  pas  appd^  k 
ddib^rer  suf  cette  noovelle  cbarte,  et  k  qui  Ton  n*avait  fait 
en  qoelquesorte  qu^nne  simple  communication  de  politesse, 
mats  qui,  eependant,  ne  tx>olaii  pas  raster  Arang^  k  ce 
grand  acta  politique,  vint  k  son  toitr  an  Paiafo-Royat,  le 
7  aoAt,  kdix  heores  dn  soir,  apporter  son  adbiteion.  C^ns 
la  s^mce  royale  dn  9  aotkt,  nne  partie  de  la  salle  fut  r6ser- 
^6e  k  la  prairie. 

Le  1 1  aoOt,  le  roi  compose  son  mlnlst^  ainsi  qui]  suit  : 
M.  0npont  (de  Vtvate)  k  la  jcstice,  le  marital  Gerard  k 
la  guerre,  M.  Mot^  aux  affaires  ^trang^res,  M.  Guizot  k 
nntdrleor,  le  due  de  Broglie  k  nnstructlon'publique  et  aux 
cultes,  le  baron  Louis  aux  finances,  et  le  fsinfrtA  Sifcbastianl 
h  la  marine.  La  tAclie  de  cbacnn  de  ces  ministres  ^talt  im- 
mense, en  mfme  temps  que  les  difficult^  dn  pouvoir  en  g^ 
n^ral  avaient  de  quoi  efTrayer.  La  revolution,  en  interrom- 
pant  tous  les  f  ravoiix  de  rindustrie,  avail  propag^  un  malaise 
pr^jTKeur  de  la  plus  terrible  crise  eommerciale  et  financi^re. 
Paris,  d^aeil^par  les  ncbes*  par  lea  graodes  familles/par  les 


«70 

dirangers  opolents,  que  fliisaleni  ftiir  tea  mglssemants  de  1'^ 
meut«,'Vit  en  qodquesmois  sa  populatiomdlminuer  de  cent 
^inqoanCs  mille  Ames;  Dans  le  seul  mois  d'aobt,  sur  treiie 
millions  que  ifevaient'prodtaire  les  cdntributioiks  indir«cti)l, 
le  trter  fronts  un  dddoit  de  deux  mtlUons.  Lea  Capitalistea 
danandant  H  la  Banque  le  remboursement  de  Icon  d<p6ta , 
Sargent  sa  resserre,  le  tr^r  est  r^utl  aux  expedients,  el 
dn  mois  d*aoQi  ao  moia  de  novembre  les  fondU  publics 
eprouvent  une  baisse  de  vingi  francs.  Les  maisons  de' com- 
merce les  pins  aoKdea  aont  dbranl^es.  Par  ces  souffraAdw  des 
hautes  daaaes,  on  peul  Joger  de  la  mis^  des  classes  ibfi- 
rienres.  La  sappraaaion  des  traTanx  amenaM  b  dimiimtion 
des  aalaires,  at  lea  homnea  qui  avaieni  verad  knr  sang  poor 
la  Mberld  voyalent  teon  families  en  prole  am  aonfTrances 
do  b  film:  M.  Gtflxot,  bdnistare  de  Pfntdrieur,  deirianda  k  la 
cbambre  nn  erddit  decinq  millidnk  applicables  k  des  travaux 
publics.  On  fitqnelqntesmiftban  commerce;  bn  fit  qnelques 
reimpressioils  d'andens  ouvnges  poor  donner  dn  travail  aux 
ouYriers  lmprimddr8.'Mafs  cet  faSMes  aecoun  etaient  insuf- 
fi^anta;  et  d'allleura  fttat  ne  pent  suppieer  ad  monvement 
social.  Cetto  nrfa^dtait  prolongee  par  la  eonfinuitd  des 
dmentes,  k  pen  prte  permanentes  dans  la  capltale.  A  b  fa- 
▼enr  de  refferveitoehce  g^nerale,  cbaqne  jonr  des  attroope- 
mente  ae  rassenblaleni  snr  la  place  do  Palais-Royal.  Pour 
prdtexte,  on  avail  tanMt  les  r6chmations  dea  ouvriers  centre 
les  maddnes,  tantdt  des  seoours  k  envoyer  k  b  Belgique  r^- 
voltee,  tantdl  la  nonvelle  de  l*insorrec6on  polonaise.  Le 
gouvemement  av^  k  lutter  sans  cesse  contre  Tesprit  de* 
aorganisateur ;  les  dubs,  les  sodetes  popidaires,  trevaillaieni 
k  bire  descendre  les  afTairea  snr  la  place  pnblfqne;  la  pressa 
dle-mtoe,  dont  les  protestations  avafent  M  le  premier  ade 
de  rMstanoe  aux  ordonnances  de  Jnillet,  exerca  dte  le  debul 
une  faifhience  ddmeaorde,  et  contribuait  pour  sa  part  k  en- 
trdenir  I'agitation; 

Tant  d'exlstenees  ddplacfts  par  la  seconsse  de  Joillet,  de 
Mies  ambitions  deques,  desesperances«xagerees  non  satis- 
bites,  etaient  autant  dMiemsAU  d^oppositidn  qoi  se  ceali* 
aaient  oontne  le  goo  vameibeflt  et  l^f  bisaient  obstade.  Les  paiw 
lis,  que  la  r^vdirtionavaft  prison  depourvn,  s^etaientrefbrmes 
en  presence  d^m  tfotovd  orana  de  choses ,  et  se  pronon^ienl 
dej^  avec  plus  d^Mergle.  Le  parti  bonaplH4iste;  qnf  devait  sus- 
dter  phn  tard  qudqbes  embarras  k  la  noirrdfe  coor,  vi  vdt  d*0- 
Inslons,  comme  tons  les  partis,  et,  il  bat  Men  le  dire ,  11  ne  fot^ 
matt  dans  la  nalibii  4u^|}ne1mperceptib!e  mindrite ,  qnf  dlspa- 
rafssaittous  les  Jours;  sesvieoxdebrisseraftacbaientsansrd- 
sistance^bnoa'vdleeodr.  Leduc  de  Reich.stadt,  dont  la 
presence  anraft  pu  sebfe  Inl  rendre  quelque  vie ,  elait  trop 
loin,  et  sous  b  mahi  de  IVtranger.  Que  pouvait-fl  d*ail- 
leors?  Nous  rendre  Vempire  molns' f emf«renr,  c^estplHiira- 
rdvdller  les  passions  guerrieres,  alimner  rcurope,  et  ra- 
mener  le  despoUf^me  pour  accompagtiement  oblige.  Avec 
lea  habitndes  de  vie  publiqne  et  de  liberte  qui  s*eteient  for- 
tlflees  depois  q'ninze  ans,  cfetalt  on  veribMe  anacfaronisme. 
Quant  au  parti  legftfmiiste,  ta  stupeoT  qnifavait  frappe  dn-» 
rait  encore.  II  deValt  se*  reveiUer  nn  pen  plds  tard ;  mais 
pour  le  moment  11  se  lenfaTt  coi ,  observant  avec  inquietude 
l«i  demarohes  dd  gddvehiement  ^es  vitox  organes;  la 
Gazette  et  La  QU0tldienin&,  par  nne  cnrieuse  paUnodia  ^ 
tedamaient  bautement  les  garantbis  de  b  liberie.  La  repu- 
bliqoe  avail  contre  die  fes  repubiicalna  d'autrefois-,  et  ella 
devait  avoir  bientdt  contre  die  les  repnblicafn»  d'ao}our- 
dliui.  Ce  pari! ,  compose  snrioul  d'hommes  energiques  ^ 
audacieux,  se  recrutait  parmi  lesmecontenb,'parmi  lea 
ambifions  sobaltemes  non  satisfaitto  i  il  etendait  anssi  sa 
propagande  di^ns  les  danifes  ouvri^res ;  le  desoenvrement 
force  d*un  graii(i  noihbre'd^artisans,  b  chertd  dn  pain ,  les 
dmeutes  periodfqiief; ,  tendafent  k  le  grosSir.  11  faisait  1  dfroi 
de  la  boon;eoisie,  c'est'^li-dire  des  commercfanb,  des  b« 
bricaiib,  des  propridbires ,  des  rentiers,  -de  la  maglstra* 
lure,  enfin  de  tous  les  bommes  qui  itossMent,  et  dont  lea 
interdb  sont  etroitement  lies  au  malhtipn  du  bon  ordre.  C^r 
les  capibux,  les  entreprises  iminstrielles ,  b  valeur  das 


•to 


FRANCE 


ehargei ,,  le  commereey  toot  p^rieUte  dte  que  Tordre  est 
nenaod.  Cette  claste  «t  done  esaeotieUemeiit  eoosenra- 
trice ;  ausi  fltpelle  ane  aUiinoe  intiine  atec  le  gouTemement , 
et  Ton  a  pa  dire  avec  r€iM  que  Loofa-PhUippe  diait  le  nil 
de  la  boorgeoiaie.  A  oette  ^poqao « le  roi  dtalt  eDtoord  d*one 
grande'po^ilaritfty  et  D  a  dA  g»rder  kNigtempa  !e  fcouyeDir  de 
raccoeil  qoe  lol  fit  la  population  paridoine  pendant  la 
jreTue  do  la  garde  nationille  au  Champ-de-Mars ,  le  29  aoOt 
18S0. 

La  altiiation  finand^  de  Vitai  appdait  toote  la  aoUid- 
tode  des  hommea  apddaux ,  paisqoe ,  tandia  qne  lea  besoins 
a*accroi8saient  daBf  one  proportion  efirajrante,  lea  reMOiiroea 
et  les  reYenoa  poblica  do  blaalent  que  dtoroltre*  L*imp4t 
aor  lea  bolaaonaaoolevalt  depuialongtonpa  dea  oris  de  r6- 
prubatkniy  et  les  chambraa  fiirent  forote  d*adopler  provl- 
soirement  on  projet  de  lot  qol  laiaaait  an  dibitant  le  choix 
entre  Vadonnement  et  Vexerdee.  L*annte  sortoot  atten« 
dait  one  prompte  rforganisation.  Les  troia  Joumte  avaient 
enti^rement  disloqud  certains  rfghnents;  la  garde  royale 
et  la  maison  dn  roi  aTaient  €t6  diasoutes  i  tout  ^it  k  re- 
faire ,  an  materiel  conaidteble  k  ramplaeer^  lea  cadres  k 
completer,  la  discipline  k  rafliBnnir.  La  France  ne  pouvait 
rester  dtormte  en  prtence  dea  chanoea  de  jsoerre  pos- 
sibles que  le  mauYais  Toulolr  dea  palssanoea  dtrangftres  pou- 
vait amener.  U  restait  k  peine  sous  les  drapeaox  80,000 
iiommes,  y  compris  le  corps  d'annde  d'Afirique.  On  op- 
donna  one  levie;  les  cadrea  de  Tann^  ftirent  port^  k 
.  500,000  bomroea.  En  cas  de  goerre,  on  aTalt  one  itenre 
de  1,500,000  gardes  nationan.  On  n*afait  pas  plus  de 
800,000  fusils  dans  les  arsenaux,  et  II  en  aurait  ftllo  troia 
millions.  Telle  fbt  Poriglne  des  marcbte  devenua  fiuneux 
soiis  le  nom  de  fusils-Gisqoet  Heureosement  personne  n*^ 
iait  pr8t  pour  la  guerre,  et  tout  le  monde  avalt  besoin  de 
la  paix.  Maigrd  la  bonne  eoTie  qoe  pouvaient  avoir  les  ca- 
'oineta  ttrangera  d*foaser  la  revolution,  lla  devalent  s'ef* 
Trayer  de  la  perspective  d*ane  lutte  noovelle,  dont  11 6tait 
imposilble  de  pi^voir  le  terme.  Chacon  d*eax  avait  d*all- 
leurs  des  popolatioaa  fnquiMea  k  sorvelller.  La  sainte4d- 
iiance  rtolnt  done  de  raster  aor  la  dtfenshroy  mais  en 
^NparsoiTant  aea  armementa  sor  teas  lei  pelnli. 

La  Grande-Bretagne  fnt  la  premMre  k  reconnaltre  le  noo- 
'veau  gooveraement  de  la  Pranea  On  aait  aveo  quel  en- 
4honsfiuNne  le  people  an^lab  avait  accoeillt  la  nouvelie  des 
^vtoeroents  de  JulUeL  Le  cboix  do  prince  de  Talleyrand 
-comme  amliassadear  de  I^rance  en  Anglelerre  fh  leptembra) 
Alt  poor  les  patriotes  an  aqjet  de  vivea  rtelamations.  Sa 
nomination  avait  m^me  rencontrd  de  l*oppoaition  dans  le  eon- 
sdl  des  ministres.  MM.  Laflitte,  Dupont  (de  r£ora),  MoM, 
Bignon,  s'^ient,  disait-on,  prononote  contre  lui.  Signa- 
taire  da  traits  de  VIeone,  sen  nom  dhait  asset  dairement 
qu'on  Toulait  donner  des  gagea  k  la  aainte-allianoe.  Sans 
doate,  c*<tait  \k  one  d-marche  eauentieHement  padflque; 
roais  die  enchalnait  la  diptomatie  fran^aise  aux  traitte  de 
.  1815.  Le  roi  des  Paya-Baa  avait  M  le  aecond  k  reconnattra 
le  BDaTeaa  gouvemement  de  la  France.  La  reconnaissance 
deTAatridie  arrive  par  Beriia  avee  eette  de  la  Proise.  Cdle 
4le  la  Bosde  so  fit  plus  attendre.  Le  10  aoOt,  le  roi  avait 
iexH  k  rempereur  Nieolaa  poor  lai  notifier  son  avteement. 
Afln  de  rassnrer  rsorope  sor  les  soltes  de  la  revelation  de 
JuiHety  11  ne  la  montrait  qoe  comme  one  rMstanoe  mal- 
heareose,  mais  inevitable »  k  d'imprudentea  agressions;  il 
se  prtentait  lui-mtaie  eomme  le  moderateor  des  vain- 
qoeora,  et  le  pntedeor  des  valneas  s  de  VwpifnA  qoe  la  aaioto- 
aUianoe  hit  prMerait  dependrait  le  oiaintlen  de  la  paix  en 
Eorope;  nesperaltqaelaco/at/ro|»AearriveeA  Paris  n'au* 
rait  pas  poor  resultat  de  briser  ralliance  projelte  entra  la 
France  et  la  Ra«ie.  Nicolas  aocueOlIt  avec  liaoteur  le  ge- 
neral Atfialin ,  envoyd  dn  Palais>RoyaL  Dans  sa  r«ponf«  k 
Loois-PbiUppe,  11  rappdie  les  traitte  existanU  et  retat  de 
posaesdon  territoriale  qu*ils  ont  conacre,  et  il  qiialffie  la 
revdullon  de  Jaillet  d'^v^emenl  d  Jamais  deptftrabit, 
Le  ton  dedaigneox  de  cette  lettre ,  des  reticences  plcmes  de 


menaces,  et  sortoot  rominalon  Insaltante  de  cei  noli, 
monsieur  monjrtre^  constemteent  le  Palda-Rojd.  Mi 
lors  s'etablit  dana  les  relations  des  deox  eabineli  ettb 
extrtaie  flroidear  qui  a  dare  Josqo*!  la  fin  de  la  nonaickii 
deJnillet 

Le  nooreao  gooTemement  de  la  France  prit  poor  )mt  de 
n  politiqae  exterieare  le  prfaidpe  de  non-lnterveattoa. 
M.  Mole,  alora  mfailstre  des  allUrea  etrangteei,  bt  lepn- 
mier  k  le  mettre  enavant  dans  lea  traniaetiona  de  lapQi> 
tiqoe  eorop^enne.  Toutefoia,  avec  le  bon  sens  pratkiae di 
l*homnie  d*£tat,  fl  n'aordt  paa  voaln  qoe  la  Franoe  sW 
chatnlt  d'avance  par  la  declaration  d*on  prindpe  inflnible. 
Co  prindpe  ne  tarda  paa  k  etra  vide  par  PAotridM,  m 
Italic,  etia  France toate  la  preoderese  rendit  oompUcaei 
eette  violation,  lorM|o*dle  prit  part  anxaclea  de  lacoaf^ 
reneedeLondresrdatibanx  aflUreadeBelgiqucU 
Bdgiqoe  etait  en  effet  le  premier  embama  sosdie  aax 
cabinets  par  la  dtoation  noovdie  de  rEorope.  L'naioa  de 
la  Bdgiqoe  agricde  et^  la  HoDande  coouner^nle  naait 
d*etroviolemmentrompoe;Paecouplementdeceadenxnitioai 
entiftrement  distinctes  de  moeon,  de  langage,  de  religMa, 
dinterets ,  etdt  desormais  demontre  fanposaOile. 

Utt  des embarras  do  goovemement  etdt  le  proctellUie 
anx  andens  ministres  de  Charles  X,  dont  qoatre,  le  prim 
de  Polignac,  MM.  de  Peyronnet,  Goernon-Rai- 
vilie,etCbantelaoie,  avdentetearratea  dans  las  d^ 
partements,  conduits  i  Paris,  et  mla  aa  donjon  da  Ta- 
cennes.  Dte  iors  rissoe  possible  de  ce  procte  deviat  |Mxir 
toos  les  partla,  poor  tootes  les  opinions,  Pobjet  d^ine  it- 
tente  immense  i  poor  les  nns ,  il  s'agiasait  de  savdr  li  I9 
ministres  de  Charlea  X  aordent  le  privilege  de  rimpudl^; 
les  autrea  se  demandaient  avec  inqoietode  d  la  revdotloa  de 
Juillet  dementirait  sa  moderation  preiqoe  nana  exsmple  pv 
one  vengeance  sanglante.  Ce  flit  poor  co^forer  d^vaaoe  k 
posdbilite  d*un  td  rteiltat  qn*on  ee  mit  ^  lUre  de  la  pld» 
tbropie  aur  Tabolition  de  la  pdne  de  mort  M.  de  Tncf  m 
fit  la  proposition  le  17  aoAt  On  apprit  MentOt  que  le  Jsge* 
ment  des  ex-ministres  etdt  deferft  k  la  cfaambre  des  pein, 
toote  peopiee  de  leurs  amis,  oo  memo  de  leorseoni|iiieek 
Cea  tentatives,  md  coovertes,  poor  aoostrdre  de  grandi  oos- 
pables  k  on  diAtiment  mente  ne  firent  qu'exaaperer  Is  nel- 
titode  d  provoqoer  des  emeotes  :  des  cria  meoafsats  it- 
tentirent  dans  Im  atdiers,  des  placards  seditienx  l^uedaf- 
fidds  snr  les  mors  du  LoxembouiK ;  on  vit  da  bsndei  tn- 
vereer  Paris  portent  on  drapeao  avec  cea  mots  fauerib : 
Mort  aux  minisires!  dies  se  diiigeaient  sor  b  Piliii- 
Royal,  d de  li  sur  Vincennes,  menafant  d'enlever  les  pri- 
sonniers,  lans  la  coorageuse  resistance  do  gteeral  Dii- 
mesnil.  Maia  le  moyen  le  plus  sOr  d^avofar  rdioo  deUb- 
reor  popolaire  etait  d'assorer  le  coore  de  la  Juatlce.  Qoe  b 
Jugement,  qud  qu*il  Iht,  recOt  son  executioa,  td  Aiitb 
motd*ordrede  LaJbyette  d  de  la georde  natkwde.  Lasec- 
tobre,  M.  B^renger  lot  k  la  diambre  dea  deputes  mm  rap- 
port sur  la  propoaitlon  de  M.  de  Tracy  :  il  eondoait  IIV 
joainement  La  discussion  solenndle  qui  s*ouvrit  qoelfKi 
joors  aprte  aboiitit  k  un  projd  d*adreese  au  rd ,  ayaat  pev 
objd  la  snppiession  de  la  pdne  de  mort  en  maUere  pditiqee. 
Pour  cdnier  I'dTervescenoe  qui  en  results,  le  Momlmt 
dul  annonoer  ^pit  labolitlon  hnmedlate  de  la  pdne  de  Bort 
n'etait  paa  posMble,  et  que  memo  poor  la  redrdndre  asi 
aeuls  caa  06  la  neoessite  la  renddt  legitime,  fi  fidlsUei 
tem|ts  et  on  long  travail.  Le  prefet  de  la  Seine,  OdOoe 
Barrot,adree8a  uneproclamation  qui,  toot  en  lapped  d^» 
blAme  energique  les  Hauteurs  de  troubles,  qudifidt  dlaop- 
portune  Padresae  pr^aentte  aa  roi  par  la  cbambre.  Gel  ia- 
cident  aroena  la  diasdution  dn  cabinet  do  11  aoAt.  A  cette 
censure  dlrig^  ountre  Ini-meme  d  contre  la  cbambre,  it 
minisiere  voulait  repondre  par  la  destitution  du  prdd  deb 
Seine;  mdn  Dupont  (de  PEure)  et  Lafayette  se  raealiad 
ili^poaes  k  ofTrir  leur  deinisftion  si  ce  coop  etdt  frappd,  oa 
dill  Pajoumer,  car  la  presence  de  ces  deux  peraunaagfi  aa- 
(our  dn  trtae  etdt  neceesaire  poor  traTcrMr  Ti 


FRANCB 

geoie  dm  proc^  dM  ministres.  En  cons^qaenoe ,  la  partie 
du  minist^re  qu*on  d^signait  par  le  nom  de  doctrinaires. 9» 
retira.  La  retraite  de  MM.  Guixot  et  de  Broglie  entratna  oelle 
de  M.  MoM  et  det  ninfetreB  aans  portefeaiUe,  Caaioiir 
Poller,  Dupfn  et  Bignon.  Laffitte  prit  la  prdsidence  da 
Gonseil  avec  le  portefeoiUe  des  flnances;  M.  Dupont  (de 
rEore)  resta  h  la  Jostioe,  et  le  mar^chal  Gerard  h  la  guerre ; 
M.  de  MontaliTet  rempla^  M.  Goizot  k  I'lnt^rieor; 
M.  M^rilhoQ  soccMa  au  due  de  Broglie,  k  Ilnstraction 
publique;  le  mar^al  Ma  is  on  prit  poor  qoelques  Jours 
Yintertm  des  affaires  ^trang^es,  oh  il  fat  remplaofi  par  le 
g^D^ral  Sdbastiani,  qui  laissa,  le  18  novembre,  la  marine 
k  M.  d^Argout  M.  T biers  hit  nomm^  sous-secretaire 
d'£tat  aux  finances.  Telle  fut  la  composition  du  minist^re 
du  3  noTcmbre. 

La  situation  ^taK  critique  :  la  d^tresse  de  IMndustrie  se 
r^T^lait  par  une  s^rie  de  foillites;  la  suspension  du  travail 
mena^t  les  classes  ouTri^nes  d^une  miste  croitoante. 
Le  gouTemement ,  assailli  par  toutes  les  fSictlons  k  la  fois, 
semblait  n*aToir  qn'une  existence  prtoire ;  elles  profitaient 
de  Tagitation  extraordinaire  que  I'approcbe  du  procte  des 
ministres  avait  r^pandue  dans  la  population.  Le  parti  car- 
liste,  aprto  trois  mois  de  silence,  s^^tait  r^Teilie  de  sa  stu- 
peur;  U  ponssait  an  d^rdre,  fl  sddait  les  teeates,  11 
s'unissait  an  parti  r^publicain.  Laffitte  disait  k  la  tribune, 
le  18  dtombre  1830  :  «  Det  documents  Merits  prouveront 
que  les  partisans  de  oe  qui  a  p6ri  en  juillet  sont  ro£I^  aux 
troubles  des  Joumte  de  d^cembre ,  et  que  seols  Us  ne  peu- 
Tent  pas  all^er  pour  excuse  les  emportements  d*un  amour 
exag6r6  de  la  liberty.  Nous  tenons  ces  mots  Merits  de  leurs 
mains :  II  nous  faut  une  ripublique  pour  chasser  lajd* 
nUlie  d'Orl^ans,  •  On  r^pandait  le  bruit  que  Lonis-I^bi- 
lippe  gardait  le  tW^e  pour  on  autre.  La  bourgeoisie,  alar- 
ms de  ces  d^sordres,  derri^  lesquels  die  Toyait  des  bou- 
leversements  int^rienrs  et  Tembrasement  de  ]*£urope,  prit 
les  armes  contre  les  agitateurs.  Le  d^vouement  de  la  garde 
nationale  ftit  alors  la  seule  saure-garde  de  Paris  et  de  la 
France.  Les  dubs,  les  sod^t^  populaires ,  les  foyers  ardents 
oil  toutes  les  passions  sans  emploi  Tenaient  s*exhaler,  exd- 
taient  un  effroi  g^n^ral  :  I'autoritd  fit  fermer  le  local  oil  se 
r^unissait  la  soci^t^  des  AmU  du  Peuple. 

La  chambre  dei  pairs  s'^tait  constitute  en  conr  de  Justice, 
et  le  10  d^cembre  les  ex-ministres  avaient  ^  transfiftr^s 
de  Vincennes k  la  prison  da  Petit-Luxembourg,  autour  dn- 
quel  on  avait  dtabli  un  formidable  appareil  de  defense.  M.  de 
Bastard,  dans  son  rapport,  la  le  29  noTembre,  attribualt 
k  la  cour  des  pairs  I'omnipotence  Judidaire,  c*est-4-dire  le 
double  pouToir  de  d6finir  le  crime  et  de  statuer  sur  la  pdne. 
Les  ddMts  s^ouvrirent  le  15  dtombre.  Les  depositions  des 
nombreux  tdmoins  reproduisirent  la  Tivante  histoire  des 
trois  Joumees.  Tout  le  systtoe  de  Taccusatlon  reposait  sur 
la  violation  de  la  Charte;  la  revolution  avait  ete  faite  nni- 
quement  pour  la  defense  de  la  legality ,  telle  fut  la  tb^ 
soutenne  par  M.  Persil,  procureur  general,  orateur  k  qui 
une  certaine  Aprete  de  passion  tient  lieu  d'doquence.  Le 
prince  de  Polignac  fut  defendu  par  Martignac ;  il  etonna  le 
public  et  ses  juges  par  une  imperturbable  security  :  il  n'i- 
maginait  pas  que  sa  condam nation  fdt  possible,  tant  Par* 
tide  14  de  la  Charte,  derriire  lequel  il  s'abritait,  lui  sem- 
blait an  rempart  inexpugnable!  Quant  k  M.  de  Peyronnet, 
qui  pendant  dix  ans  avait  habitue  les  chambres  k  son  ton 
banteln  et  Si  son  langage  pldn  de  Jactance,  11  sarprit  k  son 
tour  Taudltoire  par  le  ton  modeste  de  son  allocution.  11  avait 
pour  avocat  Uenneqain.  M.  de  ChantelauzA  (oi  defendn  par 
M.  Sauzet,  Jeune  avocat  du  baorreau  deLyon,  qui  sedolsit 
par  la  fluidite  de  sa  parole  et  par  son  extrteie  fiidlite  d*e- 
locutinn ,  dont  Teioqnence  devait  se  montrer  si  vide  et  si 
creuse  lorsque,  appeie  k  la  chambre  quelques  annees  plus 
tard,  il  aborda  les  questions  politiques,  Enfln.  M.  Cre* 
raieux,  qui  plaidalt  pour  M.  de Guernon-Ranville ,  fut  in- 
terrompu  au  milieu  de  son  plaidoyer  par  une  indisposition 
Mibite.  Les  bruits  du  dehors  arrivaient  Jusqu'au  sein  de 
nicr.  ut  lA  OOMVEBS.  —  t.  u. 


691 

Tassembiee,  et  Jetaient  le  trouble  dans  les  Ames;  c^etaienl 
les  tambours  qui  battaient  le  rappel ,  des  dameurs  foreenees 
et  les  rumeurs  lointaines  de  remeute.  M.  Berenger  repliqua 
pour  soutenir  Taccusation.  Mais  Tassembiee  etait  distraite. 
Tout  k  coup  le  bruit  se  repand  que  dix  mille  hommes  vont 
escalader  le  palais  de  la  chambre  des  pairs :  une  terreur  pa- 
nique  s*empare  des  Juges;  le  president,  M.  Pasquler,  said 
de  frayeur,  leve  subitemeut  la  seance. 

La  journee  dolendemain,  )i  decembre,  devait  ete  ded- 
dve.  Ausd,  dans  I'apprehendon  des  evenements,  des  me* 
sures  formidables  avaient  ete  prises.  Les  rues  de  Tournon, 
de  Seine,  de  M.  le  Prince,  etaient  remplies  d^bommes  ar* 
mea,  aind  que  les  places  de  Saint-Miciid ,  de  /Odeon  et  de 
Mededne.  Six  cents  gardes  nationaux  de  la  banlleue  et  deux 
escadrons  de  landers  avaient  ete  postes  k  la  grille  du 
Luxembourg  du  c6te  de  robservatoire;  deux  bataillons  de 
ligne  occupdent  la  grande  avenue;  le  Jardin  etdt  garni  par 
la  garde  nationale;  tons  les  abords  du  palds  avdent  ete 
rendus  biaccesslbles.  Plus  de  trente  mille  baionnettes  sta- 
tionnaient  sur  la  rive  gauche  de  la  Sdne.  Autour  de  cette 
armee  bourdonndt  une  foule immense.  Le  jugement  rendu, 
M.  de  Montalivet  etdt  k  la  porta  de  la  prison,  demandant 
au  ge61ier  de  lui  livrer  les  prisonnlers.  Le  geOlier  reltise;  11 
Ididt  un  ordre  du  president  de  la  cour  des  pairs ,  et  M.  de 
Montalivet  avdt  oubUe  de  le  lui  demander.  Les  moments 
etdent  predeux ;  il  ecrivit  lui-meme  en  qudite  de  ministre 
de  Ilnterieur  Tordre  de  livrer  les  prisonniers,  preuant  toute 
la  responsabilite  sur  lui  seul.  Alors  seulement  la  porte  dc  la 
prison  s'onvrit  Une  voiture  attenddt  les  ei-miiiistres  au 
guidiet  du  Petit-Luxembourg;  tons  quatre  j  monterent. 
Eile  s'avan^  d'abord  lentement  k  travers  les  rangs  de  la 
garde  nationale;  nuds  parvenue  k  I'extremite  de  la  rue  Ma- 
dame, oil  Fattenddt  une  escorte  de  deux  cents  dievaux , 
oommandee  par  le  generd  Fabvier,  die  prit  avec  une 
extreme  vitesse  la  route  de  Vincennes,  en  gagnant  rapide- 
ment  les  boulevards  exterieurs ;  M.  de  Montalivet  et  le  lieu- 
tenant-colond  de  la  doudeme  legion,  Lavocat,  charge 
du  commandement  en  second  du  Luxembourg  •  galopaient.  k 
la  portiere.  Le  ministre  de  llnteiieur  ecrivit  k  cheval  un  billet 
au  crayon  pour  informer  le  roi  du  succ^s  de  son  expedition. 

La  deliberation  de  la  cour  des  pairs  s^etdt  (dte  avec  pre- 
dpitation.  Au  moment  oti  TarrAt  didt  etre  prononce,  les 
Juges  s*eiancerent  en  tumulte  vers  la  porte  de  la  salle,  cher- 
chant  k  se  derober  par  des  issues  secretes,  et  meme  sous 
divers  degnisements.  L*anr6tcondamnait  les  quatre  ministres 
k  la  prison  perpetudle;  U  leur  fut  lu  k  Vincennes.  Le  prince 
de  Polignac  etdt  de  pins  frappe  de  mort  civile.  La  nouvelle 
de  cet  arret  produidt  dans  Paris  des  sensations  tres-divei ses. 
Le  gouvemement  et  tout  ce  qui  s*y  rattachdt  se  sentit  sou- 
lage  d*un  grand  poids ;  on  se  leiidtdt  de  n'avoir  pas  k  verser 
de  sang  et  de  pouvdr  louer  la  revolution  de  sa  demence. 
Mds  rimpresdon  fut  lom  d'etre  la  mAme  parmi  les  dasses 
populaires  d  Jusque  dans  les  rangs  de  la  garde  nationale. 
Un  vif  sentiment  d'irritation  s'y  manifests;  on  entendait 
mAme  des  cris  de  Mort  aux  ministres  J  On  s'indignait  d'a- 
voir  eie  pris  pour  dupes,  et,  sous  pretexte  de  proteger  I'exe- 
cution  des  lois,  d'avoir  foumi  k  la  pairie  les  moyens  de  con- 
damner  la  revolution  de  Juilld ,  en  epargnant  ceux  qui  ra« 
vaient  provoqnee. 

Tant  que  la  crise  avait  dure,  on  n'avait  eu  garde  de  man« 
quer  de  menagements  pour  les  hommes  dont  la  popularite 
servait  de  boudier  au  nouveau  regime.  Mais  le  peril  une  fois 
passe,  on  ne  perdit  pas  de  temps;  des  le  24  decembre  la 
chambre  des  deputes  abolit  le  titre  de  commandant  general 
des  gardes  nationdes  du  royaume.  G*etdt  la  destitution  de 
Lafayette;  ausd  des  le  lendemdn  donndt-il  sa  demission. 
Dupont  de  l^ore  donna  egdement  sa  demif  sion,  et  (Oi  rem* 
place  au  ministere  de  la  justice  par  M.  Merilhou,  qui  laissii 
le  mniistere  de  Tinstrudion  k  M.  Barthe,  avocat  liberal 
sous  la  Restauration,  et  nomme  depuis  peu  procureur  du  roi 
k  Paris.  Le  orefet  de  police  Trdlbard  fut  remolaoe  pu 
M.  Baude. 


ou 


^    -' 


683 


FRANCE 


II  flit  9SaA  de  eomprendre  dte  lors  que  IMmpopolarit^  de  la 
ctiimbve  alia  toqjours  croissant  £lle  fut  YioLemment  atta- 
qute;  (HI  lui  reprocbait  aoo  uaiirpatjon  da  pouvoir  coiui- 
tttuant,  son  ^oismi^  aoo  d^dain  poiir  les  daasea  inf^rieiires, 
et  uoe  repulsion  loal  di*simul^  p««r  Im  apteurs  de  la  r^- 
Tolution.  Biepi6t  la  <UMo(iitioa  de  la  chainbre  fot  k  rordra 
du  jour ;  la  grande  affaire  du  roomeBt  ftit  la  discuuioD  d'une 
nouvelle  loi  dectomre,  on  di|  mode  eoWantlequel  la  nou- 
Tdle  chainbre  serait  tiue.  Toos  les  sysltaiefi  ^toient  en  pre- 
sence. Les  U^Umistes  adopt&rent  avec  im  entbousiiksine  de 
commande  le suffrage  unWereel,  oa^ia  en  le  comblnant 
arec  T^lection  k  deiix  degrte,  dans  respoir  qu*eUe  livrerait 
le  gouTemement  m\  influences  locales,  bien  amvaincus  que 
les  fermiers  et  les  habitants  des  eanopagnes  resteraient  toQ- 
joare  ^  la  disposition  du  olerg^  et  des  grands  propri^taiies 
territoriaas;.  Ce  syst^e  ne  peuvait  pr^valoir;  maia  on 
comprit  g^n^ralement  qu*il  dtait  impossible  de  ne  pas  ^largir 
grandement  les  limites  impmte  par  les  lois  de  la  Restaura- 
tion.  Ainsi,  la  proposition  du  gouvemement  fixait  le  chiffre  . 
de  500  francs  au  lieu  de  1,000  pour  le  cens  d*eiigibilit4; 
pour  la  capacity  ^lectorale,  eUe  prenait  les  pins  impos6», 
mais  en  nombre  double  du  nombre  actuel.  14  commlsion 
de  la  chambre  se  inontra  niolns  lib^rale  que  le  minist^re : 
elle.  ne  faisatt  desoendre  le  oens  d'^ligibilitd  qu'ft  750  francs, 
au  lieu  de  500»  et  elle  n'abafsseH  le  cens  Sectoral  qu'^  240 
francs.  La  majority  adopta  la  dooble  base  de  500  francs  et 
de  200  francs.  Quant  k  TadjoRctioa  des  capacity,  elle  fut 
ii  peu  prte  d^risoire;  les  membres  et  correspondents  de 
rinstitnt  Airent  reconnus  Aecteors  s'ils  payaient  la  jnolti^ 
du  cens,  c^est-k-dire  100  francs.  On  admit  anssi  k  TOtcr  les 
ofliders  (ouiasant  d'une  retraite  de  1,200  francs.  Gette  loi 
^lectorale,  adoptte  par  la  ckambredet  d^t^  le  9  mars  1S81» 
le  Alt  par  la  chambre  des  pairs  le  15  a^;  elle  fut  promol* 
gu^e  le  19  da  mteie  mois. 

L'oppositioa  alors«  comma  eii  bien  d'autres  occasions^ 
fit  preuTe  d'une  extreme  impr^foyance.  Le  c6t6  gauche  jk 
la  chambre,  comme  dans  les  jonmaux ,  discuta  ^  fond  la 
question  du  cena  Electoral  ou  d'^igibilite,  I'Age  des  ^leo* 
teurs,  le  nombre  des  repr^aentants;  mais  ioornaax  etd^ 
put^  opposants  lalsB^rent  passer  sans  la  plus  l^te  obser- 
Tation  la  disposition.  Men  autrement  grave,  qoi  r^ait  la 
circottscription  des  ooU^esM^lactoraux.  Cbaqne  d^parteroept 
fut  fraclionn^,  selon  les  eenfenances  de  cliaqae  d^ut^,  en 
un  ccrlam  nombre  de  iefs  eiectoraux«  espices  de  bourgs^ 
pourris ou  rignaient  les  innuenoes localjos; pa fondaainsi  la 
predominance  des  int^rets  de.doclier^  spns  laqnelle  If  gou* 
veii}«i]ient  constitiTtionnel  devait  succomber.   . 

Le  jugement  des  ministres,  en-deii?rant  le  miniature  du  11 
auDl  d'un  peril  aussi  mena^ant  pour  la  dynastle  que  pour 
Mii-meme,  ne  lui  avail  oependant  pas  donpe  plus  de  force. 
Ijb  malaise  social  se  perpeiuait,  le  oommeroe  et  I'indostrie 
ne  voyaient  pas  de  terme  a  leur  detrease ;  ootoie  hesitation 
de  la  part  de  raatorit6;  memos  difBcultes<  pour  retablir 
lortlre  en  presence  des  passions  .anardnques.  Un  evene- 
iA«nt  ioatteadu  vint  mettre  k  nu  rimpttissance  du  pouvofr. 
Nous  TOuloBs  parler  des  joorneesdes  13  et  14  levrier  1831, 
o6  Ton  vit  remente,  pro? oqaee  par  le  parti  lig^timiste,  abattra  : 
libreiiientleseroi&desegUiBesetderaelirl*archeTecbe.  ( 

Les  incidents  de  la  politique  etrangere  vinrent  encore  I 
compliquer  la  situation.  Le  I*'  deeembre  Laflitte  avait  dit,  ' 
dans  un  disoours  k  la  chambre  :  «  La  France  ne  perraeltva 
pas  que  le  princIpe  de  ne«<*inAenrention,  soil  vioie.  »  Quel-  I 
ques  jours  aprte,  M.  Dupin  avalft  commente  ces  paroles  k 
la  tribune ,  pour  gloritier  la  politiqoe  da  gouVenieroait  Le 
mareclial  Soult,  ministrede  la  guerre^  avaittenn  lememe 
langage  a  la  chambre  4les  pairs*  Gependant  M.  d'Appony  an* 
non^  au  Palais-Royal  la  prochaine  intervention  de  TAa* 
iriche  dans  le  ducbe  de  Modtoe,  ob  venait  d'edater  on  com- 
(ilot  revolutionnaire,  Laf&tte  deelara  dans  le  conseil  qu'il 
n'y  avail  qu^une  reponse  possible :  Si  PAutriclie  persistait, 
c'etait  la  guerre.  Tous  les  ininistrcs  se  rangkrent  k  son  avis, 
et  le  general  sebastiani  lul-meme  s*engagea  k  repondre  dans 


le  meme  sens.  Le  marechai  MaiMMi,  ambassadeor  k  Vlane» 
fut  charge  de  presenter  4  rAutriche  uiie  dedaratioii  qoi  M 
interdisalt  formellement  Tentree  des  Et^to  Roinaiiia.  A  ceHs 
espece  ^'ultimatum  au  bout  dnquel  etait  la  guerre.  Tab- 
tricbe  rejpondit  non-seolemeqt  avec  ferroete,  nals  avec  ia- 
sulte.  Le  marecbal  kaison  transmit  an  gouYeraeoMnl  la 
repopse  du  ministre  autrichlen.  Sa  depecbe  euH  ainii  con* 
cue  :  «  Jasque  id,  m*a  dit  M.  de  Mettemich,  omis  aToai 
laisse  la  France  mettre  en  avaot  le  priadpe  de  non-intar- 
vention;  mais  ii  est  temps  qu^elle  sache  que  nous  nVnlen- 
dons  pas  le  reoonnattre  en  ce  qui  oonoeme  ritalie.  Hooi 
porterons  nos  armes  partout  ou  s'etendra  riosuirectiQB.  Si 
cette  intervention  doit  amener  la  guerre,  eh  bien  I  vienne  la 
guerre  J  Nous  aimons  mienx  en  covrir  les  chances  que  d^Mre 
exposes  k  perir  an  miliea  des  emeutes!  »  Le  marecbal 
Maison  ijootait  que»  pour  prevenfr  les  dangers  doat  b 
France  etait  menacee,  il  fallait  sans  retard  prendre  riai- 
native  de  la  guerre  ct  Jeter  one  armee  dans  le  Piemoot 
Cette  depeche  avail  ete  remise  le  4  mars  an  general  SAas- 
tiani,  ministre  des  affaires  etrang^res.  Lalfitte,  preaideat  da 
conseil,  ne  lacetonat  que  le  6,  en  la  Usant  dans  tM  ifeUitmoL 
On  la  lui  avait  done  cachee  quatre  jonrs.  Sa  surprise  fal 
grande;  il  demanda  des  expUcatioaB.  Le  general  Stfiagtiani 
ne  put  que  balbutier  des  excuses  sans  vaieur.  I^flltte  aV 
dressa  au  roi,  qui  Tengagea,  comme  sll  ignorait  la  qneatioBk 
k  s'en  expliqner  a^ec  sea  ooUegues ;  ee,  qn'll  fit  le  9  mara 
Mais  d(j^  tout  etait  pret  pour  un  changement  de  eabineL 
Casimir  perier  jogeait  que  son  beure  etait  venoe.  Lafitte, 
froidement  accudlli  de  aes  coliegoea,  se  retire  des  aOairei, 
profondement  blease.  Ladepeche  cadiee  au  pr^deat  dn  cQih 
seil  fut  Toccasion  et'  non  la  caoae  de  sa  retraite.  Ijiffitte 
t^miba  parce  qae  les  aerrices  qu*fl  ponvait  rendre  k  la  dy* 
aastie  etaient  epuises. 

Des  le  lendemain  des  evenements  du  14  cevrier ,  on  avait 
reconnu  lebesoin  deretremper  le  poovoir  aflaibli,  etd'es* 
8«yer  one  noavelle  combinidson  ministerieUe.  CaaioHr  P^ 
rler,qai  s*etait  reserve  jusque  alora.  jugea  enfin,  d'acoard  avec 
ses  amis,  qu^ii  etait  temps  de  prendre  le  poiivoir.u  Dans  les 
drconstances  dilBdles  o(i  Ton  se  trouvait,  od  «s*accordait 
k  le  regarder  comme  Thomme  necessaire.  L'aaeendant  qal 
prit  alors  s'explique  par  soacaractere.  Des  bommcs  asanre- 
meat  bien  snperieurs  ik  lui  pat  I'inteUigence,  \»doetr^ 
tt  a  irest  vinrenl  se  ranger  dodlement  sous  sea  erdres,  ct  se 
resignerent  k  l!bumble  rOle  de. satellites;  tons  s'efiCaoereat 
devant  lui :  poarqooi  ?  parce  qaUl  savait  vooloir.  Tel  ertfe 
privilege  de  cenx  qal  ont  le  don  du  oommandement.  Sa  no- 
mination k  la.  presidence  du  conseil  annon^t  oa  minis- 
tere  de  resistance;  il  arrivait  ayec  riatention  bantemett 
dedaree  de  comprimer  ranarohie  el  d'eeraser  les  fadieaL 
Le  maredul  SouM^ut  le  portefeoUle  de  la  guem,  le  gteM 
sebastiani  lesaflUresetrangeres,  le  baron  Louis  les  finances, 
M.  Barthe  la  justice,  M.  de  HonUlivet  I'lnstnictioo  pQbB- 
que,  Tamirel  de  Rigny  la  marine;  le  oommeroe  et  tea  tra* 
vaux  publics  fbrent  detadies  de  Pinterieur  et  doones  k  U, 
d'Aiigont.  Le  ift  man  Casimir  Perier  vint  lire  son  prqgranMM 
4  la  diambre.  Le  principe  de  la  revolution  de  Joiltel,  ea 
n'est  pas  Viasurrection;  c'est  d^ordre^  et  de  poaTolr  qm 
la  sodete  a  besoin.  En  consequence,  il  annonce  des  lois  pnK 
prea  ^  reprimer  la  violence  et  la  sedition.  Qnant  k  la  qpei- 
tion  exterieure,  le  gpuvernement  veut  la  paix,  neoessaiia 
k  la  liberie;  fl  voodrait  et  ferait  la  guerre  6i  la  sikete  oa 
riienneur  de  la  France  etdt  en  peril.  Quant  9^  penpk* 
qui  oat  (alt  entendre  des  vcmix  d'emandpatioa  4m  foitdes 
elTorts  poor  les  progr^s  de  leor  etat  social,  Itun  desii- 
nies  s<mi  dam  kurs  mains,  et  la  UberU  doit  Unnjmtn 
itre  naiianale.  Cetait  dire  dairement  que  les  peuples  ia* 
surges  4  I'exemple  de  la  France  n'avaient  aucaa  aecours  k 
aitendra  d*elle.  Or,  tel  euit  le  cas  de  la  Bdgique,  de  la  Po» 
lo(;ne  et  de  fltalie.  Le  general  Lafayette  protesta  en  faveor 
dc  la  Pologne,  «  avant-garde  qoi  s*est  retonrnee  oontre  la 
corps  de  bataiUe, «  et  lut  de^  lettres  trouvoes  k  Varsofie, 
dans  les  uapicrsdo  grand-ducConstaatin,  qai  proovaimA 


FRANCE 


6S9 


left  taselns  n\gna9aiit8  de  Ja  RoMle  contre  I'Oeeident,  lors- 
qoe  la  Pologoe,  provenant  les  entreprises  du  ciar,  avait  d^- 
coneert^  se^  plans  hosfiles.  Puis  il  depianda  ai  1^  goiiTer* 
neroent  n'avail  pas  d^clar4  qu'il  ne  conseDtirait  jamais  k 
Fentr^e  des  Autrichiens  dans  les.^tats  insurg&i  de  ritaliet 
A  cette  interpellation  terrible «  1e  gto^ral  S^b^tiani »  mi«- 
nistredes  a(Tatres,^tran|^res^  f^pon^  a^m  embarras  :.«  Entre 
ne  pas'  cpn&entir  ^t  fairc^Ja  guerre,  U  y  a  une  gf^e  dif^ 
f^ence.  --  £t  moi,  rieprit'  La(ayelit^  |e  dia  qu'^prte  qne 
declaration  Qffjcielle,  lal^r  Violer  Pbomieoir,  de  cette  ifl^* 
ration^  en  se  contentanl,  de  dire^Je  n^  cons^a  paa,  est 
fncoiopatiblei  avec  la  dig^ft^,  avec  rhonnear  di>  p^nipl^  finin* 

Le  mibist^e  ayant  pr^nt^  ajassitdt  luie  Ipi  pontre  les 
attroQ p eip eh  1  s.,  elle  fut  a|ilopt6^  ie  a  ayril par  la  ^bam- 
bre  des  deputes  ^  k  9  par  la  chunbre  des  pain.  .I^oe  a^ao- 
ciatiOTi  nationale  s*^Uit  lorm^  h  Paris  et  ^  Melz  |iour  nei^dre 
impossible  le  retoiir  des  Bonrbpna  et  popr  tenir  la..eentra- 
i^volution  en  ^cliec;  Casimir  PMer  U  d^non^a  pomme 
factieuse.  «  La  defense  de  la  r<^Tolation  et  da  territoire, 
disait-il,  est  le  premier  des  devoirs  du  gouTemeiDeDt.  Vn^ 
f^dration  form^  pour  remplir  ce  derroif  suppose  que  le 
gosivernenient  ne  le  remplit  p«\s;  elle  luanifeste  uoe.d^SHance 
offenAante  pour  les,  pouvoirs  publics,  poor  les  formes  r<^- 
li^res  de  fa  soci^t^,  et  les  accuse  indistinctement  de  trahir 
le  camp  de  la  lii>ert6  et  de  I'lpd^pendance.  Le  roi  a  ordon- 
n^ ,  de  VavU  de  son  coi\sei|,  que  i'improbation  de  toute 
participation  de  foriclionnaires  civils  oo  miUtairea  aux  asso- 
ciations nationales  (01  ofBci^llemeot  prononc^  »  Quelques 
dcstttntions  de  fonctionnaires  (sorent  m^rne  liea  4  cette  oo 
casion. 

La  cbambre  des  d^putf^,  qqi  avail  ^  prorogte  le  30 
avril,  fut  dUsuute  le  3  mai.  One  attente  immense,  s'attacliait 
il  la  convocation  de  la  chambre  nouvelle^  qui  avait  de  si 
graves  questions  k  r^soudre  :  au  dehors ,  le  sort  de  la  Po- 
logne,  de  la  Belgique  et  de  Tltalie ;  au  dedans,  la  constita- 
lion  de  la  pairie.  L^ouvertu. ^  de  la  session  eut  lieu  le  23  juil- 
let.  Le  disconrs  de  la  couronne  avait  un  caract^  de  fennet^ 
et  de  hauteur  on  Ton  pouvait  reconnattre  PempreiDte  da 
president  du  ronseil.  On  reuiarqua  que  pendant  la  Iticture 
du  disconrs  par  le  roi,  Casimir  P^rier  suivait  des  yeux  oette 
lecture  sur  un  nianuscrit  qu*il  tenalt  lui-m^e.  L*ambassa- 
(^eurde  RiksIo  n*aAs''«tail  pas  h  la  stance.  Le  paragraphe  re- 
latif  ^  la  Pologne  ^tait  ainsi  con^n  :  «  Aprte  avoir  olTert  ma 
BMSdiafion  en  (aveur  de  la  Pologne, fai  pruvoqu^  oelledes  an- 
tres  puissances-  »  Ce  qui  donnaltci  entendre  que  la  m^iatioa 
offerte  n'avait  ^s  616  accueillie.  L'opposition  portait  Laffitte 
h  la  pr^'dence ;  le  (i>ini$t6re  y  portait  Girodde  I'Ain.  Casimir 
P^rier  d^lara  que  !a  nomination  de  Laifilte  serait  le  signal 
de  la  retraite  du  miniNt^re.  Cependant  Girod  n'obtint  qu'une 
inajorite  de  quatre  voix.  Dupont  de  I'Eure  fut  nomm^vice- 
pr^ident  h  une  mi^iprit^  de  dix  yoix.  Aussitdt  Casimir  Pu- 
rler donne  sa  d^niis«ion,  ainsi qvb^  sescoU^^  S^bastiam', 
Louis  et  Montalivet.  Nats  le  4  soOt»  dans  la  joum^,  on 
annon^  que  le  roi  de  Hollande  avait  repris  les  hoatililte 
contre  la  Belgique.  Cette  piroonstai^ce  parut  assez  grave 
anx  ministres  pour  les  d^ider  ^  repnendre  leur  portefeuille. 
Jja  discussion  de  Padresse  comment  le  9  aoCit.  L'inci- 
dent  le  plus  remarquable  de  ces  d^i^ts  fut  Tamendement 
propofu^  par  M.  Bignon,  au  siijet  de  la  Pologne.  Quelques 
semaines  apr^,  le  bruit  se  r^paiid  dans  Paris  que  les  R usees 
sonl  entr^s  dans  Varsovle.  La  coDs^mation  fut  g^nirale; 
nais  bientdt  elle^se  traduisit  en  ^meute  popnlaire.  Leg4n^ 
rai  Sebastian! ,  en  annon^nt  k  la  cbambre  le  d^sastre  de  la 
Pologne,  s*^tait  a^is^  de  dire  ;  Vordre  rkgne  dans  Vor^ 
sovie.  Deux  jours  apr^s,  r^pondant  aux  interpellatioDS  de 
Mauguin,  fl  eut  un  antre  malheor  d'expression,  en  disant 
<rue  la  coalition  de  1815  ne  revivrait  pas  si  la  Prance  etaU 
sage,  Ces  pro|)os  n*<^taient  pas  seuiement  des  expressions 
niallienreuses,  c^Mait  la  traduction  fidele  d*ua  systtoie  poli- 
tique anit^  et  suivi  avec  p«rs<^vdranca. 

Une  des  discussions  Ie5  plus  soteniielles  de  ces  ann^  ora-  I 


geuses  fut  celle  qui  s*engagea  snr  la  oonstitntion  de  la  pairie. 
Casimir  P^rier,  malgr^  son  opinion  d^cidte  en  faveur  de 
ru^r^it^  ne  prpposa  qu'une  pairie  vi4|g^.  c^anjL  k  Topi- 
nion  g^^le  tr^-pronooc^  en  Franca  coatre  le  priadpt 
de  rh^r^dit^.  £t  en  effet  il  y  aurait  eu  dapger  rfel  k 
youloir  (aire  pr^valoir  ce  |>nndpe ;  il  y  .avait  dans  la.natioB 
une  repulsion  presqae  iinaojme  contre  c^  dernier  privily 
de  la  nais^nce.  L^h^r^lit^  succomba  malgr^  le,  talent  de  ses 
^dfenseurs,  parml  lesquels  on  distingua  MM,  Royer-CoUard 
Ouixotf  Thiers  et  R^musat. 

Les  partis  dtaiqnt  en.  ^tatde  conspiration  permanente.  Aa 
i4]ui|let  I83t,  leparli  r^pablioaip  «Tait  r6so)a  de  soleoaiser 
Paniijversaire  de  la  prise  de  Ut  Bastille  par  la  plantation  de 
treis  arbres  dela  libert(i  sur  tvoispolnts  de  Pffris.  Vivien, 
qui  avait  reqnpiof^  M*  BaMde.^  la  prefecture  de  police  peu 
aprte  la  journ^  du  14  fi6vrier,  fit  une  proclamation  par 
laqoelle  il  pr6vena{t  les  babitanls  ie  Paris  oontre  ce  projet 
N^anmoins  les  r^blicalns,  aunQoibred'eiivinMi  qainze 
cents,  se  montr^renl  anr  les  boulevards*  k  la  place  de  la 
Bastille  et  aux  Champs-ilysitoB.  Li  Ironpe  et  une  partie  de 
la  garde  nationale  iltaient  sons  les  armes,  et  sitlBcent  4  dis- 
siper  la  plupart  des.  f  assembtements.  Mais  la  sctoe  fut 
plus  Vive  sur  la  plnoe  de  la  BastUle.  Quand  les  ^meutiers  arri*- 
v^rent  k  la  place  de  la  BastiUe  ppnr  planter  un  arbre  de  la 
liberty,  ils  ftirent  mis  en  d^roote  par  des  ouvriers  arm^  de 
bfttons.  An  mois  de  septembre,  la  nouvelle  de  la  prise  de 
Yarsovie  fut  roccasion  de  nouveaux  troubles,  Les  tent«> 
tives  du  parti  bonapartiste  dans  les  d^rtements  de  Test  sV 
dressaientiiurtoat  aux  militairea.  Mais  il  manquait  de  chef,  le 
due  de  ReicbstMlt  Atantgarrf^  par  TAutricbe.  Le  journal  dcce 
parti,  la  R^HUuUonf  d^vora  la  fortune  de  ceux  qui  TavaSent 
fond^.  Tout  se  rMuisaitli  de  petites  intrigues  de  la  Cam-lie 
Bonaparte.  Legros  du  parti  s^^it  ralli^et  peuplait  les  anti- 
ehambres  du  Palais-Royal.  Le  parti  l^timiste  avait  nv 
dress^  la  t^te.  Ses  joumanx  prtebaient  lea  doctrines  d^mo- 
enllques  :  dans  Tespoir  que  la  revolution  s^userait  par  ses 
nxois,  lis  favorisaient  toutes  les  tentatives  demagogiques , 
tout  ce  qui  poovait  conduire  a  Tanarcliie.  Un  oomiti  de  douze 
peraonnes,  parmi  lesquelles  on  d6iignait  le  due  de  Bellone, 
a'organisa  pour  donner  rimpuls'on  ^  Paris  et  correspondre 
avec  les  departeroents.  Dans  POnest ,  et  surtout  dans  la 
Vendue,  des  bandes  de  rdfractaires  et  de  chouans  commet> 
talent  des  attentats  contre  les  pertonnes  et  les  propriet^s. 
C*est  Ui  que  de  longpie  main  opi  preparait  un  soul^vement 
pour  offfir  une  arm^e  k  la  ducbesse  de  Berry.  A  Paris,  les 
menses  de  oe  parti  aboutirent  an  complot  dit  de  jla  rue  des 
Prouvaires^  complot  que  la  police  arrCIa  dans  la  noit 
du  2  f^vrier  1S82. 

En  novembre  1831  edata  une  crise  bien  aotrement  ter- 
rible, qui  accusait  un  malaise  social  bien  plus  que  des  tra- 
mes  politiqnes :  c'etait  la  r^volte  de  L yon. 

Le  17  septembre  1831,  le  colonel  Briqueville,  dans  Un- 
tention  d*arreter  les  demonstrations,  de  plus  en  plus  auda- 
cieuses,  du  parti  legHioaiste,  avait  soumis  k  la  cbambre  une 
proposition  pour  le  bannissementde  la  branche  aln^e  des 
Bourbons.  La  pro|iositioa  primitive  donnait  pour  sanction 
^  la  Id  l>rticle  91  do  Code  Ptoal,  c'estrk-dire  la  peine  de 
de  mort  La  commission ,  par  Torgane  de  son  rapfiorteur, 
M.  Aniilbau,  y  substitua  le  simple  bannlssement.  A  cette 
occasion,  la  loi  de  U18,  relative  k  la  famille  Mapoieon,  fut 
modiliee  dana  le  mime  sens*  et  la  peine  de  mort  supprimee. 
Le  3  octobre  ks  ministre  presents  le  projet  de  loi  sur  la  1  i  s  t  e 
civile,  qui  devint  Toccasion  d*une  poiemiqne  irritante  ct 
prolpngee^  ayant  pour  effet  de  desafiectionner  la  population, 
en  representant  la  eoutonne  oomme  animee  d'une  avidite 
insatiable.  Li«  lettresde.M*  Gormenin  sent  trop  eonnue^ 
pour  quMl  soit  besoin  de  les  rappeler.  C  fnt  au  mois 
d^octobre  1831  que  le  roi  quiUa  le  Palais- Royal  poor  alter 
occiiper  les  Tuileries,  oil  Tun  avait  fait  des  travaux  esse? 
importants  de  rf^parations  et  d'enibellissements,  Le  sejoui 
den  Tuileries  etait  Ji  l^abri  dVn  ooupde  main.  Un  cluinge> 
ment  avait  ete  Cslt  dans      dUtiibatlon  dn  Jardin ;  la  ter 

86. 


«84 


rtsfe  do  diAtaanaYaK  M  iiippriinte;1a  dreulatlon  d 
fiublic  sous  les  crois^es  des  apparteiiiaits  ne  fut  plus 
possible.  Une  tranche  fat  ooTerte  et  prolongte  aatour  da 
fin  cbAteaii  dans  toates  les  parties  d*un  acoto  trop  facile. 
Tel  fut  ce  louA  des  Tuileries,  erensA  dans  on  esprit  de  pr6- 
cautibn  pr^royante,  et  dont  la  premiM«  idte  appartenait , 
ditron,  ao  roi  lui-in^roe.  Ce  ehang^nient  materiel  ne  fut 
pas  sans  amener  ansvi  qnelque  modification  dans  la  tenue  et 
les  formes  de  la  maison  royale.  Le  nrf  Ini-mtaie  en  laissa 
peroer  quelque  chose;  pen  li  pen  ses  maniires  popntaires 
devenaient  plus  r^serfte.  Petit  k  petit  IMtiquette  gagna; 
dans  les  r^ptions  au  chAteau,  ceai  qui  Tooiaientse  rendre 
agii^les  substltuaient  an  simple  frac  lliabit  k  la  fhui- 
^aise;  bientdt  m6me  les  invitations  rendirent  I'liabit  de  conr 
obligatoire  pour  tout  ce  qui  n'^tait  pas  d^pat^. 

La  LOur  1  ce  fbt  alors  que  le  Journal  des  Dubois  hasarda 
pour  ia  premiere  fois  cette  o^nominatlon ;  oe  fut  one  inno- 
vation marqm^e,  et  I'on  pat  pressentir  dte  lors  oil  Ton  tou- 
iait  en  venir.  On  6tait  i\^k  loin  da  tr6ne  popnlaire  MiM  k 
i'hdtel  de  Yille.  Qnant  au  systtoe,  ii  avait  M  inaugur^ 
()ar  le  roi  dte  Igso*  dans  sa  r^nse  k  la  deputation  de 
Gaillae  :  «  La  r^volntion  de  Julllet  doit  porter  ses  fVnits ; 
mais  cette  expression  n'est  qne  trop  souTent  employ^ 
dans  an  sens  qui  ne  r^pond  ni  k  Pesprit  national,  ni  aux 
besoins  du  sitele,  ni  au  maintien  de  Tordre  public.  Ifous 
cbercherons  ik  nous  tenir  dans  un  JustB  nHlieUt  Element 
^loign^  des  abas  du  pouToir  royal  et  des  excte  da  pouYoir 
popiilaif'e.  • 

Tout  en  lottant  avec  Tigneor  centre  les  factions  aa  dedans, 
Casindr  PM^  se  montra  plus  d*ime  fols  au  dehors  jaloux 
des  inMr6ls  et  de  la  dignity  de  la  France.  Le  gouTemement 
de  dom  Miguel  ayant  attent^  k  la  liberty  de  deux  Fran^ais 
a  Lisbonne,  nos  Taisseaux  en  r^aration  de  cet  outrage  al- 
l^rent  forcer  Tentr^e  du  Tage,  et  capturirent  la  flotte  de 
dom  Miguel,  et  le  dim^ours  du  roi  k  ronverture  de  la 
session  annon^  qr^e  le  drapeau  tricolore  flottait  sous  les 
murs  de  Lisbonne.  Le  prince  Leopold  de  Saxe-Cobourg , 
tin  roi  des  Beiges  le  4  juln,  aTait  ^pous^  une  fille  do  roi  des 
Fran^ais.  Tout  k  coup  on  annrend  la  reprise  des  hostility 
par  les  HoilandaiA  et  leur  irruption  siir  la  Belgiqne,  le 
1*'  aoAt  Lipoid  r^clama  aussitdt  rintervention  de  la 
France.  Sa  demande  arrive  h  Paris  le  4  ao6t.  Le  mftme  Jour 
le  mar<^cbal  Gerard  part  poor  aller  prendre  le  conunande- 
ment  de  l*arm^.  Le  9  aoAt  il  entre  en  Belgique  k  la  t6te  de 
50,000  hommes.  Le  dncde  Saxe- Weimar  mena^t  Bruxeiles 
avec  6,000  Hollandais  :  le  due  d'Orl^ans  et  le  due  de  Ne- 
mours entrent  dans  cette  Title  k  la  t^  de  deux  regiments 
et  de  deux  batteries.  AussitOt  la  retraite  des  troupes  hollan- 
daises  commence.  L'efTet  moral  de  cette  demonstration  fut 
tout  k  Tavantage  du  gouTemement  de  Juillet.  On  se  rap- 
pelle  quelles  reserves  bautaines  M.  de  Mettemich  avait 
f^'tes  contre  le  pnncipe  de  non-intervention  prodame  par 
ia  France.  Laflitte  avait  dit  que  la  guerre  etait  possible  si  les 
A'ltrichiens  entraient  k  Mod^oe,  probable  b*iis  entraient  en 
Romagne,  certaine  s'ils  entraient  en  Piemont.  Surcesentre- 
faites,  I'in  jinrrection  itallenne  avait  delate  k  Bologne :  aussit^t 
t*Autriche  vient  au  necours  da  pape  GregoireXVI,  et 
fait  entrer  ses  soldats  dans  la  Romagne.  Quand  la  France 
demands  k  rAutriche  rcx<^cation  de  sa  promesse  formelle 
d*evacuer  la  Romagne,  I^absence  de  troupes  poor  soutenir 
nos  negoclations  rendait  naturcllcment  PAntriche  moins 
pressed  de  tenir  ses  engagementa.  Par  I'expeditlon  d'An- 
cOne,  Casimir  Perier  s^assura  on  point  en  Italie  pour 
garant  de  Pevacuation  de  'a  Romagne  par  FAutriche.  Ces 
coups  de  vigueur,  en  fortifiant  l^autortte  k  Unterieiir,  im|)0- 
saient  an  mente  temps  it  I'Europe,  et  consenraient  k  la 
France  les  avantages  d*une  pafx  honorable. 

Ce|M*ndant  one  ^r\c  non  inlerrompue  decomplots  tenalt 
te  gouvernemont  en  ediec.  Vera  la  fin  de  novembre  1831, 
le  parli  bonaparti^le  ourdisMiit  dans  les  ddpartemenls  de  Test 
des  frames  dont  les  raimficntions  a'etendaient  k  Paris.  A 
cette  flbttTK  ooop6raieDt  des  refogies  polonais  et  ilaliens,  des 


FRAJNGE 

hommes  de  lettres,  des  n^godants,  des  propri^taires  de  Pa- 
ris et  de  TAlsace  et  des  offiders.  On  travaillail  k  gugner  des 
regiments,  et  par  Ui  qudqnes  places  fortes.  Lennox,  pio- 
prietahv  du  jonmal  La  RHfoliUioUf  etait  arreie  depnis  caq 
mois  poor  des  faitrigues  de  oe  genre.  Ao  nombre  des  plus 
ardents  on  comptait  Zaba,  refbgie  polooals,  et  IfiraodoU, 
emissaire  du  prince  Loois-NapoUon  et  de  la  rdos 
Hort  ense,quilear  avaient  oovert  on  credit  de  1^000  fr. 
sor  une  maison  de  banque.  Zaba,  Mirandoil  «t  Leoajvi 
Cbodxko  ftorent  arretes :  des  mandats  de  petquidtfon  Anent 
lances  oontn.  MM.  Belmontet,  Ujour,  Misley,  Dodoa,  etc 
Dans  les  papfers  saisis  chez  Zaba,  on  trouva  la  def  de  lev 
correspondence  en  chifRnes,  avec  plosieort  mots  de  la  onia 
da  prince  Loois-Napoieon,  et  son  adresse.  Aprta  quatie 
mois  dlnstroction,  Faffaire  airiva  devantle  jury,  le  36  nviil 
1831.  Zaba  et  Mirandoli  fbrent  acqolttes.  Cbodxko  et  Len- 
nox avaient  ete  mis  bors  de  cause  pendant  Ilnatmction. 
Quant  aux  conjures  appartenant  k  I'anuee,  la  conr  royale  de 
Paris  ne  les  mit  pas  en  canse;  des  consideratiooa  de  pni- 
denoe  engag^rent  le  gouvemement  k  jeter  an  voile  sur  ce 
qui  s'etait  passe. 

La  sodete  des  Amis  du  Peuple  repandait  des  publications 
republicaines,  redigees  avecane  grande  Tiolence;  dies  famt 
aaides  et  dererees  k  la  cdur  d'aadses  le  I3  Janvier  1831.  Le 
jury  acqaittales  accuses.  Mds  les  plaidoyers  prononeea  dans 
cette  afjhire  par  les  principaux  niembres  de  la  todeie  rtaimt 
encore  plus  violents  et  seditieux.  La  coor  royale  condamna 
pour  ddit  d^audlence  Raspail  et  Bonnias  ^  qoiaie  nsois 
de  prison  et  500  fr.  d*amende,  Blanqul  jeune  4  un  an  de 
prison  et  100  f^.  d'amende,  Gervds  (de  Caen)  el  TImmrI 
k  six  mois  de  prison  et  100  fr.  d'amende.  Dans  les  der- 
nlers  jours  de  decembre,  quelques  fous  form^rent  le 
plot  dMncendier  les  toors  Notre-Dame,  pour  donner  le 
d^un  souievement  dans  Paris.  L'execution  de  ce  prqiet  ex- 
travagant devait  avoir  Ilea  le  1  Janvier.  Mais  la  pdiee, 
informee  du  plan,  disposa  des  forces  aux  abords  de  la  ca* 
thedrde  et  le  fit  avorter.  Le  oomplot  avorte  le  1  jaavier 
n'avdt  pas  ete  abandonne.  Le  4 ,  vers  quatre  hems,  la 
prefet  de  police  estaverti  qu'one  troupe  se  dirigeait  vers  les 
tours  Notre-Dame  dans  rintention  delesincendier,elqn'eile 
comptait  sur  le  souievement  et  la  cooperation  de  dx  regi- 
ments et  de  1600  republicains.  Ce  qu^on  put  rassembler  da 
sergents  de  ville  et  d*agents  part  k  la  hftte  :  en  meme  teo^is 
on  entend  sonner  le  bourdon  de  Notre-Dame.  A  leor  arrives 
k  r£glise,  les  agents  apprirent  que  dejk  le  ^rdien  des  toon 
etait  monte  au  premier  coup  de  tocsin  poor  eu  oonnaltie  U 
cause  :  les  sergents  de  ville,  accompagne^  de  gardes  rouni- 
dpaux,  se  precipitenl  dans  l*escalier.  Avant  d'arriveri  it 
plate-forme,  ils  entendent  la  detonation  d'une  arme  4  fen, 
que  les  conjures  vendent  detirer  sur  le  gardien;  ils  trooveLl 
Tescalier  barricade.  Aprte  avoir  firanchi  Tobslacle,  ils  fiirent 
eux-mfimes  accudUis  par  piusieurs  coups  de  pistolet  D^ 
la  charpente  de  la  tour  du  midi  etait  en  fen.  Une  Intte  s^of 
gagea ;  les  agents  arreterent  six  des  perturbateurs,  et  eteigni- 
rent  I'hicendie.  On  continue  les  recherdies;  rods,  |wotegt 
par  Tobsciirite,  le  septieme  n'avdt  pu  Aire  deooovert,  lors- 
qu'4  huit  beures  et  demie  du  sdr,  une  poatre  k  one  aasss 
grande  hauteur  s^enflamma  et  indiqua  sa  retraite.  On  s'cn- 
para  de  lui,  non  sans  pdne.  C*etdt  Conddere,  le  dief  de  Is 
bande,  bomme  des  plus  determines.  Un  huititoe  complice 
fut  arrete  k  son  domidle.  Considere,  dans  ses  repon«es  ao 
commissdre  de  police,  prit  la  qudite  d^imeutier,  et  dedan 
ne  savoir  dgner.  Avant  que  I'incendie  des  tours  fllltcompie> 
tement  etebt,  on  vit  deboudier  dans  les  rues  de  la  Cite 
piusieurs  groupesde  republicains,  se  dirigeant  vers  le  parvi^ 
Notre-Dame.  Mais  dej4  la  force  armee  occupalt  les  poiiti 
principaux  du  quartier,  et  le  bruit  de  l^arrestation  des 
pables  circulait  dans  le  public.  Les  republicains  furent 
perses  par       sergents  de  ville,  qui  en  arreterent  dome 
connus  pour  leurs  opinions  d^magogiques.  Les  huit  acctn^ 
furent  iuges  en  cour  d*assises,  le  11  mars  1831.  Considert 
d  Brandt  furent  condamnes  k  dnq  ans  de  prison,  Degannc 


FRANCE 


685 


^  trois  aos.  ConsklirA,  qui  pendant  les  d^baU  aYait  montrK 

UD  caraetire  inflexible  et  teoo  un  langage  brutaleroent  in  • 

jurieax,  apostrophaainsi  le  president,  aprte  sacondamnaiion : 

I   «  On  t'eo  doDDera,  va!  dea  cinq  annte  de  prison  et  di  a 

I  ffais!  je  te  payerai  sur  la  caisae  de  Looia- Philippe !  » 

Lea  l^timistea,  de  leur  G6t^,  prof  oquaient  des  rixea  et 
.  dea  d^rdrea ,  et  traTaillaient  I  auadter  tons  lea  obslaclea 
I  posaiblea  au  goufernement.  Pendant  lea  six  derniera  moia 
I  de  1831 ,  Toaleuse,  MontpelUer,  Ntmea,  Marseille,  Avignon , 
furent  le  thdAtre  de  collisiona  Yiolentea.  Le  17  ao6t,  i  Mar- 
seille, le  clerg^  afait  proToqii^  one  dmeute  i  Foccasion  de 
la  procession  dn  Toen  de  Louis  XIII.  Un  eertain  norobre  de 
feuilles  l^timiates  avaient  ^t^  fond^s  dana  lea  d^partements, 
et  Ton  priftendait  que  la  duchesse  de  Berry  aYait  rontribu^ 
anx  frais  de  leor  fondation  poor  une  soinme  de  300,000  fr. 
Ces  joumaox  disputalent  de  violence  avec  lea  feailles  dd- 
nagogiqaes.  La  Yendde  se  signalait  par  des  actes  de  re- 
bellion et  de  brigandage.  Pendant  que  les  guerillas  de  la 
Vendte  chooannaient  sur  les  grandes  routes,  les  chefs s'ef- 
Tor^ienl  de  r^unir  des  Yend^ens  discipline  asseznombreux 
pour  livrer  balaille  aux  soldats;  mais  leurs  forces  princi- 
pales,  commandos  par  M**'  de  La  Rochejaquelein,  furent 
an^anties  oo  disipers^es  h  TafTaire  dela  Gobreti^re,  le  19  no- 
vembre  1831.  M"**  de  La  Rochejaquelein  y  fut  surprise,  et 
parvint  k  s'^happer  le  mdme  jour. 

Aux  tourments  poUtiques  Tint  se  joindre  I'invasion  d^un 
fl^u  non  moins  redoutable.  Le  cholera,  apris  avoir  fait 
tn  1830  sa  premiere  apparition  h  Moscou  eti  Saint-P<^ters- 
bourg,  ravages  en  1831  la  Pologne,  la  Hongrie  et  I'Alle- 
magne.  Le  20  fdvrier  1832  ilenvahissaitrAngleterre,  et  le26 
mars  sa  prince  k  Paris  fut  constats  par  quatrecas  suivis 
de  mort;  le  31  mars  PHAtel-Dieu  contenaitSOO  chol^iiques, 
sur  lesquels  on  compta  86  d^c^s ;  le  5  avril  il  y  avail  300  morfs 
par  jour;  le  9  avril  il  en  mourut  814;  le  13,  avril,  divhoit 
jours  aptite  rapparilion,  plus  de  20,000  avaient  6i€  atteints  et 
plus  de  7,000  avaient  soccomb^.  La  marche  ascendante  8*ar- 
r6ta  le  14,  et  le  nombre  des  d^c^s  diminua  journellement : 
le  15  on  n*en  comptait  plus  que  650 ;  le  30^  171 .  La  d^crois. 
sance  continue  jusqu'au  17  juin,  ou  rextinction  ^tait^peu 
prtoenti^re.  Le9juillet  sed^clara  une  recrudescence,  qui 
fit  71  victimes;  le  18  elle  alteignit  son  tnaximum,  225. 
Pendant  la  premiere  p^rtode,  le  cholera  fit  k  Paris  13,901 
victimes;  pendant  la  seconde,  4,501,  en  tout  18,402.  Les 
arrondissements  de  Sceaux  et  de  Saint- Denis  eu  compt^rent 
3,336.  Ce  qu'on  eut  surtout  k  d^plorer,  ce  furent  les  mas- 
sacres auxquels  se  porta  la  fureur  popuiaire ,  qui  attribuait 
d'abord  les  ravages  du  fl^u  aux  efTets  du  poison.  Le  2  avril 
le  due  d^Orl^ns  visita  avec  Caftlmir  P^rier  les  choMriques 
de  rHOtelDieu.  Quatre  jours  aprto,  le  mfnislre  ressentit  les 
premiss  atteintes  du  cholera.  Sa  sant^,  d^jitmin^e  paries 
soucis  du  pouvoir  et  par  Taction  d^vorante  de  la  tribune, 
ii*avatt  plus  assez  de  ressort  poor  roister  k  cette  altaque 
terrible.  II  succomba  la  16  mai,  laissant  dans  le  gouver- 
nement  un  vide  impossible  k  rempllr. 

Pendant  la  maladie  de  Casimir  P^rier,  M.  de  Montalivet 
avail  pris  IMnt^riin  du  ministfere  de  I'inK'rienr  :  il  conserve 
ce  portefeuille  apr^s  la  mort  do  premier  mlnistre,  et  il  fut 
rempiac^  tui-mAme  k  I'instruction  publique  par  M.  Girod  ( de 
TAin).  Ceminist^re  insignifiantydontaucun  membren'avait 
assez  de  valeur  pr  rsonneUc  pour  lui  donner  son  nom  et  lui 
imprimer  son  caract^re ,  fut  regard^  comme  on  interregna 
parlementaire.  Les  hommes  marquants  de  la  chamhre  n'^ 
talent  pas  encore  en  position  de  manifester  leurs  pretentions 
a  dirigi'r  les  affaires.  Cefut  ik  le  premier  esssi  dn  roi  |)0ur 
gouverner  avec  des  hommes  de  pnille.  Mais  la  gravit<^  des 
evtoeinents  devnit  r^v^ler  bientdt  rinsnffi^ance  de  ceux 
qo*il  avait  appel^s  k  porter  le  fardeau  do  pouvotr.  A  Paris, 
Tanniversaire  de  la  mort  de  Napoleon  fut  rorcasfoii  d'une 
prerai^TP  di^monstration  hoi^tilc.  La  troupe  fait  ^vacuerla 
plaice  Venddmc,  et  les  r(^pubiir^ins  sp  disperseiit. 

Une  lev^  de  boucliers  sp  pr^parait  dans  Ip  midi  et  dans 
I'ouest  de  la  France.  Depuis  plusieurs  mols  se  pratiquaient 


(  des  menees  tendant  k  op^rer  k  Marseille  et  sur  la  c6te  de 
Provence  un  mouveroent  l^itimiste,  avec  lequel  devaient 
coincider  d*autres  moiivemeots  k  Toulon  et  ^  NImes.  Une  ac- 
tive correspondence  s'^changeaitentro  Paris  etritalie,  otila 
duchesse  de  Berry,  qnihabitaitles ^latsdu  due  de ModdnCt 
pr^parait une exp^iition.  Ln  30 avril,  ii Marseille, une  bande 
arm^  se  fait  11  vrer  de  force  lesdefs  de  T^lise  Saint-Lanrent : 
le  drapcau  blanc  est  arbor6  sur  le  docher,  aux  cria  de  vive 
Benri  V !  vive  la  religion  !  vive  le  drapeau  blane!  Le  dra- 
peau  tricolore  est  foul6  aux  pieds,  le  poste  de  la  dooane  en- 
vabi,  et  une  foule  immense  se  dirige  vera  la  mer,  conune 
pour  saluer  nn  navireimpaliemroent  attendu.  Mais  quand  les 
bandes  armte  arriv^rentdevantle  poste  du  palais  de  justice, 
ratUtuder^lueetle  sang-froid  du  8on«- lieutenant  de  ser- 
vice eut  bientdt disaipd  toute oette multitude;  etavant  mftme 
que  la  garde  nationale  se  fOt  rassembl^e,  il  ne  restait  plus 
rien  d'nn  oomplot  sur  lequel  on  avait  fond^  de  ai  grandes 
esp^rances. 

Cependant  un  naviro  avait  para  en  vne  de  Marseille,  e 
semblait  manceuvrer  pour  entrer  dana  le  port;  mala  k  la 
vue  du  di-apeau  tricolore  substitud  an  drapeau  blanc  sur  le 
docher  de  Saint- Laurent,  II  changea  de  direction,  et  gagpa 
le  large.  C'^tait  un  bateau  k  vapeur,  le  Carlo- Alberto, 
parti  de  Livourne ,  le  24  avril ,  sous  pavilion  sarde ,  aprto 
avoir  embarqn^  seer^tement,  sur  la  place  de  Vico-Reggio, 
la  duchessede  Berry  avec  le  martebal  Bourmontet  douze 
autres  personnages  marqoants  de  rancienne  coor,  sons  des 
noms  supposes.  En  a'tfoignantde  Marseille,  il  allad^barqner 
k  Roses,  sur  la  c6te  d^Cspagne,  plusieurs  partisans  de  la 
duchesse;  puis  11  venait  de  mouiller  sous  Tile  Verte, ^  la 
Ciotat,  pour  s'y  ravilailler,  lorsquHl  fut  capture  par  le 
Sphinx,  b^timent  de  r£tat  envoys  k  sa  poursuite ,  et  re- 
morqo4  en  rade  de  Toulon,  o6  ils  arriv^rent  ensemble  le 
4  mai.  La  dueiiesse  de  Berry  ne  aetrouvait'plus  a  bord  du 
Carlo-Alberto;  (outefois,  il  ^tait  certain qu'elle  y  avait  ^. 
Les  passagers  arr£t^s  k  bord  du 'bateau  k  vapeur,  MM.  de 
Saint-Priest,  Ad.  Bourmont  fits,  de  Kergorlay  fits,  et  Sale, 
ex-officier  dela  garde royale, furent  traduits  devant  Ucour 
d'assises  de  Montbrison;  aprte  uneann^de  d^bats  Judi- 
ciaires,  ils  furent  tons  acquittte. 

Quant  k  la  duchesse  de  Berry,  s'6tant  doign^  de  la  o6te 
m^ridionale  de  Marseille,  elle  diibarqua,  la  nuit  du  28  au 
29  avril,  avec  six  persoanes  de  sa  suite,  sur  la  cOte  occiden- 
tale,  k  I'aide  d*un  bateau  p6cheor  qui  guettait  le  passage  du 
Carlo-Alberto,  et  de  1^  elle  parvint  k  gagner  les  province^ 
de  Touest,  sans  6tre  reconnue.  Charles  X  resta  k  pen  pr^s 
drangeraux^vdnements.  Les  I6gitimistes  daient  diviM^s  en 
deux  camps:  les  carliites,  hommes  graves, cireonspecis, 
testes  fiddles  k  Charles  X,  et  qui  regardaient  son  abdication 
comme  nolle,  et  les  henriquinquistes^  plus  nombreux,  plus 
remnants,  tous  les  hommes  d'action  et  la  plupart  des 
terivains  du  parti.  Le  vieux  roi  avait ,  dit-on ,  protests 
centre  le  litre  de  ri^gente  que  s'attribuait  la  duchesse  de 
Berry.  Le2  aoOt  M.  de  Kergoriay  protesiait  6nergiquement 
contrelaqualilicationdecaWis/es,  dtelarant  ne  vouloir  que 
Henri  Y  avec  la  r6gence  de  sa  m^re.  Cette  femme,  jeune 
enr^re,  dou^e  d*an  caract^re  actif  et  ardent,  tourments 
par  le  besoin  des  Amotions,  blen  aise  pent  6lre  d*^happer 
aux  ennuis  de  Texil  et  aux  vieux  pr^jug^s  de  la  cour  de 
Prague  et  de  Goritz ,  se  laissa  tenter  surtout  par  le  e6i6 
aventureux  de  Texp^dition.  D'ailleurs,  no  lieau  rOle  s'ofTrait 
Il  elle.  en  r^clamant  les  droits  deson  fils.  Elle  voulait  aroe- 
ner  les  £lats  secondaires  k  les  reconnattre  au  moins  tad- 
tement;  elle  encourageait  leurs  inimiti^  mai  di^guisto  en- 
vers  la  France  de  Juillet,  et  stimulait  constamment  leurs 
dispositions  belliqueuses. 

Les  r<^v<^lations  de  Deutz,  dans  son  M^oire  justificatif, 
ne  permeltent  pas  de  metire  en  doute  Tassistance  que  l*Es- 
pagne,  la  Hollsnde,  la  Sardaigne,  lepape,  le  Portugal  et 
qiiel(|ues  princes  d*ltalie,  ^t<<ient  dispos^iis  k  donner  et  don- 
naient  deja  en  secret  k  la  m/*re  de  Henri  Y.  Si  elle  dait  par- 
venue  k  se  faire  dans  le  midi  o  odans  I'ouest  une  position 


686 


FRANCE 


^nivaleiite  k  oelle  de  don  Cailoft  en  EtpigDe,  nnl  doote 
qu'une  ptrtie  de  PEurope  ne  VtAi  aecood^  d'abord  Umi- 
dementy  puis  ouTcrtement ;  et  dans  oette  situation  one 
fuerre  g^n^^rale  da? eoait  possible.  La  dudiease  de  Berry 
poavait  done  conpliquer  la  politique  europtenne  et  com- 
promettre  ratenir  de  la  France.  Dto  1831  elle  aTait  en- 
▼ey4  le  cooile  de  Choulot  prte  de  renperenr  Nicolas,  poor  ; 
^engager  k  quelque  dt^moQStratioo  contra  le  gouvemeinent 
de  JuUlet  et  pour  oblenir  en  attendant  an  aecoors  d'bom- 
mes  et  d'arnes.  Le  cur  r^pondil  4  rentoy6  •  qne  mar- 
cber  aetuellepieiit}  et  sanft  on  motU  mAme  apteleox,  centre 
la  France,  ce  sendt  susdter  uoe  guerre  nationale,  k  laqDefle 
II. ne  TouJatt  ni  ne  poavi^t  a'eiposer;  mais  que  si  queiques 
d^partements  yenaient  1  ^insurger  eontn'  I'autorit^  de 
Lottis-PliUlppe,,  si  les  partis  qui  dlTlsalenl  la  FVanoe  reoou- 
raientaux  arroes,  U  InlerYiendrait  comme  pncUktateur,  et 
qne  Madfum  ponvalt  aloes,  cumptor  ear  ao«  assistance  >. 
Cette  r^nse,  jointe  aiix  illusions  de  sa  petite  coor  stir  les 
sentiments  de  la  populalioiiy  paralt  avoird^ckle  la  docbesse 
de  Berry  k  tenter  on  mouvement  dans  le  midi «  et  k  venir 
ensnite  se  placer  4  la  tdle  de  see  partisans  dans  Pooest. 

La  docbesse  de  Berry  avant  de  quitter  Massa  crot  de- 
voir enToyer  k  dom  Miguel,  aiors  maftredu  Portugal ,  un 
liomme  de  conflance  duurgd  d'une  nhisslen  d^Kcate.  Ce  pl6 
nipotentiaire  ^lait  Deutz,  qui  fe  tit  initio  ainsi  aux  intri- 
gues du  parti  aveo  les  cours  ^rangNvs.  Oh  voit  par  le 
MtoM)ire  justiAcatif  de  Deoli  qne  les  Mgltimt^les  ne  recu- 
latent  pas  detanl  nn  marlage  atec  dom  Miguiijl,  et  que  cet 
extoable  tyran  lenr  fit  Talfront  de  reAHerJ  Cependant, 
todtes  les  tentatives  fUtes  pour  souleter  les  d^rtenients 
du  midi  ^hoo^rent;  partout  la  s^dKlon  fut  r^^nmtit.  La 
princesse  vit  s'^vanouir  les  cspdranoes  quP^lle  fondait  sur 
la  r^volte  du  midi.  Elle  resta  cacb<<e  queiques  Joiirs,  pub 
ellesedirigea  vers  les  frontiiresda  Piteont,  revint  ensuite 
dans  rint^rieur,  travcnui  la  France,  et  se  traoTa,  grAce  k 
la  fid6Utl&  et  an  diTooemeni  de  ses  amis,  transports  en 
Vends,  oil  elle  appanit  vers  le  IS  luai.  M.  de  Bourmont 
Vint  I'y  njoindre  peu  de  jours  aprte.  La  conspiration  <{ten- 
dait  ses  ramificatiotts  k  Paris.  Le  t^  et  )  join ,  lorsquUls 
farcnt  assurS  de  raii*«S  de  M^ame  en  YendS  et  du 
soul^vonient  eicit^  par  sa  piSeiAce,  les  cMistes  n^lt^i- 
t^reat  plus,  et  la  r^volle  dev lut  immmente.  Mais  dans  une 
M'ule  nuit  quarante  furent  arrMte.  On  saisit  une  fahriqne 
clandestine  de  poudre  et  des  d4p6ts  de  cartouches.  Les 
roi^ur^  n'oeteent  plus  mettre  leur  plan  k  execution;  fls 
se  mAl^rent  aus  ripablicains,  el  devlnrent  leurs  auxilidres 
dans  les  joomte  des  5  ete  Jnfn.  Tel  fut  le  dtoouement  des 
machinations  I^Umistes  4  Paris.  M.  Berryer,  mis  en  cause 
k  Tocoasion  de  ces  fails ,  comparut  devanf  is  coor  d*as8i8es 
de  Blots,  an  mois  d'octobre  lg32,  et  fut  acqnitt^. 

Les  nipublicalns  ne  travalllaient  pas  moins  activement 
centre  Tordre  de  choses  ^Ml.  tin  r^publicalh  exalte, 
nomm^  Gallois ,  ayant  ^t^  tu4  en  duel  par  un  de  sies  amis , 
son  convoi  devail  avoir  lieu  le  2  join.'  On  apprebaft  en  m^me 
^  temps  TarrivS  de  la  duchesse  de  Berry  en  Yend(^,  I'insur- 
irection  l^timiste  dans  quatre  d^rteroents,  les  chouans 
I  aux  prises  avec  les  troupes,  et  rimminence  d'un  mouvement 
cariiste  k  Paris  :  le  moment  paralt  dSit^if;  Tenterrement  de 
Gallois  sert  de  pr^texte  pour  convoquer  le  parti.  Le  2  juin 
ce  convoi  Hurui  deux  4  trcifis  mllle  r^publicatns,  prftts  k 
vommencer  les  barricades  k  leur  relour.  Mais  on  apprend 
que  le  g^n^ral  Laroarque  est  k  tonte  extr^il^ ;  rafRuence 
qu*ani4ners  son  enterreinent  paralt  devoir  Urt  plus  favo- 
rable :  le  moQvement  est  ajdumd.  Sans  pailer  dte  troubles 
de  Greboble,  ok  Von  avail  iti  dans  nne  mas^arade  r^publl- 
cafaie  rimage  du  roi  tralnS  dans  la  boue,  la  gravity  des 
ciroonstances  seml»iait  de  nature  k  seconder  les  plans  d*a« 
gression  centre  un  syst4ine  politique  qui  venalt  d^etre  al- 
laqnd  par  les  organes  monies  de  la  rcpr6«ntation  nationaie 
dans  le  compie-rendu  de  Toppositlon. 

Jusqoe  14  le  parti  repiihlicain  n^avait  |»aA  os^  descendre 
ru  armes  sur  la  place  publique.  Les  6neutcs  nVtaient  pu 


encore  allSs  jusqoes  aux  cou|«  de  fusil ;  la  plupart  s*^laical 
passees  en  rasaemblements  tumultueux,  aoeonpagn^  de 
vodf<6rations.  Les fun^railles dn g6n^ral Laihnrque  fnnnt 
i'occasion  d*un^  insorrectioa  qin  enftuita  deox  aan|faAtet 
journSs  de  guerre  civile,  les  s  et  6  J  ii  I  n  183S.  Aprte  la  vk- 
toire,  restait  4  statner  ailf^le'sort  de  l,5pe  prisonniers.  Vu 
ordoanance,  sigvfe  p4r  M.  Mobtalivet  le  soir  mtaie  dn  6  jda^ 
mil  Paris  en'  4iat  de  ei^ge,^  and  de  foire  jtiger  par  do 
conseils  deijuerre  cenx  qiiiavaient  pr^par6  o«i  extents  le 
eomplol.  L^tat  d«»  si^  ixnrvaK  se  jnsUfier  pour  U  Vendue, 
oh  la  prtteibe  de  la  dncljbsse  de  Berry  soscitait  nne  goent 
prolongs  «t  de  eniels  nnissacres ;  maiir  dans  aoe  Tflle  de 
900,000  4mes  oomme  Parh,  et  pour  deox  ioan  de  troa- 
bles,  quelque  d^lorablesquMIs  fbs^ent, c*6tait  one  iniqoil^ 
gratnlte.  D'dllears,  changer  par  ordonnanoe  U  Juridfcfioe 
poor  des  fiiits  aocompKs,  c*Aait  lui  donner  iin  effet  r^lrosc- 
Iff.  Ehfin,  si  Pen  n*avait  pas  llntention  d*executer  les  cob- 
damnations  4  mort,  4  quo!  bon  ce9  tribunaox  exoeptionndt* 
Les  barreaux  de  Paris,  de  Bonen ,  de  Rennea,  donn^reat 
des  consultations  sur  Illl^Ut^  de  1*^1  de  si^e.  En  qoei- 
ques  Jours,  500  prisonniers  fVireht^hn^s.  Dix  61^Tea  de  Vt- 
fole  Polylechnique  se  trouvaient  au  nombre  des  prisoe- 
niers  t  nne  ordonnanoe  lioencla  r^cole  Polytedinique  aiasi 
que  (celle  d*Aifort  Une  ordonnance  de  police  aur  leS  oiMe- 
cins  leur  enjoigpit  de  iUre  la  dSlaration  des  blesisds  aoxqud< 
ih  avaient  donnd  des  siBCours  :  cette  ordonnanoe  sooleva 
une  r^robation  unanlme.'  M'.  Gisquet,  aiors  pr^tet  de  po- 
lice. 4  qui  die  Ait  reprochS,  S*en  jnstifle  dans  aes  mteoires 
ettdSlarant  qn*elle  lui  ifht  commands  par  M.  d^Argoot, 
ministre  du  commerce.  (Test  done  4  M.  d*Argout  qu*4ppsr- 
tient  la  responsabiUt^  de  cette  infamie. 

Le  1  n  Juin  commenc4rent  les  jugements  de  deu  x  consols  de 
guerre.  Pepin,  arr6t6  dans  sa  boutique  4reiitrS  du  hat- 
bourg  SaintrAntoine,  d*oh  on  raccosait  d^avoir  tir6  sur  le^ 
troopes,  fut  acqnittd.  Une  condamnation  capitate,  rendae 
centre  un  jeune  peintre  nomm4  GeofRroi,  amena  un  poorroi 
en  cassation.  L'arrM,  rendu  4  sept  voii  cootre  ctnq,  cassa 
le  Jugement, «  aitendu  que  les  tribimsux  milltaireft,  Mi- 
tuS  pour  juger  les  crioaeset  les  ddits  militalrea  seutemeat, 
ne  pouvaient  connaltre  des  crimes  et  dilito  cpmmis  par  des 
particuliers;  que  le  texte  et  Tesprit  de  la  Charte  8*y  oppo- 
sent,  etc.  »  Cet  arret  est  do  29  juin.  D^autres  arrets  cass^rcnt 
toutes  les  condamnations  des  conseils  de  guerre.  Hh  k 
1*  Juillet,  une  ordonnance  royale  r6tablit  les  tribunaux  or- 
dinalres.  Pendant  un  an  se  d^roula  une  longue  s^rie  dc 
procS.  82  condamnations  furent  rendues,  dont  7  capitiks 
qui  furent  toutes  commutes. 

ArrivS  en  VendS,  une  grande  dSeption  attendait  lada- 
cliesse  de  Berry.  Au  lieu  deoes  populations  qui  devaientic 
lever  en  masse  4  son  approche,  die  ne  put  ralHer  qa^on 
petit  nombre  de  combaitants,  pen  de  chefs  surtout  Qod- 
quespaysans  compromrildescl)4teaux  IncendiS,  des  bommes 
inutilement  sacrifi^s,  t^  fut  le  r^ultat  de  ce  coup  S  t^e 
aventurenx.  Les  bommes  les'  plus  Slair^  et  les  plus  cos* 
sid  Arables  de  son  parti  se  concert4rent  pour  lai  adresser 
une  note  daas  laqudle  lis  lui  reprSentaieot  le  pen  de 
chances  de  succ4s  qu^offralt  une  tentative  dMnsurrecfioo, 
lant  qu*dle  n'aurait  pas  les  Grangers  pour  auxiliaires :  etfe 
o^en  persista  pas  moins  dans  sa  r^lution,  et  fixa  le  24  msi 
poikr  la  prise  d'armes.  An  jour  dit  les  VendSns  se  prases- 
tent,  en  force  poor  s'emparer  de  Bressuira;  la  titmpe  de 
Hghe  les  attaque,  lenr  tue  beaucoup  de  monde  et  les  dis- 
perse, pu  24  au  31  les  bandes  se  multipUent  d*une  ntt- 
ni4re  inqui^tante ;  eiles  se  montrent  presqo*4  la  fois  nr 
plus  de  trente  points  diCRirents,  envabissent  les  canpagpt*» 
et  occnpent  une  ^tendue  de  cinquanle  lieues  depnis  Ifloit 
)usqu*4  Foug^res.  Elles  se  montrent  4  Partlienay,  4  Bourboa- 
Vends,  4  Cliollet,  4  Footenay,  4  Ctiftteao-Gontfiier,  Jw- 
qu^aiix  portesde  Mayenne,  de  Laval,  de  Vitry ,  de  Vanoef» 
de  Nantes.  Mais  partout  dies  sont  poursoivies,  attaquSs,  oa- 
ses en  d^route.  Le  gouvemeinent  ne  connul  d*une  mani^re 
eertaine  la  prSenoe  de  la  duclies^e  de  Berry  dans  Fouesl 


FRANCE 


68i 


que  le  3  join ;  et  d^li  U  faiblesse  des  rsbelles,  la  Tigou- 
reuse  poorsoite  des  troupes  et  les  ttympatliieR  des  gardes 
Bationaies  oe  laissaient  pas  de  doute  sur  te  prochain  an^an- 
tissement  de  rthsurreetion.  Oepeodant,  sa  prince  dans 
i'oaest  7  eotreteoalt  totiKNirs  diar  fermento  de  goerre  cmfe. 
Sea  courses  afentureuses  sous  taat  de  d^uisetnents  diteis , 
sea  proelaroatioiis'  pour  recommenoer  une  Veud^  pairio*' 
<l^,  rimpossJbilllA  de  d^coovtir  sa  retraite,  jetaient  te 
trooble  el  rinqufdtude  dans  lea  prorfaices ;  et  le  cabhiel  du 
11  octobre,  qui  venait  dese  fdnner,  coodprenait  quit  0*7 
ATait  pas  de  storit^  possible  tant  qn'on  ne  se  serait  pas  em* 
par6  d'eile.  11  mMtait  toot  en  ceoTre  pow  la  sarprendre,  et 
loujours  elle  Miappait  aux  recb^rcfaes  les  plus  ictiirefl. 

Uii  jour  eUe  s'^taft  r^fugf^e  sous  des  babits  de  paysan 
dans  una  rerme  de  la  Bretagne.  L'totbrlt^ ,  instruHe  de  sa 
prtence  en  eet  endroH,  y  fift  faire  des  perqnisttionSy  qui  fu- 
rent  iniitiles;  elleparvint  a  s'^vader,  apfte  avoir  passlfi  plu> 
aieurs  heuies  sous  on  monceau  de  fumier,  au  milieu  mtoie 
(les  soldats  qui  la  cherchaient  et  qui  se  trouvaient  si  prte 
d'elie  sans  s^  douter.  A  Nantes,  quelques  semabies  ayant 
ie  jour  ot  on  la  ddcouvrit ,  i^aVitorit^  Tut  inform^  qu'elle 
«tait  dans  un  oouvent  de  la  Tllle  dirigii  par  la  soeur  de 
M.  de  La  Ferranals.  On  yisita  ie  couTent  avec  le  plus  grand 
8otn»  et  toujours  sans  rfenltat ;  eile  s*tebappa  oicore,  aprte 
^tre  restfe  blottie  sous  un  escalier  pendunt  plus  de  vingt^ 
quatra  lieures.  Enfin,  sa  retraite  fiit  d<(Toilde  par  Deutz. 
Arrftife  k  Mantes,  eUe  fbt  eondnlte  4  Blaye. 

Le  mtaiistire  de  transition  qbi  arait  mecM6  k  Casimir 
P^rier  deyait  pourtant  reconnattr^'  son  InsofBsance.  Pen- 
dant toute  la  session ,  M.  Dopita  avail  pr^  an  gouveme- 
meat  le  seeours  de  sa  parole.  Nul  dratear  n^agissait  sur  la 
mjorit^  avec  pins  de  puissaaee;  nul  n*excitait  plus  de 
sympatliies  par  les  formes  vivos. et  saillantes  dont  il  savait 
rev6tirles  instincts eonservateors  de- la  bourgeoisie.  Nul 
n'avait  done  alors  plus  de  or^it;  son  nom  ^tait  dans  toutes 
les  boucbes^  et  c*4tait  autour  de  lui  qUe  sembtaient  devoir 
se  grouper  les  horomes  appel^s  k  composer  nn  nouveau  mi- 
nist^.  Mais  dte  lors  des  questions  de  relations  person* 
jielles  leretinrent  en  dehors  de  la  coinbinai8o&  qui  se  forma 
le  1 1  oetobre  1833.  MM.  de  Broglie  et  Gttfzot  eurent  les 
ofTalres^trang^res  et  TuistruGtioD  publique;  M.  Thiers  rem- 
pla^  M.  Montalivet  k  IMnt^eur;  M.  Humann  prit  la  di- 
rectibit  des  finances;  le  marshal  SoUtt  garda  le  portefeuflle 
de  ia  guerre  et  y  jdgnit  la  prteidenoe  du  conseil;  enfln, 
MM.  Barthe,  d^Argout,  et  de  Rigny  rest^rent  k  la  Jnstleey 
au%  travaux  publics,  et  &  la  marine. 

D^  le  premier  mois  de  son  av6iement  ce  minist^ 
aTait  heureusement  n^ln  une  des  difficult^  les  plus  gra- 
ves de  la  situation ,  par  rarrestaUon  de  la  duchesse  de 
Berry.  Le  9  novembre  pamt  une  drdonnanoe  d^arant 
qu'un  projeC  de  Ibi  serait  pr^sent^  aiix  chaml>res  poor  sta- 
tuer  sur  le  sort'de  cett<^  pHnctese!  Le  gouvernement  Tenle* 
▼aJt  ainsi  h  la  jurtdictfon  o^naire^  et  donnait  prise  k  Top- 
position,  qui  auraif^onlti  la  fair^  c>6tmparaltre  devant  une 
cour  d^assises.  Cetle  pretention »  mi^  en  avant  par  le  mi- 
niate, que  les  races  prind^iWne'sont  pas  Justiciables 
da  droit  oommnn,  donna  lien  k  iMe  vive  pol^mique  dans 
la  presse^  et  fut  m€me  attaqu^  avec  force  k  la  tribune. 
M.  Tillers  disait,  le  <r Janvier  f  833 :  «  On  ne  juge  pas  Ite  prin- 
ces :  dans  les  temps  de  barbarie  ou  de  passions  poNtiqUes, 
on  les  immole;  dans  les  temps  de  g^n^rosit^,  de  civilisation, 
comma  le  ndtre ,  on  les  r6iuit  k  Pimpiiissance  de  liuire.  » 
Cette  tbtorie  excita  de  s^rieusies  rtetamations  de  la  part 
de  M.  Odilon  Barrel  et  m^me  de  M.  Duphi,  qui  crut  devoir 
marquer  son  dissentftnebt  en  cette  occasion.  Malgr^  leors 
eflbrts,  la  chambre  adopta  Tordre  dnjour. 

Depuis  le  commencement  dela  querelle  entre  la  Belgique 
at  la  Hollande,  la  ville  d*Anvers  appartenait  de  fait  aux 
Beiges;  mais  la  citadelle  etait  restte au  pouvoir  des  Hollan- 
dais«  An  mois  de  novembre  le  g^odral  Gerard  entrait  en 
Beli^que.  La  80  dtombre  le  gte^ral  Chass^  rendait  la 
eitadelte ,  aprte  nne  defense  b^rolque. 


L'onvertuTe  de  la  session  de  1832  avail  ^t^  indiqu^  poult 
ie  19  novembre ;  la  ctiambre,  lorsqu'elle  serdunit,  ^tait  en-* 
core  sous  Timpression  des  joum^  de  Juin,  qui,  par  Tef; 
firoi  qu'elles  caos^rent  dans  le  pays ,  rejet^rent  du  c6\A  du 
pouvoir  beaucoup  d*amis  sinc^res  de  la  liberty ;  un  attentat 
commis  le  19  novembre  ne  fit  que  grossir  la  majority  pro- 
nonc4e  pour  le  syst^me  de  r(^istance.  An  moment  ob  le 
roi  descendait  k  cheval  le  Pont-Royal  pour  se  rendre  k  la 
chambre  des  deputes,  un  coup  de  pistolel  fut  tir^  sur  \\A 
sans  ratteindre.  Dans  le  tumolle  et  la  surprise  excite  par 
Tex  plosion,  le  conpable  avail  dispam;  seolement  deux  pis- 
lolets  forenl  ramasste  sur  la  place.  Les  t^moins  que  Ton 
put  r^unir  ne  donn^rent  que  des  indications  conAises  et 
insuffisantes.  Une  demoiselle  Boury,  qui  se  trouvaU  sur  les 
lieux,  qui  pr^tendait  avoit-  d^lourn^  Farme  de  Tassassin, 
donna  d'abord  des  details  clrconstanci^  qui  la  firent  ap- 
peler  aux  Tuiieries,  ofi  d^jii  on  lui  rendait  grftces  pour  avoir 
8anv6  le  roi;  eHe  fbt  conduite  ensuite  au  procureur  du  roi« 
puis  an  pr^fiel  de  policy.  Mais  on  ne  tarda  pas  k  recoa- 
naltre  qu'elle  mClalt  au  vrai  beaucdup  de  details  de  son  in- 
vention. CTn  intrigant  de  has  ^tage  pretend! t  k  son  tour  avoir 
ramass^  deux  autres  pistolets.  Un  autre,  nomm^  Courtoi^ , 
se  pr^senta  comma  Tauteur  de  Tattentat.  Cependant,  quel* 
ques jours avanl  le  t9  novembre,  le  pr^fet  de  police  avail 
regu  avis  d^on  complot  lram6  entre  Billard ,  Benoll ,  Girou 
et  Bergeron,  pour  tirer  sur  le  roi  le  19,  dans  le  Irajet  des 
Tuiieries  k  Ih  Chambre  des  D^put^.  Les  trois  premiers  ne 
furenl  pas  arr6t^,  leur  domicile  ^tant  inconnu.  Enfin ,  des 
tftmoignages  plus  positib  d^ignftrent  Bergeron,  qui  nit 
traduit  devant  la  eoor  d'assises,  Ie  19  mars.1833,  et  acquilt6 
parte  jury. 

Les  premiers  mois  de  1833  annon^ienl  des  temps  plus  cat- 
mes  et  plus  paisibtes.  Cette  session  Ait  remplie  par  un  certaij^ 
nombre  de  loHs  d'fait^rdtgdn^ral,  Les  Iravaax  de  la  sessloik 
eommenc&rent  par  nne  proposition  relative  au  deuil  annlvcr- 
saire  du  21  Janvier.  Une  lot  sur  I'expropriation  pour  cause 
d*atilil6  publique  6tail  un  pr^Uminaire  bidispensable  aux 
grands  travaux  d'industrie  que  les  ann^es  nlt^rieures  devaieAt 
entreprendre.  Aucune  entreprise  de  routes,  de  canaux,  de 
chemuis  de  fer,  n'^tail  plus  possible  en  France,  tant  le  droit 
de  proprietd  avail  pris  une  extension  abusive.  M.  Thiers,  qui 
avail  tehang6  le  mfnisl^re  de  I*inl^rieur,  k  pen  pr6s  rMuik 
k  la  police  el  It  l^adminislration  d^partemenlale,  centre  le 
minist^  des  travaux  publics,  presents  une  lol  pour  I'ach^- 
vemenl  des  monuments  commence,  el  y  fit  Joindre  un  crMit 
de  100  millions ;  ce  qui  nous  a  vain  racbivemenl  de  la 
Madeleine,  de  Tare  delriomphe  de  rEtoile,  du  bfttimenl  da 
quai  d^Orsay,  des  routes  slrat^ques  de  la  Vendue,  et  tant 
d^autres  routes  qui  sillonnent  anJourd*hoi  des  d^partcments 
Jusque  alors  d^poorvus  de  moyens  de  communication.  Une 
loi  sur  llnslruclion  primaire,  pr^sent^  par  M.  Guizot ,  ac- 
qnitta  uile  dette  de  l^tat  envers  les  classes  labprieuses,  en 
oifrant  Tenseignemenl  gratuit  k  toils  ceux  qui  ne  peuvent 
pas  le  payer.  Depuis  longfemps,  l*prgaQisalion  munlcipale 
et  d^partementate  ^tail  r^clam^  :  une  lol  fut  vot^  ayanf 
pour  objet  de  r^er  l*^leclion  des'  consells  mnidcipauX| 
d'arrondissemenl  el  de  d^partemenl,  ainsl  que  leurs  attri- 
butions. 

La  captivity  de  la  duchesse  de  Berry  k  Blaye  avail  d^Iir 
Vr6  le  ministferd  d^  souds  d'une  nouvelle  Vendue;  mais  if 
restail  k  statuer  sur  son  sort.  Le  parti  r^volutionnaire  re- 
damail  haulemenl  lejugemenlde  la  princesse :  or,  dans  uii 
Jugemefit  on  redoutait^alepaent  I'acquitlemenl  ou  la  con- 
damnation.  Des  petitions  k  ce  surjet  ^talent  arriv^es  en  foule 
k  la  chambre  des  dCput^.  Le  rapport  de  M.  Sapey,  in  k  ^ 
s6mce  du  5  Janvier  1833,  conclut  k  laisser  le  minist^re 
prendre  k  T^ard  de  la  prlsonni^re  les  mesures  qu'il  juge- 
rait  convenables.  M.  de  Ludre  demanda  le  renvoi  des  peti- 
tions au  garde  des  sceaux ,  pour  falre  ex^cuter  les  lois  dq 
royaume.  M.  de  Broglie  soutinl  que  la  branche  atnde  dett 
Bourbons  setrouvail  plac^  en  dehors  du  droit  commun^ 
et  que  le  prindipede  '^it4  devant  la  loi  n*^tail  pas  appU* 


689 


FRANCE 


cable  dans  la  drconstance ,  la  ducbesse  de  Berry  n^^tant 
pas  Fran^aise  d^origine,  et  oe  T^tant  plus  par  alliance. 
M.  Berry er  appuya  I'avis  du  ministre,  se  fondant  sar  ce  que  la 
ducheise  de  Berry  ^it  vis-6-Yis  de  Louis-Philippe  en  ^tat 
de  guerre  et  non  de  r^voite.  M.  Thiers  s'attacha  k  d^truire 
refTet  des  paroles  de  M.  Berryer,  tout  en  effrayant  PAs- 
sembl^  par  le  tableau  des  dangers  d*un  proc^  Ainsi,  la 
l^lit6  s^efTa^  dcTant  la  raison  d'etat,  et  le  principe  de 
r^it^  fl^chit  deyant  une  inviolability  qu*on  n^avait  pas 
respects  lorsquMl  s'aglssait  de  disposer  d'une  couronne.  De 
ee  moment  Tarrogance  des  l^timistes  redouble.  Les  Joup- 
nalistes  des  deux  partis  extremes  se  provoqu^rent,  et  des 
Juels  s'ensuivirent ;  enfln  la  police  intenint.  Mais  un  coup 
iLittendo  Tint  abattre  sans  retour  Texaltation  des  l^gtti- 
mistes.  Dans  la  nuil  du  16  an  17  Janvier,  la  duchesse  de 
Berry  fut  prise  de  voraissements,  etsa  sant^  parut  dans  une 
crise  alannante.  Sur  ravls  transmis  par  Ip  t^l<^aphe, 
MM.  Orfila  et  Auvity  re^urent  I'ordre  de  partir  imm^dia- 
tement  pour  Blaye.  A  Tarriv^)  des  m^edns,  la  crise  ^tait 
pass^;  mais  tl  fallait  un  rapport  ostensible.  Cest  alors 
que  M.  Orfila  disserta  si  doctement  sur  Tatmospb^re  de 
Blaye,  sur  la  dimension  des  cours,  du  jardin,  etc, 

Toutes  ces  simagrte  ^talent  bien  superflues  :  la  grossesse 
de  la  duchesse  ne  tarda  pas  k  6tre  dWulgu^e;  elle-mdme  fut 
r^doite ,  le  23  f&vrier  1833,  h  foire  au  gto^ral  Bugeaud, 
gardien  du  chAteau  de  Blaye,  la  d^aration  d'un  manage 
secret.  Ce  d^odment  burlesque  de  la  guerre  civile  6tait 
un  coup  de  massue  terrible  pour  le  parti  contre-r^voluUon- 
naire.  Des  journauz  l^timistes  prirent  le  parti  de  procla- 
mer  la  declaration  une  pi^  fausse.  II  y  a  plus :  lorsqu'au  10 
mai  la  princesse  eut  mis  au  monde  une  fille,  et  qu*elle  eut 
d6clar6  Mre  marite  au  comte  de  Lucchesi-Palli,  fils  du 
prince  de  Campo-Franco ,  grand-chancelier  du  royaume  de 
SicUe,  les  m^mes  l^gitimistes  protest^rent  contre  Taccou- 
cbement  suppose.  La  Quolidienne^  nonobstant  tous  proc^ 
Terbaux ,  pitees  oflicielles,  signatures  et  actes  authentiques, 
persista^  protester  contre  lefabuleux  accouchement,  et 
insure  dans  ses  colonnes  la  plainte  adress^e  au  procureur 
general  de  la  cour  royale  de  Paris  et  k  celui  de  Bordeaux, 
«  pour  cause  de  presumption  legale  de  supposition  d'enfant 
commise  par  les  ministres  et  agents  do  gouvemement 
envers  S.  A.  R.  Madame^  duchesse  de  Berrv  ».  Le  8  juin 
la  princesse  quitta  Blaye.  et  s-embarqua  snr  VAgathe^  bAti- 
roent  de  T^tat,  qui  Ut  conduisit  k  Palcrme.  Deux  jours 
apr^s ,  une  discussion  s*engagea  dans  la  chambre  des  de- 
putes, k  Toccasion  de  la  mise  en  liberie  de  la  duchesse. 
Gamier- Pag^  interpella  les  mhiistres  k  ce  sujet ,  et  leur 
reprocha  avec  energie  cette  flagrante  violation  des  lois. 
M.  Bartbe,  garde  des  sceaux,  et  M.  Thiers,  ministre  du 
commerce,  loin  de  chercher  k  se  justifier  en  invoquant  la  ne- 
cessite  politique,  vinrent  soulenir  hardiment  k  la  tribune 
que  le  gouvemement  ponvait,  lorsqu'tl  le  jugeait  utile,  se 
mettre  au-dessus  des  lois. 

D'autres  debats  caracteristiqnes  de  oette  epoque  avaient 
suscite  un  violent  demeie  entre  la  chambre  des  deputes  et 
la  presse  quotidlenne.  La  discussion  du  budget  de  la  guerre 
avait  donne  lien  k  des  obserrations  trte-sev^res,  meme  de  la 
part  des  deputes  du  centre.  Un  rapportde  M.  Camille  Perier 
avait  stigmatise  comme  des  dilapidations  scandaleuses  cer- 
tains marclies  qui  grevaient  P^tat  de  14  millions.  Le  ma- 
rechal  SouU,  en  tacticien  habile,  se  servit  des  fortifications 
de  Paris  pour  masquer  sa  batterie  des  marches.  Alors  en 
efTet  se  presenta  pour  la  premiere  fois  cette  question  deve- 
nue  si  Ikmeuse  t  Adoptera-t-on  le  systeme  d*enceinte  conti- 
nue ou  le  systeme  de  forts  detaches?  Toute  la  portion  de 
la  chambre  qui  portait  epaulettes  s'empressa  d^etaler  a  ce 
propos  ses  connais  sauces  speciales;  mais  les  deputes  qui 
ii*appartenaient  pas  k  Tarmee  comprirent  que  la  question 
politique  dominait  lei  la  question  militaire.  (Test  k  Poccaslon 
de  ce  debet  sur  les  fortifications  de  Paris  que  La  Tribune 
s^avlsa  d^appeler  la  cliainbre  prostUuie,  M.  Yiennet 
fuelques  jours  aupanfant  ivalt  dit  dans  uo  discours :  C^est 


la  legality  actuelle  qui  nous  tue,  II  y  aviit  tt  one 

d'appel  aux  lois  d^exception.  On  le  cnit  souffle  par  le  mi- 

nistere,  bien  aise  de  sunder  la  chambre  sur  des  uMauies  de 

cette  nature.  D*autres  supposaient  qu*U  a*etalt  fait  le  booe 

emissaire  de  la  cour.  Enfin,  lui-meme  se  dcNiiiait  poor 

I'organe  du  tiers  parti,  qui  le  desavoua.  Vn  seoood  article 

de  La  Tribune  aocusait  plusieurs  deputes  d»  relatioai 

avec  M.  cerin,  caissier  des  funds  secrets.  M.  Yiemeft  deooBfa 

les  deux  articles  4  la  chambre.  Un  rapport  de  M.  I^nil 

ounclut  k  ce  que  les  redacteurs  fussent  traduita  k  In  barre  de 

Passembiee.  Cette  chambre,  si  apathiqne  depnis  qnelqnes 

mois,  prit  feu  tout  k  coup  pour  entamer  un  duel  politique  aw 

un  journal ;  et  la  discussion  preiiminaire  sur  U  questiou  da 

savolr  si  la  chambre  dterait  le  redacteur  4  sa  bam  donna 

lieu  au  dechatnement  des  passions  et  aux  proTocatiooa  lea 

plus  irritantes :  quarante^inq  roembres,  au  nonibi«  deaquds 

etait  M.  Yiennet,  se  recuserent  ou  s^abstinrent.  Parmi  les  jngea 

siegeaitM.  Barthe,  ministre  de  la  justice,  qui  sous  U  Beatau- 

ration  avait  defendu  le  Journal  du  Commerce  dana  mt 

cause  semblable,   205  toix  contre  92  dedd^eot  que  le 

Joomal  serait  traduit  devant  la  chambre.  M.  Uonoe, 

de  La  Tribune,  oomparat  le  16  avril,  assiste  deMM. 

et  Cavaignac,  redacteurs.  Au  lieu  de  se  defendre,  Us  attaqae- 

rent.  M.  Marrast  fit  Thistoire  de  la  cerraptlon  sous  le  rentes 

eonstitutionnel ;  11  rappela  les  jeux  de  bourse  de  1832  et  %» 

nouvelles  de  la  veiUe  publiees  settlement  le  lendemaia,  poor 

favoriser  la  speculation.  «  Yous  etes,  leur  dit-U  parfeltaneal 

indinerents  k  la  prime  des  sucres,  et  oependant  cette  prine 

s^est  accrue  depuis  1890  de  sept  millions  k  dix-aeaf;  et, 

chose  etraoge,  le  tiers  k  pen  pr^s  de  cette  sonune  est  partake 

entre  six  grandes  maisons,  au  nombre  desqoellea  marcbea! 

en  premiere  ligne  oelles  de  certains  roembres  que  vooa  hoao- 

rez  de  votre  consideration,  notamment  celle  d*un  ministie. 

En  effet,  dans  les  ordonnances  de  primes  pour  1882  aa 

voit  figurer  la  malson  Perier  freres  pour  900,000  fr. ,  la 

maison  Delessert  poor  600,000  fr.,  la  maison  Humana  poar 

600,000  fr.,  la  maison  Fould  pour  600,000  fr. ,  la  maisoa 

Santerre  pour  800,000  fr.,  la  maison  Durand  die  MaraeOlt 

pour  1  million.  »  Sur  305  volants,  204  membres  coadaak- 

nerent  le  gerant  de  La  Tribune  k  trols  ans  de  prisoa  el 

10,000  fr.  d^amende  :  388  membres  etaient  pr^oita.  L'a- 

mende  fut  converte  aussitet  par  des  souscriptions. 

La  presse  se  vengea  en  faisant  revivre  le  aooTCQlr  dt 
toutes  les  affaires  scandaleuses  qui  depuis  1830  avait  trahi 
le  progres  des  passions  cupides  ou  des  manoeuyres  comip- 
trices.  II  y  avait  k  la  chambre  122  deputes  fonetlonntires, 
qui  touchaient  annuelleroenten  traitements  plus  de  2  millioas 
pour  les  fonctions  quMls  ne  pouvaient  remplir.  Le  droit  sor 
les  fers,  fontes  et  aciera  provenant  des  pays  etrangers ,  aviit 
ete  pour  Tannee  1832  de  2,380,000  fr.,  impOt  euorme  pre- 
leve  sur  I'agriculture  et  llndustrie,  et  malntenu  paree  qn^ 
profitait  k  vlngt-slx  deputes  miniaterieis,  sans  compter  den 
ministres  associes  deM.Decazes  dans  rexploitation  des  for- 
g^de  TAvcyron.  Le  ministre  des  finances  fut  somme  de  fairt 
rentrer  dans  le  tresor  3,503,607  francs  dos  par  la  liste  dvOe. 
On  rappela  qu'au  mepris  des  traditions  les  plus  inviolal)les  dc 
la  monarchie,  Louis-Philippe ,  le  6  aoOt  1830,  avait  fait  do- 
nation deses  biens  k  ses  enfants  pour  les  soustraire  au  do- 
maine  de  l^tat;  et  Ton  s*etonna  que  le  droit  d'enrogistre- 
menty  payable  d^avanoe,  aux  termes  de  la  loi,  ne  fOt  pas,  aprfe^ 
troia  ans,  paye  integralement  On  rappela  le  vol  Kesaner, 
qui  avail  laisse  un  videde  plusieurs  millions  dans  le  tresor. 
et  le  mystere  dans  lequel  on  avsdt  permis  que  cette  booteosi: 
affaire  rest&t  ensevelie ;  son  agiotage  k  la  Bourse  et  ses  re- 
lations afllchees  avec  les  agents  de  diang^  n'avaient  pu  rr*^- 
ter  inconnues  du  baron  Louis ,  alors  ministre  des  finaaa* 
Le  rapport  insignlfiant  de  M.  Martin  (du  Nord)  sur  o^te  ef- 
faire  avait  ete  le  premier  eclielon  de  sa  fortune  politiqoe. 
Dans  lememe  temps,  une  afflche  placardee  dans  Paris an- 
non^it  la  mlse  en  vente  de  Tlidtel  Leffitte ,  qui  avait  ete  le 
quartier  general  de  la  revolution  de  Juillet  Ce  simple  Cut 
produisit  un  sentiment  general  de  stupeur.  Celui  qui  avait  or* 


FRANCE 


68'J 


giiiis^  la  r^atanee  l^le  aui  ordonnances,  eelni  qui  avait 
diflpofl^  d'ane  cooronne,  ^it  raiii6!  II  y  avait  \h  le  sujet 
de  mille  reflexions  p^nibles.  Lalfitte  rain^  repr^sentait  la  r^- 
Tololion  de  Juillet  trabfe.  L*hWer  snWant,  on  jouait  aux 
Francis  une  comMie  spirituelle ,  Bertrand  et  Raton^  dont 
le  suoete  ^tait  dA  aux  aUnsions  autant  qa^h  resprit  de  I'au- 
teur.  Le  public  a'obatinait  k  Toir  dans  lea  deux  prindpanx 
personnages  le  loyal  financier  dupe  de  son  patriotisme,  et  le 
v^ran  le  plus  rou^  de  la  diploroatie  exploitant  k  son  profit 
le  d^voneuient  du  patriote. 

Le  dab  des  Amis  du  Peuple,  me  de  Grendle-Saint- 
Honors,  avait  M  ferrod.  Dans  la  soir^  du  1*'  join  IS32,  les 
prindpaox  meoibres  du  dob  Youlurent  s'assembier  me 
Sainl-ABdrMes-Arts,  n**  20,  dans  un  appartement  loo^  ao 
nom  d'un  sieur  Denuaud.  La  police  avait  fait  apposer  les 
Mdlds  8ur  la  porta;  lis  les  brisent,  et  sMnstallent  pour  d^ii- 
Mrer  sur  les  mesures  k  prendre  le  lemlemain.  Le  pr^fet  de 
police ordonneTarrestation  des  individos  prints  k\ti  r^- 
iiion ;  trente-et-nn  fnrent  saisis ;  11  en  r^ulta  un  double  procte 
poor  bris  de  sedl^  et  pour  violation  de  Tarticle  191.  Le  14 
d6eeOBbre»  les  meneors  do  club  des  Amis  du  Peuple  compa- 
mrent  devant  le  jury  :  le  chef  du  jury  d^lara  que  les  ac- 
cost avaient  rMlenusnt  fornix  une  soct^t^  politique  sans 
autorisation ,  mais  que  le  jury  les  acquittait  parce  que  ce 
foit  ne  constitoait  ni  ddit  ni  contravention.  La  cour  royale, 
fl'emparant  de  la  d^aration  affiraiative  sur  I'existence  de 
rassodation  des  Amis  du  Peuple,  rendit,  pour  la  dissoudre, 
un  arr6t  qnl  fit  revlvre  Particle  291 ,  que  Ton  croyait  abrog^ 
de  fait.  La  Soci4ti  dei  Droits  de  F Homme,  qui  li^rita 
du  dub  des  Amis  du  Peuple,  comptatt  en  1832  trois  mille 
aectionnaires  k  Paris,  et  de  nombreuses  affiliations  dans 
les  d^partements.  Elle  avait  son  gouveraeinent ,  son  admi- 
nistration, son  ann^,  ses  drconscriptions  g^ographlques ; 
elle  mettait  en  CEuvre  tous  lea  moyens  :  sooscriptions  en  A- 
veur  des  condamn^  politiques  ou  des  joumaux  frappte 
d*amendes ,  prMications  popolaires,  publications,  voyages, 
correspondances;  enfin,  elle  avait  une  organisation  complete. 
Deux  d^ut^d'Argensonet  Audry-Pnyraveau,  si- 
gnataires  du  manifesto  de  cette  sod^,  furent  d^nonc^  k  la 
tribune;  on  avait  le  d^r  de  les  exclure  oorome  indignes, 
mais  on  n'osa.  Le  g^n^ral  Bugeaud  se  cliargea  de  les  inter- 
pdlersor  leor  partidpation  aux  actes  du  comity ;  ils  r^pon- 
dirent  qu'ils  siionoralent  de  cette  partidpation.  Un  autre  d4- 
pot^,  M.  de  Ludre,  fit  connattre  par  les  joumaux  son  adhe- 
sion an  manifeste.  Le  10  avril  1883,  le  jury  condamna  une 
premiere fois  la  Soei^U  des  Droits  de  V Homme.  La  oour  d'as- 
sises  ordonna  la  dissolution  de  la  society,  dont  Pexistence 
ill^le  avait  M  reoonnue.  D^]k,  dn  reste,  se  manifestaient 
des  scissions  parmi  les  roeneurs  du  parti  r^publicain.  La- 
Ayette  et  Carrel  commen^aient  k  devenir  suspects  aux  plus 
ardents.  La  r^pnbliqne  du  National  €t&\i  bien  en  arri^re  de 
cdle  des  Droits  de  VHomme,  Ge  dub  pr^para  une  iosur- 
reetion  poor  ranniversaire  dn  28  juillet  1833.  Dans  la  nuit 
du  27  aa  28,  on  arrtta,  me  des  Trois-Cooronnes,  n«  30,  six 
personnes  occupy  k  fond  re  des  balles ;  pamsi  ces  six  per- 
aonnes  ^talent  quatre  ^l^ves  de  ]'£coIe  Polytechnlque.  On 
aaisit  une  immense  quantity  de  balles  et  de  cartouches, 
et  162  fosils.  Linsurrection  fbt  ajoura^e.  La  revue  se  passa 
sans  troubles ;  mais  legoovemementavait  cm  devoir  dtelarer 
offiddlement  dans  le  Moniteur  qu'il  ne  sendt  donn6  an- 
cune  suite  k  la  oonstmction  des  forts  d^ch^.  Le  lende- 
main  la  statue  de  Napoleon  fut  d^couverte  sur  la  colonne 
de  la  place  Yenddme ,  anx  acdamations  de  la  multitude. 
Les  arrestatlons  fiiites  pendant  les  mois  de  juillet  etaoOt  1833 
8*eieverent  k  150;  27  accuse  furent  traduits  en  cour  d*as- 
aises,  au  mois  de  d^cembre ;  les  plus  marquants  6taient  Ra»- 
pail,  Ketaausie,  etc.  Ils  ^aient  pr^venus  d'avoir  form^  un 
complot  Gontre  la  sfiret^  de  l'£tat ,  an  dernier  anniversaire 
de  Juillet.  L'avocat  gfo^ral  lenr  reprodiait  d^avoir  demand^ 
la  loi  agraire;  Yignerte,  appeli  comme  t^moin  k  d^charge, 
s'^cria :  «  Tu  en  as  menti ,  miserable !  »  U  fut  condamn^, 
a6aDce  tenante,  k  trois  ans  de  prison.  Tons  ces  accuse  fu- 
d:ct.  de  la  convers,  —  t.  ii. 


rent  acqultt^  par  le  jury.  Mais  les  avocats  Dopont,  Michel 
(de  Boutges)  et  Pinart  (brent  ^suspendns  de  Texercice  de 
leur  profession. 

Au  nombredes  causes  qui  entretenaient  Tagitation,  et  pons* 
saient  quelquefois  au  dterdre,  ^lent  les  crieurs  publics. 
Agents  de  publidt^  pour  les  feullles  d^mocratiquea,  iU  entre- 
tenaient Tardeur  des  passions  populaires.  Mais  devant  eux 
la  loi  ^taitmuette»  et  le  pouvoir  d^sarm^.  La  loi  dn  10  dtf- 
cerabre  1830  rendait  libre  le  colportage  et  la  vente  dea 
Merits ;  la  seule  formality  exigto  ^tait  le  d^pOt  d*on  exemplaire 
entre  les  mains  du  commissaire  de  police.  Le  pr^fet  de  po- 
lice, M.  GIsqnet,  voulut  dtendreaux  brochures  Tobligation 
du  timbre ;  mala  la  loi  n*exigealt  le  timbre  que  pour  les  jour- 
naux  et  les  paplers-nouvelles.  La  police  fut  assignee  devant 
les  tribunaux ,  qui  la  condamn^rent :  die  n*en  continua  pas 
moins  les  arrestatlons.  Enfin,  la  cause  vint  en  appel  de- 
vant la  oour  royale,  qui,  par  arrit  du  11  octobre,  confirma 
la  d^sion  des  premiers  Juges,  et  donna  gain  de  cause  aux 
crieurs  publics.  Rodde ,  g^rant  dn  Bon  Sens,  journal  popu* 
laire,  annon^  que  le  dimanche  I3  octobre  il  viendrait  lui- 
rotoie  vendre  ses  Merits  sur  la  place  de  la  Bourse.  Apr^ 
Parrftt  de  la  cour  royale ,  le  gouvernement  avait  d^ar^  offi- 
ciellement  qu'il  n^interviendrait  pas.  Un  immense  ooncours 
de  curieux  se  rendit  ce  jour-i^  sur  la  place  de  la  Bourse. 
Rodde  distribua  ses  brochures  sans  nul  obstade.  Au  mois 
de  f^vrier  suivant ,  une  nonvdle  loi  sur  les  crieurs  publics 
fbt  prteent^  aux  chambres;  elle  portait :  «  Nul  nepourra 
exercer  la  profession  de  crieur  public  qu'avee  la  permission 
de  Tautoritd  municipale ,  qui  pourra  toujours  la  refuser  ou 
la  supprimer.  »  Quelques  tentatives  pour  agiter  Parish  Toe- 
casion  de  cette  loi  avort^nt  et  se  r^uisirent  aux  dtoons- 
trations  de  quelques  bandes  de  tapagenrs  nocturnes,  et  k 
des  attroupements  sur  le  boulevard  Saint-Martin.  Seulement 
sur  la  place  de  la  Bourse,  un  certain  nombre  de  perturba- 
tenrs  furent  raaltrait^s  par  des  agents  armte  de  bAtons;  ce 
qui  donna  lieu  k  de  vivos  recriminations  centre  les  assom- 
meurs  enr6l6s ,  disait-on ,  par  la  police.  M.  de  Salverte  d^ 
non^  les  fiiits  k  la  tribune ;  une  enqu6te  fut  faite  par  la  ma- 
gistrature,  et  le  pr^fet  de  police  fut  contraint  de  r^voquer 
un  offlcier  de  paix  et  cinq  inspecteurs.  Mais  en  ro6me  tem|is 
soixante-trdze  membres  de  \BSociM  des  Droits  de  I' Homme 
etaieot  arrftt^. 

Les  r^gi^  politiques  n^^taient  pas  nonplus  undes  moin- 
dres  embarras  du  gouvernement.  Les  vaincos  et  les  pros- 
erits  de  tous  les  pays  refluaient  sur  la  France.  Les  dtas- 
tres  de  la  Pologne ,  les  troubles  des  £lats  de  la  confiiddration 
germaniqoe,  les  proscriptions  de  Ferdinand  VII  et  dedom 
Miguel,  les  pers^utions  de  TAutridie,  avaient  amen6  sni 
notro  sol  6,000  r^uin^  polonais,  4,000  allemands,  Italiens, 
espagnots ,  portugais ,  qui  coOtaient  3  ou  4  millions  par 
an  k  r£tat,  et  cela  dans  des  circonstances  p^ibles,  od  la 
cherts  des  subsistancesetle  manque  d^ouvrage  accroissaient 
debeaucoup  lefardeau  des  diarges  publiques.  La  conduite 
de  tous  ces  r^fugi^s  ^tait  loin  d'etre  Element  satisbisante; 
nn  grand  nombre  d*entre  eux  se  montraient  peu  recon- 
naissants  de  Thospitalite  quMls  recevaient.  Uqe  loi  de  1832 
autorisa  le  gouvernement  k  leur  assigner  des  nSsidences.  En 
vertu  de  cette  loi,  on  les  interna  dans  une  trentaine  de  villes, 
oh  ils  pouvaient  se  procurer  des  vivres  k  bon  march^  et 
8*employer&  divers  travaux.  Cependant  deux  mille,  k  rai- 
son  de  leur  position  sodale  ou  de  leurs  professions  lib^- 
rales,  obtinrent  la  faculty  de  rester  k  Paris.  Le  8  dtom- 
bre  1831  un  comity  polonais  s'^tait  furm6  k  Paris  :  0  r6di- 
geait  des  adresses ,  des  proclamations  aux  peoples,  des  pro- 
testations centre  les  mesures  des  goovemements.  Le  mlnis- 
t^re  ordonna,  vers  la  fin  ded^cembre  1835,  Texpulsion  des 
membres  de  ce  comity,  Leiewel,  Leonard  Chodzko ,  etc 
Les  conspirations  de  la  Jeune  Italie  avaient  amen6  en 
France  de  nombreux  proscrits  de  Modfene  et  de  la  Romagne. 
Le  20  octobre  1882,  Emiliani,  r^Aigi^  k  Rodex,  fut  bless^ 
de  coups  de  poignard  par  une  bande  de  ses  compatrlotes , 
en  Vertn  d'un  jugement  6nian6  d'un  tribunal  seent  Lo  31 

87 


090 


FRANCE 


niiii  i833,le  tribiUMldo  Rodei  oondamai  4  cimf  aiM  de  r^- 
doflkiD  alt  auteun  oo  eompUces  de  oe  gael^apens.  En  sortant 
de  Taudience ,  Emiliani  et  Lazzareschi  soot  poignard^  par 
on  nomm^  OaTloM.  Le  jogement  du  tribunal  secret  avait 
<t^  p«bU^4iTe6  la  aignatare  de  Maniai,  chef  principal  de  ia 
Jeune  italUt  caracttre  ardent  et  peraiv^rant,  qui  dans 
I'exil  exepfait  une  grande  influence  sur  lea  compatriotes.  11 
protesta  contra  aa  aignatore,  fauasement  appos^  au  baa  du 
jugmient  du  tribunid  secret. 

Dins  sea  relations  avec  riSarope,  le  gouYememoit  fran- 
^ia  continuajt  la  politique  de  cendesoendance  qu^il  a?ait 
adopts  depuis  1830.  Le  cabinet  de  Saint-James,  to  seiil 
avec  lequel  il  entretint  des  relations  tnftimes»  commen^ait 
d^jk  h  se  faire  payer  to  pti%  de  son  alliance.  A  cette  <^poqiie 
se  rapporte  la  premiere  apparition  du  droit  de  visite, 
Cette  m^me  ann6e  183S  vit  poindre  lea  dilficult^  de  la  ques- 
tion d*  O  r  i  e  n  1 1  c'est-A-dire  les  premiers  symptdmes  de  la 
dissolution  imminente  de  I'empire  turc  et  I'attitude  me- 
nafante  de  la  Russie  k  Constantinople.  Vers  le  m6me  temps, 
domPed  ro.  It  la  t6ted*one  troupe  d^aTenturiers,  all«trendre 
k  sa  fllle donna  Maria  le  tr6ne  de  Portugal,  U6urp6par 
dum  Miguel,  etPerdlnandVIl  monrait  laissant  le  trOne 
d*£spagne  k  sa  fllle  Isabellell. 

L'ann^  1834  s^ouvraitaTecdea  apparences  qui  semblaient 
pr^sager  un  calme  profond  s  I*aspectg6n^ral  de  la  soci^t^  an- 
non^t  nne  lassitude  uniTerselle;  mais  pour  qui  jetait  un 
regard  plus  per^ant  sur  ia  soci^t^ ,  c*6tait  \k  une  tr^ve  plut6t 
qn'une  pain  rtelle  :  les  n^publicains  se  pr6paraient  en  si- 
lence li  engager  ime  lutte  nouvelle,  et  I'eaprit  r^volutionnaire, 
r^duit  poor  le  moment  k  une  esp^  de  sommeil  agit^  de- 
▼ait  se  r^f  eiller  on  pen  plus  tard  4  Lyon  et  k  Paris,  par  un 
^lat  terrible.  Le  gouvemement  loi-m^me  sentaitque,  pour 
rentrer  dans  les  conditions  d'une  socl^  r^uli6re,il  fallait 
enllnir  avec  le  parti  de  la  r^publique,  le  combattre  ^  ou- 
trance  et  lui  enle?er  tons  ses  moyens  d^action.  Dimis  la  dia* 
cussion  de  TadresM ,  ropposition  parlementaire  mit  dans 
son  langage  nne  mod^tion  nouTelle  et  abandonna  certaines 
formes  Tiolentes  et  pfovocatrices  k  I'dgard  de  TEurope.  Mais 
Popposition  do  dehors  ne  gardait  pas  la  m^me  mesure  :  ses 
d^lamationa  redoublaient  d^audace  etde  violence;  les  carl- 
oatures,  les  pamphlets,  lan^ient  leurs  atteintes  josqu'au 
soroniet  de  la  hi^rarchie  sociale.  Le  gouyernement  porta 
alors  SOS  pieuiicrs  coups  contre  la  presse  d^mocratiqne. 
Le  2S  Janvier  il  demanda  k  la  chambre  Pautorisation  de  pour- 
suivre  M.  Cabet,  d^ut^,  k  raisonde  deux  articles  public 
dans  son  Journal  Le  Pqpulaire^  Tun  intitule  la  Ripublique 
dans  la  Chambre^  Pautre  Crimes  des  rois  contre  Vhuma- 
niti.  Dans  la  stance  du  lendemain ,  M.  Larabit  dtoon^a  k 
la  tribune  la  dictatore  du  marshal  Soult ,  qui,  dans  un  or- 
dra  du  jonr  anx  officiers  d'artillerie  de  Strasbourg,  avait  pi<- 
tendu  interdire  aux  officiers  toute  reclamation,  m^me  legale. 
Des  murmures  s'^lev^rent,  et  le  g^n^ral  Bugeaud  s*6cria  : 
« II  (kttt  obdr  d^abord. »  M.  Dulong  r^pliqiia  :  «  Faut-il  ob^ir 
jusqu*^  se  faire  geOiiert  »  II  en  rteulU  une  explication  entre 
cesdeox  d^putte;  l^affaire  tut  envenirate  d'abord  par  le 
Jnfumal  des  Mbats^  qui  avait  ajoutd  ijusqu'd  Vignominie; 
puis  par  ie  journal  du  soir ,  et  aussi  par  des  d^putte  attach^ 
k  la  maison  du  roi.  Un  duel  an  pistolet  s'ensuivit,  et  Dulong, 
atteiat  d'une  balle  claus  la  t6te,  succomba,  le  29  janvier. 
11  y  avait  ce  soir-la  bal  a  la  cour.  Dupont  de  TEure,  ten- 
drement  attach^  a  M.  Dulong,  adressa  sadtoisslon  a  la 
dianibre.  Vintennn  la  loi  contre  les  associations,  qui 
•ggravait  le  lameiix  article  291.  Tout  cet  ensemble  de  ine- 
sures  r^pressives  ^lait  IMndice  d'nn  nouveau  syst^me ,  ou 
plut6t  d^une  marclie  plus  dteid^  dans  le  syst^me  du  gou- 
\erneinent.  Le  principal  auteur  de  cette  loi,  un  orateur  qui 
remuait  les  centres  par  TApret^  pas^ionn^  de  sa  parole,  le 
procureur  gto^al  Persll,  vit  grandir  cette  annte  son  In- 
fluence dans  la  clutmbre.  Ce  qui  channait  la  m^orit^  dans  la 
])er^nne  de  M.  Persil ,  «  c'eRt  qu*il  avait  Tair  d*un  plan- 
^i>»w  «rni6  d'nn  b4ton  et  parlant  k  ses  n^gres;  c'est  qu'il 
avaftl  ioujours  le  bras  tendu  en  s'adressant  ii  la  gauche  ».  Tel 


est  le  siognUer  paii^gyrk|oe  que  Matt  adrieosenMBl  4»  kl 
un  d^ute  sinctoB  et  hoaame  d*esprit ,  qui  apparteMii  akon 
au  m^me  parti.  D^J^  Ton  dMgnaitM.  Persil  poor  remplaecr 
M.  Bartbe  au  miniature  de  la  justice.  Dans  cette  croisade  d« 
goovemement  contre  le  droit  d^assoclation,  il  ^tait  aingyitf 
de  voir  au  banc  des  ministreii  troishommes  dont  Tun,  R.  da 
BrogUe,  avait  ouvert  sous  la  Restauration  son  hotel  ^  h 
society  d»&AmisdelaPresse:  Tautre,  M.  Gaixol,  avait  di- 
rig^  la  society  AkMoi,  le  cUl  t'aidera;  et  to  troisitee, 
M.  Bartbe,  avait  marqu6  parmi  les  carbonari.  Dure^te,  Top- 
position  ne  se  uontrait  pas  moins  ardente  et  naoiiis  pna- 
sionn^  que  to  ministire.  Cette  loi,  promulgnte  to  10  aYril, 
donna  au  gouvemement  le  pouvoir  de  fenner  les  dotia.  la 
chambre  avait  accord6  i^autorisation  de  poorsuiTre  M.  G^ 
bet  pour  ses  articles  dans  Jbe  PojnUaire;  il  fat  ouadanBi 
le  28  G^vrtor  4  deux  ana  de  prison,  doux  ana  diaterdictioA 
des  droits  civils  et  quatra  miUe  franca  d'amendo ,  il  a'ex- 
patrla. 

Le  vote  de  to  loi  contre  les  associations  fut  le  signal  dHue 
crise  :  le  parti  d^mocratique  aux  abois  voulaal  do  moins 
avant  de  cAder  to  ptoce  tenter  une  demi^  partie.  La  So- 
eiit^  des  Droits  de  V Homme  disposal!  de  188  secUons  dana 
Paris  :  on  faisait  des  cartouches,  on  acbetait  des  Auitof  em 
se  pr^parait  k  une  r^stance  amke.  Le  procte  des  motnei- 
listes  devint  to  pr6texte  de  rinsorrection  k  Lyon.  Pinsiema 
autres  villas  se  soulev^nten  rotee  temps,  et  les  jounita 
d*avril  eurent  leur  contre-coup  k  Paris. 

La  victoire  sur  les  facti«ins  armte  semblait  deroir  doBaar 
une  grande  force  an  gouvemement  Mais  to  mlnist^re  HsA 
rain^  par  des  germes  de  dissensions  intestinea.  Dti/k  le  rqet 
d'un  projet  retotif  au  traits  des  25  millions  rtetamia  par 
TAm^rique  arait  amen^  to  retraite  du  due  de  Broglie.  An 
tonnes  d'un  treit^  sign^  to  4  juiU^  1831  par  to  gMral  S^ 
basttoni ,  ministre  des  affaires  ^trangilres,  to  gouvemcnwnii 
fran^ais  s^^it  reconnu  d^tenr  de  26  niiilioas  envera  las 
£tats-Unis.  Cette  crtence  ^tait  r6clamf^  comme  r^paratjaa 
des  dommages  que  le  commerce  maritime  des 
avait  soufferts  en  execution  des  dtereto  de  coufiscatioii 
les  marcbandises  anglaises  rendus  par  Napolton,  k 
et  k  Miton ,  en  1806  et  1807.  Le  tr^sor  public  se 
engage  dans  la  question ,  to  ratification  des  charabrea  ^tatt 
n^cessaire  poor  que  to  traits  du  4  juillet  refOt  son  ex^cntMB. 
Le  due  de  Broglie ,  prudent  du  conseil ,  et  to  gto^ral  S^- 
bastiani ,  signataire  du  traits,  soutinrent  ^nergiqaeoiNii  to 
l^timiti  de  la  cr^ance;  mais  ils  rencontr^rent  une  vive 
opposition  dans  to  chambre  et  bors  de  to  chambre.  Des 
bruits  d'agiotage  qui  avaient  couru  au  si^et  de  o^tle  cr^aaca 
de  25  millions  contribu^rent  k  indisposer  I'opinioa.  La- 
fiiyette,  alora  n»alade,  avait  envoys  k  to  chambre  des  expfi- 
cations  en  favour  da  projet.  II  n'en  fut  pas  mofau  njoMi 
M.  de  Broglto  en  avait  fait  une  question  da  cabind :  inua^ 
dtotement  aprte  le  vote  de  la  cluunbre,  II  remit  sa  dteii»- 
sion  au  roi.  Sa  retraito  entrataia  ua  remaniement  mlaiatt- 
riel.  MM.  Bartbe  et  d'Argont,  dont  la  position  ^tail  neaa- 
cte  depuls  longtemps,  furent  remptoc^  par  MM.  Persil  et 
DuchAtel ,  qui  prirent  les  portefenilles  de  la  jnslioe  et  da 
commerce;  M.  Thiers  rentre  an  minist^  de  riniftriear; 
M.  de  Rigny  passa  de  la  marine  aux  affaires  ^traagtrea.  Ia 
marine,  olTerte  k  Tamiral  Roussin,  ambassadeur  k  Coas- 
tantinople,  ayant  M  refuse  par  lui ,  fut  donnte  k  raosiral 
Jacob.  Un  pen  plus  tard ,  ie  20  mai  1834 ,  mourut  le  fjintni 
Lafayette :  Pingratitude  dont  on  avait  pay^  ses  services  pa- 
relt  avoir  jet^  de  raraertunie  sur  ses  dernlers  momeats. 

La  mort  de  Ferdinand  Vll  avait  M  le  signal  de  to  guerre 
civito  en  Kspagne.  Di^  to  4  octohre  don  Carlos  avait  tti 
prudam^  roi  k  Tatovera  en  Estramadure ,  puis  k  Bilbao  et  k 
Vitloria.  Linsurrection  Carlisle  s^^tendit  rapidemeut  dana  to 
Navarre  et  dans  les  provinces  basques.  Zea-Bermudte ,  pre- 
mier ministre,  avait  conseill^  k  to  reine  Marie^liris- 
tine,  r^ente  pendant  la  minority  dc  sa  Bile  li^abelto,  de 
continuer  le  systtoe  de  gouverriempTit  c!e  l>rdir<*trtl  V||. 
c'cNt-a-dire  rabsolutismc.  Mais  M  ttNUteAatt^uii  MMa»  iitti* 


FRANCS 


691 


yosslbint^daiiiaintenirca  aysttoie.  Martinez  de  la  Rosa, 
pomin6,le  la  Janvier  1834,  president  du  consefl  etminislre 
dee  affaires  ^trang^es*  donna ,  le  10  ayril,  une  constitution 
Duuvelle  sous  le  nam  d*Sst(Uuto  real^  p&le  copie  de  la 
diarte  franfaise,  mais  ou  la  liberty  politique  6tait  dl^pen- 
s^e  avec  une  eicesslYe  parcimonie-  Quelques  Jours  aprto 
(23avril),  U  signa  le  traits  de  la  quadruple  alliance 
avec  la  France,  TAngleterre  et  le  Portugal.  N^anmoins  don 
Carlos ,  quis'^tait  embarqn^  le  t**  juin  pour  PAngleterre,  y 
re^ut  k  son  arriTte  les  ouvertores  dn  parti  absolutiste ,  qui 
lui  offrait  des  secours  et  de  Targent  sMl  voulait  se  reudre 
en  Espagne.  II  part  fnrtivement  de  Londres  le  l**"  juillet, 
aiTiYe  k  Paris  le  4 ,  le  6  &  Bordeaux ,  le  8  a  Bayonne ;  et 
le  30  11  se  trooTait  de  I'autre  cCt6  des  Pyr^n^s ,  sans  que 
la  police  de  France  ou  d'Angleterre  eQt  soup^on  de  son 
voyage.  Dans  ce  danger  pressant ,  Martinez  de  la  Rosa  vt" 
dame  les  secours  de  TAngleterre  et  de  la  France.  yAngle- 
terre  foumit  des  annes  et  des  munitions.  La  France  pr6ta  au 
gouvernement  de  Christine  la  l^on  <Hrang^re.  L'armde 
d^observation,  command^  par  le  g^n^al  Harispe,  sur  la 
fronti^re  des  Pyr^n^a,  re^ut  des  renforts.  A  Paris,  le 
banquier  Jauge,  ayant  annon^  un  emprunt  au  nom  de  don 
Carlos ,  fut  arrets  ie  1&  juillet;  mais  il  Ait  relAcbe  le  29  no> 
▼embre ,  en  vertu  d'un  arret  de  non>lieu ,  attendu  que  le 
traits  d'alliance  avec  TEspagne  n^avait  pas  encore  ^t^  rendu 
public.  Enfin,  le  refus  d<icid^  de  rinterrention,  au  mois 
de  juin  1835,  d^lermina  la  chute  de  Martinez  de  la  Rosa, 
qui  fut  remplac^  par  T  o  r  e  n  o. 

La  chambre  ^ue  en  1831 ,  quand  durait  encore  T^bran- 
leinent  de  Juillet,  la  chambre  qui  atait  d^but^  par  Tabuli- 
tion  de  rii6r^it6  de  la  pairie,  et  qui  avail  t^moign^  une  si 
▼ive  sympaibie  pour  la  cause  de  la  Poiogne ,  s^etait  diftd- 
pilule  pen  k  pen,  et  avait  fini  par  recevoir  docilement  Tim- 
pulsion  politique  d'en  haul.  Cependant  die  fut  dissoute,  et 
de  noovdles  Elections  se  firent  au  mois  de  juin  1834 ;  la  plu- 
part  des  d«^ut^  qui  avaient  profess^  des  doctrines  r^publi- 
caines  furent  mponsste  par  les  eiecteurs.  Quelques  Idgiti- 
mistes  entrant  dans  la  nouvelle  cbambre,  d  vinrent  se  grou- 
per aiitour  de  Berryer.  Ce  fnt  dors  qu'on  sVisa  de  de- 
mander  Pabolition  du  serment  politique ,  comme  une  forma- 
lity inutile  :  le  cabinet  ^Uit  travaill^  par  de  secretes  dissi- 
deuces ;  une  lutte  sourde  existait  entre  M.  Guizot  d  le  ma- 
r<k^al  Sonlt,  dont  le  bndgd  avail  d*aillenrs  essuyd  des  at- 
taques  asses  vives  dans  la  chambre.  Dans  on  voyage  du  roi 
audiatean  d'Eu,  on  travailla  contre  le  marshal  d  centre 
les  hteitations  dn  roi.  M.  Thiers ,  mand^  It  Eu,  se  fit  fort  de 
faire  entrer  le  man^chal  Gerard  dans  le  minist^e  si  le  ma- 
r^hd  Soult  se  rdirait  Celui<d  futcens^  avdr  donn^  sa  de- 
mission ,  d  le  18  juilld  le  luar^did  Gerard  prit  le  porte- 
feuille  de  la  guerre  avec  la  pi^sidence  du  consell.  Dte  Ton- 
verture  de  la  session ,  un  esprit  nouveau  se  roanifesta  dans 
la  chambre.  L'adresse,  rMig<^«  par  £tienne,  Uisf^ait  per- 
cer  quelques  insinuations  contre  la  politique  du  minist^re, 
et  partlculi^rement  contre  cette  partie  du  cabinet  qu^on  d^- 
signait  par  le  nom  de  ffoc/riitnires.  Les  ministres  n'os^rent 
pas  demander  d^explications  k  la  majority ,  et  rest^rent  dans 
la  situation  fausse  d*un  oonoours  <^]uivoque.  £tienne  appar- 
tonait  K  cdte  fraction  de  la  diambre  oft  se  formait  le  tiers 
par  It,  Ce  tiers  parti ,  compos<^  de  d^put^  qui  avaient  tous 
soutenu  Ic  gouvcmeroenl  de  leurs  votes  d  de  leur  parole 
dniip.  les  temps  de  crise,  penchait  pour  on  rdour  k  une  po- 
litique plus  directe  d  plus  Ub^rale.  Le  tins  parti  se  mon- 
tra  tout  d'abord  favorable  au  roar^dMl  Gerard,  qui  6tdt 
entr6  dans  Is  minisl^re  avec  une  pen^te  d^amniRtie,  comme 
itioyen  de  terminer  lesembarras  inextricables  dans  lesquds 
\e  proete  d^avril  allait  jeter  le  gouvernement.  II  presents 
done  dans  le  consdl  une  note  sur  ramnistie :  elle  fut  rejdte 
par  ses  coll^nes,  sous  le  pr^texte  que  le  g^n^ral  Jacque- 
mlnot  U  repou!<sait  au  nom  de  la  garde  nationde;  on 
ajoulait  mdme  que  la  d^miftsion  du  g^nc^ral  Jacqueminot 
etait  k  crdndre  d  Ton  donnait  suite  k  cette  proposition.  Le 
marechal  Gerard  donsealors  sa  ddnission  $  to  29  OQtobrei 


apdtt  un  peq  plus  de  trois  mois  de  mlnist^re,  IfSS  aulres 
ministres  se  retir^rent  Element,  k  Texceplion  de  M.  PersU, 
qui  se  montra  dispose  k  s^entendre  avec  le  tiers  parti^  au- 
qud  la  retrdte  du  cabinet  Idssdt  le  champ  libra;  car 
MM.  de  Broglie  et  Mol^  avdent  renonc4  a  en  composer  un 
nouveau ,  apres  quelques  tentaUves  hiCructueuses.  M.  Du- 
pin,  auprte  duqud  M.  Perdl  ddt  venu  prendre  oonseil, 
refuse  le  pouvoir  pour  lui-meme,  d  dtei^a  les  noms  qui 
form^rentleminist^  du  10  noveiubre,  appeie  le  ministhre 
des  trois  jours  C^tait  le  duo  de  Bassano ,  president  do 
conseil  et  ministre  de  rinterieur;  M.  Charles  Dupia  k  la 
marme,  le  g^nerd  Bernard  k  la  guerre,  M.  Passy  aux  fr- 
nances,  Teste  aux  travaux  publics ;  M.  Sauid,  qui  avdt 
lait  son  dd)ut  a  la  tribune  lors  de  rouverture  de  la  sesdon, 
au  mois  dejuiUd,  ^tdt  d^lgnd,  q unique  absent,  pour  le 
INirtefeuille  de  rinstruction  pnblique;  enfin  M.  Bresson, 
ministre  pienipotentidre  k  Berlin,  devait  avoir  les  aftaires 
dtrang^res.  Bleu  que  le  roi  s*applaudtt  en  lui-meme  d'avdr 
edifi^  un  cabinet  d  inoffensif ,  le  public  ne  voulut  jamais 
croure  k  sa  r^alit^ ;  d  il  paratt  que  ses  membres  eux-m6mes 
ne  comptaient  pas  sur  une  longue  durte ,  car  un  d'eux , 
M.  Charles  Dupin,  avail  demande  k  conserver  aa  place  de 
mcnibre  du  consdl  d*amiraut4,  aux  appointements  de 
30,aoo  Irancs.  Le  due  de  Bassano  s^occupdt  d^une  d<^iara* 
lion  de  principes,  dans  laquelle  il  annoncait  rintention  de 
restaurer  la  revolution  de  Juilld  :  U-dessus,  M.  Persil  d^ 
clara  quMI  n*avdt  eonsenti  k  rosier  dans  le  minlslere  qu> 
la  condition  que  le  systdne  ne  serait  pas  change.  Ce  cabinet 
etait  use  avant  d*avdr  toucli6  le  pouvdr. 

Le  13 ,  les  ministres  dlnaient  dies  M.  Dupia,  president 
de  la  chambre  j  dans  la  soiree,  assez  lard,  MM.  Teste  eft 
Passy  envoyerent  leurdemisdoaau  roi ;  die  toi  annoncee  le 
soir  roeme  dans  le  Messageri  mds  le  iendemaui  un  jour- 
nal du  matin  la  dementi!.  Cependant  le  due  de  Bassano  avait 
pris  seul  son  minist^re  au  serieux ,  et  U  trnvaillait  gravfr- 
ment  k  sa  df^aralion  de  principes  :  le  rai  fnt  oblige  de  Tine 
former  que  tous  ses  ooliegues  avaient  donne  leur  demission. 
Le  IS  tous  les  andens  ministres  avaient  repris  leurs  port^ 
feuilles.  Aind  fut  constate  Tavortemenl  du  tiers  parti* 
M.  Dupin  fit  une  fkute  grave  en  d<^ieguant  ses  lieutenants 
pour  s^mparer  du  pouvoir,  au  lieu  de  leur  donner  un  g<^ne- 
rd  en  chef;  c*etait  trailer  la  France  un  pen  trop  en  parterre 
di*  province  que  de  lui  envoyer  des  doublures.  M.  Dupin 
donna  beau  Jeu  &  ses  adversdres,  qui  le  roirent  an  den  de 
prendre  le  pouvoir;  ils  tirirent  avantagade  son  rdus,  et  en 
eondurent  qu'il  ne  se  sentdt  pas  propre  aux  affaires,  lis 
alieguaient  la  roobflit^  de  son  caracl^re,  son  gofit  pour  les 
boutades,  et  la  difOcuIte  qu'il  aurait  k  vivre  en  bonne  in 
tdligence  aveo  des  oollegues.  Cependant  un  tieu  plus  tard, 
lors  de  la  disctissioa  relative  k  Tordre  du  jour  motive  sur 
le  sens  de  Tadresse  de  1834,  M.  Dupin,  k  qui  Ton  reprochdt 
d'avdr  reouie  devant  le  pouvdr,  declare  sdenndlement  k 
la  tribune  quMl  etait  pret  k  entrer  dans  Id  midst^re  donne, 
Il  la  seole  condition  qu'U  y  aurait  une  pr^idence  rMU. 

Le  cabind  doctrinaire  s*etait  reconsUtue  sous  Upreddence 
du  marechd  Mortier,  nomme  on  mdne  temps  ministre 
de  la  guerre  le  18  novembre.  Le  ministere,  qui  etait  reste 
sons  le  ooup  d'une  phrase  equivoque  de  Tadresse  k  Toui- 
verture  de  la  session ,  comprit  la  faute  quMl  avait  faite,  d 
demanda  des  explications  sur  le  snns  des  passages  ambigus 
qu'on  avait  tonmes  contre  lui.  ^tienne  accusdt  les  dodri- 
ndres  d'intrigue,  d'ambition  d  d'inconsequence.  M.  Guizot 
demands  k  la  diambre  de  resondre  la  question,  en  repon- 
dant  d  die  prddt  son  oonoours  an  systdae  du  ministdi) : 
M.  Thiers  presenta  ses  coU^oes  d  lui  oooune  des  ministres 
de  la  resistanoe  Aprte  une  longue  d  vive  diseussion,  I'nr- 
dre  du  jour  motive  fut  adopie  en  ces  termes  i «  La  chambce, 
satisfaite  des  explications  enteadues  sur  la  politiqne  suivie 
par  le  gouvemement,  et  n'y  trouvant  rien  que  de  confonpe 
aux  principes  exprimes  dans  son  adresse ,  passe  k  Vordre 
du  jour.  »  Certes,  il  n*y  eut  jamais  de  presidence  moins 
r^Ue  qua  ceUe  du  pauvre  uMTMial  Morlier ;  la  nction  etad 

87. 


693 


FRANCE 


par  trap  tnnsparente.  Aa  bout  de  trois  mois  sa  candear  8*eii 
lassa,  et  il  donna  le  20  f^Tiier  1835  sa  d^miMion  de  presi- 
dent da  coiucQ ;  pais ,  le  30  avril ,  il  o6da  le  portefeaille  de 
la  guerre  an  marshal  Maison.  L'amiral  Diiperr^  avait 
ete  pr^cMeminent  appel6  k  la  marine.  MM.  Thiers  et  Guizot 
avaient  d^  Tan  et  Tautre  dans  la  chambre  une  qombreuse 
clienttie ,  qui  lear  assurait  une  influence  pr^pond^rante  : 
leur  union,  en  fUsant  contre-poida  k  la  Tolont^  royale,  ^tait 
on  obstacle  au  gonvemement  personnel.  Dte  lors  on  tra- 
Taillait  a  les  diviser,  afin  de  les  dominer  Tun  par  Tautre. 
Un  minist^  parlementaire,  c*e8t-ii-dire  qui  puisait  sa  force 
dans  rassentiment  des  chambres ,  ne  poavait  a?oir  ks  sym- 
pathies du  chftteau.  Sur  ces  entrefaites  parut  une  brochure 
de  M.  Rcederer,  ayant  pour  objet  d'exalter  la  pr^rogatiye 
royale.  Cette  brochure,  accueillie  arec  enthousiasme  par  la 
cour,  produisit  un  elfet  tout  oontraire  chez  les  hommes  po- 
Utiques.  D^J^  commen^it  k  se  former  un  parti  parlemen- 
taire ,  r^clamant  la  sincerity  da  gouyemement  repr^sentatif ; 
on  faisait  rerivre  la  maxime  :  Le  roi  rigne  et  ne  gouveme 
pas,  F  on  f  ride,  qui  ne  correspondait  pas  encore  ayec  le  roi, 
attaqua  vigoureusement  les  pretentions  mises  en  avant  par 
M.  Rcederer.  Quelqurs  d^put^,  particuiiirement  atfid^s  k 
M.  Guizot,  se  montraient  disposes  k  les  combattre. 

La  Yacance  de  la  pr^idenoe  du  conseil,  par  suite  de  la 
dtoiission  da  marshal  Mortier,  atait  amend  une  erise  mi- 
nist^elle,  que  le  roi  ne  se  pressait  pas  de  finir.  Des  reclama- 
tions picnniaires  de  la  Russie,  qui  n'dtaient  nullement  fon- 
dles, ayant  ete  portdes  devant  la  chambre,  M.  de  Rigny, 
charge  du  portefeuille  des  affaires  etrangires,  s'dtait  trouye 
insurfisant  pour  traiter  la  question ;  M.  Thiers  Pavait  etudito 
et  avait  Joud  le  rOle  de  son  coU^ue.  Mais,  pressentant  oix 
etait  le  danger  rdel  poor  le  ministire,  il  se  mit  d'accord 
avec  M.  Guizot,  et  accepta  la  prdsidence  du  due  de  Broglie, 
qui  rentra  comma  chef  du  conseil  et  ministre  des  affaires 
etrangires,  le  12  mars  1835.  M.  de  Broglie,  avec  ses  iddes 
arrfitees,  avec  sa  rectitude  de  raison  aussi  peu  flexible  que 
sa  droiture  de  caraclire,  etait  peut-^tre  IMiomme  que  le  roi 
redoutait  le  plus,  et  pour  lequel  il  dprouYait  le  moins  de 
sympathie.  Sa  rentrde  ftit  la  rdponse  de  la  chambre  an  ma- 
nifeste  de  M.  RoBderer.  Une  des  conditions  du  retour  de 
M.  de  Broglie  etait  n^cessairement  la  resurrection  du  traite 
des  15  millions  reclames  par  les  ]£tats-Unia  d^Amerique. 
Halgre  les  fanfaronnades  du  president  Jackson  et  ies  tripo- 
tages  de  bourse  dont  la  question  s^etait  compUquee,  la  lot 
fot  Totee,  le  18  aTTil  1835,  par  289  voix  contre  137. 

La  connaissance  des  evenements  d*aYril  ayaltete  deferte 
k  la  cour  des  pairs.  LMnstruction  dora  plusieun  mois.  L'op- 
position  s'attachait  k  demontrer  fimpossibilite  du  proems; 
et  die  objectait  niiegalite  do  reuToi  derant  la  chambre 
des  pairs.  Un  article  Tiolent  da  National  sur  IMncompe- 
tence  de  la  cour  des  pairs  fit  tradnire  le  gerant  de  oe  joonial 
doTant  la  chambre.  11  oomparut  le  15  decembre  1834,  et 
Carrel,  alors  en  prison,  Tint  le  defendre.  C^est  Vk  qull  evo- 
qua  Pombre  du  maredial  Ney  d^nne  manliresi  terrible  pour 
ses  joges.  Le  gerant  du  National  fut  oondamne  k  deux  mois 
de  prfaK>n  et  10,000  francs  d*amende.  Girod  de  I'Ain  pre- 
ienta,  au  mois  de  novembre  1834,  son  rapport  sur  les  ere- 
nements  d'avrfl.  Les  debats  s^ouvrirent.  au  Luxembourg  le 
ft  mai  1835.  Une  nouvelle  salle  d'audience  arait  ete  cons- 
tniite  poor  les  beaoins  du  procte.  II  restait  encore  121 
accuses.  L'accosation  etait  soutenue  par  M.  Martin  (du  Nord), 
procureur  general,  asslstedeMM.  Plougoulm, Frank-Carre, 
Cbegaray  ft  Latonmelle.  Des  121  prerenus,  68  repondirent 
anx  questions  du  president;  les  autres,  notamment  oenx  de 
Paris  et  de  LuneTille,  declfaiirent  la  oompeienoe  de  la  oour 
des  pairs,  et  demandteent  k  etre  aulstes  de  defenseurs  de 
lenr  choix.  La  cour  repoussa  la  demande  des  accuses.  II  en 
lesulta  des  setees  de  Tiolenoe  et  de  tumnlte  indescriptibles. 
Le  12  Jnillet,  Tingt-holt  des  prindpanx  accuses  s'eraderenl 
de  Sainte-Peiagie.  La  peine  la  plus  serere  prononcee  par 
la  conr  des  pdbs  ftit  la  deportation;  elle  atteignit  dix-neof 
•censes.  Ce  proete,  poaniilTi  et  acbeTe  k  tnytxs  tant 


d'obstades,  porta  un  coop  dedslf  an  parti  repobiicain,  4 
le  decrMita  moralement  par  les  excte  de  qodquea  dena- 
gogues  absurdes.  La  Tribune,  suspendue  le  13  aTril  1834, 
aTait  reparu  le  11  aoOt;  elle  cessa  definitlTement  de  paraltre 
le  12  mai  1835.  C*etait  le  drapeau  de  llnsorrectioD :  sa  chute 
annon^ait  repuisement  dn  parti ;  elle  avait  suIm  cent  ont 
poursoites,  des  amendes  poor  157,000  francs  et  <iaaranle- 
neuf  annees  de  prison. 

Depnis  cinq  annees,  pendant  lesquelles  le  Booveaii  r^ime 
travaillait  k  s'asseoir,  i'esprit  d*agitation  et  de  tort>aleooe, 
qui  s'etaH  d*abord  exhale  en  emeutes,  s^etait  traduit  eosmle 
en  insurrections  et  en  guerre  dTile ;  il  aUait  finir  par  descrima 
isoies  et  par  des  tentatiyes  d'assassinat  Dte  les  demiers  OMii 
de  1834  et  les  premiers  de  18S5,  divers  (aitsanxquels  on  nedoa- 
na  pas  de  publicite  reTeiaient  des  pensees  de  regicide.  Un  aa- 
cien  soldat,  pour  avoir  nourri  de  tels  projets  de  meortre,  avait 
ete  cnvoye  au  Senegal ;  un  autre  mililave,  nomm^  Jomard, 
traduit  en  courd*assises  le  21  septembre,  fut  acquitte,  rea- 
▼oye  k  son  corps,  et  joge  comme  deserteor.  Pendant  toot 
le  mois  de  jnillet  1835,  de  sinistres  rumeurs  drcolaient  daas 
Paris;  le  complot  de  Neuilly,  trame  pour  faire  p^rir  le  roi 
dans  le  trajet  des  Tuiieries  k  la  campagne,  y  donnait  de 
la  consistence.  Une  revue  de  la  garde  nationale  derail  avoir 
lieu  le  28  jufilet  :  la  veille,  dans  la  soiree,  one  revdlation 
faite  au  commissaire  de  police  Dyonnet  donnait  dea  deiaib 
assez  ciroonstancies,  mals  insulflsants  et  enveloppes  d*obi- 
curites,  sor  un  projet  d'attentat  qui  devalt  eclaler  sor  ks 
boulevards,  k  la  hauteur  de  TAmbigu  :  on  supposait  on  sou- 
terrain  creuse  sur  la  route;  des  perquisitlona  faites  sor  le 
boulevard  Saint-Martin  d'aprte  ces  indications  donnerentis 
change  k  la  police.  Le  28,  le  roi,  accompagne  de  ses  fits, 
de  plusieurs  ministres  et  d*un  nombrenx  etat-major,  avail 
fhinchi  le  boulevard  Saint-Martin,  et  une  moitie  da  boole- 
vard  du  Temple,  lorsqne  dhme  fenetre ,  restee  jasque  1^  coo- 
verted'unejalou8le,partuneterrlbledetonatlon,aeoonipagDfe 
d'une  grele  de  mitraille,  qui  frappe  mortdlement  k  oOie  da 
roi  de  nombreuses  vicUmes ,  dont  la  premiere  etait  le  ma- 
rechal  Mortier.  AussitOt  la  maison  est  envahie  par  la  Cone 
armee ;  on  saisit  sur  le  toit  d*une  maison  voisine  le  meor- 
trier  defigure  par  des  plaies  sanglantes  :  c'etait  Fiescbl 
On  arreta  peu  apr^s  Bolreau,  ouvrier  en  bron3e ;  Morey, 
arrete  une  premiere  fois,  fut  d'abord  rdaxe.  Un  mandat 
fbt  lance  contre  Pepin,  qui  tenait  un  magasin  d*e|Nceries  k 
rentrto  du  faubourg  Saint- Antoine,  mats  11  ayait  dispam; 
oe  fut  plus  tard  qn'on  mit  la  main  sur  lui.  L^stniction  d 
les  debats  etablirent  que  Pepin  avait  eu  dea  relations  M- 
qnentes  avec  Fieschi ,  qu*il  lui  avait  foumi  de  Targent  poar 
construire  sa  machine  infemale,  et  qu'il  connaissait  rosago 
criminel  auquel  elle  etait  destinee.  Morey,  ouvrier  boone- 
lier,  laborieux,  d*une  conduite  sage,  mais  vieux  republicaiB 
k  convictions  inflexibles,  avait  aussi  pris  part  ao  oomplot; 
fl  avait  charge  les  canons  de  fusil  et  donne  aslle  k  la  coo- 
cubine  de  Fieschi.  Enfin,  Boireau  avait  eu  oonnaiasance  da 
projet  d'attentat,  et  la  veille  de  la  revue  il  etait  paasei 
clieval  sur  les  boulevards,  devant  les  fenetres  de  Fieschi, 
pour  lui  donner  les  moyens  d'ajuster  sa  machine  et  d*j  den- 
ner  rinclinaison  la  plus  meurtriere. 

Le  5  aoOt  eorent  Hen  aux  Invalides  les  ftuerailles  dsi 
victimert,  au  nombre  de  quatone,  parmi  lesquelles  on  oomp- 
tait  one  jeune  fiUe  et  un  maredial  de  France.  Ce  qoi  frappa 
plus  encore  que  la  pompe  de  cette  triste  ceremonle,  ce  M 
llnsolence  du  diseours  que  Tarcheveque  de  Paris,  M.  de 
Queien,  adressa  an  roi  eneette  occasion.  Les  debats  do 
proces  8*ouvrirent  le  80  Janvier  1836.  Ce  fot  on  aflUgeaBl 
spectacle  de  vofar  les  complaisances  de  la  pairie  poor  oa 
miserable  td  que  Flesdd,  dont  la  vanite  n'apercevalt  daas 
les  seances  de  la  cour  des  pairs  qu*une  occasion  de  se  doa- 
ner  de  I'importanoe;  ses  lazzis  impodents  et  ses  rodouMM- 
tades  de  saltimbanque  exdtalent  des  rires  appiotiateiirs  daas 
rauditoire.  Par  un  triste  contraste,  Pepin,  que  les  declara- 
tions de  Fieschi  conduisaient  k  rediaraud,  nontrait  une 
posillanimlte  dilBdle  ik  ooncevoir ;  il  semMait  parfbis 


FRANCE 


693 


de  fiOQ  McablMiMnt  poor  rtpondre  am  attaques  de  son 
adTenaire;  U  oomroeDfaH  una  phrase,  sans  pourof r  Tache- 
Tcr,  et  tt  letombait  sar  son  banc,  comme  ^pois^  par  ce  seul 
effort.  MoroY  aeul  gardait  una  attitude  impassible,  sans 
Jamais  rteriminer,  sans  montrer  on  signe  de  faiblesse ,  sans 
pronoDcer  une  parole  de  ooi^.  Le  ib  f^Trier,  un  arr^t 
de  la  COOT  des  pairs  condanma  Fieschi  li  la  peine  des  parri- 
eldes,  Moray  et  Pepin  4  la  peine  de  mort,  Boirean  k  vingt 
ans  de  detention.  L'extotion  eut  lieu  le  19. 

L'attentat  de  Fieachi  avait  soulerd  on  sentiment  oniversel 
d'lndigDation.  Des  Toix  s*61eT^ent  pour  demander  des  me- 
aares  I^tslatives  assez  Tigonreiises  pour  enehalner  les  pas- 
sions maifaisantes  et  ponr  r6primer  les  prorocations  de  la 
presse.  Les  ministres  s'empressiient  de  profiter  de  la  sto- 
peur  gto^ale  pour  armer  le  ponyoir  d^on  ensemble  de  me* 
sures  exceptionnelles,  connues  depuis  sous  le  nom  de  lots 
de  teptembre.  On  leur  reprocha  d'exploiter  I'attentat  de 
Fieschi  coutre  les  liberty  ptibliqnea,  oomme  les  ultra,  sous 
la  Restanration ,  avaient  exploits  I'attentat  de  Louvel,  en 
disant  que  le  due  de  Berry  avait  HA  poignardii  par  une  idte 
liberate.  L^intention  avou^  ^it  de  ponnroir  k  la  sOret^  du 
clief  de  n^t,de  rendre  la  justice  plus  prompte  dans  son 
action  et  plus  ^nergique  dans  ses  yengeances,  de  rousder 
la  presse,  de  placer  la  personne  du  rol  et  la  monarchic  cons- 
tltutionnelle  au-dessus  de  toute  discussion.  Qoelque  n^ces- 
!»aires  que  fussent  alors  des  mesures  de  repression ,  on  ne 
peut  nier  que  ces  lois  ne  portent  Temprdnte  des  passions 
du  moment;  elles  sont  marquees  d^un  caract^re  de  colore 
et  de  Tiolence.  A  travers  les  dispositions  les  plus  dures  et 
les  plus  implacables  du  syst^me  d'lntimidation  exalte  alors 
par  M.  Guizut,  on  sent  une  impuissandede  repression  mo- 
rale,  et  c'est  comme  en  ddsespoir  d*agir  sbr  les  esprits  que 
la  )oi  recoort  an  frein  materiel,   par  I'exageration  des 
amendes  et  de  la  prison.  Au  reste,  le  mintst^  ne  s'abusait 
pas  sur  rhnpopularite  que  ces  lois  devaient  faire  rejailiir 
sor  lui.  An  moment  de  les  presenter,  M.  le  due  de  Broglie 
dit  au  roi  :  «  Sire,  ToiU  Tensemble  des  mesures  que  nous 
jugeons  n^cessaires  an  saint  de  la  monarchie,  dans  IMtat 
actod  de  la  France.  Mais  nous  ne  devons  pas  tous  dissi- 
moler  que  des  discussions  de  la  nature  de  celles  que  ces  lois 
▼ont  soulever  usent  promptement  un  minist^.  Nous  deyons 
done  consdller  k  Yotre  Majesty  de  songer  dte  k  present  au 
choix  des  hommes  qui  defront  nons  remplacer,  et  dans  ce 
cas  je  ne  yois  pas  d'autre  mhiisttoe  possible  que  celui 
de  M.  Dupin.  >»  A  quo!  le  roi  r^pondit :  «  Aussi  yous  yoyez 
que  je  re^is  egalement  bien  tout  le  monde.  • 

Cependant,  rann^e  1836  s^ooyrit  ayec  tontes  les  appa- 
rences  d'nn  calme  profond.  Aprte  le  procte  d'ayril ,  apr^ 
Tattentat  de  Fieschi  et  le  yote  des  lois  de  septembre,  toute 
agitation  s'apaJse,  l^esprit  rdyolntionnaire  est  dompt^;  tont 
se  tait  antoar  du  trtae.  L'impopularite  pr^yue  par  les  mi- 
nistres ne  leur  ayait  pas  roanqu^;  roais  Tunion  qui  r^gnatt 
cntre  eax  faisait  leur  force,  et  deyant  les  cbainbres  et  yis-ii-yis 
da  roi.  Quelle  que  fftt  la  diyersite  des  points  de  depart 
de  MM.  Thiers,  de  Brof^  et  Guizot,  ils  ayaient  lutte  en- 
semble pour  la  consolidation  d'nn  m^me  syst^e  politique, 
ils  s^etaient  engages  snr  les  mdmes  questions  :  il  y  ayait  soli- 
darity entre  eux.  Une  telle  intimity  laissait  peu  de  place  au 
gouyemement  personnd.  M.  de  Broglie  surtout,  par  sa 
mani^re  peremptoire  de  poser  les  qnestions  et  de  les  tran- 
cher,  etail  pen  agr^able  au  rol.  Aussi  les  Tamiliers  de  la  eour 
ae  plaisaient-ils  k  faire  entendre  que  sa  roideur  froissait  la 
dlplomatie  etrang^re.  Fn  mame  temps  on  trayaillait  k  dr- 
conyenir  M.  Thiers,  k  caresser  son  ambition,  et  k  lui  sug- 
g^rer  des  ynes  propres  a  le  detacher  peu  k  peu  de  ce  trium- 
▼Irat  redoutable.  On  cultivaK  soigneooement  tons  les  germes 
de  Hyalite  entre  iui  et  M.  Gnizot,  on  semaif  les  defiances. 
Ayant  youlu  faire  un  yoyage  4  Lille,  aucun  de  ses  ooll^ues 
doctrinaires  ne  consentit  k  se  charger  de  VintMm, 

Tontes  ces  petites  intrigues  minaient  sourdement  le  ca- 
Itinet  du  11  odohre:  11  ne  fallait  plus  qn*une  occasion  pour 
le  dissoadre.  Ce  ftot  M.  Ilutnann  qnl  la  fit  nattre.  Le  14  jan- 


yier  1836,  en  presentant  le  budget  k  ia  chambre,  le  ministre 
des  finances  dedara  que  le  moment  etait  favorable  pour  rd- 
duire  IMnteret  de  la  dette  publique  et  operer  la  conyersion 
du  dnq  pour  cent.  M.  de  Broglie,  president  du  consdl,  ne 
put  s'empecher  de  temoigner  sa  surprise  et  son  meconten- 
tement  de  yoir  une  question  si  graye  tnise  en  avant  par 
M.  Humann  ayant  mfime  d'en  avoir  conft^re  avec  ses  col- 
legues.  M.  Augustin-Giraud  annon^  des  interpellations  k 
oe  sujet  pour  le  18  jauTior :  ce  jour-U  le  Moniteur  annon^a 
le  remplacement  de  M.  Humann  par  M.  d*Argout  M.  Hu- 
mann ne  fit  k  la  tribune  qu'une  reponse  embarrassee.  M.  Au- 
gnstin  Giraud  insistant,  M.  de  Broglie  repondit .  «  On  nous 
demande  si  le  minist6re  est  dans  Tintention  de  proposer 
la  conversion  :  je  reponds  :  Non.  Est-ce  dair?  »  Lk- 
dessus  M.  Gouin  prit  Pinitiative  d'une  proposition  formelle 
ponr  la  reduction  de  la  rente,  et  la  devdoppa  le  4  fevrier  : 
die  fht  appuyee  par  M.  Passy,  et  combattue  par  M.  Thiers, 
qui  demanda  rajoomement  MM.  Humann,  Berryer,  Sauzet, 
Dufaure,  sootinrent  la  proposition,  et  le  lendemoin,  5,  Pa- 
joumement  fut  repousse  k  deux  voix  de  m^orite.  A  Tissue 
de  la  seance,  M.  de  Broglie  donna  sa  demission,  et  tous  ses 
coliegnes  rimiterent.  On  remarqua  que  plusieurs  familiers 
du  chateau  avaient  vote  en  cette  occasion  conire  le  cabinet. 
On  suppose  que  M.  Humann,  en  jetant  dans  la  chambre  ce 
brandon  de  discorde,  avait  obei  k  qudques  suggestions  se- 
cretes. II  est  certain  que  le  rol  se  sentit  soulage  lorsque 
Taccord  des  principaux  personnag^  politiques   qui  com- 
posaient  le  mioistere  eut  ete  rompu.  Un  premier  sujet  de 
desunion  se  manifesta  entre  MM.  Thiers  et  Guizot  k  propos 
des  pretentions  du  dernier  k  la  presidence  de  la  chambre, 
sans  que  son  anden  coliegue  en  edt  ete  informe  directe- 
ment.  On  mit  en  jeu  Tamour-propre  de  M.  Thiers,  en  lui 
disant  que  Topinion  publique  ne  le  jugeait  pas  de  force  k 
soutenir  un  ministere  sans  le  concours  des  doctrinaires : 
son  ambition  etait  railiee  par  M.  Piscatory,  un  des  affides 
de  M,  Goi^t.  Mis  au  defi  de  former  un  cabinet,  il  prit  son 
parti,  et  le  22  fevrier  parut  Tordonnance  qui   nommait 
M.  Thiers  president  du  conseil  et  ministre  des  affaires  etran- 
g^res,  M.  de  Montalivet  ministre  de  Tinterieur,  M.  Sauzet 
k  la  justice,  M.  Passy  an  ministere  du  commerce  et  des 
travaux  publics,  M.  le  marechal  Maison  ik  la  guerre,  Tamiral 
Duperre  k  la  marine,  M.  d^Argont  aox  finances,  et  M.  Pdet 
( de  la  Lozere )  k  rinstruction  publique. 

Une  premiere  epreuve  attendail  la  nonvdle  administra- 
tion devant  la  chambre  :  c'etait  la  discussion  de  la  propo- 
sition Gouin.  11  etait  difficile  qn6  la  cliambre ,  qui  I'avait 
prise  en  consideration ,  consentit  k  se  dejuger.  M.  Thiers , 
qui  refusal  t  de  Tadmettre,  en  obtint  du  moins  Tajoume- 
ment,  et  s*engagea  k  presenter  Tannee  suivante  un  projet 
de  reduction  ^  4  p.  100.  Une  loi  de  douanes  preparee  depuis 
longtemps  par  M.  Thiers  fut  presentee  par  M.  Passy  :  die 
apportait  qudques  legires  modifications  au  prindpede  prohi- 
bition absolue,  at  fht  defendue  avec  babtlete  par  les  deox 
ministres.  La  vieille  majorite  avait  d'abord  con^u  qudques 
defiances  k  l^avenement  de  M.  Thiers ,  qui  venait  avec  I'appui 
du  tiers  parti.  Les  inepuisables  ressonrces  d*esprit  qnll 
montra  dans  cette  session  lui  rallierent  cette  nugorite. 

Le  25  join  1886  eut  lieu  une  nouvdle  tentative  d'assas- 
sfaiat  contra  le  roi.  Le  conpable  etait  All  baud.  A  cdte 
occasion  encore,  I'archeveque  de  Paris,  adressant  au  roi 
son  langage  mystique  assaisonne  d'insolence ,  appela  la  ten- 
tative meurtriere  une  seeonde  visile  de  la  Providinee, 
Le  proces  s'ouvrit  le  8  juUiet  devant  la  cour  des  pairs.  Con* 
damne  le  9  juillet  k  la  pdne  det  parriddes,  il  fut  execute 
le  11. 

Le  cabinet  du  22  fevrier  n^etait  pas  parfUtement  homo- 
g^e.  M.  Thiers,  apris  une  etroite  union  avec  la  politique 
et  les  hommes  du  I'l  octobre ,  s^etait  separe  d^eux ,  et  avait 
trouve  un  pofait  d*appui  dans  le  centre  gauche ,  aupris  du 
tiers  parti.  A  cette  nuance  appartenaient  trois  de  ses  cd- 
l^gties,  MM.  Passy,  Sauzet  et  Pdet  (de  la  Lozere).  M.  PeleC 
^de  la  Lozere),  esprit  cahne,  admhiistrateor  experimente  et 


694 


FRANCE 


circonspect,  prdtait  &u  prudent  du  conseil  uq  eoneoars 
loyal  et  sans  arridre-pens^  M.  Passy,  homme  k  coavic- 
tions  smc^res,  avail  des  idte  arr^t^  sur  certaines  ques- 
tions d'od  poovaient  naltre  des  difticuU^ ;  il  6lait  contraire 
k  la  conservatioo  d' Alger,  el  Toulail  la  conversion  des  renles, 
dont  M.  Thiers  ne  voulalt  pas.  Quant  k  M.  Sauzet,  d^lais- 
sant  son  point  de  depart  l^itimisle,  il  ^il  devenu  doctri- 
uaire,  en  passant  par  le  tiers  parti.  Aprte  avoir  parl^  en  fa- 
veur  de  Tamnistie,  il  avail  conclu  contre;  apr^  avoir  atta- 
qu6  le  mfnist^re  du  11  ^ctobre,  il  s'^tait  fait  le  rapporteur 
complaisant  des  lois  de  septembre;  on  ne  pouvail  attendre 
de  lui  nulle  consistance  dans  les  vues  :  aussi  le  pr6iident  da 
conseil  le  traitait-il  sans  cons^uence;  et  inform^  un  jour 
de  qiielques  paroles  indiscr^tes  qu'il  avail  l&cb^  sur  Tin- 
lervention  en  Espagne,  11  disait :  «  Qu^on  fasse  venir  le  garde 
des  sceauxl  »  Sur  quoi  le  garde  des  sceaux  ae  rendit  buni- 
blemenl  k  Tordre.  M.  d*Argoul,  qui  avail  one  certaine  ha- 
bilet6  pratique  en  administration,  ^tait  tout  pr6t  k  remplir 
les  grandes  utility  dans  tout  cabinet  qui  voudrait  bien  Ten- 
gager.  Le  mar^cbal  Maison  et  I'amiral  Duperr^  avaient 
appartenu  au  pr^c^ent  minist^re.  EnGn,  M.  de  Montalivet, 
charge  du  portefeuille  de  Tint^rieur,  dtait  la  garantie  du  roi 
dans  ce  nouveau  cabinet;  lui  seul  avail  la  penste  secrete, 
et  de  1^  devail  parlir  r^6ment  dissolvant. 

C^est  dans  les  questions  ext^rieures  que  se  rencontraienl 
les !.' '  nfipalesdiflicult^.Cracovie,  clefde  iaGallicie  etde 
la  fiL't  ^ioy  d^clar^e  ville  neutre  par  les  traits  de  181  i ,  avail 
6t^  occupy  en  violation  flagrante  de  ces  traits  par  les  Au- 
Iricliicns,  les  Prussiens  et  les  Busses,  sous  pr^texte  d'ex- 
puUer  tons  les  r^fugi^  du  territoire  de  la  r^publique.  Le 
projet  d'occupation  ayant  €t&  communique  k  M.  de  Broglie 
dans  les  premiers  jours  de  i^vrier,  lorsqu*il  quittail  le  mi- 
nis!^, ii  dut  se  borner  k  recevoir  la  communication.  Le 
9  fevtier  le  s^nat  de  Cracovie  re^ut  U  sommation  d'expul- 
ser  les  r^Aigi^s  dans  le  d^lal  de  huit  jonrs ;  et  le  17  les 
soldats  autricbiens  entr^rent  dans  Cracovie.  Cette  violation 
des  Irait^s  6tail  une  in&ulte  k  la  France  et  a  TAngleterre  : 
cependant  le  gouvernement  fran^is  ne  flt  aucune  remon- 
trance.  M.  Thiers,  arrive  au  minist^re  le  22,  trouva  chez 
le  roi  un  parti  pris  de  laisser  faire  sans  s'^mouvoir.  Dans  le 
Iiarlemenl  anglais,  de  vives  interpellations  furent  adress^cs 
aux  ministm;  maia  sans  le  conoours  de  la  France  lord  Pal- 
merston  ne  se  croyait  pas  en  mesure  de  faire  entendre  un 
langage  mena^ant  II  d^dara  que  Tentrto  des  Autricbiens , 
des  Prussiens  et  des  Russes  k  Cracovie  lui  paraissait  une 
violation  flagrante  des  traits ;  mala  aucune  mesure  ne  vint 
appnyer  cette  d^laration.  Le  moyen  le  plus  eflicace  de 
contre*balancer  le  triompbe  de  la  samte-alliance  k  Cracovie 
eflt  ^6  pour  la  France  et  TAngleterre  de  resserrer  leur  al- 
liance el  dlntervenir  en  fispagne.  Les  progr^  de  Finsur- 
reclion  Carlisle  faisaientd^airer  k  I'Anglelerre  Tintervention 
frauQaiae  dans  la  P^insule.  Mais  le  roi  6tail  encore  moins 
dispose  qu'en  1834  k  y  consenlir.  Lord  Palmerston,  k  qui 
Talleyrand  gardait  rancude  pour  Tavour  fait  attendre  deux 
heures  dans  son  antidiambre,  etait  represents  comme  un 
dandy  politique,  qui  portait  dans  les  affaires  ua  esprit  brouil- 
Ion  et  une  activite  Iracassiere.  11  invita  la  France  k  coope- 
rer  avec  PAngleterre  au  salut  de  TCspagne  en  occupant  le 
port  du  Passagie,  Fontarabie  el  la  valine  de  Bastan.  M.  Thiers, 
pour  sorlir  d^ennbarras,  avail  Imagine  de  substituer  k  I'inter- 
^eoUon  direct  le  principe  de  coop ^ra/ ion,  qui  consis- 
tait^  porter  la  ligion  itrangtrek  12,000  hommes, 
et  k  la  faire  commander  par  uo  ofilcier  su[ierieur  fran^is. 
Cette  legion,  qui  s'etalt  reeruUe  prindpalement  dans  le 
corps  d*observation  du  general  Harispe ,  allait  francldr  les 
Pyrenees,  lorsque  eclaterent  en  Espagne  lea  evenements  de 
la  Granja,  ou  le  Staiui  royal  fut  aboli  et  la  constitution 
de  1812  proclamee.  Le  roi  vit  dans  ces  fails  un  motif  suf- 
fisaut  pour  relirer  le  consenteroent  qu'il  avail  donne,  avec 
quelque  peine,  k  la  cooperation,  M.  Thiers  pensail  qu'iis 
|)Ouvaieul  etre  une  raison  pour  difl^rer  renvoi  des  secours, 
uiais  noil  pour  refuser  toiite  assistance :  U  avail  com|^  c$ 


cette  occasion  sur  to  ooneourt  de  M.  da  ItatalifM,  qi| 
dans  le  conseil  se  rangea  k  un  avia  contralnfti  Bf.  Tliiecia 
n'ayant  pn  faire  prevalotr  son  opinon,  donna  aa  d^^Biiiai<a 
avec  ses  coliegoes,  le  25  aoOt.  II  fut  remplaoe  par  M.  Md^ 
qui  de  concert  avec  M.  Guiaot  torqui  le  cabinet  da  %  aep- 
tembre. 

M.  de  Montalivet  ayant  ameoe  la  cbate  du  2)  fftTricr  ea 
se  rangeant  de  Tavis  du  roi  contre  riaterveutian  ea  Biimbbs^ 
question  sur  laqudla  M,  Mole  avail  oonstamoMol  prolciae 
une  opinion  opposed  k  odle  de  M.  Thiers,  il  paraiMait  aa- 
turd  que  le  chef  du  nouveau  cabinet  otlHt  4  M,  de  Menta* 
livet  de  conserver  le  portefeuille  de  rinterieur.  Mais  M.  Guint 
dedara  sa  pretention  d*obtenir  dans  le  cabinet  me  pat 
d'influence  qui  pOt  balancer  celle  du  president  da  coiisal ; 
et  comma  le  portefeoUle  de  llnierieur  est  un  dea  deux  au- 
nist^res  poliliqoes,  il  le  recUmail  pour  lui-meme  on  pear  oa 
de  ses  amis,  s*il  se  coalentait  de  rinstniction  pabUqac^ 
Apres  quinze  jours  de  negociations,  M.  Mole  cede;  le  por- 
tefeuille de  IMnierieur  fut  donne  k  M.  de  Gasparin,  qui 
M.  de  Montalivet  avail  rempli  les  foactions  da 
taire  d'£tat,  et  ce  dernier  poste  fut  donne  ^  M.  de 
sat.  M.  Duch&ld  aux  finances,  M.  Persil  a  la  jostice,  le  ge- 
neral Bernard  k  la  guerre,  Tamiral  Rosamd  k  la  mariae,  et 
M.  Martin  (  du  Mord  )  au  commerce,  compietaient  le  wk- 
nistere.  Aucune  division  ne  se  manilesta  d'aberd  eatra 
M.  Moie  et  M.  Guizot.  Le  premier  avail  apporte  au  pouvdr 
la  resolution  de  proposer  au  roi  ramnistie ,  dea  qui!  aeral 
possible  de  le  faire  sans  que  ce  grand  actepOt  se  preeeDtv 
aux  esprits  comme  le  desaveu  du  passe,  oomme  oae  eoa- 
cession,  une  faiblesse  envers  aucun  parti.  La  tentative  faite 
k  Strasbourg  par  le  prince  Loois-Napoieon  et  I'aUcntil 
de  Meunier  le  foiterent  d^fljoumer  son  projet  :il  propoa 
memeanz  chambresdenouvelles  Ida  represaivea. 

Charlea  X,  qui  avdt  transporte  sa  petite  cour  de  Pn^M 
k  Goritz  en  Styrie,  moumt  k  la  mftme  epoqoe  (  6  ootcb- 
bre  1836 ). 

Dejit  pendant  la  courta  duree  du  mtnlsiere  du  13  Umm 
avail  commence  k  s*operer  une  transformation  de  la  pretts 
pertodique,  par  la  publication  des  Jottrnatiop  d  bon  marcki, 
Un  homme  k  qui  Ton  ne  peut  refuser  du  mdna  dea  coaeep- 
tions  hardies,  un  rare  esprit  de  reasouroe,  et  beaacoop  da 
perseverance,  avail  eonqiris  que  rabalasemeDtdea  prix»- 
rait  un  moyen  Infaillible  de  multiplier  les  abooaea.  et  qae 
le  deficit  produit  par  le  bon  marche  pouvait  etra  coovert 
par  le  produit  des  annonces.  G*etait  une  revolution  daas  li 
journalisme.  Lebas  prix  devait  neocMairement  amener  oa 
plus  grand  nombre  de  lecteors  k  la  vie  publtque.  Maia,  d*an 
autre  c6ie,  dans  cette  alliance  de  l*industrie  et  de  la  poli- 
tique, la  seconde  devail  finir  inevitablementpar^reaabor- 
donnee  k  la  premiere ; el  quantli  la  Utterature,  il  n*ea  pea- 
vail  plus  etre  question  dans  les  joumaux ,  tout  jiiQeoMil 
devenant  maliere  k  la  specolatien  industridle  et  k  Pappiioa- 
lion  deses  tarifs.  Un  autre  resullat  qu'on  a'avait  paa  previ 
d'abord  a  eie  Tinvasion  du  roroan-feailldan,  q|nl  a  pris 
une  place  demesuree  dans  les  journaux,  el  qui  a  tue  toaH 
autre  literature,  le  point  capital  etant  d'diecber  la  cariosili 
des  lecteurs.  M.  £mileGirardin  et  soneatreprisa  Amal 
allaques  dans  U  Bon  Sens,  par  M.  Capo  de  Feuillida,  d 
dans  Le  Naiional^  par  Armand  Carrd.  Ses  artidea  avaied 
presque  toujours  le  ton  provocateur;  odui  qu'il  avail  paUii 
contre  M.  Eiinile  Girardin  fut  suivi  d*nne  rencontre.  Ledod 
eut  lieu  k  Saint-Mande,  le  22  juilld  1836.  Carrd  fut  bleid 
grievement  4  Tdne,  d  il  expira  dana  la  nuit  du  U  aa  21 
juillet 

Parroi  les  diCQcultea  legueea  an  cabind  du  %  aepleinkfc 
par  le  miaisiere  prt^cedeut*  one  des  plus  fravea  eiait  la 
question  suisse.  I<iolro  ambaasadeur,  M.  de  Montebdb, 
avail  deinande  avec  insiatance  Texpulsioa  de  quelqoes  fk* 
fugles  italiens.  L*espion  Consdl  avail  eU  envoye  de  Parii 
par  une  autre  police  que  celle  du  ministerOi  pour  joiitr  au 
pK»  treux  le  r6le  d*agent  provocateur.  Un  rapport  fut  k 
U  dide  par  MM.  Monaard  cl  Kdler  aor  ConadI  devoita 


FRANCE 


695 


•  r6te  odieui  et  iii^*Mbl«  que  eet  espion  avaU  joa^. 
M.  Mol^  (lit  aburt  sur  le  cotnpte  de  Oonsefl,  comme  M.  Thiers 
Tavait  M  aTant  lui;  on  lui  fit  croire  qne  Consell  avaft  ^t^ 
caloiiiiii^,et  que  nctall^attonsconvraieat  une  trame  ourdie 
oontre  M.  de  Montcbello.  C*est  plos  tard  seulement  qa'il  ap- 
prit  la  y^M;  maia  alon,  h  la  fin  de  septembre  1836,  II  en 
i^tolta  one  rapture  dcs  relations  diplomatiques  entre  la 
France  et  la  Suisse.  La  Suisse  se  trouf ait  ainsi  plac^e  entre 
une  retractation  honteuse  et  les  d^sastres  d*an  blocus  com- 
mercial. L'iodlgnation  y  fut  gto^rale.  La  diftte,  ne  voyant 
pour  sauvegarde  de  rhonneur  national  que  les  cbanocs  d'une 
guerre  imposaJbla,  fit  une  r^nse  pusiUaninie  k  la  note  du 
7  septembre.  Le  gooTemement  fran^is  fit  ssToir  quMI  ^tait 
satisialt;  mais  il  en  resta  un  amer  res^ntiment  dans  le 
casur  des  Suisses.  An  reste,  les  eipiicationsque  cette  afTaire 
proToqua  phis  tard  k  la  ettambre  de»  d^pnt^  en  d^Toil^rent 
les  sources  t^n^breoses.  M.  Thiers,  auquel  on  reprochait 
d*aToir  accredits  Conseil  anprte  de  notre  ambassadeur,  dd- 
Clara  quHl  n'avaU  pas  lofit  su,  et  renvoya  la  responsa- 
Uilit^  k  M.  Gasparin,  qui,  en  balfoutlant,  la  rejeta  sur  M.  de 
MuntaliTet.  Ce  dernier  6crivit  le  lenderoain  une  lettre  arro- 
gante  dans  laquelle  ii  d^ara,  sans  autre  explication,  quMI 
etait  prM  k  r^pondre  de  ses  actes.  M.  Mold  lut  cette  lettre 
k  la  chainbre  le  14  janTier  1837,  et  Ten  n'osa  pas  pousser  les 
iiiTestigations  plus  loin. 

Une  ordonnanee  royaledu  6  oetobre  18.16  onvrit  les  portes 
de  Ham  aux  ministres  de  Charles  X.  MM.  de  Peyronnet  et 
du  Chantelauie  furent  autoris^  k  r6sider  sur  |>arole,  Tun 
A  Monferrand  (  Gironde) ,  et  Fautre  dans  le  ddpartement 
de  la  Loire,  Le  IS  novembre  la  peine  de  M.  de  Polignac 
fut  conunu^  en  Tingtannte  de  banuissement.  M.  de  Guer- 
non-Ranfille  fut  antoris^  k  rfelder  sur  parole  dans  le  Calva- 
dos. M.  Mol^  se  s^parait  ainsi  de  la  politique  de  ses  prd- 
d^cesseurs.  Ces  actes  Miont  un  aclieminement  ii  ramnistic. 
A  rouverture  des  cliambres,  le  27  dtombre,  eot  lieu  une 
quatridine  tentative  d^as;sossliiat  sur  to  rol.  Le  coupable  s*ap- 
pelait  Meunier.  11  Ait  condamnd  k  la  d^rtation,  puis 
grad^  plus  tard,' fin  d*avril  1837.  PrMdemnient,  un  ouvrier 
mteaniden,  nommd  Champion,  avait  ^  ddoouvert  tramant 
un  r^dde :  on  TarrAta,  et  il  s'dtrangki  dans  sa  prison.  Une 
insurrection  avail  M6  tentteli  Vendtoie  par  le  sous-oflicier 
Broyant  Le  ministtee  du  6  septembre  se  pr^ntait  done 
aux  chambresaons  de  tristes  auspices.  Deox  tentatives  d^as- 
Mssinat  sur  la  penonne  du  roi  dans  IMntervalle  d'une  ses- 
sion k  Tautre,  l*imbrogllo  de  la  question  snisse  termini  k 
grand'  peine »  r^baufiourte  de  Strasbourg,  le  ddsastre  du 
roar^clttl  Clansel  et  de  notre  armee  devant  Constan  - 
tine,  uneerise  comnierdale,  et  les  difficult^  de  la  ques- 
tion espagnole :  tel  4tait  Tensemble  asset  Acheiix  des  ciroons* 
tances  politiques.  Cependant  le  seul  fUt  de  Tordre  rdtabli 
avait  ranimd  la  prosp^ritd  mat^elle.  L*excMant  des  recettcs 
ayait  ^Ude  35  millions  pour  1833,  il  dtait  de  44  millions  pour 
1836.  L*imp6t  indirect  qui  rapportait  622  millions  en  1830, 
en  avaitprodttit  612  en  1886.  On  avait  ordonnS  pour  eo  mil- 
lions de  travaox  publics.  Dans  la  discussion  de  Tadresse,  le 
ddbat  s'engagea  prindpaiement  sur  les  afTalres  d'Espagne. 
M.  Thiers,  qui  dtalt  tomb^  pour  avoir  voulu  sauver  PEs- 
pagne  de  la  guerre  dv lie,  s^^tablit  sur  le  terrain  de  la  qua- 
druple alliance ,  et  montra  que  soutenir  PEspagne,  c^^tait 
d^fendre  la  cause  des  gouverrements  oonstitutionnels. 
M.  MoM  Topposa  k  lui-mAroe  en  lisant  sa  d^pftclie  du  1 8  mars, 
par  laquelle  il  avait  repoossd  les  propositions  de  lord  Pal- 
merston  pour  la  cooperation  de  la  Prance  en  Espagne,  et 
avait  ainsi  compromis  l*alliance  anglaise.  Enfln,  Tacquitte- 
ment  iniprdrn  des  accuste  de  Strasbourg  vint  compliquer 
encore  la  situatioD  minisldrielle.  Le  gouvemement,  aprte 
avoir  renvoy6  le  prince  Louis  Bonaparte  sans  jugement,  tra- 
duiiitses  complices  en  cour  d^assiset :  c^^it  le  colonel  Van- 
drey*  le  commandant  Parquin,  MM.  de  Bruc,  Laity,  de  Que- 
rdles,  de  Gricourt  et  M"*  Gordon,  cantatrice,  initio  k  la 
«oBspiratloB.  Lea  avocats  <^taient  MM.  Ferdinand  Barrot, 
Parquil^  finbrede  l*aceas^  Thierret,  Lichlemberger  et  Martin 


(  de  Strasbourg ).  Llmpunit^  ia  chef  du  complot,  61arg{ 
sans  proc^,  fut  un  argument  d^sir  pour  le  jury  :  les  ac- 
cuse avouaient  la  conspiration ;  cVtatt  en  plein  jour  que 
le  colonel  VSadrey  avait  excite  les  soldats  k  la  n^volte,  et  la 
r^poDse  du  jury  fnt  negative. 

Ce  fut  pour  ^viter  a  Tavenir  de  si  scandaleux  acquitte- 
ments  que  \ai\o\  de  disjonction  fut  pr^ntte.  Dans  les 
caui^es  politiques  oh  se  trouvaient  :mpliqa(^s  k  la  foLs  des 
militaires  et  des  accuse  de  Tordre  dvil,  le  projet  de  loii 
renvoyait  les  premiers  devant  les  tribunaux  militaires,  et  les 
seconds  aux  tribunaux  ordinaires.  Vivement  attaqu^,  no- 
tamment  par  M.  Dupin,  qui  descendit  du  fauteuil.de  la 
pr^idence  pour  ouvrir  lui-m6me  le  d^bat,  ce  projet  fut  d^- 
fendn  avec  v^li^mence  par  M/jaubert,  et  avec  plus  de  cal- 
me  par  M.  de  Lamartine,  qui,  en  Tappuyant  comme  loi  de 
circonstance ,  voulut  protester  centre  le  scaudale  du  jury 
de  Strasbourg.  II  fut  rejeta  k  la  majority  d^une  voix,  21 1 
centre  209  ( 7  mars  t837 ).  Ce  fut  le  signal  de  la  dissolution 
du  minist^re,  d6ik  travaill^  de  dissensions  intestines.  D^  !e 
princlpe  r^gnait  une  soiirde  m^intelligence  entre  M.  Mol6 
et  M.  Gutzot :  ce  dernier  supportait  avec  peine  la  domination 
du  pr^ident  du  conseil.  L'incapadt^  de  M.  de  Gasparin,  au 
moins  comme  homme  de  tribune,  son  impuissance  k  donner 
devant  les  chambres  une  explication  suivie,  (aisait  de  lui 
un  anxiliaire  tr6s-g£nant  poor  le  cabinet  dans  lequel  il  ^tait 
entr^.  Au  premier  mot  de  M.  Mol^  sur  la  n^cessit^  de  se  s^- 
parer  de  lui,  M.  Gulzot  fit  revivre  ses  pretentions  au  porte- 
feuille  de  I'lnt^riear,  et  M.  Moi6  ne  voulut  jamais  consentir 
k  les  satlsfaire.  De  \k  une  rupture  ouverte.  La  crise  minis* 
t^riellese  prolongca  longlcmps.  Bien  des  essais  furent  tent<^ 
sans  r^ultat.  Le  mar^clial  Soult,  pour  entrer  dans  le  ml- 
nistMv,  exigeait  le  retrait  de  la  loi  d'apanage,  qui  avait 
soulev^  la  reprobation  de  Popinion  puhlique  :  M.  Humann 
demandait  le  retrait  des  lois  presentdes  par  M.  Duchatel. 
M.  Guizot,  charge  k  son  tour  de  former  un  cabinet,  s'adressa 
an  due  de  Broglie,  qui  ne  refuse  pas,  k  condition  que 
M.  Thiers  en  ferait  partie;  il  fallut  done  faire  des  avances 
k  ce  dernier,  qui  refhsa.  M.  Gulzot  fit  alors  des  propositions 
k  M.  de  Montativet,  qui,  aprte  vingt-quatre  heures  de  re- 
flexion, dedara  ne  pouvoir  accepter  la  presidence  de  M.  Gui- 
zot. A  cette  occasion,  M.  Duch&tel  dit :  «  Le  roi  a  deux  ma« 
nieres  de  sooner  M.  de  Montalivet :  quand  11  le  sonne  d*une 
fa^n,  II  vient;  quand  11  le  sonne  de  Tautre,  il  s'en  va.  »  En- 
fin,  M.  Mole  parvint  k  former  un  cabinet  (15  avril  1837),  dans 
lequel  M.  de  Montalivet  reprit  le  portefeuille  de  Tiuterieur, 
M.  Bartlie  la  justice,  le  general  Bernard  la  guerre,  M.  Laeave* 
Laplagneles  finances,  M.  de  Salvandy  Tinstruction  publiquey 
M.  Martin  (du  Nord)  les  travaux  publics,  et  Tamiral  Ro- 
samel  la  marine.  Cetait  en  partie  io  uiiulst^  precedent, 
dont  on  avait  evince  le  parti  doctrinaire,  MM.  Guizot,  Du- 
cbAtel  et  Gasparin. 

Ce  minlstere  de  fr6le  complexion  avait  besoin  de  se  con- 
cilier  les  suffrages,  de  rallier  les'  esprits  divises  et  de  les 
frapper  par  (iiiclques  mesures  propres  k  lui  donner  du  relief. 
C*est  ce  que  comprit  parfaitement  le  chef  du  cabinet  Aussi 
vint-il,  des  le  18  avril ,  annoncer  4  la  chambre  le  manage 
du  prince  royal  avec  la  princesse  H  e  1  e  n e  de  Mecklembourg- 
Sclm'ertn ,  personne  d*un  esprit  tres-cultive ,  et  qui  avait 
deji  en  Allemagne  une  reputation  de  merite  superieur.  Ce 
mariage,  n^ocie  depuis  assez  longtemps,ne  s'etait  meme 
pas  concln  sans  quelque  difficulte.  La  Russia  avait  tout  fait 
pour  y  susdter  des  obstades,  et  le  frere  de  la  princesse 
avait  manifeste  une  defiance  iigurleuse  et  obstinee.  Le  roi  de 
Prusse  S*entremit  avec  bienveillance  pour  amener  une  heu  • 
reuse  condusion ,  et  M.  Bresson ,  mlnistre  pienipotentiaire 
il  Berlin,  y  travailla  avec  succes.  On  demanda  k  cette  occa- 
sion un  supplement  de  dotation  pour  le  prince  royal  en  an- 
non^nt  que  la  demande  d^apanage  pour  le  due  de  N  e  m  o  u  re 
serait  ajoumee. 

Au  debnt  du  minlstere,  beaucoup  de  bona  esprits  crurent 
devoir  lui  tenlr  compte  des  difficultes  qu*il  avait  k  vaincre* 
On  etait  iaa  de  retat  de  guerre  entretenu  depuis  plusieufi 


696 


FRANCE 


annte  entre  le  pouroir  etropinion  pubHque.  11  y  eut  oomme 
one  ti^ve;  les  partis  s*abstinrent  de  prendre  rofrensive  eontre 
lui ,  sans  cesser  de  se  ci/mbattre  entre  eax,  et,  comme  on 
le  dit  alors  spirituellement,  les  coups  qnMls  se  portaient  pas- 
latent  par-dessus  sa  t6te.  L'appui  hicnveillant  da  tiers  parti 
et  la  tolerance  du  cAt^  gauche  le  prot^^rent  conlre  le 
maavais  voaloir  du  parti  dont  il  avait  recueilli  Tb^ritage. 
Dans  oette  situation,  II  alldgea  sa  marcbe  en  laissant  choir 
en  route  le  bagage  de  quelques  projets  de  lois  imimpu- 
laires  que  lui  ayait  I6gute  le  pass^.  La  con(nliation  fut 
son  mot  d'ordre,  Vamnistie  devint  son  drapeau;  et  il  est 
Juste  de  dire  que  cette  mesure,  r^lue  a?ec  dddsion,  (u( 
ex4cut^  avec  ^-propos.  Aussi  fut-elle  re^ue  avec  une  ap- 
probation g^ndrale  de  toute  la  France ;  on  y  vit  une  politiqtiB 
moins  Tiolente,  et  la  confiance  comment  k  renaltre.  Le 
8  mat  parut  done  I'ordonnance  qui  accordait  amnistie  k  tons 
Ics  individos  detenus  dans  les  prisons  de  TEtat  par  suite  de 
condamnatlons  prononc^es  pour  crimes  et  d^lits  politiques. 
C*^tait  la  r^ponse  de  M.  Mol6  k  la  discussion  des  fonds  se- 
crets ,  pendant  laquelle  les  doctrinaires  at fect^ent  de  pro- 
mettre  au  cabinet  une  protection  bautaine,  k  la  condition 
qu*il  ne  feiblirait  pas  etqu'il  pers^v^rerait  dans  la  politique  de 
rigueur.  M.  Mol^  s^efTraya  d^une  alliance  si  chirement  achette. 
En  m6me  temps  M.  Thiers,  qui  disposait  det  voix  du  centre 
gauche,  prit  la  parole  pour  bien  d^finir  la  position  des  partis : 
dans  un  discours  memorable,  il  assigna  au  nouveau  minia- 
ture son  caractire  distinct,  et  le  s6para  nettement  de  ses  de- 
Tanciers,  en  lui  rallianttoutes  les  opinions  mod^r^es;  puis  il 
8*attacha  k  constater  la  ddfaite  del  a  fiolitique  des  doctrinaires, 
leur  df^clarant  qu'k  TaTenir  ils  ne  pouvaient  reparaltre  au  pou- 
roir qu^en  se  d^tachant  de  leur  pass^  et  k  la  condition  de  raroe- 
oer  les  hommes  dans  les  chases,  Vettei  de  ce  roanifeste  fut  d^- 
cisif.  Les  fonds  secrets,  avec  une  augmentation  de  300,000  fr., 
motiv^e  par  les  attentats  r^p^t^  eontre  la  personne  du  roi, 
furent  yrotis  k  une  majority  de  2S0  voix  eontre  119. 

M.  Mol^  aTait  pr^ntd  un  ensemble  de  projets  qui  furent 
appel^  les  lois  de/amille.  A  Toccasion  du  mariage,  la  dota- 
tion du  prince  royal  fut  port^  k  deux  millions;  on  y  ajouta 
m  million  poor  lea  dispenses  du  mariage,  plus  300,000  fr.  de 
douaire.  La  demande  de  Ramboulllet  pour  apanage  au  due 
de  Nemours  fut  retire ;  elle  avait  provoqu^  un  pamphlet 
terrible  de  M.  de  Cormenin,  qui  eut  un  succ^  prodlgieux, 
et  qui  indisposa  m6me  beaucoup  d^ainis  de  la  monarchie 
eontre  ces  demandea  p6cuniaires  rdt^rto.  Enfin,  onsoUicita 
des  chambres  un  million  pour  la  reine  des  Beiges.  M.  de 
Montalivet  d^fendit  ce  projet  de  loi  k  la  tribune,  et,  en  fai- 
aant  I'apologle  de  la  liste  civile,  il  pronon^  le  mot  de  ca^ 
/ofiuiie.  M«  de  Cormenin,  ^crivain  habile,  mais  orateur  peu 
exerc^,  qol  n^alTrontait  jamais  la  tribune,  somm^  d*y  moo- 
ter ponr  r^pondre,  laissa  tomber  ces  paroles  sans  r^piique  : 
•  Lb  domaine  priv^  est  de  74  millions  :  or,  je  demande  si 
avec  74  millions  vous  ne  pouvez  pas  payer  un  milUon  de  dot 
k  la  reine  des  Beiges.  • 

M.  le  due  de  Broglie  avait  ^t^  nomm6  ambassadeur  ex- 
traordinaire ponr  condoire  en  France  la  princesse  H^ltoe. 
Kile  y  entra  le  24  mai,  et  arriya  le  29  k  Foutainebleau.  Sa 
presence  justifia  tout  d*abord  ce  qu*on  avait  avano6  de  son 
grand  sens,  des  gr&ces  de  son  esprit  et  de  la  douceur  de  son 
caract^re.  Elle  ^tait  luth6rienne ,  et  Ton  pr^tendait  que  le 
clerg^  cherchait  k  alarmer  k  ce  sujet  la  devotion  de  la  reine. 
Mais  le  roi  n*^tait  pas  Acli^  d'avoir  cette  occasion  de  faire 
pieuve  de  tol(^rance.  Le  mariagc  se  fit  le  30  mai,  et  la 
princesse  entra  dans  Paris  le  4  juin.  Quelques  jours  apr^, 
le  10,  eut  lieu  Touverture  du  muste  de  Versa  ill  es,  trans- 
form^  en  panth^n  destine  k  retracer  le  souvenir  de  toutes 
les  gloires  nationales. 

II  ^tait  une  mesore  importante,  que  M.  Mo\6  Youlut  ayee 
suite,  avec  persistance,  la  dissolution  de  la  chambre.  11 
aentait  le  besoin  de  fonder  une  miyoritd  nouvelle,  Sibre  d*an- 
ciens  engagements.  11  ^tait  natural  de  supposer  que  le  cabi- 
nfltdn  15  avril  la  dirigerait  dans  le  sens  indiqu^  par  ses 
ictes  les  plus  signlficatifs ;  en  sedonnant  pour  un  minist^re 


de  conciliation ,  on  deyait  penser  qa^O  cbercberait  k  nOitf 
k  sa  politique  les  hommes  loyaux  et  iod^ieDdaiili  que  la 
allures  trop  illib^rales  du  pouyoir  avaieot  ali^D^«  Mak  k  at 
dgard  il  proc^da  avec  une  excessiTe  timidity ,  et  ceax  qai 
avaient  espM  de  lui  une  marche  plus  dkMe  s^^taaatnA 
de  voir  dans  les  manoeuvres  ^lectorales  la  prMnace  aA- 
chde  de  Tadministration  pour  les  candidata  da  oemtre  droit 
Cette  tactique  donna  lieu  de  lui  reprocher  des  penefaaiii 
l^itimistes  sans  l^timit^.  L^attitude  prise  par  les  doctri- 
naires dans  la  session  nooyelle  le  rait  k  mAme  de  Joger  jas* 
qu*k  quel  point  il  avait  rinssi  k  les  ralUcr.  Dte  les  pn- 
miers  mois  de  1838,  on  put  yoir  poindre  l»  germes  de  la  coali- 
tion. Ce  fut  dans  la  discussion  sor  les  fonds  secrets ,  qai 
souleva  une  question  de  confiance,  que  M.  Janbert  laoca,  k 
1 2  mars,  les  premieres  attaques  eontre  le  ministire.  M.  Gniitf 
devalt  soutenir  M.  Jaubert,  mais  son  attitude  fiit  ind^dsc; 
il  n'avait  pas  encore  pris  son  parti  de  rompre  ayee  lea  eea- 
tres ,  et  M.  Thiers,  qui  vit  la  partie  ai  mollemeiit  CBsag^, 
s'abstint  de  monter  k  la  tribune.  Le  reste  de  la  aessaon  M 
rempli  par  la  discussion  de  diyerses  lois  d'utiiiii  pufaliqoe 
ou  d^organisation  int^rieure,  qui  pr^taient  pea  aos  ddnis 
politiques.  La  cliambre  vota  successtyement  une  loi  tm 
Torganisation  d^partementale,  sur  lea  attribotioiis  des  joges 
de  paix,  sur  les  ali6n6(,  snr  T^tat-major  de  rarm^  La 
chambre  des  d^put^  yota  aussi  le  prindpe  de  la 
des  rentes  on  le  rembourseroent.  Mais  la  cbambre  des 
rejeta  le  projet  le  26  jm'n.  Alors  aussi  fut  trait6e  ayee 
due  la  question  des  c  hem  ins  de  fer.  Lea  aotres  pays 
avaient  pris  les  devants  sur  nous;  il  6tait  impossible  de  tet- 
ter  en  arriire.  II  s'agissait  d'organiser  sur  tonte  la  Fraaei 
un  vaste  r^seau  de  communications  nouyelles.  La  diliicatte 
principale  consistait  k  trouver  les  capitanz  ndcessaircs  poor 
rex6cuter.  Les  chemins  de  fer  seraient-ils  extents  par  ViUL 
ou  par  les  compagnies  P  Telle  fut  la  premise  question  qui  mi 
en  jeu  tons  les  int^r^.  En  Belgique,  I'^tat  aeol  ayait  tost 
fait,  et  Ton  paraissait  s'en  trouver  bieo.  Mais  rex^cnlian 
par  l*£tat  enlevait  une  proie  aux  banquiers.  anx  ca|Hta- 
listes,  aux  gens  d'aOaires:  le  gouyemement,  qui  aeniblutd*^- 
bord  pencher  vers  ce  systtoie ,  recula  devant  Topposiliea 
de  ses  propres  affid^,  qui  rfelamaient  des  oompagnica  par- 
ticuli^res.  Un  rapport  de  M.  Arago  condotii  r^oamemcBl, 
sous  le  pr^texte  de  nous  mettre  k  m6me  de  proflter  des 
ameliorations  qne  I'exp^ence  de  quelques  anntes  de  pbs 
r6v6lerait  dans  les  pays^trang^rs.  Mais  la  France  ayait  d^ 
trop  attendu,  et  rajonmement  ne  poinrait  ae  proloiiger. 
M.  Jaubert  d^fendit  seul  le  syst^me  de  I'extoilion  par  Pliu; 
MM.  Berryer  et  Dnvergier  de  Hauranne  soutiDreat  le  sjfs- 
t^e  des  compagnies.  Ainsi  fut  fond^  le  rftgne  de  cette  ai- 
garchie  financi^  r^nnissant  entre  ses  mains  toot  Vi 
des  voles  de  communications  nouvelles  qui  doivent 
la  France.  Ce  fut  aussi  T^poque  oil  la  passion  de  1*; 
se  dtehalna  avec  une  ardeur  effr^nte  :  les  sock^tis  < 
inandite  par  actions  se  muUipliirent  ayee  one  aorte  de  fii- 
reur  et  encombr^ent  la  Bourse;  les  ayentnriers  pulluUrest 
et  annonc^rent  pompeusement  des  entrepriaes  IndastrielkB 
Shos  autre  but  que  de  faire  dea  dupes ;  des  mines  ftiiagH 
naires  furent  mises  en  actions,  et  le  tout  abootit  k  des  pniots 
d'escroquerie.  Cette  fi^vie,  excit^e  par  I'aspect  de  qnciqne 
fortunes  improvisto,  entretenait  la  passion  de  s^enrichir 
sans  travail,  et  sema  ainsi  dans  toutes  les  classes  les  genaes 
d*une  profonde  demoralisation.  II  est  triste  de  penser  que  ie 
culte  hautement  profess^  par  le  gouyemement  poor  les  iatt- 
r6ts  materials  a  dO  beaucoup  contribuer  k  cette  atleinte  poriet 
aux  nuEurs  publtques. 

Un  procte  qui  s*onyrit  an  mois  de  mai  1838  devant  la 
cour  d*assises  de  Paris,  pou  r  coroplol  centre  le  goa 
montra  le  degr6  d'exaltation  oi'i  ^talent  arrivte  les 
politiques  en  France.  Le  principal  accusd  a'appdait 
Hubert :  entre  autres  pieces  k  conviction.  Ton  avaif  saisi 
le  plan  d*uiie  machine  snppo^  t>tre  llnstrument  d*on  at- 
tentat projete  centre  le  roi,  et  qui  avait  pour  autenr  un  me- 
canicioi  Suisse^  nommd  Steublc.  Parmi  Ics  complleeR  mpi- 


FBANCE 


697 


nit  M*^  Gronrdle,  ftme  d^oo^e  jusqu'^  ^tre  mteean  serrioe 
d'on  b6pital  pendant  le  cholera,  mais  anim^e  d'an  fanatisme 
r^publicain  qui  allaitjasqu'aentoarer  d'ornements  fan'^raires 
la  torobe  da  r^cide  AUbauu,  et  k  consenrer  dea  reliques 
de  Pepin  et  de  Morey.  Lea  accost  gard^ent  une  attitude 
andadense  pendant  les  d^bats  qui  furent  orageux.  Hubert 
Alt  condanui6  k  la  d^porlation,  Steuble  et  M"*  GrooveUe  k 
cinq  ans  de  prison  :  ceile-ci  devint  foUe.pendant  sa  captivity, 
et  Steuble  se  coupa  la  gorge  aTec  un  rasoir. 

Le  28  Juin  1838  eut  lieu  le  cooronnement  de  la  refne  Vic- 
loria  k  Londres.  La  France  y  fut  repr^nttte  par  le  mar^- 
chal  Soult.  Cette  ambassade  extraordinaire  (ut  un  perp^- 
toel  triompbe  pour  le  vieux  guerrier,  en  qui  le  people  anglaia 
personnifiait  la  gloire  des  armes  fran^aiaes.  Partout  ot  il 
paraissait,  les  plus  Tives  acclamations  s*^le?aient  sur  son  pas- 
sage. Louis  Bonaparte  ^tait  revenn  d'Am^rique  k  Arenen- 
berg.  Le  gouTeroement  fran^^is  s^tout  de  ce  volsinage,  et 
la  Suisse  fut  somm^e  de  Texpulser.  Le  grand  conseil  de 
Tburgovie  d^Iara  quMl  6tait  citoyen  da  canton.  Cette  r^is- 
tance  proToqua  des  menaces  et  la  formation  d*un  corps  de 
20,000  bommM  sur  la  fronti^re.  Les  Suisses  naturalises  en 
France,  MM.  Delessert,  Odier  et  quelques  autres,  s*entre- 
mirent  pour  conseiller  la  soumission.  Louis  Bonaparte,  pour 
mettre  fin  k  cette  situation  fausse,  quitta  Arenenberg,  et 
partit  pour  Londres,  le  20  septembre  1838.  Le  lieutenant 
Laity  fut  traduit  devant  la  cour  des  pairs ,  et  condamn^  k 
oinq  ans  de  prison  et  10,000  ft.  d'amende  pour  aToir  pu- 
blic une  relation  de  Tinsurrection  de  Strasbourg  qui  ressem- 
blait  trop  a  une  apologie  de  la  rdvolte. 

Le  24  aoOt,  la  ducbesse  d'Orldana  avait  donnd  le  jour  k 
un  jeune  prince,  qui  re^t  le  nom  de  comte  de  Paris. 
Au  milieu  des  discours  ofliciels  que  fit  ^ore  ret  beureax 
^v^nement,  qui  assurait  I'aTenir  de  la  dynastie,  on  remarqoa 
avec  plaisir  la  rdponse  du  due  d^Orltens  au  conseil  muni- 
cipal :  «  J^aime  k  vous  assure,  disait  le  prince,  que  mon 
fils  sera  ^levd  non  comme  on  dlevait  les  enfants  autrefois, 
mais  a?ec  les  id^  et  les  moeurs  de  notre  6poqoe. 
Je  ferai  en  sorte  qu'il  apprenne  de  bonne  heure  que  c'o^t 
par  le  m^rite,  par  les  talents,  par  le  courage,  par  les  fertus, 
que  Ton  gagne  le  ooeor  des  Fran^^is;  je  m'efforcerai  enfin 
de  le  rendre  digne  de  ses  concitoyens.  »  M.  Mol6  profita 
de  nntervalle  d^une  session  k  Tautre  pour  terminer  les  deux 
afbires  d^AncOne  et  de  la  Belgique.  Mais  par  ]k  m^me  il 
foumit  de  nouvelles  armes  k  la  coalition.  L'^vacuation  d*Au- 
cOne  eut  lieu  le  15  octobre  1838.  Le  repr^sentant  de  la  coar 
de  Rome  k  Paris  Tint  un  jour  annoncer  au  pr^ident  da 
conseil  que  TAutriche  se  d^dait  enfin  k  ^Tacuer  les  ^tats 
du  saint-sidge,  ne  paraissant  pas  mettre  en  doute  que  les 
Francis  ne  se  retirassent  sur-le^^amp  dUncOne.  M.  Mold, 
troavant  la  consequence  naturelle,  se  h&ta  trop  d'y  consen- 
tir,  avant  de  oonnaltre  tons  les  antecedents  de  la  question. 
L*oocupation  d*Ancdne  etait  une  garantie  non  -  seulement 
centre  Tocciipation  actuelle  des  Autrichiens,  mais  aussi 
centre  la  po&sibilite  de  lear  retonr,  tant  qae,  par  une  juste 
satisfaction  donnee  aux  meoontentements  de  la  Romagne', 
on  n^aurait  pas  prevenu  le  retour  des  trooblesqui  serraient 
de  pretexte  k  rAutriclie.  Telle  avail  ete  la  politique  de  Ca- 
simir  Perier;  M.  de  Broglie  lui-meroe  et  M.  Thiers  Pavaient 
comprise  ainsi.  Quant  k  la  question  beige,  les  negodations 
aTaient  ete  reprises  pour  imposer  aox  deux  parties ,  la  Hol- 
lande  et  la  Belgique,  Texeeution  du  traite  des  Tingtqualre 
articles.  Longtemps  le  roi  de  Hollande  aTait  resiste;  mais  le 
statu  quo  loi  etait  tellement  onereux,  retat  militaire  qu'*!! 
etait  oblige  de  maintenir  etait  ponr  loi  si  ecrasant,  qu'il 
finit  par  se  resigner.  Ce  fut  alors  le  tonr  de  la  Belgique  k 
se  rferier  centre  les  conditions  de  ce  traite,  qui  lui  impo- 
sait  i'abandon  du  LImbourg  et  dn  Lnxembonrg.  L'entreinise 
du  gouTernement  fran^is  dans  cette  affaire,  toute  bien- 
Teillante  qu*eUe  fOt  poar  la  Belgique,  aboutit  k  tAclier  de 
faire  passer  les  conditions  territoriales,  k  la  condition  de 
quelques  modifications  dans  les  conditions  financieres,  c*est- 
k-dire  en  obtenant  que  la  dette,  qui  dans  le  prindpe  avait 

MCr.  DB  Lk  CONTERSATIOII.  —  T.  OU 


ete  partagee  egalement  entre  les  deox  ftats,  suMt  quelque  re- 
duction pour  la  part  afldrente  k  la  Belgiqoe.  Le  Luxembourg 
et  le  LImbourg  se  sentalent  beiges  et  voulaient  rester  beiges ; 
Us  avaient  des  representants  dans  les  deux  chambres  et  dans 
le  conseil  du  roi  Leopold.  II  n*en  fallut  pas  motns  se  sou- 
mettre.  Le  18  fevrier  1839,  M.  de  Tbeux,  ministre  des  af- 
faires eirangeres,  proposa  k  la  chambre  des  representants 
raooeptation  du  traite  des  vingtrquatre  articles.  Malgre  Tei- 
plosion  de  ooiere  quMl  exdta,  le  traite  fut  adopte  par  58 
▼oix  oontre  42. 

La  session  de  1839  s*oavrit  le  17  decembre  1838.  Le  dis- 
cours du  trOne  annonfait  la  reprise  des  conferences  de  Lon- 
dres sur  les  affaires  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande,  et 
revacuation  d'AncOne,  ainsi  que  le  depart  de  nouvelles 
forces  uavales  pour  obtenir  du  gouvernement  mexicain  la 
justice  et  la  protection  que  redamait  notre  commence.  II  in- 
sistait  sur  retat  de  plus  en  plus  prospers  de  nos  finances,  et 
sur  Taccroissement  progressif  du  revenu  public.  La  coalition, 
momentanement  dissoute,  s'etait  raniroee  sous  les  efforts  de 
M.  DuTergier  de  Haaranne,qui,  dans  un  article  de  la 
Revue  FrangaUe^  s'etait  attaclie  k  prouver  que  les  ministres 
etaient  insulfisants,  quMls  avilissaient  le  ponvoir  par  un  sys- 
tems de  corruption  et  de  bascule,  et  qu'ils  compromettaient 
le  gouvemement  representatif  par  une  docilite  sans  mesure 
k  regard  de  la  conronne.  La  lutte  s'engagea  d'abord  snr  la 
presidence  :  M.  Dupin  Temporta  sur  M.  Passy,  candidal  de 
la  coalition .  Mais  la  commission  de  Tadresse  ne  compta  que 
trois  membres  ponr  le  ministere  contre  six  poor  la  coali- 
tion. Ces  dernient  deciderent  d*abord  entre  eox  tootes  les 
questions  qui  devaient  etre  traitees  dans  Padresse.  La  re- 
daction en  fut  des  plus  agressives.  Elle  exprimait  le  regret 
que  revacuation  d^AncOne  ne  se  fOt  pas  elfectuee  avec  les 
garanties  qu^aurait  dO  stipuler  une  politique  sage  et  pre- 
voyante;  elle  rappdait  avecamertumeles  malbeurs  presents 
de  I'Espagne  et  les  malbeurs  passes  de  la  Pologne;  le  dls- 
sentiment  surrenu  entre  la  France  et  la  Suisse  y  etait  8ev6- 
rement  apprede ;  le  remboorsement  de  la  dette  publique  y 
etait  presenie  comme  une  mesure  commandee  par  Topinion ; 
enfin,  les  empietements  de  la  couronne  y  etaient  denonces 
en  termes  oouverts,  mais  mena^nts  :  «  Une  administration 
ferme,  habile,  &*appayant  sur  les  sentiments  genereux,  fai- 
sant  respecter  an  dehors  la  dignity  do  trOne,  et  le  couvrant 
au  dedans  de  sa  responsabilite,  est  le  gage  do  conoomt  que 
nous  avons  tant  k  coeur  de  vous  preter.  » 

Dans  le  cours  de  la  discussion,  M.  Moie,  en  rdevant  la 
temerite  de  I'adresse  sur  certaines  questions,  y  oppose  spi- 
rituellement  sa  pnidence  sur  d'autres  :  on  prodiguait  le 
blAme  au  ministere  sur  toutes  les  questions  consommees; 
mais  sur  les  questions  non  terminees,  on  avait  devant  les 
yeux  le  lendemain,  et  on  se  gardait  de  se  comprouiettre  ; 
ainsi,  pour  la  Bdgique  on  proposal!  k  la  chambre  de  declarer 
«  qu'elle  attendrait  le  resultat  de  la  negodaUon  ».  Sur  ees 
entrefaites  arrive  la  noovdie  que  le  drapeau  tricoloreflotte 
sur  les  mors  de  Saint- Jean  d*Ulloa«  Le  president  Busta- 
mente  ayant  rejete  Vultimaium  presente  par  notre  charge 
d'affaires,  M.  Defiaodis,  le  blocus  avait  ete  mi<;  sur  les  ports 
de  la  repiibltqoe  mexicaine;  le  27  novembre  1838,.  le  oontre- 
amiral  Baudin  bombarde  le  fort  de  Saint-Jean-d*UUoa  avec 
cinq  vaisseaux,  et  fait  prevenir  le  general  mexicain  k  Vera- 
cruz que  si  le  28,  k  huit  heores  du  matin,  la  capitalation 
n*etait  pas  signee,  il  donnerait  rassaot  Le  fort  fut  remis 
aux  Franks,  la  gamlson  de  Vera-Cruz  reduite  de  4,000 
hommes  k  1,000,  et  une  indemnite  fut  stipuiee  pour  \i^ 
Franfais  qui  avaient  ete  forces  de  quitter  U  ville.  Le  prince 
de  Joinvllle  avait  pri>(  part  k  oe  briUant  fdt  d'armes.  ha 
coalition,  pour  attenuer  Teffet  de  la  nouvdle,  accuse  le  ca- 
binet d'avoir  retarde  oe  triomphe  en  vne  d^influer  sur  la 
discussion  de  Tadresse. 

Le  7  Janvier  1839  la  discussion  s^oirvrit  :  die  fut  vive, 
animee;  les  plus  hablles  orateurs  de  la  chanabre  attaqu^- 
rent  tour  k  tour  le  ministere;  M.  Moie  pot  s*ecrier  avec 
verite  :  «  Quel  cabinet,  je  toqs  le  demande,  a  vn  eodisees 

06 


698 


FRANCE 


eontre  liii  tant  de  puissances  parlcmentaires?  »  Son  latent 
gniDilit  dans  la  liilte;  U  lit  face  k  lotis  m»  atlversaires,  et 
d^iuolit  pi^ce  k  pi^ce  le  projet  de  la  commisaiun  par  one 
suite  d'ainendeinents,  Tloleiument  contests  et  p^nibleuient 
obtenus.  L'adresse  moditite  r^iinit  321  foii ;  208  vot^rent 
|)our  Ic  projet  de  la  commission.  Une  si  faihie  majority  ren- 
dait  la  chute  du  minist^re  imminente ;  mats  le  roi  soutint 
ion  mioistire,  et  la  dissolution  de  la  ciiambre  fut  r^solue. 
iamais  Elections  nedtelialnerentdes  passions  plus  violentes  : 
minisl^rieis,  opposllion,  cUaque  parti,  cliaque  nuance  dV 
pinion,  avait  ses  comit^s  ^lectoraux,  et  travaillalt  par  tous 
tes  moyens  a  d^tier  ses  adversaires.  La  coalition  donna 
alors  un  spectacle  dtrange,  par  l^alliance,  momentan<^  qui 
rapprocliait  les  partis  les  plus  liostiles  :  M.  Guizot  gouruian* 
dait  les  scrupules  de  SI.  Odilon  Barrot,  alanuf^  du  cuucours 
destf'gitimistes;  il  recominandait  surtout  de  faire  peur  aiix 
prdfets  :  «  QuHls  saclient  bien,  dlsait-il,  que  deuiain  nous 
serons  Tainqueurs  etinflexibies!  •  lmm6tiatem«nt  apr6s  la 
dissolution,  il  adressait  une  l«ltre  k  ses  corouiettants,  daU^ 
dtt  6  ttfrier  ]83u,  dans  laquelle  il  rappelail  tous  ses  griefs 
oo:itre  le  uiinislere,  qu*U  accusalt  dMuipuissance  parieiuen- 
taire.  L*agitation  ne  permit  a  aucun  |N)int  de  la  France  de 
garder  la  uenlralii^.  On  rtelamait  la  sino6ril6  du  gnovcme- 
roeiit  rejinhientatir,  ct  Ton  attaqualt  le  gouverneuient  person- 
neL  M.  Villeuialn,  qui  avait  d^lini  la  niarcbe  du  mluisl^re 
on  abaUxement  continu ,  pr^tendait  que  M.  Moi<i  o'aTait 
plus  rieo  k  refuser  au  roi,  depuis  qu'il  Tavait  re^u  h  Chain- 
pUtreox.  Le  miuist^re,  de  son  oOt^,  n^^pargnait  aocune  ma- 
nual vi-e  Electorate  pour  reconqu^rir  ia  majority  :  pauiplilets, 
orations  de  nouveanx  joumtoXf  missifes  pour  stimuler  le  z^le 
des  pr^fcts,  tout  ^it  mis  en  ceuTre;  les  fonds  secrets  de  la 
police  sVpuls^rent  k  oette  destination.  Toates  les  divisions 
do  minislirede  rint^rieur,  jasqu^au  cabinet  do  ministre, 
Etiient  iransformte  en  bureaui  dVlection.  Le  r^altat  d4- 
iiitif  ayant  ^U  fliTorable  k  la  coalition,  II.  Mold  donna  sa 
dAwission  le  8  mars  1839,  avec  tous  ses  coll^ues. 

U  coalition,  mattresse  da  terrain ,  n'aTait  plus  qn^k  se 
partager  lea  fruits  de  la  victoire.  II  fallait  satii^ftdre  les  chefs 
des  trols  grandes  fractions  de  lacliambre,  dont  l*alliance  mo- 
roaitante  avail  ddciddle  triomphe,  satoir  la  gaiiclie,  le 
centre  gauclie  et  les  doetrinaires ,  represents  par  MM.  Odi- 
loa  Barrot,  Thiers  et  Ouisot.  M.  Ouiiot  pi^endait  an 
miuistire  de  rintdrietfr,  on  ne  lul  oflrit  que  rtnstnictioli 
oublique;  il  d(klara  ne  pouvoir  accepter  one  poailiun  se- 
£ondaire  sans  laisser  amolndrir  son  parti  dans  sa  personne. 
Les  anciens  alllS  tirent  la  faute  de  se  diviser,  malgrd  les 
observations  de  M   de  R^musat,  qui  ddmontrait  le  danger 
de  rompre  le  fetsceau  de  la  coalition ,  poor  contenir  les  em- 
piotements  de  ia  prerogative  royale  t  I'alliance  une  fois 
bna/te ,  la  cliambre  seralt  dorolnde  oo  asservle.  M.  Thiers , 
maodd  par  le  rot,  essaya  uoe  premie  combioaison,  qui 
rdunissait  le  mar^Jial  Soutt,  MM.  Dupln ,  Humann,  I'assy, 
Dufaore,  Vitlemain  et  Dumoo.  Son  progfauime  portait  : 
1**  que  les  ministrea  ne  seratent  pas  gftnS  par  le  roi  pour  la 
distribotion  des  emplois;  1*  quHl  serait  pris  quelques  me- 
snres  protectrices  k  l*^ard  de  PKspagoe.  I^es  premieres 
objections  do  roi  portent  sor  les  persoooes.  M.  Passy,  un 
jour  sor  les  marches  de  la  tribune,  avait  laissd  Echapper 
ces  mots  i  «  Le  tnal  est  plos  baot  que  las  mlnistres.  •  M.  Du- 
faore n*4tait  pu  eonno  do  roi,  qui  ne  Pa vait  iamais  vu, 
mats  qoi  lui  supjiotait  de  la  nidesse  de  caract^ra.  Enfln ,  il 
avait  dit  de  M.  Villemain  t  «  C*est  on  enneioi  da  ma  mai« 
eon,  •  en  souvenir  de  son  vote  B^tlf  lorsqu*il  s'dtait  agi 
de  nommer  le  due  d*OrteaQs  lieutenant  gdndral  du  royaume. 
M.  Thiers  combattll  lea  rdpugnancea  do  roi.  ceiiendant  il 
cotnplait  peu  sor  one  conclusion ,  lorsquMI  re^at  do  mard- 
dial  Soult  Tavis  de  le  reodre  au  chAteao  avec  loos  sea  cot- 
l^ues  pour  installer  le  nouveau  ministdre.  M.  Thiers  voulut, 
avant  toot,  rdglor  las  eandltiona  de  rinterventfon  en  Es- 
pagne,  pt  propose  d*arrHer  lea  seconrs  en  munitions  porlS 
I  don  Carloa  par  lea  vaisseaox  mantes  oti  hotlatidais;  sur 
)uoi  M,  V$t^j  fit  une  premiere  ob;<ervation  sur  If*  droit 


des  neutres.  II  demande  la  pr^iden6a  ^  la  ehamlire 
M.  Odiloii  Barrot ;  aussitdt  M.  Humann  protesle.  Alors  ie  roi 
dit :  •  Messieurs,  tAchez  de  vous  imsttre d'aeeord.  »  Kill 
I6ve  la  s^nce. 

Une  nouvelle  combfnaiSon  ftit  essajle ,  daits  laqodle  de 
vaieiitentrereasemble  MM.  Thiers,  de  Broglie  et  Ouiaot;  mab 
le  premier  voulalt  Diire  de  la  prSldence  de  M,  Odilon  Barral 
une  question  de  eahiuel,  ce  qoi  ne  fut  point  admis  par  ses 
futurs  coilegues.  La  crise  se  prolongeait.  L*opfnioa  tm  fU- 
clialua  eontre  rinfluenoe  de  la  cour  :  on  supposait  que  ie 
roi  etait  biien  else  de  mettre  aux  prises  les  chefs  de  la  coa- 
lition, de  les  convaincfe  l*un  par  Tflulre  dMuiputsMnce,  et  de 
fat  re  avorter  la  victoire  qoMis  croyaient  avoir  reinportte  sur 
la  prerogative  royale.  Rien  ne  faisant  pre  voir  une  solution 
pruchaine,  le  Moniteur  du  1*''  avril  annon^  un  mtnisteie 
pmvisoire,  destine  k  expedier  les  alTaires,  ju^u'i  ce  que 
les  pretendants  se  fusseut  mis  d'accord.  11  etak  aina 
compose  :  le  duo  de  Moolebello  aux  affaires  «Hraii^es, 
M.  Girod  de  TAin  k  la  justice ,  M.  de  Gasparin  k  rinl^rieor, 
le  general  Cubieres  k  la  guerre,  M.  Tuphiier  a  la  nsariiie, 
M.  Parent  H  rinstniction  piiblique,  et  M.  Gaotier  atix 
finances.  Rlen  de  plus  pale  el  de  plus  tnsignifiant  que  cs 
mintstere.  'lous  les  honimes  qui  prena-ent  au  serieox  le 
gouveruetuent  represeutatif  virent  la  une  veritable  luysiili- 
cation.  Alors  les  centres  olTrirent  la  presidence  ile  la  dtambfa 
k  M.  Passy.  M.  Thiers  insistait  pour  M.  Odilon  Barrot.  Le 
16  avril,  M.  Passy  obttnl  223  voix  et  M.  Odilon  Barrot 
193.  M.  Passy  fut  charge  de  former  un  cabinet;  il  voiiUit  y 
faire  entrer  le  maredial  Soult  et  M.  Thiers,  oiais  en  Im 
refusant  les  affaires  etrangeres.  Cette  combinalsoo  dclioua 
encore ,  ainsi  que  d*autres.  11  fallut  uoe  iosurrection  dans 
Paris  pour  mettre  tin  a  la  crise. 

Le  12  mal  eialt  un  dimandie;  une  granda  partie  de  la 
population  etait  aox  courses  do  Champ>de-Mar3 ,  ainsI  que 
la  fauiille  royale  et  la  plopart  des  autorites  Ce  meme  joor 
etait  Indiquee  one  revue  dime  sodete  secrete  organisde  par 
Barbes^  Augusta  Bianqui  et  Martin  Bernard ,  et  dont  ks 
membres  juraleot  de  prendre  les  armes  mi  premier  signal 
de  leurs  chefs.  Bianqui  Jugea  Toccaslon  favorable  pour  une 
insurrection ;  aussitot  la  boutique  de  Tarmurier  Lepage  est 
piliee,  des  cartouches  sent  distribuees  aux  sectioonalres, 
qui  s*amparent  du  poste  du  Palais  de  Justice ;  lis  occnpest 
Thdtd  de  ville  et  le  poste  Saint-Jean ;  lis  voulatent  manitfr 
sur  la  prefldcture  de  police,  mais  \k  on  s^etait  mis  ea  mesure 
de  les  repousser.  lis  eievent  qiielqoes  barricades  et  erhaa- 
gent  pendant  quelques  lieores  des  coops  de  fuail  avec  la 
troupe ,  qui  eut  bientdt  raison  de  ces  deux  ou  trols  crafe 
insiirges.  cette  tentative  hisensee  n*ckcita  que  de  IVtoane- 
ment  dans  la  population ;  mats  dans  les  regions  du  pouvotr, 
elle  mit  tin  aux  hesitations  qui  arretaient  ia  formation  d^us 
ministere ,  et  le  sofr  meme  on  sot  qu1l  etait  ainsi  compose  : 
le  maredial  Soidt,  prosident  du  con^^dl  et  mlnlstre  des 
afVaires  etrangeres;  MM.  Teste  il  la  Justice,  Duchatr^  a 
riuti^rieur,  Passy  aux  finances ,  le  general  Schneider  k  h 
guerre,  Tamiral  Duperre  k  la  marine,  Vtllemaio  a  n»- 
truction  publiqiie ,  Dufaure  aux  travaux  |iiililic:s ,  et  Cnaia 
Gridaine  au  commerce.  Nulle  fiction  nVtait  plus  traa'<ps- 
rente  que  celle  qui  remettait  le  porteCeuille  des  aflaires 
etrangeres  aox  mains  do  marechal  Soiilt  i  le  vieux  gqerrier, 
avec  tuute  sa  gloire  mflitaire,  avait  une  complete  inexpe- 
rience des  affaires  eoropeennes ;  il  etait  trop  dair  qu^ma 
antra  main  gardalt  la  direction  supreme ;  el  M.  ViBemfia 
etait  charge  de  mettra  IMessus  le  vemis  de  sa  rlietori.|Beu 
On  verra  bient6t  les  falales  consequenees  do  systeme  qij 
remettait  la  direatton  de  ttotre  diplomatia  k  dea  guides  n 
ioexperimentes. 

Le  proaes  des  faisorges  do  it  maf  s^oovHt  le  f$  jula. 
devaiit  la  eaur  des  pairs.  Le  lieoteoaBt  qoi  eommandalt  ia 
eorpa-de-ganie  do  palak  de  Justice  avait  etd  tne.  La  a 
joillet  fut  rendu  Tarret  qui  condamnait  Rarbes  k  la  peine  da 
mort ;  uiais  la  peine  fut  coummee.  Martin  Bernard  fut 
daume  a  la  deportation ,  Mfalon  aux  travaux  lorcis  a 


FRAIfCg 


6^9 


pftutU.  fitanqiti  ^MH  seustralt  pendant  ait  niol«  k  toutes 
toft  recherclies;  U  fut  arrMi  le  14  octobra,  et  tradaU  deTaac 
la  cour  dea  paira  en  Janvier  1H40  :  condamn^  k  mort,  il  ob- 
lint  ^galement  une  commutation. 

Ce  fat  sous  le  miniature  du  12  mai  que  s'engagea  la  que^ 
tion  d'Orient,  qui  devait  amener  peu  aprte  une  crise  si 
roena^mte  pour  toute  TEurope. 

Au  milieu  des  complications  snscit^M  par  lea  affiilrea 
d^OHent,  le  roi  ne  perdait  toujours  pas  de  vue  la  dotation 
du  due  de  Nemours.  11  Imposa  k  son  miniature  la  pr^ntation 
d*un  projet  de  lol  qui  demandalt  pour  ce  prince  500,000 
francs  de  rente  an nuelie,  plus  500,000  fr.  pour  les  d^penses 
de  son  manage  avee  la  princessa  Victoire  de  Saxe-Cobourg. 
Toute  la  France  s*^mut  k  ces  deman'des  p^uniaires  sans 
cease  r€\Ut€eA,  Un  aasez  grand  noinbre  m^me  de  d^potte 
attacti^H  k  la  dynastie  a'y  montrirent  contralrea.  M.  de  Cor- 
menin,  qui  itnit  en  possession  de  traiter  les  questions  de 
cette  nature,  publia  un  pamjplilel  sous  ce  litre  :  Questions 
scandaleuses  d*un  Jacobin ,  au  sujet  cTune  dotation.  Le 
20  f^vrier  1840|  la  discussion  s*uuvrit  :  un  seul  discoura  Tut 
prononc^.  Lea  mlaislres  n'osant  provoquer  le  d^bat,  on  aila 
Imin6<llatenient  au  scrulin  :  le  projet  fut  rejet^  par  226  volx. 
Ge  rejet  entratna  la  chute  du  minist^re,  et  M.  Villeinain  dit 
k  cette  occasion  «  qn*li  avail  €i6  ^trangl^  entre  deux  porles 
par  des  muets  ». 

M  Mol6,  appel^  par  le  roi,  d^igna  M.  Ttiters  comma 
IMioaime  de  la  situation.  En  elTet,  en  prenant  le  cabinet  du 
12  m;il  comme  un  minist^re  int^rimaire,  on  en  revenait  au 
point  marqu^  par  la  victoire  de  la  coalition,  avec  une  diffi- 
cult^ de  moius,  M.  Guizot  ^tant  poorvu  de  Tambassade  de 
Lou'lres.  M.  Thiers  r^unit  done  autour  de  lul  les  princi- 
paux  membres  du  centre  gauche  et  des  doctrinaires,  qui 
avaient  combat! u  le  minist^re  Mol^,  et,  aprte  avoir  aoiticit^ 
inulllement  le  concours  de  M.  le  due  de  Broglie,  il  pn^enta 
au  roi  sa  llste  ainsi  compos^e  t  MM.  de  R^musat  k  I'inl^ 
rieur,  Jaubert  aux  travaux  publics,  Vivien  k  la  Justice,  Gouin 
aux  finances.  Cousin  k  rinstniction  publique,  Duperr^  k  la 
marine ,  Cubi^res  k  la  guerre.  M.  Thiers  avail  les  affaires 
^trang^res  et  la  pr^sMience  du  conseil.  Une  des  premieres 
Tirtoires  de  ce  nilnlst^re,  et  ce  n*a  pas  €i€  la  molns  curieuse^ 
fut  de  faire  voter  les  fonds  secrets  par  Topposition  de 
gauche.  Cette  m^me  session  produlsit  plusienrs  lois  d^itiliti 
puhliipie ,  f^ur  les  Micres ,  ies  salines  de  t*est ,  le  rcnonvelle- 
ment  du  privlid^e  de  la  Bauque,  lea  paquebots  trausallan- 
tlques,  et  celte  de  la  conversion  des  rentes  vot^e  par  la 
chauihre  des  d^puU^ ,  mais  encore  rejet^  par  la  chambre 
des  pairs.  A  Tav^nemenl  du  1*'  mars,  Taliiance  ani;laise 
potivaii  6tre  consid^rte  comme  rompue  :  le  traits  du  15 
j u i  II  e  1  manift*sta  un  maiivaisi  vouioir  trds-pronona*  contre 
la  France,  etcela  pr^cis^ment  lorsque  M.  Thiers  venal!  de 
teriuiner,  k  la  gramle  satisfaction  de  lUngleterre,  I'affaire 
des  soufres  de  Siciie.  Pretend  re  r^gler  la  question  d*Oriettt 
sans  le  concours  de  la  France,  cMtait  une  atteinle  grave  au 
s)st^u)e  de  la  politique  europ6enne ;  c'^tait  aussi  une  r6v4- 
latiou  des  liaines  inviH^r^  qui  subsistaient  au  ceeur  dea 
vieu\  goiivemetnents  contre  la  France.  A  la  nouvelie  de  ee 
traii^,  ^^.  riiiers  obiinl  de  la  couronne  de  porter  Tannte  k 
500,000  houinies,  el  d'augmenter  la  flotte  de  dix  vaisseaux. 
En  th^me  tefnps  il  r4<tigHa  la  note  du  5  septeinbre,  par  la- 
quelle  la  France  rcfusalt  de  reconnaltre  le  traits,  mais  en 
laisvanl  cntrcvoir  quVlle  ne  s*opposerait  paa  k  son  ex(^eulton 
dan->  lie  certaines  liiiiiles.  L^Anglelerre,  sansperdrede  tempa, 
avail  envoyd  une  flotte  sur  les  c6les  de  Syiic.  Le  gouverne. 
ment  fran^is  rdpondit  au  canon  de  Beyrouth  el  de  Saint- 
JeauMrAcre  |)ar  l*ordonnance  ro>aLe  qui  autorisait  ies  for- 
tifications de  Parls,meMurequieutun  long retenltsse- 
ment.en  Europe.  La  loi  des  fortifications  de  Paris,  quoique 
discut^  et  votiH)  sous  le  ministers  du  29  oetobre,  n*en  est 
pas  moius  t^ouvrage  de  M.  Thiers,  qui  la  encore  Mil  ame- 
ner la  gauche  ct  donner  k  Tenceinte  continue  une  approhation 
"u*elle avail  rern^^dt;  aux  (urt^dt^laclii^s.  Le  roi  mil  |ieisoiinti- 
leiiieul  uue  iusi.>tauce  eitraurUiuaire  k  oiitonir  cetlu  toi;  il 


II  employa  toute  son  influence,  udle  niteie  de  la  rrine ;  ^ 
M.  Mol6  ayant  cm  devoir  combattre  le  projet,  cette  opposi* 
tion  voila  d*un  noxige  les  sentiments  que  le  roi  conservait  k 
Pancien  president  du  15  avril.  Une  guerre  europ6enne  pa* 
raissait  imminente  :  M.  Thiers  se  inontrait  diipoti^  5  pons* 
ser  la  politique  jusqu'au  bout.  Le  roi ,  qui  dans  le  principe 
avail  approuv^  les  demonstrations  <^ergiques,  et  qui  sem- 
biail  partager  las  dispositions  beiliqueuses  de  son  con«eil, 
jugea  tout  a  coup  que  le  moment  ^lail  venu  de  s'arr^ter. 
M.  Thiers  offrit  alors  sa  d^nission,  et  ne  consentit  que  sur 
de  viv(»  Instances  k  gardeV  encore  quelque  temps  le  pouvoir. 
C'est  peu  de  jours  aprte  qn*il  rMigea  la  note  du  8  oetobre, 
qui  pusait  un  cas  de  guerre.  Les  circonstances  deveuaut  de 
plus  en  plus  graves ,  il  propose  la  convocation  immediate 
des  chambres,  pour  qu*elles  fussent  k  purine  de  prater  leiir 
appui  aux  mesures  du  gouvemement.  La  couronne  ayant 
marqu6  son  dissenliment  sur  Popportunit^  de  celte  con- 
vocation ,  le  minist^re  tout  enlier  crul  devoir  se  relirer,  et 
(it  place  au  cabinet  du  29  oetobre. 

M.  Guicul ,  qui  cimime  ambassadenr  k  Londres  n*avait 
pas  seconds  avec  une  cnti^re  deference  Ies  directions  de 
M.  Tillers ,  et  qui  s*6tait  montr6  plus  dispose  k  suivre  les 
Impulsions  de  la  politique  royale,  devint  le  chef  rM  de  cc 
nouvean  cabinet,  tout  en  laissant  la  prteideiice  au  marechal 
Soult,  cliarg^  du  portefeuille  da  la  guerre;  il  s^adjoignit 
MM.  DuchAlei  k  Tint^rieur,  Martin  (du  Mord)  k  la  justice, 
Humann  aux  finances,  Teste  aux  travaux  publics,  Yille- 
roain  k  rinstructlon  publique,  Cunin-Gridaine  au  com- 
merce. Ce  miniature,  qui  compta  sept  auntes  et  demie  d*exis- 
tence,  dur^  la  plus  tongue  qu'ait  eue  aucun  cabinet  sous 
Louis- Philippe,  n*a  eu  que  des  renoovellements  partiels, 
savoir :  M.  Humann,  etM.  Martin  (du  Nord),  remplac6.H  |)ar 
suite  de  d^^c^s,  aux  finances  et  k  la  justice,  par  MM.  Lacave- 
Laplagne  et  Hubert;  M.  Teste,  d^missionnaire,  remptacd 
par  M.  Domon  aux  travaux  publics;  M.  Villemain,  qui  pa- 
rut  atteint  momentan^ent  d'alidnation  mentale,  reuiplacd 
k  IMnstruction  publique  par  M.  de  Salvandy ;  au  commence- 
ment de  1845,  le  mar^chai  Soult  depose  le  portefeuille  de  la 
guerre,  et  le  remit  aux  ma'ns  du  gdn^ral  Muline  de  Saint- 
Yon,  qui  hii-m£me  le  cMa  au  g^n6ral  Trezel,  pendant  que 
M.  Jayr  prenaltles  travaux  publics  quand  M.  Dumon  passait 
aux  finances  et  le  due  de  Montebeiio  a  la  marine. 

La  situation  du  cabinet  du  29  oetobre  ^tail  des  plus  difB- 
cilfts.  II  avail  une  double  lAclie  k  fDmptir  :  d^abord  rassurer 
tous  les  tnl^r^ts  alarm^s  sur  les  cliances  d'une  guerre  g^nd- 
rale  qu*un  avail  vuesi  iuun  neute,  et  en  lufme  temps  prendre 
soin  de  Thonneur  de  la  France ,  si  prufond^ment  blens^  par 
le  traits  du  15  juillet  1840.  Dans  la  preud^re  de  re^  deux 
lAclies,  II  a  compi^tement  r^ussi,  |M!ut-^tre  inline  potirrait-on 
dire  an  dei&  de  ses  esp^rances,  et  surtout  au  deli  de  ce  que 
lui  demandait  Popinion  publique  :  car  en  proclamant  si 
hautement  la  paix  partout ,  la  pake  toujours ,  il  ne  fit 
qu*exalter  les  pretentions  exigeautes  de  nos  ennemis,  et 
presque  justifier  ce  mot  insolent  de  lord  Palmers|on,  disant 
qu*U  fcrait  passer  le  gonvernement  fran^is  par  le  trou 
d'une  aiguille.  L'isolement  et  la  paix  arm6e,  telle  semblait 
6tre  ratlltude  commandite  k  la  France  par  la  situation.  Loin 
de  III ,  le  cabinet  du  29  oetobre  montra  un  einprensement 
peu  digne  k  renlrer  dans  le  concert  europ^en.  Dh&  le  mois 
de  Mvrier  1841,  M.  Guixot  se  montrait  dispose  5  prendre 
place  dana  les  conferences  diplumatiques  et  k  repreiidre 
k  cinq  le  r^lement  des  aRaires  orientales.  Ces  questions 
defrayerent  les  discussions  lea  plus  importantes  de  la 
chambre  pendant  la  session  :  on  y  vit  aux  prises  deux  ad- 
versaires,  MM.  Thiers  et  Guixot,  qui  detenflirent  chacun 
leur  |iolitique  avec  une  vive  chaleur,  et  presque  avec  ani* 
inosite.  Mais  Palaruie  avail  ete  trop  chaude ,  le  peril  s¥tail 
montre  de  trop  prte  pour  que  Popposilion  n^eflt  pas  le  des- 
sous,  el  le  sy!«l^me  par.iUqtie  puusse  li  outrance  profita  iW  ses 
avantages.  Pendant  six  mois  tons  Ies  efforts  de  la  dipiomRtie 
sVverlu6:ent  k  trouver  un  bias  qui  penult  k  la  Frauce  '^ 
renlrer  doceiniiU'ul  dans  le  cuncf^t  curopOen,  et  la  pf  duil 


700 


FBANCe 


de  ces  eflbrU  fut  la  conTentiondu  IS  jiiillet  1841.  Elle  aTftit 
pour  objet  la  fermetiire  du  Bosphore  et  du  d^troitdes  Darda- 
nelles,  sous  la  garantie  des  puissances  de  PEurope.  La 
Rossie  n'en  garda  pas  moins  son  influence,  et  le  produit 
net  de  la  politique  rasse  n'en  subsistait  pas  moins  k  son 
profit :  c'^talt  la  rapture  de  Talliance  anglo-fran^ise. 

Une  mesore  juste  en  elle-m£mey  le  recensement,  qui 
n^avait  d'autre  objet  que  regale  repartition  de  rimpOt,  deTint 
une  cause  d*agitation  sur  plusieurs  points  de  la  France ,  et 
fit  mdme  ^ater  des  troubles  graves  k  Toulouse.  Toute  la 
qoestion  se  rMuisait  a  saToir  si  le  recensement  devait  6tre 
fait  par  les  agents  du  fisc  assists  par  les  d^l^^  du  pou- 
▼oirmonicipaly  on  par  I'autorit^  municipale  assists  des  agents 
du  fisc.  A  Toulouse,  les  contestations  qui  en  rdsult^ent  se 
r^uisirent  en  manifestations  violentes,  brutales,  en  actes  r^ 
pi^hensibies,  et  diig^n^rteent  m6me  en  r^votte  contre  les 
autoritte.  Le  pr^fet,  M.  Mabul,  tout  r^cemment  arrive  dans 
la  Tille,  et  le  procoreur  g^n^ral,  M.  Plougoulm,  se  Tirent 
en  butte  k  des  menaces  et  k  des  demonstrations  coupables, 
dont  lis  jug^rent  prudent  de  ne  pas  attendre  TefTet,  et  ils 
s'esquiv^rentde  laviile  k  la  faTenrde  d^guisements.  Inde- 
peodamment  des  violences  oondamnables  auiquelles  se  porta 
alora  une  partie  de  la  population,  11  y  avail  U-dessous  une 
Traction  Acbeuse  de  Tesprit  local  contre  notre  puissante 
centralisation,  un  des  ressorts  de  notre  admirable  unite  na* 
tionale,  opuvre  et  gloire  de  la  revolution. 

Le  minist^re  whig ,  qui  comptait  s^afTermir  par  le  traite 
du  15  juiltet  1840,  s'etait  au  contraire  anicide.  Ce  traite 
eut  pour  effet  de  determiner  la  France  k  des  armements 
qu*elie  avail  trop  ntfgliges  :  ces  armements  forc^rent  l^An- 
gleterre  a  augmenter  les  siens.  Ces  charges  nouvelles,  jointes 
a  Texpedition  de  Syrieet  k  la  guerre  de  C  hi  ne ,  produisirent 
le  deficit  que  le  cabinet  chercliait  k  combler  par  des  mesures 
qui  le  renverstent  Le  pariement  ayant  etedissous,  les  elec- 
tions firentgagner  aux  tones  vingl-dnq  sieges  danslachambre 
des  communes,  ce  qui  leur  donna  une  majorite  de  cinquante 
k  soixante  voix.  Sir  Robert  Peel,  comme  chef  de  parti,  avail 
ete  admirable  de  sagacite,  d^habilete,  decelte  patience  calme 
et  prevojante  qnl  caracteriseriiomme  d*£tat.  Son  avenemeut 
pouvaitexeroerune  action  seriense  sur  la  politique  de  notre 
gouvernemdnt.  Blen  que  le  parti  qn'il  representait  fflt  celui 
des  adversaires  implacables  de  la  cause  lib^rale  dans  toute 
TEurope,  11  ne  se  montra  pas  anime  des  memos  passions  que 
son  prediecesseur  contre  la  France.  Le  cabinet  du  29  octobre 
voulait  profiler  de  ces  dispositions  moins  ouvertement  hos- 
tiles  pour  poser  devant  les  cliambres  la  question  de  desar- 
moment,  qui,  en  aliegeant  les  charges  publiques,  facilite- 
rait  Texecution  des  grandes  llgnes  de  cbemins  de  fer,  car 
des  lors  on  pensait  k  toumer  les  esprits  vers  le  soin  de>  in- 
terets  maieriels,  dans  Tespoir  sans  doute  de  les  detoumer 
ainsi  des  questions  de  principes.  Mais  on  trouva  qu*fl  s'eiait 
trop  presse  de  rentrer  dans  le  concert  eoropeen,  et  qu*il  eOt 
ete  plus  digne  d^accepter  Pisoleroent;  sa  conduite  parut  em- 
preinte  d*un  caractere  de  faihlesse.  Les  joumaux  anglais 
ecrivaient :  «  Lord  Palmerston  a  cm  qu*il  fallait  prendre  les 
Franks  par  rintimidation ,  et  l^venement  prouve  qu'il  a 
bien  juge :  »  On  lisalt  dans  la  Gazette  d'Augsbourg  :  «  La 
France  ne  doit  maintenant  aspirer  qa'k  un  rOle  secon- 
daire  en  ce  qui  iouelie  le  r^glement  des  grandes  alfaires 
europeennes. »  Ces  humiliations  retombaient  sur  le  minis- 
tere,  et  le  ftappaient  d'impopularite.  U  sentait  sa  faiblesse 
et  le  besoin  de  se  rattacher  par  quelqae  concession  I'opinion 
publique ,  qu^il  s'etail  alienee.  C'est  alors  que  dans  la  redac- 
tion du  discours  de  la  cooronne  pour  Touverture  de  la  ses- 
sion il  obtiDt  du  roi  introduction  de  cette  phrase.  «  L'Al- 
gerie  est  desormais  et  pour  toujours  fran^ise.  »  Jusque  \k 
le  roi  avail  besite  k  se  prononccr  si  formellement  sur  la 
possession  d*Aiger.  Les  doutes  qolen  resultaient  servaient  de 
te&te  k  des  accusations  de  lAclie  conde^cendance  pour  I'An- 
g*eterf«.  Tou»  ceii\  qui  avaient  M  dans  I'avenlr  de  notre 
oolunie  iiouvelie  s^etnparerent  de  celte  declaration,  ei  desor- 
mais la  question  fut  trancliee. 


La  session  s'etaUonrerte  le  37  decembre  1S4I«  L** 
du  president  fot  la  premiere  difficulte  qne  rencoiitn  le  bh- 
i  nistere,  et  elle  naquit  du  sein  m^me  do  parti 
teur.  La  Presse,  alliee  incommode  pourle  cabinet,  s'l 
matin  de  Tinsulfisance  de  M.  Sauzet,  et  mil  en  avant  la 
didature  de  M.  de  LamarUne.  Le  rainistere,  indeds,  ne  sal 
d^abord  quel  parti  prendre;  il  fallut  la  demarche  de  qnelqaes 
anciens  meneurs  des  centres  pour  mettre  fin  k  son  besit^ion 
et  maintenir  M.  Sauzet  comme  candidat  dn  gonvcmenMnt 
(In  des  fails  les  plus  importants  de  cette  session  fat  in  di^ 
cusslon  relative  au  droit  de  visite.  Le  ministere  sobH  m 
echec,  par  ^adoption  de  Tamendement  de  M.  LeCebvrc; 
mais  cet  amendement,  vote  par  les  conservatenrs,  ne  devaif 
pas  entratner  la  chute  du  roinistere.  L'oenvre  capitaJe  de  b 
session  fut  la  loi  sur  les  chemins  de  fer,  promnlgoee  le  it 
juiu  1843.  Les  projetsde  1838  avaient  avorte ;  deux  Ugnestai- 
lementetaienten  coustruction,  cellede  Paris  i  Rouen,  et  cells 
de  Paris  a  Orleans.  M  Teste,  ministre  des  travaux  poblics, 
presents,  dans  le  mois  de  fevrier,  un  projet  de  loi  compreoant 
cinq  grandes  lignes  de  chemins  de  fer,  qui  devaient  abouttr 
de  Paris  k  la  frontiere  de  Belgique  par  Lille  et  Valendcsnes 
au  littoral  de  la  Manche  vers  PAngleterre,  k  la  frontier  d'Al- 
lemagne  par  Strasbourg,  k  la  Mediterranee  par  MarscilJe  ct 
par  Cette ,  k  TOcean  par  Nantes  et  par  Bordeanx.  II  propo- 
sait  Texecution  par  I'^tat,  en  y  faisant  concourir  dans  une 
certaine  mesure  les  localites  interessees  et  rindustrie  privee. 
Le  projet  laissait  de  cdte  la  question  du  trace.  La  commis- 
sion fit  subir  au  projet  du  gouvemement  dMmportantes  mo- 
difications. Le  rapporteur,  M.  Dufaure,  depo^a  son  tnvai 
dans  le  courant  d*avril ,  et  la  discussion  s'ouvrit  le  36  de  oe 
mois.  Aux  cinq  grandes  lignes  proposees  par  le  ministre,  la 
commission  en  ajoutait  trois:  1*  de  Tours  k  la  frontiere  dT»- 
pagne,  par  Poitiers,  Angouieme,  Bordeaux  et  Bayowie; 
3*  sur  le  centre,  par  Bourges,  Nevers  et  Clermont;  1*  de  U 
Mediterranee  sur  le  Rhin,  par  Lyon,  Dfjon  et  MulboiMe- 
Le  gouvernement  accepta  celte  demiere  iigne,  ainsi  que  le 
trace  de  Paris  k  Strasbourg  par  Nancy;  il  oonsenUl  cacore 
k  modifier  le  trace  primitif  de  Paris  sur  I'Ocean,  d'one  part, 
par  Orleans,  Tours  et  Bordeaux;  de  Tautre,  par  Ranles. 
Le  ministere  ne  demandait  de  credits  que  pour  quntre  diiee- 
tions ;  la  commission  en  alloua  pour  six ,  et  die  angmenta  d« 
34  millions  les  credits  demandes.  On  voit  que  la  oomonssion 
avail  songe  surtout  k  faire  de  ce  projet  une  question  dlnie- 
ret  pour  chaque  localite ,  tandis  que  le  ministere  ^tait  piM 
occupe  de  la  question  strategique ,  surtout  pour  rest  et  Is 
nord.  L'esprit  etroit  de  localite,  qui  etait  la  plaiede  notre  sy»- 
temerepr^entatif,  se  fit  jour  encore  par  Tadoption  do  systeue 
d*execution  simultanee  de  plusieurs  lignes,  au  lieo  de  con- 
centrer  toutes  les  ressources  d'abord  sur  un  point  amque, 
Ainsi  M.  Dufaure  demandait  ponrquoi  Lille  et  Marseille  se- 
raient  reunis  k  Paris  trois  ans  plus  tOt  que  Strasbomg  et 
Bordeaux?  Tout  ce  qui  etalt  inUresse^  Tagiotage  insista  pour 
l*intervention  des  compagnies.  M.  Thiers  soutint  avec  t>- 
gueur  un  amendement  de  M.  de  Mornay ,  qui  proposait  nat 
Iigne  unique  du  nord  au  midi. 

L*ordonnancede  dissolution  dela  chambre  parut  le  13  juia. 
Les  elections  se  firent  le  9  julllet,  et  les  chambres  etaieit 
convoquees  pour  le  3  aoAt.  Mais  dans  Tintervalle  arrive  h 
funeste  evenement^  qui  pouvait  cotnpromettre  k  la  fols 
Texistence  de  la  dynastie  et  Tavenir  de  la  France.  Le  13 
julllet ,  le  due  d'Orleans  devait  partir  pour  Saint-Omer,  ou 
il  allait  inspecter  plusieurs  regiments  designes  pour  le  oorpi 
d*armee  d*operatiuns  sur  la  Mame,  dont  il  avail  re^u  leeoia- 
mandement  en  chef.  II  se  rendait  k  Neuilly  poor  faiie  fci 
adieux  k  sa  famille,  lorsqu'en  voulant  sauter  de  sa  caMie, 
dont  lea  cfaevaux  s*etaient  emportes,  il  eut  la  tete  ecraste 
sur  le  pave,  et  il  mourut  quelques  beures  apris  aana  avijir 
repris  oonnaissance.  Apres  les  funerailles,  qui  se  fireotavec 
one  pompe  solennelle,  une  ordonnance  avan^  de  qcriqoes 
jours  la  convocation  des  cliambres ,  et  la  fixa  an  37  jui.k't. 
Le  disroiirs  du  trOne  annon^a  la  necessite  de  I'aiie  uoe  U^ 
de  regenc  e .  Le  projet  de  loi  presente  par  le  fiouveruenien: 


FRAWClt 


fMfiMi  U  ^^genee  pur  droit  hdrMHaii^  au  plus  ptoche  parent 
do  roi,  et  en  dcaiiait  i  Jamais  les  femnMs.  Le  rapporteur 
fut  M.  Dupin.  La  majority  da  roi  fot  fiite  k  dix-buit  ans 
aecomplis.  La  garde  et  la  tutelle  du  roi  appartiennent  a  la 
rdne  ou  princesse  sa  m^ra,  non  remarite,  et  k  son  d^faut 
k  la  reine  ou  prlncesse,  son  aleule  patemelle,  Element 
non  remari^e.  Aprte  le  vole  de  cette  loi,  qui  ddC^rait  ainsi  la 
r^ence  au  due  de  Ifemoun,  la  session  fut  ajoumte  au  mois 
de  Janvier  sulTant. 

Depnis  lors,  le  roinistte  da  )9  octobre  cbemina  k  tracers 
llmpopularit^ ,  mals  soutenu  par  one  mijorit^  sulTisante. 
La  condesoendance  de  cette  migoril^,  mise  plus  d'uoe  (ois 
k  de  rades  <preu?ea ,  ne  s'est  pourtant  pas  d^mentie.  11  en 
est  OB  exemple  que  nous  ne  pouvons  omettre  ici ,  k  cause  du 
retentissenient  prolong^  qu'elle  a  eu ;  c'est  TaflUre  de  Tin- 
demnit^  Pr itcb a  rd ,  qui  a  r^volt^  mtoie  les  conserrateurs 
lea  plus  d^TOu^  qui  la  volaient,  en  vue,  disait-on,  de  ne  pas 
roropre  Ventente  cordiale.  Mais  cette  entente  cordiale,  qui 
nous  a  coftt^  si  clier,  que  deTint-elle?  In^branlable  tant  que 
I'Angleterre  put  compter  sur  la  complaisance  de  notre  cabi- 
net, elle  se  tonnia  en  aigreur  et  en  bostilil6  ouferte  le  jour 
oil  elle  renoontra  quelqiie  resistance  aux  int^r^ts  de  sa  poli- 
tique. Cette  r^stance ,  qui  se  manifestait  pour  la  premiere 
foiSy  avait  pour  principe  un  int^r^t  dynastique.  Tons  les 
princes  de  la  Dunile  royale  s'^taient  successivement  alli^li  des 
maisons  souferaines ;  le  prince  de  JoiuTille  avait  ^pous^  une 
princesse  du  BrMl ,  le  due  d*Aumale  une  princesse  napoli- 
taine.  Restait  k  pourToir  le  plus  jeune,  le  due  de  Montpen* 
sier.  Une  infante  d'Espagne ,  la  seconde  fille  de  Marie- 
Christine,  la  sceur  de  la  jeune  reine  Isabelle,  devait 
aToir  une  riche  dot,  dvalu^  par  quelques-uns  i  20  ou  30 
millions.  Mais  son  rang ,  si  rapprochA  du  lr6ne  d'Espagne, 
soulevait  de  la  part  de  I'Angleterre  une  opposition  p^remp- 
toire  an  mariage  de  I'lnfanto  avec  un  prince  fran^ais.  En 
mtoie  temps  le  mariage  de  la  reine  Isabelle  occupait  toute 
la  sellicitude  de  la  diplomatie.  L'Angleterre  avait  fortement 
appuyi  une  combinalson  consistent  k  unir  les  deux  fils  de 
rinfant  don  Francois  de  Pauie  avec  la  jeune  reine  et  sa  soeur. 
Certaioes  difficult^,  qui  compliqu^rent  la  n^odation,  ayant 
foumi  I'occasion  de  mettre  en  aTant  un  autre  pr^tendant  k 
la  main  dlsabelle,  un  prince  de  Saxe-Cobourg ,  lecaBinet 
fran^is  crut  pouvoir  se  r^tracter  de  la  parole  qu*il  avait 
donn^  au  cabinet  de  Londres,  et  profita  de  riusta^t  favorable 
poor  D^odcr  le  mariage  du  due  de  Montpensier  avec  Finfante 
Luisa,  en  m6me  temps  que  se  conduait  Tunion  d'Isabelle 
avec  un  de  ses  cousins.  L^aflaire,  conduite  avec  une  rare 
dext^ritd  par  notre  ambasMdeur  k  Madrid,  futenlevte  pres- 
tement,  ^  Tinsu  de  la  diplomatie  anglaise.  Cette  nouveile 
fut  un  coup  de  foudre  pour  lord  Palmerston ,  r^cemment 
rentr^  anx  aflaires.  De  Ik  un  nouveau  ddbordement  de  fureur 
centre  la  France,  contre  son  gouvemement,  centre  la  per- 
sonne  royale  elle-mtoie.  De  U  des  protestations  en  verto 
du  traits  d'Utreclit :  on  pr^tendit  exiger  de  Tinfante  une  re- 
nonciation  k  ses  droits  ^ventuels  k  la  couronne  d^Espagne. 
Le  pariement  anglais  et  les  chambres  de  France  ayant  ^iA 
convoqu^  sur  ces  entrefaites,  les  rteriminations   (urent 
portteaux  deux  tribunes.  M.  Guizot,  accuse  d'astuce  et  de 
mauvatsefoi  par  lord  Palmerston,  se  disculpa  comma  ilput. 
L*entente  cordiale  fut  plus  compromise  que  jamais ;  mais 
le  double  mariage  ^tait  con8omm<i  ( 10  octobre  1S46).  L'An- 
gleferre  cbercba  alort  k  prendre  sa  revanche  k  Madrid,  en 
y  fevorisant  on  revirement  de  systime  politique  et  en  y 
d^tniisant  rinflueooe  fran^se.  Legouverment  russe,  voyani 
ces  nuages  amoncelte  entre  la  France  et  TAngleterre,  saisii 
le  moment  pour  conclure  une  optetion  financi^  consistant 
k  acbeter  des  rentes  fran^ises  pour  un  capital  de  50  mil- 
lions :  cVtait  un  soulagement  pour  la  Banque  de  France, 
dans  la  crise  mon^taire  d^termin^e  par  Texportation  de  nu- 
meraire que  necessitait  facliat  des  c^r^ales  k  retranger,  et 
notamment  dans  les  provinces  meridionales  de  la  Russia; 
c*etait  aussi  une  marque  prononceedebon  vouloir  donnte  par 
le  tsar  iila  Fnncef  qui  ii*y  etaitpa»aceoatamee  de  ce  cMA-Ul 


701 

En  1846  la  chambredes  deputes  futdissoute,  et  les  eiec- 
teurs  fiirent  en  butte  k  plus  d*une  manssuvre  corruptrice, 
ou,  pour  employer  reiegante  perlptirase  d*un  ministre,  d 
Ta^fM  des  itf/lueneeM.  Elles  ramen^rent  done  une  majorite 
plus  nombreuse,  sinun  compacte,  car  d^a  qiielques  Ureilleurs 
novices  semblaient  supporter  impatiemment  le  joitg  de  la  dis- 
cipline ministerielle.  Louis- Philippe,  que  la  coalition  avait 
profondement  blease,  prit  habllement  sa  revanclie  en  dislo- 
qoant  cette  alliance  redootable  et  en  mettant  aux  prises  les 
lines  avec  les  autres  toutes  les  ambilions  qui  y  avaient  pris 
part  :  il  les  avait  amoroees  tour  k  tour  par  Papptt  du  pou- 
voir, il  les  avait  usees  Tune  aprtel'autre,  et  sur  les  debris  de 
la  ligue  parlena«ntaira  le  gouvemement  personnel  s*etait 
consolide.  Mais  I'orage  allait  gronder;  les  oppositions  di- 
verses  s'etaient  ralUees  som  le  drapeau  de  la  re^'orme  :  Tal- 
lianoe  fut  cimentee  dans  les  banquets.  Le  gouvemement 
vottlut  arreter  le  flot  qui  montait :  la  revolution  de  F  e  v  r  i  e  r 
emporta  le  cabinet,  le  tr6ne  et  la  dynastie  d'Orieans. 

Quel  rOle  Jouera  dans  rbistoire  cette  periode  de  dix-bnit 
annees,  dont  nous  avons  ete  spedatenr  si  attentif,  et 
quelquelbis  si  enm?  Sana  nous  separer  de  nos  emotions 
personnelles,  tAchons  de  devancer  le  jugement  calme  et  im- 
partial de  la  posterite.  Son  grmd  merite,  sa  gloire  Incontes* 
table ,  sera  d*avoir  maintenu  la  paix  du  monde.  Grl^ce  k  la 
paix,  la  Hberte  8*anermit  en  France,  et  die  germa  chex  des 
nations  voisines ;  grftce  a  la  paix,  Tindustrie  put  entreprendre 
dMmmenses  travaax,  qui  preparerent  le  blen-etre  de  toutes 
les  dassea  sodales;  die  put  organiser  on  vaste  systeme  de 
communications  rapides ,  qui,  en  unissant  les  peuples  par 
la  communaute  des  interets  et  des  idees,  finira  par  n'en 
laire  qu*ane  seule  fomille.  En  qgdques  occasions,  la  France 
put  soubaiter  plus  de  dignite  dans  ses  rapports  avec  les 
cabinets  etrangers.  Cette  politique  timide  k  Texterieur  tenait 
k  la  position  de  la  dynastie  nouTdle  et  k  reiroite  alliance 
qu'dle  avait  formee  avec  les  classes  moyennes.  La  bour- 
geoisie a  des  qualites,  I'aroour  du  travail,  le  respect  de  la 
loi,  la  liable  du  fanatisme,  des  mceurs  deuces,  reconomie, 
tout  ce  qui  fait  le  fonds  des  vertus  domestiques;  mais  elle 
manque  d*eievation  dans  les  sentiments,  de  profondeur  dans 
les  idees,  et  de  genereuses  croyances.  Lors  done  qu'un  gou- 
vemement prend  cbei  die  son  point  d'appui,  il  devrait 
avoir  garde  de  trop  s'accommoder  k  son  niveau ;  il  devrait 
travailler  au  contraire  k  Tdever,  k  lui  inspirer  de  nobles 
nstmctSy  et  k  faire  luire  an-de»uis  de  ses  utiles  travaux 
une  aureole  de  gloire.  Loin  de  1^  on  Oatta  k  Texces  son 
amour  du  bien-eire,  on  exalta  sa  pasaion  des  jouissances  ma- 
terielles,  qu'on  erigea  presque  en  vertu !  II  semblait  que  le 
patriotisme  consistAt  desormais  k  s'enricliir.  Sur  regoisnoe 
on  ne  fonde  que  la  tyrannie;  la  liberte  vit  do  devouement. 
A  la  fin,  la  petite  bourgeoisie  exigea  plus;  die  demanda 
Textension  da  sulTrage  dectoral :  le  gooveroement  semblait 
pencher  alors  vers  la  reoonstltution  d^une  aristocratic,  il  re- 
sists. La  garde  nationale  Pabandonna ,  et  sa  chute  surprit 
le  monde.  Artauo. 

Apres  la  revolution  de  Fevrier,  un  gouvemement  provisoire 
prit  la  direction  des  affaires  jusqu*4  la  reunion  de  Tassem- 
biee  constituent  e.  Cdte  assembiee  prodama  la  repnblique, 
et  deiegna  d'abord  le  pouvoir  executif  k  one  commission 
executive.  Envahie  le  15  roai,  die  fut  retablie  aussitdt. 
Lors  des  evenements  de  juin,  die  donna  le  pouvoir  au  ge- 
neral CaTaignac,qui  prit  le  litre  de  chef  du  pouvoir  exe- 
cutif. Par  suite  de  la  constitutioa  votee  par  cette  assembiee, 
le  prince  Louis-Napoieon  fut  du  president  de  la  repu- 
blique,  le  1 0  decembre  1848.  L^aasembiee  oonstltuante  acbeva 
bient^t  sa  carriire,  et  cedala  place  k  une  assembiee  legis- 
lative, qui,  tiraiiieepar  les  partis,  se  latssa  dissoudre  par 
le  coup  d'£tatdu  2 decembre  1851.  Lenomde  republiqne 
fut  encore  conserve  pendant  une  annee;  au  mois  de  decem- 
bre 1852,  le  retablissementderempire,  vote  par  lesenat,  fut 
soumis  au  peuple  fran^ais  dans  un  plebiscite  qui  se  trouva 
adopte  k  une  grande  majorite.  Depnis ,  les  travaux  publico 
furent  pousses  avec  une  activlte  extreme  ^  mais  la  disette 


to) 


FRANCE 


Tint  ptwr  sur  la  l^nncfl^  qiit,  d^aecord  avec  TAngleterre  pour 
MMitonir  I'Eiopire  OUoiDaD,adA  dtelarer  la  guerre  ^  la 
Ryaai«a«i«DiiiiDenceiiiaot  d^  ia>4.  Noa  auccte  aro^neront 
DM  prampU  paiK  aaaa  douto,  ear  tout  le  inonde  la  desire ; 
et  riBipereiir  Ta  dil :  V£mp^0t  ^ut  la  pai^  i 

Langite. 

II  ii>  a  point  de  peuple  priinaire,  ai  petit  <|ii*il  ait  ^<^  k 
aon  origiiitt  et  m  (»b^r  qu'il  soit  rm\A  dan»  i^histoire,  qui 
D^aH  ea  d*abord  aa  langwe  auiochtone,  c^est-^  dire  prupre 
au  aol  nafiroe  aur  lequel  il  a  pris  naiKsaoce.  La  Gaule  a 
doac  poM^^  Diiceaaairefnenl  one  langue  propre,  ftui)clivis(^ 
aelon  tpute  ai*PAreii<9  ^i  aombreui  dialecten^  et  dont  ii  ne 
re^te  point  de  moauinent  terit  On  a'efroroe  bicn  d*^- 
taUir,  depuia  plus  d^iin  aitele,  que  cette  langue  autochtone 
^ait  le  oelUqiie,  vrai  ou  Gmu«  que  Tun  parleeneure  en  Basse- 
Bntlagne,  et  cette  opinion  oouaerve  de  noa  joura  un  grand 
nombre  de  partisana.  Je  n*ai,  quant  k  inoi,  Tintention  ni  de 
l*appuyer  nide  la  conibattre,  parce  qu*eile  appartirut  tout 
enti^re  au  domaine  de  Hiypotli^,  et  qu*elle  nVn  sortira 
jaroaia.  Je  rae  borneral  k  une  aeule  observation ;  c^est  que 
pour  tirer  de  oetle  conjecture  des  inductions  aliaolues ,  il 
faudrait  d^abord  rameoer  le  kiaa-breton  k  aon  ^tat  priiuitif 
et  le  degager  eompUlement  de  tuus  lea  inota  acquis  ou  im- 
poaite  qu'il  a  plii^  depuis  dea  atteiea  i  aea  fonnea  lexiques. 
Or,  c^eat  un  point  dont  on  ne  s'est  jamais  afis^.  L*iso- 
lementi  plua  moral  que  atatiatique,  de  la  Basse- Bretague, 
nW  paa  tel  qu'elle  n*ait  entrelemi  dea  relations  tr^-lia- 
bltuel  ea  avec  scs  Toiains  du  continent »  dont  elle  a  re^u  aa 
religion,  les  lois,  tine  partie  de  sea  coutumes ,  et  par  cons<^ 
quent  une  quantil^  innombrable  de  mota.  Cost  par  con- 
aiftquent  une  manl^  trte-Tideuae  de  proc^er  que  de 
coBclore  de  Tanalogie  d*un  mot  francs  avec  un  root  Uas- 
breton  que  eelui-ci  est  radical,  quand  on  peul  r^torqner 
eel  argument  avec  beaucoup  plus  de  prol)ab<lit^  par  la  sup- 
position contraire,  poisque  la  langue  Tran^ae  a  des  titres 
fort  antdri^urs  k  ceux  du  bas-breton,  dont  il  n*eiiste  peut 
are  paa  d'actes  Merita  qui  remonteut  plua  loin  que  le 
quinzitaie  aitele. 

S'il  y  a  eu  un  rooyen  certain  de  retrouTer  lea  vestiges 
de  la  langue  autochtone,  il  taut  le  demander  k  la  tradition, 
et  le  cherclier  dans  lea  noins  proprea  de  personnes  el  de 
Heux  auxquela  on  ne  d^couvre  pas  d'analogues  dans  les 
languus  inlenuddtaires.  Cette  consideration  n*a  pas  ^liapp^ 
a  Bitllet,  k  LaTour-d>uver»ue  t*t  aux  6lyroologistea  de  leur 
4^cole,  qui  se  sont  presque  toujours  ap|)uy6s  sur  les  moU  dc 
c<'ttii  es|WH:e  pour  accrMUer  leur  ayst^me,  et  on  salt  quelles 
ineroyahldH  licences  lis  ms  sont dotindes  ^>uveiil  |)our  lappro- 
ciier  de  pr6tendus  d6riv6i  de  leur  pr^'tendii  radical.  Je  ne 
conte^terai  iias  ceiiendanl  le  iniMite  de  leurs  aventureiises 
d<^roiivertes,  car  je  suis  aussi  dispose  qu'cux  k  penser  qu^il 
n'est  pdint  de  langue  sec/indaire  oi'i  il  ue  reste  quelquu  vcs* 
tigB  de  la  langue  autochtone;  inais  la  langue  fian^iise  n*est 
point  dans  ces  ^Idmonts  (^pars  et  difliciles  a  saisir  qui  se 
d^robent  k  Tanalyse;  elle  a  une  forme  gr^n^rale,  un  caract^re 
.  intrins^qne,  desorigines  sensibles  et  incoutestables ,  qui  ne 
aont  certJiinement  poiut  autochtones ,  et  c'eat  ik  qu*il  faut 
cliercher  les  premieres  notions  de  son  liistoire. 

Si  Pon  examine  quel  r61e  la  puissance  romaine  a  jon^  sur 
la  terre;  si  on  la  volt  8*^lendre  avec  pr^lilcction  sur  IVjccI- 
deut  et  le  nddi  de  TEurope;  al  on  la  suit  en  particulier 
daa«(  lea  Gaulea,  oil  elle  plante  aea  aiglea  quarante-trois  ana 
avant  J.-O.,  et  auxquellaa  elle  im|)Ose  sa  langue  avec  ses  Id- 
gioBa,  MS  prttenra,  sea  juges  et  aes  dcolea;  ai  on  observe  que 
la  tttUratura  fauloise,  toute  latine,  a'illuatre  par  les  terita 
d*A  0  a  o  n  e,  de  Salw  ien,  de  Sulpice-SdvAre,  de  S I  d  o  i  n  e-A  p- 
polllnaire,  de  Grigoire  de  Toura,  de  saint  Ber* 
nar  ^  d*Ab41ard;  ai  le  latin  est  pendant  buit  cents  ana 
1 1 1  •n,;uo  <le  iVnaeig  nement,  de  Pautoritd  royale,  de  la  lol, 
i>  a  iitstire, de  la  prAilic  ation; ai  on  le retrouve  enfin,  uial 

>:ipvr,  )n<qu<*  dans  lea  mon  uinenta  les  plua  anclens  de  la 
.fl;;ue interuiAdiaire, jusque dana  [q aanneot deCbarleaU 


C b a u  ve,  qui  poum  doutar  qiie  Ii  (iraa^,  eonuM  llfilim, 
comma  Tesptgnol,  coroiue  le  portugais  a  pror^d  du  latin  i 
travera  le  ronian  dea  alleles  moyensf  Nona  n'tgnorona  poiiU 
que  dea  aavants  d*une  grande  aulorit<^,  Pdrioa,  L6uo  TnppanI 
et  surtout  Henri  i£  s  t  le  n  n  e,  ont  tir6  iminMiateineat  le  eras- 
es du  gree,  commeai  le  latin  iui-m6ine  n'^tait  paa  ndrenn; 
mais  c>8t  une  fausse  acception  d*6tymologie,  dont  rerreiir  se 
rdvdle  du  preiider  eiiameo  aux  esprits  lea  pina  prevcaM. 
En  |)ortant  cette  misprise  k  aa  demiere  expresaaon  poaaible, 
on  rt*e8t  eflbrcti  de  noa  jours  de  faire  remonter  U  langnc 
fran^iseau  Sanscrit,  et  on  y  r^aaire  probaUement  tool 
aussi  bien,  s'il  est  vrai  que  le  aanserit  ait  M  k  aon  loor  la 
langue  dominanie  de  la  dvilisation,  et  qu*il  ait  pruduit  k 
grec ,  oomme  le  grec  a  produit  le  latin.  La  qiaas&ioo  n^^est 
pas  dans  ces  investigations  liaaanite  de  ttedbreuae 
logie;  elle  ae  rMuit  k  aavoir  d'oii  vieut  le  fran^nis, 
Tontre  naturel  et  Imm^iat  de  g6n£ralion,  el  c^est  oe  qui 
ne  fait  paa  da  doute  :  le  fraii^  eat  oe  qu^on  nppelte  main* 
tenant,  dans  iliibride  jargon  de  eeitains  plialologijisa,  one 
langue  n^'laiine.  11  a  M  fait  du  latin,  avec  lea  ei^uents 
du  latin,  par  appropriation  au  caraolteet  k  Tesprit  de  boIjv 
langue  autochtone,  qui  reste  k  retrouver,  ai  l*oa  pent 
Quant  k  inoi,  je  n'en  vols  paa  la  nteessitd ,  paiMioe  cetti 
langue  n*a  laissd  de  traces  ni  dans  Tbistoire  ni  dana  hsa  arts 
dela  iiarole.  Toutce  qu*il  eat  posaible  d'en  aavoir  poaitive- 
ment,  cW  que  lea  niot«  fran^is  qui  n^uot  point  de  radi* 
caux  certains,  soit  dans  lea  laaguan  anciennea,  aoit  dans  la 
langues  cong^6res,  soit  dans  lea  Ungues  ^trangjbma  aval 
lesquelles  le  muuvement  de  la  civiliaation  a  inia  la  langna 
fran^ise  en  contact,  appartiennent  essentietlemeat  k  ceUa 
langue  primaire,  et  ils  sont  en  trto-petit  nomlm. 

Noaaieux  ^lent  ai  profonddment  pdndtrda  de  eette  filia- 
tion, quMIs  avaient  judicieusement  postposi  lea  dtndai 
litldrairea  de  la  langue  (ran^iae  k  celles  de  la  langaa 
latine ;  il  leur  dtatt  ddmontre  jusqu*^  rdvidencc  qu^on  aa 
parvenalt  It  la  connaissance  apfirofondi.;  de  Tune  qiie  par 
rinveatigatlon  de  Tautre,  et  je  rends  milleactiona  degrlces^ 
I'univerMtdde  n*avoir  paa  al)diqud  cette  opinion.  Im  micane 
anr  ce  point  estindbranlable,  et  je  ne  crains  pas  de  la  flbma* 
ler  d*une  mani^re  plus  exclusive  qn*oo  ne  la  fait  jasque id. 
Quiconque  ne  »ait  pas  le  latin  est  incapable  d^ecnre  en 
fran^ais  avec  exactitude  et  pureti, 

Notre  langue  est  trte-jeune  encore.  On  ne  s^eii  dooteraH 
pas.  Il'y  a  mille  ana  enire  Hoinere  et  Plutarqiie.  II  y  eta 
plus  dti  quatre cents  entre  Enniu<  et  Quintilien.  II  n'y  a  pai 
dix  ans  entre  Mallierbe  et  la  Critique  de  Cid.  C*est  ea 
1656  que  Pascal  dcrivail  le  premier  de  fcxcellente  prest 
fran^aise  dans  ses  adini rabies  Provinciates,  Trenle-lioil 
ans  apr^,  la  prose  vX  les  vers  et  la  langue  dtaieot  fixds  m 
deux  volumes  in- folio  avec  priviK^ge  du  rui.  On  a  praoii 
les  aiecles  h  cette  langue,  i^t  die  a  grandi  comme  nne  gte^ 
ration.  On  lui  a  dit :  «  Vous  en  savez  assex  pour  voln;  igs, 
trop  peut-dtre.  Vous  parlea  d'iddea  nouvelles  :  toutes  les 
i(i(4s  sont  Hans  les  livres.  Vous  ciiercliez  des  mots  pour  les 
rend  re  :  tons  les  mots  sont  da  us  les  dicUonnaires.  £«i(ci 
le  vieitx  langage,  il  est  barbare.  Crie/  anatlieiue  aur  If 
nonveau,  il  est  sacril<^ge.  Les  anciens  obdssaient  k  Tusa^. 
|}on  potir  lea  anciens!  ils  n'avaient  point  d*aeadetuiei. 
Ob^issez  k  PAcad^uiie.  Ilardiesse  est  t^ni^te,  liliertd  est 
licence ,  originulit^  est  delire.  Iiuitez,  imitex  toujours  d 
quand  tout  sera  imit^,  iuiitez  les  iiiiitateurs.  Cop^  copca 
em-ore,  et  quand  tout  sera  copi^,  copi<  z  les  eopialea.  Sv- 
tout,  ne  vous  avisez  |k)s  de  sentir,  de  concevoir,  d'iuventer. 
Tout  ce  qui  pouvait  s'inventer,  on  Pa  invent<^.  On  a  inventf 
jusqu'l  nous.  I>ei)iiis  qu'il  y  a  dea  aca«t^iles ,  on  nlnventa 
plus.  •  Mais  qui  a  dit  oela?  Ceat  Faret,  e'eat  Li  llenar* 
di^re,c*est  Bois-Robert,  cVst  Co  tin. 

11  est  r^nltd  de  Ik  ce  qid  dev  ait  i.*n  ri^ulter  In^vftaMemenL 
A  force  lie  reuiettre  ri«l(^e  dans  les  m^mes  plis,  on  en  a 
coiipti  la  tratiie  \a*  langage  a  ressotuIHe  h  ces  v^tetnenti 
\v  uii^eiix  4l(>  PaottMir  tragitto'*,  dont  le  rostoiiiier  a  q^id'rne 
droit  de  tirer  vanit6  aux  premi^eareprcseniatiOBay 


FRANCE 


70S 


qui,  k  fofM  d^Hre  mis  I  tonslMrOtoBf  finiM6Dt  par  detenir 
tout  au  p{v»  bona  k  Mrvir  daflouqueniUea  am  gouijats.  Ja  fab 
grand  caa  d'un  drama  d*EuHpiUe  terit  par  Racine.  Je  aaia  ce 
que  vaut  un  desain  da  Jiilea  Romain  tradiiit  par  la  burin  da 
Marc-Anloine}  roaia  quand  ta  planclie,  rase,  fotigute,  uate 
par  le  Jeu  de  ka  preaw,  ou  bien  gaunlieinent  retail!^,  foiiill^ 
aana  ailresM  et  san*  gpQl  par  un  ou  vrler  barbare,  ne  me  donna 
plua  qu*un  barbouillage  pAte  at  confus,  je  TenYoie  au  cbau- 
dronnier.  Vu>es  ce  quVtaicnt  de?enua  ia  mot,  le  ?ers,  la 
pbrase,  la  p^riode,  Timage,  la  fiena^e,  le  aentiment,  h  la  tin 
du  dixoliuitidnie  sitele;  voyei  ce  que  la  Utt6raturc  desi  pre* 
mitres  anncea  du  din-neuvitoie  ai^le  en  af ait  fait  La  parole 
de  riiomma  n*<*talt  pluii  qu^un  bnilt  cadenc^,  qui  relentifisait 
plus  ou  moins  agr^ablement  dans  f  otre  oreille,  mais  qui  ne 
pai^Mlt  Jamais  le  tympan.  Voua  sortiez  d*une  lecture  oud'une 
reprd*tentation  comme  d*iine  ruche  irabeilles,  Tattention 
^tourdte  de  je  ne  Bai^quel  bounlonnement  monotone  qui  ne 
laissait  rien  a  rintelllgence  CVtaient  des  flgurea  aana  relief 
et  isanx  cooleors,  aur  un  canefas  rompn.  Si  oes  gens-l^ 
parvenalent  k  erobolter  dana  deux  h^miatichea ,  aana  ^rd 
a  la  situation,  aux  temps,  aux  lieux,  aux  peraonnea,  queiqiie 
Tieillerie  po^tique  ou  morale,  leur  public  ^tait  ai  ^iotrn^ 
de  voir  apparaltra  en  cinq  actes  ouen  dix  clianla  Tembryon 
d*une  icl6e  intelligible  qu*il  crlait  k  a'^pounionner  au  beau 
vers,  au  vera  k  eflet,  «u  vera  du  aiiKsle.  Un  lieu  commun  dea 
po6tea  gnomiqiies,  un  r^bua  ampoule  de  S^n^que,  deux 
granda  niaia  de  aubstantifa  flauqut^a  de  deux  ^pilb^tea 
turgescenteSf  balano^a  entre  eux  comme  lea  termes  d^una 
proposition  antlim^tiqne,  cVtait  miracle.  Et  piiia  II  y  avalt 
la  p^ripliraae,  ou  Tart  de  noyer  dans  uo  verbiage  aonore  la 
mot  d*uDe  ^igme  diflui^e  et  embrouill(^.  Devinait  qui 
pouvait.  Et  pula  il  y  ayait  raillance  on  la  m^Uiance  de 
mots,  qui  paaaait  encore  pour  une  rare  merveille;  mata 
oomme  k  la  fin  lea  motane  aigniftaient  plus  rien,  il  importalt 
aasez  jieu  commeot  ils  fuasant  appareill^s.  Lea  expreasiona, 
la  valeur  convenue ,  le  aigne  repr^ntatif  de  la  pena^ , 
4taient»  ai  Ton  vent,  polia  et  brillanta,  maia  frustes  et 
ddmon^tia^ ,  comme  de  vieillea  mMaillea  aana  date,  aana 
deviae,  aans  exergue,  aana  l^cnde,  aana  tAte,  aana  revera. 
Ellea  attendalent  le  baiancier  et  le  coin. 

Tout  ia  monde  salt  que  ce  qui  constilud  principaleinent 
I  esprit  et  la  pliysionomle  d'une  langue,  ce  aont  lea  arcliaia- 
mea,  leaidiotismes,  lea  vocables  propres  decettc  langue,  ces 
locutiona  qui  aemblent  fttre  aimultan^ment  engendr^  da 
la  substance  intdlectuelle  du  paya  avec  aon  g<$nia  et  aes 
institutions,  et  qui  lui  sont  naturellea  comme  son  sol,  comme 
aa  v^^tation ,  ramme  aon  climat.  Or,  c'ast  \k  ce  qu'on 
avatten  grand  soin  de  repuosser  d^abord  decet  euphuiame 
mani^r^  qiiNm  appelait  le  beau  style,  de  aorte  que  dans  cette 
langue  gallique,  perfectionnte  par  dea  puristesel  dea  pbrasiera 
privil^^iies,  il  B*y  avait  rien  de  plua  maushade  et  de  plus 
Inconvenant  qu*un  bon  gallicisme.  II  s'ensuivait  n^oeasaire- 
ment  que  lea  g^niea  ind^peudants  qui  a^^taient  empar^, 
aver  one  naive  aodace,  des  v^Htablea  reasourcende  Pidiome 
national,  qne  eea  oaeiira  ^trangea  qui  s^^taient  permis  de 
diWIaigner,  pour  lea  formes  ingenues,  ^ergiquea  et  origi- 
nates, pour  lea  tours  vifs  et  clairs  de  notre  noble  langage , 
la  p^ri<diciUi  couifiass^o  et  lea  froidea  biens^ances  d^un 
pariaue  de  convention,  avaient  dn  vieillir  en  pen  d^ann^es. 
Ai-je  besoin  de  noinmer  cea  auteurs  d^ji  aurann^  au  tempa 
lie  la  r(^gence,dont  le  mAle  franc-parler,  T^oquence  robuste, 
lest>le  plain  de  nerf  et  de  souplease,  de  verve  et  de  candaur, 
(le  malesl^  sans  appr^ts  etde  atmplicft^  sansbasMaaeyClTraya 
•i  Tile  de  ses  libres  allures  la  d^icatease  d*une  litt^rature 
iiliftianlie?C'i-tait  Moli^re,  cVUitU  Footaine,  c*«tail 
Oorneille.  Le  oentitee  annivepiaire  de  la  raort  de  Cor- 
aeille  nVlait  |>as  soond,qu1l  fallatt  lui  accorder,  comme  aux 
nlellane^  d«*  Rome  et  aux  sirventea  du  moyen  Age,  lea  lion- 
netir  du  glosaaire  et  des  scoiies ,  et  que  la  plume  de  Yol- 
ta it «  ae jouail  k  r^v^ler  sea  aolMatnea  et  aes  barliariames 
^ns  b*  comnientaira  le  plus  spirtluel  qui  ail  'jamais  <^16 
Aarit.  U»barbariimi»  4t  Comeilks  grand  Dicul 


Dana  le  style  dea  jolis  ^criTaina  du  dh-hvitlMna  sitele  » 
an  oontraire,  il  d*y  avait  r^lament  rien  k  reprendre.  II 
^lait  pour  cela  trop  soign^ ,  trop  mMleuleax,  Irop  aerupa- 
leuaement  grammatical ,  trop  sarvilement  aotimia  au  de»» 
potiauie  p^Hlanteaque  du  dictionnaire  et  de  la  syntaxa. 
La  mania  du  n^ologiame  faiaait  bien  quelqtias  progrte, 
et  11  ne  pent  pas  en  ^tre  autrement  quand  les  mots  vides 
et  na^  out  perdu  leur  valeur  primitive ;  maia  o'^tait  un 
n^iogianie  aans  invention,  pr^tentieux ,  affects,  d^pourva 
d*idi^  et  d'analogies,  comme  ce  jargon  pr^ienx  dont  la 
commie  avait  fait  Justice  un  allele  auparavaut.  Depuia 
Fontanel  I  e,  depnisMarivaux,  depuia  Boiasy ,  depuia 
Moncrlf,  jusqu'aux  oontes  insipides  de  Marmontel, 
jusqu*a  ses  romans  bouraouflea ,  juaqu'au  galimatiaa  redon- 
dant  de  Tbomas,  jusqu'aux  niaiseriea  musiiu^ea  de  ce 
trou|)eau  de  riineura  de  ruelles  qn*on  appelait  encore  dea 
poetesen  1780,  vous  clierclieriea  iniitilement  dans  la  phrase 
crcuse  une  iiensee  aubstanticUe  et  vivante.  Cast  Je  ne  sais 
quol  de  b'nu,  de  fugilif,  d'insaisissable,  qui  <ichappe  k  Tana- 
lyse  el  m^^me  a  la  perception,  uue  laconde  inanim<^ai  dont 
la  cadence  aym^triqtie  ne  r^onne  pas  dans  une  seule  dea 
fibres  du  ocvur,  le  niurmiira  monotone  et  vague  de  cea  ven- 
tilateura  aonorea  qui  bruiasent  k  la  merci  de  Tair,  mais  qui 
n^^veilient  aucune  Amotion  r^lb^bie,  parca  quails  nVipri- 
ment  aucun  langage.  Sonfnez  aur  le  style  le  plus  colore , 
leplus  ^bloaissant  de  cette  p<^riode,  il  ne  vooa  reatera  rien 
ou  presque  rien  :  la  p&le  membrane  de  Taile  dn  papilloo 
quand  voua  aTea  fait  voler  la  pouaai^ro  diaprte  qai  la 
colore,  la  toih*  groMi^  et  muetle  du  peintra  aous  aes 
pastela  effao^,  le  ventui  texiUis  da  Publios  Syrua  dana 
P^trone.  Je  dirai  plus,  cette  malheureuse  bypocriaia  de  la 
parole,  cette  contagion  paeodo-Utt^raire  du  patit,  du  faux, 
de  Taffect^,  a  corrompu  dana  lear  source  jusqu^aux  pro- 
ductions dea  plus  beaux  ginles  :  dana  fiufVbn,  par  Texc^ 
de  la  magnificence ,  dana  Monteaquieu ,  par  rabus  de  Tes- 
prit.  Ces  rafflnementa  peuvent  quelquefois  tanir  lien  de  ta* 
lent  k  la  m^iocrit^ ;  ila  font  tacbe  dans  le  talent 

Il  snrvint  dans  ce  tempa>Ui  on  de  ces  pbtoomAnes  qui 
pr^cident  A  pen  de  distance  le  renonvellement  dea  peuples. 
Un  esprit  d^investigatlon  cnrienae  jnsqu*i  Taudaca  s'in- 
troduisit  dana  la  partie  penaante  de  la  aoci^t^,  a^accrut,  d^- 
borda,  envaliit  toutea  lea  questions  avec  rimp|6tuosit^  d*un 
torrent,  et  souleva  toutea  lea  idte  avec  la  puissance  d'une 
lemp^te.  Ce  fut  la  pliilosopbie  du  dix-huitiame  si^de,  qui 
a  force  de  toutremuer  mit  tout  k  d^couvert,  jusqu*^  la  v6- 
rit^,  jusqu'aus' penato  intlmea  de  rhorome;  et  quand  la 
v^nt^  fut  k  nu,  quand  la  pens^  revint  k  surgir  au  milieu  de 
la  confusion  dlea  mota,  la  parole  se  retroova.  I^a  chaos  avait 
enfant^  une  seconde  fola  le  monde.  Alora  il  so  forma  un 
style  qui  n'avait  M  appria  ni  sur  lea  banca  ni  dana  les  li- 
vres;  qui  n*^tait  nl  celui  de  la  oour,  ni  celui  dea  aalons,  ni 
celui  de  I'Acad^mie;  qui  se  passaii  du  sufTrage  de  Fr^- 
ron  comme  de  Paveu  deBeaua^a;  un  atyle  de  PAme, 
sobre  d'ornemeiits ,  p!ein  de  clioses,  valide,  ^mancip^,  vinl. 
J.-J.  Rousseau  vint,  et  pula  Diderot  avec  sa  fougoe 
mal  ordonn^,  maia  entralnante,  et  puis  Bernard  In  de 
Saint-Pierre  dont  cliaque  inspiration  ^tait  un  hymne  k 
a  nature,  et  pula  Mirabeau,  dont  ta  voix  im|M^tueuae 
grondait  sur  la  l^te  dea  granda  comme  la  foiidre  de  la  li- 
berie. Le  th^tre,  proatitu^  ai  long-temps  A  des  jeux  eflA- 
min^,  se  reveille  de  ses  ladea  langtieara  A  cea  traita  ac^r^,  A 
ces  saillies  mordantea  de  B  e  a  u  m  a  r  c  b  a  i  s,  qui  atimulaient 
dans  notre  civilisation  avort^  le  sentiment  d'une  vie  prea^ 
que  <^teinte,  qui  cauterisaient  avec  du  feu  lea  vieillea  plains 
de  notre  imbteile  politique.  Apre ,  incorrect,  in^ ,  mais 
v^h^tnent ,  passionn^ ,  profond,  presque  aulilime,  Fabro 
d*£glantine  produisit  la  comddie  du  sitele,  un  obef-d'cpuTra 
presque  unique,  prescpie  isol6,  malt  immortel.  La  licence 
d'une  poldmique  bardie,  turbulcnte,  e(Tr<^ntesi  Ton  veut, 
suscita  le  g^nie,  alimcnla  la  verve  fanlasque  et  origin 
nale  de  Cou  rier.  Avec  lui  la  langue,  rAJeonie,  M  se  aoa* 
Vint  paa  seulcueDt  de  Pascal  -,  alle  retouma  a'iasvbw  i0 


704 


FBANCB 


la  piiilosophie  Louffonne  et  du  siige  d^Iire  de  RabeUi  s. 
On  a  beracoup  toit  contra  la  langue  inepte  et  barbam 
des  tonpa  r^volutionnaires,  et  Je  n*ai  pas  ^  on  det  der- 
nien  k  saoter  aprte  les  mootons de  M.  L  a  H ar  p e,  loraqoe 
cette  qneation  nous  ^it  Jetde.  La  Hn\h  da  &it  est  que 
nous  n*y  entendions  pas  an  mot  U  n*est  pas  difficile  de 
pronver  que  ce  langage^tait  peu  grammaticaiy  pen  litU^raire, 
peu  dassique,  ni^e  quaad  il  ^tait  imposant  et  solennel. 
Les  r^olutlonnaires  n^avaient  rien  k  d^m^er  aTec  la  graro- 
roaire  et  Tart  oratoire;  plosleur  langage  s'dloignait  des  for- 
mes arrfttta  d*ane  langue  stationnaire,  d'une  laogue  im- 
mobile, delicate  Jusqu'li  la  pusillanimity,  soigneuse  jusqu'li 
raffiSterie,  c<r6monieuse  et  serrile  jusqu'A  la  bassesse, 
plus  il  s'appropriait  anx  idte  et  aox  clioses  du  temps.  Ce 
langage  ne  pouvait  pas  6tre  autrement  Son  agreste  fiert^, 
son  incoherence  tumultneuse  et  passionn^e,  son  toer- 
gie  sausage  et  brutale,  lont,  quoi  qu^on  en  dise,  Texpres- 
sion  trte-convenable  du  mouvement  orageux  des  esprits 
dans  ce  grand  cataclysroe  des  institutions  anciennes.  On  ne 
jette  pas  I'acte  d'accusation  d'une  monarchic  de  quatorze 
sidcles  dans  le  moule  pygm^  d*un  pan^yrique  ou  d^un 
discours  de  reception.  LYruption  d'nn  Tolcan  ne  ressemhie 
pas  an  bouquet  d*un  feu  d*artifice.  Ponr  recommencer  nne 
nation,  il  faut  tout  recommencer.  Quand  les  Pdiades  ^r- 
gferent  leur  vieux  p^  pour  le  njeonir,  et  liyrirant  ses 
lambeaux  k  Paction  d'un  feu  magique,  dies  n'^pargn^ent 
pas  ses  T^lements. 

Ce  plitoomtoe  de  paluig^n^ie  est,  au  reste,  uu  fait  com- 
raun  itoutes  les  revolutions.  CeboufTon  sublime  de  Rabe- 
lais est  le  premier-n^  de  la  r^lorme  religieuse.  Montaigne 
et  de  Thou  terivaient  en  presence  de  la  Ligue.  II  n*y  a  pas 
jusqu'li  la  Fronde  9  cette  miserable  r^Yoltede  corde  et  de 
paille,  de  couplets  etde  barricades,  qui  n'ait  d^velopp^  le 
profond  esprit  d'obsenration  du  cardinal  de  Retzet  lescep- 
tlcisme  acrimonienx  de  M^zeray.  L'auteur  des  Provin^ 
eiale$  a  pris  un  rang  1^'time  parmi  nos  plus  excellents 
tolTalns.  Sans  les  absnrdes  querelles  du  jans^nisme,  alors 
^minemment  populaires,  fl  n^aurait  pent-^tre  laiss^  que  la 
r^utation  d*un  fou  mdancolique.  Et  Ton  Toudrait  que  1'^- 
T^ement  le  plus  memorable  de  tous  les  Ages  6Qt  pass^  sur 
nos  t^tes  sans  l^er  d'autres  sonvenirs  aiix  g^i^Uons 
constemte  que  des  plates  qui  saignent  toujours;  qii^il  eOt 
retoum^  notre  sol  jusque  dans  les  fondements  de  la  terra 
sans  tut  confler  qnelque  radne  Tiyace  et  fiteonde !  En  \4' 
rit6,  il  faudrait  £tre ,  ponr  croira  ceia,  bien  aTeugle  d*igno- 
ranceet  Men  ent^t^  d'orgudll  La  langne  fran^aise,  raviy^e 
et  assouplie  par  la  forte  trempe  des  passions  politiques ,  ayait 
done  retrouy<i  qndque  chose  de  la  yerdeur  et  de  Talacritd 
de  sa  Jeunesse.  A  un  peuple  pour  qui  Comdlle  ^tait  yieux, 
La  Fontaine  bas,  etMolf6re  grossier,  il  auralt  fallu  traduire 
Montaigne.  L'abb6  de  Marsy  ayait  d^Jk  pris  ce  soin  ridicule 
pour  Rabelais.  Ce  peuple,  k  demi  affranchi  de  ses  pMa- 
gognes,  osa  tenter  des  etudes  plus  niAles.  La  y^tust^  de  ce 
grave  langage,  qui  rebutalt  nos  p^res,  fut  un  attralt  de  plus 
ponr  la  K^n^ratfon  qui  s^deyait  avec  nne  d  rare  aptitude 
et  une  d  pn^digieuse  facility  d'inyestigation.  Nous  ne  con- 
naisslons  les  ciironiques>  c'est-k-dira  les  titres  sacramentels 
de  notre  (amille  politique,  que  par  les  rapsodies  diffuses  et 
insipides  des  hlstoriograpbes  royaux.  Les  femmes,  les  gens 
du  monde  et  les  neuf  dixltoies  des  sayants  brevelds  n'a- 
yaient  pu  goOter  Pesprit  de  ees  pages  excdlentes,  impr6- 
gnte  du  plus  pur  parfbm  d*ane  antiquity  po^tiqne,  que  sous 
le  bon  plaisir  du  compllatenr  manssade  qui  les  ayait  trat- 
treusement  d^lsyte  en  ban  franfois ;  et  ie  bon  frangais, 
e'^tdt  le  style  langnlssant,  p&le,  d^diarn^,  presque  sans  corps 
et  sans  yfe,  d*un  gazetierennuy^,  llnleropMe  de  mots  d*an 
Daniel,  d'nn  Velly,  d*nn  Yillaret ,  d^un  Garnier,  d'un 
Morean;  Je  ne  sais  qiid  cadavre  d*histoire,  lac^i^,  mutiM, 
iiyide,  comroe  les  lambeaux  d*une  ^ude  d^anatoroie,  et  sorti 
toot  soollie,  tout  informe,  tout  mtonnaissable,  des  amplii- 
IMitres  de  la  Sorbonne  et  de  la  morffue  des  Jtoiti^res.  Oe* 
pendaaC,  qodqiMS  dlitlons  des  dironiqoean  inspirirent 


led^trdelea  lireem-mteMS,  etren  iT^loiiiia  de  trauyer 
cette  langue  morte,  qui  s'^ldt  appdte  ItfranQais,  plus 
claire,  plus  logique,  plus  expressiye,  plus  fran^aut  oiiUe 
fds  que  les  harmonleux  non-sens,  que  les  ampliOcatioQs 
rien-disantes  des  pModistes.  On  8*aylsa  de  Pexislenoe  d'ua 
peuple  qui  aydt  tenu  sa  place  snr  la  terre  ayec  puissance 
qudques  dMes  avant  les  imans  de  C  r  ^  b  i  11  o  n ,  Popte- 
comique  et  V EncyelopidU^  et  dont  Phistolre  eootempocainc^ 
animte,  pittoresque,  dramatiqaecomme  lot,  parlait  do* 
quemment  k  llroagination  et  li  la  penste.  La  Fnnee  ayait 
recommence  son  education ;  die  sayait  lire. 

Ce  qui  resultera  de  la  r6yolution  litterdre  aetodle  est  n 
myst^  ponr  les  jours  actuds.  Cequi  n'est  pas  on  nysttre, 
c^est  que  cette  reyolution  est  fdte.  Elle  a  reponda  k  cenz  qui 
ne  Payouent  pas,  comme  Diogtae  ansopliiste  qui  niaitle  moa- 
yement ;  elle  a  change  deplace,  die  estentreedans  la  pdltiqae, 
dans  la  philosopliie,  dans  Phistolre,  dans  la  vie  privee,  dans 
toutes  les  etudes,  dans  toutes  les  sympathies  de  lliomnie.  Si 
Pon  croit  qn'il  est  possible  de  P  rreter,  qu'on  easayel  On  B*a 
pas  rapporte  jusque  id  le  decret  de  Pinquldtkm  qui  dedare 
la  terre  immobile.  Nous  en  serons  quittes  ponrdonner  ca 
epigraphe  aux  dicttonnaires  la  fameuse  reticence  de  Galilee : 
Pur  $i  muove  t  Voyez  la  defense  du  paganisoie  de  Julieo, 
et  dites-nous  o6  est  Jupiter.  D'dlleurs,  ce  que  tous  regrettes 
aujoard*hui,  dans  qudques  centaines  d^anneesan  nouvd 
ordra  de  choses  le  renouvdlera  peut-Mre.  Liberie  pieniere 
k  Chacon  de  conserver,  en  attendant,  son  ritud  et  sa  rfa^ 
torique,  desMmposer  des  r^es,  d'y  croire et  deles  snivre. 
Ce  qui  n^est  plus  permis,  c*est  de  les  prescrire  tyranniqne- 
ment  aux  autres.  On  ne  fere  plus  rien  en  France  avec  le 
regime  du  bon  plaisir.  Le  reseau  du  p^re  Bossu  et  de  PabM 
d^Aubignac  est  devenu  trap  Itehe  et  trap  fragile  ponr  eoi- 
prisonner  Pessor  de  nos  ecrivdns,  bons  on  mauvais.  Legede 
arrete  dans  les  preceptes  des  pedants,  c'estPaigle  des  Alpes 
tombe  du  liaut  du  ciel  dans  une  toile  d'areignee 

Malheureusement,  la  contagion  du  non-sens  gagna  Is 
langue  oratoire ,  la  langue  litterdre ,  la  langue  poeiiqoe, 
d'od  die  a  gagne  la  langue  nsudle,  qui  s*en  ressent  pins  qw 
de  rdson.  Le  jait|on  savant  d<fborde  sur  le  patois ,  il  me- 
nace Pargot.  Detirant  reges,  pUciunetur  Aehivi :  c'est  one 
loi  etemelle.  Cependant,  nne  langue  pent  bardlment  se 
croire  k  son  apogee  quand  elle  a  produit  un  J  o  I  n  v  i  1 1  e,  aa 
Comines,  an  Frolssart,  un  Villon,  un  Coqnillatt,  aa 
Marot,  un  Rabdais,  nn  Henri  Estienne,  un  Monta^ns. 
Ne  demandez  pas  davantage,  s*il  voas  plait  :  on  ne  vns 
donnerait  pas.  Survient  en  memo  temps  Pimpulsunce 
bitieuse,  qiii  pourvoit  k  Pabsence  de  la  pensde,  ou  a  la 
lesse  d'un  tour  use,  par  Paudace  desordonnee  de  PexpressMm : 
une  Hdlsene  de  Cr^ne,  un  ^ouard  du  Monin ,  et  d'on  vd 
bien  plus  deve,  un  Baif  eton  Ronsard,  grands  honuaet 
que  nous  plalgnons  d'etre  venus  trap  tet,  et  qui  ne  aont  pfo- 
bablement  venus  que  trop  tard  pour  leur  gfcrire ,  paite 
qu*nne  langne  Jeune,  et  li  la  mesure  de  lear  esprit,  amiit 
pu  leur  dpargner  le  fastidieux  effort  d*en  fdre  une  autre.  La 
parole  est  dejk  surannee.  II  faut  la  renouvder  par  des  foma 
extraordindrcs,  par  des  locutions  inoules,  par  des  anpranli 
hybrides  et  Iieterodites,  k  certaines  langues  oubliees  du  vd- 
gure,  et  souvent  assez  mat  comprises  de  oeux  mteeqa 
les  travestissettt :  absurdite  Immense,  que  les  vieax  poeiei 
ont  pris  la  pdne  d'enselgner  anx  savants.  Ce  n^est  pas  ee 
qulls  ont  fait  de  mieux.  Le  turiesque,  fertile  en  expRs* 
dons  repietes  et  bydro^iiques,  ne  nous  avdt  goere  laisse  qas 
nuUagrxiboliser,  incomiJIsUbuler  et  superUcoqwentkmx^ 
dont  Je  ne  vols  pu  que  le  credit  se  maintienne  dana  le  styls 
soutenu;  Jeles  tlendrels  neanmoins  pour  aoad  bon  frsn^di 
sfil  etdt  question  do  fran^is  dans  tout  cda,  que  /rojurea- 
dentalUi,  transsubstantiatianaliti  H  incomiUuiiomuh 
Uti,  On  pourreit  se  passer  k  toute  force  des  nns  et  des  antiei 
dans  une  langue  bim  fdte. 

C^est  cependant  k  un  artifice  de  ce  genre  que  nous  aveM 
dA  notre  seconde  langne  fran^alse;  car  11  est  esaentid  ds 
ra|)peler  en  passant  que  ocas  sommea  k  la  trohiilMei ,  qd 


FRANCE 


705 


jgromet  d'Mre  la  derniire.  L'babitude  de  recourir  ao  gree 
et  au  latin,  poor  Writer  en  Aran^s  le  eomraun  et  le  aorann^, 
devint  ane  scoonde  nature  poar  les  terfyains  d*tin  goQt 
•iquis  et  d^an  merveilleux  talent,  qui  faisaient  la  parole  de 
toua,  en  ^orant  la  leur  am  yen  d*Euri(^de  et  li  la  prose 
de  do^ffon.  Le  Tieui  franfab  ce  d^podlla  de  ce  qu'il  avaH 
dindiTidael  poor  se  relkSre  antique ;  le  dictlonnaire  se  refondit 
toot  entier  dans  le  rudiment  de  Racine  etdeF^nelon* 
et  la  Utt^ratore,  qui  est  toqjonrs  Texpression  de  la  langue, 
retomba  natareUement  dans  les  Toies  de  ses  yidlies  aieoles, 
les  tangoes  grecque  et  latino,  h  commenoer  au  sl^e  da 
Troie,  et  h  6nir  cent  ans  aprte  la  bataille  d'AcUum.  Cette 
langoe  fratt^vise  du  dix-septiteie  sitele  est  si  Mle  qn*elle 
n*a  rien  h  envier  k  la  premiere,  si  ce  n^est  peut-6tre  ]e  ne 
sais  quelle  fraldieor  de  ntivet^,  je  ne  sais  qoelle  candenr 
originale,  qui  ne  passent  presqne  jamais  k  la  seconde  g^n6- 
radon,  roais  dont  nuus  pouyooa  beareuscmcnt  nous  (aire  one 
id^  en  lisant  Comdlle,  Molike  et  La  Fontaine,  qui  n'ayalent 
pas  r^pudi^  la  langue  proscrite  en  subissant  la  nouvelle. 

La  seconde  langoe  Tteut  prte  de  deux  siteles ,  et  ces  deux 
siedeslui  donn^rent  rimmortalit^;  car  c*estceqne  nons 
appelons  aojouid'bni  notre  langue  classique.  Elle  fbt  durant 
ce  temps-1^  tout  ce  que  pent  6tre  une  langue  panrenuo  k 
son  apogto,  dans  les  limites  Infrancbissables  que  toi  prescrl- 
▼ait  le  goftt  s^y^re  de  ses  maltres ,  toot  ce  qu*one  langoe 
n'est  Jamais  deox  fois,  pleine  de  simplicity  dans  sa  force  et 
dans  sa  grandeor,  de  mod^tion  dans  ses  conquites  et  de 
prodence  dans  son  aodace.  Pascal  donna  au  fran^is  de  son 
sitele  one  exaetitode  lomlneose  et  one  dilute  precision ; 
ComeiUe,  la  majesty  s6yto  deslangues  antiques;  Racine, 
leor  grtoe,  leor  moUesse  et  leor  barmonie;  Moli^re  y  consa- 
era  le  galliclsme  ^nergiqoe  du  people,  LaBroy^re  ceioi 
it  la  yille,  S^yign6  cefaii  de  lacoor;  Bossuet  lui  fit 
parlor  la  langoe  poropeose  des  proph^tes ,  La  Fontaine  et 
P  err  a  alt,  la  langoe  narre  des  enfants;  ettoos  ces  adnii- 
rables  toiyains  rest^rent  ^galement  fid^es  ao  naturd,  sans 
lequel  11  n^  a  point  de  beauts  parfaites.  L*expression  la 
plus  bardie  en  apparence  ^tait  alors  la  saiUie  d^im  instinct  et 
non  pas  la  combinaison  d*on  artifice.  L'eflTet  des  mots  r6sol- 
tait  de  leor  appropriation  k  la  pens^ ,  et  non  pasde  la  con- 
texture m^caiiique  d'oue  pin  asc  industricuee.  Cette  seconde 
langue  francaise ,  qui  a  fix6  la  gloire  de  notre  litt^tore , 
mais  qni  deyait  sobir,  It^lasl  la  destine  de  tontes  les 
tangoes ,  et  cMer  sa  place  k  one  aotre,  paroe  qull  est  de  la 
nature  de  toot  ce  qoi  a  commence  d'etre  oondamn^  k  finir, 
cette  langoe  ^it  belle  encore,  et  grande,  et  florissante, 
k  la  fin  do  sitele  dernier.  Et  cependant,  Beaumarebais,  Lln- 
gnet,  Mirabeao,  loi  ayalent  d^jli  port^  de  nides  atteintes. 
La  langoe  essentielle  et  logique  de  la  dtoiagogie  Tassaillait 
ao  nom  de  llnddpendance :  la  langue  absorde  et  p6dantesqoe 
de  la  nomenclature  llnlestait  au  nom  du  progrte;  la  pbi- 
losopbie  transrhtoane,  qui  s'^tait  admirablement  <</to5yn- 
€ratis4  cette  Crise  humanitairef  bouleyersait  le  dlction- 
naire  de  fond  en  oomble,  au  nom  de  la  y^rit^,  poor  multi- 
plier les  chances ,  d^jk  si  sOres » de  n'6tre  pas  comprise  que 
loi  garantit  l*irop^arabilit^  de  ses  myst^res.  Qaatre  oo 
dnq  ^colee  po^tiques,  dramatiques  et  romand^res,  terrestres, 
adrlennes,  ignto,  maritimes,  yinrent  broclier  sur  le  tout 
ayec  I'inexprimable  puissance  des  dements  confondos  qoi 
chercbent  k  retrooyer  la  chaos ;  et  la  lumitre  fat  dUtfaite. 
La  seconde  langoe  disparut  poor  fafa«  place  k  la  troisitoie , 
que  noos  ayons  Tayantage  de  parler  aojourd^bui,  et  qu*on 
parlera  tant  qo*on  ponrra. 

Moos  sommes  bien  Jeones  encore  dans  oelle>d  pour  ha- 
sarder  sa  grammaire  et  sa  syntaxe;  mais  on  ne  saurait  s'y 
prendre  troptdt  pourconstater  I'existence  de  cequi  ne  du- 
itn  pas  longlemps.  Les  titeients  de  cette  demi^  transfor- 
mation  sont  fort  nombreox.  U  y  aurait  moyen  de  lee  dis- 
tribuer  en  ben  ordre  dans  un  iivre  k  I'osage  de  la  jeune 
Fraaee,  06 1'on  enselgnerait  I'art  de  parler  le  francs  pro- 
gresdf  sans  dire  un  mot  de  fran^^ais,  et  ce  tiyre  se  comitose 
pea  k  pea  de  tous  ceux  que  Ton  public  aujourd'hoi ;  mais 

Dicr.  na  la  Goivyioit.  —  t.  ix. 


U  faudrait  d*abord  les  lire,  et  c'est  an  coui^  qui  vam 
manque.  Tout  ce  que  Je  puis,  c*est  d*indiquer  k  qodqoi 
nouyeau  Curtios  la  route  qui  m^ne  k  cet  abime ,  et  de  lui 
promettre  que  son  d^youement  sera  do  moins  r^mpensd 
par  de  curieuses  d^couyertes  et  des  acquisitions  singuli^res. 
Une  des  premises  regies  de  la  nouvelle  langue  fran^alse, 
c^est  le  solMsme^  c'est-A-dlre  l*einpIoi  d^un  mot  des  deox 
langues  ant^rieures  dans  one  acception  inositte  de  genre, 
de  nombre  ou  de  cas;  d*on  terme  enley^  k  son  6tyroologie , 
d^une  coujugaison  brutalcroent  d^placte  de  son  temps,  par 
je  ne  sais  quel  catadysme  logique,  qui  a  subyerti',  de  force 
ou  de  gr6, 1'op^ration  natorelle  de  la  pens^e;  et  je  ne  dia 
pas,  Dieu  m*en  garde,  sol^isme  d^iguorant  et  d*^colier, 
mais  soldcisme  oratoire,  sol^dsmepo^tique,  yoircsol^eisme 
de  pManl,  soldcisme  intentionnel  et  pi^j4dU4,  sans  dr- 
Constances  att^nuantes.  II  y  a  cependaiit  qoelque  chose  en* 
core  de  plus  beau  que  le  sol<knsme  :  c*est  le  barbarisfMm 
Le  barbarisme  se  recommande  par  un  ayantage  immense 
aox  babiles  crteieurs  de  la  nouydle  langue  fran^ise  :  il 
n^appartient  k  aucune  langue.  SMI  se  rattache  faibleroent  i 
nos  deux  langues  mortes  par  un  radical  bonteux,  c*estU>ut 
au  plus  pour  ayoir  Tapparence  de  signifier  qodque  chose, 
mais  en  r^lit^  il  ne  signifie  rien  do  toot,  et  c*est  ce  qui  en  fiiit 
le  m^rite.  R^le  g^n^rale  :  II  flint  un  g^ie  inyentif  poor 
entreprendre  par  le  barbarisme  la  destruction  d^une  langoo 
accr^it^  00  poor  tenter  de  mettre  one  langue  nooyetle  i 
sa  place;  c*est  k  caose  de  cela  que  les  belles  langues  Iitt6- 
raires  des  andens  et  des  modernes  se  sont  reposto  qud- 
quefois  deux  ou  trois  cents  ans  dans  la  consdenoe  de  lent 
^ternitd.  Poor  acbeyer  ce  grand  crayre  d^an^antissementi 
11  ne  faut  que  le  servum  peeta  des  ^criyaiiieore  k  la  soite^ 
qui  ne  manqoent  jamais  k  Tappd  de  leur  mattre.  Ce  sont 
14  les  fonrches  caudines  de  la  parole,  sous  lesqudles  tontes 
les  nations  passcQt  k  leor  tour. 

Une  troisitaie  manl^  de  renouyder  une  langue,  00  plu- 
t6t  de  composer  une  langue  nouydle,  qui  n'aura  presqoe 
aucon  rapport  ayec  Tautre,  c^est  la  naturelisalion  des  mota 
exotiques ,  d  surtout  de  ceux  qui  n*ont  point  d^analoguea 
nationaux.  Le  moyen  le  plus  g^u^^rai  de  renouyellement 
dVne  langue,  c^est  la  traduction,  commun^ment  fort  gau- 
che, fort  ignorente,  fort  by  bride,  fort  d^pounrue  de  sens^ 
d'un  mot  grec  ou  latin  dont  les  analogues  noos  manqnent , 
parce  que  nous  n*en  ayons  jamais  eu  besoin  ,  et  qoi  tomba 
par  cons^oent  au  milieu  de  la  langue  ayec  tous  iesayantagea 
de  Unintelligible  dde  I'inconnu.  Cdui-lk  est  silr  de  sonsuc- 
c^s,  comme  le  Peiisan  de  Montesquieu,  et  c*est  k  qoi  loi 
fera  fiftte.  Ce  n'est  pas  qo^on  loi  attache  une  acception  nette 
et  sensible;  c'est  ao  contraire  parce  qu*on  ne  Uii  en  attache 
pohit.  Ce  qu*il  y  a  de  plus  admirable  dans  ces  mots  nato« 
ralis^,  c*estquMls  se  prfttent  k  toutes  lesacceptions,  comma 
le  cbifhre  conyenu  d*une  langneocculte,  parce  que  leor  ac- 
ception origindle  est  perdue.  Les  gens  qui  les  emplolent  lea 
emploient  mal ,  k  d^faut  de  les  entendre ,  et  ceux  qoi  lea 
ecootent  ou  qui  les  Usent  les  comprennent  d*autant  moins 
dans  leur  acception  nouydle  qu'ils  les  comprennent  mieux 
dans  leur  acception  y^ritable.  Pour  eux ,  ce  sont  des  iton- 
sens  k  Sure  poor,  ou  des  battologies  k  faire  piti^. 

Mais  toutes  ces  parodies  insensto  de  la  langue  humaine 
ne  sont  rien ,  encore  une  fois ,  auprte  de  iii  langoe  baM- 
Hque  des  sdences,  qui  a  tout  subyerti,  tout  change ;  qoi  a 
pris  Texact  centre- pied  du  proc^^  d*Adam,  pour  imposer 
aux  ^tres  des  noms  qui  ne  sont  pas  leors  noms  y^ritables,  el 
qoi  a  si  parfaitement  r^ussi  dans  ce  dessdn  que  I'Mre  est  de- 
yeno  m^conndssable  du  moment  od  die  Ta  baptist.  Nous  en 
sommes  k  ce  point  qu*il  ne  reste  pas  une  existence  sensible, 
pas  un  phtoomtoe  du  dd  et  de  la  terre  qui  ne  soit  k  ja- 
mais di^nis^  sous  un  sobriquet  imp<te^trable  pour  qoiconqoo 
r^pugne  k  ramasser  dans  la  poussi^re  de  r6coIe  la  cM  de  ce 
myst6rieox  argot.  Et  cependant  les  yocables  des  langues 
qui  sont  k  Tiisage  de  tons  deyraient  6tre  intelligiblea  k  tous. 
Les  sayants  consenreraient  poor  texte  de  leors  interminables 
dispotes  les  motsquHls  ont  faits  sans  n^cessit6,  qollsmo- 

6^ 


706 


FRANCE 


Jifient  sans  rtctaf»  quite  reooaTeBent  aaas  mM^  «l  lanr 
illctkHinaire  smit  dix  fols  plus  voluinineax  que  la  n6tre; 
mais  noua  oe  leur  eoTierioiis  poini  sea  riehesaea.  £liate  aa^ 
rait  se  faire  petit  pour  lea  petita;  Toil&  oe  que  nooa  de- 
•nandona  k  la  parole.  Qu'Ua  se  faasent  impto^trabltti  pour 
leadoctes,  ils  eu  out  le  droit  et  le  secret;  mala  qo*ila  ne 
mtfent  plus  leui^  languea  aux  Ungues  que  Dieu  nous  a  don- 
nta.  Gbarlea  NaoilR«  de  VAcMm  FranfAise. 

Dana  le  rapide  aperf  o  g^n^ral  que  noua  allona  tracer 
de  la  lilt^rature  Iran^ise ,  noua  lalaserona  de  c6t6  le  cycle 
carlovingieQ ,  que  quelquea  critiques  spirituda  veulent  falre 
eutrer  dans  lldatoire  de  la  litt^ratore  fraa^aise.  Nooa  noua 
occoperons  encore  bien  moina  de  IMpoque  latine,  od  qoel- 
qoea-una  voudraient  ?oir  d^ji  un  commencement  de  litt^ 
rature  flran^aise,  aysttoie  qui  a  eu  ses  d^fenseura  et  les 
partisans ,  et  dont  lea  fanatiquea  ont  6t6  juaqo*k  dire  qae 
Virgile  ^taltun  poSte  francs ,  parce  qu'il  ^tait  n^dana  la 
Gatile  cisalpine.  Lestroubadoura  et  leur  litt^ture,  ai 
savamment  explorte  par  Raynouard,  ne  nous  arrdteront 
pas  davantage.  La  Utl^rature  fran^aiae  n*est  pas  plua  U 
qu'elle  n'est  dana  les  poemes  de  VinsUe ,  quoiqu*il  y  ait  dea 
mots  latins  et  des  mots  proven^ux  dans  cette  litt^ture. 
Suit  Inattffisance,  soit  d^faut  d^apUtude,  nous  n^aTona  pas 
cette  curiosity,  plus  bibliographique  que  pbilosophique, 
qui  conaiste  k  recbercber  dans  des  documents  nonobreux, 
incertaina,  d^one  Lecture  mat^rielletr6a-dillidle,.le8  traces 
toujours  confuses  et  douteusea  de  ce  fait,  ot^  k  notre  aena, 
Le  liaaard  a  tant  de  part,  nous  voulons  dure  la  formation 
A'une  langue  et  d'une  Utt6rature.  U  unporte  bien  plua,  lelon 
oua,  de  sentir  les  beauts  d*une  Htt^rature  que  d'en  saToir 
M»  originea  contestables,  et  decomprendre  la  pbUoaopbie 
d^one  langue  que d*en  connaltre lea  aourcea  ttedbreuseaet 
cAch^fia 

Pour  nous ,  la  littdrature  fran^aise  (ai  par  litt^rature  on 
doit  entendre  un  art)  ne  commence  qu*4  T^poqoe  de  la  re- 
naissance en  France ,  c'est-a  dire  quand  la  chatne  dea  ci- 
vilisations litt^airea  est  renoute,  que  la  tradition  andenne 
eat  relrouvte,  et  que  le  sentiment  critique  a  pris  naissance. 
Jusque  Ik  lea  grossiera  ouvragea  qu'on  ddcore  impropre- 
ment  du  nom  de  lUtinUure  aont  de  la  lltt^rature  gaxUoise, 
ai  Ton  veut,  maia  non  pas  de  la  litt^ature /ronpoiae.  Ainai, 
k  la  difr^rence  de  certains  critiqnea,  qui  cessent  d*appeler 
fran^se  notre  litt^rature  le  Jour  od »  disent-ils,  die  imile 
les  anciens  et  se  fait  grecque  et  romaine,  nous,  nous  ne 
commen^ns  k  la  reconnattre,  k  Taimer^  k  I'admbrer,  que 
quand  cette  fiision  a'est  op^rte,  que  quand  notre  Iitt6rature 
a*e8t  replace  aoua  la  tradition  et  comme  aous  le  souCDe  des 
inapirationa  antiques ;  que  qiumd  la  fllle  commence  k  pren- 
dre les  Uraita  ei  le  Yiaage  auguste  de  la  m6re.  Pour  nous, 
la  proae  a^rieuae ,  litt^abre,  date  seuleroent  de  Montaigne, 
la  po^e  lA^tn  de  Marot,  la  po^e  noble  et  <iloquente  de 
BlaUiecbe.  Avant  cea  troia  noms,  il  y  a  une  dbauche  de  lit- 
t^rature;  ii  y  a  mtoie  un  homine  de  giinie ,  Rabelais ;  il  y  a 
dea  chroniqueora  intdreieanta,  Fioissart,  Ckuninea;  il  y  & 
nn  poSte  original,  Villon;  mab  ^yldemmect  le  sena  lit- 
t^raire  n*cat  paa  ni  encore ,  Tart  u*est  encore  qu*un  instinct 
confua  et  groaaier,  la  litt^rature  u^a  pas  conscience  d*eUe- 
mteie ,  et  ne  aait  paa  ce  qu*elle  fait.  Nous  tiendrona  oompte 
de  6ea  monumenta*  noua  lea  admirerons  peut-^tre,  mab 
nons  n*y  diercberona  paa  la  langue  fran^aise  littteire, 
aauf  dana  quelquea  pagea,  pourtant,  ob  ces  demiers  des 
Gaulois  commenoent  k  baUiutier  la  noble  langue  de  la  fin  du 
seizitae  aitele.  C*est  dana  le  seizi^e  sitele  et  pendant  les 
preoi^raa  ann^  du  dix-septitaie,  que  ae  ddveloppe  la  litt^- 
raturo  (ranftiie  ^  c'esi  4  la  fin  do  dix-aeptitoae  qu'il  faul 
placer  aeo  entito}  maturity  et  sa  perfection.  EUeie  modiiic» 
sana  trap  a^tdrer^  ao  dix-buititoe  aidcle ;  au  dix-neu?i6me, 
elle  anbil  de  proltedaa  alltetiona  dana  aea  r^lea  antiques 
el  dana  son  gtoie;  elle  gagne,  dit-on,  par  quelquea  points, 
niais  on  ae  demande  ai  les  acquisitions  coinpenseol    les 


pertea.  Nooa  tAeherona  de  caractMMr  eea  fnia 
^poquea  de  ddreloppement,  da  perfbdioii  «l 

Avant  d'airlYer  k  r^poqna  de  d^reloppeoMBl, 
dana  oella  d'origine  et  de  focinatkni,  qui 
le  trebdtaie,  le  qoalorritee  at  Je  qnimitoa  attcia,  q/atk 
aont  lea  monmnanta  dont  le  caricMva  partiaoliar*  lafwjliti^ 
la  (orme»  ont  en  de  llnfipeaee  ■on*aapleawt  war  lia  cm. 
temporaina,  maia  sor  lea  conditlMMiiltManreB  de  In 
de  la  Utt^raloie,  de  TespdlJiranQaia^ 

Parmi  lea  eofiagaaen  vera,  nans  wamquona  Je 
Homan  de  la  JZoaai  strange  dpopioi  qui  aal  dn 
mainaetqni  aeodauxHam^,  GnillaQniadaLdrua  et 
Jeande  Meang.dcritelideittdpoqueadillfrvtaB^lapn- 
miire  partle  vara  la  milien  dn  traiilfeaM^aitela,  U  aaeonda 
ao  commencement  du  qoatoniteie ,  maia  aaaa  nattbi^  dif- 
fdSrenoe.  La  langpe  da  Jean  de  Manag,  le  dernier  dea  deax 
auteura ,  eat  dana  lea  mteiai  langea  qoa  catod^Oniila— t 
de  Lorria;  c'eatla  prolongation  deTenlbnaa. 

Par  quelquea  d^taila  aor  lea  matiteea  qvl  fofmalast  Fm- 
aeignenoent  d*un  ^colier  de  rooiveiaitd  k  oalle  dpoqna,  an 
comprendra  quelle  sort^  da  litt^ratore  ponvalt  rdpoadse  an 
goOta  d'un  public  dlev6  de  la  aorta.  A  neuf  oa  dix,  ana,  il  a 
appria  et  salt  par  coaur  le  J)ocirinaU  pmnmm  4a  Ville* 
dieu,  esptee  de  granunalra  latino  dtoentaira.  Qmad  il  pea- 
sdde  sea  coniugaiaona  et  aea  dtelinalaona,  leprnfjawaar  ne 
lui  parte  plua  qn*en  latin,  et  quel  latin  1  afin  quil  appreaae 
la  langue  savante  comme  one  langue  matemettn.  Dana  ks 
r6cr^tiona,  il  cbante  lea  plus,  beaux  paaomei  et  tea  ptes 
bellea  bynmea  de  I'Egliae,  toujours  afin  de  ae  parfaaliottaer 
dana  te  latin.  Devenu  un  pen  ploa  Sott,  on  lui  ^ppnad  k 
fiuro  te  eonatnidten  dana  lea  petite  aoteoia  tetina^amngik 
et  ei^urgfta  poor  cet  oaage,  enanite  dana  te  brdvtaifv,  eaaoila 
dana  te  l^gende  aacite  ( tovjoors  te  part  de  i*£;g|iaa  at  dn 
latin  barbara  qo'elle  parlait );  enfin,  dana  tea liirtoiiena^  e^ 
en  dernier  lien,  dana  lea  pottea.  Lea  bninanttte  achemteib 
il  conunenoa  aa  liidtoriqne;  il  ^dte  rdteqaesoa  pioteaa^  el 
aurtout  I'doqaance  aacrte  (  I'figlue  na  a'onbUe  janBiate ); 
pute  il  entreen  togiqoa;  at  te,  poor  loi  aigoiaar  raapitt,  el 
inddenunent  pour  Ini  former  le  aena,  on  te  tteni  hwiftemps 
aor  lea  oatdgortea»  lea  analytiquea,  lea  tapiqnea,  tea  aopUa- 
tiquea,  pour  flnbr  par  lea  dthiqoea  oo  adenoaa  nnoratea.  U 
spectacte  dHwe  cteaae  de  pbitosopbie  k  cette  dpoqoa  ert  ca- 
rieux.  11  y  a  deox  banoa,  te  banc  dea  rdaliataa  el  te  banedei 
nomteanx  :  lea  una  accordant  te  majeure  et  tea  anlnft  la 
mineure;  les  deux  paitte  ae  menacent,  a*ii\iuricnl,  at  ai 
Jettent  k  te  t^te,  fauto  de  mieux,  des  ayUogianiea»  daa  anli- 
cMente,  des  oonadquente,  dea  cerdea  vicieox.  Hon  da  te 
aalle,  tea  aigpiments  deviennent  qodquafoisi'phia- fanai- 
nda,  et  les  coups  soccMeat  aux  raiaona.  D'apite-nw  naa- 
vdte  mdtbode,  lea  g6i6alogiea  dea  idte  aonl  ffgiirtai  nr 
on  tabieao  par  dea  Ugnea  aaaei  sembtebleaioeUaa  9iia» 
vent  II  figurer  lea  g^ntelogiea  das  peraonnas.  Aotra  Jaaai 
tegiden  excdle  t^  montrer  fignrativemeni  par  daa  paraBMai, 
dea  anglea,  des  triangles,  dea  losangea  tFaeteaorte  tabteaa, 
comment  de  la  aobatence,  par  example,  teqtidte  est  da 
ioocba  k  <^tte4trange  gtoielogtet  pnwiide  et  a^oaiandap te 
corpa;  comment  du  corpa  a'engendre  te  eorpa  vivaat;  chih 
ment  du  corpa  vivant,  Taninial;  ooounant  da  raniBHi, 
I'animal  raiaonnabte,  qui  aatlliomme.  U  excdte  k  nilkr 
lea  rMisUf,  ardent  nondnni  qu*il  est  U  axoatta  a  nenaear 
aea adveraairea  dececniyonqui  lui  aeit  A  traoar  lea  figartt 
aur  le  Ubleau.  Plua  Teaprit  au  debora  dtdt  dnpte, 
illettr^,  plua  dans  rint^eui  dea  teotea  il  dtoit  anMil, 
taphydque,  ra|]Snd  et  aavant. 

Quelle  esptee  de  littdrature  peat  ripondra  A 
tionaetiiuneMucation  de  ce  geore^  at  pteim  i  caadaaieii 
deveniia  bommea  lalte?  Poor  las  ploa  sin&B^  poor  caax 
qui  aiment  la  tli^ogte,  te  dtelecUqua  aldate  at  iodpuasaMc. 
la  selenca  raflm^e  et  mal  comprise;  i^our  cenx-ti  tea  liviti 
de  prddilecUon,  lea  livres  k  te  mode,  seront  laaaonunaidr 
tlidologie,  lert  mkroirsAa  droit,  la  BibliotMfU$  du  Meedr 
uH  le  Quadruple  Mkreir^  de  la  naiure,  de  la  deeMm,  di 


FRANCE 


707 


tki9Mr€,  pt  de^  ntorale:  Pomr  ies  esprHs  l^ers,  ou,  s! 
P6n  Teot,  plot  Ntttefres,  t8  Mroot  Ies  romans  en  Ten,  \ei 
ballades  eitondeb,  le*  satires-,  l«s  chanson^  M  ces  lirres 
woM»  de  adeDoe  likHgeate  et  de  railleries  contra  Ies  abos 
do -temps,  dlalehfcnie,  d'l^pisodei  de  cfaeTalerie,  de  dtgres- 
akrna  tbdoIogkiDes,  assatsoiindesdetraKs-satlriques  contre 
lea  gettsd'^ae,  d'imitations'oiide  paraphrases  des  auteurs 
ciaaaiqise»,*t^ie«ris-Jel  de  eea  raille  clioses  contradictoires, 
dont  kr  ^gi&i  MaH  presqne  atie  ntossHi  dans  oe  chaos,  oti 
resprtt  hmmSn  chefBhait  aa  tovb  et  derait  essayer  de  tontes 
avaiit  d'eotrer  datta  la  bonne ,-  et  doM  le  type  est  en  po^te 
\e  RonuM  dB  ia  Rose. 

Le  moniraient  leplas  corienx  deeette  ^poque,  ceini  qui  en 
rM^cMt  le  pins  eompl^ment  et  le  plus  naivement  Ies  gofits, 
Ies  tticears;  lecftt^  s^rfeox  et  lecdt^  rofnanesqne ,  la  poli- 
tiqoe,  la  fte  'soctale,- 1»  po^ie ,  ce  sont  Ies  chnmlques  de 
Proisaarl  (  t33S«14f9 ).  L'histoire  proprement  dite  com- 
menee  k  pobidfe  cinqaante  ana  plna  tard,  dans  Ies  cb^(^ 
niqnes  de  Pliilippe  de  Comi  nes  (  1445-1509 ).  Voilii  enfin 
le  cbronlqnenr  payant  desa  personne.  n  n^assiste  pas  ann 
^v^neoaents  d^  son  ^poqne  Ies  yeoi  tout  grands  oaverta, 
Toreille  pr6te  k  toot  entendre,  Tesprit  faidifT^rent;  il  Ies  ]age, 
il  Ies  appr^de;  W  looei  il  biime;  il  est  en  action.  Mais  ii 
n*y  a  pas  plus  dliistoire  darn  Gomines  qne  dans  Frolssart. 
Seulenaent,  I'un  commence  Vart  de  peindre  et  Tantre  Tart 
de  raisonner. 

La  langue  de  Comines  Vest  encore  qn'une  ^bauche  de 
langue  :  admirons  cependant  quels  progrte  elle  a  Aiits  de- 
pois  Froissart,  progrte  de  clart^,  de  prtelsion,  de  natio- 
nality, si  un  tel  mot  pent  se  dire.  II  y  a  moins  de  mots 
Grangers,  moins  de  saxon,  motns  deiieux  ganlois,  moins 
de  latfaiismes  dans  Ies  mots,  shion  dans  ies  tours,  et  peat- 
Mre  plus  de  Tariit6  dans  la  phrase.  Mais  Tofd  la  grande  dif- 
r(^rence  :  la  langue  de  Froissart  est  plnft  particollftrement 
descrfptire,  mat^ielle,  et  ceta  s'explique  par  la  nature  m£me 
des  sujets  qu'il  traitait ;  celle  de  Comines  est  plus  particu- 
li^rement  m^physique,  abstraite,  spirituelle^  par  opposi- 
tion k  la  langue  maUrielTe  et  concrete  de  Froissart.  L^un 
emprante  sea  images  et  ses  conleurs  anx  spectacles  ext6- 
rieurs  quMl  d^rit,  et  U  mfime  od  il  parie  de  douleurs  mo- 
rales ,  il  s*attaclie  plus  k  en  peindre  la  pantomime  qo'i  en 
analyser  Ies  elTets  int^rieurs.  L^autre  tire  Ies  nuances  d^li- 
eates  de  sa  langue  des  choses  de  IMntelligence  et  du  raisonne- 
ment.  La  langue  de  Frotssard  est  la  langue  des  fiiits,  celle 
de  Comines  est  la  langue  des  id^s.  Comines  en  cent  en- 
droits  nous  fkit  touqher  k  Montaigne. 

Le  qoinzi^me  si^de  compte  nn  grand  nombre  d^^rivains, 
poetes,  prosatenrs,  orateurs  sacr^,  historiens  latins  et  fran- 
^is :  c'ot  Martial  d'Auvergne,  en  latin  Martlalis  Arvernus, 
auteur  des  Vlgiles  de  la  mart  du  roi  Charles  VII,  po*me 
en  neuf  psaumes  et  neor  lemons,  od  l*on  trouve  quelques 
sentiments  de  patriotisme  et  un  attachement  bourgeois  h  la 
royaut^  mallieureuse;  le  tont  dans  nn  manvais  jargon  rim^, 
tnais  nullement  po^Uque.  On  appelait  Martial  d*Auyergne 
le  poSte  le  plusr  spirituel  de  son  temps.  De  mtoie  on  qnali- 
fiait  du  titre  de  ptre  de  V^loquence  fran^aise  Alain  Char- 
tier,  clere  notaire  et  secretaire  de  la  maison  de  Charles  Yl 
et  de  Charles  Vlf,  poete  fade,  ^crivain  latin -fran^U,  ayant 
troov^  pourtant  qnelques  accents  honn^tes  et  quelques  pa- 
roles simples  dans  son  po^me  des  Quatre  Dames,  06  tl  est 
fait  allusion  anx  mallieurs  d^Azincourt.  C'est  Charles  d'Or- 
It^ans,  poete  exhumd  dans  le  dix-lraititoie  Steele,  qiiclque- 
Tots  spirituel  et  m:gnard,  ^ler^  par  sa  mfere,  Valentine  de 
Milan,  dans  Tadmiration  dn  Roman  de  la  Rose,  et  qui  s'e<t 
inspir^  de  ses  personnages  all(^goriques,  le  dernier  poete  de 
la  fitodalit^  et  de  la  chevalerie.  Ce  sont  beanconp  de  tra- 
ducteurs  qui  mettenten  rimes  hateUes  ,fraternis^es,  rrf- 
irogradHeSf  enckttMes,  couronn^es,  Ies  auteurs  grecs  et 
latins,  et  qui  font  parler  Ies  It^ros  d^Hom^  et  de  Yirglle 
comme  des  si^ndchaux  et  des  balllls  on  comma  des  trouba- 
dours. 

La  prose  estplns  aranioft  ({ue  li  po<^le.  onokiiu*  relle-d 


solt  la  langue  priviiegi6e  des  beaux  esprits ,  la  langue  des 
dames,  la  langue  litttolre.  Outre  que  Ies  talents  mimquent, 
la  podsie  fran^ise,  di]k  sortie  des  dpoques  primitives,  n*a 
pas  encore  atteint  Ies  dpoques  cultitdes,  et  elle  tdgMe  mf- 
sdrablement  entre  la  naifdd,  qui  est  la  forme  des  prdtrifkej^ 
et  Tart  consommd,  qui  est  le  rniit  des  secondes.  La  prose, 
ao  contraire,  re^it  tontes  Ies  iddes  pratiques,  raisonn^bles, 
de  ce  sitele ;  informe  encore  dans  ses  tours,  elle  est  ddjit 
mOre  par  le  fond ;  Ies  bons  esprits  dcrivent  en  prose,  Ies 
beaux  esprits  en  vers,  tontes  Ies  pretentions,  toutes  Ies  Tri- 
YeUtds  du  sitele  sont  le  domaine  de  la  podsie ;  tout  le  bon 
sens,  toute  rexpdrience  politique  et  sociale  se  cache  hum- 
bleroent  dans  la  prose.  Assurdment  11  est  plus  rcstd,  pour 
la  langue  et  pour  Thistoire,  deMonstrelet,  quoiqu'il ait 
renchdri  sur  la  difAislon  de  Froissart,  et  quMl  n*ait  ni  sa 
naiyetd  nison'coloris;  de  Juvdnal  des  Ursins,  quoique  la 
gloire  de  lliomme  politique  ait  elTacd  rhistorien  de  Charies  VI ; 
du  moine  de  Saint-Denis,  de  Jehande  Troyes, 
le  chroniqueur  de  Louis  XI,  lequd  parle  pertinemment  de 
finances,  de  commerce,  d'agricultore,  de  fabriques ;  de  Co- 
mines,  enfin,  qne  de  tons  ces  podtes  savants  que  Ies  princesses 
baisaient  sur  leur  bouche  pendant  leur  sommeil ,  disant 
qu^lles  ne  baisaient  pas  la  personne,  mais  la  bouche  d'od 
dtaient  sortis  tant  de  beaux  discours,  comme  fit  la  femme 
dn  dauphin  qui  fut  Louis  XT,  h  Alain  Chartier. 

Un  seul  podte  de  cet  Age,  Villon,  dlive  la  podsie  au 
rang  de  la  prose,  et  Tart  des  beaux  esprits  au  niveau  de 
l*in^nct  d€»  bons  esprits.  M.  Villemaln  a  dit,  dans  une  de 
ses  admirables  le^ns,  que  si  Boileau  avalt  connu  Charles 
d*Oridans,  ii  lui  eAt  appiiqud  I'dloge  quMl  bit  de  ViUon  : 

Villoo  tot  le  premier,  dmi  ees  nicies  gronler^ 
Ddbrooiller  I'art.confut  de  not  vietis  rooModera* 

Nous  osons  ne  pas  partager  Topinion  de  M.  Vlllemain. 
Charles  d^Orldans ,  quoique  ne  manquant  pas  de  quelque 
grftce,  se  tratne  encore  sur  Ies  traces  des  vieux  romanciers, 
Villon  innove  dans  Ies  iddes  et  dans  la  Torme.  Ce  n'est  plus 
le  Roman  de  la  Rose;  plus  ou  du  moins  tr^peu  d'all^gories, 
point  de  mdtaphysique,  point  de  Tadeurs,  mais  des  idda<i 
originates,  personnelles ,  qni  n^appartiennent  qu'ati  poote. 
Presque  tous  Ies  vers  de  Villon  roulent  sur  lui,  sur  sa  vie , 
sur  ses  roalheurs,  sur  ses  amours,  sur  ses  vices,  il  faut  bien 
le  dire;  sur  Ies  chMiments  auxquds  lis  s^estexposd,  sur  Ies 
dangers  de  mort  qu*il  a  courus.  Nous  sortons  de  la  podsie 
bel- esprit  pour  entrer  dans  la  podsie  de  Tespril  fran^afs; 
Villon  est  du  peuple.  Voil&  un  podte  qui  n^est  k  personne , 
qui  ne  fait  pas  de  vers  pour  un  prince  lettrd,  qui  n'a  pas  des 
amours  imaginaires,  qui  n'aspire  pas  k  des  faveurs  qu'il  ne 
pent  obtenir,  qui  ne  parie  pas  une  langue  convenne ;  voitli 
un  po^te  qui  prend  ses  images  non  dans  Ies  livres  k  la 
mode,  mais  dans  Ies  mncurs  de  Paris,  dont  il  est  un  joyeux 
enfant,  dans  Ies  dchoppes,  dans  la  rue ;  voil^  un  amant  qui 
n*a  rien  a  ddmdler  avec  Dangier  et  Faux-Semblant,  et  qui 
salt  se  passer  de  Bel-Acciieil ;  dont  Ies  mattresses  sont  la 
blanche  savetUre  et  la  gente  sauldssih'e  du  coin ,  mais 
qui  tronve  dans  ces  inspirations  de  has  lieu,  dans  ces  amours 
de  coin  de  rue,  des  accents  de  gaietd  Tranche,  des  instincts 
de  mdlancolle  gracieuse  et  des  traits  de  verve  inconnus 
]iisqu*ii  lui.  II  nc  faut  pas  rougir  de  cet  even,  pulsque  nous 
sommes  nous  -niemes  enfants  d^un  sidcle  et  d^un  pays  de 
ddmocratie;  la  podsie  frangaise  est  fllle  du  peuple,  d*un  en- 
fant dn  peuple  ;  die  pent  sentir  le  mauvals  lieu,  je  le  sais, 
j*en  si  quelque  lionte,  mais  c'est  Ik  qu'elle  a  pris  ce  bon 
sens  naif,  cette  jiistesse  pratique,  cette  fme  raillerie  qui  la 
distingnent  des  autres  podsies  modernes,  et  qui  immortal!- 
seront  plus  tard  La  Fontaine  et  Voltaire,  ces  deux  types  de 
ce  c^td  de  Tesprit  fran^is,  Voltaire,  que  Chaulieu  appelait 
le  sttccesseur  de  FiZ/on,  tant  la  filiation  de  Voltaire  li  Villon 
est  frappantd.  rcovateur  dans  Ies  iddes,  Villon  ne  i'est  pas 
moins  dans  la  forme,  outre  que  Tnn  emporte  Tautre,  d  que 
quiconque  innove  dans  Ies  iddes  innove  ndcessairement  dans 
le  stvte.  On  edmlrp  d»n«  Villnn  des  expression*^  vivos,  pit- 


708 


F&AMCE 


torai^pMty  troofM;  un  style  en  apparenoe  phis  diittcfle  k 
•ompraidrey  k  une  pramitee  tocliire»  que  oelui  de  Charies 
d'Orl^anSy  |Mu«e  qu'U  eit|4iis  mi,  plus  locals  plus  fran^ls. 
Charles  d*Orlteiis  terit  le  franfais  qui  se  parte  dans  toua  les 
boos  Heai,  Toire  mtoie  k  la  cour  da  roi  aoglais  Henri  V, 
06  lee  oourtiMns  affectent  de  ne  parler  que  francais,  par 
pretention  de  seigneurs  et  mallres  de  la  France.  Villon  terit 
le  fran^ais da  peaple  de  Paris;  il  prend  la  langue  des  lienx 
igfk  il  prend  ses  idte  Or,  c'est  cet  fi^ent-l^qui  donnera  k 
notre  langue  son  originality.  Ne  nous  efTaroachons  pas  de 
rarange  beroeau  d*o(i  die  sort,  d^autres  Tennohliront  et 
asset  \At;  rUnportant  est  qu^eile  ait  un  caract^re  propre, 
qu'elle  ne  soit  pas  anglo-fran^se,  mais  firan^aise  seulement. 
Or,  c'est  k  Villon  le  premier  qu^elle  devra  ce  caractire.  Je 
ciois  done,  malgr^  quelqoes  jolis  vers  d'ane  616gance  pr^coce 
de  Charles  d'Orl^ans,  quMl  feut  maintenir  k  Villon  la  pre- 
miere place  dans  Toriglne  de  notre  po^ie,  et  qu*il  ne  serait 
pas  oouTenable  d*amender  les  vers  de  Boileaa  pour  si  pen. 

Charies  d*0ri6ans,  c'est  le  poctte  ftodal,  le  po€te  de  cour, 
des  grandes  maisons,  des  haiites  baronnies ;  il  d^t  la  ftoda- 
lite.  Villon,  c'est  le  poete  bourgeois,  c*est  le  po€te  du  peu- 
ple,  qui  commence  sur  les  mines  de  la  fMah't^  qui  finit. 
Knoore  une  fois,  notre  po^sie  n*a  pas  une  originetrte-noble : 
Hoit  qu^on  la  fasse  renaonter  au  Roman  de  la  Hose ,  solt 
qo^on  la  Tasse  dater  de  Villon,  notre  po6de  n'est  pas  de 
haute  naissance ;  c^est  une  fiUe  du  peuple ,  admirablement 
doote,  Jolie  et  piquante  pIutAt  que  belle,  maiA  k  qui 
LoQis  XIV  donnera  des  titres  de  noblesse,  et  dont  les  ^ri- 
Tains  du  dix-septi^me  si^e  feront  une  grande  dame. 

Je  ne  rfeiste  paft  k  faire  un  rapprodiement,  dont  je  ne 
m'exagto  pas  d'ailleurs  rimportancetbterique,  entre  deux 
hommes  qui  ont  traTaill^  en  m^e  temps.  Tun  k  ToeuTre 
de  I'unite  de  notre  nation,  Tautre  k  I'eeuTre  de  Tunit^  de 
notre  langue,  entre  Louis  XI  et  VlUon,  le  premier  se  fai- 
sent  hair  comma  homme  et  admirer  comme  ooTrier  puis- 
sant de  I'unlte  nationale;  le  second,  m^prisable,  sinon  bais- 
sable  par  ses  mceurs,  et  admirable  comme  ouvrier  de  l*u- 
nite  de  notre  league;  tous  deux  n^ig^,  sales,  crapuleux, 
au  cbapeau  gras;  tous  deux  larrons  de  qudque  cliose, 
Louis  XI  de  provinces  et  de  morceaux  de  royaume ,  Vil- 
lon de  rCt  et  de  fromage.  Nous  retrouverons  des  anaJogies 
du  memo  genre  entre  Mallierbe  et  Ridielieu,  Boiieau  et 
Louis  XrV,  quatre  grands  esprits  Element  absolus,  cba- 
cun  pour  son  oeuTre  propre. 

Nous  entrons  dans  la  p^riode  de  d^vdoppement  de  la 
littteture  Iran^se ,  la  plus  int^ressante  peuUftlre  histori- 
quement,  mais  qo'on  a  eu  grand  tort  de  Touloir  mettre, 
Ijour  Je  ne  sais  quel  pr^tendu  m^rite  de  naivete,  au^essus 
de  la  p^riode  de  perfection. 

Dans  la  marcbe  parallde  de  la  poteie  et  de  hi  prose  fran- 
^fA,  00  la  po^siea  plus  d*inOuenoe  que  de  valeur  solide, 
et  la  prose  plus  de  valeur  solide  que  d^influence ,  comme 
nous  Tavons  di^  remajrqu^  dans  la  p^riode  de  formation, 
cinq  grands  noms,  autoor  desquels  se  viennent  grouper  beau- 
coup  d^autres  de  molndre  importance,  marquent  tout  k  la  fois 
et  rdsumentles  progr^  simultan^  de  laUngue  et  de  la  litt^ra- 
ture  fran^ises.  En  po^e,  ce  sont  M  arot ,  Ro  n  sard ,  M  al- 
herbe  :  Marot,  plac^  entre  le  commencement  du  selzi^me 
sitele  et  la  fin  du  quinii^me  sitele,  et  servant  de  transition 
de  Tun  a  Tautre;  Mallierbe,  poSte  de  la  seconde  moiti^  du 
seiai^me  et  des  premieres  annte  du  dix-septitoe^  comme 
Marot,  ferment  Tun  et  ouvrant  Tautre ;  Ronsard ,  au  milieu 
m^e  du  sitele,  ayant  perdu  la  route  trac^  au  commence- 
ment par  Marot,  et  nepouvant  pas  deviner  ni  ouvrircdle 
qui  allalt  Titre  li  la  fin;  qui  servit  pourtant  k  la  r^rorme  de 
Malherbe ,  mais  sans  le  savoir,  nous  dtrons  pourquoi.  En 
prose,  c^est  Rabelais  et  Montaigne.  On  oompte  beau- 
coup  de  noms  interm^iaires  :  en  po^le,  ce  sont  Mellin 
deSaint-Gelais,  Brodeau,  Cliaries  Fontaine,  de  rto)le 
de  Marot;  c'est  Du  Bell  ay,  co-rdnovaleur  de  la  pofeie 
avec  Ronsard ;  c^est  Du  Bart  as, hi  cliarge  des  dt^fauts  de 
Ronsard  ;c*estDesportes  et  Bertaut,  plus  re/enttf  que 


hiiy  comme  dit  BoOeau;  c'est  Passeraty  rua  dea 
de  U  satire  MMpp6e^  qui  ne  suivait  pas  d'deolc»  mais  qd 
obdssait  k  une.ind^pendance  d'esprit  particnliire ;  cM 
D'AubignA,  qui  est  R^ier  aArienx;  c'est  R^gBier, 
qui  croyait  ^  Tadvenaire  de  Malherbe,  et  qui  travaillail 
au  m^me  rfeultat  que  Ini,  avec  cette  difllireiioe  qu'ay  Ilea 
d'y  mettre  des  intentions  th^riques,  un  sysltoe,  il  j  mel- 
tait  un  admirable  talent.  Les  prosatenrs  soattrte-nonlinaB: 
c*est  Calvin ,  toojours  Jug6  comme  homme  de  wbd/b^  ja- 
mais comme  toivain,  quoiqu'il  ait  6ertt  de  heOea  pafss, 
d'un  style  ferme,  austtee,  et  d*une  correction  prteoee,  an 
desp^es  de  notre  Idiome,  comme  I'appdle  Pasquier ;  cfcrt 
Am  yet,  qui  traduit  Plutaiqne  avec  des  concetti  itaieas 
et  de  la  naivete  gauloise;  c'est  La  Bottle,  Pami  deMen* 
taigne,  dont  le  Contre-un  ou  la  ServUude  voUmMrt^  at 
d'un  noble  jeune  homme,  qui  serait  deveno  on  eiceikil 
^crivain;  c*est  Charron,  plus  sec,  plus  aride  que  Mei- 
taigne,mais  bontolvain,  lep^del'^lede  Port-Royal; 
c*est  Pasquier,  dont  les  lettres  sont  d  ottriemieB,  et  d^aa 
abandon  si  aimable;  c*est  D^Anblgn^,  le  podte  de  toiit4  llieafe, 
prosateur  au»i  ^ergique  et  ausd  origbul;  c^est  Bran- 
td  me ,  auquel  il  a  fallu  tout  le  scandale  de  K»n  aojet  pov 
int^resser  k  des  mtooires  toits  dans  un  alyle  d'a&tiGbun> 
bre,  falble  et  sans  oouleur;  oe  sont  les  anteuia  de  ia  Jf^- 
nippie,  onvrage  cdd>re  d'auteurs  inoonnna  :  Fhmat 
Chretien,  Pierre  Leroy,  Gilles  Durand,  Nicolas  Rapio,  Pas- 
serat.  La  pinpart  de  ces  prosatenrs  m^tcnt  d^eire  Ins  d 
4^tudi^ ;  mais  rhlstoire  a  plus  k  prendre  qne  Part  dans  ks 
livres  difray^  par  lea  passions  et  les  malheura  du 
et  qui  sont  pour  la  plupart  des  ooofesiions,  dea 
C'est  de  la  litt^rature  locde,  personndle,  marqnte  de  toelBi 
les  exag^rations  cootemporalnes,  Uen  diflSirente  de  la  Iiit6- 
rature  universelle,  oontemporaine  de  tous  les  agee,  oa  sc 
refloat  Thumanit^  reposte,  impartide,  et  non  une  moM 
]ivr6e  k  toutes  les  agitations,  oh  la  plume  6tait  one  <pte,  d 
oh  la  pi6ce  ne  se  jouait  que  pour  les  adeura.  Cette  KtUia- 
ture-Ui  sera  le  fruit  du  dix-septiime  dtele. 
On  connatt  ces  vers  de  Boiieau : 

Marot,  bicntAt  spris,  fit  fleurir  la  ballades. 


Et  montra  poor  rimer  dea  chenioa  toat  nonvesas. 

Ce  dernier  vera  n'est  peutretre  pas  tout  k  fdt  exact  U  sen- 
blerdt  annoncer  une  sorte  de  revolution  dana  la  pote 
fran^se  :  or,  de  Villon  k  Marot  11  n*y  eat  pas  rivofatfos, 
mais  divdoppement  et  progrte.  Matdriellement,  Mardm 
change  que  pen  de  chose  aux  regies  de  la  po^sie.  La  ven 
de  dix  syllabes,  qu'il  manie  avec  tant  de  grioe  et  de  fiKiiili 
qu'on  a  dit  que  c'^tait  comme  sa  langue  natnrdle,  exirtsM 
avantlui.  Le  mdange  dtematif  des  rimes  masculines  d  Ih- 
minlnes,  dont  il  se  dispense  trop  souvent,  josqu'a 
dix  vers  de  suite  par  des  rimes  du  mteae  genre,  oe  1 
qui  n'^talt  encore  k  cette  ^poqoe  qu'un  omeooent,  d  qu 
ne  devint  une  r^  de  rigueur  que  dnquante  ans  apite, 
sous  Ronsard,  ^tatt  en  usage  avant  Marot  Son  pte,  Jen 
Marot,  po^te  estimable,  en  avait  lalss^  des  exemplea.  L'^ 
lision  de  I'e  moot  4  la  fin  du  premier  h^istiche^  dans  Is 
vers  de  dix  syllabes,  que  Villon  ne  connaissait  pas,  n^ 
pas  de  rinvention  de  Clement  Marot  Jean  Lemaire  Id  en 
avait  donni  des  moddes.  Le  rondeau  et  la  ballade  axis- 
talent  avant  lul,  dnsi  que  toutes  kis  autres  formes  de  po^sie 
Ugtre  qu'on  peut  trouver  dans  son  recoeit  Mais  sa  g|oife 
fut  de  perfectionner  ces  formes,  d'y  rompre  davantage  le 
vers,  de  I'y  assouplir,  d  surtout  d'y  fdre  entrer  plus  d'es- 
prit,  de  gdure,  de  satire  aimable  et  fine  qu'on  n*y  en  avdl 
mis  jusqu'ii  lui.  La  pluparl  de  ces  formes  dalent  des  cadres 
qu'il  eut  la  gloire  de  rempllr. 

Du  reste,  Marot  est  k  tous  ^rds  le  cootinualear  da 
Villon.  Comme  en  Villon,  ses  vers  ne  sont  que  son  histdra 
rim^.  Saul  le  tribut  qu'il  paye  k  I'dl^gorie  dans  son  pre- 
mier ouvrage,  et  encore  en  animant  par  de  jolis  ddaBs 
oes  formes  suranntes  ses  vers  eoulent  de  sa  vdne,  sa  pea- 


FRANCE 


709 


ttecttparMMUMUe.  O  diantey  oomiiie  VUkny  ms  amoun,  la 
priaoa.  Seulemeni  les  amourt  moI  plos  nobles  que  celles  de 
YOloii.  Ce  B*M  plus  la  gente  sauleisHtre  du  coin,  ce  soot 
das  princeasaa  ou  des  mattresses  de  prioee :  M argaerite  de 
Nafarre,  Diane  de  Poitiers.  De  mtmt  sa  prison  n*est  plus 
celle  de  ViUon,  ramassd  par  lea  gens  du  guet  et  enfenn^ 
an  ClUtelet  comma  escroc  Deux  fois  Marot  est  emprisonn^ 
one  premie  fois  comme  suspect  d*hMsie.  Marot  avalt 
donii6  dap*  lea  nooveUea  iddes,  par  haine  des  divots  de  la 
Soibonne,  par  bon  ton,  et  paroe  qne  les  dames  y  donnalent. 
Knferm^  au  GliAtelet,  U  y  fall  des  vers  centre  ses  juges,  le 
thmt  le^^  et  do  ton  d'nn  honnftte  bomme  opprimi  par  les 
d^Yots.  La  seconde  fois,  ce  fut  pour  8*ttre  aTM  d^anraclier 
dea  mains  des  arcbers  un  bomme  qn*on  menait  en  prison : 
la  protection  de  Francis  I*'  Ten  Ura.  De  eette  diflG^TBooe 
de  situation  entre  Marot  et  Villon  devait  rteulter  one  dif- 
ference marqute  dans  le  ton  de  leurs  poesies,  et  surtout  on 
progrte  notable  de  la  po^sie  fran^ae.  La  lan^ga  de  Tamonr 
dana  Marot  est  plein  de  grAoe;  la  galanterie  y  romplaoe  le 
libertinage,  k  qnelques  passages  prte,  ponrtant,  06  Marot  foit 
le  Villon.  Les  Idte  en  son!  fines,  poUes,  d^cates;  les 
vers  aentent  la  coor»  aans  6tre  fades  cependant,  oomroe  les 
gaianteries  alMgoriqoes  des  prMtosaeurs  de  Villon,  ni  li- 
tnes  comme  cenx  de  ce  naif  et  rude  gtoie  des  carrefours. 
Si  la  prison  nHnspire  pas  mienx  Marot  que  Villon,  elle  Hns- 
pire  autrement  Vfllon^  foisant  sa  complainte  ftinM>re,  M- 
guant  i  nn  iYrogne  son  moid,  k  un  Ticaire  sa  maltresiie,  k 
un  ami  trop  gras  deux  procte;  se  moquant  de  sa  mort»  s*a- 
rousant  k  dtoire  son  aquelette,  roontre  beaucoup  de  yerv9 
el  d'originalttf.  Marot  parlant  fiirement  k  sea  juges,  rail- 
lani  leurs  procMures,  leurs  biterrogatoireSy  leur  avIdnA  k 
trouTer  das  coupables;  les  tortures  de  lenra  questions  insi« 
dieuses,  pires  que  les  tortures  mat^rielles,  montre,  st^ 
beaucoup  de  grtoe  el  de  malice  bonnMe,  beaucoup  de  no- 
blesse et  de  dignity.  Voilit  done  loot  nn  ordro  d'idte ,  et, 
si  Je  puis  parier  ainsi,  tout  un  monde  de  nuances  ijout^  k 
la  podsie  fran^aise.  Marot,  c^esl  Villon  arracb6  k  la  pau- 
▼reld: 

On  lit  log«  pa*  grmdloyAnti. 

C*est  Villon  k  la  oour,  devenn  cavalier  serrant  des  belles 
damea  et  prot^  du  rol.  Ce  sont  deux  poetes  de  la  m^e 
famine;  mais  le  hasard  a  latssd  I'aln^  dans  la  fonge  de  sa 
naissanoe  et  de  la  basoche,  et  a  fleT^  le  premier  jusqu*i  la 
domesticity  de  la  cour.  Le  naturel  est  restA  k  tous  deux,  k 
tons  deux  la  francblse,  U naivete ,  le  Ion  vrai  d*une  po^sie 
de  veine,  qui  sort  toutenti^  do  poita. 

Marot  est  du  petit  nombre  des  |x>£te8  priril^^s  sur  les- 
quels  n  n^y  a  qa*une  voix,  pent*dlre  parce  qne  la  contes- 
tation 00  I'enYie  ne  commence  qo'^  nne  certaine  bauteur, 
06  Marot,  po^e  cbarmant,  ne  s'est  pas  ^e?^.  On  ne  peut 
que  r6p<iter  ce  qui  a^  dil  par  tout  le  montle  de  la  grAce  de 
Marot,  de  la  d^Ucateaae  eaionAt  de  ses  idte,  de  ce  toGr 
henreux  qu'il  sail  donner  k  toute  chose.  La  nalveti  si  ailmi- 
rde  ou  plutAt  si  aim^  dans  Marot  est  d'une  autre  aorte,  oe 
aemble,  que  celle  des  poetes  ant^eurs.  En  eeux-ci  elle 
paraltratt  plutfti  une  infirmity  de  la  langue  qu'nne  tour- 
nure  particuHire  de  leur  esprit;  en  Marot  die  est  on  don 
naturel  de  llionune.  Marot  est  naif  alors  m^me  qu'il  exprime 
les  id^es  les  plus  fines,  les  plus  dtiite,  \k  mtoieoii  11  semble 
qu'il  ne  doive  6tre  dupe  de  rien,  pas  m^me  de  ce  qu'il  dil. 
C'est  une  grAce  particull^re,  c'est  un  ton  nature!  que  pren- 
nent  toutes  ses  idte  k  son  insu.  EX  cela  est  d'autant  plus 
sensible  que  la  langue  dis  ce  temps-li  paralt  trte-aTanc^, 
qu'elleest  riche,  souple,  abondante,  si  bien  que  La  Bruy^ 
a  po  dire  aTccraison  de  Marot :  «  11  n'y  a  gnere  entre  Ma- 
tot  et  nous  que  la  diffi6rence  de  quelques  mots.  »  Je  crois 
Men  que  c'est  surtout  par  I'efTet  d'une  illusion  bien  natiirelle 
ail  mIDeu  de  tous  eea  efforts  de  style  et  de  tonics  ces  prd- 
tentions  k  I'extraonlinaire  que  nous  voyons  antoui  de  nous, 
que  nous  trouTons  si  naifs  la  plupart  des  tours  dbaticlii^  et 
iea  bdgaycments  du  vieux  langage  mats  pour  Marut «  ce 


n'esi  qu\in  senffcaenl  Juste.  La  nalveto  j  ait  UMMpendante 
de  r^  de  la  langue  el  dea  idte  qn'dla  tboI  axprimer; 
die  est  Tisiblement  le  gtele  mteie  da  Pbomme.  Qne  ManI 
fksse  des  d^gies  nn  pen  subtHes  on  tradolsa  des  paainnes» 
fl  est  nalvement  alambiqnd  dans  ks  nnes ,  nalvement  mys- 
tique dans  lea  aulres.  U  a  cette  ressemblanee  stcc  La  Fon« 
taine,  que  tous  deux  parienl  aTec  la  grica  dea  enl^nta  una 
langue  trte-Tirile  at  trte-aranete,  qooiqua  edie  do  dtele 
de  Marot  ne  le  soil  qua  relatiTemeBl,  el  que  celle  du  alMe 
de  La  Fontaine  le  soil  abadnment  Jean-Baptisle  Rousseau, 
dans  sa  maussada  ^pltre  k  Marot,  caraetMaa  aasei  spbri- 
tudlement  le  gteie  de  cdul-d  t 

par  fooa,  en  Fruee,  ^Itres,  triolelt, 

Rondeatti,  chaBtom,  balladea,  irireiala, 

GcAta  ^pigraiDBc  at  plaiiaata  aatira 

Ool  prii  naiaunca;  en  aorta  qu*OD  peat  dirt. 

Da  ProBiiitb^  boinaat  aoat  ^an^ 

Kt  de  Marot  jajen  eoDteaaont  o^. 

On  a  oomptd  lea  Tera  tendras  de  Marot :  c'est  una  preuTe 
qu'il  en  a  peu ;  la  galantaria  dIaH  la  aeule  aendbUitA  de  son 
temps. 

Aprte  la  mort  de  Marot,  Odavlen  Mdlin  deSaintrGelais. 
autre  fils  d'nn  antra  ptee  podte  ausd ,  continue  la  manieia 
da  Marot;  mais  ses  yers,  plus  prMentieux,  mignarda,  in- 
foctte  de  loua  oes  concetti  italiens  yenus  k  la  suitedes 
guerres  dltaUe,  n'ont  plus  ca  caractte  de  dmplldtt  qui 
foH  aimer  ceux  de  Marot  Ce  n'esi  pins  du  firan^,  mds 
de  ntalien  frauds^.  D'dlleurs,  SaintGdds,  prdal  consi- 
derable ,  Immme  de  cour,  sacbant  k  qudia  cour  ombrageuse 
il  ayail  affdre ,  n'avail  dfl  imiter  que  la  partie  galante  do  son 
modde ,  et  ne  pouydt  gutee  contfaiuer  ses  satiraa  contra  lea 
gens  d'^ise  (il  en  ddt),  ni  aontre  la  Sorbonne  (lea  dr^ 
qoes  rotaie  en  aYaient  peur ).  La  po^sie  en  ddl  Ul  sous 
Diane  de  Poitiers,  laqudle  ayail  mis  sa  Irfgoterie  de  mal- 
Iresse  royde  ddchue  el  de  femma  sur  le  retour  k  la  place  de 
Tagrteble  dTronterie  dela  cour  de  Francois  I*'.  C'^tdt  Marot 
aifadi,  italianlsd,  expurg^  par  un  prdat  bd  esprit ,  Marot, 
moins  ses  cliarmanles  satires,  mdns  son  ei^|ooeinent,  sa 
moquerie  aimaUe,  mdns  ses  intarissablea  dpigrammes  contra 
les  sots,  les  Juges,  les  moines  et  les  maris.  Ce  fut  afora  que 
de  Jeunes  esprits,  doute  de  talent,  nourris  dans  lea  dtudea 
de  rantiqnil6,  leverent  I'dtendard  de  la  r^ydte,  et  atta- 
querent  la  poesie  abAtardie,  constHo^  rentte,  qua  reprd- 
aentdt  I'^lque  Octarien  Mdlin  de  Sdnt-Gdais.  Jusque  id, 
r^radltion  soUde,  celle  dont  nous  yerrons  d^jA  dlieureuses 
applications  dans  Rabdds,  oetta  ^mdition  qui  avait  ranimd 
el  renooyd^  toute  I'ltdie ,  celle  des  Eraama,  des  Budd ,  des 
Thomas  Moms,  des  Mdlancbthon,  n'dtait  pas  encore  entrto 
dans  Tdducation  des  poetes.  Enftots  du  sol ,  igooranta  ou  a 
pen  prte,  les  plus  instruits,  comme  Marol,  ayant  lu  VArt 
d*<Umer,  les  ^pigrammes  de  Martid,  Catulle,  TibuUe,  em- 
pruntaient  toute  leur  poMa,  sdt  k  un  ordre  d*idte  bandes 
et  rebattoes,  comma  Jean  de  Meong  et  Cliarles  d'Orldaos , 
soit  aux  diyers  acddents  de  leur  yie  agitde,  comme  Villon 
et  Marot.  L'druditton  ^11  dans  les  magistrata,  dans  lespro- 
fesseurs,  dans  les  4crivdns en  latin,  elle n*avdt  pas  encore 
attdnt  les  poetes.  Les  premiers  auxqods  il  alldt  Stre  donn< 
de  pulser  k  cette  source  d  fdcoade  et  d  enlvrante,  les  pre- 
miers qui  allaient  eomprandre  les  chelMrorayre  des  litt^ 
ratures  antiquea,  devdent  r^r  ayee  mdpria  centre  la 
po<£sie  nationde,  Idle  que  I'ayait  dMaonorte  Safait-Gdais , 
telle  m«me  qne  Villon  et  Marot  rayaientcrMe,c'est-li-diro 
r^uile  k  des  |cux  d'esprit,  k  des  pldsanteries  agrdablea,  k 
des  ^pigramroes,  k  des  galanteries,  en  un  mot  k  nn  ordre 
dldte  exdudvement  joyeux  et  l<iger,  sans  profondeur  et 
sans  port^  Cest  ce  qui  arriya  aux  podtes  de  la  brigade 
de  Rjtuard ,  dont  un  critique  disthignd,  M.  Salnle-Beuve, 
a  spiritudlement  exiiurod  les  litres  oublUs,  et  dont  le  ma- 
nifeste  fut  dcril  d  Ianc6  dan<t  le  public  par  Joachim  Du 

Bcllay. 

Le  caract^de  ce  roanifeste,  remarquablement  torll,  mm- 
seulument  pour  T^poque,  mais  pour  toute  dpoque,  el  qnl 


710 


FRANCE 


▼int  It  rodBine&i  s^eouer  snr  ion  frateail  de  pr^at  opulent 
«t  de  poete  de  conr  rbeoreax  SalotGeiaiSy  perdu  ence  mo- 
iiMiit«lli  danslessnbtiUt^  de  quelque  petit  sonnet  prteteux 
k  la  manifereitalienne^ c'e&tqu'en  mdme temps  quHld^emt 
ridioniB.frattfats,  lahngmnationale,  il  demandequ'elleatUe 
t^encichir  etsef^eonderdans  lea  langues  de  I'antiqait^.  Ed 
mdme  temps  qu7il  se  declare  partisan  passtonn^  de  la  langue 
indigiiiey  deoelte  langue  qu*on  sacrifiait  h  l*ltalie,  il  prtehe 
rimiUUon  des  Grecs  et  Ues  Latins.  LMd^^tatt  6leTte  et  juste. 
Mais  comme  il  s'y  Joignait  nn  -violent  >esprit  de  ruction,  et 
qn'en  toata  ruction  on  va  an  del^  de  la  penste  premiere,  et 
comme  en  outre  il  n'y  eut  pas  dans  la  Mgade  un  homme 
d'assez  de  g^nie  pour  r^aliser  la  th^rie  de  Du  Bellay  et  pour 
ft'inspirer  de  I'antiquit^  sans  cesser  d^^tre  francs,  il  en  re- 
sults des  pontes  moins  fVan^is  qoe  Marot  leur  devancier, 
et  dlnfid^les  traducteurs  de  l*aBtl<|uit6  plutAt  que  d'intel- 
ligents  imitatcurs. 

A  leur  tdte  fut  un  bomme  qui  d^livra  un  brevet  dlm- 
mortaUtd  commune  et  solidaire  k  tous  les  compagnons  de 
son  OBuyre  de  n§action ,  et  qm  ne  lit  que  les  suivre  ov  les 
pr^c^er  dans  cette  cbute  grotesque  dont  parle  Boileau. 
Cei  homme  y  c*est  Ronsard. 

J'ai  dit  que  la  penste  de  la  i^Tolution  litt^raire  dont  Joa- 
chim 0n  Bellay  r^digea  le  manifesto ,  et  dont  Ronsard  Tut 
le  li^ros ,  6tait  k  la  fbis  Timitation  de  la  po^sie  antique  et 
le  perfsctionnement  bien  on  mal  entendu  do  Pidiome  fran- 
^is.  Un  bomme  d'nn  Tdritable  g^nie  aorait  peut-^tre  suffi 
k  r^aliser  oette  tAthe,  qui  devait  remplir  si  glorieusement  le 
dix-septiteM  si^ele;  mais  Ronsard,  ni  aucon  poete  de  sa 
brigade ,  derenoe  pips  tard  itLpUiade,  n*aTaient  on  y^ri- 
table  gfoie.  II  arriva  que  Hmitation  des  anciens,  dans  leurs 
mains  maladroites  et  avec  lemrs  arri^re-penstes  de  ruction 
litttoiie, ne  fut  qu'un  plagiat  froid  et  mort  Ronsard,  pour 
son  compte,  ne  pritdes  poteies  antiques  que  leur  ordon* 
nance,  leur  forme,  leur  dessin,  leur  mouTement  m^trique; 
il  fignra  des  odes  pindariques,  des  chansons  anacrfon- 
iqnes,  des  ^lognes  Tirgiiiennes,  des  ^l^es  tibuUiques.  Il 
€Oupa  La  Franciade  snr  VEniide ;  il  prti  k  Ton  une  ode, 
dont  il  tradttisit  le  miliea  et  k  laquelle  II  mit  un  commen- 
cement et  une  fin  de  sa  fa^n,  jurant  avec  le  milieu;  k 
rautre,  il  prit  une  ^ie  dont  il  changea  le  d^noftment;  ^ 
celui-ci  nne  chanson  od  il  m^la  les  mceurs  modemes  a? ee 
les  maurs  antiques.  H  brouilla  tout,  comme  dit  trte-bien 
Boileau ,  faisant  de  belles  femmes  termin<Ses  en  queue  de 
poisson ,  amalgamant  la  subtilit^  de  la  po^sie  italienne  avee 
la  grftce  naive  de  la  poteie  grecque ;  fiisant  des  odes,  oul , 
mais  des  odes  pindarisantes,  et  non  pas  fran^aises,  et  n*in* 
Tentant  en  r6alit^  quele  nom ,  mais  point  la  chose.  Ses  sa- 
tellites, comme  il  arriye,  all^rent  plus  loin  que  lui  :  ils 
pnipos^rent  s^iensement  d*appliquer  aux  vers  fran^is  les 
r^les  de  la  m^triqiie  grecque  et  latine ,  et  firent  des  hexa- 
m^tres,  des  pentaroHres  et  des  ascl^piades  A*an9als. 

Quant  k  I'idiome  national ,  tout  le  perfectionnement  qu> 
introduisirent  Ronsard  et  la  pl^ade  se  rMulsit  k  un  me- 
lange ridicule  de  tous  les  patois  provinciaux,  d*nne  fonle  de 
termes  eroprunt^  k  des  professions  spteiales ,  de  vocables 
normands ,  walions ,  picarfls ,  cousus  It  ces  formes  pom- 
peuses ,  k  cette  fausse  noblesse,  k  ces  tours  ambitienx,  mi- 
serable travestissement  de  la  po^ie  antique.  Tout  cela 
forma  une  langue  bariol<^e ,  p<^dante,  inintdligible,  k  ce 
point  que  les  mattresses  de  RunRsrd  se  fatsalent  expliquer 
par  des  comrocntatenrs  les  madrigaux  de  leur  amant ;  lan- 
gue vague,  sans  imit^,  sans  analogic,  pauvrc  elmaigre  par* 
dessous,  par-dessus  recouverte  d*une  fa^on  de  mantean 
antique;  jargon  ml-parti  de  patois  vivants  et  de  langues 
mortes ,  d'ltallen ,  de  latin ,  de  grec ,  charge  d*eptth6tes  lio- 
m^riques ,  descriptif  ^  Texc^,  novateur  sans  n^cessitd, 
aans  choix  et  sans  goOit;  courtlsanesque  et  populacter, 
imdrt  et  sanvage;  vrai  p6le*m6le  d'aodaceet  dMmpnissance, 
de  st6rilit6  el  de  fodlltd  formidables ,  de  pu^rilit^  et  d*em- 
pbase,  d^nexp^rience  grossito  et  de  raffinement,  de  paresse 
•t  de  labeor ;  eflbt  de  ce  vertlge  d*e$prit  qui  ne  manque 


gtt^  de  saisn*  m  hommes  dbnl  le  r6\t  est  ftn-deMai'di 
leurs  talents,  el  li  qui  THresse  de  I'importanoe  fonme  k 
tftte;  po^ie  unique,  eomme  la  fortune  do  po&e,  el  qui  i 
donn^  k  Ronsard  nne  immortality  relative. 

On  pent  d^aillears  reeonnaltre  dans  Ronsvd  de  Plna||- 
nation,  des  ^bauches  henrenses,nne  eertaioe  ^Mvatfon  de 
ton,  sinond'id6es,  de  la  f^eondit^,  quelque  Inrention  de 
style,  et  0  et  1&,  dans  ses  ponies  amonreases  partfctdi^ 
rement,  de  jolles  pieces,  fines,  ddicates,  pnr(yb  U  ne  sor- 
passe  point  Marot,  mais  le  continue;  dew  ^pltli^tes  et  dei 
tonmures  ing^nienses,  et  gto^ralement  nne  grarit^  et  nne 
pompc  qui  furent  de  bons  gerroes  poor  TaTOiiry  Mqni 
^talent  un  progr^s  snr  Marot 

Dans  toute  reaction,  il  y  a  nne  bonne  pens^  el  fl  y  eo  a 
Texc^;  la  reaction  pass^e,  Texcte  disparatt,  tombe  dans 
I'oubli,  entratnant  quelques  noma  qui  lui  ont  dtt  une  r^pe- 
tation  bmyante ;  le  bon  demenre.  II  resta  de  beaux  vers  de 
Ronsard,  une  pens^f^nde,  la  pens^  que  tontes  lesGt- 
t^ratnres  sont  solidafres ;  qu*il  fallait  connattre  Pantiqnitt; 
que  la  po^sie  fran^ise  ne  pouvait  pas  rester  Mift ;  mai§ 
que  si  elledevait  puiserau  tr6sor  des  lltt^ratores  dtrangdres 
pour  le  fond  des  id  to ,  il  fallait  qu*elte  restdt  exclusive  el 
indigene  dans  la  forme.  Ce  fot  \k  le  caract^re  de  la  po^sie  de 
Malherbe.  Lui  aussi  eut  de  T^dttion,  lui  anssi  ftitinittt  k  h 
I)ens^  des  anciens  et  &  la  litt^ture  italienne;  mais  ponr  la 
langue,  il  la  fit  rentrer  et  la  maintfnt  despotiquenaentdaas 
son  caract^re  exclnsif  et  local.  Le  vrai  et  le  juste  6laient  dam 
une  ruction  nonvelle  qnid^truisit  Tdchafaudage  de  Ronsard, 
le  grotesque  appareil  polyglotte  de  la  pMiade ,  poor  en  re- 
venir  k  la  langue  de  Villon  et  de  Marot,  ticond^e^  ennobtie, 
agrandie  par  une  intelligence  vraie  et  nn  commencemeat 
d'assimilation  do  fonds  antique.  Cette  ruction  qui  devait 
avoir  nn  double  effet ,  celui  d'emporter  les  ridicules  easaii 
de  po^ie  fran^lse  scand^e  selon  la  m^trique  des  anciens, 
Pamalgame  de  la  naivete  antique  avec  la  senlimentalit^ 
italienne,  les  ^ith^tes  hom<hiqnes,  la  toux  ronge-pouman, 
le  soleil  brHle<hamps,  la  guerre  verse-son^,  Bacchosoiiiie' 
pampre ,  le  Pindare  grefM  snr  le  P^trarque ;  et  en  ontre 
celui  de  nettoyer  du  melange  grossier  dea  tennes  ap^^danx 
et  des  patois  de  province  la  langue  po^tique,  etde  renvojcr 
dans  leurs  villages  le  mots  watlons ,  picards  et  normands , 
avec  leurs  oripeaux  grecs  et  latins.  Malher1)e  fnl  le  cbcf 
actif ,  militant,  et  le  plus  grand  po£te  de  cette  doable  ra- 
tion. 

D^abord,  dans  sa  jeunessc,  il  paye  tribat  an  p^trarchisme. 
Mais  cela  dure  peu.  Son  bon  sens ,  sa  haute  raison ,  son 
instinct  fran^is ,  le  retirent  de  ces  mignardisea  qne  Des- 
portes  et  Bertaut  continoalent  d'aiguiser  palslblement  dans 
leurs  riches  et  oisives  pn^latnres.  II  s'affranchil  du  jong  de 
IMmitation  ^trang^re ,  et  traite  avec  le  plus  profond  m^ris 
ceux  qui  s^y  soumettent ,  jolgnant  dte  fabord  k  son  rdle  dc 
poete  le  r61e  de  r^formateor,  et,  comme  un  g^n^ral  d*arui^, 
donnant  k  la  fois  ses  ordres  et  payant  de  sa  personne.  11 
centralise  la  langue  frangaise.  Paris,  devenu  sous  Henri  IV 
et  Richelieu  la  capitate  politique  de  la  France,  devient  sons 
Malherbe  et  par  Malherbe  la  capitale  litt^raire.  II  proscrit, 
qiioiqiie  Normand ,  des  expressions  du  patois  nonnand ;  el 
s*il  ne  cr^  pas  k  lui  tout  scul  le  frangais  litt^faie ,  k  hii 
tout  seul  il  rimpose  despotiquement  k  tous  les  6crivaiD5. 

11  est  impossible  qu'on  ne  remarqne  pas  iei  Tanalofpe 
existant  cntrc  le  mouvcment  qui  entratne  la  France  vers  Po- 
j\\t6  politique  et  celui  qui  entratne  la  langue  vers  Punit^ 
litt^raire.  11  est  impossible  qu'on  ne  compare  pas  involontai- 
rement  les  caract^res  des  deux  hommes  qui  sont  les  instra- 
ments  les  plus  actlfs,  les  plus  pnlssants,  les  plus  d^voofe  de 
ce  double  ouvrage  :  de  Richelieu,  lliomme  de  l*unil^  politi- 
que ;  de  Malherbe,  niorame  dc  Tunit^  Ulldrairc.  Qm'  donnail 
k  ce  gentilliomme  normand  le  droit  de  se  proclaroer  iefail- 
lihlc ,  dc  m^priser  tous  ses  devancicr$ ,  dc  biflfer  tout  Ron- 
sard ,  dc  ne  laisscr  k  Desportes  que  quelques  vers  par  cha 
rit^ ,  de  traiter  de  soUises  non  pareilles,  de  baurrti  ex- 
cellentes,  de  nMseries,  de  p6dantaries,  tool  ea  ^ 


FRANCE 


711 


bJMBait  0QII  bon  leas,  de  ne  pas  aimer  ses  amis  jusques  et  ; 
y  compria  leort  maiiTais  vera,  et  d'eatlmer  le  seol  R^gnier) 
par  exempkt,  tout  en  d6  Taimant  pas?  Qui  domiail  h  Ri<- 
cbelieo  le  droit  d'atnttre  lea  demises  tdtes  de  la  f^odalit^? 
La  pbilosopbie  de  I'liistoire  explique  tout  par  ce  mot  :  la 
Providence.  Eh  bien,  pourquoi  n*y  aurait-il  pas  eu  la  m6me 
Providence  daM  la  tyrannie  litt^aire  de  Tun  que  dans  la 
tyrannie  politique  de  i*antre?  Si  le  aucc^  toconiest^,  pai- 
aible,  durable,,  confirm^  par  tous  les  ttommea  de  sens,  est 
la  manine  d*on  desaein  de  la  Providence,  comme  ce  succ^ 
n'a  pas  pint  manqu^  h  Malberbe  qu*^  Rictielien,  pourquoi 
praindraia-je  de  dire  que  la  France  avait  aussi  beaoin  do  I'un 
que  de  Tautie? 

Deux  rteiltats  sent  dos  k  Malbeibe :  Tun ,  dteisif  pour  le 
ton  et  pour  la  matiibre  m£me  de  la  liaute  po^e  fran^aise; 
rautre,  pour  la  forme  et  pour  la  grammidre.  Parle  premier, 
Malberbe  teblit  et  hit  pr^valoir  la  n6cessit^  du  cboix  etde 
la  conf  enaoee  des  pens^es ;  par  le  second,  U  ftiit  la  Ihtorie 
de  la  langue  po^tique;  il  en  reconnatt  lea  caract^res,  grftce 
k  son  admirable  him  sens ,  et  sans  doute  aprto  des  etudes 
comparatives  tr^profondes.  II  distingue  ce  qui  est  litt^raire 
de  ce  qui  ne Peat  pas;  il  fixe  souverainement  la  langue ;  il 
dit :  Ceci  est  bien,  et  cela  eat  mal;  ceci  est  fran^ais,  et  cela 
neTeat  paa;  cette  expression  tr^-employte  ne  doit  pas 
r^tre;  ce  tour  admir6  ne  vaut  rien.  Du  reste,  corome  Vil- 
lon, U  fait  sortir  la  langue  du  fond  mtoie  du  people  de  Pa- 
ris, et  qoand  on  lui  dmande  qui  parle  le  bon  fran^ais ,  il 
dit :  Ce  aont  les  crocbeteors  du  Port  an  Bl^. 

Sa  nature  d^eaprit,  son  Age,  convenaient  admiraUement  k 
cette  dictaturcw  Malberbe  est  un  bomme  plus  que  mOr;  ses 
plus  belles  odes  ont  ^  Rentes  h  soixante  ans  :  ^  cet  &ge, 
rimaghiation  est  r^l6»  cliex  les  hommes  privil^i^  oii  elle 
a'est  pas  6teinte;  legodtest  infaillible,  autant  que  peutrsirc 
^quelque  cbose  qui  eat  de  Tbomme ;  la  raison,  mdrie  par  les 
Gomparalsona  et  les  experiences,  est  assise;  c'est  le  bon 
tempe  pour  aavoir  le  qtdd  deceat ,  quid  non ,  dont  parle 
Horace.  En  outre,  Malberbe  est  pen  fteond;  et  ce  qui  est 
un  d^ut  dans  un  poM  sera  une  quality  dans  le  poete 
tbtoicien.  Trop  de  f^condit^  PeAt  jete>  dans  des  excte ,  et 
le  le^slateor  aurait  pu  6tre  dementi  par  le  po^te.  De  cea 
deux  r61es;  celui  de  l^slatenr  allait  mienx  k  ses  gonts, 
k  aa  paresse;  il  b^aitait  devant  les  difficult^s  m6ine  quMl 
avait  crMea,  et  11  est  trte-certain  quMl  avait  plus  le  bon 
sens  qui  voit  le  bien  que  le  g^e  qui  Tex^cute.  11  prdC&ra 
toujoura  aux  labeurs  de  la  composition  les  longs  entretiens 
dans  sa  petite  cbambre  k  six  cbaises,  entretiens  qui  deve- 
naient  au  dehors  des  arrets  de  langage  et  de  goftt  pour  la 
cour  et  la  viile. 

VoiU  enfin  des  Ters  ob  la  prteision,  la  clart<^,  la  logique, 
une  noblesse  sans  enflure,  ne  sont  plus  des  quality  de  ha- 
sard,  des  dons  de  la  fortune ,  mais  dea  qualit^s  de  r^exion, 
des  obligations  tbteriques.  La  haute  poteie  fran^aise  est 
n^.  Lea  successeurs  de  Malberbe  6teront  k  sa  longue  et 
mi^estueuse  p^ode  un  pen  de  cette  roideur  et  de  ce  pi6dan- 
tisme  doctrinal  qui  la  gdnent;  lis  feront  entier  plus  d'id^es 
dans  ce  v^temant,  peut-dtre  un  peu  trop  ample  pour  la  pen- 
ste  qu'il  babiUe ,  et  nous  aurons  une  po^ie  k  la  fois  sdv^re 
et  ricbe,  contenne  et  abondante,  harmonieuse  et  pldne, 
douce,  nuve,  aenste,  avee  toutes  les  qualit^s  de  Tinspira- 
Uon ,  et  une  sorte  de  solidity  et  de  r^ularil^  algebriques. 
Malberbe,  aprte  una  vie  asses  monotone ,  aprte  beaucoup 
de  conversations,  mouruten  grammairien  (1628),  relevant, 
dit-on ,  toat  mourant  qu*il  ^it ,  une  faute  de  fraufais  que 
faisait  sa,garde-malade.  et  laissant  un  |tetit  recueil  et  une 
influence  immense.  En  vain  fut-il  attaqud  sonrdement  par 
le  bon  Regnier,  qui ,  saaa  a*en  douter,  avait  le  plus  aide  k 
£•  dictatnret  en  foisant  dinstinct  et  dans  d'admirables  vers 
lea  r6formes  que  Malberbe  fiuaait  par  sea  tlieoriea;  et  par 
M"*  de  Goumay,  la  AWe  adoptive  de  Montaigne ,  laquelle 
reclame  vainemcnt  pour  Ronsard  et  \e&vieuxde  lapMade 
dans  des  pamphlets  plus  senses  et  phis  amusants  que  la 
cause  qui  les  insplralt.  Le  caractfere  de  la  haole  po^sic 


fran^se  avait  M  irrevocablement  fM   par  Malberbe. 
Moins  estimee  que  la  poesie,  qni  seule  encore  paasait 
pour  un  art,  au  seizi^me  sitele,  la  prose  devait  laiaser  dea 
traces  bien  autrement  profondes.  Deux  hommes  que  nous 
avons  nommes,  Rabelais  et  Montaigne,  en  crtoit  pour  ainsi 
dire  touie  la  mati^re,  et  ^  la  dlfTerence  de  la  poesfe,  qui 
re^it  d'hnmenses  accroissements  au  dix*«eptieme  sitele ,  la 
prose  n^y  revolt  gu^  que  des  modifications. 
'  L^erudition  de  Rabelais  ne  ressemble  en  rien  k  celle  du 
milieu  du  qninzieme  utele ,  ni  h  celle  de  l^dcole  pedtiqae 
representee  par  Ronsard  :  erudition  toute  de  forme  et  d*e« 
corce,  si  cela  peut  se  dire.  C*est  I'eroditlon  des  idees.  On 
voit  que  les  anciens  TiUdent  k  penser,  et  ce  qoMI  leur  doit 
est  enorme.  L^esprit  de  la  sagesse  antique  vient  8*ajonter  an 
devdoppement  mdigtoe  et  an  progrto  propre  de  Tesprit 
franoaia ;  les  Idees  de  Tantiquite  mftrissent  et  feeondent  lea 
idees  fran^ises.  Ce  melange,  et,  qu^on  me  passe  ce  mot, 
cette  fecondation ,  dejk  bien  frappante  dans  Rabelais ,  le  sera 
bien  plus  encore  dans  Montaigne.  Cependant ,  mtoie  encore 
en  Montaigne,  les  idees  anciennes  et  les  idees  firan^ses 
marcheront,  pour  ainsi  dire,  c6te  k  c6te,  ae  meiant  quel* 
quefois,  restant  plus  souvent  isoiees  lea  unes  des  antres. 
L^eraditlon  paraltra  encore  un  ornement,  une  addition,  un 
lieu  common  d'empmnts  litteralres ,  une  glose.  Attendee  le 
dix-septitaie  siede,  pour  voir  les  idees  andennes  et  les  kiees 
fhm^ses  se  fondre  en  un  m6me  toot ,  en  un  mtee  ensem* 
ble ,  en  une  mfime  lltteralure ,  plus  humane  que  locale,  que 
j'appelerai  volontiers  la  troisieme  forme  de  la  litterature 
universdle.  L'eroditfon  ne  s'aper^it  plus,  ne  ae  montre 
plus  do  doigt,  die  se  sent  II  n'y  a  plus  d^emphmta  ni  dl- 
mitation;  il  y  a  aasunilation. 

Au  commencement  du  sdzieme  si^de,  IMrvdMon  eat  en 
qudqne  sorte  un  avantage  particulier  de  la  personne,  et  non 
I'effet  general  dVine  education  commune ,  oomme  au  dix- 
septieme  sitele ;  aussi  la  voyoas^noaa  etaiee  sana  mesureet 
sans  goAt,  exageree,  pedante;  d^est  le  ridicule  d'une  qua- 
lite.  Rabelais  lui-mdme,  qnoique  sacbant  bien  la  Taleur  yraie 
des  emprunts  qn*il  foisait  aux  ideea  anciennes,  n'^chappa 
point  k  ce  ridicule  de  I'emdition  pedante.  II  Toulut  importer 
non-seolement  les  idees,  mais  les  mots,  et  fondre  dans  I'i* 
diome  francais  tout  le  vocabnlaire  des  langues  greeque  et 
latine,  soil,  Je  le  repete,  qu'il  eOt  ete  atteint  de  la  pedan* 
terie  des  emdits,  soit  qu*il  eOt  besoin  de  trois  langues  k 
la  fois  pour  lincomparable  richesse  de  ses  idees,  foUes  on 
sensees ,  qui  debordaient  notre  idiome ,  encore  inoertain  et 
pauvre ,  en  sorte  que  lui ,  qui  raillait  dans  autrui  Perudition 
des  mots ,  en  etait  infecte  lui-meme. 

Apprecier  Pinfluence  de  Rabdais  snr  la  langue  et  la  litte- 
rature fran^ise  n'est  paa  si  difQeile  que  deviner  le  sens  de 
son  ouvrage  et  en  faire  Panalyse.  Rabdais  est  le  premier 
ecrivain  en  prose  ou  commence  k  se  monlrer  I'esprit  fran- 
cais ,  esprit  libre  et  moqueur,  ennemi  des  pr^ugea ,  tout  en 
transigeant  avec  eux  par  pnidence,  ne  se  laissant  pas  pren- 
dre aux  apparences ,  mais  penetrant  au  fond  des  choses  et 
des  hommes ,  aimant  k  naiigoer  les  pntasances,  les  gens  qui 
sont  doubles,  qni  ont  un  caractire  et  un  rdle,  et  le  caractere 
abrite  sous  le  r^le  :  les  mofnes,  les  docteurs,  et  toute  espice 
qui  proflte  de  la  simplidte  populaire;  ami  des  innovations 
pnticablea,  du  progr^s ,  et  point  de  ce  qui  n*en  a  que  Pair; 
plus  malin  quemechant;  qudque  chose,  enfin,  qu'il  est  plus 
aise  de  sentir  que  de  resumer,  et  qui  ressemble  beaueoup  k 
ce  que  Rabelais  appelle  le  pantagrueiisme  :  «  Je  suys ,  diMl , 
au  prologue  du  quart  litre  (1.  rv),  moyennant  un  peu  de  pan- 
tagrudisme  (vous  entendex  que  c*est  certaine  guayete  d*ospe* 
rit  conficte  en  mepris  des  choses  fortuites ),  sain  et  degourt 
(degourdi),  prest  k  boire,  sy  roulez.  »  C'est  charmant ,  et 
c*est  ce  que  nous  chercbons.  Cest  une  definition  complete 
en  quelques  mots  vaguea,  mais  plutdt  par  trop  d*extension 
que  par  manque  de  predsion.  Cet  esprit  francs,  Ubrejn- 
geur  et  libre  parlour,  sceptique,  moqueur,  meprisant  lea 
choses  fortuites ,  nes^aperfoit  pas  encore  dans  Froiasart 
ni  dans  Comines.  Dans  Froissart,  il  n*a  qu'uoe  seule  de  aaa 


1 


719 

qnaliMs*  tt  naiveM;  da  rwte»  fl  s'abdlqiie;  il  coDte,  mala 
De  joffb  pas;  tt  M  rattle  jamais ;  U  oavre  de  grands  yeux ,  fl 
aat  ^balii ,  U  est  quelqoe  pea  badaud.  Dans  Comlnes,  c*est 
Teeprit  d'on  bomme  plat6t  qoe  Tesprit  national;  c*est  on 
sens  particniier  des  aCTaires  et  des  hommes  publics ;  c'est  une 
quanta  de  la  condition  et  de  rindivida  plttt6t  qu*une  qaaUl^ 
de  la  nation.  L'esprit  fran^is  ne  serait  pas  si  d^Tot  qae  le 
bon  Comines.  11  apparatt  dans  lea  po((tes,  dans  Jean  de 
Meongy  dans  Gnfllaame  de  Lorris;  ilest  dijk  tout  entier 
dans  VUlon.  En  prose ,  tt  ne  se  montre  qoe  dans  Rabelais. 

Qae  respecte  Rabelais  des  ehoses  fortuitesf  L*ambition 
des  princes » c*est  llnsatiable  faim  de  Grandgoasier.  Le  par- 
lement,  c*est  la  taoplni^  des  chats  foarrfe,  oil  Panarge 
est  obUg«  de  laiaser  sa  boane.  Les  jages  corrompus  et  igno- 
rants,  c*e8t  Bridoye,  qui  dteide  les  procte  par  le  sort  dea 
dds,  et  n^en  Jnge  pas  pins  mal;  Bridoye »  aieal  de  Brid'oi- 
Mn.  L'abtts  de  la  dialectiqiie  aristot^Uqae,  c'est  Janotus  a 
Gragmardo  redemandant  en  bareUipton  les  cloches  de 
Notre-Danie,  dont  Gargantoa  a  ftit  des  dochettes  pour  sa 
male.  La  soisoalit^  des  moines  ,  ou  plutdt  le  monachisme 
tout  entier,  c*e«t  frire  Jean  des  Entommeores,  qui  pense 
qa'an  moine  aayant  serait  an  monstre  inoai ,  et  que  pour 
▼iTre  k  son  aise  et  faire  son  salat,  il  n'est  rien  de  tel  qoe 
bien  manger,  boire  d^antant,  et  dire  toujours  da  bien  de  M.  le 
prienr.  Rabelais  ne  manage  pas  les  mMedns,  quoi  qa'il  en 
soit.  QneUe  Oiroe  aronsante  qoe  ces  valets  manis  de  Ian* 
temes  que  Gargantiia,  pris  d'an  violent  mal  d^estomac,  avale 
avec  des  pilnles  oti  tts  sont  enform^,  et  qui  se  mettent  h  sen- 
der les  lienx  soaterrains  «  dont  la  mMedne  ne  s^embarrasse 
gn^re  > !  Rabelais  est  novateor,  dans  la  mesare  de  Tesprit 
fran^is,  poor  sontenir  oe  qui  est  bon,  qaoiqne  nouveaa. 
Ponocrates,  le  prteeptenr  de  Gargantna,  veut  lui  appren- 
dre  k  r^^ir.  II  lui  Tait  ddsapprendre  d'abord  les  formules 
de  r^le,  et  loi  enseigne  les  sciences  natnrelles,  rarithm^- 
tique,  fart  de  la  gynmastiqne;  tt  le  mtoe  dans  les  atellera, 
parmi  les  artisans  etonrrlers,  afin  de  lui  bire  voir  les  sour- 
ces des  ricbesses  des  nations.  Mattre  £dita  prodaroe,  dans 
nie  Sonnante,  le  partage  ^gal  des  soccessions,  comme  ^tant 
de  droit  natvd.  H  y  a  bien  d'autres  innovations  et  har- 
diesses  de  oe  genre ;  mats  prenons  garde  :  en  voalant  tiever 
Rabelais  trop  au-dessus  de  son  sitele,  ne  tombons  pas  dans 
Peicte  de  oe  critiqae  qd  y  a  troiivd  la  garde  nationale 
de  89.  ^ 

L'influenoe  d^un  tel  esprit  devait  Atre  grande  sur  les 
contemporains,  qoolque  assur^ment  moins  grande  que  ne 
le  Alt  celle  de  la  po^ie,  si  inRlrieure  k  la  prose,  surtout 
pour  le  fond.  Rabelais  fit  deax  ^coles,  I'nne  de  boufTon- 
nerie  et  Taatre  d'esprit  fran^is.  Les  partisans  de  sa  bouf- 
fonnerie,  de  son  intarissable  verve  burlesque,  se  sont 
perdus  en  vouUmt  IMmiter,  saufB^roalde  de  Verville, 
dent  le  Mttyen  de  pnrvenir  renferme  de  Jolis  contes ;  ceux 
de  sa  raison ,  de  sa  line  rattlerie ,  de  son  m^pris  des  chases 
fortuites ,  fonnent  une  chatne  de  libres  penseurs ,  parmi 
lesqnels  il  fant  compter  en  premiere  Ugne  Montaigne ,  Vol- 
taire et,  de  notre  temps,  Paul-Loois  Courier.  Quant  k  la 
langue ,  pen  d'auteurs  ont  plus  fkit  pour  notre  bel  idiome 
que  Rabelais :  il  y  a  vers^  une  foale  d'expressions  et  de  tours 
qui  sont  restte ;  mais  grand  nombre  de  ses  latfailsmes  et 
de  ses  grfcismes  ne  lui  ont  pas  surv^.  Montaigne  le  range 
parmi  les  auteurs  simplement  plaisants  :  voulait-il  disS* 
muler  sous  ce  Jugeroent  d^dafgneux  tout  ce  qu*U  lui  avait 
prisP 

(Test  ici  la  lieo  de  parler  de  eel  bomme  qui ,  en  dehors 
de  toutes  les  querelles  litt^raires,  da  fracas  des  reputations, 
des  discussions  thteriqnes  sor  la  langne,  nourrissait  dans 
la  solitude,  dans  les  voyages  et  dans  les  lectures,  dans  la 
niMitation  dMnt^resate,  Tesprit  le  plus  original  du  Miziiine 
sMe.  le  veni  parler  de  Montaigne ,  phUosophe  au  milieu 
des  goerres  poUtiqnes  el  religieuses,  ^vain  admirable  aa 
milien  des  contradictions  et  du  clioc  des  fhfories.  En  litl<- 
ratore,  en  poHtiqae,  en  religion,  cliacun  disait  :  Je  sals 
font  Montaigne,  lui ,  prend  pour  devise  :  Que  saiS'Je?  Ce 


FRANCE 

n'est  pas  le  pyrriionfsme  abaolu,  comma  le  lid  reproeW 
Pascal;  c*est  seolement  la  resistance  d*une  ralsoa  inddpea- 
dante  et  superieure  k  toutes  ees  opinions ,  k  torn  ces  parti^ 
qui  eroient  ttnir  la  v^rite ,  et  qui  I^mposent  tonr  k  toor  i 
leurs  adversaires,  selon  les  chances  de  la  fortoae,  pir 
rep^e ,  par  la  torture ,  par  les  supplices ,  par  le  fier  et  le  ien. 
Le  sceptieisme  de  Montaigne  prociame  la  liberty  de  la  oow- 
dence,  et  conserve  salne  et  sanve  la  moralitd  dea  aationa. 

Montaigne  a  ea  la  destinee  d*an  bomme  vraimcat  sopi- 
rieur  k  son  sitele  :  comparez-le  k  Ronsard ,  qui  aatt,  vlt 
et  menrt  dans  rapplaodlsseinent  nniversel.  MontavB^  &*cst 
point  compris;  qoelques  hommes  seolement  en  foBt  cas, 
mais  sans  trop  s*en  vanter.  Juste-Lipse  Pappdle  le  Tkalh 
Jrangais;  Pasquier  le  lit  avec  deiices,  mais  Tadmire 
que  Ronsard ;  de  Thou  torit  de  lui  en  latin : «  CesI  im  boi 
d^^me  liberty  naturdle,  que  ses  Essais  fanmortattaeroot 
la  posterity  la  plus  recall.  •  Le  cardinal  Du  Perron  appdle 
les  Sssais  le  br^iaire  des  honnites  gens.  Monta^^ne  ert 
In  et  goAte ;  en  secret  il  obtient  des  asseotimeiits  indivi- 
duds  et  reserves ;  male  il  n*a  pas  d*influence  rMle.  Ses  cn- 
nemis ,  quoique  plus  nombreux  que  ses  amis ,  ne  le  sont  pas 
beaucoop.  Les  gens  d'^glise  qai  le  lisent  le  traitent  de  aa- 
phiste;  Joseph  Scaliger  Tappdle  tin  ignorant  kardL  in 
commencement  du  dix-septltaie  sitele,  ses  admiratenran'aa^ 
menient  guto,  malgr^  le  sde  de  la  demoisdle  de  Gonmay 
k  chaufTer  par  ses  pieux  libeUes  Fadmiratlon  poor  son  pte 
d*adoption.  Balzac,  k  c6td  d*doges  sinc^res ,  en  fait  des  cri- 
tiques assex  vivos ;  Port-Royal  tout  entier  s*insarge  contra 
son  sceptieisme ;  et  le  plus  grand  bomme  de  cette  pieoae 
compagnie,  Paustire  Pascal,  se  montre  plus  s6vk«  pear 
Montaigne  que  pour  les  j^suites.  Son  livre ,  selon  Pascal , 
est  peniideux,  immoral,  plain  de  mots  sales  et  deshon- 
netes ;  Montaigne  ne  songe  dans  tout  son  livre  qa*^  moorir 
mollpment  et  lAchement  Dans  la  logiqoe  de  Port-Royal,  il 
n^est  pas  mieux  traits  :  on  ne  lui  rend  mteoe  pas  la  joittoe 
litteraire ,  et  on  profite  de  lui  sans  l^en  remerder.  Sor  la 
fin  du  si^le ,  on  commence  k  le  voir  avec  plus  de  ddsiaMni- 
sement ,  on  le  jnge  mieux  :  La  Bmy^re  imile  vistbleoMnC 
son  style;  La  Fontaine  le  m^ite;  Bayle,  esprit  si  jadidem, 
si  sain, si  facile,  iecontione  et  lecommente.  Mais  c'estaa 
dix-hulti^me  sl^e  seulement  que  Montaigne  est  apptM6 
k  sa  juste  valeur  :  tt  est  reconnn  et  prodamdpar  tnmki 
^crivains  fluents  comme  leur  prMfcesseur  et  lear  gkirieas 
a)eul.  Montaigne  vit  de  sa  veritable  vie;  il  est K  sa  plaoe, 
en  pldne  compagnie  de  sceptiques;  U  n^a  plus  affiure  d 
aux  gens  de  religion  ni  aox  jans^nbtes.  Voltaire   reprend 
toutes  les  id^  de  Montaigne,  et,  les  transformant  daiii  soa 
style  vir,  pr<k;is ,  fait  pour  Taction  et  le  combat ,  fl  donne  le 
mouveroent  d  l*attiire  pol(^miques  1^  toutes  ces  opnuoos  qd 
^tdent  envdoppto  dans  Montdgne ,  du  langage  nboBdant, 
curieux ,  pittoresque  d  Mgirement  diflus,  de  la  spfoila- 
tSonoisive  du  addtoie  sl^cle.  Rousseau  leoople;  Montes- 
quieu ,  Diderot  et  tons  les  encydopMistes  l^^udlent ,  U 
font  des  emprunts ,  rhabfllent  ses  ing6nieases  reveries.  II 
est  dans  la  destinte  de  Montaigne  que  plus  tt  va  en  afant 
dans  les  siteles,  plus  sa  renomm^e  angmente.  Toor  k  tear 
tons  les  c6t^  de  son  admirable  livre  refoivent  one  sortede 
vie  nouveUe.  Dans  le  dix-huititee,  ce  sont  les  iddes;  dans 
le  dlx-neuvitaie,  c*ed  le  style  de  ce  grand  esprit  qa*on  ^tndie 
et  qu*on  remet  en  honneur.  C*est  dans  Montaigne ,  dit-on, 
qn^il  faut  alter  rajeunir  la  hingne  par  des  innovations  so 
plut6t  par  des  r^urredioas  de  bon  aid. 

Comme  il  a  le  mieux  pdnt  son  horoeur,  Montd^ie  a  la 
mieux  d^fini son  style : «  Cest  aux  paroles,  dittt ,  k serrir 
et  k  suivre,  d  que  le  gascon  y  arrive,  d  le  franqiis  n'y  peot 
alter.  Je  veux  que  les  clioses  surmontent,  et  qu*dles  rem- 
plissent  de  tk^on  ThnaginaUon  de  cdui  qui  escoiile  qoH 
n*aye  aiicune  souvenance  des  moLi.  Le  pailer  que  faynie, 
c*est  on  parier  dmple  d  naif,  td  »nr  le  papier  qn^Jk  !abo«- 
dio ;  nn  parler  sucoilent  d  nerveiix,  court  d  seni,  non  tid 
ddicat  d  pdgnd  que  vdhdment  d  bniiique  : 

Hire  denaiii  npiet  dictio,  qus  ferict 


PBANGE 


718 


phitM  dUBcile  qu'enniiyeux,  6ftloign6  d^affecUtion,  desr^i, 
descoiHO  et  hardy ;  cfaaqm  loppin  y  foce  son  corps ,  non  p^dan- 
tesqae,  non  frateaqne,  non  plaideresqoe. »  Cest  \k  en  efTet  le 
iityle  de  Montaigne.  Dood  d'one  imagination  Tive  et  po^tique, 
qui  Miiflissait  les  chases  par  leor  c^t^  pittoresque  et  colorait 
lea  abstractions  elles-m^mes ;  plein  de  finesse  etde  raison^ri- 
cbe  de  son  fonds  et  du  fonds  antique ,  il  tronva  la  prose  h 
pdnesoiUedn  berceau,  sans  pr^ci^entft,  bardie  et  aTentu- 
rense  conune  tout  ce  qui  commence;  il  la  piia aux  merreil- 
lenses  fimtaisles  de  sa  penste ;  il  Tenrichit  de  tours  origi- 
oaux  qui  priient  cours  en  son  nom,  comme  des  pieces 
frappte  k  son  coin.  Derri^  lui ,  pas  tte  module  qui  lui  im- 
pQsit  des  regies  de  langage  et  des  convenances  de  compo- 
sition ;  autourde  lui,  pas  de  critique  qui  I'accus&t  de  yioler 
la  langoe  tradltionneUe ;  devant  lui,  un  slide  qui  se  d^- 
tnrouillaif  k  peine »  et  qui  attendait  sa  langue  de  ses  grands 
toiTains.  Sans  grammalre,  sans  thtories  stationnaires,  sans 
rtgles,  sans  co^itions,  il  se  sentit  plus  hardi  k  cr^er,  et 
il  traita  la  langue  non  comme  Ph^ritage  de  tons,  mais  comme 
sa  propri^tA  personndie.  Ainsi  font  les  hommes  de  gdnie 
qui  naissent  dansrenfance  des  langues :  ils  imitentles  gens  du 
peuple  f  toojours  enfants  mftme  an  sefai  des  langues  peHec- 
tionn^y  lesquels^ayant  beaucoup  d^idte  et  pen  detours 
k  leursenrice,  courentaux  Univalents,  aux  comparaisons, 
aux  figures ,  s*aidant  de  toot  poor  parler  comme  ils  sentent, 
rapprocbant,  combinant  en  toute  licence^  et  se  faisant,  dans 
la  chalenr  du  moment ,  une  langue  incorrecte ,  mais  vive , 
expressive  et  colorte. 

Toutefois,  dte  le  temps  de  Montaigne  on  faisait  des  re- 
procbes  k  sa  langue  :  «  Tu  es  trop  espais  en  figures,  »  lui 
disalt  Tun ;  «  Yoili  on  mot  du  crO  de  Gascogne, »  lui  disait 
Tautre.  Cda  n^^it  peut-dtre  pas  sans  raison ;  mais  qui  pour- 
rait  avoir  le  courage  de  critiquer  Montaigne?  Esprit  en  de- 
hors de  toute  tb^orie,  de  toute  influence  directe,  cdtoyant 
son  sitele,  mais  ne  s*y  mSlant  point,  faut-il  critiquer  en  vertu 
d'un  sysifeme  un  bomme  qui  n*eut  de  systime  sur  rien !  Ce- 
pendant  la  langue  se  r^e ,  s'ordonne  en  dehors  de  Ini,  k 
son  insu.  (Test  i'affaire  de  Malberbe ,  qui  a  6crit  des  pages 
de  prose  plus  achev^  et  plus  riches  de  pens^  que  ses  vers ; 
c'est  celle  snrtout  de  Balzac,  k  qui  a  ^16  depart!  le  soin  de 
to  Ungue  tbterique.  Id  il  ne  fliut  penser  qu*^  son  plaisir; 
il  fiiut  avoir  respritlibre  de  toot  cequi  est  critique,  formes, 
tlitories,  partis  pris  de  toutes  sortes  pour  s'abandonner 
naivement  k  Tenchantenr  Montaigne.  (Test  d'ailleurs  k  Mon- 
taigne que  commence  la  longue  et  majestueuse  6poqoe  de 
noire  litt^ratnre  classique;  et  son  iivre  est  le  premier,  par 
rang  d'andennet6  et  de  gloire ,  de  tons  ces  cbefs-d^ceuvre 
qui  sont  hi  pdrt  du  g^nie  franfais  dans  le  grand  oeuvre  du 
perfectionnement  de  Tesprit  hnmain. 

Aprte  avoir  conduit  la  poteie  fran^aise  josqu^^  T^poque 
desa  constitution  thtorique,  qui  a  ^t^  Touvrageet  la  gloire 
de  Malheri^,  je  conduirai  ia  prose  jusqu^it  Balzac,  qui  a  fait 
pour  die  ce  que  Malberbe  avait  fait  pour  la  po^e.  La  prose 
fran^aise  ne  s*est  point  form^,  comme  la  po^ie,  par  action 
et  reaction;  die  chemine  sans  bruit,  sans  ^tre  remarquto; 
personne  ne  paralt  croire  qu^elle  puisse  jamais  Mre  une  lan- 
gue litt^raire.  Elle  est  rd^u^  an  service  des  idte  sodales, 
poUtiques  oo  proprement  domestiques;  k  la  po^le  seule 
^choit  le  service  des  nobles  penstes,  des  creations  Utt^- 
raires  de  TespriL  Cependant  la  prose  marche,  avance,  d*au- 
tant  plus  sQrement  qu*on  s'occnpe  raoins  d^dle,  et  qu^elle 
n*est  pas  ex|>08^  aux  retourset  aux  excte  que  lessystimes 
et  le  choc  des  influences  font  subir  lila  po^ic.  Dans  Calvin, 
contemporain  de  Marot,  elle  se  pile  d€jk  au  raisonnement 
dogmatique,  et  si  elle  a  peu  de  varid6 ,  si  die  n*est  pas  en- 
core litt^aire ,  elle  prend  de  la  gravity,  de  la  precision,  de 
la  darl^,  de  la  logique.  Dans  V Illustration  de  la  langue 
/ranfaUe,  par  Du  BelIay,eUeade  TMat,  du  mouvement, 
et  die  s'enricliit  de  tours  et  de  nuances  appartenant  k  I'ordre 
des  idte  litt^raires.  Dans  Ronsard ,  elle  est  mdlleore  que 
ses  vers;  dans  sa  tliterie  sur  le  potoe ^pique,  dont  le  fond 
est  si  pirfaitement  ridicule,  et  od  ii  fait  to  recette  de  V€» 
INCr.  DB  LA  coMvansAnoH.  —  T.  u. 


popte  comme  on  compose  une  recette  d'apothicaire,  tectin- 
dumformulam^  il  y  a  de  to  finesse,  de  to  vivacity,  des  tours 
beureax,de  to  variM6.  Dans  Pasquiery  eUe  est  simple,  con- 
lante.raconteose;  dans  Malberbe,  elle  ett  nombrense,  ca- 
dence y  doquente,  si  par  doqoenoe  on  pent  entendre  un 
oertoin  d^veloppement  oratoiredMdtog^ndrales.  Dans  Mon- 
taigne, elle  a  toutes  les  quality  qu'il  lui  sera  donn^  d*avoir, 
moins  qoelque  chose  qui  s^appelle  Vart.  Cest  pour  consti- 
tuer  ce  qndque  chose  qu*il  tout  une  r^forme,  une  thterie. 
Mais  k.  quo!  bon  une  thterieP  pourquol  ne  pas  laSsser  cha- 
que  ^crivahi  libra  de  faire  sa  tongue  P  C*est  qu^apparemment 
to  prose  franyaise  avait  une  d^tinte  plus  liaute  que  cdle 
d^dtre  foutil  de  ebaque  ^crivain  en  particulier.  Au  reste,  k 
P^poque  oh  Balxac  parut,  tout  le  monde  demandalt  vague- 
ment  une  tb^orie,  tout  le  monde  appdait  un  Malberbe  pour 
to  prose;  et  la  prenve  to  plus  forte  de  cette  disposition  des 
esprito,  c*est  que  le  premier  qui  fut  jug6  propre  k  remplir 
ce  rOle  et  k  r^aliser cette  tli^orie  fut,  k  pdne  barbon , pro- 
clamd  le  plus  grand  terivain  de  la  nation. 

S'il  n'y  a  pas  d^analogies  entre  le  d^vdoppement  de  la 
po^ie  fran^aise  et  cdui  de  la  prose,  il  y  en  a  de  singuliires, 
f  oserais  dire  de  fatales,  entre  les  deux  hommes  auxquels  il 
fut  donn^  de  oonstituer  ces  deux  formes  de  la  langue  litt^- 
raire,  entre  Malberbe  et  Balzac.  Tousdeux  sont  ennemis 
de  rimitotion  ^trang^,  de  Penflure  espagnole,  des  concetti 
italiens ;  tous  deux  6crivent  pour  to  cour«  proscrivent  les 
patois  provinciaux,  concentrent  la  langue  k  Paris,  en  pla- 
cent  le  si^e  au  palais  du  Louvre ;  tous  deux  sont  chauds 
partisans  de  I'untt^  de  la  monarchic,  baissent  les  factions 
qui  to  rompent  ou  to  retardent,  n*examment  pas  to  Justice 
des  causes  devant  la  ntessit^  du  r6snltat  final,  qui  est  Tu- 
nit^  monarchique  de  to  France;  tous  deux  fort  despotes, 
Malberbe  avec  plus  de  s^heresse,  Balzac  avec  plus  de  to- 
torance  pour  les  personnes ;  tous  deux  fort  vains,  et  avec  la 
mfime  bonne  foi ;  tons  deux  pan^gyristes  outris  dn  cardinal 
de  Richelieu ,  mais  Balzac  avec  plus  de  candeur  peut-^tre 
que  Malherbe.  Nous  retrouvons  des  ressemblances  aussi 
fortes  entre  leors  ouvrages  :  dans  Malberbe  et  dans  Balzac, 
m^me  nobtossey  m6me  gravity,  nitaie  precision,  mftme 
nombre,  mdme  embellissement  des  plus  petites  choses.  Les 
sojete  se  ressemblent  comme  les  formes  :  dans  Malberbe,  on 
ne  voitque  louanges,  ponies  de  cour,  versii  la  reine,  vers 
au  roi,  vers  au  cardinal,  vers  au  maltre  d'bAtd,  vers  au  ca- 
pitoine  des  gardes,  ^pithalames,  condolences  k  Toccasion 
de  morts,  complimento  k  Toccasion  de  naissance^.  Dans 
Balzac,  on  ne  volt  nonplusquelettres^lardne,  lettres  au 
roi,  lettres  an  cardinal,  lettres  au  prince,  tettres  au  due,  au 
chancdier;  e'est  de  to  prose  de  pan^gyrique,  c*est  un  pan^ 
gyrique  perptod.  Pourquoi  done  les  destin^  de  ces  deux 
hommes  si  ressemblants  ont-dles  ^  si  diffi^ntesP  Malberbe 
est  encore  debout;  Balzac  est  k  has.  Malberbe,  assez  pen  lu. 
Test  pourtant  quelquefois  encore,  d,  au  moins  dans  les  col- 
leges, on  salt  qudques-unes  de  ses  strophes;  et  on  le  rdim- 
prime.  Balzac  n'est  point  lu ;  on  la  r^imprim6  dans  ces  der- 
ni^res  anntes,  mais  sans  le  ressusdter.  Cest  que  to  po^sie 
a  le  privily  de  pouvoir  se  passer  didte,  et  pouryu  qu|elle 
ait  des  images  et  du  nombre,  on  lui  permet  de  ne  rien  dire : 
cda  est  vrai  de  Pode  surtout,  qui  vit  de  si  peu,  et  qui  est  la 
plus  ext^rieure  de  toutes  les  po^es.  Mais  on  est  plus  exi- 
geant  pour  la  prose :  on  lui  demande  des  id^.  La  po^sie 
parte  k  rimagination,  la  prose  k  la  raison ;  la  po^ie  distrait, 
la  prose  instruit;  le  beau  dans  to  po^sie  est  Tagr^able,  le 
beau  dans  to  prose  est  rutile.  Balzac  manque-t-il  done  d'i* 
d^POui;  mais  il  ne  manque  pas  de  pens^,  ce  qui  est 
bien  autre  chose.  II  n'y  a  rien  traits,  rien  r6solu,  et,  comme 
on  dit,  rien  coul^  k  fond ,  ce  qui  est  le  propre  des  id^; 
mais  il  a  sem^  hors  de  propoa  une  foule  de  vues  ing^nieu- 
ses,  d^aper^us  fins,  de  ces  demi-v^ritfe  qui  appartiennent 
au  oui  comme  au  non,  au  pour  comme  au  contie,  d  qu*on 
appdle  plus  particuli^reraent  penUes,  Les  idto  souticnnent 
nn  6crivain,  et  quand  dies  sont  toltes  dans  un  toagage  par* 
I  toity  eUes  lui  donnent  to  gloire  :  c^eat  qne  les  id6es  sont  la 

90 


714 


FRANCE 


propri^ttf  de  tout,  ^tant  tirte  du  fonds  conimun,  qui  est  la  ' 
niion.  Las  pMisto,  au  cootraire,  mtoie  eKprimte  dans  no 
beau  style,  ue  saufoit  pas  rtoifainde  Toubli,  paiceqa'eUes 
sont  trof  penoaneUes  et  (ju^elles  r^oltent  d'nae  eid- 
ution  particuli^  de  Pterirain,  et  non  de  la  cootemplatioii 
calme  et  profonde  de  la  v^t^  ^roelle.  Cest  pour  cela  qu*a- 
Tec  beaueoop  d'esprit  et  des  pages  admirables^  Balzac  n^est 
qtt*uD  Dom  ridtf  auquel  ne  r^pond  auaune  sympathle,  an- 
quel  ne  se  rattache  aucune  idte.  L'^oquence  de  Baliac  est 
une  ^loqaenoe  sans  sujet :  c^est  un  pMrt  sans  cbaire  on  un 
orateor  sans  tribune.  On  est  choqu^  de  cette  chaleur  ora- 
toire  appliqu^  k  des  penstes  subtiles,  qui  ne  tonclient  k 
aucun  int^rdt  yraiment  grand,  ni  de  religion,  nl  de  politique, 
ni  de  philosophie.  II  seroble  que  la  plume  de  Balzac  soit  un 
instrument  sans  mat^riaux ;  ce  n'est  pas  pour  lui  qu'il  Ta 
aiguis^,  c'est  pour  les  teri?ains  qui  le  suivent  imm^dia- 
tement,  et  qui  Tont  aToir  des  id^  k  exprimer. 

Ce  qui  sauvera  de  Toubli  le  nom  de  Balzac,  c*est  son  rOle 
comme  thteriden ,  comma  terWain  oonstituant.  Cest  lui 
qui  le  prender  d^^ea  la  phrase  fran^ise  de  oet  enche?6- 
trement  et  de  ce  d^faut  d^articulation  qui  en  g^nent  Failure 
mdme  dans  Montaigne ;  c^est  lui  qui  le  premier  y  mit  la 
proportionp  le  nombre,  la  conTenance ;  qui  la  coupa,  qui  la 
pariagea  par  parties  harmonieuses,  qui  la  fit  marcher  : 
Uisque  Ui  elle  ne  faisait  que  se  trainer;  qui  la  rendit  propre 
au  mouvement  pr^cipit^des  idte ,  h  Taction,  k  Failure  pol6- 
mique.  Quand  Balzac  mounit,  le  18  fi^Trier  16&4,  il  y  avait 
dilk  quatre  ans  que  les  lettres  provinciales  aTaient  paru 
'  et  que  Descartes  ^tait  mort ;  Corneille  avalt  donni  tons  ses 
chefs-d*<eu?re.  Tons  les  grands  hommes  de  la  seconde  mot- 
tle du  dix-septitoie  sltele,  presqoe  tons  n^  dans  un  espaoe 
de  dix  ans,  de  1615  ^  1625,  se  formaient  par  F^tode  des  an- 
dens  et  par  la  lecture  de  ces  illustres  p^res  de  la  poteie  et 
de  la  prose  fran^isea.  La  langue  marchait  ^  pas  de  g^ant,  et 
F^poque  de  son  plus  haut  d^veloppementtouchait  k  F^poque 
de  sa  perfection.  La  prose  arrive  la  premiere  au  but;  elle 
sortit  toute  parfaite  de  la  grande  imagination  de  Pascal.  La 
po^e  eut  encore  k  fain  aprte  Ck)meiUe.  Ce  grand  bomme, 
plae6  entre  F^poque  de  d^doppement  et  de  perfection,  avec 
presque  tons  les  d^fauts  de  la  premi^  et  les  plus  nobles, 
unon  les  plus  exquises  beautte  de  la  seconde,  n*est  pas  le 
plus  grand  de  nos  podtes;  mais  nous  n'avons  pas  de  plus 
grand  prosateur  que  Pascal. 

Fontendle,  dana  une  Vie  de  Pierre  Corneille^  sononde, 
dit  :  «  Pour  jugerde  la  beauts  d^un  onvrage,  il  soffit  de 
le  consid^rer  en  lui-mtoie;  mais  pour  juger  du  m^rite  d*un 
auteur,  il  lautle  comparer  k  sonsi^e. » II  anrait  pa  ajovter ; 
et  k  sesdevanders.  Pour  appr^er  ung^iiecrtfateur,  il  font 
le  comparer  au  chaos  d'o6  il  est  sorti :  sous  oe  rapport,  11 
n*y  a  pas  de  plus  grand  nom  dans  la  litt^ratore  fran^aise 
que  celui  de  Pierre  Corndlle.  Mais  si  Fon  Joge  les  ou?rages 
en  eux-m6mes,  dans  une  vne  absolue  de  Fart,  et  en  les  n\h 
procbant  Hu  type  que  nous  aotorisent  k  former  les  grands 
monuments  des  Utt^ratures  andennes  et  nos  propres  mo* 
nnmeots,  c'estalors  que  commencent  les  restrictions,  et  que 
Fon  trouTe  des  ouTraget  sup^rieurs  k  ceux  de  Corneille.  II 
ne  s*agit  pas  id  des  regies  et  des  conditions  ext^rieores  du 
th^Atre,  de  Farrangement ,  de  la  charpente,  des  unit^,  de 
tout  ce  qui  peat  Atre  contestable  et  yarie  d*un  pays  et  d'un 
temps  k  Fautre.  II  ne  sera  parl^  que  des  passions,  des  moeurs, 
de  la  T^t^  des  sentiments,  de  Funit6  des  caract^res,  de 
Fint6r6t  qui  en  rfeulte,  enfin  de  la  langue,  qui  est  la  forme 
demi^  et  supreme  de  tootes  ces  convenances.  Corneille 
a  des  pitees  Men  faites  selon  les  r^es  qui  sont  d^testables, 
et  des  pitees  mauvaises  selon  ces  mtaies  r^les  qui  sont 
pleinesde  beantte  sup^rieures.  Panni  ses  deranders,  Gar- 
nier  taillaSt  parfaitensent  une  pitee  sur  an  patron  anden, 
comma  w  tnilleur  coupe  on  habit;  Hardy  ^it  an  Lope 
de  Vega  pour  FimArof  llo  el  Fintrigne ;  mais  quant  aux  beau- 
ts monlea,  philosopliiqaes,  de  passions,  aux  traits  decarac- 
ttees  et  4  hi  v^td  des  raoeurs,  tout  cela  lear  dtalt  inconnu. 
On  pent  dire »  It  la  gloire  ^temelle  de  Coraeilla,  qu*il  eut 


tout  k  fonder,  et  quMI  fat  tout  k  la  foia  an  poftte  censtilnaal 
et  un  po6te  module,  doniant  da  mAma  effort  tee  wmBkmm 
thteries  et  lea  meilleurs  exemples. 

Corndlle  a  eM  trola  ehoses  qoi  se  panyeat  disfinguer  et 
compter :  il  a  cM  les  id6e»  dramatiques  :  f  ^vita  k  Statm 
le  mot  tragMe,  qui  est  trop  abaolu ,  puiaqoMI  oomfMcad 
cette  partie  ext^rieure  et  matMelle  qoefaidA  teMter;ila 
cr^  la  poMe  qui  r^pond  k  ces  Idte,  la  poMa  draniatiqae; 
il  acr^,sinon  la  comMie,  laissans  cattaifdra  k  Molitee, 
mais  dtt  moins  le  rers  de  la  oomMie,  le  style  coa^qoe,  ee 
qui  ^tait  asaez  beau,  ce  semble,  sortoat  poor  %m  hommt 
qui  avait  d^^  tant  lait  poor  le  tb^fttre  en  erteit  les  idteel 
la  po^sie  dramatiques.  MoH^  disait  de  Corneille  qoll  hil 
avait  appris  sa  langue.  Cost  aprto  les  tragUiaa  da  coU^ 
de  Jodelle,teoUer  devingtans,mort,enlMO,  dafdoi, 
disent  lea  uns,  de  douleur,  diseni  les  aotrea,  de  n'aivoir  pai 
r^ussi  dans  des  mascarades  que  lot  avait  commandfe 
Henri  II  pour  une  fMe;  c'est  aprte  Robert  Gamier,  lequd 
copie  S^n^ue,  fait  des  actes  d'une  sctoe  soivie  d'on  dioear 
oorome  Faateur  latin,  et  remplit  cie  maigre  cadre  de  d£ 
damaUons,  de  descriptions  et  de  sentences;  cTeal  apr^ 
Hardy  et  son  universality  d'imitateur,  Hardy,  qui  fit  lis 
fois  des  pieces  pastorales  dans  le  goftt  italien,  des  pikei 
dlntrigues  dans  le  goOt  espagnoi,  des  contrefa^ons  de  fui- 
tiqait^,  le  toot  sans  id^es,  sans  caracttee,  sans  langage,  avee 
tons  les  dtfauts  de  cheque  imitation  particulitey  desob- 
sc^nit^s,  des  fanCaronnades,  des  pointes,  des  concetti;  c*etf 
aprte  la  pAle  Sophonisbe  de  Mairet ,  pitee  eonstmite  daas 
toutes  les  r^Ies,  mais  sans  invention,  sans  Terve,  et  toot  ao 
plus  avec  quelques  intentions  de  style  natord ;  t?eA  aprt* 
la  Marianne  de  Tristan ,  onvrage  de  la  mtoe  force,  saas 
vice  ni  vertu ,  d'un  style  Adble,  qaoiqne  assez  par;  c'est 
aprte  le  Corneille  de  MHite  ( 1629  ),  de  Clitandre  ( 1630), 
de  La  Veuve  ( 1634),  de  La  Galerie  du  Palais  ( 1634 ),  de 
La  Suivante  ( 1634 ),  de  La  Place  Royale^  de  Midie  ( 1635 ), 
de  L'ltlusion  ( 1636),  commies  et  trag^lies,  ob,  quoi  qo'es 
dise  Fontendle,  Pierre  Corndlle  ne  faisait  pas  la  cliarge  de 
Hardy,  mds  imitait  movement  et'  sbc^ment  ses  devao- 
ders ;  c*est  aprte  toutes  ces  ^bauches,  qui  araient  osorp^ 
tour  k  tour  Fautorit6  et  la  gloire  d'un  art ,  qu*appanit  U 
Cid,  Le  Cid  I  qui  causa  une  sorte  de  saislsseroent  onivenel 
quand  on  Fentendit  pour  la  premiere  fois;  Le  Cid!  pike 
qui  a  aujourd'hui  plus  de  deux  cents  ans,  et  qoi  est  aoasi 
neuve,  aussi  fratche,  aussi  surprenante  que  si  die  datiit 
d'hiert 

Yoi14  done  des  caract^res  trao^  de  main  de  maltre,  et 
qui  ont  re^u  une  vie  durable;  Toilk  une  situation  tragiqoe, 
▼oil4  des  passions,  non  de  t^te,  mais  de  coeur,  non  espagodes, 
mais  universdles ;  voilk  un  langage  divin ;  voil4  des  sea- 
tences  qui  ne  sont  que  des  r^um^s  de  situation ;  voiU  enia 
des  id^  dramatiques !  Et  si  nous  parions  de  hi  langoe , 
quelle  creation  que  les  vers  du  vieux  don  Di^;oe !  qnd  dia- 
logue que  celui  de  Rodrigiie  et  du  comte  I  qudle  ^loqoeace 
que  celledu  pire  defendant  son  fils  deyant  le  roi,  que  cdle 
de  Chimtoe  lui  demandant  vengeance,  et  d^lrant  au  load 
du  coeur  de  n'^tre  pas  ^coutte  1  Yoilk  aussi  toutes  les  r^ 
formes  de  Malherbe  introduitesdans  le  langage  du  Ui^tre: 
la  precision,  la  noblesse,  le  nombre,  ladart^^  la  sobriit^  da 
6pith^tes,  Fabsence  des  images  ridicules,  la  force,  la  nd- 
tet£.  Comparez  cette  po^sie  k  cdle  de  Gamier,  k  cdle  de 
Sophonisbe  et  de  Marianne,  k  cdle  de  Corndlle  toivast 
Clitandre  et  m6me  M^d^e,  quoiquMl  y  ait  lA  d^H  des  ven 
o£i  Fon  sent  que  c^est  un  homme*  de  gtoie  qui  ddkote : 
encore  one  fois,  qudle  cr^tion  I  Et  enfin ,  qui  ne  reconaalt 
Moliire  dans  les  vers  du  Menteur,  dans  cette  channaalc 
narration  oil  le  Menteur  doone  pour  vraie  ii  son  p^  oae 
aventure  quil  vient  dimaginer  k  Finstadt,  dans  cette  bdk 
sc^ne  o(i  le  p^re,  transports  de  colore,  maudtt  son  fib, 
romme  le  vieux  ClirSm6s  dans  Terence  :  id  le  Mdi^  de 
Scapin,  ^  le  Moh'^re  du  Misanthrope. 

L*originatiti  propre  duthdktre  de  Corndlle^  c'cst  la  gran- 
deur. Tous  ses.personnagies  sont  dievds  au-deasot  da  fd- 


FRANCE 


IUk;  its  afment  m!^ux  leorhofltlear,  tear defoir/leiir pas- 
sion que  teur  tie;  ils  ne  recnte&t  pas derant  le  sacrifioe.  lis 
n'oDt  pai  da  sentimeiita  moyeiis,  doax,  Toil^,  dteou- 
▼erta  aa  ptna  profond  doeoeitr,  qui  dmineot  taut  deebanna 
et  da  Tie'  aux  li^ros  de  Radne ;  ils  aont  plna  en  detiors,  et 
toojoara  bore  dea  proporliooa  Gommonea ,  sans  faiblessea 
et  aaoanaancee,  impeiturbablaa ,  b6roiqaea .  Si  Polyeocte , 
doD  Df^e»  Rodrigoe,  Horaee»  NicomMe,  Corndlie,  Cl^- 
pAtre,  ptebent  par  Pexcto ,  c*e6t  par  i'exete  de  seDtimenU 
noblea ;  it  y  a  sont^t  de  Torgneli ,  maia  e'est  Porgneil  da 
devoir,  de  I'honneur,  da  ia  passion;  cTeat  on  certain  orgneil 
de  I'Ame  qui  sacrtfle  la  natore.  Les  actloas  sont  extraordi- 
nalrea,  lea  earact^res  exeeptionnels;  ils  aont  yraia  pourtant, 
poor  llionneur  de  rbaroaoif^.  Gomeille  est  le  peintre  de  ces 
natores  sup^ieurea,  et  exoelte  Aeiprimer  ieors  sentiinenta  et 
leureidte.  Cest  ponr  elle  qoM  a  ci^4  eet  admirable  fers 
oomtiien,  plus  oratoire  que  po^qne,  plus  teergiqne  qu*har- 
monieni,  plus  ferme  que  profond ,  oO  il  y  a  ploa  de  inou- 
▼etnents  que  d'images;  ee  Ten  pr^a,  aerr^,  maleatueux, 
dent  lea  d^fanla  rotoies  out  toujoura  une  certaine  foree. 
Dans  oet  oidre  de  pensdes ,  le  style  de  Cornellte  est  plain 
d*abondance  el  d'efTusion,  et  en  m^me  teropa  eoneis  et  U- 
coiiique,  ce  qui  ae  montre  par  des  senteoces  on  gtodrales 
00  indlTldoelles,  qui  sont  coanme  la  devise  du  petsonnage; 
par  des  contrasles ,  par  dea  dialogues  ooupte ,  06  le  vers 
r^pond  ao  vere,  et  lli^mistiche  k  rb^mlsticbe ;  par  cea 
antitlitees  de  deux  caracl^rea  et  dedeux  passions  aox 
prises. 

Gomeille  est  le  premier  qnl  ait  fait  parlor  ies  passions 
avec  abondance,  avec  force,  aveo  6lan;  le  premier  qui  les 
ait  fait  raisonner,  et  qui  ait  mis  de  la  logiqne  et  de  Pordre 
jQsque  dans  les  fureure  tbtttrales;  le  premier  qui,  mettant 
sar  la  sctoe  des  bommes  bistoriques,  de  grands  capitainea, 
des  politlqoes,  dea  ambassadeurs,  ait  crM  pour  eox  un  Ian- 
gage  conforme  k  leor  situation,  nourri  de  pens^s  politlqaes, 
profond, grave,  solennel;  le  premier  qui  ait  ^t^dloqnent 
aans  d^amation ,  penseur  sans  6lre  sentencieux ,  logiden 
sans  steberesse;  le  premier,  enflo,  qui  ait  fixdla  langue  de  la 
trag6die.  Yoilik  la  part  de  Comeille,  compart  k  ses  devan- 
ciere  et  aux  conteroporaina  de  sa  jennesse.  Si  maintenant 
nous  voolions  rapprocber  oe  grand  esprit  des  types  parfaits 
de  Tart ,  et  appr6cier  ses  onvrages ,  non  d'aprte  lenr  date , 
mais  d'aprto  leur  valour  absolue ,  nous  verrions  que  Cor- 
neilie  touchait  par  toutes  sea  qualit^s  k  Texag^ration  et  k 
I'exote :  par  la  grandeur,  au  ton  de  matamore  et  k  I'em- 
phaseespagnole;  parle  sublime,  ao  ridicule ;  par  I'^loqueoee, 
k  is  d<N;tamation ;  par  la  profondeur  politique,  k  Tabus  des 
sentences  et  aux  imaginations  de  la  politique  de  Balzac ,  si 
dilT^rente  de  la  politique  r^elle  et  d'affaires;  par  la  vigueor 
du  raisonnemeot,  k  la  subtilit^dialecticienne,  au  rafBnemeol, 
k  la  barbaric  des  formes  de  I'tole. 

Laissant  de  c^t^  ses  bassessea  de  langage ,  sea  pointes,  ses 
triviality,  ses^nigmes,  et  tons  ceux  de  ses  d^fauts  dont 
convienneot  ceux  m6me  qui  pr6fiferent  syst^matlqueroent 
les  poetes  iroparfaits  aux  poCtea  parfaite ,  et  ne  pariant  que 
de  ces  defeats  empreints  d'une  certaine  force,  que  Quintilien 
a  appel^s  si  ingtoienseroeni  de  doux  d^fauts,  nous  dirions 
que  sous  le  point  de  vue  de  Tenseignement  la  lecture  de 
Gomeille  n'est  pas  sans  danger,  qu'elle  peut  lancer  mat  un 
jeune  bomme  et  donner  une  mauvaise  direction  k  un  teri- 
vain ;  qu*au  contraire  la  lecture  des  pontes  parfaits  (et  ponr- 
quoi  ne  nommerais-je  pas  dte  k  pr^nt  Racine,  le  plus 
parfatt  detousP),  en  ^bauffant  doncement  Timagination  et 
en  n'^rant  Jamais  la  raiaon ,  a  sur  les  intelligences  Id  m6me 
effet  qu'une  Mucation  morale  et  de  bens  exemples  domesti- 
quesont  sur  lea  coBttrs;qoe  si  leurs  beauts  ^chappentquel- 
quefoisanx  jeunes  gens,  k  cause  de  leur  extreme  d^licatesse, 
et  paree  que  dea  traits  de  passion  vraie  pen  vent  n*6tre  pas 
compris  de  ceux  qui  ne  les  ont  pas  sentis  ou  vu  seotir  aulonr 
d'euxy  le  temps  viendra  ou  ils  les  comprendront  ety  trou- 
veront  rhistoire  de  lenr  propre  vie,  et  qu*en  attendant  elles 
ne  gAtent  point  Tesprit;  eofin,  fiassant  du  fond  k  la  rormCi 


715 

nous  oserions  dire  que  si  la  po^sie  est  I  la  fofs  un  langage, 
one  peinture,  une  musiqoe,  et  si* elle  doit  plaire  k  TAme,  k 
rhnagination  et  k  rordlle,  le  style  de  Corneilie,  plein  de 
feu,  de  tterf,  de  vivacity,  mais  dnr,  beurt^,  in^l,  sem^  de 
fantes  centre  le  g^nie  de  la  langue,  obscur,  embarrass^, 
sans  barmonle,  presque  sans  images,  point  vari^,  bizarre, 
tt'a  pas  pu  Atre  compare  s^rieuflement  au  style  de  Racine,  et 
n'a  ^1^  pr^fM  k  cat  Inimitable  style  que  par  des  personnea 
qui  avaienl  qnelqne  IntMt  de  vanity  k  rattacher  lea  tradi- 
tions du  th^tre  k  mi  bomme  de  gMe  incomplet  et  k  des 
monuments  imparfolts. 

Pendant  que  la  po^ie,  constitncfe  par  les  thtories  de 
Malherbe,  aidto  de  qnelqnes  belles  stropbes,  par  les  ad- 
mirables  satires  de  R^nier,  et  par  les  premiers  ouvrages 
du  grand  Gomeille ,  cberchalt  encore  son  point  de  perfec- 
tion, et  altendait  Racine,  Boilean,  Moli^re  et  La  Fontaine, 
la  prose,  constitude  par  Bahac,  trouvait  sont  point  de  per- 
fection dans  lea  ProfHneiales  et  les  Pensies  de  Pascal. 
Que  reste-t-fl  des  Provinciales  de  Pascal?  qui  les  fait 
vfvre?  qui  les  tkH  admirer  f  Est-cela  forme  ou  le  fond  ?  Le 
fond  nons  toncbe  asset  pen ;  c'est  d'allleurs  le  sort  com- 
mon de  tons  les  livres  de  poltoiqne  :  quand  les  int^rdts  et 
les  passions  qui  lea  ^cbanffblent  sont  mortes,  lis  ne  nous 
disent  pins  rien.  Qnl  les  empdche  done  de  mourir  font  It 
ftit?  La  forme.  Qn'est-ce  ponr  nous  au]ourd*bai  que  I1ils- 
toire  des  Iftches  condeseendanees  d'une  secte  qui  ii*a  Ja« 
mais  gonverad  qu*en  flattant  les  passions  dea  grands,  et 
doming  la  politique  que  comme  las  laqnais  dorolnent  Ieors 
mattres,  c*est-li-d{re  en  se  pliant  k  tous  les  genres  de  aer- 
vicesT  Tontes  ces  snbtilitds  de  casnistes ,  tonte  oette  goerre 
d*4quivoque8,  toutes  oas  antifhtees  de  citations ,  toute  oatte 
dradition  mordante,  tont  oela  ne  va  gu^  au  train  de  not 
pens^,  taut  cela  tombe  dana  notre  esprit  sans  y  remner 
desympatbie  nl  mAme  d*antipatble,  toot  oela  nooa  lafsse 
IndifT^rents  etfroids.  Qui  done  nons  soutient  dans  la  lecture 
d^un  livre  ob  11  y  a  tant  de  parties  mortes  et  dessdcbdeaP 
C'est  Tart ,  c'est  Thabiletd  da  la  composition,  c*est  rencbat- 
nement  dea  Id^,  c^est  I'lnstrament,  pour  tout  dire;  e'est  la 
forme,  ^ternellement  bonne »  dtemellement  la  mefllenre,  i 
quelquc  ordre  d^id^es ,  k  quelqne  pol^mique  qu*il  voos  soft 
donn^  de  I'appliqner. 

Je  ne  dirai  pas  la  m6me  cbose  dea  Pensdes  :  U  toot'eal 
neof ,  tout  est  vivani ,  tout  est  dMiier,  fond  et  forme,  n 
faudrait  en  exceptor  poortant  une  notable  partie,  la  partie 
de  demonstration  de  la  vdritd  du  cbristianisme,  dont  la 
forme  seiile  aconservd  de  la  vie,  mais  dont  les  Iddea, 
qooiqoe  merveilleusementd^duites,  feront  toujours  moins 
de  conqo^tes  et  retiendront  moins  de  fiddles  que  les  tradi- 
tions dte  ramilte,  lea  habitudes  et  le  cat^cbisme.  G*est  peut- 
6tre  cette  partie  des  Pemies  qui  a  tu^  la  raison  de  Paacal ; 
oar,  qnoiquMl  n^ait  pas  M  ahsolument  fou ,  il  est  certain 
que  ses  facnitds  furent  gravement  altdr^es.  Pascal  appH- 
quaitides  iddes  de  foi  spontao^,  k  des  faits  impalpables, 
la  m6me  riguenr  d*analyse  qu*aux  thtor^mcH  d'algftbre  et 
de  geometric,  lesqueis  sont  des  faits  positifs  ,  r^els ,  ayant 
on  fond  palpable  et  une  fin.  II  employait  le  mftme  instru- 
meut  k  denx  ordres  d*id^  qui  s'excluent.  Ainsi ,  arrivd  an 
donte,  en  vonlant  trop  creuser  la  foi ,  il  se  trouble,  sa  t6te 
s'^gare ,  et  il  se  Jette  les  yeux  grands  ouverts  dans  une 
croyancequi  demande  k  Phomme  de  Taccepter  les  yeux  fer- 
m^s ,  et  il  ae  prddpite  dans  la  foi  tout  fr^issant  de  scep- 
ticlsme.  La  nature  avait  mis  dans  Paacal  denx  choses  qnl 
se  combattent  et  s'entre-d^roisent ,  au  ddtriment  solt  de 
la  raison,  solt  de  la  santd  de  I'bomme  qui  en  porte  le  double 
ftirdeau  :  ledon  des  sciences  exactes  et  lea  plus  belles  facul- 
ty de  rimagination.  Entra  ces  deox.n^cessitds  de  sa  nature, 
dont  Tune  le  poussait  comme  un  enfant  k  la  foi ,  et  dont 
rautre  le  retenait,  rdvoltA  et  g^miaaant,  dana  le  dools  froid 
de  la  raison ,  Pascal  fut  bris6  :  Paacal  alia  jusqo'it  se  repro- 
cber  sa  sant^,  jusqn^k  prior  Dieu  qull  aggravftt  sea  mala- 
dies. Je  nc  saclie  rien  de  plus  p^niblequece  langage  alg^ 
brique,  infbillibie  en  quelque  manl^ire  comme  les  nombren. 


716 


FRANCE 


vpfUkifaA  k  Poidre  de  peoBte  le  plus  ardent  ec  le  plus  ipoa- 
tan^y^lapiitoe. 

Parmi  acs  penate,  beauooop  aont  contestablea,  qnelquea- 
imea  sont  fauaMa,  plnsieiira  aliaiirdea;  maia  prasque  toatoa 
aont  toiiea  dana  un  atyle  pittoreacfuey  po4Uque,  bardi, 
simple  poartanty  comme  celui  dea  Provindalcs  ^  maia 
simple  dana  dea  aqjeta  magnffiquea,  dana  dea  T^rit^  ^ter- 
nellea,  dana  dea  erreurs  qoi  agiteront  toujoura  rhomroe. 
Cellea  mftme  qui  aont  universellement  reconnues  poar 
fauasea  remuent  i'eaprit  dana  aes  derni^ea  profondeurs^  et 
en  inspirenl  adt  de  bonnea,  aoit  de  contradictoires,  et 
to^joura  un  grand  nombre  li  la  fois ,  oe  qui  rend  la  lectare 
dea  Pens4ei  ai  int^reaaante  et  si  fiteonde.  L^influence  dea 
^rits  de  Pascal  fut  decisive  pour  la  prose  fran^jaiae.  Dana  lea 
Provinciales ,  ouTrage  fait  quand  U  avait  encore  quelque 
aant^y  on  admirait  toutes  lea  quality  du  laiaonnement,  la 
Claris  dea  expresaions,  la  rigueurdea  d^uctions^  la  lu- 
ml^  dn  style  t  I'toivain  ^tait  plus  prte  dn  math^maticien. 
Sa  iangue  avait  peut-dtre  plua  de  force  que  de  grandeur^ 
pins  de  prtoiaion  que  d'dclat  Tose  dire  cela,  paroe  que  je 
compare  Pascal  k  lui-rodroe ,  et  lea  Provinciales  aux  Pen* 
$ies.  C^eatdans  lea  Pens^es^  teritea  dans  la  maladie,  avec 
la  fidTre  dn  corpa  et  de  TAme,  dans  la  lutte  du  doute  et  de 
ia  foi,  dana  Texaltation  religieuse  qu'il  se  donnait  lui-m6me 
malgni  lui,  qu*on  put  admirer  cet  ^clat,  cette  grandear 
naive  p  celte  magnificence  simple  ct  grave  de  langage,  ce  ta- 
lent dn  relief  et  de  Teffet ,  que  Bossuet  allait  joindre  k  une 
abondance  et  i  une  fifeondit^  merveilleusea.  De  ces  deux 
ordres  de  beauUa,  dont  les  unes  appartenaient  plus  propre- 
ment  li  la  raison,  lea  autres  k  Timagination,  devaient  sor- 
tir  deux  ordres  d'exemples  et  de  traditions  pour  la  prose 
fran^aise.  La  precision,  la  logique,  rencbalnement  dea  id^es, 
la  propri^t^  des  expressions,  ces  quality  n^cesaaires  et  sana 
leaqoellea  il  n'y  a  pas  de  Iangue,  hirent  d^sormais  les  ca- 
ract^res  immuables  et  ind^d^iles  de  la  prose  fran$aise  ap- 
plique aux  cboses  de  la  raison;  P^at,  les  richessea  des 
tours  et  des  couleurs,  la  grandeur  dea  images.  Tart  des 
granda  effeta  par  de  petits  moyena,  cea  quality  priTil^^, 
et  qui  ne  aont  donnte  qu'aux  ^crivains  de  g^nie,  une 
Iangue  largo,  p^odique,  vari^e,  qui  recevait  dans  son  sein 
toutea  lea  beauts  natnrelles  et  toutes  lea  bardieaaea  seusto 
des  terlTains  du  seizitoie  sitele,  fix^rent  les  limites  et  la  part 
de  rimagination  dans  la  litt^rature  fran^aise. 

Pascal  ent  une  immense  autorit^  Trente  ana  apr6s  sa 
mort,  on  le  proclama  un  auteur  parfait,  r^crivain  fran^is 
par  excellence.  11  a?ait  la  grandeur  du  style  de  Balzac,  maia 
appliqu6e  k  dea  id6oB  grandes,  et  non  plus  k  des  pu^ilit^ ; 
il  ^tait  pittoresque  a?ec  mesure,  avec  cboix,  non  k  tout 
propos  et  bors  de  tout  propos,  comme  Montaigne.  Si  la 
Iangue  eat  autant  un  don  natural  qu*une  tradition  et  un 
exemple » je  crois  qu'il  6tait  plus  difficile  d'^rire  comme 
Racine,  aprte  Comeille,  que  comme  Bossoet  aprte  Pascal. 
Paiicai  avait  trouv^  le  germe  des  beauts  que  Bossuet  rdpan- 
dit  dana  sea  Oraisons funics,  et  ces  grandes  idies  sur  la 
mis^  et  le  n^nt  de  Vhomme ,  dont  Bossuet  donna  quel- 
quefois  le  d^veloppement  et  la  monnaie.  Les  Pensies  pr^pa- 
r^ent  lea  Oraisons/urUbres ,  les  Proifinciales  pr^par^rent 
VHistoire  det  Variations;  mais  il  est  tr^-vrai  que  rien  n'a- 
vait  pa  preparer  le  JHscours  sur  I'histoire  universelle. 

11  ne  faut  paa  oublier,  parmi  les  influences  qui  aidant  k 
la  maturil^  de  la  langne,  des  noms  trop  admires  an  temps 
de  ceux  qui  les  illustraient,  trop  oubli^  aigourd'bui ,  Voi- 
tur  e,  Vaugelas,  dont  Pun  donnait  des  mod^ea  de  langage 
vif,  piquant,  ingenieux,  auxquels  Mme  de  S^vign^  ajouta 
le  cliarme  du  naturel,  et  dont  Tautre,  par  ses  travaux  sur 
la  laogne ,  en  Caisait  oomprendre  le  caract^e  et  en  fixait  les 
couditiooa  avec  une  grande  supdrioritii  de  sens.  11  ne  iaut 
paa  oublier  surtout  Ren6  Descartes,  et  son  Discvwrs 
sur  la  m6ikode,  cbcfHl'«Bavre  oCi  la  adence  donnait  dea 
exemplea  k  VuL 

Toalea  ces  infloencea  nationales,  venaut  a'ajouler  k  un 
fonda  d^^de  profonde  des  ancjens,  et  rencontrant  toqte  unci 


gtetotion  d^hommea  supMflora,  amenereBl  cm  treida  ai^ 
ntes  de  la  seconde  moitM  da  dtx-aaptlteM  dtek,  ai 
d  glorieuses,  oil  ToBuvre  de  VmM  de  la  langpe  el  Vi 
Tunit^  nationale  furent  simnltan<ment  oonaonnDta.  Teas  lei 
grands  bommes  que  nous  avons  vua  natire  de  1616  k  ten 
sent  arrive  k  la  maturity  de  FAga  et  4  la  virilitf  da  talait 
Toute  reaction  est  finie.  Boileaa,  dana  la  pranitea  paitta 
de  sa  carri^e  litt^rdre,  trop  pen  distingnte  de  In  aeeoDde, 
a  d^truit  lea  restea  de  cette  impoisaante  teole  qoi  voeial 
rattacber  k  Ronsard  une  tradition  de  poMe^  In  foiagreaiae, 
latine,  espagnole,  italienne,  fran^ae,  avec  tons  lea  palaii 
des  provinces.  Tons  les  bommes  dmlnenta  aoQl  d'aoeoid  wtt 
les  principes  et  lea  conditiona  de  Tart  On  ne  diipata  plas 
sur  les  modules ,  on  les  contemple :  il  y  a  Ua  gteiea  lea  plM 
divers,  il  n'y  a  qu*un  art  Cet  art  consiste  k  exprimer  daas 
le  langage  le  plus  parlait  les  idto  les  plua  amveneHeBBsaft 
vrdes.  La  lai^sua  appartient  au  pays  qui  la  parte,  lea  idte 
appartiennent  k  llinmanit^  tout  enti^re.  La  langae  doit  itn 
exclusive,  absolue,  fidde  au  gfole  de  la  nation ,  repnnnnet 
tout  alllage  stranger;  lea  idte  doivent  alter  an  ploa  grand 
nombre  d^intelligences  posdble,  n^importe  lea  tenpa,  ks 
lieax ,  lea  civiliaations. 

Qiiand  Boilean  fait  VArt  poitique ,  il  nlmite  paa  Heiaoe, 
qui  Iui-m6me  n^a  paa  bnit^  Arislote  :  ce  aont  traia  gninds 
esprita  exprinumt  dans  troia  Ungues  parfaitea  le  mtae  foais 
d*id6es  raisonnables ;  ils  ne  sMmitent  pas ,  ila  se  renoontreift ; 
sMls  cbercbaient  k  s*6viter,  Tun  eerait  vrai,  Tautie 
faax.  On  nlmite  que  lea  cboses  de  llmagbiation,  qui 
d*un  individu  k  Fautre,  mais  on  nlmite  pas  les  cboaea  de  la 
raison,  qoi  est  le  bien  de  tous,  le  don  common  que  Diea 
a  fait  au  genre  bumain ,  le  soldi  des  esprita ,  unique  conHse 
cdui  des  corps;  seulement  on  ae  les  approprie  pins  oa 
mdns  par  Fexpreasion.  Cdui  qni  les  exprime  dana  le  plas 
beau  langage ,  cdui-U  lea  dteoovre  et  fait  du  bien  oommon 
son  bien  propre. 

Dans  le  coura  des  Ages ,  les  grandes  litttetures  aoot  des 
expressions  diverses  dn  mAme  funds  d'id^es  oniveraeOei, 
sanf  qudques  additions  on  modlficationa,  qui  rteltent 
de  la  diversity  des  temps,  des  pays ,  dea  rdigpons,  des  so- 
ci^t^,  des  climats,  et  qui  en  sont  la  partie  contuigma 
et  locde.  Lea  si^es  d'or  sont  ceux  oil  ce  fonda  d*idte 
universeUes  a  ^t^  exprim^,  pour  le  plus  grand  noaabie  dss 
esprits  cultiv^s,  dans  une  Iangue  particuli^re  arrive  ku 
plus  grande  perfection.  Ce  qui  fdt  la  gidre  de  cea  sitelei 
et  rin^pnisable  popularity  de  leurs  granda  bommes,  €tA 
qu'ayant  fond^  des  monuments  de  raison,  ila  6chapp<Bl 
aux  caprices  de  rimagination ,  qui  d^tmit  lea  r^potatkiai 
d'une  <$poque  k  Tautre ,  et  qni  cliange  de  Csvoris  eoome 
de  fantaisles.  Us  sont  immortds,  paroe  qu*ila  oat  leor 
base  dans  la  raison  bumdne,  qui  est  Immoable;  ils  sod 
obligaioires,  pasce  qu*il  n*y  a  pas  plus  d'ordre  inteHectud 
bors  de  leurs  exemples  qu'il  n'y  a  d'ordre  mat^rid  saas 
les  iois. 

Ce  fut  sous  Pempire  de  cea  idte,  qui  apparatssaicd 
dors  k  tous  les  bons  esprits  comme  des  v^t^  ^videalcs, 
et  qu*ils  respirdent  avec  fair,  que  se  forma  cette  ecole  ds 
grands  homraes  dont  Racine  et  Boilean,  form^  eux-ratea 
par  Pascd  et  Port-Royd ,  furent  lea  thtoriciens  les  pbi 
exclusifs.  C'est  dans  le  oerde  de  ces  idte  que  vlnrent  lonr 
a  tour  se  ranger  et  a'enfenuer  vdontdrement  lea  eaprils, 
m6me  les  plus  inddpendants,  M  0 1  i  ^  r  e ,  L  a  F  o  n  t  a  i  n  e,  phe 
port^  d'abord  vers  les  souvenirs  de  toutes  les  iiaitaliMii 
drangferes,  dqui  rentrferent  dans  le  sdn  de  I'^eoie  conmnae 
an  moment  le  plus  bean  de  leor  g6nie,  MoU6re  pour  toiit 
Le  Misantfirope ,  Le  Tartmfe^  Les  Femmes  savaniesy  ^ 
aont  toita,  dit  Ydtdre,  comme  les  satires  de  Boileaa; 
La  Fontaine  pour  composer  sok*  plus  belles  Cddea,  qui  aont  d*ua 
style  ausd  pur  que  le  style  de  Racine.  La  tradition  aati^ 
et  le  par  francs,  le  francs  centrd,  le  franfaia  de  Paris, 
td  ddt  le  double  but  de  cette  ^cole.  On  a  vooln  s^nrcr 
Moliere  d  La  Footdne  de  leurs  Ulustres  amis,  d  en  (dre 
les  continuateurs  d*une  ^cde  ploa  libre  de  la  disdpline  a» 


FRANCE 


717 


ttqiie»  el  des  krivtSm  d'une  langue  prtaidue  plus  large  | 
que  celle  de  lUdiie  et  de  Boileau.  Pour  moi,  je  sens  qae 
je  n'admireiiis  pai  moins  Moliire  et  La  Fontaine  quand 
mteoe  lenr  part  dans  la  Ittttoture  (ran^aise  et  dans  la  lit- 
t^rature  unhrenelle  se  boraerait  k  ce'qu'ils  ent  fidt  dans 
ces  glorieoses  annte  06  la  double  penste  de  la  tradition 
antiqua  et  de  pur  fran^als  avait  pr6valn;  06  MoU^re, 
La  Fontaine  et  Boileau  avaient  de  longues  couTersations 
sur  k  sens  d*un  mot,  sur  la  oonTenanoe  d*une  rime;  ou 
La  Fontaine ,  dans  une  lettre  k  Huet,  ^v6que  d'ATrancbeSy 
envoyant  k  6e  docte  personnage  une  traduction  italienne 
de  Qdntllien,  loi  disait,  entre  aotres  choses,  que^ 

.  .  .  Faute  d*a(imirer  lea  Greet  et  lea  RoBMioa, 
Oo  s'^are  ea  Toalant  teoir  (Taotrca  clMauiia , 

et  plus  loin : 

T^eoee  eat  daoa  mea 
HoBB^re  et  aoo  riTal  aoot 
Je  le  dia  aia  roehera.  . 


;  je  Bilaatrnta  daaa  Boraee. 
dieax  do  Panaaie. 


et  plus  loin  encore,  rappelant  son  andenoe  admiration 
pour  Voitore : 

Je  pria  certain  aotear  aatrefob  poor  aioo  oudtre  : 
II  pcnaa  me  giter.  A  la  fin ,  grlce  aoi  dieui, 
Horace,  par  bonbear,  ne  dcaatlla  lea  yeoz.     , 

Cett  de  1665  k  1695 »  c'est4-dire  dans  le  temps  que  ces 
id6es  eurent  Pempire,  et  que  Bollean  ftiten  quelque  soKe 
chargi^  par  tous  ses  contemporains  d'en  donner,  dans  VArt 
po^tiquef  un  code  simple  et  sommaire ,  qui  ((A  approuv^  et 
contrfrsiC^  par  les  bommes  les  plus  illustres,  que  furent 
toits,  ponr  la  tragMie :  Andromaque,  IphigMe,  PfUdre, 
BrUannktis^MUhridatef  Athalie;  pour  la  commie:  Le 
Hisant/uvpe^  Le  MMecin  malgri  lui,  Amphytiion,  le 
Tartufe,  L'jivare,  Le  Bourgeois  gentilhomme,  LesFemmes 
savantes,  Le  Malade  imaginaire;  dans  d*autres  genres  : 
Le  Luirin ,  les  ^ttres ,  si  sup^eures  aui  satires ,  lesquelles 
ne  sont  que  les  derni^res  Inttes  de  Boileau  continuant  le  rdle 
de  Malherbe,  et  ont  le  plus  perdu,  comme  toutes  les 
choses  de  pol^mique ,  k  la  difl^reace  des  ^pltres,  qui  viTcnt 
et  \iTront  tovjours  de  la  Tie  des  idte  universelles  qui  les 
onl  inspires;  les  livres ti,  to,  yui,  n,  x  et  11  des  Fables 
de  La  Fontaine,  selonnous,  les  melUeurs;  dans  la  prose, 
VOralson  funibre  d*BenrieUe  d'Angleterre,  une  partie 
des  sermons,  la  Doctrine  de  VEglise  cathoUque^  VHistoire 
universelle,  VOraisonfun^e  du  prince  de  Condi^  VHis- 
toire des  YariatioTU;  tousles  sermons  de  Bo urd alone; 
les  deux  petits  Toloues  de  La  Broy^re;  les  traltds,  trop 
pen  lusy  de  Nicolle,  La  Perpetuus  de  la  Foi,  et  les  Essais 
de  Morale;  la  fameuse  lettre  de  M"**  de  S^Tign^  sur  la 
mart  de  TUrenne^  et  plusieurs  autres  qui  Tentourent,  et 
sans  lesquelles. M"**  de  S^vign^  ne  serait  peut-^re  qu'une 
charmante  ^coli^  de  Voiture;  la  Recherche  de  la  Viriti^ 
de   Malebranche;   la  seule  bonne  oralson  fun^re  de 
FUcbier,  celle  deTurenne;  enfln,  le  Traitide  rjSdu- 
cation  des  Filles^  le  dd)ut  d*un  g^ie  divin ,  F^nelon,  qui 
outra  peut-^tre  les  thteries  de  cette  p^ode  privil^gi^  dans 
ses  Dialogues  sur  I'iloquence,  et  dans  sa  Lettre  d  VA- 
eadimie,  et  en  faisant  trop  de  part  k  Tart,  Texposa  &  6tre 
pris  pour  un  m^canisme.  Obs  trente  anndes  sont  la  plus  bdle 
p^ode  de  Tesprit  fran^is ,  parce  que  c*est  k  ce  moment- 
ly que  Tesprit  fran^ais  s*est  assimil6  le  plus  natorellement, 
et  a  evprim^  dans  le  langage  le  plus  pur  le  plus  grand 
nombre  de  T^ritte  uniTersellei.  Et  sUl  y  aTalt  des  places  k 
donner  et  des  rangs  li  assigner  entre  taut  de  grands  esprits, 
il  faudrait  en  efTet  proclamer  lea  premiers  Moli^re  et  La 
Fontaine ,  parce  qu'ils  ont  r^isd  le  mieux  la  double  pensde 
de  cette  ^poqne  glorieuse,  et  que  dans  ce  grand  corps  de 
vdrit^  universelles  qu'elle  a  exprim6es  lis  ont  une  part 
plus  forte  que  lews  anus.  Moli^re  et  La  Fontaine  ne  sont  les 
plus  populaires  des  6crivains  de  notre  langue  que  parce 
quMls  ont  tout  k  la  fois  le  plus  de  ces  dioses  qui  sont  pro- 
pres  k  tous  les  temps,  k  tous  les  Ages,  k  tous  les  pays,  k 
tuiites  les  conditions,  et  le  moins  de  celles  qui  ne  sont  que 


de  convention  et  de  mode.  Cette  supMNiM  ne  vient-elle 
pas  d'abord  de  fiuultte  phis  vastes  dans  oes  deux  grands 
bommes,  ensuite  et  peut-6tre  de  ce  que  hi  com^die  vidlUt 
moins  que  la  tragMie,  que  le  rire  s^rienx  est  phis  prte  de 
la  raison  que  les  larmes,  qui  stebent  si  vite ;  et  pour  la 
fable,  de  ce  que  c'est  de  toutes  les  conyentions  la  ph» 
simple  et  hi  plus  approprite  anx  focuit^  fl^mentaires  et  anx 
goOts  permanents  de  I'bommeT 

Quinze  ans  plus  tard,  on  en  ^tait  venn  k  ce  pofait  que  F6> 

nelon,  dans  une  corresponduioe  pleine  de  courtolsie ,  oon- 

sentait  k  d^fendre  Hom^re  centre  son  ridicule  abr^viatepr 

Lamothe-Houdard,  et  demandait  presque  grtee  pour 

l*antiquit^  k  Hiomme  qui  pr^tout  k  Vlliade  le  Saint  Louis 

du  P.  Leinohie.  An  despotisme  oonsenti,  reoonnu,  aimd,  de 

Louis  XIV,  despotisme  bien  diflS^reot  de  celui  qui  est  arracb^ 

il  une  nation  ^puiste  par  une  ^pte  de  fortune,  et  dont  les 

efletsdans  la  litt^rature  avaient  M  de  faire  prMomhier  la 

raison  sur  I'imagination,  et  Tordre,  U  r^larit^  hi  mabode» 

sur  la  Ibntaisie,  succdda  une  detente  g^n^rale  et  un  relAche- 

ment  de  toutes  cboses,  qui  put  paraltre  une  fin  it  beauconp 

de  gens,  qui  n'^tait  en  rtelit6  que  le  commencement  peu 

glorieux  d'une  nouvelle  et  plus  noble  destinee  pour  la  France. 

La  litttoture  du  sitele  de  Louis  XIV  avait  €bk  presque  ex- 

dusivement  morale,  rdlgleuse  et  monarchique,  sauf  dans 

certains  ouvrages,  qui  n'eurent  ni  les  beauts  supMenres 

ni  IMnfluence  des  chefs-d'oeuvre  marqute  de  ces  trois  carao* 

t^res.  Au  commencement  du  dix-liuititoie  sitele,  ces  trois 

caract^res  disparaissent :  la  philosophic  est  substilu^  il  la 

morale,  la  Dbert^  religieose  k  la  rdigion ;  Tesprit  de  lUtlerle 

k  la  personne  royaie  succMe  k  Tesprit  de  respect  pour  la 

royaut^.  De  mteieque  dans  la  morale  on  vent  voir  an  dd^ 

des  ftutes  et  des  devoirs,  de  rodmedans  hi  rdigion,  c*est- 

it-dire  dans  I'ensemble  des  rapports  de  i'bomme  avec  Dieu, 

on  veot  voirau  deU  de  P^tablissement  matdrid  rdigieux; 

de  m^me  encore,  dans  la  politique,  on  veut  voir  au  deli^  de 

cette  mijest^  royde  qui  cacbdt  tant  d'abus  d  de  misdres. 

StUM  que  rillustre  vidllard  qui  avdt  couyert  et  prot^ 
cette  monardiie  de  Tautorit^  de  ses  demi^res  ann6es,  de 
ses  malbeors,  de  ses  soixante  ans  de  r^e  absolu,  fot  des- 
cendu  dans  la  tombe,  on  regarda  de  prte  cette  monarchie, 
plus  vieille  et  plus  dter^pite  que  lui ,  plus  cadav^reuse  que 
son  cadavre,  d  qu'il  avait  us<^  tout  le  premier  il  force  d*eii 
trop  tendre  les  ressorts.  De  Ui  une  po^ie  philosopliique,  et 
non  plus  simplement  morale ,  analysant,  discutant,  subttli- 
sant  Tesprit,  le  coBur,  le  sentiment ;  une  po^ie  ddste,  d  non 
plus  rdigieuse;  substituant  U  religion  uaturelle  ii  hi  foi; 
one  po^ie  non  plus  monarcbique,  non  plus  marqute  de  co 
ton  noble,  ni  emprdnte  de  cdte  foi  dans  la  royaut^,  qui 
donnent  je  ne  sais  qudfas  dignity  morale  m£me  aux  lUtt»- 
ries  des  pontes  contemporafais  du  grand  roi,  esprit  beauconp 
mohu  servile  qu*on  nele  dlt,  mais  courtisanesque,  d  cda 
peut  se  dire,  mdnageant  Panticbambre  d  m^prisant  le  tr6ne9 
flatUnt  dans  la  royaut^  ou  dans  ses  intemnMidres,  qui  n'd- 
tdent  le  plus  souvent  qne  des  mdtresses  parvenues,  la 
source  des  grAces  et  des  faveurs.  Certes,  d  la  po^e  a  be- 
som d'enthousiasme,  non  pas  de  cet  entboudasme  ^cbevde 
qu'on  a  imaging  dans  ces  demiers  temps,  mais  de  cette  foi 
vive  il  Tart,  qui  est  le  seul  enttMnidasme  qui  op6re  d  pro- 
duise;  si  die  a  besoin  d'inspiration,  d'iddd,  il  font  avouer  que 
la  pliilosopliie,  la  liberty  rdigieuse,  c'est-i-dire  le  scepti- 
cisme,  Pespritde  critique  sodde  d  politique,  la  venue  des 
sciences  physiques  d  naturdles,  le  progrte  des  idiSes  d'^co- 
nomie  g^n^rde,  la  popularity  des  questions  de  finances,  que 
toutes  ces  choses  r^unies  devaient  dnon  tuer  la  po^sie,  da 
mouis  Paflaiblir  beauconp  d  amener  sa  dteadence. 

Toutes  les  id^  qui  avdent  ^t^  de  Poppodtion  dans  les 
demi^res  annto  du  feu  roi,  d  toutes  cdlM  que  la  reaction 
d'anranchissement  qui  suivit  son  rtgne  r^panddt  chaque 
jour  dans  les  esprits,  devaient  se  toumer  contre  la  po^ie, 
laqudle,  au  lieu  d'dre  Punlque  afTaired'unbomme,  n*ai- 
Idt  plus  €tre  que  le  joyau  d*une  reputation  dont  les  ouvragsa 
en  prose  seraient  le  principd  litre.  Le  dlx-huititaae  sitela 
>  allait  £tre  te  sitele  de  la  prose  :  c'^tait  la  consequence  de 


718 


FRANCE 


ralfraiiciMenMot  gte^ral.  La  peiu^,  qui  avait^M  contenue  | 
&■  dix-ieptiteie  aitele  par  des  canaes  beaucoup  plus  Bej6» 
peat*dtre  que  la  ceimire  royale ,  allait  d^border,  et  dee  deux 
lonnet  gdn^rales  du  laugage  choisir  la  plus  Ubre,  la  plus 
d^gag^  la  pins  facile,  <f  estA*<lire  la  prose.  Un  grand  caract^re 
avaltjusqueiei  marqu^  lapo^sie  fran^aise,  c*^tait  la  perfection 
de  la  forme.  Or,  les  id6es  et  tout  ce  qu*on  appelait  de  ce  nom 
7renant  le  dessus  snr  la  ferme,  la  po6sie6tantattaqute  par 
de  grands  esprits,  y  oompris  MonteBquieu,  le  soin  donnd  k 
la  forme  aUaH  paraltre  une  pudiiliU  iudignedHm  bomme,  le 
travail  de  la  perfection  du  temps  perdu,  et  le  motde  Boileau : 

CherduDt  bo  coin  d^ao  bob  le  mot  qui  TaTail  fai , 

plutAt  que  de  laisser  imparfaite  ^expression  de  qoelque 
pens^e  solide  et  durable,  ce  mot  allait  6tre  tourn^  en  ridi- 
cule; et  c^^tait  nn  grand  malheur,  car  le  sens  da  (ini  dans 
la  po<$sie  est  un  sens  profond.  Cost  qu'en  perfectionnant  la 
forme,  on  perfectionne  la  penste;  c'est  qu^en  cherchant  la 
rime,  on  trouye  mieux  qu'elle;  c'est  qu*^  force  de  corriger 
le  style,  on  finit  par  ^lairer  et  fortifier  le  fond.  Quoi  qu'il  en 
sbit,  cette  partie  de  Part  allait  donner  k  rire  aux  beaux  es- 
prits.  Le  temps  d^ailleurs  allait  manquer.  Le  propre  de  la 
libeft^,  c^est  de  fah'e  beaucoup  terire;  la  litt^atiire  deve- 
nait  peu  k  pea  une  mani^  de  presse  anticip^;  Timprovi- 
satfon  remplaoait  d^ji  la  reflexion,  et  le  petit  bonheur, 
oomme  on  dit,  Tart. 

Naturellement,  le  premier,  le  plus  petit,  mals  le  plus  scan- 
daleux  eCTet  de  ces  grands  changemenls,  dcTait  6tre  de  ren- 
Terser  les  grandes  renommto  du  si^e  de  Louis  XIV,  d'at- 
taqiier  leurs  procM^s,  de  livrer  an  m^pris  le  secret  de  leur 
art  merreiUeux ,  et  de  ra?aler  la  grandeur  de  son  rtisultat 
par  les  pr6tendues  minuties  qu'il  leur  en  cotttait  pour  y  at- 
teindre.  La  reaction  fnt  dirigte  contre  Racine  et  Boileau  per- 
sonnellement,  parce  quMls  araient  pos^  et  r^is^  le  plus 
rigoureusement  les  tileries  de  Tart  qu'il  s'agissait  de  d^- 
truire,  et  parce  que  les  deux  liommes  qui  furent  les  chefs 
de  cette  reaction  ^taient  ennemis  personnels  de  ces  deux 
grands  pontes.  C'^aient  Fo  ntenelle,  qofhaissait  Racine, 
comme  rival  de  son  oncle ,  et  plus  encore  oomme  auteur 
d*^pigrarames  contre  la  tragMie  di'Aspar;  et  Lamothe-Hou- 
dait),  ennemi  de  Boileau,  comme  auteur  de  PArt  poitique,, 
et  plus  encore  comme  maltre  de  J.*B.  Rousseau ,  le  rival 
de  Laiootbe>IIoudard  dans  Tode.  Ces  deux  bommes ,  d^ail- 
ieurs  ^minents,  donn&rent  an  ezemple  iVappant  de  Tun  des 
eflets  de  ce  reltebement  gite^ral,  qui  6tait  de  s'igiiorer  eux- 
memes  et  de  ne  pas  faire  la  cliose  k  quo!  ils  ^ient  le  plus 
propres.  Fontenelle,  ^toffe  de  savant,  sans  enthousiasme , 
sans  amour  vif  de  rien,  sans  ie  moindre  g^nie  po^tique ,  fit 
des  tragedies,  des  pastorales  et  des  Rogues.  Iiamothe-llou- 
dard,  auquel  un  matli^uaticien  tronvait  une  t6te  d*alg^- 
briste,  compose  des  odes  et  des  operas.  Peut-6tre  etit-il  fait 
de  bonne  critique  et  laiss^  un  nom  considerable  dans  la 
prose,  si  tout  oe  qull  a  tent  de  prose  n'avait  pas  616  em- 
ploy6  k  Justifier  ses  vers 

Durs,  d^accord ,  mais  forU  de  choeea , 

ou  k  attaquer  la  podsie  comme  inutile,  tout  en  passant  sa 
vie  k  faire  laborieusement  de  mMiocres  vers. 

Fontenelle,  aprte  avoir  fait  ilspar,  TMtis  et  PiUty  et 
quelques  dglogues,  accompagntes  de  tiiteries  sor  la  bergerie, 
od  il  proposait  une  sorte  de  transaction  entre  les  bergers 
de  Thtecrite,  qui  senlent  trop  le  fumier,  et  ceux  de  TAs- 
trte,  qui  sentent  trop  Tambre,  se  retire  de  bonne  lieure  de 
la  batailie,  et  avec  tact,  aprte  avoir  pris  part  aux  escar- 
mouches.  Lamothe-Houdard  oombattit  ju8qu*&  la  fin.  Ses  ou- 
vrages,  qui  sent  innombrables,  et  de  toutes  sortes,  sent 
beaueoup  molns  plqoants  que  ses  opinions.  Un  coup  dMcIat 
fit  renlrer  dans  la  nuit  toutes  oes  subtilit^,  toot  cet  art  hk- 
tard  et  paradoxal :  ee  Alt  (Edipe.  Voltaire,  jeune  liomme 
plein  de  fen,  de  mouvement,  de  vie,  au  lieu  d^imiter  les 
plus  proches  de  lui,  comme  c^est  la  marque  d*un  esprit  (aible 
et  de  peu  de  portte,  avait  imit^  les  plus  eiolgn<(s.  CEdipe  fut 


le  fruit  de  bonnes  ^udes  claseiquesy  dans  an  adolenail  la 
g6nie.  Tout  le  bagage  po^tique  de  Fontenelle  et  de  Lanolbe* 
Houdard  fut  efTac^  par  demc  ou  trois  setees  d*on  teoUer. 

J^essayerai  de  caract^riser  la  poMe  de  Vollafrey  qui  eiC 
toute  la  po^sie  du  dix-huHl^e  sifde,  od,  tauf  daas  la  eo- 
m^die,  od  il  fut  le  second  dans  un  genre  qui  v^etil  pas  de 
premiers,  et  Top^ra,  od  il  eut  l^onnetir  de  ne  pas  rtesifr, 
il  a  <^t6  le  plus  babile  et  le  plus  illustre  en  tout  genre.  Tap- 
prdcierai  tour  k  tour  cette  po^e  dans  ses  quatre  grandes 
applications ,  le  thdfttre,  I'dpopte ,  les  idte  philoeophttnei, 
les  sajets  l^ers.  II  y  a  un  mot  de  Voltaire  qui  va  me  serrir 
k  caract^iser  son  th^tre.  CTest  k  propos  de  certatnea  fanlei 
qu*on  lui  reprochait :  n  Critiques  de  cabinet,  diaait-il,  qui 
ne  font  rien  pour  le  th^Atre.  •  Le  tb^tre,  c*est^-dire  le 
thd^tral,  I'efTet  de  sc^ne,  Timpression  en  qoelque  aorte  phy- 
sique sur  le  parterre,  c^est  Ik  en  efTet  le  caract&re  le  plos 
g^ndral  des  tragedies  de  Voltaire,  car  c*en  dtait  rnnique  but 
Voltaire  6crivait  ses  pieces  pour  rapplaudiasemcnL  Je  sail 
bien  qu'il  n'y  a  pas  d'auteur  dramatique  qoi  ne  pense  k  Pef- 
fet  th^iAtral  et  n'y  doive  penser;  et  sous  oe  rapport  le 
podte  qui  supporte  le  mieux  la  lecture ,  le  poete  qui  a  Is 
plas  travailli  pour  ttre  lu,  Racine  lui-mtee,  en  a  M  fort 
prtoccup^.  Mais  H  y  a  oette  difKrence  entre  Volture  et 
Racine,  dans  leurs  rapports  avec  le  parterre,  qu'outre  qoe 
Racine  s'imposait  au  slen,  puisqo^l  aimait  mieux  lire  sillK 
pour  sa  Phidre  qu'applaudi  pour  celle  de  Pradon,  oe  grand 
poete,  tout  entier  k  son  art,  consultait  sa  propre  oonsdence, 
si  d^icate  et  si  scrupuleuse,  de  preference  an  goAt  do  pa- 
blic ;  au  lieu  que  Voltaire,  poete  tragique  par  deiasaemen^ 
par  caprice,  pour  avoir  toutes  les  gloires  bruyantea  de  son  epe- 
que  k  la  fois ,  subordonnait  sa  conscience  et  ses  idta  a^ 
v^res  sor  Tart  k  la  necessity  de  plaire  immedlatement,  saai 
coup  ferir,  et  d*enlever  d^assaut  un  suecte.  De  Ik  dans  sea 
the&tre  tant  de  choses  donnees  k  Timagination,  les  grandi 
efTets  de  sckne,  les  coups  de  theatre,  la  decoration,  le  spec- 
tacle; et  dans  les  caroc&res  meme,  d'ailleurs  toojoors  bin 
indiques,  sinon  developpes  et  approfondis ,  plus  de  plaei 
consacree  k  la  declamation ,  aux  sentiments  exagMs,  k  la 
grandeur  exterieure,  qu'aux  traits  profonds,qu'aux  etodei 
serieuses  du  cmur,  qu'aux  id^es  durables. 

C*est  sous  ce  rapport  qu*on  a  pn  dire  que  Voltaire  eit 
plus  dramatique  que  Comeille  et  que  Racine :  pms  que  le 
premier,  qoi  est  languissant,  subtil,  froid,  et  prodigqe  cetle 
partie  exterieure  de  la  tragedie  sans  mesure  et  sans  adresie, 
k  la  difference  de  Voltaire,  qui  menage  ce  moyen  d'adioa 
avec  une  grande  babilete  et  une  parfaite  connaissanoe  de 
son  parterre ;  plus  que  le  second,  oh  TeOet  vient  de  la  pro- 
fondeur  des  idees ,  de  retemelle  verite  des  sentiments,  de 
retendue  des  caract^res,  et  non  des  pensees  de  tete,  de  Vwf- 
pareil,  de  la  pompe  theatrale.  li  faut  attribuer  A  oette  see- 
mission  presque  servile  aux  goOts  de  son  parterre  la  profo- 
sion  de  sentiments  philosophiques  que  Voltaire  prdleitoei 
ses  beros,  dans  quelque  sitele  qu'il  les  fasse  f  ivre  ^  en  qoel- 
que pays  qu'ils  habitent.  Mais  s*il  y  a  une  preuve  edataote 
de  la  force  que  donne  au  talent  la  verite  avec  soiHoaeme  et 
avec  les  autres,  c'est  que  dans  cet  alliage  phUosophtque,  a 
choquant  sous  le  point  de  vue  de  la  vraisemblance  locale, 
Voltaire  est  plus  poete,  et  poete  plus  nouveau,  que  dans  toaiei 
les  parties  ou  il  se  conforme  plus  aux  idees  et  au  ton 
dans  la  tragedie.  Le  sentiment  desagreable  que  nous 
cet  alliage  prouve  une  autre  verite,  element  incontestable, 
k  savoir  que  c^est  d*ordinaire  par  les  cboees  qui  ont  le  ploi 
fait  la  vogue  contemporaine  d*un  onvrage  que  sa  gloire  eit 
compromiste  dans  les  Ages  suivants,  et  que  les  parterres  ca»> 
sent  successiveraent  ce  que  leurs  devanciers  ont  admiie. 

Ce  caractere  general  du  theatre  de  Voltaire  expUqaen 
Pinferiorite  de  son  style  compare  k  tout  celui  de  Radae  ct 
aux  beaux  endroits  de  celui  de  Comeille,  et  cet  afbiWis- 
sement  general  de  la  poesie  dramatique,  aprte  r^AjtwA 
glorieuse  des  Comeille,  des  Racine,  des  Molito.  En  affet, 
sanf  ceft  morceaux  de  style  philosophique  que  fai  signaMs 
plus  liaut   oil  Voltaire  me  paralt  parler  une  lanjiedeol 


FRANCE 


719 


iVipreisioii  hri  appartient  en  propre,  et  sauf  ime  infinite 
d'aiiMi  'beanx  Ten  que  lea  bdux  vers  isolte  de  Corneilie 
et  de  Racine,  le  tissu  du  style  est  moins  serr^,  moins  ferine, 
dans  le  th^tre  de  Voltaire  que  dans  celui  de  ses  deyan- 
ciers.  CTest  TinconY^nient  de  toate  po^sie  ^rite  pour  i'effet 
de  la  declamation  th^trale,  et  pour  aller  li  TAme  par  le  che- 
min  des  nerfo,  po^e  inipr^te  de  toutea  lea  locutions  pas- 
sionn^  d*une  ^poque,  aapirant  plus  au  anccte  imm^iat 
qu*^  la  gloire  lointaine  et  souYent  posthumede  Tart;  don- 
nant  plus  k  Timagination  qu'^  la  raison  dana  lea  choses  de 
c€Dur  et  tl*esprit,  et  s'employant  k  peindre  dans  les  person- 
nages  les  emporten^ents  de  leur  situation  particoli^  plu- 
t6t  que  lea  profondeurs  et  la  naiYet^  de  leur  6tat  habitual, 
et  les  sentiments  ^latants  que  les  traits  sentis;  c'est,  dis-je, 
rinconY^nient  d'une  telle  po^ie ,  d'etre  plus  brQlante  que 
ferme,  pins  spirituelle  que  naiYe,  plus  aniroto  que  p^n^- 
trante,  et  d^avoir  beaucoup  de  traits  incisifs  sur  un  fond 
pale  et  Uche,  plutdt  qu^ine  suite  et  en  quelqne  sorte  un 
corps  de  style  neryeux,  precis,  contenu  et  abondant,  tel  que 
nons  paralt  6tre  le  style  po^tique  du  dix-septi^me  si^e,  et 
en  particulier  Pincomparable  po^te  de  Racine.  II  y  a  un 
nombre  immense  de  beaux  Yers  dans  le  tb^trede  Voltaire; 
it  n'y  a  pas  un  style.  Si  Ton  faisait  Taddition  des  beaux  vers, 
de  ces  yers  cit^  ou  k  citer  dans  les  prosodies ,  qu'offrent 
le  theatre  de  Racine  et  celui  de  Voltaire,  le  total  serait  peui- 
€tre  k  Tayantage  de  Voltaire.  £t  pourtant  il  ne  faut  pas 
comparer  s^rieusement  le  style  de  Pun  au  style  de  Tautre. 
Voltaire  ^crit,  et  Racine  grave;  celul-ci  inyente,  celui-1^  se 
souYient. 

Et  c'est  ici  quMl  conyient  de  teuir  compte  k  Voltaire, 
comme  circonstauce  att^uaiitc,  d*on  d&^ayantage  qui  n'a  pas 
^U  sufRsaroment  compens^,  k  ce  que  je  crois,  par  une  plus 
grande  perfection  des  moyens  de  produire  des  eCfets  au 
theatre:  ce  d^ayantage,  c^est  que  Voltaire  yenait  aprte 
Comellle,  Racine,  rntone  apr^  Quinault,  qui  sut  faire 
parler  des  amants  dans  des  yera  naturals,  tendrea,  enflam- 
m^s ,  et  dans  un  style  precis,  auquel  Boileau  ne  rendit  pas 
tonte  justice,  parce  qu'k  ses  yeux  austires  le  genre  dfoho- 
norait  les  quality  de  Tex^cution.  II  y  ayait  bien  d'autres 
causes  encore  dMnr^riorit^  et  de  decadence.  II  y  ayait  le 
manque  de  conscience,  la  facility  et  la  promptitude  intro- 
duites  dans  Tart  le  plus  difficile  et  dans  la  langue  la  pins  re- 
belle  aux  choses  ^bauch^es;  mille  aflairesd^amour-propre, 
on  d*un  ordre  plus  s^rieux;  la  double  plume  de  prosateur  et 
de  po^te,  dont  Tune  deyait  ^eryer  Tautre,  si  mdroe  il  n'ar- 
riyait  pas  que  leur  concurrence  erop^chat  lenr  perfection  r^- 
ciproque ;  une  sorte  de  prostitution  de  Part  de  Racine  k  des 
querelles  de  yanit^  litt^raire,  des  pi^s  faites  sans  inspira- 
tion et  sans  choix  spontan^  ni  rifl^hi,  mais  pour  lutter 
centre  C r  ^b  il  I o n  et  d^sesp^rer  ses  admirateurs.  La  trag^ 
die  dcYenant  un  objet  d^^mulation  de  collie  entre  deux 
bomroes  mOrs,  el  plus  tard  entre  ces  deux  mftmea  homnes 
deyenus  des  yieillards,  yoil^  ce  qui  ruioait  Tart  de  la  trag^- 
die  dans  des  mains  qui  en  le  perfectionnant  par  ie  c6t6 
tbddtral  auraicnt  pu  le  soutenir  par  le  cdt^  de  la  forme  et 
de  rexpression. 

Quand  on  compare  k  Voltaire,  a  cet  Immense  g^nie,  ton* 
chant  k  la  fois  k  tons  les  points  de  la  pens^,  organe  de 
toutes  les  passions  de  son  ^poque,  de  tons  les  int^r^ts ,  de 
toutes  les  afTections,  de  toutes  les  haines,  de  toutes  les  ten- 
dances, de  tous  les  penchants,  bons  et  manyais,  de  toutes 
les  oppositions,  de  tous  les  perfectionnements,  de  toutes  les 
imaginations,  de  tons  les  esprits  k  la  fois,  k  Voltaire  faisant 
une  ybigtaine  de  trag^les  noydes  dans  quatre-yingts  yoIu- 
ipes  de  prose,  Racine,  lequel  n'^rivit  entre  aes  trag^es  que 
quelques  lettres  ou  de  Fhistoriographie  offidelle  et  destin^e 
k  Toubli,  ou  une  petite  histoire  int^rieure  de  Port-Royal ; 
Racine  mettant  d'une  pi^  k  Tautre  des  lacunas  de  silence , 
der^nexionsj  d^^tudes  ou  de  prl^res,  respectant  son  art 
autant  que  sa  consdence,  et,  yers  la  fin  de  sa  carri6re,  Pap- 
prochant  de  plus  en  plus  de  Dieu  comme  pour  Tdpurer  et  ie 
aanctUler;  quand  od  compare  k  Pactiyit^y  k  la  petulance,  k 


Pimmense  d^ploieroent  de  Pun,  la  majestneose  grayit^,  le 
ealme,  la  concentration  int^eure  de  Pautre,  on  n'explique 
quetrop  bien  la  decadence  du  th^tre  et  de  la  po^ie  dra- 
nmtique  dans  les  mains  de  Voltaire ;  mais  on  ne  s'en  console 
paa,  car  c'est  une  prenye  que  Part  ne  pMi  que  par  les 
siena. 

Jetona  un  yoite  sur  les  combes  de  Voltaire.  II  ^tait  trop 
malitt  pour  dtre  gai.  H  ^tait  tropsuperfldel  pour  d^yelopper 
et  approfondir  un  caract^re  comique  et  fake  oe  la  haute 
commie,  laquelle  doit  se  passer  d'apparetl  et  de  spectacle ; 
il  etait  trop  pen  dupe  de  lui-m6me  et  d*antrui  pour  peindre 
des  dupes. 

On  n*a  jamais  cherch^  s^rieuseroent  une  ^pop^  dans  La 
Henriade^  dans  cette  kistdre  rim^  du  genre  de  La  Phar- 
sale,  oh  le  meryeilleux  est  xM6  aux  m^moires,  oil  il  y  a  des 
saints  (des  saints  dans  un  ouyrage  de  Voltaire  1 )  amal- 
gam^ ayec  des  diyiaitte  palennes ;  ot  le  del  de  Milton  est 
expliqo^  ayec  les  id^es  de  Newton ;  oCi  les  archanges  cou- 
doient  les  amours,  et  le  catbolicisme  Pattraction;  od  les  per- 
sonnages  sont  sans  yie  et  sans  coulenr,  et  les  portraits  ai- 
guis^  k  la  mani^re  de  La  Bmy^e.  Nul  ne  pent  sayoir, 
qnoique  beaucoup  le  disent,  quelle  a  ^(6  la  pens^d'Hom^re, 
de  Virgile,  de  Dante,  de  Camoens,  de  Milton.  Mais  ce  qu'on 
pent  dire  ayec  certitude,  et  sans  craindre  la  contradiction, 
c'est  que  dans  tous  ces  pontes  on  trouye  de  Penthousiasme, 
une  foi  yive  du  poete  aux  choees  qu'il  cr^,  de  Pinstinct, 
de  P^an,  une  admirable  imagination.  Rien  de  tout  cela  dans 
La  ffentiade,  (Test  Pceuyre  de  Pesprit  et  du  goAt.  Des  pen- 
96es  de  critique,  de  la  philosophie  oM^pbysique,  non  mo- 
rale, de  la  discussion,  des  alhtsiona  et  des  attaqoes  au  fana- 
tisme,  de  pu^riles  yiolations  de  la  y^rit^  historique,  pour 
satisftdre  de  petita  reasentiments  personnels  de  Pauteur,  yoila 
qui  n'est  gu^re  propre  k  nous  laisser  les  fortes  impressions 
que  nous  causent  les  batailles  d'Hom^re,  et  ses  caract^rcs  si 
yastes  et  si  simples,  la  sensibility  si  profonde  et  si  perfec- 
tionnte  de  Virgile,  la  fougue  de  Gamodns  et  du  Tasse,  la  tris- 
tesse  sombre  et  la  m^taphysique  ardente  du  Dante  et  de 
Milton.  Quand  le  morceau  est  bien  fait  et  a  ie  ton  ^pique, 
il  est  Iroid.  Ce  n'est  qu'une  recette  appliqn^e  k  propos;  ce 
n'est  pas  un  61an  d*entliousiasme  ni  un  passage  trayaill^  ayec 
la  religion  de  Part.  LMmagination  m^roe  y  est  cherch^,  dis- 
cut^,  aecommodto  par  Pesprit.  Le  style  de  La  Henriade, 
qui  en  est  la  meilleure  partie,  se  sent  de  la  froidenr  et  du 
calcnl  des  id^.  C^est  encore  le  style  des  tragedies  de  Vol- 
taire, moins  la  chaieur  et  le  mouyement  du  dialogue;  beau- 
coup de  redites;  lea  radmes  mots  reyenant  sans  cesse;  les 
batailles  apprftt^  comme  les  odea  de  Lamotlie-Houdard ; 
des  yers  trte-communs  et  des  yers  tr^s-spirituels,  le  ptre  des 
m^langea,  en  ce  qu'il  montre  Pabsence  d'entbousiasme  et 
beaucoup  de  paresse ;  yoilk,  sauf  quelques  morceaux  achey^, 
le  style  de  cet  ouyrage,  Eminent  tootefois,  qnoique  les  d^- 
fauts  y  passent  de-beaucoup  les  quality. 

Mais  Itsez  dans  La  Uenriade,  au  cliont  scptitoie,  ces  ad- 
mirables  yers  sur  le  syst^e  du  monde.  Ici  Voltaire  est 
noble,  ferme,  abondant,  p^riodique,  color^,  lui  qui  dans  les 
choses  de  poMe  g^n^rale,  dont  les  modules  existent  d^j^, 
est  si  souYent  p&le,  in^l,  sec,  plein  de  chutes.  Ici  il  peiot 
eomme  il  sent;  il  a  de  Penthousiasme  pour  cette  grande  y^- 
rite  de  Pattraction,  nouyellement  donn6i  au  monde  par 
Newton ,  et  qu*il  ya  bientdt  populariaer  en  France  et  en 
Europe.  C'est  la  iJo4sie  de  cette  philosophie  qui  pour  des 
idto  nonyelies  trouyait  dans  la  langue  consacr^e  tous  les 
mots  dont  die  ayait  besoin.  11  n'y  a  rien  dans  ces  yers  si 
neufs  qui  ne  sott  conforme  k  la  tradition.  Pascal,  Descartes, 
Malebranclie,  ayaient  cr^^  le  yocabulaiie  de  la  po^sie  philo- 
sophique  de  Voltaire.  C'^taient  les  m6mes  raots  appliques 
k  d'autres  id^  :  la  langue  des  erreurs  de  Descartes  ser- 
yait  k  exprimer  lea  y^ritds  d^uyertes  par  Newton. 

II  faut  rapporter  k  ce  genre  de  po^sie  tous  les  poemes 
philosopliiques  de  Voltaire,  qui  ont  toutes  les  beaut^s  que 
peuyent  inspirer  une  morale  saife  religion  et  une  m^taphy- 
aique  sans  croyances;  beauts  d^un  ordro  faifiteiear,  qui  sn- 


7ia 

tiflfoBt  Tesprit,  mals  n^^l^vent  point  TAme;  qui  infftrnisent, 
■Mb  Be  ramnent  pas;  qui  Tons  rendent  pins  habile  et  pins 
utar^  dans  la  ^e,  mais  non  meiUear.  Le  style  de  oes 
peemes  est  ferme,  pr^ds,  harmooieax;  mais  a  y  nanqoe 
rabmidaiice  et  la  tendresse,  et  la  poteie  oe  colore  pas  too- 
joors  des  idta  qni  sont  en  qodqne  manite  la  n^ation  de 
la  po6iie.  Le  Ten  aleiandrin  «tait  peut-etre  trop  Taste  pour 
ces  id6es;  II  a  besoin  de  richesse,  «t  la  richesse  n*est  pas 
toi^rs  compatible  aToc  la  clart^  et  la  prtcision  qai  loi  sont 
nteessalres.  Yoltaiie  doTait  done  etre  amen^  natureUement 
an  Ters  de  dix  syllabes,  pins  court,  pins  Tif,  moins  s^t^ 
pour  la  rime,  plos  fiielle,  plus  propre  k  rendre  des  idta 
spiritoellesy  et  oil  la  personnalit^  do  po£te,  qui  Mate  dans 
lous  ses  oQTFages,  loin  de  choquer,  est  un  charme  de  plos. 
Le  Mondain,  U  Paumre  diabU,  sont  on  franc  retour  k 
resprit  francs,  k  Marot,  k  WHxm^  dont  Voltaire  ^tait  le  sue- 
cesseur,  selon  le  mot  do  ChanUen.  Mais  oe  n*^tait  plos  Ui 
de  la  haute  po^sie. 

Le  dlx-boiti^me  siftde  n'en  deralt  pins  aToir.  Toot  autonr 
de  Voltaire,  qni  aTait  donn6  Texemple  de  tootes  les  n^li- 
gencesy  Tart  des  Ters  allait  s*aflaiblissant  Cresset,  Des- 
tonches,  PIron,  dans  des  comMles  od  la  nature  est  oo- 
bli^e,  oil  les  caract&res  sont  des  abstractions  personnifite, 
souf  enaient  pourtant  la  poMe  de  U  comMie,  et  y  montraient 
tootes  les  beauts  donnte  au  talent;  mals  ce  n*<&tait  plus 
assez  d^etre  de  I'^cole  des  bonnes  pitees  de  Re  g  nar d ,  dans 
un  pays  qui  aTait  conmi  Moli^.  La  langue  de  la  trag^die 
pdrissait  sans  ressource  dans  les  mains  de  Cr^llon,  de 
Guymond  de  La  Touche,  de  Lagrange  Chancel,  de  Du  Belloy , 
de  Lefranc  dePompignan,  ieqoel  ne  relcTait  pas  Tode 
par  quelqnes  belles  strophes  snr  La  mort  da  seol  lyrique 
dn  dix-septiime  sIMe.  La  PiirMe  de  Thomas,  les  fli- 
deorsdeDorat.qoelqoesbeaax  Ters  dupauTre  Gilbert, 
les  pftles  et  correetes  rimes  de  MalfiUtre,  et  plus  tard 
la  sauTage  et  inculte  toergie  de  Duels,  ne  ranimferent  pas 
la  mnse  fran^aise,  k  laquelle  Delille  faiocula  Tainement 
rharmoniet  les  graces,  la  sensibility,  llnimitable  perfection 
des  G4or9iques  de  Virgile,  qu'il  se  hftU  d^ailleors  de  dte- 
Toner  par  la  feible  et  liche  paraphrase  de  VJinekte.  De- 
lille, Gilbert,  Duds,  Marie  Chanter,  qui  a  fait  dans  Tibh^ 
nne  belle  imitation  de  Tadte;  Andr6  Chteier,  tout  parfura^ 
du  mid  de  mymetie,  Jenne  poete  auquel  on  a  fait  le  tort 
de  le  mal  admirer;  Boucher,  son  ami,  formaient,  aTce  des 
penste  et  des  mani^res  dlTcrses,  une  sorte  d*^cole  de  ruc- 
tion centre  la  po^ie  d^to^rte  du  diY*huUi6ine  sitele;Mls 
rdTMrent  la  poMe  du  dixHsepUime  sitele,  mals  lis  ne  pu- 
rent  s^^oTor  jusqu'ik  die. 

Notre  dtele  a  tu  de  bdles  faculty  po^qoes,  de  grandes 
imaginations,  de  merTdlleux  talents  d'expression;  plus  de 
poMes  que  de  poemes  sopdrieurs ,  plus  de  talents  que  d'csu- 
Tres.  Nous  aTons  lu  depnls  Tingt  ans  un  nombre  Immense 
de  beaux  Ters;  mais  sTons-nous  lu  un  bel  ouTrageP  Sli  est 
Trd  que  les  imperfections  brillantes  de  la  poMe  da  dlx-neu- 
Titaie  dtele,  ses  bardiesses  benreuses,  ses  grandes  beauts 
descriptlTcs,  I'abondanee  infinie  de  ses  nuances,  et  enfio 
qodques  morceaux  sup^rieurs  dans  Pode,  dans  la  chanson 
lyrique,  dans  I'd^e,  qui  a  ^iiang6  son  Tieux  nom  centre 
edoi  de  midittUion,  sont  on  r6Tdl  et  mtee  on  progrte,  eo 
dgard  k  la  pAIe  et  prosilque  Terdfication  dn  dix-hoititoie 
iitele,  peni-on  dire  que,  eompar6e  anx  monuments  dn  dix- 
•epti^me  dtele,  oette  po^sie  ne  solt  pas  on  art  d^nMT 
U  n'y  a  pas  de  sympt6me  plus  ioTariable,  h^las!  et  motns 
trompeor  de  la  decadence  que  le  nombre  infini  des  beaux 
Ters.  liCS  ponies  p^rlssent  par  les  beaux  Ters.  11  y  en  a 
molns  dans  Virgile  qne  dans  Lncain  et  Stace  rtenis.  Les  de- 
cadences sont  chargto  de  beautte  de  d^tdl.  C*est  un  Mifice 
Mxardd  et  tombaot  en  mines  qui  Tolle  ses  rides  sous  des 
gnbrlandes  de  flems. 

Lldstoire  de  la  podsie  au  dix-huiti^me  dkle,  c*est 
Itiistoire  dhine  longue  dtodence  suspendne  plutot  que  ter- 
Bfaitepar  une  r^anrrectioB  iocomplMe.  Lliistoire  de  la 
proae,  au  eontraire,  c'est  lliifloiie  d'une  nouTdle  et  glo- 


FRANCE 

rieuse  application'  des  thteles  de  langage  dn  Ax-ieplitaia 
dMe.  Les  fdte  ont  diangft.  Tart  8*est  soutenn.  By  eat ,  i 
proprement  parler,  deox  litttetures  en  prose  an  dlx-W- 
titee  siMe,  Tune  milltante,  poltelque,  passioooee;  Faotit 
reposte,  cdme,  sp^colatiTe,  d^sint^ress^e.  Dans  la  preod^ 
Tart  dot  se  rMuire  souTent  au  choix,  pour  aind  dhne  ipon- 
tan^  des  moyens  de  communication  et  de  propagatkm  les 
plus  actifs  entre  TtoriTdn  et  le  lectenr;  duis  In  aeeonde, 
I'art  conserTa  toute  la  grandeur  qn*il  aTait  eoe  an  dix-aep- 
titaie  sitele,  et  oontinna  d*dtre  la  th^orie  des  proc€d^  de 
composition  et  de  style  les  plus  propres  k  donner  one 
expression  durable  i^des  T^rit^  de  tous  les  temps.  Qoalie 
grands  noma  repr^sentent  oette  double  lltt6raiarey  booh 
^galement  quoique  dlTcrsement  immortels  :  Voltaire  et 
Rousseau  la  prose  pol^mique ,  Montesquieu  et  Bnflbn  la 
prose  spteuIatiTe. 

Voltdre,  c'est  le  dix-huititoe  si^le,  fianc,  sincife, 
ardent,  d^bord^;  R ou ss  c  ui,  c'cst  un  imttienae  orgodl  Ui- 
Tiduel  oorobattant  le  d^e  avec  les  propres  idto  da  stede. 
Toutes  les  passions  de  P^poque,  toutes  ses  id^es,  tootes 
ses  hdnes,  toutes  ses  esp^nces,  le  bien ,  le  md,  le  liien  plus 
grand  qne  le  md ,  tout  oela  eut  un  incomparable  organs 
dans  Voltaire.  Sa  prose  est  une  ^pte ;  eUe  brille,  die  siflle, 
die  pousse  en  avant,  die  tne.  Dans  Voltaire ,  toutes  les 
Id^  sont  des  impressions  re^es  de  son  ^poque  qui  torn- 
bent  dans  une  imagination  TiTO,  qui  s*y  fiscondenty  s*y  d^ 
Tdoppent,  s'y  agrandissent  et  en  sortent  sous  les  fbnnei 
les  plus  Taii«tes  et  les  plus  piquantes,  teldrdes,  populari- 
s6es,  en  sorte  que  oe  grand  bonmie  paralt  toojours  donner 
ce  qu*ii  ne  fiiit  que  rendre.  Son  dtele  et  sa  natkHiy  qd 
pardssent  men^  par  lui,  le  mtoent  en  r^t6,  et  il  ne  eooh 
mande  qu'lt  la    condition    de  suiTre.  J.-J.    Roosseao 
pardt  number  contre  cette  force  qui  entralne  VdKdie; 
mds  il  ne  r6siste  au  dtele  qu'en  exag^rant  tootes  aes  pas- 
dons  r^formatrices.  Rousseau  TCut  imposer  ses  opfauons  I 
ses  contempordns ;  mais  ces  opinions  ne  sont  que  U  chaigi 
des  leors.  Le  dix-buititoie  dtele  fkisdt  la  goerre  mux  ins- 
titutions  socides ;  Rousseau  n*en  Tout  nulle  port.  Le  dh- 
huiUtoe  sitele  aTait  imaging  une  religion  socinle,  noble, 
ftomde  en  cons^uences  infinles,  la  rdigion  de  llmniadl^; 
Rousseau  dme  rhumanit^  jnsqu*^  hair  l*honmiey  quH  aocuK 
de  TaToir  perTortie,  etceque  son  dtele  Teot  amdlorer,  0 
le  Tout  approcher  de  Dieu.  Le  dix-hulti^me  allele  deman- 
dait  la  partidpation  des  dasses  teldrte  au  goaTemeoMd 
de  la  nation ;  J.-J.  Rousseau  demande  le  sufTrage  nniTcrsel. 
Le  dix-buitieme  sitele  d^clarait  la  guerre  k  U  rdigion  ca- 
thdique,  mais  par  des  dludons,  sous  des  noma  ^trangen 
comme  avdt  fait  Montesquieu  dans  ies  Letires  peruma^ 
et  Voltdre  lui-mtoie,  dans  le  Poime  dela  loi  naturelU; 
J.-J.  Rousseau  se  prend  corps  k  corps  aTec  die,  et  aooi  da 
formes  respectoeuses,  sans  rdlleries,  sans  aUudoos.i 
nomme  les  gens  qn'il  attaque ,  et  proclame  dans  la  /4tK 
fusion  defoi  du  vicairt  savofford  l*uUlit6  morale  de  Is 
croyance  en  Dieu,  d  rinutilit^  de  la  r^Tdation.  Tootes  les 
qumlles  de  Rousseau  aTec  son  sitele  sont  d'telntants  boai- 
mages  rendns  aux  choses  rotates  qu'il  combat  II  est  dioqd 
de  la  puissance  des  dcriTsins,  et  il  I'attaque  aTec  Tart  d« 
grands  toiTdns,  fortifiaot  par  ses  propres  exemples  ee 
qull  Tent  d^truire  par  ses  idte».  11  prend  une  passion  de  laa 
epoque  pour  en  combnttre  une  autre  *  et  Toilli  poorqudfl 
est  si  populaire,  tout  en  faisant  la  guerre  li  tout  oe  qd  a  db 
la  popularity. 

Sous  le  rapport  de  Tart,  les  ouTrages  de  Voltaire  d  de 
J.-J.  Rousseau  ont  eu  et  dcTaient  aToir  la  destlnte  de  tod 
les  UTres  ou  la  part  de  la  pol^mique,  c'est-i  dire  des  idtei 
contingentes,  est  plus  forte  que  la  part  des  T^rit^  duraUoL 
La  poltaiique,  poor  le  dire  k  {'occasion,  a  enacTdl  de  na- 
gnifiqiies  monuments  de  langage.  Une  partiede  Port-Royd, 
les  plus  beaux  liTres  de  Bossoet  peut-^re,  eenx  o6  FMoa 
uieie  k  son  inalterable  douceur ,  k  Pharmonie  antlqve  da  mb 
style ,  la  Tigneur  d  le  laconisme  de  son  iUn^re  rifd, 
ontpi&n  par  lesiiget,  car  j'appdie  p^rpoorun  Ihrre,  it 


I 


FRANCE 

Tfftirer  des  mains  de  tout  le  monde  pour  ne  rester  qne 
duis  celles  des  ^radits;  c^est  de  la  langue  sans  emploi, 
qui  attend  de  nouTelles  id^es;  c^est  un  magniftqne  garde- 
roeubles  de  langage  poar  d'autres  applications  que  reserve 
Tafenir.  Au  dix  •  liuititoie  siMe,  la  destine  des  livret 
de  poldmique  est  la  mtoie.  Une  partie  de  VoltMre,  dont 
I'oeuvre  eroplit  une  biblioth^uey  one  partie  de  Rousseau , 
presque  tout  Diderot  et  VSnqfclopidie,  ne  sont  plus 
qu'utt  vaste  materiel  de  formes  refroidies  et  ^teintes,  d*ou 
la  Tie  s'est  retire,  le  jour  ob  les  id^  qui  faisaient  cette 
Tie  ont  p^ri,  soit  par  leur  propre  yictolre,  soit  par  leur 
(auaset^  dissiinulee  d*abord  sous  leur  Mat  passager.  Outre 
ces  parties  entierement  mortes  dans  Voltaire  et  Rousseau, 
beaucoup  de  choses  m^me  qui  n'ont  pas  cess^  d'etre  vraies 
ent  Tieilli  par  certains  cdt^,  et  par  ce  melange  de  la  passion 
pol^mique  personnelle,  qui  se  fait  une  petite  place  dans  les 
pages  mdme  les  plus  d^int^resste  et  en  apparence  les 
plus  coDtempIati?es.  Ce  sont  comme  des  taches  cadaT^- 
renses  sur  nn  beau  visage.  Mais  ce  qui  a  surrtoi  et  ce  qui 
TiTra  aussi  longtemps  que  la  langue  fran^ise ,  ce  sont, 
dans  la  pol^mique  m^me,  certaines  y^ritds  d^exp^rience  et 
d^acquisition  longue  et  insensible,  qui  ne  ponraient  s'^tablir 
^ans  les  esprits  et  passer  dans  Tapplication  qu'apris  une 
certaine  lutte;  ces  idies  de  tolerance,  de  Justice,  d*^- 
nt^,  de  dignity  bnmaine,  derni^res  consequences  de  la  re- 
ligion chr^tienne  amends  et  prteipit^es  par  ceux  m6me 
qui  la  niaieut;  ce  sont,  dans  la  science,  les  thtories  de 
B[ewton,les  grandes  sp^ulations  de  Leibnitz;  dans  la  juris- 
prudence, les  r^formes  de  Beccaria;  toutes  choses  qui,  tra- 
doites  et  propag^es  par  la  plume  de  Voltaire  ou  de  Rous- 
seau, de  propres  h  un  pays  particuller  et  k  un  homme , 
deTenaient  europ^ennes  et  formaient  peu  k  pen  Tesprit  du 
monde  moderne.  Ce  sont  surtout,  dans  Rousseau  plus  que 
dans  Voltaire,  et  plus  sp6cialement  dans  le  premier,  plus 
Indirectement  dans  le  second,  ,cette  partie  de  v^rit^  6ter- 
nelles  ou  de  sp^lations  sup^rieures  sur  Dieu  et  sur 
rhomroe,  sur  les  caract^res,  sur  les  passions,  sur  tout  ce 
qui  est  de  tons  les  temps  et  n*est  pas  plus  particulier  ao 
monde  moderne  qu^au  monde  anden,  mais  commun  k 
tons  deux ;  ce  sont  ces  notions  sur  la  nature  constante  de 
lliomme,  laquelle  dans  cette  Constance  mtoie  oRre  tant  de 
▼ari^t^s  et  de  nuances ,  et  n*a  pas  encore  M  ^puiste  par 
tant  de  litt^ratures  et  de  grands  hommes.  VoiU  ce  qui  Tit, 
et  d'one  Tie  immortelle ,  dans  Voltaire  et  dans  Rousseau ; 
ToiU  d*oii  leur  est  Tenu,  outre  la  source  myst^rieuse  du 
g^nie,  ce  style  tr^s-diffirent  de  celui  du  diz-septitoie  si6cle, 
mais  qui  n*a  pas  d^g^n^r^  de  ses  belles  ti  editions,  cette  ri- 
cbesse  qui  n'a  pas  encore  pass^  de  la  penste  dans  les  mots, 
et  cette  viTacit^,  cette  liberty,  cette  oourte  allure,  inconnues 
au  dix-«epti^me  si^cle,  fruits  naturels  d*un  changement 
qui  avait  fait  de  recrivain  un  homme  de  pol^mique  et  de 
la  plume  un  glaive. 

Mais  comme  si ,  dans  les  langues  arriTto  k  leur  point  de 
perfection,  les  acquisitions  nouTelles  ne  se  pouvaient  faire 
qu^au  prix  de  quelques  pertes,  la  langue  de  ces  grands 
hommes,  en  devenant  un  instrument  d^action  immediate 
sur  les  esprits ,  en  se  d^ageant ,  en  s'accourcissant  pour 
6tre  plus  propre  k  la  lutte,  ne  perdait-elle  pas  un  peu  de 
r«tte  ampleur,  de  cette  migest^,  de  ces  couleurs  profond^ 
ment  empreiates  comme  celles  des  vieux  tableaux ,  que 
Pascal,  Bossuet,  F^nelon ,  La  Bniyire,  Saint-Simon,  \k oil 
Saint- Simon  est  assez  correct  pout  Mre  litt^raire,  avaient 
denudes  k  leur  style?  La  facility,  la  puretd,  le  mouvement, 
rinconiparable  dl^nce  de  Voltaire,  nous  d^ommagent- 
elles  toujours  de  la  p&leur  des  expressions ,  lesquelles  sont 
toujours  justes,  mais  non  pas  toujours  les  plus  fortes?  Rous- 
■eau,  outre  toutes  les  exag^ations  de  la  poldmique,  quoique 
plus  colore  et  plus  pdriodique  que  Voltaire ,  n'cst-il  pas  ^ 
et  \k  reclierchd  et  d^clamatoire?  N'est-on  pas  fattgu^  dans 
I'un  et  dans  Tautre  de  Fexc^  mSme  de  cette  quality  en 
quo!  consiste  surtout  la  transformation  du  style  du  dlx- 
septl^me  si^le,  c'est-&-dire  de  cette  vivacity,  de  cette  hrii- 
Mcr.  M  La  ooirmi.  —  t.  n. 


7;ii 

vetd  de  la  phrase ,  si  mordantes  par  moment ,  si  fatigantes 
k  la  longue,  quand  elles  forment  comme  le  corps  du  dis- 
cours,  et  qu'elles  donnent  au  style  je  ne  sais  quelle  petu- 
lance peu  favorable  au  recueillement  qui  doit  €tre  r^tat  or- 
dinaire du  lecteur. 

Je  cherclierais  done  volontlers  les  plus  grands  cxemples 
du  style  du  dlx>septi^me  si^le,  ceux  od  la  nouveautd  et  la 
tradition  se  mfilent,  se  temp6rent  et  se  fondent  le  plus  com- 
pldtement,  dans  deux  toivains  qui  nous  ont  peut-(^tre  moins 
remute,  mohds  transports,  moins  amusS  que  Voltaire  et 
Rousseau,  mats  qui  nous  paraissent,  sauf  les  dtfauts  pro- 
pres^ tons  les  ouvrages  de  Thomme,  avoir  eu  plus  que  ces 
deux  toivains  le  secret  de  lagrande  langue  fran^aise.  Nous 
Tonlons  parler  de  Montesquieu  et  de  BufTon,  les  deux  hom- 
mes qui  ont  le  plus  pensd  et  le  plus  dcrit  au  dix-huiti^me 
sidde  pour  augmenter  la  somme  des  T^ritS  gdndrales ,  n6- 
cessaires  et  dtemelles.  En  dehors  du  mouTement  et  des 
passions  de  la  littdrature  militante,  ces  deux  grands  repr6- 
sentants  de  Tart  ddsintdressd  seinblent  terire ,  comme  au 
dlx-septitoie  sitele ,  pour  fonder  dans  leur  pays  dlmpdris- 
sables  monuments  de  beau  langage.  Tons  deux  sont  pre- 
pare k  ce  T6\e  par  tontes  les  convenances  naturelles  et  so- 
ciales  qui  favorisent  et  soutiennent  le  g^ie  dans  cette 
direction  privil^'te ,  par  une  imaghiation  vive  et  sage,  par 
une  raison  tievte  et  libre,  par  une  position  ind^pendante 
et  sagement  m^agte  qui  leur  permet  de  compter  avec  le 
temps,  de  laisser  venir  Texp^rience  et  d'attendre  la  re- 
nomm^. 

President  k  mortier  au  pailement  de  Bordeaux,  et  quel- 
qne  temps  aprte  acadtoicien  de  la  m6me  Tille,  Montes- 
quieu partage  son  temps  entre  les  deToirs  de  sa  charge , 
ses  traTaux  de  cabinet  et  la  socidtd  des  beaux  esprits  de  sa 
province,  ne  se  pressant  k  rien,  s^occupant  un  pen  detout, 
de  droit,  de  litt^rature,  de  sciences  etd^art,  laissant  sa 
belle  intelligence  s'agrandir  et  se  ddvclopper  sans  eRbrt  dans 
la  douce  activit4S  de  la  vie  provindale.  En  1721  il  fait  pa- 
ralhre  les  Lettres  persanes  et  Le  Temple  de  Gnide,  est 
re^  en  1728  membre  de  TAcaddmie  Fran^aise;  et  comme 
s'il  eOt  attendn  pour  se  faire  homme  de  leltres  que  le  pu- 
blic lui-m6me  Yj  etit  poussd  par  ses  suffrages,  II  se  decide 
k  vendre  sa  charge  de  prudent  k  mortier  et  ii  se  donner 
rind^pendance  enti^re,  ayant  ddjk  la  richesseet  la  renom- 
m6e.  Maltre  de  son  temps  et  de  sa  personne,  plein  de  son 
grand  projet  deVSsprit  des  Lois ,  llbre  de  tout  engagement 
de  parti  et  de  coterie,  Montesquieu  quitte  la  France  en 
1729,  passe  quatre  ann^,  les  plus  belles  et  les  plus  profi- 
tablesde  sa  Tie,  i^  voyager,  visite  les  principaux  ^tats  de 
TEurope ,  en  dtudie  le<  constitutions  aTec  la  curiosity  et 
rimpartidltd  des  l^slateurs  anciens,  et  reTient,  Tesprit 
rempli  de  fails ,  d'obsenrations  positiTes  et  de  T^ritS  d'ex- 
p^ence,  mMiter  dans  sa  terre  de  La  BrMe ,  sur  le  grand 
spectacle  des  soci^t^s  humaines,  imparfaites  et  Ticieuses 
comme  les  IndiTidus  dont  elles  se  composent,  mais  assure 
de  vivre  et  de  subsister  par  la  force  des  rapports  qui  les 
nnissent  et  les  soutiennent.  En  1734  11  donne  le  petit  livre 
De  la  Grandeur  et  la  decadence;  enfin,  encourage  par  ses 
amis,  il  ramasse  ses  forces ,  comme  dit  D'Alembert,  et 
donne  V Esprit  des  Lois. 

Le  style  du  V Esprit  des  Lois  r^pondait  k  la  grandeur  et  k 
rimpartialitd  des  iddes.  Outre  les  quality  supdrieures  qui 
lui  sont  communes  avec  celui  des  grands  mattres  du  dix* 
septi^me  siMe ,  ce  style  a  un  caract^re  propre  A  I'bomme, 
et  peut-^tre  aux  esprits  excellents  qui  sont  du  pays  de 
Montesquieu  et  de  MonUigne  :  c*est  quMl  est  marqo6  par- 
tout  de  deux  quality  qui  semblent  sVxclnre,  d*une  unagi- 
nation  brillante,  vive,  politique,  amoureuse  de  Temphase 
etde  Tappareil  oratoire ,  d'origino  un  peu  bordelaise,  et 
d'une  raison  d^daigneuse  des  access^ires,  sdv^re,  parfois 
stelie ,  plus  occupee  (rinstruire  que  de  plaire.  La  mfirae 
Imagination  qui  a  peint  les  gracieux  tableaux  du  Temple 
de  Gnide  a  r^pandu  de  ses  couleurs  sur  le  .<ty1e  froid  et 
rassis  de  V Esprit  de$  Lois :  elles  y  sont  moins  apparentes, 

91 


'1 


1^9 


FRANCE 


.«; 


1^  CAUM  d^  la  solidity  du  (ond ,  qui  nous  rend  moinft  cqrieux 

dei  beautite  de  la  Tonne;  mais  pour  pea  qu'oo  teuille  8*ar- 
fMar  k  I'expresaion,  on  est  frapp6  de  toat  ce  qu^il  y  a  d^au- 
tee  et  d'inYenUon  ptx>prement  dite  dans  ce  style  ptein  et 
^ierr^,  ou  les  fi^ts  ▼leonent  se  rMoire  en  autant  d*id^ 
jlqonralenteB,  en  autant  de  g^^ralit^s  et  d'abstractions  co- 
fiM^.  Entre  ces  deux  qualit^sti  sup^rieures,  et  qui  cher- 
'  client  dTordinaire  ^  eippi^ter  I'iine  su^r  rauire ,  la  gloire  de 
Montesquieu  est  de  tenir.d*ane  main  toigqiirs  ferine  V^iii- 
Hbre.  Au  i«8te»  mtoie  dans  lescboaee  de  pure  imagihationj 
sous  ces  fleurs  4e  po^e  et  de  grftce  antiquea  qui  dn  r^u- 
tireotPart  fort  el  fi^cifej  11  y.a  une  raisoi^  €on8omin,de  eft; 
ibmme  nn.  certain  ellort -soufenu  de  cette  raison  ppur  ein-, 
p6clier  ri[Qagio4tioD  de  d^border.'De  Ui.peut^tre  quelque, 
chose  de.rbide  et  de  tendu  dans  la  manlire de  Mont^quieu^, 
cooiiiie  sll  ifi,  fatiguait  pour  r^uire^oa  imagination  au  na- 
Ibrel  et  k  la  yrai^  grandeur.  Montesquieu ,  bon^ipe  du  pays 
4e  Montaigne,  est  peot-^tre  r^cri^ain.qui  a  ^  le  pins  et  le 
plus  longtemps  tourmentd  par  son  imagination^  bien  qu'il 
tilt  apais^  d^la  jeiinesse^  par  la  o^ikb'tlbtiQn  et  )es  fiUfied] 
profondes,  cette  premi^ro^ibimme  qiU  d^Tore  le  g^nie  im* 
patiept.  Mais  m6me.  dan9  rtge'mftr  it  nVait  pas  tene- 
ment soumis  au  goOt  V.oiuse  l^rd(|Iaise  qu^H  njp)  lui^rteistftt 
qoelqaefols  epcdre,  aimant  mieux  se  i^idir  que  se  reUcber. 
C^est  almi  qu^il  put  s*e(rrtter  k  oette  l)el|e'et  m&Ie  dloq^ience 
dfe  Hmag^a^on  el  de  la  raison,  sceur  de.cell^  de  Bc^ssnet,  mais 
diins  un  ordre  dMd^  plus  d^ntJSre'ss^  et  plus  s'p^iales,' 
€taT/9<;,pn0.,pby8ionpmie  tr^distincte^  quoique  titliissant 
to  mime  famille. 

Baflfon ,  aTce  une  imagination  aussi  ricbement  don^  qai 
^e  de  Mont^uieu ,  et  pins  libre  dans  ses  cr^tions,  dont 
I'bi^isable  niaU^  lui  est  fournie  par  Pleu  lui-m^e  et 
par  la  nature,  avec'  une.raSson  aussi  ^evte,  et  peut-^tre 
plus  siire  encore ,  que  le  sitele  n^  pas  m6me  toiicbte  de 
son  son^e  et  dilounide  un  seul  bistant  de  la  contem- 
plMoHf  airec  un  goAtplein  de  force  et  de  fnxe,  de  puret^ 
et  d'abandouy  qui  est  celai^l^  m6me  que  ta  nature  a  mis 
dans  ses  6\iT;-age8,  BuflTon ,  tel  que  les  traditions  de  Mont-* 
bard  nous  le  repr^ntent,,  retire  dans  sa  beUe  terre ,  s^em- 
fermant  dans  un  petit  payillon  de  son  chftteau  que  le  soleil 
tnondait  de  lumi^re,  et  se  parantaYec  rechercbe  pour^rire 
les  pages  les  plus  tioquentes^.lespius  claires  et  les  plus  re- 
poste  de  la  langue  fran^ise ,  BuGTon  nous  fait  I'effet  d'nn 
saint  pr6tre  de  Tart  qui  en  conserve  et  en  continue  les  tra- 
ditions immortelles ,  qui  veille  an  d6pdt  des  fonnes  imp4- 
rissables  du  langage ,  qui  sauve  de  I'liomme  ce  qui  survit 
a  rbomme,  a  sa  science  imparfaitq  on  paradoxale,  k  ses 
tbteries  contestables ,  It  ses  opinions  dternellement  sojettes 
a  r^Tisioi^  VsaVoirle^/^^e. 

.  Le  styXe^  dans  la  plus  large  acception  du  mot ,  c*es(-)t- 
dire  atec  toutes  les  conditions  qui  en  font  un  corps  et  un 
ciosemble  durable  et  indestructible ,  le  style,  considdr^  par- 
dcssiis  tout  cotnroe  instrument  de  communication  entre 
r^fsln  et  la  postirit^,  le  style  k  son  plus  liaut  degr^  de 
Ibrce,  de  Justesse,  de  Magnificence  et  de  1umiiife»  oq  fut  \k 
le  principal  objet  des  ^des  et  des  m^itations  de  Buffqn 
et  comme  la  religion  de  sa  Tieentl^.  U  fit  porter  tout  Tef- 
lori  deton  g6n|e  sor  cette  partie  de  Part,  qu'il  proclamait, 
dans  wm.lHsewrs  de  reception  d  FAcad^ie,  la  seule  im- 
m(/rtelie ;  ^  cpmme  s'U  efit  €i6  continuellemeiit  soutenu 
par,  cette  sorte  de  preoccupation  de  sa  propre  immortality ^ 
il  tn^alMutdoiana  Jamais  une  penste  aTant  d'avoir  trouv^  ponr 
la  rendre  Texpcession  la  plus  juste  et  la  plus  noble ,  le  tour 
le  pTua daturel  et  le  fAus  clair»  la  forme,. ainsi  quMl  disalt. 
des  (cnTres  de  Dieu,  la  plus  prononc^e.  Butfon  est  parmi 
toft  prosatears  fran^ais  le  dernier  de  ces  grands  ouvrfers 
de  style  qui  firent  to  langue  Jitt^raire'  du  dix-septiime 
aitele^  et  qui  en  lul  imprimant  to  carac(6re  particuller  de 
lear  propre  gtole  fixirent  tn  mtoie  temps^  pour  Tenseigne- 
ment  des  teriyaina  k  Tem'r,  ses  caract^iw  g^^raux,  ses  tois 
#t  ses  convetianoes. 

le  Ditooun  sur  i$  ilyto^  Prommcd  eo  t7S3,  et  qui  a 


serti  deputo  dMntrodoetion  anx  (voTres  de  Bollbii,  W^ 
point  un  simple  disoours  d'apparat  et  de  s6anee  acadtoni^; 
c*est  tout  Texpos^  des  principes ,  toute  to  tbterie  de  M 
du  dix-septiime  si^e,  reprise  et  d^yel^p^  dans  in 
gpifique  langage,  par  to  ^Ut^Taln  du  dlx-huitltoiie 
qui  efitle  temps,  la  capacity  et  to  cunsdence  de  to 
eb  pratique.  Rapprdcb^  du  stj^e  et  de  to  mani^  des  teri- 
Taint  en  vogue  du  dix-lmitidme  sl^e,  Te  Disemtn  tur  t$ 
style  a'tont^limportai^ce  sinon  d'un  manifo^te  litidnirB 
pnnremeni  dit ,  au  moins  d'une  critique  sopMeore  dfaigtr 
cpntre  to  rdAcfaeoient^gteeral  de  la  in^hode.  En  etftt,  to 
tongue,  bieo  qu'elte  flfi  mani^  arec  g^to ,  souptom  er 
▼iguenr  par  les  ^Tains  djd  premier  ordie,  ar^  lalcat  at: 
esprit  par  les  toitaina  aecondalrea  ^  s'^ierrait  en  dennait 
uri  Instmment  de  potomiqQe  pceaque  qmitidtomie.  Buftoer 
tii^t,  aTec  sa  grande  imagbiation ,  avec  son  leligtoas  imour 
de  Tait,  avee  sa  m^Cbode  torge  et  eompr^bensiTe ,  readrp 
au  styto  du  corpa  etde  Tamptoor,  anx  idta  de  to  margecl 
de  fespaoe,  k  to  p^riode  dt^  di^feloppement  et  de  l*aisaiiee, 
^grandit  le  champ  de  to  d^nipnatration ,  mnltlpltoi  t  V^Bai 
lea  oomMpalsens  et  lea  aitMeekda'  langsge,  d^peosa  diar 
le  rotaM  injet  tboa  les  tr^n  de  to  tongue,  et  prodnisit  to 
ctort^  dans  Pabondanoeetdans  to  profondeor. 

BuffoQ  s*dtait  toit  de  limportaQee  dp  styto  en  lQi-mlB^» 
do  rexoellence  de  la  forme,  des  diOicalt^  sana  noinbfede 
to  pratique^  de  to  force  et  .de  l!eQcacH4  de  to  m^tbode, 
une  id^  teUe  qu'll  n*y  avfift  qn^ufi  esprit  aussi  pnnsaat  e( 
aussi  ^nattre  de  lui  qut  pet  n^Atre  pas  accabto  par  aa  propre 
tbterto.  Son  iniaglnatlOB.  et  son  sujet  firent  sa  ikrce  eC  le 
sdutim^t  dans  to  tAche  quH  s^^talt  impos6»,  k  aaToir  d'aC- 
telndre  au  plus  faaut  pomt  de  perfection  Id^ato  dans  to  den 
cription  de  la  nature  malArielte,  de  tolre  durer  par  te  style 
et  par  to  beauts  de  to  forme  dea  systtoies  scjeto  k  castatieB 
et  des  tbdories  cSiangeantes  et  .p^88ab(es,  cnffia  de  aabor- 
dbnner  toutes  les  quality  du  style  k  to  plus  grande  de  looter 
efa  France,  la  dart^.       / 

Limaginatton  de  Bufton ,  op^nt  W  le  foada  in^pinsable 
de  to  nature,  sur  des  faito  toujoura  prdeento,  surdesioikges 
tonjonrs  neltes  et  sensibles,  et  n'ayant  h  cberclier  RdM 
qne  dans  Hmitation  exacte  et  passionn^  da  tMA  ,  denttfr 
cr^er  on  style  aesd  ricbe,  apssi  oopleux,  anssI  ynM  qoe 
les  faito,  ausd  colorii  que  lea  Images,  on  style  pn€  de  ee 
resplendissdnt  manteau,  de  gtoire  dont  il  dit.  que  to  Qpia- 
teor  a  revetu  to  siirtoce  de  to,  terre.  y^oge  n'eat  pea  cu- 
g^r^.  It  y  a  dans  Butfon*  fox  endroito  surtoot  96  il  partode' 
la  nature  en  g^nU  et  d^  lliomme,  des  pages  Rentes  dte 
too  si  majestueox,  avec  noe  rabon  si  ^lerte,  ai  feme,  et 
pourtont  si  bienyeiltonte  ponr  Vhomme,  ayec  tm  ai  peo^ 
peux  appareil  de  teiites,  les  forc^  do  disooors,  atec  tut 
dHnspiration  et  de  mesiire,  qu'elles  noos  donnent  Ildte 
d'un  rayon  direct,  d*on  abr^  de  to  sagesse  ditine,  b- 
queUe  a  rtfpandn  k  proftision  aor  des  plans  infinto,  et.dav 
des  proportions  que  to.pensde  ne  peat  embrasser,  eelle 
magnificence  et  cet  ordre  qoe  oous  adimlroaB  dens  lliislofiea 
desesceuYres.. 

BotTon,  par  to  style  qo*il  a  pratlqn^ ,  Van  pent  dire  dans 
son  onlversalite,  et  doot  fl  a  ^  to  tbdoricton  to  pies  ba- 
bile  et  le  plus  profond,  reprtoite  done  ^o  dix-bidliime 
sitele  Vart  dans  ses  rdsoIUU  les  plos  fler^  et  dus  ses 
procM^  les  plus  partoito.  BofToa  eat,  poor  paitor  aa  lia- 
gue,  Viufmmedu  style  au  dix-bultltaw  atocto,  si  to  style 
est  I'art  d'exprimer  de  grandee  penste  dans  on  langage  ocv 
ginal  et  tradlUonnd,  propre  k  I'^criyafai  et  Ad^  ad  gteie  de 
to  tongue  nationale ;  si  c*est  rapplication  k  Ja  Ibto  to  ptos 
naive  et  la  plus  savante  des  qnalitds  de  cette  langoe,  qua- 
Kf^  devant  lesquelles  I'toivain  abalsse  ce  qu'on  a  appd^ 
de  noe  Jours  sa  spontanUti ,  qoalft^  qol  demeoreil  ^ 
durent  aprte  hii  et  avec  lui ,  qitond  Q  les  a  m£toes  k  sa  pre- 
pre  aobstence,  qui  demeurent  et/lorent  aprte  lui  et 
lul,  quand  il  a  mieux  aim^sonjiteie  que  iegioto  da 
langue  matemetle. 

Lliistoire  de  to  litt^ture  fran^ise  n>st  pan 


FRANCE 

meDt  PUiluire  de  tenses  lee  Jdte  qui  ont  HA  exprim^es  et 
r6paodue8  en  France  par  tons  lee  toivaine  :  ce  doit  6tre 
.rhistoirede.oeqniasnrTtoi  plat6t  qoe de ee  qui  a  pM. 
Parmi  tootes  les  idees  qni  ont  d(6  remu6es  depuis  trois  el^ 
files ,  on  nombre  immeilse ,  aprte  aToir  bouiUonn^  h  la  sur- 
foce  de  la  soei^,  est  rentr^  dans  Toabli;  mie  portion  sen- 
lament  a  conserv^  de  la  Tle»  et,  par  une  barmonie  qui  se 
.remarqoe  invariablenient  h  tontes  les  grandes  ^KMioes  de 
l*hietobre  de  Pesprit,  ces  Idta,  durables  par  elles-mtoies , 
ont  eomme  leneontr^  naturellanent  les  formes  de  langage 
Jes  pisis  parfaites,  et  lenr  ont  eommnniqu4  la  Tie  et  la  dnrfo 
qu^elles  avaient  en  dies.  Au  contraire ,  ii  semble  que  les 
idte  qui  devaient  pMr  aient  M  habill6es  k  la  hMe  de  for- 
mes firagUes  comma  eiles;  et  qui  sont  mortes  le  m^me  jour. 
.Oda  est  Trai  d'on  trte-grand  tiombre  d'teri veins  et  d*toits 
do  dlx-buiti^me  si^e ;  cela  est  Trai  de  tons  oes  hommes  de 
poltoique  et  de  cnmbat,  ootriers  seoondafares  dans  le  graqd 
et  fifeond  travail  de  destruction  aoquel  prMda  Voltaira, 
^rivains  qnin^avaient  pas  rego  du  del  eette  portioa  sop^ 
rieure  du  gdnie  par  laquelte  dn  mAle  h  des  cboaea  de  pol^ 
mique  pasyugto  des  T^ritte  j^Usmelles ,  et  am  formes  plus 
jou  moins  (totices  que  reytitent  les  premi^  les  formes  im- 
.mortelles  qui  fisent  h  JaioMis  les  secondes,  hommes  im- 
nents  totttofols,.mais  qni  ont  p^  corps  et  bientf  le  Joor 
od  les  mille  id6es  de  d^ls  quMlsavaient  Jette  p«le-mtie 
<ians  la  bataille*  sans  cboix  et  sans  art » se  sent  transfor- 
ms en  Ids  gto6ra]es»  en  lois»  en  ^vteements ,  qui  mft 
illnstr^  dFantres  bemmes,  giorie^x  moissonnenrs  de  oe  qni 
•avait  i6t4i  sem^  par  tours  deyanciers.  Qtt*est-ce  que  te  travntl 
^e  VEneffClopMie  auprte  du  tmvail  de  la  Constlluante»  et 
qu^est-ce  que  Diderot  ou  lyAlemlieit  anprte  de  BOrabeau? 

Oe  tt'dtaieni  oependant  pas  des  bonune^  mMiocres  que 
D'AlembeHy  DJderot^.Hably,  Condillac,  Bln^a- 
pertnis  et  d'autres,  qfA  ne.sent  pins  Ins  aojonrd'bnl  qu'l 
litre  de  docnments,  oasetdeaa^^t  ponr  la  partie  seerite  tfi 
fcandaleiMe  de  l^rs  mteioiree.  Tontelbis,  le  nonnde  lenr 
puvra^e  coMeetif  est  rest^  grand ;  mais  on  Fadmire  conn^e 
nn  fait;  non oomniB  nnline.; «ii  rapprtScfe  p<^tiqueinent, 
^n  .point  littSirement :  sa  place  est  daq^  Thistoire  do  la 
soci^  franosjise  plntOt  que  dans  rhistofare  de  la  im^ratnra^ 
(Test  qne  tonty  a  M  exagM  popr  les  besoins  du  moment ; 
Ceftt  qne  tontes  les  opinions,  tontes  les  y^rit^  dte  lopg- 
lerops  acquises  au  isjmre  bun^in,  tootes  les  idS^prouTdes 
et  tontes. les  Id^  k  ipfonTer,  le  certain  et  rmcertaiPi  oe 
qui  sera  toigonrs  contestable  et  oe  qui  dte  ce  temps-1^ 
aTsit  eess^  do  Ti^tre;  touts,  c^ose,  enfin,  soit  de  rbonime 
pris  isolSoni,  soit  de  rbomme  prls  en  soc)^,  7  P  ^< 
marqn^  de  cat  esprit  particulier  de  destruction',  grand  et 
n^oessaire ,  comma  le.  seal,  iiv|rument  du  prindpe  &  renoi^ 
Tenement,,  pais  donf  le  propije  est  do  niiner  le  langfqge 
dont  ilts'oldo^'^  Ulutte.  Ci^.alnsf  qnela  mdtaphjsique, 
ponr  4Titer'toat  copied;  avee  la  religion^  se  it^uisit  >  hi 
sensatiop.^iC'est  ain^  qoc^io^timent  religieui,  pour'nO 
pbl^t  iiessembler  au,calte]epnstltud  d!  dogmatique^  ifeonla 
jusqn'jui  d^mo  des  pajten^  qui.ataient  com^  de  crdtre  an 
paganism^ ;;e'est  alnd  quo  le  langageVponr  8*approprier  I 
I*homme  ainsi  mat^alisdi  4u^  ^tre  nnie  sorte  d*a!gibBe) 
sans  coulenr  et'  sans  nni^c^,  oti  les  signes  n^^taient  plus 
que  des  Talenrs  matMmatiques;  c^est  ainsi  quo  lapoiye 
iut  ni^ ;  c^est  ainsi  que ,  dans  la  morale,  la  raison  dut  enfrer 
en  oomposition.  aTec,  le  temperament ,  et  que  le  corps  mdil 
I'esprit  oil  il  Tonlnt  d  cpmmo  U  Tonlut  Tootes  les  fddei  de 
VSncffclffp^ie,  semblabl^  i  des  leTiers,  qui  ont  d'autant 
pliis.de;foroe  quMls  ^nt  plus  tongs,  se  placaient,  k  T^ard 
des  ids.  qu'olles  yonlaient  ddtruire,  an  pOle  oppose ,  aCn 
de  ies  sooieyer  de  p|us  loin  et  de  les  d^radnOr  plus  Tite. 
l^ai»  IVt  ne  pooTait'pa^  iHre  d  n'est  jamais  dans  TexjagM 
it  Pextrerae.  «  ' 

n  sembla  qn*li  cdte  ^poqiie  Vaflaiblissement  de  V$si  ail 
M  en  raison  direde  de  Timportance  sociale  des  Slvains: 
Au  dix-septi^rae  siMe  les  terivains  no  sont  rien  en  debOril 
de  lent  art^  si  ce  n^est  peut-^tre  courtisans  asscz  maladroits, 


7»| 


aTec  beauoonp  mOios  de  considStion  que  les  courtisans  da 
noissance.  S1I  est  Trai  qu'ils  dominant  la  soctd^  par  Tesprft, 
cetto  domination ,  k  peine  sensible,  qui  ne  se  maniftsste  p'ar 
aneun  triomplie  ext^rienr ,  que  le  public  m6me  qui  hi.i^bU 
ne  s*aToue  peut-Mre  pas ,  qui  ne  fait  ni  ne  d^fait  rierr.'q^ 
cause  moins  de  dSngement  dans  I'Etat  qne  le  regard  a^DIto 
maltresse  royale ,  cette  domination  ne  les  enlvre  pas'.  Au  dli- 
buitiSe  dtele  la  condition  des  teriTains  a  change :  les  rtSi, 
dont  ils  n'sTaient  qne  le  dernier  regard,  aprte  tou's  les  coof** 
tisans,  apris  les  dues,  les  pairs,  les  grands  of  Gfcters,  )os  dames 
du  tabouret,  lesrds  se  Ibnt  lenrs  ffotteitrs  et  leurs  correspoil- 
dants.  lis  les  appelient  k  leur  oour  pour  fonder  diss  acad^ 
mies;  la  royautd  inatiridle  semble  reconnaftre  la  foyhuWit^ 
Fesprit ;  d  comma  on  Toit  des  princes  puissants  qui  recher- 
chent  la  gloire  des  Ters,  on  Toit  des  terivafns  qui  pirttendent 
k  dlilger  les  princes.  Taime  k  Toir  ces  grands  esprits ,  ti 
bumbles  an  dix-sq>titoie  sidde,  lerer  la  t&|e  an  diK-biiiti^tne, 
d  aToir  da<  rois  poor  courtisans ;  mats  Tintdligence  de  I'd- 
criTain  cdttera^t-dle  assez  fibre,  au  milieu  de  ces  fmndes  do 
gloire,  pour  la  contemplation  des  T^t^  qui  font  dorer  lea 
Ihnres  ?  Outre  la  part  de  troutrfes  int^rieurs ,  de'  souiGrans 
d*espTit  d  de  corps,  de  rois^rbs  inevitables,  qni  agitoit 
rbomme  dans  le  coin  que  lui  a  (ait  une  6odd6  k  dasses  d'A 
compartiments,  TteriTaln  dudix-buiti^me  si6de  est  tiraTailu 
d*une  agitation  incoi\nue ;  il  sent  TSguement  quoTesprit  dA 
dre  le  maltre  dans  les  feits,  comme  il  Test  dans  les  rdS . 
qne  c^est  peut4tre  pour  conjorer  !a  puissance  de  TOSpm^ 
qui  approd^e,  d  dont  Phenre  to  bientOt'  sonneir,  que  les  roil 
recbercbent  fes'^crfrains  et  se  fpnt.^d'itains  eux-m^mei, 
afln  de  prot^er  leur  pouroir  par  leur  etMM]  i!  est  exaspM 
^ar  le  mabise  de  cette  contradidion  que  lui  ofTre  one  soci^ 
oO  la  puissance  mora1e;e8td*nnodt[ft  et  la  ptiis^ce  niat^ 
rielle  de  Tautre.  De  1^  ce  diteordus,  effd  de  Pltresse,  (^A 
barque  la  filupart  des  Ocrits  du  dix-liufti&bio  si^e ;  de  Ik 
cette  incroyable  Ucence  ^  je  dovtais  dirt  Oe  libertin^ge  do^ 
ids,  se  Jooant  d'etfes-m^mes' an  brcdt  des  instittrtioiis 
(|u*eUes  ddmiseot,  niinant.tout ,  m^prisant  tont,,ddutai^ 
de  tout,  sanf  de  leur  puissance ;  de  li iant  do  Hvres  io^nL 
s^ ,  oO  la  liberty  de  tout  dire  est  pouss^Jusfcjn^au  ddjro; 
de  \k  des  onvrages  comma  y£n§foire  philos(^hi^ue  M 
deuxlndes'^  do  l'abb(6  llayliat',  qui  pards^  vers  le  mSe 
temps  qu'on  SopAmalt  d'aise  aux  veir^  deborat  d  .aux  solos 
peintnres  dl^fiques  de  Boucher.         '      ' 

Le  type  le  pl^s  original  de  cette  ivresse  dld^e^ ,  del  b^ 
puissance  d,  si  je  pids  r^snmer  ma  pens^par  tin  iliot,  do 
Oe  ddctassement  dol'SiTaii^,  qbi  fiitsl  tx^e  el;  sf  niteessaira 
an  point  de  Tne  sodal,  mais  d  ftiiie^te^'lVt/c^st  Bean* 
fnaichais.  Beaumarchais,  c'est  Pforivain  b<^  iM  sa  coBr 
dition,  devemibomroo 'd'affaires,  comioeivant^  dijplomatoj 
fonruissenr,  ^tuait  do  .cd  art  oir  se  cpnsumklt  la  Tie  doi 
Slvains  du  dix-deptiSe.  stOde^  tantot  un  ddasseroeot^ 
tanfot  nn  moyen  dans  les  affaires^  et  disant  de  son  tfa^tre  : 
«  Aprfts  letraTail  forc^  des  afOibres,  cbacun  suit  son  attrail 
dans  fes  amusements/l*un  cbasse^I^iitreboiit^  celni-llijouOj 
d  mbi ,  qtd Vai aucon  do  ces  gopts,  je  brbche'iibe  ]^{^  do 
tbditre.  »  Pour  sa  puissahco,  VdfialM  eOt  pn  hrhrienvler, 
n  fit  joner  son  JPi^afo  indgr^  Louis  XVI.  Il,y  aviUHtdoiU 
deux'  rots'.ddit  en  France,  mtaie  ayant  Mb-alitead.''^^* 
marchais  falfia  toute  )a  bonigeoiste  k  sa  qne|«lle'  dontm 
Coeiman ,  on  pintot  con;6o  |b  pariiement  lldeiut>oi,  «t^^doi 
tirinces  dn  sang  so  firent  inscrire  &  sa  porto  qnisnd  ^(^1^ 
c6n(iBmnA.  11  Ait  le  premier  qui  osa  snbstitnor  k  lo^b^ 
par  dludons  gOn^rales,  bd  s'Oldent  renfermOs  le^encyd^ 
pMisies,  par;;  une  prodence  encore  nOoessabre^'ukito  }iatrti 
personneIle,,nne  guerre  ouverte  k  un  corps  puissant  -'    " 

Queile  doquenec,  qudle  verve  dans  ces  fttnenx  iixk^mbtfof 
65  il  Ibit  la  com61ie  do  son  aventore,  oh  Hrrildion  dn  ptai* 
deur  IS  dans  sa  fortane  et  Si  bdnneur  n*Ote  rieii  k  la  jnh 
tesse  de  Tobservatenr  nS  k  Part  dn  dramatniigo,  oh  il  pdni 
ses  adversdres  avec  rimpartialit^  de  Tantenr  eoiniquo^  toot 
en  tes  aviUssant  aToc  la  colS  de  Pbomme  oOSO?  Mais 
qiiand  on  lit  ce  chef-d*oenvre ,  on  est  inquiet  po^f  hi  raiattf 


^^4  FRANCE 

de  lliomme  auquel  fl  est  peraus  de  triomplier  aiiuii;  on 
enint  que  la  puissaace  ne  le  reode  fou,  el  qne  Figaro,  de- 
tenu maftre,  ne  Gnisse  en  AknavJTa.  11  y  a  dans  lea  Mi' 
W>lrei  de  fieaumarcbais,  et  dans  ce  Figaro^  jou^  malgr^ 
le  roi,  auquel  applandissaient  tons  les  AlmaTiva  du  temps, 
k  quelques  ann^  seulement  de  la  nuit  dn  4  aoOt,  il  y  a  je 
na  sais  quelle  fougne  d*esprit  et  quelle  fi^vre  d'idees  qui 
prtege  une  transrormation  procliaine  de  T^i  i  vain  en  lionune 
d'adion;  r£ut  y  gagnera  sans  doute,  mais  Tart  n'y  penlra- 
Ml  pas?  Tout  oet  esprit  n*aura-t-il  pas  ses  ftim^?  Cette 
ongne  de  Figaro  a-telie  conserve  le  niAle  enjonement  et  la 
iobrl4t^  de  saillies  de  celle  de  Moli^re?  Ces  personnages-U 
n>dnt-ils  pas  trap  d'espnt,  et  ne  vous  semble-t-ii  pas  en- 
tendre ces  enfants  de  vieillards  qui  dto  leur  d^ile  puberty 
ne  disent  rien  d*ordinaire  et  n*ont  que  des  mots  pr^coces  k 
la  boucbe?  Est-ce  done  une  fatality  irresistible,  propre  k 
notre  soci^  et  ii  notre  France,  qu'au  rebours  des  socl^lds 
antiques ,  oil  Ttoivaln  snp^rieur  n'est  que  Thomme  d*action 
transmettant  k  la  post^t^  ses  experiences  et  ses  combats, 
Tesprit  n'ait  chez  nous  de  force  et  de  grandeur  durable  que 
dans  Tordre ,  la  discipline  et  la  sp^allt^  de  recrivain?  Les 
tAtes  fran^ses  seralent-elles  done  molns  fortes  que  les  t^tes 
antiques,  et  serait-ce  trop  chez  nous  pour  un  seul  liomme 
de  la  reunion  des  deux  puissances  supr6mes,  la  puissance 
mat^lelle  et  la  puissance  morale? 

Aprte  VEncyclopidie,  aprte  VBisioire  philosophique 
des  deux  Indes^  mdme  apr6s  les  Mimoires  de  Beaomar- 
obais ,  la  prose  fran^aise  devait  mourir  de  s^beresse  philo- 
sophique. Deux  sources  d*idtoet  dimages,  qui  seules  peu- 
▼ent  renoufeler  les  litt^tures  ^puisto  et  remettre  un  pen 
de  sang  et  de  vie  dans  ces  corps  dtehamte ,  Dieu  et  la  na- 
ture, avaient  disparu  de  ce  monde,  oh  r^nait  TinteUigence 
bumaine ,  s^adorant  elle-mftme,  etr^uisanttout  son  domalne 
aux  eeuls  rapports  de  Thomme  avec  riiomme.  II  semblait 
que  toute  la  prose  fran^aise  se  flt  dans  un  salon  ^clalrd  aux 
flambeaux,  dont  aucune  fendtre  ne  regardait  le  ciel,  et  oil 
une  sorte  de  saison  artificielle,  unifonne  et  cun&tante,  tem- 
pla^t  les  saisons  naturelles.  Les  hommes  qui  dissertaient 
sur  les  sources  des  richesses  des  nations,  surles  importations 
et  les  exportatlons  des  grains,  n*avaient  jamais  regard^ 
ondoyer  une  moisson  mOre  nl  chcminer  par  les  airs  la 
mahi  qui  r^pand  les  semences;  ils  n'aTaient  jamais  rfiv^  k 
Pombre  des  arbres ,  nl  dcout^  les  murmures  du  feuillage ,  ni 
senti  ces  douces  Amotions  int6rieures  de  la  solitude,  qui  ra- 
fralchlssent  T&me  fatigu6e  par  les  pensdes  du  si^e.  Ne  dl- 
rait-on  pas  que  toute  cette  prose,  d'ailleurs  si  Yive,  si 
excitde,  si  febrile,  n^ait  eu  pour  ciel  que  le  plafond  du  baron 
d'iiolbach  et  pour  soleil  que  ses  bougies?  Sauf  dans  quel- 
ques pages  majestueuses  de  Buflbn  et  de  Rousseau,  Dieu  et 
la  nature  aTaient  6te  exilte  des  livres  :  Dieu ,  c'^tait  le  plii- 
losophe  ^mancip^;  la  nature,  c*^tait  Tesprit.  Le  sentiment, 
la  beautd  des  formes,  celle  sorte  de  fleur  de  Tie  qui  d^re  les 
pens^  ins^iii^es  par  la  contemplation  du  monde  exUrieur, 
cette  diTersite  des  styles  propres  aux  ^poques  o6  les  ^cri- 
Tains  s'abreuvent  aux  trois  grandes  sources  k  la  ibis,  Dieu, 
la  nature,  et  lliomme,  tout  cela  aTait  fait  place  k  une  m^ta- 
pbysique  sans  Dieu,  au  mat^rialisme  sans  la  nature,  k  Tliu- 
manite  sans  la  morale.  Peut-^tre  failait-il  qu'il  en  fOt  ainsi. 
Pent-^tre  Dieu  avait-fl  permis  qu^on  ToiUt  un  instant  son 
Image,  si  longtemps  prostitute  k  d^endre  des  abus  et  k 
ocmsacrer  des  tyrannies.  Mais  11  ne  faut  pas  que  le  c6i&  social 
de  PoeuTre  de  la  philosophie  nous  trompe  sur  sa  Taleur  lit- 
l^raire;  jediraisde  tout  crcur  qucce  fiirent  de  grands  liommes, 
mais  qu*entre  leurs  mains  TuUle  luale  beau,  et  la  poldmique 
ParL 

Une  reaction  ^tait  imminent^ ;  die  dcTait  faire  renlrer 
dans  la  prose  fran^aise  Dieu  et  la  nature.  QuiUant  le  terrain 
^uisA  des  rapports  de  riiomme  en  soci^U  k  Thomme  son 
assod^,  elle  deTait  remonter  k  Tordre  supi^ieur  des  rapports 
de  Thomme  moral  k  riiomme  son  fr^e ;  elle  devait  nous 
rendre  la  description  des  grands  phdnom^nes  de  la  nature, 
lemplaoer  la  m^taphysique  par  le  sentiment  rcligieux;  et 
comme  ce  gtent,  fiis  de  la  terre ,  qui  retrouTait  des  forces  en 


toucbant  le  sem  de  sa  m^,  transporter  la  fitt^ature  di 
scin  des  salons,  o6elle  se  desstebait  de  dialeor  factice  et  dV 
Tresae  de  t^te,  au  mOieu  des  beaux  paysages,  aor  le  bori 
des  mers,  sur  la  lisi6re  des  grands  bois,  au  sommet  dec  iim». 
tagnes,  sur  les  eaux  sans  fond  de  I'Oc^an,  pour  lui  reodn 
ses  couleurs  naturelles,  son  embonpoint  et  sa  Tie.  Ce  M 
Ik  la  gloire  d'un  bomue  dont  les  ^^nemenU  ont  empeitf 
dans  leur  bruit  la  renommte  modeste,  man  profonde  d 
qui  aujourd'hui  reprend  dans  HiUtoire  de  la  prose  fna- 
^aise  la  place  qu'il  s'y  ^ait  faite  en  aUenoe ,  et  par  d« 
influencessecr^leset  caches.  Cetbomme,  c'est  Bernardti 
de  Saint-Pierre. 

II  aTait  trouT^  dans  la  solitude  le  secret  de  oette  directtat 
nouTelle  de  la  prose  fran^aise.  Enfant  singulier  par  le  besoiB 
pr^coce  d'etre  seul,  par  des  fuites  soudaines  dans  lea  boii, 
ou  les  senriteurs  de  son  p^re  le  trouTaient  oocap^  k  s'arrsh 
ger  une  Tie  sauTage,  plus  tard  Toyageur.  marin,  nataralisk 
aTec  des  goOU  po^tiquea,  botaniste  aTec  la  b^ne  des  lier- 
biers,  ^ris  de  Jean-Jacques  Rousseau  k  cause  de  sa  pas- 
sion pour  la  solitude,  teiiTaln  tardif,  k  I'Age  ou  les  idto 
et  fexprossioB  appartienmnt  vraiment  k  Tbomme,  Bernaniii 
de  Saint-Pierre  publiait  en  1784,  Tann^e  ob  se  Jouail  Ft- 
garo ,  les  J^tudes  de  la  Nature  ^  dont  le  litre  seul  donnait 
le  sens  de  la  reaction  quil  allait  fajre  dans  la  litt^rature.  Ls 
saTants  se  moqu^rent  de  sa  science ;  les  pliilosoplies  ivi  a 
Toulurent  pour  ses  sentiments  religieux;  les  beaux  esprib 
b&iil^rent  il  ses  descriptions.  Quatre  ans  aprte ,  le  lifie  diir- 
j  mant  de  Paul  et  VirginU,  lu  dans  un  salon  de  M"*  Necke, 
jetait  dans  la  somnolence  une  partie  de  Tauditoire.  Tel  U 
d'abord  Taccueil  que  re^orent  les  liTres  de  Beraardin  de 
Saint- Pierre  :  c'^tait  \k  leur  gloire  et  la  marque  la  plus  6dk- 
tante  de  lenr  originality;  mais  ce  devait  6tre  aoasi  la  cause 
de  ieiirs  d^fauts.  Dans  tout  ce  qn*il  toivit  depuis,  Bcmardia 
de  Saint-Pierre  n'oublia  ni  les  Equivoques  promesses  de 
protection  de  D*Alembert,  ni  la  lecture  cbei  Mnwlfecfcff, 
ni  Buffon  faisant  demander  ses  ebevaux ,  et  fl  exag^  cc 
qui  avail  d6plu  dans  ses  liTres.  Au  lieu  de  resler  reKgien 
et  naif  amant  de  la  nature,  il  finit  par  s'en  faire  le  philosophe. 
En  comparant  ses  id^  sur  Dieu  et  la  nature  avec  f*Jif« 
de  Buffon,  on  appr^ciera  d*un  m^me  coup  d'oeil  qudleci 
fut  roriginalilE  et  quel  en  fut  Texc^s.  Buffon  aTait  oonsid^ 
la  nature  dans  sa  constitution  et  dans  ses  lois  g^n^alo , 
dans  les  plus  ndcessaires  de  ses  rapports  et  de  ses  cotnt- 
nances  aTec  riiomme ,  dans  ses  elTets  sensibles  et  dans  ses 
rdsultats  patents  pluldt  que  dans  ses  impEn^trables  toys- 
t^res.  La  nature,  qu'il  a  d^finie  «  le  syst^e  des  lois  ElabliCs 
par  le  Crdateur  pour  Texistence  des  cboses  et  pour  la  suc- 
cession des  ^tr&s,  » lul  paraissait  se  d^uTrir  suffisanunent 
k  lliomme  par  les  ph6nomtees  sommalres  de  la  Tie,  de  Is 
dur^,  de  la  destruction  et  de  la  reproduction ;  par  les  types 
primordiaux  des  6tres,  par  I'innombrable  Tari^tE  des  foraics 
par  les  caprices  inHnis  de  la  f^conditE  et  par  rimmertalili 
des  prindpes  organiques  de  la  matito.  Interprto  hardi. 
mais  nullement  t^mdraire,  des  dessdns  de  la  ProTidence,  ii 
la  trouTait  suflisamment  justifl^  dans  ses  Tues  bieofaisanleft 
par  les  deux  luis  qui  perpEtuent  et  renouTdlent  le  moade, 
par  les  lois  de  la  conservation  et  de  la  reproduction  :  re> 
mooter  des  efTets  apparents  aux  causes  latcules,  et  se  mAIcr 
d^entrevoir  daiis  les  op<^rations  de  Tagcnt  suballerne,  qa 
est  la  nature ,  rop<iration  elle-mftme  du  Cr6af eur,  qui  ert 
Dieu ,  lui  paraissait  ime  tentative  insens^  et  puerile  de  Is 
sdence,  une  sorte  dMrnpi^lE  du  sentiment  religieux. 

Le  m6me  esprit  qui  retint  Button  dans  le  point  de  vne 
des  lois  universelles  de  la  nature,  et  sur  les  degr^s  do  tr6ne 
de  Dieu,  le  ^rda  par  cela  mtoie  de  Terreur  la  plus  grave 
dans  laquelle  le  sentiment  religienx  pnisse  faire  tomber  la 
sdence,  k  savoir  de  VopUmisme  providentieL  Rtioitaat 
k  un  petit  nombi^  de  lois  gtodrales  et  ndcessaires  les  rap- 
ports de  couvenance  et  dc  ddpendance  qui  unissent  Ilxmuiie 
k  Dieu,  par  rintermediaire  de  la  nature,  BufTon  ne  s*exa- 
gera  ni  la  providence  du  Crcateur  ni  Timportanoe  et  leprix 
de  la  cr^lure.  11  laUsi^  I'uu  et  Tautre  k  sa  place  :  Dieu  stir 


FRANCE 


724 


Ifls  hauteurs  invisioles  de  Vempyrie^  «  d'oii  U  8ur?eiUe, 
du  M€in  du  repas,  Tordre  gtfn^rai  des  moiides,  et  exerce 
lei  deux  extremes  de  pouvoir,  qui  sont  d'andantir  el 
de  cr6er;  rbomme,  sur  la  terre  ct  sous  la  maia  de  la  na- 
ture, •  laquelle  aittre,  change ,  ditruit  ^  ddvtloppe^  re- 
nouvelle  etproduit,  seuU  droits  que  Dieu  lui  a  voulu 
eider,  BufTon  ne  s'est  point  pass^  de  0ieu,  comme  c'^tait 
presque  de  bon  gottt  au  dii-buititoie  sitele;  au  oontraire, 
W  to  Dorome  en  se  d^oouTrant,  comme  Newton ;  mais  il  a 
recul^  le  trdne  inUrieur  de  la  majesty  divine  asses  loin  des 
regards  de  Hiomme  pour  que  celui-ci  gardAt  la  distance  qui 
s^pare  Tinfinle  petitesse  de  llnfinie  grandeur,  et  r^glAt  sur 
cette  distance  ses  pretentions  k  la  soUicitude  de  Tfitre  des 
ttots  s  il  a  yn  dans  la  nature  le  bien ,  Tordre  et  la  conve- 
nance,  mais  k  la  condition  ponr  rhomme  d'y  concourir  et 
de  s^y  ooordonner  lui-m6me  par  la  Tolont6,  par  le  travail , 
par  Hndustrie,  par  la  civilisation. 

Ce  systime ,  religieux  par  son  princtpe ,  laisse  k  chacun 
son  r61e  :  k  Dieu  IMnitiative  de  toute  puissance  crMnce,  k 
la  nature  la  mise  en  oeuvre  de  la  mati^re  d^aprte  les  plans 
trac^  et  dans  un  but  gi^n^ral  de  conservation ,  de  destruc- 
tion et  de  reproduction  iucessaotes;  k  riiooune  la  part  d*ac- 
tivite  propre  dans  le  cercle  des  lois  de  la  Providence,  et  la 
part  de  ruction  industrieuse  contre  ['exoks  des  forces  mo- 
trices  du  monde.  II  y  a  loin  de  U  k  la  fi^licit^  pastorale  qu^il 
a  perdue  depuis  qu'il  a  quitt^  les  for^ts  pour  les  cit^.  De 
plus,  la  science  n'^tait  libre  que  dans  ce  systtoie;  elle  ne 
8*interdisait  pas,  de  peur  de  donnei*  tort  a  Dieu  et  d'incllner 
vers  Tatlidsme,  la  recherche  et  Texamen  critique  des  causes 
exceptionnelles  de  certains  d^rdres  qui  bouleversent  le  s^ 
joor  de  lliomme.  Elle  admettait  la  r^e,  c'est  k  savoir 
Pordre  g^n^ral,  la  diir^  etla  perp^tuit^  de  la  vie;  mais  elle 
ne  niait  pas  Texception,  c'est  k  savoir  le  d^rdre  ou  les  in- 
terniptions  partielles  et  momentante  de  la  vie  et  de  T^ni- 
libre ,  produites  par  les  forces  excessives  de  la  nature.  £lle 
n^accusait  pas  Dieu,  qui  a  bien  fait  tout  oe  qu*il  a  fait  pour 
un  £tre  d^aussi  peu  de  dur^  qu'est  Thomme,  nuiis  elle  ne 
8e  payait  pas.non  plus  de  sophismes  superstitieux  pour  chan- 
ger le  mal  en  bien ,  les  perturbations  du  monde  physique  en 
d'utiles  d^rdres ,  les  malheurs  prints  du  genre  humain 
en  autant  de  sources  myst^rieuses  du  bonheur  k  venir. 

N'est-il  pas  plus  sens^  et  plus  religieux  de  penser  avec 
BufTon  qu'il  y  a  dans  Tunivers  autant  de  signes  de  la  bont^ 
que  de  la  puissance  du  Crdateur ;  que  la  premiere  a  ses  ef- 
fets  permanents  et  n^cessaires  dans  Tordre,  dans  la  beauts 
et  dans  la  perp^luit^  de  ce  monde ;  la  seconde  ses  effets 
contingents  et  passagers  dans  le  jeu  d^rdonn^  des  forces 
ddldgudes  de  la  nature;  que  Dieu  n'a  pas  cri^  rhomme 
pour  lui  soumettre  sans  coup  fdrir  les  elements ,  mais  pour 
quMl  luttat  contre  eux  avec  resprit,  pour  qu'il  fOt  souvent 
vaincn  avant  de  vaincrc,  pour  qu'il  appril  k  remetirc  lui- 
rodme  Tordre,  la  convenance  et  Tharmonie  dans  Tifuvre  de 
son  Crdateur,  pour  qu*il  cr^t  dans  la  nature  sauvage  la  na- 
ture civilisie}  La  n^ation,  ou ,  ce  qui  revient  au  mtoie, 
Tatisolulion  dn  mal  dans  la  nature  serait  la  fln  de  toute 
science  et  de  toute  civilisation.  11  ne  resterait  plus  alors  ii 
I'esp^ce  humaine,  absorb^  dans  Tadmiration  b^te  des 
causes  fmales,  et  paralyse  par  la  contemplation  stupide  des 
forces  de  la  nature,  qu'^  se  laisser  envahir  et  opprimer  par 
eiley.qu'i  c^er  la  place  aa  tlgre  du  desert  et  k  la  ronre  un- 
pure  des  for^ts.  Telle  serait  ponrtant  la  cons<k|uence  k  d& 
duire  rigoureusement  de  Voplimisme  providentiel,  syst^e 
dont  Bemardia  de  Saint-Pierre  se  fit  Tapdtre. 

Venanl  apr^  les  alh^  sp^ulatifs  du  dix-huilitoe  si^cle, 
il  donna  dans  le  travers  de  tout  ^ivnin  de  ruction,  il  crut 
la  Providence  plus  menar^ie  qu*elle  ne  T^tait  r^ellement 
par  les  ath^es,  et  il  la  prit  sous  sa  protection.  A  Tadmira- 
tioii  intelligente  de  la  nature  U  snbstitua  une  sorte  de  con- 
templation oisive,  esp(:ce  de  qui^tisme  de  Thistoire  natureile. 
Les  atb^es  argumentaient  du  d<^rdre  parliel  de  Tunivers 
eontre  Tordre  g^n^ral,  et  concluaient  de  tous  ces  phdnoratoea 
destructenrs  le  d^faut  de  bont^  dans  la  Providence  et  du 


d^faut  debonte  la  non-existence  de  U  Providence;  ils  en 
venaient  k  nier  Dieu,  k  force  de  le  trop  estimer.  Bemardin 
de  Saint-Pierre  les  r^futa  par  un  vaste  mais  minutieux  sys- 
t^me  de  causes  finales.  De  \k  ce  typedivin  de  Tordre,  dela 
convenance ,  de  la  beauts  et  de  la  bont^  absolues  dans  le- 
quel  il  vit,  alma,  scntit  et  r6va  le  plus  souvent  la  nature;  do 
b  ce  plan  d^un  nouvel  Eden,  d*aprte  le  module  perdu  d^un 
monde  pnmitif  qui  n*a  jamais  exists  que  dans  les  fables  des 
poetes  ou  dans  la  mysl^rieuse  antiquity  biblique;  de  \k  ces 
innombrables  harmonies  qui  unissent  le  cid  et  la  terre, 
riiomme  et  la  nature,  ranimal  et  la  plante,  par  des  rapporta 
si  merveilleusement  comhinte  d^s  Torigine  des  choses  que 
riiomme  n*a  pu  que  perdre  en  d<irangeant  ce  bel  ordre  pro- 
videntiel,  en  s'toancipant  par  la  civilisation  de  la  tutelte  de 
la  nature,  en  quittant  les  grottes  moussues  des  pasteurs, 
les  majesiueuses  el  murmuranles  foritSy  pour  les  cit68 
infectes  et  encombr^.  L'homme  persuade  par  Bemardin 
de  Saint-Pierre  n*a  plusqu^A  fouler  les  verts  tapis  des  prai- 
ries, qu^^  respirer  le  parfum  des  brises  et  des  fleurs,  etqu^^ 
vouloir  seulement  se  prater  aux  mille  commodities,  aux 
mille  aisances  de  son  beau  s^jour.  llOtes  passagers  et  mor- 
tels  de  cette  demeure  enchantde,  qu'avons-nous  fait  jua- 
quMci  pour  rembcllir?  Des  parrs,  des  jardins,  des  collections 
d^animaux  morts,des  serres,  des  her  biers! 

Les  Eludes  et  les  Harmonies ,  Paul  et  Virginie ,  La 
Chaumihre  indienne,  ouvrages  cbarmaots,  Merits  pout  les 
coeursbons,  simples  et  pieux,  pour  les  kmes  m^ancoliques 
et  r^veuses  qui  ne  peuvent  s*accoutumcr  au  spectacle  de 
ractivlte,  de  Ttoergie  et  des  mis^res  humaines,  livres  admi- 
rablesdans  la  partie  descriptive,  sont,  chacun  dans  leur 
genre,  des  fruits  de  Poptimisme  providentiel,  on,  en  d*au- 
tres  termes,  de  T^tude  de  la  nature  par  le  sentiment  reli- 
gieux. Bemardin  de  Saint-Pierre,  disciple  et  ami  de  Jean- 
Jacques,  misanthrope  tendre  et  sensible  comme  son  iilus- 
trematlre,  prit  plus  au  s^rieux  qu^on  ne  pense  les  paradoxes 
du  Discours  sur  VindgaliU  et  de  V£mile,  Que  de  fois, 
dans  ses  adorations  pastorales  de  la  nature,  ne  s'6cria-t-il 
pas,  comme  Rousseau,  que  «  l*homme  a  g&t^  Touvrage  de 
Dieu  i »  On  avait  tant  agit^,  dans  la  pol^mique  antireligieusa 
dn  dix-httititoie  si^cle,  les  questions  du  bien  et  du  mal 
physiques,  de  Tordre  pr^tabli ;  on  avait  fait  k  la  Providence 
une  part  si  mince  dans  le  gouvemement  de  ce  monde,  que 
les  deisles  timor^  s*en  efTray^rent  pour  elle,  et  s'oubli^rent 
dans  la  vivacity  dela  r^plique  et  dans  le  z^e  superstitieux  de 
la  defense,  jusqu*^  retoumerla  th^  contre  l'homme,  c'est- 
^dire  contre  fobjet  meme  de  cette  sollidtude  providen- 
tielle  quMls  avaient  k  d^montrer.  C*est  ainsi  que  lea  apolo- 
gistes  de  la  Providence,  voulant  sauver  k  tout  prix  son  im- 
peccability, firent  retomber  sur  Thomme  civilis^  les  reprochea 
que  les  alhdes  adressaient  au  Crdateur  des  mondes  :  tout 
Ic  bien  vint  de  Dieu;  tout  le  mal  viut  de  Thomme,  qui 
avait  d6rang<^  Tordre  primitif;  et  comme  dans  ce  syst^e 
le  mal  doit  dtre  moindre  1^  oil  riiomme  a  le  plus  respects 
rouvrage  de  Dieu  et  les  premiers  plans  de  la  nature,  il  s^en- 
suivit  que  la  nature  incidte  Temportait  sur  la  nature  cuitivte 
de  toute  la  supdriorite  de  I'art  divin  sur  Tart  humain,  et  que 
rhomme  civilis^  n^^taitqu^un  £tre  d^g^n^r^,  pr6s  des  simples 
et  rastiques  habitants  des  forftts.  De  la  dans  tous  les  romana 
de  Bemardin  de  Saint-Pierre,  sous  le  brillaot  vemisde  la  culture 
europ<ienno,  donl  ses  personnages  ne  pouvaient  se  passer, 
k  moins  d'Mre  lout  a  fait  des  sauvages,  cette  id&lisation  de 
riiomme  et  de  la  vie  selon  Dieu  et  la  loi  natureile ;  de  Ik 
cette  petite  Arcadia  des  tropiques  oil  il  pla^  le  berceau  de 
deux  cliarmants  enHants  qui  recommenc^reui  un  moment 
TAge  d*or  des  pasteurs,  et  v^curent  dans  le  sein  de  la  na- 
ture, apprenant  dVlle  k  connaltre  Dieu ,  la  vertu  et  les  de- 
voirs. 

Bemardm  de  Saint- Pierre,  lu  en  son  lien,  aprte  VEncy* 
clopddiCf  m^me  apr6s  Figaro,  est  un  ^crivain  plein  d'oii- 
ginalitd,  de  fralcheur,  de  vie.  Quelle  surprise  pf)ur  Tcsprit 
de  tomber  de  Texaltation  ency eloped ique  dans  ces  Lm  lies  ct 
(ralches  descriptions,  plus  panth^istiqucs  que  Dct;.a:J:n  Je 


926 


FRANCE 


Saint-Pierre  ne  se  rimftginait,  oil  la  Pro^idenoe,  k  force 
d'etre  r^paodue  sur  toutes  dieses,  devieot  U  nature  eUe- 
mtoie  t  Quelle  grftee  dans  ces  paysages,  quels  parfuma  dans 
ces  forits,  quelles  tenreurs  secretes  et  remuantes  daas  ces 
(lescriptionB  de  teoipfites,  quelles  douceurs  senauelles  dans 
toutes  ces  Arcadies!  Quel  contraste  entre  ces  pages  de  V^ 
poque  encycIopMiqne,  si  intellectuelles,  si  arides,  qui  sen- 
tent  I'encre  et  le  papier  du  laboratoire,  ob  Fesprit  se  des- 
stehe  et  se  subtilise  h  force  de  tourner  sur  soi-mdoaey  et  ces 
pages  aniuito  de  la  douce  Tie  des  sens^  qu'on  croiratt 
toites  sur  les  feuilles  d^un  palmier  ayecde  Teau  de  rose, 
et  oil  Tespril  semble  n'dtre  que  le  traducteur  heureux  et 
d^Iicat  des  Jouissances  des  sens!  Le  contraste  si  frappant 
dans  les  id^  Test  blen  plus  encore  dans  la  langue.  La  lan- 
gue  de  r^Ie  encydop^que,  yive,  prteipiUe,  dont  les 
images  sent  des  traits  d*esprit  et  les  couleurs  des  mouve- 
nietits,  abstniite  et  m^taphysique,  oomoie  celle  du  dbL-sep* 
tl^me  sitele,  mais  moins  la  cbaleur  int^neure  el  profonde 
des  idte  morales,  moina  la  roijest^  de  I'ordre,  moins  la 
precision  forte  et  pittoresque^  moins  le  calme  et  la  marcbe 
-mesur6e  du  discours,  moins  surtout  la  grandeur  et  le  carac- 
Cto  de  g6n6ralit6  des  peaste^  cette  langne  a'en  allait  se 
mourant  de  toutes  ses  qualitds  n^tlTes.  Bemardin  de  Saint- 
Pierre  y  Tersa  des  images  empront^  h  la  nature  ext^eure 
et  des  couleurs  de  sant^;  il  conigea  toot  cei  esprit  par  du 
sentiment  Le  style  6tait  tout  de  t^  en  ce  sens,  que  s*U 
J  arait  des  6sriTains  de  oBur,  ila  mettaient  leur  ccsur  an 
serYice  des  passions  de  lenr  tdte.  Bemardin  de  Saint-Pierre 
toirait  aTec  sa  sensibility  naturelle,  llbre  encore  de  toute 
penste  d'opposltion  et  d^xd0sioo»  sans  engagement  d'lnt^ 
rftt  aTec  son  amour-propre ;  U  habilte  les  idi^  de  la  Tille 
du  langage  naif  et  colur6  de  IliolDme  des. champs.  Son 
iityle,  comme  eelui  de  Bufibn,  quoiqu'l  un  degr^  moins 
4k!f$,  est  marqu6  de  deux  quality  toineoles,  Texactitude 
«t  la  ridiesse.  Bemardin  de  Saint-Pierre  obserre  en  natone 
liste,  en  g6alogoe,  en  botaniste,  qui  en  saTaltplus  que  ses 
adTeisaires  n^alfecttoent  de  le  dire,  et  Q  peint  en  poke. 

Dans  lliistoire  des  Sdte  et  des  influences  sodales,  la  place 
de  Bemaidin  de  Sai^^Pie^^e  fut  glorieuse.  Le  premier  da 
tons  les  toriTatns  de  la  fin  du  dtx-huititoiesitoley  c4  arant 
<|De  toutes  les  destructions  dfemandte  par  VSncffclopMe 
ftissent  consommto,  il  eut  des  doutes  au  sein  de  eette  gloire 
de  dAnoUssenrs;  le  premier  II  protesta  en  fiiTenr  de  quel«> 
ques  prfndpea  sacrte ,  aoxquels  les  philosopbes  Toulaient 
fUre  porter  Ik  peine  des  abns  ^  des  acandales  intol^rablea 
de  la  Tieiile  monarchic.  Que  des  ressentiments  particuUers^ 
des  promesses  on  ,dea  fayeors ,  Talent  fait  pers^T^rer  dans 
cette  directioii  d'eeprit conserratrice,  Je ne  la nie nine l'af> 
flrme;  mats  que  son  premier  penchant,  que  la  nature  par* 
tienli^  de  son  esprft,  que  sa  Tie  soUiairede  Toyagenr  n*en 
ait  pas  ^  le  premier  inobile^  c?esi  ce  quMl  serait  absnrde 
do  nier.  D*aboid,  de  son  premier  moyTeoient  et  arec  tout 
('abandon  de  Pinstinct,  plus  Wd  aTec  lea  exagirations  de 
ia  lutte,  ma|s  toujoinrs  arec  la  mAme  Constance  d'opinion, 
Bemardin  de  Saint-Pierre  toiTit  pour  Pordrc^  la  tol^ance, 
.'^umanit6|  entendoes  dans' leur  vrai  et. durable  sens,  Uen 
difl§r^t  de  celoi  qu^aTait  donn^  k  ces  idtea  f  eqnit  ^iicy* 
dopMlque.  Le  premier  il  bsa  restier  chr^tien^*  et,  €0  qui 
^t^.plus  difQcile,  paroe  qu'il  fallalt  po^r  c^  nngnuMl  di8-> 
ceroement  social  ^  il  sut  dIsUnguer  du  saceidoce  opulMt  et 
corrompu,  Justement  frapp^  p^r  VEncffcfopAiU^  ce  foods 
de  liberty  et  de  frateroiti  dir^tkune  aor  leqoel  se  soot  ^ler^i 
<it'teouI^.snccessiTement  tantde  cuUea,  de  seetes  et  de 
<1ogmatismes,  dont  les  mines  lieTonI  pap  atteint.  Cest  dans 
ce  sens  seulement  qu*on  a  po  rattacl^  k  Bemardin  de 
Saint-Pierre  tons  ceux  des  telTains  de  ce  elide  qui  oot 
•uItI  une  direction  d*idte  analogue  k  la  sienne.  Du  reste, 
Bemardin  de  Saint-Pierre  nVpas  fait  d'dcoie.' 

Mais  il  est  tris-vrai  que  les  id^  de  reparation  on  de 
conservation  qui  avaient  ba^M  Bemardin  de  Saint-Pierre 
Mit  bit  le  fond  des  torits  les  plus  originaux  du  commen- 
•anient  de  oc  sSdde.  11  est  tr6«-Trii  encore  qit'on  a  iMiivl  ses 


Toiosdans  la  description,  et  que  les  premiers  ouvrag< 

illnstredes  tolTains  contemporalbs,  ChAteaubrUnd, 

soBt  chrMens  eC  descriptifs.  Mais  il  n*y  a  pas  d^lMritaaad^ 

teivain  de  talent  k  un  teriTafn  de  g^nie,  et  I^antModli 

par  ordre  chronotogique  de  I'terirain  de  talent  nli 

pas  nteessairement  entre  lui  et  r6crirain  de  g^oie  qui 

aprte,  dea  rapports  de  maltre  k  disdple.  Quand  Gldtean* 

briand  4criTit  le  MHe  du  Chris tianisme,  le  aitele  iei*it 

dans  les  idites  chr^tlennes  parle  souTenlr  douiouiein  dVM 

sodifttd  qui  STait  mareh<  un  moment  sans  Diea,  et  9k 

lliomme  avait  disposd  de  rbomme  cooome  de  sa  criatora. 

La  rfeurreeUon  du  duistianisme  n'^tidt  pas  Teffei  dea  ps^ 

testations  d'un  terivain  qui  avant  le  naufrage  atEait  «a  to 

courage  et  la  pr^royance  de  montrcr  ta  plancbe  de  sahd, 

ni  le  fruit  de  padflques  influences  lltt^raires.  Ce  fut  un  ia- 

mense  besoin  de  se  r^condlier  STec  Dleu  par  rantique  ca- 

ligion  des  ancfttres,.  cdie  qui  s'offrait  la  premite  k  Veaft^ 

sement  rellgienx  des  peuples,  celle  qui  eouTenait  le  miees 

k  celle  renaissance  de  la  famille ,  un  moment  aseorte  de 

garder  tons  les  membres  qui  loi  restaient  La  premiere  gmt 

de  Cbtteaubriand  ftit  d*6tre  Torgane  de  cette  rdsurrediaa, 

et  d*06er  cherdier  une  grande  renommde  Utt^riire  dansle 

dtfiatianisme,  encore  sur  le  seuil  du  dix-huitiime  8itele,aB 

sein  d^Hie  gto^tion  qui  atait  pn  applaudir  Voltaire  Tcnanl 

mouHr  an  th6Mre  dans '  son  triomphe,  dVrdne.  Ce  qnH  y 

avait  alors  de  lltttoture  en  Frauce,  ou  se  tralnalt  at^rito- 

mentsmr  limitation  du  dSx^huitiime  slide,  ouae  caaaftd^ 

dans  la  flatierie,  sous  un  homme  qui  paraise^  froneCtia 

de  Templol  aux  adulateurs  et  de  rentbouslasme  atix  poctn 

olBdels.  Ge  Alt  done  tout  k  la  fois  une  grande  naarque  d'o- 

riginaUk^t  d[e  talent  et  d'ind^pendanced'esprit,  que  d^allsr 

slnsplrer  dans  le  cbristianisme  et  de  mettreJa  choaaie»- 

taur6e  au-dessns  du  restaurateur,  au  moment  od  ceinki 

•croyeit>'  ea  relevant  le  cnlte,  ne  r^tabttr  qu'un  moyem  d'oidn 

et  de  discipline  matiridie  au  profit  de  sea  plana  de  despa- 

lisme; 

Obtteanbriand ne  continua nlles thteries providentieUsi 
de  Beraaidfn  de  Sahtt-Pierre  nl  sa  maniire  deseriptive.  II 
troava  an*  fond  de  son  dpoque,  par  cette  pindtratlon  propra 
k  llmnniede  g€nifr,  lequd  iconte  la  Totx"  de  son  siede  doi^ 
son  propre  'CaMir^'la  grande  Idie  de  son  premier  liTre;el  il 
indina  dele  Providence  de  Bemardin  de  SainUPiem  vus 
la  raligkmdeeaaeetresj  Ters  le  christianisme  coiistitud.  Css 
deux  oidies  diddes  detaient  ae  sulTre  sans  doute;  maisia 
premiii^nedonaailpas  nicessairement  lasagadi6sii|^fleDw 
qnll  felbnt  poor  irouvir  la  seconde.  Il  n'y  a  pas  cu  aoa 
plus  de  tvaditleft  directe  de  Bemafdin  de  Safait*Pierre  daas 
les  deseriptions  dOiCMtteaabriand,  bfen  que  tons  deax  aieat 
pris  le  secret  de  leur  aii  I  to  mime  source^  U  oootempift' 
tiondeUnatare. 

Entre  to  nature  d^prildi  Bemardin  de  ^ablt-Pierre  d 
cdle  de  CtiMeaobriandi  dans  lenrs  re|atfbas  hr^  le  mende 
exttfrieur,  les  difMraaces  ^laieat  prolbtidBei  Le  premier  y, 
apportait  plaa  d^observallon ,  le  ^second  phtt  jVimagiaatioB. 
Le  ttvant  se  fait  toujourri  To{r  dan^  Bernard  de  Saiat- 
Pierre;  il  ne  pdnt  qa'it  propertioii  qn*fl'Ttrit ,  it  ne  ae  psf 
donne  qo^aprte  T^rlfioatiett.  ChftCeaiManfi'eAt'rdcriTiia 
qoi  rdalie  le  miem  to  bdle  ddfinltion  qu'a  donnde  Bufloa 
de  Ifimaginallofi,  odte  fkcuHd  qiH  agiapdlt  lea  i^ensations. 
Dans  ses  gnlbdidBes  desoriptions,  idlest  siiH^ui  VecdTain  qd 
iaidressei  aa lieu  que cisst le'tifjet dans^ernardin  de Sainif 
Piene^  ie  ne  TOot  point  dire  queCb^tteubrfand  ne  aoit  pes 
exact,  ni  qu'il  calorie  avant  de  dessiner,  car  cW  paitka- 
li^riBOBent  ua  de  ses  dons  ^de  ne  r^pandre  ses  magnMiqiw* 
dDidears  que  aur  des  oontouiH  prdds'et  anttds.  Mala  aooaa 
dta  ddldls  dbnt  se  oomposentses  de^ptions  n*y  figure, 
poor  sa  Tdeur  propre ,  iif  pour  la  curio&i^  parUculitee  dqat  > 
il-pent  6tre  Pobjet,  mats  pour  sa  relation  avec  la  graida 
poiste  que  rderlTdn  a  ritUcbde  k  Tensemble.  La  difiBtecace 
to  plus  profonde  entre  Bemardin  de  Sdnt-Pierre  ei  CU- 
teaubriand,  foiijours  en  laissant  chacun  k  aon  rang*  ea  IM 
pour  i*un  d*aToir  dcrit  les  premiers  d  tos  plus 


Ijqvei  deiasmiTragM  avont  la  r^rolotion  fran^se,  et  poor 
faatre  d'atoir  terit  tet  slens  aprte.  Le  plus  gnmd  et  le  plas 
terriUe-^T^oanent  des  tempt  modernes  aMtait  aeoompli 
dftiia  llntecv^Ue.  Une  r^volutioit  qui  oouiFTit  l^Eimipedenifnes 
flioonta  atail  rompolotite  tfidittor  d'idte'vt  ide  Isngage 
tilit  IciieBpritsAup^riean  plaote'andeia:«u:en<4e(^'de  17a- 
feint.  I^ourietieprib  domaaaiyilt  afitent  bito  sg  nCrmiTer 
le  fit  dir <dix4ttilitai9-fliteie« et tandre la mafci iDorat poor 
let-tent  ^  VSnqfHopidie  pear  te  proae,  pv-deanir  ks  dix 
Kmta  ateolaiiea  de  b  ilfirolatloii  ftmcaln.  Blalade  eatlb 
petite  Aoeie,  h^Htoe  dttdlx^oKEteiB siteie»  IM'y  a  lien  H 
diie  M.  e^dtaifc  aB«leoKht'|k>ar  lea  hommaaaiifMeHra  que 
la  rdrohitioD'firaBCftlM'aTait'reiloo'veldlea  idtetttt^rairety 
et  renda  indfitalAa  mne  nooteHer  let  ferteeppHeaHeif  des 
fornaet  de  JaAgagevoikaacrte  par  lea  den  danrienaMeir. 
CSd  donUe  .relMkjf ellenieitt  flit  Js  gMiv  de  CUteinbifahdJ 
Client  toajdnra  It:  Dito  etUinatort  dt  BernardiB  de 
Sainfc-Pierfe^  mai8^'<ioiitenip1te  arte  des  tuea  Men  dUKf' 
retteBytt  de  benfaofaMeniii^gatet,  lioB  ptof ')wr  mbtniMe 
de  tdettiiai  USagiMiitCMitieia  adcbereaae  ei  it  tlMUt^  de 
eemr  4e  Ja  gMAidkln«ne|elopMiqfie,  maiainr  itn-  homme 
de  fMe  qol-Mnaib  d^tofe  a^abtraar  one  montrehiedt  hvit 
aiteleasilrtisihiUievdroadavTaB;    '  • 

Dans  ChiteauferiandV'Dieii  et  la  fturtuve  ne  aent-plas  leg 
deiixiijetad!itAetMtoflntfpMhNophlqtte,  nl  deux  piteea 
d*tehi(iiiier.^V)t>poal8e  eil  ««aiit<€biilre  dea  pitoea  riffles 
doffls  une  aorte  de  jet,'  dont  auom  des  looetn  ne  prdrolt  la 
fin  terrible.  L*HlQette>!rlvain»  aaaialant  k  d'lnimenseamltes^ 
dans  l*igB  oil  tootes'leaehoaea  ont  nn  air  de  jetteese,  eC  od 
it  aenible  qnt  rien:aiilottr  de  nous  ne  doive  OMnuir,  fVit 
saisi.  dHin  doole  prtiiihturd,  et  d'antant  phis  doaloarenx , 
snr  tout  te  qui  est'de  Phomme,  et  fl  se  fttooma  Ters  les 
den«  pttea  inunoable^  Dien  et  la  nature;  povf  y  tnmver  un 
sol  qui  ne  M  d^robtt  pas  aena  sea  pleda.  Une  trtateaae  aolen- 
nelte,  le  ddcoaragemeM  dans  la  flenr  de  la  Jeunease,  d*au- 
tanl  plus  anier  etplus  profond  quil  ttait  pHsaffant  le 
temps  la  place  des  esp^raneft;  une  imaginatitB  qui  ne  se 
d^ployalt  A  raise'qn^u  milieu  dea  mites  on  dans  les  soli* 
tudes  Tlerges  des  pas  de  lliomnt)  snr  deatombeaan  ou 
dans  des  Tor^ts  prfmitiTes,  comme  pour  aTek  moins  d'inter- 
m^dlaires  entre  Dieu  el  elle ;  nuUe  diatraction,  nolle  curiosity 
d*amateur  posaMant  k  demi  quelqne  science  naturetle,  rien 
de  petit  dsns  ees  contemplationa,  tanlAI  ardenfes  et  ironi- 
ques,  UAidi  ealmes,  aiais  Jamais  ianslrlsiessey«ttonJours 
arec  le  bniit,  dans  le  lointdn,  dea  catastrtpliet  de  la  patrie, 
de  ces  reparations  sans  la  liberty  que  Chtttaabtiand  fuyalt 
clans  les  d^aefts  du  K^iifeair  Monde  et  enr  lea  cherafna  de 
J4nisalem ;  des  sentfoMMta  ehr^ena  quoiqnefois  vifs  et  nalf9», 
comme  eeux  des  tmes  simples  et  des  enflmts ,  quelquefois 
etag^ris,  comme  poor  t'armer  par  un  atrorott  de  fbt  1^^ 
rement  factice  oontre  le  doute  qui  TenaK  ansai  de  ee  c6l^ 
la ,  quelquelhts  chatftelants,  oomme  s^  avait  era  par  mo- 
ments que  lliomm^  commnnlque  sa  mortality  mtee  k  dies 
institutions  divines ;  pitis  de  pr^ooeupalton  de  la  nMre  de 
I'homme  ^qne  de  at'  grtodem-,  comme'  d«ns  Pascal  et  Bes- 
saety  ses  tnedtres  directs,  et  un  triste  et  'amer  plaisir  A  i*^ 
eraser  sous  s^propres  mines »  k  l^sulterde  son  nitottt; 
rcStk  ce  4|ni  lit  qtie  tea  premiers  oovrages  de  ObAteanbriand 
n^rrectftrent  pcfrsonne  m^dfocremeat.  Id^es,  ktngpge,  leul 
y  4tait  nooteau:.        •'  . 

Pour  titoatei'  lb  tradition  des  pens^  eC  de  la  langne  de 
ChAteaobriand ,  It  ftfut  remonter  k  Pascal  et  k  Bossuet.  Mai-' 
gr^  de  profondes  difltonces,  et  qnoiqu'on  sette  bten  qt^sntre 
ces  homnkes  ttlusti^  1l«  da  ysTOir  nn  grand  1nter?aile» 
dnrant  lequel  la  langue  a  soufTert,  le  style  deCbftteaubritnd 
est  plus  prte  du  dix-septltaie  sitele  que  du  dix>boititaie; 
On  dirait  que  saisi,  au  aortir  de  Penlbn^/  par  ces  granda 
^criTiinSy  doot  les  livres  lui  apprirent  la  langue  des  expd- 
ritncea  et  des  triktesseSy  par  06  il  detait'passer  lui-mime  an 
meinent'oili  Jettne  liomme,  11  allait  otiYrir  lealivresdudix- 
hdftJAme  sitole,  la  rifolution  les  lui  nt  foH  tombcr  flea 
iHaki0»  tt  qpit  la  tiolence  ou  I'atrodt*  d6»  Atonements  l*aient 


FRA1SCB  727 

dAtoumA  de  lire  des  AcrlTalns  que  la  passion  de  tooles  let 


classes  teras^  en  rendait  responsabfes,  Alors-,  comm^- 
Oant  lui-mAme  sa  vie  orageuse,  et  Toyant  de  sea  propres 
yeux  toutes  les  misAres  de  Phoinm^  i^ccumuli^ ,  et  tanjt 
d'exemples  de  ce  n^ant  que  Pascal  ct  Bossuet  ont  craint 
d^autant  moins  d*approrondir  qu'ils  avaient  plus  de  foi  dans 
eelui  qui  de  ce  n^ant  m^me  ilsiit  sortir  rimmortatit^,  H  ^ali 
entrA  naturellement  dans  les  Wes  de  ces  grknds  bommes: 
et  aurait  parlA  leur  langu^  comine  \^  seiile  qui  lui  fAt  eba* 
nue  et  comme  la  seule  ^^ernelle^  pnisqu'elle  firati  sa  gran- 
devr  de  PAtemtt^  de  la  mis^  de  rhomme.  ta  ^de  d^ 
doulears  cbr^tiennes  tlbra  de  noutean  sous  une  main  ins^ 
plr^  Lea  niAmes  tendailees  dans  les  pensAes  ramenArent 
kttJDAnies  images  dans'fe  style.  La  langue.  ne  bit  ni  trop 
abatfttIA  ;  ^me  «fans  les  iScrits  des  ency  clppAdistes^  ni' trop 
CMMBcrMe,  eomme  danif'Behiardfn  de  Saint-Pierre,  nl  Acpor- 
lAe,  etmme  poor  la  polAmique;  eiTeofTrft  de^nouretu  no 
Admirable  mAlange  d^abstraouons  prAcis^  et  ^'images  tirAes 
des  sets /ces  deux  AIAnents  4ont  V^tKbro  Ast  ta  perfec- 
'  tfon  mAme  do  style,  Atabt  rimage'd'on  autre  Aquijibre  entre 
les  deux,  natures  de  rbomme ,  rAmAet  le  corps,  t^  lan- 
gne, en  cessant  d'Alre  ut  InAtrument  de  polAmfque,  repril 
lea  rormes  amplesiet  tar^  de  Tart  dAsiinArisssA ,  ^ ^  A  It 
dimretcede  ceNedu  dlt-bdtiAfne  slAAte',  qui  chc»r%liait  k 
s^Atendre  dn  cAIAdls  la  fbule,  et  Afaire  soo^betain  Au  milieu 
de  toolBS  les  iiiAgalitAs  dMntelligence  et  d'Aducation ,  eile 
a^ppropila  at  goAt  dAs  esprits  coIUtAs,  H  prAfAra  la  clartA 
qoltide  la  rAflexion  A  celle  qui  VApargne.  L'un  des  dAdom- 
nageaentsdu  despotisme  de  NApolAbn,  c'est  quil  n'y  eut 
d'abord  aucitae  sooffrabce  publique  asses  oriSnte ,  aucone 
pensAe  natlonale  assez  firoisMe^  poor  qiv'un  Aorivafii  supA- 
rieur  ptt  Atre  tenlA  du  pArrfleux  honneur  de  s'en  Aife  I'or- 
gane  et  de  Ttner  aoh  gAnle  au  bien  public^  GbAteaubriand 
Alt  done  prAservA  de  la  poIAmiquA  qui  tne  Tart-,  et.il  rApKti 
sur  lui*mAme ,  au  profit  de  ses  mi^ditations  1nlArieui«8 ,  cAI 
esprit  particuller  dlndApendanee  qui  A  une'  autre' Apoque,. 
et  quttd  sa  gloire  IfittAraire  Atait  faite,  devalt  lui  Inspirer 
lea  phis  belles  pages  de  la  presse  du  dix>teuviAme  slActo/ 
C*est  ainsi  que  toutes  les  causes  A  la  Ms  coneourarent  A  lanoer 
et  A  soutenir  ce  beau  gAnie  dans  sa  yraietoie,  et  quHl  fut 
donuA  A  GbAteaubriand  de  renouveler  au  commencement  dt 
dix-neoTiAme  siAde,  dans  des  idAes  analogues ,  les  merreilles 
de  la  langue  de  Pascal  et  de  Bossuet. 

Id  doit  finir  mon  travail.  LapensAe  qui.  me  Ta  (hit  ^lirt 
ayant  AIA  de  rattacber  A  quelques  tioms  Incontestablet 
la  formation,  le  progrAs,  le  point  de  perfection.  At  let  der«> 
nlAres  grandes  modiflcationa  de  la  UttAratui^  fraufalse,  j'al 
dt  le  teraiiner  par  le  dernier  de  ces  noms  Incontestables,. 
parcelui  de  ChAteaobriand.  Lulseul  pent  prAtendre  A  per* 
sonnifler  une  grande  Apoqbe  de  la  KttArature  frangaise,  el 
c'est  pour  cela  que  }*ai  dO  m^arrCter  A  lui.  An  reste;  si  eel 
Acril  dtmande  une  conclusion ,  oette  oonclusion  ne  'pobvant 
Aire  qt^itt  jogement  trAs-coort  sur  les  contefaiporains,  je  la 
donnerai  toldntiers.  Mais  ce'  jugement  ne  pent  Atre  qu'uns 
imppesrfon  trAs-gteAralJB  et  ti^^ommaire,  et  par  cela  mAma 
trtt-controversable. 

Sans  m^arrAter  A  la  llttArature'dite  de  TEmpire ,  dont  les 
seuls  bons  ouvrages,  ceux  doM^'de  StaAl  et  de  Beiqanin 
Constant,  forent  des  inspitttions  de  1iber(A, Je  vals droit 
A  la  littArtture  proprement  contemporalne,  A  cAlle  qui  est 
nAe,  sons  la  RestaUration,  do  double  monvemett  dea  idAes 
libArales  et  de  i*Atude  des  littAratures  AtrangAras,  Tentiea, 
un  pen  en  conquArantes ,  A  la  suite  des  balonnettes  AtrAn- 
gAres.  O'esi  peut-Atre  A  cettA  origine  mAnie  qne  nobre  littA* 
rttura doit  quelquesHines de  ses  beautAs ettous ses dAfanta.> 
Au  mouvehvant  des  idAes  libArares,  elle  a  dt  oette  bauteur 
et  cettAlmpartiantejusque  lA  ineonnuea  qui  narqnentlet 
bons  ourrages  dliistoira;  do  phUosopliie  et  dA  critique  dont 
8*bonorera  notre  Apbque;  A  i*Atude  mal  comprise  dea  liltA^ 
calures^rttgAres,  elle  aura  dA  cette  incroyable  altAriUoii 
dt  I'esprit  iran^is,  tout  A  coup  dAtouruA  des  IdAes  prtliquea 
vers  je  ne  sais  quel  ordre  de  pensAes  d'exception  et  de  n^ 


72S 


FRANCE 


nues  r^Terict  tra]i8plan.eeft  de  r^tranger  sot  an  sol  qui  les 
repouftse. 

Sll  est  one  liriit  6tablie  par  ce  traT&il»  c'est  que  la  langae 
franfaise  n^a  jamais  M  mieux  parl^  ni  mieux  ^rite  qu'aiix 
^poqaes  od  elle  a  ^  le  plus  pore  de  toute  imitation  ^tran- 
g^re,  et  r^ciproquement  jamais  plus  mal  parl^e  ni  plos  mal 
teite  qo^aox  ^poques  oii  les  goerres,  les  melanges  de  peu- ' 
pies ,  la  snp^riorit^  momentan^  des  civilisations  6trang^res 
7  ont  introdoitdes  imitations »  soil  do  g^nie  particnlier,  soit 
de  la  langue  des  peoples  dominants.  Et  pour  ne  paiier  qne 
de  deox  6poques  oji  ce  double  fait  se  manifeste  avec  une  Evi- 
dence irr^istible,  mettons  les  beaux  temps  de  Louis  XIV  en 
regard  des  quinze  ann^es  de  la  Restaoration.  Sons  Loois  XIV, 
toute  influence  ^rangdre  a  cessE.  La  litt^rature  espa- 
gnole,  qui  a  fait  Taire  au  grand  Comeille  tant  de  mauvais 
vers  parmi  tant  d^admirables,  a  perdu  tout  credit :  que  di»- 
jet?  la  langoe  fran^ise  s'est  assise  sur  le  trAne  de  I'Espagne, 
dans  la  personne  de  Philippe  V.  L'inHoence  de  Tltalie  est 
pass^  depots  longtemps ,  avec  sa  gloire.  Sa  longoe  d^- 
dence  politique,  sociale,  litt^raire,  commence;  ses  jours  de 
grandeur  orageuse,  de  potele  et  de  prose  si  sens^,  donton 
D^ligeait  les  chefs-d'oeovre  pour  lei  subtilit^  de  PEtrarqne 
et  les  concetti  du  Marini,  sont  Evanouis;  Pltalie  ao  dix- 
septiime  si^cle  est  descendoe  dans  la  torn  be.  En  ce  moment 
unique ,  notre  langne  s^Epure  de  tout  alliage  stranger,  se 
retire  en  elle-mtoie  se  donne  one  constttotion,  se  distingoe 
toot  d'abord  des  Ungues  Etrang^res,  qui,  poor  ne  pas  embar- 
ras8er  le  plos  mince  talent  de  rfegles  diniciles,  se  condamnent 
k  6tre  Etemellement.  flottantes,  ^mellement  reconunen- 
c^.  Regardons  maintenant  TEpoqoe  de  la  Restaoration. 
Avec  les  strangers,  que  le  mallieor  de  la  goerre  amtoe  dans 
Dotre  patrie,  arrivent  lea  litt^ratores  Etrang^res,  lesqoelles 
sont  accoeillies,  yantte,  recommand^  par  la  critique, 
conmie  pooTant  rompre  ntilement  la  roideur  inflexible  de 
la  nOtre  et  la  renonveler  par  des  importations  lieoreoses. 
Mais  qo^avons-nous  gagnE  k  ces  importations?  Quel  froit 
ttoos  est  rest^  de  cette  insorrection ,  ao  nom  de  je  ne  sais 
qoelles  libertds  de  la  p^is^e  ant^rieures  et  prtexistantes  aox 
langoes ,  contre  Tutile  despotisme  de  la  n6tre ,  despotisme 
fondE  00  sobi  par  tons  nos  grands  Eerivains,  et  qoi  n'a 
pas  emp^cbE  leors  diOKrencesT  C*est  de  ce  joor  U  que  da- 
tent  les  langnes  individiieiles  et  les  publics  particuliers  poor 
les  apprendre  et  les  applaodir ;  c'est  de  \k  qoe  noos  sont 
veoos  tant  de  Byrons  manqo^ ,  et  tant  de  lakistes  qoi 
n^ont  jamais  vn  de  lacs ,  et  tant  de  diames  Shakspeariens, 
avec  le  moi  litt^raire,  si  soperbe  et  si  odieox ,  qoi  m^prise 
les  grands  ancfttres  et  n'admire  qoe  ceox  qo'on  ne  lit 
pins,  afin  de  rester  seol  sor  les  mines  de  tootes  les  vieilles 
gloires.  H^as!  de  mtoie  qoe  la  littiratore  monnmentale 
du  dix-septi^e  sitele  fot  le  noble  oorrage  de  la  France  de 
Loois  XIV,  on  moment  maltresse  de  TEorope,  et  s^  main- 
tenant  encore  par  la  langue ,  alors  m^e  qu'elle  y  perdait 
dn  terrain  par  la  guerre,  fiaudra-t-il  dire  que  ce  grand  dE- 
sordre  d'esprit  des  demi^res  annte  a  M  le  triste  ooTrage 
de  la  France  se  racbetant  de  TEorope  Tietoriense  an  prix 
d*one  ran^n  d*argentetde  liberty! 

Toute  notre  litt^ratore  d'imagination ,  potaes^  dramas , 
romans,  soit  en  Tars,  soit  en  prose,  offre,  k  Texception  des 
chansons  de  B4  ranger,  des  marqoes  de  cctte  soj^tion 
aox  litttetores  ^angftres.  La  langoe  fran^aise,  dont  la 
gloire  est  d'aToir  prodoit  la  plos  noble  et  la  plos  exacte  idte- 
Usation  de  la  vie  pratiqoe,  cetle  langoe  do  sens  commim  et 
de  la  raison  universelle,  a  ^t^  forote  de  s'aigolseroo  de  s'obs- 
eordr  poor  rendre  les  excentriqnes  reveries  de  TAngle- 
tenre  et  de  TAllemagne,  et  a  pass^  sons  le  Joog  des  nations 
que  nous  avions  vaincoes.  Et  on  n'a  pas  senti  rabsorditE 
d'enlever  k  lenr  Traie  patrie  desidte  qoi  y  trouvent,  pour 
leors  noages  et  leor  |)Enombre,  des  langoes  sans  regies  ab- 
soloes,  ooTertes  k  toot  Tenant,  pour  les  transporter  dans 
une  langae  canstito^,  exclosive,  sacr^e  en  qnelqne  sorte^ 
ou  roriginalitE  n*est  possible  que  dans  la  cercle  fatal  des 
eonvenances  redoes. 


Certes,  malgr^  mes  r^serrer^  fl  y  a  de  qaoi  aooa  gMier 
toos,  admiratifs  et  critlqoes ,  de  r^poqoe  ob  noos  viTOos! 
M^me  dans  la  partie  de  notre  litt^rature  conteroporauieoi 
Tart  noos  paratt  avoir  sooffert,  et  oil  les  acqoisitions  ne 
compensent  pas  les  pertes,  m6me  dans  oette  maladie  dPexo- 
tisme  et  d'imitation  qoi  noos  travaille,  il  n*y  a  pat  do  moos 
la  plaie  de  la  m^ocrit^ ;  et  sMl  est  Trai  qne  dana  les  oorragn 
de  litt^ratore  pratiqoe  nous  sootenons  notre  grande  lai^Bi 
dans  les  voies  qoi  lot  ont  donnE  Pempire  des  esprits  coltiv^ 
dans  le  monde  modeme,  il  ne  Test  pas  moins  qoe  dans  les 
ooTrages  dMmagination  et  de  po^ie  notre  d^cadeneemtee 
est  encore  la  seule  litt^ratore  de  I'Eorope  oonteroporaine. 

DfoirE  NiSARD,  de  rAcad^mie  Pna^uK. 

En  se  reportant  k  la  fin  de  la  Restauration ,  on  est  firipp^ 
d'on  spectacle  magnifiqiie  :  c'est  Tinstant  le  plos  animi  de 
la  lotte  entre  deox  principes,  dont  Ton  se  hAte  poor  saisir 
Tavenir,  qo'il  sent  6tre  k  lol,  dont  I'aotre  redouble  d*eflbiti 
poor  prolonger  son  existence.  Tootes  les  forces  Tires  de  b 
nation  sont  k  Toeovre,  les  esprits  ao  travail.  Cliaque  mafia 
voit  les  orateors  des  partis  se  rencontrer  k  la  tribune,  les 
joomaox  transmettre  leors  pensteao  bout  de  la  France,  lei 
torivains  enfanter  de  nouveaox  livres ,  donner  naissance  k 
de  noovdles  idte;  le  commerce  entasser  lea  ballots  sv 
les  ports.  Dans  le  monde  materiel  comme  dans  oeloi  de  fSa- 
telUgence,il  y  a  enUioosiasme,  toulation,  et,  nous  lectai- 
gnons,  sorexcitatioD.  La  litl^tore  depuis  longtemps  nV 
vait  pas  ^t^  agilte  aussi  profondtoent;  les  aystemes  phflo> 
sopliiques  renaissaient  de  leurs  cendres,  Ttelectisme  se  d^ 
Teloppait.  La  critique  litt^raire  modeme  faisait  son  avte- 
ment ;  les  civilisations  ^talent  ^tudite,  (ouill6es,  creoste  i 
fond  et  livraient  leors  secrets  aox  auditeors  ^nerrefll^.  Oa 
se  rappelle  Teclat  alors  jet^  sor  la  Sorbonne  par  trois  pn- 
fesseor8,MM.  Goixot,  V  illem  ai  n,  Coos  i  n.  Une  Bouvdle 
^oole  litt^raire,  prteliant  unnouTeau  symbole,  apportaitde 
nouTeaux  dieiix  et  contestait  bon  nombre  des  dieax  aadens; 
elle  renoovelait  I'ode,  le  roroan,  diangeait  les  lots  du  riiythme 
et  inaugorait  ao  tli^Atre  on  systtoie ,  sinon  compl^temeit 
neuf  soos  ie  soleil,  do  moins  nooveao  poor  la  France.  Cette 
intention  violente  ne  s'accomplissait  pas  sans  r^istance. 
Ceox  qoi  se  sentaient  menaces  dans  leor  position  oo  leor 
renomm^e  combaltaient  Taillamment,  mats  ils  aTaient  K- 
tort  d'avoir  trop  v^co  et  de  ddendre  one  tradition  dont  oa 
^tait  fatigo^ ;  ils  Toyaient  aotoor  d'eox  le  desert  se  faire  pea 
k  peu ;  bientdt  lis  allaient  rester  dans  la  solitude,  qoaod 
1830  Tint  mettre  fin  A  la  lotte  en  leor  foomissant  on  pr^ 
texte  poor  se  retirer  du  combat. 

La  r^volotion  de  1&30  eot  poor  elfel  imm6diat  de  dian^er 
plosieors  carri^res  et  de  les  toomer  vers  la  politique.  Qoel- 
qoes  aotres ,  sans  entrer  dans  cette  vole,  se  bomirent  ts- 
lontaireroent.  Parmi  les  lioromes  qoi  avaient  teno  le  pre- 
mier rang  soos  la  Restauration,  plosieors  ae  torcot  comply 
tement  et  cess^rent  d'terire  oo  de  chanter.  Les  deux  toi- 
Tains  les  plos  illostres  entre  ceox  qoi  dteiors  s'absUnreat, 
B^ranger  et  CliAteaobriand,  appartenaient  k  des  partis 
diffirents,  bien  qoe  personnellement  nnis  par  une  sympa- 
tbie  plosieors  fois  manifesto  de  part  et  d'autre.  A  part  le 
Congr^  de  V&one^  protestation  indirecte  contre  les  eaneoiis 
de  la  Restaoration,  A  part  la  traduction  de  Milton,  ceoTie 
secondaire,  et  la  Vie  de  Rane^,  liTre  plutAt  pieux  que  Utt^ 
raire,  si  la  litt^ture  pouvait  fttre  absente  de  ce  qu'a  toil 
ChAteanbriand,  nolle  asovre  sign^  de  son  nom  n'a  para. 
CliAteaubriand,  toivant  ses  ill^moiref ,  s'est  dfeinUiresa^  de 
I'aveuir ;  oubliant  le  prfetent,  11  s'est  plo  k  revenir  sur  b 
trace  des  6v^nements  fiass^  et  k  recommencer  sa  Tie  par 
le  souTenir.  Un  Recueil  de  diansons  noovelles  de  B6viger 
a  pani,  mais  la  trace  des  demiers^T^nements  rteents  y  €tiM 
k  peine  indiqu6e.  M.  de  Ik^ranger  passe  toutefois  pour  avoir 
^rit  <te  nomhreuses  chansons  dans  sa  retraite;  il  se  refon 
obstin^ment  k  les  puhltcr.  D'autres  homnnes  illu5tre«  de  b 
Restauration  se  turent  apr^  1830 ;  mais  chex  enx  il  n'y  eol 
pas  H^ture  ''  ^  ^^^  simpleincnt  changement  de  direcliou, 
sub<lllriif„„'  ,ruiie  ^"^^  *  *'*""^-  "•  abaodonnif^rt  les 


FRANCE 


729 


tettres  pour  la  poLUque,  la  diplomatie,  radministration ;  peot< 
Hit  poor  qaelqaes-uns  serail-il  plus  court  de  dire  que  U  po- 
litique acheva  de  le&  absorber.  MM.  Tbf  er%  V illemain, 
Cooain,  de  Baranta,  d^  avant  1830,  tcuchaient  d^j^ 
aux  affaires,  soit  par  leurs  fonctions,  soit  par  la  presse  ou 
kurs  Merits.  La  revolution  de  1830  ^tant  venue  d^blayer  ia 
▼oie,  ila  s*y  iet^cent,  et  la  superiority  de  tour  intelligenee  en 
fit  Ylte  deshomiDes  eniinents  dans  les  assemblies  politiquea, 
comme  ils  i'etaient  d^jk  dans  les  lettres,  k  ootre  grand  regret 
toutefois ;  car  les  plus  eclatants  discoors  ne  talent^  pas  les 
grandes  oeuTres,  et  se  perdentbien  vite  dans  les  catacombes 
du  Moniteur.  Les  livres  mentetdoreront  longtemps  apr^s 
qob  leretentibsementdes  grands  succisoratoires  sera  oublid. 
11  Taut  que  les  seductions  qui  ont  entrain^  des  esprits  tels 
que  ceux  que  nous  venons  de  citer  soient  bien  puissantes 
pour  les  avoir  detoumes  des  lettres.  Nous  demons  en  ad- 
mirer dayantage  ceux  qui  ont  r^siste  et  n*ont  pa?  quitte  leurs 
etudes.  C*est  un  honneur  que  M.  Augustin  Thierry,  dont 
Ics  Teilles  ont  use  la  Tue,  partageayec  MM.  Ballanche, 
Beranger,  Casimir  Delavigne,  et  quelques  autres,  restds 
tideies  k  leur  passe,  lis  n^ont  pas  voulu  qu'on  pdt  dire  quMls 
etalent  autre  cbose  que  des  ccrivains.  Les  applaudissements 
du  public,  Tattention  pretee  h  leurs  (euvres,  leur  ont  pani 
preferables  aux  obsequiosiies  des  subordonnes ;  et  ils  ont 
roieux  aime  ecrire  des  vers  ou  des  pages  de  philosophie  et 
d^bistoire  que  des  circulaires  et  des  rapports.  Parmi  les 
ecrivalns  qui  ont  fixe  sur  eux  lea  regards  du  public  pendant 
cestrente  demieres  annees,  soit  par  la  valeur,  soit  par  le 
nombre  des  oeuvres,  M.  Victor  Hugo  oocope  Tun  dc»  pre- 
miers rangs.  U  a  aborde  bien  des  genres.  Nous  le  retrou- 
vons  k  la  fots  dans  Tode,  le  drame,  to  roman;  M.  Victor 
Hugo  ent  rhomme  le  plus  important  de  to  nouvelle  e^joie. 
II  en  est  le  chef,  et  loi  a  donne  sa  poetique  dans  to  Pre- 
face de  Cromwell,  Dans  ses  ceovres  et  dans  ses  drames ,  il 
s'est  efTorce  de  suivre  les  lois  quMl  a  formul<fc8,  M.  Hugo, 
comme  principal  caractere  de  ses  ouvrages,  offre  uue  person* 
nalite  pnissante,  une  individualite  fortement  tranchee.  C« 
qu'il  a  pubUeauraH  pu  ne  pas  etre  eigne :  ceux  qui  ont  vecu 
dans  la  familiarite  de  ses  ceuvres  ne  s'y  seraient  pas  trom- 
pes.  II  a  une  manidre  k  lui  de  sculpter  to  pensee  et  de  fixer 
ridee  qui,  en  la  metUnt  en  relief,  tend  k  lui  donner  forme 
et  sulnstance.  Il  eprouve  un  tel  besoin  de  cherclier  Timi^e, 
(lue  souvent  son  style  arrive  k  se  materialiser;  to  couleur 
et  redat  Tattirent  invindblement ,  et  les  Orientalet  Your- 
nissent  le  developpement  to  plus  complet  et  le  plus  splen- 
(lide  de  cette  maniere.  Les  evenemento  de  184S  pousserent 
M.  V.  Hugo  dans  la  politique  active;  lui ,  qui  s'etait  laisse 
faire  pair  de  France  sous  Louis-Philippe,  il  devint  roembre  de 
TAssemUee  aatiouale,  et ,  eiu  d^abord  par  les  partis  conser- 
vateurs ,  il  se  fit  houiroe  du  peuple ;  ses  piote^lations  contre 
les  restaurations  monarchiques  font  condamne  k  Peiil. 

Detous  les  poeies  admires  avant  1830,  M.  de  Lamar - 
t  i  n  e  est  peut-eire  celui  qui  s'est  le  plus  modifie.  M.  de  La- 
martine,  comme  M.  Hugo,  a  debute  par  des  poesies  monar- 
chiques et  religleuses,  avec  cette  difTerence  que  M.  Hugo 
etait  plus  monarchique,  M.  de  Lamartine  plus  rellgicux. 
Nous  n^avons  pas  k  retracer  les  succ^s  de  I'auteur  des  M4' 
dilations;  constatons  seulement  que  to  revolution  de  1830 
le  surprit  au  milieu  de  sa  gloire  apr^s  to  publication  des  Ifar- 
monies.  Bient6t  il  enffa  dans  to  politique,  aniva  ^to  cliambre 
des  deputes  malgre  un  premier  echec ;  puis,  i\trh&  de  nou- 
▼eaux  poemes,  s'occupa  d^histoire;  la  revolution  de  F  e  v  ri  er, 
k  laquelle  il  eut  une  si  grande  part,  Tenleva  aux  totlres; 
noais  to  politique  est  inconstante :  to  membre  du  gooveme- 
ment  provisoire  dut  bientAtse  faire  journaliste,  et  auuourd'hui 
il  poorsuit  son  esuvre  de  propagation  civUisatrice  en  con- 
vrant  de  sa  magnifique  prose  des  biographies  poputoires. 

Le  mouvement  romantique  dela  Restauration  avait  sns* 
dte  un  grand  nombre  de  pontes ;  les  plus  remarquables 
d^entre  eux,  apr^s  MM.  Victor  Hugo  et  Lamartine,  sent 
MM.  Sainte-Benve,  Alfred  deVigny  et  Alfred  de  Mus- 
sel, Nous  ne  parlous  pas  d^une  foule  d^autres  sans  carac- 

DICT.   DE  LA  CORVERSATION.  —  T.  IX. 


teres  particuhers  autres  que  ceux  de  Tecole.  Quelques  mor- 
ceaux  meme  se  distlnguent  par  to  beaute  de  Tidee  et  df 
I'expression ;  mais  cela  ne  suffit  pas  pour  inspirer  k  leurs 
recueils  de  vers  un  cachet  distinct,  une  individualite  qui 
ressorte  et  ne  permetle  pas  de  les  confondre  dans  la  foole. 
II  n*en  est  pas  de  meme  des  trois  poetes  dont  nous  avons 
dte  les  noms.  Cliacun  d'eux  se  fait  remarquer  par  un  styto 
k  lui,  un  ordre  de  pensees  dont  il  a  fait  son  domaine.  Tons 
ces  poetes  ont  debute  sons  la  Restauration,  anterieurement 
k  1830.  On  aurait  ete  porte  k  croire  que  le  retentissement 
d^ln  id  evenement,  en  remuant  les  esprits,  aurait  susdte 
des  poetes  et  des  ecri veins.  Il  n*en  fut  rton.  Dix-huit  ans 
s*ecouierent,  et,  k  part  deux  ou  trois  noms  qui  se  sont  reveies, 
nul  poeteremarque  ne  parut.  II  est  une  exception  cependant : 
un  poete  s'est  etore,  et  semble  si  bien  le  produit  de  la  revo- 
lution de  1830,  qu^il  est  ne  avec  elle,  s*est  eteint  et  a  dis- 
|iaru  presqu'eii  meme  temps  quelle.  Nous  voulons  parler  de 
M.AugusteBarbier.  La  revolution dePeviicr  u^en piuduisit 
pas  davantage,  en  tenant  compte  cependant  des  chansons  de 
M.  Pterre  Dopont  et  des  fables  de  M.  Lachambeaudi  e. 
Avant  determiner  cette  revue  des  poetes,  parlerons-nons 
de  ces  innombrables  recudls  de  Ters  qu^apres  1830  che- 
que annee  vit  edore.  A  quoi  bon  ?  excepte  leurs  auteurs, 
personne  ne  s*en  est  jamais  occupe.  Ce  n*est  pas  k  dire 
•ependant  que  le  talent  manquM  ices  tentotives :  il  n'a  jamds 
et^  plus  commun.  Tout  le  monde  est  arrive  k  un  certain 
degre  de  perfection  dans  le  vers,  qui  a  pu  tromper  bien  des 
gens  sur  leur  vocation.  Les  precedes  de  facture  ont  ete  si 
vulgarises,  qn'ils  sont  k  la  portee  de  tons.  Chacun  s'est  plus 
ou  moins  essaye;  les  essais  ont  fait  des  volumes :  qu^en 
faire ,  sinon  les  publier  ?  Mais  c'etait  compter  sans  les  lec- 
teurs ,  qui,  ne  trouvant  que  des  eclios  affaiblis  de  Lamar- 
tine et  de  Victor  Hugo,  retonrnaient  aux  veritables  poetes, 
et  laissaient  les  imllateurs  dans  la  solitude.  De  to  taut  d*ac- 
cusations  centre  le  siede,  hostile  k  la  poesie.  Le  siecle  a 
laisse  dire  et  a  bien  fait.  II  attend  encore  un  vrai  podte,  et 
lui  reserve  un  accueil  qui  fera  mentir  toutes  les  invectives 
qo'on  lui  a  prodiguees.  Cette  manie  toutefois  a  eu  des 
suites  fAcbeuses.  11  s'est  rencontre  des  Jeunes  gens  qui  de 
bonne  foi  se  sont  cms  des  genies  Incompris,  et  qui  ont  ap- 
peie  le  suicide  au  lien  de  lutter  par  leurs  ceuvres.  Le  veri- 
table genie  a  des  defaillances ;  mais  poor  prouver  son  excd- 
lence,  il  ne  rejette  pas  to  vie.  U  tient  davantage  k  prouver  au 
monde  qu'il  a  tort  On  pent  dire,  sans  insuiter  k  rinfortone 
des  victimes,  que  leur  suicide  prouve  contre  dies  :  Gilbert 
est  mort  k  I'tiApital,  mais  ne  s'est  pas  tue. 

1830  et  1848  ont  produit  une  poesie  particuUke,  to  poesie 
des  ouvriers.  On  compte  aujourd'hui  en  France  une  tren- 
taine  d'hommes  appartenant  aux  classes  laborieuses  qui 
cultivent  to  verdfication.  Nous  nous  servons  de  ce  mot  k 
dessein;  car  tour  poesie  n'est  pas  autre  chose.  On  a  fait 
grand  bruit  de  ces  tentalives;  on  nous  promettait  une  foule 
de  grands  hommes;  au  resume,  to  France  attend  encore  le 
messie  qui  devdt  la  doter  d'une  nouvelle  source  de  podsie. 
Les  hommes  dont  nous  parlous  sont  des  artisans  laborieux, 
qui  ont  developpe  leur  Intelligence  par  la  lecture,  et  qui 
meritent  tous  egards;  mais  parce  qu'ils  sont  arrives^ 
comprendre  les  vers  et  k  imiter  plus  ou  moins  bien  ce  qu'ils 
lisaieiit,  ils  doivent  bien  se  gardcrde  <yoire  qu'ils  possMcnt 
la  poesie  die-meme.  Tout  au  plus  sont-ils  maltres  de  l^f^- 
trument;  ddnues  d'etudes  premieres,  ils  n'ont  pas  cette 
forte  nourriture,  cette  disdpline  severe  qui  cree  le  style;  ils 
Tont  prouve  de  reste.  Leurs  vers  jusque  id  n'ont  tX6  que 
recho  du  poete  qu'ils  preferaient  Le  plus  illustre  d'entre 
eux  est  Reboul,  le  boulanger  de  Ntmes.  Sans  M.  de  Lamar- 
tine, que  serait-il?Nous  Idssons  Jasmin  en  dehors,  il 
appartient  k  une  autre  iangne  et  k  une  autre  lilterature. 

Nous  venons  de  voir  quelle  influence  la  revolution  de 
1830  avait  exeroee  sur  la  poesie  et  quel  developpement 
Tandyse  avdt  pris.  Une  transformation  plus  marquee  en- 
core s'est  accomplie  au  thedtre.  La  po<^sic  nouvelle,  pai  de 
certains  cdtes,  tient  encore  k  rancienoe  poesie.  L'art  thet- 

'J3 


780 


FRANCE 


tral  de  nos  joun  est  un  art  noaTean,  en  France  du  moins ;  U 
foriue  uctuelle  est  le  cuntraire  de  i'andiHiiie  forme;  elleest 
m^e  exclusive  de  celte  demito.  Les  deux  arts  soat  ies 
sEtipodes.  Au  Uea  de  se  diriger  da  particulier  au  gi^Q^ral , 
les&rivains  moderiMS  s'attacheut  aux  indiYidtialit^.  lis  ne 
peigaent  plus  rhonmie  sous  Influence  d*uiie  passfoOi  mais 
se  bomeat  k  mettre  en  sctoe  un  6tr9  exoeptionnely  le  plus 
souTent  cr^  par  leur  imagination,  et  placid  dans  la  Tie  k 
peu  prte  ounme  un  sauTagp  iniUA  tout  k  coop  aux  raffine- 
ments  de  la  cirilisation.  Ce  quHs  ehercbent,  c^est  Teffet 
produtt  par  les  institutions  sodales  sur  un  Atre  ainsi  plac^ 
lis  le  mettent  aux  prises  ayee  les  obstacles  qu'apporte  le 
monde  aox  passions  imp^tueases  dont  iU  ne  manquent  pas 
de  le  dooer.  Dans  una  telle  sitoation,  11  n'y  a  que  deux  al- 
ternatives :  ou  la  pas^on  est  Is  plus  forte,  et  parrient  k 
domioer  le  monde  et  ses  lois ;  ou  elle  succombe,  aprte  une 
lutte  qui  la  brise.  Dans  Tun  et  rautre  cas,  les  situations 
itrangea  et  nonoales  sont  prodigal ,  le  drame  est  pouss^ 
jusqo'aa  paroxisme*  les  (i^p^Ues  se  succMent  sTec  rapi- 
dity et  s*entassent  les  unes  sur  les  autres;  les  conditions  se 
mdlent;  tous  lea  ^tats,  toutes  les  classes,  se  beurtent  pour 
prpduire  de  nouTeaux  effets;  le  bourgeois  lutte  avec  le 
grand  selgneui,  Tartisan  ayec  le  prince.,  ht  spectatenr  Toit 
passer  comme  dans  un  rftve  un  monde  vif,  remuant, 
bruyant,  tumultueux,  oil  la  Tiaiaemblance  n*est  gnte  ob- 
senrte,  U  est  Trai,  mais  amnsant  et  en  definitive  n^int^res- 
saot  pas  k  moitid.  Jl  ne  s*agit  pas  de  traisemblance,  d*ailleur8, 
de  v6ntA  encore  moins;  le  spectateur  n'a  pas  le  temps  de 
s'en  occuper,  il  a  bien  asses  k  taire  de  suivre  le  fil  de  llntri- 
gne  k  travers  les  travestissements  el  les  changements  de 
fortune  des  personnagjBs.,  Ja  ^4xM,  apr^  tout,  eit  le  mpin- 
dre  soud  du  spectateur  de  nos  Jours;  oe  qn'il  chercbe,  c'est 
un  plaisir,  une  distraction. 

Une  cons^uenoe  de  la  traasformatton  de  la  sod^^  oe  fut 
la  pr^ominance  du  mdlodrame  sur  la  trag^die,  do  vaude- 
viQe  sur  la  com^e.  La  trag6die  est  une  forme  9a^eate,ua 
pea  immobile,  mais  qui  n'en  fUt  que  raieux  brOler  les  res- 
sources  d'inTention  et  le  style  du  poete;  la  com^dle,  de  son 
c6te,  exige  un  soin,  une  culture  assez  rafBnie.  Napolto , 
ayant  repIAtr^  Pancienne  sodtt^,  .Toulot  enoourager  les 
lettres :  ia  tragus  et  la  oomtiie  reparuienft  un  moment; 
mats  Icur  vie  fut  factlce  comme  la  uodM  du  temps.  La 
ddmocratie ,  ayant  d^finifivemeiit  prisposseNloa  du  sitele , 
demandait  des  spectacles  qui  lid  Aissent  appropri^  Le 
vaudeville  est  la  vraie  comAlle,  ie  m<lodranie  la  vrale  tra* 
g^  des  gens  illettr^  etde  culture  grossitee.  Le  vaudeville 
et  ie  m^ledrame  absorb^rent  done  ■atureftement  les  formes 
dramatiques plus savantes  et  plus raOlnte qui  avaientr^gnA 
jusique  ik, 

Ce  n'est  pas  tout  k  coup  que  le  tb^Atre  est  arriv6  au 
degr6  d'abaissement  ob  nous  le  voyone.  La  Restauration  a 
6V^  une  ^poque  de  transitioo  aussi  Men  en  Utt^rature  qu*ea 
politique.  Les  id^es  nbuvdles  qui  s'agitaieot  dans  le  monde 
et  cherchaient  k  se  produire  nValent  pas  enoora  aoqois 
toute  leur  force  d'expansion.  D*ailleiirt,  les  tentatives  qui 
se  produisaient  ^talent  timides  et  oomme  bontease#  d'elles* 
mfiitoes;  d*un  autre  cdt^,  de  0!ands  acteurs  prolongeaient  la 
vie  delatrag^die  etde  la  comidie  anciennea,  pendant  que  des 
honuttes  de  talent ,  et  au  premier  rang  Casbnir  Delayigne , 
par  quelques  oduvres  remarquables,  lUsaient  Uhisioo  sur 
la  vitality  de  Tart  tbMtral.  Peu  ii  pea  oopendant  la  bour- 
geoisie gagnaitdu  terrain  dans  le  nanode ;  en  mteie  temps, 
et  par  une  consequence  naturelld,  les aii^ets  mis  li  la  sc&ne 
etaient  pour  la  plupart  empnmtes  4  la  vie  famili^re*  La 
society  nouvelle  lend^t  k  se  snbstitner  mteie  dans  les  Jeux 
du  tbeitre  k  la  soddte  ancienne.  Les  macqulaavaieot,  sul- 

vantelle,  assei  looglemps  fatt  nontra  de  Mar  esprit,  tes 
eomtesses  de  leur  gite^  el  de  fear  gakNiterie.  L'anden  rt- 
peHolre^aait  poor  cette  socitt6  rinage  d'ua  savolr-vivre  et 
d  one  elegance  qu'eile  ne  poaviit  MMre,  el  dont  les  roo- 
diles  lui  devenaieat  antipatblqoes.  La  eomedie  andenne 
tomba  ea  discredil,  el  II.  Scribe  devlnl  rauteur  aime  et 


appiaodi  de  I'Spoqise.  Las  petits  jtsubumiiU,  ies  peltee»> 
quetteriea,  les  petits  maneges,  si  fjnemewl  exploiMs  par 
lui,  coaveoaient  merveJlleuseiwent  k  oe  monde.  Las 
de  banqaiers  sentinMotales ,  les  miUionnaires,  las 
galants,  qui  rempliasenl  ses  pieces,  chaimtonl  la  .««.», 
qui  crut  voir  co  eux  la  reproduction  de  la  sodeid  de  la 
RestauratiOD.  La  cooiedie  alors  etait  dans  lea  etwees  el 
les  bommes  pins  qo*aa  theitre. 

Pendant  que  M.  Scribe  pourBoivait  le  eours  de  sea  —,««., 
une  revohition  dramatiqoe  s^eiait  prepareeel  s*aoeonplissait: 
,1S30  Inl  donna  una  impulsion  irgeatrtibla.  Le  drame  ramai* 
tiquefitsoaaveneaieat  Le  drame  modeme  peul  ae  penoa- 
nifier  en  deux  bommes  :  Uli.  Hugo  el  Dumaa.  Cbacaa 
d'eux  a  eu  ear  la  sctea  one  influence  particull^re,  mala  ^ 
lemenl  neiasle.  H.  flogo  a  cred  le  drame  splendlde,  deveaa 
cliei  ses  disdples  une  machine  k  decorations;  M.  Domas, 
Ie  drame  brutal.  M.  Hugo  a  de  beaux  elans  lyriqnes.  M.  Da- 
mas  fait  couibattre  dsf  faMtfanGts  recherdiattt  avidemenl  Is 
satbfaction  de  leurs  appetits.  Cbex  les  ei^vos  de  M .  Hugs, 
Tabtenoe  de  verite  des  penoimages  est  Mdeate.  Cda  ex- 
pliqoe  le  peu  d*inter6l  qa*onl  offer!  ses  dramas.  Qa^  preaae 
leurs  beros  un  ^  un ,  qa^on  se  demaade  si  dans  la  situaUaa 
doqnee  lis  tat  ce  qu'ils  devraient  faire ,  diseni  ce  qnHs 
devratat  dire,  Pon  se  coavabicra  bien  vite  que  la  faattinf 
seule  des  poetes  parte  par  leur  bouche,  el  ncm  le  saatiBeBt 
dont  on  les  suppose  animea.  M.  Hugo,  admirable  poete 
lyrique,  aM  maladrolteueni  imite  an  tbeitre.  La  rIdieiM 
de  son  fanaginatian  rentralne  k  diaqne  instant  el  le  de- 
toume  de  la  voie  o6  H  pose  le  pied.  Vlvenieat  frappe  d^iae 
idee,  fl  s'arreie  pour  la  devdopper;  il  ia  ptee,  TeBveloife 
de  broderies,  al,  sana  s^en  apercevbir,  laisse  son  drane 
s^en  aller  k  la  derive,  aborder  oft  fl  pent  H  s'easait  qoe 
ses  pitees  sontsplendides  el  polssanles  plntdt  que  drama- 
tlquee.  Moua  ne  sommea  pas  du  mtaie  avis  qae  les  cri- 
tiques sevtos  sor  ie  pen  de  valeuir  de  ses  plans,  isr  llaha- 
bilete  des  gradaUons^  la  faiUesse  des  prepantloiis,  la 
dispropodioa  des  setaes;  cWsouvent  un  merile  el  aas 
preuve  de  Ibrce  que  cette  biexperience  k  eanatnife  one 
fable  dramatique.  Les  grandes  qinlites  que  pasaMe  inoea- 
testableaMnt  M«  Hugo  sont  deveiiues  defiMUs  difex  les  db- 
dples  qoi  eat  pretoida  que  le  lyifnne  doH  ooeoper  Is 
piemitee  place  daaa  le  drame.  La  lesolutlon  de  ee  systtet 
est  trop  facile :  Vpif  dil  drame  dit  aetion,  et  le  lyrittae  eit 
ce  qall  y  a  de  plos  anflpatfaif|ae  4  ractloa;  11  l*ealnve,U 
bit  laqgnir,  la  met  en  ddrouta.  OTpas  voyons  dUlenrs  ee  qot 
produil  ee  syaUme.  On  a  tenie  de  suppieer  k  toot  per 
le  nMQveaaent  autedd.  1^  d'abteors  se  soni  ebntaries 
de  pen  de  penoaiages;  ffii  ameaent  sur  la  sotoe  des 
masses  popolaftres^  de  longs  eorteges,  sans  antra  feul^d'oo- 
cnper  les  yen  et  de  remplir  la  sctee,  par  soUe  delear 
impuissande  k  ranimer^  Le  pendiant  general  k  toMMbm 
la  poede  se  retrowe  aecessdiement  an  tlditre.  L*ait  dit- 
I  mslique,  d  on  aohrdt  cette  ronte^  ne  devieadMI  Uenlit 
plus  qu'one  esMbftion  de  vdonrs  el  de  bamdefea.  If.  Da- 
mas  cbeteba  pea  k  eblooir  le  regard;  il  a  poor  pfMpe 
qn*U  tat  lirapper  foil  L^ardenr  de  son  tcmperameal  ndri- 
dioad  a  pasee  dans  ses  pitees;  11  est  toojons  prfll  k  crier 
avecDemodbtae:  L^acttayTteUen,  etenootferacttarAves 
hit,  pas  de  preparations,  pea  de  tateurs;  ses  personaagBi 
tendent  droll  an  bot.  S*ils  a^ndit,  ce  quHs  veolent,  ^ed 
laposscsden  de  la  fbmnealmee;  sllssont  amUtient ,  cM 
raoeorapllssenMnI  de  leurs.  desirs.  M.  Dumas  conaatt  par-' 
fdtemeat  le  tbeUra;  ate  plans  son!  toi^ioaia  JisWIemMd- 
ooMblDea,  sea  dMs  mdaagea  avec  art  La  traisemhisaes 
ed  sooveni  violet,  M  est  vfd;  fnals  le  spectaMr  a*a  pas 
le  temps  de  a'ini'apeieevoir;  saearioslte,  vheeaeal  evdMa, 
ed  ioojoun  eolKdiee.  Qital  k  la  morde  de  rcenvra,  ele 
ednulle;  rantenr nepoursoll qaTane chose, rematfaa  Ge 
n'ed  ni  aa  cosur  al  4  I'iesprft  qu'il  s^adresae,  «'ed  aai  pan 
slons  de  la  foule,  aux  sens  das  bommes  asaamUea.  II  ne 
sMnqui^te  pas,  d^  k  vrd  dire ,  nous  cioyons  qoll  n'y 
guire,  des  resuKats  possibles  de  cea  appds  k  k 


FRANCE 


Ttl 


il  an  mat^rialiiiiie;  8*0  a  ten,  il  a  rtesi  at  ne  dcmanda 
lien  de  plus.  Ne  cr^JgnoosMS  de  le  dire,  de  lemblables  spec- 
tadea  sont  dao^reox;  h  \\  longuei  iU  font  p^n^trer  dana 
les  maifiea  Fidte  que  la  saUfactioii  dea  bestSna  mat^rielft 
eat  l^'Ume ,  et  qae  lea  lois  sodalea  ne  sent  foltea  que  poor 
ceax  qui  ne  savent  pas  I'en  affranchir.  Si  noua  imputons  k 
M.  Damaa  plus  qu^li  toot  autre  le  tort  dVoir  deTdopp^  oea 
pandiaDts  maoTals,  c*est  que  son  osoTre  enti^re  est  em- 
preinle  d^un  wma^H*"^  sur  leqoel  son  talent  pent  dooner 
'  le  cHancet  et  que  le  critique  doit  signaler  et  combattre. 
TovtefoiSf  U  ne  serait  pas  Juste  d'accnser  le  poCte  seul;  il 
■*a  fait  que  copier  lea  honunea  qui  TentDurent  Si  sea  per- 
aonnages  se  pr^pitent  vera  lea  Jouissances  mai^elles ,  c^sst 
qn*il  a  pria  ses  modiles  dans  le  monde  netneL  L*Aprei^ 
qii*ila  montrent  est  celle  de  T^poque. 

Un  Jeone  homme  inconno ,  arriTant  de  la  profince » «  ce 
pendant  d'on  seul  coup  conquia  la  ienoinin^»  aree  una 
tragMie  romaine;  mais  on  j  trourait  de  beanx  rera.  La 
pitee,  malgrt  fes  d^lants,  oflfrait  le  lang^  de  la  paasion. 
Si  les  personnagBs  ne  Tiralent  paa  d^nne  tW  rteUe,  ila  ▼!- 
raient  k  la  rigneor.  La  surprise. Ait  Joyeuse.  L'annte  soi- 
▼ante,  nne  flBOTre  d^saote  et  .facile,  de  style  barmonienx 
et  fluide,  joate  sana  reclame,  k  rimproviste.  Tint  Cdre 
poor  la  commie  ce  qiie  Lucrice  arait  UM  pour  la  tragMie. 
Mais  les  deux  jeunes  autiNira  ont  sembl^  talblir  k  lenr  se- 
eonde  te&tatire :  Agni*  d€  M6ranie  et  L'Bmnnu  d€  IHen 
n^ont  paa  teno  ce  qu'avaient  promis  l/ucriee  et  La  CigHe, 
MM.  Ponaard  et  Aogier  avaient  profits  de  la  reaction. 
Depuis,  M*"*  Sand  a  introdoit  ayec  ancc^  au  .tb^Alre  las 
jDoeurs  des  champa;  et  M.  Alfred  de  Mosset  a  rujouer  ses 
prorerbes  an  Th^Atre-Fran^aia. 

Le  mteio  caract^  de  mat^alisma  qui  a  pen4tr6  le 
drama  a  dgalement  attaint  le  roman  i  c'eat  le  mtaoe  oubli  de 
toute  apirituallt^  le  m6me  sensualisme;  les  auteura,  dana 
lea  liTres,  aont  m^meall^  ploa  loin  qn'au  tbd&tre^  Lea  hom- 
ines assembles  sont  plus  rigides  qulls  ne  le  sont  Isolteent. 
Dansie  W/^k-iAt^  ila  font  souTent  bon  marchA  de  certaina 
principes  dont  Us  ne  permettent  paa  la  violation  publiqua. 
Si  le  th^Atre,  qui  cependant  n^a  gu^re  respects  de  rtglea,  en 
a  conserr^  quelques-unes,  c'est  k  cette  disposition  qu*!!  le 
doit.  Le  livre  a  os^  dayantage.  Me  pooTant  cberther  TeRet 
des  decorations,  les  romandera  se  r^etteent  aor  la  pompe 
dea  images  et  des  mots ;  le  cliqnetia  des  phrases  et  I'^elat 
dea  coulenrs  Cuisses  et  enlnminte  passkent  trop  sonvent 
pour  da  style.  Un  feit  qui  dontribna  k  amener  cette  ressem- 
blance,  ce  fiit  I'enTahiSMment  du  rom^n  par  lesdramatuiiges, 
qui  y  port^rent  leurs  habitudes  Hulentea,  leur  brutality  de 
senUmenta,  leura  effeta  exagir^.  Le  reman  ne  tarda  paa 
il  n^gliger  la  peintore  de  carad&re  pour  rechercber  nnlqoe- 
ment  llnt^M  des  compHcationa;  T^le  de  Lesaga  fut  d^ 
sert^  y4rit(6  dea  passiona,  naturel  des  seirtimenta,  eorreo- 
tion  et  simpUcit6  du  latt(^^«  c'itait  li  on  attlrail  dont  on 
ae  d^barrassait  au  plua  Tite.  Poor  atteindre  an  Trai»  il  foot 
du  tempa  et  dea  efTorta;  et  le  lectenr  en  teoait  jmo  de 
compte.  L*aateur  prtfte  bien  rite  ser?ir  le  pnbSc  aelon 
fl<m  goM ;  il  y  avait  toonomie  de  tempa  et  augmentation  de 
aalaire.  La  cr^tion  de  la  presse  populafare  fiit  en  qnelque 
sorle  le  coup  mortel  port6  k  la  litUratnre  romanesqne;  on 
slng^ra  de  publier  en  feulUetonades  nooTdlasetdes 
romans.  Les  auteura  a*en  r6]onlrent ;  Us  n'y  Tirent  d*abord 
qu'un  debouch^  ouvert  k  lenrs  oufrag^s,  one  communication 
plus  directe  et  ploa  faitime  afec  le  public  Aojourd^hui ,  las 
aoltea  de  oette  alliance  de  la  presse  et  de  Timagination  ne 
ae  font  que  trop  sentir;  tous  ceux  qui  ont  pass^  sous  les 
fourches  caudines  du  feoUleton  olfrent  le  triste  spectacle  de 
riches  fkcolt^  4*ui8toi  de  talenta  en  mines.  Vera  la  fln  de 
la  Kestanrath>n|  la  nation  comment  k  slnqui^ter  do  roman. 
Walter  Scott,  par  sea  succte  et  ses  admirablea  peintorea, 
atait  mis  ce  goAt  k  la  mode.  AussitOt  toute  one  arm^e  se 
bfi  pour  y  r^pondre.  1830  donna  nne  Impulsion  BooTelle 
b  ee  mouTement.  Le  roman  derbit  la  forme  nnivemelle; 
^iliaqne  parti  en  At  uoe  macldne  a  son  usage.  En  peu  d*an- 


n6ei  on  ent  le  roman  intlme,  le  roman  deaeriptiC  le  romaa 
physlologique,  le  roman  philosopbique,  le  roman  poUtiqiie, 
le  roman  hnmaniiaire  et  le  roman  historiquai  le  pAie  mo- 
deme  de  toos  les  anires*  Plus  d^nn  auteor,  populaini  4ina 
les  caMnets  de  lecture,  secrut  assure  de  la  renommto^  qvel- 
ques  noms  seuls  ont  sumagd.Noua  aTonades  romandera  re- 
marquables :  leura  talenta  aana  doute  ont  bien  des  taches, 
mais  plusieura  d'antre  eox  ont  des  quality  qui  les  leront 
dnrer.  Ifooanedterona  que  dnq  noms  :  Baliac ,  rnfltino 
Sue,  G.  Sand,  Alex.  Dnmea  et  F.  Soulitf,  talents  in^- 
gaux,  sans  doote,  terlTains  de  m^iitea  diven^  mala  aJmds 
de  la  foole.  Chaa  tana,  Finfluence  du  si^cle  ae  iait  sentir,  Le 
aensoalisme  dombie  en  eox,  etqudqne»«ns  Tontinsqu'ao 
mat^riaUsme.  Tooa  produisoat  trop.  Aprte  e^oir  ploa  on 
moina  rAsiat^,  Ila  ae  sont  laisaA  en^ir  par  le  JoonialiBme. 
Forete  dte  Un  de  foomir  tant  de  Toliunea  par  an,  A  des 
dpoqoas  d^lenninte,  il  ne  lenr  a  ploa  ^  poaia)le  de  domier 
A  leura  lifreale  tempa  n^cessaire  pour  lea  mcDar^Uen;  II 
en  est  rteilt^  raflkibUiiaeimBnt  dans  le  style^nae  coneeptlon 
malt^n^e  et  IrophAtlf^  la  pdntora^e  aentimeiptapeo  Atn- 
di^  et  le  Trd  remplacA  par  Fempbese^ 

Des  romandera  .que.  nous  avona  dt^ ,  Balup. eit  le  ploa 
ancien  et  le  mobis  popuiaire  :  ee  n'est  .paa  qu'il  nHdt  de 
Dombrenx  lecteors,  et  que  sea  oofrages  ne  anient  recherche ; 
mais  il  a  mdna  de  prise  sor  la  foul^  et  ancnne  de  sea  pro- 
doctioos  n'a  soolerA  le  bruit  ^ourdisaant  de  certain^  autrnt. 
La  nature  mAme  de  son  talent  donne  U  raimB  de  ce  fait. 
Baliao  est  avant  tout  nn  analyste  patient,  nn  investigateor 
moral,  amoureox  du  detail.  La  masse  est  plua  sensible 
au  monvementqu'an  mArite  d^ineAtnde  psychdoglque.  Noij- 
obetant  cette  rAsistance  passiTC  qu'U  a  eu  A  comba^re, 
Balxac  a  an  conquArlr  un  pabUc;  FAducation  a  AtA  Uborieose , 
mais  Faotenr  Fa  menAe  k  bonne  lb.  Balaac  s*est  fait  on 
style  particolier,  appropriA  k  la  natora  de  aei  ceoTrea.  II  s*en 
faot  de  beaoooop  quMl  aoit  oorrect,  et  Foa  ne  pent  dire  ce- 
pendant quMl  soit  mauvaia  s  t^est  qodqoe  chose  de  eon- 
toumA  et  de  pAnlUe  par  moments }  le  prMeox  se  tbit  seulir 
de  tempa  k  autre;  la  diflbaion  i^y  moatra,  |a  phrase  est 
entortiUAe,  souTent  obacore,  chargfo  de  parenthAses  et  de 
phrases  faiddentes;  mab  le  talent,  la  vAritA,  la  finesse  sau- 
vent  Balzac;  on  a'est  familiarisA  aTCC  loi,  on  Anit  par  Fai- 
roer  et  le  sulTre  Tolontlefa  dana  sea  analysea  infiniea. 

M.  Sue  est  un  talent  d'une  autre  natore.  Balaac  accepte  |e 
monde,  dnon  td  qull  est,  du  mohia  tel  qu*il  le  toit.  II  I'A- 
tudie  et  le  pehit;  d  lea  portralta  sont  laida,  taut  pis  pom- 
lea  origfaMux,  fl  n*a  ftiit  que  copier;  il  ne  slrrlte  pas,  ne 
a^emporte  paa  centre  les  imperfedlons  humdnes ;  il  est  plus 
disposA  A  en  rire  qu'A  s'en  Ocber.  M.  Sue  ne  proid  pas  son 
parti  si  aiaAmeot  II  est  misanthrope  arant  tout,  ne  Toit  rien 
de  bien,  et  n^est  paa  disposA  k  Aire  bon  ^rchA  de  ses  in- 
▼ectiTea.  Dana  b  preniAre  partie  deses  roaaans,  fl  point  la 
monde  k  sa  fo^on,  e*ed-A-dire  U  Tertu  honnie  et  opprimAe, 
le  Tice  et  le  crime  honorte  et  triomphants;  c*ast  ponr  loi 
un  thAme  invariable.  EnaoUe,  nn  ehangement  s*est  opArA  : 
0  ponrsoit  la  rAforme  dea  aboa  aodaox.  Le  monde  n'est  goAre 
plos  beau,  mais  hi  verto  respire  da?antage,  le  Tiee  est  qoel- 
qoefoismisettdAronte.  Puis  11  est  arrirA  A  mettre  aux  prises 
la  fortune  et  hi  pauTrelA,  et  A  donner  tons  les  Ticea  A  la  pre- 
mlAre,  toutes  lea  qnalitAa,  tootes  les  Tertna  A  la  seconde. 
Quant  au  style  y.c'est  A  ml  dire  la  partie  la  ploa  latbie  de 
Fauteur.  M.  Sue  n*a  ^  une  langneA  lui,  one  forme  qui 
hd  soit  prepre.  Llneorrection,  la  roaufalse  qnditA  de  la 
phrase,  compose  une  dictipn  triviale  et  Tulgdre.  Sana  hi 
focultA  dluTention,  qu*U  poaaAde,  el  FintAzAt  Tiolent  et  bardi 
quMl  aalt  metire  dana  ses  compoaitioBa ,  Jamaia  M.  Sue  n'aa- 
rait  conqub  hi  popularitA. 

Des  romandera  populaires,  le  phM  grand,  le  ploa  remar- 
qoable  aans  eontredit  est  George  Sand.  AfeeeUe  en  ae  aeirt 
dana  une  rAgion  TAritablemeBt  litlAralriu  George  Sand  panrt 
presqne  avcc  la  rAtolution  de  JnUlet.  II  eat  naitamMabie 
que  la  fermentatioB  d*idAca  qui  rtgndt  doca  a  eo  one  griiide 
innucnce  sur  Paotenr  el  Fa  pousate  anr  hi  Toie  ^pi'dle  t 

92. 


•raa 


FRANCE 


parcouroe.  Nous  ne  dirons  rien  de  sa  persoonalit^y  bien  qu^elle 
pviBse  en  de  certains  points  espliquer  ses  oeutres.  La  fran- 
chbe  de  la  passion  est  le  caract&re  distinctif  de  son  talent 
Un  sentiment  one  fols  donn^,  George  Sand  ne  marchande 
pas  avec  les  consdqaenoes.  Sa  logfque  impitoyable  les  mtae 
jnsqo'aa  boot ,  et  ne  connalt  pas  les  transactions.  George 
Sand  a  d^ja  beaucoop  ^rit,  et  toutes  ses  ceuvres  peuvent 
se  diviser  en  deoi  paKies.  Dans  la  premi^,  la  meilleure 
sans  contredit,  elle  semble  s*dtre  donn^  la  mission  d^atta- 
qner  le  manage  et  de  prouver  la  superiority  intellectuellc^et 
morale  de  la  femme  sur  riuHnme.  Les  sentiments  de  Pau- 
teur  se  modifi^rent;  les  doctrines  d^mocratiques  s>mpar6- 
rent  de  son  esprit,  se  combin^ent  ayec  ses  andennes  id^. 
Puis,  I'autear  s*enfon^nt  de  plus  en  plus  dans  ta  d^mocratie, 
ses  livres  reprodaisent  des  doctrines  pMlosophiques  et  reli- 
gieuses  qui  s'accommodent  mal  de  la  forme  du  roman,  et  Ini 
nuisent  consid^rablement ,  tont  en  se  montrant  confuses  et 
nial  d^uites.  Enfin,  George  Sand  sembla  youloir  se  d^faire 
de  ce  bagage  incommode,  et  rerenir  k  son  ancienne  mani^re. 
Elle  trouva  des  accents  pleins  de  fratcheur  dans  des  romans 
cbamp^tres ,  et  porta  les  mcsnTS  et  le  langage  des  paysans 
sur  le  tli^&tre.  George  Sand  est  un  grand  terivain,  le  plus 
artiste  sans  contreditde  tous  ceux  qui  ^rivent  des  romans. 
Son  style  est  nerreux  et  limpide ;  jamais  des  images  outr^ 
ou  ambitieuses  ne  font  tache  sur  la  trame  serr^e  de  sa 
phrase.  Le  seul  d^faut  qu*on  lui  puisse  reprocher,  c^est  de 
temps  h  autre  un  peu  de  declamation;  m6me  h  ces  moments, 
I'empliase  se  trouve  plus  dans  la  pensde  que  dans  les  mots. 
Nous  ne  saurions  trop  conseiller  k  quelques  riraux  de  1*6- 
tudier,  Us  nepourraient  qu*y  gagner. 

M.  Alexandre  Dumas  Jouit  d*unepopa1arite  plus  etendue. 
A  Trai  dire,  M.  Dumas  a  plus  de  partisans  dans  les  masses 
que  parrai  les  eisprits  deilcats.  Cela  vioit  de  la  position  quil 
a  prise.  Balzac  recberche  Inexactitude  de  robser?ation ;  il  s'ef- 
force  de  reprodnire  avec  Y^ritS  ce  qu'ii  a  etudie.  M.  Eugdne 
Sue  combat  le  mal  social  el  eh  poursult  la  reforme;  Geor;^ 
Sand  attaque  le  mariage ,  et  prend  en  main  la  cause  de  la 
femme  et  celle  dn  peuple;  tous  ont  un  but  et  veulentprooTer 
qudqoe  diose.  M.  Dumas  ne  yeut  6tre  quNm  amuseur  public; 
II  a  pldaement  rt^ussi.  Tout  ce  qu'il  ^crit  est  SYidement  re- 
dierche;  les  joumaux  le  mirent^  Tendi^re,  et  deux  des  plus 
riches,  dans  rimpuissance  de  pouToir  se  Tapproprier  exdusi- 
Tement,  finirent  par  se  le  partager.  M.  Dumas,  il  faut  le  recon* 
nattre,  esttout  k  fait  propre  au  rdle  qu*il a  choisi.  Son  imagina- 
tion n^est  Jamais  lasse;  incessamment  soIUdtee,  elle  est  tou- 
jours  prftte.  Les  Tolumes  publics  par  Tinepuisable  luteur 
€om|H>seraient  nne  biblioUi^ue.  Cependant ,  ses  demiers  Merits 
tint  autant  de  yerre  et  d^entraln  que  les  premiers.  La  Tcrve 
n^est  pas  loi^ours  de  bon  aloi,  la  plaisanlerie  est  soorent  de 
mauvais  goOt ;  roais  elle  a  toujours  une  oertaine  Titalite  qui 
la  foil  passer.  M.  Dumas  a  ressusdte  le  roroan  d^aventure,  en 
lemodifiant.  Aucone  le^on,  aucune  T^rite  ne  ressort  des  si- 
tuations. Ses  b^ros  courent  les  arentures  pour  les  aventures 
elles-mtoies.  Les  duds,  les  d^fis,  les  courses  nocturnes,  les 
imbroglios,  tout  ce  qui  compose  enfin  ce  genre  d*ouTra- 
ges  se  m61e  sous  sa  plume  avec  une  vivacite  ctiarmante,  une 
foogue  qui  entralne ;  parrenu  au  bout  du  livre,  il  ne  font 
pas  se  demander  ce  qu*on  a  retire  d*unesemblable  lecture  : 
on  a  passe  le  temps.  Nous  disions  que  le  roman  atait  tons 
les  caract^res  du  drame.  M.  Dumas,  plus  que  tout  autre,  a 
contribue  k  ce  rteultat  Habitue  k  la  forme  tliestrale,  peu  k 
peu  le  red!  sous  sa  plume  a  disparu  pour  faire  place  au  dia- 
logue; les  evenements  ont  pris  une  toumure  dramatique; 
les  situations  se  sont  pressees;  enfin,  moins  la  representa- 
tion, le  roman  est  devenu  un  drame  Yeritable.  Le  sensoa- 
lisme  en  outre  a  passe  de  la  sotoe  dans  les  compositions  lit- 
teraires  de  Tauteur.  Les  heros  de  M.  Dumas  prooMent  dans 
le  livre  de  la  m^me  mani6re  que  sur  le  theitre,  et  redier- 
cbent  la  salisfaofion  de  ieurs  passions.  C^est  dans  la  nature 
fiumaine  sans  doute,  mais  toute  la  nature  humaine  n'est  pas 
)i,  et  nous  ne  voyons  pas  de  motifs  pour  en  negliger  les 
«6tes  plus  nobles  et  moins  materiels.  M.  Dumas  olTre  le  spec- 


tade  de  facultes  Uttenures  remarquables  deplorablemeat  em- 
ployees. Personne  plus  que  lui  n^a  ete  doue  de  spootaneite 
etd'inTention ;  il  n  a  pas  su  les  moderer  pour  en  doubter  h 
puissance.  Presse  par  les  libraires  irides  d*exploitei  sei 
succes,  M.  Dumas  s^est  laisse  aller  peu  k  peo  an  mercaoti- 
lisme,  et  a  fini  par  ouvrir  un  atdier  de  litierature.  Malgr6  la 
facilite  d^improvisation  qui  le  caracterise,  il  ne  poufait 
suffire  k  toutes  les  demandes;  il  a  pris  des  GoUaborateon, 
et  s^est  fait  industrid.  Quand  son  atdier  a  et6  organiie, 
9*a  ete  un  debofdement  litteraire.  11  y  a  eo  an  roomsnt 
oil  nous  STons  compte  jusqu'^  doq  joomaox  qui  touf 
les  matins  publiaient  des  feuilidons  dgnes  de  son  aeoi. 
De  plus,  en  liomme  econome,  il  s*est  mis  k  oooTertir 
ses  drames  en  romans  et  ses  romans  en  drames,  tirant  ainsi 
double  profit  de  la  meme  idee.  Sun  exemple  a  ete  pemideox, 
et  s'est  etendu.  D*autres  ecrivains  Vont  fimlte.  La  eoncor- 
rence  s^est  etaUle,  et  le  ronian-feuillelon  a  continue  k  peidre 
de  sa  Yaleur. 

Le  dernier  des  romanders  popolaires  est  Frederic  Sodie. 
Soulie  est  le  romancier  des  passions  Tiolentes.  Ses  liYres 
peuYent  faire  concurrence  k  la  Gaiette  de$  Thbunaux.  Les 
viols,  les  meurtres,  les  empoisonnements.j  tiennentune 
longue  place.  On  y  respire  une  odenr  de  sang  et  de  nM>rt.  A 
lire  ses  ouTrages,  on  dlrait  qn*il  ne  Toil  la  soeiete  qo'i  trs- 
vers  la  cour  d^assises.  Nous  reprochions  k  M.  Domas  bbru- 
talite  sensndle  de  ses  personnages;  sur  ee  point  Soulie  le 
depasse.  Ses  heros  n^ont  qu*un  moyen  d'attehidre  k  lean 
desirs,  la  violence.  Suivant  leur  energie  ou  leur  position , 
ils  emploient  le  poignard  on  le  poison.  Hommes,  femraes, 
vidUards,  Jeunes  gens ,  ont  les  mtoies  instincts ,  les  memei 
allures.  L^Ame  n'a  pas  un  instant  de  pdx  ou  se  reponer  dei 
crimes  qui  la  tiennent  bdetante.  Le  repos  n*eit  qa*au  boot 
de  Touvrage,  apr^s  le  roeurtre  du  dernier  persoana^. 

Aprte  ces  romanders ,  il  serait  iqjuste  d^oublier  M.  Me- 
rimee.  Mais  grftee  k  Dieu  et  k  la  revolution  de  Pevrierle 
roman  est  k  Tagonie. 

Ce  qui  semble  devdr  dans  Tavenir  etre  le  caracttre  ho- 
norable do  dix-neuvieme  sitele, c'est  le  moovement  histD- 
riqoe  qui  a  porte  les  esprits  vers  retade  des  documents  na- 
tionaox.  Plusieurs  causes  ont  determine  ce  mouvemeBt; 
nuds  la  principale,  celle  qui  k  dlesenle  a  plus  infloe  que  tootei 
les  autres  reunies ,  c^est  la  passion  politique.  Deux  partis  « 
tronvaient  en  presence  ef  se  disputdent  le  monde.  Too 
deux,  k  Tappu!  de  lenrs  opinions,  s'empressdent  dialler  cber- 
Cher  dans  le  passe  des  exemples  dej^  oonsacres.  Uberaot 
et  roydistes  se  mirent  done  k  Tenvi  k  fouiller  les  chroniqoes 
et  les  bibliotbeques,  k  dechlfTrer  les  chartes,  k  compuiser 
les  parchemins.  Les  nns  et  les  autres  poursuivaient  oa 
double  but.  lis  voulaient  oonvaincre  Ieurs  adver^aires  de 
mensonge  ou  tout  au  moini  d>rreur,  et  appuyer  Ieurs  pn>- 
pres  theories  sur  des  lUts  d^^  sanctionnes.  Une  partie  des 
decoHvertes  etait  employee  dans  la  poiemiqne  joumali^re; 
mds  les  resultats  n*en  demeuraient  pas  moins  acquis  k  la 
sdence.  L*etude  des  sources  fit  bien  vite  reoonnaftre  que 
les  histoires  de  France  ecrites  Jusque  dors  n*en  avaient  que 
le  nom ;  les  faits  et  les  personnages  etdent  defigures,  d  ra- 
menes  k  un  certain  modde  aosd  doigne  de  la  verite  que  de 
la  vrdsemblance ;  les  deux  premieres  races  surtont  etdent  les 
plus  maltraitees.  Bien  des  esprits  qui  avaient  eommence  d«t 
reeherdies  dans  un  sens  politique  les  oontinu&reni  dans  oa 
sens  purement  historique.  Nons  ne  dterons  parmi  ceox-la 
que  rillustre  auteur  de  VBisMre  de  ia  ConqtUte  d'AngU- 
terre  par  les  Nomumds  et  des  Lettres  iur  VhUMrt  de 
France,  Des  OBUvres  remarquables  pamrent  coup  sur  coop. 
Dans  son  Histoire  des  Dues  de  Bourgogne^  M.  de  Barants 
tra^  le  tableau  splendide  et  dramatique  de  la  France  pen- 
dant les  deux  siecles  qui  ferment  le  moyen  Age.  Pendant 
que  M.  Guixot  retrouvait  les  origines  de  la  dvitisatioa 
modeme  et  expliqudt  la  roarcbe  de  Tesprit  humatn  dsfids 
la  chute  de  TEmpire  Romain ,  M.  Augnstin  Thierry  eipo- 
sdt  le  mouvement  commund  et  le  revdl  de  Tesprit  deno- 
cratiqoe.  Son  frfere,  M.  Amedee  Thierry^  retroovdt  las  tHns 


FUANCE 


dlspen^de  la  famflle  gauloise.  Michaud  racontait  lea 
eroiaades,  cette  p^riode  cheraleresqne  de  nos  annales. 
MM.  Thiers  et  Mignet  abordaient  la  p^riode  hbtorique 
ta  *plQ4  i^cente ,  0t  pour  la  premiere  fois  ^leTatent  h  la  di- 
gnity de  riiistoire  le  r^it  de  nos  troubles  r6?olution- 
naires. 

Comme  m^rite,  les  RMts  MSrovingiens  deM.  Augustin 
tliierry  sont  an  niveau  de  sa  belle  Hlstoire  de  la  Conquiie 
de  rAngUterre.  M.  Thierry  s^est  occupy  longtemps  de  son 
Histaire  du  Hers  iiai,  sujet  entiirement  neuf.  M.  Thiers 
4aiis  YffUMre  du  Consulat  et  de  VMmpiref  continue  son 
BUtoirede  la  Mivolution.  C*est  le  inline  systfeme,  le  m6me 
^tyle;  M.  Thiers  a  Intents  une  nouTelle  esp^  dMiistoire, 
que  Ton  pourrait  appeler  rhlsloire  bulletin.  Ses  rdcits  en  efTet 
aont  d'un  style  ais^ ,  facile ,  rapide  m^me »  mais  qui  sembte 
plutdt  celui  d*un  rapport  que  le  style  de  Thistoire  :  la  netlet^ 
de  Tesprit  de  Tauteur  B*y  fait  sentir.  Cest  afnsi  que  Ton 
Unite  les  affaires;  nous  doutons  que  Tbistoire  pnisse  s'ac- 
eommoder  de  cette  mani^re.  M.  Michel  et  est  bien  Tdcri- 
vain  dont  le  style  est  le  plus  oppose  k  celui  de  M.  Thiers. 
Autant  Tun  fuit  rimage  et  la  couleur,  autant  Pautre  les  re- 
cherche. Les  falts  rcT^tent  anx  yeux  de  ce  dernier  des  cou- 
lenrB  partlcnli^res ;  les  oljets  Insensiblos  K*anhnent ,  el  il  va 
jusqu^lt  prdter  du  sentiment  aux  pierres  des  catliMrales. 
PoSte,  M.  Micbelet  est  soorent  neuf;  il  salt  animer  This- 
toire  et  la  rendre  int^ressaote ;  sou  rent  dans  IMilstoire  cet 
intMt  est  celui  du  roman.  M.  Michelet  est  un  chercheur 
infaligable,  un  inyestigateur  patieot,  qui  a  mis  beaucoup 
de  faits  et  de  details  en  lumi^,  nn  Trai  po<Ke,  qui  met  quel- 
qnefois  son  imagination  k  la  place  des  clioses.  Tout  compens^, 
I'histoire  lui  doit  dea  MicM  nouvelles  et  des  travanx  utiles. 
M.  Henri  Martin  a  compost  une  bonne  compilation  sur 
I'histoire  de  France.  N*oublions  pas  enfin  de  citer  un  essai 
deM.de  Saint-Priest  sur  la  chute  des  j^uites  en  Europe, 
wtt  Hlstoira  de  Louis  XIII ,  par  Bazin ,  une  Hlstoire  de  la 
convention,  par  M.  de  Barante,  one  Histoire  de  Washing- 
ton et  une  Histoire  de  Cromwell ,  par  M.  Guizot. 

Remarquons  pour  finir  que  les  branches  de  la  litt^rature 
qui  se  sont  le  mieux  pr^serr^es  de  la  dtodence  sont  la 
poMe  et  riiistoire.  Cela  Tient  de  ce  que  par  leur  nature 
ellea  exigent  un  certafai  travail  de  pens^  et  de  Tonne  dont 
le  thMtre  et  le  roman  peuvent  se  passer.  I^  tyrannie  de  la 
rime  et  les  difficulUte  de  la  mesure  s'opposent  k  une  com- 
fusition  trop  hftt^.  Le  poCte  est  souvent  oblige  de  toumer 
et  retottmer  aa  penste  avant  de  trouver  la  forme  definitive 
qui  doit  la  rerttlr.  II  se  voit  souvent  contiaint  de  Taban- 
donner  eompldtement;  Tcenvre  en  profite,  et  sort  plus  ^la- 
iante  de  ce  travail.  En  hlstoire,  les  reclierclies,  la  compa- 
raisondes  documents  entre  enx»  la  poursuite  de  la  v^rit^  k 
Iravers  des  t^molgnagnes  souvent  contradictoires  donnenl  k 
Tesprit  une  maturity  et  une  rectitude  qui  toument  an  profit 
de  U  composition.  Dans  le  roman,  au  tli^fttre,  il  en  est  tout 
diff^Sremment.  L'autoir  n'a  de  Mn  que  les  Ifmites  de  son 
imagination.  Si,  au  lieu  de  la  r^ler  el  de  faire  un  choix 
parmi  les  rftves  qu^elle  enfante,  11  se  met  k  sa  suite  et  laisse 
glider  sa  main  par  die,  les  ceuvres  qu*il  produhra  pourront 
^tre  pleines  de  ooloris  et  de  fantaisie ;  elles  seront  fai^ates, 
4^rdonnte,  sans  porportion,  et  soumises  aux  hasards  bona 
4>u  mauvaia  de  Tinspiration.  C'eat  ce  pen  de  soin  de  la  com- 
position»  amen^  par  les  besoins  de  Timprovisatlon  et  Ta- 
mour  du  lucre ,  qui  a  Jet4  les  terivains  dans  les  excte  que 
nous  d^plorons.  Mous  ne  cesserons  pourtant  de  le  rediro  ^ 
M  la  Utt^ralure  veut  se  lelever,  die  n*a  que  deux  moyens : 
r^tude  et  le  travail ,  et  Tabandon  des  doctrines  sensualistes. 
Tant  que  lea  cenvrea  des  ^crivains « au  lieu  de  s*adresser  k 
]*Ame,  s'adresseront  aux  histincts  de  rhomme,  k  ses  pas- 
aioDs  on  I  sa  curiosity,  Tabaissement  actud  oontinuera. 
Une  rtection  semble  se  manifester  k  la  fois  au  thtttre  et 
dans  le  romaa  s  fosse  le  del  qu^le  ne  soil  pas  trompeuse! 
La  France  seule  a  conservd  une  vitality  qui  s*est  retlrte  des 
aolres  nalioos;  quTdlen^oablie  pas  que  Tesprit  seul  vivifiel 
iTa^t-dle  pas  dev aot  die  les  terribles  et  grands  exempies 


de  la  langueur  italienne  et  espagnole ,  par  les  mtoies  abus? 

Phitar&te  Cbasuss. 

Philosophie, 

Une  des  plus  grandes  illustrations  de  la  France,  c'est  sa 
philosophic.  Produit  ^slatint  d*un  g(^oie  fort  et  nd,  elle  a 
puissamment  r^gl  sur  ce  g^uie,  en  a  f^condd  la  lucidity  en  : 
a  rehauss^  la  nohlesse,  et  Ta  dot^e  d'*une  langue  admirable  de 
dart^^  qui  a  fait  la  conqii6tedu  monde.  Par  cette  langue,  notre 
philosophic  a  p6ndr4  dans  la  pens6e  nationale,  de  la  pens^ 
dans  les  moBors,  et  des  mceurs  dans  les  institutions.  Par  tons 
ses  caract^res,  la  philosophic  fran^aise  forme  un  ensemble  dis- 
tinct des  aulres  pliilosophies ,  un  tout  vari6,  mais  beau  d'u- 
nit6  et  fort  de  coh^ion.  Ce  magnifique  ensemble  se  divise 
en  trois  p^riodes.  Dans  la  premiere,  qui  s^^end  de  son  od- 
gine  chez  nous  k  la  renaissance,  la  philosopliie  fran^ise  est 
engagte  k  U  religion ;  dans  la  seconde,  qui  conunence  k  la 
renaissance  et  finit  avec  le  dix-septitoie  sitele,  elle  cherche 
k  s^en  affranchir;  dans  la  troisi^me  enfin,  qui  embrasse  le 
dernier  s\Me  et  le  nAlre,  elle  devient  ind^pendante  et  af- 
fecte  bientdt  la  dictature. 

N^  du  christianisme,  la  philosophic  fran^se  lui  demeure 
soumise  pendant  trois  siteles,  dnon  d'une  manito  inva- 
riable, du  molns  sans  murmure.  (Test  avec  notre  premier 
^v^e  savant,  saint  Ir^n^e,  Grec  orlginaire  de  TAsie 
Mineure,  dchef  du  dioote  de  Lyon  sur  la  fin  du  deuxi^me 
sitele,  qu^dle  p^n^tre  dans  le  pays,  car  les  ^coles  paiennes 
de  Marsdlle,  d'Arles,  de  Toulouse  d  de  Bordeaux  enselgnaient 
la  rhdorique  plutdt  que  ta  philosophic;  mais  aprto  ce  pr^- 
lat  die  dort  dans  la  torabe  qu'elle  s'est  creus^,  et  oil  la  re- 
ligion la  laisse  en  pdx.  Sous  Cliarlemagne  elle  ressuscite; 
et  c'est  la  religion  qui  iul  tend  la  mam  pour  sortir  du  s^- 
pulcre.  Puis,  viennent  en  France  Alcuin  et  Jean  Scot, 
appel^  d^Angleterre,  le  premier  par  le  grand  empereur,  le 
second  par  Cliarles  le  Chauve.  Aux  dements  qu'ils  appor- 
tent  Ger  b  ertd*Aurillac,  d^ve  des  ^coles  arabcs  d*Espagne, 
ajoute  un  enseignement  de  plus;  ce  n'est  point  une  philo- 
sopliie originale,  c*est  une  interpretation  nouvdle  de  la  phi* 
losophie  d^Aristote  avec  toute  la  liberty  du  mahomdisme. 
II  en  r^sulte  une  grande  fermentation ,  qui  se  r^vde  dans 
la  pens^e  de  B^rangerde  Tours  et  dans  'cdle  d^Hilde* 
bert,  ev6que  de  cette  ville.  Cdte  tendance  delate  plus  com- 
pl6te  encore  dans  le  systems  du  philosoplie  anglais  saint 
A  use  I  me,  archeveque  de  Cantorbery,  crdatenr  de  cette 
scolastiquequi  doit  revetir  en  France,  d  snrtout  k  Paris, 
ses  formes  les  plus  ingenieuses. 

QuoiquVlleait  M  Tobjet  de  bien  des  dedains,  quoiqu*dle 
porte  Temprdnte  profonde  de  la  theologie,  sa  m6re,  on  y 
decouvre  neanmolns  la  fhture  independence  des  philoso- 
phes,  et  die  est  dle-meroe  un  des  titres  de  gloire  de  la  France. 
Bientdt,  k  VMe  de  ce  levier,  un  homme  jette  dans  les 
croyantes  ecoles  du  moyen-ftge  cette  these  d*alarme  renou- 
veiee  de  Stilpon  de  Megare,  qu^il  n*y  a  dans  le  monde  rien 
qui  reponde  aux  idees  generates.  Cest  le  clianoine  Roseelin 
de  Compiegne.  On  lui  repond  que  si  cela  etait,  il  y  aurait 
bien  encore  trois  personnes  divines,  nuds  plus  de  Trinite; 
et  cette  objection,  dont  se  fait  l^echo  Anselme  lul-meme,  le 
precurseur  de  Descartes  dans  la  demonstration  de  Dieu, 
firappe  de  mort  le  systems  de  Roscdin,  qui,  mande  k  la 
barre  du  conciie  de  SoisM>ns,  est  condamne  k  retracter  sa 
doctrine. Cependant, la  luttedurealisme  et  du  nomina- 
lisme  se  prdonge  et  s*envenime.  Apparalt  bientdt  un  dis- 
dple  de  Roscdin,  Guiilaume  de  Charopeaux,  d  puis 
an  disdple  de  ce  dernier,  Abeiard,qui  md  fin  au  debet 
qui  a  agite  trois  generations  dliommes.  Mais  ce  n^eat  pas 
pour  longtemps;  car  un  disdple  d*Abeiard  se  leve  k  aon  tour 
d  accose  son  mdtre  de  sentir  Parian  dans  sa  doctrine  de  la 
Trinite,  le  pelasgien  dans  cdle  de  la  grftce,  le  nestorien 
dans  cdle  du  Christ.  C*est  saint  Bern  a  rd.  L^enseignement 
d'Abeiard  est  condamne  par  deux  conciles,  et  ponitant  le 
brillant  professeur  a  ete  pour  aind  dire  le  fondateur  de 
runivenite  de  Paris. 


^      to—     «    — 


TS4 


FRANCE 


8e  gndant  da  les  errem*  les  disciples  et  saccessenrsy 
Vn^es  de  Sailit-Ylctor,  Gilbert  de  U  Por6e,  Robert  de 
Melon  etPierreLombard,  s^appliqu^rent,  dans  des  Toies 
di?enei»  ft  donner  an  dogma  one  taleiir  pbilosophiqoe; 
maisla  m^pbjsique  d'Aristote^  apportte  de  Constanti- 
'  noble  par  lies  crois^  6tant  venue  $»  joindre  4  sa  dialediqaey 
qoi  J»ait  d<yft  tant  de  mal  an  dogme  cbr^tien,  deux  doc- 
'  lenrs  eOibreSy  Amalric  de  Tonrnay  el  David  de  Dinant,  k 
force  de  chordier  la  rosion  imposrible  du  sansoalisme  aria- 
(bt^II^ue  at  dn  spirftnalisme  chr4tlen»  retombirent  dans  le 
pantUisme,  que  nS^lise  avait  d^^  censor^  dans  Jean  Scot; 
ei  poar'oouper  le  mal  ft  la  radne^  on  dtoet  da  I'autorit^ 
'  eod6siasflque,  de  1209|  ordonna  de  brftler  les  movres  d'A- 
riiaote,  Blais  nn  des  pins  fliustres  ^^qnes  de  Paris,  Goil- 
laume  d^AuTecgne^  la  grand  encyclopMlsta  Vincent  de  Baan- 
vais,  la  i^^Iftbra  proteseor  Albert  la  Grand,  lisaiant  le 
Slagy  rite,  at  Ihmlqua  rfeoltat  de  la  proscription  itot  d'assorer 
au  pbflosopba  nn  empire  plus  abaoln. 

On  na  sa  bona  plus  ft  da  pnres  qaastions  de  dialectiqne 
et  de  loglqaa;  on  aborda  4es  plus  baoles  doctrines  de  la 
psydiolo^e,  (fe  la  m^taphysiqney  de  la  tbMogle*  Un  ^ve 
de  rteola  de  Pans,  saint  Tbomas  d'Aquin,  at  nn  profes- 
seor  da  Pads,  Duns  Scot,  fnrent  aprfts  Albert  la  Grand, 
que  nous,  enlera  VAllemagne,  les  prindpanx  cbampions  de 
'  cette  Intte  qnl  frandiit  la  Manche,  le  Rbin  ei  las  Alpes.  Les 
Gart(^iens  at  les  anti-cart4slans,  las  kantistas  at  les  anti- 
liantistes  sont  demeorte  dapnis  bien  en  dafft  das  antipa- 
tbies  des  scotUtes  et  des  tbombtes.  Cepandant,  loos  eesdoc- 
teurs  fttd/Uf ,  ang^llques,  at  t^opAi^ef ,  qnl  tcavaillaient 
ao  triompbe  dn  rfoUsmeet  Mlicent  canoniser  Aristote, 
Monftrent  aontre  le  nominalisme,  on  plntM  contra  i'idte- 
Usme  et  le  mystidsma,  qd  se  cacbaient  sons  ea  nam-  En 
vain  on  axpolsa  les  nomlnallstes  da  lenrs  obalraa,  an  vain 
on  braia  laurs  llTns  en  1939, 1841, 1409  et  mftme  an  1473 ; 
fis  firent  des  progrfts  partout,  et  devinrent  las  libras  penseurs 
dn  raojen  Ige.  Dte  lors  la  question  de  I'empira  d^Aristote 
fot  celle  de  TantoritA  et  de  U  liberty. 

lild^isme  pnr  at  rationnd  frappases  premiers  coops  par 
rorgane  de  Durand  de  SaintPoan^n,  iv^que  de  Meaox, 
qoi  montra ,  avee  pins  de  dart^  qo'Ab^lard  Ini-m^me,  oe 
qui  appartievt  au  sujet  et  ft  Tobjet  La  liberty  eot  pour  cbam- 
pion  Guillaome  Occam,  le  penseur  le  pins  independent  de 
repoque,  que  Paris  enleva  ft  TAngleterre,  et  la  Baviftre  ft  Pa- 
ris. Un  autre  ordre  d*idte  Tint  adiever  la  d^fUte  dn  rte- 
lisme  et  de  la  dialecUque;  oe  fut  le  mysticisme,  doctrine 
insurable  de  toote  rdigion  qui  rqK>se  sur  das  mystdres, 
at  dont  I'av^namant  depnis  Ab^rd  4tait  pnipar^  dans  T^le 
de  Paris  par  Htigues,  de  I'abbajede  SabilFVidor,  et  snrtont 
par  Richard,  son  disciple.  Au  (lUatoixiftmc  oiftde,  Gerson 
rensdgna  en  France;  et  fl  y  avail  dans  son  ensdgnement 
comme  on  .reflet  de  17ml/a/lon  de  JUus^-ChrisL  Altaqu^ 
alnsi  de  toos  o6t^  mtoie  par  la  tbtelogie  natordla  da  Rai- 
mond  de  Seboode,  professeur  de  Tonloosa,  la  rtelisma  vit 
sa  fin  approclier  et  Tempire  d^Aristota  axpirar  en  France; 
maisd^Jftil  s'^taitopMon  changemeit  bien  pins  radical: 
avae  le  rigne  dn  Stagyrlte,  cdui  de  la  saolastiqoa  aHa-mteoa 
,  arrivait  ft  son  tarme,  el  un  philosophe  que  sas  oontempo- 
;  rains  ont  sumomm^  I'ili^^e  de  la  France^  la  cardinal 
d*AI11y,  demandait  la  s^MnUon  de  la  tb^logle  et  de  la 
pbOosophle,  dans  Pint^rM  de  Tune  et  da  rantra. 

Poor  bien  saidr  le  caractftre  de  la  renaissancoi  qni  mar* 
que  nne  nooveUe  ^poqoe  dans  notre  philosopbie,  il  (ant  la 
consid^rar  comma  una  immense  itedion.  Sons  aa  point  da 
Tue,  on  doit  la  diviser  en  trois  pbases,  la  premiftra  telac- 
tlque,  la  saconda  sceptiqua^  la  troisiftma  rtemant  la  Intte 
Ai  sensoalisma  aide  HdMisme.  Le  premier  phflosoplia  de 
la  renaissance.  La  Ramda»  fat,  an  mUien  da  rimmense 
ttouvement  das  idto  plaloniquas  opposte  par  les  Grees 
dltalie  au  dtndes  aristottfiqoes,  prfeonista  par  d*antres 
Grees  ditalie,  nn  sage  Meetique,  vrai  pftn  dn  la  pbiloeo- 
phte  modeme,  comme  on  l*a  dit  depnis  de  Bacon  el  da 
ilascartes.  Hardlment  il  d^montra  les  crraurs  d'Aristolaal 


la  superiority  de  Plalon,  na  jnrant  toolafDis  nl  par  fna  d 
par  Tantr^  et  prdfi&rant  pniser  de  nooTdlas  doatriaes  dam 
robsarvation  da  la  nature  physique  et  da  la  natera  monit. 
II  baortait  trap  d*opinions  poor  passer  imponf  :  pUMiemi 
Ids,  il  dut  qnittar  la  CoiUge  de  Franoe ;  mm  afHtfiic*  da 
consefl  du  roi  lui  intardit  mteM  nn  Instant  lout  aBMips> 
mcnt  de  phllpsopbia,  at  I'tanhanitd  da  Paris  cdMbrs  ie 
triompbe  assort  an  StagnHa  par  laroyantd.  II 
sous  sa  tftcha. 

Da  tons  sas  disdplas  nn  saoUd  snaatta,  aa  Mm 
gar,  la  c^ftbra  cbsnceliar  d'Anglatam  Bacott,  ^ 
coBspietement  an  mattra  la  titia  da  fswlatanr  da  A 
pbia  at  rtetipsamtaMan  FraDaa»  at  Pan  pi 
trop  npidamant  da  rddacUsaw  an  aeeptaolana.  IXaas 
tamporainSf  Sanehea  et  Montaigne,  Ton  profiMsaar  ft 
Tonloosa,  Tantra  gentjlhomma  pdrigouidin,  fmmX  las  er- 
ganas  da  aatte  tandaaoa  qni  davait  anriefair  et  dganr  aoi 
tolas.  Les  disdples  las  pins  ittnstresdn  saaand,  Charraa, 
LaB»dtia»daThaa,  baannas  gra^wa,  laapKsaant  dsi 
limottooisManaas,.fionigfti«al  na  pen  llriiiiaBee  dasXi- 
aois;  mais  WanlM  nn  anira  pfattasopha  mMMllaail,  Gat- 
sandi,^|aataftcattamor^flrtTola,  Aaa  ddbnt  d'dpieo- 
vdsme,  Tdpi  cnr6i  amaaamplal,at8anslBar  le 
Jatale  senaoalisme  dans  laaoBoraldaaslaniaoa. 

Oependant,  U  pbilosapbia  franfalsa  sabiisatt,  k  urn 
una  tendance  noovdla  i  Paaeartas  vanait  appoasr  as 
rftdisma  d'Aristote  at  da  Baoon,  ao  saspticbme  de  SiMbs 
at  daMontaigna,  laparfBellannameat  dea  nfflaa  indkatians  dr 
U  Ram^  rid^alisma  la plosrationBd  el  lephia  dievi;  il 
coordonnait  d  poissamment  sas  brlBantas  ddeoufertas,  qse 
sa  m^tboda  at  son  sjstftma  serablaientnne  aeala  el  mtae 
ebose.  Son  triomphe  toulefoia  na  ponvait  paaaer  aans  pia- 
testation :  Gasaandi  fut  la  premier  4  le  eaadiatlie;  al  i  sat 
pour  anxiliairss  dans  oetta  lutta  les  philasoptaaa  las  pinft  M- 
nentsdalaFrancaddei'tam9er,rdvAqne  HQet,lesp(n» 
Danid  et  Vdals,  le  HoUandda  Ye«l  at  PAnglaia  Hobbes^ 
mais  Descartes,  de  sen  oM^  tronTa  ansd  da  vaillanU  ddlm- 
seurs  dans  le  pays  comma  ft  Tdtranger ;  el  d  le  Hellaade  le 
possMa  vingt  aas»  d  la  Snftda  gsrda  sas  asndres,  llala> 
brancha,  Arnauld,  Pas  eel  el  N i nolle,  lai|iayftf«Bl, 
d*on  common  accord,  le  tribnt  d*bommages  de  la  paMe. 

Son  id^lisma  poortant  s'^eura  bianlAt  aprts  kd.  U  plv 
illnstra  de  see  disciples,  Malebranche,  d^vdoppa,  il  ad  vrd, 
d*una  manlftra  admirable  plnsiaofs  da  sea  tbdorias;  bmi 
duu  d'autres  il  onvrit  la  porta  anx  abevralians  de  ca  mj^ 
tidsma  sans  flrdnqoi  adlanmrtdelaphiloaoplda.  mesOc, 
Pascd,  Amanld  d  lenrs  disdples,  grftee  ft  la  poralddelsBr 
fd  at  ft  r^tandoadalenrsavoiryaaprdsarvftfantda  aeaiys- 
tidsme  eiag^  comme  du  spinosisroa,  at  les 
toils  de  Port-Royd  ont  fdt  plusqne  Ions  oeni  do 
pour  nourrir  les  Mdesde  la  jannesse  da  hoHobs  aainei  e( 
fortes,  pour  dotar  la  philosopbie  d'onelangoariciie  at  asBe, 
pour  enrichir  la  langna  d'nna  prfeision  d  d'nna  rdgniaril^ 
pbflosaphiqnas.  Cepandant,  la  sansudisma,  asMdgai  psr 
Gassendi,  €onthiu6  par  Berniar,  son  dbcipla,  n'an  per- 
sistait  pas  mains  ft  Idra  irraptioD  dans  la  mania,  giies  ft 
LaRochafoneanld.  Bonlalnvllllara  tantsjimtee 
de  I'faitrodttira  dam  la  rdigion  ft  I'dda  da  sa  jr4^lilallSH  de 
Sptaaia,  qd  n*en  %iX  qa*nna  mdadroHa  apaiai^.  La  seep^ 
tidsma  fat  prteh^  avee  dea  intantlans  divanas,  msk  avac 
nn  (^  snocfts,  par  La  Motba  Le  Veyer,  flsiftiftia, 
d  Foocbar;  il  le  fat  mfme  par  Pascal  at  Heat 

Sor  ces  entrdUtea^  Bayla  e^constiMalti  aor  nes 
tiftres,  I'Mo  de  tans  lea  systftmes,  bona  ee  manvii 
rfinrope,  brodani  snr.  las  una  d  les  aatras  avee  la 
aaprit  da  critiqna,  d'indilUranea  et  da  scaptldsma.  A 
^poqna,  les  syslftmas  da  philosopbie,  ft  raicaplian  da  aeei 
da  Lac k  a  atdeLaihniti,  dalentgteMlamenf pessieee^ 
par  solta  da  la  langna  Intte  qne  depds  la  Knafasaeee  tes 
philosophes  sootenalent  poor  Hnd^pendanae  da  la  psMe. 
Dfts  la  seoonde  chute  des  Stuaria,  pludeooa  d*Hitre  eai . 
Anglda  d'origfaw,  dddes  poor  la  ptupart,  avatent  €aoqm» 


FRANCE 


fU 


flD  Fraaee  det  amis  et  dei  tebo«»  oommQ  k  la  premiere  r^To- 
Intioo  qui  les  pr6cf  pita  da  trOne  tai  coteoantaim  j  avaienl 
ea  les  lean  auprto  de  Ricbelieu  lui-mtoie. 

Id  commeace  unc  aooTeUe  p^riode,  divia^  ea  troit  pbaaes, 
forteaieot  nnaocte  ;  oelle  da  d^Teloppemeat  complet  des 
doctrines  seoaaalisteiet  desdoekiaesaceptiquea ,  ceUe  d'uae 
rtetloB  ratkualiste  et  id^alute,  oelle,  eiiflo»  d'lme  xtetioB 
th^ogique  et  mystique^  pea  d^veloppte^  maia  ^baucMe  aa 
moins  d'ane  maoito  assei  palpable.  Le  d^at  de  la  premito, 
la  phaae  leoauallste  et  aeeptiqaey  coincide  atee  la  fin  de  la 
mouarcluede  LoaiaXIV.  La  r^eoce  et  Tespto  de  phUeao- 
pUe  doot  eUe  maiqae  raYdnement  oat  M,  par  suite  de  leur 
simallan^t^  d'apparition,  robjetd*accoMlloDssemblable8»les 
unes  et  les  auties  ^galement  v^toentes,  Atoooos  tootefeis 
quesioettephiloeophie  a  pottss^iosquVuixdenudres  bostiUt^ 
riaddpendanoe  de  tooa  lea  pooToirs,  elle  n'a  povrtaal  piis 
les  annes  qa*aprte  avoir  soUicit6  sa  lilMsrt^  de  tous  et  aprte 
avoir  tu  ses  priires  repeussto  de  toos.  C^tait«  da  reste, 
im  oial  a6ceBsaire»  uneorise  fatale,  mais  d*aBe  admiraUe 
f^condit^y  que  cette  lotte  entre  le  droit  d'eiainen  et  Taoto- 
rit^,  eotre  la  raisoo  et  la  (oi,  entre  rindivida  et  le  poovoir. 
Aa  fond,  c'^tait  moins  one  pbUosophie  arrttte  an  nom  d'une 
raison  calme  et  pore,  qu'on  phUoiaphisme  instinctif,  ta- 
mnltueox,  on  OMmvement  paasioonA  vers  tous  les  genres 
d'ind^pendance.  Des  pbilosopbes  strangers,  Locke  seal  avec 
SOB  sansualisme  triompbait  cbes  nons;  Leibnlti  ne  Ait  ja« 
mais  que  m^ocrement  appr^ci^  en  France,  qaoiqu'U  ,toi- 
vlt  dans  notre  langne.  Locke  eat  poar  disciples  Jea»Jacqaes 
R oassea  0,  Voltal re  el  Gond  iliaci  cpii  souvent,  k  leur 
insn,  ne  Arent  m^me  qye  le  tradvira. 

Dans  cette  voie,  on  aOa  Josqa'ao  boat  t  le  matdrialisme 
a  daox  cons^uances  n^cessairas,  Patbttune  et  le  fiUaliame. 
On  en  ttra  ces  oopatquenoeii  Le  (kstoeox  patronage  da  roi 
de  Prosse  fit  presqne  on  bomme  cA^re  da  Lamettrie, 
foUemcot  pers<0Qt6  cbeit.nons.  Yint  ensnite  le  SgtUme  de 
la  Nature  de  La  Grange  on  de  d'Holbaeb.  Qa*0B  ne  s*7 
trompe  pas  oependant,4'«i«6fr«tloo  de  cieUei  doctrine  n*eiit 
pas  coars  dans  le  p^yS)  ses  sommit^  intelliBotaelles  la  re- 
poosstent.  Rousseau  6tait  spiritualiste, .  Voltaire  dAiste; 
mais  le  spbitualisme  de  Tun  ^t  seeptlque,  le  d^sme  de 
Taotre  senMialiste.  D'aUleurs,  les  doctrines  oontnires  pr<- 
valaientparmi  lesesprits  InMenrs.  Cefnt  alomqae  la  pbflo- 
sopbie  du  slide  dernier,  r^fl^cbissa^t  k  llmBMOse  action 
qu'eiecce  cbei  nons  tirnte  doetrine  complkle,  fteint  da 
poser  ses  prindpes  snr  tpot  et  de  lea  imposer  k  tout^  de  re* 
faire  enfin  k  son  point.de  too,  m^lang^  de  sensnaUsme,  de 
Jdsme  et  de  sceptidsme^  lea  moBors,  lea  cnogranoes,  Tins- 
truction  pobliqne»  U  notion  monie;  ek  elle  entreprit  VSn^ 
-cffclopidie. 

Deux  honunes,  donlj'nn  dUtt  sopMeor  A  Tottdre  dana 
les  sdences,  Tautre  snpMenr  k  RoosMao  dans.les  lettrea 
( pas  n'est  besoin  de  dire  que  le  pramier,  oomne  critlqae, 
i^  second,,  comme  moraliste,  n*ont  pdnt  d'^gffos)^  D*A- 
lembert  et  Diderot^  dirlgkrent  cette  omvre  magnifiqoe 
sous  le  rapport  da  progrk^,  trka-contestaUe  sous  le  rapport 
de  oertahes  doddnes  qui  devdent  exereer  one  inflnenoe 
proftwde  aur  les  dodrioes  sodalea*  Monteaqnien,  d 
grand  en  politique,  a.'dail  mis  en  morale  d  en  rsUglon  bora 
de  toatea  les  crojances,  de  toutm  les  oonTcnances  lecoes. 
Ce  que  Voltaire  d  MontoBquiea  avaient  idt  poar  tner  le 
despotisme,  runreccUsiastique,  Tautre  le  poUtlqne,  dRouA- 
seaa  dans  son  Cemtrat  Social  poor  tner  la  monarcbie.  H  e  ^ 
v^tius  le  fit  poor  tner  la  morale  sodaie;  mais  aprea  eox 
les  pbilosopbes  disparkisaent  Mlrabuau,  qniddnoUt  la  mo-, 
narcbie,  aprks  avoir  fl^  le  despotisms,  n'ed  pdnl  nn.|riiifi- 
losbpbe;  inbeapisreni  La  A^eiUkre^Lepeanx  non.pbta, 
avecleursessaladerdigk>n.Raillj,  Condorcet .d tant 
d*antresp  qd  dmkreni  miens  moarir  qne  de  fsnier  lean 
prindpes,  poumient  an.besoin  pmser  poor  des  mprteen- 
tants  des  tendances  pbilosophiques.  M ds  Bdlly  et  Omdorod 
enx-mkmes  n*dalent  pouit  d«i  pbilosopbes;  les  Moader, 
les  Camot,  les  Gr^dre,  les  Tboord,  les  Pktion,  les  La- 


fayette, malgrd  leors  discoan  d  leurs  toits  moiaox ,  ne 
m^tent  pas  davantage  ce  nom,  ni  Malesberbes,  ni  XDrgol^ 
ni  Mecfceir  mtoie,  qui  cependant  se  fit  Porgane  dea  plan 
fortes  doctrines  de  religion.  Bn  somme,  la  vMtd  snr  la  pU- 
losopbie  du  sikcle  dernier,  abstracUon  fdte  des  bommsa, 
est  qa^elle  s*ed  pr^pitte  au  delk  du  terme  qa^aUe  se  pro- 
posdt;  mais  la  v^ritk  ed  ausd  qa*eUe  ne  s*ed  ftite  bostile, 
violente^  anti-religjeuse  d  anti-monarcbiqoe,  que  par  voie 
de  rrartsailles  d  k  son  corns  dd^fwHlTinfi 

Nous  void  arrive  k  la  aecondn  pbase  de  U  aptolation 
modeme,  pbase  qd  ne  oompte  encore  qne  trop  pen  d'an- 
nte  pour  dtre  Jugte  k  food.  CeA  one  pbase,  sinoQ  de  spi* 
rttnaUsme  por,  an  moins  de  spiritnalisme  lottant  contra  le 
sensoalisme,  one  pbase  de  paislble  d  impartiale  critique 
de  tooa  lea  ajstdnes,  de  parfidte  toldrance  poor  tootes  les 
doctrines,  d  de  saine  morality  dans  tootes  les  teolos.  Mais 
OB  y  a  Yn  k  tort  nne  pbase  de  reaction  brosqoe,  d'apos- 
tasie  hypocrite^  d'abioration  de  la  raison;  car  die  excdie 
snrtoot  k  raspeder  les  dodrinea  de  la  reUgion,  de  la  morde 
etde  la  pditiqne,  huo  mtoM  qa'dies  n'ont  paa  de  sympatbles. 
Odte  noovdle  pbase  se  prtente  sous  deox  aspeeta,  Tun 
ploa  spiritoaliste,  i'antra  ploa  sensnaliste,  ratiooaliates  tous 
deox.  La  aeoonde  n*ed  autre  que  r<6cole  de  Condillac,  per* 
fecUonnte  par  VolneydGarat,  d  n^acceptant  lliMtaga 
d'Hdvdbis  quo  sous  bdndke  d'tnventalre. 

Un  autie  ateateur  du  premier  emigre,  Cabanis,  ami 
de  GondiUae,  de  Diderot,  de  D'Alembert,  de  Vottdre,  de 
mrabeaa,  de  Franklin,  de  JeCGnson,  donna  on  inatant  au 
sensuaBsme  do  sikde  dernier  un  d^vdoppemenl  qui  efit 
sorpria  le  maltre;  mala  en  oikme  temps  U  lendit  aux 
qnestions  osorales  on  aorrloe.  incontestable  en  lea  daasant 
en  debon  dea  dodrinea  de  aon  dede.  Mdotoghtn  ansd 
brillant  que  Cabanis  dait  phyaidegiste  profond,  nn  qua- 
trikme  adudeor,  Destnlt  do  Tracy,  eat  malhenraoae* 
menC  le  tempa  k  pdne  d'dMncher  one  csovra  qu*!  dtatt 
digoe  d'acbever.  A  edi6  de  eea  Ubrea  penseorsse  groopent 
plodeon  bonunes  de  sdence  d  d*obsenratioH,  Lanoelin, 
Gall,Virey,Bronsaaia,  toos  Element  soigneox,  en 
poossant  I'dnde  de  I'organlame  jasqa'ao  boot,  de  malntenir 
rablme  creos<  par  Icon  prWoesseon  antra  la  bonne  phi- 
loaophie  de  nobre  dkde  d  la  manvdse  dodifne  dn  dkde 
dernier. 

Acdd  de  eette  tele,  d'une  rtetion  enoora  emprdnte  de 
sensoalisme  d  d*oiganiime  pbyaiqae,  s'en  fomaone  aotra,* 
d*nn  spiritnalisme  do  plus  en  ploa  pronone6.  Ses  pre* 
mien  repttentanta,  Maine  de  Sir  an,  Laromlguikre, 
Deg^rando,  tarsnt  dea dkvea  de  Oendlllae;d  dana  leur 
pensteUn*Mnd*dwrdnnenn  prsJddertedioB.  Mdalenrs 
soccessenra, lentninte  malgri  eux,  fmdkre&t  cette  vaste 
tede  de  sdence  d  de  oenqodn  oft  domlne  sana  doote  to 
apkritnaHsrae,  mdtqd  n'iMudol  oi  le  aenaodlame,  ni  le  icep- 
tldsme,  ni  lemyatidHBe,d  JndlflerdiilhMed'delec- 
tique.  Oenx  qd  ent  le  mdna  dtfvid  de  Laremignlkre, 
MM.  de  Caiddllae  d  Vddtei  eoremeBcent  d4li  k  a'di  dof- 
gner  ddbtanent  Royer-Gollard,  qodqne  eoorte  qo'dt 
dd  U  dofte  do  aon  enadgnemenl,  dde  la  philoaopbie  fran- 
fdHi  dHm  dteionl  ploi  spMd,  da  edte  s^  peychdogle 
d*icQaae»  qd  ed  deronaa  depda  d  f6eonde«  gneeeiaenrde 
Royer-CoUaid,  M.  Co  asin  ed  ptos  que  aon  bdttier;  k 
I'ddnent  spMd  de  aon  maltra  fi  lyoote  on  anbre  ddnent 
spdld,  le kaniUme;pak,  approlondissant  lldddra da  la 
pbOaaophie,  U  pnbtfe'  Descartes  d  Produa,  ime  tradaction 
de  PUtaiiy  dea  fragments  de  la  plus  andean^  4cde  d'lUlie , 
des  llvtes  dPArlalote,  le  Manod  de  Tennemami^  d  devient- 
Pnmi  de  Hegel  et,  de  Seiielling. 

Sea.tendaaeaa  ddaatjqnea  n'entrameal  pas  seoleibent  ses 
diadples,  amia  ka  penaeon  lea  plus  ind(^pendants  d  les 
ldnsddgn^le8anadeaaotrea,JooffroydDamironcbei 
^ooa,  Aaellldn  d  Bonstetten  k  r^tnnger.  Parmi  I«s 
antres  penaeon  qdontaglt^  en  France  un  grand  nombrade 
qnealions  de  morale  d  de  pditiqne,  n*oublions  paa  BOf.  da 
K^atry,  Massias  Benjamin  Constant,  Dros,  Ooiaoli 


rse 


FRANCE 


TillemaiD,  Tlssot,  G^rusez,  Osaaeaox,  Laroqae,  Gamier, 
Palfey  Franck,  Gu^pin ,  Simon ,  Mallet ,  Cbarma,  Servant , 
fiMuvais,  Hippeau,  etc. 

Atnsis^eslthHiv^  un  instant  r^tabli,  par  rautorit^dela  raiflon, 
faecord  prodamd  par  Tautorit^  de  P£glise  h  Porigine  de  la 
philosophie  fran^se.  Mais  ne  nous  liAtons  pas  de  condure : 
toutes  les  phases  de  notre  philosophie  modeme  ne  sont  pas 
^puistei.  11  s*en  est  ^banch^  une  de  plus,  une  demi^re ,  celle 
de  toutes  qui  seule  ee  pretend  arritte  au  but ,  c'est-^-dire 
revenue  au  point  de  depart,  h  Punion  pure  et  simple  de  Ja 
religion  et  de  la  pliilosopfaie,  k  la  souimsslon  absolue  de  la 
raison  k  Tl^lse. 

Cette  ^cole,  qu'onappelle  ttUologique  ou  mystique,  n'eut 
d'abord  ostensibiement  pour  adeptes  que  Saint-Martin 
et  la  dnchesse  de  Bourbon.  CbAteaubriand,  exer^ant  une 
action  inunense  sur  la  pcns^  nationale,  rendit  le  courage 
aux  amis  de  la  religion;  etit  se  pr^senta  k  sa  suite  quelques 
d^fenseurs  de  la  philosophie  chr^enne.  La  Restauration 
ayaut  encore  fortifi^  ces  courages,  11  se  forma  une  ^cole.  Ses 
premiers  chefs  furentde  Mais  t  re,  Bon  a  Id  etLamen- 
nais.  Cep<'Jidant,  ce  n^est  pomt  par  ses  plus  anciens  et 
plus  ^loquents  organes,  ni  par  ses  doctrhies  les  plus  syst^- 
matiques  qii'elle  exerce  le  plus  d'action  sur  ies  esprits  et  se 
prepare  le  plus  de  chances  pour  Tavenlr,  c'est  par  ses  d^fen- 
seurs  nouveaux  et  par  ses  interprites  mieux  In5;pir^8.  Au 
sentiment  leligieux,  k  la  science,  k  Tenthousiasme,  ces  trois 
grands  besoms  de  Thumanit^,  s'adressent  surtout  Ballan- 
Che,  le  baron  d'Eckstein,  M.  Bordas-Demoulin  et 
abb^  Lacordaire,  Bautain  et  Gerbet.  En  repondant  k 
des  tendances  qui  se  r^v^Ient  d'ordinaire  un  pen  vagues  et 
maladlve^,  maisciuelquefois  ceiiendant  Jeunes  et  putssantes, 
r£cole  thtologique  se  constitue  14girement  mystique ;  et,  ces- 
sent  d'etre  r^ctionnau«  contre  la  philosophie  dn  sidcle 
dernier,  ne  Test  plus  que  contre  les  doctrines  du  n6tre.  Sur 
ce  terrab,  rompant  en  visi^  avec  tons  ceux  qui  pr^ten- 
dent  quo  le  christianisme  anden  on  i^nM  a  fait  son 
temps,  die  proclame  la  foi  non-senlement  le  moyen  de 
connaltie,  mais  Pintuition  dle-m£me. 

Toutefois,  qn'on  ne  s'y  trompe  point,  si  le  mystidsme 
rencontre  en  France  des  sympathies  isol^,  il  est  antipa- 
tbique  au  g^iie  de  la  nation.  Une  doctrine  que  le  plus  c^- 
I^bredes  chanceliers  de  runiversit^,  Gerson,  et  le  plus  aimii 
des  ^vAques  de  France,  F^nelon,  out  ^td  impuissanU  k  faire 
trlompher,  peut  bien,  dans  des  drconstances  donnas  et 
par  vole  de  ruction,  obtenir  un  moment  de  succ^;  die  n'a 
pas  d'avenir;  pas  plus  que  le  sensualisme,  le  mysticismc 
i»'a  de  racines  parmi  nous.  La  nation  a  trop  de  spirituality 
pour  n|are  pas  spiritualiste,  et  trop  de  raison  pour  n'^tre 
pas  rationalists  Au  spiritualisme  rationnel  appartient  Pa- 
venir.  Mais,  que  Ion  ne  s'y  tumpepas,  II  n'appartient 
pas  k  i*idealisme  :  il  n'est  k  auci  ne  value  th^rie;  et  plus 
grandc,  plus  pratique  queijamaii  est  la  mission  de  Ja  plu- 
losophie  parmi  nous.  La  philosophie  a  fait  nos  doctrines  du 
si^le  dernier;  et  par  ces  doctrines  die  nous  a donnd  des 
institutions  representatives ;  die  ne  nous  a  pas  encore  fait 
les  na<Burs,  die  ne  nous  a  pas  donn^  les  vertus  que  de- 
mandent  nos  lois  :  la  lacune  qn'dle  a  faile  d  qu'dle  doit 
comhler  eat  profonde.  Maxtbr. 

Sciences. 

L'lusloire  du  inouvemeut  sdentifique  en  France  est  un 
d<»  chapilres  les  plus  importanU  de  Phistoire  gen^rde  dela 
saence  modeme.  Depuis  quatre  slides,  U  France  a  toiijours 
marche  enavant  dans  la  vole  des  ddcouvertet  utiles.  Si  nous 

21Tn^»!l?f .{?  P'"*  '""*'  ^'^  ^"«  P«"^«*  ««  "oyen 
age  U  n  exisUit  k  propreroent  parler  aucune  science  en  Eu- 
rope :  la|.;hlmie  et  Paslrologie  usurpdent  ce  nom: 
quant  aux  sciences  maUi^matiques  et  natureUes,  Pdcole  se 
S^Thc"?^!  de commenter  les  ^crite dT-uclide  et  de  Ptoltoiee, 
t^?    }\  t  f?  '^^''^'  ^  mededne  en  etait  restde  k  Hippo! 

^  If  r  ^•^^.'^^/*^*  **  ^^  «^  ^n'^XB:xeni  pu  produilti 
les  tenlatives  de  Charlemagne,  tout  ce  qu'avait  engcndre  Pu- 


niversite  de  Paris,  la  premiere  de  toutes,  puiaqu'eDe  M.  o^ 
en  .1200  et  que  eelle  d'Oxford  ne  date  qua  de  1106;  lu 
disputes  de  la  scolastique  absorbaient  lea  mdllenrs  esprili, 
et  c'est  k  pdne  si  depuis  Clovla  Josqu'aa  mifteu  dn  qnta- 
ziime  sitele,  on  peut  dter  le  nom  d*0B  seol  veritable  savant ; 
qu'etaient  en  effel  Gervais  Chretien,  Albert  le  Grand,  111. 
colas  F I amel ,  stnon  des astrologoes,  des alchimisfes?  Ger- 
bert,  dont  tout  le  moyen  ige  vante  la  profonde  erudition, 
alia  bien  demander  aux  Arabes  les  tresors  qu'ils  doos  avaiait 
conserves;  mals  il  ne  crea  Hen  par  loi^menae. 

Tout  k  coup  la  scene  change.  L'empire  d\>rient  vfent  ^ 
s'ecrouler ;  la  chronologie  rapporte  k  cet  eveoement  vm 
de  ses  grandes  dividons,  que  les  lettres  et  lea  sciences  dateil 
de  Pinvention  de  Pimprimerie,  de  Papparition  de  la  Refonne : 
Pesprit  d'examen  s'est  introdnit  dans  Pecole,  eC  la  sdCBee 
avec  lui.  Notre  nation  remporte  ses  premieres 'pabnes  dam 
les  mathemaUques  :  Viete,  s'il  ne  cree  pas  I'algebre, 
lul  donne  une  telle  extendon,  qu'dle  devient  une  sdence 
nouvdie ;  k  lui  seul  il  fait  plus  que  les  Grecs,  lea  Arabes  H 
PItalie  n'avaient  pu  fdre  depuis  Diophante.  Le  traductenr 
de  ce  dernier,  B  a  c  h  e  t  de  Medriac,  resout  auasitdt,  dVae 
maniere  f^erale  et  complete,  les  equations  ind<5terminees 
du  premier degre.  En  meme  temps,  Fermat  traite  esse 
jouant  les  question^  les  plus  ardues  de  la  theorie  des  nom- 
bres,  et  Roberval  dispute  k  Cavalleri  la  deoouverte  dss 
Indivisibles,  beureuse  transformation  de  U  mechode  d^Arcfat- 
mede,  dont  devait  deriver  le  calcut  different! eh  Akm 
apparatt  un  homme  qni  domine  son  epoque  de  toute  sa  hao- 
teur :  c'est  Des  cartes,  apportant  au  monde  une  phikMoplne, 
Qambeau  de  verite  qui  doit  eddrer  toutes  les  branehea  des 
connaissances  humaines.  Pour  ne  voir  en  lul  que  le  malfae- 
matiden,  Descartes  applique  le  premier  d*une  manien  gM- 
rale  et  feconde  Pdgebre  k  U  geomebrie.  Si  PAllemagne  s'ei- 
orgiidllit  de  LdbniU,  d  PAngieterre  est  flere  de  Newton, 
la  France  peut  leur  repondre  en  nommant  Descartes,  qd 
leur  fraya  le  diemh). 

II  n'existait  pas  encore  d'academies  uvantes.  Le  p^ 
Mer senne  servdt  en  qudque  sorte  de  Uen  sdentifiqne  I 
toutes  les  iUustralions  du  continent  Le  savant  minime  ft 
connaltre  en  France  les  bdles  decouvertes  de  ToriceQi  sor 
le  vide,  qui  donnerent  lieu  aux  experiences  de  P  a  s  c  a  1,  aux- 
qudles  nons  devons  le  barometre.  Ceuit  pea  pour  ce 
puissant  genie :  Pascd,  ddd  de  Pandyse  cartedenne,  repre- 
nant  Petude  des  sections  coniqoes  au  point  ot  ravatt  Ids- 
see  ApoUonius,  avait  dei4  deniontre  de  bdles  et  neores 
proprietes,  lorsque  la  mor<  vint  le  snrprendre.  Apresld, 
la  dispute  de  Leibnitz  et  de  Newton  occnpe  un  instant  tons 
les  esprits.  Cependant  L'lIospitaloooidoBDe  et  vulgarise 
Chez  nous  les  nouveaux  celcul>;  panni  ses  contempordns 
nou9trouvonsMaupertuis,  La  Condamine,  et  Boo- 
guer,  Pioventeur  de  IlieUometre;  Depiudenx  appliqoe  k 
des  quesUons  pratiques  le  calcul  des  probabilites,  dont 
VArs  conjeeturandi  de  Bernoulli  vient  de  poser  les  bases . 

Clairau  It  etD'Alembert  resolvent  dmultanementle  pro-* 
bieme  des  trois  corps,  se  rattadiant  k  la  theorie  newtonienof 
de  Patlraction;  tons  deux  enridiissent  la  mecanique  et  le 
calcul  integral,  dont  Pencydopediste  repand  dans  le 
monde  euUer  les  recentes  conquetes.  Vandermonde  et 
L  a  grange  avancent  la  tlieorie  des  equations,  pendant  qne 
Condorcet  ajoute  de  nouveaux  chapitres  an  cdcul  des 
probabilites.  En  meme  temps  Desarguei  laissait  sans 
ordrequdques  ecrits,  germe  de  la  geometric  descriptive 
,qu11  etaK  reserve  a  M onge  de  devdopper.  Legendre  bit 
parattre  sa  TtUorie  des  Nmnbres  et  perfectionne  la  theorie 
destranscendantes  dliptiques;  Car  not  publie  sa  G&^mitm 
de  position,  Celte  epoque  feconde  est  encore  fllustree  par 
Prony,  par  Fourier, le  savant anteur  de  la TA^rte de U 
Chalettr,  par  Poisson ,  Hacbetle,  Lacroix,  dont  les  tra- 
vaux  out  pour  continuateurs  MM.  Cauchy,  Chasles 
Charles  Du  pin.  PonceIel,Ume,Poinsot,  Blot,  Sturm  etc! 
Dans  un  Ubieau  au»si  rapide,  nous  n'avons  pu  que  sijawVr 
ies  faito  les  plus  marquanU  de  Pfaistoire  des  mathemati^ 


FRANCE 


78T 


HiFraiiet;niai8qoeron  parcoara  toutes  lea  israiides  coUeo- 
tions  sdentifiquM  nationales  et  ^trangftres  depais  lea  M^moi- 
res  de  VAcadimie  des  Sciences  iusqa'aui  AnnaUsde  Ger- 
gonne  et  au  Journal  de  MatfUmaliques  de  M.  LiouTille, 
et  on  Terra  quelle  large  part  reYfeDt  encore  anx  gtemMrea 
et  aux  analystes  fran^is. 

La  physique  et  Tastronomie  sont  dans  une  telle 
d^pendanoe  des  mathematiques^u*elles  ne  pouvaient  que  lee 
suivre.  Ma  riot te,  dans  la  seconde  moiti^  du  dix-septi^md 
sitele,  introdnisit  en  Franeela  physique  expdrimentale ,  et 
confirma  les  prindpes  hydrostatiqoes  qu^arait  entreyns  6a* 
lilte.  Aprtolui  Tinrent  R^anmur,  qui  se  distingua  aussi 
comme  entomologiste,  puis  Borda,  et  enfin  nilnstre 
Coulomb,roorten  1806.  Pendant  que  Maluscr^^une 
thterie  de  la  lumi^re,  nu)di6^  depuis  par  Fresnel  et 
Arago,  Ampere  fondait  celie  deT^lectro-magn^ 
ti  sme.  Cest  snr  les  traces  de  oe  dernier  que  marcbe  aqjour- 
d*btti  M.  Becquerel,  4  qui  les  arts sont  encore  redcTaUes 
de  tant  d'applications  utiles  de  r^lectro-chimie.  La 
France peut encore dter  Sayart,  MM.  Ponillet,  Des- 
pretz,Bahinet,  etc 

L'astronomie  fran^aisedate  de  Gassendi ;  elle  s^illnstre 
avec  les  Cassini,  Lahire,  Pieard,  Lacailie,  La- 
land  e,rinfortnn4  Bailly,  Delambre,  Messier,  etc. 
An-4es8us  de  tous  ees  noms  brille  celid  de  La  pi  ace «  qui 
Yivra  autant  que  les  lols  immuaMes  fonnulte  dans  la  Ifiteo- 
nique  celeste.  Aprte  lui,  qui  oserionsHious  nommer  si  nous 
n'avions  Arago,  dont  le  Taste  gtoie  embrassalt  k  la  fois 
les  questions  les  plus  diTerses  ?  Arago  a  laiss^  une  trace  inef- 
fable dansroptique,racou8tique,le  magMltisme,  la  m^- 
tterologie,  Thydrograpliie ;  pendant  un  demi-si^cle  il  a  cons^ 
tamment  recukft  les  homes  de  la  science ,  tant  par  ses  pro- 
pres  dtouTertes  que  par  les  encouragements  qu'U  accor- 
dait  aux  Jeunea  saTants  diez  lesquels  il  croyait  Toir  qndques 
heureuses  dispositions :  c'est  ainsi  quil  accndllit  M.  L  e  Ter- 
rier lorsque  oelui-d  dMuisit  du  calcul  Pexlstence  de  la 
planMe  Neptune,  En  Tain,  qudques  hommes  Toudraient  d^ 
nler  ^  Arago  tous  sestitres  degloire  :  sa  place,  Tideaujour- 
dim  dans  Tastronomie  fran^se ,  ses  traTaox ,  que  nul  n^a 
pu  encore  contlnuer,  sunt  d'doquentes  r6ponses  aux  Taines 
dameurs  de  la  niMiocrit^  baineose. 

Lag^ographieet  Thydrographie  outmarch^  de 
pairaTec  Tastronomie;  dies  out  6t^  coltiTto  aTec  succte 
par  Bochart,  Delisle,  D'AnTille,BougainTille, 
Fleurieu,  Barbie  do  Bocage,  Freycinet,  Du- 
perrey,  Beautemps-Beaupr^  ,etc. 

AnibFoLie  Par€  est  le  pire  de  la  chirurgle  fran^aise 
qui,  ainsi  que  la  m^edne,  brille  ensnite  d'un  Tif  6dat  stcc 
Guy-Patin,  Fagon,Petlt,Que8nay,Lecat,lefr^re 
Cosme,  BouTard,  Antolne  Louis, Desanlt,  Hall^, 
CorTisart,  Baudelocque.  Cabanis  ouTrela  cani^ 
k  U  philosophie  mddicale.  II  est  suItI  des  physiologistes  P  i- 
nel,  Ciiauasier.Bicliat,  Broussais,  MM.  Serres, 
F I  o  u  r  e  n  s ,  ^  cM  desquels  se  continue  notre  6oole  d'op^- 
rateurs  et  de  pratidens  distingu^  par  Boyer,  Alibert, 
Oupuytren,  Larrey,  Magendie,Roux,  Llsfranc, 
Lallemand,  Pariset,  MM.  Velpeau,  Piorry,  etc 
Rangeons  aussi  panni  les  physiologistes  de  premier  ordre 
Dutrocbet,ltquireTtentladteouTertederendo8mose, 
£tienneet  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilalre,  les  cr^ 
teursdela  t^ratologle. 

C*est  au  r^gne  de  Hemi  )V  qn'appartient  OliTier  de  Ser- 
res,  notre  c<^16bre  agronotne,  le  prteurseur  deLa  Quin- 
tinie  et  de  Duhamel  du  Moncean.  Mais  les  sdences 
naturdles  seraient  sans  doute  restees  stationnainss  d  la  fou- 
dation  du  Jardin  des  Plantes,  due  k  Guy  de  Labrosse 
(1626),  ne  fiUTenue  Icurdonncr  un  nouTd  dian.  Tour- 
nefort,  nommd  professeur  de  botaniqiie  k  cet  ^tablisse- 
ment ,  y  publle  sa  m^tliode ,  anl^ricure  de  quarante  ans 
au  syst^ne  linmSin.  Un  autre  botaniste  fran^ais,  eontempo- 
nin  de  Toumcfort,  Pierre  Magnol,  profeswur  a  Monlpd- 
lier,  donne  au^<(i  Ivs  prioci|)cs  d'une  dassificatkm.  Tonme- 
nicT.  DC  LA  oo:iTna.  •<-  t.  dl 


fort  est  remplac^  par  Antolne  de  Jussieu,  le  premier  qvi 
se  fit  connattre  dans  cette  famille  Tou4e  tout  entike  k  la 
hot  a  nique,  comme  la  i^miUe  BemouUi  aux  mathdma- 
tiques.  En  1758  Bernard  de  Jussiea,  fr^re  d' Antolne,  pose 
les  premiers  jalons  de  la  m6thode  naturelle ,  qui,  compl6t^ 
par  son  ncTeu,  Antoine-Laurent  de  Jussl^,  se  substitoe 
enfin  au  syst^me  artifidel  de  Linn^.  Pendant  ce  temps, 
PoiTre,  Adanson,  Commerson  6tndient  les  flores 
tropicales;  d*antres,  comme  Parmentier,  acclimatent 
plusieurs  plantes  utiles ;  Lama  rck  crte  la  m^hode  dicho- 
tomique.  Dans  cette  demiife  periode,  laphysiologie  Tdg4- 
tale  fait  de  pr^euses  diScouTertes  avec  Yentenat,  Ri- 
chard,Dupetit-Thouars,Desfontaine8,Mirbel, 
Augiiste  Saint •  Hilaire ,  Gaudichaud,  MM.  Adolphe 
Brongniart,  Boussingault,  Payen,  etc. 

Sousle  rapport  de  la  zoologie,  la  France  n*a  pas  les 
honneurs  de  la  premiere  dassification,  carBuffon,  en  6cri- 
Tant  son  Histoire  des  AnImauXj  ne  s*occupa  que  de  la 
description  desesp^ces.  Cette  oeuTre  immense  Poccupa  plus 
de  quarante  ans,  et,  malgr6  I'aide  deDaubentonetde 
Goeneau  de  Montbdiard,  il  ne  put  faire  paraltre  que  les 
quadmpMes  et  les  oiseaux .  L  a  c  ^  p  6  d  e  d^criTit  les  serpents, 
les  poissons,  les  c^tac^.  LeTaillant  explora  TAfrique, 
I'Am^rique  et  les  Indes,  dont  il  ^tudia  romithologie.  La 
classification  zoologique^tait  done  k  pen  prte  rest<Se  ce  que 
Linn^  I'aTait  f^ite,  lorsque  George  CuTier  fit  paraltre  le 
Rigne  animal  distribu4  d^aprh  son  organisation  (1816), 
aTec  le  concours  de  son  fr^re  Frdd^ric  CuTier  et  de  MM.  D  u* 
mdril  et  DuTernoy  pour  les  animaux  sup^rieurs,  de 
M.  Ydendennes  pour  les  poissons,  et  de  Latreille  pour 
Tentomologie.  Il  y  fit  ressortir  stLloide  correlation ,  k  Taide 
de  laquelle  il  r^tablit  des  esptees  disparues  et  cr^  la  pa- 
l<$on  tol  ogle.  L^^cole  deB  la  InTll  1  e  s^est  depuis  poste  en 
antagonisme  aTec  cdle  de  CuTier;  mais  qudques  Tictoires 
qu'dle  ait  remporttes  sur  certains  points  de  d^tdl,  la  gloire 
de  CuTier  n*en  reste  pas  moins  enti^. 

En  d6couTrantlesloisdelacristallographie,pr^c^ 
demment  dierch^es  parRom^  de  lisle  etDaubenton,  Hafiy 
foumit  les  moyens  d*Mablir  une  bonne  classificaUon  des 
min^raux,  axiTre  qu'accomplrt  Beudant.  Snbstituant 
aux  hypotheses  hasard^es  de  BufTon  les  consequences  d6> 
duites  de  TobserTation  d^  la  nature,  CuTier,  second^  par 
Alexandre  Brongniart,  donne  k  lag^ologiedenouTdles 
bases,  d^ob  sunt  partis  MM.  £lie  de  Beaumont,  D  u  fres- 
noy.  Constant  Pr^TOst,  etc 

La  ch  imi  e  est  une  sdence  toute  fran^se.  Elle  ne  pou- 
Tait  naftre  qu'aprte  I'^blissement  des  T^ritte  fondamen- 
tales  de  la  physique :  aussi  la  T^ritable  chlmie  ne  commence* 
t-elle  qu'aTec  GuytondeMorTeau,  LaToisier,  Ber- 
th oUet,  Fourcroy,  qui  crdent  presque  d*un  seul  jet  et 
cette  sdence  et  sa  langue.  Proust  dablit  le  premier  que  les 
corps  se  combinent  en  proportions  fixes.  Dulong,  aussi 
grand  chimiste  que  grand  physiden,  d^uTre  le  ddo- 
rure  d'azote  et  les  lois  de  la  double  decomposition.  D '  A  r  ce t 
dote  les  arts  d'une  foule  de  precedes  ingenienx.  H  nous  fan- 
drait  encore  analyser  les  traTanx  de  Vauque  lin ,  de  Gay  - 
Lussac,  d'Orfila,  de  MM.  Thenard,  ChoTreul, 
Dumas,  Pelouie,  Balard,  Raspail,  Regnault,  etc.;  mais 
lis  out  leur  place  marquee  dans  ce  livre.  Rappelons  seule- 
ment,  parmi  les  decouTertes  les  plus  recentes,  cdlede  hi  so- 
lidification de  Padde  car  boni  q  ue  par  Thflorier. 

La  France  a  done  tenu  et  tient  encore  le  premier  rang  non* 
seuleroent  dans  le  domaine  de  la  science  speculative ,  mais 
encore  dans  cehii  des  applications  utiles.  Elle  peut  redamer 
la  priorite  dans  ia  decouTerte  de  Femploi  de  la  vapeur  comme 
force  motrice,  en  nommant  P  api  n,  et  aTant  Papin,  Salomon 
lieCaus.  Nul  neconteste,  d^ailleurs,  Taerostat  k  Mont- 
go  I  fie  r,  le  parachute  k  Blanehard,  nidiments  d'oit 
nattra  peutetre  un  jour  )a  navigation  aerienne.  Ia  mecanique 
a  produitdiez  nous  les  rhefs-dVinjTre  de  Vaucanson,  de 
Jacqnart,et  dans  Thorlogerie  nous  STons  ceux  des  Ber* 
tboud  et  des  Breguut.  Depuis  Garobeynos  instnim«nts 

93 


7M 


FRANCK 


d*oplk|a6  n*oot  rien  ^  enTtor  k  ctnx  de  FrannboTer.  La  t4- 
l  ^g  r  a  p  b  i  e  est  une  uiYeDtion  dont  noas  aommes  redevables 
AChappe;  Amptee  paut  aussi  rfelamer  aa  part  dans  Tidte 
premiere  de  la  t^l^apbie  ^iectrique.  Faut-U  encore  citer 
UUtbotritie,  ledaguerr^otype,le  fulmi-coton? 
L'iiidttatriedoit^laadeDGeleftcbaax  hydranliqaesde 
M.  Yicat;  TappUcatioii  des  bdlTcea  propulaeun  aax  ba- 
teaux k  fapeur ;  le  porfectionnemeDt  des  cbaudiftres  k  vapeur, 
des  turbines,  dea  barragea^  des pierrea artificieUes^  etc 
£t  quant  aux  dtouvertes  qui  semblent  n'aroir  jusqu*^ 
present  aucnn  caract^re  d'utilil^  pratique^  ae  lea  Jugeons  pas 
avec  trap  de  pr^pitatkm.  La  polarise  t ion  de  la  Inmito 
tMit  Hn  prise  pour  example  :  n^est^e  pas  ai^ourd'bui  en 
Tertu  de  sea  lois  que  le  polarimttre  de  Biot  nous  permet 
d*^?aluerla  ricbesse  saccbarine  du  Tin,  du  lait  ou  de  tout 
autre  Uquide  f  Rappelons  encore,  pour  nous  en  tenir  k  des  d^ 
couvertes  entiireoient  fran^aiseB ,  que  si  IM  ode  n^eAt  paa 
^  oonnu ,  la  pliotograptue  n'eiisterait  probablement  pas. 
Mous  Tenons  de  faire  en  qoelquea  lignes  une  sorte  de  table 
des  illustrations  nationales,  table  glorieuse,  dans  laquelle  bien 
-d'autrea  noms  m^teraient  une  place  honorable.  Maia  ia 
science  a  sea  hiittoriens,  et  les  titres  de  la  France  sont  ins- 
crita  pour  les  matbtaiatiqoea,  dans  TooTrage  de  Montu- 
cla  et  dans  VAgerfu  hisiorijue  de  M .  Cbasles;  pour  Tat- 
tronomie,dans  le  line  deDelambre;  pour  labotaniqoe* 
dans  Tarticle  TaxonomU^  d*Adrien  de  Jusaieu,  ins^r^ 
dans  le  IHctUmnairt  universel  tThisMre  nattarelle  de 
M.  Cb.  d'Orlrignj.  On  consultera  avec  fruit  le  JHseours  pri- 
Wninakre  de  oe  mtoie  recudl,  esquisse  rapide  des  progrte 
de  toutea  lea  sciences.  M.  Hoefisr  a  terit  ikne  BisMre  (h  la 
CA<mia;etc«  E.Mirubux. 

Beau»^irU. 

L'arcbi lecture,  la  sculpture,  la  peinture,  tous 
lea  beaux-arts,  en  un  mot,  out  ^  transmis  k  la  Gaoie  par 
lea  Remains,  qui  les  tenaient  des  Grecs.  En  aorte  que  dte 
les  premiers  sitelea  de  noire  to  nos  aleux  les  GsMlois  re- 
(ttient  sans  s*eQ  douter,  et  sous  des  formes  bien  alt6^. 
Sana  doute,  la  tradition  des  grands  artlstea  d*Alb^ne&.Xoo- 
tes  les  constructioDS  arcbitectoniques  do  siMe  de  Charle- 
magne, bien  que  modiA^ea  par  les  usages  religieux  et  cItUs, 
se  ratticbvit  encore  d'une  manito  ^yidente  an  syst6me  de 
rarcbitectura  romaine.  Les  propoitions  sunt  change,  man 
les  iomes  sont  les  m^mes.  Les  ToAtes  et  les  arcs  en  parti- 
culier  sont  demi-ciculaires.  Le  d^ir  qu*aTait  Charlemagne 
de  fiiiitt  renattre  les  adences  et  les  arts  Jofait  k  Ttondne 
de  sa  puissance  et  des  relations  quil  avait  a?ec  les  nations 
les  plus  Aloign^A.de  lui  ont  pu  coatribuer  k  preparer  [la 
singuli^mr^Tolnlion  qui  s^opte  deux  siteles  plus  tard  dans 
le  goOt  des  Europeans  pour  tous  les  objets  d'art. 

Jusqu^au  commenoement  du  ouziime  sitele,  et  tant  que 
I'art  romain  a  ^  suivi  en  France^  ce  sont»  en  g^n^al,  dea 
arcbitectea  appel^  du  pf  js  das  Tainqueurs,  qui  out  dirigft  lea 
trataux  dea  Mifiees,  tandis  qu*l  T^poque  suirante,  oil  le 
goAt  dit  gothique  est  dans  tout  son  idat.  Tart  de  jrar- 
chiteeture  eat  particulidrenent  cuIUt^  daos  isa  dottre^  par 
des  moines.  et  des.eoel^iaatiquea  plelns  de  m^te,  maia.ai> 
religteusement  bam|>le8,  quails  nW  pas  mdma  laiaa^  ()e 
trace  de  leuiaaoms.  Cepeadant  qudquea-una  de  oes  artiatea 
ftan^aia  da  mojen  Age  sont  oonnna:  on  a  conaenri  le  sou- 
fenirde  Romuald^  architecte  du  roi  Louia  le  fieux «  q^i: 
comment  en  a4t  la  calb^rale  de  Raima,  rebltie  phia  tard 
dans  le  style  dit  goikigue.  On  salt  que.  Fulbert,  ^T^ue  de 
qbartriea,  et  aavant  dans  Tartde  rarcbitecture,  donna 
les  plans  de  la  nourelle  calb61r|ile  de  cett^  tUIc^  et  en  di^, 
rigaa  lea  pramitoa  constructions  en  1020.  Le  miaistre  Su"> 
ger  passe  encore  pour  avoir  MA  un  habile  ardiilecte.  Ce, 
Alt  lui  qui  fit  rebitir,  d*aprte  sea  propres  plana,  I'^glise  abba* 
tialede Saint-Denis.  La catliMrale d'Amlena  fut commen- 
ce en  1 230  par  Robert  de  Luzarclie.  continue  par  Ttioroaa 
de  Cormont,  et  acliev^e  par  son  Ills  Reuaud ,  en  1269.  Veira 
!a  moUi6du  treizi^nie  M^cie,il  y  cut  en  France  trois  arddr 


tectes  cdttires  :  Jean  de  Chellea«  qui  fit  le  poHiqM 
du  oOt^  du  midi de Notre-0aBia  de  Paria;  Pieneila 
reau,  auteur  de  I'ancieane  Satnte  CkapeUs  de  KtoCMUMt, 
rebttie  telle  qn*dle  est  anjoonrhni  du  tempe  de  ft9m» 
9oisI*';et  Eudesde  MoBtreuil,qalcoiistnilsHA  Paivles 
^Glises  de  Sainte-Catberine-dea-£coiien ,  de  l*iMlel-Di«B ,  da 
Sdnte-Croix  de  ia  BretoDaeria,  dea  Blaacs-Maaleaai ,  des 
Cordeliers,  des  Mathuriaa  et  dea  Chartrenx ,  tone  Edifices 
entitoment  d^truits  de  aoe  Jours.  Vera  12»7,  Robert  da 
OoTey  fut  charg6  de  rMlfier  raadeaaecathMnle  deR  e  ima^ 
qui  avait  ^  d^ruite  par  un  inceadie  ea  1310.  Soa  soeeaa- 
sear  ftU  Hogoea  Le  Beigier,  doat  le  tmabeaa  est  daaa  llUifoft 
mtae.  Enfin,  on  a  conserr^  le  nom  de  Jean  Ravy,  archi- 
tecte  et  sculptenr,  qui  employa  aoa  double  tdeat  peadwl 
Tingt-dx  ans,  k  Paris,  poor  tenalaer  P^gttae  de  Notre- 
Dame,  qui  ne  ftit  enttiremeataeheTtequ'ea  U51. 

C'est  TecalafladutraidtoedteieelpeiiiiaatleqaatDnieaM 
que  ae  fonateent  eea  compagaiea  dfootiiert  sculplBan, 
diarpeatiers  et  ma^eaa,  iuxqueUea  lea/raacf-«iapoas, 
^ce  qoe  Von  prttead,*doiTnit  lenr  or^glae.  Cfest  alora  qae» 
daas  le  midi  de  la  Fraaoe ,  \e&Jratrei  panii/heM  eoaatrai- 
sirant  lea  poata  d'Afignoa  el  du  Sdni-Esprit;  ouvragea  asar- 
TdUeux  pour  ce  temps.  Qette  teole  perdit  eon  aalldkpaftir 
dea  guerreade  Charles  VUI  el  de  LobIb  XII  ea  Halie. 

Yera  1370 ,  Cbailea  V,  lelmdateur  de  la  BiUiiMii^ne  in- 
p^riale,  Aablit  auad  r  Acadteio  de  Salat^AC,  qneCharies  Vff, 
son  fila,  organise  ddintttfeaaent  en  isoo.  Le  style  dH  gO' 
tMqu$f  quolqu'ea  a'affaibliasant,  oontidae  de  flenrir  Joaqu'fla 
UgO,  biea  qu'oa  Tail  eaeore  affeeti  peadant  plaa  d*na  aitele 
aprte  i  la  coBstruotlon  dea  ^glisea.  Lea  expMltiQiia  aocaes* 
dvea  de  Charles  YHI  el  da  Louis  XII  ea  ttaUa  foal  pM- 
tnar  ea  Fraace  la  lamitee  jelte  par  la  roaaiaaaaeo  dai 
lettrea  el  dea  beaox-arta  ea  IlaMe.  Le  go6l  arabe  oo  g»- 
thique  est  fcyelii;  Louto  XUfolt  teair  ea  Fraaea  aaaichi- 
tecte  italieo,  le  frtee  Joeende,  qui  Utit  deox  peals  k  Pmk, 
Vieni  le  mtaa  lempa  on  MitH  pour  le  cardiad  d'Aaabdw 
le  ebiteau  de  Gatllan ,  et  le  pdaia  de  Justice  ia  Roaea. 

Maia  l*^re  t^ritabie  de  la  renaiaaaaea  dea  beanx*«fti  en 
Flrancedatadtt  r^gpede  Praa yoia  1^'.  Aloitleatylogolhi* 
que  tombe  el  a!af fidblll  en  mtae  teaipa  qne  Peapiil  cfaeva- 
lereaquo  et  le  ide  pour  lea  cvdaadea.  Le  rd  fdl  dea  eip6- 
ditioas  en  Ijtalie,  y  augaiealA  aoa  geOI  Bdard  pour  lea  bean- 
arts,  el  proite,  ea  1531,  de  qoeiqnes  aaata  de  paix  pear 
fidreTeaif  deoepays^Serlio,  Primalice^U  Roaso,  P.lMsll 
d  BeuTeavto  Cellini,  anxquels  11  eonfle  la  dteoralioa  ts- 
tMeure  et  intdrieure  du  chAteau  de  Fontaine bleaa.C<sl 
alora  qu'apparaisaent  las  premlera  artistes  fraaM^ :  Jeaa  Gee- 
Jonet  Jeaa  Cousin;  pals  bieatM  apria  Paal  Pooee,  Boa- 
tempa,  Germdn  Pi  Ion,  elle  pdntve  Fr^mlael*  tfldTsda 
Primatloe.  Alora,  Tart  italinn.  grnffi^  inr  In  rranm.  fiomiaraff 
Adeurir.d  k  porter  dea  firulli  qui  aeateat  le  aoateaa  tV" 
rdr.  L'origtndit^  iraa^daese  bit  aeaUr,  anrtool  daaa  Tsrl 
de  rarebitectore,  plua  d^peadant  que  Uma  las  autna  dn  di- 
mat,  dea  usagea,  d  par  oons^ueat  plus  aoumis  mn  goOts 
du  payi  ob  on  Texeroe.  Quaat  aux  premlera  graada  arcfai- 
tectei49le  reaaiasaace  fraacdse,  ce  sont :  Pierre  Lescot, 
aulea^de  la  featabie  des lanocents s  PhUibert.DelorBie,i 
qui  Ton  ddt  les  plus  bdles  parties  da  Louvre  el  le  cbllsaa 
d*Aaetj.Jean  ^tfUanl,  par  qui  lecoaadableAiiBedaMed* 
mof9aey  t\  bitir  |e  diHtaaa  d*£oo«ia.  Le  luxael  la  raobcwlia 
a'hitroduiseat  Jusque  dana  lesobjeUfde  Tusagele  ffaaeidi* 
adae  et  ffnl  perHooUoaaer  lea  poteriea  <roiill^  I  fiaraari 
PalissT' 

A  la  r^oe  de  M^rie  de  Wdids  a'arr^ie  Teasor  bdOad 
de  la  raiaissanoe  frapoaise.  Les  oayragan  desartpstea  Haliawt 
mieux  fonnns^  sont  plus  analytiquewent  dodiite.  Rvbaaa, 
charge  de  pdndrtf  lagalerie-du  Leaembourgf'  modifle,  psr 
llnnucoce  de  son  goOtel  desan  ta|enl»  Hmpfildoa  qaalei 
arlistea  MaUaas  ataient  jusque  ik  doaateaxdodTaoieataax 
artistes  de  la  reaaisaaaoe  fraafaiae.  Jaoqoea  Oaabroaaaa 
bAUt  le  palaia  du  Luxembourg,  ea  ae  guidaal  aur  cdd 
des  PittJ  A  Floreace.  Fraa^  Maaaard, cbaisA par 


FRANCE 


d'AuUicH  femme  de  JiOais  XI1I»  de  oonstniire  l'^li«e  du 
Vsl  de-Giice,  prend  module  Bar  la  (ameuae  basilique  de 
de  Saint-Pierce  deRqme;  Ui61^ve  le  iiremier  ddme  que  l*on 
alt  Tu  i^  Pari9,  et  d^termiJie  le  d^veloppement  dea  beaux- 
arta  particalier  an  i^e  du  Louis  XIV.  Mais  d^l  avant  la 
;^>lfiadeQr  de  oette  6poqq()  amdeot  para  lea  deux  plus  grands 
peintrea  OrangaiSy  Ilicolaa  Pbu  sain,  qui  fit  sea  plus  beaux 
buvrages  en  Italie^  et  Epstacbe  Lesuear,  qui  cuUifaaon 
art  k  I'abr!  dea  clottres.  Pannileors  contemporaioa,  on  re- 
jnarque  Claude  GeKe et S<Sbastiep  Bourdon. 

11  serait  ^uperflu  de  donner  iei  la  nomenclatnre  et  la 
description  de  tous  lee  ouTra^  d'art  qu'a  (ait  deyer  et  ex<- 
cuter  Louis  XI V.  II  snfDt  de  rappeler  la  colonnade  du  L  o  u  • 
vre.de  Perrault^  Pb6td  doa  InTalideSi  oominenc^ 
par  Ub^alBrdant  et  termini  par  Hardouin  Manaard^ 
et  leciiftteau  de yeraaillea^dazmftme  Mansard ,  pour  r^ 
▼eiller  le  souTenir  de.  ce  que  ce  jnooarque  a  fait  iaire  de 
jf)lu8  grand  en  arduteclure,  en  sculpture  et  en  peinture; 
jwur  falce  redire  lea  npms  d^s  Puget,  dea  De^aidiiis«  des 
Girardon^  dea  Coy  se vox, dea  Const  00, desLebrun, 
deak ignard  et  das  Lendtre. Les ouvrageade oesarfistesi 
pris  k  part,  ne  pourraient  pas  aanadoute  aupporter  la  com^ 
paraison  lYOC  ceux  dea  gninds  homines  que  ntalie  a  pro- 
duits  dans  le  quinxitoie  et  le  seizi^me  si^e,  ni  mtoie  avec 
les  productions  des  ardstea  fran^  de  la  m6me  ^poque. 
Maia  lonque  Ton  considtoe  le  rfeultat  dea  efforta  aimulta* 
n^s  que  Louis  XIV  lea  a  miaii  m6me  de  faire,  on  est  ^mer- 
veill6  de  cos  finonnea  monmneDts,  06  Ton  trouve  tant  dV 
teit6,  tant  de  grandeur  el  taai  de  ehaimea.  Ce  qui  frappe  et 
attache  dans  les  oovrages  d*art  (lu  sitele  de  Louis  XIV,  c*est 
leurhomog^n^t^,  c^est  leor  haraioaie»  c'est  la  physionomie 
bien  prononc^  qoTila  ont  tous.  Dans  renaemble  et  les 
d^Uils  des'  ^dificM,  dana  la  deration  int^rieure,  dans  la 
r^gularit^  dl^gvite  dea  parcaet  des  jardins  qui  les  environ- 
nent,  partout  cxk  retroave  cette  m^est^  un  pen  Ujhn  que 
le  iDonarqde  portait  Ini-niAme  aur  son  front 

Un  genre  de  peinture  qui  n*aTait  Jamaia  6U  s^gUg^ 
en  France  prit  cependant  un  telat  nouyean  du  temps  de 
Louis  XIV  :  la  pebtore  snr  6inail  fut  pousa^  k  un  degr^ 
incroyablede  perfection  pair  Jean  Petitot,  deGen^e.  Maia 
Tune  des  gloirea  des  beaux-arta  en  France  est  la  graYure  en 
tsille-douce,  qulA'ajomala  M  mieux  traits  qu*i  cette  ^* 
que.  Les  ouvi  ages  dea  C  all  oty  des  if  a  u  te  u  i  1 ,  des  Mellan, 
des  Israel  SyWeitrey  defi  Mas8on,.dea  Poilly^  dea  Pesne, 
des  Audran,dea  Edelincket  des  Drevet,  aont  encore 
aujourd'hot  dea  chefs-d'oeuvre  qui  n*ont  paa  4U  aurpass^ 
par  lea  meilleures  gravurea^  faites  en  Europe  jusqu*^  nos 
jours.  La  gravure  en  taille-douce  de  hautstyle  est  peot-^e  le 
aeul  art  pour  lequel  la  France  a*ait  point  de  rivale ,  inline 
an  moment  od  nouS'toivona. 

Comma  toutee  les  autres  branches  des  connaissancea 
liumainesy  lea  beaux<rarta  ae  resaeotirent  du  ddvergondage 
des  mceors  de  la  r^ence,  et  rarcbifacture  oiteM  a'^carli 
assez  aouvent  de  aa  haute  destinatioo.  Une  quantity  imm^iae 
de  cliiteaux  et  d^bdtela,  oil  Ton  recbercba  bien.plut6t  k  pr^ 
voir  tous  les  besoins  de  la  vie  privte,  d^jii  Ibrt  recherche 
k  cette  dpoque,  qu'iksatisfoire  aox  condttiona  s^v^readn  foM 
et  des  kis  de  rArcbltectare,  furent  €kffH  en  France,  Am 
peintures  oompoato  tar  des  sujeta  tir^  de  Phialoire ,  de  U 
Bible  ou  de  oe  qu^il  y  a  de  pinaadrlenx  dans  la  mytbologiei 
on  iit  succMer  des  tableaux  galanta,  abcc6nes  uAioe  parfoiSi 
oil  lea  artiates^  sedtSburrasaant  du  eoatnoie  antique »  dont 
reaped  nM^eatneu^  aambbat  dter  de  la  vtvadt^  k  tars, 
•empoaitioiis  Ubertfaieay  nlntroduiairait  que  des  peraon- 
•ages  habili^  k  la  mqde  du  tempa.  Uo  homme  dou^«iar  la 
nature  du  plua  heureux  talent,  maia  qve  aon  caraette 
bizarre  d  V^poque  od  H  a  T<ten  ont  doming.,  ^ontribna  ala- 
fuli^ement  k  fatre  prendre  aux  beaux-arts  en  France  oe 
Mais  f&cbeux.  C*eat  Antoine  Watteau,  k  qui  anecMa 
Franks  Boucher,  son  d^Vie,  homme  de  talent,  quoi- 
^ue  bien  lnf(6riear  k  son  maltre.  Bien  qu^il  aoit  certahi 
que  cee  triiles  prpducUons  ont  M  pendant  lea  deux  pre- 


^80 

miera  liera  du  dix-huitltefie  aiMe  I'ofajet  de  radmiratloD  de 
presqoe  toote  la  France,  on  doit  dire  auaai  que  lea  aages 
inatttutiona  de  Louis  XIV  relatives  aux  arts  furent  eanae 
que  la  tradition  des  ouvragea  de  haut  style  fut  au  mohis 
thteriquement  oonaervte.  En  architecture  particnlitemeut, 
Louis  XV  fit  exteuter  des  travaux  dont  kn  ddaUa  man* 
quentde  ppsdi,  maia  que  tar  masae  an  moina  rend  loo- 
jouca  m^ieatneux.  Ce  fut  aoua  le  r^gne  de  ce  prinee  que 
Robert  de  Gotta  fieva  lea  colonnadea  de  Trianon,  qua 
Jacques  Gabriel  conatruldt  Picole  militaife  et  kn  deux  bA* 
ttmentadebi  phioeLouia  XV,  que  Germain  do  Beiufrand  bA* 
tit  llidtel  de  Montmorency  et  ThApital  dea  Eufimto-Trou?^ 
qoe.Servandoni  ajoi^  hi  fa^e  de  Salnt-Sidpta,  et 
que  Blonde  1,  outre  les  Miflcea  remarquablos  qu'DachevA, 
6crivit  de  fort  bom  livres  aur  Part  de  Parchitecture. 

Tandis  que.  Watteau  et  aprte  lui  Boueher  dirigeatat  ty* 
ranniquement  le  goM  de  la  peinture  l^gtoe  k  h  mode,  a'il 
(hot  fahn  une  exoeptta  honorable  pour  Jouvu  net,  on 
doit  direque  lolis  lea  p«lntr«is  dana  le  genre  grave  et  41evA 
ne  fimnt  que  de  fliibles  Imltatars  de  la  faible  mani^re  de 
Lebmn.  Rigaud  et  Laq|i|lita  flrentde  bona  porhraita ;  mats 
lipeineae  aonvtat-on  de Ogrle  Vanloo,  qui  Art  si  cflAbre 
de  aon  tampa.  i*arml  lea  alatuahes  du  commencement  do  dix- 
huititai  aitele,  on  ne  pent  dter  que  BouchardiOn. 

Depuia  deux  siMes^  Jes  artistes  et  lea  antlquahea  avitat 
pria  I'habitude  d'aOer  dndier  k  Rome  et  en  ItaKe.  La  vue 
dea  ehefa-d^CBuvre  de  Rome  et  de  la  Grtee  et  des  maltres 
modemea  frappa  de  nouveau  dea  Jiommea  las  des  mesquines 
et  feibiea  producttaa  dont  les  artistes  inondatat  FEorope 
A  la  bi  du  dix-septitae  dtele,  et  Us  prirent  la  r^dntion 
de  reformer  le  goftt.  A  cette  ^poque  la  plupart  de  ces  hommes 
telairte,  dnd  que  Mengi,  le  chevdierd^Aiara  et  P^erivain 
MUuda,  se  tronvteant  ensemble  k  Rome.  Ce  groope  de  SU'^ 
vanta  antiqudrea,  de  critiques  arehtelogues  ei  d'artiatea, 
oovrit  Vkn  dea  arts  oil  noua  sbmmea  encore,  et  que  nous 
dAsignerona  parle  titre  d'areMmie. 

Darid  est  Partiate  frin^  qui  oontrilHia  le.phu  puis* 
umment  k  fake  adopter  d  advre  en  Fnnee  la  rdformatta 
d  I'ardiataie  dana  toua  lea  arts.  Sous  rinfluence  de  aon 
tatat,  toua  ta  artistes  en  France  furent  soumia  k  Parchalame, 
depuis  le  statudre  d  Paiddtede  Jusqu'k  t'orftvre  d  an  lam- 
piste.  L*^poque  ou  od  accd^  devint  le  plus  fort  ed  com* 
prise  ontre  lea  annte  1706  d  I801.  Alors  David  liniasait 
L$s  Sabinei^  commeufait  Zes  Thermopiles  d  ^bauchdt  le 
portent  de  Bonaparte  revenant  de  Marengo.  Vers  ee  mAme 
tempa,  de  180t  k  1808 «  Pun  de  ses  plua  haUles  <SMves, 
Gros,  traita  pluatars  aujda  de  la  vie  de  Bonaparte  avec 
un  teUt  aingulier.  Le  suocte  de  Xd  Pesie  de  Jaffa  contribua 
Sana  aucun  doute  k  dindnner  le  gofit  excesalf  que  Ton  avail 
encore  pour  I'art  traits  ii  la  mani^re  antique  et  pour  lea 
su]eta  de  la  roythologie.  On  deit  auMi  fdna  observer  qu*A 
partk  dea  annte  1806  k  1808  pindcnrs  artistes  a'exere^ 
rent  aur  dea  sqjeta  anecdotiquea  tirte  de  Phlstoire  dea  tempa 
du  moyen  Age  d  de  hi  renaissance,  Cette  dispodtion  dea 
e^rita,  en  reportani  les  dudes  ardialqoea  aur  les  ouvrages 
dita  ^MqueSf  a  prdpar6  to  petite  revolution  romanf i^Ke. 

David  a  form^  une  grande  quantity  de  bona  dUves;  quel* 
qnea-uns  ont  d^  d  sent  encore  eddires.  Les  prindpanx 
aont !  Drouais,  qui  le  auivit  A  aon  second  voyage  enlts* 
]ie;Girodet,  Gros,  Gdrard,Orand|  Lfopdd  Robert, 
MM.  Schnetx  d  Ingrea. 

L'art  de  Tardiitecture  sobit  ansd  linflnenee  de  lardionna* 
ttaarebaique»  A  compter  de  1772.  C*cd  alort  que  Souf- 
flot  devdtle Pantheon,. que  Gondouhiconstnildt  Mode 
de  MMedne,dde  Wdlly  la  aalledn  ThMtre-Flmnoda on 
POdta.  On  eonatfuidt  encore  PhOCd  de  Sahn,  a^feaidlittl 
lliOtd  deb  Ltf(^-d*Honnottr,itur  leodesainade  ReooMau; 
pda  ta  barritees  de  Paris ,  nombreux  4diiflces  od  I'nrtiste 
Ledoux  reprodulsit  rarehiteeture  antique  comme  on  to  eoro- 
prenait  vers  1789  en  France.  On  pent  encore  rapporter  nu 
mOme  goOt  d  4  to  raOme  ^^Kiue  toua  les  liOlds  de  la 
Cbewate  d'Antin.,  esptee  de  peiites  fmUums  lAtiea  pour 

93. 


740 


FRANCE 


lis  deniart  grands  seigneurs  et  les  demitres  grandes  ooor- 
tisaaes,  par  Boulanger.  On  appliqna  aussi  1e  systtoie  ar- 
cbnqne  k  rarclutecture  sacrte.  Chalgrin  fut  le  premier 
qoi  eut  Tidte  de  reprendre  le  plan  des  basiliqoes  consUn- 
lines,  et  de  le  suivre  en  efiet  pour  la  construction  de  Saint- 
Philippe  du  Roule  k  Paris. 

La  statuaire  et  la  sculpture  ne  ponTaient  tehapper  h  Tin- 
floence  de  la  r^orme  archaique.  En  efTet,  La  Baignmue  de 
Jolien,  la  Diane  de  Houdon,  et  tontesles  sculptures  d'or- 
oenwnt  extoit^es  k  Sainte^eneTi^ve ,  k  l*^le  de  M6de- 
dne,  k  Phdtel  de  Salm,  ttotoignentdes  eOorts  que  les  sculp- 
teurs  de  cette  ^poque  firent  poor  abandonner  le  goAt  dit 
acadtoiqoe  et  sniTre  celui  des  anciens.  Le  statuaire  C  hao- 
d  et,  autenr  d^une  belle  statue  de  Napolton,  repi^sent^  nu, 
Tintensuite  et  tint  le  sceptre  de  son  art,  pendant  que  David 
eier^it  une  si  grande  influence  sur  le  sien. 

Pendant  le  cours  de  son  rtgne  d'enipereur,  Napolten  s'oe- 
cupa  beaucoup  des  arts,  mids  dans  un  but  exclusiTement 
politique  et  personnel.  L*art  poor  lequel  il  paralt  avoir  eu 
un  goAt  naturel,  et  qu^il  a  le  plus  heureusement  fsTorM, 
est  celui  de  Tarchitecture.  D^une  part,  son  instinct  le  por* 
tail  k  sulYre  la  marche  grandiose  qu'avait  trac^  Louis  XIV ; 
outre  cela,  il  fut  guid6  et  aid^  dans  les  grands  trafanx  quil 
fit  entreprendre  on  achever  par  deux  hommes  d*un  m^te 
reroaiquable,  Percier  et  Fontaine,  k  cM  desquelson  pent 
placer  Brongniart,l'architectede  la  Bourse  de  Paris. 

La  peinture  ne  fut  pas  ^alement  fkroris^.  A  I'exception 
de  Gros,  qui  ne  fit  connallre  toute  la  force  de  son  talent 
'qja'k  compter  de  ISOl,  tons  lesautres  artistes  fameox  alors 
avaient  fait  leurs  preutesdepnis  longtemps.  David,  Girodet 
et  Gerard  6taient  des  peintres  trte-c^bres  k  Pav^nement 
de  Napolten  an  tr6ne.  On  pent  croire  qu'nn  souverain  na- 
turellement  dou6  d'un  gofit  vif 'pour  les  arts  aurait  encore 
mieux  employ^  le  talent  de  ces  artistes  que  ne  le  fit  Ton- 
pereur.  Toutefols,  on  aundt  mauvaise  grAce  k  se  plaindre, 
aprte  avoir  vo  les  tableaux  de  La  Peste  de  Jaffa ,  de  la 
J?a/ai2fo(fi4ii«/er/Uz,du  Cotironnefncn^  et  quelques  com- 
positions de  ee  genre  de  I'auteur  du  D6lug$  et  de  I'Bnier* 
remeni  d?Atala.  Cependant,  cette  prpdigieuse  quantity  de 
peintures  offidelles,  esptee  de  Moniteur  visible  k  Tusage 
de  ceux  qui  n'avaient  pas  le  temps  de  lire  les  bulletins , 
porta  un  coup  ftineste  k  Tart.  Elle  le  transforma  en  metier 
et  multiplia  d'une  mani^  exorbitante  le  nombre  des  pein- 
tres artisans.  Quant  aux  graveurs  en  tailie-douce,  Us  trou- 
virent  une  belle  occasion  d'exercer  leur  talent.  Parmi  les 
nooid>reuses  planches  qui  composent  le  mus^  Napol^n  de 
Laurent,  il  y  en  a  de  fort  bonnes  et  une  excellente,  celle  du 
gioupedu  Laocoon,  par  Berwick. 

David,  condemn^  a  Texil,  sortit  de  France  en  1816.  Tout 
k  coup  rarchaiame  grec  fut  rejet^  par  la  noiivelle  g4$n^- 
tion  d'artistes  qui  se  pr^sentalent  k  Tentrto  de  la  carri^. 
Un  jeune  homroe  d  un  talent  vif ,  naturel  et  tout  instinctif , 
prdpaia  et  fit  Plater  oette  revolution  en  quelques  mois,  par 
des  productions  brlllantes  d'esprit  et  d^originalit^,  et  qui 
avaient  en  outre  le  mMte  de  representor  des  actions  et  des 
hommes  sur  lesqueis  toute  la  France  avait  alors  son  atten- 
tion dirigte.  M.  Horace  Y er n et  rendit  en  desstns  ou  en  ta- 
bleanx  les  scenes  de  la  vie  roilitaire,  depuis  les  plus  graves, 
comma  lesbataiUes  de  Champ-Aubert  et  de  Hanau,  Jusqu'aux 
grimaces  des  vieux  grenadiers  de  la  garde  imp^riale  jouant 
avec  les  bonnes  et  les  petits  enfants,  k  la  guingoette.  Ces 
compositions,  ^inoelantes  d'esprit  et  souvent  pleines  de 
path^tique  et  de  grandeur,  obtinrent  un  succte  qui  alia 
jusqu'ii  rengoneosenL  BientAt  aprte,  M.  H.  Vemet  avait 
plus  de  vingt  imilateurs.  La  lithographie  s'introdulsit 
e&  Franoet  et  oontribua  an  dtfveloppement  du  talent  d*un 
homme  de  m^ite.  Char  let,  qui  a  si  bien  rendu  par  ce 
uoyen  tous  les  details  de  la  vie  militaire.  II  arriva  encore 
qn*un  Jeune  homme  heureosement  dou6  par  la  nature,  G  A* 
ricau 1 1,  choisit  pour  diriger  ses  etudes  ceux  des  ^ands 
nattres  en  peinture  qoi  se  distinguentparle  plus  defongue, 
je  hardiease  et  de  fisctiitd ,  tela  que  Tintoret,  Jouvenet,  et 


Gros  parmi  cenx  de  son  temps.  La  manito  de  G^ieaaU 
devint  bardie,  grande,  mais  incorrecte  et  beort^  comme 
celle  des  peintres  sur  les  ouvrages  de  qui  11  s*6tait  form^ 
Enfin,  en  1  SI 9,  ce  Jeune  artiste  exposa  au  Louvre  un  tr^ 
grand  tableau  repr^ntant  le  Radeon  des  naufragis  d^ 
la  Miduse,  Cette  production  d^n  si  jenne  boinine  ^it  de 
nature  k  exciter  Tattention  des  artistes ;  mala  die  fit  pins, 
car  elle  contribua  k  modifier  encore  les  doctrines  des  pics 
jeunes  d*entre  eux.  Dte  lors  on  rejeta  enti^rement  T^tode 
de  Tantiquite,  celle  mtoie  des  mattres  des  ^ooles  florentine 
et  romaine,  pour  se  livier  k  Tadmiration  des  ouvrages  des 
artutes  flamands,  des  peintres  fran^  qui  succMferent  k  Le- 
bron. 

Outre  les  pefaitres  de  ce  temps  que  I'on  a  eo  I'oocasion 
de  d^igner  d^jk,  on  en  dtera  encore  quelques-ons,  dont  les 
noms,en  rappelantle  souvenir  de  leurs  ouvrages,  donneroat 
une  idde  de  P^t  ofi  est  Part  auJourd*hni :  pour  Pfaistoire, 
MM.  Hersent,  PaulDelarocbe,  S  chef  for,  E.  De- 
acroix,  Ziegler,  Alaux,  Court,  Monvofsin,  Steu- 
ben, Champmartin,  Hefan,  F  land  in,  H.  Lehman,  L^on 
Cogniet,  Drolling,  Bouchot,  L.  Boulanger,  Micba- 
Ion,  Papety,  Coutnre,  etc.;  ponrle  genre  anecdotiqoe, 
MM.  Biard,  Decamps,  Diaz,  Roqueplan,  DuvaV-Leca- 
mo9,  Destoaches,  M^'Haudebourg;  pour  le  portrait,  M"*de 
Mtrbel;  pour  le  paysage,  MM.  V.  Berlin,  Corot, 
Rupr^fTh.  Rou8sesu,Cabat,Flers,Gad{n,Bras- 
cassat,  feiouard  Berlin,  M*"*  Rosa  Bonheur;  en  ;ci^p* 
ore,  Pra  dier,  Cortot,  MM.  David  (d'Angers),  Lemairc, 
Dnret,  Dnmont,  Etex,  Barye,  Dantan,  Foya- 
tier  fClesinger,  Petitot  An  nombre  dea  habiles  graveun 
rn taille douce sont MM.  Desnoyers,  Catamatta,  Ri- 
chororoe,  Forster,  Henriquel  Oupont,  Mnlleret 
Mercuri ;  I  Ta  mant^  noire,  M.  P.  Girard;  I  Pacqua- 
thita ,  M.  J  azet ;  en  gravnre  sur  bois,  M.  Porret ;  en  litho- 
graphic  ,  Gavarni,  Grandville,  Daumier,Gr<vedoe, 
Em.  Lasalle.  Quant  k  notre  ^cole  modeme  d'arrhiteetare. 
elle  estrepr^entte  par  Hov6,  Lep^re,  Yi  scontt,  Drbret, 
MM.  Hlttorf,  Duban,  Lebas,  Blonet,  Yiol!e(-r^oc , 
Lassus,  Bdtard ,  Labrouste,  etc.  E.-J.  Delecloze. 

Mus^que. 

Les  chants  de  guerre,  les  ballades  et  chansons  natiooalei 
^ientla  scale  musique  des  andens  Francs.  Le  plain-chant 
Vint  plus  tard  ijouter  k  la  pompe  des  o^rt^monies  de  la  re- 
ligion chr^enne;  ce  genre  de  musique  se  r^pandit  ea 
France  dans  toutes  les  ^Uses.  On  chantait  dans  les  temples 
chr^ens ,  on  chantait  en  marchant  k  PennemI ,  on  ebantait 
pour  c61^rer  une  victoire,  un  ^vihiement  politique,  et  les 
Francs  d^ployaient  nn  grand  nombre  de  voiz  et  d'instm- 
ments  dans  leurs  fdtes.  Les  chansons  et  le  plahi-chan^  telle 
fut  la  musique  firan^ise  pendant  six  si6cles  environ ;  nos 
voisins  n^^taient  pas  plus  riches  que  nous.  Clovis  vodot 
avoir  un  corps  de  musidens  attach^  k  son  service  pour  Pex^ 
cution  des  chants  sacrte  dans  les  grandes  solomit^  de  P^ 
giise.  Le  nom  de  ehapelle  n'^lait  pas  encore  oonnu,  on 
ne  le  donna  que  plus  tard  k  Poratoire  royal. 

Au  temps  de  Charlemagne,  les  jongleurs,  les  baladinset 
les  mnsidens  ambnlants  abondalent  en  France-  lis  rteitaient 
dans  lenrs  ballades  les  principanx  ^v^oements  de  Phistoira 
du  pays,  et  c^^braient  les  faits  et  gestes  des  b^ro^.  Ces  bal- 
lades militaires  s*«ppebiient,  k  cause  deoda,  chansoiuie 
gestes;  dies  6taisnt  en  lalin,  et  rimto  dans  le  goOt  des 
proses  de  P^ise.  On  peose  que  le  peupla  fran^is  ne  chaaia 
g^n^ralement  en  langue  vulgaire  que  vers  le  dixi^me  slide. 
Les  cbantons  d'amonr  devinrent  alors  trte-commones ;  let 
prftlres  m6me  en  terlvaient. 

Rabanus,  Haymar  de  Aiberstadt,  H^s,  Remi  d*Aaxerre, 
Hucbald ,  moine  de  Saint-Amand ,  Odon ,  abbd  de  CIuo^  ea 
Bourgogne,  se  dislinguent  parmi  les  musidens  qui  brlDireot 
en  Prance  depnis  le  temps  de  Charlemagne  ju$qu'^  cdoi  de 
Guidod'Arezzo.  Jean  de  Muris,  docteurde  Puniver^l^ 
de  Paris,  tient  la  premi^  place  parmi  lea  auteura  firao^ 


FRANCE 


741 


du  mojeD  Hge  qui  ont  terit  tar  la  iiioslc[iie.  II  a  puU  pour 
l^TCDteur  de  la  musique  mesar^ ,  qui  est  doe  k  Franeon, 
auteiird^on  traits  sar  cetto  mati^,  traits  dont  la  date  est 
ant^eura  de  dfeai  sitelea  h  celle  06  Jean  de  Marts  ^criyait. 

Dans  le  douzitoie  sitele  pamrent  les  trooT^res, 
troubadours,  m^nestrels,  qui,  poeteset  musicieos, 
oomposaient  les  paroles  et  la  musique  de  leurs  chansons, 
lays,  romances.  Les  plus  fkmeni  sOnt  Thiba;nlt, 
comte  de  Champagne  et  roi  de  Nayarre,  Charles  d'Aiyou, 
Perrin  d'Angcconrt,  Gautier  deCoincy,  Chretien  de 
Troye s,  Aoboin  de  S^nne,  Gaces-Brttlex  et  le  cliitdain 
de  Coucy.  Les  productions  des  trou?ires  et  presque  toutes 
les  chansons  fran^aises  du  douzitoie  etdu  treizi^roe  si^e 
sont  Writes  pour  une  seule  Totx.  Adam  de  La  Hale,  sur- 
nomm^  le  Bossu  d'Arras,  se  signala,  Ters  1280,  en  teriYant 
des  chansons  et  des  motets  k  trois  parties.  Ces  ouTrages 
pr^ntent  sans  doute  des  fautes  contre  Vharmonie;  mais  ce 
sont  les  plus  anciennes  compositions  r^Uires  k  plusieurs 
liarties  que  Ton  connaisse  aujoordUiui.  Les  motets  de  ce 
trooT&re  sont  remarquables  sous  d'autres  rapports.  lis  se 
composent  du  plain- chant  d*une  antienne  on  d^une  hjmne 
mis  k  la  basse  arec  les  paroles  latinos^  &ur  Icqud  une  ou 
deui  autros  Toix  fonnent  uuo  esp^  de  contre-pohit  fleud ; 
et,  ce  qui  peint  Uen  le  goQt  de  ces  temps  barbares,  ces  Toix 
sup^ienres  ont  des  paroles  firancaises  de  chansons  d'amour. 
Ces  motets  s'ex^cutaieot  dans  les  processions. 

GuUlanme  de  Machault,  podte  et  musiden,  nous  a  laiss4 
une  collection  de  pieces  fugitiTes,  dont  plusieurs  sont  terites 
k  trois  et  k  quatre  parties ,  plus  une  messe  k  quatre  voii 
sur  le  plain-chant,  qui  paratt  aToir  ^  ex^cut^e  eu  1264, 
au  sacre  de  Charles  V.  Ces  compositions  prouTent  que  Tart 
n^avait  fait  ancun  progrte  depuis  Adam  de  La  Hale.  Vers  le 
milieu  du  quinzifeme  allele,  Giles  ou  £gide  Bincbois  perfec- 
tionna  la  musique  l^ran^aise  d*uue  mani^re  trte  -  sensible. 
Antoine  Busnois,  mattre  dechapellede  Charles  le  T^m^raire, 
due  de  Bourgogne,  florissait  vers  1470,  et  ses  contemporains 
Barbingant,  Domart  et  B^gis,  traTaOl^rent  aux  progrb  de 
Fart  et  jouirent  d'une  consid^ation  m6ni6e,  Ockeghem,  sa- 
vant compositeur  de  P^le  flamande,  tut  a^pel^  par 
Louis  XI  pour  dlriger  sa  chapelle;  U  eut  pour  eldve  An- 
toine Brumel,  qui  se  pla^  au  premier  rang  parmi  les  musi- 
ciens  francs.  Jean  Mouton,  mattre  dechapellede  Louis  XII 
et  de  Francois  l'',  fut  soadigne  rival.  Glarton  assure  que 
le  c^l^bre  Josquin  Despi^s,  la  gloire  des  Pays-Bas,  fut  aussi 
nuttre  de  chapelle  de  Louis  XII. 

Les  compositeurs  les  plus  liabiles  de  cette  ^poque  n'inven- 
taient  aucune  m^odie;  Us  ne  se  donnalent  pas  la  peine  de 
chercher  une  idte,  une  phrase,  un  motif.  Its  prenaient  un 
th^me  dans  le  chaiitN]*un  air  qui  courait  les  rues,  el  for- 
maient  sur  cette  caiitili^ne  tons  les  dessins  du  oontre-point 
dont  ils  Taccompagnaient.  Trots  ou  quatre  Totx  chantatent 
Kyrie  eletson  ou  Crucifixus  eiiam  pro  nobis,  tanclis 
qu'une  autre  disait  BaUez-moi,  ma  mie,  ou  Quand  Madelon 
va  seuleiie,  Le  gdnie  6tait  chose  fort  inutile  pour  une  mu- 
sique de  ce  genre ;  le  talent  de  contre-pointiste  ou  d'arran- 
geurd'accoids  suffisait. 

Le  goQt  particub'er  que  Franco  is  I*'  avait  pour  la  mu- 
sique fit  prendre  un  grand  essor  It  cet  art  sous  le  r^e  de 
ce  prince.  II  ne  boma  point  sa  solUcitude  au  choix  de  ses 
virluoses,  au  recrutement  de  leur  troupe,  devenue  plus 
nombrcuse  et  plus  habile;  il  voulut  encore  leur  donner  de 
bons  instruments.  Duiffopnigear,  fameux  luthier  de  Bolo- 
gne,  vint  s'^tablir  k  Paris  pour  y  bbriqner  des  violons,  des 
violes  et  des  basses  destine  aux  musiciensdu  roi  de  Fran- 
ce, qui  l^avait  appel4  k  son  service.  Jusqn'en  1543  les  vir- 
tuosds  de  la  chapelle  chantatent  aux  fifttes  et  divertissements 
de  la  cour.  Francis  I^  ^lablit  on  corps  de  muslciens  ind^ 
pendants  du  service  divin,  et  Tattacba  sp^alement  k  sa 
chambre ;  des  joueurs  d'^pinette  s'y  foni  remarquer.  Albert, 
fttoeux  luthiste,  c^l^br^  par  Marot,  y  brtllait  au  premier 
r»ng.  Claude  Sei-misy,  Aurant,  figurent  parmi  les  maltres 
de  chapelle  de  Francois  r** ;  fls  succ^^rent  k  Jean  Mouton. 


I      CMment  Jannequin,  le  musiciOQ  !•  plus  remarquable  de  [ 
!  ce  tempf,  et  le  premier  qui  montra  r^lement  du  g^nie,  ^ 
publia,  en  1544,  ses  Inventions  mtuieales  It  quatre  ou  , 
;  cinq  parties.  On  trouve  dans  ce  recueil  la  piioe  si  originale  t 
intitul^e  La  Batallle  ou  difaite  des  Suisses  d  lajournde 
de  Markgnan.  Les  musidens  qui  se  firent  un  nom  et  dont 
'  on  pent  dier  Thabilet^  dans  Tarrangement  de  Tharmonie  sont 
Hesdin,  Certon,  llottinet,  Bous^  maltre  Gosse,  Carpentras, 
A.  Momable,  G.  Le  Roi,  Vermont  Manduoourt,  L'll^ritier, 
Guillaume  Le  Henrteur  et  Plillibert  Jambe  de  Fer.  Janne- 
quin fut  le  seol  invcnleur;  Claude  lejeane,dit  Claudfai, 
de  Valenciennes,  et  Claude  Go  udimel,  de  Besan^on,  se  si- 
gnal^rent  enauite  par  cette  m^me  quality ;  ils  trouv^rent  des 
;  melodies  qui  sont  resides.  Goudimel  p^rit  en  1572;  Mande- 
lot,  gouvemeur  de  Lyon,  lefit  jeter  dans  le  Rh^yne,  comma 
huguenot,  ayant  mis  en  musique  les  psaumes  traduits  par 
Marot  et  Theodore  de  &^, 

Ducauroy,  que  ses  contemporains  appelaient  le  prince 
des  musidens,  quoiqu^il  fttt  moins  habile  que  plusieurs  de 
ses  prMi^cesseurs,  avait  commence  k  dinger  la  musique  de» 
rots  de  France  sons  Charles  IX;  il  continua  ses  functions 
sous  Henri  III  et  Henri  IV,  jusqu*en  ie09,  dpoque  de  sa 
mort  II  ne  nous  reste  de  ce  maltre  qu*une  messe  de  re- 
quiem k  quatre  Toix,  sans  orchestre,  onvrage  asses  m<3dio- 
!  ere.  La  symplionle  n'^tait  pas  encore  en  usage  pour  la  mu^ 
slque  d'^lise.  On  pense  g^ndraiement  que  nos  andens  n  0  £  1  s 
I  dtaient  des  gavottes  et  des  menuets  d*un  ballet  que  Ducau- 
I  roy  avait  compost  pour  Charles  IX.  Qodques  autcurs 
I  lui  attritment  Pair  Vive  Henri  IV  et  la  jolie   romance 
!  Charmante  GabrieUei 

I  Ce  ne  fut  qu*en  1645  que  le  cardinal  Mazarin  fit  jouer, 
j  devant  Louis  XIV  et  la  nine  sa  m^,  une  oom^ie  lyri- 
I  que,  intitule  Festa  teatrale  delta  fmta  Pazsa,  de  Giu- 
;  lio  Strozzi.  De  Ik  naquit  To  p4ra ,  qui  ne  tarda  pas  k  6tre 

dirtgdparLnlli. 

;      Colasse,  Teobaldo,  Marin-Marais,  Cliarpentier,  Desroarets, 

.  Gervais,  Destouches,  M"*  de  Laguerre,  Bouvard,  Berlin, 

I  Struck,  plus  connu  sons  le  nom  de  Batistin ;  Salomon,  Boor- 

!  geols,  Matbo,  Colin  de  Btamoot,  Aubert,  Campra,  Francis 

I  Rebel,  Qutnault,  acteur  de  la  Com^ie-Fran^aise ;  de 

VUleneuve,  Royer;  Latande,  que  sa  musique  d'^tise  avait 

;  illustr^;  Mont6clair,  qui  le  premier  joua  de  la  contre-basse 

k  Uorchestre  de  rop^ra,  en  \  700 ;  Mouret  d^Avtgnon ,  travail- 

l^ent  pour  rAcaddmio  rojale  de  Musique,  et  se  partag^- 

!  rent  la  succession  de  Lulli.  Tant  que  ce  mattre  v^ut ,  au- 

!  cun  autre  musicien  n^avait  pu  6cru*e  la  nnoindre  diose  poor 

le  tb^tre  privU^^.  Campra  mdrite  d'etre  disUngud  parmi 

tons  ces  compositeurs.  Les  compositions  de  R  a  m  e  a  u  exdtent 

des  troubles  vidents  dans  le  monde  musical ;  ses  succ^  soot 

oontestfo,  et  le  parti  de  Lulli  lui  dispute  longtemps  le  terrain. 

Enfin,  la  victoire  reste  k  Rameau  :  comma  Lulli,  11  r^gna  en 

souverain  sur  la  sctoe  (hm^aise.  Mondonville,  Rebel ,  Fran- 

coMir,  Mouret,  Berton,  etc. ,  ses  contemporains,  ont  laiss^ 

pen  de  souvenirs,  et  parmi  les  patriarches  de  TOp^ra  firanfais, 

Lull  et  Rameau  ont  seuls  conserve  leur  cdl^brit^. 

Une  guerre  musicale  s'^tait  ^levde  «ntre  les  partisans  de 
Lulli  et  ceux  de  Rameau;  de  nooveaux  combats  furent 
livrte  entre  ces  deux  camps  rdunis  et  un  tiers  parti,  qui 
prit  fait  et  cause  pour  des  chanteors  italiens  qoi  donn^nt 
des  representations  sor  le  thdAtre  de  rop<fraen  1752.  La 
musique  italiome  fut  accuelllie  avec  enlhouslasme;  le  coin 
du  roi,  le  coin  de  la  reinis,  se  livrirent  de  cruelles  escar- 
mouches  en  quolibets,  en  sarcasmes,  lanc^  contre  Tune  et 
Tautre  musique. 

La  vidlle  psalmodte  s'<^tait  retranch^  dans  son  fort,  et 
tenait  bon  sur  le  tli^tre  de  I'Op^ra;  la  mdIo<]ie  italienne  se 
refugia  cbez  le  gai  vaudeville.  Baurans  tradui&it  la  Serva 
padrona,  qui  devint  la  Servante  mattresse,  et  fit  fureur 
a  la  Com^e-Italienne.  M""'  Favart  et  Rochard  redirent 
aux  Parisiens  enchants  les  accents  de  Pergoltee ,  que  Ton 
avait  ing^nieusement  naturalist  en  France.  Telle  tut  i*ori- 
,^  gine  du  tli^tre  de  I'Opdra-Comique,  ou blen  td  fut  1*4* 


742 


PBANCE 


■  v4mamA  tpA  cautt  l«  rtforme  de  ce  th^Mie,  el  lai  lit  pren- 

tdre  sa  diiictioii  rert  la  roosique.  En  1757  Dun  {  cofin- 

'mttice  k  traTHiller  pour  rOp^ni-Ck»nuqiie;  Philidor  et 

Moniigny  le  raiYent  de  prte.  Rodolphe,  6 ossee,  donn^rent 

'auaai  des  operas,  qnf  ont  dispara ;  lea  noma  de  ces  nrasiciens 

.'aenitnt  veaUa  dans  roubli,  cooune  ceox  de  leun  nombreux 

.contepiporaina,  si  de  beUea  eompoaitiona  religieasea  et  dea 

MiTrages  daaaiqnea  eatini^  ne  lea  araieiit  randna  eflMirea. 

•Rodolphe  eat  le  premier  qni  cbei  nooa  ait  jou^  du  cor 

•avec  tiaMleU  $  <^e8tliii  qui  apporta  de  rAllemagne  en  France 

Tart  de  faire  parler  et  modoler  cet  inatniment  aur  foua  lea 

<lei{rte  de  la  gamme.  Gossec  fit  ftdre  de  grands  paa  an  style 

instrumental,  et  fit  nn  beureoi  emploi  des  instruments  de 

-euiYre  et  des  darinettes< 

En  1768  Grdtry  commence  sa  eani^  par  Le  Bwron, 
'  op^ra  m^ioera,  qui  faisait  esp^rer  un  giand  talent  Gluck  pa- 
rut  :  en  1774,  son  Iphiginie  en  iltffkleexdtaun  enthousfaame 
quMlserait  imposaitde  ded^crire.  II  cr6a  la  mnalqoe  drama- 
tiqneen  France,  et  marqua  son  ddbnt  par unadiniiablo  chef- 
'  d^oeune.  Le  dernier  soupir  dea  partisans  de  Rameau  ^it  h 
peine  exhale,  que  Gluck  eot  k  oombattre  un  nouTcau  riYal, 
plua  redoutable  et  plus  digne  de  lui.  Piccini,  dont  le 
nom  6lait  d^a  fameui ,  Tint  d^nter  k  notre  Acad  tote 
royale  de  Muatquc  en  1778 ,  par  Popte  de  Eoiand,  Le  feu 
-qvi  couTait  sous  la  cendre  se  ralluma,  el  produisit  bient6t  le 
'  plus  Tioleiit  inoendie.  Noufelle  guerre  mnsicale  entre  ies 
-glucklates  et  lea  piedniatea. 

•  La  musique  inatruBDentale  du  dix  bnititeie  aitele  fit  qnel- 
'^oea  progrte  sens  le  rigne  de  Louis  XIV.  Parmi  Ies  orga- 

nistes,  aprtelea  troisRoumonTille,on  fit  s'^ever  Dumont ; 
.Monard,  qui  a  laiss^  qoelques  pitees  bien  Writes ;  Richard, 
artiste  d*nn  grand  niMte;  LeB^ne,  &Iichel,  Tommelin, 
4*abb^  de'  La  Barre,  el  Fran^  Cooperin,  aumonmi^  U 
Grand,  paroe  qu'il  «tait  le  plua  habile  de  sa  Aunttie.  Mar- 
cband  fut  aprte  lui  Torganiate  le  plua  remarquable.  Lea 
.elafednistea  ctflM)res  dece  temps  Airent  Francis  Ck>uperui, 
.Hardelle,  d'Anglebert  et  Ruiet  Nirers  et  Bemler  ae  distin- 
gn^rent  dans  la  eompoaltion  de  la  muaique  d'^llse,  dont 
Lalande  tenalt  le  aceptre.  Marais  et  Fourqoeray ,  Ttolistes 
habiles,  pubU^rent  beauooup  de  pieces  pourleor  instru- 
ment. SenailM,  nd  en  1868 ,  fl&t  le  premier  violoniste  de 
France  qui  merita  d*8tre  mis  en  parallde  aTee  lea  Yirtuoses 
-de  l*I(alle :  II  teiWt  de  bonnes  aonatea,  parmi  lesqueHes 
-on  remafqoe  cdle  do  eoneoti,  moreeau  de  predilection  des 
amateurt.  Ledair  montra  plua  de  talent  Ces  deux  artiates 
aont  lea  fendatewra  de  I'tole  (fan^se  du  Yiolon,  qui  de- 
Tint  enautte  si  brillante.  L'art  du  diant  rood  ^it  par- 
fdtement  Inoonnu  en  Franee,  bien  qu'il  y  eOt  des  malfres 
Ida  qoe  Lambert,  eMbr6 par  Bolleau ;  Camus,  Dambray, 
•BadUy.  Aucun  d'enx  ne  eonndasait  la  pose  de  la  toix  et  la 
▼  oealiaaflon.  Sous  la  ft^enee,  la  muaique  dramatique  el 
idigiense  resta  stattonn^^Le  r^ent,  bon  mudden,  d&ve 
d«  Bemier,  el  compositeur,  puisqu'il  terivil  hi  mudque  de 
Pant  Me,  op^ra,  ne  prit  aoeun  aoin  des  progrte  de  son  art 
faTori.  Philidor  obtient  le  privil^e  do  donner  des  c  on- 
ce r  la  aux  Tnileriaa  pendant  la  quinxdne  de  Piques  et  Ies 
fetes  dontia  cddirallon  interdisaU  Ies  plaidra  du  apectacle. 
On  4ctM\  beauooup  de  motet*,  de  cantatea,  de  aympbo- 
nleai  poor  oes  concerts,  oA  Ies  artistes  fran^  d  mmgers 
ae  algnddeut  tour  k  tour.  Moxart,  le  di?fai  Moiarl,  y  fit 
oxdculer  one  aympbonie,  et  fut  trte-mMlocrement  aatisfoit 
de  aea  iaterprMea.  Mdgr^  lea  dMuils  de  ses  excitants ,  le 
concert  apirttud  fut  nn  dtabliaaement  pr^deox  pour  l*art 
Rameau,  dont  Ies  ouvrages  dramatiques  firent  nne  revo- 
lution ^l^pera,  s^datt  dejl  ftritconnattre  par  des  ouTrages 
de  tbterie,  trte*defectiieux  aana  doute,  mda  dans  lesquds 
il  J  andt  de  bonnes  choses,  dont  on  a  profits.  Le  aydtoie 
de  la  bdae  fomdamentale ,  faux  aur  beaucoop  de  pofaitSy 
fit  beiueoap  debrdt  en  France  :  on  Patiaqua ;  un  grand 

•  nombreradoptftrent,  et  cette  doctrine  videuse  retarda  chex 
nous  le  progrte  de  Tart  de  la  compodtion.  Lea  dtudea  d'har- 
ttoBle  d  de  contreiioint  etant  fdtes  d'aprte  un  mavrala 


ayattaw,  la  mudqne  d'^gUae  eidl  fiiibla  de  atyle.  Glrooal, 
d^Haudimont  et  qndqnes  autrea  paasaient  poor  Mra  fort 
habiles  en  ce  genre;  oi^ec  m^rfte  seul  d*ttre  diatngM. 
Plus  instrnit  dans  l*art  d'tertre,  II  a  lalsae  plosleors  mor- 
ceaux  de  musique  saer6e  qui  medtent  dea  dlogea;  aap 
Jte^em  tient  k  premier  rang  parad  eea  compodtioaK. 

Atoc  de  bdly  tdx,  Th6Tenard,  Chassd,  Jdiolte,  Lqgros, 
Larrir6e,  Lays,  Chardini,  Rouasean,  M*Nf  Leniwe,  Pi- 
Ussier,  Fd,  Aroould,  Laguerre,  Salnt-Hnberty ,  ^^  oat  lami 
lea  premiers  emplois  k  rAcadtoie  royale  de  Bf  oalqne  pen- 
dant le  dix-hulti^e  sitele,  ignordent  Part  dn  chant, 
comma  ceux  qui  lea  aTdent  prMdia.  On  diantalt  enoott 
mofns  k  rOpira-Comique;  le  sentiment  dramatiqoe,  one 
sorte  de  declamation  mdodieuseou  crlarde  etait  tool  ce  que 
Ton  exigeait  des  actenrs  lyriques.  Les  inatmmenfiates  se 
montrkent  plus  habiles  :  Rameau,  0aquin,  Galri^  S^, 
etdent  de  bona  orgauistes;  Guillemhi,  GaiinMa ,  Laboos- 
sde,  NaTdgile,  se  disttngudrent  sur  le  Tldoa.  Vera  la  fia 
du  siede,  Lebmn  pour  le  cor,  llldid  pour  la  dariadle, 
Sdhmtfai  pour  le  hautbois,  Osy  pour  le  baasoi^,  Hugo  poar 
la  flfite,  Devienne  pour  la  flOte  et  le  basaoii,  etaieot  de» 
executants  d*un  m^te  reeonnu. 

La  reTolnUon  politique  de  I'aonee  1789  porta  son  inOocnoe 
aur  la  musique  nationaie ;  die  en  cbangea  les  fomiea.  M  e  h  vl 
d  C he  r  0  binl  ouTriient  lea  voles  k  cetfe  aulre  rftvolotMn. 
La  Ijberte  des  tbeitres  la  seoonda  menrdUaoaement.  IMt^ 
ecole  s'deva  comme  par  enchantement  k  son  plua  bant  de 
gre  de  gidre,  d*ou  die  ed  descendne  pen  k  pen  b  mesnit 
que  de  nouvdles  enfraTei  se  sont  oppoades  anxprogrte  de 
Part  Lejoug  du  prirliege  a,  conune  aub^oia,  dcnad  fegCaie 
firan^ts.  On  goi^tait  davantage  ropera-comi^ue,  k  mesare 
que  Texecution  en  etait  mdUmire.  A  cette  epoque  ^ppnrfien- 
nent  Berton,  Lesuenr,  Dalayrac,  Catel,  etc. 

En  1794  on  reunH  tout  ce  que  fai  France  arait  de  plas 
fllndre  en  compositeurs,  chantanrs  d  Instrmneotiatea,  d  le 
Conservatoire  de  Paris,  ce  monument  de  notra  ^oire 
nusicale,  s'deve  sur  les  fondements  de  l*£cole  de  Chant  d 
de  Dedamaflon,  etablie  en  1784  par  le  baron  de  Brdedl. 
En  pen  d'annen  le  Conservatoire  produidt  de^  aympbo- 
niates  excdlents,  dea  viotonistea  aurtout,  lea  premiers  (k 
i*£urope,  qui  vinrent  peupler  noa  orcbestrea ;  el  Pob  vit 
deboter  sur  uos  theatres  lyriques  des  chantaurs  infiu'meat 
auperienra  k  ceux  qui  les  avaSent  precedes  daos  |a  raeair 
carriere.  Ronr  rit,  DerhrJa,  Roland,  Deaperauions,  Bdiste, 
Lecomte,  Ponchard,  Levasseur,  !!■«•  Brancbu,  Dnrel, 
BooUnger,  Rlgiot,  Chiti-Damorean  d  beaucoup  d'aotres 
sont  sortis  de  cette  eode. 

Qodqoea  inatrumenlistes  ont  obtenn  de  grands  sncote  dMs 
le  solo.  Kreutser,  Rode,  Ba i  1 1  ot,  Lafon^  A.  Boucher,  Mi- 
saa,  Habeneck,  se  plac6rent  It  U  tete  de  notre  ecole  de  vfdoB ; 
Duport,  Lamarre^  Baudiot,  Benaxd,  NorbUn,  Francboonne, 
se  distinguerent  sur  le  violoqceUe;  Vogt,  Brod,  Barre  sor 
le  hautbois;  Berr,  Dacosia,  Baneox,  sur  ladarinettej  Colia 
jeune,  Hengd  dne,  Uengd  Jeune,  Dauprat,  Mdfred,  Gallay 
aurtout,  sur  le  cor ;  Gebaoer,  Henry,  Villent,  Barixd,  Koken, 
aur  le  basson;  Tulou  ,Camna,  Dome,  Oocbe,  aor  la  flAfle; 
Berbignier,  flfitiate  d^une  bdle  execution,  8*ert  (alt  on  noai 
en  publiant  une  infinite  deeompoaftionf  estlmeea.  Bochsi, 
Labarre  d  If**  AUne  Bertrand  ont  porld  le  Jen  de  la  barpe 
k  un  degie  de  perfection  trte-emlnent  Ops  Tiituoses  eat 
etesecondea  par  la  barpe  k  double  nxmvement,  invenlioa 
mervdIleusedeSebastien  £rard  I  prodlge  de  mecanisme,  qus 
rbn  ddt  regarder  comme  un  des  cbefii-d*oeuvr»  de  Pesprit 
bumdn  dans  ce  genre.  Je  garde  poor  la  fin  Parmee  dei 
pianiatea :  Adam  p^  U  commande  Apria  lol  Zlmmermaaa 
ed  le  professeur  qui  a  Unce  dans  lemonde  modcal  un  plas 
grand  nombre  de  mattres,  Bolddien  doit  figurer  parmi  lei 
planistea  fran^ds  :  H  etait  profesaeur  de  piano  au  Cooser> 
vatdre  de  Paris.  Citonr  encore  :  RIgd,  Modn,  UesormeiT, 
Hyadntlie  Jadin,  Leiendart,  Gabrid  Lemoine,  Hermana, 
Kalkbrenner,  J.  Here,  U.  Rert,  Pradlier,ZimmerniattB,  Man- 
iot,  Bertlnl.  Stammati,  Rhdo,  Body,  ^odx. 


FRANCE 


14% 


ktkam.  Petit,  E.  IMiaxM,  J.  D^iaiet,  Pleyd»  H.  Lambert, 
Fessy,  ChoHet,  BiUet,  A.  Mteeux,  A.  Montfort,  M»a  de 
Mongeroulty  Bigot,,  A.  Holiiioe,  C.  Pieyel,  Lambert,  Maiel^ 
Cocbe,  Farrene. 

Depojs  le  conraieiiceiiieDt  de  ee  titele ,  la  musiqae  ita- 
Ikane  est  de  plot  en  pla$  goAt^  en  France.  La  troupe  qui 
jouaitkFaydeaaaTaitf&Mdisperateen  1791.  De  1800k  iSl&» 
il  en  Tint  d^autres » cpi  interpr^t^rent  k  TOdton  et  k  LoutoU 
lesxIiefiMi'Geuvre  de  Mocart,  Ofioanna,  Pa«r,  Paesiello;  on 
remarqua  parmi  lei  Tirtuoaea  qui  lea  compoaaient  CrifelU , 
Taechinardi,  Garcia,  ttoors  excellenta;  M"^  Bailli,  Feata, 
Morandiy  Mainfielle-Fodor,  Catalan!.  En  1S19,  le 
TbMtre-Italien,  ferm^  depuis  qoatre  ana,  fat  roovert  k  Loa-t 
▼oia :  Garda ,  Pellegrini ,  Debegnis ,  MT*  Maiii?ielle-Fodor, 
Debegnis,  Pasta,  r^T^^rent  aax  diletlanH  de  notre  capitale 
le  ^teie  si  f^eo^,  si  original  de  Rossini,  qui  deraitac- 
qu^r  nne  si  grande  influence  sor  la  mnsiqne  franQsise,  afec 
une  ioite  ^^interprite^,  tela  qoe  Rabin  i,  le  merreiUeux  t^- 
nor,  DaVida  DonxeUU  GalU,  Santini,  Labi ache»  basse 
tonnante,  comMien  parCdtj  Tambarini,  baryton  plain  de 
cbanne  et  dVne  agility  prodigieose  ponr  une  Toii  grare ; 
Mib*'So|itag,Malibran,a4risi,ete. 

La  romance  est  on  ofajet  de  preiniton^4»siU  en  France; 
la  romance  pent  faire  pardonner  an  Fran^ais  d'aTofar  cr44 
le  TandeviUe,  cette  Infiunie  mnaicale,  cette  l^re  aonora  qui 
ronge  nos  oreilles  toutes  lea  fois  que  noos  TOiilons  entendre 
uoejolie  commie  do  petit  genre.  Je  dterai  done  lea  noms 
les  pins  lamenx  parmi  lea  (Useors  de  romances.  Celui  de 
Boleldien  se  rencontre  de  nonvean  aooa  ma  plnme;  f^on- 
terai  cenx  de  Garat,  plda  cd^bre  oomme  cbanteor,  Plan- 
tade,  Pradher,  Domnleb^  DelTimarOy  Lafont,  Pafir,  Blanginiy 
A.  Meissonniery  Ronx-Martfaiy  Ldopold  Aymon,  Romagnesi , 
Panseron,  Brugoiire,  A.  de  Beanplan,  Labarre»  E.  Tron- 
penaa ,  Btet,  Henrion,  Bamteaa»  Scndo,  Mi"«*  L.  Paget,  etc. 

Les  hommes  dont  lea  traraax  ont  Jet4  on  nouvel  ^lat 
ftur  notre  seine  Ijriqnesont  Dole  Idle  a,  Harold,  Hon- 
poa,MM.  Aaber,  Ha  I  ^ry,  Onslow,  Carafa,  Adam, 
Berliox,  Ambroise  Thomas,  Fdlden  DaTid,  etc.,  sans 
<»mpler  Meyer  Beer»  qai  doit  k  nos  th^tres  ses  plus 
beaax  snccte.  Outre  le  Consenratoire  et  aes  snccnrsiiles 
et  les  troia  sctoes  lyriques  de  Paris,  nous  avons  an  G  y  m- 
nase  musical;  le  ch^t  est  enseigniS dans nn grand nombra 
d'^colee.  Cotil'Blui. 

ApituUur^  ti  industrU. 

L'agricultnrep  noos  Tatons  d^jk  dit,  est  en  progrte  en 
France,  et  ce  progrte  eal  dUl  en  ptrtie  am  soda^  et  anx 
cornices  agricoles.  Les.instramentade  traTaflont  ^ 
perfectioui^s;  des  cbairea  d'agricoltnre  ont  m  institute, 
des  dcoles  fhteriques  et  pratiqnes  ont  iU  fondte»  aind 
que  des  fer  me  a  nodil  es  et  des  colonies  d'enfants  pan- 
Tres  eC  de  jeones  detenus,  ok  le  trarail  agrfeole  est  le  plos  sOr 
moyen  de  moralisation* 

La  France  pose^e  d*eiedlentes  races  de  bestianx,  qui  s'a- 
Mtardiasent ,  teute  de  soins  dans  le  cboix  des  types  gte^ra- 
t^un  et  raute  dliygtiue  bien  ent  endue.  Cependant  on  a  r^- 
cemroent  ^tabti  des  eoncoars  de  l)6(es  grasses  i  Poissy,  k 
Lyon,  i  Bordeaux,  etc. ;  an  eoncoars  g^ndral  a  mtoeea  Ueu 
k  Paria  en  1854,  et  les  expodtlons  admettent  k  pitent  les 
prodoito  de  I'agricvltare.  Lea  ^bles  et  les  bergeries  d'dite 
amdkmnt  lea  esptees  par  lea  croisements. 

L^Mre  dn  cheval  n*est  pu  en  ansd  bonne  Toie;  les 
traf anx  exoeadfi  anqnda  on  aoumet  ces  nobles  animanx 
danslenr  ieone  Ige  les  minent  et  les  dtforment 

Ifos  races  orines  ont  beaucoop  gagnii  poor  la  taille,  le  to- 
ivttie  d  la  ftdlltd  de  rengrdssement,  par  snife  de  cfviie- 
ments  judiciedx  stcc  de  bdlea  mem  drang&rea  et  d*nne 
alimentation  mienx  ei)tendne.  Si  Doaa^predttisons  ntoins  de 
1  ain  es  fines,  et  ee  n*est  pu  on  mal,  les  lalnea  brnguea^ 
proprea  an  pdgne,  prennent  de  joar  en  jour  nne  place  plus 
eowfdteble  et  pins  rucratlTe  snr  le  maidd. 

L'eaiploi  des  engrais  artifidels  se  propage  ;  les  amen- 


de ro  e  n  t  s  aeois,  substances  gtelogiqaea  si  pr^ieuses  ppof 
la  transformation  des  sols  peu  productifs  en  terres  de  baote 
fertility,  n'attirent  pas  asses  I'attention,  d  deroevrent  qnad- 
inoonnus.  Les  i  r  r  i  ga  t  io  n  s  d  le  d  r  ai  aage  exifent  d'im* 
mensea  capitaux,  qae,r£tal  seal  est  k  m6roe  de  rownir.  La 
reboisement  du  sol  d  one  mdUeure  administration  dai  fo- 
rAts  existantes  pr^oceupent  lea  e^prits  d^ineux  d^^isner.i 
ragricfiitnre  lea  inondations  ei  tooa  les  alfteux  dtestraa 
qn'dle  a  aubia.  La  qoestion  de  U  mis^  en  cnltaiB  dea  tenea 
improductiTes  ddes  biens  commonanx  est  encore  k 
Fordre  du  Jonr.  On  peat  en  dire  antant  du  regime  hypotb6- 
caire  et  des  questions  de  erMit 'fonder  i^ricole. 

Trois  brancbesconsid^ble^  de  U  produdion  rurde  apr. 
pdlent  encore  one  aMeuse  attention ;  la  yiticolture,  la  s^ri-^ 
dculture  et  rborticulture*  LaTignedemeure  stationnaire^  d 
m£meroi(f<iim  ^ f« c Ae rin'a  pas  pour  r^snitatde la  faire 
p^ir.  On  croit  gMrdement  que  les  grands  vine  trends 
s'en  Tont;  ne  Ciodrait-tt  pas  en  aeeuser  les  qoatorsa  imp61s 
diiVftrents  qui  firappent  la  plus  inUreasante  de  nos  riobesses 
nationales,  non  oompris  lea  taxea  qni  lea  reponsaentit  J'^- 
tranger,  r^me  qni  conduit  It  I'abandon  des  qnaUt4s  pone  tes 
qoantitte  d  entratne  dea  IkldAcdiean  d^lorables. 

La  adrieieul tare  a  tdtde grands  dfbrts  pendant cea 
qninie  demidres  amdes ;  le  centre  et  le  nord  ont  ai^onrd'hul 
de  soperbesmagnane r tea.  De  beam  perfectionnementa 
QoiM  introduits dans  le  d^vidage  dea  cocona,  qui  constitoe 
anjourd'hul  k  lui  senl  nne  grande  faidustrie  i  die  antotira 
bientbl  la  filatnre  domestique,  ntesadreeBent  manvaise. 
L1ior  tienit  ure  a  narehA  dlldt  de  bdlea  acqnifitiena 
en  flenra,ariMdes,limitaetl^gimies.  La  nnmbi^dea  aodd^ 
dlMrtioultnre  s'ed  aceni;  lea  espodtiona  flordea  se  aoni 
mdUplite.  La  caltnra  maFalehAre  a-  (kit  de  grands  pnn 
grte,  d  Pinduatrie  dea  pifmenrs  s*ed  beaacoop  d^fdopp^e. 
La  montore  dn  bid  a  fait  dee  progrte  eonsidtables.  U 
composition  des  meolea,  leur  taDle,  perfecUonn^  d^prto  le 
mode  amMcdn,  le  leptqoage  d  le  bhitaga  pins  soignte,  ont 
amdiortflesprednitsdea  grands  roouUna.  Les  patita^  dgarte 
dans  Jea  ctmpagnea*  oil  Ha  traTdUent  k  dea  >conditioBs  en 
gMrd  fiMt  ondranses,  sent  resiiis  stationnaires. 

Lea  pAtea  ditea  d*ltaUe  flotti  maintenantiauad  parCdtea 
qn*aa  ddi  dea  Alpea :  c*ed  k  PAuTeigneiqu'ed  d6  ce  prcfirtoi 
la  pramitea,  die  a  so  tirer  parti  dn  ricto  gluten  que  conn 
tiennenlsea  bUs^  pen  recberebds  pour  ia  bdle  panificdion*. 
Qnant  anx  nembrenses  tentativea  de  pdrissaes  par  la  m4^ 
caniqneb  dies  nVmt  pas  dd  dMuves.  La  mdeaniqne  a  M 
plna  beureoae  en  ee  qni  tendw  le  netlqyage  d  la  criblsge 
dea  grdns.  Ln  conaervatlDn  aenle  ed  nn  probliase  encore 
inadnble  dana  notre  dimat;  ansd  une  aede  maofnise  r^ 
cdienoQsJdtedanala  mlrtra  et  les  doulourenx  embarras 
qn*eile  tralae  k  aa  snlte. 

La  prodnetion  dn  aoera  eitcdlde  la  betterave.a  Idt  des 
paadegteit;  La:  mati^  socrfonon  criatdlisable  tirte.dca 
fdcnlea  a  pHa  rang  dana  .la  banteindnstrie,  d  pedtetionnd 
sea  preeWs;  die  fonrtit  dea  quantltfo  ^nonnes.au«  bras* 
series,  d  trop  eonvent  aux  vins.  La  bdterafe  die-mlme 
dMaigne  aujonrd'hai  de  Sftlransiormer  en  sucra;  die  pro* 
dttitdel*doool. 

Acause  de  lacherM  delalieulile  d  do  fer,  lepregrb 
dee  mdeanisBies  a  iU  trte-lent;  jnais  11  est  rM.  Bans  U 
filatm  dn  eotoa,de  la  ldne»  d  surtoot  do  lin,  dans  oea 
drenges  macMnea  qn*ll  n*ed  pas  posdble  de  centempler 
Sana  JKhniratfon^ ear  on  leadirdt  bitdligentes,.isnt.lear8 
ddgts  d»  fer  trafiiUent  aToe  ddlcalosse  d  pr^cbion,  noon 
avona  attdniee  que  I'Anglelerre  dle-inime  pent  bin  de 
mieox.  Le  prix  seal  at^ounnMiK  constttne  la.dilttrence^ 
L'abaissement  dea  tarifs  donnera  aana  dnnte  on  grand  ^lan 
k  notre  industrie.  Le  gtele  firanfais  a  attachd  k  lamacbina 
k.  vnpenr  dea  perfeedonnements  de  d^ldl  qui  la  rendent  plus 
paissante,  plus  actlye,  ddonnent  plusd^<$cQnQmte  k  aen.ac* 
tion.  Ifoi  machines  k  papier  contlnu  sont  snpdricnres  k  tont 
cciqui  se  fait  en  ce  genre ;  mab  notre  progrtele  ph»  no* 
table  d  le  pins  brillant,  ce  sont  lea  macbinea-ontlls.  Depdft 


744 


FRANCE 


1840,  ^e  gnodes  nftfnes  86  sont  mont^  qui  pr6parent  ks 
plus  toormeB  pitees  des  machines,  toument  des  masses  de 
fer,  le  coupent,  ie  percent,  le  rabotent  a?ec  autaot  d*aisance , 
et  sans  pins  d*efTort  que  si  c*^tait  du  boistendre.  Les  pitees 
acquihient  unejustesse,  one  pr^sion  de  forme  et  d^action 
^  que  la  main  du  plus  habile  ouTiier  n^obtiendrait  jamais. 

G^est  dans  les  machines  k  tisser  surtout  qu*on  pent  oons- 
tater  les  progrto  de  la  m^eaniqne.  Les  t is sns  de  toutes  les 
esptees  y  oat  g8gn4  en  perfection,  quelqueftkit  au  point  de 
▼ue  do  prix  de  Tente ,  toujours  en  ce  qui  touche  k  la  fadlit^ 
du  travail  et  It  la  diminution  dans  la  d^pense  dea  forces 
humaines.  Depois  qolnze  ans  les  tiflsas  de  coton  etde  laine 
ont  gagn6  50  pour  loo  sor  les  frais  de  fabrication,  et  les 
soiertes  peut-^e  plus.  On  a  multipli^  les  vari^tte  qui  nais- 
aent  cbaqoe  jour.  Aocune  nation  ne  Temporte  sur  nous  pour 
la  lubrication  des  ^(Tes  en  laine  drapte,  et  notd  r  a  p  s  noirs 
sont  les  premfers  du  monde  :  les  usines  du  midi  se  sont 
avancte  rapidement  Jusqu'li  la  perfection  du  nord,  qu*elles 
sulTent  de  prte.  La  laine  s'est  m<9ang6e  k  la  soie,  au  ooton , 
pour  donner  naissance  k  one  foule  de  tissus  Tari^,  Slants, 
d'une  l^g^ret^  extreme,  que  le  costume  mascuUn  dispute 
aujourd*hoiicelui  de  I'autre  sexe,  et  que  les  fobriqoes  6tran- 
gtees  n'imitent  que  maladroitement.  La  f  1  anel  le ,  ^tofie  si 
pr6deuse  pour  la  sanl^,  est  devenue  plus  moelleuse  et  plus 
douce, sans  rien  perdre  de  sa  force;  et  la  mousseline  de 
laine,  qui  ne  remonte  pas  bien  loin,  a  i^  mise  k  la  port^ 
de  toutes  les  bourses. 

Le  eh&le  cacbemire  fran^is  a  surpass^  pour  la  perfec- 
tion du  trarail  son  rival  dea  tndes.  La  fabrication  des  s  o1  e- 
ries,  concentrte  d'abord  k  Lyon,  s*est  ^tendue  successive- 
ment  k  Avignon,  Ntmes,  puis  k  Paris,  dans  la  Picardie,  la 
Moselle  et  ie  nord.  Le  tissage  du  lin,  induntrie  tr^s-an- 
denne,  a  depuis  longtemps  acquis  une  grande  perfection  en 
ce  qui  toucbe  T^tolle  unie.  Le  linge  damassA,  par  le  goOt 
des  oraements,  la  puret4  des  contours,  Ttelat  du  sating, 
la  blancheur  ^ouissante  de  la  toile  et  V^onnante  finesse 
des  reductions,  attaint  rtellement  anx  domainesde  Tart. 

L'indnstrie  des  tissus  imprlmte  a  i^it  aussi  les  plus  remar- 
quables  progrto.  ITooblions  pas  surtout  oes  Jolies  ^tofTes 
adriennes  dont  la  femme  salt  tlrer  un  si  habile  parti.  Nos  fines 
roonssellnes,  nniesou  brochdes,  les  tulles,  les  den- 
tell  es  de  fil,  oti  une  fcaude  coap&ble  iutmdult  trop  sou  vent 
le  cotOD,  les  denteiles  de  soie  ou  blondes,  les  coquettes 
et  fines  broderie  s  qui  oment  oes  channantes  bagatelles, 
ont  pris  une  part  trte-large  dans  le  progrte  industriel.  Un 
art  ddicat  et  trto-pur  s'^panooit  dans  oe  (Kvole  domaine, 
dont  les  produits  sont  si  recbercbte  par  tout  ce  qui  ae  pique 
de  goOt  k  r^traoger. 

Kotre  s  e  rr  u  re  ri  e  se  maintient  au  premier  rang  en  Europe. 
Le  papierpeint  a  suivi  tons  les  perfectionnements  de 
Timpression  des  tissus.  Nous  avons  auasi  de  belles  ^tolTes 
brochtey  laine  et  sole,  poui  tentures  et  portieres,  imitant 
blen  et  arec  goOt  oe  que  Yenise  eUe-m^me  avait  k  peu  pr6s 
imit4  de  TOrient  Quant  aux  tapis  ettapisserles,  ils 
sont  devenus  de  v^ritables  objets  d*art  entre  les  mains  de 
qudques  fabricaiits.  Le  malheur  est  que  le  prix  des  tapis 
vulgaires,  mais  couiuiodcs  et  hygiduiqucs,  est  toujours  trop 
<lev6,  k  cause  de  la  cherts  artifidelle  de  la  laine. 

Nous  n^avons  point  de  rivaux  dans  la  fabrication  des  m  eu- 
bles,  et  depuis  un  temps  Immemorial.  II  faut  avoir  vu  V^ 
tranger,  ses  ateliers,  ses  appartements,  ses  expositiona  in- 
dostridles,  pour  bien  appreder  notre8up6riorll6  dans  tout 
ce  qui  tient  k  rameubtemant  et  tea  progrte  de  oes  vingt  der- 
ni^resanntes.  Llmoortante  (abricationdes  bronxes  main- 
tient sa  superiority  incontestee.  On  pent  en  dire  antant  de 
rorf4vrerie,  art  italien  autrdois,  tout  Iranfais  anjour- 
d1ml. 

La  fabricition  du  p  I  a  q  n  e ,  ou  phitAt  du  doublement  d'or 
et  d'argent,  a  re^  le  coup  de  grftce  de  Targenlure  et  de 
la  d or u re  galvaniqoes.  Les  arts  ceratniques  et  vitriques 
sont  4ga]eroent  en  progr6s;  k  la  meurtriire  c6rnse  on 
5ubsUtuc  de  plus  en  plus  le  bianc  de  zinc. 


Partout  se  decouvreat  et  s*emploient  lea  argiles  rtfrte- 
taires,  qui  rendent  plus  regulier  le  travail  de  b  meCmUnrgB, 
soit  dans  la  constructioD  des  hauts  foqmeaiix,  aoit  dans  li 
pAte  des  creusets,  tubes,  comuea  et  antrea  InatnimeBla  di 
laboratoire  et  de  gaioniitre.  La  faience  fine  eC  la  pone- 
laine  tendre  ont  attdnt  la  perfisctioD  anglaise;  mala  it  prix 
en  est  toujours  trfta-4leve.  Les  gris  fins  oo  grte  eeraoM 
prennent  les  plus  belles  formes  imitte  de  Tantiqoe;  la  po^ 
ce  1  a  i  n  e  reslste  mieux  au  tSra.  Le  moulage  elegant  du  V  e r  ri 
.  en  imitation  de  la  taille  a  embdU  juaqu*aux  ostessiles  les 
plus  bumbles.  Limitation  des  vidUei  Terrttrea  a  atlaiit  le 
nee  plus  ultra  de  la  perfisction,  et  lien  daos  le  monde  ca- 
tier  n'est  comparable  k  noa  glace s. 

Quant  k  rei4vation  artifiddle  de  la  temperature,  de  belle» 
tentatlvea  ont  ^te  (kites;  nous  dterons  settlement  le  cfaaQf> 
fage  par  drculation  d'eau.  Les  calorif^res  ae  perfectioii> 
nent  tons  lea  jours. 

La  chimie,  qui  a  fait  de  si  granda  progrte  depois  quinae 
ans,  est  devenue  I'agent  actif  de  nombreasea  amefioratJkMis. 

La  production  des  savona  k  base  de  graisse,  dlwile  de 
palme,  et  de  resine,  a  pris  d'immensea  developpements,  et 
leur  has  prix  en  introduit  I'tosage  dans  lea  habitudes  pupo- 
laires.  Lm  savons  mous  n*ont  pas  moins  gagne,  aind  que  ks 
colleset  la  gelatine. 

Lesconleurs,et  surtontroutre4ner,les  JauneadechrtaN; 
les  carmins  de  safranum ,  d'indigo ,  de  gvance  el  d'orseille, 
les  laques ,  les  bleus  de  Prusse,  s'amdioicnt  el  se  broM 
par  des  procedes  plus  economiques.  Nos  noirs  d*impriaMrie 
et  de  gravure  n^ont  plus  rien  k  envkr  k  PAngleterre,  et  aos 
pastels  nSgener^  sont  les  plus  parfdts  du  nonde.  Mail 
c'est  surtout  dans  la  teintnre,  dans  ies  couleois  dlmpiei- 
sion  et  Tappret  des  etoffes,  que  la  chimie  a  rendu  k  node 
epoque  d*immenses  services. 

L'injection  des  liquides  dans  le  hols  pour  sa  conserva- 
tion ,  sa  solidification  ou  sa  coloration  est  Tun  des  miradei 
de  la  sdence  appliquee  k  Industrie  de  notre  tempa. 

L*ntilisation dn  caoutchouc  n^oflie  pas  moins  ifiniertt 
pour  IMmpermeabilite  des  tissus  et  leur  dastidtdi 

LMndustrie  de  reddrage  a  pris  le  plus  brillant  esaor. 
Divers  gaz  et  carbures  d*hydrogine  ont  4te  soooesdveoient 
employes.  Si  les  melanges  d*alcool  et  d^essence  de  tdreben- 
thine,  d  d'autres  carbones  liquides  extrdts  des  scfaislei, 
ne  sont  pas  encore  d*un  usage  repandu ,  bien  qu*ils  pr»* 
duisent  une  lumi^  blanche  et  edatante »  bien  quils  poii^ 
sent  ofTrir  une  grande  economic ,  oda  tient  encore  k  Vim- 
perfection  des  appareils.  Du  reste,  la  France  seule  sait  fan 
des  lam  pes.  L'industrie  de  la  bougie  steariqae  eit 
florissante;  le  mdheur  est  qu*une  fraude  coupable  dtin 
trop  souvent  les  produits  de  cette  deoouverte,  Tune  des 
plus  belles  du  dix-neovitoie  sitele. 

La  cbanssure ,  la  sdlerie,  la  cairosserie,  la  rdiiire  ct  ok 
multitude  dlndustries  tr^interessantes,  donnent  une  grande 
importance  k  la  preparation  des  peaux,  dana  toutes  les 
varietes.  D^k  on  est  parvenu  k  abreger  oondddrableoMsft 
cette  loDgue  et  dispendieuse  operation  du  tajinage.  U 
preparation  des  cu  i  r  s  vernis  s*est  dobeauooup  ameiioree. 
Nos  gants  seuls  sont  bien  oousus  et  ont.de  U  fa^oo. 

La  fabrication  des  papier s  mecaniques  a  fidt  des  prs- 
grte  satlsfalsants.  Nous  voodrions  en  pouvoir  dire  autul 
dela  typographic  etde  la  librairie,  que  les  crises  po- 
litiques  de  ces  demi^res  annees  ont  singuli^rement  oon- 
proroises.  L*appUcation  de  la  vapeor  au  travail  des  presses 
remonte  d^k  li  qudques  annees.  La  gravure  sembleaa 
moment  de  (dre  un  pas  immense  au  point  de  vue  dn  boa 
marcli^,  par  Tapplication  de  la  photograpbie  k  eet  art  Oi 
pent  en  dire  autant  de  lalithographie,  et  d^  on  a 
obtenu  les  plus  magnlflqoes  epreuves  photolitbograpblqiies. 

La  reputation  de  1*  horl  ogerie  firanfaise  dans  lea  pro- 
duits de  haute  predslon  n*a  jamais  tdUi;  mala  il  ftfl 
con<itater  une  decadence  deplorable  dans  U  fobrioatioa  dii 
montres  et  dans  Hiorlogerie  usuelle. 

\Ai%  instruments  de  musique  se  sont  singulttremettt  per- 


FRANCE  — 

tecdoiinte ,  le  p  i  a  n  o  Jes  f nstraments  en  cuivre  et  1  *  o  r  g  u  e 
surtout. 

Let  armes  ont  pris  part  aiisai  aa  moaTeiuent  de  per- 
fectibility qui  anime  notre  industrie.  Nous  ne  dfrons  rien 
de  la  varidt^  iotroduite  dans  lea  fonoes ,  dea  briaures  iii« 
g^nieusea  et  commodes ,  du  loxe,  de  U  perfection  dans  le 
atyle  des  omements,  qui  placent  aiqourd*bui  I'arquebu- 
aerie  fran^se  au  premier  rang. 

Notre  coiitellerie  fran^ise  est toujourscette Industrie  habile 
et  6concme  doot  Fox  admirait  tant  les  eustaches  k  on  sou. 
Lea  prix  de  I'eustache  ont  encore  baias^  depuis  Fox ;  mais 
tea  produita  n*en  aont  pas  meilleurs  nt  les  oufriera  qui 
les  fabriquent  plus  heorenx.  Qo*on  donne  k  la  cootellerie 
fran^se  Tacler  k  bon  compte ,  et  elle  enfantera  des  chefs- 
d'oDUTre.  Quant  anx  formidables  et  bienfaisants  outils  de 
la  chirurgie,  ils  ont  fait  d^admirables  progrte;  la  fabri- 
cation fran^aise  ne  connalt  point  de  ri^ale  pour  cea  ap- 
pareila. 

Dans  sa  StatUtiqne  gin&ale  de  la  France,M.  Schnitzler 
a  donn^  le  tableau  approximatif  suivant  des  Taieurs  cr^te 
par  I'industrie  firan^alse  (la  mati^  bmte  comprise )  : 

Indusbie  do  fer,  y  compris  Textractlon  et 

la  preparation  des  min^aia  amsi  que 

la  valeurdes  combustibles 1 94,000,000  Cir. 

tiaboration  du  cuitre,  du  zinc  et  du 

plomb 2,000,000 

Exploitation    des   combustibles    min^- 

raux  et  de  ia  tourbe.  .  .  ^ 49,000,000 

Exploitation  desm<(taux  antres  que  le  fer, 

des  bitumes  min^raux  et  des  sets.  .  .  13,500,000 

Exploitation  des  carri^res 40,000,000 

Yerreries ,  cristalleries,  glaces 47,&00,000 

Porcelaines,  faiences  et  poteries 27,500,000 

Tuiierie,  briqueterie,  chaux  et  pifttre.  66,500,000 

Fabrication  de  prodoits  chimlques.  .  .  .  22,000,000 

Industrie  du  chanvre  et  du  lin.  .  .     .  .  360,000,000 

Industrie  du  colon 600,000,000 

Industrie  de  la  laine 500,000,000 

Industrie  de  la  sole 230,000,000 

Industrie  du  cuir  et  des  peaux 300,000,000 

Induatrie  du  sucre 45,000,000 

Papeterie,  impression  sur  papier 25,000,000 

Librairie,  imprimerie 25,000,000 

Constraction  de  machines 15,000,000 

Horiogerie 30,000,000 

Fabrication  des  bronzes. 25,000,000 

Fabrication  du  plaqo^ 6,000,000 

OrCivrerie  et  bijouterie 50,000,000 

Distilleries,  brasseries ^  .  .  .  206,000,000 

Industries  diverses 135,000,000 

Arts  et  metiers 250,000,000 

Total.  .  .     3jl64,000,000 

FRANCE  ( Coll^  de  ).  Vaye%  Coll^b  oe  France. 

FRANCE  (Docli^  de).  Le  premier  due  de  France  fut 
Robert  le  Fort,  k  qui  Charles  le  ChauTe  en  conf^rale 
titre  k  Tassembl^  de  Compi^ne,  en  861.  On  ne  salt  pas 
exactement  quelle  ^tait  alors  T^ndue  de  cette  proTince, 
comprise  entre  la  Sdne  et  la  Loire,  qui  derait  6tre  le  point 
central  aotoor  duquel  se  reconstitoerait  la  nationality  fran- 
false,  apr^s  le  d^membrement  de  Tempire  carlovingien.  Les 
successeurs  de  Robert  le  Fort  an  duch^  de  France  hirent 
«es  fib  £ud  es,  qui  fut  roi,  Robert,  qui  essaya  de  renyerser 
Charles  le  Simple  et  p^rit  en  923,  k  la  bataille  de  Sois- 
sons,  Hugues  le  Grand,  fils  de  ce  dernier,  et  enfin  Hu- 
gues  Capet,  qui  fixa  d<^finiti?ement  la  couronne  dans  sa 
maisoD.  A  cette  ^poque,  le  duch^  de  France  comprenalt , 
outre  les  comt(^  de  Paris  et  d'Oridans,  ie  GAtinais,  le  Cliar- 
train,  le  Blaisois,  le  Perche,  la  Tonraine,  PA^jou,  le  Maine, 
ice  terres  de  Sologne,  le  RMUYaisis  et  une  partie  de  TA- 
tnienoi*^. 

>].iis  ce  duch^  «lc  France,  rf'nni  lift-mi^me  nu  domainc  royal, 

DICT.  DK   L\  CONVEItS.   —  T.      I\. 


FRANCFORT 


74S 


6tait  morcel6  par  la  fitodalit^  comma  tout  le  reste  la  Fnnce, 
les  premiers  C ap^t  i  ens  eurent  k  lutter  centre  leurs  nom- 
breux  et  puissants  Tassaux  imm^iats,  tela  que  les  aeigneun 
de  Montlb^ry.  du  Puiset.  de  Montmorency,  les  comtes  da 
Dammartin,  de  Montfort,  de  Meulan»  de  Mantes,  de  Ckg^ 
mont  en  Reauvaisis,  de  Pontliieu,  d'Amiens,  de  Valoia,  da 
Vermandois,  de  Soissons  et  d'Anjou. 

FRANCE  ( He  de).  Voyez  Maurice  ( lie ). 

FRANCESCUINO  (Le).  Ko^ea  Carracbb. 

FRANC  ET  QUITTE.  C'est  une  clause  par  laipelle 
on  d^are  qu'une  personne  ou  une  propri^t^  n'est  grette 
d^aucune  dette  on  charge.  Le  d^biteur  qui  en  hypotli^ant 
un  immeuble  d^j^  grev^  ferait  une  dtelaration  de  (hmc  et 
quitte  serait  passible  des  pelnes  du  stelliooat.  La  clause 
idfrane  et  quitU  est  surtout  usit^e  dans  les  oontrats  de 
mariage.  Par  cette  conTcntion  la  feinme  stipule  qu'en  cas  de 
renondation  k  la  communaut^  lors  de  sa  dissolution ,  elle 
reprendra  tout  ou  partie  de  ce  qn'elle  aura  apporUi  franc 
et  quitte  de  tontesdettea,  charges  et  hypoth^ues. 

FRANC-FIEF.  Fovea  Fief. 

FRANCFORT  SUR  LE  MAIN  ,  la  premise  des  quatre 
TiDea  Kbrea  de  la  coni^dration  germanique  et  si^e  de  la 
dlMe,  Tune  des  viilea  les  plus  importantes  de  TAllemagne 
par  sa  position  gfographique,  son  commerce,  son  Industrie 
et  aes  ricbeasea,  eat  situte  duia  la  spac*cuse  vall^  du  Main 
et  dans  une  belle  contr4e,  entreeoupi^  diins  tontes  les  direc- 
tions de  chemins  de  fer  et  de  routes  ordfaiaires,  om^e  de 
nombreux  pares  et  Jardins  de  plaisanoe,  de  Tergers,  de  ▼!* 
gnes  et  de  champs  de  bl^.  Francfort  proprement  dit  s'^tend 
sur  la  rive  droite  du  Main,  et  communique  avec  Sackseri' 
hausen ,  son  iaubonrg,  sita&  sur  la  rive  gauche,  au  moyen 
d^un  pont  en  pierre  de  310  m^trea  de  long,  appuy^  sur 
quatonte  arches,  et  dont  la  construction  premise  remonte 
k  Tannte  1342.  Lea  anciens  ourrages  de  fortification  furent 
raa^de  1806  k  1812,  ^poque  oil  les  remparts  furent  trans- 
form^ en  belles  promenades,  et  les  fbsai^  en  verdoyants 
]ardins.  Dans  la  partie  vieille  de  la  Yille  on  trouve  un  grand 
nombre  de  rues  sombres  et  ^troUes',  avec  d*antiqoes  mai- 
aons,  construites  en  boia  et  dont  les  pignons  font  saillie  sur 
la  Toie  poblique.  Mais  dans  les  rues  neuves,  sur  les  pruici- 
pales  places,  sur  le  quai  qui  horde  le  Main,  dans  le  Zeil 
et  dans  la  rue  Neuve-de>Mayence,  s*61^?ent  un  grand  nombre 
de  constructions  semblables  k  des  palais.  La  Judengasse 
I  ruelle  des  Juifs),  si  lameuse  par  son  obscurity  et  sa  mal- 
propr^,  la  seule  que  jusqu'en  1806  les  juifs  eussent  le 
droit  d*habiter  et  ou  ils  se  trouvaient  renferm^s  la  nuit,  est 
devenue  plus  large  et  plus  ais^,  grftce  aux  nombreux  alta- 
tis  de  maisons  qu*on  y  a  pratique.  Les  rues  de  Francfort 
sont  bien  pavte  et  ^Iair6»  au  gaz.  La  plus  c^l6bre  ^lise 
de  la  Tille  est  Saint-Paul,  ^fice  de  forme  ronde  et  dans 
le  nouYcau  style  romab,  ourerte  au  culte  en  1833,  od  le 
31  mars  1848  le  parlement  pr^paratoire  allemand  tint  sa 
premi^  stonce,  et  la  diAte  de  TEmpire  sa  demi^re  s^nce, 
le  31  mai  1849.  Les  autres  ^lises  luth^riennes  sont  Saint- 
Nicolas,  Edifice  du  treizi^e  /AMe,  auquel  une  tour  pyra- 
midalea^U^ajoutte  en  1845;  Sainte-Catlierine,  construite  et 
1686;  Saint- Pierre,  avec  son  vieux  cimeti^re;  et  I'^lise  des 
Trois-Rois,  dans  le  faubourg  de  Sachsenhausen.  La  cath^- 
drale  cathoUque  est  Saint- Barth^lemy,  ou  avail  lieu  depuis 
1711  le  cooronnement  des  empereurs  d*AlIemagne.  La  cons- 
tniction  en  fut  commence  en  854,  par  Tempereur  Louis  le 
Germanique; en  1239  elle  fut  livrte  au  culte :  de  1315  k  1S45, 
elle  re^ut  dimportantes  additions.  On  y  voit  le  tombeau  du 
roi  Guntber  de  Schwartzbourg.  Du  haul  de  son  clocher, 
construit  de  1414  4  1512,  et  cependant  rest^  inachev^,  on 
d^Gouvre  la  vue  la  plus  belle ,  sur  toute  la  contr6e  envi- 
ronnante.  On  compte  encore  trois  ^lises  calholiques,  dont 
deux  dans  la  ville  et  la  broisi^e  dans  le  faubourg  de  Sach- 
senhausen. Le  clerg^  cathollque  de  Francfort  relive  de  IM- 
v^ue  de  Limbourg.  I^es  r^form^  ont  k  Francfort  deux 
^lises  sans  clocher,  et  les  juifs  deux  synagogues.  L*hdtel 
de  ville,  appel^  le  ffamier,  qui  n*a  pas  eu  d^autre  destiiia* 


I 

1*' 


•»,' 


|l«i4^nil»*Fift.l40fti  el  0^  Poo  conime  U  cAUibre  Imlie 
4i0r d* r«tiiptfeur Cbarlesiy^en  date de  IdM, eontient 
liim  Milres  k  ;Sii<te  <ie  i'lretpoeur,  utUiate  depaU  ifrsS 
Mur jM.fltes et gjUasdomi^ It  rocculon du  oottroDDement 
dMenpereors,  el  qui  depuis  1S4&  est  orate  des  portraits  de 
t$tu^  kfl  empereurs  d'Allemagne  depuis  Conrad  T'  jasqa'i 
Fryifois  II,  de  mtoie  que  de  celui  de  rarehidae  Jean  en  sa 
qnalitA  de  vicaire  de  Tcmpire.  G'est  Ui  que  se  rtenil  en  avril 
•I  mai  I84».le  fameux  eonUU  des  cingwuUe.  Le  palais 
itkiU  Tour  et  Taxis,  autrefois  residence  da  priace  primat. 
Mi  depuis  18&1  ie  iocat  od  la  oonftdtotimi  gennaiuqne 
Heat  ses  stances. 

.  .PanoilesautraB^difleeapubttcsdigneBdeieniarqiie,ottpeDt 
•leore  dter :  ia  tour  d^Escbenbeimy  doni  la  oonslnictioa  re» 
Monle  li.r^Dte  1446;  le  tli^tre,  bftii  en  17«0  et  agmndi 
en  1817  i  rhonpiGe  des  orpbelina  (isa^ ;  le  Conserfatoire 
(IBS4);  la  maison  des  fens,  coostruite  en  1783  etagrandie 
«l  1819  ^  l?bdpttal  du  Sabit^fisprit,  pottrles6trBngefs(i838>; 
la  Bourse  (1848);  i'^difice  pour  les  malades,  constroK  #ox 
frais  de  la  caisse  de  secours  dea  isra^tes  (18Mi) }  llieeiifice 
des  enfants  malades  (1846);  rb6tel  dee  BDstaa  (1«48); 
Pembarcadi&re  da  cbemiB  da  linr  dn  Mabi  et  da  M  ecker< 
L*im  des  Mifieea  lea  phia  vasies  est  la  maisaB  de  Tontee 
Tentonlque  ^.Sacbacnbaosen^apparteBaBt  k  la  coucenoe 
d'Autricbe,  et  servant  aejoord'htti  de  caserne  h  on  dtf  aehe-i 
iMOt  de  troupes  bafaroises;  Parmi  les  bOtels  destinds  aux 
foyageurs  qui  passeni  par  Franefbrt,  on  doit  snrloat  dter, 
8  cause  derampleur  de  leure  pneportSons,  la  Oour  ^'An^ip* 
Urre^  la  Cottr  de  Mu$sU  et  PSmpereur  Momain.  En  flUt 
dlidtels  partacttUers,  nooa  meotionneroas  lea  bdiels  Rotb- 
sehttd  et  Munun  aur  le  ZHl,  celui  de  Mnhlens,  dans  la  rue 
dXsolienheioi  (qu'babklB  le  Ticalre  de  Templre,  de  1848  b 
1849,  aujourd'bni  propri^td  oomtnunale  ),  en  avant  de  la 
fWe,.  anr.  ta  route  de  fieekeaheimy  les  maiaona  de  plaisance 
de  MM.  de^Rotbscllild  et  Gontard,  le  Gruneburg  et  le  Qun* 
ikershurg.  En  fait  'd'aablisseiaeats  sdentifiqaes,  il  fkot 
alter,  en  premiftre  ligne,  \dLBMUktMqu€  de  la  tMit^  conin 
troite  de  1820  k  1825,  on  Ton  Toit.ua  riclie  cabinet  de 
n^daiUea  et  one  beUe  statne  detCkEtheea  maitre  par  lfw» 
fibesi,  et  4a  Fondation  Senkenbergt  ooasiataat  eaonboa- 
plee  k  Tosage  des  bourgeon  malades,  ouvert  en  1779;  la 
Fandati&n  du  sinaieur  jBromaer  et  r/nali^M^fitddiea/^ 
eontenant  «n  ampbItbMtre.d*aDatottie,  on  jardin  bdtaniqud, 
anquel  est  atlacbd  on  piDfesseurde  betaniqoe,  et  oil  setnofe 
attsal  une  ricbe  coUaBHon  de  liTtes  relatUa  auL  sdeaees 
aaturelles  et  4  la  mddedae.  Toat  prte  de  la  se  trooTe  le 
grand  musde^  construU  en  |82f ,  1827  et  1841,  par  la  SocMtd 
(Tbitloirenaturelle  deSenkenbtfgi  fbndde  en  1817,  dlablissa- 
aient  qui  fat  enriebi  surtaot  par  Ruppell;  enfin,  lescoUectieBe 
et  le  laboratoira  de  laSocIdd  de  pUyslciens,  foadte  en  1824. 
PannI  les  UiatitutiiMis  artiatkines,  noos  weatlenneroas  plus 
pirticuliteement  rinstHat  arflstlqne  de  jStiedel,  fondd  ea 
t8i6,  et  onvert  en  1883,  daos  le  beau  tocal  qu'iloccupe  ao^ 
looDd'buL  En.  fait  demenufflentsi  on  lemarqae.sorleolle 
aMnument  de  Gflsibe  par  Scbwaaentbaler^  drig6  ea  1844. 
MVNd»Uaaa  pa^  aon  plus  dans  nobPe^nmMlon  le  norifeau 
dhaetl^,  oorert  ea  1827 »  et  ob  Hon  pent  voir  na  grand 
aombre  de  tombeaux  lemarquablea. 

Piancfort  sur  le  Main  poeaide  an  coUdgs  deat  U  fiindafion 
Moionte  k  Tannte  1&30 ,  une  teole  supMeove  indnstrielle^ 
tadte  en  1804  etagrandieea  I8&I,  ditedco/e  aormole;  una 
deole  faidusUieUe  julve ,  one  teole  de  eoufda'Bioels,  oae 
lastltotloa  de  Jeoaes  .aveugles,  el  ua  grand  aombra  d'^^la* 
Minementi  partlcuUers  dT^ucallon.  La  aiabi.  d'<auvre  esl 
tnp.cbtodaos  cette  vlUe  poocqoe  nodoatrie  awmifartnrttfa 
y  alt  one  gvaade  ai:tiTlld4Le  c4NnflMroeeaigp)oa  dea  prodoils 
^bi  France  etdei'AQgletamya  beanoeopdiadnadansai 
depttia  que  les  consmunicaiioBs  des  villes  latMeares  avee 
lea  porta  de  mer  soot  deTeaaes  i|te<raleiaeBi|ilas  faciss^ 
Iiis  deu&  fqires  annueiles  de  Francfort,  jadb  si  cddMes,  oat 
48  nteo  beoaeoop  perdu  de  leurbnportaaoe.  Ea  revaacbe, 
fike  est  derenue  Tun  des  grands  inarcbte  des  valeun 


FRANCFOaX 

et  litres  de  rente  crtes  par  les  divers  gDOveraemealB  da  ITa 
rope ;  et  sa  situation  centrale  en  fait  le  rendez-vous  dNnt 
foule  de  voyageurs  et  d^ttraagers.  Ind^pendanuneot  de  ta 
navigation  li  vapeur  josqu'i  Blayeaceet  Wurtzbouiig,  la  icr- 
ritoue  de  Fraaclort  sor  le  Maui  est  traversd  par  daq  cbe- 
mhis  de  Cier  prtsentaot  easemble  an  d4«aloppcaieot  total  dk 
22,600  mMras,  dont  6,400  popr  le  cbenda  du  Maia  el  da 
Weser,  6,000  pour  celui  du  Mabi  et  dn  Hecker,  4,800  pear 
celoi  d'OUenbacb,  4,700  pour  oebii  da  Taunna,  et  3,300  peer 
celui  de  Hanau ,  eoamiualqaant  tooa  enire  eu  jl  par  800  me- 
Iras  cPembraacbeiiient* 

'.  11  ae  se  pablie  pas  mofaia  de  vfa^  joomaax  4  Fiaacfeft 
sar  le  Mafai :  noos  dterans  entra  aottes  le 
Jaumalp  qui  paralt  depuis  1615;  fai  FoUseUung  < 
des  Posies),  qui  se  poblle  depuis  leiOf  eafia,  le  Jovaal 
de  Franqftnrt ,  ridig^  ea  fraafals,  organe  semi-eficiel  de  U 
CoBfdd^ratiop  gennaBiqne,  et  qui  paralt  depuis  1308. 

Francfort  sur  le  Main  est  une  ville  fort  andenne,  etncal» 

dlfr^  lorn  aom.(  ea  aliemand,  iVvait^f,  gaddosFiaacs) 

deCbarlebiiagae,  qui  y  pasu  la  rivl4re4  gad  avee  too 

ann^e,  el  batlH  les  Saiona  caaspda  sur  Vantre  rlve^  Jl  y  rie. 

nit  un  condle  en.rao  794,  et  y  ^lablit  en  80^  one  cokMue  de 

Sasoas  prisonmers!  En  843  Louis  le  Germaniqae  en  itu 

capilale  de^  PempiriB   oriental  dea  Franks,  dont  AnoaH 

fransfiira  le  'si^ge  4  R'aiisbonne,  en  889.  L'iaddpeadaace  dc 

la  ville  date  de  Tannte  125).  Deveniie  depuis  Frdd^ric  Bar- 

berousse  le  lieu  'd'itiectibn'  des  euipereura,  ce  privil^bn 

fnt  oonfinnd  en  1356,  par  la  buUe  d*or.  Eo  1681  il  sN 

j  ouvrit  un  Congr4s,'qui'8e  cbntmua  4  Ratisbonne,  et  uam 

I  ea  1681  une  tr6Ve  entre  les  puissances  allemaadea  et  b 

<  Franc^T  La  ville  souflrit  beaocoup  des  suites  dea  gpMncade 

•  ScbmalkadiB  {ib&i),'  delrente  ans  (1635),  de  sept  ana  (1762), 
t  et  de  la  r^olutioh  fran^aise  ( 1792,  1796, 1799, 1800,1808). 
I  En'  1806  Napoleon  lui  enleva  ses  privilifeea  de  ville  Ubvt^ 

•  et  constitua  avec  son  lerritoire  et  oeux  des  viUes  de  Baaaa,dp 
Fulda  et  d'Ascbaffenbourg,  le  grand»duchd  de  FraMtjfitrt, 

i  en  faveur  du  prince  priniatde  la  Conli^ddraUon,  Charles  ds 
D>ilberg,  qui  devait  avoir  pour  b^ritier  le  priace  £agbi« 

1  Reaobamais.  Oe  '^raad-ducb4  avail  une  auperfide  de  jtt 
niyriani4tres  carrite'^  avec  une  population  de  300,000  Ioml 
En  1818  Francfort  redevbit  vlUe  fibre,  et  fut  choisie  ea  1818 
pour  si^e  dc  la'Cbnl^ration  germanique.  Le  18  odobre 
de  la  m4me  annte  elle  regut  sa  nouveUe  constitutioa  nuaici. 
pale,  bas^e  sur  ses  anciens  privileges  de  ville  ''•"•^^ 
Aux  termes  de  oetle  consUtution,  le  poovoir  sooveraia  j 
appartieot  au  corps  de  la  boiirgeoisie,  lequel  ae  peutcoapler 
panni  ses  membres  que  des  cbr^tiens.  Le  corps  I4gislalif  fe 

,  compose  devingtsdiateurSfde  vugtmembres  do  oomitd  dak 

,  bourgeoisie  etdequaranle-cinq  membres  ^ua  daoa  lesende 
bi  bourgeoisie  cbr^tlenne;  le  pouyolr  extoitif  est  ddUgad  an 
sdnat,  composd  de  quarante-deux  membres,  Les  deox  btntg 
mestres  soot  ^us  tons'  les  ans  par  le  s^t  Comme  les  troK 
antres  villes  Itbres*  d'ADemkgne,  Francfort  tail  partie  a  cc 
titre  de  la  ConfWration  germanique,  daub  les  asifaiMfr^ 
piteibras  ds  UqaeBe  eUe  aune'voix. 

Le  teriltoirade  Firandort  et  de  aa  banlieae  prtseala  ca 
superfide  uaedlendne  d\ui  pen  plus  d*un  ■iyriaai4lre  canr 
An  ebmawneemeal  de  1660  la  popdhtfoa  dtdt  de  89^ 
babitaats,  dont  &7»278  poorU  ville  nMiac.  Oa  yccnp' 
talt54,O80bitbMeas,7,O0deaaMlh|nos,  2,800  rMortn^s,  ijm 
jttilb  et  800  oathdiqaas  aUedaai^.  En  1881  les 
de  la  Tillea'Aevaieat  4 1^409,000  floHaa,  et 
4  1,613,000  floriaa.  En  1840  sa  dotte  pobliqoadlalt  #Oiti- 
ron  6,922,000  florfalsjt 

Oe  ooa  joura  ftaacfBrt  a  aabi  do  noiabreaasi  orises  p** 
tlques  et  commerdalea.  CoBune  dvteemoals  qoi  ont  flit  ^ 
que  daas  aoa  bialdre,  aoas  meatbauNroaa  la  lentalivc 
diasurrectloa  du  3  anfl  1883,  4  laqueile  aoua  coasaen^^ 
uaarlick  particdler,  soaale  tatlrecPA»toa(/Sfbiird0  de  #)r«ac^ 
fert ,  et  sea  adliMon  aa^dMoerdn,  A  la  saite  de  aoln  ic- 
vdutkm  de  F6vrier,  Francfort  devint  le  grand  ceaire  4el» 
^ie  politbiiie  qui  so  ddvdoppa  dors  lout  4  eoiiy  ca  Alia* 


FRAN'CFORT 


74T 


Bi  a  gn  e.  Cotle  ville  (ut  d^aign^c  pour  senrir  de  r^idence  an 
cA^tecomiiides  dnquante,  espteede  cmnmission  per- 
manente  et  desuireiUance  de  la  di^te  g^nnanique  reformte 
et  reoonstitu^e  d'aprto  les  bases  d  s  la  constitution  g^n^rale 
conmnme  h  toute  rAUemagne  qui  deyait  sortir  des  d^M- 
rations  d'one  dl^te  constitnante.  Ca  eomiti  des  cinquante  y 
ouYrit  see  s^nces  1e  4  aYiil  t84d„  et  continua  ses  trayaux 
josqa*au  IS  md,  ^poque  de  Vouvertorede  Tassembl^  na- 
tionale  pr^paratolre,  dlle  VorjHxrlarneiiit.  U  7  et.  1«  8  jofl- , 
let  1848  une  grate  ^meute  ^l^tait  k  Sachsedhanflieii ;  et  dd  18 
an  ao  septembre  suiyant  U  ^e  enti^  &»M  la  proie  d^une 
insunectk>n»  dont  la  r^pres^lon  ne  put  avoir  lieu  qu'avec  ef- 
fusion de  sang.  Les  am^ioratioos  k  la  constitution  particu-, 
li^re  de  la  Yille  r^am^  depuiA  longtemps  par  Topinion' 
dennrent  alors  Tobjet  des  discui^lbns  les  plus  Yives,  sans 
qu'en  d^finitiTe  Q  en  solt  rteoltd  aucune  r^fonne  utile  et 

durable.  ^      ,    -        . 

FRANCFOrtT  ( ficliauffourdc  de ).  Sous  rinfluaice  en- 
core viYace  des  ^vdnements  qiil  avaient  6branW  TEurope 
«i  1830,  et  en  baine-jdes  r^lutiohs  de  la  difele  g^fmanique 
du  28  juin  1833,  consid^rtes  lout  aussildt  comrae  le»  pr^li- 
minaires  d'one  npuyelle  ruction  antllibenle,  one  partis  no- 
table de  la  jeunessc  allemande  nourrissait  des  idtes  et  des 
esp^rances  que  quelques  esprits  a?entureiix  r^lurent  de 
faire  scrrir  k  une  tentative  de  rdvolotioiL  Vn  certain  noinbre 
de  jeunes  bomroes  appartenant  aux  classes  inslruHes  de  la 
population  de  FrancTort  se  ndrent  k  la  t6te  du  complot.  Des 
affiliations  politique^  se  form^reht  dans  les  villes  et  les  £tats 
voisins,  et  il  7  eut  aussi,  en  Wurtemberg  notammenf,  quel- 
<iue4  reunions,  anxquelles  n^assisttent  d'ailleurt  qu*un  fort 
petit  nombre  de  personnes.  Apr^  d<^  Ibnguto  ddib^rations^ 
les  consptratenrs  adopt^rcsit  nn  plan  d^finitif,  pour  Texto- 
tion  duquel  nn  ce^tun  nombre  d'^dlants,  des  dispositions 
desquels  on  s'^tait  assure  d'avanoe,  fiirent  appielte  k  Franc- 
fort »  ob  accoururent  anssi  de  T^tranger  quelques  Jeunes 
gens  pr^c^emment  poorsuivis  pour  causes  politiques.  L^ 
village  de  Bonames,  dans  la  banlieue  de  Francfort,  foomit 
«n  outre  quelques  recrues  au  complot.  I^  8  avril  1833,  dans 
rapr^-midi,  une  lettre  anonyihe  pr^vint  les  conspirateurs 
4iiie  des  r^vdations  avaient  mis  Tautorit^  snr  ses  gardes; 
inais  les  chQses  panireni  trop  avanc^es  pour  quMl  f6t  d^r- 
mais  possible  de  reculer.  Dans  la  soirfie  inftme,,deux  bandes, 
fortes  cbi^une  ^*ane  trenlaine  dindividus  armte,  assailli- 
rent  la  grand'garde  et  le  poste  des  sei^gents  de  ville,  et  aus- 
Mtdt  aprti  un  pfelit  <l^(iicbement  se  porta  vers  le  clocher  de 
r^lise  calh^drale,  sUii^e  k  quelque  distance,^  Tetret  d*y 
j^)nner  le  tocsin.'  VatEaque  du  poste  des  sergents  de  viile 
aroena  des  seines  de  violence  ir^rettables,  encore  bien  que 
tout  de  sniie  tui  Qer|^jln  nombre  dindividna  se  fnssent  in- 
terpose k  refr^  d^aiir^ter  lea  exc^,  A  Vapproche  de  la  troupe 
de  ligne,  quittai^t  se>  casernes  pour  venir  r^tablir  Tordre, 
les  oonjur^  ^vapM^rent  en  toute  Kite  la  grand*garde,  et  se 
repliirent  sur  le  poste  des  sergente  de  ville,  oil  un  engage- 
ment assea  vlT  ne  tai;dla  pas  k  avoir  lieu.  Les  premiers  d^ta- 
chementa  de  1^  ligne  Iturent  repoussife  par  les  insurg^,  qui 
bientdt  aprte  dnrent  in^er  Hi  des  forced  ividemment  so|i^- 
neures,'etsWuirent  dans,  tontes  les  directions.  Pendant 
quececi  sepassait  dans  la  ville,  soixante-dix^  quatre-vingta 
paysans  de  Bonames,  aprte  avoir,  cliemin  foisant,  d^truit  lie 
poste  dc  la  douane  jiessolse,  s'*^taient  mbntr^  devant  la 
porte  de  Friedberg^  mais  iceRe  bande,  la  tronvant  ferm^ 
et  bien  gard^,8e^8persa^quel^|Uefli  instants. 

L'Manffourte ,  avep  tons  ses  incidents ,  (dura  k  peine  une 
heure.  Un  grand  nomt>re  dlndiviiftis  eoitas^romis  dans  cette 
bagarre  se  d^l^toent  pa^  la  fuite  anx  poursuites  Judidaires 
quills  attendaient^  qndqdes  aititfes  fur^nt  arr^ti^  tanti 
Francfort  qu^i^ux  environs.  LMnSfamction  qui  s^ensuivit  d^ 
i^ontra  que  ca  mduvement  se  ratfacliaitblen  anx  menses  r^- 
volutionnaires  d<»it  qudques  university  allemandes  ^talent 
alors  le  foyer,  mais  qtf  11  nV«it  pas  leA  vastes  proporUons 
d;nn  complot  politique,  encord  bien  qu*il  eAt  comcid^  avee 
to  depart  d'uB  certain  noinbre  de  r^fugl^  polonalii  des  d^ 


p6ts  qui  lenr  avaient  6t6  assi^A^  tant  en  France  qu'en 
Suisse.  Les  indiv|dus  incarc6r6B  k  la  suite  c^  cette  baganv 
excitirent  les  sympatliies  les  plus  vivos  dans  la  iwpulattMl 
de  Francfort,  qui,  k  diverses  reprises,  favorisa  I'i^vaikNl 
de  Ja  plupart  d'entfd  eux.  Sor  lea,  detenus  que  le  jogomvii 
dn  za  odobce  183e  condamni^  k  une  prison  pecp^tiie)i«.|jtt. 
n*en  restait  plus  en  octobre  1838  qno  sept  eutr^  leajpsaipi^ft 
la  justice ;  et  ces  sept  indivi^us,  qui  6iaieat  pr^s^nsnt.  O0OX< 
contre  lesqnelB  Paci^nsation  avail  ^ev4  les.cbafgiBS  leSjipoiM 
graves ,  obtinrent  alors  rautorisation  4^  s'ezpatrier  eft  du 
passer  en  Am^rique.  Cette  6chauftourte  pcovoqua  4e  la  pail 
de  la  diite  un  redoublement  de  mesures  illiMrales;  habll#». 
n^ent  exploits  dans  Tint^rfit  da  4^potisme  et  dfi  VuH» 
traiire  par  les  ennemis  du  progrte,  elle  d^raya  lopgle^ipi, 
sous  la  dtoomination,  quelque  peu  ambitiease  (Vatifntat  d$ 
Ffantfortp  la  pol^mique  dies  (eoilles  k,  la  fpidedes.  cabinoti 
abaolutiates. 

Quand  on  place  ces  fails,  auxquelsnoua  h^iterionamtei^ 
k  appliqoer  la  fameuse  comparaison  de  2f»  ,t€mpite  dam 
un  verre  (Peau,  en  regard  des  luttes,  <iutrement  graves,  qn^ 
depuis  1830  le  nouvel  ordre  de  cbos^  cr^  en  Franoa  4 
cette  ^poque  eut  k  sontenir  sur  divers  points  de  notre  ter* 
ritoire  contre  Tesprit  r^volutionnaire,  ou  des  sc^ea  tar* 
ribles  dont ,  k  la  suite  de  noire  revolution  de  fi6vrier  t84ft, 
les  viUes  de  Yienne  et  de  Berlin,,  et  Francfort  eUe-mtoie^ 
ont  ai$  le  th^&tre^  on  ne  peiit  s*ein|»^her  de  sourire  de  U 
candeor  avee  laquelle  certains  pinblicistes  d*oatre  llhin  a'af*. 
foroent  d'assimiler  de  lenr  mleux  I'Allemagne  k  la  France^ 
oet  astre  dans  Torbite  duqnel  leur  pay9i  est  A  toujouis  cc^* 
damn^  A  graviter.  •  '  ^ 

FRANCFORT  SUR  L'ODERf  cbef-lieu  de  rarroQdi«i[ 
sement  du  mAme  nookt  province  de  Brandebourg,  cerole  i$ 
Lebns  (Pmase ) ,  dans  la  d-devant  Marehe  centrales  est,  I, 
Pexceptlon  de  Tun  de  t»  trois  faubourgs,  situ^  sur  )a  rlvf. 
gaucbe  de  TOder,  et  a  surtout  da  rimportance  comine  v^le 
de  commerce^  Elle  ejBt  le  si^  de  la  r^ce,f  t  dlui^.  owi. 
d'appel.  .^  *..,.. 

De  sea  six  4g|i8es,lfis  plus  remarqnables  9f>pi  Notoa-Pan* 
on  la  catbMrale,  qui  contient  4e:6eUe&  verri^.et  Jifl 
orgoe  d'une  dimension  pen  ordinaire,  et  SaintrNicolas*  Ofi 
y  trouve  aussi  «na  ^gUse  catboUque.  et  une  syna^ogner 
L*universite  que  l^decteur  ioacbim  I*'  y.  avaiC  fond^  Ifl  2J 
avril  1506,  a  ^  en  1811,  transf^^Afireslan.  II  n*y  exists 
plus  maintenant  qn*un  oolite,  ppurva 4*une  pcbe  bibHo* 
tli^ue,  et  diverS'  autres  ^tablissements  dlnstruction  8up6« 
rieure.  La  population ,  non  compna  la  ^'rn^ison,  ^'iU^e  1^ 
30,000  Amea. 

Cette  ville  est  le  centre  d^une  assex  importanfe  fabricajUon, 
en  faiences,  tabacs ,  sucres,  artides  de  bonnet^rie,  soieiiei 
et  savona.  On  y  voit  anaai  d'JmportantiBS'  brasseries  et  dif  • 
tilleries.  Le  commerce,  qui  dans  ,cef^ derni^res  ann^  |r, 
a  pris  une  Importance  qu'il  ii^avait  pas.aufrefois ,  est  favp- 


ria^  )par  la  navigation  de  TOcIer,.  par  le  diemln  de  fer  de 
Berlin  A  Francfort  sue  I'Oder,  en  aciivitiS  depuis  Tantomne 
de  1842,  et  par  trois  grandes  foi^e9  •  anpudles..  Des  mo 
numento  fon^rea  ont  et^^levds  |i  Francfort  sur.  TOder 
au  poete  Kldst,  tu^  au  voisiAage  de  cette  ville ,  en  1759^ 
A  la  bataille  de  Kunersdprf ,  ainsi,qu'au  due  Lipoid  de 
Brunswick ,  qui ,  en  178&,  p^rit  noyA  dans  TOder. 

Au  moyen  Age,  Francfort  sor  roder,  dont  les  ^tantagea 
tout  particuliers  de  position  avaient  l^lit  de  bonne  lienre  una 
place  Importante  de  transit  et  de  a>mmerce,.fut  n^e  dans 
bi  Hanse.  Elle  fut  tainement  assii^  par  leA  hussites  en 
1430 ,  par  lea  Poloneia  en  14M,  et  ^  le,^  de  Sagan  en 
1477.  A  repoque  de  la  guerre  de  frente  ans,'  eRe  fnt  malntea 
fois  pHse  et  rq>rise  par  les  parties  bellt|(6rantes,  n6Utu« 
ment  en  16X1, 1634  et  |639,  paries  Snoots,  qui  en  i644  tof 
dkl^rent  de  nouvean  k  TAlecteur  de  Brandebourg.  Kile  ent 
aussi  beaucoup  A  soufTrir  pendant  lA  guerre  de  sept  anSi^ 
de  m^me  que  lors  de  la  campagne  de  1306  et  1807.         ' . 

Varrondissement  de  Frantfart  sur  VOder  est  dlvtii. 
en  16  oerdes,  Koenigslierg,  Soldin ,  Amswalde,  FrMbbei|;' 


748 


FRANCFORT  —  FRAlVCHET 


Landsberg ,  Lebus ,  Sternbeiig,  ZoUichau ,  Krossen,  Guben, 
Lubben ,  Luckaii,  Kottbus,  Sorao  et  Spremberg.  La  popa- 
latkm  eat  ^raiu^  k  MO^OOO  Ames,  i^partiei  sur  uoe  aoperfide 
de  2S0  myriamitres  carrte. 

FRANCIIE-COBIT^,  Panden  oomt^  libra  de  Bour- 
gogne,  aatrement  appeli  haiue  Bourgogne  oa  encore  ^off  r- 
gogneallemande,  oomprenait,  comme  prorince  de  France^ 
les  d^parMments  actuels  da  Doob  s,  ^  Texception  da  terri- 
loirc  de  Mod  tb^liard,  qui  alors  rdeTatt  de  Tdectear  de 
Wartemberg,  du  Jora  et  dela  Haute-SAone,  lesqoeU 
pr^aentent  enaemble  une  superficte  de  196  \  myriam^tres 
carr^ 

Cette  oontr^  est  traTersie  par  la  chalne  du  Jura,  qai  s'a- 
baisse  sur  le  Doubs  et  la  SaOne,  et  au  nord  par  les  rami- 
fications des  Vosges,  si  riches  en  sources;  eUe  r^unit  par 
cons^ent  les  ayantages  propres  h  un  pays  de  nionta- 
gnes  avec  ceux  qoi  sont  particaliers  aux  pays  de  plaines ; 
et  dte  les  temps  les  plus  recall  elle  fut  c^l^^^  pour  la  ri- 
chesse  et  la  di^ersit^  de  ses  produits;  aussi,  en  d^pit  des 
nombreoses  r^Tolutions  cthnographiques  et  politiques  aai- 
qnelles  elle  fut  en  proie,  forma-t-elle  pendant  longtemps  un 
tout  compacte  et  ludipendaat.  Au  temps  de  C^r  ce  terri- 
toire  ^tait  habits  par  lea  S^naniens,  tribu  celte,  aprte  la  sou- 
mission  de  laquelle  il  fut  incorpor^  k  la  province  gallo- 
romaine  appelte  Belgiea  primtu  Plus  tard,  cependant,  arec 
la  Suisse  fran^aise » il  forma  one  proTince  particulidra  ap- 
pelde  Maxima  Sequanorunif  laquelle  re^ut  aussi  le  nom 
de  Germania  tertia,  quand  un  grand  nombre  de  hordes 
germaines  furent  venues  s'y  ^tablir.  Au  dnqui^me  sitele  de 
notreira,  lea  Bourguignons  s'en  ^tantrendus  maltres  Tin- 
corpor^rent  k  leur  royaume,  sans  [)our  cela  modifier  en  rien 
ses  d^imitations.  Les  successeurs  de  Clovis  r^unirent  ce 
pays»  comme  le  reste  de  la  Bonrgogne,  k  la  monarchie  fran- 
que,  dont  il  partagea  dte  lors  les  destinte,  si  direrses. 

Une  nouTelle  ^re  d'iod^pendance  nationale  serobla  com- 
mencer  pour  elle ,  lorsqn'en  887  le  comte  Rodulphe  fonda  le 
royaume  appel^  Burgundia  transjurana,  L'empereur  Lo- 
thaira'  le  Saxon  en  s^para  le  ducb^  de  la  petite  Bourgogne, 
la  Suisse  ocddentale,  et  en  oonfdra  TinTestiture  k  Conrad  de 
Zcehringen ,  tandis  qae  la  Franclie-Gomt^,  ainsi  d^ignte  dte 
lors ,  k  cause  de  ses  nombreux  et  importants  priviliges,  fut 
apporU^  en  dot  par  sa  fiUe  et  h^riti6re ,  B^trice,  k  Tein- 
pereur  Fr^d^ric  Barberousse,  qui ^leta Besan^onau  rang 
de  viUe  libra  imp^riale.  En  1200  ce  pays  passa,  par  un 
nouTeau  manage,  sous  la  souYcrainet^  d*Otl)on  II  de  M6ra- 
nie^  qui  eut  k  soutenir  k  ce  sujet  de  longues  querelles  avec 
les  comtes  de  Ch&lons,  qui  y  poss^aient  dMmmenses  pro- 
pri^t^y  jusqu'lt  ce  que  oeux-ci,  par  suite  de  l*extin€tion  de 
la  ligne  mftle  de  la  maison  de  M^ranie ,  arrivirent  k  pos- 
Mer  le  comt^  de  Bonrgogne.  Dans  ces  temps  de  dlscordes 
et  de  confusion  g^ndrale ,  et  en  raison  de  Timpuissance  k 
laquelle  se  trouTaient  r^luits  les  souverains  du  pays,  les 
petits  dynastea  qui  8*y  ^talent  constitu^  peu  i  peu ,  par 
exemple  les  comtes  d'Auxonne ,  de  Neufcli4tel ,  de  Mont* 
b^ianl  et  beaucoup  d*autres,  moins  puissants,  acquirent  une 
autorit^  de  plus  en  plus  ind^pendante  de  tout  lien  de  suzerai- 
net^  Tons  se  ratlacbirant  k  TEmpira ,  tandis  que  la  maison 
de  ChAlon  oontinua  k  raprfeenter  i'int^rftt  et  T^l^ment  fhm- 
^is.  En  1316  le  mariage  de  PhOippe  V  r^unit  mfime  la 
Francbe-Comt^  k  la  oouronne  de  France;  mais  la  mort  de 
•8  prince,  arrive  en  1322,  Ten  d^tacba  de  nouveau,  et  la 
fit  passer  sousTautorit^  de  son  gendre,  le  due  Othon  IV  de 
Bourgogne. 

La  Franche-Comt6  rest*  alors  encora  une  fois  r^unie  pen- 
dant longtemps  avec  la  Bourgogne,  Josqu'A  ce  que  Textinc- 
tion  de  Tancae-nne  maison  de  Bourgogne,  arri?te  en  1361, 
Ten  R^para  momentantoient  de  nouveau  pour  la  donner  k 
Marguerite  de  Flandra,  dont  la  fille  la  rapporta  en  dot  au 
fondateur  de  la  nouvelle  maison  de  Bourgogne ,  le  prince 
fran^is  Philippe  le  Ilardi.  Celui-d  reconnut,  suivant  Tan- 
tiqae  usage,  la  tenir  k  titre  de  fief  monvant  de  I'Empire. 
Aussi^  lors  jle  la  mort  de  Charles  le  T^m^raira  ( 1477 ),  ^lu^ 


die,  par  ae  doubles  motifs  de  droit,  k  MaxrmOten  d'Autricfae. 
^ox  de  l*b6riti^ra  de  Bourgogne,  en  d^ptt  d*une  part  da 
pretentions  derte  k  sa  possession  par  la  France,  qu^appn  jafl 
la  noblesse,  etde  Tautre  des  efforts  inutilemeat  tent^  par 
les  populations  pour  se  rattacher  k  la  ConrWration  Suisse. 
A  partir  de  ce  moment  la  Franche-Comt^  fit  partie  du  cerde 
de  Bourgogne,  avec  lequd,  k  la  mort  de  Charles-Quint,  db 
6chut  en  partage  k  la  ligne  espagnole  de  la  maison  de  Haps- 
bourg.  A  r^poque  de  la  guerre  de  trente  ans,  die  sertit 
longtemps  de  champ  de  bataille  aux  Francis ,  qui  d^  lor< 
ne  n^ligferent  rien  pour  s*en  emparer.  Enfin,  la  paix  de 
Nim^gue  ( 1678)  la  cMa  d^finitifement  k  la  France  (saof 
le  comt^  de  Montbdiard,  qui  continua  jusqu'en  1793  k  Cure 
partie  de  TEmpire)  avec  le  comt^  de  Charolais,  qui  en  ^tait 
8^r6.  D6  le  et  Besan^n  ont  ^t^  succesdvement  la  capitate 
de  la  Franche-Comte. 

FRANGIIET  (N....0>  n^  vers  1775,  dans  one  famUle 
d'obscurs  cultivateurs  des  environs  de  Lyon,  l^an  dea  ^aads 
/aiseurs  de  la  Restauration,  et  directeur  g^n^ral  de  la  poike 
du  royaume  sous  le  ministto  d^hrabte,  avail  ^t^  adrais, 
k  Vk^de  vingt  ans,  comme  ouvrier  et  bomme  de  peine  daas 
Tadministration  militaire.  Plus  tard,  11  parvint  k  entrer  daas 
Toctroi  deLyon,  en  quality  de  commis;  puis  ,  dans  reipoff 
de  parvenir  ainsi  k  une  position  plus  lucrative,  il  sYtait  fait 
affiUer  k  I'esp^  de  fi-ano-ma^nnerie  catbolique  et  ro- 
maine, dont  le  chef-lieu  du  d^parteroent  du  Rhone  n'apM 
cess^  d'etre  le  centre  depuis  la  fin  du  sitele  dernier.  Les  oe- 
neurs  ne  tarddrant  pas  k  discerner  en  lui  un  homnie  d^adioa, 
et  un  beau  jour  on  le  chargea  d'aller  colporter  en  Fraaee, 
sous  lb  manteau,  les  bulles  par  lesqudles  Pie  Vn  essayiit 
de  lutter  contra  le  dominateur  de  PEurope.  La  police  imp^ 
riale,  qui  n'entendait  pas  ralllerie  sur  ce  sujet,  le  fit  arrtter 
au  milieu  de  ses  perambulations  propagandisfes ,  et  jeter  4 
Sainte-Pdagie  avec  le  jeune  comte  Alexis  de  Noailles,  autre 
agent  de  cette  intrigue  de  sacristie.  II  ^tait  naturd  que, 
malgr^  les  distances  sodales  qui  les  s^paraient,  une  liaison 
assea  ^troite  s'^tabllt  entre  deui  hommes  jusque  alors  inooa- 
nus  Tun  k  Tautre,  mais  soofTrant  pour  la  mtee  cause  et 
detenus  pour  le  m£me  ddit  Cette  l.aison,  dont  Francbd  ne 
manqua  pas  d'invoquer  plus  tard  le  souvenir,  fut  TorigiDe 
de  sa  fortune  politique.  Foucfa^  rendit  btentdt  k  la  Ithol^ 
le  gentilhomme  incorrigible,  mais  prot^^  par  son  nom,  Toa 
des  plus  iliustres  de  Tandenne  aristocratie.  On  tut  moias 
de  managements  pour  Tliomme  du  commun,  en  qui  on  re- 
connut bien  vite  le  zde  farouche  et  le  fanatisme  ardent 
qui  en  enssent  fait,  an  sda^me  si^e,  un  ligoeur  redon* 
toble ,  et,  par  mesure  de  haute  police,  on  le  laissa  poonir 
sous  les  verroox. 

Les  ^v^nements  de  1814  purent  seuls  briser  sea  fers,  d 
alors  la  protection  du  comte  de  Noailles  lui  eut  bient6t  fait  eb- 
tenir  la  place  de  clief  du  personnel  k  radministration  des  pos* 
tes ;  position  dans  laqndle  sa  niairaisante  activity  put  se  don- 
ner libra  carri^re.  Son  premier  soin  en  dTet  fut  d*^p«rer 
cette  administration  et  de  la  r^rganiser  monardiiqaemeal, 
en  peuplant  ses  rangs  divers  d*hommes  d^vou^  aux  idta,  * 
et  surtout  aux  pratiques rdigieuses,  A  qudque temps  deli,  il 
^pousaunepetite-fille  naturdle  du  fameux  ducde  Lanragais. 
Ce  mariage  aclieva  de  lancer  Frenchet  d  d'en  faire  one  na* 
niira  de  personnage.  L'avtoemenlde  VHldeau  pouvoir  (1821) 
Tappela  k  de  plusliautes  dfr<(tin6es.  H  fut  alors  nomm^d*«ah 
bl^  directeur  g6n^ral  de  la  police  du  royaonse,  et  conserf  a 
ces  foncttons  jusqu'i  la  chute  du  cabinet  dont  la  politique 
retrograde  pr^para  le  renversement  de  b  branche  alnte  da 
la  maison  de  Bourbon. 

Sous  la  direction  de  Frandiet,  la  pdice  devint  une  v^ 
table  inquisilion.  Je  vous  laissek  penser  les  conversioDS  so- 
bites  qui  s'op^r^ent  dors !  A  Paris  comme  en  province, 
aux  aburds  des  diverses  administrations  pubttques,  on  na 
rencontrait  que  gens  marmottant  des  pri^res,  en  roolaal 
entre  leurs  mains  un  cliapelet :  c'^taient  des  employ^  aDant 

k  leurs   bureaux Dans  les  ^iscs,  on  n*aperoefait 

ttuMiommes  dans  la  force  de  Tftge  prostem^  benoMenMrt 


FRANCBET  ^  FRANCHISE 


749 


Bu  pied  de  Tautd  da  Saeri-Cmtr^  ponstant  Ten  le  cid 
des  aspiratioiis  qui  troublaient  le  calme  dn  saint  liea  :  e*^ 

taient  des  loUicitears 

DestiMpar  M.  de  Martignac,  Franebet  n^enconaerrapas 
rooint  la  direction  d^une  police  oocolte  faite  an  profit  et 
aux  frais  de  la  lisle  civile.  Polignac  n'osa  pas  loi  roidre  sa 
position  officielle;  mais  une  des  fameases  ordonnances  de 
iuiDet  le  nommait  niembre  du  oonseil  priv4.  La  temp^  des 
trais  joomte  fit  rentier^  tonjours  f  ranchet  dans  son  obs- 
carit^  premiere.  II  cnit  d^abord  prudent  d'taiigrer  enPrasse; 
mais  ibk  1832  fl  ^it  revenn  babiter  Paris,  ob  ]tisqn*4  sa 
mort,  arrivteen  1841,  il  vteut  dans  on  ^t  Toisin  de  la 
d^tresse;  car,  il  (aut  bica  le  dire  ^  la  d^arge  de  leur  mt- 
moire,  la  plupart  de  ces  enfants  perdus  de  la  Bestaoration 
songirent  peo,  pendant  leur  passage  anx  afiaires,  k  assurer 
leur  avenir  par  qnelques-uns  de  ces  bons  tripotages  si  fort 
k  Tordre  du  Jour  panni  leurs  rempla^ants ,  et  qui  tous  les 
enrichiisaient  du  jour  au  lendenudn. 

FAANCHIPANIER  ou  FRANGIPANIER,  genre  de 
plantes  de  la  nombreuse  fiunille  des  apocynto.  Ses  esptees, 
au  nombre  de  onxe,  soot  pour  la  plupart  fort  beUas;  elles 
int^essent  principalcuient  Pamateur  de  plantes  de  serre. 
Toutes  oontlennent  un  soc  laiteux ,  qui  dteoule  des  feailles 
et  des  rameanx  h  la  niohidre  blessure.  Ce  sue  est  fort  abon- 
dant,  ^is,  d^une extrAme  causticity,  qui  doit  le  rendre 
trta-SQspect. 

hbjranchipanivr  rouge  (phaneria  rubra,  Linn.)  est  un 
pdit  aibre  bnport^  aux  Antilles  de  PAm^riqoe  espa^piole.  il 
atteint  jusqu'^  oinq  et  six  mMres  de  hauteur.  Sa  lige,  coo- 
▼erte  d*une  ^corce  d'un  vert  fonc4,  sootient  une  cime  as- 
ses ample,  formtede  branches  cylindriques  et  tortueoses, 
vers  Textrtaiit^  desqnelles  sent  sitnte  les  reoilles  et  les 
fleuTS.  Les  floors ,  d*un  rouge  cUdr,  forment  de  beaux  bou- 
quets au  bant  des  brandies,  et  sont  d'une  grande  suavity. 
Elles  rappellent  celles  du  laurier-rose,  mais  sontinfiniment 
plus  graudes  et  plus  telatantes :  quolque  beaucoup  avor- 
tent,  cependant  le  somroet  de  Tarbre  durant  plusieurs 
mois  s'en  couvre,  et  en  est  oomme  couronn^. 

htfranchiponier  blanc  {piumeria  alba,  Linn.)  prtente 
iUytg  son  port  des  dMTdrenoes  asses  essentieUes  stoc  le  rouge. 
La  plus  remarqoable  est  dans  la  oouleur  blanche  des  floors, 
d'aiUears  moins  Tolumineuses,  plus  rares,  moins  odorantes 
et  moins  agr^ables.  Le  franchipaoier  blanc  crolt  en  abon- 
dance  k  Camptehe;  on  le  troufe  aussi  k  la  Martinique,  k 
SainUDomingue,  dans  presque  toutes  les  Antilles.  Son  sue 
laiteux,  corrosif,  est  employ^  pour  la  gu^rison  des  dartres, 
des  vermes  et  des  ulc^res ;  sa  racine,  prise  en  tisane,  est 
apMtife.  AYec  ses  fleurs,  et  prtncipalement  stcc  celles  du 
franchipanier  rouge,  on  parfum^  dans  not  colonies  d*Ain6- 
rique  une  esptee  de  confiture  qui  en  a  pds  le  nom  dejran- 
chipane. 

Dins  nie  de  Curasao,  on  ciiltlve  Xe/ranehipanier  t  fleurs 
clous  {piumeria  pudiea,  Linn.),  dont  on  fait  grand  cas. 
Celtti-€i  ne  s*d^ve  gu^  qa^k  1",60,  et  se  couvre  de  char- 
man^ea  fleuxs,  trto-odorantes,  dont  la  corolla  a  un  limbe  qui 
se  ferme  et  est  d'une  couleur  JaunAtre,  termini  par  un 
rouge  'vif.  On  remarqueenfln  le  franchipanier  ApaniculOf 
le  >^a»eA//Ninier  d  feailles  longues ,  le  frofichipanier 
powrpr^,  le  franehipanier  ineamat,  le  franchipanier 
tricolore,  ]b  franchipanier  en  car^Cf  le  franchipanier 
IHcohre,  itfiranehipanier  Jaune,  toutes  esp^ces  indigenes 
des  oontrte  chaodes,  dignes  d'etre  dtdes  pour  Tagrdment  et 
poor  la  tarid^  des  efReta  pittoresqnes. 

Quant  It  la  plantequ'on  a  ap^eH^efranchipanier  dfeuil' 
les  imoussies  {piumeria  retusa),  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
qu^elle  n^est  pas  du  mtoie  genre.  Lamarck  a  pens^  que 
G*^Uit  Vantttfara  de  Madagascar,  connu  k  nie  de  France 
sous  le  nom  de  bois  de  lait.  Elle  porte  des  fleurs  nombreu- 
ses,  k  odeur  de  jasmin,  disposto  en  coryrobe.  Le  bois  res- 
senible  heaucoop  au  buis,  tant  par  U  couleur  que  par  la  fi- 
■esse  du  tUsu;  mais  il  est  beaucoup  plus  l^ger.  II  est  utile 
dans  rdbdnlsterte  et  ponr  les  ooTragea  du  tour. 


Les  firanchipaniers,  quelle  qu'en  so!t  Tespte,  soot  trop 
ddicats  pour  supporter  te  plein.air  en  Europe ,  mtoie  en  M. 
FRANCHISE.  Ge  terme  a  signifi^,  k  diTerses  dpoqoes,. 
des  choses  bien  difii^rentes.  Dans  les  actes  qui  se  rapportent 
anx  premiers  temps  de  la  monarchie  fran^ise,  une  franchise 
6tait  un  domaine  rural  possM^  par  un  Franc  ou  par  toot 
autre  personnage  de  condition  fibre :  «  Un  domaine  de  cette 
esptee  s'appelaityV'aiicAi^e,  dit  Merlin,  parce  qu'il  ^taitpoa- 
8^^  librement  et  sans  aucune  charge  de  servitude  ni  de 
derohrs  personnds  ou  redeTances,  soit  en  argent,  soit  eo 
grains  ou  tout  autre  objet. »  Les  alleux  ^taient  aussi  condd6- 
rte  comme  des  fhmchises,  tdlement  qa^allodii  et  franchi- 
sia  6taient  deux  expressions  r^potte  synonymes.  Tenir  en 
franchise^  c'^tait  possMer  un  heritage  sans  aucune  charge  ni 
redevance;  c'est  ce  que  la  Coutume  d^Herly  appdait  tenir 
enfranquiesme. 

On  nommait  wwdfixmehise  certains  districts  ou  terri- 
tdres  It  qui  des  rois,  des  princes  ou  des  grands  seigneurs 
sTaient  accord^  certains  droits  et  certains  privil^es  parti- 
cullers.  Ces  franchises  ^talent  ordinairement  un  espace  li- 
mits de  terrain  autour  des  Tilles  et  des  bourgs.  A  Paris , 
on  en  royait  de  ce  genre  sous  le  nom  de  banHeue;  k  Bour- 
ges  on  les  appdait  le  septonce,  k  Angers  la  ^tiin^e,  k 
Toulouse  le  dex.  Tout  ie  monde  connalt  ce  hideux  quar- 
tier  de  Londres  ferm6  aux  constables,  qui  a  M  si  bien 
pdnt  par  Walter  Scott  dans  son  roman  de  Nigel,  V  Alsace 
en  un  mot :  ce  repairedes  filous  et  des  banqueroutiers  n'dait 
autre  chose  qn\ijie  franchise,  II  y  a^ait  autrefois  dans  Pa- 
ris plusieurs  lieux  dece  genre,  otn  les  d^hiteurs  ne  pouvaient 
6tre  saisis  pour  leurs  dettes  par  la  justice  ordinaire,  et  oil 
les  artisans  poufaientexercer  leurs  metiers  sans  fttre  pass^ 
maltres.  Les  ouvriers  a?aient  ce  privilege  dans  le  faubourg 
Sain^Antolne ;  mais  cette  localitl^ ,  toute  fayoris^  qu'elle 
^tait,  n^dtait  cependant  pas  un  asile  comme  le  Temple. 
Jusqu'li  la  seconde  moiti!$du  dix-8eptitoie8itele,les  ambas- 
sadeurs  Jouissalent  k  Rome  d'une  favour  inoule^  Le  quar- 
tier  quMls  habitaient  6tait  exdusiTement  soumis  k  leur  juri- 
diction.  Leur  influence  s'dendait  autour  du  palais,  dans  un 
rayon  qu*ils  pouvaient  agrandir  k  volont^ ;  et  cette  enceinte 
exceptionneUe  6tait  un  asile  pour  tous  les  crimmels,  qui  ve- 
naient  y  vivre  en  sQret^.  Innocent  XI  enleva  cette  franchise 
pas  one  bulle,  mtoie  k  Tambassadeur  de  France,  excom- 
muniant  tous  ceux  qui  voudraient  la  sootenir.  Louis  XIV 
fit  d^^erglquesr^^Umations.  Son  ambassadeur  fut  excom- 
muni^.  L^afTaire  fut  Avoqu^e  au  parlement,  et  allait  de- 
venir  grave;  mais  des  raisons  polittques  d^termln^ent  la 
Gour  de  France  a  fairedes  concessions :  la  Crandiise  fut  res- 
trehite  k  {'encdnte  m6me  du  palais. 

La  ville  d 'Arras  fut  pendant  qudque  temps,  sous 
Louis  XI,  appel^  Franchise. 

On  d^igna  aussi  par  le  mot  d%  franchise  T^tat  honorable 
de  liberty,  par  opposition  k  T^tat  miserable  des  esdayes  et 
des  serfs;  il  devint  avec  le  temps  synonyme  d 'exemp- 
tion, dUmmunit^.  Quand  un  prince  ou  un  roi  affran- 
chtssait  les  liabitants  d*une  ville  ou  d'un  bourg ,  les  vassaux 
d'une  abbaye,  etc.,  de  certdns  droits  de  servitude,  tels  que 
les  mdnmortes  ou  les  formariages ,  cela  s'appelait  donner 
une  franchise,  L'histoire  descommnnesau  moyen  Age 
n'est  gu^  que  riiistoire  de  la  conqu6te ,  de  raocroissement 
et  des  vidssitudes  des  franchises  mnnicipdes.  Toutes  les 
fois  que  la  France  s'agrandissdt  par  TadHonction  volontaire 
de  qudques  provinces,  nos  rois  acceptalent  la  condition  de 
respecter  les  franchises  locdes. 

II  y  avait  entre  les  franchises  et  les  privileges  une  difT^- 
rence  quMl  n^est  guto  possible  dMtabUr  anjourd'hiii.  M.  Du- 
pin  pretend  que  les  privtl^es  ^talent  des  droits  attribo^  k 
des  personnes  franches,  oulre  ce  qu'dles  ayalent  de  droit 
commun,  comme  le  droit  de  commune  et  de  banlieue,  I'u- 
sage  d'une  for^t,  I'attribution  des  causes  k  une  certainie  ju- 
ridJction. 

Les  franchises  de  contributions  ^taient  de  truie  sortes  • 
quelques-unes  ^ient  g6n^ales  k  des  provinces,  5dei  vUles, 


750 


FRANCHISE  —  FRANCU 


h  oerUios  lieax  d^tenninte;  d^autres  ^talent  pyirticiiU^rea  k 
de  certaines  personnea.  II  y  en  aTait  aussi  qui  itaient  limi- 
ttea  h  certainea  chos«s  Gxto  par  dea  r^leinents  a^minia- 
laratiffl  :  ainai,  pour  lea  exempUona  g^^ralea,  qoelquea  pro- 
▼incea  ayaient  la  franchise  dea  taillea  personnellea,  et.la 
pliipart  aVaient  celle  dea  tallies  relies,  et  m^ne,  dans  lea 
l^roviDcea  aouettea  aux  tallies  peraonneUea,  il  y  avait  dea 
Tilles  et  d'autrea  locality  qui  en  4taienld^ar^  francbea. 
Il  ae  trouyait  aussi  quelques  villes  qui  ayaieni  rezfmption 
4ea  contributions  sur  les  deorte  et  marchandlses,  ou  sur 
qoelqnea-unea  seulement.  Il  y  ayait  aussi  certains  objeta 
qui  en  ^ient  exempts  dans  tout  le  royanme. 

Les  franchises  des  tallies  personnelles  talent  de  deux 
sortes  :  elles  appartenaientji  certaines  personnes,  teUesque 
les  grands  seigneurs,  pr^ts,  gentilshommes,  eu  ^ard  k 
4eur  naisaance  et  k  leur  quality,  lea  autrea  a^accordaient 
par  grftce  apteiato  du  prince;  lea  premieres  passaient  k  la 
familie,  le^  antres  restaient  personnelles.  Les  marcliand^ 
strangers  qui  yenaienl  chez  noua  k  certainea  foires,  ditea 
/aires  /ranches,  ^talent  affranchis  du  droit  d*a^baine* 
Cette  franchise  itait  stabile  en  fayeur  du  comraefce;  mais 
toutes  les  foires  ne  donnaient  pas  lieu,  k  dea  pr^rogatiyea  de 
ce  genre :  il  n'y  ayait  que  les/o<re«  /ranches.  Les  privir 
Ugosdes  foirea  de  Lyon,  de  Paris,  du  Landili,  de  Saint- 
Denis,  de  Brie,  de  cliampfigDe ,  contenalent  ih^ichiM  de 
4008  aidea,  imp6ts,  taillea,  ooatumea»  maltotes  et  autrea 
Impositions,  tant  ordinaicea  qu^extraordinaires.  Louis  XI 
^ccorda,  par  lettres  patentes,  le  droi^  de  naturalit^  k  touf 
-Strangers  qui  y  yiendraient^  bormis  lea  Anglaia. 

Il'existait  encore  dei  ports  /ran cs^  ou  pprta  de  mer 
jouissant  de  certaines  immunity  ou  fcanchises« 

Outre  lea  franchises  politiques,  Gnandkes,  commercialese 
fi  y  ayait  aussi  des  Oranchises  judiciairea,  qui  consistaieat  k 
attribuer  certaines  caus^  k  certaines  juridictiona,  dont  on 
ne  pouyait  les  soustraire  :  e'est  ainsi  que  lea  aiyeta  {nsti- 
«iables  des  pr^ats,  des  barons  et  autrea  adgneura  ne  de- 
yaient  6tre  ouys  nl  tirte  par-deyant  lee  jngea  da  rol,  sinon 
•en  6as  de  pur  ressort  et  autrea  caa  i  oyaui.  CT^tait  encore 
line  dingnlS&re  franchise  que  celle  dea  bourgeois  de  Neyera, 
de  SaintpGeniez  en  Languedoc,  de  ViQefirancbe  en  P^rigord, 
dfe  Bola^Commun,  de  Chagny,  qu'on  ne  pouyait  en  aucun 
cas  appr^bender  an  corps,  s'ils  ayalent  dea  biena  sufBsants 
pour  payer  ce  iquoi  ila  poorra|ent  £tre  condamnte;  et  qui 
pOdsMalent  le  droit  exorbitant  de  se  aoostraire  k  la  prison 
en  donnant  caution. 

AcO'ourdliut  le  mot  franchise  ne  s'applique  plua  qu'aux 
^xemptlona  de  droits  de  doiiane,  d*ociroi  ou.  de  paste.  La 
franchise  en  mati^  d*octroi  est  irte-yaiiable,  parce  que 
c*est  une  taxe  municlpale.  Quant  an  senrice  de  la  poste,  la 
franchise  est  de  deux  sortes.  £Ue  est  absolue  pour  toutes  les 
leitres  et  paqueta  adress^  k  I'empereur  et  &  sa  maison, 
aux  ininlstrea,'  aux  prteidentaet  aux  bureaux  dea  granda 
corps  de  r£tat,  au  premier  pr^ident  et  ao  procureur  gte^- 
ni  prto  la  cour  de  caasation.  La  /rdnehise  hmit^e^  an 
<iontriiiiie,  n*a  lieu  que  pour  lettres  etpaqoets  adreas^  k  cer- 
taines'personnes  et  rey^tus  d*0D  contre-sein^,  auiyant  lea 
^tats  de  fooctionnaires  joints  k  Tordonnance, 

FRANCHISE  (Morale).  La  IVancbiae  est  one  de  cea 
qualit^s  de  I^bomme  qu^on  ne,aauralt  prtoniser  ayee  trop 
de  mesure.  Si  Ton  en  exigeait  one  definition  prfeise,  noua 
aeriona  preaque  .teot^  de  Pappder  nne  sindriU  Sttuvage^ 
liabitueUe  ou  acddentelle. .  La  flrancbiae  en  eflist  garde 
d'ordinaire  pea  de  m^nagementa;  fhonuneyhuic  par  c*- 
ract^re,  ou  oelui  qui  ne'reat  que  fortaitemcni,  pcayent  n^ob- 
tenbr  de  leora  paroles  d^autre  r^mltat  que  da  blesser  proi- 
fond^ment  Thomme  k  qai  elles  a'adresaent;  et  ^fp^ff^ffrt 
Me  n^aora  paa  ^  certalneroent  llntentkm  qui  aura  dieltf 
lenrs  disooors,  Aoasi,  sflil  est  one  yertn  k  laquelle  0  aoil 
permis  4e  tracer  nne  ligne  de  conduite^  e*eat  bien  k  oelle-l^ 
lloaa  ne  conceyons  rien  de  plua  dtiicat,  de  plua  digne  d*£tre 
mtkremcDt  pes6y  qne  I'exardce  da  la  franchise ;  il  lai  eat 
rarement  permia  de  se  presenter  nne,  at  puartant  oe  a'eat 


qu'ainai  qu*elle  est  susceptible  de  prodoira  da  bona 
Quels  que  aoient  leur  position  sodala,  leur  iga,  leur  scu« 
blen  peu  de  personnes  out  le  droit  d*6tra  franchaa  aaaa  avsir 
pr^ablemeat  ns^  de  eertaina  artiteea  de  laagaga  poar  prt^ 
parer  Teaprit  an  coap.  qui  ya  lui  4tia  port6,  at  aoMilii 
d'ayance  rimpression  d^aagrtoble  on  pteiUa  qai  ea  acra  k 
fruit  i  aans  quoi ,  la  franchiae  court  grand  riaqiia  Mlraesa- 
(bndue  ayee  Tenyie  et  le  ressentiment  11  y  a  baaoeoap  de 
gefia  en  effet  qui  ne  trouyent  rocoaaioa  d*Mfe  fraBca-,  aae 
(oia  dans  la  yie,  quVlors  quMls  sayefttqua  ieor  ttaKhoed^- 
g^^era  en  ^pigramroe,  en  m^cbanoet^,  at  qv*clle  alligera 
pi  peraonne  qui  en  est  Tobjet;  inais  pan  leur  inpartef  Os 
sont  sArs  d*ayance  qoMl  aa  pr^peatara  toajoura  queiqa'aa 
pour  applaudir  et  r^p^ler  leur  bon  mot  et  leor  as6cliainil#. 

FRANCHISE  I^AVARIES.  Fbyea  Ayann. 

FRANGIA  (FiuiiGBSCo  RAIBOUNI^  tftf),  peiatie, 
n^  k  Bologna  i  au  milieu  du  qulmibnie  aitela,  Mit  aaeare 
enfant  lorsqu'il  fut  mis  en  appreBtisaaga  eliei  on  Offtyiadc 
sa.yille  natala,  appall  le  Franeia^^ipiA  U  pHt  le  imou  ll 
re$ut  des  lemons  da  deaabi  da  Maren  Lappa,,  fit  dea  propfec 
rapides  dans  l*art  de  manler  labarbi,  axtaDa  aw  argeat 
des  ly^es  d'un  beau  trayail,  gmva  dea  mMaillaa  jd'oa  alyle 
fort  ti^gant,  et  obtint  la  pbeadea  viallra  da  eotaa  de  la  nioe- 
naie  de  Bologne.  Fraoeeaco  nC^tait  plaaleanalonqrt  sV 
donna  klSL  peintur^.  It  axieuta  baaoooop'  da  tny«n  a 
frasque  et  k  rhnile ,  et  pcignit  ayee  un  aoin  extitaa  aa 
nombre  oonaiddrable  de  portnita  et  da  madanaa.  Ea  pariat 
^e  cea  demiftraa  dana  ana  da  saa  lettraa,  Raphael,  qoi  Ml 
\\A  ayee  Francasea,  dit  qu*U  B*eD  axisia  paa  dejitea^aaa, 
de  plus  divoieSf  de  mlat»/Mlet.  Le  FMnda,  dont  aolic 
Mns^  du  Loayra  na  posaMa  qn'un  poitrail,  kmgiaaips  a^ 
tribu^  k  Raphael  9  mounit  k  Bologna,  le  6  janyier  1&17. 

FRANCIA  (Joa^-GasrAa-RaoaiavB  ),  diditwr  <ta 
Paraguay,  n^en  t7ea» k  FAaaompllaa , eapitale  da  Para* 
guay,  fut  dealing  k  V(M  eccMaiasttqoe,  at  attar  aaifia  Im 
coors  de  ruBlyerait6  da  Oordoya  de  TaoDman.  Aprta  atoir 
obtano  la  titra  de  doctaur  en  tbtelagia,  II  aa  riBiscia  t 
r^tude  du  droit,  et  a'^tablit  plua  tardaonma  afacat  k  PAs* 
aomption.  Qoaiqua  paraiaaaat  aoullHr  parfbia  dW  d^f«- 
gemeot  d*aaprit,  maladia  hMditaira  dana  aa  faiafllo,  a 
acquit  Uantdtpar  aan  ddslnt^feaaenant,  aaa  dpamia  at  sea 
aayoir  oaaai  granda  r6patatioD,  ^'il  fbt  mommk  yeadadw 
aayllla  natala.  Damtaia^an  1811,  qoandlaPaiagpMynNa- 
pit  lea  liana  qui  la  rettacbaiant  A  rEapa^aa ,  il  deyiat  la  i^ 
critaira  da  U  ioota  de  gooyarnemeat  inatitute  par  la  cMh 
grte,  poaitloa  dana  laqucUa  il  ne  tarda  paa  k  axaresraat 
inDuenoe  conaidAnable.  Tooa  lea  partia  ^taat  tomMa  d^aeosi^ 
ear  la  n^oasilt^  da modiaar  la  eonatilatiaA ;  WvigmSbY^ 
groa  at  Fraada  Ibrent  ^laa  oonaicli  poor  denx  aaa  at  iafesUi 
k  ea  titre  de  la  poiasanea  aapitaa.  Mala  FraaciaBapoBfai 
raster  la  colligaa  d*ua  homma  dont  la  a^paraient  de  pro- 
fbndaa  diviakma  da  parti;  auaal,  qaand  laeaa|ria  aaatait 
denoayeau  en  1814,  lui  propoaa<4-il  la  aomiaalkNi  d'a 
dlctatenr  comma  le aeul  may^da'aalst qui naUt A PAat 
II  rteaait  par  aon  ^oqaenee  pi  aaaai  par  la'  yoia  da  llali- 
midatkm  A  ranger  la  m^iorit^  A  eon  ariai  at  Mde  dfcla- 
tear  poor  troia  amite.  B^  quUl  aa  tianva  aeal«fl  poaiair, 
la  ri^M  da  aeamceora  a*accrat  eoooia,  at  tt  aa  tttn  aiec 
ardeur i  raode  de  llilstaira,  date  gtegrapliia;  dea  asalM- 
matiquas  at  da  la  11  ll^ralora  firan^aiaa^  aaia  anrlaut  A  arilade 
Part  milltaira.  En  1817  il  aa  fit  «ttiaditelftlaar  A  ale;  mek  a 
n*eut  pasphiatAt  attaint  la  bat  de  an  adMtantaalbfli^^ 
toualeaactasda  aon  adlnlaistraUoii  fteaat  attinfliili  da  li 
plua  dora  tynaBla.  11  d^bota  par  IblraanilertaBB  aaaa^ 
yaraairea  at  par  aa  dooa^  anagaida  paitlaal«bm»aa«pasft 
da  quelqaea  centainea  da  coapa-i8nr>ta*  I>m  tnaaa  d'agila- 
tion  a'^tant  produitaay  il  dterMa  qoa  la  paya 
auiyant  lea  formea  d*ine  d^mocratia  pare, 'el  qo*aa 
compost  de  1,000  d^mt^dhia  par  taalea  lea  daaaaaded- 
toyena  serait  oharg^  de  Padminlatratioa.  Taoa  lea  iadiyiiM 
aamro^  mambrea  de  oacongria  faieat  forete  da  aa  laaiw  aa 
clief-lieu ;  mala  ila  n'y  aorant  paa  plua  tM  paaa^  qaaltaaijiaia 


FRANCIA  —  FRANG-MACONNERIE 


quill  Ripplttrertl  Fraacia  de  reprendre  rexerdce  da  pou- 
voir  snprtoieel  de  les  renvoyer  cliex  eux ,  oe  i  qooi  celui-d 
n'eut  garde  de  ne  pas  conaentir. 

A  partir  de  ce  moroenty  le  r^me  de  terrear  sor  lequel  il 
Vaaait  son  pouroir  prit  des  formes  de  plus  en  pins  r^ol- 
taiites.  Les  Espagnols^ient  piusparticoli^rementrobjet  des 
rigueurs  du  dictateiir,  qui  les  faisajt  fusilier  sans  piti^.  U 
t^moignait  pour  le  clerg6,  etsurtout  pour  les  moines,  une 
|hainepro(ondey  k  laquelle  se  mdlaitun  m^ris  absolu  de 
la  relfgiqa  catlioliqne.  Cela  ne  TemptehaH  ponrtant  pas  de 
ehercber'A  favorlserles  progrte  de  IHndastrleet  l*agricttlture 
par  des  mesures  qnelquefots  heureuses,  roais  le  plus  souvent 
marqgte  au  coin  de  rarbilraire  le  plus  anUacleux.  Une  <u>n* 
duJle  si  tjrannlqiie  devait  oaturetlenient  proroquer  des 
conspirations.  Celle  qo^oa  d^coufrit  en  I8l6  ftit  comprim^e 
dans  le  sang.  Sonp^nneoi  et  craintif  comme  tons  les  ty- 
raos»  Francia  rdldcUit  an  jour  que  lea  rues  ^troites,  tor- 
Uieuses  de  rAssoniiption  pourralent  lacinter  quelque  guet- 
apens  contre  sa  piersonne;  en  oons^uence,  il  donna  l^rdre 
d'abattre  un  grand  noihbre  de  maisons,  et  Tann^  d*aprte 
ii  ii  dtoiolir  la  plus  graode  partie  de  la  vUle  pour  la  recons- 
Jruire  snr  an  plan  nouveau.  Jamais  il  ne  lui  arrivait  de 
passer  deui  fois  de  suite  la  niiit  dans  la  m6me  chambre.  II 
traitait  l)ien  les  'Strangers .  tant  qulls  n*excitaient  pas  ses 
defiances  en  se  livranl  k  la  culture  du  th^  du  Paraguay,  dont 
il  avail  fait  un  monopole  au  profit  de  I'^tat  La  cloture  ber- 
m^ique  du  Paraguay,  ordonn^  par  Francia ,  ne  fut  jamais 
e%^utteavec  plusde  84^6rit^  que  loraqne  les  r^ubl^ues  de 
TAm^riqae  du  Sud  se  furent  donn^  des  institutions  fonction- 
nant  r^guliteement.  La  comparalson  que  les  liabitants  du  Pa- 
i-aguay  ponvaient  6tre  amen^  k  faire  entre  leur  6tat  politique 
et  celui  de  leurs  voisins  lui  paraissait  aToir'autreiaent  de 
dangers  que  lea  guerres  qoe  ces  diverses  r^ubliques  SYaient 
pu  lai  faire  aqtiMieuremeat.  Une  fois  son  autorit^  reoonnue 
sans  oonteste  snr  tons  les  points  du  pays,  c'est-ii-dire  4  partir 
de  1824,  il  parut  revern'r  k  des  id^es  plus  mod^r^ ;  mais  d^ 
qn'jl  lui  sofYenaitun  ^ctM  d'hypocbondrie,  il  se  pennettait 
des  actes  qui  rappelaient  le  temps  ou  la  terreur.  6tait  son 
grand  moyen  de  gouvernement.  11  babitail  un  Taste  Ci- 
lice, origiuniremeat  constiuit  par  les  j^uites^  pd  11  vivalt 
dans  le  plus  grand  isolement  et  avec  une  extrtote  simpli; 
cit4,  n^ayant  d*autres  domestiquea  que  quatre  esclaves  qull 
traitait  avec  beaocoup  de  douceur.  S'il  6tait  pen  4conome 
de  sa  propre  fortune,  en  reTancbe  il  se  montraif  avare  de 
celle  de  I'Stat.,  Jamais  ses  relations  de  famille  n*exerc4rent 
la  moindre  influence  sor  la  direction  desaCTaires  publiques. 
Le  Paraguay,  qui  pea  4  pea  s'4taitrelev^  sous  son  adminis- 
tration et  qui  se  troavait  dans  une  position  bien  plus  favo- 
rable que  les  autres  Etats  de  I'Am^rique  du  Sud,  avait  fini 
par  sMiabituer  4  sa  tyrannic;  c'est  ce  qui  explique  comment 
ii  lui  fut  possible  de  roaintenir  ion  syslime  jusqu'4  sa  mort, 
arrive  le  10  septembre  1&40.  A  Tlge  de  soixante-dix  ans, 
il  s*etait  mari^  avec  une  Jeone  Francaise;  iuais  ce  mariage 
dcmeura  sU^cile. 

FRANC1$ATI0N*  crest  ]e  terme  dont  on  se  sert,  en 
droit  maritime,  pour  diteigner  I'acte  qui  prouTe  qa*un  na- 
vire  est  franfais  et  par  cons^uent  a  le  droit  de  naviguer 
sous  la  proteetiott  du  paTillon  national.  Toot  capitaine  est 
tcnu  d'aYoir  constamment  4  bord  l*acte  de  francisation  do 
oaYire  qu'il  ooinman()e.  II  n^eat  d^livr^  qa*apr4s  s*£tre  aa- 
aur^  qu*il  appartient,  an  tnoins  poor  la  inolti^,  4  des  nation 
aaux  et  quNinecertaine  partie  de  son  <Squipage  est  fran^aise. 
FRAIVCISCAINS  on  HIMORITES,  FR£il£S  MI- 
f^EVR^  (firatre$  minores),  ainsi  quMls  se  qualifiaient  ori- 
ginairement  par  humility,  est  le.nom  commun  donn^  4 
tous  {es  membres  de  Tordre  nriigieox  fond^  en  1 208  par  saln^ 
Fraqf  ois  d' Assise.  £n  racontant  sa  vie,  nous  dirons  les 
commencements  et  le^  rapides  progrte  de  cet  ordre.  Un 
des  principaux  points  de  la  r4g|e  quMI  lui  imposa  reoomman- 
dait  la  pauvret^  absolue,  ou  le  tobu  de  ne  rien  posstf  er  ni 
en  propre  ni  en  common,  mais  de  Yivre  d'aumdnes;  de  14 
k  Dom  d*ardre  mendiant.  La  s^Ydiit^  que  flrent  parattre 


7^1 

dans  leur  Tie  lea  premiers  disciples  de  saint  FranfOb  frappa 
d*admiratlon  et  de  respect,  et  latfermit  TMifice  de  T^glise 
orthodoxe.  On  ne  doit  done  pas  s*Mnner  que  d^4  avant 
la  mort  du  fondatear,  arrtrte  en  n2d ,  ciiiq  mllle  d^putte 
de  ses  couYCnts  aient  assists  au  cbapltreg^n^ral  teno pite 
d'Asaise.  A  la  6h  du  si^e  dernier,  quoiqu^un  grand  aombro 
de  eonunnnautft  de  cet  ordre  euseent  ^  Reunites  en  An^ 
gleterre,  en  Ailemagne  et  dans  le*  Nord  par  la  r^erme,  it  poa>> 
s6)ait  encore  sept  mIHe  maisons  dHiomuiee  et  aeuf  oants  oon> 
Tents  de  filles,  enTiron  qoaraate-troisraille  rdigieaa  on  reli* 
gieuses.  Tout  Tordre  se  divfsiiten  plasieora  braacbes:  les 
religieux  de  I'obserTanee,  d^ehaoss^et  rtform^,f<co- 
1  e  t  s  couTentuels  etcapncins,  fomaient  le  premier  ordre ; 
le  second  comprenaR  les  cl  arist  es,  urbanlstesetcapnc  i* 
nes,  congr^ations  de  femknes  fondles  par sainte Claire,. 
Isabella  de  France,  fille  de  Louis  Ylll ,  et  Marle^Laorence 
Longa ;  le  trolsi4me,  destine  anx  steuUers,  reafisnnait  cepen- 
dant  des  reli^eux  et  des  religieases  dediTerses  ooagr6gations. 
L'ordre  se  dlTisaiten  ftmiHe  cismontaine  (Italle,  Alle* 
magna  sap^eure,Hongrie,  Pologne,  Syrie,  Palestine),  en 
famille  ultramontaine  (France,  Espagne,  Allemagae  infii- 
rieure,  lies  de  la  MMiterrante ,  Afriqto,  Asia  et  Indea)* 
Cheque  famille  itait  diTisfe  en  proTinees,  Tioaries  et  cua- 
todies ;  les  prefectures  se  rapportai^dt  anx  missions  ^trin- 
glares  chez  les  infid^les.  Les  centqaarainte-sept  proTinoes,  six 
prdfectures  et  quelqaes  custodies  de  I'ordre  ^Caient  adna- 
nistr^  par  deaf  Ticaires  proYineiaax ,  soaa  l^aolorlt^  su- 
preme do  general  de  I'ordre,  de  qui  reletaient  anssi  les 
claristes,  les  urbanistes  et  les  religieux  du  tiers  ordre..  Le 
general  ^t  altematlYement  ^lo  dans  chacone  des  deux, 
fotnllles.  Ses  foncUons,  concM^ea  4  vie  daaa  las  prenriers 
sidles  de  Pinstitution,  ftrrentf^duftee  4  sixaas  par  Jules  11 
etiparSixteV.  Un  grand  nombrede  congr<Sgatioaaparticall4« 
^es  sortireat  de  cet  ordre,  erie  d!Tls4reat,  aana  a*en  s^pater; 
mais,  comme  dans  toutes  les  creations  de  ce  genre,  la  fov^ 
Teor  des  premiers  fondateors  ne  se  sootint  pas,  et  plosieiira 
T^formes  t4ch6rent  de  rappeler  ramsienne  puratd  et  les  exem- 
ples  s^Tires  du  foddateur.  Toutelbisces  riMbrmes  n'embras* 
sirent  Jamala  I'ordre  totft  entier,  et  n*eareift  pour  ot^  que- 
telle  ou  telle  congr^atien  partieiilt4re.  Lea  phis  etf 4brea  seat 
celle  de  Claire,  dirig^e  contre  le  gtoM  H^lle,  d^pes^ 
par  Gr^oire  IX ;  celles  de  Pierre  de  VtMacrei4s,  de  Colett» 
de  Corbie,  de  Castel-Saini- Jean ,  de  Jean  de  la  Paella,  au 
quinzi^me  ^4cle;  au  dfx-flepti4me,  celle  d'^tfanae-  Moliaa,. 
en  Espagne  et  en  Italie,  et  celle  der  Mathleo  de  Bassi  et  des 
deux  Fessombrone,  qui  fit  sortir,  noa  aaas  beaaooup  d'op* 
position,  I'ordre  des  capudns  de  «elai  dea  cordeliers. 

Bw  Bovcanrt. 
En  1852,  les  frandscalas,  HtaMis  en  France,  oat  acliel6  la 
maison  des  missionnaires  dnSaintrEsprit  4  Noyoa.  Lecardiaal 
Wiseman  pr^ida  4  rinanguration  de  ce  aoavean  oopTeat. 
FRANGISQUE)  armeorfeastre  quVm  nomma  ainsi  des 
Francs ,  qui  s*en  serTirettt  les  premiers.  Quelle  ^tait  ceMe 
arme  f  Les  histbriens'sont  pen  d'aeookd. entre  eas  i  les  una  la 
conlondent  aYec  Vangon ;  d'aatres  la  consid4rent  comme  un 
gros  trait ,  qa*on  lan^  de  pt^  poar  briser  le  booclier  de 
Pennenki ;  d'autres,  cooiiae  tine  hache  4  doable  lailaat,  une 
besaiguS.  Ce  dernier  sentimtofserobled'aceordaTee  le  rteH 
qu'on  nous  fait  du  bratal  tMtiment  tnmg6  parClOTls^as- 
sassinant,  en  487,  le  Compagaon  d*annas  qat  loi  aTait  diri- 
put^  unepiteedu  pillage.  L^iemploi  de  lafraafisqae  4tait 
tomb£  en  oubtt  an  temps  oft  eoailMttsit  Parnito  de  Pb4- 
lippe-Auguste.  Q^  BiMU.  ^  <■  >> 

FRAN€->#CGiE.  royeairaBai  (Mntey^ 
FRANO-MACONNEME.  <rest  le  nou  boos  lequel 
on  dteigne  une  association  pMtM  pbikMOpbfque  que  poO- 
tique,'  d'ailleurs  e^sentiellemenf  cosmopolite,  daat  ii  a'eat 
qoe^on  que  depuis  les  preini4res  annta  do  vi^ds  demier, 
mais  qui  n*en  fait  pas  molns  t«rtionter  soa  ortglne  Jusqa'au 
d^lnge  et  m^me  au  del4,  et  qui  a  poar  tmt  d'lmpirer  aifx 
hommes  des  sentitnents  de  btenTeillanoe  et  de  fraternH^ 
universeller,  sans  ucccptioa  de  pays^  de  moBars  et  de  ra- 


751 

ffgiou.  Dans  tout  homme,  quel  qu^U  soH,  la  franc-ma^n- 
nerie  n'honore  que  l*homine,  sans  se  soncier  des  lignes  de 
ditoiarcation  plas  on  moins  profondes  que  la  naissanoe,  la 
condition  sodale,  lea  occopations,  ies  nationality  et  les  re- 
ligions diveraes,  les  mcean  on  les  usages  ont  pn  6tablir  entre 
les  membres  de  la  soci^t^  humaine.  Elle  enaeigne  qo^une 
Ibi  rellgieuse  ind^pendante  est  n^cessaire  k  I'homme  et  digne 
de  lai,  mais  sans  avoir  la  pretention  d'enfiermer  son  cqbut 
et  son  esprit  dans  tel  systfeme  depr^ri^rence  k  tel  antre.  EUe 
ne  eonnalt  qa*one  religion,  celle  de  tons  les  gens  de  bien, 
la  religion  des  bonnes  oeuvres  et  de  la  reconnaissance.  Elle 
combat  avec  toergie  le  fanatismeet  la  superstition;  elle  ne 
bUme  ni  ne  combat  aucune  religion ,  elle  respecte  toutes 
les  croyances.  R^nis  par  les  liens  d*ane  amiti^  fratemelle, 
les  francs-mavons  a'avancent  vers  la  sagesse  en  foulant  aux 
pieds  les  pr^jug^s  de  Plgnorance  et  des  passions  d^adantes 
da  Yulgaire.  Parmi  eux ,  Thonmie  vient  chercber  IMiomme , 
laissant  en  dehors  les  opinions  et  les  croyanoes.  Le  ma^n 
ne  demande  k  son  fr^e  que  des  vertus,  riiumanit^,  la  bien- 
faisance,  la  fiddlit^  h  tenir  sa  parole  et  ses  serments. 

Les  mcxnbres  de  cette  association  se  reconnaissent  entre 
tsaxy  au  miliea  des  profanes,  k  certains  signes  et  attouche- 
ments,  et  an  moyen  de  quelqaes  paroles  symboliques.  lis 
appellent  logs  le  lien  o5  Us  tiennent  leurs  assembides  :  clia- 
que  loge  a  ses  dignitaires ;  mais  toutes  celles  d^une  mdme 
nation  dependent  d*ane  loge  principale,  k  la  t6te^  de  laquelte 
ae  trouTe  un  grand-nutUre  de  Pordre.  La  rtoptlon  d*un 
flranc-ma^n  est  accompagn^  d'on  appareil  eflrayant  et 
d'^preuTes  ayant  pour  but  de  constater  dans  le  rto'piendaire 
la  fermet6  qui  est  n^cessaire  pour  garder  un  secret ;  ^preoTes 
plut6t  morales,  d'ailleurs,  que  physiques.  Parrenu  au  terme 
de  oes  ^preuves,  le  serment  qu*ott  exige  dn  ma^n  est  d^6tre 
fidde  k  sa  patrie,  aux  lois,  et  de  ne  trahir  aucun  des  se- 
crets de  I'ordre  t  on  lui  recommande  aussi  d^Mre  simple, 
modeste ,  d^iiit^ress^ ,  humain ,  sociable ;  et  s'U  jure  tout 
eela,  il  re^it  la  quality  de  firtre, 

Comme  le  but  poursuivi  par  la  fran&'ma^nnerie  se  rat- 
tacbe  enti^rement  k  Teasence  mfime  de  I'humanit^  et  au  be- 
•oin  de  progrto;  qui  est  une  loi  de  sa  nature,  on  retrouve 
des  indices  de  I'existence  de  quelque  chose  d'analogue  k  cette 
institution  partout  06  Tesprit  de  r^exion  et  de  liberty  a  la 
conscience  de  hii-m^me.  Aussi,  quotque  son  histoire  soit  re- 
latiTenient  ioute  modeme,  ne  manque -t-il  pas  d*auteurs  qui 
Tont  en  chercber  les  origines  Jusquedans  la  nuit  des  temps. 
II  en  est  qui  Teulent  voir  dans  les  myst&res  de  la  ranc- 
ma^onnerie  one  continuation  de  ceux  de  Tfigypte  et  de  la 
Gi^ce,  une  continuation  des  associations  constitu^  par  les 
disciples  de  Pythagore,  et  plus  tard  encore  par  les  Th^ra- 
peutes  et  les  Ess^niens.  Mais  les  efforts  qa*on  tentera  pour 
^tablir  id  une  connexit^  qnelconqne  demeureront  toujours 
veins,  encore  bien  qu'on  ne  puisse  se  refuser  k  y  recon- 
nattre  certaines  analogies  et  de  lointaines  affinity.  II  ne 
Aut  dte  lors  Toir  que  des  mythes  dans  les  traditions  ma^on- 
niques  qui  font  remonter  I'lnstitution  de  I'ordre  k  IX06  et  m^me 
i  Adam. 

La  symbolique  ma^^nique  remonte  6videmment  k  une 
hante  antiquity ;  mais  ce  ne  sanrait  6tre  un  motif  sufQsant 
pour  la  rattacber  directemeot,  comme  le  veut  encore  la  tra- 
dition, k  Salomon,  qui  Taorait  institu^  lors  de  la  construc- 
tion die  son  c^l^bre  temple,  anqnel  travaill^rent  cent  treize 
milie  compagnons  ou  ma^ns,  tant  nationanx  qu'^trangers, 
«t  que  le  grand  roi  partagea  en  quatre  classes,  en  y  fondant 
dea  logei  particuliires. 

On  se  rapprocberait  davantage  de  Thistoire  quelque  pen 
authentiqne  en  recherchant  dans  les  antiquit^s  romalnes 
Forigine  de  la  firanc-ma^onnerie,  c'est-li-dire  d*une  asso* 
'dation  particuli^re  dont  les  membres,  tout  en  s'occopant 
de  travaux  de  construction,  cultivaient  dijk  les  germea 
d*ane  civilisation  plus  ^pnrte  et  plus  noble.  Ia&  collegia  ou 
todalia  de  masons  de  Tempire  remain  ne  seraient-ils  pas, 
par  hasard,  le  point  de  depart  de  la  franc-ma^nnerie?  En 
termes  de  droit  romaini  le  mot  collegium  d^sigoait,  comme  ^ 


FRANC-MAgOiN  iN  ERIE 


on  salt,  toute  assodation  particuli^  qui  se  formail  dam  in 
but  determine,  sous  Tapprobation  de  TEtat,  et  qui  dte  Ion 
^tait  reconnue  en  droit  comme  itant  une  personne.  Oes  co/- 
Uges  ^ient  autoris^  k  se  donner  des  r^ements  int^ean, 
k  la  condition  qu*ils  ne  portassent  point  atteinte  aox  loii 
de  l^tat  Les  membres  de  ces  associations  00  colUgtM  d^ei> 
daient,  sur  la  proposition  de  leurs  fonctionnaires,  toot  ce 
qui  s'y  rapportait;  et  il  y  avait  k  Rome  des eoUiges  decs 
genre»  compost  tant6t  de  marchands,  tant6t  d*artisans,  laa- 
t6t  d'artistes ,  elc,  lesquels,  en  vertu  de  rorganisalioa  que 
leur  avait  donn^  Nvma  lui  m^me,  se  r^nissaient  dans  des 
^fices  k  eux  appartenant,  de  mtaie  qulls  observaient 
des  pratiques  et  c^^raient  des  f^tes  religieuses  particoliires. 
Les  collies  de  masons  si^eaient  sou  vent  dans  lea  salles 
lat^rales  ou  du  moins  prte  des  temples,  avec  les  prfitres  de»> 
quels  lis  toient  en  relation  ou  bien  auxquda  ils  dtaient  at- 
tach^ en  quality  de  ma^ns. 

En  Rretagne,  le  cbristtanisme  tronva  de  bonne  beuie  aoe^ 
et  appui  surtout  parmi  les  corporations  d'ouTriers  de  bAti- 
ment  ^tablies  dans  cette  tie  par  les  Remains.  Les  tradi- 
tions dece  christianisme,  tontapostolique  et  independent  de 
Rome,  furent  fiddcment  conserve  par  les  cuUUens  {jam 
appel^  du  mot  celte  ceile  ou  kele  cfe,  c'est-^-dire  cooss- 
cr^  k  Dieu,  serviteurs  de  Dieo.  l^eur  prindpale  maxime 
etait :  «  Ne  relate  pas  au  mtehant  par  le  mal,  mab  par  le 
bien.  »  €k>mme  consacrfe  au  bien  et  k  Dieu,  les  coJditens  s*^^ 
talent  ^loign^s  de  toute  puissance,  notamment  devant  tin- 
vasion  des  Saxons  et  des  moines  remains,  et  s'^laient  rdhi- 
gi^  en  £cos8e,  dans  le  pays  de  Galles,  en  Irlande  et  daos 
les  lies  Toisines.  De  U  ils  maintinrent  toujours  lenr  in- 
fluence sur  les  corporations  brelounes  de  roacons,  et  leor 
inspir^rent  un  pur  esprit  cbr^en ,  embrassant  l^umamie 
tout  enti^re;  r^ultat  qui  a*explique  parfaitement  par  les 
ei^ents  mdmes  de  ces  corporations.  En  efTet  les  individiis 
qui  les  composaient  ap(virtenaient  presque  toujours  k  dei 
nationalit^s  et  k  des  rdigions  diverses,  et  parfois  k  des  partis 
opprim^;  ils  ne  pouvaient  done  travailler  en  paix  les  oas 
avec  les  autres  au  m^me  ouvrage  qu'ii  la  condition  de  se 
consid^rer  tons  comme  des  fr^res,  ayant  les  mtaies  droits, 
qudque  diversity  qui  existftt  dans  leur  origine  et  dans  leon 
moeurs.  La  puissance  et  la  dvilisation  bretonnes  jetteent  no 
▼if  ^clat  sous  le  r^gne  d'Alfred  le  Grand;  et  k  cette  ^poqae 
la  construction  d*un  grand  nombre  de  chftteaux-forts,  d*^ 
glises  et  de  couvents  occupa  une  foole  d^artistes  et  d*oo- 
Triers  de  bAtiment.  II  en  fut  de  m6me  k  T^poque  do  ripe 
d*Atbdstan,  lequd,  k  Texemple  d'Alfred,  appela  en  BrelagDe 
des  ouvriers  francs ,  itafiens,  espagnols  et  grecs ,  poor 
construire  des  Edifices  rdigieux  et  autres.  Cest  sous  ce  roi 
que  fut  (ond^  la  confr<^rie  des  francs-ma^ns;  c'est  deeette 
^poque  senle  qn*on  pent  .Cure  dater  la  v<Hritable  histoire  de 
la  franc-ma^nnerie. 

Edwin,  fr^re  du  roi  Athdstan,  aimait  et  connaissait  les 
sciences  qui  ont  trait  k  la  construction  des  Mifices;  il  sa  fit 
mAme  admettre  dans  les  corporations  d'ooTriers  de  blli- 
ment.  Par  son  intervention  et  son  intercession,  les  ma^onf 
obtinrent  dn  roi  des  lettres  patentes  en  vertn  desquelles  lis 
avaient  la  liberty  de  se  r^lementer  eox-mteoes  et  de  se 
dooner  les  institutions  organiqoes  propres^  fairs  fleorir  leur 
art.  C'est  en  vertu  de  ces  privities,  et  aussi  paroe  quits 
tt*admettaient  que  des  hommes  Ubres  k  apprendre  et  A  pn- 
tiquer  leur  art ,  quMls  furent  appelds  franci'mapms,  Oa 
leur  donna  aussi  le  nom  de  masones,  e'est-Mire  de  g&imit- 
ires  00  d'ouvriers  habiles  et  intdllgents.  C'est  poorqnd  l^oa 
troove  dans  leurs  confr^ries  jusqu'A  des  pontes,  des  mo- 
sidens,  des  math^matidens,  des  astronomes,  des  peintres, 
des  sculpteors,  etc.  En  sa  quality  de  grand-mattre  des 
francs-ma^ns  institu6  par  le  roi,  EdvHn  convoqna  ea 
Tan  926  une  assemble  g^n^rale  des  finferes,  et  lenr  donas 
un  r^ement,  dont  une  oopie  maouscrite,  en  langue  ang|o» 
saxonne,  existe  encore  aojourd*hui  dans  les  nrdiives  de  la 
grande  loge  d^  Yortc .  Elle  contient  seize  cqmmandements,  ayaat 
trait  pour  la  plupart  a  la  morale  universclle,  et  doni  to 


FRANC-MACONNERIE  ~  FRANCOIS 


753 


trois  premiera  sont  ainsi  congas  :  «  1®  Le  premier  de  tos 
devoirs  est  dlionorer  nnc^emeot  Dieu  et  de  siii?re  les  lois 
des  enfants  de  No^,  parce  que  ce  sent  des  lois  divines,  aux- 
qoelles  tout  le  mondedoitob^'r.  Par  cons^uent  yous  devez 
Tous  preserver  de  toutes  h^r^sies  et  ne  pas  prober  k  l^^rd 
deDieo.  2°  Vuus  devcz  6tre  fiddles  h  votre  roi,  tous  abstenir 
de  toute  traliison  et  ob^r  sans  fausset^  k  l^autoriti  \h  ou 
▼ous  TOiis  trouvez.  Que  la  trahison  soit  loin  de  vous;  et  si 
qoelqne  cbose  Tient  k  votre  connaissance,  avertissez-en  le 
roi.  Z^  Vous  devez  vous  montrer  serviables  avec  tous  les 
homines,  tant  que  cela  est  en  votre  pouvoir;  vous  lieravec 
eat  d'une  fid^e  amiti6,  sans  vous  soucier  de  savoir  sMls 
pensent  autrement  que  vous!  » 

En  1277,  ^poque  de  la  construction  de  la  magnifique  ca- 
tbddrale  de  Strasbourg,  una  soci£t4  ou  confr^e  de  ma- 
sons dirigeait  cet  immense  travail ;  ils  avaient  des  lois,  des 
r^ements  particuliers,  probaUement  des  grades,  et  corres- 
pondaient  avec  d'autres  loges ,  qui  existaient  dans  divers 
j^tats.  Ces  ma^ns  travaiUeurs  se  rendaient  auprte  des 
princes,  qui  les  appelalent  pour  lenr  confier  la  direction  des 
^iflces  les  plus  importants.  II  est  certain  que  la  ressem- 
blance  que  Ton  remarque  dans  la  forme,  Tarchitecture  et 
les  dimensions  de  beancoop  de  monoments  des  douzi^mc, 
treizi^e  et  qnatorzi^me  si6cles,  annonce  une  nnit^  de  re- 
gies qui  n*aurait  pn  avoir  lieu  sans  une  inspiration  com- 
mune. Ces  ma^ns,  formant  des  stives  dans  les  lieux  od 
ils  travaiUaient,  y  fondaient  une  loge  on  assodatiou,  charge 
de  la  conservation  des  principes  r^uliers  pour  la  cons- 
truction des  bAtlments.  Nous  n*avons  aucun  document  po- 
sitif  snr  leurs  assemble ;  on  ne  salt  s'ils  pratiquaient  quel- 
ques  c^r^onies  pour  la  rtoption  des  adeptes  qulls  for- 
maient,  et  s'ils  avaient  quelques  mots  de  raliiement,  etc. 
Toutefoi8,les  Trancs-ma^ns,  com  me  <m  sait,  se  serventd'or- 
nements  et  emploient  des  mots,  surtout  dans  les  trois  pre- 
miers grades,  qui  tons  sont  emprunt^s  k  Tart  de  la  construe ' 
tion  et  de  la  coupe  des  pierres,  tels  que  r&]uerre,  le  rx>mpas, 
la  tnielle,  le  marteau,  le  levier,  la  r^le,  le  ciseau,  etc. 

En  admettant  pour  parfaitement  authentique  et  av6r6e 
riiistoirc  de  la  frauc-magonncrie  telle  que  nous  la  raconteiit 
les  Ihnres  torits  par  des  francs-ma^ns ,  on  voit  qu'elle  fut 
introduite  en   Angleterre  en  287,  en  £cosse  en  1150,  en 
France  en  1668,  selon  les  uns,  et  en  1721  ou  1725  selonles 
autrcs;  en  Espagne  (k  Madrid),  en  1728.  La  grande  loge 
dlrlande  fut  fond^  en  1729;  en  1730  la  ma^nnerie  fut 
introduite  en  HoUande;  en  Russie  en  1731;  en  Italic,  k 
Florence,  en  1733;  en  Pmsse  en  1737;  k  Vienne,  un  an 
plus  tard.  La  mafonnerie  scandinave  se  glorifie  d'une  an- 
tiqoit^  plus  grande  que  let  ftotres.  En  Suisse,  des  loges  fu- 
rent  fondte  it  Gen^e  en  17S8 ;  dans  le  courant  de  la  m6me 
ann^,  on  en  rencontre  plnsieurs  en  Tnrquie;  en  Pologne, 
rn^me  antiqait^  qn'en  SoMe;  Tannic  1741  vit  fonder  les 
loges  d'Altembcniigy  de  !furemberg,  de  Harobourg.  Rien  de 
positif  sur  IMntrodncticn  de  la  ma^nnerie  en  Portugal ;  en 
1741  on  la  trouve  a  Rome,  mais  elle  y  ^tait,  dit<on,  se- 
cr^tenent  pratique  auparavant ;  elle  8*in trod uisit  en  Asie 
dte  1728,  dans  TOc^anie  depuis  1769,  dans  PAfrique  depuis 
1736,  en  Amdriqne,  enfin,  depuis  1721. 

Ainsi,  comme  on  le  volt,  c*est  en  Angleterre  que  Ton  re- 
tronre  les  traces  les  plus  andennes  de  Tordre  ma^nnique. 
Ce  n'est  qn*en  17?0  que  nous  voyons  la  nranc-magonnerie 
Introduite  en  France  par  lord  0er\vint- Water  et  des  Anglais. 
Les  grands-maltres  qui  lui  succ^d^rent  furent  lord  d'Ar- 
nold*Esler,  le  due  d'Antin ,  le  comte  de  Clermont-Tonnerre 
et  le  due  d'Orl^ns.  En  1736  on  ne  comptait  encore  que 
quatre  loges  k  Paris ;  en  1742  il  y  en  avait  22,  et  200  dans  les 
provinces;  en  1777,  300  loges  existaient  en  France;  enfin, 
k  IVpoque  dc  la  revolution,  au  moment  ou  toules  les  loges 
larcnt  obligees  de  cesser  leurs  travaux ,  il  y  en  avait  plus 
de  700  reconnues  par  le  grand  Orient,  On  lvalue  aujoor- 
dliui  k  3,000  le  nonil>re  de  loges  de  la  franc-roagonnerie  sur 
la  surface  du  globe.  Qtioique  uniforme  daos  ses  principes, 
ses  dogmes  et  sa  morale,  la  ma^onneri*;  a  o^nnioin«  pln- 

DICT.  DE  La  C0XVER8«  —  T,  Hi 


sieors  rits  :  on  en  coropte  trois  prindpaux,  le  rU  aneUn 
ou  ^cossaisy  pratiqu^  en  Ecosse,  en  Angleterre,  en  Am^rique 
et  dans  une  partie  de  TAllemagne;  le  rit  modeme  ou  rit 
fianQois,  suivi  de  preference  par  les  loges  de  France;  et, 
enfin,  le  rit  de  Misraim  ou  HisphrcAm^  dit  rit  ^yptien. 
La  franc-ma^nnerie  reconnatt  beaocoup  de  grades  dif- 
ferents ;  on  les  distingue  par  des  qualifications  particuUeres : 
le  plus  eieve  de  tous  est  le  trente-troisi^me,  altribue ,  selon 
quelques-uns,  k  Frederic  II,  roi  de  Prusse.  IjCs  trois  premiers 
grades  constituent  ce  que  Ton  appelle  la  ma^onnerie  bleue 
ou  symboliqne;  ils  sont  design^s  par  les  mots  d'apprentif 
de  compagnon  etde  maitre;  oeux  qui  comprennent  depuis 
le  quatrieme  jusqu^au  dix-huitieme  degre  ont  une  coulenr 
de  chevalerie  religieuse.  Le  trentitoie  est,  k  ce  qu^il  paralt, 
celui  qui  offre  au  pbilosophe  la  solution  du  probl^me  k  peine 
indiqud  dans  les  auties:  c'estle  grand  £lie,  chevalier  ka^ 
dosch.  Chaque  grade  a  des  decorations  et  des  signes  parti- 
culiers. Les  francs^ma^tts  ont  deux  fetes  prindpales,  la 
Saint -Jean  d'ete  et  la  Saint-Jean  d*hiver. 

An  resume,  et  quoi  qu*il  en  puisse  etre  de  ces  diverses 
traditions  et  opinions  que  nous  venous  de  rapporter,  au- 
cnne  sodete  n*a  essuye  plus  d'attaques,  pins  de  persecutions 
que  la  franc-magonnerie.  Toieree  ou  proscrite,  suivant  que 
les  bommes  qui  se  snccedalent  au  pouvoir  aimaieot  ou  re- 
doutaient  la  verite,  die  a  subi  bien  des  jugements  contradic- 
toires.  De  nos  Jours  encore ,  bannie  d'un  cOte ,  bonoree  et 
protegee  de  Tautre,  toieree  k  peine  snr  un  troisieme  point, 
elle  ne  nous  semble  pas  eioignee  d*une  epoque  oii,  usee  et 
vieilUe,  sentant  qu'elle  n'est  plus  bonne  k  rien,  que  son 
r6gne  est  passe  sans  retour,  que  pour  faire  quelque  bien  en 
semble  il  n*est  besoin  ni  d*epreuves,  ni  d*atlouchements,  nl 
de  hnis  clos,  que  tout  ddt  etre  public  dans  un  siede  de  pu- 
blidte,  die  ouvrira  ses  temples  deserts,  vendra  au  profit  des 
pauvres  ses  demiers  ornements  et  oripeaux  embiema- 
tiqnes,  et  congediera  poliment  les  dcruiets  sectaires  de  son 
pbilosopliique  enfcUitillage. 

FRANCOIS  D'ASSISE  (Saint),  patriarche  des  fibres 
mineurs  oufranciscains,  naquit en Ombrie,  dans  la  ville 
d'Assise,  en  1182,  de  parents  adonnes  au  commerce.  Ilre^t 
le  jour  dans  une  etahle,  marque  sur  Vepaule  d^un  signe  na- 
turel  qui  ressemblait  k  une  croix.  Ces  deux  droonstances , 
dues  au  hasard,  n'en  eurent  pas  moins  dMnfluence  sur  le  ca- 
raciere  de  sa  piete.  Apres  quelques  etudes  tres-faibles,  il 
rests  jusqu'Ji  I'&ge  de  vingt-dnq  ans  occupe  du  negoce  de 
son  pere,  et  ne  se  fit  remarquer  que  par  sa  charite  envers 
les  pauvres.  Prisonnier  dans  une  petite  guerre  entre  Assise 
et  Perouse ,  il  vit  k  sa  captivite  succeder  une  maladie ,  qui 
determina  sa  vocation ,  apres  divers  songos ,  dans  lesquels 
lui  fut  revde  ce  que  la  Providence  attendait  de  lui.  Perse- 
cute par  son  p^re,  qui  se  croyait  desbonore  par  un  fils  qu'il 
regardait  comme  un  insense,  il  renon^  solenndlement  k  sa 
succesdon  en  presence  de  l*eveque  d'Assise ,  et  se  rangea 
parmi  les  pauvres  de  jesus-Christ ,  bien  resolu  k  ne  plus 
vivre  que  d'aumdnes.  Retire  dans  la  solitude  de  la  Portiun" 
cule,  k  pen  de  distance  d*Assise,  d'od  il  faisdt  retablir  les 
eglises  environnantes,  il  y  posa  les  bases  de  son  ordre,  qui 
fut  approuve,  apr^s  quelques  difBcultes,  par  le  pape  Inno- 
cent III,  en  1209,  et  confirme  |iar  Honore  III,  son  succes- 
seur.  Cette  sainte  sodete,  <Uvisee  des  son  origine  eafr^es 
mineurs ,  charges  de  la  predication ,  pauvres  dames,  ren- 
ferment  les  veuves  et  les  vierges,  ei/rtres  de  lapinilence, 
ou  tiers  ordre  de  saint  Francois,  auqud  se  rattachaieat  les 
lalques  de  Pun  et  Tautre  sexe  vivant  dans  Petat  de  ma- 
nage ,  comptdt  dej&  plus  lie  dnq  mille  membres  lorsque 
saint  Francis  tint  le  premier  chapitre  de  son  ordre,  en  1219^ 
k  Notre-Dame  des  Anges.  11  continua  de  donner  k  ses  dis- 
dples  Texemple  de  la  plus  grande  ausierite,  et  poussa  Tbu- 
milite  jusqu'^  se  depouiller  du  generalat  de  son  ordro  pour 
en  revetir  Pierre  de  Catane,  et  apres  iui  le  frire  £lie. 

n  avait  longtemps  dedre  soulTrir  le  martyre  chei  les  infi- 
deies,  mais  diverses  drconstanoes  s^etaient  opposees  k  .hou 
depart;  etlorsquMl putparvenir en  £g3Fpte,  en  1219,  Vaami- 


7U 


PRANtJOIS 


tMfki  dn  MiRan  fwiifr  Mii  omiregie  M  ton  d^fiDt^ressetnent 
J^  roripft  de  renoneer  k  te  gtoire  <)i]*A  alltft  diercher  si  loin. 
HMs  ne  rMfroM  pas  loos  lei  t»^^g^  ^ont  ssiiit  Fruvpois 
d^AsslM  All  rsntenr  on  l*ob)et ;  nous  ne  poaTOlis  cependsnt 
pAswr  tons  slleftce  eehil  tte  stigmattSj  qui  lui  fit  donner 
to  ttom  de  S^hi;^^.  Pendsnt  son  sotameil,  dans  sa  n- 
tralM  an  la^ont  AlvoMft,  it  tit  nn  ange  cracifl6  qni  fondaft 
sttr  Ini  dta  haot  desdenk,  et  m  s'^Vefllant  H  troova  sur  son 
dM^  deS  slfgmates  repn^seiilant  les  plaies  faites  par  les 
dons  et  la  lance  an  corps  die  J6sns-iClirisl.  L'esprit  de  la 
mblHtods,  tonfonrs  avKfe  de  merreillenx,  a  pr^tendn  t|n*on 
les  tft  kMigteMps  encore  snr  son  cadavre,  miracoleosement 
dbttsermg.  Malgr6  rafhiblfsstement  croissant  de  sa  sant^, 
sfllat  F^wi^s  continna  de  se  Hvrer  an  mitalst^re  de  la  prd- 
dlcatfoii  Jusqn'i  sa  mort,  arri?^  le  samedi  4  octobre  1226, 
joMr  oft  I*£(jlfse  e^l^re  sa  Dftte.  H  a  €1^  canonist  en  1228, 
sons  fe  pontiffcat  de  Gt^fre  IX.  F.  HoocbittI 

FRANCOIS  DE  PAtTLE  (Satnt),  fondatenr  de  Pordre 
des  m i  n i me 8 ,  naqoil  vers  1416 ,  li  Paola,  petite  vflle  de  la 
CMIabre  dt^ienr^,  an  snd  de  Naples,  de  parents  pauTres. 
SA  m^,  Idngtemps  sterile,  avaH  snppii^  le  del  de  In! 
d6ttMr\]n  ehifont,  promettantde  le  hii  consacrersi  elle  I'ob- 
tMait :  Franks,  fhift  de  cette  ardente  pri^,  nli^ita  pas 
k  rempltr  \t  THten  anqnni  it  devalt  la  naissance.  II  entre  dans 
nn  cooTtent  de  francis^Ms,  n^syant  encore  que  tref re  ans,  ct 
d^  lors  coromencent  leS  anst^^  qui  dnr^rent  toute  sa 
Tie.  n  s*!nterdit  I'usage  de  la  yiande  et  dn  linge ;  son  lit  est 
one  pierre,  sa  nonrriture  dd  pain  «t  d«  Toan ;  Q  enlreprend 
pinsieors  pMerinages  &  Rome,  1  Assise,  en  d^antres  lieox , 
et  bient6t,  fuyant  le  commerce  destiommes,  11  se  fait  nne 
solitude  dans  un  lieu  sauyage,  prto  dn  ritage  de  la  mer,  se 
creose  une  caveme  dans  le  roc,  et  ne  Tit  que d*herbes  des 
bois.  II  n'bvait  pas  encore  quinze  ans.  Qnelqnesann^es  apr^s, 
denx  ermites  se  r^nnissent  k  Inl;  lis  se  constmisent  deux 
celfules,  nne  chapelle ,  et  en  1454  on  leor  bAlit  un  monas- 
tireet  une  ^glise.  Tel  Tut  le  berceau  de  Tordre  des  minimes, 
c'est-^-dire  dts  demiers  entre  tons,  Francois  tent  qu'^ 
•on  exemple  ils  observent  un  carftme  fierp^luel,  si  rigotarenx 
que  les  oeiift,  le  Itiit,  le  homage ,  le  benrre  leur  seront  in- 
terdfts.  Son  ordre  comuience  k  devenir  cA^bre.  En  vain  le 
roide  Naples,  Ferdfnand,  bles^  de  ses  conseils  apostolfques, 
y%nt  arrftter  I'essor  de  crt  ordre  s6vfere,  que  Sixte  IV  ^ient 
d^approuver;  les  proph^lies  et  les  miracles  de  Francis  de 
Paule  parlent  plus  liaut  que  les  rois  de  la  terre.  Sa  douceur 
et  son  humiHt^  dooiincnt  les  baises  euvteuses;  les  peuples 
se  redisent  la  vertu  de  ses  pri^res ;  k  la  cour  m^me  dn  roi 
de  France,  on  sait  que  rennltc  de  Calabre  a  prMitla  cliute 
de  GonslMitinople,  la  prise  et  la  d^Iivrance  d'Otrante,  con- 
firmees depnis  par  les  ^v^nements ;  on  sait  qn'll  a  guM 
d*incnrables  maladies,  yaincu  le  Xeu  et  les  flots,  ressuscit^ 
des  morts;  et  Louis  XI ,  qid  se  sent  mourir  malgr^  les  dix 
mille  tens  qu*il  donne  k  son  ro^ectn  pour  eliaque  mois  de 
snrsis,  Louis  XI  envoie  pricr  Francis  de  Inl  tenfr  rendre 
la  sante.  Francis  a  blen  ressnscit^  nn  enfant,  k  canse  des 
larmes  de  sa  mto;  mais  que  lui  importent  les  Ucbes  pleors 
de  Lonis  Xl?  Cdui-ci  insiste,  et  s^adresse  an  roi  de  Naples; 
le  saint  refuse.  Enfin,  le  vieux  monarque  tonme  ses  regards 
Vers  le  sacr^  pontife.  Le  pa^te  ordonne,  et  Francois  se  soumd. 

Eta  Provence,  la  peste  foit  k  son  approcbe.  II  arrive  k 
A^nbOise;  il  y  tronve  le  dauphin  et  plosienrs  grands  de  la 
oour^  qni  vienuent  le  receroir  en  pompe.  On  Pamine  an 
diMeau  du  Plessis ;  et  le  roi  tombe  k  ses  pleds.  Le  pauvre 
i^rmite  est  log<  dans  le  palais  dn  monarque ,  conf^rant  M- 
quemment  avec  lui ,  et  traits  conrnie  nn  envoys  de  Dieu. 
Ce  n'est  |ms  ponrtant  qu^  flatte  le  prince  :  il  ne  lui  cache 
pas  que  sa  vie,  dtermais  inutile  au  Seigneur,  approche  ir- 
r^vocableraent  deson  terme;  et  sMI  essaye  de  le  gu<^rir,  ce 
n*lest  point  de  son  mal,  mais  de  sa  crainte.  Ses  exhortations 
obliennent  cet  heureux  r66n]tat,  suivant  Philippe  de  Co- 
mines,  el  l/nils  XI ,  rfellement  gu<$ri  de  sa  plaie  la  pins  ter- 
rible, le  d^sespoir,  meurt  entre  les  bras  de  Francois  de 
Pitttoi  en  lai  recommandant  ses  enTants.  Charles  Vlll  et 


Louis  Xlk  ne  t^nioignent  pas  aii  plenx  mUlfM 
respect  el  de  consideration.  IVan^s  n^anmofns  rMame  dl 
ce  dernier  la  permission  de  retonmer  en  Italie,  et  Louis  Xlt 
la  lui  accorde  d'abord,  mais  pour  la  fSvoqner  ensoite,  el 
rattacher  k  sa  oonr  le  v^i^ble  vidllard  par  plus  de  bijen- 
faits  et  dlionneun  que  jamais.  Mais  oehri^a  sentait  sa  fit 
prochaine;  €1  pour  s^  preparer,  U  s^enferme  dans  sa  esttnle. 
li  n*y  demeura  que  trois  mois :  le  dimanche  des  Rameanv 
de  1508,  la  fi^vre  le  prit,  et  le  vendredi-saint,  2  avrft  sof* 
vanl ,  il  monrut,  ftg^  de  qoatre-vfttgl-onze  ans.  En  1 51 9  L^oo  X 
le  canonisa.  Son  corps  resta  enseveli  dans  r^i^lfse  dn  Ptesaft 
jusqu'en  1502,  ot  les  protestants  essay^rent  de  le  r6dnireCi 
cendre  avec  le  bois  d*un  grand  crucifix ;  mats  ks  ciflMS- 
qnes  parvinrent  k  en  sanver  qoelqties  reliqnes. 

G.  OuVtoi. 

FRANCIS  DE  SALES  (  Sahit )  naqnitan  dilleaadl 
Sales,  pr^  d*Annecy,  en  Savole,  le  2i  aofit  1567.  H  ent  pe# 
p^  Francis ,  comte  de  Sales,  et  poor  m^  Ftan^ofK  # 
Sionnaz,  tons  deux  de  fkmille  lllustre.  A  six  ans  fl  fut  et- 
voy^  au  colMge  de  La  Roche ,  d'od  n  passa  k  cdui  d*Anneey, 
el  alia  achever  ses  ^^des  k  Paris.  II  avail  alors  oue  ans.  II 
fit  sa  rh^torique  et  sa  pbilosophie  au  colMge  des  JteRes, 
opprit  ensnile  le  grec  et  Tli^ren  sons  GteAraid,  bM> 
dictin ,  qui  ful  depuis  achev(ktoe  d^Aili,  et  fit  pins  tui  m 
tlitologie  scolasth|ue  sous  le  P.  Juan  Maldonato,  qua  joidseiA 
alors  d^une  immense  r^otation.  Six  anntose  pass^nM 
dnsi,  durant  lesquelies  fl  fortifiait  awai  soti  cenir  par  m  M^ 
dilation  de  lltcritniie  Salnte  et  des  vMtte  reiigieaseB.  Head 
de  Joyense,  qui  venait  de  quitter  les  pins  Iniites  d|piitt 
de  la  conr  pour  devenir  capucin  sous  le  nom  de  IMre  Ang^, 
s'^prit  d^ine  vivo  amiti^  pour  lui.  On  raoonte  ppfk  c#e 
^poqne  de  sa  vie  Francis  de  Sales,  scropuleoi  comne 
toutes  les  Ames  jennes  et  ferventes ,  M.  saisi  d\uie  affrea<e 
tentatlon  de  d^sespoh-,  et  se  persuada  qn^l  ^tail  la^v{|aM^ 
ment  destroi  aux  supplices  kernels  des  t^prottvis.  OH 
horrible  tourment  d*esprit  le  jeta  dans  des  terreors  filonies, 
qui  finirent  par  attaquer  sa  sant^;  il  ne  pouvait  ptas  a| 
manger,  ni  boire,  m  dormlr.  Enfih,  un  jour  qu*il  AaR  pins- 
tem^  anx  pieds  dHine  statue  de  la  Yierge,  dans  I'd^te  da 
Saint-£tienne-des-Grte,  il  sMcrra  :  «  Mon  DieUi  paisi|«a)a 
dois  avoir  le  mailieur  de  vous  haid'  ^temelleaient,  Utkt  H 
moins  que  sur  la  terre  fe  vons  aime  de  lout  mon 
II  achevait  k  peine  quMl  Ini  sembla  que  sa  poitrfoe 
ddgag^  d^un  poids  ^norme  :  le  tronble  de  son  ftme  dfc^nralv 
et  ce  genre  de  tentatlon  ne  Ini  revint  {amab  dans  la  ndle. 

En  1584,  son  p^e  le  rappela  pour  Tenvoyer  4MkT  k 
droit  It  Padoue,  sons  Guido  Pancirola  de  Roggio;  il  y  ttfik 
k  Vkge  de  vin^-qnatre  ans  le  bonnet  de  doctenr  «d  draft 
ciTil  et  canoniqne.  Francois  6tait  Taln^  de  MS  Mtm;  eiMtt 
p^,  pensant  k  I'^blir,  oblint  pour  lui  de  Cbaries-Eama- 
nuel  V,  due  de  Savole,  les  provisions  d*one  charge  de  tm- 
seiller  au  stoat  de  Chamb^ry.  n  vonlait  Inl  faire  ^poR«T 
M"*  de  Veigy,  h^rlti^fe  d'un  grand  nom  et  iSsnt  ^sM 
fortune.  Mais  Francois  re^  ses  propositions  avec  nne  e\> 
trtaie  froidenr,  et  s'adressa  bienl6U  Louis  de  Saies^  soa 
cousin,  chanoine  de  Geneve,  pour  le  prior  de  disposer  j«a 
p^  k  approuver  la  rtisolntion  quMl  avaH  prlan  d'Mrer  daH 
i'^tat  ecd^siastlqoe.  Louis  de  Sales  solllctta  dn  tanps  pear 
en  parler  au  comte ;  mais  dans  llntervaUe  la  pKSfM  Aft  H 
catliMrale  ^nt  devenue  vacante,  il  la  demaiida  an  pi^ 
ponr  son  parent,  et  PobCSnt  Alors^  mnni  des  boHes  de 
lion,  le  dianolne  alia  tronver  le  comte  de  Salei^  et  tolM 
nattre  la  determination  de  son  fits.  Ce  fut  nne  vii«  ~ 
poor  le  vieillard  :  ii  avail  fond^  snr  Tatn^  dena  fttfriUe* 
hautes  esp^rances ;  mais  il  cMa,  el  le  jeune  l^nufois  pri 
possesion  de  sa  charge.  Clande  de  Granier,  son  oode^i^lqna 
de  Geneve,  lui  conf^ra  bieut6t  les  ordres  sacriSy  cl  fan 
confia  le  minist^  de  la  parole.  Les  premiers  diaeonrsda 
jeune  prMicateur  produisirenl  une  grande  impresiien.  >  n 
pofisMait  en  elTel,  dit  un  autcnr  de  sa  vie,  tootes  les 
lit6(  n^cessatres  pour  rtossir.  II  avail  Tair  grave  et 
la  voix  forte  et  agrteble,  racUon  vive  et  animte^ 


FRANCOIS  756 

Me  el  sans  ostentotiQii.  «.  (t  Q*^tait  eneore  que  diacre ;  U  fat  ,  piration  du  marMial  de  BiroQ ;  109)9  kTrol  WU  cette  ca- 
41eT^  av  sacerdoce  en  1593.  L'ann^asuivante,  tt  ^tablit  4   ^lomniecommeelleleoi^iUiUCepe^^^Qtaapr^peei^'^ti^^f 


Annecy  U^  confr^rie  des  Fr^res  de  la  Croix. 

En  1534  Qefii^ve  ayait  refus^  d^ob^ir  h  son  ^v^ue  et  an 
due  de  SaToie,  qui,  cbacnn  de  son  cOt^,  s'en  pr^tendaient 
aouverains ;  les  Genevois,  excite  par  leiir  ministre  GuiUaume  ' 
F  a  rel ,  aTaieut  conunenc^  par  chasser  (ear  6v^ue ;  I'ann^e 
sulTante,  ils  expuls^reot  les  catlioliques,  aWirent  la  messe, 
et  se  GonstiUiireat  en  r^publlque.  Puia  ii^  sWpar^rent  du 
duch^  de  Cbablais  et  des  iMiUiages  de  Gex,  Teruey  et  Gaii- 
lard ,  tandis  que  le3  protestants  bernois  se  rendaient  raattrea 
du  pays  de  Vaud.  Mais  soixante  ans  plus  tard,  Cbaries- Em- 
manuel aTait  repris  le  Chablaia  et  les  trois  bailliages :  il  s*em- 
pressa  d'^rire  aussitdt  k  I'^v^que  de  Geneve,  qui  r^idait 
alors  h  Annecy,  pour  Teogager  h  envoyer  dee  missionnaires 
dans  les  pays  qu^ll  tenait  de  soumeitre.  Francois  el  le  cba- 
noine  Lonis  de  Sales  furent  les  seuls  qui  se  pr^sent&rent. 
lis  partirent  ensemble  le  9  septembre  1594,  et  all^rent  s*d- 
tablir  au  fort  des  AUinges,  oil  ils  furent  accueillis  par  le  baron 
d'Herroance,  qui  en  ^tait  gouvemeur,  et  qui  seul  ^tait  rest6 
attach^  h  la  foi  calbolique.  Francois  comroenfa  la  mission 
par  Tbouon,  capitate  du  Chablais.  11  faisait  tous  les  jours 
plusde  neuf  kilometres  puurs'y  rendre,  et  en  revenait  chaque 
soir  par  des  cbemins  presque  impraticables,  au  milieu  de 
dangers  oontinuels,  auxquels  I'exposait  la  fnreur  des  hu- 
guenots. Les  soldats  protestants  de  la  gamison  des  Allinges 
furent  les  premiers  qui  rpssentirent  riufluence  persuasive  du 
pr^tre  :  pea  k  peu  les  habitants  du  Cliablais  se  d^termin^- 
rent  k  Tenir  T^couter;  bientdt  ils  accoururent  en  foule  k 
ses  discours,  et  beaucuup  d'entre  eux  revinrent  k  la  croyance 
de  leurs  p^res*  Aprte  un  court  Yoyage  que  Francois  de  Sales 
fut  oblige  de  (aire  pr^s  du  due  de  Savoie,  il  fit  r^parer  k 
TUonon  r^tise  Saint-Hippolyte,  et  couronna  sa  mission  la 
r^te  de  Noel  1597,  en  c^^brant  la  messe  de miouit,  ou  buit 
cents  fiddles  reQurent  de  sa  main  la  communion. 

Vers  ce  temps,  une  peste  vint  exercer  d^affreux  ravages 
k  Tlionon.  Saint  Francois  de  Sales  se  montra  partout,  soi- 
gnant  et  consolant  les  malades,  bravant  la  contajgion,  alin  de 
porter  les  secours  spirituels  ou  temporels  k  ceux  qui  en 
avaient  besoin.  Ce  d^vouemenl  entralna  tous  les  calvinistes  : 
en  1598  la  religion  catholique  etatt  devenue  la  religion  do- 
minante  dans  le  Chablais ,  dans  les  bailliages  de  Temey  et 
de  Guillard ,  et  Ton  en  fit  partout  profession  publique.  Ce 
succ^  inespir^  d^termina  Claude  de  Granier  k  le  demander 
pour  coadjuteur.  Le  pr^lat  eut  beaucoup  de  peine  k  lui  faire 
accepter  cette  dignity ;  il  fut  oblige  de  s^aider  du  pape  et  du 
due  de  Savoie  pour  vaincre  la  modestie  du  missionnaire ; 
mais  V'ldie  de  h'mmensit^  des  devoirs  et  des  perils  de  1'^- 
piscopat  le  p^^tra  d'une  terreur  si  grande  qn1l  en  tomba 
dangereusement  malade  et  faillit  en  mourir.  Quand  il  fut 
r^tabli,  il  alia  chercber  ses  bulles  k  Rome.  Le  pape  lui  fit  le 
plus  bienveiUant  accueil,  et  lui  donna  le  litre  d*6v6que  de 
Nicopolis  et  de  coadjuteur  de  Geneve. 

Le  bailliage  de  Gex ,  qui  appartenait  autrefois  au  due  de 
Savoie ,  avail  ^16  c^^  k  Henri  IV  par  le  traits  de  Lyon. 
Francois  se  rendit  k  Paris  pour  obtenir  du  roi  la  permission 
de  travailler  k  ramener  ce  pays  sous  Tautorit^  de  r£gli$e. 
II  y  fut  re^^u  avec  de  grandes  distinctions,  et  fut  invito  k 
preclier  le  car^me  au  Louvre.  Son  sermon  sur  la  r^forme 
ouvrit  les  yeux  k  un  grand  nombre  de  calvinistes ,  et  il  s'o- 
p^ra  parmi  eux  une  multitude  de  conversions.  11  pr^cha 
ensuitedevant  le  roi,  qui  fbt  fort  touchy  de  ses  paroles,  etqui 
le  copsulta  dte  lorstr^sonvent  sur  des  affaires  de  conscience. 
11  voulut  uieme  Tattacher  k  la  France,  et  lui  fit  oflrir  le  pre- 
mier ivtchi  vacant,  avec  une  pension  de  quatre  mille  livres, 
mais  11  ne  put  parvenir  k  lui  faire  rien  accepter.  Jl  ^houa 
dgalement  plus  tard  dansroffre  qu*U  lui  fit  du  cardinalat, 
et  L^on  XI  ne  fut  pas  plus  lieureux  quand  il  voulut  Tagr^er 
au  sacre  collie.  «  Ces  dignity ,  disait-il ,  ne  feraient  qu^ap- 
porter  de  nouvclles  dinicuUi's  a  mon  salut.  »  Malgr^  ses  ^mi- 
ientes  vertus,  Francois  tai  accuse  aupr^d'Henri  IV  d'etre 
ft^ilion  (lu  due  de  parole  et  4e  vouloir  renouveler  la  cons- 


plus  ntossaire  k  la  cour  de  France,  il  prit  eongd  ^u  war 
narque,  et  partit  pour  Annecy,  neuf  i^ois  apcte  son  ar^i?te 
k  Paris.  11  regut  en  chemin  la  ncuvelle  de  |a  mort  de  Clai^d<ii 
de  Granier,  son  oncle ,  et  apprit  ainsi  qu'il  aUait  lui  si^  ^^ef  * 

II  se  rendit  alors  au  chateau  de  Sales,  qu*il  ay^t  clict|si 
pour  la  c^r^raonie  de  son  sacre ,  et  s'y  prepare  k  sa  digim^ 
nouvelle  par  une  retraite  de  vlngt  jours.  Ce  fut  alors  qu*4l . 
se  dressa  pour  Tavenir  le  plan  de  conduits  dont  il  ne  deyait 
jamais  s'^rter.  II  promit  k  Dieu  de  ne  porter  ni  sole  ni 
etoffes  telatantes,  d'etre  tonjoura  vdtu  de  laine  eomme  avant 
son  Episcopal;  de  n^avoir  ni  oarrosse  ni  liti^re,  de  (aire 
toujours  k  pied  la  visile  de  son  dioc^;  de  ne  point  reclieiF- 
Cher  dans  sa  maison  la  magnificence  des  meubles,  ni  sur 
sa  table  la  d^Ucatesse  des  mets,  ^vitant  avec  le  pli^  grand 
soin  tout  ce  qui  pouvait  distraire  son  esprit  de  la  pens^e  de 
Dieu  ou  des  besoins  du  pauvre.  II  re^ut  la  cons^cratiim 
(Episcopate,  leg  d^cembre  1602,  des  mains  de  Tarcheveque 
de  Vienne.  Son  z^le  pour  la  conversion  des  protestants  s'ac 
crut  encore  de  toute  la  grandeur  de  sa  nouvelle  position. 
Sa  bulle  de  canonisation  porta  quMl  en  ramena  72,000  k 
Tob^ssance  de  I'EgUse  depuis  1592.  Quelques  buguenots , 
furieux  de  ses  succ^,  tent^rent  de  Tempoisonner ;  les  m^- 
decins  s*en  apergurent  k  temps,  et  parvinrent  k  neutraliser 
Teffet  du  poison,  mais  sans  rendre  k  son  temperament  sa 
premie  vigueur.  En  1603  il  s'occupa  avec  ardeur  de  la 
reformation  des  monast^res*  II  conunen^a  par  celui  de  Six., 
dont  les  moines  se  livraient  4  tous  les  d^ordres.  Ceux-ci  en 
appel^rent  an  s^oat  de  Chamb^ry ;  mais  ils  furent  debout^s 
de  leurs  pretentions.  Pendant  que  le  saint  ^v^que  ^*occup^it 
de  cette  affaire,  il  apprit  que  les  sompietsde  deux  monta- 
gnes,  s'etant detach^,  avaient  ^cras^ plusieurs  villages  du 
Faucigny.  Encore  que  les  cbemhis  fussent  impraticables ,  il 
partit  pour  aller  consoler  ces  pauvres  gens,  qui  manquaient 
de  tout :  il  meia  ses  larroes  aux  leurs,  et  obtint  pqur  epx  du 
due  de  Savoie  Texemption  des  taxes,  aprte  qu^l  leur  eut 
distribue  tout  Targent  qu*il  poss^dait.  Son  intendant  djsait 
k  ses  autres  serviteurs :  «  Notre  maltre  est  un  saint,  niais  il 
nous  ro^nera  k  ThOpital  et  hii  tout  le  premier.  >*  On  avail  beau 
lui  representor  le  piteux  etat  de  ses  finances,  il  repondait 
toujours  :  «  Qui,  vou^i  avez  raison,  je  suis  un  incorrigible, 
et ,  qui  pis  est ,  j'ai  bien  I'air  de  devoir  retre  longtemps. » 
On  salt  rblstoire  du  diamant  que  lui  avait  donne  la  prin- 
cesse  Christine  de  France,  et  qui  etait,disait'On,  moins  d 
lui  qu^d  tous  les  yeux  d* Annecy. 

II  precha  le  car^me  de  1604  k  Dijon  ^  et  ce  fut  en  cette 
ciroonstance  que  se  forma  sa  liaison  avec  W^  de  Cha  n  tal. 
Quatre  ans  apr^s » il  publia  sa  premiere  oeuvre  impqrtante , 
r/n^ro£fttc/ion  d  la  vU  d6vote^  qui  le  fit  accuser  de  re- 
Ucbement  dans  la  disdpUne,  parce  que ,  comme  tous  les 
grands  genies,  il  devan^itde.beaucoup  son  epoque,  et  voyait 
la  religion  de  plus  haut  que  ses  contemporains.  Du  reste , 
dans  tous  les  ouvrages  qui  nous  soot  restes  de  lui,  un  sept 
que  le  fond  de  sa  doctrine  etait  austere,  malgrd  sea  furn^es 
douces  et  indulgentes. 

En  leoo,  il  alia  sacrer  r^veque  de  ^elley,  f>ierre  Camus, 
que  son  seul  merite  eievait  a  I'episcopat,  et  se  lia  d^apiitie 
avec  lui.  Les  deux  prelate  se  voyaient  tous  les  ans.  Nous 
devons  k  revfique  de  Belley  X Esprit  de  saint  Fraugois  de 
Sales.  En  1610,  annee  de  la  mort  d'Ucnri  IV,  il  perditaussi 
8 a  mere ,  et  ces  deux  evenements  le  plongerent  dani  qne 
douleor  profonde.  La  mtoie  annee ,  il  fouda  Tordre  de  la 
Visitation,  dont  M"''  de  Chantal  fut  la  premiere superiei}7e. 
Comme  il  voulait  qu*on  y  admit  les  personnes  d*uB  tempe- 
rament deiicat,  faibles,  et  meme  infirmes,  k  qni  Teqlr^ 
des  antres  clottres  etait  lermee,  il  cboiait  ia  regie  de  Saint- 
AugusUn,  comme  celle  qui  prescrit  le  nioin^  d^austerites. 
Paul  V  eonfirma  le  nouvel  institut,  et  Terigea  en  prdni  ffii- 
gieux,  sous  le  litre  de  Congr^fUion  de  (a  YisUqtf^  de 
sainie  Marie, 

Sa  saute  s'aCraiblismit  ^  ioiff  ffi  jnur,  I9  faM^- 

95. 


756 

que  S6  d^rmina  k  demander  nn  coadjuteor.  De  Tavis 
du  cardinal  FMMe  Borrom^,  son  choix  se  fixa  sur  Jean- 
Fraiifott  de  Sales,  son  Mre,  qui,  en  1618,  fat  sacre  k 
Turin,  ^^oe  de  ChalcMoine.  L*ann^  d*aprto,  saint  Fran- 
90U  fat  oblige  d^accompagner  k  la  cour  de  France  le  cardinal 
de  SaToie,  qui  alUit  demander  en  mariage ,  pour  le  prince 
de  Pi^mont,  Christine  de  France,  soeur  de  Louis  XIII.  Sou 
sUe  ne  le  laissa  pas  oisif  k  Paris.  11  prteha  le  carbine  dans 
r^ise  Salnt-Andrd-des-Arcs.  I^  foule  courait  k  ses  sermons, 
et  souTent  11  prtebait  deux  fols  par  jonr.  II  refusa  la  coadjo- 
torerie  de  Paris ,  que  lui  oflrait  le  cardinal  de  Relz ,  et  n*ac- 
cepta  la  charge  de  premier  aum6nier  de  la  princesse  Chris- 
line  qu'^  deux  conditions.  Tune  qu*il  continueralt  k  raider 
dans  son  dioc^,  I'autre  que  quand  11  n*exercerait  point  sa 
charge,  il  ne  toucherait  ancun  des  revenus  qui  y  litaient 
attach^. 

Au  commencement  de  1620  il  confia  a  saint  V in  ce nt  d e 
Paul,  avec  qui  il  ^tait  \\6  depuis  trois  ans,  le  gouvernement 
du  convent  de  la  Visitation,  que  M™*  de  Chantal  venait  de 
fonder  dans  la  me  SaintrAntoine.  II  redoublait  en  m6me 
temps  de  bonnes  ceuTres ,  et  continuait  d'terire  ces  Icttres 
d^licieuses  od  se  rdv^e  cette  Tertu  sanctiGante  qui  toucliait 
irrteistiblement  ses  conteniporalns.  Louis XIII  ^tantall^  faire 
un  voyage  k  Avignon  apr^s  la  soumisdon  des  huguenots  du 
Languedoc,  le  due  deSavoie  envoya  le  cardinal  de  Savoie, 
.son  fils,  le  complimenter,  avec  saint  Francois  de  Sales.  Ce- 
lui-ci  tomba  malade  k  Lyon,  ety  mourut  d'apoplexie,  Ie28  dd- 
cerobre  I6229  la  m6me  ann^e  od  saint  Vincent  de  Paul  se 
chargeait  des  chatnes  d*un  gal^rien.  11  fut  b6itifl^  en  1661, 
et  canonist  le  19  avril  1665,  par  Alexandre  VII.  Outre  IVn- 
trodueiion  A  la  vie  divote,  on  a  de  saint  Francis  de  Sales 
des  Sermons ;  un  TrailS  sur  r Amour  de  Dteti,  ouvrage  (ort 
remarquable,  et  qui  t^olgne  une  profonde  connalssance  du 
ecBur;  des  Lettres;  des  Controverses ;  des  Entretiens  spirt" 
tuels;  des  Opuscules.  Louis  de  Carm^. 

FRANCOIS  1  et  II,  rois  de  France. 

FRANQOIS  r'.  N6  i^  Cognac,  le  12  septembre  1494,  ce  roi 
descendait,  par  Louis!*'',  due  d^Orl^ans,  du  roi  Charles  V. 
Jeune,  brillant,  histruit  et  brave,  il  avail  cu  pour  ses  premiers 
guides  Boissy  de  GouHier,  esptit  6clair^,  auquel  son  Muca- 
tion  fut  confine,  et  Gaston  de  Foix,  h^s  intr^ide,  qui 
lui  fit  trop  aimer  la  gloire  des  armes. 

A  U  roort  de  Louis  XI I »  qui  lui  avait  fait  ^pouser  sa 
tiUe,  Francis  monta  sur  le  tr6ne,  le  I*'  Janvier  1&15  :  il 
avait  vingt-un  ans  accomplis.  Avec  le  titre  de  roi  de  France, 
il  prit,  oomme  pelit-fils  de  Valentine  de  Milan,  celui  de  due 
du  Milanais ;  bientdt  II  revendiqua  ses  £tat8  d^au-deU  des 
monts.  II  avait  contre  lui  I'empereur  d^Allemagne,  les  Suis- 
ses,  soumis  alors  aveiigl^ment  au  saint-sl^ge,  et  I'astudeux 
L^ott  X  :  c'^Udt  uw)  ligue  formidable,  dont  ^talent  bien 
loin  de  balancer  la  puissance  les  deux  i^publiques  de  Venise 
et  de  G^nes,  qui  prirent  le  parti  de  Francois  T'.  Toutefois , 
I*Earope  vit  sur  pied  unc  arro^  de  Franks  dont  elle  ne 
soup^nnait  pas  Texistence,  et  cette  armte,  oommandte  par 
le  oonn^table  de  Bourbon,  comptait  parmi  ses  chefs  Lau- 
trec,  C ha bannes,  Navarre,  Louis  de  LaTr^moille, 
C0886,  Montmorency ,  ramiral  Bo  nni vet ,  le  oomte  Claude 
de  Guise,  Cr^qui,  les  mar^chaux  Trivulceet  de  La 
Palisse,  et  Bayard.  Malgr6  les  Suisses,  maltres  des  Al- 
pes,  on  franchit  tea  monts ;  on  cnlive  dans  Villefranche  le 
gto^ral  ennemi  Prosper  Colonna ,  et  en  pou  de  temps  la 
plus  grande  partie  du  MiUnals  est  conquise. 

Le  roi ,  qui  ^tait  k  Lyon,  ayant  appris  ces  brillantes  nou- 
▼elles,  ne  perdit  pas  de  temps  pour  aller  partager  la  gloire 
6t  les  dangers  de  ses  armte  t  il  traverse  les  Alpes,  il  ddcon- 
certe  6t  foree  k  la  paix  les  Suisses,  .d^couragte  par  la  rapi- 
dity de  nos  snecte.  Ceux-d  signent  avec  Lautrec  un  traits 
qne,  k  U  Toix  perfide  du  fanatique  cardinal  de  Sion,  ils  se 
hAtentderoropretraltreusemcnt  La  batailledeMarignan 
poritleor  d^yautA.  Fran^c^y  fit  praire  d'une  bra\oure 
^4affntft  6t  coorat  m^me  de  grands  dangers.  C^est  Ui  qu*il 
▼oolut  veoeroir  des  mains  de  Bayard  rordro  de  la  chevalerie. 


FRANCOIS 


La  soumission  du  MOanais  entier  soivit  cette  mtoorable  ha- 
taille;  les  Suisses,  achet^li  prix  d^argent,  devinrent  les  allies 
de  la  France,  et  L^on  X  fit  la  paix  inoyennant  un  concordat 
qui  rendait  k  Rome  Timmense  revenn  des  annates.  LI- 
talle,  toutefois,  ne  cessa  pas  d'etre  un  tlitttr)  de  gneire. 
En  1516  Tempereor  Max  i  mi  lien  attaqoa  le  Milanais,  qua 
le  conn^table  de  Bourbon  d^fendlt  vaillamment. 

La  mort  de  Pempereur  d^Allemagne  ouvrit  la  carriire  wt 
grandes  ambitions  :  Charles-Quint,  rot  d'Espagne^  Pem- 
porta  sur  Francois  I*'  et  Henri  VIII,  ses  corap^tears.  11  at 
cherchait  qu*un  pr<(texte  pour  faire  la  guerre  au  jeone  vam- 
queur  de  Tltalie  et  des  Suisses  :  U  jalousie  et  rambitiai 
ranimaient.  Cette  guerre  4tait  inevitable.  Charles,  seigneor 
des  Pays-Bas,  avait  TArtois  et  beaucoup  de  villes  k  revendi- 
quer  :  roi  de  Naples  et  de  Siciie,  il  voyait  Franks  P'  prtt 
k  r^clamer  ses  Etatsau  m^me  titre  que  Louis  XII ;  roi  d'Es- 
pagne,  il  avait  k  soutenir  Tusurpation  de  la  Navarre;  empe- 
reur,  il  devait  d^fendre  le  grand  fief  du  Milanais  contre  I« 
pretentions  de  la  France.  Anssi  en  1521  comment  oetle 
p^ripetie  de  luttes  achamees  qui,  favorables  d'abord  as  ra', 
ne  tard^rent  pas  k  lui  devenir  si  funestes. 

Bayard  for^a  les  Imp^riaux  k  lever  le  si^  de  MM^res, 
qu^il  avait  d^fendu  avec  la  plus  remarquable  habilete,  ao- 
vant  ainsi  la  France  d'une  ioTasion;  mais  LaatreCy  battoa 
la  Bicoque,  perdit  le  Milanais;  de  filchenses  prodigalii^ 
du  roi  et  de  sa  famille  empech^rent  d'envoyer  des  foods  cof- 
fisants  k  Tarm^e  d^Italie.  Alors  de  grands  malbears  Aveat 
la  suite  de  la  faiblesse  de  Francis  pour  sa  m^re,  de  la 
ladresse  et  des  injustices  de  ce  prince  k  I*egard  du 
table  de  Bourbon,  et  de  ses  amours,  qui  lui  fireot  prat^ 
mal  a  propos  Lautrec,  le  frire  de  U  comtesse  de  Ghft  teas- 
b  r  1  a  n  t.  Un  grand  crime  Tint  aussi  temir  ce  r^gne  si  brillaai- 
ment  commence  :  k  Tinstigation  de  Duprat,  nn  vieillard 
int^gre,  le  surintendantSemblan^ai,  fut  sacrifi^  cf  p^rft 
indignement  k  la  potence,  injustement  accuse  de  n'avoir 
point,  par  sa  faute,  envoye  k  I'armee  les  fonds  qui  reassat 
sanvee. 

Cliarles-Quint  et  Francis  se  disputferent  ausaitAI  ralfiaace 
du  roi  d*Angleterre ;  I'entrevue  du  Camp  du  D  r  a  p  d'O  r,  sur 
laquelle  le  roi  de  France  avait  compte  pour  mettre  Henri  Vin 
dans  ses  interets,  eut  un  resultat  tout  different.  Une  ligne 
formidable  s*organisa  contre  lui ;  le  pape,  rempereor,  FAn- 
gleterre,  Tltalie  etaient  reunis ;  il  fallait  ddfendre  tootes  ks 
frontiires  k  la  fois.  Bourbon  etait  passe  en  Italic  et  commas- 
dait  les  armees  imperiales  contre  les  Francis,  qni  avaieat 
alors  k  leur  tete  le  presomptuenx  BonniTet,  aoqud  le  roi 
avait  eu  le  tort  de  subordonner  Bayard.  Bonnivet  fut  batta 
k  Rebec,  et  Bayard  y  termina  ses  exploits  et  sa  vie. 

II  avait  fallu  repasser  les  Alpes,  et  Tennemi  s*etait  prM- 
pite  sur  la  Provence ;  Bourbon  assiegeait  mtoie  MarxiBe, 
apres  avov  soumis  Aix  et  Toulon.  Le  roi  acconmt  en  toote 
liAte  au  secours  de  ses  ^tsenvahis,  for^a  Tennemi  a  la  re> 
traite ,  et  rentra  en  Italic  :  il  avait  dejii  reconquis  la  presqns 
totalite  du  duche  de  Milan,  et  assiegeait  Pa  vi  e,  lorsqoe  k 
connetable,  qni  avait  regu  des  renforts  et  recompose  son  ar- 
mee,  lui  ofTrit  la  bataille  le  24  fevrier  1525.  La  fortune  eetle 
fois  traliit  cniellement  Francis,  qui  fut  battu  et  fUt  prisonnier. 

Transfere  k  Madrid,  il  y  fut  traite  et  surveiUe  avec  nos 
rigueur  telle,  qu*il  faillit  y  mourir  de  decouragemeot  et  de 
chagrin ;  vraisemblablement  il  7  anrait  succombe  si  sa  spi- 
rituelle et  courageuse sQBur,  Marguerite  de  Valois,  ne 
(ht  accourue  pour  le  consoler.  Force  de  .sonscrire,  le  14 
Janvier  1526,  aux  dnres  conditions  que  lui  avait  diciees 
Charles-Quint,  et  qu^il  etait  bien  decide  4  ne  pas  tentr  (cv 
le  roi  chevalier^  le  iVere  dVmes  de  Bayard,  etait  devena 
un  politique  k  recole  de  son  rival),  Fran^  qoitta  sa  pri> 
son  et  fut  echange  avec  ses  denx  fils  ( Francis  et  Henri), 
qu'il  donna  eu  otage  jusqu'au  payement  de  sa  nncon.  Biea- 
tAt  le  traite  de  Cognac  lui  foumit  le  moyen  de  ne  pas 
tenir  sa  parole.  Charles  avait  exige  la  remise  de  la  Boorge- 
gne ;  mats  les  etats,  convoques  ^  la  fin  de  1 527,  s*opposerent  k 
ce  qne  le  roi  executAt  un  traite  arradie  par  la  folm 


FRANQOIS 


les  fert.  L'empereur  dut  6C  contenter  de  deux  millions  d'^- 
ens  d*or  :  les  enfants  de  France  ne  farent  rcoduA  h  la  li- 
berty qu'en  1530,  car  il  fallait  du  temps  pour  obtenir  des 
peoples  ext^ou^  cette  soiiime  considerable.  £n  cctU;  aon^ 
1&30  Francois  1*'  ^pousa  £Uonored'Autriche. 

La  guerre  ne  tarda  pas  a  se  rallumer  en  Italie :  Heorl  YIII, 
la  r^pobUque  de  Gtoes  et  le  pape  CI^uiefltYII,  firent  alliance 
avec  la  France.  A  cette  nou Telle,  le  ciinn^table  de  Bourbon 
marche  sur  Rome,  od,  en  montant  k  Tassaat,  il  trouve  la 
mort,  le  6  mai  1527.  La  capitale  da  monde  Chretien  n^en 
fat  pas  moins  emport^e,  saccag^,  inond^e  de  sang,  et  sou- 
mise  k  toutes  les  borreurs  de  la  plus  eCTroyabie  guerre;  lo 
pape,  prisonnier,  fut  bientAt  aprte  remis  en  liberty ;  une 
^pouvantable  ^pld^ie  fit  justice  des  30,000  brigands  qui 
dans  le  sac  de  Rome  avaient  rappel^  les  atiocit<^  des  bar- 
bares.  Les  Fran^ais  durent  encore  abandonner  Tltalie.  En- 
tin,  entre  les  deux  rivaux  qui  balancent  les  destine  de 
r£urope,  la  paix  est  conclue  k  Carabray,  en  1579,  apr^ 
quatorze  ann^es  de  d^olation  et  de  mines.  (Test  cette  paix 
qa'oQ  appellapaij;  des  Dames. 

Une  circonstance  qui  parut  faTorable  k  Francois  lui  fit 
reprendre  les  armes  :  Charles-Quint  ^tait  en  Arrique.  Le  roi 
p^Mre  encore  en  Italie;  mats  l'empereur,  de  retour,  se  jette 
en  1536  sur  la  Provence,  d*ou  la  faoune,  plus  encore  que 
Montmorency,  le  chasse  honteusement.  Le  due  de  Guise 
en  m^me  temps  sauvait  la  France  an  nord.  On  (ait  encore 
Id  paix :  nne  tr^ve  de  dix  ans  est  sign^  k  Nice,  en  1538 ; 
quelque  temps  aprte,  GUartes-Qulut  traverse  la  France,  et 
Francois  1"  ^uise  son  tr^or  pour  f^ter  son  b^te.  Mais 
bientOt  la  guerre  recommence,  et  Francis  renoue  son  al- 
liance avec  So  II  man;  Barberousse  bombarde  Nice 
et  ravage  les  cOtes  dltalie;  en  1544,  les  Imp^riaux  sont  lor- 
c^  de  lever  le  si^e  de  Landrecies;  en  1545,  nos  armes 
soumettent  le  Piemont,  car  c'e&t  toujours  vers  son  duch^ 
de  Milan  que  Francois  tonme  ses  vues,  ses  regrets  et  ses 
belliqueuses  conceptions.  La  victolre  deC^risoles  r^pare 
PafTront  de  Pa  vie.  Cependant,  ce  Henri  YIll,  qui  avait  <^t^ 
longtemps Pallid  dn  roi,  envabit  la  Picardie  en  m^me  temps 
que  Charles-Quint  pousse  des  coureurs  jnsqu*^  Meaux  et 
menace  Paris,  od  il  a  donn^  rendex-vous  aux  Anglais.  Enfin, 
la  paix  de  Crcspy,  le  18  septembre  1544,  termine  la 
guerre  avec  les  strangers. 

Francis  I*'  mourut  k  RaiubouiUet,  le  31  mars  1547.  Sous 
son  r^ne  on  renouvela  contre  les  r^form^  toutes  les  atro- 
city du  moyen  Age  :  le  tableau  trac^  des  pers^utions,  des 
tortures  et  des  executions  du  sefautoie  si^cle  feraitli  la  fois 
fr^mir  dMiorreuret  d'indignation.  Le  monarque  lul-mtoie, 
prit  sonvent  plaisir  k  assister  au  suppUce  de  plusieurs  de 
ces  infiyrtmi^.  Le  Ubertinage  le  pica  ddgradant  se  meiait 
a  la  devotion  la  plus  sui>erstitieuse.  Cependant,  les  lettres  et 
les  arts,  ces  consolateurs  qui  r^parent  tant  de  d^stres, 
avaient  pris  leur  essor  en  France.  La  pelnture,  la  sculpture, 
Tarchitecture,  la  po^ie,  unirent  leurs  mervdiles,  et  temp^- 
r^rent  antant  quil  etait  iMsaihle  le  spectacle  atroce  des  per- 
s^utions  reli^enses  et  des  fanatiques  executions.  La  cor- 
ruption de  la  com*,  que  les  d^rdres  du  roi  avaient  fait 
naltre,  ^tait  extreme;  on  pent  s'en  convaincre  en  lisant  Les 
Dames  galantes  de  Brant^me.  Dans  ses  debauches,  le  roi 
faisait  succ^der  k  la  comtesse  de  CliAteaubriant  ou  k  la  du- 
chesse  d*£tampe8  les  femmes  les  plus  m^prisables.  Sa 
liaison  avec  la  belle  Ferronni^re  ftit,  aprteneufans  de 
soufTrances,  la  cause  de  sa  mort  pr6natnr^.  Ainsi  termina 
sa  carri^re ,  par  an  tr^pas  Ignoble ,  le  prince  qui  n6  avec 
de  brillantes  quality,  mteae  avec  quelques  vertus,  niina 
la  France,  fut  la  cause  du  ravage  de  plusieurs  de  ses  pro- 
▼inces,  aigrit  par  les  suppUces  les  querelles  religieuses, 
prot^gea  quelques  liommes  de  lettres,  mais  ^toufTa  toute  li- 
berty de  discussion,  et  proscrivit  mtoe  on  moment  1'  I  m  p  r  i- 
ra  erSe.  Lloexorable  liistoire  ne  lui  pardonnera  jamais  ses 
manques  de  foi,  ses  liabitades  despotiques,  son  esprit  per- 
stoteor,  sa  eroant^  dans  la  tyrannic,  le  m^ris  qu*il  fit 
dea  Ms  de  Flitat,  si  blen  prooT^  par  la  degradation  des 


75t 

corps  politiques  et  judiciaires;  la  venality  des  charges, 
ses  entreprises  sur  la  propriety  par  TimpOt  arbitraire,  pai 
Tenvahissement  du  trdsor  public ;  Toppression  des  conscien- 
ces par  les  persecutions  religieuses,  par  des  condamnations 
capitales  arbitralrement  prononcees,  par  des  violences  di- 
rectes  personnellement  exerc^es,  par  la  ferodteinouHe  d*exe- 
cutions  ordonnees  contre  des  innocents.  U  tenta,  en  1540, 
dVtablir  en  France  des  tribunaux  de  Tinquisition ;  cV^t  lui 
qui  ordouna  le^  massacres  deCabri^re  et  de  Merindol. 
Et  les  Icttres  de  sauve-garde  donndes  aux  epouses  in  fiddles 
contre  rautorite  maritale,  et  le  concordat  trafique  indigne- 
ment  avec  le  pape  pour  sacrifier  k  la  cupidite  la  dignite  de 
r£tat  et  de  r£gUse ! 

Toutefois,  il  serait  ii^nste  de  ne  pas  reconnaitre  que 
Francis  1*'  fut  souvent  Tami  et  le  protecteur  des  lettres , 
dela  poesie  et  des  arts;  qu'U  b&tit  Fontainebleau  et 
Charabord;  qu'il  conunenga  le  Louvre;  quMl  encoura- 
gea  le  Primatice  et  Benvenuto  Cellini;  qu*ii  aimait 
les  ecrits  d'^rasme  et  de  Rabelais,  qui  pourtant  atta- 
quaient,  k  la  v^rite  en  riant ,  les  abus  du  cathollcisme ;  qu*il 
fondale  College  de  France;  qu*il  prot^gea  Marot,  Du 
Bellay  etBud^;  quMiecouta  quelquefoissa  spirituellcet 
toierante  sieur.  Marguerite  de  Yalois,  et  que,  sensible  au 
chaime  des  vers ,  il  en  composa  parfois  de  tr^jolis. 

Louis  Do  Bois. 
FRANCOIS  II ,  roi  de  France.  Ce  prince,  fils  de  Henri  II, 
ne  en  1544,  n*Avait  pas  encore  seize  ans  lorsqu*il  monta  sur 
le  trOno,  le  10  juillet  1559.  II  etait  dejk  marie  k  la  reme  d*^ 
cosse  Marie  Stuart:  etsa  mauvaise sante  faisait  prevoir 
que  son  i^^e  sera:t  de  courte  duree.  Francois  II  etait  de- 
pourvu  de  toute  energie  et  de  toute  force  de  caractere.  Le 
due  de  Guise  et  son  fr^re,  le  cardinal  de  Lorraine,  tons 
deux  oncles  de  la  reine,  se  saisirent  des  rdnes  de  r£tat,  et 
gouvemerent  sous  son  nom.  Cependant,  le  parti  des  princes 
du  sang,  k  la  t^te  duquel  se  trou  vaient  le  prince  de  C  o  n  d  e, 
Antoine  de  Bourbon,  roi  de  Navarre ,  I'amiral  de  Co  1  i  - 
guy  et  ses  deux  fr^res,  essaya  d'arracher  le  pouvoir  aux 
oncles  de  Frangois  II.  Mais  la  conjuration  d^Amboise, 
qu'ils  avaient  organisee,  eclioua.  Les  etats  generaux  ayant 
ete  convoques  k  Orleans ,  Francois  II  s'y  rendit  pour  en 
faire  l*ouverture,  fixee  au  10  decembre.  Uk,  les  Guise 
firent  arreter  le  prince  de  Conde,  qui  venalt  y  assister,  le 
firent  juger  par  une  commission  tiree  du  parlement  et  con- 
damner  k  mort :  sa  sentence  allait  etre  mise  k  execution  le 
jour  m£me  de  Tonverture  des  etats,  quand  la  mort  du  roi 
arriva  le  6  decembre.  Depuis  longtemps  celui-ci  souffrait  d'un 
abces  dans  I'oreille ;  comme  it  se  faisait  /aire  le  poll  par 
son  diirurgien  Ambroise  Pare,  il  fut  pris  d'une  deCaillance, 
et  succomba  le  soir  meme.  Qaelques-uns  ont  pense  qu'il 
avait  ete  empoisonne. 

FRANCOIS.  Trois  empereurs  de  ce  nom  ont  regne  en 
Allemagne  et  en  Autriche. 

FRANQOIS-ETIENNE,  empereur  d'Allemagne,  qui  regna 
sous  le  nom  de  Francois  I*',  de  174ft  k  1765,  naquit  en  1708. 
II  etait  le  fils  atne  du  due  Leopold  de  Lorraine,  et  en  1723 
quand  il  vint  a  Yienne,  il  y  regut  k  litre  d'apanage  le  dnche 
deTescben,  en  Siiesie.  A  la  mort  de  son  pere  ( 1729),  il  lui 
succedaen  Lorraine,  qn*en  1735  il  ceda,  contre  Texpecta- 
tlve  du  grand-duchede  Toscane,  au  beau-p^re  de  LouU  XY, 
Stanislas  Leczinski,  pour ,  k  la  mort  de  ce  prince,  dtre  defi- 
nitivement  incorporee  k  la  France.  En  1730,  il  epousaMa- 
ri&*Therese,  fiUedeTempereur Charles  lY,  et  ftitlila 
suite  de  cette  alliance  nomme  feld-marecbal  general  de  I'Em- 
pire  et  generalissimo  de  Tarmee  imperiale.  L'annee  suivanta 
mourut  Jean  Gaston,  le  dernier  grand-due  de  Toscane  issa 
de  la  maison  de  Medicis ;  et  Fran^is-Etienne  hd  sacceda.  En 
1738  il  commanda  en  chef  avec  son  fr^re  Parmee  imperiale 
en  Hongrie  contre  les  Turcs.  A  la  raortde  Charles  YI,  en  1740, 
II  fut  dedare,  par  sa  femme,  co-regent  de  tons  les  £tats  here- 
ditairesautricbiens,sans  toutefois  partidper  aogouvemement. 
I  A  la  mort  de  Charles  YII,  il  ftit,  en  depit  des  intrigues  de  la 
*  France  et  de  la  Prusse,  eiu  empereord*Allemagneetcoaron* 


758 

odenceHe  (iaaUt^,kFrancrort-ftur-l6-Ma{o,le  4  octobre  1745. 
MaisU  n*ea  abandoima  pas  rnoins  k  sa  femme  la  direction  des 
affaires  d^Allemagne,  moias  soucieaxd^exercer  le  pouvoir  que 
d'augmeotor  sans  cesse  sa  fortune  particuli^re,  qae  des  spe- 
culations commerciales  entreprises  avec  hardiesse  et  raento 
avec  habQ^^  portent,  dit-on,  an  chiffre,  ^norme  pour, 
i'^poqne,  de  plus  de  20  millions  de  florins.  Frederic  le  Grand, 
^Hi  Tappelait  irooiquement  le  banquier  de  la  cour,  assure 
qiril  lui  arriva  plus  d'une  fois  de  vendre  h  beaux  deniers 
coinptant  des  forines  et  des  fourragee  aux  troupes  prus- 
sieanes  luttant  contre  les  arm^  de  Marie -Th^r^e,  sa 
femme.  11  raconte  qu*il  mdoageait  chaque  annde  de  grosses 
sommes  sur  ses  re?enus  de  Toscane,  et  qu'il  les  faisait  valoir 
dansle  commerce,  tantOt  ^tablissantdes  manufkctures,  tant6t 
faisantdes  avances  surconsigaations;  il  ^oute  qu*associ(S 
k  an  comtefioltza  et  h  on  marcliand  nomm^SchimmelmaDn, 
il  avait  mdme  pris  i  ferme  lesdouanes  de  la  Sai^e.  Ses  prdoo 
cupationa  conwiorciales  ne  Temp^baient  pas  de  consacrer 
quelqaes-unesde  ses  veilles  k  Talcbimie  et  de  chercber  la  pierre 
pliilosopbale  a^ec  une  Constance  digne  d*un  meiUeur  sort. 
Au  deroeurant,  c'^tait  on  prince  tr^bienfalsant,  qui,  grdce 
k  son  extreme  siropUcit6  de  mceurs  et  de  mani^res,  deviat 
tr^s-pupulaire  panni  ses  sujets,  et  qui  rendit  de  T^tables 
servicea  aux  lettres,  aux  sciences,  aux  artset  k  rindustrie. 
Vienne  lui  est  redevable  de  la  fondation  d'un  riche  cabinet 
de  m^daiUes  el  d^bistoire  natureUe.  U  mourut  k  Iqspruck, 
le  U  aoftt  1765,  laisant  li  son  (Us  atnii,  Joseph  II,  la  cou- 
ronne  imp^nale,  et  k  son  fils  cadet,  Leopold  II,  qui  plus 
t4rd  suc«6da  li  son  Ukn  sur  le  tr6na  unp^rial,  le  grand- 
ducb^de  Toscane. 

FHANQOIS  V  (Josspa-CoAftLBs)  r^na  eommeempereur 
d'Autricbe  de  1906  k  U35,  et  de  1792  k  1806  comme  eqi- 
pereur  d^Allemagne  sons  le  nom  de  Francois  II,  fi6  en  1768, 
k  Florence,  il  ^tait  fils  de  lidopold  II  et  de  Marie-Louise, 
fiUe  da  roi  d*£8pagiie  Cbailes  III.  Le  premiei  mars  1792 
il  iiicc^da  k  son  p^  dans  les  Etats  h^r^ihiirei  autricbiens-, 
el  fut  couronnd  le  6  juin  suivant  comme  roi  de  Hongrie,  le 
14  juiUet  comme  empereor  d*Allemagne,  et  le  5  aoOt  comme 
roi  de  Bob^me.  11  re^ut  sa  premiere  6iucation  k  Florence , 
sous  \a  direction  de  son  p^e ;  mais  k  partir  de  1784  il  ve- 
cut  k  Vienne,  k  Teifet  de  s'y  pr^rer,  sous  la  direction  de 
son  oQcle,  Tempereur  Joaephll,  k  Tart  de  gou?emer.  A 
Vkge  ^e  Tingt  ans  il  arait  aocompagn6  ce  prince  dans  sa 
oampagne  conlire  les  Turcs;  et  en  1789  il  prit  le  com- 
mandementea  cbef  de  Tarm^,  avec  Loudon  pour  conseil. 
Quand  rempereur  Joseph  mourut,  le  20  l^vrier  1790,  il 
gouverna  Tempire  ]usqu*k  TarriT^e  de  son  p^re  k  Vienne 
( It  mnrs),  et  raaowpagiia  eusuile  9UX  couf^rences  tenues, 
en  1791 ,  k  Pilnitz,  arec  le  roi  de  Prusse  et  T^lecteur  do 
Saxe;  et  derenu  sur  oes  entrefaites  empereor,  par  suite  de 
la  morl  de  son  pkre ,  il  y  signa,  en  1792 ,  evee  la  Pntsse, 
on  traits  d'alUance  offensiTe  et  d^ensi?e  contre  la  France, 
qui  dksle  20  a^ril  1702  lui  avait  dtelar^  la  guerre,  en  sa 
qoalit^  de  roi  de  Pob^me  et  de  Hongrie.  En  1794  il  parut 
quelques  instants  k  Tarmte  qui  essaya  d*entamer  le  sol  fraa- 
fais ;  mais  les  mauviiises  dispositions  de  la  popolation  braban- 
^OQoeet  lea  noureaux  succte  remport^s  par  les  arm  to  fran- 
^aises,  grkce  aux  savantes  combinaisons  de  Camot,  le  forc^- 
rent  bient6t  de  s*en  retoomer  k  Vienne.  La  defection  de  ses 
allies  et  la  merTeilleuae  campagne  de  Bonaparte  en  (talie  le 
contraignirent  k  signer,  le  17  octobre  1797,  le  traits  de  paix 
de  Cam  p.o-For  mio,  par  lequel  Tempire  d'Allemagne  perdil 
la  fdos  giande  partia  de  la  rive  g»ucbe  du  Rliin,  et  rAutriclie 
ies  Pays-Bas  el  la  Lombardle,  sans  obteoir  d*antres  ^ui- 
TaleQtaque^esei-devaBt  £tats  Tuitions. 

P^  1799,  Framoia  II,  aprks  ifoir  ooucbi  un  traits  d*a(- 
liaaoe  ateo^rAngleterra  et  la  Russia,  reoommenfa  contre  la 
r^publique  fraacaise  ane  noavelle  lutle,  doot  lea  debuts 
fiireot  beureux ;  mais  le  retour  si  subit  et  si  imprdvu  de  Bo- 
naparte, qvCon  devait  eroire  pour  longtemps  eacore  retenu 
en  £gyptel  etle^  aouvelles  yictoires  reinportto  par  celui-ci 
en  Itaiie,  le  forcitrent  k  signer,  leaf^vrier  isoi,  la  pai\  da 


FRANCOIS 


Lun^Tllle,  qui  lot  imposa  le«  pins  p^Uiibles  sacrifices  d  qui 
coOta  k  I'E&pire  d^Allemagne  oe  qiie  le  pr^oMeot  tra3i6  Ini 
avait  conserve  de  la  rive  aauche  du  Rbin. 

Les  bataillesd*Ulm et  JTAuslerlitz  mirent  fln  k  latatte 
qu*en  1805  Tempereur  Francois  11,  d*accord  avec  la  Rusae, 
tenia  encore  d*engager  contre  la  France,  files  donnireat 
lieu  entre  IS'apol^on  et  ce  prince  k  une  entrevue  personoelle, 
oil  on  convint  d^une  suspension  d'armes  et  oil  on  posa  lei 
bases  de  la  paix  sign^  la  m^me  ann4e  a  Presbonrg;  paix 
qui  eut  des  suites  plus  fatales  encore  qua  les  prMdeales, 
puisqu*eUe  coOta  k  TAutriche  1,700  myriam^tras  carrfe  de 
territoire,  aveb  une  population  de  trois  millions  d^kmes. 

Lors  de  la  cr^tion  de  la  Confi^ration  du  Rtiin.  Frao- 
9ois  II,  qui,  par  sa  pragmatique  du  11  ao6t  1804,  s'^tait  d^ 
d^clar6  empereor  li^r^dltaire  d*Autricba  sous  le  nom  de 
Frangois  I«r^  renon^a  au  litre  d'empereur  d'Allemagoe. 

Dans  la  gnerre  qui  s'eogagea  bieulOt  apHss  entre  la  PrasH 
et  la  Russie  d'un  cM,  et  la  France  de  Tautre,  11  obeerra  om 
stride  neutrality,  aprks  avoir  inutilement  ofCert  sa  m^iatke 
aux  parties  bellig^rantes.  I^  1809,  il  reprit  one  quatriknc 
fois  les  armes  contre  Napoleon,  mais  pour  les  deposer  baea- 
t6t  aprks.  La  paix  sign^e  k  Vienne,  le  14  octobre,  codta  ea- 
core  k  TAutriche  1,400  myriamilres  carr^  de  territoife  et 
quatre  millions  d^kmes,  mais  sembla  du  moins  devoir 
une  paix  durable  entre  les  deux  £tats,  par  suite  da 
tement  donn^  par  I'empereur  au  mariage  de  sa  fiUe,  Tar- 
chiducbesse  Marie-Louise,  avec  NapoUon.  Anoiaii 
de  mai  1812,  aprks  le  eongr^a  de  Drcsde,  Francois  I*'  sV 
nit  k  rempereur  des  Francis  pour  declarer  la  guerre  k  la  Koi- 
sie.  Aprks  Tissue  fatale  d'une  campagne  qui  demeurera  k  jauaif 
c^l^bre,  quand  la  Russie,  appuyte  cette  fois  par  la  Pnissc^ 
put  reprendre  Toffensive,  U  observa  d'abord  one  neutrail^ 
douteuse.  Puis,  le  12  aoOt  1813,  aprks  avoir  iniitileaMal 
offert  sa  m^iatlon,  11  aocMa  subitement  k  la  ooalitioa.  U 
assista  alors  en  personne,  et  Jusqu^au  bout,  k  la  lotte  gipa- 
tesque  qui  s*ensnivit ;  et  la  paix  de  Paris  ainsi  que  le  tiaili 
s^par^  qu*U  condut  le  14  avril  1816  avec  la  Bavikre  le 
mirent  en  possession  dMne  ^tendue  de  territoire  telle  qae 
Jamais  ses  anc^tres  n'en  avaient  pos»M6  de  Kemblabk. 

A  partir  de  1816,  et  sauf  un  mouvement  insarrecluiBMl 
en  Lorn  bardie,  qui  fut  promptemeut  r^primk,  Fraa- 
C-ois  V  r^oa  paisibleuient  jusqu'k  sa  mort,  arrivte  le  2  mm 
1835.  Unegrande  niod^ation.  Tamonr  de  la  jas(Jce,lahieo- 
Tciliance  et  raffabilild  en  vers  lea  plus  bumbles  de  ses  sojd^ 
voiia  les  quality  qui  le  distinguaient  comme  souveraia.  B 
adopta  pour  principe  de  sa  pojitique,  tant  k  rint^rieor  qo's 
Texi^rieur,  oelui  de  son  pkre,  le  maintien  du  statu  qva.  k 
Vext^rieur,  les  scknes  terribles  qui  signalkrent  les  debuts  de 
la  revolution  francais4),  et  qui  coincidkrent  ayac  sop  acco- 
sion  k  la  oouronne;  k  rint^rieur,  la  necessity  de  <miiw>k«U' 
ragglom^ration  des  diverses  parties  4e  la  monarcble,  sufih 
likrement  compromise  par  les  rtformes  trop  b&tives  da  Jo- 
seph 11,  ne  purent  que  le  conQrmer  dans  sea  coqvictiaas. 
Aussi  sa  politique  fiit^le,  k  rint^rieur,  le  respect  le  |doi 
absolu  pour  tous  les  droits  acquis ,  pour  toutes  les  (raditioii 
du  pass^  et  le  maiotien  de  ForgaoUation  adouQi^tive  dai 
provinces,  sauf  k  la  modifier  pen  l(  pen  ooofonoemeal  k 
Tesprit  da  temps.  A  oet  ^gard  rAutricbe  lui  doit  de  la  reooa- 
nalssance  poor  le«  aclditions  et  les  perfectjonaeaients  q^% 
fit  sobir  anx  codes  de  Joseph  U^  pour  la  promulgptjoa  da 
nouveau  Ck>de  Civil  de  1810,  pour  oella  du  Code  piteal,  m 
1804,  e|  pour  la  separation  qu'il  etablit  entre  les  jnridklioii 
politique,  dvile  el  criminelle;  enfiii,  pour  hi  crdatioo  da  ca- 
dastre en  1792,  et  pour  les  nouvelles  basea  donate  ea  1817 
k  la  repartition  de  TimpOt  (bncier,  etc 

II  avail  ete  marie  quatre  fois ;  l""  en  17S8,  a^fc  tliuh 
WilhelmiM'LouiUf  nriooassede  Wurtemtwig.  porta  nai 
enfonts,  le  18  levrier  179a  \  7?  la  1^  aodt  1790,  afoc  Mm^ 
Thiri$€^  princesse  das  DeoK-SicUea*  fuort^  ^  |i  avrU  in?, 
et  de  laquelle  il  eut  trelxa  enlants,  entre  au^  Mar  if' 
Louise,  marieeaNapoieoo,etFardinai^4  r\MiA# 

rempamr  aiuQurdiiui  regmot»  et  m  a  abdigii^fa  Mmfen 


FRANgott 


7il 


niorte  1e  17  HVHI  l!»t6;  4"  tMn,  le  It)  notembh;  isits,  atee 
Caro/iil<»^il«i^tt^,  Hie  do  roi  de  Bavite  Maihnitten-Au- 
gaste,  tt^  te  8  ftYTier  1791,  Spouse  divorce  eA  lst4  du 
prtiioe  Voyal  de  Wurteinbergy  a^jodrdlmi  it>i  sous  le  nom 
de  GtifltaTinra  I*'. 

FRANQOlS-JOSEPfi  1*'  (CeAwJa),  cmpemir  d*Atitf1c1ie 
actaeHemeKit  r^ant,  n€  h  Yfenae ,  re  18  aoAt  1830,  est  te 
flU  din€  de  i^rchfdue  PranfoU-Charles  ( fils  de  rempc* 
reur  Francois  I")  et  de  son  Spouse,  Sophie,  nde  princesse 
de  Bavftre.  Son  Mncation  fut  dfiig^  par  le  cotnte  de  Bom- 
belles,  atec  )e  concoura  de  mattres  Instniits  et  ^lair^;  et 
sa  m^re,  fedime  d*Qne  haute  intelligence,  exer^a  natnrelte- 
ment  vmt  Inflnenoe  dMslve  sor  la  direction  premr^  don- 
n6e  k  ses  fdte.  Le  jenne  archidnc,  qui  avant  les  6Y6nements 
de  1849.  semblait  encore  fort  61oign6  dn  trOne,  Aait  rest^ 
jnsque  alors  tout  ^  fhH  an  second  plan.  Cependant  on  rantait 
les  brillantes  ftiaiftds,  les  henreux  dons  de  son  esprit,  et 
sortout  son  reittarqtiable  talent  pomr  les  lan^^nes,  qui  loi  per- 
mettail  de  sVntretettir  dans  teur  langoe  natfonale  avec  les 
popniafSons  les  plus  dlrenes  d*un  empitie  o6  rfegne  une  si 
gr  ande  diTenfM  de  langnes  et  de  dialectes. 

CeA  a  la  suite  des  troubles  dont  Tempire  d*Antriche  de- 
▼int  le  tlitttre  en  tnars  1848,  et  qni  n*^ient  que  le  contre- 
coop  de  not^  r^roHition  de  Fifty r! e  r,  que  ce  jeune  pri&ce 
fat  appel^  \  jouer  rai  rOle  en  pdltiqtie.  Ms  le  mois  d*aYii1 
il  aTait  A6  entoy^  en  fioheme  avee  le  titre  de  gouTemetxr 
gte^ral ;  et  MentM  la  gnerre  dltalie  Tint  lui  fbnmir  Tocca- 
sion  d'acqtiMr  des  notions  prattqoes  dans  tout  ee  qui  a 
trait  a  Tart  milftatre.  Pendant  ce  tenaps-ia  les  choses  pre- 
naient  une  tonmore  telle  en  Autriche,  notanunent  par  suite 
des  compKcatlons  grsTes  provoqute  par  les  dT^ements  de 
la  Hongrie  et  de  la  Croafie,  qu^on  dut  craindre  de  Toir  la 
nsonarchie  et  le  trdne  s'toouler.  Poor  conserver  toote  li- 
berty d*action  a  F^rd  des  Magyares,  poor  ae  d^ager  de 
pii6c6}ent«s  concessions,  un  changement  desonverain  parnt 
alors  wt  bomnes  q«u  exei^aient  le  plus  dlnfloence  k  la 
coot  inipMale  un  moyen  font  k  la  fols  rimple  et  eflicace.  On 
sougea  a  la  double  abdication  de  Pemperenr  Ferdinand  et 
de  son  ff^  rarcliidoc  Francis-Charles,  pkrt  de  Francois- 
Joseph.  ED  oons^oenee,  le  l**  deoembra  1848 ,  le  )eone 
archidttc  fUt  d^ard  majemr  par  une  ordonnance  rendue  k 
Olnutaw  Le  lendemain  Tempereor  Ferdinand  alidiquait  la 
couaronie  en  rneme  temps  que  son  fr^  Gtuoies-Fran^is 
renon^t  an  trOne  en  fayeur  de  ion  fils,  qui  Iht  Immediate- 
men!  prodamd  emperenr  d^Autridie  et  roi  de  Hongrie  et  de 
Boheme.  Mais  oe  n^etait  encore  Ik  qu*nne  vaine  odrtaionle ; 
et  en  tMite  fl  loi  restait  encore  k  reconqodrir  ses  dftTift- 
rentes  coutonnes.  A  Vtenne  on  n'dtait  parrenu  qa*k  muse* 
ler  fort  incompldtement  I'esprit  r^Tolutlonnaire;  Tltalie  ^it 
k  la  yeille  de  detenir  le  th^tre  d^nne  guerre  nonvelle ;  la 
Hongrie  reftisait  de  reooqnaltre  le  changement  de  soarerain 
qui  yenait  de  ft'opdrer,  et  ae  disposait  k  opposer  anx  armies 
de  rAutriclie  une  r^tance  d^sespdrfe.  En  presence  de  sf 
grayest  de  si  nombreuses  difficulty,  le  gouyemement  au- 
tricliten,  11  (kvtt  le  Ttcomialtre,  fit  preuye  d^autant  d'dnergie 
que  de  rapidfti  d^aeifon.  Les  yigoureuses  mesures  adoptte 
par  le  miniature  Sdiwartzenbcrg-Bach,  les  yictoires  de 
Radetzki,  et  anssi  Tassistance  de  la  Rnssie,  atd^rent  k 
oonsoUder  la  monakiebie,  que  la  r^olotion  yenaft  dVbrauIer 
jusquedans  ses  fondements.  An  mois  de  mai  1849,  le  jeune 
emperenr  Franks-Joseph  se  rendit  en  Hongrie,  et  contri- 
boa  personnellement  k  Ul  prise  de  Raab(l8  join).  Une  en- 
treyue  quil  ayatt  eue  k  Varsoyie  ayec  Pemperenr  Nicolas 
ayatt  eu  pour  suite  Tentr^  d^une  arni^  msse  en  Hongrie. 
Pendant  oe  temps-l&  la  di^e,  transf($r6e  k  Kremsier,  ayrft 
M  dissonte ;  et  le  4  mars  1849  one  seule  et  mdme  consH» 
tnlion  avaH  €t^  octroy^  aux  diyerses  provinces  de  la  mo- 
oarchie,  d^rmais  rdunles  pour  ne  plis  former  qu^on  mdme 
£tat  oompacte.  Mais  Francis-Joseph  vt  ses  conseillers  ne 
se  trouy^rent  rtellement  inyestis  d^one  compile  liberty 
d'action  qu'aprto  la  soumissfon  de  hi  Hongrie  (aoOt  1849), 


et  que  lofsque  la  pall  Ail  ritablie  efi  ttaKe.  Le  premier  r^ 
snitat  de  IM^age  qu'fls  eu  firent,  ce  fot  I^TUsutc^  cotoplet 
des  efTorts  tenlft  d*abord  pour  consfilUer  les  dlflMbls  £tats 
de  TAIIemagne,  k  Texcluslon  de  1^ Autriche,  eh  puissance 
f6d^ra1e  sous  la  prudence  de  la  Prusse,  puts  nour  ratlacher 
d'une  tnani^  plus  i^troite  lea  dlffigrents  pents  pHnceA  de 
r  Ailelnagne  k  la  Prosse ;  te  r^bltssement  de  la  dlMe  f^^- 
rale  a  Francfort;  enfin ,  la  restauration  de  rinfioence  (te 
rAutriclie  en  Allomagne,  an  moyen  desexteuUotts  militaires 
dont  ses  troupes  funmt  charg6es  dans  le  grand'-doch^  de 
Hesse  et  dans  le  ducbd  de  Holstein,  aprU  que  Fkim^ie- 
Joseph  eut  r^uni  antonr  de  lul  k  Bregenz  lea  dilTSrents  sou- 
yerains  du  sod  de  TAlIemagiie  et  eut  pass^  one  r«yue  giSn<$- 
rale  de  son  arm^,  comma  si  on  eOt  M  k  la  yelOe  d^e 
entr6e  en  eampagne  (octobre  1850).  On  itall  ainsi  paryeou 
k  op^rer  ramolndrissement  de  la  Prusse  (noyembn  1850) 
et  k  exercer  en  folt  sur  TAllemagne  la  supr^matie  que  cette 
puissance  ayail  nago&i^  yainement  essays  de  se  ftdre  dtfifirer. 
En  noeme  temps  Hen  n*<itait  n^lfg^  k  Tint^rieur  pour  mettra 
k  execution  le  yaste  syst^me  de  centralisation  aoqud  oVi 
s^^tait  d^finftiyemenl  arrets  pour  toutes  les  parties  de  la 
monarchie.  Toutes  les  anciennes  constitoHom  et  coutumea 
locales  furent  abolies.  Le  systeme  de  gouyemement  deyint 
esscntfeUement  miUtaire,  toot  en  s^lmpr^ant  de  prindpes 
et  d*id^  que  la  r^yolutlon  seule  ayait  pu  metlre  en  dr^ 
culation,  tels,  par  exemple,  que  Tabolition  du  seryage, 
et  une  meillenre  organisation  de  la  Justice,  de  radmiuis- 
tration  et  de  rin^tnidlon  publiqne.  La  oonstitotion  t>c- 
troy^e,  mala  toujours  demenr^  en  r6alit4  a  T^tat  de  brojet , 
fut  d^nitlyement  snpprimte  le  )0  aoAt  1851  par  rempe- 
reur,  qui  d^dara  que  d^rmafs  ses  ministres  n*aaratent  k 
r^pondre  de  leurs  actes  qu*2i  lui-meme;  enfin,  en  jantict 
1852,  la  monarchie  absolue  pure  et  simple  fht  offidelle- 
ment  rAabHe  en  Autriche.  Depuis  ce  moment  on  a  po  yofr 
Frangois-Joseph  ne  rien  n^ger  pour  se  bien  renseignef 
sur  les  besoins  r^els  des  populations  soumises  k  ses  lois. 
Des  mesures  de  d^nence  Indiquant  de  ea  part  Tintentioti 
manifeste  de  reyenir  bienlOt  ao  systime  de  patemeile  man- 
su^lude  qui  toujours  fut  celul  de  ses  predecessenrs  k  IVgard 
de  leurs  sujets,  et  dont  les  eytoements  de  1848  Payaient 
force  k  se  departir,  out  signal^  en  ayril  1854  la  od^bratioii 
du  mariage  qu'fl  a  contracts  alors  ayec  la  princesse  £lisa* 
beth,  ftltedn  due  Maximilien  de  Bayi^re,  n^le  26  dtombre 
1837.  Le  p^re  de  cette  princesse  appartient  k  une  branche 
coilat^rale  de  la  maison  royale  de  Bayitee,  dite  de  Den^- 
Ptmtt  BirkenftM;  et  cVst  sa  grand'tante  qu*ayait  ^pous^ 
en  1808,  le  marMal  Berlhier,  prince  de  Neufchatel  et  de 
Wagram,  dont  le  fils  sifege  anjonrd*hui  an  sdnat.  La  fIXit  dn 
prince  de  Wagram,  86nateur (ran^is,  i recemment  ^pousi 
le  fils  du  prince  Lucien  Morat,  fils  de  Panden  roi  de  Naples. 
La  princesse  Murat  est  done  cousine  au  deuzitaie  titgrt  da 
I'fanp^triee  fiisiAelh  d*Autriche. 

Le  jeune  emperenr,  par  Tattitnde  qoHl  a  prise  Ion  do 
conflit  provi  qu6  en  Orient  par  Pambition  nisse,  dans  la 
pr^sente  ann^e  1854,  nVi  pas  senlement  sauyegard^  l^ind^ 
pendanoe  politique  de  PAtitriche;  fl  a  encore  rtosi  ^  hd 
faire  jouer  un  rdle  toot  k  fUt  pr^nderant  en  Europe^ 
Quelle  que  soK  llssue  de  la  Intte  si  r6solfiment  engage  paf 
la  France  et  PAngleterre  contre  le  colosse  mosooyite,  il  e^ll 
difficile  que  PAutriche  tt>f  gagne  pas  en  puissance  temteriai^ 
at  en  influence  politique. 

FRANCOIS  1%  rof  dea  Deox-Sidles,  naquft  le  If  jan^ 
yier  1777,  de  Ferd  i  n  and  IV  et  de  Caroline  d* Autriche,  et 
porta  ayant  son  aydnement  an  trOne  le  titre  de  dne  de  Ca* 
labre,  Sa  premiere  apparition  sur  la  sc^ne  polilt^ue  eut 
lieu  en  Janvier  1812,  moment  oh  il  prit  le  titre  de  Ifentenant 
gte^rai  du  royaume,tandis que  lord  William  Bentindi,com«> 
raandaat  en  clief  des  troupes  auxiliaires  anglaises,  reoeyait 
cdoi  decapitaine  g6n<ral.  En  1820,  lorsque  le  royanne  sa 
trouya  oouleyerse  par  une  double  r^yohition  k  Palema 
et  k  Naples,  ptDduite  par  ta  fonnldabte  9odA«  aacrMe  del 
carbonari ,  le  doe  deCitebfe  prit  «nooM  aaie  fofs  tea 


760 

rtoes  da  gouTeraement  en  quality  A*alter  ego.  Ce  prince 
86  fit  alon  par  politiqae,  et  peat-6tre  par  ambiUon,  l*hoinme 
de  la  r^Tolution  qn*U  d^testait;  il  manifesto  pour  la  consti- 
tation  nn  vif  enthousiasme.  Mais  quand  rAutriche  eut  r6ani 
des  troupes  et  d6dd4  au  congr6s  de  Laybach  que  Tauto- 
rit^du  roi  Ferdinand  serait  r^tablie  telle  qu^elle  ^toit  avant 
les  ^Ttoements  de  Juillet,  il  s^empressa  de  dinger  un  corps 
d^arm^  sur  Palerme,  et  se  d^shonora  en  Tiolant  la  capitula- 
tion qu'il  avait  accorid^  k  cette  malheureuse  ville.  Cepen- 
dant,  il  r^pondait  k  sonp^re,  qui  rinformait  des  Tolont^ 
des  puissances  alUto,  qu'il  Toulait  partager  le  sort  des  pa- 
triots napolitoins.  Mais  lorsque  les  Autricbiens  furent 
entrte  h  Naples ,  il  n'en  fut  pas  raoins  cr6^  pr^ident  de  la 
junte  proTisoire.  Jusqu'^  la  mort  de  son  p^re,  il  aflecta  des 
tendances  lib^rales,  dont  Topinion  publiqae ,  qui  s'aveugle 
si  facilement,  lui  tint  grand  compte.  II  arriva  au  tr6ne  le 
&  Janvier  1825 ;  et  Tun  die  ses  premiers  actes  fut  la  publica- 
tion d^uue  amuistie  g^n^rale,  qui  fut  saIii6o  par  des  transports 
de  joie ;  mais  il  n*eut  pas  le  courage  de  secouer  le  joug  de 
TAutricbe,  qui  occupa  une  ann^  de  plus  son  teiritoire.  Qucl- 
ques  troubles  s^v^ement  r^prim^  en  Sicile  et  une  expi^i- 
tion  contre  Tripoli,  qui  ne  fut  pas  des  plus  glorieuses  pour 
la  marine  napolitaine,  furent  les  seuls  ^v^nements  de  son 
r^e.  Ce  prince  Tint  k  Paris,  au  commencement  de  1830, 
apr^  un  voyage  k  Madrid ,  et  mournt  k  Naples,  le  19  no?em* 
bre  de  la  mtoie  ann^. 

En  1797 ,  il  avail  ^pous^  Varcbiduchesse  Marie-CUmen- 
tine,  lilie  de  Leopold  II ,  qui  monrut  en  1802 ;  et  il  eut  d'elle 
Caroline-Ferdinande' Louise,  ducbesse  de  Berr  y. II  se  re- 
maria,le6  octobre  1802,  kMarie-Isahdle,  fille  de  Cbarles  IV 
d*£spagne.  De  ce  manage  naquirent :  Louise-Charlotte, 
morte  en  1844,  qui  avait  ^pous4  Tinfant  Francois  de 
Paole;  lfarie-6'y^ri5^»ne,reinedouairi^red'£spagne;  Fer- 
dinandU,  actueilement  roi  des  Deux-Siciles ;  Charles, 
orince  de  Capoue,  qui  ^pousa,  en  1836,  k  Gretna- 
Green,  une  belle  Irlandaise,  miss  PHtilope  Smith  ;  Liopold, 
prince  de  Syracuse ,  mari^  k  la  princesse  Marie  de  Savoie- 
Carignan ;  Antoinette,  grande-ducbesse  de  Toscane;  Ami- 
lie,  mari^sk  rinfant  S^iiastien  de  Bourbon  et  Bragance ;  Ca- 
roline, mari^ au  comte  de  Montemolin,  tils  de  don  Carlos; 
Th&^e,  imp^ratrice  du  Br^sil ;  Lotus,  comte  d^Aquila, 
mari^k  la  princesse  Januaria  duBr^sit;  Frangois  de  Paule, 
comte  de  Trapani,  mari^  k  Tarcbiduchesse  Marie-lsabelle 
de  Toscane. 

FRANCOIS  IV,  due  de  Mod^,  n^  le  6  octobre  1779, 
mort  le  21  Janvier  I84ti,  6ta1t  fils  de  I'arcuiduc  Fcidiuand 
d*Autriche  (mort  en  180G),  fr^re  des  empereurs  Josepli  II 
et  L^pod  II,  et  de  la  lilie  unique  du  due  Hercule  III,  en 
qui  s^est  ^teinte  la  descendance  m&le  de  la  maison  d^Este. 

Ce  ne  fut  qu'cii  1814  qu'U  put  prendre  possession  du  du- 
cb6  de  Mod^nc.  Son  premier  soin  alors  fut  de  supprimer 
dans  ses  £tals  toutes  les  institutions  qui  pouvaient  rappeler 
aux  populations  la  domination  fran^aise,  de  rendre  T^u- 
cation  de  la  jeuncsse  aux  ^^nites,  de  r^toblir  la  censure  et 
de  donner  pour  base  k  son  gouvemement  une  police  tra- 
cassi^e,  arm<le  de  pouvoirs  ilUmit^.  Et  cependant,  on  I'a 
g^i^ralement  accuse  d'avoir  entretenn  k  ce  m£me  moment 
de  secrets  rapports  avec  les  rdvolutionnaires  qui  de  1820  k 
1830  agit^rent  ritalie.  Si  le  fait  est  exact,  Francis  IV,  en 
Jouant  ce  jeu  double,  ne  dut  ^videmment  avoir  d'autre  but 
que  de  se  metire  par  U  au  courant  des  secretes  men^  du 
parti  patriote  pour  pouvoir  mieux  les  d^jouer,  et  non  de 
r^liser  d*ambitieux  plans  personnels ;  quoi  qu*il  en  ait  pu 
^tre,  une  insurrection  qui  telata  en  fdvrier  1831 ,  k  Mod^ne 
mtoie,  qui  le  contraignit  k  s^enftiir  de  ses  £tats,  et  dont  il 
ne  put  triompber  qo'avec  Tassistonce  de  TAutriclie,  lui  ins- 
pira  de  tout  autrn  iddes  que  oelles  que  permettraient  de 
supposer  ses  relations  indirectes  et  secretes  avec  le  parti 
r^voluUonnaire.  A  partir  de  ce  moment  il  n'eut  plus  qo*one 
penste  :  ponrsuivre  sans  piti6  nicesse  les  r^volutionnaires; 
et  Modtoe  devint  le  th^Atre  de  procte  et  de  condamnations 
Dolitiuues  quine  firent  oue  orovoooer  touioursde  nouvelias 


FRANCOIS 


conspirations.  Sa  UvMU  k  Fendroit  des  r^olubooaaiiv 
devint  alors  de  la  cruant^  et  mtaie  de  la  d6menee;  on  pojl 
dire  k  bon  droit  qn^l  fit  du  ducb^  de  Modtee  U  terre  pai 
excellence  du  despotisme  imb^ile  et  farieux.  Seol  de  ton? 
les  souverainsde  TEurope,  il  reftisa  opiniAtrtoent  dereon- 
nattre  la  revolution  de  Joillet  ainsi  que  le  prince  que  laFrinei 
se  donna  alors  pour  sonverain ;  et  ses  noeiite  de  tootee  efr- 
p^ces  en  favour  de  dom  Miguel  finirent  par  lasser  I'ADgle- 
ierre,  qui,  pour  y  mettre  un  terme,  fat  obiigte  de  fas 
faire  de  s^rieuses  menaces. 

n  avait  Spouse,  en  1812,  la  princesse  Btetrice  de  Serdingpc, 
morte  en  1840,  aprte  Ini  avoir  doon^  plusieurs  enCuits.  11 
eut  pour  successeur  son  fils  atn^,  Francis  V,  n^  le  1*' jna 
1819,  qui  a  ^pous^,  en  1842,  la  princesse  Aldeg<mde  de 
Bavi^re,  n^  en  1823.  La  sceur  alnte  du  doc  adod,  Thi- 
rhe,  nte  le  14  Jnillet  1817,  a  ^pous^,  en  novembre  1846, 
leclief  dela  maison  de  Bourbon,  le  comte  de  Cbambord, 
et  la  plus  jeune,  Marie ,  n4e  en  1824 ,  est  marMe  4  Ha- 
fant  don  Juan  Carlos  fils  cadet  da  pr6teDdant  don  Carioi. 

FRANCOIS  I  et  II  dues  deiBretagne.  Foyes  BaRAGCE. 

FRANCOIS  DE  NEUFCHATEAU  (  Nioolae  -  Loois, 
comte),  n^  le  17  avril  1750,  k  Saffais  (Lorraine),  d'nn  ins- 
fitnteur  primaire,  mort  k  Paris,  le  10  Janvier  1828.  Adopts 
par  la  ville  de  NeofcbAteau,  oii  il  avait  fait  de  brillante^ 
etudes,  il  lui  paya  son  tribnt  de  reconnaissanoe  en  Joignanl 
son  nom  au  sien.  La  renomm^e  pour  lui  fut  prtoooe;  onle 
compte  parmi  les  enfants  c^Ubres.  Dte  V^  de  neof  an 
II  composait  des  vers  avec  succte.  Voltoire  enooaragea  n 
rouse  naissante.  Bientdt  VAlmanach  des  Muses,  od  1r 
beaux  esprits  du  temps  d^posaient  lenrs  poesies  Mgires, 
s^ouvrit  au  jenne  adepte.  Cliaque  annte  on  y  chercbait  et 
Tonyremarquaitses  essais.  On  y  distingua  Anaximandre, 
ou  le  sacrifice  aux  Grdces ,  qui  foumit  k  Andrieox  ie 
sujet  de  sa  premiere  comMie.  Le  drame  de  PamHa  est 
Toeuvre  po^tique  la  plus  considerable  qui  nous  reste  de 
Francois  de  NeufchAteau  :  il  en  avait  compost  one  aotre, 
de  beaucoup  plus  longoe  lialeine  :  c'dtait  une  tradadioB  ei 
vers  du  Roland  furieux ;  un  naufrage  lui  ravit  ce  travail, 
dont  il  regrelta  toujours  la  perte.  Un  vMtable  intMt,  one 
versification  toujours  correcte  et  616gante  avecaimplidt^, 
d^cid^rent  du  succ^s  de  Pamela.  Mais  les  tenihies  oomil^ 
conventionneis  jng^rent  la  pike  inciviquBy  et  firent  eat- 
prisonner  Tauteur.  II  ne  dut  son  salut  qu*au  9  tbennidor. 
Aprte  ces  po^mes,  les  compositions  en  vers  les  pins  reanr* 
quables  de  Francois  de  Neulcb&teau  qui  aient  M  poblite 
sont :  r  unDi^covrssur  lamaniire  delire  les  vers  (i77S); 
2*'  Les  Vosges,  poeme  (1796  et  1797) ;  3*"  Fables  et  Conks 
en  vers,  avec  la  Lupiade  et  la  VulpHde  (1814,  2  vol.); 
4«  Les  Tropes,  en  quatre  cbanto,  avec  des  notes  etdcs  le- 
cherclies  sur  les  sources  et  Tinfluence  du  langage  m^lapby- 
sique  (1817);  i»^  Les  Trois  Nulls  d'un  Goutteux,  en  troif 
cbants  (1819) ;  e""  ipUres  sur  Vavenir  de  VAgriadtwrt 
en  France  (1821).  On  lui  doit,  en  outre,  de  boos  travanx 
de  critique  litt^raire,  parmi  lesqoelson  cite  ses  dditioas<)e 
Gil-Bias,  des  Provinciates  et  des  Pensies  de  Pascal ,  et  les 
examens  et  dissertations  dont  ces  Mitions  sont  acounpa- 
gndes.  N^oublions  pas  non  plus  son  int^ressant  recueil  U 
Conservateur,  public  en  1820  (2  vol.  in-8*). 

Cependant ,  c*est  sartout  comma  homme  dlUat  et  comme 
savant  agronome  que  Francois  de  Neufchiteau  a  des  titles 
solides  k  I'estime  publiqoeet  k  une  renomm^  durable.  Pn« 
dont  la  premiere  4K)qoede  savie,  11  avait  renpli  d'hoooraUeB 
fonctions  dans  la  magistratnre  en  France  el  aux  colonies^ 
Ami  telair6  des  r^formes ,  il  fut  nomm^  d^ut^  suppKait 
k  TAssemblte  oonstitoante ,  sans  y  d^er;  puis  raembreds 
rAssembl^el^slative,  oh  n  signala  son  z^e  patriotiqne.  Mais, 
pr^voyant  des  excte ,  auxqu^s  il  ne  voulait  pas  partidper, 
il  s'dloigna  de  la  candidature  pour  la  Convention,  refusa  le 
minist^re  de  la  justice,  et  se  retire  dans  les  Voages,  od  il  fvt 
(Au  pr^identde  radministration  du  d^partement,  cteosote 
comrolssaire  du  directoire  exdcotii  prte  de  radministratioi 
contrale.  Nomm^»  en  1797 »  muuslre  de  llnt^rienr  apiis 


FRANCOIS  —  FftANgOIS-XAVlER 


I,  fl  ftit  MenMt  appd^  an  Dfarectoire.  En  1798,  il 
pHt  part,  Gonune  mlnistre  pltoipoteatiaire  de  la  France,  aax 
€onf<6reDCCB  de  Seltz,  et  ne  tarda  pas  d^dtre  rappel^  ao  mi- 
niature dont  il  aTait  d^jk  i^  iiiTasti.  Dans  Pexercice  de  ces 
fonctions  ^minentea,  il  manifesta  une  actiTit^,  dea  lumi^res  et 
on  z^e  poorlc  progrte  des  sciences,  des  beaiix-arta  et  des  arts 
utiles,  dont  le  souvenir  dare  encore.  C*est  k  Ini  que  llndua- 
trie  fran^se  doit  sea  expositions  publiques,  derenuea 
si  c^^bres,  et  qoeron  s*est  empress^  d*iniiter  dans  tons  les 
pays.  Le  r^tablissement  de  la  Soci<M^  catrale  d'agricoltnre, 
U  distribution  des  meilleurs  onyrages  aux  biblioth^oes  d^- 
partenientales,  la  rteeption  SoleniieUe  des  monuments  d'art 
conqois  en  Italie ,  des  drculaires  instructives,  qui  peuvent 
encore  servir  de  modtfes  sur  les  objets  les  plus  iroportants 
de  son  administration, marqu^rent  avec  autantd*utilit^  que 
d'Mat  sa  carritee  minist^rieUe.  II  n*y  signala  pas  moins  sa 
probity  delicate,  en  versant  an  trter  15,000  llrancsde  fonds 
secrets ,  dont  il  pouvait  disposer.  S^iateur  et  pr^ident  du 
steal,  il  eut  souvent  Toocasion  de  haranguecl'empereur  dans 
des  circonstances  solennelles.  Ses  discount  se  firent  remar- 
qner  par  le  tact  de  Porateur,  par  la  convenance  des  tioges 
et  par  la  sagesse  de  conseila  habilement  prtentfe.  A  partir 
de  1807  il  ne  s^ooeupa  plus  que  de  travaux  agricoles.  «  Le 
h^ros  a  change,  41s^t-U  :  je  me  tais.  »  La  gootte,  dont  il 
^tait  ^  pen  prte  perdus  durant  les  demiires  ann^  de  sa 
Tie,  ne  putralentirson  ardeur  pour  le  perfectionnement  du 
plus  utile  des  arta.  Parmi  ses  tScrits,  ii  faut  ctter  encore : 
1®  son  Voyage  agronomiquedatula  iinaiorerU  de  D\jon 
(.1806,  in-4»);  2«  VArtde  multiplier  Ua  gicint  (1810, 
in-a**);  3*^  rintroduction  au  Dictionnaire  d^ Agriculture 
pratique  (?hn%  1827, 2  toI.  in-8*) ;  4**  Sur  la  manitre d'i- 
iudier  et  d*enseigner  Fagrieulture;  5"  une  Bistoire  de 
Voccupation  de  la  Baoikrepar  les  Autrichiens,  en  1778 
et  1779  (in-a**,  1806);  etc.,  etc.  Aubbbt  db  Vitrt. 

FRANCOIS  DE  PAULE,  infant  d'Espagne,  fils  de 
Charles  I Y,  roi  d^Espagne  et  des  Indes,  naquit  le  10  mars 
1794,  ^osa,  en  1819,  Tinfante  Luisa  CarJof  ^a,  fiUe  de 
Francis  I",  roi  des  Deox-Siciles,  qui  mourut  en  1844.  De 
ee  manage  sont  n^  JsabeUe^  mari^  an  comte  Ignace 
Gorowsky ;  Francois  d^Assise,  mari6  h  Isabella  II,  reine 
dlSspagne;  ffenri,  due  de  Seville,  mari^  h  dona  H^ffene  de 
Gasteila;  Louise,  marine  au  due  de  Sessa;  /onfpAlne,  ma- 
ri6e^  don  Jos^ Gueliy  Rent^;  Ferdinand ;  Marie-Christine ; 
Amilie. 

FRANCOISE  (Sainte ),  naquit  k  Rome,  en  1384.  A  TAge 
de  douze  ans,  elle  4pousa  un  riche  gentUhomme,  du  consente- 
ment  de  qui  eUe  adopta  la  troisi^me  r^e  de  saint  Francis, 
et  gouTemasa  maison  comme  un  monast^re.  £prouT6e  par 
la  parte  de  plusieurs  enfants  et  par  Fexil  passager  de  son 
mari  et  de  son  fr^To,  eUe  reconTra  ses  bfens  en  1417 ,  se  r^- 
nit  h  son  ^poox,  rappel6,  et  devint  en  1425  oblate  an  moot 
Olivet  Cette  confririe  nMmposait  d*autre  engagement  que 
eelui  de  pratiquer  les  deroirs  de  chriHien ,  sans  changer  de 
condition.  BientOt  elle  r^lut  d*en  faire  une  congr^tion  re^ 
ligieose,  et  ^tabllt  ^  Rome,  en  1433,  un  certain  nombre  de 
fliles  el  de  Teuvea  dans  une  maison  spadeuse,  dite  delta 
Torre  degli  SpeceM,  et  leur  donna  la  r^le  de  Saint-Benott. 
Get  ordre  fut  approuT^  parte  pape  EugtoelV.  Ayant  perdu 
son  mari  en  1436,  die  prit  Thabit  religieax  en  1437.  Ses 
aceurs  la  snppll^rentde  se  cliarger  du  gonremement  de  la 
Gommunaut^  qu^elle  garda  Jusqn'k  sa  mort,  arriv^e  le  9 
mars  1440.  Ellefutcanonis6eparPanlV,en  1608,etsonculte 
fut  ^tendu  ^  toute  I*£gli8e  par  le  pape  Urbain  VIII,  en  1622. 
Sa  Dftiese  o^l^bre  le  9  mars.  H.  Boogbitt^. 

FRANCOISE  DE  FOIX.  Voyez  Gbatbaubbiaut 
( Gomtesse  de ).  

FRANt:OtSE  DE  RIMIIVI,  fiUe  de  Guide  da  Polenta, 
seigneur  de  Ravenne,  vivait  rers  la  fin  du  treizitaw  sitele, 
C*^tait  une  femmed'une  extreme  beauts  etaossi  aimable  que 
belle;  son  p^  la  maria  k  Lanciotto,  fils  de  Malatesta,  sei- 
gneur de  Rimini,  d'oik  elle  prit  son  nom.  Lanciotto,  guerrier 
pleia  d#  ^enr  el  de  noblesse,  ^tait  diflbrme;  son  Mn 

DICT.  DB  LA  COmraaSATIOIf.  »  T.  IX. 


761 

Paolo,  au  contraire,  ^it  un  beau  cbefaller,  plefai  da  cour* 
toisie.  La  belle  Fran^ise  ne  tarda  pas  h  ddaisser  son  mak^ 
pour  son  beau-fr^re ;  Lanciotto  s'en  aper^t,  et  les  per^  de 
son  ^p^  VoiU  ce  que  Ton  salt  gto^ralement  de  cette  bis- 
toire.  Le  souTenIr  de  Fran^ise  de  Rimini  se  serait  perdu 
pour  nous,  comme  celui  de  tant  d*autres  amours,  s*il  ne 
nous  avail  ^t^  conserr^  par  les  vers  les  plus  harmonieux 
du  D  a  n  te.  Dans  son  dnqui^me  chant  de  VBr\fer^  le  grand 
po^  arriTO  dans  le  lieu  od  sont  les  Ames  que  Tamour  a 
perdues ;  il  y  rencontre  S6miramis,  Didon,  Gl^pAtre,  etc. ; 
et  tandis  que  Virgile  les  lul  f^it  connattre,  ilaperQoit  deuxom- 
bres  qui  niarchent  unies  et  sembleot  aussi  l^ires  que  le  vent : 
c*est  Fran^ise,  c^est  Paolo.  lis  lui  racontent  leurs  amours. 
Cette  histoire  a  inspire  une  ceuyre  tragique,  pldne  de  po^ie 
et  de  sentiment,  k  SUvio  Pellico ,  qui  doit  mtoie  en  grande  par- 
tie  sa  r^utation  litt^raire  en  Italie  k  sa  Francesca  de  Ri- 
mini. En  1835,  elle  fut  encore  pour  le  pdntre  Ary  Scheffer 
Toccasion  d'un  succ^. 

FRANCOIS  R^GIS  (Jbaa),  n^  de  parents  nobles, 
dans  ledioctee  deNarbonne,  le  31  jauTier  1597,  se  fit  re- 
marquer  6hs  sa  plus  tendre  jeunesse  par  one  pi^t^  aussi  Tive 
que  sinc^.  Admis  cbezles  jteuites,  il  professa  pendant  sept 
ans  les  humanity  dans  les  maisotts  de  leur  ordre.  La  paste 
ayant  ^lat^  h  Toulouse,  0  se  d^oua  jour  et  nuit  au  service 
des  malades,  et  ne  fut  pas  atteint ;  il  alia  cnsuite  comme  mis- 
sionnaire  dans  les  villes  et  les  campagnes  du  Languedoc, 
oil  11  convertlt  nn  grand  nombre  de  calvinistas.  L'inlem- 
p6rie  des  saisons,  le  mauTais  ^tat  des  routes,  ne  pouvaient 
ParrMer;  11  traversait  les  torrents  et  lesmontagnes.  Dans  une 
de  ces  pieuses  excursions,  il  se  cassa  la  jambe,  et  se  tralna 
comma  il  put  li  T^ise  voisine,  oil  il  se  mit  li  prteher  et  a 
confesser.  H  ne  dormait  que  trois  henres  par  nuit ,  se  cou- 
chait  sur  la  terra,  etnemangeait  que  ^esl^umes  cuits  iiPeau. 
£puis^  par  tant  de  fatiguea  et  d*abstinences,  0  mourut,  en 
1640,  k  la  Louvesc,  ou  il  avaitannonc^  une  mission  :  il  fut  ca- 
nonist sur  la  dddaration  de  ringt-deui  ^^ues  du  Languedoc* 

Saint-Prosper. 

FRANCOISrXAVIER  (Saint),  somomm^  Vdp6tre 
des  Indes,  le  plus  c^bre  des  compagnons  d' Ignace  de 
Loyola,  naquit  au  chAtean  de  Xarier,  dans  la  Navarre, 
le  7  avril  1506,  d*une  des  fomilles  les  plus  nobles  et  les 
plus  riches  de  cette  contr^.  Venn  k  Paris,  dte  TAge  de  dix- 
huit  ans,  pour  y  continuer  ses  etudes,  il  y  rests  malgrd  le 
d^irde  son  pdre,  et  y  ensdgna  bientAt  la  philosophie.  Ce 
Ibt  dans  cette  viUe,  au  coll^  de  Beauvais,  qu*il  connut 
Ignace  de  Loyola,  et  forma  avec  qnelqnes  autres  la  sod6t4 
dont  cet  homme  c^l^re  futle  fondateor.  Selon  ce  qui  avait 
M  solennellement  convenu  entre  eux,  ils  se  rendirent,  an 
nombre  de  neuf,  en  1537,  k  Veiiise,  od  Francis  se  d^voua 
au  serrice  des  malades,  sans  que  les  infirmity  les  plus 
rebutantes  pussent  arrdter  Vardeur  de  ses  soins.  Ordonn^ 
pr^tre,  il  parut  successlvement  k  Vicence,  k  Bologne  et  k 
Rome,Jusqu*au  moment  od,  sur  la  demande  de  Jean  III, 
roi  de  Portu^,  Ignace  led^igna,  de  sonpropre  consente- 
ment,  pour  propager  l*£vangile  dans  les  Indes* 

n  partit  de  Lis^ne  le  8  avril  1 54 1 ,  passa  llu'ver  &  Mocam- 
bique,  et  arrivt,li  Goa  en  1542.  Sea  aoins  pour  les  malades 
et  ses  prMJcatlons  infatigables  aMortrent  le  succte  de  sa 
mission,  qni  s'^ndlt  dans  le  royaome  de  Travancore,  oil  il 
donna  le  baptdme  k  dix  mille  idolAtres,  et  Jusqu^li  Mtilapour, 
ou  il  fit  plusirars  oonversions  Matantes.  Sa  prMication  ne 
Alt  pas  moins  froctueuse  k  Malacca ,  od  il  ^tait  arriv6  le  2S 
novembre  1545.  Partout  sa  douceur  etson  d6vouement  Ini 
condliaient  tous  les  esprits  ettoochaient  tous  les  ccenrs.  Les 
lies  de  Benda,  Amboine,  Macassar,  Temate,  More  et  Ceylan^ 
recndllirent  les  fraita  de  sa  charity  dans  rintervalle  des  an- 
nte  1546  k  1548.  De  retour  k  Goa,  reconnn  comme  le  p^re 
common  des  fid^es  de  cette  rteidence,  od  la  Soci^  avait 
d^jii  uns^minaire,  il  r^larisa  T^tablissement  religteox  de  la 
contrte,it  partit  l*ann4e  suivante  pour  le  Japon;  mais,  roal« 
gr^  les  dispositions  blenvelllantes  du  roi  de  Saxuma,  la  re- 
sistance desbonxa*  ^  eontraignit&  In  retraite.  II  ne  fut  pas 

96 


762  FRANgOIS-XAVIER 

plus  beureus  dons  leroyaiunede  Nangara,  dont  il  n^enten- 
dait  {laa  la  lafigue.  Ce  fut  alors  qu*U  r^lut  de  mettre  k  ex^ 
cation  son  projet  de  mission  en  Cliine.  11  y  persista,  malgr^ 
les  obstacles  de  tons  genres  qui  lui  furent  opposes ,  et  partit 
leuly  oontre  Vam  d'Alvarez,  gouverneur  de  Malacca ,  qu'il 
exoommunia,  ne  pouvant  le  fl^chir.  Mais  la  mort  I'attendait 
dans  rUe  de  Sancian,  Tis-i-vis  de  Canton ;  ce  fut  \k  qu^il 
rendit  le  dernier  soupir,  le  2  d^cembre  1552.  De  grands  hon- 
neurs  furent  rendus  k  ses  regies  mortels,  qu'oQ  d6posa  dans 
r^lise  de  Saint- Paul  k  Goa.  Dencmbreux  miracles  avaient 
signal^  sa  vie;  et  plusieurs,  lyoiite-t-oa ,  fttest^rent  de- 
puis  sa  mort  la  puissance  de  son  intercession.  Sa  canonisa- 
tion eut  lieu  en  1622,  sous  le  pontificat  de  Gr^goire  XV. 
L^£glise  c61^re  sa  ffite  le  3  ddcembre.       H.  Boi;cnnT£. 

FRANCOLiN.  Les  francolins  ferment  une  section  du 
genre  percfrio;.  lis  ne  diifbrent  des  perdrix  proprement  di  tes 
«|u*en  ce  que  le  m&le  a  au  pied  un  iperou  ou  ergot,  tandis 
que  celles-ci  n'ont  qu^me  esp6ce  de  ^bercuie.  Le  plumage 
(les  francolins  est  de  oouleurs  tr^-agrteblfimeot  yari^es, 
bien  qne  toutes  Um66es ;  leur  bee  est  noir  et  ptoportionnei- 
leuMttt  pins  longet  plus  fort  que  celui  des  perdrix ;  leurs 
pieds  sent  rooges. 

La  seule  esp^ce  europ^enne  est  le  francolin  d  collier 
roux  (perdix  JrancolinuSf  Lath. ),  asses  commun  en  Si- 
dle, dans  les  lies  de  la  Grtee,  sur  difforents points  des  cAtes 
de  Barbarie.  Les  grands-ducs  de  Toscane  ont  essay^,  il  y 
a  longtemps,  de  les  naturaliseren  Italie  :  aussi  on  en  Irouve 
quelques-uns  dans  ce  pays;  mais  la  chaase  impitoyable  qu'on 
ne  cesse  de  leur  fairs,  k  cause  de  leor  prix  61ev6  et  de  la 
bont^  exquise  de  leur  chair,  les  emp6che  de  s'y  propager. 
On  en  Irouve  ^galement  en  Espagne  et  en  France ,  sur  cette 
partie  des  Pyr^n^es  qu'on  appelie  montapies  de  Foix  et  aux 
environs  de  Bagn^res  etde  bareges.  Lafemelle  du  francolin 
est  un  peu  plus  petite  que  le  mAle;  ses  couleurs  sont  plus 
£aubles ,  et  elle  n'est  point  comme  lui  marquet^e  de  tacbes 
rondes  ou  ovales  \  elle  n^a  point  non  plus  de  collier :  on  serait 
tent^  de  la  prendre  pour  une  esp^e  diff^rente. 

FR ANCONI  f  nom  bien  eemm  depuis  longtemps  des 
amateurs  d'exercices  ^questres,  et  qui  appartiendiait,  lelon 
certains  biograpbes ,  k  une  fomille  noble  d'ltalle.  Quoi  qu*il 
en  soit  de  cette  engine  fort  contestable,  ce  qu*il  y  a  de  po- 
sitii,  c*est  que  le  premier  ^uyer  auquel  il  est  redevable  de 
la  cd^brit^  europtone  dont  il  a  joui ,  Antoine  Ftanepni , 
6tait  n^  k  Yenise,  en  1738.  A  en  croire  les  cbroniqueurs  eu 
question » il  aurait  €\A  oblige  de  fuir  sa  patrie  par  suite  de  la 
condamnation  k  mort  de  son  p^  qui  avait  tu^  eo  duel  un 
s^nateur.  C'est  k  vingt  ans  qu^il  apparalt  pour  la  premiere 
fois  en  France.  Comment  y  vivre  ?  II  avait  colUv6  la  phy- 
sique dans  sa  jcunesse :  il  s^offre  an  public  comme  pbysicien, 
et  joint  bient6t  k  cette  profession  une  nouvelle  mdustrie :  il 
montre  des  oiseanx  savants,  puis  divers  animaux,  qu*il  dresse 
avec  un  art  merveilleux.  Lyon ,  Bordeaux  rapplaudisaent , 
et  c^est  dans  cette  demi^re  viile  quUl  a  le  bonueur  de  con- 
nattre  le  due  de  Duras,  qui  le  met  k  mtoie  d*mtrodaire  dans 
notre  patrie  les  courses  de  taureaux,  si  chores  aux  Cspa- 
gnols. 

Aprto  avoir  exploits  Lyon  et  Bordeaux,  il  arrive  en  1783 
a  Paris,  oil  il  s'associe  k  l*Anglais  Astley,  qui  depuis  trois 
ans  a  ouvert  ua  man^  au  faubourg  du  Temple;  mais  les 
Parisiens  prennent  ntoins  de  goftt  k  ses  animaux  savants 
qu^aux  exercices  de  son  aasoci^,  Au  bout  de  deux  ans ,  il  re- 
vient  k  Lyon,  oi^  Ttoyer  Balpe,  i  qui  il  a  lou^  son  cirque, 
fascine  tdlement  le  public  par  ses  numoeuvres,  que  Xk  en- 
core la  m^agerie  du  V^Uen/ai^/our  cenunek  Paris.  Loin 
de  perdue  courage,  Antoine  declare  qu*U  luttera  contre  son 
heureux  comp^teur :  il  achate  des chevaux,  les  dresse hii- 
m6me ,  et  un  mois  aprto  il  recueille  en  abondance  les  bravos 
et  Pargsnt  des  Lyonnais.  La  revolution  y  interrompit  le  cours 
de  ses  prosp^rit^;  plus  tard  son  cirque  fut  d^truit  pendent 
le  si^e.  II  revint  k  Paris  vers  la  fm  de  1792,  et  reparut  au 
faubourg  du  Temple,  entourd  de  sa  (amille,  qui  composait 
sa  troupe  d*dcuyers  ct  dVniuy^res, 


—  FRANCONIE 

Le  tliatre  de  la  Montaaeier,  w  RicMiM^  wb4  ite 
la  BiblioUi^ae,etcelui  de  la  Cli«  aeredjoiswrait  nuni 
tantoient  en  1793  et  1799 ,  et  il  figure,  alasi  ^ua  sa  tt^w^ 
sur  oes  deux  scenes,  avec  set  obevauXk  <iuis  ptorieara  MUls 
et  pantomimes.  £n  1802  il  tnnsporte  son  ^tablksenMBt  4am 
Pancien  jardindesCap  u  cines,  eatrele  boulevard  daaanoa 
et  la  place  Yend^kne.  Deveaa  aveugia,  il  veoaitda  le  aMera 
ses  deux  fils,  Laurent  et  Mineite ,  lonqoa  la  peiceneeat  ds 
la  rue  de  la  Palx  les  foi^i  an  1806,  k  quittar  la  plaee.  lb 
flreat  une  teurateea  province,  tandis  qu'oa  lenr  bitiasail, 
rue  du  Mont-Thabor,  le  Cirque  Olympiquai  doat  raovartoia 
eut  lieu  en  dtombre  1807.  Les  dlneoBioBS  vasin  de  ectts 
nouvelle  enceinte  lear  pemirent  de  verier  leora  asarcioas 
d*^iutation  par  des  paatonlmes,  inoaltes  avae  «aa  peaape 
Jusque  \k  saas  exemple.  Laurent  dresaait  non-setticineBt  des 
chevaux,niais  d*autre8antmaax,deacerfe,des^iephaiiU,f<c.; 
Minette  mettait  ea  setae  ies  mtaiodraniest  deal  plaideecs 
^talent  compost  par  lui.  Lear  eaeur  at  lanrs  Iobbbms  aedii- 
iinguaient^eoa^ma  toiy^res  at  eooune  aetriees.  En  isie  is 
abandonnmnt  encore  oe  local  pour  tatonraer  au  (aabeag 
du  Temple.  Cbasste  de  Uk  ea  18M  par  ua  iaaflodle ,  Miactts 
Franconi  et'son  fils  adoptlf  Adoipke  rtenii«al»  4  Taide  ds 
Bombreuses  souscriptions ,  les  Ibnds  adeessilree  poor  nblir 
leur  cirque.  Durant  vlngt^cinq  ans ,  i  Paris  ei  dans  lean 
toumte  annueUes  en  province  et  a  T^anger,  ile  attfatieet 
la  foule  par  lenis  exercices  et  surtout  par  leurs  grands  dnma 
militaires.  £n  1838,  la  fomilie,  k  l*exeeptioa  d'Adolpte, 
avait  renonod  k  Texploitation  du  berceau  de  aa  gloiia.  Pw 
le  drque  lui-mtaieavaitdisparu,pour  faira  place  an  Tkeitn 
National,  tandis  qua  plusieurs  cirques  aouvaaax  s'daviieil 
sur  divers  points  de  la  capitale. 

Antoine  Franconi,  souche  de  cette  inUiceesanta  laaalls, 
monrut  a  Paris,  le  6  d^cembre  1S36,  k  TAge  de  qualra-viaj^t- 
dix-huit  ans.  liavait  recouvrd  la  vue,  etassistait  presqae  toes 
les  soirs  aux  representations  du  Cirque,  daas  on  faoteu:! 
qu*on  lui  placait  aux  premieres  galenes,  at  d^ou  il  assayart 
d'applaudir  de  ses  debiies  mains  aux  tnomphes  da  ees  sec- 
cesseurs.  Le  jour  du  convoi ,  d*apr^  ses  demieras  vaJoat^ 
son  vieux  cheval  suivit  son  eorbiUard. 

FRANCONIE  (en  allemand,  ^roiiAea).  Aprte  la 
daUon  du  royaume  frank  des  M^rovingiens,  aa  appela 
Franken  (d'od  nous  avons  foit  en  fran^  #'ranco«if}iei 
teiritoires  arros^  par  le  Bhin,  le  Neckar,  le  Main,  etc, 
qui  avaient  €bk  peupl^  par  les  Franks  et  qui  demeurb^ 
^troitement  unis  k  la  couronne,  tant  sous  les  roia  ai^rotia- 
giens  que  sous  les  rois  carlovingiens;  c*est  1^  en  effet  q^ 
se  trouvaient  situte  les  plus  grands  donsamas  et  les  paU- 
tinats  des  deux  dynasties.  Aprto  le  partage  das  divtnts 
parties  de  Tempire  carlovlngien ,  ce  territoire,  d^sigp^  sous 
le  nom  de  Franken^  conserve  pendant  assei  longlwipi  me 
espto  de  supr^atie.  On  le  consid^ralt  comme  le  oDsar  de 
Tempire;  pendant  longtemps  mftmeil  garda  le  aooide  Frae- 
kisches  Reich  ( royaume  de  Franconie ),  at  c'est  ear  saa  sal 
qu'avaient  lieu  T^ection  et  le  couronnemeat  das  rois.  Lars  ds 
rextinction  de  la  ligne  carlovingienne  directe,  oa  ^lot  psar 
roi  ( en  9U)  un  comte  de  Wett^ravie,  Conrad  I*',  le  Mi- 
gneur  le  fi^us  ^inent  de  la  Franconie ,  qui  esar^  dips 
la  Franconie  rb^nane  etorientale  la  puissance  des  Mtossde- 
minid, 

hes  limites  du  territoire  fraaconiea,  dont  d^peadaieat  m- 
core,  sur  la  rive  gauche  du  Rhia,  du  c6U  de  la  Lorraiae,tes 
territoires  de  Mayenee ,  Spire  at  Worms,  eemprii  sur  Is 
rive  droite  du  Rhin  entrela  Saxe,  la  Bavi^ra  «4  PAlcmaiif, 
^talent  marqu^  au  nord  k  pen  pr^  par  leooara  d«  la  Sicf. 
dc  I'Cder,  de  la  {rulda  et  de  la  Wetra  at  par  la  rterix- 
gerwald;  k  Test,  il  s'^tendait  jusqu  an  FiehteigMr9€  it  «i 
deU  de  la  RednlU;  an  sudi  iaaqa*ii  fAllaiBiil « la  Wenib, 
le  KAcher  supdrieur,  TKna  at  la  Nurg.  U  est  ami  vtaissK- 
blable  qne,  comma  en  Saxe,  ea  Soueha  at  ea  llavi^  8y 
exista  sans  inlerni|>tion  des  dues  tarriioriaas  (ianrfofcr- 
Sfoge)i  mais  les  families  amqueUas  appeztaaai^t  Qm- 
red  i**  et  plus  lard  CeAra$lUl^ii^«liiiMHidale««- 


FRANCX)NIE  —  FRANCS 


Ut 


(ilenMM»  <•  Itur  ^ranii  et  de  kor  aatifie  potMMiM  alio- 
diale,  one  podtion  oampiaeiiMBt  antlogiM  k  celle  to  antral 
4vci.  Le  rai  Henri  II  confka  la  dignity  d^  doe  da  Franco- 
nie  k  Goniad  de  Wonna;  d  le  dncM  ayant  M  alWbli  par 
ittito  deion  paitage  en  FFanconia  rhteane  et  ortentaie»  il 
raita  iaiinMiatenient  aoomit  k  la  imliianoe  royale  k  partir 
de  1204,  dpoqiM  oik  uoe  branebe  de  la  maiion  de  Wonau, 
ivprtenMe  par  Conrad  II,  parYinl  k  la  cooronne  loyale 
d'4llein%iie  et  d^poiaida  les  antres. 

Sotia  lea  emperepra  de  la  nudaon  de  Franeenie,  ce  paya 
le  troon,  eomme  k  T^poqne  des  GarioTiaglena,  piua  dtroi- 
temenl  rattacM  k  la  oonronne  eUe-mAme,  tan^  qqe  lea 
grands  fiefs  ecclteiastiques ,  tels  qne  Mayenoe,  Spire, 
Wonna,  Wurtibourg,  rtessisiaient  k  aceroltre  notablement 
leurs  territoirea  raspectifs.  Ia  Franeenie  oricntale,  dans  le 
territoire  de  Mayenoe,  d^pendait  M^  ao  eommenoemept  du 
doiiai^nie  sidde  de  T^T^iue  de  Wnrtiboarg,  k  qoi.l^empereur 
Henri  vreolera  pour  en  doter(Ul&)  wn  neven  Conrad  de 
Hohenstaiifen  (derenu  roi  plus  tard).  Fr6d^ric,  ft^re  de 
Conrad,  quand  la  nelson  imp^rtalea'^gnil,  eo  la  peraonne 
de  Henri  V  (iia^),  U^nia  dea  poaiesaions  de  U  Franconie 
rb^neoe.  Loe  fiU  de  ce  du^  Frtd^ric  furent  l^rtfd^ric  1*' 
( Barbe-aoHsse ),  roi  d'A|l«ni«goe  k  pat  tfr  dt;  M  M,  et  Conrad, 
qui  b^riU  de  son  p^  des  posaesslona  de  la  Franconie  orien- 
tale  et  re^ut  du  roi  son  fr^re  (1U5)  la  dignity  de  oomte  pa* 
latin  du  Bbin  ;  fait  qui  amena  la  fondation  du  palatinat  da 
Rhin  dans  Tanden  territoire  de  la  Franconie  rb^nane.  Plus 
tard,  on  y  edjoignit  divers  territoirea  d'^teodue  diverse ,  soit 
ecd^astiques,  comma  Mayence,  Worms  et  Spire,  aoit  tern- 
porels,  comme  le  Wildgraviat  et  le  Rbingraviat,  lea  comt^s 
de  IVassau,  de  Kataenellnbogen  et  de  Hanaa,  et  le  landgraviat 
de  Hesse.  Par  la  suite  la  Franconie  orientale,  ob  se  form^nt 
les  territoires  de  Wurtaboorg,  de  Fulda,  de  Bamberg,  de 
Nurembcff'g,  de  Henneberg,  de  Hobenlobeet  beaoconp  d'au- 
trea  encore,  oonserva  seale  la  denomination  de  Franconie. 

Quand  plus  tard  Tempereur  Maxhnilien  prooMa  k  la  di- 
vision de  TEmpire  en  eerclea,  on  vlt  reparaltre  un  cereU 
de  Franconie,  dont  d^pendirent  les  ^v^ues  de  Bamberg, 
de  Wurtzboorf  et  d^fiicbstedt ,  Tordre  Teutonique,  IBai- 
reuth  et  Anspacb,  divers  comUls  et  villes,  notamment  Nu- 
remberg; tandis  que  la  Franconie  rlitoane  fut  comprise 
danf  les  oercles  dn  Rhin.  l4ors  de  la  dissolution  de  TEmpire 
d*Allemagne,  an  commencement  de  ce  si^e,  la  dtoomina- 
tion  de  Franconie  disparot,  ofiicicilemeot  du  inijius ,  jiuqu'^ 
oe  que  le  roi  Looia  de  Bavi^re  la  h^blit  (1897 )  en  rem- 
pla^ant  les  dtoominations  de  oercles  dn  Haat-M<in ,  de  la 
Reaat  et  da  Bas-Hain  par  nslles  de  Haute-Franeomie , 
Francanie-Centrale^  ^  BasttrFraneonie. 

FRANCONIE  ( Vine  de).  On  ddstgne  sons  ce  nom  les 
produits  des  vignobles  du  territoire  dn  Main  dana  le  oercle 
bavarois  de  la  Basse^Franconie,  paimi  lesqueto  lea  crte  de 
Leisten  el  de  Stein  oceopent  le  premie^  rang.  Dans  les 
bonnes  iinnte,  lis  se  distioguent  par  knr  apirituositd ,  par 
leur  boaquet  el  leur  arpme  particuliers.  Mdlns  fins  que  les 
Vina  dn  Rbin,  lis  ont  sur  ceui-ci  I'avantage  de  ne  point 
aigrir  m  vleUlissaml.  On  ckampagnise  de  grandes  quantity 
do  vjDS  de  Franconie,  el  Wurtaboorg  eil  le  principal  centre 
dn  ceite  ioduslrieu 

FHANG  PAMJW.  Le  /raneparler  est  nne  nuance 
distincte  de  la  franc bise.  U  frame  parler  n*est  ni  une 
quality  ni  une  Tertu  :  c'ed  une  habitude  prise  d'expriroer 
librement  et  sans  4^or  ses  penates.  Le  jfrane  parler  ne 
devrait  an  moins  exister  que  cbea  les  |)enionnes  auxquellea 
leur  Agp,  leur  exp^rieoce .  en  rendent  Tasage  excusable. 
Si  Ton  pent  4tre  franc  avec  tout  le  monde,  on  n'a  son 
franc  parler  qu'ayec  cerlaines  persounes  chelaiea,  qui  ne 
a'en  lormaliMnt  pas  :  elks  son!  accoutnmte  k  la  brusque- 
rie  qui  en  e^yt  oi  quelque  sqrteresseuce ,  et  pour  dies  cette 
bt-Vi*^iierie  n>  rien  de  disagr^le. 

I HAAC  Q(IAaTl£lt  ou  CANTON  0*HONN£UR, 
lenue  iW  blason,  par  lequel  on  d^igne  le  pienier  q  y  ar- 
tier d^  l'6cusfwn ,  k 4roite  du  chef.  11  olTreordinaircine&t 


quelquca  autree  annea  qne  eefies  dn  reele  del'^.  La  treat 
quartier,  que  Ton  nomme  aussi  lamre  de  quartier^  est  un 
pen  raohidre  qn^n  vral  quartier  dMcaitelage. 

FRANCS.  On  dMgM  sooa  ce  nem  lea  penpladea  gemai- 
oes  qoi,  an  troisi^me  Atele  de  notre  tee,  vinrent  d*abord  s*^ta- 
bib-  dans  les  eontrte  riveraines  du  baa  Rhin,  et  qd  phia  tard 
eonquirent  ta  partie  de  I'Empire  Remain  aitnte  an  nord-e# 
de  la  Gaole.  On  s*aeeorde  gto^ralement  ao]oord*birf  k  rat- 
tacher  Tdtymologie  de  ee  nom  Frank  oo  jF^anc  an  mot  al- 
lemandyVd,  qui  signifle  lUfre.  On  le  faisait  autrefois  disirer 
deframea  (fram^e,  arme  parUcnlitee  aux  anclens  Ger- 
mains,  dont  Tacite  felt  mention);  mais  J.  Orimm  pense 
que  le  nom  de  cette  arme  vini  plut^t  de  eeini  dn  people 
qui  s*en  servatt.  D^anciens  historiens  voolalent  tantdt  que 
les  Franks  fossent  oiiginalres  de  la  Pannonie,  et  tant6t  quells 
ileeoendissenl  diiecCeiotffl  des  Troyens.  AuJonrd*liui  les 
ittvestigateura  admettent  ^^ii^ra^ement  que  la  d^iinhiatlon 
de  Franks  est  seule  noovelle,  et  que  les  peuplades  anx- 
quelles  on  rattriboe  existaient  d^k  sur  les  bords  du  Rbin 
an  temps  d^Augoste.  Les  Brnct^res,  lea  Chamaves,  les  Amp- 
sivariens,  tea  Chattoab-es ,  et  snrfout  les  SIcambres  de  la 
premiere  pM)de  de  I'Empire  Romain,  torent  le  noyau  de 
la  eonf^d^ratlon  franke,  dont  quelqnea  trfhus  avaient  d^]k 
pass6  k  cette  ^poqoe  sur  la  rive  gaoolie  du  Rhin,  et  qui,  sur 
la  rive  droite  de  oe  fleuve,  habitaient  les  contrto  comprises 
entre  Tembouchure  de  I'Ems,  la  Sieg  et  la  Werra.  A  partir 
do  troisi^e  ot  dn  qoatritene  siMe,  de  nombreuses  hordes, 
appai  tenant  k  cette  conHid^iation,  se  r^pandirent  k  tra- 
vers  lea  Pnya>Baa  jusqn'en  Gaule,  et  finirent  par  sofajogoer 
compKtement  cette  centime. 

An  milien  dn  quatritoie  si^e  les  Franks  Saliens  et  les 
Franks  Ripnaires  paraissent  constitoer  les  deux  grands  grou- 
pes  de  la  ligue  franke.  Dte  le  r^e  del'empereiir  Probus  U 
est  question,  dans  les  basses  terres,  desSaliiais  (dont  le  nom 
est  d6riv6  soit  dn  vieux  mot  teuton  Sal^  soit  du  fleuve  Salm, 
c'est-Mire  Yssel,  ou  encore  du  Gan  appeM  Sale )  comme 
d*ennemis  redoutables  des  Romalns.  Le  M^napien  Carau- 
sius,  charge  de  prot^r  le  territoire  romain  contra  leura 
invasions  par  terre  et  par  mer,  s^^tant  proclam^  emperenr 
en  Bretagne  en  Tan  287,  les  engagea  lui-mtoe  k  s*emparer 
de  rae  des  Batarea  et  de  tout  le  territoire  avoisinant  jus- 
qu'^  PEscaot.  Constance  et  Constantin  les  repooss^rent ,  it 
est  vrai ;  mais  Jolien  les  retronva  dans  cette  m6me  contr6e; 
et,  aprte  leur  avdr  felt  la  guerre  avec  soocte ,  il  finit  per 
Ja  leur  alMindonner,  afin  de  pouvoir  se  servir  d*enx  comme 
de  troupes  aoxiliaires.  Pendant  ee  temps-li  les  Franks-Ri- 
pnalrea  ( de  ripa^  riTO )  s*^ient  ^endus  toajoors  de  plus 
en  plus  en  remontant  le  Rbin,  et  ao  oommeneeroent  du 
cfaiqoltaM  sitele  occopaient  d^li,  sur  la  rive  ganche  du 
Rhin,  la  contrte  s'^tendant  k  Touest  Jusqo*k  la  Meuse,  an 
sud  jusqu'anx  Ardennes  et  an  Hunderuck^  et  sor  la  rive 
droite  le  territoire  compris  entre  le  Main  et  la  Ruhr  et  s*6- 
tendant  k  Test  jnsqu^ft  la  Werra .  Plus  tard,  6*emparant  de 
diverses  portfons  de  tenitoireappartenant  aux  Alemani  et 
aux  Bourguignons,  lis  p^n^tr^rent  sur  la  rive  gauclie  du 
Rhin,  jusqu'au  delk  de  la  Lauter,  et  sur  ki  rive  droite  jusqu*4 
la  Mdrg,  sur  les  bords  du  Neckar  jusqu'k  I'Enz  et  au  Ko- 
cber,  sur  les  bords  do  Main  jusqu'4  hi  Rednitz,  et  plus  tar4 
encore,  en  subjuguant  des  peuplades  slaves,  jusqu^aux  pur- 
ees du  Main. 

Pour  chacun  de  ces  deux  priodpaux  gronpes  exfstaitpoe 
loi  parUculi^re ,  et  qui  par  la  suite  fut  consign^  p^r  4crit 
( Lex  saliea  et  Lex  Ripuariorum ).  Ces  deux  lois,  comnte 
les  peuplades  auxquelles  dies  appartenalent,  different  d'ail- 
leurs  fort  pen  entre  elles,  mfimedans  les  d^tail^.  Race  re- 
muanCe  et  heoreusement  dou^,  formant  en  ce  qui  est  de  la 
langue  et  des  monirs  le  chalnon  ioterm^dlalre  qui  relie  les 
popnIationB  de  la  basse  Allemagne  k  ceUes*de  la  haute  Alle- 
magne,  les  Pranks  Saliena  et  RIpoaires  constituent  encore 
lie  nos  jours  la  base  mftme  des  populations  de  TAllemagno 
occidentale  Jusqu^au  Neckar,  au  Main  et  k  la  Murg,  et  jua- 
.  que  dans  la  basse  Alsace,  de  mftnie  qnlls  sent  demeurte  la 

9e. 


764 


FRANCS  —  PRANGIPANI 


prindpal  ^Uniflnt  germaiii  de  la  population  du  nord  de  la 
Franca. 

L*iinportaiice  historiqoe  des  Franks  commenoe  au  mo- 
mant  ch,  par  kors  progrte  dans  la  Gaale  romaine,  les  Francs 
Saltans  pr^par^rent  la  fondation  du  royaume  frank.  Dte  la 
mflieo  du  dnqui^me  si^e  ils  p^n^trferent  dans  la  Hainaut 
al  rArtois  jnsqu'k  la  Somraa,  tandis  qua  les  Franks  Ripual- 
res  an^antissaiant  la  domination  romaina  sor  les  bords  du 
Rbin  et  da  la  Moselle.  On  die  comma  ayant  r^6  k  oette 
dpoque  sur  les  Franks  Saliens  Marwig  {MirovU ),  mort  en 
456,  qui  donna  son  nom  k  la  maison  royale  dc»  M  6ro  ▼  in- 
giens,et  son  fllsCbild^ric  (mort  en 481).  Si  sous  ce 
dernier  les  progrte  et  les  conqu^tes  subirent  un  temps  d'ar- 
r^t,  Chlodwig  ou  CI  0  T  is,  son  fils  et  suooesseur,  n*en  occupe 
qu'une  place  plus  importante  dans  Fbistoira.  A  la  bataiUe 
da  Soissons  (486),  11  vainquit  la  puissance  romaine,  qui  avait 
son  centre  d*iaction  k  MontpelUer ;  aprks  s'^tre  d^liarrass^ 
de  tous  ses  rlTanx,  il  r^unlt  les  Francs  en  un  corps  de  na- 
tion, soumlt  k  ses  lois  les  Ripualres  eux  -mtaes,  Tainquit  les 
Alemani  k  TolUac  ( an  496 ),  et  par  la  Tlctoire  de  VougM 
(an  507 )  mit  fin  k  la  domination  das  Yisigotbs  dans  la 
Gaule  mi^rklionale.  L*bistoire  du  nouvean  royaume  frank 
devient  ensuite  le  point  de  depart  tout  kla  fois  de  lliistoire 
de  France  et  de  lliistoire d'Allem ague. 

FRANCS  (Droit  des).  Foyei  Sauqob  (Loi)  et  Ri- 

rOAQlES. 

FRANCS  (Corps).  Foy»  GoaM  riAiics. 

FRANC  SALE.  On  nommait  ainsi  autrefois  le  droit 
accord^  k  certainea  personnes  ou  k  certains  olfldera  royaux  de 
prendre  k  la  ga  belle  certaine  quantity  de  sd  sans  payer. 

FRANCS  D*ORlENT.  Dans  le  Levant,  dans  toutes 
les  parties  de  TOrient,  et  m6me  en  Ocianie,  on  d^signe  les 
Europtos  en  gto^ral  sous  les  noms  da  Afrang ,  Farang, 
Frenk  et  Franguif  qui  an  moyen  kge  senraient  k  distin- 
guer  lea  Latins,  en  gi^ral,  des  musolmans  et  mtoie  des 
Grecs,  appel^  Boum  ou  Jtotimi.  Bbn  al-Ouardi,  dans  sa 
gr69grapbie  intitule  KheridaVAld  Giaib^  comprend  cepen- 
dant  sous  la  denomination  de  Roumi  k  pen  prte  tous  les 
peuples  de  TEurope. 

Dans  le  principe,  c'est-k-dire  iors  des  guerres  des  croi- 
sades,  les  Arabes  ne  d^gnaient  que  la  nation  fran^se  sous 
le  nom  de  Franghia;  mais  plus  tard  ils  ^tendirent  ce  nom 
k  toote  PEurope.  Frangui  signifie  done  parmi  eux  non- 
seulement  un  Franks,  mais  encore  un  Europten. 

Depuis  que  lesdifliftrents  peuples  dir^tiens  deTOccident 
sont  mieux  connnsdes  Orlentaux,  ils  out  regud^enx  cbacun 
un  nom  parUculier  :  ainsi,  les  Fran^ais  out  ^t^  nomm^ 
Fransaoui^  les  Germains  on  Allemands  Nimsih,  les  Polo- 
naii  Uli,  les  Espagnols  AiutoiotM,  les  Italiens  Talian^  et 
les  Arodricains  Merican, 

On  entend  g^ntolement  par  langue  Jranque  le  Jaigon 
usit4  aux  £didles  du  Levant  et  k  Tunis,  dans  les  relations 
eommerdales  entre  les  Enroptaiset  lesindigtoea.  C*estua 
compost  de  quelques  roots  arabes  ou  tnrcs  et  de  mots  grecs, 
espagnols,  italiens  et  proven^ox.  Sur  le  littoral  de  Tlnde, 
le  portngais  oorrompu ,  w€\i  d^hindoustkni  et  qiielquefois  da 
bengal!,  est  la  langue  frangue  daces  conlrto.  On  en 
peut  dire  autant  du  malayou  poor  la  Malaisie,  Bladagascar, 
et  Thai'Ouan  on  Formose.  G.-L.-D.  dc  Ribmzi. 

FRANCS-MACONS.  Voyez  FaANC-MAQomiBau. 

FRANCS-TAUPIN&  Voye%  Aacnaa. 

FRANC  TfiNANClER.  C*«talt  autrefois  cdui  qui  te- 
nait  des  terres  en  roture,  mais  qui  en  atait  radieU  les  droits* 

Pour  les  firancs  tenanders  d'Angileterre,  voge^  FkEinoL- 


FRANGE,  nom  domi6  aux  filets  qui  pendent  d*un  tissu 
qoelconque.  Ainsi  ily  adas  firanges  de  fil,  de  Un,  de  colon, 
de  soie,  etc.  Las  franges  ne  sont  pas  toujoorH  form^  avec 
la  ttiatiire  mime  de  ce  tissu,  ct  peuvent  Mre  appliquto. 
Elles  serTcnl  k  omer  les  Uabils,  et  surtout  les  meubles,  tcis 
que  rideaux  d^alc6ves,  Je  fendtres,  li'^  couvertures  de  lit, 
Wi  bousses  de  fauleuil,  lc»  lapis  de  pieds,  etc.  On  les  telnt 


quelquefois  d'one  eodeor  anbte  qua  le  tiaan  dont 
parlie,  pour  mieux  dessiner  les  contours. 

Dans  I'origine,  les  firanges  pardsseat  n^avoir  M  aolre 
cbose  que  les  poUs  longi  des  peaux,  qu*on  laissait  pendic, 
ou  les  fils  qui  d^passslent  le  bord  du  drap.  Homere  dfoil 
Tdgide  de  Minenre  comme  om6e  d^one  frange  «»«p««*f  d  * 
cent  toufTes  d*or  bien  tissues ,  dont  cbacune  TaUit  em 
btjDufs. L*usagede porter  des  babits ora6s da  frangasacos- 
meno6  dans  TOrient.  Su^tone  remarqne  comma  on  si^M 
de  moUesae  ehes  Jules  Cter  Tosage  de  porter  uw  tumqaa 
kmancbes  longues,  gamies da  ftangea.  Caaaiiboa  ubscrte  k 
ce  si:yet  que  les  mancbettes  et  le  collet  de  noa  chcmisfa  CDt, 
au  fond,  la  uitaieorigina. 

Frangif  en  termes  de  blason,  sedit  des  goofknoiis  qui  ont 
des  franges  d*ua  autre  ^mdl :  l^or  au  go^fanon  de  gmeula, 
frangi  de  sittople.  II  se  dit,  en  bistoira  natoreDe,  de  cs 
qui  aun  bord  d^coup^  en  manikre de  franges :  les  aUei  dece 
papilUm  soni  /rangUs^  p6taUs  frang^, 

V.MMoUboir. 

FRANGIPANE.  Par  analogie  avee  les  oonfilares  get- 
fumta  k  la  flenr  du  francbipanier  oa  frangipanier, 
qu*on  fabrique  dans  nos  colonies,  on  a  appd6  en  Eorops 
du  nom  Ae/rangipane  une  pikoa  de  pAtisserie  depeiii/imr, 
contenant  una  crkme,  ob  11  entre  des  amandea  dooces  et 
amkres  et  d'autrea  IngrMients. 

On  donne  encore  ce  nom  k  une  pommade  suave,  en  nygi 
pour  les  clieTeux  et  pour  les  mdns. 

FRANGIPANI  (Famille  ).  Cetta  maison,  qui  jona  oi 
grand  r6le  en.  Italia  aux  oniikme,  douzikme  el  trddlM 
sikdes,  dut  son  nom,  suivant  qudques  cbroniqueon,  an  n- 
connaissant  souvenir  que  la  peuple  romain  garda  d*on  de 
ses  ancfitres,  qui  dans  un  temps  de  Ikmine  lui  avait  gM- 
reusement  fait  distribuer  du  pdn  {frangere  panem ). 

Dans  la  lutte  des  gudfes  et  des  gibdins,  les  Frangipui 
^pouskrent  cliaudement  les  int^r^ts  et  les  haiaes  de  oa  der- 
nier parti.  Ausd,  quand  I'exaltation  aor  la  chaire  de  saial 
Pierre  de  Jean  de  Ga6te,  cardinal-diacreprodam^,  en  Ills, 
papa  sons  la  nom  de  G^lasa  II,  vint  sorpreodre  k  llah 
proviste  lea  gfbelins ,  Cineio  FauicipAm  se  cbaigea  de  p|o- 
tester  k  safii^on,  et  au  nom  de  son  parti,  contra  oetia  Sec- 
tion inattendua. «  Frangipani,  raconte  un  bistorien  eooteoH 
porain,  arm^  d'nn  glaive  nu,  brisa  les  portes  du  ooodaie, 
et  pto^tra  furieux  dans  T^lisa.  Saisissant  dors  le  pape  per 
la  gorge,  il  l^arracba  violemment  de  son  si^,  Paccibia  da 
coups  de  pied  et  de  coups  de  poing,  le  foula  aux  pieds  car 
le  seuil.de  r^ise,et  ledtehira  k  coups  d*<perotts  ooauaa 
un  vil  anunal.  Api^  cdte  sckne,  qui  peut  donner  une  Idte 
des  moeurs  de  eette  ^poque,  Flrangipani  emmendt  le  pepa 
prisonnier  et  cliarg^  decbdnes,  lorsqo'une  troupe  de  gud- 
fes ,  ayant  k  leur  t£te  un  Leoni  (  familla  ennemie dei 
des  Frangipani  ),  survenant  tout  k  coup ,  for^a  le  ravii 
k  ikcber  sa  proie  et  mkme  k  fdre  amende  boaoraMe. 

La  mdson  dea  Frangipani  a  prodnit  diveraes  twanebes , 
qui  se  sont  stabiles  sur  diffidretttB  points  de  lltdia,  dans  le 
Frioul  et  Jusqu*en  Hongrie.  Au  dix-septikme  aikde,  an 
membre  de  cette  brancbe  figure  avec  les  Ragolzi,  lesTakell, 
dans  la  grander6voltedes  Hongrois  centre  renperearli^ 
pold,  qui  commanfa  en  1665  etnafut  compMlemenl  etoufto 
qu*en  1669.  Frangipani  ddt  beau-f rkre  du  comte  de  Serin, 
vice>roidu  ban  de  Croatie,  Tun  des  prindpaux  cbcfs  dace 
mouvement  national  et  anti-autricbien.  Il  trahit  Hcbencat, 
pour  s'assurar  sa  grkoe,  le  comte  de  Serin ,  qui  eiit  la  tMa 
trucb^e,  la  30  avril  1671,  k  Neustadt.  La  oomtesse  da  Scri% 
soBur  de  FnngipanI,  Taut  deux  ans  aprte,  la  18  DovanBbn 
1673. 

Ce  Frangipanl-lk  ^tdt  bien  le  digne  descendant  dn  Jiit- 
^ties  Frangipani,  qui,  aprte  la  d^routa  de Tagliacoias, 
trabit  Conrad  in,  nilnstreet  dernier  r^jeton  des  Hdicn- 
staufan.  Conradin,  d^is^  en  paysan,  ^lait  parrcnn  k  gi^v 
la  petite  ville  d*Ajttura,  situte  sur  li  o6te  de  la  Campagneda 
Rome,  d  oJi  il  eap^rait  pouvoir  passer  en  Sidle.  D^k  U  ^ 
en  mer,  k  bord  d'unc  petite  barque,  lonqua  Jacques  Fiia* 


ItlANGIPANI  •-  FRANKLlA 


Hi 


gipint,  lacuaikt  mdntenant  en  IkTeur  da  qtii  6*6tait  dMarte 
U  foitone,  mit  ea  mer  im  briganlln  qui  attdgnit  le  Aigitir. 
Fait  prifonnier,  le  malbenroix  Connidui  fat  Uti^  par  lul  ^ 
•on  Impitojable  advenaire.  Jaeques  Frangipani  devint  le 
cbef  de  la  branclie  des  Frangipani  de  Naples. 

FBANGIPANIER.  Fo|res  FBARCuiP4nm. 

FRANK  (  Jbar-Pibbbb  ),  ctidbre  mMecin  pratiden,  et 
fun  des  erdatears  de  la  mMedne  l^e,  naqnit  le  19  man 
1745,  k  Rotabeln,  dana  le  paya  de  Bade.  Refa  docteor  en 
mMedne  h  Hddelberg,  il  se  rendit  k  Baden,  od,  en  1769,  il 
fut  uomni^  niMedn  da  margraTe.  Pins  tard,  il  t'dCablit  h 
Bracbsal ,  o6  il  obtint  tout  anssilftt  le  litre  de  inMedn  ordi- 
naire du  prince^ v6que  de  Spire.  Norom^en  1784  professear 
dc  physiolagie  et  de  mMedne  I^le  k  Gcettingoe,  U  aecepta 
dds  Tannte  suiTante  la  cbaire  de  diniqoe  devenae  Tacante 
k  I'universit^  de  Pa?ie  par  la  mort  de  Tiasot  En  1795  fl 
ftit  appd<  k  la  direction  de  ilidpital  gto^ral  de  Yienne; 
en  1804  il  aecepta  une  cbaire  k  l^iniTerdtA  de  Wihia,  et 
Tannte  snivante  il  fint  a*^tablir  k  Saint-P^tersbourg,  od  Tem- 
perenr  Alexandre  le  nomma  son  m^dedn  particuUer.  Aprte 
atoir  dngall^rement  oontribu^  k  ram^Uoration  de  toot  oe 
qni  se  rettadialt  en  Rusde  k  I'enseignenient  et  ^  la  pra- 
tique de  la  m^dedne,  il  revint  en  1808  exercer  son  art  & 
Tienne,  ob  il  moarat,  en  1821.  Napol^n  lui  avait  faiten  Tain 
les  oflires  Ics  plus  sMolsantes  pour  Tattirer  k  Paris.  Paimi 
sea  nombrenx  ouTiages,  on^doit  une  mention  toute  spMale 
ison  Systhne  de  Police  midicaie,  liyreTraiment  dassique 
en  son  genre,  et  k  son  TraiU  des  Maladies  de  PBomme^ 
toil  en  latin  et  rest6  inadiev^. 

FRANK  ( Joa»B ),  fils  du  prMdent,  et  non  moins  oA^re 
eornme  mMednet  eomme  toivain,  nd  le  23  dtembre  1771, 
k  Rastadt,  fit  ses  etudes  k  GcetUngoe,  k  Pavie  et  k  Milan. 
£n  1794  il  fat  adjoint  k  son  pkn  en  qualitd  de  professeor 
agr^  de  dinique  ^  TuniTersit^  de  Pavie ,  et  en  1796  il  le 
aoiTit  ^  Yienne,  pour  y  remplir  les  foncUons  de  m^dedn 
en  cbef  de  llidpital  g^n^ral.  En  1804  il  Paccompagna  encore 
k  Wibia,  avec  le  titre  de  professear  de  patbologie ,  et  y  Ibnda 
one  sod^  de  mMectne,  de  cblrurgie  et  de  pbarmacie,  une 
aod^t^  de  Tacdne,  une  maison  d^acooucbement,  etc 

En  1824  la  parte  de  la  Tue  I'obligea  de  renoncer  k  la 
pratique  de  la  mMedne,  et  en  1826  il  se  retira  k  GOme , 
ok  il  monnit,  le  14  d^cembre  1842.  Joseph  Frank  a  M 
Tun  des  partisans  les  plus  importants  de  la  femeuse  doctrine 
de  PirriUbDit^  de  Brown,  et  il  a  formnid  ses  idte  k  cet 
^gard  dans  son  Ssquisse  de  la  pathologie  d*aprh  les  his 
de  l'irriiabilU4.  Parmi  lea  ouvrages  donton  Jul  est  encore 
rederable ,  11  Auit  dter :  Acta  instiltUi  cUnid  universiia- 
iU  vilnensis  (Ldpzig,  1808-1814),  et  ses  Praxeos  mediess 
universsB  prsKepta  (1826-1841). 

FRANKLIN  (Biiuamin),  Tun  des  bonunes  les  plas 
remarqnables  de  son  si^cle,  naquit  le  17  janTier  1706,  k 
Gorernor's  Eiland ,  prto  Boston,  dans  une  fomille  pen  aiste. 
Isan  d'un  seeond  lit,  il  6tait  le  i^ns  jeune  de  sdze  enlants , 
et  de  bonne  Ueure  il  dot  seconder  son  pte,  qui  itait  iabri- 
cant  de  ebanddles  et  de  savon ,  dans  les  humbles  traTaux  de 
aa  proiesdon.  A  Tlge  de  douxe  ans  il  fut  mis  en  apprentis- 
sage  chex  son  fr^e  consangiriu,  James  Franklin,  imprimeur 
en  lettres.  Lk  il  consacralt  toutes  ses  benres  de  loisir  et 
aouvent  mtaie  une  partie  de  ses  noits  k  lire  des  litres  utiles, 
mais  sans  ordre,  pour  ahisi  dire  an  basard,  soivaut  l^esptee 
d'ouVrages  qui  tombait  entre  ses  mains.  De  bonne  heure 
aossi  il  s'essaya  eomme  poite;  et  en  1720,  son  Mn  ayant 
fond6  on  joomd ,  le  Jeune  Benjamin  FrankUn  y  fais6ra  une 
soile  d'artides  int^ressanU.  Mais  des  m^inteUigences  qoi 
ddatkent  entre  lui  et  oe  Mn  led^tennintrent  iquitter  Bos- 
ton ,  sans  Pagrtaient  de  sa  lamille,  pour  alter  se  ftxer  ^  Pbi« 
ladeiphie.  Encourage  alors  par  le  gouTemeur  de  la  protiuce, 
William  Kdtb,  k  Ibnder  une  imprimerie^  lui,  il  se  rendit 
en  1724  k  Londres,  ^  reflet  d'y  adieter  le  materiel  n^cessaire 
h  on  ^tablissement  de  cette  nature,  et  atant  de  quitter 
I'Ain^rique  il  se  lian^  atec  mica  Read,  fille  de  son  bOte, 
Trcmp^  dans  ses  esp^rances  par  Keith,  il  tnTaiUa  tour  ii 


tour  cbei  divers  imprimters  de  Londres  et  tnana  dans  eette 
▼file  une  conduite  assez  pen  r^ulitee.  Poorquol  le  dissirau* 
Isr?  Les  fautes  que  son  extrtaie  jeonesse  lui  fit  alors  com- 
mettre,  toute  sa  Tie  ne  les  a-t-eUe  pas  bien  racbette! 
A  son  retour  ^  PbOadelphie,  en  1726,  Franklb  fit  la  eon- 
naissance  d*un  n^odantdu  nom  de  Denbara,  dont  fl  derint 
le  tenenr  de  liTres.  Celul-d  dtant  moit  ^  qudque  temps 
de  Ik ,  Benjamin  Franklin  fut  encore  une  fob  r6duit  k  de- 
maoder  an  truTail  de  la  casse  ses  moyens  de  subsistance. 
BientOt ,  eependant ,  avec  I'aide  de  qndques  amis ,  il  rfosdt 
k  ^tabUr  une  imprimerie  k  lui ;  et  on  le  tit  dAuter  en  m6me 
temps  comme  toivain  politique,  carridre  dans  laquelle  il 
obtint  de  grands  succis.  Pendant  son  s^Jour  en  Angleterre, 
sa  fianc^  miss  Read,  n'avait  pas  eu  la  patience  de  Fat- 
tendre  et  avail  contracts  un  mariage  malbeureux.  Elle  di- 
vorce, et  Franklin  T^pousa,  en  1730.  Ses  affolres,  dont  il 
accrut  le  cerde  en  y  Joignant  un  commerce  de  papier,  pres- 
p^rferent;  et  la  oonsidtetion  dont  il  Jouiasait  parmi  ses  eon- 
dtoyens  alia  dte  lors  toujours  croissant  Dans  le  journal 
dont  il  se  fit  6diteur,  de  m^me  que  dans  son  aimanach, 
VAlmanaeh  du  bonhomme  Richard^  qui  parut  pour  la 
premiere  fois  en  1732,  et  dont  plus  de  cent-vingt  ans  de  pu- 
blication rdguUire  n'oot  point  vn  depots  lors  dtminuer  le 
succte,  on  reconnut  des  idte  neuvcs  et  originales.  Son 
esprit,  plein  de  sagadt^,  envisagcait  avec  one  calme  luddttd 
toutes  les  drconstances  de  la  vie  dans  les  grandes  comme 
dans  les  petites  cboses,  et  son  noble  coeur  embrassait  le 
bonheur  de  l*bamanit4  tout  enti^.  Personne  ne  pouvait 
rivaliser  avec  lui  dans  Tart  de  d^velopper  les  prteeptes  de 
hi  morale  et  de  lui  donner  poor  bases  les  devoirs  de  ramttid 
et  de  la  chants  aniversdles,  rutile  emploi  du  temps ,  les  joies 
dont  I'exerdce  de  la  bienfdsance  est  la  source,  la  nto»sit^ 
de  faire  concorder  I'uit^ra  priv6  avec  llni^rM  gdndral, 
les  fruits  l^tunes  du  travaO  et  les  jouissancea  que  procn- 
rent  les  vertus  sodales.  Sous  ce  rapport,  on  ne  saurait  hre 
rien  d'aussi  •^mtmi^  que  les  PfDuerfres  <iii  vleifj;  Uenri^ 
ou  la  science  du  bonhomme  Richard  (Philaddphie,  1787 ), 
rest^  pour  le  fond  comme  peur  la  forme  le  chef-d'asovre 
des  livres  popolairea. 

[  Tandis  que  les  cenvres  morales  de  Franklin ,  recbercbte 
partoot  avec  empressement,  exer^ent  une  heureusefaifluence 
sor  leurs  nombreux  lecteurs,  Tauteur  s^occupeit  de  physique, 
d^voihiit le  myst^  dela foudre, faiventait les  paraton  ner- 
res  et  le  cerf«vdant  ^lectrfque.  En  1738  Franklin  fit  orga- 
niser k  Philaddphie  une  compagnie  de  secoors  centre  les  ra* 
vages  desincendies.  fl  fotle  prdrarseor  deR  omf  o  r  d  dans  les 
rechercbes  sur  les  moyens  de  chaufiage  6oonomique ;  fl  rteo- 
lut  mAme  par  la  vote  qui  lui  ^tait  familite,  la  vole  des  ex- 
piriences ,  des  quesUoos  d*hydrodynaiuique  assez  diffldles. 
Mais  comment  la  fortune  de  Pimprimeur  ponvait-dle  suf- 
fire  anx  d^penses  que  semblaient  exiger  les  travaux  du 
physiden  et  du  mteaniden?  Cost  que  ses  dispenses  aaient 
presque  nuUes ,  ses  apparefls  d*une  imperiectton  k  laqudle 
il  suppl^t  par  une  extreme  dext^t^.  «  Lorsqn'on  ne  sdt 
pas  percer  avec  unesde  et  sder  avec  une  vrille,  U  ne  fkutpas 
se  mfiler  de  faire  des  experiences.  »  Voiik  ce  qu'il  r^ndait 
k  ceux  qui  pensaient  quit  n^avdt  employ^  que  des  instni- 
ments  tir^k  grands  f^ais  des  mdUeures  fabriquea  de  PEurope. 
On  a  constate  qn'U  n'avait  pas  m6me  de  pendule  pour  la  roe* 
sure  du  temps,  et  qu^il  y  suppl^ait,  k  Ui  manito  des  musi- 
ciens,  en  battant  la  mesure  et  en  comptant.  Lorsqu^fl  eut 
complete  ses  travaux  et  ses  decouveites  sur  reiectridte,  il 
en  adressa  le  resume  k  son  ami  Oollinson  k  Ixmdres ,  et 
en  1747  le  monde  savant  fht  en  posaesdon  de  ces  noovdles 
et  importantes  connaissanoea.  Depots  cette  epoque,  le  nom 
de  Franklhi  ne  se  trouve  plos  attache  k  de  grands  progrte 
dans  les  sd«ices ,  qooiqoni  soil  msere  dans  presque  toos  les 
recaeilsacademiqaes:  le  savant  Americainentretenaiteneaht 
une  correspondanoe  trte-€tendue,  leujours  inSeressants  et 
profitable  pour  ceux  auxquds  il  ecrivait  En  1762  I'oniver- 
site  d'Oxford  lot  conierale.  titre  de  docteur  en  droit 
Quand  lea  palriotM  amMcalna  et  lea  partisans  de  I'ad* 


76«  FBANELIN 

mUitatnilloii  atigMM  m  ii4>v^Wt  «»  ^flo^  eampt  bien 
Inndi^f  chactia  det  deux  partis  6*6flbrca  de  rattacher  I 
la  caiua  un  tiomine  doot  il  comprenait  que  rmfluenca  na 
pourrait  que  loi  £tre  extrtoieineDt  litiie.  Au  retour  d'uii 
voyage  k  Loodrea,  Bepjamin  Franklin  fut  done  appel^  par 
If  guuTerpeinent  angjiais  au)^  lueratives  fonctions  de  di- 
recteur  g^u^ral  des  postea  dana  lea  colonies  anglo-am^- 
dcajnes ;  mais  lea  reTeous  consid^rablea  attaches  k  cet  em- 
ploi  ne  Itii  firent  pas  oubller  ce  quMi  devoit  4  ses  conci- 
toyeoa.  Et  lorsque  p  lea  troubles  prenant  de  jour  en  jour 
plus  degraTit^,  la  diambre  des  communes  manda  k  aa 
barre  tons  les  agenta  des  diverbes  colonies  de  TAm^rique  dn 
Nord ,  k  Teflet  de  s*(^clairer  sur  le  T^ritable  6tat  des  clioses, 
Franldin  sa  rendit  k  Londres  en  1767  conune  d^l^gu^  de  la 
Peosylvanie  pour  prendre  part  en  cette  quality  k  l^enqu^te 
parlementaire  :  les  questions  qu'on  lui  Gt  et  ses  r^ponses 
sont  un  admirable  plaidoyer  en  faveur  des  Am^ricains ,  et 
feront  bl&mer  dans  toos  les  temps  la  guerre  que  la  m^tro- 
pole  leur d^clara.  Son  mandat  une  fois  expire,  en  1775,  et 
noQ  sans  courir  de  grands  risques  d'etre  retenu  prisonnier 
en  Angleterre ,  il  8*en  revint  k  PhiladelpUie ,  oil  le  congr^s 
ae  trouYait  alors  rduni.  A  partir  de  ce  moment  nous  n'au- 
rons  plus  II  parler  du  simple  particulier,  do  savant ,  de  Tim- 
primeur  et  de  aes  almanadis;  Tkomme  public  absorbe  tout, 
et  rimportance  des  affaires  dont  ii  est  charg6  le  Tait  aussi 
perdre  de  fue.  Dana  Thistoire  de  rafTranchissement  des 
£tatfi-Uni8,  Tattention  ne  se  d^taclie  point  deTensemble 
des  faits,  les  details  ne  peuvent  ^tre  reraarqu^;  et  les  re- 
gards ,  toujoura  fix^  aur  la  sc^ne  tout  enti^re ,  s*arr6tcnt 
k  peine  un  moment  sur  les  principaux  acteurs. 

£n  1776  Franklin  vInt  k  Paris  comma  ambassadeur  des 
d-dcTant  colonies  anglaises ,  qui  venaient  de  se  dtelarer  in- 
d^pendantes,  11  ne  fut  d'abord  refu  qu*en  secret;  mais 
en  1778,  Louis  XVI  s'^tant  ddcid^  k  reconnatlre  Tinddpen- 
dancc  des  treize  £tats  dont  se  composait  alors  Tonion  am<^- 
^ne,  Franklin  parut  offlddlement  avec  son  litre  d*ambas- 
sadeur  k  Versailles,  od  il  devint  Tobjet  du  respect  universel. 
Le  30  Janvier  1782  U  eut  la  joie  d'y  aigner,  avec  les  com- 
missairea  do  goovemement  anglais,  les  prdiminalres  de  la 
palx  par  laqudle  TAngleterre,  die  aussl,  reoonnaissait  Tin- 
d^pendance  des  £tats-Unis.  Id  on  nous  permettra  aana 
doute  bien  de  placer  une  observation  qui  ne  a^accommode- 
rait  peut-Atre  pas  avec  la  gravity  de  Tldstoire.  En  quittant 
I'Amdrique  en  1776  pour  serendreen  France,  Franklin  avait 
en  soin  de  quitter  la  perruque  dont  sa  t^te  etait  couverte 
depuis  trto-Mgtemps,  et  de  la  remplacer  par  ses  cheveui 
Uancs.  Get  acte  d^une  exquise  sagadt6  ne  oontribua  pas 
m^iocrament  au  succte  de  aa  mission.  Le  nouvel  agent  di- 
plomatique n^ignorait  point  on  devina  tr^bien  Tdlet  dea 
premieres  impressions  sur  un  people  auquel  on  reprodia 
detout  temps  un  pen  de  frlvrlit^,  et  le  peuple  de  ce  carac- 
t^re  ^tait  k  la  cour  encore  plus,  en  raison  du  nombre,  que 
dans  tout  le  resta  de  la  nation.  Franklin  allait  se  presenter 
oomme  Tenvoy^  d*un  nouveau  monde,  et  sa  haute  renom* 
m6t  Tavait  devanc^ ;  il  fallait  que  son  ext^ricur  n*eOt  rien  de 
common,  et  Timitalion  imparfaite  d*une  coiffure  fran^aise 
eOt  fait  |ierdre  k  sa  belle  tete  le  caract^re  de  digniU  qui  sled 
ai  blen  k  on  vidllard.  Le  luxe  des  habits  fut  supprim^  en 
mAme  temps  que  la  perruque;  des  lunettes  et  un  bisiton  blanc 
k  la  main  complf^t^rent  le  costume  de  Tambassadeur,  soit 
dans  Texerdce  de  ses  fonctions,  soit  dans  ses  promenades 
et  les  visiles  qu'il  rendait  k  des  amis.  Partout  oil  il  etait  ro- 
mart|u^  aans  6tre  reconnu,  une  curiofut^  respectueuse  dirl- 
gaait  vera  lui  les  regards  :  Quel  eM,  se  disaiton,  ce  vieux 
paffsan  qui  a  Voir  si  noble?  11  sut  6tre  almable  sans  d6- 
mentir  son  ext^rieur  imposant. 

Sun  si^jour  k  Paris  comma  ambassadeur  des  ttats-Unis 
fut  prolong^  jusqu'en  1785,  et  dte  qu'il  revfnt  k  Philadel- 
pUie, la  reconnaissance  et  Testime  de  ses  condtoycns  se  ma- 
uifest^rent  par  sa  nomination  aiix  fonctions  de  president 
iu  congrte  particuUer  de  la  Pensylvanie.  II  avail  alora 
ioixanle-dix-liuit  aus;  et  iusqu*k  aa  nort  toutes  aes  peo- 


I 


ate  ne  ctu^rent  pea  im  tnitat  d\Mn  dirigiii  nr  m 
moyena  d'etre  utile  it  aes  condtoyens.  Nona  BouaboiwnBs^ 
citar  \c\^  entre  mille,  un  de  ees  idfta  qui  mootreal  eoabinl 
dalt  babile  dans  Tart  de  foire  ie  bien.  II  ava'it  noMr^aflx 
environs  de  Paris'les  bona  efieta  dn  ptttre  anployd  cquhm 
engrais  sur  les  prairies.  Cette  tn^thnde  agrkM«  6laft  iaoonw 
dans  son  pays ;  en  la  dtoivant  et  la  reoomiaandant  aiee  ta- 
torit^  de  son  nom,  il  ne  Teat  r^pandua  que  parvi  les  eill^ 
vateura  instroits;  il  fallait  s'adreaser  en  mteie  tenpa  k  la 
clasae  ignorante,  en  ^tre  eompria  et  la  oonvaincre.  A  an 
retour  en  Am^rlque,  Fivnktiii  fit  une  provisiai  da  pltti« 
pul y^stf  poor  6tre  r^pamlo  aur  les  pr^ ;  et,  choiaisaait  aax 
environs  de  Pbiladdphie  one  prairie  trav^rfite  par  one  raola 
trte'iy^uent^,  il  y  r^paiidit  ea  tein|»  convnaMe  la  pev. 
si^e  f<toondante^  en  trai^ant  en  graada  et  laigaa  eaiKtiies, 
prfes  de  la  route,  la  phrase  que  nouatraduiaoiis  wmA  :  CM 
a  H4  pldM.  Les  herbes  crUreot,  d  la  pai^  plttrte  a*dlamt 
beauooup  plua  liant  que  le  reste,  et  BMMitFaol  par  aa  hdia 
verdure  la  viguenr  que  Tcngrds  loi  avail  doaate » la  phma 
fut  lue,  fifwuneati^  par  lea  paaaaata;  oa  eo  fit  laealHa 
dans  ioutea  lea  gazettea ;  des  coltivateara  Ttarant  da  loia 
poor  la  lire,  aana  qu'aucuneaffkiie  lea  atUrAt  k  Philadalphie : 
Pannte  antvante  les  propri^tte  dn  fHUtt  ooDuna  enenp 
dtaient  gite^ralement  connoea,  H  oe  troovaleni  point  dl^ 
cnSdttles ;  les  redierches  de  cette  aaJntaaea  dtaieni  fallea ;  la 
exploitations  commencte,  et  depala  ftara  eella  pnliqae 
d'agricuUurea  pria  beaucoup  plua  d*exteaaba  aax.  Bala-lteli 
que  daaa  notia  paya,  d^ob  die  fat  portte  CQ  AmMfue. 

La  mort  de  Franklin  fut  un  ^v^nemeal  qui  tiaiadia  tea- 
Joura  one  place  remarquable  daos  rinstqire  dea  peafdci.  II 
avail  soUidM  d  obteau  une  oonvocatioa  g^rala  da  eoagris 
pour  rem^dier  k  qudqoea  vices  de  la  coaftitiitiaa,  qaV 
signalait,  aind  que  ieurs  pernideox  dfeta.  Getta  aainpWa 
tendt  sea  sauces  k  Pbiladdpbie  »  et  la  prafiaee  die  Fm- 
sylvanie  avail  charge  son  gpuveniear  da  I'y  fiprisoilcr : 
il  y  paria  avec  tant  de  raison  d  de  aagesae,  fn^  sia  vaaaaa 
rencontr^rent  presqoe  point  d^oppodlloa.  La  afaslaa  da 
congrte  avail  commencd  en  1788.  Le  17  avril  1790  M  la 
dernier  jour  de  Franklin.  Le  coogrto  ordonaa  qoe  le  dedl 
serait  portA  pendant  deox  moia  dans  toua  ksa  rata  do  rc- 
nion  :  les  dtoyens  le  prolongferent  an  deU  da  cette  ^peqot. 
L'Assembl^  nationde  de  France  rendit  ausal  an  houMni^ 
publi6  k  la  nidnoire  de  riUuatre  Amdricain :  eile  pril  ladc^ 
pour  trola  jours.  Fnav. ) 

Franklin  avdt  oomposd  loi-mtaie  r^tapho  qu'ot  lit  ai* 
Joord*bui  sur  son  tombeao. 

«  Ci-gtt,  p&tura  dea  vera ,  le  oorpa  da  Beojimi*  FMUia* 
imprimeur,  semblable  k  la  couvertnre  d'an  vievx  livra  daot 
on  a  arrach^  les  (euillets ,  eftao^  le  litre  d  la  dorure.  Mdi 
l^oovrage  ne  p^ra  pas ,  d  reparaltra,  conuaa  i|  la  crayait, 
dans  une  nouvdle  d  plua  beUa  Milion ,  revue  al  eocrigi^ 
par  Pauleur.  • 

A  r^poqueob  Franklin  daamiaiionpoUtiqpaQpeapd«il 
le  plus  rattention  publique  k  Paris,  on  vendit  de  l9iia  o4M 
sou  portrait  gravd,  au  baa  duqud  aa  Ironvatt  oa  veia  : 

Erifttit  caehjitlmen  teeptrum  fme  fy 


qo'on  attribna  k  Tui^sot,  et  qui  obtl&t  an  giand  aacds 
quolque  toott^nt  une  peittte  faiisse.  Lea  paratmiDerr^  ps| 
plus  que  les  paraplulea,  n*oppoaenld'obslade  1^  raoooa^ptifr- 
sement  dea  lois  g^mh'alea  de  la  aature. 

A  la  Vive  douleur  da  Ptanklin ,  aon  Hki  oniip^  WtWim 
Frankun,  ne  parUgea  point  sa  manUva  de  vdr  dJias  !•  bitta 
engagte  entre  la  m^tropole  d  aes  coloaiea,  d  laata  m  tm- 
vice  de  l^Anglderre. 

L'Mition  la  plus  eomplde  dea  oaovrea  da  B.  FktoWip  ed 
celle  qu*a  donnte  Pun  de  sea  pdit»-fila,  WUiiam  faavH 
Franxun,  sous  ce  litre:  ThecompleU  Works'^ M.  Frw^ 
Un ,  with  memoirs  of  his  l\fB  ( Lomlrea,  181?,  2  voL). 

FRAKKLIN  (Sir  Jonn),  navigateuraaglaia,B6io  1788* 
k  Spilsby,  dans  )e  Lincolnshire,  fit  debaDoe  heon  pNavt 


.   >v 


FfUUSKLIN 


7«r 


4'iui  Mpril  efturigaoK  •!  portt  mx  wtrepriiM  ainai  qn^aux 
•▼aaturM  pMtoiiMs*  Son  p^  qui  ne  voyait  pas  aana  mi 
vif  4^plaMir  a«  d^Telopper  aa  prMUectioo  pour  la  vie  do 
nariD,  eap^a  Taa  gu^r  radicaleoieDt  en  reoYoyant  ftiiro 
nil  tour  ^  LitbanM  4  bord  d'un  vaiueau  marcband.  Mais 
le  remMe  eut  on  effet  tout  contraira  k  calui  qu*ll  en  atlen- 
dail,  et  te  ieiuie  John  Fraakliiiy  aiofs  Ag6  de  quaiorze  ans, 
Ae  tarda  pas  h  entrer  dans  la  marine  ruyale,  en  quality  de 
midshipman,  II  assisUyi  bord  du  Taisseau  de  Ugne  le  A>* 
lyphenau,  aa  oomliat  naval  li? r^  devant  Copenhague  en 
1801.  Deiii  ana  apres,  en  IMS,  il  accompagna  Tun  de  ses 
parenli,  le  capitaioe  Flinders,  dans  son  voyage  de  d^cou* 
vertes  aux  iners  AnstraleSy  et  fit  nauirage  avec  hil  sue  les 
oOtes  de  la  Kouvelle-Uollande.  Plus  laid  on  lo  voU  k  Tra- 
lalgar  rempUr  les  fonctkinfr  d'officier  de  luanieuTres  k  bord 
du  BelUrophon^  et  jasqu*en  1814  il  serrit  comme  lieiite* 
nant  sur  le  Bedjord,  qui  trausporta  alors  les  monarques 
allids  en  Angleterre.  En  18I&  il  so  distlngua  d*nne  mani(ire 
toute  partleuU^  k  rattaqoede  le  liouTeUe-Orldans,  ou  il  oii- 
lova  k  Tabordage  one  cbakmppe  canonni^  am^caine.  En 
18i8  il  cooinianda  le  brick  The  Trent  ^  adjoint  k  Texp^- 
tion  dtt  capitaine  Bneban  au  pAle  nord.  Aprte  Tinsuccto  des 
eflbrti  tentte  par  Rosa  pour  d^couvrir  on  passage  au  nord- 
oaest,  il  fot  diargi  en  1819  d^entreprendrei  enoompagnie  de 
Richairdson  et  de  Back ,  un  voyage  par  terre  depuis  la  bate 
d'Hudson  jusqu'k  I'emboachure  du  fleuve  des  MinoB-do^ui- 
vre»  en  nitoie  temps  que  le  eapitaine  Parry  recevait  la  mis- 
sion de  visiter  les  m^oes  paragies  par  mer.  Oaos  ce  voyage 
il  suivlt  la  c6te  Juaqu'au  cap  Turn-again  ( 68"  30'  de  latitude 
septentrionale),  apr^  avoir  endar^  d'teeroyables  souifrances 
et  tt^avoir  tobapp6  k  la  mort  que  grftce  k  rassistance  de  quel* 
ques  Ittdietts.  11 6tait  de  retour  en  Angleterre  en  1832.  Promu 
alors  au  grade  de  eapitaine  de  marine ,  il  entreprit  en  182& , 
avee  les  monies  compagnons,  un  second  voyage  de  ddcou- 
vertex  k  la  mer  Polalre,  et  releva  les  cdtes  qui  s'^tendent  de* 
puis  leMackensie  Jusqu'au  fleuve  des  Mines  do€uivre.  Apr^ 
avoir  p^ni6tr^,  le  1  b  aoftt  ia27»  jusqu'au  70*  30'  de  latitude  sep- 
tentrionale  et  au  150*  de  longitude  ocddentale,  force  lui  fut 
de  rebroosser  chembi  k  cause  de  T^poque  avancie  de  la  sai- 
son.  En  recompense  des  xervices  quiil  avail  rendus  k  la  gto* 
grxphie  et  a  la  navigation^  le  rui  George  IV  le  cr^  baronet, 
Kn  1830 11  fut  charge  du  commanderoent  d'un  valsseau  de 
b'gne  daus  U  Miditerran^,  et  alia  eusuite  remplir  les  (ono- 
tions  de  gouvemeur  k  la  terre  de  Van-Di^meni  poste  d'oix 
on  le  Fsppela  en  mars  1843.  An  conunencement  de  1845 
il  ctaitde  nouveau  de  retour  en  Angleterre,  et  y  acoepta 
tout  aiissit6t  Tolfre  du  commandemeni  d^one  noovelle  exp^* 
dition  an  pOle  Nonl,  dont  on  esp^rait  tirer  autant  de  prolU 
pour  les  progpte  de  la  gtographie  (|ue  pour  la  connalssanoe 
plus  exacte  dn  nagp^tisme  terrestro.  Les  deux  vaisseaux 
Erebui  el  Terror,  aveo  lesquels  le  capitaine  Ross  avait  d^k 
ex^ttte  son  voyage  an  p6le  antavctique ,  furent  arm^  rapi* 
dement ;  et  Franklin  choisit  pour  raccompagner  deux  ofliders 
de  marine  do  plus  grand  mirite,  les  capitainesCrozier  et  Fitx- 
James.  L'exp^dition,  forte  de  UObommesd'^uipage,  •••  •  k 
la  viuUe  le  10  mai  1845 ;  le  4  juillet  elle  arrive  aux  lies  des  Ba- 
laines,  et  Ait  aper^ue  pour  la  demikre  fois  le  36  du  mime  mois , 
par  le  eapitaine  Ilanner,  couufumdant  Le  JMnce  de  Gallee, 
dans  la  bale  de  Melville,  par  77*  de  latitude septentrionaki  et 
£6"  13' de  longitude  ocddentale(meridien  de  Greenwicb).  U 
etait  d^jk  pris  dans  les  glaces.  Six  jours  aoparavant  il  avait 
enoom  M  vu  par  le  eapitaine  de  VEntreprUe^  kqui  il  avait 
dit  avoir  des  vivres  pour  cinq  ans ,  et  mteie  pour  sept  s'il 
etait  beureux  dans  les  cbasses  qu*)l  eomptait  (aire. 

Oepuls  left  on  n'a  plus  refu  aucunenouvelle  des  bardisna- 
vigateors.  On  eenmenca  dks  1847  k  slnqui^ter,  en  Angleterre, 
de  ne  reoevoir  aoeone  WMivelle  des  voyageura.  Tons  eeux 
qui  coiinaissaient  cette  navigation  pensirent  que  Franklin, 
sMl  avait  ^t^  forc^  d'abandonner  ses  bktiinents,  aurait  cher- 
oli4  k  revenir  par  les  pays  inconnus  qui  si&parent  le  point 
ok  il  etait  du  Mackensle  ou  du  fleuve  des  Mines-de-Cuivre. 
Ckiendant,  ou  m  ^taux  ordres  de  rxittiraul6»  qui  eiyol* 


gnaient  au  capilalne  de  chefdier  k  frattchfr  le  d^troit  de 
Bebring,  et  s'il  ne  le  poovait,  de  s'en  revenir  par  le  canal 
Wellington.  A  partir  de  1848,  des  primes  eontid^ables 
furent  ofleries  k  oenx  qui  d^coovriraient  Franklin  et  Ion 
^uipage  ou  seulement  des  traces  de  leur  passage.  Oe  mftme 
un  grand  norobre  d'expMitions  furent  enToyies  k  la  recber- 
cbe  des  nauiragds  aux  firais  soit  du  gouvememeni  anglab » 
soil  de  lady  Franklin,  ou  encore  du  n^ociant  am^caia 
Grinnel,  les  unes  k  la  bale  de  Baffin » les  autres  au  d^troit 
de  Bebring ;  mais  toutes  restkrent  infruetueuses.  Oe  n'est 
qu'au  cap  Biley,  k  l^tree  du  oanal  Wellington,  qu'on  d6- 
couvrit  quelques  traces  d'un  campement;  et  on  en  induislt 
que  probablemeot  Franklin  et  ses  compagnons  avaient  pasa^ 
Ik  PUivor  de  184C.  Longtemps  ausoi  on  pcosa  que  le  capitaine 
avait  pu  se  trouver  forc6  d'abandonner  ses  vaisseauK  et 
de  se  r^fugier  dans  quelque  terre  ou  He  encore  .iiiconnue. 
Les  reoberches  ont  pour  la  plupart  ^t^  faltes  en  partant  de 
cette  id^;  mais  jusqu'k  prtent  elles  avaient  toetes  abouti 
k  une  absence  absolue  de  renseignements  ou  miroe  d'in- 
dices.  Aussi  le  gouvemement  anglais,  consid^raut  ddsormais 
les  infortunte  navigateurs  comme  perdus  saus  ressource ,  et 
depuis  plusieurs  ann^,  venait-il  (tout  en  maintenant  lea 
primes  pr^cMemment  offertes  aux  navigateurs  de  tons  pays ) 
de  decider  qu'il  ne  ser^t  plus  entrepris  ile  nouvelles  exp^i- 
tions  pour  son  coiiipte,  quand,  au  mois  d'octobre  de  la  pr^- 
aente  ann^  1854,  Tamirauti  re^ut  une  communication  datte 
de  Repulse-Bay  le  39  juillet,  et  par  Uquelle  le  docteur  Joba 
Rae,  r^iruitandunt  une  cxp<3dition  envoy4e  par  la  compagnie 
de  la  baie  d'Hudson,  portait  a  sa  connaissance  que  pendant 
un  voyage  fait  ce  printerops  sur  la  glace  et  les  uciges,  dans 
le  but  de  compter  la  reconnaissance  de  la  terre  de  Bootbia, 
il  avait  rencontr^  dans  Pelly-Bay  des  Esquimaux  qui  lui  avaient 
racont^  qu'un  d^tacbement  d'environ  quarante  bommes 
blancs  avait  ^t^  vu ,  il  y  a  eu  quatre  blvers  au  printemps 
(1850),  voyageant  au  siid  sur  la  glace  et  tratoant  un  bateau , 
prks  de  la  rivikre  de  King  William^s  landi  quHls  avaient 
fait  entendre  que  leur  vaisseau  avait  p^ri  dans  les  glaces ,  et 
qii'ils  cbercbaient  des  daims  et  du  gibier :  on  suppose  qu 'Us 
elaieut  k  court  de  vivres.  Plus  tard,  roaisavant  la  d<^bkcle  des 
glaces ,  les  corps  de  trente  individus  avaient  616  d^cooverts 
sur  le  continent  et  cinq  dans  une  lie  voisine,  k  une  longue 
distance  d'une  grande  rivikre  ( prubablement  Bacl^s  great 
Fish  River)*  Quelques  corps  avaient  M  enterr^s,  sans 
doute  oeux  des  premikres  victimes  de  la  faira.  QuelquesHins 
6taieat  sous  une  tonte  ou  des  tentes,  d'autres  sous  le  bateau, 
qui  avait  6tk  retourn^  pour  former  un  abri.  Parmi  les  corps 
trouv6i  dans  llle,  11  y  en  avait  un  qui  semblait  avoir  dt6 
le  corps  d*un  oflicier.  II  avait  son  telescope  suspendu  a 
r^paule ,  et  son  fusil  k  deux  coups  6tait  coucli^  auprks  de 
lui.  D*aprks  T^tat  de  mutilation  des  corps  et  ce  qui  se  trou* 
vait  dans  les  cbaudikres,  il  est  Evident  que  les  malheureux 
naufrag^s,  pour  prolonger  quelques  instants  de  plus  leur 
existence,  avaient  6t6  ridaitsk  la  plus  borrible  extr6mit6, 
le  cannibalisme  1... 

Le  docteur  Rae  ajoutait  avoir  vu  entre  les  mains  del 
Esquimaux  de  qui  il  tenait  ces  details  des  fragments  de 
divers  objeta  truuv^s  sur  les  lieux  par  les  indig6n<\s  qui  leur 
avaient  racont6  ce  qu'on  vient  de  lire,  tels  que  des  Iragmenta 
de  compas,  de  telescopes,  etc.,  des  fourcliettes ,  cuill^res 
et  diverses  pikces  d'argenterie  marquees  d*inltiales  se  rapr 
portent  parfaitement  aux  noma  et  prdnoms  des  divers  offir 
ciers  emharqu6s  k  bord  de  V Erebus  et  du  Terror ,  et  un 
gobelet  avec  cotte  inscription  grav6e :  Sir  John  Franklin, 

Quand  onse  rappelle  que  d6jk  le  30  avrU  1851  le  brick 
Renovation  avait  rencontr^  par  45®  de  lot,  nord,  aux  ea? 
virons  de  Terre«Neuve,  deux  navires  paraisaaat  avoir  6(1 
abaadonn6s ,  il  semUe  qu*il  n*y  alt  pins  lieu  maintenant 
de  douter  du  sort  de  Franklin  et  de  son  Equipage.  Quoi 
quMl  en  piiisse  £tre,  on  annonce  que  le  gouvemement  an- 
glais a  d6cid6  qu*au  printemps  de  1855  une  expedition  parr 
tirait  encore  pour  entreprendre  de  nouvelles  explorations, 
et  pour  alter  k  la  recbarcbe  dee  Esquimaux  vuxpar  ledoc* 


768  FBANEILIf  •— 

teor  Raa  et  d«  la  trace'  daa  dOris  dont  tt  ait  qnastfon  dana 
laursrteita. 

FRANKS.  Vofez  Fhancs. 

FRANQUE  ( Langoe).  Voyes  Frahcs  i/Oriemt. 

FRANQUETOT  (Famille).  Toytfz  Omght. 

FRANZENSBAO  ou  FRANZENSBRUNN ,  I'lm  dea 
plus  e^librea  ^tablissementa  thennaai  de  la  Bobtaie,  sita6 
k  on  myriam^tred'£ger,dated6  Tannte  1793,  et  fat  ainsi 
Domini  ea  llioaiieor  de  remperear  Francis  11,  alora  re- 
gnant On  y  oompte  ploade  dnqoantemaisons,  dont  qudqnes- 
ones  ont  4M  oonstruitea  dana  lea  proportions  lea  plus  gran- 
dioaes  h  VtXM  de  receroir  des  baigneurs.  Lea  sources  y  sont 
nombreoses;  leor  temp^ture  est  de  9°  Rtoumur,  Elles  ap- 
partiennent  aux  eaux  alcalines,  salinea  et  ferrugineusea.  Les 
ones  se  prennent  en  boisson  et  en  bains ,  les  autres  aeule- 
ment  en  bains.  Doucement  r^Wantes,  puriflantes  et  forti- 
flantes ,  on  les  reoommande  pour  les  faiblesses  gfo^rales  et 
locales ,  pour  les  obstructions  du  baa-ventre ,  pour  certaines 
maladies  du  syst^me  g^ital  chez  les  deux  sexes,  etc.,  comma 
preparation  k  une  m&icamentation  plus  ^nergique,  et  aussi 
apres  Temploi  d*eanx  min^rales  d'une  nature  plus  afTaiblts- 
sante.  Les  exp^tions  qui  s^en  font  k  T^tranger  Tont  tou- 
iours  croissant  et  en  1851  avaient  d^paas^  1100,000  cruchons. 

FRA  PAOLO.  Foyes  Sarpi. 

FRASGATI ,  petite  ville  de  r£tat  de  ll^lise,  dans  la 
eomarea  di  Moma^  sur  le  penchant  d^une  Eminence,  d'oti 
se  d^oule  le  plus  cliarroant  tableau.  C*est  le  si^  d'un  ^Td- 
ch^.  1Q]»  est  euTiitmn^te  d'nn  nombre  infinl  de  Tillaa,  parmi 
lesquelles  on  distingue  anrtout  la  THIa  Piccolomini ;  la  villa 
originairement  constmite  pour  la  famille  Aldobrandini,  de- 
yenue  par  la  suite  la  propria  de  la  famille  Borgbte;  la 
▼ilia  Rulfindla,  pass^e  entre  les  mains  de  Lucien  Bonaparte , 
puis  entre  ceUes  dn  prince  de  Chablais,  et  appartenant  au- 
jourd'hul  an  roi  de  Sardaigne,  c^^bre  par  les  fonilles  que 
Lnden  Bonaparte  y  fit  exteuter;  la  villa  Bracciano,ci-devant 
Montalto;  la  TiUa  Gonti,  ci-devant  Ludovisi,  anjourd^hoi  la 
liropiJ^  du  due  Sforza-Cesarini ;  la  villa  Mondragone, 
Unroenae  palais,  ob  lV>n  ne  compte  paa  rooins  de  374  fenetrea 
et  qui  tombe  aiuourd'hui  en  mines,  situ6  non  loin  du  con- 
vent des  Camaldulea,  constniit  par  le  pape  Paul  V.  Sur  le 
flommet  de  la  coUine  od  est  situ^  Frascati,  s'tievait  autre- 
foia  Tuseulum,  Tune  des  plus c^l^bres  viUes  du  Latlum. 

FRASGATI»  ancien  hittel  Leconteulx,  situ6  nagu^  k 
VexMadiA  de  la  rue  Richelien  k  Paris.  II  re^t  ce  noro 
lorsqu'nne  compagnie  rafTerma  et  le  oonvertit  en  lieu  de 
bal  et  de  plaisir.  Sons  le  Directoire,  c'dtait  le  rendez- 
vous de  la  bonne  compagnie.  On  dansait  dans  les  salons 
et  dans  le  Jardu!,  qui  longeait  la  boulevard  :  1^  ae  rdunia- 
aaient  cbaque  aofar,  on  plut6t  cheque  unit,  les  plus  belles 
femmes  de  Pans.  «  Quel  bruit  ae  fait  entendre?  disalt  Mer- 
der  dans  son  Nouveau  Paris*  Quelle  est  cette  femme  que 
les  applaudissements  piMdentP...  Son  l^er  pantalon  trte- 
serr^ ,  qnoique  de  aoie ,  est  garni  d'esptees  de  bracelets.  Le 
Justaucorps  estsavanmient  6cliana6,  et  sous  une  gaae  ar- 
tistement  peinte,  palpitent  les  r^ervoirs  de  la  maternity. 
Une  chenUse  de  linon  clair  lalsse  apercevoir  les  jambes  et 
les  cuiasea ,  qui  sont  embrasate  par  des  cerdes  en  or 
diamante...  Encore  unebardlesae,  et  Ton  pourrait  oontem- 
pler  parmI  nooa  les  dansea  antiques  dea  fillea  de  la  Laconie. » 
Qui,  r^offe  qui  oouvralt  on  aemblalt  oonvrir  tea  femmea 
dtait  si  U^tn,  si  diaphane,  qne  pour  en  douMr  une  idte 
lea  auteora  dn  tempa  biventteent  Pexpression  d*air  iissu, 
De  riches  bagnes  Mncelalent  ^  tone  leors  doigts;  de  prd- 
deux  eothumealalasaient  ^  ddoouvert  rextrftniUS  de  leurs 
pieds,  dont  cbaque  d<rfgt  adt  serr6  dana  nn  brillant  aaneau. 
Elles  cachaient  leor  brune  chevdnre  sons  nne  perruque 
blonde.  Aind  Tordonnait  la  mode;  et  edtemode^taltd'as- 
atamauvda  goAt.  L*oplnion  fit,  dn  reate,  bientOt  justice  de 
ces  scanddeuses  satnmales.  On  qultta  Frascati  poor  les 
coneerts  et  les  fllumtnations  de  Tivoll;  et  son  vade  jardin 
fut  transfonne  en  un  vnlgaire  cafi6.  Llidtd  devenu  desert 
rcfiit  de  nonveanx  betes.  II  Ait  occupe  par  la  feme  des  | 


FRATEBNEI/ 

Jeux.  Les  salons  ae  peopMrant  dejonentet  dejonenaida 
trente  et  qnarante.  Cetdt  le  sent  des  tripola  priviUgp^  oa  la 
beau  iexe  fat  admis.  II  y  resta  jusqu*ii  la  auppresdoa  da 
malsons  de  jeu,  sous  Louis-Philippe.  A  qodque  tempa  de  tt» 
un  vaste  pau  de  malsons  nooveUes  a*deva  aor  Fcmpiafla' 
ment  de  I'hetd  Leoooteulx. 

Le  sucote  du  Frascati  parislen  avdt  M  contagieax  pov 
nos  grandes  dtte;  Bordeaux  ent  anad  son  Frascati.  Dn 
fetes  briilantes  y  rtenirent  une  sod^  Bombfeoae.  <7ddt 
le  memo  luxe,  lea  memea  endiantements  qu*^  l^iis;  bmIs 
la  au  moins  les  toilettes  etdent  riches  aana  indteaise.  U 
Frascati  borddais  eut  ses  joues  de  vogue  et  de  prosp^ril^ : 
lis  passtent  rapidement;  et  le  magniflque  hetd  qu*ilooev- 
pdt  dans  ^  bdle  rue  du  Chapean-Rouge  resta  longlenpt 
vide ;  I'd^gante  rotonde  que  Ton  y  avdt  constmite  pour 
les  bds  6tdt  dtaiolie  quand  on  y  teblit  la  prMscture  de  li 
Gironde.  Dofet  ( de  VYomut ). 

FRATERNEL(Amour).  Detous  les  seotimeBtoBaliifds 
an  coeur^de  I'homme  U  n'en  est  point  qui  alt  €U  )adis  mtaat 
ed^requecdui  qui  porte  le  nom  d'amowrfraiermel.  Les 
andens  en  avdent  plac^  les  patrons,  les  Dioecures^  ao  dd 
d  dans  les  enfers ;  lis  les  prendent  k  tteoin  de  laaaintel^  des 
serments ;  lis  les  invoqndent  dans  les  infortones  domestiqaes, 
an  milieu  des  dangers  de  la  mar,  on  dans  oeux  des  M*Uin 
Avant  le  combat,  on  chantdt  Fhymne  de  Caalor  et  PoUn 
et  aux  f unteilles  on  reoommandait  k  cea  divins  frferes  la 
etres  cb^ris  et  trop  t6t  enlev^  k  Tamonr  de  lears  prodiOL 
Les  nombreuses  Cunilles  eident  regardte  eomn 
marque  de  la  favour  du  duA,  et  la  privation  d*un  fir^ie  < 
une  grande  infortnne.  Plotarqoe  a  fdt  de  I*amiti6  fratemdle 
Tobjet  d^on  traits,  dans  lequd  11  n*a  rien  oabli6  de  ee  qd 
pent  rendre  cette  dfectioo  aimable  en  mtaie  temps  qnHitile 
au  bonheur  et  4  la  vertu.  De  noa  jours,  Bemardin  deSaiat- 
Pierre  a  puise  dans  P^tude  appronfondie  du    sealiaMaa 
A^temd  Tune  de  ses  plus  ravissantes  kamumies  :  aolev 
ing^nieux  autant  que  vrd,  11  a  trouv^  le  OM>yen  de  carMl6- 
riser  ce  tendre  penchant  quand  II  s'appllque  aux  fenuna : 
II  appdie  Tamiti^  entre  soeurs  sororale^  vieux  mot  eaiplof6 
dans  la  jurisprudence  pour  d^igner  ce  qd  eat  rdatif  aox 
soeurs ,  et  quMl  serdt  bon  de  njeunir  par  nn  plas  IMqneit 
usage.  Personne,  au  reste,  n'a  pdnt  d*nne  roani^  ptai 
charmante  que  Pantenr  de  Paul  ei  Virginie  la  poisaanoi 
du  lien  flratemd  et  la  douceur  de  Tunion  qui  doit  y  pr^ 
der.  Empmntant  cette  id4e  k  Plutarque,  tl  la  revai  dn  charaK 
de  son  style  Imag^  d  gradeux.  «  n  en  est  d'ose  faauie 
dit^il,  compost  de  fr^rea  in^gaux  en  age,  en  caradtee,  en 
talenta,  comma  de  la  main,  form^  de  doigta  de  diverses 
proportions,  qui  s*entr'ddent  beaucoup  plus  que  s*iladaient 
de  force  et  de  grandeur  ^les.  Pour  rordlnaire,  lonqnite 
saidsaent  tons  ensemble  nn  objet,  le  poooe,  cooune  le  plus 
fortyserre  ^  lui  seul  oe  que  les  autrea  saldsscBt  tooa  ensem- 
ble; le  pina  petit,  comme  le  plua  Idble,  tM  la  main,  ca 
qu'il  ne  pouirdt  fdre  s^  etdt  ausd  long  que  les  antra. 
It  n^  a  point  de  jaloode  entre  les  demlera,  qui  travdlkat 
moins,  maia  qui  supportent  lea  autres,  dlaa  preniiera,qd 
tiennent  la  plume,  ou  ceux  qui  sont  dteorfo  dHm  aaoean 
dV.  Qudque  incite  done  qu*il  y  dt  entre  les  talents  d  les 
condltiona  des  frires,  11  n*y  a  qu*une  senle  chose  k  leor  ias- 
pirer,  c^est  la  concorde,  afin  quiia  pulsaent  agir  de 
comme  tei  doigta  de  la  main.  • 

Hals  d  rarniti^  fratemdie  a  ses  doooeurs,  d  die 
aux  divers  membres  de  la  famille  la  concorde,  roUj^Baaee, 
la  gtedrodt^  die  a  ausd  de  s^rieux  devdrs, et  die  impola 
k  I'nn  de  ses  membies  les  plus  i^v^res  obll|^tiona,  je  veox 
parler  des  atnea  de  famille.  Cea  obllgatiotts  eCaient  d  bien 
aentics  par  nos  pires,  qu'Bs  avdent  attach^  de  gnadm 
prerogatives  k  ce  titre  d'atne,  en  rdson  des  devoirs  afledis 
k  ceux  anxquds  la  nature  Tavait  departi  d  des  diarges  qd 
lenr  ^tdent  impostor 

Me  sera-t'il  permia  d'ajouter  id  que  ce  sentiraeDt,  sooth 
de  tant  de  joies  pour  renfant,  mobile  dea  plus  adnis  deidn 
pour  rhomme  fidt,  noua  est  meme  indlqu^  par  la  difin 


FRATERNEL  ^  FRATRICIDE 


Mgislateor  conune  le  t^ritablfl  type  de  ranion  qni  doit]  r^ 
gner  entre  nouft  :  ilimes-ooiM  les  uns  les  autres  eomme 
dei  frirei,  r^te  en  plus  d'un  endroit  r^Tangiie.  Aht  si 
eetoodiant  prtopte  <tait  mieaz  obsenr^,  la  moiti^  des  maoz 
da  la  terra  serait  efltefe,  et  les  bommes,  par  le  seal  exercice 
deeette  pura  affection ,  devenus  meilleurs,  en  seraient  aussi 
plus  beureax  1  l^lise  YoIabt. 

FRATERNISER9  c'est,  mot  ^  mot,  exeroer  la  fra- 
ternity. L'Acad^mie  arait  boorgeoisement  d^fini  ce  tenne : 
Vivre  d*nne  mani^  fratemelle  avec  quelqu'nn,  ou  se  pro- 
mettre  rovtnellement  mie  amitl^  firatemelle.  EUe  n'avait  en\ 
tre^n  U  qn*un  aspect  fort  secondaire  de  la  qaestion.  Ge 
mot  n'^taK  pas  encore  troov6,  en  1789,  que  d^h  les  gardes 
nationaai  parisiens>^a/em<fa<en<  avecles  gardes  flran^ses. 
Dte  lors  fl  derenait  synonyme  de  «  commencement  expansif 
d*Dne  liaison  6troite  entre  deax  on  plusieurs  hommes ;  re- 
noaTcllement  solennel  de  ce  sentiment,  de  sa  nature  fort 
enthoosiaste ;  rfoondliation  de  partis  pr^ts  k  en  Tenir  anx 
mains;  cessation  absolne  de  combats,  auxquds  saccMent, 
de  part  et  d'antra,  tl'ardents  rapports  d'humanittf ,  de  fra- 
ternity, et  nne  effusion  qu*on  eAt  vainement  cbercb^e  quel- 
qnes  heores  auparavant  ».  Depuis,  on  abuse  singuti^re- 
ment  du  mot  et  de  la  chose.  SonTent  un  oratear  montait  k 
la  tribune  poor  annoncer  qu*2i  la  firontl6re  les  ennemis  de 
la  France  avaient  d^pos^  les  armes  et  fratemisS  avec  ses 
d^enseors,  et  le  lendemain  arrivait  la  nooyelle  d*nn  com- 
bat meortrier.  Aux  sanglantee  joumte  de  1793,  on  Tit, 
qoelqnefois  des  bommes  et  des  f emroeis  eltdr^  de  carnage , 
fratemiser  s?ec  des  aristocrates  ou ,  comme  on  les  appe- 
lait ,  des  drdevant^  et  les  forger  ensoite. 

Ce  mot,  oubli^  pendant  TEmpire  et  la  Restauration,  aToc 
tant  d*autres  termes  do  vieax  vocabolMre  r^poblicain,  re- 
parut  un  instant  en  joillet  1830.  Alors  on  enlendlt  r^p^ter 
de  tootes  parts  que  la  garde  nationaleayait  yVa^emis^  avec 
|a  ligne,  et  les  d^ptehes  des  d^partements,  en  apportant 
des  adb^ons  loint^es,  r^p^taient  k  renyi  cette  expressions 
qui  sommdlla  ensuite  pendant  le  long  r^e  de  Loui»-Phi- 
lippe  pour  ressusdter  dans  les  mtaies  drconstances,  k  la 
remorque  de  la  r^publique  de  1848.  Senlement,  cette  demlto 
r^folution  n'emprunta  points  sa  grand 'm^ ses  festins  dd- 
mocratiqnes  en  plehi  Tent,  dans  les  rues  et  sur  les  places  pu- 
biiques,  ridicule  contre-fa^ndes  rapes  des  anciens  Spartia- 
tes,  des  agapes  des  premiers  chr^tiens,  06  Tenaient  froter^ 
niUT  k  la  rotoie  table  les  patriotes  du  m^me  qoartier 
Certains  meneurs  du  people  sonrerabi  imagin^rent  bien  alors 
de  monUr  un  banquet  monstre  k  25  centimes  par  t6te, 
pour  lequel  les  foss^  des  fortifications  de  Paris  doTaient 
sertir  de  salle  k  manger.  Trois  cent  mille  patriotes  eossent 
po /ra^emiserU  fori  \  Taise,  en  mangeant  sur  le  pouce  un 
eenrelas  aTec  on  sans  ail ,  encadri  dans  une  miche  de  painde 
monition,  et  en  arrosant  le  tout  d*une  verre  de  petite  bi^. 
Quel  dommage  qu*un  si  patriotique  projet,  au  bout  doquel 
^tait  ^videmment  la  r^pubiique  universelle ,  n*ait  abouti  qu*i^ 
nn  prosaiqiie  procte  en  escroquerie I O  temps,  6  moeors! 

FRATERNITAIEES.  Voytz  Cohhvhisiie. 

FRATERNITY.  C'est  une  beUe  et  noble  Tertn,  soit 
que,  circonscrite  et  restreinte,  elle  lie  senlement  entre 
eax  qiielques  bo&mes  du  m6me  sang,  soit  que,  ne  connais- 
sant  pas  de  bomes,  elleerobraftse  Thumanit^  entiire.  Dans 
ce  dernier  cas,  elle  n'est  que  la  rtelisation  de  cette  sublime 
maxime  de  rfiyanglle  :  «  Fais  k  autroi  ce  que  tu  voudrais 
qu^il  te  fit ;  ne  Ini  fais  pas  ce  que  to  ne  Toudrais  pas  qu*ll  te 
fiU  fait.  »  Ellc  n*est  qu'une  aspiration  vers  Ic  lionlieur  de 
tons.  Aussl,  lorsqn'en  1789  et  en  1848  nn  cri  subit  d'<S 
mancipation  retentit  en  France,  les  mots  WbtrU^  igaliU^ 
fraiemxU  apparurant-ils  tout  k  coup  toils  sur  tons  les 
drapeaux  et  sur  tous  les  MiOces  publics.  A  en  croire  certaincs 
Ames  candides,  ils  dcTaient  constituer  h  jamais  le  nouYeaii 
symliole  de  la  foi  bumanitaire  des  peoples.  MalbeureuiHi- 
nient ,  ^  1'nne  comme  a  Tautre  ^poqiic,  la  fratcmitd  ne  tut 
<;u*nne  iilopte  invcnU^e  pour  ^Sgarer  les  mas^tcset  les  endor- 
^lir.  Setileroent  notre  secoodc  rdpublique,  ptit<  lu^iiigne  qi<e 


lUCT.   I»t  LA  CuNW. 


—   T.   IX. 


7C,9 

son  atn^,  erat  ponvolr  se  dispenser  d'^outer  \  la  saint <« 
formula  cette  terrible  sanction :  wi  lamort,  Comme  son  aln^, 
le  nooTcl  empire  s'est  empress^  de  faire  gratter  et  effacer  ces 
trois  mots  sacrainentels,  mats  depuis  longtemps  rides  de 
sens ,  partont  oh  on  aTait  jug^  k  propos  de  les  toire,  sans 
doute  dans  la  fratemelle  intention  de  foumir  de  la  sorte 
du  traTaO  anx  peintres  en  lettres. 

FRATERNITY  IVARMES,  association  de  deux  on 
de  plusieurs  guerriers  au  moyen  Age.  On  a  aussi  appel^ 
adoption  cette  union  par  serment,  cette  communaut^  de 
gloire  et  d'int^r^,  qui  obUgeait  cbaque  fr^e  d*armes, 
cheque  fbfere  conJur6,  conune  disaient  les  Anglais,  k  tin 
Tennemi  des  ennemis  de  son  oompagnon.  Une  antiquity  re- 
culte  foumit  des  exemples  de  ce  genre  de  pacte,  que  les 
Scandinavea  appelaient /osZ-^roedolo^,  c'est-^-dire  naflange 
du  sang  bumain.  L*histoire  de  la  cheralerie  retrace  fr^ 
quemment  les  c^r^onles  par  lesquelles  s^associaient  de  ya- 
leureax  personnages,  nommii  Jratres  furati;  quelquefois 
ils  appuyaient  sur  des  actes  contractuels  cetie  compagnie  d'ar- 
mes;  il  s'en  est  retroor^  plus  d'un  titre  autbentique.  II  y 
avait  des  fhitemit^  a  Tie;  11  y  en  avalt  qui  n'embrassaient 
qn*une  expMition,  ou  mtoie  qu'un  seul  foit  d^armes.  Joln- 
▼ille  nous  montre,  au  milieu  du  trdzi^me  siMe,  des  che- 
▼aliers  buvant,  dans  leurs  orgies,  du  Tin  m6l6  de  leor  sang, 
et  s*6criant  qii'ils  ^taient  firferes  du  sang.  La  raison,  non 
moins  que  le  patriotisme,  r^prouTait  cette  cbeTaleresque 
coutome,  puisque  le  serment  prononc^  obligeait  k  Sponsor 
des  balnes  sooTont  injustes,  k  s'engager  dans  des  querelles, 
dans  des  combats  souTent  extrayagants,  et  k  sacrifier  k  un 
point  d*honneur  chim^rique  llnt^r^tde  sa  famille,  le  serrice 
de  son  pays,  ses  propres  affections.  L^engagement  souscrit 
par  un  fir^re  le  jetait  quelquefois  dans  des  embarras  inso- 
lubles,  8*il  se  trouTait,  parTassalit^,  rerMu  d'un  pouToir 
aoqud  Pautre  flnfere  d'armes  arait  Jur6  Ibi  et  hommage.  De 
nos  Joors,  la  conscription  est  forcemeat  derenue  la  T^ritable 
fratonit^d'armesnationale.  G**  Bardui. 

FRATRICELLES,  de  ntalien>V-a/Hce//i,  ou  petUs 
firtres,  Cdtaient  des  religieux  de  Tordre  de  Saint-Francis 
d*A8Sise.  qui,  d^lte  du  d^r^ement  des  monastftres,  ob- 
tmrent,  Ters  1294,  du  pape  C^estin  V  la  permission  de 
quitter  leors  convents  poor  embrasser  la  Tie  des  solitaires. 
Leor  premier  chef  fut  Hermann  PongQnpo,  de  Ferrare.  Cet 
exemple  fut  sulvi  par  plusieurs  moines  d'antres  ordres.  Des 
lalqnes  mdme  quitt^rent  le  monde  pour  se  r^fugier  dans  un 
ermitage.  lis  se  r^signaient  k  une  pauTret^  absolue,  TiTaient 
d'aumtaes,  et  passaient  le  temps  k  prior  et  k  chanter  des  can- 
tiques.  Cette  secte  se  multipUa  k  USL  point,  que,  Tingt  ans 
aprto,  le  pape  Jean  XXn  sentit  la  n^cessit^  de  la  d^truire. 
Alors  les >V-a/iee//i ,  qu'on  nororoait yr^ors  en  France,  se 
onucutas&ezpuissants  pour  braver  les  foudres  do  saint-si^gc ; 
ilspr^tendirent  qu'iUforroaientunefiglise^  part,  dont  Jteus- 
Christ  ^tait  Tunique  chef,  et  que  P^^ue  de  Rome  n^arait 
aucune  autorit^  sur  eux.  Jean  XXII  appela  k  son  aide  tootes 
les  puissances  de  la  chr^Uent^;  mais  comme  les  frirott 
cnseignaient  en  m£me  temps  que  les  papes  n^avaient  rien  k 
commander  aux  princes  seculiers,  la  plupart  des  souTerains 
les  laiss^rent  pulluler  dans  les  £tat8  od  rinquisition  n^avaif 
point  p^n^tr^.  Elle  les  poursuiTit  partout  aiUeurs,  en  fi 
brftler  un  grand  nombre,  et  ces  panvres  diables,  qui  m^ri- 
taient  tout  au  plus  d'dtre  enferm^  dans  des  maisons  de  fous, 
furent  foro^  de  chercher  en  Allemagne  la  paix  et  la  tol6 
ranee  >  sou  les  auspices  de  I'empereur  Louis  de  BaTite, 
qne  \m  papes  aTaient  excommuni^  comme  eux. 

ViCimET,  de  I'Acad^ie  Fran^ite. 
FRATRICIDE)  meurtre  commis  par  le  trkte  oo  la  soeur 
sur  un  fr6reou  one  soeur.  Dans  la  cosmogonie  chr^lienne, 
riiistoire  dePhomme  commence  par  un  fratricide,  le  meurtre 
commis  par  Cain  sur  Abel,sonfr^.  Dans  Tantlquit^ 
paienne,  Etdocle  et  Polynice  sont  encore  deux  c^lebres 
fratricides.  Kara  est  concordia  fratrum ,  a  dit  le  poeto 
latin.  Le  fratricide,  dans  nos  lots  p^nales,  se  confond  avec 
le  uxMirlre  et  Tassassinat 

^7 


770 


FRAUDE  —  FBAUNHOFER 


FRA.UDE.  Eo  style  comntercial  et  finaoder,  ceinot  est 
presque  exduslveuient  employ^  ai^ourdliui  coiiuue  syoo- 
Dyme de  eontreban  de :  ii  d^igne  en  coos^qpence  i*ac- 
tion  par  laquelle  on  soostrait  aux  droits  de  donane  et 
d' octroi  les  choses  qui  y  sont  siqettes;  mais  dans  son 
acception  g^n^rale ,  cW  une  tromperie  cachte,  nne  action 
faite  de  manvaise  foi,  quels  que  soient  d'ailleurs  son  objet 
et  ses  moyensf  car  la  fraude  peut  se  trouver  dans  le  dis- 
coucs ,  dans  les  actes  et  mfime  dans  le  silence.  R^sultat  de 
la  corruption  bien  plus  que  de  Tignorance  et  de  la  inis^re, 
si  la  fraude  Tient  a  saisir  un  peupie  et  h  pto^trer  dans  Ten- 
semble  des  relations  sociales,  die  est  un  signe  infaillible 
de  decadence.  La  soif  des  jouissances  niat^rielles,  qui  dis- 
tingue partlcuii&recnent  notre  ^poque  et  la  signalera  si  trie- 
(einent  h  la  poFt^rit^,  a  dlev^  Tintrigue,  la  cbarlatanerie, 
la  duplicity,  tous  les  ex  patents  frauduleux,  au  rang  des 
obligations  et  des  qnalit^  du  bon  coninier$ant  et  de  tout 
individu  qui  veut  prosp^rer.  Les  marchands  de  Tin,  les 
Qiarchands  de  lait,  de  miel,  de  beurre,  etc.;  les  boulangers, 
tea  epiciers,  les  restaurateurs,  prcsque  toute  la  gent  qui  la- 
brique,  qui  achate  et  qui  n^gocie,  les  industries  de  toutes 
sortes,  falsifient,  empoisonnent  lenrs  produits,  ou  les  ven- 
dent  en  pourHture ,  on  trompent  sdemment  sur  le  poids , 
sur  le  prix,  sur  la  quality ,  et  ne  s'arr^tent  que  \k  oh  la  loi 
interpose  ses  peines  et  les  masses  exploil^es  leur  fureur. 
Personne  nMgnore  que  les  moyens  frauduleux  usit<^s  partni 
les  d^biteurs  et  les  vendeurs  de  mauvaise  foi  ont  rendu 
compl^tement  illusoires  les  precautions  du  Code  en  faveur 
des  acqu^renrset  des  crdanciers.  La  loi,  inalgr^  sa  Tigilance, 
n^atteint  pas,  il  s'en  faut,  tous  les  banqueroutiers  frauduleux. 
Faut-il,  enfin,  parler  des  fraudes  usittes  en  mati^  de  cons* 
cription?  Nous  pourriuns  encore  raconter  conunentse  brasse 
la  pens^,  comment  se  manufacturent  les  livres,  les  jour- 
naux  etles  panac^.  Mais  le  public,  qui  est  juge  et  partie, 
est  d^jii  assez  amplement  inform^  pour  condure  avec  nous 
quMl  y  a  suratwndamment  fraude  dans  la  produdion. 
Traude  dans  la  Tente,  fraude  dans  Taebat,  fraude  dans  le 
but  et  fraude  dans  les  moyens;  fraude  dans  le  langage  et 
dans  la  penste,  fraude  dans  les  cboees  intdlectuelles, 
fraude  dans  les  cboses  morales  et  sacr^s,  cnfin  fraude  en 
tout  et  partout.  C.  Pecquecr. 

FRAUDES  PIEtJSlilS.  On  a  donm^  ee  iiom  4  t<mt 
moyen  ilUgitime  et  coupable  6ihploy6  dans  le  but  d'assurer 
Tempire  de  la  rdigion.  C*est  ce  qui  explique  le  singiilier 
accord  de  deux  mots  qu'on  s'^tonne  de  Toir  aooouplte.  Quoi 
qu*il  en  soit  de  oes  licences  que  pn^tend  se  donner  un  i^ 
InconsidM  ou  hypocrite,  la  saine  morale ,  la  pure  doctrine 
^▼angdique  et  la  tradition  de  r£gltse  n'ont  jamais  autoris6 
k  pcnser  q»*on  pftt,  par  aucnne  raiaon,  justifier  un  pardl 
proG^^.  Saint  Augustin  dtelare  forrodlement  qu*il  est  de« 
fendu  de  faire  le  plus  pdit  mal,  dOt-il  ca  rteutter  le  plus 
grand  luen.  U  est  Evident ,  an  premier  coup  d*oeil ,  que  la 
doctrine  des  fraudes  pieuses  n^est  autre  diosCySOos  une 
expr^ion  moins  choquante,  que  la  doctrine  qui  justifie  les 
moyens  par  la  fin,  en  admettant  les  pins  grands  crimes 
mfime,  k  la  condition  que  les  suites  en  soient  utiles  k  la  foi. 
On  salt  de  quelle  teole  sont  sortie  ces  prindpes  favorables  k 
toutes  les  ambitions  el  mis,  dans  tous  les  si^es^  en  pratique 
par  TaYeuglemeot  des  partis.  Les  fraudes  pieuses  ont  M 
surtout  reprodito  par  les  toiyains  protestants  aux  P^res  et 
aux  docteurs  catlioliques.  Oes  aecosations  portent  prlnd* 
palement  sur  des  textes  falsifi^  de  I'^ture  ou  des  P^res, 
sur  I'emploi  de  livres  reconnus  apocryphes,  sur  la  ;8upposi- 
tioo  m6me  de  semblables  liyres,  etc;  mais  oette  accusation 
a  ete  Tictorieusement  rifut^e  par  les  terivains  catholiqueB, 
et  Origtoe,  Hesydiius,  saint  JMroe,  saint  Jean  Clirysos- 
(ome,  Synesius,  ont  6i6  fodiement  Justifl^  des  attaques  de 
leurs  adveniirse,  Beausobre,  Moshdro,  Lederc,  etc.  A?ee 
im  peu  plus  de  bonne  foi,  ou  un  peu  moins  de  passion ,  U 
^tatt  natnrd  d'attriboer  k  tlgnorance  des  copistes ,  aux  td* 
rii'hres  des  premiers  siteles  dn  moyen  Age,  k  la  dirr&rente 
:o.(oe  des  intelligences,  des  alterations  indv i tables  au  milieu 


de  la  confusipii  ei  des  dtsfMitee  Moleg^iiea  sane  cease  i«* 
naissantes.  II  est  puW  d^atolr  voiil»  ^tabUr  ear  eas  deih 
ni^  de  lliistoire  UtS^raire  eedMuptique  wi  ayaltee  4i 
mensonge  adopts  k  tout  ianuds  par  les  cMi  A  Itflftaa. 
Mais,  comma  on  sdt,  la  passion  exdut  U  Ht^oMkm^  el 
nous  ne  prdtendons  pas  fain  id  aux  jMuim  rtiwnie  phi 
de  reproehes  quils  n*en  n>6ritent 

On  a  donnd  aussi  le  aom  de  fi-audm  ptmtam  I  eeitalncs 
ruses  trte-innocentesy  employ  to  poor  MMu  quelqnes 
personnes  k  des  actions  utiles  on  vertuwuies.  On  eitet  cilie 
antres,  oelle  par  laquelle  aaint  Louis  dMcrmivi  «•  ccrlui 
nombrejde  sdgneurs  de  sa  cour  k  partir  pour  la  ereindt, 
en  leur  donnant^e  anit  dee  llvrUt  sur  lesqudlee  tt  tvait 
fait  ricliement  broder  d'arance  le  signe  par  leqadoD  aaii- 
festait  riptention  de  se  croiser.  H.  fieocpni, 

FRAtlDEURtcxpresdonsyaoiiyqiede  cowlrefcuwrfirr, 
comme /rovcfe  Test  de  contrebondt.  II  faut  powtaal  dis- 
linguer  :  la  fraude  est  sonrde  et  cadite,  eMe  se  fiut  taoM- 
ment  d  sans  appardl  oiTensIf,  taadis  qnela  nootrebaade  art 
ostensible  et  se  Ikit  a?ee  attroupemeat  d  port  4*anDe8.  Da 
\k  la  dirr^renoe  entre  le  /raudeur  d  le  contr^bamiier  d 
la  plus  grande  culpability  de  ce  dernier.  II  ae  lanl 
fondre  non  plus  le  contreifenant  avec  le  fraudeur  oo  le  < 
trebandier.  La  contrav^tion  suppose  booae  foi^ 
ranee  des  r^lements  iiscaux. 

FRAUENLOB  (Hmu),  e^ld^re  troobadoar  ( 
sxnger)  allemand,  dont  le  vdritabla  nom  tell  J7eiiri  di 
MUnie^  d  qui  Ooriiisait  vers  la  fin  du  treixitea  siMel 
Mayence,  oik  il  mourut,  ei|  13ia.  Le  lecudl  de  Manesae  eea- 
tient  qudques-unes  de  ses  produdloas  podiques^  qai  bril* 
lent  par  la  grftoe  d  par  Td^vatioa  de  la  peaate »  naala  qd 
souvent  auad  ptebent  par  une  trop  grande  reabeicbe  daai 
Texpression  d  dans  la  forme.  II  cide  d'ailieusi  tniplMfle* 
ment  au  d6dr  de  faire  preuve  d^^dition,  travera  qui  a 
donnd  lieu  k  Topinion  erronte  qti^il  tvait  tU  doctear  m 
thtologie.  Ce  surnom  de  Prawtnlob^  qui  dgdfia  litttfrals- 
ment  pandgyiistedesdameSj  provient,  sulvant  Ifs  aas^  de 
ce  que  Notre- Dame, m^edu  Sao veur,  est  le  sujd  d^ua graad 
nombre  de  ses  po&nes,  et  suivant  les  autres,  des  neoi- 
breuses  pi&ces  de  vers  qu*il  compose  en  llionaeur  des  di- 
mes. La  tradition  porta  que  ce  furcnt  dea  femmes  qd  le- 
vcudii{u^ent  rboonfur  de  rensevcBr,  d  qu'eUes  couvrireal 
5:a  tombe  de  fleurs  d  de  larmes.  L.  Ettiaiiller  a  p«Uii% 
sous  le  titre  de  Poimes /unAralres,  Senlencei  ei  Ckamtuu 
de  Henri  de  Misnie,  lepan^yrisle  des  damet  (QnediiB- 
bouiv,  1$43),  la  collection  la  plus  complete  de  ce  <|d  aoos 
reste  des  produdions  de  ce  mksterexnger* 

FRAUNHOFER  (  Josepo  db  ),  optiden  cdttna  d  ia- 
venteur  d^un  grand  nombre  d'instniments  d'optiqae,  wk  k 
Straubing  (  Bnvi^re ),  le  Gonars  1787 ,  tttait  fiU  d*ua  pawn 
vitrier,  et  exer^a  dans  sa  premie  Jeunesse  la  mdlrr  dt 
son  ptee.  A  PAge  de  douxe  aas  il  eatra  en  apprentissage  cks 
ou  miroitier,  tailleur de  verres.  Pendant  lesdx  anate  oons^ 
cutlves  quil  resta  cbex  ee  patron,  Uneluifntdoand  qaetd»i 
raremeat  de  pouvoir  frequenter  Ttole  da  dliaaaehe^  dr^ 
oonataace  flidieuse,  a  laquelle  ii  taut  attribuer  ll^ieraBei 
presqne  complete  oO  11  demeura  toujours  de  Ptoiture  d  da 
calcid.  En  1801 ,  U  maison  de  aoa  palroa  daat  vtaoe  k 
s^terouler  subitemeat,  il  resta  peadaat  qudque  temps  ease- 
vdi  sous  ses  d^oombres.  Ses  gdnisseroents  exdt^roit  toete 
la  soUldtude  du  roi  Maxlmilien ,  dont  les  ordres,  extoit6i 
avec  intelligence,  Parradi^ent  k  cdle sepulture  aatidp^  Le 
roiprit  sola  de  faire  panser  ses  blessures,  et  aprteaacompMe 
gu^son,  lui  fit  donner  une  gratification  de  dix-^boH  ducats, 
qui  liU  servitli  se  procurer  les  instruments  les  plus  indispeB- 
sables  li  ses  travaux  d^optique.  Le  coasdller  Utxsdineidrr 
lui  procure  les  livres  ntossau«8  poor  qu'il  pAt  entreprendre 
lui-mdne  avec  succis  sa  propre  6ducdlon.  Pendant  k^ 
teroiis  encore,  oblige  de  travailler  pour  vivre,  ce  nefutqoe 
les  jours  de  D&te  qu*il  put  ccnsacrer  qudques  beures  k  Pdnde. 

Ces  obstades  ne  Pemp^drnt  pas  'le  se  rendre  bient«ic 
famlli^rcs  les  lois  de  Foptique,  d  il  eraploTt  le  produHdt 


^'*-. 


•_  % 


FRAUNHOFEB  —  FRAYSSINOUS 


771 


MM  «Mr0  iliMl  qM  ee  ^  tai  ratUH  ebcat^  de  la  gratillca- 
tion  royale4  racbeterdeson  patron  les  six  darntanmoia  da 
fon  a|ipraiilittaga  et  lae  proearar  mia  maehlna  k  poKrIas  len- 
miaa.  En  laM  UtnahMUer  et  Rdehanbaeh  la  prirant  au- 
prM  d'ettx  comma  opticieB,  el  ca  fut  plus  tord,  sous  sa  di- 
raeUon,  qtl*ad  ftrndadans  Taaeieii  content  da  Benadietbeura 
r4tabll0«emaiit  dastia^  &la  fabricatiandes  fnfttnimentsdlop- 
triqnaa,  tranidlrA  k  Munleb  en  1819.  A  partly  da  1811 
Framiborar  r^assil  I  fondra  la//f  nl-^las^,  at,  aprto  una 
ftmie  d*aMala  Infiriiatueax,  partint  k  en  prodoira  use  masAa 
aamid^tenient  homogtae.  II  rAiasll  6galement  k  fhbriquer 
6u  erown»9ia$3  da beaneoiip rap^rieur  k  oelol  dea  An- 
glais. Parmt  lea  Rarabrem  InMrainenta  d^optiqua  quMI  In- 
▼enta  on  parfectionna,  noua  dtarons  le  grand  Meseope  paral- 
laeiique  on  r^fratteur  $^nt  de  Tol^rt atoira  da  Dorpat, 
qui  groMit  en  diamdtra  3,5ao  Tola ;  un  MlUmktre^  un  ml- 
erom^re/llaire  r^piiiteur  d  lampe^  un  mJkemseope  aehro- 
mailqne,  un  microm^re  annulakre  perfectionn^ ,  etc. 
Apr^  la  translation  k  Munich  da  l*MaMiMeinent  optlque  de 
Benedictbourn,  Prauntiofer  Tut  nomm^  ronsenrateiir  du  ca- 
binet depliysiqne  de  Paead^tnfe  da  Daviftre;  mats  11  na 
foorn't  pa«  una  longue  ciirri^,  et  niounit  la  7  hiln  1826. 

Lra  liahilants  de  u  ytlle  natale  ont  donn^  mhi  nom  k  la  rue 
ad  eat  silit^  la  maison  ofi  II  tH  la  Jour,  et  en  face  de  laqnelle 
^  a  plaf^  son  buste.  Reilclienbach ,  son  mattre,  6tait  mort 
qiielque  temps  atant  lul.  Leurs  deux  toinbes  sont  contigufis, 
et  sur  cplie  de  Fraunhofer  on  lit  cetta  courte  ^pHaplie  : 
Approsimatfit  sidera  { II  rapprocba  de  nous  les  astres). 

FRAXINELLEf  planta  ylTare  herbacde,  de  la  Tamil  le 
des  rutac^,  ainsi  noimn^  h  cause  de  la  ressemblance  de 
aas  feuillea  ayee  celles  du  frfine  (  en  latin  fraxinus ),  et 
qua  la  beauts  de  sea  flenrs  a  feit  placer  ilans  les  Jardins  d^a- 
grtawnt.  Quafqda  originalra  de  TEurope  m^rldlonale,  elle 
supporte  asses  bien  lea  biTers  das  contr^es  au  sud  de  la  mar 
Baltlque.  Sa  tlge,  asaet  grosse,  crense  et  pubescente,  attaint 
quelqnefols  un  mMra  de  liautenr.  8es  flenrs,  qui  pandssent 
an  ^,  sont  rougeAtres,  ray^es  de  pourpra;  mala  on  en  pos- 
sMa  ausal  ma  rari^  k  fleurs  blanches. 

Loraque  la  fra^lnelle  est  en  pleina  v^tation,  elle  exhale 
nna  odeur  analogue  k  cella  du  citron,  mals  mains  agrteble ; 
on  lui  reptodia  m^ma  d'atolr  quelque  rapport  atec  Todeur 
da  bouc.  Toutes  ses  parties  aont  aonrertes  da  t^ieules 
plalnes  d*nne  bulla  essentielle  trto-aromatique,  et  que  i*on 
olitient  par  la  distillation;  elle  passe  pour  un  bon  oosini- 
lique,  donf  rusage  est  r6|Mmdn  deptiis  trto-longteiups  dons 
la  midi  da  TEurope.  Durant  les  cliaieurs  de  V(\A ,  cette  huile 
a'^apore  en  partfa,  et  r^pand  autour  de  la  planta  un  fluida 
tf^lnflammable,  qua  Ton  paul  enflamnier  en  eflTet  comroe 
louta  autr«  yapeur  de  mteie  nature,  et  qui  pr^cnta  alors  la 
aingulier  speetada  d'una  planta  eoTlronnte  de  fbu  sans  en 
Mre  andammagto.  Ca  pli^nomtaa  n'^tait  pas  ntesaaira  pour 
f  aire  attritiaer  d'^lnentas  propri^t^  rnddicinalaa  k  un  t^ 
g^lal  ausai  reraafquaMa;  maia  la  ranooun^  doat  la  frail- 
oalle  Jnult  longtemps  dans  lea  pharmaeop^  ne  a*est  pas 
aoutenue.  C est  pourtant  eetfe  renomro^  qui  lui  a  liit  donner 
le  notti  de  dietame  bhne^  comma  si  aOa  arait  qualqua  rap- 
pert  i?ae  la  planta  que  V^os  cudllll  el}e*m#ma  aur  la 
nont  Ida  pour  panser  la  blessure  de  son  fila  tn4t. 

La  fhixlnella  eonstitua  ausd  un  genre  seua  Id  noni  sden- 
tMqtie  da  dietamnus,  mate  dent  on  lie  eonnalt  qud  deux  ea- 
ptoas,  rune  d*&irepa  el  oflldiiala  ( la  dieiamnus  flraxt- 
fialla,  dent  on  ttent  de  parler ),  et  Tautre  d^Am^rique,  pTus 
rameusa  at  moins  Aav^  qua  cdla  d'Eorope.      Fkbit. 

FRAYEUR.  Foyaa  CRAnrrs. 

FRAYSSflMUS  (Dfina,  comfe  bb),  ^dqna  d*HermO' 
polto  in  partilmi,  naqutt  la  •  mal  1765,  au  vlllaga  de  Cu- 
ri^reft,  dans  I'ATeyttin.  Aprda  arolr  aebatd  k  Toulouse  ses 
dtttdesth6ologlques  et  re^i  le  sacerdoce,  il  desservlt  qudque 
temps  une  parolsse  dt  tiAaga  wtc  le  litre  da  Tieaira,  H 
illsparoi  ensuite  dans  la  touniiente  r^olntionnalre.  Mala 
lorsqu'en  160t  Rapel^on  rourrft  les  temples ,  il  soHIt  de  sa 
falraitey  at  comment  daiis  I'^se  des  Carmea  k  Parte  lea 


eonrifireBees  snr  les  preores  du  christlanlsme  qui  ont  TaH  sa 
r4»utation.  Malheureusement  pour  lul,  il  s*6tait  peimis 
quelquas  excursions  dans  Je  domaine  de  la  politique  .  le 
gouternementconsulaires'en  formalisa.  Frayssinoiis,  mand^ 
k  la  police  pour  sVxpliqiier,  r^poaflit  adroitement  que  la 
religion  quMl  prtehait  pla^tt  Tobiiissance  aii%  pui^tsances  au 
rang  des  plus  imp4rieu%  devoirs,  et  n^oublia  pas»  dims  sun  pre- 
mier sermon,  de  pri^oniser  la  main  puissntite  qui  avalt 
miraeuleusement  restaur^ies  auttl%,  Cet  flde  patent  d*ari* 
IMun  fait  §  propos  lui  taint  line  chaire  de  professciir  k  la 
factiltd  de  tliMogle,  et  son  protecteiir  Fontanes  le  noinma 
inspedeur  de  Taca^l^inie  de  Paris.  11  rp^iit  de  plus  un  ca- 
noni<'4it  au  chapitre  de  Notre-DamCf  et  tran^porfa  alors  ses 
conHSrences  de  P^glise  des  Carmes  k  cede  de  Saint-Sulpice. 
La  foule  Ty  iiulvit.  D*abord,  11  se  confenta  d*un  rOte  secon- 
daire,  posant des  oliject ions  auxqueiles  WxhM  Buyer  rd- 
pondait.  Mais  b!ent6t  il  empi^ta  sur  les  attributions  de  son 
partner^  s'empara  du  r61e  principal ,  et  le  Icndemafn  de 
chacune  de  »es  pr('*dications  les  journaiix  les  cf)n1tnont^^cnt, 
an  en  citant  k  IVutI  des  pa^sa^es.  Tout  ce  bruit  ddptiit  au 
goiiverneinent  imperial ,  qui  pria  Torateiir  d*aller  se  re|)0.<cr 
de  ses  fatigues  an  sein  de  son  chapitre  et  de  riiniversiU^. 

A  la  premiere  restauration ,  la  carri^re  se  rouvre  plus  hril- 
lante  que  jamais  pour  Frayssinoiis.  A|)Of  re  non  moins  ferTent 
du  royalisme  que  du  catholicisme ,  il  remonte  dans  sacliaira 
en  1814,  et  de  \k  foudroie  l*incr6dulitd  etle  llb^^ralisme.  Una 
ordonnance  du  14  octobre  lui  avail  coiiservd  sa  place  d*ins- 
pecteur  del'acaddmiede  Paris;  une  autre,  du  nf^vrier  1815, 
le  nomma  censeur  royal ,  et  H  ce  tltre  11  joignlt  bientdt  celtil 
de  priidlcateur  du  roi.  Cependant,  Napoleon  revicnt  de  Pile 
d^Eibe  k  Paris,  et  Tabh^  Frayssinous  court  demander,  pour 
la  seconde  fois,  un  asile  aiix  montagnes  de  t^Aveyron;  puis 
una  fois  Louis  XVlIt  r^tabll  sur  son  tr6ne,  son  pr^icateiir 
▼lent  raprendre  la  cours  de  ses  conferences,  ct  le  14  aoAt 
1815 11  est  ippele  k  faire  partte  du  conseil  royal  dMn^^tnie- 
tion  publique.  On  ignore  pourqnoi  d^  Tannine  suivante  11 
se  d^mil  de  cette  demifere  fonction,  conservant  toutes  lea 
autres,  at  recevant  en  ^change  une  pension  de  6,000  francs. 
En  1817  Fabb^  Frayssinous,  qui  venait  d*6tre  nommd  pre« 
mier  aumdnier  do  rol,  fut  cholsi  par  FAcad6mie  Fran^aisa 
pour  prononoer  devant  elle  Fdlogo  de  saint  Louis.  Ce  fut  la 
signal  de  sa  fortune  politique :  en  moins  de  deux  ans,  11  se 
▼it  ^Iev4  aox  plus  hautes  dfgnit6s  de  l*£tat.  A  difaul  d*un 
si^e  vacant,  on  le  norame  in  partibus  4v6qoe  d'Hermopolis, 
dans  la  haute  tgypta;  on  r^ablit  pour  lul  la  d\ga\i6  da 
grand-maltre  de  t*univer8it^;onlefett  comte,  grarid-officier 
de  la  L^ton  d*Honneiir  et  pahr  de  France;  le  1"  Jm'n  1822 
PAcad^mie  Fran^alsa  lul  ouvra  ses  partes,  en  remplacement 
de  Pabbd  Slcard,  et  le  ministftre  des  cultes  ayant  6U  unl  k 
celul  de  rinstmcllon  publique,  c'est  k  lul  qu^on  en  confle  le 
portefeutlle  le  26  aoAt  1824. 

Charge,  la  25  octobre  de  la  m6me  ann<^,  de  prononcer  dans 
I'abbaye  da  Saint -Denis  Poraison  fun&bre  da  Louis  XVIII, 
on  observa  qua  la  cbarte  Jurte  par  ce  monarqne  n'y  fut  pas 
mtaie  mentionnte,querorateurremarqua  a vec  intention  que 
le  roi  ttvait  dd  souventplier  devant  la  force  des  chases, 
que,  dans  une  Tigoureuse  sortie  centre  la  llberti  de  la 
presse,  II  pr^tendit  qu^on  avaiteu  grand  tort  de  laisser 
deseendre  Finstruction  jusqvCaux  demikres  classes  du 
peuple,  et  quit  ne  fallaltpas  chereher  ailleurs  la  cause  de 
Passasslnaf  dtl  due  de  Berry.  Sous  Padmlnlst ration  de  Vi- 
▼£que  d'Hermopolte,  les  jdsultes,  ddguis^  en  P^res  de  la 
Fol,  reparurent  en  France,  s*empar^nt  da  Pensdgnement, 
et  envahirent  lea  ^les,  les^lises  et  les  chalres.  Lors 
de  la  r^olution  nlnfot^ridla  qui  renyersa  Villde,  an  com- 
mencement de  1828,  Frayssinons  conserva  qnd({naa  Joups 
la  rooKi^  de  son  portefeuille,  le  d^partement  das  cuKes,  qui 
avalt  «t6  9^H  derinstmction  publique,  dont  on  avail  formd 
un  minist^  pour  M.  de  Vatlsmesml ;  mate  le  3  mars  11  fut 
reraplac6  d^6n{tivement  par  Pabb^  Feu  t  r  let. 
.  Aprte  la  revolution  de  Julllet,  71  vivait  dans  la  retraile, 
Iorsqu*ei|  1833  Charies  X  hit  confla  r^docation  du  due  d« 

97. 


FRAYSSLSOUS  —  FRfiDlfeMC 


775 

Bordeaux.  D  ne  rerint  en  France  qa*eii  1838,  aprte  a? olr 
accompli  oette  misdon,  et  moorot  dans  la  retraite,  en  1842. 
Les  conferences  de  TabM  Frayssinoos  ont  ^t^  publi^es 
en  1825,  sous  le  litre  de  Jkjfense  du  Christianisme  (3  vo> 
Inmes  in-8'*,  aaxqoels  on  en  a  ^oott  un  quatritoie,  en  1843) ; 
BMis  eUes  n'ont  point  renoavel^,  k  la  lecture,  t'efTet  qu'dles 
avaient  prodnit  snr  nn  auditoire  entrain^  par  la  fadle  Elo- 
cution do  controTersiste.  On  a  de  lui ,  en  outre,  VraU  Prin- 
eip€$  ncr  Us  MerHs  de  V6glist  ^aZ/icane  (1818),  Oraisons 
funiltres  duprinoe  de  C<md4  (1818),  du  cardinal  Talley' 
rand  de  PMgord  (1821),  de  Louis  XVII I  (1824),  et  une 
Mition  du  Ginie  du  Christianismef  enrichie  de  notes  et 
de  oommentaires. 

FREDAINE9  action  qui  sans  nuire  ^  autrai  porte  une 
alteinte  ^  la  morale.  C'est  asses  dire  que  l*on  ne  toUure  les  fre- 
daines  que  cbex  les  jeunes  gens,  et  encore  pourru  qn'ilsne 
tombentpas  trop  souyentdans  lar^diTe.  ATantla  r^Tolotion, 
dans  la  haute  bourgeoisie,  on  passait  k  ce  que  I'on  appelait 
les  e^fants  de  famille  qudquesfredaines :  c'dtait  liunesorte 
degourme  morale  qu'on  Etait  convenude  leur  laisserjeter, 
roais  qn*ilis  devaient  laire  onblier  par  un  trafail  opiniAtre 
et  par  une  bonne  oondoite.  Sairt-Pbospeb. 

FRI^l^GAIREy  cbroniqueor  de  l^Epoque  m^rofin- 
gienne,  naquit  vers  la  fin  du  sixi^me  si^e,  00  an  commen- 
cement du  septitoie,  sous  le  rfegne  de  Glotaire  IL  Nous  Sa- 
vons peu  de  choses  sur  son  pays,  rien  sur  sa  personne  et 
sursa  Tie.  II  est  probable  qui!  4tait  originaire  de  Bour- 
gOgne ;  Thistoire  de  ce  pays  le  troQTe  pins  instrait  et  plus 
exact ;  pour  lui ,  c'est  Unqours  le  roi  de  Bourgogne  qui  est 
le  roi  de  France.  On  doit  regretter  qu'imitant  Gr^goire  de 
Tours,  il  ait  crn  devoir  parUr  de  la  creation  pour  vrirer  k 
son  Epoque.  Une  ooncislon  pEnible ,  un  d^ant  constant  de 
liaison,  nn  langage  barbare,  dnr,  incorrect, caract^risent 
Fr^ie^ire.  Son  ouvrage  est  pour  les  penste,  pour  la 
langue  sortout,  un  monument  pr^deux  A  consulter ;  c'est  un 
tableau  qni  reflate  la  oouleur  ratable  du  tempC  Sa  Chro- 
nique  se  divise  en  trois  parties  :  la  premiere  contient  un 
abrig6  de  I'histotre  andenne;  c'est  une  comj^ation,  sans 
m^rite  et  sans  int^rM,  de  plnsieurs  auteurs  connus;  la  se- 
eonde  renferme  nn  r^sumd  des  six  premiers  livres  de  saint 
Gr^ire  de  Tours  :  il  y  a  joint  quelques  fails  qu'on  ne 
trouve  lias  ailleurs;  la  troisitoM  prfoente  une  chronique 
pleine  d*int6rM,  parce  que  c'est  le  meilleur,  on  pourrait 
preaqne  dire  le  seul  monument  historique  de  581  i^  641. 
Sans  FrM^gaire,  on  ne  saurait  presqne  rien  de  plusiews 
vignes  trMmportants.  ImprimE  d'abord  comme  continua- 
teur  anonyme  de  Gr^oire  de  Tours,  puis  repoussE  par  qud- 
ques  savants  9  qd  n'avaient  pas  trouv^  son  nom  dans  les 
mannscrits,  Adrien  de  Valois  et  Vertot  ont  6tabli  son  exis- 
tence par  des  prenves  assez  fortes.  Les  meilleures  ^tions 
de  Fr^^ire  sent  celles  de  D.  Ruinard  et  de  la  collection 
des  Historiens  fran^.  F.  Hatrt. 

FR^lfiGONDE  naquit  k  Montdidier,  d'une  fiunUle 
obscure  (543).  Attach6e  au  servioe  d*Andovtee ,  Epoose  de 
Cbi-lp6ric  P^onraconte  qu'ayant  sMuit  le  roi  elle  par- 
vint  k  Signer  Audovtee  en  lai  faisant  tenir  sur  les  fonts 
bapUsmanx  son  propre  enfont,  oe  qni  cr6ait  une  affinity 
spifitnelle  entre  CbUp^ric  et  la  reine  et  rompait  leur  ma- 
nage. Galswlnthe  sucodde  A  cette  femme  r^udite;  main 
FrWgonde  feasaisit  bient6t  les  affections  de  son  amanty  et 
la  nouvelle  refaie  est  tnmvte  roorte  on  matin  dans  son  lit 
OhllpAic  ^ponse  sa  concubine. 

Alors  comment  cette  longne  et  sanf^te  rivalit^  entre 
FrM^ondeetBrnnehaut,  femme deSigebertet  scenr 
de  Galswintbe,  et  les  goerras  qui  dteUrait  d  longtemps 
PA  us  trasieetla  If  en  atrie.  Sigeberty  M<fOTte,fll8deCbil- 
p4^ieetd'Andovtee,qni  avait^poos^  BrunefaantySClovis,  fr&re 
de  oe  jenne  prince,  tombent  soceessivement  sons  les  oonps 
de  cette  femme  implacable,  sans  parler  de  bien  d'antres 
meurtres  pins  obscurs.  Pea  de  temps  apris  (584),  Cliilp^ric 
p^rit  assassin^  Quelqaes  historiens  attriboent  ce  nouveau 
crime  k  FrM^Bondc^  (jaU  aorait  fait  tner  son  roari  au  moment  j 


oti  il  anrait  appris  sa  liaison  adoltire  atee  vb  de  see 
sans,  Landeiic. 

Mais  FrM^nde  ne  trouve  plus  que  des  mnemia 
d^elle.  Go n Iran,  roi  de  Bourgogne,  tnteor  deson  fib  Glo- 
taire, rexile  au  ch4teaude  Rueil,  d'ob  eilevicot  babttcr 
Rouen.  L^  dleretrouve  Pr^textat,r^6qoeqiiiavaitUai 
Tunion  de  M^rovte  et  de  Bronehaut ;  il  ne  pent  ^chapper  k 
sa  vengeance  et  est  pdgpard^  au  pied  mteie  de  TanleL 

A  la  mort  de  Gontran,le  fils  de  Brunehant,  Ch  ildebert, 
envahlt  les  £uts  du  jeune  Clotdre.  Mais  Fr^d^gonde  supply 
au  nombre  par  la  bardiesse  et  la  promptitnde;  elle  attaqne 
Childebert  ^  Troncy  (593),  emporte  ses  retranchementt  et 
les  dtfend  contre  lui  dans  un  m^me  jour.  laquKt^  par  lei 
Bretons ,  sans  doute  excite  par  die ,  le  roi  d'Aostrasie  m 
peot  tirer  vengeance  de  cette  ddaite;  et  la  veove  deChB- 
pMc  gouveme  sans  guerre  iusqu*^  la  mort  de  Ghildcberl  Ti- 
rant  babilemeot  parti  des.drconstanoes,  die  reooavre  aocofS' 
dvement  Paris  et  les  vilies  de  la  Seine  tomb^es  an  poovdr 
de  TAustraden,  rencontre  Tarmte  de  Brunehant  k  LoloCtt, 
la  tailie  en  pitees,et  revient  terminer  paidblementsa  carri^ 
a  Paris  (597),  entre  les  bras  de  son  fils,  et*  pins  beoiense 
que  sarivde,  par  une  mortnaturelle.  EUe  fut  inhnm^  dam 
r^ise  de  Saint-Germain4es-Prte,  k  o6t^  du  roi  ChSpM. 

Fr^^onde  dans  oes  temps  de  barbarie  sauvage  a  laiii^ 
one  rotation  de  f6rodt6  inouie,  dors  que  Branehaati 
presque  trouv^  grice  devant  lliistoire ;  il  ftnt  fypfndant  ic- 
connattre  que  la  reine  d'Aostrasie  n*avait  pas  en  die  nae 
indigne  rivale,  d  sa  r^enoe  doit  dtre  oomptte  dans  nos  aa- 
ndes  an  nombre  des  plus  remarquables. 

FR^J^IRIG*  Nom  de  dnq  empcreors  d'Allema^M. 

FR£d£RIC  I*',  sumommA  Barbe-Rousse,  second  eiip»> 
reur  de  la  maison  des  Hohenstaufen,  I'un  des  soovcrdBi 
les  plus  remarquables  d  les  pins  puissants  qn*ait  ens  l*Allenn- 
gne  ( 1152-1190 ),n6en  1121,  ^taitfilsdudocdeSooabe  Fr^ 
d^cle  Boigne.  Il8ucc6da^  son  p^e,  comme  due  de  Sooabs, 
en  1147 ;  d  4  la  mort  de  son  onde  Temperear  Conrad  III, 
(1152),  il  obtint  la  couronne  imp^riale.  yoalant  rdabfir 
TEmpire  comme  puissance  ind^pendante  k  regard  da  said- 
si^,  aind  qu'aux  temps  de  Charlenu^e,  il  fixa  tod  de 
suite  ses  re^rds  sur  lltalie,  qu'il  r6M»hit  de 
afin  de  constituer  de  la  sorte  en  faveur  de  aa 
sonveraind^  absolue,  qull  ^tdt  impossible  alors  de 
k  fonder  en  Allemagne,  en  raison  de  I'^tat  dlneitricdMa 
confudon  on  se  tronvdt  ce  pays.  En  cfins^qucnce,  il  ait 
promptement  en  ordre  les  afbdres  de  rAileaaagne,  termina 
le  difCirend  existant  entre  les  fils  du  roi  de  Danemarfc,  Ca- 
nut ,  Wddemar  d  Sudnon,  en  d^oemant  an  dernier  de  ees 
princes  la  couronne  de  Danemark,  oomme  fief  rdevaat  de 
TEmpire,  et  gagna  Henri  le  Lion  k  ses  inlMta  en  re- 
conndssant  de  la  manidre  la  plus  formeDe,  en  11&4»  la  16- 
gitimitd  de  ses  drdts  ^  la  souverdnet6  de  la  Bavitee.  En 
mteoe  temps  il  renvoya  en  Italie  les  legate  da  papa  qd  pri- 
tendaient  intervenir  dans  Tdection  des  iv^oes ;  pais  il  arau 
une  formidable  amde  pour  les  suivro  bientAt  aptia  de  Pantn 
cM  dm  Alpes,  ob  peu  4  pen-  les  vilies  lombardes s*4taieat 
afiranchies  de  la  d^pendanoe  de  I'Empire.  Mais  en  prde  4 
de  mn^nfiMi  divisions,  la  pluparten  ^talent  veonesi  peoser 
que  la  sujdion  k  TEmpire  6tdt  encore  prdi6rable  4  ana  li- 
berty rempliede  troubles  dde  perils ;  il  sembiaHdte  ion  qas 
remperenr  dftt  renoontrer  bien  pins  de  Iacilil6  k  les  iwwaiit- 
tre  que  s'O  s^attaquaK  k  rorgndUeuse  f6odaUt6  allfmande 

Pendant  que  Fr4dMc  se  troovdt  encore  k  ConitMna, 
occupy  k  r^nir  aon  arm^e,  il  y  arriva  des  d^poite  de  la 
ville  de  Lodi  en  Lombardle  venantse  plaindre  k  Im  qoe  Mi- 
lan, dtd  tottte  d^voote  aux  intirds  da  aaint-aab^a,  efit  im- 
post aon  jong  k  leurs  condtoyens.  FrMnc  enjoigpit  aasd- 
tAt  anx  ien  Milands  d'avoir  k  renonoer 4  leor  oaofpation; 
mala  lenrs  consuls  d^chirferent  en  mille  moroeaux  la  kttn 
impdriale.  En  cons^uenoe,  en  1154  Fr6ddric  Barbe4UMisas 
franchit  les  Alpes.  A  Roncaglia  il  tint  one  grandedlMe,  oa 
les  d6pat6s  de  Milan  vinrent  hnmlilenient  se  aouoMttre  k 
la  peine  proaonc4e  par  Pempereur  centre  leur  ville; 


FR^^RIG 


il  ft'empiira  d*AsU  el  de  Tortona;  et  pour  foire  im  exemple 
qui  /irapp&ide  terreur  ses  ennemis,  il  r^luisit  en  oeodres  la 
seoonde  de  cm  villes.  A  Pavie ,  il  se  fit  coaronner  roi  de 
Lombardie;  et  ^  Rome,  le  18  jnlo  U55,  le  pape  lui-m^e 
pla^  SOT  sa  t6te  la  cooroiuie  imp^ale.  Reveau  en  Allema- 
gne,  il  fit  en  1157  avec  saccte  la  guerre  an  roi  de  Pologne 
Boleslaa,  et  ^igea  la  Boh^me  en  royaume ;  mais  dto  Tannte 
snivante  ( i  158 )  il  6tait  contraint  d*entreprendre  one  aatre 
tnpMition  en  Italie,  parce  que  lea  TiUes  de  Lombardie,  Mi- 
lan sotamment,  a'^taient  de  nouyeao  r^volUes.  Cette  fois 
€oeore  il  ne  s^^igna  qa*aprte  avoir  tout  mis  en  bon  ordre  en 
Allomagney  o5,  par  eiemple,  il  indemniaa  Henri  Jaaormir- 
gott,  ooarroQc^  centre  lui  d'aToir  perdn  la  BaTi^re,  en  ^ri- 
geant  la  Marcbe  d'Autriche,  poaseasion  particnli^  de  ce 
prince,  en  dach^  independent.  II  partit  aiors  poor  Tltalie , 
oil  la  lutte  recommend  aussitdt.  II  a'empara  d'abord  de 
Breacia,  poia  il  contratgnit  par  la  famine  Milan  k  lui  ouvrir 
aes  portes,  k  a'engager  k  rendre  aox  Titles  de  Cosme  et  de  Lodi 
Bear  independence,  ^  lui  prater  serment  comme  eropereur 
et  k  soumettre  k  son  approbation  i'eiecUon  de  aes  consuls. 
A  la  Suite  de  ees  succte,  Temperenr  tint  encore  une  fois  k 
Roncaglia  one  grande  diMe  lombarde,  k  laqoelle  dnrent  Teoir 
nssister  toos  les  grands  feudatairea  de  lltalie  et  lea  consuls 
de  toutes  ses  Tillei.  Dana  cette  assembiee,  oniqnement  com- 
pos^e  d*indigtoei,  11  fit  eiaminer  par  quatre  cls^rea  jnris- 
oonsnltea.  que  d^signa  runiTerstte  de  Bologne,  les  pr^roga- 
tives  imperiales  et  les  priTiieges  appartenant  aax  Tilles  ainsi 
qn'aux  Taasaus  de  TEmpire;  puis,  en  Tertu  des  principea 
du  Code  Justinien,  nouTellement  mis  en  Tigueur,  il  d^dda 
qu'a  Tavenir  tons  les  droits  de  donane  et  tons  uk  rcTenus 
publics  appartiendraient  ^  I'empereur,  que  lea  Tilles  seraient 
administrees  par  on  gouTemeur  {podeftd)  k  la  nomination 
de  Temperenr,  et  qu*k  TaTenir  toote  gnerre  priT^e  serait 
inlerdite.  Bon  nombre  de  tQIcs  refosirent  de  ae  soomeltre 
a  ces  dnres  conditions,  et  y  oppos^rent  la  plus  opiniAtre  re- 
sistance; mais  on  elles  durent  c^der  a  la  force,  comme 
Crema,  qui,  ^  la  suite  d'un  long  si^ge,  epreuYa,  en  1  ifiO,  le 
sort  de  Tortona;  ou  bien  11  se  reserra  de  lea  cbAtier  ulte- 
rieurement,  par  example  Milan,  dont  la  resistance  ases  de- 
crets  fut  cooronnee  de  succte.  Snr  ces  ontrefaites  le  pape 
Adrien  lY  etait  mort.  Lea  cardinaux  ne  purent  s^entendre 
aar  le  cboix  de  son  soccesseiir.  Les  uns  einreat  Alexandre  III, 
les  autres  Victor  IV.  L'empereur  remit  k  un  condle  le  soin 
de  decider  lequd  des  deux  avait  ete  Yalablement  eiu.  Victor 
comparut  devant  cette  assembiee,  tandis  qo*Alexandre  refusa 
de  s'y  rendre.  Elle  proclama  la  Yalidite  de  reiection  de 
Victor,  et  Fempereur  confirma  cette  declaration.  Alexandre, 
r^oit  k  quitter  Rome  et  mdme  lltalie,  se  refngia  en  France , 
d*o(i,  en  1168,  il  lan^  les  Tondres  de  rexoommunication 
centre  Frederic  I**"  et  contre  Victor  IV.  Pendant  ce  temps- 
Ik  Frederic  Barbe-Roosse  ^Tait  pour  la  troisikne  Cois  reuni 
en  Allemagne  une  armee,  qui,  forte  de  100,000  hommes, 
fraucljit  les  Alpes  an  printemps  de  1 161,  et  alia  tout  aussitM 
mettre  le  siege  devant  Milan.  Cette  orgueilleuse  dte,  apr^ 
aToir  soutann  un  siege  de  prte  deux  ana,  fnt  enfin  reduite  k 
ae  rendre,  en  1162.  L*empereor  la  detnilsit  de  fond  en 
comble.  11  fit,  k  la  Terite,  grAce  de  la  Tie  anx  habitants; 
mais  il  dedda  qn*ils  indent  s'etablir  k  lenr  choix  danaquatre 
locaUtes  dUrerentes  de  ses  £tats,  qn'il  designa. 

Aprte  nn  td  triompbe,  Frederic  I*^  dnt  penser  qnll  ne 
ioi  restait  plus  rien  k  soohaiter.  A  son  retonr  en  Allemagne, 
il  preposa  an  gouTemement  snperienr  de  lltalie  Paiche^ 
▼eque  Reinold,  bomme  serere,  auquel  il  adjoignit  des 
baillia,  qui  dans  lenr  administration  se  montrteent  anssi 
dors  qn'arbitrairea,  preiererent  de  kmrdes  taxes  et  TexA- 
rent  ki  populations  de  tontes  lea  manieres.  Victor  IV  etant 
▼enu  k  monrir,  rempereur  fit  eUre  k  aa place  Paseainiy  et 
confirma  son  election ,  sans  ae  aonder  de  Tanti-pape  Alexaiw 
dre.  Impatientea  d'un  ]oog  derenn  intolerable ,  les  Titles  dl- 
ftille  enrent  de  nouTean  reoonrs  k  la  reTolte.  £n  1167  elles 
aonduxent  pour  la  defense  de  lenra  droits  une  ligue  dite 
LmnbartUp  commeneennt  k  reedifier  Milan,  contraignirent 


771 

Lodi  k  faire  cause  commune  aTee  eUea,  rappelimt  Alexan- 
dre 111,  fonderent  en  son  bonneur,  en  1188,  la  Tille  d'A« 
lexandrie ,  et  s'allierent  aTec  Temperenr  gree.  Dte  1 166  Fre- 
deric P'  aTait  pour  la  quatrieme  fois  euTahi  lltalie.  Atoc 
Tarmee  considerable  qu*il  aTait  amenee ,  il  triompba  dV 
bord  de  toutes  les  resistances ,  et  parTint  meme  k  i^nstaller 
k  Rome  le  pape  Pascal  III ,  qui  en  aTait  ete  cbaase;  mais 
une  effroyable  epidemie  qui  Tint  k  ce  moment  raTager  son 
armee  contraignit  Tempereur  k  s'en  retouroer  predpitam- 
ment  en  Allemagne,  od  il  n^arriTa  pas  sans  pdne.  II  n'y  eut 
paa  plus  t6t  mis  en  ordre  les  allaires  les  plus  uigentes,  par 
exempie  recondite  le  doc  Henri  le  Uon  aTec  ses  ennemis, 
qo*en  1174  il  entreprit  sa  cinquierae  expedition  en  Italie. 
Mais,  abandonne  au  moment  decisif,  et  malgre  ses  instantes 
supplications,  par  Henri  le  Lionet  son  armee,  il  fut  oom<» 
pietement  battu,  le  29  mai  1176,  k  Lignano,  od  les  Lorn* 
bards  Tattaquerent  aTec  des  forces  superienres;  et  ^  la  suite 
de  cette  detaite,  il  se  Tit  contraint  de  reoonnattre  Alexan- 
dre III  comme  seul  pape  legitime,  de  condure  nu  armistice 
de  six  ans  aTec  les  Tilles  lombardes  et  meme  de  donner  son 
approbation  k  leur  federation.  RoTenn  en  Allemagne,  il  tra- 
duisit  immediatement  doTant  la  diete  de  TEmpire  Henri  le 
Lion,  k  la  defection  doqoel  il  attribuait  ^  bon  droit  les  d<^- 
sastres  de  sa  demiere  expedition;  et  cdui-d ,  malgre  trots 
soBunations  successiTes,  a'etant  abstenu  de  coroparaltre, 
fut  mis  au  ban  de  TEmpire.  Poor  preter  main-forte  ^  Texe- 
cotion  de  cette  sentence,  Frederic  I*'  marcha  aTec  one  pnis- 
sante  armee  contre  Henri  le  Lion,  qui,  en  1180,  ftit  reduit 
^  foire  aa  soumission.  En  ne  ini  laissant  que  ses  domaiues 
bereditaires  de  Brunswick  et  de  Luneboorg,  et  en  le  oondam- 
nant  en  outre  k  trois  annees  de  bannissement  en  Angleterre, 
Frederic  I*'  aneantit  pour  toujours  la  pnissanoe  des  guelfcs 
en  Allemagne.  La  BaTiere,  qu^aTait  jnaque  alors  possedee 
Henri  le  Lion,  fut  attribuee,  sanf  la  Styrie  et  le  Tirol,  qtt*on 
en  detacba ,  au  fideie  comte  palatin  Othon  de  WIttdsbach. 
D6ik  precedemment  la  Saxe,  de  beaucoup  amcdndrie  d*ail- 
lenrs,  aTait  re^u  poor  souTerain  Bernard  d'Ascanie.  Cast 
anssi  Ters  cette  epoqoe  que  Frederic  I''  erigea  Rathbonne 
en  tOIo  libre  imperiale,  comme  retaient  dejii  Lubeck  et 
Hambourg;  ce  qui  amena  plus  tard  la  fondatlon  de  la 
H  ansa.  A  partir  de  ce  moment ,  lltalie  demeura  tranquille. 

Le  pape  Alexandre  III  etant  mort  en  1181,  I'empereur 
continue  d'aToir  de  bona  rapports  aTee  son  snccesseor,  Ur- 
bain  II ;  et  en  1 1 83  il  conduit  k  Constance,  aTee  les  Tilles  lom- 
bardes un  nouTeau  traite  de  paix  et  d'amitie,  anx  termes 
duquel  elles  aoqnirent  le  droit  de  dioisir  eUes-mdmes  leura 
magistrals  et  de  condure  des  alliances,  en  meme  temps 
qu'eUes  reconnaisaaient  le  droit  de  suzerainete  de  i'empe- 
reur, desormais  autorise  k  y  preieTer  certains  impdta.  Au 
printemps  de  Pannee  1184,  Frederic  F'  se  rendit  pour    la 
sixieme  fois  en  Italie ,  mais  cette  fois  sana  annee ,  sana  au- 
cun  plan  bostile,  uniquement  dans  le  but  de  faire  conron  ner 
son  fils  Henri  par  le  pape  et  en  mdme  temps  de  lui    faire 
epouser  Constance ,  fiUe  unique  et  beritieipe  dn  Nonn  and 
Roger,  roi  de  la  PouUle  etde  la  Sicile.  H  ecbooa,  ^  la  Te- 
rite, dans  ses  efforts  poor  fiiire  coufonnec  son  fils,  atte  ndti 
que  le  pape,  se  mefiant  de  ses  intentions  et  Irrite  de  ce  ma- 
riage  sidlien,  s'y  refuse;  mais  le  mariage fut  oeiebre  en 
1188  an  milien  dea  fetes  ies  plus  brillantes.  Cetait  U^  une 
alliance  de  laqudle  Frederic  I*'  attendait  aTec  plus  de  con- 
fiance  que  jainais  la  realisation  du  projet  qn*U  srait  nonrri 
toute  sa  Tie,  cdui  de  doTenir  I'arbitre  dea  destinees  de 
lltalie. 

Sur  ces  entrefoiteay  on  re^ut  en  Europe  la  terrifiante  nou- 
Tdle  qu'^ia  anitede  U  perte  de  U  bataille  de  Tiberiade 
jerasalem  etait  tombee,.en  11879  an  pouToIr  dea  infideies. 
Dans  ce  moment  crttlqoe,  obeissant  k  I'eaprlt  du  siede  et 
anx  exbortatiottsdu  pape,  Frederic  F*,  apria  aTofar  proda- 
me  la  paix  uniTerselleet  ponnru  an  repos  deTAllemagne  en 
contndgnant  le  gudfe  Henri  k  aller  encore  nne  fois  passer 
trois  annees  en  Ang|ieterre,  se  dedda  k  prendre  part  k  une 
croisade  imiTersdle.  II  coofia  la  r^sanoe  ^  son  file  Henri , 


»    »-.. 


tT4 


FAiDtilRIG 


n  M  Mlwoel  an  miIIui  8a)«dia,pttis 
pwtit  M  1 189  pwr  rA4t  MiMure,  «i  puMiit  par  U  Orfece,  li 
la  t^  d'lmaanBteda  tM,MO  hoomes  at  an  eompagnie  da 
fan  flU  fMMt  da  Saoaba,  da  Louis  de  Tliurhifleat  d'sutres 
prinoaa  aaaoia.  MJ4  U  ataH  rintsi  it  tehappar  auii  IrattmiMs 
^ffihi^Vt>^ff  da fcnparenr  greo  laaaaPAnga;  &Hk  U  afait 
iMttu  k  dani  raprlaas  iat  B^jonddas  daaa  deuK  graadaa 
kalaiUet,  d'akofd  A  Philamaliam  (U  mai  liao)  at  MentM 
jqMM  k  laaoiunit  lonqu'il  pMi  inopint^inant,  la  10  Juin  1 190, 
daoa  las  aanx  limpidea  a(  glacialaa  du  Calyeadnua,  prta  de 
SMeuaiaM  Syria^qu^l  Tonlait  traycfwr  itehaTal.  La  pint 
gnnda  pariia  da  Tannte  dea  erotete  la  di^banda  auasHAt ; 
mala  Mm  fila  FrWricda  Sooabe,  n«  en  llflO,  at  fomlatimr 
da  PorUra  Tauloniqaa,  an  rainana  encore  lea  d^brfo  h  Tyr, 
oil  H  ansavelit  la  d^pouUle  mortelle  de  son  pire.  A  peu  de 
teinpa  de  Ul,  en  1191 ,  Ini  ausai  monral,  da  la  paste,  I 
SaiflUfflan^*Aera. 

Fr^eria  Barbe«RouMa  ftit  nn  prfaiaa  nobM,  braTe,  g^n^ 
reux ,  oowdant  dans  la  bonne  emnine  diin«  la  maiiTalfie 
rurtuna ;  aes  graudei  qiialiU^  dolfent  Inl  Mre  pardonner 
renprit  d^orinNsil  et  de  domination  qui  trop  MHivent  fat 
le  moMIe  de  fOt  aetionA.  Ue  laille  ninyenne  el  Nen  Talt,  11 
afail  lei  elieveux  bloml^  bi  peauManclie  el  labarbe  roump* 
de  \k  le  aiiraom  da  Barbe^Houtu  qu*ll  a  dans  I'litstolre.  It 
^tait  dou^  d*iine  ailnirable  pidaaanca  da  niAnHiire,  el  poaa^ 
da  it  dea  cannaiaeances  eatraonKiiaiica  pour  son  stecle.  i!  pri- 
Mil  lieaiicoup  lessafant!*,  el  snrtoul  lea  bistoriens.  Les  mines 
de  Geittliauaen  en  Vetl^rafia  l^inolgnent  auj(iard*bui  encore 
de  son  goOl  pour  lea  oanslnielions.  Clmrleinagne  #(aU  en 
tout  son  modMe.  GomOM  lui,  11  afait  una  liauta  idte  de  la 
dignity  imp^riala,  at  pendant  tout  son  r^ne,  11  sVfTor^ 
de  la  rdallser.  Comme  lui  aussl,  11  ^alt  sinc^rement  reli- 
gtaux,  rami  dea  prfttrea  et  da  T^isa,  dont  it  eombatUt 
eppendant  avec  tanl  d^^nergia  las  usarpatloos.  II  n*est  pas 
d'empereor  dont  on  ait  hi  longlenipa  ganld  la  in^iioire;  ef  da 
longnea  aante  s'toul^rent  avani  qua  la  panple  eonsaatft  k 
ragarder  sa  mort,  arrirte  an  loin  k  Tdtrangar,  eomme  cbose 
nainrella  at  oomme  ftdt  avM.  Pint  taid  la  Mgende  flt  som- 
nieiller  la  Tiail  et  pviasant  anspareur  dana  les  prafondeuRi 
dea  montagnea  de  la  Bobame,  d'ad  II  sa  r^TaiUara  qnelqve 
joiir  pour  raroaner  FAge  d'or  an  Allemagna. 

FIlto£RIG  II,  dit  h  B^kenstaufe^  amperenr  d'AI- 
leinagaa»  nA  la  M  dteenibra  1194,  4  leal,  dans  la  Marohe 
d'AncOne,  Mail  ills  da  rampereor  Henri  YI  etde  la  prin-. 
oessa  aonnaQda  Constance,  b^rlti^  de  la  Sielle  en  de^ 
et  an  dalib  do  Faro,  et  peliUlto  de  l^aroparaiir  F  r  ^  d  <  r  i  e  I  *'. 
Ju^upt'en  1200,  dpoquo  od  U  prit  IttUmOma  lea  rOnes  de  Pad* 
miniilniion  dana  la  basse  Italie  et  on  McOe,  H  dtait  rest4 
aoas  la  lotaHe  do  papa  Innooant  III.  D44  rimp^atrtee  Cons- 
tance afait  dA  achate?  rinTestHiira  do  fiaples  et  de  la  Siclie 
en  ravanr  da  son  ills,  igA  de  qnalro  ans  seulement,  et  son 
oouronnenNnt,  an  prix  do  Tabandoii  k  VtjijSwt  d*un  grand 
noinbre  de  droits  Importants.  A  la  grando  satielbctton  dn 
cliaf  de  r£gNae,  le  pays  ^lait  an  prole  wot  disaensions  dea 
soignettrs;  et  FrMdrio  II  n^avait  ni  tro|ipes  nl  argent  poor 
raifo  rBspetlaraon  antoriti.  A  la  mortdason  p^,  son  oncle, 
le  doe  PbiUppa  de  Sooabe,  s^^tait  emparA  de  la  eouronne 
royala  d'AU^nagno,  qne  lea  prinoaa  alleniaads  Ini  avaient 
pourtant  aecordio  dia  qn*il  aTalt  en  trols  ana  aecompHs ; 
et  pour  la  oooaervir,  ee  prince  aTait  fciofiledMit  sootena, 
peddant  bait  ann^  ooatra  i'antl-foi  Otbon  one  gnerre  qtti 
«ftitport«  la  for  et  la  Ibttdaoa  lomea  lea  parties  de  TAUe- 
magne  et  afait  dur6  )usqa*en  1208,  ^poque  ah  Otbon  de 
Wittelshaah  4m\  Mast,  asaaasM.  L^ampeieaf  Otbon  IV, 
g^nMotiMAt  recouiu  alo^,  ayani  ancouni  la  df^ca 
du  papa,  oa  dernier  appsia  hd*niOmo  FrMMrloan  trOne  d'AI- 
leoiagna.  MalgrA  tootos  lea  einbOchaa  du  parH  gnelfe,  Ffd- 
d^riaarritnan  Iftt  dana oe pays, at y M  n^k  brasou* 
Tirts  par  tons  lea  partlsaw  da  la  aaison  de  Hohenslaufcn, 
car  Otbon  s'^talt  Ibit  nn  ^rand  nombra  d'annemis ;  el  one 
exp^lition  maAieinoasa  eoatre  to  France  atait  port6  on 
ooop  fiMal  k  sa  poiasaaoa.  A»rteaToir  (ait  vou  do  se  croiser. 


FrMMc  Alt  eooroBttd  k  Aix-la-Cliapelle,  en  1215 ;  et  en  ttti 
Otbon  moamt,  dans  sea  anclens  $tats  b^^itaires  de  h 
8axe.  La  possession  des  couronnas  de  Slcite  et  dMUctnasas 
fit  penser  k  FrM^rie  tl  <tae  c'^talt  k  la!  qaH  apparteoal 
de  r^liser  les  plans  con^  par  son  i;rand-pera»  Frt- 
d^rie  l^,  poor  se  rendra  mattrede  touta  ritalie.  sulijiigaer 
les  Lombards  et  r^doire  le  prMre  iuTestl  de  la  nooardiii 
apfrltuaUaaniveratile  k  ne  pins  ttre  qua  la  premier  ^fOqoe 
de  la  chr6tient^.  Ne  perdant  jamais  ^  Yue  ee  but,  Q  it, 
en  1220,  cooronner  aon  Ills  Henri  en  qnalit^  de  rol  des  Ro- 
maitts  et  en  m6me  temps  comme  rol  de  ftldle,  nomma  Tar- 
cheTdqiie  de  Oologne  Bngelbert  I*'  Ticaire  de  rSmpire,  ct 
quitta  TAllemagne  pour  n'y  pins  retenfr  qn'au  bout  de  quiiiM 
ans.  Aprte  afoir  donn^toute  satisfactioo  an  pane  Hooo- 
rins  III,  que  ce  couroanement  afait  Ibrt  eoarronei,  0  se  rendtt 
k  Rome,  et  sans  autrement  se  sooder  du  refbs  des  Milanab 
de  Ini  lifrer  la  oonronne  de  fer,  s*y  At  cooronner  oomme  em- 
pereiir;  pots  refliit  en  toute  bAte  dans  sea  ttats  hMditairei 
pour  y  r6tablir  Tordre  et  la  tranqnillite.  Dans  le  mtoie  bot, 
il  cbargea  son  cbancdler  Pierre  des  VIgnea  (t*eirui  tfa  Fi- 
iiejl)  de  r^diger  tm  code  giniral  de  lois;  en  ISlt  II  fends 
ausai  una  unifersft^  k  rfapies.  Afin  de  determiner  les  Lom- 
bards k  le  reoonaaltre  en  quality  d'empereur,  II  oonroqaa 
one  grande  di^te  k  Cr6mone.  Kfals  tea  Mtlanais  tinreDtaossi 
pen  de  oompte  de  ses  iqjonctions  que  par  le  paaai  :  an  Gai 
d*enf oyer  des  d^putAi  It  cetto  dl^e ,  lis  renooTalerent  arse 
piua  de  quinae  f  illes,  en  1228,  la  ligua  lombafde ;  et  en  occa- 
pant  les  points  de  paasage  de  I'Adige,  ila  emptehkcnt  ks 
d<pat8s  allemands  de  refoindre  Pemperenr,  qui  alors,  poor 
les  pnnir  de  leiir  d^btissance,  les  mit  au  ban  de  TCmpire. 
Mill  il  se  dijtpoMit  k  ex8euter  celte  sentence,  quand  la  pa^ 
Honoriua  III  Inl  adressa  de  noof  elles  et  i^tkn^  admones- 
tations  pour  le  retard  qui!  appoitait  k  se  endser.  Le  aoa- 
feau  papa  Gr^ire  IX  en  6t  autant,  en  y  sjoutant  one  nc- 
aace  d*excommanication;  et  PrM^ie  II  ne  pot  pas  diflito 
plus  longtemps  d*ob(Hr.  En  cons^ence,  il  r^lt  une  armte 
de  croiste,  et,  de  Pafls  do  grand-mattre  de  Tordre  TeaUv 
niqne,  Hermann  deSalia,  se  maria  arec  lolande,  fine  de  Jasa 
de  Brienne,  rot  titolairs  de  Jimsalem,  tftre  que  dM  Ion  Q 
prit  Iui-m8me ;  puh,  en  1227,  il  alU  s'embarqner  k  Briades 
af ee  le  landgraf e  Louia  de  Tborbige  et  nne  foole  de  dicfa- 
tiers  de  dbtlnction.  Mafs  one  mabidfe  ^pldtelqoe,  tet  tt 
tut  attaint  af  ant  m8me  de  s'embarqner,  fit  de  tela  progiii 
qn'elie  led^termlna  k  rentrer  k  Otrante  so  bont  de  trobjoon 
do  natigation.  Le  landgraTe  Lonis  8tait  mort  dn  mtaie  mi 
^  bord;  et  alors  to  pins  grande  partie  des  pdlerins  s*a  re- 
toom^rent  diet  emi.  £n  d8pit  de  tontes  lea  soppttcationi 
qu*on  pot  Inl  adresaer,  le  pape  persista  k  frapper  rereperenr 
d^excommonicatfon ,  et  ni8me,  ce  prince  bdsitant  toqjoan  k 
se  rembarqoer  poor  to  oroisade,  k  lancer  contra  hd'Ho- 
terdlt  En  1228  Ibroe  Ait  done  k  Prtf  4rie  II  de  i^exdcoter  et 
de  partir.  Mais  an  lien  de  setolsaer  flMilr  par  cetle  marqoa 
d*ob6issance,  le  pape  ordonna  an  pafriarcbe  de  Jdmsaton 
da  oontreearrer  remperenr  en' tout.  FrMdrle  n>i  r6» 
sit  pas  moins  ^  arriver  Joaqoe  sons  lea  tnora  de  Jopp<  et  k 
determiner  to  saltan  Malek-Kamel  k  condnre  on  amdstice 
de  dix  ana,  aoi  tsrmes  dnqad  non-seulemenl  Jerosalem  el 
lea  villas  salntes,  mais  encore  toote  la  oontvfe  sitoda  enire 
Joppe,  Betldeem,  Jerusalem,  NaraiOlb  et  Sabit-JeiB-d'Acre, 
atad  qoa  Tyr  H  Sldon,  forsnt  restitoeas  anx  dirMens.  it- 
maalon,  o6,  to  17  mars  12t9»  FMderic  11  sa  eoitroma  hd» 
mOme,  paree  quit  ne  s'y  troora  pas  de  prMro  qni  eonaantt 
k  edebrsr  la  messe  en  presence  d'on  excommunU  comma 
reiaH  remperenr,  flit  ndse  en  interdiu  FredMe  M  mime 
tmbi  par  tos  tempHers;  mala  to  saltan  SalaAn  «iC  to  fM- 
roaMe  de  Ten  Instnrire. 

Maintenaot  qne  FrMdric  II  atait  rempR  aon  tmn ,  ft  ta 
relonma  blen  tite  dans  to  basse  Halle,  <pio  to  (tope,  pcn> 
dant  sen  absence,  avaft  laissd  conqnerlr  et  ddmtef  par  to 
peride  Jean  de  Brienne,  reoonqoit  ses  fXats  beredltalres.  A 
obtint  enAn  dn  pape,  en  1230,  d^Otre  rdete  de  son  etcoor 
inunication.  Seules,  toatlllea  de  Lombardto.  aotanimeal 


FHSofiRtC 


ler  4i$  piit»  ^refartrttit  mteM  li  pi«iago  A  ton  Hi  HMri, 
qui  ieMkbitI  U4Mt«  delltfMMi  fti  cdtelqwiKe,  inmi- 
perev,  «iitM|Mpvi|iaMi  leatfUMligiiarre;  niiiMS 
antidQMts  sMUlMt  poiil  ttloofi  lemMs  qiiiid  11  apprit 
qu'i  FekdtithMi  dn  pap«,  Mm  Ms  Btirf,  ({iiil  itait  eban^ 
de  Padmiaittrilloii  ds  rAHmaipM,  iPdMI  MiNilM  Mati^  hii, 
ATall  coMln  mi  tralM  d'aUianee  ivae  lea  liilas  kintodea^ 
en  lear  iwoniuiisMiit  toos  lei  d»oite  qa'elleft  ppMendaleAt 
avoir*  PpMAIc  ravittt  alort  h  I'ittprovMeeil  AOemagBe; 
el  Heori,  al»atidoiiii4  par  sea  partiaaM,  Art  eUHld  de  hil 
4«iiiaiider  ttn  paittes  qo'il  oonteBtll  gdft^veineneiit  4  hit  ae^ 
/iorder.  Mafs  oejeoae  Impntdint  ayattt  de  Bmiiread  le?^  I'4- 
tendard  de  la  f^olte  ooatre  aon  piftrs  M  iMiiieUenettt  d^ 
poaAlb  diMetenue  kMayenoeen  128&,  et  eondama^  k  re^ 
ter  ettlenii4  Jutqa^  la  fti  de  sea  Jodrs,  atee  sa  femttie  et  ses 
eofliiita,  dans  le  eliMean  de  SaH'Fdliee,  dans  la  Peoilte.  Frtf^ 
d^ffc  II  lit  alon  Aire  son  seeond  fits,  Conrad,  rol  dea  Ro- 
mains,  en  remplaeenient  de  Henri ;  en  mtaie  temps  11  tS6* 
bra  avee  nne  extreme  magnlfleeneey  et  an  millen  de  hrayantes 
r^oiilssances,  son  trolsidme  matiage,  avee  IsabeUe  d'Angle* 
teiTQ.  Ensofte  11  rassemMa  k  Aogsboorg,  en  1236,  centre  les 
Leooftaids  nne  annte  fennldeMe,  qui,  renf^rcde  par  les 
tronpea  auxUlalres  d* E i z elin  el  par  ceDes  des  Wttes  de  h 
haole  Italfe  hv€ttM»  h  la  eause  des  GIbelina,  la  mteie 
qne  odle  de  reosperenri  reoiporia  dans  les  jooni^  dn  16  et 
do  27  neYenbre  1237,  sur  les  bords  de  POgllo,  la  brillante 
vieloire  de  Oorteaof  a,  it  la  suite  de  laqnelle  eat  Ken  la  son- 
miaaion  de  tontes  les  tfUes  dMtalle,  k  rexeepHon  de  Milan, 
Belogae,  PlaisaMe  et  Brescia.  Nen  pas  qu*ellea  ne  fussent 
dispoaies  k  ipeeoiniltie,  elles  aoeai,  FrMMe  11  ponr  tear  son* 
Tendn  $  nala  nenapereur  ealgeait  qn^elles  se  aoaniissenl  sans 
eooditiofey  et  alofa,  panssta  au  ddsesp^r,  eilea  eendarent 
une  alliance  ofTensiTe  et  d^nsiTe,  dent  FrM^lo  eot  bean- 
coop  de  peine  k  ymk  k  boot.  Jalont  da  benheor  qnl  s^atta- 
cbait  4  tontes  les  entieprisasdeFr^ddrie,  et  biased  de  ce  qne 
ce  prioee  efttnoaimd  aon  fits  Bntio  tol  de  la  Sardaigne, 
lie  toiit  r^cemmeni  enlatda  Mi  samsins  el  &  la  posses- 
aioa  de  laquelle  H  anH  Ini^meme  Aefd  des  pf6lentlens  an 
Dom  dv  safnt*8i4[e,  le  pape  crut  devoir  pfoiter  de  la  man- 
Taise  loomnra  que  prsDaienl  lea  aftelrea  de  remperenr  poor 
miner  les  proJeU  de  ee  prinee  en  llalle;  en  eona^ueiice, 
le  dtmanebe  des  RameaHx  I2S9»  II  hui^ a  de  neotean  eontre 
lui  lea  foodres  de  I'ekcounmunfealkm.  Mais  remperenr  n'en 
continue  paa  motes,  avec  rMliition,  sa  hitte  contra  lea 
TiUes  lomberdesy  il  r^pendit  anx  ontrsgeantea  accusations 
dn  pape  par  des  paroles  tout  aosal  Ina^tantes,  el  enrahit 
mtoie  plus  tard  les  £tals  de  rtiglise.  En  1241  fl  s^emparade 
RaTenne,  a  s*avan^  Jnsqoe  sons  lea  mora  de  Rome,  quH 
n'osa  poartant  pofait  attaqner,  k  ee  quit  semMe. 

U  ne  Cult  paa  s*^tonner  que  les  prteccopntiooa  eans^  par 
cette  hitte  ardeate  pour  la  dombtttkm  de  PItaHe  aieit  Adt 
oubte  au  pape  et  k  remperenr  lea  dangers  dent  Tinva- 
sion  des  Mongales,  people  barbare de  I'Asie  oeolrale,  me- 

na^aloietoutel'Earope  etrAliemagneploapartlealKqranent 
Apite  hi  sanglante  yietoire  qnlU  ramport^ent  k  Wablstatt, 
en  1241,  les  Mongoiea  furent  pins  tard  compMement  mis  en 
d^roote^  sur  lea  beida  do  Dahube,  par  IVmea  aBemande, 
renforcde  dea  troopeo  de  remnereur,  coaunandtes  par  Eniio; 
luais  oe  ddsastre  aoralt  M  hnpuiseant  it  preserver  PAlle* 
magna  des  raTages  de  ces  hordes  nomades,  si  des  diseen* 
siona  hitesthies  qnl  tetai^rent  parml  leurs  chefe  pour  la  sno* 
cession  an  trftne  ne  lesaralentpas  eontrafaites  k  a^  reteu^ 
ner  en  Asie.  Pendant  ce  lemps-Ut  Fidddrie  cottHnttaH  k 
liaroeler  le  pape.  II  fit  arrdler  par  Rnzio  nn  eertaln  nombre 
d'^reqnea  qoi  se  rendalent  k  Ronae  k  bord  de  bithnents  g^ 
nets  poor  aasister  k  nn  eencHe.  A  la  morl  deGr^be  IX, 
II  ft  «liio  pope  CMesthi  lY;  et  eeteM  diant  vena  ausai  k 
dMdar  pen  de  leaps  aprte  son  fartranisatlon,  H  hii  fit  doo- 
aer  poor  socoesseur,  aptte  <Ri4inil  noia  d'bMtatk>ns,  In- 
nocent IV. 
Innocent,  autrefois  faitime  ami  de  Pemnereur,  a^art  Tonhi 


776 

asftnrer  k  idit.btlt  la  snprtofttle  do  satnt-iMge,  deviot  d^s 
lors  PettOend  le  (his  dangerenx  et  le  plni  acham^  de  ce 
pttoee.  fl  conflrma  14  sentence  d'eicommtmlcatlon  rendue 
coMito  hti  par  Gr^dre  IX,  se  rdfogta  k  Lyon,  od  11  cotavo- 
qna  on  synode  ttcnmdnlqne,  qui  depose  Pempereur  et  lul 
enlera  sea  dMKrentes  coonmnes,  en  mkat  temps  qu*il  som- 
ma  les  princes  allemands  d'atofa*  k  ilire  nn  nouvel  empereur 
^  sa  place.  La  defense  peraonneRe  pr^sent^  par  Fr^d^c  11, 
pas  pins  que  lliahile  phddolerfe  dans  laquelle  sen  diance- 
lier,  Thadcras  de  Soessa,  refute  ilstant  le  concUe  de  Lyon 
les  perfides  et  absurdes  accusations  ^^  Centre  son 
maltre,  ne  porent  disposer  pins  faTorableraent  poor  lul  le 
pape  et  Pl^ise.  Bn  124d  les  dlecteurs  ecddslasUqoes  du- 
rent  roi  des  AHemands,  en  son  Ken  et  place,  k  la  suggestion 
dn  pape,  le  landgrate  de  Tlinringe,  Henri  Baspe,  qol  obtint 
do  satat-sl^  dlmportants  subsides.  Mais  Fr^ddrie  ne  per* 
dil  ptS  courage  poor  eeia;  et  tandis  que  hii-m^me  d^fendalt 
avec  son  ills  Enslo  la  Steile  et  la  Lombardie,  son  autre  fits 
Conrad  marchait  k  la  rencontre  de  Henri  Rasp^,  qui ,  half  u 
en  1247,  dans  on  combat  Ihrrft  sons  les  mnrs  d^tJIm,  moumt  k 
qnelque  temps  de  Ik.  Le  part!  pontlflcal  tint  alors  pour  roi 
d'Allemagne  OulHanrae,  eomte  de  Hollander  mais  cduid  ne 
pot  pas  d6lendra  ses  droits,  et  son  dIecUon  n'eol  dMutre  rd« 
suHat  que  d'aggrarer  encore  Pdtat  de  trouble  eft  de  oonfusion 
gtedrale  anqodi  PAIlemagne  se  tronrait  depuls  si  long« 
tempa  en  pmin.  TooleMa,  k  partir  de  ee  moment  TMMc  It 
n'dpronva  ploa  que  rsrers  snr  rerers.  Une  nonr die  tenta-^ 
tiv«qa'il  fit  poor  se  rfeoneiiier  avee  le  pape,  eo  ftdsant  acta 
d'bomble  aoomisston  an  aafait-si^,  Mona  centre  Popi* 
nUtre  hUlexibllitd  dlnnooent.  Les  habHanfe  de  Farme,  dottt 
ramte  de  l^mpereor  assMgeait  h  Tllle  en  se  lifrant  contra 
eox  k  teotes  aoriea  de  croautds ,  rtessirent ,  dans  nne  sor* 
tie»  k  battre  eompldtement  et  k  andantir  cette  arm^.  Son 
fils  Bncie,  mis  do  d^roote  par  les  Dolonate,  fat  fait  en  outre 
prfsennier,  sans  espoir  d^tre  quekpielonr  rendu  k  la  liberty. 
SonehaneeOer  Pierre  des  Vignes,  dont  la  fiddit6  chanoelsit 
depots  hmgtemps,  fenta  de  Pcmpobooner.  Une  Ibis  setile- 
menl  U  arri?a  eneore  ^  Fr6d6ie  11  de  Toir  ses  aflbirea  prendre 
nne  toomnre  pins  fiivorable  dans  la  Itante  Italic,  oh  &  ce 
mooBenl  les  glbelins  regagnbrent  la  hante  main;  et  11  etH 
peut-eire  fini  par  triompher  do  pape  Innocent,  si  la  morl 
n*dtait  pas  venue  le  aurprendre  lul'iuftme,  le  13  ddcembre 
1210,  k  Florentine,  dans  les  bras  de  son  fils  nature!  Man* 
trad.  11  ent  poor  soeeesaeor  soo  fits  Oonrad  I V. 

Fidddrie  II,  dent  te  tdte  avail  porl^  k  la  fois  ^  eon* 
ronnes  ( la  cooronne  dVmpereor  des  Remains,  oeile  de  rol 
des  ADemanda,  eelle  de  rol  de  Lombardie,  celfes  de  Bour* 
gogne,  de  Sidle^  de  Saidaigne  et  de  J^maalem},  hit  un 
prhice  coorageov ,  gfodrenx ,  Mmr6  et  toMrant  k  Pdgard 
de eeoi  qui  ne pensaient  pas  oomme  hii;  h  cea  qnaKt^,  qui 
sembknt  avoir  M  hMditaires  dans  hi  malson  de  Holien- 
staofim,  U  joignaK  encore  dlienreosesdispositiotts  naturelles, 
dea  eonnaissanees  eKtrAmement  ^teadoes,  I'aroour  des  aria 
et  des  aeleaces.  if  comprenait  lootesles  langues,  ai  diverges 
poortanl,  porMes  par  sea  8q|ets,legree,le  lathi,  Pallemand, 
lltaliao  et  Pandie.  Bo  ootra,  il  excdialt  dans  looa  les  exer- 
cices  ohevaleresqnes,  el  ^tait  trte-vera6  dans  l^hlstoire  nata« 
rele,  scienoe  sur  IwpieHe  H  teririt  mdme  phideurs  ouvro^ 
gee;  antey  il  a  eompoed  de  remarqoablea  chanti  d*amour, 
daoslalangoepopolalreilalleoiiei  qoe  le  premier  H  deva  an 
rang  dekngoeterlte.  Tantdt  passlonnd,  ardent  et  sdvM, 
tantdt  doax  el  gte^reni,  d'aiiienrs  tdoptoenx  et  ami  dn 
pfaddr,  tt  Mall  dans  toule  sa  personne  phis  italien  qu'alle- 
mand.  A  PltaKe,  la  terra  qui  Pavdt  vu  nattre,  appartenaieait 
aonlme^  aea  pensdes,  loos  aes  projets.  Cost  lit  qn'il  voulaR 
fonder  la  puissance  rdeOe  de  la  dimiltd  hnpdrlale;  c*est  H 
quH  avail  PambiUen  de  fonder  un  EUl  dont  la  l^latfon  et 
Fadminlstraaoo  pusaeot  serrtr  de  moddes  anx  aolres  peo- 
ples. L'AHemagoe,  oh  la  conHHotkm  aridocratkfoe,  d^k  d 
sohdemeot  aaslae,  rendalt  fanpossible  la  foadation  d'lma 
royauM  abaehiek  nVait  k  ses  yeiix  de  valenr  qn>n  raisoo 
des  raseoareoi  el  des  moyens  d*action  a»'ellc  mdtatt  ii  sa  die- 


778 


FRfiDERIC 


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I 

I 
I 

I* 


pusitkmpoor  auojefUrntalie.  Aiift8i]i^b^ta<'t-ilpoiiitkfaire 
abandon  d'nne  partie  importante  de  ses  pi^rogatiTeA  imp6- 
rialeft  en  accordant  en  1220  aax  princes  eccl^iaatiqaes,  et  eo 
1232  anx  princes  stodien,  diTcrs  priril^gea  notablea,  nni- 
quement  dans  Pespoir  d'acheter  ii  ce  prix  tear  conconrs  poor 
la  r^isation  de  ses  plans  h  regard  de  lltalte;  priTil^es  de- 
TCDus  la  base  de  Torganisation  politique  qui  ^  Tanden 
royaume  des  Allemands  substitua  une  multitude  d*£tats 
eooCM^r^,  placte  sous  la  direction  suprftme  d'un  empereor 
dtt.  Le  r^e  de  Fr^ddric  II  est  incontestablement  I'^poque 
la  plus  remarquabte  du  moyen  Age. 

FR£d£RIC  III,  dit  le  Beau,  roi  d'Allemagne  ^  partir  de 
1314,  anti-roi  on  comp^titeur  de  Louis  IV  deBaTi^re,  n6 
en  1286,  ^tait  fils  du  roi  d'Allemagne  Albert  I*'.  .Son  fr^e 
aln^,  Rodolphe  le  Pacifiqoe,  ^tant  mort  en  1307,  et  son  p^re 
ayant  M^  assassini^  en  1308,  il  prit,  en  quality  d*aln6  des  fils 
survivants,  le  gouvemement  du  ducli^  d'Autriche,  tAt  en 
son  nom  qu'au  nom  de  ses  fr^res  puln^.  £leT^  k  Yienne  en 
m^e  temps  que  son  cousin  Louis  de  Bayitee,  il  s^^tait  li^ 
avec  lui  d*une  ^roite  amiti^,  que  pendant  iongtemps  aucuo 
noage  ne  Tint  troubler.  Mais  la  noblesse  du  pays  lui  ayant 
d^M,  et  non  ^  Louis,  la  tutelle  des  dues  de  la  basse  Ba- 
vi^,  la  disoorde  survint  entre  les  deux  amis,  et  provoqua 
une  guerre  dans  laqueUe,  en  1313,  Fr6d6ric  fut  battu  k  Ga- 
melsdorf  par  Louis.  L'flection  de  Henri  YII  de  Luxembooig 
fit  ^liouer  te  plan  d'obtenir  la  couronne  imp6riale  qoe  Fr6- 
d6ric  avait  con^  dte  la  mort  de  son  p^ ;  mais  son  riyal 
Mant  Tenu  k  mourir  subitement,  en  1313,  il  reprit  I'ex^cu- 
tion  de  ses  premiers  projets.  Pour  se  rteondlier  aTec  Louis, 
il  renonfa  k  la  tutelle  sur  la  basse  Bari^re,  et  regagna  ainsi 
les  affections  de  Pami  de  sa  jeunesse.  N^anmoins,  et  quoi- 
qn*il  eftt  autrefois  promts  k  FrMdric  de  ne  point  se  mettre 
sur  les  rangs  pour  Flection  k  la  couronne  imp^riale  et  ao 
contraire  de  lui  laisser  le  champ  libre,  Louis  de  Bayi^ 
oublia  ses  f^ngifigftnffli**  quaud  11  Tit  divers  princes  allemands 
dispose  k  retire.  II  se  rendit  done  en  toute  hiUe  k  Fianc- 
fort  aTec  ses  partisans,  se  fit  41ire,  et  interdit  Tentide  de  la 
Tille  k  FMMCf  qui  y  mit  Tainement  le  si^.  II  gagna 
encore  FrM^ric  de  Titesse  poor  le  couronnement  k  Aix-la- 
Chapelle,  de  sorte  que  son  comp^titeur  fot  r6duit  k  se  faire 
couronner  en  plein  air  It  Bonn.  L'^p^  senle  pouTait  dd- 
sormais  d^ider  entre  les  deux  riTSux,  et  bientdt  ^ata 
une  guerre  qui  pendant  plusieurs  anndes  porta  le  fer  et  te 
feu  dans  les  dlTerses  parties  de  I'Allemagne  et  les  couTrit  de 
mines.  Apr^  une  s^rie  de  batailles  sanglantes,  et  cependant 
demeur^  indtelses,  la  victoire  finit  par  se  prononcer  de  plus 
en  plus  en  fuTeur  de  Fr^d^ric,  qui  trouTS  dans  son  coora- 
geux  fr^re  Lipoid  le  cliampion  le  plus  z^te  de  ses  droits. 
D^k  Louis  de  Bavi^re,  r^uit  k  toote  extr^mit^,  son- 
geait  k  renoncer  k  TEmpire,  lorsque  te  d^sastre  que  les  Suisses 
firent  ^prouTer,  te  IS  noTembre  1315,  k  Leopold  ii  Mo  r gar- 
ten  Tint  ranimer  ses  esp^rances;  et  ses  partisans  hii  ayant 
amen^  de  puisaants  renforts,  il  recommend  la  lutte  de  plus 
Ueite.  I^  28  septembre  1322  les  deux  arm^  se  rencontre 
rent  dans  la  lande  d'Ampfing,  prte  de  Mnlildorf;  Fr^d^ 
ric,  qui  n'attendil  pas  Tarrlv^  des  renforts  que  lui  amenalt 
son  fr^re,  fut  compl<^tement  battu  et  fait  prisonnier  aTec 
i  ,300  gentilslionimes,  la  fleur  de  la  noblesse  d*Autricbe  et  de 
Sail  ourg.  Louis  le  retint  captif  pendant  trols  ans,  an  chA- 
teau  de  Trausnitx,  prto  de  Nabburg,  dans  la  Tallte  de  la 
Pfireimt ;  et  ni  les  larmes  de  son  ^use  Elisabeth  d*Aragon, 
Tune  des  plus  belles  et  des  plus  spirituelles  femmes  de  son 
si^cJe,  ni  une  chevaleresque  eotreprise  tent^  par  son  (rhre 
l^opold  pour  le  d^liTrer,  ne  purent  foire  cesser  sacaptiTltd. 
Mais  Louis  ayant  enfin  compris  qu*il  n'y  aTalt  pour  lui  d'autre 
moyen  de  s'assurer  la  paisible  possession  de  la  couronne 
irap^riale  que  de  se  rdconcilier  aTec  le  parti  de  la  maison 
de  Hapsbouig,  ouTrit  A  Frdd^c  les  portes  de  sa  prison, 
sous  rengagement  de  te  reconnattre  poor  empereur,  de  s'em- 
pioyer  pour  determiner  ses  partisans  k  en  faire  autant,  ainsi 
qu'k  lui  restitner  tes  domalnes  appartenant  k  i'Empire  dont  ils 
BcUdeut  emparte;Gomme  aussi  sons  tepromessede  loi  r^«- 


titoer  les  doeomeatseC  tettitras  retotifii  kr^eelioB  lapMii 
et  de  raTenir  se  oonstitner  priaomiter  sH  lui  ttait  impwiiiMi 
de  remplir  i*une  ou  Tautre  de  ces  condiUoiw.  La  fenae  in- 
tention qu'aTait  FrM^ric  de  se  rteondlier  «Tee  mm  lifal 
€clioua  centre  Topini&tre  Inflexibility  de  son  firtoe  MopoM, 
qui,  A  rinstigation  du  pape,  ennemi  declare  de  Louis,  nAaia 
de  se  prater  k  raccompUaaeinent  d*une  seote  des  iwditfai 
poate.  Fidde  k  ses  engagements,  FrMMc,  qnoiqae  te  pape 
TeneOt  dOi^, rcTfait  k  Munich  se  mettre  ktediaoitftteB  de 
Louis.  Touch^  d\m  tel  acte  de  loyaut^,  eelui*ci  raocoeUtttea 
ami,  et,  renouant  aters  te  liaison  si  intime  qui  stbH  enste 
autrefois  entre  eux,  partagea  aTec  lui,  oorame  aux  jours  ben- 
renx  de  leur  ieunesse,  son  palais,  sa  table  et  jasqa*4  son  tt. 
£n  1327  il  lui  confia  m^e  TadministratioD  de  te  BitMr, 
pendant  qu*il  ^taitobiig^  d'aller  au  seconrs  deson  fite  Low 
contre  te  roi  de  Pologne,  qui,  k  llnstigation  du  pape,  aTsit 
euTahi  le  Brandebourg,  o6  il  commettatt  tootes  aortes  de  bri- 
gandages ;  et  il  condut  avec  lui  un  traits  anx  termes  doquel  Hi 
couTinrent  de  partager  k  TaTenir  te  gouTemement  de  FEmpire. 
Les  princes  de  TEmpire  s*y  ^tantoppos^  inteiTint  enlre  les 
deux  amis  un  second  traits,  en  Tertn  dnquel  Louis  doTiit 
aToir  ritalie  et  te  couronne  imptoale  de  Rome,  tandts  que 
Fr^d^ric  r^erait  en  Allemagne  aTec  le  titre  de  roi  des  Re- 
mains ;  mais  ce  traits  ne  fut  pas  plus  execute  que  te  premier. 
En  elfet ,  ii  pcu  de  temps  de  te,  Fr^^c  ayant  pecdu  arK 
son  fr^re  Lipoid  la  penste  inspiratrioe  en  mtoe  temps  qoe 
la  puissance  d'ex^cution  de  ses  projets  d^ambition,  pe^Un 
passer  dtermais  te  reste  de  sa  Tte  dans  le  calme  et  la  soli- 
tude, k  Guttenstem,  tout  entier  k  te  pri^  et  li  te 
tion.  II  y  moonit,  te  13  jauTier  1330,  et  fut  eoAerr^ 
I'abbaye  de  Mauerbach,  quil  aTait  fondle.  GeHe  abbayeayait 
M  supprim^  en  1783,  ses  restes  mortek  ftirent  aiors  trans- 
fer^ k  Vieune  et  d^s^  dans  les  caTeaux  de  T^gjliae  de 
Saint-£tienne. 

FR^DtolC  IV,  roi  d*Allemagne  de  1440  4  14»3,  ceena 
Gomme  empereur  remain  sous  te  denomination  de  #W- 
d^ric  III,  et  cooome  archiduc  d'Autriche  aous  oelte  deFti- 
tUrtc  F,  fils  du  due  Ernest  de  Fer  etde  Gymburgte  de  Ma- 
sovie,  naquit  te  21  septembre  1416, 4  Inspmck.  11  MaH  k  peine 
majeuren  1435,  torsque,  oonjointement  aTec  son  torlNdeat 
fr^re,  Albert  le  Dissipateur ,  et  aprte  an  Toyage  k  te  Tem 
Salute,  il  prit  le  gouTemement  de  ses  £tets  (Styrie,  Caria- 
tbieet  Camiote),  dont  le  rcTenu  total  ne  d^paasatt  pas  16,000 
marcs,  et  senrit  de  tuteor  k  ses  cousins  Sigismond  de  Tirol, 
et  Ladislas  de  te  basse  Autriche,  de  la  Hongrie  et  de  la 
Ik>h6me.  tin  a  Ihmanimittf  empereur,  en  1439,  k  te  mod 
d^Albert  II,  ce  ne  fut  qu*aprte  onze  semaines  dtntelntion 
qu'il  se  ddcida  k  accepter  la  couronne  imp^riale;  et  son 
couronnement  n'eut  Ueu  k  Aix-te-Chapelleqo'en  1442.  Toot 
au  d^but  de  son  r^e ,  il  eut  ii  soutenir  une  guerre  contre 
son  frire  Alb^t,  qui  it^nait  dans  la  haote  Aotriche;  etee 
ne  fut  qu^en  lui  payant  une  sonmie  considtebte,  qnll  pot  te 
determiner  k  restitner  les  territolres  dont  il  s*aait  emparl 
A  pen  de  temps  de  te,  en  1445,  les  Hongrois,  ooransand^  par 
Jean  Hunyade  CorTin,  enTahirent  rAutriehe,  oii  ite  per- 
t^rent  partoot  le  fer  et  le  feu,  k  TefTet  de  oontraindre  Fr^ 
d^ric  k  leur  rendre  te  prince  Ladistes,  qu^ib  aTaient  ^o  roL 
Renouvelant  leur  invasion  en  1452,  ils  Tinrent  encore  one 
fois  mettre  le  si^e  devant  Vienne,  sous  les  ordres  d*UI- 
rich  Eyxinger,  sans  qoe  Fr^d^ric  os4t  jamais  tenter  de 
mettre  le  moindre  obstecle  k  teors  entreprises ;  et  ils  k 
contraignirent  de  la  sorte  4  leur  rendre  leur  rei.  11  ne  tenia 
non  plus  rien  de  s^rteux  contre  Milan,  tersqne  en  1447, 
k  Textinction  de  te  Ugne  mAle  des  Visconti,  l^osurpateor 
Sforza  se  fut  empar^  du  Milanais,  fief  reloTaot  de  l*EmpR 
d*Allemagne.  Dans  Tespolr  de  rteup^rer  tes 
trePois  perdus  par  te  maison  d^Aatriche,  il  interrint 
dissensions  intestines  des  cantons  suisses ;  mais,  abandonnr 
dans  cette  lutte  par  TEmpire,  obUg6  de  s^avouer  k  loi-mtec 
sa  faiblesseet  son  impuissance,  il  appete  k  son  seooofs  de» 
bandes  ^trangtees  ( vaye%  Abmagrags  ),  recrutte  en  Fkanee 
et  commandoes  par  le  danpbbi,  tesqudles,  eo  1444|  aprh 


FREDERIC 

Kfolriiipris  i  leun  ddpcns  i  Saint-JacquM  de  la  Birt»  k 
apprfeiar  la  valear  das  SuittaB,  toarn^rent  ea  partia  lean 
annet  aonfra  I'AIlemagna  at  contra  rAotrieba  ella-niftnie, 
landis  qoeFr^dMc  sa  Toyait,  an  1449,  contraint  da  confir- 
mar  solaoneQamant  aax  wnf^dM^  lean  difl<6renta8  con- 
qoMet.  La  mtoie  annte  (1449),  k  propos  da  U  soccasaion 
dans  la  Palatinal ,  ii  sa  mit  sor  las  bras  Fr4d6rie  le  VietO' 
fieux^  Ixktt  do  feu  palatin  Louis ,  qui  pr6tandait  h^tar 
da  Palatinat ,  an  m^pris  das  droits  da  son  naraa  PbQippe , 
et  qai,  sor  la  rafos  da  Frdd^ric  d'y  eonsantir ,  fit  dearer 
an  sa  ikTaur  las  6iaetears  da  Mayanca  at  'da  TMras,  at  pla- 
sieors  aotres  prbicesallamands ,  lasqnels  prirant  alors  la  parti 
da  d^posar  IMncapabla  ampeieor,  at  d^Sirak  sa  placa  Gaorgas 
Podiebrad  da  Bohtoia. 

Par  sa  l&cba  sanrilit^  k  regard  da  saint-siige,  FrM^ric  fat 
caasa  qua  la  eondla  da  B&la,  appall,  sniTant  toateapparanca» 
k  oorapl^tament  dmandpar  I'Eglisa  d*AUamagna,  n*amena 
aucan  das  atilas  r^saltats  ([o*on^tait  an  droit  d*en  attendee. 
Les  ^lectaars  insistaient  Tivamant  sor  la  maintlcn  das  de- 
cisions das  andans  condlas,  en  mtaia  temps  qa*ils  combat- 
taiant  rtelftment  las  noavallas  asorpations  do  saint-d^, 
qal  na  craignit  pas  da  prononcar  la  deposition  da  deax 
decteuTS  a^esiaatiqoas.  Blais  alors,  par  rantremisa  da  son 
rose  cbanoalier  JEn^as  SyWios ,  dar enn  plas  tard  pape  soas 
le  nomda  Pia  11,  at  qui  sarrit  da  mediateor  entra  les  dec- 
taors  at  la  saint-dega,  Fr6derie  parrint  d  bian  k  jetar  la 
diridon  parmi  las  princes ,  qu'Us  sa  soamirent  i'an  aprto 
Paatra  au  papaEagtoe,  par  le  concordat  dit  desprincei,  at 
qu'cnsuitails  acc^direntaa  concordatdal448,ditde  Fteniia, 
qui  d'aboid  n'ayait  ete  concla  qn'entra  rampereur  at  la 
pape,  mais  dansleqad  ilssefirentensaitecomprendre,  etqai 
annolait  toutas  les  decisions  du  condla  da  BAla,  ayant  poor 
bat  da  mattra  an  tarme  aax  abas  da  pooToir  das  papas. 
Profitant  dea  CiYorables  dispodtious  da  saint-siega  k  son 
egard ,  FrMMe  ta  rendit,  en  14&2,  en  Italia  poor  sa  faira 
couronner  emperear  par  le  papa  en  personne.  Cefat  la  der- 
nito  fois  qa*nn  roi  dea  Allcuands  fut  k  Roma  I'objet  d*ane 
ceremonie  da  ca  genre.  Si  par  ce  conronnament,  de  m6me 
qn'en  accordant,  k  pea  prte  Tars  la  m6me  ^poqae  ( 1453 )» 
an  x' princes  de  la  maison  d'Antricha,  lapririiega  da  prendre 
le  titre  d*arcAidtfCs,  il  reasdtk  donner  on  certdn  edat  ex- 
teriear  k  sa  maison ,  an  revanche  il  se  laissa  anlerer  de 
solides  et  rtels  avantages,  quand  Ladislas  Tintk  moarir, 
an  1457»  sans  lalssar  de  posterity.  Tandis  qae  par  saita  de 
ca  d^cto  la  haute  Aatriche  passait  k  Albert,  et  une  partia  de 
la  Carintbie  i  Sigismond  da  Tyrol,  il  obtint  bian  lui-mema 
la  resta  des  £tats  da  Ladidas;  mds  11  lai  fallut  sabir  rhami- 
liation  de  voir,  en  d^pit  de  ses  droits  tris-iegitimes ,  la  cou- 
ronne  de  Hongrie  echoir  k  Matliias  Conrin,  et  cdle  de  Bo- 
hdine  k  Georges  Podiebrad.  Quelque  tempa  aprte,  en  1462, 
son  fir^ra  Albert  souleva  contre  lai  Vienne,  sa  capitale ;  et  ce 
ne  Tot  qae  I'ann^  suiTante,  par  suite  de  la  mort  de  ce  fr^re, 
qoll  sevitdebarrasse  de  tout  souci  de  ce  cAie,  et  qu*ii  se 
IrouTa  en  possesdon  de  la  haute  Antricbe  m^me.  II  n'op- 
posa  presqueaucona  resistance>ux  Tares,  qu^ii  etttd'abord 
ete  facile  d^expulser  compietement  d'Europe,  et  les  laissa 
s*aTancar  en  145a  )asqa*en  Hongrie,  en  1469  jusqn*en  Ca- 
rintliie,  et  en  1475  jusqu'k  Sdzbourg.  Lors  de  la  di^te  tenue 
en  1471  k  Ratisbonne  afin  d^aviser  aax  masnres  k  prendre 
pour  protegar  TAllemagne  contre  la  p6ril  qui  la  meniKAit  da 
ce  M^  il  fat  de  tons  les  princes  qni  y  assist&rent  cdui  qui 
fit  preave  de  plos  dlndifferanoa.  Dans  I'AIlemagna  m^ma, 
le  droit  do  pins  fort  reprit  sons  son  rfegne  la  plus  deplorable 
axtendon.  Sa  politiqaeperfida,  qui  s^attacba  k  rendre  les  roia 
de  Hongrie  et  de  Bohdma  annemis  I'nn  da  raotra ,  ent  oa 
risoltat  qua  ees  deux  princes  finlrant  partonrner  laurs  armea 
contre  lui-mema,  at  quaMatbiaa  Corvin,  en  particulier,  le  re- 
dnidt  k  une  axtremlte  te&e  qaH  ne  lui  restdt  plus  one  seule 
Tilla  dans  ses  ttats  hereditaircs,  quand  son  fils  Blaximilien 
reosdt  enfin  k  enlcTer  aax  Hongrois  laurs  conquetes.  H 
trompa  egdeinent  Chariea  laTenierdre,dont  il  rechercliait 
la  riclie  fille  et  h^riti^re  Marie  pour  sen  fits  Ma\in)i1icn,. 

ME  LA  GOMVEHSATION.  —  T.  U. 


77T 

dans  les  negodations  ouTartes  en  147t,  k  Treves,  k  reffet 
d*eriger  la  Bonigogna  en  royanme,  at  qn^  rompit  par  son 
broaqna  depart;  manqna  de  foi  qni  lui  valut  avec  Charles 
una gnerre  klaqudla  Una  mit  fin  qo'en  sacriflant  sea  allies. 
Son  fils  Maximflien,  qui  4  la  mort  ^  Charles  le  Temeralre, 
en  1477,  avait  obtann  la  main  de  Maria,  et  avec  elle  les 
Pays-Bas,  ayant  M  reduit  k  fdre  la  guerre  contre  les  po- 
pulations da  ces  riches  provinces,  et  ayant  meme  ete  fdt 
prisonnier  en  1486,  Fre&ric  se  dedda  k  Tenir  k  son  secours 
et  k  le  deUvrer.  Mais  k  la  mort  da  Mathias  Cornn,  en  1490, 
il  echoua  dans  ses  efforts  pour  sefdre  deferar  la  oouronne  de 
Hongrie,  et  eat  la  mortification  de  voir  les  Hongrois  eiire 
roi  k  sa  placa  la  prince  pdonais  Ladislas .  Son  activite  k 
la  diete  del'Empira  se  bonia  k  fidre  rendre  pour  robserra- 
tion  de  la  paix  pubUqaaqndqnas  loia  demenrees  inexecotees, 
k  pnblierun  edit  ins^gnifiant  poor  I'am^oration  du  sysUme 
monetaiie  de  I'Empire,  k  limiter  la  puissance  de  la  Sdnte- 
Vehme  da  Westphalle,  qui  nn  )onr  avdt  en  Taudace  .do 
rajoomer  lul-mtaia  davant  son  mysterieux  tribunal,  enfin 
4  proposer  on  plan  nooveaa  pour  la  leree  des  subsides  de 
I'Emito,  mais  qui  rencontra  les  plus  grandes  diificultes 
qaund  il  s'agit  de  le  mettre  k  execution,  ainsi  qoeretaUisse- 
ment  d\uie  chambra  imperide  de  Justice ;  projet  dont  la 
realisation  n^eut  lieu  qo'en  li95,  sous  le  rdgne  de  Maximi- 
lien ,  son  fils,  lequd  avdt  M  eiu  roi  dea  Romains  en  1460, 
et  4  qui  des  1490  11  avut  abondonne  les  renes  do  gonver- 
nement  poor  poovoir  Yivre  desormaistranqniUa  et  suivant 
ses  goOts,  4  LInz,  o6  H  mourut,  le  ta  aoOt  1493. 

Frederic  avdt  regoe  cinqoante-dnq  ans.  De  tons  les  em- 
pereurs  d'AUemagne,  c'est  cdui  dont  le  r^gne  dura  la  plus 
longtemps.  Doue  de  beaucoup  da  Tertiis  privees,  Frederic, 
en  raison  de  la  mediocrite  da  sea  facaltes  intellectodles,  de 
son  gofit  excessif  pour  le  repos^  et  de  son  aversion  domhiante 
pour  toute  entreprise  ayant  nn  caractere  grandiose,  notam- 
ment  poor  les  antreprises  militaires,  n'etdt  pas  ^t  pour 
etra  souvaram  et  encore  mouis  poor  etre  roi  des  Romains, 
dans  on  sieda  en  prde  aax  plas  tarribies  agitations  poUti- 
qnes  et  morales,  qui  portait  en  lui  lea  germes  d'uae  large 
transformation  des  sodetes  et  etdt  gros  d^une  immense  re- 
volution. Encore  plus  indifierent  peut-etre  en  ce  qui  etait  des 
soucis  de  I'empire  que  ne  Favdt  ete  autrefois  I'empercur 
Wencedas,  U  ne  slnqnietdt  nuUement  do  bien-etre  oa  de  la 
prosperite  de  ses  l^tats  bereditdres;  et  lorsque  des  dangers 
imnunents  venaient  Tarracber  It  son  apathia,  an  Ilea  de  tirer 
repee,  il  almait  mieux  avoir  raooara  k  da  longoes  et  (htigan- 
tes  n^odations,  dans  lasqodles  son  esprit  da  ruae  et  da  per- 
fidie  lui  perroettdt  soavent  de  joaer  le  r6la  prindpd.  Aa 
lieo  d'accorder  k  I'tiigfise,  comme  11  TeOt  pu  fadlement,  la 
reforma  aprte  laqudle  eUe  soupirdt,  ao  Ilea  de  gnerroyer 
contre  les  Turcs  et  contre  les  brigands  da  toutea  especes  qui 
infestdenM'Empire ,  d'apporter  des  restrictions  k  raxarcice 
du  droit  da  plus  fort  et  k  Tusaga  dea  guerrea  priv^; 
enfin,  au  lieu  de  venir  assister  aax  dietes  da  I'Emph'e,  il 
prererdt  s'occuper  d'astrdogie,  d'dchimie  et  de  botanique. 
On  n'en  doit  pas  mains  eonsiderer  Frederic  comme  ayant 
ete  le  second  fondatanr  da  sa  mdson,  dont  il  ne  perdit  ja- 
mais de  vue  la  poissanca  et  les  interftts  particoliers.  C'est 
depois  son  rigne  que  la  dignite  imperide  demean  beredi- 
tdredans  lafamilla  deHapsbourg,  drconstanca  danslaqueUa 
il  faut  voir  I'explication  des  rapidas  piogres  da  puissance 
fdts  par  la  maison  d'Antricba. 

FR£d£RIG  Y,  eiectenr  palatin^  roi  da  Bohemada  1619 
k  1820,  ne  k  Ambarg,  en  1596,  etait  fils  da  reiectanr  palatin 
Frederic  IV,  k  qni  il  succeda  en  1810,  sous  la  tntdle  do 
comte  palatin  da  Deux-Ponts,  Jean  IV,  et  de  Looise-Ju- 
iiane,  fiUe  dn  grand  Guillaoma  d'Orange.  II  re^t  nne  Edu- 
cation des  plus  distinguees,  tant  dans  la  maison  de  son 
pere  qna  pins  tard  k  Sedan,  chei  le  due  da  Bouillon,  son 
oncle,  et  acquit  des  connaissances  fort  etenduea  pour  son 
epoque,  non-senlement  dans  les  langues  laUne  et  fran^ise^ 
mais  encore  en  bistoire  generale.  Des  1613  il  eponsa  la 
dlle  du  roi  d'AnglaUrre  Jacques  I*';  el  deax  ans  aprte  y 

06 


T78 


prtt  Ici  vfnct  in  gnUYttrneincitt.  Pfaioft  k  te  tftte  lie  rUnion 
protcitftite  en  te  qmlitA  de  refoiikM^,  H  tttir»  ile  t^Ins  en 
plus  sur  lui  l^ltenltoh  des  prtntoet  pmlttlanu  d'Altem»eMlB. 
FMinaad  11,  du  empereiir  d'Alfemign^t  k  l^ncTort,  Itft  ts 
aOAt  U19,  ayant  A)i  dc^clart  diteliu  de  la  cmtronhe  de  R6- 
lidine  par  les  i6(aU  de  ce  royinmev  ime  iMecUon  Guile  k  l*u- 
namioiM  appcia  au  IrOne,  proctaiM  vacant,  Fr^^i^rir,  ()iii, 
sikr  lea  hutanceft  de  aa  feuirae,  et  dana  l^cRpoir  d'etre  secouru 
par  l*Union  ahisi  que  par  ton  bean-p^re,  Paccepta  apr^ 
qoidqiie  b^ftattonv  et  Ait  elTectfveinent  couronn^  le  1  nb- 
temtire  tulvabt;  La  bataille  du  Wrissen-Benf,  Hvr^  pr<fts 
de  Prague,  1^  %  hopeinlMt)  1620,  nift  fin  4  son  i^pliiHii^re 
royant^.  Vafncn,  11  'nt  k-cM^  en  HoMantltt,  en  traverisant  la 
SJlitoieel  te  lirah(febt)an^,  ct  devfnl  h  celte  o<x*a«lun  l*utijet 
de  kikSlteiieft  de  touti»«^«ji.  CeM  ain^  que,  par  allusfon  h 
la  courte  durfe  de  Mn  If^djpw:,  iM  Tafipela  le  rui  (TMver 
( votfez  Cirniac  \m  taKftTB  Xm  ),  et  qu'un  i^Kicanl  afllfcli^  k 
Vienne,  kU  |M>rtediir6ikten(  d'An^fi'lem^  ledeAi^rtaitommie 
ayant  perdu  nne  oout\>nne,  H  onvnlt  one  tkmne  rec«)mpeniie 
k  qui  la  hii  nip|H>rterait.  Mfs  au  lian  de  I  tmpiiie  en  1621, 
son  (tfedoret  fut  occufi^  par  le  due  MaXimllh*n  de  llavidre 
etde^  tmiipes  espagiiotes :  el  en  1623 II  t\it  d(*cUii6  kloi^u  de 
aa  dignity  d'dlecteur.  II  mounit  h  MayeAti*,  le  19  ll6veinl>re 
1612,  Min4  avoir  ^U  rMnt^i^  dana  ties  drdilA. 

FHEIM^RIC*  Denx  rois  de  P  rufi»e  ont  |)orf6  ce  nom, 
qnMlU^lFa  Fnxl^ric  te  Grand,  aans  compter  les  f  V^  d  6  r  i  c^ 
G  nil  la  a  me,  qid  fonuent  nne  autre  «6rfe. 

FREDERIC  1*',  qui  en  qiialtt^  de  |H«iittot  rdi  4e  Pntsse 
T6gna  de  171 1  4  1713,  el  qui  eomme  ^tecteur  de  Brando- 
Urtirg  tt  due  sffwerafn  de  la  Prttsst  r^a  dte  ICSH 
sous  fe  horn  de  Fr^diric  f  7f,  tA  le  22  juiltet  1657,  k  Kos 
nisgbefg,  ^U  fits  cadet  du  grtrnd-^lectettr  Fr6d6ric- 
Gnlllaume  et  de  la  prem!^  femme  de  ee  prince,  \et 
lidrila  dea  droits  de  son  nrdre  aM,  rhartes-^tie,  d^d6 
4  Slrashourg,  m  1674.  Dans  sa  jeunesse,  la  mfsintelU^ce 
qui  Mala  entra  ttt\  et  aa  beHe-iM^r^  f nflua  sur  sea  relations 
avec  Mh  )|^^,  qnl  d'bbotd  sooi^a  h  fe  d^f^H^er,  mats  qui 
eDSuite'euiiseMit  4  modifier  l*acte  de  ses  demi^res  vohmii%, 
en  ca  itena  qa6  n-(%Mc  M  stocc^derall  dans  Vfilecte^l  el 
les  trt-i^tefres  qui  eto  d^pendtf^nt,  tandls  que  fit»  frfeftt  cm- 
ttnllifiM^  kuriieM  ^  ))artag6  les  tenitoires  qM  lie  fciaaient 
pas  iiateie  de  1*£lectelrat.  Mtfs  ^fnssilM  aprifes  s*Mre  assut^ 
des  ^iiipodltdto  fiviorabtes  ^  IVttiiwreur  en  hii  rendtnt  le 
caercle  de  Sdiw?ebiA',  FY6d6ric  cassa  le  tcKtMnent  de  aoa 
p^,  ^  posaession  de  Wtn  les  £tMs  qui  ataSent  appartena 
an  gfitnd'^lecteur^  let  ae  IxnYia  k  donner  k  sea  fr^rea  dea 
chaiiges  el  ^Aes  iftpanagea. 

-  l>fes  quM  fct  i  la  l^te  dea  Mfaines,  FrMMc  \^  fit  pr^ve 
d^autanl  de  ttolttcitude  q^fe  Min  pttt  t^cMir  accroMlre  la  fMris- 
aane6  de  aa  milson;  et  les  i^esaouitte  que  la  prudence  pa- 
temelle  avaft  so  accntnuler  le  Mfi^M  k  m^m^  d'aftrfndfe 
son  bat.  11  sVntoura  A^viitt  'coof  e^r^monldise,  inodeMesiir 
Icelie  de  louis  XIV,  et  s*tftia  aVec  les  (tHndpales  putssafnete 
de  rCttrope,  4  U  di<;posit!on  dtfS^odiiA  ft  Vnit  souveAt  sea 
tVonpeS  comiKi  aunHiafreS.  A1n$i,  tl  McMida  le  fMriatce 
Guillatntte  d'Orange  dans  son  entreprise  contre  lacques  It, 
en  iul  envo^aiA  6,000  tiommes,  cfnl  prfrent  ntte  pni  dd- 
cisive  k  la  tiatallle  de  la  'Boyne.  11  fotfrnH  contre  la 
France  SOy'OOO  tiortinies  k  l^imioe  dea  Imp^rteox  qiA,  en 
1689,  r4vageale  iKriatlnat  du  Rtdn,  A  a^  Mit  Itfl-^MMe  I 
la  t6le  de  ce  corps,  avec  leqod  il  is^mquifa  de  Vafserswerth 
et  de  Bonn.  It  prft  ^eEbfenl  p4rt,  to  1690,  4  la  camp4gne 
du  KIdn.  4tldlque  una  fdniltat  not^leiVft  en  1601,  oMOyen- 
nant  '156,000  fliafers  de  stfttsides,  H  envoya  %n  secouifs  de 
Tempereur,  Vora  fort  eM(b4rrass6  par  lea  Torca  en  Hongif^ 
6,000  bommM  de  ites  meilleorts  troupes.  Fs^^iic  l**  fie 
gagna  ponrtaM  4  la  palx  de  RysWIdi  que  la  eonfirmaflOR 
des  avaAtagtt  prMdemmenlt  assort  4  son  p^re  par  fa  pafK 
de  Wesl|ihanie  et  par  le  traltft  de  iSainl-Germafn-eti-Lay<). 
U  n*e4  r^usslt  pas  mofais  4  agrandir  d^ime  ai/tre  manicre 
ses  £tat<.  Ainsi,'pour  prixde  la  cession  dn  cerde  d^Sdiwie- 


2:yO,600  Ihaters,  re  prfhbli  le  recttilltttt  IMhidketiM 
due  souverain  de  la  Pnisse.  En  1698,  il  itIiMade  WtlMd' 
de  fiaxev  Fn^li^-Augnste  1**,  moytottaht  MMf6  tfiiftkt, 
la  eiiatge  herMltaire  de  vidame  datBha^iiHl  il)i  IJIiMlfnlleiiTf. 
la  pr^vdt^  imp^riale  de  Xohthansen  et  Hi  MHIH^  de  Mm- 
bergi  prte  de  Halle;  etdd  comU  deflbtiM-BttHnrehl,  oM^ 
nant  300,606  tlialers,  le  feomt^  de  'Deklettbdnil^.  En  ITik' 
it  prit  ptlssessfion  de  la  vlHe  d'Elbing,  qtd  dnifft  avftil  4it 
engagi^  an  graitd^le€itur\  nmCft  dbnt  n^rtlise  il'avaft  (uilftt 
cncora  did  firte.  A  rextibcl^'mi  de  la  iMlMfn  dt  LOHgue^iRl^, 
il  obliul  la  prind[)aut^de  fn^ilbbatH  H  le  cotiib^  d6  VUea- 
gin ,  tant  )[HAir  prIx  des  atftrvKm  qu*H  avail  teadtts  4  BM- 
tauine  III,  qii*eii  niisiftih  des  ^vr^rcmhms  de  aa  wkrt  a  eet 
h<^r.ta{;e.  11  acUrta  du  margrave  de  Knbbfhirb,  fiu»)cMttafet 
une  rente  %iaflh«,  w^  pr^tinltions  9ur  Daymith;  M  eomine 
due  de  C1e%es,  il  prlt  ausxf  poiwrajciort  die  la  Guiefeire,  qile 
Cliarles-Qotnt  avatt  auinirob  enievtfie  itt  dde  QWhteafte  df 
CWves. 

L^i'vation  au  trOne  die  IMogne  dift  l^flipctedf  dd  Save  et 
celte  du  prince  d1)iange  an  ti^ne  d*Arti;;ielerte  dla^nt  de 
nature  4  fairs  naiti^  dans  mi  eitiirit  si  )Ft>ris  de  hMat  ttli- 
rienr  de  la  puissance,  te  d^ll*  de  ViHmnia  I  aoli  lonr  oae 
counMineroyale.  Apr^d^ss  to^^^at^tMiS  MVflfi^  peodvftl  phi. 
sfenrs  ann(H»i,  tea  M:krte6iivres  mlseS  (M  naage  p4f  an 
envoys  4  Vienna  rdii'^slfenl  enfin  4  l^dre  r<4iiipereiir  Hr> 
rable  4  sea  vues.  Le  16  novemb.'e  1 7110  fnlervini  nil  traitt 
par  tequel  lJi^<))|)ohl  promettait  de  fe  recondallra  eo  qus- 
lit6  deroi  de  PrAsse,  et  oir,  de  aon  c6t^  FrM6rx  s^engageait 
4  mettre  en  caitopa^,  pdcir  4Mer  Tenipeiieur  dans  la  gnena 
de  ta  sncoesalott  d*K^|[ingne ,  qui  aHaft  commenoef ,  tm  vtkp 
anxflialre  de  10,000  fiommes  4  entretenir  one  garalsoa 
dana  14  fnrliapesse  ImpAiale  de  PliilfppslMMir^,  4  renoQcer 
an  payemenl  dn  triliqnat  dont  f*em))eineur  ad  IriMvait  eft- 
core  dAneur  4  son  dgard,  4  vMer  4  la  dftle  d^  t^Ciiqtfrv 
eoRlnfie  l^iempefreur  sttt  toti^es  les  qoe^offis  relalfv«sant  af- 
fab^  inMrii^res  de  r£rt^if4,  4  donner  UMJbdn  \ftkAs  Its 
t>le4'\lons  fb^nW^  iui  Vuik  4  on  pribce  autribblen ,  eafia  k 
np  ^tkXnuU  se  sonstrabift  4  alUctone  dea  t>bllg4tidiia  bnpos^ 
aux  4nLres  ineinbres  de  TEdipife.  A  )pici6e  af^nft^  qoe  cb 
trim  ^Mi  a1gn«,  ^H  p4Hft  an  n^ilfeo  d6  llik?^,  httc  sa  H- 
n^flleet  toMesa  coor,  pout'K<bAf||;!ifterg,o6,le  IS  janvfi^llb^ 
fl  se  fit  coorOnner  roi  avec  tMt4l4  ||)^nip4lMtt^a4ble,  4prH 
avoir,  la  vdlle,  crM  Tordi^  de  TAfsle-^Oir.  LVaemiM  da 
tVnipereur,  qui  te  recobnnt  hnittSdiTOnHCm  bOMMe  YtA^  flat 
d'abord  sidvi  par  tes  ^etteo^,  pnla  ifoooestfv^ttiBnt  )i4r 
tonles  les  4iitt^  ffdfssances  de  \TXxM^t^  4  PcMoaptkNi  dft 
1*Espagne  ^  de  14  France,  ^ni  vt  M  4iCi  wvMrenil  ce  Ube 
qo*en  vertu  dn  trafl^  d'Utredit,  des  ^b  ^  Pffiogff,  ftdtk- 
ads  dans  certains  intMis  panicnllera,  et  A4  ](!hw-miton 
de  I'oMre  Teotonfqoe. 

Fr^dric  1^  ne  prit  aaciibe  I^art  4 14  ^leiH  ^  !l(*d : 
rtials  ^laibd  ddata  la  girerrede  la  Inicefessldtt  d^Eap^pne,  1 
mil  4  la  disposition  de  l'ar^6e  1(np&r4Te  stfr  tesbohls  do 
Itliin  ^,006  Yfonotnes,  et  pttfs  Urd  en  llCilie  6,0oo  Wiirats 
qui ,  sods  les  ordres  du  printe  iEt^gine,  itt  contrftte^rdtl 
fias  pen  an  anco4s  de  14  ]onrti^  de  Toritt.  I'V^fiJkMc  I*  M 
vlt  tootefofs  ni  la  fin  de  celte  t^uehrb  ni  la  eonclii^fdb  die  la 
paix  d^recht.  Depnis  longtemps  Vaf^idlnairfe,  fl  mound 
le  25  fivrier  171S,  deia  snftes  de  llraf^itfidon  db  frayenr 
que  pfOdubrH  dn-dh,'«d)r  ltd  fa  VMIbaftMne  ^  s4  ttdt* 
altoie  IbnMie,  Lotdte  do  Me<ftnehnl6(/i^ ,  ^i  eliR  dMclil 
d*ttne  naladfe  dientafe,  M  ^jA  a  AaKliiooiinilbMUMrt  wh£^ 
frafte  4  la  snrtefllanoe  de  M  gMlelA.  tJn4  ImiMfeM  vanity , 
ttflfe  {rr6iMlble  propension  pdtfr  Ids  4iBgfnftfoii4  \96  v 
ttagnlfloenoe,  nne  prodigaHKS  evtrMMa  4  '(Vbdi^t  *dWII|gn|(l» 
nft^ris ,  et  ofie  Troida  ragiVntifda  ■  IxsiM  ITOMBdMa  di 
Wai  mkr\%  line  ftcfftC  ^(dltb^bccbb^M  Wijtb  d^tt- 
pots  et  fie  dilrrges  de  toutes  esp^oes,  telk  -A4!Mit  lea  ddftoh 
qui  Ibisaient  oubller  sa  bonf^  ^aYiMfe,  aa  MenVedtdttl 
fiour  ses  »io}ets  ct  sa  iid^2i6  4  fenir  ses  chga^emwih. 

f  1  avatt  m  tr^oiisrois  mari^ :  H«  avte  tHsdmh  -WeMmt, 


bus,  qtt'Ufit4  Tempereur  inoyennaat  'luie  indemnitd  de     deUe6se-Cassdl;2**en  l664,avecSo/>/i/e-(r/iarlorie,d4H6. 


FB^I^Rie 


^U8  k  9)91^  d^  (^eo^l^  V%  MPW  ^^^  4««tiiiguite  par  le^ 
^1i9(|itib  ^e  r«spri(  flq§  p^f  }^  gc&cM  da  I4  Asiiro,  niii  s'hor 
qprajt  d'0(fe  ff^  da  f4:>l>Pitf >  ^f  QHI  ^mI  U  i|i4re  4e  mq 
sqcc^sMur,  Frmp(;'i^aU^^nn^i'^  1^  ^  infill  aYec 

[F|{£0£R)p  II.  p^  rpi,  4  qui  1^  r^f^pqilisMIHSe  da  a<U| 
paysef  |>(|iiiiration  da  I'^rop^  Qgl  dQi)Q6 1«  ooiq  da  Gr-«lltf> 
r)it  «apa  cpiilr^i(  la  priqae  (a  |)lu8  ren^rqitatilo  do  MO 
sidcla.  Q^arrierf  lioi^uii^  d'£^(,  pbapsoplio,  pandaoliiB 
fjgni?  ^aijuar^ta^U  ai^p^  (l7^0rl7»(J),ilrepaHfeta  Tart 
da  la  ^M^r^Pt  il  i^^^^l^  M  fnmi^r^  d^  stu  £ut9,  il  cr^  Tin- 
floanoa  paijMqMp  da  (a  Pr^||ip>  at  filda  f#  cpuc  I9  quwrMar 
g^o^ral  da  U  pliiloaopbie. 

Mpnf^sMr  |ptr6oa4  ying|-bai(  ipK,  Yoyom  d'ilbprdaom- 
ment  il  9*^t4|H  pr^p^r^  4  r^ner,  quflla  MucaUoQ  H  avait 
regua.  qu^  f imt  ^U  rprppM  da  <:aUa  prapn|to  ^poque  da 
sa  via. 

11  naqpit  k  Berlin,  |a  ^  '^nfm  17 1 2.  Son  p^  F  r <d^r  i  c 
GuilUumel'S  lipponia  briiUI  e(  d*uil  «aract^e  intrai- 
table,  pour  qp|  Tjd^l  da  la  foyauM  conia^l^it  k  commandar 
raxerclca  h  de»  grenadiafs  daaiy  pieda  da  liaut ,  la  lit  61eTer 
aVec  (outa  la  riguaur  da  la  discipWoa  qui  rignait  siir  sea  r#- 
ginlel9^|  et  pa  aoagei^  qu'aui  ipoieqs  ^  la  randre  habile 
dans  les  atarcice^  milit^i^.  l^IaLs  sa  into,  aid<^de  sa  goin 
Ternaota  at  it»  sop  pr<^peptaur,  fonpalt  una  f^pppsition  secrbta 
contra  le  «|st6ina  d*4diifiatioa  pat^ri)e|;  tons  trpis  contra- 
balancton(  las  pffi^  da  p^  r^me  ^vfsra,  pn  liii  jospkaut 
Taqapur  ^^  fif^ade^  \e  fi^t  das  prtf  at  da  1#  ([M/^atura.  Telia 
fut  III  dpvbla  ialiuanca  qifi  s>xarci  far  8#| jaunaa  gnnte; 
sa  propre  volont^  bt  la  reste. 

A  sii  osifssanca^  la  jauna  Fr^ri«  A4mi9  entm  Im  mains 
d*una  Fran$a>sp  refu^i^  M"*  Duval  da  llqcppllp,  qui  fvaJt 
M  gpuvam^nte  da  sop  pira.  £l|p  avait  da  I'tefipnl  al  das 
oounatidiipces^  alia  la  fapyil^arisa  avap  fa  ^gua  fr^p^iae, 
quUI  a  parlte  et  ^crila  touta  1^  vi^  M**  da  ^opoulla  na 
mounit  qiran  l74i,  at  jusqu*^  saf  darpiare  pttmenta,  Fr^- 
d^ric  rentovra  d^^rds  nsspeclppux ;  il  U  yisllait  toiitaa  las 
semaioas,  et  renconlrait  chezellc  una  socidt^  cboisia  el  spj- 
ritiieUe.  P)jU8^urf  causes  favorisa'ent  cat  ascendant  da  la 
Unpia  jOt  des  nMcurs  Trancaisas  a^  4el4  du  llbin.  OMlra  (es 
giierres  frOqueptes  dvnt  rAilpmagi^e  avait  ^  la  ItieAtra,  Vi* 
cla^  de  la  cour  da  }j)u\^  XIY  avait  axcilj^  una  curiosity  g^- 
ndrale,  et,  plus  tard,  la  n&yocfiiion  da  r6ilit  da  JSiantas 
aiutepa  jusqii*«9  Priiiisa  un  grand  powi^  da  r^ugl^.  is 
grand 'eMefir  ayait  ne^  dans  sf!^  £ja|«  |»liis  da  aOvQOO 
Frani^ais.  f\iiA  dWibna  dan#  ^  yiUas  at  viUagea  pour 
r^paoer  |e  %ide  q.ue  la  gufrre  da  trenta  aps  avait  iaisa^ 
dans  la  population,  lias  r^lii^i^  apport^reot  en  Prussa  la 
laiifpie,  \»  nuisun,  \t^  afi«  et  le^  inanuracUiresda  leur  pay^ 
Eniia,  le#  ouvr^gje^i  de  nos  grai^U  i^yaiins  ^talent  gpoUs 
deft  e4ii-jit.s  cidli\6(,  taf)di«  que  uoa  inodaa  sa  propageaient 
dans  la  monda  Crivole.  Fc^id^c  naquU  au  inilieu  de  oetta 
soci^t^  k  moilt^  (rai^aise :  il  lot  pen  d^ouvragai  aHem^nds, 
car  alocH  il  i^tait  diQicile  d'en  trouvar  de  auppontablaa;  at  ii 
conserve  toiite  sa  via  .cootre  la  langua  allananda  una  fv^ 
Teatiun  qi^e  ses  ooinp^ijotas  Ud  out  rapnoobite. 

A  s^  #ns  il  dorUt  de^  mains  dai  femmaa.  ^on  pto, 
qui  youi^it  en  {aire  un  bun  fpld^,  \m  donna  po^r  gouver- 
neur  le  g^pi^al  Fi^kanstein,  at  le  Major  kailtstain  pour  sous* 
gouyemeur.  ]e;n  11^^  tan^,  un  Fran^H/KSi  Q^wnm^  Mban, 
loi  4anniMt  .queiqpa(i  il^^^  V  ^tai^  encore  anCsni  lorsqua 
sop  p^  le.nom9>A  capltfiiiia.dP/epnf  das  cudatf.  Avee  la 
goOt  de  la  poMe  et  da  la  musli^ia,  il  a'wwMO^idt  das  «xar- 
cices  jipUitali;a^^  4oni  00  j>^((c4dait  Au^,  .d^  4Ui'll  poityait 
a*4c|Hi^Ppar,#  aUf(it3*enfci;pior  pour  lira  dep  liKces  iraocais 
00  JQoer  de  la  flOte.  ^n  p^,.lorsqu'il  le  auiitranail,  cassaii 
la  jiote  ct  jetnit  |^,Mv^res  |iu  (qu.  ^Fn^ric  deipfuida  vaine- 
ment  la,pennUsian  de  voyager  ep  AUemagpe,  en  France  on 
en  An^eterre.  Sop  p^a  Aid  |)cnmt  ^Mlament  de  Faccom- 
pagner  dans  jes  pctits  voyages  qu*il  faisaitlui-oidnie.  En  17?^ 
il  TemipepA  ft  pre^e,  ^pir  le  roi  .de  Pologna.  Getle  visile, 


7TJ 

qua  lajanne  prince  fit  4  Tlga  da  salM  ans,  I  mie  oonr  ^ 
ganta,  iui  d^voila  un  monda  noovaan,  oil  Ton  apprteiatt  lea 
plaisira  da  Faspnl  at  la  polilassa  das  mosurs.  Quel  triste  re- 
toar  snr  lu|-m4ma  qoand  ii  ravenait  dans  la  tabagie  de  son 
p^ral  Galpl-d  le  traitait  toojoura  avac  la  mCma  brutality, 
la  mattant  aux  aiis^,  at  Iqi  prodignant  las  eoupa  da  cann^ 
snr  la  moindrQ  pr^ei^te.  Las  d'un  joug  insupportable,  con- 
Irari^  dans  toua  sea  goftts,  Fr^iric  r^lut  de  ae  soustraira 
k  cetla  tyrannia  et  da  pasaer  leer^tement  an  Angleterre, 
auprtedaQeorgea  II,  son  onde  maternal.  Cdtait  en  1730 ,  il 
avait  alors  dix-buit  ans;  il  devait  a^^ehapper da  Wesel,  ofi  il 
accompagnait  son  p^re.  8a  sieur,  Pr^^rica,  qui  parlageall 
s(»  saatiments ,  al  deux  npiis ,  le^  lieutenants  Katt  et  Keith ; 
^aient  leuto  dans  la  conlideooa.  Maia  quelques  paroles  uu- 
prudentci  da  Katt  avaient  trabi  la  secret  dn  prince.  Le  roi 
fit  anfermar  son  fils  4  la  forteresse  de  Custrin,  et  r^solul  de 
Iui  fliire  traneliar  la  tftte,  comme  coupable  de  d^riion. 
TH\k  rpB  instniiaait  son  procte  :  Frtkl^ic*Guillaume,  qui 
battait  laa  Juges  lonqn^ls  n'^iept  pas  da  son  avis,  Taurait 
mrailiiblauent  lait  oondamner;  mais  Fempereur  Cfurles  Vl 
ordonna  k  aon  envoys,  le  comte  de  Seckendorf,  dHnterve- 
nir.  Katt  fut  d^capitd  sous  les  fenitrea  du  prince  royal,  au- 
qnel  quatn  grenadiers  tenaient  la  t^tournte  vers  l^edta- 
faud.  La  roi  assista  bii-ro^ma^  rextottioa.  De  Uidale  riior- 
raur  que  Ffid^rie  confiit  ddsormats  pour  la  peine  de  mart. 
Keilb  a'dtait  Miappd  da  Wesel ;  il  passa  en  Hollande,  puia 
en  Angleterre  et  en  Portugal.  11  ne  revlnt  k  Berlin  qli^en 
1741,  aprto  ravdnement  de  FrM^ric;  tt  ful  alora  loromd 
curateur  de  TAeadtoia  des  Sciences. 

La  princa  royal  resia  nn  an  4  Custrin.  Pendant  qu*U 
<^tait  dans  cetle  Jlroite  captivii<^,  et  qu*il  siibissait  des  inter- 
rogatoirea ,  le  roi  Iui  fit  proposer  de  renoncer  k  sas  droits 
au  trtea,  moyanaant  qiioi  il  obtiendrait  one  entire  liberti 
ponr  sea  6liiiiea  et  scs  voyagaa.  «  J'accepte  la  propoaition , 
ri^ndlt  le  princa ,  fi  mon  p^a  dddara  que  je  ne  suia  paa 
son  fils. »  Depuis  celte  r^popse,  la  roi,  qui  proCessait  un  res- 
pect ndigteux  poor  la  foi  oonjugale,  renon^  pour  toujours 
k  cetla  idde.  Cp  lut  alors  qn'il  le  fit  travaillcr  k  la  otiambre 
des  donudnes,  pour  rinstiiibv  dea  d^taU#  de  la  police  et  del 
finances,  sous  les  ordrea  de  M.  de  Moncliow,  prdsident, 
qui  Iui  Ibumissait  des  livres,  malgr^  la  ddense  de  son  p^re. 
C*dait  riaqiier  twaucqup;  car  edul-ci  Islsait  pendre  ua 
bommc  eonune  il  fiunait  une  |iipa. 

FrM6ric  fut  rappel^  it  Berlin,  k  Toccasioii  dn  marlage  de 
sa  tftfu  ainte,  la  princesse  Fr^d^rica,  avec  la  prince  l»^r^ 
ditaira  Fr^l^ric  de  Bayreulh.  L*annde  suivanle,  le  12  Join 
1732,  Il  riitede  vingt  ans  et  deini,  il  <^usa  pur  ordre  la 
princesse  ^isabelli*Cbi  isUne  de  BriinK«rick,  ni^ce  de  I'im- 
pdratrice.  II  avait  voulo  ff  ire  quelques  re|ir4MuNitations  k  son 
pkrt,  qui  y  r<^poiidU  par  des  coups  do  canna  et  des  coups 
de  pied  dans  le  derriire.  IH^  Fr^l^rie  avait  contracts  cat 
i^loigneroent  qu^il  auA  tout  le  reste  de  sa  via  poor  les  fenn 
mes.  La  premie  nuift  de  aon  manage,  li  {teine  veiuiit-ll  da 
se  oouclier  quele  cri  au/BuJ  se  fit  entemlre  dans  le  cliA- 
tean  :  il  se  leva  k  la  liAte,  et  ne  revlnt  plus  jamais  partager 
le  lit  49  M  lenune.  Lk  se  |H>ni^nt  tons  les  rapports  d*tn- 
tiinild  qu'il  eut  avaeeUe;  aeuiement,  il  Iui  marq<ia  loiijoura 
lea  dgarda  lesplua  isespeotoeitx,mais  sans  vouloir  s^as^ujet- 
tir  II  la  vie  commune;  et  quand,  devenu  roi,  il  fixa  son  sd- 
jour  babUuelk  Potsdam,  il  faUut  roccasion  extraordinaire 
de  la  presence  d'lm  prinee  ifttranger,  |iarent  de  la  reine, 
pour  qu'eUe  pCit  yislter  jue  fois  par  bmrd  la  rteideoce  de 
son  4|iQu«. 

Aoaait/OI  aprte  aoamariaga,  FrM^rie  a'dtabHt  an  djftteaa 
de  Riieiosbeiig,  nir  la  fronti^  du  Mecklembourg.  En  1733, 
lors  de  ia  guerre  allumte  par  la  auceession  an  trtae  de  Po* 
lognii,  WrM^  conduiait  avee  le  roi  aon  pte  un  corps  da 
1 9,000  liommea  sur  leBbin  k  Tann^imp^riale,  command^ 
par  ie prince  Engine;  mais  il  ne  vit  14,  comma  il  le  dil 
lui^m^me  dans  aes  M&moiru  de  BrandeOourg,  que  rombra 
du  grand  Engine.  U  alia  ensuile  vfsiter  Stanislaii,  rtfugid  Ji 
Kowigsberg,  puia  il  revint  dans  sa  retraitedo  Rbeiustonb 

98. 


quni  babita  jusqu'li  la  mort  de  son  p^re.  Lk  H  ae  liTraU  k  son 
guOt  pour  la  pbiloaophie,  la  Ittt^atore  et  lea  beaax-arta: 
sea  beoitt  m  paauienl  dans  aa  Inbliolbique  on  dans  la  so- 
dtIA  de  qodqnea  bonunea  d^eaprit  Ge  fut  one  dpoque  de- 
sire dana  sa  vie  :  c*6st  dans  cea  loiaira  atadieux  que  se  for- 
mait  le  philosopbe  et  que  ae  pr^parait  le  grand  roi.  La  dia- 
dpUne  rigide  sous  laquelle  Tavait  pIoy6  aon  p^re,  en  le  d^ 
tournant  des  plaisira,  lui  avait  fiiit  un  besoin  de  Ttode,  sa 
seule  ressooroe  et  son  unique  aaUe.  La  contraUite  dans  la* 
quelle  il  Ti^ait  r^aglt  int^rieurement  sur  lui,  et  teodit 
tous  les  lessorts  de  son  Ame.  II  passait  toutea  lea  matintes 
seul  Jusqu'k  midi;  il  liaait  asaidftment  lea  biatoriena  an- 
dens ;  il  entretenait  une  correspondance  actlYe  avec  uu 
certain  nouibredegenadeletties,  Wo  If,  Roll  in  y  S*Gra- 
Tesande,  Maupertnla,  Algarotti,  et  particuli^ 
rement  avec  V  o  1  ta  i  r e .  Ce  (bt  le  8  aoCtt  17Se  qu*il  6cvvri%s 
pour  la  premiere  fob  .k  Voltaire  :  il  ae  r^pand  en  ^es 
sur  La  henriade^  Lamort  de  Ciior^  AhOre^  U  Temple  du 
GoUi,  lea  ipitres  pMlosopMques  ^  et  11  met  lea  aYantages 
de  I*esprit  bieo  au-dessus  de  oeux  de  la  naisaance.  On  veoait 
d'imprimer  La  Benriade  k  Londres :  VMMc  cbaigea  Alga- 
rolti,  qui  ^tait  alors  dans  cette  Tille,  d*en  foire  faire  one  Mi- 
tion  magniflque,  gravte  aur  colvre,  et  11  compose  poor  cette 
Mition  une  pr^foce,  ob  11  appelait  Voltaire  U  prince  de  la 
poisie/ran^ise,  un  ginie  vasle,  un  esprU  tubUme.  G*eat 
dans  ce  tempa-Ui  qu'll  oomposait  son  Anii'Maehiavel.  Le 
Tieox  roi,  dans  sea  accto  de  goutte  et  de  mauYaise  bumeur, 
mena^t  parfois  de  faire  enlever  toote  la  petite  cour  de 
beaux  esprita  qui  entouralt  son  fils;  maia  aa  mort,  arrive 
le  St  mal  1740,  ouvrit  k  ractlTit^  de  ¥MMc  one  nonrdle 
carrito. 

La  royaut^  offrit  un  digne  emploi  k  sea  facuUda  pnissantcs, 
si  durement  refoulte  pendant  Tbigt-buit  ana.  Une  foia  sur 
le  tr6ne ,  fl  se  montra  laborieux,  aaaidu  anx  affairea :  toutes 
sea  beures  ^talent  faivariablement  fixte  poor  cbacone  de  sea 
occupations.  Pour  Talncre  sou  pencbant  extreme  an  aom- 
meil,  il  ordonna  k  un  Tal^  de  cbambre  de  I'^Teiller  lona  lea 
matins  k  dnq  beuresy  et,  an  besoin,  de  lul  appliqner  aur  la 
figure  un  Ibige  tremp6  dana  l*eau  froide.  Cette  force  de  yo- 
lont^ ,  qn*il  appUqua  k  toutea  sea  entreprises,  fut  le  prindpe 
de  ses  succto.  II  comprit  d*abord  que  rien  ne  valait  la  gloire 
miiitaire  pour  senrir  de  piMeatal  k  la  pirissance  d*un  prince. 
Son  ambition,  lobi  de  le  lancer  en  arenturier  ttoi^ralredans 
des  oonquetea  basardensea,  ne  marcba  qu*&  paa  aasur^  et 
en  s'appuyant  sur  les  mfires  oombinaisons  d^one  politique 
profonde.  II  s*attacba  aTant  tout  k  donner  k  ses  ^tats,  ^pars 
et  d6eoup6$  eomme  une  paire  dejarretUreSf  un  corps  plus 
solide  et  un  ensemble  plus  oompacte.  Preas^do  d^ir  d'^lerer 
la  Pnisse  an  rang  des  premieres  puissances  continentales, 
II  crut  dcYoir  agrandir  son  territofai.  Quant  an  droit,  il  s'oc- 
cupa  peu  de  Justifier  ses  pretentions;  mala  il  sut  se  distin- 
guer  des  conqu^rants  ordinairea  en  poaant  loi-m6me  des  II- 
mites  k  son  ambition,  et  en  ae  bomant  k  ce  qui  lui  6tait 
n^cessaire.  Pour  panrenir  k  son  but,  la  conqu^te  de  la  Si- 
l^sieluiparutsufDsante.LamortderempereurCbarleaVI 
^tait  une  occasion  CsTorable.  Quelquea  infclamationa  que  la 
maison  de  firandebourg  avalt  k  faire  Taloir  sur  des  prind- 
paut^s  de  la  SU^sle  lul  aenrirent  de  pr^xte  :  au  mois  de 
d^cembre  1740,  il  entra  dana  la  SiMsie,  d^gamie  de  troupes 
ot  priY^  de  tout  moyen  de  defense.  En  partant  pour  cette 
expMition,  il  dit  au  marquis  de  BeauTau,  envoys  de  France : 
«  Je  Tais  Jouer  Totre  Jeu  :  al  lea  aa  me  viennent,  noua  parta- 
gerons.  »  Le  2  JaoTier  1741, 11  entra  k  Breslau.  Son  arm^, 
sous  les  ordres  du  fdd-martebal  Scbwerin,  s*empara  de 
toute  la  proTbice,  et  le  10  avril ,  la  Tictoire  de  Molwiti, 
reniport^sur  les  Autricbiens,  command^  parMdpperg,  lui 
livra  toute  la  province.  Lissue  de  cette  bataille  ausdta  k 
MarieTb^r^se  de  nonveaox  ennemis  :  la  France  et  la 
Bavi^re  se  ligutont  avec  la  Prosse ,  et  la  guerre  de  la  suc- 
cession d*Autridie  commence.  Vers  la  lln  de  1741,  Scbwe- 
rin s^empara  de  la  Moravie.  Les  prindpales  forces  de  TAu- 
tridie  itaicnt  en  Boli6me,  ou  elles  tenaient  tete  anx  troupes 


FREDfiRlC 


combine  de  la  France  et  de  la  Bavite.  Fr6ddrie  ▼•  Iss 
jofaidre;le  17  mal  1741  UltirreU  bataille  deCbotnslli,  et 
bat  le  prbice  Cbarles  de  Lorraine.  Le  fruit  de  cette  vie- 
toire  Alt  la  pak  de  Brealan.  Dte  Tann^e  prMdeate ,  le  roi 
d'Anglelerre  Georges  II,  unique  alli^  de  la  rdne  de  Hoi- 
grie,  lul  atait  consdU^  de  sacrifier  vne  partie  de  la  SiUsie 
pour  obtenir  la  paix  du  roi  de  Prusae.  Mala  la  eoor  de 
VIenne  avait  rejet^  cea  conseils;  risaoe  de  la  balaiUe  de 
Cbotuaitx  U  d^cida.  Le  11  Juin  1742  lea  pr^ttminairea  fnreat 
sign^  &  Brealau,  et  la  paix  fbt  ratifite  4  Berlin  le  28  JiulleL 
Par  ce  traits,  Maife-Tbiirte  cMait  au  roi  de  Pnisae  la  haute 
et  la  basse  Silteie  et  le  comt^  de  GUtx,  avee  ind^pendanee 
entire  de  la  couronne  de  Bobeme  :  II  ne  restalt  k  la  retae 
qu*une  trte-petlte  partle  de  la  baute  Sil^fe.  Fr^dMe  pro- 
mit  de  rembourser  les  capitaux  que  quelquea  Anglais  et 
Hollandaia  aTaient  pr6t^  k  la  maison  d'Autridie  sur  la  Si- 
Msie,  de  lalsser  pendant  cinq  ana  les  liabitanta  llbrea  de  passer 
dans  lea  pays  autricbiens  sans  payer  aucon  droit  k  la  Pnisse, 
et  de  malntenir  la  rdigion  catbollqtie  sur  Tandea  pied.  Li 
Saxe  accMa  k  cette  paix,  PAn^etenre  et  la  Russie  la  gam- 
tirent  FrM^ric  II  en  profile  pour  bien  organiaersa  prorince 
conquise,  et  pour  mettre  son  armte  aur  na  pied  redon- 
table. 

En  signant  la  paix  ^iBreslau,  11  avait  laias^  les  Fran^ 
se morfundre en  Bobeme.  Les mar^cbaux deBroglleetds 
B  e  1 1  e -1 8 1  e ,  affamte  dans  Prague  par  Tannte  aotriddenBe^ 
avaient  dA  ^vacner  la  ville,  et  one  arm6e  de  S0,000  boomies 
6tait  rMuite  k  10,000.  Cbarles-Albert,  ^lecfeor  de  Bavitee, 
aTait^^n  empereur,  en  1742,  soosle  nom  de  Cbar- 
les VIL  An  moia  d*aYril  1743  Marie-ThMae  4lait  coih 
ronneek  Prague. 

Les  Angjlais,  descendna  snr  le  continent,  ae  metteat  k 
Dettingen  entre  les  mams  de  I'arm^  fran^aiae,  qui  let 
laisse  4cbapper  et  ae  foitbattre  (26)uiUet  1743).  EUe  est 
rej^tte  an  deUi  dn  Rbbi,  et  Pempereur  Charles  VII,fon36 
de  fuir  de  sea  ^ta  b^Mltaires,  est  abandonn^  k  la  Ten- 
geance  de  rAutriche.  Fr6d^c  con^ut  alors  des  cralntes  poor 
ses  proprea  oonquetes ,  si  Marie-Tb^rtee  obtenait  des  STaa- 
tages  trop  marqu^  II  forma  done  une  alUance  secrMe  avec 
la  France  (avril  1744),  et  une  ligoe  avec  r^lecteor  de 
BaTltoB,  le  Palatlnat  et  la  Hesae,  k  Francfort  (  mai  1744 ).  H 
fond  k  llmproviste  sur  la  Bobftme ,  le  10  aoOt ,  eCs'empara 
de  Prague;  maia ,  press^  par  les  Autricbiens,  sons  les  or- 
dres dn  prince  Cbaries  de  Lorraine,  et  par  les  Saxoos,  tears 
alli^ ,  11  dut  abandonner  la  Bobeme  avant  la  fin  de  Tannee. 

L'empereur  ^tant  moit  le  18  jauYier  1745,  le  Jeone  €ee< 
teor  de  Bavl^,  Maximilien-Josepb,  se  rteondlla  arec  HariO' 
Tb^r^,  et  r  union  de  Francfort  fut  dissoute.  La  Saxe 
a^allie  arec  TAutriche  contre  la  Prusse.  FrMMc,  aeol, 
bat  les  Autricbiens  et  les  Saxons  iiHoben-Frl  edberg , 
en  SiMe,  le  4juln  1745;  du  champ  de  bataille,  fl  ^critl 
Louis  XV  :  «  Je  Tiens  d*acquitter  k  Friedberg  la  kttre  de 
change  que  votre  miuest^  a  tirto  sur  moi  k  Fonteooi.  • 
Enfin,  la  Tidoiro  de  Kesselsdori ,  remportte  par  les  Proi- 
siens  (25  dtembre  1745 )  amena  la  paix,  qui  fht  aigpite  k 
Dreade ,  le  25  du  memo  mois ,  par  Tentremise  de  TAngle- 
terre,  aur  les  bases  de  la  paix  de  Berlin.  FrM^ric  garda la 
SUMe,reoonnutFran5^olsI*',  ^ux de  Marie-ThMse, 
Gomme  empereur,  et  la  Saxe  s'engagea  k  payer  k  la  Pnsse 
un  million  d*4cus.  Ainsi  finit  la  seconde  guerre  de  SiKsie. 
La  France  continue  les  hostility  jusqu'k  la  paix  d*  A  i  x- 
la*Chapelle,  en  1748.  La  cons^ence  la  plus  impor- 
tante  de  cette  guerre  (ut  P^vation  de  la  Prusse  an  rangdci 
puissances  de  premier  ordre. 

Pendant  lea  onze  annto  de  paix  qui  a'eoooltemt  deprii 
le  traits  de  Dresde  (25  dtembre  1745)  Jusqn'an  conunoa- 
cement  de  la  guerre  de  sept  ans  (aoOt  1756),  FrWrie 
donna  les  sobis  les  plus  actils  k  radmfaiistration  inUdean 
de  ses  ^tats :  il  s'attacba  k  faire  fleurir  Tagriculture  etPindBf- 
trie,  k  ranimer  le  commerce,  k  reformer  la  Mgblatioa  d  k 
accrottre  les  revenus  publics.  En  mfime  temps  il  exergail 
etfortifiait  sonarm^e,  qui  fut  portte  Juaqu'k  160«f 


FRED^ttlC 


m 


IMS.  Ge  B'^Uit  paa  Mas  nii  sentimMit  d*amertuiiie  et  de  se- 
crete jalottrie  que  plus  d'an  cabinet  voyait  le  roi  de  Pnisse 
dereno  Tarbitre  de  TEurope.  La  perte  de  la  Sil^ie  ^it  un 
sujet  dliumiUation  pour  TAatriche.  EUe  m^itait  la  Ten- 
geanoe  de  cet  affront ,  et  Ton  Tit  par  la  soite  qa^elle  n'a- 
vait  consenti  k  d^poser  les  armes  que  pour  se  preparer  ^  de 
DOOTeanx  combats.  Cette  paix  fut  done  prteaire;  la  Prusse 
et  lea  autres.  puissances  continentales  conserr^rent  toutes 
lenrs  troupes  sor  pied  :  la  SilMe  ^tait  toujours  la  pomme 
de  discorde.  La  Prusse  et  PAutrichegard^rent  leur  attitude 
hostile,  et  I'Europe  demenn  en  suspens,  partagfe  entre  Tune 
et  Tautre  polssauce. 

Cependant  le  cabinet  de  Yfenne  reconnnt  I'impossibilit^ 
d'abattre  la  Prusse  sans  s*an  d*abord  assort  du  concoun 
dequelques  puissantsalU^.  Ilentretenaitdes  relations  intimes 
avec  la  Russia  et  la  Saxe,  et  cultivait  a? ec  soin  le  ressentiroent 
derimp6«trioe  £lisabethetdncomlede  Bruhl ,  premier 
ministre de  Saxe,  contre  qoelqoes  sanglantes  ^pigrammes  de 
FMd^ric.  Mais  ces  alli^  ne  suffisaient  pas  pour  le  succte  d*nne 
teUeentrepri8e.La  France  pouyait  prendre  parti  pour  la  Prusse 
et  luf  assurer  la  Tictoire :  c*^tait  done  la  France  qu^il  Impor- 
tait  snrtont  de  detacher  de  cette  alliance ;  et  ma^  les  dif- 
ficult^ de  Tentreprise ,  PAutriche  essaya  d*en  Tenir  k  bout. 
II  y  aTait  alors  k  Vienne  un  honune  qui  a'empara  de  ce 
projet  aree  ardeur,  et  le  poursuiylt  avec  pers^T^rance.  Le 
prince  de  K a uni  tx  ^it  depuis  longtemps  ^  la  t6te  du  ca- 
binet autrichien.  Adfersaire  natural  deFrti6ric,  U  6tait  tou- 
joors  dispose  k  agir  contre  lul.  II  se  fit  d^abord  nommer  am- 
bassadeur  extraordinaire  eu  France  (d^mbre  1 750 ).  Uayait 
pour  principe  de  tenter  toujours  tout  ce  qu'il  ^tait  humaine- 
ment  possible  de  (aire;  aussi  le  Yoyaiton  rarement  s^arr6ter 
dans  la  poorauite  d^une  entreprise.  Puis,  quand  iljeut  dress^ 
sea  batteries,  il  se  fit  remplacer  par  le  comte  de  Stahrem- 
beig.  II  fit  proposer  k  la  eonr  de  France  de  concourir  an 
renversement  du  roi  de  Prusse,  et  de  partager  ensuite  entre 
lea  deux  monarchies  la  domination  de  FEurope.  Le  premier 
traitd  d'alliance  defensive  entre  la  France  et  TAutriche  fut 
condu  le  1*'  mai  1766,  par  les  soins  de  Tabb^  de  Ber  nis. 
Id  encore  le  roi  de  Prusse  ayait  contre  lui  les  ressentiments 
du  po6te  diplomate  et  de  la  farorite  H°**  de  P om padou  r : 
ses  ^pigrammes  oontre  les  petits  Tcrs  del'un  et  contre  le  gou- 
Temement  de  CotiUon  II  ^  Cotillon  III^  ne  pouvaient  lul 
^tre  pardonn^es.  De  son  cdt6,  FrMMc,  piivenu  par  des  ren- 
seignements  secrets ,  qu'il  dut  k  la  trahison  de  Menzd,  sur 
rallianoe  secr^  entre  rAutriche,  la  Russie  et  la  Saxe ,  con- 
^t  des  inquietudes  an  suJet  de  la  Sil^aie.  11  se  hAta  de  pr^- 
Tenir  ses  ennerois  par  une  irrnptioo  en  Saxe  ( 24  aoOt  1756 }, 
qui  commen^a  la  guerre  de  sept  ans.  II  s*empare  de  Dresde , 
«t  11  trouTe  dans  les  archiyes  les  preuTes  des  projets  de  ses 
ennemis ;  11  inTestit  Panute  saxonne  dans  le  camp  de  Pima, 
et  la  rMuit  k  se  rendro  k  discretion.  Une  attaque  ansd 
brusque  ameuta  contro  lui  la  moiti6  dePEurope.  L'influenoe 
de  PAutricbe  dans  PEmpire  Germanique  et  celle  de  la  France 
en  SuMe  ddterminirent  ces  deux  puissances  k  entrer 
dans  la  confederation.  Le  roi  de  Prusse  nVait  d'autre  allie 
que  PAngleterra.  Heurensement  pour  lui ,  la  France  attaqua 
PAngleterre  dans  le  HanoTre.  Les  habitants  de  ce  petit 
royaume ,  ceux  des  ducbes  de  Hesse  et  de  Brunswick ,  de- 
Tinrent  lea  leies  partisans  de  Frederic.  Le  due  de  Cumber- 
land sefitbattreii  Hastenbeck,  le  sejnillet  1757,  par 
le  comte  d^trees,  qui  commandaK  Parmee  fran^aise.  Mais, 
plus  tard ,  le  prince  de  Soubise  essnie  la  bonteose  defaite 
de  Rosbach  (ft  noTembre).  Nous  ne  suiTrons  pas  Fre- 
deric dans  lea  operations  multipUees  de  cette  guerre,  qui 
marque  nne  epoque  nouTelle  pour  Part  militaire,  et  dans 
laquelle  il  foisait  la  naTette  aTcc  son  armee ,  sdon  Pexpres- 
sion  dn  marechal  de  Belle-Isle.  Las  details  strategiques  en 
nont  d^ailleurs  exposes  dans  un  autre  article  (voyex  Gubarb 
na  SEPT  Alls).  II  fit  des  prodiges  d^actlTite  et  de  oonatance. 
Apres  son  reTers  de  KoUin,  od  il  fut  Tabicu  par  Daua, 
il  ecriTait  k  mylord  Marechal  :  «  Que  dites-Tous  de  cette 
ligue,  qui  n^a  pour  objet  que  le  marquis  da  Brandebourg? 


Le  grand-iUcMur  serait  bien  etoane  de  Toir  aon  petit-flla 
aux  prises  aTeeles  Russes,  les  AntrichieM,  presque  toute 
PAllemagne  et  cent  mflic  Franfais  auxilialres?  Je  ne  saia  8*11 
y  aura  de  la  honte  k  mol  de  snceomber,  mais  je  sals  bien 
qnil  y  aura  pen  de  gloire  k  meTainere.  •  Dans  nne  aitnation 
desesperee ,  resolu  k  perir,  fl  Teut  encore  ftiro  des  Ters,  et 
il  ecrit  k  Ydtabtt  I'epttre  qui  se  termine  par  ces  mots  t 

Poar  Boiy  BWiiaee  du  uafrtge^ 
Je  dob,  en  ■CfronlMit  Porage, 
Peoier*  fiTra  et  nourir  en  roi. 

L'epttro  foite,  fl  batttt  PennemL 

Dans  une  antra  occasion,  on  lul  ramenait  un  de  ses  gre- 
nadiers qni  aTalt  deserte :  «  Pourqnoi  m*aa-tn  qnitte  T  lul  dit 
le  roi.  —  Ma  foi,  sire,  repond  le  grenadier,  qui  etait  Fran* 
Cais ,  les  alfairea  Tont  trop  mat  —  Eli  bien ,  reprit  le  rot, 
battona-Boos  encore  ai]jourd*hnt;  et  al  je  aula  Tafaico,  noua 
deserterons  ensemble  demain.  » 

Mais  son  energiqne  Tolonte  triompha  de  tons  lea  obstaclea. 
Le  5  jauTier  1762,  la  mort  de  Pimperatrice  £Usabeth  deii- 
Tre  Frederic  de  son  ennemie  la  plus  acharoee.  P 1  e  r  re  II I , 
son  sucoesseur,  admirateur  passionne  du  roi  de  Prusse,  con- 
dut  d*abord  aTee  lui  un  traite  de  paix  qni  for^  la  Suede  k 
poser  les  armes.  A  la  mort  de  Pierre  m,  etrai^e  le  9  Juil- 
letde  la  m6meannee,  Catherine  oonserra  la  neutralite. 
Frederic,  ayant  aflkire  k  moins  d'ennemis,  ramporta  des 
succte  plus  facilea  contre  PAutricbe,  qui,  foroee  de  renoncer 
k  ses  pretentions  sur  la  SOesie,  se  dedda  enfin  k  negoder. 
La  paix  fut  signee  an  chktean  d'Hnbertsbourg,  prte  de  Dresde, 
le  15  feTrier  176S.  Frederic  n^abandonna  rien  deses  premikrea 
oonquetes;  les  traites  de  Breslan  et  de  Dresde  furent  confir- 
mee, et  les  deux  puissaneea  renonckrent  redproquement  k 
toute  nouTdle  pretention  aur  lenrs  tots. 

L'unite  de  Tolonte  qui  r^jpait  dana  lea  meaores  de  Fie- 
deric,  lea  ressourcea  que  Poccupation  de  la  Saxe  lui  fonrnit 
en  argent  et  en  honmiea,  son  genie  prompt,  les  generaux 
habilea  qui  le  seoonddent,  le  courags  et  le  deTouement  de 
ses  soldsis,  lui  donnkrent  nn  grand  aTantage  sur  ses  enne- 
mis ,  et  amenkrent  Pheureuse  Issue  d*une  guerre  qui  aTait 
plus  d^une  fols  mis  la  Prusse  k  deux  doigts  de  sa  perte.  Cette 
guerre  memorable  acofite  k  PEurope  plua  d'un  million  d'hom- 
mes,  et  tous  les  £tata  qui  y  prirent  part  Airent  epnises  pour 
longtemps.  Frederic  sortit  aTec  Padmirtttion  generale  de 
cette  lutte  de  sept  annees,  qui  lui  assure  pour  PaTenir  une 
Influence  deddTe  aur  la  poUtiqne  europeenne.  Celni  que  les 
plua  grandes  puissances  de  PEurope  reimies  n'aTaient  pu 
Taincre  fut  salue  comma  on  bomme  extraordhiaire.  De  Ik 
date  son  ascendant  en  Europe,  et  la  Prusse  compta  dks  lors 
parmi  les  £tats  de  premier  ordre. 

Rendu  k  la  paix,  Frederic  oonsacre  tons  ses  soins  k  repa- 
rer  les  maux  de  la  guerre.  II  ouTrit  ses  magasins,  et  fournit 
k  ses  Sleets  du  bie  pour  lenr  nourriture,  des  semences  pour 
leun  champs;  U  distribua  dea  terres  aux  paysans;  il  fit  re« 
bktir  de  son  argent  les  maisons  reduitcs  en  cendres ;  il  fouda 
des  colonies  agriodes  et  des  manutiictures  dans  les  cantona 
depeupiea.  Pendant  toute  la  guerre,  il  n'aTait  mis  aucun 
nouTd  iropdt,  fdt  aucun  emprunt ,  exige  aucune  aTance  de 
ses  sujets,  et  jamds  la  solde  de  Parmee  n'eprouTa  de  retard. 
Cependant,  aussilAt  apres  la  paix,  ii  remit  k  la  Siiede  six 
mols  d*imp6ts,  il  distribua  dans  les  campagnes  1,700  cbe- 
Tanx  pour  Pagriculture,  et  fittraTailler  k  la  reconstration.des 
Tilies  et  Tfllages.  Pour  CiToriaer  la  noblesse  de  Siiede,  de  la 
Pomeranie  et  des  Marchea,  on  institna  un  systkme  de  credit 
qui  accrut  le  prix  des  terres.  En  1764,  U  fonda  la  banque 
de  Berlin,  et  1^  donna  une'premikre  miae  de  fonda  de  plu- 
deun  millions.  La  meaure  qui,  en  1776,  couTerth  Pacdse 
ou  Hmpdt  sur  lea  consommaUons  en  r^  fran^se  ne  ren- 
contre pas  la  mkme  approbation  dans  le  pays.  On  pretend 
qn'H  el  t  eti  u  s ,  etant  Tenu  k  Potsdam,  fit  an  roi  un  tableau  * 
n  aTantageux  de  Padministntion  des  finances  de  la  France, 
qull  resolut  auisitAtde  Cdre  Tenir  dea  flnanden  et  des  corn- 
mis  de  ee  ro JMB6-  PourtaHty  des 


tat  PRfiDtRiC 

g'tflefileiit  alon  eoatn  I'adiniaisfnitim  finanei^re  de  la 
France.  E»  BtMsie,  laa  fraitde  racouvrement  de  tous  lea  (la- 
p6ta  el  rertnot  publEca  a'tieraient  k  1M,000  toia,  e'est- 
Ihdfra  an  tiers  da  U  raeelte;  en  France,  lea  rermiera  g^n^ 
rattx  et  leacoromla  en  aiiaorbatentd«ix  dnqai^mea.  On  pr^- 
feiidit  que  rarmte  de  financiers  qjii  coraposait  la  nonvelle 
r^ie  ^fC  feoue  venger  la  Franca  de  Ro^bacli. 

FrMeric  trarailla  auiwi  k  la  r^ronue  de  la  l^gialation  :  il 
cliargea  le  dianceller  Cocc^^i  de  r^iger  iin  nouveau  code. 
Mais  il  cnil  trop  avoir  tout  fait  en  abr^geant  les  proc&liircs. 
Au  reste,  le  nouveau  ornle  ne  fut  acliev^  et  mis  en  vigucur 
que  sous  le  r6gne  de  »on  sucoeaseur. 

11  Fonda  des  ^colea  pour  le  poHple,  a^ee  «n  s^minalre 
|)our  lotmer  dea  malirea,  ee  que  nous  appelons  aujourdliul 
une  ieoi€  normale.  diose  adiniratde!  ce  grand  monarque 
r^lgea  luimtoie  et  fK  imprimer  im  r^j^feinent  oO  11  entra 
dans  lea  fvlMS  grands  d^taiU  sur  la  mani^  dlnstmire  lea 
cnfants.  C'est  1^  Toriglne  de  cetle  instruction  niaintenant  il 
g^n^lf  ment  r6paiidue  en  Prusse. 

Les  adaiirateufH  les  plus  bienveiUanta  de  Frdd^Hc  n^ont 
pu  justilier  la  part  qn'H  prit  au  d^membretnent  de  la  Po- 
logne.  Toiites  leurs  api>l0{eies  se  sont  rMuites  i  montrer  I'iii- 
t^ret  quil  avait  h  arrondir  ses  £taU  et  h.  imlr  la  Prusse  avee 
la  Pom^anie  et  les  llardies.  11  y  a  un  triste  nu^mple 
pour  la  morale  h  voir  PautMir  de  VAnfi'Maehiavel  en  con- 
nivence avec  ta  Russie  pfmr  consomaier  cette  fiidigne  spo- 
HaCSon,  a  siiivre  sa  niardie  itisidieuse  depuis  le  commence- 
rnent  des  troiililea  jusqu'au  partage,  ses  en»pi^cni«nts  aiic- 
cessifs  dans  la  grande  Potogne  el  la  Ihnisse  polonaise,  sous 
le  pr<4exte  de  U  fiesle.  Fr^U^Tic  n*<^it  roi  que  ile  la  Prunse 
ducaie;  il  devait  voir  avec  pHiie  la  PrusM  roffaie  faire 
partie  de  la  f*ologne  :  le  moment  l»f  panit  favorable  pour 
reunir  les  ileiix  Prusses.  L'ascendant  q«^  avait  pHs  dt>pids 
la  guerre  de  w\ii  ans  devait  faire  rediuiter  au\  autn's  fmis- 
sanoes  une  mMiveile  lulte  «*n  faveiir  d'un  peuple  nMuit  k  ne 
poiivoir  8*atiler  hii-nifinie.  La  France  n^avait  donn^  qu'une 
assistance  tliimie  d  ineflicaoe  aux  conl^l^r^;  la  8a\e  s*<i- 
taft  bom^  Il  leiir  foumir  tr6s-peH  d'argeiit,  PAtrtridie  h 
laisser  teur  Hat-major  d<^ienser  une  t^arfie  de  eel  anient 
dans  sea  tiIIps.  Fr<WIMc  jugea  que  la  France,  engourdie 
sous  un  gnuTemement  corrompu,  n'oserait  |ias  datantage, 
et  qn^avec  rAtitriclie  H  y  a%'ait  des  accoinmo^ements.  On  liii 
pniposa,  pftur  conifif nsation  de  ragrandisseinetit  qui  rl^ulle- 
ralt  lie  rar(iui:«ition  de  la  Pnisse  To\ale,  trois  belles  pro- 
vinces |N>Io:ia»es,  et  les  riiltes  salines  de  Vieiioui.  CeHe 
auginvntution  lie  lerriloTC,  ohteniie  sans  coup  fnir,  parut 
k  la  nitir  d«  Vicnne  preferable  au  danger  d*a%'u{r  k  coiiibitttre 
h  la  fuis  les  i'nissiens  el  les  Riissos.  La  di^vote  Marie-Tlier^se 
lit  taire  ses  scru|Hiles ,  en  rejHanl  sans  duute  le  p^di(^  sur 
un  roi  li^^ri^tique  et  philosopbe.  Ce  fut  \k  le  grand  scatid&le 
polit'que  du  di\  tiuiti^me  si^clelll  faut  voir  rimpiidence  des 
manttfstes  par  leMpiols  les  trofs  puissances  piirenl  posses- 
sion des  provinres  d^membnHis.  La  mallieureuse  Pulogne, 
qiii  n*eut  jamais  de  gouvernement  ni  de  pouvotrs  publics,  i 
est  Itvree  a  la  merci  des  spoliateurs ;  et  la  France  laisse  con- 
sommer  I'iniquit^  sans  mot  dire! 

Le  30  d^ct>mbre  1777,  par  la  mort  deMa\im11ien*Jo- 
aeph,  sVtetguit  Ja  brancbe  declorale  de  Ravi^re.  D^ 
le  3  Janvier  1778  un  traits  de  partage  de  la  Ravi^ie  <$tatt 
coni'ln  entre  Tdecteur  paiatin  et  rAutricbe  ;  mais  la  Prusse 
s*)  (»{)iM)sa.  Le  partage  de  rdeclorat  de  Ba\i^re  enlralnart  le 
reuversement  du  ayst^me  politique  que  Fr^dric  avail  6lev6 
k  grands  frals,  et  d^ruisait  la  constitution  de  TEmptre.  Fr6- 
d^ic  prit  les  annes  pour  d^fendre  la  Ravi^re  et  son  propre 
ouvrage.  En  celle  occasion ,  II  lit  pretive  de  d(%intdresse« 
ment.  La  guerre  fut  bientdt  temiin<te  iiarla  paix  de  Tea- 
cben,  t3  inai  1779. 

.  AinsI,  dans  les  demiires  anndes  de  sa  tie »  le  grand 
Frederic  etit  une  dcnii^  occasion  de  craiiidre  le  renvcrse- 
ment  de  son  sysldme.  Ce  quit  d<5ploya  de  talent  ef  d*<^ncrgie 
pour  filaider  U  cause  de  rAllenia^'nc  n^pandil  un  nouvel  <^clat 
cur  lu  fm  de  sa  carrl6re. 'Rassur6  aur  le  sort  du  royauuie 


quil  avtSt  CD  qndqoe  eorte  erM,  tt  mourtity  le  it  aafil 

1786. 

Si  Ton  veut  avoir  nne  idfe  de  Qi  one  le  g^nle  el  le  carac- 
t^re  de  FrM^ric  ont  foU  pour  la  Prusse^  que  Pen  ooBsidke 
cequ'cHedtait  k  aon  av^iement,  en.  1740,  et  le  rOio  qv'dli 
joiiait  dans  le  syst^e  polltiqde  de  PEnrope  k  n  mort, 
en  1786.  La  monarcble  prussienne  AaitpresquedoiibMeei 
^tendiie  et  en  population ;  mftme  apri^  fol ,  le  preat^e  dt 
son  nom  et  de  son  anu^e  Imposaient  encore.  Ln  Ftw 
resia  sur  le  continent  le  pivot  de  la  pdi  on  de  la  gnerr^ 
jusqu*^  ce  que  la  revolution  (ran^aiae  vInt  d^plaoer  toBt^ 
changer  toutet  les  combinaisons  et  bonteverser  tool  le  ays* 
t^me  de  P^Hibre  europ^en.  FrM6ic  est  un  esefii|ite  lda> 
tant  de  ce  que  peut  la  votoni^.  II  parvint  k  ee  domwr  fat- 
qu*i  du  ooarage.  On  a  dit  quil  6tait  n6  avec  on  lemp^ 
ment  fafble  et  timide;  II  pHt  la  fiiite  k  la  premie  bntaMe  I 
laqudle  il  assista ;  mats  II  prtt  la  ferme  r^aohttton  de  ee  raMir 
contre  les  dangers,  et,  de  timide  que  Pavait  er66  in  Bitast^ 
il  devint  un  li^ros.  II  a  dcrit  lul-mtaie  :  «  M&liwiU  fut  f^- 
cole  du  roi  d  de  Parm6e.  « 11  voidnt  faire  de  la 
des  premiers  fitats  de  PEurope,  H  voolnt  Mre 
il  vouint  que  les  sables  de  la  Pmsse  se  penplasaeol :  H  vial 
k  bout  de  tout.  II  a  fond<  un  l^tat  en  dcliora  de  tootes 
ditions  bistorlqaes  et  g6ograpliiques,  eoropoad  d' 
<Hrangers  les  nns  anx  antres,  sans  affinity  naturelles,  a^ 
bitrairement  agglomdn^  par  la  pdiliqne  el  par  la  gncna : 
cd  l^.tat,  panvre  et  sans  barri^rea  natuidles,  nVn  a  paa  BMni 
grandly  pure  crtetion  de  la  fibert6  liuraaina  trimttpbant  de 
la  nature. 

En  lul  Pamonr  de  la  glofre  snpplte  aox  croyaaces.  Muk 
le  scepticisnie  et  Pironte  de  son  ^oqneaveePli^rotsmedei 
temps  antiques,  il  fut  le  b^s  d*un  aitele  dont  VeMaire  Ml 
le  poete.  Tout  Francis  par  Pes|Ait  d  par  PddoealiiMi,  e*eit 
k  Paris  qu'^lait  aon  public.  Courtison  aeslda  dt  IVipiaiea, 
il  entrdenait  un  oorriunirce  tntime  avee  te  totvaltta  qoi  <a 
<$taient  les  organes.  Sa  cour  d  son  acadtole  teient  des  a^Hei 
ouverts  k  ceu!L  que  des  tem^rit^  pliitosopliiqves  IbitalBBt 
k  s*e\|»atrier ;  en  sorte  qu'une  partie  delliiatoire  btliMre  da 
dtx-buHi6me  slide  doit  dre  cberdite  k  BeHlo.  Lea  aadi 
rapfiorts  de  Voltaire  avec  FrM^c,  leura  coqnetteriea  n^ 
tuelles,  leurs  brouliles  d  leors  raccommodeniesla^  fcraied 
la  matiire  d'tm  volume.  La  langue  franfaiae  r6^Mlt  laai 
partage  k  Potsdam.  Pendant  le  a^jour  qu'y  4H  VeKaire,  te 
175011  1753,  les  ft^rea  dsccnrsdn  roi  jouaient  ies  trM§- 
dies  du  iio^teclianibellan,  ta  Mori  de  C^ar^  Brutus^  M- 
hornet,  Catiiina.  Les  (ameux  soupers  pitiloaopliiques  dalal 
des  tournois  d'esprit^  oil  Pon  se  moquait  de  Paoivers,  d 
qudquefois  des  choses  lea  pins  sainles.  Fr^ddrie  vodaft 
6tre  poete  aur  le  trOne;  d  les  i^logca  donnas  an  jrAitoapAa 
de  SanS'Souci  daient  plus  flatteurs  pour  sob  auMMir-fm^ 
que  ceux  qui  s'adressalent  au  oonqn^ranl  de  la  SR^e. 
Quelle  glorieuse  assodation  pour  les  gens  de  leftrea  aea 
confr^est  Anssi  dut-il  en  partie  sa  popularity  aai  toi> 
veins  fran^ls.  Chose  drange  1  pendant  quil  battall  aoa  g^ 
n<(raux  ineptes  de  la  guerre  de  sept  ans,  son  nmn  rateoG^ 
salt  avec  doge  dans  les  salons  de  Paris :  alors  le  fiatrioHciM 
national  i&tait  absort)^  par  nne  sorte  de  patriotiame  inldkc^ 
tuel ;  en  sa  quality  de  i)bilosoplie,  le  rd  de  Pniase  Mail  ee 
communaut6  dld^  avec  les  grands  6crivaUis  de  la  Fraace^ 
et  Popinion  avait  pour  lui  des  sympathies  bien 
vives  que  pour  les  mlniatres  d*un  gouvomeBaent 
dM. 

Nous  ninsisterons  pas  Id  aur  la  paailoft  iualheiiiwiee  di 
Fr4d<irlc  pour  la  podsie.  Cependant,  lea  Idtrea  qnH  colli* 
vait,  au  milieu  nvdme  dea  liaaanls  de  la  guerre »  )e  eoB» 
laieiit  dans  sesadversit^s :  ses  m<*ineura  vers,  on  |diit6l  If 
seuls  bons,  parmi  tantdlnslpides  qui!  a  fldls,  ffnf  ont  ^cbaapi 
dans  une  nuit  d*angofsses,  oO,  entonr6  de  quaCre  amiw 
ennemies,  d  dans  une  position  presqne  dfaesp^rfe,  I 
pen^iit^  sc  donner  la  morLC*est  dans  sa  correapondaaoi^ 
ct  dans  ses  ouvrages  liistoriques  siirtout,  qu*oo  reUeave 
riiommc  supdrieur.  Les  Mtimoiretpowr  serrir  it  rhiMn 


FRttDERIG 


T8S 


ie  la  maUon  de  Brandthourg^  VffUMre  de  man  temps, 
ks  Mimolrei  sur  la  guerre  de  sept  ans,  retraceiit  dcs 
i^T^neineDls  conteinporain8  de  raiiUiiri  etauxqiielnil  avait 
pris  une  part  Irfea-active;  les  cauM»  en  sont  liabiiemenl 
retrac^es,  les  faiU  bieo  expo«^,  at  la  poliUque  dterile  de 
biaih  de  mattre.  ▲aTAUft.] 

ra^D^kitC,  roiftd^baneinark. 

FH^DI^RiC  r',  rd4  cadet  de  Chmtian  i",  a6  en  1471,  iftait 
Ag4  (le  cinquanie-deux  ans  lorsqu'il  fut  appel^,  en  1623,  par 
ies  (^taU  dii  royauinei  k  remplacer  sur  le  tiiVne  Christian  II, 
lils  de  son  frire  atn<^,  Jean .  que  cctte  assemble  avait  iltelar^ 
d^liu  di^sormais  de  tous;  droits  h  la  couitmne.  Le  nouveau 
rut  8*atlaclia  avant  tout  k  se  concilier  les  nobles,  dont  il  con- 
firma  et  arcrut  encore  les  privili^es.  C'est  ainsi  qu*il  leur 
accorda  le  droit  de  Tie  et  de  inort  sur  hiurs  jKiysans ,  avec 
celiii  de  confisqiier  leurs  biens  meiibles  et  de  les  condamner  a 
des  amendesdequaranie  marcs  d*argent.  S*il  prot^^a  le  lutli^- 
rahisroe,  qui  envahissait  alors  ses  £taUy  ce  fut  plut6t  |»ar 
politique  que  par  di^voiieinent  au\  doctrines  de  Luther.  Chris- 
tian ll  eiielTet  coniptait  parnii  ses  paitisans  tons  ceux  qui 
(ieroeur^ient  attach^  aux  dogmas  du  catholicisme  et  aux 
formes  de  sa  liturgie.  Kavoriser  la  R  forme,  c*^lait  se  d^* 
fendre  contre  les  eventual  iti*s  qui  pouvaient  survenir,  et  dout 
le  r^siiltat  eOt  pu  6tre  de  tirer  Chri^tiar  U  de  IVtroite  cap- 
tivity oil,  au  m<ipris  de  la  foi  jur6e,  M  resta  detenu  par 
ordrede  son  oncle  jus(|ue  dans  les  deniieres  auiiiies  de  son 
exUtence.  Fri^ric  r^  moiirut  en  1533,  eteut  pour  succes- 
aeur  son  fits  Christian  III. 

ti^R^DtRlC  11,  n6  en  1534, etait  fils  de  Christian  III,  k  qt.i 
n  succ^a,  en  15S9,  et  mourut  en  USS.  Prin('4i  ami  dea 
sdences  et  deslettres^  il  prot^ea  s|)6cialement  le  c^l^bre 
Tycho-brahe,  k  qo'il  fit  don  de  i^ite  de  liven  pOur  j  cons- 
truire  un  observatoire,  qui  recut  le  nom  d' Urankenborg 
(ch&teau  d'Uranie).  Port^  par  son  caraet^e  vers  la  paix, 
dans  le  maintien  de  laqueUe  il  Toyait^  bon  droit  une  source 
de  richesse  et  de  prospdrit^  pour  ses  £tats,  it  fut  cntraiod 
ponrtant  k  foire  4Ia  SuMe,  sous  le  frfus  futile  i)r^lexte,  one 
goerre  qui  dura  sept  ans,  el  pendanf  laquelle  des  devastations 
isans  noinbre  furent  commixes  par  les  troupes  des  deux  na- 
tions. Or,  quelle  ^taitla  cause  de  cessangtants  d^bats  ?Le  roi 
de  Oanemai1(  portait  sur  son  dcusson  les  amies  des  trois 
nations  anciennement  anics;  te  roi  de  SuMe  fit  k  ce  siijet 
des  reprdsenUtions,  qui  nc  lurent  pomt^cout^  :  alors ,  par 
k'eprdsailles,  il  place  sur  son  ^cusson  les  armes  du  Dane- 
mark  et  de  la  Norrege  k  c6\&  de  celles  de  Fa  Su^de.  Inde  irm 
et  Jfellum!  La  patx  de  Stettin  ( 1570)  mit  fin  k  cette  guerre. 
L'anndB  mSme  de  son  av^neinent  au  triVne,  il  avait  eutreprls 
contre  led  Blthm arses  une  exp^ditioA  qui  s*<Uait  ter- 
tnfn^  fiar  Vadjonction  du  territoire  de  ces  populations  k  cehii 
de  la  monarchie  danoise.  Ce  prbce  eutj>oursuccesseiur  aoa 
filsChrlsiianlV. 

FBtoi^.RIC  III,  ni  en  1609,  anced^a  en  1648  k  son  pir^ 
ChilAian  VVy  et  penchant  les  premieres  annto  de  son  r^e 
ne  tut  gu^re,  comme  ses  pr^^cesseurs,  qu*un  instrument 
aux  mains  de  Tailstocratie,  qui  ne  consentait  k  reconnaltre 
la  sopr^malie  du  poutoir  royal  qu^a  la  condition  que  ce  pou- 
▼ohr  loi  afdAtitenir  les  populations  ^es  campagnes  dans 
le  pins  d^^raiTant  des  servages.  Fr^d^ic  III  crut  qu*une 
guerre  iaveC  1'^trangcr  liii  (ournirait  les  moyens  ^e  secouer 
le  Joug  de  ta  no^blesse;  mais  cette  guerie  fut  malheurcusoy 
et  nil  nt  perdre  la  parfle  ra^ridionale  de  la  presqu'ile  scan- 
ttnave,  k  savoirles  provinces  de  Scanie,  de  Bleliiiigen , de 
iSalius  ^de  Halland,  qui  jusque  alors  avaient  appartonu  an 
Danemark.  Le  roi  ne  rnanqiia  pas  de  rejeter  sur  les  iaces- 
satites  usorptitTons  de  la  noblesse  la  reaponsabilUtf  de  ces 
d^fiastrei ,  et  renconf  ra  ckors  en  1660  dans  Tordre  du  clerg^ 
et  dans  celul  de  la  bourgeoisie  Tappui  ndcessaire  pour 
tenter  un  ewip  ittXaX^  dont  le  rdsultat  fut  d*iavcstird<^r- 
mafs  la  roYaute  danois^ede  la  toute-puissance  la  plus  ilHinit<^ 
ct  la  (Aus  ab<iolue.  la  loi  du  roi  consacra  cette  ri^volirtioa, 
eC  'AeVint  la  'loi/ondamentale  du  D  a  n  e m  a  r  k.  Fr^oric  1 14 
n^eiit  garde  de  pe  pas  faire  usa^^  du|)ouroir  que  cette  cona 


titution  nouvelle  Inl  donnalt;et  on  le  vft  dte  tors  m  llvrt-r 
k  des  acles  d*un  arbitraire  inoui.  Cest  ainsi  qtiMI  proscriVit 
un  gentilhomme  et  eonfisqua  ses  biens,  sons  le  pr^exte  que 
cetui  ci  8*4^tait  vant^  de  pouvoir  triompher  de  tontes  les 
feinmes  sans  en  excepter  ra6ne  la  relne.  Dans  les  deml#t*s 
temps  de  son  r^e^  il  s*abandonna  ji  deux  charlatans  qui  ex  • 
ploit^rent  sa  cr^ulittf,  et  codetta  lo  Danemark  de  plusieurs 
millions  pour  chercher  la  pferre  philosophale. 

FR£D£RI01V4neen  1671,  morten  t730,soce61aenl6yii 
k  son  p^re  Christian  V,  qui  Tavalt  foil  Clever  luin  dcsa 
cour;  et  peot-^tre  est-ce  k  cette  circonstance  qu*on  doll  attrt< 
buer  riiahilete  de  son  administration.  Les  arts,  U*s  sciences ,  le 
commerce  et  Tindustrie  fiirnt  de  sa  part  Pobjet  d'nne  pi^ 
lection  toute  sp^ciale,  car  il  avait  coinprfs  quMIs  pi'uvent 
seuls  dunncr  aux  souverains  une  gloire  soHde  et  durable.  11 
fonda  la  graude  maison  des  orptiellns  et  Terole  militaire  de 
Co|ienhague ,  et  140  ccoles  pour  rinslruction  i\e^  payssns  du 
doinainede  la  couronne;  il  i^tablit  la  Compagn'e  asatiqiie, 
une  conipngnie  d'assurances  maritimes ,  des  Inisslons  au 
Gro£nland,en  Laponie,  li  TranqiietKir,  etc.  Uneauth*  luesure 
qui  recommande  sa  mf^tnolie,  c*est  un  es^^ai  tentcpour  abo- 
lir  la  servitude  persoiinelte  (1702),  a  Uiqulle  les  paysattg 
^ient  soumis  detuiis  des  stictes;  niallit!uinisetncnt,d^ 
qu'il  jugea  queletir  conrours  ne  pouvait  plus  lui  flie  utile 
il  conmiit  la  faute  de  reveuir  sur  cette  df^teiiiiiiiaUon  si  po- 
litique. Aureste,  rambition  d*agrandir  son  rujainiieledevfira 
toiijours,  ct  ce  fut  ce  sentiment  qui  le  ]Mirta  k  dtctarer  la 
gncrre  k  la  SiiMe.  Mais  Cliarles  XII  ne  lanla  pas  k  lui  iin- 
poser  une  palx  aussi  humiliante  qu'on^reuse  :  il  edt  iiii  lui 
enlever  sa  couronne.  Aprte  le  dC*sastre  de  l*ultawa,  t'rt^- 
d^ric  IV  diercha  li  prendre  sa  revanche,  et  enleva  aux  Su6- 
dois  diverses  |>laces  fortes.  La  mort  du  roi  de  Su^e  amena 
cntre  les  deux  pays  la  conclusion  d*une  paix  dHinftive. 
Fr^d(6ric  en  monraiit  laissa  le  llanemark  dans  un  ^t  Dr^- 
floriasant.  et  fnt  regretl^  de  ses  peuples. 

FREDERIC  Y,  M  en  1723,  succ^la  en  1746  k  son  pire. 
Christian  VI,  et,  cohhho  ses  pnM^cesseiirs, se  niontra 
le  protetteur  telair6  dee  scienees  et  des  lettres.  Apr6s  uu 
r^ipie  fiecMque,  signal^  par  la  creation  de  diverses  inslllu- 
tions  utiles,  it  mourut  en  1766,  laissant  la  couronne  k  son 
fits  aln6,  qa\  IM  Ckristf  an  Vll.  Devcnn  VenT,FrMdric  V 
avait  ^pous^,  en  secondes  noces,  une  princesse  de  Mecklcm- 
bourg ,  JuHane^Marie,  ^nt  il  eiit  ^gatement  nn  fits.  Cette 
artifictense  prfnccsse  no  souhaRaft  rten  sS  ardemmenl  que 
de  voir  la  cooromie  passer  k  sa  propre  descendance;  deve- 
nue  veuve,  eUe  n'en  continua  pas  mohiB  k  exercer  one  de- 
cisive inOuenoesnrles  affaires  pendant  la  pllus  grande  partie 
du  r^gne  de  dnriatian  VII,  et  Rit  pour  beaucoiip  dans  t» 
mallieurs  de  la  jeooe  reine  C  a  r  o  1  i  n«-M  a  tli  i  1  d  e,  de  m6me 
que  dans  la  catastrophe  de  Brandt  ddeSltrnens^e. 

FI|£d£RIC  YI,  n«  le2S}anvler l76S,^itre  GlsdeCtiris- 
tian  VlletdeCaro/<ne-iir6rA1f(/e.Lei%atitl  1794 
il  tut  dtelar^  inajeur  ct  co-r^geM  de  son  p^re,  affecUJ  de« 
pais  tongtemps  dVdf^atfen  laentarte,  et  k  qui  R  8\icc6da  le  13 
mars  \%W,  Anim^  des  meHlentesfnltentkons, ft  recoonutquc 
dans  r^tat  ou  se  troo^ait  le  pays  an  raomeni  oti  il  prenaft 
te  pouvoir,  il  n*y  avaiR  4e  salut  que  dans  le  prompt  tedres- 
sement  de  tous  les  abas.  Aussi ,  par  one  suite  de  mesores 
bienfaisantes,  eut-il  brentOt  x^inM  les  branches  les  plus 
importantes  tie  radininistration.  Malgr6  les  calamitds  qu*at- 
lira  plus  tard  snr  le  Danemark  une  Riusse  poKtique  adopt^a 
dana  aes  reMioM  avce  les  puissances  dtrang^res ,  la  recoo- 
naisaance  et  t*amour  de  son  people  1(4  fnrent  ooastamment 
acquis.  Son  peuple  itti  savaR  gf6  d^voik'  ctfinpl^  t^manci- 
patioa  civile  des  fNiymns,  aui^ttorfi  la-sRoktion  des  Juifs, 
aboU  longlempe  avant  rAngimefre,  «l  Mtis  hkbleHe  t)>hflan- 
tropi^ne,  Tivfilffie  traite  'to  ^^ifres,  d'avoir  teftroclnit  ana 
suite  d'arodlioratians  r6<Ales  dans  Tordretutfldaire  et  la  )o- 
rispriMlence , dans  Parmi^e  *et  rittsfmctionpifbtique,'favorisi$ 
les  d^veloppements  de  Tagrict/llore  ct  du  commerce ;  enfin, 
4l'avoir  ap|)el6  !ies  snjets  a  joittr  de  la  tfbertJS  dela  presse,  k 
laqueUo  |Nir  la  suite,  il  e^  vrai,  des  restdcddos  Aeiilus  en  (»tus 


784 

g^naotes  flnlrait  par  Mre  mlMB.  Qua  si  pourtani,  wm  son 
r^gne,  la  UMmarehie  danolse  dichut  da  rang  qu^elle  oocopait 
aupartTant  en  Europe^  et  d  sea  floanoes  allteent  d«  plus  en 
plus  en  a'oblittenty  la  faule  en  doit  fttre  attribute  bien 
moinaeneore  k  de  Ikoases  meaurea  financi&res  et  i  la  po- 
litique eit^rieare  adoptte  par  aon  gouTemement,  qu'aax 
droonatanoea  calamiteuaea  daoa  lesqueUea  le  paya  ae  trouva 
fatalemant  plaei  par  lea  ^Ytoements.  Juaqn*ea  laot »  en 
eflet,  le  Danemark  avait  so  faire  respecter  sa  neutrality 
maritiine ;  maia  Pattaque  contra  Copenbagoe  tentte  le  2  avril 
de  oette  mdme  annto  par  lea  Angels » ot  aurtout  reflroyable 
bombardement  que  cetle  capitale  eat  4  aubir  dans  i'^t^  de 
1807  de  la  part  de  la  mftme  puiasance ,  ouTrirent  une  pM>de 
de  calamity  que  ne  purent  d^omer  ni  le  patriotiame  ni  lea 
bonnes  intentions  du  roi. 

Malgr^  tout  le  respect  que  la  nation  ^rouTait  pour  la  per- 
Sonne  de  ¥MMc  Yl,  si  craeUement  4^rooY6  dana  savieil- 
lessepar  radrerait^y  eOe  ne  pouTait  ae  dissimuler  que  la 
politique  Int^rieure  adoptee  par  ee  prince,  et  qui  diOl^ait 
tant  de  ceDequi  arait  inspire  les  premises  annte  de  son 
gouTenement ,  ne  pouTait  avoir  d^autre  r^sultat  qu^une 
dtoidence  de  plus  en  plus  accdl^r^.  II  ^tsit  dte  lors  naturel 
que  la  revolution  de  juillet  ISdO  produislt  en  Danemark  une 
sensation  profonde;  aussi  est-ce  uniquement  k  Tagitation 
qu'elle  protoqoa  dana  lea  esprits  qu'll  faut  attribuer  i^octroi 
fait  en  ia33  k  ses  sujets  par  Fr6d^c  YI  d*assemblte  d'^ts 
proTlnciaux  (voyet  Danbmaak). 

Gette  tardlYe  concession  n'sTait  paa  encore  eu  le  tempa 
de  produire  le  blen  qn'on  en  attendait,  lorsque  Fr^d^ric  VI 
mouruty  le3  ddcembre  1839>  laissant  la  couronne,  faote 
de  descendance  niAle,  k  aon  ooasin  germain,  au  pelit-fila  de 
Fr^d^ricVetde  JuHane^Marie, lequel r^a sous  le nom 
deCbristian  VIII. 

FR£d£RIC  VII t  qui  ThgfMd  aufjourdliui  en  Danemark,  eat 
n6  le  6  octobre  1808,  et  est  mont^  sur  le  tr6ne  le  20  janyier 
1848.  II  eat  Punique  frait  d^iin  premier  mariage  contracts 
par  feu  G  b  r  i  a  t  i  a  n  VIII,  son  p^re,  avec  une  princesse  Char' 
iolie  de  Mecidembourg-Scbwerin ;  union  maibeureuse,  que 
rompit  en  1812  an  divorce  provoqu6  par  la  conduite,  assei 
pen  exemplaire,  de  la  princesse,  morte  vingt-trois  ans  plus 
tard,  quasi  en  odear  de  saintet^  k  Rome,  oil  die  avait  fini  par 
cuibrasser  le  catbolicisme. 

Frdd^c  VII,  il  Ikut  le  reconnaltre,  a'est  trouv^  appd^  k 
recoeillir  la  couronne  de  Danemark  dana  des  circonstances 
critiques,  et  qo'dvidomnent  U  n'^tait  point  de  taille  k  domi- 
ner.  H^ritier  prteomptif  d^un  trdne  qui,  faote  de  descen- 
dance male  direde  de  FrMdric  VI,  devait  k  la  most  de  ce 
prince  passer  4  aon  p4re,  oomme  repr^aentant  la  tigne  ca- 
detle  male  de  la  maUon  royale,  ligne  iaaue  du  mariage  de 
Fr ed^rio  V  avee  JuUane-Marie ,  il  avait  teoos^,  en  1828, 
la  princesse  WUheUMne,  fille  cadette  de  vMMc  VI.  Ge 
mariage  mal  aasorti  demeora  sterile.  En  1837  la  aorprise  fat 
grande  k  Gopenbagiie  quand,  on  matin,  on  y  apprit  que  le 
gendre  du  vol  venall  4'Mra  myalMeusement  exile  k  Friede- 
rida;  nooa  boos  abatieodrona  de  rapporter  lea  etranges  ro- 
meurs  aoxqoeUes  donnalleu  ee  v^ritablecoap  d*£tat.  Quel- 
ques  Jours  aprfes,  un  divorce  juridique  ailhuicblssait  la 
princesse  dea  liens  qui  Tattacbaient  k  aon  ^poux ;  et  jus- 
qu*A  la  moii  de  Frederic  VI  ( 1839) ,  Theritier  presomptifda 
IrOne  demi*ura  confine  dan«  un  coin  do  Jutland,  ob  son  bean- 
p4re  I'avait  reiegue.  Un  dea  premiers  ades  de  Gbristlan  VIII, 
en  montant  aor  le  trtoe,  fut  de  rappder  son  flis  auprte  de 
lui.  Le  prince  ruyal  fnt  en  mame  tem|M  nomme  goovemeur 
de  la  Fiooie.  Em  1841  on  le  vit,  k  Tinatar  de  aa  premiere 
femme,  qui  s'etait  remariee  avec  le  due  de  Holstein-Gluda- 
bourg,  eonvoler  en  aeoondoa  nooes  avee  la  princesse  C^iro- 
line  de  Mecklemboorg-Strditi;  maia  ca  aecond  mariage  ne 
fut  pu  pitta  beoraux  que  le  premier,  et  un  nooveao  divorce, 
pffMioDceen  t84fl»  ek>igna  Indeattiment  la  realisation  derea- 
poir  que  Christian  Vlli  aimait  a  conserver  de  voir  sa  race 
ae  continncr  ea  ligne  direde.  Des  negociatkwa  furent,  k  la 
veritepCBtaaieaa  alors  avec  la  Suede  pour  faire  obtenir  au 


fr^dAric 


prince  Frederic  bi  mate  dVnie  dea  ffllea  dorai 
la  jenne  princene  ne  se  laiasa  point  tenter  par  U 
qa*on  lui  montrait  en  perspective. 

CbrisUan  VIU  legoak  son  flIs  la  dilBefle  tiehe de  legkr 
la  grave  question  de  succession  que  soolevait  dana  lea  da- 
cbes  deScbleswig-Hol stein,  provfneea  aUemandeade 
la  monarcble ,  la  posdUUte  de  PextfaidioB  pina  oo  moias 
prochauiede  la  ligne  mAleet  direde  debi  maiaoB  rojale.  Si 
cette  eventaaHte  devdt  ae  realiaer,  la  loi  sailqae,  seule  ea 
vigueor  dans  lea  docbea,  vonlalt  qne  la  aooveraineie  de  ces 
provinces  pasakt  k  one  maison  d'agnats :  oeUe  dea  princes  da 
Holstdn-Augostenborg,  representant  one  brandw  od- 
laterde  nUUe  de  la  maison  r^nante;  tandia  qoe  la  cou- 
ronne de  Danemark,  priTee  desormda  de  aon  ploa  beao  llen- 
ron,8endt,anx  termeade  la fameuseMefti  roi,  rendoeca 
1680  par  Frederic  III,  recudllie  par  on  prince  de  Hesse, 
fils  de  la  sceur  de  Christian  Vin ,  representant  par  conse- 
quent la  branche  nfn^,  mais  desormais /iHiiiiiiiie  da  la 
maison  d'Oldenboorg.  Le  redt  des  fdts  qui  se  nttachent  k 
la  solution  qo'a  re^ue  cette  questron  se  troave  dfjjk  k  Fkriide 
Danemark  de  ce  dtctionndre ;  et  noas  aorona  k  y  revenir 
k  Tartide  ScHLEawic-HoLBTBm.  lis  occopent  natureUement 
one  grande  place  dans  rhistoire  da  regno  de  Frederic  VII ; 
et  poor  les  Juger  avee  impartidtte ,  il  faut  savoir  tenir  comple 
de  la  patriotiqoe  dooleur  que  devdt  natnrdleoienl  eproaver 
le  peupie  daiMia  en  voyant  le  moment  od  le  DanemariL ,  sn- 
quel  In  evenements  de  1814  avaient  dejk  enleve  la  Norv^ 
ae  trouverait  encore  reduit  de  mottle.  Maia  il  £iut  regretter 
ausd  que  ,1a  politique  egoistement  dynaatiqae  adoptee  el 
eoivie  par  Christian  VIII,  dt  mdbeureasement  fait  dege- 
nerer  en  question  de  nationaliU  une  questioa  qui  devdt 
singulikrement  se  simpiifier  le  jour  ou  une  constitution  iibr€ 
rempUcerdt  la  loi  royale  de  Frederic  III,  ce  bonteux  mo- 
nument do  despotisme  le  plus  ingeuu,  qui  seole  avdt  iotro- 
doit  en  Danemark  on  ordre  de  soccession  oontrabv  anx 
prescriptions  de  la  loi  saUque. 

En  1850,  Frederic  VII  a  contracte  on  troiaieme  mariage, 
dit  cette  fois  nwrganatique,  et  qai ,  a'il  devait  Jauds  etre 
fecond ,  laisserdt  sana  aocon  droit  k  la  cooroone  lea  enfants 
k  qui  11  donnerdt  le  jour.  Cette  foia  ce  n*est  point  snr  ks 
degres  d'un  trtae  etranger  que  le  roi  de  Danemark  eat  aW 
chercher  celle  dont  il  vouldt  fdre  la  compagne  de  sa  vie ; 
c'est  tout  vulgdrement  dans  un  magadn  de  modea  de  sa 
bonne  ville  de  Copenhague  qoll  a  rencontre  la  femme  qm, 
apres  tant  de  traverses  coi^ugdes ,  devdt  enfin  Id  fure 
goQter  les  Joies  do  bonheor  domestique.  En  epousast 
M***  Rasmussen  de  la  main  gauche^  comma  on  dit  dans  le 
monde  prinder,  Frederic  VII  Ta  creee  conUesse  de  ZHuuicr; 
et  conmie  ce  mariage  etdt  une  declaration  de  guene  k  la 
noblesae,  il  fout  dire  que  les  classes  popoldres  le  vireat 
assei  generdement  de  bon  coil.  La  comtesae  est  devcoM 
dnsi  le  representant  de  I'eiement  liberd  et  democratiqoe 
dana  one  oour  oh  doroine  toujours  une  aristocratie  aiwi 
gourmee  que  pen  edairee. 

En  1848,  k  la  suite  de  la  crise  k  laqueUe  fut  alors  en  proie 
toute  TEurope ,  Frederic  VII  avait  accepte  et  Jure  one  ooos- 
tituUon  trks-liberale,  discutee  et  votee  par  rasaembiee  dei 
etats  reunis  k  Roeskilde,  constitution  qui  devdt  itgir  ansa 
Men  les  provinces  dandses  que  les  provinces  allfmanilea  da 
la  monarcble,  ok  s'eiait  conatitne  on  gouveraement  aationd, 
mda  inanrredlonnel,  dana  le  but  d*empedier  l^incorponlion 
pure  et  dmple  du  Schleswig-Holstdn  an  Danemark ,  ct 
d'obtenir  qoe  le  cabinet  de  Copenliagoe  et  raasembtee  natie 
nale  danoise  Idsaassent  k  oes  paya  la  Jooisaanoe  de  leorsan- 
tiques  droits  et  ne  cherchassent  point  k  abaorber  lenr  na- 
iiondite.  Cast  en  Terto  de  cette  constitution  do  1S4S  qaa 
la  question  de  succession  avdt  ete  tranchee,  do 
ment  des  grandes  puissances,  et  au  mepria  dea  droits 
forrods  de  bi  mdsonde  Holstdn-Augustenborg,parla  sok- 
stitutwtt  d*un  cadet  de  la  mdson  de  Hdstdn-Ghicksbonfs 
k  son  beao-frkre  le  prince  de  Hease  comma  lieriUer  do  Irtoa 
tant  en  Danemark  qoe  dans  les  dodies.  Mais^ea  mtnaa 


fr^d£ric 


taB  gnnte  poiflsuiote  iTatent  eiig^  que  le  goo? eniemeiit 
daaoit  coBMrrtt  et  respeettt  Jiuqa*4im  certain  point  les 
droits  et  la  nationattt^  dee  doch^  allemande.  De  14,  mtaie 
BptH  la  padflcation,  dee  conflits  Incesttnts ,  rteltat  inivf- 
table  dee  int^rMs  en  prtence.  En  janTterl8b2,  eocooragd  par 
ee  qd  ^enait  de  ee  paaaer  aillenTB  k  se  Jeter  dans  la  Toie  des 
i^aetionSy  le  gourenieinent  de  VMMc  Yll  cmt  le  moment 
Tena  d'en  finir  aTee  one  constttntion  entacMe  de  lib^ralisme. 
En  cons^qoence,  dte  le  20  Janvier  nn  manifesto  royal  annon^ 
la  proehaine  poblication  d'one  oonstitotion  noovelle,  6na- 
nant  da  trdneet  ayant  poor  ohjet  de  rigler  les  affaires  oom- 
mones  anx  difGSrentos  parties  de  la  monarchle.  L^opinion  pn- 
bllqne  aecoeiUit  assei  bien  en  Danemark  ee  manifesto ,  paroe 
qn^elle  y  Tit  le  gage  de  la  fodon  dMnftire  des  diverses  par- 
ties de  la  monarchie,  en  on  mot  la  oompl^  danisation  des 
dacMs.  Aprtedeui  annteet  demie  d'attente,  la  nooTolle  cons- 
titntion  fat  enfin  puUitey  le  tl  Jnlllet  de  la  pr^sente  ann^ 
( 1854 ) ;  mais  alors  la  partie  UMrale  de  la  nation  vit  qu'elle 
avait  M  joate,  et  que  la  charte  nooYelle  rdtablissait  eo  rte- 
Iit6  le  gooTememeotde  bon  plaisir  aoqnel  avait  mis  fin  la 
oonstitotion  de  1848.  Le  premier  ado  de  la  di^  k  Taccep- 
tatlon  de  laqnelle  le  goaremement  soumit  la  constitntion 
do  31  jnlllet  1854,  M  de  dfor^ter  d'aoeusatlon  les  conseillers 
de  la  oooronne ,  et  de  protester  ^nergiqoement  oontre  toate 
attdnt^directe  on  indireete  qoe  les  ministres  oseraient  porter 
k  la  Gbarte  de  1848.  Tent  aossitdt  an  ordre  royal  pronon^  la 
dissolutioo  de  la  di^te;  et  en  appela  k  de  nourelles  flections, 
pour  qoe  la  nation  efttk  ae  prononoer  dans  le  graTe  oonflit 
sorTonn  entre  les  grands  poavoirs  de  YttaL 

An  moment  ok  nous  imprimons,  les  dectenrs  se  pronon- 
oent  partoot  k  la  presqoe  unanimKil  contre  cette  rdrolotion 
tentte  dehant  en  bas,  et  r^isent  toos  les  membres  de  la  dikte 
dissoiite.  On  no  sanrait  se  dissimuler  qne ,  quelle  que  soit 
Ussue  de  cette  Intte,  elle  dem  peo  contribuer  k  oonsoKder 
I'ordre  de  duMOs  actud; 

FRJ^D^RIG  I*%  roi  de  Snkde,  n^  k  Cassd,  en  1878, 
4tait  an  cadet  de  la  maison  de  Hesse,  qui  ^osa,  en  1715,  la 
princesse  Ulriqne-^tenore,  soenr  de  Cbarles  Xn,  que  la 
mort  de  ce  prinoe  aiipela  h  loi  succMer  sur  le  tr6ne  en  vertu 
de  U  M  d'h^rMit^,  quolque  le  roi  efit  d€sign<  poor  h^ri- 
tier  le  due  de  HoUldn.  En  m8me  temps  son  ^poox  pre- 
nait  le  commandement  de  Panrnte  siiddoise,  avee  le  titre  de 
gfo^raUssime.  L'ann^e  suivante  (1720),  an  milieo  des  dan- 
gers que  faisait  nattre  la  crise  ok  se  troayait  la  SuMe,  UU 
rique-^ltonore  rtonlt  les  ^ts,  et  leur  fit  dearer  roi  son 
mari,  qui  prit  le  nom  de  FridMe  /".  11  jura  obdssance  k  la 
constitution,  et  s'obligea  k  ne  rien  Cure  sans  Tavis  et  le 
consentement  d'un  s^nat  compost  de  douze  membres,  en 
qui  r^dait  rMlement  Tautorit^  souToralne.  Les  premiers 
soias  du  nouveau  roi  Airent  de  oondnre  ayec  le  Danemark 
et  la  Russie  une  paix  qni  enloTait  k  la  SuMe  plusienrs  par- 
ties de  son  territoire,  mais  qui  Ini  assurait  dn  moins  le  calme 
et  le  repos  dont  die  avait  iant  besoin.  FMd^ric,  pacifiqoe  par 
caractkre,  se  montra  toujour^  avare  du  sang  de  ses  si^ets,  et 
quand,  en  1740,  les  ^tats  d^darkrent  la  guerre  k  la  Rnssle, 
II  cMa  au  d^sir  de  la  nation,  mais  en  d^Eplom  d'aYance  les 
suites,  mies  forent  en  effet  fiinestes  k  la  Sukile,  qui  dot 
encore  acbeter  la  paix,  en  1743,  par  to  sacrilices  plus  con- 
aidtoblea.  C'est  lorsqne  la  Ftnlande  ittait  encore  an  pouvoir 
des  Rosses  que  la  diite  d^igna  Addpbe-Fr6dMc  de  Hol- 
slein  pour  sncc^der  k  Fr^dtf  c,  leqod  moonit  sans  laisser 
de  post^rit^,  en  1751.  VrM^ricI*',  prince  actif,  laborieux, 
telkir^  {HTot^ea  les  beaux-arts  et  encouragea  le  commerce 
et  ragricuKure.  La  Snkde  lui  doit  le  canal  qui  va  de  Stock- 
holm k  Gothenboorg,  4Titant  ainsl  k  ses  valsseaux  le  passage 
da  Snnd.  H  fit  publier  un  nooveau  code  civil  et  crimind, 
ouTTit  des  ^tablissements  d*Mucation,  et  saiictionna  le  r^ 
tablissement  de  TAcadtole  des  Sciences  de  Stockholm.  La 
population  de  ses  fitats  s*accrut  de  prte  d*un  million  dlia- 
hitaBts  pendant  la  dur^  de  son  r^e :  c'est  Ik  le  plus  bel 
dioge  qn*on  puissa  Aire  de  son  administration. 

FR£D]£R1G  le  Mardu  ou  le  JojfmtXf  margraTede  Mis- 

DB  LA  OQNTBaa.  —  t,  IX. 


786 

nie,  hmdgraTe  de  Thuringe  (1291  k  1324),  nA  rers  1286 
6tait  fils  du  landgraTo  Albert  et  de  Maiguerite,  fitte  dePem* 
pereur  TMMe  IL  Cette  princesse  ayant  appria  qn'Albert, 
entrain^  par  sa  passion  pour  Cnn^onde  d^isenacb,  aTait 
oon^  le  projet  de  se  d^aire  d'dle  seerkteoient,  se  d<Sroba 
par  une  prompte  foitek  la  mort  qui  Ini  6tait  r^senr^.  On 
raconte  qu'en  prde  k  la  plus  Tire  dooleur,  au  moment  de  se 
s^parar  de  son  fils,  encore  tout  jeune  enfiuit,  die  le  mordit 
de  d^sespoir  k  la  Jooe,  et  que  e'est  cette  morsnie,  dont  11 
conserra  toojonrs  la  deatrice,  qui  lui  valut  son  sumom.  Al- 
bert, entrain^  par  sa  passion  et  par  sa  haine,  vonlut  exdure 
ses  deux  ills  Mgitimes  de  sa  succesdon,  an  profit  d*on  bfttard 
qull  avdt  eu  de  Cun^nde.  II  s'ensnlTit  une  guerre  san- 
^ante,  dans  laqndle  Albert  finit  par  aToir  le  dessous.  Pour 
se  Tonger  de  ses  fils,  Albert  Tendit  toote  la  Thuringe  k  Adol- 
phe  de  Nassau.  Fr6ddric  le  Mordu  et  son  frkre  Diezmann 
attaqukrent  oe  prince,  et  k  sa  mort,  anrlT^e  en  1298,  con- 
tinukrent  leors  hostilitds  contre  son  snccessenr,  Albert  T' 
d'Autridie.  Gdui-d  ayant  6tA  assassin^  par  son  neveu,  Jean 
de  Sooabe  ( 1308 ),  les  territoires  dont  s*Mdt  empar^  Tem- 
pereur  reconnnrent  da  nouToau  Pautorit^  de  FrM^ric;  et 
Diesmann,  son  frkre,  ayant  pardUement  socoombd  sous  le 
for  d'un  assassin,  k  Ldpdg  ( vers  la  fin  de  1307 ) ,  Prid^rie 
se  trouTa  seul  margrave  de  Misnie  et  de  Lasaoe,  et  land- 
grave de  Thuringe.  En  1312  il  dtelara  la  guerre  au  marquis 
Othon  de  Brandebourg,  qui  U  fit  prtsonnier  k  la  bataille  de 
Grossenhdn ;  et  il  ne  racheta  sa  Hbert6  qu'au  prix  de  32,000 
marcs  d'argent  et  de  la  cession  de  la  basse  Lusaoe.  En  1322 
il  fut  ftrapp4  d^alidnation  mentale,  par  suite,  dit-on,  de  la  vive 
impression  qoe  produlsit  sur  lui  la  reprtentation  d*un 
myst^re  intitule :  Les  einq  Vierges  sages  et  les  cinq  Vler- 
gesjblles,  et  moorut  k  ^senach,  le  17  novembre  1324.  II 
out  poor  suocesseor  Fridirie  le  S4rieux^  son  fils,  n^  en  1309 
et  mort  en  1349.  Cdui-d,  k  son  tour,  eut  poor  successeurs 
ses  fils  Frid4rie  le  S6vh'e  on  le  Bon ,  n^  en  1331,  mort 
en  1380;  Balthauar^  n^  en  1338 ,  mort  en  1408;  et  Gmil- 
laume,  n^  en  1843 ,  mort  en  1407.  Aprte  ce  dernier,  r^a 
Fridirie  /*',  dit  le  BelUqueux,  qui  devint  due  de 
Saxe. 
FR£D1£RIG«  La  Saxe  a  eu  trols  dues  de  oe  nom. 
PR£d£RIC  I**,  dit  le  Belliqueux,  premier  due  de  Saxe 
de  la  maison  de  Wettin  oo  de  Misnie ,  et  decteur  ( 1423  k 
1428),  n£  k  Altenbourg,  le  29  mars  1369,  6tait  Tatud  des 
trois  fils  do  landgrave  et  margrave  TMMc  II,  dit  le  Sivtre^ 
et  de  Catherine,  comtesse  de  Henneberg,  qui  apporta  en 
dot  k  son  <poux  Coboorg  et  son  territoire.  Tm  TAge  de 
qoatre  ans,  FrMkric  I*'  avait  ^t^  fiancd  k  Annej  fllle  de 
Tempereur  Charles  IV,  oe  qui,  lorsqne  plus  tard  le  roi  Wen- 
ceslas  dispose  de  sa  fiancte  en  Avenr  d*un  autre,  Tengagea 
avec  ce  prince  dans  une  suite  de  diff^rends  auxquds  put 
seuie  mettre  un  terme,  en  1397,  une  indemnity  p^unidre, 
consentie  par  Wenceslas.  Arm6  chevalier  lors  de  Texp^i- 
tion  qn'O  entreprit  de  concert  avec  Tordre  Teutonique  contre 
les  Litbnaniens,  il  fit  prenve  d'une  extreme  dnergie  dans  sa 
lutte  contre  son  ennemi  personod,  le  roi  Wenceslas,  aprte 
que  celui-d  eut  €bk  ddpow^.  H  ^osa,  en  1402,  Catherine 
de  Brunswick.  L*dvdnement  le  plus  remarquable  de  son 
r^e  est  la  fondation  de  raniverdt6  de  Ldpzig  ( .1409 ).  Dans 
la  guerre  contre  les  husdtes,  il  pr6ta  k  Temperenr  Sigis- 
mond,  abandonnd  k  Penvi  par  ses  conr(Mdr^,  nn  appoi  si 
utile,  que  ce  prince,  en  reconnaissance  de  ses  bons  services, 
dleva,  en  1473,  en  sa  Taveur  le  duchd  de  Saxe  au  rang  d'd- 
lectorat.  Mais  Fr^ddric  I*'  ne  devait  pas  Jouir  en  pdx  de 
cet  aocroissement  de  puissance ;  car  k  parttr  de  ce  moment 
I'empereur  lui  laissa  sur  les  bras  tout  le  poids  de  cette 
guerre.  Les  autres  princes  de  TEmpire  ayant  manqud  k  Ten- 
gagement  qu'ils  avdent  pris  de  lui  envoyer  des  secours, 
FrMdric  I"  perdit  une  grande  partie  de  son  armte  dans 
la  bataille  de  Bmx  (1425),  et  fut  tout  ausd  mdheureux 
l*annte  suivante,  k  I'affaire  d*Aussig,  ok  pMt  la  fleur  de  la 
noblesse  et  de  la  chevderie  saxonnes.  La  doulenr  que  lui 
fit  4»roaver  oette  s^rie  de  dtestrea  ftit  trta-vrdsemblalilo* 

99 


7M 


FR^DtiaiG 


mait  la  etme  de  aa  mart.  H  mmunit  le  4  Janfur  14a8»  et 
eutpour  MMeeflMurFr^d^riclePaclfiqaer 

FB£d£riC  II«  dillf  Podl^lfM^y  dledear  et  duo  ae  Saxe 

1428  4  1464),  MNicha  deft  Ugnes  Ernestine  et  Albertine^ 
naquit  en  1412.  11  suooMa,  tr4frJeuoe  encore,  en  1438,  4 
son  p4re,  Fr^ddric  le  Befliqveux,  eomme  atn^  dans  le  do- 
cb<^  de  Saxe,  et  dans  le  reste  du  pays,  au  nom  de  aes  frtres 
et  oabdiitiers,  Sigitmond,  Henri  et  Guillaume.  Le  nouTd 
^lectenr  prenait  14  una  loarde  charge.  II  cetgoait  une  cou- 
ronne  que  le  tempfi  n Vait  paa  encore  pa  affermir  dana  sa 
maiflon,  et  contractatt  FobUgation  de  d^fendre  on  pays 
eipos^  aux  Irmptions  d^aatatricea  des  hiissitea.  A  peine 
eut-il  d^um^  ces  perils,  qii'une  m^inteUigenoe  profonde 
delate  entre  lui  et  sea  fr4res,  parvenus  4  lenr  4ge  de  majo- 
rity. Sigisnumtl  ayant  lev6  T^tendard  de  la  r^volte  fut  fait 
prisonnier  en  1337 ;  sa  captivity  ne  cessa  qu'en  1340,  quand 
Q  ee  d^da  4  embrasaer  I'^tat  ecd6»ia6tique,  et  alors  il  fut 
^mu  4  r4irdcli4  de  Wuitztourg.  Les  troubles  caua^par 
lette  lutte  ne  furent  pas  plus  tdt  termin^b,  qu'il  a'en  fleva 
I'autres^  par  snlte  d*une  question  de  pailogo  soulevte  dans 
un  iKiritage  commun  ^chu  aux  bois  tihttA  (1445),  dont 
Tun,  Guiilaumef  ae  crut  lds6  au  profit  de  son  fr4re  Henri. 
La  guerre  4clata  entre  cea  deux  fr4res,  et  tous  les  efTort»de 
FrMdric  pour  les  eoncilier  furent  inutiles.  U  fallut  une  ex* 
hortation  formelle  de  Tempereur  pour  amener,  en  1451, 
la  cessation  dea  hoatUit^.  L'^tdneroent  connu  dans  This* 
toire  d'Allemagne  sous  le  nom  ^enlivemeni  dee  princes 
est  Tun  des  plus  curienx  incidents  de  cea  luttes  intestines. 

Fr^d^ric  11,  qui  eut  huit  eiifants  de  sa  femroe  Marguerite, 
uxor  de  I'empereur  Fr6d^ric  Ul,  mena,  du  reste,  dana  son 
Int^rieur  la  vie  la  plus  tranquille  et  la  plus  Ijeurense ;  il 
mourut  en  1464,  laissant  deux  fils,  Ernest  ct  Albert,  desquels 
sont  is«ues  les  lignes  Ernestine  et  Albertine  de  la  maison 
de  Saxe. 

FR^^RIC  III,  dit  leSage^  ^(ecteur  et  due  de  Saxe 
(14S6  a  1525),  n^  4  Torgaa,  en  1463, 8Uco6da  en  1486  4  son 
•p^re,  r^ledeur  Ernest,  dans  T^lectorat  et  le  cluclid  de  Saxe 
comme  seal  souverain ,  et  gouTema  les  autres  possessions 
de  la  ligne  Albertine  en  common  avec  son  fr4re  Jean  le  Cons- 
tant. Ami  des  sciences,  il  fonda,  en  1502,  Tuniversit^  de  Wit- 
tenberg. Quotque  n^ayant  jamais  fait  ouTertement  profession 
des  doctrines  de  Lutber,  il  renditcependant  dea  services  signa- 
ls 4  la  Reformation.  Ainsi,  il  prit  la  ddensede  Luther  contre 
le  pape,  lui  fit  obtenir  en  1522  un  sauf-conduit  poor  Worms, 
et  le  fit  ensuite  rauiener  en  sOret^  au  chAteau  de  Wartburg. 
Cbarg^  4  trois  reprises  du  vicarial  de  I'Empire,  il  refuse  la 
couronne  imp^riale  4  la  mort  de  Maximilien  1*'.  Apr4s  avoir 
M,  vers  la  fin  de  sa  vie,  douloureusement  afGsct^  des  d^sas- 
tres  quVntralna  la  guerre  des  Pay  sans,  il  mourut,  le  5 
mai  1525. 

FRkD^RIG  I*'  (GDOLAOMB-CnaBun),  roi  de  Wur 
temberg  (de  18064  1816),  n« le  6 novembre  1754,4Trep- 
tonf  en  Pom4ranie ,  4tait  fils  do  due  Fr^d^ric-Eug^ne  de 
Wurtemberg.  Les  id^  fran^ses  furent  celles  qui  domi- 
n4rent  dans  led^veloppement  donn4  4  sa jeune  iutelligence, 
et  un  s4joor  de  quatre  annte  4  Lausanne  ne  put  que  con- 
tribuer  4  en  aflermir  Pinfluence.  Le  Grand  Fr4d6ric  devint 
bienlftt  le  module  de  ee  prince,  qui,  comme  ses  sept  fr^res, 
entra  an  service  de  Pnisse  et  qui  dans  la  guerre  de  la  suc- 
cession de  Bavi4re  parvint  au  grade  deg^n^ral-raajor.  Au  re- 
toar  d'un  voyage  en  Italic ,  ob  il  avail  accompagn4  le  grand- 
due  Paul  de  Russie,  mari  de  sa  soeor,  il  fbt  nomm^  gouver- 
neur  gdn^ral  de  la  Finlande  russe.  Mais  en  1787  il  renon^ 
4  oette  position,  et  s'en  alia  vivre  4  Monrepos,  pr4a  de  Lau- 
sanne, puis  4  Rodenheim,  dans  les  environs  de  Mayence.  En 
1780,  II  avail  ^ua4  la  princesse  Augiiste*Caroline*Louise  de 
Brunswick- WolfenbQttel,  qui  mourut  en  1787,  et  de  laquelle 
H  cut  deuiflla,  aon  succesaeur  au  trAne,  Gui/^atimel*'',  et 
le  prince  Paul,  n&  en  1785,  et  mort  4  Paris,  en  1852,  apr49 
a'Mre  converti  an  catbolidsme,  aInsi  qu*aue  fiUe,  Catherine, 
BiarMe  plua  tard  4  J4r6me  Bonaparte.  Son  p4ra  ayant  4tA  ap- 
Iiel4,  en  l7OS»aa0iNif«Hniaitdttdiicli4ds  Worttantait  par 


snite  de  la  mort  de  denx  fr4na  alate,  dMdte  aaaa  Waiarii 
descendance  ni4]e,  il  prit  le  tKre  de  prince  liMdiUire,  it 
dcox  ans  pins  tard ,  le  23  d4eenibre  1797^  0  80oo4dn  4  sea 
p4ra  tn  qoalit^  de  dtie  de  Wnrteniberg;  tltfe  qii*«a  1803  il 
6ehangaa  contre  oeini  d'^<ec<eiir,'erM  en  sa  &venr  par  la 
eoor  de  VIenne.  Sa  politique,  teodit  d*abord  4  la  cooseiva- 
tlon,  pais  4  raccroissement  de  sea  £tafts.  Cr<e8t  aiasi  qas 
rallianoe  qu'il  contracta  avec  Napolten  et  son  aeceaaioo  a 
la  ConfWration  du  Rhin,  par  suite  de  laquelle  11  pril,  le  i« 
Janvier  1806,  le  litre  de  roi,  lui  valurait  la  poaaeaainn  d'ea 
royaume  independent,  prtentant  one  anperfide  d^eaviroB 
868  myriani4tres  carr4a,  avee  one  pepnlatkm  de  t,4no,0€a 
4mes.   Dans  le  aentimeiit  exag^r4  de  aa  pniwaBoe,  i 
voulut  se  placer  anr  la  mtaie  llgne  que  lea  antres  louva- 
rains  de  I'Earope;  en  ooaa^qneoce ,  U  entoura  soa  trtee  de 
tout  le  faste  possible,  et  porta  reffeetif  de  aon  ami6e4  on 
cbifTre  de  beaucoup  anp^enr  aux  reasouroaa  da  pays. 
A  rinstar  de  Fr6d4ric  le  Grand  et  de  NapoMon,  il  pr^tandait 
exeroer  une  oompl4te  autocralle  et  falre  mafcber  le  gou- 
vemement  de  son  pdiple  comme  une  madiine.  L*MocatioB 
h  lafranfaise  qo*il  avail  re^oe,  le  point  doTiie  aoiia  leqnd 
elle  lui  avail  foil  envisager  et  rbnmanit^  ct  lea  joies  de  ee 
monde,  s'opposaient  4  ce  qn*il  eOt  one  id^  bieQ  daira  da 
caract4re  moral  que  la  poHliqne,  ce  grand  art  de  ||eov€^ 
ner  les  homnies,  devrait  toiiyouni  conserver.  Jamais  d'ailleaii 
son  esprit  ne  eon^t  le  plus  l^er  doute  que  le  droit  ptt  ne  pti 
4tre  deson  c6t4.  Ce  ne  fut  qu*apr4s  la  bataiUe  de  Leifia^ 
qu'il  se  rapprocba  des  puissances  ooalia4ea.  Le  minlstre 
quUl  envoya  au  grand  qnariier  glutei  dea  allies  a^gocier 
Tarrangement  par  lequel  il  oflraii  d'abandoaner  la  caasede 
Napoleon  avail  ordre  de  tout  faire  poor  qo*on  adiogeit4  saa 
maltre  quel<|ue  bon  lopin  de  terre  poar  prix  de  aa  d^fecHce, 
et  fut  disgraci4  pour  n*avoir  rtessi  qa*4  lui  obleair  la  gi- 
rantie  de  ses  diverses  possessions  avec  la  eonfirmalioa  da 
litre  de  roi  que  Napol4on  lui  avail  donn4. 

Le  Wurlemberg,  plus  peul-4tre  que  tirate  aatre  eoeMe 
de  TAllemagne,  suhit  rinfluence  de  cea  idte  de  r^gitete- 
lion  sociale  et  de  liberty  politique  qui  firent  la  force  des  aa- 
lions  gerroaniques  en  1813 ;  et  Frtidric  1*'  eut  le  boa  c^vit 
de  comprendre  que  le  temps  dtait  venu  de  falre  des  conces- 
sions 4  Tesprit  du  si4cle.  II  pr6vint  done  les  veeax  de  se» 
siijets  en  lenroctroyant  par  oidonnance  une  oonatitutioa  pf>- 
litique;  mais,  4  la  grande  surprise  d'nn  prince  lialiita^  par 
tout  son  pass6  4  voir  dominer  le  prindpe  de  Tob^isaaace 
aveugle ,  les  ^ts  r6unis  rejet4rent  d  VunaninUU  soa  pnii«t 
de  constitution ,  et  il  venait  d*en  soumettre  un  aatre  4  ocUe 
assemblite,  lorsqne  la  mort  le  frappa,  ie  30  octobre  1816. 

FREDJ^RIG  (GciLLAUHB-CHARLfis),  prince  des  Pays- 
Has,  fils  cadet  du  roi  Gui  llanme  I*',  eat  n^  le  28  Uwtkr 
1707,  alors  que  d4j4  la  famille  dX>ranea  avait  M  forefe  de 
fuir  de  la  fioUande.  Les  .temps  difficiles  au  miliea  deaqoab 
s'licoola  sa  preml4re  jeunesse  ne  Inrent  paa  aana  laflueaoe 
sur  la  direction  de  son  esprit, et  Ini  firent  de  bonne  hears 
appr4cier  le  cliarme  d'one  vie  tranquille  et  retir^  oonsa- 
cr6e  4  r^tude  des  lettres  et  dea  arts.  Pendant  le  a^ar  d<* 
sa  famine  4  Beriin,  ii  re^ut  dea  le^na  d^biatoire  da  c4- 
l^bre  Niebubr.  Revenu  dans  lea  Pays-Baa,  vers  la  finde 
1813,  le  pacta  de  famllle  en. dale  do  4  avril  1814  lai  as- 
sura  le  droit  de  succession ,  4  litre  de  prince  aoaveraia  la- 
dependant,  dans  les  possessions  h^rMitaires  de  la  maison 
d'Orange  en  Allemagne.  Mais,  par  suite  de  Tadjonction  de 
la  Belgique  aux  Pays-Bas,  ces  posaesslons  h^r6ditaires  forenl 
tehangtes  centre  to  Luxembooig;  et  la  lol  da  25  mai  lata, 
par  laquelle  le  prince  renon^a,  poar  lol  et  sea  deseeadants, 
4  ce  droit  d'b4rMil4  moyennant  fabandon  qui  lui  fut  Cut 
d^on  certain  nombre  de  domalnes  dans  le  Brabant  aeplen* 
trional, 4 litre  d*indemniid,  dtelara  ee  paya4  Jamais  oai 
au  royaume  des  Pays-Bas.  En  1825  le  prince  Fr4dMe  te 
Pays-Bas  ^poosa  la  prinoesse  Louise  de  Prosse.  Qaelqaa 
temps  apr4s  son  manage,  U  fut  nommd  eomminaire  gta^ 
ral  au  d^parlement  de  la  gnena,  eC  ptoa  tard  amiral  da 
rovanme.  Daaa  Paxflnlea  da  eaa  ioactlwia,  11  it 


FBftDERIC  —  FREDERIC-AUGUSTE 


'«7 


'  nieiit  preuTedHnie  extrtoe  adiTiM  Jointe  k  one  minutieuid 
exadUiiid^.  Qdand  lea  lo^es  de  firaDCs-ma^ns  prirent  one 
grande  f nOtienoe  dalns  le  paya,  on  Jugea'  eonrenable  d^ap- 
pel«r  ee  prinee  ^  les  prMler,  aree  le  titre  de  grand-maitre. 
La  r6Totutlota  qid  a  arrachtf  la  Belglque  anx  Pays-Bas, 
poor  en  consUtn^  im  ^tat  fod^pendant ,  oayrit  un  nou- 
▼eaa  champ  h  fadivlt^  da  prince  FrM^ric,  qui  fbt  alors 
charge  de  i^organisatlon  die  rarm^  honandaise ,  ainsl  que 
de  tons  les  d^iills  d'extoition  des  dWenes  inesures  mili- 
taires  prises  centre  la  Belgique.  Depuis  Pabdication  de  son 
p^,  le  prince  FrMMc  a,  comme  loi,  renonc^  k  la  vie  poti- 
tiqne  ponr  se  renfermer  dans  le  oerde  de  sa  fora&le  et  s*y 
consacrerk  la  culture  des  arts  dela  pali. 

FR^J^RIG-AUGUSTEy  noins  sons  lesqnds  ont  rt- 
gn^  deux  rois  de  8a xe. 

FR^ltRIC-AUGDSTE  I*',  somomni^  i$  Jtute ,  rol  de 
Saxe  ( 1806k  l827),fil8aln4der61ectearFr^dMo-Cl)ri8tian, 
nA  k  Dresde,  le  23  d^ceoibre  1750,  succ^a  k'son  pire,  le 
17  d^cembre  1763,  sons  la  tutelle  de  son  oncle,  le  prince 
XaTier,  administrateur  de  r^lectorat.  D^lar^  majeurle  15 
septembre.  1768,  il  ^ponsa  Tannic  suivante  la  princesse 
Marie-Am^lie  deDeux-Ponts ,  nde  en  1751 ,  morteen  1828, 
dent  il  n*eut  qu^nne  fille,  la  princesse  Augusta,  n6e  le  31 
jain  1781.  Repr^sentant  des  droits  de  sa  mftre  k  Th^ritage  de 
son  fr^,  r^lecteor  de  Bavi^re,  il  fit  cause  commune  a?ec 
Fr^^ric  le  Grand  contre  rAntriche  dans  la  guerre  de  la  suc- 
cession de  Bayiire.  Des  consid^ations  tirto  de  Tlnt^r^t  et 
de  la  situation  g^ographique  de  ses  £tats  Fengag^nt  k  re- 
fuser la  conronne  de  Pologne,  en  1791 ,  comme  aussi  k  ac- 
cMer  k  la  coalition  contre  la  France,  sortie  des  faraeuses  con- 
f^'ences  de  PiUnitz.  Pour  lui  foumir  son  contingent  comme 
membre  de  TEmpire ,  il  attendit  que  la  guerre  eOt  M  dA- 
clarte  k  cette  puissance  au  nom  de  TEmpire;  et  dte  1793  il 
accMa  k  Tarmistice  et  au  traits  de  neutrality  sign^  avec  la 
France  au  nom  dn  cercle  de  la  Hante-Saxe.  Apr^  s'^tre 
efforc^aocongrtede  Radstadtdemalnlenlrrind^pendnnce  et 
Tint^alit^  de  TBmpire,  il  resta  stranger  k  laguerrel  lite  en 
1805  par  la  France  k  TAutriche;  et,  aprte  la  dissolution  de 
PEmpire  d^Allemagne,  il  fit  cause  commnne  avec  la  Prusse 
Jnsqn'au  moment  oil  le  d^sastre  d*I^na  le  for^  d'enlrer  en 
n^ociations  aTecNapolfon.  A  la  suite  de  la  paix  oondue  k 
Posen  (11  d^cembre  1806),  il  prit  le  titre  de  roi,  el  acc4da 
alors  comme  prince  sooTeraln  k  la  Confid&aiUm  du  Rhin, 
A  la  paix  de  Tilsitt,  il  re^tledncb4  de  Yarsovie.  Comme 
roi  de  Saxe  et  doc  deVarsoYie,  il  avail  pris  Fengagement  de 
seconder  Napol^ni  dans  toutes  lesguerres  que  celni-ci  entre- 
prendrait;  cepoidant  il  n'envoya  point  de  troupes  en  Es- 
pagne,  et  dans  la  guerre  de  1809  centre  FAutriclie  il  ne  mit 
k  la  disposition  du  dominatenr  de  PEorope  qne  tont  Juste 
fion  contingent.  Lorsqn'en  1813  la  Saxe  devint  le  th^tre 
des  grandes  op^tlons  de  la  guerre ,  il  se  rendit  d^abord  k 
Plaoen,  puis  k  Ratisbonne,  et  enfin  k  Pragne.  Aprte  la  ba- 
taille  de  Lutzen ,  force  lui  fbt  d'ob^ir  aux  injonctions  de  Na- 
poli^on  et  de  s'en  retenir  k  Dresde.  Plus  tard  il  suivit  Na- 
polton  k  Leipzig.  Quand  cette  ville  tomba  au  pouvoir  des 
alii^,  Pempereur  Alexandre  fitsavoir  an  roi  de  Saxe  qu*il  le 
consid^rait  comme  son  prisonnier ;  et  on  ne  voulut  tenir  au- 
cnn  compte  dHin  acte  par  lequel  il  se  d^lara  alors  pr£t  k 
faire  cause  commnne  avec  la  coalition.  II  dut  se  rendre  k 
Berlin,  puis  aller  raider  an  ch&teau  de  Friedriclisreld  jus- 
qn*au  moment  o6  on  lui  accorda  la  perml^ion  de  lixer  sa 
T^idence  k  Presbonrg.  Aprte  avoir  consent!  dans  cette  ville 
k  cMer  k  la  Pmsse,  oonfomiiiment  anx  dteisions  du  con- 
grte  de  Vienne,  la  moitiA  de  la  Saxe ,  il  put  enfln  rentrer,  le 
7  Juin  1815,  dans  sa  eapltale,  et  depuis  lors  11  consacra  tou:i 
ses  elTorts  k  dcatriser  les  blessures  faitus  A  set  Euts  |>ar  la 
guerre.  H  moarut  k  Dresde,  le  5  mai  1827,  et  eot  pour  sue- 
cessenr  son  frire  Antoine. 

FR£D£RIC-AUGUSTE  TT,  roi  de  Saxe  (1836  k  1854), 
n^  le  18  mat  1797 ,  ^tait  le  fits  aM  du  prince  Maximilien 
de  Saxe,  moft  le  3  Janvier  1838.  II  re^ut  conjointeroent  avec 
ses  irte«s,  le  prince  Client,  mort  k  Pise,  le  4  Janvier  tH22, 


et  le  prince  Jean,  rinsctrution  la  plus  yain^xi,  Lesmal-* 
heurs  du  temps  attrist^rent  d^ailteurs  les  premieres  nnn<^e.^ 
de  sa  vie,  et  on  peut  dire  de  lui  avec  raison  qu'il  fut  ^lev^ 
k  la  rude  6cole  de  Tadversit^.  Apr^  un  court  s^jour  k  Pres- 
bourg,  en  1815,  il  se  rendit  avec  son  fr^re  CUment  au 
quartier  g^n^ral  autricbienk  Dijon,  oil  I'archiduc  Ferdinand 
d'Este  fit  Paccueil  le  plus  bienveillant  aux  deux  jeunes  prin- 
ces. Aprte  avoir  visits  Paris,  ils  revinrent  a  Dresde,  oii  its 
Gontinu^rent  leurs  etudes  avec  leur  frere  Jean,  Fr^^ric-Au- 
guste  voulut  acqu^rir  desconnaissances^tenduesen  adminis- 
tration, en  Jurisprudence  et  dans  tout  ce  qui  conceiue  Tart 
militaire.  Le  roi  Fr^^ric-Auguste  I*'  rinilia  de  bonne  lieure 
aux  affaires.  A  partir  de  1819  il  asslsta  aussi  aux  s^nces 
du  eonseil  intime,  ou  depuis  1823  il  eut  voix  d6lib<^rative. 
Dans  V€L€  de  1824  il  visits  la  Hollande,  et  vint  Pann^ 
suivante  k  Paris.  En  1828  11  parcourut  PItalie.  Parmi  les 
collections  qn'il  avail  r^unies  avec  une  sOret^  de  goOt  k  la- 
quelle  tons  les  Juges  oomp^tents  rendaient  hommage ,  on 
cite  sortout  sa  rlcbe  collection  de  gravures.  11  avail  li^ht^ 
du  goOt  du  roi  FrM^ric-Augusle  I*' ,  son  oncle ,  pour  la  bo- 
tanique ,  et  en  a  donn^  une  preuve  remarquable  dans  sa 
Flora  MarienbadensiSf  ou  plantei  de  montagnei  ras" 
sembUes  et  dicritetpar  le  prince  FrMiric^  anr^ent  de 
Saxe,  et  par  J.-W.  de  Gctthe  (Prague,  1837). 

Quand  le  contre-coup  des  ^v^nements  de  1830  se  fit  sentir 
en  Saxe,  et  loiaque  ^clat^rent  les  troubles  de  Dresde,  dont  la 
dilTi^rence  de  religion  existant  enlre  le  people  et  la  fainille  r6- 
gnante  fut  un  des  motifs  determinants,  ce  fut  lul  qu*on  pla^ 
ilat^te  dela  commission  charg^edu  roaintien  de  Pordre  dans 
la  capitale.  Le  roi  Antoine ,  mont^  sur  le  trOne  k  Pdge  de 
soixante-quinzeans,  ^faitdevenu  de  plus  en  plus  impropre  au 
gouvemement.  II  sentit  alors  le  pouvoir  s'^happer  de  ses 
d^biles  mains;  et  pour  apaiser  le  mouvement  populaire,  il 
rendit  un  ^it  par  lequel  il  8*adJoignit  en  quality  de  co-r^enl 
son  neven  FrM^ricAuguste,  qui  Jonissait  alors  de  la  faveur 
publique.  Get  arrangement  fut  (avorls^  par  le  pdre  du  jeune 
prince,  le  prince  Maximilien ,  lequel  dcvait  succMer  an 
roi  Antoine  et  renon^a  k  tous  ses  droits  k  la  cooronne. 
Le  mouvement  populaire  qui  appelait  le  prince  Frti^ric- 
Anguste  k  Pexercice  du  pouvoir  eut  encore  d*autres  cons^ 
quences;  il  amena  la  roforme  de  la  constitution  de  la  Saxe, 
oil  le  gouvemement  repr^ntatif  fut  enfln  ^tabli.  Mab  en 
rtelit^  ce  ne  lut  gu^re  la  qu'une  parodie  du  syst^me  consU- 
tionnel,  el  le  gouvememtsnt  de  la  Saxe  deineura  aussi  det- 
potique  que  peuvent  TMre  ceux  du  reste  d'Allemagne.  Plus 
propre  k  ttre  pr^pos^  k  la  direction  d'un  muste  qu'au  gou- 
vemement d'un  people,  Fr^d^ric-Auguste  II  abandonna  4 
peii  prte  oompl^tement  le  soin  des  affaires  k  son  ministre 
principal ,  M.  de  Beust.  Le  roi  botanisait  pendant  que  son 
ministre  gouvemait.  Sa  |)opularit^  ne  tarda  done  pas  k  dis- 
paraltre;  el  oe  revirement  de  Popinion  fat  dO  aussi  en 
p-andeparbe  anx  l^dmes  apprehensions  que  fit  nattre  dans 
la  population  protestante  de  la  Saxe  I*ardeur  de  pros^lytisme 
que  ne  oessa  pas  de  montrer  le  clerg^  cathollqoe,  instrument 
2IUX  mains  de  la  cour.  II  etait  tout  natural  dte  lors  qne  la 
contre^KMindes  ^v^nements  de  1848  se  fit  ressentir  en  Saxe 
avec  autant  d'intensit6  que  partout  ailleurs;  et  au  mols  de 
inai  1849  le  radicalisme  provoqua  m£me  dans  les  rues  de 
Dresde  une  sanglante  insurrection,  qui  ne  put^tie  comprimte 
que  par  la  forue  des  armes. 

Pr^d^ric-Auguste,  ann  de  satisfaire  sa  passion  poor  la  Iwta- 
nique,  entreprenait  suuvent  de  grands  et  lointains  voyages; 
nous  citcrons,entreautres,  ceiui  quMl  fit  en  Istrie,  en  Dal- 
matic et  dans  le  pays  des  Montenegrins  pendant  V^tA  de 
1838-  Le  9  aoOt  1854,  aprcs  s'Ctre  rendu  k  Munich  pour  ) 
visiter  son  neveu  le  rui  de  Bavi^re,  11  s^en  revenait  k  Dresde 
par  le  Tirol/ lorsque  sa  voitmw  ayani  verse  prte  de  Brenn- 
lieuchl,  il  tomba  sons  les  pieds  de  ses  dievaox  el  expire 
presque  aussitOt,  sur  la  grande  roole  meme,  par  suite  des 
graves  blessures  qui  fitrenl  pour  lui  le  resoltal  de  eel  ac- 
adent. 

Frederic-Aoguste  II  avail  epouse,  en  1819,  l^ucMda- 

99. 


788 


FRA)£RIG-AUGUSTE  —  FRJ^^RIG-GUILLAUMB 


clMMe  GunUne  d*Autriclie,  morte  sans  enfantSy  le  n  mat 
1S33,  a|irte  avoir  conatammciit  aouffert  d^on  ^t  de  ma- 
ladie.  Le  14  avril  aohrant,  il  ^poosa  en  secondes  nooes  la 
prinoeaae  Maria  de  Bafttre,  nte  le  37  Janvier  1S05 ;  mais , 
eoniine  la  premi^,  oette  seconde  union  ^tant  demearte 
ittrile,  son  fr^  Jean  loi  a  suooM^ sur  le  trOne  de  Saxe. 

FR£0J6RIG  D^R,monnaie  d'or  pmssienne  dela  va- 
leur  de  5  thalers  |  (31  fr.  35  c.)*  U  7  &  aussi  dea  doubles 
fridMcs  d'or. 

FR^D^RIO-GUILLAUMC ,  ^lecteur  de  Brande- 
boorg  ( 1640  &  1688),  appel4d*ordinaire  le  ffrand-4leeteur,  nA 
k  Berlin,  en  1630,  aTaUvingt  ana  lorsqne  la  mort  de  son 
p^re,  Georgea-GaiUanme,  Tappela  h  rigner.  H  adopta  tout 
anssiMt  an  systtaoe  de  politique  autre  que  eelui  qu*avait 
snivi  aon  pteedans  la  guerre  de  trente  ana ,  et  oonclut  avec 
lea  SuMoia  un  armiatice  dont  Teffet  devait  6tre  de  mettre 
enfln  nn  terme  aux  d^astatlons  dont  sea  l^tata  avalent  k 
aoaffirir  de  la  part  da  plua  dangereux  de  sea  voisins.  En  1647, 
il  ^pousa  la  princesae  Loaise-Henriette  d'Orange,  femme 
anaai  distingo^  par  aon  esprit  ferme  et  6dmr6  que  par  ses 
aentimenta  profondteient  religieax,  et  auteur  du  cantique : 
Jesus,  meine  Zuversiehi  (O  Jfeas !  mon  eap^rance),  qui 
est  demeord  dans  la  Utnrgie  de  l*Alleniagne  protestante.  La 
paixune  foia  condae,  aa  grande  aflaire  fat  de  se  order 
Hue  vaoAe  permanente,  afin  de  ne  plus  se  retrouver,  si  de 
nonveUes  guerrea  Tenaient  k  delator,  sana  defense,  comme 
dana  la  guerre  de  trente  ans,  et  &  la  merci  dea  irruptions 
de  Tennani.  Dix  anndea  lui  auffirent  pour  porter  k  35,000 
hoDimea  TefTectif  de  oette  armde,  pour  Torganiaation  de 
laquelle  Tannde  auddoise  lui  aerrit  de  module;  et  en  1655  il 
se  trouva  contraint  de  prendre  part  k  la  guerre  que  fit  au 
roi  de  Pologne,  Jean-Casimir,  le  roi  de  SoMe  Charles- 
GoataTe;  etoe  prinee,  aprda  la  conqudte  d'une  grande  partie 
de  la  Pologne,  lui  donna  k  titre  de  fief  le  ducbd  de  Prusae. 
L'annde  soivante,  pour  pdx  de  son  utile  coopdration,  Tdlec- 
>ur  obtint,'  en  Tertu  da  traitd  aigndl  Labiao,  la  renoncia- 
lion  de  la  Sodde  k  aea  drolta  de  suzerainetd  sur  le  duchd 
de  Pmaae.  Puia,  quand  Pempereur  Tint  au  aecours  de  la 
Pologne,  menacde  dana  aon  existence  ( 1657 ),  et  lorsqne 
le  roi  de  Danemark,  profitant  de  la  drconstance  pour  se 
rdcupdrer  de  aea  pertea,  dddara  la  guerre  k  la  Sudde,  Frd- 
ddric-Oalllaume  abandonna  le  parti  de  cette  puissance,  et 
a^allia  an  roi  de  Pologne,  qui  lui  garantit  la  souverainetd  de 
la  Prusae.  A  pea  de  tempa  de  U,  redoutant  la  vengeance  que 
Cbaries-Guatave  ne  poavait  manquer  de  chercher  k  tirer  de 
saddfection,  il  a*untt  encore  plua  dtroitement  k  la  Pologne, 
aa  Danemark  et  k  la  Hollande,  par  nn  traitd  d'alliance  of- 
fensive et  ddfendve.  La  mort  aubite  de  Charles-Gustave 
dioigna  lea  dangers  qu'fl  avait  dfi  prdvoir,  et  par  la  palx 
slgnde  en  1660,  entre  lea  pdaaanoea  belllgdrantea,  Tdlecteur 
obtint  la  cmfirmation  et  la  igarantle  de  sea  droits  de  pleine 
et  entidre  aou%ierainetd  anr  le  dnchd  de  Pruase.  Mala  lea  dtata 
de  cette  province,  mdoontents  de  la  ceaaation  de  leurs  rap- 
ports fdodaux  avec  la  Pologne ,  aerefusdrentk  Ini  prdter  le 
jBernpent  de  fiddlitd  et  k  lai  rendre  hommage.  La  vilie  de 
iKoenigsberg  et  son  boui^gmestre  ae  distingudrent  snrtout  dana 
eelte  opposition  aigniflcative ;  et  il  fallut  recourir  k  Temploi  de 
meaures  advdres,  par  exerople  la  construction  de  la  forteresse 
de  Friedrichsburg,  dont  lea  feax  dominent  la  viHe  de  Kuenigs* 
berg,  poor  triompher  de  ces  rdslatances.  En  1666  Krdddric- 
Guillanme  dut  aglr  de  mdme  k  t'dgard  de  Magdebourg ,  qui, 
en  passant  de  I'autoritd  de  aon  arcbevdque  sous  la  puissance 
de  I'dlecteur  de  Brandebouiig ,  prdtendait  conserver  sea  pri- 
vUdgea  de  ville  Ubre  impdriale.  En  1673,  compreoant  quels 
dangers  entratnerait  pour  I'inddpendanoe  du  corpa  germa- 
nique  I'andantiaaement  de  la  rdpublique  dee  Pays-Bas,  il 
8*ailia  k  tttJUb  pobaance,  que  Looia  XIV  venalt  d*attaquer. 
LMnvasion  de  aea  poaaessions  de   Weatplialie  par   lea 
troapes  fhm^ises  le  contraignit  k  accdder,  en  1673,  k  une 
convention.  II  renon^  k  ralllance  de  la  Hollande,  et 
H^engagea  k  ne  prdter  aux  ennemis  de  la  France  aucune 
aialstance,  directe  ou  indirecte,  sous  la  rdt>ervo  toutcfois  de 


pouvoir  secourir  PEmplre  aMl  dtaU  attaqod.  Le  tasiu 
ris  ae  rdalisa  dda  1674,  TEmpire  ayant  k  oe  momcBl 
la  guerre  k  la  France.  Lea  Paja-Baaetle  pays  da  bant 
devinrent  ausaltdtlethdfttredea  bostOitda.  Aprka  que 
coup  de  sang  eatdtd  inuUlement  versd  dans  les  batallea  da 
Sierzbeim  (16  Juin)  et  de  Senef  en  Brabant  (11  aott), 
Parmde  impdriale,  que  Tarrivde  dea  troapes  de  Tdlectenr 
avalt  portde  k  un  efTectif  de  60 ,000  bommes,  frascbit  h 
Rhin,  et  prit  ses  quartiers  d*biver  en  Alsace,  pendanl  qnt 
Turenne  se  retirait  en  Lorraine.  Mais  dans  les  deraien 
jours  de  cette  mdme  annde  i674»  Turenne  attaqita  k  riDpro> 
visteles  confdddrds,  qui  durentrq>asser  le  Rhfai  an  omms  de 
Janvier  1675,  et  Pdlecteur  s*en  alia  alors  prendre  ses  qiiaiw 
tiers  en  Franconie.  Pendant  ce  temps-Ik,  le  rd  de  Sakde, 
Charles  IX ,  allid  de  la  France,  dans  le  bat  d'opdrcr  naa 
diversion  utile  aax  intdrdts  de  oette  poissanoe,  fit  eavihir  la 
comtd  de  la  Marche  par  une  armde  partie  da  PooadiiBie, 
aux  ordres  da  mardcbal  Wrangd,  qui  s*empara  de  eeUa 
province,  restde  sans  ddfense.  Rasaurde  par  rdioigDciiMot 
oOse  troavaitFrdddric-Gnillaume,l*annde  aoddoiseGontinaa 
k  marcher  en  avant,  commettant  dans  le  pays  des  ddvasta- 
tiona  qui  rappelaient  lea  atrodtds  de  lagnerre  de  treBkeaas. 
Tout  k  coup  rdlectear  accourt  k  marches  forcte  da  foad 
de  la  Franconie  avec  ses  troupes,  enldve,  le  15  jida,  Ratheaaa 
d*a&saut  et  le  18,  k  Fehrbellin,  bat  si  oompl^Ccnieot 
Pennemi,  que  Parmde  suddoiseest  obligde  d'dvacoer  ea  toott 
hkte  ses  £tats ,  dans  un  dtat  de  ddsorganisation  eft  de  dd> 
moraiisation  dquivalant  k  une  entidre  diasolation.  Poorsat> 
vant  sans  ddseinparer  le  coursdeaes  sncods,  Frdddri&Goii- 
laume  se  rendit  maltre  de  toute  la  Pomdranie,et  expolsa en- 
core les  Suddois  de  la  Pruase,  lorsqu'en ]anvler  1679  ils  ci- 
vahirent  cette  province  avec  une  armde  formde  en  Livonie. 

Pendant  ce  temps-Ik  les  dlveraes  ddfaites  essuydes  par 
les  confdddrds  sur  les  bords  du  Rhin,  et  surtoot  lliabtleli 
diplomatique  de  Louts  XIV,  lea  ddterminaient  k  trailer  da 
la  paix,  chacun  isoldment :  la  Hollande,  dds  le  11  aoOt ;  11^ 
pagne,  le  17  septembre;  et  Temperenr,  le  5  fdrrier  I67f, 
k  Nimdgue.  L'dlectear,  abandonnd  par  rempereur,  eaaaja 
de  ddfendre  opiniktrdment  la  Pomdranie;  maia  lea  Francaii 
ayant  envahi  le  duchd  de  Gldveaan  nombre  de  30,000  bom- 
mes,  force  lui  fut  designer,  le  39  juin  1679,  le  traitd  deSaiit- 
Germain-en-Laye,  par  lequel  il  dut  restituer  k  la  Sodde 
toutea  aes  conqudtea,  en  recevant  sealement  de  la  France , 
k  titre  dMndemnitd ,  une  somme  de  300,000  dens,  ainsi  qna 
les  quelques  villagea  que  lea  Suddois  avaient  conaervda  dns 
la  basse  Pomdranie  depuls  le  traitd  de  Westptialie. 

Lorsque,  par  la  suite,  Louis  XIV,  a'autoriaant  dea  airdts 
rendus  parse  fameuae  chambre  des  rtftiniom,  qui 
sidgea  en  1680  k  Metx,  k  Brisach,  k  Besan^^n  et  k  Tovmay, 
s^adjugea  la  propridtd  d^nn  grand  nombre  de  villea  et  de 
territoirea  ddpendant  de  PEmpire ,  et  a'en  empara  k  aaaia 
armde,  en  plehie  palx,  le  prince  d*Orange  fit  condore  entra 
lea  £tats-gdndraux  et  la  Sudde  un  traitd  auqud  aoodddreil 
phis  tard  I'emperear  et  lea  princea  lea  pkis  Importants  de 
rEmpire.  Seal,  l'dlectear  de  Brandebourg  oon-seulement 
refuse  d*accdder^k  cette  coalition,  maia  fit  encore  tontoe  qni 
ddpendit  de  lui  pour  amener  la  aolntion  padflqne  de  ce  difld- 
reod  entre  VEmpire  et  la  France.  Les  puissances  ooaKsto  re- 
poussdrent  d*abord  les  ouvertures  d^airangement  amiable  que 
leur  fit  Frdddric-Guillaume;  maia,  engagdes  qa'eOea  dtaieaC, 
pour  la  plupart,  dans  une  guerre  centre  les  Turcs,  et  dda  lers 
bora  d*dtat  de  repousser  ^cacement  les  envablaaeBBflMis  de 
la  France,  llntervention  de  Tdlecteur  amena  en8n,  le  15 
aoOt  1684,  la  conclusion  d*une  trdve  de  vhigtans,  en  verts 
de  laquelle  le  roi  de  France  resta  en  posseseion  de  toot  ce 
qu'il  s*dtait  approprid  au  I*'  aoOt  1681,  y  compris  Straabonis 
et  le  port  de  Kehl. 

L*alliance  de  Tdlecteur  et  de  la  Fkince  Ait  briade  par  h 
rdvocation  de  i'ddit  de  Nantea.  Protestant  idld,  Frdddrie- 
GuiUaume  s^empressa  d'offrir  on  asUe  dans  aes  £uis  k 
eeux  de  ses  cordliglonnaires  qu'on  persdcutait  si  cnielleDieBl 
en  France .  et  renoaveia  son  alliance  avec  la  HoUandte,  an 


FRto^IC-  OUILLAUME 


mteM  temps  qoll  se  rapprodiait  de  nouYeau  de  l*Autriche, 
dani  Taspoir  d*Mn  IndemnM  par  Pemperear  de  U  perte 
det  trois  principant^  de  Liegnitx,  de  Brieg  et  de  Wolaa, 
ritate  en  SOMe,  et  qui,  k  rextinetionde  ]a  maiBon  de  Piast 
( 1675),  eassentdfl,  en  verta  d*andens  pactos  de  Cunilley  bire 
retoor  an  Brandeboaigy  raab  dont  rAatriche  a'^tait  empar^e. 
Pour  mfeai  disposer  Pemperenr  k  Mre  droit  4  ses  recla- 
mations, il  lui  envoya  pour  la  gnerre  de  Hongrie  an  corps 
anxittaire  de  a,000  liommes.  Salisfait  de  la  cession  qui  lui 
Alt  eonsentie  dn  oercle  de  Schwiebus,  en  Silteit ,  et  d'une 
indemnity  p6;uniaire  primitlvement  ^t^  par  lui  k  un  mil- 
lion, puis  rMuite  k  240,000  thalers,  il  renon^a  k  toutes 
antra  prftentions  et  reclamations  snr  les  trols  dnch^s. 

Vkederic-Goillaame  monmt  k  Potsdam,  le  29  avril  16SS, 
des  suites  d*une  hydropisie.  Frederic  1 1 ,  son  arritee-petit- 
fUs,  dit  de  lui ,  dans  ses  Mdmoires,  qu'il  flit  le  d^fenseur  et 
le  restaurateur  de  ses  Etats,  le  crtoteur  de  ^lustration  et 
de  la  puissance  de  sa  maison ;  et  c*est  avee  raison  qa*on  a 
eoutunie  de  falre  dater  de  son  r^e  Torigine  de  la  grandeur 
et  de  rimportanoe  politiques  de  la  Prusse.  La  suporfide  to- 
talede  I'dlectorat,  augnienteeparFrederio-GuiUaumed*en?i- 
ron402  myriametres  carr^s,  comprenaitk  sa  mort  11,430 
myriam^tres  Carres;  et  la  population,  si  cruellement dimi- 
nu^e  par  les  calamites  de  la  guerre  de  trente  ans,  n'ayait  pas 
augments  dans  nne  proportion  moindre,  griioe  k  rimmigration 
d*abord  de  colons  bollandais,  puis  de  r6ftigies  fran^,  qui 
Tinrent  au  nombre  de  plus  de  20,000  sMtablir  dans  I'dedorat 
Ces  strangers  defricherent  de  Tastes  parties  du  sol  resttes 
iusqne  alors  incultes,  etenrichirent  le  pays  en  y  introduisant 
de  noureUes  m^thodes  de  culture.  Berlin  doit  kce  prince  de 
notables  embellissements  et  la  or^ation  de  divers  eUblis- 
sements  d^utUite  puUique.  Le  canal  FrMMc-GuHlaume, 
qui  unit  la  Spr^e  4  raayei,  crens^  par  ses  ordres  en  1663, 
farorisa  singuli^rement  les  d^reloppements  du  commerce 
de  la  Blarche  avec  Berlin.  Ge  flit  ausd  sous  son  rigne, 
en  1650,  que  llnstitution  des  postes  fut  pour  la  premitee 
foia  intrbdnito  dans  I'dlectorat;  en  1661  parut  la  premiere 
gazette  qui  y  ait  6ii  imprimee;  enfin,  en  1650  s'dtabUt  k 
Berlin  le  premier  Hbraire  qu*on  eflt  encore  tu  dans  eetto 
capitale:  U  s'appelait  Rupert  Yodker. 
.  Frederic-GuiUaume,  qui  avait  epoos^  en  secondes  noces 
une  princessedellolstdn-Glocksbourg,  ent  poor  successeur 
son  (lis  du  premier  lit,  Frederic  m,  dMgne  comme  roi  de 
Pmsse  sous  le  nom  de  Frid4ric  i*'. 

FR]6d£RIO-GUIIXAIIIIE.  Quatre rois  de  Prusse 
ont  r^gne  sous  ces  deus  noms  unis,  outre  le  grand-^lecteur, 
k  qui  nons  Tenons  de  donner  un  article  ptfticnlier. 

VKtDtBlOCmLLkWgE  V,  roi  de  Prusse  (1713—1740), 
fiis  de  F  r  ed  6  r  i«  I*',  n^  en  1688,  recut  sa  premiere  education 
Mus  la  direction  edaiiee  de  sa  mere,  la  princesse  Sophie- 
Cbarlotte  de  HanoTre ,  par  les  soins  d*one  Fran^aiae  de 
distinction ,  la  spirituelle  If^  de  Rocoulle,  derenue  oeiebre 
plus  tard  sons  le  nom  de  Martbe  Dntal.  Les  generaux  de 
son  pere,  le  margraye  Philippe,  etle  prince  d'Anhalt,  eteil- 
lerent  les  premiers 'cbei  lui  une  passion  qui]  conserra  tonte 
sa  Tie,  la  passion  pour  tout  ce  qui  etait  nUUtaire;  et  ses  rap- 
ports avec  deux  des  plus  illustres  capitaines  de  son  siede, 
Eugene  et  Marlborough,  lors  dn  sklge  de  Tonmay,  au- 
qud  fl  assists,  paraissent  Tayoir  encore  deveioppee  da- 
yantage,  sans  toutefois  qu'elle  ait  pn  &ire  de  lui  un  capi- 
taine. 

Aus8it6t  aprto  son  ayen$ment  an  tr0ne(25  feyrier  1713), 
Frederic-Guillaume  mit  des  homes  an  luxe  qui  jusque  alors 
ayait  regoe4  la  oour  de  son  pere.  (Test  ahisi,  par  exemple, 
qu'ac  lieu  des  cent  diambellans  qu'on  y  comptalt,  il  n*en 
voulut  plus  ayoir  que  huit.  Jamais  sans  doute  sa  poUtiqiw 
ne  flit  emprdnte  d*un  cachet  de  grande  profondeur,  mais  eUe 
■*ea  eontiibua  pas  mdns  k  accroltre  rimportance  de  la  Pmsse 
4  retranger;  et  lui  yalut  de  notables  agrandissements  de 
territoire.  Pendant  la  gperre  du  Nord,  les  Busses  et  les 
Saxons  youlurent,  apres  la  capitulation  du  general  Steeobock 
4  ToanningBn,  occnper  la  Pomeranle.  Poor  les  en  empeclier. 


7S9 

I'administratenrde  Holstein^tottorpet  le  eomte  WelUng,  goo* 
yeraeur  general  de  la  Pomeranle  pour  le  roi  de  Snede,  condu- 
rent  ayec  Frederic-Guillaume  I*'  un  traite  de  sequestra  re- 
latif  4  Stettin  et  4  Wismar.  Ge  prince,  qui  persemieUemeBt 
ayait  Charles  XII  en  grande  estime  et  etait  porte  4  pnndm 
ses  interOts,  esperut  padfier  le  Nord  par  cet  adede  media* 
tion.  Mais  quand  Charles  XII,  s'echappant  de  U  Tnrqoie, 
arriya  4  Stralsnnd,  loin  de  sanctionner  ce  traite,  fl  sonuna 
la  Pmsse  d'ayoir  4  lui  restituer  Stettin,  reflisant  d'afllenrs 
de  rembonrser  les  400,000  thalers  qne  le  rd  ayait  payee, 
pour  les  indenmlser  des  frais  de  la  guerre,  anx  Busses  el 
aux  Saxons.  Ge  differand  engsgea  Frederic-Guillanme  kdt^ 
clarer  la  guerre  k  la  Suede  et  4  condure  une  allianee  oflen* 
dye  et  defendye  ayec  la  Rusde,  la  Saxe  et  le  Danemark. 
Apres  la  mort  de  Charles  Xil,  le  trdte  de  pdx  dgne  4  Stock* 
holm,  le  I*'  reyrier  1720,  ahandonna  au  roi  de  Prusse  les 
ties  WoUin  et  Usedom,  Stettin  et  la  plus  grande  partie  de 
la  Pomeranle,  sous  la  condition  de  payer  4  la  Suede  une  in- 
demnite  de  deux  millions  de  thalers.  Pins  tard  Penyoye  de 
Tempereur  4  Bering  mit  liabilement  4  profit  les  repugnances 
personndlas  de  Frederio-GuiUanme  4  I'endnit  de  George  II, 
pour  le  detacher  de  Talliance  de  I'Angleterre  et  de  la  Hdlande 
et  amener  entre  TAutriche  et  la  Prusse  la  conduskm  dn  traite 
de  Wnsterhausen ,  par  lequd  le  roi  de  Pmsse  s*eogigea  atora 
yis-4*yis  de  Fempereur  4  reconnaltre  la  pragmatiqu$' 
sanction  et  4  lui  fourair,  en  cas  d'attaque  exterieure* 
un  corps  anxliiairo,  k  la  condition  que  TAutriche  appuieratt 
les  pretentions  de  la  Prusse  4  reeudllir  l*beritafB  des  duchea 
de  Juliers  et  de  Beig  lors  de  Pextinetion  de  la  Hgne  de  la 
maison  paUtine  de  Neubourg. 

Frederic-Guillaume  I*'  prit  ansd  part  4  la  guerre  poor  la 
succession  au  trOne  de  Pologne  ( 1733—1735).  Quand,  4  la 
suite  des  complications  qu'elle  amena,  la  France  dedara 
la  guerre  4  l*Antriche,  il  mit  4  la  dispodtion  de  eette  der- 
niere  uucoftisauxilidrede  10,000  hommes,  qui  alia  rcjofaidn 
les  Imperiaux  sur  les  riyes  du  Rhin.  A  quelque  temps  de 
14,  le  rd  se  transporta  en  personne  ayec  le  pitice  royd  sur 
te  theetre  de  la  guerre;  maisles  lenteurs  et  la  drconspection 
apportees  dans  la  direction  des  operations  par  le  prince  Eu- 
gtee,  Jdoux  ayant  tout  de  ne  point  comproinettre  sayidUe  re- 
putation, fariterent  tdlement  FrMerio-Guillanme,  que  dedepit 
il  ne  tarda  pas  4  quitter  Taraiee.  Pique  de  rfai(p«titnde  dont 
TAotriche  ayait  idt  prenye  4  son  egard  dans  te  Irdte  preU* 
minaire,  ainsi  que  dans  rafldre  de  l*heritage  du  duche  de  Ju- 
liers, il  ayait  pris  le  parti  de  rester  deaormais  etrangsr  4 
cette  gperre.  Son  intention  bien  arretee  etdt  de  ne  plus  se 
preoccuper  qne  des  all^iresde  son  royaume,  kMsqne  to  mort 
le  snrprit,  le  31  md  1740.  Son  esprit  etdt  4  to  yerite  pen 
cultiye,  mais  en  reyanche  exempt  de  pr^ugte,  el  4  cet  ayan- 
tage  il  Joigndt  une  yolonte  fl>rte  et  presqne  irresistible.  Si 
le  grand-lUeeteur  flit  le  fondateur  de  rtedependance  de  sa 
maison,  et  Frederic  1*'  cdni  de  son  illustration,  on  pent  dim 
qne  c^est  4  Frederic-GniUaume  I*'  qu'eUe  ddt  sa  puissance 
et  sa  force  faiterienres.  QnoiquMl  n*attachet  aucune  fanpor- 
tance4  to  gidre  millldre  et  qnll  to  udpriset  meme ,  il  regar- 
ddt  une  armee  noinbreuse  et  Men  exeroee  comme  la  indl- 
leure  garanttede  Mndependance  et  de  to  seeurite  dtm  £tet. 
Des  1718  il  etdt  paryenn  4  porter  Peffectif  de  to  denne  4 
60,000  hommes,  et  4  sa  mort  il  depassdt  ie  chiflre  de  70,000, 
dont  26,000  hommes,  il  est  yrd,  ayaient  ete  reorutes  4re« 
trang^.  II  aydt  une  predilection  tonte  partiouUere  pour  lea 
soldatode  grande  tdUe,  et  il  en  formait  sa  garde  particnliera. 
Non-seulement  il  fdsdt  enrOler  pour  son  compte  dans  lea 
difrerento  fitato  de  i'Allemagne  des  indiyidus  reunissant  lea 
conditions  yoolues,  mato  ses  pounroyeura  altolent  enooielai 
en  cbercher  en  Hollande,  en  Angleterro  et  en  Suede.  Md- 
gre  reeonomto.seyere  qnH  apportaitdana  toutes  ses  depcnse^ 
cette  toyindbie  mante  pour  les  homines  granda  hii  ootttalt 
gros.  EUe  ne  Pempediait  pas  an  reste  de  songer  4  detadra 
ses£tetopar  nnsystemebienentendu  de  places  fortes.  C'esI 
atod  que  Magdebourg,  Stettin,  Wesd  et  Memd  terani  par 
ses  sdns  enteures  de  fortifications.  La  plus  grande  dmpll* 


790 

dt^, I'^oonomie  U plot  riglde,  r^gDaieat  danssoa  int^rieor ; 
•oiii  eut»il  bienlM  i^tabli  les  ftnanctt  de  Vtiat  dans  on  si 
boD  ordrot  que  non^seulement  il  pat  acquitter  toates  les 
detles  laisstes  per  son  p^  mait  encore  derer  le  reTCsa 
de  r£Ut  A  7^100,000  thaksrs  et  laisser  en  inourant  one  r^rve 
de  9  iniUioiis  de  tlialers.  Malgr^  toute  rteooomie  doDt  ii  se 
piqnaa^  k  d^pense  n'dUit  rien  i^  ses  yeux  d^  qo'il  s'agis- 
sait  des  inlMU  matMsU  de  I'^tat.  11  ne  n^igea  done  rien 
poor  favoriser  en  Pnisse  les  progrte  de  ragriculture,  du  com- 
meroe  elde  Findiistrie,  notamment  ceui  de  la  fabrication 
des  Mflte  de  laine.  En  reTinctiey  il  snppriina  comme 
inutile  TAcadtoie  des  beanx-arts,  fondle  k  Berlin  par  son 
pire;  eti'Acad^ie  des  sciences  ne  trouTa  grftce  h  les  jen\ 
qoe  paice  qa*on  lui  reprteenta  qu'elle  oontribuait  k  former 
de  bonschirurgiens  pour  son  armte.  Il  amdliora  tesystfeioe 
jndiciaire,  d^fenditqu'on  inMruislt  k  Tavenir  des  proc^  con- 
tre  les  pr^tendns  sorders,  et  prit  des  mesures  pour  accel^- 
rer  Tadion  gtodcale  de  la  justice.  Malgr^  sa  tIto  irrascibi- 
litii,  malgr6  scs  habitudes  arbitraires  et  Tlolentes,  dont  enrent 
surtont  It  souflrir  son  ^use,  Sophie-Dorotbte,  nte  princesse 
de  Hanorre,  et  I'alnd  de  scs  fits,  il  lui  arrira  souvent  de 
donner  d^admirables  preoves  du  bon  sens  le  pins  pratique 
et  de  son  respect  pour  la  justice.  R^ublicain  au  fond  du 
coear,  il  Tonlut  plus  d'une  fois  abdiqucr  pour  ailer  terminer 
ses  iovra  comme  simple  particnlier  en  Hollandc.  II  di^testail 
les  petites  roueries  de  la  diplomatie,  etmanifestait  une  anti- 
pathie  toute  particoUte  pour  la  France  et  les  Fran^. 
D*une  ortbodoxie  rigoureuse  en  fait  de  protestantisme,  il 
^tait  Tennemi  des  libres  penseurs.  Les  revues  de  troupes,  la 
cliasse,  la  comMie  de  marionnettes ,  constitnaient  ses  plus 
glands  plaisirs ,  avec  la  soci^t^  du  sotr,  qu^il  nommait  son 
Acadimiede  la  pipe,  esp^ce  de  club  de  furoenrs,  dont  les 
.  stances  oommen^aient  k  cinq  heures  de  rapr^roidi ,  pour 
se  prolonger  jusqu'k  minnit,  o(i  il  admettait  indirr^^remment 
grands  etpetits,  dn  moment  od  ils  ssTaient  apprteier  les 
charmes  d'nn  verre  de  bi^e  et  d*une  pipe  de  tabac,  et  con- 
triboer,  par  lenrs  plaisants  propos,  aux  agrtoients  de  la 
compagnie. 

Outre  Fr6d4ric  //,  fl  laissa  trois  autres  fils :  Augusie- 
Gtttllaume,  p^  de  Frid&ric-Guillaume  11^  ni  en  1732, 
mort  en  17&8;  Henri,  n6  en  1726,  roort  en  1802;  Fer<fi- 
ifond,  n^  en  1730,  mort  en  1813. 

FRED£RIC-GUILLAUME  II,  roi  de  Prusse  (  1786 
il  1797  ),  n6  en  1744,  ^tait  le  neveu  de  Fr^d^ricII,  et  lui 
suec^a  sur  le  trdne.  Son  p^re,  ills  cadet  de  Fretl^ric- 
Guillaume  T',  mourut  en  1758,  aprte  aToir  fait  preure 
d'assez  pen  de  capacity  comme  commandant  d'on  corps 
d*arm^  prussien  dans  la  retraite  qui  suirit  la  bataille  de 
Collin  ( 17&7  ),  et  Fr^^ric  II  dtolara  alors  son  fils  prince 
royal  de  Prusse.  Vigourensement  oonstitu^  .et  dou6  d*un 
ext^rieor  avantageux ,  le  jeune  prince  s'abandonna  bientdt 
k  un  genre  de  tie  qui  ro^ntenta  le  loi  son  oncle,  et  qui 
amena  entre  eox  une  m^intelligence  profonde.  Son  ay^ne- 
roent  au  tr6ne  eut  lieu  an  milieu  de  circonstances  favora- 
bles.  La  Prusse  n*6tait  embarran^  dans  ancune  guerre,  et 
mftme,  grAce  k  la  politiqae  suivie  par  FrM^ric  II,  elle  ^tait 
arriv4te  k  exercer  comme  une  esp^  de  Juridiction  arbitrate 
sur  les  affaires  gto^rales  de  TEurope;  le  tr^r  public  ^tait 
plein  et  Tarmte  sur  un  pied  respectable.  Les  fautes  du 
nouvean  r^e  eurent  bient6t  ddtruit  cette  influence  sur  les 
cabineU  strangers,  en  m6me  temps  que  des  guerres  inutiles 
et  les  dissl[iations  des  faToris  mettaient  le  tr^sor  k  sec. 

La  premise  fois  qne  FrM^c-Gnillaume  II  fut  appeM 
k  folerrenir  dans  les  relations  de  peuple  k  peuple,  ce  fiit 
en  1787,  lorsqn'il  emroya  une  arm<^  en  Hollande,  d*oii  le 
parti  patriote  avait  cbass^  le  stadtliouder.  La  femme  de  ce 
prince ,  soeur  du  roi  de  Pmsse,  avait  en  outre  ^t^  Tobjet  de 
demonstrations  ofTensantes  k  La  Haye,  et  le  nouveau  gouyer- 
nement  bataye  refusatt  de  donner  satisfaction  pour  ce  fait. 
Les  Prossiens  pte^tr^rent  sans  r^istance  jusqu*ji  Ams- 
terdam, et  rancien  ordre  de  choses  ne  tarda  pas  k  £lrc  r^- 
tabll.  Dans  la  gnerre  qui  Mata  la  in^me  ann^e  entre  la 


FR£D£R1C-6UILLAIJME 


SoMe  et  la  Rnseie,  FrMMe-CMHanme  H  fit 
mune  avee  le  cabinet  de  Londres  pour  empteher  le 
mark  d^op^rer  one  diyerskm  fayorable  k  b  Rosrfe  en  j|> 
taqnant  la  SoMe.  Jaloox  des  sucete  obtenns  par  la  Rinrii 
et  TAutricbe  sur  les  Tnrcs,  U  garantlt,  en  1790,  k  la  Poite  OP 
tomane  toutes  ses  possessfons,  et  inifa  par  14  Idlement  h 
cabinet  de  Vienne,  qne  de  part  et  d*aotre  on  r^muf  an 
aimte,  la  Prasse  en  Sil^ie,  et  rAntricbe  en  Bobame.  Mak 
gr&oe  aux  dispositions  eondliantes  de  Lipoid  II,  qiri  i  ce 
moment  monta  sur  le  trAne,  un  traits  de  paix  pot  toe  si^Bi 
entre  les  deox  puissances  k  Reicbenbacb.  Cette  mtaie  annte 
rAntricbe,  renon^ant  4  son  alliance  a?ee  la  Rusde,  s^eags- 
geait  k  rendre  k  la  Turquie  toot  le  territolre  qit'elle  lui  avaS 
enley^  josqn^au  cercle  d*Alouta;  et  la  pafx  condoe  pea  dt 
temps  aprte  k  Szistoive  entre  rAntricbe  et  la  Porte  lot  cf- 
fecUyement  n^goci^e  sur  oes  bases.  Llnterpr^tation  et  VeU- 
cution  de  plnsfeurs  articles  de  la  conyention  de  Reicben- 
bacb ayant  donnd  lieu  k  des  difficult^.  Lipoid  n  d 
FrM6ric-Guillaume  It  les  aplanireot  dans  la  reunion  qv'Si 
eurent  ensemble,  au  mois  d*aotlit  1791,  k  Pilnitz,  o6  lis  con- 
clurent  en  outre  une  autre  conyention,  ayant  pour  but  la 
maintien  de  la  constitution  de  l*Empire  et  la  compressjoi 
de  I'esprit  r^yolutlonnaire  en  France.  Ce  fut  en  yerto  dfl 
cette  conyention  qoe  le  roi  de  Prusse  fit,  en  juin  1792,  ea< 
yahir  le  sol  f^n^is  par  on  corps  d'armte  de  50,000  bononics, 
aux  ordres  du  due  de  Brunswick.  Llrrdsolntion  et  la 
lenteurs  dn  due,  Tabsence  d*nn  plan  d'ensemble  dans  la 
operations  strat^giques,  la  disunion  des  coalisea,  mais  sur- 
tout  Tadmirable  elan  patriotique  qui  fit  courir  toute  b  Finna 
k  la  defense  de  sa  nationalite,  fitent  bientdt  perdre  les  ayaa* 
tages  qu*on  ayait  obtenns  en  commen^nt,  et  le  cabinet  de 
Berlin,  ne  songeant  plus  qu*4  ses  interAts  particuliers^  st 
decide  k  signer  separement  k  Bate,  le  4  aoftt  1795,  on  tiaiti 
de  paix  ayec  la  republique  fran^ise. 

La  politique  de  Frederic-Guillaume  II  k  regard  de  la  Po- 
logne  fut  sinon  plus  loyaie,  du  moins  pins  ayantageose  k  h 
Prusse.  Elle  lui  yalut  un  aceroissement  de  territolre  d'ett- 
yiron  605  myriametres  carres,  comprenant,  ayec  Tbom  ti 
Dantzig,  une  population  de  1,201,000  Ames.  Ce  territoin 
Alt  incorpore,  sous  le  nom  de  Prtuse  mMdionaU,  k  U 
Prusse  ocddentale.  Qooique  la  di^te  siegeant  k  Grodoo  se 
fftt  yue  contrainte  de  consentir  k  cette  codon  ainsi  qu*i  U 
perte  de  la  Lifhuanle,  de  la  Podolie  et  de  llJkraine,  snr  les* 
quelles  la  Russie  ayalt  k  la  meme  epoqoe  ]ete  son  deyolo, 
une  formidable  insurrection  edata  au  mois  d'ayril  1794  ea 
Pologne,  sous  la  direction  de  Koseinssko  et  de  Mada- 
linski,  dans  le  but  de  retablir  Hndependance  nationals  La 
suite  de  cette  leyee  de  boudiecs  fut  un  troisitaie  partage  de 
la  Pologne,  on  pour  mieux  dire  la  radiation  compl^  de  oeltc 
nation  de  la  carte  de  TEorope.  La  Pmsse  j  gagna  tout  le 
territoire  qui  s^etend  k  Touest  du  Niemen  ayec  Varsotie, 
formant  nn  total  de  544  myriamHres,  carres  ayec  une  popo- 
lalion  d*on  million  d*habitants,  qu^on  inoorpora  en  {lartii 
dans  les  proyinces  limitrophes,  et  en  partie  dans  la  proyincede 
la  nonvelle  Prusse  orientate.  La  yente  des  prindpautes  d'AnS' 
pacli  et  de  Baireuth  consentie  k  la  Prusse  le  2  decembre  l7m, 
moyennant  une  rente  annuelle  et  yiagftre  d*un  million  de 
(lorins,  par  le  margraye  Alexandre,  qui  n'ayait  point  d*en- 
fan  is,  et  qu*une  liaison  de  coeur  portait  k  desirer  de  se  Gxa 
desormais  en  Angleterre,  accrut  encore  le  territoire  de  U 
Prusse  de  88  myramMres  carres,  ayec  une  popdatMo  da 
385,000  Ames;  et  k  cette  occasion  le  rot  retabfit  Tordre 
de  VAigle- RotUfe.  Frederic-Goillaume  II  mourut  le  16  do- 
yembre  1797,  lalssant,  il  est  yrai,  la  Prusse  accrue  de  1,237 
myriam^tres  carres  et  de  2,500  000  Ames,  mais  singuliire- 
ment  dechue  aux  yeux  de  retranger  sous  le  rapport  de  ia 
consideration  et  de  la  dignite,  et  ayant  perdu  beauooopde 
cette  sage  et  forte  organisation  qui  fais^  sa  force  k  llol^ 
rieur;  enfin,  au  lieu  des  72  millions  de  florins  en  esp^ccs  quit 
avail  trouves  dans  le  trdsor  du  Grand  Frederic,  il  legiiaili 
son  successeur  22  millions  de  dettes  k  acquitter.  Ignoruit 
les  afTaires,  jiar  la  raison  que  Frederic  II  Ten  avait  tmijoon 


f&£d£ri&guillaume 


791 


t^  temi  ^oign^,  abandonn^  k  ses  faiblesses  et  s^uit  par  des 
bi' conseillers  incapabtes  oa  perfides,  tels  qae  Biscliofswerder, 
l^'Woelloer  etLuchesini,  il  fit  bientOt  regretter  cette  lucidity 
ti  de-conception,  cette  rapidity  d^action,  cette  solHcitude  pour 
\i)^  k  bien  public,  et  surtout  cette  haute  sagesse  politique  qui 
^'formaieat  les  traits  les  plus  saillants  du  caract^re  de  son 
I  y  illastre  pr^d^cesseur.  Les  mesures  qui  conlribu^rent  le  plus 
a,  k  lui  atiener  I'opinion  furent  I'^it  du  19  d^cembre  1788, 
[[.par  leqael  ^taient  soumis  k  Vapprobation  pr^alable  de 
^^•eenseursspteiaux  tons  les  ouviages  public  soit  en  Prusse, 
^  loitk  r^tranger,  et  T^dit  de  religion  en  date  du  9  juillet 
K'de  la  mftine  ann6e,  qn'avait  r^dig^  le  pi<!tiste  WU^Ilner,  et 
(^  qui  ioterdisait  k  tout  eccl^iastique,  sons  peine  de  destitu- 
e,  tion,  de  diHi&rer  d^opinion  avec  TEglise  ofGcielle,  faisant,  en 
^  outre,  d^pendre  {^admission  et  Tavancement  des  membres 
•i:  du  derg^,  de  Tattacbenaent  dont  ils  feraient  preuve  pour 
lu  ks  antiques  et  pures  doctrines  de  TEgiise  protestante. 
^'  FrM^ric-Guiilaume  II  avait  6pous^  en  premieres  noces 
^  Elisubelh'Christine-Ulrique  de  Brunswick;  un  divorce 
""  prononc^  en  1769  ayant  s^par^  les  deux  6poux,  it  se  remaria 
^  k  Louise  de  Hesse-Darmstadt,  morte  en  1805,  et  de  laquelle 
^lUeiit  :  1®  Fr^d^ric-Guillaumelll,  qui  lui  succ^a; 
^*,  f*  le  prince  Louis,  mort  en  1796 ;  3°  le  prince  Henri ,  n^  en 
.:  1781,  mort  en  1846;  4"  le  prince  Guillaume. 
;  FR£D£RIC- GUILLAUME  HI,  roi  de  Prusse  (1797 
^^'  k  1840  ),  fils  aln^  de  Fr^d^rlc-Guillaume  n  et  de  Louise 
]'^  de  Hesse-Darmstadt,  naquit  le  3  aoDt  1770.  Sa  m^re  el 
^  son  grand-oncle  Frederic  II  prirent  soin  de  sa  prem'.^re 
'^  MncatioD,  et  plus  tard  U  eut  pour  gouverneur  le  comte  la 
\\  Brubl.  En  1791  il  accompagna  son  p^re  aux  conferences 
^  de  Dresde,  et  quand  la  Prusse  et  PAutriche  d^larferent  la 
,  guerre  k  la  France,  U  le  suivit  encore  a  Parm^  du  Rhin 
'\  (join  1792 ).  Le  24  d<$cembre  1793,  il  ^pousa  Louise,  fille 
du  due  Charles  de  Mecklembourg-Str^litz,  quMl  avait  eu 
( occasion  de  connaltre  k  Francfort  pendant  la  campagne  du 
'  Rliin.  Ce  ne  (urent  point  des  considerations  poliliques  ou 
^  des  relations  de  famille  qui  form^rent  cette  alliance,  ma- 
f^  riage  tout  k  I'allemande,  ueuvre  de  Tamour  et  d'une  parfaite 
'  barmonie  de  caract^res  et  de  sentiments. 
^  Fr^iieriC' Guillaume  HI  succ^da  k  son  pfere,  le  16  no- 
'  Tembre  1797.  Un  de  ses  premiers  actes  fut  de  rapporter  i*o- 
'  dieox  6dit  de  religion  ainsi  que  I'ordonnj^nce  de  censure.  Une 
fturreillance  de  la  presse  plus  en  rapport  avec  Vesprit  du 
'  temps  fut  organis^e,  et  le  cours  de  la  justice  cessa  d*6tre  en- 
f  trave  par  des  ordres  de  cabinet  arbitral  res.  Le  nouTcau  mo- 
'  narque  s*empressa,  en  outre,  d^eioigner  de  sa  cour  plusieurs 
^  indiyidus  qui  sous  le  regne  precedent  avaient  soulev^  contre 
'  eux  le  juste  m^contentement  de  la  nation.  Une  sage  ^co- 
^'  Domie,  rendue  necessaire  par  le  d^abrement  des  finances. 
Tut  inlroduite  dans  les  divers  departements  ministi^riels,  et 
'  le  roi,  tout  le  premier,  en  donna  Pexemple  dans  son  interieur. 
^  Le  couple  royal  etait  le  module  le  plus  accompli  du  bonheur 
^  doniestique  et  de  Tamour  conjugal,  si  rares  sur  les  trdnes. 
^  Quand  les  grandes  puissances  de  TEurope  recommenc^rent 
"  leiir  lutte  contre  la  France,  la  Prusse  maintint  la  neutra- 
4  litd  k  laquelle  elle  s^etait  engag^e  par  le  traits  de  B&ie.  Aux 
]  termes  du  traits  de  Lun^ville  ( 1801  ] ,  toufe  la  rive  gauche 
\  du  Rhin  ayant  ^t^  c^d^e  a  la  France,  la  Prusse,  en  1803,  re- 
i  9ut  comme  d^dommagement  diverses  provinces,  d'od  r^sulta 
pour  elle  une  augmentation  de  territoire  d^environ  100  myria- 
metres  carr^,  avec  plus  de  400,000  habitants.  A  ce  moment 
Frederic-Guillaume  II  r^gnait  sur  10  millions  d^dm^.  H  per- 
sista  k  garder  la  neutrality  k  T^poque  de  la  troisi6me  coali- 
tion ( 1805 );  des  mouvements  hostiles  (aits  contre  la  Prusse 
par  la  Russie  Tengag^rent  m^me  a  concentrer  des  troupes 
en  Sil^sie  et  sur  la  Vistule;  mais  la  marche  inattendue  d*une 
arm^e  franco-bavarolse  k  trayers  le  tenitoire  neutre  d'Ans- 
pach  et  rarriv<ie  de  Fempereur  Alexandre  k  Berlin  clian- 
!  g^rent  ses  dis|)Ositions.  Le  3  novembre  1805  il  acc^da  k  la 
coalition  contre  la  France,  et  fit  aussit6t  marcher  une  armde 
sur  la  Franconie,  tout  en  offirant  sa  mtiiation  aux  parties 
bellig^rantes.  A  la  suite  de  la  bataiUe  d'Austerliti,  le  15 


d^cembre  1805,  aoe  conTentloa  provisoire  ftit  algn^  &  Tieniie 
entre  la  Prusse  et  la  France.  Aux  tanpes  de  cette  eonven- 
tion,  la  Prusse  c^da  Baireuth  k  la  Bavi^re,  Cldvea  et  Neuf- 
chAtel  k  la  France,  et  re^ut  en  tebaoge  le  Hanovre.  Cette 
acquisition  nouvelle,  dont  la  Prusse  prit  possession  le 
1*'  avril  1 806,  provoqua  contre  elle,  1&20  avril,  un  manifeste, 
et  le  11  juin  une  d^laration  formelle  de  guerre  de  la  part 
de  TAngleterre.  Des  hostility  telat^rent  pareilleoient  avec 
la  Snkde,  mais  d^  le  11  aoOt  eUes  cessaient;  par  suite  d^une 
reconciliation  op^rite  entre  TAngieterre,  la  SuMe  et  la  Prosse. 
De  nouvelles  n^ociations  entam^es  par  la  France  avec 
I'Angleterre  et  la  Russie  dveill^rent  les  defiances  de  la  Prusse, 
etlacr^tiondelaConf^d^rationduRhin,  qui  eut  lies 
sur  ces  entrefaites,  amena  entre  elle  et  la  France  de  nou- 
velles di/ncult<^.  A  l*instar  de  celle  que  Napolton  venait  de 
former  au  sud  et  k  Touest,  la  Prusse  enteodait  constituer 
une  conf4d4ration  germanique  du  Nord^  dans  laquelle  »»• 
raient  entr^  toos  les  £tats  qui  n'avaient  pas  M  compris 
dans  la  creation  de  la  Conr(M6rationr  do  Rhin.  Pour  que  la 
France  ne  pOt  pas  la  contrarier  dans  Tex^ution  de  ce  pnn 
jet,  elle  exigea  que  cette  puissance  retirftt  ses  troupes  de 
l^Allemagne  et  ^vacuAt  certaines  places  dont  elle  avait  iliegi* 
timement  pris  possession ;  en  meme  temps,  pour  donner  plus 
de  poids  k  ses  demandes,  elle  fit,  de  concert  avec  la  Saxe , 
tons  les  prdparatifs  n^cessaires  pour  entrer  en  campagne. 
De  son  c6te,  Tarm^e  firan^aise  se  mit  en  mouvement,  et  les 
hostility  commenc^rent  sur  la  Saale,  le  9  octobre  1806.  Le 
combat  de  Saalfeld,  la  mort  du  brave  prince  Louis  de 
Prusse,  la  bataille  d'Hna,  la  perte  de  tout  le  territoire 
qui  s^etend  entre  le  Weser  et  TElbe,  se  succ^^rent  rapide- 
dement,  et  d^  le  27  octobre  Napol^n  entrait  k  Berlin. 
Frederic- Guillaume  III  choisit  provisoirement  pour  resi- 
dence la  ville  de  Memel,  situ^e  k  Fextr^e  fronti^rc 
de  son  royaume,  rallia  les  debris  de  son  arm^e,  et,  avec  Tas- 
siistance  de  la  Russie,  cliercha  k  mettre  la  Prusse  orientate 
a  Tabri  de  Tinvasion  de  Tennemi ;  mais  les  batailies  d*£y la  u 
etdeFriedland  eurent  pour  r^suUat  forc^  la  conclusion 
du  traite  deTilsitt  (9  juillet  1807),  qui  coOta  au  roi  <!e 
Prusse  plus  de  la  moitie  de  ses  £tats  et  des  provinces  qi.i 
depuis  plusieurs  si^cles  faisaieut  partie  du  patrimoine  de 
sa  raaison.  Pour  comble  d'humiliation,  il  dut  encore  con- 
sentir  k  voir  des  troupes  fran^ises  occuper  miiilairement 
la  partie  de  ses  £tats  que  le  vainqueur  voulait  bien  ne  pas 
lui  prendre.  Sa  capitate  m^me,  Beriin,  garda  une  garnison 
fran^ise  jusqu^en  d^cembre  1808,  et  Frederic^uillaunie 
ne  pot  y  rentrer  qu'a  la  fin  de  1809,  A  partir  de  ce  moment 
il  s^appllqua  k  cicatriser  les  plaies  du  pays,  puissamment 
seconds  dans  cette  oeuvre  de  reparation  par  ses  ministres 
Stein  et  Hardenbeg.  Un  nouveau  r^lement  pour  le 
civil  determina  les  conditions  exigees  pour  6tre  admis  atix 
'foncttons  publiques,  abolit  k  cet  egard  tout  privilege  de 
naissance,  enfin  proclama  et  consacra  la  liberie  de  Tindus- 
trie.  Des  le  9  octobre  1807  avait  pani  un  edit  memorable 
abolissant  le  servage  bereditaire.  Cette  bienfaisante  mesure 
eut  pour  corollaire  une  ordonnance  publiee  sous  le  nom  de 
reglement  municipal,  et  portant  qu*k  Tavenir  les  villes 
seraient  representees  par  des  deputes  de  leur  choix  dans  les 
afTaires  interes.sant  la  commune.  L'alienation  des  domaines 
de  la  couronne,  ordonnee  le  6  novembre  1809,  Tut  une 
inestire  aussi  impoilante  et  non  moins  leconde  en  twns  et 
utiles  resultats.  LMnstruction  publique,  en  depit  des  circons- 
tances  critiques  oil  Ton  se  trouvait,  re^ut  une  nouvelle  or- 
ganisation, sur  des  bases  aussi  larges  que  liberales;  une 
nouvelle  universite  fut  fondee  k  Berlin,  tandis  que  celle  de  . 
Francfort-sur-roder  etait  transferee  a  Breslau.  En  decembre 
1808  le  roi  se  rendit  avec  la  reine  k  petersbourg,  pour  res- 
serrer  encore  davantage,  par  des  relations  personnelle^,  les 
liens  d^amitie  qui  rattachaient  k  Tempereur  Alexandre.  Le 
23  decembre  1809  il  fit  son  entree  k  Berlin ;  mais  la  joM 
quMl  eprouvait  de  se  retrouver  au  milieu  de  ses  tujets  lut 
crucltcmenttroubiee  par  la  mortinopineede  la  reine  Louise 
( 19  juiUei  1610  )y  princesse  adorte  par  la  natioii.  leated 


^ 


793 


FREDERIG-6UILLAUME 


potal  abittra  par  ee  coop  terrible,  cl  pertisto  daDf  a«  eff(^ 
poor  cieatriaar  lea  plaiaa  de  la  guerre.  If  one  cUerona  pioa 
partieiilttraieDllaa modificatioDs quil  fliaiiblr  h  I'adnBinia- 
tratioii  clTlle,  k  PadmiBiatratloii  iudfdaire,  an  ayattme  mo- 
BMaire  et  am  lob  rdatiTei  h  ragricttHare.  Dem  Mite  de 
1810  eC  1811  aapprimteent  le  bailliagB  de  Brandeboaig, 
rordre  de  Salat-Jean  de  Jtoialem,  et  la  grande-maltiise 
dePohlre  Teotoiiiquey  ainal  que  aes  commaaderiea,  dont  tons 
lea  Mcoa  fttmt  rtonia  an  domaiDe  pnblfc.  Quandi  en  Join 
1812,  ddata  la  gnerreentre  la  France  et  la  Rnaile,  FMdi- 
lie-Oufllanme,  anx  termea  dHine  oonfentlon  aignte  k  Paiia 
dte  le  Bvrfa  da  Unkr  pi^oMent,  mit  4  la  dispoeHlon  de 
RapoUon  un  eorpa  auilllaire  de  30,000  hoouaea  qui,  aToc  le 
10^  eorpa  de  Tannte  fran^alae  aux  ordrea  du  martidial  Mac- 
donald,  forma  raOe  gancfae  de  la  grande  armte,  et  fiitcharg6 
4n  aMga  de  Riga.  Lore  de  la  retraite  de  Rnaale,  le  corps 
aoxHMre  pmiaien  dot  ausai  recnler  derant  rann^  ruase ; 
mala  le  gtetel  Torek,  qui  le  oonunandait,  le  aanra  en 
Yertn  d'one  eapitnlatkin  aignte  le  80  d^oembre  1812,  avpc 
le  gMral  Diebltacb.  FrMM^Goillaonie  fnt  d'abord  foro^  de 
bttmer  la  coaduite  de  ce  cbef  de  corps,  qui  avail  agi  aans 
oidre;  mala  ioraque,  le  22  JaoTler  1813,  le  roi  eut  transfM 
aarMdcucek  Ure&lan,  ilreniUl  tonte  ja'ttioeau  gdndral  Yorck, 
et  IttI  iBonfia  le  commandement  d'on  autre  eorpa  d^anu^. 

Lea  prodamatlona  du  roi,  en  date  dea  3  et  9  f^vrier  et  17 
nara  1813,  enflammirent  tontea  lea  daaaea  de  la  popola- 
tioa  pour  la  lutte  nonveUe  qid  allait  a^engager  dana  I*int6r6t 
de  llnd^Midance  natlonale,  ct  le  patriotiame  enfanta  en 
qoelqnea  jours  nne  annte  brillante  d*eotbonaiaame.  Lea 
tronpea  fran^laea  n'aTaient  ^raeo^  Beriln  que  dana  la  nuit 
do  3  an  4  mara,  et  lea  Rnsaea  y  ^talent  entrte  bientdt  aprte. 
Le  15  mars  remperanr  Alexandre  arrira  k  Brealao,  ob  le  roi 
ae  trooirait  encore.  Un  traits  d*alllance  of  fenalTe  et  d^fensiTe, 
aign^  Ie28  filTrier  li  Caliach,  mala  qui  ne  ftit  rendu  public  qua 
le  20  mara,  uniaaait  dd)k  lea  deux  monarquea  de  la  roani^re 
la  pina  bitlme ;  et  le  27  mara  le  g^n^ral  Kruaemark  remit  ofli- 
ciellement  au  cabinet  dea  Tnileriea  la  dtelaration  de  guerre 
dn  gooremement  proaalen.  Deux  armte  pmasiennea  en- 
▼abirent  fanm^diatement  In  SaKO.  Fr^^c-GuiUaume  III 
rentra  le  24  mara  k  Beriin,  ob  il  fonda  en  fttTCur  de  ceux 
qui  ae  diatingueraient  dana  oette  guerre  Pordre  de  la  Croix 
defer,  Ind^pendamment  dea  armte  r6guli^res,  on  orga- 
Biaa  en  toote  bite  la  landwehr  et  la  Umtlfiturmf  eapteea 
de  lerte  en  maaae,  qui  rendirent  dMmportante  aenricea, 
quand  ploa  tard  lea  Fran^aia  pdn^tr^reut  en  Sil^ie  et  dana 
le  Brandebourg.  Lea  Jouinte  de  Lutien,  de  BaubEen,  de 
Hagnenan,  de  Knim,  de  Groasbeeren,  de  Dennewitz,  de  la 
katibaeb,  de  Wartenburg,  la  priae  de  Leipzig,  le  paaaage 
dn  Rbin  effectu^  le  I*' Janvier  1814,  etU  priae  de  Paria,  le 
30  mara  auivant,  r^uuent  ^oquemment  lliiatoire  d*une 
Intte  glotieoae  poor  tea  Tafnqueura  comme  poor  lea  vafaicus. 

Aprte  lea  malbenreuaea  Joum^  de  Montmirail  ( 14  fi^ 
▼rier)  et  de  Montereau  (18  fifivrier),  dana  leaquellea  Napo* 
l^n  aTait  bit  dea  prodi^  de  atrat^e,  d^Jk  lea  coaliaia 
ayaieat  dMdA  qo*on  battrait  en  retraite  aur  Cbaumont  : 
nonTement  qui  ae  aerait  Infkilllblement  continue  )uaqu*au 
RbIn  et  qui  anrait  ralTermi  la  puiaaance  de  Napol^.  Maia 
le  roi  de  Pmaae  parvint  k  faire  parlager  aa  conflance  aux 
gtetanx,  et  an  Hen  de  contlnoer  lenr  monyement  de  re- 
traite, lea  armte  ailite  marcb^rent  droit  anr  Paria,  qui  dut 
eapitnlcrlesomara. 

Aprte  8tre  raat^  k  Paria  Juaqn*k  la  concluaion  de  la  ptix 
gMrale,  FrMMc-GuOlaume  III  ae  rendit,  en  Jufai  1814, 
k  Londraa,  avec  Temperenr  Alexandre.  Le  7  aodt  soiTant 
II  fit  son  enlrfodana  aa  capKale,  puia  ilpartit  bientOt  aprfea  poor 
Tienne,  ob  il  a^Jouma  pendant  touts  la  durte  du  congrto. 
Lea  traiMa  de  Yienne  et  qoelqoea  conventions  paitlculi^rea 
rendirait  I  la  Pmaae  k  pen  prto  tout  ce  qu'elle  avail  perdn 
par  la  paix  de  TiWtt. 

Loraqu'ao  rooia  de  mars  1815  NapoMon  quitU  Inopln^- 
BMBt  IHe  d*Elbe  poor  rentrar  en  France,  FMd6i&0uaiar>7ie, 


par  nn  acta  en  date  dn  25  man,  le  coallsa  avee  rAolriche, 
la  Ruaale  et  TAngleterre  centre  Ini  el  aea  partiaana.  On  lait 
ce  qu*fl  en  advfait,  et  comment  le  mervcQienx  dpiaode  da 
lldatoireoontemporaine  connu  aoos  le  nomda  Cent  Jon  ra, 
aetermlnapar  lesfbn^railleade  Waterloo. 

Aprte  cette  courte  campagne,  FrWrie-Guillattme  raa 
tra,  le  19  octobre,  k  Berlfai,  ob  trois  joora  aprka  9  cAAra 
le  400*  annlTcraabe  de  Pavdnement  an  trOoe  da  la  AadDa 
de  Hobemollem,  aoncbe  de  aa  maiaon.  A  partbr  de  ee  mo- 
ment lea  eflbrte  conatanta  de  ce  prince  enrent  poor  objat 
d'accrottre  le  bien<^tre  et  la  proapM^  de  aea  aqjete,  da 
bire  fleurir  lea  adenoea,  lea  aiia  et  Pfaidnstrie^  el  de  tteai- 
gner  aon  Mb  pour  l'£gliae  proteatante  et  nnal^ndioB  pokfi- 
que.  Lea  beureux  rteltate  qu^O  obtint  dana  cette  voie 
doivent  en  grande  partie  etare  attribu^  k  I'appoi  dea  hoauaei 
d'£tat  et  dtt  mlniatrea  distingu^  dont  il  aut  a'entoorer,  ct 
parmi  leaquela  noua  nouaoontenterons  de  nommer  id  Goil- 
kume  et  Alexandre  de  Humboldt,  Altenatein ,  Bexme, 
Boyen,  nardenberg,  SchamhontyStein,  Bl  Acher,  Gnd* 
aenau,  etc,  etc. 

Le  22  mat  1815  FlrMMo-GuUlaume  ni  nvaU  aolennele- 
ment  promla  k  la  Pmaae  une  conatitntionavee  one  repr^aan- 
tetion  nationale  conforme  k  I'eaprit  du  tempo.  Get  CQgag»- 
ment  ne  ftit  paa  tenu.  TOutefola,  Torganiaation  dea  tela 
provindanx,  dterdt^ele  5  Join  182S,  eut  toot  an  moina  Fa- 
vantage  de  cr6er  proviaoirement  un  organe  poor  lea  beaoiai 
et  lea  voeux  dea  populationa.  Par  la  creation  dn  xo2lnereia, 
FrM^ric-Goillaume  imprima  au  commerce  national  una 
beurenae  direction  et  en  favoriaa  ainguttkrement  Teaaar. 
Grkce  k  b  moderation  qui  formait  le  fond  de  aon  caractfere^ 
fl  exer^  dana  plua  d^me  drconatance  nne  inflnenoe  prfpon- 
durante  et  ddddve  aur  lea  aflkirea  de  i'Europe;  el  ao  moyea 
de  IlJnlon  qu*il  prodama  en  1817,  aprka  la  ftte  de  la  BtfB^ 
mation,  fl  a^eflbr^  d*op6rer  un  rapprocbemenl  eatre  lai 
deux  partis  qui  diviaent  Vt^&Me  proteatante.  11  a'oocnpail 
de  I'annte  avee  une  oonatante  aolUdtode;  aa  discipline,  aoa 
organiaation  6taient  Pobjet  de  aes  ^udea  de  cbaqoe  Joor. 
On  pent  Ini  reprocber  toulafoia  d'avoir  toujoors  iHi  trap 
eadin  k  auivre  en  politique  lea  conadls  et  lea  erremente  de 
cabinet  de  Sabit-P^terabourg.  Aprka  la  rivolutioa  de  Jolllet, 
it  concentre  une  armte  anr  lea  bords  de  la  Meuae;  ct  qnand 
MaU  rfaiaurrection  polonaise,  il  contribua  pniaaamment  aa 
triomphe  d^nitif  dea  Rusaea,  par  le  ayatkoae  de  nenbaiifi 
armte  qn*il  adopte  toot  anaaitOt  Ce  prince  moorat  le  7  jnin 
1840;  en  1824,  il  avail  ^uad  moiganatiquement  la  coaa* 
teaae  AoguatadeHarracb,  dontlepkre  exercalt  k  YicBaa 
en  Autriche  la  profeadon  de  mMedn ;  union  demeorde  at^ 
rile.  Lea  enfante  iaaoa  de  aon  premier  manage,  qui  viveat 
encore  a^iourd'hoi,  aonf :  Fr^d^rie-GuillaumelYt 
aon  aocoeaaeur ;  Guillaumef  prince  de  Pmaae,  nd  le  22  man 
1797;  Charlotte-Louiie^  nte  le  13  Juillet  1798,  anjoonnun 
femme  de  Pemperenr  de  Rnade,  Nicolaa,  et  qoi  dcpoia 
aon  mariage  a  pria  le  nom  d^Alexandra;  CharUi,  n6  ea 
1801 ;  Alexandrine^  nde  en  1803,  veuve  en  1842  dn  grand* 
doc  Paul*Fr6ddric  deMecklembourg-Schwerin;  Lmdse,  ubt 
en  1808,  marite  au  prince  FrMdric  dea  Paya-Bas;  illkert^ 
nd  en  1809,  marid  en  1830  k  la  princeaae  Manaaoe  dea 
Paya-Baa. 

FRtotolC-GUILLAUUE  lY,  roi  de  Prune,  depois  le  7 
Jnfai  1840,  nd  le  15  octobre  1795,  eat  le  filadu  roi  Fraddrie> 
GniUanme  III  et  de  la  rdne  Louise.  tXet6  aooa  la  direclioa 
ddairde  de  aa  mkre,  initid  k  la  connaiaaance  dea  tottrea  par 
Delbrack  et  par  Ancfllon,  k  celle  dea  adencea  mlUtalrea  par 
ScbamlMat,  II  dtndia  plua  tard  le  drdt  et  lea  adencea  politi- 
quea  aoua  Savigny,  Ritter  et  Landiolle,  pendant  qoe  Scbfaikd 
et  Raucb  ddvdoppalent  aon  talent  poor  lea  arte  du  deaain. 
Si  aon  entente  Cut  attriatde  par  lea  doolooreoaea  soitea  de 
te  cataatropbe  dltea,  en  revanche  aa  Jeuneaae  Ait  Iteoia 
du  mervdileux  entliouaiaame  qu'exdte  en  Allemagaeh 
guerre  de  llnd^pendance.  11  assisto  aux  prindpalea  aibirea 
des  campagpies  de  1813  et  1814;  mate  il  dteU  akn  eneare 
trop  Jeune  pour  ooovoir  Mre  cbarg6  d*un 


FR^D^RIO-GUILLAUBfE 


La  Tue  lies  cbefo-d'oBa? rede  Tart  r^uais  h  Paris  donna  une 
direction  plus  arrfitte  k  son  gptx  poor  le  bean,  et  un  voyage 
qu*U  fit  en  Italie  en  isas  contriboa  4  le  rendra  plus  s6r  et 
plus  telairtf. 

Un  des  premiers  adee  de  son  rigne  Ait  de  rendre  nne 
amnistie  partieUe  en  faTeur  des  eondanmte  poUtiqueSy  et  de 
rfint^grer  dans  leurs  cliaires  des  professenrs  que  leors  ppi- 
nions  lilidrales  en  avaient  Adt  toirter.  II  appela  an  minis- 
Un  Boyen  et  BlduMrn,  et  s'eutonra  des  premieres  notabi- 
lity litt^aires  et  artistiques,  comme  Scblegel,  Tieck, 
Radtert,  Cornelius ,  Mendelsobn-Bartboldy ,  etc.  II  crut 
aussi  que  le  temps  6tait  yenu  de  donner  k  la  presse  plus  de 
liberty  qu*elle  n'en  avait  encore  en  jusqne  alors;  mats  il  ne 
rtossit  par  \k  qu*k  reviver  ie  m^contenlementde  ropinion , 
qui  plus  que  Jamais  r^damait  dn  tr6ne  Pacconiplissement 
des  promesses  si  solc^nnelles  de  1815  relatives  k  Poctroi 
d'one  constitution  reprtontative,  et  qui  bientdt  eut  le  droit 
de  reproclier  k  Fr6d^ric-GuUlaume  f  V  ses  tendances  avou^ 
k  fiivoriser  un  esprit  de  mysticisme  aussi  ^troit  quMntol^ 
rant,  dont  on  ne  saurait  mienx  comparer  Taction  dans  Vt- 
glise  r^formte  qu*li  ceUequ'eieroent  encore  aujourd^iiui  dans 
l*£glise  romaine  la  Sod^t^  de  J^sus  et  ses  aflill^  laics. 

La  nation  ne.  voyait  pas  non  plus  sans  un  vif  mdeontente- 
ment  la  prMilection  qu'en  toute  occurrence  son  roi  mani- 
festait  pour  la  noblesse  et  poor  une  aristocratle  b^r^itaire. 
A  I'ext^rieur,  la  position  de  la  Prusse  restait  toi^ours  la 
intoie ;  cependant ,  on  put  li  un  moment  remarquer  dans  la 
direction  gto^rale  do  ses  rdations  avec  T^anger  une  cer- 
taine  tendance  k  se  rapprocher  des  principes  et  des  int^r^ 
des  gouvemements  libres.  Les  liens  qui  rattachaientle  gou- 
vemeroent  prussien  au  syst&me  de  la.  sainte  alliance  s'af* 
faiblissaient  toujours  davantage,  en  m^me  temps  que  le 
cabinet  de  Berlin  fiiisait  preuve  de  sympatliies  ^videntes 
pour  I'Angleterre.  En  ce  qui  est  des  affaires  int^eures  de 
rAllemagne,  FrM^rio-Guillaume  IV  poursuivit  la  realisa- 
tion d*un  plan  de  rtforme  nationale  de  la  Configuration  ger- 
maniqoe,  r^forme  r^pondant  assei  mal  aux  traditions  de 
la  politique  fid^ale.  Les  lettres  patentes  constitudves  du 
3  f^vrier  1847  de  meroe  que  le  disoours  qui  ouvrit  la  pre- 
mise di^te  r^inie  du  royaome  peuvent  Ctre  consider^ 
comme  des  actes  dans  lesqnds  se  refl^tait  de  la  mani^re  la 
pliis  prononcto  riudividualitd  du  monarquQ,  m&is,  comme 
biend^aotresmesores  analogues  qui  lesavaient  pr^d^,  plus 
propres  k  eidter  qn'li  calmer  la  fermentation  des  espiitSi 
C*€st  dans  cette  situation  que  les  ^venements  de  1848  vin- 
rent  surprendre  le  roi  de  Prusse.  Icf  se  placent  les  premieres 
concessions  faites  par  ce  prince  4  Topinion ;  concessions  sui- 
vics  d*une  lutte  k  main  arrode  dans  Berlin,  de  Tdloignement 
des  troupes  de  la  capitate,  dont  le  kA  parcourt  soiennellement 
lee  rues  k  cheval ,  en  tenant  k  la  main  le  drapeaa  national 
allemand;  en  m£me  temps,  par  une  d^laratlon  o^l^re 
{vapez  CmusTiAii-AucDSTB),  FrM^ric-Gnillanme  exdte  le 
plus  vit  enthoQsiasroe  en  Allemagne  en  annon^ant  que  la 
Prusse  va  prendre  fait  et  cause  pour  les  populations  alle- 
mandee  des  ducb^  de  Scblaswig-Hoktein,  dont  te  Danemaric 
s'apprfttait  en  ce  moment  k  an^antir  la  nationality.  Dans 
cette  promenade  solenndle  k  travers  les  rues  de  Berlin, 
le  21  mars  1848,  blen  des  gens  voulurent  alors  voir  l*acte 
d'une  ambition  impatiente,  tandls  que  le  caprice  et  l*ima- 
gination  y  avaient  la  plus  i^rande  part,  et  qu'en  rtelit^  per- 
sonne  mdns  que  Fi^^ric-Gulllauiae  ne  songeait  alors  4 
conquer  et  4  subjugncr  TAIIemagne.  Une  penste  qui  le 
domina  too}onrs ,  c^est  qn'4  PAutricbe  appartient  en  droit 
la  prMominanoe  snr  PAllemagne,  de  m^me  que  ce  tai  cons- 
tamraent  dies  hd  one  afAdre  de  conscience  que  de  ne  point 
porter  attdnte  aux  prerogatives  monarcbiqnes  du  moindre 
prince  aUemand.  Le  roi  snpporta  la  r^volotioa  avec  nne 
esptee  de  patienle  rteignation ,  jusqn'au  jour  oft  lee  fautes 
commises  par  les  repr^tants  dn  people  jointes  k  la  rdac- 
tion,  de  plus  en  plus  forte,  qui  s'op4rait  dans  Popinion,  lui 
donnteent  lee  moyens  de  r^tabUr  d'un  sen!  coup,  le  2b  no- 
vembre,  sob  anlorit^  si  fbrt  dbranl^  (sofes  Prcssr). 

uiCi.    DS  LA  OONVEBSATIOM.   —  T.  IX. 


798 

Pendant  ce  temps-la  TAllemagne  subissait  la  crise  la  plus 
violente;  et  dans  Tassemblde  nationale  allemande  r^inie  k 
Frandort,  lam^orit^se  prononQait  en  favour  d^une  constitu- 
tion nouvdle  qui  pla^alt  dtermais  la  ConfiM^ration  gemuh 
nique  sous  la  direction  de  la  Prusse,  k  Texdusion  de  TAn** 
tricbe.  Le  28  mars  1840  eut  lieu,  en  cons^uence,  a  Franc- 
fort  I'^lection  de  Fr^d^c-Guillaume  en  quality  d'empercur 
(T Allemagne;  le  8  avril  sulvant  le  roi  r6pondit4  cet  acta 
par  un  refns  sonmis  encore  k  certaiues  restrictions,  mais 
que  sulvit  k  qudqoes  semaines  de  14  un  refus  absolu.  Ce 
fut  d'ailleurs  bien  moins  Tesprit  d^mocratique  de  la  cou^iti- 
tution  nouvdle  qui  venait  d^etre  donu^  4  rAllemagne  qui 
inspire  au  roi  cette  r^lution,  que  sa  repugnance  4  recevoir 
une  couronne  des  mains  de  la  revolution  et  la  crainte  de  pa»> 
ser aux  yeux  des  autres  princes  allemands  pour  un  usurpateur. 

Frederick ulllaume,  entreprenant  alors  lui-meme  Tusuvre 
de  rUnion  de  TAUemagne  en  corps  de  nation,  condut  4  cet 
dfd,  d'apr4s  les  consdls  de  Rado  witz,  ralliance  du  26 
mai,  et  oonvoqua  un  nouveau  {larlement  allemand  4  Franc- 
fort.  Mais  les  liens  de  cette  Uuion  allaient  se  romfiant  les  una 
apr4s  les  autres,  si  bien  que  la  question  de  la  constitution 
commune4  donner  4  rAllemagne  edtpu  finir  paramener  une 
guerre  avec  l^Autriche,  si  I'esprit  de  conciliation  du  roi  de 
Prusse  n^etait  pas  parvenu  4  doigner  ce  peril  ( novembre 
1850).  En  ce  qui  est  de  la  Prusse  en  particulier,  la  question 
de  constitution  ne  fut  resolue  (31  Janvier  1850)  que  |Mir  la  re- 
vision du  projet  de  constitution  octroye  leSdecembre  18i8. 
Leroi  Frederic-Guillaume  IV  preta  alors  serment  41a  cons- 
titution remaniee,  mais  sans  (Usdmuier  son  intention  de  la 
sonmettre  encore  ulterieurement  4  une  autre  revision.  Lee 
diambres  y  consentirent,  et  il  fut  ainsi  donne  4  Frederic- 
Guillaume  de  retablir  son  gouvemement  persooud  fonction- 
nant  par  rintermediaire  de  ministres,  organesdeses  volontes. 
Depuis,  la  direction  des  affaires,  taut  iuterieures  qu*ext6« 
rieures,  de  la  Prusse  a  de  plus  en  plus  porte  Temprdnte  da 
rindividualitedeson  roi,  dont  les  sympathies,  essentiellement 
russes,  menacent  en  ce  moment  memo,  4  propos  du  difSft- 
rend  qui  a  surgi  au  commencement  de  la  presente  annee 
1854,  en  Orient,  entre  la  Rusde  d*une  part  et  TAngleterre  el 
la  France  de  Tautre,  d'entratner  le  pays  4  contractor  avec  le 
colosse  moscovite  une  alliance  olTensive  et  defendve  qui 
^  aurait  inbdiliblement  pour  reeultat  d'allumer  unegnerre  ge- 
nerate en  Europe. 

Frederic- GuiUanme  lY  a  eponse  te  29  novembre  1823  U 
prineesse  £lisabetb  de  Bavi4re,  nee  le  1 3  novembre  1 801 ;  mds 
ce  mariage  eat  demeure  sterile.  L'heritier  presompUf  du  trOne 
est  te  prince  de  Prusse,  Fr4dMc*Gmllaume»I/A/Aif  ne  te  21 
mars  1797,  qn^on  s*aocorde  generalemont  4  representee 
comme  antipatbique  4  la  politique  et  aux  interets  russes. 

FR£DJI&R1G^U1LLAUME  r' ,  HmUeur  de  Hesse, 
ne  le  20  aoOt  1802, 4  Hanan,cst  le  file  unique  de  reiectenr 
Guillaume  li  de  Hesse  et  de  AugusteFtid^ricke'ChriS' 
tUmef  SQBurdu  roldePnisseFreaeric-Gnillanmell. 
Apr4s  avoir  reside  pendant  longtempe  auprte  de  sa  m4re , 
tantOt  4  Bonn,  tantdt  4  Fulda,  il  ftit  rappde  4  Cassd  par  les 
evenements  de  1830.  Le  30  septembre  1831,  reiecteur  sou 
p4re,  qui  ^ivait  en  concubinage  avec  nne  certdne  comtesse 
de  Rdcbenbacb  d  sMtait  vu  force  de  transferer  sa  reddence 
4  Hanan ,  lui  confia  te  r^ence  poor  I'exercer  avec  tons  les 
ponvoirs  de  la  souverabide  jusqu*4  ce  qu*il  revint  se  fixer 
de  nouveau  4  Cassd.  II  te  conserve  josqu'4  U  mort  de  ce 
prince,  et  non  sans  avoir  4  lutter  centre  des  diificnltes  de 
plus  d\m  genre,  pnivenant  sortoot  de  ses  effbrts  poor, an- 
nulter  la  constitution  octroyee  ters  des  evenements  revoln- 
tionndres  dont  te  ville  de  Cassd  avdt  ete  le  tbefttreen  1&31. 

A  te  mort  de  son  p4re  ( 20  novembre  1847 ) ,  Frederic- 
GuiUanme  essaya  de  nouveau  de  detruire  cdte  nudenoon- 
trense  constitution,  qui  avdt  4  ses  yeux  te  tort  inremisdble 
de  reconnaltre  et  oonsacrer  qndqnes-uns  des  drdts  du 
peuple ;  mate  il  ne  fut  pas  pina  beorenx  cette  fois  encore  que 
preoedemment.  Lore  des  evenements  de  1848 ,  il  n*eot  garde 
«ie  ne  pas  ceder  bien  vite  4toiites  tea  exigences  de  I'opinlon. 

lUO 


794 

Ub  minifltee  prit  dam  let  fiB^i  de  fofipoittioii  eonslltii- 
tkmiielle  dirigea  done  les  aflUrei  Jmqii'aa  moDent  oft  |g 
rtedion  nnirenelle  aiMDt  tnatl  dam  r^ledorat  de  Hesse  le 
rtUblisMinent  de  randen  H^um.  Le  23  fdfrier  ISM  I'Sflev- 
tair  eofigMia  son  minUttre  liberal,  et  !e  rempla^  par  one 
adminMralioo  dou  velle,  I  la  teto  de  laqoeile  II  ptofa  M.  Has- 
senpfltig,  rdactionnaire  violent,  don*  les  M»  et  gflkes  seront 
raconti^  k  Tartkle  IIbssk-Cusbu 

DfpaU  1831  FrM^ie-Giiillaiime  estniarM  morganatlqiie- 
menl  a  tec  one  certaine  madame  LelinAnn,  dpouae  diforote 
d*uii  lieutenant  pniaslen,  qnll  a  ciMe  comteue  de  Sehaum' 
bourg.  Sept  enfants  nont  issos  de  ce  mariage;  mab  nnfi6- 
r\0T\t6  de  condition  de  leiir  in^re  les  a  exdiis  de  tons  droits 
de  succession  au  trOne  decloral,  qui  passera  an  repr^sen- 
tant  d'uneliffne  coUat^rale<$tahlie  en  Danemark. 

MIEUERIC-GUILLAUME,  doc  de   Branswick. 
Voyei  KauNSwiCK. 

I  HLUERICK-LEMAITRE.  Foyes  LsMAhUB. 

IREDERIKSUAMN  (c'est-k-dire  Pwr^FrHUric,  en 
finnots  Hamlna)^  place  forte  et  portde  mer  de  Flnlande, 
dans  le  gouTernement  de  Wilwig,  siir  ud  premontoire  du 
golfe  de  Kinlande,  si^  d^un  eonststoire  protestant,  aToedM 
casernes  poovant  contenir  14»000  hommes,  one  ^eole  mill- 
taire  ef  phis  de  4,000  liaUtante,  hit  fond^  en  1737,  par  les 
Sii^iois,  lesqnels  llneenditeenteaxnitaMS  en  174l«  pnb  Ta- 
bandonnirent  Tannte  suhrante  aux  Busses ,  qui  en  reJertrant 
les  mines.  Le  15  mai  1790  la  flottllle  suMoise,  commandde 
par  le  roi  GustaTO  ill ,  reniporta  dans  les  earn  de  Frederika* 
liamn  nrie  ▼ictoira  signal^  snr  la  flottllle  nisse  anx  ordres 
da  due  delVassau-S^sen.  En  vertu  du  traitd  sipi^  en  1809, 
dans  ses  murs,  la  SuMe  dot  abandonner  eom|ildtenient  la 
Flnlande  k  la  Ruwde. 

FREUEHIKSOORD,  colonle  de  MenMsanoe  fonilde 
en  1818  dans  la  pmvinoe  de  la  Drentlie  ( royaumedes  Paja- 
Bas )  y  sur  les  conflns  de  lX)vftryssel  el  de  la  Prise,  d*a|irte 
les  plans  du  g6n6rat  comte  Tan  den  fioscb,  par  inie  &oci<H< 
patiiotique,  k  la  t8te  de  laqndle  sMtait  plac4  le  prinee  F  rd* 
d^ric  des  Pays-Bas,  k  Telfet  de  contribuer  k  ranidioratton 
morale  et  dTile  des  indigents ,  au  nM>yen  de  la  creation 
dans  ces  oontrtes  Uicultes  d*un  ^bUssement  agrieole.  Atee 
les  divers  ^blissements  qui  en  dependent  dans  on  rayon 
fort  rapprochA,  Frederiksoord  compte  aujoord'lrai  une  po- 
pulation totale  de  prte  de  10,000  Ames. 

FREDON,  FREDONNER.  Fredon  est  ua  rtoni  mot, 
qid  signlfie  une  eicptee  de  roulement  et  de  tremblement  de 
Toix  dans  le  cliant.  Fredonner^  c'est  Mrs  dea  fiedons, 
dianter  entre  ses  dents,  sans  artlciiler  d'nne  tecon  distlnde. 

Fredon  ^talt  encore  autrefela  un  ternie  du  hoe  et  da  la 
prime^ifux  decarte^^aujourd^hul  oubli^.  II  si(^lfiait  troisoa 
quatre  i-artes  semblables,  en  rols,  dames,  talefs,  oa  dfx. 

FREDUM9  mot  de  la  basse  latinft^,  d^vA  da  saxon 
Frede,  paix,  et  signillant  gage  de  paix^  quVn  trouTO  em- 
ploy6  dans  les  Ms  barbare*  pour  designer  Pamende  qui  de- 
Talt  £tro  pay6(  au  juge  Ind^pendamment  de  la  com  po  sit i  on 
on  wehrgeldp  qui  appartenaU  k  fonenad  oa  k  sa'famiilte. 
Les  codes  des  lois  barbares  nous  donnent  les  cas  06  les 
freda  poovaient  8tro  exlg^.  Dans  ceux  oh  les  parents  ne 
uouvaient  pas  prendre  do  vengeance,  lis  ne  donniJent  imint 
de  fredum;  en  cfTet,  \k  oh  11  ti'y  avalt  point  de  Tengeanee, 
il  ne  pouvait  y  avoir  de  droit  de  protection  eontre  la  Ten- 
;;eance.  AinsI,  dans  la  lot  des  Lombards,  si  qoelqaVin  loait 
par  liasard  un  tiomme  llbre,  11  payait  la  Taleur  delliomme 
mod,  sans  le  /rerftcm,  parce  que  Payant  tud  invokwtal- 
rement,  ce  n*6iait  pas  le  cas  66  les  parents  euseent  m  droit 
de  vengeance.  Ainsi,  dans  la  loi  des  Blpnaires,  quand  nn 
liomme  dUit  tud  par  un  moraeao  de  bois  00  on  oovrage  fait 
de  main  dnmmrae,  romrrage  ou  le  bois  Malt  cena6  eofn-'' 
I)ahle,  et  les  parents  les  prenaient  pour  teur  usage,  saniT 
pouvoir  exiger  de  Adtftim.  De  m8me,  quand  une  bOte  avail 
tut  une  liomme,  la  mdme  lot  dtiablissalt  nne  composition 
sans  le /reefttm,  parce  que  fes  parents  dd  mOrt  n'Maient 
paa  offensii.  Leyrecfffm  oonstHualt  le  principal  feveno  des 


FRtoiRIC-OUILLAUME  -^  FREESOILERS 


dohtetfeeay  qnltdiaemdiM  FdliodttodisM 
domilnaa ,  wytdalniaiBnl  la  ponmir  aoelai  cMfA  4k  ■!»- 
Mfsr  lea  intdrMs  inOfldadla  M  de  sipttearennx  4MI  lav 
portaient  atteinle.  Le  borbtre  aysltae  dea  etmfmimm 
ayant  dispim  deffanl  Im  fni^  de  in  f  ifilanlip  »  k  fail 
qo^avaient  eojniqaoalora  lea  aetgnnnnfiManK'dn  lUMpni* 
leor  prelection  aona  le  noqs  dd>ii0taR  aetrnnAnBtena 
Impdl  qulls  perpirent  k  Wn  da  dralta  do  losHeoi.  Jk^onr^ 
dliul  encore  en  AlleaMfBO.Ianonrinalien  dm  MNIaai|«iBB 
do  paix  caatonnaoz  appartient  an;i  pinprUlabea  do  Unm 
nobles,  iii  In  Jnntlrn  t  iintimia  i  itrn  mnflnft  am  ^naaa  « 
vertode  U  ddMgation  d*dn  Jirifll^  qd  n'eal  q^nM  «Biw 
pation  de  raotorltdapoviariineu 

FREEUOLDEIIS»oxprai8ion  parli«ditean4raB4fB 
et  politique  denos  iroisinl  dole  Ore  ndft-BroUgno»il 
qoenottsrendonspariesmots/hmlBf  MMiieierB,fnl-OBpHl 
la  tradoctlon  Uttdrale.  Lets  fireehMett  aonilea  pffspttilaiwa 
de  terras  librae  etnon  tniettea  4  des  diaifea  ftadalea, 

FREESOILERS  on  Naikmainfoniiarap  dl  oneara 
Landr^fsrmen .  CM  ainsi  qu'aux  itats-Unia  fan  a^ 
pelle  les  adiidrenta  do  parti  aodklfslo,  qnt^  MUo  dl  pea 
nombrenx  k  Forlglne,  en  M  nnivd  de  noa  Joan*  |»nr  one 
tactlque  anaal  habile  que  eons^ocnle,  k  eaereor  bbo  la- 
flnenee  idelle  et  oonsiddrable.  Ibnl  liomroe,  diaent-il^  daB 
avofar  sor  eetio  terra  nne  demeore  aaavde,  quo  no  psitlnnl 
jamais  Ini  nendra  plaa  on^eenae  sbH  das  dettei  tMbtmUn 
pour  l^aoqnMr,  aoit  des  sptoilaltons  ftlraigfTea  ^ani  paai 
but  dela  M  Wndie,  de  roOoio  4110  diaeun  doit  pouvoir,  an 
moyen  d*6eoles  gratoUes,  ae  donner  on  degrd  plaa  on  aoins 
Aevd  dinstmelion.  Uf  rteunent  el  ibimidcBl  In  dMi  da 
chaeua  k  nne  propria  Uon  aidae,  dana  lea  troia  pnpoa^ 
Uona  aoivantea  :  1*  H  liuit  ooncdder  palnilenMHl  k  qni> 
eonqne  loeitf  el  jmtf  rOellement  la  cuithrer  lone  dtaadno 
sufllaante  de  tenain,  eenl-eoiiante  aerea^n  pina,  k  ptfondm 
snr  les  terras  enoora  InVendoea  apfartenani  k  FUnien  : 
2*  la  poasession  do  aol  dolt  Otra  limitdek  oBoartain  nam- 
bred'acros;  3*laprepridtdtenritorialed*nneikifBnMpaal 
8tra  aaisie  pour  payemmt  de  dettes  oontfidta^  qna  jMqa'k 
concorronoo  de  moiUd  de  aa  taleur.  - 

Les  deok  premltrea  de  cea  proposUhMia  out  oatani  en 
vue  de  eombattra  on  mode  de  sTenriBhir  aos  d^pona  dn  v^ 
ritabie coltivatear  do  ad,  fort  en  nsigs  ana. ftihilTidi. 
Quant  k  la  tnMkne,  elle  ad^k  did  plna  on  BMinH  ndarin 
en  principeparlaMf^toradediventtala,  telaqnoefm 
do  Jowa,  Wisconsin,  Olilo  et  Ilew«Yofk.  La 
edie  qni  rendontra  encore  le  pins  do 
bomnea  d'etat  dminenta,  tab  quo  Dougioa,  Wu.— , 
ton,  etc,  onl  d6Jk  pr^sentd  dea  molkiBs  farmfifca 
aenado  la  seeoide,  dent  il  a  Men  mt  aakrir  lo 
puiaqno  lea  terrte  non  encore  tmduea  et  attata  k 
aont  la*  propridtd  de  ItJnlon ;  et  )o  tenspa  n^oal  pal 
sans  donte  06  one  kii  obllgatofav  pour  lona»  do 
qa*admlao  et  reoonnne  dana  toiu  lea  Btata  dontan 
rUnion  aMrieaine,  r^lementera  eea  malikraa.  II  y  n  d^ 
kiDgtempi  dd  rmte  qoela  pranikre  do'cea  pcflpiasHipiiao* 
entrte  dans  le  domaine  dos  lalu  et  oomlitno  m  dndttiadi- 
tionnd.  Le  iquaiUr  ou  kocker  qui  a'est  diabtt  ear  »o 
terra  encore inocenpdk el invendoe en aaoqnla la  pfapiMM 
par  cela  mdme  qu'il  l'a:mise  en  cnUmro,  et  llnditrida  k  4ri 
TEtat  vend  eaauite  cetto  mdme  terre  neaouriiiFen  d^ea- 
sdderaanaao  prteiabloini  payer  unef  indemnild.  Qnaad  lea 
agioteureen  terras  so  prteipitkrelit  anr  lea  feeiilca  eoaiite 
de  U  Califoraio,  less^adllera  qui  s*y  dUient  (|4^  fads  se 
rfonireal  en  bandea  antite  qni  porfkrenl  le  §&f  el'le  fen 
dans  tootea  lespartieadnpaya;aiQna  vnOMtrdoaHHacat 
enoore  Malar  dans  i'Elalde  Neir-Yoili  mtandea  iainim 
ttona  provenant  de  canses  anokigpuia  Dasa  eel  Ctal,  ft  y  a 
eettt«einqiiante  ana,  les  jrands  ptfoprlilairea  de  Uaia-fanis 
vendirakil  des  terres  anx  doloaa  et  telgrda  Ba^onaonl  k 
payenient  d*uno  rente  annuelle  et  poipMnfeilok  Or 
demiers  tempa  la  reooinrrenMK  de  eea  ranlea  n 
des rdaislanoas qui eni047  odt dtfgteM ea kdf oKna ^ 


Das 


FBEESOH^BBS  —  FREmEBG 


Y96 


Hn6t^hmj(m¥i^miH  ayiml  tamwll6  im  etartaln  nombn 
cl«  fi-aoiatt  M  Imir^  #■»  )$.  tiviMin  de.  AamlMnMn 
(iir«|0iif«<iK  mflfp),  qui  4lam  J',£ut  de  Ilew-YMi<Ml  de- 
iMMr6  fMr«Iein«a|  en  .ii3»g«  iKmr^d^gp^  Iw  Fr€e$ailer9* 
li^  ji4U<ft)Mi|rQ/briiMr#  iia,boi»0iit.9tft.d*«ttteiiis  leius 
▼iBtts,  «|  knn  pr^tioM  k  te  0QiH<cfiliAi.MBMe  Ai  trois 
|iffO|K)ti|ioivi.  iuppoil^  ptohNit  s  Ui.ffulMl  CMBor»  rina* 
llMCUoi  CPttniU  4Qttiite.-Mr'l'tltL  raboUtiMi  dtt  bMMiMs 
e^.d«  Ipuf .19  «KRippol«  •Miogm,  l»..t|iUtiliitioa  d'lw 
iaip4t  djy(^^  jtQvlet.  les  >aiuii  «t  fiOftrlMWm  iadiraclM, 
U IW r'Pign  dp  dioito  pro^BCttnn  en  a>ti6cg  d>  dopa— •, 
et  k  m|i%«ii9ntlque  dei  ^riiMipOi  4«  1»  Uteris  oommer^ 
dale  abaolne,  .Qiioi(Qu*IU  ii*aic9l  pasi^^iiM  iilHulA  prtsent  A 
fiiiif  Mii«wipd*adli6i!BBto  blaim  diNMow  t  ^  A'«^ «  P9» 
iQpbif  fiiaartirds  Iwn  saap  mtaa^  im  MaitaiB  partt, 
*iim  d|rti«Rl  fl«rcNiM  da  la  oMnitela  plaa  ind^pciMUaita; 
im  |Mu^doBtlflidofliriQaa;8aat«BeQMaMtnmMtaMDic^ 
e*  im.  pNUpttMift  plus  gwdca  f  le  fiarti  daa  jocto/iVbr- 
f9ur<»naniMaiiftoo|daiiilajmMiMada«ataUan,dea  fthri- 
qoea  ddatcMnpCoin  eto6  Too  eompta  mmi  aa  graiid  nombre 
d'AttBnaaAit  QawpMtWMat  d'aaowd  aaree  laa  MOoiialre- 
Avwenjiirlaa  qMitkiMralatifaBi  lapropiMlddtt  fctfet 

trafail  H  la  fbodatioB  de  banqnea  d*tebaii8e9  cciiiuiie  autre- 
ineiil  aMcsMaa  ifoe.les  4ettt  ^erpiltea  prapotltiooa  d- 
deMoa  laaiilieiHita,  el  dAAt  ib  M  cfaiHit  paa  poMibiei  I'ap- 
plicatioD  el  la  mise  tm  pratique.  MJ4  daaa  anpsaad  soio* 
Ive  de  vlUea  de.  IHlnion  \9BMplalr^fimMn.^at  tbndd  des 
ateBen.rtgia.  par  la  lol  de  .oonmioiiautd  el  ae  aonl  aaaed^ 
PQ«rJa.>veiileiflrabcoiiimiinadeleanipieduila  mpectifs; 
inato  Josqir^  oe  Jonr  eea  tentatiires,  ai  ■Mnbreqaea  et  si 
diTenea  qa'eUeaaienlttd»]rattl}aoaaliea.qne'dea  x^aeltats 
odiMMi;  Mos  peel  dire  (|Qe  la  gEande  aasie  d^  la  peimla- 
lion  deaitali-Uiiia  a'a  ancttne  aympalbie  po«r  laa4e€triiiea 
pe^eoBJita  per  lea  soek^r^farmen. 

FREfiATE  (Jfofto)*  nem  dhm  iiavire  de  guerre  iiiffi- 
ricnr  au  Taiaaean  de  ligney  mala  .cependant  graad^  lort 
et  biea  ann^,  piiiaqall  porta  jnaqa*^  eo  caMma,  quoiqu*!! 
B^ait  qa*an  lenl  pont^  una  leulebatterie.  HeatMen  diflidle 
d'expttqucr  antremeiil  4  oaux  qui  n'oet  jaoula  fa  on  port 
de  guerre  ee  que  cTesI  qa*une  iMgate,  el  de  tear  pdadre  aa 
BoACnnieflttte^  qui poite  tH  baal dana lea ainica  giroueltea 
el  eia  flamaieay  ia  poie  Ug^  »v  reau,  qui  reaaemble  4 
eelle  d«  ejfgee  ae  JtHiattt  daaa  aa  baadOY  et  cat  ememble 
d'^Mgaaoe  el  de  foree  doot  le  aeotiaieal  remplit  Time 
flu  marie  qtiand  U  eenOe  aon  aort  k  ee  beeo  aavire;  car 
le  mateiot  l^imey  0  apprdde  ta  grAce  el  aea  quality ,  et 
dana  ioo  aAMdoa  e&pan^reU  I'appeUe  la  reliie  de  lamer. 
Levaliaean  deUgne  fkappeparaen  taracttira  Impoaaal ;  la 
Mgale  channe  :  aon  air  art  ai  gradeUi,'eaa  mouTementa 
eoht  d  doux,  ta  mardie  eit  ai  rapide,  toulea  aea  partiea  Mat 
en  d  pertdte  barmoiile!  Aueoei  dimenaJoe  a'eil  exag^r^ 
anx  d^pene  de  Fautie :  aondquipage  eali  I'alie,  teeouman- 
deal  el  TMaUnui^r  Mttttteii  legte;  ob  y  respire  sans  eTTort,  et 
quand  la  plaie  'cbaaae  lea  promeiiauca  du  pont,  la  batterie, 
biea  cdviwrte  et  Ueti  atelie,  effve  un  abri  eoBira  les  enva- 
biaaeaieata  4le  J^o;  dontre  les  Maboussttrea  de  la  Tague  qui 
brisa  sur  l*|[faat  et  taveloppe  te  gaUlard  d'uBe  bruoie  <tin- 
eeiaote.  Lae  tanebri  et  lea  calisenra  saTenl  la  taleur  de  ce 
eoBlbrtalde;  Udo  motaa  lie  ae  aoal  pas  rMulta,  eetnme  k 
bord  detieliltflaTlfia,'l*iaBir  bermtfqoemeatenrernM^s 
dus  aae  afmbapbtei  Immide.et  Bnile,  qui  aeed^re  ^ 
BuMie  de'la;iffk  lA.aaltuve,  teeartae,  la  voilure  de  la 
NgateiKial  semUbbTea  4'edleadaTalsaeaadellgne,  aoais 
daaa  dee  proporifcMd  i^oltaa.  Oea*Mpoial  aioipleneot  one 
dIadeUe  flbltaate,  destiato  4  figuier  en  ligne  de  baldlte  ou 
4  baltrtf  eil  brtehe  tea  Ibrta  qui  protlgeni  reatrfo  dea  radea ; 
^ttl  en  uavlpede  goerreel4le  coorse :  daaana  joor  de  ba* 
lame,  SOB  pttlaeataarteaiilea;  eUe^ioillnaaniettrelea 
ordrea  dii  giadral^  rdpdiar  lasdgMot,  pdrler  aeeours  aux 
?di4eiox  d<ieaipariaetf  nad'  wpgHI,  ledrdoliaer  te  raroor- 
%nediMMaa  daiyr  prenanl,  rafladHlr  lead<briadaeourage 


fnalbearsux,  etySlleat  Bdesai^ra,Bifenie  Jeter  daasta  balance 
te.peida  de  sea  bouteta.  Mieox  que  tout  autre  aavfaw,  eUa 
peol  paiODiirir  una  vaste  Vendue  deeetesyprot^gerte  com* 
meree  meritime,  cbasser  lea  corsdrea,  teoter  un  coup  de 
BMio  liaaardeui,  M  souTent,  corsdre  k  sob  four ,  porter  te 
rafagseo  iniUeu  des  nafiiea  oiarclutfids  de  reaneoii. 

line  IMgale  est  bien  conatruito  lorsqu'eUe  a  uae  marcbe 
rapldet^quesa  ligne  de  battarie,  saflisamnient  4tevte  au-dea* 
aua  de  te  flat tai sob,  bii  perinet  d'engagerte  combat- par 
Umalaatampa,  lonqu*dteesldou6e  d*uoe  forte  atabiUl6,  lora* 
qaasaniftlHre  n*ed  pas  dAaesiU^ment  iiaote,  qu*dle  inanoeu* 
▼re  biea,  gou%enie  biea  et  fait  rapldement  ses  ^Tolutlons. 

II  aerdt  aescx  difficite  de  determiner  rorigine  du  mot  Jr4* 
pa#e;ea  te  retroove  presque  ideatiquecbef  toutes  les  naUona 
maritimea,  nuda  avec  plua  d*exttesion ;  elles  Tappliquent  non 
point  k  on  naYire  particolter,  mate  k  un  genre  de  aaTfres  dont 
te  earactiire  est  te  aembredea  mils.  II  a'esl  pea  a^cessdrt 
d'ea  demander  Pdt jaiologto  aux  Graea  et  anx  Bamaina  :  te 
Mgate  a'est  pea  de  eoastrudioB  aatlqoe. 

Tbtegtae  Pace,  cspltdM  dt  wmmnm. 

FRIGATE  ( Omiikologie ) ,  olseau  de  Tordre  dea 
paSmlpMea  tatipdmea,  se  rapprocbani  assax  du  fou.  II  ed 
tout  an  plua  de  te  groaaeur  d*une  poote ,  mats  II  a  prte  de 
quelle  ai^tras  d'envergnre.  Tout  son  plnaiaga  est  bnin  not* 
ritre ,  avee  dea  refleta  d*nn  rougsAtre  et  d*uo  vtotet  sombres. 
Sa  queue  ed  fourchne.  Son  bee,  d*un  gria  brun»  ed  roliuate, 
bag  de  0^,13  k  0^,16,  d  terminA  per  ua  croc  aigu.  La  M* 
gate  aaoua  eebee  nae  peau  nue,  fortnantquelquefidaan  see 
de  te  eapadtd  d\ingroa  mof  de  poule;  ses  pieds  sont  rou« 
gaAtrea,  membraaeux.  D'autrea  espteea  de  fr^ates  sont 
plus  gnmdea  qae  cdte*d  :  dlea  en  different  en  cequ'dlea  ont 
te  tAte,  le  cou,  te  poitrine  blanes,  d  te  reate  du  plumage 
d'ua  brua  rerrugjaeux  sana  leOete ;  dies  aont  d^pourTuea  de 
roembtaneaaoua  te  bee.  Lea  fi^tea  percbent  sur  les  arbres, 
dice  y  foal  mtese  lenr  aid  :  te  ponte  n'edque  d*un  4  deux 
aeufs.  Eltea  firent  de  poissons  qn'elles  entevent  de  la  surface 
dePean,  elae retlrentsur  les  ttotad  aor  les  rochers  de  TO- 
c^n.  On  ne  tronve  cea  dseaux  qu*entre  tea  tropiques ;  jamais 
ite  ne  a'avanoenl  au  deUu  L*intr<^pidlt4de  la  ir^te  est  telle, 
qu'elle  arracbe  sa  proie  au  f  o  u ,  qui  est  bien  pins  fort  quVlle ; 
auad  dea  Toyageurs  lui  ont*ils  donn^  te  nom  dc  guerrier :  la 
▼node  lliommenereflraye  point.  Eltedoit4Ia  loiigueardeses 
ailes  na  vol  ladte,  rapide,  aoutenu ,  qui  lui  permet  de  a'6- 
loigner  dea  terrea  4  des  distancea  trte-conddtebles;  il  n'est 
pas  rare  d*en  rencontrer  4  trda  ou  quatre  cents  lieuea  en 
pieine  roer.  La  dispodtion  de  leura  pieds  les  emptehant  de 
nager  dadment,  le  dutet  de  leur  ventre  ne  teur  permettant 
pas  de  rester  longlemps  itens  Teau ,  et  la  longueur  de  Icara 
aiteas'opposantd'ailfonra  4oe  qu'ellea  puissent  rvprcndre  ais^ 
meet  ieur  vol,  ilest  probable  qu  elles  regagnent  lous  les  jours 
te  terre ,  on  du  moins  quelque  rocber  od  dies  vont  se  poser. 

FR^GOSE.  Koyes  Folgoso. 

FREIBERG*  Tille  de  Saie  ( cercle  de  Dresde),  balgnik; 
par  la  Mulde,  doit  son  origine  4  te  d^couverte  qu^on  y  fit, 
▼ers  l*an  1190,  des  mines  d^argent  dont  rexploitatlon  conti* 
ane  eneora  de  nos  jours ,  d  compte  une  population  de 
12,000  Ames.  Sa  catltddrate  est  un  monument  qui  m^le 
d*dre  Yteitd  par  rdranger.  II  y  runarquera,  dans  te  cba-ur, 
le  cafeau  s^lcrd  qu*y  fit  construire  Henri  le  Pieux,  l*un 
des  aadeas  dedeurs  de  Saxe,  oil  reposeat  tous  ses  des- 
eendaateiuaqu'4  Jean  Georges  IV,  mort  en  itiM,  te  dernier 
souTcrdn  prolestsnt  qu'ait  eu  te  Saxe.  U  plus  beau  dea 
tombeaux  que  renferme  ce  caveau  est  cdut  de  Tdecteur 
Mao  rice;  Uestsiinnont^  de  sa  stdue  en  pieil,  en  marbre 
bteaed de  graadeur  natnrdle,  d  Toeuvrede  F 1 0  r  i a.  Un  autre 
noauBidit  d*art,  biea  curieux,  est  te  didre  de  cdte  ^gliscy 
ewiage  d*nB  mdtre  dont  le  nom  a'ed  perdu.  L'artlate  lui  a 
doaad  te  fomie  d'uBe  lulipe  cdosaale,  dont  te  cdice^  ornd 
dea  portiaMs  de  diffdrsala  p4rea  de  l*£glise  d  de  odd  du 
pape  Sixte  lY ,  forme  la  cbabe  propremeat  dite.  Ce  tour  de 
force  de  PArt  est  extaitd  partte  ea  slue,  partte  eu  pierru 
ii^jyt^le  NoiiA  insnl^oanerona  eaeora  lea  ^teea  Sdnt-Pterrcy 

100. 


796 


FREIBERG  —  FREINSflEM 


Mtie  en foime d«erots,  tor le  poiiit  le  plus  ^f6  de la  rille, 
ti  SaiaWaoqueBy  doot  la  fondatiou  ranonte  h  Porigfne  mtaie 
de  FMberg }  enfla,  I*h6tel  de  ▼flle»  Mifice  \M  dans  le  ctyle 
gothiqaet  contenant  nue  belle  coUection  de  TieQIesarmurei. 

II 7  ak  Pfeibcrg  un  gymnase  poarvu  d'one  riche  bibllo- 
tb^oe;  mala  le  plus  important  de  ses  ^tablissemeuts  dins* 
truction  pubUque est  sans  oontredit I'^ooledes  mines,  qui  y 
a  ^  fondte  en  1766  et  qui  est  rest^  la  preroike  de  TEu- 
rope.  Elle  est  install^  depuis  1791  dans  un  local  constrnit 
ap^cialement  k  son  usage*  et  qui  a  re^  dimportantes  augmen- 
tations en  1837.  On  j  trouTO,  ind^pendammentdes  saUes  de 
conrsy  line  ricbe  biblioth^ue,  r^tablissement  pour  la  vente 
des  prodnits  des  mines,  les  collections  mindralogiqnes,  g^ 
logiques  et  dlitsloire  naturelle,  ainsi  que  le  mns^  Werner. 
Trols  laboratolres  pour  la  chfmiey  la  mintfralogie  et  les  essais 
occopentdes  bfttimentsdi^itincts. 

QnDique  Fkeiberg  soit  un  centre  d'aeliTitA  manobctari^ 
fort  actif  et  qn*on  y  compte  de  nombreoses  fabriqnes  de 
drapSy  de  dentelles,  de  tissus  de  colon,  de  blanc  de  ceruse 
et  de  quincaillerie,  ainsi  que  d'autres  grands  ^tablissements 
Industriels,  rexploitatlon  des  mines,  qui  s'y  tali  sur  la  plus 
large  6chelle  depuis  plasieors  siteles,  continue  k  6tre  la  prin- 
cipale  source  de  sa  prosp^rit^.  Cette  Tille  est,  en  effet, 
Kstte  le  centre  de  rexploitation  des  mines  de  la  Saxe, 
comma  elle  en  fiit  autrefois  le  berceau.  L^administration 
sup^rieure  des  mines  et  celle  des  fonderies  auxqueUes  res- 
sortissent  les  diferses  exploitations  mini&res  da  royaume, 
qui  toutes  lel^ent  de  la  courohne,  encore  blen  que  la  plu- 
part  Solent  des  propri^tds  particulidres,  y  ont  lenr  si^e.  La 
pmni^  de  ces  administrations  dirige  I'exploltatlon  propre- 
ment  dlte»  la  seconde  sunreille  la  fonte  des  m^taox  et  Ta* 
malgamation.  Depuis  lecommencementdnsiicle  dernier  tout 
le  mineral  d*arg«nt,  de  plomb  et  de  cuivre,  tir^  des  difli^- 
rentes  mines  de  la  Saxe,  doit  6tre  livr^  a  radminlstration 
g^ntole  des  fonderies;  tandis  qu^auparavant  Top^tion 
de  la  fonte  pourait  avoir  lieu  dans  les  usines  mftines  des 
propri^lres  de  mines.  C*est  &  Freiberg  que  se  trouvent 
les  plus  riclies  mines  d'argent  que  possMe  la  Saxe.  On  doit 
surtout  mentionner  celle  de  Himmelsfurstf  U  premiere  de 
I'Europe,  tant  pour  rabomlance  du  mineral  que  pour  la  r6- 
gularit^  de  i'explostation  et  la  perfection  de  son  outillage. 
EUe  est  ouverte  depuis  plus  de  qnalre  cents  ans,  et  depuis 
plus  de  deux  cents  ans  Texploitation  n'en  a  pas  un  seul  ins- 
tant discontinue.  Pr^  de  Freiberg  on  voit,  entre  autres  ^ta- 
Missements  remarquables,  les  grandes  fonderies  avec  lenrs 
huit  hauls  fourneaux  et  leurs  quatorze  foumeaux  k  r^Ter- 
b^,  ainsi  que  la  grande  usine  pour  I'amalgamation  des 
m^tauxy  fondle  en  17S7,  reconslruite  sur  un  plan  meilleur 
aprte  le  terrible  incendie  qui  la  d^truisit  en  1795,  et  qui 
depuis  n*a  ccss^  tl*6tre  Tobjet  d^ano^liorations  importantes. 
Cest  le  point  central  od  arrire ,  par  te  canal  dit  du  Prince 
Electoral,  creus^  en  17Sg,  et  aussi  par  la  Mulde,  le  mineral 
des  mines  ^oign^es.  Une  machine  saisit  des  bateaux  char- 
ge de  60  ^  90  quintaux  de  minicra,  les  sou16ve  k  sept  mMres 
d*ei^Tation  et  les  transporte  de  la  Mulde  dans  le  canal. 
Breithaupt  a  calculi  que  depuis  six  cent  quarante  ans  les 
mines  de  Freiberg  ont  jetd  dans  la  circulation  240  mllliona 
dethalers  ou  82,000  quintaux  d'argent  fin.  A  partir  de  1534, 
sauf  quelques  fluctuations,  le  produit  des  mines  d'argent  de 
Freiberg  a  toujours  ^t^  croissant  Sur  97,375  marcs  d'argent 
fin  produi  ts  en  1 850  par  les  difl<h%ntes  mines  de  la  Saxe,  92,860 
marcs  ( ?alant  4,082,003  francs  25  centimes )  proTenaient 
des  mines  du  district  de  Freiberg.  Le  24  septembre  1850  la 
ville  de  Freiberg  cel^brait  le  centikne  anniversaire  de  la 
naissance  de  W  e  r  n  e  r ;  et  rann^  d*aprte  le  buste  de  rillostre 
gtologue  a  ^16  plac6  au-dessus  dHme  des  portes  de  la  rille. 

FREIN9  mors,  pitee  qui  se  place  dans  la  bouche  dn 
cheval  pour  legouTemer.  Ce  mot,  an  propre,  n'estpas  si 
uiit^  que  mors.  En  termes  de  man^e,  on  Tappelle  aussi 
embouchure.  Pline  attribne  k  un  certain  PeleUvronfos  Hn* 
▼ention  do  firetn  et  de  la  selle.  Vlrgile  dIt  que  ce  furent 
let  Lapitbes,  auxquels  11  donne  T^ithMe  de  pelethronii. 


d'nne  montagne  de  fbeBsaBe  noomite  PeUiktmhu,  et 
Pen  iwmenta  k  denplar  les  ehemnnu 

Le  nom  de/Viein  se  donne  anssi  k  m  epparaO  pn^na 
enrayer  des  rones  de  Toitnre.  Cat  frefau  se  nMBOBinrmt 
de  ilrop^riale  de  la  Toitnre ,  en  tonmant  nne  manirdlefti- 
sent  agir  des  lerlers  qui  serrent  ou  desserrentle  frein  eontn 
la  roue  ou  Tessien.  Cette  disposition  a  nneoovMent  da 
tendre  k  terter  les  essieox.  Ansa!,  dans  lea  Toitarea  da 
chemlns  de  fer,  06  les  frelns  sent  tartonl  d*mi  lrdq«at 
emplol,  pr6ftre-tpon  gtei^ralement  d*antres  syilteMs.  Nons 
citerons  seulement  edui  de  M.  Lalgnel.  Ces  Mns  eoBsis- 
tent  endesesptees  desabots,  annted*ane  piteednfcr,  doni 
la  section  est  parallle  k  eelle  d*on  bandage  de  rone,  et  qil 
sont  plaete  entre  les  roues  des  wagons;  dee  mmtMUm k 
▼te  permettent  de  presier  fortement  les  sabots  sor  las  nils 
et  de  transformer  le  monrenMnt  de  rooleflMUt  dea  wa- 
gons en  mouTement  de  gllsaement  sans  endomnsafw  ici 
roues.  On  pent  avee  ees  frelns  greduer  le  froCtenwBt  k  tooi 
les  degrte  n^cessaires  et  mtaie  sonlever  lea  rones  an-deasus 
des  rails. 

Frein  se  dIt  d*nn  grand  cercean  de  cMtaigBier  gami  de 
son  Coerce ,  lequel enyironne  le rooet  d*an  monlia,  et  aert  k 
rarrtter  subitementy  qnoiqne  le  ▼ent  donne  en  fdeia  das 
les  ailes. 

En  termes  de  marine,  on  dMgne  par  lemol /neins  lei 
bonlcs  on  vagnes  qui  frappent  radcment  oontro  lea  roclMrs 
et  bondlssent  au  loin. 

Frein ,  au  figure ,  s'appliqne  k  tout  ce  qui  arr8te  ct  re- 
tient  dans  ledevoir.  La  loi est  nn>ein qui retienl lea 
mes  dans  le  devoir.  Ronger  ton  frein ,  <^est  dtesinmler 
d^it,  sa  colore. 

FREIN  DE  LA  LANGUE.  Fbyes  Fiur. 

FREINSBEM  ou FREINSHEMIUS  (Jbah),  soivantla 
eoutume  dessavants,  qui,  fiddles  Imltateura  desM^nctrthsn 
et  des  Menrsius,  ghk^ient  on  latinisaient  lenr  nom,  aVst 
illustr^  dans  la  litt^ratnre  classique.  II  n'essaya  pas, 
I'Anglais  Thomas  May,  d^allonger  la  Phareaie^  on , 
ritalien  Maffei,  d'ljouter  un  Ueixitaie  livre  k  V^nMe. 
Aussi  audadeux,  mais  se  dirigeant  vers  un  but  pins  utile,  tt 
▼oulut  r6parer  les  pertes  irr^parabtes  que  le  temps  et  lea  Itar 
bares  avaient  fait  ^prouverk  Quinte-Curee,  ATite-LlYe  et  k 
Tacite.  R^unir  k  la  fois  Tabondanceet  lareeherohedQ  pre- 
mier, la  noblesse  et  rharmonle  du  second,  la  eondsion  et 
la  profondeur  du  trolsii^me,  c'^tait  une  ttehe  an-denns  des 
forces  d'un  seul  homme,  quel  que  dflt  son  talent  Si  Frein* 
slieiilus  ne  fut  pas  asses  rh^teur  ponr  Qninte-Cnree,  assei 
tioquent  ponr  Tite-Live,  assex  ^rergiqne  ponr  Tsdle,  s^l 
ne  put  entrer  dans  le  g^iede  trou  bistoriens  si  diffififients, 
sll  s*^oigna  de  lenre  plans,  s*il  parut  aToir  manqnd  de  aaga- 
cit^  dans  le  choix  et  dans  Temploi  des  matMuix ;  si»  coin, 
11  ne  pot  dgaler  ses  mod^es,  du  molns  son  Erudition  im- 
mense a  rassembi^  des  documents  pr^cienx;  Myonrdlini 
mtaie,  11  est  toiqours  eonsolld  avee  fruit  Son  anppUment 
de  Tacite  ne  peut  6tre  consldM  que  comme  des  notes  :  ee- 
lui  de  Tite-Live  est  de  beauconp  prtf<inble ;  il  a  ^  Imprias^ 
et  tradnit  dans  les  meilleures  Editions.  Enfin,  le  supplteeat 
do  Qunite-Ouroe  est  rest^  classique,  et  le  nom  de  Fnnslie- 
mius  ritra  joint  k  oeini  de  rhistorien  d*Alexandre. 

Ce  ne  ftit  pas  sans  de  Tastes  et  de  profondes  ^todes  que 
Freinshemios  acquit  tant  de  oonnaissanees  et  parvlat  a 
mauler  hi  langne  latino  aTec  tant  d'babiletd.  Ses  ▼eOles  lb- 
rent  noblement  rteompenstes.  Nomm^  en  1642  profeBsenr 
d*^loqnence  et  de  politique  4  runlTersit6  d'Upsal»  bOiliolh^ 
caire  de  Christine,  relne  de  SnMe,  U  defint  ensnite  llni- 
toriogrephe  ofBciel  du  royaume.  Mate  le  cllmat  rigmrenx 
de  te  SuMe  et  un  treTail  trop  opiniAtre  ataient  aUM  sa 
sant^.  N^  k  Ulm,  en  1608, 11  mourut  k  Heidelberg,  cd  1660 , 
^  seulement  de  clnqnante-deux  ans.  Cette  ooorte  caniirn 
Alt  constamment  rempUe  d*utiiea  et  d*importanta  tmTBwu 
Pott^dant  k  fond  l*b^bren,  le  grec,  le  Utin  et  la  pinpnrldes 
laogues  vlTantea,  11  put  consulter  tons  lea  ouTrages  pnblMs 
sur  les  dassiques ;  beaneonp  de  p^uftration  et  de  goftt  an 


FREINSHEM  —  If^H^NE 


fifiuiiiaaakBtai  loi  Imne  ^rudltioii  Yarite  et  I  one  patience 
labMieoie  :  aoMi  lea  ^dttiona  qu^  emicbit  de  notesy  de 
commentairei,  de  tables  et  dlodei,  Boni-ellea  tr^ieeher- 
cbdea.  On  a  en  ootre  de  hii  qnelquea  dinertations  et  plo- 
aiean  luurangues  latlnes  qui  ne  aont  pas  sans  m^rite. 
F.  Hatrt. 

FMEISCHirrZ.  Une  tradition  popolaire  de  I'Allemagne 
dottae  le  nom  de  PreUeMUz  (franc  aidier)  I  un  arclier 
qiiiy  a*dtant  M  par  vn  paete  aree  ie  dteion,  aTait  obtenu 
de  Teaprit  malfaJsant  sept  balles  enchantte.  Sur  ce  nombre, 
it  tm  ayait  sis  aTec  lesqoelles  11  ^It  toujoors  sflr  de  frap- 
per  le  but,  k  qnelqae  distance  qnii  se  tromrit;  nuds  la 
aeptttaie  appartcnalt  an  dtoon,  qai  la  foisait  aUer  oil  bon  loi 
aemblalt 

Apel  eat  le  premier  qni^  dans  wmQespeniterbueh  (lAvre 
de»  revenanU ),  ait  mis  en  oenrre  eette  l^ende  dont  F.  Kind 
a^est  empar^  k  son  tour  poor  an  op6ra  que  Tadmirable  par- 
tition d^  Charle»*Maria  de  Weber  a  immortalise. 

FREJUS9  ville  de  France,  chef-lien  de  canton  dans  le 
d^partement  do  Y  ar ,  4  Temboucbure  de  TArgettSy  si^e  d*on 
drtehd  snffragsnt  d'Alx.  Cette  Tilie  pMsMe  nn  tribunal  de 
oomraeroe,  des  Aibriqnesde  rots  encanneet  nne  sderie  hy- 
drauf  iqoe ;  sa  population  est  de  2,665  liabitants.  On  7 
lUt  on  oommerce  d*4coroe  de  chtoe-ii^  propre  k  la  bou- 
clioniieriei  On  7  volt  des  ruines  romalnes  assei  remarqua- 
btes,  parmi  lesqndles  nous  dterons :  VamphUMdtret  encore 
assea  Men  conserve  et  dont  le  poortonr  ext^rieur  est  de 
200  mMres ;  la  tour  carrie,  qu*on  appelle  le  Pliare;  la  porta 
]>orte,  dont  les  montants  sent  tellement  d^grad^,  que  sa 
rnlne  paralt  imminente;  Taqoeduc,  qui,  sur  une  ^tendue  de 
68  liilomMres,  condoisalt  k  la  cil6  les  eaux  delaSiagne;  un 
petit  temple  antique  faisant  au|ounl*hui  partie  d'une  ^iae 
et  dds^d  sous  le  nom  de  Baptlstfere. 

Fondd  k  one  <poque  inconnue,  par  les  Massiliens,  Fr^Jus 
devint  plus  tard  la  capitate  des  Oxibiens,  un  des  peuples 
les  plan  pulssants  de  la  Celto-Ligurie.  £rig^  en  colonic  ro- 
maine  par  Jules  Cter,  qui  lui  donna  son  nom  ( Forum  Ju- 
Hi)  et  7  fit  creuser  un  port  termini  sons  Auguste,  cette 
Tine  porta  Element  sous  ce  prince  le  nom  de  Colonia 
Oetavicnorunif  parce  qo*on  7  avait  plao6  une  coliorte  de 
yMnn*.  Pline  Tappelle  aossi  Clasiica^  parce  que  c*6ta!t 
dans  son  port  que  stationnait  la  flotte  destine  k  la  defense 
du  nord  de  la  MMKerrante.  Aujourdliul  la  mer  s'est  re- 
tirfe  4  2  kilomMresde  la  Tille;  et  Hmmense  bassin  qui  ren- 
formait  jadis  des  oentaines  de  naTires  n*est  plus  qu*one 
▼asie  plaine  mar^cageuse,  od  Ton  dteouTre  encore  ^  et  14 
d*toormes  anneanx  de  bronze  et  quelques  debris  du  mdle. 
Fi^Jua  defait  avoir  alora  au  moina  40,000  habitants. 

A  In  chute  de  l*Emplre  Bomain ,  Fr^us  fut  8accag£4  pin- 
sietirs  reprises  par  les  barbares  et  les  pirates.  Les  Sarrasins 
le  hrfil^rant  en  940.  En  1475  des  corsaires  s*en  emparirent 
par  surprise,  et  acherdrent  d*efllscer  les  demiers  vestiges  de 
sa  splendeur.  Le  gotfede  Fr^us  pr^sente  cependant  encore 
nn  bon  mouillage,  06  d^barqua,  le  9  octobre  1799,  Bonaparte 
k  son  retour  d'Jftgyple.  II  s'7  embarqua  aussi  en  1814,  k  son 
d^rt  poor  I'lle  d'Elbe. 

FRELATAGE  on  FBELAT£RIE ,  a  I  tdr  atio  n  dans 
les  liqueurs  on  dans  les  drogues.  Frelater  se  dit  surtout  en 
parlant  du  vin,  et  se  prend  tonjours  en  mauvalse  part  pour 
designer  un  uiAange  nuisible  k  la  sant^  (voyez  FALSincA- 

TlOlf). 

FREUN.  Foyes  Ferur. 

FRELON,  esptee  du  genre  guipe,  Le  frelon  (vespa 
erabrOf  lAnni)  d^vore  les  autreainsedes,  particuliirement 
les  abeUlea,  dont  il  Tole  aussi  le  miei.  II  est  long  de  O'lOS; 
sa  ttte  est  fiuive,  avec  le  derant  Jaone;  son  tliorax  noir,  ta- 
diettf  de  fauve ;  les  anneanx  de  I'abdomen  sont  d'un  brun 
noir&tre,  arac  une  bande  janne,  marqu^  de  deux  on  troia 
points  noirs  au  boid  post^rieur.  Get  insecte  fait  son  nid,  k  la 
raani^re  de  see  cong^4res,  dans  les  lleux  abrit^,  conune 
dans  les  greniers ,  les  (rourde  rour,  les  troncs  d'arbre. 

On  donne  IMpithMe  de  /relon  k  ceini  qui  s*empare  da 


TOT 

travail  d*autruf ;  c'est  peui-^tre  senlement  depols  que  notn 
bon  La  Fontaine  a  dit : 

Qoelqoct  rajeiu  de  miel  nu  maltre  m  trowirtoC ; 
Det  freioot  let  recknirent. 

Heurensement  0  commence  par  oette  morale  : 

A  raorre  00  coouit  Tartitan. 

N.  CLcavoMT. 

FRl^NET  (MARTm),  sumommd  Jadis  le  MTtchel- 
Angefran^aii,  n^  k  Paris,  en  1564,  fut  d'abord  dl^ve  de 
son  p4re,  artiste  mMiocre,  qu'on  n'occupait  gu4re  que  pour 
composer  des  canevas  de  tapisseries,  et  qui,  cejisndant, 
forma  quelques  bons  6l4ves ,  entra  antres  Toussaint  Dn- 
breuO.  II  passa  ensoits  sous  la  direction  de  Jean  Co  u  sin , 
et  alia  se  perfectionner  en  Italic.  Apris  sept  ans  de  s^jooi  a 
Bome,  et  Mre  rest^  autant  et  mtoie  plus  d*annte  encoie 
dans  d'autres  villas  dltalie ,  k  Yenise  notanmient,  11  revint 
en  France,  od  Ton  apprtela  bientdt  son  talent.  A  la  mort  de 
Dubreuil,  Henri  IV  le  nomroa  son  premier  peintre,  et  le 
chargea  de  Tex^ution  de  tootes  lea  pelnturea  dont  il  tou- 
lait  omer  la  cliapelle  de  Fontainebleau ;  oe  travail  ne  fut  ter- 
mind  que  sons  Louis  XIII,  qui,  en  1615,  lui  donna  comma 
r^mpense  la  croix  de  Tordre  de  Saint-Michel ;  mais  il  ne 
Jooit  pas  longtemps  de  ces  honnenrs ,  car  il  roourut  en  1619. 

Pendant  son  long  s^jour  en  Italie,  Frtodnet  avait  lait  une 
^ude  sptelale  des  ouvrages  de  Micbel-Ange,  dont  le  st7le, 
fier  et  sublime,  Tavait  frapp6  d*admiration.  II  devhit  bon 
dessinateur,  habile  anatomlste;  mais  peut-6tre  Toulut-il 
trop  k  cet  ^rd  fkire  prenve  de  T^tendue  de  ses  connais- 
sauces,  et  abnsa-t-il  de  sa  science  en  fUsant  trop  sentir  les 
muscles  et  en  se  complaisant  k  des  attitudes  forcS^. 

FR^ISSEMENT.  Cast  une  sorte  d*^motion,  de  trem- 
blement,  qui  s'empare  de  l^hooune  en  de  certaines  circons- 
tancea.  La  fureur,  la  terreur,  produisent  des  frfoilssements, 
de  mtaeque  le  plaisiret  la  douleur.  Nous  ne  sommes  point 
les  seuls  A^prouver  des  frtoissements  dans  dea  moments  de 
volupt6 :  les  oiseaux,  an  temps  de  leurs  amours,  en  ressentent 
de  v^ritables,  qui  sedMlent  par  le  mouvement  remarquable 
de  leurs  afles.  Les  fr^missements  sont  encore  les  S7mpt6mes 
on  le  caracldre  de  certaines  maladies ;  aossi  les  m^edns 
se  sont-ils  appliqn^  patlemment  k  en  ^dier  la  cause  et  k 
en  donner  Texplication.  D'aprte  eux,  ila  seraient  prodults 
par  la  suspension  de  Taction  nerveuse  centrsle,  qui  laisse 
aux  fibres  musculaires  et  aux  filets  nerveux  une  liberty  fu- 
neste.  Les  circonstances  dans  lesquelles  Us  se  font  seutir 
viennent  en  effet  k  Pappui  de  ce  S7st4rne;  car  lea  fr^mis- 
sements  ne  se  mamTestent  avec  6iergieque  dans  de  violentes 
agitations  ph7s{ques  ou  moralea  et  dans  des  circonstances 
ou  la  force  vitale  se  concentre. 

On  emplole  aussi  ce  mot  pour  d^igner  une  agitation  nais- 
sante :  c'est  ainsi  que  Ton  a  dit :  le  Jr^missement  de  Tair,  de 
Teao. 

FRENE,  genre  dVbres  de  la  famlUa  des  jasmin^, 
propres  aux  pa7s  temp^r^  des  deux  continents.  II  est  carac- 
t^ris^  par  des  fleursen  grappes  ou  en  panicules,  les  unes  her 
roaphrodites,  d'autres  dioiquesou  pol7games,  tant6t  sans  co> 
rolle  et  presque  sans  calice,  tantAt  offrant  un  calioe  fort  petit 
et  une  corolle  4  qnatre  p^tales,  contenant  de  deux  4  cinq  ^ta- 
minea  et  nn  ovaire  supdrieur,  avec  un  00  deux  stiginates.  Le 
fruit  est  une  capsule  plane,  aliong^  ind^hiscente,  aunnontde 
d*une  aile  membraneuse,  en  forme  d.e  langne,  ne  renfermant 
ordlnairement  qu'une  semence,  par  i*aTortement  d*une  des 
deux  logos.  Les  feuilles  sont  opposte,  amples,  ail^es.  Oi 
connatt  une  soixantahie  d'eapioss  de  fktoes,  dont  quarante 
environ  ont  ^  introduites  dans  lea  grands  jardins  pour 
Fomement  des  pares,  des  avenues,  etc.  Cependant  les  frtoes 
sont  sigets  4  nn  grave  inconvteient,  qui  les  fait  souvent 
repousser  des  lieux  d*agr6ment :  lea  moucbea  cantharides, 
qui  s'engendrenlparticuli^raent  sur  ces  arbres,  les  d^pouU> 
lent  presqne  tons  les  ans  de  leur  verdure,  dans  la  belle  sai* 
son,  et  causent  une  puantcur  insupportable. 

L*e$p^  la  plus  commune  est  ie/r^ne  ^/evd  (firaxinui 


798 


FRENE  —  Fa£aES 


exeeMoTf  lSan6 ) »  tndigtee  de  no*  cUmats.  Ge  bel  arbre 
sWre  k  one  gruid<i  haateur  :  fl  est  pea  fouroi  de  brancbes ; 
MS  firaiUes  m  compoeent  de  foliolee  dispoftte  far  deui  rangB, 
rormant  oamme  utteiorte  de  liieaQ  ;8ea  boargeonssont  noire ; 
la  oouleur  de  tet  jeoMS  brancbes  est  d*im  vert  noirAtre ; 
ion  teroe  est  iisse.  lie  terrain  qui  cooTient  1e  mieui  4  cet 
arbre  est  one  terre  Ugto  el  Hmonneose,  m(ftUe  de  sable  et 
traTerste  par  des  eaux  oourantes.  II  pent  crottre  dans  la 
plnpart  des  situations,  depuls  le  fond  des  raUtes  iusan'an 
loinniet  des  montagnes,  poiirru  qull  j  ait  de  fbuniidit^  et 
de  rtonlement;  il  se  plait  surtout  dans  les  gorges  sombres 
des  eoUlnes  etposte  au  nord :  on  le  voit  pourtanC  r^ussir 
qudqnefois  dans  la  glaise,  dans  la  mame,  si  le  sol  a  de  la 
pente ,  et  dans  tes  terres  caiDooteases  et  graveleasesy  mtoie 
dans  ies  joints  des  rocbers,  si  dans  tons  ces  cas  II  y  a  de 
lliumidit^  Cet  arbre  se  contente  de  peu  de  proiondeor, 
paroe  que  ses  radnes  eberclient  h  s*4teudre  k  fleur  de  terre ; 
mais  n  craint  Ies  torrcs  fortes  et  la  glaise  dure  et  stebe;  il 
se  refuse  absolument  aux  terrains  sees,  l^rs,  sablonneui, 
superlkdels ,  trop  paunes ,  surtout  dans  Ies  eoteaux  expo«te 
au  midi. 

Le  bois  de  firtoe  a  qndque  ressemblance  a? ee  celni  de 
Tonne ;  il  se  oompose  de  ibres  parsUtf  es  de  dlTenes  nuan- 
ees.  Ge  bois  Joint  la  forte  4  la  souplesse  taut  qn'il  n'a  pas 
perdu  toute  sa  sft? e.  Aussi,  Ies  carrossiers  le  recbercbent-ils 
pour  en  faire  des  brancatds  decabriolet|  etc.  Lea  tonneliers 
en  font  des  cerceanx,  Ies  toumeurs  des  manches  de  cbaises 
grossiires.  Qooique  cet  arbre  soit  susceptible  d^acqu^lr  tm 
grand  d^Teloppement,  on  a^est  pas  dans  Tusage  de  ^employer 
dans  Ies  cbarpentes,  attendn  que  Ies  yers  le  criblent  de  trous 
lorsqu'O  a  perdu  toute  sa  s^to.  Qoand  let  frtoes  sunt  da- 
gute,  sooTent  tl  se  forme  sur  leur  trone  de  gros  ncwds  in- 
formes,  dont  Ies  iibres  entrelac6es  et  diTersement  colorte 
pr^sentent,  quand  on  Ies  divise  arec  la  sde,  des  surfaces 
luarbrto  d*un  aspect  fort  agr6able.  On  fait  done  de  ces 
loupes  des  tabatiires  et  autres  oufiages  de  tsblelterie.  OIyi 
stes  en  feuillets  tffis-minces,  Ies  A&istes  emploient  aussi 
ces  loupes  comme  piacaga;  le  bois  de  frtoe,  ajant,  conune 
nous  t'aTOOS  dit,  binueoup  da  souplesse  et  de  ressort,  est 
excellenl  pour  faire  das  arcs.  Ce  bois  brttle  ausai  biea  vert 
que  sec,  et  donne  beaoooop  de  cbaleur;  son  charbon  eat 
fort  estim^.  Son  ^rce  est  regard^  comme  apdritive,  diur6«* 
tfque  et  IttMrlfage  :  on  I'a  mkoe  propose  comme  sueo^ 
dante  dn  quinquina.  LeB  feuiUes  foomlssent  aux  teinturlen 
une  belle  coulear  Uene,  et  serrent  en  biver  h  la  nourriture 
des  iKBuft,  des  cli^res  et  des  moutons. 

11  dteoule  natureUement  de  la  plupart  des  (irtees  un  sue 
particulier,  oonnu  sous  le  aom  de  ma  n  ne;  mais  on  le  r^ 
colte  principalement  sor  \efrine  AJleurs  {/raxUius  ornvs^ 
Linn6)  etsur  \tfrine  d/euUlesronde$  (/raxinus  rotun- 
dUolia ).  h^ flint  &  Jteurs^  ainsi  nornm^  parce  que  ses 
fleurs,  disposte  en  panicules  trto-raroeuses,  sont  presqne 
tuutes  liermapbrodiles,  d'une  odeiir  suave  et  pourruea  d*un 
petit  calice  el  d*une  corolle  k  quatrc  p^taies  trte-^troiU  et 
blanchAtres,  crott  dans  Ies  oontrto  mMdlonales  de  TEu- 
rope,  en  Provence,  en  Alsace,  dans  Tltalie,  le  Pi^ont,  etc., 
sur  Ies  eollines  et  dans  Ies  fordts.  Le  frine  (k  fevUlts 
rondes  est  propra  k  lltalie,  la  Sidle,  et  particulUu>ement  la 
Calabra. 

On  ignore  k  qoelle  esptee  appartenait  le  fameux  frine  de 
Bk-stt  connu  sous  la  dtoominatfcm  de  to  Fierce  deMids- 
traihf  dans  la  paroissede  Birsa,  eomt^d'Aberdeen.  Ce  frAne, 
qui  avail  dft  Mre  plants  4  la  fin  da  qnatoniime  sitele,  fut 
d4raeiB6  en  1833  par  nn  violent  ooragan.  Sa  dreanfftrenoe  au 
rasdn  sot  4tait  de  prH  de  7  m^trea;  elle  atte^it  encore 
6  mMies  k  une  hauteur  de  3  metres ;  Ik  I'arbre  se  divisait  en 
quatre  brandies;  il  repr^sentalt  an  moins  IS  m^es  cubes. 

FR£n£SIE*  Cest  le  nom  qa*on  donne  4  nn  d^lire 
aigH,  auqud  se  jolgneni  des  manifmtaliona  ftuibondes  ou 
d'tlfrayantes  conmlsiona.  Cette  aorta  de  foUe,  presque  tou- 
Jonrs  fiibrile,  est  ordiaairenMBi  aymptomaliqiie  d'une  in- 
fUmmation  cMbrale  notamnientderaracbnoide,d*une 


fi4vre  maligna  on  ataxiqae,  el  f^alfaeMs^h^a 
profonde  des  intestins  (aoyes  DfavpiAauia). 

FlU£K£ilQ|]K  (Genie).  On.a  appcM  sIm 

ratore  4  qui  la  nature,  tella  qa'ette  eat,  panll  pnaaiqBaat 

vulgaire;  qui  secr^  un  nM>nde  fknlaatique,  B'aiasaqwk« 

passions  forc^nte,  Ies  sentimeots  eonvulslfe,  lea  a^ldi 

monstruenx;  UUdralure  o6,rimagiaa^  ^  Mat^jila,  la 

sensibility  un  d^lire,  Ten(Uousiasme.unp.  fuceur.  Lea  ^m- 

vains  qui  la  cuttivent  pr^teadent  avoir  un  terfs  frMft,  a^w 

leqod  fermentent  de  puissantes  pensto ;  une  laivi  pailHaep 

ob  bat  un  cceiir  dWmme.  Leur  sang  ne  ooula  pas,  ft  boaM 

lonne;  leur  pbrasa  ne  se  contente jioint des  rtglea  dn  baa 

sens  et  de  la  grammaire ;  die  est  brOlante, '  tebefcMa..... 

Les  m^hants  s*en  vont  d^biUnt  qu*Us  praaaenl  aa  lavier 

pour  soolev^  one  paill^;  qjoa  liepi  n^esl  plaa  aarvOa  qoe  lear 

origlnalit^;  que  souMS^  pour  ne  itre  fna  <ief  .pmanUs 

Us  ouvreni  unf  b<mcbe  immense;  que  lenr  .lemhlnat  de 

s^rieu  x  et  de  profondeur  cacbe  une  igporaioe  &i vpla  d  ^aor- 

m^;  mais  ce  sont  de  aaauvaises  lan^iea  qp^  a'eigiriawat 

ainsi,  et  pour  nous,  nous  croyo^s  fiefmopast  qp'^fav^ess 

^trea  de  cboix,  lliumanit^  .^lait  an  maiQaL.Eux.afols  eal 

invents  le  g^nie :  M«  fiadne  pent  pe/uer  aa  flaa  p«Mir  na 

!  toller  qui  fUsait  proprement  daa  vers  froida  fi  tko^aids; 

I  M.  de  Voltaire  n'^tait  «{o*an  railleur  .Iwi^y^fein^^ptsmie 

sodaie,  sans  intdllgence  des  graades  ayatbte%q!ae«telifenl 

nos  rotnans,  nos  odes  et  nos  drauiea.  11  igaoraJlli/HiilOBl  ks 

procddte  fie  la  haute  po^sie;  il  n'avajt  pas  devia^  fefftsse^ 

pie,  que  le  sublime  de  toute  po^sie  iynqoeeil  de.MMtfer 

par  oh  I  que  le  plus  beau  des  tropes  est  lYBu.md^ioa»  el 

qu'en  cons^uence  on  teiit  d'une  halebia  cent  picar  ao- 

miraUes,  en  disant  d'abord  tout  ca  qu'uaacbosa  a'est  pea 

et  ensuite  tout  ce  qu'elle  est,  tout  ce  qi^'dla.  peal  aire. 

Walter  Scott,  dans  nn  moroeau  de  critique  coosacrt  4 

Hoffmann,  a  iii  qudques  reflexions  sur  la  Utttetnre  fiM- 

tlque.  11  llidt  remarquer  qu'en  AUemagne  rapparitioa  des 

premiers  ouvragiss  de  Schiller,  surtout  des  Brigiauis,  doana 

naissance  4  une  foule  d'^crlvains  qui,  coauna  aojoordliai 

en  France,  couraient  apr4s  la  force,  et  qu*oB  appdailirq^- 

schreibers.  On  disait  d'un  Allemand  qu*il  sa  faisait  l^ger : 

ceux-14  de  gaiety  de  cosur  se  foisaient  loiirds  el  lidieales^  de 

pear  d*6tre  accuses  de  iig'Mii.  Ainsi  en  esl-il  da  aoajooi. 

Ob  Reipfbhbbbb. 

FRERES  (du  \9i\njrater),  ceux  qui  sont  n^  d*an  mteie 
p4re  ott  d'une  mame  m4ra.  Cest  le  seeond  degr6  de  la  pa- 
rents dvlle.  Les  fi4res  sont  Ugitimes  wmuhprek^  saivaat 
qulls  appartienuent  ou  n'appartiennent  paa  aa  aiailiga;  ils 
aont  adopti/s  lorsque  Tun  d'aux  set  trouve  agp^  4  la  fa« 
nuile  par  I'ad  option ,  ou  lorsqua  plusijBarasoat4wla|iMs  par 
une  intaie  personne.  Les  fr4res  se  divisent  enopraen/r^ 
germainSf  eonsanguins  onutiri^s ^  suivaniqalls 
onttesm^mes  parents  ou  qu'ils  sont  seulement  du  mama  p^ 
ou  de  la  m^e  m4re.  On  dtelgne  aussi  ces  deqiiara  aoos  le 
nom  de  demi-frires.  On  nomme/r^rei  j[tf  maatfjr  )es  ea- 
fknts  qui  sont  n^  ensemble  d'une  memo  coqcbe ;  firire  abti^ 
le  premier  n^  des  garfons  d*une  mtaie  famiUe;^re  jnclad 
ou  frire  cadet,  cdui  qui  est  n6  le  second ;  on  noauaa  teoii- 
frilre  par  rapport  4  I'^pouse  le  Mndji  mari^jel  par  rap- 
port 4  r^poux  le  fr4re  de  la  femmeu 

Lea  mariagai  entre  l^-ares  et  soeurs,  qui  soat  proaorils  an* 
iourd'hui  presque  partout  avec  la  derni4ra  ri^iw,  turent 
cependant  les  premiers  manages  indiqu^  par  la  nature,  et 
il  y  avail  td  peuple  autrefois  chez  qui  il  n'^talt  pervia  d'al* 
ler  prendre  femme  ailleurs  que  lorsqu'il  ne  se  tfouvaH  plas 
personne  dans  la  fluniUe.  Mais  bientOtia  dvlllsation  a  impost 
au  Idgislateur,  conmie  r^  de  morale  nniverselie.  unprin- 
cipe  enti4rement nouveau.  Ge  qui  jusquealors  avail ^jngi 
naturd,  et  m£me  obligatoire,  a  €b&  sigaald  d^naaia  oanuaa 
odieuK,  contraira  4  la  nature,  immoral  et  sacrii^a  On  d6- 
signe  sous  le  nom  dtsjrkrte  at  UxU  Tenfanl  jde  la  nminias 
et  le  nourrisson  qui  ont  suc^  le  m6me  lait  Im/rires  d'ar- 
fites  ^taiant  ceux  qyl  s'^taleni  vauA  amiti^  sor  lea  cbaropi 
de  batdlle.  Le  mot.6^a  s'emploie  encore  dans  le  langigi 


FBtRES  ^  FR£;a£S  DES  £G0LES  €HR]^TI£NM£S 


d*WqiMtte;  l«  fomUlM i^gpmites  oot la  prftentiiai,  dtti le 
RHMiie  earopte*  de  ne  fwmtr  qii*iiM  Mrie  fiuniUe,  ^ 
eier^  It  pulaaaiice  de  droit  dlYin;  et  toot  let  raiaetan|w- 
nan  m  trtiieot  de  IrteeB,  mtb  ce  toot  bim  Ui  let>-^ 
mB$ml$.  Lt  phikMopliie  et  le  chriiCitBtHiie  oiMigiitnt  4 
toot  tat  Ikmbbmi  k  te  eontidArer  oonime>Hra.  Uraligion 
a  ntet  trouTd  oeUe  belle  enmtsiott  ^frtret  en  Jinu* 

CMtt 

lit  jDot^V^t  ett  aosiltyDoiijiiiedeviaiAe  on  r^igieux, 
Alnsi  l*0B  dit :  U^  jfrirti  prSekewrs^  lu/rtm  mUieitn,  ies 
frtru  d§  la  mMiearde,  de  la  ekarlUf  fi^;Utfr&ei 
pUieuTit  lee/riret  servants^  Us/rires  kOs,  iee/rires 
eonverip  ele.  Det  sectei  pluMt  phikMopMqiiet  eneore  qoe 
religieiiaei  oot  wivi  le  mteie  eicmple,  et  let  oAophytes  ae 
r^uaituDt  dant  nne  Tie  oommune  m  iont  henortt  da  titre 
de  friretyOomiM  let  quakent  Mt/Mrtt  hermhuies  oa  Ies 
Jtetee  jaoratet* 

hk  r6vdlottoo  ayait  loiaginA  fesprMiioo  d^^rer  et  amis, 
que  lasoet  tt4a  plua  lard  eatiemiie  eobonneor.  GomUen 
defitux'firiret  j  eut-il  toajourt  paimi  em  I 

FRibRES  RODEMESoa  FRiSRES  MC»AVKS.  Vo^et 
Beaten  (Frirw). 

FRERifiSDE  LA  CHARlTti.  reres  Ouant  (Friret 
de  la). 

FRERES  DE  LA  GOTE.  Fofes  FuMmriBBt. 

FRERES  DE  LAGROIJL  Soot  eeoeoti  laiBlFnn- 
9oit  de  Salet  Aabllt  une  eoagr^tlen  dent  lea  membret 
ifengtfleaieiiC  k  inttnrife  let  igllonllt^  k  tomagtr  let  pau- 
▼ret,  4  Tliiter  let  maladet  et  let  pritooiiieny  k  leeoorlr  lea 
indifeDtt  et  k  prdfeolr  en  armiger  let  preete  i|iie  let  H- 
■dita  tMore  inetrtalMt  d»  droit  rendalent  alert  trto-IM- 
qiWBlt,  aw^nt  totormfaMbleBy  ettoii]oon  nrineBX.  Soua  tat 
derattiet  aanta  de  la  Rettaaratioa ,  od  cMaya  d'dtaMIr 
aovt  ta  raaoM  Deoa  one  eongrdstlioii  dont  le  but.  ^tait  de 
foarair  dat  onftiet  d'^eole  aai  campagnet.  Gette  intofii- 
tanto  dbaoebe  dMeolea  Bormales  religieuea,  di^k  tontte 
piiMiflart  anlt  par  Pabbd  J.-B.  de  La  Salle,  fondateor  det 
teolet  ehrfttleimet,  ae  tralaait  k  pdaequand  la  r^rolotion 
de  JtefUet  YlBt  ran^aatir.  lioait  de  CAEnd. 

FRERES  DE  LA  liORT,  ordre  relisleQX  de  It  rtgle 
deaaiat  Paal  rEnaftty  iatredalt  ea  Fraoeedaat  ledix-aeptlteM 
aikle.  Oa  let  appelafi  alaai  peree  qa^Rt  portataat  uae  tftte 
de  mart,  et  qa'ilt  de?aieattouJourt  a^olr  le  toafeair  de  la 
mort  pi^aent  k  la  peoa6e.  Lear  orlgbe  a'ett  pat  biea 
eoattttte.  Lliittorlea  dea  ordrea  aioaiwtiqoea,  te  p4re  H^ 
lyot,  a'oflirei  eel  tfgard  aacaa  doeoaieat  prteia.  Leara  eoat- 
titotioat  eoaauet  dateat  de  1630 :  lit  dtaient  alert  ^tablit  ea 
Fraaee  depait  pea.  PaalY  approofa  cet  eoatUtatioBt  le  la 
d^oembrt  dela  ai6aie  aaate.  Looit  XlII  aotortea  tear  eoa- 
gr^Uon  ea  Fraaee  par  lettret  pateatet  datdet  de  Saaaiar, 
ea  mai  1621.  Cet  ordrt  dea  Frferat  de  te  mort  ae  aanrtoit 
pat  leagteaipt  k  aoa  6tabliaaemeat  ea  Fraaee.  I!  paraft 
qull  fut  ddfiaitiTeBieat  aoppriaid  par  te  pape  Urbaia  XIll. 

DorsT  (d«  I'YoDBe). 

FRERES  DE  LA  PENITENCE.  Foyes  FRAiigoit 
d'AaaiM  (Safait)  et  niANcncAiiia. 

FRERES  DES  £G0LES  GHR^TIENNES.  Les 
Jir&e»  des  MoUs^  oa  frbret  de  la  doctrine  ckrMenne, 
jadls  appetet  abatiremeot  frires  ignoraniins ,  deatin^  k 
r^adre  llaatroctloB  daaa  te  elatae  oa?Tl4ra  cl  paavre , 
farent  foadda  4  RefoM^  ea  1679»  par  Tabbd  J.-B.  de  La  Salle, 
ehaaolBe  de  eette  Tllle.  Oa  tea  appeite  aatai  qadqaeibia 
friret  de  Saint»Yonf  4  caoae  d*aae  aiaiaoa  de  ee  aoai  ai- 
tode  4  Reaea,  daaa  te  faaboaig  Salat-SoTer,  et  que  Fabbd 
de  La  Salte  aehete  pour  ea  telre  la  aialaoa  oaatrale  de  aoa 
iaatitot  CellecooMrte  Ait  6rigte  ea  ordre  reUgteax  par  le 
pape  Beaett  XIII.  Lea  ballet  d*approbattea  fortot  dtflndea 
▼era  te  fiadaawb  de  JaaTtor  1725,  ah  aaa  aprte  te  mort 
do  ibadatear.  Lea  Mrea  dea  deolea  ebrMeaaet  foat  let  troit 
Ttaaxde  ehaaleld,  de  paarretd  et  d*ob6iataaoa.  A  tear  pitere, 
rabb6  de  La  Salte  readitperp6taek  eat  f«n,  qa^UaeToo- 
lalt  d'abord  tear  teirt  proaoaeer  qae  pear  trete  aat.  II  or- 


709 

doaaa  cm  aitaie  tempt  qa^taeaa  prttana  ae  Rkt  jaaMlt  reqi 
parmi  eux.  Oa  ae  taiuilt  endreaqfoaidlHil  toat  ee  qu*il  a 
falla  de  peiaet,  de  travaax  et  de  peradvdfaaee  pear  loader 
eette  oongr^tioa,  Paae  dea  plat  bellea  et  daaplaa  atilea 
taTeatlaaa  de  te  diaritd.  Mala  aae  ibb  tottdaaaaat  6tablte, 
elle  t*dteadit  et  ae  ddraloppia  ooaakterablemeat,  malgrd  lea 
obetaetet  aaat  aombre  qoi  eatrafateat  aa  naarebe,  teroaat 
partoat  te  btea.  A  T^peqae  de  te  premttre  rAvolotJbB  fraa* 
faiae,  lear  reftit  de  aenaent  4  teeoaatltathia  cl'Tlle 
da  clergd  tit  cbataerde  tootea  lea  auilioat  qa'ite  oeca« 
ptieat  aacore  ea  Fraaee  eet  bommea  d^roa^  4  l^ftooe, 
et  qal  doraat  te  eours  du  dix-haltteaie  ateete  ataleat  palt- 
aaooaeat  coatrilni6  4  Tteiaaeipatioa  iatellectaelte.  Ltrv  da 
eoaoordtt  de  laOl,  let  frfcrea  aPempreaa4reat  de  rereelr  of- 
flrir  tear  Itmpa  et  leura  toiat  4  te  Jeoaeaae  paavr4.  L*aii 
d*eax  ofgaalaa  aae  6oole  4  Lyoa,  et  ea  fit  rooTertora  le  3 
mai  1802.  Daaa  te  mame  temps,  d'aatrea  ae  rduaitaateat  4 
Salat'GermaiB-ea-Laye,  aa  Grot-Cailloa  (4  Parte)  et  a 
Tooloate.  La  goareraemeat  aotoriaa  bleniot  lea  Tflles  4 
permeltre  Toaverture  des  ^colea  dea  Ar4res,  et  4  fafre  aap- 
porter  par  radarfatetratien  des  botpicet  tea  d^paieee  a^oes- 
aairta  4  leureatrettea.  Trois  tat  aprte,  de  aouYellet  malsons 
ae  IbadaieBt  daas  lea  priadpales  tlUea  de  Fraaee,  4  Ajtcdo 
( C9om),  4  Saiatr^teoue  (Loire),  4  Tr6?oax,  4  Beaaa^,  etc. 
L^laatitutioB  de  rabb6  de  La  Salle,  qol  araat  ITM  avait  121 
oiaisoat  liabitte  par  l,ooo  fr4ree,  ae  relerait  de  set  ruiaet 
et  ae  maltipUait  de  teas  eOt^. 

Le  a  aeplembre  1605  lies  fr4rea  reprireat  tear  habit 
d^ofdra,  dpraave  perpJStoelte  d%amnit<,  4  laqadte  leara  sta- 
tota  let  aoaaietteat  II  ae  oompoae  d'aae  robe  aolra,  4  peo 
prte  acaiMabte  poor  la  forme  4  te  eoateoe  dea  pr^tres , 
d*aBpefi/  eolMf  oa  rabat  de  toito  bteoclie,  et  de  souliers 
groasierB ;  poor  aortir  bort  de  tear  aiaisOB,  ito  oat  ua  clia- 
peaa4bordt  tr4t4arget'etreteTte  hi  trteagte,  et  ub  maoteau, 
4  aiaaehea  peadaatea,  de  grosse  bare  aoire,  comoie  la  robe. 
Cast  aae  eaptee  de  eapoie  coaane  oa  ea  portait  4  Reims  4 
F4KXP>6  oti  I'abbdde  La  Saile  r^la  le  ratemeat  dea  fr^res. 
L^archevaqae  de  Lyoa  obtlBt  easoHe  pour  les  fr^res  des 
dcoles  Texemptioa  do  aenriee  militaire.  Lors  de  Tbrgaaisa- 
tioo  de  TaaiYeraita,  en  laot,  lear  ordre  ftit  l^lemeot  rc- 
conoa  et  approovd  eomme  corps  enselgnant;  et  le  d^ret 
da  17  oiafB  ea  M  aieatioa  d'oBe  roaoi^ra  fort  avaalagease. 
Soas  la  RestauratioB,  les  rr4res  ooatinu4reBt4  atreaoatenns 
par  le  gooTeraeaieat,  qoi  lear  aooorda,  ea  1819,  ane  graade 
maisoaaa  fauboarg  Salat-Martte,  4  Paria.  Rien  ne  8*oppo- 
saBt  plat  4  tear  daveloppeaieat,  et  forte  de  te  favear  d'ua 
pooTofar  qoi  compmiait  lear  iaiportaace  aodale,  ite  a*aag- 
Bieat4reat  de  plat  ea  plat ;  et  ea  1824  HastitatioB  de 
Tabbd  de  La  Salte  oomptait  d^a  210  maiaoas :  197  ea  Fraaee, 
en  7  oompreaaat  tea  5  de  te  Corse,  2  4  llle  Boarboa,  l  4 
Cayeaoe ,  5  ea  Italie,  1  ea  Savoie  et  4  en  Belgiqae.  Ces 
roaisolitcoaiaaaieBt  pr4a  de  1800  frftrea;  atOa'^taieateacore 
que  noTloea,  8  oa  900  doaaaieat  riaatractioa  4  eaviroB 
57,000  Alters,  et  lesaatres  ^taleat  emptey^  aux  diTers 
soinsde  radmlnisflatioB.  Cet  dtat  do  dieses  dara,  eas'a- 
m^liorant  encore,  ]asqa'4  te  rdrolatioa  de  jaillet  1830.  A 
eette  dpoqae,  les  paoTrea  fr4r6a  de  la  doctriae  chr^eane , 
malgr6  Uur  admirable  insovciancedes  chases  de  la  po- 
lUigwet  adoB  Texpression  de  M.  Laarentie,  furent  enve- 
loppte  daaa  te  reprobation  qui  frap|>a  lea  ]6saites,  qaVn 
accusait  de  coatpirer  eontre  r£ut.  Presqae  partoat  on  Jeur 
retraneba  let  seooors  da  goaTomement ;  mait  lear  i4to  ne 
fit  qoe  t^aecroltre,  et  de  eette  6poqae  dateat  leers  dcoles  da 
soir  pour  let  adultet,  aa  moyea  detqaelles  ite  doaaeat  TiBS" 
tmctloa  4  aa  si  graad  nombre  d^onfriera. 

Pour  les  fttrea  de  te  doetriae  dirtUeaae  reaaeigaeroent 
a'eat  paa  ub  pi«  aHer^  eomoie  pour  U  plupart  dea  aulrea 
inttitateurt  pobUct,  e*est  aae  Toeatloa.  Ut  caseigBeBt  coa 
amare;  Ite  eompreaaeat  aierTdlleuaeaieBt ,  par  te  pteuse 
droiture  de  tear  esprit,  te  pulaaaaee  de  naatractioa  et  TIb* 
flaeaea  lacoateatite  qa'elte  a  aor  te  canMre  de  l*booaBe.  A 
voir  I'tetltild  de  tour  aanrdllaaea,  oa  defiae  alateaeat 


FRERES  DES  l^LES  CHBl^TIENNES  —  FRfeRES  PBtCHEUBS 


toe 

qii'a*  "an  aoin  niAt^riel  de  U  vie  domestiqoe  ne  pr^oocnpe 
leur  penste ;  et  att  calme,  li  laroanni^dedeleiiraatorit^, 
on  sent  qa'aiican  chagrin  exUrieur  ne  yient  aigiir  le  re- 
proehe  qu'ils  adressent  k  la  distraction  on  ^  la  paresse  de 
FteoUer;  que  poor  eoi  l*ttniTers  est  tout  entier  sur  les 
bancs  de  leur  teie ;  quails  ne  d^sirent  rien  au  de  Ui ;  et  I'on 
comprend  aiors  quelle  naive  sympatliie  attache  de  pins  en 
plus  fortement  k  oe  petit  troupeau  toojonrs  Jeune,  toujours 
inpatient  de  ravenir,  toates  ces  existences  ignor^es  qui  ne 
sarent  plus  esp^rer  que  ledel.  Lam^thodeqne  leur  present 
leor  r^e,  c'est  la  m^thode  simultan4e.  lis  apprennent  aux 
enfimta  h  lire  le  fran^ais  et  le  latin,  les  livres  imprim^  et 
left  manuscrits ,  Thistoire  sainte,  les  ^ments  de  la  langue 
firan^lso  et  de  rarithm^tique.  Mais  ils  ontsuivi  les  progrte 
de  rinstruction,  et  depuis  lS3i  la  gtem^trle  appllqute  au 
dessin  lin^aire  a  M  introduite  dans  lea  classes,  et  avec  elle 
lagfographie  etrhistoire.  Tous  les  ouvrages  k  I'usage  des 
^ooles  sont  revus  et  mis  plus  k  la  port6e  des  ^l^ves;  et 
comme  ils  Ton!  toujours  fait,  ils  oonsacrent  chaque  jour,  k 
la  fin  de  la  dasse  dn  soir,  nne  derai-heure  k  Texplication  de 
la  doctrine  ckurftienne.  Tel  est  leur  enseignement,  que  les 
statuts  de  Tordre  d^endent  de  dianger,  mais  pennettent 
de  modifier  et  d^am^lorer  selon  les  lieux  et  les  temps. 

Loub  nn  CABni. 

La  maison  prindpale  des  fr^res,  situte  rue  du  Faubonrg- 
SaintrMartin,  ayant  ^  exproprite,  poor  falre  place  k  la  gare 
du  chemin  de  fer  de  Strasbourg,  lis  all^reot  s^^tablir  rue  Pin- 
met,  faubourg  Saint-Germain,  lis  possddent  aussi  diverses 
^coles  secondalres.  Celle  de  Passy  est  snrtont  remarquable 
par  sa  parfiiite  organisation. 

Au  f  mars  tS54,  Hnstitnt  des  firk^  comptait  plus  de 
sept  mille  membres  occupy  la  pluparten  France  et  qiielques- 
uns  en  AlgMe,  anx  mts-Unis  d*AmMque,  en  Italie,  etc. 
Pour  fadliter  Tadministration  dHm  corps  aussi  nombreux , 
I'institut  est  divis^  en  huit  distrids,  k  chacnn  desquels  est 
pr^NM^  un  Mrs  assistant  Le  supdrieur  g^n^ral  a  done  pour 
oonseil  permanent  et  ordinaire  huH  assistants,  outre  son 
secretaire  gMral  et  le  procnreor  gtoiSral. 

FRERES  LAIS.  Fosfm  Coimsas. 

FRERES  MINEURS.  Foyes  Fbangiscaiiis  ,  Coa- 
neu 


^ 


FBEbES  MORAVES.  Foyes  DooixB  (Floras). 


FRIJIIES  PLYMOUTH.  On 

mination  lesmembresd'uneseoterigoareiiaeiiMBtd<%iBBli|ai^ 
qni  depnis  1850  s'eit  sortout  propagte  dans  In  eanten  h 
Yand,  tris-rapprochte de odie  desherrnhateaeBesqri 
est  de  V'Mb  qiie  Pune  d  l*autre  se  font  de  ladiTiDit^  ma 
dl(I6rant  de  rhermhotisnie ,  pour  ieqod  eile  fidt  iTiriBfm 
profession  d*un  grand  respect,  par  le  phis  importaatden 
(logmes,  qni  ensdgne  que  le  sacerdooB  aoiTmel  dee  cM> 
tiens  rend  saperflue  Tcxistence  d*one  tgjiia^  Les/Vi^nei  Mf^ 
mmUh  n*ont  en  effd  nl  pr6tres  ni  ^lisey  main  aetdeoMir 
un  cultedomestique,  dans  leqnd  fonctionne  eomme  pastor 
quiconqoe  y  est  pooss^  par  I'Esprit  naint  en  TerCn  de  k 
grtee  qui  loi  vient  de  Dien.  lis  s^adndnistrent  eox-nitei^ 
communion  avec  dn  vin  rouge  et  du  pdn  coap^  en  morcMn 
caiT^.  U  n*admettent  point  la  confirmation  ;  mnis  A  nn  jw 
donnd,  et  aprte  preparation  pr^alablOy  les   enlkiifs  m^ 
d^dar^s  miArs  par  leurs  parents  ou  leurs  mnttres,  et  a 
cons^oenoe  appdte  k  falre  lenr  premiere  commooion.  Lar 
doctrine  a  pour  bases  le  calvinisme  le  plus  a^w^n^  avee  ii 
dogme  du  pdch^  originel  et  cdni  de  la  pr^destiaa- 
t  ion  en  premie  ligne;  die  exalte  d*ane  mani^  M 
particuli^  les  m^rites  du  sang  et  des  blessores  de  Jte- 
Christ  a  Vi^iud  de  Taction  de  Dieo.  A  leucs  yeox  le  CM 
est  le  fianc6  de  TAme,  avec  leqnd  Us  s'uniaaent^  eidimii 
doivent  attendre  avec  perseverance  le  relour.  Se  oonndt> 
rant  comme  des  eius  du  sdgneur,  ils.Tofeat  dans  Texi^  ) 
tencedeleur  commnnaut6  rdigiease  k  Pdtat  de  aede  m 
necessity  naturdie,  repondant  de  tons  points  k  la  yroUutUk 
Christ 

Lagrande  mijoritd  des  fiires  Plptwuih  se  diatispnil 
par  nne  extrftme  purete  de  mcBurs  et  par  an  chriatianiiBi 
dont  une  fervente  charitd  est  I'expresdon.  Le  foodatairdr 
celte  secte,  qui  comprend  des  individos  des  denx  sexes  ^^ 
partenant  aussi  bien  aux  classes  devdes  qa*ninL  baHS 
classes  de  la  sodde ,  est  on  certain  Darby,  nd  k  PtjmoA 
Aprte  avoir  paroonro  le  midi  de  la  FIrance  coaune  dvaBg6- 
liste  nomade,  11  arriva  k  Gen^e,  d*o^  11  propagna  aes  doc- 
trines tant  par  ses  predications  que  par  aes  dcrits,  mais  I8^ 
tout  par  la  puissance  de  iasdnation  personndle  dont  ilal 
done,  et  fonda  amsl  de  procbe  en  prodie  sa  sect^  dettti 
visite  ^  temps  k  autre  les  diverses  commonaatda. 

FRERES  PR^GHECRS.  Voyei  DoaKficann. 


Fife  DU  REimilME  TOLOME